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Full text of "Compte rendu des séances de la Société de géographie et de la Commission centrale"

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COMPTES   RENDUS 

DES 

SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE 

BT 

DE  LA   COMMISSION  CENTRALE 


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5563.  —  L.- Imprimerie!  réunie*,  B,  rue  Saint-Benoit,  7.  —  Mottbroz,  dir. 


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COMPTES  RENDUS 


SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE 


DE    LA  COMMISSION   CENTRALE 


ANNÉE    1898 


PARIS 

SOCIÉTÉ     DE      GÉOGRAPHIE 

184,   BOULEVARD  SAINT-GERMAIN,  184 

1898 


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.   RECE1VED. 

*  AFR16  189a 

SOCIÉTÉ    DE   GÉOGRAPHIE 

COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


I.  —  SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898 


7  jaso/vier 

PRÉSIDENCE     DE     M.    LE    MYRE    DE    VILBRS 
Vice-président  do  la  CoramUsion  centrale. 

Le  Président  se  félicita  de  ce  que  plusieurs  membres  de  la 
Société  aient  été  compris  dans  les  promotions  du  mois  de  janvier 
de  cette  année.  M.  Himly,  notre  ancien  président,  Téminent  doyen 
de  la  Faculté  des  lettres  de  Paris,  a  été  élevé  à  la  dignité  de 
grand  officier  de  la  Légion  d'honneur. 

M.  le  comte  de  Montholon,  qui  vient  d'être  nommé  ambassadeur 
à  Berne,  reçoit  la  croix  de  commandeur.  Semblable  distinction  a 
été  accordée  à  M.  Harmand,  notre  ministre  à  Tokio.  <  Vous  le 
connaissez  tous,  ajoute  M.  Le  Myre  de  Vilers  ;  c'est  un  fils  de  la 
maison.  Après  avoir  participé  à  l'héroïque  expédition  de  Francis 
Garnier  au  Tonkin  en  1874,  il  explora  le  bassin  du  Mékong  et  de 
ses  affluents.  Quelques  années  après  je  pus  le  faire  nommer  consul 
A  Siam,  et  je  m'honore  d'avoir  signalé  un  homme  de  cette  valeur 
à  l'attention  du  Gouvernement.  De  là,  il  alla  dans  l'Inde  comme 
consul  général  et  fut  enfin  chargé  des  intérêts  de  la  France  au 
cours  du  conflit  sino-japonais. 

c  Notre  sympathique  collègue  de  la  Commission  centrale, 
M.  Gauthiot,  secrétaire  général  de  la  Société  de  géographie  corn* 
rocrciale,  a  été  nommé  officier  de  la  Légion  d'honneur.  Comme  je 
soc.  de  géogr.—  c,  a.  des  séances.—  N0  1.  —  Janvier.  1 


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2  COMPTES  RENDUS  DES  8ÉANGES. 

l'aperçois  au  fond  de  la  salle,  je  n'insisterai  point  sur  ses  talents 
et  sur  ses  rares  qualités;  je  craindrais  de  blesser  sa  modestie. 

<  Nous  avons  à  mentionner  deux  autres  croix  d'officier  accordées, 
l'une  à  M.  Georges  Rolland,  membre  de  la  Commission  centrale, 
ingénieur  en  chef  des  mines,  l'infatigable  promoteur  de  la  péné- 
tration française  au  Sahara;  l'autre  à  M.  Muteau,  notre  collègue 
depuis  vingt  ans,  secrétaire  général  de  la  Société  internationale 
pour  l'étude  des  questions  d'assistance,  qui  vient  d'accomplir  au 
Sénégal  un  voyage  des  plus  intéressants  avec  M.  le  Ministre  des 
Colonies. 

c  M.  Molteni  obtient  la  croix  de  chevalier.  Je  ne  vous  ferai 
point  son  éloge.  A  chaque  séance  il  nous  charme  et  nous  instruit 
avec  ses  habiles  projections.  Nous  lui  devons  une  véritable  grati- 
tude. 

c  M.  Bonin,  dont  vous  avez  entendu  l'intéressante  conférence  à 
la  suite  de  son  remarquable  voyage  dans  la  Chine  centrale,  et 
M.  Maxime  Ouchanoy,  ingénieur  civil  des  mines,  sont  également 
décorés.  M.  Bonin  va  entreprendre  un  nouveau  voyage  en  Asie  qui 
sera,  nous  en  sommes  certain,  aussi  fructueux  4jue  le  premier. 

c  Ces  nombreuses  récompenses,  données  en  raison  de  services 
rendus  au  pays  et  à  la  science,  honorent  notre  Société,  et  vous 
vous  joindrez  certainement  à  moi  pour  adresser  à  nos  collègues 
qui  en  ont  été  l'objet  l'expression  de  nos  cordiales  et  chaleureuses 
sympathies.  >  {Applaudissements  unanimes.) 

Le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  correspondance  (Voir 
Nouvelles  géographiques). 

M.  Saint-Yves,  chargé  d'une  mission  du  Ministère  des  Colonies 
en  Asie  centrale,  prend  ensuite  la  parole. 

€oar«e«  et  encensions  dans  l'A«le  centrale.  —  M.  G.  Saint- 
Yves,  prenant  le  chemin  des  écoliers,  a  eu  l'occasion  de  parcourir 
la  partie  russe  du  grand  système  montagneux  des  Thian-Chan.  Ses 
itinéraires  à  travers  les  Thian-Chan  s'étendent  de  Viernyi  à  Prje- 
valsk,  de  Prjevalsk  à  Narynskoé  par  la  rive  sud  de  l'Issyk- 
Koul,  de  Narynskoé  à  la  frontière  du  Turkestan  chinois,  de  cette 
rontière  au  Ferghana  par  le  col  de  Totouk,  enfin  de  Marghilan 
à  Altyn-Mazar  par  le  Tengiz-Baï. 

Exposant  rapidement  les  théories  de  Mouchketof  sur  les  Thian- 
Chan,  M.  G.  Saint- Yves  indique  les  huit  plissements  qui  composent 
le  système  :  1.  Tarbagataï;  2.  Alataou  dzoungare  et  sa  branche, 
le  Boro  Khoro;  3.  Alataou  transilien;  4«  Kountchei  alataou  et  chaîne 


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SÉANCES  DBS  7,  21   ET  31   JANVIER  1898.  3 

Alexandre;  5.  Terekeï-taou  et  ses  prolongements  Soussarair  et 
Talask-taou;  6.  Grande  chaîne  des  Thian-Chan  proprement  dits, 
i  laquelle  se  raccorde  la  chaîne  transversale  que  M.  G.  Saint- 
Yves  appelle  les  Alpes  du  Ferghana;  7.  Trausalaï;  8.  Paropamir. 

En  se  rendant  d'Orask  à  Viernyi  par  la  route  postale,  en  ta- 
rantas,  M.  G.  Saint-Yves  a  traversé  successivement  les  deux  pre- 
miers plissements,  le  Tarbagataï  et  l'Alataou  dzoungare.  Arrivé  à 
Viernyi,  i)  est  au  pied  du  troisième  plissement,  l'Alataou  transilien, 
qu'il  étudie  dans  sa  partie  orientale  de  Viernyi  au  col  de  Tourgen. 
Sur  le  versant  nord,  en  allant  de  l'ouest  à  Test,  plusieurs  vallées 
s'ouvrent  successivement  :  les  vallées  de  la  grande  Almata,  de  la 
petite  Almata,  du  Talgar,  de  l'Issyk  et  du  Tourgen. 

Une  première  tentative  de  pénétration  fut  faite  par  M.  Saint-Yves 
du  côté  du  col  de  la  grande  Almata;  elle  échoua  à  cause  de  l'abon- 
dance des  neiges.  Le  voyageur  reconnut  alors  successivement  les 
Tallées  de  Talgar  et  d'Issyk;  dans  l'une  de  ses  lettres,  publiées 
ici  même,  il  nous  a  déjà  exposé  les  curieux  phénomènes  qui  ca- 
ractérisent le  lac  Issyk  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  son  homo- 
nyme, le  grand  Issyk-Koul.  Il  franchit  enfin  l'Alataou  transilien 
aux  cols  dé  Tourgen  et  de  Kizil-Aouz,  reprenant  en  sens  inverse 
F  itinéraire  de  la  mission  Ghaffanjon,  Gay  et  Mangini. 

Le  quatrième  plissement  est  le  Kountchei  alataou  parallèle  à  l'Ala- 
taou transilien.  M.  Ghaffanjon  l'avait  traversé  au  col  de  Ghaty; 
M.  Saint-Yves  fut  contraint,  à  cause  de  l'état  du  passage,  de  chercher 
une  autre  voie;  il  contourna  l'extrémité  orientale  du  Kountchei  ala- 
taou en  coupant  successivement  toute  une  série  de  torrents,  la 
Merekê  septentrionale,  la  Mereké  méridionale,  le  Kok-Boulak,  etc., 
pour  aboutir  dans  la  vallée  du  Djirgalan,  affluent  de  l'Issyk-Koul. 

M.  Saint-Yves  séjourna  deux  semaines  sur  la  rive  sud-est  de 
l'Issyk-Koul  au  camp  établi  près  du  monument  de  Prjevalsky;  il  y 
reçut  le  plus  cordial  accueil  du  colonel  d'artillerie  Naghibin,  ainsi 
que  des  officiers  du  bataillon  d'infanterie  et  fut  l'hôte  du  lieute- 
nant d'artillerie  Dmitri  lakovlef.  Il  donne  quelques  détails  sur  les 
ruines  de  Koissari,  aujourd'hui  recouvertes  par  les  eaux  dû  lac,  et 
raconte  à  ce  sujet  plusieurs  légendes  kirghizes  qui  lui  ont  été 
communiquées  par  M.  &eurdet. 

La  rive  sud  de  l'Issyk-Koul  est  bordée  par  le  cinquième  plisse- 
ment des  Thian-Ghan,  le  Terekei-taou  qui  fait  vis-à-vis  au 
Kountchei  alataou.  Les  vallées  voisines  de  Prjevalsk  sont  boisées  et 
ressemblent  aux  vallées  pyrénéennes,  particulièrement  la  vallée 
de  la  Karakolka.  Le  Terekei  alataou  est  plus  élevé  que  les  précé» 


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i  COMPTES  RBNDU8  DES  SÉANCES. 

dents  plissements  et  se  ramifie  ;  sa  formation  est  beaucoup  plus 
complexe.  M.  Saint-Yves  le  longea  presque  jusqu'à  l'extrémité  occi- 
dentale de  rissyk-Koul  et  observa  des  terrasses  très  caractéris- 
tiques; il  le  franchit  au  col  d'Oulako),à  3,800  mètres,  et  vint  dé- 
boucher au  poste  russe  de  Narynskoé,  dans  la  vallée  du  Naryn. 

C'est  près  de  Narynskoé,  dans  la  plaine  de  Kara-Bourt,  que 
M.  Saint-Yves,  en  compagnie  de  M.  Satof,  le  distingué  chef  du 
district  de  Prjevalsk,  un  administrateur  de  premier  ordre,  assista 
à  l'élection  des  chefs  kirghiz.  M.  Saint-Yves  entre  dans  le  dé- 
tail des  rapports  de  l'administration  russe  avec  les  Kirghiz.  La 
vallée  du  Djillik,  entre  l'Alalaon  Iransilien  etleKountcheialataou, 
marque  la  ligne  de  séparation  entre  les  deux  branches  principales 
de  la  famille  Kirghiz,  les  Kirghiz-Kaizaks  et  les  Kara-Kirghiz. 

Sur  le  plateau  de  l'Arpa,  au  col  de  Souok,  les  Alpes  du  Fergbana 
viennent  se  souder  aux  grands  Thian-Chan.Du  col  de  Souok  au  col 
de  Toiouk,  M.  Saint-Yves  a  longé  les  Alpes  du  Ferghana  et 
reconnu  les  glaciers  qu'il  a  décrits  dans  une  lettre  à  la  Société.  Le 
passage  du  col  de  Toiouk  offrit  quelques  difficultés,  surtout  à  la 
descente;  enfin,  à  Ouzguen,  M.  Saint-Yves  atteignait  le  Ferghana. 
De  Marghilan,  avec  M.  Schpilof,  il  se  rendit  ensuite  à  Outch- 
Kourgan  et  à  Aoustan,  d'où,  franchissant  l'Alal  par  le  col  de 
Tengiz-Baï,  il  parvint  à  Daraout-Kourgan,  dans  la  vallée  du  Kizil- 
Sou.  Des  excursions  dans  les  vallées  du  Mazar  et  du  Taracha  lui 
permirent  de  terminer  son  voyage  par  une  reconnaissance  du  sep- 
tième plissement  des  Thian-Chan,  le  Transalaï. 

En  dehors  des  considérations  purement  géographiques,  M.  Saint- 
Yves  a  insisté  sur  les  mœurs  fort  intéressantes  des  Kirghiz  et  a 
donné  quelques  détails  caractéristiques;  il  a  complété  sa  commu- 
nication par  une  série  de  projections. 

Le  Président  à  M.  Saint-Yves  :  c  Monsieur,  je  vous  remercie,  au 
nom  de  la  Société.  Vous  avez  été  vraiment  trop  modeste  dans  vos 
appréciations  sur  l'importance  de  votre  exploration  dans  l'Asie 
centrale,  que  vous  qualifiez  de  courses  et  d'ascensions. 

c  Vous  ne  vous  contentez  pas  de  surmonter  les  difficultés  phy- 
siques, d'aller  d'un  point  à  un  autç£,  d'abattre  des  kilomètres, 
vous  étudiez  consciencieusement  les  pays  que  vous  visitez  ;  vous 
cherchez  à  en  déterminer  les  régimes  orographique  et  hydrogra- 
phique. Les  résultats  que  vous  en  avez  recueillis  sont  des  plus 
intéressants  et  apportent  une  contribution  sérieuse  à  la  géogra- 
phie. Un  pareil  début  promet  pour  l'avenir  et  nous  espérons  que 


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SÉANGB8  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.  5 

vous  ne  vous  arrêterez  pas  en  aussi  bonne  voie.  D'avance  nous  nous 
inscrivons  pour  que  vous  nous  fassiez  profiter  de  vos  observations.  > 

L»  Birmanie.  — Les  pagodes  et  le»  ■»♦!!  «stères.  —  ï,e  cours 
de  rirraenaddy. — M.  E.Gallois  trace  à  grands  traits  la  configu- 
ration du  sol  de  la  Birmanie,  ses  reliefs  peu  importants,  son  sys- 
tème hydrographique  des  plus  simples  ,  puisque  les  fleuves , 
coulant,  en  général,  parallèlement,  descendent  des  plateaux  du 
nord  des  régions  avoisinant  le  Tibet  et  la  province  chinoise  du 
Yunnan.  11  montre  les  richesses  que  la  nature  semble  avoir 
enfouies  dans  ce  coin  du  globe;  mais  il  s'attache  plus  particulière- 
ment aux  mœurs  des  habitants,  aux  monuments  si  curieux,  pagodes 
et  monastères,  qui  caractérisent  cette  contrée,  relativement  peu 
fréquentée  et  imparfaitement  connue  dans  la  partie  nord  et  sur  ses 
frontières,  en  général,  où  des  tribus  insoumises  vivent  encore  à 
l'état  barbare.  Le  conférencier  a  également  décrit  le  cours  du 
grand  fleuve,  qu'il  surnomme  lo  Nil  birman,  tant  il  a  trouvé  d'ana- 
logie entre  cette  belle  voie  fluviale  et  la  grande  artère  fécondante 
de  l'ancien  royaume  des  Pharaons  et  des  Ptolémées. 

Le  Birman,  sous  le  rapport  physique,  est  bien  proportionné  et  de 
taille  moyenne;  la  physionomie  est  plutôt  avenante,  et  bien 
qu'ayant  les  pommettes  saillantes  et  les  yeux  légèrement  bridés, 
il  ne  présente  qu'une  partie  des  caractères  qui  distinguent  la  race 
jaune,  à  laquelle  il  tient  pourtant  par  diverses  attaches.  On  dit 
les  Birmans  très  prolifiques.  De  couleur  olivâtre,  ils  ont  une  colo- 
ration de  peau  d'un  joli  bronze  clair.  Hommes  et  femmes  ont  géné- 
ralement les  cheveux  du  plus  beau  noir;  ils  les  portent  roulés  en 
chignon  ou  sur  le  sommet  de  la  tête.  Les  femmes  plantent  des 
fleurs  dans  leurs  cheveux  et  portent  généralement,  pendue  et 
descendant  sur  la  joue,  une  grappe  en  fleur.  Au  résumé  elles  sont 
gracieuses  et  possèdent  un  charme  qui  a  frappé  les  rares  voyageurs 
ayant  visité  le  pays. 

Le  costume,  national  est  des  plus  simples;  il  se  compose  d'un 
jupon  de  couleur  à  dessin  ou  à  rayure,  en  soie  dans  la  classe  aisée, 
et  (Tune  sorte  de  veste  ou  camisole  généralement  blanche.  Ce  qui 
distingue  les  sexes,  c'est  le  port  d'un  foulard,  sorte  de  léger  tur- 
ban en  usage  pour  les  hommes,  et  souvent  assorti  à  la  couleur  du 
jupon.  Les  groupes  offrent  un  charme  pittoresque  auquel  nous  ne 
sommes  pas  habitués  dans  nos  régions  du  monde  moderne  ou  la 
civilisation  et  le  progrès  ont  tout  dépoétisé. 

D'humeur  calme  et  paisible,  ils  suivent  les  principes  de  la  mo* 


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6  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES. 

raie  bouddhiste  ;  i  la  sont  hospitaliers  et  charitables.  C'est  ainsi  qu'ils 
placent  des  vases  pleins  d'eau  le  long  des  rues  et  parfois  sur  les 
routes,  pour  que  le  voyageur  puisse  étancher  sa  soif,  comme  ils 
élèvent  des  hangars  où  le  passant  pourra  s'abriter  et  trouver  un 
gîte  au  besoin.  Us  ne  sont  pas  divisés  en  de  nombreuses  castes 
comme  les  Hindous.  Leur  origine  est  fort  ancienne,  en  tout  cas 
mogole;  elle  remonterait,  selon  eux,  à  Brahma, 

La  religion  du  Bouddhisme  ou  de  Gautama,  l'incarnation  de 
Bouddha,  est  le  culte  officiel.  Les  Birmans  sont  des  plus  fervents; 
aussi,  nulle  part  au  monde,  ne  peut-on  voir  pareille  profusion  de 
pagodes  et  de  temples  élevés  à  la  divinité.  Ces  monuments  se 
comptent  par  milliers;  on  en  voit  non  seulement  jusque  dans  les 
moindres  villages,  mais  encore  à  travers  la  campagne  et  principa- 
lement sur  les  bords  de  i'Irraouaddy.  La  piété  des  fidèles  en  a 
élevé  par  groupes,  et  des  centaines,  pour  ne  pas  dire  plus,  se 
trouvent  souvent  réunis,  sur  le  même  point. 

En  dehors  des  Birmans,  ou  trouve,  sur  les  frontières,  des  tribus 
plus  ou  moins  sauvages,,  habitant  les  montagnes,  comme  les 
Karengs  et  les  Shans,  plus  ou  moins  fétichistes. 

Quant  aux  pagodes,  ce  sont  des  monuments  des  plus  intéres- 
sants, ayant  une  physionomie,  tout  à  fait  particulière;  elles 
affectent  une  forme  de  cloche,  sorte  de  dôme  au  col  très  allongé, 
très  souvent  doré  et  atteignant  parfois  de  grandes  dimensions.  Les 
monastères  ou  couvents,  fort  nombreux  également,  plus  ou  moins 
couverts  d'ornements  découpés  et  sculptés  et  parfois  dorés,  abritent 
des  légions  de  ponghis,  religieux  austères  qui  vivent  de  la  cha- 
rité publique  et  vont  chaque  jour  frapper  aux  portes  pour  quéman- 
der leur  subsistance.  Us  dirigent  aussi  les  écoles.  11  est  4e  bon 
ton  dans  la  classe  aisée  que  les  jeunes  gens  portent  ainsi  quelque 
temps  la  robe  jaune  safran  qui  les  distingue  et  dans  laquelle  ils 
se  drapent.  Us  ont  la  tête  rasée  et  gardent  à  la  main  une  sorte 
d'éventail  de  grande  dimension  qui  les  abrite  du  soleil  et,  dit-on, 
des  regards  indiscrets  des  femmes  !  Us  sont  brûlés  après  leur  mort, 
alors  que  l'incinération  n'est  pas  obligatoire  pour  le  commun  des 
mortels. 

Le  rôle  de  la  femme  est  très  important  en  Birmanie,  en  ce  sens 
qu'elle  est,  on  peut  dire,  sur  un  pied  d'égalité  avec  l'homme.  Le 
mariage  est  libre  et  la  séparation  se  fait  à  l'amiable  (mut i/o 
consensu).  t 

Quant  à  la  langue,  elle  rappelle  le  chinois  avec  introduction  de 
mots  hindous. 


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SÉANCES  DE8  7,  21   ET  31   JANVIER  1898.  7 

Les  Birmans  sont  surtout  agriculteurs  et  pécheurs;  cependant  on 
trouve  chez  eux  quelques  industries  simples.  Très  amateurs  de 
spectacles,  de  danses  et  d'amusements  superficiels,  ils  assistent 
attentivement  pendant  des  heures  à  des  représentations  données 
par  des  troupes  de  passage.  Ils  ont  des  auteurs  en  renom  et  des 
acteurs  et  actrices  célèbres,  tout  comme  chez  nous.  Certaines 
pièces,  accompagnées  de  musique,  affectent  le  genre  de  Topera  ; 
mais  l'importance  de  quelques-unes  est  telle  qu'il  faut  plusieurs 
soirées  pour  les  exécuter. 


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Autour  de  U  «  Shvee  Dagon  »,  pagode. 

Partant  de  Rangoun,  M.  Eugène  Gallois  gagne  Mandalay,  puis 
Bhamo,  pour  pousser  jusqu'aux  avant-postes  anglais  et  redes- 
cendre ensuite  le  cours  de  lïrraouaddy. 

A  Rangoun,  le  grand  port  birman,  qui  s'est  développé  sous 
l'impulsion  anglaise,  on  peut  avoir  un  avant-goût  des  curio- 
sités que  la  Birmanie  réserve  au  voyageur.  Cette  grande  ville  de 
200,000  habitants  renferme  tout  d'abord  un  des  plus  beaux  monu- 
ments qu'on  puisse  voir  en  ce  genre,  c'est  la  pagode  c  Shvee 
Dagon  i  dont  la  colossale  pyramide  dorée,  en  forme  de  cloche  ou 


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8  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

sonnette  au  manche  allongé,  domine  la  ville.  Elle  est  placée  au 
sommet  d'un  tertre  verdoyant  et  s'élève  à  plus  de  100  mètres  de 
hauteur  au  centre  d'une  plate-forme,  à  laquelle  on  accède  par  de 
longs  escaliers  couverts,  sortes  de  galeries  où  se  tiennent  une 
quantité  de  marchands  d'objets  religieux,  de  cierges,  de  fleurs  et 
d'images.  L'aspect  de  la  porte  principale,  flanquée  de  deux  énormes 
dragons  chimériques,  est  des  plus  imposants  et  d'une  fantaisie  que 
la  plume,  pas  plus  que  la  parole,  ne  saurait  rendre.  Autour  du 
motif  central,  dont  la  base  est  entourée  de  bétes  plus  ou  moins 
fantastiques  et  ornée  de  vases  portant  des  fleurs  métalliques,  se 
groupe  une  centaine  d'édicules  variés,  sortes  de  chapelles,  renfer- 
mant des  images  saintes  (figures  de  Bouddha  accroupi,  les  jambes 
croisées),  ou  abritant  des  cloches,  dont  certaines,  d'un  poids  fort 
respectable,  ou  encore  des  colonnes  portant  des  dragons  et  figu- 
rant des  ex-voto,  sans  parler  de  diverses  constructions  affectées  à 
des  usages  variés,  habitations  des  prêtres  et  autres.  Beaucoup 
d'entre  elles  sont  en  bois  de  teck  et  coiffées  de  toitures  aux  formes 
pittoresques  avec  les  encoignures  relevées  et  gracieusement 
décorées  de  dentelures  bizarres. 

'  11  y  a  là,  du  reste,  des  travaux  artistiques  en  bois  sculpté.  Par 
une  fantaisie  qui  repose  sur  un  symbole  religieux,  nombre  de  ces 
édifices  sont  surmontés  d'une  sorte  de  flèche  en  pyramide  allongée, 
formée  de  sept  toitures  superposées,  qu'on  retrouve  communé- 
ment par  toute  la  Birmanie. 

Rangoun,  grande  cité  industrielle,  comporte  aussi  d'importants 
moulins  à  riz  et  des  scieries  pour  les  bois  exploités  dans  l'inté- 
rieur du  pays  qui  compte  encore  de  vastes  étendues  de  forêts 
presque  inconnues.  Dans  ces  dernières  usines,  on  peut  voir  les 
éléphants  domestiques  qui  rendent  de  si  grands  services,  grâce  à 
leur  force  dirigée  par  une  intelligence  devenue  proverbiale. 

L'intérieur  du  pays  est  d'un  intérêt  relatif,  comme  paysage; 
aussi,  le  voyageur  ne  s'arrétant  qu'en  passant  à  Pégou,  pour  voir 
quelque  pagode  antique,  gagne-t-il  Mandalay,  l'ancienne  capitale 
birmane  qui  a  connu  une  ère  de  splendeur  inusitée  sous  le  roi 
Thibau  jusqu'au  jour  de  l'occupation  anglaise  en  1885. 

La  ville,  située  à  peu  de  distance  de  l'irraouaddy,  s'étend  spa- 
cieuse, avec  ses  rues  tirées  au  cordeau,  à  l'entour  et  surtout  au 
sud-ouest  de  l'enceinte  royale,  entourée  d'un  large  fossé  que 
domine  une  muraille  crénelée,  percée  de  quatre  portes  qui  sont 
coiffées  de  gracieux  pavillons  en  bois.  Dans  l'intérieur  du  vaste 
quadrilatère  s'élèvent  encore,  respectées  par  les  conquérants,  qui 


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SÉANCES  DBS  7,  21   ET  31  JANVIER  1898.  9 

s'y  sont  installés  en  maîtres,  quelques  pagodes,  le  gracieux  édifice 
tout  en  bois  dit  c  Collège  du  roi  Thibau  i  et  le  palais  royal  lui- 
même  au  eeutre,  groupement  ou  suite  de  bâtiments  consistant  en 
de  grandes  salles  aux  toitures  dorées  supportées  par  de  grossières 
colonnes,  simples  troncs  d'arbres.  L'ensemble  de  ce  monument  est 
dominé  par  la  haute  flèche  de  bois  sous  laquelle  se  trouve  le  trône 
bizarre  du  roi  déchu  que  les  Anglais  ont  envoyé  mourir  en  exil.  La 
décoration  rutilante  d'or  et  de  verrerie  est  curieuse,  mais  trop 
chargée.  Au  reste,  on  remarquera  partout  cette  profusion  d'or, 
comme  dans  le  bel  édifice  de  la  c  Pagode  dorée  de  la  reine  >,  le 
plus  beau  type  d'architecture  birmane,  avec  sa  suite  de  toitures 
accompagnées  de  la  flèche  traditionnelle. 

Mandalay,  dont  la  population  est  d'environ  200,000  habitants  et 
où  l'on  compte  une  quantité  prodigieuse  de  pagodes  et  de  monas- 
tères, renferme  bien  d'autres  monuments  dignes  d'intérêt,  comme 
les  450  pagodes,  présentant  l'aspect  d'un  cimetière  où  les  cha- 
pelles seraient  symétriquement  placées,  l'Arrakan  pagode,  l'incom- 
parable pagode,  de  dimensions  plus  ou  moins  vastes  et  de  formes 
et  plans  plus  ou  moins  variés,  etc.,  etc. 

Proches  de  Mandalay,  les  antiques  cités  disparues  d'Ava  etd'Ama- 
rapoura  ont  laissé  d'importants  vestiges  de  leur  antique  splendeur. 
Le  pays  est  littéralement  couvert  de  ruines,  plus  ou  moins  enfouies 
sous  la  verdure  ;  ce  ne  sont  que  pagodes  ruinées,  enceintes  dévas- 
tées, monastères  effondrés,  qui  feraient  croire  à  quelque  épouvan- 
table cataclysme,  mais  qui,  au  résumé,  ne  sont  que  les  résultats 
d'un  complet  abandon. 

Au  bord  du  fleuve,  les  collines  de  Sagaïn  portent  une  quantité 
de  ces  édifices  simples  qui  coiffent  chaque  sommet,  chaque  pointe. 

Dépassant  Bhamo,  cette  importante  station  commerciale  où 
aboutissent  les  caravanes  chinoises  venant  du^Yunnan,  M.  Gallois 
remonte  jusque  près  de  Mytkiyna,  pour  reprendre  ensuite  la  voie 
fluviale.  11  franchit  successivement  les  défilés  de  l'irraouaddy,  qui, 
par  trois  fois,  sur  la  longueur  de  son  parcours,  a  dû  se  tracer  une 
route  à  travers  des  chaînons  montagneux.  Le  premier  de  ces 
défilés,  d'une  longueur  de  plus  de  30  kilomètres,  est  le  plus  inté- 
ressant et  offre  le  plus  de  sites  jolis  et  pittoresques  avec  ses  enca- 
drements de  hauteurs  boisées;  c'est  la  pleine  forêt  dans  ce  qu'elle 
a  de  plus  sauvage.  Des  bancs  de  roches  semblent  souvent  vouloir 
littéralement  barrer  le  passage. 

La  traversée  du  second  défilé,  moins  longue,  offre  également  de 
jolis  paysages,  surtout  à  un  coude  du  fleuve  que  domine  en  cet 


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10  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

endroit  une  haute  falaise  i  pic  de  200  à  250  mètres.  Quant  au 
troisième,  il  est  beaucoup  plus  banal. 

Chemin  faisant,  on  rencontre,  de  distance  en  distance,  des  villes 
ou  villages,  plus  ou  moins  pittoresquemenl  groupés  au  bord  du 
fleuve  ou  perchés  sur  les  rives  parfois  escarpées.  Avec  leur  cadre 
de  verdure  qui  semble  vouloir  cacher  les  blanches  pagodes,  ces 
centres  d'habitations  offrent  souvent  de  gracieux  tableaux.  La  vie 
semble  s'être  groupée  sur  les  bords  du  fleuve  par  un  instinct  tout 
naturel  ;  aussi  l'intérieur  du  pays,  malgré  ses  richesses  minières 
et  pétrolifères,  ne  saurait-il  retenir  le  simple  voyageur.  La  naviga- 
tion est  active,  et  il  faut  voir  les  belles  galères  birmanes  circuler 
majestueusement  sur  le  fleuve. 

Au  résumé,  la  Birmanie  est  un  pays  des  plus  intéressants,  et  il 
parait  surprenant  qu'il  n'ait  pas  plus  attiré  jusqu'ici  l'attention 
générale. 

Le  Président  à  M.  £.  Gallois:  c  Monsieur,  votre  collègue, M.  Saint- 
Yves  nous  a  conduits  sur  les  altitudes  désolées  de  l'Asie  centrale. 
Vous  nous  ramenez  dans  les  pays  du  soleil,  des  végétations  puis- 
santes, des  architectures  fulgurantes  d'une  civilisation  plus 
ancienne  que  la  nôtre.  Vos  projections  nous  ont  fort  intéressés. 
Vous  nous  avez  fait  connaître  des  régions  qui  sont  encore  presque 
ignorées  du  grand  public  européen.  Pour  mon  compte,  je  suis  tout 
disposé  à  suivre  votre  conseil  et  je  profiterai  de  mon  premier 
voyage  en  Asie  pour  remonter  jusqu'à  Mandalay.  Aujourd'hui  notre 
seul  regret  est  que,  pressé  par  l'heure,  vous  avez  dû  abréger  votre 
conférence.  Vous  et  M.  Saint-Yves  vous  nous  avez  fait  passer  une 
charmante  soirée.  » 

Clôture  de  la  séance  ail  heures. 


2  ±   j  etïrvàer 

PRÉSIDENCE    DE    M.    LE    MYRE     DE    VILERS 
Président  de  la  Commission  centrale. 

Dans  sa  dernière  séance  administrative,  la  Commission  centrale 
de  la  Société  de  Géographie  a  procédé  à  l'élection  des  membres  de 
son  Bureau.  Ont  été  élus  :  président,  M.  Le  Myre  de  Vilers,  député; 


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SÉANCES  DIS  7,  21  ET  31  JANVIER  1898*         11 

1"  vice-président,  M,  Gabriel  Marcel,  conservateur-adjoint  à  la 
Bibliothèque  nationale;  2*  vice-président,  M.  E.  Anthoine,  chef  du 
service  de  la  Carte  de  France  au  Ministère  de  l'Intérieur;  secré- 
taire général,  le  baron  Hulot;  secrétaire  adjoint,  M.  J.  Girard. 

En  prenant  possession  du  fauteuil,  M.  Le  Myre  de  Vilers  pro- 
nonce les  paroles  suivantes  : 

c  Je  remercie  mes  collègues  de  m'avoir  appelé  à  succéder  à  mon 
éminent  prédécesseur,  le  prince  Roland  Bonaparte,  en  qualité  de 
président  de  la  Commission  centrale. 

«  C'est  lui  qui  a  reçu  Nansen,  et  vous  savez  avec  quelle  auto- 
rité il  a  représenté  la  Société  de  Géographie  à  la  séance  solennelle 
du  Trocadéro.  La  splendide  réception  qu'il  a  offerte  à  l'illustre 
voyageur  et  aux  membres  de  la  Société  est  encore  présente  à  la 
mémoire  de  tous. 

c  J'espère,  mesdames  et  messieurs,  que  vous  me  continuerez  la 
bienveillance  et  la  sympathie  que  vous  avez  toujours  témoignées  au 
prince  Roland  Bonaparte.  > 

Le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  correspondance  (Voir 
Nouvelles  Géographiques). 

11  annonce  le  retour  de  M.  Edouard  Foa,  reçu  à  la  gare  de  l'Ouest 
par  M.  Le  Myre  de  Vilers  au  nom  de  la  Société,  et  la  prochaine 
arrivée  du  docteur  Sven  Uedin. 

Par  suite  à  la  correspondance,  M.  de  Lap parent  et  le  baron 
Hulot  font  des  présentations  d'ouvrages  (Voir  Chronique  de  la 
Société  :  Présentation  d'ouvrages). 

La  parole  est  donnée  à  M.  le  docteur  Ch.  Maclaud  pour  sa  confé- 
rence : 

Le*  habitant*  de  la  «aînée  franc* lue.  —  Après  avoir 
brièvement  rappelé  l'histoire  de  notre  établissement  dans  les 
Rivières  du  Sud  et  cité  les  rares  voyageurs  qui  ont  parcouru 
ces  régions,  M.  Maclaud  montre  les  résultats  surprenants  que 
M.  le  gouverneur  Ballay  a  obtenus  dans  cette  colonie  devenue 
autonome,  et  cela  sans  le  secours  financier  de  la  métropole. 
Aujourd'hui  la  Guinée  possède  une  route  carrossable  qui  ne  tar- 
dera pas  à  atteindre  le  Niger,  une  ligne  télégraphique  qui  relie  la 
mer  au  Soudan  et  que  suivra  bientôt  le  chemin  de  fer  ;  elle  a  un 
port  accessible  aux  grands  navires  et  une  capitale,  Conakry, 
salubre  et  bien  bâtie,  dont  chaque  jour  voit  croître  l'importance. 

M.  Maclaud  décrit  les  trois  régions  bien  tranchées  qui  consti- 
tuent, d'après  lui,  le  sol  de  notre  jeune  colonie. 


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42  COMPTES  RENDUS  DBS  8ÉANCR8. 

11  Tante  la  fertilité  de  la  zone  cétière,  pays  du  kola,  des  pal- 
miers à  huile  et  du  riz  ;  ses  plaines  basses  et  marécageuses  sont 
d'énormes  bancs  d'ail  avions  apportées  par  les  grands  fleuves  qui 
descendent  des  hauts  plateaux  du  Fouta-Djalon  ;  puis  il  nous 
signale  les  richesses  de  la  région  des  vallées,  coupée  de 
mille  cours  d'eau  qui  s'écoulent  des  collines  gréseuses  dont 
l'ensemble  circonscrit  les  bassins  des  grandes  rivières.  Ce  pays, 
qui  rappelle  le  Soudan  méridional,  ne  tardera  pas  à  devenir  un 
centre  de  culture  des  plus  importants. 

Plus  loin,  c'est  le  pays  des  hauts  plateaux,  le  Fouta-Djalon 
dont  le  climat  tempéré  et  salubre  est  propice  à  la  santé  de  l'Euro- 
péen anémié,  et  dont  les  gras  pâturages  font,  malgré  l'ignorance 
des  indigènes,  le  lieu  de  production  de  tout  le  bétail  qui  nourrit 
nos  colonies  de  l'Afrique  occidentale. 

Dans  des  cadres  aussi  divers,  dit  M.  Maclaud,  se  meuvent  des 
races  aussi  diverses. 

Près  de  la  côte,  vit  la  famille  Baga,  qui  fut  jadis  chassée  du 
haut  pays  par  les  invasions  des  Soussou  et  des  Foula.  Les  peu- 
plades qui  la  composent,  Tymné,  Baga,  Bagaforé,  Landouman, 
Yola  et  peut-être  Nalou,  ont  été  plus  ou  moins  modifiées  par  la 
civilisation  ou  par  le  contact  des  races  voisines. 

Les  Tymné  sont  guerriers  et  chassent  encore  les  esclaves.  Les 
Baga  vivent  de  la  mer  et  de  leurs  jardins  de  kola  ;  ils  sont  doux 
et  paresseux.  Les  Bagaforé  ont  des  coutumes  étranges  :  leurs 
femmes  vont  nues  tandis  qu'eux-mêmes  raffolent  de  toilette  ;  ils 
ont  des  sociétés  secrètes  (Simô),  dont  les  membres  pratiquent 
dans  les  bois  sacrés  des  cérémonies  mystérieuses  et  souvent  san- 
glantes, dont  l'horreur  a  pendant  longtemps  suffi  pour  éloigner 
les  voisins  pillards . 

Les  Landouman,  lâches  et  voleurs,  pratiquent  le  culte  des 
morts,  et  comme  leurs  voisins  les  Nalou,  ils  entourent  de  céré- 
monies bizarres  l'inhumation  des  cadavres. 

Les  habitants  du  pays  des  vallées  sont  les  Soussou,  à  la  fois 
parents  des  Mandingues  et  des  Peulh.  Les  Soussou,  musulmans 
pour  la  plupart,  construisent  de  jolies  cases  ;  ils  sont  doux  et  hos- 
pitaliers ;  ils  vivent  de  leurs  cultures  au  milieu  de  leurs  esclaves  ; 
certains  d'entre  eux  vont  au  loin  faire  du  commerce,  comme  les 
Dioula  de  Kong. 

Les  plateaux  du  Fouta-Djalon  sont  occupés  par  les  Foula, 
branche  de  la  grande  famille  peulh.  —  Les  Foula  constituent  une 
aristocratie,  pour  laquelle  travaillent  de  nombreux  esclaves  appar- 


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SÉÀNCE8  DES  7,  21   ET  31  JANVIER  1898.  13 

tenant  à  toutes  les  races  de  la  boucle  du  Niger,  mais  surtout  à  la 
race  Bambara.  Us  sont  divisés  en  deux  familles,  les  Alfaïa  et  les 
Souria,  dont  chacune  à  son  tour  donne  au  pays  le  chef  suprême. 
Cette  caste  menteuse,  arrogante,  fanatique,  a  été,  pendant  de 
longues  années,  un  obstacle  presque  invincible  à  la  pénétration 
de  l'influence  française  dans  le  Fouta-Djalon.  Une  leçon  sévère, 
qui  lui  fut  infligée  en  1896,  a  modifié  quelque  peu  son  attitude. 
Depuis  plus  d'un  an,  le  FoutarDjalon  est  entré,  avec  M.  l'admi- 
nistrateur Noirot,  dans  la  période  agricole. 

M.  le  Dr  Maclaud  termine  en  exposant  que  la  connaissance 
approfondie  des  mœurs  et  des  coutumes  des  habitants  d'un  pays 
est  indispensable  à  ceux  qui  veulent  le  coloniser.  Ce  n'est  pas  en 
heurtant  les  habitudes  des  noirs  qu'on  se  les  attachera,  et  bien 
des  conflits  sanglants  eussent  été  évités,  si  l'on  n'avait  pas  froissé, 
le  plus  souvent  par  ignorance,  les  susceptibilités  religieuses  et 
même  superstitieuses  des  peuples  que  l'on  prétendait  s'attacher. 
C'est  là  le  secret  du  succès  qu'a  obtenu,  en  Guinée  française, 
M.  le  gouverneur  Ballay,  qui  a  su  utiliser  les  diverses  aptitudes 
des  indigènes  et  faire  concourir  des  races  différentes  à  un  but 
unique  :  le  développement  et  la  prospérité  de  notre  belle  colonie. 

Le  Président  félicite  le  docteur  Maclaud  des  renseignements  qu'il 
a  su  recueillir  au  cours  de  sa  fructueuse  exploration.  11  annonce 
le  prochain  départ  de  ce  voyageur  pour  la  Guinée  française  où  il 
poursuivra  ses  recherches.  Sa  confiance  dans  l'avenir  de  cette 
colonie  mérite  d'être  remarquée,  et  la  Société  ne  peut  qu'encou- 
rager ses  efforts,  certaine  d'avance  qu'ils  seront  aussi  profitables 
à  la  patrie  qu'à  la  science. 

M.  Le  Myre  de  Vilers  signale  la  présence  à  la  séance  de 
M.  Binger,  qui  a  concouru  dans  une  si  large  mesure  à  développer 
nos  possessions  de  l'Afrique  occidentale  et  notamment  la  Côte 
d'Ivoire,  dont  il  fut  l'habile  gouverneur  avant  d'occuper  le  poste 
de  directeur  au  Ministère  des  Colonies  et  de  défendre  les  intérêts 
de  la  France  dans  les  grands  congrès  internationaux. 

—  Clôture  de  la  séance  :  10  h.  1/2. 


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M  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


3±   jetaa/vler 
SEANCE    EXTRAORDINAIRE 

Préftldenee  de  M.  Al  pli.  1HLXH-E»WA1»§ 

Membre  de  l'Institut,  Président  de  la  Société. 

RÉCEPTION  DU  ÛOCTEUR  SVEN  HEDIN 

EXPLORATEUR   DANS  i/ASIB  CENTRALE 

Prennent  place  aux  côtés  du  Président  :  MM.  Sven  Hedin,  Due, 
ministre  plénipotentiaire  et  envoyé  extraordinaire  de  Suède  et 
Norvège,  MM.  Tirman  et  Delavaud,  délégués  des  Ministères  de 
l'Instruction  publique  et  des  Affaires  étrangères,  Le  Myre  de  Vilers, 
président  de  la  Commission  centrale,  Maunoir,  vice-président  de 
la  Société,  prince  Roland  Bonaparte. 

Sur  l'estrade  :  le  général  baron  Freedericksz,  agent  militaire  de 
l'ambassade  de  Russie;  les  membres  de  la  légation  de  Suède  et 
Norvège;  ceux  de  la  Commission  centrale;  les  représentants  delà 
Société  Scandinave  de  Paris. 

Dans  la  salle,  un  grand  nombre  de  notabilités  scientifiques. 

Les  membres  de  la  Société  de  Géographie,  qui  firent  fête  au 
docteur  F.  Nansen,  après  sa  prodigieuse  traversée  de  la  mer  arc- 
tique, accueillent  par  des  applaudissements  prolongés  le  docteur 
Sven  Hedin. 

Le  Président  ouvre  la  séance  en  ces  termes  : 

«  Mesdames,  messieurs.  Lorsque  nous  lisions  dans  nos  Revues 
et  dans  les  Comptes  rendus  de  nos  Sociétés  de  géographie,  la  rela- 
tion des  beaux  et  lointains  voyages  du  célèbre  explorateur,  le  doc* 
teur  Sven  Hedin,  nous  ne  pouvions  espérer  qu'un  jour  nous  aurions 
l'honneur  de  le  recevoir  ici,  et  la  bonne  fortune  d'entendre,  dite 
par  lui-même,  l'histoire  de  sa  vie,  pendant  les  quatre  années  qu'il 
a  passées  dans  l'Asie  centrale. 

c  Nous  sommes  très  heureux  de  lui  souhaiter  la  bienvenue  en 
France,  et  de  saluer  en  lui  l'un  des  hommes  les  plus  intrépides  et 
les  plus  courageux  parmi  ces  voyageurs,  Suédois,  Russes,  Fran- 


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SÉANCES  DES  7,  21   ET  31   JANVIEU  1898.  15 

çais,  d'une  si  grande  audace,  d'une  si  persévérante  ardeur,  dont  les 
expéditions  en  Asie  nous  ont  souvent  émerveillés. 

c  Nous  sommes  aussi  très  impatients  de  vous  écouter,  docteur 
Sven  Hedin,  et  je  me  hâte  de  vous  donner  la  parole  pour  ne  pas 
retarder  Je  plaisir  qui  nous  attend.  > 

Le  voyageur  prend  alors  la  parole. 

II  rend  d'abord  hommage  aux  explorateurs  français  qui  l'ont 
précédé  dans  l'Asie  centrale,  fait  ressortir  la  part  qui  leur  revient 
dans  la  connaissante  de  ces  vastes  régions  réputées  inaccessibles. 
11  cite  notamment  MM.  Bonvalot,  Gapus,  prince  Henri  d'Orléans, 
Roux,  Edouard  Blanc,  Dutreuil  de  Rhins  et  Grenard,  puis  il  aborde 
le  récit  de  son  voyage,  dont  nous  reproduisons,  ici,  les  passages 
principaux  : 

A.  tracera  l'A«le  centrale,  4894-1897  (1).  —  Ce  fut  une  rude 
campagne  que  celle  qui  commença  le  23  février  1894,  lorsque, 
accompagné  d'une  caravane  de  12  chevaux  et  4  hommes,  je  quittai 
Marghilan  pour  traverser  les  plateaux  neigeux  du  Pamir.  Serpen- 
tant sur  des  roches  escarpées,  franchissant  des  torrents  et  des  col- 
lines de  débris  détritiques,  le  sentier  conduit,  par  la  vallée  de 
traverse  d'isfairan,  aux  cimes  des  monts  Alaï.  Les  premières  jour- 
nées de  marche  n'offrirent  aucun  obstacle,  mais,  arrivés  plus  haut, 
nous  dûmes  traverser  coup  sur  coup  la  rivière  sur  de  petits  ponts  de 
bois,  fragiles  et  branlants.  La  vallée  est  étroite  et  pittoresque  ;  les 
appels  des  hommes,  se  répétant  en  échos  sonores  contre  les  pa- 
rois à  pic  des  rochers  et  le  bruit  de  la  rivière  écumante,  viennent 
seuls  troubler  le  silence.  Notre  caravane  gravit  avec  une  prudente 
lenteur  le  dangereux  sentier,  large  d'un  pied  à  peine»  qui  longe 
les  précipices.  Plus  haut,  ce  sentier,  couvert  de  verglas,  s'inclinait 
vers  une  pente  à  pic.  Le  cheval  de  tète,  conduit  par  un  guide 
Kirghis,  perdit  pied,  glissa  le  long  de  la  pente,  fit  deux  ou  trois 
bonds  dans  l'espace  et  alla  s'abîmer  contre  les  schistes  du  fond 
de  la  vallée.  Les  routes  tapissées  de  verglas  devinrent,  plus  loin» 
fort  fréquentées;  nous  étions  forcés  d'y  creuser  des  marches 
avec  les  pics  et  les  pioches,  et  de  les  couvrir  ensuite  de  sable.  Ce 
travail  prit  du  temps.  L'obscurité  arriva  et  les  étoiles .  seules 
éclairaient  le  paysage  de  leur  pâle  lumière.  Les  chevaux  étaient 
conduits  à  la  file  ;  il  fallait    marcher,  ramper,  se  traîner  au- 

ti)  Voir  l'itinéraire  du  DrJSven  Hodin,  Comptes  rendu*  1897,  y.  303. 


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16  COMPTES  RBNDU8  DBS  SÉANCES. 

dessus  des  précipices.  Après  des  efforts  inouïs  nous  atteignîmes, 
quelques  jours  plus  tard,  la  crête  des  monts  Alaî,  dans  le  col  de 
Tengis-baï,  haut  de  3,850  mètres»  couvert  de  neige  profonde. 

Le  col  de  Tengis-baï  sépare  les  bassins  du  Sy-daria  et  de  l'Amou- 
daria.  Le  versant  sud  est  escarpé  comme  le  versant  nord,  et  nous 
dûmes  passer,  l'un  après  l'autre,  plusieurs  cônes  d'avalanches  toutes 
récentes.  L'une  des  plus  grandes  —  son  cône  mesurait  une  largeur 
de  400  mètres —  ne  datait  que  de  la  veille  et  les  Kirghiz  nous  féli- 
citèrent de  lui  avoir  échappé.  Le  lendemain  de  notre  passage,  un 
bourane,  ou  tempête  de  neige  extrêmement  violente,  éclata  dans 
les  environs;  si  nous  avions  eu  un  seul  jour  de  retard,  nous  aurions 
sûrement  été  tous  ensevelis  dans  le  col.  Le  Tengis-baï  a  été  le  tom- 
beau de  bien  des  Kirghiz.  —  Durant  tout  notre  voyage  dans  la  val- 
lée d'Alaï  nous  marchâmes  sur  des  neiges  profondes,  et  nous  dûmes 
employer  quatre  chameaux  que  l'on  conduisait  devant  nous,  pour 
nous  frayer,  à  travers  les  neiges,  un  sentier  qui  permit  à  nos  chevaux 
de  passer.  La  température  était  très  basse;  elle  descendit,  à  Urtuk, 
le  6  mars,  à  34° ,5  au-dessous  de  zéro.  Des  Kirghiz  hivernent 
dans  la  vallée  d'Alaï.  A  la  fin  de  mai,  lorsqu'un  tapis  de  verdure 
remplace  les  neiges,  la  vallée  s'anime.  Tous  les  riches  Kirghiz 
de  Ferghana  arrivent  alors  avec  leurs  troupeaux  et  dressent  leurs 
tentes  sur  les  bords  du  Kisil-sou.  Ils  exécutent  leurs  bàigas  ou 
jeux  équestres,  s'invitent  l'un  l'autre  à  des  fêtes,  célèbrent  leurs 
mariages  et  sont,  en  un  mot,  en  villégiature. 

Le  climat  a  aussi  ses  bizarreries.  Le  soleil  vous  brûle  le  visage 
d'un  côté,  tandis  qu'à  l'ombre  on  est  près  de  geler.  Des  variations 
de  50*  en  six  heures  sont  fort  ordinaires  l'hiver.  La  température 
la  plus  basse  que  j'aie  relevée,  est  celle  que  j'ai  observée  à  Kok- 
saï,—  38%  2. 

*  Le  plus  grand  danger  pendant  un  voyage  d'hiver  dans  le 
Pamir,  est,  sans  contredit,  occasionné  par  les  bouranes  de  neige. 
Si  la  caravane  est  surprise  par  la  tempête,  il  faut  avoir  soin  de  ne 
pas  s'écarter  les  uns  des  autres,  car  ceux  qui  s'éloignent  ne  peuvent, 
ni  par  des  cris,  ni  par  descoups  de  fusil,  se  faire  entendre  à  travers 
les  mugissements  de  l'ouragan  ;  ils  s'égarent  et  finissent  par 
mourir  de  froid.  Aussi,  dès  que  le  bourane  arrive,  on  dresse  les 
tentes. 

En  passant  par  le  col  Kysyl-art,  situé  à  4,370  mètres  d'altitude, 
dans  les  Trans-Alaï,  nous  atteignîmes,  le  10  mars,  le  grand  Kara- 
koul.  Pendant  deux  jours  il  nous  fallut  marcher  sur  l'épaisse  couche 
de  glace  qui  le  recouvrait.  Des  sondages  opérés  en  sept  endroits 


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SEANCES  DBS  7,  21   ET  31   JANVIER  1898.  17 

différents  donnèrent,  dans  là  partie  ouest  dn  lac,  une  profondeur 
maxima  de  230  mètres  et  demi.  Dans  la  vallée  de  Mous-kol, 
nous  trouvâmes  deux  cônes  de  glace  fort  curieux  ;  ils  étaient  for- 
més par  de  Peau  de  source  filtrant  à  travers  le  sol  et  gelant  par 
couches  successives.  L'un  d'eux  mesurait  5  mètres,  l'autre  8  mètres 
de  hauteur. 

Le  7  avril,  j'arrivai  à  la  frontière  chinoise.  Les  bruits  les  plus 
extravagants  circulaient  déjà  à  mon  sujet.  On  racontait  que  j'étais 
escorté  de  60  cosaques,  armés  jusqu'aux  dents  ;  aussi  des  gardiens 
chinois  furent-ils  postés  chaque  nuit  autour  de  ma  tente.  On  m'o- 
bligea à  ouvrir  les  caisses  contenant  mes  bagages  et  mes  provi  - 
sions;  on  voulait  s'assurer  qu'aucun  soldat  russe  n'y  était  caché 
pour  franchir  en  contrebande  la  frontière  et  défense  fut  faite  aux 
Kirghiz  de  m'approvisionner  de  viande  de  mouton  et  d'autres  ar- 
ticles de  première  nécessité.  —  Après  maints  pourparlers,  j'obtins 
l'autorisation  de  visiter  le  Mous-tag-ata  (Moustagh-ata).  J'avais  à 
peine  exécuté  quelques  travaux  préliminaires,  qu'après  une  ascen- 
sion tentée  le  18  avril  et  interrompue  par  une  tempête  de  neige,  je 
fus  atteint  d'une  inflammation  des  yeux  qui  me  força  de  revenir  en 
toute  hâte  à  Kachgar. 

Pendant  l'été  et  l'automne  de  1894,  je  continuai  mes  explo- 
rations dans  le  Pamir  est,  mais  je  les  passe  sous  silence  pour  ne 
dire  que  quelques  mots  du  Mous-tag-ata.  Cette  magnifique  mon- 
tagne avait  absolument  captivé  mon  intérêt.  De  même  que  le 
mont  Demavend  joue  un  rôle  important  dans  les  légendes  du  peuple 
persan,  de  même  le  Mous-tag-ata  apparaît  aux  yeux  des  Kirghiz 
revêtu  d'une  auréole  de  mystère. 

Surgissant  comme  un  avant-poste  formidable  au-dessus  des  dé- 
serts de  l'Asie  centrale,  le  Mous-tag-ata,  la  montagne  la  plus  haute 
du  Pamir  et  une  des  plus  élevées  du  globe,  se  dresse  à  7,800  mètres 
d'altitude.  Elle  forme  en  même  temps  une  digne  continuation 
des  chaînes  puissantes  de  l'Himalaya,  du  Kouen-Ioun,  du  Kara- 
koroum  et  de  l'Hindou-kouch  qui  se  pressent  sur  le  Toit  du  monde. 
Elle  constitue  le  point  culminant  de  la  chaîne  méridionale  qui 
délimite  le  Pamir  à  l'est,  et  qu'on  appelle  Mous-tag  (monts  de 
glace).  Le  nom  de  Mous-tag-ata  —  père  des  monts  de  glace  — 
indique  son  importance. 

Considérées  en  leur  ensemble,  les  hautes  régions  de  ce  massif 

sont  recouvertes  d'une  immense  calotte  de  glace  qui  étend  ses 

ramifications  comme  des  tentacules,   vers   les  dépressions,  et 

dont   l'épaisseur  et    l'étendue  varient   sur  différents  versants. 

soc.  he  gbogr.  —  c.  r.  des  séances,  —  *•  1.  —  Janvier.        2 


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i8  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Le  sommet  nord,  que  j'ai  escaladé  le  18  avril,  les  6  et  16  août 
jusqu'à  une  hauteur,  de  5,990  mètres,  égale  à  celle  du  mont 
Kilima-Ndjaro,  était  couvert,  à  cette  altitude,  de  névés  et  d'une 
couche  de  neige  récemment  tombée,  épaisse  de  40  centimètres, 
reposant  directement  sur  un  sol  rocheux.  Plus  au  sud,  il  en 
est  tout  autrement,  comme  je  le  constatai  le  11  août,  lors  d'une 
tentative  d'ascension  faite  en  compagnie  de  6  Kirghiz  suivis 
de  9  yacks.  Nous  atteignîmes  alors,  sur  la  gauche,  des  ro- 
chers qui  bordent  le  glacier  Tjal-toumak,  à  la  hauteur  de  4,750 
mètres,  altitude  où  le  sol  disparait  sous  la  couche  de  glace.  A 
cette  hauteur,  la  calotte  de  glace  montre  deux  de  ses  apophyses, 
dont  la  plus  rapprochée  présente  la  plupart  des  particularités 
caractéristiques  d'un  glacier  ordinaire  ;  son  front  s'élève  à  pic, 
à  une  hauteur  de  20  mètres,  et  à  sa  base  des  blocs  de  glace  se 
sont  écroulés,  mais  les  moraines  font  défaut.  La  surface,  couverte 
de  neige,  est  rayée,  dans  le  sens  de  sa  largeur,  de  crevasses  de 
forme  convexe  vers  le  bas,  et  un  ruisseau  produit  par  la  fonte 
des  glaces  s'échappe  de  la  base  du  glacier.  Nous  continuâmes 
ensuite  l'ascension  sur  la  croûte  glacée.  Grâce  à  la  couche  de 
neige  qui  recouvrait  cette  carapace,  les  yacks  ne  glissaient  pas,  bien 
que  l'inclinaison  fût  de  24  degrés.  Peu  à  peu,  nous  entrâmes  dans 
un  système  de  crevasses  transversales,  larges  d'au  moins  40  centi- 
mètres et  profondes  de  10  mètres,  ordinairement  recouvertes  de 
neige.  Plus  haut,  ces  crevasses  devenaient  plus  rares,  et  la  neige 
plus  épaisse.  A  une  hauteur  de  5,650  mètres,  le  yack  marchant 
en  tète  disparut  tout  à  coup  dans  une  fente,  mais  resta  heureuse- 
ment suspendu  par  les  cornes  et  par  Tune  de  ses  jambes  de  der- 
rière, de  sorte  qu'en  l'entourant  de  cordes  et  en  y  attelant  les 
autres  yacks,  nous  réussîmes  à  le  sauver.  Cette  fente  avait  1  mè- 
tre 1/2  de  largeur  et  8  mètres  de  profondeur;  ses  parois  consis- 
taient en  glace  d'un  bleu  sombre.  Un  peu  plus  loin,  nous  fûmes 
arrêtés  par  une  crevasse  large  de  6  mètres.  La  neige  atteignait 
1  mètre  1/2  de  profondeur.  A  quelques  centaines  de  mètres  au- 
dessus  de  nous,  se  dressaient  d'énormes  protubérances  de  glace, 
aux  formes  sauvages  et  bizarres,  pareilles  à  des  murs,  des  pyra- 
mides et  des  tours  transparentes  ou  couvertes  de  neige,  aux  parois 
parfois  verticales.  Le  temps,  si  restreint,  m'empêche  de  décrire 
nos  nombreuses  excursions  sur  les  glaciers.  Elles  furent  entreprises 
dans  des  conditions  assez  difficiles,  car  je  devais  travailler  à  une 
altitude  qui  dépasse  de  2,000  mètres  celle  à  laquelle  se  terminent 
les  glaciers  des  Alpes.  Il  aurait  été  difficile  aussi  de  supporter  les 


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SÉANCES  DES  7,  SI  ET  34  JANVIER  1898.         19 

fatigues,  sans  les  yacks  endurants  et  aguerris  qui  montaient  sans 
plainte  jusqu'à  6,000  mètres.  A  plusieurs  reprises,  nous  campâmes 
à  une  hauteur  d'environ  4,300  mètres,  correspondant  à  celle  du 
Finsteraarhorn,  et  c'est  de  ces  points  élevés  que  partaient  nos 
excursions.  Nous  examinâmes  plus  particulièrement  les  glaciers 
de  :  Gorumdeh,  Sarimek,  Kamper-kischlak,  Iam-bulak,  Tj al- 
to m  ak,  Tergen-bulak  et  Tjum-kar-kaschka,  tandis  que  les  deux 
Kok-sel,  Sur-agil,  Schwer-agil,  Aflab-uruj  et  Gerdumbeh  ne  furent 
relevés  que  de  loin  sur  la  carte.  Celui  de  Jam-bulak  est  le  plus 
grand;  il  mesure  9  kilomètres  de  long  et  1  de  large. 

Je  ne  veux  point  abandonner  ce  sujet  sans  citer  quelques-unes 
des  lois  qui  régissent  tous  ces  glaciers.  Ceux  du  Mous-tag-ata  sont 
dans  une  grande  période  de  décroissance.  Les  anciennes  moraines, 
l'argile  glaciaire  et  les  blocs  erratiques  s'étendent,  au  nord,  jus- 
qu'au Sassik-koul  et,  au  sud,  jusqu'au  Kara-sou.  La  position 
des  fronts  des  glaciers  oscille  quelque  peu  suivant  les  saisons; 
en  été,  lorsque  le  mouvement  d'écoulement  est  le  plus  fort,  ils 
avancent  de  quelques  mètres,  mais  en  hiver,  lorsque  ce  mou* 
vement  a  presque  cessé,  tandis  que  l'ablation  ronge  toujours  les 
fronts,  ils  se  retirent  de  nouveau.  Dans  quelques  endroits,  je 
disposai  une  série  de  piquets  à  travers  le  glacier  afin  de  mesurer 
la  rapidité  du  mouvement.  Cette  rapidité  atteignait  son  maximum 
en  un  point  situé  au  milieu  même  du  glacier  de  Jam-bulak  qui, 
du  3  au  18  août,  avança  de  456  centimètres,  soit  de  0  m.  30  à 
peine  par  jour. 

Du  nord  au  sud,  les  glaciers  deviennent  de  plus  en  plus  petits  et 
les  anciennes  moraines  de  plus  en  plus  grandes.  Sur  ceux  qui 
descendent  vers  l'ouest,  la  partie  gauche  est  plus  haute  et  plus 
puissante  que  la  partie  droite,  parce  que  l'ombre  projetée  par  les 
falaises  au  sud,  atténue  partiellement  l'effet  de  l'ablation.  En  de- 
hors des  arêtes  montagneuses,  le  côté  gauche  du  glacier  est  exposé 
à  une  ablation  plus  forte  par  suite  de  son  orientation  vers  le 
sud.  Les  moraines  latérales  de  gauche  sont  toujours  plus  déve- 
loppées que  celles  de  droite.  Les  moraines  centrales  et  frontales 
sont,  en  général,  rudimentarres.  Presque  tous  les  glaciers  forment, 
à  une  certaine  hauteur,  des  chutes  qui  provoquent  des  crevasses 
transversales;  les  fentes  longitudinales  sont  également  fréquentes. 
L'angle  de  la  chute  est  toujours  très  aigu.  Sur  la  falaise  droite  du 
Tjal-tumak,  j'ai  vu  un  fort  bel  exemple  de  glacier  remanié.  Situé 
à  quelques  centaines  de  mètres  au-dessus  de  la  surface  du  glacier 
primaire,  sur  une  falaise  verticale,  un  bras  de  la  croûte  glacée 


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20.  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES, 

supérieure  dépasse  le  rebord  des  rochers  dans  son  mouvement  de 
progression,  et  de  temps  à  autre  donne  naissance  à  des  avalanches. 
Dans  leur  chute,  au  contact  des  saillies  de  la  falaise»  les  blocs  de 
glace  se  réduisent  en  une  fine  poussière  blanche  qui,  pareille  à 
une  cascade,  se  précipite  à  la  surface  du  glacier  principal  pour  y 
former  un  glacier  parasite  régénéré. 

Le  massif  du  Mous-tag-ata  se  compose  presque  exclusivement 
de  gneiss  et  de  schistes  cristallins;  le  gneiss  apparaît  en  de  nom- 
breuses et  fort  belles  variétés. 

Les  ruisseaux  produits  par  la  fonte  des  glaciers  orientés  vers 
l'ouest,  forment,  en  se  réunissant,  la  rivière  de  Subaschi,  qui 
débouche  dans  le  Petit  Kara-koul,  un  lac  morainique;  les  ruis- 
seaux nord  se  rendent  à  Ike-bel-sou,  fleuve  puissant  et  écumeux  en 
été  qui,  sous  le  nom  de  Gez-daria,  s'écoule  par  une  profonde 
vallée  transversale  à  travers  la  chaîne  du  Mous-tag;  lçs  ruisseaux 
sud  s'unissent  pour  former  le  Kara-sou,  un  des  affluents  du 
Yarkend-daria. 

Après  avoir  hiverné  à  Kachgar,  je  repartis  en  février  1895 
sur  deux  grandes  arba$  (charrettes  à  hautes  roues),  qui  nous 
menèrent  à  Yarkend,  sur  le  Yarkend-daria.  11  s'agissait  de  tra- 
verser le  désert  de  Takla-makan  jusqu'au  Khotan-daria,  distant 
de  300  kilomètres.  J'avais  pensé  qu'au  pied  du  Mazar-tag  (aperçu 
par  Prjevalsky  et  Carey  et  qui,  à  ce  qu'on  croyait,  s'étendait 
à  travers  tout  le  désert),  nous  trouverions  une  végétation  abondante, 
des  sources  et  peut-être  des  traces  d'antique  civilisation.  J'avais 
l'intention  de  pousser  ensuite  jusqu'au  Tibet.  Aussi  nos  bagages 
étaient-ils  fort  considérables.  Gomme,  de  plus,  nous  emportions  de 
l'eau  pour  vingt-cinq  jours,  nos  8  chameaux  étaient  lourdement 
chargés  lorsque,  le  10  avril,  nous  quittâmes  Yarkend  pour  nous  diri- 
ger à  l'est  vers  l'inconnu.  J'étais  accompagné  de  4  nommes  :  mon 
fidèle  serviteur  Islam-bay,  qui  me  suivit  jusqu'à  Ourga,  en  Mongo- 
lie; Kasim,  de  Yarkend;  Mohammed-Schah,  de  la  même  ville,  et 
l'homme  du  désert,  Kasim,  qui  avait  souvent  erré  dans  la  grande 
solitude  pour  y  chercher  de  l'or.  Il  existe,  en  effet,  dans  les  con- 
trées situées  sur  les  confins  du  désert,  toute  une  tribu  de  fainéants 
qui  croient  fermement  que  tôt  ou  tard  ils  finiront  par  découvrir 
des  trésors  immenses  qui  y  sont  enfouis.  Pendant  les  premiers 
treize  jours,  tout  alla  bien  et  chaque  soir  nous  pûmes,  en 
creusant,  obtenir  de  l'eau.  Elle  était  saumàtre,  c'est  vrai,  ce- 
pendant les  chameaux  pouvaient  la  boire.  Enfin  nous  arrivâmes 
à  une  montagne  que  nous  crûmes  être  la  prolongation  du  Mazar- 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         21 

tag,  et  au  pied  de  laquelle  s'étendaient  quelques  ratissants  petits 
lacs.  Dans  les  roseaux  nichaient  des  canards  et  des  oies  ;  sur  les 
rives  croissaient  des  peupliers,  des  tamaris  et  des  roseaux.  Pen- 
dant deux  jours  nous  fîmes  halte  en  cet  endroit  dont  le  souvenir, 
durant  plusieurs  semaines,  resta  dans  notre  mémoire  comme 
celui  d'une  sorte  de  paradis. 

Le  23,  nous  poursuivîmes  notre  route.  Après  deux  heures  de 
marche,  la  montagne  disparut  dans  l'air  chargé  de  poussière.  Au 
delà  on  ne  voyait  aucun  prolongement  du  Mazar-tag;  ce  massif 
est  donc  absolument  isolé  du  Mazar-tag,  signalé  par  Prjevalsky 
sur  la  rive  gauche  du  Khotan-daria,  et  ce  dernier  relief  ne  s'étend 
pas,  comme  l'avait  cru  le  grand  voyageur  russe,  jusqu'au  Kach- 
gar-daria.  Devant  nous,  s'étendait  maintenant  la  mer  du  désert, 
avec  des  dunes  hautes  de  30  mètres.  La  caravane  fit  halte  près  du 
dernier  tamaris.  Nous  creusâmes  un  puits,  mais  sans  trouver  d'eau. 
J'avais  donné  l'ordre  de  foire  provision  d'eau  du  lac  pour  dix  jours, 
mais  je  me  convainquis,  malheureusement  trop  tard,  qu'on  n'en 
avait  emporté  que  pour  quatre.  Kasim  déclara  qu'après  quatre  jours 
de  marche  nous  atteindrions  une  région  où  il  y  avait,  de  nouveau, 
de  l'eau  de  puits,  et  comme  ses  dires  s'accordaient  avec  les  indi- 
cations des  cartes  existantes,  je  les  crus  exacts. 

Le  lendemain,  un  violent  orage  éclata  et  le  sable  tourbillonna 
en  nuages  au-dessus  de  la  crête  des  dunes;  l'horizon  rempli  de 
sable  nous  paraissait  en  feu.  Nous  avions  laissé  derrière  nous  les 
dernières  mottes  d'argile  dure  ;  tout  n'était  maintenant  que  sable, 
lslam-bay  marchait  en  tète,  la  boussole  à  la  main,  avec  ordre  de 
se  diriger  droit  à  l'est,  direction  où  nous  devions  être  le  plus 
rapprochés  du  Khotan-daria.  Nous  faisions  des  crochets  et  des 
détours  pour  éviter  les  défilés  de  sable  les  plus  difficiles  à  franchir. 
Le  désert  ressemblait  à  une  mer  gelée,  couverte  de  vagues  géantes  ; 
chaque  matin  le  même  paysage  désolé  se  déroulait  devant  nous. 
Nulle  part  aucune  trace  de  vie.  Pas  même  une  mouche  ;  pas  même 
une  feuille  jaunie,  poussée  par  le  vent  t 

Le  26  avril,  il  fallut  abandonner,  mourants,  les  deux  premiers 
chameaux.  Avec  de  l'économie,  notre  provision  d'eau  pouvait 
durer  deux  jours  encore,  et  nous  espérions  à  tout  moment  aper- 
cevoir la  fin  des  sables.  Mais  ce  n'était  là  qu'un  vain  espoir  1  Si 
nous  avions  pu  prévoir  ce  qui  nous  attendait,  il  aurait  mille  fois 
mieux  valu  revenir  vers  les  petits  lacs.  Le  soir  même,  nous  ren- 
contrâmes une  plaque  d'argile  sèche  entre  quelques  dunes,  aus- 
sitôt l'on  se  mit  à  creuser  un  puits  avec  toute  l'ardeur  du  déses- 


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22  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

poir.  Les  hommes  se  dévêtirent  entièrement  et  se  relayèrent  pour 
creuser.  A  la  profondeur  de  1  mètre  le  sable  devint  humide  et  la 
gaieté  nous  revint  Tous  les  animaux,  même  les  poules,  atten- 
daient impatiemment  autour  du  trou.  A  la  profondeur  de  3  mètres, 
le  sable  redevint  sec  tout  d'un  coup  et  le  puits  fut  abandonné  au 
milieu  de  l'abattement  général.  Pour  empêcher  les  chameaux  de 
succomber,  nous  dûmes  leur  donner  le  foin  et  la  paille  qui  rem- 
bourraient leurs  selles  de  chargement,  ainsi  que  toute  notre  pro- 
vision de  pain. 

Le  27»  nous  aperçûmes  deux  oies  qui  s'envolaient  vers  le  nord- 
ouest,  et  leur  vue  ranima  notre  espoir.  Je  marchais  maintenant 
toujours  à  pied  pour  pouvoir  me  diriger  aussi  droit  que  possible 
vers  Test.  Nulle  part  la  fin  de  l'horizon  de  sable  ne  devenait 
visible  ;  partout  des  crêtes  et  des  chaînes  entières  de  dunes,  dans 
lesquelles  on  enfonçait.  On  ne  dressait  plus  la  tente,  bien  que  les 
nuits  fussent  fraîches  et  que  la  température  ne  s'élevât  souvent 
qu'à  quelques  degrés  au-dessus  de  zéro,  tandis  que,  pendant  les 
journées  claires,  elle  montait  à  30°  environ.  Aussi,  lorsque  le  28,  on 
s'éveilla  au  milieu  d'un  bourane,  tout  le  camp  était  enseveli  sous 
le  sable  et  plusieurs  objets  durent  être  déterrés  avec  des 
bâtons.  Pendant  la  marche,  nous  fûmes  enveloppés  de  nuages  de 
sable  si  épais  qu'on  se  serait  cru  aux  approches  de  la  nuit;  une 
lumière  rougeàtre,  diffuse,  remplissait  le  ciel;  nous,  étions  for- 
cés de  marcher  en  groupe  serré,  car  le  vent  balayait  immédia- 
tement toute  trace,  et  quiconque  se  serait  détaché  des  autres, 
aurait  été  irrémissiblement  perdu.  A  travers  le  nuage,  on  ne 
voyait  que  le  chameau  le  plus  rapproché.  On  n'entendait  aucun 
cri;  seuls  les  sifflements  et  les  bruissements  du  sable  soulevé 
résonnaient  à  nos  oreilles.  Peut-être  était-ce  ces  sons  étranges 
qui  éveillèrent  dans  l'imagination  de  Marco  Polo  l'idée  de  ces 
tambours  et  de  ces  escadrons  de  cavaliers  dont  il  parle  dans  sa 
description  des  horreurs  c  du  désert  de  Lop  >  ? 

Dans  la  journée  un  troisième  chameau  succomba.  Le  soir,  nous 
fîmes  un  tri  de  tout  ce  qui  pouvait  être  abandonné  en  fait  de 
provisions,  de  vêtements,  de  caisses,  etc.  Le  29,  il  nous  restait 
encore  2  litres  d'eau  ;  le  lendemain  matin  on  s'aperçut  qu'ils 
avaient  été  volés.  Les  chameaux  reçurent,  pour  la  dernière  fois,  leur 
ration, composée  de  toute  notre  provision  débourre.  Le  1er  mai  nous 
souffrions  d'une  soif  excessive  ;  je  pris  un  verre  d'eau-de-vie  chi- 
noise servant  à  alimenter  un  fourneau  de  cuisine.  Cette  boisson 
paralysa  mes  forces  ;  je  me  traînai  loin  derrière  la  caravane  par 


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SÉANCES  DES   7,  21    ET  31   JANVIER   1898.  23 

un  soleil  brûlant.  Le  tintement  des  clochettes  s'affaiblissait  et  finit 
par  s'éteindre  entièrement  ;  je  suivais  les  traces  laissées  par  mes 
nommes  ;  mais,  après  4  kilomètres  et  demi  de  marche,  je  vis  que 
tous  s'étaient  arrêtés. 

Mes  gens  gisaient  étendus  sur  le  sable;  quelques-uns  pleuraient 
et  invoquaient  Allah.  Les  chameaux,  à  bout  de  forces,  s'étaient 
aussi  couchés.  C'est  à  peine  si  nous  eûmes  la  force  de  dresser  la 
tente,  et  de  nous  y  étendre  à  l'ombre,  après  nous  être  dévêtus, 
pour  rester  couchés  toute  la  journée.  Le  dernier  mouton  fut 
abattu,  nous  en  bûmes  le  sang.  Les  hommes  avalèrent  une  boisson 
plus  répugnante  encore.  Sans  aucun  doute  l'absorption  de  ce  li- 
quide infect  hâta  la  mort  de  l'homme  du  désert  et  de  Mohammed- 
Schah.  Au  coucher  du  soleil,  me  sentant  entièrement  remis,  je 
quittai  l'horrible  campement,  accompagné  d'Islam,  de  Kasim  et  de 
cinq  chameaux.  J'abandonnai  tout  dans  la  tente»  sauf  mes  notes, 
mes  instruments,  mon  argent  et  quelques  autres  «objets  indispen- 
sables. Pour  ménager  mes  forces,  je  montai  un  chameau  ;  mais 
bientôt  l'obscurité  devint  impénétrable  ;  nous  ne  pouvions  plus 
voir  où  nous  allions  et  à  chaque  moment  nous  étions  arrêtés  par 
les  dunes.  J'allumai  donc  une  lanterne  et  je  marchai  à  pied  pour 
chercher  le  meilleur  chemin.  A  minuit  nous  n'avions  fait  que  i  ki- 
lomètres; un  des  chameaux  avait  dû  être  abandonné  et  Islam  était 
épuisé.  Voyant  que  la  fin  était  proche,  je  résolus  de  tout  laisser  là  ; 
je  pris  avec  moi  Kasim  et  me  dirigeai  vers  l'est,  après  avoir  en- 
couragé Islam  et  lui  avoir  conseillé  de  suivre  nos  traces,  dès  qu'il 
en  aurait  la  force.  Les  derniers  restes  de  notre  caravane  furent 
ainsi  abandonnés  dans  l'obscurité  ;  la  lanterne  continua  à  brûler 
auprès  d'Islam,  mais  bientôt  les  crêtes  des  dunes  en  dérobèrent 
entièrement  à  nos  yeux  la  pâle  lumière. 

Je  n'emportai  que  les  deux  chronomètres,  une  montre,  une  bous- 
sole, du  papier  et  de  menus  objets.  Kasim  portait  une  bêche  pour 
creuser  des  puits,  quelques  morceaux  de  pain  et  la  queue  grasse 
du  mouton,  ainsi  qu'un  morceau  de  sang  coagulé. 

Ces-misérables  aliments  ne  nous  servirent  pourtant  pas  à  grand'- 
chose,  car  le  gosier  et  les  muqueuses  devinrent  bientôt  aussi  secs 
que  la  peau  extérieure  et  nous  nous  trouvâmes  dans  l'impossibilité 
de  rien  avaler.  La  sensation  de  la  faim  disparaît  d'ailleurs  entière- 
ment auprès  de  celle  de  la  soif  qui,  surtout  dans  les  premiers  jours, 
est  si  pénible  qu'on  se  sent  devenir  fou.  Mais,  une  fois  que  le  corps 
a  cessé  de  transpirer,  un  affaiblissement  progressif  de  force  se 
déclare,  qui  conduit  peu  à  peu  à  la  crise  finale.    . 


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24  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Cependant  je  me  hâtai  vers  l'est  avec  Kasim.  Nous  marchâmes 
toute  la  nuit  en  faisant  des  arrêts  innombrables.  Le  2  mai,  à 
i  1  heures,  il  faisait  déjà  si  chaud  que  notre  vue  se  troublait;  il  fallut 
donc  faire  halte  toute  la  journée.  Après  nous  être  entièrement  dé- 
vêtus, nous  creusâmes  un  trou  jusqu'au  sable  gardant  encore  la 
fraîcheur  de  la  nuit,  et  nous  nous  y  couchâmes  après  avoir  sus- 
pendu à  la  bêche  nos  vêtements  au-dessus  de  nos  têtes  pour  nous 
faire  de  l'ombre. 

De  6  heures  à  1  heure  nous  marchâmes  au  clair  de  lune.  Après 
un  moment  de  repos, .  nous  recommençâmes  â  nous  (rainer  sur 
cette  mer  de  sable  jaune  fin  qui  nous  semblait  infinie.  Soudain 
le  3  mai,  au  matin,  Kasim  s'arrête,  me  saisit  l'épaule  et,  le 
regard  ûxe,  me  montre  Test.  J'ai  beau  regarder  et  regarder 
encore;  je  ne  découvre  rien  d'inaccoutumé.  De  ses  yeux  de 
faucon,  Kasim  avait  aperçu  un  tamaris  verdoyant.  Sur  cet  arbre 
se  concentrait  désormais  tout  notre  espoir  de  salut.  Lorsque  nous 
l'atteignîmes  enfin,  nous  remerciâmes  Dieu.  Nous  nous  reposâmes 
là  un  moment,  et, comme  des  animaux,  nous  nous  mimes  à  mâcher 
les  aiguilles  succulentes  du  tamaris.  Exténués,  nous  passâmes  toute 
la  journée,  de  10  heures  jusqu'à  7,  sous  un  autre  tamaris.  Le 
soir  nous  atteignîmes  trois  peupliers,  au  pied  desquels  nous  es- 
sayâmes de  creuser  un  puits,  mais  sans  en  avoir  la  force.  Un 
grand  feu  fut  allumé  pour  avertir  Islam. 

Le  4  mai,  la  vue  d'une  nouvelle  zone  de  sables  stériles  nous 
plongea  dans  rabattement.  Pendant  les  heures  les  plus  chaudes, 
nous  nous  reposâmes  à  l'ombre  d'un  tamaris.  A  7  heures,  je  me 
rhabillai  et  j'exhortai  Kasim  à  me  suivre,  mais  il  me  répondit 
d'une  voix  sifflante  qu'il  n'en  avait  pas  la  force. 

Je  marchai  donc  seul  jusqu'à  une  heure  de  la  nuit,  et  tombai 
alors  exténué  au  pied  d'un  tamaris.  Kasim  arriva  peu  après  en 
chancelant,  et  nous  poursuivîmes  notre  route.  Après  un  court 
repos,  le  5  mai,  nous  continuâmes  à  nous  traîner  en  défaillant. 
Kasim  paraissait  égaré;  il  était  effrayant  à  voir...  A  l'horizon  appa- 
raît enfin  une  ligne  sombre;  c'est  la  forêt  du  Khotan-daria.  A  j>eine 
sous  ses  voûtes  pleines  d'ombre  où  tout  annonçait  le  voisinage  du 
fleuve,  les  forces  nous  manquèrent  pour  continuer  notre  course.  A 
7  heures  du  soir,  je  pris  le  manche  de  la  bêche  en  guise  de  bâton 
et  traversai  la  forêt  en  rampant  par  endroits  à  quatre  pattes.  Kasim 
était  resté  immobile  à  l'endroit  où  il  était  tombé,  couché  sur  le 
dos,  les  yeux  et  la  bouche  grands  ouverts. 

Tout  à  coup  la  forêt  prit  fin  et  une  plaine  faiblement  éclairée 


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SÉANCES  DES  7,  21    ET  31  JANVIER  1898.  25 

par  la  Inné  se  déroula  i  mes  yeux.  Je  compris  aussitôt  que  j'avais 
devant  moi  le  lit  du  Khotan-daria.  Il  était  à  sec  1  Cependant  je  ne 
me  croyais  pas  destiné  à  périr  de  soif  dans  le  lit  même  du  fleuve; 
je  le  traversai  donc  et  atteignis  avec  peine  la  rive  droite  dont 
j'entrevoyais  dans  l'obscurité  les  forêts  sombres  et  les  roseaux 
touffus.  11  me  fallut  cinq  heures  pour  faire  3  kilomètres  !  Au  même 
moment  un  canard  se  leva  près  de  moi  ;  j'entendis  un  clapotement 
et  je  vis  que  j'étais  sur  le  bord  d'une  petite  flaque  d'eau  pure  et 
fraîche.  Je  ne  perdrai  pas  de  temps  à  décrire  mes  sensations  ni  ce 
qui  se  passa  ensuite.  Qu'il  me  suffise  de  dire  qu'après  avoir  bu,  je 
remplis  d'eau  mes  bottes  jusqu'au  bord  ;  je  passai  mon  bâton  dans 
les  tirants  et  retournai  près  de  Kasira,  qui  fut  ainsi  sauvé  au  der- 
nier moment.  Mais  il  n'avait  pas  la  force  de  m'accompagner  et  je 
dus  continuer  seul  mon  voyage  dans  le  lit  du  fleuve*  marchant  pen- 
dant trois  jours  et  deux  nuits  vers  le  sud,  me  nourrissant  d'herbes 
et  de  têtards,  jusqu'à  ce  que,  le  8  mai,  je  rencontrai  des  bergers  et 
me  trouvai  hors  de  danger.  Encouragé  par  nos  feux,  Islam-bay 
s'était  traîné  jusqu'au  fleuve  avec  le  dernier  chameau  qui  por- 
tait mes  notes,  une  partie  de  mes  instruments  et  mon  argent 
chinois. 

Pour  renouveler  mon  matériel,  je  retournai  par  Aksou  et  Outch- 
tourfan  à  Kachgar.  En  attendant  l'arrivée  d'instruments,  j'entre- 
pris, durant  l'été  et  l'automne  de  1895,  une  nouvelle  excursion  dans 
le  Pamir  et  l'Hindou-kouch  où  je  fis  la  très  agréable  rencontre  de 
la  commission  de  délimitation  anglo-russe. 

Le  14-  décembre  1895,  je  quittai,  pour  la  dernière  fois,  Kachgar. 
En  vingt-trois  jours,  nous  arrivâmes,  en  passant  par  Ourdan-Pad- 
chakh,  Yarkend,  Kargalyk  et  Gouma,  à  Khotan .  C'est  le  même  chemin 
qu'a  suivi  Marco  Polo,  il  y  a  six  cents  ans.  Entre  ces  dernières  villes 
on  franchit  quelques  ramifications  du  désert.  Sur  ces  sables  où 
chaque  orage  efface  la  route,  la  piste  est  jalonnée  par  des 
perches.  C'est  sans  doute  à  cette  particularité  que  fait  allusion 
Marco  Polo  lorsqu'il  dit  que  les  voyageurs  dressent  chaque  soir 
une  perche  pour  reconnaître  dans  quel  sens  ils  doivent  se  diriger 
le  lendemain. 

Le  14  janvier  1896,  je  partis  de  nouveau  de  Khotan  avec  la  plus 
petite  caravane  que  j'aie  jamais  eue  :  4  hommes  et  3  chameaux. 
Il  s'agissait  de  traverser  le  désert  dans  sa  plus  grande  lar- 
geur. Nous  avions  fait  à  nos  dépens  la  triste  expérience  des  dan- 
gers de  cette  région.  Notre  équipement  fut  donc  réduit  le  plus 
possible,  pour  le  cas  où,  cette  fois  encore,  nous  serions  forcés 


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26  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 

de  tout  abandonner.  Noos  n'avions  de  provisions  que  pour  cin- 
quante jours,  tandis  que  notre  voyage  dura  quatre  mois  et  demi. 
Je  considérai  une  tente,  un  lit,  comme  des  objets  de  luxe; 
aussi,  pendant  tout  ce  voyage,  je  couchai  sur  la  terre  nue,  en- 
veloppé de  fourrures,  comme  mes  compagnons.  La  température 
descendit  jusqu'à — 23°,  mais  nous  avions  presque  toujours  du  com- 
bustible, et,  d'ailleurs,  le  printemps  approchait.  De  Tavek-kel  nous 
nous  dirigeâmes  vers  l'est  à  travers  le  désert,  emmenant,  pour 
peu  de  jours,  quelques  chercheurs  d'or  qui  avaient  promis  de  me 
conduire  dans  une  ville  ancienne.  Le  24  janvier,  nous  arrivâmes 
enfin  â  l'endroit  en  question.  Dans  les  vallons  entre  les  dunes,  s'é- 
tendaient à  perte  de  vue  des  ruines  de  maisons  construites  en  bois 
de  peuplier.  Dans  la  plupart  des  cas,  il  ne  restait  que  les  poutres 
maîtresses,  hautes  de  2  ou  3  mètres  ;  elles  étaient  rongées  par 
le  sable,  blanches  comme  de  la  craie,  et  si  fragiles  qu'elles 
se  brisaient  comme  du  verre  au  moindre  choc.  Les  murs  se 
composaient  d'une  palissade  de  roseaux,  recouverts  de  chaux. 
Sur  cette  chaux  nous  découvrîmes  quelques  peintures  murales  ar- 
ttstement  exécutées  :  des  femmes  en  prières,  d'un  type  arien  pro- 
noncé, Bouddha  dans  la  fleur  du  lotus,  des  ornements  pleins  de 
goût,  etc.  Une  fouille  nous  fit  découvrir  des  manuscrits  ainsi  que 
des  figurines  en  gypse.  H  est  hors  de  doute  que  celte  ville  est 
d'origine  bouddhiste  ;  on  peut  donc,  à  priori,  avancer  en  toute 
certitude  qu'elle  est  antérieure  à  l'invasion  arabe  du  vm«  siècle, 
conduite  par  Koutejbe-ibou-Muslim.  Un  examen  comparatif  avec 
l'art  bouddhiste  dans  l'Inde,  joint  aux  calculs  que  j'ai  exécutés  re- 
lativement à  la  marche  des  dunes,  permettra  de  déterminer  plus 
exactement  l'époque  de  son  existence.  —  Le  26  janvier,  nous 
atteignîmes  la  lisière  de  forêts  du  Keria-daria  et  fîmes  halte 
auprès  du  fleuve  entièrement  recouvert  de  glace  épaisse.  Pour- 
suivant notre  marche  vers  le  nord,  nous  fîmes  plusieurs  dé- 
couvertes importantes»  notamment  que  le  Keria-daria  atteignait 
le  39*  et  demi  de  latitude  nord.  A  Tongous-basté  il  se  partage 
en  deux  bras  qui  ont,  l'un  avec  l'autre,  un  rapport  d'alternance  pério- 
dique. Dans  les  forêts  vierges  qui  le  bordent  habite,  entièrement 
isolée,  une  tribu  de  bergers  dont  les  Chinois  même  ne  soupçonnent 
pas  l'existence.  —  A  l'ouest  de  Tongous-basté  se  trouvent,  dans 
le  sable,  les  ruines  d'une  seconde  ville  ancienne  présentant  les 
mêmes  particularités  que  la  première.  Les  deux  villes  étant  situées 
sur  une  même  ligne  parallèle  au  cours  actuel  du  Keria-daria,  j'ai 
lieu  de  croire  que,  depuis  la  période  de  leur  prospérité,  le  fleuve 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         27 

s'est  déplacé  vers  l'est,  de  même  que  le  Yarkend-daria  et  le  Khotan- 
daria.  Pour  ces  deux  derniers  fleuves,  j'ai  pu,  en  effet,  relever  plu- 
sieurs preuves  d'un  déplacement  prononcé  vers  l'est.  —  Dans  la 
région  où  le  Keria-daria  succombe  dans  sa  lutte  désespérée  contre 
les  sables  mouvants  et  où  ce  fleuve,  devenu  étroit  ruisseau,  serpente 
entre  les  dunes  et  finit  par  disparaître,  le  chameau  sauvage  vit  en 
nombreux  troupeaux.  Nous  en  avons  tué  trois.  La  viande  n'en  était 
pas  mauvaise  et  la  graisse  des  bosses  était  excellente  pour  nos 
poudings  de  riz.  Cas  animaux  vivent,  dans  le  désert,  de  tamaris 
et  de  roseaux  et  ne  viennent  que  fort  rarement  boire  dans  le 
fleuve.  Les  bergers  du  Keria-daria  inférieur  déclarèrent  qu'en 
hiver  les  chameaux  sauvages  ne  boivent  pas  du  tout. 

11  nous  restait  encore  huit  jours  de  désert  stérile  avant  d'atteindre 
le  Tarim,  et  le  23  février,  nous  entrâmes  à  Shah-Yar,  après 
quarante  et  un  jours  de  marche  à  travers  le  Takla-Makan. 

Prjevalsky  est  le  premier  Européen  qui  soit  allé  au  Lob-nor.  A 
son  retour,  une  polémique  vive  s'engagea  entre  lui  et  le  baron  von 
Richthofen,  au  sujet  de  ce  lac.  Depuis  la  mort  de  Prjevalsky,  en 
1888,  ce  différend  n'avait  pas  été  tranché.  Richthofen  avait  dé- 
montré qu'un  lac  de  désert,  sans  écoulement  vers  la  mer,  devait 
avoir  les  eaux  salées.  Or  le  bassin  trouvé  par  Prjevalsky  était  un 
bassin  d'eaux  douces.  D'autre  part,  les  topographes  chinois,  qui 
n'indiquent  jamais  sur  leurs  cartes  que  des  accidents  de  terrain 
réellement  existants,  plaçaient  leur  Lob-nor  à  1  degré  au  nord  du 
lac  visité  par  Prjevalsky.  Richthofen  soutenait  donc  que  ce  dernier 
lac  devait  être  de  formation  récente,  et  qu'il  était  apparu  depuis 
que  les  Chinois  avaient  dressé  leur  carte  de  l'ancien  Lob-nor. 
Prjevalsky  avait  pris  la  grande  route  entre  le  Tarim  et  le  Kontché- 
daria.  Pour  résoudre  le  problème,  il  me  fallait  suivre  le  chemin 
du  désert  à  Test  du  Kontché-daria,  d'où  un  bras  devait  se  déver- 
ser dans  un  lac  existant  peut-être  à  Test. 

Quittant  Tchighelik  le  31  mars,  je  reconnus  qu'une  partie  des 
eaux  du  Kontché-daria  se  rend  au  Tchighelik-koul,  tandis  qu'une 
autre  s'écoule  vers  le  sud-ouest,  sous  le  nom  d'ilek.  Ma  satis- 
faction fut  grande  lorsque,  le  4  avril,  après  avoir  pendant  trois 
jours  suivi  la  rive  gauche  du  fleuve,  je  reconnus  qu'il  se  jetait 
dans  un  lac  allongé.  Pendant  trois  jours  encore,  nous  côtoyâmes 
le  bord  est  de  ce  lac.  Les  habitants  de  Lob  donnent  à  ces 
quatre  grands  bassins  les  noms  de  Avullu,  Kara,  Tayek  et  Arka- 
koul  \  les  Chinois  appellent  toute  cette  région  Lob-nor,  dénomina- 
tion absolument  inconnue  dans  la  partie  sud  du  lac.  —  Le  lac  dé- 


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28  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

couvert  par  moi  s'étend  du  nord  au  sud  dans  le  sens  de  la  lon- 
gueur. Le  Lob-nordes  Chinois  est  orienté  de  Testa  l'ouest.  Mais 
cette  circonstance  trouve  aussi  son  explication  naturelle.  Toute  la 
région  de  Lob-nor  étant  située  à  peu  près  dans  le  même  plan  hori- 
zontal, la  distribution  des  eaux  doit  dépendre  des  moindres  varia- 
tions de  niveau.  Deux  facteurs  constants  travaillent  à  ces  varia- 
tions :  les  tempêtes  d'est-nord-est,  particulièrement  violentes  au 
printemps,  qui  remplissent  de  sable  le  bassin  et  poussent  le  lac  à 
l'ouest,  et  les  alluvions  apportées  par  le  fleuve  lui-même.  Que  le 
lac  se  soit  jadis  étendu  vers  l'est,  on  en  a  la  preuve  dans  les 
flaques  de  sel  et  les  marais  déjà  isolés  le  long  de  la  rive  est 
du  lac,  de  même  que  dans  l'existence  de  baies  profondes  des- 
tinées à  être  isolées  dans  un  avenir  prochain.  En  outre,  une 
preuve  importante  nous  est  fournie  par  la  présence  d'une  étroite 
bande  de  forêts,  dans  laquelle  on  peut  observer  trois  phases  suc- 
cessives de  développement.  Tout  d'abord,  le  plus  loin  à  l'est,  la 
forêt  desséchée,  morte  ;  au  milieu,  la  forêt  vigoureuse,  à  troncs  éle- 
vés; près  du  rivage,  des  arbres  encore  tout  jeunes.  La  forêt  marche 
donc  vers  l'ouest  avec  le  lac.  L'excédent  des  eaux  s'écoule  par  le 
Sadak-Koul  cl  le  Nias-Koul  au  Tari  m.  Il  existe  encore  d'autres  preuves 
tendant  à  démontrer  que  le  lac  sud  doit  être  de  formation  récente. 
En  effet,  on  n'y  trouve  pas  trace  de  forêts,  tandis  que  tout  le  système 
du  Tari  m,  jusqu'au  vieux  Lob-nor,  est  extrêmement  riche  en  peu- 
pliers. La  forêt  n'a  pas  encore  eu  le  temps  de  s'étendre  jusqu'au  nou- 
veau lac.  De  plus,  le  vieux  Kuntjickan-bek,  chef  octogénaire  de  Lob, 
meracontaqueson  grand-père,  Nuraet-bek  avait  habité,  dans  sa  jeu- 
nesse, près  d'un  lac  au  nord  et  qu'alors,  dans  les  environs  d'Ab- 
dal,  il  n'y  avait  que  des  déserts.  Mais  lorsque  le  nouveau  lac  s'était 
formé,  Numet  s'y  était  rendu  et  avait  fondé  Abdal.  Enfin,  je  rap- 
pellerai que  Marco  Polo,  qui  passa  par  la  ville  de  Lob,  ne  fait  men- 
tion d'aucun  lac.  —  Notre  voyage  le  long  du  vieux  Lob-nor  fut 
assez  pénible,  car  le  sable  y  forme  de  grands  amoncellements  sans 
consistance,  et  déjà,  le  6  avril,  la  température  de  midi  atteignait 
33°  à  l'ombre.  Ce  qui  nous  incommodait  le  plus,  c'étaient  les  mous- 
tiques qui,  par  les  journées  calmes,  formaient  dans  l'air  de  véri- 
tables nuages.  Un  soir,  alors  que  nous  étions  campés  au  bord  du 
lac,  ils  nous  firent  tellement  souffrir  que  force  fut  de  recourir  à 
un  remède  héroïque.  On  mit  le  feu  aux  roseaux  secs  de  l'année 
précédente,  formant  d'épais  fourrés  autour  de  la  plus  grande  par- 
tie du  Kara-koul,  et,  tel  un  incendie  de  prairie,  le  feu  s'étendit 
dans  la  nuit,  jetant  la  lueur  sinistre  de  sa  flamme  sur  le  lac  en- 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         29* 

tier.  Un  lac  en  feu  !  voilà  certes  une  chose  qui  n'est  pas  banale.  — 
De  Kouentchi,  où  nous  visitâmes  les  ruines  de  Merdek-shakh, 
une  ancienne  forteresse  chinoise,  située  dans  le  voisinage,  j'en- 
voyai ma  caravane  en  avant  à  Abdal.  Quant  à  moi,  en  compagnie 
de  deux  habitants  de  Lob,  j'entrepris  un  ravissant  voyage  de 
huit  jours  en  canot  sur  l'Uek  inférieur,  le  Tarin»  et  le  Lob-nor  mé- 
ridional. Les  habitants  de  Lob  passent  la  moitié  de  leur  vie  dans 
leurs  longues  pirogues,  faites  d'un  tronc  de  peuplier. 

Dans  le  Lob-nor  extrême,  les  roseaux  croissent  en  rangs  très 
serrés.  Us  peuvent  atteindre  une  hauteur  de  8  métrés  et  un 
diamètre  de  6  centimètres  au  niveau  de  l'eau.  La  plus  grande 
profondeur  que  m'ait  donnée  la  sonde  était  de  i  mètres  et  demi. 
Lob-nor  est  un  des  meilleurs  souvenirs  qui  me  restent  de  mon 
voyage. 

De  Tchakalik  je  pris,  à  la  tête  d'une  caravane  à  cheval,  la  route 
de  Khotan,  longue  de  970  kilomètres,  qui  traverse  les  districts 
aurifères  de  Tchertchen,  Kopas  et  Sourgak,  ainsi  que  Nia  etKeria. 
A  Khotan,  je  recouvrai,  par  les  soins  de  l'excellent  amban  de  la 
ville,  Lin-danir,  une  grande  partie  des  objets  perdus  lors  de  mon 
naufrage  dans  le  désert.  ' 

Des  bergers  et  des  chasseurs  du  Khotan-daria  les  avaient 
trouvés  en  suivant  les  traces  de  renards  qui  avaient  rendu  visite  à 
nos  caisses  de  provisions  pendant  l'hiver.  Mais  la  restitution  des 
deux  appareils  photographiques  ne  me  causa  pas  un  plaisir  bien 
grand,  car  les  indigènes  avaient  accaparé  toutes  les  plaques  de 
verre  pour  les  mettre  à  leurs  fenêtres  grillées  en  guise  de  car- 
reaux. 

A  Khotan,  nous  nous  équipâmes  pour  une  rude  campagne  dans 
le  nord  du  Tibet,  après  quoi  nous  revînmes  à  Kopa,  et  de  là  à  Dalaï- 
kourgan,  à  la  base  nord  des  monts  Kouen-loun,  dernier  endroit 
où  nous  avons  rencontré  des  hommes.  C'étaient  des  Tagliks,  Turcs 
djaggataï. 

Le  6  août,  nous  quittâmes  Dalaï-kourgan  pour  nous  diriger, 
par  le  défilé  secondaire  de  Sarik-kol,  vers  le  cours  supérieur  du 
fleuve  Mitt,  dans  la  région  appelée  Lama-tjimin. 

La  caravane  avec  laquelle  je  traversai  les  plateaux  du  Tibet 
nord  se  composait  de  SI  chevaux,  6  chameaux  et  29  ânes.  11  me 
suffira  de  dire  que  sur  ce  nombre  49  animaux,  soit  90  p.  100, 
succombèrent,  pour  que  l'on  devine  quelles  fatigues  nous  atten- 
daient. Une  fois  arrivés  dans  les  régions  où  les  pâturages  étaient 
rares  ou  faisaient  entièrement  défaut,  chaque  jour  amena  la  mort 


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30  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCB8. 

d'un  ou  deux  de  nos  animaux,  et  leurs  corps  momifiés  qui  se  des- 
sèchent au  lieu  de  se  décomposer  dans  cet  air  vif  et  froid,  restent 
sur  place  comme  des  monuments  indicateurs  de  la  route  que  nous 
avons  suivie.  Nous  avions,  en  outre,  12  moutons,  formant  notre 
approvisionnement  vivant,  et  3  chiens  de  garde. 

Le  personnel  se  composait  de  8  serviteurs  à  engagement  fixe, 
avec  lslam-bay  à  leur  tête.  Parmi  les  autres,  je  citerai  :  Fong-schi, 
un  jeune  Chinois  parlant  le  turki,  qui  devait  me  servir  d'inter- 
prète en  Chine;  Parpt-bay,  un  Sarte  qui  avait  accompagné  Carey, 
Dalgleish,Bonvalot,le  prince  Henri  d'Orléans  et  Dutreuil  de  Rhins. 
En  outre,  j'engageai  pour  deux  semaines  quinze  Tagliks,  dont  deux 
s'enfuirent  dès  le  début.  Nous  emportions  des  provisions  pour  trois 
mois;  nos  bêtes  avaient  du  maïs  pour  un  mois.  Nous  eûmes 
quelque  peine  à  franchir  la  partie  nord  du  Kouen-loun.  J'avais 
examiné  le  col  de  Tchakalik  et  je  l'avais  reconnu  impossible  à 
franchir  pour  les  chameaux,  mais  nous  pûmes  passer  par  Jappkalik 
(5,000  mètres  environ)  sans  même  avoir  besoin  de  décharger  les 
bêtes. 

Nous  remontâmes  ensuite  un  des  affluents  du  Kara-mouren 
jusqu'à  sa  source. 

Entre  l'Arka-tag  (ou  Ak-tag)  et  une  petite  chaîne  de  montagnes 
située  au  nord,  nous  continuâmes  à  avancer  vers  Pest-sud-est, 
cherchant  toujours  un  passage  commode  à  travers  ces  montagnes. 
Cependant  nous  n'y  réussîmes  pas  avant  d'avoir  atteint  les  con- 
trées visitées  par  Littledale.  Hamdan-bay  devait  alors  nous  mon- 
trer le  col  où  avait  passé  ce  dernier.  Mais  il  ne  put  le  retrouver, 
et  nous  franchîmes  l'Arka-tag  par  un  défilé  nouveau,  haut  de 
5,400  mètres. 

L'air  raréfié  exerçait  une  influence  fâcheuse  sur  mes  gens.  Pen- 
dant les  premières  semaines  ils  furent  tous  malades  et  se  plaigni- 
rent de  maux  de  tête.  Déjà  à  notre  quatrième  campement,  compté 
depuis  Lama-tjimin,  Fong-schi  était  à  demi  mort  et  dut  être  ren- 
voyé à  Khotan,  avec  deux  Tagliks.  C'était  une  perspective  agréable 
que  celle  d'arriver  en  Chine  sans  interprète  !  Au  huitième  campe- 
ment trois  Tagliks  furent  renvoyés.  Les  autres,  qui  devaient  nous 
accompagner  plus  loin,  demandèrent  le  payement  en  avance  de  la 
moitié  de  leurs  gages,  chose  qui  leur  fut  accordée.  Aussi  fûmes- 
nous  assez  penauds  quand,  le  lendemain  matin,  nous  nous  aper- 
çûmes qu'ils  s'étaient  tous  enfuis,  non  sans  avoir  volé  une  douzaine 
d'ânes,  deux  chevaux  et  des  provisions.  Mais  nous  n'étions  pas 
gens  à  nous  laisser  si  facilement  tromper.  Armés  de  fusils  et  de 


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SÉANCES  DES   7,  21,  ET  31   JANVIER  1898.  31 

revolvers,  Parpi-bay  et  deux  autres  hommes  enfourchèrent  nos 
meilleurs  chevaux  et  suivirent  la  trace  des  fuyards  jusqu'à  ce 
qu'ils  les  eussent  rejoints.  Ils  les  forcèrent  à  revenir  au  camp 
où  le  principal  meneur  fut  puni,  tandis  que  les  autres  durent 
rembourser  provisoirement  l'avance  faite.  Us  furent  ensuite 
attachés  chaque  soir  jusqu'à  ce  que  nous  fussions  entièrement 
sûrs  d'eux. 

Je  n'ai  pas  le  temps  de  décrire  l'intéressant  profil  géologique  que 
j'eus  l'occasion  dé  relever  au  sujet  des  chaînes  de  montagnes  paral- 
lèles au  Kouen-loun  :  le  granit,  la  syénite,  la  diorite,  les  schistes  cris- 
tallins y  dominent.  Du  col  d'Arka-tag,  nous  pouvions  voir  au  loin, 
dans  le  sud,  une  puissante  chaîne  de  montagnes  avec  des  champs 
de  neiges  éternelles  et  des  pics  étincelants.  Cette  chaîne  court 
parallèlement  à  TArka-tag  et  constitue,  comme  je  le  reconnus 
plus  tard,  une  continuation  des  monts  Koukou-schili.  Entre  ces 
deux  chaînes  gigantesques,  dirigées  de  Test  à  l'ouest  dans  le  sens 
de  la  longueur,  s'étend  un  haut  plateau  accidenté,  divisé  en  une 
série  de  bassins  sans  issue.  Au  milieu  de  chaque  bassin,  se  trouve 
un  lac  de  dimensions  variables,  aux  eaux  claires  mais  sau maires, 
où  viennent  se  réunir  les  eaux  des  montagnes  voisines.  En  marchant 
vers  l'est,  nous  avons  découverte  lacs  de  ce  genre.  Nous  côtoyâmes 
le  plus  grand  pendant  trois  jours  de  marche.  Tout  ce  territoire  a 
été  soigneusement  relevé  et  tous  les  sommets  montagneux  repérés 
sur  la  carte. 

La  nature  y  est  extrêmement  désolée;  l'altitude  moyenne  a'éle- 
vant  à  5,000  m.,  il  est  évident  que  la  végétation  doit  être  pauvre. 
Les  misérables  pâturages  que  l'pn  rencontre  parfois  sont  si 
maigres  et  si  amers  que  les  bêtes  dé  la  caravane  n'y  toucheraient 
point  si  elles  n'y  étaient  contraintes  par  la  faim.  Le  plus  souvent 
le  sol  est  entièrement  nu,  et  les  matériaux  provenant  du  délitement 
de  la  partie  centrale  des  bassins  sans  débouché  ont,  dans  la  suite 
des  temps,  été  réduits  à  une  extrême  (inesse.  Les  sables  et  les 
graviers  de  gros  calibre  sont,  par  conséquent,  rares.  De  plus,  lorsque 
le  sol  a  été  humecté  par  les  pluies,  il  devient  si  mou  que  les  ani- 
maux y  enfoncent  souvent  d'un  pied  de  profondeur,  ce  qui  con- 
tribue encore  à  les  fatiguer.  —  Seules,  les  rives  des  lacs  que  nous 
longions  fréquemment  étaient  commodes  pour  la  marche,  —  Le 
froid  n'était  pas  rigoureux.  Dans  la  journée,  on  pouvait  même, 
grâce  à  la  chaleur  du  soleil,  chevaucher  sans  manteau,  et  dans  la 
nuit  la  température  descendait  rarement  au-dessous  de  — 10°, 
Le  pire  ennui,  c'était  le  vent  et  la  grêle.  Régulièrement,  comme 


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32  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

s'il  avait  été  réglé  par  un  mécanisme,  l'ouragan  d'ouest  arrivait 
chaque  jour  vers  1  heure,  et  se  précipitait  sur  les  montagnes  avec 
une  rage  aveugle. 

Les  seuls  animaux  qui  donnent  un  peu  d'animation  aux  plateaux 
mornes  du  Tibet,  sont  les  yacks  sauvages  et  les  koulans.  Vargol, 
ou  fiente  de  yack,  nous  fournissait  un  combustible  excellent  et, 
chaque  soir,  nous  pouvions  nous  chauffer  devant  de  magnifiques 
feux  de  bivouac.  Les  moutons  que  nous  avions  emmenés  se  mon- 
trèrent bientôt  insuffisants  et,  lorsque  le  dernier  eût  terminé  ses 
jours,  nous  dûmes  tuer  des  yacks,  pour  avoir  de  la  viande  fraîche. 
Islam-bay  excellait  à  ce  sport.  J'ai  rapporté  la  peau  d'un  magni- 
fique exemplaire,  un  taureau  mesurant  4  m.  25  de  long.  Les 
koulans  ou  chevaux  sauvages,  erraient  aussi  en  petites  troupes, 
et  dans  les  montagnes  frontières  du  Tsaïdam,  il  nous  arriva  de 
rencontrer  des  troupeaux  de  150  têtes.  Le  koulan  est  une  béte 
superbe.  La  chair  de  cet  animal  laisse  un  arrière-goût  désa- 
gréable ;  celle  du  yack  est,  au  contraire,  comestible,  bien  qu'elle 
soit  fort  coriace.  Il  faut  la  faire  bouillir  pendant  plusieurs 
jours  pour  la  rendre  un  peu  plus  tendre,  mais  on  doit  ajou- 
ter que  la  raréfaction  de  l'air  y  est  aussi  pour  beaucoup,  puis- 
que, à  cette  hauteur,  l'eau  bout  déjà  à  quatre-vingt  et  quelques 
degrés. 

Nous  avons  marché  ainsi  sur  les  plateaux  du  Tibet  pendant 
deux  mois  entiers  sans  rencontrer  un  seul  être  humain.  Deux 
fois  seulement,  nous  avons  trouvé  des  traces  d'hommes  :  à 
notre  dernier  campement  au  nord  d'Arka-tag,  les  restes  d'un 
feu  de  bivouac  nous  indiquèrent  que  nous  croisions  la  route  suivie 
par  Littledale;  entre  notre  17*  et  notre  18e  campement,  nous  trou- 
vâmes les  traces  des  chameaux  de  Bonvalot  et  du  prince  Henri 
d'Orléans.  Mais  notre  caravane  se  réduisait  chaque  jour  d'une 
façon  inquiétante;  finalement,  les  hommes  furent  obligés  de 
marcher  à  pied  et  nous  pensâmes  qu'il  était  temps  de  rejoindre 
des  régions  habitées. 

Au  nord-est  du  dernier  grand  lac,  la  crête  d'Arka-tag  présentait 
une  dépression  profonde  et,  par  deux  cols  assez  commodes,  nous 
atteignîmes  les  sources  d'un  fleuve  que  nous  reconnûmes  plus  tard 
pour  un  affluent  du  Naïdschi-mouren.  Le  30  septembre  nous  vîmes 
les  premières  traces  de  Mongols.  Sur  la  rive  gauche  du  fleuve  se 
dressait,  en  effet,  un  splendide  obo,  amas  de  pierres  élevé  en 
l'honneur  des  dieux  de  la  montagne. 

En  continuant,  le  l**  octobre,  à  descendre  la  vallée,  nous  aper- 


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SÉANCES  DES  7,  21    ET  31   JANVIER  1898.  33 

eûmes  quelques  yacks  paissant  près  d'une  saillie  de  rocher;  Islam- 
bay  parvint  à  se  glisser  à  portée  ;  quand  il  eut  tiré  deux  coups  sans 
résultat,  une  vieille  femme  accourut,  criant  et  gesticulant.  Nous 
comprîmes,  alors,  que  c'étaient  des  yacks  domestiques,  et  que  nous 
avions  enfin  atteint  les  premières  zones  habitées,  après  deux  mois 
de  complète  solitude.  Tout  l'hiver,  les  indigènes  vivent  en  cet 
endroit  et  fournissent  de  viande  de  yack  leurs  congénères  à 
Tsaïdam.  Le  mari  de  la  vieille  femme  nous  conduisit  par  Jike- 
tchan-davan,  dans  les  montagnes  de  Tchan-oula  à  l'aoul  de  Tchan- 
gol,  dans  le  Tsaïdam.  À  Tchan-gol  plusieurs  serviteurs  furent 
congédiés  et  j'achetai  20  chevaux. 

Entre  l'Altyn-tag  et  la  chaîne  méridionale  de  Kou-kou-nor  au 
nord,  et  les  chaînes  parallèles  de  Kouen-loun  au  sud,  s'étend  le 
vaste  bassin  appelé  Tsaïdam,  qui,  au  point  de  vue  de  la  géographie 
physique,  occupe  la  même  situation  que  le  bassin  du  Tarim,  bien 
qu'il  soit  plus  petit  que  ce  dernier, plus  accidenté,  et  qu'il  soit  situé 
à  une  altitude  supérieure  de  150  mètres.  Dans  les  parties  centrales 
de  ce  bassin  se  trouvent  plusieurs  lacs  salés  dont  le  plus  grand 
est  le  Davassoun-nor,  où  affluent  tous  les  cours  d'eau  et  les  rivières 
des  montagnes  environnantes. 

Autour  des  lacs  s'étendent  d'immenses  plaines  nues,  des  déserts 
de  sel  et  des  marais  entièrement  inhabitables,  souvent  même  im- 
possibles à  traverser.  Au  pied  des  montagnes,  au  contraire,  on 
trouve  de  la  végétation  et  des  pâturages  où  les  Mongols  de  Tsaïdam 
vivent  en  nomades  avec  leurs  troupeaux  de  moutons,  de  chèvres 
et  de  chevaux. 

Nous  longeâmes  la  rive  nord  de  Passum-nor  où  s'étendent 
des  steppes,  et  ensuite  la  rive  sud  de  Kourlik-nor.  L'eau  de  ce 
dernier  lac  est  douce,  car  le  Balduiri-gol,  qui  se  déverse  dans  sa 
partie  nord-ouest,  ne  fait  que  traverser  ce  lac  et  continue  ensuite 
sa  course,  sous  le  nom  de  Holuin-gol,  jusqu'au  Tossoun-nor, 
lequel  n'a  pas  de  débouché  et  dont  l'eau  est,  par  suite,  salée. 
A  Holakinto,  un  magnifique  obo  s'élève  en  l'honneur  des  dieux 
marins. 

La  nuit,  nous  avions  campé  près  du  lac  Ghara-nor  dans  le  voisi- 
nage duquel  les  ours  sont  si  nombreux  que  le  campement  et  les 
chevaux  durent  être  protégés  par  des  feux.  Le  lendemain, 
1" novembre,  nous  nous  dirigeâmes  vers  la  région  des  sources: 
Cbara-charmin-kubb.  Nous  suivions  un  sentier  étroit  à  travers  la 
large  vallée,  quand  nous  nous  vîmes  suivis  par  des  brigands  tan- 
goutes.  Le  défilé  franchi,  nous  débouchâmes  sur  un  terrain  ouvert 
soc.  de  géocb.  —  c.  b.  des  séances.  —  w°  1.  —  Janvier.       3 


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34  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

où  nous  fîmes  halte  auprès  d'une  source.  La  nuit,  les  chevaux 
furent  attachés  et  l'on  posta  des  sentinelles  qui,  pour  convaincre 
aussi  bien  les  brigands  que  nous-mêmes  qu'elles  se  tenaient 
éveillées,  tambourinèrent  sur  des  casseroles. 

Aussitôt  que  l'obscurité  survint,  nos  ennemis  donnèrent,  de 
nouveau,  des  signes  de  leur  présence.  Le  lendemain,  ils  nous 
poursuivirent  encore,  mais  finirent  par  abandonner  la  partie. 
Toutefois,  nous  nous  tinmes  dorénavant  sur  nos  gardes. 

Tels  furent  les  débuts  de  notre  voyage  au  pays  des  Tangoutes- 
Ghara.  Ces  gens  parlent  le  tibétain,  ont  les  mômes  croyances  que 
les  Mongols,  portent,  comme  eux,  autour  du  cou  des  gavos  ou 
pelits  étuis  contenant  des  bourckanes  ou  idoles  et  exécutent  les 
mêmes  pèlerinages  à  Lhassa.  Ils  habitent  de  grandes  tentes  noires 
en  toile  grossière,  vivent  de  l'élevage  des  moutons,  des  chèvres  et 
des  yacks,  possèdent  des  chevaux  et  des  chameaux,  se  procurent  du 
blé  et  des  ustensiles  de  ménage  à  Ten-kar  et  Sin-ning  (Sining), 
et,  excellents  tireurs,  viennent  piller  leurs  voisins  mongols. 
Quand  les  Mongols  se  rendent  à  Sin-ning  ou  aux  fêtes  religieuses 
de  Koum-boum,  ils  voyagent  donc  toujours  en  grandes  troupes 
bien  armées.  Les  Tangoutes,  eux,  sont  toujours  armés  jusqu'aux 
dents. 

Par  le  délîlé  de  Noukkeulen-kouttel  dans  la  chaîne  sud  du  Kou- 
kou-nor et  le  Buchaiogol  que  je  franchis  un  peu  plus  en  amont 
que  le  père  Hue,  nous  arrivâmes  enfin  à  Koukou-nor,  d'où  il  nous 
restait  encore  1,600  kilomètres  à  faire  pour  atteindre  Péking. 

Le  lac  Bleu,  qui  est  le  Koukou-nor  des  Mongols,  le  Tsou-ngom- 
bou  des  Tibétains  et  le  Tsing-naf  des  Chinois,  se  trouve  situé  à 
une  hauteur  absolue  de  3,040  mètres,  et  contient  une  eau  claire 
et  salée  qui  mérite  bien  son  nom.  Le  lac  est  couvert  par  les  glaces 
pendant  trois  mois  de  l'année.  Lors  des  orages  violents,  de  grandes 
fentes  et  des  crevasses  se  produisent  dans  la  glace.  Les  pèlerins 
qui  veulent  se  rendre  au  temple  construit  sur  une  lie  au  milieu  du 
lac  ne  peuvent  donc  y  arriver  à  cheval  et  fabriquent  des  traîneaux 
improvisés  sur  lesquels  ils  emportent  des  vivres  et  du  combustible 
pour  trois  jours. 

A  une  journée  de  voyage  de  la  ville  de  Ten-kar,  se  trouve  le  fa- 
meux temple  de  Koum-boum,  où  nous  arrivâmes  le  20  novembre. 
C'est,  en  réalité,  un  village  entier  de  temples,  de  style  tibétain, 
multicolores,  pleins  de  goût  et  d'élégance. 

Arrivé  à  Sin-ning,  je  congédiai  mes  serviteurs  du  Turkestan  orien- 
tal. Islam-bay  seul  m'accompagna  plus  loin  ;  en  outre,  je  m'étais 


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SBANCK8  DBS  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         35 

adjoint  quelques  Chinois  et  mes  bagages  furent  portés  par  des  mu- 
lets jusqu'à  Ping-fan,  d'où  je  continuai  ma  route  avec  des  char- 
rettes, jusqu'à  Liang-tchéou.  Là  je  passai  les  fêtes  de  Noël  en  com- 
pagnie de  missionnaires  anglais.  Une  ligne  télégraphique  relie 
Liang-tchéou  à  Chang-haï.  J'en  profitai  pour  adresser  un  télé- 
gramme à  Sa  Majesté  le  roi  Oscar,  et,  pour  mes  étrennes,  j'eus  la 
joie  de  recevoir,  de  Sa  Majesté,  une  réponse  télégraphique  des 
plus  aimables.  C'était  la  première  nouvelle  de  ma  patrie  qui  me 
parvînt  en  Extrême-Orient. 

A  Liang-tchéou  je  louai  des  chameaux  et  je  traversai,  au  moment 
de  la  nouvelle  année,  les  déserts  d'Ala-chan,  en  passant  par  Tou- 
rna-fou, —  dont  le  wang,  ou  prince  mongol,  me  reçut  avec  beau- 
coup d'amabilité,  —  pour  me  rendre  à  Ning-sna,  où  des  mission- 
aaires  suédois  ont  une  petite  communauté  de  30  Chinois  chrétiens. 
Le  voyage  par  les  déserts  d'Ordos,  en  janvier,  fut  pénible.  Le  Hoang- 
ho,  ou  fleuve  Jaune,  était  entièrement  gelé  et  la  température  des*, 
cendit  jusqu'à  — 33°.  Après  avoir,  encore  une  fois,  traversé  le 
Hoang-ho,  j'eus  la  joie  de  pouvoir  me  reposer  pendant  quelques 
jours  à  Bao-tou,  chez  des  compatriotes. 

Mais  ma  patience  était  à  bout.  Après  avoir  laissé  ma  caravane  en 
bonnes  mains,  je  l'abandonnai  et  je  fis»  escorté  d'un  Chinois,  route 
en  toute  hâte  sur  Péking  par  Salatchi,  Kwei-kwan-tchung,  Djo- 
dje-tjong  et  Djandja-khou  ou  Kalgan,  où  je  franchis  pour  la  qua- 
trième fois  la  grande  muraille.  A  Péking,  je  ras  reçu  avec  la  plus 
grande  amabilité  par  le  ministre  de  France,  M.  Gérard,  le  chargé 
d'affaires  de  Russie,  M.  Pavloff,  et  par  Li-Hung-Tchang;  c'est  là 
que  se  termina  le  voyage  d'exploration  dont  j'ai  eu  ce  soir  l'hon- 
neur de  vous  communiquer  quelques  impressions. 

Quand  le  Dr  Sven  Hedin  a  terminé  la  relation  de  son  voyage, 
souvent  interrompue  par  les  applaudissements  de  l'assistance,  le 
Président,  s'adressant  au  voyageur,  s'exprime  ainsi  :  c  Docteur 
Sven  Hedin,  quels  remerciements  ne  dois-je  pas  vous  adresser  au 
nom  de  tous  mes  collègues,  comme  à  celui  de  ce  nombreux  audi- 
toire, pour  la  belle  communication  que  nous  venons  d'entendre  ! 

c  Nous  vous  avons  suivi  avec  émotion  des  hauteurs  du  Pamir 
jusqu'au  désert  de  sable  où  vous  avez  failli  mourir  de  la  plus  ter- 
rible des  morts.  Vous  avez  senti,  j'en  suis  sûr,  vibrer  nos  cœurs 
à  l'unisson  du  vôtre  au  récit  de  ces  souffrances,  de  ces  fatigues  sup- 
portées avec  l'indomptable  énergie  qui  vous  caractérise.  Nouvel 
Antée,  vous  retrouviez  des  forces  invincibles  quand  vous  touchiez 


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36  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

cette  terre  d'Asie  qui  exerçait  sur  vous  une  si  vive  attraction  et  qui 
s'est  laissé  arracher  quelques-uns  de  ses  secrets  en  échange  de 
l'intérêt  passionné  que  vous  lui  portiez. 

c  Les  résultats  de  vos  expéditions  successives  sont  considérables: 
vous  avez  étudié  l'orographie,  l'hydrographie,  l'histoire  naturelle 
des  pays  que  vous  traversiez  ;  et  ces  pays,  c'était  la  région  des 
Pamirs  aux  ouragans  glacés,  cet  inextricable  nœud  de  montagnes 
géantes  appelé  le  Toit  du  monde  et  à  peu  près  inconnu,  il  y  a  un 
quart  de  siècle,  quand  Prjévalsky  s'y  engagea;  c'était  la  partie 
occidentale  du  désert  de  Gobi,  dont  aucun  voyageur  n'avait  encore 
foulé  le  sol,  —  le  Takla  Makan  —  où  les  marches  étaient  si  pé- 
nibles, la  soif  tant  à  redouter;  où  les  dunes  s'allongeaient,  Tune 
derrière  l'autre,  semblables  à  d'immenses  vagues;  où  des  vents 
furieux  élevaient  autour  de  vous,  des  montagnes  de  sable  qui  sem- 
blaient vouloir  vous  ensevelir,  comme  elles  avaient  enseveli  les 
villes  dont  vous  avez  retrouvé  les  traces. 

c  Perdu  au  milieu  de  ces  grands  espaces  silencieux  et  mornes, 
dans  une  solitude  complète,  vous  avez  eu  à  lutter  contre  toute 
l'horreur  du  désert  et  la  mort  a  passé  bien  près  de  vous.  C'est 
miracle  que  vous  lui  ayez  échappé,  que  vous  soyez  sorti  vivant  de 
cet  océan  de  sable  !  Alliez-vous  donc  renoncer  à  l'achèvement  de 
votre  œuvre?  Non,  ces  épreuves  ne  vous  avaient  pas  abattu  et  vous 
vous  hâtiez  de  réparer  les  pertes  subies  pendant  cette  rude  cam- 
pagne, afin  d'en  recommencer  une  nouvelle.  Elle  sera  peut-être 
plus  terrible  encore,  —  que  vous  importe?  Entraîné  par  l'amour 
pur  de  la  science,  rien  ne  vous  arrêtera  et  vous  poursuivrez  vos 
recherches  à  la  découverte  de  ces  lacs  insaisissables,  se  transfor- 
mant sans  cesse,  de  ces  fleuves  au  cours  irrégulier  et  souvent 
caché  dont  vous  releviez  sur  vos  cartes  les  méandres  mystérieux. 

c  Enfin,  vous  traversiez  le  Tibet  septentrional  et  la  Chine, 
recueillant  partout  de  précieuses  observations,  des  documents 
uniques  et  agrandissant,  au  prix  de  mille  dangers,  le  domaine 
scientifique  de  toutes  les  nations. 

c  Vous  devez  éprouverun  noble  orgueil  en  songeant,  aujourd'hui, 
à  ces  difficultés  vaincues,  à  ce  travail  persévérant,  accompli  dans 
de  telles  conditions,  à  ces  jours  d'héroïques  combats. 

c  Oui,  l'homme  peut  être  à  la  fois  très  humble  et  très  orgueilleux  : 
s'il  est  faible,  désarmé,  en  face  d'une  nature  implacable  et  rude,  il 
est  grand  par  sa  volonté,  il  est  bien  le  roseau  pensant  de  Pascal, 
et  vous  avez  su,  docteur  Sven  Hedin,  «Hreplus  fort  que  tous  les  élé- 
ments ligués  contre  vous. 


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SÉANCES  DBS  7,  21  Et  31  JANVIER  1898.  37 

c  II  souffle,  en  ce  moment,  sur  l'Europe,  un  vent  qui  emporte 
les  peuples  vers  les  pays  lointains;  tous  cherchent  leur  voie  et 
s'empressent  aux  entreprises  les  plus  périlleuses.  Quelques-uns 
vont  demander,  au  centre  de  l'Asie,  la  solution  de  questions  vitales; 
la  Suède  et  la  France,  au  contraire,  n'ont  là  que  des  intérêts  d'un 
ordre  abstrait,  et  pourtant  elles  se  sont  placées  à  l'avant-garde  de 
cette  vaillante  armée  des  missionnaires  de  la  science  qui  marche 
à  la  conquête  de  l'inconnu  et  dont  j'aimerais  à  citer  tous  les  noms. 

c  Cette  conformité  dans  les  aspirations  les  plus  hautes  n'est-elle 
pas  un  lien  nouveau  ajouté  à  ceux  qui  unissaient  déjà  nos  deux 
pays?  Il  y  a  toujours  eu  sympathie  et  cordialité  entre  Suédois  et 
Français  ;  nous  ne  laisserons  pas  s'éteindre  cette  ancienne  tradi- 
tion et  votre  venue  parmi  nous  est  un  signe  évident  que  ces  sen- 
timents sont  restés  vivaces. 

c  Lorsque  vous  avez  fait,  dans  les  Pamir  s,  l'ascension  du  Mous- 
tag-ata  —  le  père  des  montagnes  aux  glaces  éternelles  —  qui 
cache  à 8,000  mètres  d'altitude  la  virginité  de  ses  neiges,  vous  aviez 
déjà  atteintà  6,000  mètres,  quand  la  raréfaction  de  l'air  vous  força  à 
descendre;  peut-être  cherchiez-vous  non  seulement  à  percer  le 
mystère  de  ces  hauteurs  vertigineuses,  mais  encore  à  découvrir  la 
c  Cité  des  âmes  heureuses  >  ?  Elle  y  fut  bâtie,  dit  la  légende,  au 
temps  où  tous  les  hommes  vivaient  en  paix  sur  la  terre,  et  s'il 
n'est  plus  possible  de  l'apercevoir  de  loin,  c'est  que  le  Mal  règne, 
à  la  place  du  Bien,  sur  notre  misérable  monde. 

c  A  défaut  de  cette  ville  fabuleuse  qui  se  garde  —  et  cela  se 
comprend  —  de  toute  communication  avec  nous,  ne  pourrions- 
nous  bâtir  aussi  une  Cité  des  âmes  ?  11  n'est  besoin  pour  cela  ni  de 
pierres,  ni  de  ciment  et  les  esprits  seuls  y  auraient  droit  de  rési- 
dence ;  ils  s'y  retrouveraient  dans  Je  calme  des  pensées  élevées, 
dans  le  mépris  des  choses  basses  et  obscures,  et  ceux  qui  ont  fait, 
comme  vous,  simplement  et  avec  courage,  une  œuvre  grande  et 
utile  en  seraient  la  gloire  incontestée.  Je  voudrais  qu'une  place  y 
rot  aussi  réservée  à  vos  fidèles  serviteurs,  à  Islam-Bay,  qui  regarde 
les  bagages  de  son  maître  comme  plus  précieux  que  son  existence, 
à  ce  brave  Kasim  à  qui  vous  avez  rendu  la  vie  en  lui  apportant, 
malgré  votre  épuisement,  cette  eau  qui  lui  manquait  depuis  plus  de 
six  jours. 

c  En  attendant  que  cette  fiction  devienne  une  réalité,  recevez 
encore  une  fois  nos  félicitations,  docteur  Sven  Hedin  ;  nous  n'ou- 
blierons pas  cette  réunion,  et  c'est  pour  moi  un  honneur  de  vous 
remettre,  au  nom  delà  Société  de  Géographie,  cette  médaille  d'or, 


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38  C0MPTB8  RENDUS  DÎS  8ÉANCES. 

faible  témoignage  de  notre  admiration  et  de  notre  reconnaissance. 

c  Avant  de  nous  séparer»  permettez-moi  de  remercier  de  sa 
présence,  M.  le  ministre  de  Suède  et  de  Norvège.  Il  est  le  digne 
représentant  d'un  souverain  auquel  la  science  géographique  doit 
beaucoup.  Le  roi  Oscar  II  à  puissamment  contribué  à  l'accomplisse- 
ment des  belles  expéditions  entreprises  sous  son  régne  et  c'est 
grâce  encore  à  sa  généreuse  initiative  que  le  0r  Sveo  Hedin  a  pu 
faire,  en  Asie,  le  long  et  fructueux  voyage  dont  il  vient  de  vous 
entretenir. 

c  Je  remercie  également  M.  le  Ministre  des  Affaires  étrangères, 
et  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  d'avoir  bien  voulu  se 
faire  représenter  à  cette  séance  par  MM.  Delavaud  et  Tirman.  > 

—  La  séance  est  levée  à  10  h.  3/4. 


H.  -  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 


EUROPE 

Le  commerce  maritime  de  l'Allemagne  —  Le  Dr  Moritz 
Lindeman,  dont  les  travaux  sont  si  justement  appréciés,  consacre 
dans  le  Geographische  Zeitschrift  (n0>  i  et  2  de  1898)  un  mé- 
moire du  plus  haut  intérêt  au  développement  de  la  marine  et 
du  commerce  maritime  de  l'Allemagne  (Die  deutsche  Seehandel- 
schiffahrt). 

Les  côtes  allemandes  atteignent  un  développement  en  ligne 
droite  de  1,400  kilomètres.  Suivant  la  classification  de  Krûmmel, 
M.  Lindeman  divise  les  ports  de  ce  littoral  en  trois  catégories, 
d'après  leurs  conditions  topographiques:  1° ports  de  barrage. Cons- 
titués par  une  nappe  d'eau  abritée  par  une  langue  de  terre  proé- 
minente en  mer;  2* ports  d'érosion, formés  à  la  suite  d'invasions  de 
la  mer;  3°  ports  d'embouchure.  A  la  première  classe  appartiennent 
Kônigsberg,  Elbing;  à  la  seconde  les  fôhrden  de  la  côte  du 
Schleswig-Holstein  ;  à  la  troisième  les  grands  ports  de  Hambourg,  de 
Brème,  etc. 

En  1896  la  valeur  du  mouvement  commercial  de  Hambourg 
s'est  élevé  à  2,1 25  millions  de  francs,  en  augmentation  de  1 10  p.  100 
par  rapport  à  celle  de  la  période  1871-1875.  D'autre  part,  le  ton- 
nage a  passé  en  vingt  ans  de  3,100,000  à  10,300,000,  en  augmen- 


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SÉANCES  DBS  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         39 

lation  de  300  p.  100.  Tandis  que,  de  1871-1880  à  1896,  les  impor- 
tations des  pays  extra-européens  et  européens  se  sont  accrues 
respectivement  dans  la  proportion  de  350  et  de  150  p.  100,  celles 
d'origine  anglaise  ont  baissé  de  1/8,  pendant  que  la  valeur  des 
exportations  allemandes  en  Angleterre  ne  subissait  qu'une  dimi- 
nution de  3  p.  100.  A  Brome,  durant  la  même  période,  les  entrées 
de  marchandises  anglaises  ont  baissé  de  45  p.  100.  Le  mouvement 
de  ce  port  s'est  également  accru,  depuis  1872,  dans  la  proportion 
énorme  de  190  p.  100.  L'exportation  dans  les  pays  d'outre-mer  a 
monté  de  115  p.  100.  De  tels  résultats  n'ont  pas  été  obtenus  sans 
de  grands  sacrifices.  Pour  corriger  le  Weser,  augmenter  sa  pro- 
fondeur et  doter  ses  ports  d'un  outillage  perfectionné,  en  dix  ans 
la  ville  de  Brème  a  dépensé  100  millions  ! 


ASIE 

Les  lies  B«»in.  —  De  Tokyo,  13  octobre  1897,  M.  de  Bondy, 
vice-consul  de  France  à  Formose,  écrit  au  Ministre  des  Affaires 
étrangères  :  c  Les  tlesBonin  (27*  lat.  N.,  140*  long.  E.),  Ogasawa- 
rajima  sur  les  cartes  japonaises,  ont  été  visitées  récemment  par 
un  groupe  d'ingénieurs  qui  en  ont  rapporté  des  notes  intéres- 
santes. Le  nombre  des  habitants  a  doublé  depuis  dix  ans  par  l'im- 
migration. Ils  cultivent  la  canne  à  sucre  et  élèvent  du  bétail, 
mais  négligent  la  poche  pourtant  abondante.  La  population  com- 
prend plusieurs  races  :  les  aborigènes  vivant  dans  un  état  de  sau- 
vagerie absolue  et  logeant  dans  des  cavernes  (ils  sont  d'origine 
malaise);  les  Japonais  immigrés  qui  se  livrent  aux  travaux  des 
champs  et  au  commerce  ;  les  métis  asiatiques,  Chinois,  Tagals, 
Coréens  et  Nippons;  enfin  un  groupe  nombreux  d'Occidentaux  de 
toute  nationalité,  formant  une  colonie  indépendante.  Séduits  par 
l'absence  de  taxes,  d'impôts  et  d'autorité  officielle,  ces  étrangers, 
déclassés  pour  la  plupart,  ont  préféré  la  vie  libre,  dans  un  pays 
fertile,  sous  un  beau  climat,  à  leur  existence  errante  et  se  sont 
établis  aux  Bonin  depuis  assez  longtemps  déjà  sans  que  personne 
ait  songé  à  s'occuper  d'eux.  Régis  plus  ou  moins  par  la  loi  du 
plus  fort,  ils  entretiennent  avec  les  indigènes  des  rapports  de  bon 
voisinage  et  s'allient  souvent  avec  des  femmes  du  pays. 

c  Par  un  accord  tacite,  les  intéressés  gardaient  et  gardent  en- 
core sur  cette  lie  peu  visitée  un  silence  discret,  mais  ce  c  refuge  » 
est  plus  connu  qu'on  ne  le  pense  et  un  certain  nombre  de  c  nou- 


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40  COMPTES   RENDUS  DES  SÉANCES. 

veaux  »  grossit  chaque  année  les  rang»  de  ces  exilés  volontaires. 
Qu'ils  soient  Français,  Anglais,  Italiens,  Espagnols,  Scandinaves 
ou  Américains,  ces  c  outlaws  >  veulent  ainsi  se  dérober  à  une 
civilisation  dont  ils  sont  les  ennemis  ou  les  victimes  et  vivent  de 
chasse,  de  pèche  ou  d'agriculture.  Quelques-uns  s'occupent,  dit- 
on,  de  travaux  miniers  et  communiquent  avec  Hawaï  et  l'Âme* 
rique. 

c  Quatre  écoles  dirigées  par  des  missionnaires  européens  reçoi- 
vent un  grand  nombre  d'enfants  des  deux  sexes.  L'Etat  japonais 
paye  à  la  compagnie  Nippon-Yusen  Raisha,  6,000  yens  (1  )  de  subven- 
tion pour  relâcher  six  fois  par  an  aux  Bonin;  il  est  question  d'établir 
un  service  mensuel.  Au  point  de  vue  du  commerce,  ces  innovations 
peuvent  avoir  du  bon,  mais  je  doute  qu'elles  soient  appréciées  par 
les  Européens  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  L'intervention  de  l'admi- 
nistration nippone  dans  les  Bonin  supprime,  en  effet,  les  avan- 
tages qu'ils  étaient  venus  y  chercher  en  transformant  cette  terra 
nullius  en  une  colonie  civilisée.  On  m'affirme  (mais  je  rapporte 
l'information  sous  toutes  réserves)  que  nos  compatriotes  sont  en 
grande  majorité  dans  la  colonie  indépendante.  Les  ingénieurs 
japonais  en  ont  rencontré  plusieurs  dont  les  allures  et  les 
manières  dénotaient  une  éducation  et  une  culture  dévelop- 
pées et  qui  paraissaient  reconnus  chefs  par  leurs  compagnons. 
Peut-être  dans  la  liste  de  ces  c  évadés  >  de  la  civilisation  retrou- 
verait-on plus  d'un  nom  oublié  après  une  période  de  célébrité 
éphémère.  »—  De  Bondy. 

AFRIQUE 

Maroc.  —  Voyage  de  M.  Georges  Forret.  —  M.  Forret  est  parti 
pour  le  Maroc  en  avril  1897,  après  une  préparation  scientifique  de 
deux  années  environ.  Pendant  ce  laps  de  temps  il  s'est  habitué  à  la 
pratique  des  observations  et  des  calculs  astronomiques,  à  l'obser- 
vatoire de  la  marine  de  Montsouris. 

Il  fit  d'abord  à  Tanger  un  séjour  de  quelques  mois  qu'il  mit  à 
profit  pour  lever  les  environs  de  la  ville  aussi  loin  que  le  souci  de 
sa  sécurité  le  lui  permettait.  Ces  levés  sont  consignés  dans  plu- 
sieurs feuilles  à  échelles  diverses  et  sur  un  plan  d'ensemble  au 
100,000e;  de  plus  un  plan  de  Tanger,  obligeamment  communiqué 
par  M.  le  commandant  Le  Vallois,  ancien  chef  de  la  mission  mili- 

(1)  Yen  =  fr.  5.16. 


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SÉANCES  DBS  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         41 

taire,  a  été  complété  et  mis  à  jour.  Ces  documents  se  trouvent 
entre  mes  mains. 

Après  avoir  résidé  six  mois  auprès  de  M.  Ducors,  vice-consul 
de  France  à  Rabat-Salé,  où  il  se  perfectionna  dans  la  langue  arabe, 
M.  Forret  partit  le  24  décembre  dernier,  se  dirigeant  vers  Tinté- 
rieur.  La  première  étape  de  ton  voyage  sera  Fez,  qu'il  atteindra 
par  Meknès,  parcourant  une  route  nouvelle,  suivant  sans  doute  les 
collines  qui  forment  au  nord  le  bassin  de  l'oued  Bou-Regreg. 
Cette  région  est  très  dangereuse,  habitée  par  les  tribus  berbères 
insoumises  des  Zemmour  et  des  Guerouan,  toujours  en  lutte. 
C'est  dans  cette  partie  du  Maroc  que  fut  assassiné,  il  y  a  une  quin- 
zaine d'années,  le  capitaine  Schmidt,  de  l'artillerie,  attaché  à  la 
mission  militaire  française.  Le  but  que  poursuit  M.  Forret,  en  se 
lançant  ainsi  dans  l'intérieur  du  Maroc,  est  d'exécuter  toutes  les 
observations  scientiÛques  qu'il  pourra  faire.  Préparé  comme  il 
l'est,  ne  redoutant  rien,  nul  doute  qu'il  ne  tire  de  la  boussole,  du 
baromètre  et  de  la  montre  qu'il  a  emportés,  tout  le  meilleur 
parti  possible;  sans  attendre  des  résultats  semblables  à  ceux  de 
l'expédition  du  vicomte  de  Foucauld  —  puisque  G.  Forret  ne  pos- 
sède ni  sextant,  ni  chronomètre  —  on  peut  espérer  des  résultats 
géographiques  importants,  car,  dès  le  début  Je  voyageur  quitte  les 
sentiers  battus  et  se  jette  dans  l'inconnu. 

La  seconde  partie  de  la  reconnaissance  sera  plus  fertile  encore, 
le  dessein  de  M.  Forret  étant  d'explorer  les  massifs  montagneux 
qui  s'étendent  au  sud  de  Fez,  et  le  Grand  Atlas.  Dans  quelque  di- 
rection qu'il  prend,  les  résultats  seront  nombreux.  On  sait,  en 
effet,  qu'une  grande  partie  du  Maroc  attend  encore  l'observateur 
européen.  —  René  de  Flotte. 

s««dan  rr»*çai«.  —  A  signaler  l'importance  croissante  de 
Kati  et  de  Koulikoro.  Tout  le  plateau  de  Kati  est  maintenant  cou- 
vert de  constructions  spacieuses  et  confortables, où  peuvent  trouver 
place  le  lieutenant-gouverneur  et  son  état-major,  le  commandant 
de  la  région,  le  service  administratif,  le  trésor,  la  poste,  un  pelo- 
ton de  spahis  et  une  partie  de  la  compagnie  de  conducteurs.  L'hô- 
pital a  été  l'objet  de  soins  particuliers,  et  beaucoup  d'Européens 
s'y  sont  déjà  remis,  grâce  à  l'altitude  (505  m.  au  lieu  de  320  m.  à 
fiammako),  et  à  la  brise  qui  balaye  presque  continuellement  le 
plateau. 

Koulikoro  est  aussi  transformé.  C'est  la  tête  d'étapes  de  la  flot- 
tille vers  Tombouctou,  toute  la  région  nord,  et  les  postes  de  la 


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42  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

boude.  Des  ateliers  y  ont  été  créés;  on  y  fabrique  chaux,  briques 
et  tuiles»  et  on  Ta  y  faire  de  la  fonte.  Une  scie  circulaire,  actionnée 
par  les  anciennes  machines  du  Mage,  débite  des  planches  ;  à  Kouli- 
koro  fonctionne  également  un  moulin  qui  moud  le  grain  de  la  ré- 
gion de  Tombouctou  et  des  Daounas  ;  la  farine  est  fort  belle  et 
excellente  ;  on  compte  sur  une  production  de  50  tonnes,  soit  la 
moitié  de  la  consommation  annuelle  du  Soudan. 

Ces  premiers  résultats  sont  excellents  et  permettent  de  bien 
augurer  de  l'avenir  économique  du  Soudan  français.  —  P.  Vdillot. 

€*«•  *'iv«ir«.  —  Mission  Closel.  —  Le  26  novembre  dernier, 
notre  collègue,  M.  Clozel,  qui  commande  le  cercle  de  l'Indénié, 
partait  d'Assikasso  pour  Bondoukou  par  la  route  déjà  suivie  par 
M,  Binger.  Le  5  décembre,  à  11  heures  du  matin,  il  faisait  son 
entrée  dans  cette  ville,  drapeau  déployé. 

Bondoukou,  centre  important  naguère,  est  fort  déchu,  c  Les 
Sofas  de  Samory,  écrit  à  son  frère  M.  Clozel,  y  ont  laissé  des  traces 
de  leur  passage.  D'abord  une  vingtaine  de  têtes  coupées,  puis  pas 
mal  de  maisons  éventrées  et  les  trois  quarts  de  la  population  en 
fuite.  Tout  cela  a  attristé  le  pays  qui  devait  être  animé  autrefois... 
Je  suis  allé  faire  un  tour  au  marché,  ce  matin;  les  vivres  y  sont 
chers  et  la  viande  introuvable.  > 

C'est  chez  son  hôte,  Sitafa,  dont  il  est  question  dans  le  2e  vo- 
lume du  voyage  du  capitaine  Binger,  que  notre  vaillant  collègue 
écrivait  ces  lignes.  Nos  vœux  l'accompagnent  dans  la  tâche  glo- 
rieuse, mais  difficile  qui  lui  est  confiée. 

Pays  *>■  s«naii.  —  MM.  Parkinson,  Brander-Dunbar  et  Ayl- 
mer  ont  rendu  compte  à  la  Société  de  géographie  de  Londres  de 
deux  explorations  faites  dans  le  pays  somali. 

Les  deux  premiers  partirent  de  Berbera  (golfe  d'Aden),  le 
39  octobre  1896.  Leur  itinéraire  longe  les  monts  Dobar,  criblés  de 
cavernes  qui  servent  de  refuge  aux  fauves.  Les  voyageurs  traver- 
sèrent ensuite  les  monts  Artala,  s'avançant  jusqu'à  Bohotle,  à 
8°  15*45"  lat.  N.,  46°27'55"  long.  E.  de  Gr.  Le  retour  s'est  effectué 
par  un  itinéraire  plus  à  l'ouest,  à  travers  la  région  de  l'Ogo,  et 
les  collines  de  Goli  et  Mirsa. 

Parmi  les  résultats  géographiques  il  faut  citer  36  longitudes  ou 
latitudes,  et  un  grand  nombre  d'altitudes.  L'aspect  de  cette  région, 
très  pittoresque,  fait  songer  à  certains  sites  des  Apennins.  L'eau 
n'est  pas  rare  ;  on  peut  s'en  procurer  la  quantité  désirable  en 
creusant  dans  le  sol. 


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SÉANCES  DES  7,  21    ET  31   JANVIER   1898.  43 

Les  populations  paraissent  accepter  sans  trop  de  difficulté  la 
domination  européenne. 

Le  voyage  de  M.  Aylmer  comprend  la  région  à  l'ouest  des  iti- 
néraires de  MM.  Parkinson  et  Brander-Dunbar,  se  confondant  en 
partie  avec  celui  de  ces  deux  voyageurs.  La  route  suivie  par 
M.  Aylmer  contourne  les  monts  Dobar,  traverse  la  région  désertique 
de  Habre  Gerhajis,  et  descend  au  sud  jusqu'à  la  limite  du  Haoud. 
{Qeogr.  Journal,  n*  de  janvier  1898,  p.  15  et  suiv.,  a?,  carte.) 


OCÉANIE 

Australie.  —  Une  nouvelle  exploration  du  désert  de  l'Australie 
occidentale  a  en  Heu  de  juillet  1896  à  août  1897,  sous  la  direction 
de  M.  D.  Carnegie. 

L'expédition  comprenait,  outre  M.  Carnegie,  promoteur  et  chef 
de  la  mission,  MM.  T.  A.  Breaden,  G.  Massie  et  C.  Stansmore. 

La  mission  quitta  la  station  minière  deCoolgardie  (30°57'lat.S., 
121°  1C  long.  E.  de  Gr.)  le  9  juillet  et  traversa  successivement 
Doyle's  Well,  à  325  kilom.  (29°Iat.,  121*1  long.),  Mont  Worsnop 
(26»5'  lat.,  124»  15'  long.). 

A  partir  de  ce  point  les  difficultés  augmentèrent  sensiblement  ; 
l'eau  manquait  et  on  ne  trouva  aucun  aliment  pour  les  chameaux 
qui  servaient  au  transport  des  charges.  Une  source  très  curieuse 
fut  découverte  dans  un  terrain  calcaire,  au  nord  de  Worsnop.  Plus 
loin,  on  découvrit  une  lagune  d'une  superficie  de  1,500  mètres;  la 
profondeur  de  l'eau  était  de  0  m.  60  à  1  m.  50. 

Les  étapes  suivantes  forent  :  Alexander  Springs,  dont  on  fixa  la 
position  (26°2'  lat.,  124° 46'long.);  monts  Alfred  et  Maria.  Le  voyage 
fut  particulièrement  pénible  entre  ce  dernier  point  et  la  lat.  19°. 

HalFs  Creek,  situé  par  18°  15'  et  127°  46',  est  le  point  terminus 
de  la  ligne  télégraphique  qui  traverse  la  région  aurifère  de  Kim- 
berley  (N.-O.  de  l'Australie). 

Les  voyageurs  y  séjournèrent  durant  un  mois  et  choisirent  un 
itinéraire  plus  à  l'est  pour  opérer  leur  retour.  Il  s'agissait  aussi  de 
trouver  une  route  praticable  pour  le  transport  de  bestiaux  entre 
Kttnberley,  au  nord,  et  Coolgardie,  au  sud. 

Ici,  les  étapes  de  la  mission  ont  été  :  lac  White,  par  21*15'  et 
128*27',  lac  Mac  Donald  (23*30',  128*450,  monts  Rawlinson  (25% 
127*300,  Blyth  Creek  (26*,  125*260,  enfin  les  lacs  Wells  (26*40', 
123*180,  et  lac  Darlot  (27*50'  lat.,  121'25'  long.). 


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U  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

La  mission  rentra  à  Goolgardie  an  mois  d'août,  ayant  perdu  on 
membre,  M.  Stansmore,  mort  accidentellement,  en  chassant  le 
kangourou,  dans  la  région  de  la  rivière  Margaret,  à  quelques  jour- 
nées de  marche  seulement  de  Hall's  Creek. 

Les  voyageurs  ont  eu  à  franchir,  dans  leur  voyage  de  retour,  un 
grand  nombre  de  dunes  de  sable.  Ils  considèrent  que  la  plus  grande 
partie  de  l'Australie  occidentale  est  impropre  à  toute  culture. 
Le  côté  ethnologique  présentera,  par  contre,  quelque  intérêt. 
Parmi  les  indigènes  rencontrés,  les  explorateurs  constatèrent  la 
présence  d'une  peuplade  dont  le  type  et  les  mœurs  se  rapprochent 
de  ceux  des  sémites. 

(Petterm.  Mitt.,  fasc.  XII,  1897,  p.  293.) 


RÉGIONS  POLAIRES 

Le  numéro  de  février  du  Geographical  Journal  renferme  un  ex- 
posé abrégé  des  travaux  scientifiques  exécutés  par  Ja  mission 
F.  Jackson  pendant  son  séjour  de  trois  ans  à  la  Terre  François-Jo- 
seph (Three  Yeari  Exploration  in  Franz  Josef  Land).  Ce  mé- 
moire est  accompagné  d'une  carte  de  l'archipel  d'après  les  levés 
de  l'expédition.  Ce  document  montre  les  profondes  modifications 
que  les  observations  de  M.Jackson  et  de  ses  compagnons  apportent 
dans  le  tracé  de  cette  terre. 

Les  différentes  îles  qui  composent  l'archipel  sont  pour  la  plupart 
recouvertes  d'une  carapace  de  glace  atteignant  une  altitude  de 
650  mètres  et  formant,  sur  les  côtes,  des  falaises  cristallines  dont 
la  hauteur  varie  de  10  à  25  mètres.  En  de  rares  localités,  sur  le 
bord  de  la  mer,  des  pignons  de  basalte  percent  cette  nappe  gla- 
ciaire, et  les  débris  rocheux,  éboulés  de  ces  affleurements,  forment 
des  plages. 

La  Terre  François-Joseph  doit  être  considérée  comme  les  débris 
d'une  masse  continentale  tabulaire,  aujourd'hui  presque  entière- 
ment affaissée  sous  l'Océan.  A  part  une  étroite  zone  de  terrains  ju- 
rassiques appartenant  à  l'Oxfordien  inférieur,  située  dans  l'extrême 
sud,  l'archipel  est  constitué  entièrement  par  des  basaltes  appar- 
tenant aux  mêmes  types  que  ceux  de  Jan  Mayen,  d'Islande,  des 
Fœrô  et  du  Grônland.  Cette  formation,  dont  la  puissance  atteint 
125  à  200  mètres,  est  composée  de  sept  ou  huit  nappes  différentes 
et  même  plus,  séparées  par  des  strates  d'argile,  de  sable  ou  de 
grès,  épaisses  tantôt  de  0  m.  30,  tantôt  de  0  m.  60  et  même  1  m.  20. 


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SÉANCES  DES  7,  21   ET  31   JANVIER  1898.  45 

Dans  une  de  ces  couches,  à  25  mètres  au-dessus  du  niveau  infé- 
rieur du  basalte,  le  Dr  R.  Kœtlitz,  le  géologue  de  l'expédition,  a 
découvert  des  plantes  fossiles,  appartenant  au  Jurassique  supé- 
rieur. Les  conditions  de  ce  gisement,  comme  la  détermination  des 
empreintes,  ont  conduit  ce  naturaliste  à  penser  que  l'épanchement 
de  ce  basalte  remonte  à  la  période  jurassique. 

Charles  Rabot. 

III.  —  NOTES 

Une  éclipse  totale  de  soleil,  visible  en  divers  points  de  l'Inde  et 
dans  l'Afrique  orientale,  eut  lieu  le  22  janvier  1898.  La  Société 
royale  de  Londres  avait  expédié  trois  missions  pour  observer  le 
phénomène. 

Grâce  au  beau  temps,  les  observations  ont  eu  partout  un  plein 
succès.  En  Asie,  la  bande  de  terrain  la  plus  favorable  à  l'observa- 
tion s'étendait  de  la  côte  de  Bombay  au  Népal,  et,  passant  par  le 
mont  Everest,  jusqu'au  Tibet;  la  largeur  de  cette  bande  est  d'en- 
viron 80  kilomètres. 

D'après  les  dernières  nouvelles  reçues  de  Bombay,  la  durée  de 
la  totalité  de  l'éclipsé  a  été  de  deux  minutes  environ.  Durant 
l'éclipsé,  le  thermomètre  baissa  de  3°  C.  L'obscurité  n'était  pas 
profonde  ;  peu  d'étoiles  furent  aperçues  pendant  les  quelques  mi- 
nutes où  le  soleil  était  masqué  par  la  lune. 
(Daily  Graphie,  Londres,  24  janvier.  —  Mercury,  Leeds,  24  jan- 
vier 1898). 

—  M.  N.  Vinnikoff  publie  dans  les  Mémoires  (Zapiski)  de  la  section 
caucasienne  de  la  Société  impériale  russe  de  Géographie,  Tiflis 
(fasc.  XIX,  1897),  une  liste  de  597  positions  géographiques  (longi- 
tudes, latitudes  et  altitudes),  déterminées  par  les  officiers  des  bri- 
gades topographiques  du  Caucase. 

Les  déterminations  portent  particulièrement  sur  les  régions  du 
Kouban,  du  Terek,  du  Daghestan  et  de  Rars,  et  sur  les  gouverne- 
ments de  Koutaïs,  Elisabeth  et  Erivan. 

Le  même  fascicule  renferme  une  liste  de  300  variétés  de  flore  al- 
pestre recueillies  par  M.  J.  Akinflef  dans  les  monts  du  Caucase,  à 
une  altitude  supérieure  à  9,000  pieds  (2,700  m.). 

Exploration  allemande  des  profondeurs  océaniques.  —  L'Alle- 
magne doit  entreprendre,  l'été  prochain,  une  importante  explora-. 


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àÛ  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCBS. 

tion  des  profondeurs  océaniques.  Le  Reichstag  a  alloué  à  cet  effet 
un  crédit  de  375,000  francs,  et  une  commission  technique,  compo- 
sée de  Mil.  Môbius,  de  Ricbthofen  et  E.  Schulize,  préside  aux  pré- 
paratifs. L'expédition  prendra  la  mer  au  commencement  d'août  et, 
après  avoir  exploré  le  seuil  entre  les  Shetlands  et  l'Ecosse,  se  diriger» 
vers  les  Canaries,  les  iles  du  Cap-Vert  et  le  courant  froid  du  Ben- 
guela  où  elle  se  propose  de  recueillir  des  matériaux  pour  la  con- 
naissance du  plankton  comme  de  la  faune  abyssale.  Du  Cap  la 
mission  fera  ensuite  une  pointe  vers  la  zone  antarctique  afin  d'y 
étudier  le  régime  des  courants  polaires  et  vers  la  région  où  les 
eaux  froides  se  mêlent  aux  eaux  chaudes  de  l'océan  Indien.  Après 
quoi,  elle  poursuivra  ses  recherches  dans  les  mers  à  l'est  de 
l'Afrique  et  reviendra  en  Europe  par  Suez  et  la  Méditerranée.  La 
durée  de  cette  expédition  est  fixée  à  neuf  mois. 

(Geographische  Zeitschrift,  II,  1898). 

Le  chemin  de  fer  d'Arkhangel  à  Vologda.  —  Le  chemin  de  fer  à 
voie  étroite  qui,  depuis  quelques  années  déjà,  existait  entre  Vologda 
et  Iaroslav  vient  d'être  prolongé  jusqu'à  Arkhangel.  Le  grand  port 
de  la  mer  Blanche  se  trouve  ainsi  rattaché  au  réseau  russe,  et  par 
suite  redevient,  comme  au  xvi*  siècle,  le  débouché  maritime  de 
Moscou  et  de  la  région  du  Volga.  A  cette  époque  lointaine  nos  né- 
gociants parisiens  allaient  trafiquer  sur  les  bords  de  la  mer  Blanche 
et  pénétraient  par  cette  voie  dans  l'intérieur  de  la  Russie.  Faisons 
des  vœux  pour  que  leurs  successeurs  fassent  preuve  de  cette  même 
initiative  hardie  et  profitent  immédiatement  de  la  création  de  la 
nouvelle  voie  commerciale. 

Grande  Comore.—  M'Roni,  17  septembre.  M.  Pobéguin,  après 
onze  années  d'Afrique  occidentale,  a  été  nommé  résident  à  la 
Grande  Comore,  à  l'entrée  du  canal  de  Mozambique. 

C'est  de  ce  poste  qu'il  nous  envoie  de  ses  nouvelles.  H  veut 
bien  nous  promettre  de  nous  décrire  sous  peu  son  nouveau 
domaine,  continuant  ainsi  les  relations  qu'il  a  publiées  dans  les 
derniers  numéros  du  Bulletin. 

Madagascar.  —  Le  P.  Colin  annouce  de  Tananarive,  10  dé- 
cembre 1897,  à  M.  Le  Myre  de  Vil  ers,  que  la  reconstruction  de 
l'observatoire  est  décidée.  Il  ajoute  : 

c  Ma  dernière  campagne  géodésique  s'est  accomplie  très  heu- 
reusement. La  jonction  avec  les  travaux  de  la  brigade  topogra- 
phique du  corps  expéditionnaire  s'est  faite  à  110  mètres  près;  et 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         47 

du  côté  des  Antstamaka,  la  soudure  avec  les  travaux  de  la  brigade 
topographique  qui  a  opéré  cette  année  depuis  Tamatave  jusqu'à 
Ambatondrazaka,  a  été  aussi  satisfaisante  que  possible, —  9  mètres 
de  différence,  me  disait  dernièrement  le  capitaine  Prévost,  chef  de 
la  brigade. 

c  La  rédaction  de  toute  ma  triangulation  est  presque  terminée 
et  remise  au  Service  géographique.  Dès  que  les  calculs  seront  finis, 
je  ferai  un  mémoire  pour  l'Académie  des  sciences  sur  tous  mes 
travaux  géodésiques,  astronomiques  et  magnétiques  exécutés  en 
1896  et  1897.  > 

Colombie.  —  Le  comte  Joseph  de  Brettes  annonce  de  Busca- 
ranga,  le  16  décembre,  qu'il  vient  de  refaire  le  voyage  de  Que- 
sada  (1536-1539)  et  qu'il  compte  rentrer  en  France  au  mois  de 
mars. 

Andrée.  —  Au  Pôle  Nord  en  ballon.  — Sous  ce  titre  MM.  H.  La- 
chambre  et  A.  Machuron  publient  une  intéressante  relation  des 
préparatifs  et  du  départ  d'Andrée.  M.  Lachambre  a,  comme  on  sait, 
construit  l'aérostat  de  l'audacieux  explorateur  suédois,  puis  suivi 
l'expédition  dans  sa  première  tentative  en  1896,  et  M.  Machuron  a, 
cette  année-ci,  surveillé  l'opération  du  gonflement  au  Spitzberg.  Le 
volume  est  aecompagné  de  très  intéressantes  gravures. 


IV.  —  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Réception  «e  m.  E««nar4  Foa.  —  Une  délégation  de  la 
Société  de  Géographie  s'est  rendue,  le  8  janvier,  à  la  gare  Saint- 
Lazare  pour  féliciter  M.  Edouard  Foa  du  succès  de  sa  traversée  de 
l'Afrique  centrale.  Le  chef  de  gare  avait  offert  gracieusement  aux 
délégués  de  se  réunir  dans  son  bureau. 

M.  Le  Myre  de  Vilers,  vice-président  de  la  Commission  centrale, 
a  pris  la  parole  en  ces  termes  : 

c  Mon  cher  collègue, 

t  Lorsque  vous  quittâtes  la  France,  il  y  a  trois  ans,  je  vous 
souhaitai  un  heureux  voyage  et  une  bonne  santé.  Mes  vœux  se 
sont  réalisés  et  j'ai  la  grande  satisfaction  de  vous  saluer,  à  votre 
retour,  au  nom  de  la  Société  de  Géographie. 

c  Votre  exploration  compte  au  nombre  des. plus  importantes  de 


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48  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

ces  dernières  années  si  fertiles  en  découvertes.  Après  avoir  visité 
et  étudié  les  régions  du  Zambèze  et  des  Grands  Lacs,  vous  avez 
traversé  l'Afrique  équatoriale,  de  part  en  part,  de  la  mer  des 
Indes  à  l'océan  Atlantique.  Vous  prenez  ainsi  rang  après  les  pré- 
curseurs du  continent  noir,  les  Livingstone,  les  Stanley,  les  Brazza, 
qui  ont  illustré  la  science  géographique  ;  à  votre  tour,  vous  lui 
apportez  de  précieuses  contributions. 

c  La  Société  vous  a  suivi  avec  une  inquiète  sollicitude,  l'asso- 
ciant par  la  pensée  à  vos  travaux  et  à  vos  épreuves,  à  vos  périls 
et  à  vos  souffrances. 

c  Elle  est  Aère  de  vos  succès  et  m'a  chargé  de  vous  adresser  de 
cordiales  félicitations.  » 

M.  Foa  a  remercié  en  quelques  mots  la  Société  de  l'intérêt 
qu'elle  lui  a  témoigné  au  cours  de  son  exploration  et  M.  Le  Myre 
de  Vilers  des  paroles  élogieuses  qu'il  lui  a  adressées. 

Si  les  travaux  de  ses  devanciers  ne  lui  ont  pas  permis  de  tra- 
verser de  part  en  part  des  régions  inconnues,  M.  Foa  rapporte 
cependant  un  grand  nombre  d'itinéraires  nouveaux  et  d'observa- 
tions scientifiques  qu'il  s'empressera  de  soumettre  à  l'examen  de 
la  Société,  heureux  si  celle-ci  se  montre  satisfaite  des  résultats 
qu'il  a  obtenus  pendaut  son  long  et  périlleux  voyage. 

Béeeptla»  «a  •»  Hwem  Hedln  à  la  gare  «a  Mord.   —  Le 

Dr  Sven  Hedin,  voyageur  suédois  qui  vient  de  consacrer  trois  années 
à  l'exploration  de  l'Asie  centrale,  est  arrivé  à  Paris  (gare  du  Nord), 
à  6  heures  du  soir,  le  28  janvier. 

La  Société  de  Géographie,  qui  fêta  l'an  dernier  Fridtjof  Nansen, 
avait  tenu  également  à  recevoir  cet  autre  Scandinave  que  Péters- 
bourg  et  Loudres  viennent  d'acclamer. 

Une  délégation  de  la  Société,  comprenant  son  bureau  et  les 
membres  de  la  Commission  centrale,  ainsi  qu'un  grand  nombre 
d'explorateurs,  M.  Due,  ministre  plénipotentiaire  de  Suède  et  Nor- 
vège, des  Suédois  et  des  représentants  de  la  presse  lui  ont  fait  un 
accueil  chaleureux. 

Ce  groupe  s'est  réuni  dans  une  salle  d'attente  mise  obligeam- 
ment à  la  disposition  de  la  Société  de  Géographie  par  l'Adminis- 
tration des  chemins  de  fer  du  Nord. 

Au  nom  de  ses  collègues,  M.  Maunoir,  vice-président  de  la  Société, 
a  souhaité  la  bienvenue  au  voyageur  dans  les  termes  suivants  : 

c  Monsieur,  l'état  de  santé  de  notre  éminent  président,  M.  Milne- 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         49 

Edwards,  membre  de  (institut,  me  vaut  l'honneur  de  vous 
recevoir  au  nom  de  la  Société  de  Géographie  de  Paris.  —  La 
parole  du  vice-président  sera  moins  autorisée,  mais  non  pas  moins 
cordiale  que  celle  du  Président  de  la  Société.  Soyez  le  bienvenu, 
monsieur,  d'abord  comme  Suédois.  Entre  nos  deux  pays  régne  une 
sympathie  discrète  mais  sincère,  et  que  ne  trouble  aucune  inquié- 
tude d'arrière-plan.  Soyez  le  bienvenu  aussi  comme  explorateur 
de  l'Asie. 

c  En  dépit  des  sollicitations  incessantes  de  l'Afrique,  l'Asie, 
dont  notre  Europe  n'est  qu'une  pointe  finement  découpée,  reste 
le  roi  des  continents.  Elle  en  est  le  plus  puissant  par  ses  propor- 
tions, le  plus  grandiose  par  son  passé;  elle  en  demeure  aussi  le  plus 
riche  en  problèmes  à  résoudre,  soit  pour  la  géographie,  soit  pour 
l'histoire  des  origines  profondes  de  l'humanité. 

c  Aussi,  les  explorateurs  qui  reviennent  comme  vous,  monsieur, 
les  mains  pleines  d'informations  nouvelles  sur  le  monde  asiatique, 
ont-ils  largement  droit  à  notre  estime,  à  nos  hommages;  surtout 
quand  leur  moisson  a  été  payée  au  prix  de  perpétuels  dangers,  de 
souffrances  inouïes,  affrontés  avec  l'énergie  inflexible  qu'inspire 
la  passion  de  la  science. 

c  Vous  trouverez,  non  seulement  à  la  Société  de  Géographie, 
mais  partout  en  France,  l'accueil  dû  à  vos  mérites  et  dont,  ici,  nos 
souhaits  de  bienvenue  ne  sont  qu'un  premier  témoignage.  > 

M.  Sven  Hedin  remercie  la  Société  et  le  Président  du  cordial 
accueil  qui  lui  est  fait;  il  rappelle  la  part  glorieuse  qui  revient  à 
l'exploration  française  dans  la  connaissance  de  la  géographie  de 
l'Asie  centrale;  il  cite  les  missions  Bonvalot,  prince  Henri  d'Or- 
léans, Dutreuil  de  Rhins  et  Grenard;  enfin  il  s'honore  de  pouvoir, 
après  ces  pionniers  de  la  civilisation,  exposer  devant  la  Société  de 
Géographie  de  Paris  les  résultats  de  son  voyage. 

—  Le  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts  fait 
savoir  que  le  Congrès  des  Sociétés  savantes  s'ouvrira  à  la  Sorbonne, 
le  mardi  12  avril  prochain,  à  2  heures  précises.  Ses  travaux  se  pour- 
suivront durant  les  journées  des  mercredi  13,  jeudi  \i  et  vendredi 
15  avril.  Le  samedi,  16  avril,  le  Ministre  présidera  la  séance  gé- 
nérale de  clôture  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Sorbonne. 

Dons.  —  La  Société  de  Géographie  a  reçu  d'une  personne  qui 
désire  garder  l'anonyme  un  deuxième  don  de  cent  francs,  sans 
affectation  spéciale. 

soc.  db  GtiooR.  —  c.  a.  des  séances.  —  n°  1.  —  Janvier.  i 


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50  COMPTES  ItENDUS  DES  SÉANCES. 

Présentations  d'ouvrages,  cartes,  etc.  —  Les  lacs  français, 
par  M.  Delebecque.  —  M.  de  Lapparent,  en  présentant  cet  ouvrage 
de  la  part  de  l'auteur,  fait  remarquer  que  l'éloge  du  livre  n'est 
plus  à  faire,  depuis  qu'il  a  été  honoré,  d'abord  d'une  médaille  de 
la  Société  de  Géographie,  ensuite  d'un  prix  de  l'Académie  des 
sciences.  La  question  des  lacs  français  y  est  traitée  de  telle  ma- 
nière qu'on  peut  la  considérer  comme  épuisée.  L'auteur  s'est 
acquitté  de  sa  tâche  à  la  fois  en  savant,  en  ingénieur,  en  alpiniste 
et  en  artiste.  Sous  ce  dernier  rapport,  on  ne  saurait  trop  admirer 
le  soin  donné  à  la  publication,  ainsi  que  l'heureux  choix  des 
nombreuses  photogravures  qui  ornent  l'ouvrage  et  lui  donnent 
un  caractère  exceptionnel  de  vérité.  Ce  n'est  pas  exagéré  de  dire 
que  le  livre  de  M.  Delebecque  fait  grand  honneur  ù  la  science 
française. 

Cours  de  géodésie  pratique  (1  vol.  de  838  pages),  par  M .  le 
colonel  Witkowsky,  professeur  de  géodésie  à  l'Académie  d'état- 
raajor  de,  Saint-Pétersbourg  (1  ). — L'auteur  emprunte  les  bases  théo- 
riques de  la  haute  géodésie  à  Puissant,  à  Clarke,  à  Helmert  et  aux 
autres  autorités  reconnues;  puis,  il  expose  en  détail  la  manière 
d'appliquer  ces  principes  aux  travaux  réels  en  divers  pays.  Il 
établit  en  maître  les  principes  théoriques  de  diverses  branches  de 
géodésie,  en  commençant  par  l'étude  de  la  figure  de  notre  sphé- 
roïde planétaire  et  termine  par  les  détails  du  nivellement  et  par 
la  cartographie  pratique.  —  Véndkoff. 

Du  Tonkin  aux  Indes,  par  le  prince  Henri  d'Orléans.  Paris, Cal- 
mann  Lévy,  1898,  i  vol.in4°,44.2  pages. — L'exploration  accomplie 
du  Tonkin  aux  Indes  par  le  prince  H.  d'Orléans  en  compagnie  de 
MM.  Roux  et  Briffa  ut,  et  qui  a  valu  au  chef  de  la  mission  la  grande 
médaille  d'or  de  la  Société  de  Géographie,  fait  aujourd'hui 
l'objet  d'un  beau  volume  que  ce  lauréat  vient  d'offrir  à  la  Société. 
€  Au  cours  de  sa  conférence  à  la  Sorbonne,  le  prince  Henri  d'Or- 
léans nous  a.  dit  le  baron  Hulot,  conduits  du  golfe  du  Tonkin  au 
golfe  du  Bengale,  remontant  le  Mékong,  coupant  la  Salouen  et 
Tlrraouaddy  pour  atteindre  le  Brahmapoutre.  Chemin  faisant,  il 
nous  décrit  aujourd'hui  les  pays  traversés,  les  populations  semées 
sur  sa  route.  11  étudie  sur  place  avec  un  soin  particulier  le  système 
de  colonisation  anglaise,  les  voies  commerciales,  les  ressources, 

(i)  La  Société  n'a  pas  encore  reçu  col  ouvrage. 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         51 

les  coutumes,  les  dialectes.  >  Un  appendice  d'ethnographie  et  d'his- 
toire naturelle,  auquel  succèdent  des  indications  pratiques  sur  son 
matériel  de  voyage,  enfin  la  liste  et  la  discussion  des  observations 
effectuées  et  calculées  par  M.  Roux,  enseigne  de  vaisseau,  ajou- 
tent à  l'importance  scientifique  de  cet  ouvrage  aussi  attachant  qu'il 
est  instructif. 

/.  I.  Dutreuïl  de  Rhins.  Mission  scientifique  dans  la  Haute 
Asie  1890-1895.  Première  partie  :  Récit  du  voyage,  publié  sous 
les  auspices  du  Ministre  de  l'Instruction  publique,  par  F.  G  renard, 
lvol.  in-4,  xv-499  pp.  avec  7  cartes,  une  eau-forte,  60  dessins  et 
56  photogravures.  Paris,  Leroux,  1897.  — Le  Secrétaire  général 
fait  observer  que  l'auteur  a  réservé  pour  un  second  volume  tout 
ce  qui  concerne  la  géographie  scientifique,  la  météorologie,  l'his- 
toire naturelle,  l'ethnographie,  l'histoire,  l'archéologie,  la  linguis- 
tique, le  commerce,  la  politique,  et  pour  un  atlas  spécial  les 
cartes  détaillées  définitives.  M.  Grenard  s'est  borné  dans  ce  pre- 
mier volume  à  l'exposé  des  conditions  dans  lesquelles  le  voyage 
s'est  exécuté,  au  récit  des  incidents  qui  l'ont  signalé,  à  la  des- 
cription générale  des  pays  traversés.  Rompant  avec  la  tradition 
qui  a  fait  du  récit  de  voyage  un  simple  journal  où  les  mêmes 
incidents  se  reproduisent  indéfiniment  avec  un  détail  minutieux, 
il  a  parlé  le  moins  possible  de  ces  petits  tracas  quotidiens  qui 
sont  communs  à  toutes  les  explorations  pour  ne  s'attacher  qu'aux 
faits  capables  de  donner  une  idée  des  choses  et  des  hommes  ou 
propres  à  faciliter  la  tâche  des  voyageurs  futurs.  Ne  pouvant  intro- 
duire dans  le  corps  de  ce  récit  tous  les  détails  utiles  sur  une 
route  de  16,000  kilomètres,  il  suppléera  à  celte  lacune  par  un 
tableau  itinéraire  facile  à  consulter. 

On  no  peut  entreprendre  ici  l'analyse  de  ce  premier  volume,  ni 
même  en  énumérer  les  principaux  chapitres.  11  suffira  de  dire 
qu'il  fait  honneur  au  savoir  de  M.  Grenard,  dont  la  seule  ambition 
a  été,  comme  il  le  déclare  lui-même  dans  sa  préface,  de  ne  rien 
écrire  que  n'ait  approuvé  son  ancien  chef,  notre  regretté  collègue 
Dutreuil  de  Rhins,  dont  les  travaux  occuperont  une  des  premières 
places  dans  l'histoire  de  l'exploration  de  l'Asie  centrale  et  du 
Tibet. 

Vor  et  le  diamant  au  Transvaal  et  au  Cap.  —  M.  Jules  Garnier 
offre  à  la  Société  une  brochure,  qu'il  a  publiée  en  collaboration  avec 
son  fils,  M.  Pascal  Garnier;  ce  dernier  a  exploré  les  régions  sud- 


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52  COMPTES  RENDUS  DES   SÉANCES. 

africaines  pendant  une  année  au  point  de  vue  minier  et  géologique. 
Ce  travail  a  été  traduit  en  anglais  par  les  soins  de  la  Société 
géologique  de  l'Afrique  du  Sud,  dont  M.  Jules  Garnier  a  été 
nommé  membre  honoraire. 

Nécrologie.  —  La  Société  a  appris  avec  regret  la  mort  de 
MM.  Frédéric  Dunoyer,  chef  d'escadron  d'artillerie  [Mb.  1896]; 
—  Ch.-Prosper  Pensa,  ancien  magistrat  [Mb.  1877];  —  Camille 
lmbault-Huart,  consul  de  France  à  Canton,  décédé  le  29  novembre 
dernier  à  Hong-Kong,  à  l'âge  de  40  ans.  Auteur  de  plusieurs  publi- 
cations sur  la  Chine  et  l'Asie  intérieure,  M.  lmbault-Huart  reçut  de 
la  Société  de  Géographie,  en  1894,  le  prix  Jomard  pour  son  beau 
travail  sur  Formose. 


Séance  du  7  janvier  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  Charles  Darrois  ;  Marie  Joseph  Léon  Jacques    du  Passage 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Henry  Mimaut,  consul* général  de  France  (le  prince  Roland 
Bonaparte  et  le  baron  Hulot)  ;  —  Pierre  Deflarge,  gérant  de  la 
Banque  française  L.  B.  Supervielle  à  Montevideo  (baron  Hulot  et 
Jules  Girard);  —Emile  Gués,  conseiller  honoraire  à  la  Cour 
d'appel  (Paul  Lefebvre  de  Viefville  et  Arthur  Robert)  ;  —  le 
vicomte  de  Noailles  (le  comte  Henri  de  Castries  et  le  marquis  de 
Dampierrç)  ;  —  Henri  Marmottan,  ingénieur  des  mines  ("baron 
Herre-Wyn  et  le  marquis  de  Croizier)  ;  —  Henri  Bidault,  indus- 
triel (baron  Herre-Wyn  et  Ch.  Maunoir)  ;  —  Emile  Louis  Jean 
Trotry,  ancien  commissaire- priseur  (le  Dr  Fernand  Delisle  et  le 
baron  Hulot)  ;  —  Charles  Bernard-Cloix  (Alph.  Milne-Edtvards 
et  Alfred  Grandidier). 

Séance  du  21  janvier  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  Henry  Mimaut  ;  Pierre  Deffarge  ;  Emile  Gués  ;  le  vicomte 
de  Noailles  ;  Henri  Marmottan  ;  Henri  Bidault  ;  Emile  Louis  Jean. 
Trotry  ;  Charles  Bernard-Cloix. 


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SÉANCES  DES  7,  21  ET  31  JANVIER  1898.         53 


CANDIDATS  PRESENTES 

MM*  le  Père  F.  Hartzer,  missionnaire  (le  colonel  Quévillon  et  le 
prince  Roland  Bonaparte)  ;  —  Lancelet  S.  Bayly  (le  marquis  de 
La  Mazelières  et  le  marquis  de  Bassano)  ;  —  Pierre  Leroy-Beau- 
lieu  (Le  Myre  de  Vilers  et  le  baron  de  Guerne)  ;  —  Pascal  Garnier 
(Jules  Garnier  et  le  comte  de  Bizemont)  ;  —  le  marquis  de 
Pange  (le  comte  de  Bizemont  et  le  baron  Hulot);  —Georges 
Blondel  (Albert  de  Lapparent  et  le  baron  Hulot)  ;  —  Albert 
Durand  (de  Lapparent  et  Emm.  de  Margerie). 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ 

Janvier  1898. 

GÉNÉRALITÉS.  —  Verhandlungen  des  zwdlften  deutschen  geogra- 
phentages  zu  Iena,  ara  21.,  22.  und  23.  April  1897.  Berlin,  1897, 
1  Toi.  in-8.  D.  Reimer  (£.  Vohsen),  éditeur. 

A  signaler  parmi  les  principales  études  contenues  dans  ce  volume  : 
Exploration  allemande  en  Asie  Mineure;  —  Voyage  de  R.  Oberhummer 
en  Syrie  et  dans  l'Asie  Mineure,  en  1896;  —  Etat  actuel  de  nos  con- 
naissances relatives  aux  tremblements  de  terre;  —  Problèmes  géogra- 
phiques des  études  relatives  au  magnétisme  terrestre  ;  —  Faune  mam- 
mifère de  l'Australie  ;  —  Figuration  des  montagnes  dans  les  dessins 
cartographiques,    etc. 

Jf  as  BruNHES.  —  Le  septième  congrès  géologique  international,  Russie, 
1897  (Annales  de  géographie).  Paris,  Colin,  1898,  opuscule  in-8. 

Auteur. 

Jeah  Brun  h  es.  —  Les  principes  de  la  géographie  moderne  (La  Quin- 
zaine). Paris,  opuscule  in-8.  Auteur. 

Lient-Colonel  Delaunet.  —  Nouvelles  recherches  astronomiques.  Les 
nébuleuses,  lois  des  distances  planétaires,  formation  du  système  so- 
laire, essaims  cosmiques  et  bolides  (Bull.  Soc.  gèogr.  de  Rochefort). 
Rochefort,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

The  position  of  Geography  in  the  Educational  System  of  the  lountry. 
Report  of  a  Committee.  Prepared  by  E.  Sowerbutts  (British  Assoc.  for 
the  Advanc.  of  Science,  Toronto,  1897),  broch.  in-8.  Le  Comité. 

Revista  portugneza  colonial  e  maritima.  Commissao  de  redeecâo  E.  J.  de 
C.  e  Vasconeellos,  J.  da  Camara  Manoel,  J.  F.  Marques  Pereira.  Lisboa, 
livraria  Ferin,  n*l,  1°  anno,  20  de  outubro  de  1897,  in-8.  Direction. 

Erwesto  J.  de  C.  e  Vasconcellos.  —  As  colonias  portuguezas.  Lisboa, 
1896,  1  vol.  in-8.  Auteur. 


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51  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

EUROPE.  —  André  Delebecque.  —  Les  laci  français.  Paris,  1898, 
1  vol.  in-4.  Auteur. 

Henry  Cuënot.  —  Une  excursion  dans  le  Valais  (Assoc.  fr.  pour  Va- 
vancemenl  des  se,  Congrès  de  1897).  Paris,  foroch.  in-8.       Auteur. 

ASIE  —  G.  Marmier.  —  Recherches  géographiques  sur  la  Palestine 
(Revue  des  études  juives,  1893).  —  Nouvelles  recherches  géographiques 
sur  la  Palestine  {ibid.,  1894).  —  La  Schefeia  et  la  montagne  deJuda, 
d'après  le  livre  de  Josué  (ibid.f  1897).  Paris,  Durlacher,  3  opuseules 
in-8.  Auteur. 

René  de  Batz.  —  Les  gisements  aurifères  de  Sibérie.  Note  sur  leur  con- 
dition actuelle  et  leur  avenir.  Paris,  typogr.  Chamerot,  1898,  1  vol. 
in-4.  Auteur. 

Jules  de  Sghokalsky.  —  Les  recherches  des  Russes  de  la  route  mari- 
time de  Sibérie  (Sixième  Congrès  internat,  degéogr.  Londres,  18U5), 
broch.  in-8.  Auteur. 

Sven  Hedin.  —  Genom  Persien  Mesopotamien  och  Kaukasien.  Resemin- 
nen.  Stockholm,  Bonnier,  1887,  1  vol.  in-8. 

Sven  Hedin.  —  General  Prschevalskij's  forskningsresor  i  centralasien. 
F.fter  de  ryska,  tyska  och  franska  originalupplagorna.  Stockholm,  Bon- 
nier, 1891,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Sven  Hedin.  —  Konung  Oscars  beskickning  till  Schahen  af  Persien  àr 
1890.  Stockholm,  Samson  et  Wallin,  1891,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Dr  Sven  Hedin.  —  Forschungen  iiber  die  physische  Géographie  des  Hoch- 
landes  von  Pamir  im  Friihjar  1894  (Zeitschr.  Gesellsch.  f.  Erdk.  Ber- 
lin, 1894).  —  Die  Gletscher  des  Mus-Tag-Ata  (ibid.,  1895).  —  For- 
schungsreise  nachdemLop-nor(toid.,  1896). —  Reise  durch  die  Takla- 
Makan-Wuste  [(Verhandl.  Ges.  f.  Erdk.,  1895).  4 opuscules  in-8. 

Auteur. 

Sven  Hedin.  —  Genom  Rhorasan  och  Turkestan.  Minnen  fran  en  rcsa  i 
Centralasien  1890  och  1891.  Stockholm,  Samson  et  Wallin,  1893,  2  vol. 
in-8. 

Sven  Hedin.—  Den  vilda  jaken  i  Tibet,  broch.  (s.  I.  n.  d.),  in-8.  —  Lop- 
nor  bâokenets  vandring  (Geol.  Foren  i  Stockholm  FôrhandL  Bd.  18, 
1896).  —  Nagra  ord  om  min  resa  genom  Asien  (Ord  och  bild,  Stoc- 
kholm, 1897),  opuscule  in-8.  Auteur. 

Louis  Vignon.  —  Le  péril  jaune  (Revue  politique  et  parlementaire,  1897) 
Paris,  Challamcl,  1897,  broch.  in-8.  Auteur. 

Emile  Remy  et  Henri  Arnaud.  —  Histoire  de  l'établissement  du  protec- 
torat français  au  Cambodge.  Grenoble,  1897,  1  vol.  in-8.         Auteur. 

Etat  actuel  du  Tonkin,  de  la  Cochinchine  et  des  royaumes  de  Cambodge, 
Laos  et  Lac-Tho,  par  M.  de  la  Bissachère,  missionnaire  qui  a  résidé 
dix-huit  ans  dans  ces  contrées.  Traduit  d'après  les  relations  originales 
de  ce  voyageur.  Paris,  Galignani,  1812,  t  vol.  in-8.  G.  Martin. 

AFRIQUE.  —  Jules  Saurin.  —  Le  peuplement  français  de  la  Tunisie 
(Revue  de  Paris,  nov.  1897).  Paris,  Challamel,  1898,  opuscule  in-8. 

Auteur. 

Jean  Brunhes.  —  Les  irrigations  en  Egypte  (Annales  de  géographie, 
Paris).  Fri bourg,  1897,  broch.  in-8.  Auteur. 


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janvier  1898.  55 

Henri  Dehérain.  —  Le  Soudan  égyptien  sous  Mehemet  AU.  Thèse  de 
doctorat  présentée  à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris. 
Paris,  Carré  et  Naud,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur 

Pour  composer  cette  excellente  thèse,  qui  est  en  même  temps  un  ou- 
vrage d'actualité,  l'auteur  ne  s'est  pas  contenté  de  compulser  les 
nombreux  documents  qui  existaient  déjà  sur  le  Soudan  ;  il  est  allé 
compléter  son  enquête  en  Egypte  même  où  il  a  pu  recueillir  des  ren- 
seignements écrits  ou  oraux.  L'ouvrage  a  été  divisé  en  trois  parties 
principales  :  I.  Conquête  du  Soudan;  II.  Le  Soudan  après  la  con- 
quête; III.  La  recherche  des  sources  du  Nil.  Une  bibliographie  éten- 
due et  plusieurs  cartes  accompagnent  cet  ouvrage. 

Jules  et  Pascal  G  armer.  —  L'or  et  le  diamant  au  Transvaal  et  au  Cap 
(Mém.  Soc.  ingénieurs  civils).  Paris,  1896,  broch.  in-8.  Auteur. 

A.  Muteau.  —  De  Paris  à  Paris,  par  Lisbonne,  le  Sénégal  et  le  Soudan 
(Souvellc  Revue).  Paris,  1898,  opuscule  in-8.  Auteur. 

M11*  A.  Vickers.  —  Contribution  à  la  flore  algologique  des  Canaries  {An- 
nale* des  sciences  naturelles).  Paris,  Masson,  broch.  in-8.      Auteur. 

AMÉRIQUE.  —  L.  Didier.  —  L'Amérique.  Anthologie  géographique 
(Collection  publiée  sous  la  direction  de  M.  de  Crozals).  Paris,  Delà- 
grave,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur 

OCÉANIE.  — Jules  Leclercq.  —  Les  derniers  sectateurs  de  Bran  ma  à 

Java  (Académie  royale  de  Belgique,  1897),  in-8. 
Jules  Leclercq.  —  Voyage  aux  volcans  de  Java,  1895  (Hull.  Soc.  r.  belge 

de  géogr.,  1897).  Bruxelles,  1897,  opuscule  in-8.  Auteur. 


CARTES  —  PHOTOGRAPHIES  —  PORTRAITS 

Max.  Mabyre.—  France  au  1/1,000,000,  en  8  couleurs.  Carte  publiée  sous 
les  auspices  du  Ministère  du  Commerce  et  de  l'Industrie,  par  ordre  de 
M.  Delpeueh,  sous-secrétaire  d'Etat  des  Postes  et  des  Télégraphes.  Paris 
(1897),  A  ff.  Auteur. 

F.  H.  KrOger.  —  L'Emyrne  et  la  route  de  Tamatave  à  Tananarive. 
1/500,000.  Paris,  Missions  évangéliques,  lf.  Auteur. 

Souvenir  de  Formose  et  des  Iles  Pescadores.  Octobre-novembre  1896. 
Photot.  K.  Ogawa,  Tokio.  Album  in-f».  C"  de  Pimodan. 

Portraits  :  Dr  Sven  Hedin.  S.  Heoin. 

H.  Lucereau  (3  poses).  A.  Bouvier. 


Le  gérant  responsable  : 

HULOT, 
Secrétaire  général  de  la  Commission  Centrale. 

BOULEVARD  SAINT-4BRM AIN,  184. 


5889.  —  L.-lmprimerie»  réunlos,  I,  rue  Mignon,  9.  —  Mottbroz,  direct. 


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*»»S  HT*  ».  —  Février.  Page  57 

SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


I.  -  SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898 


4    février 

PRÉSIDENCE    DE    M.    LE   MYRE    DE    VILERS 
Président  de  la  Commission  centrale. 

Aux  côtés  du  Président,  prennent  place  les  membres  du  bureau 
de  la  Commission  centrale  et  M.  Chailley-Berl,  secrétaire  général 
de  Y  Union  coloniale. 

Le  Secrétaire  général  de  la  Société  donne  lecture  de  la  cor- 
respondance. Il  signale  une  note  de  M.  P.  Yuillot  sur  la  rille  de 
Bassikounou  (Sahara  occidental)  (Voir  Nouvelles  géographiques) . 

M.  F.  Foureau  lit  une  note  sur  la  longitude  d'In-Sâlah  (Voir 
Géographie  mathématique).  —  M.  Venukoff  offre  une  série  de 
cartes  concernant  une  partie  de  l'océan  Boréal  (Voir  Chronique 
de  la  Société). 

La  parole  est  ensuite  donnée  à  M.  Chailley-Bert  pour  une  corn* 
munication  (avec  projections)  sur  son  voyage  à  Java. 

Wa»i«a  à  Java.  —  M.  Chailley-Bert,  chargé  d'une  mission 
aux  Indes  néerlandaises  pour  étudier  le  système  de  colonisatio  n 
adopté  par  les  Hollandais,  dit  qu'il  aurait  voulu  visiter  tontes  les 
lies.  Mais  il  s'aperçut  bientôt  qu'il  lui  faudrait  consacrer  au  moins 
cinq  i  six  mois  à  chacune  "d'elles.  Or,  ne  pouvant  passer  que  cinq 
soc.  di  géogr.  —  c.  R.  des  séances.  —  h#  t.  —  Février.         5 

RECE1VED, 

APR20  1898 


PEABODY  MUSEUM. 


58  COMPTES  RENDU8  DES  SÉANCES. 

mois  dans  ces  colonies,  il  dut  se  borner  à  l'étude  de  l'île  de  Java 
seulement. 

Les  Hollandais  n'ont  pas  un  système  uniforme  d'administration 
pour  tout  leur  empire  colonial;  ils  emploient  un  mode  distinct 
pour  telle  ou  telle  de  leurs  colonies,  si  la  nature  du  pays  et  le 
caractère  des  habitants  le  réclament,  système  que  M.  Chailley- 
Bert  déclare  très  sage. 

A  l'exemple  des  Anglais,  ils  apportent  le  plus  grand  soin  au  recru* 
tement  de  leurs  fonctionnaires  coloniaux.  Chez  nous,  au  début,  ce 
recrutement  laissait  beaucoup  à  désirer,  et  M.  Chailley-Bert  n'hé- 
site pas  à  déclarer  qu'il  a  jadis  fortement  critiqué  l'insuffisance  de 
notre  personnel  colonial,  mais  aujourd'hui,  au  bout  de  douze  ou 
quinze  ans,  les  choses  se  sont  bien  améliorées,  et  il  cite,  entre 
autres,  le  mode  d'administration  de  la  Tunisie  comme  un  modèle. 
A  Java,  les  employés  inférieurs  savent  admirablement  leur  métier; 
ils  connaissent  sur  le  bout  du  doigt  la  législation  coloniale  (circu- 
laires, arrêtés,  etc.),  qui  ne  remplit  pas  moins  de  80  volumes,  car 
les  Hollandais  légifèrent  autant  que  nous  sur  la  matière,  mais  ils 
n'ont  pas  ce  que  le  voyageur  appelle  c  la  science  de  la  pénétra- 
tion des  indigènes  »,  science  qu'il  accorde,  au  contraire,  à  nos 
compatriotes,  c  très  aptes,  dit-il,  à  diriger  les  races  inférieures  ». 

Après  avoir  servi  aux  colonies  le  gouvernement  de  leur  pays, 
les  fonctionnaires  hollandais  ne  sont  pas  empressés  à  revenir 
dans  la  mère-patrie,  preuve  qu'ils  se  trouvent  bien  dans  ces 
colonies  où  ils  ont  passé  la  plus  grande  partie  de  leur  existence  ; 
ils  y  vivent  des  pensions  que  leur  paye  le  gouvernement.  Le 
voyageur  a  été  frappé  de  leur  bonne  mine  due  à  une  hygiène 
excellente.  Si  le  climat  est  très  chaud  à  Java,  sur  les  plateaux 
règne  un  air  frais  et  vivifiant.  Plusieurs  milliers  de  fonctionnaires 
retraités  vivent  là,  dans  des  localités  situées  à  5,  6  et  700  mètres 
d'altitude. 

En  dehors  de  ces  fonctionnaires  sortis  de  la  métropole,  il  y  a 
les  jeunes  gens  qui  se  sont  expatriés  pour  venir  coloniser,  mais 
qui  ont  eu  la  précaution  de  se  former,  de  se  préparer  à  leur  mé- 
tier, avant  de  partir.  M.  Chailley-Bert  oppose  leur  manière  de  pro- 
céder à  celle  de  nos  jeunes  gens,  partis  dans  le  même  but  pour  les 
colonies  françaises.  En  sa  qualité  de  secrétaire  général  de  V Union 
coloniale  française ,  il  en  a  vu  passer  sous  ses  yeux  des  centaines, 
jeunes  gens  pleins  de  bonne  volonté  et  d'ardeur,  mais  qui  n'ont 
pas  l'éducation  agricole  préalable  qui  leur  serait  nécessaire  pour 
réussir.  Ils  comptent  sur  leurs  bras  et  sur  leur  énergie  c  pour  se 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.         59 

débrouiller  »,  comme  ils  disent,  une  fois  qu'ils  seront  sur  le  ter- 
rein  ;  mais  cela  ne  suffit  pas.  En  revanche,  les  jeunes  Hollandais 
arrivent  tout  préparés  à  leur  tâche.  Laissant  de  côté  le  blé,  le 
rix,  comme  n'étant  pas  assez  rémunérateurs,  ils  s'adonnent  aui 
cultures  riches,  telles  que  le  café,  le  thé,  le  poivre,  la  cannelle,  le 
tabac»  etc. 

M.  Chailley-Bert  trace  un  tableau  très  séduisant  de  la  vie  de 
ces  colons  qui»  après  une  existence  laborieuse,  possèdent  des 
domaines  d'une  étendue  de  plusieurs  centaines,  de  plusieurs 
milliers  d'hectares.  Il  a  visité  Tune  de  ces  plantations  (café)  ayant 
3,000  hectares;  on  peut  juger  de  la  richesse  du  propriétaire, 
parti  jadis  dé  Hollande  avec  un  petit  capital,  mais  avec  des  con- 
naissances agricoles  solides,  quand  on  saura  que  la  part  de  béné- 
fice revenant  à  l'intendant  d'un  pareil  domaine  est  parfois,  pour 
une  seule  année,  de  70,000  florins  (le  florin  valant  2  fr.  10  ou 
15  centimes). 

Comment  ce  colon  se  procure-t-il  la  terre?  M.  Chailley-Bert 
est  entré  ici  dans  de  minutieux  détails  sur  la  constitution  du  sys- 
tème foncier  de  Java  dont  un  des  traits  les  plus  curieux  est 
que  la  terre,  propriété  du  village/ est  répartie  entre  les  familles 
tous  les  deux,  trois  ou  cinq  ans.  Cependant,  il  y  a  des  terrains 
qui  ont  été  vendus  en  toute  propriété  à  des  Européens  et  même 
i  des  Chinois,  et  qui  constituent  de  véritables  fiefs.  Le  fond 
du  système  est  celui-ci  :  les  terres  cultivées  appartiennent  aux 
indigènes;  celles  qui  ne  le  sont  pas  appartiennent  au  gouver- 
nement. 

Les  conditions  de  Java  sont  celles  de  la  plupart  de  nos  colonies  : 
c'est  un  pays  tropical;  la  population  indigène  y  est  abondante, 
donc  main-d'œuvre  facile  à  trouver.  Que  la  jeunesse  se  rende 
donc  dans  nos  colonies,  mais  en  apportant  quelque  capital,  et 
surtout  des  connaissances  agricoles,  car  l'agriculture  est  l'essen- 
tiel. Le  commerce  et  l'industrie  ne  doivent  venir  qu'en  second 
lieu.  Les  indigènes,  pour  acheter,  ont  besoin  d'argent  ;  il  faut  leur 
fournir  les  moyens  d'en  acquérir,  et  c'est  l'agriculture  senle  qui 
leur  en  procurera. 

Le  Président  remercie  M*  Chailley-Bert  au  nom  de  l'assistance, 
et  fait  ressortir  les  leçons  qui  se  dégagent  de  cette  conférence. 
«  L'éloge  de  M.  Chailley-Bert  n'est  plus  à  faire.  Sa  haute  compé- 
tence dans  toutes  les  questions  coloniales  pratiques  est  trop 
connue  pour  qu'il  y  ait  lieu  d'insister  ».  Le  Président  sait  par 


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'60  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

80Q  expérience  personnelle  combien  sont  fondées  les  idées  du  con- 
férencier sur  l'exploitation  et  le  peuplement  des  colonies.  Il  le 
félicite,  en  terminant,  de  joindre  à  la  connaissance  du  sujet,  le 
charme  du  conteur  et  le  talent  de  l'artiste. 

—  La  séance  est  levée  à  10  heures  et  demie. 


±  8    £ Ouvrier 

PRÉSIDENCE    DE    M.    LE   MYRE    DE   VILERS 
Président  de  lt  Commission  centrale. 

Le  Secrétaire  général  donne  lecture  de  la  correspondance, 
contenant  des  nouvelles  de  M.  F.  de  Béhagle,  qui  envoie  un 
mémoire  historique  sur  le  royaume  de  Loango  (Voir  Géographie 
historique).  11  signale  une  note  de  M*  E.  A.  Martel  sur  la  plus 
haute  montagne  de  l'Amérique'du  Nord.  Des  lettres  annoncent  le 
départ  de  M.  Pierre  Prins,  détaché  de  la  mission  Gentil,  pour  la 
région  d'El-Kouti  où  Crampel  est  tombé  victime  de  son  dé- 
vouement (Voir  Nouvelles  géographiques). 

Le  Président  annonce  qu'une  séance  supplémentaire  aura  lieu 
le  23  de  ce  mois;  on  y  entendra  M.  le  pasteur  Coillard,  qui  a 
passé  trente-cinq  ans  en  Afrique,  dont  dix-sept  dans  la  région  du 
Zambèxe. 

Le  vicomte  J.de  Cuverville  fait  une  conférence  (avec  projections) 
sur  sa  dernière  mission, 

A  travers  la  péaiBsnie  fe«lkaai«ae.  —  M.  de  Cuverville  rend 
compte  du  voyage  d'études  qu'il  a  entrepris,  au  mois  de  mai  der- 
nier, à  travers  la  péninsule  des  Balkans,  sous  les  auspices  du 
Ministre  de  l'Instruction  publique  et  de  la  Société  de  Géographie. 

Outre  les  études  politiques  faites  par  lui  sur  la  situation  inté- 
rieure et  extérieure  des  pays  parcourus,  études  qui  ne  sauraient 
être  développées  devant  la  Société,  M.  de  Cuverville  a  collectionné 
d'intéressants  travaux  scientifiques.  Prenant  la  principauté  de 
Monténégro  comme  point  de  départ,  il  en  décrit  la  situation  pré- 
sente, en  ce  qui  concerne  l'instruction  publique,  ainsi  qu'au  point  de 
vue  économique.  Après  avoir  cité  l'accueil  cordial  reçu  à  Cettigné 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.         61 

de  la  part  du  prince  Nicolas,  il  pénètre  dans  l'intérieur  du  pays, 
dans  la  région  dite  des  Berda,  région  montagneuse,  sans  routes, 
et  d'un  parcours  très  pénible  ;  il  montre  les  côtés  géographiques 
intéressants  des  rivières  Tara,  Moratcha,  etc.,  des  montagnes  de 
Kome,  du  district  de  Kolachin,  etc.,  et  signale  également  les  deux 
couvents  pittoresques  de  Moratcha  etd'Ostrog.  11  indique  à  la  Société 
tout  l'intérêt  que  présenteraient  pour  l'archéologie  des  fouilles  faites 
à  l'ancienne  ville  de  Dioclea,  près  de  Podgoritza  :  ces  ruines,  à 
peine  explorées,  ont  déjà  fourni  beaucoup  d'objets  intéressants. 

Passant  en  Albanie,  par  le  lac  de  Scutari,  M.  de  Cuverville 
donne  un  aperçu  sommaire  de  l'état  de  cette  région,  de  la  plaine 
du  Drin  ;  puis  il  décrit  la  population  très  peu  connue  et  fort  inté- 
ressante des  Mirdites,  Albanais  catholiques,  vivant  dans  leur  mon- 
tagne où  ils  conservent  des  mœurs  très  particulières  et  spécialement 
l'usage  terrible  de  la  vendetta  qui  cause  annuellement  70  p.  100 
de  décès  dans  la  population.  11  cite  le  code  de  cette  vendetta  et 
expose  les  raisons  religieuses  qui  rendent  cette  région  toujours  si 
violemment  troublée  et  entravent  sa  prospérité.  Il  conclut  que  le 
prestige  de  la  France,  dans  ce  pays  susceptible  d'un  grand  déve- 
loppement commercial,  ne  doit  pas  être  abandonné,  d'autant  plus 
qu'elle  est  fort  bien  vue  de  la  part  des  populations,  même  des  plus 
difficiles. 

Après  avoir  traversé  la  Bosnie  et  l'Herzégovine,  le  voyageur 
examine  la  situation  actuelle  de  la  Serbie  et  expose  les  travaux 
géographiques,  scientifiques  et  archéologiques  accomplis,  ces  temps 
derniers,  en  particulier  par  M.  C.  J.  Valtrovitch.  11  rappelle  à  ce  sujet 
l'honneur  qu'a  bien  voulu  nous  faire  S.  M.  le  roi  Alexandre  de 
Serbie  en  acceptant,  sur  sa  demande,  de  faire  partie  de  notre 
Société  de  Géographie.  Après  un  aperçu  de  l'état  intellectuel  et 
économique  du  pays,  M.  de  Cuverville  montre  l'itinéraire  qu'il  a 
accompli  vers  la  ville  de  Vrania,  sur  les  confins  de  la  vieille  Serbie 
et  fait  une .  étude  du  caractère  et  des  mœurs  de  cette  partie  peu 
visitée  du  pays,  troublé  dernièrement  par  des  luttes  sanglantes 
entre  montagnards  serbes  et  albanais.  Faisant  allusion  à  l'ac- 
cueil cordial  que  lui  firent  S.  M.  le  roi  de  Serbie  et  S.  M.  la  reine 
Nathalie,  il  témoigne  devant  la  Société  de  sa  respectueuse  recon- 
naissance et  des  vœux  que  peut  faire  la  France  pour  le  développe- 
ment de  la  prospérité  de  la  Serbie. 

M.  de  Cuverville  décrit  ensuite  la  Bulgarie  et,  dans  un  exposé 
général,  constate  les  immenses  progrès  réalisés  par  cette  princi- 
pauté. Il  attire  l'attention  des  archéologues  sur  les  véritables 


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62  COMPTES  RENDUS  DES  S*ANGES. 

riebesses  qu'elle  contient,  cite  les  fouilles  nouvelles  et  fécondes  qui 
ont  été  opérées  et  celles  qu'il  a  entreprises  lui-même  près  de 
Philippopoli  au  village  de  KalatcWi,  travaux  qui  lut  ont  donné, 
ainsi  qu'àM.Tocchela,le  savant  archéologue  et Bumismate  bulgare, 
les  indices  problables  des  traces  de  l'emplacement  de  l'ancienne 
ville  d'Alexiopolis,  fondée  vers  Tan  1114  par  l'empereur  Alexis  1er. 

Après  avoir  montré  le  mouvement. de  prospérité  des  villes  de 
Varna,  Roustchouk,  Philippopoli,  Bourgat,  M.  de  Guverville  cite 
l'étude  ethnographique  qu'il  a  recueillie  chei  la  population  des 
Pomac,  dans  les  montagnes  du  Rhodope,  population  très  intéres- 
sante et  peu  connue,  composée  de  Bulgares  musulmans  qui  ont 
refusé  d'être  compris  dans  l'annexion  de  laRoumélie  à  la  Bulgarie 
et  sont  devenus  sujets  du  sultan. 

Le  conférencier  conclut  que  les  ressources  de  la  Bulgarie  et  la 
vitalité  de  son  peuple  font  présager  un  avenir  très  important  pour 
cette  principauté  qui  ne  cesse  de  se  développer  sous  le  gouver- 
nement intelligent  du  prince  Ferdinand,  à  qui  il  est  heureux  de 
rendre  publiquement  hommage  pour  la  réception  si  sympathique 
que  ce  prince  lui  a  faite  à  Varna. 

M.  de  Cuverville  a  terminé  son  voyage  par  la  Roumanie,  qu'il  se 
propose  de  décrire  ultérieurement.  Il  rapporte  de  nombreux  docu- 
ments et  publications  scientifiques,  ainsi  que  des  costumes  destinés 
au  Musée  du  Trocadéro,  costumes  parmi  lesquels  on  doit  citer  la 
collection  très  curieuse  et  très  complète  due  à  l'obligeance  de 
M.  Vasof,  Ministre  de  l'Instruction  publique  de  Bulgarie,  qui  l'a 
fait  choisir  tout  spécialement  pour  notre  musée  national. 

Le  Président,  après  avoir  remercié  le  conférencier,  dit  que  pour 
avoir  embrassé  des  horizons  moins  étendus  que  ceux  de  nos  explora- 
teurs des  pays  d'outre-mer,  M.  J.  de  Guverville  n'en  a  pas  moins  bien 
■  mérité  de  la  géographie;  après  la  Sibérie,  il  est  allé  étudier  l'état 
présent  de  la  péninsule  balkanique  et  il  nous  a  fait  part  de  ses 
observations  variées  en  ce  qui  concerne  le  mouvement  écono- 
mique, scientifique,  littéraire,  etc., des  pays  qu'il  a  visités;  il  s'est 
même  fait  archéologue  pour  la  circonstance  et  les  renseignements 
qu'ils  nous  a  donnés  sur  les  fouilles  qu'il  a  entreprises  sont  des 
plus  intéressants.  Le  Président  regrette  que  les  statuts  de  notre 
Société  n'aient  pas  permis  au  conférencier  de  traiter  la  question 
politique,  si  importante  dans  cette  partie  de  l'Europe. 

—  Clôture  de  la  séance  à  11  heures. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.         63 

23   fé-vrier 
SÉANCE    SUPPLÉMENTAIRE 


Aux  côtés  de  M.  Le  Myre  de  Vilers,  Président,  prennent  place 
MM.  le  pasteur  Coillard,  Maunoir,  Vice- Président  de  la  Société,  le 
colonel  Prudent  et  le  Secrétaire  général. 

En  quelques  mots  le  Président  souhaite  la  bienvenue  au  confé- 
rencier; puis  il  lui  donne  la  parole  pour  qu'il  entretienne  l'assis- 
tance de  régions  qu'il  a  conquises  à  la  civilisation. 

S«r  le  but  xambèse.  —  c  Pour  l'amour  de  l'Afrique  où  j'ai 
beaucoup  voyagé,  longtemps  vécu  et  où  je  voudrais  terminer  mes 
jours,  j'accepte  volontiers  d'être  au  besoin  explorateur  ou  confé- 
rencier, heureux  s'il  m'est  possible  de  la  faire  un  peu  mieux  con- 
naître et  aimer  davantage. 

c  L'Afrique  australe,  dont  l'ethnologie  est  un  c  écheveau  em- 
mêlé devant  lequel  pâlit  l'érudition  »,  n'offre  ni  archives,  ni  monu- 
ments historiques,  révélant  quelque  chose  de  ses  origines.  Seule 
l'étude  comparée  des  langues,  des  légendes  et  des  traditions  que 
parlent  et  content  ses  habitants,  peut  procurer  quelques  données. 
Ces  populations  se  rattachent  à  trois  groupes  principaux  :  les 
Hotlentots,  le  long  des  côtes  de  l'Atlantique;  les  Zoulous,  des  bords 
de  l'océan  Indien  jusqu'aux  environs  des  lacs  Nyassa  et  Tanga- 
nyka;  les  Betchuanas  au  centre.  C'est  d'un  quatrième  groupe, 
appartenant  eorame  les  Zoulous,  les  Betchuanas  et  les  Cafres  à 
la  famille  du  Bantou,  que  je  veux  vous  parler.  Nous  le  trouvons 
dans  les  parages  du  Zambèze.  Depuis  le  jour  où,  il  y  a  dix-sept  ans, 
je  vous  entretenais  de  mon  premier  voyage  au  Zambèze  à  travers 
le  Transvaal,  le  pays  du  ba-Nyaï,  le  désert  du  Kalahari,  ces  con- 
trées ont  subi  de  grands  changement»  et  celles  qui  ne  l'étaient 
point  encore  ont  été  explorées.  Les  ma-Tébélé,  leur  fléau  dévasta- 
teur, ont  enfin  été  écrasés. 

c  En  juillet  1884,  je  partis  à  la  tête  d'une  nouvelle  expédition 
afin  d'établir  sur  le  haut  Zambèze  une  mission  évangélique 
Après  avoir  lentement  traversé  les  déserts  arides  et  les  forêts 
silencieuses,  on  aperçoit  soudain  le  Zambèze.  Profonde  et  inou- 


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64  COMPTES  RENDUS  DES  8ÊANCB8. 

bliable  est  l'impression  que  vous  fait  ce  fleuve  majestueux  qui 
vient  de  loin  et  s'en  va,  de  rapides  en  cascades,  de  cascades  en 
chutes  et  de  chutes  en  de  nouveaux  rapides,  sur  un  parcours  de 
plus  de  1,600  kilomètres,  verser  ses  eaux  dans  l'océan  Indien.  Nous 
sommes  à  Kazungula,  porte  officielle  du  royaume  des  ba-Rotsi,  au 
confluent  du  Zambéze  et  de  la  Chobé,  nommée  aussi  Linyanti, 
Mashi  et  Kouando,  son  plus  important  tributaire.  À  gauche,  en 
amont,  s'étend  le  pays  qui  nous  occupe.  Lorsque  nos  wagons  et 
leurs  chargements  ont  été  transportés  en  canots  sur  l'autre  rive, 
nous  prenons  place  dans  de  légères  pirogues  et  remontons  ainsi 
le  fleuve.  A  70  kilomètres  de  là,  nous  rencontrons  Séchéké,  ville 
dont  l'importance,  signalée  par  Livingstone,  tend  à  grandir  chaque 
jour.  50  kilomètres  plus  loin  commence  la  région  des  rapides,  qui 
s'étend  sur  une  longueur  de  90  kilomètres,  animée  par  les  êtres 
infiniment  divers  qui  la  peuplent,  depuis  le  monstrueux  caïman 
jusqu'à  l'ibis,  à  l'aigle  et  aux  mouettes,  en  passant  par  le  zèbre, 
l'éléphant,  voire  même  le  lion.  Ces  rapides,  si  dangereux  que  l'un 
d'eux  se  nomme  Lochou,  le  rapide  de  la  mort,  sont  hantés,  au  dire 
des  indigènes,  par  des  monstres  terribles,  serpents  colossaux  dans 
la  gueule  desquels  peut  disparaître,  d'un  seul  coup,  une  pirogue 
avec  son  équipage  et  son  chargement  !  Après  les  cataractes  de 
Ngonye,  moins  grandioses  que  celles  de  Victoria,  mais  pleines  de 
charme,  le  fleuve  devient  calme  et  rappelle  par  son  aspect  riante! 
doux  les  lacs  d'Italie. 

c  Nous  arrivons  à  c  la  Vallée  »,  ainsi  que  Livingstone  a  nommé 
cette  plaine  dénudée,  dont  les  termitières  couvertes  de  villages 
rompent  seules  la  monotonie;  une  inondation  annuelle  la  recouvre 
entièrement  pendant  une  période  de  trois  ou  quatre  mois  et  la 
rend  insalubre  pour  les  indigènes  comme  pour  les  Européens, 
C'est  là  que  se  trouve  la  capitale  du  royaume  et  la  principale 
station  missionnaire,  et  c'est  de  là  que,  désirant  remonter  le  Zam- 
béze jusqu'à  sa  source,  je  partis  en  mai  1895.  Traversant  la  ville 
de  Libouda,  nous  suivons  le  fleuve  majestueux  mais  monotone,  sur 
les  rives  duquel  des  troupes  d'hommes,  sortis  des  bois,  viennent 
nous  contempler  et  nous  rencontrons  bientôt  le  Loeti  et  le  Kabombo, 
affluents  du  Zambéze.  Mentionnons  en  passant  ses  autres  tribu- 
taires, à  partir  de  la  Linyanti  :  la  Matchélé,  explorée  par  M.  Bertrand 
de  Genève;  le  Loanja  entre  Kazoungula  et  Sechéké,  les  rivières  de 
Njoko,  Loumbi,  Kachenje  et  le  Louyi  ;  dans  c  la  Vallée  »  la  Rouéna  et 
la  Manyenga.  Mais  nous  voici  parmi  la  tribu  des  ma-Mbdé,  peuple 
de  pécheurs  et  grands  chasseurs  d'hippopotames.  Conteurs  pleins 


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SEANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.  65 

de  charme»  on  passerait  des  nuits  entières  aux  feux  du  bivouac, 
à  écouter  le  récit  palpitant  de  leurs  aventures. 

c  Les  deux  tribus  que  nous  rencontrons  maintenant  reconnaissent 
toutes  deux  l'autorité  de  Lewanika,  le  roi  des  ba-Rotsi.  Ce  sont 
les  ma-Lounda,  cultivateurs,  et  les  ba-Lubalé,  dont  le  chef  Mosoa- 
Ndungu  me  rend  en  grande  pompe  la  visite  que  je  lui  fais.  Nos 
canots  nous  amènent  à  Sapouma  où  le  fleuve,  bouillonnant  comme 
un  torrent  impétueux,  nous  oblige  à  transporter  nos  embarcations 
à  bras;  après  30  kilomètres  de  rapides,  que  termine  celui  de 
Yoroso,  le  fleuve  redevient  tranquille.  Là  il  reçoit  la  charmante 
petite  rivière  de  Kabako.  Aucun  voyageur  ne  Ta  vue  encore; 
elle  nous  attire.  Après  l'avoir  péniblement  suivie  pendant  deux 
heures,  nous  débouchons  enfin  dans  une  éclaircie.  Le  tableau  est 
ravissant. 

c  Tandis  que  nous  passons  à  gauche  le  confluent  de  la  Lou in- 
hala et  de  la  Houéna,  la  contrée  s'anime;  les  villages  se  multiplient; 
les  canots  se  croisent  :  nous  approchons  de  la  résidence  du  grand 
chef  Kakengé.  Bien  que  je  l'eusse  prévenu  de  notre  arrivée,  il  nous 
reçut  avec  des  injures  et  des  menaces.  Vassal  de  Lewanika,  il  ne 
pouvait  nous  massacrer  sans  un  prétexte,  et  ce  prétexte,  il  le  cher- 
chait. Cependant,  à  force  de  patience,  de  calme,  de  diplomatie  et 
grâce  à  quelques  présents,  je  parvins  à  m'expliquer  avec  ce  petit  po- 
tentat si  dangereux  et  à  conclure  la  paix.  C'est  vraiment  merveil- 
I  eux  qu'il  m'ait  été  possible  de  garder  mes  trente  hommes  et  de 
les  calmer  pendant  ces  trois  ou  quatre  jours  de  danger  imminent. 
Mais  cette  paix  n'était  qu'apparente  ;  je  savais  qu'il  avait  donné  des 
ordres  meurtriers.  Aussi  la  prudence  m'obligeait-elle  à  revenir  sur 
mes  pas.  Avant  de  le  quitter,  je  lui  envoyai,  par  ma  troupe  de 
ba-Rotsi,  la  salutation  royale.  Aussitôt  Kakengé,  saisi  comme  de 
frénésie,  se  livra,  au  milieu  des  applaudissements  de  ses  guer- 
riers, aux  contorsions  les  plus  extraordinaires.  Il  criait,  hurlait, 
écumait,  grinçait  des  dents,  roulait  des  yeux  qui  sortaient  de 
leurs  orbites,  ruait  des  deux  pieds  et  semblait  se  déchirer  tout 
le  corps  de  ses  ongles,  comme  une  bête  féroce.  Je  regardais  avec 
stupeur  cette  scène  épouvantable,  lorsque  tout  à  coup  il  se  lève  et 
d'un  bond  disparaît  dans  la  cour  de  son  harem.  Je  compris.  En  se 
transformant  ainsi  en  une  bête  sauvage,  et  c'était  assez  suggestif, 
il  nous  fit  entendre  le  danger  que  nous  aurions  couru  si  nous 
n'avions  pu  nous  concilier  ses  faveurs. 

t  Ces  pays  plus  vastes  que  la  France  s'étendent  de  la  jonction 
de  la  rivière  Koafne  avec  le  Zambèze,  à  l'est,  jusqu'au  20e  longi- 


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66  COMPTES  RENDUS  DIS  SÉANCES. 

.  tade  à  l'ouest  ;  bornés  au  nord,  par  la  ligne  de  partage  des  eaux 
du  Congo  et  du  Zambèze,  ils  le  sont  au  sud,  par  le  désert  de 
Kalabari.  La  capitale  du  pays,  Léaleuyi,  est  à  1,100  métrés  d'alti- 
tude* 

c  La  température  Tarie  considérablement  entre  la  nuit  et  le 
jour.  Cette  différence  qui  est  de  15,  20  et  même  25*,  est  précieuse 
pour  l'Européen,  lorsque  le  thermomètre  monte  parfois  à  l'ombre 
jusqu'à  48*.  La  saison  sèche  dure  huit  où  neuf  mois  ;  la  saison 
pluvieuse  commence  à  la  fin  de  novembre  pour  se  terminer  en 
mars  ou  avril.  Ces  contrées,  habitées  par  25  ou  30  tribus,  furent 
conquises  au  commencement  de  ce  siècle  par  des  ba-Soutos  con- 
duits par  Sebetoane,  le  grand  chef,  que  trouva  encore  Livingstone. 
Après  sa  mort,  les  ba-Rotsi  reconquirent  leur  indépendance.  Mes 
recherches  sur  l'origine  de  ces  ba-Rotsi,  dont  la  ressemblance 
avec  les  ba-Nyal,  m'avait  frappé,  m'ont  conduit  à  constater,  sur 
la  rivière  Sabi,  l'existence  d'une  tribu  qui  porte  encore  le  nom 
de  ba-Rotsi. 

c  Sous  la  conduite  d'une  femme  énergique  nommée  Bouya- 
Moamboa,  une  partie  de  la  tribu,  raconte  la  tradition,  aurait  émi- 
gré, passé  et  remonté  le  fleuve  et,  après  bien  des  péripéties,  serait 
arrivée  sur  les  hauteurs  qui  dominent  la  c  Vallée  ». 

€  Ces  Zambéziens  sont  très  industrieux,  ils  ont  imité  parfaite- 
ment nos  travaux  divers  et  chaque  tribu  a  sa  spécialité  ;  les  ma- 
Mbnnda  s'adonnent  à  la  médecine;  les  ma-Totela  travaillent  le 
fer;  d'autres  excellent  dans  la  vannerie  ou  dans  la  sculpture  sur 
bois. 

c  Ches  eux,  le  sentiment  religieux  est  extrêmement  développé. 
Us  rendent  un  culte  aux  mânes  des  ancêtres,  mais  au-dessus  d'eux 
placent  une  divinité  suprême  que  symbolise  le  soleil  et  dont  la 
femme  est  symbolisée  par  la  lune.  Us  croient  à  la  métempsy- 
cose. Leur  conception  du  beau,  bien  différente  de  la  nôtre,  leur 
tait  souvent  regarder  le  blanc  comme  un  monstre  ;  ils  ne  savent 
admirer  ni  les  arbres,  ni  les  fleurs;  leur  première  question  est  : 
c  Est-ce  bon  à  manger?  »  Grâce  aux  modes,  qui  varient  ches  eux 
comme  ches  nous,  ils  sont  étrangement  coiffés,  tatoués  et  défigurés. 

c  Insouciantes,  chantant  et  dansant  au  clair  de  lune,  ces  popu- 
lations peuvent  de  loin  vous  apparaître  avec  une  certaine  auréole 
de  poésie.  Mais  entendez  ces  mélopées,  ces  chants  en  mineur,  ne 
sont-ce  pas  des  gémissements  qui  vous  serrent  le  cœur  et  vous 
arrachent  des  larmes  1  Vivant  dans  un  abîme  de  corruption  et  de 
souffrance,  l'Africain  emprunte  à  notre  couleur  le  symbole  du  bon- 


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SÉANCES  DBS  iy   18  ET  23  FÉVRIER  1898.         67 

heur,  c  Mon  cœur  est  blanc  »,  dit-il;  il  est  heureux,  c  Mon  cœur 
est  noir  >;  il  est  triste.  Ainsi  donc,  du  berceau  à  la  tombe,  il  traîne 
partout  dans  sa  peau  noire,  à  travers  la  vie,  la  livrée  de  la  souf- 
france. Est-il  susceptible  de  relèvement  moral  et  intellectuel? 
Pour  vous  en  convaincre,  voyez  les  transformations  déjà  opérées, 
ces  hommes  tirés  de  la  fange,  civilisés,  chrétiens,  ces  établisse- 
ments d'éducation  prospères.  Nous  saluons  avec  joie  tout  ce  qui 
se  fait  pour  l'Afrique  et  ses  races  déshéritées. 

c  Si  la  France  compte  quelques-uns  de  ses  enfants  parmi  les 
explorateurs  les  plus  distingués  du  continent  noir,  c'est  dans 
l'Afrique  méridionale  que  nous  aimons  à  retrouver  son  empreinte, 
chez  ces  Boérs  aux  noms  français  et  au  Lessouto,  jadis  repaire  du 
cannibalisme,  aujourd'hui  transformé  par  le  christianisme  que  lui 
ont  apporté  des  Français. 

<  Le  haut  Zambèze,  indépendant  lorsque  j'y  pénétrai  en  1878, 
et  tombé,  en  1884,  après  le  congrès  de  Bruxelles,  dans  la  sphère 
d'influence  anglaise,  est  contigu  au  Congo  belge. 

c  Mais  c'est  plus  haut  que  tes  intérêts  politiques  qu'il  faut  nous 
élever;  c'est  au  delà  des  questions  de  délimitations  territoriales 
qu'il  faut  nous  placer.  Pourquoi  nous  occupons-nous  de  géogra- 
phie, messieurs?  C'est  que  le  monde,  la  terre  est  notre  patri- 
moine et  que  les  hommes,  tous,  où  qu'ils  habitent  et  quels  qu'ils 
soient,  sont  nos  frères.  En  commençant  cette  étude,  je  me  heurtais 
à  la  question  ethnologique  de  la  race  africaine  et  je  demandais  : 
<  D'où  vient-elle  ?  »  Eh  terminant,  je  me  heurte  à  une  autre  ques- 
tion bien  autrement  angoissante  :  c  Où  va-t-elle  ?  »  Quel  sera  son 
avenir?  Il  sera  ce  que  le  fera  la  race  blanche,  avec  tout  ce  qu'elle 
a  de  puissance  intellectuelle,  morale  et  matérielle.  » 

M.  le  pasteur  Coillard  termine  cette  conférence  par  une  éloquente 
péroraison,  très  applaudie,  et  M.  Le  Myre  de  Vilers  se  fait  l'inter- 
prète de  ses  collègues  en  félicitant  le  missionnaire  de  l'œuvre 
civilisatrice  qu'il  accomplit  et  dont  les  sciences  géographiques 
profitent  dans  une  large  mesure,  comme  l'a  déjà  reconnu  la 
Société  de  Géographie,  en  1888,  quanti  elle  lui  attribua  l'une  de  ses 
médailles  pour  ses  excursions  dans  la  région  nord  du  Zambèze. 


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68  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

II.  —  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 

AFRIQUE 

Sahara.  —  Rapport  sur  les  déterminations  astronomiques  de 
latitudes  et  longitudes,  effectuées  par  M.  Foureau  dans  son 
voyage  de  mars  à  juin  1897.  —  Dans  son  dernier  voyage  M.  Fou- 
reau a  déterminé,  avec  son  expérience  habituelle,  les  longitudes 
et  latitudes  des  points  principaux  traversés. 

Le  nombre  total  des  observations  faites,  tant  au  sextant  qu'au 
théodolite,  —  et  dans  16  points  différents  —  s'élève  à  49,  dont  25 
faites  sur  le  soleil  et  les  24  autres  sur  des  étoiles;  le  tout  ayant 
nécessité  600  pointés. 

Les  déterminations  des  latitudes  sont  excellentes;  le  tableau  des 
positions  conclues,  qui  contient  des  résultats  de  recoupements  avec 
les  itinéraires  antérieurs  du  même  explorateur,  le  démontre  sur- 
abondamment. Les  faibles  divergences  entre  les  chiffres  des 
colonnes  7  et  8  du  tableau  ci-contre  sont  de  Tordre  des  erreurs 
d'observation  tenant  à  lagraduation  même  des  instruments  employés. 

Pour  les  longitudes,  la  mission  disposait  de  i  chronomètres  de 
torpilleurs  (le  ressort  du  5*  s'étant  cassé  en  route),  déjà  antérieu- 
rement mis  à  l'épreuve  ;  leurs  marches  et  états,  tant  au  départ  qu'à 
l'arrivée,  ont  été  déterminés,  grâce  à  l'obligeance  de  M.  Trépied, 
directeur  de  l'Observatoire  d'Alger.  Des  comparaisons  journalières 
ont  été  faites  avec  grand  soin  pendant  le  trajet. 

Le  calcul  des  états  successifs  sur  le  Temps  Moyen  de  Paris  a  pré- 
senté pourtant  d'assez  grandes  difficultés,  la  température,  dans 
un  voyage  d'été  au  Sahara,  étant  excessive  et  produisant  des 
variations  assez  notables  dans  les  marches. 

Il  a  fallu  se  résoudre  à  rechercher  jour  par  jour  les  états  pro- 
bables en  donnant  les  mêmes  poids  aux  divers  chronomètres.  L'écart 
de  l'état  calculé  par  cheminement  avec  l'état  observé  à  l'arrivée 
n'a  été  que  de  six  secondes.  Les  longitudes  ne  doivent  donc  pas 
être  affectées  d'erreurs  bien  considérables  ;  il  a  été  toutefois  impos- 
sible de  savoir  avec  quelle  approximation  elles  ont  été  conclues. 

M.  Pourteau,  calculateur  à  l'Observatoire,  a  effectué  avec  grand 
soin  la  réduction  des  observations. 

F.  Oltramarb, 
Astronome  à  TObservatoire. 
Parit,  le  7  janvier  1898. 


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70  COMPTES  REND08  DIS  SÉANCES. 

Sahara  occidental.  —  Bassikounou.  —  On  se  souvient  que 
la  ville  de  Bassikounou,  qui  se  trouve  sur  les  confins  du  Sahara, 
à  l'ouest  du  lac  Faguibine  et  des  Daounas,  avait  été  occupée  le 
24  janvier  1897  ;  elle  fut  évacuée  au  mois  d'avril  suivant,  après  la 
soumission  de  Cheikh  Ould  Sidi,  chef  des  maures  Allouch,  qui  pro- 
mit un  tribut  annuel  de  3,000  francs* 

Différentes  reconnaissances  avaient  été  faites  aux  environs  de 
Bassikounou,  et  d'intéressants  renseignements  ont  été  recueillis. 
Les  itinéraires  reliant  Bassikounou  aux  postes  de  Ras  el  Ma, 
Gassa,  Sompi  et  Néré  ont  été  parcourus  et  relevés,  et  Ton  a  pu 
constater  qu'ils  étaient  jalonnés  de  nombreux  puits  et  de  mares 
d'hivernage,  qui  permettent  de  trouver  de  l'eau  à  chaque  étape. 

Toute  cette  région  est  couverte  d'une  brousse  épaisse  de  gom- 
miers et  de  mimosas;  quant  aux  environs  immédiats  de  Bassi- 
kounou, ils  sont  extrêmement  fertiles,  et  couverts  de  lougans  de 
mil  qui  ne  le  cèdent  en  rien  à  ceux  des  Daounas.  D'ailleurs  le 
D*  Oskar  Lenz,  qui  passa  à  Bassikounou  du  5  au  10  août  1880, 
s'étend  longuement,  dans  ses  notes  de  route,  sur  l'extraordinaire 
fécondité  du  pays,  et  il  cite  avec  une  admiration  mêléo  d'étonne- 
ment  les  vastes  champs  de  sorgho  qui  environnent  la  ville  (1). 

Bassikounou  est  également  la  clé  de  la  route  de  Oualata,  vers 
le  nord.  Si  la  piste  directe  qui  relie  ces  deux  villes  (300  kil.  envi- 
ron) est  dépourvue  d'eau,  il  n'en  est  pas  de  même  d'un  itinéraire 
qui  la  double  en  s'infléchissant  légèrement  à  l'ouest. 

Ce  second  itinéraire  traverse  d'abord  un  groupe  très  important 
de  puits,  dont  les  principaux  sont  ceux  de  Djellak,  Arjane,  Has  el 
Akmar,  Hoouf,  Hourdy,  Diébel,  Aknélpé  et  Lamlam.  De  là,  la 
route  gagne  vers  l'ouest  la  mare  de  Kourdala,  qui  est  permanente, 
remonte  vers  le  nord  par  les  puits  de  Niouté,  Botouïbé  et  Saylé,  et 
arrive  à  la  ville  de  Némé  (ou  Nema).  Cette  ville  est  une  oasis 
semblable  à  celles  du  sud-algérien  ;  elle  est  entourée  de  vastes 
jardins  de  palmiers-dattiers,  de  champs  d'orge  et  de  blé;  les 
indigènes  estiment  le  nombre  de  ses  puits  à  plus  de  cinq  cents. 
Au  delà  de  Némé,  la  route  revient  vers  l'est,  et  atteint  Oualata  (2). 

11  est  intéressant  de  remarquer  que  la  nappe  d'eau  souterraine 
est  beaucoup  moins  profonde  dans  cette  région  nord-ouest  de 
Bassikounou  qu'à  l'est  de  cette  ville.  Tandis  que  le  puits  de  Bou- 

(1)  Titnbouctou,  Dr  Otkar  Lenz,  trad.  Le  Hautcourt,  vol.  II,  p.  901,  Hachette, 
4887. 

(2)  Voir  un  croquis  au  1/1,000,000*  de  cet  itinéraire  {Bulletin  du  Comité  ie 
V Afrique  françaite,  !•'  mars  189-J). 


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72  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

guendouch  a  76  mètres,  celui  de  Bousribé  63  mètres,  et  celui  de 
Tassel  Radir  61  mètres,  tous  les  puits  situés  au  nord-ouest  de 
Bassikounou  ont  une  profondeur  beaucoup  moins  grande  ;  Has  el 
Akmar  a  7  mètres,  et  le  puits  de  Lamlam  15  mètres;  les  autres 
puits  de  cette  même  région  varient  de  6  à  14  mètres. 

De  l'ensemble  de  ces  renseignements,  il  parait  résulter  que 
l'extension  du  Soudan  français  vers  le  nord  n'établirait  pas  notre 
influence  que  sur  des  sables,  ou  sur  un  désert  improductif  et 
stérile.  On  y  trouve  partout  de  l'eau;  la  région  n'est  qu'une  vaste 
brousse  de  gommiers  épais  et  touffus,  parcourue  par  de  nombreux 
troupeaux  de  chèvres  et  de  moutons  ;  enfin,  les  environs  des 
villes  produisent  du  mil  et  du  blé  en  abondance,  et  au  delà  des 
besoins  des  habitants.  Le  témoignage  du  Dr  Lens,  qui  avait  passé 
inaperçu,  est  corroboré  maintenant  par  celui  de  nos  officiers,  et 
nous  est  ainsi  un  sûr  garant  de  l'avenir  de  toute  cette  partie  du 
Sahara  occidental.  [P.  Vdillot. 

B«»»in  dm  Tchad.  —  M.  Pierre  Prins,  membre  de  la  mission 
Gentil,  adressait,  le  24  août  dernier,  à  l'un  de  ses  amis  une  lettre 
dont  nous  avons  eu  communication  et  qui  nous  permet  d'espérer 
que  le  gros  de  la  mission  a  poursuivi  avec  un  plein  succès  sa 
marche  vers  le  Tchad. 

M.  Prins,  resté  sur  le  Gribingui,  se  dirigeait  alors  sur  El-Kouti 
(Dar  Rouna)  porté  sur  les  cartes  par  8°  latitude  nord  et  18*  de 
longitude  est.  C'est  dans  cette  région,  on  s'en  souvient,  que 
Crampel  tomba  victime  de  son  dévouement  au  pays;  mais  les 
circonstances  se  sont  heureusement  modifiées  et  nous  devons 
souhaiter  que  M.  Prins,  dont  la  courageuse  détermination  vaut 
qu'on  la  signale,  puisse  rentrer  en  possession  des  carnets  de  notre 
•infortuné  collègue,  et  poursuivre  de  ce  côté  l'œuvre  que  son 
devancier  avait  rêvé  d'accomplir. 

c«nge  fr*ae«i».  —  M.  de  Béhagle  nous  écrivait  de  Brazzaville, 
le  16  décembre,  qu'il  pensait  être  en  mesure  de  commencer,  le 
mois  suivant,  la  mission  dont  il  est  chargé.  Secondé  par  M.  Tous- 
saint Mercuri,  qu'il  se  félicite  d'avoir  pour  collaborateur,  notre 
collègue  a  dû,  non  sans  peine,  réunir  ses  marchandises  et  ses  por- 
teurs. Le  temps  qu'il  a  passé  à  Loango  lui  a  permis  de  faire  d'in- 
téressantes recherches  sur  cet  ancien  royaume.  Nous  publions  plus 
loin,  sous  la  rubrique  :  Géographie  historique,  les  parties  sail- 
lantes d'une  étude  qu'il  consacre  à  ce  pays. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23.  FÉVRIER  1898.         73 


AMÉRIQUE 

L»  pl««  haate  Meatagae  de  l'Anérl«ae  da  Merd  (Legan, 
•riaaaa,  Saiat-fiite).  —  M.  E.  A.  Martel  adresse  la  note  sui- 
vante, à  propos  de  la  récente  ascension  du  Mont  Saint-Elie  (Alaska) 
par  S.  A.  R.  le  prince  Amédée  de  Savoie,  duc  des  Abruzzes  : 

c  En  réponse  à  la  demande  que  je  lui  ai  faite  sur  la  hauteur  réelle 
du  Mont  Logan  (à  30  ou  40  kilomètres  au  nord  du  Saint-Elie), 
M.  le  chevalier  Vittorio  Sella,  l'éminent  photographe  des  hautes 
régions  glacées,  m'écrit  à  la  date  du  10  janvier  1898  :  €  Le  mont 
Logan  est  évidemment  plus  élevé  que  le  Saint-Elie,  la  carte  du 
U.  S.  Coast  Survey  (re vision  1895),  donne  pour  le  Logan  la  hau- 
teur de  19,500  pieds  (5,943  mètres)  et  je  crois  que  cette  estimation 
est  assez  correcte.  » 

11  importe  d'insister  sur  l'intérêt  de  la  belle  exploration  du 
prince  italien  et  dé  ses  compagnons,  MM.  U.  Gagni,  F.  Gonella, 
Y. Sella  et  F.  de  Filippi,car  ces  intrépides  grimpeurs,  déjà  célèbres 
pour  leurs  escalades  alpestres  et  caucasiennes,  viennent,  au  point 
de  vue  géographique,  de  résoudre  la  question  de  savoir  quelle  est 
la  plus  haute  montagne  (actuellement  connue)  de  l'Amérique  du 
Nord. 

L'expédition  du  duc  des  Abruzzes  au  mont  Saint-Elie  a  duré  (non 
compris  le  voyage  d'aller  et  retour  jusqu'à  la  baie  de  Yakutat), 
cinquante  et  un  jours  (23  juin-12  août  1897)  dont  quarante  sur  la 
neige  et  la  glace,  c  L'ascension  du  Saint-Elie  est  facile  *,  dit  trop 
modestement  Phistoriographe  de  ce  haut  fait,  M.  F.  De  Filippi, 
dans  la  Rivista  3f ensile  du  club  alpin  italien  (novembre  1897, 
p.  409  à  442,  avec  carte  et  vues.  Voir  aussi  Revue  alpine  de  Lyon, 
février  1898).  «  En  aucun  point  de  la  longue  escalade  on  ne  se 
trouve  aux  prises  avec  de  vraies  difficultés  alpestres.  »  Sans  parler 
des  brouillards,  de  la  neige  fraîche  trop  abondante,  de  la  basse 
température  presque  toujours  inférieure  à  0°,  c  la  vraie  difficulté 
consiste  dans  la  préparation,  l'équipement  et  l'organisation  de 
l'expédition  »,  la  base  même  de  la  montagne  étant  séparée  de  la 
côte  par  100  kilomètres  de  glaciers. 

Le  sommet  fut  atteint  le  31  juillet  à  1 1  h.  3/4  du  matin  par 

— 12*  C.  et  sa  hauteur  barométrique  trouvée  égale  à 5,51 4  mètres. 

Le  bras  oriental  du  glacier  de  Malaspina  a  92  kilomètres  1/2  de 

longueur,  55  1/2  de  largeur  et  une  surface   approximative  de 

soc.  de  géogr.  —  c.  R.  des  séancbs.  —  H°  2.  —  Février.        6 


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1A  COMPTES  RENDUS  DE8  SÉANCES. 

4,600  kilomètres  carrés.  Une  moraine  frontale  de  150  kilomètres  de 
développement  et  de  13  kilomètres  de  largeur  le  sépare  de  la  baie 
de  Yakutat.  11  a  l'aspect  d'un  €  grand  lac  calme  »,  tandis  que  le 
glacier  de  Seward,  qui  lui  fait  suite,  c  est  une  vraie  mer  agitée  >. 
Ceux  d'Agassiz  et  de  Newton  possèdent  de  gigantesques  cascades 
de  séracs. 

Du  sommet  on  découvrit  un  nouveau  glacier  (au  nord),  aussi 
étendu  peut-être  que  le  Malaspina  et  que  le  prince  baptisa  du 
nom  de  Christophe  Colomb;  on  distingua  aussi  dans  l'ouest  à 
100  ou  150  milles  marins  (185  à  275  kilomètres)  de  distance  trois 
grands  massifs  neigeux,  rivalisant  de  hauteur  avec  le  Saint-Elie  et 
le  Logan. 

On  sait  que  cinq  expéditions  avaient  déjà  tenté  sans  succès  de 
gravir  le  Saint-Elie  :  Libbey,  Schwatka  et  Seton-Karr,  en  1886 
(arrêtés  à  2,290  mètres);  Topham,  Broke  et  Williams,  en  1888 
(arrêtés  à  3,500  mètres);  Russel  en  1890  (arrêté  au  pied  de  la  mon- 
tagne à  2,900  mètres)  et  en  1891  (arrêté  à  4,420  mètres)  ;  Bryant 
en  1897,  quelques  jours  avant  le  duc  des  Abruzzes. 

Voici  le  tableau  des  principales  altitudes  attribuées  jusqu'à 
présent  au  Saint-Elie  (v\  Petermanns  Mitteilungen,  1893,  p.  141 
et  222,  etc.)  : 

1786  (Lapérouso) 3.862  m. 

1792  (Malaspina) 5.440  m. 

1872  (Àdmiralty-Chart) 4.563  m. 

1874  (Dali) 5.943  m.       (19.500  pieds» 

1889  (Topham  et  Williams) 5.638  m. 

1890  (Elisée  Reclus) 5.822  m. 

1890  (Kerr) 4.680  m.  ' 

1891  (Russell) 5.517  m.tl)  (18.099  pieds 

à  100  pieds  près). 

1892  (Grath  et  Turner) 5.491  m.       (18.015  pieds) 

1897  (Duc  des  Abruzzes,  baromètre).     5.514  m. 

La  conformité  des  résultats  de  1891  et  1897  doit  les  faire  consi- 
dérer comme  aussi  définitifs  que  possible. 

Le  Saint-Elie  a  environ  5,515  mètres  de  hauteur. 

Il  est  donc  moins  élevé  que  l'Orizaba  (Mexique)  qui  mesure, 
selon  les  plus  récentes  observations,  5,549  mètres  (18,205  pieds) 
(Alpine  Journal,  février  1894,  p.   68,  et  août    1897,  p.  459), 


(1;  On  a  imprimé  partout  5,530  mètres,  parce  qu'on  calculait  le  pied  anirta»  à 
0  m.  305  au  lieu  de  0  m.  30V79,  ce  qui  a  produit  diverses  autres  divergences  de 
détail  dans  les  évaluations  de  l'altitude  du  mont. 


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SÉANCES  DES  4,   18  ET  23  FÉVRIER  1898.  75 

5,560  mètres  (Sapper)  ou  5,583  mètres  5  (18,316  pieds,  Sierra 
CM  Bulletin  de  San  Francisco,  7°  fascicule,  1895,  et  Pet.  Mitt., 
1893,  p.  143). 

Mais  le  Logan,  découvert,  avec  deux  ou  trois  autres  aussi  hauts, 
par  l'expédition  topographique  anglo-américaine  de  1893  (qui  a 
fiai  par  attribuer,  après  de  longues  controverses,  le  Saint- Elie  au 
territoire  canadien),  dépasse  actuellement  tous  les  sommets  connus 
de  l'Amérique  du  Nord  avec  ses  19,500,  19,514  ou  19,534  pieds 
(5,943  mètres,  5,948  mètres,  5,95i  mètres)  (1). 

C'est  ce  résultat  géographique  désormais  certain  que  le  duc  des 
Abruzzes,  M.  Sella,  etc.,  viennent  de  conûrmer  de  leurs  yeux  et 
du  sommet  du  Saint-Elie.  (Bibliographie  à  ajouter  à  l'article  Saint- 
Eub  du  Dictionnaire  de  géographie  de  Vivien  de  Saint-Martin  et 
Rousselet  :  Seton  Karr,  Shores  and  Alps  of  Alaska,  Londres, 
Sarapson  Low,  1 897  ; — Russell,  Expédition  to  Mount  Saint-Elias, 
National  géographie  Magazine,  Washington,  t.  111,  mai  1891, 
p.  53-200;  —  Broke,  With  Sack  and  Stock  in  Alaska,  Londres, 
Longmans,  1891,  in-12, 138  p.  et  2  cartes;  —  Russell,  Second 
Expédition  to  Mount  Saint-Elias,  M.  S.  Geol.  Surv.  13  th  Annual 
Report,  1891-1892,  p.  1  à  95,  Washington,  1894.) 

E.-A.  Martel. 

Changements  du  niveau  des  grands  lacs  américains.—  D'après 
les  travaux  de  M.  Gilbert,  les  lignes  de  rivage  des  lacs  d'Amérique 
auraient  été  l'objet  de  variations  dues  à  des  mouvements  de  sou- 
lèvement et  d'affaissement  du  sol.  Sur  une  distance  de  cent  milles 
dans  la  direction  S.  27°  W,  il  existerait  une  dénivellation  moyenne 
de  1  m.  05.  La  région  nord  serait  en  voie  d'émersion,  tandis 
que  la  partie  suoNouest  s'enfoncerait. 

Le  village  d'Ontario,  sur  le  lac  de  ce  nom,  se  trouve  progressive- 
ment submergé;  à  Hamilton,  l'élévation  est  de  18  centimètres 
par  siècle;  à  Toledo,  elle  est  de  25  centimètres.  La  ligne  isobase 
d'affaissement  traverse  le  lac  Huron,  et  ensuite  le  lac  Michigan, 
dans  sa  partie  médiane  ;  à  Georgian  Bay,  le  niveau  du  lac  a  baissé 
de  30  centimètres  par  siècle,  et  de  18  centimètres  à  Mackinau;  il 
s'est  élevé  de  la  môme  hauteur  à  Milwaukee  et  de  27  centimètres 
à  Chicago,  dont  le  sol,  exhaussé  par  les  remblais,  tend  pourtant 
à  s'affaisser. 

M.  Gilbert  conclut,  après  ces  oscillations  du  sol,  que  le  bassin 

(4)  V.  Petermanns  Mitt.,  décembre  1894,  p.  276;  Alpine  Journal,  novembre  180i, 
p.  276;  colonel  Lauss6dat,  C.  R.  Ac.  Sc.f  10  décembre  189*. 


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76  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

des  grands  lacs  d'Amérique  finira  par  se  vider  ;  du  reste  ce  ne  sera 
que  la  continuation  de  l'ensemble  des  mouvements  qui  se  pour- 
suivent depuis  la  fin  de  la  période  glaciaire. 

Dans  500  ans,  Chicago  sera  submergé  par  l'ancien  émissaire  des 
eaux  du  lac  Michigan,  qui  est  un  lac  glaciaire.  Dans  2,000  ans,  les 
lacs  Michigan,  Erié,  Huron,  s'échapperont  par  ce  même  émissaire, 
d'abord  du  côté  de  Chicago  et  de  l'autre,  par  une  trouée  à  l'est  de 
Buffalo.  Puis,  dans  une  période  subséquente,  toutes  les  eaux  des 
lacs  se  précipiteront  par  ces  voies  dans  l'Hlinois  et  le  Mississipi, 
pour  atteindre  le  golfe  du  Mexique. 

(National  Geogr.  Magazine,  VIII,  1897,  233.) 

Les  endiguements  du  Mississipi.  —  Depuis  plus  d'un  siècle  ce 
fleuve  a  été  l'objet  de  travaux  concernant  sa  navigabilité.  Bien 
que  les  digues  élevées  pour  protéger  les  pays  riverains  contre  les 
inondations  aient  transformé  le  fleuve,  sur  certains  points,  en  un 
canal  artificiel,  les  eaux  les  ont  rompues  à  plusieurs  reprises  et  ont 
ravagé  les  pays  environnants. 

Le  Weather  Bureau  dresse  tous  les  mois  les  états  du  régime  du 
fleuve,  notant  les  crues,  les  courants,  les  perturbations.  Ces  docu- 
ments sont  recueillis  pour  être  plus  tard  discutés;  des  cartes 
dressées  dans  ce  but  accusent  les  limites  des  inondations  pério- 
diques, les  désastres  provoqués  par  les  crues,  les  divagations  du 
fleuve,  etc. 

Les  ingénieurs  qui  entreprendront  ces  travaux  ne  sauraient 
oublier,  la  Monographie  du  Mississipi  d'Humpbrey  et  Abbot  (1861), 
ni  les  endiguements  si  remarquables  exécutés  dans  ces  derniers 
temps  par  l'ingénieur  Eads.  Ce  dernier  a  résolu  le  problème  d'as- 
surer définitivement  la  navigation  entre  le  bas  du  fleuve  et  la  mer. 

(Bulletin  mensuel  du  Weather  Bureau,  passim.)—  J.  Girard. 

Ai««k«.  —  Une  étude  sur  le  fleuve  Sushitna.  —  Le  travail  de 
M.  W.  A.  Dickey  sur  le  fleuve  Sushitna  appelle  l'attention  sur 
un  des  fleuves  côtiers  les  plus  importants  de  l'Alaska  méridional, 
fleuve  encore  presque  complètement  inconnu,  qui  aboutit  à 
l'océan  Pacifique  dans  le  fjord  de  Cook  (Cook  Inlet).  Pour  être 
courte,  cette  étude  n'en  est  pas  moins  substantielle,  et  constitue 
une  bonne  contribution  à  l'étude  de  la  partie  méridionale  de  l'an- 
cienne Amérique  russe  (I). 

(1)  W.  A.  Dickey  :  The  Sushitna  River,  Alaska  [Mat.  Geogr.  Maga%.r  norembre 
1897,  p.  332-327.  carte). 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.         77 

••■ii»i«»  e*a»4ien.  —  Renseignements  météorologiques 
sur  le  pays  du  Klondyke.  —  Tout  ce  qui  a  trait  au  pays  arrosé 
parle  Klondyke  est  d'actualité;  aussi  convient-il  de  signaler  ici 
les  intéressants  tableaux  météorologiques  que  M.  E.  W.  Nelson  a 
publiés  récemment  dans  le  National  Géographie  Magazine  (1) 
sur  cette  contrée.  Ces  tableaux,  dont  les  éléments  ont  été  naguère 
recueillis,  du  4  septembre  1880  au  23  mai  1881,  par  M.  L.  N. 
Mac  Questen,  fournissent  de  précieuses  indications  sur  le  climat 
hivernal  du  fort  Reliance,  situé  sur  le  haut  Yukon,  dans  le  Domi- 
nion canadien,  à  peu  de  distance  en  aval  du  confluent  du  Klon- 
dyke avec  ce  fleuve,  —  c'est-à-dire  près  de  l'endroit  où  s'élève 
aujourd'hui  Dawson  City,  —  et  font  connaître  la  plupart  des  con- 
ditions météorologiques  fort  rudes  d'une  contrée  dont  la  richesse 
extraordinaire  n'a  été  révélée  que  tout  récemment. 

Mexique.  —  Etudes  orographiques  sur  le  Mexique.  —  Le 
Mexique  est  encore  un  pays  assex  mal  étudié.  M.  Herbert  M. 
Wilson,  en  publiant,  l'an  dernier,  une  intéressante  carte  hypso- 
métrique  de  ce  pays  et  en  en  rédigeant  un  commentaire  (2)  où  il 
débute  par  indiquer  que  l'étude  de  la  topographie  du  Mexique  est 
celle  des  deux  chaînes  de  la  Sierra  Madré,  montrait  comment  la 
Sierra  Madré  de  l'ouest  est  peut-être  la  partie  encore  la  moins 
connue  du  continent  américain  du  Nord;  c'en  est,  disait-il,  la 
grande  terra  incognita  au  point  de  vue  topographique  (3).  Il  y  a 
donc  là  un  vaste  champ  d'explorations  et  de  découvertes  encore 
en  friche. 

A  quels  résultats  est  arrivé  à  cet  égard  le  Dr  Cari  Lumholtz 
dans  sa  dernière  exploration  ?  Il  est  impossible  de  le  dire,  ce 
voyageur  n'ayant  pas  encore  fait  connaître  les  découvertes  accom- 
plies par  lui  au  cours  de  ses  récentes  explorations  sur  le  territoire 
mexicain  (4).  Quant  au  Dr  Olivier  Farrington,  du  Field  Columbian 
Muséum,  il  a  fait  en  1896  de  précieuses  observations  sur  le  Popo- 
catepetl  et  rixtaccihuatl,  les  points  culminants  de  la  Sierra  Ne- 
vada de  Ahualco,  situés  de  35  à  50  milles  à  l'est  de  Mexico.  Ce 


(1)  A  Wiuter  Weather  Record  from  the  Klondyke  Région  (Nat.  Geogr.  Magax., 
■orembrelW7,  p.  327-335). 

(*)  Topography  of  Mexico  {Bulletin  ofthe  Amer.  Geogr.  Soc.,  1897,  n*3,  p.  249- 
960,  carto). 

(3)  «.,  ibid.,  p.  253. 

(4)  Le  Dr  Lumholtz  a  public  il  y  a  quelques  mois  un  intéressant  article  sur  la 
trépanation  au  Mexique  (Cari  Lumholtz  et  Aie!  Herdlicka  :  Trephining  in  Mexico, 
d"s  l' American  Anthropologie! ,  décembre  1807,  p.  389-396,  pi.). 


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78  COMPTES  RENDUS  DB8  SÉANCES. 

voyageur  n'y  a  pas  trouvé  de  glaciers,  si  ce  n'est  sur  le  versant 
nord-ouest  de  rixtaçcihuatl  ;  là  se  trouve  le  glacier  Porfirio  Diaz 
de  Heilprin,  qui  fut  naguère  plus  considérable,  mais  qui  n'a 
jamais  été,  comme  l'a  cru  Packard,  une  mer  de  glace  s'étendant 
jusqu'aux  lacs  qui  couvraient  à  la  même  époque  le  plateau 
d'Anahuac  (1). 

Brésil.  —  Le  voyage  du  major  Orton  Kerbey  sur  V Ama- 
zone. —  Dans  l'Amérique  du  Sud,  il  convient,  après  le  Geogra- 
phical  Journal  (2),  de  signaler  le  voyage  exécuté  des  sources  à 
l'embouchure  du  fleuve  des  Amazones  par  le  major  Orton  Kerbey, 
non  pas  tant  à  cause  de  ses  résultats  scientifiques  que  pour  ses 
résultats  économiques.  M.  Kerbey,  parti  de  Cuzco  à  la  re- 
cherche de  territoires  encore  inconnus,  propres  i  l'exploitation 
de  la  gomme  élastique  et  du  caoutchouc,  arriva  par  rUrubamba 
et  l'Ucayali  jusqu'au  confluent  de  cette  dernière  rivière  avec  le 
Maranon.  Il  estime  être  le  premier  blanc  qui  ait  exécuté  tout  ce 
trajet  en  suivant  le  cours  des  rivières  et  sans  l'assistance  des 
Indiens.  Aux  rapides  dits  Pongo  de  Mainique,  le  major  Kerbey 
perdit  ses  canots  et  ses  bagages,  et  les  difficultés  s'accrurent;  il 
n'en  continua  pas  moins  son  voyage  jusqu'au  Para.  Pour  lui 
comme  pour  La  Condamine,  la  véritable  branche  mère  de  l'Ama- 
zone est  l'Ucayali  et  non  le  Maranon,  et  la  source  de  lTrubamba 
serait  de  1,000  milles  plus  éloignée  du  confluent  que  celle  du 
Maranon  lui-même.  Au  point  de  vue  économique,  M.  Kerbey  a 
découvert  une  splendide  contrée  propre  à  la  culture  du  caoutchouc 
et  d'autres  produits  tropicaux. 

Recherches  du  Dr  Friedrich  Katzer.— Dans  l'ouest  de  l'État  du 
Para,  le  Dr  Friedrich  Katzer  a  exécuté  d'intéressantes  recherches 
géologiques  et  géographiques  sur  les  territoires  de  San  ta  rem  et 
d'Obi  dos  (3).  Nous  reviendrons  plus  tard  sur  ces  recherches,  comme 
sur  celles  de  M.  Coudreau  sur  le  Xingu. 

«•îivie.  —  Les  études  du  colonel  Pando  sur  les  rivières  boli- 
viennes.—  Un  des  derniers  Comptes  Rendus  a  indiqué  quel  itiné- 
raire se  proposait  de  suivre  le  colonel  Pando  dans  son  exploration 
du  territoire  contesté  entre  la  Bolivie  et  le  Pérou,  qu'arrosent 

(1)  Scott.  Geogr.  Mac.,  janvier  1898,  p.  41-43. 

(8)  Geogr.  Journal,  janvier  1898,  p.  72. 

(S)  Petermannt  MitleiL,  1897,  n°  10,  p.  247. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.  79 

les  affluents  supérieurs  du  Rio  Madré  de  Dios  (1).  De  récentes 
nouvelles  de  La  Paz  annoncent  que  le  colonel  Pando  n'a  pas  pu 
mettre  son  projet  à  exécution;  le  pays  compris  entre  le  Madré 
de  Dios  au  nord,  l'inambary  a  l'ouest  et  la  Cordillère  d'Apolo- 
bamba  au  sud,  est  en  effet  habité  par  des  sauvages  belliqueux 
qui  se  sont  opposés  au  passage  de  l'explorateur,  en  sorte  que 
celui-ci  a  dû  ^  après  avoir  perdu  3  hommes,  tués  par  les  flèches 
des  sauvages,  —  renoncer  temporairement  à  sou  itinéraire  et 
regagner  avec  quelques  blessés  le  village  d'Ixiamas  ou  Isiamas. 
M.  Pando  est  donc  revenu  dans  l'est,  vers  un  pays  depuis  long- 
temps parcouru,  au  lieu  d'avancer  à  l'ouest, suivant  son  programme. 

Ixiamas,  poste  avancé  de  missionnaires,  qui  fut  déjà  la  base 
d'opérations  de  l'explorateur  dans  ses  précédents  voyages,  va  lui 
en  servir  cette  fois  encore  ;  c'est  de  là,  en  effet,  que  M.  Pando  par- 
tira pour  gagner  le  Rio  Béni,  puis  pour  s'embarquer  sur  ce  fleuve, 
pénétrer  dans  le  Madré  de  Dios,  qu'il  connaît  déjà  partiellement, 
et  remonter  ce  cours  d'eau  jusqu'au  confluent  du  véritable  Inam*- 
bary. 

Ce  voyage,  relativement  facile,  qui  présente  son  intérêt  au  point 
de  vue  géographique  (le  haut  Madré  de  Dios,  en  effet,  n'a  pas 
encore  été  scientifiquement  étudié),  n'offrira  guère  d'intérêt  au 
point  de  vue  politique;  ce  qui,  à  cet  égard,  serait  important,  ce 
serait  de  gagner  l'inambary  en  traversant  le  territoire  contesté 
entre  la  Bolivie  et  le  Pérou,  d  arriver  à  l'improviste  en  un  point 
que  personne  n'aurait  pu  soupçonner  d'avance,  et  de  constituer 
ainsi  un  titre  sérieux  à  la  possession  de  la  contrée.  C'est  ce  que 
le  colonel  Pando  n'est  pas  encore  parvenu  à  effectuer  (2). 

p«ta*Mi«.  —  Le  voyage  du  Dr  Nordenskjôld.  —  Plusieurs 
voyageurs  de  différentes  nationalités  ont  récemment  exploré  d'une 
manière  scientifique  la  Patagonie.  M.  le  comte  Henry  de  la  Vaulx 
a  (ait  connaître  ici  même  les  résultats  de  son  fructueux  voyage 
dans  ce  pays  (3);  ailleurs  ont  été  publiés  différents  comptes 
rendus  des  expéditions  du  Dr  Otto  Nordenskjôld,  neveu  de  l'illustre 
explorateur  (4). 

(1)  Cf.  les  C.  R.  des  séances,  18i>7,  n<»  18-19-20,  p.  430  et  «. 

(i)  D'après  une  communication  manuscrite  de  La  Paz. 

(I)  Cf.  les  C.  /?.  des  séances,  «807,  n<*  16-17,  p.  377-379. 

(4)  L'expédition  suédoise  à  la  Terre  de  Feu,  1895-1897  {A nn.  de  Géogr.f  15  juillet 
1897,  p.  347-356)  ;  A  Journey  in  South-Westem  Patagonia  (Geogr.  Journ.,  octobre 
1897,  p.  401-410,  carte);  Algunos  datos  sobre  la  parte  austral  del  continente  sud- 
êmericano  (Actes  Soc.  scient,  du  Chili,  1897,  2«  et3«  Hvr.,  p.  157-168). 


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80  COMPTB8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

M.  Nordenskjôld  a  visité  dans  le  sud  de  la  Patagouie  différents 
pays  encore  inconnus,  et  a  recueilli  d'intéressantes  données  sur  la 
géographie  physique  de  la  contrée.  Dans  la  partie  qu'il  a  parcou- 
rue du  territoire  contesté  entre  le  Chili  et  la  République  Argen- 
tine, il  a  constaté  que  la  ligne  de  partage  des  eaux  se  trouvait  sans 
aucun  doute  à  Test  de  la  Cordillère  centrale.  11  a  fait  ressortir 
avec  une  grande  précision  le  contraste  frappant  qui  existe  dans  les 
pays  parcourus,  et  à  la  Terre  de  Feu  plus  encore  qu'en  Patagonie, 
entre  les  deux  versants  de  l'Océan  Atlantique  et  de  l'Océan  Paci- 
fique. A  l'ouest,  ce  sont  des  masses  de  roches  basaltiques  et  des 
cônes  de  lave;  c'est  la  haute  Cordillère  avec  ses  schistes  métamor- 
phiques! avec  ses  neiges.  —  Dans  les  vallés  de  Test,  de  grands 
champs  de  glace  recouvrent  le  sol  ;  un  vaste  plateau  aride,  de  l'é- 
poque tertiaire  ou  récente,  s'incline  vers  l'Atlantique.  —  11  suffit, 
dans  la  partie  de  la  Patagonie  contestée  entre  le  Chili  et  la  Répu- 
blique Argentine,  de  parcourir  un  intervalle  de  50  milles  pour  se 
rendre  compte  de  ces  deux  aspects  si  différents  ;  cet  intervalle,  la 
zone  de  transition,  est  constitué  par  des  montagnes  parfois  presque 
aussi  élevées  que  les  plus  hauts  pics  de  la  Cordillère.  Ces  mon- 
tagnes, composées,  soit  de  schistes  récents,  soit  de  roches  tertiaires 
éruptives  ou  sédimentaires,  sont,  au  point  de  vue  topographique, 
la  continuation  directe  de  la  grande  chaîne  elle-même.  Elles  sont 
séparées  les  unes  des  autres  par  des  vallées  qui  forment  parfois 
des  terres  basses  assez  étendues,  et  qui  sont  arrosées  par  des  ri- 
vières se  dirigeant  le  plus  souvent  vers  le  Pacifique. 

Tel  est  le  trait  géographique  dont  les  descriptions  de  M.  Nor- 
denskjôld fait  ressortir  toute  l'importance.  La  science  doit  encore 
au  consciencieux  voyageur  des  observations  précises  et  des  recti- 
fications intéressantes  sur  le  sud-ouest  de  la  Patagonie  et  sur  cette 
Terre  de  Feu,  qu'avaient  naguère  étudiée  avec  le  plus  grand  soin, 
pendant  leur  séjour  dans  l'Archipel  magellanique,  les  officiers 
français  de  la  Romanche,  à  l'œuvre  desquels  l'explorateur  suédois 
a  rendu  un  hommage  flatteur  et  mérité. 

Travenée  de  la  Patagonie  par  le  &  Dusén.  —  Sous  la  direc- 
tion du]Dr  Nordenskjôld,  qui  s'occupe  surtout  de  géologie,  deux  Sué- 
dois, le  Dr  Ohlin,  zoologiste,  et  le  Dr  Dusén,  botaniste,  ont  étudié 
les  contrées  méridionales  de  l'Amérique  du  Sud.  Après  le  départ 
de  son  chef,  le  Dr  P.  Dusén  a,  comme  on  l'a  déjà  dit  précédem- 
ment (1),  continué  ses  investigations.  Il  a  étudié,  au  triple  point  de 

(i)  V.  les  C.  R.  det  séant*,  IWI,  n°  15,  p. 325. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.         81 

▼ne  de  la  géologie,  de  la  faune  et  de  la  flore,  les  îles  Chonos  et 
Guaytecas  et  a  fait  porter  particulièrement  ses  recherches  sur  l'ex- 
tension de  la  période  glaciaire  de  ces  deux  archipels;  puis  il  a  ga- 
gné Puerto  Montt,  d'où  il  a  traversé,  d'ouest  en  est,  le  continent 
américain  avec  l'Allemand  Karl  Wiederholt  et  un  autre  compa- 
gnon. Après  avoir  franchi  la  Cordillère  et  atteint  le  lac  Nahuel 
Huapi,  il  s'est  embarqué  sur  le  Hio  Limay  et  a  descendu  cette  ri- 
vière jusqu'à  son  confluent  avec  le  Rio  Negro,  puis  le  Rio  Negro 
jusgu'à  l'Atlantique.  Le  voyage  qu'a  ainsi  exécuté  le  Dr  Dusén  n'é- 
tait pas  sans  présenter  quelque  danger,  au  moins  jusqu'au  con- 
fluent du  Collon  Cura  (et  surtout  au  confluent  du  Traful)  à  cause 
des  rapides  dont  le  cours  du  Rio  Limay  est  encombré  (1). 

Explorations  de  M.  J.  B.  Hat  cher.  —  Un  voyageur  américain, 
M.  J.  B.  Hatcher,  a  été  envoyé  en  Patagonie  au  début  de  l'année 
1896  par  la  Princeton  University  pour  recueillir  sur  place  des  col- 
lections de  fossiles  et  d'animaux  vivants,  ainsi  que  pour  réunir  des 
documents  photographiques  et  autres  relatifs  aux  aborigènes  du 
pays.  Avec  l'aide  de  M.  0.  A.  Peterson,  M.  Hatcher  a  pu  remplir 
complètement  sa  mission,  qui  a  porté,  comme  celle  du  Dr  0.  Nor- 
deuskjôld,  principalement  sur  la  partie  méridionale  de  la  Patagonie. 

C'est  de  Gallegos,  chef-lieu  de  la  province  de  Santa-Cruz,  peu- 
plé de  1,600  habitants,  que  M.  Hatcher  a  d'abord  gagné  la  capi- 
tale du  territoire  chilien  de  Magellan,  Punta-Arenas;  c'est  de  Gal- 
legos qu'il  s'est  ensuite  lancé  à  travers  la  Patagonie,  a  gagné  le 
Rio  Santa-Cruz  et  le  lac  Argentin  a,  qui  en  est  la  source,  et  a  at- 
teint le  pied  même  de  la  Cordillère.  En  longeant  la  base  des  mon- 
tagnes dans  la  direction  du  nord,  M.  Hatcher  a  fait  des  découvertes 
géographiques  intéressantes  :  il  a  trouvé,  entre  autres,  une  rivière 
aussi  importante  que  le  Santa-Cruz,  née' dans  les  pampas  à  l'est  de 
la  Cordillère  et  s'engageant  ensuite  à  l'ouest  dans  une  gorge  pro- 
fonde pour  aller  indubitablement  se  jeter  dans  le  Pacifique  :  c'est 
le  Rio  Mayer  (2).  Une  troisième  expédition  a  conduit  M.  Hatcher 
de  Gallegos  jusqu'au  détroit  de  Magellan  et  sur  les  cèles  de  la  Terre 
de  Feu,  dont  le  voyageur  a  exécuté  le  périple;  pour  ne  pas  être 
aussi  profitable  que  la  précédente  au  point  de  vue  géographique, 
cette  excursion  a  été  très  fructueuse  pour  la  géologie,  la  paléonto- 
logie, l'histoire  naturelle  et  l'ethnologie  du  pays. 

(1)  Petermann*  MxtUilungen,  4897,  n*  12,  p.  296. 

(2)  Uy  a  là  une  indication  à  rapprocher  de  celles  qu'a  fournios  le  Dr  Nordens- 
kjàld. 


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82  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Les  collections  rapportées  par  M.  lia  (cher  sont  intéressantes  et 
quelques-unes  des  remarques  qu'il  a  faites  méritent  d'être  briève- 
ment signalées  ici.  La  terre  végétale  est  rare  dans  ce  pays;  la  flore 
est  pauvre  au  point  de  vue  des  individus  comme  au  point  de  vue 
des  espèces  et  dérive  évidemment  dans  les  pampas  de  la  flore  de  la 
Cordillère;  des  lacs  salins  parsèment  la  pampa.  On  doit  en  con- 
clure que  la  pampa  patagonienne  n'a  que  récemment  émergé  du 
sein  de  l'Océan.  Quant  à  l'histoire  de  cette  surrection,  elle  est  com- 
plexe; il  convient  d'attendre  pour  y  revenir  que  M.  Hatcher,  —  re- 
parti d'ailleurs  pour  Punta-Arenas,  —  ait  publié  à  ce  sujet  un  tra- 
vail développé. 

Henri  Froidevaux. 


in.  —  GÉOGRAPHIE  HISTORIQUE 


Le  itytiMe  de  Loange.  —  Lorsqu'on  jette  un  coup  d'oeil 
sur  la  carte  d'Afrique,  on  demeure  frappé  du  grand  nombre  de 
noms  de  lieux  ou  de  provinces  qui,  du  Zambèze  au  Sahara,  de 
l'Océan  au  goife  de  Guinée,  renferment  le  radical  N'ga. 

On  est  porté  à  rattacher  au  même  groupe  les  populations 
autochtones  des  pays  ainsi  désignés.  Rares  d'abord  •  sur  le  Zam- 
bèze, ces  désignations  vont  en  se  multipliant  dans  les  directions 
sud-est  et  nord-ouest.  Dans  les  régions  équatoriales,  elles  sont 
plus  nombreuses  ;  elles  le  deviennent  moins,  à  mesure  qu'on  s'éloigne 
de  l'équateur  vers  le  nord.  C'est  que  les  populations  de  langue 
bantoue  ont  été  refoulées  par  deux  courants  d'émigration  de  popu- 
lations étrangères.  La  raison  en  est  dans  ce  fait  :  l'un  part  de  la 
pointe  sud-est  du  continent  et  se  dirige  vers  le  nord-ouest;  l'autre 
va  du  nord-est  vers  le  sud-ouest. 

Le  souvenir  des  exodes  divers  qui  ont  aggloméré  vers  l'Afrique 
équatoriale  les  divers  groupes  de  la  famille  bantoue  est  encore 
très  vivace.  C'est  ainsi  que  j'ai  recueilli,  parmi  les  populations 
n'dries  qui  habitent  entre  l'Oubangui  et  le  Chari,  une  tradition 
d'après  laquelle  l'ancienne  patrie  de  cette  tribu  se  trouvait  sur  le 
Nil  moyen,  et  cette  tradition  me  semble  justifiée  non  seulement 
par  la  ressemblance  remarquable  du  type  n'dry  avec  certaines 

(1)  V.  dans  le  National  Geogr.  Magazine  de  novembre  1897  les  articles  de  M.  J. 
B.  Hatcher  :  Patagonia,  et  de  M.  Mac  Gee  sur  l'œuvre  de  M.  Harper  en  Patagonie 
(p.  805-319  et  310-3*2). 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.         83 

figures  des  bas-reliefs  égyptiens,  mais  encore  par  l'usage  d'armes 
et  de  différents  objets  dont  on  voit  les  reproductions  sur  les  mo- 
numents de  la  vieille  Egypte. 

Le  plus  remarquable  de  tous  est  certainement  le  psalterium, 
ce  violon  à  manche  perpendiculaire  à  la  caisse  d'harmonie  qui  fut 
en  usage  jusqu'en  Grèce. 

La  tribu  n'dry,  qui  a  fondé  le  grand  établissement  de  Ngaoun- 
dère,  la  ville  forte  des  N'drys  au  sud  de  l'Adamaoua,  continue  en- 
core aujourd'hui  son  exode,  et  descend  le  long  de  la  Sanaga  (ou 
Zannaga),  à  travers  le  Cameroun,  jusqu'aux  rives  de  l'Océan. 

Je  cite  cet  exemple  d'émigration  uniquement  parce  qu'il  m'a 
été  donné  de  l'étudier  plus  particulièrement,  mais  beaucoup 
d'autres  ont  certainement  eu  lieu  dans  le  même  sens. 

Les  Fiotes  du  royaume  de  Loango  conservent  si  parfaitement  le 
souvenir  d'une  émigration  semblable  qu'il  n'est  pas  rare,  lors- 
qu'on a  gagné  leur  confiance,  de  leur  entendre  débiter  le  nom  des 
étapes  parcourues  par  leur  tribu  pour  venir  d'une  région  fort 
lointaine,  située  dans  le  sud-est,  jusqu'au  royaume  de  Loango. 
Quoiqu'ils  mêlent  à  ce  récit  des  légendes,  l'indication  de  l'origine 
demeure  positive  :  les  Fiotes  sont  venus  du  sud-est,  en  faisant  balte 
dans  la  région  de  San  Salvador. 

Le  royaume  de  Loango  fut  autrefois  florissant,  divisé  en  sept 
royaumes  fédéralisés  autour  d'un  État  central  où  résidait  le  roi  des 
rois.  L'arrivée  des  blancs  a  jeté  la  désorganisation  dans  ce  milieu. 
Chaque  chef  de  village  s'est  créé  une  indépendance  dans  laquelle 
il  conserve  pourtant  un  tel  souvenir  du  passé  que  les  dignités  des 
anciens  royaumes  ont  encore  leurs  titulaires  jouissant  d'un  cer- 
tain prestige. 

Là-bas,  dans  le  San  Salvador,  régnait  le  grand  Foumou-Congo. 
11  avait  deux  fils  :  Ca-Congo  et  Ma-Loango,  qui  entreprirent  d'as- 
sujettir et  de  gouverner  les  provinces  situées  au  nord  du  Congo. 

Ca-Congo  fonda  le  premier  son  royaume  au  centre  duquel  la 
province,  où  il  résidait,  prit  son  nom.  Elle  était  entourée  de  sept 
antres  provinces  comme  de  sentinelles  vigilantes  :  Cansa,  Mous- 
sourongo,  Bondi,  Nketchi,  Chindindi,  Mbacca,  N'goïo. 

11  aida  ensuite  son  frère  à  la  conquête  de  son  royaume  qui  fut 
également  composé  d'une  province  centrale,  laquelle  portait  le 
nom  de  Loango,  entourée  au  sud  par  les  provinces  N'cotchi,  Chi- 
loango  et  Chieambo,  à  l'est  par  celles  de  Mboucou  et  N'dingui,  au 
nord  par  celles  de  Chilunga  et  Chilango. 

La  centralisation  de  ces  royaumes  était  extrêmement  forte. 


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84  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Au-dessous  du  roi,  de  grands  dignitaires  exerçaient  l'autorité. 

Les  sept  provinces  de  chaque  royaume  étaient  gouvernées  par 
les  Nfeckli-Foumou.  Elles  avaient  une  cour  semblable  à  celle  du 
royaume  central  et  une  organisation  identique. 

Les  grandes  affaires  publiques  se  traitaient  en  assemblée. 

Quand  le  rôi  mourait,  les  assemblées  provinciales  désignaient 
celui  qui  leur  paraissait  devoir  lui  succéder.  Les  Nfeckli  -Foumou 
s'assemblaient  ensuite  et  produisaient  le  vœu  de  leur  pro  vince. 
De  la  discussion  de  ces  vœux  sortait  la  nomination  du  nouveau  roi» 
qui  recevait  seulement  le  titre  et  les  attributs  deNga-Nga-M'voura- 
bou  jusqu'aux  funérailles  définitives  de  son  prédécesseur. 

Un  an,  quelquefois  davantage,  s'écoulait  depuis  la  mort  du  roi 
jusqu'au  moment  où  son  corps  était  brûlé  avoc  un  grand  amon- 
cellement de  richesses  et  un  grand  débordement  de  ripailles. 

Alors  seulement  le  Mam-boma  portait  le  c  chapeau  >  au  Nga- 
Nga-M'voumbou  qui  prenait  définitivement  le  titre  et  le  pouvoir  de 
Manifoumou. 

Quand  le  roi  Ma-Loango-Mpouati  mourut,  les  assemblées  pro- 
vinciales choisirent  son  successeur  dans  les  familles  de  Maniprati 
et  de  Condi. 

L'assemblée  des  princes,  longtem  ps  travaillée  par  les  deux  familles 
désignées,  n'arrêta  qu'après  de  longs  palabres  son  choix  sur  celle 
de  Maniprati.  L'élu,  appelé  Mani-Macosso,  devint  Nga-Nga-M'voum- 
bou;  il  devait  à  ce  titre  gouverner  le  pays  jusqu'à  la  crémation  de 
Ma-Loango-Mpouati.  Mais  à  ce  moment  la  région  était  l'objet  de 
toutes  sortes  de  convoitises  européennes.  Des  missions  belges  et 
des  missions  françaises  pénétrèrent  le  pays,  fondèrent  des  postes 
d'occupation  militaire,  prétendirent  assurer  à  chaque  chef,  sous  la 
protection  de  leurs  pavillons,  son  indépendance  particulière.  Pen- 
dant que  les  Belges  traitaient  avec  Mani-Macosso,  les  Français 
reconnaissaient  Condi-Mani-Macosso,  son  rival,  et  lui  donnaient  le 
nom  de  Ma-Loango. 

Ce  choix  ne  fut  point  ratifié  par  les  provinces,  et  les  Belges  ayant 
cédé  leurs  stations  à  la  France,  chaque  Nfeckli-Foumou  se  déclara 
indépendant. 

Les  Français,  ayant  cru  gagner  à  cet  état  d'anarchie,  n'essayèrent 
pas  de  rétablira  leur  profit  l'ancienne  centralisation. 

Les  indigènes  croient  qu'il  n'y  a  rien  de  changé. 

Pour  étendre  et  fortifier  notre  influence,  il  faudrait  avoir  en 
main  une  autorité  indigène,  et,  dans  ce  but,  provoquer  la  réunion 
des  assemblées  de  province,  puis  du  congrès  des  princes,  faire 


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SÉANCES  DBS  4,   10   ET  23   FÉVRIER  1898.  P5 

nommer  un  Nga-Nga-M'voumbou  et  brûler  le  Ma-Loango-Mpouati 
dont  le  cadavre  momifié  attend  une  sépulture. 

Ferdinand  de  Béhagle. 


IV.  —  GÉOGRAPHIE  MATHÉMATIQUE 


Longitude  fiin-sàiah.  —  Pour  la  première  fois,  dans  une 
lettre  datée  d'Hassi  El-Hadj-Moussa,  du  5  décembre  1893,  et  adres- 
sée à  la  Société  de  Géographie  (1);  en  second  Heu,  dans  mon  rap- 
port de  mission  de  1893-1894  (2),  et  à  la  suite  de  mon  cheminement 
à  la  boussole  entre  Hassi  El-Hadj-Moussa  et  Hassi  El-Mongar,  à 
l'entrée  du  Tidikelt,  je  signalais  ce  fait  important  :  que  la  longi- 
tude jusqu'ici  admise  pour  le  gisement  d'In-Sâlah  était  erronée  et 
que  tout  me  portait  à  croire  qu'il  y  avait  Heu  de  rejeter  ce  point 
de  beaucoup  dans  l'est. 

On  admettait  généralement  pour  In-Sâlah  une  longitude  occi- 
dentale en  arc  qui,  pour  les  diverses  cartes,  a  varié  de  0°  5' 
ouest  à  0°  29'  ouest  de  Paris  (3),  tandis  que  celle  que  j'étais  moi- 
même  amené  à  déduire,  par  le  graphique  de  ma  marche  sur  Hassi- 
El-Mongar,  était  au  contraire  une  longitude  orientale  voisine  de 
0*  23'  est  de  Paris  ;  d'où  une  différence  oscillant  entre  28'  et  52' 
d'arc,  relativement  aux  deux  précédents  chiffres  sus-indiqués. 

La  position  d'In-Sâlah  n'a  d'ailleurs  jamais  été  fixée  de  façon 
bien  nette,  et  Hassenstein  a  pu  dire  justement  :  c  II  régne  à  ce 
sujet  une  confusion  inexplicable  (4).  > 

On  en  est  réduit  à  se  demander  sur  quels  renseignements  les 
commentateurs  de  Laing  ont  bien  pu  s'appuyer  pour  conclure  une 
longitude  pour  In-Sâlah  sur  des  travaux  émanant  de  Laing,  puis- 
que jamais  les  papiers  relatifs  au  journal  de  route  de  ce  voyageur, 
postérieurs  à  son  séjour  à  In- Sala  h,  n'ont  été  retrouvés  ou  publiés. 

On  lit  en  effet  dans  la  Quarterly  review  ces  lignes  :  c...  Nous 
ne  doutons  que  fort  peu  que  les  documents  précieux  du  major 


(1)  Compta  rendus  de  la  Société  de  Géographie,  n°  1,  janvier  4894,  p.  12. 

(2)  F.  Foureau,  Rapport  mut  ma  mituon  au  Sahara  et  che%  let  Touareg  Azijer, 
octobre  1893-mars  1894,  p.  36-37. 

(3)  Cette  dernière  longitude  de  O0^  0.  de  Paris  étant  celle  adoptée  par  MM.  H. 
Dwreyrier  et  R.  de  Laonoy  de  Bissy. 

(4)  Hassenstein,  Memoir  %ur  Karte  von  G.  Rohlfi'  Reise  durch  die  Oaten  von 
Tuât  uni  Tidikelt,  18C4  (Potermann'i  Mittheilungen,  1866,  p.  54-56). 


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86  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Laing  n'aient  été  détraits,  ou  s'ils  existent  encore,  qu'ils  ne  ver- 
ront  jamais  le  jour...  (1).  > 

1°  D'après  un  rapport  relatif  au  voyage  du  major  Laing,  paru . 
dans  la  môme  revue  (2),  la  longitude  d'In-Salâh  serait  de  2°  15'  est 
de  Greenwich,  soit  0*  5'  ouest  de  Paris  [en  chiffres  exacts  ce  serait 
0°5'14''  ouest  de  Paris,  mais  je  néglige  les  secondes]. 

2°  D'après  M.  Jomard,  sur  des  renseignements  fournis  par  le 
capitaine  Sabine,  Laing  aurait  trouvé  comme  longitude  d'in- 
Sâlah  1*  51'  est  de  Greenwich,  soit  0°  29'  ouest  de  Paris.  M.  Jo- 
mard écrit  à  ce  sujet  :  c  ...  C'est  pour  la  première  fois  que  cette 
observation  est  publiée;  je  la  dois  à  mon  savant  ami  M.  le  capi- 
taine Sabine;  lui-même  était  lié  (fane  affection  intime  avec  Tin- 
fortuné  voyageur,  qui  la  lui  transmit  après  une  première  attaque 
essuyée  au  sortir  de  l'oasis.  Ce  n'est  pas  à  Aqably  que  le  major 
Laing  a  observé,  mais  à  Aîn  Sàlah...  (3)  >. 

J'ai  cherché  à  savoir  de  quelle  nature  étaient  les  renseignements 
qui  ont  permis  au  capitaine  Sabine  de  transmettre  à  M.  Jomard 
les  résultats  dont  il  est  question.  Est-ce  le  caleul  direct  fait  par 
Laing  et  envoyé,  par  lettre  particulière,  au  capitaine  Sabine?  Est-ce 
le  chiffre  brut  ou  bien  a-t-il  subi  des  corrections?  Quelle  rela- 
tion y  a-t-il  entre  ce  chiffre  et  celui  donné  par  la  Quarterly  review  ? 
(t.  XXXVlH,p.  102).  L'un  est-il  la  correction  de  l'autre  et  quel  est 
celui  qui  a  subi  les  corrections?  C'est  là  ce  qui  serait  important  à 
connaître  et  que  pourtant  on  demeure  impuissant  à  débrouiller. 

Je  n'ai  malheureusement  pas  pu  réussir  à  résoudre  ce  problème  : 
une  réponse  fort  aimable  de  l'honorable  président  actuel  de  la 
Société  de  Géographie  de  Londres,  M.  Cléments  R.  Markham, 
auquel  j'avais  demandé  des  renseignements,  me  dit  :  c  ...Le  gé- 
néral Sir  Edward  Sabine  est  mort  en  1883  à  l'âge  de  95  ans;  sa 
femme  est  morte  avant  lui  et  ils  n'ont  pas  laissé  d'enfants,  de  plus 
je  ne  connais  personne  à  qui  je  pourrais  m'adresser  pour  avoir 
des  renseignements  au  sujet  de  ses  papiers.  11  serait  très  désirable 
de  trouver  des  notes  donnant  les  informations  dont  vous  avez  be- 
soin et  d'après  lesquelles  le  général  Sabine  a  pu  fournir  des 
détails  à  M.  Jomard  ;  mais  je  crains  fort  que  ces  notes  n'existent 
pas.  Je  ne  connais  aucun  travail  du  général  Sabine  sur  ce  sujet... 


(I)  Quarterly  review,  t.  XLU,  p.  475. 

{%  Quarterly  review,  t.  XXXVIlt,  p.  102. 

(3)  Remarques  et  recherchée  géographiques  sur  le  voyage  de  M.  Caillié,  Appen- 
dice an  t.  III  du  Voyage  à  Tombouctou  et  à  Jenné,  1830,  p.  212.  —  Voir  aussi  : 
Bulletin  de  la  Société  de  Géographie  [de  Parié),  1834,  t.  I»r,  î*  série,  p.  300. 


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SÉANCES  DES   4,   18  ET  23   FÉVRIER   1898.  87 

Je  ne  connais  aucune  publication  de  nature  à  jeter  du  jour  sur  la 
question  de  La  discordance  entre  les  deux  longitudes  dont  vous  me 
parlez...  » 

3*  Hassenstein,  d'après  la  construction  de  l'itinéraire  de  G. 
Rohlfs  trouve,  comme  longitude  pour  In-Sàlah,2*  10'  est  de  Green- 
wich,  soit  0*  107  ouest  de  Paris  (1). 

4*  Enfin  on  a  vu  un  peu  plus  haut  que  M.  H.  Duveyrier  d'abord, 
et  M.  R.  de  Lannoy  de  Bissy  ensuite,  ont  adopté  pour  In-Sâlah  la 
longitude  de  0°  29'  ouest  de  Paris,  indiquée  par  M.  Jomard  d'après 
le  capitaine  Sabine. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Laing  lui-même  signale,  dès  avant  son  arrivée 
à  Ghdamès,  —  ville  qu'il  a  visitée  avant  de  se  rendre  à  In-Sâlah 
—  c  que  tous  ses  instruments  étaient  détériorés,  ses  chronomètres 
arrêtés,  les  verres  de  son  horizon  artificiel  entièrement  ternis 
par  le  frottement  des.  sables,...  les  observations  difficiles  et 
pénibles,  etc.  (2)  ». 

Dans  ces  conditions  on  ne  peut  guère  admettre  aveuglément  et 
sans  discussion  les  résultats  fournis  par  ceux  qui  se  sont  occupés 
de  mettre  au  point  les  renseignements  provenant  du  voyage  de 
Laing,  tout  en  les  interprétant  du  reste  de  très  diverses  façons. 

Hassenstein  dit  :  c  Les  rapports  arrivés  en  Angleterre  n'ont 
jamais  été  publiés,  que  je  sache  ;  par  eux  on  saurait  peut-être  si 
Laing  a  fait  des  observations  avec  ses  intruments  endommagés, 
ou  si  les  positions  indiquées  ne  sont  que  des  résultats  d'estime,  ce 
qui  est  plus  vraisemblable  (3).  En  tout  cas  les  indications  données 
sur  l'état  des  instruments  de  Laing,  et  le  fait  qu'on  n'a  pas  publié 
le  journal  de  route  du  voyageur,  au  Tidikelt,  n'encouragent  guère 
à  accepter  purement  et  simplement  la  position  de  Laing  pour  In- 
Sâlah  (4).  > 

Toutefois,  à  mon  sens,  le  géographe  allemand  se  trompe  encore 
plus  que  la  Quarterly  review,  puisqu'il  indique  comme  longitude 
0°  10'  ouest  de  Paris,  alors  que  la  revue  anglaise  indique  0°  5'  ouest 
de  Paris,  et  que  celte  dernière  position  est,  d'après  mes  travaux, 
encore  beaucoup  trop  occidentale. 

J'avais  pu  constater,  déjà  avant  mon  cheminement  de  1893,  par 

(1)  Hassenstein,  ouvr.  cit. 

(3)  Quarterly  review,  t.  XXXVIII,  p.  101. 

(S)  Ce  point  est  nettement  éclairci  par  le  texte  de  M.  Jomard  —  qne  ne  con- 
naissait probablement  pas  Hassenstein  —  et  que  j'ai  cité  plus  haut.  Le  fait  est 
acquis,  des  observation*  astronomiques  ont  bien  été  faites,  à  In-Sdlah,  par  le 
major  laing,  avec  ses  instruments  plus  ou  moins  endommagé». 

(k)  Hassenstein,  ouvr.  cit. 


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88  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

les  points  remarquables  qui  se  trouvaient,  tant  en  vue  du  cam- 
pement terminus  de  ma  mission  de  1890,  que  plus  tard,  aussi  en  vue 
du  Hassi  El-Mongar;  par  la  comparaison  de  nombreux  renseigne- 
ments de  distance;  par  des  itinéraires  d'indigènes,  etc.,  que,  non 
seulement  In-Sàlah,  mais  toute  la  masse  des  oasis  du  Touat  et 
toute  la  région  de  l'Ouad  Saoura  —  qui  constituent  une  zone  con- 
sidérable —  ont  été  jusqu'ici  portés  sur  les  cartes  en  une  position 
beaucoup  trop  occidentale;  et  j'en  avais  conclu  que  la  région 
entière  doit  être  reportée,  d'un  mouvement  d'ensemble,  très  nota- 
blement dans  l'est. 

Si  nous  prenons  par  exemple  la  carte  d'Afrique  à  l'échelle  du 
1/2,000,000*  du  Service  Géographique  de  l'armée,  nous  constaterons 
que,  sur  les  tirages  anciens  (édition  de  1889),  In-Sâlah  était  porté 
par  0°29'  de  longitude  ouest,  tandis  que  sur  les  tirages  récents 
(édition  de  1896),  on  a  dû  déplacer  notablement  cette  ville,  et  elle 
y  figure  maintenant  sous  la  longitude  de  0°  3'  ouest,  ce  qui  vient 
donner  raison  à  mon  argumentation. 

Toutefois  jusqu'ici  je  n'avais  —  en  dehors  de  mon  propre  chemi- 
nement à  la  boussole  vers  In-Sàlah  —  aucune  preuve  scientifique 
nouvelle  à  fournir  pour  appuyer  ma  théorie  relative  à  la  position 
beaucoup  trop  occidentale  de  toute  la  région  du  Touat.  Aujour- 
d'hui la  situation  a  changé  :  nous  sommes  en  possession  maintenant 
des  déterminations  astronomiques  de  la  mission  Flamand  au  Gou- 
rara  (1).  Ces  documents  viennent  me  donner  pleinement  raison  et 
confirment  d'une  façon  irréfutable  l'hypothèse  que  j'avais  formulée, 
il  y  a  quatre  ans. 

En  effet  Tabelkoza,  point  pour  lequel  M.  Flamand  trouve  une 
longitude  de  1  •  31'  50"  ouest  (2),  était  auparavant  placé,  sur  la  carte 
citée  plus  haut  {anciens  tirages),  par  2°  10'  de  longitude  ouest;  d'où 
Tabelkoza  a  dû  être  reporté  vers  Vest  de  38'  10",  et  cela  sur  des 
déterminations  astronomiques,  ce  qu'il  importe  défaire  remarquer. 

Par  suite  de  ces  résultats  —  venant  corroborer  ceux  qui  ont  été 
recueillis,  pour  la  même  contrée,  dans  de  très  nombreux  itinéraires 
d'officiers  (3)  ayant  rayonné  autour  de  Fort  Mac-Mahon  (Hassi  El- 

(1)  La  mission  Flamand  a  eu  lieu  au  printemps  de  1896  et  son  résumé  sommaire 
—  do  mémo  que  les  positions  géographiques  observées  —  a  paru  dans  le  numéro 
supplémentaire  (n°  15)  des  Complet  rendu*  de  la  Société  de  Géographie,  juillet- 
octobre  1897,  p.  895  à  299. 

(2)  Position  conclue  à  la  suite  de  relèvements  pris  des  deux  stations  de  Guern- 
et-Schouf  et  de  Tin-Haïmed,  points  peu  distants  do  Tabelkoza,  et  auxquels  le 
voyageur  a  fait  des  observations  astronomiques. 

(3)  Renseignement  fourni  par  M.  le  capitaine  Rouby,  du  Service  Géographique  de 
l'armée. 


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SÉANCES  DES  4,   18   ET  23  FÉVRIER   1898.  89 

Abomeur),  et  ayant  poussé  des  reconnaissances  fort  loin,  au  sein 
même  du  Gourara  —  le  Service  Géographique  de  l'armée,  dans  les 
tirages  récents  de  sa  carte  au  1/2,000,000%  a  dû  reporter  vers 
l'est  l'ensemble  de  cette  région. 

Ainsi,  pour  ne  citer  que  deux  points  seulement  :  Timimoune  qui, 
sur  les  anciens  tirages,  gisait  par  2°  34'  de  longitude  ouest,  se 
trouve  maintenant  par  2°  8'  seulement;  Hassi  El-Ahomeur  (Fort 
Mac-Mahon),  qui  occupait  un  point  situé  par  environ  1°2'  de  lon- 
gitude ouest,  se  trouve  actuellement  par  0°40'18"  de  longitude 
ouest  (1). 

Donc,  depuis  1894,  un  grand  nombre  de  puits  ou  d'oasis  de 
celte  région  ont  dû  être  reportés  dans  Test;  nous  ne  citerons  que 
quelques-uns  des  plus  connus  : 

/n-£aiai»,reporté  dans  l'est  de  26'(carte  du  Service  Géographique). 

Hassi  El-Ahomeur  (Fort  Mac-Mahon)  reporté  de  22'  (coordon- 
nées Flamand). 

Timimoune,  reporté  de  26'  (carte  du  Service  Géographique). 

Tabelkoza,  reporté  de  38'  10"  (coordonnées  Flamand). 

Je  reste  persuadé  que  pour  In-Sâlah,  et  lorsque  l'on  aura  de 
nouveaux  documents  sérieux,  on  devra  encore  l'avancer  de  beau- 
coup vers  Test. 

On  peut  faire  la  constatation  suivante  qui,  bien  que  n'étant  nulle- 
ment  scientifique,  n'en  est  pas  moins  fort  curieuse  :  les  positions 
de  toute  cette  vaste  région  du  Touat  et  de  l'ouad  Saoura  ont  été 
autrefois  déduites  de  celle  d' In-Sâlah yce\dL  n'est  pas  douteux  ;  si  donc, 
daus  le  principe,  on  avait  admis  pour  cette  oasis  la  position  qui 
lui  était  attribuée  dans  V origine  par  les  commentateurs  de 
Laing  (2),  soit  0° 5'  longitude  ouest  de  Paris,  et  qu'on  lui  fit  aujour- 
d'hui subir  la  correction  vers  l'est  —  qui  est  de  28'  pour  la 
moyenne  des  quatre  localités  citées  ci-dessus  —  on  replacerait 
toute  la  région  beaucoup  plus  exactement  sur  la  carte  et,  en  par- 
ticulier pour  In-Sâlah,  on  arriverait  à  trouver  une  longitude  de 
0*23'  est  de  Paris,  c'est-à-dire  exactement  celle  que  j'ai  déduite 
de  mon  cheminement  de  1893. 

Quant  à  la  latitude  d'In-Sàlah,  il  y  a  concordance  parfaite  entre 
celle  qui  est  déduite  de  mon  cheminement  et  celle  qui  provient  des 
observations  de  Laing;  elle  est  de  27°  11'. 

F.  Foureau. 

(1)  Détermination  due  à  M.  Flamand,  Complet  rendus  de  la  Société  de  Géogra- 
tiiie,  numéro  supplémentaire  (u°  15),  juillet-octobre  1897,  p.  399. 
(8)  Quartêrly  review,  t.  XXXVIII,  p.  102. 
•oc.  dr  GKOtiR.  —  c.  a.  dis  sfiAitr.Rs.  —  n°  2.  —  Février.  7 


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90  COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES. 


V.    -  NOTES 

Exploration  des  ruines  de  la  Babylonie.  —  L'Université  de 
Pennsylvanie  a  entrepris,  de  1888  à  18!>6,  une  série  d'explorations 
dans  la  région  située  entre  le  Tigre  et  l'Euphrate  et  jusqu'aux 
environs  de  Bagdad. 

Le  Dr  Peters,  qui  dirigea  les  deux  premières  missious,  a  rap- 
porté 8,000  inscriptions  ou  parties  d'inscriptions  cunéiformes» 
fragments  de  poleries  et  objets  divers.  Après  lui,  le  Dr  Haynes 
a  employé,  pendant  deux  saisons  consécutives,  50  à  60  ouvriers 
arabes  pour  exécuter  des  fouilles  dans  les  ruines  du  temple  de 
Nippur  et  dans  celles  du  temple  de  Bel.  (les  vestiges  ont  été  des- 
sinés et  photographiés. 

Ce  pays  est  couvert  de  ruines  innombrables,  dont  la  majeure 
partie  date  de  4,000  ans  avant  J.-G.  L'abandon  de  villes  riches  et 
peuplées  semble  provenir  d'une  mauvaise  administration  comme 
du  défaut  d'irrigation. 

Les  habitants  se  sont  enfoncés  dans  l'intérieur  et  se  sont  trans- 
formés en  hordes  de  pillards. 

Les  travaux  exécutés  sous  la  direction  du  Dr  Haynes  ont  été  effec- 
tués en  plein  désert,  par  une  température  atteignant  souvent  35e  G. 

(Bulletin  of  the  American  Geogr.  Soc,  vol.  XXIV,  n°  1, 1897.) 

J.  Girard. 

Etat  sanitaire  de  la  ville  de  Manille  (Philippines)»  —  D'après 
un  document  sur  la  statistique  démographique  et  sanitaire  de 
Manille*  adressé  au  Ministère  des  Affaires  étrangères,  par  M.  Me- 
nant, gérant  du  consulat  de  France,  cette  ville  serait  une  des 
plus  insalubres  de  l'extrême  Orient.  lies  canaux  qui  la  sillonnent 
servent  de  déversoirs  à  tous  les  résidus. 

Les  quartiers  les  moins  sains  de  la  ville  sont  ceux  de  Malate,  San 
Miguel,  Paco  et  la  Ermita,  véritables  foyers  d'épidémie  cholérique. 

La  population  de  Manille  s'élève  à  196,769  habitants,  sans 
compter  2,000  individus  de  passage  et  environ  45,000  Chinois.  La 
proportion  des  décès  a  été  de  3  &  4  p.  100  en  1896  ;  mais  l'auteur, 
qui  écrit  à  la  lin  de  1897,  craint  que,  pour  cette  année-là,  le 
chiffre  ne  monte  à  6  ou  7  p.  100,  et  cela  à  cause  du  surcroît  de  la 
population,  du  manque  de  légumes  verts,  enfin  de  la  rareté  et  de- 
là cherté  des  vivres. 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  23  FÉVRIER  1898.  91 

—  M.  Jules  Garuier,  membre  de  la  Commission  centrale,  est  parti 
le  27  février  avec  son  fils  M.  Pascal  Garnier  pour  on  voyage  scien- 
tifique et  industrie]  dans  l'Océanie. 

Nos  collègues  se  dirigeront  d'abord  sur  la  pointe  sud-ouest  de 
l'Australie  à  Albany  (King  George's  Sound)  ;  de  là  ils  remonteront 
la  côte  ouest,  puis  marcheront  à  Test  faisant  une  coupe  géologique, 
atteindront  Goolgardie  et  rayonneront  aussi  loin  que  possible 
autour  de  cette  station. 

—  Le  lieutenant  de  vaisseau  Brelonnet,  accompagné  de  M.  Veis- 
seyre,  et  le  capitaine  Vermeersch,  qui  ont  eu  une  part  si  brillante 
dans  les  opérations  françaises  de  la  boucle  du  Niger,  sont  de  re- 
tour en  France.  La  Société  sera  heureuse  de  les  recevoir  et  de  con- 
naître par  eux  les  résultats  géographiques  des  importantes  mis- 
sions qu'ils  viennent  d'accomplir. 

VI.  —  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Prix  de  la  Société  pour  1898.  —  Dans  deux  séances  anté- 
rieures, la  Commission  des  prix  avait  examiné  les  titres  des  diffé- 
rents candidats  aux  distinctions  de  la  Société  et  décerné  1°  au 
commandant  Jouan  la  médaille  d'or  du  prix  Léon  Detvez;  2°  une 
médaille  d'or  de  la  Société  au  docteur  Sven-Hedin. 

Le  26  février,  elle  s'est  réunie  à  l'effet  de  statuer  sur  l'attri- 
bution des  prix  à  distribuer  lors  de  la  première  assemblée  géné- 
rale de  1898. 

La  grande  médaille  d'or  sera  décernée  à  M.  Edouard  Foa  pour 
sa  traversée  de  l'Afrique,  des  bouches  du  Zambèze  au  Congo  fran- 
çais. Rapporteur,  M.  Maunoir. 

Le  prix  Herbet  Fournet  (médaille  d'or  et  5,000  francs),  aux 
Pérès  Roblet  et  Colin  pour  leurs  travaux  géodésiques,  topogra- 
phiques et  astronomiques  à  Madagascar.  Rapporteur,  M.  Gran- 
didier. 

Prix  Pierre  Félix  Fournier  (médaille  spéciale  et  1,000  francs) 
a  été  attribué  par  la  Commission  centrale  à  M.  André  Delebecque 
pour  son  ouvrage  sur  les  lacs  français. 

Prix  Henri  Duveyrier  (médaille  d'or),  à  M.  le  capitaine  Salesses, 
pour  ses  levés  de  la  route  de  Konakry  au  Niger.  Rapporteur, 
M.  Froidevaux. 

Prix  Louise  Bourbonnaud  (médaille  d'or),  au  capitaine  Pas  saga, 


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92  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

chef  de  la  mission  française  qui  coopéra  à  la  délimitation  de  la 
Guinée  française  et  de  la  colonie  anglaise  de  Sicrra-Leone*  Rap- 
porteur, M.  Cas  pari. 

Prir  Barbie  du  Bocage  (médaille  d'or),  à  M.  Grenard  pour  la 
publication  des  travaux  de  la  dernière  mission  Dutreuil  de  Rhins 
dont  il  fut  le  second.  Rapporteur,  M.  H.  Oordier. 

Prix  Alphonse  de  Montherot  (médaille  d'argent),  à  M.  Levât 
pour  les  résultats  géographiques  de  ses  explorations  en  Sibérie. 
Rapporteur,  M.  de  Lapparent. 

Prix  W.  Huber  (médaille  d'argent),  à  M.  Ch.  Durier  pour  ses 
travaux  sur  les  Alpes  françaises.  Rapporteur,  M.  J.  Vallot. 

Prix  Ch.  Grad  (médaille  d'argent),  à  M.  G.  Saint-Yves  pour  son 
exploration  dans  l'Asie  centrale  en  1897.  Rapporteur,  Dr  Ramy. 

Prix  Janssen  (médaille  d'argent),  au  capitaine  Cayrade.  Obser- 
vations astronomiques  de  la  commission  de  délimitation  entre  la 
Guinée  française  et  Sierra  Leone.  Rapporteur,  M.  Cas  pari. 

Prix  Jomard  (Les  Monuments  de  la  Géographie)  à  M.  Camille 
Guy,  pour  l'ensemble  de  ses  publications  géographiques.  Rappor- 
teur, M.  Caspari. 

Le  baron  Hulot  a  été  chargé  de  présenter  le  rapport  général  à 
la  séance  solennelle  du  15  avril. 

—  La  Société  de  géographie  de  Marseille  fait  savoir  que  le 
Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de  Géographie  tiendra 
en  cette  ville  sa  19*  session,  du  18  au  25  septembre  1898,  sons 
la  présidence  de  M.  le  prince  Auguste  d'Arenberg,  député,  membre 
de  l'Institut,  etc. 

Le  programme  des  sujets  d'études  devant,  conformément  au 
règlement  des  Congrès,  être  dressé  trois  mois  au  moins  avant 
l'ouverture  de  la  session,  pour  permettre  aux  Sociétés  et  aux  adhé- 
rents du  Congrès  d'étudier  au  préalable  les  questions  proposées, 
La  Société  de  géographie  de  Marseille  prie  les  Sociétés  intéressées 
de  vouloir  bien  lui  adresser,  avant  le  15  mai,  la  liste  des  travaux  ou 
questions  qu'elles  ont  l'intention  de  présenter  au  Congrès. 

Dons.  —  La  Société  a  reçu  de  M.  Maunoir  un  don  100  francs, 
affecté  aux  travaux  d'aménagement  de  la  salle  des  séances.  Elle 
lui  exprime  toute  sa  reconnaissance  pour  cette  nouvelle  libéralité. 

Présentations  de  cartes  et  livres  en  séance.  —  Cartes 
russes.  —  Au  nom  de  M»  Schokalsky,  secrétaire  de  la  Section  de 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  23  FEVRIER  1898,         93 

géographie  mathématique  de  la  Société  de  Géographie  de  Russie 
et  bibliothécaire  du  ministère  de  la  marine  russe,  M.  Vénukoff 
présente  et  offre  pour  la  bibliothèque  de  la  Société  une  série  de 
cartes  de  la  partie  de  l'Océan  Boréal  qui  s'étend  du  port  d'Ar- 
khangel  à  l'embouchure  de  l'iénissey.  Ces  cartes  sont  le  résultat 
graphique  des  recherches  hydrographiques  faites  de  1893  à  1897 
par  les  officiers  de  la  marine  russe,  sous  le  commandement  de 
M.  Vilkitxky.  Le  texte  explicatif  qui  les  accompagne  est  de 
M.  Schokalsky. 

Sur  le  Haut  Zambèze,  par  F.  Coillard  (1).  Ce  beau  volume  n'est 
pas  un  carnet  de  route  où  le  voyageur  note  au  passage  les  faits  qu'il 
observe  ou  les  impressions  qu'il  recueille.  C'est  l'œuvre  d'un 
missionnaire  qui  vit  depuis  une  quarantaine  d'années  au  milieu 
des  populations  noires  dont  il  a  entrepris  le  relèvement  moral. 
Il  aime  ces  déshérités  c  traînant  partout  dans  leur  peau  noire,  la 
livrée  de  la  souffrance»;  il  connaît  leurs  coutumes  et  pénètre  leurs 
sentiments;  il  parle  en  homme  qui  leur  a  consacré  son  existence. 
L'ethnologue,  le  géographe,  liront  avec  profit  ce  récit,  qui  fait 
honneur  à  l'écrivain  comme  au  savant.  C'est  à  ce  double  point  de 
vue  que  nous  signalons  à  cette  place  l'ouvrage  de  M.  le  pasteur 
Coillard. 

Moines  et  ascètes  indiens,  par  le  marquis  de  La  Mazelière  (2). 
Trois  années  de  voyage  dans  l'Hindoustan,  Ceylan,  l'Indo-Chine, 
Java,  la  Chine  et  le  Japon  ont  permis  à  M.  de  La  Mazelière  d'étudier 
sur  place  les  couvents  bouddhistes,  les  mœurs,  les  principaux 
monuments  et  de  consulter  les  traductions  de  nombreux  docu- 
ments sanscrits.  Pour  donner  plus  d'unité  à  son  récit,  l'auteur  s'est 
surtout  attaché  à  l'histoire  des  caves  d'Ajantâ  où  se  retrouvent  les 
anciennes  fresques  figurant  les  légendes  et  la  vie  de  l'Inde.  Fai- 
sant œuvre  de  voyageur  en  même  temps  qu'oeuvre  d'érudit, 
M.  de  la  Mazelière  offre,  sous  forme  de  tableaux  saisissants,  une 
étude  d'ensemble  sur  le  bouddhisme  indien,  sa  philosophie,  ses 
origines,  son  expansion  et  sa  décadence. 

Nécrologie.  —  La  Société  a  appris  avec  un  profond  regret  la 
mort  de  deux  de  ses  membres  correspondants,  MM.  Robert  lvens 
et  Ramon  Lista. 

(1)  1  vol.in-4»  de  590  pages,  40  planches  et  2  cartes.  Paris,  Berger-Letrault,  1896. 

(2)  1  vol.  in-12.  Paris,  Pion  et  Nourrit,  1WW. 


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9i  COMPTES   RENDUS    DES  SEANCES. 

M.  H.  lvens,  décédé  à  Lisbonne,  le  29  janvier  dernier,  à  Tàge  de 
48  ans,  avait  partagé  avec  Brîto  Capello  la  grande  médaille  d'or 
de  la  Société,  qui  leur  avait  été  décernée  pour  leur  traversée  de 
l'Afrique  (1).  Le  Rapport  sur  le  concours  au  prix  annuel  (Bull. 
Soc.  Géogr.y  VIIe  série,  t.  VII,  1886,  p.  323)  signale  les  titres  de 
ce  voyageur  à  cette  haute  distinction. 

Ramon  Lista,  secrétaire  général  de  la  Société  de  géographie 
argentine,  avait  été  élu  membre  correspondant  de  la  Société  en 
1887.  Le  défunt  s'est  fait  connaître  par  des  explorations  impor- 
tantes dans  la  Patagonie  et  dans  la  Terre  de  Feu.  Au  mois  de  no- 
vembre 1897,  M.  Ramon  Lista  entreprit  un  voyage  d'exploration  A 
travers  le  Chaço.  C'est  laque  l'infortuné  voyageur  succomba,  peut- 
«Hre  sous  les  coups  de  compagnons  infidèles. 


Séance  du  i  février  1895S. 

MEMBRES  ADMIS  ' 

MM.  le  père  F.  Harlxer;  Lancelol  S.  Bayly;  Pascal  tiarnier;  le 
marquis  de  Pange;  Georges  Rlondel;  Albert  Durand. 

CANDIDATS  PRESENTES 

MM.  Jogan  (Raymond),  receveur  particulier  des  contributions  in- 
directes (colonel  Marinier  et  colonel  Bailloud);  —  de  Gointet 
(Emile),  capitaine  au  l"  régiment  de  cuirassiers  (Charles  M aunoir 
et  baron  Hulol);  —  Perrot  (Maurice),  ancien  élève  de  l'École  poly- 
technique (capitaine  Girodon  et  Brau  de  Saint-Pol  Lias);  —  de 
Becays  de  Lacaussade  (Albert),  propriétaire  (colonel  Barry  et  De- 
nys  Foule);  —  Coillard  (François),  missionnaire  protestant  (Paul 
Mirabaud  et  Charles  M  aunoir); — Mlle  Pauline  Pages  (F.  Schrader 
et  A.  DeJarnac). 

Séance  du  18  février  1898. 

MEMBRES  ADMIS  . 

MM.  Raymond  Jogan;  Emile  de  Cointet;  Maurice  Perrot;  de 
Recays  de  Lacaussade;  François  Coillard;  Mlle  Pauline  Pages. 

(1)  On  sait  que  la  grande  médaille  d'or  confère  au  lauréat  le  titre  de  membre 
correspondant  de  la  Société. 


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SÉANCES   DES    i,    18   ET  23   FÉVRIER    1898.  î)5 


CANDIDATS  PRESENTES 

MM.  Combelles  (Victor),  ingénieur  (Henry  Bavière  et  le  baron 
Hulot);  —  Richaud  (Léon),  explorateur  (Camille  Guy  et  Henri 
Froidevaux);  —  Saint-Yves  (Georges),  explorateur  (Ch.  Maurwir 
et  baron  Hulot);  — de  Rechniewski  (Casimir  Stanislas),  ingénieur 
(Ladan  Bockairy  et  Henri  Jacottet);  —  Mlle  Elisabeth  de  Ver- 
neaux  (vicomte  de  Verneaux  et  marquis  de  Bassano). 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIETE 
Février  1898 

GÉNÉRALITÉS.  — Orientalische  Litteratur-Zeitung.  Herausgeg.  von 
F.  K.  Peiser.  Berlin,  W.  Peiser.  I.  Iahrg.,  u°  1,  15  janv.  1898,  in-4. 

Direction. 
S.  A.  S.  Prince  Albert  I"  de  Monaco.  —  Sur  la  quatrième  campagne 
de  la  Princesse  Alice,  —  Sur  les  observations  météorologiques  de 
l'océan  Atlantique  (C  R.  Acad.  des  5c,  t.  126,  janv.  1898). 

Auteur. 
J.  C  de  Faria  e  Castro.  —  L'épopée  maritime  des  Portugais.  Vaseo  da 
Gama  et  le  Camoëns.  Bruxelles,  typ.  Guyot,  1898, 1  vol.  in-8. 

AUTEUR. 

1.  fi.  Berlier.  —  Tunnel  intercontinental  sous-marin  du  détroit  de  Gi- 
braltar. Avant-projet,  1897.  Auteur. 

H.  Lachambre  et  A.  Machuron.  —  Andrée.  Au  Pôle  nord  en  ballon. 
Paris,  1  vol.  in-8.  Per  Lamm,  éditeur. 

ASIE.  —  N.  N.  Pantoussov.  —  Matériaux  pour  l'étude  des  dialecte» 
tarantchi  du  district  de  l'Ili.  Fasc  1er.  Kazan,  1897,  opuscule  in-8  «texte 
tarantchi  et  traduction  russe).  Auteur. 

J.  L.  Dutreuil  de  Rhins.  Mission  scientifique  dans  la  haute  Asie, 
1890-1895.  Première  partie.  Récit  du  voyage.  Publié  sous  les  auspices 
du  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  par  F.  Grcnard. 
Paris,  Leroux,  1897,1  vol. in-4.     Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Prince  Henri  d'Orléans.  —  Du  Tonkin  aux  Indes.  Janvier  1895-jauvicr 
1896.  Illustrations  de  G.  Vuillier,  d'après  les  photographies  de  l'auteur. 
Gravure  de  J.  Huyot.  Cartes  et  appendice  géographique  par  Emile 
Roux.  Paris,  Calmann  Lévy,  1898,  1  vol.  in-4.  Auteur. 

M'*  de  la  Mazelière.  —  Moines  et  ascètes  indiens.  Essai  sur  les  caves 
d'AjantA  et  les  couvents  bouddhistes  des  Indes.  Paris,  Pion,  1898,1  vol. 
in-8.  Auteur. 


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96  OUVllAGES  OFFERTS  A   LA  SOCIÉTÉ. 

AFRIQUE.  —  J.  A.  Battandier  et  L.  Trabut.  —  L' Algérie.  Le  sol  et 
les  habitants.  Faune,  flore,  géologie,  anthropologie,  ressources  agri- 
coles et  économiques.  Paris,  1898,  1  vol.  in-8. 

J.  Baillière  et  fils,  éditeurs. 

Hippolyte  Giraud.  —  Mers-el-kébir,  port  militaire.  Oran,  Perrier,  1898, 
opuscule  in-8.  Auteur. 

J.  Gorcelle.  —  En  Tunisie  (Chronique  du  foyer.  Bourg-en-Bresse,  n*5, 
août  1897).  Auteur. 

Recensement  général  de  l'Egypte,  1er  juin  1897.  Rapport  préliminaire, 
par  A.  Boinet-Bey.  Le  Caire,  1898, 1  vol.  in-4. 

Société  khédiviale  de  géographie. 

François  Coillard.  —  Sur  le  Haut-Zambèze.  Voyage  et  travaux  de  mis- 
sion. Paris,  Berger-Levrault,  1898, 1  vol.  in-4.  Auteur. 

AMÉRIQUE.  —  Carl  Lumholtz.  —  The  Huichol  Indians  of  Mexico 
{Bull.  Amer.  Muséum  Xatur.  Hisiory,  1898),  broch.  in-8.       Auteur. 

Relaciones  googrâftcas  de  Bolivia  existentes  en  el  Archivo  de  la  Oficina 
nacional  de  Inmigracion,  Estadistica  y  Propaganda  geograflea  :  Kela- 
cion  y  Dcscripcién  de  las  misiones  y  conversiones  de  Infieles  vulgar- 
menle  Uamados  de  Apolobamba  que  estan  al  cuidado  de  los  Religîo- 
sos  de  N.  P.  S.  Francisco  de  esta  Provincia  de  San  Antonio  de  los 
Gharcas  en  el  reino  del  Perû...  La  Pas,  1898,  in-8. 

M.  V.  Ballivian,  éditeur. 

OCÉAN1E.  —  Jules  Leclercq.  —  Derniers  sectateurs  de  Brahma  à 
Java  (Acad.  r.  de  Belgique,  3*  sér.,  t.  34,  1897),  broch.  in-8. 

Acteur. 
Jules  Leclercq.  —  Un  séjour  dans  l'île  de  Java.  Le  pays  —  Ses  habitants 
—  Le  système  colonial.  Paris,  Pion,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

J.  J.  Meijer.  —  La  condition  politique  des  Chinois  aux  Indes  néerlan- 
daises (Toung-paot  vol.  IV).  Leide,  Brill,  1893,  broch.  in-8. 

B**  J.  de  Baye. 
Gabriel  Marcel.  —  La  carte  des  Philippines  du   Père  Murillo  Velarde 
(ttull.  géogr.  histor.  et  descr.,  na  1,  1897),  opuscule  in-8. 

Auteur. 


Le  gérant  responsable  : 
Hulot, 

Secrétaire  général  de  la  Conuiiis>ion  Centrale. 
BOULEVARD  SAIN T-SBRM AIN,  184. 


5417.  —  L.-Inipriiuerieg  réunies,  B,  rue  Mignon,  2.  —  llOTTlRftl,  directeur. 


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RECE1VED, 

MAY  17  1898 
*"*  PE/WeDYllM«SEUM.        p**e  * 

SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 


COMPTES    RENDUS   DES   SÉANCES 


I.  —  SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898 


4    ncLetrs 


PRÉSIDENCE    DE    M.    LE    MYRE    DE    VILERS 
Président  de  la  Commission  centrale. 

Le  secrétaire  général  donne  lecture  de  la  correspondance.  II 
cite  notamment  deux  lettres  :  Tune,  de  M.  Léon  Darragon  (accom- 
pagnée d'une  carte)  ;  l'autre,  de  M.  le  vicomte  de  Poncins,  toutes 
deux  relatives  à  l'Ethiopie  (Voir  Nouvelles  géographiques). 

MM.  Paul  Labbé  et  comte  Henry  de  la  Vaulx  font  chacun  une 
conférence  (avec  projections)  :  le  premier,  sur  la  Sibérie  et  les 
Kirghizes  nomades  ;  le  second,  sur  son  voyage  et  ses  recherches 
ethnographiques  et  anthropologiques  en  Patagonie. 

Le*  iLhir*ue«  ■•aides.  —  Après  avoir  donné  quelques  détails 
ethnographiques  sur  la  race  kirghize,  M.  Paul  Labbé  raconte  sa 
visite  au  sultan  Tchermanov,  très  populaire  parmi  les  Kirghizes 
de  la  steppe.  Le  campement  se  trouvait  entre  les  rivières  Tchi- 
dyrty  et  Oulenty,  sur  la  frontière  du  district  de  Pavlodar  et  du 
gouvernement  de  Semipalatinsk.  M.  Paul  Labbé  a  fait  passer  sous 
les  yeux  des  assistants  des  vues  de  la  caravane  et  de£  pays  qu'elle 
a  traversés. 

Dès  la  fonte  des  neiges,  les  huttes  d'hiver  sont  inondées  et  les 

Kirghizes  se  réfugient  sous  la  tente.  Ces  groupes  suivent  leurs 

chefs  et  accomplissent  un  voyage  circulaire  de  1,500  kilomètres 

parfois,  partant  de  la  maison  d'hiver  et  y  aboutissant.  C'est  toute 

soc.  de  géoor.  —  c.  a.  des  SÉANCES.  —  wf  3.  —  Mars.  8 


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98  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

une  agglomération  c  d'aouls  >  qui  se  déplace  :  il  y  a  le  village  du 
chef,  sorte  depater  familias,  ceux  de  ses  parents,  celui  du  juge 
(by)  et  aussi  celui  du  prêtre  (moullah),  etc. 

La  caravane  suit  une  marche  Ùxèe.  Les  nomades  vont  de  puits 
en  puits  :  une  tribu  n'a  pas  le  droit  de  camper  près  d'un  puits  qui 
ne  lui  appartient  pas.  Selon  la  coutume  du  minorât  qui  règne  au 
désert,  c'est  le  plus  jeune  fils  qui  hérite  des  biens  paternels  :  les 
autres  fils  ont  reçu  leur  dot  à  l'époque  de  leur  mariage. 

Sur  sa  route,  M.  P.  Labbé  a  rencontré  des  voyageurs  venus  du 
Turkestan  et  qui,  chemin  faisant,  fanatisaient  les  nomades.  Ces 
pauvres  gens,  qui  ignorent  même  l'existence  de  la  France  et  de 
l'Allemagne,  savaient  que  la  Turquie  avait  battu  la  Grèce  et  que  le 
triomphe  de  l'Islam  était  proche.  Ce  mouvement  est  facile  à  con- 
stater dans  l'Asie  entière. 

Le  conférencier  décrit  ensuite  les  yourtes,  qui  sont  d'une  grande 
variété.  11  montre  que,  toute  leur  vie,  les  Kirghizes  sont  les  esclaves 
de  leur  troupeau  :  ils  s'appellent  eux-mêmes  Kazaks,  ce  qui  signi- 
fie libres  comme  les  oies  sauvages  de  la  steppe  :  libres  est  exagéré, 
le  troupeau  est  leur  maître. 

Dans  la  dernière  partie  de  sa  communication,  le  voyageur  parle 
de  la  steppe,  dos  caravanes  qui  s'y  rencontrent,  des  plaisirs  de  la 
vie  nomade,  etc.  lia  constaté  l'existence  d'importantes  mines  d'or, 
de  cuivre  et  d'argent;  il  signale  une  mine  de  houille  comparable 
peut-être  aux  plus  riches  du  monde.  11  dépeint  aussi  les  lacs 
auxquels  le  fer,  le  brome,  l'iode,  donnent  les  couleurs  les  plus 
inattendues. 

Le  Président  se  demande  si  c'est  par  suite  de  l'alliance  russe 
que  l'Asie  est  redevenue  à  la  mode.  En  tout  cas,  il  s'en  félicite,  et 
rappelle  que  nos  compatriotes  s'y  sont  portés  avec  ardeur;  il  suffira 
de  citer  MM.  Bonvalot,  le  prince  Henri  d'Orléans,  Chaflanjon,  Du- 
treuil  de  Bhins,  Grenard  et  Edouard  Blanc,  enfin  Saint-Yves,  que 
nous  avons  entendu  ici  dernièrement,  c  Nous  vous  félicitons, 
monsieur  Labbé,  de  vous  être  inspiré  de  leur  exemple,  et  d'avoir 
contribué  pour  votre  part  à  la  connaissance  d'une  des  races  du  con- 
tinent asiatique,  la  race  kirghize.  > 

A  travers  1*  Pataganle,  du  Rla  !¥egra  an  détralt  a>  Ma- 
gellan (1).  —  Le  comte  Henry  de  la  Vaulx  partit  de  France  à  la  fin 

({)  Voir  In  carte  jointe  à  ce  numéro. 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  21   MARS  1898.  t99 

de  décembre  1895,  avec  une  mission  spéciale  du  Ministère  de  l'In- 
struction publique.  En  janvier  1896,  il  arrivait  dans  la  République 
Argentine  et  se  dirigeait  vers  la  Patagonie  pour  y  faire  des  recherches 
ethnographiques  et  anthropologiques  sur  les  races  primitives 
ayant  existé  et  existant  encore  dans  l'extrême  Sud  du  continent 
austral. 

Parvenu  le  M  mars  à  Viedma  sur  le  Rio  Negro,  il  quittait  cette 
localité,  le  30,  pour  s'enfoncer  dans  l'intérieur.  11  remontait  la  rive 
droite  du  fleuve  jusqu'à  Choel-Choel,  passant  en  ce  point  sur 
l'autre  rive  afin  d'atteindre  Rocca,  dernier  poste  au  sud  des  forces 
argentines.  Durant  ce  trajet,  il  examinait  les  anciens  campements 
indigènes  et  les  cimetières;  il  remarquait  des  crânes  et  des  osse- 
ments peints  en  rouge,  fait  qui  l'amena  à  penser  que  les  indigènes 
déterraient  leurs  morts  après  quelques  années  de  sépulture  et  les 
réensevelissaient  dans  un  autre  endroit.  Une  sépulture  moderne 
trouvée  par  lui  confirme  cette  opinion  et  prouve  que  cette  coutume 
s'est  perpétuée  jusqu'en  ces  derniers  temps,  si  même  elle  n'existe 
pas  encore. 

Le  27  septembre,  le  voyageur  quittait  Rocca  et  retraversait  le 
Rio  Negro,  débordé  à  cette  époque,  pour  se  rendre  au  sud.  Le 
19  octobre,  il  arrivait  à  Machinchao,  après  avoir  traversé  l'une  des 
parties  les  plus  arides  de  la  Patagonie.  Le  26,  il  était  à  Keurs- 
keulé,  vallon  arrosé  par  un  cours  d'eau  limpide  sur  les  bords 
duquel  étaient  alignées  une  dizaine  de  tentes  indigènes. 

M.  de  la  Vaulx  décrit  la  tente,  le  rouka  et  la  vie  indigène.  L'In- 
dien est  un  être  essentiellement  nomade  qui  ne  vit  que  pour  et 
par  la  chasse.  Aussi  transporte-t-il  continuellement  son  habitation, 
à  la  recherche  de  ce  qui  le  nourrira  et  le  vêtira.  C'est  un  être 
apathique  et  paresseux;  il  faut  que  la  viande  fasse  défaut  pour 
qu'il  sorte  de  son  inaction.  La  femme  seule  travaille;  elle  fabrique 
l'habitation,  la  monte,  la  démonte;  elle  tisse,  confectionne  le  man- 
teau indien,  le  guaralka,  fait  de  treize  peaux  de  guanaco  venant  de 
naître.  Le  voyageur  nous  fait  assister  aux  chasses  indigènes;  il 
montre  l'Indien  destructeur,  tuant  pour  le  plaisir  de  tuer. 

En  Patagonie,  on  distingue  trois  races  :  l'Araucan,  le  Téhuel- 
che  ou  Patagon,  et  le  Pampa.  L'Araucan  est  petit,  mal  conformé;  il 
a  l'air  gauche;  sa  taille  moyenne  est  de  1  m.  57;  sa  tête  est  grosse, 
large;  le  nez  légèrement  épaté,  les  yeux  quelque  peu  bridés; 
les  cheveux  sont  droits,  sans  aucune  ondulation,  noirs,  plutôt  gros. 
La  couleur  de  sa  peau  correspond  aux  numéros  30  et  31  de  la  table 
chromatique  de  Broca;  l'indice  céphalique  dénote  des  brachycé* 


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100  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

p haies  caractérisés;  en  somme  le  type  araucan  est  laid  ;  il  diffère 
absolument  de  son  voisin  du  sud,  le  Téhuelche. 

Ce  dernier,  souple  et  élégant  dans  ses  mouvements,  est  (Tune 
stature  plutôt  élevée;  sa  taille  moyenne  est  de  1  m.  73.  Il  représente 
le  type  aristocratique  de  la  Patagonie;  sa  figure  est  expressive,  ses 
traits  plus  fins;  le  nez  serait  presque  aquiîin. 

Le  Pampa  a  beaucoup  d'analogie  avec  le  Patagon  ;  il  est  seule- 
ment  plus  grand  et  plus  gros;  il  représente  la  force.  Malheureu- 
sement celte  famille  tend  à  s'éteindre  complètement.  Ces  peuplades 
en  sont  encore  pour  ainsi  dire  à  l'âge  de  pierre  et  elles  disparaîtront 
du  globe  sans  avoir  pu  profiter  des  bienfaits  de  la  civilisation. 

De  Keurskeulé,  M.  de  la  Vaulx  se  dirigea  sur  la  riche  et  large 
vallée  de  Fofo-cahual,  arrosée  par  les  sources  du  Rio  Chubut;  puis 
il  arriva  à  Lélégue,  au  pied  même  des  Andes  neigeuses,  traversa 
les  arroyos  Léca,  Marioca,  Téca;  le  12  décembre,  il  arrivait  à 
Choiquenilahué,  au  confluent  du  Rio  Guenua  et  du  Rio  Senguer.  11 
y  resta  près  de  trois  mois,  faisant  une  ample  moisson  de  docu- 
ments et  de  collections  anthropologiques  et  ethnographiques  ;  i  I 
(ouilla  diverses  sépultures  curieuses,  une  entre  autres,  qui,  selon 
lui,  fournit  la  preuve  de  la  croyance  des  Indiens  à  une  vie  maté- 
rielle future. 

De  nombreuses  tentes  indigènes  étaient  réunies  dans  la  vallée 
de  Choiquenilahué.  Le  voyageur  put  assister  aux  fêtes  indiennes, 
le  kamdrouko,  la  fête  religieuse,  et  le  huécoun-rouka,  la  fête 
profane.  Le  kamarouko  a  lieu  pour  demander  une  grâce  à  Dieu 
ou  le  remercier  du  succès  d'une  entreprise;  le  huécoun-rouka 
s'organise  pour  fêter  la  nubilité  d'une  jeune  fille.  Le  voyageur  pro- 
fita de  son  séjour  à  Choiquenilahué  pour  reconnaître  les  lacs 
Colhué-huapi  et  Munsters,  qui  jusqu'à  présent  avaient  donné  lieu 
à  des  erreurs  sur  les  cartes.  Le  lac  Munsters  est  le  lac  de  l'ouest 
(par  opposition  au  Colhué,  le  lac  de  Test);  il  a  des  eaux  très  pro- 
fondes, et  mesure  environ  25  kilomètres  de  long;  la  marée  s'y 
fait  sentir  fortement  et,  les  jours  de  vent,  ses  eaux  sont  déchaînées. 
Le  Rio  Senguer,  peu  de  temps  avant  d'arriver  au  Munsters,  se 
divise  en  deux  bras,  dont  l'un  se  jette  dans  le  lac  pour  en  ressor- 
tir tout  de  suite,  pendant  que  l'autre,  faisant  un  coude,  pousse  sa 
marche  vers  l'est  où  il  reçoit  bientôt  les  eaux  du  premier  bras, 
et  va  se  jeter  dans  le  lac  Colhué.  Celui-ci  est  une  immense  lagune 
aux  eaux  dormantes,  qui  se  dessèche  de  jour  en  jour.  Les  Indiens 
disent  qu'il  doit  exister  dans  le  fond  de  cette  lagune  un  esprit 
absorbant  journellement  la  grande  quantité  d'eau  qui  vient  s'y 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.         101 

déverser;  en  effet,  son  lit  se  rétrécit  progressivement  et  ses  eaux  ne 
s'échappent  visiblement  d'aucun  côté  ;  car  le  Rio  Chico  du  Ghubut 
qui  sort  de  cette  lagune  est  maintenant  complètement  à  sec. 

D'ailleurs,  ce  phénomène  de  dessèchement  s'observe  depuis  de 
longues  années  en  Patagonie  du  côté  de  l'Atlantique,  contrastant 
avec  la  grande  abondance  d'eau  qu'on  rencontre  du  côté  des  Cor- 
dillères. 

Dans  les  environs  du  Colhué,  habiterait  la  Rhea  nana,  dont  l'exis- 
tence a  été  présumée  par  le  professeur  Lydekker,  du  muséum  de 
Londres,  sur  la  vue  d'un  œuf;  les  Indiens,  en  effet,  affirment  qu'un 
nandou,  plus  petit  que  le  nandou  commun,  habite  dans  ces  pa- 
rages, mais  qu'il  est  excessivement  rare. 

Le 6 mars  1897,  M.delaVaulx  quittait  Choiquenilabué,  traversait 
le  Rio  Mayo,  le  Rio  Guinguel  et  arrivait  presque  aux  sources  de 
l'arroyo  Auk-guirl.  A  partir  de  là,  il  coupe  par  leurs  sources 
presque  tous  les  arroyos,  nombreux  dans  cette  contrée  ;  il  s'est 
en  effet  considérablement  rapproché  de  la  Cordillère.  Il  recon- 
naît les  vallées  du  Rio  Deseado  et  affirme  que  ce  rio  n'existe 
pas;  peut-être  même  n'a-t-il  jamais  existé.  En  ce  même  point, 
il  a  rencontré  une  caverne  habitée  par  l'homme  de  l'âge  de 
pierre. 

Le  16  avril,  il  arrivait  au  Rio  Chico  de  Santa  Cruz.  Depuis  le  Rio 
Scnguer,  il  s'était  dirigé  à  la  boussole;  les  guides  indiens  qu'il 
avait  engagés  ayant  manqué  de  parole  le  jour  du  départ,  il  suivait 
autant  que  possible  la  route  des  anciennes  caravanes  d'Indiens.  La 
contrée  qu'il  traversait  est  fertile,  arrosée  de  nombreux  cours  d'eau; 
l'herbe  y  pousse  en  abondance.  Le  24  avril,  le  voyageur  campait  un 
peu  en  arrière  du  confluent  du  Rio  Chico  et  du  Rio  Cheuen,  auprès 
d'un  rancho  habité  par  des  métis  d'Indiens  et  de  blancs.  C'étaient 
les  premiers  humains  qu'il  rencontrait  depuis  son  départ  du  Rio  Sen- 
guer  ;  il  avait  fait  un  parcours  de  1,000  kilomètres  en  pays  com- 
plètement désert,  mais  susceptible  d'une  grande  fertilité.  Le  18  mai, 
il  s'embarquait  à  Gallegos  sur  un  navire  de  guerre  argentin  et  fai- 
sait le  tour  de  la  Terre  de  Feu  ;  à  la  fin  de  juillet,  il  était  de  re- 
tour à  Ruenos-Ayres.  Le  voyage  avait  duré  seize  mois,  et  le  trajet 
fait  en  terre  ferme  était  de  5,000  kilomètres. 

Toutes  les  collections  recueillies  au  cours  de  ce  voyage  seront 
exposées,  le  mois  prochain,  dans  les  galeries  du  Jardin  des  Plantes. 

En  résumé,  suivant  M.  de  la  Vaulx,  la  Patagonie  est  un  pays 
d'avenir  ;  elle  réserve  encore  de  grandes  surprises  ;  c'est  l'une  des 
contrées  où  la  science  pourrait  s'enrichir  le  plus  sûrement  Ce 


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102  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

serait  en  outre,  en  raison  de  la  fertilité  du  sol  et  de  l'état  sani- 
taire du  pays,  un  terrain  très  favorable  à  la  colonisation. 

Le  Président  rappelle  qu'il  y  a  45  ans,  lorsqu'il  était  en  station 
à  Montevideo,  on  ne  songeait  guère  à  visiter  la  Patagonie.  Les  In- 
diens ne  l'eussent  pas  permis.  Montés  sur  leurs  chevaux  rapides, 
ils  venaient  attaquer  les  habitants  de  la  République  Argentine 
jusque  dans  les  villes.  Pour  se  mettre  à  l'abri  de  leurs  incursions, 
il  fallut  même  creuser  un  fossé  de  300  kilomètres  de  longueur, 
fossé  dont  les  terres,  rejetées  sur  le  côté  du  sud,  empêchaient  les 
Indiens,  à  cause  de  la  hauteur  du  talus,  de  revenir  sur  leurs  pas 
et  de  battre  en  retraite.  Aujourd'hui  la  situation  s'est  bien  mo- 
difiée ;  la  civilisation  a  refoulé  ces  primitifs  et  les  a  ruinés. 

c  Vous  avez  donc  pu  parcourir  librement  ces  contrées  en  partie 
inexplorées  où  vous  avez  recueilli  des  documents  d'un  grand  in- 
térêt. Mais  ce  sont  surtout  les  pièces  anthropologiques  que  vous  avez 
rapportées,  qui  donnent  à  votre  voyage  une  importance  particulière. 
Plusieurs  sont  entièrement  nouvelles  et  éclairent  des  questions 
scientifiques  restées  jusqu'ici  dans  l'ombre. 

c  Vous  allez  partir  bientôt  pour  la  Terre  de  Feu,  dans  ce  pays  de 
glace  et  de  tempête.  Nos  vœux  vous  y  accompagneront,  et  nous 
espérons  qu'à  votre  retour  vous  nous  ferez  profiter  de  vos  décou- 
vertes. » 


±8    zxxetrs 

PRÉSIDENCE    DE    M.   GABRIEL  MARCEL 
Vice-Président  de  la  Commission  centrale. 

MM.  Gh.  Rabot  et  Venukoff  présentent  plusieurs  ouvrages; 
M.  Gh.  Maunoir  présente  une  carte  d'une  partie  du  cours  du 
Niger  (Voir  Présentation  de  livresf  cartes,  etc.). 

Le  Président  fait  connaître  les  résultats  du  concours  pour  le 
prix  Au  grand.  Ge  prix  a  été,  à  l'unanimité,  décerné  au  Dr  Hamy, 
Mb.  de  la  Société,  pour  son  ouvrage  :  Galerie  ethnographique  du 
Trocadéro.  Il  serait  superflu  de  faire  ici  Péloge  du  Dr  Hamy,  dont 
la  large  érudition  et  las  avis  autorisés  sont  particulièrement  ap- 
préciés par  ses  collègues. 


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SÉANCES  DES  i,   18  ET  41  MARS  1898.  103 

M.  Gabriel  Marcel  annonce  ensuite  la  mort  de  M.  Gb.  Oadin. 
Notre  regretté  collègue  avait  fait  à  la  Société  plusieurs  conférences 
très  applaudies  sur  ses  excursions  alpestres  ;  il  avait  en  dernier  lieu 
parlé  des  Alpes  dolomitiques. 

M.  Henri  Gordier  signale  la  perte  qu'a  faite  le  monde  savant 
en  la  personne  de  M.  Schefer,  directeur  de  l'École  des  Langues 
orientales  vivantes. 

Après  cet  hommage  à  la  mémoire  d'un  homme  dont  la  science 
gardera  le  souvenir,  la  parole  est  donnée  à  M.  le  baron  de  Baye 
qui  fait  le  récit  de  sa  troisième  mission  en  Sibérie. 

De  Pmm  à  Vf  n«a*»ln*k  ;  loiveilr  d'aae  mlsston.  —  Sur 

l'invitation  du  prince  Sviatopolk  Marsky,  gouverneur  de  Penza, 
M.  de  Baye  alla  visiter  les  Mordvines,  population  Gnno-ougrienne, 
de  la  branche  bulgare,  comme  les  Tchérémisses  et  les  Tchou- 
vaches.  Jusqu'au  xve  siècle,  ils  demeurèrent  une  nation  puissante; 
il  y  a  176,689  Mordvines  dans  le  gouvernement  de  Penza;  ils  se  di- 
visent en  deux  branches  :  les  Mokcha  et  les  Erzia.  M.  de  Baye  vi- 
sita le  village  de  Célixa,  habité,  dans  le  district  de  Gorodisché,  à 
20  vers  tes  de  Penza,  par  2,000  Mordvines,  pratiquant  la  religion 
orthodoxe,  qui  fut  implantée  parmi  eux,  il  y  a  cent  cinquante  ans; 
on  y  compte  cent  maisons  de  vieux  croyants.  Mais  on  y  trouve 
aussi  des  traces  sensibles  de  paganisme. 

A  Gitra,  depuis  quinze  ans,  les  hommes  ont  presque  complète- 
ment abandonné  le  costume  national,  qui  se  composait  entre  autres 
de  chemises  blanches  à  raies  rouges;  ils  se  coiffaient  en  hiver  d'un 
bonnet  de  peau  de  mouton  blanc  et  en  été  d'un  chapeau  rappelant 
les  nôtres.  Mais  les  femmes  et  les  filles  mordvines  continuent  à 
porter  leurs  costumes  anciens;  les  broderies  sur  toile  blanche  qui 
les  enrichissent  sont  bleues  et  rouge-brun,  comme  on  pourra  le 
voir  au  Musée  Guimet.  Les  filles  portent  une  sorte  de  diadème;  elles 
ne  cachent  pas  leurs  cheveux,  mais  se  font  une  natte  le  long  de  la- 
quelle se  trouve  ajusté  un  ornement  de  même  longueur,  composé 
d'une  suite  de  plaques  métalliques  réunies  par  des  perles  de  verres 
multicolores.  Les  pendants  sont  passés  autour  de  l'oreille  non 
percée,  sur  le  lobe  de  laquelle  sont  des  bouflettes  en  poil  de  lapin. 
Le  principal  habillement  des  femmes  se  compose  d'une  chemise 
en  toile,  longue  et  étroite,  nommée  panar,  qui  sert  à  la  fois  de 
chemise  et  de  jupe,  serrée  à  la  taille  par  une  ceinture  bariolée. 
Signalons  un  instrument  de  musique  nommé  oufam,  fait  d'une 
peau  de  mouton  et  qui  ressemble  vaguement  à  un  biniou  ou  à  une 


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104  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

cornemuse*  Le  musicien  souffle  dans  un  os  percé  de  trous  ;  cet  os 
doit  être  celui  d'un  aigle  ;  le  son  sort  d'une  corne  de  bœuf.  Les 
Mordvines  du  gouvernement  de  Penza  fournissent  un  fort  contin- 
gent à  l'émigration  en  Sibérie.  Du  1"  janvier  1895  au  1"  juillet 
1897,  cinq  mille  huit  cent  vingt-sept  familles  ont  émigré  avec  auto- 
risation. Ces  gens  font  d'excellents  colons;  ils  exécutent  avec  une 
grande  énergie  de  longs  travaux  fort  pénibles.  Lorsqu'on  com- 
mande à  un  Russe  une  trop  forte  corvée,  s'il  la  juge  au-dessus  de 
ses  forces,  il  répond  :  c  Mais  tu  demandes  de  moi  un  travail  de 
Mordvine.  i 

Notre  voyageur  fit  une  apparition  à  Ekatérinebourg  et  constata 
que  le  secrétaire  général  de  la  Société  ouralienne,  M.  Clerc,  a 
classé  à  nouveau  le  musée  de  cette  Société.  On  peut  y  étudier  les 
antiquités  récemment  exhumées  des  tourbières  du  lac  Chighir. 
M.  de  Baye  retourna  dans  cette  localité  et  fut  assez  heureux  pour 
en  exhumer  une  idole  en  bois.  Tout  auprès  sont  les  rochers  des 
c  Sept- Frère  s  *,  qui  voulaient  barrer  la  route  à  Yermak,  conquérant 
de  la  Sibérie.  M.  de  Baye,  se  dirigeant  de  Tchéliabinsk  sur  Omsk 
par  le  Transsibérien,  fit  roule  avec  M.  Banil  ûuchakoff,  qui  se  ren- 
dait à  Disk  pour  y  inspecter  22  villages  kosaks  installés  au  sud 
de  Barnaoul,  en  contestation  avec  des  colons  attirés  par  eux.  En 
1897,  d'après  M.  Ouchakoff,  70,000  colons  seulement  sont  passés 
en  Sibérie;  en  1896,  leur  nombre  a  été  de  180,000.  C'est  qu'on 
a  voulu  diriger  désormais  les  paysans  sur  des  terres  dont  le  sol 
et  le  climat  fussent  analogues  à  ceux  de  la  région  russe  qu'ils 
quittaient;  d'ailleurs  l'émigration  continue  sans  interruption.  «  Il 
semble,  dit  très  bien  M.  le  baron  de  Baye,  que  l'Asie  reçoive 
après  des  siècles  les  descendants  de  populations  qui  jadis  avaient 
débordé  sur  l'Europe»,  car  on  y  voit  des  Bulgares,  des  Mordvines, 
des  Finnois,  etc.  M.  Archipolf,  d'abord  établi  à  Tiumen,  s'est  fixé  à 
Tchéliabinsk;  il  s'est  voué  à  la  colonisation  depuis  1884,  et  il  a  pu 
mieux  que  personne  expliquer  à  M.  de  Baye  tout  ce  qui  s'y  rattache  : 
c  Ces  gensont  tout  laissé  :  parents,  amis,  clocher,  champs,  isba,  etc., 
mais  ils  emportent  dans  une  sacoche  une  poignée  de  terre  natale. 
Parvenus  dans  leur  nouveau  cantonnement,  là  où  ils  doivent 
s'arrêter,  ils  jetteront  quelques  poignées  de  cette  terre  pour  la 
mêler  à  celle  dont  ils  viennent  prendre  possession...  Le  colon 
conservera  un  peu  de  cette  terre  afin  que  ses  enfants  puissent  dé- 
poser sur  sa  tombe  le  dernier  souvenir  de  là-bas.  > 

M.  de  Baye  constate  les  progrès  qu'a  faits  cette  section  du  Trans- 
sibérien depuis  sa  dernière  visite.  Les  petites  stations  sont  achevées, 


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SÉANCES  DES  4,   18  ET  21    MAHS  1898.  105 

sauf  celle  de  Kourgane  et  Petropolowski  ;  on  les  a  munies  de  buffets 
et  de  jardins,  à  droite  et  à  gauche  des  gares. 

Au  delà  d'Omsk,  les  stations  sont  moins  avancées  :  à  une  petite 
station,  dernier  arrêt  près  d'Ob,  on  voit  attaché  à  un  poteau  télé- 
graphique, abrité  sous  une  minuscule  toiture,  le  dessin  d'une  église 
projetée  par  les  colons. 

Plus  loin,  a  surgi  en  peu  de  temps  une  ville  de  12,000  habi- 
tants. 

  la  station  de  Taïga,  M.  de  Baye  prend  la  petite  ligne  qui  relie  le 
Transsibérien  à  Tomsk,  qu'il  voulait  revoir  à  cause  des  collections 
ethnographiques  et  archéologiques  de  l'Université,  qui  honorent 
M.  Konmelzoff.  11  a  trouvé  43  kourganes  dont  plusieurs  contenaient 
des  monnaies  chinoises,  appartenant  à  la  dynastie  des  Tang 
(vu*  siècle  apr.  J.-C);  elles  renfermaient  également  3  de  ces  idoles 
oviformes,  dites  peruiiennes.  Une  chose  plus  connue  peut-être, 
c'est  la  tombe  d'un  mystérieux  personnage,  Staratz  Féodor,  mort 
en  1860,  vénéré  par  les  Sibériaks,  et  qui  n'aurait  été  autre  que 
l'empereur  Alexandre  Ier. 

M.  de  Baye  revint  à  la  station  Taïga.  Il  y  a  quatre  ans,  une 
forêt  vierge  s'élevait  là  où  Ton  voit  maintenant  une  agglomération 
de  2,000  habitants,  rudes  Sibériaks  venus  un  peu  de  partout,  cher- 
cheurs d'aventures,  et  qui  vivent  des  travaux  du  chemin  de  fer. 
Leurs  habitations  sont  sans  ouverture.  Il  n'y  a  de  fanaux  qu'à  la 
porte  de  deux  débits  d'eau-de-vie. 

On  atteint  ensuite  Archinsk,  où  des  essais  de  colonisation,  très 
clairsemés,  ont  été  tentés,  et  l'on  arrive  enfin  à  Krasnoïarsk,  baigné 
par  l'iénisséi,  et  appelé  à  un  grand  développement.  Il  y  a  là  une 
Société  commerciale  anglaise,  dont  les  bateaux  transportent  des 
marchandises  par  mer,  remontent  le  fleuve  et  répandent  les  pro- 
duits en  Sibérie.  Des  Français  y  sont  venus  dans  le  but  d'établir 
une  affaire  analogue;  ils  semblent  avoir  jeté  leur  dévolu  sur  un 
grand  domaine  des  environs,  donné  par  l'impératrice  Catherine  à 
une  famille  qui  n'a  pas  les  moyens  de  le  mettre  en  valeur.  Les 
bâtiments  du  chemin  de  fer  contiennent  d'importants  dépôts  de 
matériel  et  de  machines  et  des  ateliers  considérables.  Les  travaux 
du  port  sur  l'iénisséi  devant  Krasnoïarsk  se  poursuivent  rapide- 
ment. Dans  les  fouilles  faites  par  les  terrassiers,  on  a  découvert 
beaucoup  d'ossements  de  mammouths,  mais  l'ignorance  des  ouvriers 
a  tout  dispersé.  Près  de  Lodoïsky,  M.  do  Baye  a  pu  extraire  un  sque- 
lette de  bison  (bos  priscus). 

Pour  se  rendre  de  Krasnoïarsk  à  Minoussinsk,  M.  de   Baye 


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106  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

remonta  l'Iénisséi  sur  le  bateau  Nicolas,  mis  à  sa  disposition  par 
M.  Valaomieff,  l'ingénieur  en  chef  de  Tomsk.  La  navigation  est 
difficile  en  remontant  le  fleuve,  dans  les  défilés  où  ses  eaux  sont 
resserrées  entre  les  rochers  et  même  dans  les  endroits  où,  devenu 
large,  il  se  divise  en  plusieurs  lits,  séparés  par  des  bancs  de  sable 
ou  des  îles  rocheuses  et  escarpées.  Le  baron  de  Baye  fait  une 
description  saisissante  de  ces  solitudes,  où  apparaissent  très  peu 
de  villages.  Des  forêts  superbes  s'étendent  à  l'embouchure  des 
rivières  Mana  et  Karaoulnaïa.  A  100  kilomètres  avant  d'arriver  à 
Minoussinsk,  se  trouve  la  station  Sorakine,  où  Ton  voit  quantité 
de  kourganes  entourées  de  grosses  pierres  dressées. 

Entre  Krasnoïarsk  et  Minoussinsk  les  botanistes  peuvent  étudier 
trois  faunes  distinctes  :  celle  des  forêts,  celle  des  montagnes  et 
celle  des  steppes. 

A  10  kilomètres  de  cette  dernière  station,  il  existe  depuis  trois 
ans  un  village  de  15  maisons,  habité  par  des  Mordvines;  on  l'appelle 
Komorkovo  ;  en  étudiant  les  Mordvines  dans  le  gouvernement  de 
Penza,  notre  voyageur  ne  pensait  pas  en  retrouver,  deux  mois  après, 
sur  les  bords  de  l'Iénisséi. 

A  240  kilomètres  de  la  frontière  chinoise,  après  dix  jours  de 
navigation,  voici  les  passagers  à  Minoussinsk  (de  min  oussou,  mon 
eau);  il  faisait  un  froid  glacial  dans  le  c  Zienst  Quarter  >,  où  ils 
trouvèrent  abri.  Mais  on  y  voit  un  musée.,  très  curieuse  réunion 
de  matériaux  d'étude  admirablement  classés,  ayant  tous  un  carac- 
tère local,  œuvre  d'un  seul  homme,  un  Sibériak,  M.  Martianoff.  Ce 
musée,  fondé  en  1877,  est  un  véritable  tour  de  force;  c'est  le  plus  in- 
téressant de  tous  les  musées  locaux  de  la  Sibérie.  Sa  section  archéo- 
logique est  d'aulant  plus  remarquable  que  cette  région  était  le 
foyer  d'une  civilisation,  d'une  industrie  du  bronze  tout  à  fait  origi- 
nale, et  propre  à  la  Sibérie;  on  lui  a  donné  le  nom  d'école 
ouralo-altaïenne. 

Il  y  a  là  plusieurs  peuples  parlant  la  langue  turque  :  on  les 
nomme  tous  Tatares,  mais  ils  se  divisent  en  nombreuses  branches 
telles  que  les  Katchinsky  et  les  Koibaïltzy,  anciens  peuples  finnois 
mélangés  aux  Tatares.  Ils  ne  s'occupent  pas  d'agriculture.  Us  ont 
des  habitations  pour  l'hiver  et  d'autres  pour  l'été,  qui  ne  sont 
séparées  que  de  3  ou  4  kilomètres.  Dans  les  steppes  des  bords  de 
l'Iénisséi,  ces  Tatares  couvrent  leurs  iourtes  avec  une  graminée 
qui  atteint  2  mètres  et  même  plus  de  hauteur  (Lasiogrostis 
splendens  ou  stipa  Altaï  c  a).  Sur  la  frontière  chinoise  se  trouvent 
les  Soyottes  qui,  eux  aussi,  parlent  la  langue  turque. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.         107 

Les  populations  précitées,  mélange  d'éléments  finnois,  turcs  et 
mongols,  sont  partiellement  baptisées,  mais  elles  restent  fidèles 
au  chamanisœe. 

Les  préires  païens  ou  chamans  sont  divisés  en  trois  classes.  Les 
plus  élevés  en  grade  portent  un  costume  couvert  de  longs  mor- 
ceaux de  chiffons,  de  clochettes,  de  grelots,  de  perles,  de  denfs  et 
de  griffes  d'animaux  enfilées.  Ceux  du  second  rang  n'ont  pas  de 
costume,  mais  ils  ont,  comme  les  premiers,  un  grand  tambour. 
Ceux  du  troisième  ont  un  simple  morceau  de  bois  qu'ils  remuent. 
Le  tambour,  voilà  le  principal  attribut  des  chamans.  Us  ont  dès 
idoles  qu'a  minutieusement  étudiées  M.  le  baron  de  Baye. 

La  séance  se  termine  par  une  allocution  de  M.  Gabriel  Marcel 
qui  remercie  le  conférencier  de  son  intéressante  communication  et 
passe  rapidement  en  revue  les  travaux  de  ses  devanciers. 


2  ±   m.etrs 


SEANCE    EXTRAORDINAIRE 

Pré»l*enee  de  M.  MILITE-EDWARDS 

Membre  de  l'Institut,  Président  de  la  Société. 

RÉCEPTION      DK     M.     EDOUARD      FOA 
EXPLORATEUR  DANS  L'AFRIQUE  ÉQUATORIALE 

Aux  côtés  du  Président  prennent  place  M.  Leydier,  chef  du  secré- 
tariat particulier  du  Ministre  de  l'Instruction  publique,  délégué 
par  M.  Rambaud,  M.  le  commandant  Bolloré,  délégué  du  Ministre 
de  la  Guerre;  M.  Edouard  Foa,  l'explorateur  reçu  aujourd'hui; 
MM.Ch.  Maunoir  et  le  colonel  Bassot,  vice-présidents  de  la  Société; 
M.  Le  Myre  de  Vilers,  président  de  la  Commission  centrale. 

Le  Président  ouvre  la  séance  par  ces  quelques  mots  : 
<  Mesdames,  messieurs,  lorsque,  à  son  retour  d'Afrique,  M.  Foa 
est  venu  me  parler  du  long  voyage  qu'il  avait  accompli,  ma  curio- 
sité s'est  trouvée  vivement  excitée  par  ses  récits  à  la  fois  nets  et 


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108  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

colorés.  J'aurais  voulu  prolonger  des  entretiens  qui  m'apprenaient 
toujours  quelque  chose  de  nouveau  sur  les  populations,  les  ani- 
maux, les  plantes  des  régions  traversées  par  lui;  les  observations 
qu'il  y  avait  recueillies  me  semblaient  une  source  intarissable  de 
documents  où  il  serait  bon  pour  tous  de  puiser.  Ils  feront  certai- 
nement l'objet  d'un  livre  des  plus  captivants  dont  M.  Foa  veut  bien 
nous  donner  aujourd'hui  la  primeur.  Je  l'en  remercie  et  le  prie  de 
prendre  la  parole  pour  nous  faire  l'exposé  de  sa  belle  exploration.  > 

Traversée  de  l'Afrique  équaterlale,  de  l'embouchure  dui 
SEambèse  (Océan  Indien)  a  celle  du  Congo  (Océan  Atlan- 
tique), par  les  Grands  Lacs.  1S04-1 8*9  (1). 

Chargé,  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  d'une 
mission  scientifique  ayant  pour  but  l'étude  de  l'histoire  naturelle 
et  de  l'ethnographie  de  la  région  des  Grands  Lacs  au  centre  de 
l'Afrique  équatoriale,  M.  Foa  quitta  la  France  en  juillet  1894.  En 
plus  de  cette  mission,  il  comptait  faire  l'exploration  de  plusieurs 
territoires  nouveaux  avec  l'espoir  d'y  chasser  les  grands  fauves. 

c  Le  temps  dont  je  dispose  étant  très  court  et  mon  voyage  ayant 
une  étendue  considérable,  il  me  sera  difficile  de  m'arrête r  longtemps 
sur  les  détails;  de  plus,  les  pays  parcourus  sont  si  nombreux  et 
si  divers,  les  peuplades  si  variées  et  si  différentes,  que  je  serai 
forcément  obligé  de  faire  un  choix  et  de  ne  parler  que  des  traits  les 
plus  marquants.  Je  me  consacrerai  donc  plus  particulièrement,  ce 
soir,  à  la  partie  du  voyage  qui  comprend  des  découvertes  géo- 
graphiques; elles  sont  assez  importantes  pour  nous  occuper 
entièrement,  et  je  vais  avoir  le  grand  plaisir  de  vous  entretenir, 
pendant  une  soirée,  uniquement  des  découvertes  géographiques, 
c'est-à-dire  d'endroits  encore  blancs  sur  les  cartes,  où  j'ai  eu  la 
bonne  chance  de  pénétrer  le  premier.  Je  ne  ferai  que  mentionner, 
pour  l'intelligence  des  grandes  lignes  du  voyage,  les  régions  déjà 
parcourues  par  moi  ou  explorées  par  d'autres  voyageurs.  Avec  les 
pays  nouveaux  nous  verrons  les  peuplades  nouvelles;  vous  ne 
vous  étonnerez  pas  si,  de  temps  en  temps,  je  me  laisse  aller  à 
vous  conter  quelques  chasses. 

c  L'expédition  se  composait,  au  départ,  de  M.  de  Borély,  de  M.  Ber- 
trand et  de  moi.  M.  de  Borély  tenait  le  journal  et  s'occupait  du  dé- 
tail de  l'expédition;  M.  Bertrand  m'aidait  dans  mes  observations, 
et  dans  mes  chasses,  comme  naturaliste  préparateur;  il  m'a  rendu 

(1)  Voir  la  carte  jointe  à  ce  numéro. 


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SÉANCES  DES  4,   18  ET  21    MARS  1898.  109 

des  serviees  importants.  Le  personnel  noir,  que  je  tous  présen- 
terai tout  à  l'heure,  se  composait,  outre  nos  domestiques,  cuisi- 
niers, capitans  ou  chefs  de  caravane,  et  chasseurs,  d'un  nombre 
de  porteurs  variant,  selon  le  moment,  entre  75  et  380  hommes.  Je 
reviendrai  sur  ces  détails  en  passant. 

<  Nous  avons  débarqué  à  l'embouchure  du  Zambèze,  à  Chinde, 
en  août  1894;  nous  avons  remonté  le  Bas  Zambèze  et  une  partie 
du  Chiré  en  embarcation  et  en  pirogue  et  avons  établi  un  camp 
volant  à  Chiromo  en  septembre  1894.  C'est  là  qu'est  le  point  de 
départ  du  voyage  à  pied.  Il  est  bon  que  je  dise  un  mot  sur  la  fa- 
çon de  voyager  à  pied  dans  ces  régions.  Vous  savez  déjà  que  dans 
ces  pays  il  n'y  a  pas  de  bêtes  de  somme  et  que  les  animaux  domes- 
tiques ne  peuvent  s'y  acclimater  à  cause  d'une  mouche,  la  tsétsé, 
dont  la  piqûre  empoisonnée  les  tue  à  bref  délai.  Fort  heureuse- 
ment, si  elle  tue  les  animaux  domestiques,  la  tsétsé  n'est  pas  nui- 
sible à  l'homme;  sans  cela  l'Afrique  centrale  serait  encore  aujour- 
d'hui à  l'état  de  contrée  inconnue.  La  piqûre  de  la  mouche  est 
simplement  gênante  pour  les  gens  et  produit  sur  eux  l'effet  d'une 
grosse  piqûre  de  moustique. 

c  Comme  il  n'y  a  pas  de  bêles  de  somme,  on  emploie  l'indigène 
en  qualité  de  porteur  :  on  divise  ses  ustensiles  de  ménage,  lits,  tentes, 
provisions,  etc.,  en  colis  égaux  d'une  vingtaine  de  kilogrammes; 
les  nommes  portent  sur  la  tête  ces  charges,  paquets,  caisses,  colis 
de  toute  sorte.  Qu'il  y  ait  de  petits  sentiers  indigènes  à  travers 
la  brousse  ou  qu'il  n'y  en  ait  pas,  on  s'en  va  les  uns  derrière  les 
autres  à  la  file  indienne.  Eu  tête,  marche  généralement  un  capitan 
ou  chef  de  caravane,  ou  le  guide,  s'il  y  en  a  un;  les  autres  chefs, 
vers  le  milieu  ou  derrière,  surveillant  les  porteurs,  poussant  les 
retardataires. 

c  Les  cuisiniers,  domestiques,  libres  de  charges,  portent  des 
fusils  ou  de  petits  objets,  et  les  Européens  suivent  ou  précèdent 
la  caravane,  le  bâton  à  la  main.  On  fait  ainsi  une  moyenne  de 
15  à  20  kilomètres  par  jour,  quelquefois  davantage,  selon  les 
endroits  où  l'on  campe;  tout  dépend  des  lieux  où  l'on  trouve 
de  l'eau.  C'est  la  distance  entre  deux  ruisseaux,  rivières  ou  mares, 
qui  décide  de  la  longueur  de  l'étape.  Voilà,  en  général,  la  ma- 
nière dont  se  font  les  marches;  les  porteurs  et  les  pays  changent, 
mais  on  continue  à  s'en  aller  ainsi  pendant  des  semaines,  des 
mois,  pendant  des  années,  car  le  voyage  que  je  viens  d'accomplir 
a  été,  sauf  la  descente  du  Congo,  fait  entièrement  à  pied,  c'est-à- 
dire  que  j'ai  parcouru  ainsi  plus  de  6,000  kilomètres. 


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110  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

c  Gela,  comme  vous  le  voyez,  est  très  fatigant,  et  la  santé  et  la 
persévérance  sont  indispensables  à  de  pareils  voyages.  Je  vous 
prierai  maintenant  de  suivre  la  caravane  dans  ses  pérégrina- 
tions. 

c  Comme  nous  n'avons  fait  en  1894  que  traverser  des  régions 
que  j'avais  déjà  explorées  lors  de  mon  dernier  voyage,  c'est-à-dire 
le  pays  de  Magandja,  de  Makanga,  d'Oundi  et  de  Matchinga,  nous 
passerons  rapidement  pour  arriver  au  voyage  nouveau.  En 
1895,  nous  faisons  la  reconnaissance  du  massif  montagneux  du 
Haut  Kapotché  et  nous  suivons  le  cours  de  cette  rivière,  que  nous 
plaçons  sur  la  carte  ainsi  que  le  Haut  Tchiritsé  et  le  Haut  Ma- 
voudzi,  tous  affluents  et  sous-affluents  du  Zambèze;  nous  entrons 
dans  le  pays  des  Sengas,  montagnards  assez  farouches  et  peu 
civilisés. 

c  Leurs  villages  sont  perchés  sur  les  hauteurs,  perdus  dans  les 
anfractuosités  granitiques.  On  nous  donne  dans  l'un  d'eux  une 
hospitalité  douteuse.  Les  Sengas,  avec  un  sourire  plus  ou  moins 
hypocrite,  nous  montrent  des  dents  taillées  en  scie  et,  la  nuit  de  notre 
arrivée,  tous  les  villages  décampent,  emportant  dans  des  cachettes 
inconnues  des  étrangers  leurs  volailles,  leurs  chèvres  et  leurs  pro- 
visions. Cet  accueil  nous  fait  aller  chercher  fortune  ailleurs.  A 
travers  un  pays  enchanteur»  à  travers  une  région  aussi  accidentée 
et  pittoresque  que  les  Alpes  et  les  Pyrénées,  nous  gagnons  l'Aroan- 
goua,  voyage  long  et  fatigant  à  cause  de  la  difficulté  du  pays,  mais 
riche  en  souvenirs,  et  digne  du  pinceau  d'un  peintre.  Peu  de  gibier 
pendant  ce  trajet,  sauf  quelques  traces  de  rhinocéros  ;  d'ailleurs, 
saison  peu  propice  à  la  chasse,  car  les  herbes  sont  hautes  et  les 
pluies  abondantes. 

c  L'embouchure  de  l'Aroangoua  se  trouve  un  peu  au-dessus  de 
Zumbo,  ancienne  ville  portugaise,  où  le  commerce  est  mon  aujour- 
d'hui et  où  l'on  ne  voit  plus  que  quelques  ruines,  derniers  ves- 
tiges d'une  occupation  ancienne.  De  Zumbo,  nous  revenons  sur  nos 
pas  pour  visiter  les  diverses  cataractes  du  Zambèze  entre  Ka- 
chombo  et  Massinangoué.  La  partie  nouvelle  de  ce  voyage  est  la 
reconnaissance,  faite  pour  la  première  fois  par  terre,  de  la  rive 
gauche  du  Zambèze. 

c  Encore  un  pays  de  hautes  montagnes,  hérissé  de  pics,  de  ma- 
melons et  de  dentelures,  aux  cols  difficiles,  aux  sentiers  sinueux 
et  pénibles. 

c  Nous  disons  maintenant  adieu  au  grand  et  majestueux  Zambèze, 
car  nous  ne  devons  plus  le  revoir,  et  nous  continuons  notre  che- 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  21  MARS  1898.         111 

min  vers  le  nord-ouest.  Je  vous  ai  parlé  tout  à  l'heure  de  l'em- 
bouchure de  l'Aroangoua9  un  des  affluents  les  plus  importants  du 
Zambéze  et  dont  il  sera  question  dans  quelques  années  quand  la 
civilisation  et  l'occupation  européennes,  toujours  grandissantes, 
seront  arrivées  dans  ces  régions. 

c  Ce  grand  fleuve,  qui  n'est  que  très  peu  connu,  a  été  visité 
sur  un  de  ses  points  à  plusieurs  reprises,  mais  la  plus  grande 
partie  de  son  cours  était  indiquée  sur  les  cartes  par  pointillé.  Je 
l'ai  traversé  plusieurs  fois  dans  des  régions  différentes  et  j'ai  visité 
l'endroit  où  il  prend  sa  source. 

c  Les  bords  de  l'Aroangoua,  sur  les  points  que  j'ai  visités,  sont 
pittoresques,  mais  peu  peuplés.  Les  gens  du  pays  sont  ennemis  des 
Barotsés  et,  en  général,  de  toutes  les  peuplades  qui  sont  de  la  rive 
opposée,  c'est-à-dire  la  rive  droite  ou  occidentale  du  fleuve.  Il  y  a 
dans  l'Aroangoua  des  endroits  fort  poissonneux  et  nous  y  avons  fait 
des  pêches  remarquables,  en  employant  la  dynamite.  J'y  ai  tué  une 
fois  d'un  seul  coup  103  gros  poissons  ;  c'étaient  des  mormyresd'uu 
poids  variant  entre  1  et  4  kilogrammes.  Quand  on  a  une  expédition 
de  300  hommes  à  nourrir,  on  ne  se  plaint  pas  de  ces  aubaines.  La 
dynamite  étourdit  et  tue  les  poissons  qui  remontent  à  la  surface  ; 
il  faut  se  hâter  de  les  prendre,  car  ils  redescendent  bientôt  au  fond. 
Dans  les  poches  de  ce  genre,  la  cartouche  n'avait  pas  plus  tôt  fait 
explosion  que  j'avais  50  hommes  qui  se  jetaient  à  l'eau,  quelquefois 
pour  ne  trouver  que  quelques  goujons.  La  chasse  a  été  très  fruc- 
tueuse sur  les  bords  de  l'Aroangoua  :  les  éléphants  s'y  sont  montrés 
quelquefois  et  la  viande  n'a  pas  manqué  non  plus. 

c  Nous  avons  bientôt  laissé  derrière  nous  ce  beau  fleuve  et, 
nous  engageant  à  l'ouest  dans  le  pays  des  Barotsés,  nous  avons 
continué  notre  route  à  petites  journées.  Mon  intention  était,  à 
cette  époque,  d'atteindre  le  lac  fiangouéolo.  C'est  près  de  là,  à 
Te  ni  tara  bo,  qu'est  mort  le  pauvre  Livingstone,  épuisé  par  la  ma- 
ladie et  les  fatigues  et  après  des  derniers  moments  vraiment  poi- 
gnants. C'est  à  Tchitambo,  dans  le  fond  d'une  petite  case,  que  ses 
serviteurs  le  trouvèrent  agenouillé  contre  son  vieux  lit  de  camp, 
mort  déjà  depuis  plusieurs  heures.  On  comprend  que,  déjà  fort 
malade,  il  ait  été  achevé  par  son  séjour  dans  cette  région,  car  à 
an  certain  moment  de  l'année,  c'est  un  immense  marécage.  C'est 
en  cet  état  que  nous  avons  trouvé  le  pays,  et  malgré  toute  notre 
bonne  volonté  (c'était  la  saison  des  pluies  de  1895),  il  nous  a  été 
impossible  de  continuer;  on  marchait  jour  et  nuit  dans  un  terrain 
presque  continuellement  vaseux  et  gras  où  Ton  enfonçait  jusqu'à 


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112  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

la  cheville,  quelquefois  jusqu'à  mi-jambe.  Force  me  fut  donc  de 
renoncer  à  atteindre  le  lac  Bangouéolo.  Nous  avons  néanmoins 
fait  dans  le  pays  une  boucle  importante;  nous  n'étions  qu'à  trois 
ou  quatre  jours  de  marche  des  bords  du  lac  vers  le  nord,  et,  vu  la 
pente  de  plus  en  plus  sensible  du  terrain  dans  cette  direction  et 
son  état  devenant  de  plus  en  plus  marécageux,  il  est  évident 
que  nous  aurions  eu  à  achever  le  voyage  en  pirogue.  La  santé  de 
mes  camarades  n'était  déjà  pas,  à  cette  époque,  des  plus  brillantes 
et  la  mienne  laissait  à  désirer,  comme  tous  les  ans  à  la  saison  des 
pluies.  J'ai  néanmoins  fait,  pendant  les  quelques  semaines  que  je 
suis  resté  dans  cette  région,  des  chasses  remarquables  en  même 
temps  qu'un  itinéraire  absolument  nouveau. 

c  La  chasse  à  l'éléphant  est  une  des  plus  émouvantes  et  des  plus 
dangereuses  qui  soit,  et  ceux  de  mes  auditeurs  qui  ont  bien  voulu 
lire  mon  ouvrage  sur  mes  grandes  chasses  dans  l'Afrique  centrale 
connaissent  déjà  mon  opinion  sur  le  sujet  et  les  péripéties  que  j'ai 
traversées.  Us  connaissent  aussi  Msiambiri,  ce  compagnon  fidèle 
de  ces  deux  derniers  voyages,  chasseur  expérimenté  et  fin,  ainsi 
que  ses  camarades  Tambarika,  Rodzanj,  Tchigallo,  Kambombé, 
ces  vieux  amis  noirs  qui  m'ont  suivi  partout  et  toujours,  partageant 
mes  dangers  et  mes  fatigues,  mes  plaisirs  et  mes  peines.  Nous  en 
reparlerons  encore,  car  comment  ne  pas  joindre  leurs  noms  à  tous 
ces  souvenirs  que  j'ai  au  cœur?...  > 

Ici  le  voyageur  fait  le  récit  d'une  chasse  émouvante,  où  dans 
une  troupe  de  quinze  éléphants,  il  put  en  abattre  quatre,  mais 
non  sans  que  Msiambiri  eût  été  saisi  et  lancé  eu  l'air  par  l'un  de 
ces  animaux  grièvement  blessé. 

«  N'ayant  pu  atteindre  le  lac  Bangouéolo,  et  le  besoin  se  faisant 
sentir  pour  nous  de  revoir  des  régions  plus  hautes  et  plus  saines, 
nous  sommes  revenus  sur  nos  pas  et  avons  voyagé  dans  le  pays  de 
Mpéséni  et  Moassi  pendant  quelques  mois.  C'est  encore  là  un  pays 
peu  exploré,  sauf  un  itinéraire  par  M.  Alfred  Scharpe,  et  un  autre 
par  M.  le  docteur  Moloney  et  M.  le  lieutenant  Money.  Notre  itiné- 
raire a  d'ailleurs  été  entièrement  nouveau  et  n'a  fait  que  croiser 
en  un  ou  deux  endroits  celui  de  ces  voyageurs.  Le  pays  de  Mpéséni, 
dans  la  partie  que  nous  avons  visitée,  est  coupé  de  chaînes  de 
montagnes,  de  collines  et  d'accidents  de  terrain,  avec  une  végéta- 
tion très  épaisse.  Il  est  marécageux  dans  certains  endroits;  c'est 
un  pays  dépourvu  de  sentiers  indigènes,  où  les  marches  sont  très 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21    MARS   1898.  113 

pénibles  ;  on  n'y  avance  que  lentement.  Situé  à  l'ouest  du  lac  Nyassa, 
par  sa  conformation  il  simule  à  peu  près  un  dos  d'âne  dont  un 
versant  s'inclinerait  vers  le  Jac,  y  jetant  de  nombreuses  rivières, 
et  l'autre  vers  le  lac  Bangouéolo,  fournissant  à  ces  régions  et  au 
Zambèze  un  contingent  hydrographique  considérable.  Les  altitudes 
moyennes  sont,  aux  endroits  les  plus  élevés,  de  1 ,500  à  1,800  mètres 
et  redescendent,  au  niveau  du  lac,  à  5  ou  6  mètres  au  plus.  Nous 
avons  eu  d'assez  grandes  difficultés  pour  engager  nos  porteurs 
et  combler  les  vides  qui  se  faisaient  continuellement  dans  notre 
caravane.  Ravagée  autrefois  par  les  trafiquants  d'esclaves  du  lac 
Nyassa,  la  population  y  est  assez  clairsemée.  Vous  devez  avoir 
remarqué  que  jusqu'à  présent  je  ne  vous  ai  pas  beaucoup  parlé 
des  peuplades  ;  c'est  d'abord  parce  que  nous  avons  de  préférence 
visité  les  régions  peu  habitées  et  surtout  parce  que  les  gens  que 
j'y  ai  vus  ne  diffèrent  en  rien  de  ceux  que  je  vous  ai  déjà  décrits 
dans  le  Haut  Zambèze  et  le  pays  de  Magandja.  En  revanche,  nous 
allons  trouver  tout  à  l'heure  des  peuplades  très  curieuses  et  un 
pays  qui  le  sera  moins. 

c  Les  gens  de  Mpéséni  descendent  sans  aucun  doute  des  anciens 
Zoulous  et  les  chefs  du  pays  en  ont  conservé  le  langage  ou  tout 
an  moins  un  idiome  très  approchant.  Comme  eux,  ils  font  beau- 
coup l'élevage  des  bestiaux  et  sont  armés  du  bouclier  et  de  la 
sagaie.  Mpéséni  est  un  chef  très  puissant  et  dont  l'influence  se 
fait  sentir  fort  loin  dans  le  pays.  Nous  n'avons  pas  visité  son  lieu 
de  résidence  et  n'avons  rencontré  qu'en  deux  occasions  un  de  ses 
ministres  ou  indounas.  D'abord,  en  1892,  lors  de  mon  avant-der- 
nier voyage,  le  fameux  Samba-Mropa,  mort  depuis,  je  crois,  nous 
apporta  une  invitation  que  nous  faisait  Mpéséni  de  venir  chez  lui. 
En  décembre  1896,  nouvelle  invitation  apportée  par  le  vieux 
vKanyama.  Nous  les  renvoyâmes  tous  les  deux  avec  quelques 
cadeaux  en  disant  que  nous  ne  pouvions  faire  le  grand  détour 
que  demandait  ce  voyage.  En  effet,  quand  la  première  invitation 
nous  parvint,  nous  étions  chez  Tchikoussi,  pays  des  Angonis,  et  la 
seconde  fois,  nous  nous  trouvions  sur  la  limite  nord  du  territoire 
de  Mpéséni,  chez  son  voisin  Moassi.  Ce  dernier  a,  je  crois,  disparu 
depuis  notre  passage,  battu  et  chassé  par  l'administration  anglaise 
du  Nyassaland.  Moassi  était  moitié  Arabe  noir  et  m  a  home  tan,  moitié 
Asséoué.  C'était  un  individu  auquel  il  était  difficile  de  se  fier  ;  il 
avait  subi  l'influence  des  chefs  arabes  du  lac  Nyassa  et  adopté  leurs 
manières  hypocrites.  D'ailleurs,  ce  pays  est  par  excellence  celui 
de  la  méfiance  :  villages  fortifiés  entourés  de  palissades  épaisses 
soc.  de  céogr.  —  c.  r.  des  séances.  —  N°  3.  —  Mars.  9 


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114  COMPTES  RENDUS   DES  SÉANCES. 

avec  des  portes  qu'on  barricade  le  soir,  gens  qui  se  regardent 
partout  de  travers,  chefs  qui  se  convoitent  mutuellement  leurs 
territoires  et  se  volent  chaque  fois  qu'ils  en  ont  l'occasion.  Les 
gens  de  Mpéséni  sont  les  fameux  Mafitis  dont  j'ai  tant  parlé  déjà, 
ceux  qui  se  battaient  continuellement  avec  les  Azimbas  de  la  Ma- 
ravie  et  que  j'ai  trouvés  en  lutte  le  jour  de  notre  arrivée  à  Oundi 
en  1891;  ce  sont  des  Angonis,  race  qui  peuple  tout  l'ouest  du  lac 
Nyassa.  Les  gens  de  Moassi  sont  les  Asséoués  qui  diffèrent  peu  des 
premiers,  sauf  pour  le  costume  des  femmes  que  je  vous  montrerai 
tout  à  l'heure.  Les  industries  du  pays  n'y  sont  pas  plus  avancées 
que  celles  des  gens  du  Haut  Zambèze;  on  y  tisse  un  coton  indi- 
gène en  une  étoffe  grossière  et,  comme  chez  les  Azimbas,  on  y 
fond  partout  du  fer.  Le  sol  est  excessivement  riche  à  ce  point  de 
vue.  Gomme  composition  générale  du  sol  ,1e  granit  ferrugineux,  les 
conglomérats,  le  grès  et  le  sable  forment  la  majorité  ;  les  schistes, 
le  quartz  blanc,  les  silicates  se  rencontrent  aussi  en  grande  quan- 
tité. Le  pays  est,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  excessivement  acci- 
denté en  certains  endroits  et  couvert  d'une  forêt  basse  ou  d'une 
végétation  épaisse. 

c  A  part  les  éléphants  et  quelques  rhinocéros,  le  petit  gibier  n'y 
est  pas  aussi  commun  qu'on  pourrait  s'y  attendre.  Cela  tient,  je 
crois,  à  une  épizootie  qui  a  sévi  il  y  a  quelques  années  dans  ces 
régions  et  a  détruit  une  quantité  considérable  d'animaux  sauva- 
ges. J'ai  trouvé  dans  quelques  endroits  de  véritables  ossuaires 
datant  de  huit  ou  dix  ans  où  des  centaines  de  buffles  et  d'antilopes 
sont  morts  presque  au  même  endroit.  J'ai  tué  quelques  rhinocéros 
chez  Mpéséni  et  chez  Tchikoussi  pendant  la  saison  des  pluies  de 
1896.  ~ 

c  Le  rhinocéros  est  un  animal  assez  farouche  qui  charge  le 
chasseur  dès  qu'il  le  sent  ;  il  est  néanmoins  moins  dangereux  que 
l'éléphant,  attendu  qu'il  vous  donne  généralement  le  temps  de  sor- 
tir du  vent. 

c  L'Aroangoua  nous  a  fourni  également  quelques  beaux  spéci- 
mens d'hippopotames  et  plusieurs  lions.  Nous  reprenons  notre 
voyage  en  passant  rapidement  sur  ce  qui  est  déjà  connu,  pour  ne 
continuer  à  décrire  que  les  parties  nouvelles.  En  1896-1897,  nous 
faisons  la  navigation  du  lac  Nyassa  sur  une  petite  canonnière,  Le 
Pioneer,  mise  obligeamment  à  notre  disposition  par  M.  Alfred 
Sharpe,  commissaire  de  Sa  Majesté  Britannique  au  ISyassaland. 
J'ai  fait,  pendant  ce  voyage,  des  observations  astronomiques  sur  les 
principaux  points  du  lac  avec  le  capitaine Rhoades  de  la  canonnière, 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.         115 

et  ces  observations  auront  pour  résultat  de  modifier  assez  sensible- 
ment la  carte  du  lac.  Le  lac  Nyassa  a  absolument  l'aspect  d'une 
mer  et  généralement  d'une  mer  houleuse.  Tout  autour,  sont  de 
hautes  montagnes  qui  ajoutent  encore  à  l'illusion  ;  la  couleur  des 
eaux  est  la  même,  les  vagues  brisent  sur  les  rochers  comme  sur 
l'Océan,  et  le  milieu  du  lac  a  des  profondeurs  insondables.  Pour 
donner  une  idée  de  son  étendue,  je  dirai  que  le  lac  Nyassa  a  plus 
de  300  milles  de  long  sur  60  de  large,  c'est-à-dire  500  kilo- 
mètres, à  peu  près  la  moitié  de  la  longueur  de  la  France,  sur 
90  kilomètres  de  large.  Vous  voyez  que  des  escadres  pourraient  y 
évoluer  et  s'y  perdre.  D'ailleurs,  sur  certains  points,  vers  le  milieu 
du  lac,  on  distingue  à  peine  l'horizon.  Nous  avons  eu  gros  temps 
peadant  tout  le  voyage,  neuf  jours  environ.  Je  n'insisterai  pas  sur 
l'état  dans  lequel  la  traversée  mit  les  indigènes  de  l'expédition, 
qui  déclaraient  que  jamais  de  leur  vie  ils  ne  remettraient  les 
pieds  sur  un  bateau. 

c  Mais  nous  débarquons  à  Karonga,  au  nord  du  lac  Nyassa,  et 
nous  commençons  l'ascension  du  plateau  Nyassa-Tanganyika  qui 
est  très  pénible  pour  les  porteurs.  Si  l'on  songe,  en  effet,  que  dans 
l'espace  de  trois  jours,  nous  avons  à  passer  d'un  niveau  de  500  mètres 
à  un  niveau  de  1,600  à  1,700  mètres,  on  comprendra  que  ce  n'est 
qu'une  montée  ininterrompue;  les  sentiers,  en  certains  endroits, 
sont  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile  et  les  hommes  trébuchent  à 
chaque  instant  sous  les  pierres  roulantes.  Enfin,  le  quatrième  jour 
au  matin,  nous  voyons  devant  nous,  non  plus  des  montagnes  sans 
fin,  mais  l'horizon  découvert  à  perte  de  vue  avec  un  rideau  de 
montagnes  bleuâtres  sur  notre  droite,  et  sur  notre  gauche,  une 
étendue  immense  et  ondulée  de  forêts  basses  :  c'est  le  plateau 
Nyassa-Tanganyika. 

<  Comme  il  y  a  là  une  vieille  route  de  caravanes  qui  suit  tout  le 
plateau,  nous  la  quittons  dans  notre  amour  pour  l'inconnu  et  nous 
nous  enfonçons  dans  la  région  située  à  l'ouest,  le  pays  des  Aouem- 
bas.  J'arrive  ici  à  l'une  des  parties  les  plus  importantes  de  ce  long 
voyage;  je  vais  essayer  de  vous  la  décrire  de  mon  mieux,  car  je 
crois  qu'elle  a  une  grande  importance  au  point  de  vue  géogra- 
phique. Avant  de  commencer,  je  dois  dire  que  notre  camarade 
M.  de  Borély,  abattu  par  les  fièvres,  épuisé  par  les  fatigues  du 
voyage,  nous  quitta,  à  mon  grand  regret,  au  lac  Nyassa  pour 
rentrer  en  Europe  par  le  Chiré  et  le  Zambcze  ;  je  dois  ajouter  qu'il 
s'est  heureusement  remis,  peu  après  son  arrivée  en  Europe,  et  que 
nous  avons  ce  soir,  le  plaisir  de  l'avoir  parmi  nous. 


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116  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  lia  caravane  est  toujours  celle  que  vous  connaissez  :  les  por- 
teurs, qui  sont  maintenant  au  nombre  d'environ  200;  les  capi- 
tans,  qui  se  sont  augmentés  d'une  recrue,  un  Zanzibarite  nommé 
vSouédi,  que  nous  avons  surnommé  l'homme-canon  parce  qu'il 
porte  mon  gros  fusil  à  éléphant;  mes  chasseurs  réduits  à  trois 
(deux  étaient  rentrés  avec  M.  de  Borély);  M.  Bertrand  et  moi. 

c  Dès  que  nous  quittons  le  plateau,  un  petit  détour  nous  conduit 
au  mont  Maringa,  derrière  lequel  PAroangoua  prend  sa  source. 
Nous  allons  reconnaître  la  localité  et  la  source  du  grand  fleuve  qui 
n'est  là  encore  qu'une  petite  rivière  encadrée  dans  des  rochers, 
coulant  une  eau  limpide  et  fraîche  avec  quelques  cascades  et 
quelques  petits  barrages  en  miniature.  L'endroit  est  charmant  ;  le 
paysage,  délicieux;  mais,  ce  qui  Test  encore  davantage,  c'est 
le  petit  campement  que  nous  établissons  sur  ses  bords;  nous 
sommes  les  premiers  pionniers  blancs  qui  foulions  le  soi  de  la 
région.  Les  indigènes  viennent  nous  contempler;  ils  semblent  à 
la  fois  étonnés  et  gênés  de  cette  intrusion.  Quelques  jours  après, 
nous  entrons  dans  le  pays  des  Aouembas,  appelé  l'Oubemba.  Nous 
descendons  peu  à  peu  du  plateau  et  à  1,200  mètres,  nous  rencon- 
trons beaucoup  d'endroits  marécageux.  M.  Bertrand  passe  par  le 
plateau  avec  une  partie  de  l'expédition  ;  il  a  pour  mission  de  noter 
avec  soin  les  cours  d'eau;  moi,  je  continue  mon  chemin  vers 
l'ouest,  descendant  toujours  de  plus  en  plus  au  milieu  d'un  véri- 
table réseau  de  petites  rivières.  Le  gibier  y  est  très  abondant;  je 
suis  bientôt  forcé  de  m'arréter,  car  les  indigènes  me  barrent  le 
passage.  Au  village  de  Ngouéna  sur  le  Kaloungou,  une  rivière  voi- 
sine, le  chef  MouamJ)a  m'envoie  une  députalion  pour  me  deman- 
der ce  que  je  veux.  J'explique  que  je  ne  veux  pas  rester  dans  le 
pays,  mais  que  je  cherche  des  animaux,  que  je  vais  au  Tanganyika 
et  que  je  lui  ferai  un  cadeau  s'il  me  donne  passage,  renseigne- 
ments et  guide  pour  me  conduire  aux  endroits  giboyeux.  Après 
trois  ou  quatre  jours  d'attente,  que  je  mets  à  profit  en  chassant , 
le  chef  accepte  et  m'envoie  son  représentant  Mpanda,  accompagné 
de  deux  guides  et  de  dix-huit  hommes  destinés  à  porter  les 
cadeaux  que  je  dois  lui  faire  1  Je  donne  une  charge  de  diverses 
choses  que  l'envoyé  refuse;  on  passe  deux  jours  en  palabres  inter- 
minables. Enfin,  je  fais  comprendre  que  je  viens  de  très  loin  et  que 
ces  hommes  portent  de  quoi  payer  des  porteurs  et  de  la  nourriture 
pendant  un  nombre  incalculable  de  lunes  et  d'années  encore. 
L'ambassadeur  paraît  indécis  ;  tout  à  coup  il  s'écrie  :  c  Au  moins, 
tu  nous  donneras  de  la  viande!  i  Suivi  par  mon  chef, ses  guides  et 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MABS  1898.  117 

les  dix-huit  porteurs,  je  les  mène  à  l'endroit  où  j'avais  tué  un 
buffle,  à  2  kilomètres  environ  du  campement. 

c  Ah  !  messieurs,  j'avais  vu  des  sauvages  dans  l'acception  du 
mot,  des  gens  se  jetant  sur  des  animaux,  s'en  disputant  les  mor- 
ceaux, mais  jamais  je  n'ai  rien  vu  de  pareil.  Dès  que  les  Aouembas 
virent  le  buffle,  le  chef  et  ses  hommes  devinrent  absolument  fous; 
ils  se  ruèrent  sur  l'animal  avec  leurs  couteaux,  leurs  lances,  leurs 
sagaies,  frappant,  coupant,  cherchant  à  arracher  plutôt  qu'ils  ne 
coupaient,  criant,  vociférant.  Au  bout  de  quelques  minutes,  l'animal 
n'était  plus  qu'une  masse  sanguinolente  et  informe  d'intestins  et 
de  peau,  de  chair  et  d'os,  autour  de  laquelle  ces  vingt  hommes  se 
débattaient  à  qui  en  aurait  le  plus.  Couverts  de  sang,  aphones  à 
force  de  crier,  ils  paraissaient  ivres;  deux  d'entre  eux  furent 
blessés  involontairement  aux  mains  et  aux  bras  par  les  couteaux 
des  autres  ;  ils  se  poussaient,  s'arrachaient  les  morceaux,  se  regar- 
daient d'un  air  encore  plus  féroce  avec  leurs  faces  éclaboussées  de 
sang  et  leurs  yeux  hors  de  tète. 

c  Une  fois  les  indigènes  gagnés  à  ma  cause,  je  continuai  mon 
voyage  sans  incident.  Tous  les  villages  aouembas  sont  fortifiés, 
c'est-à-dire  entourés  de  palissades;  on  ne  nous  donnait  pas  accès 
dans  tous,  mais  on  nous  y  vendait  des  vivres.  Il  n'eût  guèro  été 
prudent  de  se  laisser  enfermer  dans  un  village  palissade  avec  des 
portes  soigneusement  fermées  au  milieu  de  gens  évidemment  hos- 
tiles, et  j'avoue  que  j'eusse  préféré  de  beaucoup  voir  des  lions  au- 
tour de  mon  camp. 

c  Ce  voyage  dans  l'Oubemba  est  peut-être  celui  de  cette  traversée 
qui  sera  le  plus  fructueux  pour  la  science.  Quelques  jours  après 
mon  entente  avec  les  indigènes,  je  rencontrai  une  rivière,  laTchozi, 
puis  une  autre,  la  Tchambézi,  qui  reçoit  la  première.  Ces  deux- 
rivières  ont  toujours  été  jusqu'à  présent  indiquées  par  des  poin- 
tillés, comme  d'ailleurs  toute  cette  région  ;  nous  en  avons  relevé 
le  cours  et  fait  l'hydrographie.  Elles  n'auraient  pas  autrement 
d'importance,  comme  découverte  géographique,  si  leur  rôle  s'ar- 
rêtait là;  mais  c'est  que  la  Tchambézi  se  jette  dans  le  lac  Ban- 
gouéolo  et  en  ressort  sous  le  nom  de  Louapoula;  je  dis  :  en  ressort, 
car  le  fiangouéolo  n'est  alimenté  que  par  cette  rivière  et  l'al- 
titude de  la  Tchambézi  supérieure  est  de  1,000  mètres  en 
moyenne,  tandis  que  le  Haut  Louapoula  n'est  que  de  750  mètres; 
donc,  il  y  a  pente,  et  par  conséquent,  cours  d'eau  vers  le  nord.  Le 
Louapoula,  mesdames  et  messieurs,  c'est  le  Congo,  cet  immense 
fleuve  de  l'Afrique  occidentale  et  la  Tchambézi,  c'est  sa  source... 


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118     4  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

L'idée  que  les  sources  du  Congo  se  trouvaient  dans  ces  parages 
n'est  pas  de  moi,  mais  j'ai  eu  l'honneur,  à  la  tête  d'une  expédition 
française,  de  les  voir,  de  les  reconnaître  et  de  les  porter  le  pre- 
mier sur  les  cartes;  le  résultat  de  ce  voyage  a  été  de  jeter  sur 
cette  région,  aux  lieu  et  place  d'un  pointillé  vague,  un  véritable 
réseau  de  rivières  et  de  petits  cours  d'eau  qui  constituent  les 
sources  du  Congo. 

c  Avant  de  quitter  la  région,  nous  dirons  quelques  mots  des 
indigènes. 

c  Les  Aouembas  ont  été  pendant  longtemps  les  maîtres  incon- 
testés d'un  pays  immense;  ils  ont  battu  tous  leurs  voisins  et  con- 
quis graduellement  tous  les  territoires  qui  s'étendent  depuis  le  sud- 
ouest  du  Tanganyika  jusqu'au  lac  Bangouéolo.  Les  Arabes  du 
Tanganyika  les  ont  fait  reculer  et  abandonner  certaines  régions, 
mais,  il  y  a  quelques  années  à  peine,  les  Aouembas  étaient  la  ter- 
reur de  toutes  les  populations  du  plateau  ;  ils  ne  cultivaient  même 
pas  la  terre  et  fondaient  sur  leurs  voisins  au  moment  des  récoltes 
pour  prendre  ce  dont  ils  avaient  besoin  et  appelaient  les  villages 
asséoués,  mamboués  ou  anyikas,  leurs  greniers  à  vivres.  Dans 
leurs  guerres  continuelles  ils  capturaient  beaucoup  de  prisonniers 
et  les  vendaient  aux  esclavagistes  du  lac  Tanganyika,  à  l'époque 
où,  sous  l'influence  de  Roumaliza,  le  grand  chef  arabe,  la  traite 
florissait  dans  ces  régions.  En  échange  de  ces  esclaves,  les 
Aouembas  recevaient  de  la  poudre  et  des  fusils,  et  aujourd'hui  il 
n'y  a  pas  un  Aouemba  qui  ne  soit  armé.  Quant  à  la  traite,  il  s'en 
faut  de  beaucoup  qu'elle  ait  disparu,  mais  elle  a  beaucoup  dimi- 
nué, il  faut  le  reconnaître.  Tandis  que,  pendant  mon  avant-dernier 
voyage,  j'avais  rencontré  à  chaque  instant  des  convois  d'esclaves, 
je  dois  dire  que,  cette  fois,  je  n'ai  rencontré  de  caravane  qu'en 
une  seule  circonstance,  près  du  lac  Bangouéolo. 

c  Mais,  en  revanche,  chez  les  Aouembas,  j'ai  vu  un  grand  nombre 
de  gens  mutilés,  des  gens  sans  nez,  sans  oreilles,  sans  doigts,  sans 
mains.  Il  est  d'usage,  chez  eux,  de  mutiler  ainsi  ceux  qui  se  rendent 
coupables  de  fautes  diverses,  adultère,  vol,  etc.,  coutume  cruelle 
très  répandue  dans  le  pays.  Les  sacrifices  humains,  à  la  mort  des 
chefs,  s'y  pratiquent  également.  Comme  c'est  un  peuple  guerrier 
et  fier,  les  Anglais,  qui  ont  ce  territoire  dans  leur  zone  d'influence, 
devront  employer  la  force,  le  jour  où  ils  voudront  soumettre  les 
Aouembas,  et  il  y  aura  une  lutte  longue  et  sanglante  avant  que 
ceux-ci  soient  domptés. 

c  'Au  physique,  les   Aouembas  sont  fort  beaux.  Les  hommes, 


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SEANCES  DES  4,   48   ET  24    MARS  4898.  449 

sans  être  très  grands,  sô'nt  bien  faits;  les  femmes,  et  surtout  les 
enfants,  ont  un  visage  éveillé,  agréable  et  intelligent. 

c  Les  Pères  Blancs  de  la  mission  anti-esclavagiste  du  cardinal 
de  Lavigerie  se  sont  établis  tout  récemment  dans  l'Oubemba,  près 
de  la  Tchozi,  à  Kayambi,  où  je  suis  allé  leur  faire  une  visite.  Les 
bons  Pères,  Français  en  majorité,  m'ont  reçu  comme  on  reçoit  un 
compatriote  dans  ces  pays  éloignés  et  m'ont  fait  visiter  leur  nou- 
velle mission.  Ils  venaient  à  peine  de  s'installer  et  étaient  en  train 
de  construire  une  chapelle  et  une  école.  Je  les  crois  peu  en  sûreté 
dans  ce  pays,  du  moins  pour  le  moment,  car  les  Aouembas  n'ont 
jamais  voulu  encore  d'Européens  chez  eux.  Le  lieutenant  Giraud, 
qui  a  traversé,  il  y  a  quelques  années,  une  partie  de  leur  territoire, 
a  eu  de  grosses  difficultés  avec  eux,  et  moi,  sans  être  inquiété, 
j'ai  été  épié,  suivi  et  surveillé  pendant  tout  mon  voyage  à  travers 
l'Oubemba. 

c  A  Test  de  la  route  que  j'ai  suivie  à  travers  le  pays  des  Aouem- 
bas, c'est-à-dire  sur  l'arête  du  plateau  Nyassa-Tanganyika,  se 
trouvent  [quelques  peuplades  assez  curieuses.  Je  n'en  citerai  que 
deux  aujourd'hui  :  les  Ouankondés  et  les  Ouamamboués. 

c  Les  Ouankondés  sont  de  grands  éleveurs  de  bétail  et  habitent 
surtout  l'extrémité  nord  du  lac  Nyassa;  ils  ne  mangent  que  des 
bananes  et  du  lait  caillé  ;  ils  n'ont  donc  que  des  plantations  de 
bananiers  immenses  et  de  beaux  troupeaux.  Leurs  cases  sont  très 
bien  faites,  mais  là  s'arrête  leur  supériorité,  car  les  Ouankondés 
sont  des  gens  mous  et  apathiques,  au  moral  comme  au  physique; 
ils  ne  valent  rien  comme  porteurs  et  il  faut  bien  se  garder  de  leur 
confier  un  fardeau,  car  ils  n'auront  ni  la  force  ni  l'énergie  de  le 
porter  à  destination. 

c  A  l'autre  extrémité  du  plateau,  c'est-à-dire  au  sud  du  lac  Tan- 
ganyika,  sont  les  Ouamamboués,  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  les 
premiers  et  ne  les  connaissent  même  pas,  car  la  longueur  de  l'es- 
pace compris  entre  les  deux  lacs  n'est  pas  moindre  de  240  milles 
ou  330  kilomètres.  Entre  ces  deux  peuplades  principales,  il  y  en 
a  trois  ou  quatre  autres,  parlant  des  langues  différentes.  J'y  ai  fait 
une  remarque  assez  curieuse.  Au  fur  et  à  mesure  que  l'on  quitte 
le  Nyassa  et  que  l'on  se  dirige  vers  le  nord,  soit  par  l'Oubemba, 
soit  par  le  plateau,  l'ouverture  des  oreilles  des  femmes  s'agrandit; 
&insi  à  Karonga,  nord  du  lac  Nyassa,  elles  se  mettent  dans  les  lobes 
on  disque  de  la  dimension  d'une  pièce  de  50  centimes;  dans  l'Ou- 
bemba, c'est  une  pièce  d'an  franc,  de  deux  francs  ;  sur  le  haut  plateau 
et  lorsqu'on  arrive  au  Tanganyika,  ces  dames  ont  de  petites  sou- 


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120  COMPTES  RENDUS  DES  SE* N CES. 

coupes  à  café  qui  leur  pendent  sur  les  épaules.  Pour  ajouter  à  leur 
beauté,  elles  se  font  sauter  d'un  coup  de  hache  les  incisives  infé- 
rieures du  milieu  et  se  liment  en  scie  les  dents  supérieures;  avec 
un  trou  ou  deux  dans  le  nez,  et  les  oreilles  dont  je  viens  de  parler, 
c'est  d'un  effet  singulier. 

c  11  est  défendu  aux  femmes  Ouankondés  de  porter  du  calicot  et 
aux  femmes  Ouamamboués  de  manger  des  poules.  Ces  lois  ont  été 
faites  par  un  sage,  car  ces  dames  ne  peuvent  se  vêtir  avec  moins 
de  10  à  là  métrés  de  calicot,  ce  qui  revient  fort  cher,  et  comme 
elles  aiment  les  poules,  il  leur  en  faut  au  moins  trois  par  jour.  Vous 
comprenez  que  si  un  Ouankondé  ou  un  Ouamamboué  a  seulement 
six  femmes  à  habiller  et  à  nourrir  de  la  sorte,  c'est,  pour  lui,  la 
ruine. 

c  Mais,  me  direz-vous,  de  quoi  se  nourrissent-elles  et  comment 
se  couvrent-elles?  Elles  mangent  du  poisson  de  rivière  ou  du  lac, 
frais,  séché  ou  fumé,  des  herbes  indigènes,  des  bananes  et  du 
maïs,  de  la  viande  d'antilope,  etc.,  et  se  couvrent  les  reins  avec 
des  pagnes  faits  en  écorce  battue  et  assouplie;  le  calicot  qui  est 
donné,  les  hommes  le  gardent  pour  eux-mêmes. 

c  11  y  a  encore,  dans  ces  régions,  des  peuplades  étranges  :  les 
Ouanamouangas,  qui  ont  pour  tout  vêtement  de  petites  sonnettes 
aux  chevilles  et  aux  poignets;  les  Ouanyikas,  qui  entrent  dans  leurs 
cases  à  reculons  ;  les  Ouatambas,  qui  se  peignent  moitié  en  rouge 
et  moitié  en  jaune.  Mais  hâtons-nous  d'arriver  au  lac  Tanga- 
nyika. 

c  Avez-vous  vu  quelquefois  sur  les  côtes  de  Bretagne  l'Océan  en 
fureur  déferlant  sur  les  galets  des  plages,  ou  bien  venant  briser 
ses  lames  au  milieu  d'une  pluie  d'écume  sur  les  récifs  épars  au 
pied  des  hautes  falaises?  N'y  avez-vous  pas  remarqué  de  ces  endroits 
déserts  sans  un  être  humain,  sans  une  barque  en  vue,  où  Ton  se 
sent  muet,  admirant  en  silence  ces  scènes  grandioses  de  la  nature  ? 
Eh  bien,  telle  eût  été  votre  impression  si  vous  étiez  arrivé  avec 
moi,  subitement  un  matin,  sur  les  bords  du  lac  Tanganyika.  Par- 
tout, à  droite  et  à  gauche,  de  hautes  montagnes,  souvent  à  pic,  le 
pied  baigné  et  battu  par  la  houle;  devant  nous  l'immensité,  l'hori- 
zon couvert  d'une  légère  buée,  des  mouettes,  des  goélands,  quelques 
échassiers  pécheurs,  des  aigrettes;  partout  le  calme,  un  grand 
calme,  même  dans  la  façon  dont  les  lames  viennent  silencieuse- 
ment se  rouler  a  terre,  semblables  à  des  volutes  de  soie  bleue 
frangées  d'argent,  sous  ce  soleil  éclatant  d'Afrique  qui  peint  les 
montagnes  de  teintes  vives  et  les  vagues  de  lueurs  étincelantes. 


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SÉANCES  DBS  4,   18  ET  21    MARS  1898.  121 

c  Après  des  recherches  et  des  pérégrinations  assez  longues  sur 
les  bords  du  lac,  je  m'arrangeai  avec  une  mission  anglaise  qui  pos- 
sède un  minuscule  vapeur,  aûn  de  me  faire  conduire  à  Tchitouta. 
Ce  petit  navire  est  le  seul  bâtiment  européen  qui  existe  sur  le  lac; 
il  est  très  vieux  et  beaucoup  trop  petit  pour  supporter  le  gros 
temps.  Arrivés  à  Tchitouta,  nous  nous  arrangeons  avec  des  Arabes 
qui  m'offrent  un  de  ces  boutres  que  l'on  voit  souvent  dans  la 
mer  des  Indes  et  sur  les  côtes  malgaches,  et  avec  lesquels  les 
Indiens  et  .les  Arabes  font  leur  commerce.  11  y  en  avait  autre- 
ibis  un  grand  nombre  sur  le  Tanganyika,  au  temps  où  la  traite 
florissait,  et  Dieu  sait  combien  il  s'en  est  perdu  dans  les  tem- 
pêtes, chargés  d'ivoire  ou  d'esclaves. 

c  Lors  de  mon  arrivée  dans  le  pays,  il  ne  restait  plus  sur  le  lac 
que  deux  ou  trois  de  ces  boutres.  Ce  sont  des  embarcations  mas- 
sives, hautes  de  la  poupe  et  basses  de  la  proue,  tenant  fort  bien  la 
mer  et  mesurant  de  12  à  15  mètres  de  long;  i!  y  a  une  cale  et  un 
trou  à  l'arrière  où  l'on  peut  s'abriter  tant  bien  que  mal.  Ces  boutres 
peuvent  porter  environ  huit  tonnes  et  une  quarantaine  de  passagers. 

c  L'expédition  s'y  entasse  et  je  ne  garde  avec  moi  qu'une  tren- 
taine d'hommes  et  trois  de  mes  chasseurs.  M.  Bertrand,  mon  der- 
nier compagnon*  me  quitte  au  lac  Tanganyika;  il  est,  lui  aussi, 
très  fatigué  et  malade.  Cette  séparation  nous  cause  une  grosse 
peine  à  tous  deux  :  c'est  avec  le  plus  vif  regret  que  je  vois  s'éloi- 
gner ce  compagnon  si  gai,  si  actif,  ce  vieil  ami  avec  lequel  j'avais 
déjà  fait  autrefois,  comme  avec  M.  de  Borély  d'ailleurs,  une  expé- 
dition en  Afrique.  Enfin,  il  faut  se  résigner.  Je  reste  donc  seul  pour 
continuer  le  voyage.  Si  je  tombe  à  mon  tour,  personne  ne  sera  plus 
là  pour  me  secourir  ni  pour  me  soigner.  Mais  il  faut  que  je  con- 
tinue, il  faut  que  j'arrive,  que  j'achève  ce  gros  effort;  il  faut  que 
je  surmonte  encore,  comme  on  va  le  voir,  mille  difficultés,  que 
j'assume  tout  le  travail  et  le  souci  désormais.  La  volonté  et  le  cou- 
rage ne  me  manqueront  pas;  je  suis,  moi  aussi,  bien  fatigué;  je 
souffre  cruellement  des  fièvres...  Et  puis,  qu'importe  une  exis- 
tence de  plus  ou.de  moins;  n'ai-je  pas  risqué  ma  vie  vingt  fois 
déjà?  11  s'agit  aujourd'hui  du  triomphe  d'une  idée  ;  c'est  la  première 
expédition  scientifique  française  à  travers  l'Afrique  ;  j'ai  confiance 
en  ma  bonne  étoile  et,  refoulant  au  fond  du  cœur  les  peines,  les 
regrets  et  la  souffrance,  je  crie  au  pilote  :  c  En  route  !  > 

c  On  hisse  la  voile  qui  nous  emporte  bientôt  loin  de  la  côte,  et 
le  voyage  continue. 

c  En  quittant  la  rive  sud  du  lac  Tanganyika,  j'étais  encore  indé- 


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122  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

cis  sur  le  chemin  que  j'allais  suivre  dans  l'ouest;  je  comptais 
prendre  des  renseignements  et  décider  ensuite,  choisissant,  si  pos- 
sible, un  itinéraire  nouveau;  je  voulais  d'abord  visiter  les  points 
principaux  du  lac  et  compléter  le  travail  de  mes  prédécesseurs, 
Stanley  et  Livingstone,  par  des  observations  astronomiques  nom- 
breuses; c'est  ce  que  je  fis.  Vous  verrez  sur  cette  carte  les  princi- 
paux points  que  j'ai  visités;  je  publierai  sous  peu  la  carte  hydro- 
graphique en  cinq  parties  que  j'ai  dressée  à  la  suite  de  ce  voyage. 
«  Je  vous  ai  déjà  décrit  les  rives  du  lac  Tanganyika;  l'aspect 
du  lac  est  encore  plus  imposant  que  celui  du  Nyassa.  Ce  dernier 
éveille  en  certains  endroits  l'idée  de  la  mer,  mais  la  contemplation 
du  lac  Tanganyika  donne  absolument  l'illusion  de  l'Océan.  Pour 
ajouter  encore  à  cette  illusion,  il  existe,  pendant  une  partie  de 
l'année,  une  brume  qui  cache  la  côte  opposée,  si  elle  est  assez  rap- 
prochée pour  être  visible,  ce  qui  fait  qu'on  ne  voit  jamais  à  l'ho- 
rizon qu'une  ligne  indécise  donnant  l'idée  de  l'infini.  A  l'époque  de 
de  notre  passage,  c'est-à-dire  en  août,  la  brume  était  continuelle 
et  nous  n'avons  jamais  vu  qu'une  côte  à  la  fois,  selon  que  nous 
étions  d'un  côté  ou  de  l'autre  :  au  nord,  j'ai  toujours  eu  un  excel- 
lent horizon  qui  m'a  servi  à  faire  des  observations  au  sextant  à 
bord  de  notre  boutre,  tout  comme  on  les  fait  en  pleine  mer  à  bord 
d'un  navire.  Le  lac  Tanganyika  mesure  plus  de  500  milles  de  long, 
c'est-à-dire  800  kilomètres,  sur  120  milles  ou  480  kilomètres  de 
large.  Il  est  entouré  de  tous  côtés  par  de  hautes  montagnes,  sur- 
tout au  nord  dans  l'Ouvira  où  commence  cette  énorme  ramification 
qui  comprend  le  Rouenzori,  ce  pic  couvert  de  neiges  éternelles 
que  l'on  aperçoit  du  lac  Albert;  d'ailleurs,  cette  arête  monta- 
gneuse qui  longe  le  lac  Tanganyika  détermine  parfaitement  les 
bassins  des  trois  mers.  En  effet,  à  l'est,  tous  les  cours  d'eau  vont 
vers  l'océan  Indien  ;  vers  le  nord,  ce  sont  les  sources  du  Nil  dont 
les  eaux  vont  à  la  Méditerranée  ;  à  l'ouest,  le  Congo  et  les  grands 
fleuves  tributaires  de  l'océan  Atlantique.  De  plus,  le  plateau  Nyassa- 
Tanganyika  est  un  des  points  Jes  plus  élevés  de  l'Afrique  centrale, 
étant  en  moyenne  à  1,800  mètres;  le  blé,  la  pomme  de  terre  et 
les  légumes  d'Europe  y  poussent  très  bien.  L'Européen  pourra  s'y 
acclimater  et  y  vivre.  Il  n'y  a,  pour  le  moment,  que  quelques  mis- 
sions protestantes  et  un  ou  deux  agents  anglais  arrivés  depuis  peu. 
La  température  du  plateau,  qui  est  à  1,100  mètres  au-dessus  du 
lac,  est  assez  froide,  et  nous  avons  été  surpris,  en  y  arrivant,  par 
des  altérations  du  thermomètre  variant  entre  7°  au-dessus  de  0,  le 
matin  et  Je  soir,  et  28  à  32*  au  milieu  de  la  journée.  Il  faut  ajouter 


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SÉANCES  DE8  4,  18  ET  21    MARS  1898.  123 

que  juin,  juillet  et  août  sont  les  mois  les  plus  froids  de  Tannée, 
pendant  la  nuit.  Nous  n'étions  pas  préparés  à  cette  température  et 
nous  en  avons  assez  souffert  ;  on  ne  parvenait  pas  à  se  réchauffer 
le  soir  autour  des  feux  de  bivouac. 

c  Envarrivant  au  nord  du  Tanganyifca,  après  une  traversée  de 
vingt-cinq  jours  et  des  escales  nombreuses  sur  la  côte  est  et  sur 
la  côte  ouest,  mon  intention  était  de  débarquer  et  de  gagner  le 
Congo  par  l'Ouvira.  C'était  là  un  pays  nouveau.  Mais,  à  cette 
époque,  il  y  avait  eu,  comme  vous  savez,  une  révolte  contre  le 
baron  Dhanis  sur  le  Haut  Congo,  et  le  pays  était  parcouru  par  une 
horde  de  plusieurs  milliers  de  révoltés  bien  approvisionnés 
d'armes  et  de  munitions,  mais  ravageant  la  contrée  pour  trouver 
des  vivres.  Ils  avaient  massacré  une  quinzaine  d'Européens, 
avaient  avec  eux  des  canons,  et  si  nous  les  avions  rencontrés,  nous 
n'étions  pas  en  mesure  de  leur  opposer  la  moindre  résistance. 
Nous  les  retrouverons  tout  à  l'heure. 

c  Un  des  Arabes  établis  au  nord  du  Tanganyika,  et  sur  lequel 
j'avais  compté  pour  me  procurer  des  porteurs  et  des  renseigne- 
ments, me  déclara  que  personne  ne  voudrait  traverser  le  pays  en 
ce  moment  et  que  je  ne  devais  pas  compter  sur  lui.  Je  retournai 
à  Oujiji,  station  de  l'Afrique  allemande,  car  la  rive  est  du  lac  est 
comprise  dans  les  possessions  allemandes,  la  rive  sud  est  aux 
Anglais  et  celle  de  l'ouest  à  l'État  indépendant  du  Congo.  A  Oujiji, 
le  représentant  du  gouvernement  impérial  ne  put  satisfaire  à  ma 
demande  de  porteurs;  à  part  cela,  il  me  fit  un  excellent  accueil. 

c  II  ne  me  restait  donc  plus  qu'à  tenter  une  autre  route.  C'est 
alors  qu'en  revenant  sur  mes  pas,  j'eus  l'idée  de  marcher  directe- 
ment vers  l'ouest  en  débarquant  un  peu  au  sud  de  la  Loukouga, 
et  d'aller  rejoindre  le  Kassaï,  un  des  grands  affluents  du  Congo  ; 
en  descendant  le  Kassaï,  je  rejoignais  le  Congo  près  du  Stanley- 
Pool. 

<  Je  tentai  donc  cette  entreprise  et,  ayant  débarqué  à  Temboué, 
j'engageai  des  indigènes  dans  les  villages  de  l'Ouroua  et  commençai 
un  voyage  à  travers  une  région  encore  blanche  sur  la  carte.  Nous 
eûmes  des  difficultés  inouïes  pour  franchir  le  plateau  monta- 
gneux de  l'Ouroua,  les  monts  Mitoumbas.  Les  indigènes  jetaient 
leurs  fardeaux,  renonçaient  à  me  suivre  dans  ces  gorges  bordées 
de  précipices  où  les  pierres  leur  coupaient  les  pieds;  vingt  fois  il 
fallut  les  exhorter,  les  encourager  à  continuer  la  route.  Nous 
sommes  ainsi  arrivés  aux  sources  de  la  Louizi,  après  un  parcours 
très  pénible  d'environ  220  kilomètres.  Le    découragement  des 


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1Î4  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

Baloubas  (c'est  le  nom  des  habitants  de  l'Ouroua)  fut  à  son  comble 
lorsqu'en  arrivant  à  la  rivière  Tounda,  nous  fûmes  informés  que 
tout  le  pays  était  en  révolte;  je  viens  d'apprendre  ces  jours  der- 
niers qu'une  expédition  belge  y  était  allée  et  que  le  commandant 
Brasseur,  qui  en  était  le  chef,  avait  été  tué. 

c  Je  n'avais  qu'une  vingtaine  d'hommes  armés  et  je  ne  pouvais 
songera  poursuivre  mon  chemin  tout  seul;  mes  porteurs  mena- 
çaient d'ailleurs  de  m 'abandonner  si  je  ne  m'éloignais  pas  immé- 
diatement du  pays  en  révolte;  on  se  battait  à  un  jour  de  là.  Il 
fallut  prendre  un  parti;  le  temps  pressait;  je  perdais  des  moments 
précieux,  car  la  saison  des  pluies  allait  venir. 

c  Je  revins  donc  de  nouveau  sur  mes  pas,  évitant  cette  fois 
les  massifs  de  Mitoumba  et  descendant  insensiblement  vers  la 
vallée  de  la  Loukouga. 

c  Mais  les  Bagoyas  (une  des  populations  qui  se  battaient)  appri- 
rent également  notre  présence,  et  nous  avions  à  peine  quitté  notre 
point  d'arrêt  que  nous  apprenions  que  nous  étions  poursuivis  par 
500  ou  600  indigènes  armés  qui  en  voulaient  certainement  à  nos 
richesses.  Nous  fûmes  fort  heureusement  prévenus  par  un  Zanzi- 
barite,  ami  de  l'homme-canon,  du  danger  que  nous  courions,  et 
comme  nous  avions  plusieurs  jours  d'avance,  nous  n'avons  pas 
arrêté  jusqu'à  ce  que  nous  fussions  hors  de  portée  de  nos  poursui- 
vants qui  gagnaient  visiblement  du  terrain  sur  nous.  Grâce  à  un 
service  de  renseignements  que  nous  avions  établi  à  l'aide  d'indi- 
gènes laissés  échelonnés  en  arrière,  nous  savions  exactement  où 
se  trouvait  l'ennemi,  quoiqu'il  fût  encore  à  trois  jtfurs  de  distance. 

c  Le  service  des  renseignements  se  fait  d'ailleurs  en  Afrique 
d'une  façon  merveilleuse,  pour  peu  qu'il  y  ait  quelques  villages. 
Ainsi,  sur  le  Congo,  on  sait  trois  ou  quatre  jours  à  l'avance  par 
les  indigènes  qu'un  blanc  monte  le  fleuve.  Les  indigènes  commu- 
niquent à  l'aide  du  tambour  et  ont  inventé  une  façon  de  signaux 
qui  remplacent  absolument  notre  télégraphe. 

c  En  arrivant  dans  le  district  de  la  rivière  Nyamba,  nous  étions 
au  milieu  d'une  population  neutre  et  trop  dense  pour  que  nos 
ennemis  songeassent  à  nous  y  poursuivre  ;  descendant  insensible- 
ment, nous  atteignîmes  la  vallée  de  la  Loukouga  à  quatre  jours 
de  sa  source,  car,  contrairement  à  certaines  opinions,  elle  com- 
mence bien  au  Tanganyika  et  se  jette  dans  le  Congo.  Le  lac  Tan- 
ganyika  se  déverse  ainsi  par  la  Loukouga  dans  le  grand  fleuve  et 
devient  lui-même  un  de  ses  affluents. 

c  Ma  tentative,  ayant,  comme  on  vient  de  le  voir,  non  seulement 


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SÉANCES  DBS  4,   18  ET  2t    MARS   1898.  125 

échoué,  mais  encore  failli  tourner  fatalement  contre  moi,  je  fis  une 
troisième  tentative  :  j'essayai  de  rejoindre  le  Congo  à  travers  le 
Manyéma.  Il  y  avait  à  Mtova  un  petit  poste  de  l'État  indépendant 
du  Congo,  commandé  par  un  officier.  J'allai  le  voir.  Il  m'engagea 
à  renoncer  à  mon  projet,  disant  que  le  pays  était  en  révolution, 
que  le  moment  était  mal  choisi  pour  m'y  aventurer  et  que  j'étais 
presque  sûr  d'être  massacré.  Comme  j'insistai  et  déclarai  mon 
intention,  cette  fois  absolue,  de  passer  coûte  que  coûte,  il  me  fit 
signer,  pour  mettre  sa  responsabilité  à  couvert,  un  écrit  par 
lequel  je  certifiais  qu'il  avait  fait  tout  ce  qu'il  avait  pu,  comme 
représentant  de  l'État  indépendant  du  Congo,  pour  me  dissuader 
de  mon  projet  et  que  j'avais  refusé  de  rien  changer  à  mon  plan.  En 
effet,  j'étais  las  de  ces  tentatives  infructueuses  et  je  ne  voulais  pas 
renoncera  l'idée  de  traverser  ce  pays;  je  ne  voulais  plus  retourner 
en  arrière;  mes  vivres  et  mes  provisions,  ne  devaient  plus  durer 
que  trois  ou  quatre  mois  et  les  indigènes  se  refusaient  à  porter 
mes  charges. 

c  J'allais  encore  une  fois  échouer  lorsque  j'eus  le  bonheur  de 
tomber  sur  une  troupe  d'Ouanyamouézis,  qui  habitent  le  côté 
opposé  du  lac;  ce  sont  gens  à  qui  la  guerre  ne  fait  pas  peur. 
L'expérience  m'a  également  démontré  que  ce  sont  peut-être  les 
meilleurs  porteurs  de  l'Afrique.  Enfin,  après  bien  des  pourparlers, 
des  délais  et  des  détails  à  régler,  nous  partons.  Du  sommet  d'une 
colline  nous  allons  bientôt  perdre  de  vue  la  grande  nappe  bleue 
agitée  par  ces  brises  fraîches,  bordée  de  ces  géants  de  granit  et 
nous  lui  tournerons  le  dos  désormais.  Nous  emportons  du  Tan- 
ganyika  des  cartes,  des  observations  astronomiques,  des  poissons, 
des  coquillages,  des  méduses,  etc.,  et  aussi  le  souvenir  d'une 
réception  sympathique  dans  les  quatre  ou  cinq  stations  de  la  mis- 
sion anti-esclavagiste  des  Pères  Blancs;  tandis  que  nous  grimpons 
au  flanc  des  montagnes,  nous  voyons  en  bas  notre  petit  boutre  qui 
ouvre  son  aile  blanche,  veuve  désormais  du  pavillon  français  qu'elle 
portait  depuis  un  mois,  et  qui  prend  la  direction  du  sud. 

c  Le  petit  pavillon  français,  lui,  grimpe  la  montagne  au  milieu 
d'une  colonne  noire  qui  serpente  avec  ses  200  hommes,  et  tout 
disparaît  bientôt  de  l'autre  côté  au  chant  cadencé  et  grave  des 
Ouanyamouézis. 

c  Le  pays  dans  lequel  nous  venons  de  nous  engager  en  quittant 
le  lac  Tanganyika  s'appelle  le  Manyéma;  je  n'ai  jamais  pu  savoir 
pourquoi,  car,  des  peuplades  qui  l'occupent,  aucune  ne  se  nomme 
ainsi.  On  suppose  que  ce  nom  a  été  donné  par  les  Arabes  de  la  côte 


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126  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

(nyama  :  viande;  manyama  :  ceux  qui  mangent  de  la  viande),  car 
depuis  le  Manyémajusqu'àlacdte  occidentale,  nous  sommes  désor- 
mais dans  le  pays  des  anthropophages.  Toutes  les  peuplades  que 
nous  visitons  sont  anthropophages  ou  l'étaient  encore,  il  y  a  quel- 
ques années  à  peine  ;  leurs  usages  ne  se  sont  modifiés  que  depuis  que 
les  Européens  ont  pénétré  chez  elles.  Toutefois,  ces  conversions  ne 
se  rencontrent  que  dans  le  Bas  Congo,  et  encore  dans  la  zone  fré- 
quentée; mais,  dans  toutes  les  régions  que  nous  allons  visiter 
jusqu'aux  chutes  de  Stanley,  nous  allons  être  chez  les  êtres  qui  ont 
le  plus  de  goût  pour  la  chair  humaine. 

c  Dans  le  Manyéma  les  résultats  géographiques  du  voyage  se 
sont  enrichis  de  la  reconnaissance  du  cours  de  la  Louama  ou  Lou- 
gomba  et  de  quelques  itinéraires  nouveaux  rayonnant  dans  le  voi- 
sinage. Puis,  coupant  au  plus  court,  je  me  suis  dirigé  sur  le  con- 
fluent de  la  Louama  et  du  Congo,  où  nous  allons  arriver  dans  un 
instant.  A  travers  le  Manyéma,  nous  avons  encore  eu  un  voyage 
très  pénible  en  certains  endroits.  Comme  l'Ouroua,  c'est  une  région 
montagneuse,  accidentée  et  difficile.  Le  voyage  dure  quarante  et  un 
jours  sans  interruption.  Les  Ouanyamouézis  portent  nos  charges 
pendant  vingt  jours,  puis  nous  quittent;  ils  sont  forts,  alertes, 
gais,  arrivent  toujours  ensemble,  sans  traînards;  quels  porteurs 
idéals  !  Avec  eux,  on  a  moitié  moins  de  soucis;  aussi  ce  voyage 
m'a  laissé  le  meilleur  souvenir.  Nous  faisions  quotidiennement  de 
25  à  35  kilomètres  dans  la  matinée;  l'après-midi  je  chassais  aux 
environs.  Le  pays  abonde  en  gibier;  il  y  avait  des  jours  où  je 
tuais  8  antilopes  dans  mon  après-midi.  Tout  allait  bien  ;  mon  in- 
terprète était  ravi,  car  les  Ouanyamouézis  parlaient  sa  langue 
maternelle,  le  souahili,  comme  d'ailleurs  toutes  les  peuplades  de 
la  côte  orientale  du  lac  Tanganyika,  cette  langue  que  parlaient 
Stanley,  Cameron,  Livingstone  et  Wissman. 

c  L'accueil  des  indigènes,  d'abord  un  peu  craintif,  n'était  pas 
hostile;  nous  nous  tenions  d'ailleurs  beaucoup  sur  nos  gardes;  en 
effet  on  pouvait  être  trahi.  Je  traitais  bien  les  chefs;  nous  appor- 
tions la  richesse,  car  il  nous  fallait  des  vivres  que  nous  achetions 
contre  du  calicot,  de  la  verroterie  ou  du  fil  de  cuivre  ;  en  somme 
nous  n'avons  pas  eu  à  nous  plaindre. 

c  Mes  hommes  duZambèze  trouvaient  peut-être  bien  qu'il  y  avait 
trop  de  crânes  humains  partout  et  que  les  ossements  traînaient 
au  pied  des  cases.  Un  soir,  dans  une  case  que  Ton  me  prête  et  à 
Tinlérieur  de  laquelle  le  propriétaire  avait  laissé  tout  son  bagage, 
je  fais  tomber  un  sac  de  paille  suspendu  à  la  toiture  ;  en  le  ra- 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.  127 

massant  le  contenu  s'échappe  et  j'aperçois  deux  ou  trois  doigts 
humains  tout  recroquevillés,  quelques  morceaux  de  viande  et  une 
mâchoire»  le  tout  noirci  et  desséché  à  la  fumée. 

<  Je  n'ai  pas  le  temps  de  tous  parler  aujourd'hui  de  la  façon 
dont  les  cannibales  procèdent  à  leurs  repas  et  comment  ils  font 
leur  cuisine;  je  me  bornerai  à  vous  expliquer  en  deux  mots  l'ori- 
gine de  leurs  festins.  Ces  peuplades  se  font  continuellement  la 
guerre  entre  elles;  elles  mangent  les  morts,  les  blessés  et  plus 
tard  les  prisonniers,  ou  bien  elles  ont  des  esclaves  que  Ton  tue 
en  quelques  endroits,  absolument  comme  des  animaux  de  bou- 
cherie et  que  l'on  considère  comme  tels.  Les  soldats  révoltés  du 
baroo  Dhanis  ont  mangé,  non  seulement  les  quinze  blancs  qu'ils 
avaient  massacrés,  mais  encore  tous  les  boys  ou  jeunes  serviteurs 
de  l'expédition,  les  femmes  et  un  grand  nombre  de  leurs  porteurs. 
Le  manque  de  vivres  a  pu  les  forcer,  je  l'admets,  à  vivre  exclusive- 
ment de  chair  humaine»  mais  ils  étaient  tous  pris  dans  des  tribus 
anthropophages  et  ce  que  je  viens  d'avancer  est  un  fait  indéniable 
dont  je  garantis  l'authenticité  absolue. 

c  Les  indigènes  du  Manyéma  éclataient  de  rire  lorsque  je  leur 
demandais  si  la  chair  humaine  était  bonne;  ils  ne  me  répondaient 
pas,  parce  qu'ils  savaient  que  l'Européen  réprouve  leur  coutume, 
mais  ils  ne  niaient  jamais  ou  le  faisaient  faiblement.  11  est  évi- 
dent qu'ils  ont  d'autres  mets  à  leur  disposition  et  que  la  chair 
humaine  n'est  qu'une  aubaine  exceptionnelle  et  appréciée.  On 
voit  dans  leurs  villages  des  poules,  des  bananes  et  ils  pèchent  du 
poisson  dans  les  rivières. 

c  Les  peuplades  les  plus  étranges  du  Manyéma  sont  les  Ba- 
louhas,  gens  de  l'Ouroua,  au  sud  et  au  nord  de  la  Loukouga,  et 
les  Bangos-Bangos,  étranges  dans  leur  coiffure  et  dans  leur  cos- 
tume, que  montrent  mes  photographies. 

c  Je  dois  citer  aussi  les  pygniées  ou  négrilles  de  la  forêt  de  Stan- 
ley, qui  sont  les  Bushmen  de  l'Afrique  du  Sud  et  que  j'ai  rencon- 
trés à  plusieurs  reprises  pendant  le  voyage  dans  la  grande  forêt 
équatoriale  qui  a  terminé  mon  parcours  du  Tanganyika  au  Congo, 
lequel  s'est  effectué  en  quarante  et  un  jours. 

c  11  me  reste  à  vous  dire  le  plaisir  que  j'ai  éprouvé  lorsque,  ar- 
rivé à  Piani-Kitété,  au  confluent  de  la  Louama,  un  matin,  j'en- 
trevis une  nappe  d'eau  dans  le  lointain,  perdue  au  milieu  des 
herbes  et  des  plaines  herbeuses  :  c'était  le  Louapala  ou  Congo. 

c  Près  du  fleuve,  nous  avons  commencé  à  trouver  quelques  sta- 
tions de  l'État  indépendant  du  Congo.  Je  dois  dire  ici,  une  fois 


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128  COMPTES  RENDUS  DBS   SÉANCES. 

pour  toutes,  l'accueil  aimable  qui  m'a  été  fait  partout  par  les 
Belges.  En  quelques  endroits,  les  indigènes  nous  ayant  annoncés 
à  l'avance,  les  chefs  des  postes  et  les  officiers  supérieurs  se 
sont  portés  au  devant  de  l'expédition  française,,  avec  la  garnison  eu 
armes  et  la  musique  indigène,  nous  apportant  amicalement  leurs 
souhaits  de  bienvenue.  Plus  tard,  M.  le  baron  Dhanis  m'a  reçu 
également  avec  beaucoup  d'amabilité. 

c  Au  bord  du  Congo,  à  Nyangoué,  se  termine  le  voyage  à  pied. 
Là,  les  porteurs  sont  congédiés  et  les  charges  mises  sur  de  grandes 
pirogues;  nous  avons  des  pagayeurs  appelés,  sur  le  fleuve,  ba- 
guénias. 

c  De  Nyangoué  jusqu'au  Stanley-Pool,  c'est-à-dire  sur  un  parcours 
de  2,400  kilomètres,  pour  lequel  nous  allons  mettre  plusieurs 
mois,  je  ne  vous  parlerai  plus  du  pays,  car  c'est  le  même  paysage 
monotone  que  je  vais  essayer  de  vous  décrire  une  fois  pour  toutes. 

c  De  Riba-Riba  aux  chutes  de  Stanley,  et  de  là  au  Stanley- 
Pool,  c'est  la  grande  forêt  équatoriale  que  traverse  le  Congo  ;  de 
chaque  côté  du  fleuve,  on  voit  de  grands  arbres  entrelacés  de 
lianes,  les  pieds  baignés  par  te  fleuve,  mêlés  à  une  végétation 
épaisse  et  d'un  vert  sombre  où  de  temps  en  temps  apparaissent 
un  palmier  à  huile,  un  raphia,  un  dattier  sauvage  ;  partout  les 
mêmes  dômes  sombres  de  verdure,  les  mêmes  arbres  enlacés  ou 
entremêlés  avec  cette  variété  infinie  de  la  nature,  les  mêmes 
feuilles  dentelées,  en  parasol,  rondes  ou  élancées,  grandes  ou 
petites  ;  partout  et  toujours  ce  rideau  sombre  qui  a  l'air  d'encais- 
ser le  fleuve  dans  des  parois  de  verdure  et  au  milieu  desquelles 
vont  surgir  de  rares  villages.  Peu  ou  pas  d'îles  sur  le  haut 
fleuve,  beaucoup  sur  le  Congo  moyen  et  peu  dans  le  Bas  Congo, 
tel  est  à  peu  près  le  coup  d'oeil  que  nous  allons  avoir  sous  les 
yeux  du  matin  au  soir  :  le  ciel,  le  rideau  de  verdure  et  l'eau. 

c  Et  puis,  ne  devant  vous  parler  ce  soir  que  des  nouveautés  géo- 
graphiques de  mon  voyage,  je  ne  pourrai  pas  m'attarder  sur  l'État 
indépendant  du  Congo.  Qu'il  me  suffise  de  vous  dire  que  ce  pays 
est  en  train  de  devenir  entre  les  mains  des  Belges  une  des  plus 
belles  colonies  africaines  et  que  les  plantations,  les  cultures,  les 
écoles,  l'administration  et  les  transports  sont  en  très  bonne  voie 
sur  le  Moyen  Congo.  Le  Haut  Congo  est  encore  sauvage. 

c  Le  fleuve,  à  l'endroit  où  je  le  rencontrai,  n'avait  guère  plus  de 
100  mètres  de  largeur  ;  mais  il  va  en  s'agrandissant  :  il  a  500  mètres 
à  Riba-Riba,  700  aux  chutes  de  Stanley  et  7  ou  8  kilomètres...  je  dis 
7  ou  8  kilomètres,  dans  le  nord  de  la  boucle.  Il  devient  ensuite 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  24  MARS  1898.  129 

plus  étroit  vers  l'êquateur  où  il  ne  mesure  guère  plus  de 
2,400  mètres;  il  s'étrangle  dans  le  canal  qui  conduit  au  Stanley- 
Pool  et  aux  cataractes.  Le  Pool  a  un  diamètre  de  5  à  6  kilo- 
mètres. Le  Congo  garde,  au-dessous  des  cataractes  et  jusqu'à  son 
embouchure,  une  largeur  d'à  peu  près  1,200  à  1,500  mètres. 

c  C'est  entre  les  chutes  de  Nyangoué  et  Riba-Riba  que  5,000 
révoltés  battaient  la  rive,  cherchant  à  passer  le  fleuve  ;  appartenant 
en  majorité  à  la  tribu  des  Bakoussous,  à  l'ouest  de  Nyangoué, 
ils  voulaient  traverser  le  fleuve  pour  rentrer  dans  leur  pays  et  il 
était  de  la  politique  des  Belges  de  laisser  la  faim  et  les  souffrances 
les  décimer,  en  les  cernant  dans  ce  pays  misérable  et  en  les  empê- 
chant de  passer  l'eau.  Toutes  les  pirogues  avaient  donc  été  réqui- 
sitionnées et  enlevées  momentanément  aux  indigènes,  et  le  baron 
Dhanis  m'exprima  toutes  ses  craintes  à  l'égard  de  notre  passage 
dans  cette  région;  il  doutait  mémo  du  succès,  mais,  comme  j'in- 
sistais particulièrement,  il  me  donna  100  hommes  de  la  force  pu- 
blique commandés  par  2  officiers,  lesquels  devaient  m'escorter 
jusqu'à  Riba-Riba.  Nous  eûmes  soin  de  nous  tenir  le  plus  loin 
possible  de  la  rive  gauche,  et  je  me  demande  encore  aujourd'hui 
comment  nous  avons  pu  passer.  Nous  entendions  presque  toute  la 
journée  des  coups  de  fusil  et  même  des  coups  de  canon;  à  un 
certain  moment,  ou  voyait  sur  la  rive,  au-dessus  de  la  forêt,  la  fu- 
mée des  grands  feux  des  révoltés  et  des  cris  s'élevaient  de  temps 
à  autre.  Un  feu  de  peloton  n'aurait  pas  tardé  à  couler  nos  cinq 
grandes  pirogues. 

c  J'ai  fait  des  observations  astronomiques  nombreuses  pendant 
la  descente  du  Congo,  surtout  dans  le  Haut  Congo  où  elles 
n'avaient  jamais  été  faites;  je  dois  aussi  compter  au  nombre  des 
découvertes  géographiques  un  voyage  dans  le  Haut  Itimbiri,  un 
des  affluents  nord  du  Congo,  où  j'ai  pu  remplir  sur  la  carte  plu- 
sieurs endroits  pointillés. 

c  Je  terminerai  ce  compte  rendu  des  principaux  résultats  de 
mon  voyage  en  les  résumant  :  Découvertes  géographiques  (cartes 
et  800  observations  astronomiques).  Le  premier  pavillon  qui  ait 
été  planté  dans  ces  régions  est  celui  de  la  science  française. 
Histoire  naturelle  :  de  nombreux  spécimens  remis  au  Muséum  : 
mammifères,  poissons,  insectes,  etc.  Ethnographie  :  des  collec- 
tions pour  le  musée  du  Trocadéro,  des  crânes  humains,  de  nom- 
breuses notes.  Linguistique  :  recueil  de  vocabulaires  des  idiomes 
de  ces  régions  avec  notes  nombreuses.  500  photographies  dont 
J'ai  fait  ce  soir  passer  sous  vos  yeux  quelques  exemplaires.  Cli- 

SOC.  DE  GKOGR.  —  C  1.  DIS  SÉANCES.  —  N°  3.  —  Mars.  10 


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130  COMPTES  RENDD8  DES  SÉANCES. 

matologie  :  trois  ans  d'observations  soignées.  J'ajouterai  que  j'ai 
accompli  ce  voyage  sans  subvention  aucune  et  seulement  avec 
l'aide  de  quelques  amis. 

t  Le  2  novembre  1897,  après  la  descente  du  Congo,  nous  re- 
prenons pour  la  dernière  fois,  au  Stanley-Pool,  notre  route  à  pied 
par  le  chemin  des  caravanes  qui  contourne  les  cataractes  à  Tampa  ; 
après  sept  jours  de  marche,  nous  profitons  des  bienfaits  de  la  civi- 
lisation naissante  et  faisons  vingt-quatre  heures  de  chemin  de  fer,  à 
la  grande  joie  de  mes  hommes  du  Zambèze  qui  n'avaient  jamais  vu 
une  locomotive,  et  le  13  novembre  1897,  trois  ans  et  trois  mois 
après  avoir  quitté  l'océan  Indien,  à  l'embouchure  du  Zambèze,  après 
trente-neuf  mois  de  fatigues,  de  peines  et  de  vicissitudes,  après 
avoir  franchi  les  rivières,  gravi  les  montagnes,  traversé  les  lacs» 
côtoyé  les  abîmes  et  coupé  une  partit  de  la  grande  forêt  équato- 
riale,  après  avoir  été  dix  mois  sans  nouvelles  au  cœur  de  l'Afrique, 
le  13  novembre  1897,  j'ai  eu  le  bonheur  de  voir,  à  quatre  heures 
de  l'après-midi,  l'océan  Atlantique,  achevant  ainsi  de  part  en 
part  la  traversée  du  continent  africain. 

c  J'ajouterai  que  je  n'ai  pas  choisi  mon  itinéraire  et  que  j'eusse 
préféré  consacrer  uniquement  à  l'Afrique  française  le  temps  et  les 
efforts  qu'a  nécessités  mon  voyage  ;  mais  nos  colonies  africaines 
et  la  plus  grande  partie  du  contiuent  noir  sont  explorées  et  connues  ; 
pour  glaner,  comme  moi,  quelques  nouveautés  scientifiques,  il 
faut  entreprendre  de  grands  voyages  et  traverser,  comme  je  l'ai 
fait,  l'Afrique  portugaise,  l'Afrique  anglaise,  l'Afrique  allemande 
et  l'Afrique  belge  avant  d'arriver  au  Congo  français.  Et  puis, 
n'est-il  pas  utile  que  de  temps  à  autre  nous  sortions  de  chez  nous 
pour  aller  étudier  sur  place  ce  que  font  nos  voisins  afin  de  nous 
renseigner  et  d'améliorer,  s'il  y  a  lieu,  notre  système  colonial? 

c  D'ailleurs,  si  notre  pavillon  national  ne  flotte  pas  sur  ces  ré- 
gions, je  viens  d'y  planter  celui  de  notre  science;  je  viens  d'y  mon- 
trer qu'on  trouve  en  France,  comme  ailleurs,  des  hommes  ca- 
pables de  grands  efforts  et  de  grands  sacrifices  pour  le  triomphe 
d'une  idée,  dût-elle  n'apporter  qu'une  petite  pierre  à  l'édifice 
scientifique  et  moral  de  la  nation  !  >  (Vifs  applaudissements,) 


Le  Président,  s'adressant  au  voyageur  : 

c  Monsieur  Foa,  en  quelques  courts  instants,  vous  nous  avez 
emportés  à  travers  l'Afrique,  de  Test  à  l'ouest  de  ce  grand 
continent,  et  vous  avez  résumé  les  conquêtes  scientifiques  d'un 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.  131 

voyage  qui  a  duré  plus  de  trois  années.  Dans  cette  rapide  vue  d'en- 
semble, combien  de  détails  intéressants  ont  été  omis  ;  que  de  choses, 
bonnes  à  connaître,  resteront  ignorées  de  nous!  Nous  voyons  les 
grandes  lignes,  les  faits  acquis  ;  mais  les  longs  préparatifs,  l'ini- 
tiation, qui  constituent,  pour  ainsi  dire,  l'ossature  d'une  telle  expé- 
dition, sont  nécessairement  demeurés  dans  l'ombre. 

c  Et  du  reste,  pour  bien  comprendre  comment  il  vous  a  été 
possible  de  surmonter  les  dangers  d'une  entreprise  aussi  hardie, 
de  résister  à  la  fatigue  et  au  climat,  de  vous  frayer  un  passage  au 
milieu  de  populations  souvent  hostiles,  il  aurait  fallu  vous  suivre, 
pas  à  pas,  dans  toute  votre  carrière  d'Africain,  depuis  votre  pre- 
mière exploration  au  Dahomey,  jusqu'à  vos  plus  récents  voyages; 
nous  saurions  alors  au  prix  de  quelles  peines  vous  avez  acquis 
les  qualités  qui  ont  assuré  votre  succès. 

c  Dès  vos  débuts,  vous  ne  négligiez  rien  :  l'étude  de  la  langue 
arabe  et  de  nombreux  dialectes,  celle  du  caractère  des  noirs,  — 
dont  il  semblait  que  vous  eussiez  intuition,  tant  vous  gagniez 
promptement  leur  confiance,  —  les  moyens  d'échange,  l'entraîne- 
ment physique  enfin,  tout  vous  occupait  et  tout  vous  a  servi. 

<  On  ne  francbit  pas  les  espaces  immenses  que  vous  avez  par- 
courus, sans  être  vigoureusement  trempé  et,  pour  cela,  l'amour 
de  l'histoire  naturelle,  la  passion  de  la  chasse  vous  furent  de  très 
utiles  auxiliaires.  Vous  recherchiez,  avec  un  intérêt  qui  ne  se  las- 
sait jamais,  les  animaux  sauvages  de  ces  régions  équatoriales  et 
pins  il  y  avait  de  péril  à  les  affronter,  plus  vous  mettiez  d'ardeur 
à  les  poursuivre. 

c  Si  les  éléphants,  les  lions,  les  rhinocéros  ont  été  pour  vous 
de  rudes  adversaires,  vous  n'avez  pas  dédaigné  des  captures  moins 
brillantes,  mais  d'un  haut  intérêt  scientifique  et,  dans  l'enivrement 
de  vos  chasses,  vous  pensiez  sans  cesse  à  enrichir  nos  musées 
nationaux  auxquels  vous  avez  fait  des  dons  magnifiques. 

c  A  un  autre  point  de  vue,  vos  talents  cynégétiques  vous  ont  été 
d'un  grand  secours,  et  vous  n'avez  pas  oublié  les  économies  consi- 
dérables qu'un  coup  de  fusil  heureux,  tiré  sur  un  éléphant,  vous 
a  permis  de  réaliser,  quand  le  cadavre  du  gros  pachyderme  a  rem- 
placé, pour  vos  serviteurs,  4,000  mètres  de  calicot  qui  leur  étaient 
dus,  et  que  votre  bourse  aux  abois  aurait  été  très  embarrassée  de 
payer.  Les  nègres  sont  avides  de  viande,  et  peut-être  —  à  l'excep- 
tion de  l'alcool  —  la  préfèrent-ils  à  tout. 

c  Mais  nous  devons  insister  particulièrement  sur  les  résultats 
géographiques  de  votre  expédition;  ils  sont  considérables.  Vous 


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132  COMPTES  RENDD8  DBS  8ÉANCE8. 

avez  complété  un  grand  nombre  d'itinéraires  déjà  parcourus  et 
vous  en  avez  tracé  138  nouveaux  dans  le  bassin  septentrional  du 
Zambèze,  aiosi  que  dans  la  région  des  lacs  Nyassa  et  Tanganyika; 
vous  avez  rectifié  la  position  de  ce  dernier  vers  le  nord-est,  et  vous 
en  avez  relevé  les  côtes  sur  une  carte  qui  restera  un  guide  sûr 
pour  les  voyageurs  de  l'avenir.  On  vous  doit  encore  la  rectification, 
sur  une  certaine  étendue,  du  haut  Congo  et  la  reconnaissance  de 
plusieurs  de  ses  affluents.  Vous  avez  fait,  avec  un  soin  minutieux, 
800  observations  astronomiques  pour  déterminer  les  longitudes  et 
les  latitudes.  Vous  avez  aussi  compris  toute  l'importance  qu'il  y 
avait  à  connaître  la  déclinaison  magnétique,  l'altitude  des  points 
culminants  et  à  fixer,  par  des  triangles,  la  topographie  de  ces  con- 
trées. Aussi  les  membres  de  la  Société  de  Géographie,  appelés  à 
examiner  vos  carnets  et  vos  notes,  en  ont-ils  apprécié  sur-le- 
champ  toute  la  valeur. 

c  Avant  vous,  d'autres  explorateurs  avaient  traversé  l'Afrique, 
mais  aucun,  avec  des  ressources  aussi  limitées,  n'avait  rapporté, 
je  crois,  autant  de  documents  précieux  et  pourtant  vous  n'aviez, 
comme  auxiliaires,  qu'un  petit  nombre  de  serviteurs  emmenés  du 
Zambèze  et  quelques  nègres  que  vous  recrutiez  sur  votre  passage. 
Votre  vaillant  compagnon,  M.  de  Borély,  ayant  été  obligé  de  vous 
quitter  au  lac  Nyassa,  pour  retourner  à  la  côte,  il  vous  fallait  pour- 
voir à  tout,  guider,  nourrir,  rassurer  votre  escorte  et  faire  en 
même  temps  l'étude  scientifique  du  pays.  Votre  cœur  n'a  pas  faibli 
sous  ce  lourd  fardeau  et  vous  avez  été  à  la  hauteur  de  votre  tâche. 

c  Nous  admirons  le  courage  militaire,  cette  ardeur  qui  fait 
oublier  le  danger  et  pousse  en  avant  chaque  soldat,  dans  un  noble 
sacrifice  de  lui-même.  Sur  le  champ  de  bataille,  ces  dévouements 
isolés  se  réunissent,  comme  autant  de  rayons  vivifiants,  pour 
former  un  lumineux  foyer  où  s'éclairent  et  se  réchauffent  les  âmes. 

c  Le  courage  du  voyageur  n'est-il  pas  digne  aussi  de  notre 
admiration  V  II  lui  manque  ce  qui  soutient  le  soldat;  il  n'a  ni 
l'ivresse  de  la  lutte,  ni  ce  souffle  de  sympathie  et  de  solidarité 
qui  remplit  les  cœurs  et  gonfle  les  poitrines;  il  n'a  pas  l'exemple 
entraînant,  ni  ce  courant  magnétique  fait  de  mille  volontés  con- 
centrées sur  le  môme  objet. 

c  II  est  seul,  et  seul  il  doit  vaincre  tous  les  obstacles  qui  se 
dressent  devant  lui.  Quelle  patience,  quelle  force  morale  et  phy- 
sique, quelle  endurance  à  tous  les  maux  il  faut  avoir  pour  n'être 
pas  arrêté,  dès  les  premiers  pas,  dans  les  durs  et  rudes  chemins 
où  il  s'engage  ! 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.         133 

c  Noos  sommes  très  heureux  d'accueillir  et  de  féliciter  les  explo- 
rateurs dont  le  succès  a  récompensé  les  efforts,  mais  ici  nous  ne 
devons  jamais  oublier  ceux  qui,  partis  pleins  d'espoir  et  tout  brû- 
lants du  désir  d'agrandir  le  domaine  de  la  France,  sont  tombés 
dans  quelque  embuscade,  ou  bien  ont  été  terrassés  par  la  fièvre 
qui  abat  les  forces  et  use  si  rapidement  la  vie  dans  ce  terrible  con- 
tinent noir. 

c  Saluons  en  eux  les  victimes  de  Tune  des  plus  nobles  passions 
de  l'humanité,  celle  de  laisser  après  soi  des  œuvres  durables  et  de 
léguer  au  pays  la  mémoire  de  grandes  choses  accomplies;  et  disons 
bien  haut  que,  dans  ces  combats  livrés  au  loin  à  tant  d'ennemis 
différents,  nous  honorons  les  vaincus  à  l'égal  des  vainqueurs. 

c  Vous  êtes  heureusement  parmi  les  vainqueurs,  monsieur;  il 
vous  a  été  donné  de  terminer  ce  long  et  périlleux  voyage  et  de 
nous  en  rapporter  une  ample  moisson;  nous  nous  en  réjouissons 
et  la  Société  de  Géographie  a  voulu  que  votre  nom  fût  inscrit  à 
côté  de  ceux  des  explorateurs  les  plus  célèbres;  elle  a  donc  décidé 
que  sa  grande  médaille  d'or  —  récompense  qu'elle  accorde  rare- 
ment —  vous  serait  remise  à  notre  prochaine  séance  générale.  > 


II.  —  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 

EUROPE 

i*ap*aie.  —  Explorations  des  glaciers  de  la  Laponie  suédoise 
par  M.  Axel  Hamberg.  —  Pendant  l'été  1897  M.  A.  Hamberg  a 
continué  les  intéressants  travaux  qu'il  poursuit  depuis  deux  ans 
sur  les  glaciers  de  la  région  de  Kvikkjokk  (Laponie  suédoise)  (Voir 
les  Comptes  rendus  16  et  17  de  1897). 

D'après  ses  observations,  la  valeur  de  l'ablation  sur  le  grand 
glacier  de  Lulleavagge  s'est  élevée,  le  13  juillet  1897,  à  l'altitude  de 
1,080  mètres,  à  0ra,139  et  à  l'altitude  de  1,130  mètres,  à  0"\  104 
par  vingt-quatre  heures.  Pour  les  mêmes  points,  elle  a  été  le 
lendemain  respectivement  de  0m,133  et  de  0m,072.  Jamais  au- 
paravant une  valeur  d'ablation  quotidienne  aussi  élevée  n'avait 
été  observée.  Les  13  et  14  juillet  1897,  la  température  de  l'air  fut 
très  élevée;  à  une  hauteur  de  plus  de  1,700  mètres,  au  milieu  de 
la  nuit,  le  thermomètre  s'éleva  à  +  10°.  Par  suite,  comme  nous 
avons  eu  plusieurs  fois  l'occasion  de  le  signaler  nous-méme  dans 


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134  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

nos  études  sur  les  glaciers  de  cette  région,  l'ablation  persista  durant 
la  nuit  jusqu'à  une  grande  altitude. 

Sur  le  glacier  de  Mika  (massif du  Sarjektjâkko)  (versant  sud-est) 
pendant  la  période  comprise  entre  le  28  juillet  et  le  17  sep- 
tembre 1897,  la  valeur  de  l'ablation  s'est  élevée  respectivement 
pour  trois  points  situés  aux  altitudes  de  930  mètres,  1,015  mètres 
et  1,090  mètres  et  à  une  distance  de  78,  410  et  1,000  mètres  de 
son  extrémité  inférieure  :  à  2  m.  25,  1  m.  80  et  1  m.  45.  La  plus 
forte  ablation  en  vingt-quatre  heures  a  été  observée,  le  20  août, 
(0  m.  06)  pour  la  station  inférieure;  le  10  août,  (0  m.  047)  pour 
la  station  intermédiaire;  et,  le  20  août,  (0  m.  039)  pour  la  station 
supérieure.  Les  observations  n'ayant  commencé  que  le  28  juillet, 
M.  Haraberg  évalue  la  valeur  totale  de  l'ablation  pendant  l'été  à 
3  mètres  ou  3  m.  50,  chiffre  indiqué  par  Agassiz  pour  la  langue 
terminale  d'un  glacier  des  Alpes. 

11  est  utile  cependant  de  faire  observer  qu'en  Laponie  cette 
fusion  s'opère  en  quelques  semaines,  tandis  que,  dans  nos  régions, 
elle  s'exerce  durant  une  grande  partie  de  l'année. 

Pendant  sa  nouvelle  campagne,  M.  Hamberg  a  continué  ses  re- 
cherches sur  la  vitesse  d'écoulement  du  glacier  de  Mika  sur  lequel 
il  avait  placé,  en  1895,  deux  lignes  de  pierres  transversales*  Ce  cou- 
rant de  glace  mesure  une  longueur  de  4,800  mètres  et  une  largeur 
de  1,300  mètres  dans  la  partie  supérieure  de  la  vallée  glaciaire. 

Ligne  de  pierres  supérieure  située  à  2  kilom.  500  de  l'extrémité 
inférieure  du  glacier. 

Pierre  ayant  en  Déplacement  Vitesse 

Période  la  plus  grande  vitesse  pendant  moyenne 

d'observation.  de  déplacement.  la  période.        en  24  heures. 

•Du  «  août  1895  au      N°  12,  à  528  mètres  52ra,5  0M,07 

20  août  1897.  de  la  moraine  laté- 

rale de  gauche. 

Ligne  de  pierres  inférieure  située  à  1  kilomètre  de  l'extrémité 
inférieure  du  glacier. 

Du  8  août  1895  au      W  9  et  n*  10,  à  392         56"',5  (r,076 

20  août  1897.  et  427  mètres  de 

la  moraine  latérale 
de  gauche. 
Du  28  juillet  1897      N°  9,  à  392  mètres  de  4m,2  0m,183 

au  20  août  1897.  la  moraine  latérale 

de  gauche. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.  135 

La  vitesse  d'écoulement  du  glacier  de  Nika  semble  donc  infé- 
rieure à  celle  d'un  courant  des  Alpes  de  dimensions  à  peu  près 
semblables. 

Du  31  août  1883  au  29  août  1897,  date  à  laquelle  sa  position 
fat  déterminée  par  le  Dr  Fr.  Svenonius,  l'extrémité  inférieure  du 
glacier  de  Luotob  a  reculé  de  119  mètres. 

Les  glaciers  des  Alpes  présentent  une  structure  lamellaire  très 
curieuse,  dont  l'origine  a  donné  lieu  à  de  nombreuses  discussions. 
Jusqu'ici  aucune  explication  satisfaisante  de  ce  phénomène  n'a 
été  fournie.  Le  seul  point  sur  lequel  on  soit  tombé  d'accord  c'est 
que,  dans  nos  régions,  il  n'est  pas  produit  par  l'entassement  succes- 
sif des  couches  de  neiges,  comme  on  le  croyait  tout  d'abord. 
D'après  M.  Axel  Hamberg,  cette  singulière  disposition  des  molé- 
cules glaciaires  serait  le  résultat  d'une  c  structure  fluidale  », 
analogue  à  celle  présentée  par  certaines  laves.  Dans  les  régions 
arctiques,  cette  stratification  est  plus  rare  que  sous  nos  latitudes 
et  n'a  pas  la  même  origine.  Si  certains  amas  glaciaires  de  cette 
zone,  comme  les  névés  de  Loven  sur  la  côte  ouest  du  Spitzberg, 
présentent  une  structure  lamellaire  d'une  remarquable  netteté, 
les  grands  glaciers,  tels  que  ceux  issus  des  nappes  centrales  du 
Spitzberg  et  de  V  inlandsis  du  Grônland,  ont,  au  contraire,  une 
texture  généralement  massive.  Suivant  M.  Hamberg,  les  glaciers 
affectant  une  disposition  régulière  dans  leurs  couches  auraient 
une  faible  étendue,  comparés  aux  énormes  courants  cristallins  de 
ces  régions  et  devraient  être  considérés  comme  des  glaciers  im- 
parfaits et  rangés  dans  la  catégorie  des  névés.  Dans  la  zone 
arctique,  en  raison  des  basses  températures,  la  neige  ne  peut 
arriver  à  son  point  de  fusion  pour  se  transformer  en  glace  que  sous 
l'effet  de  pressions  énormes.  Seulement,  sur  les  énormes  nappes 
comme  les  inlandsis  y  cette  condition  se  trouve  réalisée,  tandis  que, 
sur  les  glaciers  plus  petits,  la  neige  reste  à  l'état  de  névé,  formant 
des  entassements  réguliers  de  couches  successives  produisant  une 
stratification  très  nette.  A  mesure  que  l'on  avance  vers  le  nord,  le 
nombre  et  l'étendue  de  ces  formations  glaciaires  imparfaites 
augmentent. 

Gharle8  Rabot. 

ASIE 

T«rke»t«a  russe.  —  L'occupation  de  Samarcande  par  les  Russes 
date  de  trente  ans  (1868);  depuis  cette  époque,  de  nombreuses 


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136  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

améliorations  ont  été  réalisées.  Le  chemin  de  fer  qui,  partant  des 
bords  de  la  Caspienne,  passe  à  Merv  et  dessert  Samarcande,  est  en 
voie  de  prolongement  jusqu'au  Ferghana;il  passera  àïachkent  et 
à  Andijan.  La  construction  se  poursuit  à  la  vitesse  de  3  kilo- 
mètres par  jour;  à  la  un  de  février,  il  atteignait  Chinaz. 

Avec  la  facilité  des  communications,  le  commerce  trouvera  des 
éléments  de  prospérité  pour  rechange  des  marchandises  euro- 
péennes contre  les  produits  indigènes.  Du  charbon  de  terre  a  été 
découvert  à  50  kilomètres  dans  l'est  de  Samarcande. 

L'élévation  de  cette  ville  est  d'environ  600  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Son  climat  est  préférable  à  celui  de  Tachkent. 

L'administration  de  Samarcande  est  entre  les  mains  des  Russes  ; 
elle  est  placée  sous  la  direction  du  colonel  Kulchanoff,  qui,  après 
une  brillante  carrière  militaire  au  Caucase,  gouverne,  sous  la  forme 
d'un  protectorat,  cette  ville  asiatique,  aujourd'hui  siège  du  gou- 
vernement du  Turkestan.  Les  départements  de  Samlad,  Katti- 
Kourgan,  Jirak  et  Khojend  y  sont  rattachés.  Les  villages  ont  chacun 
une  école  primaire  où  l'on  enseigne  la  langue  persane  corrompue 
avec  le  tajik;  on  commence  à  enseigner  la  langue  russe.  La 
question  des  irrigations,  si  importante  dans  cette  région,  est  tran- 
chée par  un  syndicat  des  notables  de  chaque  village,  ayant  le 
pouvoir  de  réquisitionner  tous  les  adultes  pour  les  travaux 
nécessaires. 

(The  Levant  Herald  and  Eastern  Express,  i  février  1898.) 

La  navigation  des  grands  fleuves  de  Sibérie.  —  Le  problème 
de  faire  pénétrer  les  marchandises  européennes  par  les  fleuves  de 
Sibérie  qui  aboutissent  à  l'océan  Glacial  a  été  étudié  depuis  plus 
d'un  siècle.  Les  tentatives  faites  dans  le  courant  de  ces  dernières 
années,  et  spécialement  celles  du  capitaine  Wiggins,  ont  démontré 
que  la  navigation  était  praticable  dans  certaines  conditions.  Le 
principal  obstacle  consiste  dans  l'absence  de  ports  naturels  néces- 
saires au  transbordement  des  marchandises,  quand  elles  quittent 
la  voie  de  mer  pour  la  navigation  fluviale  soumise  à  d'autres 
exigences.  La  baie  de  Gadehodka,  ou  de  la  Trouvaille,  située  à 
l'embouchure  de  l'Obi  et  déjà  utilisée  pour  le  transport  des  maté- 
riaux du  Transsibérien,  paraît  réunir  les  conditions  voulues. 

L'année  dernière,  un  groupe  de  négociants  anglais,  dirigé  par 
M.  F.  Leyndebern  Pappam,  a  organisé  une  flottille  de  1 1  navires, 
dont  une  partie  était  destinée  à  remonter  l'Obi  et  l'autre  le 
Yénisséi.  Elle  y  a  fait  ainsi  pénétrer  des  produits  de  fabrication 


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SÉANCES  DBS  A,   18  ET  21  MARS  1898.         137 

européenne;  l'échange  au  retour' consistait  en  blés  de  Sibérie  de 
bonne  qualité,  et  d'une  vente  rémunératrice. 

Cetle  année,  une  autre  flottille  poursuivra  le  même  but.  En 
outre,  une  Société  est  en  voie  de  formation  à  Hambourg  pour  ou- 
vrir une  route  commerciale  par  le  fleuve  Amour.  Le  gouvernement 
rosse,  désirant  favoriser  l'entrée  des  produits  étrangers,  fait  re- 
mise des  taies  de  douane  pendant  les  premières  années. 

(The  Levant  Herald,  Gonstantinople,  %  février  1898.) 

J.  Girard. 


AFRIQUE 

ÉtfcUpto.-—  Le  SidamayPAmaraf  le  Konso,  ^c.(l).  — M.Léon 
Darragon  adresse  la  carte  des  régions  qu'il  a  traversées,  de  juin 
à  octobre  1897,  se  rendant  au  pays  des  Borânas  où  le  Négus 
l'avait  chargé  d'un  mission. 

Dans  une  lettre  datée  d'Abbeville,  2  mars  1898,  qui  accompagne 
cet  envoi,  il  dit  que,  sans  la  protection  de  S.  M.  le  Négus,  il  lui  eût 
été  impossible  de  traverser  autrement  qu'en  force  des  contrées  à 
peine  pacifiées,  portant  encore  les  traces  de  la  conquête,  sans  se 
trouver  en  butte  au  mauvais  vouloir  des  indigènes. 

Il  déclare  qu'il  n'entrera  pas  dans  de  longues  explications  sur 
le  Gouragué  ni  sur  les  pays  situés  au  nord  du  Sidama,  d'autres  y 
ayant  passé  avant  lui.  Cependant  il  fait  quelques  réserves  sur 
l'exactitude  de  la  carte  française  de  1889  en  ce  qui  concerne  la 
situation  du  lac  Ororocha.  c  La  carte,  dit- il,  est  un  peu  trop  pré- 
cise, dans  ses  détails,  pour  des  contrées  inexplorées  jusqu'alors. 
A  l'est  de  ce  lac,  que  d'autres  appellent  Lamina,  Buturlin  ou 
Schahalla  (c'est  ainsi  qu'on  le  nomme  dans  le  sud),  s'étend  une 
chaîne  qui,  sans  nul  doute,  est  la  continuation  des  monts  du  Si- 
dama, dont  nous  avons  suivi  les  sommets,  mais  au  milieu  d'un 
brouillard  tel  qu'il  nous  a  été  impossible  d'observer  le  pays  d'une 
façon  satisfaisante.  Aussi  vous  engagerai-je  à  ne  tenir  compte,  sur 
ma  carte,  depuis  Djamdjam  jusqu'à  Kikillé,  que  des  chiffres  placés 
à  droite  du  nom  des  étapes  et  qui  représentent  la  hauteur  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer.  Les  parties  hachées  que  croise  mon 
itinéraire  peuvent  également  être  considérées  comme  exactement 

(1)  Voir  la  carte  jointe  à  ee  numéro. 


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138  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

placées.  Pour  le  reste,  Sidama  et  Amara,  notamment  pour  la  grande 
chaîne  qui  part  de  la  Bourgui,  je  ne  saurais  donner  cette  condition 
probable  qu'à  titre  d'indication  générale.  » 

Quant  au  Sidama  et  à  l' Amara,  c  ce  sont  deux  pays  à  peu  près 
semblables;  tous  deux  fertiles,  couve  ris,  dans  les  parties  bautes, 
de  forêts  impénétrables  où  les  sabres  abyssins  durent  nous  ouvrir 
un  passage.  Les  habitants  sont  de  race  galla.  Us  sont  sujets  de 
Ménélik,  et,  de  ce  fait,  relèvent  du  dedjaz match  (chef  de  corps) 
Loulsegguet,  parent  du  Négus,  qui  habite  Darassa,  chef-lieu  du 
Sidama. 

c  A  l'inverse  des  pays  dont  je  viens  de  parler,  le  Borâna  offre 
le  spectacle  de  la  plus  complète  désolation.  A  part  la  chaîne  des 
monts  Odda  où  Ton  trouve  un  peu  de  végétation  et  un  peu  d'eau 
(une  mare  au  mont  labatpu  et  une  source  au  mont  Gola),  le  Bo- 
râna est  un  immense  désert  dont  les  fourmilières  et  les  mimosas 
couvrent  le  sol  argileux.  Jusqu'au  puits  du  Sogida,  cratère  éteint 
rempli  d'eau,  ce  fut  une  marche  précipitée  de  près  de  80  kilo- 
mètres sans  pouvoir  apaiser  notre  soif.  On  peut  d'ailleurs,  à  pre- 
mière vue,  se  rendre  un  compte  exact  de  la  rapidité  de'  notre  course 
en  comparant  la  longueur  des  étapes  du  Sidama  à  celle  des  étapes 
du  Borâna.  Et  lorsque,  notre  regard  s'étendant  au  loin,  nous 
eûmes  constaté  la  même  uniformité  dans  la  désolation  et  décidé 
de  revenir  sur  nos  pas,  ce  fut  une  marche  horrible  dans  la  pous- 
sière argileuse,  soulevée  par  le  vent,  qui  se  collait,  obsédante, 
aux  yeux,  aux  narines,  à  la  langue,  augmentant  ainsi  les  tortures 
de  la  soif.  » 

Avant  de  parler  du  Konso,  le  voyageur  dit  quelques  mots  de  la 
vallée  de  la  Sageun,  où  Ton  voit  d'innombrables  éléphants.  C'est 
par  centaines  qu'ils  évoluent  dans  la  vallée.  Ils  sont  de  grande 
taille,  de  couleur  brune,  armés  de  longues  et  belles  défenses,  bien 
recourbées,  dont  quelques-unes  atteignent  2  mètres.  On  en  trouve 
aussi  au  Konso,  mais  ils  sont  un  peu  moins  beaux. 

c  Le  Konso  proprement  dit  est  un  curieux  petit  pays  récem- 
ment conquis  par  les  Abyssins,  et  dont  l'étendue,  dans  la  partie 
dont  je  veux  vous  entretenir,  ne  dépasse  pas  20  kilomètres. 
Cette  partie,  montagneuse,  est  peuplée  par  des  individus  complè- 
tement noirs,  dont  le  langage  et  les  usages  diffèrent  de  ceux  des 
pays  environnants.  Ils  sont  remarquables  par  leur  amour  du  tra- 
vail. Leurs  champs  de  café,  de  coton,  de  maïs,  disposés  en  gra- 
dins sur  le  flanc  des  collines,  sont  soignés  d'une  manière  irrépro- 
chable. Leurs  maisons,  symétriquement  construites  sur  des  pilotis 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.         139 

qui  les  préservent  de  l'humidité,  sont  parfaitement  propres.  J'ai 
rapporté  de  ce  pays  un  objet  que  je  compte  offrir  à  un  musée 
d'ethnologie  et  qui  consiste  en  un  morceau  de  bois  grossièrement 
sculpté,  ornement  obligé  des  tombeaux  indigènes  qui  doivent  por- 
ter l'image  du  mort  qu'ils  renferment.  Dans  la  plaine  et  dans  le 
Goubazié,  ces  statues  sont  remplacées  par  des  pierres. 

c  Le  Goubazié,  qui  diffère  d'altitude  avec  le  Konso,  n'offre  pas 
le  môme  intérêt  que  celui-ci  ;  à  part  le  soin  de  ses  cultures,  il  ne 
montre,  ni  dans  ses  constructions,  ni  dans  tous  ces  détails  où  se 
manifestent  le  caractère  et  les  goûts  d'un  peuple,  l'ardeur  indus- 
trieuse de  ses  voisins.  Au  Konso  et  au  Goubazié,  on  parle  une 
langue  différente  de  celle  des  peuples  environnants. 

c  J'ai  pu  observer  le  Gamou  et  les  pays  voisins  d'une  manière 
satisfaisante.  A  part  quelques  jours  de  brouillard,  au  mont  Dita, 
qui  m'ont  empêché  d'observer  quoi  que  ce  soit  à  l'ouest  de  mon 
itinéraire,  le  beau  temps  relatif  m'a  mis  à  même  de  pouvoir  être 
plus  affirmatif  pour  cette  région  que  pour  le  Sida  ma. 

c  Le  Gamou  et  le  Borodda  sont  deux  pays  fertiles,  habités  par  des 
populations  laborieuses  qui  tirent  d'un  sol  pénible  à  cultiver  tout 
ce  qu'il  peut  donner.  On  y  parle  la  langue  du  Walamo,  différente 
de  la  langue  gai  la. 

c  L'aspect  général  du  pays  est  le  même  que  celui  du  Sidama  et 
de  l'Amara,  dont  il  est  séparé  par  le  lac  Pagadé,  qui  baigne  le 
pied  de  leurs  montagnes  sur  plus  de  100  kilomètres  de  lon- 
gueur. 

c  Le  Négus  a  souveraineté  complète  sur  ces  deux  pays  ainsi  que 
sur  le  Walamo,  auquel  il  a  pourtant  laissé  son  roi.  Le  Walamo  est 
une  immense  plaine  dominée  par  le  mont  Damota  qui  en  est  le 
centre  et  qui  recèle  des  richesses  minéralogiques.  De  nombreuses 
moissons  de  maïs,  d'orge,  de  café,  etc.,  couvrent  le  sol  jusqu'à 
l'ouest  du  mont  Dégounna  où  commence  un  marais  qui  ne  finit 
qu'à  l'Araberitcbo,  où  notre  compatriote,  M.  tfénon,  s'est  arrêté  il 
y  a  quelques  années.  » 

M.  Darragon  ajoute  qu'il  n'a  pu  recueillir  de  documents  sur 
i'Omo;  cependant  la  direction  des  montagnes  semblerait  indiquer 
qu«  ce  cours  d'eau  ne  se  jette  pas  dans  le  lac  Rodolphe,  mais 
qu*il  se  dirige  encore  plus  vers  l'ouest. 

Il  attire  l'attention  sur  la  Sageun,  qu'on  a  longtemps  distinguée 
du  Billati  et  de  la  Ouera,  tandis  que  ces  trois  dénominations  s'ap- 
pliquent à  un  seul  et  même  fleuve,  comme  il  s'en  est  assuré  par 
lui-même.  Il  ne  l'a  fait  figurer  en  pointillé,  sur  quelques  points 


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140  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

de  son  cours,  qu'en  raison  de  l'impossibilité  où  il  s'est  trouvé  d'en 
faire  un  relevé  strictement  exact. 

c  Le  petit  lac  Abbasi  ne  figure  sur  aucune  carte.  Quant  au 
grand  lac  Pagadé,  je  crois  également  être  le  premier  à  avoir  pu 
l'observer  d'une  manière  satisfaisante,  c'est-à-dire  parallèlement 
à  sa  direction  nord-sud.  Je  ferai  pour  son  relevé  la  môme  obser- 
vation que  pour  celui  de  la  Ouera...  > 

Dans  une  autre  lettre,  du  11  mars,  M.  Darragon  donne  des  ren- 
seignements relatifs  au*  observations  qu'il  a  prises  pendant  son 
voyage. 

c  Mon  itinéraire  a  été  levé  à  la  boussole.  C'était  une  grande 
boussole  graduée  d'environ  1  décimètre  de  diamètre.  Pour  mesurer 
les  azimuths  avec  la  plus  grande  approximation  possible,  j'avais 
adapté  à  ma  boussole,  en  vue  d'éviter  des  mouvements  qui  rendent 
la  lecture  difficile,  un  miroir  et  un  viseur.  Lorsque  je  voulais 
prendre  l'azimuth  d'un  point,  après  avoir  porté  le  viseur  et  la 
boussole  à  la  hauteur  de  l'œil  et  attendu  que  l'aiguille  fût  immo- 
bile, le  miroir  incliné  à  45°  me  permettait  de  lire  l'angle  immé- 
diatement. J'ai  pu  faire  ainsi  des  observations  à  30'  près. 

c  Pour  les  altitudes,  je  les  ai  déterminées  avec  le  baromètre  métal- 
lique. Les  corrections  relatives  à  la  température  n'ont  pas  été 
faites. 

c  Pour  la  mesure  des  distances,  comme  je  désirais  établir  des 
cartes  au  1/100,000%  étape  par  étape,  j'ai  multiplié  indéfiniment  le 
nombre  des  observations  au  cours  de  la  route.  M'appuyant  sur 
des  points  d'appui  visibles  de  plusieurs  étapes,  et  ne  faisant  inter- 
venir, dans  la  mesure,  la  vitesse  qu'à  titre  de  simple  renseigne- 
ment, je  crois  avoir  pu,  en  m'entourant  de  ces  précautions,  éva- 
luer les  distances  d'une  façon  exacte.  Cependant  le  brouillard 
m'ayant  privé  de  points  d'appui  dans  le  Sidama  et  l'A  m  ara,  je  fais 
mes  réserves  pour  le  parcours  entre  Ouollo  et  Garadasé*  Toute- 
fois les  erreurs  ne  sauraient  excéder  5  ou  6  kilomètres,  ce  qui  est 
déjà  énorme,  à  mon  avis,  à  l'échelle  de  ma  carte.  Je  n'ai  aucune 
observation  à  faire  sur  la  partie  occidentale  de  l'itinéraire,  à  part 
le  mont  Dita  dont  je  n'ai  pu  obsejver  les  pentes  d'ouest,  comme 
on  le  remarquera  sur  la  carte. 

c  Je  n'ai  pas  d'observations  astronomiques.  »  —  L.  Darragon. 

Etkfopie.  —  Issas  et  Adals  :  Abako.  —  Du  camp  d'Àliou,  près 
d'Ankober,  13  janvier,  le  vicomte  Edmond  de  Poncins  annonce 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.  Ul 

que,  depuis  le  8  novembre  1897,  il  a  quitté  Djibouti  et  a  vécu  chez 
les  Somalis  Issas  et  chez  les  Adals.  A  Djibouti  se  tient  un  marché 
hebdomadaire,  à  1  kilomètre  1/2  en  dessous  et  à  Test  d'Ankober; 
après  s'y  être  ravitaillé  pour  un  mois,  M.  de  Poncins  retournera 
chez  les  Adals. 

c  J'ai  pu  voir  pas  mal  de  petites  choses  assez  curieuses  chez 
les  Issas  et  chez  les  Adals.  Sortant  le  plus  possible  des  routes 
suivies,  j'ai  un  petit  itinéraire  en  pays  neuf  qui  m'a  mené  à  un 
point  d'eau  très  écarté  dans  un  désert  où,  après  un  jour  et  demi 
sans  eau,  je  me  suis  trouvé  en  face  d'un  assez  grand  nombre  de 
lances  somalies,  contre  des  puits  où,  sur  1  kilomètre  de  long,  il  y 
avait  plusieurs  milliers  de  têtes  de  bétail.  Ce  point  d'Abako  est  un 
des  repaires  les  plus  reculés  des  nomades  Somalis  et  non  des  moins 
importants.  C'est  aussi  le  tracé  direct  entre  la  route  de  Harrar  et 
celle  du  Choa  par  le  désert  Ada),  tracé  qui  m'a  permis  de  relever 
de  grosses  erreurs  sur  la  carte  qui  existe  de  la  région. 

c  En  chassant  j'ai  parcouru  pas  mal  de  régions  inexplorées, 
bordant  l'itinéraire  habituel  des  caravanes.  Un  jour,  en  revenant 
par  Amoïssa,  l'endroit  où  Barrai  fut  massacré  avec  tous  ses 
nommes  par  les  Adals  Assaïmara,  j'ai  cru  avoir  besoin  d'employer 
mes  carabines.  J'avais  en  face  de  moi  25  guerriers  indigènes  à 
cheval,  la  lance  au  poing,  qui,  ayant  vu  le  matin  les  traces  de  mes 
hommes  et  les  ayant  reconnues  pour  des  pas  de  Somalis,  nous  atten- 
daient aux  sources  pour  nous  tuer.  Je  n'avais  que  i  hommes,  mais 
70  cartouches  et  un  espace  clair  assez  étendu  pour  ne  rien  risquer 
ainsi.  L'affaire  se  présentait  si  nettement  en  ma  faveur  qu'elle  s'est 
conclue  très  amicalement;  nous  sommes  rentrés  ensemble  au  camp. 

c  Adals  et  Somalis  sont  ennemis  comme  de  bons  voisins  de  race 
différente  doivent  l'être  par  ici;  ils  se  razzient  mutuellement  avec 
grand  plaisir.  La  visite  de  leurs  frontières  est  intéressante  à  ce 
sujet... 

c  Je  me  réserve  de  vous  donner  plus  de  détails,  probablement 
du  Choa,  dans  un  mois.  J'irai  voir  le  Négus  avant  de  reprendre  la 
route  de  la  côte.  »  —  Vicomte  Edm.  de  Poncins. 


AMÉRIQUE 

Atunti^ae  aastrai.  —  Les  îles  Falkland.  —  Le  groupe  des 
Iles  Falkland  se  compose  principalement  de  deux  Iles  :  celle  de 
l'Est,  la  plus  grande  et  qui  a  environ  3,000  railles  carrés,  et  celle 


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142  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

de  l'Ouest,  d'un  tiers  plus  petite;  tout  autour  s'égrènent  des  îlots 
et  des  rochers.  Elles  ont  appartenu  alternativement  à  l'Espagne, 
à  la  France  et  à  la  Grande-Bretagne,  qui  les  occupe  actuellement. 
La  colonie  est  placée  sous  la  direction  d'un  gouverneur;  elle  est 
aussi  le  siège  d'un  évéché  colonial. 

Cette  colonie  est  en  communication  avec  l'Europe  par  le  service 
régulier  de  vapeurs  allemands  de  la  O  Kosmos,  subventionnée  pour 
le  service  postal.  Tous  les  mois  un  vapeur  touche  à  Port-Stanley, 
la  capitale,  siège  du  gouvernement  et  unique  ville  de  cet  archipel. 
Elle  est  située  sur  le  port  naturel  intérieur,  formé  par  un  bassin 
de  5  milles  de  long  sur  trois  quarts  de  mille  de  large,  où  Ton 
pénètre  par  un  goulet  de  300  mètres  de  largeur.  Le  mouillage  y  est 
sûr  et  Ton  y  trouve  des  navires  qui  viennent  y  faire  reposer  leurs 
équipages  ou  s'y  réparer,  après  avoir  affronté  les  tempêtes  du  cap 
Horn. 

Bâtie  sur  le  côté  sud  de  la  baie,  Port-Stanley  a  une  population 
d'environ  1,000  habitants  d'origine  anglaise  ou  écossaise.  On  y 
trouve  trois  écoles,  trois  églises,  plusieurs  hôtels,  le  palais  du  gou- 
verneur, etc.  Les  maisons  sont  construites  en  pierre  ou  en  bois, 
peintes  en  blanc,  avec  des  toits  aux  couleurs  voyantes. 

L'exploitation  de  l'île  est  depuis  1851  entre  les  mains  d'une 
compagnie  concessionnaire  :  The  Falkland  Island  C°.  L'unique 
industrie  est  l'élevage  des  bœufs  et  des  moutons.  On  exporte  la 
laine  et  le  suif  en  Angleterre  et  l'on  espère  prochainement  exporter 
de  la  viande  congelée.  Les  races  Cheviot  et  South-Downs  importées 
dans  ces  pâturages  ont  réussi  et  ont  été  indemnes  d'épizooties, 
d'ailleurs  inconnues  sous  cette  latitude.  On  exporte  en  petite 
quantité  de  l'huile  de  phoque,  des  peaux  de  pingouins;  mais 
ces  animaux  deviennent  de  plus  en  plus  rares. 

La  faune  locale  se  réduit  aux  pingouins,  aux  albatros;  les  espèces 
de  poissons  sont  nombreuses,  mais  la  pèche  est  difficile  à  cause  de 
la  continuité  des  mauvais  temps.  La  flore  est  pauvre  ;  elle  consiste 
en  quelques  graminées,  des  mousses,  des  lichens.  Les  côtes  sont- 
couvertes  de  varechs  qui  servent  à  la  fabrication  de  la  soudé.  Sur 
ces  fonds  rocheux,  les  bancs  de  varechs  servent  à  indiquer  la  pré- 
sence des  roches  dangereuses  pour  la  navigation.  11  n'existe  pas 
d'arbres  à  cause  de  la  violence  extrême  du  vent  qui  les  déraci- 
nerait. Les  essais  de  plantation  n'ont  pas  réussi.  Tous  les  bois  de 
construction  sont  importés.  L'humidité  de  l'atmosphère  et  le  froid 
ont  empêché  la  culture  des  céréales  et  des  légumes.  L'élevage 
seul  a  donné  de  bons  résultats;  aussi  la  viande  est  à  bon  marché. 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  24  MARS  1898.         143 

Les  Iles  Falkland,  situées  au  milieu  d'une  des  mers  les  plus 
tourmentées  du  globe,  sont  perpétuellement  balayées  par  les  vents 
d'ouest*  Les  journées  ensoleillées  sont  rares;  mais,  comme  pour 
tous  les  climats  marins,  les  écarts  de  température  sont  faibles  ; 
l'hiver  n'est  pas  froid  ;  l'été  n'est  pas  chaud.  La  moyenne  annuelle- 
de  la  température  est  de  -+-  6°  G.  Celle  de  juillet  est  de  +  10°,  celle 
de  janvier  +  3°.  La  moyenne  annuelle  est  de  +  3°.  Le  maximum 
-h  21°  et  le  minimum—  6V  La  nébulosité  est  de  71  p.  100. 11  pleut 
les  deux  tiers  de  l'année;  hauteur  hydrométrique  :  60  centimètres 
environ.  Les  fortes  ondées  sont  inconnues  ;  mais  les  pluies  fines 
et  les  brouillards  sont  fréquents.  Les  neiges  et  la  grêle  tombent 
quelquefois  en  janvier  et  février. 

(Journal  of  the  School  of  Geography,  février  1898.) 

J.  Girard. 


AUSTRALIE 

Australie  occidentale.  —  Expédition  Carnegie.  —  La  tra- 
versée de  l'Australie  occidentale  a  été  effectuée  par  plusieurs  mis- 
sions, parmi  lesquelles  il  faut  citer  celles  de  MM.  Warburton  (1873- 
4874),  John  Forrest  (1874)  et  Giles  (1876).  Toutes  ont  attaqué  ces 
vastes  solitudes  suivant  une  ligne  est-ouest,  c'est-à-dire  dans  le 
sens  de  leur  plus  grande  largeur. 

Au  cours  de  ces  dernières  années,  les  explorateurs  des  déserts 
Vietoria  et  Gibson  ont  parfois  entrepris  de  remonter  vers  le  nord. 
La  tentative  de  la  mission  Calvert  (du  nom  du  Mécène  qui  Ta  orga- 
nisée) a  abouti  à  un  échec  et  à  la  perte  de  deux  de  ses  membres. 
La  mission  Fletcher,  venant  de  l'exploitation  aurifère  de  Mur- 
chison,  a  remonté  vers  les  monts  Ophtalmia,  les  a  franchis  et  a 
découvert,  dans  le  bassin  du  fleuve  de  Grey,  la  rivière  Bloomer. 

C'est  également  des  champs  d'or  du  sud-ouest  qu'est  parti 
M.  David  Carnegie,  en  compagnie  de  MM.  Ch.  Stansmore,  Breaden 
et  Massie.  Le  9  juillet  1896,  il  quittait  Coolgardie  et  suivait  la 
ligne  télégraphique  jusqu'à  Doyles  Weil,  qu'il  atteignait  le  21  par 
28*35'  lat.  S.  et  118°  37'  long.  E.  Se  portant  ensuite  de  2°  plus  à 
l'est,  la  mission  Carnegie  pénétra  dans  le  désert  aride  et  mono- 
tone, qui  s'étend  au  nord  jusqu'au  district  de  Kimberley.  A  peine 
peut-on  citer  quelques  oasis  comme  celle  qu'alimente  Alexander 
spring,  au  pied  du  mont  AllotU  Deux  sources  seulement,  sur  ce 
long  trajet,  peuvent  être  considérées  comme  permanentes  :  Empress 


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144  C0MPTB8  RENDUS  0ES  SÉANCES. 

spring  e(  Helena  spring.  Partout  le  sable,  soit  friable,  soit  com- 
pact, formant  d'abord  une  succession  indéfinie  d'ondulations  de 
50  ou  60  pieds,  puis  de  véritables  falaises. 

Tous  les  points  d'eau  rencontrés  pendant  cette  pénible  tra- 
versée ont  été  notés  avec  soin.  Quelques  peuplades  clairsemées 
se  partagent  ces  solitudes,  cherchant  leur  subsistance  aux  abords 
des  puits.  La  faune  est  peu  variée,  la  flore  plus  pauvre  encore.  Le 
désert  prend  fin  entre  le  19*  et  le  20*  de  latitude.  Au  delà  du 
mont  Bannerman  les  traces  de  la  civilisation  reparaissent  et  le 
paysage  s'anime.  Malheureusement  l'un  des  explorateurs,  M.  Stans- 
more,  est  mort  au  moment  de  toucher  au  but. 

Le  4  décembre,  M.  Carnegie  et  ses  autres  compagnons  arrivent 
à  Halls  Creek  (18°  16'  lat.  ;  125*27'  long.),  centre  minier  de  ce  dis- 
trict de  Kimberley,  dont  les  richesses  n'étaient  pas  même  soup- 
çonnées, il  y  a  une  vingtaine  d'années. 

Après  quelques  mois  d'un  repos  bien  gagné,  la  mission  entre- 
prenait, du  nord  au  sud,  une  seconde  traversée  de  l'ouest  austra- 
lien. Elle  recoupa,  en  sens  inverse,  les  itinéraires  Warbur(on, 
Giles  et  Foires t,  effectuant  la  reconnaissance  de  plusieurs  lacs 
salés,  puis  revenant  à  Alexander  spring,  où  elle  reçut  la  première 
pluie  qu'elle  ait  été  à  même  de  constater  depuis  le  début  du 
voyage.  L'itinéraire  de  retour  comporte  encore  la  visite  du  lac 
Wells  et  du  lac  Darlott.  Ici  la  mission,  définitivement  sortie  du 
désert,  avait  terminé  son  exploration,  le  12  juillet  1897,  par 
27°3(>'  de  lat.  S.  et  11 9°  26'  de  long.  E.,  après  avoir  réuni  par 
un  double  itinéraire  les  champs  d'or  situés  aux  deux  extrémités 
de  l'Australie  occidentale. 

(Geographical  Journal,  mars  1898,  p.  258-288,  avec  carte.) 


III.  —  NOTES 


Laponie.  —  M.  Venukoff  informe  la  Société  qu'il  vient  de  rece- 
voir, de  la  part  de  M.  Latkine,  initiateur  de  l'expédition  russe 
en  Laponie,  une  lettre  annonçant  que  cette  expédition  se  mettra 
bientôt  en  route  pour  explorer  le  pays  entre  Arkhangelsk  et  Kola, 
où  un  chemin  de  fer  sera  ensuite  projeté  et  construit.  Les  colla- 
borateurs de  M.  Latkine  seront  :  M.  Ripas,  jeune  géologue,  qui 
sera  chargé  d'explorer  surtout  la  vallée  de  laVerzoukha,  se  jetant 
à  l'océan  Boréal,  et  M.  Michnine,  officier  topographe  et  astronome. 


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SÉANCES  DBS  4,  18  ET  21  MARS  1898.  145 

Côte  tfltioire.  —  M.  Clozel,  administrateur  de  l'Indénié,  an- 
nonce de  Grand-Bassam  (10  mars)  l'envoi  d'un  croquis  de  son 
itinéraire  sommaire  d'Assikasso  à  Bondoukou.  Le  gouverneur  de 
la  Côte  d'Ivoire  l'avait  chargé  d'établir  un  poste  fortifié  à  Bon- 
doukou; ce  poste  s'élève  maintenant  à  la  lisière  nord-ouest  de  la 
ville.  Tous  les  chefs  de  Bondoukou  et  de  l'Àbron  avaient  fait 
leur  soumission  complète,  et  Samory  ne  détenait  plus,  a  la  lin  de 
janvier,  que  deux  points  sur  la  rive  gauche  de  la  Comoê.  De  Grand- 
Bassam  où  il  était  allé  prendre  quelques  jours  de  repos,  M.  Clozel 
comptait  repartir  dans  une  huitaine  de  jours  pour  une  tournée 
dans  lindénié. 

Philippines.  —  De  Manille,  le  4  février  1898,  M.  Menant,  gérant 
du  consulat  de  France,  adresse  au  Ministre  des  Affaires  étran- 
gères la  nouvelle  suivante  : 

c  Le  capitaine  commandant  le  vapeur  Mayuni  fait  savoir  que, 
durant  son  dernier  voyage  dans  l'Archipel,  il  a  touché  sur  une 
roche  couverte  de  7  m.  9  d'eau,  située  approximativement  par 
8»6'0'N.  et  124018'50'E.  dans  le  sud-est  de  l'extrémité  sud  de  la 
Paragua.  >  (Extrait  de  la  Gazette  officielle  de  Manille.) 

Projet  d'exploration  du  pôle  antarctique.  —  L'opportunité 
d'une  exploration  scientifique  du  pôle  antarctique  a  été  exposée 
devant  la  Royal  Society,  à  Londres,  par  M.  John  Murray,  de  l'expé- 
dition du  Challenger.  11  a  démontré  que  dans  l'hémisphère  nord 
les  régions  polaires  sont  occupées  par  la  mer,  tandis  que  dans 
l'hémisphère  sud  elles  paraissent  être  continentales. 

Les  navigateurs  ont  vu  ces  énormes  blocs  de  glace  tabulaires 
flottant  dans  les  parages  du  cap  Horn,  sans  connaître  leur  mode 
de  distribution  par  les  courants.  C'est  un  des  traits  caractéristiques 
des  parages  antarctiques,  car,  avec  leurs  stratifications  ou  leurs  con- 
tours déchiquetés,  ils  semblent  provenir  des  rivages  d'un  grand 
continent,  renfermant  des  glaciers  considérables  ;  on  a  évalué  la 
hauteur  de  quelques-uns  d'entre  euxà  50  ou  60  mètres,  proportion 
indiquant  une  épaisseur  énorme  de  leur  partie  immergée.  Il  est 
probable  que  le  continent  circumpolaire  n'est  pas  entouré  d'une 
banquise,  comme  la  Terre  Victoria. 

En  1895,  MM.Kristensèn  et  Borchgrevink  ont  débarqué  sur  une 
grève  plate,  occupée  par  des  légions  de  pingouins,  dans  le  voisi- 
nage du  cap  Adare.  Le  rivage  était  exempt  de  glaces.  Du  reste,  la 
présence  de  ces  animaux  semblerait  indiquer  l'existence  d'une 

SOC  DE  GÉOOR.  —  C.  R.  DES  SÉANCES.—  H*  3.  —  Mars.  11 


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Ii6  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

mer  libre,  au  moins  pendant  une  grande  partie  de  Tannée.  Le  cap 
Adare,déjà  connu,  pourrait  servir  de  point  de  débarquement  et  de 
base  d'opération  pour  l'exploration  projetée.  Les  pingouins  seraient 
utilisés  pour  l'alimentation  et  Ton  passerait  le  premier  hiver  sur 
ce  littoral. 

L'océanographie  de  ces  mers  inconnues  aurait  un  intérêt  parti- 
culier, si  l'on  en  juge  par  les  dragages  de  l'expédition  du  Chal- 
lenger, dans  les  parages  antarctiques.  Les  profondeurs  rencontrées 
laisseraient  pressentir  l'existence  de  terres  continentales.  En  outre, 
on  aurait  à  faire  une  ample  moisson  de  documents  pour  chaque 
branche  des  sciences  physiques  et  naturelles,  dans  ces  régions 
inconnues,  entrevues  seulement  par  Dumont  d'Urville  et  Ross. 
(The  Daily  Chronicle,  27  février  1898.) 
J.  Girard. 

—  On  nous  écrit  de  Rome  que  M.  Guido  Gora,  le  directeur  du 
Cosmos,  maintenant  fixé  à  Rome,  a  eu  une  entrevue  avec  S.  M.  le 
roi  d'Italie  qui  lui  a  donné  les  premières  nouvelles  du  voyage  que 
S.  À.  R.  le  duc  des  Abruzzes  doit  entreprendre  au  pôle  Nord, 
voyage  qui  durera  trois  ans.  Cet  été,  le  prince  fera  une  excursion 
préliminaire  au  Spitzberg.  La  note  contient  encore  des  renseigne- 
ments sur  la  récente  ascension  du  mont  Saint-Élie  (Alaska),  dont 
la  publication  ferait  double  emploi  avec  la  communication  parue 
dans  les  Comptes  rendus  de  février  1898  (p.  73-75). 

Lob-nor. — M.  P.  Kozloff,  ancien  compagnon  de  MM.  Prjévalski  et 
Pievtzoff  en  Asie  centrale,  consacre  une  étude  (Voir  aux  Ouvrages 
offerts)  a  la  controveite  au  sujet  de  la  position  exacte  du  Lob- 
nor.  Selon  M.  Kozloff,  il  ne  peut  y  avoir  aucun  doute  sur  l'identité 
du  Kara-konchoun-koul  découvert  par  Prjévalski  et  le  Lob-nor 
des  Chinois.  Ce  lac  n'est  d'ailleurs  pas  un  lac  d'eau  douce,  comme 
on  Ta  cru  communément  :  sauf  sur  le  chenal  formé  par  le  Yarkend, 
les  eaux  du  Lob-nor  de  Prjévalski  sont  salées.  Quant  aux  lagunes 
observées  par  M.  Sven  Hedin  au-dessus  du  Kara-konchoun,  M.  Koz- 
loff les  attribue  aux  méandres  formés  par  le  Konlché-daria,  dans  sa 
course  vers  l'ouest. 

Publications  russes.  —  Depuis  l'annexion  de  Batoum,  le  gou- 
vernement russe  n'a  cessé  de  songer  au  développement  des  diverses 
branches  de  culture  qui  conviennent  au  climat  de  ce  pays.  On  a 
trouvé  que  le  thé  pouvait  être  introduit  dans  cette  contrée  et  on  a 


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SÉANCES  DSS  4,   18  ET  21    MARS  1898.  147 

laissé  les  négociants  de  Moscou,  MM.  Popoff,  anciens  marchands  de 
thé  chinois,  établir  des  plantations  de  l'arbuste  dont  les  feuilles 
donne Qt  le  thé. 

Mais,  pour  bien  diriger  cette  entreprise,  il  fallait  avoir  des  ren- 
seignements scientifiques  sur  la  production  du  thé  en  Chine  et  en 
d'autres  pays  ;  la  mission  de  recueillir  ces  renseignements  fut 
confiée  à  M.  Krasnoff,  professeur  de  botanique  à  l'université  de 
Kharkov.  Ce  savant  a  fait  un  voyage  à  Ceylan,  en  Assam,  à  Java, 
en  Chine  et  au  Japon  ;  les  résultats  de  ses  recherches  sont  actuel- 
lement publiés,  et  ils  peuvent  servir  aux  planteurs  dans  tous  les 
pays  dont  le  climat  convient  à  la  culture  de  l'arbuste,  tels  que 
l'Afrique  du  Nord,  la  Guinée,  Madagascar.  L'ouvrage  de  M.  Kras- 
noff remplace  avantageusement  l'ancien  livre  de  M.  Fortune  qui 
fut  si  utile  aux  Anglais  en  Assam  et  à  Ceylan.  —  M.  Popoff,  le 
grand  négociant  en  thé,  dont  il  vient  d'être  question,  a  présenté, , 
le  12/24  mars,  à  S.  M.  l'empereur  de  Russie  le  premier  échantillon 
àethé  russe,  cultivé  aux  environs  de  Batoum,  où  M.  Popoff  a  ses 
plantations. 

Un  autre  ouvrage  russe»  qui  peut  servir  aux  intérêts  de  la  civi- 
lisation, est  la  récente  publication  de  M.  Enghelgardt,  gouverneur 
d'Arkhangelsk.  Ce  haut  fonctionnaire  a  fait  trois  voyages  dans  les 
différentes  parties  de  son  immense  province,  et  il  a  publié  des 
rapports  sur  les  résultats  de  ses  recherches.  La  Laponie  russe,  le 
bassin  du  Mézène  et  la  partie  méridionale  de  la  Nouvelle-Zemble  y 
sont  décrits  avec  beaucoup  de  soin  et  d'exactitude.  Grâce  à  la 
construction  du  chemin  de  fer  Vologda-Arkhangelsk,  toutes  ces 
contrées  vont  devenir  plus  accessibles  que  par  le  passé,  et  déjà 
l'on  pense  à  la  construction  d'une  voie  ferrée  jusqu'à  Kola.  Les 
recherches  préliminaires  nécessaires  seront  entreprises  cette  année 
même,  sous  la  direction  de  la  Société  de  Géographie  de  Russie. 

IV.  —  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

bons  (livres,  cartes,  etc.).  —  M.  Ph.  liatt,  membre  de  l'Institut, 
fait  hommage  de  trente  exemplaires  de  sa  notice  sur  M.  Antoine 
d'Abbadie. 

Le  Dr  S.  Amanieux,  Mb.,  verse  une  somme  de  cent  francs  pour 
faroriser  les  publications  géographiques  de  la  Société. 

Sous  le  titre  :  Un  séjour  dans  l'île  de  Java  (librairie  Pion), 
notre  collègue  M.  Jules  Leclercq  vient  de  faire  paraître  une  très 


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U8  C0MPTE8  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

intéressante  relation  de  son  récent  voyage  dans  la  grande  île 
malaise.  En  nne  suite  de  chapitres  aussi  animés  qu'instructifs,  il 
décrit  successivement  les  grands  volcans  de  cette  terre  extraor- 
dinaire, sa  merveilleuse  fécondité,  ses  chemins  de  fer  vertigineux, 
son  passé  comme  son  présent.  A  une  époque  où  les  questions  éco- 
nomiques sont  à  l'ordre  du  jour,  nous  signalons  à  l'attention  de  nos 
collègues  l'étude  consciencieuse  consacrée  par  M.  Leclercq  au  sys- 
tème colonial  hollandais. 


La  Corée  indépendante,  russe  ou  japonaise,  par  M.  Villetard 
de  Laguérie.  —  Après  avoir  suivi  la  guerre  sino-*japonaise  en 
qualité  de  correspondant  du  journal  Le  Temps,  l'auteur  a  fait  un 
long  séjour  à  Chemoulpo  et  à  Séoul,  et  c'est  le  résultat  de  son 
enquête  sur  le  pays,  les  indigènes,  leurs  mœurs,  leurs  usages,  leurs 
croyances  qu'il  nous  offre  dans  un  livre  du  plus  haut  intérêt.  Au 
moment  où  les  incidents  politiques  de  l'Extrême  Orient  attirent 
l'attention  publique,  ce  livre  sera  particulièrement  apprécié.  La 
Corée  est  l'Egypte  du  Pacifique  et  les  événements  dont  elle  est  le 
théâtre  constituent  un  véritable  pendant  à  la  question  d'Orient 
dans  la  Méditerranée.  En  plusieurs  chapitres  remarquables  de  pré- 
cision et  de  clarté,  l'auteur  expose  la  question  coréenne,  les  riva- 
lités qu'elle  suscite,  et  montre  les  dangers  qu'elle  peut  faire 
courir  à  la  paix  du  monde.  Après  la  lecture  de  la  Corée  indépen- 
dante, russe  ou  japonaise,  les  événements  actuels  d'Extrême 
Orient,  qui  nous  semblent  un  imbroglio,  s'éclairent  d'un  jour  sin- 
gulier. —  Ch.  Rabot. 

Présentations  de  livres,  cartes,  etc.  —  M.  Maunoir  offre  à  la 
Société  Y  Atlas  du  Niger  entre  Manambougou  et  Tombouctou, 
établi  par  notre  habile  cartographe,  M.  Hansen,  d'après  les  levés 
exécutés  en  1887  par  M.  Caron,  lieutenant  de  vaisseau,  et  M.  Le- 
fort,  lieutenant  d'infanterie  de  marine,  aidés  du  Dr  Jouenne,  mé- 
decin de  la  marine. 

c  Nous  avons  là,  dit  M.  Maunoir,  représentés  à  l'échelle  de 
1/50,000,  plus  de  1,300  kilomètres  du  trajet  du  Dhiolibà,  en  y 
comprenant  le  marigot  de  Diaka,  longde  200  kilomètres  et  qu'aucun 
Européen  n'avait  visité  avant  M.  Caron. 

c  Le  levé  de  la  roule,  effectué  par  cheminement,  avec  sondages 
d'un  bout  à  l'autre  du  parcours,  a  été  assujetti  à  des  observations 
astronomiques  exécutées  en  moyenne  tous  les  100  kilomètres.  De 


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SÉANCKS  DES  4,   18  ET  21  MARS  1898.  U9 

plus,  sur  l'Atlas  de  M.  Caron,  figure  l'itinéraire  de  Mopti  à  Ban- 
diagarà,  suivi  par  cet  officier. 

c  L'importance  géographique  du  voyage  de  MM.  Caron,  Lefort 
et  Jouenne  avait  été  jugée  avec  une  parfaite  compétence  par  Henri 
Duveyrier  en  1889,  dans  le  rapport  qui  justifiait  l'attribution  au 
commandant  Caron  d'une  médaille  d'or  de  la  Société.  Toutefois 
ces  levés  étaient  restés. inédits,  comme  le  sont  encore  celui  de 
MM.  Froger  et  Delanneau,  accompli  en  1884,  et  celui  du  regretté 
Davoust,  accompli  en  1885. 

c  A  leurs  frais,  risques  etpérils,  M.  Caron  et  M.  Hansen  ont  entre- 
pris la  publication  des  levés  du  fleuve  entre  Manambougou  et 
Tombouctou. 

c  Cette  initiative  met  au  service  de  la  navigation  sur  le  Niger  un 
document  d'une  utilité  de  premier  ordre,  dont  les  géographes  aussi 
apprécieront  toute  la  valeur. 

c  La  Société  ne  peut  qu'être  très  reconnaissante  envers  M.  Caron 
et  M.  Hansen  de  lui  avoir  fait  hommage  d'un  exemplaire  de  leur 
précieuse  publication. 

c  Une  dizaine  d'années  après  le  voyage  de  M.  Caron,  la  mission 
Hourst,  reprenant,  à  partir  de  Tombouctou,  l'œuvre  de  1887,  la 
conduisait  jusqu'aux  abords  des  embouchures  du  fleuve. 

c  D'autre  part,  les  voyages  du  commandant  Decœur  et  du  capi- 
taine Toutée  nous  ont  valu  une  abondante  récolte  d'informations 
sur  le  cours  inférieur  du  fleuve  immense  dont  le  tracé  général 
aura  exigé  un  siècle. 

c  Si,  dans  Phistoire  des  premières  recherches  sur  le  Niger,  appa- 
raissent, à  côté  du  nom  de  René  Caillié,  les  noms  d'éminents  explo- 
rateurs anglais  ou  allemands,  nous  voyons  qu'en  définitive  la 
prise  de  possession  scientifique  de  la  grande  artère  soudanaise 
aura  été  presque  exclusivement  une  œuvre  française. 

c  On  en  peut  dire  autant  de  l'exploration  des  territoires  que  le 
Niger  enveloppe  de  sa  courbe  immense.  La  carte,  il  y  a  quelques 
années,  en  était  complètement  blanche  ;  elle  est  aujourd'hui  cou- 
verte de  lignes,  de  points  et  de  noms  ;  elle  est  sillonnée  d'itiné- 
raires dont  l'immense  majorité  —  la  presque  totalité  —  est  due  à 
dos  explorateurs  et  plus  particulièrement  à  nos  jeunes  officiers 
qui  ont  toujours  été  à  la  hauteur  de  leur  rude  tâche. 

c  La  politique  nous  est  interdite  ici  et  avec  toute  raison.  11  est 
pourtant  permis  de  faire  observer  que  le  nombre,  la  continuité, 
l'importance  des  explorations  sont  désormais  considérés  par  la 
diplomatie  comme  des  litres  effectifs  quand  il  s'agit  de  la  reven- 


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150  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

dication  de  territoires  dans  le  partage  de  l'Afrique.  »  (Applaudis- 
sements.) 

Nécrologie.  —  La  Société  a  eu  le  regret  de  perdre  les  membres 
dont  les  noms  suivent  :  MM.  À.-Ch.-Maximin  Oudin,  sous-chef  de 
division  au  Crédit  foncier  de  France  [Mb.  1898];  —  A.-M.  Robert 
Carteron,  chef  de  bataillon,  commandant  le  29e  bataillon  de  chas- 
seurs à  pied  [Mb.  1877];  —  Henri  Héraar  [Mb.  1895];  Corne  de 
Satgé  [Mb.  1876]. 


Y.  —  CONGRÈS  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES 


La  Société  de  géographie  et  d'archéologie  d'Oran  annonce 
qu'elle  célébrera,  le  16  avril  prochain,  sous  la  présidence  de  M.  le 
Ministre  de  l'Instruction  publique,  ou  de  son  délégué,  le  vingtième 
anniversaire  de  sa  fondation.  Cette  fondation  porte  le  n°  5  dans 
l'ordre  chronologique  des  Sociétés  de  Géographie  françaises. 

*—  Un  Congrès  international  d'histoire  diplomatique  doit  s'ouvrir 
cette  année,  à  la  Haye,  le  12  septembre. 

Ce  Congrès,  qui  s'adresse  particulièrement  aux  diplomates, 
savants,  écrivains  et  amateurs  de  science  de  tous  les  pays,  sera 
divisé  en  sections,  où  chaque  nation  parlera  sa  langue  et  aura  son 
président. 

—  Le  Muséum  d'histoire  naturelle  annonce  que  les  leçons  pour 
l'enseignement  spécial  destiné  aux  voyageurs,  année  1898,  com- 
menceront le  jeudi  21  avril,  à  10  heures  du  matin,  dans  l'amphi- 
théâtre de  la  Galerie  de  zoologie,  et  continueront  les  samedis, 
mardis  et  jeudis  suivants,  à  la  même  heure.  Des  Conférences  pra- 
tiques seront  faites  dans  les  laboratoires  ou  sur  le  terrain  ;  les  audi- 
teurs y  seront  initiés  à  la  récolte  ou  à  la  préparation  des  collections, 
aux  relevés  photographiques,  à  la  détermination  du  point  en 
voyage  et  à  des  notions  sommaires  de  géodésie  et  de  topographie. 
Les  jours  et  heures  de  ces  conférences  seront  indiqués  à  la  suite 
des  leçons. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21   MARS  1898.  151 


Séance  du  4  mars  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  Victor  Com  belles;  Léon  Ri  chaud  ;  Georges  Saint- Yves;  G.  Sta- 
nislas de  Rechniewski;  Mlle  Elisabeth  de  Verneaux. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Ragois,  directeur  d'une  agence  du  Crédit  Lyonnais  à  Paris 
(Octave  LeteUier  et  le  baron  Hulot)  ;  Jules  Pierre  Alexandre  Lacoste, 
Lucien  Guillet  (Mme  Gabrielle  Francheterre  et  Joseph  Renaud); 
—  Bonnassiès  Henry  Augustin,  lieutenant  d'infanterie  (Le  Myré  de 
Vilen  et  Paul  Bonnassiès)  ;  —  Bretonnet  Henri  Etienne,  lieutenant 
de  vaisseau  (Louis  Binger  et  le  lieutenant-colonel  Monteil);  — 
Henry  de  Trédern;  le  baron  Jean  de  Gail,  lieutenant  de  cavalerie; 
Léon  de  Laborde  (Le  Myre  de  Vilers  et  Edouard  Anthoine);  — 
Mme  la  marquise  de  Jaucourt  (le  prince  Auguste  à'Arenberg  et  le 
comte  Louis  de  Turenne). 


Séance  du  18  mars  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  Ragois;  Jules  Pierre  Alexandre  Lacoste;  Lucien  Guillet; 
Henry  Augustin  Bonnassiès;  Henri  Etienne  Bretonnet;  Henry  de 
Trédern;  le  baron  Jean  de  Gail;  Léon  de  Laborde;  Mme  la  mar- 
quise de  Jaucourt. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Lefort  (François  Alfred),  notaire  honoraire  (le  baron  Hulot 
et  Albert  de  Lapparent);  —  Charles  Berchon  (Franz  Schrader  et 
le  baron  Hulot);  —  R.  Henry,  ingénieur  des  Arts  et  Manufactures 
(baron  Hulot  et  Jules  Girard). 


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152  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ 

Mars  1898 

GÉNÉRALITÉS-  —  Bibliothek  der  Lânderkunde.  Herausgeg.  von  A. 
Kirchhoff  und  R.  Fitzner.  Bd  1.  Antarktls,  von  Dr.  Karl  Fricker. 
Berlin,  1898, 1  vol.  in-8.  Schall  et  Grund,  éditeurs. 

Le  plan  de  cette  publication  comporte  l'étude  monographique  des 
différentes  parties  du  globe  par  des  spécialistes.  Le  volume  ci-dessus, 
premier  de  la  série,  est  un  excellent  spécimen  de  ce  nouvel  ouvrage 
géographique.  Il  est  orné  de  nombreuses  cartes,  photogravures  et 
dessins  exécutés  avec  beaucoup  de  soin  d'après  Dumont  d'Urvllle, 
Wilkes,  le  Challenger,  etc. 

J.  Eysséric.  —  Nouvelle  géographie  générale.  Livre-atlas.  3*  édition. 
Paris,  Delagrave,  1898,  1  vol.  in-4.  Auteur. 

The  Statesman's  Year-book...  1898.  Edited  by  J.  Scott  Keltie,  with  the 
assistance  of  S.  P.  A.  Renwick.  London,  MacMillanC0,  1898,  1  vol. 
in-12.  J.  Scott  Keltie. 

The  Christian  Topography  of  Cosmas,  an  Egyptian  Monk.  Translatée 
from  the  Greek,  and  edited  with  Notes  and  Introduction,  by  J.  W. 
Me  Grindle.  London,  Hakluyt  Society  (vol.  n*  98),  1  .vol.  in-8. 

Abonnement. 

Expéditions  scientiûques  du  Travailleur  et  du  Talisman  pendant  les 
années  1880,  1881,  1882,  1883.  Ouvrage  publié  sous  les  auspices  du 
Ministère  de  l'Instruction  publique,  sous  la  direction  de  A.  Milne- 
Edwards.  Mollusques  testacés,  par  Arnould  Locard.  Tome  Ier.  Paris, 
Masson,  189.7,  1  vol.  in-4.        Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Frère  Alexis  M.  G.  —  Le  bilan  géographique  de  l'année  1897  (Bull.  soc. 
r.  géogr.  d'Anvers),  Anvers,  1897,  broch.  in-8.  Auteur. 

Svenska  turistforening^ns  arsskrifl  for  âr  1898.  Stockholm,  1  vol. 
in-8.  Echange. 

Louis  Vignon.  —  Les  sociétés  indigènes.  Politique  que  doivent 
suivre  à  leur  égard  les  nations  colonisatrices  (Revue  scientifique, 
8  février  1898).  Paris,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Raymond  Jogan.  —  Quelques  mots  sur  les  grandes  compagnies  de  colo- 
nisation. Périgueux,  1892,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

J.  de  Ret-Pailhade.  —  Sur  l'extension  du  système  décimal  au  jour  et 
au  cercle  entiers...  (C.  R.  Acad.  des  se,  14  février  1898).      Auteur. 

BIOGRAPHIE.  —  R.  de  F  arias  Brito.  —  Homens  do  Cearâ.  D*  G. 

Studart  (Rev.  da  Acad,  Cearense),  Fortaleza,  1898,  opuscule  in-8. 

Echange. 
Notice  biographique  sur  Emile  Prisse  d'Avennes,  voyageur  français... 

orné  d'un  portrait.  Paris,  Société  d'éditions  scientifiques,  1896,  1  vol. 

in-8.  E.  Prisse  d'Avennes,  fils. 

IF  W.  Wolkenhauer.  —  Geographische  Nekrologle  fur  die  lahre  1896 

und  1897  (Geogr.  lahrb.,  1898).  Auteur. 


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8ÉANCKS  DES  4,  18  ET  21    MARS  1898.  153 

EUROPE*  —  Statistique  agricole  de  la  France,  publiée  par  le  Minis- 
tère de  l'Agriculture.  Résultats  généraux  de  l'enquête  décennale  de 
1892.  Paris,  Impr.  nat.,  1897,  1  vol.  in-8,  1  atlas  in-4. 

Ministère  de  l'agriculture. 

Ardouin  Dumazbt.  —  Voyage  en  France.  13*  et  14*  séries  (Corse; 
Provence  maritime).  Paris,  1898,  2  vol.  in-8.  Aoteub. 

Emile  Amé.  —  Dictionnaire  topographique  du  département  du  Cantal 
(Dictionnaire  topogr.  de  la  France  publié  sous  les  auspices  du  Mi- 
nistère de  l'Instruction  publique).  Paris,  Leroux,  1  vol.  in-4. 

Description  des  îles  de  l'Archipel  par  Christophe  Buondelmonti.  Ver- 
sion grecque  par  un  anonyme,  publiée  d'après  le  manuscrit  du  sérail 
avec  une  traduction  française  et  un  commentaire,  par  Emile  Legrand. 
Première  partie,  ornée  de  52  cartes  géographiques  (Publications  de 
l'Ecole  des  Langues  or.  vivantes,  4*sér.,  t.  XIV).  Paris,  Leroux,  1897, 
1  vol.  in-8.  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Resultate  der  wissenschaftiichen  Erforschung  des  Plattensees.  Heraus- 
gegeben  von  der  Plattensee-Commission  der  ung.  geographischen  Gesell- 
schaft.  Erster  Band.  Physikalische  Géographie  des  Plattensees  und 
seine r  Umgebung.  3.  Teil.  Limnologie  des  Plattensees  von  E.  v.  Chol- 
noky.  Wien,  Hôlzel,  1897,  1  vol.  in-4.  Echange. 

Cannosa.  Prag,  Mercy,  1897, 1  vol.  in-4  (auctore  :  S.  A.  I.  etR.  Louis 
Salvator  d'Autriche).  Auteur. 

ASIE.  —  Constant  De  Dbken.  —  A  travers  l'Asie.  Avant-propos  de 
J.  Leclercq.  Bruxelles,  impr.  Polleunis  et  Ceuterick,  1894,  1  vol. 
in-8.  J.  Leclercq. 

c  ...C.  De  Deken  avait  séjourné  pendant  trois  ans  (1880-1883)  au 
Kansou  où  il  avait  appris  la  pratique  de  la  langue  chinoise.  En 
1883,  il  avait  été  envoyé  fonder  une  mission  dans  la  province  de 
Tlli...  Dans  un  séjour  de  cinq  années  (1883-1887),  il  y  apprit  le 
turc  et  le  russe...  11  était  à  peine  rentré  à  Kouldja  que  deux  célè- 
bres explorateurs  français,  M.  G.  Bonvalot  et  le  prince  H.  d'Orléans 
lui  demandèrent  le  concours  de  son  expérience  dans  l'expédition 
qu'ils  projetaient  à  travers  le  Thibet...  »  (Avant- propos.) 

P.  K.  Kozloff.  —  Lob-nor.  A  l'occasion  de  la  communication  faite,  par 
M.  Sven  Hedin,  à  la  Société  impériale  russe  de  géographie  le  15  oc- 
tobre 1897.  Avec  deux  cartes  (Iiviestia  de  la  Soc.  imp.  russe  de 
géogr.).  Saint-Pétersbourg,  1898,  opuscule  in-8.  Auteur. 

Alfred  Coussqt  et  Henri  Ruf.l.  —  Douze  mois  chez  les  sauvages  du 
Laos.  Paris,  Challamel,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteurs. 

M.  Coussot  Ût  partie,  en  qualité  d'ingénieur,  de  la  mission  envoyée, 
au  commencement  de  l'année  1894,  au  Laos,  par  la  Société  française 
d'études  des  mines  de  T'Boc.  Il  s'agissait  d'explorer  la  partie  du 
Laos  située  à  l'ouest  du  Mékong  et  reconnaître  en  particulier  les  gi- 
sements aurifères  signalés  dans  cette  contrée.  La  mission  se  compo- 
sait encore  de  MM.  H.  Ruel,  Pelletier,  décédé  au  cours  du  voyage, 
et  de  M.  Lefebvre. 

Le  livre  est  divisé  en  trois  parties  :  Voyage  de  la  mission  ;  le  Laos 
(pays,  habitants,  produits)  ;  géologie  et  minéralogie  du  Bas-Laos.  Le 


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154  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

volume  est  orné  de  cartes,  d'illustration»  et  se  termine  par  un  petit 
vocabulaire  de  mots  cambodgiens,  laotiens  et  tiaraï. 

Villetard  j>e  Laguébie.  —  La  Corée  indépendante,  russe,  ou  japo- 
naise. Paris,  Hachette,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

M.  Tillot  et  S.  Fischer.  —  Notes  sur  la  monnaie  et  les  métaux 
précieux  en  Chine.  Shanghaï,  1878,  opuscule  in-8.  M.  Tillot. 

AFRIQUE.  —  Exploration  scientifique  de  la  Tunisie,  publiée  sous 
les  auspices  du  Ministère  de  l'Instruction  publique.  Paris,  lmp.  nat., 
1892-1897,  23  opuscules  in-8,  3  in-4. 

Ministère  db  l'Instruction  publique. 

Y1*  Begouen.  —  La  Condamine.  Tunis.  Le  Bardo.  Carthage.  Extraits 
inédits  du  «  Journal  de  mon  voyage  au  Levant  »  (21  mai-6  octobre 
1731),  publiés  avec  une  introduction,  des  notes  et  pièces  justificatives 
(Revue  tunisienne).  Tunis,  1898,  opuscule  in-8.  Auteur. 

Et.  Grosclaude.  —  Un  Parisien  à  Madagascar.  Aventures  et  impres- 
sions de  voyage.  Paris,  Hachette,  1898,  1  vol.  in-8.       A.  Bicherani». 

Dr  A.  Voeltzkow.  —  Wissenschaftliche  Ergebnisse  der  Reisen  in 
Madagascar  und  Ostafrika  in  den  Iahren  1889-1895  {Senckenberg- 
8che  Xaturforsch.  Geselhch.  Bd.  21).  Frankfurt  a.  M.,  M.  Diesterweg, 
1897,  1  vol.  in-4.  Aiiteuh. 

Ed.  Au  blet.  —  La  guerre  au  Dahomey.  1888-1893.  D'après  les  do- 
cuments officiels.  Paris,  Berger- Levrault,  1894,  2  vol.  in-8.    Auteur. 

V1*  de  Noailles.  —  Les  Anglais  en  Egypte.  Aperçu  de  la  situation. 
Paris,  Charles,  1898,  opuscule  in-8.  Auteur 

Etude  d'actualité  montrant  la  situation  que  les  Anglais  'ont  su 
prendre  dans  ce  pays  et  la  manière  dont  ils  se  sont  introduits  depuis 
1882,  dans  toutes  les  administrations  de  l'Etat  égyptien. 

L'auteur  donne  des  renseignements  sur  la  pénétration  dans  le  sud, 
sur  l'état  des  troupes  et  les  modifications  que  les  circonstances  ré- 
centes viennent  d'apporter  aux  projets  de  marche  dans  le  Soudan. 

E.  de  Martonne.  —  Die  Hydrographie  des  oberen  Nil-Beckens  {Zcil- 
schrift  Gesellsch.  f.  Erdk.y  1897),  broc  h.  in-8.  Auteur. 

AMÉRIQUE.  —  Juan  Queirbl.  —  Misiones.  Buenos- Ayres,  1897, 1  vol. 
in-8.  Auteur. 

Monographie  très  complète  accompagnée  de  nombreuses  gravures 
et  d'une  grande  carte  de  la  province. 

RÉGIONS  POLAIRES.  —  Syen  Lonborg.  —  Adam  af  Bremen  oc  h 

hans  skildring  af  Nordeuropas  lànder  och  folk.  Uppsala  1897,  1  vol. 

in-8.  Echange. 

Grônland-Expedilion  der  Gesellchaft  fur  Erdkunde  zu   Berlin,   1891- 

1893.  Unler  Leitung  von  Erich  von  Drygalski.  Berlin,  Kuhl.1897,  2  vol. 

in-4.  Société  de  géographie  de  Berlin. 


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SÉANCES  DES  4,  18  ET  21  MARS  1898.  155 


Cartes.  —  Photographies. 


Atlas  topographique  de  la  Suisse  à  l'échelle  des  levers  originaux.  Li  - 
vraison  47.  Gouvernement  fédéral. 

E.  Garon  et  P.  Lefort.  —  Atlas  du  cours  du  Niger.  Lever  hydro- 
graphique entre  Manambougou  et  Tombouctou.  Cinquante  et  une 
feuilles  à  l'échelle  de  1/50,000.  Cartes  dressées  par  J.  Hansen,  Paris, 
1898,  in-r\  Auteurs. 

F.  R.  Martins  Sammlungen  aus  dera  Orient  in  der  allgemeinen  Kunst- 
und  lndustrie-Ausstellung  zu  Stockholm,  1897  (Sibirica.  —  Morgenlàn- 
dische  Stoffe.  —  Thuren  aus  Turkestan.  —  Moderne  Keramik  von  Cen- 
tralasien).  Stockholm,  in-4.  F.  R.  Martin. 

France-album,  n°  48.  Le  pays  du  soleil.  Des  Maures  à  l'Estérel. 
Hyères,  Saint-Tropez,  Fréjus...  A.  Karl,  éditeur. 

P.  Labbé.  —  Mission  ethnographique  en  Sibérie  et  dans  i'Asle  cen- 
trale. Vues  diverses,  70  pi.  Auteur. 

Mission  J.  de  Baye.  Sibérie,  Turkestan,  Caucase  (Photogravures.  70  plan- 
ches). J.  de  Baye. 

La  Société  fait  appel  à  tons  ses  membres,  aux  explorateurs,  aux 
missionnaires  et  aux  amateurs,  en  vue  d'augmenter  ses  collections 
photographiques  déjà  importantes.  Elle  accueillera  avec  recon- 
naissance les  photographies  présentant  un  caractère  géogra- 
phique ou  ethnographique  (vues  de  paysages,  de  lieux  habités,  de 
monuments,  de  types  humains)  et  plus  particulièrement  celles  qui 
proviendront  des  régions  peu  connues  ou  incomplètement  explorées. 

En  adressant  les  documents  à  la  Société,  les  donateurs  sont 
priés  de  déclarer  s'ils  désirent  ou  non  se  réserver  le  droit  de 
reproduction. 


Le  gérant  responsable  : 

HULOT, 

Secrétaire  général  de  la  Commission  Centrale . 

BOULBVARD  SAINT-GBRMAIN,  iS4. 


5UI.—  L.-liiipriiiiorics  réunies,  B,  rue  Mignon,  3.—  MottïROZ,  directeur 


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RECE1VED, 


JUN21  1303 
PEAWbfMEUta.        ""™ 

SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


SÉANCES  DES  1",  5,  15  ET  25  AVRIL  1898 


±ar    a/vxôl 


PAES1DENCE  DE   M.  ALPH.   M1LNE-EDWARDS 
de  l'Institut,  président  de  la  Société. 

CENTENAIRE     DE     BARENTS 

Aux  côtés  du  Président  prennent  place  :  MM.  Charles  Maunoir, 
le  colonel  Bassot,  vice-présidents,  M.  Chaffanjon,  secrétaire  de  la 
Société;  M.  Weede,  conseiller  de  la  légation  des  Pays-Bas,  à  Paris. 

Le  président  ouvre  la  séance  par  l'allocution  suivante  : 

c  Mesdames,  messieurs,  vous  n'entendrez  pas  aujourd'hui  de 
jeunes  voyageurs  raconter  leurs  émouvantes  expéditions  en  Asie 
ou  en  Afrique  ;  nous  remonterons  très  loin  dans  le  passé  et  c'est 
une  omhre,  vieille  de  trois  siècles,  que  nous  évoquerons  devant 
vous,  celle  du  Hollandais  Willem  Barents. 

c  La  Société  de  Géographie  prend  son  bien  partout  où  elle  le 
trouve  et  les  lointains  voyages  des  anciens  navigateurs  lui  appar- 
tiennent presque  au  même  tilre  que  les  explorations  modernes. 
L'étude  géographique  des  régions  polaires  n'était  pas,  il  est  vrai, 
le  mobile  qui  poussait,  jadis,  les  Hollandais  à  travers  les  mers 
glacées  du  Nord  ;  c'était  le  vif  désir  de  découvrir  une  voie  nouvelle, 
pour  atteindre  l'Extrême-Orient,  en  suivant  les  côtes  septen- 
trionales de  l'Asie,  et  de  trafiquer  avec  la  Chine  et  les  Indes  dont 
le  commerce,  si  lucratif,  était  accaparé  par  les  Espagnols. 

c  La  géographie  pourtant  a  largement  profité  de  ces  audacieuses 

SOC.  DE  GÉOGR.  —  C.  R.  DES  SÉÀHCES.  —  N°  4    —  Avril.  12 


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158  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

entreprises  qui  excitèrent,  à  la  fin  du  xvi*  siècle,  autant  d'intérêt  et 
d'enthousiasme  que,  de  nos  jours,  celle  de  Nordenskiôld. 

t  L'histoire  des  nations  nous  montre  combien  le  cours  des  événe- 
ments défie  souvent  les  prévisions  humaines.  Si  la  Hollande  est 
alors  devenue  une  puissance  maritime,  si  ses  marins  comptaient 
parmi  les  plus  hardis  du  monde,  elle  le  devait  à  sa  lutte  avec 
l'Espagne,  lutte  disproportionnée  et  qui,  cependant,  loin  de  l'écraser, 
Fa  rendue  plus  forte  et  plus  vivace.  Elle  combattait  pour  sa  foi  et 
son  indépendance,  et  cette  guerre  fut,  pour  elle,  une  dure,  mais 
une  utile  école,  d'où  sont  sortis  des  caractères  solidement  trempés 
et  des  cœurs  indomptables. 

c  La  force,  sans  le  droit,  ne  fonde  rien  de  durable  et  la  persé- 
cution se  retourne  contre  l'oppresseur.  On  peut  violer  la  conscience 
d'un  peuple;  on  ne  la  supprime  pas,  et  le  patriotisme,  quand  il  ne 
connaît  ni  lassitude,  ni  défaillance,  suffit  à  rompre  les  chaînes  les 
plus  lourdes.  Le  passé  le  prouve  et  l'avenir  ne  le  démentira  pas. 

«  Les  c  Gueux  de  mer  >  du  Zuyderzée  ont  été  les  précurseurs 
des  marins  des  Pays-Bas;  d'abord  flibustiers  et  vivant  de  rapines, 
ils  s'étaient  disciplinés  peu  à  peu  et  de  ces  corsaires,  de  ces  pirates 
sans  peur  et  sans  scrupules,  un  Gouvernement  national  avait  fait 
d'admirables  instruments. 

c  Embusqués  dans  les  criques  de  la  Frise  et  de  la  Zélande,  ils 
étaient  à  l'affût  de  toutes  les  occasions  ;  rien  ne  les  faisait  hésiter, 
ni  l'état  de  la  mer,  ni  la  force  de  leurs  adversaires,  et  leur  élan 
n'a  jamais  été  arrêté  par  les  dangers  sans  nombre  qui  les  atten- 
daient. En  cas  d'échec,  ils  n'avaient  à  espérer  aucun  quartier  et 
ils  savaient  qu'aussitôt  pris,  ils  seraient  pendus  ou  décapités  et 
que  leurs  têtes  conservées  dans  le  sel,  à  la  façon  des  Turcs,  ser- 
viraient de  trophées  de  victoire  à  leurs  ennemis. 

c  Soumis  à  un  pareil  entraînement,  les  Néerlandais  étaient  de- 
venus presque  invincibles  sur  les  mers  et,  quaud  la  paix  leur  eût 
rendu  le  libre  parcours  de  l'Océan  du  nord,  ils  se  lancèrent,  avec 
ardeur,  à  la  recherche  de  ce  passage  vers  Test  qui  aurait  donné, 
d'un  seul  coup  aux  Pays-Bas,  la  gloire  et  la  richesse. 

c  Aussi,  était-il  toujours  facile  de  trouver  des  chefs  et  des  mate- 
lots pour  tenter  les  plus  périlleuses  aventures,  et  plusieurs  places 
de  commerce,  comme  Amsterdam,  étaient  d'inépuisables  entre- 
pôts, où  l'on  était  sûr  de  pouvoir,  en  quelques  jours,  recruter  un 
équipage  d'hommes  braves  et  endurcis  à  toutes  les  fatigues,  pour 
la  modique  somme  de  3  florins  par  tête  et  par  mois. 

c  II  était  encore  plus  dangereux  d'affronter  les  glaces  du  pôle 


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SÉANCES  DJES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.  159 

que  d'attaquer  les  flottes  espagnoles,  et  de  ces  expéditions  arctiques, 
parties  sous  les  plus  heureux  auspices,  beaucoup  n'étaient  jamais 
revenues  ou  d'autres,  plus  faforisées,  ne  comptaient,  au  retour, 
que  de  rares  survivants.  Nous  avons  peine,  aujourd'hui,  à  com- 
prendre ce  qu'était,  il  y  a  trois  siècles,  l'existence  de  ces  hommes, 
embarqués  sur  de  petits  navires  mal  aménagés,  mal  approvi- 
sionnés ;  le  froid,  les  tempêtes,  le  scorbut  les  décimaient  et,  n'ayant 
qu'une  très  imparfaite  notion  des  régions  qu'ils  exploraient,  ils 
étaient  bientôt  perdus  dans  les  brumes,  au  milieu  de  banquises 
illimitées* 

c  Barents  mérite  une  place  d'honneur  parmi  ces  intrépides  ma- 
rins qui,  sans  se  décourager,  s'attachaient  avec  une  rare  énergie 
à  rompre  la  barrière  des  glaces  polaires.  S'il  n'a  pas  atteint  le  but 
qu'il  se  proposait,  il  a  fait  d'importantes  découvertes  géographie 
ques,  et  c'est  justice  si  les  trois  cents  années  écoulées  depuis  sa 
mort  —  sur  le  champ  de  bataille  qu'il  s'était  choisi  —  n'ont  pas 
effacé  sa  mémoire. 

c  Notre  Société  a  pensé  qu'il  yaurait  un  réel  intérêt  à  rappeler  les 
voyages  de  ce  hardi  capitaine,  et  nous  remercions  M.  Gordier  et 
M.  Rabot  d'avoir  bien  voulu  assumer  la  tâche  de  faire  revivre  ici, 
pendant  quelques  instants,  la  figure  originale  de  Willem  Barents.  > 
(Applaudissements.) 

A  1»  reetaerehe  4'hb  paaeage  Ter»  l'Asie  par  le  Merd-Oveet 

et  le  j*erd-E*t,  par  M.  Henri  Cordier.  —  M.  Cordier  dit  que  les 
quelques  paroles  qu'il  prononcera  ce  soir  formeront  comme  le 
cadre  de  la  conférence  de  M.  Ch.  Rabot. 

<  Lorsque  Vasco  de  Gama  eut  doublé  le  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, qui  avait  été  découvert  dix  années  auparavant  par  Bar- 
tholomé  Diaz,  en  1487,  il  se  trouva  en  présence  de  cet  océan  Indien 
si  considérable,  qui  était  pour  les  régions  d'Extrême-Orient  ce 
qu'est  aujourd'hui  la  Méditerranée  pour  certaines  de  nos  régions. 

«  L'Inde  était  l'objet  d'ardentes  convoitises  de  la  part  des 
pays  européens  et  il  y  avait  nécessité  absolue  pour  eux  de  trouver 
une  route  aussi  courte  que  possible  pour  s'y  rendre.  Après  le  traité 
passé  entre  le  Portugal  et  l'Espagne,  craignant  qu'à  un  moment 
donné,  les  routes  vers  le  sud  ne  vinssent  à  être  fermées,  les  puis- 
sances du  nord  cherchèrent  une  autre  voie.  Tout  ce  que  nous 
recevions  en  Europe  arrivait  des  Moluques,  de  la  Chine,  de 
l'Inde  :  il  était  donc  important  que  nous  fussions  bien  renseignés 
sur  les  routes  qui  conduisaient  à  ces  régions.  De  là  le  problème 


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160  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

de  la  pénétration  en  Chine  et  aux  Moluques  par  l'Asie.  Cette  route 
fut  cherchée  par  les  trois  ou  quatre  puissances  intéressées,  et  en 
particulier  par  l'Angleterre  et  la  Hollande.  Mais  il  ne  faut  pas 
oublier  que  les  premières  acquisitions  faites  dans  le  nord  de 
l'Amérique  Font  été  par  l'Angleterre.  La  fin  de  la  grande  guerre 
des  Deux-Roses  et  l'avènement  des  Tudor  (1485)  marquent  la  for- 
mation de  cette  marine  qui  devait  devenir  si  puissante  et  qui  attei- 
gnit son  apogée  sous  le  règne  de  la  reine  Elisabeth.  Cette  grande 
lutte  devait  créer  de  grands  marins.  Dès  la  fin  du  xve  siècle, 
Henri  VU  concéda  le  privilège  des  découvertes  du  nord  à  Jean 
Cabot,  originaire  de  la  Vénétie.  C'est  à  cette  charte  que  l'on  doit 
la  découverte  du  Labrador,  et  plus  tard  cette  route  se  pour- 
suivit. Nous  voyons  Cabot  remonter  au  nord-ouest  vers  ce  pas- 
sage qui  ne  sera,  comme  l'autre,  celui  du  nord-est,  résolu  qu'à 
notre  époque,  car  tous  les  efforts  devaient  rester  stériles  jusqu'à 
nos  jours.  Ce  problème  géographique  n'est  devenu  un  problème 
pratique  que  depuis  quarante  ans. 

c  La  question  qui  nous  intéresse  surtout,  c'est  celle  de  la  route 
vers  la  Chine  et  vers  les  Moluques,  c'est-à-dire  le  passage  vers  le 
nord-est  en  Asie  et  vers  le  nord-ouest  en  Amérique.  La  recherche 
de  la  route  du  nord-est  a  amené  les  découvertes  de  Barents  dans 
les  beaux  voyages  qu'il  fit  de  1594  à  1597. 

c  La  route  d'Asie  a  été  franchie  par  Vilus  Behring,  au  détroit 
qui  porte  son  nom.  L'autre,  celle  du  nord-ouest,  a  été  ouverte 
par  le  capitaine  Robert  Me  Lure,  en  1850.  Mais  le  passage  com- 
plet par  le  nord-est  n'a  été  ouvert  qu'en  1879  par  le  baron  Adolf 
Eric  Nordenskiôld,  lorsqu'il  fit  la  grande  route  d'Asie  à  bord  de 
la  Véga. 

t  Notre  objectif  est  moins  de  traiter  ici  dans  leur  ensemble  ces 
questions  arctiques,  que  de  dégager  nettement  le  but  poursuivi  par 
nos  anciens  voyageurs,  nos  anciens  géographes.  Ils  ambition- 
naient, non  pas  d'atteindre  le  pôle  nord,  mais  de  trouver  la  route 
d'Asie,  soit  par  le  nord-est,  soit  par  le  nord-ouest.  > 

M.  Cordier  termine  en  remerciant  M.  le  Ministre  des  Pays- 
Bas  qui  a  bien  voulu  honorer  de  sa  présence  la  cérémonie  d'au- 
jourd'hui, toute  à  la  glorification  de  la  Hollande. 

La  parole  est  donnée  ensuite  à  M.  Ch.  Rabot  pour  sa  communi- 
cation. 

Le*  troU  v«ya*e«  «e  W.  Bareata  (lft*4-lft»«).  —  Dans 
l'histoire   de   la  géographie,    dit   en   substance    M.    Rabot,   les 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.        161 

trois  voyages  de  Barents  ont  une  importance  capitale.  Non  seule- 
ment le  célèbre  navigateur  hollandais  a  singulièrement  élargi  les 
connaissances  de  l'époque  en  découvrant  le  Spitzberg  et  l'extré- 
mité septentrionale  de  la  Nouvelle-Zemble  et  en  parvenant  dès  le 
xvi*  siècle  à  des  latitudes  qui  n'ont  été  dépassées  que  dans  ces  der- 
nières années,  mais  encore  il  a  ouvert  la  voie  aux  explorateurs 
ultérieurs  en  innovant  une  nouvelle  méthode  de  navigation  arctique. 
Les  marins,  qui  jusque-là  s'étaient  aventurés  dans  l'océan  Glacial 
situé  au  nord  de  l'Europe,  ne  s'étaient  guère  écartés  des  côtes,  et 
lorsqu'ils  avaient  rencontré  une  banquise,  toujours  ils  avaient 
patiemment  attendu  sa  dislocation  ou  prudemment  battu  en  re- 
traite. Le  premier,  Barents  a  eu  l'audace  de  se  lancer  en  pleine 
mer  pour  chercher  une  route  à  travers  les  banquises,  et  le  premier, 
il  a  eu  la  hardiesse  d'engager  son  navire  au  milieu  des  glaces  pour 
se  frayer  un  passage  à  travers  leurs  amoncellements. 

En  1594  eut  lieu  le  premier  voyage  de  Barents.  Le  15  juin,  une 
flottille  de  quatre  navires  quittait  la  Hollande;  deux  bâtiments 
commandés  par  A.  Gorneliz  Nay  et  Brandt  Tetgales  avaient  mission 
de  tenter  le  passage  du  Nord-Est  par  le  détroit  de  Vaigatch,  tandis 
que  les  deux  autres,  conduits  par  Barents,  devaient  essayer  de  dou- 
bler la  Nouvelle-Zemble  parle  nord.  Le  1er  août,  Barents  réussit  à 
atteindre  les  lies  d'Orange  à  l'extrémité  septentrionale  de  cette 
terre.  Au  delà,  la  route  lui  étant  barrée  par  une  épaisse  banquise, 
il  battit  en  retraite.  De  leur  côté  Nay  et  Tetgales  parvinrent  dans 
la  mer  de  Kara  en  vue  de  la  côte  de  Ialmal.  D'après  les  rensei- 
gnements très  précis  donnés  par  De  Veer,  l'historiographe  de 
l'expédition,  sur  la  position  des  banquises,  l'état  des  glaces  était, 
cette  année-là,  très  favorable  à  la  navigation;  depuis  trois  siècles 
leur  régime  ne  semble  pas  avoir  changé  dans  ces  parages. 

L'année  suivante,  les  Etats  généraux  équipèrent  une  flotte  de 
sept  navires  qui  devait  se  rendre  en  Chine,  par  la  mer  de  Kara. 
Cette  expédition  n'eut  aucun  succès  et  ne  put  même  avancer  aussi 
loin  vers  Test  que  les  navires  de  Nay,  l'année  précédente.  En  1595 
les  glaces  étaient  très  abondantes  dans  la  mer  de  Kara. 

En  1596,  Barents  entreprit  la  mémorable  exploration  qui  devait 
rendre  son  nom  à  jamais  célèbre.  Au  cours  de  ce  voyage  il  décou- 
vrit Beeren  Eiland  et  le  Spitzberg;  puis, après  avoir  été  arrêté  par 
la  grande  banquise  polaire  sur  la  côte  nord  de  cet  archipel,  il  par- 
vint à  doubler  l'extrémité  nord-est  de  la  Nouvelle-Zemble  où  il  fut 
emprisonné  par  les  glaces  et  condamné  à  un  hivernage.  C'est  le 
premier  hivernage  dans  les  régions  polaires  supporté  par  des  Euro- 


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162  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES, 

péens.  En  ces  difficiles  conjonctures,  Barents  se  montra  admirable 
et  sut  prendre  toutes  les  mesures  qu'aujourd'hui  un  capitaine  ex- 
périmenté ordonnerait  en  pareille  occurrence.  Afin  d'assurer  la 
subsistance  de  l'équipage  en  cas  de  perte  du  navire,  il  fit  trans- 
porter à  terre  les  approvisionnements,  puis,  avec  les  bois  flottés 
épars  sur  le  rivage,  il  ordonnna  la  construction  d'une  hutte,  et 
recueillit  soigneusement  pour  l'éclairage  la  graisse  des  ours  tués, 
comme  devait  le  faire  Nansen  dans  sa  hutte  à  la  Terre  François- 
Joseph. 

Le  14  juin  1597,  les  Hollandais,  abandonnant  leur  navire,  tou- 
jours captif  au  milieu  des  glaces,  battirent  en  retraite  vers  le 
sud  dans  leurs  canots.  Cette  retraite  est  une  des  plus  audacieuses 
entreprises  qui  aient  été  accomplies  dans  les  régions  polaires; 
elle  est  à  coup  sûr  pour  l'époque  un  exploit  aussi  extraordinaire 
que  la  marche  de  Nansen  à  travers  la  banquise.  Le  20  juin  1597, 
Barents,  malade  depuis  longtemps,  rendit  le  dernier  soupir  en  vue 
du  cap  des  Glaces,  cette  suprême  conquête  de  son  énergie. 


5    et*vxôl 

SÉANCE     SUPPLÉMENTAIRE 

PRÉSIDENCE  DE   MM.  IUMBAUD,  MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 

ET  LE  MYRE   DE  VILERS 
Président  de  la  Commission  centrale. 

-  M.  Le  Myre  de  Vilers,  après  avoir  annoncé  qu'il  a  reçu  des  nou- 
velles du  général  Gallieni,  gouverneur  général  de  Madagascar,  et  de 
M.  Charles-Eudes  Bonin,  auxquels  il  envoie  tous  les  souhaits  de  la 
Société,  donne  la  parole  à  Mme  Isabelle  Massieu.  c  Je  n'ai  pas, 
dit-il,  besoin  de  présenter  à  l'assemblée  la  femme  courageuse  qui 
va  nous  raconter  ses  voyages  et  qui  a  déjà,  avant  de  commencer 
son  récit,  toutes  les  sympathies  de  la  Société.  > 

»e  l'irrawadtfi  an  Mék*ag  supérieur.  —  Mme  Massieu  dé- 
clare en  commençant  qu'elle  ne  prétend  pas  faire  autre  chose 
qu'œuvre  de  vulgarisation.  Elle  veut  simplement  prouver  que  ce 
qu'une  femme  seule  peut  entreprendre  est  à  la  portée  de  tout  le 
monde,  et  que  nous  avons  tout  intérêt  à  observer  ce  qui  se  fait  au 
dehors,  à  étudier  les  initiatives  des  autres  peuples.  Cela  dit,  après 


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i  ;é  4  n-l  I 


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464  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES. 

avoir  vanté  les  charmes  du  voyage  et  l'hospitalité  qu'elle  a,  chemin 
faisant,  reçue  des  Anglais,  elle  aborde  la  description  d'une  partie 
du  voyage  qu'elle  vient  d'accomplir  eu  Asie.  Ce  voyage  est  consi- 
dérable; il  est  facile  de  s'en  rendre  compte  à  l'énoncé  de  l'itinéraire. 

En  quinze  mois  l'intrépide  voyageuse  a  visité  Saïgon,  le  Cam- 
bodge et  les  ruines  d'Angkor,  Bangkok  et  le  Siam,  la  Birmanie  du 
sud  au  nord  jusqu'à  la  frontière  de  Chine,  la  péninsule  indo- 
chinoise  qu'elle  a  traversée  dans  sa  plus  grande  largeur,  de  Man- 
dalay  à  Hué,  à  travers  les  États  chans  et  le  Laos,  le  Tonkin  et  ses 
territoires  militaires,  Canton,  Changhaï,  le  fleuve  Bleu  remonté 
sur  1,600  kilomètres,  jusqu'aux  rapides  d'ichang,  le  Japon  et  le 
pays  des  Aïnos,  les  ports  de  Corée,  Pékin,  la  Mongolie  et  le  désert 
de  Gobi,  la  Sibérie  jusqu'à  Omsk,  les  steppes  des  Kirghiz,  le  Tur- 
kestan  (Samarkande,  Boukhara),  la  mer  Caspienne,  le  Caucase 
(Bakou,  Tiflis). 

Mme  Massieu  se  borne  à  parler  de  la  Birmanie  et  des  États 
chans. 

La  Birmanie  méridionale  peut  être  comparée  pour  son  climat  et 
la  richesse  de  son  sol  à  la  Cochinchine,  et  la  Birmanie  septen- 
trionale au  Tonkin,  avec  plus  de  sécheresse  et  moins  d'habitants 
pour  sa  partie  nord  que  le  Haut  Tonkin.  Les  peuples  de  la  Bir- 
manie sont,  plus  ou  moins,  issus  de  la  Chine  et  beaucoup  d'entre 
eux  ont  conservé  les  traits  physiques  des  Chinois  du  sud,  par 
exemple  les  Khins  à  l'ouest,  les  Kakhins  au  nord  et  les  Chans  à 
l'est.  Mais  ils  ont  reçu  l'empreinte  religieuse,  intellectuelle  et 
morale  de  l'Hindoustan.  Le  Manou  est  le  livre  de  la  loi  civile  des 
Birmans  et  la  civilisation  leur  a  été  apportée  par  les  Hindous.  La 
religion  birmane  est  le  bouddhisme  et  le  pape  du  bouddhisme  bir- 
man habite  Mandalay.  Mme  Massieu  a  été  reçue  par  lui,  et  elle 
peut  se  vanter  d'être  la  seule  femme  qui  ait  touché  la  main  d'un 
pape  birman.  Viennent  ensuite  les  bonzes  ou  ponghees,  qui  ne  for- 
ment pas  à  proprement  parler  une  caste  à  part,  car,  de  môme  qu'au 
Siam,  tout  le  monde  doit  avoir  été  poonghee  quelques  mois  au 
moins  dans  sa  vie.  Us  sont  consacrés  à  l'instruction  et  ne  doivent 
vivre  que  de  charité.  Les  Européens  leur  ont  donné  le  nom  de 
talapoints,  qui  leur  vient  du  grand  éventail  fait  d'une  feuille  de 
talapot  ou  latanier,  derrière  lequel  ils  doivent  s'abriter  dans  la 
rue  pour  ne  pas  voir  les  femmes.  Mme  Massieu  donne  ensuite  des 
détails  très  curieux  et  très  vivants  sur  les  mœurs  et  la  vie  bir- 
manes, sur  les  monuments  de  Mandalay,  sur  la  chute  du  dernier 
roi  Theebaw,  etc. 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898. 


165 


De  Rangoon,  pour  pénétrer  à  l'intérieur  et  jusqu'en  Chine,  les 
Anglais  disposent  d'une  voie  de  communication  incomparable,  le 
grand  Irrawaddi  qui,  malgré  les  déplacements  de  ses  sables,  porte 
jusqu'à  Bhamo,  à  1,450  kilomètres  de  l'Océan,  des  navires  de 
100  mètres  de  longueur.  Ces  bateaux  mesurent  23  mètres  de 
largeur  sur  le  développement  des  roues.  Ils  sont  flanqués  d'un 
ou  deux  chalands  plats,  presque  aussi  longs  que  le  steamer.  Ce 
sont  de  véritables  bazars  ambulants,  car  presque  tout  le  pont 
supérieur  est  réservé  aux  marchandises  et  à  chaque  escale  les 
indigènes  viennent  faire  leurs  échanges  sur  le  bateau  même. 


Kcolc  du  roi  Thccbaw  devenue  uno  église  protestante. 

Au-dessus  de  Bhamo  des  steamers  plus  petits  montent  trois  fois 
par  semaine  à  Myiktina,  au  delà  des  gisements  d'ambre  et  des 
mines  de  jade,  la  pierre  précieuse  chinoise  qui  s'exporte  à  Canton. 
A  côté  de  cette  voie  fluviale,  les  Anglais  ont  créé  une  ligne  de 
chemin  de  fer  de  Rangoon  à  Prome  sur  PIrrawaddi  (263  kil.)  et 
encore  de  Rangoon  par  Toungou,  une  autre  ligne  plus  à  Test  qui 
traverse  l'immense  fleuve  à  Saraing,  au-dessous  de  Mandalay,  par 
un  steamer  entre  deux  bacs,  touche  de  nouveau  le  fleuve  à  Katka 
et  monte  jusqu'à  Mogoung  à  1,200  kilomètres  de  l'Océan,  aban- 
donnant Bhamo,  au  fond  d'un  grand  coude  de  PIrrawaddi.  Cette 


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166  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES, 

ligne  on  exploitation  doit  être  terminée  maintenant  jusqu'à  Myiktina, 
le  terminus  de  la  navigation  à  vapeur  (1,600  kil.  de  rivière).  La 
frontière  de  Chine  est  à  21  kilomètres  de  Bhamo,  à  Nampaung  sur 
le  Taping,  navigable  aux  grosses  barques  sur  plus  de  40  kilo- 
mètres, dans  la  direction  de  Tali-fou,  centre  important  de  la  pro- 
vince du  Yunnan.  Tali-fou  se  trouve  ainsi  à  350  kilomètres  de 
Bhamo  et  du  graud  steamer  anglais. 

Le  25  décembre  1896,  MmeMassieu,  accompagnée  d'une  escorte 
de  5  cavaliers  du  Penjab,  quittait  Mandalay  et  ses  hôtes  britan- 
niques pour  gagner  Hué,  en  un  voyage  de  trois  mois  à  travers 
les  États  chaos  et  le  Laos.  Les  dix  premières  étapes  jusqu'à 
Taunggy,  la  résidence  du  superintendant  des  États  chans,  se  font 
par  une  route  de  char.  Mais  Mme  Massieu  l'abandonna  pour  vi- 
siter, par  un  détour  dans  le  sud,  Fort-Stedman  et  son  lac.  Ce  lac, 
l'Inle-Lack,  est  habité  par  une  population  presque  amphibie,  les 
Inthas,  que  Ton  dit  descendre  de  tribus  esclaves  amenées  de 
Tavoy.  Us  vivent  uniquement  sur  l'eau,  dans  des  villages  aux 
maisons  sur  haut  pilotis,  échelonnnés  le  long  des  berges,  en- 
tourés de  jardins  flottants  fixés  au  fond  des  eaux  par  de  longs 
bambous,  comme  les  jardins  maraîchers  des  lacs  de  Serinagar  au 
Cachemire. 

Fort-Stedman,  sur  les  montagnes  qui  dominent  l'Inle-Lack,  pos- 
sède 1,500  hommes  de  troupes  indiennes  du  Penjab.  Les  installa- 
tions des  officiers  et  des  troupes  sont  toutes  en  kéfène,  comme  on 
dit  au  Tonkin,  pour  désigner  les  cases  en  lattes  de  bambous. 

Après  ee  détour,  Mme  Massieu  arrive  à  Taunggy,  situé  en 
pleine  forêt.  Ce  n'est  encore  qu'un  commencement  de  ville  qui 
remonte  à  dix-huit  mois,  mais  l'endroit  est  destiné  à  un  bel  avenir 
entre  les  mains  habiles  qui  ont  créé  ce  sanatorium,  à  1,460  mètres 
d'altitude.  A  partir  de  Taunggy,  la  route  suivie  par  Mme  Massieu, 
n'avait  été  parcourue  par  aucun  Français,  jusqu'à  Xieng-Tong, 
dont  les  troupes  anglaises  avaient  pris  possession  au  mois  de 
mars  précédent.  Le  sentier  chan  avait  été  égalisé  le  plus  rapide- 
ment possible  pour  le  passage  des  caravanes  militaires  et  peu 
d'officiers  et  de  fonctionnaires  avaient  eu  l'occasion  de  le  suivre 
et  le  temps  de  revenir.  Deux  dames  pourtant  l'avaient  parcouru, 
la  pauvre  Mme  Scott,  la  femme  du  président  de  la  commission  de 
délimitation  des  frontières,  qui  est  morte  des  fatigues  de  ce  voyage, 
et  une  jeune  mariée,  la  femme  d'un  lieutenant  en  garnison  à 
Xieng-Tong. 

Chemin  faisant,  Mme  Massieu  décrit  avec  beaucoup  de  pitto- 


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SEANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898. 


167 


resque,  les  paysages  des  forêts  traversées,  les  mœurs  et  les  cou- 
tumes des  habitants  des  pays  chans,  leurs  superstitions  et  leur 
croyance  aux  natts  ou  mauvais  génies.  Elle  arrive  à  la  Salouen  à 
14  étapes  de  Taunggy  et  à  12  de  Xieng-Tong.  La  traversée  se 
fait  au  moyen  d'un  de  ces  services  de  bacs  que  les  Anglais  ont 
installés  sur  les  larges  rivières  du  pays  chan.  D'un  côté  à  l'autre 
de  la  Salouen,  la  configuration  de  la  contrée  change  d'aspect.  A 
l'ouest  une  série  de  plateaux  élevés,  séparés  par  de  profondes 
vallées  et  interrompus  par  des  chaînes  de  montagnes  suivant 


Caravaniers  chans. 

toutes  la  même  direction  ;  quelques  pics  s'élèvent  à  2,800  mètres, 
tandis  que  l'altitude  générale  des  plateaux  varie  de  900  à 
1,500  mètres.  A  l'est,  la  nature  prend  immédiatement  un  aspect 
plus  sauvage,  plus  désordonné;  les  montagnes  se  dressent  brus- 
quement de  400  mètres,  altitude  de  la  Salouen,  à  800  pour  la  pre- 
mière assise,  puis  1,000,  puis  1,100,  puis  1,600.  il  faut  trois  jours 
pour  franchir  l'étroite  et  haute  muraille  qui  borde  la  Salouen  à 
l'est.  Ceux  qui  ont  parlé  de  la  possibilité  d'un  chemin  de  fer  dans 
cette  région  n'ont  pas  idée  de  ce  chaos  de  montagnes  aux  arêtes 
vives,  qui  se  succèdent  comme  les  vagues  gigantesques  d'une  mer 


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168  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

en  furie.  Les  arêtes  seramiûent  dans  tous  les  sens,  sans  nulle  épais- 
seur, à  peine  un  mètre  de  largeur  par  endroits,  entre  deux  abîmes 
de  200  et  300  mètres  de  profondeur  sur  des  pentes  impraticables, 
de  telle  sorte  qu'au  millieu  de  ce  dédale  il  faut  suivre  les  arêtes 
le  plus  exactement  possible. 

C'est  ainsi  que  Mme  Massieu,  après  s'être  élevée  à  1,825  mèlres, 
la  plus  haute  altitude  qu'atteigne  la  route  militaire  anglaise,  est 
arrivée  à  Xieng-Tong,  dans  une  riche  et  grande  vallée.  C'est  une 
ville  de  16,000  habitants,  qui  possède  un  cantonnement  de 
900  hommes  de  troupes  gourkas  et  un  petit  roi  indigène;  elle 
présente  l'aspect  le  plus  charmant,  avec  ses  murs  d'enceinte,  ses 
ponts  d'entrée  couverts,  ses  pagodes  dorées  et  les  toits  de  paille 
de  ses  maisons  éparpillées  dans  la  verdure. 

Là,  Mme  Massieu  touche  à  la  fin  de  son  voyage  dans  le  pays 
chan.  Dix  jours  seulement  la  séparent  de  Xieng-Sen  et  du  Mé- 
kong. Elle  détient  le  record  de  la  vitesse  sur  M.  Garanger,  du 
côté  français,  et,  du  côté  anglais,  sur  M.  Stirling  et  le  captai n 
Carrick,  plus  deux  officiers  qui  n'ont  pas  dépassé  Hong-Luk. 
Aussi  gagne-t-elle  rapidement  Xieng-Sen,  qui  fut  jadis  la  capi- 
tale de  tout  le  pays.  Xieng-Tong,  Luang-Prabang  et  Xieng-Maï 
étaient  ses  tributaires.  Elle  fut  détruite  il  y  a  cent  vingt  ans 
environ,  par  les  Siamois  et  ses  habitants  emmenés  en  captivité. 
Xieng-Sen  compte  actuellement  à  peu  près 500  habitants,  ramenés 
et  attirés  en  grand  nombre  par  le  zèle  et  le  dévouement  d'un 
ancien  interprète  cambodgien  de  la  mission  Pavie,  M.  Ngin,  notre 
agent  commercial.  En  arrivant  à  Xieng-Sen,  Mme  Massieu  y 
apprend  la  présence  du  La  Grandière,  sous  le  commandement  de 
M.  Mazeran.  Elle  se  hâte  done  de  descendre  au  fleuve  et  ce  n'est 
pas  sans  une  émotion  profonde  qu'elle  voit  flotter  le  drapeau 
français  sur  la  canonnière  aucrée  sur  la  berge  du  grand  fleuve 
conquis  à  la  France  par  Doudart  de  Lagrée,  Garnier  et  leurs 
vaillants  descendants.  Xieng-Sen  est  à  2,400  kilomètres  de  la  mer. 

Avant  de  terminer  sa  conférence,  Mme  Massieu  jette  un  rapide 
coup  d'œil  sur  la  colonisation  britannique  en  Birmanie.  Elle  pro- 
fesse une  sincère  admiration  pour  les  méthodes  de  nos  rivaux  en 
Indo-Chine.  Au  point  de  vue  administratif,  les  Anglais  ont  obtenu 
le  maximum  d'effet  utile  avec  le  minimum  de  personnel.  La  Bir- 
manie, dont  la  superficie  est  plus  étendue  que  celle  de  toute  l'iudo- 
Chine  française  réunie,  n'a  d'autres  fonctionnaires  que  les  sui- 
vants :  un  chief-commissioner,  qui,  depuis  le  i*r  janvier,  porte 
le  titre  de  lieutenant-gouverneur,  titre  analogue  à  celui  de  notre 


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SÉANCES  DES  1",  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.  169 

gouverneur  général  de  lindo-Chine;  un  secrétaire  général  et 
deux  chefs  des  finances  et  de  la  justice  forment  le  gouvernement 
général;  8  commissioners  sont  en  quelque  sorte  les  gouver- 
neurs des  provinces;  64  deputy-commissioners,  équivalent  à 
nos  résidents  et  commandent  les  districts,  et  un  nombre  corres- 
pondant d'assis  tant- commissioner s  y  à  nos  vice-résidents;  soit 
au  total  150  fonctionnaires  européens  environ  qui  sont  à  la  fois 
préfets,  percepteurs  des  finances,  magistrats  et  maires  dans 
les  villes,  ont  sur  l'indigène  un  prestige  considérable  et  sont 
obéis  au  doigt  et  à  l'œil.  Comparez  avec  le  personnel  admi- 
nistratif français  de  l'Indo-Chine.  Les  Anglais  ont,  comme  on  Ta 
tu,  développé  le  plus  possible  les  voies  de  communication  flu- 
viale et  autres  en  Birmanie.  Ces  efforts  ont  été  couronnés  de 
succès,  car,  dès  maintenant,  des  courants  commerciaux  sont 
établis  entre  la  Chine  méridionale  et  Bhamo.  Mme  Massieu  a  vu 
sur  les  rivas  de  ce  port  de  l'irrawaddi,  des  caravanes  de  400  à 
500  mulets,  venant  de  Chine  avec  des  marchandises  considérables 
prêtes  à  être  embarquées  pour  Rangoon  et  l'Europe.  Le  seul  dé- 
faut de  la  politique  coloniale  anglaise  est  le  dédain  que  l'Anglais 
professe  pour  l'indigène.  11  ne  l'aime  pas,  le  méprise  souvent  et 
le  dédaigne  toujours.  L'indigène  le  sent,  et  ne  pardonne  pas.  Il 
se  soumet,  mais  n'oublie  pas,  et  reste  l'ennemi  et  le  péril  de 
l'avenir. 

Pendant  la  communication  de  Mme  Massieu  et  dans  un  de  ces 
intervalles  où  la  salle  reste  plongée  dans  l'obscurité  (c'est  le  mo- 
ment des  projections),  il  se  produit,  dans  la  présidence  de  l'assem- 
blée, un  changement  dont  le  public  ne  s'est  pas  douté.  M.  Le  Myre 
de  Vilers  ayant  aperçu  M.  Rambaud,  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  venu  pour  assister  à  la  séance,  s'est  empressé  de  lui 
céder  le  fauteuil.  A  la  réapparition  de  la  lumière,  il  fait  part  du 
changement  qui  s'est  opéré,  en  ajoutant  que  l'assemblée  n'a  pas  ù 
se  plaindre,  car  elle  n'a  pu  que  gagner  au  change.  M.  Rambaud, 
qui  a  entendu  l'exposé  que  Mme  Massieu  a  fait  de  son  voyage, 
prend  la  parole  en  ces  termes  : 

c  Ainsi  que  Ta  fait  remarquer  votre  honorable  Président,  en 
dehors  des  changements  à  vue  sur  la  toile  de  projection  qui  se  sont 
accomplis  à  la  faveur  des  ténèbres,  il  s'est  opéré  un  changement 
de  personne  au  fauteuil  de  la  présidence. 

c  Je  ne  crois  pas  que  l'assemblée  ait  autant  gagné  au  change 
qu'a  bien  voulu  le  dire  M.  Le  Myre  de  Vilers;  car  M.  Le  Myre  de 


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170  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Vilers,  qui  est  un  colonial,  un  vrai  colonial,  qui  a  laissé  un  souve- 
nir impérissable  et  grandement  sera  la  patrie,  de  l'Indo-Chine  à 
Madagascar,  dans  l'administration  ou  dans  la  diplomatie  de  nos 
possessions  d'outre-mer,  est  plus  digne  que  personne  d'occuper 
ce  fauteuil,  a  plus  d'autorité  que  personne  pour  apprécier  la  va- 
leur et  les  conséquences  des  explorations  dont  vous  avez  si  sou- 
vent l'occasion  d'entendre  ici  l'exposé.  (Applaudissements.) 

c  Parmi  les  prérogatives  de  la  charge  présidentielle  qu'il  a  bien 
voulu  me  céder  pour  un  instant,  il  en  est  une  dont  il  m'est  parti- 
culièrement agréable  de  faire  usage  en  ce  moment. 

c  C'est  de  féliciter  et  de  remercier,  au  nom  de  la  Société  de 
Géographie,  Mme  Isabelle  Massieu  pour  la  brillante  conférence 
qu'elle  vient  de  nous  faire  et  pour  le  voyage  si  hardi  et  si  fécond 
en  résultats  dont  cette  conférence  a  été  l'exposé. 

c  Elle  ne  nous  a  rendu  compte  aujourd'hui  que  d'une  partie  de  ce 
voyage,  celle  qui  touche  à  certaines  régions  seulement  de  la 
presqu'île  indo-chinoise. 

c  Vous  savez,  en  effet,  que  son  itinéraire  a  été  bien  autre- 
ment étendu,  car  il  l'a  conduite,  par  la  Birmanie,  les  États  chans 
et  le  Tonkin,  à  travers  la  Chine,  la  Mongolie,  le  Turkestan  et  la 
région  caucasienne. 

c  Dans  ce  long  voyage,  qu'elle  a  osé  entreprendre  seule,  par  des 
chemins  que  n'avait  foulés  avant  elle  aucun  voyageur  européen, 
elle  a  déployé  d'admirables  qualités  d'endurance,  de  patience, 
d'insouciance  pour  les  privations  et  les  dangers,  et  de  bravoure. 
(Applaudissements.) 

c  Elle  a  fait  connaître  l'Europe,  dans  sa  révélation  la  plus  gra- 
cieuse, à  des  peuplades  qui  n'avaient  même  jamais  vu  d'Euro- 
péens, et  dans  des  pays  barbares  elle  a  su  commander  les  sym- 
pathies et  le  respect. 

c  Ce  voyage  n'a  pas  été  un  simple  sport;  car  Mme  Massieu  s'est 
toujours  appliquée  à  se  rendre  utile  à  la  science,  en  relevant  par- 
tout des  données  précises  sur  la  géographie,  l'ethnographie  et  les 
mœurs,  et  en  consignant  des  observations  dont  notre  administra* 
tion  coloniale  pourra  tirer  profit. 

c  Au  cours  de  son  récit,  elle  nous  a  parlé  de  ces  divinités  mal- 
faisantes, les  nattSy  dont  les  indigènes  croient  conjurer  la  mal- 
veillance en  menant  grand  bruit  avec  des  bambous  frappés  l'un 
contre  l'autre. 

c  Nous  ne  craignons  point  les  natts;  mais  nous  ferons  du  bruit 
aussi  en  frappant  nos  mains  l'une  contre  l'autre,  afin  que  nos 


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SÉANCE8  DB8  1er,  5,   15  ET  25  AVRIL  1898.  171 

applaudissements  témoignent  nos  sentiments  d'admiration  et  de 
sympathie  pour  notre  courageuse  compatriote.  >  '(Vifs  applau- 
dissements.) 

La  parole  est  ensuite  donnée  au  capitaine  L.  Vermeersch. 

An  ftoarmt  et  mm  paya  de*  Barifca*.  —  M.  Vermeersch,  se- 
cond de  la  mission  Baud  au  Gourma,  dit  que  pendant  longtemps 
notre  pénétration  en  Afrique  occidentale  s'est  faite  uniquement  par  la 
voie  du  Sénégal  et  du  Soudan,  voie  que  suivirent  nos  explorateurs, 
le  capitaine  Binger,  le  colonel  Monteil,  pour  ne  citer  que  les  plus 
illustres.  Nos  efforts  se  portèrent  donc  surtout  vers  la  partie  occi- 
dentale et  septeutrionale  de  la  boucle  du  Niger. 

Les  territoires  situés  en  arrière  de  la  colonie  anglaise  de 
Lagos,  du  Togo  et  du  Dahomey  étaient  encore  très  peu  connus, 
lorsque  la  campagne  du  général  Dodds  vint  nous  ouvrir  une  voie 
d'accès  sur  ces  régions.  Le  Dahomey  se  trouvait  resserré  entre  les 
colonies  anglaise  et  allemande,  mais  au  nord  du  9*  degré  de  la- 
titude, tout  l'arrière-pays  devait  appartenir  au  premier  occupant. 
Il  était  à  craindre  que  nos  voisins  ne  nous  devançassent  au  nord 
de  ce  parallèle  et  ne  nous  fermassent  à  jamais  tout  débouché  dans 
l'intérieur. 

c  C'est,  dit  M.  Vermeersch,  à  M.  le  gouverneur  Ballot  que  re- 
vient l'honneur  d'avoir  paré  à  ce  danger.  C'est  à  son  énergique 
impnlsion  qu'est  dû  le  grand  mouvement  d'exploration  et  de  con- 
quête qui,  de  1894  à  1898,  a  porté  la  France  jusqu'au  Niger,  d'un 
côté,  jusqu'au  Soudan  et  à  la  Côte  d'Ivoire,  de  l'autre,  et  réuni  nos 
colonies  de  l'Afrique  occidentale  en  un  seul  bloc,  nouvel  empire 
des  Indes  Noires. 

c  La  première  mission  fut  confiée  en  1894  au  commandant 
Decœur,  qui,  luttant  de  vitesse  avec  les  explorateurs  anglais  et 
allemands,  visita  le  pays  Bariba  et  conclut  un  traité  à  Niki,  tra- 
versa le  Gourma,  atteignit  Say,  puis  descendit  la  rive  droite  du 
Niger  dont  il  reconnut  le  cours  jusqu'à  Léaba,  en  aval  de  Boussa, 
et  revint  à  Carnotville. 

c  Dans  la  traversée  du  Gourma,  la  mission,  dont  je  faisais  partie, 
prit  contact  avec  une  mission  allemande  partie  du  Togo,  la  mis- 
sion Grûner  de  Carnap. 

c  Tandis  que  nous  nous  rendions  à  Fada-n'Gourma  où  nous 
traitions  avec  le  roi  du  Gourma,  qui  plaçait  son  pays  sous  le  pro- 
tectorat de  la.  France,  la  mission  allemande,  prenait  le  chemin  le 


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172  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

plus  court  pour  aller  à  Say,  où  elle  espérait  nous  devancer,  passait 
par  Matiacouali  et  traitait  avec  le  chef  de  cette  ville,  vassal  du  roi 
du  Gourma,  croyant  assurer  ainsi  la  possession  de  ce  royaume  à 
l'Allemagne. 

c  Pendant  que  le  commandant  Decœur  était  au  Gourma,  M.  Alby, 
administrateur  principal,  se  rendait  auNossi;  M.  Ballot  lui-même 
allait  à  Niki  et  à  Boussa;  le  capitaine  Toutée  atteignait  le  Niger  à 
Badjibo,  puis  le  remontait  jusqu'au-dessus  de  Say.  Enfin  M.  Deville, 
administrateur  du  Dahomey,  traversant  le  pays  Bariba  du  sud  au 
nord,  visitait  Bouay  et  Kandi. 

c  Peu  après  le  lieutenant  Baud,  second  de  la  mission  du  com- 
mandant Decœur,  et  moi,  nous  repartions  de  Carnotville,  et,  pas- 
sant par  Sansanné-Mango,  Gambaka,  Oua,  Boussa,  nous  dé- 
bouchions à  Grand-  Bas  sa  m  en  contournant  le  Togo  allemand  et 
la  Côte  d'Or  anglaise. 

c  Après  le  retour  de  toutes  ces  missions  il  y  eut  un  temps  de 
repos  dont  nos  voisins  profitèrent  pour  occuper  Sansanné-Mango. 

c  A  la  fin  de  Tannée  1896,  ceux-ci  menaçaient  de  s'emparer  du 
Gourma  et  de  Say.  M.  le  gouverneur  Ballot,  rentré  en  France  pour 
se  remettre  des  fatigues  de  cette  première  campagne,  rejoignit 
son  poste  afin  d'organiser  de  nouvelles  expéditions. 

c  D'un  côté,  le  lieutenant  de  vaisseau  Bretonnet  reçut  mission 
de  procéder  à  l'occupation  des  territoires  de  la  rive  droite  du 
Niger,  de  Say  à  Boussa;  de  l'autre,  le  capitaine  Baud  dut  se  rendre 
au  Gourma,  pour  défendre  nos  droits  sur  ce  royaume  et  assurer 
la  jonction  du  Dahomey  au  Soudan. 

c  Je  fus  adjoint  au  capitaine  Baud  dont  la  mission  comprenait 
encore  un  garde  principal  de  première  classe  delà  garde  indigène 
du  Dahomey,  M.  Combes.  84  auxiliaires  du  Sénégal  et  du  Dahomey 
composaient  les  forces  de  la  mission. 

c  Le  pays  où  nous  devions  opérer  est  un  royaume  de  80,000  ki- 
lomètres carrés  de  superficie,  borné  au  N.  par  le  Liptako,  le 
Yaga,  le  Torodi,  le  Guéladjo  ;  au  N.-E.  par  le  Dendi  ;  à  l'E.  et  au 
S.-E.  par  le  Borgou;  au  S.  par  l'État  de  Sansanné-Mango;  au 
S.-O.  par  le  Gambaka;  à  l'O.  par  le  Mossi. 

c  Les  pluies  tombant  sur  ce  plateau  se  rassemblent  en  plusieurs 
cours  d'eau  assez  importants  qui  se  réunissent  vers  le  sud  pour 
se  jeter  dans  la  Sahar  ou  rivière  de  Sansanné-Mango,  affluent  de 
la  Volta. 

c  Le  Gourma  comprend  plusieurs  provinces,  administrées  cha- 
cune par  un  fatna  ou  bato,  choisi  par  les  notables,  mais   dont 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       173 

l'élection  doit  être  validée  par  le  roi.  La  capitale  du  royaume  est 
Fada-n'Gourma. 

c  Les  habitants,  qui  ressemblent  beaucoup  à  nos  Bambaras  du 
Soudan  et  du  Sénégal,  appartiennent  à  la  race  Malinké.  Les  Peulhs 
et  les  Haoussas  sont  en  outre  très  nombreux  dans  ce  pays. 

c  Les  rois  du  Gourma  donnent  à  leur  dynastie  une  origine  cé- 
leste. Le  premier  roi,  nommé  Loumpo,  serait  venu  4u  ciel.  On 
montre,  sur  une  colline  rocheuse  qui  domine  Fada-n'Gourma,  l'em- 
preinte de  ses  pieds  quand  il  toucha  terre.  Quinze  générations  se 
seraient  succédé  depuis.  Ces  rois,  très  puissants  à  une  certaine 
époque,  conquirent  le  Gambaka  et  le  Mampoursi  au  S.,  et  por- 
tèrent la  guerre  jusque  sous  les  murs  de  Yendi.  Le  Liptako,  le 
Yaga,  le  Torodi  au  lj.  faisaient  partie  de  leur  royaume  avant  que 
les  Peulhs  ne  vinssent  leur  enlever  ces  régions. 

c  Par  la  suite,  ils  avaient  bien  perdu  de  leur  puissance,  et  peu 
à  peu  les  provinces  s'étaient  rendues  indépendantes.  Bantchandé, 
le  roi  actuel,  ne  voyait  guère  que  la  province  de  Fada-n'Gourma 
lui  obéir  quand  nous  vînmes  chez  lui  en  1895,  à  notre  premier 
voyage.  Incapable  de  rétablir  seul  son  autorité,  il  comprit  immé- 
diatement les  avantages  qu'il  pouvait  retirer  de  notre  appui  et 
signa  avec  empressement  un  traité,  le  plaçant  sous  le  protectorat 
français.  Il  nous  demanda  aussitôt  après  de  l'aider  à  combattre 
ses  rebelles.  Mais,  le  commandant  Decœur,  pressé  d'atteindre  le 
Niger,  et  n'ayant  pas  assez  de  monde  pour  laisser  un  détachement 
en  arrière,  dut  se  contenter  de  lui  promettre  un  secours  dans  l'ave- 
nir, et  nous  parti  nies. 

c  Telle  était  encore  la  situation  politique  de  ce  pays  quand 
nous  y  revînmes,  le  capitaine  Baud  et  moi,  deux  ans  après. 

c  Partis  le  6  janvier  de  Bafilo,  dernier  poste  établi  par  M.  Ballot, 
nous  arrivâmes  quinze  jours  après  à  Pâma,  première  localité  du 
Gourma. 

«  Le  chef  de  la  province  nous  apprit  que  le  roi  du  Gourma 
avait  dû  fuir  de  sa  capitale  et  s'était  réfugié  à  Diabo,  chez  un 
vassal  resté  Odèle.  Ce  roi  était  notre  allié,  notre  protégé;  notre 
devoir  était  donc  tout  tracé.  La  mission  l'aiderait  à  soumettre  ses 
provinces  révoltées  et  leur  imposerait  le  pavillon  français»  puis 
elle  le  ramènerait  dans  sa  capitale. 

c  Laissant  à  Pâma  un  petit  poste  pour  assurer  nos  communi- 
cations, nous  nous  rendons  à  Diabo.  Bantchandé  reconnut  tout 
de  suite  en  moi  un  des  deux  blancs  qu'il  avait  vus  deux  ans  au- 
paravant, et  nous  accueillit  avec  enthousiasme,  en   c  sauveurs 

SOC.  DE  GÉOGR.  —  C.  R.  DBS  SÉANCES.  —  N*  4.  —  Avril.  13 


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174  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

venus  du  ciel  »,  suivant  son  expression.  Il  attendait  à  Diabo  un 
secours  qui  lui  était  promis  depuis  longtemps  par  les  chefs  du 
Mossi.  Sachant  que  les  lieutenants  Voulet  et  Chanoine  faisaient 
de  leur  côté  la  conquête  de  ce  pays,  nous  dissuadons  le  roi  d'at- 
tendre plus  longtemps  une  aide  qui  ne  pouvait  lui  venir  et  le 
déterminons  à  marcher  avec  nous. 

c  Le  i  février,  la  mission  quitte  Diabo.  Le  roi  avait  avec  lui 
300  cavaliers  à  peu  près  et  un  millier  de  fantassins,  tout  ce  qui 
lui  restait  de  partisans.  Le  5  février,  cette  petite  armée  arrive 
devant  Toucouna.  Cette  ville  était  la  place  forte  de  la  rébellion, 
la  résidence  de  Yocombato,  le  chef  des  révoltés,  contre  laquelle 
avaient  échoué  tous  les  efforts  des  rois  du  Gourma,  et  où  même 
l'oncle  et  prédécesseur  de  Bantchandé  avait  été  tué. 

c  La  prise  de  cette  place  est  suivie  de  celle  de  Barga,  et  le  7,  nous 
entrons  à  Tibga,  où  nous  reçûmes  une  lettre  du  lieutenant  Vou- 
let, qui  nous  apprenait  sa  présence  dans  le  voisinage  de  la  fron- 
tière. Je  partis  à  sa  rencontre,  le  ramenai  lui  et  ses  compagnons, 
le  lieutenant  Chanoine,  des  spahis  soudanais,  et  le  docteur  Henric, 
de  la  marine. 

•  Notre  réunion  consacrait  d'une  manière  effective  la  jonction 
du  Dahomey  au  Soudan.  Elle  fit  sur  les  indigènes  une  impression 
profonde  :  l'arrivée  de  ces  soldats  débouchant  de  directions 
opposées  après  avoir,  d'un  côté,  jeté  bas  les  ennemis  de  la  France 
et,  de  l'autre,  rétabli  l'autorité  de  ses  alliés,  donnait  à  tous  une 
haute  idée  de  la  puissance  de  notre  pays. 

c  Quand  nous  quittâmes  Tibga,  de  nombreux  contingents  atti- 
rés par  le  succès  étaient  venus  renforcer  l'armée  de  Bantchandé  et 
la  porter  à  7,000  hommes  environ,  dont  2,000  cavaliers. 

c  lies  deux  missions  firent  route  ensemble  jusqu'à  Bilanga  où 
elles  se  séparèrent,  celle  du  Mossi  retournant  à  Ouagadougou 
pendant  que  la  nôtre,  renonçant  à  poursuivre  plus  loin  Yocombato 
qui  fuyait  avec  quelques  cavaliers  seulement,  revenait  à  Toucouna 
où  Bantchandé  demandait  à  passer  les  fêtes  du  Hhamadan.  Là,  les 
soumissions  affluèrent.  Le  fils  de  Yocombato  vint  à  notre  camp; 
son  père,  désespéré,  s'était  donné  la  mort;  lui  se  rendait  à  dis- 
crétion. Les  provinces  de  l'ouest  étant  soumises,  il  nous  restait 
à  faire  rentrer  dans  l'obéissance  le  fama  de  Matiacouali,  Adama, 
et  ceux  des  provinces  de  Test. 

ci  Toujours  accompagnée  de  Bantchandé,  la  mission  se  dirige 
donc  vers  Test.  Arrivés  à  Ouguerou,  nous  apprenons  que  le  chef 
de  la  station  allemande  de  Sansanné-Mango,  appelé  par  Adama» 


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SEANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.        175 

se  dirige  sur  le  Gourma.  A  cette  nouvelle,  Je  capitaine  Baud  prit 
la  résolution  de  se  porter  à  Pâma,  au-devant  de  l'officier  allemand, 
pendant  que  j'achèverais  de  régler  la  question  de  Matiacouali. 

c  Adaroa,  à  notre  approche,  s'est  enfui  à  Kankantchari.  Gomme 
il  est  désormais  certain  qu'il  ne  se  soumettra  pas,  il  faut  en  finir 
rapidement.  Bantchandé,  d'accord  avec  moi,  convoque  les  no- 
tables de  Matiacouali.  En  grand  palabre  il  leur  déclare  qu'Adama, 
rebelle,  est  destitué,  et  les  invite  à  choisir  un  autre  chef.  L'élection 
se  fait  aussitôt.  ' 

c  Suivant  l'usage,  Bantchandé  donne  au  nouveau  chef  un  bonnet 
blanc,  ce  qui  le  consacre  comme  chef,  et  ses  électeurs,  l'enlevant  à 
bras,  le  hissent  au-dessus  de  leurs  têtes. 

c  Nous  allons  ensuite  à  Matiacouali  où  nous  installons  le  nouveau 
chef.  Afin  de  rassurer  les  habitants,  nous  proclamons  que  nous  ne 
faisons  pas  la  guerre  à  la  population,  mais  à  Adama  qui  a  appelé 
les  Allemands  et  voulait  la  guerre  civile.  Nous  voulons  au  contraire 
que  le  Gourma  reste  en  paix;  nous  protégerons  le  commerce,  et  les 
habitants  pourront  circuler  sans  crainte  d'être  pillés.  Cette  pro- 
clamation amène  la  désertion  dans  le  camp  d'Adama.  Abandonné 
de  ses  partisans,  il  s'enfuit  à  Diapaga  avec  l'intention  de  se  réfugier 
à  Sansanné-Mango. 

c  Nous  nous  mettons  à  sa  poursuite.  Des  cavaliers  de  Bantchandé 
sont  déjà  partis  porteurs  de  lettres  écrites  en  arabe,  invitant  les 
chefs  de  Bozougou,  Mali,  Sabalga,  Madjori,  les  principales  villes  de 
l'est,  à  faire  acte  de  soumission.  Ces  envoyés,  qui  ont  été  bien  reçus 
partout,  nous  rejoignent  le  30  à  Diapaga. 

c  Le  lendemain»  le  chef  de  Bozougou  vint  en  grande  pompe 
saluer  le  roi.  La  cérémonie  fut  curieuse.  Pour  recevoir  ce  fama, 
Bantchandé  s'assit  avec  nous  sous  un  apatam,  sorte  de  dais  fait 
de  paillassons,  nos  tirailleurs  à  droite  et  à  gauche,  les  gens  du 
Gourma  derrière.  Quatre  tas  de  poussière  avaient  été  préparés  sur 
le  chemin  qu'avant  d'arriver  aux  pieds  de  Bantchandé,  devait 
suivre  le  chef.  Celui-ci  s'avança  lentement,  se  prosternant  à  chaque 
tas  pour  prendre  la  poussière  à  deux  mains  et  s'en  couvrir  la  tête. 
Arrivé  aux  pieds  du  roi,  il  prononça,  le  front  dans  la  poussière,  un 
long  discours,  se  déclarant  son  esclave.  Puis,  se  relevant,  il  prit 
son  bouclier  d'une  main,  son  casse- tête  de  l'autre  et  exécuta  une 
danse  guerrière  au  son  d'une  flûte  dont  jouait  un  de  ses  hommes, 
marquant  ainsi  qu'il  était  prêt  à  combattre  pour  son  roi. 

c  11  fit  ensuite  apporter  10  sacs  de  cauris,  les  mit  successivement 
sur  sa  tête  pour  montrer  qu'il  porterait  des  fardeaux  pour  le  roi, 


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176  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

comme  le  ferait  un  esclave,  et  les  déposa  aux  pieds  de  Bantchandé. 
Enfin  il  fit  amener  des  bœufs  qui  complétaient  son  tribut. 

c  Ce  chef,  invité  par  le  roi  à  l'accompagner,  nous  suivit  avec  ses 
guerriers  dans  le  reste  de  la  campagne. 

c  Suivant  toujours  les  traces  d'Adama,  la  mission  quitte  Diapaga, 
traverse  une  petite  chaîne  de  montagnes  et  arrive  à  Mabga,  au 
pied  d'une  falaise  rocheuse  de  50  mètres  de  hauteur.  Ce  village 
est  fortifié,  mais  les  habitants  l'é vacuent  dès  qu'ils  aperçoivent  nos 
premiers  cavaliers.  Quelques  prisonniers  que  nous  faisons  nous 
apprennent  qu'Adama  a  fui  à  Sansanné-Mango.  Le  poursuivre  plus 
loin  est  donc  inutile. 

c  Nous  restons  quelques  jours  à  Mabga  où  les  famas  de  Mali, 
Sabalga,  Madjori  viennent  faire  acte  de  soumission. 

c  Le  10  mai,  nous  apprenons  qu'une  compagnie  de  tirailleurs 
venant  du  Dahomey  est  arrivée  à  Konkobiri,  à  90  kilomètres  de 
Mabga.  Laissant  le  camp  sous  les  ordres  du  garde  principal  Combes, 
je  pars  avec  une  trentaine  de  cavaliers  à  la  rencontre  de  cette 
compagnie  que  je  rejoins  le  soir  même.  Elle  est  commandée  par 
le  capitaine  Ganier  que  secondent  le  lieutenant  Drot,  le  Dr  Barlett 
de  la  marine,  et  l'inspecteur  Molex,  de  la  garde  indigène;  elle  nous 
a  ouvert  une  nouvelle  voie  de  communication  avec  le  Dahomey  par 
Djougou  et  Kouandé  où  elle  a  fondé  un  poste. 

c  Je  ramenai  le  capitaine  Ganier  à  Mabga  où  Bantchandé  donna 
en  son  honneur  une  grande  fôte  militaire  ;  il  organisa  une  grande 
fantasia  de  ses  cavaliers  et  chargea  lui-même  à  leur  tête. 

c  Comme  les  officiers  de  cette  compagnie,  venant  du  Dahomey 
où  il  n'y  a  pas  de  chevaux,  voyageaient  en  hamac,  le  roi  me  pria 
de  remettre  de  sa  part  un  cheval  harnaché  à  chacun  d'eux  et  envoya 
un  troupeau  de  bœufs  pour  la  nourriture  des  tirailleurs. 

c  Tous  les  villages  de  la  région  ayant  payé  tribut,  nous  nous 
mettons  en  route  pour  les  provinces  de  Madjori  et  de  Pâma,  les 
seules  restant  encore  à  visiter. 

c  Nous  suivons  le  pied  des  montagnes  jusqu'à  Logobou,  puis 
nous  nous  engageons  dans  une  plaine  très  giboyeuse  où  abondent 
cerfs,  hippopotames  et  éléphants.  Nous  étions  campés  au  bord  de 
la  Sabar  ou  rivière  de  Sansanné-Mango,  quand  le  capitaine  Baud 
nous  rejoignit,  venant  de  Pâma,  où  il  avait  trouvé  le  commandant 
de  la  station  allemande  de  Sansanné-Mango,  le  lieutenant  Gaston 
Thierry,  au-devant  duquel  il  était  allé,  comme  nous  avons  dit.  Cet 
officier  réclamait  Pâma  et  Matiacouali  au  nom  de  son  gouverne- 
ment. Cependant,  après  deux  jours  de  discussion,  le  capitaine  Baud 


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SÉANCES  DBS   iir,  5,  15  BT  25  AVRIL  1898.  177 

Pavait  amené  à  convenir  que,  si  ces  deux  villes  dépendaient  du  roi 
de  Fada-n'Gourma,  elles  devaient  nous  revenir,  Countouma,  chef 
de  Pâma,  avait  alors  été  sommé  de  dire  si,  oui  ou  non,  il  relevait' 
de  Bantchandé,  et  il  avait  répondu  que  Bantchandé  était  le  roi 
de  tout  le  Gourma,  y  compris  Pâma  et  Matiacouali. 

c  Le  capitaine  français  avait  aussitôt  fait  signer  au  lieutenant 
Thierry  un  procès-verbal  de  cette  déclaration,  après  quoi  l'officier 
allemand  était  rentré  à  Sansanné-Mango. 

c  Ayant  remporté  ce  succès,  dont  les  conséquences,  au  point  de 
vue  diplomatique,  étaient  considérables,  le  capitaine  Baud  avait 
quitté  Pâma  pour  venir  nous  joindre. 

c  De  nouveau  réunie  la  mission  passe  à  Tamarga  et  arrive  à 
Pâma.  Bile  avait  donc  parcouru  tout  le  Gourma.  Bantchandé,  notre 
protégé,  voyait  son  autorité  complètement  rétablie.  Ses  adversaires 
s'étaient  tous  soumis  ou  avaient  pris  la  fuite. 

c  Nous  convînmes  de  nous  séparer;  il  fut  décidé  que  je  conduirais 
à  Porto-Novo  une  ambassade  que  le  roi  du  Gourma  désirait  y 
envoyer  pour  témoigner  sa  reconnaissance  au  gouvernement  fran- 
çais, pendant  que  le  capitaine  Baud,  que  ses  fonctions  de  résident 
retenaient  dans  le  pays,  rentrerait  à  Fada-n'Gourma  avec  le  roi. 
Après  avoir  suivi  l'itinéraire  Madjori,  Konkobiri,  Kouandé,  Djougou, 
j'arrivai  le  9  juillet  à  Porto-Novo,  où  les  envoyés  de  Bantchandé 
reçurent  du  gouverneur  le  meilleur  accueil. 

c  Pendant  mon  séjour  à  Porto-Novo,  des  troubles,  survenus  dans 
rarrière-pays  du  Dahomey,  nécessitèrent  l'envoi  d'un  officier  dans 
celte  région,  et  j'eus  l'honneur  d'être  choisi  par  le  gouverneur 
pour  cette  mission.  » 

Chemie*  Barifc»*.--  c  Compris  entre  le  Gourma  et  le  Dendi  au  N., 
le  Dahomey  et  la  colonie  anglaise  de  Lagos  au  S.,  le  pays  bariba 
est  un  plateau  peu  élevé,  de  80,000  kilomètres  carrés  environ  de 
superficie,  bordé  vers  l'O.  et  le  N.-O.  par  une  chaîne  de  montagnes 
granitiques,  l'Atacora,  et  arrosé  par  des  cours  d'eau  assez  importants 
qui  se  jettent  dans  le  Niger  à  TE.,  ou  coulent  vers  l'Océan  au  S. 

c  Le  sol,  très  fertile,  est  propre  à  toutes  les  cultures  tropicales. 
L'arbre  de  karité,  le  gommier,  la  liane  caoutchouc  y  poussent 
naturellement.  Les  chevaux,  les  ânes,  le  bétail  abondent  dans  ce 
pays. 

c  La  population  bariba,  qui  s'adonne  à  la  culture,  est  aussi 
très  guerrière.  Les  cavaliers  sont  armés  de  la  lance  ou  de  la  sagaie, 
les  fantassins  de  l'arc  avec  la  flèche  empoisonnée.  Grâce  â  leurs 


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178  C0MPTE8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

instincts  belliqueux,  les  Baribas  étaient  fort  redoutés  de  leurs  voi- 
sins  Nagots  ou  Yoroubas.  Fréquemment  ils  faisaient  incursion  chez 
eux  pour  enlever  des  esclaves.  Quantité  de  captifs  Nagots  ont  été 
rendus  à  la  liberté  par  notre  expédition. 

c  Les  Peulhs,  dans  cette  région  comme  dans  toute  la  boucle  du 
Niger,  ont  fondé  de  nombreuses  colonies;  ils  ont  de  grands  trou- 
peaux et  prennent,  en  outre,  soin  de  ceux  des  Baribas.  Traités  en 
parias  par  les  gens  du  pays  qui  ne  se  gênaient  pas  pour  les  ran- 
çonner, obligés  de  ruser  pour  conserver  leurs  biens  et  leurs  vies, 
les  Peulhs  sont  en  général  timides  et  fourbes. 

c  Les  Haoussas  sont  également  en  très  grand  nombre  au  pays 
Bariba.  Originaires  du  Sokoto,  ils  vont  en  grandes  caravanes  aux 
marchés  de  Parakou,  Djougou,  Kraki  et  Kola  s'approvisionner  de 
sel,  de  cuivre,  d'étoffes  et  autres  objets  de  fabrication  européenne. 
Beaucoup  se  sont  fixés  dans  le  pays  et  ont  formé,  comme  au  Gourma, 
dans  les  principales  villes  des  quartiers  à  part  dont  la  prospérité 
dépasse  celle  des  quartiers  baribas.  Les  Haoussas  sont  musulmans; 
leurs  chefs  religieux  ou  imams,  lisant  et  écrivant  l'arabe,  sont  devenus 
les  conseillers  des  chefs  qui  en  ont  besoin  pour  correspondre 
entre  eux. 

c  J'ai  parlé,  au  début  de  cette  communication,  des  missions  qui 
avaient  visité  ce  pays  et  traité  avec  les  chefs.  En  janvier  1 897,  le 
lieutenant  de  vaisseau  Bretonnet  allant  au  Niger,  puis,  au  mois 
de  mai,  le  capitaine  Ganier  se  rendant  au  Gourma,  avaient  laissé, 
d'accord  avec  les  chefs  de  ces  États,  un  certain  nombre  de  petits 
postes.  Au  mois  de  juin,  les  Baribas,  comprenant  que  notre  pré- 
sence mettrait  fin  à  leurs  pillages,  résolurent  de  se  débarrasser  de 
nous.  Un  soulèvement  général  se  produisit.  Nos  postes  de  l'inté- 
rieur, trop  faibles  pour  résister,  durent  se  replier.  Celui  de  Kouandé 
à  l'ouest  était  attaqué,  celui  de  Parakou  et  ceux  du  moyen  Niger 
menacés. 

c  II  fallait  aller  au  secours  de  nos  alliés,  forcer  nos  ennemis  au 
respect  des  traités  et  en  outre  venger  la  mort  de  deux  de  nos  com- 
patriotes massacrés  en  1896.  C'est  alors  que  je  fus  nommé  résident 
au  pays  Bariba,  avec  mission  de  pacifier  la  contrée. 

c  Je  partis  de  Porto-Novo  le  23  juillet,  emmenant  avec  moi  les 
hommes  disponibles,  au  nombre  d'une  cinquantaine.  Après  une 
marche  retardée  par  les  pluies,  j'arrivai  le  20  août  à  Kouandé. 

€  La  conclusion  de  la  convention  délimitant  les  possessions 
françaises  et  allemandes  dans  la  boucle  du  Niger  vint  fort  à  propos 
rendre  disponibles  les  garnisons  de  quelques  postes  de  l'ouest  et 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  4898.        179 

permettre  au  gouverneur  de  m'adjoindre  deux  inspecteurs  de  la 
garde  du  Dahomey,  MM.  de  Lavilléon  et  de  Bournazel  et  un  garde 
principal,  M.  Lan,  qui  me  rejoignirent  en  route  et  m'amenèrent 
25  hommes. 

c  Enfin,  70  hommes  qu'avait  avec  lui  le  lieutenant  Aymès,  com- 
mandant le  poste  de  Kouandé,  et  80  porteurs  transformes  en  sol- 
dats, portèrent  notre  troupe  à  225  hommes. 

c  A  Kouandé  notre  premier  soin  fut  de  déclarer  déchu  Ouro-Ali, 
le  chef  qui  avait  attaqué  le  poste,  et  de  nommera  sa  place  un  chef 
des  environs  qui  nous  était  resté  fidèle. 

c  Puis  commencent  les  opérations.  Par  malheur,  les  munitions 
nous  manquaient;  les  convois  de  cartouches  que  le  gouverneur 
avait  fait  diriger  sur  Kouandé,  se  trouvaient  arrêtés  par  les  eaux 
très  hautes  en  cette  saison.  Il  aurait  donc  fallu  attendre.  Mais 
notre  ennemi,  Ouro-Ali,  qui  s'était  retiré  à  Gouteré,  à  peu  de  dis- 
tance au  N.-E.  du  poste,  allait  recevoir  des  renforts.  Le  chef 
de  Ouassa  rassemblait  une  petite  armée  en  arrière  de  la  Bérou, 
deuxième  rivière  à  J'E.,  et  se  proposait  de  venir  à  son  secours. 
En  les  attaquant  immédiatement  nous  les  empêchions  de  se  joindre 
et  nous  les  dispersions  avant  qu'ils  fussent  prêts. 

c  Battus  une  première  fois,  les  Baribas  essuyèrent  une  deuxième 
et  sanglante  défaite  près  du  village  de  Gountia,  et  leurs  débris 
furent  rejetés  au  delà  de  la  rivière  Niaraboli. 

«  Nos  pertes  avaient  été  relativement  grandes,  8  tués  et 
15  blessés,  la  végétation,  très  touffue  en  cette  saison,  ayant  permis 
à  l'ennemi  de  nous  envelopper  et  de  s'approcher  de  très  près  pour 
nous  couvrir  de  ses  flèches,  tout  en  restant  presque  invisible. 
Nous  eussions  été  perdus  sans  l'énergie  et  le  courage  de  mes  com- 
pagnons, MM.  Aymès,  de  Lavilléon,  de  Bournazel  et  Lan  qui 
surentretenir  et  entraîner  leurs  hommes,  soldats  à  peine  dégrossis 
par  quelques  jours  d'exercice. 

c  Quelques  jours  après  être  rentrés  à  Kouandé  (19  septembre), 
nous  apprenions  qu'Ouro-Ali  avait  succombé  à  ses  fatigues. 

«  Pendant  ces  opérations  le  gouverneur  avait  fait  venir  du 
Sénégal  une  compagnie  de  tirailleurs  sénégalais  auxiliaires  et 
recruter  au  Dahomey  une  compagnie  d'Haoussas  auxiliaires;  il 
avait  dirigé  ces  deux  compagnies  sur  Parakou.  D'autre  part,  le 
capitaine  Ganier,  venant  du  Gourma,  arrivait  à  Kouandé  avec  une 
quarantaine  de  tirailleurs  sénégalais  et  amenait  avec  lui  le 
Dr  Bartet,  médecin  de  la  marine,  et  le  lieutenant  Drot. 

c  Le  gouverneur  nous  télégraphia  d'unir,  si  nous  le  pouvions, 


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Itinéraires 

DANS  LE  HAUT  DAHOMEY 

Levés  par  le  Cap*e  L. Vernie  ers  ch 
1895-97 


"ofcASXt, 


'txrvcb'is 


Publia  par  la  Société  a«  Géographi» 


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182  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

nos  forces  pour  marcher  immédiatement  sur  Niki.  Je  laissai  le 
commandement  du  poste  au  lieutenant  Drot  et  partis  avec  toute 
la  colonne  pour  Parakou  où  nous  arrivâmes  le  1"  novembre,  fai- 
sant ainsi  notre  jonction  avec  les  compagnies  venues  du  sud. 
Forts  maintenant  de  410  fusils,  bien  approvisionnés  en  munitions, 
nous  devions  rapidement  venir  à  bout  des  dernières  résistances 
baribas.  Le  capitaine  Ganier,  le  plus  ancien  des  officiers  ainsi 
réunis,  avait  pris  le  commandement  de  la  colonne,  où  j'exerçais 
les  fonctions  de  chef  d'état-major. 

€  Le  4  novembre,  la  colonne  quitte  Parakou.  Les  deux  faits 
saillants  de  la  campagne  furent  la  défaite,  dans  la  matinée  du  9, 
de  toute  l'armée  bariba,  près  des  ruines  de  Péréré,  au  N.  de 
Guinagourou,  puis  l'entrée,  le  13  au  matin,  dans  la  ville  de  Niki 
évacuée. 

c  Un  notable  musulman  était  seul  resté  dans  la  place,  — 
parlementaire  que  le  roi,  Siré  Torou,  en  fuyant,  avait  laissé  là 
pour  qu'il  entrât  en  pourparlers  avec  nous  et  nous  offrit  sa  soumis- 
sion. Nous  renvoyons  cet  homme  en  lui  donnant  mission  de  ramener 
son  mattre,  et,  le  19,  le  roi  de  Niki,  accompagné  de  ses  fils  et  des 
principaux  personnages  de  sa  cour,  arrivait  à  notre  camp  et  se 
remettait  entre  nos  mains.  Un  acte  constatant  sa  soumission  et 
déclarant  son  royaume  annexé  à  la  colonie  du  Dahomey,  fut  aus- 
sitôt dressé  et  signé  par  le  roi  et  ses  ministres. 

€  Le  succès  de  notre  expédition  était  donc  complet;  il  s'ajoutait 
aux  résultats  déjà  obtenus  par  le  lieutenant  de  vaisseau  Bretonnet 
sur  le  moyen  Niger  et  à  ceux  de  notre  mission  au  Gourma.  Le  but 
de  nos  efforts  en  Afrique  occidentale  depuis  quatre  ans  était 
atteint.  La  jonction  du  Dahomey  au  Soudan  et  au  Niger  était  un 
fait  accompli.  > 

Le  Président  rappelle  les  travaux  que  MM.  Gallieni,  Monteil, 
Binger,  etc.,  ont  accomplis  en  Afrique.  Il  félicite  M.  Ver- 
meersch  de  suivre  leur  exemple,  c  Mon  cher  camarade,  vous 
et  vos  camarades  de  la  marine  vous  avez  devancé  sur  le  Niger 
les  rivaux  de  la  France.  Dieu  veuille  conserver  cette  position  à 
notre  pays  !  Vous  avez  bien  mérité  de  la  science  et  de  la  patrie. 
Je  vous  remercie  non  seulement  de  l'intéressante  communication 
que  vous  venez  de  nous  faire,  mais  encore  et  surtout  des  services 
rendus  à  la  France  pendant  cette  campagne.  » 


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SÉANCES  DE8  1*%  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       183 


±5    flb-^rril 
PREMIÈRE  ASSEMBLÉE  GÉNÉRALE  DE  1898 

PRÉSIDENCE    DE   M.    ALPH.    MILNE-EDWARDS 
de  l'Institut,  président  de  lt  Société. 

Aux  côtés  du  Président  prennent  place  :  MM.  Leydier,  délégué 
du  Ministre  de  l'Instruction  publique  ;  le  commandant  Gaffiot,  re- 
présentant le  Ministre  de  la  Guerre;  Pumperneel,  lieutenant  de 
Taisseau,  délégué  du  Ministre  de  la  Marine,  dont  il  est  officier 
d'ordonnance;  Dubard,  secrétaire  général  du  Ministère  des  Colo- 
nies, représentant  le  Ministre.  Siègent  au  bureau  :  MM.  Mau- 
noir,  vice-président  de  la  Société; Le  Myre  de  Vilers,  président 
de  la  Commission  centrale;  baron  Hulot,  secrétaire  général. 

Le  Président  ouvre  la  séance  par  le  discours  suivant  : 

€  Mesdames,  messieurs,  ce  sont  les  rapports  faits  aux  assem- 
blées générales  des  Sociétés  financières  et  industrielles  qui,  en 
présentant  le  bilan  de  Tannée  sur  l'état  des  affaires,  les  montrent 
prospères  ou  languissantes*  Les  actionnaires  attendent  avec  impa- 
tience cet  exposé,  et  quand  il  leur  annonce  la  distribution  d'un 
dividende  considérable,  l'approbation  est  unanime.  Notre  assem- 
blée générale  du  mois  d'avril  donne  aux  membres  de  notre 
Société  des  satisfactions  d'un  ordre  plus  élevé,  car  c'est  à  cette 
occasion  que  les  œuvres,  concourant  aux  progrès  des  sciences 
géographiques,  sont  appréciées  et  qu'elles  reçoivent  les  prix  dont 
nous  pouvons  disposer  ;  nos  rapports  font  connaître  le  bilan  de  nos 
affaires  et,  tous,  nous  nous  considérons  comme  ayant  reçu  de  gros 
dividendes  quand  l'année  a  vu  s'aceomplir  de  beaux  voyages,  des 
explorations  fructueuses  ou  lorsqu'elle  a  été  marquée  par  la  publi- 
cation d'ouvrages  importants. 

c  Celle  qui  vient  de  s'écouier  a  été  bonne  sur  tous  les  points  et 
vous  pourrez  en  juger  par  le  rapport  que  nous  lira,  dans  quelques 
instants,  notre  secrétaire  général,  M.  le  baron  Hulot. 

€  Quelques  Sociétés  ont  le  privilège  de  ne  pas  vieillir,  et  la 
nôtre  reste  toujours  jeune;  sa  vitalité  s'affirme  chaque  jour  davan- 
tage; les  années,  loin  de  l'accabler,  lui  apportent  une  force  nou- 


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184  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

velle,  et  les  gloires  du  présent  s'ajoutent,  dans  ses  annales,  aux 
gloires  du  passé,  augmentant  sans  cesse  le  patrimoine  laissé  par 
ceux  qui  ne  sont  plus. 

c  Dans  le  court  espace  de  temps  qui  sépare  nos  assemblées 
générales,  la  mort  trouve  toujours  quelque  coup  douloureux  à 
frapper  parmi  nous  et  j'ai  à  vous  rappeler  aujourd'hui  les  noms  de 
M.  Roberto  Ivens,  de  M.  Ramon  Lista  (1)  et  du  capitaine  Braulot, 
nous  appartenant  tous  trois  et  tous  trois  disparus  depuis  quelques 
mois. 

c  M.  R.  Ivens,  officier  de  la  marine  royale  portugaise,  était  un 
digne  descendant  de  ces  intrépides  navigateurs  qui  ont  fait, 
au  xve  siècle,  la  grandeur  de  leur  pays;  il  nous  a  raconté  lui- 
même,  il  y  a  quelques  années,  son  périlleux  voyage  de  l'ouest  à 
Test  de  l'Afrique  australe  et,  en  1886,  il  a  été  —  avec  Brito  Gapello 
—  notre  lauréat  pour  la  grande  médaille  d'or. 

c  Le  capitaine  Braulot  commandait  la  mission  du  Lobi,  au  Sou- 
dan français,  lorsqu'il  fut  tué  dans  un  guet-apens  par  le  fils  de 
Samory.  Beaucoup  d'officiers  de  nos  armées  de  terre  et  de  mer 
font  partie  de  la  Société  de  Géographie,  et,  quand  leur  service  les 
envoie  au  loin,  ils  profitent  de  ces  voyages  pour  étudier  les  régions 
qu'ils  parcourent;  nous  recevons  ainsi  les  plus  précieux  docu- 
ments et,  sans  hésiter  jamais,  ils  ajoutent  volontairement  les 
fatigues  et  les  dangers  de  l'explorateur  aux  fatigues  et  aux  dangers 
du  soldat.  Ils  font  leur  devoir  —  plus  que  leur  devoir  —  avec 
toute  la  simplicité  d'un  courage  sûr  de  lui-même  ;  l'idée  du  sacri- 
fice leur  est  familière  et,  quand  ils  succombent,  comme  le  capi- 
taine Braulot,  ils  ont  droit  au  souvenir  ému  de  leurs  compatriotes. 

c  Malheureusement,  le  dévouement  de  nos  voyageurs,  leur 
esprit  d'initiative  et  d'entreprise  ne  suffisent  pas,  malgré  le  nombre 
toujours  croissant  des  expéditions  lointaines,  à  assurer  dans  notre 
pays  le  développement  de  la  géographie;  il  faut,  pour  la  diffusion 
des  connaissances,  pour  la  publication  des  résultats  obtenus,  il 
faut  de  l'argent. 

c  Certainement  les  bonnes  volontés  ne  nous  font  pas  défaut  et, 
cette  année,  nous  avons  reçu  plus  de  2,000  francs  d'un  généreux 
anonyme;  Mme  Louise  Bourbonnaud,  M.  Charles  Maunoir,M.  Mol- 
teni,  d'autres  encore  qui  ne  veulent  pas  être  nommés,  nous  sont 
venus  en  aide  dans  des  moments  difficiles.  Mais  il  est  des  circon- 
stances où  la  Société  de  Géographie  voudrait  être  prodigue  :  quand 

(1)  Secrétaire  général  de  la  Société  de  géographie  de  Buenos-Ayre*. 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       185 

il  s'agit,  par  exemple,  d'aider  un  voyageur  à  résoudre  quelque 
problème  important,  dont  il  a  déjà  préparé  la  solution  par  des 
recherches  antérieures,  ou  quand  il  est  utile  de  publier  les  docu- 
ments rapportés  d'une  expédition  ayant  révélé  des  faits  nouveaux. 
Aussi,  pour  faire  face  à  de  semblables  obligations,  serions-nous 
heureux  de  voir  se  constituer  un  fonds  de  voyages  dont  l'emploi 
serait  déterminé.  Plusieurs  fois  déjà  nous  avons  formulé  ce  désir, 
on  a  même  tenté  de  le  réaliser,  mais  sans  succès,  faute  des  solides 
assises  sans  lesquelles  on  ne  peut  rien  édifier. 

c  Nous  ne  désespérons  pas,  pourtant,  d'atteindre  le  but  que 
nous  poursuivons.  Il  suffirait  pour  cela  que  la  première  pierre 
fût  posée,  que  l'impulsion  fût  donnée.  Ce  sera  l'œuvre,  espérons-le, 
de  quelque  ami  dévoué  de  notre  Société,  et  celle-ci  remplira  dou- 
blement sa  mission,  quand  elle  pourra,  tout  à  la  fois,  encourager 
et  aider  les  voyageurs,  aussi  bien  que  publier  leurs  découvertes. 

c  Je  donne  la  parole  à  M.  le  baron  Hulot  pour  Ja  lecture  de  son 
rapport  sur  les  prix  que  nous  avons  eu  la  satisfaction  de  décerner 
pendant  le  cours  de  l'année.  » 

Le  Secrétaire  général  lit  le  rapport  général  sur  les  prix 
décernés  par  la  Société  et  dont  la  liste,  avec  le  nom  des  lauréats, 
a  été  donnée,  dans  le  numéro  de  février  (C.  R.9  pag.  91-92). 

Il  a  rappelé,  au  cours  de  son  rapport,  que  ce  ne  sont  pas  là  les 
seuls  prix  que  la  Société  distribue.  Chaque  année,  depuis  1872, 
elle  offre  deux  prix  aux  lauréats  du  concours  général  des  lycées 
de  Paris  et  de  Versailles.  Elle  institua,  en  1874,  un  prix  pour  le 
Prytanée  militaire  de  la  Flèche  et,  en  1884,  une  récompense  sem- 
blable pour  l'École  militaire  de  Saint-Maixent.  Ces  prix  se  compo- 
sent d'ouvrages  de  géographie  et  de  récits  de  voyage  :  publications 
de  Vivien  de  Saint-Martin  et  d'Elysée  Reclus,  Atlas  de  M.  Schra- 
der  et  de  M.  Vidal  de  La  Blache,  voyages  de  MM.  Crevaux,  Gal- 
lieni,  de  Foucauld,  Binger,  Bonvalot»  Monteil,  etc. 

Le  rapport  de  M.  le  baron  Hulot  sera  inséré,  suivant  l'usage, 
au  Bulletin  trimestriel.. 

Le  Président  remet  ensuite  les  médailles  à  chacun  des  lauréats. 
Cette  distribution  faite,  il  donne  la  parole  à  M.  le  comte  de  Bar- 
thélémy. 

HinUn  en  indo-Chine.  —  M.  le  comte  de  Barthélémy  est 
parti  en  novembre  1896,  chargé  d'une  mission  par  le  Ministère  de 


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186  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

l'Instruction  publique.  Son  but  était  de  faire  des  études  géogra- 
phiques, économiques9  ethnographiques  et  d'histoire  naturelle, 
de  visiter  le  nord  de  l'Indo-Chine  et  d'une  façon  plus  spéciale  la 
route  de  Vinh  à  Luang-Prabang,  route  presque  inconnue  et  sur 
laquelle  n'existent  guère  que  les  études  du  capitaine  Cupet  et  de 
M.  Massie  (1). 

De  Vinh  jusqu'à  Luang-Prabang,  dit  en  substance  le  conféren- 
cier, on  trouve  d'abord  le  Nghé-An  qui  se  présente  comme  une 
plaine  fortement  mamelonnée;  puis,  dès  qu'on  pénètre  dans  le 
Laos,  à  Cua-Rao,  une  barrière  montagneuse  de  1,200  à  2,000  mètres 
d'altitude.  Au  centre  de  ces  montagnes  le  Tran-Ninh  forme 
comme  une  cuvette  coupée  de  fertiles  vallonnements  et  dominée 
par  des  altitudes  variant  jusqu'à  2,500  mètres.  Pour  se  rendre  de 
Xieng-Khouang,  notre  poste  du  Tran-Ninh,  à  Luang-Prabang,  on 
doit  traverser  une  autre  chaîne  et  descendre  ensuite  brusquement 
sur  le  Mékong. 
Trois  régions  principales  sont  donc  à  étudier  sur  cette  route  : 
Le  Nghé-An,  comprenant  le  cours  du  Song-Cà  jusqu'à  Cua-Rao. 
Le  Tran-Ninh,  où  se  posait  l'étude  du  cours  de  la  Nam-Mô,  et 
des  sommets  habités  par  les  populations  Méos,  puis  le  Tung- 
Xieng-Kham,  la  grande  plaine  fertile  de  la  province  ;  enfin»  le 
Luang-Prabang  et  ses  communications. 

On  connaît  la  richesse  de  la  province  de  Vinh,  dont  l'impôt  rap- 
portait en  1896  37,000  piastres  de  bénéfice  net.  Le  port  de  Vinh, 
Binh-Tuy,  difficilement  abordable  pour  les  grands  navires,  est 
cependant  fréquenté  par  un  vapeur  de  150  tonneaux  des  Message- 
ries fluviales  du  Tonkin;  le  bateau  y  trouve  facilement  kdu  fret. 
Il  faut  citer,  au  point  de  vue  économique,  l'importante  exploitation 
de  MM.  Mange  et  O,  Société  forestière  de  Vinh, qui  a  vendu  à  Paris 
des  pavés  de  bois  fabriqués  là-bas  et  qui  fournit  d'allumettes  la 
colonie. 

Les  voyageurs  quittèrent  Vinh  sur  te  sampan  de  la  résidence,  le 
Samaran,  vapeur  calant  45  centimètres.  Us  eurent  à  subir  quelques 
échouages  sans  importance  et  purent  remonter  jusqu'à  Dong-Gok 
sur  le  Song-Coy,  où  ils  allèrent  donner  lâchasse  à  une  bande  d'élé- 
phants qui  ravageaient  les  cultures.  Après  un  récit  émouvant  de  cette 
chasse,  le  conférencier  fait  remarquer  que  ces  animaux,  nuisibles 


(1)  M.  la  comte  de  Barthélémy  était  accompagné  de  son  ami,  M.  Jean  de  Neuf- 
ville,  et  d'un  jeune  préparateur  d'histoire  naturelle,  Paul  Cabot.  —  Voir  la  carte 
do  Vinh  à  Luang-Prabang,  jointe  à  ce  numéro. 


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SÉANCB8  DES  1",  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       187 

actuellement,  pourraient  cependant  faire  la  fortune  de  la  colonie, 
si  'on  savait  les  capturer  vivants.  Ils  trouveraient  sur  place  leur 
emploi  en  débardant  les  gros  troncs  de  Loin  pour  la  Société  fores- 
tière. 

De  Cuy-Chanh  à  Gua-Rao,les  transports  se  font  par  des  sampans 
annamites  de  faible  dimension.  L'aspect  du  pays  présente  des 
hauteurs  rocheuses,  analogues  à  celles  de  la  baie  d'Halong.  I)  en 
est  ainsi  jusqu'à  Keng-Trap  où  commencent  à  paraître  les  premiers 
contreforts  de  la  chaîne  du  Tran-Ninh.  Dans  cette  région  vivent 
parallèlement  des  Annamites  et  des  Muongs  ou  Phou-Thengs.  Ces 
derniers  ont  peu  de  distinctions  ethniques.  M.  de  Barthélémy  les 
représente  comme  une  race  paresseuse,  sans  écriture  ni  culture 
intellectuelle.  Leur  religion  est  une  croyance  superstitieuse  aux 
Pi  ou  esprits  malfaisants,  mélangée  d'un  reste  de  souvenir  du  culte 
des  ancêtres  qu'on  pourrait  peut-être  attribuer  à  une  teinte  de 
confucianisme.  Pour  eux,  le  mariage  est  un  accouplement;  la  pa- 
renté se  fonde  sur  la  maternité.  Le  Muong  fume  l'opium  comme  ses 
congénères  laotiens  et  ce  poison  l'abâtardit  de  plus  en  plus. 

Jusqu'à  Cua-Rao,  le  Song-Cà  est  navigable  pour  les  petits  sam- 
pans en  saison  sèche,  mais  le  commerce  y  est  faible.  Le  fleuve  est 
coupé  de  quelques  rapides  qu'on  peut  franchir  sans  trop  de  difficulté. 

11  n'en  est  pas  de  même  pour  la  Nam-Hô.  On  la  représente 
comme  des  plus  pittoresques,  mais  on  y  constate  de  nombreux 
rapides  et  quelques  chutes  d'eau  où  l'on  doit  transborder  à  dos 
d'hommes  le  chargement  des  pirogues.  Les  villages  des  environs 
sont  tous  habités  par  des  Phou-Thengs. 

Arrivés  à  Ta-Dô,  les  voyageurs  eurent  de  la  peine  à  réunir  vingt 
porteurs;  au  bout  de  six  jours,  ils  purent  enfin  monter  à  Ban* 
Mokhou,  le  premier  village  niéo  de  la  région,  à  1,600  mètres 
d'altitude.  Ces  Méos  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  Kivière  Noire  : 
sauf  de  légères  différences  dans  l'accentuation,  leur  vocabulaire  est 
identique  à  celui  qui  a  été  recueilli  par  le  prince  Henri  d'Orléans. 
M.  de  Barthélémy  les  croit  d'ailleurs  arrivés  récemment  au  Tran- 
Ninh  ;  leur  nombre  croît  tous  les  jours  et  on  peut  en  compter  5  à 
6,000  actuellement.  Plus  commerçants  que  les  Phou-Thengs,  ils 
pourront,  si  on  sait  les  prendre,  rendre  des  services  à  la  colonisa- 
tion. Ces  Méos  aiment  à  danser;  ils  ont  un  pas  analogue  à  celui  de 
la  danse  dite  c  Petite-Russienne  ». 

Sur  le  sommet  des  montagnes  largement  ondulées,  les  Méos 
élèvent  quelques  petits  bœufs  porteurs,  dont  les  troupeaux  trou- 
vent de  bons  pâturages.  A  partir  de  Ban-Sang-Hia,  en  quitte  la 


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488  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

montagne  pour  les  vallons  du  plateau  du  Tran-Ninh.  Le  pays  se 
présente  comme  très  favorable  à  l'élevage  ;  il  est  de  toute  néces- 
sité d'y  créer  bientôt  des  voies  de  communication,  possibles  au 
moins  pour  des  animaux  porteurs,  la  population  étant  écrasée  par 
la  charge  que  lui  impose  la  réquisition  des  transports.  Une 
remarque  importante  est  la  similitude  d'aspect  du  Tung-Xieng- 
Kham  avec  certains  coins  de  notre  Provence.  La  température  y  est 
douce;  des  bois  de  pins  couvrent  les  sommets  et  des  aloès  pous- 
sent dans  les  parties  dénudées.  Le  thermomètre  descend  très  près 
de  0  en  hiver  et  on  a  vu  cette  année  de  la  glace  à  Xieng- 
Khouang.  Le  climat  est  très  sain,  et  des  colons  pourraient  y  vivre 
agréablement. 

Le  poste  de  Xieng-Khouang,  faiblement  peuplé,  est  peu  central; 
il  est  question  de  le  transférer  à  Ban-Ban,  capitale  du  Xieng-Kham. 

Les  voyageurs  eurent  à  subir  quelques  désagréments  de  Xieng- 
Khouang  à  Luang-Prabang  :  une  attaque  de  tigre  avait  mis  le  dé- 
sordre dans  leur  campement;  un  incendie  de  forêt  vint  les  priver 
d'eau  toute  une  journée.  De  Ban-Sot  à  Muong-You  les  porteurs 
doivent  faire  deux  jours  de  marche  en  montagne  et  ces  hommes 
sont  trop  peu  résistants  pour  une  aussi  longue  étape. 

M.  de  Barthélémy  passe  ensuite  à  Luang-Prabang.  Le  problème 
des  Communications  n'y  est  pas  encore  résolu.  Xe  lieutenant 
de  vaisseau  Simon  assure  que  la  navigabilité  du  Mékong  pour 
les  vapeurs  devra  s'arrêter  à  Vien-Tiane,  le  Keng-May  ne  pouvant 
être  franchi  d'une  façon  régulière  par  des  bateaux  de  commerce. 
Le  marché  de  Luang-Prabang,  dont  le  mouvement  commercial  se 
monte  à  1,600  tonnes,  est  alimenté  par  Bangkok,  mais  notre  colonie 
se  ravitaille  difficilement  par  la  llivière  Noire.  Le  service  des  ba- 
teaux Colombert  et  Trentinian,  se  fait  régulièrement  sur  le  bief 
de  Vien-Tiane  et  les  travaux  de  la  route  de  Hué  à  Savannakhek  sont 
en  voie  d'exécution.  11  y  aurait  peut-être,  pour  ces  communications, 
lieu  de  jeter  les  yeux  sur  le  Siam  et  de  relier  Ban-Mouc-Dahan, 
Oubon,  Melouprey,  Siemréap  et  Pnom-Penh,  ce  serait  la  mise  en 
valeur  assurée  du  Laos  jusqu'à  Vien-Tiane,  et  les  colons  viendraient. 

Après  ces  considérations  économiques,  M.  de  Barthélémy  ter- 
mine sa  communication  par  cette  péroraison  très  applaudie  :  c  Au 
temps  où  le  sort  des  armes  faisait  ta  grandeur  des  peuples,  les 
Français  ont  été  les  premiers  guerriers  ;  à  une  période  rapprochée, 
quand  on  leur  a  demandé  d'être  législateurs,  ils  ont  porté  leur  code 
dans  toute  l'Europe  ;  aujourd'hui,  on  leur  demande  l'initiative  indivi- 
duelle, des  aptitudes  commerciales.  La  première  génération,  effrayée 


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SÉANCES  DBS  4",  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.  189 

de  l'effort  qu'on  attendait  d'elle,  a  baissé  la  tête  et  a  dit  :  c  Mais 
nous  ne  sommes  pas  colonisateurs.  >  On  voit  maintenant  la  jeu* 
nesse  se  lever  et  se  préparer  à  la  lutte  économique  à  laquelle  on 
l'a  conviée.  Nous  avons  été  les  premiers  par  les  armes  ;  nous  avons 
eu  une  place  prépondérante  dans  la  législation  ;  pourquoi,  cette 
fois  encore,  n'arriverions-nous  pas  les  premiers  ?  > 

Après  cette  communication,  le  Président  s'adressant  au  voya- 
geur, prononce  les  paroles  suivantes  : 

c  Monsieur,  je  voudrais  que  vous  eussiez  beaucoup  d'imitateurs  ; 
les  voyages,  comme  le  vôtre,  apportent  quelque  chose  de  bon,  non 
seulement  à  la  géographie,  aux  sciences  naturelles,  à  l'ethnogra- 
phie, à  la  linguistique,  mais  encore  à  celui  qui  les  entreprend 
virilement.  Il  trouve  là  le  noble  emploi  de  forces  qui  resteraient 
inutiles,  de  qualités  qui  ne  pourraient  s'affirmer  et  qui  se  déve- 
loppent largement  pendant  ces  expéditions  où  les  difficultés  sont 
sans  cesse  renaissantes. 

c  Notre  colonie  d'Extrême-Orient  si  discutée,  si  attaquée,  gagnera 
certainement  à  être  bien  connue,  et  vous  aurez  contribué,  par  vos  ' 
travaux  et  vos  recherches,  à  éveiller  le  désir  de  l'étudier  dans  ses 
parties  les  plus  reculées  et  à  tirer  profit  de  toutes  ses  ressources. 
Nous  vous  en  remercions  au  nom  de  la  science  et  du  pays.  > 


2  S  avril 


SEANCE    EXTRAORDINAIRE 

PrésMeaee  de  M.  A.  MILIE-E0WARD9 

de  l'Institut,  président  de  la  Société. 

CENTENAIRE    DE    VASCO    DE    QAMA 

Au  bureau  prennent  place,  à  côté  du  Président,  MM.  de  Souza 
Rosa,  Ministre  plénipotentiaire  du  Portugal  à  Paris;  —  Camille 
Guy,  chef  du  Service  géographique  au  Ministère  des  Colonies,  délé- 
gué par  son  Ministre,  —  H.  Pumperneel,  lieutenant  de  vaisseau, 
délégué  par  le  Ministre  de  la  Marine.  Sur  l'estrade,  les  membres 
de  Ja  légation  du  Portugal  et  les  représentants  du  comité  portu- 

SOC  DE  GÉOGR.  —  C.  R.  DES  SÉANCES.  —  N°  -4.  —  Avril.  14 


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■  *:i7 


190  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

gais  du  centenaire  de  Vasco  de  Gama,  parmi  lesquels  le  vicomte 
de  Wildik. 
Le  Président  ouvre  la  séance  par  le  discours  suivant  : 

c  Mesdames,  messieurs,  il  y  a  quatre  cents  ans,  Vasco  de  Gama 
abordait  aux  Indes  sur  la  côte  de  Malabar.  C'était  le  20  mai  1498 
que  ce  navigateur  illustre  achevait  l'admirable  voyage  où,  pour 
la  première  fois,  on  atteignait  l'Asie  en  contournant  le  grand  con- 
tinent africain. 

c  Pendant  tout  le  cours  du  xv*  siècle,  les  Portugais  avaient, 
sans  se  lasser,  multiplié  les  expéditions  maritimes  et,  d'étape  en 
étape,  ils  étaient  arrivés  jusqu'au  cap  de  Bonne-Espérance  que 
Barthélémy  Diaz  avait  même  doublé  en  i486.  Quelques  années 
plus  tard,  il  était  réservé  à  Vasco  de  Gama  d'ouvrir  par  mer,  aux 
Européens,  la  route  si  désirée  des  Indes,  de  ce  pays  fabuleux  où, 
dj  sait-on,  de  merveilleuses  richesses  se  trouvaient  réunies. 

c  Dans  toute  grande  chose  accomplie  à  l'aide  du  temps  et  par 
l'énergique  persévérance  de  plusieurs  générations,  il  y  a  un  nom 
qui  domine  les  autres  dans  le  souvenir  des  hommes;  Gama.  résume, 
pour  ainsi  dire,  en  lui  plus  de  soixante-dix  années  d'efforts  conti- 
nus; sou  triomphe  est  comme  la  synthèse  de  toutes  les  épreuves 
patiemment  endurées,  de  toutes  les  vies  sacrifiées,  de  toutes  les 
intelligences,  de  toutes  les  ardeurs  consacrées,  pendant  près  d'un 
siècle,  à  l'œuvre  qui,  d'un  petit  peuple,  fit  une  nation  puissante 
dont  l'influence  s'étendit  rapidement  sur  tout  l'Extrême-Orient. 

c  Aussi,  lorsqu'il  revint  à  Lisbonne,  ne  ramenant  malheureuse- 
ment de  cette  rude  campagne  qu'un  petit  nombre  de  ses  compa- 
gnons, l'enthousiasme  fut  grand,  et 'le  roi  Dom  Emmanuel  fit  élever, 
à  Bélem,  le  beau  temple  de  Santa  Maria,  en  mémoire  du  succès 
de  cettte  périlleuse  et  magnifique  expédition  dont  il  nomma  le 
chef,  Amiral  des  mers  de  VInde,  de  la  Perse  et  de  l'Arabie. 

c  Non  seulement  les  Portugais  avaient  découvert  la  voie  nou- 
velle par  où  tant  de  richesses  allaient  affluer  en  Europe,  mais, 
grâce  à  leurs  nombreux  voyages,  la  géographie,  la  cosmographie, 
l'art  de  la  navigation,  si  incertain,  si  difficile  à  cette  époque,  firent 
d'énormes  progrès  et  leurs  cartes  maritimes  sont  les  premières  qui 
furent  dressées. 

c  II  est  permis  de  croire  qu'au  xv*  siècle  —  comme  de  nos  jours 
— :  le  partage  des  biens  de  ce  monde  était  surtout  désiré  par  ceux 
qui  ne  les  possédaient  pas,  car  le  Portugal  mit  un  soin  extrême  à 
barrer  la  route  des  Indes  aux  autres  nations,  et  la  divulgation 


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\'  SÉANCES  DES  1»  5,  15  BT  25  AVRIL  1898        191 

de  cette    route,  ou  d'une  carte  la  jalonnant,  était  punie  de 
mort 

c  Avant  le  voyage  de  Vasco  de  Gama,  chacun  déjà  gardait 
jalousement  ses  conquêtes,  on  cherchait  même,  d'une  manière 
assez  curieuse  et  originale,  à  empiéter  sur  celles  du  voisin,  et 
nous  voyons,  dans  les  intéressantes  Études  historiques  et  géogra- 
phiques de  notre  savant  collègue  M.  Hamy,  qu'après  la  publication 
de  la  bulle  du  pape  Alexandre  VI  qui,  en  1493,  avait  tracé  à  tra- 
vers le  globe  une  ligne  idéale  pour  limiter  le  domaine  de  l'Espagne 
et  celui  du  Portugal,  des  cartographes  ne  se  firent  aucun  scrupule 
de  raccourcir  systématiquement,  ou  d'allonger  certaines  routes, 
afin  de  placer  sous  la  domination  de  leur  pays,  des  contrées,  des 
îles  bonnes  à  exploiter,  faussant  ainsi  les  découvertes  géogra- 
phiques au  profit  des  intérêts  commerciaux. 

c  Mais  la  lumière  finit  toujours  par  avoir  raison  des  ténèbres  et 
le  chemin  maritime  de  l'Orient  fut  bientôt  connu.  Si  les  Portugais 
en  restèrent,  pendant  quelque  temps  encore,  presque  les  maîtres, 
c'est  qu'ils  étaient  les  premiers,  les  plus  habiles  navigateurs  du 
monde  et  qu'on  ne  pouvait  lutter  aisément  contre  eux. 

c  L'esprit  d'entreprise  et  d'aventure,  qui  animait  ces  infati- 
gables chercheurs,  les  conduisit  non  seulement  au  Levant  et  sur 
les  côtes  d'Afrique  où  ils  fondèrent  de  florissantes  colonies,  mais 
aussi  à  l'intérieur  du  continent  noir  et,  dès  1487,  leurs  mission- 
naires avaient  atteint  Tombouctou  ! 

c  Ces  glorieux  souvenirs  sont  vivants  dans  tous  les  cœurs  por- 
tugais et  la  Société  de  géographie  de  Lisbonne  est  la  gardienne 
fidèle  de  ces  nobles  traditions  nationales.  Bientôt  la  mémoire  de 
Vasco  de  Gama  sera  célébrée,  par  de  grandes  fêtes,  dans  le  pays 
qu'il  a  illustré,  et  nous  nous  associons  à  l'avance  aux  honneurs  qui 
hii  seront  rendus. 

c  M.  Cordier,  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Védel,  M.  le  marquis 
de  la  Mazelière  vont,  tour  à  tour,  vous  entretenir  de  ce  grand 
homme  et  de  tout  se  qui  se  rattache  à  ses  expéditions. 

c  Mais  avant  de  donner  la  parole  à  M.  Cordier,  je  veux  remercier 
M.  le  Ministre  de  Portugal,  représentant  de  S.  M.  le  roi  Charles  Ier, 
d'avoir  accepté  l'invitation  de  la  Société  de  Géographie.  Votre  pré- 
sence ici,  monsieur  le  Ministre,  est  le  garant  des  sentiments  de  cordia- 
lité que  votre  pays  éprouve  pour  le  nôtre  et  vous  pourrez  constater, 
une  fois  de  plus  aujourd'hui,  combien  ces  sentiments  sont  réci- 
proques et  combien  la  France  a  gardé  un  reconnaissant  souvenir 
de  la  part  si  considérable  que  le  Portugal  a  prise,  dès  le  xv#  siècle, 


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192  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

aux  progrés  de  l'humanité.  Je  remercie  aussi  M.  le  Ministre  des 
Colonies  et  M  «le  Ministre  de  la  Marine,  qui  ont  bien  voulu  se  faire 
représenter  à  la  célébration  de  ce  centenaire.  > 

Le  programme  portait  les  communications  suivantes  : 

1°  Relations  de  V Europe  et  de  l'Asie  avant  et  après  le  voyage 
de  Vasco  de  Gama,  par  M.  le  professeur  Henri  Cordier. 

2#  Voyage  de  Vasco  de  Gama,  par  M.  Emile  Védel,  lieutenant 
de  vaisseau. 

3°  L'Inde  à  t époque  de  Vasco  de  Gama,  par  M.  le  marquis  de 
La  Mazeliére. 

Relation*  de  l'Europe  et  de  1* Aole  avant  et  après  le  voyage 
de  Ta«co  de  cmbi.  —  Le  centenaire  que  nous  célébrons  aujour- 
d'hui marque  une  des  dates  les  plus  mémorables  de  l'histoire  du 
monde.  En  effet,  lorsque  Vasco  de  Gama,  le  22  novembre  1497, 
doublait  la  cap  de  Bonne-Espérance,  où,  dix  années  auparavant, 
Barthélémy  Diaz  était  parvenu,  l'état  politique  de  l'Europe  et  de 
l'Asie  allait  subir  une  transformation  complète,  et  les  voies  de 
commerce  être  entièrement  renouvelées.  Aux  Italiens  de  la  Médi- 
terranée et  aux  Musulmans  de  l'océan  Indien,,  le  commerce  asia- 
tique échappait  complètement  pour  passer  aux  mains  des  Portugais, 
et  l'ancienne  route  du  sud  de  l'Afrique  faisait  concurrence  à  celle 
de  la  mer  Rouge,  à  laquelle,  de  nos  jours  seulement,  Ferdinand  de 
Lesseps  rendit  son  importance  en  creusant  le  canal  de  Suez. 

Depuis  longtemps,  l'influence  maritime  des  Catalans,  des  Véni- 
tiens et  des  Génois  était  incontestée  dans  la  Méditerranée  :  la  lutte 
séculaire  entre  Gênes  et  sa  grande  rivale,  Venise,  avait  paru  un 
instant  se  décider  en  faveur  de  la  première,  lorsque  Lamba  Doria 
eut  écrasé  les  galères  de  Saint-Marc  à  la  bataille  de  Curzola,  le 
7  septembre  1298;  mais  à  la  fin  du  xiv*  siècle,  la  victoire  fut  assurée 
à  la  Reine  de  l'Adriatique. 

A  Tépoque  des  Mongols  de  Gengis  Khan,  les  voyageurs  européens 
abondaient  sur  les  grands  chemins  et  les  côtes  d'Asie.  11  y  avait 
alors  trois  routes  pour  se  rendre  dans  l'Asie  orientale  :  deux  par 
terre,  par  l'Asie  centrale  pour  aller  d'abord  à  Kachgar,  puis  plus 
tard  à  Khan  Bàliq,  itinéraire  d'aller  de  Marco  Polo;  par  le  Kou- 
kounor,  le  Tibet  et  le  Badakchan,  itinéraire  de  retour  d'Odoric  de 
Pordenone;  la  troisième,  par  mer,  était  plus  longue,  mais  plus 
sûre  que  les  précédentes.  Pour  éviter  les  vexations  des  sultans 
mamelouks  d'Egypte,  le  voyageur  prenait  de  préférence  la  route 


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SÉANCES  DBS  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.  193 

de  Perse,  où  régnaient  depuis  1258  les  Ilkhans  mongols  de  la 
dynastie  de  Houlagou;  il  s'embarquait  à  Ormouz  et  de  nombreuses 
escales  sur  la  côte  malabare,  Ceylan,  la  péninsule  malaise  lui  per- 
mettaient de  se  rendre  en  Chine. 

L'apparition  du  Croissant  ferma  les  routes  de  terre  dès  le  milieu 
du  xiv*  siècle,  et  les  missionnaires  européens  d'Hi  Bâliq  furent 
massacrés  ;  d'autre  part,  la  cbute  des  Mongols  de  Chine  et  l'avène- 
ment des  Ming  en  1368  arrêtèrent  pour  longtemps  les  voyages  des 
Européens  dans  le  pays.  La  route  de  Chine  par  mer  resta  donc 
libre  aux  concurrents;  mais,  à  l'époque  qui  nous  occupe,  les  Musul- 
mans terrorisaient  l'océan  Indien,  grâce  à  leurs  forteresses  d'Aden, 
d'Ormouz  et  de  Cal i eut,  tandis  que,  par  Malacca,  ils  commandaient 
tout  le  eommerce  de  l'Extrême-Orient. 

Venise,  vue  d'un  œil  favorable  en  Egypte,  recevait  par  ses  agents 
les  produits  d'Asie,  et  avait  en  quelque  sorte  le  monopole  exclusif 
de  leur  distribution  en  Europe.  Des  Moluques,  venaient  la  noix 
muscade,  les  clous  de  girofle,  l'ébène  ;  de  Bornéo,  le  camphre  ;  de 
Timor,  le  bois  de  santal;  de  Sumatra,  le  benjoin;  de  Cochinchine, 
l'aloès;  de  la  Chine,  les  soies;  de  Birmanie,  les  rubis;  de  Ceylan, 
des  pierres  précieuses  de  toute  espèce;  de  Malabar,  le  poivre,  etc., 
aussi  ses  navires,  lourdement  chargés,  enrichissaient-ils  les  mar- 
chands de  la  grande  République. 

Cependant  l'Islam,  qui  avait  déjà  porté  au  loin  en  Asie  ses  armes 
victorieuses,  menaçait  à  la  fois  la  chrétienté  dans  sa  religion  et 
son  commerce  :  la  bataille  de  Nicopolis,  en  1396,  où  la  fleur  de  nos 
chevaliers,  sous  la  conduite  de  Jean  sans  Peur,  fut  tuée  ou  faite 
prisonnière,  put  faire  croire  un  instant  que  Bayezid  Uderim  allait 
pénétrer  dans  la  capitale  du  grand  Constantin.  Les  hordes  mon- 
goles de  Timour  Lenk  arrêtèrent  pour  un  demi-siècle  à  Angora 
(1402)  le  triomphe  du  Turc  ottoman,  et  ce  ne  fut  qu'en  1453  que 
Mohammed  II,  après  une  lutte  terrible  ou  périt  noblement  le  der- 
nier empereur  grec,  Constantin  Dragazès,  transforma  l'antique 
Byzance  en  Stamboul,  Sainte-Sophie  en  mosquée,  et  planta  sur  le 
sol  européen  l'étendard  du  Prophète  qui  s'est  avancé  jusque  sous  les 
murs  de  Vienne  et  flotte  encore  à  l'entrée  du  Bosphore  de  Thrace. 

L'Europe  ne  pouvait  rester  esclave  dans  son  commerce.  Le  voyage 
de  Marco  Polo,  la  hantise  d'une  route  vers  les  Indes  orientales 
semblaient  tout  dominer.  La  lettre  du  savant  Florentin,  Paolo  del 
Pozso  Toscanelli,  dont  on  célèbre  en  ce  moment  même  le  cente- 
naire dans  sa  ville  natale,  lettre  adressée  au  chanoine  Fernando 
Martinez,  de  Lisbonne  en  1474,  est  bien  explicite  à  ce  sujet  et 


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194  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

presque  prophétique  ;  mais  ce  grand  mathématicien  ne  pouvait  pré- 
voir que  les  grandes  découvertes  de  l'Amérique»  dues  à  des  Ita- 
liens, Christophe  Colomb,  Cabot,  Àmeric  Vespucci,  seraient  faites 
au  profit  de  l'Espagne  et  de  l'Angleterre,  et  qu'un  autre  petit  pays 
d'Europe  allait  retrouver  la  route  et  faire  la  conquête  de  l'océan 
Indien. 

Je  laisse  à  mon  collègue,  M.  le  lieutenant  de  vaisseau  Védel,  le 
soin  de  vous  retracer  l'origine  des  découvertes  portugaises  dues 
au  prince  Henri  le  Navigateur  et  aux  marins  de  l'école  de  Sagres 
qu'il  avait  créée,  ainsi  que  la  vie  de  Vasco  de  Gama,  et  de  vous 
faire  le  récit  du  grand  voyage  de  1497-1498. 

Immédiatement  à  la  suite  de  Vasco  de  Gama,  de  grands  chefs 
assurent  les  résultats  de  sa  navigation  :  c'est  l'Islam  qu'il  faut 
combattre. 

Tour  à  tour,  commandent  Edouard  Pacheco,  l'Achille  portugais; 
Francisco  de  Almeida,  premier  vice-roi  des  Indes,  qui,  le  3  février 
1509,  écrase  devant  Diu  les  flottes  combinées  du  soudan  d'Egypte 
et  des  rajahs  de  Calicut  et  de  Cambaye.  C'est  enfin  le  grand 
Alphonse  d'Albuquerque  qui  promène  triomphant  le  drapeau  por- 
tugais depuis  Malacca  jusqu'à  Aden.  Ses  projets  pour  la  grandeur 
du  Portugal  étaient  extraordinaires.  La  flotte  portugaise  remonte 
pour  la  première  fois  la  mer  Rouge.  En  1508,  il  expédie  en  Abys- 
synie,  gouvernée  alors  pendant  la  minorité  du  roi  David,  par 
Hélène,  des  envoyés  avec  des  lettres  et  un  fragment  du  bois  de  la 
vraie  Croix  pour  obtenir  que  les  Abyssins  détournent  le  cours  du 
Nil;  les  eaux  du  fleuve  se  déversant  dans  la  mer  Rouge,  l'Egypte 
serait  ainsi  ruinée  et  surtout  le  port  de  Suez,  dont  l'importance 
faisait  une  concurrence  redoutable  au  commerce  portugais.  Cette 
ambassade  porta  ses  fruits,  car  le  roi  d'Abyssinie  envoya  à  la  cour 
de  Portugal  un  Arménien,  nommé  Mathieu,  qui,  en  février  1514, 
fut  fort  bien  reçu  par  Dom  Manoel. 

La  prise  de  Malacca,  où  Diego  Lopez  de  Sequeira  avait  établi 
une  factorerie  dès  1509,  par  Albuquerque,  le  11  août  151  Couvrait 
la  Chine,  l'Indo-Chine  et  l'archipel  Indien  à  l'activité  portugaise. 
Malacca  devient  un  grand  entrepôt  où  arrivent  tous  les  produits 
de  l'Extrême-Orient.  Le  roi  de  Portugal,  Dom  Manoel,  écrit  de 
Lisbonne  au  pape,  le  6  juin  1513  : 

c  II  y  avait  alors  à  Malacca  des  marchands  étrangers  de  Sumatra, 
de  Pégou,  de  Java,  de  Gorez  et  de  l'Extrême-Orient  de  la  Chine, 
qui,  ayant  obtenu  la  permission  d'Alphonse  [Albuquerque]  la 
liberté  de  faire  le  commerce,  transportèrent  leur  habitation  près 


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SÉANGBS  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       195 

de  la  eitadelte  et  promirent  obéissance  au  Portugal  et  d'accepter 
sa  monnaie.  > 

Immédiatement  après  ce  siège  mémorable,  l'un  des  premiers 
souverains  qui  aient  félicité  Albuquerque  de  la  prise  de  cette  cita* 
délie,  fut  le  roi  de  Si  ara,  Phra  Borom  Raxa,  car  c'était  à  ses  dépens 
que  les  Musulmans  s'étaient  établis  à  Malacca.  En  signe  d'amitié, 
il  envoya  au  conquérant  portugais  une  coupe  d'or,  une  escarboucle 
et  un  sabre  incrusté  d'or.  En  réponse  à  ces  présents  du  prince, 
qui  était  considéré  comme  le  plus  puissant  de  tous  ces  pays, 
Albuquerque  expédia  quelques  agents  à  sa  cour.  Du  Siam,  les  Por- 
tugais devaient  facilement  pénétrer  au  Laos  et  au  Cambodge,  dont 
le  nom  nous  vient  des  Portugais. 

En  1511,  Albuquerque  envoie  Ruy  Nufies  d'Acuûha  à  l'embou- 
chure de  Tlrraouaddy;  en  1517,  les  Portugais,  avec  Jean  de  Sil- 
veira,  arrivent  à  Ghittagong,  dans  l'Arakan.  En  1514,  ils  avaient 
débarqué  à  Canton;  plus  tard,  ils  établissaient  un  comptoir  sur 
la  rivière  de  Ning-po,  à  Liampo,  entre  Tchin-haï  et  Ning-po,  et 
un  autre  dans  le  Fou-kien,  à  Chin-cheo.  En  1553,  sous  le  règne 
de  l'empereur  Wan  li,  les  Portugais  créaient  dans  l'île  de  Macao 
une  ville  sous  le  nom  de  Cidade  do  nome  de  Deos.  En  1542,  le 
hasard  d'un  naufrage  fait  aborder  Fernao  Mendez  Pinto  à  Tane-ga- 
shima  et  apprend  ainsi  aux  Portugais  à  connaître  le  Japon.  Le 
Tong-king,  le  Pégou,  Ceylan  :  tout  leur  devient  une  proie  facile 
et  riche. 

En  même  temps  que  le  Portugal  était  victorieux  dans  tout 
l'océan  Indien,  la  Croix  était  représentée  par  saint  François-Xavier, 
qui,  après  avoir  évangélisé  les  Indes  et  le  Japon,  allait  pénétrer 
en  Chine,  lorsque  la  mort  le  frappa,  le  2  décembre  1552,  dans  l'Ile 
de  San-tchouen;  il  laissait  à  ses  successeurs,  et  en  particulier  à  Mat- 
teo  Ricci,  l'honneur  de  renouveler  dans  l'empire  du  Milieu  les  tra- 
ditions chrétiennes  du  moyen  âge  et  d'y  jeter  les  bases  de  mis- 
sions qui,  aujourd'hui  encore,  sont  une  des  gloires  de  la  France. 

Vinrent  des  jours  plus  difficiles,  retardés  par  Jean  de  Castro  et 
Louis  d'Ataîde.  L'Espagne  annexait  le  Portugal,  et  la  politique 
de  Philippe  H  entraînait  la  lutte  avec  les  puissances  du  Nord. 

L'emprisonnement  à  Lisbonne  de  Cornelis  Houtman  (1594)  lui 
permettait  de  prendre  les  renseignements  nécessaires  pour  orga- 
niser la  première  expédition  hollandaise  qui  le  fit  aborder  à  Ban- 
tam  en  1596.  La  capture  en  1592  du  navire  Madré  de  Dio$>  con- 
duit à  Dartmoutb,  livra  à  l'Angleterre  le  secret  du  commerce 
portugais  dans  l'Inde  ;  aussi,  lorsque  en  1640  le  drapeau  de  Bra- 


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196  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

gance  lut  hissé  à  nouveau  sur  la  ville  de  Macao,  le  domaine  asia- 
tique du  pays  était  singulièrement  diminué. 

Je  croirais  téméraire  et  inutile  de  poursuivre  cet  aperçu  histo- 
rique jusqu'à  des  époques  plus  récentes;  le  génie  latin  ne  peut 
que  s'enorgueillir  des  grandes  découvertes  des  XVe  et  xvi*  siècles. 

Noire  Société,  en  célébrant  le  centenaire  d'un  illustre  naviga- 
teur, n'a  pas  voulu  seulement  rappeler  la  date  d'un  grand  fait 
géographique,  mais  retracer  la  formidable  épopée  d'un  vaillant 
peuple,  auquel  n'a  même  pas  manqué  son  barde. 

Gamoéns,  en  écrivant  dans  la  grotte  de  Macao  les  Lusiades, 
dont  il  sauvait  le  manuscrit  à  la  nage,  lors  de  son  naufrage  au  cap 
Saint-Jacques,  non  seulement  fixait  la  langue,  mais  immortalisait 
la  littérature  de  son  pays  en  chantant  : 

c  Les  combats  et  les  héros  fameux,  qui  partis  des  rives  occi- 
dentales de  la  Lusitanie  et  s'élançant  à  travers  des  mers  jus- 
qu'alors inexplorées,  laissèrent  loin  derrière  eux  la  Taprobane 
après  avoir  surmonté  mille  obstacles.  > 

Henri  Gordier. 

voy*c*  *•  ▼•■«•  *e  fiama.  —  M.  Emile  Védel,  lieutenant  de 
vaisseau,  commence  par  rappeler  tout  ce  que  le  Portugal  doit  à 
l'infant  dom  Henrique,  le  plus  jeune  des  fils  du  roi  Jean  I",  celui 
qu'on  a  surnommé  c  Le  Navigateur  ».  De  son  expédition  à  Ceuta, 
où  les  Portugais  s'établirent  au  commencement  du  xv*  siècle,  il 
rapporta,  disent  les  chroniqueurs,  c  une  sorte  d'inclination  à  dé- 
couvrir de  nouvelles  terres  et  des  mers  inconnues.  >  Les  marines 
chrétiennes  n'avaient  longtemps  connu  que  le  cabotage,  c'est-à-dire 
la  navigation  qui  consiste  à  aller  de  pointe  en  pointe,  sans  pour 
ainsi  dire  quitter  les  côtes.  Mais  avec  l'invention  et  surtout  le 
perfectionnement  de  la  boussole,  ainsi  que  d'autres  instruments 
servant  à  la  navigation,  les  essais  se  multiplièrent. 

Depuis  l'année  1418  où  les  vaisseaux  de  Gonzalès  Zarco  et  de 
Tristan  Vaz  vinrent  se  heurter  au  rocher  de  Porto-Santo,  jusqu'au 
jour  où  Barthélémy  Diaz  de  Novaes  et  Joam  infante  atteignirent  en 
1487  le  fameux  cap  de  Bonne-Espérance,  qu'ils  avaient  d'abord 
nommé  0  cabo  Tormentoso,  eu  souvenir  de  la  tempête  qui  le  leur 
fit  doubler,  les  découvertes  des  Portugais  se  succèdent  avec  éclat 
le  long  de  la  côte  d'Afrique. 

Les  premières  pensées  d'Emmanuel,  après  avoir  pris  posses- 
sion du  trône  laissé  vacant  par  la  mort  de  son  cousin  Jean  II  (1495), 
furent  pour  les  Indes.  Jean  II  lui  avait  laissé  de  précieux  rensei- 


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SÉANCES  DBS  1er,  5,  15  Et  25  AVRIL  1898.       197 

gnements  sur  la  route  à  suivre  au  delà  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance, résultat  de  l'expédition,  en  1487,  de  Pedro  da  Covilham  et 
d'Affonso  de  Païva.  Ces  deux  habiles  arabisants,  avaient  été  en- 
voyés au  Caire  avec  mission  de  passer  aux  Indes  si  possible  et  de 
trouver  le  royaume  du  fameux  prêtre  Jean,  le  roi  chrétien  d'Abys- 
u'nie,  dont  l'existence  avait  préoccupé  tout  le  moyen  âge.  Le  roi 
de  Portugal  pensait  pouvoir  tirer  grand  proât  pour  ses  projets  de 
l'alliance  d'un  souverain  de  foi  chrétienne;  mais  il  fallait  pour 
cela  commencer  par  reconnaître  la  situation  de  ses  États  que  l'on 
plaçait  indifféremment  en  Asie  où  en  Afrique. 

M.  Védel  fait  le  résumé  de  cette  expédition  où  Pedro  da  Covil- 
ham, embarqué  sur  un  boutre  à  destination  des  Indes,  visita  Ca- 
nanor,  Calicut  et  Goa;  puis  revint  à  Sofala,  port  de  la  côte 
d'Afrique,  placé  vis-à-vis  de  la  partie  méridionale  de  Madagascar, 
et,  de  là,  regagna  le  Caire. 

L'océan  Indien,  était  autrement  rude  à  naviguer  que  la  région 
des  ?ents  alizés  de  l'Atlantique  nord,  que  les  Espagnols  avaient 
déjà  surnommé  le  golfe  des  Dames  ;  c'était  la  mer  féconde  en 
cyclones,  au  seuil  de  laquelle  se  dressait  le  redoutable  cap  des 
Tempêtes. 

Aussi  fallait-il  des  navires  plus  solides  que  les  caravelles  lé- 
gères dont  on  s'était  servi  jusque-là;  le  roi  fit  donc  construire  spé- 
cialement pour  l'expédition  qu'il  projetait  et  dont  il  chargea 
Vasco  da  Gama,  deux  navires,  le  San  Gabriel  de  120  et  le  San 
Rafaël  de  100  tonneaux,  auxquels  il  joignit  le  Berrio,  caravelle 
de  50  tonneaux. 

Vasco  da  Gama  était  à  ce  moment-là  un  jeune  capitaine  de  30  à 
40  ans,  car  la  date  de  sa  naissance  n'a  pas  été  fixée  d'une  façon 
authentique;  il  descendait  d'une  famille  qui  s'était  distinguée  dans 
les  armes,  sur  terre  comme  sur  mer,  et  avait  déjà  acquis  du  re- 
nom dans  les  expéditions  africaines. 

Ses  portraits  le  montrent  gros,  d'une  taille  médiocre;  son 
visage  s'enflammait  facilement  quand  il  entrait  en  colère,  et  il  de- 
venait alors  terrible.  11  passait  facilement  les  bornes  d'une  juste 
séférité  dans  la  répression,  mais  il  avait  une  énergie  indomp- 
table, et  les  difficultés  grandissaient  les  ressources  et  la  fermeté 
de  son  caractère. 

Vasco  da  Gama  montait  le  San  Gabriel;  son  frère  atné,  Paulo  da 
Gama,  reçut  le  commandement  du  San  Raphaël  et  Nicolas  Coelho 
rot  choisi  pour  commander  la  caravelle.  Les  meilleurs  pilotes  du 
Portugal  furent  embarqués  sur  les  trois  navires.  Des  interprètes 


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198  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES.  . 

des  idiomes  africains  et  de  la  langue  arabe  furent  adjoints  aux 
équipages.  Tout  compris,  Vasco  da  Gama  emmenait  160  hommes, 
dont,  hélas  !  plus  de  la  moitié  devait  périr  en  route. 

Le  récit  du  voyage  mémorable  de  Vasco  da  Gama,  écrit  de  sa 
main,  a  disparu.  La  seule  relation  authentique  qui  en  soit  parve-' 
nue  jusqu'à  nous  est  le  journal  d'un  matelot  que  Ton  croit  s'être 
appelé  Alvaro  Velbo  du  San  Gabriel. 

C'est  dans  ce  naïf,  mais  véridique  Roteiro  ou  livre  de  bord  que 
Ton  peut  suivre  les  principales  étapes  de  la  route. 

On  se  mit  en  route  le  8  juillet  U97.  Le  17  décembre,  Vasco  da 
Gama  dépassa  l'estuaire  du  Rio  Infante,  le  point  extrême  atteint 
par  Barthélémy  Diaz. 

Le  10  janvier  1498,  l'expédition  mouilla  devant  l'embouchure 
d'un  petit  fleuve  pour  faire  de  l'eau  douce  ;  la  ration  avait  dû  être 
réduite  à  1/3  de  litre  par  personne  et  par  jour. 

Le  22,  da  Gama,  qui  avait  doublé  Sofala  sans  s'en  douter,  attei- 
gnit une  rivière  assez  importante  qu'il  nomma  le  Rio  dos  Bôes 
Signaes.  Malheureusement,  ses  équipages  commencèrent  à  res- 
sentir les  premières  atteintes  du  scorbut. 

Le  10  mars,  les  Portugais  mouillèrent  au  large  de  Mozambique. 

Le  petit  sultan  du  pays  leur  apprit  que  les  terres  du  Prêtre-Jean 
étaient  dans  l'intérieur,  et  qu'on  ne  pouvait  y  aller  qu'à  dos  de 
chameau.  Mais  lorsque  les  indigènes  reconnurent  qu'ils  avaient 
affaire,  non  à  des  musulmans,  mais  à  des  chrétiens,  ils  dressèrent 
une  embuscade  à  l'aiguade  où  les  navires  venaient  s'approvision- 
ner. 

A  leur  grande  surprise,  les  Portugais  virent  les  boutres  arabes 
qu'ils  trouvèrent  là,  munis  de  boussoles  c  génoises  >,  de  cartes 
plates,  et  d'instruments  de  navigation  semblables  aux  leurs. 

L'expédition  mouilla  le  7  avril  à  Monbaxc. 

Le  22,  le  capitaine  général  insista  énergiquement  pour  avoir  un 
pilote  indien.  Le  sultan  finit  par  en  envoyer  un,  qui  se  nommait 
Malenio  Canaca  et,  en  retour,  da  Gama  donna  la  liberté  aux 
otages  qu'il  avait  retenus  pour  garantir  sa  sécurité. 

Le  24  avril,  c'est-à-dire,  il  y  a  aujourd'hui  exactement  quatre 
cents  ans  et  un  jour,  l'escadre  portugaise  quitta  Mélinde,  pour 
cingler  vers  la  côte  indienne  où  elle  atteignit  Calicut. 

Cette  ville  était  alors  la  capitale  de  la  partie  méridionale  de  la 
côte  du  Malabar  et  le  centre  d'un  riche  commerce  entre  les  lies  à 
épices  situées  au  delà  du  détroit  de  Malacca  et  les  ports  arabes. 
En  U98,  le  souverain  indien  de  Calicut  se  nommait  Samoudri- 


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SÉANCES  DBS  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       199 

Rajah,  ce  qui  veut  dire  le  roi  de  la  Côte,  nom  devenu  fameux  dans 
les  chroniques  portugaises  qui  en  firent  le  Zamorin. 

Vaseo  da  Gaina  obtint  une  audience  du  prince,  niais  les  pré- 
sents relativement  mesquins  qu'il  déposa  au  pied  du  trône  avec  la 
lettre  de  Dom  Manuel  ne  donnèrent  pas  au  Rajah  une  haute  idée 
de  la  puissance  du  roi  chrétien. 

Aussi,  fut-il  presque  fait  prisonnier  à  son  retour  du  palais  et,  si 
ses  navires  étaient  entrés  dans  le  port  de  Calicut,  ils  eussent  été 
aussitôt  assaillis.  Mais  l'énergie  de  Vasco  da  Gama  était  à  la  hau- 
teur de  toutes  les  circonstances.  Avant  de  descendre  à  terre,  il 
ordonna  à  son  frère  Paul,  en  vertu  de  ses  pouvoirs,  que,  quand  bien 
même  il  verrait  qu'on  lui  portât  le  poignard  dans  le  cœur,  il  pré- 
férât le  service  du  roi  au  soin  de  sa  vie  ;  qu'il  ne  fit  pas  le  moindre 
mouvement  pour  le  secourir,  mais  qu'il  appareillât  sur-le-champ 
pour  retourner  au  Portugal,  afin  d'y  rendre  compte  au  roi  du 
détail  de  leur  voyage  et  de  la  découverte  des  Indes. 

En  partant  (5  novembre  1498),  Vasco  da  Gama  se  chargea  d'une 
lettre  du  Zamorin  au  roi  de  Portugal,  écrite  sur  une  feuille  de 
palmier,  et  dont  la  teneur  laconique  nous  a  été  conservée  : 

c  Vasco  da  Gama,  gentilhomme  de  votre  maison,  est  venu  en 
mon  royaume,  ce  qui  m'a  été  agréable.  En  mon  royaume,  il  y  a 
force  cannelle,  force  girofle,  gingembre,  poivre  et  pierres  pré- 
cieuses en  quantité;  ce  que  je  désire  du  tien,  c'est  de  l'or,  de  l'ar- 
gent, du  corail  et  de  l 'écarta te.  » 

Les  Portugais  firent  terre  à  Magadoxo,  â  400  milles  environ  au 
nord  de  Mélinde,  où  ils  arrivèrent  le  7  janvier  1499. 

Le  1*  février,  ils  mouillèrent  sous  la  côte  de  Mozambique,  et  le 
3  mai,  ils  atteignirent  la  baie  de  San  Braz. 

Le  20,  ils  doublaient  le  cap  de  Bonne-Espérance.  A  la  hauteur 
des  lies  du  Cap-Vert,  Nicolas  Goelho  se  trouva  séparé  des  deux 
autres  navires,  soit  fortuitement,  soit  intentionnellement;  il  profita 
de  sa  marche  plus  rapide  pour  arriver  le  premier  à  Lisbonne.  Le 
10  juillet,  il  apportait  la  nouvelle  du  succès  de  l'expédition.  Vasco 
da  Gama  avait  relâché  aux  lies  du  Cap-Vert  pour  soulager  ses 
équipages  de  nouveau  décimés  par  le  scorbut. 

L'épreuve  la  plus  pénible  de  toutes  attendait  l'amiral  au  moment 
où  il  allait  toucher  au  port.  A  Terccira,  l'une  des  Açores,  il  eut  la 
douleur  de  perdre  son  frère,  le  commandant  du  San  Rafaël. 

Enfin,  deux  ans  et  deux  mois  après,  son  départ,  Vasco  rentrait 
dans  le  Tage. 

A  Lisbonne  eut  lieu  une  splendide  réception  royale,  pendant 


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£00  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

que  des  réjouissances  étaient  ordonnées  dans  tout  le  royaume 
pour  célébrer  un  événement  qui  valut  au  roi  Dom  Manuel  d'être 
appelé  le  Fortuné. 

Les  équipages  furent  magnifiquement  récompensés.  Vaseo  da 
Gama  reçut  la  qualification  de  Dom,  qui  confère  la  grandesse  por- 
tugaise, et  le  titre  d'amiral  des  mers  des  Indes.  Dom  Manuel  lui 
assura  des  revenus  dignes  de  son  nouveau  rang,  et  y  joignit  des 
privilèges  commerciaux. 

En  un  mot»  il  fut  traité  d'une  façon  assez  analogue  à  celle  dont 
Christophe  Colomb  l'avait  été  par  Ferdinand  et  Isabelle.  Comme 
l'amiral  génois,  il  semble  être  ensuite  tombé  dans  une  défaveur  que 
l'histoire  a  constatée  sans  l'expliquer.  Après  un  second  voyage  aux 
Indes  en  1501,  on  n'entend  plus  parler  de  Vasco  da  Gama  que  pour 
le  voir  condamné  à  quitter  une  des  villes  dont  il  tirait  ses  reve- 
nus. C'est  seulement  après  la  mort  d'Emmanuel  le  Fortuné  qu'on 
qu'on  le  voit  reparaître  sur  la  scène  publique. 

l/lade  à  l'époque  de  Vaseo  de  «uu.  — Au  XV*  siècle,  tout, 
dans  l'Inde,  semble  confusion.  Point  d'empire  :  des  États  féo- 
daux aux  frontières  sans  cesse  déplacées.  Point  de  société  bien 
établie  :  des  milliers  de  castes,  qui  se  transforment.  Point  de 
religion  reconnue  de  tous  :  le  Bouddhisme  a  disparu  et  le  Brahma- 
nisme véritable  est  chose  du  passé.  Par  contre,  l'essai  de  ces 
nombreux  cultes,  que  l'on  comprend  aujourd'hui  sous  le  nom 
de  religion  hindoue.  Us  se  ramènent  à  trois  groupes  :  l'adora- 
tion des  déesses  ou  Çaktis  ;  le  Vishnuisme,  où  la  prière  s'adresse 
à  l'Idéal,  qui  vit  dans  tous  les  êtres»  plus  particulièrement  les 
héros  et  les  saints  (Rama  et  Krishna)  ;  le  Çivalsme,  panthéisme 
grossier,  dont  les  ascètes  ont  tiré  une  morale  austère  et  une 
philosophie  mystique. 

Cette  époque  de  confusion  présente  un  grand  intérêt  à  deux 
points  de  vue.  D'abord,  c'est  du  ix*  au  xvu*  siècle  qu'apparurent 
les  réformateurs,  dont  les  miracles  sont  devenus  populaires  par  la 
c  légende  des  saints  »  :  Çankara,  le  fondateur  de  la  philosophie 
moderne  (ix* siècle) ;  Ramanuja  (xu°  siècle) ;  Vallabha  (xvi*  siècle); 
le  mystique  Çaitanya  (xvi*  siècle);  Kabir,  qui  convertit  le  Ben- 
gale (1380-1420);  Nanak  Shah,  qui  fonda  la  secte  des  Sicks  (1469). 

Ensuite,  c'est  le  temps  où  la  lutte  fut  le  plus  acharnée  entre 
les  Hindous  et  les  Musulmans  (Arabes,  Persans,  Afghans,  Turcs  et 
Mongols).  Cette  lutte,  qui  dura  douze  siècles  et  se  termina  par  la 
victoire  des  Hindous,  bientôt  vaincus  eux-mêmes  par  les  Anglais, 


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SÉANCES  DBS  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.        201 

a  laissé  son  souvenir  dans  le  Romancero  national.  Au  moyen  âge, 
les  lettrés  écrivaient  en  sanscrit  les  derniers  des  Puranas  et  des 
Upani8hads.  Mais  les  prakrits,  les  anciens  dialectes  populaires, 
se  transformèrent  du  vuie  siècle  au  xv*  dans  les  idiomes  d'aujour- 
d'hui (Hindi,  Gujerati,  Marhatti,  Penjabi,  Bengali).  Ghacun'de  ces 
idiomes  a  ses  hymnes  religieux  et  ses  ballades.  Les  auteurs  restés 
le  plus  populaires»  sont  Chaud  Bardai,  qui  chanta  les  malheurs  du 
dernier  roi  hindou  de  Delhi  (xiie  siècle),  et  Tulsi  Das,  le  traducteur 
hindi  du  Ramayana. 

Du  xi9  au  xv*  siècle,  il  y  eut  huit  grandes  séries  d'invasions 
musulmanes  |:  Ghaznivides  (Turcs),  1001-1186;  maison  de  Ghor 
(Afghans),  1186-1206;  rois  esclaves,  ainsi  dénommés  à  cause  de 
l'origine  servile  du  premier  d'entre  eux  (Turcs)»  1206-1290;  maison 
de  Khilji  (Turcs),  1290-1320;  maison  de  Tughlak  (Turcs  du  Pen- 
jab),l320-UU;  Sayvides  (1414-1450);  Lodis  (Afghans),  1450-1526; 
maison  de  Timur  (1526-1857)  (1). 

L'histoire  du  Dekhan  est  en  quelque  sorte  distincte  de  l'histoire 
de  l'Inde  continentale.  Tandis  que,  dans  le  nord,  les  invasions  ont 
transformé  la  population  primitive,  le  sud  est  encore  habité  par 
des  peuples  de  race  dravidienne.  Les  Tamils,  le  plus  important  de 
ces  peuples,  se  civilisèrent  rapidement.  Le  Moyen  Âge  marque 
l'apogée  de  leur  littérature  avec  les  écrits  philosophiques  des 
Jains  (ix*  au  xiu*  siècle),  dont  le  chef-d'œuvre  est  le  Chinta- 
mani,  une  épopée  de  quinze  mille  lignes;  la  traduction  du  Ramayana 

|  par  Kambar,  qui  est  probablement  du  xne  siècle  ;  les  hymnes  à 

I  Vishnu  et  à  Çiva.  Cette  époque  est  également  celle  où  le  style 

dravidien  produit   ses  plus  beaux  monuments  :  Tanjore  (?  xif- 

|  xn«  siècles);  Madura  (?  xiv9  —  xvn«  siècles);  Velore  (xive  siècle); 

Ghilambram  (les  plus  belles  parties,  x*  et  xV  siècles). 

|  Dans  les  temps  anciens,  le  midi  de  l'Inde  se  divisait  en  trois 

royaumes  :  les  Pandyas  à  Madura;  les  Gholas  à  Gombaconam,  puis 
à  Tanjore;  lesCheras  à  Talkad,  aujourd'hui  disparu,  dans  le  My- 
sore.  Au  xir  siècle,  ces  royaumes  avaient  perdu  leur  importance. 
Tous  les  États  du  midi  de  l'Inde  relevaient  de  Vijayanagar,  fondé 
vers  1118.  Près  d'Hospet  (station  de  Bellary),  on  voit  encore  sur 
les  bords  du  Tungabhadra,  un  affluent  du  Krishna,  les  ruines  de 
cette  ville,  que  les  Portugais  appelaient  Bisnaga  (manuscrits  por- 

;         tugais  de  ?  1525  et  ?  1535,  publiés  en  1898). 

|  (1)  L'invasion  de  Timur  (Tamerlan)  est  de  1398-1390,  mais  ce  fut  seulement  son. 

arrière-petlt-fils  Babar  (1482-1530)  qui  tenta  de  s'établir  dans  les  Indes;  l'em- 
pire mongol  eut  pour  fondateur  Akbar  (1550-1605),  petit-flls  de  Babar. 


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202  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

Les  rajas  de  Bis naga  furent  les  plus  héroïques  défenseurs  de 
l'Inde  contre  les  Musulmans.  Dès  1347,  ceux-ci  fondèrent  dans  le 
Dekhan  un  royaume,  qui  comprenait  à  peu  près  les  États  actuels 
du  Nizam;  la  capitale  était  à  Kalbargah.  Ce  royaume  fut  démembré 
à  la  fin  du  xv*  siècle.  Cinq  États  se  partagèrent  son  territoire  :  Gol- 
eoode  depuis  Hyderabad,  Bidar,  Berar,  Ahmadnagar,  enfin  Bijapur, 
fondé  en  1489,  qui  détint  au  xvu*  siècle  le  plus  grand  empire  du 
midi  de  l'Inde  et  dont  les  monuments  sont  parmi  les  plus  beaux 
de  l'Asie.  Au  xvie  siècle,  ces  États  formèrent  une  confédération 
pour  accabler  Vijayanagar  :  la  vicloire  de  Talikut  (1565)  mit  fin  à 
la  résistance  des  Hindous. 

Bien  qu'ils  appartinssent  à  des  rajas  hindous,  les  ports  de  la 
cèle  de  Malabar  avaient  pris  une  grande  importance  :  les  Maures 
y  achetaient  les  produits  de  l'Inde,  principalement  les  épices  qu'ils 
revendaient  aux  Vénitiens.  Ces  ports,  Goa,  Cananore,  Calicut,  Co- 
chin,  Quilon,  etc.,  dépendaient  de  ^Vijayanagar;  le  roi  de  Calicut 
(Zamorin)  exerçait  une  sorte  de  suzeraineté  sur  les  autres  souve- 
rains de  la  côte.  Dans  toute  cette  région,  la  caste  la  plus  influente 
était  celle  des  Nairs,  les  nobles;  ils  avaient  pour  adversaires  les 
chrétiens  de  Saint-Thomas  (Nestoriens)  qui  formaient  une  confé- 
dération religieuse  et  militaire. 

Tel  était,  l'état  de  l'Inde  à  l'époque  où  les  Portugais  y  abor- 
dèrent. Si  le  régime  féodal  y  eût  subsisté,  les  Européens  eussent 
facilement  réussi  à  la  conquérir.  Mais,  à  la  même  époque,  Babar, 
descendant  de  Timur,  fondait  l'empire  des  Mongols,  qui,  sous  son 
petit-fils  Akbar,  devint  l'un  des  plus  puissants  États  du  monde 
entier.  La  conquête  européenne  fut  ainsi  retardée  de  deux  siècles 
et  demi. 

Le  programme  annoncé  étant  épuisé,  le  Président  remercie  les 
conférenciers  : 

c  Grâce  à  votre  savante  érudition,  monsieur  Cordier,  à  votre  expé- 
rience consommée  de  marin,  monsieur  Védel,  à  votre  science  d'explo- 
rateur, monsieur  de  la Mazelière,  nous  pouvons  apprécier  pleinement 
l'œuvre  de  Vasco  de  Gama. 

c  Vous  avez  su  faire  revivre,  dans  vos  intéressants  récits,  non 
seulement  la  figure  de  ce  grand  navigateur,  mais  aussi  cette 
époque  féconde  où  l'énergie  et  l'ardeur  des  hommes  semblaient  se 
décupler  et  qui  est  à  la  fois  très  lointaine  et  très  proche  de  nous, 
car  toutes  les  nations  sont  encore  animées  du  mouvement  dont  elle 
a  donné  l'impulsion. 


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SÉANCES  DES  l*r,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.  203 

c  Recevez  donc  les  sincères  remerciements  de  la  Société  de 
Géographie  pour  le  concours  que  vous  avez  bien  voulu  lui  prêter.» 

Le  représentant  du  Portugal  se  lève  à  son  tour  : 
c  Je  suis  heureux,  dit-il,  d'avoir  assisté  à  cette  séance  consacrée 
à  célébrer  le  centenaire  du  grand  navigateur,  et  je  tiens  à  remercier 
les  intéressants  conférenciers  qui  ont  pris  ce  soir  la  parole.  Cette 
séance  ne  pourra  que  resserrer  les  lient  de  sympathie  entre  la 
France  et  mon  pays. 

c  Je  désire  remercier  aussi  le  Président  de  cette  savante  Société, 
qui  a  bien  voulu  organiser  la  solennité  d'aujourd'hui  et  qui  a  pensé 
à  m'y  convier.  J'ensuis  heureux  comme  Portugais  et  comme  repré- 
sentant du  Portugal  et  je  vous  prie  d'agréer  tous  mes  sentiments 
de  gratitude,  en  mon  nom  et  au  nom  de  mon  pays.  > 


II.  —  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES  (1) 

ASIE 

L'île  Haï-Non  :  Se»  populations.  —  A  la  suite  des  récents 
événements  sino-européens,  l'Ile  d'Hai-Nan  semble  être  entrée 
dans  la  zone  d'influence  de  la  France. 

Deux  éléments  peuplent  cette  terre  :  les  autochtones  et  les 
Chinois,  qui,  venus  du  continent,  occupent  les  meilleures  terres; 
ce  sont  les  plus  nombreux. 

Les  historiens  nous  ont  appris  qu'il  existait  une  race  insulaire, 
non  encore  assimilée  aux  Célestes;  mais  ils  se  sont  bien  gardés 
d'étudier  leur  langage  et  leur  origine;  aussi  quelques  personnes 
pensaient-elles  retrouver  à  Hai-Nan  —  ce  que  des  découvertes 
récentes,  dans  les  îles  voisines,  avaient  révélé,  —  des  restes  de 
tribus  de  Négritos,  comme  à  Formose,  aux  Philippines,  à  Malacca. 

Ici,  rien  de  semblable.  Hai-Nan  par  sa  flore  tient  absolument  du 
continent  voisin,  auquel  naguère  il  était  relié  par  la  presqu'île  de 
Loui-tcheou  (Louei-tsiou).  Les  aborigènes  sont  donc  des  rejetons 
de  tribus  qui  peuplent  les  régions  voisines  de  Hai-Nan;  leur  simi- 
litude de  langue  du  moins  nous  l'assure. 


(1)  Labondanco  des  matières  nous  oblige  à  réduire  ce  chapitre.  Le  complément 
des  Nouvelle*  géographique»  et  les  Notes  figureront  dans  le  numéro  des  séances 
de  mai  des  Comptes  rendus. 


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204  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Les  insulaires  sont  en  majorité  de  la  grande  race  Tai-chan.  De 
nos  jours  ils  habitent  le  sud  du  Yun-nan,  le  Tonkin,  le  Kouang-si, 
mais  ils  ont  presque  disparu  devant  l'émigration  chinoise  dans  la 
partie  continentale  du  Kouang-tong. 

Ainsi  les  diverses  branches  de  cette  famille  aux  appelations  mul- 
tiples :  Tai  dans  le  haut  Tonkin,  ThO  à  Gao-bang,  I-jen  en  Chine,  - 
sont  proches  parentes  des  autochtones  de  Hai-Nan,  nommés  Sai 
ou  S'iai. 

Les  Sai  ont  le  visage  allongé  et  la  mâchoire  droite  ;  cependant 
la  face  est  assez  large  à  l'endroit  des  pommettes,  mais  elle  va  en 
se  rétrécissant  vers  le  menton;  les  cheveux  sont  noirs,  lisses  et 
droits,  les  yeux  moyens  et  pas  bridés.  Le  nei  est  large  à  la  base, 
la  bouche  grande  et  le  menton  assez  petit. 

Le  teint  brun  foncé  donne  souvent  des  reflets  olivâtres,  d'autres 
fois  tirant  un  peu  sur  le  rouge;  ce  ton  de  peau  est  d'un  aspect 
qui  contraste  avec  le  teint  relativement  clair  de  la  race  chinoise. 

Leurs  cheveux  sont  généralement  ramenés  sur  le  haut  du  front 
pour  former  un  petit  chignon  ;  d'autres  fois,  ils  sont  tortillés  en 
forme  de  tire-bouchon. 

Le  costume  rappelle  celui  dos  peuples  primitifs  :  une  simple 
bande  de  cotonnade  passée  entre  les  jambes  et  enroulée  en  cein- 
ture autour  des  reins  compose  tout  l'uniforme  de  la  majorité  de 
la  race;  cependant,  dans  certaines  tribus,  dans  les  familles  plus 
fortunées  et  chez  ceux  qui  fréquentent  d'une  manière  suivie  les 
marchés  chinois,  les  hommes  portent  une  sorte  de  veste  en  coton 
écru,  grisâtre  ou  brunâtre,  descendant  jusqu'aux  cuisses;  deux 
manches  se  terminant  aux  plis  du  coude  sont  assujetties  à  la  veste. 

La  femme  se  tatoue  ;  elle  est  vêtue  d'un  court  jupon  pris  à  la 
ceinturé  et  qui  couvre  le  genou  ;  une  petite  camisole  de  couleur 
foncée,  flottante  et  souvent  brodée,  descendant  jusqu'à  la  taille, 
couvre  la  poitrine. 

La  race  Sai  est  robuste  et  assez  bien  développée  ;  parmi  les 
hommes  que  j'ai  mesurés,  les  deux  plus  grandes  tailles  ont  été 
i  m.  72  et  1  m.  69;  elles  m'ont  paru  au-dessus  de  la  moyenne. 

Les  habitations  sont  sur  pilotis,  un  toit  arrondi  en  fer  à  cheval 
descend  jusqu'à  terre,  faisant  ainsi  un  second  refuge  du  rez-de- 
chaussée,  qui  est  réservé  au  bétail. 

A  côté  de  ces  autochtones,  on  rencontre  une  fraction  de  Miao- 
tse,  connus  ici  sous  le  nom  de  Miou,  installée  dans  l'île  bien  avant 
l'arrivée  des  Chinois,  et  dont  la  branche  principale  est  à  750  kilo- 
mètres en  ligne  droite  dans  les  régions  élevées  de  Koui-tcheou. 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.        205 

C'est  par  l'absorption  d'un  certain  nombre  de  ces  insulaires  que 
les  colons  chinois  ont  créé  des  familles  et  ont  converti  une  partie 
de  l'Ile  à  leurs  mœurs  ;  aussi  la  race  conquérante  est-elle  très  peu 
homogène,  et  les  différentes  manières  de  s'exprimer  sont-elles 
multiples. 

Seule  la  partie  N.-E.  d'Hai-Nan  forme  une  réelle  unité.  C'est 
dans  ee  pays  que  la  langue  hok-lo,  originaire  d'Àmoy,  est  devenue 
prépondérante.  Sa  suprématie  date  de  l'époque  de  Xo-xien-ka,  le 
fameux  pirate  qui  chassa  les  Hollandais  de  Formose,  et  qui  fit  des 
gens  sur  les  limites  du  Kouang-tong,  Fo-Kien,  des  écu meurs  de 
mer,  mais  également  des  colons  qui  aujourd'hui  forment  le  fond 
de  la  population  de  Formose,  de  Hai-Nan  et  de  la  péninsule  de 
Loui-tcheou.  Claudios  Madrolle. 


AFRIQUE 

Ethiopie.  —  Voyage  du  vicomte  de  Poncins  chez  les  Somalis, 
les  Adals  et  les  Gallas.—  c  Addis  Abbaba  (Ghoa),  19  février  1898.  — 
je  suis  arrivé  il  y  a  quelques  jours  à, Addis  Abbaba.  11  y  avait 
trois  mois  que  j'avais  quitté  Djibouti  pour  parcourir  les  pays  Soma- 
lis  et  Adals,  qui  sont  entre  le  Ghoa  et  la  côte.  L'absence  du  ras  Ma- 
konnen,  qui  actuellement  est  chargé  de  diriger  l'expédition  que  le 
Negus  a  envoyée  dans  la  direction  du  Nil  pour  soumettre  le  pays  au 
sud  du  Nil  d'Abyssinie  ou  Albaïe,  s'est  vite  manifestée  dans  les 
plaines  :  les  indigènes  naturellement  assez  turbulents  et  amis  des 
razzias,  n'ayant  plus  grand'chose  à  craindre  de  Harrar,  ont  pris 
leurs  lances  et  recommencé  à  voler  les  chameaux  et  les  moutons  des 
voisins.  Ces  petites  affaires  ne  se  terminent  guère  sans  quelques 
morts,  et  plus  d'une  fois  j'ai  été  gêné  par  la  rencontre  de  bandes 
indigènes  armées.  Gela  m*a  permis  de  voir  un  peu  les  procédés  de 
guerre  de  ees  différentes'  peuplades,  procédés  qui  diffèrent  de 
tribu  à  tribu  et  qui  certainement  sont  les  mômes  depuis  un  temps 
immémorial.  J'ai  aussi  eu  la  bonne  chance  de  n'avoir  pas  à  me 
mêler  directement  à  tout  cela,  la  vue  de  mes  carabines  suffisant 
pour  inspirer  le  respect  à  ces  pillards. 

€  La  vallée  de  l'Aouache,  où  j'ai  séjourné,  est  malsaine;  mes 
hommes  y  ont  beaucoup  souffert  des  fièvres.  Elle  n'est  pas  cultivée, 
car  les  indigènes  sont  des  demi-nomades  pasteurs.  Il  suffirait 
cependant  d'un  peu  d'irrigation  pour  en  faire  une  vallée  très  fer- 
tile. La  couche  d'alluvions  y  est  très  profonde  et  produirait  ce 

SOC.  DE  GÉOGR.  —  C.  R.  DES  SÉANCES.  —  11°  4.  —  Avril.  15 


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)  ■ 


206  COMPTE8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

qu'on  voudrait  si  Ton  importait  dans  cette  région  des  cultivateurs 
hindous  ou  chinois.  L'Àouache  a  toujours  une  quantité  d'eau  assez 
grande  pour  que  la  sécheresse  ne  soit  pas  à  craindre  sur  ses 
rives. 

c  Le  déboisement  systématique  des  montagnesjdu  Harrar,  que  les 
Gallas  incendient  à  outrance  sous  le  regard  bienveillant  des  auto- 
rités abyssines,  se  fait  sentir  dans  les  plaines  que  j'ai  parcourues. 
Les  rivières  qui  étaient  alimentées  par  de  grandes  forêts  pro- 
fondes, cessent  de  couler.  L'eau  courante  arrivait  autrefois,  na- 
guère même,  dans  des  régions  où  il  faut  maintenant  creuser  le 
sable  pour  en  trouver,  et  ce  n'est  qu'à  plusieurs  heures  en  amont 
qu'on  la  trouve  à  la  surface.  Des  rivières  plus  importantes  ont 
perdu  la  moitié  de  leur  débit,  et  les  pluies  se  font  plus  rares  sous 
le  vent  des  montagnes  autrefois  revêtues  de  forêts,  aujourd'hui 
dénudées  et  couvertes  seulement  d'herbes  sèches. 

c  J'ai  eu  à  plusieurs  reprises  à  souffrir  des  mauvais  procédés 
des  petits  chefs  abyssins.  Le  Negus  m'a  fait  bon  accueil  et,  quand 
je  vais  reprendre  le  chemin  de  la  côte,  il  me  donnera,  j'espère,  les 
lettres  qui  m'éviteront  une  partie  des  ennuis  habituels. 

c  Avant-hier  la  mission  russe  sous  les  ordres  du  général  Ylaa- 
sof  est  arrivée.  On  l'a  bien  reçue;  environ  2,000  hommes  ont  été 
envoyés  à  sa  rencontre.  Mme  Ylassof  accompagne  son  mari  qui  a 
sous  ses  ordres  un  certain  nombre  d'officiers  choisis  et  une  escorte 
de  43  cosaques.  D'autres  Européens  sont  en  route  pour  monter  ici. 

c  Suivant  toutes  probabilités,  je  rentrerai  en  France  vers  le 
mois  de  mai.  » 

Vu  EDMOND  DE  PONONS. 


OCÉANIE 

ifoiiYeiie-GuiMée  *ngi»ue.  —  Deux  voyages  d'exploration 
des  RR.  PP.  Jullien  et  De  Rycke,  missionnaires  du  Sacré- 
Cœur  (1).  —  Partie  en  août  1896,  de  Vanuamae,  district  de  Pokao, 
l'expédition  découvrit  et  remonta  le  cours  de  la  Veida,  affluent  de 
l'Âroa.  L'Aroa  est  une  rivière  qui  prend  sa  source  dans  les  ramifi- 
cations du  massif  de  l'Owen-Stanley  ;  elle  se  jette  dans  Redscar-Bay, 
après  avoir  reçu  les  eaux  du  Kubuna  et  de  la  Veida,  grossie  elle* 

(1)  Voir  la  carte  de  la  Nouvelle-Guinée  anglaise,  jointe  à  ce  numéro.  —  Les  levés 
de  cette  carte  ont  été  exécutés  à  la  boussole. 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  1898.       207 

même  de  Plbu  et  de  la  Dilafa.  A  quatre  jours  de  marche,  au  N.-E. 
de  Vanuamae,  après  avoir  traversé  de  grandes  forêts  inexplorées, 
oo  rencontre  un  groupe  de  nombreux  villages  dont  les  plus  impor- 
tants sont  Bubuni  et  Vale.  Ces  villages  sont  placés  au  sommet  de, 
monts  abrupts,  pour  éviter  les  surprises  de  la  part  des  monta- 
gnards souvent  en  guerre.  La  population  diffère  de  celle  de  la 
côte;  elle  paratl  beaucoup  plus  énergique  et  plus  intelligente. 
La  couleur  de  la  peau  est  la  même,  mais  la  taille  est  plus  trapue 
et  plus  vigoureuse.  La  chevelure  est  généralement  coupée  assez 
court;  on  voit  peu  de  tatouages;  beaucoup  même  n'en  ont  point. 
Ils  ne  possèdent  pas  de  poterie.  Les  maisons  sont  de  forme  conique 
et  le  toit  descend  jusqu'à  terre. 

Les  habitants  sont  agriculteurs  ;  ils  cultivent  la  patate,  l'igname, 
la  banane,  la  canne  à  sucre,  mais  n'ont  point  de  cocotiers.  Ils 
ehassent  avec  des  javelines  le  casoar  et  le  sanglier,  mais  ne  sem- 
blent pas  se  servir  de  l'arc.  A  l'occasion  d'une  fête  donnée  dans  un 
de  ces  villages,  il  y  eut  une  réunion  de  près  de  500  guerriers  des 
montagnes;  quelques-uns  étaient  venus  de  l'intérieur  à  trois  ou 
quatre  jours  de  marche.  Les  danses  ont  un  caractère  plus  violent 
et  plus  mouvementé  que  sur  la  côte.  On  trouve  aussi  dans  la  tribu 
d'Uni-Uni,  un  sentiment  musical  très  développé.  Les  sauvages 
chantent  des  morceaux  harmonisés,  en  parties,  sur  un  mode  qui 
leur  est  propre.  La  montagne  la  plus  rapprochée  de  ces  villages 
est  le  montManaku,  d'environ  2,000  mètres  de  hauteur,  situé  à  peu 
près  sous  le  1U»47'  de  long.  £.  de  Paris  et  le  8°  30'  lat.  S. 

Dans  un  second  voyage  entrepris  en  août  1897,  les  RR.  PP.  Jul- 
Uen  et  De  Rycke  partirent  de  Vanuamae,  et  se  dirigèrent  au  nord, 
vers  le  village  d'Epa,  porte  de  la  région  montagneuse.  De  là,  en 
remontant  la  rivière  Kubuna,  ils  gagnèrent,  après  deux  jours  de 
marche,  le  village  d'Emene,  situé  à  une  altitude  d'environ 
1,000  mètres  et  au  sud  du  mont  Boboleva  (mont  Davidson  des 
cartes  anglaises).  Les  sauvages  d'Emene  diffèrent  de  ceux  de  la 
côte  par  la  langue  et  par  les  usages,  qui  sont  les  mêmes  que  ceux 
de  la  tribu  d'Uni-Uni;  leurs  maisons  affectent  la  même  forme  coni- 
que, et  leurs  cultures  très  nombreuses  sont  situées  sur  les  pentes 
rapides  des  montagnes.  Au  fond  d'un  précipice,  qui  s'ouvre  vers 
le  nord,  on  voit  serpenter  la  rivière  Saint-Joseph  (l),  qui  contourne 
le  massif  du  Boboleva.  La  crête  du  village  d'Emene  sépare  le 

(1)  Le  nom  canaque  du  Saint-Joseph  est  Arabure.  Mais  ce  mot  subit  diverses 
altérations,  selon  les  différentes  tribus  qui  le  prononcent.  Les  sauvages  de  Mekeo 
disent  :  Angabungè;  ceux  d'Uni-Uni  prononcent  :  Alabule. 


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208  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

bassin  du  Kubuna  et  de  l'Aroa  de  celui  du  Saint-Joseph.  En  se 
dirigeant  fers  le  N.-E.,  on  rencontre  successivement  les  villages 
de  Polikoitu,  Lolaka  et  Keakamana,  renfermant  une  population 
•'élevant  en  tout  à  2,000  habiUnts. 

Du  plus  haut  village  du  groupe  de  Keakamana  l'on  aperçoit  le 
confluent  des  deux  branches  du  Saint-Joseph.  L'une,  l'Adualla,  qui 
coule  de  Test,  et  descend  probablement  du  massif  montagneux  de 
l'Albert  Edouard,  nommé  par  les  indigènes  Umi-Lebule  ;  l'autre, 
nommée  Alabule,  vient  du  nord,  et  semble  prendre  sa  source  au  pied 
d'une  grande  montagne  que  les  sauvages  désignent  sous  le  nom 
d'Umi-Manaia. 

Cette  montagne  n'ayant  été  jusqu'ici  relatée  sur  aucune  carte,  a 
été  nommée,  par  les  membres  de  l'expédition,  mont  Sainte-Marie 
(M1  S1  Mary).  Elle  se  trouve  à  environ  50  milles  au  N.-E.  du  mont 
Yule  et  son  altitude  paraît  être  de  4,500  mètres.  C'est  le  point  cul- 
minant d'une  longue  chaîne,  qui  se  prolonge  vers  le  N.-O.  et  à 
laquelle  appartiennent  probablement  les  monts  Lawson.  Il  se  peut 
que  le  mont  Sainte-Marie  se  trouve  en  territoire  allemand.  Vers  le 
S.-E.  se  dresse  un  autre  groupe  de  montagnes  un  peu  moins 
hautes  et  que  les  sauvages  appellent-  Felumava.  Ce  groupe  fut 
nommé  par  les  missionnaires  mont  Léo. 

Sur  le  cours  de  l'Alabule  se  trouvent  les  tribus  d'Afoaet  d'Aibala 
qui  passent  pour  être  anthropophages.  La  vallée  de  l'Adualla  semble 
plus  peuplée  que  celle  de  l'Alabule  ;  on  y  rencontre  les  tribus  nom- 
breuses des  Mafulu  et  des  Gaivala.  Dans  ces  deux  tribus  les  indi- 
gènes diffèrent  notablement,  par  le  type  et  par  la  langue,  de  ceux 
qui  ont  été  observés  jusqu'ici.  Ils  ont  le  nez  aquilin,  la  bouche 
fine,  le  front  bombé,  le  regard  intelligent,  les  cheveux  moins  crépus 
que  sur  la  côte  ;  ils  semblent  se  rapprocher  beaucoup  du  type  hindou. 

Parmi  les  villages  visités  par  les  missionnaires,  il  faut  citer 
ceux  de  Dinava,  lnaûmaka,  Vale,  Devadeva;  les  trois  premiers  sont 
situés  sur  une  crête  parallèle  à  celle  de  Keakamana  ;  celui  de  De- 
vadeva est  bâti  dans  une  vallée  profonde,  tributaire  de  l'Adualla. 

Devadeva  fut  le  terme  de  l'exploration  des  missionnaires  en 
août  1897. 

Les  sauvages  leur  signalèrent  à  environ  trois  jours  de  marche 
vers  l'est,  deux  hautes  montagnes  nommées  Paliba  et  Ziguda, 
qu'ils  indiquèrent  comme  renfermant  les  sources  de  la  Dilafaet  de 
l'Adualla.  De  ce  même  groupe  de  montagnes,  descend  vers  le  ver- 
sant du  N.-E.  la  rivière  Mambare,  dont  l'embouchure  se  trouve 
tout  près  de  la  frontière  allemande. 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  AVRIL  i898.  209 

L'ensemble  de  cette  région  présente  un  véritable  entassement 
de  montagnes  d'un  caractère  accidenté  et  tourmenté,  formées  de 
terrains  platoniques,  granitiques  et  de  lave  durcie.  Les  différentes 
chaînes  s'avancent  parallèlement  ;  elles  sont  très  étroites  et  très 
rapprochées,  de  telle  sorte  que  les  voyages  d'exploration  sont 
longs  et  pénibles.  De  même,  les  crêtes  de  ces  montagnes  sont 
longues  et  étroites,  et  les  villages  qui  les  couronnent  ne  forment 
qu'une  seule  rue  de  peu  de  largeur,  où  deux  personnes  seulement 
peuvent  passer  de  front;  les  maisons  sont  bâties,  moitié  sur  la 
crête,  moitié  sur  la  pente,  et  tout  le  village  est  entouré  d'une  pa- 
lissade, ce  qui  est  un  fait  exceptionnel. 

La  végétation,  à  partir  de  1,800  mètres,  change  complètement; 
on  trouve  des  cèdres,  des  pins,  des  fougères  arborescentes,  et  des 
chênes  à  glands  déprimés;  les  animaux  que  l'on  rencontre  sont  : 
les  chiens,  les  porcs,  les  casoars,  les  sangliers;  parmi  les  oiseaux, 
des  dindons  à  plumes  rouges,  des  cacatois,  et  des  oiseaux  de  pa- 
radis variés  et  nombreux.  —  Le  P.  Hartzer,  missionnaire  du 
Sacré-Cœur. 

IV.  —  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Élections  du  bureau  de  la  Société  pour  1898-1899.  —  Ont 
été  élus  : 

Président.  —  M.  Alph.  Milne-Edwards,  de  l'Institut. 

Vice-Présidents.  —  MM.  Alb.  de  Lapparent,  de  l'institut,  et 
Henri  Gordier,  professeur  à  l'École  des  langues  orientales. 

Scrutateurs.  —  MM.  Fernand  Grenard  et  Camille  Guy. 

Secrétaire.  —  M.  Henri  Bretonnet,  lieutenant  de  vaisseau. 

En  outre,  M.  Charles  Rabot  a  été  élu  membre  de  la  Commission 
centrale. 

—  A  l'occasion  du  dernier  Congrès  des  Sociétés  savantes,  ont 
été  nommés  : 

Officiers  de  Vinstruction  publique  :  MM.  Marc  Bel,  Charles  Ra- 
bot et  l'abbé  Trihidez  [Mbs]. 

Officiers  d'académie  :  MM.  Le  comte  de  Barthélémy,  le  comte 
de  La  Vaulx,  C.  Madrolle  [Mbs]. 

Outre  ces  distinctions,  deux  croix  de  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  ont  été  promises  par  M.  le  ministre  de  l'instruction 
publique  à  MM.  E.  A.  Martel  et  L.  Rousselet,  qui  seront  compris 
dans  la  promotion  de  juillet. 


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210  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

Présentation  de  livres,  cartes,  etc.  —  M.  Charles  Rabot  offre 
à  la  Société,  au  nom  de  l'auteur,  M.  F.  R.  Martin,  attaché  au 
Musée  national  de  Stockholm,  une  série  de  superbes  iconogra- 
phies figurant  les  collections  archéologiques  et  ethnographiques, 
que  ce  voyageur  a  rapportées  de  la  Sibérie,  de  l'Asie  centrale  et 
de  l'Orient  méditerranéen. 

Le  premier  de  ces  ouvrages  (texte  allemand),  intitulé  Sibiricç 
(Stockholm,  Chelius),  renferme  une  étude  sur  les  Ostiaks  du  Lou- 
gane,  affluent  de  droite  de  l*Ob  (arr.  de  Sourgout),  accompagnée 
de  très  nombreuses  planches  d'une  exécution  parfaite.  C'est  la 
représentation  la  plus  complète  et  la  plus  exacte  de  l'ethnographie 
ostiake  publiée  jusqu'ici.  Ce  mémoire,  également  illustré  de  nom- 
breuses planches,  renferme  en  outre  un  exposé  des  fouilles  exé- 
cutées par  M.  Martin  dans  le  sud  du  gouvernement  de  Tomsk. 
L'une  d'elles  représente  un  miroir  en  bronze,  de  fabrication 
chinoise,  trouvé  à  Patiechina,  et  portant  une  inscription  runiforme. 
Cet  objet  extrêmement  rare  a  été  décrit  par  M.  G.  Devéria. 

Un  autre  mémoire  de  M.  F.  R.  Martin  est  consacré  à  la  céramique 
moderne  en  Asie  centrale  {Moderne  Keramik  von  Central-Asien. 
Stockholm,  Chelius).  De  nombreuses  planches  dont  quelques- 
unes  en  couleurs  figurent  des  plats  fabriqués  à  Ko k and,  Tach- 
kend  et  Samarcande.  Un  autre  album  (Morgenlàndische  Stoffe. 
Stockholm,  Chelius)  représente  avec  une  très  grande  perfection  des 
fragments  d'étoffes  orientales  anciennes.  Enfin  un  quatrième  fasci- 
cule contient  une  iconographie  de  plusieurs  portes  en  bois  sculpté 
provenant  du  Turkestan  russe,  et  qui  datent  du  xvi*  siècle  (Thïi- 
ren  aus  Turkestan.  Stockholm). 

Ces  différents  documents  constituent  une  série  de  monographies 
archéologiques  et  ethnographiques  du  plus  haut  intérêt  pour 
l'élude  de  l'art  dans  l'Asie  centrale 

Le  Soudan  égyptien  sous  Mehemet-Ali.  —  Le  travail  de 
M.  Henri  Dehérain,  —  qui  a  déjà  été  mentionné  en  séance,  —  est, 
dit  M.  Froidevaux,  une  thèse  de  doctorat  présentée  par  l'auteur 
à  la  Faculté  des  lettres  de  l'Université  de  Paris;  il  retrace  à  ses 
multiples  points  de  vue  l'histoire  du  Soudan  égyptien  sous  l'illustre 
pacha  d'Egypte  Mehemet-Ali.  c  Des  trois  parties  dont  se  compose 
cet  ouvrage,  les  deux  premières  ont  surtout  un  caractère  histo- 
rique; elles  traitent  de  la  conquête  du  pays  par  les  Égyptiens, 
puis  de  l'organisation  de  la  contrée  et  de  son  administration  par 
Mehemet-Ali.  Quant  à  la  troisième  partie,  exclusivement  géo- 


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SÉANCES  DES  1er,  5,   15  ET  25  AVRIL  1898.  211 

graphique,  elle  est  consacrée  tout  entière  à  l'étude  des  trois  expé- 
ditions envoyées  successivement  par  le  pacha  d'Egypte  entre  1839 
et  1842  sur  le  haut  Nil  à  la  découverte  des  sources  du  grand 
fleuve. 

Ce  n'est  pas  d'ailleurs  seulement  cette  troisième  partie  que  les 
amis  de  la  géographie  consulteront  avec  fruit;  même  dans  les  cha- 
pitres historiques,  on  trouve  une  foule  d'indications  intéressantes 
pour  les  études  géographiques.  En  dehors  de  la  monographie  si 
précise,  consacrée  à  la  capitale  du  Soudan  égyptien,  à  Khartoum, 
nous  trouvons  :  ici,  tout  un  développement  relatif  aux  connaissances 
sur  la  valeur  économique  du  Soudan  vers  1820;  là,  une  curieuse 
étude  sur  les  Chaïqiés  et  sur  les  Foungis;  ailleurs,  une  délicate 
détermination  des  limites  territoriales  du  Soudan  sous  Mehemet- 
Ali.  Ainsi  le  livre  de  M.  Dehérain,  qui  présente  tant  d'intérêt  aux 
points  de  vue  historique,  géographique  et  colonial,  offre  encore 
un  intérêt  d'un  autre  genre  :  il  fournit  une  preuve  irréfutable  de 
la  pénétration  intime  de  l'histoire  et  de  la  géographie  l'une  par 
l'autre,  de  leur  inséparabilité,  et  montre  excellemment  quels 
secours  les  deux  sciences  sont  susceptibles  de  se  fournir  l'une  à 
l'autre,  aussi  bien  pour  la  connaissance  actuelle  de  la  terre  que 
pour  l'histoire  de  ses  habitants. 

—  Une  très  brillante  solennité  en  l'honneur  de  Vasco  de  Gama 
et  du  A*  centenaire  de  la  découverte  de  l'Inde  a  eu  lieu  le  28  avril, 
sous  la  présidence  de  M.  Janssen,  de  l'Institut,  dans  le  grand 
amphithéâtre  de  la  Sorbonne.  Le  comité  français,  qu'avait  su 
grouper  et  diriger  Mme  Adam,  s'était  assuré  le  concours  de  sa- 
vants, de  littérateurs  et  d'artistes  qui  ont  donné  à  cette  réunion 
un  éclat  tout  particulier.  Un  magnifique  album,  publié  à  cette  occa- 
sion dans  une  pensée  charitable,  perpétuera  le  souvenir  d'une 
manifestation  à  laquelle  s'est  associé  le  gouvernement,  que  repré- 
sentaient les  ministres  de  la  Guerre  et  de  la  Narine. 

—  Dans  son  numéro  de  février  1898,  la  Société  de  géographie  de 
Madrid  consacre  un  article  au  centenaire  de  Mendaûa  qui  a  été 
célébré  par  notre  Société.  Le  compte  rendu  se  termine  par  cette 
phrase  : 

c  La  Société  de  géographie  de  Madrid  ressent  la  satisfaction 
naturelle  qu'éprouve  tout  Espagnol  quand  il  voit  reconnus  et  glo- 
rifiés en  pays  étrangers  les  hauts  faits  de  ses  compatriotes  ;  au 
nom  des  géographes  espagnols,  elle  envoie  à  ceux  de  France,  avec 


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212  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

un  salut  fraternel,  l'expression  de  sa  gratitude  pour  l'hommage 
rendu  à  la  mémoire  du  marin  espagnol.  > 

—  Les  collections  rapportées  par  deux  de  nos  collègues  ont  été 
exposées,  celles  de  M.  le  baron  de  Baye  au  musée  Gui  met,  celles 
de  M.  le  vicomte  Henry  de  La  Vaulx  au  Muséum.  La  première  est 
intéressante  surtout  au  point  de  vue  de  l'archéologie  et  de  l'ethno- 
graphie, la  seconde  renferme  des  pièces  anthropologiques  de 
premier  ordre. 

—  La  Société  de  secours  des  Amis  des  sciences  a  tenu,  le  samedi 
2  avril,  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Sorbonne,  sa  séance 
publique  annuelle,  où  notre  collègue,  M.  E.  A.  Martel,  a  obtenu  le 
plus  brillant  succès  en  traitant  ce  sujet  :  c  La  spéléologie;  dix  ans 
d'explorations  souterraines,  les  abîmes  et  cavernes  d'Europe.  > 

—  M.  E.  Chapel  adresse  son  ouvrage  sur  le  caoutchouc  et  la 
gutta-percha  (Voir  aux  Ouvrages  offerts),  et  annonce,  en  même 
temps,  qu'il  se  met  à  la  disposition  des  membres  de  la  Société 
pour  fournir  tous  renseignements  sur  ces  deux  produits  des  pays 
tropicaux. 

Nécrologie.  —  La  Société  a  appris  avec  regret  la  mort  de 
M.  Jules  Marcou,  décédé  à  Cambridge  (Mass.,  Etats-Unis),  le 
18  avril  dernier,  à  l'âge  de  74  ans.  La  contribution  de  M.  J.  Mar- 
cou au  Bulletin  de  la  Société  a  été  marquée  par  divers  mémoires 
importants,  et  son  nom  a  figuré  sur  nos  listes,  pendant  plus  de 
vingt  années. 

M.  Raoul  [Mb  1888],  membre  du  conseil  supérieur  de  santé  et 
du  conseil  supérieur  des  Colonies,  officier  de  la  Légion  d'honneur, 
a  succombé  le  26  avril  à  Lannilis,  près  de  Brest,  à  l'âge  de  53  ans. 

11  professait  à  l'Ecole  coloniale  un  cours  sur  les  productions  des 
colonies  et  nul  mieux  que  lui  ne  pouvait  traiter  ce  sujet  qu'il 
avait  étudié  sur  place.  Les  rapports  qu'il  écrivit  à  la  suite  de  dif- 
férentes missions  compteront  parmi  les  plus  complets  et  les  plus 
utiles. 

M.  Raoul  succombe  aux  fatigues  de  son  dernier  voyage  à  l'in- 
térieur de  Sumatra  et  de  Java.  Dans  les  forêts  de  la  première  de 
ces  lies  il  avait  su  recueillir  plusieurs  milliers  de  pieds  de  gutta- 
percha  qu'il  comptait  acclimater  dans  certaines  de  nos  colonies 
tropicales.  L'œuvre  de  notre  collègue  lui  survivra,  et  nous  pouvons 
sans  exagération  citer  M.  Raoul  au  nombre  des  hommes  qui  ont  le 


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SÉANCES  DES  1er,  5,  15  ET  25  avril  1898.       213 

plus  fait,  en  ces  derniers  temps,  pour  le  développement  agricole 
de  nos  colonies. 

La  Société  a   également   le   devoir   d'annoncer  la    mort  de 
MM.  P.  G.  Penicaud  [Mb  1877]  et  Félix  Palley  [Mb  1882]. 


Séance  du  lor  avril  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  François  Alfred  Lefort  ;  Charles  Rerchon  ;  R.  H  enry. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Feridoun,  ancien  Ministre  plénipotentiaire  de  S.  M.  le  Sul- 
tan (prince  Roland  Bonaparte  et  le  baron  Hulot);  —  Savouré 
(Paul),  ancien  négociant  (baron  Hulot  et  Jules  Girard)  ;  —  Dez 
(Albert),  professeur  au  lycée  Buffon  (Pierre  Foncin  et  Marcel 
Dubois);  —  Loicq  de  Lobel  (Léon)  (Philippe  Weiss  et  Eugène 
Meignen). 

Séance  du  15  avril  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  Feridoun;  Paul  Savouré  ;  Albert  Dez  ;  Léon  Loicq  de  Lobel. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Raymond  Golrat  (Bonnel  de  Mézières  et  le  baron  Hulot); 
—  Berger  (Henri),  ingénieur  constructeur  (baron  Hulot  et  Jules 
Girarty;  —  Laurent  (Georges  Edmond),  administrateur  adjoint 
des  colonies  (Ludovic  Drapeyron  et  Louis  Binger). 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ 
Avril  1898 

GÉNÉRALITÉS-  —  P.  Vidal  de  la  Blache.  —  La  géographie  poli- 
tique. A  propos  des  écrits  de  M.  Frédéric  Ratzel  (Annales  de  géo- 
graphie). Paris,  Colin,  broch.  in-8.  Aoteur. 


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214  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

Die  Feier  desfûnfeigjâhrlgen  Bestehens  deskôniglichen  meteorologischen 
Instituts,  am  16.  Oktober  1897.  Berlin,  Asher,  1898,  opuscule  in-4. 

Echange. 

Uundert  Yersammlungen  der  Kônigsberger  geographischen  Gesellschaft, 
1881-1898.  £ur  100*1™  Versammlung...  Kônigsberg,  1898,  1  vol. 
in-8.  Société  de  géographie,  Kônigsberg. 

Bibliothèque  coloniale  internationale.  1"  série.  La  main-d'œuvre  aux 
colonies.  Tome  III.  —  Compte  rendu  de  la  session  tenue  à  Berlin  les 
6  et  7  septembre  1897.  Bruxelles  (Paris,  Colin),  in-8.  Echange. 

George  Brown  Goode.  —  The  Smithsonian  Institution,  1846-1896.  The 
bistory  of  its  flrst  half  Century.  Washington,  1897,  1  vol.  in-8. 

Smithsonian  Institution. 

Jean  Dtbowski.  —  Les  jardins  d'essai  coloniaux  (Tour  du  Monde), 
Paris,  Hachette,  opuscule  in-12.  Auteur. 

E.  Chapel.  —  Le  caoutchouc  et  la  gutta-percha.  Ouvrage  contenant 
245  gravures  et  planches.  Précédé  d'une  préface,  par  P.  Schutzen- 
berger.  Paris,  Marchai  et  Billard,  1892,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Eugène  Guénin.  —  Cavelier  de  la  Salle  (Comité  Dupleix).  Paris,  Chal- 
lamel,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Gerônimo  Usera  y  Alarcon.  —  Ensayo  gramatical  del  idioma  de  la 
raza  africana  de  Nano,  por  otro  nombre  cruman,  raza  noble,  y  una  de 
las  mas  relacionadas  en  todo  el  golfo  de  Guinea...  Madrid,  1845, 
opuscule  in-8.  A.  Pinart. 

Publications  portugaises  à  l'occasion  du  quatrième  centenaire  de  Vasco 

de  Gama  : 
Programme  général  dressé  suivant  l'arrêté  ministériel  du  2  avril  1897, 

3"  édition.  Lisbonne,  opuscule  in-8. 

—  Magalhaes  Lima  :  0  centenario  no  estrangeiro.  Conferencia  na  Soc. 
geogr.  de  Lis.boa,  1897,  opuscule  in-8. 

—  Luciano  Cordeiro  :  Batalhas  da  India.  Como  se  perdeu  Ormuz.  Lisboa, 
1896.  1  vol.  in-8. 

—  A.  C.  Teixeira  de  Aragâo  :  Vasco  da  Gama  e  a  Vidlgueira.  Estudlo 
historico.  Lisboa,  1897,  1  vol.  in-8. 

—  Cbronica  dos  reis  de  Bisnaga.  Manuscripto  inédito  do  seculo  xvi. 
Publicado  por  David  Lopes.  Lisboa,  1897,  1  vol.  in-8. 

—  Textos  em  aljamia  portuguesa.  Documentos  para  a  historia  do 
domino  portugues  em  Saflm,  extrahidos  dos  originaes  da  Torre  do 
Tombo,  por  D.  Lopes.  Lisboa,  1897,  1  vol.  in-8. 

—  Adolpho  Loureiro.  No  Oriente.  De  Napoles  à  China  (Diario  de  via- 
gem).  Lisboa,  1897,  2  vol.  in-8. 

—  Wenceslau  de  Moraes  :  Dai-Nippon  (o  grande  Japao).  Lisboa,  1897, 
1  vol.  in-8. 

—  J.  Leite  de  Vasconcellos  :  Religiôes  da  Lusitania  na  parte  que  prin- 
cipalmente  se  refera  a  Portugal.  Vol.  I.  Lisboa,  1897,  1  vol.  in-4. 

—  Dos  feitos  de  D.  Christovam  da  Gama  em  Ethiopia.  Tratado  corn- 
posto  por  Miguel  de  Castanhoso,  publicado  por  Francisco  Maria 
Esteves  Pereira.  Lisboa,  1898, 1  vol.  in-8. 

—  Vida  do  abba  Daniel  do  mosteiro  de  Sceté.  Versâo  ethiopica  pubii- 
cada  por  Lazarus  Goldschmidt  e  F.  M.  Esteves  Pereira.  Lisboa,  1897, 

-  opuscule  in-8. 


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SÉANCES  DES  1",  5,   15  ET  25  AVRIL  1898.  215 

—  Fernande»  Costa.  A  vlagem  da  India.  Poemeto.  —  Hymno  do  Cen- 
tenario  da  India,  2  opuscules  in-8. 

Société  de  géographie  de  Lisbonne. 
A  Yasco  da  Gama.  1498.  Hommage  de  la  Pensée  française,  1898  (Album 
commémoratif  publié  sous  le  patronage  de  Sa  Majesté  la  reine  Marie- 
Amélie  de  Portugal,  recueilli  par  Mma  Juliette  Adam).  Paris,  1  vol.  in-4. 
Comité  franco-portugais  du  centenaire. 


EUROPE*  —  Ed.  Pibtte  et  J.  de  la  Porterie.  —  Etudes  d'ethnogra- 
phie préhistorique.  Fouilles  à  Brassempouy,  en  1896  (L* Anthropologie, 
t.  Vlil).  Paris,  Masson,  1897,  broch.  in-8.  Ed.  Piette. 

Annuaire  statistique  de  la  Belgique.  27*  année,  1896.  Bruxelles,  1897, 
1  yoI.  In-8.    Ministère  de  l'Intérieur  et  de  l'Instruction  publique. 

L.  F.  de  Magistris.  —  La  depressione  prenestina  e  il  passo  degli  Olmi 
nel  Pestremo  lembo  di  sud-est  délia  Campagna  romana  (Boll.  soc. 
geogr.  ital.).  Roma,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Georges  Blondel.  —  L'essor  industriel  et  commercial  du  peuple  alle- 
mand. Paris,  Larose,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

A.  d'Avril.  —  La  Bulgarie  chrétienne.  Etude  historique,  2*  édition. 
Paris,  Challamel,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Marele  dictionar  geograflc  al  Rominiei.  Alcatuit...  pe  judete  de  G.  I.  Laho- 
vari,  général  C.  I.  Bratianu,  Gr.  G.  Tociiescu.  Vol.  I,  fasc.  I*.  Aaron- 
Voda  —  Bacau.  Bucuresci,  Soc.  geogr.  romina,  1898,  1  vol.  în-4. 

Société  roumaine  de  géographie. 


ASIE.  —  Joseph  Joûbert.  —  Les  rivalités  européennes  en  Extrême- 
Orient  (Bull.  soc.  études  col.  et  mar.t  1898),  broch.  in-8.      Auteur. 

V.  1.  Roborovski.  —  Rapport  préliminaire  sur  l'expédition  dans  l'Asie 
centrale,  1893-1895  {Bull.  soc.  imp.  russe  de  géographie,  Saint-Péters- 
bourg, 1898),  broch.  in-8.  (en  russe).  Auteur. 

Wissenschaftlicbe  Ergebnisse  der  Reise  des  Grafen  Bêla  Széchenyi  in 
Ostasien,  1877-1880.  Zweiter  Band.  Die  Bearbeitung  des  gesammelten 
Materials.  Wien,  Hôlzel,  1898,  1  vol.  in-4.  Auteur. 

Emile  Roux.  —  Aux  sources  de  l'Irraouaddi.  Yoyage  de  Hanoï  à  Cal- 
cutta par  terre  {Le  Tour  du  Monde).  Paris,  Hachette,  1897, 1  vol.  in-4. 

Auteur. 

De  la  situation  du  Japon  et  de  la  Corée.  Manuscrit  inédit  du  Père  A. 
Gaubil  S.  J.  Publié  avec  des  notes,  par  H.  Cordier  {T'oung»pao9 
vol.  IX,  n°  2).  Leide,  1898,  broch.  in-8.  H.  Cordier. 

Daniel  Lièvre.  —  Promenades  japonaises  et  coréennes,  1894-1896  {Bull. 
soc.  géogr.  comtn.  du  Havre).  Havre,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

AFRIQUE.  —  Jeronimo  M.  Usera  t  Alarcon.  —  Memoria  de  la  isla  de 
Fernando  Poo.  Madrid,  1848,  opuscule  in-8.  A.  Pinart. 

AMÉRIQUE.  —  Manuel  Castrucci  de  Yernazza.  —  Viaje  praticado 
desde  el  Callao  hasta  las  Misiones  de  las  tribus  de  inûeles  Zaparos  y 
Givaros.  Lima,  1849,  opusc.  in-8.  A.  Pinart. 

Ministerio  de  instruction  publica  y  fomento.  Revista  de  la  OÛcina 


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216  0UVRAGE8  OFFERTS  A  LA  80C1ÉTÉ. 

nacional  de  inmigracion,  estadistica  y  propaganda  geograûca.  Aôo 
1897,  n#  1.  La  Paz,  1  vol.  in-8.  Gouvernement  bolivien. 

Manuel  Lemus  y  H.  G.  Bourgeois.  ->-  Brève  noticia  sobre  Honduras. 
Datos  geogràûcos,  estadisticos  e  informaciones  prâticas.  Tegucigalpa, 
1897,  broch.  in-8.  L.  Delavaud. 

José  Manuel  Eizaguirre.  —  Tierra  del  Fuego.  Recuerdos  é  impresiones 
de  un  viage  al  extremo  austral  de  la  Repùblica.  Precedido  de  una 
introduccion  por  el  Ing.  Julio  Popper.  Côrdoba  (Rep.  Argentina), 
1897,  1  vol.  in-12.  Auteur. 

OCÉANIE-  —  y  P.  Tuomson.  —  Queensland  (Scêlt  geogr.  Mag,  1897), 
broch.  in-8.  Auteur. 

Alfred  Marche.  —  Note  de  voyage  sur  les  Iles  Mariannes  (Revue  tuni- 
sienne). Tunis,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

L.  Vossion.  —  Les  Iles  Hawaii  ou  Sandwich,  en  1896.  Leur  situation 
commerciale,  industrielle  et  financière  (Moniteur  officiel  du  com- 
merce). Paris,  Challamel,  1898,  opuscule  in-8.  Auteur. 


Cartes.  —  Photographies. 

Gommissâo  de  cartographia.  Lisboa.  —  Africa  oriental  portugueta. 
1/100,0(K>.  F.  4  (Zumbo-Tete),  8  (Quelimane-Sofala).  1896, 1897. 

—  Provincia  de  Moçambique.  Reconhecimento  hydrographico  do  rio 
Limpopo,  desde  a  sua  foz  até  a  confluenciado  Cbengane.  1897,  2  ff» 

—  Reconhecimento  hydrographico  da   barra  e   porto    de  Angoche. 
1/40,000,  1897,  lf. 

—  Costa  occidental  dy Africa.  —  Provincia  da  Guiné.  Esboço  do  rio 
Petié,  1/25,000,  1897,  1  f. 

—  Reconhecimento  do  canal  do  Impenal  e  rio  Mansô...,  1897,  2  ff. 

—  Reconhecimento  do  rio  Gacheu,  1897,  1  f. 

—  Reconhecimento  do  rio  Ceba,  1897,  1  f. 

—  Esboço  rapido  da  communicaçao  entre  o  rio  Tombal i  e  o  Gacine, 
1897,  1  f.  Ministère  de  la  Marine,  Lisbonne. 

Egypte,  Abyssinie,  pays  des  Zoulous...,  57  planches  photographiques 
(paysages  et  types).  E.  Foa. 


Le  gérant  responsable  : 
Hulot, 

Secrétaire  général  de  la  Commiision  Centrale. 

BOULEVARD  SAINT-GIRMAIN,  184. 


5444.—  L.-lmprimerioi  réunies,  B,  rue  Mignon,  2.—  Mottbroz,  directeur. 


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1898  Vf  5.  —  Mal.  Page  217 

SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 

COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES 


I.  —  SÉANCES   DES   6   ET   20   MAI   1898 


6    rceii 


PRESIDENCE   DE    M.   LE    MYRE   DE   VtLERS 
Président  de  lt  Commission  centrale. 

Le  secrétaire  général  résume  la  correspondance  (V.  Nouvelles 
géographiques). 

La  parole  est  donnée  à  M.  J.  M.  Bel  pour  rendre  compte  de  sa 
mission  au  Laos  et  en  Annara. 

■Union  J.  M.  Bel,  Ingénieur  civil  de*  mine*,  au  Laos  et  en 
Annan*  (1  ). — Débarquée  le  20  janvier  1897,  à  Qui-Nhon,  sur  le  litto- 
ral annamite,  la  mission,  composée  de  M.  et  Mme  Bel,  se  met  en  route 
vers  l'ouest,  le  26,  avec  une  centaine  de  porteurs  et  quelques  mili- 
ciens indigènes  servant  d'escorte.  Elle  traverse  i'Annam  sur  80  kilo- 
mètres, passe  à  Thuy-Phuoc,  Binh-Dinh,  An-Nhon,  Phu-Phong, 
Binké  et  Anké.  Ce  dernier  village  est  situé  sur  un  haut  plateau, 
par  480  mètres  environ  d'altitude,  au  delà  du  col  de  même  nom, 
dont  les  tigres  rendent  quelquefois  le  passage  dangereux.  La  région 
annamite  parcourue  est  très  peuplée  et  riche  par  ses  cultures; 
Qui-Nhon  a  un  commerce  déjà  important;  sa  colonie  française, 
peu  nombreuse,  grandit  de  jour  en  jour. 

Au  delà  d'Anké  et  du  territoire  annamite,  la  mission  pénètre 
dans  une  région  sauvage*,  habitée  par  les  Mois  ou  Montagnards, 
dont  le  véritable  nom  propre  est  celui  de  Khas;  ceux-ci  se  subdi- 
visent en  plusieurs  groupes,  qui  di lièrent  par  le  dialecte.  Ce  sont 

(1)  Mission  icientîfique  du  Ministère  de  l'Instruction  publique  et  aussi  niissiort 
industrielle. 

SOC.  DK  GÉOGR.  —  JL.R.-^R^aÉdbttiM.  rr*'^—  Mai.  16 


■ftïcïnvEfs- 

JUL  8   1198 
PEA60DY  MUSEUM. 


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218  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

d'abord  les  Bahnars  (Hagou  et  fteungao),  avec  les  villages  de 
Tieurah,  Djeuri,  Xalam,  Kon-Toum,  ce  dernier,  siège  d'une  mission 
catholique.  La  chaîne  annamite  avait  été  franchie  par  un  col  situé 
à  900  mètres  environ  d'altitude. 

Puis,  la  mission  traverse  le  Poco  ou  Sésane,  par  450  mètres 
d'altitude,  à  Keudjoï,  chez  les  Djiaraïs,  groupe  important  qui 
peuple  la  moyenne  Sésane.  Cette  rivière  a  environ  400  kilomètres 
de  parcours;  elle  est  navigable  aux  pirogues  sur  la  plus  grande 
partie  de  son  cours,  malgré  les  nombreux  rapides  qu'elle  présente. 

M.  et  Mme  Bel  ne  descendent  pas  cette  rivière,  mais,  se  diri- 
geant vers  le  nord-ouest,  gravissent  un  autre  massif  montagneux 
où  habitent  les  Halangs  ;  ils  traversent  ces  montagnes  par  850  mè- 
tres environ  d'altitude,  entre  les  villages  de  Heck  et  de  Taxeng, 
après  avoir  passé  à  Ban-Té  ou  Dak-Keudé.  Ils  séjournent  deux  mois 
chez  les  Djiaraïs  et  chez  les  Halangs,  et  poursuivent  leur  route 
vers  Àttopeu,  en  passant  une  dernière  chaîne,  celle  du  Satieng, 
par  500  mètres  environ  d'altitude. 

Us  ont  rapporté  du  pays  de  ces  sauvages,  Mois  ou  Khas,  la  meil- 
leure impression;  M.  Bel  nous  décrit  la  géologie  de  la  région, 
puis  les  mœurs  de  ces  peuples,  qu'il  nous  montre  sous  un  jour 
extrêmement  intéressant,  susceptibles  de  progrès  industriel  et 
agricole;  il  pense  qu'une  administration  locale,  restant  à  créer, 
pourra  tirée  un  grand  parti  de  ces  populations,  en  vue  de  la  colo- 
nisation future  des  territoires  qu'elles  occupent.  Les  pays  Khas  se 
prêteraient  aux  cultures  tropicales  les  plus  variées,  sous  un  climat 
plus  tempéré  que  celui  des  autres  parties  de  l'Indo-Chine  à  lati- 
tude égale. 

La  mission  arrive  ensuite  dans  un  premier  groupe  de  villages 
laotiens  du  Bas  Laos,  portant  le  nom  de  Muong  d'Attopeu  (Fan- 
deng,  M.  Khao  et  M.  Mai),  remonte  la  Sékong  au  nord,  puis  la 
descend  jusqu'à  Siempang,  d'où  elle  se  rend  à  Khong,  capitale 
du  Bas  Laos,  puis  à  Stung-Treng;  la  Sékong  est  un  autre  grand 
affluent  du  Mékong  de  près  de  350  kilomètres  de  parcours,  navi- 
gable aux  pirogues  sur  la  plus  grande  partie  de  son  cours,  malgré 
les  nombreux  rapides  qu'elle  présente. 

De  Stung-Treng,  la  mission  remonte  la  Sésane  sur  200  kilo- 
mètres environ,  et  reconnaît  des  gîtes  hioniens  aurifères,  genre  de 
gisements  encore  inconnus  au  Bas  Laos,  où  les  indigènes,  Khas, 
Halangs  et  Djiaraïs,  n'ont  exploité  depuis  un  temps  immémorial 
que  des  alluvions  aurifères.  Un  poste  minier,  celui  de  Rulheville, 
est  fondé  sur  ces  filons  avec  un  personnel  permanent.  Ces  gise- 


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SÉANCES  DBS  6  ET  20  MAI  1898.  219 

ments  filoniens  et  alluvionnaires  sont  l'objet  de  travaux  souter- 
rains poursuivis  par  la  Société  d'études  des  mines  d'Attopeu. 

M.  et  Mme  Bel  reviennent  à  Saigon  vers  la  mi-juillet;  ils  en 
repartent  aussitôt  pour  une  dernière  excursion,  d'un  mois,  dans 
la  province  du  Quang-Nam,  en  Ànnam,  où  M.  Bel  va  étudier  des 
gites  aurifères  filoniens,  exploités  anciennement  par  les  habitants 
de  la  contrée  ;  il  y  reconnaît  en  outre  des  liions  aurifères  encore 
vierges  de  tout  travail  humain.  L'exploitation  de  ces  mines  est 
actuellement  poursuivie  par  la  Société  française  des  mines  de 
Bong-Miù  et  la  Société  d'études  des  mines  du  Quang-Nam. 

M.  Bel  résume  ainsi  les  résultats  de  sa  mission  : 

1°  Dans  cette  vaste  région  montagneuse  comprise  entre  le  littoral 
de  la  mer  de  Chine  et  le  méridien  d'Attopeu,  il  y  a  des  ressources 
minérales,  notamment  de  l'or,  et  aussi  d'autres  métaux.  11  y  a  en 
outre  un  sol  permettant  d'y  créer  les  cultures  tropicales  les  plus 
variées;  enfin,  du  développement  de  cette  double  richesse  miné- 
rale et  agricole,  résultera,  dans  un  certain  avenir,  un  commerce 
important. 

2°  Au  point  de  vue  économique,  ces  contrées  possèdent  une  po- 
pulation intelligente  et  relativement  assez  nombreuse,  pouvant 
être  assimilée  à  nos  pratiques  industrielles  et  fournir  une  main- 
d'œuvre  d'un  prix  infime;  par  contre,  des  voies  de  communication 
véritablement  industrielles,  des  voies  ferrées,  restent  à  créer, 
ce  dont  se  préoccupe  avec  à-propos  le  gouvernement  général  delà 
colonie. 

3°  En  conclusion,  ces  régions,  parcourues  par  la  mission  Bel, 
paraissent  offrir  un  vaste  champ  d'activité  à  nos  jeunes  gens,  in- 
génieurs, agriculteurs  et  commerçants  ;  leurs  ressources  naturelles 
de  divers  ordres,  si  on  améliore,  dans  un  sens  moderne,  leurs  voies 
de  communication,  permettent  d'espérer,  d'une  façon  déjà  motivée, 
qu'elles  contribueront,  pour  une  importante  part,  à  la  richesse  et 
à  la  grandeur  de  notre  empire  d'Extrême-Orient. 

M.  Le  Myre  de  Vilers  se  félicite  d'avoir  présidé  cette  séance 
consacrée  à  une  mission  dans  l'Indo-Chine  française.  Il  rappelle 
que  M.  Marc  Bel  vient  d'accomplir  son  troisième  voyage  dans  cette 
colonie  et  il  apprécie  les  résultats  scientifiques  de  cette  mission, 
qui  a  permis  à  son  auteur  de  reconnaître  la  géologie  du  Laos. 
Avant  de  lever  la  séance,  il  signale  la  présence  de  Mme  Bel  qui 
a  fait  partie  du  voyage  et  a  rapporté  des  collections  d'histoire  na- 
turelle d'un  véritable  intérêt. 


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220  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


20  mai 

PRÉSIDENCE    DE    M.    LE    MYRE    DE   VILERS 
Président  do  la  Commission  centrale. 

Aux  côtés  du  président  prennent  place  :  M.  Hector  Fabrc,  com- 
missaire général  du  Canada  à  Paris;  Mgr  Langevin,  archevêque  de 
Saint-Boniface  (Manitoba);  Mgr  Grouard,  évêque  d'ibora,  vicaire 
apostolique  de  l'Alhabaska-Mackenzie;  Mgr  Légal,  évêque  de 
Pogla,  coadjuteur  de  Saint-Albert  (Alberta)  et  les  membres  du 
Bureau  de  la  Commission  centrale. 

M.  J.  Girard,  secrétaire  adjoint,  procède  au  tirage  de  dix  obli- 
gations de  la  Société  (V.  Chronique  de  la  Société). 

Le  secrétaire  général  signale  parmi  les  événements  de  la  se- 
maine, intéressant  la  géographie  non  moins  que  la  politique,  la 
prise  de  Sikasso. 

11  donne  lecture  de  la  correspondance,  puis  il  présente  au  nom 
de  Fauteur,  M.  Ch.  Rabot,  un  nouveau  livre  sur  le  cap  Nord. 

Avant  de  donner  la  parole  aux  conférenciers  dont  les  communi- 
cations sont  inscrites  à  Tordre  du  jour,  M.  Le  Myre  de  Vilers 
remercie  M.  Fabre,  le  distingué  représentant  du  Canada,  d'avoir 
bien  voulu  assister  à  cette  séance  consacrée  à  son  pays.  Il  fait  un 
brillant  exposé  de  la  tâche  que  s'impose  le  missionnaire  et  du 
rôle  qui  lui  est  dévolu.  Mgr  Légal  et  Mgr  Grouard,  tous  deux  de 
nationalité  française,  sont,  le  premier,  depuis  dix-huit  ans,  le  se- 
cond, depuis  trente-six  ans,  en  contact  permanent  avec  les  peuplades 
sauvages  du  Nord-Ouest  canadien  et  Mgr  Langevin  appartient  à 
cette  force  race  d'origine  bretonne,  normande  ou  saintongeaise, 
qui,  depuis  la  perte  du  Canada,  a  reconstitué  une  France  trans- 
atlantique sur  les  ruines  de  la  Nouvelle-France. 

Au  ftard-Ouest  canadien.  E,es  Pieds-Noirs.  —  Mgr  Légal 
dit  que  la  partie  centrale  du  continent  nord-américain  est  une 
immense  prairie,  une  plaine  monotone,  sans  une  colline,  sans  une 
forêt.  Pendant  quelques  mois  de  Tannée,  c'est  un  océan  de  verdure 
émaillé  de  fleurs;  puis,  bientôt,  la  plaine  se  dessèche,  et  enfin, 
pendant  de  longs  mois,  le  sol  disparait  sous  une  couche  de  neige. 

A  l'extrémité  nord-ouest  de  cette  vaste  plaine,  confinant  aux 
Montagnes  Rocheuses,  s'étend  le  pays  des  Pieds-Noirs.  Mgr  Légal 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  4898.  221 

fait  la  description  du  pays;  il  en  indique  le  caractère  géologique, 
et  montre  que  c'est  le  bassin  d'une  ancienne  mer,  comme  le  prou- 
vent les  coquilles  marines  qu'on  y  trouve  en  grande  quantité,  sur- 
tout les  ammonites,  atteignant  parfois  des  dimensions  énormes, 
1  mètre  et  plus  de  diamètre. 

Les  Pieds-Noirs,  appartenant  à  la  classe  qu'on  appelle  Indiens 
des  prairies,  constituent  le  type  le  plus  parfait  de  la  race  rouge 
américaine.  De  (aille  imposante,  ils  sont  robustes  et  agiles.  Cava- 
liers infatigables,  excellents  chasseurs,  ils  aiment  et  recherchent 
les  aventures.  Leur  langue  les  rattache  à  la  grande  famille  algon- 
quine,  qui,  depuis  le  Labrador  jusqu'aux  Montagnes  Rocheuses, 
compte  encore  de  nombreux  représentants,  entre  autres  les  Cris, 
les  Sauteux,  les  Haskégons,  etc.  Toutes  les  langues  de  ces  tribus 
ont  des  caractères  communs;  elles  sont  polysynthétiques,  c'est-à- 
dire  qu'elles  groupent  le  plus  d'idées  possible  dans  un  seul  mot, 
et  qu'elles  accolent  ensemble  les  différentes  parties  du  discours, 
tandis  que  nos  langues  européennes  distinguent  par  l'analyse  les 
différents  éléments  de  la  phrase. 

Mgr  Légal  arriva  dans  le  pays  à  un  moment  où  s'opérait  une 
transformation  radicale  dans  le  genre  de  vie  des  aborigènes.  Le 
bison,  l'animal  providentiel  des  Indiens  de  la  plaine,  appelé  im- 
proprement c  buffaio  >,  avait  presque  complètement  disparu; 
depuis  vingt  ans  et  plus,  des  compagnies  américaines  s'étaient 
organisées  pour  faire  la  traite  des  peaux,  ou  comme  on  disait,  des 
robes  de  buffalos.  Ces  compagnies  avaient  engagé  des  bandes 
considérables  de  chasseurs,  armés  de  carabines  à  tir  rapide,  à 
l'aide  desquels  la  race  du  bison  avait  été  à  peu  près  exterminée. 

Autrefois,  d'immenses  troupeaux  de  bisons  erraient  dans  la 
prairie.  Ils  fournissaient  à  l'indigène  absolument  tout  ce  qui 
était  nécessaire  à  son  entretien  :  d'abord,  sa  nourriture,  puis  ses 
vêtements,  son  habitation;  les  peaux  de  l'animal  lui  servaient  de 
lits  et  de  couvertures;  il  en  faisait  des  chaussures,  des  boucliers, 
des  sacs  pour  renfermer  ses  vivres,  consistant  en  viande  sèche 
et  en  c  pemmican  t,  sorte  de  pâté  fait  de  viande  séchée,  pilée, 
broyée  et  mêlée  de  graisse. 

La  destruction  du  bison  eût  entraîné,  comme  conséquence, 
celle  des  Indiens,  si  le  gouvernement  n'était  pas  venu  à  leur 
secours,  s'il  ne  s'était  pas  engagé  à  les  faire  subsister,  s'il  ne  leur 
avait  pas,  comme  aux  États-Unis,  assigné  des  c  Réserves  *. 

Mgr  Légal  insiste  sur  le  changement  qui  s'est  opéré  depuis  ce 
temps,  non  seulement  dans  la  manière  de  vivre  de  ces  Indiens, 


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22w2  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

mais  aussi  dans  leurs  mœurs,  leurs  usages,  etc.  Ils  ont  renoncé  à 
beaucoup  de  leurs  superstitions;  leur  mode  barbare  de  sépulture 
aérienne  (dans  les  arbres)  a  presque  complètement  disparu. 

Les  missionnaires,  tout  en  s'efTorçant  d'inculquer  à  ces  peuples 
les  principes  du  christianisme,  les  poussent  en  même  temps 
dans  la  voie  du  travail,  d'un  travail  continu  et  persévérant  qui 
leur  apprendra  à  compter  sur  eux-mêmes,  plus  que  sur  la  charité 
d'autrui.  Déjà  quelques  traces  d'industrie  commencent  à  se  montrer 
chez  ces  demi-sauvages,  et  leur  bien-être  matériel  a  progressé. 

L'AihabaftkA-if  «ckensie.  —  Continuant  en  quelque  sorte  la 
conférence  de  Mgr  Légal  sur  les  Pieds-Noirs  du  district  d'Alberta, 
territoire  du  Nord-Ouest  canadien,  Mgr  Grouard  qui,  depuis  trente- 
six  ans,  sillonne  l'extrême  nord  de  ces  vastes  possessions,  com- 
mence par  faire  la  description  du  pays  i  partir  d'Ëdmonton,  ter- 
minus du  chemin  de  fer,  jusque  sur  les  bords  de  la  mer  Polaire  : 

c  On  se  rend,  dit-il,  en  voiture  à  Athabaska-Landing,  lieu  d'embar- 
quement, pour  descondre  au  Mackenzie.  Là  se  trouve  unsteamboat 
de  la  Compagnie  de  la  baie  d'Hudson,  lequel  navigue  sur  une 
belle  rivière  jusqu'au  Grand  Rapide,  une  dislance  de  165  milles, 
mais  il  doit  s'arrêter  en  cet  endroit  où  commencent  les  rapides, 
qui  se  succèdent  pendant  85  milles,  jusqu'au  fort  Me  Murray.  Des 
bateaux  plats,  maniés  par  des  rameurs  et  guidés  par  des  hommes 
expérimentés,  prennent  alors  voyageurs  et  bagages,  et  sau- 
tent les  rapides.  Dans  quelques  endroits  on  fait  portage.  Au  fort 
Me  Murray,  un  second  steamboat  remplace  les  bateaux,  et  la  navi- 
gation est  facile  jusqu'au  lac  Athabaska,  180  milles,  et  de  là 
à  Smith-Landing,  100  milles  —  nouveaux  rapides  et  portages, 
18  milles  —  et  l'on  arrive  au  fort  Smith.  Troisième  sleamboat  qui 
part  du  pied  des  rapides,  descend  la  rivière  des  Esclaves,  traverse 
le  grand  lac  de  ce  nom,  entre  dans  le  Mackenzie  qu'il  parcourt  jus- 
qu'au delta  de  ce  fleuve,  et  remonte  ûu  peu  la  rivière  Peel.  La  dis- 
tance totale  est  de  1,299  milles  ou  1,300  milles  en  nombre  rond.  A 
Good  Hope,  on  franchit  le  cercle  polaire  et  l'on  commence  à  voir  le 
soleil  de  minuit.  A  Peel  River,  pas  de  nuit  pendant  plus  d'un  mois 
en  été,  mais,  en  hiver,  c'est  le  contraire,  et  le  froid  est  très  in- 
tense. Les  Pères  missionnaires  ont  plus  d'une  fois  marqué  56*  cen- 
tigrades au  dessous  de  zéro. 

c  Les  sauvages  qui  habitent  ce  pays  se  composent  d'abord  de 
Cris,  appartenant  à  la  famille  algonquine.  Puis  à  Athabaska  com- 
mence la  famille  des  Déné  que  des  savants  appellent  Athabaskans. 


* 


SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  223 

Ils  se  subdivisent  en  plusieurs  tribus  :  les  Montagnais,  les  Castors 
dans  la  rivière  la  Paix,  les  Mangeurs  de  caribous,  les  Plats  côtés 
de  chien,  les  Esclaves,  les  Peaux  de  lièvre,  les  Nahanés  et  les 
Soucbeux;  viennent  en  dernier  lieu  les  Esquimaux  sur  le  littoral 
de  la  mer  Glaciale.  Ces  sauvages  sont  de  mœurs  douces  et  pai- 
sibles. Le  pays  n'a  ni  gouverneur,  ni  tribunaux,  ni  juges,  ni  force 
armée  et  les  choses  n'en  vont  pas  plus  mal.  Ces  Indiens  sont 
honnêtes  et  presque  tous  chrétiens  catholiques.  Ils  vivent  de 
chasse  et  de  pèche,  de  pèche  surtout,  car  le  poisson  abonde  dans 
les  grands  lacs  et  le  long  des  rivières. 

c  La  Compagnie  de  la  baie  d'Hudson,  qui  est  établie  là  depuis 
longtemps,  fait  le  commerce  des  fourrures.  On  donne  le  nom  de  forts 
à  ses  comptoirs,  mais  ce  nom  pourrait  tromper  l'imagination.  Au- 
trefois, il  y  avait  bien,  à  l'enlour  des  petites  maisons  et  des  ma- 
gasins construits  en  bois,  quelques  palissades  qui  ont  disparu; 
rien  ne  rappelle  donc  l'idée  de  fortifications. 

c  11  n'y  a  presque  aucune  culture  du  sol,  —  le  climat  ne  le 
permet  guère;  —  cependant,  en  quelques  endroits  favorisés,  on 
obtient  des  récoltes  (pas  toujours  assurées)  de  pommes  de  terre. 

c  La  manière  de  voyager  varie  naturellement  selon  la  saison.  En 
été,  les  rivières  et  les  lacs  servent  de  chemin  aux  bateaux  ou 
canots.  En  hiver,  même  chemin,  mais  changé  en  glace,  recouverte 
de  neige.  La  glace  est  solide  :  je  l'ai  vue  épaisse  de  7  pieds  sur  le 
grand  lac  des  Esclaves.  Pour  voyager  en  hiver,  on  se  sert  de  la 
raquette  et  on  emploie  les  chiens  pour  traîner  provisions  et  ba- 
gages. Une  semaine  de  marche  sépare  les  postes  établis,  et  il  n'y 
a  point  d'hôtel  dans  l'intervalle;  de  là  nécessité  de  camper  dans 
la  neige.  Abattre  du  bois  de  chauffage,  faire  un  trou  dans  la  neige 
assez  grand  pour  que  les  voyageurs  s'y  étendent,  couper  des 
branches  de  sapin  pour  en  tapisser  le  sol,  allumer  le  feu,  faire 
fondre  de  la  neige  dans  une  chaudière  et  y  mettre  du  thé,  prendre 
un  repas  composé  de  viande  sèche  ou  de  pimikan,  s'envelopper  de 
ses  couvertures  et  se  coucher  à  la  belle  étoile  en  se  pressant  les 
uns  contre  les  autres,  telle  est  la  façon  de  camper.  Comme  les 
jours  sont  courts,  on  marche  presque  autant  la  nuit  que  le  jour  et 
l'on  a  souvent  l'occasion  de  voir  de  magnifiques  aurores  boréales. 

c  On  veut  suivre  la  voie  du  Mackenzie  pour  aller  au  Yukon.  C'est 
la  Compagnie  de  la  baie  d'Hudson  qui  a  découvert  ce  fleuve. 
Robert  Campbell  y  arriva  le  premier  en  remontant  la  rivière  des 
Liards  par  le  fort  Halket,  le  lac  Francis  et  la  rivière  Pelly.  11 
établit  en  1848  le  fort  Selkirk  qui  fut  pillé  par  les  sauvages  en 


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224  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

1852.  Il  avait  descendu  le  Yukon  jusqu'à  la  rivière  Porc-épic  (Por- 
cupine);  puis,  remontant  cette  dernière,  il  était  rentré  dans  la 
Mackenzic  en  faisant  un  portage  assez  court.  Ce  chemin  existe 
encore  et,  Tété  dernier,  des  mineurs  ont  voulu  le  suivre,  seulement 
ils  sont  partis  trop  tard  et  tous  ont  été  arrêtés  par  les  glaces  : 
huit  mois  d'arrêt  forcé.  —  J'ai  vu  au  fort  Résolution,  cet  hiver, 
un  parti  d'Américains  de  Chicago,  amenés  là  par  un  imposteur, 
auquel  ils  avaient  payé  500  dollars  par  tête.  Laissés  par  lui  sur  les 
bords  du  grand  lac  des  Esclaves,  sans  le  sou,  ils  ne  se  sont  pourtant 
pas  découragés;  ils  ont  construit  un  traîneau  à  voile  avec  lequel  ils 
espéraient  traverser  le  lac,  mais  la  neige  épaisse  et  les  bourdillons 
ou  glaçons  brisés  qui  hérissent  la  surface  de  ce  lac,  les  ont  em- 
pêchés de  réussir.  A  Edmonton,  j'ai  rencontre  une  foule  d'autres 
mineurs  se  hâtant  vers  Athabaska-Landing  afin  de  suivre  le  cours 
de  la  rivière  après  la  débâcle  des  glaces,  —  précipitation  inutile 
parce  que  le  lac  des  Esclaves  reste  couvort  de  glace  jusqu'à  la  fin 
du  mois  de  juin.  Partir  en  juin,  avec  force  provisions  de  bouche, 
s'armer  de  courage  et  de  persévérance,  prendre  un  guide  pour 
passer  les  rapides,  payer  de  sa  personne  dans  les  portages  et  en 
ramant  ou  halant  le  bateau,  on  peut  ainsi  sans  grands  frais  arriver 
au  Yukon  dans  la  même  saison.  > 

Le  conférencier  termine  par  quelques  indications  sur  l'orignal  ou 
élan  dont  la  chasse  est  très  difficile  parce  que  l'animal  est  doué 
de  sens  exquis;  sur  les  caribous  ou  rennes  des  steppes  qu'ils  par- 
courent en  troupes  innombrables;  puis  sur  les  animaux  à  fourrures, 
la  richesse  de  ce  pays,  tels  que  le  castor,  la  martre,  la  loutre, 
l'ours,  le  bœuf  musqué  et  surtout  le  renard  jaune  ou  croisé,  ou 
noir,  ce  dernier  rare  et  précieux. 

En  quelques  mots  très  appréciés,  M.  Le  Myre  de  Vilers  remercie 
Mgr  Légal  et  Mgr  Grouard  des  communications  qu'ils  ont  bien  voulu 
faire  à  la  Société,  c  Cette  séance,  ajoute-t-il,  comptera  parmi  nos 
meilleures  et  les  applaudissements  qui  ont  souligné  à  maintes  re- 
prises les  parties  saillantes,  je  pourrais  dire  étincelantes,  des 
deux  conférences  attestent  le  plaisir  que  vous  nous  avez  fait.  » 

Après  le  Président,  Mgr  Langevin,  archevêque  du  Manitoba, 
prend  la  parole.  Dans  une  charmante  improvisation,  il  remercie 
pour  l'accueil  qui  a  été  fait  à  lui  et  à  ses  deux  suffragants.  11 
parle  de  la  province  canadienne  où  il  exerce  son  ministère,  pro- 
vince seize  fois   grande  comme  la  France,  découverte  par  des 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  225 

Français  et  où,  a  si  tous  y  veniez,  dit-il  en  s'adressant  aux  membres 
de  Ja  Société,  vous  seriez  bien  accueillis,  vous  nos  frères  et  cou- 
sins de  France  >.  (Vifs  applaudissements.) 


H.  —  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 


ASIE 

Tnrke»t»n.  —  M.  Emile  Muller,  professeur  au  lycée  de  Tachkent, 
communique  la  note  suivante  : 

Gisements  de  fer  et  de  cuivre.  —  D'abondants  gisements  de 
riches  minerais  de  fer  ainsi  que  des  dépôts  de  cuivre  natif  ont  été 
trouvés  récemment  dans  le  Turkestan. 

On  a  découvert  du  minerai  de  fer  magnétique  près  du  chemin 
fie  fer,  actuellement  en  construction,  qui  doit  relier  Samarkandeà 
Andidjan  (Ferganah),  à  90  kilomètres  de  la  station  de  Kokan,  et  à 
12  kilomètres  du  village  indigène  de  Gava.  D'après  les  analyses 
faites  au  laboratoire  du  ministère  des  finances,  ce  minerai  contient 
62,57  p.  100  de  fer  métallique.  Les  dépôts  de  ce  minerai  forment 
sur  ce  point,  paraît-il,  toute  une  montagne,  et  se  montrent  sou- 
vent à  découvert. 

D'autre  part,  on  a  trouvé  un  gisement  de  cuivre  natif  à  14  kilo- 
mètres du  même  chemin  de  fer,  près  du  village  de  Nota,  au  pied 
du  Soupé-Taou,  et  les  recherches  continuent. 

Actuellement,  le  Turkestan,  la  Transcaspie,  Khiva,  Boukhara, 
le  nord  de  la  Perse,  l'Afghanistan,  certaines  provinces  du  nord 
de  llnde,  Kachgar  et  diverses  parties  de  la  Chine  reçoivent  du  fer 
venant  de  l'Oural  par  Troitsk  et  Tachkent.  On  conçoit  donc  de  quelle 
importance  est,  pour  le  Ferganah,  la  découverte  de  ces  gisements, 
d'autant  plus  que  le  pays  a  du  combustible  en  abondance  sous 
forme  de  charbon  et  même  de  pétrole,  et  que  le  Turkestan  possé- 
dera bientôt  2,500  kilomètres  de  voies  ferrées  qui  faciliteront  la 
circulation  et  l'exportation  de  ses  produits.  —  (Pravitelstvenni 
Viestnik  du  13/25  février  1898,  n°  35). 

Mandehourie  :  Son  développement  économique.  —  L'importance 
de  la  Mandchourie  grandit,  à  mesure  qu'avancent  les  travaux  du 
chemin  de  fer  transsibérien.  Dans  une  communication  faite  à  la 
section  d'Irkoutsk  de  la  Société  impériale  russe  de  Géographie, 


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226  comptes  rendus  des  séances. 

M.  Levine  a  fourni  sur  ce  sujet  quelques  aperçus  nouveaux.  La 
partie  méridionale  du  pays  (provinces  de  Ghirin  et  de  Moukden) 
est  d'une  remarquable  fertilité.  La  température,  fort  élevée  durant 
les  quelques  mois  d'été,  permet  d'y  cultiver  avec  succès  les  pro- 
duits tropicaux  :  coton,  maïs,  riz,  indigo.  Certaines  cultures  four- 
nissent un  rendement  prodigieux  :  celle  du  millet,  donne  jusqu'à 
300  pour  1.  La  culture  du  coton  et  de  la  soie  atteint  annuellement 
le  chiffre  de  5  à  6  millions  de  roubles  métalliques  (environ  20  mil- 
lions de  francs).  Celle  du  pavot  et  la  fabrication  de  l'opium  prennent 
tous  les  jours  une  importance  plus  grande  et  menacent  de  faire  une 
sérieuse  concurrrence  aux  produits  similaires  de  l'Inde.  Les  soieries 
figuraient,  Tan  dernier,  dans  les  exportations  de  la  Mandchourie 
pour  50,000  pouds  (800,000  kilogr.)  valant  2  millions  de  roubles. 

On  y  cultive  avec  succès  la  célèbre  plante  médicinale,  la  j en- 
chéri, à  laquelle  les  Chinois  attribuent  de  grandes  propriétés  thé- 
rapeutiques. 

Au  point  de  vue  physique,  le  sud  de  la  Mandchourie  présente, 
comme  on  sait,  des  hauteurs  beaucoup  plus  accentuées  que  celles 
du  nord  qui  font  partie  des  monts  Khingaji.  La  lave  et  les  anciens 
cratères  qu'on  y  rencontre  attesteot  qu'autrefois  cette  contrée  a 
été  soumise  à  des  influences  volcaniques. 

D'autre  part,  M.  Komarof,  qui  avait  été  chargé,  en  1896,  avec 
M.  Anert,  par  la  Société  impériale  russe  de  Géographie,  d'une  mission 
scientifique  en  Mandchourie,  a  rendu  compte,  le  23  mars  dernier, 
des  principaux  résultats  de  sa  mission.  L'expédition  comprenait, 
outre  MM.  Komarof  et  Anert  (ce  dernier  actuellement  encore  dans  la 
Mandchourie),  un  topographe,  M.  G.  Volkof,  et  un  préparateur 
d'histoire  naturelle,  M.  Yanovski.  Les  voyageurs,  soit  ensemble, 
soit  isolément,  ont  parcouru  le  pays  en  tous  sens. 

M.  Komarof  signale  la  disposition  des  chaînes  de  montagnes 
dont  la  Mandchourie  est  couverte  et  qui  portent  encore  les  traces 
d'une  violente  érosion.  En  maints  endroits,  ces  montagnes,  com- 
posées de  roches  cristallines,  se  sont  fractionnées  et  forment  des 
groupes  distincts.  Les  rivières  qui  longent  ces  chaînes  traversent 
des  vallées  spacieuses,  et  sont  soumises  à  des  crues  fréquentes, 
durant  les  mois  d'avril  et  de  juillet. 

En  ce  qui  concerne  le  climat,  M.  Komarof  fait  observer  que,  dans 
tout  le  nord  de  la  Corée  comme  dans  les  provinces  de  Ghirin  et  de 
Moukden  (Mandchourie),  les  vents  du  sud-ouest,  et  non  ceux  du 
sud-est,  amènent  de  la  pluie. 

11  insiste  sur  le  rapide  accroissement  de  la  population  de  la  Mand- 


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SÉANCES,  DES  6  ET  30  MAI  1898.  227 

chou  rie,  population  agricole  paisible,  qui  a  réussi  à  transformer  de 
vastes  terrains  naguère  incultes,  en  des  zones  fertiles. 

Les  principales  villes  de  la  Mandchourie  sont  :  Ghirin200,000  ha- 
bitants; Kouau-tchen-tza  (ou  Tchan-lchoun),  200,000;  Moukden, 
100,000  environ. 

K«u*iig-t*ting.  —  Kouang-tchéou-ouâne.  —  La  baie  de  Kouang- 
tchéou  (ouâne  =  baie),  suivant  la  prononciation  et  l'orthographe 
françaises,  que  Ton  trouve  plus  souvent  désignée,  suivant  la  trans- 
cription anglaise  des  caractères  chinois,  par  Kwang-chau-wan,  vient 
d'être  occupée  par  nos  troupes.  Gomme  elle  n'a  été  jusqu'ici  visitée 
par  aucun  explorateur,  en  dehors  des  officiers  des  marines  chinoise 
et  européenne,  c'est  aux  cartes  nautiques  et  aux  pilotes  des  mers 
de  Chine  que  nous  devons  en  emprunter  la  description,  faite  pour 
la  première  fois  par  M.  Longueville,  qui  commandait  en  1870  une 
canonnière  du  vice-roi  de  Canton  et  que  nous  avons  trouvée  dans 
le  China  Sea  Directory  et  les  Instructions  nautiques  françaises. 
C'est  d'après  les  cartes  marines  françaises  et  anglaises  que  nous 
avons  fait  le  croquis  de  la  baie.  Elle  se  trouve  un  peu  au  nord  de 
Haï-nan  dans  le  fond  du  golfe  formé,  à  l'est  de  la  péninsule  de 
Lei-tchéou,  par  la  côte  sud  de  la  province  de  Kouang-toung.  Elle 
est  de  forme  à" peu  près  circulaire  et  constitue,  grâce  à  l'île  qui  la 
ferme  au  sud,  un  bassin  ou  port  intérieur,  invisible  du  large  et 
dont  le  centre  se  trouve  par  21°  12'  de  latitude  mord,  par  suite 
dans  la  zone  tropicale,  et  le  11 0*27'  de  longitude  est  deGreenwicb. 
Elle  a  12  milles  d'étendue  du  nord  au  sud  et  presque  exactement 
autant  de  l'est  à  l'ouest.  Son  périmètre  total  est  d'à  peu  près 
36  milles  de  longueur,  si  l'on  ne  compte  pas  les  estuaires  des  ri- 
vières qui  viennent  s'y  jeter.  Ce  périmètre  est  formé  aux  trois 
quarts,  pour  le  nord,  l'est  et  l'ouest,  par  la  côte  de  la  province  de 
Kouang-toung,  le  quatrième  quart,  au  sud,  par  la  côte  d'une  grande 
lie  innomée  sur  les  cartes  européennes.  Cette  île  ne  mesure  pas 
moins  de  26  milles  dans  sa  plus  grande  longueur  et  son  axe  est 
dirigé  du  nord-est  au  sud-est.  Elle  a  13  milles  du  nord  au  sud,  dans 
sa  plus  grande  largeur.  Entre  cette  grande  lie  et  la  terre  se  trou- 
vent deux  passages,  l'un  à  l'ouest,  l'autre  à  Test,  qui  forment  les 
deux  seules  entrées  de  la  baie. 

Le  premier  dont  la  direction  est  nord-est — sud-ouest,  mesure 
45  milles  de  longueur,  sur  une  largeur  variant  de  1 1/2  à  2  1/2  milles. 
11  contient  vers  le  milieu  3  îles  basses.  Sa  profondeur,  dans  la 
première  moitié,  est  de  4  brasses  et  de  3  1/2  seulement  dans  la 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  229 

seconde  moitié.  Ce  chenal  constitue  l'entrée  sud  de  la  baie.  Ainsi 
qu'on  s'en  rend  facilement  compte  par  l'étude  des  cartes  marines, 
cette  entrée  est  rendue  assez  difficile  par  l'existence  de  bancs  de 
sable  et  de  hauts-fonds  s'étendant  à  une  distance  de  30  à  36  milles 
au  large,  du  nord  au  sud,  entre  la  grande  île  et  la  terre.  La  mer 
brise  sur  plusieurs  points  où  Ton  ne  trouve  que  2  à  3  brasses 
d'eau.  La  côte  feud  de  la  grande  île  est  mal  connue  et  bordée  de 
récifs  qui  paraissent  s'étendre  dans  le  lointain  au  large.  11  en  est 
de  même  de  la  côte  même  de  la  péninsule  de  Lien-tchéou. 

Même  en  venant  du  sud,  il  semble  préférable  d'aller  prendre  l'en- 
trée orientale,  en  passant  au  large  de  l'Ile  Nau-tcbau,  ou  Nao- 
tcbéou,  séparée  de  la  partie  est  de  la  grande  île  innomée,  par  un 
chenal  de  2  à  3  milles  rempli  de  bancs  de  sable  et  de  récifs.  On 
devra  veiller,  pour  éviter  la  barre  qui  se  trouve  à  2  milles  1/2  au 
large  de  l'entrée  et  sur  laquelle  on  n'a  que  1  brasse  1  /2  d'eau.  Heureu- 
sement on  peut  la  contourner  par  le  nord  où  l'on  trouve  10  brasses. 
Ce  chenal  de  l'est  n'a  que  2  à  3  milles  de  longueur  et  sa  largeur 
minima  est  de  1/2  mille.  Aussitôt  qu'on  est  entré  dans  la  baie,  on 
peut  mouiller  un  peu  au  nord  par  8  brasses.  On  trouve  jusqu'à  10 
et  12  brasses  au  centre.  Étant  données  l'étendue  du  bassin  et  la  hau- 
teur des  marées,  qui  atteint  de  2  à  3  mètres  aux  syzygies,  il  doit  y 
avoir  un  courant  très  considérable  dans  le  chenal  de  l'est,  surtout 
si  le  vent  vient  de  l'ouest  et  que  la  mer  descende.  Cependant  les 
Instructions  nautiques  n'en  parlent  pas.  A  Chuk-un,  petit  village  à 
rentrée  d'une  rivière  dans  le  nord  de  la  baie,  la  mer  atteint  6  mètres 
de  hauteur  aux  grandes  marées.  On  trouve  un  mouillage  abrité  et 
par  10  brasses  de  fond  sous  le  fort  de  Mar-sha  à  l'entrée  de  cette 
rivière.  Un  autre  mouillage  est  indiqué  sur  les  cartes  sous  Taï-pien 
dans  le  chenal  du  sud-ouest  par  A  brasses  de  profondeur  à  l'entrée 
d'une  crique.  A  l'entrée  de  ce  passage  se  voit  une  haute  pagode  de 
sept  étages  située  en  avant  de  la  ville  de  Lei-tchéou.  C'est  la  plus 
grande  ville  de  la  péninsule  de  ce  nom.  Ses  principaux  articles 
d'exportation  consistent  en  sucre,  huile  et  tourteaux  de  pois;  nattes 
pour  voiles.  Le  commerce  de  Chuk-un  est  le  même.  Les  cartes  an- 
glaises et  les  françaises  de  1860,  corrigées  en  1882,  marquent  la  côte 
de  cette  péninsule  et  de  la  grande  ile  comme  incertaines.  En  somme 
l'hydrographie  en  est  encore  sommaire. 

A.  A.  Fauvel. 

indo-Chine  rrançaiae  t  La  navigabilité  du  Mékong  aux  basses 
eaux  entre  Kratié  et  Stung-treng.  —  Stung-treng,  le  1"  mars  1898. 


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230  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

—  Parmi  les  questions  d'urgence  que  M.  Je  gouverneur  général 
Doumer  s'est  donné  la  tâche  de  résoudre,  la  navigabilité  du  Bas 
Mékong  de  Kratié  à  Stung-treng  n'est  pas  une  des  moins  importantes. 

c  Le  Laos,  et  le  Ras  Laos  particulièrement,  attendent  tout  des 
voies  de  communication  dont  on  voudra  bien  les  doter,  car,  à 
défaut  d'une  voie  fluviale  praticable  pour  les  bateaux  en  toute 
saison  ou  d'un  chemin  de  fer  allant  vers  l'un  de  nos  ports  indo- 
chinois,  inutile  de  penser  au  développement  agricole,  minier  et 
commercial  du  pays. 

c  Certains  explorateurs,  et  non  des  moindres,  ont  prétendu 
bien  à  tort  que  le  Mékong  n'offrait  aucune  trace  de  mouvement 
commercial  et  que  le  Laos  ne  pouvait  être  d'un  bon  rapport  que 
dans  un  avenir  éloigné.  Ces  deux  appréciations,  ou  plutôt  ces  im- 
pressions, pour  me  servir  du  terme  de  l'un  des  membres  de  la 
mission  lyonnaise  en  Chine,  sont  fausses;  ceux  qui  les  ont 
émises  ont  passé  trop  peu  de  temps  dans  le  pays.  Oui,  il  existe,  à 
l'état  embryonnaire,  il  est  vrai,  un  trafic  commercial  allant  de 
Luang-prabang  et  surtout  de  Bassac,  Khong,  Stung-treng  vers 
Saigon,  trafic  qui  n'ira  qu'en  progressant,  pourvu  que  ces  pays 
neufs  aient  avant  peu  une  voie  commerciale  sûre  et  non  interrom- 
pue. 

c  C'est  cette  question  que  MM.  Y  lier,  lieutenant  de  vaisseau, 
Desbos,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  et  Morin,  lieutenant  de 
la  légion  étrangère,  examinent  dans  leur  rapport  du  25  mai  1897  : 

c  Jusqu'en  l'année  1885,  disent-ils  en  substance,  malgré  les  tra- 
vaux de  la  mission  Doudart  de  Lagrée  et  Francis  Garnier,  qui  indi- 
quaient dès  1865  la  possibilité  de  remonter  avec  un  bateau  à 
vapeur  jusqu'à  Khône  en  franchissant  les  rapides  de  Sambor,  de 
Préapatang  et  de  Khondinh,  la  navigation  à  vapeur  sur  le  Mékong 
s'arrêtait  à  Kratié. 

c  Après  les  brillants  résultats  obtenus  pendant  les  années  1885, 
1886, 1887  et  1889  par  les  officiers  de  marine,  le  commandant 
lléveillère,  les  lieutenants  de  vaisseau  de  Fésigny  et  Heurtel,  la 
navigation  à  vapeur  dans  le  Mékong  entre  Kratié  et  Khône  au  mo- 
ment des  hautes  eaux  était  un  fait  acquis. 

c  En  1892,  la  Compagnie  des  Messageries  fluviales  construisit 
spécialement,  en  vue  de  cette  navigation,  un  bateau,  le  Bassac, 
assurant  ainsi,  pendant  les  hautes  eaux,  un  service  hebdomadaire 
entre  Phnom-penh  et  Khône,  le  barrage  de  Khône  étant  infranchis- 
sable pour  un  bateau  à  vapeur. 

c  L'année  suivante,  le  service  des  travaux  publics  de  la  Cochin- 


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SÉÀNCE8  DES  6   ET  40  MAI  1898.  231 

chine  établissait  dans  File  de  Khône  une  voie  ferrée  destinée  au 
transbordement  de  la  canonnière  La  Grandière,  commandée  par 
le  lieutenant  de  vaisseau  Simon,  qui  était  chargé  de  l'étude  de  la 
navigation  dans  le  Mékong  supérieur.  Cette  voie  ferrée,  modifiée 
comme  tracé,  en  1896,  après  le  transbordement  des  bateaux  de  la 
Compagnie  des  Messageries  fluviales,  le  Garcerie  et  le  Colombert, 
est  mise  actuellement  à  la  disposition  du  commerce  pour  le  trans- 
port des  marchandises  de  Khône  Ouest  à  Khône  Sud,  distants  de 
6  kilomètres,  situés  à  l'amont  et  à  l'aval  du  barrage  de  Khône. 
«  Ces  résultats,  qui  étaient  peut-être  suffisants  pour  donner 
satisfaction  au  commerce  peu  développé  du  Laos,  n'apportaient 
pourtant  qu'une  amélioration  partielle  aux  relations  administra- 
tives avec  Saigon  et  seront  tout  à  fait  insuffisants  quand  le  com- 
merce du  Laos  aura  pris  une  extension  plus  grande  ou  lorsque 
les  circonstances  exigeront  une  opération  militaire  dans  le  Laos(l). 
c  En  1894,  le  lieutenant  de  vaisseau  feu  Georges  Robaglia  était 
chargé  d'une  mission  ayant  pour  but  la  recherche  d'un  chenal  des 
basses  eaux.  Cet  officier,  après  avoir  étudié  le  fleuve  pendant  la 
saison  sèche,  concluait  à  la  possibilité  de  remonter  de  Kratié  à  Khône 
au  moment  des  basses  eaux;  il  dressa  une  carte  sur  laquelle  le 
chenal  à  suivre  était  indiqué.  Lui-même  descendit  ce  chenal  sur 
Y  Argus  avec  1  m.  20  de  crue  à  Stung-treng,  correspondant  à  une 
montée  de  2  m.  50  à  Kratié. 

c  En  1896,  l'administration  du  Laos  a  créé  avec  le  bateau  à  va- 
peur V Argus  un  service  permanent,  reliant  Khône  à  Stung-treng 
sur  une  longueur  de  60  kilomètres. 

c  Cette  môme  année,  M.  Catoire  fut  chargé  d'exécuter  des  tra- 
vaux importants  en  vue  de  l'amélioration  de  la  navigabilité  du 
Mékong  au-dessus  de  Kratié. 

c  La  mission  estime  qu'il  est  inutile  de  baliser  une  ligne  pré- 
sentant des  dangers,  à  l'aide  d'ouvrages  distants  de  un  mille  en- 
viron; la  violence  du  courant,  dont  la  direction  varie  d'un  point  à 
un  autre,  empêche  absolument  la  navigation  d'un  bateau  suivant 
des  alignements  définis  par  des  points  aussi  éloignés.  C'est 
d'ailleurs  ce  que  l'expérience  n'a  pas  tardé  à  démontrer. 

c  11  est  opportun  de  faire  remarquer  que  la  chaloupe  à  vapeur 
le  Sambor  est  le  premier  bâtiment  qui  ait  fait  le  trajet  aux  basses 
eaux  de  Kratié  à  Stung-treng.  Cette  chaloupe  calant  1  m.  50,  les 

(i)  Le  commerce  du  Bas  Laos  prend  de  jour  en  jour  une  plus  grande  ex- 
tension et  tout  fait  prévoir  qu'avant  peu  une  opération  militaire  aura  Heu  de  ce 
côté.  —  G.  A. 


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232  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

50  centimètres  de  tirant  d'eau  qu'elle  a  de  plus  que  le  bateau 
dont  le  type  est  donné  par  le  comité  de  navigation  du  Mékong, 
compensent  largement  les  0  m.  35  de  différence  entre  l'étiage  de 
cette  année  et  l'étiage  des  années  précédentes. 

c  Le  Sambor  ayant  pu  franchir  tous  les  obstacles,  la  mission 
est  d'avis  que  le  Mékong  sera  navigable  entre  Kratié  et  Stung- 
treng,  aux  basses  eaux,  pour  un  bateau  calant  1  mètre  et  du  type 
indiqué  par  le  comité,  aux  conditions  suivantes  : 

c  1°  Que  le  bateau  donnera  une  vitesse  de  12  nœuds  aux  essais; 

c  2°  Qu'il  y  aura  à  bord  un  pilote  taïcon,  connaissant  parfaite- 
ment la  passe  des  basses  eaux  entre  Kratié  et  Stung-treng; 

<  3°  Que  les  passages  difficiles,  entre  autres  ceux  de  la  Dou- 
er eacle,  Sambor  et  Samboc  auront  été  dérochés  et  que  de  petites 
bouées  baliseront  la  route  lorsque  le  chenal  ne  sera  pas  suffisam- 
ment indiqué. 

c  On  pourra  ainsi  améliorer  les  passes,  mais  la  navigation 
restera  toujours  difficile  ou  au  moins  délicate  aux  basses  eaux,  et 
la  mission  n'bésite  pas  à  affirmer  que,  sans  un  homme  pratique, 
sans  un  pilote  taïcon,  les  seuils  ne  pourront  être  franchis  et  l'on 
s'exposerait  à  un  échouage  presque  certain.  > 

c  L'extraction  des  roches  est  déjà  commencée,  et  une  équipe 
d'ouvriers  sous  la  conduite  de  M.  le  capitaine  Denis,  des  Messa- 
geries fluviales  de  Gochinchine,  procède  aux  travaux  préliminaires 
à  l'heure  où  je  vous  écris. 

c  II  serait  prématuré  d'émettre  une  opinion  sur  les  résultats 
du  travail  entrepris,  certains  ingénieurs  ne  partageant  pas  l'avis 
des  membres  de  la  mission  ;  mais  il  s'ensuit  pourtant  que,  si  le 
Mékong  ne  pouvait  être  rendu  navigable,  il  faudrait  se  mettre 
courageusement  à  la  construction  d'une  voie  ferrée. 

c  Car,  comme  je  disais  au  début  de  ces  quelques  notes,  le  Bas 
Laos  n'attend  plus  qu'une  bonne  voie  dé  communication  centrale 
pour  prendre  son  essor  commercial  et  agricole.  » 

Gaston  Amelot. 


AFRIQUE 

Sahara  :  MM.  Laperrine  et  Germain  à  In-Salah.  —  Re- 
connaissances dans  la  région  des  lacs  de  Tombouctou.  —  L'occu- 
pation effective  des  oasis  du  Gourara,  du  Touat  et  du  Tidikelt, 
souvent  demandée,  souvent  annoncée,  est  toujours  retardée.  Mais 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  233 

nos  officiers  du  Sud-Oranais  n'en  continuent  pas  moins  de  pousser 
des  reconnaissances  hardies  dans  là  direction  de  ces  oasis. 

On  se  souvient  du  raid  exécuté,  à  deux  reprises»  par  M.  le 
commandant  Godron,  vers  le  Gourara,  au  commencement  de  Tannée 
dernière.  Cette  année,  deux  officiers  du  foordj  Mac-Manon,  MM.  La- 
perrine  et  Germain,  accompagnés  de  40  spahis,  se  rendirent  à  In- 
Salah,  dans  les  premiers  jours  du  mois  d'avril.  Us  rapportent  de 
cette  expédition,  qu'ils  ont  réussi  à  accomplir  pacifiquement,  un 
itinéraire  très  complet,  au  1/200,000*.  Cet  itinéraire  passe  par 
Ain  el  Adrek,  Oued  Aflissès,  Aïn  Souf,  Maader  Souf,  Hassi  Mey- 
lagh  et  Aoulnet  Sissa.  Le  lçvé  d'itinéraire  ne  comporte  pas  moins 
de  662  kilomètres. 

Quant  à  la  position  d'In-Salah,  ou  plutôt  de  Ksar  el  Kébir,  déjà 
rectifiée  par  les  observations  de  M.  Four  eau,  elle  tomberait  exac- 
tement, d'après  cet  itinéraire,  sur  la  lettre  E  du  mot  Sàhela,  porté 
sur  la  carte  au  1/2,000,000*  du  commandant  de  Lannoy  de  Bissy, 
carte  publiée  par  le  Service  géographique  de  Tannée.  Sur  la  carte 
au  1/800,000*  du  dépôt  de  la  guerre,  Ksar  el  Kébir  se  trouverait 
à  la  place  du  point  nommé  Foquaret  Rerabich,  à  52  kilomètres  à 
Test  légèrement  sud  de  la  position  actuelle  d'In-Salah. 

Les  itinéraires  écrits  de  M.  le  commandant  Déporter  ont  été 
trouvés  justes,  mais  souvent  faussement  interprétés  sur  la  carte 
dressée  à  l'aide  de  ces  renseignements. 

Cette  pointe  poussée  jusqu'aux  oasis  d'In-Salah  par  les  deux  offi- 
ciers du  bordj  Mac-Mahon  est  du  plus  grand  intérêt,  car  elle  est  de 
nature  à  préparer  de  la  manière  la  plus  heureuse  l'extension  paci- 
fique de  notre  influence  dans  cette  région. 

—  Si  nous  franchissons  par  la  pensée  tout  le  Sahara  occidental, 
nous  trouvons,  dans  la  région  des  lacs  de  Tombouctou,  des  ren- 
seignements géographiques  nouveaux  dus  aux  reconnaissances  de 
nos  officiers. 

Sur  le  petit  croquis  ci-contre,  on  remarquera  des  points  nou- 
veaux, tels  que  Ilékett,  Tindekmatt,  Bokitt,  et  les  puits  de  Gui- 
nindé  et  de  M'Bari.  Au  sud-ouest  des  Sonna  Koré  et8ibi,un  autre 
Sonna,  ou  hauteur,  a  été  signalée  ;  les  mares  de  Tindafakar,  de  Til- 
lékienn  et  de  Tiékinéouan,  qui  prolongent  vers  l'ouest  le  Daouna 
Keïna,  ont  été  relevées. 

Enfin,  nous  possédons  un  levé  exact  du  marigot  qui  relie  le 
système  des  Daounas  au  lac  Faguibrne. 

En  ajoutant  ces  renseignements  nouveaux  à  ceux  que  donnait  la 
SOC.  DE  OIO«1.  —  C.  1.  DIS  SfiAXCES.  —  n*  5.  —  Mai*  1? 


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Goo 


SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898. 


235 


carte  parue  en  novembre  1897  dans  le  Bulletin  du  Comité  de 

l'Afrique  française,  on 

se  trouve  posséder  une 

carte  exacte  de  toute 

cette  si  intéressante  et 

si  curieuse  région. 

P.  Vuillot. 


Cète    d'ivoire.    — 

Lettre  de  M*  Clozel. 
—  Grand  -Bassam, 
10  mars  (1)  :  c  Partis 
le  26  novembre  1897 
de  notre  poste  d'Assi- 
kasso  avec  M.  Lamblin, 
t  interprètes  et  25  mi- 
liciens, nous  sommes 
entrés  à  Bondoukou,  le 
5  décembre,  sans  coup 
férir,  écrit  M.  Clozel. 
La  ville  paraissait  avoir 
souffert  de  l'occupation 
anglaise  et  de  celle  de 
Samory  qui  avait  pré- 
cédé. Ce  dernier,  en 
particulier,  y  a  fait 
nombre  d'exécutions  et 
Ta  entourée  d'un  véri- 
table cordon  de  têtes 
coupées.  Pour  la  des- 
cription de  l'endroit, 
je  renvoie  à  l'ouvrage 
de  M.  Binger,  tome  II, 
page  163. 

c  Aussitôt  notre  en- 
trée à  Bondoukou  con- 
nue, le  gouverneur  de 
la  Côte  d'Ivoire  me 
donna  Tordre  de  l'oc- 
cuper solidement  en  y 

(4)  V.  Comptes  rendu*,  n°  3, 1898,  p.  145. 


BondouwA^ 7.SOf2. 

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236  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

fondant  un  poste  fortifié.  Ce  poste,  dont  les  travaux  ont  été  active- 
ment poussés,  s'élève  maintenant  à  la  lisière  nord-ouest  de  la  ville, 
non  loin  de  l'ancienne  mosquée.  Les  troupes  de  la  colonne  du  Sou- 
dan étant  installées  auprès  de  Bouna,  encore  occupé  par  les  Anglais, 
tandis  que  celles  de  la  Côte  d'Ivoire  s'installaient  à  Bondoukou,  la 

onction  de  nos  deux  colonies  peut  être  considérée  comme  un  fait 
accompli.  120  ou  130  kilomètres  séparent  leurs  avant-postes  res- 
pectifs, qui  se  toucheront  le  jour  que  Ton  voudra. 

c  Tous  les  chefs  de  Bondoukou  et  de  PAbron  ont  fait  leur  com- 
plète soumission.  Enfin  Samory,  comme  nous  l'avons  dit,  ne 
détenait  plus,  à  la  fin  de  janvier,  sur  la  rive  gauche  du  Comoë 
que  deux  points  :  un  sur  la  route  de  Bondoukou  à  Kong,  près  de 
Nabaè,  un  autre  dans  le  Barabo  (1).  > 

On  sait,  d'autre  part,  que  le  lieutenant  Demars  a  réoccupé  Kong 
à  la  fin  de  janvier  et  qu'il  est  parvenu,  malgré  les  efforts  des  Sofas, 
à  s'y  maintenir  jusqu'à  l'arrivée  du  commandant  Caudreiier. 

Bassin  du  Tchad.  —  La  mission  Gentil  au  lac  Tchad;  le 
poste  de  Gribingui;  M.  Pierre  PrinsàEl  Kouti;  retour  pro- 
chain de  M.  Gentil.  —  La  mission  Gentil  est  terminée  et  les  prin- 
cipaux résultats  de  cette  glorieuse  entreprise  ont  été  portés  à  la 
connaissance  du  public  par  une  lettre  parue  dans  le  Temps 
du  27  mai.  Nous  pouvons  donc  à  notre  tour  et  sans  indiscrétion 
reprendre  les  faits,  les  compléter  sur  quelques  points  et  publier 
des  extraits  de  plusieurs  lettres  confiées  à  la  Société  de  Géographie 
par  M.  Prins,  père  d'un  des  membres  de  la  mission,  dont  le  nom 
n'a  pas  encore  été  prononcé,  croyons-nous,  en  dehors  de  nos 
séances. 

Rappelons  d'abord  que  M.  l'administrateur  colonial  Gentil, 
ancien  officier  de  marine  et  collaborateur  de  M.  de  Brazza  dans  la 
Haute  Sangha,  partit  de  France  en  avril  1895  avec  un  petit  vapeur 
démontable  qu'il  nomma  le  Léon-Blot,  en  souvenir  d'un  de  ses 
anciens  camarades.  Il  était  accompagné  de  MM.  Fredon,  chef  de 
station,  Huntzbutler,  un  des  membres  de  la  mission  Mizon,  et 
Vival,  fils  du  député  du  Lot.  M.  Vival  succomba  à  Loango  au 
moment  du  départ  et  fut  remplacé  par  un  ancien  sous-officier  de 
cuirassiers,  M.  Pierre  Prins. 

On  sait  que  l'expédition,  organisée  sous  les  auspices  de  M.  de 

(1)  La  carte  jointe  à  cet  article,  établie  par  M.  Clozel,  nous  a  été  remise  par 
Hotre  collègue  M.  Seigland  qui  revient  de  la  Côte  d'Ivoire,  où  il  a  fait  de  nom- 
breux levés. 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898. 


237 


Brazza,  commissaire  général  du  Congo  français,  remonta  l'Ouban- 
gui  jusqu'à  Ouadda,  puis  la  Kemo  pour  se  rapprocher  de  l'itiné- 
raire de  la  mission  Maistre  entre  le  Congo  et  le  Chari. 

M.  Gentil  fonda  le  poste  de  Krebedgé,  sur  la  Tomi,  affluent 
de  la  Kémo  par  5°46.  Puis  avec  M.  Huntzbutler,  il  s'établit  sur  un 
sous-affluent  du  Chari  par  6°46.  Ce  poste,  commencé  le  21  sep- 
tembre 1896,  fut  achevé  le  12  octobre.  Mais  la  rivière  sur  laquelle 


I'oslo  de  Gribingui  au  mois  d'août  1897. 

il  avait  été  établi  n'était  pas  navigable;  il  fallut  chercher  une  autre 
ligne  de  pénétration.  Aussi  n'est-ce  qu'au  mois  d'avril  1897  que 
M.  Gentil  et  ses  compagnons  furent  à  pied  d'oeuvre  à  un  poste 
installé  sur  un  affluent  du  Gribingui  par  7°  de  latitude  et  16° 40'  de 
longitude  est. 

La  lettre  de  M.  Gentil  que  le  Temps  vient  de  publier  est  datée 
de  Gribingui  le  5  décembre  1897.  Elle  annonce  que  la  petite 
colonne,  forte  de  50  hommes,  a  réussi  à  descendre  le  Gribingui 
et  le  Chari  et  que,  le  1er  novembre  1897,  le  Léon-Blot  faisait  son 
entrée  dans  les  eaux  franches  du  Tchad. 

c  Je  vous  assure,  écrit  M.  Gentil,  que  c'était  un  spectacle  mer- 
veilleux —  une  vraie  mer  —  d'autant  plus  que,  pour  compléter 


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238  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

l'illusion,  une  jolie  brise  soufflait,  qui  formait  un  clapotis  assez 
sérieux.  > 

Pour  atteindre  ce  fameux  lac,  il  faut  faire  route  au  milieu  d'un 
fouillis  inextricable  d'îles,  qui  se  trouvent  à  l'entrée.  De  la  terre 
ferme  il  est  impossible  d'apercevoir  autre  cbose  que  des  herbes, 
des  joncs  ou  des  papyrus,  seuls  végétaux  du  lac. 

Le  manque  d'approvisionnement  et  le  souci  de  sa  sécurité  ne 
permirent  pas  à  la  mission  d'entreprendre  l'exploration  complète 
du  Tchad. 

Après  avoir  fait  les  relevés  géographiques  nécessaires,  M.  Gentil 
revint  au  Baguirmi,  dont  le  sultan  l'avait  bien  accueilli  avant  son 
audacieuse  tentative  dans  le  pays  soumis  à  Rabah,  et  défendu  par 
des  places  fortes  telles  que  Koussouri  et  Goulfeï. 

Sans  insister  sur  les  résultats  politiques  de  la  mission,  citons  ce 
passage  de  la  lettre  de  M.  Gentil  qui  intéresse  plus  particulière- 
ment la  Société  : 

c  Les  résultats  géographiques  de  l'expédition  sont  sérieux.  Un 
itinéraire  complet  de  Ouadda  au  Tchad  comprenant  le  cours 
presque  complet  du  Gribingui  et  du  Chari;  la  découverte  de 
l'embouchure  du  Ba-N'Gorou,  du  Bakari  et  d'une  rivière  qui 
communique  avec  le  Bahr  Salamat;  la  reconnaissance  du  Bahr 
Erguieg  jusqu'à  Maggi;  la  délimitation  des  tranches  principales  du 
Chari  et  la  quasi-certitude  que  le  Logone  n'est  qu'une  branche  du 
Chari. 

a  Le  Gribingui  n'est  qu'un  affluent  du  Chari  et  non  pas  une  de 
ses  branches.  A  l'endroit  où  il  se  jette  dans  le  Chari,  le  Gribingui 
a  à  peine  70  mètres,  tandis  que  le  Chari  est  trois  fois  plus  large 
et  beaucoup  plus  profond. 

c  D'assez  bonnes  observations  astronomiques,  des  notes  nom- 
breuses sur  les  habitants  et  l'histoire  du  pays  :  vous  voyez  que  ce 
n'est  pas  trop  mal  travaillé.  » 

Au  moment  où  le  chef  de  mission  quittait  Gribingui  pour  pour- 
suivre sa  marche  vers  le  Tchad,  M.  Fredon,  commandant  de  cette 
station,  organisait  le  poste,  devenu  base  d'opération. 

M.  Pierre  Prins,  resté  provisoirement  avec  lui,  devait  remplir 
une  mission  spéciale  que  nous  nous  reprocherions  de  ne  pas 
signaler. 

De  Gribingui,  le  24  août  1897,  il  écrivait  à  un  de  ses  amis 
M.  René  Letellier  :  c  II  s'en  est  peu  fallu  que  votre  lettre  ne  me 
parvînt  que  lors  de  mon  retour  en  France  ;  le  Léon-Blot  est,  en 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  239 

effet,  en  route  pour  le  Tchad,  sans  moi,  et  pour  cause.  Oyez  plu- 
tôt l'aventure  : 

c  Je  suis  placé  en  qualité  de  résident  de  France  auprès  du  chcik 
Mohamed  es  Senoussi,  chef  du  Dar  Rounga  au  pays  d'El  Kouti. 

€  Si  vous  voulez  bien  vous  reporter  à  quelques  années  en 
arrière  et  consulter  les  fastes  des  explorations  africaines,  vous 
trouverez  les  noms  écrits  plus  haut  accolés  très  étroitement  à 
ceux  de  Crampel  et  de  Biscarât  (1),  assassinés  l'un  et  l'autre  par 
ledit  cheik  au  môme  pays  d'El  Kouti  porté  sur  les  cartes  par 
8°  nord  et  18°  de  longitude.  Les  temps  ont  vraisemblablement 
changé,  car  les  premières  relations  de  la  mission  avec  les  musul- 
mans ont  été  assez  amicales  en  apparence,  et  ces  musulmans  sont 
les  hommes  dudit  Senoussi.  Ils  nous  ont  vendu  des  chevaux,  des 
bœufs,  des  moutons,  des  ânes;  le  cheik  a  écrit  force  belles  phrases 
sur  la  bonté  de  Dieu  et  la  générosité  des  Européens  qui  payent 
sans  marchander,  enfin  tout  miel  et  sucre.  D'autre  part,  les  païens 
razziés,  —  nos  voisins  du  Gribingui,  —  nous  mettent  en  garde 
contre  la  traîtrise  des  Arabes,  nous  prédisent  mille  aventures  désa- 


c  Senoussi  est  sûr  de  lui  ;  son  cœur,  dit-il,  n'a  pas  une  mauvaise 
pensée  ;  la  meilleure  preuve  est  qu'il  nous  conjure  de  lui  envoyer 
un  des  nôtres  qu'il  choiera  à  l'égal  d'une  mère  un  jeune  orphe- 
lin... moyennant  quoi  un  guide  nous  sera  fourni,  également  des 
lettres  pour  le  sultan  Rahah,  son  beau-frère  ou  son  gendre,  je  ne 
sais  plus  au  juste. 

c  C'est  en  somme  la  libre  navigation  du  Ghari  et  quelques  af- 
fluents en  perspective.  11  n'y  avait  pas  d'hésitation  possible;  je  me 
suis  offert  et  j'attends  présentement  l'escorte  arabe  qui  doit  venir 
me  prendre  pour  me  conduire,  avec  deux  Sénégalais  plantons,  à  la 
résidence  du  cheik;  quinze  jours  de  marche,  paraît-il.  C'est  pile 
ou  face;  mais  vous  me  connaissez  beau  joueur.  » 

Le  24  novembre,  M.  Prins  était  encore  au  poste  de  Gribingui. 
En  attendant  l'escorte  qui  devait  le  conduire  à  El  Kouti,  il  passait 
son  temps  à  faire  des  briques  pour  la  construction  du  poste,  à  cul- 
tiver son  champ  et  à  instruire  ses  Sénégalais;  mais  son  impa- 
tience ne  devait  plus  être  de  longue  durée,  comme  on  en  peut  juger 
par  la  lettre  suivante  que  l'ancien  cuirassier  adresse  à  son  père  : 

c  Gribingui,  29  janvier  1898.  —  Je  suis  revenu  depuis  huit 

(1)  \a>  chef  d'c>corle  do  U  mission  Crampel. 


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240  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

jours  de  mon  voyage  chez  le  cheik  Mohamed  es  Senoussi  ben 
Abeker,  l'un  des  auteurs  du  massacre  de  la  mission  Grampel.  Je 
crois  pouvoir  en  être  fier  à  deux  points  de  vue  :  le  premier,  parce 
que  j'ai  demandé  à  faire  ce  dangereux  voyage  ;  le  second,  parce 
que  j'en  suis  revenu. 

c  Si  j'en  crois  les  compliments  reçus  de  mon  chef,  j'ai  accompli 
là  quelque  chose  en  dehors  des  besognes  courantes  en  Afrique. 
Parti  de  Gribingui  le  26  novembre  dernier  avec  deux  Sénégalais 
et  une  escorte  fournie  par  Senoussi,  avec  les  émissaires  duquel  la 
mission  était  en  rapport  depuis  quelques  mois,  j'ai  réussi  à  joindre 
ce  chef,  le  6  janvier,  dans  son  campement  de  guerre  à  quinze 
jours  de  marche  de  Gribingui.  —  Je  devais  y  séjourner  comme 
résident  de  France,  mais  une  lettre  de  M.  Gentil,  retour  du  Tchad, 
qui  me  parvint  à  ce  moment,  me  rappela  et,  laissant  mes  charges, 
je  revins  en  toute  hâte  ici  pour  apprendre  que  j'étais  appelé  à 
remplir  auprès  du  sultan  du  Baguirmi,  les  mêmes  fonctions  que 
celles  qui  m'étaient  dévolues  près  de  Senoussi.  Je  partirai  le  mois 
prochain  dans  des  conditions  de  confort  et  de  sécurité  supérieures. 
C'est  une  voie  aussi  belle  que  nouvelle  qui  s'ouvre  devant  moi.  » 

Suivent  quelques  considérations  sur  l'utilité  qu'il  y  avait  de 
maintenir  un  résident  au  Baguirmi.  M.  Prins,  dont  la  robuste 
santé  ne  s'est  pas  altérée  depuis  son  départ,  paraissait  tout  désigné 
pour  remplir  cette  tâche.  Pendant  qu'il  appuiera  de  sa  présence  le 
magnifique  traité  passé  par  M.  Gentil  avec  ce  pays,  des  envoyés 
du  sultan  se  rendront  en  France,  accompagnant  les  autres  membres 
de  la  mission. 

A  propos  de  son  rôle  à  El  Kouti,  M.  Prins  ajoute  :  c  Nous  ne 
pouvions,  en  effet,  vivre  en  sécurité  dans  le  voisinago  de  ce  per- 
sonnage suspect  justement.  Ses  intentions  semblaient  honnêtes; 
il  commerçait  avec  nous;  mais,  d'autre  part,  les  indigènes,  nos 
voisins  razziés,  nous  annonçaient  la  présence  proche  d'un  camp 
contre  nous  construit;  il  fallait  voir,  savoir.  J'ai  vu  des  bandits 
très  armés,  et  je  sais  qu'ils  ont  sinon  crainte,  du  moins  besoin  de 
nous;  leur  intérêt  nous  garantira  de  leur  cupidité.  Et  voilà  ! 

€  Une  nouvelle  qui  nous  a  navrés  est  celle  du  remplacement  de 
M.  de  Brazza...  en  tant  que  mission  du  Chari,  nous  faisons  une 
très  grosse  perte. 

c  M.  Gentil  ne  sait  encore  à  quelle  époque  il  pourra  quitter  son 
poste  pour  recueillir  les  lauriers  si  grandement  conquis.  Son  rem- 
plaçant intérimaire  n'est  pas  encore  arrivé,  ni  même  désigné,  je 
le  crains.  M.  Huntzbutler  est  déjà  en  route  avec  les  envoyés  du 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  241 

sultan  qui  viennent  en  France...  J'ai  encoro  beaucoup  de  volonté 
à  manifester,  ma  santé  me  permettra  bien,  j'y  compte,  de  faire 
suivre  la  tête  par  le  corps... 

c  P.  Prins, 

«  Résident  de  France  au  BaguirraL  » 

c  P.  5.  La  rivière  Koukourou,  que  M.  Dybowski  a  découverte, 
se  jette  dans  le  Ba-mingui  qui  est  le  principal  affluent  du  Chari, 
et  non  le  Gribingui,  comme  le  croyait  Maistre.  > 

11  eût  été  vraiment  dommage  de  ne  pas  laisser  la  parole  à  cet 
audacieux  qui  pensa  payer  de  sa  vie  le  succès  de  la  mission. 

Le  retour  de  M.  Gentil  aura  lieu  dans  la  première  quinzaine  de 
juillet.  M.  de  Brazza,  délégué  par  la  Société  de  Géographie,  se 
rendra  à  Marseille  pour  saluer  le  chef  et  les  membres  présents  de 
la  mission.  Il  les  félicitera,  au  nom  de  ses  collègues,  d'avoir  su 
mener  à  bonne  fin  celte  tâche  périlleuse,  qui  prendra  rang,  nous 
n'en  doutons  pas,  parmi  les  plus  grandes  explorations  africaines. 

H. 

La  rivière  Ouom.  —  On  se  rappelle  que  la  rivière  Ouom  (ou 
Wom),  découverte  par  la  mission  Clozel  en  décembre  1894,  fut 
considérée  par  cet  explorateur  comme  un  affluent  du  Logone  (1). 
Dans  un  travail  récent  (2),  M.  Wauters  propose  d'en  faire  un  tri- 
butaire de  l'Oubangui  et  l'identifie  avec  l'Ombela,  rivière  qui  vient 
se  jeter  dans  le  fleuve  aux  Ouaddas  (Ouadda),  en  amont  de  Ban  gui. 

Il  s'appuie  sur  les  résultats  du  voyage  récent  de  M.  Perdrizet, 
chef  d'exploration  du  Congo  français. 

La  conversation  que  j'ai  eue  avec  ce  voyageur  et  l'étude  que  j'ai 
faite  de  son  itinéraire  ne  me  paraissent  pas  autoriser  cette  nou- 
velle manière  de  voir. 

M.  Clozel,  empoché,  pour  des  raisons  indépendantes  de  sa 
volonté,  de  poursuivre  plus  en  aval  l'étude  du  cours  de  la  rivière 
qu'il  venait  de  découvrir,  avait  dû  se  contenter  des  renseignements 
fournis  par  les  indigènes. 

Il  avait  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  un  ancien  esclave  des 
Foulbés,  Datonrongo.  Cet  indigène,  qui  avait  eu  pendant  sa  jeunesse 
l'occasion  de  suivre  une  des  razzias  envoyées  par  le  lamido  de 
Ngaoundéré  le  long  de  la  rivière  Ouom,  était  arrivé  dans  un  pays 

(1)  Tour  du  Monde,  1895,  n"  1,  2,  3. 

(2)  Mouvement  géographique,  1898,  n.  17. 


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242 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


Carte  proposée  par  M.  Wauters. 


où  les  chevaux  étaient  nombreux  et  où  les  habitants  portaient 
pour  tout  vêtement  un  tablier  de  cuir  qui  leur  couvrait  la  partie 
postérieure  du  bassin.  Datonrongo  parlait  couramment  le  poular, 

son  récit  était  par  con- 
séquent fort  intelligible 
pour  nos  tirailleurs  tou- 
couleurs.  M.CIozel  recon- 
nut à  cette  description  si 
caractéristique  les  Saras 
de  Dacy  (1  )  qu'il  avait  vus 
avec  Mai  sire  en  1892.  Il 
en  conclut  que  la  rivière 
qu'il  venait  de  découvrir 
appartenait  au  bassin  du 
Tchad,  et  était  sans  doute 
un  affluent  du  Logone  que  les  indigènes  nous  signalaient  dans  le 
nord  (2). 

Le  voyage  fort  intéressant  que  M.  Perdrizet  fit  en  mai  et  juin 
1897  le  long  de  cette  même  rivière,  lui  permit  de  reconnaître  ce 
cours  d'eau  qui,  après  avoir  suivi  quelque  temps  la  direction  nord- 
est,  tournait  à  Test,  puis  au  sud- 
est.  Cette  direction  sud-est,  qui  a 
tant  frappé  M.  Wauters  et  sur  la- 
quelle il  base  uniquement  le  re- 
maniement de  la  carte  qu'il  pro- 
pose, n'est  pas  définitive.  Ce  n'est 
qu'un  accident  momentané  dans 
son  cours.  Après  avoir  coulé  dans 
la  direction  sud-est  pendant  une 
trentaine  de  kilomètres  seulement, 
la  rivière  reprend  une  orientation 
franchement  est  qu'elle  conserve 
jusqu'au  point  terminus  du  levé  de 
M.  Perdrizet  qui  est  environ  par 
15°  long.  E.  de  Paris. 

Quant  à  la  latitude  de  ce  point,  elle  est  sensiblement  la  môme 
qu'à  Goui  Koro,  lat.  N.  6°  15',  point  où  Clozel  a  reconnu  et  étudia 
cette  rivière. 


Carte  proposée  par  M.  le  IV  H*;rr. 


(1)  G.  Maistre,  A  travert  l'Afrique  centrale, 

(2)  Un  fait  d'ordre  botanique  semblait  également  plaider   en  faveur  de  cette 
manière  de  voir.  J'ai  signalé  (Annale»  de  Gé.OQraphUA&M)  l'apparition  de  l'arbre 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  243 

Au  point  où  M.  Perdrizet  s'est  arrêté  en  juin,  c'est-à-dire  à 
l'époque  des  plus  basses  eaux,  la  rivière  ne  mesurait  pas  moins  de 
150  mètres  de  large  avec  une  profondeur  moyenne  de  2  mètres. 

La  rivière  Ombela,  que  M.  Wauters  considère  comme  l'aboutis- 
sant de  la  rivière  Ouom,  a  été  étudiée  d'abord  par  M.  Ponel,  puis 
visitée  par  MM.  Brunache  et  Briquez  (1).  Ces  voyageurs  s'accor- 
dent à  dire  que  cette  rivière  est  peu  importante.  Fin  septembre, 
c'est-à-dire  au  moment  des  plus  hautes  eaux,  la  largeur  de  ce 
cours  d'eau  ne  dépassait  pas  une  soixantaine  de  mètres  (2).  Ce 
fait  des  plus  importants  permet,  je  crois,  dé  repousser  l'hypothèse 
de  l'identité  de  l'Ombela  et  de  l'Ouom. 

Quel  serait  donc  le  cours  probable  de  cette  dernière  rivière  ? 
Nous  allons  voir  si  l'on  ne  pourrait  pas  proposer  une  autre  hypo- 
thèse. 

Lorsqu'on  examine  le  cours  de  l'Oubangui,  l'on  ne  peut  manquer 
d'être  frappé  du  brusque  changement  de  direction  que  présente  ce 
fleuve.  Après  avoir  coulé  de  l'est  à  l'ouest,  ce  puissant  cours  d'eau, 
arrivé  aux  Ouaddas,  s'infléchit  subitement  dans  le  sud.  Ce  chan- 
gement de  direction  de  90°  ne  peut  s'expliquer  que  par  la  présence 
à  ce  niveau  d'un  très  sérieux  obstacle. 

D'un  autre  côté,  quelle  est  l'importance  probable  des  monts 
Karé  que  M.  Wauters  propose  comme  limite  des  bassins  du  Congo 
et  du  Tchad? 

La  mission  Maistre  (3),  dans  son  voyage  de  la  Kemo  à  la  Nana, 
n'a  rencontré  entre  les  deux  bassins  aucune  chaîne  montagneuse. 
La  ligne  de  partage,  formée  par  de  hauts  plateaux  à  peine  acci- 
dentés, d'une  altitude  de  500  à  600  mètres,  rappelle  d'une  manière 
frappante  les  plateaux  que  nous  rencontrions  à  la  même  latitude 
avant  notre  descente  dans  la  vallée  de  l'Ouom.  Nous  pouvons 
donc  admettre  que  les  monts  Karé  ne  se  prolongent  pas  très  loin 
dans  l'est  et  ne  sont,  comme  le  pensait  M.Clozel,  que  les  contreforts 
les  plus  orientaux  du  massif  du  Bouba-Ndjidda,  Cela  étant  admis, 
quel  sera  le  cours  probable  de  la  rivière  Ouom?  Voici  l'hypothèse 
que  je  propose  : 

La  rivière  Ouom  trouvant  devant  elle  le  barrage  des  monts  Karé, 
est  déviée  vers  l'est  jusque  vers  la  longitude  de  14° 30'.  Ace 

karité  dans  la  vallée  de  l'Ouom.  Cet  arbre  était  en  (leurs  au  moment  de  notre 
voyage.  M.  Perdrizet  en  vit  le  fruit  si  caractéristique.  Je  ne  crois  pas  que  ce 
végétal  ait  jamais  été  signalé  dans  le  bassin  du  Congo.  Dr  H. 

(1)  P.  Brunache,  Le  Centre  de  V Afrique.  Autour  du  Tchad. 

(2)  J.  Dybowski,  La  Route  du  Tchad. 

(3)  C.  Maistre,  ouvrage  cité. 


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244  COMPTES  RENDU8  DBS  SÉANCES. 

niveau,  elle  rencontre,  sur  sa  rive  droite,  l'obstacle  qui  a  produit 
la  déviation  si  remarquable  de  l'Oubangui.  Cet  obstacle  la  rejette 
dans  le  nord,  et  à  ce  niveau  les  monts  Karé,  très  réduits  comme 
importance,  cessent  d'opposer  à  l'Ouom  une  barrière  infranchis- 
sable; ce  cours  d'eau  prend  parallèlement  à  la  Nana  la  direction 
nord-nord-ouest,  et  vient  former  ou  grossir  le  fiahar  Sara  que 
Maistre  traversait  à  Garenki. 

Je  n'hésite  pas  à  reconnaître  ce  que  le  tracé  proposé  a  encore 
de  conjectural,  et,  plus  que  tout  autre,  je  souhaite  qu'un  nouveau 
voyage  vienne  bientôt  régler  cette  intéressante  question.  Mais  je 
tenais  à  établir  que  les  résultats  du  voyage  de  M.  Perdrizet,  invo- 
qués par  M.  Wauters  à  l'appui  de  sa  thèse,  n'autorisent  pas  la 
modification  que  ce  géographe  propose  d'apporter  à  l'hydrogra- 
phie de  cette  région. 

Dr  Herr,  second  de  la  mission  ClozeL 

Congo.— Mission  Roulet.— De  Matadi,ll  avril  1898,  M.  Edouard 
Roulet,  capitaine  d'infanterie  de  marine,  écrit  :  «  Parti  de  France 
pour  renforcer  la  mission  Marchand  qu'on  disait  alors  menacée, 
j'ai  passé,  le  5  février,  à  Dakar,  où  je  devais  prendre  200  hommes, 
choisis  dans  les  tirailleurs  sénégalais.  Mais  on  ne  savait  pas  là-bas 
que  la  route,  dite  des  caravanes,  de  Loango  à  Brazzaville,  était  aban- 
donnée pour  celle  du  chemin  de  fer  belge  de  Matadi  à  Léopoldville, 
actuellement  en  exploitation  jusqu'à  Jukini  et  terminée  jusqu'à 
N'dolo.sur  le  fleuve,  à  12  kilomètres  en  amont  de  Léopoldville.  — 
J'ai  dû  m'arrôter  un  mois  à  Libreville  pour  attendre  mon  détache- 
ment qui  y  est  arrivé  le  20  mars;  il  était  composé  de  2  officiers, 
MM.  Berger,  lieutenant  (au  titre  indigène),  et  Thorel,  sous-lieu- 
tenant; 1  sous-officier,  sergent  Galpin,  et  120  tirailleurs  sénégalais 
ou  laptots  montant  dans  le  Haut  Oubanguî  pour  constituer  le  noyau 
de  la  flottille  Marchand.  Après  quelques  jours  passés  à  Loango 
nous  nous  sommes  embarqués  sur  la  Ville  de  Pemambuco  des 
«  Chargeurs-Réunis  >  qui  nous  a  menés  hier  à  Matadi. 

c  M.  de  Lamothe,  commissaire  général,  est  arrivé  avec  nous 
jusqu'à  Borna;  60  tirailleurs  et  un  officier  sont  partis  ce  matin 
par  le  train  pour  N'dolo  où  je  les  rejoindrai  demain.  Je  serai  donc 
à  Brazzaville  dans  trois  ou  quatre  jours,  mais  il  parait  qu'il  y  a 
des  difficultés  pour  arriver  jusqu'à  Ban  gui...  > 

Egypte.  —  Expédition  à  V oasis  de  Siouak.  —  D'après  des  nou- 
velles reçues  du  Caire,  M.  A.  Silva  White  est  parti  vers  le  15  mars, 


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8ÉANCKS  DBS  6  BT  20  MAI  1898.  245 

avec  l'intention  de  pénétrer  dans  Yarboub,  oasis  située  sur  les 
confins  de  l'Egypte  et  de  la  Tripolitaine,  et  comme  Ton  sait,  citadelle 
de  la  secte  des  Senoussi.  Il  avait  entouré  son  expédition  du  plus 
grand  mystère  et  même  caché  à  ses  hommes  le  but  du  voyage. 
Malgré  ces  précautions,  M.  Silva  White  n'a  pas  réussi  et  a  été 
obligé  de  s'arrêter  à  l'oasis  de  Siouah,  l'ancienne  oasis  de  Jupiter 
Ammon,  située  à  Test  de  Yarboub. 

Toutefois»  son  expédition  n'aura  pas  été  absolument  infructueuse, 
car  il  a  rapporté  de  sa  visite  à  Siouah  quelques  données  intéres- 
santes. Il  a  trouvé  une  monnaie  en  cuivre  de  Ptolémée  1er  Sator, 
311-305  av.  J.-C,  spécimen  très  rare.  Il  a  pénétré  dans  plusieurs 
tombeaux,  dont  on  a  tiré  devant  ses  yeux  cinq  momies.  Les  parois 
d'un  tombeau  étaient  peintes  et  couvertes  d'inscriptions,  qu'il  a 
copiées  et  rapportées  au  Caire.  Elles  ont  été  déchiffrées  au  musée 
de  Ghizeh  et  ont  révélé  que  là  était  enseveli  un  certain  Papa, 
scribe  royal  et  prêtre  de  la  XX*  dynastie.  Il  est  probable  que  ces 
découvertes  encourageront  d'autres  savants  à  visiter  l'oasis  de 
Siouah.  H.  Dehéràin. 

Afrique  orientale.  —  Exploration  au  Kilimandjaro.  —  Sui- 
vant une  information  publiée  par  la  Deutsche  Kolonial  Zeitung, 
M.  Uans  Meyer  a  résolu  d'entreprendre  une  nouvelle  exploration 
au  Kilimandjaro,  pour  combler  au  moins  en  partie  les  lacunes 
laissées  par  son  premier  voyage.  Il  sera  accompagné  du  peintre 
et  alpiniste  munichois  E.  Plath.  11  semble  devoir  porter  principa- 
lement ses  recherches  sur  la  partie  nord  du  massif  montagneux 
qui  a  été  abordée  une  seule  fois  par  Lent,  Volkens  et  Johannes, 
voyage  dont  la  science  tira  peu  de  bénéfice  par  suite  de  la  perte 
du  journal  de  Lent.  Henri  Dehéràin. 


AMÉRIQUE 

Mexique  t  Notes  économiques.  —  La  Société  de  Géographie 
est  redevable  à  M.  Schœnfeld,  vice-consul  de  France  à  Tampico, 
d'une  série  de  notes  économiques  précieuses  sur  différentes  cir- 
conscriptions administratives  du  Mexique.  Deux  de  ces  notes  ont 
trait  à  des  Etats  du  nord  du  pays  :  les  Etats  de  Ghihuahua  et  de 
Durango  ;  les  autres  se  rapportent  à  des  contrées  situées  au  centre 
même  du  pays,  autour  du  district  fédéral  dont  l'auteur  a  com- 


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246  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

roencé  par  rédiger  une  courte  monographie.  C'est  de  cette  série 
de  notices,  obligeamment  communiquées  par  le  Ministère  des  Af- 
faires étrangères,  que  sont  extraits  les  renseignements  et  les 
chiffres  qui  suivent  : 

Etat  de  Chihuahua.  —  C'est  l'Etat  le  plus  vaste  du  Mexique 
que  celui  de  Chihuahua  (227,468  kilo  ni.  carrés),  dont  l'attitude 
moyenne  est  d'environ  1,800  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer, 
et  dont  le  climat  est  en  général  salubre  et  très  sec;  c'est  en  même 
temps  un  des  moins  peuplés  (266,831  habitants,  soit  1,10  par  kilo- 
mètre carré)  et  des  plus  arides.  Une  grande  partie  en  est  en  effet 
occupée  par  le  désert  appelé  Bolson  de  Mapimi,  encore  incomplè- 
tement exploré»  mais  qui  semble  bien  ne  produire  absolument 
rien. 

11  y  a  toutefois  _des  districts  plus  favorisés  dans  cet  Etat,  et  si 
l'agriculture  n'y  est  pas  très  prospère  (production  du  maïs  : 
1,975,793  piastres  en  1896-1897,  du  blé  :  1,410,620  piastres),  l'éle- 
vage du  bétail  s'y  fait  sur  une  assez  grande  échelle  en  vue  de 
l'exportation  aux  Etats-Unis.  L'industrie  minière  y  a  aussi  une 
certaine  importance;  à  Guadalupe  y  Calvo  existent  des  mines  d'ar- 
gent; on  trouve  encore  dans  cette  ville  des  fabriques  de  sucre  et 
des  distilleries,  à  Hidalgo  del  Parral  des  fabriques  de  cotonnades 
et  des  meuneries  ;  mais  c'est  surtout  le  point  de  vue  commercial 
qu'il  importe  d'envisager  dans  l'Etat  de  Chihuahua.  A  cet  égard, 
la  douane  frontière  de  Paso  del  Norte  mérite  une  mention  parti- 
culière. 

La  voie  ferrée  qui  dessert  l'Etat  de  Chihuahua  est  le  Central, 
qui  traverse  le  pays  du  nord  au  sud  sur  un  parcours  de  518  kilo- 
mètres, jalonné  par  17  stations. 

Etat  de  Durango.  —  L'Etat  de  Durango,  un  des  plus  monta* 
gneux  du  Mexique,  dont  le  climat  salubre,  tempéré  et  parfois 
même  froid  (dans  la  Sierra  Madré)  ne  laisse  rien  à  désirer,  compte 
294,366  habitants  sur  une  superficie  de  98,470  kilomètres  carrés 
(densité  :  2,95  par  kilom.  carré).  La  population  y  est  clairsemée 
par  conséquent. 

L'industrie  minière  y  est  très  développée,  mais  il  est  impossible 
de  se  rendre  compte  du  rendement  des  mines  exploitées,  les 
compagnies  propriétaires  ne  donnant  pas  au  public  de  comptes 
rendus  de  leurs  opérations.  Il  est  certain,  dans  tous  les  cas,  que 
des  progrès  très  importants   peuvent  être  accomplis;  bien  des 


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t^t 


SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  247 

richesses  du  sous-sol  demeurent  inexploitées  (telle  la  célèbre 
montagne  de  fer  ou  Cerro  del  Mer c ado),  et  il  en  sera  ainsi  jusqu'à 
ce  que,  les  progrès  de  la  civilisation  et  une  immigration  systéma- 
tique, procurant  au  pays  de  Durango  les  bras,  l'eau,  le  com- 
bustible et  les  voies  de  communication  nécessaires»  leur  mise  en 
valeur  devienne  moins  difficile  et  plus  rémunératrice. 

Au  point  de  vue  agricole,  le  coton  entre  pour  près  d'un  tiers 
dans  la  valeur  totale  des  produits  (3,751 ,600  piastres  sur  9,668,021 
en  1896-1897);  le  maïs  (2,010,628  piastres)  et  la  canne  à, sucre 
(1,852,120  piastres)  sont  aussi  des  produits  qui  donnent  un  réel 
revenu. 

Les  villes  de  Durango  et  de  Nombre  de  Dios  possèdent  des  fa- 
briques de  cotonnades  et  d'étoffes  de  laine;  de  nombreux  moulins 
à  farine  sont  disséminés  sur  la  surface  de  l'Etat.  Aucun  ren- 
seignement n'a  pu  être  obtenu  sur  les  faïences  de  Durango. 

Le  caractère  montagneux  du  pays  n'a  pas  permis  rétablisse- 
ment de  voies  de  communication;  le  chemin  de  fer  Central  n'en 
dessert  que  la  lisière  orientale,  de  Tarcon  à  Saez  (soit  une  dis- 
tance de  164  kilom.)  am  moyen  de  7  stations,  dont  une  seule,  Ma- 
pime,  offre  quelque  importance. 

District  Fédérai  —  Le  District  Fédéral,  dont  la  superficie  est 
peu  considérable  (  1 ,200  kilom.  carrés)  se  compose  de  la  ville  de  Mexico 
et  de  sa  petite  banlieue  (villages  de  Tialpam,  Guadalupe,  Tacu- 
baya,San  Angel,  etc.).  C'est  le  pays  de  beaucoup  le  plus  peuplé  du 
Mexique  :  484,608  habitants,  soit  403,08  par  kilomètre  carré.  11 
constitue  une  entité  administrative  à  part,  comme  Washington  aux 
Etats-Unis.  Son  gouverneur  est  nommé  par  le  pouvoir  central, 
tandis  que  ceux  des  Etats  sont,  au  moins  en  théorie,  élus  par  le 
suffrage  universel. 

Cette  densité  de  population  tient  au  chiffre  de  la  population 
môme  de  Mexico  :  400,000  âmes  au  moins.  Cette  ville  est  la  seule 
du  pays  où  l'existence  ait  quelque  rapport  avec  celle  d'une  grande 
ville  européenne. 

Aussi  y  trouve-t-on  bon  nombre  d'étrangers.  Dans  le  District 
Fédéral  réside  par  exemple  la  grande  majorité  des  Français  du 
Mexique  ;  ils  semblent  y  avoir  concentré  toutes  leurs  facultés  com- 
merciales. Les  colonies  américaine,  anglaise  et  allemande  y  sont 
aussi  très  importantes. 

Le  climat  en  est  parfaitement  supportable  pour  les  Européens. 
La  ehaleur  n'y  est  jamais  excessive;  les  nuits  sont  fraîches  toute 


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248  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Tannée  et,  bien  que  le  typhus  et  la  petite  vérole  y  existent  à  l'état 
endémique,  les  victimes  de  ces  maladies  appartiennent  surtout  à 
la  basse  classe,  et  les  Européens  en  sont  à  peu  près  indemnes. 

Les  différentes  branches  de  l'agriculture  sont  très  développées 
dans  le  District  Fédéral;  la  surface  presque  insignifiante  qu'oc- 
eupent  les  terres  de  culture  étant  donnée,  leur  rendement  est 
vraiment  considérable.  La  culture  maraîchère  est  aussi  fort  pra- 
tiquée dans  la  banlieue  de  Mexico. 

Cette  ville  est  le  terminus  des  lignes  de  chemins  de  fer  sui- 
vantes : 

Mexicain,  de  Mexico  à  Vera-Cruz  ; 

Interocéanique  de  Vera-Cruz  à  Acapulco  ; 

Central,  de  Mexico  à  El  Paso,  avec  embranchements  sur  Tam- 
pico et  Guadalajara; 

National,  de  Mexico  à  Laredo. 

Etat  de  Mexico.  —  L'Etat  de  Mexico,  dans  lequel  est  enclavé  le 
District  Fédéral,  couvre  une  surface  de  23,957  kilomètres  carrés  ; 
son  altitude  moyenne  est  de  1,800  mètres.  Le  climat  y  est  tempéré 
et  sain;  il  gèle  souvent  pendant  les  nuits  de  l'hiver,  qui  est  la 
saison  sèche;  les  pluies  y  tombent  depuis  la  fin  de  mai  jusque 
vers  le  milieu  d'octobre. 

La  population  (837,368  âmes)  y  est  plus  dense  que  dans  le  reste 
du  pays  (31,19  par  kilom.  carré);  elle  cultive  avec  succès  le  maïs 
(valeur  en  piastres  :  4,092,529  dans  l'année  fiscale  1896-1897),  le 
pulque  (1,562,355  piastres),  le  blé  (1,373,304  piastres),  et  s'a- 
donne avec  plus  de  succès  encore  à  l'industrie.  Toluca,  la  capitale, 
est  célèbre  par  ses  brasseries,  ses  salaisons  de  porc,  ses  beurres; 
Tlalnepantla  possède  d'importants  tissages  et  des  fabriques  de 
bonneterie;  à  San  Rafaël  se  trouve  une  grande  fabrique  de  papier. 
Il  existe,  en  outre,  dans  l'Etat  de  Mexico  des  verreries,  des  tan- 
neries, etc. 

Comme  toutes  les  grandes  lignes  de  chemins  de  fer  ont  la  capi- 
tale pour  point  de  départ,  cet  Etat  est  un  des  mieux  desservis  du 
Mexique;  en  outre,  bien  qu'il  s'y  trouve  de  hautes  montagnes,  les 
routes  carrossables  y  sont  nombreuses  et  assez  bien  entretenues. 
La  valeur  des  terres  de  culture  et  des  terrains  à  bâtir  y  est  natu- 
rellement, par  suite  de  ces  différents  avantages  et  de  la  proximité 
de  la  capitale,  plus  forte  que  dans  le  reste  du  pays  ;  quant  aux  sa- 
laires, ils  ne  sont  pas  très  élevés  en  général.  Aussi  n'est-ce  pas  une 
contrée  à  recommander  aux  agriculteurs  étrangers,  à  qui  elle 


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8ÉÀNCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  249 

n'offre  pas  d'avantages  bien  marqués.  Elle  en  présente  plus  pour 
les  industriels,  le  nombre  d'industries  rémunératrices  qui  pour- 
raient y  être  créées  ou  développées  étant  très  considérable.  La  vie 
matérielle  est  d'ailleurs  assez  facile  pour  peu  qu'on  ne  soit  pas  exi- 
geant en  ce  qui  concerne  la  nourriture  et  le  service. 

État  d'Hidalgo.  —  Cet  État,  situé  sur  le  plateau  central,  à 
proximité  de  Mexico,  jouissant  partout  d'un  climat  sain  et  doux,  est 
un  des  plus  riches  de  la  République.  Il  s'étend  sur  une  superficie 
de  23,101  kilomètres  carrés  ;  sa  population  est  de  548,039  habitants, 
soit  23,72  par  kilomètre  carré.  C'est  surtout  à  ses  mines  de  plomb 
argentifère,  de  fer,  etc.,  que  l'État  d'Hidalgo  doit  son  importance. 
L'agriculture  y  est  également  très  développée;  la  production  du 
pulque  des  plaines  d'Apam  (valeur  en  piastres  :  2,198,084  en 
1896-1897)  et  celle  du  maïs  (2,366,379  piastres)  sont  de  vraies 
sources  de  richesse  pour  le  pays.  11  existe  en  outre  dans  l'État  de 
vastes  forêts  et  des  plaines  propres  àPélevage  dans  les  environs  du 
fleuve  qui,  à  Tamasunchale,  prend  le  nom  de  Panuco. 

L'État  d'Hidalgo  est  admirablement  desservi  par  plusieurs  lignes 
de  chemins  de  fer;  la  colonisation  européenne  y  réussirait  au 
moins  aussi  bien  que  dans  tout  autre  État  du  Mexique.  11  y 
existe  une  vraie  colonie  anglaise,  la  plupart  des  mines  appartenant 
à  des  compagnies  de  cette  nationalité  et  presque  tout  le  haut 
personnel  de  même  que  la  majeure  partie  des  contremaîtres  étant 
anglais.  C'est  par  suite  de  ce  fait  que  Pachuca,  la  ville  principale 
de  l'État,  a  un  commerce  de  détail  florissant. 

Etat  de  Guanajuato.  —  L'Etat  de  Guanajuato  est  un  des  plus 
importants  de  la  République;  il  s'étend  sur  29,458  kilomètres 
carrés  de  superficie  et  il  est  peuplé  de  1,047,238  habitants  (soit 
35,90  par  kilom.  carré),  ce  qui  lui  donne  le  troisième  rang,  au 
Mexique,  au  point  de  vue  de  la  densité  de  la  population. 

Grâce  à  une  altitude  moyenne  de  1,500  mètres  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer,  le  climat  y  est  excellent,  et  les  variations 
extrêmes  de  la  température  sont  presque  insignifiantes.  Le  maïs 
(5,463,904  piastres  en  1896-1897),  le  blé,  les  patates,  les  haricots, 
la  canne  à  sucre,  voilà  les  principaux  produits  de  l'agriculture 
dans  cet  Etat;  il  faut  y  ajouter  les  fraises,  dont  la. culture  est  la 
spécialité  d'irapuato,  où  elle  se  fait  en  grand.  On  en  récolte  pen- 
dant toute  l'année  sans  interruption  notable. 

SOC.  DE  GÉOGR.  —  C.  R.  DIS  SÉANCES.  —  N*  5.  —  Mai.  18 


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'  -T7 


250  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Les  richesses  minières  de  l'Etat  de  Guanajuato  sont  considé- 
rables, et  ne  le  cèdent  comme  importance  qu'à  celles  de  l'Etat 
d'Hidalgo. 

L'industrie  est  assez  développée.  Guanajuato,  la  capitale,  pos- 
sède plusieurs  fonderies  importantes  et  un  hôtel  des  monnaies.  A 
Léon,  existent  de  grandes  fabriques  de  chaussures  et  de  sellerie. 
Silao,  lrapuato,  Salamanca  ont  des  tanneries  et  des  fabriques  de 
jouets  ;  Celay  a  des  fabriques  de  draps  et  de  cotonnades.  Mais  il 
y  a  encore  beaucoup  à  faire  pour  tirer  parti  des  ressources  de 
l'Etat;  l'industrie  de  la  tannerie  et  de  la  mégisserie,  par  exemple, 
y  sont  encore  dans  l'enfance,  malgré  l'excellence  des  matières  pre- 
mières. 

Deux  lignes  ferrées  traversent  le  pays  du  sud  au  nord  :  la  pre- 
mière à  l'ouest,  la  seconde  à  Test.  Le  chemin  de  fer  National 
dessert  Celaya,  San  Miguel  Attende,  Dolores  Hidalgo  et  autres 
points  d'importance  secondaire,  tandis  que  le  Central  passe  par 
Celaya,  Salamanca,  lrapuato,  Silao,  Léon. 

Au  point  de  vue  de  l'émigration  française,  l'Etat  de  Guanajuato 
est  un  des  Etats  du  Mexique  qui  offrirait  les  meilleures  conditions 
d'existence.  La  vie  sociale  y  est  nulle  et  les  industries  de  luxe  ou 
de  fantaisie  n'ont  aucune  chance  d'y  fleurir;  il  n'en  va  pas  de  même 
de  la  meunerie,  de  la  tannerie,  de  la  poterie,  qui  peuvent  s'y 
développer  à  l'infini. 

Etat  de  Jalisco.  —  L'Etat  de  Jalisco  est  vraiment  riche,  bien 
que  la  partie  de  son  territoire  située  au  sud  du  Rio  Grande  soit 
très  montagneuse.  Abstraction  faite  d'une  bande  littorale,  où  le 
climat  est  chaud  et  malsain,  le  reste  du  pays,  dont  l'altitude 
varie  entre  800  et  2,000  mètres,  est  salubre.  Il  est  arrosé  par  le 
Rio  Grande,  qui  sort  du  lac  de  Chapala  et  va  se  jeter  dans  l'océan 
Pacifique  non  loin  de  San  Blas-  Sur  la  rive  gauche  de  ce  fleuve 
sont  des  plaines  fertiles  et  bien  cultivées  en  général. 

La  population  est  assez  dense  (1,107,863  hab.  sur  82,503  kilom. 
carrés,  soit  13,42  par  kilom.  carré),  laborieuse  et  d'un  caractère 
doux;  elle  cultive  surtout  le  maïs  (8,375,649  piastres  en  1896-1897), 
le  mezcal  (1 ,369,1 75  piastres)  et  la  canne àsucre  (1 ,248,51 2  piastres). 
Au  point  de  vue  industriel  la  ville  de  Guadalajara  vient  sans  doute 
après  Puebla,  mais  ses  poteries  sont  justement  renommées,  tant 
pour  l'originalité  des  formes  que  pour  celle  des  décorations;  on  y 
fabrique  également  des  couvertures  et  des  zarapés  de  laine  et  de 
coton  dont  le  tissu  est  solide  et  le  dessin  souvent  joli. 


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SÉANCES  DBS  6  ET  20  MAI  1898.  251 

Au  point  de  vue  des  communications  par  voies  ferrées,  l'Etat  de 
Jalisco  est  encore  fort  mal  desservi  ;  il  Test  uniquement  par  un  em- 
branchement du  chemin  de  fer  central  jusqu'à  Ameca  (c'est-à-dire  à 
environ  190  kilom.  à  l'intérieur  de  l'Etat,  et  à  100  kilom.  environ 
de  San  Blas  sur  le  Paciûque).  Si  la  construction  de  voies  ferrées 
dans  la  partie  montagneuse  du  Jalisco,  au  sud  du  Rio  Grande,  ne 
•  doit  jamais  être  rémunératrice,  elle  le  sera  ailleurs,  là  où  la  colo- 
nisation pourrait  se  développer  avec  de  grandes  chances  de  succès. 
Déjà,  à  Guadaiajara,  à  Chapala  (qui  est  une  des  plus  jolies  villes 
du  Mexique  et  une  des  plus  agréables  à  habiter,  en  même  temps 
qu'une  de  celles  dont  les  habitants  sont  le  plus  instruits  et  le 
plus  hospitaliers),  la  population  augmente  sans  cesse;  beaucoup 
d'étrangers  riches  y  font  construire  des  villas  de  plaisance.  Ainsi 
se  développent  le  commerce  et  l'industrie  du  pays. 

Etat  de  Guerrero.  —  Cet  Etat,  qui  couvre  une  superficie  de 
64,756  kilomètres  carrés  et  est  peuplé  de  417,621  habitants  (soit 
6,44  par  kilom.  carré),  présente  de  grandes  ressources  agricoles  et 
minières;  mais  ces  ressources  naturelles  sont  à  peine  exploitées 
encore,  quelque  considérables  qu'elles  soient,  par  suite  de  la  dif- 
ficulté des  communications.  La  fertilité  des  terres  cultivées  (dont 
la  superficie  est  insignifiante  par  rapport  à  la  superficie  de  l'Etat 
lui-même  où  les  forêts  vierges  abondent  encore)  est  très  grande; 
on  y  a  produit,  en  1897,  de  la  canne  à  sucre  pour  une 
valeur  de  3,711,081  piastres,  du  maïs  pour  une  valeur  de 
1,023,878  piastres;  mais  on  est  fondé  à  croire  que  la  majeure 
partie  des  produits  de  l'Etat  de  Guerrero  est  consommée  sur  place, 
car  l'exportation  par  Acapulco  est  peu  importante. 

Comment  pourrait-il  en  être  autrement?  Voici  un  pays  où  les 
transports  se  font  à  dos  de  mules  et  exigent  de  trois  à  vingt  jours 
pour  arriver  soit  à  Guernavaca,  soit  à  Acapulco,  où  la  différence 
.  entre  le  prix  de  revient  sur  place  et  le  prix  de  vente  sur  le  marché 
des  différents  produits  est,  la  plupart  du  temps,  absorbée  et  au 
delà  par  les  frais  de  transport.  Les  voies  de  communication  sont 
à  peu  près  nulles;  le  chemin  de  fer  ne  pénètre  pas  dans  l'Etat  de 
Guerrero,  et  seul  le  port  d'Acapulco  est  en  relations  une  fois  par 
mois  avec  le  reste  du  monde,  grâce  aux  paquebots  de  la  Pacific 
Mail  S.  C°. 

11  a  été  question  autrefois  de  construire  le  chemin  de  fer  intero- 
céanique de  Vera  Cruz  à  Acapulco;  mais  la  compagnie  a  dû 
renoncer  à  ce  projet  à  cause  du  caractère  farouche  des  indigènes» 


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252  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

à  cause  aussi  de  difficultés  techniques  et  financières  qui  en  ren- 
daient la  réalisation  à  peu  près  impossible. 

Au  total,  l'Etat  de  Guerrero,  dans  sa  situation  actuelle,  ne  se 
prête  guère  à  la  colonisation  européenne;  malgré  la  fertilité  du 
sol,  la  richesse  dés  filons,  nombre  d'entreprises  agricoles  et 
minières  y  ont  échoué,  par  suite  du  manque  des  voies  de  commu- 
nication ;  les  petits  capitalistes  ne  peuvent  y  trouver  les  condi- 
tions favorables  à  une  exploitation  pacifique  et  rémunératrice.  En 
revanche,  les  explorateurs  ont  là  un  terrain  où  ils  peuvent  exercer 
leur  activité  et  faire  progresser  la  science. 

Etai  de  Michoacan.  —  Compris  entre  l'océan  Pacifique  (à  l'ouest) 
les  États  de  Jalisco,  de  Guanajuato  (au  nord),  de  Mexico  (à  Test) 
et  de  Guerrero  (au  sud),  l'Etat  de  Michoacan  s'étend  sur  une  su- 
perficie de  59,261  kilom.  carrés. 

Ce  pays,  à  l'altitude  variée,  aux  climats  multiples,  est  peuplé  de 
889,795  habitants  (soit  16.70  par  kilomètre  carré).  11  se  compose, 
pour  les  deux  tiers  de  son  territoire,  de  contrées  montagneuses,  en 
dehors  desquelles  on  ne  peut  citer  que  les  plaines  des  environs 
de  Patzcuaro  et  les  terres  basses  de  la  partie  occidentale» 

L'Etat  de  Michoacan  possède,  au  dire  de  gens  bien  informés,  des 
gisements  de  fer,  de  cuivre,  de  plomb  argentifère,  d'or,  etc.  ;  ce- 
pendant il  n'occupe  encore,  au  point  de  vue  minier,  qu'une  place 
très  secondaire.  Il  n'en  est  pas  de  même  au  point  de  vue  agricole; 
la  variété  de  ses  productious,  non  moins  que  la  multiplicité  de 
ses  climats,  en  fait  la  contre-partie  de  l'Etat  de  Vera-Cruz. 

Avec  ses  dérivés,  la  canne  à  sucre  forme  plus  du  tiers  de  la 
production  totale  de  l'Etat  (canne  à  sucre  :  2,671,135  piastres; 
sucre  :  964,854  piastres;  cassonade  :  1,198,780  piastres;  mé- 
lasse :  1,106,743  piastres).  Le  maïs  (4,549,306  piastres),  le  blé 
(1,752,939  piastres)  sont  également  des  produits  dont  la  valeur  est 
considérable.  Le  café  d'Uruapan  jouit  d'une  grande  célébrité  dans 
le  pays  et  serait,  dit-on,  comparable  au  moka. 

Les  forêts  du  Michoacan  sont  assez  méthodiquement  exploitées; 
on  y  trouve  fréquemment  des  pins  de  0  m.  75  de  diamètre,  et 
d'autres  essences  propres  à  la  construction  et  à  l'ébénisterie. 

11  y  aurait,  dit-on,  des  quantités  de  terres  propres  à  l'élevage  en 
grand  du  bétail  à  cornes  et  des  chèvres,  dont  la  peau  et  le  poil 
font  l'objet  d'un  commerce  important  avec  les  États-Unis. 

En  ce  qui  concerne  l'industrie,  les  villes  de  Morelia,  Zinipacuaro, 
Zitacuaro,  Zamora,  Patzcuaro,  Tacambaro,  Puruandiro,  Arios  et 


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SEANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  253 

Santa  Clara  possèdent  des  fabriques  de  cotonnades,  de  rebozos, 
zarapés,  des  moulins  à  farine,  dont  les  produits  suffisent  à  peu 
près  à  la  consommation  locale. 

Une  seule  voie  ferrée  pénètre  dans  l'Etat  de  Michoacan,  la  ligne 
à  yoie  étroite  du  National,  dont  le  terminus  est  à  Patzcuaro. 

H.  Froidevaux. 


OCÉANIE 

nrotrreiie-CaiédoBte.  —  Notes  sur  l'histoire  naturelle.  —  c  A 
bord  du  Polynésien,  23  mars  1898.— Je  vous  écris  en  mer,  par  le 
travers  de  l'Australie  où  nous  débarquerons  dans  deux  jours,  pour 
vous  faire  part  de  deux  renseignements  intéressants  sur  l'histoire 
naturelle  de  la  Nouvelle-Calédonie,  qui  m'ont  été  fournis  par  un 
des  plus  anciens  colons  de  cette  lie,  M.  A.  E scande,  qui  se  trou- 
vait avec  nous. 

<  Voici  la  première  :  on  rencontre  à  la  Nouvelle-Calédonie,  —  et 
j'avais  signalé  le  fait  dans  mes  écrits,  —  un  serpent  long  de 
1  mètre  à  1  m.  50,  le  Pelamis  bicolory  que  les  habitants 
considéraient  comme  inoffensif;  il  a  des  crochets  venimeux,  mais 
il  ne  s'en  était  pas  encore  servi  contre  l'homme.  Or,  l'année  der- 
nière, un  Français,  passant  près  d'un  nid  de  ces  serpents,  fut 
mordu  par  la  mère  et  mourut  en  deux  heures:  grand  émoi  dans 
la  colonie  où  ce  serpent  abonde  sur  certains  rivages.  On  fit  des 
expériences;  des  lapins,  des  chats  furent  exposés  aux  morsures  du 
Pelamis  et  moururent  rapidement.  Je  m'explique,  à  présent, 
la  terreur  de  mes  Kanaks,  lorsque  je  voulus  autrefois  leur  faire  porter 
un  de  ces  serpents  encore  vivant,  que  j'avais  pris  et  que  je  desti- 
nais au  musée  naissant  de  Nouméa. 

c  Le  second  fait  est  plus  curieux  encore.  J'avais  pu  constater 
dans  les  rivières  de  la  Nouvelle-Calédonie  la  présence  d'une  anguille 
de  forme  spéciale;  elle  était  beaucoup  plus  grosse,  par  rapport  à 
sa  longueur,  que  celles  que  nous  connaissons,  et  comme  je  l'avais 
fort  rarement  rencontrée,  j'en  parlai  au  colon  du  bord,  qui  habite 
la  cote  ouest,  vers  le  milieu  de  l'île,  à  c  La  Poya  ».  Là  existent  de 
grands  étangs  de  300  hectares  de  superficie,  dont  les  eaux  provien- 
nent des  torrents  voisins  lorsqu'ils  débordent  à  la  saison  des 
pluies.  L'abord  de  ces  étangs  est  défendu  contre  l'homme  et  le 
bétail  par  des  joncs  et  des  plantes  aquatiques  à  feuilles  cou- 


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254  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

pantes;  mais,  à  la  suite  de  longues  sécheresses,  les  eaux  se  reti- 
rent vers  le  centre  de  l'étang  où  la  profondeur  est  de  4  à  5  mètres. 
Notre  colon,  ayant  eu  l'idée  de  brûler  les  joncs  desséchés  put  ainsi 
s'avancer  vers  le  centre;  c'est  dans  ce  parcours  qu'il  rencontra, 
par  deux  fois  en  vingt-cinq  ans,  une  anguille  d'une  espèce  extra- 
ordinaire et  inconnue  jusqu'alors  des  habitants  de  l'île.  Elle 
avait  2  mètres  environ  de  longueur,  une  tôte  aussi  grosse  que 
celle  d'un  homme,  des  yeux  énormes  ;  le  corps  n'était  pas  tout  à 
fait  aussi  gros  que  la  tête  ;  la  peau  était  d'un  vert  sombre,  la  gueule 
très  grande;  cet  animal  rappelait  les  formes  de  la  lamproie, 
mais  sa  chair  n'était  pas  noire.  Les  indigènes,  qui  seuls  jusqu'ici 
connaissaient  cette  anguille,  semblaient  la  redouter  beaucoup. 

c  J'ai  vivement  prié  le  colon  en  question,  M.  A.  Escande,de  faire 
ses  efforts  pour  conserver  le  corps  d'une  de  ces  anguilles  géantes, 
s'il  en  rencontre  une  troisième;  il  me  Ta  promis,  mais  il  faudra 
attendre  une  époque  de  longue  sécheresse  comme  il  en  a  vu  seule- 
ment deux  depuis  vingt-cinq  ans  ;  quoi  qu'il  en  soit,  le  fait  étant  à 
présent  connu,  tôt  ou  tard  l'occasion  se  présentera  de  se  procurer 
un  de  ces  animaux,  dont,  sans  doute,  je  n'avais  vu  que  des  jeunes 
pendant  mes  explorations.  > 

Jules  Garnier. 


III.  —  GÉOGRAPHIE  HISTORIQUE 

.  Voyage  dama  l'Océam  Glacial  en  f  4S».  —  V Annuaire  de  la 
Société  norvégienne  de  géographie  pour  1897  (Det  norske  geo- 
grafiske  Selskabs  Aarbog)  renferme  une  étude  très  intéressante  du 
Dr  G.  Slorm  sur  le  voyage  du  Vénitien  Quirini  dans  l'océan  Glacial 
en  1432.  Pendant  un  séjour  en  Italie,  le  savant  professeur  norvé- 
gien a  découvert,  dans  une  bibliothèque  de  Rome,  une  relation 
manuscrite  de  ce  navigateur,  complétant  celle  qui  est  contenue 
dans  le  recueil  de  Ramusio.  Parti  deCandie,  au  printemps  de  1131 , 
avec  un  chargement  de  malvoisie  à  destination  des  Flandres,  le 
navire  vénitien  fut  rejeté  en  plein  Océan  par  une  tempête  d'est  le 
5  novembre,  au  large  des  Sorlingues.  Assailli  par  des  tempêtes 
furieuses,  il  dériva  ensuite  comme  une  épave  pendant  plus  d'un  mois. 
Dans  ces  conjonctures  on  dut  couper  la  mâture  ;  aussi  bien,  profitant 
d'une  embellie,  l'équipage  s'embarqua  dans  les  chaloupes  afin  de 
gagner  terre.  Quarante-sept  bommesavec  Quirini  prirent  place  dans 
une  embarcation  et  vingt  et  un  matelots  dans  une  seconde  barque. 


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SÉANCES  DBS  6  ET  20  MAI  1898.  "255 

Le  6  janvier  1432,  le  canot  de  Quirini  aborda  à  Sandô,  un  des  Ilots 
voisins  de  Rôst,  la  terre  la  plus  méridionale  des  Loffoten.  Vingt-six 
hommes  de  l'équipage  avaient  déjà  succombé  et,  les  jours  sui- 
vants, plusieurs  marins  moururent  également.  Avec  les  débris  de 
leur  canot  les  naufragés  construisirent  deux  huttes  et,  pendant  quel- 
que temps,  se  nourrirent  d'un  marsouin  qui  était  venu  s'échouer 
sur  la  côte.  Trois  semaines  plus  tard,  ils  furent  recueillis  par  les 
habitants  de  l'Ile  voisine  de  Rôst.  Les  Vénitiens  séjournèrent  trois 
mois  aux  Loffoten.  La  relation  de  Quirini  donne  sur  les  pêcheries 
de  l'archipel  d'intéressants  renseignements  au  point  de  vue  histo- 
rique. 

c  Toute  l'année,  dit-il,  les  indigènes  prennent  une  quantité 
innombrable  de  poisson,  appartenant  à  deux  espèces.  L'une,  qui 
est  de  beaucoup  la  plus  abondante,  est  le  stock fisk,  l'autre  une  sole 
d'une  taille  énorme  ;  elle  pèse  souvent  deux  cents  livres  (évidem- 
ment le  flétan)...  >  Au  mois  de  mai,  les  Norvégiens  partirent  sur 
un  navire  de  50  tonnes  pour  porter  à  Bergen  les  produits  de  leur 
pèche  qu'ils  troquaient  contre  des  produits  manufacturés  prove- 
venant  d'Ecosse,  d'Angleterre  et  d'Allemagne.  Depuis  le  xv*  siècle 
les  habitudes  n'ont  guère  changé  :  Bergen  est  toujours  le  port 
d'échange  des  produits  des  pèches  du  nord  contre  les  marchandises 
d'Europe,  et,  si  dans  celte  ville  le  commerce  ne  se  fait  plus  par 
troc,  cette  coutume  s'est  conservée  au  nord  des  Loffoten  en  Fin- 
mark.  Quirini  revint  à  Venise,  après  avoir  visité  la  Suède,  l'An- 
gleterre et  les  Flandres. 

La  relation  du  marin  vénitien  mérite  une  confiance  absolue. 
Tous  les  renseignements  astronomiques  et  topographiques  qu'il 
donne  sont  absolument  exacts. 

Quirini  est  le  premier  navigateur  de  l'Europe  méridionale  qui  ait 
pénétré  aussi  loin  dans  les  mers  du  nord,  alors  inconnues  des 
nations  riveraines  de  la  Méditerranée  et  qui  ait  hiverné  dans  la 
zone  arctique. 

Charles  Rabot. 


IV.  —  NOTES 

Au  31  décembre  1896  la  population  indigène  des  établissements 
danois  du  Grônland  s'élevait  à  10,755  individus  (5,039  hommes, 
5,716  femmes),  en  augmentation  de  126  unités  sur  le  chiffre  de 
Tannée  précédente. 


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256  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Exploration  du  plateau  de  Rockall.  —  Rockall  est  un  rocher 
isolé  au  milieu  de  l'Atlantique,  situé  à  240  milles  à  l'ouest  de  la 
côte  d'Irlande.  Il  est  élevé  de  25  mètres  au-dessus  du  niveau  de 
la  mer  et  inaccessible. 

L'examen  du  banc  de  Rockall  présente  un  double  intérêt  :  géolo- 
gique d'abord,  puisqu'il  a  été  considéré  comme  le  dernier  vestige 
d'un  plateau  submergé;  océanographique  ensuite,  ces  parages 
ayant  été  peu  explorés. 

En  1896  l'Académie  des  sciences  d'Irlande  a  organisé  une  expé- 
dition, comprenant  huit  membres  qui,  embarqués  sur  le  Gra- 
nuaile,  ont  séjourné  sur  le  banc,  aux  environs  du  rocher,  du  3  au 
17  juin;  pendant  ce  temps  ils  ont  opéré  des  dragages,  des  son- 
dages, et  recueilli  de  nombreux  spécimens  d'histoire  naturelle.  Le 
résultat  de  leurs  travaux  a  été  publié  dans  les  Transactions  oj 
The  Royal  Irish  Academy  (1).  On  avait  eu  le  projet  d'établir 
une  station  météorologique  sur  ce  rocher;  mais,  malgré  toute 
Futilité  qu'elle  présenterait,  on  en  a  reconnu  l'impossibilité. 

Les  nouveaux  sondages  ajoutés  à  ceux  du  Porcupine  (1870),  à 
ceux  des  cartes  de  l'Amirauté  anglaise,  démontrent  que  le  banc  de 
Rockall  s'étend  dans  un  rayon  moyen  de  50  à  60  milles,  avec  des 
fonds  de  200  mètres  aux  points  les  plus  éloignés.  Ce  relief,  opposé 
aux  grandes  profondeurs  voisines,  indiquerait  que  Rockall  aurait 
été  relié  au  plateau  continental. 

Les  échantillons  pétrographiques  ramenés  par  la  drague  ont  un 
caractère  igné;  parmi  ceux-ci  le  basalte  domine.  Ils  ont  de  nom- 
breux points  de  contact  avec  les  roches  des  Hébrides,  des  Feroë  et 
même  de  l'Islande.  Le  rocher  lui-même  est  principalement  com- 
posé de  granité.  Ces  indications  confirmeraient  l'hypothèse  d'une 
ancienne  région  volcanique  submergée. 

La  commission  a  dressé  des  cartes  de  vents  ot  courants,  tant 
d'après  les  documents  antérieurs  que  d'après  ses  propres  observa- 
tions. Leur  examen  n'indique  aucun  caractère  défini.  L'influence 
du  Gulf-stream  dans  ces  parages  reste  pareillement  indéterminée. 

Des  tables  de  densité  de  l'eau  et  de  sa  température,  accompagnées 
de  l'analyse  chimique,  ont  été  dressées  par  les  soins  de  la  commis- 
sion. 

Les  matériaux  ainsi  recueillis  ajoutent  des  documents  précieux 
à  l'océanographie,  encore  peu  connue,  de  cette  partie  de  l'Atlan- 
tique. J.  Girard. 

(1)  Vol.  XXX,  part.  111,  août  1897. 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  257 

Météorologie  de  la  région  d'Orenbourg,  en  1896.  —  Les  sta- 
tions météorologiques  (1)  installées  par  la  section  d'Orenbourg  de 
la  Société  impériale  russe  de  géographie,  ont  fourni,  pour  Tannée 
1896,  diverses  données  qui  permettent  de  dresser,  des  tableaux  de 
la  température,  des  régimes  des  pluies  et  neiges,  des  vents,  pres- 
sion barométrique,  etc. 

Nous  en  extrayons  les  chiffres  suivants  sur  la  température 
moyenne  mensuelle,  durant  Tannée  1896  : 

Janvier —  18,5  à  —  22,9 

Février 15,2  »  18,4 

Mars 7,2  »  15,6 

Avril : -f    0,9  »  3, 

Mai 13,9  »  +  18,5 

Juin 15,1  »  20,8 

Juillet 16,5*  21,7 

Août 16,5  »  21,7 

Septembre 9,7  »  12,7 

Octobre 2,5  >  8,7 

Novembre —    3,8  »  —  11,7 

Décembre 14,8  »  17,8 

L'année  1896  était  plus  froide  que  la  moyenne  connue  des  trente- 
neuf  dernières  années. 

Les  autres  tableaux  nous  apprennent  que  la  plus  grande  quan- 
tité de  pluie  est  tombée  à  Perme  (167  jours);  la  plus  faible,  à  la 
station  du  lac  Ourkatch  (51  jours).  De  même  pour  la  neige  : 
85  jours,  à  Oufa;  14  jours  seulement  à  TOurkatch.  La  plus  grande 
épaisseur  de  neige  a  été  constatée,  vers  le  milieu  du  mois  de  fé- 
vrier, à  Birsk,  92  centimètres.  Enfin,  le  dégel  des  fleuves  et 
rivières  (Oural,  Tchagan,  Ouy,  Biélaya,  Kama,  Nitza,  1k)  a  com- 
mencé vers  la  fin  avril.  Les  cours  d'eau  ont  été  pris  durant  la 
première  quinzaine  de  novembre.  —  (Izviestia  de  la  section 
d'Orenbourg,  Soc.  imp.  russe  de  Géographie,  fasc.  11,  1897). 

Vallées  sous-marines  de  la  côte  de  Californie.  —  Des  sondages 
récents  ont  permis  de  constater  que  toute  la  côte  de  l'Amérique 
du  Nord,  baignée  par  l'Océan  Pacifique,  est  entourée  d'une  zone 
d'environ  10  milles  de  faible  déclivité;  mais,  au  delà  de  cette  dis- 
tance, elle  s'abaisse  brusquement;  à  50  milles  de  la  côte,  on  a 
relevé  des  profondeurs  de  4,000  et  4,500  mètres. 

(1)  Ces  stations  sont  :  Orenbourg,  Ouralsk,  Troïtzk,  Oufa,  Birsk,  Irbit,  Cha- 
drlnsk,  Perme,  Seïtkoulovo,  Blafoviéchtehensk,  Ourkatch. 


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258  COMPTES  RENDUS   DBS  SÉANCES. 

Les  abords  de  cette  zone  de  faible  déclivité  sont  entrecoupés  de 
27  vallonnements  sous-marics,  nettement  indiqués  par  les  travaux 
hydrographiques.  Dans  plusieurs  cas,  ces  vallonnements  forment 
la  prolongation  sous  la  mer  des  vallées  qui  y  aboutissent;  telles 
que  celles  de  Monterey,  de  Carmel  et  autres.  Dans  d'autres  cir- 
constances les  deux  systèmes  de  reliefs  paraissent  rester  indépen- 
dants :  les  vallées  de  King-Peak  et  de  San-Pablo,  toutes  deux 
nommées  d'après  les  montagnes  situées  à  leur  origine,  ne  se  rac- 
cordent avec  aucune  dépression  sous-marine. 

Il  existe  donc  une  concordance  entre  les  formes  du  relief  conti- 
nental et  celles  du  relief  sous-marin.  Cependant  le  principe  ne 
saurait  être  admis  sans  restriction,  des  mouvements  d'affaisse- 
ment ou  d'élévation  pouvant  se  manifester  dans  la  croûte  terrestre 
sans  être  influencés  par  la  présence  de  la  mer  (1). 

Ce  fait  de  la  prolongation  des  vallées  continentales  sous  la  mer 
a  été  constaté  dans  plusieurs  localités,  particulièrement  sur  les 
côtes  d'Espagne  (par  l'expédition  du  Travailleur),  à  Vigo,  à  la 
Corogne  et  au  Férol.  On  Ta  reconnu  aussi  sur  les  côtes  de  Bre- 
tagne. Il  en  résulte  que  les  formes  du  relief  paraissent  rester 
indépendantes  de  la  submersion  ou  de  l'émersion. 

J.  G. 

Instabilité  du  sol  dans  le  delta  du  Mississipi.  —  L'œuvre  de 
l'ingénieur  Eads,  auteur  de  remarquables  travaux  sur  les  embou- 
chures du  Mississipi,  a  été  continuée.  Des  faits  récents  ont  été 
observés  sur  l'instabilité  des  terres  alluviales  du  delta. 

On  a  découvert  en  1877,  à  Belize,  les  vestiges'  d'une  ancienne 
construction  remontant  à  deux  cents  ans,  époque  de  la  domination 
espagnole.  Au  moment  de  la  découverte,  elle  conservait  encore  sa 
position  horizontale;  mais  l'eau  passait  sous  la  porte  dont  le  seuil 
était  immergé  de  3  m.  30.  Dix-neuf  ans  plus  tard  la  construction 
avait  en  partie  disparu.  L'enfoncement  était  de  330  millimètres 
par  an. 

Non  seulement  l'instabilité  se  manifeste  dans  le  sens  vertical, 
mais  elle  existe  aussi  dans  la  dilatation  horizontale.  Une  base 
de  700  pieds  avait  été  mesurée  dans  le  delta;  vérifiée  quinze  ans 
plus  tard,  elle  était  de  712  pieds.  Des  repères  tracés  pour  certains 
travaux  de  consolidation  ont  subi  des  variations  telles  qu'on  a  été 
obligé  de  les  abandonner.  Cette  mobilité  du  sous-sol  est  plutôt  la 

(1)  VrocudinQt  ofCalif.  Acad.  Scienceê,  3  »er.,  Geol.  I,  1897. 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  259 

conséquence  de  son  affouillement  par  les  eaux  sous-jacentes  que 
par  l'élévation  du  niveau  de  la  mer  dans  le  golfe.  Des  nivellements 
de  précision  exécutés  depuis  la  côte  de  la  Floride  jusqu'à  celle  du 
Yucatan  n'ont  indiqué  aucun  changement. 

La  décharge  des  eaux  fluviales  dans  le  golfe  est  compensée  par 
l'évaporation  et  le  courant  qui  s'échappe  par  le  canal  du  Yucatan. 
La  construction  des  digues  a  régularisé  l'apport  des  matériaux 
accumulés  au  détriment  de  la  navigation. 

I/étendue  de  la  plaine  alluviale  du  delta  du  Mississipi  est  telle 
qu'à  150  kilomètres  en  amont  de  la  Nouvelle-Orléans,  on  retrouve 
les  mêmes  caractères  que  dans  la  partie  basse.  Des  puits  artésiens, 
creusés  pour  obtenir  de  l'eau  potable,  ont  fourni  des  échantillons 
de  toutes  les  couches  alluviales  et  dans  toutes,  jusqu'à  la  profon- 
deur de  350  mètres,  on  a  retrouvé  des  débris  de  bois  flottés  (The 
Scottish  Geogr.  Magazine,  mai  1898.  —  National  Geogr.  Mag.9 
décembre  1897).  J.  G. 

—  Dans  YAppalachia  de  mars  1898  (volume  VI II,  n°IV)  M.A.E. 
Douglass  discute  les  résultats  des  15  principales  mesures  du  Popo- 
catepetl  (Mexique),  prises  de  1804  (Humboldt,  5,403  m.)  à  1897 
(Douglass,  5,436  m.),  et  des  17  principales  mesures  de  VOrizaba 
de  1796  (Ferrer,  5,450  m.)  à  1897  (miss  Peck,  5,669  m.)  et  il  con- 
clut que  le  Popocatepetl  doit  avoir  5,384  mètres  ±=  15  mètres 
(moins  que  le  Saint-Élie)  et  VOrizaba  5,560  mètres  ±  50  mètres 
(moins  que  le  Logan).  — (Voir  C.  R.f  E.-A.  M.,  février  1898,  p.  74.) 

Etablissement  d'une  colonie  de  Canadiens  français  au  Mexique. 
—  Une  colonie  de  Canadiens  français  va  incessamment  s'établir  à 
60  milles  du  port  de  Tampies,  au  bord  de  la  rivière  de  Panuco,  sur 
des  terres  d'une  fertilité  extraordinaire,  qui  sont  aujourd'hui  cou- 
vertes de  forêts  vierges. 

Le  terrain,  qui  se  compose  de  plaines  et  de  collines,  est  très 
sain  et  jouit  d'un  climat  très  varié.  A  en  croire  un  ingénieur  com- 
pétent, il  est  abondamment  arrosé  et  susceptible  de  recevoir  immé- 
diatement toutes  les  cultures  et  de  donner  deux  et  trois  récoltes  par 
an.  Le  maïs,  le  tabac,  la  banane,  le  café,  l'avocatier,  l'oranger,  le 
citronnier,  la  canne  à  sucre,  le  riz,  le  coton,  la  vanille  seront  les 
produits  les  plus  rémunérateurs  de  ces  terres,  dont  les  forêts 
vierges  sont  remplies  de  bois  précieux.  L'exploitation  de  ces  bois, 
facilitée  par  les  voies  de  communication  fluviales  avec  Tampico 
serait  dès  mainleuant  pour  les  colons  une  source  de  revenus.  La 


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280  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

ligne  de  chemin  de  fer  qui,  avant  deux  ans,  traversera  la  colonie, 
augmentera  les  avantages  de  ce  coin  du  Mexique  et  sera  suscep- 
tible d'en  faire,  avec  l'aide  des  nouveaux  colons,  un  centre  com- 
mercial delà  plus  haute  importance  et  un  foyer  de  travail  et  de  vie. 
La  Compagnie  qui  s'est  constituée  pour  attirer  un  courant  d'émi- 
gration canadienne  vers  ce  pays,  s'engage  àfournir  aux  colons,  dans 
des  conditions  extrêmement  avantageuses,  les  moyens  d'une 
installation  facile  et  durable.  Elle  exige  d'eux  un  capital  d'environ 
500  dollars  par  famille,  c'est-à-dire  la  somme  nécessaire  pour  payer 
les  frais  de  transport  et  subvenir  aux  besoins  de  la  première  année; 
elle  veut  en  outre  que  les  colons  canadiens  arrivent  sur  le  terrain 
qu'ils  exploiteront  pourvus  des  instruments  aratoires  et  des  outils 
nécessaires  au  déboisement,  qu'ils  auront  achetés  aux  Etats-Unis 
avant  leur  départ.  —  H.  F. 

Une  colonie  japonaise  au  Mexique  :  —  On  annonce  le  prochain 
établissement  au  Mexique,  prés  du  port  de  San  Benito,  d'une  im- 
portante colonie  japonaise  sur  un  terrain  que  le  comte  Enomoto, 
ex-ministre  de  l'agriculture  au  Japon,  aurait  acquis  l'an  dernier  du 
gouvernement  mexicain.  —  H.  F. 


V.  —  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 


Le  lendemain  de  la  séance  consacrée  au  centenaire  de  Vasco  de 
Gama,  la  Société  a  reçu  de  Lisbonne,  le  26  avril,  le  télégramme 
suivant  : 

c  La  Société  de  Géographie  de  Lisbonne  et  la  Commission  du 
centenaire  saluent  et  remercient  la  Société  de  Géographie  de 
France  en  leur  nom  et  au  nom  du  Portugal  pour  la  grandiose  ma- 
nifestation en  l'honneur  du  pays  et  à  la  mémoire  du  grand  navi- 
gateur. Le  Bureau  :  Amaral,  Cordeiro,  Vasconcellos.  » 

Tirage  d'obligations  de  la  Société.  —  Voici  les  numéros  des  dix 
obligations  de  la  Société  sorties  au  tirage  effectué  le  20  mai  1898  : 
213,  300,  323,  347,  466,  517,  689,  778,  799,  848. 

Présentation*  délivres,  cartes,  ete. — M.  E.-A.  Martel  présente 
et  offre  de  la  part  de  M.  Henry  Duhamel  une  brochure  sur  la  Topo- 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  261 

graphie  du  Haut-Dauphiné.  Ce  sont  des  notes  historiques  sur  le 
massif  du  Pelvoux,  où  l'auteur  fournit»  avec  sa  haute  compétence 
alpestre,  d'utiles  renseignements  sur  les  anciennes  cartes  de  l'Oi- 
sans,  sur  les  changements  survenus  dans  ses  voies  de  communi- 
cation, sur  l'orthographe  et  la  topohomastique  de  ses  montagnes. 
Al'occasion  de  cette  publication  il  importe  de  rappeler  que  M.  Duha- 
mel est  Fauteur  d'un  admirable  travail  géographique  et  topo- 
graphique, trop  peu  connu,  et  dont  nos  Comptes  rendus  avaient 
jusqu'ici  omis  de  faire  mention,  la  Carte  du  massif  du  Pelvoux  au 
100,00<K 

C'est  en  1875  que  M.  Duhamel  entreprit,  pour  ce  massif  et 
entièrement  à  ses  frais  personnels,  la  tâche  de  rectifier  les  erreurs 
de  la  carte  au  80,000e,  que  les  officiers  d'état-major  n'avaient  ma- 
tériellement pas  eu  le  temps  ni  les  moyens  de  dresser  exactement 
en  1853,  à  une  époque  où  l'alpinisme  n'était  pas  né  et  où  les  Anglais 
Bonney,  Tuckett,  W hymper,  Moore  et  Walker  n'avaient  pas  encore 
commencé  la  conquête  des  grands  pics  de  cette  région.  Alors,  en 
effet,  on  n'avait  guère  réussi  à  gravir  encore  que  le  Grand-Pelvoux 
lui-même  (capitaine  Durand,  1830,  et  M.  Puiseux,  1848).  La  place 
manque  ici  pour  décrire  les  quatre  ravissantes  petites  feuilles  de 
M.  Duhamel,  publiées  en  1889  et  rééditées  avec  corrections  en  1892. 
11  suffira  de  les  comparer  aux  anciennes  éditions  du  80,000e  et 
notamment  à  l'amplification  en  couleurs  au  10,000",  publiée  en 
1874-1875  par  le  Club  alpin,  pour  constater  les  importantes  amé- 
liorations topographiques  et  les  corrections  al tiraé triques  fournies 
par  M.  Duhamel.  Il  suffira  surtout  de  dire  que  le  Service  géogra- 
phique de  l'armée,  dans  la  mise  à  jour  du  80,000%  et  le  Ministère  de 
l'Intérieur,  pour  sa  carte  au  100,000%  ont  profité,  d'accord  avec 
l'auteur,  des  nouvelles  données  mises  ainsi  par  lui  à  leur  disposi- 
tion :  nomenclature,  redressements  de  thalwegs,  contours  de  gla- 
ciers, déplacements  de  sommets,  indication  des  refuges  alpestres, 
tracé  des  nouveaux  chemins,  etc.  Tout  cela  fait  de  la  carte  de 
M.  Duhamel  un  travail  de  premier  ordre,  absolument  original  et 
personnel,  qui  a  exigé  sept  années  de  courses  difficiles  et  dan- 
gereuses. 

11  est  au  plus  haut  degré  regrettable  que  les  minutes  de  M.  Duha- 
mel n'aient  pas  encore  vu  le  jour  à  leur  échelle  originelle  du 
50,000e.  La  réduction  au  100,000°  est,  en  effet,  indigne  d'un  pareil 
labeur,  dont  la  petitesse  actuelle  est  le  seul  défaut.  Bien  des  fois 
déjà  le  vœu  a  été  exprimé  que  le  Club  alpin  français  entreprit 
cette  publication  au  50,000°  :  souhaitons  une  fois  de  plus  qu'il  y 


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262  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

défère  quelque  jour.  Non  seulement  il  rendrait  ainsi  justice  à  l'un 
de  ses  membres  les  plus  méritants,  mais  encore  il  s'élèverait  au 
niveau  utilitaire  du  Club  alpin  autrichien- allemand  qui,  depuis  de 
longues  années,  a  entrepris  et  maintenant  presque  achevé  de  ma- 
gnifiques cartes  au  50,000*  des  grands  massifs  des  Alpes  Orien- 
tales. Sans  empiéter  sur  les  attributions  du  Club  alpin,  la  Société 
de  Géographie  peut  tout  au  moins  accorder  à  l'œuvre  de  M.  Duha- 
mel ces  quelques  lignes  de  félicitations  rétrospectives  et  lui  recon- 
naître une  valeur  géographique  indiscutable. 

Histoire  de  la  boussole.  —  C'est  une  histoire  très  étroitement 
liée  à  celle  de  la  navigation  hauturière,  et  par  conséquent  à  celle 
des  découvertes  maritimes,  que  l'histoire  de  la  boussole.  Jus- 
qu'au milieu  de  ce  siècle,  les  historiens  de  la  géographie  s'en 
sont  beaucoup  occupés;  puis,  on  a  paru  se  désintéresser  de  la 
question  et  renoncer  à  résoudre  les  difficiles  problèmes  que  les 
érudits  de  l'époque  précédente  avaient  seulement  posés.  M.  Ch.  de 
la  Roncière,  qui  s'est  déjà  fait  connaître  par  plusieurs  études  très 
intéressantes  sur  l'histoire  de  la  marine,  a  été  récemment  amené, 
par  l'examen  d'un  inventaire  de  bord  remontant  à  l'année  1294,  à 
s'occuper  des  débuts  de  la  boussole  dans  la  Méditerranée  occi- 
dentale. 

Dans  une  étude  pleine  de  faits  (1),  il  démontre  d'une  manière 
péremptoire  que  c  la  légende  qu'on  a  mis  deux  siècles  à  bâtir  et 
qu'on  a  adoptée  ensuite  sans  discussion  ne  repose  sur  rien.  Flavio 
Gioja  est  un  mythe,  la  date  et  le  lieu  de  l'invention  sont  con- 
trouvés  >.  Ainsi  l'histoire  de  l'invention  de  la  boussole  est  tout 
entière  à  refaire,  et  sur  les  documents  originaux;  M.  de  la  Ron- 
cière a  commencé  de  l'écrire  en  trouvant  l'origine  du  mot  bous- 
sole  lui-même,  c  C'est,  dit-il,  un  vocable  d'origine  sicilienne, 
dont  le  sens  primitif  est  petite  boîte  de  bois,  peut-être  de  buis  ». 
Happroche-t-on  ce  mot  de  la  marque  de  la  fleur  de  lis  sur  la  tra- 
montane, —  qui  n'a  pu  être  apposée  sur  les  boussoles  que  dans 
la  partie  des  Deux-Siciles  relevant  encore  au  xiv"  siècle  des 
princes  français  de  la  maison  d'Anjou,  —  on  est  amené  à  localiser 
l'invention  de  la  boussole  dans  le  royaume  de  Naple6. 

Ainsi  se  trouve  définitivement  fixé,  par  des  preuves  sérieuses, 
un  point  entrevu,  mais  non  certain  encore,  de  l'histoire   de  la 


(4)  Un  Inventaire  de  bord  en  1294  et  le*  origines  de  la  mvigatioy  l\auturière 
Pibliothèqiiedepùcolc  des  charte;  t.  LVII1,  anm'f  1897). 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  263 

boussole.  M.  de  la  Roncière  a  été  amené,  par  l'étude  du  document 
qu'il  a  découvert,  à  faire  une  autre  constatation  :  dès  1294,  il  y  a 
à  bord  du  vaisseau  le  Saint-Nicolas,  de  Messine,  deux  calamités 
ou  aiguilles  de  mer  avec  leur  attirail,  cum  apparatibus  suis.  Quels 
sont  ces  accessoires  de  la  calamité  ?  C'est  ce  que  le  texte  ne  dit 
malheureusement  pas. 

Du  moins  peut-on  conclure  de  la  juxtaposition  de  la  calamité  et 
de  la  boussole  dans  l'inventaire  de  1294  que  les  dernières  années 
du  xnr  siècle  sont  le  moment  où  la  vraie  boussole  a  vu  le  jour. 
Combien  de  temps  cet  instrument  si  précieux  a  mis  ensuite  à  se 
répandre  dans  les  mers  du  Ponant,  c'est  ce  que  M.  Ch.  de  la  Ron- 
cière esquisse  brièvement  dans  les  deux  dernières  pages  de  son 
travail  qui  présente  un  très  réel  intérêt  au  point  de  vue  de  l'his- 
toire de  la  géographie.  —  Henri  Froidevaux. 

Guide  pratique  pour  la  recherche  et  ^exploitation  de  Vor  en 
Guyane  française,  par  M.  E.  D.  Levât.  —Envoyé  par  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  dans  les  Guyanes,  M.  Levât  avait  pour 
mission  de  recueillir,  sur  ces  régions, peu  étudiées,  des  renseigne- 
ments géologiques  et  techniques  permettant  de  faire  une  étude 
détaillée  des  richesses  minérales  qu'elles  contiennent. 

Ces  renseignements  recueillis  pendant  un  voyage  de  cinq  mois, 
ont  pu  être  coordonnés  par  M.  Levât  et  présentés  sous  forme  d'ins- 
tructions pratiques,  grâce  à  ses  connaissances  géologiques  gé- 
nérales de  l'industrie  aurifère. 

En  résumé,  ce  volume  offre  en  même  temps  les  caractères  d'un 
ouvrage  scientifique  et  d'un  manuel  technique  à  la  portée  des 
colons. 

Au  cap  Nord.  Itinéraires  en  Norvège,  Suède  et  Finlande  (1). 
—  En  présentant  cet  ouvrago,  de  la  part  de  l'auteur,  le  secrétaire 
général  rappelle  les  grands  services  rendus  à  la  géographie  et  à 
la  Société  par  M.  Charles  Rabot,  membre  de  la  Commission  cen- 
trale, dont  la  collaboration  constante  aux  Comptes  rendus  a  large- 
ment contribué  à  transformer  cette  publication. 

Pendant  dix  ans  M.  Rabot  a  exploré  le  nord  de  l'Europe.  Ses 
fructueux  voyages  nous  ont  valu  des  ouvrages  tels  que  A  travers 
la  Russie  boréale,  Aux  fjords  de  Norvège  et  aux-  forêts  de  Suède, 


(1)  Paris,  lUchelle,  1898, 


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26 i  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

sans  parler  de  ta  publication  des  explorations  de  Nordenskiôld  et 
deNansen. 

La  relation,  qu'il  fait  paraître  ce  mois-ci,  constitue  un  tableau  com- 
plet de  la  Scandinavie  septentrionale,  destiné  à  renseigner  les  géo- 
graphes et  les  touristes,  qui  chaque  été  visitent  en  grand  nombre 
la  Norvège. 

Le  géographe,  le  géologue,  l'économiste  feront  mieux  que  glaner 
dans  ce  volume  rempli  d'informations  précises  et  d'aperçus  in- 
structifs. L'artiste  gardera  l'impression  de  ces  tableaux  largement 
brossés  et  baignés  de  lumière,  qui,  de  Torghœtten  au  Cap  Nord, 
défileront  sous  ses  yeux  en  même  temps  que  les  scènes  si  variées 
et  si  pittoresques  de  la  vie  au  pays  des  fjords.  Le  touriste  enfin 
profitera  non  seulement  de  la  science  consommée  de  l'explorateur 
arctique  qui  préfère  au  ton  du  docteur  celui  du  conteur,  mais  en- 
core de  l'expérience  personnelle  du  voyageur,  qui  n'a  pas  dédaigné 
de  grouper  dans  un  appendice  tout  un  ensemble  de  renseignements 
utiles. 

Bref,  Au  cap  Nord  est  tout  à  la  fois  un  livre  attachant,  d'une 
lecture  facile,  un  recueil  d'observations  scientifiques  et  un  guide 
pratique  que  les  voyageurs  et  les  savants  consulteront  avec  fruit. 

De  la  coordination  en  géographie,  par  M.  Ludovic  Drapeyron. 
—  En  offrant  cette  brochure,  l'auteur  s'exprime  ainsi  :  c  La  So- 
ciété de  Topographie  a,  dès  son  origine,  regardé  ce  qu'on  est 
convenu  d'appeler  c  les  sciences  géographiques  »  comme  une 
science  unique  dont  les  diverses  parties  bien  coordonnées  devaient 
nous  communiquer  l'intelligence  complète  de  la  terre  et  de 
l'homme.  Pour  elle,  la  topographie,  cette  géographie  non  seule- 
ment expérimentale  mais  encore  concrète,  était  destinée  à  servir  de 
ralliement  à  ces  connaissances  d'ordre,  en  apparence,  très  différent. 
C'est  que,  à  la  bien  considérer,  elle  est  leur  point  d'application 
commun.  Ces  phénomènes  qui  ont  pour  cause  la  chaleur  du  soleil 
et  pour  effet  des  modifications  incessantes  dans  l'état  de  l'air  et 
de  l'eau  et  dans  la  température  du  globe,  sont  dus  surtout  à  l'alti- 
tude des  lieux  dont  la  topographie  étudie  la  forme,  si  importante 
elle-même  en  pareille  question.  La  géologie,  non  moins  impor- 
tante comme  matière  première,  comme  substratum,  n'a  pas  cette 
valeur  dynamique  actuelle,  car  on  sait  que  c  l'écorce  terrestre  », 
quelle  que  soit  la  composition  profonde  du  sol,  peut  être  singu- 
lièrement modifiée  par  l'action  atmosphérique.  Le  climat  est,  en 
somme,  la  résultante  de  la  topographie.  Pour  nous,  la  topographie 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MAI  1898.  265 

est  la  base  de  la  géographie  physique.  Etroitement  unie  à  la  géo- 
logie, mais  non  pas  servilement  subordonnée  à  celle-ci,  elle  a 
pour  expression  la  flore  et  la  faune.  L'orographie  et  l'hydrographie 
nous  ramènent  à  chaque  instant  à  cette  géographie  du  dedans  et 
du  dehors.  La  géographie  économique  est  en  liaison  intime  avec 
elle.  La  géographie  politique  est  en  quelque  sorte  la  science  des 
linéaments  du  sol,  dont  elle  doit  tenir  scrupuleusement  compte, 
si  elle  veut  faire  œuvre  bienfaisante  et  durable.  Ce  serait  donc 
faire  fausse  route  que  de  séparer  formellement  ces  géographies, 
de  les  distinguer  en  scientifiques  et  en  littéraires.  Tout  y  doit,  en 
définitive,  être  rauieué  à  la  science  proprement  dite.  > 

m  fondation»  «iveraea.  —  M.  Cb.  E.  Bonin  qui  a  quitté  le 
Tonkin  en  mars  pour  gagner  Shanghaï,  point  de  départ  de  sa  tra- 
versée de  la  Chine,  écrit  :  c  J'ai  trouvé  à  Hanoï  le  concours  le  plus 
empressé  auprès  des  autorités  pour  l'organisation  de  ma  mission. 
J'emmène  avec  moi  quinze  soldats  annamites,  armés  et  équipés  par 
le  Protectorat ,  dont  plusieurs  m'ont  déjà  accompagné  dans  mes  pré- 
cédents voyages.  J'aurai  soin  de  vous  écrire  pour  vous  tenir  au 
courant  des  travaux  de  l'expédition.  > 

—  M.  Bonnel  de  Mézières,  accompagné  de  MM.  Louis  Martel, 
Raymond  Col  rat,  etc.,  est  parti  d'Anvers  le  6  mai  pour  Matadi 
(Congo).  Cette  mission  est  envoyée  par  le  Syndicat  français  du 
bassin  du  Tchad  dont  M.  Etienne  Vatel  est  le  président.  Elle 
compte  retrouver  la  mission  de  M.  de  fiehagle  et  marcher  d'accord 
avec  elle,  dans  la  même  direction,  celle  du  Tchad. 

M.  Bonnel  de  Mézières  pensait  être  en  juillet  à  Bangui. 

—  Le  7  mai  a  eu  lieu,  au  Cercle  artistique  et  littéraire  de  la 
rue  de  Volney,  une  soirée  intime  où  ont  été  produites  dans  une 
série  de  projections  les  photographies  rapportées  par  notre  col- 
lègue, M.  Eugène  Gallois,  du  voyage  accompli  par  lui  en  Asie 
durant  l'hiver  1896-1897. 

Nécrologie.  —  La  Société  a  appris  la  mort  de  quatre  de  ses 
membres  :  MM.  Loge  rot,  Castonnet  des  Fosses,  Yersepuy  et  comte 
de  Carnide. 

If.  Logeroty  qui  comptait  parmi  les  amis  les  plus  fervents  de  la 
Société,  a  tenu  à  compléter,  par  testament,  les  dispositions  géné- 
reuses qu'il  avait  prises  en  1878.  On  sait  qu'en  souvenir  de  son 

SOC.  DE  GiOGR.—  C  R.  DES  SÉANCES.—  !«•  5.  —  Mai.  19 


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266  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES. 

père  il  avait  fondé  à  celte  époque  le  prix  Auguste  Logerot,  dé- 
cerné tous  les  deux  ans  pour  un  voyage  ou  comme  secours  aux 
explorateurs.  Il  lègue  à  la  Société  eu  nue  propriété,  jusqu'à  la  fin 
de  l'usufruit  de  Mme  Logerot,  une  somme  de  mille  francs  de 
rente,  qui  permettra  de  rendre  ce  prix  annuel. 

Avertis  trop  tard  du  décès  de  M.  Logerot,  nous  n'avons  pu 
qu'adresser  à  Mme  Logerot  l'expression  de  notre  reconnaissance 
et  de  notre  respectueuse  sympathie. 

M.  Castonnet  des  Fosses,  membre  de  la  Société  depuis  1875, 
disparaît  à  l'âge  de  52  ans  après  de  cruelles  souffrances.  Sa  plume 
active  abordait  les  sujets  les  plus  divers,  mais  ses  préférences 
allaient  surtout  aux  questions  coloniales  et  aux  études  de  géo- 
graphie historique.  Il  terminait  une  étude  sur  Vasco  de  G  a  m  a, 
quand  la  mort  Ta  enlevé. 

Aux  obsèques  de  notre  regretté  collègue,  la  Société  était  repré- 
sentée par  son  secrétaire  général. 

M.  Arnold  Versepuy  LMb.  1896],  décédé  à  Monte-Carlo  le 
13  mai  1898  à  l'âge  de  36  ans,  était  frère  de  l'infortuné  explora- 
teur qui  succomba  aux  fatigues  de  la  traversée  de  l'Afrique  équa- 
toriale. 

M.  le  comte  de  Carnide,  ancien  ministre  plénipotentiaire  de 
Portugal,  décédé  le  27  février  dernier  à  Carnide,  près  de  Lisbonne, 
appartenait  à  la  Société  depuis  1877. 


Séance  du  6  mai  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  Raymond  Colrat;  Henri  Berger;  Georges  Edmond  Laurent. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Edmond  Tarbé  des  Sablons  (baron  Hulot  et  Edouard  An- 
thoine)  ;  —  Henry  Vignaud,  premier  secrétaire  de  l'ambassade 
des  États-Unis  (Gabriel  Marcel  et  Henri  Cordier)  ;  —  le  prince 
Bojidar  Karageorgevitch  ;  William  Manés,  lieutenant  de  vaisseau 
(Emile  Vedel  et  Henri  Cordier). 


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SÉANCES  DES  6  ET  20  MM  1898.  267 


Séance  du  20  mai  1898. 


MEMBRES  ADMIS 

MM.  Edmond  Tarbé  des  Sablons;   Henry  Vignaud;  le  prince 
Bojidar  Karageorgevitch  ;  William  Manès. 


CANDIDATS  PRESENTES 

MM.  André  comte  de  Castéja  (marquis  de  Bassano  et  comte 
Emmanuel  de  Castéja)  ;  —  Adolphe  Joseph  Jugla  (baron  Hulot 
et  Jules  Girard);  —  Armand  Janet,  ingénieur  des  constructions 
navales  (baron  Jules  de  Guerne  et  Edouard  Blanc). 


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BILAN 

DE    LA    SOCIÉTÉ    DE   GÉOGRAPHIE 

Au  31  décembre  1897. 

Actif. 

Hôtel  boulevard  Saint-Germain 408  156  01 

Mobilier 34  118  24 

Bibliothèque 1    • 

Valeurs  mobilières 743  809  08 

Service  des  prix  et  des  souscriptions.  Comptes  débiteurs.  5  655  50 

De  Rothschild  frères.  Solde  créancier 7  944  30 

Mirabaud,  Puerari  et  Cu.  Solde  créancier 39  150  06 

—                compte  legs  Poirier.  Solde  créancier.  13  698    » 

Espèces  en  caisse 3  672  92 

1  256  205  10 

Déficit  au  31  décembre  1896 48  962  15 

Redressement 287  50 

49  249  65 
A  déduire  legs  divers 39  672  48 

9  577  17 

Déficit  1897 7  450  29 

Moins  recettes  exceptionnelles...      2  400    »       5  050  29       14  627  46 

1  270  832  56 


Passif. 

Capital  différé 157  200    » 

Emprunt  obligations 266  700    » 

Obligations  amorties 33  300    » 

Fondations  diverses 743  209  08 

Coupons  restant  à  payer 6  329  22 

Obligation  emprunt  1877  restant  à  payer 301  13 

Obligations  remboursables  reslant  à  payer 1  200    * 

Service  des  prix  et  souscriptions.  Comptes  créanciers 51  749  33 

Divers  à  payer 10  568  80 

Divers 275     » 

1  270  832  50 


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ÉTAT    DKS   RECETTES    ET    DÉPENSES 

DE  LA    SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 

Pendant  l'année  1897. 

RECETTES. 

Location  de  salles: ...   9  ix  î     » 

Revenus  divers Sût  3*.> 

Cotisations,  diplômes  et  dons  : 
Cotisations  arriérées 2  432  45 

—  courantes 46  185     | 

—  anticipées 605  50 

Diplômes 3  475    i 

Dons 3  110  50  55  808  45 

Abonnements,  vente  des  publications  et  divers 3  137  40 

Allocation  des  Ministères 2  700    ,. 

Divers .' J*3  39 

Total  des  recettes 7t  ;s,.i  ^;: 

Déficit 7  450  29 


79  304  9S 

DÉPENSES. 

Service  de  l'emprunt 13  562  97 

Entretien  de  l'hôtel 7  *42  49 

—       du  mobilier 381  45 

Bibliothèque , 1  mi  20 

Frais  de  recouvrement  des  cotisations 1  945  55 

Impressions  et  publications  : 
Comptes  rendus  des  séances,  Bulletins  trimestriels  (textc 

et  cartes) 11  678  35 

Frais  d'envoi 2  510  91 

Impressions  diverses.  —  Cartes 200    »      14  389  26 

Secrétariat 4  «39  72 

Frais  généraux  : 
Personnel,  assurance,  chauffage,  éclairage,  eau,  contribu- 
tions, etc.,  etc îlî  379  60 

Prix  divers 1  578  65 

Séances,  expositions,  élections,  banquet 8  201  03 

Total  des  dépenses 79  304  92 


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270  0DVRAGB8  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ 
Mai  1898 

GÉNÉRALITÉS-  —  J*  G.  Rolland.  —  Paléoethnologie.  Etudes  sur  les 
temps  préhistoriques  des  silex  taillés.  —  De  l'origine  de  l'homme. 
Paris,  1898, 1  vol.  in-8.  Ch.  Mendel,  éditeur. 

Dans  la  prélace,  l'auteur  dit  que  son  «  principal  but  en  écrivant 
cette  étude  préhistorique  a  été  de  donner  aux  personnes  peu  ini- 
tiées aux  sciences,  aux  profanes,  un  aperçu  succinct  de  l'origine  et 
de  la  progression  de  l'humanité,  et  aux  amateurs  de  silex  préhisto- 
rique un  moyen  de  classement  méthodique  des  pièces  de  leur  col- 
lection... ». 

La  clarté  et  la  précision  de  l'exposé  semblent  promettre  que  ce  but 
sera  atteint. 

Ludovic  Drape ïron.  —  De  la  coordination  en  géographie  (Revue  4e 
Géographie).  Paris,  Delagrave,  1898,  broch.  in-8.  Acteur. 

Sam del  Edward  Dawson.  —  The  voyages  of  the  Cabots.  Latest  phases 
of  the  controversy  (Transactions  k.  Soc.  of.  Canada,  1897).  Ottawa 
(London,  Quaritch),  1897,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

H.  Brunnbr.  —  Antarktis.  Wege  und  Ziele  der  Forschung  inder  Sûdpo- 
larregion  (Neue  Zurcher  Zeitung).  Broch.  in-8.  Auteur. 

Svenska  Turistfôreningens  arsskrift.  Stockholm,  1889-1897.      Echange. 

Yerhandlungen  der  Konferenz  der  Yorst&nde  deutscher  meteorologischer 
Centralstellen  zu  Berlin,  vom  13.  bis  17.  Oktober  1897.  Berlin,  Asher, 
1897,  opuscule  in-8.  Echange. 

Ces.  Tondini  de  Quarenghi.  —  La  question  du  calendrier  À  la  un  du 
xix*  siècle.  Contenant  :  la  réforme  du  calendrier  d'après  un  évêque 
orthodoxe  roumain;  texte  et  analyse  du  décret  de  Nicée  sur  laPàque; 
les  projets  de  réforme,  bulgare  et  serbe...  notice  sur  le  méridien  de 
Jérusalem;  documents  et  tableaux  divers.  Bucarest,  Sôcecu,  1898, 
1  vol.  in-8.  Auteur. 

Gabriel  Carrasco.  —  Influencia  de  las  manchas  del  sol  en  las  crecientes 
extraordinarias  de  los  rios  del  Plata.  Estudio  presentado  al  congreso 
cientiûco  latino  americano  de  Buenos  Aires.  Buenos  Aires,  1898, 
opuscule  in-8.  Auteur. 

Oscar  Leal  et  Cyriaco  de  Norbega.  —  Um  raarinheiro  do  seculo  XV. 
Romance  historico  sobre  a  descoberta  da  India.  Funchal,  1898, 1  vol. 
in-8.  Auteurs. 

EUROPE-  —  Henry  Duhamel.  —  La  topographie  du  haut  Dauphiné. 
Notes  historiques  sur  le  massif  du  Pelvoux.  Communications  entre 
Oisans  et  Briançonnais.  Avec  une  carte.  Grenoble,  opuscule  in-8,  avec 
carte.  Auteur. 

Henri  Gadeau  de  Kerville.  —  Les  vieux  arbres  de  la  Normandie. 
Etude  botanico-historique.  Fasc.  I,  II  (Bull.  Soc.  des  Amis  des  »c. 
nat.  de  Rouen,  1890,  1892).  2  vol.  in-8.  D.  Bem.kt. 


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SÉANCES  DES  6  RT  20  MAI  1898.  271 

Ministère  des  travaux  publics.  Mémoires  pour  servir  à  l'explication  de 
la  carte  géologique  de  la  France.  Étude  sur  la  constitution  géolo- 
gique de  la  Corse,  par  M.  Nentien.  Paris,  Impr.  nat.,  1897,  1  vol. 
in-4.  Ministère  des  travaux  publics. 

N.  A.  Bogoslovski.  —  Quelques  observations  sur  les  sols  de  la  Grimée 
{Bull.  Comité  géologique,  t.  XVI).  Saint-Pétersbourg,  broch.  in-8  (en 
russe).  Auteur. 

Edouard  Deiss.  —  A  travers  l'Angleterre  industrielle  et  commerciale. 
Paris,  Guillaumin,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Birmingham,  Redditch,  Sheffleld,  Manchester,  Liverpool,  Edim- 
bourg et  Glasgow  sont  les  centres  visités  et  décrits  dans  ce  volume 
par  M.  Deiss.  A  côté  de  l'exposé  technique  de  l'état  des  diverses  indus- 
tries (bijouteries,  poteries,  filatures,  aciéries),  on  trouve  dans  cet 
ouvrage  des  indications  très  précises  sur  le  fonctionnement  des  écoles 
professionnelles,  fonctionnement  et  constitution  des  sociétés  indus- 
trielles, chiffres  indiquant  la  valeur  et  les  montants  des  transactions 
et  nombre  de  renseignements  sur  des  usines  ou  manufactures,  étu- 
diées sur  place  par  l'auteur  qui  semble  n'avoir  rien  négligé  pour  pré- 
senter un  tableau  fort  instructif  des  forces  industrielles  de  la  Grande- 
Bretagne.  Un  grand  nombre  de  photogravures  et  des  cartes  ornent 
cet  intéressant  ouvrage. 

Hbikrich  Gaedertz.  —  fietrachtungen  ûber  die  Zukunft  Lubecks.  Vor- 
trag.  Lubeck  1898, broch.  in-8.       Société  de  géographie  de  Lubeck. 

Gh.  Rabot.  —  Au  cap  Nord.  Itinéraires  en  Norvège,  Suède,  Finlande. 
Paris,  Hachette,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Aktoine  Salles.  —  Voyage  au  pays  des  fjords.  Paris,  Pion,  1898, 1  vol. 
in-8.  Auteur. 

t ...  Ce  que  j'apporte  ici  n'est  point  une  étude  générale  mais  unique- 
ment une  description  physique  de  la  Suède  et  de  la  Norvège.  J'ai 
choisi,  parmi  les  itinéraires  qui  s'offraient  à  moi  celui  qui  m'a  paru 
le  plus  fréquenté,  le  plus  aisé  à  parcourir,  en  même  temps  que  le 
plus  intéressant,  et  je  me  suis  appliqué  à  en  noter  les  étapes  au  jour 
le  jour...  »  (Avant-propos  de  l'auteur.) 

Le  musée  d'ethnographie  Scandinave  à  Stockholm,  fondé  et  dirigé  par 

le  Dr  Arthur  Uazelius.  Stockholm,  1879,  opuscule,  in-8. 
—  Publications  du  musée,  1881-1896.  Stockholm.   12  opuscules  in-8. 

Direction. 

ASIE»  —  N.  Yadrintzeff.  —  La  Sibérie  comme  une  colonie,  sous  les 
rapports  géographique,  ethnographique  et  historique.  2e  édition, 
corrigée  et  augmentée.  Saint-Pétersbourg,  1892, 1.  vol.  in-8. 

Guide  pour  le  voyage  de  S.  M.  le  prince  héritier  de  Russie:  Route 
fluviale  de  Tomsk  à  Omsk.  —  De  Yladivostock  à  Ouralsk.  Saint- 
Pétersbourg,  1891,  2  vol.  in-8. 

V.  I.  Semenoff.  —  Une  route  oubliée  d'Europe  en  Sibérie.  L'expédition 
de  l'Yenisseï,  en  1893.  Saint-Pétersbourg,  1894,  .1  vol.  in-8  (en  russe). 

A.  I.  Makcheff.  —  Etude  historique  du  Turkestan  et  de  son  occupa- 
tion par  les  Russes.  Saint-Pétersbourg,  1890,  1  vol.  in-8  (en  russe). 

A.  Boppe. 


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272  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

Abbé  Tu.  Vazeux.  —  Abrégé  de  géographie  de  la  Syrie  et  de  la  Pales- 
tine. Beyrouth,  1896,  1  vol.  in-8.  Auteur. 
Dr  E.  Lefèvre.  —  Un  voyage  au  Laos.  Paris,  1898,  vol.  in-8. 

Plon,  Nourrit  et  Cu,  éditeurs. 

Le  Dr  Lefèvre  faisait  partie  delà  commission  franco-anglaise  chargée, 
en  vertu  du  protocole  signé  à  Paris  en  1894,  de  délimiter  les  fron- 
tières des  possessions  de  la  France  et  de  l'Angleterre  sur  les  rives  du 
Mékong  (mission  Pavie).  C'est  pendant  l'enquête  opérée  sur  place  par 
les  commissaires  et  au  cours  de  ses  voyages  isolés,  que  M.  le  Dr  Lefèvre 
a  recueilli  ces  notes  destinées  à  faire  connaître  le  haut  Laos  et  per- 
mettront de  se  rendre  compte  de  ce  que  valent  les  régions  que  nous 
avons  héritées  du  Siam.  L'ouvrage  est  accompagné  d'un  très  grand 
nombre  de  gravures  et  d'une  carte. 

Louis  Imbert.  —  Notes  sur  la  Gochinchine  (Bull.  Soc.  géogr.  comm.  de 
Bordeaux).  Bordeaux,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

AFRIQUE.  —  Lionel  Dec  le.  —  Three  years  in  savage  Africa.  With 
100  illustrations  and  5  maps.  London,  Methuen,  1898,  1  vol.  in-8. 

Auteur. 
La  Société  de  Géographie,  qui  a  eu  la  primeur  de  diverses  commu- 
nications de  M.  L.  Dècle,  a  rendu,  à  différentes  reprises,  hommage  à 
l'explorateur  africain.  Des  lettres  de  M.  L.  Dècle  ont  paru  dans  les 
Comptes  rendus,  années  1893  et  1894.  M.  Maunoir,  dans  ses  Rap- 
ports annuels  (1893  et  1894)  a  signalé  les  résultats  généraux  de  cette 
exploration  de  trois  années  en  Afrique.  Il  reste  encore  à  souhaiter 
que  l'œuvre  de  M.  Dècle,  œuvre  d'un  Français  chargé  d'une  mission 
par  le  Ministère  de  l'Instruction  publique,  trouvât  un  éditeur  pour 
la  publier  dans  la  langue  maternelle  du  méritant  explorateur. 

Fernand  Foureau.  —  Mon  neuvième  voyage  au  Sahara  et  au  pays 
touareg.  Mars-juin  1897.  Rapport  adressé  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique  et  à  la  Société  de  Géographie.  Paris,  Challamel,  1898, 
1  vol.  in-8.  *  Auteur. 

Mlriam's  illustrated  guides.  A  complète  description  of  the  island  of 
Grand  Canary  and  of  the  town  of  Las  Palmas.  With  much  useful 
information...  by  L.  de  B.  Sens,  impr.  Goret,  1  vol.  in-8. 

L.  de  Belabre. 

République  française.  Annuaire  de  Madagascar  et  dépendances.  Année 
1898.  Tananarive,  impr.  officielle,  1898,  1  vol.  in-8. 

Gouvernement  général  de  Madagascar. 


Le  gérant  responsable  : 
Hulot, 

Secrétaire  général  de  la  Commission  Centrale. 

BOULEVARD  8AINT-GBRMAIN,  184. 


5450.— L.-Imprimeriet  réunies,  B,  rue  Mignon,  8.—  Mottbroz,  directeur. 


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RECE1VED. 

SEP  5  1838 
PEA6UDY  MUSEUiV*. 

i898  IV"  «  ti  ï   -  Jais  et  Juillet.  Page  273 

SOCIÉTÉ    DE   GÉOGRAPHIE 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


I.  —  SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898 


3  jixixx 

PRÉSIDENCE  DE  M.   ANTHOINE 
Vice -Président  de   la  Commission  centrale. 

Au  début  de  la  séance,  le  Président  présente  les  excuses  du 
Secrétaire  général  indisposé,  puis  il  demande  à  rassemblée  de 
s'associer  au  bureau  pour  adresser  de  vives  félicitations  au  général 
Gallieni,  nommé  grand-officier  de  la  Légion  d'honneur. 

Des  présentations  d'ouvrages  sont  faites  par  MM.  Alfred  Bertrand, 
A.  de  Lapparent,  H.  Froide  vaux  (Voir  Chronique  de  la  Société). 

Au  cours  de  la  séance,  M.  de  Brazza,  arrivé  récemment 
d'Algérie,  entre  dans  la  salie.  Le  Président  signale  sa  présence,  le 
fait  asseoir  au  bureau,  et  lui  dorme  la  parole  pour  une  importante 
communication.  Le  fondateur  du  Congo  français  s'exprime  en  ces 
termes  : 

c  Messieurs,  mon  premier  soin,  en  arrivant  d'Afrique,  a  été  de 
me  rendre  à  la  Société  pour  faire  part  des  nouvelles  concernant  la 
mission  Gentil,  qui  a  descendu  par  deux  fois  au  lac  Tchad  avec 
une  canonnière.  C'est  là  un  événement  considérable  pour  l'avenir 
de  l'expansion  française  au  nord  du  Congo  français  et  dans  toute 
FAfrique  centrale.  M.  Gentil  est  actuellement  en  mer,  et  c'est  le 
1%  ou  le  14  de  ce  mois  qu'il  arrivera  à  Marseille. 

c  J'espère  que  la  Société  aura  là  des  résultats  importants  à  en- 
soc,  dkgéogr.—c.b.  des  séances.— wM6  et  7. —Juin  et  Juillet.        20 


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274  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES.  , 

registre!*,  et  qu'elle  recevra  avec  honneur  l'homme  qui  pendant 
trois  ans  a  tenu  haut  et  ferme  le  drapeau  de  la  France  (1).  » 

Le  Président  répond  combien  il  est  heureux  des  nouvelles  que 
M.  de  Brazza  vient  de  donner,  avec  sa  haute  autorité,  sur  la  con- 
quête pacifique  du  lac  Tchad,  c  Le  bureau  de  la  Société  ne  man- 
quera pas  de  convoquer  les  membres  à  une  réunion,  où  nous  aurons 
tous  à  applaudir  le  chef  de  cette  brillante  expédition  ainsi  que 
ses  vaillants  compagnons.  > 

Boacie  dm  Niger.  —  Mission  Bretonnet  —  Le  lieutenant  de 
vaisseau  Bretonnet  rend  compte  de  la  mission,  dont  il  fut  chargé 
en  1897  par  M.  le  gouverneur  Ballot  et  qui  consistait  à  occuper 
les  territoires  de  la  rive  droite  du  Niger,  de  Say  à  Boussa,  pen- 
dant que  la  mission  Baud  etVermeersch  opérait  à  gauche  et  se  ren- 
dait au  Gourma,  c  pour  défendre  nos  droits  sur  ce  royaume  et 
assurer  la  jonction  du  Dahomey  au  Soudan».  C'est  ce  que  M.  Ver- 
meersch  a  déjà  exposé  ici  (Ci?.,  1898,  pag.  1 71  et  suiv.)  ;  avec  la  re- 
lation de  M.  Bretonnet  et  ce  qui  a  été  dit  déjà  de  la  mission  de 
MM.  Voulet  et  Chanoine  (C.R.,  1897,  pag.  301-305,  354-355),  à  la 
fin  de  1896,  les  grandes  lignes  des  opérations  dans  la  boucle  du 
Niger  sont  maintenant  tracées. 

Parti  du  Dahomey  avec  M.  Baud  et  M.  le  gouverneur  Ballot,  qui 
avait  organisé  les  deux  missions,  M.  Bretonnet  se  sépara  de  la  mis- 
sion Baud  et  Vermeersch  pour  marcher  au  nord-est.  11  était  accom- 
pagné de  MM.  Caron,  de  Bernis  et  Carrero  (ces  deux  derniers  sont 
morts  au  champ  d'honneur).  Les  forces,  dont  le  commandant  Bre- 
tonnet disposait,  ne  consistaient  qu'en  une  centaine  de  tirailleurs 
parmi  lesquels  30  Sénégalais.  C'est  avec  cette  petite  troupe  qu'il 
put  atteindre  le  moyen  Niger,  à  Ilo,  établir  une  suite  ininterrompue 
de  postes  entre  Carnotville  et  ce  dernier  point,  entrer  à  Kandi,  où 
d'abord  il  fut  reçu  à  bras  ouverts  ;  mais,  tandis  que  le  roi  de  Boussa 
lui  demandait  de  venir  à  son  secours,  pour  le  délivrer  d'un  compéti- 
teur, le  roi  ou  prince  Corra,  des  émissaires  de  Samory  avaient  passé 
à  Gomba  pour  soulever  le  pays.  A  partir  de  ce  moment,  ce  n'est  plus 
qu'une  succession  ininterrompue  de  combats  et  de  sièges  (assaut 
et  prise  deOuaoua,  assaut  et  prise  de  Kandi,  etc.,  etc.),  où  la  pe- 

(1)  Les  Comptes  rendus  des  séances  de  mai  paraissant  eu  juin,  nous  avons  pu- 
donner  dans  le  chapitre  Nouvelle»  géographiques  des  détails  sur  la  mission  Gentil, 
dont  il  n'avait  pas  encore  été  parlé  en  séance.  M.  Gentil  a  dû  retarder  d'un  mois- 
son arrivée  en  France. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  275 

tite  troupe  fit  des  prodiges  de  valeur.  Enfin  Niki,  la  capitale  du 
Borgou,fat  occupé  militairement  par  nos  soldats  que  les  indigènes, 
témoins  de  leur  vaillance,  déclaraient  c  invulnérables  >  (févr. 
1897).  Ils  s'étaient  maintenus  dans  leurs  positions  et  purent  résister 
à  toutes  les  attaques  jusqu'au  jour  où  ils  furent  rejoints  par  la 
colonne  du  commandant  Ricoud,  chargé  de  leur  prêter  main-forte. 

c  Je  regrette  tout  particulièrement,  dit  le  Président,  que  M.  Le 
Myre  de  Vil  ers,  empêché,  n'ait  pu  présider  cette  séance  :  sa  parole 
d'ancien  officier  de  marine,  d'ancien  gouverneur  de  nos  posses- 
sions d'outre-mer,  eût  été  autrement  autorisée  que  la  mienne 
pour  apprécier  l'œuvre  du  conférencier. 

t  Mon  commandant,  vous  appartenez  à  cette  phalange  d'officiers 
qui  depuis  quelque  vingt-cinq  ans,  ont,  avec  une  merveilleuse 
énergie,  semé  aux  quatre  coins  du  monde  le  dévouement  à  la 
patrie  et  l'héroïsme.  Vous  avez  jeté  votre  dévolu  sur  la  terre 
d'Afrique;  vous  nous  en  rapportez  des  résultats  de  premier  ordre. 
—  Nous  vous  devons,  en  effet,  la  conquête  de  cet  espace  compris 
entre  Le  Dahomey  et  le  Niger,  au  delà  du  9e  parallèle.  C'est  à 
vous  également  que  nous  devons,  avec  l'action  simultanée  de  la 
mission  Baud  et  Vermeersch,  d'avoir  vu  en  quelque  sorte  sceller 
la  prise  de  possession  de  cette  boucle  du  Niger,  dont  l'importance 
est  devenue  capitale  depuis  qu'elle  a  été  reliée  au  Soudan  par  la 
mission  du  capitaine  Voulet  et  du  lieutenant  Chanoine.  Tout  cela 
constitue,  je  le  répète,  une  œuvre  de  premier  ordre. 

c  Mais,  j'ai  un  reproche  à  faire  à  votre  récit,  mon  commandant. 
Vous  êtes  vraiment  trop  modeste  dans  ce  que  vous  nous  livrez  de  votre 
part  personnelle.  Nous  savons  heureusement  tout  ce  qu'elle  com- 
porte d'abnégation,  de  courage  et  d'héroïsme,  c'est  le  véritable  mot. 

c  Si  nous  tenons  tant  à  le  relever,  c'est  que,  plus  que  jamais, 
à  l'heure  actuelle,  tout  près  encore  d'un  moment  navrant  où  nous 
avons  vu  l'armée,  drapée  dans  une  superbe  dignité,  obligée  de 
rester  la  grande  silencieuse,  nous  éprouvons  le  besoin  d'acclamer 
les  actes  de  ses  enfants,  actes  qui  parlent  si  éloquemment  pour 
leur  bouche  muette,  et  de  leur  dire,  du  fond  du  cœur,  avec  un 
pieux  souvenir  à  ceux  de  leurs  frères  tombés  en  route  :  c  Merci 
pour  ce  que  vous  avez  fait  pour  la  patrie  l  >  (Applaudissements.) 

Voyage  ehex  les  Sakalave»  du  «ad-oaest  et  ehex  les 
Baret.  —  M.  Bastard  résume  ainsi  sa  communication  : 

c  J'ai  choisi,  comme  sujet  de  ma  conférence,  les  peuplades  du 


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276  COMPTES  RENDUS  DBS  SEANCES. 

sud-ouest  rebelles  encore  à  noire  influence.  Ce  sujet  me  paraissait 
offrir  un  intérêt  particulier  d'actualité,  puisque  le  général  G  al  lie  ni 
va  lui-même  aujourd'hui  diriger  une  colonne  destinée  à  soumettre 
définitivement  les  turbulents  indigènes  de  ces  régions.  Toutefois 
mes  voyages  n'ont  pas  été  limités  au  sud-ouèst  seul  :  j'ai  vu  aussi 
le  nord-ouest,  le  centre  et  l'est  de  notre  colonie,  et  les  observa- 
tions faites  dans  ces  excursions  me  permettent  de  comparer  entre 
elles  diverses  régions  de  l'île  et  diverses  populations. 

c  C'est  ainsi  que  j'ai  visité  en  1896  : 

c  1'  La  vallée  et  les  collines  du  nord  de  la  Betsiboka  afin  de 
faire  des  fouilles  à  la  hauteur  de  Maevarano  entre  Majunga  et 
Marovoay  ; 

c  2°  Le  sud  de  la  baie  de  Bombetoke,  Katsépé  et  les  environs; 

c  3°  La  Loza,  Antsohihi,  Maevarano,  et  la  région  est  de  la  baie 
de  Marinda.  Dans  ce  voyage  j'ai  pu  constater  que  rAntsiosqnmo- 
rona  et  le  Droa  avaient  leur  embouchure  dans  la  Loza  beaucoup 
plus  au  sud-ouest  que  ne  l'indiquaient  les  cartes,  et  que  le  grand 
village  d'Antsohihi,  marqué  d'habitude  sur  l'Antsinsonmorona,  en 
est  en  réalité  éloigné  de  25  kilomètres  dans  le  nord  ; 

c  4'  Excursions  dans  la  baie  de  Mahajamba  et  visite  aux  mines 
arabes  de  l'Ilot  de  Nosy  Longany  en  face  de  l'embouchure  de  la 
Sofia. 

t  Toutes  ces  excursions  avaient  pour  but  principal  les  recherches 
paléontologiques  dont  j'étais  chargé. 

c  Enfin  au  mois  de  septembre,  après  avoir  recruté  quelques 
porteurs  à  Morondava,  je  me  fis  transporter  à  Tune  des  embou- 
chures du  fleuve  Mangoky,  au  village  appelé  Àmbohibé. 

c  D'Ambohibé,  malgré  la  mauvaise  volonté  des  chefs  indigènes, 
qui  essayèrent  en  vain  de  me  dissuader  d'avancer  dans  l'intérieur 
et  me  suscitèrent  constamment  des  entraves,  je  pus  explorer  la 
vallée  du  fleuve  jusqu'à  Vondrové.  J'avais  vu,  en  passant,  le  vieux 
roi  N'Driaraanango,  et  plusieurs  de  ses  fils  ainsi  que  le  roi  Reafy, 
et  traversé  leurs  nombreux  villages. 

c  La  vallée  du  fleuve  est  extrêmement  fertile.  C'est  une  série  de 
bouquets  de  bois  entremêlés  de  hautes  herbes  et  de  cultures  à 
l'entour  des  villages  (mais,  manioc,  patates).  A  environ  40  kilo- 
mètres de  la  côte  et  dirigée  parallèlement  à  elle,  une  bande  im- 
portante de  forêt  borde  le  fleuve,  dont  le  courant  a  bien  alors 
600  mètres  de  large  avec  1  m.  40  de  profondeur  dans  le  chenal. 
Le  fleuve  roule  une  énorme  quantité  de  sable,  qui  rend  son  cours 
absolument  instable.  Un  peu  avant  Vondrové  il  est  bordé  de  la- 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898. 


277 


g  un  es  saumâtres.  Arrêt  de  quelques  jours  à  Vondrové,  gros  village 
sur  la  rive  droite  du  Mangoky,  et  exploration  des  environs  ;  en 
particulier  reconnaissance  de  l'embouchure  du  Sikyly  à  un  mille 
environ  en  aval  de  Vondrové.  Le  Sikyly  est  le  dernier  affluent  dé 
gauche  du  Mangoky. 


L+im+rccft. 

f<«^\] P»«nar*ntsoa° 


H*sy  Vm 


Publit  p«r  la  Société  je  Géo£r«j>hie_ 


c  Je  me  remis  en  route  avec  l'intention  de  gagner  Tuléar  en 
traversant  le  Fiherenana  inexploré. 

c  Je  passai  donc  de  nouveau  le  Mangoky,  large  de  300  à 
400  mètres,  et,  après  une  bonne  étape,  ayant  rejoint  le  Sikyly,  je 
remontai  le  cours  de  cet  affluent  pendant  une  dizaine  de  milles. 

c  Abandonnant  le  Sikyly  et  traversant  un  vaste  -plateau,  où  la 


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278  COMPTES  RENDUS  DB8  SÉANCES. 

mission  faillit  être  dévalisée  par  une  bande  de  Fahavalos,  j'arrivai 
dans  les  montagnes  Bemahara,  à  des  villages,  moitié  bares,  moitié 
masikoros,  mais  surtout  repaires  de  brigands.  Puis,  sortant  des  dé- 
filés montagneux  par  le  lit  de  la  Tivorene,  torrent  pittoresque  qui  se 
perd  dans  les  sables  avant  Betioke  et  reparaît  plus  loin  pour  finir 
enfin  en  des  marais  près  d'Ankileloaka,  je  gagnai  la  rivière  de  Ma- 
nombo.  La  mission  avait  visité  en  passant  les  nombreux  villages 
de  Tompomanana.  Elle  passa  enfin  par  les  terrains  marécageux  et 
boisés  d'Andranobe  ;  l'avant-dernière  étape  fut  au  village  de  Maro- 
miandroky  sur  les  bords  de  la  Fiherenana,  qu'elle  franchit  le  len- 
demain pour  arriver  en  quelques  heures  à  Tuléar. 

c  De  Tuléar  à  Ianatsony  ou  Saint-Augustin,  il  n'y  a  qu'une 
journée  de  marche. 

c  J'avais  réussi  ce  premier  voyage  d'exploration  dans  le  sud- 
ouest  et  je  rapportais  de  nombreux  documents  sur  cette  région  et 
sur  ses  habitants. 

c  Tout  en  prenant  alors  quelque  repos  à  Nosy  Vé  je  me  pré- 
parais à  faire  un  voyage  au  pays  des  Bares  ou  Baras  avec  l'inten- 
tion d'y  passer  la  saison  pluvieuse  si  cela  m'était  possible.  De 
concert  avec  le  résident  Estébe,  j'essayai  d'amener  le  roi  Tompo- 
manana à  me  fournir  des  porteurs  et  à  me  faciliter  le  passage  à 
travers  le  Fiherenana  par  la  vallée  du  Manombo. 

«  De  loin,  Tompomanana  promit  tout  ce  qu'on  voulut,  mais  dès 
que  je  fus  à  Manombo  avec  mes  bagages,  il  me  fit  piller  et  lorsque 
j'allai  chez  lui  pour  lui  reprocher  sa  mauvaise  foi,  il  me  reçut 
avec  des  menaces  de  guerre. 

c  Le  pauvre  roi  croyait  ainsi  ra 'empêcher  d'aller  visiter  les 
Bares,  ses  ennemis  ! 

c  Voyant  bien  qu'il  n'y  avait  pour  l'instant  rien  à  faire  avec  les 
Sakalaves  et  qu'ils  avaient,  au  contraire,  envie  de  me  barrer  la 
route,  je  revins  à  Tuléar.  Là,  je  réorganisai  ma  pacotille  et  re- 
crutai vivement  trente  Betsileos,  anciens  mcuramiles  de  Bana- 
valo,  dont  je  fis  à  la  fois  des  partisans  et  des  porteurs.  Avec  une 
charge  raisonnable,  ils  portaient  en  plus  un  fusil,  dont  je  les  avais 
armés,  et  soixante  cartouches  chacun.  J'eus  à  me  louer  dans  la 
suite  de  cette  combinaison.  Ainsi  équipé,  j'eus  vile  fait  de  franchir 
le  pays  des  Sakalaves  et  j'arrivai  sans  encombre  à  Manera,  premier 
village  bara  sur  la  Fiherenana.  De  Manera  je  me  rendis  à  petites 
journées  jusqu'à  Ankazohabo,  capitale  de  impoinimerina,  roi  des 
Bares  lmamonos. 

c  Je  séjournai  deux  mois  à  Ankazohabo,  et  plus  ou  moins  long- 


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SÉANCES  DE  JUIN  ÇT  DE  JUILLET  1898.  279 

temps  dans  d'autres  villages  bares,  explorant  cette  fertile  contrée 
et  me  livrant  à  mes  recherches  d'histoire  naturelle. 

c  A  la  fin  d'avril  1897  je  revins  à  la  côte. 

c  Dans  ce  voyage  chez  les  Bares  Imamônos  j'avais  complètement 
reconnu  la  vallée  de  Hlovo,  qui,  avec  ses  nombreux  petits  affluents, 
arrose  ce  plateau  des  Bares  et  se  jette  enfin  dans  la  Fiherenana  un 
peu  en  amont  de  Manera  ;  reconnu  aussi  la  Sakanovaka,  affluent, 
encore  ignoré,  du  Mangoky. 

«  J'avais  pu  en  outre  me  rendre  compte  du  systfcme  des  monts 
Bemahara  dont  quelques  sommets  atteignent  plus  de  600  mètres 
et  d'où,  à  peu  de  distance  l'une  de  l'autre,  sortent  les  deux  ri- 
vières de  Manombo  et  de  Sikyly. 

c  De  retour  à  Tuléar,  je  gagnai  par  mer  la  baie  des  Assassins 
et  Morombé  pour  m'y  livrer  à  des  recherches  paléontologiques. 
Atteint  de  la  dysenterie,  je  dus  de  nouveau  venir  me  soigner  à 
Nosy  Vé. 

c  Aussitôt  rétabli,  je  commençai  mes  préparatifs  pour  le  grand 
voyage  que  je  méditais  de  faire  à  travers  111e,  de  Tuléar  à  Tama- 
tave  en  passant  par  Antsirabé  et  Tananarive,  où  j'avais  mission  de 
séjourner  et  de  faire  des  fouilles.  La  révolte  du  roi  Tompomanana 
et  des  Sakalaves  du  Fiherenana  survint  alors  et  me  retarda,  car  je 
me  mis  à  la  disposition  du  résident  Estèbe,  qui,  avec  très  peu  de 
moyens,  résolut  d'aller  châtier  immédiatement  le  roi. 

c  Pendant  le  mois  de  juillet  1897,  je  lis  donc  campagne.  Le 
7,  notamment,  je  pris  part  à  plusieurs  combats  dans  l'un  des- 
quels Estèbe  fut  blessé  et  moi  aussi,  mats  le  soir  nous  avions 
pris  le  grand  village  de  Tompomanana.  Après  l'arrivée  d'une 
compagnie  sous  les  ordres  du  capitaine  Geisiz,  je  jugeai  que 
le  moment  était  venu  de  me  mettre  en  route  et,  le  13  août,  je 
quittai  la  côte  à  la  baie  de  Saint- Augustin.  Ayant  réussi  à  traverser 
la  bande  du  territoire  occupée  par  les  Sakalaves  révoltés  et  à  forcer 
le  roitelet  Manangara  à  me  livrer  passage,  je  gagnai  le  Sakoudry 
et  le  pays  des  Antanos  émigrés.  Je  séjournai  quelque  temps  entre 
le  Sakoudry  et  la  Tahesa  et,  en  divers  endroits,  je  pratiquai  des 
fouilles,  qui  me  procurèrent  d'admirables  échantillons  de  coquil- 
lages fossiles.  Puis  je  regagnai  le  sud  du  pays  bara.  Enfin  mes  re- 
cherches, entre  le  Sakoudry  et  son  affluent  le  Mido,  étant  termi- 
nées, je  me  dirigeai  vers  la  Sakaray,  que  j'atteignis  à  Mandatany. 

c  Là  commence  la  forêt  d'Itsombito  qui  se  prolonge  jusqu'aux 
sources  de  la  Fiherenana.  C'est  en  remontant  la  vallée  de  cette  ri- 
vière depuis  les  villages  de  Kilindo,  que  je  visitai  le  roi  Varan- 


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280  C0MPTE8  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

gotra  frèro  d'impoinimerina  et  que  j'atteignis  le  pas  des  Baras  Bé. 

«  Les  Baras  Bé  étaient  en  partie  soulevés  et  attaquaient,  me  disait- 
on,  le  poste  de  Kamohira  où  je  comptais  aller  me  reposer  quelques 
jours.  Les  nouvelles  quoique  mauvaises  ne  pouvaient  influer  sur 
mes  projets  et  je  continuai  ma  route  vers  les  monts  Isalo. 

c  La  rivière  Fiherenana  et  le  Malio  sortent  des  contreforts  de 
Tlsalo  à  peu  de  distance  Tune  de  l'autre.  La  première,  prenant 
tout  de  suite  vers  le  sud-ouest,  va  se  jeter  à  la  mer  un  peu  au 
nord  de  Tuléar  après  avoir  reçu  :  à  gauche,  la  Reroha,  l'Andra- 
nomena,  la  Manamboara,  la  Sakaray  et  la  rivière  de  Vineta  ;  à 
droite,  la  Fitory  et  Plloro  qui  est  le  plus  important  de  ses  affluents. 
Aussitôt  que  j'eus  passé  la  Malio,  large  d'une  soixantaine  de  mètres 
seulement  et  nullement  profonde»  je  commençai  à  gravir  lente- 
ment Tlsalo.  La  chaîne  de  Tlsalo,  se  présente,  dans  l'ouest,  avec 
une  succession  de  plateaux  à  pente  relativement  douce,  tandis  que 
dans  l'est  c'est  un  mur  à  pic. 

<  Ranohira,  capitale  de  l'ancien  roi  des  Baras  Bé,  Ramieba,  est 
cachée  au  pied  de  ce  mur  à  pic,  à  l'entrée  d'une  gorge  étroite, 
d'où  sortent  des  ruisseaux  torrentueux  qui  forment  la  Manamaty. 

c  J'arrivai  à  Ranohira  quelques  jours  après  que  ce  poste  avait 
été  attaqué  par  300  Bares  qui  avaient  été  repoussés  avec  pertes. 
De  Ranohira  à  Ihosy,  plateaux  nus  et  tristes.  Après  avoir  des- 
cendu la  chaîne  d'Iharombé,  j'arrivai  à  Ihosy.  De  là  je  me  déter- 
minai à  me  diriger  vers  le  nord  et  à  gagner  Midongy.  Marécageuse 
et  resserrée,  à  la  hauteur  du  fort,  la  vallée  de  l'ihosy  s'étale  vers 
le  nord  en  une  plaine  fertile  très  peuplée  (villages  nombreux  : 
Satrokale,  Azoroe,  Manasoa,  Maroazo,  Ambatanena,  Kandakoly, 
Àmbatomita,  Angaviavi,  etc.). 

c  Je  quittai  l'ihosy  au  moment  où  cette  rivière  fait  un  coude 
vers  l'ouest  pour  aller  se  jeter  dans  le  Mangoky,  et  plusieurs  jours 
de  marche  vers  le  nord  m'amenèrent  à  Jsalaje  au  bord  même  du 
Matsiatra  ou  haut  Mangoky. 

c  J'avais  rencontré  en  chemin  le  Tsimandao,  affluent  de  droite 
de  l'ihosy  ;  et,  dans  une  région  très  riche  en  roches  micacées, 
une  série  de  ruisseaux  :  l'Ambaratata,  l'Ihonarivo,  etc.,  et  enfin  le 
Manantanana,  rivière  importante  qui  se  jette  dans  le  Mangoky  un 
peu  à  l'ouest  d'Ambodirano.  Enfin  d' Jsalaje  je  gageai  Midongy. 
La  partie  dangeureuse  de  mon  voyage  était  parcourue.  Passant 
par  Itremo  et  Ambositra  j'étais  à  Antsirabé  à  la  fin  d'octobre. 
Trois  mois  de  séjour  à  Antsirabé,  pendant  lesquels  je  me  livrai  à 
.  des  recherches  assidues  et  fructueuses  sur  les  gisements  de  fos- 


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SÉANCES  DE  JUIN   ET  DE  JUILLET   1898.  281 

si  les,  abondants  dans  celte  région.  J'étais  à  Tananarive  vers  la  un 
de  janvier  1898.  Après  quelques  jours  passés  dans  la  capitale,  je 
partis  pour  Taraatave  où  j'arrivai  le  13  février  ayant  traversé  l'île 
du  sud-ouest  au  nord-est. 
c  Ma  mission  se  trouvait  être  ainsi  terminée.  > 

Le  Président  à  M.  Bas  tard  :  c  Le  souvenir  des  épreuves  qu'il 
nous  a  fallu  subir  pour  asseoir  notre  autorité  définitive  à  Mada- 
gascar nous  a  laissé  d'autant  plus  intense  le  souci  de  voir  succéder 
à  l'ère  des  difficultés  celle  de  Faction  féconde,. 

c  C'est  vous  dire,  monsieur,  combien  est  grande  notre  reconnais- 
sance aux  hommes  d'énergie  qui,  comme  vous,  vont  sonder  cette 
terre  nouvelle,  y  faire  apprécier  nos  intentions,  y  préparer  le 
champ  à  exploiter  pour  nos  compatriotes.  Et  là,  comme  partout 
où  nous  avons  à  suivre  nos  explorateurs,  lorsqu'ils  vont  étendre 
toujours  un  peu  plus  loin  la  saine  influence  de  la  France,  nous 
avons  la  légitime  fierté  de  constater  que,  aussi  bien  sous  le  veston 
du  civil  que  sous  le  dolman  de  l'officier,  c'est  toujours  le  même 
cœur  intrépide  et  dévoué  qui  bat  et  qui  les  guide  dans  la  marche 
en  avant.  Au  nom  de  la  Société  de  Géographie,  je  vous  remercie.  » 


±7    jvtirL 


PRÉSIDENCE   DE    M.    GABRIEL    MARCEL 
Vice-président  de  la  Comraisaion  Centrale. 

M.  François,  consul  de  France,  qui  devait  faire  une  conférence 
sur  le  Tonkin  et  la  Chine  (Du  Tonkin  à  Canton  par  les  rivières  du 
Quang-si)  étant  malade,  s'excuse  de  ne  pouvoir  venir  à  la  séance. 

Le  Secrétaire  général  exprime  les  regrets  de  la  Société  et  le 
souhait  que  M.  Frauçois,  promptement  rétabli,  puisse  faire,  après 
les  vacances,  le  récit  de  cette  importante  exploration. 

Le  Président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Ferreira,  premier  se- 
crétaire de  la  légation  de  Portugal  à  Paris,  au  comte  et  à  la  com- 
tesse de  Torre  Novalhes  (la  comtesse,  née  Telles  de  Gama,  est  la 
dernière  descendante  de  Vasco  de  Gama),  au  prince  Bojilar  Kara- 
georgewitch,  et  les  invite  à  prendre  place  sur  l'estrade. 


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282  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCE 8. 

Ayant  de  donner  communication  do  la  correspondance,  le  baron 
Hulot  examine  la  convention  récente  relative  an  Niger,  conclue  entre 
la  France  et  l'Angleterre  (14  juin). 

11  résume  ensuite  les  lettres  et  les  documents  reçus  par  la 
Société  et  donnant  des  nouvelles  de  MM.  G.  Grandidier  (Mada- 
gascar), Jules  Garnier  (Australie),  etc.  Il  signale  entre  autres  un 
mémoire  avec  carte  sur  les  différentes  routes  qui  mènent  au 
Klondyke  (Voir  Nouvelles  géographiques). 

M.  Venukof  entretient  la  Société  de  la  découverte  de  sources  de 
naphte  dans  le  Caucase  (Voir  Notes). 

Des  présentations  de  cartes,  d'ouvrages,  de  brochures  sont 
faites  par  MM.  A.  de  Lapparent,  Georges  Rolland,  Bouquet  de  la 
Grye,  L.  Drapeyron,  Alfred  Marche,  Hulpt  (Voir  Chronique  de  la 
Société). 

CeMpte  reMv  *©•  fête*  *■  eeateaalre  de  ▼»•«•  de  CUmm, 

*  uiiMue,  par  M.  E.  Vedel,  lieutenant  de  vaisseau  (1). —  Le  com- 
mandant Vedel  remercie  d'abord  la  Commission  centrale  de  l'avoir 
désigné  comme  délégué  de  la  Société  de  Géographie  aux  fêtes  du 
centenaire  de  Vasco  de  Gama,  organisées  par  la  Société  de  Géo- 
graphie de  Lisbonne. 

Fondée  en  1875,  la  Société  de  Géographie  portugaise  est  suivie 
par  tout  ce  que  le  Portugal  compte  d'hommes  distingués  dans  les 
diverses  branches  de  l'activité  intellectuelle. 

c  La  salle  de  nos  séances,  dit  M.  Vedel,  évoque  volontiers  l'idée 
d'un  temple,  malheureusement  trop  petit,  où  se  célèbrent  les  rites 
sévères  du  culte  de  la  Muse  de  la  géographie.  A  Lisbonne,  la 
Société,  qui  est  largement  subventionnée  par  le  gouvernement,  vient 
de  s'installer  dans  un  palais  grandiose,  organisé  de  la  façon  la 
plus  pratique,  avec  un  musée  colonial,  et  une  salle  de  séances 
où  3,000  personnes  peuvent  trouver  place.  On  n'y  entend  pas  seu- 
lement les  récits  des  explorateurs  portugais,  des  Serpa  Pinto,  des 
Brito  Capello,  etc.,  dont  les  noms  figurent  sur  nos  diptyques  parmi 
ceux  qui  ont  obtenu  notre  grande  médaille  d'or  ;  nous  y  avons 
assisté  à  un  bal  ravissant.  A  l'occasion  du  centenaire,  la  Société 
de  Géographie  de  Lisbonne  a  publié  une  série  de  documents  du 
plus  haut  intérêt  que  notre  bibliothèque  possède  déjà,  et  où  les 
exploits  des  illustres  marins  portugais  des  xve  et  xvi*  siècles  ont 
été  relatés  avec  une  précision  qui  en  a  fixé  l'histoire  d'une  façon 

(1)  Voir  la  tarte  jointe  à  ce  numéro. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.         283 

définitive.  M.  Luciano  Cordeiro,  le  secrétaire  perpétuel,  bien  connu 
de  tous  tous,  a,  par  ces  travaux,  ajouté  à  sa  réputation,  presque 
aussi  universelle  que  celle  de  notre  cher  ancien  secrétaire  général, 
M.  Maunoir,  qui,  dans  sa  retraite,  jouit  de  l'estime  et  de  la  consi- 
dération que  lui  ont  méritées  ses  longs  travaux  géographiques. 

<  Pendant  une  semaine  entière,  la  ville  de  Lisbonne,  parée  avec 
un  goût  qui  n'a  rien  à  envier  à  celui  que  Ton  sait  montrer  à  Paris 
dans  de  semblables  circonstances,  a  offert  à  ses  hôtes  les  distrac- 
tions les  plus  choisies.  (Et  M.  Vedel  en  fournit  la  preuve  en  faisant 
défiler  sous  les  yeux  de  l'assistance  une  série  d'instantanées,  prises, 
soit  par  lui,  soit  par  le  prince  Bojilar-Karageorgevitch,  reçu  récem- 
ment membre  de  notre  Société.) 

c  Les  cérémonies  ont  débuté  par  une  séance  solennelle  à  la 
Société  de-  Géographie,  présidée  par  le  Roi  et  la  Heine.  Après 
un  panégyrique  de  Gama  prononcé  par  M.  le  comte  Amaral,  pré- 
sident de  la  Société,  le  délégué  du  Comité  de  la  Sorbonne,  M.  le 
conseiller  d'Etat  Herbette,  a  prononcé  un  éloquent  discours.  Ensuite 
les  délégués  des  Sociétés  de  Géographie  étrangères  sont  venus, 
l'un  après  l'autre,  exprimer  au  Portugal  les  hautes  et  cordiales 
sympathies  du  monde  savant  à  l'occasion  du  centenaire. 

c  Le  lendemain  un  TeDeum  solennel  a  été  célébré  dans  la  vieille 
et  belle  église  de  Belem,  bâtie  sur  le  lieu  même  où  Vasco  de  Gama 
s'embarqua  pour  son  fameux  voyage  et  où  ses  restes  ont  enfin 
trouvé  la  sépulture  que  leur  devait  le  Portugal,  à  côté  de  ceux  du 
Camoêns. 

<  Les  principales  nations  maritimes  avaient  envoyé  des  navires 
qui  garnissaient  de  la  façon  la  plus  heureuse  le  superbe  panorama 
qu'offrent  les  rives  du  Tage.  Une  revue  navale  a  été  passée  par 
Leurs  Majestés,  et  vous  les  voyez  quittant  le  Pothuau  dans  leurs 
galères  d'apparat  aux  formes  antiques. 

c  Des  régates,  une  représentation  de  gala,  des  illuminations,  des 
feux  d'artifice,  des  inaugurations  et,  enfin,  un  grand  diner  à  la 
Cour  ont  complété  le  programme  des  réjouissances.  Comme  bien 
vous  pensez,  le  temps  a  passé  vite. 

c  En  partant,  nos  confrères  de  la  Société  de  Géographie  de  Lis- 
bonne m'ont  chargé  de  remercier  notre  éminent  Président  et  de 
vous  remercier  tous  de  ce  que  Ton  avait  fait  ici  pour  la  célébration 
du  centenaire. 

c  Je  suis  heureux  de  pouvoir  le  faire  en  présence  de  M.  Ferreira, 
premier  secrétaire  de  la  légation  de  Portugal,  qui  a  bien  voulu  venir 
ici  ce  soir,  en  l'absence  de  M.  le  ministre,  empêché;  en  présence 


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284  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

aussi  de  Mme  la  comtesse  de  Torre  Novalhes,  néeda  Gama,  une  des 
descendantes  de  l'illustre  navigateur,  dont  la  famille  a  reçu,  à 
l'occasion  du  centenaire,  de  nouvel  les.  marques  d'honneur. 

t  Qu'il  me  soit  permis  en  terminant  d'exprimer  ma  profonde  gra- 
titude pour  le  chaleureux  et  bienveillant  accueil  reçu  là-bas.  Lue 
nation,  qui  honore  ainsi  ses  grands  hommes,  s'honore  elle-même. 
Et  ces  sortes  de  solennités  pacifiques  sont  bien  faites  pour  aug- 
menter les  sympathies  que  Paris  et  la  France  cultivent  —  nous 
l'avons  prouvé  —  pour  une  nation  amie,  .petite  par  le  nombre 
mais  grande  par  sa  vaillance,  par  ses  vertus  civiques  et  par  les 
glorieux  souvenirs  que  ses  grands  découvreurs  de  l'Afrique  et  de 
l'Asie  lui  ont  légués.  » 

Répondant  à  M.  Vedel,  le  Président  dit  qu'il  s'est  chargé  lui- 
même  de  démontrer,  par  sa  relation,  combien  la  Société  avait  été 
heureusement  inspirée,  en  le  choisissant  pour  délégué. 

.  A  trarers  le  canton  d'Uaterwald,  par  M.  H.  Cuënot.  —  Un  ter- 
wald  se  divise  en  deux  régions  distinctes  :  le  Bas  Unterwald .  à 
lest,  dont  la  capitale  est  S  tan  s;  le  Haut  Unterwald  à  l'ouest, 
dont  le  chef-lieu  est  Sarnen,  sur  les  bords  du  lac  du  même  nom  et 
sur  la  route  bien  connue  du  Rrùnig. 

De  Lucerne,  on  gagne,  en  bateau,  le  port  d'Alpnach,  puis 
on  chemine  par  Kerns  jusqu'au  Melchthal  (894  m.),  agréable 
lieu  de  séjour  au  milieu  d'une  verdoyante  vallée.  Les  excursions 
qu'on  peut  y  faire  sont  nombreuses  :  ascension  du  Hutstock 
(2,679  m.)  et  du  Heitlistock  (2,148  m.);  promenade  à  l'Alpe  Ohr, 
où  se  trouve  un  érable  séculaire  de  plus  de  12  mètres  de  circon- 
férence à  hauteur  d'homme,  puis  à  Sarnen,  au  Ranft,  à  Flûhli  et 
jusqu'à  Sachseln,  lieux  de  pèlerinage  célèbres  grâce  au  souvenir 
de  Nicolas  de  Fluë. 

Remontant  la  vallée  du  Melchthal,  le  long  de  la  Melchaa  écume  use, 
M.  Cuënot  transporte  ses  auditeurs  sur  un  haut  et  vaste  plateau 
(12  kilom.)  à  2,000  mètres  :  l'Alpe  de  Melchsee.  Le  calme  de  la 
vie  alpestre  qu'on  y  mène,  la  majesté  du  cadre,  Téblouissement 
de  cet  horizon  de  neiges  et  de  glaces  de  la  chaîne  du  Titlis,  de  cet 
entassement  de  rochers  hérissés  de  tours  et  de  flèches,  font  de 
cette  alpe,  émaillée  de  fleurs,  parsemée  de  petits  lacs  aux  eaux 
bleues,  un  coin  privilégié. 

Pour  contempler  tout  à  l'aise,  du  haut  de  belvédères  appropriés, 
la  grâce  des  vallées  et  des  lacs,  la  splendeur  du  massif  mon  ta - 


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/ 


SÉANCES  DÉ  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  285 

gneux  de  l'Oberland  Bernois,  on  gravit  le  Hohenstollen  (2,484  m.) 
et,  franchissant  l'Engstlenalp  et  le  cot  du  Joch,  on  se  promène  sur 
la  coupole  de  glace  du  Titlis  (3,239  m.). 

La  vallée  d'Engelberg  est  une  des  plus  intéressantes  et  des  plus 
pittoresques  dés  Alpes;  nous  ne  faisons  avec  M.  Cuenot  que  la  tra- 
verser pour  gagner  Altorf,  par  le  col  desSûrenen  (2,305  m.),  dé- 
coupé entre  les  chaînes  de  l'Uri  Rothstock  et  des  Spannôrter  aux 
lignes  puissantes  et  hardies. 

Chemin  faisant,  M.  Cuénot  nous  initie  aux  coutumes,  aux  mœurs, 
à  l'histoire  du  pays  resté,  constitutionnelle  ment,  un  pays  de  pure 
démocratie.  Ici  apparaît  la  grande  figure  de  Nicolas  de  FJuë;  là, 
celles  de  Winkelried  et  de  Guillaume  Tell. 

Le  Président,  en  remerciant  le  conférencier,  dit  que  clés  ascen- 
sions ne  sont  pas  aussi  faciles  que  le  prétend  M.  Cuenot;  il  faut  se 
défier  quand  l'assertion  vient  d'un  professionnel,  d'un  alpiniste 
aussi  déterminé  que  lui.  En  tout  cas  il  vient  de  prouver  qu'il  n'est 
pas  besoin  de  sortir  d'Europe  pour  faire  sentir  et  admirer  les 
grands  aspects  de  la  montagne.  Les  sentiments  si  profonds 
qu'inspirent  les  scènes  de  la  nature  alpestre  ont  passé  dans  son 
récit;  il  nous  les  a  traduites  d'une  façon  poétique  qui  en  fait  le 
charme  >. 


INAUGURATION  DU  MONUMENT  DE  FRANCIS  GARNIER 

Le  14  juillet,  à  10  heures  du  matin,  a  eu  lieu,  avenue  de  l'Obser- 
vatoire, l'inauguration  du  monument  érigé  par  souscription  à 
la  mémoire  de  Francis  Garnier.  La  cérémonie,  présidée  par 
M.  Trouillot,  Ministre  des  Colonies,  a  débuté  par  un  discours  pro- 
noncé au  nom  du  Comité  du  monument  par  M.  Le  Myre  de  Vilers, 
qui  a  su  grouper  les  bonnes  volontés  et  faire  affluer  les  souscrip- 
tions : 

M.  le  ministre,  mesdames,  messieurs, 

c  Marin,  explorateur,  soldat,  Francis  Garnier  connut  toutes  les 
joies  et  tous  les  enivrements  du  succès,  toutes  les  misères  et  toutes 
les  douleurs  de  la  défaite. 

t  Jamais  existence  d'homme  d'action  ne  fut  mieux  remplie  et  il 


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286  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

eut  la  fortune  de  mourir  jeune  encore,  tué  à  l'ennemi,  au  service 
du  pays,  en  laissant  son  nom  attaché  à  un  des  événements  les  plus 
considérables  de  notre  histoire  contemporaine. 

c  Avec  Doudart  de  Lagrée,  il  fut  le  précurseur  de  notre  expan- 
sion en  Asie  et  il  en  est  devenu  le  symbole.  Sans  cette  mprt  hé- 
roïque, Jules  Ferry  n'aurait  pu  doter  la  France  de  l'Annam,  du 
Tonkin,  du  Laos  et  constituer  l'empire  indo-chinois,  qui  nous  dé- 
dommage de  la  perte  de  nos  possessions  indiennes. 

c  Cependant,  les  camarades  et  les  admirateurs  de  Francis  Gar- 
nier  ne  voulurent  pas,  pour  lui  élever  un  monument,  profiter  des 
sympathies  de  la  première  heure  et  des  regrets  universels  causés 
par  la  perte  d'un  jeune  et  brillant  officier*  rempli  d'avenir.  Ils 
préférèrent  que  le  temps  eût  consacré  l'importance  des  services 
rendus  par  leur  ami  à  la  science  et  à  la  patrie,  et  attendirent  un 
quart  de  siècle  avant  de  constituer  un  comité. 

c  La  tâche  de  ce  comité  fut  facile  :  les  souscriptions  affluèrent 
de  tous  les  points  du  globe,  particulièrement  de  la  Cochinchine. 
Pas  un  village  de  cette  colonie  qui  ne  tint  à  honneur  de  s'associer 
à  ce  précieux  souvenir;  plus  de  quarante  mille  indigènes  appor- 
tèrent leur  obole. 

c  C'est  que  Francis  Garnier  personnifiait,  pour  eux,  la  politique 
traditionnelle  de  leur  race.  En  effet,  depuis  trois  siècles,  Jes  Anna- 
mites, avec  une  persévérance  et  une  habileté  surprenantes,  pour- 
suivent l'envahissement  pacifique  des  provinces  de  l'Ouest.  Cet 
envahissement  fut  momentanément  entravé  par  notre  conquête; 
Francis  Garnier  comprit  que  les  intérêts  du  dominateur  et  du  vassal 
se  confondaient;  qu'il  fallait  reprendre  et  diriger  ce  mouvement 
national.  Le  peuple  entier  lui  en  garde  une  profonde  reconnais- 
sance. 

c  On  nous  accuse  de  ne  savoir  ni  coloniser,  ni  nous  attacher 
les  natifs;  cependant,  un  pareil  témoignage  de  gratitude  des  indi- 
gènes envers  un  de  leur*  administrateurs,  ne  s'est  jamais  produit 
dans  les  possessions  de  nos  rivaux. 

c  Soyons  moins  injustes  envers  nous-mêmes. 

«  Tout  favorisa  notre  entreprise  :  le  conseil  municipal  de  Paris 
qui,  jusque-là,  s'était  montré  peu  favorable  à  l'expansion  coloniale 
et  à  ses  manifestations,  se  souvint  que  Francis  Garnier  avait  été  un 
des  défenseurs  de  la  cité  en  1870-1871.  Cette  assemblée,  toujours 
à  la  tête  du  progrès,  reconnut  également  qu'elle  ne  pouvait  rester 
en  dehors  du  mouvement  universel  qui  entraine  les  nations  d'Eu- 
rope vers  les  terres  ignorées;  non  seulement  elle  nous  accorda 


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MONUMENT    DE    FRANCIS    GARNIER. 


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288  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

remplacement  que  nous  sollicitions,  mais  encore  une  large  sub- 
vention. Nous  pûmes  ainsi  élever  dans  la  capitale  de  la  France  le 
premier  monument  à  la  gloire  d'un  marin  et  d'un  explorateur. 

c  Deux  artistes  du  plus  haut  mérite,  M.  Vaudremer,  réminent 
architecte,  membre  de  l'Institut,  et  notre  jeune  maître  sculpteur 
Denis  Puech,  voulurent  bien  se  charger  du  travail.  De  crainte  de 
blesser  leur  modestie,  je  ne  veux  pas  louer  leur  œuvre  commune, 
vous  laissant  le  soin  d'apprécier  à  sa  juste  valeur  cette  originale  ma- 
nifestation de  l'art  français  à  la  fois  simple,  souple  et  puissant. 

c  Je  dois  adresser  des  remerciements  à  Mme  Francis  Garnier, 
qui  a  conservé  religieusement  le  souvenir  de  son  illustre  mari,  à 
Mme  Cavalier,  sa  fille,  qui  voit  ainsi  se  réaliser  la  joie  longtemps 
rêvée  d'assister  à  cette  cérémonie;  à  M.  Léon  Garnier,  qui  s'est 
consacré  à  la  publication  des  œuvres  de  son  frère;  tous  trois  se 
sont  multipliés  pour  faciliter  notre  tâche. 

c  Je  regrette  que  les  survivants  de  l'époque  de  1874  n'aient  pas 
pu  se  rendre  à  mon  invitation;  M.  de  Trentinian,  le  gouverneur  du 
Soudan,  est  souffrant;  M.  le  D*  Harmand  se  trouve  au  Japon,  où  il 
représente  le  Gouvernement  de  la  République;  M.  le  commandant 
Hautefeuille  me  télégraphie  de  Pétersbourg  :  c  J'aurais  été  heu- 
c  reux  d'assister  à  l'inauguration  du  monument  de  Francis  Garnier, 
c  mais  mon  service  me  retient  en  Russie;  je  serai  de  cœur  avec 
c  ceux  qui  parleront  à  la  gloire  de  mon  ancien  chef,  t 

c  Vous  vous  joindrez  à  moi,  mes  chers  camarades,  pour  envoyer 
aux  absents  un  salut  fraternel  et  amical,  pour  adresser  un  suprême 
adieu  à  Balny  d'Âvricourt  et  à  ceux  qui,  avec  lui,  moururent  au 
service  de  la  Patrie. 

,  c  Monsieur  le  conseiller  municipal,  au  nom  des  souscripteurs, 
j'ai  l'honneur  de  confier  à  la  ville  de  Paris  la  garde  de  ce  monument 
et  de  vous  prier  de  transmettre  à  vos  collègues,  avec  nos  remer- 
ciements, l'expression  de  notre  gratitude.  » 

Le  Ministre  des  Colonies  a  célébré  dans  un  langage  élevé  les 
qualités  d'intrépidité,  d'abnégation  et  de  ténacité  de  Garnier,  c  ce 
savant  doublé  d'un  héros,  qui  eut  tous  les  courages,  toutes  les 
audaces  et  longtemps  tous  les  bonheurs  >.  Associant  à  sa  gloire 
ceux  qui  furent  à  la  fois  ses  témoins  et  ses  auxiliaires,  il  a  cité 
son  collaborateur  aux  Colonies,  le  colonel  de  Trentinian,  lieutenant 
gouverneur  du  Soudan  français.  Ce  discours  s'est  terminé  par  une 
vue  d'ensemble  sur  Plndo-Chine  conquise  d'abord,  pacifiée 
ensuite,  organisée  enfin,  qui  prolonge  l'action  de  la  France  au 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  289 

delà  des  mers  les  plus  lointaines  et  qui  ouvre  un  champ  indéfini  à 
l'activité  de  nos  industries. 

La  Société  de  Géographie,  représentant  naturel  de  l'exploration 
française,  a  répondu  avec  empressement  à  l'invitation  que  lui  avait 
faite  le  Comité  du  monument.  Son  Président,  M.  Milne-Edwards, 
a  tracé  à  cette  occasion  une  page  d'histoire  que  nous  publions 
in  extenso. 

€  C'est  un  devoir  pour  la  Société  de  Géographie,  dit  M.  Milne- 
Edwards,  d'apporter  ici  son  tribut  d'hommages  et  de  reconnais- 
sance à  la  mémoire  de  Francis  Garnier,  de  ce  brillant  officier  de 
marine  qui  fut,  à  la  fois,  un  savant,  un  diplomate  et  un  conqué- 
rant. Au  milieu  de  difficultés  et  d'épreuves  devant  lesquelles  beau- 
coup auraient  reculé,  il  a  persévéré  dans  une  œuvre  dont  il  avait 
su  deviner  la  puissante  vitalité  et,  si  notre  domination  s'étend 
aujourd'hui  sur  une  partie  de  l'Indo-Chine,  c'est  surtout  à  lui  qu'on 
le  doit. 

c  En  1863  — presque  au  lendemain  de  notre  prise  de  possession 
de  la  Coehinchine  —  Francis  Garnier,  convaincu  de  l'importance 
de  cette  colonie,  ne  cesse  d'en  demander  l'extension  et  cherche, 
par  tous  les  moyens  en  son  pouvoir,  à  démontrer  la  nécessité 
d'une  exploration  des  provinces  laotiennes.  Administrateur  des 
affaires  indigènes  à  Cholen,  il  étudié  les  nombreuses  questions  se 
rattachant  à  ces  régions,  il  rêve  de  remonter  le  Mékong,  de  re- 
lever le  cours  de  ce  grand  fleuve  qui,  descendant  des  montagnes 
du  Tibet,  déverse  ses  eaux  dans  la  mer,  près  de  Saïgon;  il  vou- 
drait profiter  de  cette  immense  voie  fluviale  pour  conduire  dans 
nos  ports  les  richesses  du  Yunnan  et  assurer,  à  la  France,  le  mo- 
nopole du  commerce  de  cette  province. 

c  Pénétrer  dans  l'intérieur  d'un  pays  presque  inconnu,  dont  le 
royaume  de  Siam,  la  Birmanie,  la  Chine,  l'Annam  se  disputaient 
les  vastes  territoires,  c'était  là  une  bien  périlleuse  entreprise  ; 
mais  que  de  découvertes  à  faire,  que  de  problèmes  à  résoudre  ! 
La  vive  imagination,  l'esprit  actif  et  lucide  de  Francis  Garnier 
s'y  passionnaient  et,  par  ses  écrits,  ses  conversations,  ses  rapports 
officiels,  il  -parvint  à  faire  partager  sa  confiance  dans  l'avenir,  à 
ceux  qui  avaient  le  pouvoir  de  transformer  son  rêve  en  une  réalité 

c  Le  marquis  de  Chasseloup-Laubat,  président  de  la  Société  de 
Géographie  et  alors  Ministre  de  la  Marine,  décida  l'envoi  d'une 
mission  chargée  d'explorer  le  cours  du  Mékong  et  d'atteindre  la 

soc.  de  GÉofli. — c.  R.  dis  sÉAHCES. — nm6  et  7. — Juin  et  Juillet.       21 


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290  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Chine  par  cette  voie.  Si  Francis  Garnier  n'eut  pas  le  commande- 
ment de  l'expédition,  conduite  par  le  capitaine  de  frégate  Doudart 
de  Lagrée,  il  en  fut  le  second  et  il  eut  la  profonde  satisfaction  de 
voir  triompher  les  idées  qu'il  défendait,  depuis  longtemps,  avec 
toute  l'ardeur  d'une  conviction  éclairée. 

c  Je  n'ai  pas  à  raconter  ici  ce  voyage  célèbre  où  Doudart  de 
Lagrée  paya  de  sa  vie  les  dures  privations  et  les  fatigues  exces- 
sives qu'il  avait  endurées.  Il  mourut  en  touchant  le  but,  à  son 
arrivée  au  Yunnan,  et  laissait  au  lieutenant  de  vaisseau  Francis 
Garnier  la  lâche  encore  lourde  de  diriger  la  mission  dans  son  re- 
tour à  Saigon.  Elle  y  rentra  au  bout  de  deux  années,  le  12  juin 
1868,  ramenant  en  terre  française  les  restes  du  chef  qui  l'avait 
guidée,  avec  tant  de  dévouement,  dans  cette  aventureuse  explo- 
ration. 

c  On  avait  parcouru  10,000  kilomètres  dont  près  de  600  en  re- 
montant le  Mékong,  à  travers  un  pays  où  les  obstacles,  venant  à 
la  fois  de  la  nature  et  des  hommes,  se  succédaient  sans  trêve  ; 
le  Yunnan  avait  été  atteint,  mais  il  avait  fallu  renoncer  au  projet 
grandiose  de  faire,  du  fleuve,  une  route  commerciale  ;  avec  son 
tours  irrégulier,  ses  rapides,  ses  tourbillons,  il  n'était  pas  par- 
tout navigable  et  c'est  alors  que  Francis  Garnier,  dominé  par  la 
patriotique  pensée  de  donner  à  la  France  un  vaste  empire  colonial 
en  Extrême-Orient,  pressentit  que  le  Son-Koï  pourrait  remplacer 
le  Mékong  et  amènera  la  mer,' par  le  Tonkiu,  les  riches  marchan- 
dises du  sud<de  la  Chine.  Depuis  ce  moment,  il  mit  tout  en  œuvre 
pour  que  le  fleuve  Rouge  devint  nôtre. 

c  Combien  a  été  remarquable  en  cette  occasion  la  sûreté  de  son 
jugement  ;  tout  ce  qu'il  avait  annoncé  s'est  accompli  et  les  événe- 
ments, qui  se  déroulent  aujourd'hui  au  Céleste  Empire,  semblent 
lui  avoir  été  révélés  par  la  connaissance  du  pays,  de  sa  politique 
et  de  ses  relations.  N'y  a-t-il  pas  une  véritable  prescience  de 
l'avenir  dans  ces  lignes  écrites  par  Louis  de  Carné,  l'un  des  com- 
pagnons de  Francis  Garnier  : 

c  La  Chine  se  décompose  au  souffle  des  idées  européennes.  Cet 
c  empire,  le  plus  vieux  qui  soit  sous  le  soleil,  tombe  à  son  tour 
t  en  ruine,  son  heure  est  proche...  Les  progrès  de  la  Russie 
c  vers  le  nord,  la  forte  position  prise  par  l'Angleterre  du  côté  de 
c  l'Occident,  les  arrière-pensées  entretenues  par  d'autres  puis- 
«  sances...  la  force  des  choses,  en  un  mot,  et  la  faiblesse  même 
c  des  Chinois  permettent  d'entrevoir  le  démembrement  de  l'an- 
t  tique  édifice  dont  Fohi  jeta  les  bases  il  y  a  quelques  milliers 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  291 

«  d'années.  En  présence  d'une  pareille  éventualité,  la  France  doit 
<  élro  prête  :  son  rôle  est  tracé  par  la  position  même  qu'elle  occupe 
c  dans  la  péninsule  annamite;  il  est  absolument  nécessaire  qu'elle 
«  exerce  une  influence  prépondérante  au  Tonkin  qui  est  pour  elle 
«  la  clé  de  la  Chine.  » 

c  En  1869,  la  Société  de  Géographie,  associant  les  deux  noms 
de  Doudart  de  Lagrée  et  de  Francis  Garnier,  leur  décernait  sa 
.grande  médaille  d'or.  C'était,  à  la  fois,  un  témoignage  de  regrets 
déposé  sur  une  tombe  et  la  preuve  du  prix  qu'elle  attachait  aux 
belles  observations  géographiques  et  astronomiques  du  survivant. 
Partout  on  comprit  la  grandeur  et  l'importance  de  cette  expédition 
du  Mékong  et  partout  Francis  Garnier  fut  acclamé  et  fêté  !  Mais 
les  jours  sombres  approchaient  et,  comme  tant  d'autres  vaillants 
marins,  il  eut  à  défendre  Paris  contre  l'ennemi;  les  malheurs  de 
la  patrie  le  laissèrent  longtemps  désemparé  et  il  ne  se  retrouva 
lui-même  qu'en  s'occupant  de  la  publication  de  ce  livre  magni- 
fique :  Le  voyage  d'exploration  en  Indo-Chine,  si  rempli  de  docu- 
ments précieux  pour  la  science  et  qu'on  ne  peut  lire  sans  éprouver 
un  sentiment  d'admiration. 

«  Puis,  entraîné  de  nouveau  vers  l'Extrême-Orient  par  une 
force  irrésistible,  il  faisait  un  voyage  au  centre  de  la  Chine  et  se 
préparait  à  traverser  le  Tibet  quand  il  fut  rappelé  à  Saîgon  — 
en  1873  —  pour  y  prendre  la  direction  d'une  mission  chargée  de 
régler,  au  Tonkin,  les  différends  survenus  entre  le  négociant  Jean 
Dupuis,  le  légendaire  Jean  Dupuis,  et  la  cour  de  Hué  (1). 

a  On  sait  comment  Francis  Garnier,  parti  dans  un  but  tout  pa- 
cifique, fut  trompé  par  les  Annamites  et  dut  employer  la  force  ; 
comment,  avec  quelques  hommes  seulement,  il  s'empara  de  la 
forteresse  d'Hanoi  et  de  tout  le  pays  environnant;  comment, 
après  de  merveilleux  succès,  il  fut  tué  dans  une  embuscade;  et 
comment,  enfin,  nous  avons  abandonné  les  places  conquises  pour 
les  reprendre,  plus  tard,  au  prix  d'un  sang  précieux  et  de  sommes 
considérables. 

«  La  mémoire  de  Francis  Garnier  serait  digne  qu'un  poète 
chantât  cette  rapide  et  brillante  épopée  comme  ont  été  chantés 
jadis  les  exploits  de  Roland. 

c  On  a  parfois  accusé  Francis  Garnier  de  témérité  ;  mais  celui 
qui  se  donne  tout  entier  à  une  idée  et  qui  enjpoursuit  l'accomplis- 

(1)  On  sait,  en  effet  la  part  brillante  qui  revient  à  notre  collègue  M.  Jean  Du- 
puis dans  l'exploration  du  fleuve  Rouge  et  les  prodiges  d'audaee  qu'il  dut  accom- 
plir pour  slmposer  aux  fonctionnaires  annamites  avant  la  conquête  du  Tonkin. 


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294  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

sèment  jusqu'à  la  mort  sera  toujours  honoré  parmi  les  hommes, 
car  il  a  su  les  toucher  dans  ce  qu'ils  ont  de  plus  pur  au  fond  de 
l'âme  :  l'instinct  du  sacrifice  et  du  dévouement;  et  n'est-ce  pas 
grâce  à  l'initiative  de  nos  marins  et  de  nos  soldats,  à  leur  cou- 
rage, à  leur  témérité  même,  que  notre  domaine  colonial  s'est,  en 
partie,  constitué;  ils  n'hésitent  jamais  à  affronter  le  danger  et 
n'ont  d'autre  pensée  que  la  gloire  de  la  France  ;  aussi  la  France 
ne  les  oublie  pas,  ils  lui  sont  chers,  elle  s'enorgueillit  de  leurs 
œuvres  et  ne  laisse  pas  périr  leurs  noms. 

«  Le  monument  devant  lequel  nous  nous  inclinons  aujourd'hui 
sera  le  gardien  de  ces  nobles  traditions,  et  les  pères  pourront  dire 
à  leurs  fils  en  leur  montrant  la  statue  de  Francis  Garnier  : 
«  Celui-là  fut  un  héros;  il  aimait  son  pays  avec  passion,  et  son 
a  sang,  versé  sur  la  terre  du  Tonkin,  a  consacré  le  baptême  qui 
«  la  faisait  Française.  >  Une  nation  qui  compte  de  tels  hommes 
peut  avoir  foi  dans  son  avenir.  » 

M.  Achille,  au  nom  du  conseil  municipal,  a  clos  la  série  des  dis- 
cours. 11  appartenait  à  la  municipalité  de  Paris  de  mettre  en  relief 
la  conduite  de  Francis  Garnier  pendant  le  siège.  En  exaltant  sa 
valeur  militaire  et  ses  vertus  civiques,  non  loin  de  ce  secteur  de 
Montrouge  où  il  donna  l'exemple  d'une  impassible  intrépidité, 
M.  Achille  a  achevé  le  portrait  de  ce  héros,  dont  la  postérité  gar- 
dera la  mémoire. 


RETOUR  DE  LA  MISSION  GENTIL 

Réception  à  Marseille.  —  M.  Gentil,  dont  la  Société  publiait 
en  mai  des  nouvelles,  est  arrivé,  le  20  juillet,  à  Marseille,  après 
une  absence  de  plus  de  trois  ans.  Sur  le  Stamboul  s'était  embarquée 
avec  lui  l'ambassade  du  Baguirmi,  que  dirige  Souleyman,  beau- 
frère  du  sultan  de  ce  pays.  M.  de  Brazza,  venu  de  Paris  pour  féli- 
citer M.  Gentil  au  nom  de  la  Société  de  Géographie,  fut  le  premier 
à  lui  donner  l'accolade.  On  sait  que  la  mission  du  Chari  avait  été 
organisée  par  l'ancien  commissaire  général  du  Congo  français  et 
qu'il  n'avait  cessé  de  lui  prêter  l'appui  le  plus  efficace.  Il  appar- 
tenait, d'ailleurs,  au  fondateur  de  notre  grande  colonie  de  l'Afrique 
équatoriale  de  souhaiter  la  bienvenue  à  celui  qui  venait  d'en  re- 


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SEANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  293 

caler  les  limites  jusqu'au  lac  Tchad,  réalisant  ainsi  ses  plus  chères 
espérances.  C'est  au  milieu  d'un  profond  silence  que  M.  de  Brazza 
a  prononcé,  sur  le  pont  du  navire,  le  discours  suivant  : 

c  La  Société  de  Géographie  m'a  chargé  de  vous  souhaiter  la 
bienvenue,  et  de  vous  porter  l'expression  de  ses  félicitations  cha- 
leureuses. 

c  II  y  a  (rois  ans  passés,  au  moment  où  je  vous  donnais  ici 
même  l'accolade  du  départ,  vous  aviez  le  souci  des  difficultés  qu'il 
fallait  surmonter  pour  effectuer  le  transport  d'un  bateau  à  vapeur 
de  l'Atlantique  dans  le  bassin  du  lac  Tchad. 

«  Grâce  à  la  ténacité  patiente  et  à  l'énergie  indomptable,  qui 
sont  le  propre  de  votre  caractère,  vous  avez  su  mener  à  bien  cette 
première  entreprise,  dont  dépendait  le  résultat  de  la  mission  que 
vous  venez  d'accomplir  avec  un  plein  succès  :  la  carrière  mari- 
time, que  vous  avez  sacrifiée  à  l'attraction  de  l'Afrique,  vous  y  avait 
préparé.  Le  nom  même  de  Léon  Blot,  que,  par  un  sentiment 
d'amicale  piété,  vous  avez  fait  donner  au  vapeur  reconstruit  de 
toutes  pièces  sur  les. rives  du  Gribingui,  qui  montre  désormais 
fièrement  nos  couleurs  dans  un  bassin  fluvial,  où  nul  Européen 
n'avait  encore  navigué,  rappelle  les  vicissitudes  de  vos  premières 
explorations,  lorsque  dans  la  Sangha  et  l'Oubanghi  vous  avez  acquis 
cette  expérience  du  maniement  des  indigènes,  dont  vous  avez  su 
vous  faire  de  si  précieux  auxiliaires. 

c  Avec  leur  concours  vous  avez  transporté,  par  voie  de  terre,  sur 
le  Chari  la  canonnière  sur  laquelle  vous  vous  êtes  lancé  vers  le 
nord  dans  des  régions  récemment  dévastées  par  les  guerres  de 
conquête  de  l'Islam. 

c  Là,  sans  tirer  ni  un  coup  de  canon  ni  même  un  coup  de  fusil, 
vous  avez  exploré  des  territoires,  que  les  derniers  traités  de  déli- 
mitation et  de  partage  allaient  nous  réserver. 

c  Notre  pavillon  y  a  flotté  avec  son  véritable  caractère  d'avant- 
garde  de  paix  et  de  civilisation;  il  a  été  porté  jusqu'aux  limites  des 
pays  qui  relèvent  de  nos  possessions  méditerranéennes,  et  la  diplo- 
matie vient  de  consacrer  définitivement, par  un  traité,  les  résultats 
que  vous  avez  acquis. 

«  Vous  avez  achevé  l'oeuvre  commencée  par  Crampel,  Maistre  et 
Monteil,  et  je  ne  doute  pas  que  l'Algérie,  oubliant  ses  divisions,  et 
obéissant  à  de  plus  nobles  pensées,  suive  l'impulsion  donnée, 
vienne  serrer  quelque  jour  sur  les  rives  mêmes  du  lac  Tchad  la 
main  que,  par  vous,  le  Congo  français  lui  tend  à  travers  le  Sahara. 


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294  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  Vous  avez  accompli  une  œuvre  utile  à  la  science  géographique 
et  féconde  en  résultats  ;  vous  avez  contribué  à  la  grandeur  de  la 
patrie  et  aux  progrés  de  l'humanité. 

c  Au  nom  de  vos  collègues  de  la  Société  de  Géographie,  je  vous 
félicite  ainsi  que  vos  compagnons  de  voyage  du  succès  de  votre 
expédition,  et  je  souhaite  la  bienvenue  parmi  nous  aux  envoyés 
baguirmiens,  qui  vous  ont  accompagnés  au  sein  de  la  civilisation  ; 
à  leur  retour  ils  pourront  dire  ce  qu'ils  ont  vu,  et  c'est  ainsi  que 
pénétrera  à  leur  suite  dans  ces  régions  le  souffle  vivifiant  des  idées 
qui  prépareront  l'œuvre  de  l'avenir.  » 

Réceptif»  à  Paris.  —  A  Paris  un  chaleureux  accueil  était  ré» 
serve  au  chef  de  la  mission  du  Chari.  Par  les  soins  de  la  Société 
de  Géographie  des  invitations  avaient  été  adressées  à  plusieurs  de 
ses  membres  et  à  un  grand  nombre  d'explorateurs,  qui  se  rendi- 
rent, le  23  juillet,  à  la  gare  de  Lyon.  Grâce  à  l'obligeance  du  chef 
de  gare,  M.  Pacrot,  des  mesures  avaient  été  prises  pour  faciliter 
l'accès  de  la  voie  et  mettre  un  local  à  la  disposition  de  la  Société. 
Au  rendez- vous  se  trouvaient  M.  Eon,  représentant  le  Ministre 
des  Colonies,  les  sœurs  de  M.  Gentil,  des  parents  de  son  second, 
M.  Huntzbutler  et  M.  Prins,  père  d'un  des  membres  les  plus  actifs 
de  la  mission.  A  la  descente  du  train,  l'explorateur,  accompagné 
de  sa  mère  et  de  M.  de  Brazza,  a  été  l'objet  d'une  ovation,  qui 
s'étendit  aux  ambassadeurs  baguirmiens  et  à  l'interprète  Hamed 
ben  Mechkam. 

M.  Le  Myre  de  Vilers  s'est  fait,  aux  applaudissements  de  l'assis» 
tance,  l'organe  de  la  Société  de  Géographie  : 

c  Mon  cher  camarade, 

c  La  Société  de  Géographie  attache  une  telle  importance  au 
long  et  pénible  voyage  que  vous  venez  d'accomplir,  qu'elle  a 
envoyé  un  de  ses  membres  les  plus  distingués,  M.  de  Brazza, 
l'émule  de  Stanley,  pour  vous  recevoir  à  Marseille.  Aujourd'hui 
c'est  le  Président  de  la  Commission  centrale  qui  vous  souhaite  la 
bienvenue  ;  soyez  persuadé  que  j'accomplis  cette  mission  avec  un 
véritable  plaisir  et  une  réelle  sympathie. 

c  Le  premier,  mon  cher  camarade,  vous  avez  fait  flotter  les 
couleurs  françaises  et  européennes  sur  le  lac  Tchad  et  Dieu  sait 
au  prix  de  quels  efforts.  Votre  nom  restera  ainsi  attaché,  de  même 
que  celui  des  Crampel,  des  Maistre,  des  Monteil,  à  la  reconnais- 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.         295 

sance  de  ces  régions  que  M.  Foureau,  sous  le  patronage  de  la 
Société  de  Géographie,  se  propose  d'atteindre,  d'ici  quelques 
mois,  en  partant  de  l'Algérie.  Ainsi  se  trouveront  unis  pour  former 
un  des  plus  vastes  empires  coloniaux  du  monde  moderne  nos  pos- 
sessions de  la  Méditerranée,  du  Niger,  du  Congo,  de  la  côte  occi- 
dentale d'Afrique. 

c  Le  courrier  qui  vous  a  amené  m'apporte  une  lettre  de  M .  Evrot 
nTannonçantlajonctiou  télégraphique  du  Dahomey  avec  le  Soudan 
et  le  Sénégal.  Bientôt  la  ligne  atteindra  El  Golea;  puis  le  rail 
suivra  le  fil. 

c  Ce  sont  là  des  rêves,  me  dira-t-on  ;  mais  de  nos  jours  les  rêves, 
en  apparence  téméraires,  ne  tardent  pas  à  se  réaliser  ;  il  suffit  de 
trouver  des  hommes  vaillants  qui,  comme  vous,  joignent  à  une  con- 
fiance absolue  dans  le  progrés  un  courage  et  une  persévérance  à 
toute  épreuve. 

c  De  même  que  votre  ancien  chef,  M.  de  Brazza,  que  Binger  et 
tant  d'autres  de  nos  compatriotes,  vous  êtes  un  pacifique.  Vous 
estimez  que  le  prestige  moral  du  blanc  suffit  pour  imposer  son  au- 
torité aux  populations  primitives  ;  qu'il  est  absurde  de  ruiner  par 
la  guerre  les  pays  dont  on  veut  prendre  possession.  Une  fois  de 
plus  vous  avez  démontré  que  cette  méthode,  si  elle  exige  plus  de 
soins  et  de  patience,  est  de  beaucoup  la  meilleure  ;  je  vous  en  féli- 
cite. 

c  Un  de  vos  compagnons  ne  reverra  pas  le  sol  natal,  M.  Vival 
est  mort  au  début  de  l'expédition,  en  servant  la  patrie.  Vous 
voudrez  bien  transmettre  à  sa  famille  l'expression  de  notre  doulou- 
reuse sympathie. 

c  Nous  ne  saurions  oublier  votre  second,  M.  Huntzbutler,  qui 
fut  à  la  peine  avec  vous  et  que  vous  tenez  à  associer  à  votre  gloire. 

c  Vous  avez  laissé  M.  Prins  à  la  garde  de  vos  postes  du  Gri- 
bingui  :  son  père,  qui  est  venu  au-devant  de  vous,  sera  notre  in- 
terprète près  du  jeune  explorateur,  auquel  nous  adressons  un 
amical  salut  et  nos  vœux  de  succès  dans  sa  délicate  entreprise. 


c  Messieurs  les  envoyés, 

c  La  France  est  une  terre  hospitalière  et  nous  ne  négligerons 
rien  pour  vous  y  rendre  le  séjour  agréable.  Nous  tenous  à  ce  qu'à 
votre  retour  dans  votre  pays  vous  puissiez  dire  au  sultan  les  égards 
dont  nous  entourons  les  étrangers,  particulièrement  les  envoyés 


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296  COMPTES  RENDUS  DES  SÉÀNCE8. 

d'un  grand  prince  avec  lequel  nous  sommes  unis  par  les  liens  de 
l'amitié. 

c  A  tous,  messieurs,  la  Société  de  Géographie  vous  souhaite  la 
bienvenue.  » 

Au  nom  de  la  Société  de  Géographie  commerciale,  M.  Gauthiot 
a  complimenté  M.  Gentil  et  fait  ressortir  les  résultats  de  la  mis- 
sion. Après  lui,  le  prince  d'Arenberg,  pour  le  Comité  de  l'Afrique 
française9  et  le  colonel  Monteil,  pour  le  Syndicat  des  explorateurs 
français,  ont  pris  successivement  la  parole. 

Enfin  M.  Gentil,  visiblement  'touché  de  la  manifestation  dont  il 
était  l'objet,  a  remercié  la  Société  de  Géographie  et  les  autres  So- 
ciétés géographiques  ou  coloniales,  venues  à  ce  rendez-vous.  11  n'a 
pas  dissimulé  la  joie  profonde  qu'il  avait  éprouvée  en  voyant  son 
ancien  chef  M.  de  Brazza  se  porter  à  sa  rencontre.  A  Paris  comme 
à  Marseille,  M.  Gentil  a  tenu  à  déclarer  que,  s'il  avait  pu  servir  uti- 
lement la  France  dans  celte  exploration,  c'était  au  commissaire 
général  du  Congo  français  qu'il  le  devait.  Enfin,  associant  à  son 
œuvre  ses  compagnons  de  voyage,  il  a  cité  la  part  considérable 
qui  revient  à  M.  Huntzbutler  dans  le  résultat  final  et  les  tenta- 
tives heureuses  autant  qu'audacieuses  de  M.  P.  Prins  auquel  il  a 
confié  au  Baguirmi  la  garde  du  drapeau,  tandis  qu'il  dirigeait  lui- 
même  vers  Paris  l'ambassade  à  laquelle  M.  Le  Myre  de  Vilers  ve- 
nait de  souhaiter  la  bienvenue. 


II.  —  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 


ASIE 

d'Asie.  —  Voyage  de  M.  Marcel  Monnier.  —  De  Varsovie, 
le  23  juin  1898,  M.  Marcel  Monnier  adresse  à  la  Société  de  Géo- 
graphie les  renseignements  suivants,  qui  complètent  ses  précé- 
dentes communications  et  permettent  de  tracer  les  grandes  lignes 
de  son  itinéraire  : 

c  J'ai  eu  la  chance  de  mener  à  bien  le  programme  que  je  vous 
exposais  dans  mes  lettres  datées  de  la  steppe  kirghyze  en  octobre, 
et  de  Téhéran,  fin  janvier.  Le  25  mars,  j'arrivais  à  Bagdad,  et 
quelques  jours  plus  tard  à  Bassorah,  par  l'Euphrate  et  Babylone, 
ayant  employé  ainsi  dix  mois  dans  cette  traversée  de  l'Asie  on 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  297 

diagonale,  de  la  mer  Jaune  au  golfe  Persique.  Sur  ces  dix  mois 
j'en  aurai  passé  sept  sur  l'itinéraire  parcouru  naguère  par  les 
invasions  mongoles.  Le  3  septembre  1897,  en  effet,  je  me  trouvais 
dans  la  vallée  de  l'Orkhon  au  milieu  des  ruines  de  Karakoroum 
et  Karabal-Gassoun  et,  depuis,  je  ne  me  suis  guère  écarté  des  sen- 
tiers foulés  par  Gengis-Khan  el  ses  hordes.  Je  vous  rapporte,  en 
une  douzaine  de  cahiers,  à  l'échelle  de  1  centimètre  pour  1  kilo- 
mètre, ce  long  et  sinueux  itinéraire  de  2,000  et  tant  de  lieues. 

c  J'ai  repassé  la  frontière  persane  le  1er  juin  et,  le  4,  j'arrivais  à 
Tiflis.  Depuis  le  Caucase  je  brûle  les  étapes  et  m'arrête  le  moins 
que  je  peux.  D'ici  quelques  jours  je  serai  à  Paris.  > 

M.  Marcel  Monuier,  après  une  absence  de  plus  de  quarante  mois, 
est  arrivé  le  26  juin  à  Paris  gare  du  Nord,  où  le  secrétaire  général 
de  la  Société  de  Géographie  a  pu  le  féliciter,  au  nom  de  tous  ses 
collègues,  des  brillants  résultats  d'un  voyage  qui  intéresse  à  la  fois 
le  géographe,  l'économiste  et  l'historien. 

Asie  centrale.  —  Mission  Olufsen.  —  M.  0.  Olufsen,  lieute- 
nant en  premier  de  l'armée  danoise,  adresse  d'Och,  le  14  juin 
1898,  à  la  Société  la  communication  suivante  sur  la  nouvelle  explo- 
ration qu'il  va  entreprendre  : 

c  Aujourd'hui  même  la  seconde  expédition  danoise  au  Pamir 
quitte  Och,  en  Ferghana,  avec  une  caravane  qui  comprend  dix 
hommes  armes  et  seize  chevaux. 

c  L'expédition,  équipée  pour  une  année,  passera  la  majeure 
partie  de  Tété  aux  environs  du  Yachil-Koul  et  du  Gas-Koul.  Des  tra- 
vaux topographiques,  des  observations  physiques  et  météorolo- 
giques, enfin  des  recherches  botaniques  et  zoologiques  occuperont 
la  mission  dans  cette  région.  Un  petit  bateau  démontable  permet- 
tra d'apprécier  la  profondeur  des  lacs  au  moyen  de  sondages. 

c  Vraisemblablement  le  Yachil-Koul  sera  atteint  le  20  juillet. 
Pendant  l'automne,  l'expédition  séjournera  dans  le  Vakhan,  sur 
la  frontière  de  l'Afghanistan.  Elle  prendra  ses  quartiers  d'hiver 
dans  le  Chougnan  et  installera  sur  les  rives  du  Pândj  une  station 
météorologique,  où  s'effectueront  des  séries  d'observations  scien- 
tifiques. 

c  Aux  approches  du  printemps,  dès  que  les  passes  pourront  être 
franchies,  M.  0.  Olufsen  dirigera  son  expédition  au  nord  vers  le 
Turkestan. 

c  Le  Dr  0.  Paulsen  s'occupera  des  récoltes  botaniques  et  le  pro- 
fesseur A.  Hjuler  fera  les  observations  physiques.  Un  envoyé  de 


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298  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

l'émir  de  Bokhara,  Mirza  Abd-ul-Kader,  accompagné  de  son  aide 
de  camp,  est  attaché  à  la  mission  comme  interprète  pour  les 
dialectes  persans.  > 

L'importance  des  résultats  obtenus  par  M.  Olufsen  au  cours 
de  sa  précédente  campagne  dans  le  Pamir  (t)  fait  espérer  que 
cette  seconde  expédition  s'accomplira  avec  un  plein  succès. 

Ex«rêtte*orieB«.  — Hong- Kong  agrandi.  —  Le  2  mai  dernier, 
le  Tsung-li-yamen  à  Pékin,  saisi  par  l'ambassadeur  d'Angleterre 
auprès  de  l'Empereur  de  Chine,  Sir  Claude  Mac  Donald,  cédait  aux 
représentations  amicales  de  ce  dernier  touchant  l'extension  du 
territoire  anglais  de  Kaulung,  sur  le  continent,  en  face  de  l'Ile  de 
Hong-Kong.  Depuis  quelque  temps  la  presse  britannique  menait 
une  campagne  dans  le  but  de  prouver  au  gouvernement  la  néces- 
sité absolue  d'agrandir  la  concession  obtenue  à  Kau-lung  en  1860. 
Le  prétexte  allégué  est  que,  depuis  cette  époque,  les  progrès 
constants  de  l'artillerie  mettent  Hong-Kong  en  danger  d'être  bom- 
bardée au  nord,  à  travers  le  port,  des  hauteurs  dominant  la  rade 
et  la  cité  de  Victoria.  Une  flotte  ennemie  débarquant  des  troupes 
et  un  matériel  de  siège  dans  la  baie  de  Mirs  ou  la  Baie  profonde 
(Deep  Bay),  à  15  ou  20  milles  au  nord-est  et  nord-ouest  de  Kau- 
lung, la  ville  de  Victoria  se  trouverait  dangereusement  menacée. 
Cette  situation  avait  été  exposée  minutieusement  au  gouvernement 
anglais  par  le  comité  de  défense  de  Hong-Kong  ;  celui-ci  expli- 
quait encore  que  les  lies  commandant  les  passes  de  Lamma  et  de 
Kap-sing-mun,  qui  donnent  accès  à  l'ouest  dans  le  port  de  Hong- 
Kong,  appartenant  encore  à  la  Chine,  pouvaient  être  prises  par  une 
flotte  ennemie  ainsi  que  celle  de  Lam-tong  qui  commande  la  passe 
de  Lyemun,  l'entrée  orientale  de  la  rade.  11  fallait  donc  à  tout 
prix  obtenir,  pour  assurer  la  défense  de  la  colonie,  la  possession 
de  toutes  ces  terres  ainsi  que  celle  des  baies  du  voisinage. 

Le  gouvernement  chinois,  sentant  d'ailleurs  son  impuissance  de 
s'opposer  à  la  demande  courtoise,  mais  ferme,  de  l'Angleterre,  a 
mieux  aimé  céder  de  bonne  grâce  que  de  se  faire  forcer  la  main, 
comme  cela  vient  de  lui  arriver  avec  l'Allemagne  à  Kiao-tchéou» 
Donc,  pour  ne  pas  c  perdre  la  face  >,  le  Fils  du  Ciel  a  admis  le 
bien  fondé  des  demandes  anglaises  et  a  gracieusement  signé,  le 
9  juin,  une  convention  accordant  au  gouvernement  anglais,  sous 


(1)  V.  Comptes  rendus,  1897,  p.  284  ;  et  Bulletin,  1898,  1"  trimestre,  Rapport 
général  sur  les  profrôs  des  sciences  géographiques,  p.  12. 


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300  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

forme  de  bail  pour  quatre-vingt-dix-neuf  ans,  commençant  au 
l,f  juillet  1898,  la  location  d'un  territoire»  tant  marin  que  ter- 
restre, ne  comprenant  pas  moins  de  200  milles  carrés,  qui  sera 
soumis  à  la  juridiction  anglaise,  sauf  la  ville  chinoise  deKau-lung 
qui  restera  administrée  par  les  fonctionnaires  chinois. 

Le  territoire  ainsi  concédé  est  délimité  au  nord  par  une  ligne 
commençant  à  la  pointe  orientale  de  l'entrée  de  la  baie  Mirs.  Cette 
ligne  suit  le  rivage  à  la  limite  des  hautes  mers,  traverse  de  l'est  à 
l'ouest  l'isthme  d'une  grande  péninsule  où  se  trouve  Kau-lung, 
entre  l'anse  Starling  et  la  Baie  profonde  sur  une  étendue  de 
11  milles  anglais.  Elle  suit  le  rivage  nord  de  Deep  Bay,  traverse 
la  péninsule  qui  en  forme  la  partie  occidentale,  puis  se  dirige  droit 
au  nord  en  contournant  l'Ile  de  Lan-tao.  Elle  passe  entre  les  lies 
Soko  et  Chichau,  d'où  elle  suit  le  parallèle  de  22°  7'  pour  reprendre 
la  direction  nord  suivant  le  méridien  passant  par  la  pointe  Mirs. 
Le  tout  représente  assez  exactement  un  quadrilatère  de  44  milles 
anglais  de  longueur,  de  l'ouest  à  l'est,  sur  28  de  hauteur,  du  nord 
au  sud.  Les  approches  de  Hong-Kong  sont  aussi  défendues  contre 
toute  agressiou  de  l'extérieur.  La  Chine  garde  les  rives  nord  des 
deux  grandes  baies  (Deep  Bay  et  Mirs  Bay),  dont  elle  loue  les  eaux 
à  l'Angleterre  en  se  réservant  seulement  le  droit  d'en  user  pour 
ses  navires  de  guerre  ou  de  commerce.  L'Angleterre  pourra  for- 
tifier, comme  elle  le  jugera  nécessaire,  tous  les  points  stratégiques 
qui  lui  permettront  de  rendre  Hong-Kong  pratiquement  impre- 
nable. 

Le  commerce, qui  était  à  l'étroit  sur  cette  île,  pourra  se  dévelop- 
per à  son  aise  dans  le  nouveau  territoire.  L'hinterland  qui  man- 
quait à  sa  colonie  lui  est  ainsi  assuré  et  il  est  probable  qu'avant 
peu  Ton  verra  un  chemin  de  fer  joindre  Canton  à  cette  xone 
d'influence.  Hong-Kong,  qui  grâce  aux  16  millions  1/2  de  ton- 
nage ayant  passé  dans  son  port  en  1897,  vient  directement  après 
Londres  comme  importance  commerciale  maritime,  va  prendre  un 
nouvel  essor  et  attirer  à  lui,  par  le  chemin  de  fer  entre  Kau-lung 
et  Canton,  tous  les  riches  produits  que  la  navigation  du  Si-kiang 
(Rivière  de  l'ouest)  amène  dans  la  capitale  du  sud  de  la  Chine. 

Si  la  France  ne  s'empresse  d'obtenir  une  concession  de  chemin 
de  fer  entre  Pak-hoi,  Nan-ning-fou  et  le  Yun-nan,  elle  risque  fort 
de  voir  descendre  à  zéro  l'importance  commerciale  de  sa  nouvelle 
possession  de  Kouane-tchéou-ouàne,  qui  ne  sera  plus  qu'une  base 
navale  militaire. 

A.  A.  Fauvel. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898. 


301 


Itinéraires  parcourus  par  la  mission  lyonnaise 

à  ^intérieur  de  la  Chine,  des  frontières  du  Tonkin  à  Han-keou, 

et  de  Vintérieur  à  Canton  et  inversement. 

Distances  approximatives  évaluées  en  kilomètres.  (Conversion  adoptée  :  1  kilomètre  vaut  2  lis.) 


ITINÉRAIRES  SUIVIS. 


DISTANCES 


Mao-hao  à  Moung-tse 

Moung-tse  à  Ko-tchiou  (M.  Duclos). 

I.  Moung-tse  a  Tchoung-king. 

1e  Group*  Rocher,  Moung-tse  à  Yun- 
nan  fou 

Yon-nan  fou  à  Soui  fou 

Soui  fou  à  Tse-li-ou-tsin  et  retour. 

Soui  fou  à  Kia-ting 

Kia-ting  à  Tchen-tou 

Tehen-ton  à  Choen-king 

Cboen-kinf  à  Tchoung-king 

Total 

2*  Groupe  Brenier,  Moung-tse   à 
Yun-nan  fou 

Van-nan  fou  à  Koui- yang 

Koui-yang  à  Tchoung-king 

Tcba-tso  à  Pé-ma-tong  et  retour. . 
Soog-k'an  à  Tchoung-king 

Total 

H.  Voyagea  au  Se-tchouan. 

\*  Tournée  de  MM.  Brenier  et  Mé- 
trai dans  les  centres  iéricicoles, 

Tchoung-king  à  Ouan-hien 

Ouan-hfen  à   Su-tin 

Su-tin  à  Li-tou-pa 

U-tou-pa  à  Pao-ning 

Pao-ning  à  Tchen-tou 

Total 


relevée 

à  la 
boussole. 


3*  Groupe  du  Tibet  (MM.  Grosjean, 
chef  de  groupe,  Duelos  et  Seul- 
fort). 

Tchoung-king  à  Kia-ting 

Kia-ting  à  Ta-tsien»lou 

Ta-teien-lou  à  Tchon-tou 

Tchen-tou  à  Tchoung-king 

Soui  fou  à  Tse-liou-tsin 

Tse-llou-tsin  à  Fou-chouen 

Fou-chouen  à  Lou-tcheou 

Total 


33 


281 

571 
a 

154 
153 
267 


1459 


265 

625 
475 


1365 


158 


248 
322 


non 
levée. 


728 


138 
354 
420 

400 

40 


1052 


60 
33 


150 
200 


400 


843 


70 
150 


220 


totale 
parcourue. 


302 
158 


460 


240 


660 


120 


1020 


60 
66 


281 

721 
200 
154 
153 

267 
400 


2302 


265 

625 
475 

70 
150 


1585 


302 
158 
158 

248 
322 


1188 


378 
354 
420 

660 
100 
40 
120- 


2072 


OBSERVATIONS. 


A  cheval. 


A  cheval  et  en  barque. 
En  chaise. 


En  barque. 

A  cheval. 

En  chaise. 
En  barque. 


En  barque. 
En  chaise 
En  barque. 
En  chaise. 


En  chaise. 

En  chaise,  route  nouv 

En  barque,  approxim 

En  chaise. 

En  barque. 


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302 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


ITINÉRAIRES  SUIVIS. 

relevée 

à  la 
boussole. 

DISTANCES 

OBSERVATIONS. 

non 
levée. 

totale 
parcourue. 

3°  Groupe   du  Song-fan  (MM.  U 
Dr  DebUnne,  chef  de  groupe, 
Riault  et  Waeles). 

Teboung-king  à  Tchen-tou. 

Tchen-tou  à  Long-gan . 

Kilomètre*. 
419 

«57 
loi 
308 
331 
354 
155 
» 

Kilomètres. 
226 

Kilomètres. 

419 
257 
101 
308 
331 
354 
155 
226 

En  chaise. 

h  tarane,très  asprariautt 

En  chaise. 
En  barque. 

Approximativement  eo 
1   chaise,  route  uonv. 
En  barque,  approxùn. 

En  barque  200  nulles 
marins,  d'après  carte' 
marine  anglaise. 

la  barras,  distance  estiafe 
En  chaise. 

A  cheval. 
En  chaise. 
En  barque. 

En  chaise  et  à  cheval  1 
A  cheval  et  en  chaiic. 

1 

Long-gan  à  Song-p  an 

Song-p'an  à  Kouan-hicn 

Rouan-bien  à  Tâ-tsien-lou 

Ta-tsien-lou  à  Kia-ting 

Kia-ting  à  Pou  chouen 

Fou-chouen  à  Tchoung-king 

Total 

198S 

221 

2212 

4«  voyage  de  MM.  Gv&anet  Métrai, 
de  Tchen-tou  à  Tckoumç-king. 
Tchen-tou  à  Tai-ho-tchen 

• 

180 

» 

400 

180 
400 

Tai-ho-tchen  à  Tchoung-king. .... 
Total 

1M 

400 

580 

5°  Voyage  spécial  des  délégués  de  la 

soie. 
Tchoung-king  à  Kia-ting  par  Lou- 
tcheou. 

395 

40 

160 
660 

395 

40 

160 
660 

Kia-ting  à  Tchen-lan-lin  (lieu  où 
les  éducations  ont  été  suivies).. . 

Kia-ting  à  Tchen-tou   (voyage  de 
M.  Métrai) .." 

Tchen-tou  à  Tchoung-king 

Total.. 

» 

12S5 

12S6 

in.  Voyages  de  retour. 

1°  Voyages  de  MM.  Rabaud  et  Viol. 

M.  Rabaud  : 
Canton  à  Ou— tcheou  fou 

> 

824 
341 
870 

62 
75 
8 
100 
155 

133 
130 
243 

> 

370 
60 

370 

824 
341 
270 

62 

75 

8 

100 

155 

133 
130 
243 

60 

Ou-tcheou  fou  à  Pé-sé 

Pé-sé  à  Kouang-nan  fou 

Kouang-nan  fou  à  Moung-tse 

H.  Vial  : 
Pak-hoi  à  Yam-tchao  (K'in-tcheou). 

Yam-tchao  à  Chang-se-tcheou 

Chang-se-tcheou  à  La-hen ........ 

La-ben  à  Long-tcheou 

Long- tcheou  à  Kouei-chouen-tcheou. 

Kouei-chouen-tcheou    à    Tou-fou- 

tcbeou , 

Tou-fou- tcheou  à  Kouang-nan  fou. 
Kouang-nan  fou  à  Moung-tse 

MM.  Vial  et  Rabaud  : 
Moung-tse  à  Man-hao 

Z                 1 

Route     différente    de' 
celle  de  M.  Rabaud.  ! 

Total 

2841 

430 

2771 

I 

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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898. 


303 


ITINÉRAIRES  SUIVIS. 

1 

relevée 

à  la 
boussole. 

DISTANCE* 

non 
levée. 

totale 
parcourue. 

OBSERVATIONS. 

9*  Descente  du  Yang-tte  (MM.  Ro- 
cher, Habaud  et  Vint»  mai  1896) 
(MM.  Riault,  Sculfort,  WaeUi, 
décembre  1896). 

Tehoung-king  à  Han-k'cou 

Total. . . , 

Kilomètres. 

» 

Kilomètres. 
1260 

Kilomètres. 

1260 

In  barque,  distance  athée. 

En  barque. 
En  chaise. 
En  barque. 

En  chaise  et  à  cheval. 

En  chaise  et  à  cheval. 

En  chaise  et  à  cheval. 
En  barque. 

» 

1213 

1200 

3°  Voyage  de  MM.  Métrai  et  Groejean. 

Tehouag-klng  à  Fou-tcheou 

Foo-tcheou  à  Long- t'a n 

375 
• 

• 

150 

250 
180 

496 

150 
375 
250 
180 

490 

Long^t'an  à  Tchen-teheou 

Tchen-teheou  à  Tchang-té 

Tchang-té  à  Han-k'eou  (via  Yuen- 
kiang-hien) 

Total..  

4»  Voyage  de  MM.  Brenier,  Deblenne 
et  Duclot. 

Tehoung-king  à  Pi-Uié. 

315 

1071 

1401 

394 
530 

221 

508 
339 

394 
520 

221 

508 
339 

Pi-tsié  à  Hin-y  fou  (M.  Duclos)... 

Pi-tsié  à  Koui-yang  (y M.  Brenier 

et  Deblenne) 

Koui-yang  à  Hln-y  fou  (MM.  Bre- 
nier et  Deblenne) 

Hin-y  fou  à  Yun-nan  fou 

Total 

1S82 

» 

1982 

5*  Voyage  de  M.  Ducloe. 

Yun-nan  fou  i  Moung-be  par  San- 
kia-tehang  et  Hsin-hsing 

Total 

400 

■ 

400 

400 

> 

400 

6°  Voyage  de  MM.  Brenier,  Deblenne 
et  Demée. 

Yun-nan  fou  à  Cha-li 

371 
365 
161 
570 

» 

370 

371 
365 
161 
940 

Cba-Ii  à  Koui-yang 

Koui-yang  à  San-kio 

San-kio  à  Canton 

Total 

1407 

370 

1837 

Total  général 

13,335 

7560 

20,895 

H.  Brenier, 

Chef  de  la  mission  lyonnaise. 


Digitized  by  LiOOQ  IC 


.îOt  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Chine.  —  Mission  Bonin.  —  M.  Henri  Cordier,  vice-président 
de  la  Société,  a  reçu  de  M.  Charles-Eudes  Bonin,  des  nouvelles 
datées  du  20  avril  1898,  écrites  sur  le  Yang-tse,  à  bord  du  bateau 
qui  le  conduit  à  I-chang,  d'où  il  doit  remonter  par  jonque  jusqu'au 
Se-tchouen.  Cette  partie  de  l'itinéraire  est  trop  connue  pour  qu'il 
y  ait  lieu  de  s'y  arrêter;  le  voyageur  promet  de  nous  tenir  au  cou- 
rant de  son  voyage  à  partir  de  la  frontière  du  Tibet. 


AFRIQUE 

La  convention  franco-anglaise  <ln  Niger  dn  14  Jnln  f  S9#(l). 
—  Cet  arrangement  d'ensemble  porte  sur  une  délimitation  de 
frontière  qui  n'est  pas  moindre  de  3,000  kilomètres.  11  clôt  la  série 
des  traités  conclus  depuis  dix  années  avec  toutes  les  puissances 
limitrophes:  Portugal,  Allemagne,  Angleterre,  République  de 
Libéria.  Ces  traités  placent  sous  la  domination  française  les  régions 
qui  s'étendent  de  l'Algérie  au  Congo  en  passant  par  le  lac  Tchad 
et  du  Sénégal  au  bassin  du  Nil. 

A  l'heure  actuelle  nos  colonies  de  l'Afrique  occidentale  (Algérie, 
Tunisie,  Sénégal,  Guinée  française,  Fouta  Djalon,  Côte  d'Ivoire,  Sou- 
dan et  Congo),  communiquent  toutes  par  leur  hinterland  respectif. 

La  nouvelle  délimitation  nous  assure  comme  frontière  commune 
avec  l'Angleterre  à  la  Côte  d'Ivoire  le  cours  de  la  Volta  Noire  jusqu'au 
11e  parallèle.  Les  Anglais  évacuent  Bouna.  Nous  obtenons  ainsi  le 
Lobi,  une  partie  du  Gourounsi  et  le  Mossi.  Du  côté  du  Dahomey, 
l'hinterland  français  coutourne  l'hinterland  du  Lagos  en  s'ouvrant 
vers  le  Niger.  Il  laisse  Nikki  à  la  France  et  Boussa  à  l'Angleterre. 
Au  lieu  de  partir  de  Say,  la  ligne  frontière  prend  son  point  de  départ 
plus  au  sud,  à  10  kilomètres  en  amont  d'Ho;  elle  suit  la  dépression 
appelée  Dallul  Mauri  jusqu'au  point  de  rencontre  de  cette  vallée 
avec  un  arc  de  cercle  de  100  milles  de  rayon  décrit  autour  de  la 
ville  de  Sokoto.  Elle  suit  cet  arc  de  cercle  jusqu'à  l'est-nord-est 
«le  Sokoto,  puis  se  dirige,  entre  le  ii°  et  le  13°,  vers  le  Tchad, 
laissant  à  la  France  les  pays  de  Damergou,  de  Tessaoua,  de  Zinder 
et  de  Mounio,  aboutit  au  Tehad  près  de  Barroua  et  se  prolonge 
dans  ce  lac  jusqu'au  méridien  formant  au  sud  la  frontière  franco- 
allemande  réservant  à  la  France  toute  la  rive  orientale  du  Tchad. 

Toute  la  région  au  sud  de  celte  ligne  est,  selon  la  convention  de 
1890,  placée  dans  la  sphère  d'influence  anglaise, 

(I)  Voir  la  carte,  pages  312  et  313. 


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SÉANCES  DE  JUIN   ET  DB  JUILLET 

La  convention  contient  aussi  d'importants  arrangements  dans 
Tordre  économique.  Chaque  puissance  restant  maîtresse  de  ses 
tarifs,  il  y  aura  toutefois  égalité  de  traitement  pour  les  produits 
des  deux  nations  dans  les  colonies  françaises  et  anglaises  del  a 
côte  et  du  Niger  jusqu'à  la  hauteur  moyenne  du  10*  parallèle.  Cet 
arrangement  commercial  sera  valable  pour  trente  ans.  Deux 
enclaves  sont  louées  à  bail  à  la  France  pour  le  même  temps  avec 
faculté  de  prolongation,  l'une  dans  le  bas  Niger  près  de  Léaba, 
l'autre  en  aval  des  cataractes  de  Boussa. 

Les  signataires  de  l'arrangement  sont  :  pour  l'Angleterre, 
M.  Martin  Gosselin  et  le  colonel  Everett;  pour  la  France,  MM.  Binger 
et  Lecomte. 

Bien  que  cet  accord  ait  nécessité  quelques  concessions  impor- 
tantes, nos  Ministres  des  Colonies  etdes  Affaires  étrangères  peuvent 
se  féliciter  d'aboutir  à  une  convention,  qui  nous  garantit  la  navi- 
gation du  Niger,  fait  un  tout  de  nos  possessions  de  l'Afrique  occi- 
dentale et  met  fin  à  des  discussions  parfois  irritantes. 

Ces  résultats,  nous  les  devons  à  tous  ceux  qui  ont  travaillé  pour 
la  France  dans  ce  vaste  espace  qui  va  du  Sénégal  au  Tchad  et  se 
prolonge  jusqu'au  Haut-Oubangui. 

En  nommant  M.  le  directeur  Binger  commandeur  de  la  Légion 
d'honneur,  le  gouvernement  a  récompensé  l'explorateur  qui,  le 
premier,  fit  flotter  nos  couleurs  dans  la  boucle  du  Niger,  de  Bam- 
mako  au  golfe  de  Guinée  à  travers  le  pays  de  Kong  et  le  Mossi,  et 
dont  la  part  fut  très  considérable  dans  le  règlement  des  questions 
africaines. 

Babr-ei-cihaaai.  —  Mission  Marchand.  —  La  famille  du  capi- 
taine Marchand  a  reçu  de  cet  explorateur  une  lettre  datée  dés  bords 
de  la  Soueh,  1"  décembre  1897,  disant  qu'il  était  en  train  d'em- 
barquer son  matériel  sur  cette  rivière  et  qu'il  allait  se  diriger  sur 
FAbyssinie.  L'état  sanitaire  était  satisfaisant  et  le  capitaine  consi- 
dérait que  la  partie  la  plus  difficile  de  sa  mission  était  terminée  (1). 

La  rivière  Soueh  est  un  affluent  du  Bahr-el-Ghazal,  qui  le  reçoit 
à  hauteur  de  Mechra-er-Rek.  M.  Liotard,  commissaire  du  Haut- 
Oubangui,  avait  donc  de  sérieux  motifs  de  répondre,  le  11  janvier, 
à  M.  de  Béhagle,  qui  lui  proposait  de  se  mettre  à  sa  disposition 
pour  secourir,  si  nécessaire,  la  mission  Marchand  :  c  Tout  en  vous 
sachant  un  gré  infini  de  votre  proposition,  je  dois  vous  rassurer 

(1)  V.  U  Têtnpt  du  13  juin. 

soc.deoéoor.—  c.r.  des  séances.— RM 6  et  7.— Juin  et  Juillet.         32 


i 


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306  C0MPTB8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

sur  le  compte  delà  mission  Marchand,  qui  poursuit  sa  marche  avec 
succès  et  en  toute  sécurité  et  n'a  jamais  été  inquiétée  dans  son 
voyage  depuis  Bangui  jusqu'au  Bahr-el-Ghazal  (J).  i 

Nos  informations  personnelles,  reçues  tout  récemment,  nous  per- 
mettent de  dire  que  la  mission  Marchand  continue  sans  entraves 
l'exécution  de  son  plan. 


ethupie».  —  Mission  de  Bonchamps,  janvier  1897-juin 
—  Arrivé  à  Addis-Abbeba  dans  les  premiers  jours  de  mai  1897, 
M.  le  marquis  de  Bonchamps  en  repartit  le  17  du  même  mois, 
pour  la  frontière  abyssine,  qu'il  atteignit  à  la  fin  de  juin.  Il  y  fut 
retenu  jusqu'à  ce  que  l'accord  eût  été  établi  avec  le  gouvernement 
abyssin  sur  la  suite  à  donner  à  sa  mission.  Ce  n'est  qu'à  la  fin  de 
novembre  1897,  qu'il  eut  la  faculté  de  passer  la  frontière  pour  se 
diriger  vers  le  Nil.  ba  mission  se  composait  alors,  en  dehors  du 
chef,  de  MM.  Michel,  Bartholin,  ingénieurs  ;  Potter,  peintre-dessi- 
nateur; Faivre  et  Véron,  anciens  compagnons  de  l'infortuné  capi- 
taine Clochette.  140  Abyssins  et  Gai  las  les  escortaient.  L'explo- 
ration proprement  dite,  commencée  à  la  rivière  Didessa,  affluent 
du  Nil  Bleu,  continua  par  Goré,  au  nord  du  Kaffa,  dans  le  pays 
gouverné  par  le  dadjaz  Thessama.  De  ce  point  M.  de  Bonchamps 
se  rendit  à  Bouré  et  franchit  le  Baro  (le  Sobat  des  Arabes), 
à  quelques  kilomètres  en  amont  de  son  confluent  avec  le  Birbir. 
Cette  descente  s'effectua  rapidement  et  la  rivière  fut  franchie  sur 
des  radeaux  fabriqués  avec  du  bois  mort,  quelques  piquets  et  de 
grands  bidons  de  campement.  La  mission,  n'ayant  eu  à  sa  dispo- 
sition aucune  embarcation,  dut  recourir  à  ce  moyen  primitif  et 
précaire  pour  passer  les  cours  d'eau,  souvent  importants,  qui  lui 
barraient  la  route. 

Parvenue  sur  la  rive  gauche  du  Baro,  elle  en  longea  le  cours 
qu'elle  pensait  suivre  jusqu'au  Nil  Blanc.  Aux  montagnes  habitées 
par  les  Gallas  Oromos  avait  succédé  une  large  vallée,  coupée  par 
une  série  d'affluents,  descendant  des  massifs  du  Motcha,  du 
Alga  et  du  Saleh.  Les  Yambos,  peuplades  qui  vivent  à  l'état  sauvage 
dans  cette  contrée,  firent  à  l'aller  bon  accueil  aux  explorateurs. 

Après  avoir  passé  la  Boughaï  et  relevé  la  position  de  Pokodi, 
l'un  des  plus  grands  eentres  yambos,  M.  de  Bonchamps  franchit 
l'Ouanthine,  non  loin  de  Finkeo,  l'une  des  dernières  étapes  de  l'in- 
fortuné Bottego.  A  Pomolé,  commence  la  région  marécageuse  et  la 

(1)  Citation  do  V Eclair. 


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SÉANCES  DE  JUIN   ET  DE   JUILLET  1898. 


307 


plaine  immense  qui  va  jusqu'au  Nil.  De  grandes  herbes  et  des  ro- 
seaux couvrent  le  sol  ;  de  loin  en  loin,  on  rencontre  un  palmier  à 
raquette  (borassus  flabelliforma)  ou  un  figuier  de  marais,  dont  le 
bois  est  inutilisable  pour  la  construction  des  pirogues.  Au  delà  de 
l'Alouorou,  les  rives  du  Baro  deviennent  désertes  :  les  pirogues 
des  indigènes  ne  s'aventurant  pas  dans  ce  pays  de  la  fièvre,  que 
les  luttes  incessantes  des  Yambos  et  des  Nouers  ou  Abigars  ont 
achevé  de  ruiner.  Il  fallut  franchir  le  Guilo,  rivière  de  120  mètres 
de  large,  pour  découvrir  les  vestiges  d'un  ancien  refoge  de  pécheurs. 


Le  30  décembre  1897,  la  mission  arrivait  au  confluent  du  Baro  et 
de  la  Ojouba,  dont  le  cours  rapide  et  profond  n'a  pas  moins  de 
150  mètres  de  largeur.  Les  dimensions  du  Baro  sont  quadruples. 
Ce  n'était  pas  avec  de  mauvais  radeaux  improvisés  que  la  mission 
pouvait  tenter  un  pareil  effort.  Elle  n'avait  d'ailleurs  à  sa  disposi- 
tion aucun  des  matériaux  indispensables,  et  des  lagunes  profondes 
défendaient  l'approche  du  fleuve.  Des  marigots  immenses  rendaient 
impossible  toute  reconnaissance  de  la  Djooba  en  amont  ;  de  toutes 
parts  les  marais  s'étendaient  à  perte  de  vue.  La  caravane  était 
épuisée  par  la  fièvre  et  la  famine.  Depuis  huit  jours  elle  n'avait 


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308  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

plus  trouvé  d'aliments  et  les  hommes  étaient  à  la  ration  d'un  quart 
de  riz  pour  quatre.  Dans  de  telles  conditions  M.  de  Bonchamps 
jugea  nécessaire  de  précipiter  le  retour  (24  décembre)»  qui  se 
fit  à  marche  forcée,  malgré  l'épuisement  de  la  caravane,  souvent 
aux  prises  avec  les  rôdeurs  yarobos.  La  mission  sut  plus  tard  que 
plusieurs  milliers  de  Nouers,  gouvernés  par  un  prêtre  musulman 
très  obéi,  s'étaient  rassemblés  à  Deng,  devant  l'ancien  poste  égyptien 
de  Nasser,  de  l'autre  côté  du  Baro,  pour  l'arrêter  s'il  avait  tenié 
de  passer  sur  la  rive  droite.  Le  bruit  courait  alors  en  Abyssinie 
que  nos  explorateurs  avaient  été  écharpés. 

M.  de  Bonchamps  fut  assez  heureux  pour  entrer  en  relation 
avec  un  chef  yambo,  qui  lui  fournit  un  certain  nombre  de  guer- 
riers pour  porter  ses  bagages,  en  échange  de  cotonnades  et  de 
perles.  Il  était  revenu  à  la  frontière  abyssine  en  février  1898. 
Des  130  mulets,  qu'il  avait  emmenés,  il  ne  lui  en  restait  que  30  ha- 
rassés de  fatigue;  ses  40  chameaux  étaient  moris  i  la  peine. 

Malgré  tant  d'épreuves  M.  de  Bonchamps  comptait  reprendre  sa 
tentative  en  se  joignant  au  dadjaz  Thessama,  mais  un  accès  de 
fièvre  bilieuse  le  mit  hors  d'état  d'exécuter  son  projet.  Il  laissa 
cependant  près  du  dadjaz  deux  de  ses  adjoints. 

Les  résultats  de  son  exploration  sont  considérables.  Il  a  signé 
des  traités  d'alliance  dans  tous  les  pays  yambos  et  ces  traités 
étendent  la  suprématie  du  Negus  jusqu'à  la  rive  droite  du  Nil. 

Avant  lui  aucun  Arabe,  aucun  Européen  n'avait  pénétré  dans 
l'espace  compris  entre  la  frontière  abyssine  et  Deng.  Seul  Bottego 
avait  coupé  le  Baro  sur  un  point  assez  rapproché  de  cette  limite. 
Le  Sobat  était  un  peu  connu  dans  son  cours  inférieur  à  partir  de 
Nasser  par  les  résultats  de  la  mission  Junker,  accomplie  il  y  a 
bientôt  vingt-cinq  ans  ;  mais  l'itinéraire  de  la  mission  de  Bon- 
champs,  dont  nous  publions  ici  un  croquis  provisoire,  s'est  effectué 
en  pays  neuf  et  constitue  une  œuvre  géographique  dont  nous  de- 
vions dès  aujourd'hui  signaler  l'importance. 

MaiagtMM.  —  Voyage  de  M.  Guillaume  Grandidier.  —  Parti 
de  Marseille  le  10  mars  dernier,  le  voyageur  a  débarqué  le  1er  avril 
à  Majunga,  sur  la  côte  nord-ouest  de  Madagascar;  il  est  allé  de  là 
à  Morondava,  où  il  a  passé  un  mois  à  faire  des  collections  d'histoire 
naturelle  et  à  fouiller  divers  gisements  de  fossiles.  Bien  que  ses 
excursions  aient  été  entravées  par  les  Sakalaves,  qui  sont  en  ce 
moment  en  plein  état  de  rébellion,  et  qu'il  n'ait  pu,  étant  obligé 
de  ne  marcher  qu'avec  une  escorte  armée,  se  livrer  librement  aux 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.|  309 

études  géographiques  et  géologiques  qu'il  avait  le  projet  de  faire, 
il  a  pourtant  réuni  des  collections  importantes  d'animaux  et  de 
fossiles  qu'il  a  envoyées  au  Muséum.  Les  points  principaux  qu'il  a 
visités  autour  de  Morondava  sont  Ankevo,  Antanimanima,  Belo  et 
Mahabo.  —  En  ce  moment,  il  est  à  Tuléar.  L'état  troublé  du  pays 
ne  lui  permettra  probablement  pas  de  remplir  tout  le  programme 
qu'il  avait  élaboré  avant  son  départ  de  France,  mais  il  n'en  con- 
tinue pas  moins  son  exploration,  comme  le  prouvent  ses  lettres, 
dont  la  dernière,  parvenue  le  15  juin  à  son  père,  a  été  obligeamment 
communiquée  à  là  Société. 

«rande-c«m«re.  —  De  M'Roni,  le  20  juin  1898,  M.  Po bé- 
guin adresse  quelques  renseignements  sur  l'île  qu'il  administre,  la 
plus  saine  de  l'archipel.  Deux  autres  Européens  dirigent  avec  lui 
les  services  de  cette  colonie,  qui  fonctionnent  d'une  façon  satisfai- 
sante. Dans  cette  lettre,  il  insiste  particulièrement  sur  les  pertur- 
bations atmosphériques  :  c  L'année  dernière,  la  sécheresse  a  pres- 
que tout  détruit  ou  grillé.  Cette  année,  ce  sont  des  pluies  et  des 
orages  continuels. 

cNous  avons  déjà  été  gratifiés  de  deux  cyclones.  Le  premier,  qui 
date  de  février  et  se  confond  avec  celui  qui  a  dévasté  Mayotte,  ne 
nous  a  pas  fait  trop  de  mal  ;  mais  le  deuxième,  survenu  en  avril, 
a  causé  des  ravages  un  peu  partout,  jeté  à  la  côte  les  bateaux  qui 
étaient  en  rade  de  M'Roni  et  enlevé  une  quantité  de  toitures  et  de 
cases;  je  ne  parle  pas  des  cocotiers  qui  tombaient  par  centaines. 

c  Ici  les  cyclones  étaient  encore  inconnus  ;  nous  sommes,  parait-il, 
en  dehors  de  leur  passage  régulier.  Si  leur  route  était  changée,  la 
situation  ne  serait  pas  gaie. 

c  Je  suis  en  train  de  faire  le  recensement  de  l'île,  qui  compte 
270  petites  villes  ou  villages  et  45,000  habitants  environ. 

Je  réunis  les  éléments  d'une  notice  générale,  qui  fera  suite  à 
une  carte  très  complète  de  la  Grande-Comore,  dressée  par  le  capi- 
taine Dubois,  et  que  je  viens  d'envoyer  au  Ministère.  » 


AMÉRIQUE 

Alaska  et  Xord-Overt  Canadlea.  —  Les  routes  V6TS  le  Klùtl- 
dyke.  —  La  Société  de  Géographie  a  reçu  la  communication  sui- 
vante, datée  de  Vancouver  le  18  avril  1898. 


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310 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


Dès  l'été  dernier,  Jen  prévision  de  la  migration  vers  le  nord 
qu'allait' entraîner  la  découverte  des  gisements  aurifères  du  Klon- 
dyke,  le  gouvernement  canadien  s'était  préoccupé  d'ouvrir  une  voie 
commode  aux  immigrants. 


i  Route  du  Stickine     et 
•  Rout«  do  Skaguey    «t 
»  Route  deDyee 
.  Route  d'Edmonton 


prolongement 
Cn'H  dtTer  projeté* 
Route  d'Ashcroft 
Route  de  Pc.#  Albert 


Pendant  l'automne,  M.  Sifton,  ministre  de  l'intérieur,  voulant  se 
rendre  compte  par  lui-même  de  la  situation,  avait  visité  en  per- 
sonne sur  un  garde-côte  canadien  les  têtes  de  ligne  des  itiné- 
raires proposés  pour  gagner  le  Yukon,  par  la  côte  sud  de  l'Alaska. 


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S&ANCB3  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.         311 

Trois  de  ces  routes  seulement  sont  fréquentées  d'une  façon 
régulière  et  bien  établie  : 

I4  Celle  de  Dyea  et  du  col  de  Chilkoot; 

2°  Celle  de  Skaguay  et  du  col  de  White  ; 

3°  Celle  de  la  rivière  Stickine  et  du  lac  Teslin. 

En  favorisant,  ee  qui  semblait  le  plus  simple,  le  passage  par  le 
Chilkoot  ou  par  le  col  White,  le  gouvernement  canadien  aurait  con- 
tribué à  la  création  de  centres  américains  à  Dyea  ou  à  Skaguay, 
centres  qui  eussent  recueilli  une  large  part  des  bénéfices  résultant 
du  transit  des  voyageurs  à  destination  du  Yukon. 

En  vue  d'éviter  cette  concurrence,  le  gouvernement  d'Ottawa 
s'était  décidé  à  patronner  l'itinéraire  par  la  rivière  Stickine,  qui 
se  décompose  ainsi  :  De  Vancouver  à  Fort-Wrangel  (embouchure  de 
la  rivière  Stickine)  par  mer;  —  De  Fort-Wrangel  à  Telegraph 
Creek  ou  Glenora  par  la  rivière  Stickine  en  bateaux  de  rivière  ; 
—  De  Glenora  au  lac  Teslin  par  un  chemin  de  fer  à  construire 
avec  l'aide  du  Gouvernement  canadien  ;  —  Du  lac  Teslin  à  Dawson 
City  en  canot,  en  suivant  le  fil  de  l'eau  (lac  Teslin,  rivière  Hoota- 
linqua,  rivière  Lewes  et  Yukon)  ; 

On  n'avait  pas  songé  qu'il  était  inévitable  de  transborder  les 
marchandises  provenant  des  vapeurs  de  Vancouver  sur  les  ba- 
teaux plats  xdestinés  à  remonter  la  rivière  Stickine  et  que  ce 
transbordement  ne  pouvait  avoir  lieu  qu'à  Fort-Wrangel,  centre 
américain. 

Cependant,  faute  de  mieux,  le  cabinet  Laurier  s'en  contenta  et 
conclut  avec  MM.  Mac  Kenzie  et  Mann,  pour  la  construction  d'un 
chemin  de  fer  de  Glenora  au  lac  Teslin,  un  contrat  que  la  Chambre 
des  Communes  canadienne  ratifia  en  mars  dernier,  mais  que 
le  Sénat  annula.  11  semble  probable  qu'on  tracera  une  simple 
route  de  Glenora  au  lac  Teslin. 

Avant  le  dégel,  de  nombreux  mineurs  avaient  pris  cette  route  et 
transporté  leurs  provisions  jusqu'à  Glenora,  à  l'aide  de  traîneaux 
sur  la  glace,  dont  la  rivière  Stickine  était  recouverte.  Surpris  par 
la  débâcle  prématurée,  beaucoup  d'entre  eux  ont  dû  camper  sur 
les  bords  de  la  rivière  en  attendant  la  possibilité  de  continuer 
leur  voyage  par  canots. 

M.  Jennings,  ingénieur  chargé  en  1897  par  le  gouvernement 
canadien  de  l'exploration  de  la  rivière  Stickine,  décrit  cet  itiné- 
raire de  la  façon  suivante  : 

f  Cette  rivière  est  ordinairement  navigable  pour  de  forts  bateaux 
à  vapeur  de  construction  spéciale  jusqu'à  la  hauteur  de  Glenora 


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CONVENTION   FRANCO-ANGLÀl 


Publiée  par  la  Société  de  Géographie. 


mmwm  Frontière </êter*nùi*e  e*t 

•"Wiwv>ii\wt  Ligne  a*e  /Arrangement a 

fCeiée  frjne  se /rmïnp*  ver*  é 

Jus<fu  •»  U  cSée  en  suivant  h 


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DU  NIGER  DU  14  JUIN  1898 


onrent/on  fr*nco-andfo/se  Je  789 8 
*'*/e£//sc*6  .-  "" 

jusfuït,  Tû  V<r  âma.  Û,  /H/ts  Jesce**  yê/v  Je  JW 
**nr  frsncm  //érrie/tne.-) 


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314  COMPTES  RENDU8  DBS  SÉANCES. 

ou  de  Teiegraph  Creek  (une  distance  de  150  milles),  du  1er  mai 
jusqu'à  une  date  généralement  assez  avancée  en  octobre,  mais 
qui  peut  dépendre  de  la  précocité  de  l'hiver,  de  fortes  pluies  ou  de 
tombées  de  neige.  Sa  largeur  varie  d'un  demi-mille  près  de  l'em- 
bouchure à  500  pieds  plus  en  amont.  La  profondeur  est  générale- 
ment bonne  et  le  chenal  n'est  pas  obstrué  de  souches  ni  de  rochers 
visibles  ou  submergés.  Aux  gorges  appelées  Little  Canon  et 
Klootchman  Canon,  situées  à  96  et  à  106  milles  respectivement  de  la- 
mer,  on  est  pourtant  exposé,  lorsque  la  rivière  esj  haute,  à  trou- 
ver ces  passages  resserrés  encombrés  par  des  arbres  déracinés 
entraînés  à  la  dérive. 

c  Un  bon  vapeur  de  rivière  partant  de  l'embouchure  de  la  Stic- 
kine  devrait  atteindre  Little  Canon  en  un  jour  et  arriver  le  lende- 
main à  Glenora  ou  Teiegraph  Creek. 

c  De  Glenora  au  lac  Teslin,  la  piste  suivie  par  les  explorateurs 
traverse  un  terrain  accidenté,  mais  il  n'y  a  pas  à  franchir  de  mon- 
tagnes comme  par  les  routes  de  Dyea  et  de  Skaguay. 

c  Le  lac  Teslin  et  la  rivière  Hootalinqua  sont  libres  de  glaces  du 
20  mai  au  1*»  novembre  environ,  et  ces  eaux  sont  navigables  pour 
de  petits  bateaux  à  vapeur  et  autres  embarcations.  » 

Pendant  le  courant  de  ce  mois,  M.  Coste,  ingénieur  en  chef  du 
département  des  travaux  publics  du  Canada  (un  Français,  ancien 
élève  de  l'Ecole  polytechnique),  a  été  chargé  de  procéder  à  une 
nouvelle  exploration  de  la  rivière  Stickine.  A  son  retour,  il  a 
déclaré  que  cette  route  n'était  praticable  que  comme  route  d'été, 
la  rivière  étant  obstruée  pendant  l'hiver  par  des  bancs  de  glace  et 
de  neige  et  la  configuration  de  ses  bords  ne  permettant  pas  la 
construction  d'une  route. 

Entre  temps,  un  fort  courant  d'opinion  s'est  dessiné  dans  le 
parlement  d'Ottawa  en  faveur  d'une  voie  directe  pour  atteindre  la 
région  aurifère  sans  traverser  les  montagnes  Rocheuses.  Dans  ces 
conditions,  les  voyageurs  devraient  s'équiper  et  acheter  leurs  provi- 
sions à  Montréal  et  Toronto  ou  dans  les  villes  d'importance  secon- 
daire, telles  que  Winnipeg,  Edmonton,  Prince  Albort,etc.,qui  sont 
les  vassales  commerciales  des  deux  premières.  Cette  nouvelle  idée, 
qui  gagne  rapidement  du  terrain,  tend,  comme  on  le  voit,  à  sacri- 
fier les  villes  de  la  côte  du  Pacifique,  Victoria  et  Vancouver.  Ces 
dernières  se  trouvent  donc  avoir  à  lutter,  non  seulement  contre  la 
concurrence  américaine  de  San  Francisco  et  de  Seattle,  mais  en 
même  temps  contre  les  centres  de  Test  du  Canada. 

Les  Américains  se  sont  empressés  de  profiter  de  cet  état  de 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  315 

choses.  Des  ingénieurs  commencent  déjà  le  tracé  d'un  chemin  de 
fer  de  Skaguay  au  iac  Ben  net  t  par  le  col  de  White.  Skaguay  est 
désormais  le  port  qui  va  concentrer  le  trafic  du  district  au  Yukon. 
De  la  sorte  les  Américains  vont  sans  doute  monopoliser  peu  à  peu 
le  mouvement  de  cette  région. 

En  résumé  deux  courants  principaux  vont  se  former  vers  le 
Klondyke  :  l'un  par  Skaguay  et  le  col  de  White;  l'autre  par  l'est 
des  montagnes  Rocheuses,  Prince  Albert  et  Edmonton. 

Mexi^M.  —  Etat  de  Vera  Cruz.  Les  colonies  françaises  de 
Jicaltepec  et  de  San  Rafaël;  leur  histoire ,  leur  situation  ac- 
tuelle (i).  —  En  Tannée  1831,  M.  Stéphane  Guénot  ayant  projeté 
de  fonder  une  Société  d'agriculture  en  commun,  partit  pour  le 
Mexique  et,  sans  tenir  compte  du  climat,  des  mœurs  et  de  l'or- 
ganisation politique  et  administrative  du  pays,  acheta  dans  l'Etat 
de  Vera  Cruz  un  vaste  terrain  situé  sur  la  rive  gauche  du  Palmar, 
à  Jicaltepec.  Après  s'être  fait  naturaliser  Mexicain,  il  revint  en 
France  et  en  ramena  80  colons  recrutés  aux  environs  de  Dijon,  et 
qu'il  avait  engagés  pour  une  durée  de  neuf  ans. 

A  peine  arrivés  à  Vera  Cruz  au  mois  de  septembre  1833,  les 
émigrants  furent  transportés  à  Naretla,  débarqués  sur  la  plage 
sans  abri  ni  ressources,  et  virent  25  des  leurs  mourir  du  choléra  ; 
les  autres  gagnèrerent  lentement  Jicaltepec,  où  ils  constatèrent 
que  rien  n'avait  été  préparé  en  vue  de  leur  arrivée. 

Néanmoins  les  colons  ne  se  découragèrent  pas  ;  ils  construisirent 
les  bâtiments  nécessaires  pour  s'abriter,  défrichèrent  pour  planter 
des  cannes  à  sucre  et  semer  du  maïs.  Mais  la  misère  devint  bien- 
tôt telle  que  les  émigrants,  quittèrent  Jicaltepec  pour  gagner  Vera 
Cruz,  Tuxpam,  etc.  Seules  quelques  familles  demeurèrent  sur  le 
terrain  où  elles  étaient  installées. 

Elles  y  furent  rejointes  au  mois  de  juillet  1835  par  124  nouveaux 
émigrants,  trompés  comme  les  premiers  par  des  offres  sédui- 
santes. Une  fois  arrivés  sur  l'emplacement  de  la  colonie,  ils  consta- 
tèrent l'étendue  de  leur  malheur,  mais  se  mirent  au  travail  sans 
se  décourager.  Toutefois,  bientôt  après,  ils  forcèrent  à  s'enfuir 
Guénot  dont  les  caprices  et  les  fantaisies  ne  pouvaient  que  causer 
une  ruine  rapide  pour  la  colonie  (septembre  1836). 

Une  fois  livrés  h  leur  propre  initiative,  les  colons  se  tirèrent 

(1)  Cette  notice  de  M.  Scmpé,  consul  de  France  à  Vera  Cruz,  résumée  par 
M.  Henri  Froidevaux,  nous  a  été  obligeamment  communiquée  par  M.  le  directeur 
des  Consulats  et  Affaires  commerciales  au  Ministère  des  Affaires  étrangères. 


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316  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

d'affaire.  Puis,  voyant  que  le  travail  en  commun  ne  leur  fournis- 
sait aucun  bénéfice,  ils  se  séparèrent.  Seuls  les  pères  de  famille 
s'installèrent  définitivement  et  créèrent  des  ranchos,  soit  sur  les 
terrains  de  Jicaltepec,  soit  sur  le  bord  opposé  du  fleuve  apparte- 
nant à  l' hacienda  du  c  Jobo  >.  Il  y  cultivèrent  avec  succès  la  va- 
nille, qui  existe  à  l'état  sauvage  dans  les  cantons  de  Papantla  et 
de  Misantla. 

Mais  la  guerre  qui  éclata  peu  de  temps  après  entre  la  France  et 
le  Mexique  vint  mettre  en  péril  l'existence  de  la  colonie.  En  janvier 

1839,  les  habitants  de  Jicaltepec  reçurent  des  autorités  locales  l'in- 
jonction d'évacuer  leurs  terrains  dans  le  plus  bref  délai.  Les 
hommes  obéirent;  mais  bientôt,  grâce  à  la  bienveillance  du  géné- 
ral Santa  Anna,  président  de  la  République  mexicaine,  ils  purent 
regagner  leurs  cultures  et  se  remettre  à  leurs  travaux.  Aussi,  dès 

1840,  la  colonie  française  de  Jicaltepec  était-elle  fondée;  les  qua- 
rante familles  qui  la  composaient,  établies  sur  les  deux  bords  du 
lïeuve  Palmar,  jouissaient  d'une  tranquillité  parfaite  et  d'une 
certaine  prospérité. 

Alors  commencèrent  les  améliorations  :  en  1843,  le  chemin 
de  Jicaltepec  à  Naretla  fut  ouvert;  en  1846,  on  acheva  la  route 
de  Tlapacoyam,  soit  près  de  15  lieues.  C'est  à  ce  moment  que  30 
colons  nouveaux  arrivèrent  de  France,  dirigés  par  un  sieur  Hervin 
qui  essaya  vainement  de  ressusciter  l'esprit  de  communauté  parmi 
les  engagés,  et  ne  put  que  réorganiser  la  commission  qui  existait 
encore  en  1884  sous  le  nom  de  c  Junte  administrative  >;  à  partir 
de  1846,  l'émigration  continua  par  l'arrivée  de  plusieurs  familles 
qui  allèrent  s'établir  sur  des  terrains  avoisinants. 

Cependant  Jicaltepec  prenait  une  certaine  importance;  un  pre- 
mier établissement  commercial  s'y  fondait  que  d'autres  suivirent. 
Entre  1853  et  1861,  on  y  trouvait  de  nombreux  magasins  qui  atti- 
raient les  indigènes  dans  la  localité;  5  ou  6  bateaux  suffisaient  à 
peine  au  transport  des  marchandises  dont  la  colonie  avait  besoin 
pour  sa  consommation,  et  des  produits  qu'elle  tirait  de  son  sol. 

Malheureusement,  une  crue  subite  du  Palmar  vint  en  septembre 
1861  détruire  l'œuvre  commencée;  l'eau  monta  en  quelques  heures 
de  36  pieds  au-dessus  de  l'étiage  ordinaire  et  enleva  tout,  planta- 
tions, bestiaux,  marchandises,  habitations.  L'année  suivante,  le 
vomito  n^ro,  causé  probablement  par  les  malheurs  de  1861  ;  enleva 
plus  de  300  personnes  à  Jicaltepec  et  dans  les  environs;  puis  la 
guerre  du  Mexique  rendit  plus  difficile  encore  la  situation  des  co- 
lons du  même  endroit.  Enfin  la  construction  du  chemin  de  fer 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.         317 

de  Vera  Cruz  à  Mexico  consomma  la  ruine  de  la  colonie  déjà  bien 
affaiblie  par  les  épreuves  de  tout  genre  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion. En  1874,  il  semblait  ne  plus  rester  aux  habitants  de  Jicaltepec 
qu'une  ressource  :  l'émigration. 

Mais,  à  ce  moment  même,  les  terrains  qu'ils  occupaient  chan- 
geaient de  maître  et  devenaient  la  propriété  de  M.  Rafaël  Mar- 
tine* de  la  Torre;  celui-ci  fractionna  les  terres,  et  les  vendit  lui- 
même  aux  colons  de  Jicaltepec,  qui  reformèrent  alors,  avec  les  dé- 
bris de  leur  ancien  établissement  sur  la  rive  droite  du  Palmar,  la 
colonie  qu'ils  appelèrent  San  Rafaël. 

Très  rapidement,  San  Rafaël  se  développa  au  détriment  de  Ji- 
caltepec, dont  la  séparait  seulement  le  rio  Palmar.  Il  fallut  de 
longues  démarches,  des  efforts  persévérants,  les  instances  de  la 
légation  de  France  à  Mexico  pour  obtenir,  après  expropriation,  la 
concession  aux  habitants,  à  titre  définitif  et  en  due  forme,  des 
terrains  qu'ils  exploitaient.  A  ce  moment  seulement,  ils  en  sont 
devenus  les  légitimes  et  uniques  propriétaires. 

C'est  par  la  latitude  de  20°  13'  et  la  longitude  ouest  de  Paris  de 
98°  que  se  trouve  le  pays  colonisé  par  ces  Français,  la  colonie  de 
Jicaltepec  et  San  Rafaël,  sur  la  petite  rivière  le  Palmar,  qui  se 
jette  dans  le  golfe  du  Mexique  à  61  milles  au  nord-ouesl  de  Vera 
Cru*  et  constitue,  malgré  son  peu  de  profondeur,  un  précieux  se- 
cours pour  le  commerce  de  la  localité.  Cette  colonie  qui  est  située  en 
pleine  terre  chaude,  presque  au  niveau  de  la  mer,  et  à  une  journée 
de  marche  des  terres  froides,  de  la  Sierra,  se  divise  au  point  de 
vue  administratif  en  deux  parties  :  Jicaltepec,  situé  sur  la  rive 
gauche  du  Palmar,  est  une  congrégation  dépendant  du  vieux  village 
de  Naretla;  San  Rafaël,  sur  la  rive  droite,  est  dans  la  juridiction 
de  Jalacingo. 

Ce  dernier  point,  destiné  à  devenir  réellement  important,  occupe 
un  vaste  plateau  propre  à  toutes  les  cultures.  11  se  trouve,  comme 
Jicaltepec,  entouré  d'une' contrée,  dont  les  propriétaires  tirent  peu 
de  bénéfices;  et  cependant  tout  s'y  récolte,  le  tabac,  le  café,  la 
vanille,  le  cacao,  le  maïs,  le  riz,  etc.  ;  les  forêts  vierges  sont  peu- 
plées de  cèdres,  d'acajous,  de  diverses  espèces  de  chênes  et  d'es- 
sences de  toutes  qualités.  Parmi  les  fruits,  il  faut  citer  la  banane, 
l'orange,  le  citron  et  toutes  ses  variétés,  la  goyave,  le  zapote  et 
mille  autres.  Mais  la  plus  grande  richesse  du  pays,  ce  sont  ses  pro- 
duits d'exportation  auxquels  on  pourrait  ajouter  utilement  les 
épices,  qui  donneraient  merveilleusement. 

Le  climat  est  sain  ;  la  température  généralement  élevée,  mais 


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318  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

très  supportable  même  en  été,  grâce  au  rafraîchissement  inces- 
sant de  l'atmosphère,  dû  pendant  le  jour  à  la  brise  de  mer  venant 
du  sud-est  et  pendant  la  nuit  à  la  brise  des  montagnes  venant  de 
l'ouest.  Pendant  les  trois  mois  d'hiver  où  ces  brises  ne  soufflent 
pas  (novembre,  décembre,  janvier), le  thermomètre  descend  jusqu'à 
-f  10°  Réaumur,  parfois  même  le  cacao  gèle  sur  pied.  11  n'existe 
aucune  maladie  régnante  non  plus  que  contagieuse  à  San  Rafaël, 
sauf  quelques  fièvres  dont  la  quinine  a  promptement  raison.  Aussi 
la  population  s'y  développe-t-elle  rapidement  :  la  moyenne  des  en- 
fants dépasse  4  par  famille,  et  il  y  a  de  nonatamx  ménages  qui  pos- 
sèdent 8  et  jusqu'à  10  enfants.  Si  Ton  tient  campte, d'autre  part,  de 
l'arrivée  de  familles  étrangères  qui  sont  venues  se  mêler  aux  co- 
lons français  de  San  Rafaël,  on  ne  sera  pas  étonné  de  constater 
que  le  total  de  la  population  européenne  soit  de  800  âmes  environ. 
Cette  population,  qui  ne  se  mélange  point  avec  la  population  in- 
digène qni  l'entoure  et  maintient  par  conséquent  dans  toute  son 
intégrité  l'originalité  de  l'esprit  français,  habite  dans  des  ranchos 
fort  bien  aménagés  et  pourvus  de  tout  ce  qui  est  nécessaire  à  la 
bonne  exploitation  du  sol.  Elle  se  réunit  le  dimanche,  jour  de  repos, 
dans  la  modeste  église  de  Jicaltepec,  qui  est  la  propriété  de  la  co- 
lonie ;  elle  envoie  ses  enfants  à  l'une  des  trois  écoles  qui  existent 
dans  les  deux  localités  (1  à  Jicaltepec,  2  à  San  Rafaël).  Prés  de 
200  enfants  y  reçoivent  une  instruction  primaire  élémentaire;  tout 
le  monde,  sans  exception,  sait  lire,  écrire  et  faire  les  quatre  règles 
dans  la  colonie.  Mais  là  s'arrête  la  science  des  colons,  qui ,  à  un  autre 
point  de  vue,  au  point  de  vue  de  la  connaissance  du  sol  qu'ils  habitent 
etqu'ils  cultivent,peuventen  remontrer  aux  plus  habiles;  leurs  splen- 
dides  établissements  agricoles  font  en  effet  l'admiration  de  ceux 
qui  les  visitent  ;  ce  sont  de  véritables  fermes  modèles,  qui  sont  à 
la  fois  un  élément  de  richesse  pour  l'Etat  de  Vera  Crus  et  un  hon- 
neur pour  la  France,  d'où  sont  sortis  les  fondateurs  et  la  plupart 
des  habitants  actuels  des  colonies  de  Jicaltepec  et  de  San  Rafaël. 

H.  F. 

c*io»»ie.  —  Mission  de  Brettes.  —  De  Pamplona,  28  avril, 
le  comte  J.  de  Brettes  écrit  qu'il  espère  être  de  retour  à  la  fin  de 
uin,  de  son  dix-huitième  voyage  dans  l'Amérique  du  Sud.  11  ajoute  : 

c  Je  rapporte  des  documents  géographiques,  cette  fois  princi- 
palement des  altitudes  à  l'hypsométre  (calculées),  environ  200; 
de  belles  collections  (principalement  de  minéraux)  et  400  photo- 
graphies. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  319 

c  Parti  à  cheval  de  Bodega  central  sur  la  rire  droite  du  Mag- 
<ialena,  j'atteignais  successivement  Ocaûa,  Bucaramanga  et  enfin 
Bogota,  achevant  ainsi  (dans  mon  voyage  de  1897)  l'itinéraire 
suivi  par  Quesada  à  l'époque  de  la  conquête  et  dont  j'avais  par- 
couru la  première  partie  en  1893. 

c  Je  repartis  de  Bogota*  toujours  à  cheval,  et  visitai  successi- 
vement les  mines  d'émeraudes  de  Boyaca  et  les  alluvions  auri- 
fères du  Santander,  pour  gagner  Cucuta  par  Bucaramanga  et  Pam- 
plona,  d'où  je  vous  écris. 

c  De  Cucuta,  je  descendrai  en  vapeur  les  rios  Zulia  et  Cata- 
tumbo  et  arriverai  a  Haracaïbo;de  là  à  Sinamaica  en  goélette; 
puis,  en  territoire  indien  goagire,  à  cheval.  Enfin,  retour  en  France 
par  Maracaibo,  Curaçao,  etc.  » 

J.  de  Brettes. 

OCÉANIE 

Abstraite.  —  Voyage  de  MM.  J.  et  P.  Gamier.  —  De  Kurawa, 
long.  E.  Greenwich  :  121°  15';  lat.  S.  :  30°  25',  30  avril,  c  Les  pre- 
miers jours  ont  été  durs  à  cause  de  la  chaleur  et  surtout  des 
innombrables  mouches  qui  nous  tourmentaient...  Tout  en  pour- 
suivant nos  études  sur  la  géologie  et  les  mines,  nous  prenons  sur 
-cette  curieuse  contrée  beaucoup  de  notes  que  nous  pourrons  plus 
tard  publier. 

c  Voici,  entre  autres,  un  fait  bien  peu  connu,  même  dans  ce 
pays.  Nous  ne  pouvions  nous  expliquer  comment  les  indigènes  fai- 
saient pour  vivre  ici  sans  eau  :  on  nous  disait  bien  qu'ils  se  conten- 
taient de  l'eau  que  la  pluie  abandonne,  une  ou  deux  fois  par  an, 
dans  des  cuvettes  de  rochers,  mais  cette  explication  nous  paraissait 
tout  à  fait  insuffisante  et  je  ne  cessais  de  m'informer  tant  auprès 
<les  prospecteurs,  que  des  quelques  nègres  sachant  un  peu  d'an- 
glais; mais  ces  derniers  sont  si  bornés  qu'on  n'en  peut  rien  tirer. 
Enfin,  un  missionnaire  protestant,  le  Rév.  Barton-Parkes,  me  mit 
en  relation  avec  un  indigène  plus  policé,  qui  nous  apprit  l'exis- 
tence dans  le  pays  d'un  arbre,  dont  les  racines  sont  imprégnées 
d'eau  douce;  comme  elles  rampent  à  la  surface  du  sol,  il  est 
facile  de  les  extraire  avec  un  bâton  pointu  ;  on  en  emporte  en  voyage 
des  provisions  et  quand  la  sécheresse  est  extrême,  les  indigènes 
se  réunissent  dans  les  endroits  où  ces  arbres  sont  le  plus  abondants. 

c  Je  me  mis  donc  à  la  recherche  de  ces  arbres  et  nous  eûmes 
la  chance  d'en  rencontrer  dans  un  lieu  nommé  Windermere,  entre 


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320  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Black  flag  et  Kurawa.  Les  feuilles  de  l'arbre»  bien  qu'il  se  plaise 
dans  les  endroits  rocailleux,  sont  extrêmement  vertes;  son  bois 
est  mou»  par  rapport  à  celui  des  arbres  du  pays  qui  sont  généra- 
lement si  durs;  ses  fleurs  ont  la  grandeur  d'une  pièce  de  dix  sous 
et  sont  verdâtres;  le  fruit  a  la  dimension  d'une  petite  cerise  sau- 
vage ;  enfin,  ses  racines,  dont  nous  avons  recueilli  des  échantillons, 
sont  une  succession  de  nodosités,  parfois  de  la  grosseur  d'un  fort 
épi  de  maïs  ;  les  noirs  les  mangent  après  en  avoir  bu  l'eau;  comme 
goût,  elles  rappellent  notre  rave.  Sans  doute  à  cette  description 
un  botaniste  reconnaîtra  cet  arbre,  mais  l'usage  qu'en  font  les 
indigènes  australiens  est  peut-être  encore  inconnu. 

c  Nous  nous  occupons  de  recueillir  un  vocabulaire  de  la  langue 
et  nous  avons  déjà  pu  noter  des  mots  identiques  à  ceux  qui  sont 
usités  en  Nouvelle-Calédonie. 

c  Quant  à  la  race,  elle  défie  toute  description  dans  ces  malheu- 
reux déserts;  c'est  l'abjection  physique  la  plus  profonde. 

c  J'ignore  si  je  pourrai  réussir  à  me  procurer  les  crânes  que 
m'a  demandés  le  D*  Hamy.  > 

J.  Garnier. 

M.  J.  Garnier,  que  son  état  de  santé  a  contraint  à  devancer  son 
retour,  s'est  embarqué  le  23  mai  à  Albany.  Le  19  juin,  il  est 
rentré  en  France  avec  de  nombreux  documents  sur  la  géologie,  la 
météorologie  et  la  linguistique  des  régions  qu'il  avait  parcourues. 


III.  -  NOTES 

V expédition  océanographique  allemande.  —  Le  gouvernement 
allemand  a  organisé  à  ses  frais  une  expédition  océanographique, 
placée  sous  la  direction  du  professeur  Chun.  Le  projet  a  été  déve- 
loppé par  le  Dr  G.  Schott  devant  la  Société  de  géographie  de  Ber- 
lin au  mois  de  mars.  Les  travaux  sont  divisés  en  deux  parties 
distinctes  :  l'océanographie  proprement  dite  et  la  zoologie.  Celle- 
ci  doit  être  étudiée  au  point  de  vue  géographique.  Les  sondages, 
qui  seront  exécutés  avec  l'appareil  Sigsbee  perfectionné,  auront 
pour  principal  objectif  les  espaces  inconnus  de  l'Atlantique  sud  et 
de  l'océan  Indien,  puis  les  abords  du  plateau  antarctique,  les 
parages  à  l'est  du  cap  de  Bonne-Espérance,  ceux  de  l'est  de  Mada- 
gascar, les  environs  de  Sumatra  et  de  l'Australie,  les  abords  des 
Seychelles,   de  File  Chagos  et  de  quelques  groupes  isolés  de 


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SÉANCB8  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  321 

l'Océanie.  11  est  à  remarquer  que,  daus  l'Atlantique  sud  et  l'océan 
Indien,  il  n'a  été  encore  exécuté  aucun  sondage  permettant  de 
donner  des  notions,  même  élémentaires,  sur  l'orographie  sous- 
marine. 

Les  observations  thermométriques  seront  exécutées  avec  le  ther- 
momètre à  renversement  do  Negrctti  et  Zambra,  conjointement  avec 
le  téléthermomètre  du  professeur  Eschenhagen  qui  fonctionne 
électriquement.  On  recherchera  plus  spécialement  les  causes  de 
la  prétendue  uniformité  de  la  température  des  eaux  des  grandes 
profondeurs,  c  les  eaux  fossiles  »  telles  qu'elles  ont  été  désignées. 
Cependant,  on  pense  limiter  cette  recherche  aux  couches  supé- 
rieures, aux  profondeurs  abyssales  de  6,000  mètres.  L'étude  des 
courants  doit  aussi  particulièrement  attirer  l'attention.  Les  seuls 
moyens  dont  on  puisse  faire  usage  sont  les  lochs  perfectionnés  et  les 
déterminations  astronomiques.  Les  vagues,  leur  hauteur,  leur 
forme,  la  coloration  de  l'eau,  sa  transparence  et  les  phénomènes 
qui  s'y  rattachent  seront  l'objet  d'études  spéciales  ;  mais  la  zoologie 
marine  reste  le  but  prédominant  de  l'expédition  (1).  — J.  Girard. 

Sources  de  naphte.  —  Le  Chemin  de  fer  transcaspien.  —  1 .  Une 
importante  découverte  géologique  a  été  récemment  faite  dans  le 
Caucase  occidental,  notamment  aux  environs  d'Ânactia,  bourg  qui 
se  trouve  près  de  l'embouchure  de  l'Ingour  dans  la  mer  Noire  : 
on  y  a  trouvé  des  sources  de  naphte.  La  terre,  qui  produit  cette 
huile  minérale,  appartient  au  prince  de  Mingrélie  et  le  droit  d'ex- 
ploitation à  un  négociantde  Moscou,  M.  Mindowsky.  Les  recherches 
géologiques,  qui  ont  abouti  à  la  découverte,  étaient  menées  par 
MM.  Young  et  Tzouloukidzé,  le  premier  est  le  représentant  d'une 
maison  de  banque  française  et  l'autre  un  ingénieur  des  mines 
russe.  Le  2/14  mai,-  ces  deux  explorateurs  ont  commencé  leurs 
travaux  de  terrassement  et  n'ont  pas  tardé  à  trouver  les  couches 
de  sable  imbibées  de  naphte.  La  surface  de  l'eau,  qui  se  dégageait 
pendant  les  travaux,  a  été  bientôt  couverte  de  naphte  liquide. 

Sur  le  rapport  des  deux  explorateurs,  il  a  été  décidé  que  l'ou 
commencerait  immédiatement  le  forage  du  terrain  et  qu'on  procé- 
derait ensuite  à  l'exploitation  du  pétrole,  comme  à  Bakou,  dont. 
Anaclia  deviendra  le  concurrent  heureux,  car  c'est  un  port  de  la 
mer  Noire  et  non  de  la  mer  Caspienne  séparée  de  l'Europe  par 
toute  la  largeur  du  Caucase  (900  kilom.). 

(i)  Verhandlungen,  1898,  n"  S  et  3;  G40$r.  Journal,  juin  1898. 

soc.  de  géogr. — c.  a.  dis  séances.— H"  6  et  7.— Juin  et  Juillet.        23 


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322  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

2.  Le  chemin  de  fer  transcaspien,  qui,  récemment  encore,  abou- 
tissait à  Samarkand,  est  maintenant  prolongé  jusqu'à  Tachkent  et 
Andidjan.  Le  30  mai  (11  juin),  le  ministre  russe  des  voies  de  com- 
munication, le  prince  Kbilkoff,  a  personnellement  inauguré  la 
branche  de  Tachkent.  —  M.  Vénukoff. 

Excursion  archéologique  de  M.  Pantoussoff  au  Semirètchié.  — 
M.  Nicolas  Pantoussoff,  conseiller  d'Etat  à  Vierny,  a  fait  parvenir 
à  la  Société  deux  séries  de  photographies  (voir  aux  Ouvrages 
offerts)  prises  par  lui  dans  la  région  du  Semirètchié  durant  une 
excursion  faite  aux  mois  de  septembre  et  d'octobre  1897.  Ces  pho- 
tographies sont  accompagnées  de  deux  notices  manuscrites,  dont 
voici  une  courte  analyse. 

Le  24  septembre,  M.  Pantoussoff  quitta,  en  compagnie  de 
M.  Assanoff,  interprète  du  gouvernement,  la  ville  de  Vierny  pour 
une  exploration  du  Tamgaly-tass  (en  kirghiz  :  pierres  avec  in- 
scriptions) ou  Kaptchagaï,  terme  par  lequel  les  Kirghizes  désignent 
les  bords  rocheux  de  1*1  li.  A  ce  moment  de  Tannée,  les  bords  du 
fleuve  sont  déserts.  Les  Kirghizes  n'y  arrivent  pour  l'hivernage 
qu'après  la  chute  des  premières  neiges.  En  amont  d'Iliysk  (1),  le 
fleuve  est  bordé,  à  droite,  de  hauts  rochers,  sur  un  parcours  de 
47  kilomètres.  Sur  la  rive  gauche  également,  mais  sur  une  étendue 
moindre,  —  environ  20  kilomètres  —  des  rochers  se  dressent  à 
pic  et  le  fleuve  semble  encaissé  dans  un  étroit  défilé,  c  En  aval 
de  ce  point,  jusqu'au  Balkhach,  les  rives  sont  plates,  argileuses, 
couvertes  de  cailloux  et  de  quelques  saules.  Le  terrain  est  dur. 
La  région  entière  présente  un  plateau  désertique,  dominé  çà  et  là 
par  quelques  sommets  plats  ou  par  des  collines...  »  La  flore  du  pays 
est  pauvre  :  la  végétation  la  plus  abondante  est  Yibelek  (cerato- 
Carpus  Sp.)  que  les  chevaux  mangent  volontiers.  On  y  trouve  aussi 
différentes  sortes  d'absinthe  (artemisia).  La  faune  est,  par  contre, 
plus  nombreuse  et  attire  souvent  les  chasseurs  de  Vierny.  On  y 
chasse  notamment  le  faisan,  le  lièvre,  le  sanglier.  La  région  est 
d'ailleurs  impropre  à  la  culture  par  suite  du  manque  d'eau. 

Aux  endroits  élevés,  les  rochers  escarpés,  granités  et  porphyres, 
atteignent  parfois  une  hauteur  de  plus  de  50  mètres.  Un  nombre 
considérable  de  ces  pierres,  à  la  suite  d'éboulements,  jonchent  le 
sol  à  quelques  mètres  de  Tlli.  C'est  sur  dix-huit  de  ces  dernières 
pierres  que  M.  Pantoussoff  a  relevé  une  série  de  gravures  figurant 

(1)  Bourg  sur  la  rive  gauche  de  l'ili,  vers  43«54'  lat.  N.  et  74° 5C  long.  E.  de  Paria. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898. 


323 


des  bourkhanes  (idoles),  des  serpents  et  diverses  inscriptions  en 
langues  kalmouke  et  tibétaine.  La  pierre  principale,  dont  la  gra- 
vure est  représentée  ci-dessous,  renferme  trois  figures.  Elle  n'a 
pas  moins  de  5  mètres  de  haut  sur  8  m.  50  de  large. 


Spécimen  d'inscription»  et  de  iigurea  kalmouke  s  découvertes  par  M.  Pantoussoff. 

Au  dire  des  Kirghizes,  qui  habitent  le  pays  depuis  vingt  ans  en- 
viron, ces  inscriptions  seraient  dues  aux  Kalmouks. 

Une  autre  série  de  photographies  a  été  prise  par  M.  Pantoussoff 
dans  les  monts  Tchoulak,  notamment  au  défilé  connu  sous  le  nom 
de  Taïgak,  à  environ  70  kilo  m.  en  amont  d'Hiysk,  sur  la  rive  droite 
du  fleuve.  Là  aussi,  étaient  figurés  des  animaux  (cerfs,  boucs)  ; 
ou  bien  c'étaient  des  textes  en  langue  mongole.  La  région  en  elle- 


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324  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

même  est  fort  pauvre,  aride.  Rares  sont  les  oasis  avec  quelque 
végétation.  Au  moment  de  la  visite  de  M.  Pantoussoff,  les  Kirghizes 
quittaient  le  pays,  chassant  devant  eux  leurs  troupeaux  qu'ils 
allaient  échanger  contre  des  céréales  dans  le  district  de  Vierny. 
La  région  avait,  peu  de  temps  auparavant,  été  dévastée  par  des  nuées 
de  sauterelles. 


IV.  —  CONGRÈS  ET  SOCIÉTÉS  SAVANTES 

Congrès  des  ingénieurs  civils.  —  A  l'occasion  du  cinquantenaire 
de  la  Société  des  ingénieurs  civils,  des  fêtes  ont  été  organisées 
sous  la  présidence  de  M.  Loreau  et  un  congrès  a  été  tenu  du 
10  au  15  juin.  Vingt-cinq  Sociétés  étrangères  et  vingt-deux  So- 
ciétés françaises  étaient  représentées.  La  Société  de  Géographie 
avait  délégué  le  prince  Roland  Bonaparte  et  M.  Edouard  Rlanc. 

Les  séances  du  Congrès  ont  été  remplies  par  des  conférences 
sur  les  progrès  accomplis  dans  les  sciences  et  dans  leurs  applica- 
tions. Les  travaux  de  l'Exposition  de  1900  ont  fourni  le  sujet  d'in- 
téressantes communications,  suivies  de  visites  aux  chantiers.  Au 
cours  d'une  promenade  en  Seine  des  indications  très  curieuses 
ont  été  données  aux  congressistes  sur  l'exécution  des  grands  tra- 
vaux qu'entreprennent,  du  pont  d'Austerlitz  à  Passy,  les  compagnies 
des  chemins  de  fer  d'Orléans  et  de  l'Ouest. 

11  faut  encore  citer  la  réception  qui  a  eu  lieu  au  Conservatoire 
des  arts  et  métiers  en  l'honneur  du  cinquantenaire  de  la  Société 
des  ingénieurs  civils. 

Centenaire  du  Conservatoire  des  arts, et  métiers.  —  Le  21  juin 
ont  eu  lieu  les  fêtes  du  centenaire  de  l'installation  du  Conserva- 
toire des  arts  et  métiers  dans  l'ancien  prieuré  de  Saint-Martin- 
des-Champs. 

Dès  3  heures  les  personnes  munies  de  cartes  ont  pu  visiter  les 
magnifiques  galeries  du  Conservatoire  et  l'exposition  expérimen- 
tale des  récentes  inventions  scientifiques  et  industrielles.  Une 
séance  solennelle  a  été  tenue  dans  l'amphithéâtre.  Le  colonel 
Laussedat,  directeur,  a  fait  l'historique  du  Conservatoire  des  arts 
et  métiers  et  a  rendu  un  juste  hommage  aux  savants  qui  le  fondè- 
rent ou  favorisèrent  son  développement.  Après  ce  discours  on  a  pro- 
cédé à  la  distribution  des  récompenses. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  325 

Répondant  au  désir  qui  lui  avait  été  exprimé,  la  Société  de  Géo- 
graphie avait  mis  à  la  disposition  de  la  direction  un  choix  de 
photographies  de  voyage  prises  dans  ses  collections  et  se  rappor- 
tant aux  quatre  parties  du  monde.  Elles  étaient  exposées  dans  la 
bibliothèque  du  Conservatoire,  où  elles  ont  attiré  tout  particuliè- 
rement l'attention  des  visiteurs. 

Concours  de  montres  décimales  et  conférence  sur  V application 
du  système  décimal  au  temps.  —  M.  de  Rey-Pailhade,  ancien  pré- 
sident de  la  Société  de  géographie  de  Toulouse,  qui  s'occupe 
d'appliquer  le  système  décimal  à  la  notation  du  temps,  a  organisé, 
avec  l'aide  du  Moniteur  de  l'horlogerie,  un  concours  international 
d'appareils  de  mesure  de  temps,  gradués  d'après  cette  méthode.  La 
place  dont  nous  disposons  dans  ce  recueil  ne  nous  permet  pas  de 
reproduire  in  extenso  la  note  qu'il  a  bien  voulu  nous  communi- 
quer à  ce  sujet.  Notons  seulement  quelques  indications  : 

c  L'exposition  des  19  instruments  reçus  a  eu  lieu  du  13  au  25  juin 
à  l'École  d'horlogerie  de  Paris.  On  y  avait  ajouté  une  intéres- 
sante exposition  rétrospective  d'anciennes  montres  décimales.  > 
—  M.  de  Rey  Pailhade  a  fait,  le  3  juin,  à  l'École  d'horlogerie  une 
conférence  sur  l'application  du  système  décimal  au  temps,  c  I*a 
Convention  nationale,  a-t-il  dit  en  substance,  en  décrétant  le  système 
métrique  décimal  des  poids  et  mesures,  avait  établi  aussi  le  ca- 
lendrier républicain,  le  temps  décimal  et  la  division  du  quart  de 
cercle  en  100  grades.  Le  célèbre  mathématicien  Laplace  et  le 
savant  géodésien  Puissant  employèrent  seuls  ces  nouvelles  unités, 
qui  tombèrent  rapidement  dans  un  profond  oubli.  Quelques  dis- 
cussions eurent  lieu  à  l'Académie  des  sciences  en  1870,  puis  en 
1884  à  l'occasion  du  Congrès  de  Washington,  c  Dès  1893,  j'ai  repris 
cette  réforme  dont  l'application  rendrait  d'immenses  services  à  la 
science,  en  réduisant  la  durée  des  calculs  de  près  de  1/3  et  en 
abaissant  le  taux  des  erreurs  de  i  ou  5  à  1.  —  Un  point  sur  lequel 
tout  le  monde  semble  d'accord,  est  une  concordance  absolue  entre 
l'expression  numérique  du  temps  et  celle  de  l'angle.  Le  service 
hydrographique  français,  afin  de  pouvoir  employer  les  cartes  gra- 
duées en  grades,  a  commandé  6  chronomètres  divisés  en  400  par- 
ties égales  par  jour.  La  Marine  va  essayer  ce  système  pendant  un 
an.  > 

—  La  Société  ,1e  géographie  de  Marseille  envoie  le  programme  du 
Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de  géographie  (19e  ses- 


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326  COMPTES  RENDU8  DE8  SÉANCES. 

sion),  qui  se  tiendra,  sous  ses  auspices,  en  cette  ville  du  18  au  25  sep- 
tembre 1898.  Le  prince  d'Arenberg  présidera.  Ce  programme 
comprend  des  questions  de  géographie  générale,  régionale,  colo- 
niale. 

Des  conférences  auront  lieu  également,  faites  par  Mme  Massieu, 
et  par  MM.  Bonvalot,  Marcel  Dubois,  capitaine  Baud,  etc. 

M.  le  prince  d'Arenberg  représentera  notre  Société. 

D'autres  Congrès  sont  annoncés  pour  cette  année  : 

12*  Congrès  des  Sociétés  suisses  de  géographie  à  Genève  le 
5  septembre  1898. 

27*  session  du  Congrès  de  l'Association  française  pour  l'avance- 
ment des  sciences,  à  Nantes,  le  4  août  1898.  —  M.  le  D'  Fernand 
Delisle,  délégué. 

Congrès  archéologique,  à  Bourges,  du  6  au  12  juillet  1898.  — 
M.  le  comte  de  Marsy,  délégué. 

2*  Congrès  international  de  pèche  maritime,  à  Dieppe,  du  2  au 
5  septembre  1898.  —  M.  le  baron  de  Guerne,  délégué. 

Congrès  international  d'histoire  diplomatique,  à  La  Haye,  ^sep- 
tembre. —  M.  le  prince  Roland  Bonaparte,  délégué. 

—  Le  5  juin,  a  eu  lieu  à  la  Sorbonne,  sur  l'initiative  du  Comité 
Dupleix,  une  double  conférence,  où  MM.  Jules  Lemaltre,  de  l'Aca- 
démie française,  et  notre  collègue  M.  G.  Bonvalot,  directeur  de 
ce  comité,  ont  parlé,  le  premier,  de  la  Réforme  de  notre  édu- 
cation nationale,  le  second,  de  la  France  de  demain. 

M.  Lemattre  a,  entre  autres  conseils,  fortement  recommandé 
l'étude  de  la  géographie  :  c  ...  Mais  c'est  sur  la  géographie  qu'il 
faudra  surtout  s'arrêter.  Car  il  semble  bien  que  la  première  chose 
à  connaître,  c'est  la  figure  de  la  planète.  C'a  été  peut-être  une  idée 
géniale  de  Raoul  Frary,  ce  précurseur,  de  faire  de  la  géographie 
le  centre  même  de  l'enseignement  et  de  vouloir  que  les  autres 
sciences  ne  fussent  enseignées  qu'à  l'occasion  de  celle-là.  On  n'en 
séparerait  point,  en  tout  cas,  les  quelques  notions  de  cosmographie, 
de  géologie  et  d'économie  politique  qui  s'y  rattachent  naturelle- 
ment. > 

Quant  à  M.  Bonvalot,  c'est  à  former  des  générations  nouvelles, 
aptes  à  mettre  en  valeur  nos  possessions  d'outre-mer,  qu'il  s'attache 
résolument. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  327 


V.  —  CHRONIQUE  DE  LA   SOCIÉTÉ 

présentation*  d'onvrages.  —  Plan-relief  de  l'Espagne  et  du 
Portugal.  —  M,  de  Lapparent  présente,  de  la  part  de  Fauteur 
(rab.  correspondant  de  notre  Société),  M.  de  Bolella  y  Hornos,  in- 
specteur général  des  mines  et  membre  de  l'Académie  des  sciences 
>de  Madrid,  le  plan-relief  de  la  péninsule  ibérique,  dressé,  à 
l'échelle  du  2,000,000e,  en  conformité  de  la  carte  hypsoraétrique, 
publiée,  il  y  a  quelques  années,  par  le  savant  auteur  de  la  Géo- 
graphie physique  de  l'Espagne. 

Il  signale  les  principales  particularités  du  travail  de  M.  de  Bo- 
tella,  et  notamment  la  clarté  avec  laquelle  ressort  l'allure  du  pla- 
teau sous-marin  qui  sert  de  socle  à  l'Espagne  du  côté  de  la 
Méditerranée. 

M.  de  Lapparent  offre  ensuite,  en  son  propre  nom,  un  exem- 
plaire de  la  seconde  édition  de  ses  Leçons  de  Géographie  phy- 
sique (4).  L'ouvrage  s'est  accru  de  128  pages,  par  suite  des  déve- 
loppements donnés  aux  descriptions  régionales,  surtout  pour  la 
France  et  pour  l'Amérique  du  Nord,  ainsi  que  par  l'addition  de  deux 
leçons  nouvelles,  consacrées  l'une  aux  océans,  l'autre  au  difficile 
sujet  de  la  classification  des  montagnes.  Le  nombre  des  dessins, 
croquis  topographiques  ou  photogravures,  a  été  porté  de  117  à  163. 

c  Le  fait  que  deux  années  à  peine  aient  suffi  pour  rendre  une 
seconde  édition  nécessaire,  témoigne  explicitement  des  dispositions 
de  l'opinion  publique  à  l'égard  de  la  réforme  de  l'enseignement 
géographique.  Quelque  résistance  que  paraisse  soulever  cette 
réforme,  il  paraît  évident,  d'après  ce  témoignage,  que  la  majeure 
partie  des  esprits  éclairés  est  prête  à  l'accueillir,  et  qu'on  se  rend 
de  mieux  en  mieux  compte  de  l'union  intime  qui  doit  exister  entre 
la  connaissance  des  formes  de  la  surface  et  celle  des  conditions  de 
leur  genèse. 

«  Gomme  preuve  nouvelle  de  cette  disposition,  j'invoquerai,  ajoute 
M.  de  Lapparent,  une  publication  toute  récente,  que  je  suis  pré- 
cisément chargé  d'offrir  aujourd'hui  à  la  Société.  Je  veux  parler 
du  charmant  petit  guide  au  Cantal  (2),  que  mon  ami  M.  Boule,  as- 
sistant au  Muséum  d'histoire  naturelle,  vient  de  publier  avec  la 

(1)  Voir  aux  Ouvrage*  offerts, 
(i)  Idem. 


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328  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

collaboration  de  M.  Farges,  archiviste  paléographe.  Cet  ouvrage, 
enrichi  de  85  dessins  ou  photogravures,  qui  ont  été  choisis  avec 
le  plus  grand  soin,  initie  le  lecteur  à  tout  ce  qui  concerne  la  géo- 
logie, l'orographie,  l'hydrographie,  le  climat,  la  flore,  la  faune,  la 
population,  l'archéologie,  l'histoire,  l'administra tion  et  l'agricul- 
ture de  la  région.  Une  suite  d'itinéraires,  appuyés  par  deux  cartes 
en  couleurs,  font  connaître  toutes  les  excursions  qu'on  y  peut  faire. 
c  11  serait  à  souhaiter  que  toutes  les  régions  naturelles  de  la 
France  fussent  l'objet  de  monographies  analogues,  écrites  avec 
autant  de  compétence  et  une  intelligence  aussi  profonde  de  la 
constitution  intime  du  pays  considéré.  > 

L'Heure  nationale,  par  M.  Bouquet  de  la  Grye,  de  l'Institut.  — 
Le  but  que  poursuit  l'auteur  est  de  montrer  les  inconvénients  et 
les  dangers  d'une  loi  votée  récemment  parla  Chambre  des  députés. 
Cette  loi  donne  à  la  France  pour  heure  nationale  celle  du  méridien 
de  Paris  diminué  de9m21",  autrement  dit  l'heure  de  Greenwich. 

La  Société  de  Géographie,  qui  avait  déjà  repoussé  l'adoption  de 
ce  méridien  au  Congrès  de  Washington  en  1884,  s'en  est  tenue  à 
ses  précédentes  conclusions,  dans  une  lettre  qu'elle  adressait,  le 
i  avril  dernier,  au  Ministre  de  l'Instruction  publique.  C'est  aux 
mêmes  conclusions  qu'aboutit  notre  savant  collègue  dans  cette 
brochure  où  il  discute  la  question  en  l'envisageant  sous  ses  diffé- 
rents aspects. 

—  M.  Ludovic  Drapeyron  adresse  à  la  Société  de  Géographie  le 
résumé  d'un  mémoire  inédit  intitulé  :  Projet  de  jonction  géodésique 
de  la  France  et  de  l'Italie,  par  Cassini  de  Thury,  en  1776,  d'après 
des  documents  tirés  des  archives  de  Vienne  (Autriche). 

11  faut  savoir  qu'en  1775  le  fils  de  Cassini  de  Thury  fit  un  voyage 
en  Italie,  où  il  fut  très  bien  accueilli:  à  Florence,  parle  grand-duc 
Léopold  de  Toscane,  qui  le  chargea  de  lever  la  carte  de  la  Toscane 
même;  par  l'empereur  Joseph  II,  alors  à  Venise;  à  Rome,  parle 
pape  Pie  VI;  il  alla  jusqu'à  Naples.  De  là,  l'idée  de  Cassini  de 
Thury  de  s'adresser  à  l'impératrice  Marie-Thérèse,  mère  de  l'em- 
pereur et  du  grand-duc,  qu'il  connaissait  déjà,  pour  qu'elle  lui 
accordât  l'autorisation  d'opérer,  à  travers  la  Lombard ie,  la  jonc- 
tion de  la  France  et  de  l'Italie. 

Le  projet  du  père  et  celui  du  fils  ne  se  réalisèrent  pas.  Cepen- 
dant le  branle  était  donné  :  Rizii  Zannoni  fut  chargé  en  1777  des 
opérations  au  nord  de  l'Italie,  et  quelques  années  plus  tard,  il  leva 
le  royaume  de  Naples,  suivant  les  principes  de  Cassini  de  Thury. 


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SÉANCES   DE  JUIN  ,ET  DE  JUILLET   1898.  329 

—  A  Journal of  the  First  Voyage  of  Vasco  da  Gama  (U97-1 499). 
Hakluyt  Society,  1898.  —  La  Société  Hakluyt  de  Londres  publie 
soos  ce  titre  une  série  de  documents  rassemblés  et  traduits  par 
M.  Ravenstein,  qui  organisa  en  1895  avec  tant  de  compétence 
l'exposition  du  6*  Congrès  international  de  Géographie. 

Une  introduction  sur  Vasco  de  Gama  et  sur  les  sources,  aux- 
quelles a  dû  puiser  l'auteur,  précède  la  traduction  du  Roteiro- 
Ce  journal  du  premier  voyage  de  Vasco  de  Gama,  écrit  par  un 
membre  de  l'expédition,  dont  l'histoire  n'a  pas  conservé  le  nom,  a 
été  traduit  en  français  par  Ferdinand  Denis  en  1855  et  Arthur 
Morelcten  1864. 

La  seconde  partie  du  volume  contient,  sous  forme  d'appendices, 
plusieurs  lettres  concernant  ce  voyage  :  deux  d'entre  elles  éma- 
nent du  roi  Manuel;  d'autres,  pleines  de  faits,  sont  de  Sernigi,  un 
Florentin  qui  commerçait  à  Lisbonne,  au  moment  du  retour  de 
Paul  de  Gama  (1499). 

Trois  relations  portugaises  du  voyage,  des  notes  sur  les  marins 
composant  l'expédition  et  leurs  équipages  s'ajoutent  aux  précé- 
dentes. Il  faut  signaler  les  cartes  anciennes  qui  illustrent  le  pre- 
mier voyage  de  Vasco  da  Gama. 

Parmi  celles  que  M.  Ravenstein  reproduit  en  t^out  ou  en  partie 
dans  ce  volume,  se  trouvent  une  carte  d'Afrique  de  1502  (auteur 
inconnu),  publiée  en  1896  par  le  Dr  Hamy,  et  une  carte  de  Nicolas 
Caneiro,  de  la  même  époque,  déjà  signalée  par  M.  Gallois  dans 
le  Bulletin  de  la  Société  de  géographie  de  Lyon  et  dont  l'original 
se  trouve  à  Paris  au  Service  hydrographique  de  la  Marine. 

La  Société  Hakluyt,  qui  avait  édité  en  1869  Three  Voyages  of 
Vasco  da  Gama,  a  tenu  à  compléter  cette  étude  par  la  publication 
du  Roteiro,  au  moment  où  le  Portugal  célébrait  le  4«  centenaire 
de  la  découverte  de  l'Inde. 

—  La  Société  de  Géographie  a  reçu  la  collection  du  Commerce 
colonial,  moniteur  des  relations  économiques  de  la  France  et  des 
colonies.  Cette  revue  hebdomadaire,  publiée  sous  la  direction  de 
MM.  J.  Hess  et  Ch.  Léser,  veut  être  :  1°  la  tribune  de  tous  les 
partisans  du  développement  de  la  France  par  ses  colonies;  2°  l'in- 
termédiaire entre  les  commerçants  de  nos  colonies  et  ceux  de  la 
métropole.  Fidèle  au  programme  qu'il  s'est  tracé,  le  Commerce 
colonial  ne  se  contente  pas  d'ébaucher  à  grands  traits  l'état  du 
commerce  dans  telle  ou  telle  colonie  française.  Il  s'empare  des 
faits,  les  discute  et  conclut.  Les  produits  coloniaux,  comme  le 


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330  COMPTES  RENDUS  DE8  SÉANCE 8. 

coton,  l'huile,  le  caoutchouc,  de  même  que  l'exportation  de  certains 
produits  métropolitains,  y  sont  l'objet  d'études  détaillées. 

Nous  sommes  heureux  de  signaler  ce  nouvel  effort  dirigé  vers 
la  mise  en  valeur  de  notre  domaine  colonial.  D'ailleurs,  les  questions 
traitées  dans  cette  revue  sont  pour  la  plupart  du  ressort  de  la  géo- 
graphie économique  et  rentrent,  comme  telles,  dans  le  cadre  des 
travaux  de  la  Société. 

Aux  fjords  de  Norvège  et  aux  forêts  de  Suède,  par  M.  Charles 
Rabot  (1).  —  En  deux  volumes,  parus  à  un  mois  de  distance, 
M.  Rabot  fait  une  description  complète  de  la  péninsule  Scandi- 
nave. Aw  Cap  Nord  (2)  résume  les  explorations,  les  recherches  et 
les  études  qu'il  fit,  pendant  dix  années,  dans  la  partie  septentrio- 
nale de  la  Scandinavie.  Aux  fjords  de  Norvège  et  aux  forêts  de 
Suède  traite  de  la  partie  méridionale  de  la  péninsule.  Ce  deuxième 
volume  débute  par  un  aperçu  de  la  côte,  et  par  un  coup  d'œil  sur 
l'histoire,  la  littérature  et  la  politique  de  la  Norvège.  Après  avoir 
considéré,  du  sommet  du  Gausta,  la  carte  en  relief  du  Telemark, 
il  se  rend  de  Kristiania  à  Throndjem.  La  géologie,  l'histoire  natu- 
relle et  la  statistique  lui  offrent,  chemin  faisant,  matière  à  des 
discussions  qui  augmentent  l'intérêt  du  livre  sans  alourdir  le 
récit.  Des  fjords  on  passe  aux  glaciers  et  c'est  ainsi  que,  tantôt  i 
pied,  tantôt  en  bateau,  on  arrive  à  Bergen.  Revenu  à  Kristiania 
par  les  fjords  célèbres  de  Hardanger  et  de  Sogne  et  par  le  Val- 
ders,  l'auteur  pénètre  en  Suède.  11  franchit  la  frontière  à  Char- 
lottenbourg,  compare  dès  l'abord  le  Suédois  sociable  et  fier  de  son 
passé,  au  rude  Norvégien  épris  d'indépendance,  donne  de  Stock- 
holm une  vue  à  vol  d'oiseau,  puis  visite  en  détail  c  cette  capitale 
du  rêve  bâtie  par  l'imagination  >,  pénètre  enfin  dans  la  Dalé- 
carlie,  dernier  sanctuaire  des  vieilles  coutumes,  où  s'est  réfugié 
le  mystérieux  passé  de  la  Suède. 

C'est  ainsi  que,  sans  fatigue,  le  lecteur  profite  de  l'érudition  et 
de  l'expérience  d'un  mentor,  qui  l'attire  surtout  vers  le  nord  de  la 
péninsule,  dans  ce  pays  du  fantastique  et  du  grandiose. 

Uessor  industriel  et  commercial  du  peuple   allemand,  par 
M.  Georges  Blondel.  —  L'auteur,  qui  a  fait  de  l'histoire  sociale  et 
économique  de  l'Allemagne  l'objet  d'études  d'une  haute  valeur,  pré- 
sente, dans  ce  nouvel  ouvrage,  un  tableau  fidèle  et  sincère  du  dé- 
fi) Paris,  Hachette,  1896. 
(2)  Comptes  rendut,  1898,  p.  263. 


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SÉANCES  DE  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  331 

veloppement  industriel  et  commercial  de  ce  pays.  Nous  y  voyons 
comment,  après  avoir  grandi  par  les  armes,  il  a  remporté  des  vie* 
toires  nouvelles  sur  le  terrain  pacifique.  L'essor  économique  de 
l'Allemagne,  fruit  de  longs  efforts,  est  tel  que  cette  nation  est 
devenue  pour  l'Angleterre  elle-même  un  adversaire  redoutable. 
Les  causes  de  ce  progrès  extraordinaire  sont  le  tempérament  de 
la  race,  l'éducation  donnée  aux  jeunes  gens,  la  méthode  scienti- 
fique, la  politique  commerciale  du  gouvernement.  L'exposé  im- 
partial fait  par  M.  Blondel  contient  de  grands  enseignements  et  il 
est  de  nature  à  nous  inspirer  d'utiles  réflexions.  G.  Regelsperger. 

Voyage  au  pays  des  fjords,  par  M.  Antoine  Salles.  —  L'auteur 
a  voulu  présenter,  non  pas  une  étude  générale,  mais  une  descrip- 
tion physique  de  la  Suède  et  de  la  Norvège,  en  suivant  un  itiné- 
raire connu,  de  façon  à  renseigner  les  touristes  sur  la  route  qu'ils 
seront  le  plus  souvent  amenés  à  prendre  pour  visiter  la  presqu'île 
Scandinave. 

Si  ce  livre  a  une  portée  pratique,  il  n'en  suppose  pas  moins,  chez 
son  auteur,  des  connaissances  étendues  et  variées,  que  nous  avions 
déjà  appréciées  dans  son  précédent  ouvrage  sur  le  Danemark  qu'il 
publia  sous  ce  titre  :  Au  pays  d'Hamtit. 

Attiré  par  le  charme  des  pays  du  nord,  M.  Salles  sait  communi- 
quer au  lecteur  le  désir  de  connaître  les  contrées  merveilleuses 
qui  séduisent  l'imagination  et  où  nos  compatriotes  sont  certains 
de  recevoir  le  meilleur  accueil. 

Régime  du  bassin  artésien  de  Y  Oued  Bir*  (Sud-Algérien)  et  les 
moyens  de  mieux  utiliser  ses  eaux  d'irrigation.  —  Dans  ce  tra- 
vail, objet  d'une  communication  à  l'Académie  des  sciences,  M.  G. 
Rolland,  ingénieur  en  chef  des  mines,  expose  la  situation  actuelle 
du  bassiu  artésien  de  l'Oued  Rir'  après  une  expérience  de  37  cam- 
pagnes de  sondages  (de  juin  1856  à  mai  1866,  d'avril  à  juin  1870, 
d'avril  1874  à  ce  jour.) 

11  examine  à  nouveau  ce  qu'a  de  fondé  la  crainte  de  voir  le  bas- 
sin de  l'Oued  Rir'  s'épuiser  et  les  nouveaux  sondages  nuire  aux 
puits  déjà  existants.  Sans  partager  certaines  alarmes,  il  montre 
que  le  moment  est  venu  d'être  circonspect.  11  a  considéré  les  eaux 
de  POucd  Rir' comme  d'intérêt  public,  et,  avec  M.  Jus,  le  directeur 
des  sondages,  il  a  demandé  la  nomination  d'une  commission  lo- 
cale de  surveillance,  qui  suffirait  sans  doute  à  sauvegarder  ce  qui 
est  acquis,  sans  entraver  les  recherches  futures. 


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332  COMPTES  RENDUS  DE8  SÉANCES. 

D'autre  part,  M.  Rolland  fait  connaître  qu'il  a  trouvé  un  moyen 
applicable  dans  beaucoup  de  cas,  de  mieux  utiliser  les  eaux  déjà 
fournies  par  les  puits  actuels,  sans  recourir  à  de  nouveaux  son- 
dages, ni  pratiquer  de  nouvelles  saignées  à  la  nappe  jaillissante. 
Ce  moyen,  réalisé  par  lui  dans  les  oasis  de  création  française 
de  la  Société  du  Sud -Algérien,  consiste  à  empêcher  les  déperdi- 
tions considérables,  qui  se  produisent  par  infiltration  le  long  des 
principaux  ruisseaux  d'arrosage,  en  les  canalisant  avec  des  ca- 
niveaux en  terre  cuite,  fabriqués  sur  place.  C'est  là  un  progrès 
incontestable  dans  l'hydraulique  agricole  des  oasis  sahariennes. 

—  M.  Georges  Rolland  adresse  également  à  la  Société  une 
autre  communication  de  lui  à  l'Académie  des  sciences,  en  date  du 
17  janvier  1898,  sur  les  Gisements  souterrains  des  minerais  de 
fer  oolithiques  du  nouveau  bassin  de  Briey  {Meurthe-et-Moselle) 
(avec  carte). 

—  Le  capitaine  Alfred  Bertrand,  explorateur,  offre  la  relation  du 
voyage  accompli  par  lui  (1895-1896)  dans  l'Afrique  australe.  11  en 
avait  déjà  fait,  à  son  retour,  l'objet  d'une  conférence  à  la  Société 
(séance  du  22  janvier  1897),  mais  on  a  maintenant  le  récit  complet, 
formant  un  magnifique  volume  sous  le  titre  de  Voyage  au  pays  des 
Ba-rotsi  (Haut-Zambèze),  orné  de  104  très  belles  gravures,  dont  la 
plupart  ont  été  faites  sur  les  photographies  de  l'auteur,  et  de 
2  cartes,  dont  Tune  donne  l'itinéraire  de  M.  Bertrand,  et  l'autre 
représente  une  partie  du  royaume  de  Ba-rotsi. 

Le  journal  de  voyage  de  l'explorateur  forme  le  corps  de  son  livre. 
Dans  un  appendice,  qui  est  une  étude  détaillée  du  royaume  des 
Ba-rotsi  et  de  ses  habitants,  le  capitaine  Bertrand  a  donné  des 
renseignements  sur  l'influence  bienfaisante  qu'y  exercent  les  mis- 
sions évangéliques  françaises.  Un  autre  appendice  contient  la  partie 
purement  géographique  de  l'exploration. 

Les  lies  Mariannes,  par  M.  Alfred  Marche.  —  M.  Marche  est 
le  premier  de  nos  compatriotes  qui  ait  visité  complètement  cet 
archipel,  sur  lequel  les  renseignements  ne  manquaient  pas  ;  mais 
ils  étaient  disséminés  dans  des  ouvrages  difficiles  à  se  procurer. 
L'auteur  a  donc  rendu  service  en  publiant  les  notes  qu'il  avait 
prises  pendant  son  séjour  dans  ces  lies  en  1887-1888.  C'est  après 
ses  deux  voyages  dans  les  Philippines  qu'il  s'y  rendit,  chargé  d'une 
mission  du  Ministère  de  l'Instruction  publique.  Les  Mariannes, 
découvertes  par  Magellan  en  1521,  et  appelées  par  lui  lies  des 


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SÉANCES  DB  JUIN  ET  DE  JUILLET  1898.  3&> 

Larrons  (on  en  devine  la  raison),  forment  une  chaîne  de  dix  lies 
dont  la  principale  est  Guaham,  ou  Guajam  ou  encore  Guam,  capi- 
tale Agana.  Aussi  est-ce  sur  elle  que  le  voyageur  donne  le  plus  de 
détails.  11  dit  que  le  village  d'Agat  serait  mieux  qualifié  qu' Agana 
pour  être  la  capitale  de  l'île  ;  le  site  est  plus  sain  et  Peau  douce 
est  à  proximité;  le  transfert  n'aurait  que  des  avantages;  mais 
c  il  faut  compter  ici  avec  une  apalhie  et  un  esprit  de  routine 
presque  invincibles». 

Dans  cette  brochure,  M.  Marche  fournit  des  renseignements  inté- 
ressants sur  les  mœurs  et  les  usages  des  Mariannais.  La  race  qui 
peuple  aujourd'hui  l'archipel  est  presque  tout  entière  métissée.  Les 
indigènes,  appelés  Ghamorros  et  qui  n'étaient  pas  moins  d'une  cen- 
taine de  mille  quand  les  Espagnols  prirent  possession  des  Mariannes 
(1668),  n'existent  plus  guère  à  l'état  pur  que  dans  l'île  de  Rota. 

Retour  de  M.  de  Brettes.  —  Le  17  juillet,  le  vicomte  de  Brettes, 
accompagné  du  baron  P.  Despatys,  débarquait  à  Bordeaux  après  un 
voyage  d'un  an  dans  l'Amérique  du  Sud.  La  lettre,  qu'il  écrivait 
à  la  Société  en  avril  et  qui  se  trouve  résumée  dans  les  Nouvelles 
géographiques  y  annonçait  son  projet  de  se  rendre  dans  le  terri- 
toire indien  Goagire,  presqu'île  située  à  l'extrême  nord  de  l'État  de 
Colombie.  Cette  partie  du  voyage  a  duré  trois  mois.  Les  voyageurs 
songèrent  ensuite  au  retour,  qui  s'effectua  par  Curaçao  et  la  Guayra 
(Venezuela),  la  guerre  hispano-américaine  ne  leur  ayant  pas  per- 
mis de  remonter  jusqu'à  New- York. 

Le  25„à  11  heures  du  matin,  plusieurs  membres  de  la  Société  de 
Géographie  sont  allés  recevoir  M.  de  Brettes  à  la  gare  d'Orléans. 
M.  Bouquet  de  laGrye,  ancien  président  de  la  Société,  et  M.  Girard, 
secrétaire  adjoint,  l'ont  félicité  au  nom  de  leurs  collègues  du 
succès  de  sa  nouvelle  exploration. 

Nécrologie.  —  M.  Erhard  (Georges),  qui  appartenait  à  la  So- 
ciété depuis  1872,  a  succombé  à  Paris  le  21  juin.  Les  nombreux 
services  qu'il  a  rendus  à  la  science,  en  sa  qualité  de  graveur  géo- 
graphe, et  les  marques  de  dévouement  qu'il  n'a  cessé  de  prodiguer 
à  la  Société  depuis  son  inscription  sur  nos  listes,  méritent  d'être 
signalés.  Plusieurs  de  ses  collègues  ont  pu  assister  à  ses  funé- 
railles et  se  foire,  auprès  de  sa  veuve  et  de  ses  frères,  les  interprètes 
de  tous.  La  Société  ne  peut  oublier,  en  effet,  l'obligeant  concours 
que  lui  a  prêté  M.  G.  Erhard  lors  de  l'organisation  de  la  section 
française  du  Congrès  géographique  international  de  Londres  en 
1895.  Elle  a  le  devoir  de  rappeler  également  que,  depuis  1881, 


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334  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

elle  décerne,  tous  les  deux  ans,  un  prix  de  300  francs  pour  la  con- 
struction et  la  production  des  cartes,  fondé  en  mémoire  de  leur 
père  par  MM.  Georges,  Henri  et  Eugène  Erhard. 

Af.  Pascal  Garnier,  membre  de  la  Société  de  Géographie,  a  été 
emporté  par  la  fièvre  à  Goolgardie,  au  cours  d'une  exploration 
dans  l'Australie  occidentale.  Cette  mort  prématurée  atteint  double- 
ment la  Société.  C'est  avec  son  père,  M.  Jules  Garnier,  membre 
delà  Commission  centrale,  que  le  jeune  explorateur  avait  entrepris 
ce  nouveau  voyage,  dont  nous  nous  plaisions  à  noter  les  impor- 
tants résultats.  Les  c  Nouvelles  géographiques  >,  publiées  dans  ce 
numéro  des  Comptes  rendus,  annoncent  le  retour  de  M.  Jules 
Garnier  parmi  nous  (page  320).  Nul  ne  pouvait  se  douter,  au  mo- 
ment où  nous  transcrivions  cette  information,  qu'une  épreuve  si 
cruelle  était  réservée  à  notre  distingué  collègue. 

M.  Pascal  Garnier  avait  déjà  effectué  d'importantes  explorations, 
notamment  au  Transvaal  et  en  Nouvelle-Zélande.  Cette  carrière, 
pleine  de  promesse,  s'est  terminée  à  26  ans. 

La  Société  adresse  l'expression  de  sa  douloureuse  sympathie  à 
M.Jules  Garnier. 

La  Société  a  encore  à  déplorer  la  perte  de  : 

MM.  P.-Eugène  Greffier,  président  honoraire  de  la  Cour  de  cas- 
sation, commandeur  de  la  Légion  d'honneur,  décédé  le  18  juin 
[Mb.  1880];  Marie  Alexandre  Hellot,  lieutenant-colonel  d'artillerie 
en  retraite,  décédé  le  9  juillet  [Mb.  1885J. 

La  prise  de  Sikasso  a  coûté  la  mort  de  deux  de  nos  officiers  :  le 
lieutenant  d'infanterie  de  ligne  Gallet,  frappé  le  25  avril  d'une 
balle  en  plein  front,  et  le  lieutenant  d'infanterie  de  marine  Loury, 
tué  le  1"  mai  à  l'assaut  de  la  place. 

A  signaler  également  la  mort  de  deux  explorateurs  français  : 
Adrien  Pauly  et  Bailly-For filière,  qui  cherchaient  à  réunir  Konakry 
à  Grand-Bassam,  la  Guinée  française  à  la  Côte  d'Ivoire.  Ils  devaient 
passer  au  nord  de  la  colonie  anglaise  de  Sierra  Leone  et  traverser 
tout  le  hinteriand-nord  de  la  République  de  Libéria. 

Partis  de  Konakry,  fin  décembre  1897,  ils  ont  contourné  sans 
encombre  la  Sierra  Leone,  sont  arrivés  en  février  au  poste  français 
de  Kissidougou,  près  du  Niandan  (affluent  de  droite  du  haut  Niger), 
dans  le  pays  de  Kouranko.  Le  22  février,  ils  firent  route  au  sud,  et, 
après  la  prise  de  Kondo,  ils  obligèrent  Digo  à  faire  sa  soumission. 


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SÉANCES  OE  JUIN   ET  DE  JUILLET   1898.  335 

Revenus  vers  le  nord,  ils  partirent  avec  25  tirailleurs  pour  Sa- 
pouyebera  dans  la  partie  basse  de  l'Ouaou,  puis  ils  relevèrent  le 
cours  des  rivières  M  afin  son,  Makoua,  Boya  et  Ouaou.  A  la  fin  de 
mars,  ils  comptaient  rentrer  dans  le  pays  des  Tomas,  au  sud  de 
Bokhassou,  se  porter  vers  la  rivière  Loffa,  la  descendre  jusqu'à 
Barkoma,  de  là  joindre  le  Cavally,  enfin  atteindre  Grand-Bassan 
Ils  avaient  rempli  la  plus  grande  partie  de  leur  programme,  quand, 
le  16  mai,  ils  furent  massacrés  à  Zolou  entre  les  rivières  Loffa  et 
Saint-Paul  sur  la  route  de  Ziggah  Porahzu  ou  Liguiporas  à  Bar- 
koma, par  environ  8°  lat.  N.  et  12°  long.  0. 


Séance  du  3  juin  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

MM.  le  comte  André  de  Castéja;  Adolphe  Joseph  Jugla;  Armand 
Janet. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

M.  le  comte  de  Chambrun  (Aldebert),  sous-lieu  tenant  au  2e  régi- 
ment d'artillerie  de  marine  (Auguste  Himly  et  le  comte  Savargnan 
de  Brazza). 


Séance  du  17  juin  1898. 

MEMBRES  ADMIS 

M.  le  comte  de  Chambrun  (Aldebert). 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Georges  Caron,  publiciste  (Le  Myre  de  Vilers  et  le  baron 
Hulot)  :  —  Alfred  Dyé,  enseigne  de  vaisseau,  membre  de  la  missioD 
Marchand  (le  baron  de  Guerne  et  le  comte  de  Bizemont)  ;  —  Paul 
Bouché  (le  baron  Hulot  et  Jules  Girard);  —  Emile  Lauret  (le  ba- 
ron Hulot  et  Jules  Girard)  ;  —  E.  G.  Bastard  (Alfred  Grandidier 
et  A.  Milne-Edwards);  —  Mme  Boulaine  (Cornelia)  (le  baron 
Herre  Wyn  et  le  baron  Hulot)  ;  —  Paul  Hamelin  (le  lieutenant- 
colonel  Monteil  et  le  baron  Hulot);  —  Jean  Louis  Goldschœn, 
chef  de  bataillon  d'infanterie  de  marine  (Le  Myre  de  Vilers  et  Le 
baron  Hulot);  —  Mme  de  Prémesnil  (Mlle  Suzanne  Barrachin  et 


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336  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

le  comte  de  Broissia);  —  le  baron  René  de  Rovira  de  Roquevaire 
(le  comte  et  la  comtesse  S.  de  Brazza)  ;  — Auguste  Lier,  principal 
du  collège  de  Blida  (Crosnier  de  Varigny  et  Vidal  de  la  Blache); 
—  Léon  Paul  Alexandre  Adam,  licencié  en  droit,  avoué  (le  baron 
HiUot  et  le  comte  Henri  de  Bizemont)  ;  Eugène  Salesses,  capitaine 
du  génie  (Edouard  Caspari  et  Camille  Guy). 

Conformément  à  l'usage  adopté,  les  candidats  présentés  dans  la 
dernière  séance  avant  les  vacances  pour  faire  partie  de  la  Société 
sont  admis  à  cette  séance  même.  En  conséquence,  MM.  Georges 
Caron;  Alfred  Dyé;  Paul  Bouché;  Emile  Lauret;  E.  J.  Bastard; 
Mme  Cornelia  Boulaine;  Paul  Hamelin;  Jean  Louis  Goldschœn, 
Mme  de  Prémesnil;  le  baron  René  de  Rovira  de  Roquevaire;  Au- 
guste Lier;  Léon  Paul  Alexandre  Adam;  le  capitaine  Eugène 
Salesses  sont  admis  comme  membres  de  la  Société. 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ 

Mai  1898  (suite). 

AMÉRIQUE.  —  K.  de  Montessus  de  Ballore.  —  Les  Etats-Unis  sis- 
rai  ques  (Archives  des  Se.  phys.  et  natur.).  Genève,  1898.         Auteur. 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Section  of  foreign  Markets.  Bulletins. 
Washington,  Government  printing  Office,  in-8. 

Gouvernement  dis  Etats-Unis. 

Carl  Lumdoltz  and  Ales  Hrdlicka.  —  Marked  human  bones  from  a 
prehistoric  Tarasco  Indian  burial  place  in  the  State  of  Michoacan, 
Mexico  (Bull.  Amer.  Muséum  of  Xat.  History).  1898,  broch.  in-8. 

Auteur. 

Primera  sesion  del  congreso  cientifleo  latino  americano,  en  Buenos 
Aires,  del  10  al  20  de  abril  de  1898.  Bases  y  programa;  temas  pro- 
puestos...  Buenos-Aires,  1898,  1  vol.  in-12.      Comité  d'organisation. 

E.  D.  Levât.  —  Guide  pratique  pour  la  recherche  et  l'exploitation  de 
l'or  en  Guyane  française  (Annales  des  mines).  Avec  une  annexe  don- 
nant le  texte  des  décrets  qui  régissent  les  placers  de  la  colonie.  Paris, 
Dunod,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Henri  Coudreau.  —  Voyage  au  Tapajoz,  28  juillet  1895-7  janvier  1896. 
—  Voyage  au  Xingû,  30  mai  1896-26  octobre  1896.  —  Voyage  au 
Tocantins-Araguaya,  31  décembre  1896-23  mai  1897.  —  Voyage  à 
Itaboca  et  à  l'Itaeayuna,  1er  juillet-11  octobre  1897.  Paris,  Lahure, 
4  vol.  in-4.  Auteur. 

Résultats  de  diverses  missions  accomplies  pour  le  compte  du  gou- 
vernement du  Para.  Géographie,  ethnographie,  considérations  écono- 
miques, vocabulaires  indiens,  nombreuses  cartes  et  gravures. 


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SÉÀNCB8  DE  JUIN   ET  DE  JUILLET   1898.  337 

Henri  S.  Delachaux.  —  La    question    des  limites    chilo-argeotines 

(Annales  de  géographie,  1898).  Paris,  Colin,  broc  h.  in-8.        Auteur. 

Julio  Garavito.  — %  Republica  de  Colombia.  Latitud  del  observatorio 

de  Bogota.  Bogota,  1897,  broch.  in-8.  Auteur. 

OCÉAN  IE-  —  H   Jouan.  —  Les  légendes  polynésiennes  et  l'histoire 
naturelle  (Bull.  Soc.  linnéenne  de  Normandie),  brocb.  in-8.    Auteur. 


Cartes.  —  Photographies.  —  Clichés.  — •  Portraits 

Publications  du  Service  géographique  de  l'armée  : 

Afrique,  1/4,000,000*.  Feuilles  53  (Windhoek),  54  (Vryburg),  58  (Port 

Nolloth). 
Algérie,  1/50,000*.  Feuilles  n"  95  (Chateaudun  du  Rhumel),  157  (Zem- 

mora). 
Tunisie,  1/50,000*.  Environs  de  Tunis.  Ministère  de  la  guerre. 

Yukon  Map,  1/380,000".  Feuilles  1-8.  Surveyor  general's  Office,  Depart- 
ment of  the  Interior,  Ottawa,  1898.  Surveyor  général,  Ottawa. 

T.  Heyward  Gignilliat.  —  Carte  d'une  partie  du  Venezuela  et  de  la 
Guyane  anglaise  indiquant  les  progrès  des  prétentions  anglaises  sur 
le  territoire  vénézuélien,  1896,  1  f.  Anonyme. 

N.  Pantoussofp.  Inscriptions  recueillies  au  Serairétchié  (Sibérie),  au  bord 
de  l'Ili  et  dans  les  monts  Tchoulak,  43  pi.  Auteur. 

Paul  Labre.  —  Clichés  photographiques  de  Sibérie  (Semirétchlé,  Semi- 
palatinsk),  24  verres.  Auteur* 

Portrait  de  M.  Pierre  Prins.  P.  Prins. 

Portrait  du  W  A.  Peney,  médecjn  en  chef  des  armées  du  Sennaart  et  du 

Kordofan.  A.  Bouvier. 

Juin  1898 

GÉNÉRALITÉS  GÉOGRAPHIQUES  —  A.  de  Lapparent.  —  Leçons 
de  géographie  physique.  2*  édition  revue  et  augmentée.  Paris,  Masson, 
1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

E.  Du  pin.  —  Essai  sur  ia  recherche  des  origines  géologiques  du  globe 
terrestre.  Aurillac,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Marcel  Dubois.  —  La  géographie  et  l'éducation  moderne  (Revue 
internat,  de  l'Enseignement).  Paris,  Chevalier-Marescq,  1898, 
broch.  in-8.  Auteur. 

H.  Cordier.  —  Relations  de  l'Europe  et  de  l'Asie  avant  et  après  le 
voyage  de  Vasco  de  Gama   (6'.  R.  Soc.  Géogr.  1898),  broch.  in-8. 

Auteur. 

Le  Commerce  colonial.  Moniteur  des  relations  économiques  de  la  France 
et  des  colonies.  Paraissant  tous  les  samedis.  Directeurs  J.  Hess  et 
Ch.  Léser.  Paris.  Première  année,  n"  1  à  9  (28  avriI-18  juin  1898). 

Direction. 
SOC.degéoqr,  — c.R.  des  séances. —  n05  Gel  7.  -Juin  et  Juillet.        21 


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338  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA   SOCIÉTÉ. 

A.  Bouquet  de  la  Grye.  —  L'heure  nationale  (Revue  maritime,  mai 
1898).  Paris,  Beaudouin,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Ministère  des  Affaires  étrangères.  —  Documents  diplomatiques  :  Af- 
faires d'Orient.  Emprunt  de  l'indemnité  de  guerre  hellénique.  Évacua- 
tion de  la  Thessalie,  janvier-juin  1898.  —  Chine,  1894-1898.  — 
Afrique.  Arrangements,  actes  et  conventions  concernant  le  nord, 
l'ouest  H  le  centre  de  l'Afrique,  1881-1898.  —  Afrique.  Convention 
entre  la  France  et  la  Grande- Brelagne...  signée  à  Paris,  le  14  juin 
1898.  Paris,  impr.  nat.,  1898,  4  opuscules  in-4. 

Ministère  des  Affaires  étrangères. 

BIOGRAPHIES*  -  NÉCROLOGIES-  —  Joseph  Joubert.  —  Le  dé- 
couvreur de  l'Inde,  Vasco  de  Gama  (Portugal  em  Africa,  maio  de 
1898).  Lisboa,  in-8.  Auteur. 

Jules  Leclercq.  —  Quatrième  centenaire  de  Vasco  de  Gama  à  la  Société 
de  géographie  de  Lisbonne  (Bull.  Soc.  r.  belge  de  géogr.,  1898). 
Bruxelles,  1898,  broch.  in-8.  Acteur. 

Samuel  Edward  Dawson.  —  The  voyages  of  the  Cabots.  Latest  phases 
of  the  controversy  (Transactions  R.  S.  of  Canada,  1897).  Ottawa 
•London,  Quaritcb),  1897,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Mmc  Soudry  de  Kervbn.  —  Dumont  d'Urville.  Pages  intimes.  2*  édition. 
Paris,  Tequi,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Eugène  Guénin.  —  Les  hommes  d'action.  Montcalm  (Publications  du 
Comité  Dupleix).  Paris,  Challamel,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

M.  Y.  Ballivian  y  Pedro  Kramer.—  Tadeo  Haenke.  Escritos  precedidos 
de  algunos  apuntes  para  su  biograûa  y  acompanados  de  varios  docu- 
mentes ilustrativos.  La  Paz,  1898,  opuscule  in-8.  Auteur. 

Arthur  de  Claparède.  —  Henry  Bouthiliier  de  Beaumont,  président 
honoraire  de  la  Société  de  géographie  de  Genève  (1819-1898).  Notice 
nécrologique  avec  un  portrait.  Genève,  impr.  Rey  et  Malavallon,  1898, 
opusc.  in-8.       -  Auteur. 

Henri  Cordier.  —  In  memoriam.  Adrien  Oudin  (Rev.  des  Traditions 
populaires).  Paris,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

EUROPE-  —  Henri  Froidevaux.  —  Etudes  sur  la  «  Lex  dicta  Franco- 
rum  Chamavorum  »  et  sur  les  Francs  du  pays  d'Amor.  Paris,  Hachette, 
1891,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Ministère  desTravaux  publics.  —  Ports  maritimes  de  la  France.  Tome  VU. 
D'Arles  à  Carri-le-Rouet.  Paris,  impr.  nal.,  1  vol  in-8,  avec  treize 
planches.  Ministère  des  Travaux  publics. 

Ardouin-Dum azet.  —  Voyage  en  France,  Charentes  et  Plaine  poitevine, 
15°  série.  Paris,  Berger-Levrault,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Ed.  Whymper.  —  A  guide  to  Chamonix  and  the  Range  of  Mont  Blanc. 
—  A  guide  to  Zermatt  and  the  Atterhom.  With  illustrations  and  maps. 
London,  Murray,  1898  (2  vol.  in-8).  Auteur. 

Mantinée  et  l'Arcadie  orientale,  par  Gustave  Fougères.  —  Etude  sur 
Théocrite,  par  Ph.  E.  Legrand  (Bibliothèque  des  Ecoles  fr.  d'Athènes 
et  de  Rome,  fasc.  78  et  79).  Paris,  Fontemoing,  1898,  in-8. 

Ministère  de  l'Instruction  publique. 

A.  Rainaud.  —  La  «  Bretagne  »  de  Rutimeyer.  Analyse  critique  (Bull.  So+ 
études  histor.  et  géogr.  de  Bretagnet  1898).  Rennes,  1898,  broch.  in-8. 


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SEANCES   DE  JUIN  ET  DE   JUILLET   1898.  339 

A.  Rainaud.  —  Note  sur  la  division  des  Alpes  franco-italiennes  (Revue 
alpine,  1898).  Lyon,  1898,  broch.  in-8.  Autrui*. 

Stanislas  M  eu  hier.  —  Nos  terrains.  24  planches  en  couleurs  hors  texte, 
aquarelles  d'après  nature,  par  P.  Gusman  et  Jacqueinin,  260  figures 
noires  dessinées  par  Victor  Meunier  et  Bidault.  Paris,  Colin,  1898, 
1  vol.  in-4.  Auteur. 

Marcellin  Boule  et  Louis  Farges.  —  Le  Cantal.  Guide  du  Touriste,  du 
Naturaliste  et  de  l'Archéologue.  85  dessins  et  photographies.  Deux 
cartes  en  couleurs.  Paris,  Masson,  1  vol.  in-12.  Auteurs. 

r.KOBGEs  Rolland.  —  Notes  sur  les  gisements  souterrains  de  minerais 
de  fer  oolithiques  du  nouveau  bassin  de  Briey  (Meurthe-et-Moselle) 
(C.  r.  Acad.  des  se,  janvier  1898),  in-4.  Auteur. 

J.  Vallot.  —Sur  les  plis  parallèles  qui  forment  le  massif  du  Mont- 
Blanc  (67.  r.  Acad.  des  sc.t  mai  1897).  Auteur. 

Emile  Rjvière.  —  Nouvelles  recherches  à  Cro-Magnon  (Dordogne)  (Bull. 
Soc.  d'Anthropol.).  Paris,  1897,  broch.  in-8.  Auteur. 

G.  de  Mortillet.  —  Le  préhistorique  suisse  (Bev.  mensuelle  de  l'Ecole 
tfanthropol.  de  Paris).  Paris,  Alcan,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Alain  A.  —  L'Anglais  est  Israélite  d'après  la  Bible,  l'histoire  et  les  tra- 
vaux de  la  BritisMsraelite  Association.  Paris,  Jouve,  1898,  1  vol.  in-8. 

Louis  Martmn-Chagny.  —  La  sémitique  Albion.  Mœurs  anglaises. 
Paris,  Jouve,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur  et  Editeur. 

ASIE-  —  Victor  Dingelstedt.  —  The  Yezids  (Scott.  Geogr.  Mag.,  June 

1898).  Broch.  in-8.  Auteur. 

Eugène  Gallois.  —  Une  visite  à  l'ancien  royaume  de  la  reine  de  Saba 

(Bull.  soc.  géogr.  de  Lille,  1898).  Lille,  Danel,  1898,  broch.  in-8. 

Auteur. 
N.  M.  Yadrintzeff.  —   La  Sibérie  comme  colonie  dans  ses  rapports 

géographique,  ethnographique  et  historique.  Saint-Pétersbourg,  1892, 

1  vol.  in-8  (en  russe).  A.  Boppe. 

A.  Woeïkof.  —  Le  climat  de  la  Sibérie  orientale  comparé  à  celui  de 

l'Amérique   boréale    (Annales   de   Géographie,  1898).  Paris,   Colin, 

broch.  in-8. 
• —  Articles  divers  sur  des  questions  de  climatologie,  extraits  de  revues 

et  de  dictionnaires  encyclopédiques.  5  broch.  in-8.  Auteur. 

United  States  commercial  Commission  to  China  under  the  Direction  of 

the  Philadelphia  Muséum.  Broch.  in-8.  G.  Niederlein. 

AFRIQUE.  —  Augustin  Bernard.  —  Revue  bibliographique  des  tra- 
vaux sur  la  géographie  de  l'Afrique  septentrionale  (Bull.  Soc.  géogr. 
d'Alger).  Alger,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Augustin  Bernard.  —  Hautes-plaines  et  steppes  de  la  Berbérie  (Bull. 
Soc.  géogr.  d'Oran).  Oran,  impr.  Fouque,  1898,  broch.  in-8. 

Itevue  d'Egypte.  Recueil  mensuel  de  documents  historiques  et  géogra- 
phiques relatifs  à  l'Egypte  et  aux  pays  voisins  :  Soudan,  Arabie,  Pales- 
tine, Syrie,  etc.  Publié  sous  la  direction  de  Oh.  Gaillardot  bey.  Le 
Caire.  Vol.  I-IV  (1894-1897),  in-8. 

—  Extraits  divers  de  la  Revue  d'Egypte  (13  opusc).  Le  Caire,  in-8. 

Ch.  Gaillardot  bev. 


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340  OUVHAGES  OFFERTS  A   LA  SOCIÉTÉ. 

L'exploration  scientifique  de  l'Egypte  sous  le  règne  de  Mohammed-Ali. 
Travaux  inédits  de  A.  Figari  et  A.  H.  Husson,  dédiés  à  la  Soc.  r.  des 
arts,  lettres  et  sciences  de  Nancy,  recueillis  et  mis  en  ordre  par 
A.  Deflers.  Le  Caire,  1896,  1  vol.  in-8.  Anonyme. 

E.  de  Martokne.  —  Contribution  à  l'étude  des  pluies  dans  la  région  du 
haut  Nil,  1896,  broch.  in-4.  Auteur. 

G.  Mandeville.  —  L'Algérie  méridionale  et  le  Touat  (Questions  dipl. 
et  col.).  Paris,  Challamel,  1898,  opusc.  in-8.  Auteur. 

Theobald  Fischer.  —  Funfzehn  Iahre  franzosischer  Kolonialpolitik  in 
Tunesien  (Preuss.  Iahrb.,  Bd.  92).  Berlin,  Stilke,  1898,  opusc.  in-8. 

Auteur. 
Eloge  de  la  politique  coloniale  française  et  en  particulier  de  la  poli- 
tique suivie  en  Tunisie  et  de  ses  résultats. 

Benzert  (Bizerle)  (par  S.  A.  I.  R.  l'archiduc  Louis  Salvator  d'Autriche). 
Prag,  1897,  1  vol.  in-4.  Auteur. 

Georges  Rolland.  —  Régime  du  bassin  artésien  de  l'Oued  Rir'  (Sud- 
Algérien)  et  moyens  de  mieux  utiliser  ses  eaux  d'irrigation  (G',  r.  Acad. 
des  xc,  mai  1898).  Auteuk. 

Henri  Jouan.  —  Vieux  souvenirs  de  l'Ouest- Africain  (1843).  1  opusc. 
(*.  /.  n.  d.)9  in-8.  Auteur. 

Amiral  Maxsr.  —  La  question  franco-anglaise  dans  la  boucle  du  Niger. 
Traduit  d'un  article  du  National  Heview.  Paris,  Gallgnani,  1898,  opusc. 
in-8.  Editeurs. 

Alfred  Bertrand. —Au  pays  des  Ba-Rotsi,  haut  Zambèze.  Voyage  d'explo- 
ration en  Afrique  et  retour  par  les  chutes  Victoria,  le  Matabéléland, 
le  Transvaal,  Natal,  le  Cap.  Paris,  Hachette,  1898, 1  vol.  in-8.    Auteur. 

AMÉRIQUE*  —  Gustavo  Niederlein..—  The  State  of  Nicaragua  of  the 
Greater  Republic  of  Central  America  (Philadelphia  Commercial  Mu- 
séum). Philadelphia,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Gabriel  Marcel. —L'apparition  cartographique  des  monts  Tumuc-Humac 
(Journal  de  la  Soc.  des  Américanistes  de  Paris).  Paris,  1898,  broch. 
in-4.  Auteur. 

Sociedad  geograilca  de  la  Paz  (Boiivia).  Expedicion  del  colonel  D.  José 
Manuel  Pando  al  Inambary.  Circular  e  informe  de  la  Comision.  La 
Paz,  1898,  opuscule  in-8.  M.  V.  Ballivian  et  P.  K ramer. 

OCÉAN IE-  —  Eugène  Gallois.  —  Une  visite  à  l'île  de  Java.  Hiver 
1896-1897  (Bull.  Soc.  géogr.  de  Lille).  Lille,  1898,  broch.  in-8.    Auteur. 

G.  Lespagnol.  —  Sur  le  caractère  désertique  de  l'Australie  intérieure 
(Annales  de  Géographie,  1898».  Paris,  Colin,  broch.  in-8.       Auteur. 


Le  gérant  responsable  : 
Hulot, 

Secrétaire  général  de  la  Commission  Centrale 

BOULEVARD  SAINT-GERMAIN,  184. 


5466.—  L.-lmprimeries,  réunies,  B,  rue  Saint-Benoît,  7.—  Motteroz,  directeur. 


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.   KECE1VED, 

JAN  7  1899 

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SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 

COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


I.  —  SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898 


4  novem  hre 

PRÉSIDENCE   DE    M.   LE   MYRE   DE   VILERS 
Président  de  la  Commission  centrale. 

La  séance  est  ouverte  par  M.  le  Myre  de  Vilers,  assisté  de 
MM.  Gabriel  Marcel  et  Anthoine,  vice-présidents  de  la  Commission 
centrale,  du  baron  Hulot,  secrétaire  général,  et  de  M.  Jules  Gi- 
rard, secrétaire  adjoint. 

Dès  le  début  de  la  séance,  M.  Le  Myre  de  Vilers,  se  faisant  Tin* 
terprète  des  sentiments  de  tous,  prononce  les  quelques  mots  sui- 
vants : 

c  Mesdames  et  messieurs, 
c  Mes  chers  collègues, 

c  Vous  vous  joindrez  certainement  à  moi  pour  envoyer  un  ami- 
cal salut  au  commandant  Marchand,  au  capitaine  Baratier  et  i  leurs 
vaillants  camarades.  Je  crains  bien  que  les  résultats  que  nous  es- 
périons ne  se  réalisent  pas  entièrement.  Mais  c'est  là  de  la  poli- 
tique et  les  statuts  de  notre  Société  /ions  interdisent  d'en  parler. 
Quoi  qu'il  en  soit,  les  membres  de  l'expédition  ont  fait  preuve  de 
qualités  et  d'un  courage  hors  ligne,  et  la  France  peut  toujours 
compter  sur  le  concours  de  ces  braves  gens  quand  elle  jugera  né- 
cessaire de  faire  appel  à  leur  dévouement.  » 

Ces  paroles  sont  accueillies  par  des  applaudissements  unanimes. 
Puis  le  secrétaire  général  résume  brièvement  les  principaux  évé- 
soc.  de  géogr. — c.  R.  des  sÉÀHCES.  —  n#  8.  —  Août-Novembre.         85 


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342  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

nements  qui  ont,  pendant  les  vacances,  marqué  la  vie  de  la  Société 
de  Géographie  et  donne,  d'après  les  lettres  qu'il  a  reçues,  des  nou- 
velles de  différents  voyageurs.  11  termine  en  énumérant  les  pertes 
que  la  Société  a  faites  pendant  ces  derniers  mois  (V.  Nouvelles 
géographiques  et  Chronique  de  la  Société). 

Après  présentation  de  quelques  ouvrages  par  MM.  de  Lapparent, 
Ludovic  Drapeyron  et  E.  Gallois,  M.  le  professeur  Paul  Blanchet 
fait  une  savante  communication  sur  les  missions  archéologiques 
qu'il  a  remplies  en  Algérie.  11  parle,  en  connaisseur,  des  ruines 
romaines  situées  au  pied  de  l'Aurès,  des  ruines  berbères  du 
Sahara,  enfin  des  ruines  arabes  des  Hauts-Plateaux.  A  propos  de 
l'Aurès,  par  exemple,  il  a  très  bien  expliqué  comment  les  popu- 
lations de  la  région  étaient  devenues  profondément  romaines  et 
comment  elles  étaient  entièrement  romanisées  au  quatrième  siècle 
de  notre  ère. 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Le  Myre  de  Vilers  a  chau- 
dement félicité  le  conférencier  de  l'érudition  et  de  la  science  ar- 
chéologique dont  il  avait  fait  preuve.  La  Société  sera  heureuse, 
toutes  les  fois  qu'elle  n'aura  pas  à  recevoir  un  explorateur  ayant 
visité  des  pays  encore  inconnus  ou  fort  mal  connus,  d'entendre 
cfes  savants  d'une  compétence  indiscutable,  et  dont  les  confé- 
rences sont,  comme  celle  de  M.  Blanchet,  pleines  d'enseignements 
nouveaux  pour  ses  membres.  Il  y  a  intérêt  pour  la  Société  de  Géo- 
graphie à  connaître  l'aspect  ancien  de  pays  tels  que  l'Afrique  du 
Nord,  et  c'est  pourquoi  il  convient  d'applaudir  à  la  fondation  de 
l'Association  Historique  pour  l'étude  de  l'Afrique  du  Nord,  due  à 
M.  Blanchet,  qui  en  est  secrétaire  général.  Plusieurs  membres  de 
la  Société,  MM.  le  Dr  Hamy,  le  prince  d'Arenberg,  le  prince 
Roland  Bonaparte,  d'autres  encore,  comptent  parmi  les  premiers 
adhérents  de  cette  nouvelle  société. 


SÉANCE  SOLENNELS  DU  18  NOVEMBRE  1898 

PRÉSIDENCE  DE   M.  ÀLt»H.   MILNE-EDWARDS 
de  l'Institut,  président  de  U  Société. 

Le  vendredi  18  novembre,  à  trois  heures  de  l'après-midi,  a  eu 
lieu  dans  le  grand  amphithéâtre  de  la  Sorbonne  la  réception  so- 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  343 

lennelle  de  M.  Étoile  Gentil,  enseigne  de  vaisseau,  administrateur 
colonial. 

Dans  une  de  ces  chaleureuses  allocutions  dont  il  a  le  secret, 
M.  Milne-Edwards  a  félicité  M.  Emile  Gentil  de  son  beau  voyage 
et  lui  a  annoncé  que  la  Commission  des  prix  lui  décernait,  pour 
avoir  relié  le  bassin  du  Congo  au  lac  Tchad,  sa  grande  médaille 
d'or  pour  Tannée  1899. 

M.  Gentil  a  fait  ensuite  la  relation  de  son  expédition  en  insistant 
sur  les  épisodes  les  plus  importants  de  son  voyage  et  en  faisant  res- 
sortir les  mérites  de  ses  compagnons.  11  a  terminé  en  montrant 
quelques  projections  des  pays  qu'il  a  parcourus  et  du  lac  Tchad. 

Un  public  très  nombreux  et  très  sympathique,  attiré  par  l'inté- 
rêt considérable  que  présente,  à  tous  les  points  de  vue,  l'explora- 
tion exécutée  par  M.  Gentil,  remplissait  le  vaste  amphithéâtre  de 
la  Sorbonne  ;  il  a  témoigné  par  des  applaudissements  répétés  son 
admiration  pour  les  vaillants  voyageurs. 

Le  prochain  Compte  rendu  reviendra  avec  plus  de  détails  sur 
cette  séance  solennelle  et  donnera  le  texte  in  extenso  de  la  confé- 
rence de  M.  Emile  Gentil. 


II.  —  NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 

OCÉANOGRAPHIE 

La  dernière  campagne  de  la  Princesse  Alice  (1898).  —  S.  A.  S. 
le  prince  de  Monaco  a  fait  parvenir  à  la  Société  de  Géographie, 
par  les  soins  de  son  secrétaire  pour  les  travaux  scientifiques, 
M.  Jules  Richard,  la  note  suivante  sur  la  dernière  campagne  océa- 
nographique de  la  Princesse  Alice  : 

€  Le  19  juin  dernier,  le  nouveau  yacht  Princesse  Alice  recevait 
au  Havre  la  visite  de  nombreux  membres  de  l'Institut  et  d'autres 
notabilités  scientifiques.  Quelques  jours  après,  le  83  juin,  le  navire 
quittait  le  Havre  sous  le  commandement  de  S.  A.  S.  le  prince 
Albert  1er  de  Monaco,  secondé  dans  ses  recherches  scientifiques 
par  MM.  le  capitaine  Carr,  le  Dr  Jules  Richard  et  Neuville,  pour  les 
travaux  zoologiques,  et  Lovatelli,  artiste  peintre.  M.  le  professeur 
J.  Buchanan,  qui  a  fait  comme  physicien  la  campagne  du  Challen- 
ger, prenait  également  part  au  voyage. 

c  La  Princesse  Alice  arrivait  à  Tromsô  le  24  juillet  après  avoir 


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344  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES. 

fait  escale  à  Kiel  (où  elle  embarquait  M.  le  professeur  Brandt  qui 
venait  continuer  ses  études  sur  le  Plankton),  à  Bergen  et  aux 
Lofoten.  Elle  quittait  Tromsô  après  avoir  pris  à  bord  M.  le  Dr  Bruce; 
explorateur  des  régions  arctiques,  et  terminé  les  derniers  prépa- 
ratifs nécessaires  pour  une  campagne  dans  le  nord.  Le  30  juillet 
était  consacré  à  une  visite  à  File  Beeren,  le  31  à  l'Ile  Hope.  Une 
tentatjve  dans  la  direction  du  nord-est  vers  les  îles  du  Roi  Charles 
échouait  le  2  août  devant  la  banquise  par  77°  30'  N.  et  265'  E. 
Le  navire  virait  de  bord,  et,  ayant  longé  le  côté  ouest  du  Stor- 
fjord,  mouillait  le  3  août  dans  la  baie  Ginevra  au  nord  de  la  pointe 
Ghanging  de  l'île  Barents.  Après  diverses  recherches  tant  dans  (a 
baie  qu'à  terre,  le  yacht  partait  et,  sorti  du  Storfjord,  remontait  la 
côte  ouest  du  Spitzberg,  entrait  dans  PIcefjord  et  effectuait  diverses 
opérations  dans  les  baies  Sassen  et  Advent.  Après  avoir  quitté 
cette  dernière  baie  le  13  août,  le  yacht  mouillait  le  14  dans  la  baie 
Smeerenburg,  près  de  l'Ile  Amsterdam.  Une  visite  à  l'Ile  des  Danois 
montrait  la  maison  de  Pike  en  parfait  état,  et  le  hangar  du  ballon 
d'Andrée  en  ruines;  tout  le  reste  dans  l'état  où  il  avait  été 
abandonné.  Le  17  août,  la  Princesse  Alice  se  dirigeait  vers  le  nord 
où  elle  rencontrait  bientôt  la  banquise  par  environ  80°  30',  la  sui- 
vait pendant  une  grande  partie  de  la  journée  du  18  en  atteignant 
80°  37'  N.  par  3°  45'  E.  et  rentrait  dans  l'icefjord  pour  faire  du 
charbon  et  diverses  opérations.  Le  30  août,  Je  yacht  quittait  le 
Spitzberg  et  mouillait  le  9  septembre  à  Thorshavn  après  avoir 
dragué  par  des  fonds  de  3,000  mètres  et  renoncé  aux  relâches  de 
Jean  Mayen  et  d'Islande  à  cause  du  mauvais  temps.  Le  14,  le 
yacht  arrivait  i  Leith  et  était  amarré  le  20  septembre  dans  le 
bassin  de  l'Eure  au  Havre. 

c  Ge  voyage  de  la  Princesse  Alice  s'est  fait  dans  des  conditions 
très  favorables  :  d'abondantes  collections  zoologiques  ont  été 
faites  jusqu'à  3,310  mètres  de  profondeur,  et  des  excursions  aux 
différents  mouillages  ont  permis  de  rapporter  d'importants  maté- 
riaux de  localités  peu  connues  et  rarement  visitées,  telles  que  les 
Iles  Uope  et  Barents.  » 


EUROPE 

Empire  hum.  —  Voyage  de  M.  Paul  Labbé  chez  les  Bach- 
kirs.  — ;  De  Kazan  et  d'Orenbourg,  M.  Paul  Labbé  a  adressé  à  la 
Société  de  Géographie  deux  lettres  où  il  indique  le  but  de  son 


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SÉANCES   DES  4  ET   18  NOVEMBRE  1898.  345 

nouveau  voyage,  et  les  premières  études  auxquelles  il  s'est  livré  : 

c  Kazan,  16  juillet  1898.  —  J'ai  pu  assister  chez  les  Tatares 
de  Kazan  à  bien  des  cérémonies  intéressantes  ;  après  avoir  pris 
d'assez  nombreuses  notes,  je  vais  demain  quitter  cette  ville  pour 
me  rendre  par  la  Volga,  la  Kama  et  la  Bêlai  a  à  Ouf  a  où  vivent  aussi 
de  nombreux  Tatares;  je  dois  dire  cependant  que  mes  études 
porteront  particulièrement  sur  les  Bachkirs  habitant  entre  Oufa 
et  Orenbourg,  chez  lesquels  j'irai  vivre  comme  je  le  fis  chez  les 
Kirghizes  de  l'Asie  centrale.  D'Orenbourg,  je  passerai,  pour 
quelques  semaines,  chez  lès  Cosaques  du  bassin  de  l'Oural. 

c  Je  me  suis  rendu  entre  temps  au  sud  du  confluent  de  la  Kama 
et  de  la  Volga  aux  ruines  de  la  ville  de  Bolgary.  Il  n'y  reste  que 
bien  peu  de  choses  des  splendeurs  passées,  et  seuls  les  objets 
trouvés  dans  les  fouilles  trop  peu  nombreuses  qu'on  a  exécutées 
témoignent  d'une  civilisation  avancée. 

c  11  n'y  a  guère  à  Bolgary  qu'un  minaret  et  deux  tours,  l'une 
transformée  en  chapelle,  qui  soient  encore  debout.  Un  assez  gros 
village,  construit  en  bois,  s'élève  à  la  place  même  de  la  cité 
détruite.  La  sécheresse  a  durement  éprouvé  le  pays.  » 

c  Orenbourg,  29  août  1898.  —  Les  Bachkirs  habitent  dans  les 
gouvernements  d'Oufa  et  d'Orenbourg;  les  uns,  déjà  très  trans- 
formés par  l'arrivée  des  colons  russes,  vivent  dans  les  steppes  et 
s'occupent  d'agriculture;  les  autres  passent  l'hiver  dans  les  vil- 
lages, construits  au  pied  des  monts  Ourals,  et  suivent,  pendant 
l'été,  leurs  troupeaux  sur  la  montagne,  menant  une  vie  nomade 
assez  différente  de  la  vie  nomade  des  Kirghizes. 

c  Ignorants  ou  indifférents,  les  Bachkirs  de  la  plaine  vendaient, 
hier  encore,  des  hectares  de  terre  pour  une  demi-livre  de  thé  ou 
un  morceau  de  drap.  L'Etat,  averti,  voulut  mettre  fin  à  ces  sortes 
de  spoliations  :  il  entreprit  le  partage  des  terres  bachkires,  s'en 
réservant  une  bonne  part  pour  sa  peine.  La  steppe  n'appartint 
plus  à  tous,  elle  fut  morcelée,  des  colons  s'y  mirent  au  travail  ;  des 
champs  de  blé,  de  seigle,  de  sarrasin,  de  millet,  de  tournesol 
rompirent  la  monotonie  des  espaces  déserts  et  les  terres  cultivées 
devinrent  des  obstacles  définitifs  à  la  vie  nomade. 

c  Désirant  connaître  les  Bachkirs  sauvages  de  la  montagne  et 
constater  les  transformations  des  Bachkirs  de  la  plaine,  je  choisis, 
comme  pays  d'études,  la  partie  méridionale  des  districts  d'Oufa 
et  de  Belebei  et  surtout  le  district  de  Sterlitamak.  Tout  ce  pays 
est  partagé  en  deux  parties  par  la  Belaia;  il  est  habité  surtout 
par  les  Bachkirs,  mais  il  y  a  aussi  des  villes  tatares,  des  villages 


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346  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

russes  dont  les  habitants  sont  souvent  des  raskolnîks  (vieux 
croyants)  ;  enfin  des  villages  tehouvaches  et  mordvas. 

c  Tons  ces  peuples  n'ont  pas,  comme  les  Kirghizes  ou  les  Doun- 
ganes,  la  possibilité  d'échapper  à  la  loi  militaire. 

c  En  1896,  5,684  jeunes  gens  du  gouvernement  d'Oufa  furent 
pris  comme  soldats. 

c  Ce  nombre  comprenait  2,203  Russes  (Petits,  Grands  on  Blancs 
Russie  ns),  1  Polonais,  562  Mordvas,  Tehouvaches,  Tcheremisses, 
Ostiaks,  etc.  ;  380  Tatares;  2,538  Bachkirs. 

c  Au  point  de  vue  religieux,  ces  5,684  conscrits  se  divisaient 
en  2,298  orthodoxes;  63  raskolniks  (1);  9  de  divers  cultes; 
3,052  mahométans  et  262  païens. 

c  Enfin  sur  ce  nombre,  4,904  ne  savaient  ni  lire  ni  écrire;  526 
savaient  lire  et  écrire,  ou  lire  seulement. 

c  Dans  les  villes,  les  Russes  sont  en  majorité  ;  dans  les  cam- 
pagnes, les  Bachkirs  l'emportent  de  beaucoup. 

c  Les  villes  sont  au  nombre  de  six,  et  chacune  est  un  chef-lieu 
de  district.  Au  recensement,  leur  population  était  la  suivante  : 


Hommes. 

Femmes. 

Total. 

Oufa 

.    25.257 

24.704 

49.961 

Belebei 

8.014 

2.834 

5.848 

Birsk 

4.806 
10.429 

4.297 
10.544 

8.603 

Zlataousk 

20.973 

Menzélinsk...., 

3.689 

3.853 

7.542 

Sterlitamak . . . 

.      8.033 

7.505 

15.538 

«  Partant  de  la  ville  de  Belebei,  je  visitai  le  gros  village  de 
Slak  près  de  la  station  de  Ghafranovo,  puis  traversant  une  longue 
plaine  cultivée  par  places,  je  gagnai  les  bords  de  la  Dema,  rivière 
importante  que  je  traversai,  et  j'arrivai  à  la  porte  du  village  bacb- 
kir  de  Kiptchak;  je  dis  bien  :  à  la  porte,  car  les  villages  backhirs 
sont  clos  comme  la  plupart  des  villages  russes.  Je  choisis  ensuite 
comme  centre  de  mes  excursions  les  villages  de  Mourzagoulova 
puis  de  Ously,  qui  diffèrent  peu  des  villages  russes.  Les  paysans 
russes  et  bachkirs  te  fréquentent  peu  et  ne  s'aiment  pas  :  le  bach- 
kir  se  plaint  d'avoir  été  dépouillé,  et  les  Tatares  sont  toujours  là 
quand  il  s'agit  de  les  exciter.  Le  Russe,  d'ordinaire  si  assimilant 
et  si  souple,  s'est  montré  assez  réfractaire  à  l'influence  bachkire, 

(i)  Le  chiffre  63  donné  pour  les  raskolniks  me  semble  trop  faible. 


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SÉANCES  DBS  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  347 

et  dans  les  villages  russes  situés  sur  mon  chemin,  je  ne  trouvai 
guère  de  Russes  parlant  assez  convenablement  la  langue  de  leurs 
voisins. 

c  J'arrivai  enfin  à  Sterlitamak,  chef-lieu  du  district  de  ce  nom. 
La  ville  a  15,000  habitants.  Elle  est  bâtie  en  bois. 

«  La  ville  est  située  à  6  kilomètres  de  la  Bélala  sur  rAchkabar, 
et  la  Sterla,  petit  cours  d'eau  que  je  remontai  jusqu'à  sa  source. 
Près  de  là  est  situé  un  important  bourg  bachkir  :  Sterlibach.  On  y 
trouve  les  plus  célèbres  écoles  du  pays  bachkir.  A  la'  tête  de  celles- 
ci  et  de  la  grande  medressé,  qui  à  elle  seule  est  une  petite  ville, 
est  placée  depuis  plusieurs  générations  une  lignée  de  prêtres,  la 
famille  Toukaiev,  très  influente,  connue  dans  tout  le  pays  bach- 
kir. Les  tombeaux  de  ses  ancêtres  sont  chaque  année  visités  par 
des  pèlerins  musulmans. 

<  De  Sterlitamak  part,  allant  de  l'ouest  à  l'est,  la  route  de  Ve»~ 
khné-Ouralsk  ;  à  60  verstes  se  trouve  le  petit  village  bachkir  de 
Makarova.  Suivant  cette  route,  je  pris  parles  forêts  de  la  montagne 
et  j'entrai  dans  le  voloste  de  Stary-Seitova,  qu'on  m'avait  désigné 
comme  lieu  de  résidence  des  Bachkirs  les  moins  civilisés.  En 
dépendent  les  villages  de  Bakiééva  et  de  Onmytbaéva,  qu'on  atteint 
à  cheval  par  des  sentiers  souvent  pénibles.  Le  parcours  peut  être 
évalué  à  150  kilomètres. 

c  Si  l'on  en  croit  le  récit  des  indigènes,  ces  villages  auraient 
été  fondés  par  des  Bachkirs  dont  ils  auraient  gardé  le  nom. 

c  Entre  Makarova  et  Saitova,  se  trouvent  cinq  montagnes;  les 
deux  premières,  que  les  Bachkirs  appellent  Bik-taou  et  Ala-taou, 
sont  les  plus  importantes.  L'Ala-taou  est  difficile  à  gravir,  les 
arbres  cassés  ou  enchevêtrés  barrent  le  chemin.  Dans  les  forêts, 
on  rencontre  surtout  des  tilleuls,  des  bouleaux,  des  chênes,  des 
ormes,  etc.  Après  60  kilomètres,  on  atteint  la  vallée  du  grand 
Chichiniak  et  sur  ses  bords,  à  l'embouchure  d'une  petite  rivière 
appelée  Oulouèdja,  le  petit  village  de  Stary-Seitova.  Au  sud,  s'étend 
une  très  pittoresque  vallée,  l'Iamantach,  où  coule  le  grand  Chi- 
chiniak. 

<  Dans  les  forêts,  je  trouvai  des  Bachkirs  nomades.  Ils  vivent 
sur  la  montagne,  se  nourrissent  de  koumys  et  de  fromage  fumé 
appelé  krout;  ils  habitent  sous  des  toits  légers  faits  en  écorce  de 
tilleul,  comme  toutes  leurs  cabanes  d'ailleurs.  Ils  ne  sont  pas 
nomades  à  la  façon  des  Kirghizes,  changent  peu  de  place  pendant 
l'été  et,  chaque  année,  ils  retournent  au  même  endroit. 

c  Au  nord,  dans  la  jolie  vallée  du  petit  Chichiniak,  vivent  les 


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348  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Bachkirs  nomades  de  Bakiééva  ;  le  village,  comme  tous  les  vil- 
lages bachkirs  de  Tannée,  est  vide;  plus  loin  encore  sont  des 
fourneaux  ;  de  la  montagne,  on  tire  des  bois,  du  goudron  et  du 
charbon. 

c  De  Stary-Seitova  à  Oumytbaéva,  le  chemin  est  plus  praticable 
pour  les  cavaliers.  Signalons,  chemin  faisant,  les  monts  Beletaou 
et  Bachtintaou.  Je  suivis  la  vallée  de  Mazara  qui,  à  Oumytbaéva, 
tombe  dans  la  Tara,  dont  les  eaux,  par  la  Zigaza  et  le  Zilime,  sont 
tributaires  de  la  Belaïa. 

c  Au  delà,  la  montagne  change  d'aspect,  les  forêts  sont  com- 
posées de  mélèzes  et  de  sapins,  et  dans  les  campements  nomades 
les  cabanes  en  bois  de  sapin  sont  moins  primitives. 

c  A  35  kilomètres  au  sud-est  d'Oumytbaéva  est  le  village 
d'Absiano-Petrovsky,  où  de  très  grandes  usines  sont  dirigées  par 
une  compagnie  française. 

c  J'avais  quitté  les  nomades  en  août,  chassé  par  le  froid  et  la 
neige,  et  je  regagnai  le  district  de  Sterlitamak,  prenant  plus  au 
sud  par  une  route  carrossable  à  travers  les  monts  Ala-taou.  J'at- 
teignis ainsi  la  Bélaïa  et  le  village  de  Zirgane,  habité  par  les  Mor- 
dvas,  puis  Orenbourg. 

c  Orenbourg  est  le  siège  du  curateur  qui  dirige  l'instruction 
publique  dans  les  gouvernements  de  Perm,  Oufa,  Orenbourg, 
lekaterinbourg,  Ouralsk  et  Tourgai.  J'ai  profité  de  mon  séjour  dans 
cette  ville  pour  assister  aux  classes  faites  aux  élèves  kirghizes  et 
bachkirs  et  pour  compléter  ainsi  mes  notes  ethnographiques.  » 

Paul  Labbk. 


ASIE 

c*ueMte.  —  Voyage  de  M.  le  baron  de  Baye.  —  M.  le  baron  de 
Baye  a  envoyé  de  ses  nouvelles  d'abord  de  Tiflis,  où  il  est  arrivé 
après  un  long  voyage  dans  le  nord  du  Caucase,  puis  d'Akstapha, 
en  cours  de  route  pour  Erivan. 

Empire  ckinou.  —  Mission  Bonin.  —  M.  Bonin,  vice-résident 
de  France  en  Indo-Chine,  qui  voyage  avec  le  comte  de  Vaulserre, 
adresse  à  la  Société  la  communication  suivante  :  c  La  mission  est 
arrivée  en  bon  état  à  Tchoung-king  (Setchouan),  où  nous  avons 
trouvé  auprès  de  notre  consul,  M.  Haas,  et  des  autorités  chinoises 
l'accueil  le  plus  empressé.  Malheureusement  la  chaleur  commence 


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SÉANCES   DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898. 


349 


à  se  faire  sentir  (34°  à  l'ombre  en  ce  moment),  et  j'envoie  mon  per- 
sonnel et  mon  matériel  par  eau  à  Soui-fou,  point  terminus  de  la 
navigation,  pour  préparer  au  plus  vite  notre  entrée  en  des  régions 
moins  malsaines.  Moi-même  avec  une  vingtaine  d'hommes,  por- 
teurs et  soldats,  je  compte  me  rendre  par  terre  à  Kiating  pour 
prendre  certains  renseignements  nécessaires  à  mon  voyage.  J'en 
profiterai  pour  visiter  près  de  là  le  mont  Omei,  le  célèbre  pèleri- 
nage tibéto-chinois,  où  par  le  temps  favorable  et  avec  un  cœur 
pur  on  peut  voir  reflétée  sur  les  nuages  c  l'ombre  de  Dieu  ».  Je 
redescendrai  de  là  à  Soui-fou  rejoindre  mes  hommes,  organiser  ma 
caravane  et  nous  nous  mettrons  en  route  vers  Tali  à  travers  cette 
région  du  Kien-tchong,  si  importante  et  si  peu  connue  encore,  où 
se  croisent  les  frontières  du  Yunnan,  du  Setchouan  et  du  Tibet. 
J'espère,  en  raison  de  l'itinéraire  nouveau  que  je  suivrai,  compléter 
et  rendre  définitifs  les  résultats  de  mon  précédent  voyage,  notam- 
ment sur  ce  qui  concerne  le  cours  du  fleuve  Bleu.  > 

c  Soui-fou,  15  août  1898.  —  Je  puis  vous  annoncer  notre  heu- 
reuse arrivée  au  point  terminus  de  la  navigation  du  Yang-tse-kiang, 
après  un  voyage  sans  accident,  mais  rendu  assez  pénible  par  les 
excessives  chaleurs  de  la  Chine  intérieure.  Sur  cette  première 
partie  de  mon  itinéraire  j'ai  envoyé  deux  rapports  au  Ministère  de 
l'Instruction  publique.  L'un  est  une  étude  sur  la  navigabilité  du 
fleuve  Bleu,  question  toute  d'actualité  en  raison  des  efforts  des 
Anglais  qui  viennent  de  faire  monter  une  chaloupe  à  vapeur  jus- 
qu'à Tchoung-king.  Le  second  est  le  récit  d'une  reconnaissance 
archéologique  que  j'ai  faite  à  Omei-shan,  la  montagne  sainte  des 
Chinois  et  des  Tibétains  bouddhistes. 

<  Je  vais  dans  quelques  jours  me  mettre  en  route  vers  Tali-fou; 
j'espère  dans  cette  partie  de  mon  itinéraire  voir  des  choses  inté- 
ressantes du  côté  du  pays  des  tribus  indépendantes  du  Leang-shan, 
qu'on  appelle  improprement  Lolos,  et  compléter  les  résultats  géo- 
graphiques de  mon  précédent  voyage.  J'ai  envoyé  M.  de  Vaulserrc, 
qui  est  plein  d'ardeur,  relever  le  cours  du  Yang-tse  en  amont  de 
Soui-fou  et  combler  ainsi  les  lacunes  du  tracé  géographique  de  sa 
vallée  supérieure.  Les  nouvelles  que  j'ai  déjà  reçues  de  lui  me 
disent  que  son  itinéraire  se  poursuit  sans  incident,  grâce  aux  recom- 
mandations dont  je  l'ai  muni.  » 

Mission  lyonnaise  d'exploration  commerciale  en  Chine.  — 
M.  Henri  Brenier,  directeur  de  la  mission  lyonnaise,  envoie  un 
intéressant  profil  qu'il  a  dressé  des  quatre  routes  de  pénétration 


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350  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

nu  Vannai]  d'après  les  levés  île  route  et  les  itinéraires  de  la  mis- 
sion, et  aussi  d'après  les  travaux  de  Golbourne  Baber  et  Jensen. 


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Ces  profils  montrent  la  migueur  et  les  difficultés  des  quatre  routes 
qui  conduisent  à  Yunnanfoti,  la  capitale  de  la  province,  depuis  les 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.   .       351 

points  d'arrêt  de  la  navigation  fluviale  :  Manhao  (route  française), 
Pesé  et  Soui-fou  (routes  chinoises)  et  Bhamo  (route  anglaise).  Les 
difficultés  sont  pourtant  moindres,  soit  comme  longueur,  soit  comme 
terrain,  du  côté  français,  par  lequel  il  est  possible  d'aborder  le 
plateau  avant  Manhao. 


AFRIQUE 

c»ai»ée  fr*»$»ue.  —  Derniers  travaux  du  capitaine  Salesses. 
—  Le  capitaine  du  génie  £.  Salesses,  ehef  de  la  mission  d'études 
de  la  voie  Conakry-Niger,  lauréat  de  la  Société  de  Géographie  en 
Tannée  1898,  résume  ainsi  ses  études  sur  le  pays  qu'il  a  été  chargé 
par  le  Ministère  des  Colonies  d'examiner  au  point  de  vue  de  la  voie 
à  établir  entre  Conakry  et  le  Niger  : 

«  Parti  de  France  le  1er  octobre  1897  sur  le  Dahomey  j'ai  débarqué 
à  Conakry  le  14  octobre;  dès  le  22,  une  partie  de  ma  mission  s'ache- 
minait vers  le  Niger  sous  les  ordres  de  M.  le  capitaine  Millot,  de 
l'infanterie  de  marine,  afin  de  déterminer  avec  précision  le  termi- 
nus de  la  navigation  du  fleuve;  obligé  de  retarder  mon  départ 
personnel,  j'ai  utilisé  mon  attente  forcée  en  allant  visiter  incognito 
le  chemin  de  fer  de  Sierra  Leone  ;  les  résultats  de  cette  visite  ont 
été  publiés  dans  le  Bulletin  de  l'Afrique  française. 

<  J'ai  quitté  définitivement  Conakry  le  9  novembre  pour  commencer 
mes  études,  avec  la  collaboration  de  M.  Naudé,  adjoint  du  génie, 
et  5  sous-officiers.  Mes  travaux  ont  été  terminés  seulement  le  3  juin 
1898,  après  maints  accidents  et  maladies;  un  de  mes  sergents, 
M.  Grenot,  décoré  de  la  médaille  militaire,  est  mort  de  la  fièvre 
bilieuse  hématurique  ;  un  autre,  anémié,  a  dû  être  renvoyé  prématu- 
rément; j'ai  été  moi-même  vingt-quatre  jours  malade  de  la  fièvre; 
le  capitaine  Millot  souffre  d'une  jambe,  etc. 

«  Nos  efforts  ont  cependant  abouti.  Je  suis  en  possession  d'un  tracé 
de  chemin  de  fer  au  1/5,000*,  complet,  allant  de  Conakry  à  40  kilo- 
mètres en  amont  de  Kouroussa  sur  le  Niger;  la  longueur  est  de 
550  kilomètres;  la  cote  maximum  est  de  800  mètres;  la  rampe 
maximum  est  de  25  millimètres  par  mètre;  les  courbes  sont  bonnes 
et  assez  ouvertes;  le  sol  est  bon,  et  les  trois  quarts  de  la  ligne  sont 
en  plaine  ou  sur  plateau. 

«  J'en  étais  là  de  ma  lettre  lorsque  j'ai  appris  que  j'étais  dési- 
gné par  M.  le  Ministre  des  Colonies  pour  accompagner  M.  de  La» 
mothe,  commissaire  général,  à  l'inauguration  du  chemin  de  fer  du 


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352  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Congo  belge;  j'ai  dû  faire  mes  préparatifs;  j'ai  pris  un  steamer 
anglais,  le  Nubia,  qui  m'a  conduit  à  Sierra-Leone  ;  dans  ce  der- 
nier port  j'ai  rencontré  le  Coomassie,  allant  au  Congo  belge  ;  c'est 
à  bord  de  ce  bâtiment  que  je  reprends  la  plume  pour  compléter 
mes  indications. 

c  Je  suis  aujourd'hui,  1er  juillet,  à  Banana,  embouchure  du 
Congo,  avec  M.  le  colonel  Thys. 

c  Le  tracé  ne  comprend  aucun  ouvrage  d'art,  ni  grands  ponts, 
ni  tunnels,  ni  grands  terrassements;  le  pont  le  plus  considérable, 
que  l'on  pourra  probablement  éviter  d'ailleurs,  n'aurait  que 
60  mètres  de  portée,  en  deux  ou  trois  arches;  il  servirait  à  fran- 
chir la  Kolenté  ou  Grande  Scarcie;  les  autres  difficultés  ne 
valent  pas  la  peine  d'être  signalées.  Le  seul  point  délicat  est  que 
les  déblais,  peu  considérables,  devront  parfois  entamer  le  gra- 
nité ;  c'est  là  l'unique  source  de  dépenses  à  prévoir. 

c  Grâce  à  la  mer  et  à  la  route  existante,  les  chantiers  pour- 
raient être  multipliés  au  début,  ce  qui  permettrait  de  faire  150  ki- 
lomètres durant  la  première  année;  on  atteindrait  Friguiagbé, 
capitale  du  kanéah,  et  déjà  cela  reporterait  le  commerce  vers 
l'intérieur,  en  rapportant  immédiatement  un  profit  assuré.  Le 
caractère  propre  de  la  ligne  que  je  préconise  est  de  pouvoir  s'exé- 
cuter en  quatre  sections  succossives  et  indépendantes,  dont  cha- 
cune aura  ses  bénéfices  particuliers. 

c  La  première  section,  allant  de  Conakry  à  Friguiagbé,  sert  de 
tronc  commun  à  tous  les  chemins  de  caravanes  qui  sillonnent  le 
pays;  la  deuxième,  de  Friguiagbé  à  Dongol-Fella,  dessert  tout  le 
Foutah-Djallon  et  les  grands  marchés  du  Labé,  et  sera  utile  pour 
l'exportation  du  caoutchouc  et  des  bœufs;  la  troisième  section 
s'arrête  au  Tinkisso  à  deux  étapes  de  Tou mania,  point  où  le  Tin- 
kisso  devient  navigable  ;  cette  section  transportera  du  caoutchouc 
et  sera  fort  utile  pour  l'exploitation  des  mines  d'or  du  Bouré, 
situées  vers  Didi  non  loin  de  Dinguiray;la  quatrième  section, 
allant  du  Tinkisso  au  Niger,  à  30  kilomètres  en  amont  de  Kou- 
roussa,  desservira  encore  les  régions  à  caoutchouc  ainsi  que  les 
régions  à  riz  du  cercle  de  Faranah;  mais  surtout  elle  ouvrira  au 
commerce  le  grand  bassin  fluvial  du  haut  Niger. 

c  Au  point  de  vue  géographique,  la  mission  rapporte  un  certain 
nombre  de  renseignements  nouveaux  : 

c  1°  Nous  avons  relevé  le  Tinkisso,  la  Kaba  ou  petite  Scarcie, 
le  Méon-Kouré,  le  haut  Kou-Kouré,  le  Koba,  le  Niantan,  etc.,  etc., 
depuis  leurs  sources  jusqu'à  leur  point  terminus;  les  résultats 


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SÉANCES  DES  4  ET  13  NOVEMBRE  1898.         353 

sont  fort  différents  des  cartes  actuelles  dont  nous  avons  rempli 
les  blancs. 

c  2°  Le  haut  Niger  a  été  relevé  par  M.  le  capitaine  Millot  ou  par 
moi,  depuis  Faraoa  jusqu'à  Kouroussa.  En  aval  de  Kouroussa  un  a 
les  levés  de  Hourst;  en  amont  de  Faranah  on  a  les  travaux  de  la 
commission  de  délimitation  des  capitaines  Passaga,  Cayrade  et 
Millot  en  1895-1896.  Le  Niger  est  donc  parfaitement  connu  dès 
maintenant,  aussi  bien  qu'un  fleuve  d'Europe. 

c  Je  rapporte  des  photographies  curieuses  ainsi  que  de  nou- 
velles déterminations  astronomiques.  Dés  mon  retour  en  Europe, 
fin  juillet  1898,  je  compte  terminer  mon  projet  et  le  soumettre  à 
l'appréciation  de  M.  le  Ministre  des  Colonies;  ma  visite  au  Congo 
ne  peut  que  me  documenter  à  ce  point  de  vue.  » 

Mission  du  D*  Maclaud  au  Fouta-Djalon.  —  c  Timbo,  i  août 
1898,  —  De  Friguiagbé,  point  que  doit  atteindre  dans  quelques 
mois  la  route  Conakry-Niger,  je  me  suis  dirigé  sur  Timbo  en  évi- 
tant autant  que  possible  les  itinéraires  connus;  j'ai  pu  traverser 
sans  difficultés  les  massifs  gréseux  de  Kirita,  les  plaines  du  Cou  m  bu, 
le  plateau  du  Kuisam. 

c  Jusque-là,  rien  d'inédit.  Après  avoir  reconnu  le  Koukouré  ou 
Bramaya  à  l'endroit  où  il  sert  de  limite  au  Fouta-Djalon,  j'ai  suivi 
la  route  montagneuse  de  Diaguissa,  qui  m'a  paru  être  un  des 
points  culminants  du  Foula  (1,480 m.),  puis  je  suis  redescendu  sur 
Poudaka  en  relevant  le  cours  des  affluents  de  gauche  du  Baling, 
branche  mère  du  Sénégal. 

c  J'étais  loin  de  m'attendre  à  l'accueil  empressé  de  ces  Fouta  qui 
ne  connaissaient  les  blancs  que  par  les  récits  terribles  que  les 
griots  font  du  combat  de  Poudaka  (1896).  J'ai  pu  visiter  en  détail 
\edewal  de  Foukoumba,  et  me  persuader  que  les  données  ethno- 
graphiques qui  ont  actuellement  cours  sur  le  Fouta-Djalon  ont 
besoin  d'être  sérieusement  revues  et  corrigées. 

c  Timbo  est  évacué  par  les  Fouta,  mais  j'estime  que  la  ville  ne 
tardera  pas  à  être  reconstruite.  M.  Noirot,  administrateur  du 
Fouta,  et  ancien  compagnon  de  voyage  de  M.  Bayol  dans  ce  pays, 
a,  par  sa  connaissance  approfondie  des  mœurs  et  même  des  pré- 
jugés des  Fouta,  réussi  à  pacifier  le  pays  sans  l'intervention  de  la 
force  armée,  qui  n'est  d'ailleurs  représentée  au  Fouta  que  par  une 
cinquantaine  de  fusils.  L'impôt  est  payé  mieux  que  partout  ailleurs 
en  Guinée;  et  pour  la  première  année  cinq  cent  mille  francs  sont 
rentrés  sans  difficultés. 


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354  COMPTES  RENDUS  DB8  6ÉANCES. 

c  De  Timbo,  je  partirai  reconnaître  les  sources  du  Bafing  visi- 
tées déjà  par  Plet,  puis  par  Salesses;  j'irai  ensuite  aux  sources  du 
Tinkisso  et  dans  le  désert  des  Houboux,  puis  je  visiterai  le  Koïss, 
le  Kolen  et  le  pays  de  Satadougou  en  attendant  la  fin  des  pluies, 
qui  d'ailleurs  sont  loin  d'avoir  au  Fouta  la  violence  que  l'on  observe 
à  Conakry. 

c  Le  mauvais  temps  m'a  quelque  peu  retardé;  j'ai  pu  néanmoins 
avoir  de  bonnes  observations  astronomiques  pour  chacun  des 
centres  importants  que  j'ai  visités,  ce  qui  m'a  permis  de  relever 
des  inexactitudes  considérables  sur  les  cartes  par  renseignements 
que  Ton  possède  actuellement. 

c  Jusqu'à  présent  ma  santé  est  parfaite,  et  le  huitième  hivernage 
que  je  passe  à  la  côte  d'Afrique  ne  sera  pas,  je  l'espère  du  moins, 
plus  pénible  que  les  autres.  > 

9«adaa  mérMteaal  frMçmU.  —  Mission  Mondiaux.  —  Le 
lieutenant  Blondiaux  a  adressé  à  la  Société  de  Géographie,  avec 
une  carte  des  pays  qu'il  a  visités,  un  exemplaire  de  son  rapport 
général  sur  la  mission  dont  il  avait  été  chargé  en  1896  par  le 
Ministère  des  Colonies,  et  dont  le  but  était  de  rechercher  par  le 
Oavally  ou  ses  affluents  une  voie  de  communication  entre  la  région 
sud  du  Soudan  français  et  la  Côte  divoire,  et  de  déterminer  les 
limites  des  possessions  françaises  de  ce  côté.  Il  ressort  de  ce  rapport, 
dont  le  Bulletin  du  Comité  d$  ?  Afrique  française  a  publié  une 
longue  analyse,  que  M.  Blondiaux  rapporte  des  documents  topogra- 
phiques permettant  d'établir  la  frontière  franco-libérienne,  c  soit 
en  suivant  le  cours  de  la  rivière  Diouou,  soit  celui  de  la  rivière 
Nuon,  puis  ensuite  la  ligne  de  partage  des  eaux  entre  le  bassin  de  la 
rivière  Saint-Paul  et  celui  du  Férédougouba  ou  Sassandra  >.  L'étude 
des  sources  extrêmes  du  rio  Cavally,  celle  du  bassin  entier  du  Ban- 
dama  Rouge  et  d'un  autre  affluent  du  Bandama,  le  Gou,  celle  enfin 
du  cours  supérieur  de  la  Bagoé,  voilà  encore  d'autres  résultats 
géographiques  importants  réalisés  par  la  mission  Blondiaux. 

€*«•  d'ivoire.  — Mission  Hostains.  —  M.  Hostains,  adminis- 
trateur colonial,  a  entrepris  en  1897  l'exploration  de  la  région 
inconnue  qui  s'étend  du  5°  de  latitude  nord  aux  premiers  terri- 
toires du  Soudan.  11  a  remonté  le  rio  Cavally,  en  amont  du  point 
où  il  cesse  d'être  navigable  pour  les  vapeurs,  jusqu'à  Guipola, 
point  terminus  de  la  navigation  pour  les  pirogues;  puis  il  a  gagné, 
dans  l'intérieur,  le  point  de  Matoua,  d'où  il  a  dû  revenir  à  la  côte. 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  355 

Encouragé  par  les  résultats  obtenus  au  cours  de  ce  premier 
voyage,  dont  la  Revue  coloniale  a  publié  le  récit,  M.  Hostains 
qu'accompagne  le  lieutenant  d'Ollone,  se  propose  de  faire  dans 
une  prochaine  expédition  l'exploration  de  la  région  inconnue  Com- 
prise entre  les  6°  et  8*  de  latitude  nord,  d'une  part,  la  frontière  du 
Libéria  et  le  cours  supérieur  de  la  Sassandra,  d'autre  part. 

Événements  (T  Assikasso.  —  Des  troubles  occasionnés  dans  PAs- 
sikasso  par  les  intrigues  du  chef  Yafoun  avec  les  nègres  anglais 
de  Salmé  et  du  pays  Achanti  ont  eu  pour  conséquence  l'attaque  du 
poste  d'Âssikasso  par  un  millier  de  fusils.  M.  Clozel  dut  alors, 
avec  M.  l'inspecteur  de  la  milice  Barreau  et  30  miliciens  seulement, 
se  porter  au  secours  de  MM.  Le  Filliatre  et  de  Ghalret  du  Rieu 
bloqués  dans  Assikasso  ;  surpris  à  une  quinzaine  de  kilomètres  de 
ce  poste  par  300  fusils  bien  embusqués,  et  blessé  de  3  coups  de 
feu,  M.  Clozel  dut,  à  cause  du  petit  nombre  de  ses  miliciens  valides 
(un  tiers  de  ses  hommes  était  tué  ou  hors  de  combat)  et  de  la 
pénurie  de  ses  munitions,  renoncer  à  débloquer  Assikasso,  mais  il 
s'est  maintenu  sur  le  terrain  qu'il  occupait  et  put  prévenir  le  gou- 
verneur de  la  Côte  d'Ivoire,  qui  demanda  des  renforts.  Le  sous- 
lieutenant  Laïrle,  avec  l'assistance  de  miliciens  venus  du  Sénégal, 
parvint  à  dégager  Assikasso  le  2  juillet. 

c«Bff<»  françai».  —  Renseignements  sur  la  région  côtière  au 
nord  de  Libreville  et  sur  le  bas  Ogôoué.  —  M.  J.  Bouysson,  ingé- 
nieur agronome,  chargé  d'une  mission  par  la  Société  du  haut 
Ogôoué,  a  envoyé  de  N'Djolé,  sur  la  région  côtière  située  au  nord 
'  de  Libreville  et  sur  le  bas  Ogôoué,  de  nouveaux  détails  qui  com- 
plètent ceux  qu'il  avait  déjà  précédemment  transmis  à  la  Société 
de  Géographie  (cf.  Comptes  rendus,  1897,  p.  425-428)  : 

c  N'Djolé,  juin  1898.  —  Au  point  de  vue  minéralogique,  il  existe 
entre  ces  deux  régions  une  grande  analogie  ;  si  dans  le  bas  Ogôoué 
on  fait  abstraction  de  la  région  alluvionnaire  de  formation  récente, 
on  constate  que  la  base  du  plateau  central  africain  est  la  même 
tout  aussi  bien  sur  la  côte  nord  que  dans  le  bassin  de  l'Ogôoué. 
Sur  la  côte  nord,  les  grès  apparaissent  jusqu'à  40  kilomètres 
dans  l'intérieur  des  terres  :  on  les  trouve  dans  le  Bénito  non 
loin  des  chutes  Jové,  dans  le  Tembony  et  la  Noya,  affluents 
du  Mouny,  et  dans  l'Ogôoué  depuis  Aschouka  jusqu'aux  environs 
de  Sam-Quita.  Si,  sur  la  côte  nord,  la  couche  de  grès  paraît 
être  plus   développée  que  dans  l'Ogôoué,  cela  tient  exclusive* 


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356 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


ment  a  ce  que  dans  la  première  région  la  formation  alluvion- 
naire est  moins  importante  que  dans  la  deuxième.  Depuis  le  Came- 
roun jusqu'au  Niari,  le  grès  se  rencontre  presque  exclusivement, 
grès  plus  ou  moins  fin,  plus  ou  moins  quartzeux  et  se  rapprochant 
delà  latérite  dans  l'Ogôoué.  Aux  environs  de  la  rivière  Gampo,  la 


composition  géologique  change  :  à  la  pointe  Koutéa,  la  roche 
devient  schisteuse,  quelques  filons  de  quartz  laiteux  apparaissent, 
des  poudingues  se  rencontrent  près  de  la  rivière  Gampo,  et,  dans 
le  Cameroun,  la  nature  volcanique  du  sol  est  mise  en  évidence 
par  les  anciens  volcans  semblables  à  ceux  de  l'Auvergne  que  l'on 
trouve  à  Test  de  Victoria  et,  d'après  M.  Goujon,  administrateur, 
mort  récemment,  aux  environs  de  N'Gaoundéré  sur  la  haute  Sangha. 
<  La  couche  de  grès  renferme  souvent  des  masses  limonitiques 
de  sesquioxyde  de  fer  :  derrière  Bat  ah,  dans  le  Bénito,  dans  le 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE   1898.  357 

Kongooué  (affluent  de  droite  du  Mouny),  à  Libreville,  aux  lacs 
Zonengué,  Esanga  et  Gémouen  ainsi  qu'à  Lambaréné;  à  Dombo 
seulement,  situé  un  peu  au  sud  de  1* estuaire  du  Mouny,  on  ren- 
contre de  la  pyrite  de  fer  agglomérée  par  un  ciment  calcaire. 

«  A  la  pointe,  nord  de  l'embouchure  du  Bénito,  la  bande  de  grès 
est  interrompue  par  une  faible  couche  schisteuse  que  Ton  retrouve 
sur  la  rive  gauche  près  des  chutes  Jové,  dans  la  Noya,  affluent  du 
Mouny,  et  entre  Sam-Quita  et  N'Djolé  dans  l'Ogôoué.  Ces  différents 
points  semblent  appartenir  à  la  même  couche,  située  au  pied  des 
monts  de  Cristal»  qu'elle  contournerait  au  sud  pour  rejoindre 
l'Ogôoué. 

c  A  Dombo,  à  Libreville,  sur  le  déversoir  du  lac  Azingo  qui  va 
sur  l'Ogôoué,  à  Orovi  (1),  se  rencontrent  des  couches  calcaires  dont 
la  plus  importante  parait  être  la  dernière.  A  Elobey,  près  de 
Dombo,  on  rencontre  un  bassin  houiller  qui  ne  se  prolonge  pas 
dans  l'intérieur  et  qui  doit  être  la  limite  est  d'un  bassin  recouvert 
par  les  eaux;  le  schiste  houiller  se  trouve  dans  l'île  Elobey. 

c  La  couche  schisteuse  est  continuée  vers  l'est  par  des  massifs 
granitiques  que  Ton  .  trouve  aux  chutes  Jové  (rivière  Bénito). 
N'Djolé  (Ogôoué),  Lambaréné  (rive  droite  de  l'Ogôoué),  chutes 
Samba  (N'Gounié,  affluent  de  gauche  de  l'Ogôoué).  Ce  massif  gra- 
nitique, duquel  dépendent  les  monts  de  Cristal,  se  rapproche  de 
l'Ogôoué  (rive  gauche)  à  égale  distance  de  Sam-Quita  et  de  N'Djolé 
(rivière  N'Kogo).  A  N'Djolé  on  trouve  du  microgranite,  à  Samba 
du  quartz  laiteux  et  du  granité  grossier,  et  à  Djambala,  au-dessus 
de  N'Djolé,  on  rencontre  des  poudingues  et  au  Kondo-Kondo  des 
schistes  chloriteux. 

c  La  plus  grande  partie  de  ces  régions  est  habitée  par  les 
Pahouins  qui  ont  la  même  langue  mais  qui  paraîtraient  ne  pas  pro- 
venir des  mômes  régions.  Ceux  des  environs  de  Batah,  avant  de 
parler,  disent  ma^ouna  comme  ceux  du  Cameroun,  où  ils  sont 
appelés  Bangouins,  alors  que  ceux  de  l'Ogôoué  disent  en  général 
azouna;  deux  courants  d'émigration  vers  la  côte  existeraient 
donc,  l'un  venant  de  l'ivindo  par  l'Okana,  et  l'autre  du  Cameroun. 
Poussés  parles  Foulbés,  les  Pahouins  ont  remplacé  sur  la  côte  nord 
les  N'Combés  à  Batah,  les  Boulous  dans  le  Mouny,  les  M'Pongoués 
au  Gabon  et  les  Galois  dans  le  bas  Ogôoué.  Sur  la  côte  nord,  ils  sont 
précédés  des  Bossyébas  qui  sont  remplacés  par  les  Bakalais  dans 
l'Ogôoué.  Les  uns  et  les  autres  se  reconnaissent  d'une  môme  ori- 

(1)  C'est  par  erreur  que  le  croquis  de  la  page  356  porte  Qroir. 

soc.digéocr.— c.r.  dis  sêances.— n#  8.— Août-Novembre.  26 


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358  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

gine,  l'origine  m 'fan  ;  les  croisements  de  la  race  envahissante  avec 
les  tribus  autochtones  ont  donné  naissance  aui  Bangouins,  Pa- 
houins,  Bakalais  et  Bossyébas  ;  les  Bossyébas  sembleraient  se  rap- 
procher le  plus  de  la  race  m  Tan  et  je  ne  suis  pas  loin  de  croire  qu'ils 
proviennent  du  croisement  direct  de  la  race  m'fan  avec  les  tribus 
primitives,  les  Bouchmanns  appelés  encore  nains  ou  Akkoas, 
dont  j'ai  vu  quelques  rares  spécimens  dans  le  Bénito  et  près  du 
N'Gounié. 

c  Les  Bouchmanns  ont  été  sans  doute  les  premiers  peuples  de 
la  région;  d'ailleurs  ils  sont  restés  ce  qu'ils  étaient,  c'est-à-dire 
sauvages,  ne  se  livrant  pas  à  la  moindre  culture,  mais  à  la  chasse 
de  l'éléphant  qu'ils  attaquent  avec  des  zagaies  et  dont  ils  vendent 
toujours  l'ivoire  aux  Pahouins  seuls  qui  leur  fournissent  le  manioc 
dont  ils  ont  besoin. 

c  L'évolution  de  la  société  se  rencontre  dans  les  régions  citées  : 
ce  sont  d'abord  les  chasseurs,  les  Bouchmanns;  les  agriculteurs 
nomades,  lesMïans;  les  agriculteurs  fixes  se  livrant  non  seule- 
ment à  la  culture  des  bananes  et  du  manioc,  mais  a  celle  de  la  pis- 
tache ainsi  qu'à  l'arboriculture,  tels  les  M'Pongooués,  Galois,  Bou- 
lous,  etc.  Ces  différentes  étapes  sont  marquées  par  des  différences 
de  fétichisme,  et  le  fétichisme  se  complique  d'autant  plus  que  ces 
peuples  ont  un  mince  vernis  de  civilisation. 

c  Les  Bouchmanns  et  les  Bossyébas  adorent  principalement  la 
nature  sous  ses  diverses  manifestations;  les  Pahouins  y  ajoutent 
des  fétiches  (statuettes);  les  tribus  plus  civilisées  admettent 
l'existence  d'un  être  supérieur  qui,  pour  les  Okandais,  est  Man- 
gongo  invoqué  par  leur  féticheur  Boya;  les  Enenguas,  les  Gallois 
attribuent  à  des  mélanges  des  pouvoirs  surnaturels.  Les  Enen- 
guas, par  exemple,  qui  sont  les  plus  civilisés  de  l'Ogôoué  avec  les 
Gallois,  pour  faire  mourir  quelqu'un  feront  un  mélange  de  poudre, 
de  crâne,  de  parcelles  du  corps  et  de  cheveux  qu'ils  placeront  sur 
le  petit  doigt  en  montrant  la  personne,  ou  bien  ils  mettront  de  la 
cendre  de  caméléon  sur  une  coupure.  Veulent-ils  soulever  une  tem- 
pête, ils  jetteront  dans  le  feu  du  sel,  avec  des  feuilles  de  gonia- 
gonia,  etc.  Les  femmes  stériles  invoqueront  le  fétiche  Amoisi; 
celles  non  mariées,  le  fétiche  Arapasa;  leur  fétiche  de  guerre  est 
Bouanda  ;  pour  éviter  les  balles  et  les  couteaux,  ils  n'ont  point 
des  gris-gris  comme  les  Sénégalais,  mais  ils  s'adresseront  au 
fétiche  Edouga  ;  pour  être  vainqueurs  à  la  guerre,  ils  invoquent 
Opimbo,  etc.  Ils  connaissent  les  propriétés  des  plantes  et  leurs 
remèdes  sont  parfois  efficaces.  Pour  les  maux  de  ventre  ils  em- 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         359 

ploient  l'écorce  de  tchomby;  pour  les  plaies,  le  tchondoba;  pour 
les  pourritures,  le  gonia-gonia;  pour  la  gale,  l'O'Ingo;  pour  la 
surdité,  le  guiogo  mélangé  avec  du  piment;  pour  les  maux  de  tête, 
le  couna.  Chez  quelques  tribus,  surtout  chez  les  M'fans,  l'anthropo- 
phagie trouve  son  fondement  dans  l'absence  d'esclavage,  et  la  poly- 
gamie dans  l'absence  de  rapports  sexuels  tant  que  la  femme 
allaite  son  enfant.  Toutes  les  cérémonies  fétichistes  sont  faites  par 
les  féticheurs,  qui  possèdent  parfois  un  assez  grand  ascendant;  il 
est  impossible  au  blanc  d'assister  à  Tune  d'elles,  et  si  on  le  tolère 
parfois,  le  féticheur  ne  laisse  voir  que  ce  qu'il  veut.  C'est  un  peu 
à  tort  que  l'on  a  accusé  le  féticheur  de  se  laisser  corrompre  par 
les  cadeaux;  pour  l'épreuve  du  poison,  par  exemple,  qu'il  admi- 
nistre dans  un  grand  nombre  de  cas,  on  ne  tient  pas  compte  de 
la  quantité  absorbée,  et  si  l'indigène  ne  succombe  pas  à  l'ab- 
sorption du  m'boudou  (décoction  d'un  strophantus  appelé  onaye 
par  les  Gabonais,  éné  par  les  Pahouins),  cela  n'est  pas  dû  à  ce 
que  le  féticheur  a  fait  une  faible  dissolution  ou  qu'après  la  céré- 
monie il  lui  a  fait  absorber  de  l'huile,  mais  exclusivement,  me 
semble- 1 -il,  à  ce  que  l'indigène  se  sachant  non  coupable  a  absorbé 
toute  la  dissolution,  ce  qui  a  amené  un  vomissement  immédiat. 
C'est  aussi  le  cas,  je  crois,  de  tout  poison  pris  en  grande  quantité. 

c  L'épreuve  du  poison  est  toujours  subie  dans  certains  cas, 
principalement  dans  les  cas  d'empoisonnement,  qui  sont  moins 
nombreux  qu'on  le  suppose,  car  par  empoisonnement  le  noir 
comprend  surtout  le  sort  jeté  par  une  personne  sur  une  autre.  Le 
noir  n'admet  guère  la  mort  naturelle  ;  le  moindre  soupçon  amène 
l'épreuve  du  poison  et  le  coupable  se  reconnaît  par  l'autopsie 
du  mort  et  l'inspection  des  viscères  faites  par  le  féticheur. 

c  Je  termine  en  vous  donnant  l'opinion  générale  des  noirs  sur  l'ori- 
gine des  blancs.  Ayant  demandé  à  un  noir  d'où  il  supposait  que  je 
venais,  il  me  répondit  :  c  Toi,  tu  habites  dans  l'eau  ;  tu  t'ennuyais 
c  et  tu  es  venu  sur  la  terre;  tu  étais  noir  comme  moi,  mais  en 
c  demeurant  dans  l'eau  tu  es  devenu  blanc.  —  Pourquoi  cela?  — 
c  Pourquoi?  mais  nous,  lorsque  nous  sommes  morts  et  qu'on  nous 
c  jette  à  l'eau,  nous  devenons  blancs  comme  toi  au  bout  de  quel- 
c  ques  jours.  »  Il  avait  raison  sur  ce  dernier  point  ;  de  ce  que  les 
noirs  deviennent  blancs  dans  l'eau,  il  déduisait  que  nous  devions 
sortir  de  l'eau.  > 

Haut  OHbangvi.  —  Mission  de  Béhagle.  —  De  Bessou,  en 
amont  de  Ouadda,  le  30  avril  1898,  M.  de  Béhagle  adressait  à  M.  Paul 


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1 


360 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


Pelet  une  lettre  que  ce  dernier  a  bien  voulu  communiquera  la  So- 
ciété et  dont  nous  détachons  le  passage  suivant  : 

«  J'ai  mené  mon  personnel  de  Ban  gui  à  Ouadda  par  la  route  de 
terre.  En  quittant  Ban  gui  on  suit  une  route  qui  domine  le  fleuve 
de  60  à  120  mètres.  Ce  sont  des  collines  à  base  de  basalte  recou- 
vertes de  limonite  ferrugineuse,  support  habituel  de  l'humus  et  des 
argiles. 

c  Point  de  calcaire;  des  grés  durs,  des  quartz,  quelques  mica- 
schistes dans  les  ravins  et  sur  les  sommets.  L'aspect  des  montagnes 
est  assez  uniforme.  C'est  une  ondulation  longue  et  régulière  allant 
presque  nord  et  sud.  Pourtant  quelques  cônes  très  réguliers  sont 
nettement  détachés  des  massifs. 

c  Le  sol  est  silico-argileux,  très  sec  en  cette  saison,  mais  riche 
et  fertile.  Il  est  couvert  d'herbages,  graminées  qui  atteignent 
3  et  4  mètres  à  maturité.  Sauf  au  départ  de  Brazzaville  et  entre 
les  Abadda  et  l'ancien  territoire  des  Ouadda  sur  la  rive  droite  de 
l'Ombella,  la  prairie  est  peu  boisée  et  la  végétation  arborescente 
assez  rare.  C'est  que  la  couche  de  terre  végétale  est  peu  profonde 
et  trop  siliceuse  par  endroits,  trop  purement  argileuse  ailleurs. 
Seuls  les  vallons  et  les  rives  des  ruisseaux  portent  une  belle  végé- 
tation forestière.  J'y  ai  trouvé 
du  café  à  gros  grains  et  la 
liane  caoutchouc. 

c  Les  populations  Mbagba, 
Banda,  Abadda  sont  identiques 
à  celles  qui  habitent  entre  l'Ou- 
bangui  et  le  Ba-Jfingui  sur 
l'itinéraire  de  Maistre.  Nous 
leur  avons  donné  le  nom  de 
Ndry,  suivant  le  terme  employé 
par  les  gens  de  la  rivière.  Il 
semble  que  Ndry  veuille  dire 
homme  de  la  brousse  par  op- 
position à  Dendi,  hommes  de 
la  rivière.  11  semble  encore  que 
ce  mot  vienne  du  nom  d'une  tribu  de  la  haute  Tomi,les  Ndry,  une 
des  seules  qui  viennent  en  caravane  à  l'Oubangui  dans  la  région 
comprise  entre  Banguî  et  Kouango. 

c  La  plupart  des  chefs  n'avaient  jamais  vu  de  blanc.  J'ai  été 
accueilli  avec  enthousiasme  par  tout  le  monde, 
c  Ces  gens  vivent  par  petits  groupes  isolés  de  deux  à  sept  cases 


Manda,  èarrm 


GrvsvULay 
N+*Bokassv 


o      kilom.       Sol 

Itinéraires: 

de  BthxLfU 

projetas 

«~.  M  meurt 


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SÉANCES  DES  i   ET  18  NOVEMBRE  1898.         361 

dispersées  au  milieu  des  cultures.  Leur  dissémination  les  laisse 
sans  défense  et  sans  force.  Ils  cultivent  sur  le  même  sol  le  mil  et 
le  sorgho,  qui  constituent  leur  grande  ressource  alimentaire;  puis 
le  maïs,  les  arachides,  deux  variétés  d'oseille,  deux  de  sésame. 
Us  font  du  coton  qu'ils  filent  pour  fabriquer  des  engins  de  péchc 
et  de  chasse,  et  du  tabac  qu'ils  préparent  mal. 

c  Chez  eux  beaucoup  de  fusils  ;  un  au  moins  par  groupe  de 
cases.  C'est  Boula  Matadi  qui  les  leur  vend,  un  pour  deux 
esclaves.  J'aurais  pu  en  écouler  si  le  cœur  m'en  avait  dit.  J'au- 
rais pu  avoir  des  enfants  de  sept  à  dix  ans  pour  quinze  cuil- 
lerées de  perles.  Mais  ces  ventes  d'armes  ont  un  résultat  désas- 
treux. La  tribu  armée  a  besoin  de  poudre  et  de  capsules,  donc  elle 
attaque  la  tribu  désarmée  pour  avoir  des  esclaves,  et  les  cultures 
disparaissent.  Aussi  desAbadda  au  Kouango,  sur  plus  de  120  kilo- 
mètres, on  ne  trouve  plus  à  vivre. 

c  J'ai  dû  porter  en  hâte  mon  personnel  dans  l'intérieur  pour 
pouvoir  le  nourrir.  Là  ont  surgi  quelques  difficultés...  Je  compte 
être  au  Baguirmi  en  juillet. 

c  Je  suis  très  content  de  mon  personnel.  Mercuri  est  un  excel- 
lent collaborateur.  » 

En  remontant  le  Congo,  M.  de  Béhagle  a  rencontré  le  lieutenant 
de  Karnap  qui  descendait  de  la  Sangha.  Un  petit  croquis  que  nous 
reproduisons  ici  accompagne  cette  intéressante  communication  de 
M.  de  Béhagle. 

Les  résultats  géographiques  de  la  mission  Marchand.  —  Tout 
Français  a  le  droit  de  s'enorgueillir  de  l'œuvre  remarquable 
exécutée  par  le  commandant  Marchand  et  par  ses  compagnons  au 
cours  de  leur  beau  voyage  à  travers  l'Afrique  équàtoriale.A  quelque 
point  de  vue  qu'on  l'envisage,  c'est  une  œuvre  dont  il  est  impos- 
sible d'exagérer  l'importance.  Examinée  au  seul  point  de  vue  géo- 
graphique, l'œuvre  de  la  mission  Marchand,  si  peu  connue  qu'elle 
soit  encore,  apparaît  dores  et  déjà  comme  une  des  plus  considé- 
rables qui  aient  été  exécutées  au  cours  de  ces  dernières  années  ; 
aussi  i ra porte- 1- il  d'en  indiquer  dès  maintenant  en  quelques  mots 
les  principaux  résultats. 

On  savait  déjà  quels  obstacles  existent  sur  le  cours  inférieur  du 
M'Bomou,  et  on  considérait  avec  raison  cette  puissante  rivière 
comme  impropre  à  la  navigation  ;  mais  l'hydrographie  de  cette 
artère  fluviale  n'avait  pas  encore  été  faite.  Voilà  le  premier  travail 
géographique  dû  à  la  mission  Marchand  ;  le  M'Bomou  a  été  soi- 


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362  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

gneusemeqt  reconnu  depuis  son  confluent  avec  l'Oubangui  jusqu'à 
ses  sources  les  plus  éloignées.  Plusieurs  officiers  ont  minutieuse- 
ment étudié  tous  les  obstacles  du  cours  inférieur  du  M'Bomou,  et 
ses  grandes  chutes,  et  toute  la  série  de  rapides  de  moindre  im- 
portance dont  les  passes  de  Baguessé  marquent  la  terminaison 
extrême  dans  l'est.  D'autres  membres  de  la  mission  ont  exploré 
le  cours  supérieur,  encore  inconnu,  de  la  grande  rivière,  et  ont 
constaté  l'existence,  en  amont  de  Baguessé,  d'un  splendide  bief  na- 
vigable de  800  kilomètres  de  développement  dont  les  barques  des 
explorateurs  ont  pu  profiter  pour  gagner,  par  le  M'Bomou,  le  con- 
fluent du  Bokou,  et  par  cet  affluent  droit  du  M'Bomou,  le  pied  des 
chutes  Zaoua,  en  amont  du  confluent  de  la  Méré  et  de  i'Ada  avec 
le  Bokou,  à  70  kilomètres  seulement  des  territoires  drainés  par 
des  affluents  du  Nil. 

Le  pays  arrosé  par  le  Bahr-el-Ghazal,  où  M.  Liotard  avait  dès 
1896  fondé  un  poste  à  Tamboura  sur  le  Yobo,  affluent  du  Souéh, 
a  été,  à  partir  du  mois  de  septembre  1897,  reconnu  par  le  corn* 
mandant  Marchand  et  par  ses  compagnons.  Le  chef  de  la  mission  a 
déterminé  lui-même  le  premier  point  navigable  en  aval  des  chutes 
du  cours  supérieur  du  Soueh  (qui,  par  sa  réunion  avec  le  Djour, 
constitue  le  Bahr-el-Ghazal),  et  a  exécuté  l'hydrographie  de  cette 
rivière  jusqu'à  son  confluent  avec  son  tributaire  gauche  la  Ouaou. 
L'exploration  du  bas  Soueh  et  celle  du  Bahr-el-Ghazal  jusqu'au 
confluent  du  Bahr-el-Arab  et  jusqu'au  lac  Nô,  celle  de  la  Ouaou 
et  du  Bahr-el-Homr,  sont  encore  dues  aux  membres  de  la  mission 
Marchand. 

Ces  reconnaissances,  les  unes  totalement  nouvelles,  les  autres 
qui  apportent  un  précieux  complément  d'informations  et  de  don- 
nées absolument  neuves  sur  des  pays  déjà  parcourus  par  quel- 
ques rares  voyageurs,  la  détermination  des  points  extrêmes  navi- 
gables sur  les  eaux  françaises  du  Congo-Oubangui-M'Bomou- 
Bokou  (à  Méré)  et  sur  les  eaux  nilotiques  du  Soueh-Bhar-el-Ghazal 
(à  Kodjalé),  constituent  une  œuvre  géographique  de  premier  ordre, 
faisant  le  plus  grand  honneur  à  nos  courageux  et  savants  officiers* 
Cette  œuvre,  il  appartiendra  au  commandant  Marchand,  lors  de 
son  retour  en  France,  de  la  faire  connaître  dans  ses  détails  ;  mais 
notre  Société  ne  pouvait  pas  attendre  jusqu'alors  pour  publier  une 
carte  (1)  permettant  de  se  rendre  compte  des  résultats  principaux 
obtenus  par  une  mission  qui  a  si  bien  mérité  de  la  géographie. 

Henri  Froidevaux. 

(1)  Voir  pages  364  et  365 


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SÉANCES   DES  i  ET  48  NOVEMBRE   1898.  363 

Ethiopie.  —  Retour  de  M.  de  Poncins.  —  M.  de  Poncins,  qui 
débarquait  pour  la  seconde  fois  à  Djibouti  en  juillet  1897,  est 
rentré  en  France  pendant  la  période  des  vacances  après  avoir 
continué  son  étude  du  pays  des  Somalis  et  des  Gallas.  11  rapporte, 
outre  le  récit  de  son  voyage  au  Choa,  une  description  des  mœurs 
des  peuplades  au  milieu  desquelles  il  a  vécu,  des  notes  complé- 
mentaires traitant  de  la  configuration  générale  du  pays  au  point 
de  vue  géologique,  des  altitudes  observées,  du  climat,  de  la  faune, 
des  usages  caravaniers,  des  idiomes  de  la  route  parcourue. 

M.  de  Poncins  a  relevé  environ  3,500  kilomètres  de  route  sur  un 
trajet  de  4,500  kilomètres.  Ses  itinéraires  sillonnent  la  contrée 
comprise  entre  Djibouti,  Harrar,  Àddis-Àbaba  et  Ankober.  La  carte, 
à  l'échelle  de  1/666,666%  dressée  d'après  la  carte  française  au 
1 /2,000,000e  et  la  carte  italienne  au  1/1,000,000%  contient  un  cer- 
tain nombre  de  corrections  intéressantes. 

Nous  aurons  l'occasion  de  revenir  sur  l'ensemble  de  ces  docu- 
ments, dont  l'intérêt  était  trop  grand  pour  ne  pas  être  signalés 
dès  le  retour  en  France  du  voyageur  qui  les  a  recueillis. 

M.  Pailliart  a  adressé  à  la  Société  de  Géographie  une  étude  sur 
les  voies  naturelles  de  pénétration  en  Ethiopie  à  travers  le  Soudan 
égyptien. 


Erythrée  italienne.—  Voyage  de  M.  G.  Saint-Yve*.  —  D'Àdi- 
Quala,  M.  G.  Saint-Yves  adresse  àlaSociété,  à  la  date  du  8  octobre, 
les  renseignements  suivants  sur  son  nouveau  voyage  : 

c  Le  4  septembre  dernier,  je  débarquais  à  Massaouah  et  après 
avoir  organisé  une  caravane  de  mulets  pour  transporter  mes  baga- 
ges à  Ghinda,  je  me  rendais  à  Saati  par  le  petit  chemin  de  fer  de 
27  kilomètres  dont  la  construction  date  de  la  campagne  du  général 
San  Warxano.  De  Saati,  avec  des  mulets,  j'ai  ensuite  gagné  Ghinda 
où  j'ai  fait  un  séjour  d'une  certaine  durée  ;  Ghinda  se  trouve  déjà 
à  une  altitude  de  950  mètres  et  est  le  sanatorium  de  Massaouah.  Le 
gouverneur  de  l'Erythrée,  S.  Ex.  M.  Martini,  qui  est  en  ce  moment 
en  Italie,  insiste  vivement  auprès  du  gouvernement  métropolitain 
pour  obtenir  la  prolongation  immédiate  du  chemin  de  fer  jusqu'à 
Ghinda.  L'exécution  de  ce  projet  faciliterait  beaucoup  le  transport 
des  troupes  et  le  ravitaillement  des  postes  et  permettrait  en  outre 
la  mise  en  valeur  de  la  riche  plaine  de  Sabargouma.  D'après  les 
plans  de  l'administration,  le  chemin  de  fer,  pour  atteindre  les  hauts 


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MISSION 


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3fi6  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

platâttix,  remonterait  au  delà  de  Ghinda  la  vallée  du  Baresa, 
puis  la  vallée  d'Aideresso  et  viendrait  enfin  aboutir  à  Goura,  dans 
Tune  des  régions  les  plus  productives  de  l'Erythrée. 

*  Ghinda  se  trouvant  encore  en  pleine  saison  sèche,  je  n'ai  pu 
Taire  que  des  collections  assez  restreintes,  particulièrement  dans 
la  vallée  de  Baresa. 

«  Parti  de  Ghinda,  j'ai  gagné  la  cantine  de  l'Àrbaroba,  puis  r  As- 
mara, par  une  route  fort  pittoresque.  Pendant  mon  séjour  à  As- 
mara, qui  est  la  capitale  rationnelle  de  la  colonie,  j'ai  visité  Godaif, 
Adi  Guadad,  Adi  Ghisciot,  Sadamba,  Mariam,  Adi  Soydo,  Adi  No- 
chibda,  et  réuni  une  belle  série  des  plantes  caractérisques  de  PHa- 
macien.  J'ai  eu  le  plaisir  de  voir  à  Asmara  le  père  Bononi  qui  m'a 
donné  d'intéressants  détails  sur  son  long  séjour  au  Kordofan  et 
sur  sa  captivité  à  Omdurman  ;  le  dévoué  missionnaire  estimait  que 
la  prise  d'Omdurman  amenait  la  chute  complète  de  l'empire 
mahdiste  et  que  la  capture  du  khalife,  que  toutes  les  tribus  aban- 
il> M? lieraient,  ne  saurait  tarder.  La  carte  de  la  région  de  l'Asmara, 
a  été  faite  par  l'Institut  géographique  de  Florence  et  publiée  ;  les 
officiers  de  cet  Institut  ont  levé  également  la  région  d'Adi  Ngri  et 
de  o  iofelassi,  et  celle  de  Saganeiti  ;  ils  ont  terminé  les  travaux 
sur  le  terrain,  mais  les  feuilles  ne  sont  pas  encore  publiées  ;  leur 
apparition,  parait-il,  ne  saurait  tarder. 

<  h  Asmara,  je  suis  allé  à  Saganeiti,  chef-lieu  de  TOcule  Cusai, 
par  Ader  Adda,  le  camp  de  Mai  Hadaya;  c'est  à  Saganeiti  que 
j'ai  assisté  aux  fêtes  du  Meskal,  les  plus  importantes  de  l'année 
pour  les  Abyssins.  Retourné  à  Asmara,  j'ai  repris  de  nouveau  la 
direction  du  sud  par  le  poste  télégraphique  de  Decameré,  le  camp 
de  Mai  Hadaga,  le  camp  de  Mai  Aïni,  d'où  j'ai  fait  l'ascension  du 
mont  Toculé:  traversant  le  Mareb,  je  suis  allé  ensuite  au  village 
<nent  créé  de  Metfé  Nalta  et,  par  les  villages  de  Adi  Nefas  et 
de  Adi  Baro,  à  Adi  Quai  a  où  je  suis  actuellement  campé.  Partout, 
j'ai  rucu  le  plus  cordial  accueil  des  officiers  italiens  et  des  chefs 
indigènes  sous  leurs  ordres.  J'aurais  voulu  me  rendre  au  Tigré, 
mais  une  guerre  est  imminente  entre  le  négus  Ménélick  et  le  ras 
Mangascia,  ce  qui  me  force  à  changer  de  direction. 

«  Récemment  a  passé  à  Adi  Quai  a  le  médecin  russe  Dejuscher 
venant d'Addis  Abeba  parle  Godjam,  Gondar,  le  Semien  et  le  Tigré. 
Toute  la  région  entre  Kassala  et  le  Nil  Bleu  est  complètement 
évacuée  par  les  Mahdistes  ;  Naggara  a  fait  sa  soumission  aux 
Anglais  et  l'émir  Ahmed  Fadil  est  en  fuite.  » 


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SÉANCES   DES  4   ET  18  NOVEMBRE   1898*  36  T 

Madagascar.  —  Voyage  de  M.  Guillaume  Grandidier.  — 
M.  Alfred  Grandidier  adresse  à  la  Société  les  communications  sui- 
vantes au  sujet  du  voyage  de  son  fils  à  Madagascar. 

c  Après  avoir  fait  pendant  les  mois  d'avril  et  de  mai  des  fouille 
paléontologiques  fructueuses  sur  la  côte  occidentale  de  Mada- 
gascar, à  Belo  et  à  Ankevo,  et  poussé  jusqu'à  Mahabo,  l'an- 
cienne capitale  du  Ménabé,  M.  Guillaume  Grandidier  a  continué 
ses  recherches  scientifiques  dans  le  sud-ouest.  Arrivé  au  mi- 
lieu de  mai  à  Tullear,  il  a  tenté  de  pénétrer  dans  le  pays  Maha- 
faly  dont  il  désirait  faire  l'exploration;  cette  tentative  n'a  pas 
réussi  à  cause  de  l'état  de  troubles  dans  lequel  se  trouve  en 
ce  moment  tout  le  sud  de  l'Ile  et,  sur  le  conseil  de  l'adminU 
trateur  de  la  province,  il  a  dû  abandonner  son  projet.  Il  a  étudié 
le  cours  inférieur  de  la  rivière  Onilahy  ou  Saint-Augustin,  a  fait 
à  Ambolisatra  des  collections  importantes  de  fossiles,  notamment 
d'os  de  lémuriens  géants,  dont  quelques-uns  sont  nouveaux  pour 
la  science,  de  la  grosse  tortue  (Testudo  Grandidieri)  et  de  l'oiseau 
colossal  de  Madagascar,  YASpyomis,  dont  il  a  trouvé  le  bassin  el 
diverses  parties  du  squelette.  En  outre  des  ossements  fossiles, 
mon  fils  a  envoyé  au  Muséum  de  nombreux  insectes,  des  reptiles 
des  oiseaux,  des  mammifères  en  parfait  état  de  conservation  et 
dont  une  première  inspection  a  montré  l'intérêt  ;  il  a  fouillé  d'an 
ciens  tombeaux  dont  il  a  retiré  plusieurs  crânes  et  a  collectionné 
diverses  pièces  ethnographiques  intéressantes. 

c  Retenu  par  des  fièvres  pendant  une  douzaine  de  jours,  il  n'a 
pu  partir  de  Tullear  que  le  16  juillet  pour  l'intérieur,  et  a  ren- 
contré le  cours  du  Fiherenana;  il  est  allé  au  poste  de  Beraiketa  sur 
les  bords  du  Sakondry,  qui  est  l'un  des  principaux  affluents  de 
POnilahy;  il  a  relevé  tout  le  cours  de  cette  rivière  et  celui  de  l'ia- 
borano,  et  il  a  recueilli  dans  cette  région  des  fossiles  (Ammonite*. 
Rhynchonella,  oursins  divers,  etc.),  qui  ne  sont  pas  encore  arrivés 
du  reste  à  Paris. 

c  Le  6  août,  date  de  sa  dernière  lettre  et  veille  de  son  départ 
de  Beraiketa,  il  m'annonçait  qu'il  allait  explorer  le  pays  des  Anta- 
nosy  émigrés,  descendant  le  Sakondry  jusqu'à  son  confluent  avec 
POnilahy,  puis  remontant  un  autre  affluent,  le  Taheza,  et  gagnant 
ensuite  Manantsoa  et  Salobé.  Il  se  proposait  de  là  de  se  rendre  à 
Ihosy,  puis  à  Fianarantsoa.  Une  dépêche  de  Tananarive  m'a 
annoncé  le  30  septembre  qu'il  était  arrivé  en  bonne  santé  à  Fia- 
narantsoa, après  un  voyage  difficile  et  non  sans  danger;  j'attends 
sous  peu  une  lettre  qui  me  dira  quel  est  en  réalité  l'itinéraire 


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368  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

qu'il  a  suivi.  11  est  très  possible,  en  effet,  qu'il  ait  dû  modifier  ses 
projets  en  cours  de  route,  les  voyages  dans  cette  partie  de  Madagas- 
car étant  en  ce  moment  tout  à  Tait  difficiles,  car  les  peuplades 
encore  absolument  sauvages  qui  l'habitent  sont  toujours  en  guerre 
entre  elles  ou  bien  en  hostilité  avec  nous.  > 

Trois  lettres  de  M.  Guillaume  Grandidier,  Tune  du  23  août,  écrite 
à  Manantsoa  chez  les  Antanosy  émigrés,  l'autre  du  V  septembre 
datée  de  Ranohira,  la  troisième  du  17  septembre  venant  de  Fia- 
narantsoa,  la  capitale  des  Betsileo,  donnent  d'intéressants  détails 
sur  l'itinéraire  qu'il  a  suivi  depuis  Beraiketa,  qu'il  a  quitté  le 
18  août  dernier. 

M.  Alfred  Grandidier,  de  l'Institut,  nous  écrit  à  ce  sujet,  le 
25  octobre  : 

c  Mon  fils  a  descendu  le  Sakondry,  sur  les  bords  duquel  est 
Beraketra  et  dont  il  avait  précédemment  levé  les  sources,  jusqu'à 
sou  confluent  avec  l'Onilahy,  puis  il  a  remonté  pendant  quelque 
temps  ce  fleuve  et  a  eu  la  chance  d'échapper  à  une  grande  bande 
de  Mahafaly  qui  l'a  suivi  pendant  une  partie  du  trajet  et  voulait 
lui  faire  un  mauvais  parti.  Arrivé  au  Taheza,  deuxième  affluent  de 
droite  de  l'Onilahy,  il  a  parcouru  le  pays  des  Antanosy  émigrés, 
visitant  Vohimasina,  Manantsoa  et  Salobé.  11  a  ensuite  remonté  le 
Sakamaré,  troisième  grand  affluent  de  droite  de  l'Onilahy,  jusqu'à 
l'endroit  où  son  cours  est  dirigé  de  Test  à  l'ouest,  et  il  a  traversé  pen- 
dant cinq  jours  un  pays  entièrement  désert,  sans  le  moindre  village, 
où  il  a  été  attaqué  à  deux  reprises  différentes  par  un  fort  parti 
de  Bara.  Les  nombreux  coups  de  fusil  que  ces  sauvages  ont  tirés 
sur  lui  et  sa  petite  escorte  n'ont  heureusement  pas  été  meurtriers. 
Arrivé  dans  l'ouest  de  l'isalo,  il  a  franchi  cet  amas  de  rochers  qui 
sépare  la  vallée  du  Taheza  de  celle  de  l'Hazofotsy  et  qui,  du  côté 
de  l'est,  forme  une  muraille  à  pic,  et  il  à  gagné  Zavola  et  peu  après 
le  poste  de  Ranohira,  puis  Ihosy  où,  pendant  un  court  séjour  de 
quarante-huit  heures,  il  a  assisté  à  l'incendie  du  village  et  du  poste 
militaire  qui  ont  été  brûlés  en  totalité,  et  enfin  le  16  septembre 
Fianarantsoa,  où  il  a  reçu  l'accueil  le  plus  cordial  de  notre  excel- 
lent collègue  le  Dr  Besson,  qui  a  tant  fait  depuis  une  dizaine  d'an- 
nées pour  développer  chez  les  Betsileo,  les  Tanala  et  les  Betsimi- 
saraka  l'influence  française  et  pour  favoriser  l'œuvre  coloniale.  Pen- 
dant tout  ce  voyage  à  travers  des  régions  peu  ou  pas  connues,  il  a 
fait  avec  le  plus  grand  soin  le  levé  de  ses  itinéraires,  qui  ajouteront 
&  nos  connaissances  sur  la  géographie  de  cette  partie  de  l'île. 


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SÉANCES  DES  4   ET  18  NOVEMBRE   1898.  369 

c  Au  départ  du  courrier,  mon  fils  se  proposait  d'aller  visiter 
rikoogo  pour  y  faire  des  collections  zoologiques  et  botaniques, 
puis  les  mines  de  plomb  et  de  cuivre  d'Ambatofangehana,  les 
riches  gisements  de  fossiles  d'Antsirabé,  le  lac  Tasy  et  enfin  Tana- 
narive  où  il  doit  arriver  probablement  vers  la  fin  de  ce  mois 
d'octobre.  » 


AMÉRIQUE 

Mexique.  —  Notes  économiques  sur  l'État  de  Zacatecas.  — 
M.  Schoenfeld,  consul  de  France  à  Tampico,  dont  on  a  pu  lire 
précédemment  une  série  de  précieuses  notes  économiques  sur  dif- 
férents Etats  du  Mexique,  en  a  fait  parvenir  à  la  Société,  sous  le 
couvert  du  Ministère  des  Affaires  étrangères,  sur  l'État  de  Zaca- 
tecas. 

Cet  État,  compris  entre  les  États  de  Goahuila  au  nord,  de 
Durango  et  de  Tépic  à  l'ouest,  de  Jalisco  au  sud,  de  San-Luis  de 
Potosi  à  Test,  s'étend  entre  les  21'  et  25e  parallèles  du  nord  au 
sud,  les  102*  et  104ê  méridiens  (long.  0.  de  Greenwich)  d'est  en 
ouest,  sur  une  superficie  de  64,138  kilom.  carrés.  Malgré  son  voi- 
sinage du  tropique,  le  climat  en  est  tempéré,  et  même  froid  en 
hiver,  grâce  à  son  altitude,  qui  varie  de  1,733  à  2,442  mètres  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer. 

La  population  de  l'État  de  Zacatecas  est  de  432,578  individus 
(soit  7  habitants  par  kilomètre  carré),  catholiques  en  presque  tota- 
lité, dont  plus  de  80,000  sont  agriculteurs.  Le  nombre  des  décès 
(15,187  en  1896)  est  sensiblement  inférieur  à  celui  des  naissances 
(20,989  en  1896).  —  La  colonie  étrangère  est  très  peu  nombreuse; 
elle  se  compose  seulement  de  354  personnes  ;  ce  sont  des  Espa- 
gnols et  des  Américains  pour  la  plupart. 

L'industrie  minière  est  de  beaucoup  la  plus  importante  de  l'État 
de  Zacatecas;  on  y  compte  vingt-huit  exploitations,  occupant  près 
de  4,000  ouvriers,  qui  ont  produit,  en  1896,  3,642,245  dollars 
d'argent  monnayé  (sans  compter  les  minerais  exportés  aux  États- 
Unis  sous  différentes  formes)  et  346,843  dollars  d'or  monnayé;  les 
systèmes  employés  pour  l'extraction  des  minerais  sont  loin  d'être 
partout  très  perfectionnés. 

Beaucoup  moins  considérables  sont  les  richesses  du  sol;  le  maïs 
est  la  seule  grande  culture  de  cet  État  (16,051,182  dollars  en  1896), 
et  son  rendement  est  sujet  aux  plus  grandes  fluctuations;  presque 


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370  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

tous  les  autres  produits  du  Zacatecas  sont  (sauf  dans  le  canon  de 
Tuchipila,  où  on  récolte  en  petites  quantités  les  fruits  de  terre 
chaude)  ceux  de  la  zone  tempérée.  — .  De  forêts,  il  n'en  existe 
pas;  on  rencontre  par  contre  un  peu  partout,  sur  les  terres 
pauvres,  des  chênes  rabougris,  qui  servent  à  faire  du  charbon  ou 
du  combustible,  et  dont  l'écorce  est  employée  pour  la  tannerie. — 
En  ce  qui  concerne  l'élevage,  celui  du  bétail  à  cornes  ne  fait  pas 
l'objet  d'une  exploitation  importante  et  n'est  destiné  qu'à  la  con- 
sommation locale;  quant  aux  chèvres  et  aux  moutons,  ils  sont 
nombreux  sur  le  plateau  central,  ainsi  que  les  porcs  et  les  oiseaux 
de  basse-cour.  Les  chevaux  du  Zacatecas  sont  renommés. 

Indiquer  le  chiffre  du  mouvement  commercial,  même  d'une 
façon  approximative,  est  impossible;  les  transactions  n'ont  d'ail- 
leurs quelque  importance  que  dans  la  capitale  de  l'Etat,  à  Zaca- 
tecas. 

Cette  ville,  peuplée  de  39,912  habitants,  est  Je  siège  d'un  évêché 
et  possède  un  Hôtel  des  monnaies.  Sombrerete,  centre  minier, 
important  (10,802  hab.),  Giudad  Garcia  (9,420  hab.),  Guadalupe 
(8,781  hab.)  et  Pinos  (8,181  hab.),  voilà  les  principales  autres 
villes  ou  bourgades  de  l'État  de  Zacatecas,  qui  possède  des  routes 
passables  et  est  traversé  du  sud  au  nord  par  le  chemin  de  fer 
central. 

Administrativement,  l'État  de  Zacatecas  est  divisé  en  12  districts 
(partidos)  et  175  municipalités. 

Henri  Froidevaux. 


OCÉANIE 

inraiinde.  —  Voyage  de  MM.  Hiller  et  C.  Hamson  et  du 
DT  W.-H.  Furness.  —  Depuis  trois  ans  MM.  Hiller  et  C.  Hamson, 
et  le  Dr  Furness,  parcourent  les  îles  de  la  Malaisie;  voici  très 
succinctement  quels  ont  été  leurs  itinéraires. 

Aux  mois  de  février,  mars  et  avril  1896,  les  D"  Furness  et  Hiller 
parcoururent  les  îles  Liéou-Tchéou,  et  visitèrent  particulièrement 
les  îles  Oshima  et  Okinawa.  En  juin  1896  ils  se  rendirent  à  Sara- 
wak  et  remontèrent  le  fleuve  Barram  jusqu'au  pied  du  mont  Mulu. 

En  août  de  la  même  année,  ils  remontèrent  le  Redjang  jusqu'à 
son  dernier  fort  (Belaga)  et  visitèrent  le  cours  supérieur  du 
Sadong.  Ils  y  recueillirent  une  collection  qui  figure  actuellement 
au  musée  de  l'Université  de  Pensylvanie. 


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SÉANCES   DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898. 


371 


Le  Dr  Furness  étudia,  de  la  fin  d'octobre  1897  à  la  fin  de 
mars  1898,  le  Barram  et  ses  afûuents,  et  fit  l'ascension  du  mont 
Doulit.  Quant  à  MM.  Hiller  et  Ha  ai  son,  vers  le  1"  octobre  1897, 
ils  pénétrèrent  dans  la  partie  occidentale  de  Bornéo,  à  l'embou- 
chure du  Kapouas,  et  remontèrent  ce  fleuve  jusqu'à  Sùitang,  où 
ils  passèrent  un  mois  à  réunir  des  spécimens  d'histoire  naturelle; 


%  I    M.OOO   000 


I0O  kilomètres 


^ 


I.Labouan 


Sa/uiAkan^ 


en  novembre  ils  continuèrent  à  remonter  le  Kapouas  jusqu'à  Putus- 
Siban,  le  dernier  fort  hollandais,  où  ils  séjournèrent  six  ou  sept 
semaines,  recueillirent  des  spécimens  d'histoire  naturelle  et  d'ethno- 
logie, et  prirent  des  photographies.  Puis  ils  visitèrent  les  Kyans,  les 
Kontas  et  les  Tamans,  qui  demeurent  sur  les  affluents  du  Ka- 
pouas et  près  du  fort  hollandais  de  Putus-Siban.  Au  mois  de  jan- 
vier 1898,  ils  partent  avec  le  chef  kyan  Pegang  dans  la  direction 


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372  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

de  Port  Kapet  sur  le  fleuve  Redjang  (Sarawak)  et  franchissent  un  pays 
montagneux  inhabité,  qui  fut  jadis  un  champ  de  batailles  pour 
différentes  tribus  et  n'est  actuellement  traversé  par  les  indigènes 
eux-mêmes  que  par  bandes  considérables  et  bien  armées.  11  fallut 
aux  voyageurs  trois  semaines  de  chemin  par  eau  et  par  terre  pour 
parvenir  à  rétablissement  situé  sur  le  Redjang  après  avoir  par-t 
couru  une  contrée  où  ils  ne  rencontrèrent  que  des  chercheurs  de 
gutta-percha,  qui  leur  donnèrent  le  riz  et  le  sel  nécessaires  pour 
soutenir  leurs  hommes  et  eux-mêmes  (ils  étaient  en  effet  partis 
sans  emporter  avec  eux  beaucoup  de  nourriture).  A  la  fin  de 
février  1898,  MM.JIiller  et  Hamson  arrivèrent  à  Sarawak  après 
avoir  vu  le  haut  Sibaid  et  le  Balleh,  que  n'avait  encore  reconnus 
aucun  Européen. 

Revenus  de  Singapoure  au  mois  d'avril  1898,  MM.  Hiller  et 
Hamson  visitèrent  les  villes  du  Barito  inférieur,  du  bas  Beraou  et 
du  bas  Boulangan,  dans  le  Bornéo  méridional  et  oriental.  Ils  péné- 
trèrent aussi  dans  le  Mahakkam,  dont  ils  remontèrent  le  cours  pen- 
dant environ  300  milles  jusqu'à  la  localité  appelée  Ana  dans  le 
pays,  en  visitant  les  demeures  des  diverses  tribus  établies  sur 
cette  rivière  et  sur  ses  affluents  (sur  le  Kadang-Kapala  en  particu- 
lier), nommément  les  Bakans,  les  Wahaus  et  les  Pundjungs. 

Après  avoir  quitté  le  Mahakkam  (que  Cari  Bock  avait  déjà  visité, 
mais  sur  le  cours  duquel  il  s'était  avancé  moins  profondément)  (1) 
et  vu  les  fleuves  côtiers  plus  septentrionaux,  les  deux  voyageurs  se 
rendirent  à  Gélèbes,  où  ils  ne  restèrent  que  quelques  jours,  puis 
regagnèrent  de  nouveau  Singapoure  en  juin  1898.  Us  retour- 
nèrent de  là  à  Sarawak,  visitèrent  les  mines  d'or  de  Baou  et  remon- 
tèrent un  peu  le  fleuve  Barram.  Us  quittèrent  Bornéo  au  mois  de 
juillet  dernier  et  revinrent  en  Europe  par  Pékin,  Kalgan  (où  ils 
traversèrent  la  Grande  Muraille),  Ourga,  la  capitale  de  la  Mon- 
golie, Kiakhta,  Irkoutsk  et  Moscou. 

Polynésie.  —  Une  barque  tahitienne  à  la  dérive  de  Tahiti  aux 
îles  Hawaï.  —  D'Honolulu,  M.  Louis  Vossion,  consul  et  commis- 
saire du  gouvernement  aux  lies  Hawaï,  nous  adresse  cette  curieuse 
notice  : 

<c  Le  problème  des  migrations  des  Polynésiens,  et  des  courants 
variables  du  Pacifique,  bien  qu'ayant  fait  un  grand  pas  en  ce  siècle, 


(1)  On  stit  que  Cari  Bock  s'était  avancé  sur  lo  Mahakkam,  an  delà  de  la  région 
des  dnnaus,  jusqu'à  Moara  Pahou,  où  le  major  Mùller  fut  assassiné  en  1825. 


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SÉANCES  DES  4   ET  18  NOVEMBRE  1898.  373 

est  loin  d'être  résolu.  On  est  encore  à  se  demander,  aujourd'hui, 
comment  les  barques  des  navigateurs  polynésinens,  sans  compas 
ni  boussoles,  arrivaient  à  franchir,  avec  sécurité,  d'aussi  énormes 
distances  que  celles  qui  séparent  Samoa,  les  lies  Hawat,  les  Mar- 
quises et  Tahiti.  Pourtant  les  récits  indigènes  ne  laissent  aucun 
doute  à  ce  sujet.  L'aventure  suivante,  arrivée  tout  récemment  à 
une  barque  tahitienne,  peut,  à  ce  point  de  vue,  offrir  quelque 
intérêt.  Voici  les  faits. 

Le  lundi  23  mai,  je  fus  prévenu  à  Honolulu  qu'une  barque 
tahitienne  venait  d'arriver  en  détresse  à  Hookena,  district  de 
South  Koua,  lie  d'Hawaî.  Je  pris  les  mesures  nécessaires,  et  dès 
l'arrivée  de  la  barque  à  Honolulu  j'appris  de  ceux  qui  la  mon- 
taient l'histoire  de  son  long  et  périlleux  voyage.  La  barque 
était  un  schooner  à  deux  mâts  de  32  tonneaux,  nommée  Tetautua, 
venant  de  Tahiti,  après  avoir  touché  aux  îles  Scilly.  Elle  avait  à 
bord  buit  hommes,  le  capitaine,  quatre  matelots,  le  subrécargue 
Jean  Charles  Rey,  de  Tahiti,  et  deux  passagers  polynésiens,  le 
mari  et  la  femme  que  l'on  devait  laisser  aux  îles  Peurhyn,  d'où  ils 
étaient  natifs.  Le  jeune  Rey  est  fils  d'un  père  français,  demeurant 
à  Papeëte,  où  il  est  charron-forgeron.  Son  oncle,  George  Dexter,  de 
nationalité  anglaise,  a  une  maison  de  commerce  à  Tahiti,  avec 
branche  aux  îles  Peurhyn.  Il  avait  chargé  son  neveu  d'aller  l'y 
représenter,  et  mit  à  bord  du  Tetautua  un  grand  nombre  de 
marchandises  diverses  pour  la  succursale  qu'il  allait  diriger.  La 
barque  quitta  Papeëte  le  26  février,  après  avoir  pris  ses  papiers 
chez  le  consul  anglais.  Le  capitaine  avait  à  bord  une  boussole, 
un  chronomètre  en  assez  mauvais  état,  mais  point  de  cartes.  Avant 
de  se  diriger  sur  Omoka,  aux  Peurhyn,  il  devait  s'arrêter  aux  îles 
Scilly,  pour  débarquer  quelques  marchandises.  Il  y  arriva  sans 
encombre  et  en  repartit  le  1"  mars.  Le  lendemain  du  jour  où  il 
avait  repris  la  mer,  il  essuya  une  tempête  effroyable  qui  fit  des 
avaries  assez  graves  au  petit  bâtiment,  et  brisa  complètement  la 
boussole  et  le  compas.  Après  plusieurs  tentatives  infructueuses 
pour  atteindre  les  îles  Peurhyn,  la  barque  se  trouva,  finalement, 
perdue  sur  l'Océan  et  à  la  merci  des  flots.  Elle  fut  ainsi  ballottée 
sur  la  mer  pendant  quatre-vingt-un  jours  :  les  provisions  étaient 
abondantes,  mais  au  bout  de  quelques  semaines  l'eau  s'épuisa,  et 
pendant  quarante  jours,  les  naufragés  n'eurent  d'autre  ressource 
que  de  recueillir  dans  des  toiles  à  voile  l'eau  des  pluies  :  ces  der- 
nières furent,  heureusement,  assez  fréquentes.  Malgré  tout,  quand 
ils  abordèrent  dans  111e  d'Hawaî,  ils  étaient  absolument  épuisés. 

soc.  di  fltw*.— c.  B.  dis  séances. — n#8. — Août-Novembre.  27 


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374  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Les  dires  de  l'équipage  et  la  déclaration  du  jeune  Rey  étaient 
parfaitement  conformes  :  les  matelots  tahiticns  racontèrent,  en 
outre,  leurs  aventures  aux  quelques  Tahitiens  établis  à  Honolulu, 
et  notamment,  à  la  princesse  Ninito,  de  la  famille  des  Pomaré,  qui, 
après  avoir  dû  épouser  le  frère  du  roi  hawaïen  Kaméhaméha  III,  avait, 
après  la  mort  prématurée  de  ce  dernier,  épousé  un  demi-Hawaïen, 
J.-K.  Sumner,  qui  vit  toujours  à  Honolulu.  Tous  les  dires  des  per- 
sonnes de  la  barque  Tetautua  offrant  une  parfaite  concordance,  on 
est  donc  en  présence  d'un  de  ces  passages  de  Tahiti  aux  Sandwich 
dont  les  légendes  locales  ont  conservé  le  souvenir  indiscutable. 

On  sait,  d'ailleurs,  que  le  xiie  et  le  xiu'  siècle  ont  été  mar- 
qués, en  Océanie,  par  des  migrations  considérables  et  de  grands 
mouvements  d'île  à  lie  et  d'archipel  à  archipel.  Les  traditions, 
parlées  ou  écrites,  ne  laissent  aucun  doute  à  ce  sujet  :  quelques- 
unes  sont  classiques  dans  la  littérature  polynésienne  :  à  la  fin 
du  xii9  siècle,  par  exemple,  en  comptant  d'après  les  générations 
indiquées  dans  les  mêlés }  on  voit  Paao  quittant  les  lies  Samoa 
avec  sa  famille  et  ses  guerriers,  abordant  dans  l'Ile  d'Hawaï,  s'y 
établissant,  y  construisant  des  temples  dont  les  débris  existent 
encore  (mordis),  puis,  partant  de  là  pour  Tahiti,  afin  d'en  ramener 
un  roi  pour  les  Hawaïens,  ce  qui  prouve  que  le  célèbre  Kaméha- 
méha Ier,  le  Napoléon  hawaïen,  qui  réunit,  à  la  fin  du  siècle 
dernier,  l'archipel  entier  sous  sa  domination,  est  d'origine  tahi- 
tienne  :  les  voyages  de  Paumakua,  de  KauluakcUana,  et  surtout 
d'Olopana  et  de  son  frère  Moikeha,  à  Tahiti,  aux  Marquises,  à 
Samoa,  sont  relevés  dans  les  mêlés  hawaïens.  Au  milieu  du 
xiv9  siècle,  les  relations  entre  groupes  d'iles  et  les  longues  tra- 
versées à  travers  le  Pacifique  paraissent  avoir  cessé,  par  suite  de 
l'établissement  paisible,  dans  les  divers  archipels,  des  populations 
qui,  s'y  trouvant  bien,  ne  tenaient  plus  à  risquer  leurs  canots  sur 
les  vagues  sans  fin  et  les  espaces  infinis.  Mais  ces  voyages,  qui 
constituent  la  période  héroïque,  pour  leur  race,  ont  laissé,  parmi 
les  Hawaïens,  des  souvenirs  si  vivaces  qu'encore  aujourd'hui,  pour 
parler  d'une  terre  lointaine,  là-bas,  sur  l'Océan,  ils  emploient 
l'expression  Kukulu  o  Kaïki,  le  K  remplaçant  le  T  tahitien. 

c  Ces  hardis  marins  de  l'époque  montaient  de  doubles  canots 
non  pontés,  avec  plate-forme  centrale,  presque  insubmersibles; 
n'ayant  pas  la  connaissance  de  la  boussole,  ils  se  fiaient  à  leur 
connaissance  des  mouvements  des  astres,  et  à  celle,  non  moins 
importante,  des  courants.  Ces  courants  sont  à  étudier  de  plus 
près,  peut-être,  qu'on  ne  Pa  fait  jusqu'ici,  et  on  signale  une  ten- 


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SÉANCES  DES   i  ET  18  NOVEMBRE  1898.  375 

dance  à  développer  leur  étude.  C'est  ainsi  que,  le  5  juillet  dernier, 
le  capitaine  anglais  Hepwarth,  du  steamer  Aorangi,  de  la  ligne 
canadienne-australienne  (entre  Sidney  et  Vancouver,  par  Wel- 
lington et  les  tles  Fidji)  a  lu,  à  Sidney,  un  travail  sur  les  courants 
du  Pacifique,  tels  qu'il  les  a  observés  dans  64  traversées  d'Aus- 
tralie au  Canada,  et  inversement.  D'après  lui,  non  seulement  les 
courants  ne  sont  pas  constants,  mais  ils  varient  selon  chaque 
saison.  À  l'appui  de  ses  théories,  il  a  présenté  douze  cartes,  une 
pour  chaque  mois  de  l'année;  el,  sur  chacune  d'elles,  on  remarque 
d'importantes  variations,  les  courants  se  déplaçant,  et  changeant, 
selon  la  saison.  Ses  travaux  portent  sur  plusieurs  milliers  d'obser- 
vations. Il  est  clair  que  la  connaissance  de  ces  variations  importe 
beaucoup  à  la  sûreté  et  à  la  rapidité  de  la  navigation.  Il  semble- 
rait, par  exemple,  d'après  la  marche  du  Tetautua,  qu'il  existe 
un  courant  maritime  et  aérien  de  Tahiti  vers  Hawaï,  de  février  à 
mars.  Ce  n'est,  d'ailleurs,  qu'une  présomption.  En  ce  qui  con- 
cerne les  travaux  du  capitaine  Hepwarth,  ils  offrent  des  docu- 
ments précieux  pour  un  travail  d'ensemble  qui  reste  tout  entier  à 
établir  :  car  cet  auteur  ne  tire  aucune  conclusion  de  ses  observa- 
tions. VHydrographical  Office  se  propose  de  publier  des  cartes 
spéciales  des  courants  du  Pacifique,  réunissant  toutes  les  données 
acquises  jusqu'à  ce  jour  des  sources  les  plus  diverses.  Ces  cartes, 
non  seulement  seront  d'un  secours  précieux  pour  la  navigation, 
mais  permettront  peut-être  de  résoudre  d'une  manière  scienti- 
fique, et  en  s'appuyant  sur  les  données  établies  par  M.  de  Quatre- 
fages,  le  très  intéressant  problème  du  peuplement  graduel  de 
l'Océanie  et  des  migrations  des  Polynésiens. 

c  Ajoutons  que  la  barque  Tetautua,  bien  réparée,  a  quitté 
Honolulu  le  7  juin,  avec  une  bonne  provision  d'eau,  de  vivres 
frais,  un  chronomètre  neuf,  et  en  charge  d'un  vieux  capitaine  de 
ce  port,  habitué  de  ces  mers,  et  qui,  par  une  étrange  coïncidence, 
se  nomme  le  capitaine  Cook;  la  barque  mit  trente-huit  jours  pour 
aller  à  Papeëte,  où  elle  est  arrivée,  sans  accident,  le  15  juillet. 

c  11  est  évident  que  la  question  des  courants  du  Pacifique  est 
appelée  à  recevoir  une  solution  prochaine,  en  raison  des  récents 
événements  qui  ont  comme  éveillé  à  une  vie  nouvelle  ces  vastes 
solitudes  :  cette  solution  importe  autant  au  point  de  vue  maritime, 
qu'à  celui  du  problème  ethnographique  polynésien. 

c  C'est  à  ce  point  de  vue  que  j'ai  pensé  que  l'aventure  de  la 
barque  tahitienne  Tetautua,  échouée  de  la  sorte  aux  îles  Hawaï, 
méritait  d'être  signalée  à  la  Société  de  Géographie.  » 


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376  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


RÉGIONS  ARCTIQUES 

La  campagne  de  1898  a  été  particulièrement  féconde.  Si  elle  n'a 
pas  été  signalée  par  des  découvertes  d'une  importance  capitale  ou 
par  des  voyages  d'un  intérêt  dramatique,  elle  a  fourni  à  la  géographie 
et  aux  sciences  naturelles  une  ample  moisson  d'observations  et  de 
documents  qui  élargissent  le  cercle  de  nos  connaissances  dans  ces 
régions  encore  si  peu  connues. 

Grëniand.  —  Mission  américaine  de  Peary.  —  Avec  une  per- 
sévérance que  Ton  ne  saurait  trop  admirer,  le  lieutenant  Peary  a 
entrepris  une  nouvelle  exploration  dans  le  Grônland  septentrional. 
M.  Harmsworth,  le  généreux  Mécène  anglais  qui  a  fait  les  frais  de 
la  mission  Frédéric  Jackson  à  la  Terre  François-Joseph,  a  mis 
libéralement  à  la  disposition  du  voyageur  américain  le  Wind- 
ward,  le  solide  navire  qui,  trois  étés  de  suite,  a  ravitaillé  Jackson 
pendant  son  séjour  au  milieu  des  banquises  polaires.  Après  avoir 
poussé  vers  le  nord  aussi  loin  que  possible,  Peary  se  propose  de 
débarquer,  si  les  circonstances  sont  favorables,  sur  les  bords  du 
fjord  Sherard  Osborne,  et,  au  printemps  de  1899,  d'atteindre  l'extré- 
mité septentrionale  du  Grônland. 

Le  2  juillet  dernier,  le  Windward  a  quitté  New-York.  D'après 
une  lettre  parvenue  à  la  Société  de  Géographie  de  Londres  par  le 
Hope,  qui  a  ravitaillé  l'expédition  dans  le  nord  de  la  mer  de  Baflin, 
Peary  se  disposait,  le  13  août,  à  entrer  dans  la  mer  de  Kane.  A 
cette  date  et  sous  cette  latitude,  les  glaces  n'avaient  pas  encore  été 
disloquées. 

Expédition  norvégienne  de  Sverdrup.  —  Vers  les  mêmes  para- 
ges que  le  lieutenant  Peary  se  dirige  l'expédition  norvégienne 
commandée  par  le  célèbre  capitaine  Sverdrup.  Le  24  juin  dernier, 
le  vaillant  compagnon  de  Nansen  est  parti  de  Kristiania,  à  bord  du 
fameux  Fram,  avec  le  projet  d'exécuter  le  périple  du  Grônland  et 
d'entreprendre  une  longue  excursion  vers  le  nord,  en  partant  de 
la  côte  septentrionale  de  cette  terre. 

A  la  date  du  4  août,  le  Fram  est  arrivé  à  Upernivik  (Grônland) 
et,  le  lendemain,  a  poursuivi  sa  route. 

A  propos  de  ce  voyage,  signalons,  d'après  le  journal  le  Verdcns 
Gang  de  Kristiania,  un  intéressant  cas  de  flottage  dans  la  mer 
du  Nord.  A  la  fin  de  septembre,  on  a  recueilli  sur  la  plage  de 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         377 

Lôkken  (côte  nord-ouest  du  Jutland)  une  bouteille  provenant  du 
Fram.  Elle  contenait  la  carte  de  visite  de  M.  Gun.  J.  lsachsen, 
lieutenant  de  l'armée  norvégienne,  avec  ces  mots:  OffFair  IsU 
1/7  1898.  AU  i$  well  ofthe  Norwegian North Pôle  expédition  in. 
the  Fram,  Captain  Sverdrup. 

Expédition  danoise  à  la  côte  orientale  du  Grônland.  —  La 
côte  orientale  du  Grônland  est  restée  absolument  inconnue  du 
66°  delat.  N.,  point  extrême  atteint  par  la  mission  Holm  et  Garde 
en  1885,  jusqu'au  70%  qui  marque  la  limite  des  relèvements  exé- 
cutés par  Scoresby  en  1822.  Pour  combler  cette  lacune,  la  com- 
mission danoise  des  explorations  géographiques  et  géologiques  du 
Grônland  organisa,  en  1891,  l'expédition  du  lieutenant  Ryder. 
Arrêtée  par  les  banquises  qui,  cette  année-là  et  la  saison  suivante, 
atteignirent  une  étendue  et  une  épaisseur  absolument  anormales, 
cette  mission  ne  put  pas  accomplir  son  programme  et  dut  limiter 
ses  recherches  au  bassin  du  fjord  Scoresby,  où  elle  se  livra,  du 
reste,  à  d'importants  travaux. 

La  commission  danoise  vient  de  reprendre  ce  projet.  Le  16  août 
dernier,  le  lieutenant  de  vaisseau  G.  Amdrup,  accompagné  de  deux 
naturalistes,  M.  Ch.  Km  se,  botaniste  et  géologue,  et  N.  K.  Poulsen, 
zoologiste,  a  quitté  Copenhague  sur  la  barque  à  vapeur  Godthaab, 
pour  faire  route  vers  Angmagsalik,  la  station  établie,  en  1893, 
sur  la  côte  orientale  du  Grônland. 

Le  navire  rencontra  le  premier  iceberg  à  cinquante  milles  de  cette  ' 
côte  et  la  banquise  seulement  à  vingt  milles  d'Angmagsalik.  Le  pack 
était  disloqué  et,  le  31  août,  le  navire  arrivait  à  destination.  Cette 
année,  l'état  des  glaces  a  été  extraordinaire  ment  favorable  dans  ces 
parages;  dés  le  11  août,  un  bâtiment  aurait  pu  atteindre  Angmag- 
salik. 

La  mission  du  lieutenant  Amdrup  doit  hiverner  dans  cette  sta- 
tion et,  au  printemps  prochain,  entreprendre  vers  le  nord  une 
reconnaissance  en  canot,  en  se  glissant  entre  la  terre  et  la  ban- 
quise. Les  renseignements  recueillis  par  cet  explorateur  serviront 
à  établir  le  plan  de  campagne  d'une  seconde  expédition  qui,  en 
1900,  s'établira  dans  le  Scoresby  Sound  et  se  dirigera  ensuite  vers 
le  sud,  afin  d'exécuter  le  lever  complet  de  cette  partie  de  la  côte 
grônlandaise.  (Geografisk  Tidskrift.) 

Islande.  —  Expédition  du  D'  Thoroddsen.  —  L'été  dernier  le 
Dr  Thoroddsen  a  continué  en  Islande  ses  fécondes  explorations 


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378  C0MPTE8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

géographiques  et  géologiques.  Cette  fois-ci  ses  recherches  ont 
porté  sur  la  région  du  Hochland  qui  s'étend  au  nord  du  Bor- 
garfjord,  dans  l'ouest  du  Langjôkul).  A  la  base  occidentale  de  cette 
coupole  glacée,  ce  voyageur  a  découvert  une  série  d'anciens  cra- 
tères dont  est  sorti  un  énorme  courant  de  laves,  le  Hallmun- 
darhraun,  qui  couvre  tout  l'espace  compris  entre  ce  glacier  et 
rEiriksjôkull.  Ce  courant,  très  accidenté,  présente  l'aspect  d'une 
mer  houleuse,  subitement  solidifiée.  La  région  bordant  au  nord- 
ouest  le  Langjôkull  est  déchiré  de  crevasses  longues  de  plusieurs 
dizaines  de  kilomètres;  elle  a  de  plus  subi  un  affaissement  qui 
s'est  traduit  par  la  formation  de  terrasses  étagées.  Pendant  cette 
période  d'affaissement,  ces  crevasses  ont  également  émis  des 
laves.  Ce  district  renferme  de  nombreuses  grottes  dont  quelques- 
unes  atteignent  un  très  grand  développement. 

Au  cours  de  cette  expédition  le  Dr  Thoroddsen  a  exploré  les 
deux  grands  glaciers  de  l'Islande  occidentale  :  rEiriksjôkull  et  le 
Langjôkull.  Du  premier,  descendent  cinq  glaciers  escarpés,  dont 
quelques-uns  charrient  des  moraines  considérables.  Sur  le  versant 
nord-ouest  du  second,  ce  voyageur  a  découvert  neuf  courants  de 
glace  parmi  lesquels  deux  atteignent  de  grandes  dimensions. 

Le  Langjôkull  et  rEiriksjôkull,  comme  tous  les  autres  glaciers 
de  l'Islande,  constituent  d'énormes  coupoles  dominant  le  Hochland, 
constituées  par  d'épaisses  couches  de  brèches  volcaniques.  Ces 
dômes  sont  les  témoins  de  l'ancien  niveau  du  sol  préservés  par 
leur  carapace  cristalline  des  effets  destructeurs  de  la  dénudation. 
Partout  ailleurs,  la  nappé  des  brèches,  épaisse  d'un  millier  de 
mètres,  qui  recouvrait  l'intérieur  de  l'Islande  à  une  période  anté- 
rieure, a  été  enlevée  par  les  diverses  érosions. 

Au  nord-ouest  du  Langjôkull,  sur  les  plateaux  du  Storisandur, 
de  l'Arnarvatnheidi,  du  Tvidœgra,  le  D' Thoroddsen  signale  l'exis- 
tence de  laves  dont  l'origine  préglaciaire  est  indiquée  par  de  nom- 
breuses stries  et  par  la  présence  d'une  quantité  énorme  de  blocs 
erratiques.  La  région  du  Tvidœgra  présente  un  paysage  morai- 
nique  très  caractérisé;  la  roche  n'apparaît  en  place  que  dans  de 
rares  localités,  dissimulée  presque  partout  par  des  matériaux 
d'origine  glaciaire,  et  toutes  les  dépressions  sont  occupées  par  des 
nappes  d'eau  plus  ou  moins  étendues,  des  tourbiers  et  des  marais. 
Dans  celte  partie  de  l'Islande  le  niveau  du  Hochland  s'abaisse 
notablement  et  ne  dépasse  guère  l'altitude  de  500  mètres. 

Après  cette  exploration,  le  Dr  Thoroddsen  visita  les  vallées  du 
fiorgarfjord,  et  la  région  comprise  entre  le  Langjôkull  et  Reykja- 


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SÉANCES  DES  i  ET  18  NOVEMBRE  1898.  379 

vik,  notamment  le  massif  d'Ok.  L'Ole  est  une  énorme  coupole  de 
laves  préglaciaires.  Plusieurs  des  courants  auxquels  elle  a  donné 
naissance  remplissent  des  vallées,  notamment  le  Flôkadalur,  ce  qui 
prouve  que  ces  dépressions  sont* antérieures  à  la  grande  extension 
des  glaciers.  Les  laves  préglaciaires  voisines  de  Reykjavik  ne  pro- 
viennent pas  de  l'Ok,  comme  on  le  croyait  jusqu'ici.  M.  Tho- 
roddsen  parcourut  ensuite  le  Lundareykjadalur,  le  Skoradalur  et 
les  lacs  dits  Reydarvatn  et  Hvalvatn.  Ces  bassins  paraissent  avoir 
été  creusés  par  les  glaciers.  Primitivement,  sur  leur  emplacement 
des  dépressions  existaient  dans  le  basalte;  ultérieurement,  ils 
furent  remplis  par  des  tufs  et  des  brèches,  puis  nettoyés  de  ces 
matériaux  par  les  courants  de  glace  quaternaires. 

Le  D'Thoroddsen  a  complété  son  voyage  par  l'étude  du  Reykjanaes. 

Cette  campagne  termine  la  grande  œuvre  à  laquelle  M.  Tho- 
roddsen  a  consacré  sa  vie.  Après  dix-sept  ans  d'un  travail  acharné  et 
d'une  persévérance  qu'aucune  difficulté  n'a  pu  vaincre,  l'énergique 
naturaliste  a  enfin  achevé  l'exploration  de  l'Islande.  Cette  entre- 
prise géographique  comptera  parmi  les  plus  fécondes  qui  aient 
été  exécutées  par  un  seul  homme,  sans  le  concours  d'aucun  col- 
laborateur. (Geografisk  Tidskrift  et  lettre  particulière  du  Dr  Tho- 
roddsen.) 

Mission  archéologique  du  capitaine  Daniel  Bruun  en  Islande 
et  aux  Fœro.  —  Après  avoir  exploré  les  Faerô*  pendant  le  mois  de 
juin,  le  capitaine  Bruun  a  poursuivi  ses  recherches  sur  l'ancienne 
architecture  indigène  dans  l'Islande  méridionale  (ôrebakke  et 
Reykjanaes).  Dans  cette  région  se  rencontrent  des  constructions 
archaïques  en  pierres  en  forme  de  dômes  dites  Fjarborge,  servant 
d'é tables  et  les  ruines  d'un  gourd  particulièrement  intéressantes. 
Comme  couverture,  on  avait  employé  dans  cette  construction  des 
lamelles  cintrées  provenant  d'une  coupole  de  lave,  pour  éviter 
l'emploi  d'une  charpente. 

De  Reykjavik,  M.  Bruun  parcourut  l'Islande  occidentale.  Sur  les 
bords  du  Bredefjord  il  étudia  plusieurs  tombeaux  datant  de  l'époque 
païenne,  et,  en  se  rendant  à  Akreyri,  découvrit  une  enceinte  for- 
tifiée, perchée  sur  un  rocher,  remontant  suivant  toute  probabilité  au 
xi*  siècle.  Fouillant  soigneusement  toutes  les  ruines  qu'il  rencon- 
trait sur  sa  route  :  églises,  cimetières,  etc.,  cet  archéologue  a 
recueilli  une  collection  d'antiquités  aussi  nombreuse  qu'intéres- 
sante. Traversant  ensuite  l'Islande,  de  la  côte  nord  à  Reykjavik, 
M.  Brunn  a  exécuté  une  carte  à  grande  échelle  des  sources  chaudes 


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380  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

de  Hveravellir  et  des  Geysers.  Ces  documents  permettront  de  se 
rendre  compte  des  changements  importants  éprouvés  par  ces  der- 
nières sources  à  la  suite  du  tremblement  de  terre  de  1896.  (Geo- 
grafisk  Tidskrift.) 

Spit»feer*.  —  L'été  dernier,  cet  archipel  arctique  a  été  exploré 
par  quatre  expéditions  scientifiques,  celles  de  S.  A.  S.  le  prince 
de  Monaco,  du  Dr  Nathorst,  de  Stockholm,  de  M.  Lerner,  enfin 
une  mission  ru  s  s  o- suédoise  chargée  de  la  mesure  d'un  arc  d'un 
degré.  Les  résultats  de  la  première  de  ces  expéditions  se  trouvant 
exposés  ici-méme,nous  nous  bornerons  à  ajouter  que  cette  croisière, 
singulièrement  hardie  avec  un  navire  peu  approprié  à  la  navigation 
arctique,  fait  le  plus  grand  honneur  au  marin  qui  Ta  conduite. 

Expédition  suédoise.  —  L'expédition  scientifique  suédoise  était, 
comme  toutes  celles  antérieurement  organisées  par  ce  pays,  solide- 
ment constituée. 

Dirigée  par  le  professeur  A.  G.  Nathorst,  géologue  aussi  dis- 
tingué qu'explorateurexpériinenté,  elle  comptait  un  nombreux  état- 
major  scientifique  :  deux  botanistes,  les  D"  Gunnar  Andersson  et 
Hesselman,  deux  zoologues,  le  Dr  Ohlin  et  M.  Kolthoff,  un  hydro- 
graphe, le  Dr  Hamberg,  un  topographe,  le  lieutenant  Kjellslrôm. 
M.  J.  G.  Andersson,  chargé  de  l'étude  du  plankton  et  de  travaux 
stratigraphiques,  et  un  médecin,  le  Dr  E.  Levin,  auquel  étaient 
confiées  des  études  bactériologiques,  complétaient  le  personnel. 
La  mission  était  embarquée  sur  un  solide  baleinier,  YAntarctic, 
commandé  par  le  capitaine  Nilsson. 

Parti  deTrorasô  le  8  juin,  YAntarctic  ancrait  cinq  jours  plus  tard  à 
Beeren  Ëiland  (tle  des  Ours),  dans  le  mouillage  du  Sud  (Sydhamm), 
sans  avoir  rencontré  en  route  aucune  glace.  Autour  de  l'Ile,  la  mer 
était  également  complètement  libre,  circonstance  rare  à  cette  époque 
de  l'année.  En  raison  des  brumes  très  fréquentes  dans  cette  région  et 
de  l'absence  d'un  bon  mouillage,  Beeren  Eiland  n'a  été  que  très 
rarement  visité  par  des  expéditions  scientifiques.  Trois  seulement 
des  nombreuses  missions  suédoises  (1)  qui  ont  exploré  le  Spitzberg 
avaient  pu  y  débarquer,  encore  le  plus  souvent  pendant  un  temps 
très  court.  Cette  année,  favorisé  par  un  beau  temps  exceptionnel, 
le  Dr  Nathorst  a  pu  séjourner  une  semaine  entière  sur  cette  terre. 
La  relâche  a  été  mise  à  profit  par  le  lieutenant  Kjellslrôm  et 

(1)  En  1864  et  en  1868  M.  Nordenskftild,  en  1870  M.  Nathorst. 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         381 

par  le  Dr  Hamberg  pour  exécuter  une  carte  complète  de  l'île 
au  1/50,000  (1)  et  un  levé  hydrographique  du  mouillage  du  Sud. 

Au  point  de  vue  topographique,  Beeren  Eiland  se  divise  en 
trois  parties  :  1°  région  méridionale  occupée  par  un  relief 
atteignant  l'altitude  de  435  mètres  et  présentant  du  côté  de  la 
mer  des  escarpements  verticaux  ;  2°  région  orientale  formée  par 
le  haut  plateau  du  Mount  Misery,  surmonté  par  trois  pyramides 
rocheuses,  les  Trois  Couronnes  (Tre  Krouor),  dont  la  plus  haute 
s'élève  à  536  mètres  ;  3*  région  nord  et  nord-ouest,  constituée  par  des 
plaines  stériles,  couvertes  d'éboulis  gréseux  et  parsemées  de  lacs. 
La  plupart  de  ces  nappes,  très  peu  profondes,  assèchent,  suivant 
toutes  probabilités,  à  une  époque  plus  avancée  de  l'été.  Dans  la 
partie  ouest  de  nie,  au  pied  nord  du  massif  méridional,  le  Dr  Na- 
thorst  a  découvert  un  grand  bassin  permanent,  le  lac  d'Ella 
(Elias  tjô).  Son  altitude  est  d'environ  20  mètres  et  sa  profondeur  de 
30*  La  partie  la  plus  creuse  de  la  cuvette  se  trouve  donc  en  des- 
sous du  niveau  de  la  mer. 

D'après  le  Dr  Nathorst,  le  massif  du  Mount  Misery  est  constitué 
par  des  calcaires  carbonifères  très  riches  en  fossiles  et  les  Trois 
Couronnes  par  des  lambeaux  de  terrain  triasique.  Sur  les  bords 
du  lac  d'Ella  apparaissent  deux  horisons  géologiques  différents. 
Sur  une  rive  de  cette  nappe  d'eau  affleurent  des  couches,  probable- 
ment siluriennes,  fossilifères  et  sur  l'autre  des  strates  appartenant 
au  carbonifère  inférieur.  Aucun  glacier  n'existe  plus  aujourd'hui 
à  Beeren  Eiland,  mais  les  stries  relevées  en  de  nombreuses  loca- 
lités par  le  Dr  Nathorst  attestent  que  cette  Ile  a  été  à  une  époque 
antérieure  recouverte  d'une  calotte  glaciaire. 

Le  20  juin,  YAntarctic  quittait  Beeren  Eiland  et  faisait  route  au 
nord-est,  afin  de  reconnaître  l'état  des  glaces  en  vue  de  l'explora- 
tion projetée  à  la  Terre  du  Roi-Charles  pendant  le  mois  d'août. 
Dans  cette  direction,  la  mer  était  aussi  libre  que  plus  au  sud,  et, 
le  22,  l'expédition  arrivait  de  très  grand  matin,  devant  Hope 
Eiland  (lie  de  l'Espérance).  La  violence  du  ressac  ayant  empêché 
de  débarquer  (2),  on  continua  à  avancer  dans  le  nord-est,  dans  l'est 
du  Spitsberg,  jusqu'au  77°25'  de  lat.  N.  et  27°30'  de  long.  E.  de  Gr. 
En  ce  point  s'étendait  une  banquise.  Après  avoir  réussi  quelque 


(1)  Karta  ôfver  Beeren  Eiland  uppuràtt  under  1806  ârs  Svenska  Polar  expé- 
dition den  13-19  juni  af.  A .  Hamberg  och  O,  KjelUtrôm.  Cette  carte  t  été  pu- 
bliée à  Stockholm,  le  19  août  1898,  «tant  même  lo  retour  de  l'expédition,  les  mi- 
nutes ayant  été  envoyées  du  Spitsberg  par  voie  postale  en  Suède. 

(2)  Cette  île  ne  renferme  aucun  mouillage. 


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382  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

temps  à  se  frayer  un  passage,  le  bâtiment  suédois  dot  battre  en 
retraite,  par  11*W  de  lat.  N.  et  28°  de  long.  E. 

UAntarctic  revint  ensuite  dans  l'ouest,  et,  après  avoir  doublé  une 
masse  de  glaces  très  épaisse  amoncelée  autour  de  la  côte  sud  de 
l'île  d'Edge,  traversa  le  Storfjord.  Sur  la  côte  ouest  de  ce  large 
golfe,  dans  une  baie  ouverte  à  Test  du  Homsundstind,  le  Dr  Ham- 
berg  découvrit  des  empreintes  végétales  fossiles  appartenant  au 
tertiaire,  horizon  géologique  dont  la  présence  n'avait  pas  encore  été 
reconnue  dans  cette  partie  de  l'archipel. 

Cette  reconnaissance  terminée,  l'expédition  explora  pendant  trois 
semaines  le  Belsound,  le  plus  grand  des  fjords  du  Spitsberg  occi- 
dental après  risfjord.  Pendant  cette  relâche,  les  topographes  exécu- 
tèrent une  carte  au  1/100,000  des  baies  de  Van  Mijen  et  de  Van 
Keulen,  qui  constituent  Je  bassin  supérieur  de  ce  golfe.  La  pre- 
mière de  ces  baies  serait  notablement  plus  étendue  que  ne  l'in- 
diquent les  cartes. 

Tout  le  territoire  compris  entre  PAdvent  bay  au  nord  et  l'extré- 
mité supérieure  de  la  baie  de  Van  Mijen  au  sud  est  constitué  par  des 
couches  tertiaires  presque  horizontales,  dont  les  assises  supérieures, 
un  grès  foncé,  sont  particulièrement  riches  en  empreintes  végé- 
tales. Les  géologues  suédois  reconnurent  l'extension  de  cet  horizon 
géologique  jusqu'à  la  baie  de  Van  Keulen  et  découvrirent  sur  les 
bords  de  cette  nappe  un  gisement  de  plantes  fossiles  d'une  incom- 
parable richesse.  En  même  temps,  les  botanistes  de  l'expédition 
recueillaient  de  très  intéressantes  collections. 

Pendant  un  court  séjour  dans  risfjord,  l'entomologiste  de  la 
mission  récolta,  sur  les  bords  de  la  Kol  bay,  deux  espèces  de 
coléoptères,  les  deux  premiers  qui  aient  été  trouvés  au  Spitsberg. 

Le  24  juillet,  YAntarctic  faisait  route  vers  l'ouest  pour  se  livrer 
pendant  une  semaine  à  des  recherches  océanographiques  dans  la 
Fosse  suédoise  (Svenska  Djup),  découverte  en  1868  par  Nordens- 
kiôldau  large  du  Spitsberg.  Le  28  juillet,  sous  le  78*  1' et  par  4*9' de 
long.  O.  de  Gr.,  l'expédition  fut  arrêtée  dans  sa  course  vers  l'ouest 
par  la  grande  banquise  qui  s'écoule  le  long  de  la  côte  orientale  du 
Grônland.  En  cet  endroit,  la.  glace  formait  une  large  baie  dans 
laquelle  VA  ntarctic  s'engo\fa.  Précisément  dans  ces  mêmes  parages, 
en  1868,  la  Sofia,  le  navire  de  Nordenskiôld,  avait  rencontré  une 
profonde  indentation  dans  la  banquise.  Entre  l'Ile  du  Prince- 
Charles  (Prince Charles  Foreland)  et  le  4#9'  de  long.  0.  de  Gr.,  des 
sondages  et  des  dragages  ont  été  exécutés  en  quatre  stations  dif- 
férentes. Les  fonds  sont  constitués  par  de  l'argile  à  biloculines. 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         383 

Immédiatement  à  l'ouest  du  Spitsberg,  le  25  juin,  la  sonde  indiqua 
une  cavité  de  2,700  mètres,  et  un  peu  plus  loin,  le  26,  un  abîme  de 
3,100  mètres,  le  plus  grand  fond  mesuré  dans  ces  parages.  Cette 
dépression  s'étend  vers  l'ouest.  Le  lendemain,  un  troisième  sondage 
donna  le  même  résultat  de  3,100  mètres.  Au  delà,  au  contraire,  les 
fonds  se  relèvent  ;  le  28,  précisément  sur  le  point  même  où  l'expé- 
dition de  la  Sofia  avait  trouvé  en  1868  une  fosse  de  4,850  mètres, 
M.  Hamberg,  l'océanographe  de  VAntarctic,  n'a  trouvé  que 
2,700  mètres.  La  différence  de  2,150  mètres  qui  existe  entre  les 
deux  observations  provient  des  défectuosités  des  appareils  bathymé- 
triques  employés  en  1868.  A  cette  époque,  ces  instruments  étaient 
loin  d'avoir  la  précision  qu'ils  atteignent  aujourd'hui.  La  Fosse 
suédoise  est  donc  sensiblement  moins  déprimée  qu'on  le  croyait. 

Les  observations  de  températures  ont,  de  plus,  prouvé  que  cette 
année,  au  large  du  Spitsberg,  les  eaux  du  Gulf  Stream  formaient 
une  couche  très  profonde.  D'autres  années,  au  contraire,  les  eaux 
chaudes  sont  loin  d'atteindre  une  aussi  grande  épaisseur.  De  cette 
constatation  il  semble  résulter  que  le  débit  du  Gulf  Stream  est 
soumis  à  des  variations. 

Ces  travaux  terminés,  VAntarctic  se  dirigea  de  nouveau  vers  la 
Terre  du  Roi-Charles,  dont  l'exploration  constituait  la  partie  la  plus 
importante  du  programme  de  l'expédition  suédoise. 

Cet  archipel  n'est  autre  que  la  terre  de  Wiche,  rencontrée  en 
1617  par  Edge,  et  baptisée  par  lui  en  l'honneur  d'un  des  principaux 
négociants  de  Londres.  Cette  découverte  tomba  ensuite  dans  l'ou- 
bli, et  seulement  en  1859,  le  chasseur  de  phoques  norvégien,  Elling 
Carlsen,  revit  cette  lie  qu'il  prit  pour  la  fameuse  Terre  de  Gilies 
que  les  vieilles  cartes  indiquaient  dans  le  nord-ouest  du  Spitsberg. 
Quatre  ans  plus  tard,  Carlsen  releva  de  nouveau  cette  même  lie.  En 
1864,  du  sommet  delà  Montagne  blanche  (Hvita  berget),  l'extrémité 
est  du  Spitsberg  occidental,  le  professeur  Nordenskiôld  aperçut 
dans  l'est  une  haute  terre  qu'il  prit  également  pour  la  Terre  de 
Gilies.  En  1870,  l'expédition  allemande  de  Heuglin  et  de  Waldburg- 
Zcil,  du  haut  du  mont  Middendorff,  vit,  dans  l'est  de  l'Ile  d'Edge, 
une  terre  qu'elle  appela  Terre  du  Roi-Charles,  pour  rendre  hom- 
mage au  souverain  du  Wurtemberg,  et  donna  à  celle  signalée  par 
les  Suédois  le  nom  de  Schwedigches  Vorland  (promontoire  suédois). 
Deux  ans  plus  tard,  trois  pécheurs  norvégiens  réussirent  à  atteindre 
la  Terre  du  Roi-Charles.  Leurs  observations  n'étaient  nullement  con- 
cordantes. D'après  deux  d'entre  eux,  il  existait  là  un  groupe  d'Iles, 
d'après  le  troisième,  au  contraire,  une  masse  continentale.  A  l'aide 


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384  COMPTES  RENDUS  DE 8  SÉANCES. 

des  livres  de  bord  de  ces  marins,  le  professeur  Mohn  dressa  une 
carte  de  cet  archipel  et,  en  l'honneur  de  Charles  XV  de  Norvège, 
lui  donna  le  nom  de  Terre  du  Ho i -Charles. 

En  1884,  H.  C.  Johannesen  parvint  à  approcher  de  cette  terre  et 
n'y  reconnut  qu'une  seule  île.  Un  autre  pêcheur  de  Tromsô,  Hem- 
ming  Andreasen  constata,  au  contraire,  dans  ces  mêmes  parages 
l'existence  de  deux  Iles  séparées  par  un  large  détroit.  Mais,  pensant 
se  trouver  plus  à  l'est  qu'il  ne  l'était  réellement,  il  se  crut  en  pré- 
sence de  terres  différentes  de  celle  du  Roi-Charles.  La  plus  grande 
confusion  existait  donc  dans  la  géographie  de  cette  partie  du  Spits- 
berg.  La  saison  de  1889  amena  un  progrès  sensible.  Uemming 
Andreasen  reconnut  pour  la  première  fois,  avec  certitude,  que  l'ar- 
chipel en  question  se  composait  de  deux  lies  en  traversant  le  che- 
nal qui  les  sépare.  En  même  temps,  le  Dr  Rukenthal  confirmait 
le  morcellement  de  la  Terre  du  Roi-Charles,  mais  élevait  à  trois  le 
nombre  des  lies  qui  la  constituent  En  1897,  M.  Pike  réussit  à 
exécuter  le  périple  de  cette  Terre. 

Le  2  août,  VAntarctic  doublait  le  cap  Sud  du  Spitsberg,  et,  le  4» 
mouillait  devant  le  Promontoire  suédois,  après  avoir  traversé,  à 
l'est  de  l'Ile  d'Edge,  une  banquise  étendue,  mais  suffisamment 
disloquée  pour  permettre  le  passage  du  navire.  L'expédition  sué- 
doise séjourna  onze  jours  à  la  Terre  du  Roi-Charles.  Cette  relâche 
a  été  employée  à  enlever  une  carte  au  1/100,000  et  à  en  poursuivre 
l'étude  scientifique.  Grâce  à.  ces  travaux,  la  topographie  de  cet 
archipel  se  trouve  désormais  fixée. 

La  Terre  du  Roi-Charles  se  compose,  comme  tiemming  An- 
dreasen l'avait  reconnu,  de  deux  grandes  lies  :  â  l'ouest,  le  Svenska 
Fôrland  (Promontoire  suédois),  allongé  dans  la  direction  nord-sud, 
et,  â  Test,  l'Ile  du  Roi-Charles,  la  plus  étendue,  orientée  est-ouest 
A  l'est  de  cette  dernière,  se  rencontrent  encore  les  deux  petites  tles 
d'Abel  et,  sur  sa  côte  sud,  plusieurs  îlots,  tous  très  bas  sur  l'eau. 

Le  Svenska  Fôrland  est  occupé  par  un  plateau  élevé  d'environ 
200  mètres,  entouré  par  des  terres  basses.  Dans  la  partie  nord  de 
l'tle  s'élève  une  montagne  isolée  de  cette  haute  plaine.  Sur 
une  partie  seulement  de  ce  relief  campaniforme  s'étend  une  ca- 
lotte de  glace  ;  partout  ailleurs  on  n'observait  que  quelques  petites 
plaques  de  neige.  Les  ravins  ouverts  à  travers  les  escarpements 
du  substratum  étaient,  au  contraire,  remplis  de  coulées  de  neige 
qui  donnaient  naissance  à  d'abondants  torrents.  Toutes  ces  eaux 
transforment  en  bourbiers  les  terres  basses  riveraines  de  la  mer 
formées  par  une  succession  d'anciennes  plages  couvertes  de  bois 


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SÉANCES  DBS  4  ET   18  NOVEMBRE  1898.  385 

flottés.  Quelques-uns  de  ces  débris  ligneux  sont  situés  à  une  très 
grande  hauteur  au-dessus  du  niveau  actuel  de  la  mer;  aussi  bien, 
d'après  le  Dr  Nathorst,  leur  dépôt  remonte  certainement  à  plusieurs 
milliers  d'années. 

Le  sommet  du  plateau  est  constitué  par  une  nappe  de  basalte, 
dont  la  surface  se  trouve  parsemée  de  troncs  d'arbres  silicifiés, 
merveilleusement  conservés.  Leurs  cercles  de  croissance  et  leur 
tissu  cellulaire  sont  encore  visibles  dans  tous  leurs  détails.  Sur 
la  côte  méridionale  et  en  plusieurs  autres  localités,  ces  roches 
volcaniques  reposent  sur  des  assises  jurassiques  très  riches  en 
empreintes  fossiles. 

L'Ile  du  Roi-Charles  présente  les  mêmes  formes  topographiques 
et  la  même  constitution  géologique  que  le  Svenska  Fôrland. 

Sur  sa  côte  méridionale  on  ne  rencontre  que  de  petits  fonds  de 
12  à  40  mètres. 

De  nie  du  Roi-Charles,  l'expédition  fit  route  au  nord,  et  le 
18  août,  atteignit  Plie  Blanche  (Evita  0).  Cette  île,  située  dans 
Test  de  la  Terre  du  Nord-est,  fut  découverte  en  1874  par  le  capi- 
taine norvégien  Kjeldsen.  En  1884,  E.  H.  Johannesen  l'aperçut 
de  nouveau  et  lui  donna  le  nom  de  Nouvelle-Islande  (Ny  Island). 
D'après  le  Dr  Nathorst,  cette  terre,  beaucoup  plus  étendue  que 
ne  l'indiquent  les  cartes,  est  occupée  entièrement  par  une  cou- 
pole de  glace,  haute  de  200  mètres  environ,  terminée  du  côté  de 
la  mer  par  des  falaises  cristallines  qui  donnent  naissance  à  des 
icebergs.  L'expédition  débarqua  sur  les  pointes  nord-est  et  sud- 
ouest  de  l'île,  les  seules  portions  de  la  côte  laissées  libres  par  les 
glaciers.  Dans  ces  deux  localités,  le  terrain  est  constitué  par  des 
roches  primitives. 

Poursuivant  sa  marche  vers  le  nord,  YAntarctic  rencontra  bien- 
tôt une  épaisse  banquise.  En  présence  de  cet  obstacle,  le  capitaine 
inclina  dans  l'ouest  et  mouilla  devant  l'île  de  Charles  XII,  qui  se 
trouvait  entourée  d'eaux  libres.  Sur  cet  îlot  et  sur  son  voisin,  le 
Drabant,  les  naturalistes  observèrent  des  masses  énormes  de  bois 
flotté.  De  là,  faisant  une  nouvelle  tentative  vers  le  nord,  l'expédi- 
tion atteignit,  le  20  août,  par  22° 45'  de  long.  E.,  le  81°  14',  la 
plus  haute  latitudo  à  laquelle  elle  soit  parvenue.  Au  delà,  le  pack 
polaire,  très  compact,  fermait  complètement  la  route.  Si  YAntarc- 
tic était  arrivé  quelques  semaines  plus  tôt,  nul  doute  qu'il  n'ait  pu 
poussé  beaucoup  plus  loin.  Chassée  par  les  vents  du  nord,  domi- 
nant depuis  quelque  temps,  la  banquise  avait  dérivé  vers  le  sud 
et  recouvert  une  région  complètement  libre  auparavant. 


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386  COMPTES  RENDU8  DES  SÉANCES. 

De  là,  l'expédition  fît  route  au  sud-ouest,  en  passant  dans  le 
nord  des  Sept  Iles,  et  en  suivant  la  lisière  orientale  d'une  nappe 
de  glace  qui  s'étendait  très  loin  dans  le  sud.  Sur  la  côte  septen- 
trionale du  Spitsberg,  elle  visita  la  Treurenberg  Bay,  Grey  Hook 
et  l'île  des  Danois,  puis  redescendit  dans  le  sud  le  long  de  la  côte 
ouest,  achevant  ainsi  le  périple  complet  de  l'archipel. 

Une  série  de  tempêtes  ayant  arrêté  VAntarctic  dans  sa  marche 
vers  le  Storfjord,  le  Dr  Nathorst  fit  mettre  le  cap  au  sud  et,  le  7  sep- 
tembre, l'expédition  suédoise  rentrait  à  Tromsô. 

Les  résultats  scientifiques  obtenus  au  cours  de  cette  explora- 
tion sont  considérables.  Beeren  Eiland,  l'archipel  du  Roi-Charles, 
et  le  Belsound,  ont  été  l'objet  de  levers  précis  et  détaillés;  enfin, 
le  relief  des  fonds  marins  dans  une  région  de  l'ouest  du  Spitsberg 
a  été  déterminé  avec  exactitude.  Les  indications  données,  dans  le 
cours  de  cet  exposé,  sur  les  travaux  d'histoire  naturelle,  montrent, 
d'autre  part,  l'importance  des  études  poursuivies  l'été  dernier  par 
la  mission  suédoise.  Conduites  par  £.  Le  vin,  les  recherches  bacté- 
riologiques fourniront  des  renseignements  et  des  documents  par- 
ticulièrement intéressants. 

(D'après  les  lettres  adressées  par  le  professeur  Nathorst  au 
Stockholm' $  Dagblad,  au  Nya  Dagligt  Allehanda,  et  par  le 
Dr  Gunnar  Andersson  aux  Dagens  Nyheter.) 

Expédition  allemande.  —  Une  expédition  allemande  conduite 
par  M.  Th.  Lerner,  montée  sur  le  vapeur  en  fer  le  Helgoland 
(capitaine  Rûdiger),  a  visité  une  partie  des  régions  explorées  par 
le  Dr  Nathorst. 

Une  somme  considérable  d'argent  et  d'énergie,  qui,  employée 
sur  un  antre  terrain,  aurait  produit  des  résultats  considérables,  a 
été  ainsi  gaspillée  au  grand  préjudice  de  la  science.  Les  régions 
arctiques  offrent  aux  explorateurs  des  champs  d'activité  suffisam- 
ment vastes  et  féconds  pour  qu'ils  ne  se  fassent  pas  concurrence. 

M.  Lerner  a  réussi  à  faire  le  tour  de  la  Terre  du  Roi-Charles. 
D'après  ses  observations,  elle  se  composerait  de  trois  îles  :  le 
Svenska  Fôrland,  l'ile  d'Iéna  et  à  l'est  File  Auguste-Schcrl.  L'île 
d'iéna  est  l'île  du  Roi-Charles  des  Scandinaves.  Ce  nom,  ayant  été 
donné  en  1872  par  le  Dr  Mohn  à  la  suite  des  découvertes  des  Nor- 
végiens, devrait  être  conservé  par  droit  de  priorité.  L'archipel  por- 
terait la  dénomination  générale  de  Terre  du  Roi-Charles  et  ses 
deux  grandes  lies  :  ceux  de  Svenska  Fôrland  et  d'île  du  Roi- 
Charles.  L'île  Scherl  serait  l'île  d'AbeL 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE    1898.  387 

De  la  Terre  du  Roi-Charles,  YHelgoland  fit  une  tentative  pour 
atteindre  la  Terre  François-Joseph,  mais  fut  bientôt  arrêté  dans 
cette  direction  par  une  tempête.  Se  dirigeant  ensuite  route  au  nord, 
il  poussa  jusqu'au  80°  32',  puis  revint  au  sud  par  l'Hinlopen- 
Strait  et  le  détroit  de  Bismarck* 

Le  succès  des  expéditions  entreprises  au  Spitsberg  met  en  évi- 
dence l'état  favorable  des  glaces  pendant  la  saison  dernière  autour 
de  cet  archipel  arctique.  A  ce  point  de  vue,  l'été  de  1898,  comme 
celui  de  1897,  peut  être  considéré  comme  absolument  anormal. 
Le  Spitsberg  oriental,  ordinairement  encombré  de  banquises  jus- 
qu'à une  époque  tardive,  souvent  même  complètement  obstrué,  a 
été  dégagé  très  tôt,  et  des  navires  en  fer,  comme  la  Princesse  Alice 
et  le  Helgoland,  ont  pu,  dès  les  mois  de  juillet  et  le  commence- 
ment d'août,  pénétrer  dans  le  Storfjord  et  dans  les  eaux  de  la 
Terre  du  Roi-Charles. 

Ce  dé b lavement,  comme  la  température  élevée  observée  dans 
nos  régions  en  août  et  pendant  une  partie  de  septembre,  est  pro- 
bablement dû  à  une  extension  anormale  du  Gulf-Stream. 

Terre  Francou-joseph.  —  Expédition  de  Wellmann.  —  Une 
expédition  américaine,  dirigée  par  M.  Wellmann,  et  composée  du 
professeur  James  Gore,  de  l'université  de  Colombia,  du  lieutenant 
Ëvelyn  B.  Baldwin,  du  Dr  Ed.  Hofma  et  de  M.  Harlan,  quittait 
Arkangel  au  commencement  de  juillet,  à  bord  du  vapeur  norvé- 
gien Frithjof,  pour  aller  s'établir  à  la  Terre  François-Joseph. 
Rencontrant,  le  10  juillet,  une  épaisse  banquise  par  77°  de 
lat.  N.  et  47°  de  long.  E.  et  gênée  par  une  épaisse  brume,  elle  fit 
demi-tour  vers  la  côte  de  Norvège  pour  revenir  se  ravitailler  en 
charbon  à  Vardô. 

Reprenant  la  mer  quelques  jours  plus  tard,  le  Frithjof  se 
heurta  de  nouveau  à  un  pack,  le  17  juillet,  par  77° 44'  de  lat.  N. 
et  40° 33'  de  long.  E.  Après  une  pénible  navigation  d'une  semaine 
à  travers  les  glaces,  le  capitaine  réussit  cependant  à  forcer  le 
passage  et  à  atteindre  le  cap  Grant  le  28  juillet,  et,  le  lendemain, 
le  cap  Flora.  De  là,  doublant  le  cap  Barents,  l'expédition  remonta 
le  canal  Anglais  (British  Channel)  jusqu'au  80°  20',  où  elle  fut 
arrêtée  par  une  banquise.  Après  une  tentative  infructueuse  dans 
la  direction  de  l'est  autour  des  lies  Wilczek  et  Lutke,  elle  s'ins- 
talla définitivement  au  cap  Tegethoff,  le  30  juillet.  Au  cours  de 
ces  reconnaissances  préliminaires   plusieurs  îles  furent  décou- 


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388  C0MPTE8  RENDUS  DIS  SÉANCE8. 

vertes  près  de  l'île  Wilczek.  A  la  place  de  l'île  d'Etheridge  existent 
deux  terres  distinctes. 

Du  cap  Tegethoff,  Wellmann  so  propose  de  marcher  vers  le 
nord  et  d'atteindre  la  Terre  du  Prince-Rodolphe,  où  il  compte 
hiverner  dans  une  hutte  en  pierres  sèches  à  la  manière  de  Nansen. 

Le  3  août,  le  Frithjof  quittait  le  cap  Tegethoff,  et,  sous  l'habile 
direction  du  capitaine  Kjeldsen,  faisait  route  vers  l'ouest  pour 
chercher  des  traces  d'Andrée.  Après  avoir  doublé  une  banquise 
fixe  au  cap  Brunn,  Kjeldsen  suivit  la  lisière  méridionale  de  l'archi- 
pel François-Joseph,  examinant  soigneusement  toutes  les  baies  et 
tous  les  fjords.  Au  nord-ouest  de  l'île  Bruce,  fut  découverte  une 
île  nouvelle. 

Par  les  canaux  de  Bâte  et  de  Nightingale,  le  Frithjof  pénétra 
dans  la  baie  d'Ësson,  puis  dans  celle  de  Cambridge,  et  revint  en- 
suite à  l'île  Mabel.  Se  frayant  un  passage  à  travers  la  banquise, 
Kjeldsen  atteignit,  le  8  août,  la  Terre  du  Roi-Charles.  De  là  il 
poussa  jusqu'au  81°  7'  dans  l'ouest  de  la  Terre  du  Nord-Est;  et 
quelques  jours  plus  tard,  lors  d'une  seconde  tentative  vers  le  nord, 
il  ne  put  dépasser  l'île  Môflen.  Le  retour  en  Norvège  s'opéra  en 
suivant  les  côtes  nord  et  ouest  du  Spitsberg. 

Mer  de  Kart.  —  Expédition  de  Sievert  Brœkmo.  —  D'après 
le  Verdens  Gang,  de  Kristiania,  le  Norvégien  Sievert  Brœkmo,  qui 
était  parti  à  la  recherche  d'Andrée,  est  rentré  à  Vardô,  le 
13  septembre.  Dans  la  mer  de  Kara,  l'état  des  glaces  semble  avoir 
été  peu  favorable  à  la  navigation,  et  Braekmo  n'a  pu  dépasser 
Beli  Ostrov.  Si  cette  expédition  n'a  trouvé  aucune  trace  d'Andrée, 
en  revanche  elle  a  opéré  le  sauvetage  de  deux  Samoyèdes, 
qu'elle  rencontra  voguant  sur  un  glaçon  en  pleine  mer.  Depuis 
neuf  jours  ces  malheureux  se  trouvaient  sur  ce  singulier  radeau, 
à  moitié  morts  de  faim. 

Expédition  d'Andrée.  —  Jusqu'ici  aucune  nouvelle  d'Andrée 
n'est  parvenue,  et  le  sort  de  ce  vaillant  explorateur  et  de  ses  cou- 
rageux compagnons  doit  inspirer  les  plus  vives  appréhensions. 

L'ingénieur  suédois  Stadling  a  visité  les  îles  de  la  Nouvelle- 
Sibérie  et  les  embouchures  de  PAnabar  et  de  l'Indigirka,  sans 
trouver  aucune  trace  des  aéronautes.  Les  recherches  du  professeur 
Nathorst  et  du  capitaine  Kjeldsen  sont  demeurées  infructueuses 
au  Spitsberg  et  à  la  Terre  François-Joseph .  On  n'a  point  rencontré 
Andrée  à  la  station  du  cap  Flora,  où  ses  amis  espéraient  qu'il  avait 


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vr\*T' 


SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898,  389 

pu  hiverner.  Peut-être,  en  poussant  vers  le  nord,  Wellmann  aura- 
t-illa  joie  de  sauver  les  hardis  explorateurs  suédois.  Les  courriers 
arrivés  en  automne  du  Grônland  n'ont  apporté  non  plus  aucune 
nouvelle  précise.  À  la  date  du  14  décembre  1897,  à  deux  reprises 
différentes,  le  chef  de  la  station  d'Angmagsalik,  affirme  avoir 
entendu  des  coups  de  feu  sur  la  banquise  en  dérive  le  longde  la  côte. 
Des  indigènes  lui  ont  raconté  avoir  également  perçu  des  détona- 
tions dans  la  soirée  de  ce  même  jour  et  même  avoir  aperçu  la  lueur 
des  coups  de  fusil. 

D'après  M.  Ryder,  un  des  fonctionnaires  supérieurs  de  l'adminis- 
tration du  Grônland,  si  Andrée  s'était  trouvé  sur  la  banquise, 
devant  Angmagsalik,  au  mois  de  décembre  dernier,  il  aurait  été 
entraîné  depuis  longtemps  par  la  dérive  sur  la  côte  sud-ouest, 
comme  jadis  les  naufragés  de  la  Hansa,  et  aurait  pu  gagner  les 
établissements  danois.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  peut-être  là  un  indice 
qu'il  sera  prudent  d'examiner  soigneusement.  En  tout  cas,  l'exemple 
de  la  dérive  des  débris  de  la  Jeannette  ne  doit  pas  être  oublié  ; 
peut-être  un  jour  la  banquise  du  Grônland  restituera-t-elle  les 
épaves  de  ces  naufragés  de  l'air. 

Charles  Rabot. 


RÉGIONS  ANTARCTIQUES 


De  la  Belgica,  on  reste  toujours  sans  nouvelles,  M.  de  Gerlach 
n'est  point  revenu  en  Australie,  après  la  campagne  de  Tété  antarc- 
tique 1897-1898,  comme  il  l'avait  annoncé.  Peut-être  la  mission 
a-t-elle  hiverné  dans  les  terres  australes?  Avant  quelques  mois,  il 
est  impossible  de  connaître  l'issue  de  cette  expédition. 

Le  27  août  dernier,  une  nouvelle  expédition  antarctique,  équipée 
par  sir  George  Newnes,  a  pris  la  mer,  se  dirigeant  vers  la  Terre 
Victoria,  pour  y  poursuivre  l'œuvre  de  sir  James  Ross.  Elle  est 
conduite  par  un  Norvégien,  M.  Borchgrevink,  qui  a  pris  part  à  la 
croisière  du  baleinier  VAntarctic  en  1894,  précisément  dans  cette 
région,  et  comprend  un  personnel  de  cinq  naturalistes.  La  mission 
est  embarquée  sur  un  baleinier,  le  Southern  Cross,  commandé  par 
le  capitaine  Bernhard  Jensen.  M.  Borchgrevink  compte  hiverner  à 
la  Terre  Victoria  et  pousser  vers  le  sud  en  avançant  sur  l'énorme 
coupole  de  glace  qui  recouvre  cette  terre. 

soc.  de  gêogr.—  c.  a.  dbs  séances.— N°  8.— Août-Novembre.  28 


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390  COMPTES  UNDU6  DIB  SÉUfCB*. 


IIL  —  HOTES 


.  —  Retotbmi  hydrographiques  entre  ta  mer  du  Nord 
et  la  BaUéçme.  —  L'Académie  des  sciences  de  Suède  a  publié  le 
rapport  du  professeur  Petterasen  et  de  JL  G.  Ekman  sur  les  tra- 
yaui  hydrographiques  internationaux  relatifs  k  rechange  des  eaux 
entre  la  mer  du  Nord  et  la  Baltique.  Ces  recherches»  jointes  à  celles 
delà  commission  suédoise  en  1896,  ont  été  commencées  en  1893(1). 

Le  mémoire,  très  étendu,  peut  se  résumer  ainsi  : 

i  •  Il  n'existe  pas  dans  le  Kattégat  de  compensation  entre  le  cou- 
rant inférieur  et  le  courant  de  surface,  ainsi  <qne  le  fait  avait  été 
déjà  reconnu  en  1894  par  le  travers  d'ôreeund.  liais,  dans  certains 
cas,  il  se  produit  un  reflux  d'eau  salée,  comme  oela  se  passe  pour 
l'échange  entre  les  eaux  de  la  J)aUique  avec  le  lac  Hcalar.  La  plus 
forte  salure,  de  25  A  30  p.  40Q,  se  trouve  dans  la  région  nord;  le 
frottement  contre  les  rives  resserrées  et  le  relèvement  du  fond  sont 
un  obstacle  à  sa  pénétration  dans  la  Baltique  ;  le  point  d'inertie  se . 
trouve  en  fluctuation  entre  Gjedsen  et  Darsserort.  Plusieurs  dia- 
grammes de  salinité  démontrent  que  les  couches  plus  salées  su- 
bissent un  arrêt  à  cet  endroit. 

2°  Les  parties  plus  salées  entraînées  par  le  courant  inférieur 
dans  les  fonds  de  la  (Baltique,  sont  j-elaÉivetfaeat  froides  et  plus 
oxygénées.  Cet  effet  se  produit  particulièrement  en  hiver;  il  est 
accompagné  de  l'apparition  d'un  plankton  aux  formes  spéciales. 

3°  A  l'est  de  Bornholm,  les  couches  profondes  ne  restent  pas 
stagnantes.  Au  delà  de  50  -mètres,  il  texkte  un  courant  sous- 
jacent,  tandis  que  dans  le  voisinage  de  la  surface  on  trouve  une 
salinité  de  7,55  p.  100,  avec  température  constante  pendant  la 
saison  froide.  Ce  fait  parait  résulter  d'une  circulation  verticale, 
due  à  des  courants  partiel*  plus  froids  atteignant  une  salinité  de 
8  p.  100  dans  les  profondeurs  de  50  métrés.  Cette  alternance  con- 
tribue à  l'oxygénation  de  l'eau. 

4°  Les  sondages  du  professeur  Ekman  en  1877  et  ceux  du 
Dr  Krûmmel  en  189d,  à  l'est  de  Gothland,  dans  la  partie  la  plus 
vaste  du  bassin  de  la  Baltique,  ayant  eu  pour  but  d'étudier  le  re- 
nouvellement des  couches  profondes,  n'ont  pas  fourni  d'éléments 
concluants.  A  une  profondeur  de  100  métrés,  la  salinité  est  restée 

(1)  De  Hydrografiska  Fôràndringarne  inom  Nordsjôn*  och  Ottcrtjônt  Omrade 
under  tiden  (1893-1897). 


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SÉANCES  OES  à   ET  18  NOVEMBRE  1898.         391 

de  10  à  12  p.  100,  arec  même  température.  Le  volume  de  gaz 
contenu  ne  fournit  pas  non  plus  de  documents  importants.  En 
tout  eas,  le  renouvellement  doit  s'opérer  avec  grande  lenteur. 

Une  fosse  profonde  dans  la  Baltique,  située  à  quelques  milles  au 
sud-est  de  Landsort,  ayant  environ  400  mètres,  a  été  Pobjet  diu- 
vestigations  répétées  pendant  plusieurs  années»  Les  documents 
recueillis  ont  été  toujours  à  peu  près  identiques. 

5*  Les  eaux  du  golfe  de  Bothnie  ont  une  composition  différente 
de  celles  de  la  sur  d'Aland  ;  ces  deux  bassins  sent  séparés  par 
on  relèvement  du  fond  s'é  tendant  de  Stockholm  à  Hangô,  sur  la 
côte  de  Finlande.  Des  deux  côtés,  il  existe  des  dépressions  dont  les 
plus  profondes  n'ont  pas  plus  de  60  mètres.  Les  eaux  inférieures 
paraissent  rester  à  l'état  stagnant  dans  les  deux  bassins*  Depuis 
les  explorations  de  1877,  la  salinité,  ta  température  et  le  volume 
des  gaz  n'ont  pas  changé. 

6*  L'eau  profonde  de  la  mer  d'Aland  provient  de  la  Cal  tique 
même,  ainsi  qu'on  Ta  constaté  ponr  une  couche  de  7  à  8  p.  108  de 
salinité,  occupant  une  surrace  triangulaire.  Cette  eau  est  animée 
d'un  mouvement  vertical  qui  lui  permet  de  se  rafraîchir  en  hiver 
en  venant  à  la  surface  et  ensuite,  en  vertu  de  sa  densité,  de  re- 
gagner le  fond.  Sa  température  est  de  1° 7  en  hiver,  comme  celle 
de  la  Baltique. 

7*  Le  Kattégat  forme  le  bassin  d'échange  des  eaux  intérieures, 
mais  par  l'intermédiaire  du  Skagerack  où  se  termine  le  cou  nuit  de 
la  Baltique  (t).  J.  Girard. 

A*ie.  —  Voyages  en  Asie  de  Jh\  Nowitzky,  en  Ethiopie  du 
D'  Stchoussof;  livres  récents  de  MM.  Oosianny  et  Mostoivitch* 
—  Communications  de  M.  Vénukoff  : 

1.  M.  Ovsianny  vient  de  publier  no  ouvrage  sur  la  Serbie  et  les 
Serbes,  en  un  volume,  avec  une  carte.  L'auteur  était  déjà  connu 
par  ses  recherches  statistiques  sur  la  Serbie,  sur  son  histoire ,  son 
anthropologie,  sa  littérature,  etc.  Maintenant  il  nous  donne  un  ta- 
bleau vivant  de  ce  pays,  qui  peut  jouer  un  rôle  important  sur  Je 
Danube  et  dans  les  Balkans. 

2.  M.  le  Dr  Mostowilch  a  fait  une  étude  sur  le  climat  et  [es 
autres  conditions  physico-géographiques  de  Gori,  ville  de  la  Traiis- 
caucasie,  remarquable  par  la  longévité  de  sa  population.  Des  cen- 
tenaires y  sont  fréquents  ;  mais  on  s'est  récemment  aperçu  BttH  la 
coupe  des  forôts  voisines  nuisait  à  la  longévité,  en  engendrai)  i  des 

(1)  Scottish  Geogr,  Mag.,  septembre  1898. 


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392  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

fièvres  chez  les  hommes.  On  pense  donc  à  rétablir  l'ancienne  végé- 
tation arborescente  aux  environs  de  la  ville.  Ce  sera  une  expé- 
rience d'une  certaine  valeur  physiologique,  et  qui  est  digne  d'être 
imitée  pour  donner  à  la  théorie  de  M.  Mostowitch  une  base  vrai- 
ment scientifique. 

3.  M.  Nowitzky,  capitaine  d'état-major  russe,  a  fait  un  inté- 
ressant voyage  en  Asie.  11  a  commencé  par  l'Inde  méridionale,  où 
il  a  été  bien  reçu  par  l'administration  anglaise,  civile  et  militaire. 
Il  a  ensuite  visité  le  passage  de  Kyber,  le  territoire  des  Afridis, 
le  Béloudjistan  britannique,  Quel  ta,  Ghaman  et  le  chemin  de 
fer  qui  les  réunit.  Il  a  voulu  revenir  en  Russie  par  Guilguit  et  les 
Pamirs;  mais  les  Anglais  s'y  sont  opposés,  et  l'officier  russe  fut 
obligé  de  prendre  la  route  de  Kachmir  et  de  Kachgar.  Il  rapporte 
d'importantes  collections  minêralogiques,  zoologiques  et  autres. 

A.  Un  médecin  russe,  M.  Stchou$soffy  a  fait  un  voyage  en  Abys- 
sinie,  aux  c  sacrées  »  sources  du  Nil  Bleu  et  au  lac  Tana.  Ce  voya- 
geur a  été  très  bien  reçu  par  le  négus  Méuélik.  En  sa  qualité  de 
médecin,  il  a  eu,  pendant  son  voyage,  plus  de  quatre  cents  clients 
à  guérir.  De  nombreuses  collections  ont  été  formées  par  lui,  entre 
autres  une  collection  de  recettes  des  médecins  abyssiniens. 

L'ancien  lit  de  V Amou-Daria  (1).  —  La  question  si  contro- 
versée de  l'ancien  lit  occupé  par  l'Amou-Daria  a  été  étudiée  par 
M.  A.  M.  Konshin,  ingénieur  des  mines  de  Russie,  et  exposée  de- 
vant la  Société  de  Géographie  de  Russie. 

Jusqu'ici  on  avait  considéré  la  dépression  existant  entre  le  lac 
d'Aral  et  la  mer  Caspienne,  où  se  trouve  l'Ouzboï,  l'Ungus  et  le 
Kelif-Ouzboï,  comme  représentant  l'ancien  lit  de  ce  groupe  fluvial. 
L'Ouzboï  a  toujours  reporté  sa  direction  vers  la  droite,  et  après 
avoir  traversé  le  désert  de  Karakoura,  il  a  conservé  son  lit  actuel, 
avec  un  bras  dirigé  vers  la  Caspienne,  qui  conserve  encore  le  nom 
d'Ouzboï.  L'exploration  de  1883  a  démontré  que  ce  que  Ton  con- 
sidère comme  l'ancien  lit  de  ce  fleuve  ne  présente  aucun  caractère 
fluvial.  A  l'époque  post-pliocène,  la  mer  Caspienne  s'étendait  dans 
un  vaste  golfe  occupant  la  place  du  désert  actuel  de  Karakoum. 
L'Ungus  qui  traverse  aussi  le  désert  n'a  pas  usurpé  l'ancien  lit 
de  l'Ouzboï,  mais  il  passe  près  d'un  pli  du  terrain  crayeux  du  pla- 
teau du  Karakoum  se  prolongeant  vers  les  sables  post-pliocènes 
inférieurs  de  ce  désert. 

(1)  Mémoire*  de  la  Société  de  Géographie  russe,  vol.  XXII I,  partie  I  (Nature» 
1er  septembre  1898). 


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SÉANCES  DE8  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  393 

Deux  hypothèses  sont  en  présence  :  celle  de  M.  Konshin  qui 
consiste  à  l'admission  de  l'existence  d'un  golfe  de  la  Caspienne 
s'étendant  dans  la  direction  de  l'est  de  la  latitude  de  Merv,  avec 
L'adjonction  d'un  bras  se  dirigeant  vers  le  nord,  le  long  de  l'Ouzboï 
et  rejoignant  le  lac  Sari-Kamish.  Dans  ce  cas,  au  moment  du  des- 
sèchement du  golfe,  l'Amou-Daria  se  serait  écoulé  dans  la  dépres- 
sion formant  son  lit  actuel. 

L'hypothèse  de  M.  Ohrucheff  est  de  regarder  le  golfe  de  Kara- 
koum  comme  ayant  existé  antérieurement  et  ayant  reçu  l'Amou- 
Daria  avec  ses  tributaires,  le  Mourghab  et  le  Tejen.  A  l'époque  où 
ce  golfe  so  dessécha,  l'Amou-Daria  continua  à  couler  dans  le  même 
lit,  atteignant  la  Caspienne.  A  une  époque  ultérieure,  il  aurait 
passé  au  nord,  rejoignant  l'Ouzboï  par  un  bras  spécial. 

Dans  cette  étude,  M.  Konshin  discute  la  seconde  manière  d'envi- 
sager la  question.  Mais  il  maintient  son  idée  appuyée  sur  des  ar- 
guments sérieux.  Les  principaux  sont  la  présence  de  coquilles 
appartenant  aux  espèces  vivant  encore  dans  la  Caspienne,  dans  la 
partie  sud  de  l'Ouzboï  ;  celles-ci  sont  recouvertes  de  dépôts  flu- 
viatiles.  On  les  trouve  aussi  dans  l'ouest  de  l'ancien  golfe  de 
Karakoum,  où  le  relief  atteint  jusqu'à  70  mètres  au-dessus  de  la 
Caspienne*  Un  autre  argument  est  celui  de  l'absence  de  dépôts 
fluviatiles  dans  les  sables  désertiques,  et  de  traces  d'érosion  ma- 
rine ou  fluviale.  Ces  indications  seraient  en  faveur  do  l'existence 
de  l'ancien  lit  d'une  rivière  se  dirigeant  vers  le  golfe  de  Karakoum. 
Les  monticules  que  l'on  rencontre  sont  des  dunes  de  sable, logeant 
dans  leurs  intervalles  des  lacs  d'eau  salée  ou  c  shors  »,  consi- 
dérés à  tort  comme  des  vestiges  fluviaux,  dont  ils  n'ont  pas  le  ca- 
ractère régulier.  Ce  désert  a  tous  les  éléments  primordiaux  d'un 
ancien  fond  de  mer  remplacé  par  les  sables.  En  résumé,  l'absence 
de  dépôts  fluviatiles  confirmerait  la  théorie  de  M.  Konshin. 

Anériqve.  —  Le  lœss  dans  la  vallée  du  Mississipi  (1).  —  11 
existe  sur  certaines  collines  du  bassin  du  Mississipi  et  du  Mis- 
souri des  dépôts  pulvérulents  présentant  tous  les  caractères  d'une 
origine  éolienne.  Leur  épaisseur  est  variable  et  ils  s'étendent  sur 
des  surfaces  irrégulières,  dont  la  longueur  peut  atteindre,  en 
certains  endroits,  plus  de  30  kilomètres.  Ces  dépôts  paraissent 
provenir  de  la  chute  de  poussières  transportées  par  le  vent. 

En  effet,  à  certaines  époques  de  l'année,  41  se  produit  des  tem- 
pêtes de  poussière,  assez  intenses  pour  obscurcir  l'atmosphère, 

(1)  American  Journal  of  Science,  oc'obre  1898. 


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394  C0MPTE8  RENDUS  DBB  SÉANCES, 

pendant  trois  ou  quatre  jours.  Elles  ont  été  l'objet  d'observations 
suivies,  depuis  1895,  à  Jeffersou-City,  à  Omaha,  à  Kansas-City,  à 
Saint-Joseph  et  sur  plusieurs  antres  points  de  la  vallée  du  Mississipi. 

Cette  poussière  jaune,  extrêmement  ténue,  impalpable,  provient 
de  l'abrasion  des  bancs  de  vases  laissés  à  sec  par  le  retrait  des 
eaux  du  fleuve  pendant  la  saison  d'été.  Desséchées  au  soleil,  les 
particules  sédimentaires  sont  enlevées  par  le  vent  qui  excorie  la 
surface  de  vastes  platins  vaseux  et,  à  cause  de  cette  extrême  légè- 
reté, les  transporte  au  loin,  à  distance  des  bords  du  fleuve,  où 
leur  agglomération  unit  par  constituer  des  terrains  de  transport 
d'une  épaisseur  atteignant  plusieurs  mètres.  Leur  importance  est 
variable  suivant  la  proximité  du  fleuve,  les  accidenta  du  sol  et  la 
direction  des  vents  dominants. 

Ces  terrains  sont  d'une  fertilité  remarquable  ;  leur  composition 
leur  permet  de  retenir  l'humidité  pendant  la  saison  chaude.  Cette 
propriété  est  favorable  au  développement  profond  des  racines; 
celles-ci,  se  décomposant  sous  l'action  chimique  du  sol,  forment  de 
petites  masses  concrétionnairea,  nommées  tûbuUg;  ce  fait  est  com- 
parable à  la  production  de  certains  minerais,  des  sulfures  de  aine, 
de  plomb,  de  fer  et  autres. 

MM.  R.  E.  Call  et  B.  Shemik  ont  découvert  dans  le  loess  du  Missis- 
sipi une  cinquantaine  d'espèces  de  coquillages  fossiles,  la  plupart 
de  petite  taille,  dont  les  représentants  sont  encore  à  l'état  vivant 

A  propos  du  conflit  de  frontière  ckiieuo-argêtUi*.  —  L'un  des 
points  litigieux  entre  l'Argentine  et  le  Chili  est  la  possession  de  la 
Puna  tfAtëcama. 

Sous  la  domination  espagnole,  cette  aone  faisait  partie  de  la 
i  audiencia  real  i  de  Charcas,  qui,  après  avoir  appartenu  à  la 
vice-royauté  du  Pérou,  passa  à  celle  de  Buenos-Aires. 

Les  anciens  domaines  de  Charcas  ont  constitué  la  Bolivie  sur  la 
base  de  Yuti  possidetis  de  1810. 

Par  un  traité  du  10  mai  1889,  l'Argentine  a  hérité  des  droits 
boliviens  sur  la  Puna  d'Atacama,  occupée  partiellement  par  le 
Chili  depuis  la  guerre  du  Pacifique. 

Les  Chiliens  ont  contesté  le  droit  de  la  Bolivie  de  disposer  de 
ces  territoires. 

Or,  on  vient  de  publier  en  Bolivie  un  document  authentique,  — 
l'original  en  existe  dans  les  archives  nationales  de  Sucre,  —  rédigé 
par  l'autorité  civile  d'Atacama  même  en  1 772,  et  où  se  trouvent 
énumérées  les  paroisses  dont  se  composait  le  territoire  aujour- 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEliBUE  1898.  395 

dirai  disputé;  —  on  y  rencontre  les  mesure»  de  distance  permet- 
tant d'en  déterminer  très  approximativement  l'étendue. 

Si  la  solution  de  cette  question  était  confiée  à  des  chartistes,  le 
document  mentionné  plut  haut  serait  décisif* 


£•«  gîwetw  U—Umtm»  de  l'*eé«ai  Aatlral.  —  M.  H.  G.  Russel 
a  dépouillé  tes  journaux  de  bord  de  62  navires  attachés  au  port  de 
Sydney  (Australie),  et  recherché  dans  lie  Nautical  Magazime  tous 
les  documents  obtenu»  de  1892  à  1897r  dana  le  but  d»  détenn  in  el- 
les endroits  oh  les  glaces  antarctiques  sont  les  pkn  abondantes. 
D'après  ces  recherches,  on  aurait  constaté,  dans  la  période 
indiquée,  7,429  icebergs,  signalés  par  des  navires.  Dans  la  nomen- 
clature, les  uns  n'en  ont  vu  qu'un  seul;  (f autres  un  grand  nombre, 
tel  que  91  f,  376,  etc.  Plusieurs  capitaines  ont  mentionné  dans 
leurs  journaux  la  rencontre  de  glaces  sans  indiquer  leur  nombre, 
leur  volume  ou  leurs  particularités.  Ces  renseignements  n'ont 
qu'une  valeur  relative,  d'après  laquelle  l'auteur  a  été  obligé  de 
dresser  des  tableaux  comparatif. 

Les  glaces  sont  moins  nombreuses  avec  le  vent  cfa  nord-ouest 
qu'avec  ceux  du  sud,  qui  les  détachent  du  pôle.  Les  mois  ée  juillet, 
août,  septembre,  représentant  l'hiver  austral,  sont  peu  favorables 
i  leur  circulation  ;  tandis  que,  pendant  janvier,  février  et  mars, 
représentant  Tété,  elles  sont  abondantes.  Le  maximum,  relaté 
sur  le  tableau  statistique,  est  le  20  janvier  1897.  Les  observations 
qui  s'y  trouvent  consignées,  sont  le  résultat  des  constatations  faites 
sur  les  routes  fréquentées  par  la  navigation,  telles  que  celles  du 
cap  de  Bonne-Espérance  en  Australie,  ou  de  la  Nouvelle-Zélande 
en  Australie. 

En  prenant  les  mois  de  janvier  et  de  février,  comme  étant  ceux 
qui  amènent  le  plus  de  glaces  flottantes,,  on  place  ainsi  le  nombre 
des  observations  par  degrés  de  latitude  sud  :  17  pour  le  43°; 
27  pour  le  44a;  35  pour  le  45%  24  bout  le  46*  ;  7  pour  le  48°.  Il  en 
résulte  que,  pour  la  route  de  Nouvelle-Zélande  eu  Australie  en  été, 
il  est  recommandé  de  ne  pas  dépasser  le  39°.  Au  sud  du  cap 
Leeuwin,  on  rencontre  des  glaces  entre  les  105°  et  140*  de  long.  E. 
de  Greenwich  jusqu'au  43*  de  lai.  Avec  des  documents  plus  com- 
plets, on  arrivera  à  éviter  entièrement  lea  glaces. 

Les  indicatkaatfeenn#métriq«es.sent  précieuses  pour  les  éviter; 
car  un  abaissement  subit  de  la  température  de  l'air  et  de  l'eau 
indique  leur  voisinage. 
On  recommande  de  passer  les  icebergs  au  vent,  non  seulement 


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396  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

pour  éviter  leur  mouvement  de  progression,  mais  aussi  la  chute 
de  blocs  qui  se  détachent  fréquemment. 

Ces  montagnes  de  glaces  représentent  toutes  les  dimensions, 
depuis  les  petits  glaçons,  jusqu'aux  blocs  de  plusieurs  centaines  de 
mètres  de  large.  Avec  une  forte  houle,  elles  sont  animées  d'un 
mouvement  oscillatoire.  La  plupart  ont  leur  face  supérieure  hori- 
zontale (table  top)  ;  elles  sont  légèrement  colorées  en  jaune,  couleur 
due  aux  nuées  d'oiseaux  de  mer,  tels  que  le  pétrel  et  autres  qui 
s'y  réfugient.  (Journal  and  Proceedings  of  the  Royal  Society  of 
New-South-Wales,  1897.)  J.  Girard. 

La  tombe  de  Joaehim  Lelewei.  —  c  J'avais  attiré  l'année  der- 
nière l'attention  de  la  Société  de  protection  des  tombes  polonaises 
à  l'étranger  sur  l'état  lamentable  de  la  tombe  d'un  géographe 
célèbre,  venu  jadis  chercher  un  dernier  asile  sur  la  terre  de 
France,  qui  cependant  lui  avait  été  peu  hospitalière  pendant  sa 
vie  :  Joachim  Lelewel. 

c  Lelewel,  auteur  de  la  Géographie  du  moyen  âge  (1852, 5  vol. 
in -8°  et  Atlas),  né  à  Varsovie  le  20  mars  1786,  historien  éminent, 
fut  obligé  de  quitter  sa  patrie,  après  la  révolution  polonaise  de 
1830,  pendant  laquelle  il  avait  été  Ministre  de  l'Instruction 
publique.  Réfugié  en  France,  il  en  fut  exilé  au  mois  d'août  1833, 
et  se  retira  à  Bruxelles,  où  il  résida  jusqu'au  mois  de  mai  1861. 
Il  habitait  dans  la  capitale  de  la  Belgique  une  modeste  maison  au 
58  de  la  rue  des  Eperonniers.  Au-dessus  de  sa  porte  étroite,  les 
compatriotes  de  Lelewel  ont  fait  poser  une  plaque  avec  l'inscrip- 
tion suivante,  que  j'ai  relevée  lors  de  mon  voyage,  cet  été,  reve- 
nant du  Congrès  d'histoire  diplomatique  de  la  Haye  : 

Joachimus  Lelewel  Polonus 

nuper  nobis  ereptus 

virtute  ac  ingenio  pollens 

Longo  exilio  invictus 

Sub  timbra  libertatis  Belgamm 

hanc  aediculam 

ac  firmandam  Patriae  virtutem 

nullos  per  annos 

satis  amplam  sibi  judicabat 

hanc  tabulam  ad  aeternam  rei  memoriam 

Cives  poloni  dolentes  posuere 

Boje  zbaw  Polske 

MDCCCLXII. 


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SÉANCES  DBS  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         397 

c  Quelque  temps  avant  sa  mort,  les  amis  de  Lelewel  le  firent 
transporter  à  Paris,  où  il  expira  à  la  maison  Dubois  le  29  mai 
1861.  Il  fut  enterré  au  cimetière  Montmartre,  avenue  Saint- Charles, 
dans  une  tombe  commune  aux  exilés  polonais,  dont  le  plus  ancien» 
Richard  Bielecki,  remonte  à  1820. 

c  J'avais  constaté  que  la  plaque  en  marbre  blanc  qui  porte  le 
nom  de  Joachim  Lelewel  était  tombée  :  cinquante  centimes 
auraient  suffi  pour  la  remettre  en  place.  La  Société  pour  l'entre- 
tien des  tombes  polonaises  à  l'étranger  a  fait  mieux  :  elle  a  corn» 
plètement  réparé  la  tombe. 

c  Je  suis  heureux  de  signaler  ce  fait  à  la  Société  de  Géogra- 
phie :  Lelewel  était  l'émule  de  Jomard  et  de  d'Avezac. 

c  Henri  Cordier.  > 


IV.  —  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

La  Société  de  Géographie   pendant  le*   Taeanee*.  —   ! 

Société  de  Géographie  est  loin  d'être  restée  inactive  pendant  les 
vacances;  au  cours  des  quatre  mois  de  juillet,  d'août,  de  septembre 
et  d'octobre,  elle  a  eu  l'occasion,  à  diverses  reprises  et  sous  dif- 
férentes formes,  d'affirmer  son  existence  et  de  manifester  son 
action  extérieure. 

Inauguration  du  monument  de  Francis  Garnier.  —  On  a  pu  voir 
dans  le  dernier  numéro  des  Comptes  Rendus  comment  la  Socii  i 
a  été  représentée  à  l'inauguration  du  monument  élevé  à  Paris  | 
la  mémoire  de  Francis  Garnier,  qui  fut  jadis  grande  médaille  d'or 
de  la  Société  de  Géographie.  M.  Milne-Edwards,  notre  Président, 
était  notre  délégué  tout  indiqué  à  cette  cérémonie;  il  y  a  prononcé 
un  discours  magistral  qui,  comme  celui  de  M.  Le  Myre  de  Viler 
président  de  la  Commission  centrale,  et  président  du  comité  de  Oti 
monument,  —  le  premier  élevé  à  Paris  à  un  explorateur,  —  a  été 
précédemment  reproduit  dans  les  Comptes  Rendus  (p.  285-288  et 
289-292). 

Inauguration  des  nouvelles  galeries  du  Muséum.  —  A  l'inaug  u 
ration  des  nouvelles  galeries  du  Muséum  (géologie,  paléontologie, 
anthropologie),  dans  la  seconde  quinzaine  de  juillet,  la  Société 
de  Géographie  a  délégué  M.  de  Lapparent,  qui,  mieux  que  per- 
sonne, avait  qualité  pour  la  représenter  dans  cette  circonstance. 


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398  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

Représentation  à  divers  Congrès.  —  Les  mois  d'août  et  de  sep- 
tembre étant  les  mots  de  vacances,  sont  eeox  où  se  tiennent  de 
préférence  les  Congrès;  la  Société  de  Géographie  a  participé, 
comme  il  a  déjà  été  annoncé  précédemment  (p.  326),  à  différentes 
réunions  scientifiques  qui  ont  eu  lieu  alors  en  France  et  hors  de 
France. 

Au  Congrès  international  d'Histoire  diplomatique  tenu  i  La 
Raye,  elle  a  été  représentée  par  M.  le  professeur  Henri  Confier, 
Vice-Président  de  la  Société  de  Géographie. 

C'est  le  délégué  de  notre  Société,  le  prince  d'Ârenberg,  qui  a 
présidé  le  Congres  national  des  Sociétés  françaises  de  géographie 
tenu  à  Marseille. 

A  la  session  de  l'Association  française  pour  l'avancement  des 
sciences  tenu  à  Nantes,  la  section  de  géographie  a  été  présidée  par 
M.  le  Dr  Fernand  Delisle,  délégué  de  la  Société  de  Géographie. 

Réception  de  voyageurs.  —  C'a  été  encore  des  marques  de  vie 
qu'a  données  la  Société  de  Géographie  en  prenant,  à  l'occasion  du 
retour  en  France  de  différents  voyageurs,  l'initiative  des  manifes- 
tations qui  ont  marqué  l'arrivée  de  M.  l'administrateur  colonial 
E.  Gentil,  de  M.  le  gouverneur  Lïotard,  enfin  du  capitaine  Bara- 
tier,  le  second  du  commandant  Marchand. 

[Réception  de  M.  E.  Gentil].  —  C'est  le  20  juillet  que  H.  Gentil 
a  débarqué  à  Marseille  ;  il  y  a  été  reçu  (comme  on  l'a  pu  voir 
dans  les  derniers  Comptes  Rendus  [p.  292-294])  par  M.  Savorgnan 
de  Brazza,  au  nom  de  la  Société  de  Géographie.  Quelques  jours 
après,  M.  Le  Myre  de  Vilers  s'est  fait  à  Paris  l'organe  de  fa  Société 
(cf.  les  Comptes  Rendus  de  juin-juillet,  p.  294-296). 

[Réception  de  JF.  Liotari\.  —  Lors  du  retour  de  M.  Lïotard,  la 
Société  a  encore  bénéficié  du  précieux  concours  de  M.  Savorgnan 
de  Brazza;  c'est  réminent  explorateur  qui,  le  2  octobre  àPauillac, 
a  félicité  en  notre  nom  M.  Liotard  de  son  arrivée  sur  le  sol  de 
France. 

Voici  les  paroles  qu'il  a  prononcées  à  cette  occasion  : 

c  Mon  cher  Liotard , 

c  R  y  a  êemi  mois,  je  portais  les  félicitations  de  fta  Smàèêé  de 
Géographie  à  M.  Gentil,  qui  revenait  du  lac  Tchad,  après  aveir 
achevé  l'oeuvre  de  CrampeL 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE   1898.  399 

c  Plus  fortuné  que  votre  émule  qui  fat  arrêté  dans  sa  marche 
▼ers  le  nord,  tous  avez  pu  poursuivre  vous-même  notre  expansion 
vers  l'est,  dont  les  débuts,  d'un  caractère  particulièrement  délicat 
et  dangereux,  vous  ont  fait  grand  honneur. 

«  Vous  étiez  isolé  dans  le  haut  Oubangui,  au  milieu  de  popula- 
tions ameutées  par  des  influences  hostiles.  L'envoi  des  contingents 
du  commandant  Decazes  n'avait  pas  encore  été  décidé  et,  de  mon 
côté,  j'avais  dû  renoncer  à  venir  vous  renforcer  avec  les  deux  ou 
trois  mille  indigènes  massés  à  cet  effet  au  nord  du  bassin  de  la 
Sangha,  séparé  que  j'étais,  par  le  respect  des  traités,  de  ma  base 
d'opérations  établie  dans  l'Àdamaoua. 

c  Telles  sont  les  circonstances  dans  lesquelles  vous  ares  su 
étendre  notre  suprématie  sur  les  territoires  que,  de  1891  à  1893, 
vous  avez  acquis  à  la  France. 

c  Lorsque,  eu  1894,  je  vous  donnai  à  Libreville  l'accolade  du 
départ,  vous  m'exprimiez,  monsieur  le  gouverneur,  la  crainte  que 
les  dépenses  d'occupation  et  d'administration  des  territoires  du 
haut  Oubangui  ne  vinssent  absorber  les  crédits  dont  vous  dispo- 
siez, au  détriment  de  notre  extension  vers  le  haut  Nil,  que  vous 
aviez  tant  à  cœur. 

c  Grâce  à  des  ressources  prélevées  sur  le  budget  local  du 
Congo,  j'ai  pu,  pendant  deux  ans,  vous  affranchir  de  cette  préoc- 
cupation et  je  suis  heureux  de  la  manière  dont  vous  avez  su  en 
profiter  pour  le  succès  de  votre  entreprise. 

c  Une  année  s'était  à  peine  écoulée  que,  dépassant  le  haut 
Oubangui,  vous  aviez  planté  notre  drapeau  dans  le  Bahr-el-Ghazal, 
à  Tamboura,  sur  les  bords  du  Soueh. 

c  Deux  ans  après,  vous  aviez  reculé  encore  au  nord  et  i  Pest 
les  limites  de  l'occupation  effective  de  cette  partie  du  bassin  du 
Nil  et  organisé  les  populations  sous  notre  autorité,  et,  lorsque 
vous  avez  été  rejoint  par  le  commandant  Marchand,  vous  étiez  à 
même  die  soutenir,  avec  plusieurs  milliers  de  porteurs,  la  marche 
en  avant  de  cette  mission  qui  venait  parfaire  votre  œuvre. 

c  Pendant  sept  années  de  rude  labeur,  vous  avez  complété 
l'action  politique  par  la  reconnaissance  géographique  de  toute  la 
région  et,  dans  cette  dernière  campagne  de  quatre  années,  la 
maladie  grave  qui  a  nécessité  une  opération  chirurgicale,  dange- 
reuse même  en  Europe,  ne  vous  a  pas  arrêté. 

<  Vous  avez  montré  que  s'il  est  des  bornes  à  l'énergie  physique, 
l'énergie  morale  ne  paraît  pas  en  avoir  pour  des  hommes  tels  que 
vous. 


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400  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  Dur  à  vous-même,  plus  que  tout  autre  tous  avez  payé  de  votre 
personne,  et  c'est  à  votre  exemple  que  se  sont  formés  vos  colla- 
borateurs auxquels  j'adresse  l'expression  de  mon  admiration,  eu 
me  faisant  l'interprète  des  sentiments  de  la  Société  de  Géographie* 

c  Plusieurs  d'entre  eux  reposent  désormais  dans  leur  dernier 
sommeil  sur  cette  terre  africaine,  à  l'abri  du  pavillon  national. 

c  Qu'un  pieux  hommage  conserve  la  mémoire  de  Poumeyrac, 
du  duc  d'Uzès,  du  capitaine  Husson,  de  Comte,  de  Fraisse,  de  Jucher 
reau,  de  Bregeaud,  du  lieutenant  de  vaisseau  Morin,  du  l)r  Sambuc, 
des  missionnaires  catholiques  les  Pères  Gohlet,  Cou  il  lard,  Allaire, 
des  sergents  Eydoux,  Guélorget,  Surisseau,  Le  Dant,  Tourrou, 
des  lieutenants  Gouly,  Estaux,  Simon,  des  capitaines  Hossinger, 
'  Dumont  et  Noguet. 

c  D'autres  les  ont  remplacés;  notre  sollicitude  les  accompagne 
et  je  ne  doute  pas  que  leur  abnégation  et  leur  dévouement  ne 
reçoivent  une  récompense  bien  méritée. 

c  Je  ne  saurais  nommer  ici  ces  hommes  dont  le  courage  est  à 
la  hauteur  de  la  tâche  que  vous  avez  entreprise  et  que  complètent 
en  ce  moment  le  commandant  Marchand  et  les  vaillants  officiers 
de  sa  mission. 

c  Dès  ses  débuts,  cette  mission  était  obligée  de  mettre  à  contri- 
bution les  finances  de  la  colonie,  bien  plus  largement  que  ne 
lavaient  fait  la  vôtre  et  celle  de  M.  Gentil;  mais,  si  l'équilibre  du 
budget  s'en  est  ressenti  dans  des  proportions  qui  ont  alarmé  l'opi- 
nion publique  mal  renseignée,  son  succès  du  moins  n'aura  pas  été 
entravé  par  une  insuffisance  de  crédits  à  laquelle  le  Parlement 
devait  pourvoir  plus  tard. 

c  Leur  mission  vient  de  couronner  une  œuvre  poursuivie  pen- 
dant onze  années. 

c  Grâce  â  elle,  la  France  ne  se  trouvera  pas  écartée  du  règle- 
ment d'une  question  d'intérêt  international,  dans  une  partie  de 
l'Afrique  qu'elle  a  autrefois  initiée  au  mouvement  général  des 
peuples  civilisés  et  notre  colonie  du  Congo,  après  avoir  contribué 
à  sauvegarder  ses  intérêts  vers  l'est,  dans  le  bassin  du  Nil,  aussi 
bien  qu'au  nord  et  à  l'ouest,  du  côté  du  lac  Tchad  et  du  Came- 
roun, pourra  désormais,  sans  crainte  de  compromettre  l'avenir, 
affecter  toutes  les  ressources  dont  elle  dispose  à  la  poursuite  de 
son  développement  économique. 

c  A  ce  point  de  vue,  la  comparaison  est  toute  en  faveur  de 
l'Etat  indépendant  du  Congo. 

c  L'inauguration  de  son  chemin  de  fer  marque  l'achèvement 


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SÉANCES   DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  401 

d'une  œuvre  capitale  ;  mais  il  est  juste  de  tenir  compte  du  fait  que 
le  décret  qui,  en  1889,  abordait  la  question  des  voies  de  commu- 
nication dans  le  Congo  français,  n'a  pas  voulu  pourvoir  aux  moyens 
financiers  de  la  résoudre. 

c  Tandis  que  notre  colonie  s'est  ainsi  trouvée,  dès  ses  débuts, 
dans  un  état  d'infériorité  qui  devait  rendre  vain  tout  effort  ulté- 
rieur, la  Belgique  a  suivi  l'impulsion  prévoyante  du  roi  souverain. 

c  Par  des  lois  votées  quelques  mois  après  au  Parlement  de 
Bruxelles,  elle  acquérait  pour  10  millions  d'actions  du  chemin  de 
fer  de  l'Etat  du  Congo,  encore  à  l'étude,  et  prêtait  20  millions  à 
sa  future  colonie  congolaise,  sans  compter  l'émission  des  bons  de 
l'emprunt  à  lots  de  150  millions,  qui  venait  prélever  en  grande 
partie  sur  l'épargne  française  les  ressources  nécessaires  à  l'Etat 
naissant. 

c  Tandis  que,  dans  l'Etat  indépendant,  la  sollicitude  de  son  fon- 
dateur préparait  ainsi  l'avenir,  au  Congo  français  les  dépenses  de 
la  métropole  qui,  en  1885,  dépassaient  la  somme  de  cinq  mil- 
lions en  y  comprenant  les  charges  supportées  par  la  marine, 
étaient  progressivement  réduites  presque  de  moitié,  alors  que 
l'étendue  des  territoires  effectivement  occupés  avait  plus  que 
triplé. 

c  Vous  qui,  pendant  de  longues  années,  avez  été  aux  extrêmes 
limites  de  la  colonie,  vous  savez  mieux  que  personne  ce  que  ces 
chiffres  ont  représenté  de  privations  journalières,  de  dure  misère 
et  aussi  de  mortalité  dans  le  personnel  dont  l'héroïsme  n'était 
soutenu  que  par  la  pensée  du  devoir  accompli. 

c  Notre  pays  —  il  est  utile  qu'on  le  sache  —  a  contribué  pour 
une  large  part  aux  dépenses  de  l'État  libre.  —  Son  trop  grand 
désintéressement  en  faveur  d'une  cause  dont  les  origines  avaient 
un  caractère  purement  humanitaire  est  un  titre  de  plus  pour  la 
défense  de  son  droit  et  des  intérêts  généraux  qu'il  représente. 

«  Aussi,  en  même  temps  que  nous  pouvons  applaudir  au  succès 
de  l'œuvre  utilitaire  de  la  Belgique  et  que  nous  devons  nous 
réjouir  de  la  réouverture  des  communications  par  la  vallée  du  Nil, 
il  est  bon  qu'on  félicite  et  qu'on  glorifie  les  hommes  qui,  au  nom 
de  la  France,  se  sont  dévoués  à  la  pure  cause  de  la  civilisation. 

c  C'est  en  votre  personne  que  je  rends  hommage  à  cette  pha- 
lange sublime  d'ouvriers  du  progrès  de  la  science  et  de  l'humanité, 
dont  le  dévouement  fait  la  grandeur  de  la  patrie. 

c  Par  eux  nous  avons  acquis  un  titre  incontestable  au  libre 
usage  d'une  voie  de  transit  d'un  intérêt  général  aussi  marqué  que 


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402  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

la  route  du  Congo,  dont  la  neutralité  et  le  régime  des  communi- 
cations ont  été  réglés  par  l'intervention  des  puissances. 

t  L'idée  généreuse  qui  les  a  réunies  à  la  conférence  de  Berlin 
dans  une  pensée  de  conciliation  et  d'arbitrage  et  dans  un  but  de 
relèvement  matériel  et  moral  des  populations  indigènes  a  eu  pour 
sanction  un  acte,  qui  a  inauguré  les  principes  d'un  droit  nouveau. 

c  La  France,  qui  s'est  autrefois  inclinée  devant  ce  nouvel  état 
de  choses,  peut  maintenant  faire  appel  à  ce  nouveau  droit  basé  sur 
la  liberté  du  commerce  et  la  franchise  de  la  navigation  fluviale 
dans  les  grandes  artères  du  continent  africain  pour  revendiquer, 
par  la  vallée  du  Nil,  un  libre  accès  nécessaire  à  l'accomplissement 
des  devoirs  qui  lui  incombent,  de  par  l'Acte  de  Berlin,  dans  les  ter- 
ritoires relevant  de  son  influence. 

c  En  vous  souhaitant  la  bienvenue,  j'envoie,  au  nom  de  la  Société 
de  Géographie,  tous  mes  voeux  au  commandant  Marchand  et  aux 
vaillants  qui  raccompagnent. 

c  Us  sont  suivis  par  les  sympathies  de  la  France  entière  qui 
salue  en  eux  le  drapeau  de  la  civilisation  rétabli  par  l'ouest  dans 
le  bassin  du  haut  Nil  tombé  en  abandon  depuis  quatorze  années. 

c  L'avenir  viendra  donner  une  sanction  à  l'œuvre  qu'ils  ont 
accomplie  dans  ces  régions  reconquises  sur  le  fanatisme  et  la  bar- 
barie. » 

M.  Liotard,  très  ému,  a  répondu  : 

c  Je  ne  saurais  vous  dire  combien  je  suis  touché  de  ce  que  oe 
soit  vous  le  premier  Français  auquel  je  serre  la  main  en  mettant 
le  pied  sur  le  sol  de  la  patrie  française,  combien  je  me  suis  senti 
fier  en  entendant  les  paroles  trop  élogieuses  que  vous  m'avez  adres- 
sées, combien  j'ai  été  ému  en  entendant  l'hommage  rendu  à  mes 
braves  compagnons  et  aux  victimes  du  plus  grand  des  devoirs,  qui 
reposent  sur  la  terre  d'Afrique,  et  combien  je  m'associe  à  l'hom- 
mage rendu  au  brave  commandant  Marchand  et  aux  vaillants 
Français  qui  l'accompagnent  sur  le  haut  Nil. 

c  Encore  une  fois,  merci.  Je  suis  heureux  et  fier  de  l'accueil  que 
vous  m'avez  fait  ici,  à  mon  retour  en  France.  > 

Puis,  se  tournant  vers  le  Dr  Morin  venu  également  à  bord, 
M.  Liotard  a  exprimé  le  regret  de  n'avoir  pu  ramener  son  frère, 
lieutenant  de  vaisseau,  mort  dans  le  haut  Oubangui,  succombant 
à  l'effort  qu'il  venait  de  faire  pour  conduire  un  vapeur  au-dessus 
des  rapides. 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  403 

Qualre  jours  après  avoir  atterri  à  Pauillac,  le  6  juillet,  M.  Lio- 
tard  arrivait  à  Paris,  U  y  a  été  reçu  à  la  gare  Montparnasse  (grftce 
à  l'obligeance  de  M.  Faulcon,  chef  de  gare)  par  plusieurs  membres 
de  la  Société  de  Géographie  et  par  plusieurs  explorateurs  :  le 
prince  Roland  Bonaparte,  le  baron  Hulot,  MM.  Savorgnan  de 
Brazza,  Gentil,  Perdrizet,  Bruel,  etc. 

Le  prince  Rokud  Bonaparte  a,  dans  les  termes  suivants»  salué 
M.  Liotard  au  nom  de  la  Société  de  Géographie  : 

c  Monsieur  le  gouverneur, 

c  En  chargeant  le  fondateur  du  Congo. français,  M.  de  Brazza, 
de  vous  porter  ses  souhaits  de  bienvenue  au  moment  où  vous 
touchiez  le  sol  de  la  patrie,  la  Société  de  Géographie  a  voulu 
reconnaître  la  portée  exceptionnelle  des  travaux  que  vous  avez 
accomplis  dans  le  haut  Oubangui. 

c  Si  nous  n'étions  pas  dans  la  période  des  vacances,  le  Président 
et  les  Vice-Présidents  de  la  Société  se  seraient  portés  à  votre  ren- 
contre aujourd'hui  et  vous  auraient  (ait  un  accueil  digne  de  vous. 
Leur  éloignement  de  Paris  me  vaut  l'honneur  et  la  joie  de  vous 
recevoir  au  nom  de  la  Société  de  Géographie.  Hier,  au  reçu  de 
votre  dépêche,  nous  avons  a  la  hâte  convoqué  nos  amis  ;  nous 
avons  invité  les  délégués  de  la  Société  de  Géographie  commerciale 
et  du  Comité  de  l'Afrique  française,  et  les  explorateurs  que  nous 
savions  à  Paris.  Ils  ont  répondu  en  nombre  à  notre  appel  et  nous 
voici  tous  réunis  autour  de  vous,  heureux  d'applaudir  au  succès 
de  votre  grande  entreprise. 

«  Oui,  nous  avons  suivi  depuis  sept  années  avec  l'attention  la 
plus  soutenue,  et  souvent  avec  une  patriotique  angoisse,  le  déve- 
loppement méthodique  du  plan  que  vous  vous  étiez  tracé.  Des 
rives  du  M'Bomou,  nous  vous  avons  vu  avancer  dans  le  bassin  du 
Bahr-el-Ghazal,  nous  vous  avons  vu  organiser  les  pays  ouverts  par 
vous  à  la  civilisation,  puis  diriger  à  Test  les  explorations  françaises 
vers  ces  régions  enviées  et  demeurées  sans  maître  où  le  comman- 
dant Marchand  vient  de  planter  notre  drapeau. 

c  À  cette  œuvre,  le  haut  Oubangui  et  le  Congo  français  ont  con- 
tribué dans  une  large  mesure.  C'est  justice  de  le  proclamer.  Hon- 
ueur  à  vous,  monsieur,  qui  avez  su  agir,  organiser,  persévérer  et 
prévoir;  honneur  à  ceux  qui  ont  été  vos  témoins  et  vos  auxiliaires 
et  dont  plusieurs  sont  morts  à  la  peine;  honneur  à  ceux  qui  ont 
édifié  en  vingt  années  notre  empire  africain,  les  Brazza,  les  Binger, 


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404  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

les  Moriteil,  les  Gentil.  Vous  et  eux  vous  avez  entrepris  la  recon- 
naissance géographique  de  cet  espace  immense  qui,  de  l'Algérie, 
du  Sénégal,  du  Congo,  s'étend  jusqu'au  Nil,  englobant  dans  son  aire 
une  large  part  du  bassin  du  Tchad.  Avec  eux  vous  avez  tracé  les 
lignes  directrices  autour  desquelles  se  sont  déjà  tressés  des  réseaux 
serrés  d'itinéraires. 

c  Vous  nous  décrirez  sous  peu,  nous  l'espérons,  les  régions  pla- 
cées sous  votre  gouvernement.  Dés  à  présent  nous  tenons  à  vous 
féliciter  d'avoir  su,  dans  des  circonstances  délicates  et  difficiles, 
accomplir  une  tâche  aussi  utile  au  pays  que  féconde  en  résultats 
géographiques,  i 

M.  Guynet,  délégué  colonial,  puis  M.  Gravoisier,  au  nom  de  la 
Société  de  Géographie  commerciale,  et  M.  SoJler,  au  nom  de  la 
Société  des  Africains,  ont  pris  successivement  la  parole,  M.  Liotard 
leur  a  répondu  en  ces  termes  : 

c  Reçu  à  Bordeaux  par  M.  de  Brazza,  qui  m'a  transmis  les  félici- 
tations de  la  Société  de  Géographie,  je  suis  de  nouveau  l'objet  de 
témoignages  affectueux  de  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  l'action 
qu'exerce  la  France  dans  l'Afrique  centrale  et  en  particulier  dans 
le  bassin  du  Nil.  Notre  mission,  cependant,  n'était  point  de  celles 
qui  attirent  l'attention. 

c  Sauf  un  petit  nombre  de  personnes  au  courant  des  événements 
qui  se  passent  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  depuis  quelques  années, 
la  masse  du  public  ignorait  l'intérêt  politique  puissant  des  diverses 
nations  dans  les  régions  orientales  du  continent  noir. 

c  La  vigilance  du  gouvernement  ne  s'est  pas  trouvée  en  défaut. 

c  Dés  l'année  1890,  j'ai  été  chargé  par  M.  de  Brazza  d'occuper 
progressivement  les  territoires  dans  lesquels  nous  avons  accès  par 
le  haut  Oubangui  et  d'en  faire  une  région  française  ayant  une 
porte  ouverte  sur  le  Nil. 

c  En  1894,  M.  Delcassé  me  confiait  la  même  mission  avec  des 
pouvoirs  plus  étendus. 

c  Nous  avons  poursuivi  depuis  1890  cette  œuvre  dont  le  résultat 
le  plus  clair  est  la  présence  dans  le  Nil  de  l'expédition  dirigée  par 
M.  le  commandant  Marchand. 

c  Je  n'entrerai  pas  dans  les  détails  de  l'occupation  française. 
On  connaît  maintenant  de  quelle  manière  sont  établis  nos  postes 
le  long  de  l'Oubangui,  du  M'Bomou  et  du  Soueh,  dans  des  condi- 
tions telles  que  le  ravitaillement  de  nos  troupes  devient  possible 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         405 

jusqu'au  Bahr-el-Ghazal  et  jusqu'au  Nil  par  les  voies  fluviales  et  la 
route  de  terre. 

c  M'Ziber,  notre  sentinelle  avancée  dans  le  nord,  en  contact  avec 
les  populations  darfouriennes  asservies  par  les  derviches,  a  servi 
et  sert  encore  de  base  d'opération  aux  explorations  effectuées 
dans  le  Bahr-el-Ghazal  et  ses  affluents  les  plus  éloignés. 

c  C'est  la  mission  Marchand  qui  fixe  aujourd'hui  l'attention  à 
cause  de  sa  situation  délicate  dans  l'ancienne  ville  de  Fachoda. 

c  Ce  point  a  une  importance  capitale.  C'est  en  quelque  sorte  le 
port  du  Bahr-el-Ghazal  destiné  à  relier  notre  nouvelle  colonie  à  la 
Méditerranée  par  le  Nil  et  l'Egypte. 

c  Si  ce  grand  fleuve  égyptien  était  livré  à  la  navigation  libre, 
comme  Test  actuellement  le  Congo,  le  commerce  européen  trou- 
verait un  débouché  immédiat  et  facile  vers  les  régions  équato- 
riales  où  se  trouvent  des  produits  de  toute  sorte. 

c  La  sécurité  du  commerce  étant  assurée  par  la  présence  de  nos 
postes  aux  points  stratégiques,  les  transactions  se  développeraient 
du  nord  au  sud  et  de  l'est  à  l'ouest,  suivant  les  routes  semées  de 
marchés  où  les  traitants  indigènes,  convoyeurs  naturels  des  pro- 
duits européens,  viendraient  effectuer  leurs  échanges. 

t  La  France  avait  trop  d'intérêts  dans  l'Afrique  centrale  pour 
laisser  aux  autres  puissances  le  soin  de  veiller  à  la  liberté  et  à  la 
sécurité  du  commerce  un  instant  interrompues  par  le  déchaîne- 
ment des  passions  religieuses  et  par  l'anarchie  qui  en  est  résultée. 

c  Autant  et  peut-être  plus  que  les  autres  peuples,  elle  ouvre  ses 
territoires  au  commerce  sans  distinction  de  nationalité. 

c  Notre  situation  dans  l'Afrique  centrale  nous  donne  la  garde 
d'un  vaste  champ  d'action,  et  je  ne  crois  pas  qu'il  soit  possible  de 
faillir  au  devoir  qui  nous  incombe,  sans  renier  les  glorieuses  tra- 
ditions de  notre  passé. 

c  Messieurs,  depuis  sept  années  que  nous  poursuivons  obscuré- 
ment notre  œuvre,  aucun  de  nous  n'a  exprimé  la  moindre  plainte 
au  sujet  des  conditions  défectueuses  dans  lesquelles  nous  nous 
sommes  trouvés  trop  souvent. 

-  c  Parmi  la  pléiade  des  officiers  et  des  fonctionnaires  qui  se  sont 
succédé  depuis  1890  dans  le  haut  Oubangui,  beaucoup  sont  morts 

—  ceux-là  reposent  au  champ  d'honneur  —  mais  n'oublions  pas 
ceux  qui  s'y  trouvent  actuellement,  gardiens  fidèles  et  tenaces  de 
notre  gloire  nationale.  Us  luttent  aussi  contre  les  mêmes  condi- 
tions défectueuses,  à  cause  du  manque  absolu  de  moyens  de  com- 
munication entre  Brazzaville  et  le  premier  poste  du  haut  Oubangui. 

soc.de  géogr.— c.r.  des  séances.  —  n»  8.— Août-Novembre.         29 


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406  COMPTES   RENDUS   DES  SÉANCES. 

«  C'est  là  le  véritable  danger  auquel  il  est  urgent  de  faire  face, 
au  risque  de  demander  de  nouveaux  sacrifices  à  la  métropole. 

c  En  venant  en  France,  j'ai  la  ferme  persuasion  que  la  sollici- 
tude de  la  mère  patrie  ne  nous  fera  pas  défaut.  Votre  présence  ici 
me  le  prouve.  C'est  avec  un  sentiment  de  vive  reconnaissance  que 
je  salue  les  visages  amis  qui  m'entourent,  i 

|  Réception  du  capitaine  Baratter]. — Le  26  octobre,  les  membres 
de  la  Commission  centrale  se  sont  réunis  à  la  gare  de  Lyon  pour 
recevoir  le  capitaine  Baratier,  qui  apportait  au  Ministre  des 
Affaires  étrangères  la  première  partie  du  rapport  du  commandant 
Marchand,  introduit  à  son  arrivée  dans  Je  bureau  situé  du  côté  du 
départ,  M.  Baratier  y  a  d'abord  été  salué  par  M.  de  Lamothe,  com- 
missaire générai  du  Congo  français,  au  nom  du  gouvernement  ; 
puis  M.  le  Myre  de  Vilers,  président  de  la  Commission  centrale,  a 
prononcé,  au  nom  de  la  Société  de  Géographie,  une  allocution  dont 
voici  le  texte  : 

c  Mon  cher  camarade, 

c  La  Société  de  Géographie  a  délégué  son  président  pour  vous 
souhaiter  la  bienvenue  et  vous  témoigner  ses  cordiales  sympathies. 

c  Le  commandant  Marchand,  vous  et  vos  camarades  avez  porté 
haut  le  drapeau  de  la  France,  nous  ?ous  remercions  d'avoir  si  glo- 
rieusement servi  la  patrie. 

<  Vous,  en  particulier,  dans  la  reconnaissance  des  marais  du 
Bahr-el-Ghazal,  avez  montré  un  courage,  une  persévérance,  une 
endurance  qui  augmenteraient  encore,  s'il  était  possible,  l'estime 
et  la  confiance  que  vous  inspirez  déjà  à  ceux  qui  vous  connaissent. 

c  Quand  vous  écrirez  à  votre  illustre  chef  et  à  vos  camarades, 
dites-leur  notre  admiration  pour  la  grande  œuvre  que  vous  avez 
poursuivie,  dites-leur  les  vœux  que  nous  formons  pour  l'achève- 
ment d'une  entreprise  à  laquelle  vos  noms  resteront  attachés.  > 

M.  Gaulhiot,  secrétaire  général  de  la  Société  de  Géographie 
commerciale,'  le  prince  d'Arenberg,  au  nom  du  Comité  de  l'Afrique 
française,  M.  Etienne,  président  du  groupe  colonial  de  la  Chambre 
des  députés,  le  colonel  Monteil,  M.  Marcel  Habert,  député,  ont 
ensuite  prononcé  quelques  paroles  auxquelles  le  capitaine  Bara- 
tier, très  ému,  a  répondu  avec  brièveté,  simplicité  et  modestie. 
Puis  il  a  quitté  la  gare  de  Lyon,  avec  sa  famille,  au  milieu  d'une 
immense  ovation. 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         407 

Présentation*  d'ouvrages.  —  U Atlas  Larousse  illustré.  —  c  La 
Société  de  Géographie  vient  de  recevoir  les  derniers  fascicules 
d'un  livre  qui  nous  semble  appelé  à  répandre  le  goût  de  la  science 
du  globe,  par  la  forme  exceptionnellement  attrayante  dont  on  a 
su  envelopper  un  fonds  d'informations  puisées  aux  meilleures 
sources.  Nous  voulons  parler  de  Y  Atlas  Larousse  illustré. 

c  L'ouvrage  ne  porte  pas  de  nom  d'auteur,  et  Ton  pourrait  croire, 
vu  la  richesse  des  matières,  que  beaucoup  de  personnes  y  ont 
collaboré.  Cependant,  il  suffit  de  parcourir  le  texte  pour  reconnaître, 
dans  son  allure  élégante  et  rapide,  une  touche  essentiellement 
homogène.  C'est  un  homme  du  métier  qui  a  écrit  ce  texte:  un 
professeur  d'abord,  et  ensuite  un  voyageur,  qui,  sur  beaucoup  de 
points,  a  voulu  avoir  une  idée  personnelle  des  pays  dont  il  avait  à 
décrire  les  traits  essentiels,  de  même  qu'il  a  fait  tous  ses  efforts 
pour  ne  donner  que  des  statistiques  exactes. 

c  Ce  qui  fait  l'originalité  particulière  de  cet  Atlas,  c'est  l'absolue 
sincérité  des  illustrations,  pour  lesquelles  il  a  été  fait  exclusive- 
ment usage  de  la  photographie.  Cet  avantage  aurait  pu  n'être 
obtenu  qu'au  détriment  de  l'effet  artistique,  si  les  éditeurs  n'avaient 
eu  à  leur  disposition  un  mode  de  reproduction  de  la  photographie 
qui,  même  pour  une  publication  à  grand  tirage,  a  donné  des  résul- 
tats vraiment  extraordinaires.  On  s'en  convaincra  sans  peine  en 
feuilletant  les  400  pages  de  l'atlas,  où  plus  d'un  millier  de  repro- 
ductions font  connaître,  pour  chaque  contrée,  ce  qu'il  y  a  de  plus 
caractéristique  en  fait  de  sites  naturels,  de  monuments,  de  types 
humains  et  de  costumes. 

«  U  est  impossible  de  concevoir  une  série  mieux  choisie,  et  on 
croira  sans  peine  ce  que  dit  la  préface,  que  la  réunion  de  ces 
documents  a  exigé  un  immense  effort.  Cette  collection,  par  sa  fidé- 
lité et  sa  netteté,  constitue  un  véritable  enseignement  par  les 
yeux.  L'archéologue  y  peut  trouver  de  nombreuses  satisfactions, 
et  le  géologue  surtout  a  le  plaisir  de  voir  défiler  sous  son  regard 
les  types  les  plus  instructifs.  Nous  citerons  notamment  :  les  superbes 
photogravures  de  glaciers  alpins  et  Scandinaves,  les  rochers  de 
Ploumanach,  ceux  du  Huelgoat,  où  le  granit  se  reconnaît  si  bien, 
l'escarpement  calcaire  desEyzies,le  rocher  de  Crussol,  les  paysages 
d'Auvergne  et  des  Causses,  l'admirable  vue  de  l'Elbrouz,  celle, 
non  moins  remarquable,  d'une  rue  d'innsbruck,  laissant  si  bien 
voir  la  masse  calcaire  qui  couronne  les  montagnes  environnantes, 
et  la  splendide  vue  du  Canon  de  Marbre,  qui,  justement,  a  été 
prêtée  à  l'éditeur  par  notre  Société  de  Géographie. 


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408  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  N'est-ce  pas  aussi  un  enseignement  pour  les  naturalistes  que  ce 
paysage  d'une  forêt  vierge  de  la  Côte  d'Ivoire,  et  une  leçon  pour 
les  patriotes  que  la  vue  du  port  de  Hambourg,  où  se  révèle  si  bien 
l'effrayant  développement  pris  parce  centre  commercial?  Combien 
instructives  aussi  sont  ces  représentations  parfaitement  choisies 
d'épisodes  locaux,  comme  la  photographie  d'une  rue  de  Naples, 
prenant  sur  le  vif  l'extraordinaire  intensité  de  vie  de  cette  popu- 
lation, et  tant  d'autres  qu'il  faudrait  citer  au  même  titre  ! 

c  Réduites  à  des  proportions  restreintes,  et  d'un  format  commode, 
les  cartes  visent  surtout  à  la  clarté.  L'auteur  a  voulu  les  rendre 
faciles  à  lire.  Nous  ne  doutons  pas  qu'un  tel  ouvrage,  rendu  si  acces- 
sible par  son  prix  modique,  ne  réussisse  à  accroître  la  clientèle 
de  la  science  géographique.  La  séduction  extérieure  qu'il  exerce 
est  de  bon  aloi,  et  ceux  qui  lui  accorderont  plus  qu'un  coupd'œil 
superficiel  en  seront  récompensés  par  tout  ce  que  leur  suggérera 
l'examen  de  ces  fidèles  représentations  d'une  nature  qu'il  y  a 
toujours  profit  à  regarder  telle  qu'elle  est.  > 

A.  de  Lapparent. 

—  M.  Corcelle,  agrégé  de  l'Université,  offre  un  exemplaire  de  son 
travail  intitulé  :  Etude  sur  la  population  du  département  de 
VAin  (Bourg,  100  p.).  Les  mouvements  de  la  population  sont  notés 
depuis  1789  jusqu'en  1896.  La  conclusion  qu'on  peut  tirer  de 
l'examen  des  chiffres,  c'est  une  progression  jusqu'au  milieu  du 
siècle,  et  une  décroissance  qui  a  commencé  d'abord  insensible- 
ment et  qui,  depuis  quelques  années,  prend  des  proportions  inquié- 
tantes. Les  causes  de  ce  fléau,  M.  Corcelle  les  voit  dans  la  limi- 
tation rigoureuse  des  naissances  et  dans  la  fuite  éperdue  des 
paysans  vers  les  grandes  villes. 

—  Il  y  a  quelques  mois  déjà  la  Société  reçut,  comme  hommage, 
un  exemplaire  des  guides  Miriam  :  Description  de  la  Grande-Ca- 
narie  (en  anglais.  V.  C.  /?.,  1898,  p.  272).  L'auteur  de  ce  volume, 
M.  L.  deBelabre,  vice-consul  de  France  à  Las  Palmas,  a  non  seule- 
ment compulsé  tous  les  ouvrages  ayant  trait  à  la  grande  île,  mais 
a  tenu  à  vérifier  lui-même,  par  des  visites  aux  monuments,  l'exac- 
titude des  informations  contenues  dans  ces  livres.  L'ouvrage  est 
accompagné  d'une  carte  de  la  Grande-Canarie. 

—  M.  de  Lapparent  présente,  delà  part  de  l'auteur,  le  livre  dans 
lequel  le  R.  P.  Piolet  a  reproduit,  parfois  avec  de  notables  additions, 
les  douze  leçons  professées  par  lui  à  la  Sorbonne,  en  1898,  sur 


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WT-T'  I",^*- 


SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  409 

Madagascar.  Ce  livre  condense  les  renseignements  les  plus  récents 
sur  l'état  de  notre  nouvelle  colonie.  Œuvre  d'un  homme  qui  a  vu 
ce  dont  il  parle,  l'ouvrage  est  plein  d'indications  utiles,  et  d'une 
lecture  aussi  agréable  qu'instructive. 

—  M.  Ludovic  Drapeyron,  directeur  de  la  Revue  de  Géographie, 
dans  une  étude  intitulée  :  Comment  Michelet  est-il  devenu  histo- 
rien et  géographe  ?  prend  Michelet  à  son  entrée  au  lycée  Charle- 
magne  (1812),  raccompagne  au  collège  Rollin,  où,professeur d'his- 
toire et  de  géographie  (titre  récemment  créé),  il  compose  \e  Précis 
^histoire  moderne  (1827),  où  l'on  remarque  de  si  belles  pages  sur 
les  grand  explorateurs  (notamment  sur  Vasco  de  Gama)  et  sur  la 
colonisation.  Il  entre  alors  comme  maître  de  conférences  à  l'École 
normale  supérieure,  où  il  entreprend  sa  grande  Histoire  de  France 
(1833).  Dès  le  second  volume  de  cette  histoire,  il  est  géographe.  A 
partir  de  ce  moment  ses  voyages  en  France  et  au  dehors  se  multi- 
plient. 11  faisait,  de  plus,  de  la  géographie  philosophique.  Son  Ta- 
bleau delà  France  fut  donc  très  documenté.  Dans  les  Origines  du 
droit  français  (1837),  il  précisa  encore  plus  les  rapports  intimes  de 
la  terre  et  de  l'homme.  M.  Drapeyron  nous  montre  ce  qu'il  faut 
entendre  par  résurrection  en  histoire,  en  prenant  pour  exemple 
Jeanne  d'Arc,  si  supérieurement  traitée  par  Michelet;  il  prouve 
que  la  géographie  y  contribue  puissamment,  c  parce  que,  au 
rebours  de  l'histoire,  elle  est  toujours  présente  »  ;  elle  est  d'ail- 
leurs c  la  sage  et  intrépide  conseillère  de  l'activité  humaine  >; 
elle  est  c  l'interprète  sûre  de  l'histoire  même  de  l'homme  ». 

Nécrologie.  —  Le  colonel  F.  Coello.  —  c  Le  30  septembre  der- 
nier s'est  éteint  à  Madrid,  après  une  longue  et  douloureuse  mala- 
die, le  géographe  le  plus  éminent  qu'ait  possédé  l'Espagne  à  notre 
époque  :  D.  Francisco  Coello  de  Portugal  y  de  Quesada,  qui  était 
membre  correspondant  de  notre  Société  depuis  1850.  Né  à  Jaen, 
le  26  avril  1822,  Coello  sortit  le  premier  ex  œquo  en  1839  de 
l'École  du  génie  et  ût  toute  sa  carrière  dans  cette  arme  spéciale* 
Capitaine  en  1844,  il  suivit  les  colonnes  de  nos  généraux  La  Mori- 
cière,  Bugeaud  et  Pélissier  à  travers  l'Algérie .  En  1 858,  il  fut  chargé 
d'élaborer  les  règlements  et  de  former  le  personnel  du  cadastre 
espagnol  et  devint  colonel  en  1865. 11  prit  alors  une  part  très  active 
aux  travaux  géodésiques  en  Espagne  et  notamment  à  l'établisse- 
ment du  réseau  qui  reliait  la  France  et  l'Espagne  à  l'Algérie. 
Coello  avait  proposé  au  gouvernement  d'entreprendre  une  carte 


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410  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

de  la  péninsule  à  1/100,000  et  aurait  voulu  publier  au  1  20,000 
les  feuilles  du  cadastre  dont  les  originaux  avaient  étélevésà  1/2,000. 
Mais  des  différends  assez  profonds  entre  le  général  Narvaez  et  le 
colonel  Coello  déterminèrent,  en  1866,  ce  dernier  à  donner  sa 
démission,  alors  qu'il  était  dans  la  force  de  l'âge  et  eu  état  de 
rendre  à  son  pays  les  services  les  plus  distingués. 

c  Le  titre  le  plus  sérieux  de  Coello  à  la  reconnaissance  de  ses 
compatriotes  et  de  tous  les  géographes  est  la  publication  de  son 
Atlas  d'Espagne  et  de  ses  colonies  à  1/200,000,  qu'il  commença 
en  1846,  pour  accompagner  l'excellent  dictionnaire  de  Madoz, 
et  qui  n'a  malheureusement  pas  été  terminé.  Bien  que  l'Ins- 
titut géographique  de  Madrid  ait  commencé  depuis  nombre  d'an- 
nées déjà  la  publication  d'une  carte  à  1/50,000,  c'est-à-dire 
à  une  échelle  quatre  fois  plus  grande  que  celle  de  Coello, 
cette  dernière  restera  longtemps  encore,  malgré  son  échelle 
réduite,  malgré  ses  incorrections  en  certaines  parties,  le  seul  docu- 
ment sérieux  à  consulter  pour  l'Espagne.  Si  le  colonel  Coello,  ne 
pouvant  tout  faire  par  lui-même,  dut  s'en  rapporter  à  ses  collabo- 
rateurs, il  y  eut  néanmoins  de  sa  part  une  œuvre  considérable,  où 
il  fit  souvent  preuve  d'un  véritable  esprit  critique  et  à  laquelle  on 
n'a  pas  rendu  toute  la  justice  qui  lui  était  due. 

c  On  doit  encore  à  Coello  un  Mémoire  sur  les  villes,  routes  et 
anciennes  ruines  de  la  province  d'Alava  et  un  grand  nombre  de 
mémoires  et  de  communications  relatifs  aux  routes  romaines  de  l'Es- 
pagne. Très  connu  et  très  apprécié  pour  ses  excellentes  qualités,  son 
affabilité  et  une  obligeance  sans  bornes,  le  colonel  Coello  ne  man- 
quait pas  un  congrès  géographique  et  il  fallut  que  sa  santé  fût 
bien  ébranlée  pour  qu'il  n'assistât  pas  à  celui  de  Londres,  il  y  a  deux 
ans.  Enfin,  dans  la  dernière  période  de  sa  vie,  Coello  avait  appliqué 
toute  son  ardeur  au  travail,  toute  son  activité  intellectuelle  à  des 
projets  de  chemins  de  fer,  à  des  canaux,  mais  surtout  à  la  con- 
struction d'un  canal  d'irrigation  du  Guadalquivir  qui,  en  même 
temps  qu'il  aurait  remédié  aux  désastreuses  inondations  de  ce 
fleuve,  aurait  apporté  la  richesse  dans  la  belle  vallée  de  Séville. 

c  Membre  de  l'Académie  de  l'Histoire,  Coello  fut,  en  1876,  l'un 
des  promoteurs  et  des  organisateurs  de  la  Société  de  géographie 
de  Madrid;  c'est  là  qu'il  a  publié  quelques-unes  de  ses  notes 
les  plus  patriotiques  touchant  certains  différends  diplomatiques, 
notamment  lorsque  l'Allemagne  voulut  s'emparer  des  Carolines. 
Très  chatouilleux  sur  le  point  d'honneur  et  sur  ce  qu'il  considé- 
rait comme  les  droits  de  l'Espagne,  il  se  montra  souvent  irréduc- 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  411 

tible  dans  les  instructions  que  son  Gouvernement  le  chargea  de 
rédiger  pour  ses  plénipotentiaires,  et  toujours  d'une  absolue  com- 
pétence dans  les  mémoires  qu'il  prépara  pour  un  certain  nombre 
d'explorations  dans  le  golfe  de  Guinée,  l'Adrar,  au  rio  de  Oro,  au 
sud  du  Maroc. 

c  Coello  avait  réuni  une  énorme  quantité  de  documents  cartogra- 
phiques et,  à  ce  point  de  vue,  sa  bibliothèque  était  la  plus  importante 
d'Espagne.  11  y  avait  là  nombre  de  levers  faits  par  lui-même,  par  des 
officiers  du  génie,  par  des  géomètres  ou  des  ingénieurs,  des  cartes 
marines  inédites  provenant  de  l'ancien  directeur  du  dépôt  hydro- 
graphique de  Madrid,  Bauza,  jusqu'à  des  reconnaissances  faites 
par  des  officiers  français  pendant  les  guerres  d'Espagne  sous 
l'Empire  ou  la  Restauration.  Tous  ces  documents  inédits  ou  gravés 
étaient  mis  par  Coello  à  la  disposition  des  travailleurs  sérieux  et 
nous  savons  plus  d'un  de  nos  collègues  qui  en  ont  largement  pro- 
fité et  ont  emporté  de  la  libéralité  de  Coello  le  plus  touchant  sou- 
venir. 11  était  à  craindre  qu'une  collection  aussi  importante  ne 
vînt  à  être  dispersée  après  la  mort  de  son  possesseur;  nous  avons 
appris  avec  plaisir  que  des  démarches  sont  tentées  auprès  du 
gouvernement  pour  que,  malgré  son  extrême  pénurie,  il  assure  à 
l'Espagne  la  possession  d'un  ensemble  de  documents  qu'il  serait 
impossible  de  réunir  aujourd'hui. 

c  Nous  qui,  depuis  1875,  l'avons  connu,  nous  qui  avons  reçu  de 
lui  l'accueil  le  plus  amical  à  Madrid,  nous  avons  tenu,  en  expo- 
sant brièvement  la  carrière  si  laborieuse  et  si  remplie  du  colonel 
Coello,  à  montrer  la  grandeur  de  la  perte  que  l'Espagne  et  la 
science  viennent  de  faire  en  associant  la  Société  de  Géographie  à 
la  douleur  que  cette  mort  nous  a  fait  ressentir.  » 

Gabriel  Marcel. 

M.  Alfred  Marche.  —  Le  31  août  dernier  est  mort  l'explorateur 
Antonin-Alfred  Marche,  lauréat  de  la  Société  de  Géographie  en 
1886.  M.  Gabriel  Marcel,  vice-président  de  la  Commission  centrale, 
a  représenté  la  Société  de  Géographie  le  3  septembre  1898,  aux 
obsèques  de  notre  regretté  collègue,  et  a  prononcé  après  la  céré- 
monie religieuse,  sous  le  porche  de  l'église  Saint-Germain-des- 
Près,  le  discours  suivant: 

«  La  Société  de  Géographie,  à  laquelle  Alfred  Marche  appartenait 
depuis  plus  de  trente  ans,  ne  peut  laisser  disparaître  cet  explorateur 
sans  lui  adresser  un  suprême  hommage. 


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1 


412  COMPTES   RENDUS  DES   SÉANCES. 

c  La  vie  de  ce  modeste  a,  tout  entière,  été  consacrée  à  la  science. 
Combien  d'autres,  dont  le  bagage  était  plus  léger,  ont  su  se  faire 
une  réputation,  conquérir  la  fortune  et  les  honneurs!  Marche  ne 
laisse  qu'un  nom  honorable  entre  tous  ;  ce  doit  être  pour  sa  famille, 
sinon  une  consolation,  du  moins  un  adoucissement  à  sa  douleur 
que  de  savoir  tous  les  regrets  que  cause  sa  perte  prématurée. 

c  La  première  expédition  scientifique  à  laquelle  nous  voyons 
Alfred  Marche  participer,  après  divers  voyages  à  Malacca,  en  Indo- 
Chine,  en  Sénégambie,  est  celle  qu'il  entreprit  en  1872  avec  le 
marquis  de  Compiègne  sur  l'Ogôoué. 

c  A  cette  époque,  on  se  faisait  de  grandes  illusions  sur  ce  cours 
d'eau  et,  depuis  les  voyages  de.  Stanley  et  de  Schweinfurth,  on  pen- 
sait que  le  fleuve  dont  Livingslone  avait  découvert  les  sources 
pourrait  bien  être,  non  pas  le  Nil,  mais  un  cours  d'eau  qui  se 
dirigerait  dans  l'ouest  pour  se  jeter  dans  l'Atlantique,  en  un  mot 
le  Congo  ou  l'Ogôoué. 

c  En  tout  cas,  ce  qu'on  savait  de  ce  dernier  fleuve,  d'après  les 
rapports  du  lieutenant  de  vaisseau  Aymès,  donnait  à  penser  que 
c'était  la  meilleure  voie  ouverte  à  l'exploration  pour  pénétrer  au 
centre  de  l'Afrique. 

c  C'est  à  cette  entreprise  que  se  dévouèrent  Alfred  Marche  et  le 
marquis  de  Compiègne.  Mais  n'ayant  pas  de  ressources  suffisantes, 
ils  durent,  par  leur  travail  continuel  de  naturalistes,  subvenir  aux 
frais  considérables  de  cette  expédition  en  envoyant  à  Paris  le  pro- 
duit de  leurs  chasses. 

«  Nous  ne  pouvons  nous  arrêter  longuement  ici  sur  les  détails 
d'une  exploration  très  hasardeuse  qui  les  mena  sur  l'Ogôoué  beau- 
coup plus  haut  que  n'avaient  fait  leurs  devanciers  et  qui  leur  per- 
mit de  combler  un  des  blancs  alors  si  nombreux  de  la  carte  d'Afri- 
que. Après  dix-neuf  mois  de  lutte  contre  la  maladie ,  les  privations, 
les  souffrances,  les  dangers  de  toute  sorte,  une  partie  de  leur 
escorte  ayant  succombé  sous  les  coups  des  naturels,  ils  furent  vio- 
lemment rejetés  en  arrière. 

c  La  Société  de  Géographie  récompensa  d'une  médaille  d'argent 
cette  première  expédition  qui  eut  pour  résultat  l'établissement  de 
la  première  carte. provisoire  du  haut  Ogôoué. 

c  Une  fois  qu'on  entre  dans  la  voie  si  attachante  des  explora- 
tions, on  ne  peut  faire  autrement  que  s'y  donner  tout  entier.  Dès 
qu'il  fut  remis  de  ses  fatigues,  Marche  repartit  pour  la  région  qu'il 
avait  explorée  et  y  fit  successivement  deux  expéditions  avec  M.  de 
Brazza  et  le  Dr  Ballay.  Il  a  résumé  avec  une  grande  simplicité  les 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.  413 

brillants  résultats  qu'il  avait  obtenus  dans  un  volume  paru  en 
1 879  qui  a  pour  titre  :  Trois  voyages  dans  l'Afrique  occidentale. 

<  De  1879  à  1885,  Marche  est  chargé  par  le  Ministère  de  l'Instruc- 
tion publique  d'une  mission  scientifique  en  Océanie.  Il  explore  suc- 
cessivement les  Philippines  et  les  Mariannes.  Nombreuse  fut  sa 
moisson  de  renseignements  ethnographiques,  météorologiques 
astronomiques  et  séismologiques,  et  les  documents  qu'il  a  rapportés 
ont  été  partagés  entre  le  Muséum  et  le  Trocadéro. 

<  Les  résultats  si  nouveaux  et  si  intéressants  qu'il  a  obtenus, 
il  les  a  résumés  dans  un  volume  intitulé  :  Luçon  et  Palaouetn.  Six 
années  aux  îles  Philippines,  qui  parut  en  1887,  et  dans  un  Rapport 
général  au  Ministre  de  l'Instruction  publique  sur  sa  mission  aux 
Mariannes,  qui  vit  le  jour  en  1891 . 

c  Le  premier  de  ces  deux  ouvrages  est  aujourd'hui  l'une  des 
sources  les  plus  fréquemment  consultées  et  des  moins  citées  sur 
les  Philippines.  Il  dévoile  et  explique  les  causes  des  événements 
dont  cet  archipel  vient  d'être  le  théâtre. 

c  Quant  à  la  partie  économique  de  cette  longue  exploration,  une 
voix  plus  autorisée  que  la  mienne  (1)  en  fera  connaître  tout  à 
l'heure  les  principaux  résultats. 

c  La  Société  de  Géographie,  toujours  soucieuse  de  récompenser 
les  travaux  des  missionnaires,  avait  décerné  en  1886  à  Alfred 
Marche  le  prix  Logerot  ;  elle  lui  avait  ensuite  attribué  une  pension 
sur  la  fondation  Poirier  qui  a  été  faite  en  faveur  d'un  voyageur 
français  qui  s'est  distingué  par  ses  travaux  et  à  qui  sa  santé  ne 
permet  plus  d'entreprendre  de  voyage.  C'est  vous  dire  que  le 
pauvre  Alfred  Marche  avait  été  rudement  éprouvé  par  cette  vie  de 
misère,  de  privations  et  de  souffrances  qu'est  celle  des  explorateurs. 

c  Quant  au  gouvernement,  pour  reconnaître  les  éminents  ser- 
vices que  Marche  avait  rendus  à  la  science,  il  l'avait  nommé  archi- 
viste-bibliothécaire de  la  direction  du  commerce  et  de  l'agricul- 
ture de  la  régence  de  Tunis. 

c  Marche  venait  tous  les  ans  passer  l'été  en  France;  c'est  ici 
qu'il  s'est  éteint  subitement  à  54  ans  d'une  maladie  de  cœur. 

<  Il  aura  eu  cet  honneur  d'avoir  été,  dans  les  découvertes  et 
dans  la  colonisation  de  l'Afrique  équatoriale  par  les  Français,  un 
des  ouvriers  de  la  première  heure.  Il  a  contribué  avec  M.  de 
Brazza  à  la  reconnaissance,  à  la  conquête  pacifique  du  Congo 


(1)  M.  le   Dr  Dclislc  qui  prit  la  parole  au  nom  de  la  Société  de  Géographie 
commerciale. 


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4 


4U  COMPTES  RENDUS   DES  SÉANCES. 

français.  C'est  un  titre  précieux  à  notre  souvenir  et  le  nom 
d'Alfred  Marche,  si  apprécié  parla  Société  de  Géographie,  doit  être 
connu  de  tous  les  Français  soucieux  de  notre  expansion  coloniale 
et  du  renom  scientifique  de  notre  patrie.  > 

M.  /.  V.  Barbier. — M.  Joseph  Victor  Barbier,  secrétaire  général 
de  la  Société  de  géographie  de  l'Est,  membre  de  la  Société  de 
Géographie  de  Paris  depuis  1878,  est  mort  pendant  les  dernières 
vacances,  dans  sa  soixantième  année.  Ce  vaillant  travailleur,  qui 
fut  le  fondateur  de  la  Société  de  géographie  de  Nancy  et  l'un  des 
fondateurs  des  congrès  nationaux  des  Sociétés  françaises  de  géo- 
graphie, était  un  ardent  patriote  et  un  adorateur  convaincu  et 
passionné  de  la  géographie.  D'une  activité  dévorante,  il  ne  s'occu- 
pait pas  seulement  de  la  rédaction  du  Bulletin  trimestriel  de  la 
Société  de  l'Est,  mais  il  forma  le  projet  d'un  atlas  uniprojectionnel 
et  s'occupa  de  la  publication  d'un  Lexique  géographique  du  monde 
entier ,  qui  en  est  à  son  19e  fascicule  et  au  mot  Florence.  La  mort 
est  venue  arrêter  M.  J.-V.  Barbier  en  pleine  activité  intellectuelle; 
c'est  un  motif  de  plus  pour  que  la  Société  de  Géographie  adresse 
à  sa  famille  l'expression  de  sa  douloureuse  sympathie. 

Le  capitaine  du  génie  Gazemajou  a  été  assassiné  le  5  mai  der- 
nier aux  environs  de  Zinder,  avec  son  interprète,  M.  Olive.  Après 
avoir  servi  au  Tonkin  sous  les  ordres  du  général  Borgnis-Desbordes, 
ce  vaillant  officier  avait  été  envoyé  sur  les  frontières  méridionales 
de  la  Tunisie,  et  il  avait  exécuté  en  1893  avec  le  lieutenant  de  spahis 
Dumas  un  raid  de  Nefta  à  la  zaouiade  Sidi  Maabet,  sur  lequel  une 
étude  a  paru  dans  le  Bulletin  (2*  trim.  1896,  p.  145-153).  De  re- 
tour en  France,  M.  Gazemajou  sollicita  et  obtint  la  mission  au 
cours  de  laquelle  il  vient  d'être  assassiné  à  coups  de  bâton,  sur  les 
ordres  du  sultan  de  Zinder,  après  avoir  visité  l'oasis  de  Thaoua. 
Les  papiers  de  l'infortuné  voyageur  ont  pu  être  sauvés  et  permet- 
tront de  se  rendre  un  compte  exact  de  l'œuvre  accomplie  par  lui 
au  cours  d'une  mission  dont  il  était  permis  d'attendre  beaucoup. 

La  Société  a  encore  à  déplorer  la  perte  de  M.  Pétrus  Truong- 
Vinh-Ky  [Mb.  1860],  professeur  de  langues  orientales  à  Saigon, 
chevalier  de  la  Légion  d'honneur,  décédé  à  Ghoquan,  le  1er  sep- 
tembre 1898,  et  de  M.  Henri  Frossard  [Mb.  depuis  18781. 

informations.  —Prix  offerts  par  la  Société  de  Géographie  aux 
lauréats  du  concours  général.  —  Les  élèves  Dujardin  (Marius) 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE   1898.  415 

du  collège  Kollin,  qui  a  obtenu  le  premier  prix  de  géographie  en 
première  moderne,  et  George  (Léon),  du  lycée  Janson,  qui  a 
obtenu  le  premier  prix  de  géographie  en  rhétorique,  ont  reçu  en 
1898  les  prix  que  la  Société  de  Géographie  a  coutume  d'accorder 
chaque  année  aux  lauréats  en  géographie  du  concours  général. 

Cours  du  Conservatoire  des  arts  et  métiers.  —  Le  colonel  Laus- 
sedat,  directeur  du  Conservatoire  national  des  arts  et  métiers,  a 
envoyé  un  exemplaire  de  l'affiche-programme  des  cours  publics  du 
Conservatoire  des  arts  et  métiers  pour  Tannée  1898-1899.  Ces 
cours  ont  commencé  le  jeudi  3  novembre. 

Congrès  de  géographie  de  Marseille.  —  Voici  quels  sont  les 
vœux  votés  par  le  Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de  géo- 
graphie, réuni  à  Marseille  du  18  au  25  septembre  1898. 

I.  Qu'il  soit  procédé  le  plus  promptement  possible  à  la  confection 
d'une  carte  lithologique  et  bathymétrique  détaillée  du  littoral  sous- 
marin  français. 

II.  1°  Que  dans  l'enseignement  secondaire  moderne  le  nombre 
d'heures  accordé  à  la  géographie  soit  augmenté,  de  manière  à 
donner  plus  d'importance  à  la  géographie  coloniale  et  à  la  géogra- 
phie de  la  France  ; 

2°  Que  l'enseignement  de  la  géographie  ait  la  même  place  dans 
l'enseignement  classique  que  dans  l'enseignement  moderne. 

III.  1°  Dans  l'intérêt  de  la  mise  en  œuvre  méthodique  des  richesses 
coloniales,  que  le  gouvernement,  persévérant  dans  ses  intentions, 
mette  le  plus  promptement  possible  en  exécution,  avec  le  concours 
de  l'initiative  privée,  des  municipalités  et  des  corps  élus,  son 
projet  d'organisation  de  l'enseignement  colonial  dans  un  certain 
nombre  d'universités; 

2°  Que  la  ville  de  Marseille,  à  raison  de  sa  situation  topographi- 
que, de  son  importance  et  des  efforts  qu'elle  a  déjà  faits  en  pré- 
vision de  cette  organisation,  soit  une  des  premières  universités 
dotées  de  cet  enseignement,  et  cela  sur  les  plus  larges  bases; 

3°  Que  le  gouvernement  mette  en  exécution  un  programme  d'en- 
seignement technique  de  l'agriculture  et  du  commerce  aux  colonies. 

IV.  Le  Congrès,  dans  le  but  de  favoriser  le  développement  écono- 
mique de  notre  domaine  colonial  :  1°  se  déclare  favorable  à  l'idée 
de  la  constitution,  à  Paris,  d'un  institut  colonial; 

2°  Invite  les  bureaux  des  Sociétés  de  géographie  à  soumettre 
cette  idée  à  leurs  sociétés  respectives. 


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416  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

V.  1»  Qu'il  soit  créé  en  Guyane  française  un  réseau  de  voies 
ferrées  reliant  Cayenne  aux  régions  aurifères  de  l'intérieur; 

2°  Que  la  main-d'œuvre  pénitentiaire  soit  affectée  à  la  construc- 
tion et  à  l'entretien  du  réseau. 

VI.  Que  le  gouvernement  décide  la  création  d'un  port  franc  à 
Marseille. 

VII.  1°  Qu'il  soit  procédé  le  plus  tôt  possible  à  l'exécution  du 
canal  de  jonction  du  Rhône  à  Marseille,  conformément  au  projet 
de  loi  déposé  par  le  gouvernement  et  rapporté  devant  la  Chambre 
des  députés  ; 

2°  Qu'il  soit  pourvu  à  l'utilisation  de  l'étang  de  Berrc. 

VIII.*  Que  le  gouvernement  veuille  bien  entreprendre  le  plus 
promptement  possible  les  travaux  nécessaires  au  rétablissement 
de  la  navigabilité  du  lit  de  la  Loire. 

IX.  Que  le  gouvernement  mette  à  l'étude  sans  retard  et  coopère  à 
l'exécution  aussi  prompte  que  possible  du  projet  de  canal  reconnu 
depuis  longtemps  nécessaire  entre  la  Loire  et  la  Garonne,  et  qui 
doit  emprunter  les  lits  de  la  Vienne,  du  Clain,  de  la  Charente  et  de 
la  Dronne. 

X.  Que  le  gouvernement  prenne  des  mesures  efficaces  et 
promptes  en  vue  d'arrêter  l'œuvre  de  désorganisation  produite  par 
les  inondations. 

Le  Congrès  exprime  particulièrement  le  désir  que  les  Sociétés 
de  géographie  veuillent  bien,  dans  la  mesure  de  leur  action,  s'at- 
tacher à  déterminer  la  création  de  syndicats  départementaux  dont 
la  mission  consistera  : 

1°  A  empêcher  le  déboisement; 

2°  A  rechercher  toutes  les  surfaces  qu'il  y  aurait  intérêt  à 
reboiser,  et  à  faire  tous  leurs  efforts  pour  qu'elles  le  soient; 

3°  A  faire  les  démarches  nécessaires  pour  empêcher  la  destruc- 
tion desréservoirs  naturels  des  eaux  pluviales,  étangs,  pièces  d'eau, 
mares,  etc.,  et  s'opposer  à  l'envahissement  des  cours  d'eau  par 
des  matériaux  étrangers  à  leur  lit. 

XI.  1*  Que  l'heure  de  l'Europe  occidentale  ou  du  premier  fuseau 
horaire  universel  soit  adoptée  en  France; 

2°  Que  les  heures  du  jour  soient  comptées  de  0  à  24  de  minuit  à 
minuit. 

XII.  Qu'il  soit  donné  à  un  poste  de  l'Extrême-Sud  algérien  le 
nom  de  Duveyrier. 

XIII.  Que  le  gouvernement  poursuive  avec  rapidité  la  construc- 
tion du  chemin  de  fer  d'Arzeu  à  Aïn-Sefra  jusqu'à  Igli. 


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SÉANCES  DES  4  ET  18  NOVEMBRE  1898.         417 

XIV.  Que  les  pouvoirs  publics  fassent  étudier  un  tracé  de  che- 
min de  fer  des  Nefzaoua  et  de  la  région  de  Thala  à  Bizerte. 

XV.  Le  Congrès  national  de  géographie,  réuni  à  Marseille,  avant 
de  se  séparer,  v  ote  de  chaleureuses  félicitations  au  général  Galliéni, 
pour  son  habile  administration  de  Madagascar  et  son  dévouement 
éclairé  aux  intérêts  nationaux. 

L'Institut  géographique  à  l'Université  Nouvelle  de  Bruxelles. 

—  L'Université  Nouvelle  de  Bruxelles  a  fondé,  le  18  mars  1898, 
avec  la  collaboration  active  du  grand  géographe  Elisée  Reclus, 
un  Institut  géographique  de  renseignement  duquel  elle  commu- 
nique le  plan.  Ce  plan  d'études  a  été,  dit  la  circulaire  de  l'Univer- 
sité nouvelle,  fixé,  d'après  les  conseils  des  savants  les  plus  auto- 
risés du  monde  universitaire,  c  suivant  l'ordre  qui  a  paru  le  plus 
logique,  conformément  à  l'idéal  de  tout  géographe  qui  serait  à  la 
fois  un  savant,  un  érudit  et  un  bon  ouvrier,  donnant  de  ses  mains 
une  réalisation  pratique  à  toutes  ses  conceptions.  * 

Voici  quel  est  le  plan  d'enseignement  institué  par  l'Université 
Nouvelle  : 

Cours  préparatoires  donnés  à  la  Faculté  des  sciences. 

Histoire  naturelle.  —  Notions  de  géologie,  botanique,  zoologie. 

—  Chimie  et  physique  rudimentaires.  —  Mathématiques  élémen- 
taires. —  Géographie  sommaire.  —  Histoire.  —  Chronologie.  — 
Langues  :  langue  anglaise,  langue  allemande,  langue  russe,  langues 
néo-latines  (italien,  espagnol,  portugais).  —  Dessin. 

Première  année  (à  l'Institut). 

Conférence  d'entrée  :  Place  de  la  Géographie  dans  la  science. 
Cosmographie  (1  h.  par  semaine).  —  Géographie  mathématique, 
théorie  des  projections  (3  h.).  —  Géographie  physique,  morpho- 
logie, océanographie,  eaux  courantes  (2  h.).  —  Météorologie  (1  h.). 

—  Géologie  (1  h.).  —  Biologie,  anthropologie  (1  h.).  —  Langues 
(2  h.).  —  Dessin;  construction  de  cartes  (2  h.).  —  Photographie  de 
cartes  (1  h.).  —  Reliefs  (1  h.). 

Excursions  durant  les  vacances,  à  terre  et  sur  les  côtes. 

Deuxième  année  (à  l'Institut). 

Cosmographie  et  géographie  mathématique  (3  h.  par  semaine). 

—  Géographie  physique,  météorologie,  hydrologie  (2  h.).  —  Géo- 


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418  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

logie,  paléontologie  (2  h.).  —  Géographie  botanique  (t  h.).  — 
Anthropologie  (1  h.).  —  Langues  (2  h.).  —  Dessin;  construction 
de  cartes;  reliefs  (4  h.). 
Excursions  durant  les  vacances,  à  terre  et  sur  les  côtes. 

Troisième  année  (à  l'Institut). 

Géodésie  (1  h.  par  semaine).  —  Structure  géologique  du  globe 
(1  h.).  —  Géographie  zoologique  (i  h.).  —  Anthropologie  (1  h.). 

—  Géographie  médicale,  nosographie  (1  h.).  —  Ethnographie» 
colonisation  (1  h.).  —  Histoire  de  la  Géographie  (paléographie, 
portulans)  (3  h.).  —  Géographie  comparée  (2  h.).  —  Toponymie 
(1  h.).  —  Géographie  commerciale,  statistique  (2  h.).  —  Construc- 
tion de  cartes,  reliefs,  appareils,  instruments  (2  h.). 

Excursions  et  exercices  pendant  le  temps  laissé  libre  par  les 
cours.  —  Science  et  pratique  de  l'exploration .  —  Voyages. 

Les  études  régulières  comprendront  la  préparation  de  mémoires 
originaux  que  publiera  l'Institut.  En  outre,  les  cartes  et  les  reliefs, 
construits  par  les  élèves  pendant  les  heures  d'étude  universitaire, 
seront  exécutés  avec  assez  de  soin  pour  que  l'Université  Nouvelle 
en  prenne  la  responsabilité  et  les  édite  aux  frais  et  au  bénéfice  de 
notre  œuvre  d'enseignement. 

La  part  de  travail  consacrée  par  les  étudiants  à  ces  publications, 
en  dehors  des  heures  d'étude  convenues,  —  trois  heures  par  jour,  — 
sera  considérée  comme  leur  apport  personnel  dans  les  publications 
sociales. 

Une  association  historique  pour  l'étude  de  l'Afrique  du  Nord. 

—  M.  P.  Blanchet  annonce  la  fondation  d'une  société  qui  porte  le 
nom  d'Association  historique  pour  V étude  de  V Afrique  du  Nord, 
dont  il  est  secrétaire  général  et  dont  il  envoie  les  statuts.  Cette 
nouvelle  société,  qui  a  son  siège  à  Paris,  se  propose  de  faire  exé- 
cuter annuellement  une  ou  plusieurs  campagnes  de  recherches 
historiques  ou  archéologiques  dans  les  quatre  pays  barbaresques  : 
Algérie,  Tunisie,  Maroc  et  Tripolitaine,  et  dans  leur  arrière-pays. 


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SÉANCES  DES  A  ET  18  NOVEMBRE  1898.  419 


Séance  du  i  novembre  1898. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Bardon  de  Brun  (le  baron  Hulot  et  Jules  Girard};  —  Juan 
Queirel,  ingénieur  géographe  (Ch.  Maunoir  et  baron  Hulot);  — 
Eugène  Baroux,  propriétaire  (Jules  Girard  et  baron  Hulot)  ;  — 
Olivier  Biget,  agent  supérieur  des  postes  du  service  maritime 
(baron  Herre  Wyn  et  baron  Hulot)  ;  —  René  Cahen,  rentier 
(Edouard  Foa  et  Ch.  Maunoir)  ;  —  le  vicomte  de  Nantois;  —  le 
prince  Jacques  de  Broglie  (Le  Myre  de  Vilers  et  baron  Hulot);  — 
Paul  Bénazet,  sous-lieutenant  au  4°  régiment  de  chasseurs  à  che- 
val (chanoine  Paul  Puant  et  Jacques  Delebecque)  ;  —  W  Joseph 
Julien  Aristide  Huguet,  médecin  major  de  2*  classe  (baron  Hulot 
et  Jules  Girard);  —  Constant  Charles  Nicolas  Hamant,  contrôleur 
général  de  l'armée  (Le  Myre  de  Vilers  et  baron  Hulot)  ;  —  A.  Fran- 
çois, consul  de  France  (Le  Myre  de  Vilers  et  baron  Hulot);  — 
Hiram  M.  Hiller,  docteur  en  médecine  (baron  Hulot  et  Jules  Gi- 
rard) ;  —  Sylvain  Eichard,  naturaliste  (Dr  Hamy  et  Dr  Fernand 
Delisle);  —  vicomte  Roger  de  Saint-Exupéry,  capitaine  d'infan- 
terie (baron  Hulot  et  Jules  Girard)  ;  —  Albert  Lesieur,  négociant 
(Auguste  Foret  et  baron  Hulot)  ;  —  Ernesto  Mattoso,  chef  du 
cabinet  du  gouverneur  de  l'État  de  Para  (baron  Hulot  et  Jules 
Girard). 


La  liste  des  ouvrages  offerts  paraîtra  dans  le  prochain  numéro. 


Le  gérant  responsable  : 
Hulot, 

Secrétaire  général  de  la  Commission  Centrale. 

BOULEVARD  8AINT-OERMAIN,  184. 


5485.  —  Lib.-Imp.  réunie*,  B,  rue  Saint-Benoit,  7.  —  Motteroz,  directeur. 


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1898  N*  9.  —  Décembre.  Page  421 

SOCIÉTÉ    DE    GÉOGRAPHIE 

COMPTES  RENDUS  DES   SÉANCES 


SÉANCE  SOLENNELLE  DU  VENDREDI  18  NOVEMBRE 
Tenue  à  3  heures  de  l'après-midi 

DANS  LE  GRAND  AMPHITHÉÂTRE  DE  LA  SORBONNE 

So«»   la   présidence   de   M.    M 1LME-EDW ABDS 

de  l'Institut,  président  de  la  Société. 


.        RÉCEPTION     DE     M.     EMILE     QENTIL 

ADMINISTRATEUR  COLONIAL 

DE    L'OUBANGUI    AU    LAC    TCHAD 

Aux  côtés  du  Président  prennent  place,  outre  M.  Emile  Gentil, 
administrateur  colonial,  enseigne  de  vaisseau,  MM.  Henri  Cor- 
dier,  professeur  à  l'École  des  langues  orientales,  vice-président  de 
:  la  Société  pour  1898-1899;  —  Gabriel  Marcel,  vice-président  de  la 
Commission  centrale;  —  Merwart,  représentant  le  Ministre  des 
Colonies;  —  de  Lamothe,  gouverneur  du  Congo  français;  —  de 
Lapparent,  de  l'Institut;  —  Savorgnan  de  Brazza,  colonel  Monteil, 
commandant  Binger,  grande?  médailles  d'or  de  la  Société. 
MM.  A.  Himly  et  Levasseur,  !  ^stitut,  Hulot,  secrétaire  général 
de  la  Société  de  Géographie,  et-  siègent  sur  l'estrade. 
Le  Président  ouvre  la  séance  par  le  discours  suivant  : 

c  En  se  réunissant  ici,  la  Société  de  Géographie  a  voulu  consa- 
crer, par  une  solennité  particulière,  la  réception  de  M.  l'enseigne 
de  vaisseau  Gentil  et  marquer  ainsi  l'importance  qu'elle  attache 
aux  résultats  inappréciables  du  beau  voyage  qu'il  vient  d'accom- 
soc. di  fftoGR.—  c. R.  bes  SÉANCES.—  n*9.—  Décembre.  30 

RECE1VED, 

FE3  19  1899 
PEABODY  MUSEUM. 


422  COMPTES  RENDUS  DBS  SEANCES. 

plir.  Depuis  longtemps»  notre  Société  donnait  le  lac  Tchad  comme 
objectif  aux  explorateurs,  convaincue  que  non  seulement  de  grands 
problèmes  géographiques  trouveraient  là  leur  solution,  mais  aussi 
qu'il  y  avait,  pour  la  France,  un  puissant  intérêt  à  pénétrer  dans 
une  région  située  au  cœur  même  de  ses  possessions  et  que  d'hé- 
roïques tentatives  n'avaient  pu  ouvrir. 

c  Les  vives  impressions  ressenties  par  les  hommes  qui  entre- 
prennent de  semblables  expéditions,  vous  allez  les  entendre  retra- 
cer par  un  de  ceux  qui  les  ont  éprouvées,  on  pourrait  presque  dire  : 
qui  les  ont  subies,  car  tous  ces  vaillants,  ces  amoureux  de  la 
lutte  et  du  danger  semblent  poussés  par  une  irrésistible  force  ;  ils 
partent  sachant  que  le  retour  est  possible  —  rien  de  plus  —  ils  vont 
vers  la  souffrance  ou  vers  la  mort  d'un  cœur  ferme  et  tranquille, 
ne  demandant  autre  chose  qu'un  souvenir  ému  de  la  patrie  s'ils 
succombent,  un  cordial  accueil  s'ils  reviennent, 

c  Cet  accueil  ne  vous  fera  pas  défaut,  monsieur,  et,  en  vous 
applaudissant  aujourd'hui,  nous  n'aurons  pas  seulement  en  vue  la 
grandeur  de  l'œuvre  qui  illustre  votre  nom,  nous  reconnaîtrons 
aussi  votre  énergie,  votre  audace,  votre  persévérance,  toutes  ces 
qualités  qui  font  de  vous  un  explorateur  hors  ligne  et  sont  un  hon- 
neur pour  nous. 

c  Vous  aviez  été  préparé  à  votre  difficile  mission  par  l'admi- 
rable école  de  discipline  et  d'abnégation  qui  s'appelle  l'armée 
française.  Là,  chacun,  sans  se  préoccuper  de  son  intérêt  propre, 
sans  savoir  si  ce  qu'il  a  fait,  au  prix  de  tant  de  fatigues  et  de  dan- 
gers, sera  récompensé,  sans  savoir  même  si  ses  conquêtes  aug- 
menteront le  patrimoine  de  son  pays,  ou  seront  sacrifiées  à  de 
dures  nécessités  politiques,  chacun,  dis-je,  marche  en  avant,  re- 
gardant comme,  un  devoir  sacré  d'user  ses  forces  et  sa  vie  dans 
l'intérêt  de  tous,  sans  souci  de  soi-même.  Nous  avons  eu,  bien  des 
fois  déjà,  à  nous  incliner  devant  ces  dévouements  absolus  et  c'est 
avec  un  juste  sentiment  de  fierté  que  nous  saluons  un  de  ceux  qui 
ont  porté  si  loin  —  et  avec  tant  de  courage  —  le  drapeau  national. 

c  Grâce  à  votre  confiance  généreuse,  grâce  à  vos  longs  et  péni- 
bles travaux,  monsieur  Gentil,  le  bassin  du  Congo  est  enfin  relié  à 
celui  du  lac  Tchad,  et  vous  avez  réalisé  le  projet  grandiose  conçu 
par  M.  de  Brazza  et  auquel  s'est  sacrifié  Crampel.  Crampel,  ce  pro- 
moteur de  votre  œuvre  —  dont  je  dois  rappeler  ici  le  nom  —  était 
un  véritable  apôtre  et  son  souvenir  restera  toujours  dans  notre 
mémoire  ;  nous  n'oublierons  jamais  son  entraînant  enthousiasme 
et  cette  ardeur  qu'il  savait  communiquer  aux  plus  calmes  et  aux 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU   18  NOVEMBRE  1898.  423 

plus  froids;  il  ne  se  dissimulait  pas  les  graves  périls  de  cette 
trouée  au  centre  de  l'Afrique  :  t  Peu  importe  si  je  ne  reviens  pas, 
disait-il,  j'aurai  du  moins  marqué  la  route.  »  Votre  retour,  mon- 
sieur, témoigne  de  l'exactitude  de  cette  prédiction;  Crarapel  et 
ses  compagnons  ont  été  lâchement,  assassinés,  mais  la  trace  de 
leur  sang  a  servi  de  guide  à  ceux  qu'attiraient  ces  marques  glo- 
rieuses. 

c  Quand  un  soldat  tombe  sur  le  champ  de  bataille  sa  place  est 
aussitôt  prise,  il  en  est  de  même  dans  l'armée  des  explorateurs; 
Dybowski,  envoyé  pour  rejoindre  et  fortifier  la  mission  Crarapel, 
la  continua  ;  puis  Maistre  remplaça  Dybowski  vaincu  par  le  cli- 
mat, et  il  parvint  jusqu'au  Chari,  soumettant  à  notre  influence 
presque  tout  le  bassin  de  ce  fleuve.  En  même  temps,  Monteil  et 
Mizon  accomplissaient  leurs  magnifiques  voyages,  présents  encore 
à  l'esprit  de  tous.  Enfin,  en  1895,  vous  partiez  et,  pendant  plus  de 
trois  années,  vos  efforts  et  ceux  de  MM.  Huntzbûchler,  Fredon  et 
Prias  —  M.Vival  était  malheureusement  mort  au  Congo  —  ten- 
dirent vers  le  même  but. 

t  Vous  l'avez  touché,  ce  but  poursuivi  avec  tant  d'ardeur,  et 
lorsque  vous  descendiez  le  Chari  sur  le  bâtiment  à  vapeur  si  pénible- 
ment amené  jusque-là,  que  vous  pénétriez  le  premier  dans  ce  grand, 
ce  mystérieux  lac  Tchad  où  tous  faisiez  flotter  le  pavillon  frauçais, 
quelle  dut  être  votre  joie  !  11  n'en  est  pas  de  plus  noble,  et  la 
Société  de  Géographie  l'a  vivement  partagée;  elle  comprend  ce 
que  ce  temps  d'épreuves  a  été  pour  vous,  et  tout  ce  que  ces  longues 
et  rudes  marches,  dans  un  pays  le  plus  souvent  hostile,  exigeaient 
de  courage,  de  patience  et  de  sage  diplomatie;  elle  tient  à  vous 
donner  une  preuve  de  ses  sentiments,  en  vous  décernant  sa  grande 
médaille  d'or,  la  plus  haute  récompense  dont  elle  puisse  disposer, 
et  il  vous  suffira  de  prendre  la  parole  pour  que  cet  auditoire  tout 
entier  ratifie  son  jugement.  >  (Vifs  applaudissements.) 

M.  Emile  Gentil  prend  alors  la  parole  en  ces  termes  : 

c  Mesdames,  messieurs, 

c  Avant  de  vous  entretenir  de  la  mission  que  j'ai  conduite,  il  est 
nécessaire  que  je  vous  fasse  un  exposé  rapide  des  efforts  tentés  an- 
térieurement en  vue  d'accroître  notre  domaine  colonial  du  Congo 
français. 

c  Dès  1890  Crampel  essayait,  en  partant  du  coude  de  l'Oubangui, 


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424  COMPTES   RENDUS  DES  SÉANCES. 

d'atteindre  le  Tchad.  Il  était  assassiné  par  8° 45'  N.  environ  chez  le 
cheick  Snoussi.  Après  ce  désastre,  il  ne  fut  pas  possible  à 
M.  Dybowsky  de  réussir  mieux  que  sou  prédécesseur.  11  n'atteignit 
même  pas  le  point  où  était  mort  Crampel. 

c  Maistre  Tint  ensuite  et  accomplit  l'admirable  voyage  que  l'on 
sait;  mais,  faute  de  marchandises,  ne  parvint  pas  au  but  qu'il  se 
proposait. 

c  Je  ne  parlerai  que  pour  les  citer  des  belles  expéditions  de 
Mizon  et  de  Monteil  qui  ne  sont  point  parties  du  Congo  français, 
c  En  étudiant  de  près  l'organisation  de  toutes  ces  missions,  on 
constate  que,  munies  d'un  bagage  relativement  considérable,  elles 
sont  obligées  de  laisser  une  partie  de  leur  matériel  dès  qu'elles 
abandonnent  les  voies  fluviales.  Les  porteurs  leur  font  défaut  dès 
qu'il  faut  partir  par  terre.  D'autre  part,  quel  que  soit  le  nombre 
des  porteurs,  il  est  certain  qu'au  bout  d'un  temps  donné,  chaque 
porteur  consomme  pour  lui-même  la  charge  qu'il  transporte. 

c  Si  donc  le  point  que  l'on  se  propose  d'atteindre  est  très  éloi- 
gné, on  s'expose,  si  l'on  veut  malgré  tout  poursuivre  sa  route,  à 
arriver  manquant  de  tout,  de  sorte  que  le  retour  est  compromis, 
c  C'est  ce  qu'avait  compris  depuis  longtemps  M.  de  Brazza. 
L'œuvre  qu'il  poursuivait  dans  la  Sanga,  œuvre  à  laquelle  je  suis 
heureux  et  fier  d'avoir  collaboré,  consistait  à  créer  des  postes  in- 
termédiaires entre  la  vallée  de  la  haute  Sanga  et  la  vallée  du 
Logone,  affluent  du  Chari.  On  y  aurait  ensuite  transporté  un  vapeur 
qui  aurait  pu  naviguer  sur  le  fleuve. 

c  L'échec  de  la  mission  Fourneau  dans  ces  régions,  échec  dû 
seulement  à  la  faiblesse  des  moyens  employés  et  qui,  grâce  à 
l'énergie  de  son  chef,  ne  fut  pas  un  désastre,  fit  que  l'on  perdit 
beaucoup  de  temps  à  pacifier  le  pays, 

c  Le  traité  conclu  avec  l'Allemagne  nous  interdit  ensuite  de 
profiter  utilement  des  résultats  politiques  obtenus  en  pays  foulbé. 
Il  fallait  chercher  une  nouvelle  voie.  Clozel  reconnut  la  rivière 
Wom,  affluent  du  Logone.  Nais  sa  navigabilité  n'était  pas  suffi- 
samment démontrée. 

c  Rentré  en  France  en  1894,  je  repris  l'idée  de  Brazza  et  deman- 
dai au  Ministère  des  Colonies  les  crédits  nécessaires  pour  la  con- 
struction d'un  vapeur. 

€  Je  ne  m'arrêterai  pas  sur  les  détails  de  ce  projet.  Le  Ministère 
approuva  mes  conclusions  en  principe,  et,  en  avril  1895,  accom- 
pagné de  MM.  Hunlzbûchler  et  Vival,  nous  quittions  la  France  avec 
tle  vapeur  Léon  Blot  et  des  ravitaillements  pour  deux  ans. 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  425 

c  En  arrivant  à  Libreville  je  reçus  contre-ordre,  et  l'itinéraire 
proposé  par  moi  fut  changé. 

c  Je  recevais  Tordre  de  me  transporter  au  coude  de  l'Oubangui, 
de  chercher  quelle  était  la  meilleure  voie  de  pénétration  entre  les 
deux  bassins  du  Congo  et  du  Chari,  de  fonder  un  poste  sur  un 
affluent  navigable  de  ce  fleuve  et  de  prendre  les  dispositions  né- 
cessaires pour  le  transport  ultérieur  d'un  vapeur  d'un  bassin  dans 
l'autre. 

c  Ce  programme  ne  laissait  pas  que  de  m'inquiéter  beaucoup» 
car  un  séjour  d'une  année  dans  le  haut  Oubangui  m'avait  permis 
de  constater  qu'il  était  impossible  de  trouver  des  porteurs  parmi 
les  habitants  de  la  rivière.  Ayant  fait  toutes  mes  réserves  au  sujet 
de  ce  changement  d'itinéraire,  je  fis  expédier  notre  vapeur  à 
Brazzaville  par  voie  de  terre.  Je  ne  m'étendrai  pas  sur  les  diffi- 
cultés de  cette  route  maintes  fois  décrites. 

c  Qu'il  vous  suffise  de  savoir  que,  le  28  octobre,  je  pouvais 
quitter  Brazzaville  avec  un  agent,  laissant  en  ce  poste  MM.  Huntz- 
bûchler  et  Prins  pour  le  service  des  ravitaillements. 

c  II  est  néanmoins  de  mon  devoir  de  remercier  ici  mon  ami  et 
collaborateur  Huntzbûchler,  qui  réussit  à  accomplir  ce  tour  de  force 
de  faire  porter  à  Brazzaville  en  quarante-quatre  jours  toutes  les 
charges  lourdes  du  Léon  Blot,  pesant  une  moyenne  de  200  kilo- 
grammes. 

c  Le  20  novembre,  M.  Le  Bihan  et  moi  étions  rendus  à  Ouadda 
avec  notre  vapeur  et  environ  250  charges. 

c  Nous  disposions  de  42  Sénégalais,  de  35  Soussous,  de  35  Bacon- 
gos  et  d'une  douzaine  d'auxiliaires,  soit  42  soldats  et  80  porteurs. 
Tout  le  monde  était  armé. 

c  Je  savais,  d'après  l'itinéraire  de  Maistre,  que  le  premier  affluent 
navigable  du  Chari  se  trouvait  à  300  kilomètres  environ  de  Ouadda 
dans  une  direction  nord.  Nous  suivons  d'abord  la  route  et  remon- 
tons la  Kémo  en  pirogue  jusque  chez  Krouma,  visité  antérieure- 
ment par  Dybowsky.  Cette  rivière  n'étant  pas  navigable  plus  haut, 
nous  abandonnons  nos  pirogues  et,  après  cinq  jours  d'une  marche 
pénible  au  milieu  de  populations  plutôt  défiantes,  nous  atteignions 
la  Tomi,  affluent  de  la  Kémo  en  un  point  situé  à  20  kilomètres  au 
nord-ouest  du  village  d'Azamgouanda,  visité  par  Maistre. 

c  La  Tomi  ine  parut  pouvoir  être  utilisée.  En  conséquence, 
après  avoir  installé  un  campement  en  cet  endroit,  j'envoyai  M.  Le 
Bihan  à  Ouadda  pour  rechercher  le  reste  du  matériel  qu'il  devait 
remonter  par  la  Tomi. 


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426  COMPTES  RENDUS  DES  8ÉANCE8. 

c  Le  Bihan  se  rencontra  à  Ouadda  avec  M.  Huntzbûchler,  qui 
vint  me  rejoindre  avec  un  convoi  de  huit  pirogues.  J'en  profitai 
pour  reconnaître  la  navigabilité  de  la  rivière  et  je  constatai  qu'il 
était  possible  d'atteindre  par  eau  le  village  de  Krebedjé  situé  par 
5°45'  de  lat.  N.  C'était  120  kilomètres  de  gagnés  pour  notre 
transport. 

c  Je  m'installai  rapidement  en  ce  point  et,  aidé  par  Huntzbûchler, 
nous  construisons  un  poste  solide,  bien  palissade,  sur  lequel  nous 
dirigeons  nos  charges  et  notre  bateau. 

c  11  fallait  alors  reconnaître  le  pays  plus  au  nord.  Laissant  à 
Krebedjé  M.  Huntzbûchler  à  peine  rétabli  d'une  fièvre  bilieuse 
hématurique,  je  partis  avec  Le  Bihan  et  nous  atteignîmes  le  pays 
des  Ungourras  à  trois  jours  de  marche  de  Krebedjé. 

c  Les  renseignements  demandés  sur  la  Nana  et  le  Gribingui 
n'étant  pas  assez  concluants,  je  me  décidai  à  créer  en  ce  point  un 
deuxième  camp  et  à  évacuer  sur  ce  point  tout  ce  que  nous  avions 
à  Krebedjé.  Il  nous  était  impossible  de  songer  pour  l'instant  à 
aller  plus  loin,  car  nous  serions  arrivés  sans  être  annoncés  chez  la 
tribu  des  Mandjias  qui  avait  attaqué  la  mission  Maistre. 

c  Les  indigènes,  que  notre  séjour  dans  la  région  avait  habitués  à 
nous,  nous  fournirent  des  porteurs,  et,  au  mois  de  juillet,  le  camp 
des  Ungourras  avait  reçu  en  totalité  notre  matériel. 

c  Les  perles  de  verre  qui  servaient  à  faire  la  ration  de  nos 
hommes  étant  sur  le  point  de  nous  faire  défaut,  je  dus  revenir  sur 
mes  pas  et  aller  même  jusqu'à  Mo  baye  où  je  trouvai  à  une  facto- 
rerie de  la  S.  A.  B.,  en  liquidation,  les  perles  nécessaires.  C'était 
un  voyage  de  800  kilomètres.  Je  regagnai  le  camp  des  Ungourras, 
accompagné  de  M.  Prins,  qui  nous  rejoignait  avec  un  nouveau 
convoi.  Pendant  mon  absence,  les  Mandjias,  ayant  entendu  parler 
de  nos  bons  rapports  avec  les  indigènes  du  pays  et  désirant,  eux 
aussi,  se  procurer  nos  marchandises,  étaient  entrés  en  relations 
avec  M.  Hunztbûchler,  de  sorte  qu'à  mon  retour,  je  pus  me 
mettre  en  route  avec  M.  Huntzbûchler  et  atteindre  la  Nana  après 
trois  journées  de  marche. 

c  La  ligne  de  faite  qui  sépare  les  deux  bassins  est  à  peine  sen- 
sible, environ  100  mètres  au  maximum.  Les  Mandjias,  encore  sous 
l'impression  du  premier  passage  des  Européens,  étaient  extrême- 
ment méfiants.  Je  pus  néanmoins  poursuivre  ma  reconnaissance 
à  25  kilomètres  au  delà  de  la  Nana.  Mais  ce  fut  tout. 

«  Le  point  où  nous  trouvons  la  Nana  était  situé  au  confluent  de 
cette  rivière  avec  une  autre  nommée  Gougou.  Après  la  réunion  des 


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À 


SÉANCE  80LENNBLLB  DU  18  NOVEMBRE   1898.  427 

deux  cours  d'-eau,  la  Nana  avait  environ  18  mètres  de  largeur  et 
offrait  une  profondeur  suffisante  pour  que  la  coque  du  Léon  Blot 
put  y  circuler  comme  chaland.  Il  restait  encore  à  vérifier  si  cette 
rivière  était  navigable.  Pour  cette  fin,  nous  disposions  d'une  ba- 
leinière en  acier  prise  à  Brazzaville,  pesant  800  kilogrammes,  qui, 
coupée  en  deux  à  Krebedjé  et  transportée  à  la  Nana,  rat  remontée 
en  ce  point. 

€  Nous  étions  alors  au  21  septembre  1896.  Le  personnel  de  la 
mission  se  composait  de  MM.  Huntzbûchler,  Prins  et  d'un  chef  de 
station,  M.  Joulia,  qui  venait  de  nous  rejoindre  avec  15  mili- 
ciens provenant  du  haut  Oubangui.  Nous  possédions  alors  50  Sé- 
négalais, car  plusieurs  étaient  morts,  et  30  Soussous  ainsi  que 
6  auxiliaires.  Les  Ba  Congos  avaient  fini  leur  temps.  Je  les  renvoyai. 
Tout  le  monde  se  mit  immédiatement  à  l'œuvre  pour  installer  un 
nouveau  poste,  des  chantiers  de  construction  et  des  ateliers. 
Gomme  nous  ne  disposions  pas  d'un  personnel  spécial,  nous  eûmes 
beaucoup  de  peine,  et  ce  fut  seulement  le  23  novembre  1896  que 
je  pus  mettre  le  Blot  en  chantier. 

c  Pendant  qu'avec  trois  aides  sénégalais,  je  procédais  au  mon- 
tage de  la  coque,  MM.  Huntzbûchler  et  Prins  s'en  allaient  recon- 
naître le  cours  de  la  Nana,  et  M.  Joulia  repartait  pour  Ouadda,  où 
j'espérais  qu'un  convoi  pour  nous  était  arrivé. 

«  J'avais  depuis  quelques  mois  l'assurance  que  M.  de  Brazza  ne 
nous  oubliait  pas  et  que  sa  sollicitude  pour  la  mission  du  Chari 
le  faisait  se  préoccuper  vivement  des  moyens  de  nous  ravitailler. 

c  A  la  fin  de  janvier  1897,  notre  situation  assez  peu  brillante 
s'éclaircit.  La  reconnaissance  de  la  rivière  Nana,  par  Huntzbû- 
chler, m'avait  appris  que  ce  cours  d'eau,  dont  le  vrai  nom  était 
G'Bandala,  après  un  parcours  de  70  kilomètres  environ,  à  vol  d'oi- 
seau, se  jetait  dans  une  rivière  plus  importante  nommée  Guiroun- 
gou  ou  grande  eau,  qui  n'était  autre  que  le  Gribingui  découvert 
par  Maistre.  Malheureusement  des  chutes  s'étendaient  sur  un  par- 
cours de  8  kilomètres,  offrant  une  dénivellation  de  100  mètres  en- 
viron. C'était  une  difficulté  de  plus,  mais  que  l'on  pouvait  vaincre. 
D'autre  part,  un  courrier  m'annonçait  l'arrivée  prochaine  du  con- 
voi de  M.  Joulia,  de  M.  de  Mostuejouls,  mécanicien,  et  de  l'inter- 
prète Ahmed  ben  Medjkane. 

«  Dans  ces  conditions,  je  n'hésitai  pas  et  ayant  fait  avec  la 
coque  démontable  du  Léon  Blot  trois  radeaux  étanches,  j'envoyai 
M.  Huntzbûchler  par  la  rivière  avec  la  mission  de  transporter  le 
navire  dans  le  bief  navigable  et  d'y  installer  un  nouveau  poste. 


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428  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

a  Le  1er  février,  rejoint  par  MM.  Joulia,  Prins,  de  Mostuejouls 
et  Ahmed,  je  laissai  le  poste  de  Nana  A  sous  la  garde  de  M.  Joulia, 
et  accompagné  de  M.  de  Mostuejouls,  nous  gagnons  le  nouveau 
poste  de  Nana  B,  où  Huntzbuchler  avait  déjà  installé  quelques 
maisons  en  pisé. 

c  II  fallut  refaire  de  nouveaux  chantiers,  construire  d'autres  . 
abris,  remettre  la  coque  sur  cale,  procéder  au  montage  de  la  ma- 
chine et  de  la  chaudière,  et  monter  à  côté  une  baleinière  en 
acier.  Grâce  au  dévouement  et  à  l'activité  de  de  Mostuejouls,  nous 
pûmes  rapidement  commencer  ces  travaux,  et,  en  avril,  le  Léon 
Blot  faisait  ses  essais.  Mais,  de  nouveau,  la  faiblesse  des  moyens 
mis  à  notre  disposition  se  faisait  sentir.  Installés  au  poste  de 
Nana  fi,  nous  étions  sur  le  point  de  manquer  de  perles.  Il  fallut 
encore  organiser  un  convoi  et  renvoyer  M.  Prins  à  Ouadda  pour 
chercher  de  nouveaux  subsides. 

c  Cet  agent  exécuta  rapidement  sa  mission.  A  Ouadda,  il  se  ren- 
contra avec  le  chef  de  station,  Fredon,  qui  m'amenait  du  matériel, 
des  vivres  et  un  premier  détachement  de  30  miliciens.  Le  capi- 
taine Marchand  se  trouvait  également  là,  et,  sachant  nos  besoins, 
spontanément,  il  mit  à  notre  disposition  800  thalaris  de  Marie- 
Thérèse. 

c  Tout  le  monde  en  France  connaît  et  a  apprécié  les  qualités 
remarquables  de  Marchand  comme  chef  d'expédition.  Il  m'appar- 
tenait à  moi  qui  suis  son  obligé  de  lui  apporter  ici,  avec  l'expres- 
sion de  ma  vive  admiration,  le  tribut  de  ma  profonde  reconnais- 
sance. 

c  Pendant  l'absence  de  Prins,  nous  fûmes  informés  par  les 
N'Gaos  que  les  musulmans  de  Snoussi  se  préparaient  à  nous  atta- 
quer. On  dut  fortifier  le  camp  et  prendre  toutes  les  précautions 
pour  éviter  une  surprise.  L'arrivée  de  Prins  et  de  Fredon  nous  tira 
d'inquiétude  et  nous  pûmes  choisir  la  place  d'une  station  définitive. 

f  L'endroit  le  plus  convenable  pour  cette  fin  était  situé  à  7  kilo- 
mètres dans  le  nord-est  de  Nana  B,  au  pied  d'une  colline  haute  de 
86  mètres  presque  à  pic. 

c  On  se  mit  avec  ardeur  au  travail;  on  fortifia,  on  construisit 
des  maisons  d'habitation,  un  camp  pour  les  soldats,  un  jardin 
potager. 

c  En  juillet  nouvelle  alerte  qui  nous  immobilisa  encore  plus  d'un 
mois,  mais  cette  perte  de  temps  nous  permit  d'entrer  en  relations 
avec  les  musulmans  de  Snoussi. 

c  Ayant  appris  notre  présence  dans  le  pays,  ils  s'étaient  avancés 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  429 

jusqu'à  deux  jours  et  demi  de  marche  de  la  station  du  Gribingur 
et  ignorant  nos  intentions,  se  méfiant  de  représailles  au  sujet  du 
meurtre  de  Crampel,  ils  s'étaient,  eux  aussi,  solidement  retranchés, 
c  C'est  de  cet  endroit  nommé  Yani  Mandji  qu'ils  nous  envoyè- 
rent deux  émissaires  escortés  d'une  trentaine  de  soldats.  L'un 
nommé  El  Hadj  Tekour  était  un  Haoussa  ayant  accompli  plusieurs 
pèlerinages  à  la  Mecque,  et  l'autre  un  Tripolitain  presque  blanc 
nommé  Salah. 

c  Us  étaient  porteurs  d'une  lettre  exprimant,  au  milieu  des 
compliments  de  bienvenue,  l'appréhension  d'hostilités  de  notre 
part.  De  l'affaire  Crampel  pas  un  mot.  Us  nous  apportaient  quelques 
chevaux,  des  ânes  et  des  bœufs  porteurs,  moitié  en  cadeaux, 
moitié  pour  vendre. 

c  Je  répondis  à  ce  message  par  une  lettre  dans  laquelle  j'exprimai 
nos  intentions  pacifiques  et  notre  désir  d'entrer  en  relations  com- 
merciales avec  les  musulmans.  Dans  ces  circonstances,  il  fallait 
nous  armer  de  patience  et  nous  résigner  à  ne  pas  bouger.  La  fai- 
blesse de  nos  effectifs  ne  nous  permettait  pas,  en  effet,  de  nous 
lancer  sur  le  Chari  en  laissant  derrière  nous  des  agents  et  des 
troupes  en  trop  petit  nombre  pour  être  en  sécurité. 

c  Si  l'on  songe  que  le  poste  du  Gribingui  était  situé  à  300  kilomè- 
tres de  tout  autre  point  occupé  par  nos  soldats,  on  se  rendra 
compte  aisément  du  sentiment  qui  me  guidait.  Profitant  des  che- 
vaux nouvellement  acquis,  M.  Fredon  avec  quelques  hommes,  par- 
tit à  Ouadda  en  courrier  rapide.  Malheureusement  les  pluies  torren- 
tielles qui  tombaient  depuis  quinze  jours  rendirent  sa  route  fort 
pénible.  Il  mit  un  mois  pour  revenir  après  avoir  crevé  trois  che- 
vaux. Mais  il  nous  apportait  une  bonne  nouvelle,  l'arrivée  prochaine 
de  M.  de  Rovira  avec  35  hommes  de  renfort  et  des  caisses  de 
perles.  Cet  agent,  que  M.  de  Brazza  m'envoyait,  arriva  quelques 
jours  après,  le  20  août,  à  9  heures  du  soir.  Le  lendemain,  21,  lais- 
sant au  Gribingui  88  soldats  et  des  auxiliaires  sous  la  direction  de 
MM.  Fredon,  Prins  et  de  Rovira,  nous  appareillions  pour  effectuer 
notre  descente  du  Chari. 

c  Pendant  l'absence  de  Fredon  les  envoyés  de  Snoussi  étaient 
revenus.  Les  relations  s'établissaient  cordiales.  Malheureusement, 
en  retournant  chez  eux,  le  Tripolitain  Salah  fut  assassiné,  à  une 
journée  de  marche  du  poste,  et  ses  bagages  pillés  par  les  païens 
Tambaco. 

c  Cet  événement,  qui  aurait  pu  être  gros  de  conséquences,  car 
il  fut  un  moment  considéré  comme  les  représailles  du  meurtre  de 


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430  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Crampe!,  n'eut  heureusement  pas  de  suite  fâcheuse  pour  nous. 
Les  gens  de  Snoussi  se  rendirent  asses  vile  compte  que  nous 
n'étions  pas  les  instigateurs  de  ce  crime,  d'autant  que  je  m'offris 
à  servir  d'intermédiaire  entre  eux  et  les  païens  pour  rentrer  en 
possession  des  objets  volés. 

c  II  serait  nécessaire  de  dire  ici  quelques  mots  de  la  situation 
générale  des  pays  que  nous  avions  traversés. 

c  De  l'Oubangui,  c'est-à-dire  par  4°57'  nord,  jusqu'au  Gribingui, 
situé  par  7°1'  nord,  s'étend  un  long  espace  de  300  kilomètres. 
(Tous  les  postes  intermédiaires  au  nombre  de  six  que  nous  avions 
créés  avaient  dû  être  successivement  évacués  faute  de  personnel 
suffisant  pour  les  occuper.  Nous  n'avions  pas  un  homme  derrière 
nous,  et  cependant  les  relations  avec  les  tribus  indigènes  étaient 
telles  qu'il  nous  était  possible  de  faire  parvenir  un  courrier  porté 
par  deux  ou  trois  Sénégalais).  Le  terrain,  en  général  très  plat, 
420  mètres  environ  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  va  s'élevant 
insensiblement  jusqu'au  pays  des  Mandjias  qui  se  trouve  être  sur 
la  ligne  de  partage  des  eaux  des  deux  bassins  du  Chari  et  de 
l'Oubangui.  11  y  a  à  peine  une  différence  d'altitude  de  100  mètres 
entre  les  points  les  plus  élevés  et  les  points  les  plus  bas.  A  proxi- 
mité des  rivières,  le  terrain  est  naturellement  marécageux,  mais 
sitôt  qu'on  pénètre  dans  l'intérieur  le  sol  devient  argileux.  Çà  et  là 
des  sommets  rocheux  alternent  avec  des  collines  boisées.  Quelques 
grandes  plaines  où  se  dressent  des  gommiers,  des  raphias  et  des 
borassus  servent  de  pâturages  à  des  quantités  énormes  de  gibier. 
Des  antilopes  de  toutes  espèces,  des  éléphants,  y  vivent  en  troupes 
nombreuses.  On  y  rencontre  aussi  beaucoup  d'animaux  féroces 
parmi  lesquels  les  léopards  et  les  hyènes  dominent. 

c  Bien  que  le  gibier  ne  fût  pas  notre  unique  ressource,  il  nous 
arriva  bien  souvent  d'augmenter  notre  menu  d'un  bon  quartier 
d'antilope  ou  d'une  savoureuse  pintade. 

c  Sur  tout  notre  parcours,  à  part  les  espaces  séparant  entre 
elles  les  diverses  peuplades,  nous  trouvons  une  population  très 
dense. 

c  Toutes,  sauf  les  Mandjias  dont  le  type  et  la  langue  se  rappro- 
chent beaucoup  de  ceux  des  indigènes  de  la  Sanga,  parlent  un  dia- 
lecte uniforme  avec  quelques  légères  variantes. 

c  Elles  sont  en  général  peu  intéressantes.  Je  me  contenterai 
de  citer  leurs  noms,  fin  quittant  la  Kémo  habitée  par  les  Krouma, 
on  traverse  la  tribu  des  G'Baggas,  peuplade  peu  hospitalière,  très 
nombreuse  puisqu'elle  s'étend  du  5*  au  8*  degré  nord,  pour  tou- 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898. 


431 


cher  ensuite  chez  les  N'dis.  De  là  on  traverse  le  pays  des  Ungourras 
et  des  Ka.  Un  peu  au  nord-ouest  on  se  trouve  chez  les  Handjias  et 
aux  environs  du  Gribingui  on  retrouve  les  G'Baggas  qui  vont  jusque 
chez  Snoussi. 

c  Ce  qu'on  peut  dire  d'une  de  ces  peuplades  s'applique  à  toutes. 
Leurs  cases,  très  basses,  sont  rondes,  construites  en  terre  battue 


Chefs  Ungourras  et  Ka. 

et  couvertes  d'un  toit  rond  en  chaume.  En  guerre  les  unes 
avec  les  autres,  elles  'sont  séparées  par  des  zones  assez  vastes 
qui  constituent  des  terrains  de  chasse.  Les  environs  des  villa- 
ges sont  cultivés.  On  y  trouve  en  quantité  du  mil,  du  mais,  du 
coton  et  quelque  peu  de  manioc.  Les  animaux  domestiques 
qu'ils  élèvent  sont  peu  variés  :  des  chèvres,  des  poules,  et  c'est  tout. 
C'était  néanmoins  assez  pour  que  nous  pussions  nous  approvi- 
sionner de  vivres  pour  nous  et  notre  personnel  noir  à  des  prix  très 
modiques.  Nous  achetions,  en  effet,  une  très  belle  chèvre  pour  7  à 
8  cuillers  de  perles,  soit  environ  une  valeur  de  Ofr.  70. 


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432  C0MPTE8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  Les  hommes,  de  visage  peu  agréable,  aux  lèvres  épatées,  aux 
narines  larges,  ont  cependant  un  corps  admirable.  Quant  aux 
femmes,  elles  ne  rappellent  que  de  fort  loin  les  types  du  beau 
créés  par  notre  esthétique.  De  bonne  heure  assujetties  aux  durs 
labeurs  de  la  terre,  elles  vont  à  peine  vêtues,  objets  de  plaisir  dans 
leur  jeunesse  tôt  flétrie,  instruraentsde  travail  dans  leur  âge  mur. 
Le  tissage  du  coton  et  la  fabrication  du  fil  sont  réservés  aux 
hommes  qui  savent  se  confectionner  des  blouses  assez  grossières 
qu'ils  revêtent  rarement. 

«  Si  primitifs  que  soient  ces  gens,  ils  n'en  furent  pas  moins  pour 
nous  des  auxiliaires  précieux.  Les  séjours  forcés  que  nous  fîmes  sur 
notre  trajet  nous  permirent  de  trouver  parmi  eux  les  2,000  por- 
teurs nécessaires  au  transport  de  notre  vapeur  et  de  notre  matériel. 

c  Et  si  Ton  songe  à  la  défiance  instinctive  de  tous  ces  pauvres 
gens  en  lutte  continuelle  avec  les  razzieurs  musulmans,  on  com- 
prendra que  le  résultat  était  appréciable.  El,  malgré  ce  concours,  ce 
ne  fut  que  deux  ans  après  notre  départ  de  France  que  nous  réus- 
sîmes enfin  à  mettre  à  flot  le  Léon  Blot  sur  uu  affluent  du  Chari. 

c  Si  j'insiste  autant  sur  cette  partie  ingrate  et  rebutante  du 
voyage,  c'est  que  cela  me  permet  de  rendre  hommage  et  de  remer- 
cier bien  vivement  les  dévoués  collaborateurs  qui  m'ont  entouré. 
Sans  se  décourager  ils  durent  refaire  cinq  ou  six  fois  la  même 
route,  construire  des  postes,  recruter  du  monde,  et  cela  sans  jamais 
se  plaindre,  ne  voyant  que  le  but  à  atteindre. 

c  11  m'est  particulièrement  agréable  de  vous  dire  ce  que  je  dois 
à  Huntzbûchler,  à  Prins,  à  de  Mostuejouis,  à  de  Rovira,  et  à 
Ahmed  ben  Medjkane.  C'est  en  grande  partie  à  eux  que  Ton  doit 
la  réussite  de  cette  longue  expédition  qui  a  duré  plus  de  trois  ans, 
et  j'espère  qu'on  saura,  eux  aussi,  les  récompenser  comme  Us  le 
méritent. 

c  Je  ne  voudrais  pas  non  plus  passer  sans  vous  citer  le  nom  du 
jeune  Vival,  de  cet  enfant  de  20  ans  qui,  de  retour  depuis  six  mois 
de  la  mission  Ciozel,  repartait  avec  nous.  A  peine  avait-il  quitté 
Loango  qu'il  tombait  atteint  d'une  fièvre  bilieuse  hématurique  qui 
l'enlevait  trois  jours  plus  tarda  notre  affection  et  à  celle  des  siens. 

De  telles  morts  sont  des  enseignements.  Il  suffisait  de  songer 
à  l'énergie  déployée  par  ce  jeune  homme  pour  que  les  tristesses  et 
les  découragements  se  dissipassent  et  que  ceux  qui  restaient  ne 
songeassent  plus  qu'à  une  chose,  à  réussir. 

c  Je  ne  voudrais  pas  laisser  de  côté  les  peuplades  païennes  dont 
je  vous  entretenais  sans  vous  dire  un  mot  des  N'Gaos. 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU   18  NOVEMBRE   1898.  433 

c  Peu  différents,  comme  types  et  comme  habitudes,  des  autres, 
ils  leur  sont  néanmoins  de  beaucoup  supérieurs.  En  contact  pen- 
dant de  longues  années  avec  les  musulmans  auxquels  ils  ont  servi 
d'auxiliaires,  ils  ont  pris  certaines  de  leurs  coutumes.  Us  s'habil- 
ent,  et  un  semblant  d'autorité  et  de  hiérarchie  existe  chez  eux. 

c  Craints  par  les  autres  peuplades  qu'ils  pillent  et  razzient  sans 
cesse,  ils  peuvent  devenir  pour  nous  des  auxiliaires  précieux. 
Grâce  à  eux,  peut-être  parviendrons-nous  à  prélever  assez  rapide- 
ment des  impôts  nous  permettant  une  organisation  moins  som- 
maire du  pays.  Nous  arriverons  d'autant  plus  facilement  à  nous  en 
faire  aider  qu'ils  ne  se  sont  pas,  chose  étrange,  islamisés.  Il 
sera  donc  facile  à  nos  missionnaires  et  à  nous  de  former  avec 
eux  un  groupement  chrétien  qui  nous  permettra,  le  cas,  échéant,  de 
résister  à  une  formidable  poussée  musulmane  qui  pourrait  se 
produire  de  Test. 

c  Voilà  en  gros  ce  que  j'avais  à  vous  dire  au  sujet  des  féti- 
chistes. Je  me  réserve  à  la  fin  de  cette  conférence  de  vous  parler 
de  nos  voisins  do-nord-est,  les  musulmans  de  Snoussi.  11  me  reste  à 
vous  entretenir  de  notre  descente  du  Chari.  Le  21  août  nous  appa- 
reillons ;  les  eaux,  très  hautes,  avaient  une  crue  de  6  m.  50  et  attei- 
gnaient les  branches  des  arbres  surplombant  la  rivière,  de  sorte 
qu'à  certains  endroits  nous  naviguions  dans  des  passages  ayant  à 
peine  une  dizaine  de  mètres  de  largeur.  Nous  étions  obligés  de 
nous  servir  de  perches  pour  éviter  que  les  montants  de  la  toiture 
du  Blot  ne  se  démolissent  pas  contre  les  arbres.  .Cette  navigation 
pénible  fut  interrompue  au  bout  de  quelques  heures  par.  notre 
rencontre  avec  les  envoyés  de  Snoussi  qui  nous  amenaient  un 
troupeau  considérable  de  bestiaux  et  de  chevaux.  Snoussi  nous 
demandait  l'autorisation  d'aller  châtier  les  meurtriers  de  Salah. 

c  Peu  désireux  de  voir  à  proximité  du  poste  du  Gribingui,  les 
bandes  de  chasseurs  d'esclaves,  je  fis  ressortir  auprès  des  envoyés 
que  le  moment  était  mal  choisi  pour  tenter  une  opération  mili- 
taire, que  les  rivières  débordant  de  toutes  parts  seraient  un  gros 
obstacle  à  la  marche  de  troupes  et  qu'il  valait  mieux  attendre  notre 
retour  du  Tchad  qui  coïnciderait  avec  la  saison  sèche  pour  enga- 
ger des  opérations.  ,  .  x 

«  D'autre  part,  connaissant  les  rapports  intimes  qui  existaient 
entre  Snoussi  et  Rabah,  je  leur  donnai  à  entendre  que  notre  désir 
était  d'entrer  en  relations  avec  £e  dernier. 

c  Les  envoyés  parurent  enchantés  de  nos  réponses  et,  pour  évi- 
ter de  nouveaux  désagréments;  je  les  embarquai,  eux  et  leur  per- 


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434  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

sonnel,  pour  les  déposer,  quelques  heures  plus  bas,  en  face  du  vil- 
lage de  Yagoussou  déjà  visité  par  Maistre.  Ils  avaient  ainsi  le 
moyen  de  retourner  chez  eux  sans  risques.  C'est  alors  que  l'idée 
me  vint  d'essayer  de  connaître  la  situation  exacte  des  forces  de 
Snoussi.  Ayant  communiqué  mes  intentions  i  M.  Prins,  cet  agent 
s'offrit  spontanément  pour  accomplir  cette  dangereuse  mission. 
Craignant  que  l'appât  des  fusils  d'une  nombreuse  escorte  ne  tentât 
trop  fortement  Snoussi,  j'imposai  à  M.  Prins  l'obligation  de  n'em- 
mener avec  lui  que  deux  Sénégalais  et  je  demandai  par  lettre  à 
Snoussi  de  lui  fournir  une  escorte  d'une  cinquantaine  de  fusils 
pour  assurer  sa  sécurité  le  long  de  la  route.  En  même  temps  que 
l'agent  français  séjournerait  chez  Snoussi,  un  représentant  de  ce 
dernier  devait  venir  résider  au  Gribingui  de  façon  à  servir  d'otage. 
Tout  cela  réglé,  nous  nous  séparons  de  Prins  qui  retournait  au 
Gribingui  et  nous  poursuivons  notre  route.  La  rivière  s'élargit  de 
plus  en  plus,  mais  pas  assez  cependant  pour  que  nous  puissions 
prendre  les  boats  â  la  remorque.  Les  rives  sont  inondées,  on 
n'aperçoit  que  quelques  rares  habitants.  Le  paysage  peu  varié 
n'offre  que  des  plaines  immenses  avec,  ça  et  là,  quelques  arbres. 
Quant  aux  berges  elles-mêmes  elles  sont  boisées  sur  une  dizaine 
de  mètres  d'épaisseur. 

c  De  nombreuses  pêcheries  installées  sur  la  rivière  témoignent 
que  la  région  est  très  peuplée,  mais  la  pluie  qui  tombe  et  les  inon- 
dattoas  s'opposent  sans  doute  à  ce  que  nous  voyions  du  monde. 

€  Pendant  itnx  jours  encore  nous  naviguons  dans  les  mêmes 
conditions.  La  rivière  atteint  50  mètres  de  largeur  et,  sauf  à  de 
rares  tournants,  nous  pourmas  marcher  à  toute  vitesse. 

c  Enfin  té  28  août  nous  pouveas  prendre  nos  embarcations  à 
couple  et  marcher  à  250  tours.  Les  vivre»  que  nous  avions  emportés 
commençaient  à  manquer.  Heureusement  qu#  nous  rencontrons 
sur  les  rives  très  élevées  deux  indigènes  surpris  par  la  pluie  que  nous 
réussissons  à  faire  approcher.  On  leur  donne  quelques  petits 
cadeaux.  Ces  gens  parlaient  une  langue  différente  de  celle  que 
nous  avions  rencontrée  jusqu'à  ce  jour.  On  dut  remplacer  la  parole 
par  le  geste  et  on  finit  par  s'entendre.  Ces  indigènes,  que  nous 
sûmes  plus  tard  être  des  Alitou,  parlent  un  dialecte  sara.  Ils  portent 
le  classique  costume  décrit  par  Nachtigal  et  Maistre,  c'est-à-dire 
un  tablier  de  cuir  par  derrière.  Nous  nous  approvisionnons  de 
quelques  vivres  et  nous  poursuivons  notre  route.  Le  paysage  change, 
les  rives  sont  élevées  et  en  maints  endroits  des  collines  boisées  à 
pic  succèdent  aux  falaises  rougeàtres  et  aux  berges  caillouteuses. 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  435 

c  Le  Gribingui,  augmenté  par  l'apport  de  quelques  affluents  assez 
importants,  commence  à  devenir  une  voie  1res  navigable.  11  atteint  en 
certaines  places 60  à  70  mètres.  Malheureusement,  en  trois  endroits, 
on  aperçoit  des  remous  inquiétants  paraissant  provenir  de  roches. 
On  peut  prévoir  que  ces  passages  seront  dangereux  pour  le  retour 
quand  les  eaux  auront  baissé.  Nous  passons  néanmoins  sans 
encombre  et  le  30  août,  à  3  heures  de  l'après-midi,  après  avoir 
franchi  une  zone  un  peu  plus  étroite,  nous  débouchons  sur  une 
grande  rivière  de  plus  de  100  mètres  de  largeur.  C'est  le  Bamingui 
ou  Bahr  el  Abiod,  ou  plutôt  le  Ghari. 

c  Depuis  la  veille  nous  naviguions  dans  des  régions  vierges  de 
tout  passage  d'Européen.  Pas  un  être  vivant  sur  ces  rives;  un 
silence  majestueux  régnait  autour  de  nous,  qui  fut  troublé  seule- 
ment par  les  marques  de  joie  que  tous,  Sénégalais  et  Européens, 
ne  purent  s'empêcher  de  témoigner. 

c  Le  Gribingui  n'était  donc  qu'un  affluent  du  Bamingui,  lequel 
formait  bien  réellement  le  cours  supérieur  du  Ghari.  Nous  avions 
atteint  8°  35'  en  latitude. 

c  Nous  séjournons  quelque  temps  au  confluent  des  deux  cours 
d'eau;  j'en  profitai  pour  mesurer  la  largeur  du  fleuve,  qui  était  de 
plus  de  180  mètres.  Nous  aurions  bée»  vwfu  rester  M  quelques 
jours,  mais  nous  étions  sans  vivres.  On  distribua  ce  jour-là  une  boite 
de  sardines  pour  quatre  hommes.  Une  tentative  faite  pour  essayer  de 
découvrir  un  village  réussit,  mais  les  indigènes  effrayés  s'enfuirent. 

c  Nous  ne  pouvions  rester  plus  longtemps,  d'autant  que  les  nou- 
velles que  j'avais  reçues  me  faisaient  prévoir  que  le  capitaine  Case- 
ra ajou,  reprenantl'itinéraire  deMonteil,  devait  être  rendu  au  Tchad 
fin  août  commencement  de  septembre,  et  m'imposaient,  par  suite, 
l'obligation  de  ne  pas  m'attarder. 

c  Nous  appareillons  dope,  toujours  même  silence  ;  les  rives  élevées 
et  rocheuses  très  boisées  ne  semblent  être  hantées  que  par  des 
animaux  sauvages.  C'était  un  spectacle  admirable  et  une  sensation 
exquise  que  de  voguer  sur  ce  fleuve  encore  mystérieux.  Malheureu- 
sement la  réalité  brutale  nous  gâtait  une  partie  de  notre  plaisir.  On 
allait  avoirà  compter  bientôt  avec  la  faim.  Heureusement  que  le  Léon 
Blot  était  bon  marcheur.  Après  avoir  noté  2  affluents  importants, 
le  Bangorran  et  le  Bakaré,  le  1er  septembre,  à  10  heures  du 
matin,  on  aperçoit  sur  la  rive  gauche  une  plantation  de  mil.  On 
s'approche;  ceux  qui  la  surveillent  se  sauvent  d'abord,  puis 
finissent  par  s'amadouer.  Bientôt  on  vient  vendre.  Nous  descendons 
un  peu  plus  bas  pour  camper.  On  apporte  en  quantité  du  mil  et 


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436  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

des  giraumons.  Nous  sommes  chez  les  Kaba  Bodo.  Le  village  de 
Mandjatezzi,  où  Maislre  s'est  arrêté,  est  situé  à  trois  journées  de 
marche  dans  l'intérieur.  Les  hommes  sout  vêtus  du  classique 
tablier  dû  cuir.  Quant  aux  femmes,  la  plupart  sont  nues.  Quelques- 
unes  ont  une  espèce  de  pagne  en  corde  tressée  ou  des  colliers  en 
perles  de  fer  qui  ne  les  voilent  qu'imparfaitement. 

€  Ces  indigènes,  qui  possèdent  des  chevaux,  des  moutons  et  des 
chèvres,  sont  aussi  des  pêcheurs.  Ils  nous  vendent  du  poisson  fumé 
à  des  prix  très  modiques.  Leurs  pirogues  sont  petites,  larges  de 
Om.  60,  longues  de  5  mètres  au  maximum.  Us  ont  comme  ornements 
des  bracelets  de  cuivre  coulé,  dénotant  de  leur  part  un  certain 
sens  artistique. 

c  Nos  provisions  faites,  nous  partons.  A  2  ou  3,000  mètres,  le  fleuve 
s'agrandit,  des  lies  nombreuses  se  montrent*  Le  pays  est  très  peu- 
plé, des  villages  se  dressent  sur  les  rives  ou  sur  les  lies.  La  popu- 
lation entière  semble  s'être  donné  rendez- vous  sur  les  berges  pour 
contempler  cette  chose  qui  marche  toute  seule.  Personne  n'a  l'air 
étonné.  Le  sifflet  seul  de  la  chaudière  les  émeut.  Sans  doute  la 
facilité  qu'ils  ont  à  se  dissimuler  dans  les  Iles  d'inondation  les  ras- 
sure. Une  nouvelle  zone  inhabitée  se  présente  à  nos  yeux.  Nous  navi- 
guons au  milieu  des  lies.  On  n'aperçoit  plus  les  deux  rives  du  fleuve. 

t  Nous  traversons  rapidement  le  pays  des  Tounia  où  nous  nous 
approvisionnons  de  chèvres  et  de  poules,  et,  le  3  septembre,  nous 
nous  engageons  de  nouveau  dans  une  zone  déserte.  Là  encore  on 
sent  le  besoin  qu'éprouvent  tous  ces  indigènes  de  se  séparer  les 
uns  des  autres  par  de  vastes  espaces,  qui,  en  empêchant  le  contact 
immédiat,  les  mettent  à  l'abri  des  incursions  de  leur  voisin, 
f  f  Après  avoir  passé  plus  d'une  heure  à  manœuvrer  au  milieu 
d'un  fouillis  d'Iles,  nous  finissons  par  apercevoir  sur  la  rive  droite 
deux  grands  villages  et  des  plantations.  Tout  le  monde  est  en  émoi. 
On  nous  fait  signe  de  nous  retirer. 

c  Ne  voulant  pas  effrayer  ces  gens  nous  allons  mouiller  2  milles 
-plus  bas.  Ainsi  que  je  le  prévoyais,  les  indigènes  ne  tardent  pas 
à  venir.  Us  ont  des  chevaux  et  quelques-uns  sont  habillés  de 
boubous  musulmans.  Aucun  n'est  complètement  nu.  Nous  sommes 
chez  les  Niellim,  les  premiers  païens  soumis  auBaguirmi.  Le  frère 
du  chef  parle  quelques  mots  d'arabe.  Nous  le  décidons  à  nous 
accompagner,  mais  il  refuse  au  moment  décisif*  Jadis  très  puis- 
sante, l'agglomération  des  Niellim  tenait  toute  la  région  sous  son 
joug.  Aujourd'hui  très  déchue,  une  partie  d'entre  eux  sont  soumis 
aux  Boua,  groupement  païen  très  considérable  pouvant  disposer  de 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.       437 

plus  de  mille  cavaliers  en  cas  de  guerre  et  payant  lui-même  tribut 
au  Baguirmi. 

c  L'autre  groupe  des  Niellim,  encore  nombreux,  s'est  retiré  sur 
la  rive  gauehe  et  babite  des  montagnes  rocheuses,  où  ils  sont 
inattaquables.  Les  Boua  ont  essayé  à  maintes  reprises,  mais  sans 
succès,  de  les  vaincre. 

c  Nous  arrivons  chez  eux  le  lendemain;  leur  chef  se  nomme 
Togbau.  Nous  y  rencontrons  quelques  Baguirmiens  qui  viennent 
nous  souhaiter  la  bienvenue.  On  échange  des  cadeaux,  mais  le 
sentiment  général  est  la  méfiance.  Les  rives  rocheuses  ne  nous 
procurent  pas  de  bois,  nous  en  achetons  à  grand'peine,  et  de 
mauvaise  qualité.  Nous  avions  atteint  9°  30'. 

Pendant  deux  jours  encore,  nous  voguons  parmi  les  tribus 
païennes,  très  denses,  très  nombreuses.  Nous  traversons  le  pays 
des  Miltou,  des  Boua,  des  Saroua,  et  le  7  septembre  nous  mouil- 
lons au  village  de  Bousso. 

c  Nous  étions  dans  le  vrai  Baguirmi.  On  demeure  étonné  en 
voyant  combien  rapidement  s'exerce  l'action  musulmane  parmi  les 
peuplades  fétichistes.  Il  y  a  cinquante  ans  à  peine,  les  Bousso 
n'étaient  pas  supérieurs  aux  autres  païens  que  nous  venions  de 
traverser.  Aujourd'hui,  tous  vêtus,  ayant  le  sentiment  d'une  hiérar- 
chie, d'une  autorité,  tout  ce  monde  semblait  avoir  derrière  lui  des 
siècles  de  civilisation.  Nous  sortions  de  la  barbarie,  nous  tombions 
en  plein  moyen  âge,  et  cinquante  ans  à  peine  avaient  suffi  pour 
faire  franchir  à  ces  primitifs  une  telle  étape.  Grâce  à  Ahmed, 
l'accueil,  d'hostile  qu'il  était  au  début,  devint  bientôt  meilleur. 
Toutefois  nous  ne  réussîmes  pas  à  faire  porter  un  message  au 
sultan  du  Baguirmi,  dont  la  résidence  était  située  à  eînq  jours  de 
marche  de  là.  Force  nous  fut  donc  de  reprendre  notre  route. 

«  Les  rives  du  Chari,  assez  élevées,  sont  très  peuplées.  Nous 
laissons  successivement  derrière  nous  les  grands  centres  de  Làf- 
fana  et  de  Maffaling  et  le  village  moins  important  de  Baïnhanné,  où 
nous  nous  arrêtons  pour  demander  s'il  serait  possible  d'envoyer  une 
lettre  au  sultan.  On  nous  répond  que  les  villes  de  Bousso,  Maffa- 
ling et  llondo  jouissent  seules  du  privilège  de  fournir  des  cour- 
riers pour  le  sultan.  Nous  cherchons  à  obtenir  des  détails  sur  le 
voyage  de  Nachtigal,  qui  a  franchi  le  Chari  en  cet  endroit.  On  nous 
répond  que  nous  sommes  les  premiers  Européens  qu'on  voit  dans 
la  région,  que  tout  le  pays  est  terrorisé  par  la  vue  de  cette  maison 
qui  marche  sur  l'eau.  Certains  même  disent  qu'ils  nous  ont  vus 
descendre  du  ciel  après  un  orage  très  violent. 

socDEQÉoGR.— c.r.  des  séances.— n°  9.— Décembre.  31  • 


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438  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  Bien  que  la  partie  intelligente  de  la  population  ait  entendu 
parler  des  vapeurs  par  ceux  d'entre  eux  qui  ont  accompli  le  pèle- 
rinage de  la  Mecque,  on  s'imagine  aisément  que  l'impression 
produite  par  notre  arrivée  si  soudaine  ait  été  plutôt  de  la  crainte. 

c  D'où  venions-nous  ?  Où  allons-nous  ?  Venions-nous  en  amis  du 
Baguirmi  ou  de  Rabah  ?  Autant  de  mystères  pour  tous  ces  gens. 
Nous  quittons  bien  vite  Baïnhanné  et,  en  passant  à  Mondo,  région 
commandée  par  Souleyman,  beau-frère  du  sultan,  nous  avons  la 
bonne'  fortune  de  trouver  un  esclave  de  ce  chef  qui  veut  bien  se 
charger  d'une  lettre  pour  le  sultan  Gaourang.  Ne  voulant  pas 
attendre  la  réponse  à  cet  endroit,  nous  continuons  notre  route, 
dans  l'intention  de  nous  rapprocher  du  Tchad.  Mais,  en  arrivant  en 
face  de  Baleignéré,  nous  sommes  invités  par  une  délégation  des 
notables  de  l'endroit  à  ne  pas  dépasser  ce. point,  et  à  y  attendre 
une  réponse  du  sultan.  J'en  profite  pour  confier[une  nouvelle  lettre  à 
un  de  mes  Sénégalais  les  plus  intelligents,  nommé  Boubakar,  avec 
ordre  de  la  porter  à  Massenia. 

c  Nous  séjournons  douze  jours  au  même  endroit  sans  recevoir 
la  moindre  nouvelle.  Très  bien %  reçus  néanmoins  par  les  gens  du 
pays,  dont  beaucoup  parlent  arabe,  nous  passons  nos  journées  à 
nous  documenter  sur  le  pays.  Des  informations  ainsi  obtenues,  il 
résulte  que  le  pays  du  Baguirmi,  à  peine  relevé  de  la  guerre  sou- 
tenue en  1870  contre  le  Ouadaï,  a  eu  à  subir  du  fait  du  passage 
de  Rabah  un  choc  formidable,  dont  l'effet  se  fait  encore  sentir.  Le 
voisinage  immédiat  de  ce  flibustier  installé  dans  le  Bornou  étant 
une  menace  continuelle  pour  le  Baguirmi,  je  compris  que  si  nous 
parvenions  à  vaincre  la  méfiance  de  tous  ces  gens  contre  les  chré- 
tiens, l'occasion  était  bonne  pour  traiter.  Il  suffisait  de  leur  faire 
entrevoir  avant  toutes  choses  la  communauté  d'intérêts  entre  eux 
et  nous. 

c  Ne  voulant  pas  abuser  de  vos  moments,  je  n'insisterai  pas 
davantage  sur  notre  séjour  à  Baleignéré,  bien  qu'il  m'ait  procuré 
l'occasion  de  me  rencontrer  avec  plusieurs  personnages  instruits 
et  très  sympathiques. 

«  Ce  ne  fut  donc  que  douze  jours  après  le  départ  de  Boubakar 
que  je  reçus  une  réponse  à  ma  lettre,  réponse  assez  insignifiante, 
mais  qui  avait  le  gros  mérite  d'être  commentée  par  Boubakar,  qui 
avait  reçu  du  sultan  un  accueil  très  bienveillant,  et  par  trois 
envoyés  de  l'entourage  intime  du  sultan. 

f  Le  premier,  dont  le  titre  est  Gardaba,  était  le  troisième  per- 
sonnage de  la  cour. 


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SÉANCE-  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  *39 

«  Le  deuxième  était  l'imam  du  sultan,  un  Foulbé  jeune  en- 
core, remarquablement  intelligent,  nommé  Mallem  Abou  Bakar. 

c  Le  troisième  était  un  esclave  de  confiance,  nommé  Moham- 
med Fezzani,  qui  avait  accompli  plusieurs  voyages  en  Tripolitaine. 
c  De  l'entretien  que  nous  eûmes  avec  ces  gens,  il  résultait  que 
le  sultan  du  Baguirmi,  Mohammed  Àbd  er  Rhaman  Gaourang, 
serait  très  heureux  de  voir  le  chef  des  chrétiens,  mais  que,  pour 
calmer  des  suspicions  très  légitimes,  il  valait  mieux  pour  nous 
regagner  Bousso,  d'où  un  des  agents  européens  ou  moi-même 
pourrait  se  diriger  sur  Massenia. 

c  On  nous  apprenait,  d'autre  part,  que  le  véritable  meurtrier  de 
Crampel  était  Baba  h  et  que  c'était  en  grande  partie  aux  300  fusils 
enlevés  à  notre  malheureux  compatriote  que  cet  aventurier  devait 
ses  succès  dans  le  centre  africain.  M'étant  informé  de  l'attitude 
du  Ouadai  à  la  suite  de  notre  arrivée,  on  me  donna  à  entendre 
qu'on  supportait  avec  peine  le  tribut  imposé  par  le  Ouadaï,  et  que 
si  plus  tard  on  trouvait  une  occasion,  on  ne  manquerait  pas  de 
refuser  de  le  payer.  En  somme,  ce  que  je  voyais  me  faisait  plutôt 
avoir  de  la  sympathie  pour  cet  héroïque  pays  qui,  malgré  la  supé- 
riorité des  armes,  a  réussi  à  maintenir  son  indépendance  contre 
Rabah,  et  qui  n'a  qu'un  désir,  prendre  un  jour  sa  revanche. 

c  D'autre  part,  le  Baguirmi  étant  situé  dans  notre  sphère  d'in- 
fluence, il  y  avait  tout  intérêt  pour  nous  à  nous  allier  avec  ce 
pays.  C'est  pourquoi  j'eus  de  suite  l'envie  de  nie  rencontrer  avec 
le  sultan  Gaourang.  Gomme  il  m'était  particulièrement  désa- 
gréable de  revenir  en  arrière,  je  déclarai  aux  envoyés  qu'il  était 
bien  préférable  pour  la  prompte  solution  des  négociations  que 
nous  allions  ouvrir,  de  descendre  le  fleuve  jusqu'aux  environs  de 
Bougoman  et  de  nous  rapprocher  lé  plus  possible  de  Massenia  par 
la  voie  du  Bahr  Erguieg.  Us  approuvèrent  ma  résolution. 

c  Le  Bahr  Erguieg,  qui  veut  dire  rivière  étroite,  est  impropre- 
ment appelé  Balschikam  par  Barth,  qui  n'a  d'ailleurs  fait  que  le 
traverser.  C'est  un  bras  du  Ghari  qui  prend  naissance  en  face  de 
Miltou  pour  se  terminer  près  de  Bougoman. 

c  Après  une  navigation  très  pénible  de  cinq  jours  dans  le  Bahr 
Erguieg,  tout  encombré  d'herbes,  nous  atteignons  Maggi.  Nous 
étions  à  une  vingtaine  de  kilomètres  de  Massenia  par  il°22'de 
latitude. 

c  Les  envoyés  s'en  étaient  retournés  à  Massenia.  Pour  répondre 
aux  cadeaux  que  j'avais  reçus  du  sultan,  je  leur  en  donnai  d'autres 
et  je  leur  remis  une  lettre  pour  le  prévenir  de  ma  décision. 


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uo 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


c  Très  bien  accueillis  à  Maggi,  nous  attendons  en  ce  point  les 
messagers  du  sultan  qui  viennent  nous  chercher  deux  jours  après. 

c  Je  pars  avec  Ahmed  et  cinq  ou  six  Sénégalais.  On  nous  donne 
des  chevaux.  Mais  au  lieu  de  nous  faire  franchir  d'une  seule  traite 
la  distance  de  Maggi  à  Massenia,  on  nous  fait  coucher  au  village 
arabe  de  Blane.  Le  chef  Youssef  nous  apporte  du  lait  frais,  du  lait 
caillé  et  du  beurre  tant  que  nous  en  pouvons  souhaiter. 

c  Le  lendemain  de  bonne  heure  nous  nous  mettons  en  route» 


Entrée  du  palais  du  sultan  du  Baguirmi,  à  Massenia. 

Nous  sommes  bientôt  rejoints  par  une  magnifique  escorte  de  cava- 
liers aux  vêtements  de  soie,  montés  sur  de  beaux  chevaux  richement 
harnachés,  qui  augmente  au  fur  et  à  mesure  que  nous  nous  rap- 
prochons de  Massenia.  On  s'arrête  au  milieu  d'une  grande  plaine 
et  tout  ce  monde  exécute  devant  nous  une  brillante  fantasia. 

c  Nous  arrivons  enfin  devant  les  remparts  de  Massenia  en  partie 
détruits  par  les  Ouadaïens  en  1870;  ce  qu'il  en  reste  prouve  l'im- 
portance qu'avait  Massenia  au  temps  de  Barth  ;  les  murailles  con- 
struites en  briques  sèches  n'ont  pu  être  détruites  par  les  Ouadaïens 
que  grâce  aux  mines  qu'ils  avaient  pu  faire  placer  secrètement 
par  des  traîtres. 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  441 

c  Avant  de  pénétrer  dans  Massenia  les  cavaliers  se  rangent 
derrière  nous.  Les  fusiliers  de  la  garde  du  sultan  sortent  de  la 
ville  et  viennent  dénier  devant  nous  en  agitant  leurs  armes  et  en 
chantant  sur  un  rythme  bizarre  :  c  La  Allah  illah  Allah  Moham- 
med ressoul  Allah.  >  Après  cette  brillante  manifestation,  on  nous 
invita  à  pénétrer  dans  la  ville. 

c  J'avoue  avoir  éprouvé  un  peu  de  désillusion.  Massenia  res- 
semble plutôt  à  un  immense  campement  qu'à  une  capitale,  les 
maisons  sont  bien  moins  jolies  et  moins  bien  construites  qu'à 
Maïnheffa  ou  à  Baleignéré  :  on  dirait  quelque  chose  de  provisoire. 
Gomme  je  faisais  part  de  mon  étonnement  à  quelques  personnages 
qui  m'entouraient,  on  m'apprit  qu'après  la  lutte  soutenue  contre 
Rabah  il  y  a  cinq  ans,  on  avait  décidé  d'abandonner  ce  point.  Mais 
peu  à  peu  la  sécurité  étant  revenue,  on  s'y  réinstallait  définitive- 
ment. On  avait  déjà  reconstruit  une  mosquée  en  briques  sèches  et 
on  allait  refaire  le  palais  du  sultan,  après  quoi  on  rebâtirait  toute 
la  ville. 

t  Nous  traversons  les  ruelles  bordées  de  nattes  en  paille  tressée 
et  on  nous  conduit  chez  notre  hôte  le  tchiroma,  premier  ministre 
et  précepteur  du  fils  du  sultan.  Nous  avons  un  logis  très  confor- 
table où  nous  pouvons  faire  une  toilette  sommaire,  après  quoi  on 
vient  nous  prendre  pour  nous  mener  devant  le  palais  du  sultan, 
qui  forme  un  véritable  village  dans  la  ville. 

c  Entouré  de  palissades  de  tous  côtés,  on  n'aperçoit  que  des  toits 
en  forme  de  dômes  en  paille  tressée  très  élégamment  et  se  termi 
nant  par  une  pointe  sur  laquelle  est  enfilé  un  œuf  d'autruche. 
Nous  nous  arrêtons  devant  l'entrée  principale  et  durant  une  heure, 
tous  un  soleil  de  plomb,  nous  dûmes  assister  à  un  nouveau  défilé 
des  troupes»  et  à  des  fantasias  remarquablement  exécutées.  Les 
femmes,  exclues  de  ces  cérémonies,  contemplent  les  soldats  derrière 
les  tapades  en  paille  et  manifestent  leur  enthousiasme  par  des 
«  you-you  »  perçants. 

<  Enfin  la  porte  s'ouvre;  le  chef  des  esclaves,  ayant  derrière  lui 
une  douzaine  de  serviteurs,  s'avance  vers  nous,  me  revêt  de  deux 
boubous,  l'un  bleu,  l'autre  blanc,  et  en  donne  un  à  Ahmed.  Après 
quoi  on  nous  invite  à  nous  retirer. 

c  11  n'y  a  pas  que  chez  les  nations  européennes  que  les  grands 
font  faire  antichambre.  Nous  rentrons  donc  chez  nous  prendre  un 
peu  de  repos  que  la  chaleur  du  jour  et  les  fatigues  de  la  réception 
rendaient  indispensable,  après  qu'on  nous  eût  prévenus  que  le  sultan 
nous  recevrait  le  lendemain  en  audience  publique. 


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442  C0MPTE8  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  De  bonne  heure  nous  nous  mettons  en  route.  Comme  j'étais 
plutôt  en  assez  piètre  équipage,  j'avais  fait  revêtir  à  Ahmed  son  plus 
beau  costume.  Après  une  attente  de  dix  minutes  sur  la  place,  on 
nous  introduit. 

c  Le  sultan,  installé  dans  un  grand  hall  carré  recouvert  de  dra- 
peries multicolores,  esta  l'abri  des  regards  indiscrets  derrière  une 
natte.  Devant  le  hall  est  une  immense  tente  en  poil  de  chameau 
sous  laquelle  se  tiennent  assis  les  ministres  et  les  notables.  Avant 
de  prendre  place  à  droite  et  à  gauche  du  sultan,  tous  s'agenouillent 
et  mettent  leur  front  à  terre. 

c  Debout  au  milieu  de  ce  monde,  je  présente  mes  compliments 
au  sultan,  et  ne  désirant  pas  me  compromettre,  je  lui  lis  expliquer 
par  Ahmed  le  but  pacifique  de  notre  mission  et  notre  désir  d'éta- 
blir des  relations  commerciales  avec  le  Baguirmi.  11  nous  répon- 
dit qu'il  était  heureux  de  nous  recevoir  chez  lui  et  qu'il  verrait 
volontiers  les  Français  trafiquer  dans  son  pays. 

c  Nous  nous  retirons  ensuite  sans  l'avoir  vu.  Dans  l'après-midi 
je  voulus  visiter  la  ville  et  je  m'arrêtai  au  marché.  Malheureuse- 
ment l'heure  des  transactions  importantes  n'était  pas  arrivée,  et 
comme  on  me  fit  comprendre  que  l'envoyé  d'un  grand  pays  ne 
pouvait,  sans  risque  de  compromettre  sa  dignité,  se  mêler  ainsi 
au  vulgaire,  je  dus  regagner  mon  logis.  J'en  avais  cependant  assez 
vu  pour  me  rendre  compte  qu'un  Européen  pouvait  trouver  là  à  peu 
près  tout  ce  dont  il  pouvait  avoir  besoin,  tant  au  point  de  vue  vivres 
qu'au  point  de  vue  marchandises. 

c  Rentrés  chez  nous,  nous  recevons  la  visite  de  personnages  im- 
portants, de  lettrés,  et  nous  terminons  la  journée  par  une  causerie 
fort  intéressante  qui  me  permit  de  réunir  de  nombreux  documents 
géographiques,  historiques  et  politiques  sur  le  pays. 

c  Vers  6  heures  du  soir,  50  esclaves  entrent  chez  nous  et  nous 
offrent  de  la  part  du  sultan  des  vivres  de  toute  espèce,  des  frian- 
dises de  toute  sorte.  Gomme  nous  sommes  trop  peu  nombreux 
pour  consommer  le  tout,  nous  nous  attirons  une  grande  popularité 
en  faisant  distribuer  notre  superflu  aux  pauvres. 

c  Ce  ne  fut  que  dans  la  nuit  du  lendemain  que  le  sultan  Gaou- 
rang  me  donna  une  audience  privée.  —  Même  au  Baguirmi  le 
protocole  a  des  exigences.  M'étant  informé  si  je  pourrais  m'asseoir 
autrement  qu'à  terre  en  présence  du  sultan,  il  me  fut  répondu 
que  cela  n'était  pas  possible.  Je  dus  déclarer  que  si  je  ne  devais 
pas  rester  longtemps  je  consentais  à  rester  debout,  mais  que  si 
l'audience  se  prolongeait  je  refusais,  comme  envoyé  d'un  grand 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOYEMBRE  1898.  443 

pays,  de  m'asseoir  par  terre.  On  fut  obligé  d'en  référer  au  sultan 
qui  très  gracieusement  m'invita  à  faire  apporter  un  siège.  Cette 
concession,  minime  en  apparence,  nous  valut  d'être  traités  avec 
une  grande  considération  par  tout  l'entourage  du  m'bang. 

c  Nous  quittons  donc  notre  demeure  vers  une  heure  et  demie  du 
matin  pour  nous  acheminer  vers  le  palais.  Ahmed  et  mon  domes- 
tique m'accompagnaient. 

c  On  nous  fit  pénétrer  dans  une  série  de  cours  renfermant  de 
nombreuses  habitations  garnies  de  sentinelles  en  armes.  Après 
quoi  on  nous  introduisit  près  du  sultan. 

c  Assis  dans  la  même  salle  où  il  nous  avait  reçus  en  audience 
publique  sur  une  espèce  de  trône  en  bois  recouvert  de  tapis  très 
épais,  le  sultan  nous  accueillit  très  cordialement. 

c  II  était  vêtu  d'un  pantalon  en  gros  drap  bleu  soutaché  de  bro- 
deries noires  et  de  vêtements  arabes  très  riches  ;  sa  tète  était 
entourée  d'un  turban  blanc  brodé  d'or.  Auprès  de  lui,  des  parfums 
brûlaient  dans  deux  cassolettes  en  cuivre  repoussé.  La  salle  était 
éclairée  par  la  lumière  d'une  douzaine  de  bougies  renfermées  dans 
des  lanternes  pliantes.  Une  vingtaine  de  sentinelles  en  armes  se 
tenaient  derrière  lui  et,  trouvant  peut-être  que  c'était  insuffisant,  il 
avait  à  portée  de  la  main  cinq  fusils  chargés. 

t  Si  gracieux  qu'ait  été  l'accueil,  j'avoue  avoir  éprouvé  durant 
les  premières  minutes  une  certaine  gêne  qui  se  dissipa  bientôt  en 
présence  de  la  cordialité  qui  ne  cessa  de  régner  pendant  cet  entre- 
tien. 

c  Agé  de  32  ans  le  sultan  Mohammed  Abd  er  Rhaman  Gaou- 
rang  avait  un  visage  agréable  quoique  légèrement  marqué  par 
la  variole.  Le  peu  d'exercice  qu'il  prend  est  cause  qu'il  est 
affligé  d'un  certain  embonpoint  qui,  suivant  toute  probabilité,  ne 
fera  que  s'accroître. 

c  Fils  du  sultan  Abdel  Khader  qui  régnait  sur  le  Baguirmi 
du  temps  de  Barth,  il  a  passé  presque  toute  sa  jeunesse  au 
Ouadat  où  il  fit  toutes  ses  études.  Très  instruit  et  très  juste  envers 
son  peuple,  il  est  aimé  de  tous,  d'autant  que,  pour  couronner  le 
tout,  il  jouit  parmi  les  siens  d'une  grande  réputation  de  bravoure. 
Enfermé  dans  Maïnheffa  par  Rabah  il  y  a  cinq  ans,  après  cinq 
mois  de  combats  acharnés  autour  de  la  ville,  sans  vivres,  il  n'hésita 
pas  à  se  mettre  à  la  tête  des  siens  et  après  une  lutte  désespérée  à 
franchir  la  ligne  des  assiégeants,  ce  qui  lui  permit  de  se  replier 
sur  Massenia  sans  être  poursuivi. 

c  Notre  causerie  ne  dura  pas  moins  de  une  heure  et  demie  et 


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iU  COMPTES  RBNDDS  DES  SÉANCES. 

roula  sur  la  France,  sur  Crampe),  sur  Rabah,  et  sur  la  politique 
générale  à  suivre.  C'est  de  cette  nuit-là  que  fut  décidé  en  principe 
la  signature  d'un  traité  entre  le  Baguirmi  et  la  France. 

c  Notre  séjour  à  Masscnia  se  prolongea  quinze  jours.  Je  revis  le 
sultan  presque  tous  les  jours,  une  fois  en  audience  publique  où 
seul  j'étais  assis  sur  un  tapis  et  les  autres  fois  pendant  la  nuit. 
Pendant  les  autres  entrevues,  il  ne  s'entourait  plus  du  même  luxe 
de  précautions.  Nous  finimes  même  par  nous  voir  seul  à  seul,  avec 
Ahmed  comme  interprête  et  comme  témoin. 

c  Outre  cela,  on  sortait  deux  fois  par  semaine  en  grande  pompe 
et  on  allait  faire  une  tournée  aux  environs.  J'accompagnais  natu- 
rellement Gaourang  dans  toutes  ses  sorties  et  son  grand  plaisir 
était  de  faire  manœuvrer  devant  nous  ses  soldats. 

c  Je  dus  même  céder  à  ses  instances  et  faire  parader  devant  lui 
une  vingtaine  d'hommes  que  j'avais  fait  venir  du  vapeur.  Nos  Séné- 
galais eurent  un  grand  succès,  moindre  cependant  que  notre  clairon 
dont  les  notes  vibrantes  excitèrent  l'enthousiasme  général. 

c  Et  cependant  l'armée  baguirmienne  ne  manquait  pas  de 
musique.  On  comptait  au  moins  une  douzaine  de  tambours,  des 
flûtes,  des  trompes  et  un  clairon  provenant  d  un  fabricant  du  fau- 
bourg Poissonnière. 

c  On  ne  doit  pas  s'étonner  de  trouver  en  plein  centre  africain 
de  tels  objets.  11  ne  faut  pas  oublier  que  ces  régions  sont  en  com- 
munication constante  avec  Tripoli,  dont  les  caravanes  approvision- 
nent les  marchés  du  Ouadaï  et  en  proportion  moindre  du  Baguirmi. 
t  La  religion  musulmane  et  la  facilité  des  communications  ont 
introduit  dans  ces  régious  une  civilisation  relativement  avancée. 
On  en  est  à  ce  point  de  vue  au  moyen  âge.  Les  sultans  du  Ouadaï 
et  du  Baguirmi  en  gens  pratiques  ont  su  éviter  la  grande  féoda- 
lité héréditaire,  cause  en  Europe  de  tant  de  luttes  sanglantes. 

c  Se  méfiant  de  leurs  proches  ou  des  gens  à  qui  leur  naissance 
donne  une  certaine  influence,  ils  leur  confient  rarement  des  com- 
mandements de  régions.  Us  réservent  presque  toutes  les  fonctions 
importantes  à  des  esclaves  de  confiance,  qu'ils  peuvent  révoquer  à 
volonté  et  qui  n'ont  pas  le  temps  de  se  créer  une  popularité  suf- 
fisante dans  les  régions  qu'ils  administrent  pour  que  leurs  enfants 
puissent  leur  succéder. 

t  Au  point  de  vue  religieux,  la  grande  majorité  du  pays  est 
musulmane.  La  minorité  des  habitants  seulement  est  lettrée  et  les 
plus  grands  savants  possèdent  tout  au  plus  la  science  enseignée 
au  vi*  siècle  à  l'école  d'Alexandrie. 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE   1898.  445 

c  On  trouve  néanmoins  quelques  personnages  qui  ayant  beau- 
coup voyagé  ont  acquis  des  idées  très  larges  et  ne  soot  pas  réfrac- 
taires  à  l'introduction  de  certains  perfectionnements  de  notre 
civilisation.  v 

c  11  faut  dire  d'ailleurs  que  les  Baguirmiens  proprement  dits, 
conquérants  du  sol,  ne  sont  musulmans  que  depuis  un  siècle 
environ.  Us  ne  paraissent  pas  être  très  fanatiques. 

c  Bien  que  les  légendes  baguirmiennes  fassent  remonter  l'origine 
de  la  race  à  quatre  personnages  venus  du  Yemen,  il  paraît  plus 
certain  qu'ils  descendent  des  tribus  fétichistes  établies  au  nord  du 
lac  Fitri. 

c  Us  vainquirent  d'abord  leurs  voisins  immédiats  les  Boulai  a,  et 
unis  à  eux  ils  soumirent  successivement  les  Foulbés  installés  près 
de  Massenia  et  les  groupements  arabes  très  nombreux  fixés  un 
peu  dans  tous  les  territoires  du  Baguirmi  actuel. 

c  Les  vaincus  payèrent  tribut  mais  réussirent  à  donner  leur 
religion  aux  vainqueurs.  Aujourd'hui  Boulala,  Foulbés  et  Arabes 
forment  la  population  baguirmienne. 

c  Les  tribus  arabes  installées  au  Baguirmi  sont  assez  nom- 
breuses. 

c  Elles  comprennent  : 

Les  Hoalma,  capitale  Debabo,  près  de  Moïto. 

Daggana,  capitale  Massakouri,  près  du  Tchad. 

Khossam-Bahria,  capitale  Hadkan. 

Allagué,  capitale  Allalgué,  près  de  Mile. 

Ouled-Hamed,  capitale  Mêla,  entre  Moïto  et  Massenia. 

Ossala,  capitale  Bêchera. 

Ouled-Daoud,  capitale  Ouelmammind,  près  d'Abou-Gher. 

Mabred,  à  1  jour  de  Baleignéré. 

Am-Daoud,  capitale  Scheta,  à  2  jours  à  l'est  de  Mafifaling. 

Daagueri,  près  de  Korbel  ou  Gamkoul. 

c  Tout  ce  monde  vit  groupé  sous  un  gouvernement  absolu.  Les 
Arabes  et  les  Foulbés  ont  conservé  leurs  mœurs  antiques,  c'est-à- 
dire  qu'ils  sont  avant  tout  pasteurs  et  agriculteurs.  Ils  pratiquent 
en  grand  l'élève  du  cheval,  des  bétes  à  cornes,  des  moutons  et  des 
chèvres,  voire  même  celle  de  l'autruche.  Ils  cultivent  plusieurs 
espèces  de  mil  et  dans  les  environs  de  Massenia  du  blé  en  petite 
quantité  presque  exclusivement  réservé  à  l'usage  du  sultan  ;  le  riz 
poussant  à  l'état  sauvage  est   recueilli  en    grande    quantité. 

c  Quant  aux  Baguirmiens  proprement  dits,  ils  cultivent  aussi, 
mais  sont  avant  tout  pécheurs,  tisserands  et  teinturiers.  Forgerons 


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446  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

peu  habiles  ils  se  procurent  surtout  au  Ouadaï  les  armes  blanches 
dont  ils  ont  besoin. 

c  Quant  aux  teintures,  à  part  l'indigo  qui  est  cultivé  dans  la 
région,  elles  proviennent  presque  toutes,  entre  autres  le  violet  et 
le  vert,  de  la  Tripolitaine. 

c  Les  Baguirmiens  fabriquent  aussi  des  nattes  fort  belles  et  de 
*  la  sparterie  très  élégante.  Les  bandes  de  coton  avec  lesquelles  on 
fait  les  tuniques  servent  de  monnaies  d'échange.  Bien  que  le 
thaler  de  Marie-Thérèse  ait  cours  dans  le  pays,  surtout  pour  les 
transactions  qui  st  font  avec  les  Tripolitains,  la  véritable  unité 
monétaire  est  l'esclave. 

«  II  est  rare  cependant  quand  on  fait  un  marché  qu'on  se  défasse 
d'un  esclave  qu'on  possède  depuis  longtemps.  11  fait  plutôt  partie 
de  la  famille  et  est  considéré  à  l'égal  des  clients  de  l'ancienne  Rome. 

c  Quant  aux  esclaves  qui  sont  achetés  ou  vendus,  ils  proviennent 
des  razzias  auxquelles  se  livrent  annuellement  les  musulmans 
contre  les  tribus  païennes  du  sud. 

c  Celles  qui  sont  en  contact  immédiat  préfèrent,  pour  éviter  la 
ruine  et  la  désolation  qui  sont  la  conséquence  de  ces  expéditions, 
se  soumettre  et  payer  à  leurs  oppresseurs  un  impôt  en  esclaves 
dont  le  nombre  ne  dépasse  généralement  pas  cent  par  année  et 
par  groupement. 

c  Ils  en  sont  quittes,  afin  de  se  les  procurer,  pour  envahir  les 
contrées  voisines  auxquelles  ils  tâchent  d'imposer  à  leur  tour  une 
redevance  fixe* 

c  On  conçoit  tout  ce  que  ce  système  a  d'odieux  et  quelle  grande 
lâche  humanitaire  nous  est  encore  réservée.  Nous  avons  toujours 
été  les  pionniers  de  la  civilisation.  Je  suis  sûr,  malgré  les  tristesses 
de  l'heure  présente,  que  notre  gouvernement,  ayant  pour  lui  l'opi- 
nion de  la  France  entière,  saura  maintenir  malgré  tout  les  glo- 
rieuses traditions  de  notre  passé  et  accomplir,  dans  ces  régions 
dévolues  à  notre  influence,  l'œuvre  de  civilisation  et  de  progrès 
qu'on  est  en  droit  d'attendre  d'un  grand  pays. 

t  Ne  voulant  pas  abuser  de  vos  instants,  je  suis  forcé  de  glisser 
sur  beaucoup  de  détails  fort  intéressants.  Je  ne  voudrais  cepen- 
dant pas  quitter  celte  étude  sans  entrer  dans  quelques  détails  sur 
le  gouvernement  du  Baguirmi. 

c  A  la  tète  du  pays  se  trouve  le  sultan  Mohammed  Abd  el  Rha- 
man  Gaourang. 

c  11  a  pour  le  seconder  des  ministres  et  des  gouverneurs  de 
province. 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898. 


447 


c  La  sultane  mère  de  l'héritier  du  trône  possède  le  grade  le 
plus  important  ;  on  l'appelle  maguira,  mais  elle  délègue  ses  pou- 
voirs à  un  homme  qui  perçoit  l'impôt  en  son  nom  cl  qui  en  con- 
serve sa  part. 

c  Le  fils  du  sultan  vient  ensuite,  il  a  le  titre  de  tchiroma.  C'est 
un  ministre  qui  remplit  ses  fonctions  jusqu'à  sa  majorité.  Ce 
ministre  s'appelle  kade  tchiroma.  Il  a  sous  ses  ordres  un  adjama, 
un  guéma  et  un  djerma. 


M.  E.  Gentil  et  Ali  fa  Ba  sur  les  rives  du  Chari. 


c  Le  guéma  s'occupe,  à  l'époque  où  on  bat  le  grain,  de  faire 
rentrer  l'impôt  qui  se  compose  de  30  mesures  de  grain,  un  mou- 
ton et  un  boubou  par  village.  Il  remplace  le  tchiroma  dans  les 
razzias  et  partages  on  butin  en  trois  parts  égales,  dont  une  est  pour 
lui,  une  pour  le  kade  tchiroma  et  l'autre  pour  le  fils  du  sultan. 

c  Le  djerma  perçoit  l'impôt  chez  les  Arabes,  il  a  pour  l'assister 
quatre  kassoua. 

c  En  plus  de  ces  impôts  annuels,  le  pays  entier  fournit  1,000  tu- 
niques blanches  ou  bleues  tous  les  trois  ans. 


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US  COMPTES  RENDUS  DBS  SÉANCES. 

c  Dans  les  pays  païens  soumis  on  envoie  une  espèce  de  résident, 
chargé  de  ramasser  des  esclaves. 

c  Ces  résidents  sont  placés  sous  la  direction  des  ministres  dont 
la  nomenclature  est  longue.  Je  les  cite  par  ordre  d'importance: 

c  Le  garmourba,  le  guardaba  et  le  garkolou. 

c  Après  eux  viennent: 

c  Le  gualadmia,  qui  donne  l'investiture  aux  chefs  de  région  au 
nom  du  sultan; 

c  Le  garmoïmanga,  qui  a  la  prérogative  peu  enviable  d'épouser 
la  première  fille  du  sultan.  Je  dis  peu  enviable  car  les  sœurs  ou 
les  filles  du  souverain,  aussi  bien  du  Baguirmi  que  du  Ouadaf,  ont  le 
droit  d'aimer  qui  bon  leur  semble; 

t  Le  garbirkedé  et  le  milléma  terminent  la  liste  des  ministres. 

a  Outre  ceux-là,  on  convoque  aussi  en  conseil  les  quatre  chefs  de 
razzia,  dont  les  titres  sont  m'baroma,  fatscha,  guermané  et  kiréma, 
ainsi  que  les  deux  plus  importants  gouverneurs  de  province  Alifa 
Moïto,  et  Alifa  Ba  ou  chef  des  eaux. 

*  La  liste  des  principaux  personnages  est  close  par  le  naïb  ou 
chef  de  la  police. 

c  On  voit  d'après  cela  qu'on  se  trouve  en  présence  d'une  organi- 
sation très  réelle,  dont  il  faudra  se  servir  lorsque  nous  nous  instal- 
lerons définitivement  dans  le  pays.  Nous  devrons  nous  efforcer  de 
limiter  et  d'éteindre  peu  à  peu  l'esclavage  dans  les  régions  féti- 
chistes en  nous  y  établissant,  et  en  gouvernant  nous-mêmes.  Quant 
aux  régions  entamées  par  l'Islam,  nous  devrons  y  maintenir  le 
principe  d'autorité  actuellement  existant,  et  nous  servir  des  chefs 
craints  et  respectés  dans  le  pays  pour  être  nos  plus  utiles  auxiliaires. 

c  Je  n'insisterai  pas  davantage  sur  le  Baguirmi,  bien  que  j'eusse 
eneore  beaucoup  à  en  dire.  Je  reviens  à  notre  séjour  à  Massenia. 

c  Comblé  d'attentions  et  de  soins  par  l'entourage  de  Gaourang, 
Je  ne  perdais  pas  de  vue  l'objectif  de  mon  voyage  et  dans  une  des 
dernières  entrevues  que  j'eus  avec  le  sultan,  je  lui  exprimai  mon 
désir  de  pousser  jusqu'au  Tchad. 

c  H  me  dit  que  mon  projet  n'était  pas  réalisable;  que  c'était 
folie  pure  avec  si  peu  de  monde  de  s'aventurer  dans  un  pays  occupé 
par  Rabah;  que  je  ne  devais  pas  oublier  qu'il  avait  tué  Crampe I, 
et  que  pareil  sort  nous  attendait  infailliblement. 

c  II  est  certain  qu'en  parlant  ainsi,  il  était  sincère,  mais  il  est 
fort  probable  que  la  crainte  de  nous  voir  nouer  des  relations  avec 
Rabah  entrait  pour  quelque  chose  dans  ses  préoccupations. 

c  Aussi  je  lui  demandai  pour  le  rassurer  de  vouloir  bien  me  confier 


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SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  449 

deux  hommes,  dan»  lesquels  il  avait  confiance,  pour  nous  servir  de 
guides.  J'ajoutai  qu'étant  si  près  du  Tchad,  personne  dans  mon  pays 
ne  comprendrait  que  nous  nous  arrêtions  en  route  ;  que,  d'ailleurs, 
les  Français  ne  craignaient  personne. 

c  Gaourang  était  jeune;  il  consentit  à  notre  départ  et  nous  adjoi- 
gnit deux  hommes  remarquables,  l'un  l'aguid  Mondo,  son  propre 
beau-frèrè,  et  l'autre  Youssef,  qui  avait  navigué  longtemps  sur  le 
Ghari  et  sur  le  Tchad. 

c  La  terreur  inspirée  par  Rabah  était  telle  que  nous  grandîmes 
de  cent  coudées  dans  l'estime  publique  ;  mais  notre  projet  fut  con- 
sidéré par  tous  comme  irréalisable. 

Nous  fîmes  toutes  les  provisions  nécessaires.  On  tua  des  bœufs 
dont  on  fit  boucaner  la  viande,  on  embarqua  du  bois  pour  trois  jours 
et  20  villages,  réquisitionnés  par  ordre  du  sultan,  nous  fournirent 
de  l'huile  de  poisson,  d'arachides  et  d'hadjilidj  nécessaire  au 
lubréfiage  de  la  machine. 

c  Nous  redescendons  le  Bahr  Erguieg  en  cinq  heures;  les  eaux 
avaient  monté,  aussi  ne  sommes-nous  plus  gênés  par  les  herbes. 
Nous  passons  une  journée  chez  Aiifa  Ba,  ou  chef  de  la  rivière,  qui 
nous  lit  mille  recommandations  de  prudence.  Nous  dûmes  y  rece- 
voir une  masse  de  gens  qui  nous  racontèrent  des  légendes  plus  ou 
moins  fantaisistes  sur  le  Tchad.  Les  uns  nous  disaient  qu'au  centre 
du  lac  se  trouvait  un  tourbillon  immense  engloutissant  toutes  les 
pirogues  qui  s'aventuraient  de  ce  côté.  D'autres  nous  parlaient  des 
Bouddouma,  ou  pirates  du  Tchad,  et  nous  disaient  qu'ils  possédaient 
des  bœufs  aux  cornes  longues  de  près  de  2  mètres. 

c  Enfin  nous  sommes  prêts  et  nous  partons  pour  Bougoman, 
jadis  cité  importante  sur  la  rive  gauche  du  Ghari,  entourée  de  for- 
tifications; elle  fut  détruite  de  fond  en  comble  par  Rabah. 

c  Ses  habitants  se  réinstallèrent  sur  la  rive  droite,  mais,  craignant 
pour  leur  sécurité,  ils  ne  bâtirent  que  des  cases  légères  et  peu 
confortables.  Nous  restons  un  jour  à  Bougoman.  Un  soldat  déser- 
teur de  Rabah  nous  raconte  que  les  gens  de  Koussouri,  las  des 
étoffes  du  pays,  nous  attendent  pour  s'emparer  de  nos  tissus  larges 
et  de  nos  armes. 

c  On  se  met  en  route  le  lendemain  à  5  h.  30  du  matin,  très  bien 
pilotés  par  notre  guide  Youssef  qui  nous  signale  les  noms  des  vil- 
lages situés  sur  le  Ghari.  La  rive  gauche  est  déserte,  tous  ses 
habitants  se  sont  établis  sur  la  rive  droite.  Successivement  défi- 
lent à  nos  yeux  les  villages  de  Balamassa,  Kouldji,  Àssa,  Darda, 
Maïdara,  Oddio,  Mile,  où  Barth  traversa  le  fleuve  Mourgou,  Madba, 


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450  COMPTES  RENDUS  DB8  SEANCES. 

Dialabé,  Klessem.  Presque  tous  sont  des  bourgades  bien  déchues; 
les  habitants,  ne  s'y  sentant  pas  en  sécurité,  n'osent  pas  se  livrer 
aux  travaux  agricoles  qui  leur  donnaient  jadis  la  richesse. 

c  Le  fleuve  Chari,  tout  en  diminuant  de  largeur,  est  cependant 
toujours  majestueux,  car  il  n'a  pas  moins  de  3,000  mètres;  son  cou- 
rant augmente  peu  à  peu  ;  à  1  h.  30  nous  nous  trouvons  en  face 
du  Logone  presque  aussi  large  que  le  Chari;  nous  sommes  empoi- 
gnés par  la  splendeur  de  cette  vaste  nappe  liquide. 

c  Sur  la  rive  gauche  du  Logone  se  dresse  la  grande  ville  for- 
tifiée de  Koussouri.  Les  murailles,  épaisses  et  hautes,  s'étendent  sur 
un  front  de  près  de  4,000  métrés.  Dépassant  les  murailles,  des  mai- 
sons bien  construites  s'élèvent  dont  plusieurs  sont  à  étage.  Kous- 
souri renferme  environ  12,000  habitants.  Rabah  y  a  installé  une 
garnison  nombreuse,  ce  qui  lui  permet  de  commander  le  pays. 

c  Sur  les  rives  on  ne  voit  personne.  A  la  prière  de  Youssef  nous 
faisons  marcher  le  sifflet  de  la  chaudière,  mais  aucune  embarcation 
ne  se  détache  de  la  berge.  Nous  continuons  donc  notre  route.  Peu 
à  peu  les  lies  réapparaissent.  Des  villages  nombreux  que  nous 
notons  sur  la  carte  que  nous  dressons  apparaissent  à  nos  yeux. 
Nous  sommes  en  fece  de  Padji.  Le  fleuve  immense  se  divise  de 
nouveau  en  deux  bras  presque  d'égale  largeur.  Celui  de  gauche 
conduit  à  Makaré,  sur  les  eaux  libres  du  Tchad.  Celui  de  droite, 
dans  lequel  nous  nous  engageons,  nous  conduit  à  Mara,  important 
centre  de  pêche.  Mara  renferme  5  ou  6,000  habitants.  Les  énormes 
pirogues  aux  extrémités  relevées  n'ont  pas  moins  de  20  mètres  de 
longueur  sur  2  mètres  de  largeur.  Construites  en  planches  jointes 
au  moyen  de  petites  cordes,  ou  assure  leur  étanchéité  relative 
avec  de  la  paille  tressée. 

c  En  réalité  il  n'y  a  plus  de  fleuve,  rien  que  des  îles.  Nous  som- 
mes dans  le  delta  du  Tchad.  Nous  arrivons  bientôt  en  face  de 
Goulfeï,  que  nous  longeons  sans  nous  arrêter.  Nous  mettons 
dix  minutes  à  franchir  le  front  de  murailles  qui  s'étend  le  long 
du  fleuve.  La  ville,  presque  aussi  importante  que  Koussouri,  est 
célèbre  par  son  industrie.  Les  habitants  n'ont  point  de  rivaux  pour 
la  teinture  et  le  tissage.  C'est  un  centre  commercial  très  important. 
Nous  marchons  encore  une  heure  et  demie  et  nous  allons  mouiller 
au  village  d'AUarada.  Youssef  prend  des  informations,  on  lui  apprend 
que  les  garnisons  de  Koussouri  et  de  Goulfeï  se  sont  repliées  sur 
Dikoa  à  trois  jours  de  marche  vers  l'ouest,  où  elles  ont  rejoint 
Rabah.  Tout  le  monde  est  heureux  de  notre  arrivée.  11  leur  semble 
que  nous  venons  les  délivrer  du  joug  qui  pèse  sur  eux  si  durement. 


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U 


SÉANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898.  451 

Aussi  oo  nous  apporte  du  r»,  du  blé  et  des  vivres  tellement  que 
nous  sommes  obligés  d'en  refuser*  Personne  ne  veut  de  rémuné- 
ration. 

c  Ce  bon  accueil  montre  combien  Rabah  est  détesté  par  des 
populations  jadis  soumises  au  Baguirmi,  à  présent  opprimées  par 
le  conquérant  soudanais. 

c  Très  touchés  de  la  sympathie  qu'on  nous  témoigne,  nous  appa- 
reillons le  lendemain  de  bonne  heure.  Nous  voguons  au  milieu  d'un 
dédale  de  canaux,  d'îles,  de  bras,  tous  aboutissant  à  la  nappe 
franche  du  Tchad.  On  compte  au  moins  onze  de  ces  artères,  for- 
mant des  lies  très  grandes  sur  lesquelles  s'élèvent  des  centres,  tels 
que  Goulfeî,  Gana,  Sawé,  et  la  place  importante  de  Ghaouï.  Nous 
nous  arrêtons  à  Hoboro,  où,  grâce  à  Youssef,  nous  obtenons  un  pi- 
lote qui  nous  renseigne  sur  le  pays.  A  partir  de  Ghaouï  les  joncs 
et  les  papyrus  commencent.  Nous  tombons  sur  une  flottille  de  pê- 
cheurs qui,  installés  à  cheval  sur  un  paquet  de  joncs,  se  livraient  à 
la  pèche  au  fllet,  au  beau  milieu  du  fleuve.  Nous  laissons  encore 
quelques  canaux  à  droite  et  à  gauche,  dont  l'un  a  été  creusé  par  les 
Ouoberri,  peuplade  originaire  des  lies  du  lac  Tchad,  et  nous  arri- 
vons enfin  au  terme  de  notre  voyage. 

c  Les  eaux  libres  du  Tchad  s'offraient  à  nos  regards  émerveillés. 
Tous  nous  contemplions  cette  belle  nappe  liquide  s'étendant  à  perte 
de  vue  avec  un  sentiment  de  joie  profonde.  L'un  de  nos  marins, 
indigène  gabonais,  se  croyant  sur  la  mer,  se  jette  à  l'eau  et  la  goûte. 
Il  était  tout  stupéfait  de  constater  qu'elle  était  douce.  Une  bonne 
brise  soufflait  formant  un  clapotis  sérieux.  Nous  mouillons  pour 
faire  des  observations,  et  aussi  pour  goûter  dans  toute  leur  pléni- 
tude la  jouissance  intense  et  l'émotion  profonde  qui  s'étaient 
emparées  de  nous. 

c  Nous  fûmes  bientôt  distraits  de  nos  préoccupations  par  l'ar- 
rivée subite  d'une  flottille  de  pirogues  de  Bouddouma  ou  pirates  du 
Tchad.  Saisis  de  stupeur  à  notre  vue,  ils  disparaissent  rapidement 
dans  les  lies  où  ils  se  réfugient,  abandonnant  une  partie  de  leurs 
embarcations,  ce  qui  nous  permit  de  les  voir  de  près. 

c  Une  baguette  en  bois  recourbée  sert  de  carcasse  à  la  pirogue. 
Le  fond  très  épais  et  les  bordages  sont  constitués  par  des  paquets 
de  joncs  très  bien  tressés.  Gomme  le  fond  est  au-dessus  de  la  flot- 
taison, la  pirogue  est  absolument  étanche. 

c  Ges  Bouddouma  habitent  des  lies  dans  l'intérieur  du  Tchad. 
Bien  que  leur  principale  occupation  soit  la  pêche  et  la  récolte  du 
natron,  très  abondant  dans  le  lac,  ils  font  aussi  l'élevage  des  bes- 


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452  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

tiaux.  Craints  et  redoutés  par  les  habitants  de  la  terre  ferme,  qu'ils 
pillent  toutes  les  fois  qu'ils  le  peuvent,  ils  n'ont  jamais  pu  être 
soumis  ni  par  Les  Bornouans  ni  par  les  Baguirmiens. 

c  Les  insulaires  du  Tchad  forment  deux  groupes  distincts,  bien 
que  parlant  la  même  langue  :  les  Kouri  habitant  Test,  du  côté  de 
N'Gigima,  et  les  Bouddouma. 

c  Le  trop  plein  de  ces  populations  insulaires  s'est  naturelle- 
ment répandu  le  long  des  rives  du  Chari  où  il  s'est  mélangé  avec 
les  premiers  habitants.  On  dit  que  ce  sont  eux  qui  ont  fondé  la 
ville  de  Koussouri. 

c  Nous  devons  tous  ces  renseignements  à  notre  jeune  pilote  de 
Hoboro  qui  avait  été  fait  prisonnier  par  les  Bouddouma,  qui  l'avaient 
rendu  à  la  liberté  moyennant  une  rançon  de  100  thalaris. 

<  Et  maintenant  qu'allions-nous  faire  ?  Notre  but  était  atteint. 
Mais  n'était-ce  pas  une  tentation  bien  forte  pour  des  voyageurs  que 
de  se  lancer  à  l'aventure  sur  cette  mer  intérieure  ?  Nous  y  cédons 
un  moment  et,  longeant  la  rive,  nous  nous  dirigeons  vers  l'est  dans 
la  direction  de  Hadjer  el  Hamis  ou  Pierre  du  Jeudi. 

t  C'est  un  sommet  assez  peu  élevé,  dont  une  moitié  plonge  dans 
les  eaux  du  lac,  et  un  lieu  de  pèlerinage  célèbre. 

c  Le  fleuve  Chari,  en  se  déversant  dans  le  Tchad,  forme  à  l'entrée 
des  bancs  qui  s'étendent  sur  une  zone  de  1,000  mètres  environ.  On 
peut  prévoir  que,  peu  à  peu,  dé  nouvelles  lies  se  formeront  là  et 
que  des  passes  nouvelles  s'établiront  entre  elles.  Une  fois  cette 
zone  de  banes  franchie,  on  est  en  eau  très  profonde  :  le  Tchad  est 
donc  navigable.  C'était  ce  qu'il  importait  avant  tout  de  savoir. 

c  Si  loin  que  la  vue  s'étendait,  on  n'apercevait  plus  aucun  arbre 
sur  les  îles  de  la  rive.  M'étant  informé  si  nous  pouvions  trouver  du 
bois,  notre  pilote  me  dit  qu'il  n'y  en  avait  qu'au  Kanem. 

c  Plus  de  bois,  c'était  l'impossibilité  de  continuer;  on  aurait  pu 
revenir  en  arrière,  créer  un  poste  à  bois,  y  déposer  tout  notre  ma- 
tériel et  embarquer  du  combustible  dans  les  deux  baleinières  et 
sur  le  vapeur.  Mais  nous  étions  cinquante  en  tout.  Devions-nous 
laisser  une  vingtaine  d'hommes  en  arrière,  les  exposer  à  être  ma- 
sacrés  et  compromettre  les  résultats  acquis?  Je  ne  le  pensais  pas, 
et  ce  fut  aussi  l'opinion  de  mes  collaborateurs.  . 

c  D'autre  part,  nous  commencions  à  être  à  court  de  marchan- 
dises; il  ne  nous  aurait  pas  été  possible  de  faire  bonne  figure  au 
Kanem,  et  nous  avions  encore  de  nombreux  cadeaux  à  faire  au 
Baguirmi. 

c  Le  lendemain  donc  de  cette  journée  mémorable  du  1er novembre 


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SEANCE  SOLENNELLE  DU  18  NOVEMBRE  1898. 


453 


1897,  à  regret  je  donnai  Tordre  du  retour.  Nous  renouvelons  noire 
provision  de  bois  dès  que  nous  le  pouvons,  et  nous  appareillons. 
Notre  montée  du  fleuve  fut  une  véritable  fêle.  A  Goulfeï,  où  nous 
nous  arrêtons  une  heure,  une  foule  de  plusieurs  milliers  de  per- 
sonnes se  tenaient  sur  les  rives.  A  notre  approche,  un  cri  immense 
ressemblant  à  une  plainte  prolongée  se  fit  entendre.  On  nous 
saluait  par  la  fatiha.  Tout  ce  monde  recueilli  se  rapprochait  de 
nous,  nous  jeta  de  force  des  cadeaux  à  bord,  certains  se  conten- 
taient de  toucher  les  flancs  du  navire  et  s'en  retournaient  en 
disant  :  c  Enfin  nous  les  avons  vus.  >  Pauvres  gens,  ils  ne  devaient 


Le  Léon  Blot  sur  le  Tchad. 

pas  tarder  à  payer  cher  l'accueil  qu'ils  nous  avaient  fait.  Dès  notre 
retour  au  Baguirmi,  nous  apprenions  que,  pour  les  punir,  on  les 
avait  razziés  impitoyablement.  Rabab  se  vengeait  ainsi,  sur  des 
faibles,  de  la  terreur  qu'il  avait  éprouvée  en  apprenant  l'arrivée  des 
frères  de  Grampel. 

c  Je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur  ce  retour.  Je  voudrais  néan- 
moins ne  pas  quitter  le  peuple  de  Goulfeï  sans  en  dire  quelques  mots. 

c  Le  fond  de  la  population,  connue  sous  le  nom  de  Kotoko, 
comprend  douze  groupes  différents  dont  les  plus  importants  sont 
les  Ouled-Mokader  qui  introduisirent  l'Islam  dans  le  pays.  Les 
Kotoko  adoraient  primitivement  un  serpent. 

soc.  de  GÉOGi.—c.i.DBS  séances.— n*  9.—  Décembre.  32 


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454  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  On  désigne  peut-être  à  tort  les  gens  du  Goulfeï  sous  le  nom  de 
Kotoko;  les  Makari  prétendent  être  les  vrais  Kotoko;  ils^nt 
une  langue  à  part. 

c  En  mentionnant  les  Massa  ou  Mousgou,  habitant  la  zone  com- 
prise entre  le  Logone  et  le  Chari,  j'aurai  fait  la  nomenclature  à  peu 
près  complète  des  diverses  races  ou  tribus  que  nous  avons 
visitées. 

c  Je  n'ai  plus  qu'à  vous  parler  rapidement  de  notre  dernière 
entrevue  avec  les  Baguirmiens,  et  j'aurai  terminé.  Accueillis  à 
Maïnheffa  avec  Ja  plus  grande  cordialité,  nous  laissons  au  sultan 
quelques  fusils  et  deux  Sénégalais,  lui  promettant  de  lui  en 
renvoyer  d'autres,  ainsi  qu'un  résident  européen. 

c  Nous  remportions  avec  nous  un  traité  de  commerce  et  de  pro- 
tectorat signé  et  commenté  par  Gaourang.  Nous  ramenions  avec 
nous  une  ambassade  pour  la  France.  Nous  avions  reconnu  tout 
le  bassin  du  Chari  depuis  7°  1' latitude  nord  et  17°  il'  de  longi- 
tude jusqu'au  Tchad  par  13°  3'  nord  et  11°  58'  est.  Nous  avions 
relevé  l'embouchure  de  quatre  affluents  très  importants,  le  Bangoran, 
l'Awak  et  le  Bahr-es-Salamat  sur  la  rive  droite,  et  le  Bahr-Sara 
sur  la  rive  gauche.  Notre  guide  Youssef  nous  dit  que  celte  dernière 
rivière  lui  avait  permis  d'aller  en  pirogue  jusqu'au  lac  Tuburi. 

c  Respectueux  des  traités  conclus  avec  les  nations  étrangères, 
nous  n'avions  opéré  que  sur  des  territoires  dévolus  à  notre  sphère 
d'influence. 

c  Le  15  décembre  1897,  nous  étions  de  retour  au  Gribingui  sans 
incident.  Pendant  que  nous  opérions  au  Tchad,  le  jeune  Prins  était 
chez  Snoussi.  Il  revint  sur  ma  demande,  ayant  accompli  sa  dange- 
reuse mission  avec  succès.  Cela  me  permit  d'aborder  définitivement 
avec  ce  dernier  la  question  Crampel.  Snoussi  nous  écrivit  que 
Crampel  avait  bien  été  tué  chez  lui,  mais  que  c'était  sur  l'ordre  de 
Rabah  que  le  crime  avait  été  commis,  que  lui,  Snoussi,  avait  eu 
beaucoup  à  souffrir  de  la  part  de  Rabah,  et  que,  Baguirmien  de 
naissance  et  parent  du  sultan  Gaourang,  il  était  tout  disposé  à 
former  avec  ce  dernier  un  groupement  sous  notre  protection.  Il  me 
donna  aussi  des  ambassadeurs  pour  la  France  et,  le  12  mars,  je 
pouvais  regagner  la  France  avec  Ahmed  et  de  Mostuéjouls. 

c  Prins  était  parti  depuis  quelques  jours  en  baleinière  avec 
12  Sénégalais  et  des  Baguirmiens,  pour  regagner  Massénia  où  il 
devait  résider. 

c  Huntzbûchler  et  de  Rovira  restaient  au  Gribingui  pour  y  at- 
tendre des  remplaçants. 


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SÉANCES  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.         455 

c  Les  dernières  nouvelles  reçues  de  ces  régions  nous  apprennent, 
par  l'intermédiaire  de  M.  Bonnel  de  Mézières,  que  Rabah  a  envahi 
le  Baguirmi.  Le  sultan  Gaourang,  après  avoir  brûlé  sa  capitale, 
s'est  replié  près  de  Korbal  chez  les  Boa,  par  10°  15'  lat.  nord,  où  i) 
se  trouve  avec  Prins,  et  une  partie  de  la  mission  commerciale  de 
Béhagle,  transportée  là  au  moyen  de  notre  vapeur. 

c  J'espère  que,  bientôt,  M.  Bretonnet  avec  ses  renforts,  les  aura 
rejoints,  et  pourra  assurer  à  nos  protégés  baguirmiens  que  la 
France  sait  tenir  ses  engagements.  > 

La  relation  de  M.  Emile  Gentil  a  été  fréquemment  interrompue 
par  les  applaudissements  enthousiastes  de  l'assistance.  Le  voya- 
geur a  ensuite  accompagné  des  explications  nécessaires  une  série 
de  projections  se  rapportant  i  son  expédition.  Puis  M.  Merwart, 
chef  adjoint  du  cabinet  du  Ministre  des  Colonies,  s'est  fait  l'inter- 
prète de  M.  Guillain,  en  adressant  à  l'explorateur  du  Tchad  l'ex- 
pression de  son  admiration  pour  l'œuvre  accomplie. 

Enfin  M.  Mil  ne-Edwards  a  clos  la  séance  en  ces  termes  : 

t  Monsieur  Gentil, 

c  Votre  attachant  récit  nous  confirme  dans  la  pensée  que  nous 
vous  devons  beaucoup  ;  la  Société  de  Géographie  ne  peut  que 
vous  remercier,  mais  elle  le  fait  chaleureusement  et  elle  vous  est 
reconnaissante  de  tout  ce  que  vous  avez  réalisé  pour  le  pays  qui 
lui  est  si  cher  et  pour  la  science  à  laquelle  elle  s'est  vouée. 

c  Je  remercie  au  nom  de  notre  Société  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique,  M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  M.  le  Ministre  des 
Colonies  d'avoir  bien  voulu  se  faire  représenter  à  cette  séance.  > 


Béetzxces    cLe    décembre 

La  Société  de  Géographie  a  tenu  deux  séances  au  mois  de  dé- 
cembre. 

Le  vendredi  9  décembre,  la  Commission  centrale  s'est  réunie  en 
séance  publique  sous  la  présidence  de  M.  Le  Myre  de  Vilers,  son 
président.  Elle  a  entendu  M.  le  capitaine  du  génie  E.  Salesses  sur 
le  chemin  de  fer  de  Conakry  au  Niger  navigable. 

Le  vendredi  23  déeembre  a  eu  lieu  la  deuxième  assemblée  gêné- 


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456  COMPTES  RENDU8  DE8  8ÉANCBS. 

raie  de  la  Société  pour  Tannée  1898.  M.  Milne-Edwards,  Président 
de  la  Société  de  Géographie,  a  présidé  cette  réunion  dans  laquelle 
M.  le  baron  Hulot,  secrétaire  général,  a  résumé  le  mouvement 
géographique  de  Tannée,  et  M.  de  Bonehamps  a  raconté  son  voyage 
d'Entotto  vers  le  Nil  par  le  Sobat. 

Ultérieurement,  il  sera  rendu  compte  de  ces  deux  séances  avec 
plus  de  détails. 


NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 

ASIE 

c««e*sie.  —  Ascensions  de  M.  Maurice  de  Déchy  dans  la 
chaîne  Pirikitélienne  et  les  Alpes  de  Kher sourie.  —  M.  Maurice 
de  Déchy,  membre  correspondant  de  la  Société,  a  entrepris  en 
1897  un  voyage  d'exploration  dans  les  hautes  montagnes  du  Cau- 
case avec  Tiutention  d'y  poursuivre  sur  les  glaciers  des  recherches 
qu'il  a  commencées  depuis  nombre  d'années  déjà  (cf.  Comptes 
rendus,  17  février  1888,  p.  129). 

Accompagné  de  deux  montagnards  du  Tyrol,  Moser  et  Kroll, 
M.  de  Déchy  commença  par  explorer  dans  Test  du  Caucase  la 
chaîne  Pirikitélienne.  Il  visita  et  observa  les  glaciers  qui  se 
trouvent  dans  les  vallées  latérales,  tributaires  de  TArgoun,  et 
réussit  à  escalader  le  plus  haut  sommet  de  la  chaîne,  le  Datakh- 
Kort  (4,272  m.).  11  franchit  également  la  chaîne  Pirikitélienne  par 
un  col  haut  de  3,550  mètres,  le  Katchoulam,  auquel  il  arriva  par 
le  glacier  Katchou,  qui  est  le  glacier  le  plus  considérable  situé 
au  nord  de  la  chaîne;  de  là  il  descendit  vers  le  sud  dans  la  vallée 
de  TAlasan,  dont  l'aspect  contraste  avec  celui  du  versant  septen- 
trional; au  nord,  c'est  une  riche  végétation  et  des  forêts  couvrent 
les  pentes  des  montagnes,  tandis  qu'au  sud  est  la  vallée  nue,  pier- 
reuse et  sans  arbres  de  TAlasan.  C'est  par  là  que  M.  de  Déchy 
gagna  le  col  d'Adzunta  (environ  3,550  m.  d'alt.)  par  lequel  il  par- 
vint dans  les  Alpes  de  la  Khersourie. 

Ce  système  montagneux  est  habité  par  un  peuple  très  sauvage, 
à  demi  chrétien,  les  Khersoures,  que  M.  Maurice  de  Déchy  a  pu 
étudier  en  escaladant,  non  sans  de  grandes  difficultés,  les  Alpes 
de  Khersourie.  A  en  croire  le  Dr  Radde,  le  célèbre  explorateur  du 
Caucase,  la  partie  élevée  de  cette  région  n'avait  encore  été  foulée 
par  le  pied  d'aucun  voyageur  européen,  et  était  demeurée  une 


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SÉANCES  DBS  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.  457 

véritable  terra  incognito;  M.  de  Déchy  est  parvenu  à  franchir 
d'est  en  ouest,  dans  cette  contrée,  une  série  de  cols  très  élevés  : 
Anatoris-Gele  (1)  (environ  2,600  m.),  Kalatoris-Gele  (environ 
3,150  m.),  Chibou-Gele  (environ  3,450  m.)  et  Inkwari-Gele 
(environ  3,500  m.).  Le  pays  est  formé  par  des  argiles  schisteuses, 
il  est  aride;  les  glaciers  n'y  sont  pas  très  développés  par  suite  du 
relief  même  des  montagnes,  et  de  la  raideur  des  pentes,  qui  ne 


Caucase  de  l'est,  ehaîne  Pirikitélienne. 
Région  des  névés  du  glacier  de  Katchou  avec  le  sommet  du  Dalakh-Kort. 


favorisent  pas  les  grands  amas  de  neige,  bien  que  l'altitude  des 
sommets  atteigne  4,200  à  4,400  mètres. 

M.  de  Déchy  escalada  enfin,  depuis  le  glacier  Ortzvé ri,  le  sommet 
du  mont  Kasbek,  haut  de  5,043  mètres.  11  fit  cette  ascension  avec 
ses  seuls  guides  du  Tyrol  (sans  l'assistance  des  porteurs  et  des 
chasseurs  indigènes,  qui  les  quittèrent  au  glacier),  en  dépit  du 
mauvais  état  de  la  neige  et  d'une  tourmente  de  neige  qui  rendit 
l'escalade  plus  difficile  encore. 

De  cette  exploration,  M.  de  Déchy  a  rapporté  des  collections 
géologiques  et  botaniques,  ainsi  qu'un  ensemble  important  de 

(1)  Gelé  veut  dire  col. 


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458  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

photographies  qui  représentent  pour  la  première  fois  les  hautes 
régions  de  la  chaîne  Pirikitélienne  et  des  Alpes  de  Khersourie. 
Ainsi  se  complète  la  série  de  photographies  déjà  recueillies  par 
M.  de  Déchy,  et  qui  doivent  servir  à  constituer  une  illustration 
scientifique  détaillée  des  systèmes  montagneux  des  hautes  régions 
du  Caucase. 

En  1898,  M.  Maurice  de  Déchy  a  entrepris  un  nouveau  voyage 
dans  les  montagnes  et  les  glaciers  situés  aux  sources  du  Kouban. 
On  peut  attendre  beaucoup  de  cette  expédition  dans  laquelle 
l'explorateur  était  accompagné  du  Dr  Papp,  géologue,  du  profes- 
seur Hollos,  assistant  à  l'université  de  Budapest,  botaniste,  et  d'un 
guide  du  Tyrol. 

Aaie  centrale.  —  Expédition  danoise  du  lieutenant  0.  Oluf- 
$en.  —  Chorock,  le  5  novembre  1898.  —  t  L'expédition  danoise  a 
exploré  aux  mois  d'août  et  septembre  et  dressé  des  cartes  spé- 
ciales des  lacs  Yachil-koul,  Bouloun-koul,  Tous-koul  et  des  deux 
lacs  situés  à  proximité  du  col  de  Ghargasch.  Vers  le  milieu,  du 
côté  septentrional  du  Yachil-koul,  près  de  l'embouchure  du 
fleuve  Mardjanaj,  nous  avons  déterminé  un  point  astronomique 
(lat.  37°47'50",9;  long.  72*51'33").  La  hauteur  du  lac  au-dessus 
de  la  mer  est  de  3,698  mètres,  son  circuit  est  d'environ  60  kilo- 
mètres, sa  plus  grande  largeur  de  6  kilomètres  et  sa  longueur 
d'environ  24  kilomètres.  Le  lac  est  entouré  de  montagnes  cou- 
vertes de  neige,  très  difficiles  à  escalader.  De  ces  montagnes  se 
précipitent  avec  violence  dans  le  lac  des  petits  fleuves,  dont  les 
bords  sont  couverts  de  broussailles  et  de  petits  saules.  Nos  sondes 
et  nos  explorations  du  fond  du  lac  ont  donné  40  mètres  comme  pro- 
fondeur maxima  ;  le  fond  se  compose  de  granit  et  d'ardoise  argi- 
leuse décomposée,  amenée  par  la  rivière  d'Alitchour,  qui  traverse 
le  Yachil-koul.  Prés  de  ce  lac,  nous  avons  trouvé  30  sources,  les 
unes  assez  importantes,  d'autres  moindres,  d'eaux  chaudes  sulfu- 
reuses avec  une  température  variant  entre  19°  C.  et  74°  G. 

c  Au  bord  du  Yachil-koul  se  trouvait,  dans  une  vieille  forteresse 
chinoise,  une  grande  pierre  de  granit  avec  des  décorations  chi- 
noises. 

c  Bouloun-koul  est  un  lac  assez  petit,  situé  à  3  kilomètres 
au  sud-est  du  Yachil-koul,  et  en  communication  avec  lui  par  une 
petite  rivière.  Son  circuit  est  d'environ  15  kilomètres;  comme  le 
Yachil-koul  il  est  entouré  de  montagnes  hautes  et  couvertes  de 
neige;  aucun  arbre.  Son  altitude  est  de  3,760  mètres,  sa  plus 


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SÉANCES  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.         459 

grande  profondeur  est  seulement  de  2  mètres  et  le  fond  est  cou- 
vert de  Myriophyllum,  Ceratophyllum,  Potamogeton.  Dans  ces 
deux  lacs  il  y  a  beaucoup  de  carpes.  Les  plus  grandes  espèces 
d'animaux  des  environs  sont  Tours,  le  loup,  le  kyjik  (une  espèce 
de  mouflon);  comme  espèces  d'oiseaux,  on  trouve  l'aigle,  l'oie,  le 
canard,  la  mouette,  la  sterne  et  la  bécassine. 

c  Tous-koul  (lac  du  sel)  est  un  lac  très  petit  situé  à  10  kilomètres 
au  nord-est  du  Bouloun-koul,  dont  les  bords  sont  couverts  de  sel 
et  sans  végétation.  Son  altitude  est  de  3,805  mètres.  Sur  ses  bords 
se  trouve  une  sorte  de  volcan  de  boue. 

c  Tous  ces  lacs  ont  été  plus  grands,  et  ont  dû  faire  autrefois 
partie  d'une  même  nappe  lacustre. 

c  Les  deux  lacs  situés  prés  du  col  de  Ghargasch  sont  entourés 
de  moraines  de  glaciers.  Leur  circuit  est  d'environ  20  kilomètres  ; 
leur  hauteur  au-dessus  de  la  mer  est  4,240  mètres. 

c  De  ces  lacs  du  Pamir,  en  nous  dirigeant  à  l'est,  nous  avons  tra- 
versé les  provinces  Vakhan  et  Ichkachem  :  à  présent  nous  sommes 
arrêtés  dans  un  petit  village  Gborock  (peuplé  d'environ  200  Tadjiks) 
situé  près  du  confluent  du  Gound  avec  le  fleuve  Pândj,  par  environ 
37#32'42"  lai.  et  environ  71#37;35"  long.  Gr.  La  hauteur  de  la  sta- 
tion est  d'à  peu  près  2,600  mètres  au-dessus  de  la  mer.  Dans  le 
Vakhan  nous  avons  trouvé  beaucoup  de  ruines  des  forteresses  des 
Siapoch  (Kafir),  situées  sur  des  montagnes  très  hautes  et  difficiles 
à  gravir;  l'ensemble  des  murs  et  des  tours  d'une  de  ces  forte- 
resses, à  600  mètres  au-dessus  du  fleuve  Pândj,  constitue  un 
circuit  de  12  kilomètres.  Suivant  les  racontars  des  indigènes,  les 
Siaposch  (Kafir)  ont  possédé  la  vallée  du  fleuve  Pânj  depuis  le 
village  Langerkoch  jusqu'à  Ichkachem.  Dans  le  Vakhan  nous  avons 
trouvé  deux  sources  chaudes  avec  temp.  44%5  G.  et  30%4  G. 

c  Au  cours  d'une  excursion,  que  j'ai  faite  avec  le  botaniste  de  l'ex- 
pédition dans  les  montagnes  compliquées  et  tout  à  fait  inconnues  du 
Pamir  du  sud-ouest,  nous  avons  trouvé  8  villages  grands  et  petits, 
dont  les  habitants  vivent  sans  communications  avec  le  monde  qui 
les  entoure.  Là  jaillissent  déterre  des  sources  chaudes  sulfureuses, 
à  une  hauteur  de  12  à  30  mètres.  Le  terrain  autour  de  ces 
sources  ressemble  à  celui  du  Yollowstone  Park.  Les  sources  elles- 
mêmes  sont  pour  les  indigènes  un  sanctuaire  et  beaucoup  d'entre 
eux  viennent  chaque  jour  se  baigner  dans  les  bassins. 

c  Actuellement  nous  aménageons  notre  station  pour  l'hiver;  la 
température  est  encore  favorable  :  dans  l'après-midi  +  8°G.;  pendant 
la  nuit  —  5*  à  —  7*  C.  II  neige  souvent  dans  les  hautes  montagnes 


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460  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

à  environ  200  mètres  au-dessus  de  nous;  mais  il  est  probable 
que  la  neige  ne  vient  pas  ici  avant  le  mois  de  décembre. 

c  0.  Olufsen.  > 


AFRIQUE 

sahara.  —  Voyage  de  M.  F.  Four  eau,  —  M.  le  lieutenant  de 
Chambrun  annonce  que  la  mission  Foureau  a  quitté  Timassanin 
le  26  novembre  dernier.  Les  nouvelles  adressées  à  la  Société  par 
le  chef  de  mission  sont  aussi  satisfaisantes  que  possible.  M.  du 
Passage,  qui  a  quitté  M.  Foureau  à  Timassanin,  confirme  cette 
information  et  rentrera  à  Paris  dans  les  premiers  jours  de  janvier. 

soadaa  Français.  —  Nouvelles  de  la  mission  du  Soudan.  — 
M.  Emile  Baillaud,  chargé  de  mission  du  Ministre  des  Colonies 
au  Soudan,  écrit  de  Lisbonne  le  21  novembre  1898  qu'il  a  rejoint 
dans  cette  ville  les  membres  de  la  mission  du  Soudan. 

c  Ils  vont  se  diviser  en  deux  grands  groupes  :  ceux  qui  vont 
aller  vers  la  région  du  sud  (Caoutchouc),  et  ceux  de  la  région  du 
nord  (Coton). 

c  Pour  moi,  je  me  propose  d'aller  étudier  la  situation  actuelle 
du  Soudan,  c'est-à-dire  ses  rapports  avec  les  contrées  voisines. 

c  J'irai  d'abord  au  nord,  où  je  serai  en  contact  à  Tombouctou 
avec  les  commerçants  du  littoral  méditerranéen.  De  là,  je  me  ren- 
drai par  le  Mossi  (où  je  me  mettrai  en  rapport  avec  les  commerçants 
du  Sokoto)  dans  les  Rivières  du  Sud,  où  je  serai  en  relation  avec  les 
commerçants  de  la  Côte  d'Ivoire;  puis  je  rejoindrai  par  le  Niger 
la  route  de  Guinée.  Le  général  de  Trentinian  m'a  autorisé  à  pro- 
fiter des  mêmes  avantages  de  transports  et  de  subsistance  que  sa 
mission  et  j'en  rejoindrai  successivement  les  deux  parties.  > 

Congo  français.  —  Mission  Julien.  —  M.  le  capitaine  Julien  a 
quitté  le  Sénégal  après  y  avoir  recruté  les  tirailleurs  auxiliaires 
de  sa  mission,  et  s'est  rendu  à  Brazzaville  pour  s'y  mettre  à  la 
disposition  de  M.  Dolisie,  lieutenant-gouverneur  du  Congo  français. 

jtfaat-oafeanffai.  —  Mission  Bretonne  t.  —  Le  capitaine  Bre- 
tonnet  est  parti,  dans  de  bonnes  conditions  matérielles,  pour  con- 
tinuer l'œuvre  de  M.  Gentil  dans  le  bassin  du  Tchad. 

Lettre  de  M.  de  Béhagle.  —  «  Gribingui,  10  août  1898.  —  Je 
suis  dans  le  bief  supérieur  de  l'Oubangui  depuis  la  fin  février, 
c  Ma  vie  y  a  été  assez  occupée. 


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SÉANCE8  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.  461 

c  Deux  fois  employé  avec  mon  monde  à  la  répression  des  Bon- 
jios  qui  tiennent  Bangui  en  état  de  siège,  j'ai  pu  mesurer  la  valeur 
de  mon  personnel  et  j'en  suis  satisfait. 

c  En  quittant  Bangui,  j'ai  pris  la  route  de  terre  pendant  que 
Mercuri  et  le  convoi  suivaient  la  rivière.  J'ai  ainsi  fait  pour  la 
première  fois  le  chemin  de  Bangui  aux  Ouaddas,  sans  grandes  dé- 
couvertes du  reste. 

c  Les  Bonjios  ne  s'étendent  pas  à  l'intérieur,  de  ce  côté  du  moins. 
A  20  ou  30  kilomètres  de  l'Oubangui  se  trouve  la  tribu  Ndrie1,  telle 
que  Dybowski  et  Maistre  l'ont  décrite.  Je  ne  signale  donc  que  des 
noms  nouveaux,  les  Mbagbas,  les  Banda,  les  Badda,  etc. 

c  Après  un  voyage  très  rapide  à  Mobaye  où  je  voulais  saluer  M.  Lio- 
tard,  je  sais  redescendu  à  la  mission  catholique  de  Bessou,  où  j'ai 
passé  une  nuit  en  conférence  avec  Gentil  qui  partait  le  lendemain. 

c  Je  me  mis  en  route  le  jour  suivant  pour  Krébedjé,  poste  au  ter- 
minus de  la  navigation  de  la  Toumi  (Tomi),  où  Mercuri  m'attendait... 

c  Pendant  que  Mercuri  allait  aux  sources  de  la  Toumi,  je  des- 
cendis au  confluent  de  la  Kemo,  que  je  levai  avec  observations  à 
l'embouchure  et  au  confluent  de  la  Toumi. 

c  Ces  deux  rivières  ont  exactement  môme  largeur,  la  Toumi  a 
un  courant  sensiblement  plus  rapide,  ce  qui  a  fait  dire  à  bien  des 
personnes  qu'elle  était  peut-être  la  branche  principale; 

c  Je  crois  qu'il  n'en  est  rien.  J'ai  pris  des  coupes  des  deux 
rivières  et  mesuré  leurs  vitesses  :  le  débit  de  la  Kemo  est  d'un  tiers 
plus  considérable. 

c  Dix  jours  de  fièvre  m'ont  forcé  à  hâter  mes  opérations.  Je  suis 
monté  sur  la  crête  du  Caga  Mourrou,  chaîne  de  collines  parallèles 
à  la  Kemo,  et  je  l'ai  suivie  dans  sa  direction  sud-nord  jusqu'à  la 
rencontre  de  la  Kemo,  par  6°  10'  N. 

c  A  ce  point  la  rivière,  dont  j'ai  touché  les  rives  plusieurs  fois 
par  jour,  tourne  à  l'est  et  traverse  le  territoire  des  Mbis  pour 
prendre  ses  sources,  me  dit-on,  chez  les  Ngama-Ngama. 

c  Son  coude  au  sud  est  déterminé  par  deux  levées  importantes  : 
le  Caga  Manda  Barré  et  Je  Caga  Mourrou,  maintenu  dans  cette 
direction  par  le  Bogasso,  grosse  masse  de  600  mètres  d'altitude 
qui  barre  au  nord  l'horizon  qu'on  a  du  poste  Dybowski. 

c  J'ai  poursuivi  jusqu'au  Gribingui  (Poste)  en  suivant  une  di- 
rection à  peu  près  constante  au  nord. 


1.  D'après  M.  Gentil,  les  habitants  de  la  rivière  désignent  sous  le  nom  général 
de  N'Dried  ou  <  hommes  de  la  brousse  »  tous  les  habitants  de  l'intérienr. 


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462  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

c  Mes  déterminations  hypsométriques  me  donnent  pour  la  ligne 
de  partage  des  eaux  une  dénivellation  de  250  mètres  environ  au- 
dessus  de  TOubangui.  Il  y  a  entre  la  mission  catholique  de  l'Ou- 
bangui  et  le  poste  du  Gribingui  une  différence  de  niveau  de 
120  mètres,  le  Gribingui  étant  naturellement  plus  élevé. 

c  Le  Gribingui  et  la  Nana  ont  à  leur  confluent  des  largeurs  d'un 
tiers  inférieures  à  celles  de  la  Kemo  et  de  la  Toumi;  leur  débit 
est  pourtant  d'un  tiers  plus  considérable.  Elles  sont  toutes  è  leur 
niveau  le  plus  bas  en  juin. 

c  La  montée  des  eaux  semble  même  en  retard  cette  année» 
aussi  ai-je  eu  le  temps  de  redescendre  à  la  Mission  prendre  une 
centaine  de  charges  qui  y  sont  arrivées  en  mon  absence. 

c  Pendant  ces  différents  voyages  qui  m'ont  fait  pénétrer  dans  le 
bassin  du  Tchad  par  trois  routes  différentes,  un  événement  impor- 
tant s'est  passé. 

c  Le  Sultan  du  Dar  Rounga,  Snoussi,  a  envoyé  deux  caravanes 
faire  du  commerce  avec  la  mission  de  Bessou  ;  le  contact  commer- 
cial des  musulmans  est  pris  et  ils  ont  leur  route,  faite  jusqu'à  nos 
établissements.  C'est  peut-être  le  plus  beau  succès  de  Gentil,  qui 
ne  les  compte  plus. 

c  Je  pense  descendre  le  Chari  dans  les  premiers  jours  d'août. 

c  Nos  santés  sont  bonnes,  notre  moral  très  relevé  et  nos  moyens 
suffisants  pour  aller  de  l'avant  en  toute  confiance. 

c  Béhàgle.  > 

c  P.  5.  —  Je  pars  aujourd'hui  19  pour  le  nord, 
c  Ali  est  parti  hier  avec  trente  charges  pour  le  Dar  Rounga. 
c  Si  Lakhdarqui  m'a  rejoint  va  immédiatement  se  porter  vers  le 
Canem.  > 

D'une  lettre  particulière  un  peu  postérieure,  nous  extrayons  les 
renseignements  suivants  : 

c  J'ai  fait  l'itinéraire  nouveau  de  Ban  gui  à  Ouadda,  puis  de  la 
mission  catholique  au  poste  de  Gribingui  par  la  vallée  de  la  Kemo 
et  les  Mbis,  itinéraire  très  court,  intéressant,  que  j'ai  appuyé 
d'observations  journalières.  J'ai  pris  le  croquis  du  Gribingui  et  du 
Chari  avec  observations,  je  vais  le  vérifier  et  le  compléter. 

c  Mercuri  partant  de  Krebedjé  a  remonté  la  'fourni  jusqu'à  ses 
sources  et  dépassé  Bangui  en  longitude  ;  il  m'en  a  rapporté  un  très 
consciencieux  itinéraire  appuyé  de  nombreux  relèvements.  J'ai  de 
très  nombreuses  déterminations  al  ti  métrique  s,  au  moyen  de  quatre 
tubes  hypsométriques.  Nous  rapporterons  un  bon  travail.  > 


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SÉANCES  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.         463 

Lettre  de  M.  Bonnet  de  Mézières.  —  c  Bangui,  le  21  août  1898. 
Mon  départ  de  Bangui  est  fixé  à  demain,  24  septembre;  nous 
avons  eu  bien  de  la  peine  à  monter  jusqu'ici,  la  maison  hollandaise 
avec  qui  j'avais  traité  m'ayant  manqué  de  parole.  Enfin,  à  pied 
d'oeuvre,  nous  sommes,  mes  quatre  compagnons  et  moi,  en  excel- 
lente santé,  nos  charges  sont  déjà  à  plusieurs  jours  en  avant  et 
toutes  en  parfait  état. 

c  Nous  avons  commencé  nos  observations  et  nos  collections 
scientifiques,  M.  Ch.  Pierre  et  M.  Raymond  Gobret  s'occupent  avec 
moi  plus  spécialement  de  cette  partie  de  notre  mission  qui  est  aussi 
commerciale  et  d'études  commerciales,  comme  vous  le  savez.  J'ai 
déjà  quelques  pièces  fort  intéressantes  d'anthropologie  et  j'ai  pu 
observer  dans  une  forêt,  prés  de  Lukoléla  (Congo)  un  véritable 
village  de  chimpanzés  des  plus  curieux  et  intéressants. 

c  Je  reçois  de  mon  ami  M.  Mercuri,  second  de  M.  de  Béhagle,un 
mot  daté  du  9  août  1898,  me  disant  qu'il  est  campé  à  Cza,  point 
sur  la  rive  gauche  du  Ba  Boussou,  à  quatre  heures  de  marche  du 
Korbol  rive  droite,  itinéraire  Nachtigal,  et  qu'il  a  pour  voisin  Gaou- 
rang,  sultan  du  Baguirmi,  chassé  de  Massénia  par  Rabah,  sultan  du 
Bornou  qui,  sitôt  le  départ  de  Gentil,  a  massacré  les  habitants  des 
villes  de  Logone,  Goulfeï  et  Koussouri  qui  avaient  fait  bon  accueil 
au  vapeur.  La  ville  de  Massénia  a  été  brûlée,  le  sultan  Gaourang 
n'ayant  même  pas  osé  livrer  bataille. 

f  BONNEL  DE  MÉZIÈRES.  > 

€  P.  S.  —  La  nécessité  de  protéger  le  Baguirmi,  qui  a  passé  un 
traité  avec  nous,  ne  s'impose  que  davantage. 

c  Lakhdar,  l'Arabe  de  Béhagle,  a  été  tué  après  avoir  tué  un 
Sénégalais  révolté,  t 

Arri««e  orieatsie  allemande.  —  Voyage  du  DT  Hans  Meyer 
au  Kilimandjaro.  —  Les  Mittheilungen  du  club  alpin  austro-alle- 
mand dn  15  novembre  annoncent,  d'après  une  lettre  écrite  de  Mos- 
chi  le  16  septembre  au  Globus  par  le  Dr  Hans  Meyer,  que  ce  der- 
nier a  obtenu  les  meilleurs  résultats  de  sa  nouvelle  expédition  au 
Kilimandjaro.  Le  côté  nord  de  la  montagne  a  été  exploré  pour  la 
première  fois  :  on  y  a  découvert  trois  glaciers  descendant  à 
5,200  mètres  et  plusieurs  autres  (dont  l'un  s'abaisse  jusqu'à  4,200  m.) 
sur  le  contrefort  du  Schira,  situé  à  l'ouest  de  la  montagne  princi- 
pale. Deux  nouvelles  ascensions  ont  été  faites  du  plus  haut  pic 
(Kibo)  dont  la  hauteur  serait  seulement  de  5,860  mètres.  M.  Meyer 


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464  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

considère  maintenant  l'exploration  géologique,  botanique,  zoolo- 
gique et  ethnographique  du  Kilimandjaro  comme  achevée. 

E.  À.  Martel. 

Ethiopie.  —  A  propos  du  voyage  de  M.  Darragon  d'Addis 
Ababa  à  Sogida.  —  c  La  publication,  faite  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  de  Géographie  de  Paris,  de  la  carte  et  de  la  relation  suc- 
cincte de  mon  voyage  au  Borana  (cf.  Comptes  rendus,  mars  1898, 
p.  137-140)  m'a  valu,  dans  le  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie 
de  Rome,  de  la  part  de  M.  Roncagli,  quelques  attaques  plutôt 
courtoises  auxquelles  je  demande  la  permission  de  répondre. 

c  La  première  observation  de  M.  Roncagli  concerne  d'une  manière 
générale  les  erreurs  qu'il  me  signale  sur  les  longitudes  et  les  lati- 
tudes des  points  discutés.  11  est  superflu  d'insister  sur  les  condi- 
tions difficiles  dans  lesquelles  j'ai  effectué  mon  voyage  ;  j'avais  du 
reste  été  le  premier  à  les  signaler  dans  le  numéro  de  mars  1898 
des  Comptes  rendus  de  la  Société  de  Géographie  (p.  140),  et  c'est 
puérilité  pure  de  les  mettre  en  comparaison  avec  les  moyens  dont 
disposaient  les  membres  de  l'expédition  Bot  te  go. 

c  La  première  critique  porte  sur  l'erreur  que  j'aurais  commise 
au  sujet  de  la  latitude  du  lac  Ciamo. 

c  D'après  la  carte  Hassenstein  (Justus  Perthes,  1897),  j'ai  accepté 
les  données  de  M.  Donaldson  Smith  sur  la  situation  du  lac 
Gardoulla  ou  Ciamo  (làt.  du  point  le  plus  méridional  6°  2' 52"). 
L'expédition  Bottego  a  trouvé  pour  le  même  point  la  latitude 
5°  42'  12".  La  différence  est  sensible  :  reste  à  savoir  lequel  s'est 
trompé  de  M.  Donaldson  Smith  ou  de  M.  Bottego;  mes  modestes 
observations  me  permettent  de  supposer  que  M.  Donaldson  Smith 
est  dans  le  vrai. 

c  Répond rai-je  aux  erreurs  de  configuration  que  M.  Roncagli 
m'accuse  d'avoir  commises?  Loin  de  nier  ces  erreurs,  j'ai  com- 
mencé par  mettre  les  géographes  en  garde  contre  des  résultats 
incertains,  d'abord  en  les  indiquant  en  pointillé  sur  ma  carte, 
ensuite  en  prenant  soin  de  souligner  mes  hésitations  dans  le  rap- 
port qui  l'accompagnait. 

c  Ces  concessions  faites  à  M.  Roncagli,  je  maintiens  de  la  façon  la 
plus  absolue  que  la  Ouera,  le  Billati  et  la  Sageun  sont  un  seul  et 
même  fleuve,  c  Du  Gouragué,  dit  M.  Roncagli,  descend  un  fleuve 
c  nommé  Billati.  »  Ce  fleuve  ne  prend  le  nom  de  Billati  qu'à  l'est 
du  mont  Dégounna  ;  il  est  connu  au  nord  sous  le  nom  de  Ouera. 

c  Je  n'ai  commis  d'erreur  qu'en  le  faisant  sortir  du  lac  Pagadé, 


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SÉANCES   DES  9  ET  23  DÉCEMBRE   1898.  465 

sans  le  faire  passer  parle  lac  Gardoulla  ou  Ciamo.  Si  j'avais  vu, 
ou  connu,  la  communication  des  deux  lacs,  je  n'aurais  pas  hésité. 

c  M.  Donaldson  Smith  a  en  effet  annoncé  que  la  Sageun  est 
formée,  partie  par  un  affluent,  partie  par  un  cours  d'eau  qui 
s'échappe  du  lac  Ciamo.  Rien  ne  détruit  mon  affirmation  que  la 
Sageun  n'est  autre  que  la  Ouera,  et  la  découverte  de  M.  Bottego 
se  joint  à  celle  de  M.  Donaldson  Smith  pour  préciser  et  confirmer 
mon  opinion. 

c  Mais  M.  Roncagli  ne  se  contente  pas  de  critiquer  mon  travail 
sur  les  seuls  points  relevés  par  ses  compatriotes  :  il  me  reproche 
aussi  de  ra'étre  trompé  de  50  kilom .  dans  la  distance  qui  sépare 
le  lac  Abbasi  du  lac  Pagadé  (Regina  Margherita  de  Bottego),  dis- 
tance qu'il  évalue  à  80  kilom.  Pour  vague  que  soit  mon  évalua- 
tion, je  la  maintiens,  l'évaluation  présentée  par  M.  Roncagli  con- 
stituant certainement  une  erreur  plus  grave  que  la  mienne.  M.  Ron- 
cagli en  commot  du  reste  une  autre  en  assignant  au  bassin  inté- 
rieur du  Zouaî  une  longueur  de  soixante-douze  minutes;  pour 
arriver  à  cette  évaluation,  il  est  obligé  de  comprendre  dans  le 
bassin  le  lac  indiqué  dans  la  carte  d'Hassenstein  sous  le  nom 
d'Atfca  see  et  qui  n'est  autre  que  le  lac  Pagadé,  lequel  n'a  au- 
cune communication  avec  le  bassin  du  Zouaî.  Quant  au  lac  amm*, 
que  j'ai  été  le  premier  à  signaler,  il  est  situé  au  sud  du  lac  Lamina 
ou  Schahalla  dont  il  est  séparé  par  une  étroite  langue  de  terre. 

c  Je  maintiens  également  la  direction  que  j'ai  donnée  aux  monts 
du  Sidama. 

c  M.  Roncagli  m'assure,  en  outre,  que  le  Guerguedda,  au  lieu  de 
se  trouver,  comme  je  l'indique,  à  l'ouest  du  lac  Pagadé,  se  trouve 
à  l'est;  je  le  lui  accorderai  volontiers,  le  jour  où  il  m'en  four- 
nira la  preuve. 

c  Quant  à  mon  hypothèse  sur  la  direction  du  fleuve  Oumo, 
d'autres  plus  compétents  que  moi  l'ont  formulée  :  j'ai  eu  tort  avec 
eux  et  je  remets  ma  cause  entre  leurs  mains. 

c  Ne  connaissant  pas  l'itinéraire  de  l'expédition  Bottego,  j'ai  pu 
croire  un  instant  que  j'avais  été  le  premier  à  observer  le  lac  Pa- 
gadé (Regina  Margherita)  d'une  façon  satisfaisante,  mais  je  n'ai 
jamais  dit  l'avoir  vu  le  premier,  pour  l'excellente  raison  qu'il 
avait  été  découvert  en  1847  par  M.  d'Abbadie,  avec  les  lies  qu'il 
renferme.  C'est  même  pour  cela  que  je  persiste  à  l'appeler  Pa- 
gadé, à  moins  que  M.  Roncagli  ne  me  permette  de  l'appeler 
d'Abbadie. 

c  Léon  Darragon.  > 


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466  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

Erythrée  italienne.  —  Voyage  de  M.  G.  Saint-Yves.  —  t  Adi 
Barin  (Dembelas),  11  octobre  1898.  — D'Adi  Quala,  où  j'ai  reçu  le 
plus  charmant  accueil  de  M.  le  capitaine  Moloxzani,  résident  poli- 
tique du  Mareb,  je  me  suis  dirigé  à  l'ouest.  Descendant  par  une 
pente  rapide  du  plateau  d'Adi  Quala,  j'ai  passé  au  couvent  d'En- 
deba  Borouk,  qui  est  une  véritable  oasis  dans  le  désert,  avec  une 
étonnante  végétation  tropicale.  De  l'autre  côté  de  ce  barranco,  j'ai 
retrouvé  un  autre  plateau  similaire  à  celui  d'Adi  Quala,  le  plateau 
d'Arghesana. 

c  Au  delà,  la  conformation  physique  du  pays  change  complète- 
ment. Aux  plateaux  réguliers  qui  caractérisent  PHamacien  et  le 
Serai  succèdent  des  collines  avec  des  vallées  parfois  profondes  et 
dont  le  sol,  dans  le  Maragus,  se  prête  bien  à  la  culture,  taudis 
qu'au  contraire,  dans  l'Arresa,  le  terrain  est  plus  rocailleux  et  le 
paysage  plus  sauvage.  J'ai  séjourné  à  Adi  Abiscia,  dans  le  Mara- 
gus, puis  à  Arrosa,  chef-lieu  du  pays  d'Arresa  ;  puis,  des  collines 
verdoyantes  de  l'Arresa,  je  suis  descendu  dans  une  vaste  plaine 
déserte  que  l'on  peut  appeler  la  plaine  du  Dembelas,  et  qui  se 
prêterait  bien,  sembie-t-il,  à  la  culture.  La  température  est  plus 
chaude  que  dans  l'Hamacen  et  dans  le  Serai.  Au  fond  de  cette 
plaine  s'aligne  une  longue  bande  de  collines  arides  qne  surmon- 
tent les  villages  du  Dembelas  comme  des  burgs  de  la  Germanie  du 
moyen  âge.  Je  vous  écris  de  l'un  de  ces  villages,  Adi  Barin,  rési- 
dence du  Kantibal  du  Dembelas.  Je  vais  continuer  mon  voyage 
dans  le  Dembelas,  puis  passer  dans  le  Baza  et  le  Baria,  pays  sou- 
danais. » 

c  Mogollo,  le  20  octobre  1898.  —  Ma  dernière  lettre  écrite  au 
crayon  était  datée  d'Adi  Barin.  Celle-ci  vous  est  adressée  de 
Mogollo,  dans  le  pays  Baria,  important  village  qui  depuis  un  mois 
est  la  résidence  du  résident  politique  du  Moghareb,  M.  le  lieute- 
nant de  cavalerie,  comte  Golli.  Depuis  Adi  Barin  j'ai  suivi  un  iti- 
néraire assez  compliqué.  Adi  Barin  est  la  résidence  du  Kantibal  du 
Dembelas,  le  Kantibal  Samré,  dont  je  n'ai  pas  eu  beaucoup  à  me 
louer.  Pour  me  rendre  d'Adi  Barin  à  Mai  Mafellis,  la  bourgade  la 
plus  importante  du  Dembelas,  j'ai  cheminé  tout  le  temps  sur  une 
ligne  de  crête,  ce  qui  me  permettait  de  découvrir  dans  toutes  les 
directions  un  vaste  panorama.  La  région  est  une  région  absolu- 
ment montagneuse,  où  les  chaînes  s'entrecroisent,  où  les  vallées 
sont  reserrées  et  où  l'eau  est  rare.  Mai  Mafellis  se  compose  de 
quatre  villages  éparpillés  sur  plusieurs  sommets;  l'église,  comme 


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SÉANCES   DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.  467 

dans  tous  les  villages  abyssins,  est  isolée  et  entourée  d'un  petit 
bois  très  verdoyant.  De  Mai  Mafellis,  on  aperçoit  au  sud  la  vallée 
du  Mai  Ambessa  qui  se  dirige  vers  le  Mareb,  et  à  l'ouest  toutes  les 
ondulations  complexes  du  pays  Baza.  Pour  se  rendre  de  Mai  Mafellis 
aux  premiers  villages  du  Baza,  il  faut  traverser  une  de  ces  zones 
désertes  que  l'on  désigne  dans  l'Afrique  orientale,  si  je  ne  me  trompe, 
sous  le  nom  àepuri. 

c  Le  puri  en  question  s'explique  par  le  fait  que  les  populations 
les  plus  voisines  des  Abyssins,  les  Baza  ou  Bazen  idolâtres,  ont  été 
directement  intéressés  à  laisser  un  espace  désert  entre  eux  et  ces 
Abyssins  qui  ne  cessaient  de  faire  parmi  eux  des  razzias  pour  se 
procurer  des  esclaves. 

c  Pour  traverser  ce  puri,  je  me  suis  dirigé  de  Mai  Mafellis  vers 
le  Mai  Gerat,  affluent  du  Mai  Ambessa,  affluent  lui-même  du  Mareb; 
puis  du  Mai  Gerat,  j'ai  atteint  un  autre  point  d'eau,  au  Tadicalaï, 
également  affluent  du  Mareb;  enfin  du  Tadicalaï,  une  dernière 
marche  de  six  heures  m'a  amené  au  premier  village  Baza,  celui  de 
Toile. 

c  Le  pays  Baza  est  un  plateau  d'une  altitude  moyenne  de  900  à 
1,000  mètres  que  sillonnent  des  collines  de  1,000  à  1,300  mètres. 
La  végétation  est  une  végétation  herbacée,  à  formes  steppiennes, 
avec  des  graminées  qui  atteignent  plus  de  2  mètres;  parmi  ces 
graminées  sont  épars  acacias  et  mimosas,  toutes  les  variétés  des 
plantes  épineuses  ;  de  distance  en  distance,  quelque  monumental 
baobab. 

c  Au  point  de  vue  hydrographique,  le  pays  Baza  se  partage  entre 
le  bassin  du  Mareb  et  le  bassin  du  Barca.  J'ai  visité  successivement 
les  villages  de  Toile,  d'Alumnu,  de  Ghega,  d'Aouguana  et  de  Samru, 
•appartenant  aux  deux  tribus  d'Alumnu  et  de  Ghega.  La  population 
fort  intéressante  m'a  paru,  conformément  à  une  tradition  que  m'avait 
rapportée  M.  le  capitaine  Molazzani,  être  d'origine  abyssinienne  :  des 
Abyssins  qui  à  une  époque  relativement  reculée  auraient  émigré, 
auraient  fait  la  conquête  de  ces  contrées  sur  des  populations  essen- 
tiellement hami tiques  et  se  seraient  croisés  avec  elles;  les  hommes 
en  général  ont  conservé  le  type  abyssin  et  les  femmes  le  type 
hamitique.  La  langue  ne  se  rattachée  aucune  langue  voisine;  je 
n'ai  trouvé  ni  un  mot  abyssin,  ni  un  mot  baria. 

c  De  Samru,  le  dernier  village  Baza  au  nord,  je  suis  descendu  dans 
la  plaine  de  Mogollo  où  j'ai  rencontré  la  population  Baria.  J'y  sta- 
tionne depuis  trois  jours  chez  l'aimable  et  hospitalier  résident  poli 
tique  du  Moghareb.  La  guerre  qui  n'est  pas  encore  terminée  au 


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468  COMPTES  RENDUS  DE8  SÉANCE 8. 

Gedaref,Ia  crainte  de  difficultés  avec  les  Anglais  m'empêchent  de  me 
rendre  au  Soudan  oriental.  Je  vais  en  tout  cas  me  diriger  sur  Agor- 
dat  où  je  déciderai  mon  futur  itinéraire.  > 


AMÉRIQUE 

Contesté  franeo-teréitiien.  —  Une  carte  nouvelle  du  terri- 
toire contesté,  —  M.  Georges  Brousseau,  chargé  de  mission  au 
Contesté  franco-brésilien,  adresse  à  la  Société  de  Géographie  une 
carte  du  Contesté  franco-brésilien  compris  entre  l'Oyapock  et 
l'Araguary  et  l'accompagne  des  renseignements  suivants  : 

c  En  mai  1894,  quand  je  partis  pour  la  première  fois  en  explo- 
ration dans  le  Carsevenne,  ce  territoire  était  à  peu  près  complète- 
ment blanc  sur  les  cartes  ;  la  dernière  exploration  en  date,  celle  de 
M.  Henri  Coudreau,  ne  mentionnait  que  quelques  points  de  la  côte 
et  du  littoral.  Notre  premier  relevé  d'alors,  au  1/100,000,  du  Carse- 
venne et  de  son  principal  affluent,  que  nous  avons  baptisé  du  nom 
de  Carnot,  nous  a  conduit  à  la  source  du  Counani  ainsi  qu'à  celles 
du  Cacbipour  et  de  la  rivière  Yaoué  qui  se  jette  dans  l'Oyapock. 
t  La  rivière  Yaoué  a  été  relevée  avec  soin  par  M.  Coudreau,  en 
avril  1890.  Notre  travail,  se  raccordant  avec  le  sien,  a  détruit  toutes 
les  hypothèses  plus  ou  moins  fantastiques  faites  jusqu'alors  sur  les 
cours  supposés  des  fleuves  du  Contesté. 

c  En  1895, 1896, 1897  et  commencement  de  1898,  chargé  de  mis- 
sion spéciale  au  Contesté,  nous  avons  pu  ajouter  à  ces  premiers 
levés  celui  de  la  branche  principale  du  Carsevenne,  relevé,  pour 
la  première  fois,  par  M.  Hippos,  chercheur  d'or,  qui  a  reconnu  éga- 
lement une  branche  nord  de  l'Araguary,  coulant  vers  le  sud,  à 
7  heures  de  marche  dans  l'ouest  des  sources  du  Carsevenne. 

c  Une  de  nos  expéditions,  en  1896,  conduite  par  Charles  Ross, 
chercheur  d'or  américain,  découvrait  dans  le  S.-E.  du  Grand  Placer 
le  lac  Roume  que  nous  avions  d'abord  signalé  à  la  Société  comme 
étant  la  source  du  Mapa  Grande  (Compte  rendu  du  7  mai  1897).  En 
réalité,  ce  lac  donne  naissance  au  fleuve  Fréchal,  qui  traverse  dans 
son  cours  inférieur  les  lacs  Pracouba  et  Coulouxa  et  va  se  jeter 
dans  le  canal  de  Carapaporis. 

c  Enfin,  grâce  aux  renseignements  et  communications  que  nous 
ont  fournis  le  Père  Fabre,  aumônier  de  l'hôpital  militaire  de 
Cayenne,  pour  la  région  si  intéressante  du  Ouassa,  les  travaux  de 


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SÉANCES  DBS  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.         469 

M.  Coudreau  pour  l'Oyapock  et  ses  affluents;  les  levés  de  M.  Geay, 
naturaliste,  chargé  de  mission  scientifique,  pour  la  rivière  Lunier, 
affluent  du  haut  Carsevenne;  les  levés  et  les  lignes  de  M.  Laurens 
Rodrigue,  chercheur  d'or,  pour  le  Mapa  Grande;  les  renseigne* 
ments  fournis  par  les  pécheurs  et  les  habitants  du  pays  pour  la 
région  des  lacs,  les  levés  faits  par  nous  pour  le  Cachipour,  le  Cou- 
nani,  la  rivière  de  Lamothe  et  la  rivière  Cassagneau,  nous  avons 
pu  construire  une  carte  à  peu  prés  complète  de  cette  vaste  région 
qui  n'a  pas  moins  de  450  kilomètres  de  côtes  depuis  l'embouchure 
de  l'Oyapock  jusqu'à  l'embouchure  de  l'Àraguary. 

c  La  longitude  des  principaux  points  de  la  côte,  notamment  celle 
de  la  pointe  sud  de  l'embouchure  du  Carsevenne,  53*  3'  ouest  de 
Paris,  est  celle  de  la  carte  de  M.  l'amiral  Mouchez.  > 

Bolivie.  —Ascension  de  VUlimani  par  Sir  Martin  Conway.— 
Le  9  septembre  1898,  sir  Martin  Conway  a  entrepris,  de  l'habita- 
tion de  Caimbaya  (située  sur  un  des  versants  inférieurs  de  l'Illi- 
mani),  l'ascension  de  ce  pic.  Accompagné  de  M.  Ezechiel  Guillen 
fils,  des  guides  Antoine  Maquignai  et  Louis  Pellissier  et  de  quelques 
indiens,  l'illustre  alpiniste  commença  par  monter  à  dos  de  mulets 
jusqu'au  dernier  point  accessible  pour  les  animaux,  puis  il  pour- 
suivit son  chemin  à  pied,  à  travers  des  crêtes  rocailleuses,  jusqu'à 
l'entrée  d'un  val  étroit  et  en  pente  raide  où  il  établit  son  premier 
campement  par  environ  14,000  pieds  d'altitude  (4,270  m.). 

Le  6  septembre,  on  s'éleva  jusqu'au  pied  d'un  glacier,  à  la  hau- 
teur de  16,000  pieds,  et  on  campa  sur  une  moraine  au  niveau  de 
la  neige  raboteuse. 

Le  7,  les  ascensionnistes  parvinrent  au  pied  d'une  déclivité 
formée  par  une  tour  de  roches  escarpées;  puis,  par  un  passage 
reconnu  par  les  guides,  ils  escaladèrent  le  lendemain  cette  tour  de 
roches  et  arrivèrent  sur  l'arête  des  neiges  d'un  grand  glacier,  à 
l'altitude  de  18,900  pieds  (5,764  m.)  environ.  C'est  là  qu'ils  campè- 
rent dans  la  nuit  du  8  au  9,  et  qu'ils  éprouvèrent,  malgré  le  peu 
de  rigueur  du  climat  (21*  Fahr.),une  sensation  de  froid  intense,  due 
à  la  faible  circulation  du  sang  à  cette  hauteur. 

Le  9  septembre,  sans  se  laisser  arrêter  par  la  désertion  de  ses 
porteurs  indiens,  qu'il  n'avait  pu  déterminer  dès  la  veille  à 
demeurer  avec  lui,  sir  Martin  Conway  franchit  le  glacier  au 
pied  duquel  il  venait  de  camper  et  parvint  jusqu'à  sa  tête, 
d'où  il  aperçut  en  contre-bas,  dans  la  direction  de  Jungas,  un 
horrible  précipice  et,  à  gauche,  une  montagne  interposée  entre 

soc.  be  6É0GR. — c.  a.  des  séances.  —  n*  9.  —  Décembre.  33 


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470  COMPTES  RENDUS  DE8  8&ANOKS. 

lui  et  la  cime  la  plus  élevée  de  l'IIlimani.  Cette  montagne,  que 
M.  Gonway  appela  Pic  de  ï  Indien,  n'ayant  pu  être  contournée 
parce  qu'elle  est  coupée  verticalement  de  deux  côtés,  il  fallut  la 
gravir  pour  gagner  un  vaste  champ  de  neige  presque  plan  d'où  il 
est  facile  de  monter  à  l'un  quelconque  des  pics  du  massif  de  l'Iili- 
mani,  —  et  ce  fut  là  la  partie  la  plus  difficile  de  toute  l'ascen- 
sion. 

Par  l'arête  S.-E.  du  Pic  de  VIndien,  M.  Conway  tenta  d'abord 
d'escalader  cette  montagne  ;  mais  il  devint  bientôt  impossible  de 
continuer  l'ascension  de  ce  côté.  11  fallut  donc  chercher  une  pente 
plus  favorable;  c'est  ce  que  fit  l'alpiniste  anglais  après  s'être 
séparé  de  son  compagnon,  M.  Guillen,  qui  avait  eu  un  pied  gelé 
en  gravissant  l'arête  S.-E.  A  travers  les  escarpements  de  la  partie 
méridionale  du  Pic  de  l'Indien,  M.  Conway  finit  par  atteindre  son 
arête  S.-0.,en  vue  des  trois  pics  les  plus  élevés  de  riilimani.  C'est 
là  qu'il  trouva  par  hasard  un  morceau  très  vieux  d'un  laso,  une 
corde  de  laine;  ainsi  lui  fut  démontrée  l'exactitude  du  récit  qu'on 
lui  avait  fait  à  Caimbaya  d'une  tentative  d'ascension  de  rilliraani, 
il  y  a  nombre  d'années,  par  un  Indien.  Jusqu'au  point  où  était 
arrivé  M.  Conway,  par  20,700  pieds  environ  (6)313  m.),  on  avait 
aperçu  l'audacieux  alpiniste,  qui  ne  redescendit  jamais. 

De  cet  endroit,  l'ascension  des  pics  les  plus  élevés  du  massif 
semblait  devoir  se  faire  sans  difficulté;  mais  quel  sommet  gravir? 
Après  examen,  M.  Conway  donna  la  préférence  au  pic  occidental, 
redescendit  jusqu'au  plan  de  neige  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
gagna  la  dépression  qui  s'aperçoit  de  La  Pas  entre  le  côté  droit  et 
les  pics  du  centre  (à  une  altitude  de  21,750  pieds  environ)  et  gagna 
par  une  arête  assex  large,  composée  d'une  couche  de  neige,  la  cime 
qu'il  voulait  gravir  et  dont  le  point  culminant  se  trouve  à  une  hau- 
teur approximative  de  22,220  pieds  (6,770  m.). 

Après  un  séjour  de  près  d'une  demi-heure  au  sommet  de  l'IIli- 
mani, d'où  là  vue  obscurcie  par  les  nuages  lui  permettait  à  peine 
de  distinguer  La  Paz  et  une  portion  du  lac  Titicaca,  mais  où  les 
nuages  eux-mêmes  et  les  précipices  de  neige  avoisinants  offraient 
un  spectacle  d'une  magnificence  admirable,  l'alpiniste  anglais  com- 
mença la  descente,  dès  le  9  septembre,  un  peu  après  midi.  Il  lui 
fallut  (et  c'a  été  l'entreprise  la  plus  rude  de  son  existence  d'ascen- 
sionniste) gravir  à  nouveau  le  Pic  de  l'Indien;  cela  fait,  en  cou- 
pant au  plus  court  pour  dévaler  sur  le  grand  glacier,  M.  Conway 
regagna  son  campement  et  le  lendemain,  avec  l'aide  des  porteurs 
indiens  que  M.  Guillen  lui  avait  envoyés  au  pied  des  roches,  il 


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SÉANCES  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.         Ali 

rentra  à  Caimbaya  avec  tous  ses  bagages.  Deux  jours  après,  il 
revenait  à  La  Paz  et  y  faisait  à  la  Société  de  géographie  de  cette 
ville  le  récit  de  son  ascension,  qui  vient  d'être  ainsi  résumé  (1). 


III.  —  NOTES 

raphie.  —  Observations  sur  les  pseudo-marées.  — 
M.  H.  G.  Russel,  directeur  de  l'Observatoire  de  Sydney,  Australie, 
avait  signalé  des  marées  de  courte  durée  dans  un*  anse  de  la 
rade  de  Sydney»  qui  n'est  ouverte  que  par  une  passe  étroite.  Elles 
avaient  une  durée  de  26  minutes. 

M.  Anthony  S.  Thomson  a  rapproché  de  ce  fait  ses  observations 
faites  à  Malte,  à  la  pointe  du  Magasin,  au  fond  du  port  de  La  Va-* 
lette,  le  7  mai  1896(2).  A  eet  endroit,  qui  a  une  largeur  de 
300  métrés,  la  dénivellation  de  la  mer  de  8  heures  du  matin  à 
2  heures  du  soir  fut  de  45  centimètres  ;  la  durée  de  chaque  oscil* 
lation  était  de  23  minutes,  pendant  laquelle  il  se  produisait  un 
courant  de  flot  et  de  jusant  de  1 1  à  12  minutes.  Ce  courant  était 
assez  fort  pour  changer  la  direction  d'une  bouée  mouillée  dans  le 
voisinage.  Au  large,  il  régnait  une  brise  légère  et  la  mer  était 
calme. 

Ces  pseudo-marées  ont  été  souvent  constatées  à  Malte  par  ici 
officiers  du  port;  ils  les  attribuent  à  une  influence  astrale  et,  par 
précaution,  ils  en  tiennent  compte  pour  le  passage  des  navires 
entrant  en  cale  sèche. 

M.  A.  S.  Thomson  cherche  à  établir  un  rapprochement  entre 
cette  observation  et  celle  de  Sydney  ;  les  durées  des  oscillations 
étant  à  peu  près  identiques,  sur  deux  points  antipodes. 

Les  causes  de  ces  mouvements  de  la  mer  au  fond  des  baies  ou 
golfes  sont  encore  mal  définies.  Elles  sont  attribuées  à  la  direction 
et  à  la  force  des  vents,  à  l'influence  de  courants,  à  la  pression 
barométrique.  Il  serait  à  désirer  que  des  études  sérieuses  fussent 
faites  sur  ce  phénomène.  J.  Girard. 

Empire  ra««e.  —  Le  Congrès  de  Géographie  médicale  de 
Saint-Pétersbourg;  voyage  projeté  de  Jf.  Kozloff  dans  l'Asie 

(i)  D'après  une  communication  de  la  Légation  et  du  Consulat  général  de  France 
en  Bolivie,  transmise  par  le  Ministère  des  Affaires  étrangères. 
(2)  Nature,  8  décembre  1896. 


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472  COKPTBS  RENDUS  DES  SÉANCES. 

centrale;  un  voyage  scientifique  au  Spitzberg  ;  un  mémoire  du 
Dr  Pantukhoff  sur  le  Caucase.  —  <  Je  viens  de  recevoir  de 
Russie  les  nouvelles  géographiques  suivantes  : 

c  i.  Un  Congrès  de  Géographie  médicale  a  commencé  ses  tra- 
vaux le  12/24  décembre  à  Saint-Pétersbourg.  Le  nombre  de  rap- 
ports concernant  la  climatologie,  l'hydrologie  et  la  balnéologie, 
qui  doivent  être  lus  et  discutés  pendant  la  session,  atteint  le 
chiffre  de  98;  le  nombre  des  membres  du  Congrès  est  d'environ  500. 
Les  comptes  rendus  des  séances  seront  rédigés  et  immédiatement 
publiés  par  MM.  Pasternatky  et  Guber;  les  mémoires  complets 
auront  pour  rédacteurs  MM.  Woéykoff,  lnostrantzeff,  Sigristi  et 
Staugué.  Parmi  les  premiers  travaux  présentés  au  Congrès  se 
trouve  la  recherche  du  professeur  Vérigo  sur  les  eaux  minérales 
et  thermales  du  bassin  de  la  mer  Noire,  pleine  d'informations  du 
plus  haut  intérêt  géographique. 

c  2.  Une  expédition  purement  géographique,  sous  la  direction  de 
M.  Kozloff,  partira,  au  mois  d'avril  1899,  pour  l'Asie  Centrale  et 
plus  spécialement  pour  les  environs  du  Lob-no r,  afin  d'étudier  la 
configuration  de  ce  lac  devenue  récemment  l'objet  de  critiques. 

c  3.  Une  importante  expédition  russe  se  dirigera,  également 
au  mois  d'avril  1899,  de  la  mer  Baltique  au  Spitzberg,  où  elle 
passera  deux  étés  et  un  hiver,  en  1899-1900.  Outre  les  astronomes 
et  les  topographes,  elle  sera  composée  de  géologues,  de  bota- 
nistes et  de  zoologues. 

<  4.  M.  le  docteur  Pantukhoff  vient  de  publier  un  important 
mémoire  sur  l'influence  funeste  de  la  malaria  sur  la  colonisation 
du  Caucase.  Les  résultats  de  ces  recherches  sont  également  appli- 
cables à  la  colonisation  des.  Européens  en  Afrique,  en  Asie,  etc. 

M.  Vénukoff.  » 

isde  »ngiai«e.  —  Les  opérations  du  Surveyof  India,  1896- 
1897.  —  Les  travaux  sur  le  terrain,  exécutés  par  cinq  brigades, 
en  1895-1896,  comprennentle  relevé  d'une  surface  de  63,658  milles 
carrés,  soit  41,334  milles  de  plus  que  l'année  précédente.  Cet 
excédent  porte  principalement  sur  la  Birmanie  supérieure.  Les  opé- 
rations trigonométriques  ont  consisté  à  relier  Kulieri  à  Piaro  par 
une  chaîne  de  triangles  d'une  longueur  de  75  milles,  s'étendant 
sur  une  surface  de  1,380  milles  carrés.  Le  dessin  topographique 
a  porté  sur  une  surface  de  14,460  milles  carrés,  contre  19,798 
Tannée  précédente.  Les  observations  astronomiques  ont  permis 
de  déterminer  la  latitude  de  Madras  qui   est  :  13°  4'  8 ",02  de 


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SÉANCES  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.         473 

lat.  N.  Les  observations  des  marées  ont  été  poursuivies  dans 
12  stations,  aux  Indes,  en  Birmanie,  aux  ile3  Andaman  et  dans  ta 
mer  Rouge.  Plusieurs  cartes  de  l'Inde  à  différentes  échelles  ont 
été  corrigées  et  changées  pour  une  surface  de  32  milles.  Les 
cartes  cadastrales  sont  au  nombre  de  5,493.  Le  total  de  cartes 
dressées  pour  le  Map  Record  and  Issue  office  est  de  207,330.  Pen- 
dant le  dernier  exercice  leur  nombre  a  dépassé  de  6*914  celui  de 
Tannée  précédente. 

Empire  chinai*.  —  A  propos  d'un  récent  ouvrage  sur  le  Chan- 
toung  et  Kiao-tchéou,  par  F.  von  Richthofen.  —  Il  y  a  eu  un  an,  le 
14  novembre  dernier,  que  les  Allemands  ont  pris  possession  du  port 
de  Kiao-tchéou,  dans  la  province  chinoise  du  Ghan-toung,  qui  est 
devenue,  par  suite,  leur  première  zone  d'influence  dans  l'Empire 
du  Milieu.  Quelques  mois  après,  l'établissement  géographique  de 
Dietricb  Reiraer,  à  Berlin,  publiait  une  carte  du  Ghan-toung,  avec 
les  tracés  des  chemins  de  fer  que  l'Allemagne  compte  y  construire, 
pour  développer  le  commerce  dans  sa  nouvelle  base  navale.  Mais 
il  fallait  un  livre  pour  faire  connaître,  aux  sujets  de  Guillaume  II 
tout  d'abord,  au  monde  ensuite,  les  ressources  multiples  que  possédé 
le  Pachgebiet  arraché  à  la  Ghine  par  l'amiral  Diederichs  au  nom 
de  l'Empereur  allemand.  Ge  livre,  aucune  plume  n'était  capable  de 
l'écrire  mieux  que  celle  du  savant  géologue  F.  von  Richthofen,  pré- 
sident de  la  Société  de  Géographie  de  Berlin,  qui  visita  le  Ghan- 
toungen  1867-68  au  cours  de  ses  explorations  dans  les  provinces 
au  nord  du  Yang-tze-Kiang.  11  en  a  déjà  donné  en  1882  une  étude 
très  complète,  au  point  de  vue  géologique  et  minier,  dans  son 
ouvrage  monumental  et  malheureusement  encore  inachevé,  intitulé 
China.  Il  en  a  publié  également  deux  cartes  excellentes,  l'une 
physique,  l'autre  géologique,  dans  son  atlas  de  Ghine,  dont  le 
monde  savant  attend  impatiemment  l'achèvement.  Ges  ouvrages, 
très  volumineux  et  édités  avec  un  luxe  qui  les  rend  fort  coûteux, 
avaient  besoin  d'être  popularisés  sous  une  forme  plus  modeste,  et 
j'ajouterai  plus  complète,  en  ce  qui  concerne  la  province  sur 
laquelle  tout  le  peuple  allemand  jette  aujourd'hui  les  yeux  avec  un 
juste  intérêt.  11  fallait,  aux  descriptions  scientifiques  du  2*  volume 
du  China,  ajouter  quelques  pages  sur  l'histoire,  et  un  plus  grand 
nombre  sur  les  travaux  des  missionnaires  catholiques  allemands 
dont  le  massacre  a  été  le  prétexte  saisi  pour  annexer  Kiao-tchéou 
et  sa  sphère  d'influence  au  domaine  colonial  germanique.  Il  fallait 
aussi  s'étendre  un  peu  plus  sur  les  capacités  commerciales  de  cette 


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474  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

zone,  le  caractère  de  ses  habitants  et  la  probabilité  de  succès  de  la 
future  colonie. 

M.  de  Richtbofen  n'a  pas  failli  à  la  tâche  qu'il  s'est  patrio- 
tiquement  imposée,  et  dans  l'excellent  ouvrage  qu'il  vient  de 
publier,  il  nous  donne  un  aperçu  de  toutes  ces  questions,  marqué 
au  coin  du  travail  consciencieux  et  profond,  comme  les  Allemands 
savent  si  bien  en  produire.  Il  cite  Jes  divers  ouvrages  publiés  par 
différents  auteurs  depuis  l'impression  des  premiers  volumes  du 
China,  et  son  chapitre  sur  les  missions  catholiques  et  protestantes 
au  Chan-toung  est  d'autant  plus  intéressant  qu'il  est  puisé  aux 
meilleures  sources.  On  nous  permettra  de  regretter  que  l'histoire 
purement  chinoise  de  cette  province,  célèbre  à  plus  <Tun  titre, 
puisqu'elle  a  donné  naissance  à  Contactas,  à  Mencius,  et  à  quan- 
tité d'autres  lettrés  remarquables,  n'ait  pas  été  donnée  dans  cet 
ouvrage.  M.  de  Richlhofen  aurait  pu,  pensons-nous,  obtenir  facile- 
ment communication  du  très  précieux  manuscrit  traitant  à  fond 
de  cette  histoire,  et  qui  est  entre  les  mains  de  l'inspecteur  général 
des  Douanes  Impériales  chinoises,  Sir  Robert  Hart,  depuis  1877.  On 
nous  permettra  de  dire  ici  que  cet  excellent  travail  a  été  fait  à 
notre  demande  par  un  de  nos  anciens  collègues,  aujourd'hui  corn* 
missaire  des  Douanes  de  l'Empire  chinois,  le  savant  sinologue 
J.  L.  Chalmers.  11  était  destiné  à  compléter  celui  que  nous  avons 
fait  sur  la  Géographie  et  l'Histoire  naturelle  du  Chan-toung,  en  vue 
de  servir  à  la  publication  des  monographies  des  provinces  de 
Chine,  qu'à  cette  époque  Sir  Robert  Hart  comptait  publier.  Ce 
travail  n'ayant  jamais  vu  le  jour,  nous  avons  repris  notre  manuscrit, 
qui  a  été  publié  en  1892-93,  dans  la  Revue  des  questions  scienti- 
fiques, de  Bruxelles.  M.  de  Richtbofen  aurait  pu,  s'il  l'avait  connu, 
s'en  servir  pour  donner  des  détails  plus  complets  sur  la  faune  et 
la  flore  du  Chan-toung,  que  sa  spécialité  de  géologue  et  de  géo- 
graphe lui  a  fait  malheureusement  négliger.  Nous  sommes  étonné 
également  de  ne  point  trouver  dans  son  ouvrage  mention  des 
diamants  dont  nous  avons  découvert  l'existence  au  Chan-toung  dés 
1878,  et  dont  plusieurs  rapports  consulaires  anglais  ont  depuis 
fait  mention.  Si  nous  nous  permettons  cette  légère  critique  et 
l'expression  de  ces  desiderata,  c'est  dans  l'espoir  que  le  savant 
président  de  la  Société  de  Géographie  de  Berlin  écrira  avant  peu 
une  seconde  édition  donnant  sur  le  Chan-toung  une  somme  de 
renseignements  véritablement  encyclopédique  et  plus  digne  encore, 
par  suite,  de  la  science  si  profonde  du  géologue  allemand. 

A.  A.  Fauvel. 


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SÉANCES  DBS  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.  475 


CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Le  Congrès  d'Histoire  diplomatique  de  La  Haye.  —  c  J'ai  en 
l'honneur  de  représenter  la  Société  de  Géographie  au  premier 
Congrès  d'histoire  diplomatique  qui  s'est  tenu  à  La  Haye,  du 
1*  au  i  septembre  dernier.  Le  Congrès,  comprenant  plus  de  cent 
membres  présents,  a  revêtu  un  caractère  purement  historique  ;  je 
n'ai  donc  à  signaler  aucun  des  Mémoires  lus  dans  cette  session,  et 
je  me  borne  à  dire  que  l'accueil  fait  aux  Français  a  été  aussi 
cordial  qu'on  pouvait  l'espérer  d'une  nation  amie. 

<  Henri  Cordier.  > 

Préftentatuii»  *'««Tr«ge«.  —  Les  Problèmes  géographiques, 
du  D*  Schlegel.  —  c  J'ai  déjà  eu  le  plaisir  de  présenter  à  la 
Société,  de  la  part  d'un  de  ses  correspondants,  M.  le  Dr  Gustave 
Schlegel,  professeur  à  l'Université  de  Leyde,  une  série  de  Mé- 
moires intitulés  :  Problèmes  géographiques,  qui  traitaient  de 
questions  importantes  relatives  à  l'Asie  Orientale,  et  en  particu- 
lier de  la  question  du  Fou-sang.  Je  dépose  aujourd'hui  les  der- 
niers numéros  de  cette  première  série  (elle  en  contient  vingt)  et 
les  deux  premiers  fascicules  d'une  nouvelle  série,  intitulée  Geo- 
graphical  Problème,  qui  offrent  autant  d'intérêt  que  les  précé- 
dents. 

Le  supplément  à  la  carte  de  Chine  et  l'histoire  des  découvertes 
botaniques  européennes  en  Chine,  du  D*  Bretschneider.  —  <  J'avais 
déjà  remis  également  au  nom  d'un  autre  de  nos  membres  corres- 
pondants, M.  le  D'Emile  Bretschneider,  de  Saint-Pétersbourg»  une 
grande  carte  de  la  Chine  en  quatre  feuilles.  Notre  savant  collègue 
vient  de  donner  en  cinq  feuilles  un  supplément  à  cette  carte. 
Elles  comprennent  une  partie  du  nord  de  la  province  de  Tche-li, 
les  montagnes  à  l'ouest  de  Péking,  la  Chine  centrale  et  le  Yang-tse- 
Kiang,  les  grandes  rivières  de  la  province  de  Canton  et  des  par* 
lies  de  la  province  de  Yun-nan.  Ce  travail,  fait  avec  le  soin  qui 
caractérise  tous  les  travaux  de  l'auteur,  est  appelé  à  rendre  de 
grands  services  en  ce  moment  aux  hommes  d'Etat  de  tous  les 
pays  que  préoccupe  la  question  chinoise. 

«  Je  dépose  aussi  sur  le  Bureau  les  deux  volumes  qui  compo- 
sent l'œuvre  colossale  à  laquelle  cet  éminent  botaniste  a  consacré 


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476  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 

plus  de  vingt  années  de  sa  vie  :  History  of  European  botanical 
diseoveries  in  China.  Un  des  index  alphabétiques  qui  contient 
plus  de  8,000  noms  de  plantes,  indique  l'importance  de  ce  travail 
au  point  de  vue  de  la  botanique,  mais  les  biographies  des  voya- 
geurs, leurs  itinéraires,  font  à  la  Géographie  une  part  pres- 
que aussi  large. 

c  Je  rappellerai  que  c'est  le  Dr  Bretschneider  qui  a  envoyé  de 
Péking  (1882),  à  la  Société  d'Acclimatation  de  Paris,  l'espèce  de 
StachySf  appelée  par  les  Chinois  Kan-lou,  qui,  cultivée  avec  suc- 
cès par  M.  Paillieux,  est  le  légume  universellement  connu  sous  le 
nom  de  <  Crosnes  »,  d'après  le  village,  près  de  Villeneuve-Saint- 
Georges,  d'où  il  s'est  répandu  dans  l'Europe  entière. 

c  Comme  les  <  Crosnes  »  sont  originaires  du  nord  de  la  Chine, 
on  n'a  pas  manqué  de  les  désigner  sous  le  nom  de  <  Crosnes  du 

Japon  >. 

c  Henri  Cordier.  > 

—  M.  Georges  Rolland,  ingénieur  en  chef  des  Mines,  fait  hom- 
mage à  la  Société  de  Géographie  d'une  brochure  sur  V alimentation 
des  eaux  artésiennes  de  FOued  Rir>  et  du  bas  Sahara  algérien 
(avec  carte),  rendant  compte  d'une  communication  faite  le  6  mai 
dernier  à  la  Société  des  ingénieurs  civils,  en  réponse  à  deux  com- 
munications précédentes,  l'une  de  M.  E.  Lippmann  c  sur  les  Fora- 
ges artésiens  du  Sahara  »,  et  l'autre  de  M.  J.  Bergeron  sur  les 
<  Résultats  des  voyages  de  M.  F.  Foureau  au  point  de  vue  de  la 
géologie  et  de  l'hydrologie  de  la  région  méridionale  du  Sahara 
algérien  >. 

— M.  Schirmer,  professeur  de  Géographie  à  l'Université  de  Lyon, 
fait  hommage  à  la  Société  de  géographie  d'un  volume  qu'il  vient 
de  publier  sous  le  titre  :  Le  dernier  Rapport  d'un  Européen  sur 
Ghât  et  les  Touareg  de  VAïr,  Journal  de  voyage  d'Erwin  de  Bary. 

La  valeur  scientifique  des  observations  de  ce  voyageur  avait 
déjà  été  reconnue  par  M.  le  D'  Hamy,  qui  dès  1883  faisait  traduire 
et  publier  dans  la  Revue  d'Ethnographie  son  rapport  sur  les  Se- 
nams  et  tumuli  de  la  chaîne  de  montagnes  de  la  cote  Tripolitaine. 
11  a  paru  utile  de  mettre  à  la  portée  du  public  français  le  Journal  de 
voyage  lui-même,  qui  donne  la  mesure  de  notre  connaissance  au 
moment  où  la  mission  Foureau-Lamy,  organisée  aux  frais  de  la  So- 
ciété, se  dirige  vers  cette  partie  presque  inexplorée  du  Sahara  mé- 
ridional. Ces  notes,  souvent  très  brèves,  ne  pouvaient  se  passer  d'un 


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SÉANCES  DES  9  ET  23  DÉCEMBRE  1898.  477 

commentaire.  M.  Schirmer  a  essayé  de  suppléer,  dans  la  mesure 
du  possible,  aux  éclaircissements  que  l'auteur  n'eût  pas  manqué 
d'y  ajouter,  s'il  avait  vécu. 

—  M.  Charles  Rabot  présente,  de  la  part  du  professeur 
A.  G.Natborst,  la  carte  de  la  Terre  du  Roi  Charles,  levée  au  cours 
de  la  récente  expédition  suédoise  dirigée  au  Spitzberg  par  ce  na- 
turaliste (voir  Comptes  rendus  des  séances,  1898,  n°8,  p.  384).  Celte 
carte  au  1/200,000  (Karta  ôfver  Kung  Karls  Land  upprdttad 
under  1898  ars  svenska  polar  expédition  af  C.V.  O.  Kjellstràm 
och  A.  Hamberg),  figure  le  dessin  de  cet  archipel  avec  une  grande 
précision  et  avec  de  nombreux  détails  topographiques.  C'est  le 
travail  cartographique  le  plus  important  de  la  campagne  de  1898 
dans  les  régions  arctiques. 

Méer«i«gie.  —  M.  Pascal  Garnier.  —  Pascal  Garnier  débuta 
dans  la  carrière  des  voyages  en  1894,  à  22  ans.  11  alla  au  Cap 
de  Bonne-Espérance,  remonta  jusqu'au  Transvaal  et  revint  par  la 
côte  orientale  d'Afrique;  il  avait  pour  mission  principale  d'étudier 
les  filons  aurifères  du  Transvaal  et  leurs  prolongements  probables; 
il  résuma  ses  observations  sur  le  pays  dans  une  série  d'articles 
du  Temps  et  du  Petit  Temps  de  4895  que  nombre  de  jour- 
naux reproduisirent  à  l'époque.  A  son  retour  à  Paris,  il  fournit  à 
son  père,  M.  Jules  Garnier,  les  principaux  éléments  du  mémoire  : 
rOr  et  le  Diamant  au  Transvaal  et  au  Cap,  qui  fit  d'abord  l'objet 
d'une  conférence  à  la  Société  des  Ingénieurs  civils,  puis  fut  traduit 
en  anglais  par  les  soins  de  la  Société  géologique  do  l'Afrique  du 
Sud  et  valut  à  M.  Jules  Garnier  le  titre  de  <  Membre  d'honneur  > 
de  cette  Société. 

Peu  après  sa  rentrée  en  France,  Pascal  Garnier  se  dirigea  par 
l'Amérique  et  l'Océan  Pacifique  vers  la  Nouvelle-Zélande,  où  il 
séjourna  une  année;  il  passa  ensuite  dans  l'Australie  Occidentale 
et  pénétra  dans  le  désert  jusqu'à  600  kilomètres. 

De  retour  en  France,  à  la  fin  de  1897,  il  faisait,  en  janvier  1898, 
une  communication  sur  la  géologie  et  les  mines  de  la  Nouvelle- 
Zélande,  à  la  Société  des  Ingénieurs  civils,  et  y  annonçait  son 
départ  prochain  pour  l'Australie  Occidentale,  dont  il  n'avait  fait 
qu'entrevoir  la  géologie  ;  mais,  cette  fois,  en  compagnie  de  M.  Jules 
Garnier.  Ces  deux  voyageurs  partirent  en  effet,  en  février,  mais 
Pascal  Garnier  ne  devait  pas  revenir  :  l'existence  pénible  dans  ces 
contrées  désertiques,  son  mépris  pour  les  dangers  de  ces  climats 


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478  COMPTES  RBNDU8  DB8  SÉANCES. 

torrides,  la  mauvaise  nourriture,  l'excès  du  travail  eurent  raison 
de  sa  forte  nature  ;  pris  à  la  fois  par  la  dysenterie  et  les  fièvres, 
il  expirait,  après  quelques  jours  de  maladie,  à  Coolgardie,  le  23  juin 
1898. 

La  Société  de  Géographie  regrette  aussi  la  mort  de  M.  Charles 
Emile  Delmas,  vice-président  du  conseil  général  de  la  Charente- 
Inférieure  [mb.  dépuis  1869],  et  de  M.  Auguste  Delphi n,  consul 
[mb.  depuis  1890]. 

Lh  Société  de  Géographie  de  Brème  a  fait  part  à  la  Société  de 
Géographie  de  la  mort  de  son  Président  le  consul  George  Albrecht, 
décédé  le  24  novembre  1898.  La  Société  de  Géographie  s'associe 
aux  regrets  qu'éprouve  de  cette  perte  la  Société  de  Géographie  de 
Brème. 

information».  —  Le  congrès  International  de  Géographie  de 
Berlin.  —  La  Société  de  Géographie  de  Berlin  annonce  que  le 
septième'  congrès  International  de  Géographie  aura  lieu  à  Berlin 
du  jeudi  28  septembre  au  mercredi  4  octobre  1899  et  adresse  la 
circulaire  qu'elle  a  rédigée  à  ce  propos. 

Congrès  national  des  Sociétés  françaises  de  géographie  y  XX*  ses- 
sion. —  Alger  1899.  —  Le  prochain  Congrès  national  des  Sociétés 
françaises  de  géographie  se  réunira  à  Alger  pendant  la  période 
des  vacances  de  Pâques  1899.  La  Société  de  géographie  d'Alger 
invite  la  Société  de  Géographie  à  s'y  faire  représenter  et  invite  nos 
collègues  à  venir  à  Alger  en  grand  nombre.  Elle  demande  aussi 
qu'on  lui  fasse  parvenir,  dans  le  plus  bref  délai,  le  programme  des 
questions  que  la  Société  de  Géographie  désirerait  voir  proposer  à 
la  discussion. 

Ouverture  d'une  souscription  pour  une  expédition  antarctique 
anglaise.  —  La  Société  de  géographie  de  Londres  envoie  le  texte 
de  la  circulaire  qu'elle  a  lancée  dans  le  public  en  vue  d'obtenir 
les  fonds  nécessaires  pour  une  expédition  antarctique  anglaise.  Le 
Conseil  de  la  Société  y  a  déjà  souscrit  pour  une  somme  de  5,000  livres 
sterling. 

Une  nouvelle  édition  du  Livre  de  Marco  Polo,  du  colonel  Yule. 
—  M.  Henri  Cordier,  professeur  à  l'École  des  Langues  orientales 
vivantes,  a  été  chargé  par  la  famille  du  colonel  Sir  Henry  Yule  et 


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SÉANCES  DES  9  BT  23  DÉCEMBRE  1898.         479 

par  l'éditeur,  M.  John  Murray,  de  préparer  et  de  diriger  la  publi- 
cation du  Book  of  Ser  Marco  Polo;  il  sera  reconnaissant  aux  per- 
sonnes qui  voudront  bien  lui  donner  de  nouvelles  indications  ou 
lui  signaler  des  corrections  à  faire. 

Exposition  de  1900.  —  Le  Comité  d'admission  de  la  classe  H 
du  groupe  III  de  l'Exposition  universelle  internationale  de  1900 
prépare  pour  sa  classe  l'organisation  d'une  exposition  rétrospec- 
tive. Cette  classe  porte  la  désignation  :  Cartes  et  appareils  de 
géographie  et  de  cosmographie.  Topographie. 

L'exposition  rétrospective  organisée  par  cette  classe  devra  donc 
comprendre  tous  les  documents  et  appareils  anciens  se  rapportant 
à  ces  sciences,  notamment  :  cartes  et  atlas  géographiques,  géolo- 
giques, hydrographiques,  astronomiques,  etc.;  cartes  physiques 
de  toutes  sortes;  cartes  topographiques  planes  ou  en  relief;  globes 
et  sphères  terrestres  ou  célestes;  ouvrages  et  tableaux  de  statis- 
tique; tables  et  éphémérides  à  Pusage  des  astronomes  et  des  marins. 

Le  sous-comité  qui  s'occupe  spécialement  de  cette  exposition 
rétrospective  vient  faire  dans  ce  but  un  pressant  appel  aux  sociétés 
savantes  et  aux  particuliers  qui  posséderaient  des  objets  anciens 
rentrant  dans  ces  catégories.  Il  vous  serait  donc  reconnaissant  si 
vous  vouliez  bien  lui  assurer  votre  concours  effectif  et  faire  le  plus 
de  propagande  possible  en  faveur  de  cette  entreprise  scientifique. 

Les  demandes  d'admission  devront  être  adressées  avant  le 
1er  février  1899  au  Commissariat  général  de  l'Exposition,  section 
française,  quai  d'Orsay,  97. 

L'administration  de  l'Exposition  prend  à  sa  charge  les  frais  d'in- 
stallation de  tous  les  prêts  intéressants  et  donne  aux  exposants 
toutes  les  garanties  désirables  de  sécurité  pour  les  objets  qu'ils 
enverront. 


Séance  du  18  novembre  1898. 


MEMBRES  ADMIS 


MM.  H.  L.  Bardon  de  Brun;  Juan  Queirel;  Eugène  Baroux;  Oli- 
vier Biget;  René  Caben;  le  vicomte  de  Nantois;  le  prince  Jacques 
de  Broglie;  Paul  Bénazet;  le  Dr  J.  J.  A.  Huguet;  Constant  Charles 
Nicolas  Hamant;  A.  François;  DrHiram  Hiller;  Sylvain  Eichardjle 
vicomte  Roger  de  Saint-Exupéry;  Albert Lesieur;  Ernesto  Mattoso. 


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180  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES. 


CANDIDATS  PRÉSENTÉS. 


MM.  le  général  Alfred  Mourlan  (les  généraux  Niox  et  Bailloud); 
—  le  vicomte  d'OHone,  officier  hors  cadre  (comte  de  Bizemont  et 
baron  Hulot); —  Louis  Ohl,  secrétaire  général  de  l'Association 
française  de  la  Jeunesse  (colonel  Monteil  et  baron  Hulot)  ;  —  le 
comte  de  Tracy  ;  Roger  Luzarche  d'Azay  (prince  Auguste  d'Aren- 
berg  et  baron  Hulot). 


Séance  du  9  décembre  1898. 


MEMBRES  ADMIS. 


MM.  le  général  Alfred  Mourlan;  le  vicomte  d'OHone;  Louis  Ohl; 
le  comte  de  Tracy;  Roger  Luzarche  d'Azay. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS. 

MM.  Henri  Aubry,  notaire  (le  colonel  Amoureî  et  Emile  de 
Guingand);  —  le  marquis  Christian  de  Bonchamps  (baron  Hulot 
et  Ixmis  Binger);  —  le  général  Louis  Edgar  de  Trentinian 
(Louis  Binger  et  Le  Myre  de  Vilers);  —  Auguste  Delatte,  capi- 
taine au  2*  bataillon  de  chasseurs  à  pied  (de  Bouvier  et  le  capi- 
taine de  Contenson);  —  Th.  Tellier,  commis  des  affaires  indigènes 
(F.  J.  Clozel  et  baron  Hulot). 


Séance  du  23  décembre  1898 


MEMBRES  ADMIS 


MM.  Henri  Aubry;  le  marquis  Christian  de  Bonchamps;  le 
général  Louis  Edgard  de  Trentinian;  Auguste  Delatte;  Th.  Tellier. 

CANDIDATS  PRÉSENTÉS 

MM.  Albert  Adolphe  Prévost,  propriétaire  (Sere-Depoin  et 
baron  Hulot)  ;  —  le  commandant  Bith  (comte  Louis  de  Turenne 
et  le  colonel  Barry);  —  Charles  Eugène  Bayer,  lieutenant  impé- 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  48 1 

rial  et  royal  au  lor  régiment  de  hussards,  professeur  à  l'Ecole  de 
cavalerie  à  Mahrisch-Weisskirchen  (baron  Hulot  et  E.  A.  Martel)  | 
—  Jules  Roussel,  notable  commerçant  (Edouard  Anthoine  et  Alexis 
Godillot);  —  Charles  Michel,  explorateur  (Marcel  Monnieret  baron 
Hulot);  —  Mme  Edouard  André  (Ternaux-Compans  et  Charles 
Maunoir);  —  M.  Jean  de  Piépape,  lieutenant  au  36  régiment  de 
chasseurs  d'Afrique  (baron  Hulot  et  le  commandant   Toute) 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ 
Juillet-Octobre  1898 

GÉOGRAPHIE.  -  CARTOGRAPHIE.  -  VOYAGES  (GÉNÉRA 
LITÉS). 

Bulletin  de  la  Société  de  géographie  de  Dunkerque,  n"  1  (15  juin 
1898),  2  (15  sept.).  Dunkerque,  in-8.  Echange. 

J.  Gorcelle.  —  La  géographie  et  l'éducation  nationale  (Revue  de  Geo- 
graphie,  1898),  broch.  in-8.  Auteoh 

Bibliothek  der  Lânderkunde,  herausgeg.  v.  Dr.  A.  Kirchhoff  u.  R.  Fiu 
ner.  II.  Bd.  Die  ostafrikanischen  Insein,  von  Prof.  Dr.  C.  Keller 
Berlin,  1898,  1  vol.  in-8.  Schall  et  Grund,  éditeurs. 

Belle  publication,  éditée  avec  beaucoup  de  soin.  La  plus  grande  partie  dfl 
l'ouvrage  est  naturellement  comacrée  i  Madagascar.  L'auteur  souligne  l'impor- 
tance de  cette  acquisition.  —  Nombreuses  et  excellentes  photographies,  portrait- 
de  personnalités  marquantes  dans  l'histoire  de  l'île  (A.  Grandtdler,  général 
Duchesne),  carte  de  Madagascar  d'après  le  travail  de  J.  Hansen,  le  cartographe 
de  la  Société,  et  les  levés  anglais.  —  Une  omission  pourrait  être  signalée  dans 
la  bibliographie  sommaire  qui  termine  l'ouvrage.  L'auteur  ne  semble  pas  avoir 
eu  connaissance  des  remarquables  travaux  du  R.  P.  Piolet. 

àlbebto  Magnagiu.  —  La  carta  nautica  costruita  nel  1325  da  Angelinu 
Dalorto.  Notizia.  Firenze,  1898,  opusc.  in-4.  Auteur* 

A  journal  of  the  Ûrst  voyage  of  Vasco  da  Gama,  1497-1499.  Translate* I 
and  edited  with  Notes,  an  Introduction  and  Appendices,  by  E.  G.  Ha 
venstein.  London,  Hakluyt  Society  (vol.  n°99),l  vol.  in-8.  Abonnbmeni 

GÉOLOGIE.  —  A.  de  Lapparent.  —  Soulèvements  et  affaisse  me 
(Revue  des  questions  scientifiques).  Louvain,  1898,  broch.  in-8.  Aute  ; 

B.  RiCHTBR.  —  Les  variations  périodiques  des  glaciers.  3°  rapport 
(Archives  des  se.  phys.  et  natur.).  Genève,  1898,  broch.  in-8. 

Commission  internationale  des  glaciers. 

COLONISATION*  —  Annales  d'hygiène  et  de  médecine  coloniales.  Re- 
cueil publié  par  ordre  du  Ministre  des  Colonies.  Paris,  Impr.  nat*, 
1. 1",  1898,  in-8.  Ministère  des  Colonr 


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482  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

Capitaine  F.  Van  Ortrot.  —  Congrès  colonial  international  de  Bruxelles 
(Revue  des  questions  scientifiques,  avril  1898),  broch.  in-8.  Auteur. 

ANTHROPOLOGIE.  -  ARCHÉOLOGIE.  -  Gh  de  Ujfalvy.  —  Mé- 
moire sur  les  Huns  blancs  et  sur  la  déformation  de  leurs  crânes 
(L'Anthropologie,  Paris,  1898),  broch.  in-8.  Auteur. 

Justus  Barth.  —  Norronaskaller.  Cranla  antiqua  in  parte  oriental!  Nor- 
vegiae  meridionalis  inventa.  En  studie...  udg.  v.  G.  A.  Guldberg. 
Christiania,  Brogger,  1896,  1  vol.  in-8.        Université  de  Christiania. 

Léon  Dru.  —  Un  document  d'archéologie  agricole.  Description  d'un 
chapiteau  de  l'église  abbatiale  de  Vézelay  et  son  rapport  avec  la 
viticulture  (Mém.  Soc.  nat.  d'agriculture  de  France,  1. 138).  Paris, 
1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Walter  James  Hoffman.  —  The  graphie  art  of  the  Eskimos.  Washin- 
gton, Smithsonian  Institution,  1897,  1  vol.  in-8. 

Ouvrage  extrait  do  rapport  de  4895  du  Musée  national  des  Etala-Unis.  11 
comprend  des  études  oo  m  parées  sur  les  objets  recueillis  chez  les  Esquimaux  de 
l'Alaska,  du  Mackenzie,  du  Labrador  et  de  tout  le  nord  de  l'Amérique  d'après  les 
collections  du  musée  ethnographique  do  Washington,  de  l'Université  catholique, 
du  musée  delà  Compagnie  commerciale  de  l'Alaska.  Ces  objets  sont  représentés 
par  83  planches  de  photogravure  et  154  gravures. 

Les  Esquimaux  ont  exereé  leurs  aptitudes  graphiques  originales  par  des  gra- 
vures sur  des  os  et  de  l'ivoire  relatant  les  faits  ordinaires  de  leur  existence,  tels 
que  les  pèches,  les  chasses,  les  travaux  usuel».  Ignorant  l'écriture,  ils  ont 
consigné  par  le  dessin  leurs  observations  historiques.  Elles  peuvent  être  rap- 
prochées du  même  mode  de  transcription  d'autres  peuples  i  l'origine  des  civi- 
lisations. Ces  caractères  physiographiques,  idéographiques,  mythologiques  ont 
une  certaine  analogie  avec  ceux  des  Indiens  du  nord  de  l'Amérique,  des  Scandi- 
naves et  jusqu'à  un  certain  point,  des  peuples  de  la  vallée  du  Nil. 

J.  G. 

BIOGRAPHIE.  —  Robinet de  Clery.  —Les  derniers  d'Amerval.  Nancy, 
1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

M.  V.  Ballivian  t  Pedro  Kramer.  —  Tadeo  Haenke.  Escritos  precedidos 
de  algunos  apuntes  para  su  biograûa...  La  Paz,  1898,  1  vol.  in-8. 

Auteurs. 

Joseph  Joûbert.  —  0  mais  illustre  dos  navegadores  portuguezes  (La 
Revista  portugueia),  Lisboa,  20  di  junho  de  1898,  in-8. 

J.  Joûbert.  —  Henri  Gastonnet  des  Fosses  (Revue  de  V Anjou,  juillet- 
août,  1898).  Angers,  in-8.  Auteur. 

DIVERS.  —  V.  TiifiCHEFF.  —  L'activité  des  animaux.  Trad.  du  russe. 
Paris,  Masson,  1898, 1  vol.  in-8.  Auteur. 

A.  Guierre.  —  L'avenir  de  la  torpille  et  la  guerre  future.  Paris,  Berger- 
Levrault,  1890,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Répertoire  bibliographique  des  principales  revues  françaises  pour  Tan- 
née 1897.  Rédigé  par  D.  Jordell.  Paris,  Per  Lamm,  1898, 1  vol.  in-8. 

Echange. 

Sous  sa  forme  à  la  fols  condensée  et  fort  précise,  ce  Répertoire  sera  certai- 
nement d'un  aide  puissant  pour  tous  les  travailleurs.  Une  disposition  très  judi- 
cieuse des  deux  tables  :  matières  et  noms  d'auteur»,  facilite  considérablement 
les  recherches. 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  483 

EUROPE-  —  Henry  Spont.  —  Sur  la  Montagne  (les  Pyrénées).  Paris, 
Pion,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Récit  pittoresque  d'ascensions  et  de  courtes  dans  les  gorges  et  sur  les  névés  des 
Pyrénées.  Celles-ci  sont  moins  souvent  parcourues  que  les  Alpes  et  cependant, 
c  elles  exercent  l'attrait  invincible  des  grandes  choses  muettes  »,  qui  provient  à  la 
fois  de  leur  double  face  de  grâce  et  d'austérité.  L'auteur  les  décrit  comme  touriste, 
comme  poète  et  comme  photographe  qui  sait  choisir  ses  vues  avec  discernement. 

J.  G. 

J.  Corcelle.  —  Etude  sur  la  population  du  département  de  l'Ain. 
Bourg,  1897,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Edward  Whympeb.  —  Chamonix  and  the  Range  of  the  Mont-Blanc. 
3d  éd.  London,  Murray,  1898,  i  vol.  in-8.  Auteur. 

Ustica.  Prag,  Mercy,  1898,  1  vol.  in-f . 

S.  A.  i.  et  r.  Louis  Salvàtor  d'Autaiche. 

Les  populations  finnoises  des  bassins  de  la  Volga  et  de  la  Kama,  par 
J.  N.  Smirnov.  Etudes  d'ethnographie  historique.  Traduites  du  russe 
et  revues  par  J.  Boyer.  1N  partie  :  Tcheremisses.  Mordves.  (Publica- 
tions de  l'Ecole  des  Langues  orientales  vivantes,  4°  série,  vol.  VIII). 
Paris,  Leroux,  1898, 1  vol.  in-8.  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Prince  Y.  N.  Tenicheff.  —  Programme  d'informations  ethnographiques 
sur  les  paysans  de  la  Russie  centrale.  Smolensk,  1898,  1  vol.  in-18. 

Auteur. 

ASIE.  —  Jules  de  Schokalskt.  —  Les  recherches  des  liasses  de  la 
route  maritime  de  Sibérie  (G.  R.  Congres  internat,  de  géogr.,  Londres, 
1895),  broch.  in-8.  Auteur. 

J.  Taleo-Gryntzevitch.  —  Contribution  à  l'anthropologie  des  Grands 
Russiens.  Les  Transbalkaliens.  Tomsk,  1898,  opusc.  in-8  (en  russe). 

Auteur. 

Gervais-Courtellemort.  —  Mon  voyage  à  la  Mecque.  Paris,  Hachette, 
1896,  1  vol.  in-8.  Achat. 

Proverbs  and  folklore  of  Kumaun  and  Garhwal,  collected  by  Pandit 
Ganga  Datt  Upreti.  Lodiana,  1894,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

A.  A.  Fauvel.  —  Lbs  chemins  de  fer  en  Chine.  Dernières  concessions 
{Questions  diplomatique»  et  coloniales).  Paris,  1898,  broch.  in-8. 

A.  A.  Fauvel.  —  Les  Allemands  en  Chine.  Leurs  missions,  la  prise  de 
Kiao-tchéou  {Correspondant).  Paris,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

F.  von  Richthofen.  —  Schantung  und  seine  Eingangspforte  Kiautchou. 
Mil  3  grossen  Karten  ausser  Texte...  Berlin,  Rei mer,  1898, 1  vol.  in-8. 

Auteur. 

Gouvernement  général  de  l'Indo-Chine.  Bulletin  économique  de  l'Indo- 
Chine.  Saigon,  in-8,  1M  année,  n*  1,  1er  juillet  1898. 

Gouvernement  général. 

Louis  de  Grandmaison.  —  L'expansion  française  au  Tonkln.  En  terri- 
toire militaire.  Paris,  Pion,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Placé  pendant  deux  ans  sous  les  ordres  du  général  Gallieni,  l'auteur  ■  a  pour 
but  de  faire  connaître  les  convictions  qu'il  s'est  faites  sur  place  ».  Nous  colonisons 
mai  parce  qu'on  flatte  les  mauvais  instincts  des  indigènes,  au  lieu  de  s'en  servir 
en  consacrant,  leurs  efforts  i  l'augmentation  de  la  production  et  de  son  expor- 
tation. Vouloir  coloniser  par  l'administration  est  une  conception  fausse  et 
dangereuse.  J.  G. 


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484  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

Jean  d'Albrey.  —  Du  Tonkin  au  Havre.  Chine,  Japon,  Iles  Hawaii, 
Amérique.  Paris,  1898,  i  vol.  tn-8.  àiiteur. 

Ancien  élève  de  l'Ecole  polytechnique,  appartenant  à  l'armée,  M.  d'Albrey 
nous  promène,  plus  en  artiste  qu'en  écrivain  militaire,  an  Japon  qu'il  apprécie 
peu,  aux  Sandwich  et  i  travers  l'Amérique. 

Sa  prose  aimable  nous  peint  les  impressions  très  personnelles,  et  par  consé- 
quent discutables  d'un  esprit  original  et  bien  français.  Epris  de  couleur  et 
d'idéal,  M.  d'Albrey  a  écrit  un  livre  instructif  et  qui  sort  de  la  banalité  habi- 
tuelle à  ces  sortes  de  récils.  A.  de  Ginoux. 

Jules  Leclercq.  —  Les  temples  souterrains  de  Ceylan  (Académie  royale 
de  Belgique,  1898).  BruxeJles,  broch.  in-8.  Adteub. 

AFRIQUE.  —  Matériaux  pour  la  carte  géologique  de  l'Algérie.  2*  série. 
I.  La  Kabylle  du  Djurjura,  par  E.  Fischer.  Alger,  1891,  1  voi.  — 
Paléontologie.  Monographies...  par  A.  Pomel,  8  vol.  in-4. 

Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Publications  de  l'Ecole  des  Lettres  d'Alger  :  Le  Djebel  Nefousa.  Tran- 
scription, traduction  française  et  notes,  avec  une  étude  grammaticale, 
par  A.  de  Calassanti-Motylinski.  Fasc.  I,  1898.  —  L'Atlas  marocain, 
d'après  les  documents  originaux,  par  Paul  Schneil.  Traduit...  par 
Aug.  Bernard,  1898, 1  vol.  in-8.  Echange. 

G.  Milsom.  —  Rachgoun,  port  de  guerre  et  de  commerce.  Projet  (Bull. 
Soc.  gêogr.  d'Alger,  1898),  opusc.  in-8.  Auteur. 

G.  B.  Flamand.  —  Notions  élémentaires  de  lithologie  et  de  géologie 
appliquées  aux  grandes  zones  culturales  de  l'Algérie  et  de  la  Tunisie 
(Extr.  du  Manuel  pratique  de  l'agriculteur  algérien,  par  MM.  Ri- 
vière et  Lecq).  Paris,  Challamel,  1898,  opusc.  in-8. 

G.  B.  M.  Flamand.  —  De  l'Oranle  au  Gourara.  Notes  de  voyage.  Paris, 
Challamel,  1898,  1  vol.  in-8. 

G.  B.  M.  Flamand.  —  Aperçu  général  sur  la  géologie  et  les  produc- 
tions minérales  du  bassin  de  l'Oued  Saoura  et  des  régions  limitrophes 
(Extr.  des  Documents  pour  servir  à  Vétude  du  Nord-Ouest  afri- 
cain...). Alger,  1897,  1  vol.  in-4.  Auteur. 

On  ne  possède  que  d'incomplètes  connaissances  sur  les  richesses  minérales 
découvertes  par  les  explorateurs  ou  mal  indiquées  par  les  indigènes.  Ce  travail 
résume  les  connaissances  acquises  ;  il  décrit  les  nombreux  minéraux  existants, 
soit  à  l'état  de  fîtes,  soit  à  l'état  d'indices  ;  il  est  accompagné  de  croquis  géolo- 
giques et  suivi  d'une  bibliographie  complète  des  ouvrages  et  relations  de  voyage 
concernant  ce  pays. 

Comte  H.  de  Castries.  —  Le  Congo  français  et  l'Etat  indépendant 
(Revue  des  Deux  Mondes,  Paris,  juill.  1898).  Auteur. 

L'œuvre  coloniale  du  roi  en  Afrique.  Résultats  de  vingt  ans,  publiés  sous 
la  direction  du  major  A.  Gilson,  par  Ferdinand  Goffart:  Bruxelles, 
impr.  Monnom,  1898,  1  vol.  in-8.  Major  A.  Gilson. 

Documents  arabes  relatifs  à  l'histoire  du  Soudan.  Tarikh  es-Soudan,  par 
Abderrahman  ben  Abdallah  ben  'lmran  ben  'Amir  es-Sa'di.  Texte  arabe 
édité  par  0.  Houdas.  Paris,  Leroux,  1898,  1  vol.  in-8. 

*  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Lieutenant  de  vaisseau  Hourst.  —  Sur  le  Niger  et  au  pays  des  Touaregs. 
La  mission  Hourst.  Paris,  Pion,  1898,  1  vol.  in-8.  Baron  Ho  lot. 


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A 


OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  485 

Wissenschaftliche  Ergebnlsse  der  Reisen  in  Madagaskar  und  Ostafrika 
in  den  Iahren  1889-1895.  Von  D'A.  Voeltzkow.  Heft  II.  Die  Ostracoden. 
Von  S.  W.  Muller  {Ablmndl.  d.  Senckenb.  naturf.  Gcs.,  Bd.  XXJ), 
1  vol.  in-4.  Auteur. 

AMÉRIQUE*  —  Commodore  W.  Melville.  —  Views  as  to  tbe  stratégie 
and  commercial  value  of  the  Nicaraguan  canal,  the  future  control  of 
the  Pacific  Océan...  Washington,  1898,  opusc.  in-8.  Auteur. 

Lettres  de  Fernand  Cortes  à  Charles-Quint  sur  la  découverte  et  la  con- 
quête du  Mexique.  Traduites  par  Désiré  Charnay.  Paris,  Hachette, 
1898,  1  vol.  in-8.  "  D.  Charmât. 

Carlos.  B.  Cisneros  t  Romulo  E.  Garcia.  —  Geograûa  comercial  de  la 
America  del  Sur.  Bolivia,  Lima,  1897,  1  vol.  in-8.  Auteurs. 

David  Levât.  —  La  Guyane  française  et  le  Contesté  franco-brésilien 
(Revue  scientifique).  Paris,  1898, 1  vol*  in-12.  Auteur. 

Ajuricara.  —  0  Amazonas  seu  commercio  e  navegaçâo.  Manaos,  1877, 
opusc.  in-12. 

Julio  Pinkas.  —  Madeira  é  Mamoré  (artigos  publicados  no  Jornal  do 
Commercio).  Rio  de  Janeiro,  1889,  opusc.  in-8. 

Dr  J.  Siemiradski.  —  Za  morze  !  Szkice  z  wycieczki  do  Brazylii.  Lvov, 
1894,  in-8. 

Barâo  de  M.  —  A  Amazonia.  As  provincias  do  Para  e  Amazonas  e  o 
governo  central  do  Brazil.  Lisboa,  1883,  1  vol.  in-8. 

José  Verissimo.  —  A  Amazonia.  Rio  de  Janeiro  (Jornal  do  Brazil),  1892, 
1  vol.  in-18. 

L.  R.  Cavalcanti  de  Alruquerque.  —  A  Amazonia  em  1894.  Rio  de 
Janeiro,  1  voi.  in-8.  A.  Pinart. 

Anuario  hidrografleo  del  Rio  de  La  Plata,  para  el  ano  1891,  por  C.  A. 
Arocena.  Montevideo,  1891,1  vol.  in-12.  Echange. 

Dr  J.  B.  de  Sa  OLivEinA.  —  Evoluçao  psychica  dos  bahianos.  Bahia, 
1898,  opusc.  in-8.  M.  V.  Baluvian. 

José  Onofrb  Bumster.  —  The  Chilo-Argentine  Boundary  question.  An 
answer  to  F.  P.  Hansen.  London  (Soulh  American  Journal),  1898, 
opusc.  in-8.  Auteur. 

RÉGIONS  POLAIRES.  —  Dr  Fr.  Nansen.  —  Vers  le  Pôle.  Traduit  par 
Ch.  Rabot.  Paris,  Flammarion,  1897,  1  vol.  in-8.  Traducteur. 

Henry  Campioh.  —  The  secret  of  the  Pôles.  Illustrated...showingappro- 
ximately  the  thickness  of  ils  crust,  its  complète  hollowness...  Bir- 
mingham, 1898,  opusc.  in-8.  Autbur. 


ATLAS  —  CARTES  —  PHOTOGRAPHIES 

Giuseppe  Pennesi.  —  Atlante  scolastieo  per  la  geograûa  fisica  e  politica. 
Roma,  1898,  1  vol.  in-4.  t  Auteur. 

Atlas  comprenant  50  cartes  gravées  sur  pierre  destiné  aux  études  classiques. 
Ces  cartes,  mises  au  courant  des  dernières  découvertes,  comportent  pour  la 
plupart  les  courbes  bathy métriques;  l'hypsomotrie  est  représentée  par  des  teintes 
conventionnelles.  Des  cartouches  addiUonnols  les  complètent  pour  les  renseigne- 
ments d'ordre  physique,  météorologique  et  ethnographique. 

soc.  de  géocr.  —  c.R.  dis  sEamces.— n°  9.— Décembre.      34 


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486  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

France.  Carte  géologique,  1/320,000*.  Feuille  n*  8  (Lille).  —  Carte  géo- 
logique détaillée,  1/80,000*.  Feuilles  n"  49  (Meaux),  164  (Limoges), 
169  bis  (Albertville),  233  (Montpellier).    Ministère  des  Travaux  publics. 

Section   topographique   de    l'état-major    russe,    Saint-Pétersbourg 

(textes  russes)  : 
Carte  de   la  Russie  d'Asie  et  des  pays  limitrophes,  1884  (complétée 

en  1891-1895),  1/4,200,000%  feuilles  I-VIII. 

—  Carte  de  la  frontière  méridionale  de  la  Russie  d'Asie,  1/1,680,000* 
1887-1897,  feuilles  1-31. 

—  Carte  de  l'Afghanistan,  1891,  2  ff. 

Etat-major  général  (par  l'entremise  du  général  Bolcheff,  mb  cor- 
respondant de  la  Soc),  Saint-Pétersbourg. 

A.  A.  Fauvel.  —  Carte  de  la  Péninsule  de  Malacca,  d'après  les  dernières 
cartes  anglaises.  Publiée  par  la  Revue  française,  1893,  1/1,200,000^ 
1  f.  Auteur. 

(Un  certain  nombre  d'exemplaires  de  cette  carte  ont  été  gracieuse- 
ment mis  par  M.  Fauvel  à  la  disposition  des  membres  de  la  Société 
que  ce  document  pourrait  intéresser.) 

Service  géographique  de  l'armée  : 

Afrique,  l/2,000,000\  Feuilles  n-  12  (Miliana),  19  (Agadez),  20  (Yayo), 
37  (Barderah). 

—  Algérie,  l^OOO*.  Feuilles  99  (Sedrata),  131  (Ammi-Moussa). 

—  Environs  de  Bizerte,  1/50,000*.  Ministère  de  la  Guerre. 
Commissâo  de  cartographia,  Lisboa.  Costa  occidental  da  India.  Piano 

hydrograpbico  da  enseada  da  Agoada  e  barra  do  rio  Mandovi.  1/10,000*, 
1898,  lf.  —  Costa  oriental  d'Africa.  Provincia  de  Moçambique.  Recon- 
hecimento  da  bahia  e  rio  Conducia,  1  f. 

Ministère  de  la  Marine,  Lisbonne. 

Don  Pedro  Lopez.  —  Mapa  de  las  comunicaciones  postales  y  telegràfl- 
cas  de  la  Republica  Argentina  y  las  de  sus  conexiones  con  los  paises 
limitrofes.  Confeccionado...  por  orden  del  director  gênerai  de  Correos 
y  Telégrafos,  DrC.  Caries.  1/2,000,000*. 

Dr  C.  Carles,  directeur  des  postes  et  des  télégraphes 
de  la  République  Argentine. 

Carte  officielle  des  volet  de  communication  comprenant  la  République  Argen- 
tine et  le  sud  de  l'Amérique.  Ce  document  permet  de  constater  le  développement 
du  commerce  et  do  l'industrie,  jugés  d'après  l'ektension  des  moyens  de 
communication  ;  les  chemins  de  fer,  les  télégraphes,  les  câbles  sous-marins  se 
sont  multipliés  rapidement  pendant  ces  dernières  années,  surtout  en  convergeant 
vers  les  grands  centres  de  population.  La  disposition  des  signes  distincttfs  et 
les  cartes  supplémentaires  contribuent  à  la  clarté  du   dessin  de  cette  carte. 

J.  G. 

Topographisch  Bureau,  Batavia.  —  Kaart  van  net  gebied  bezet  in 
Groot-Atjeh.  1/40,000*,  6  ff. 

—  Overzichtskaart  van  Groot-Atjeh  en  aangrenzende  Kuststaten. 
1/200,000*,  1898,  1  f. 

Figurative  Schetskaart  van  de  Pedirstreek.  1/50,000*,  1898,  2  ff. . 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  487 

Atlas  des  Indes  néerlandaises.  Feuilles  n"  11  (Bangka,  1/500,000*;  Bli- 
toeng,  1/400,000*;  Riouw-en  Lingga-Archipel,  1/750,000*),  12(Wester- 
afdeel.  van  Bornéo,  1/1,000,000*),  13(kl.  Soendaeilanden,  1/1 ,000,000*), 
16  (Molukken,  1/3,000,000*;  Nederlandsch  Nieuw-Guinea,  1/4,000,000*; 
noordwestl.  gedeel.  der  Resid.  Ambon,  1/1,000,000*),  plans  de  villes,  etc. 

Ministère  des  colonies,  La  Haye. 

Karta  ôfver  Beeren  Ëlland  uppm&tt  under  1898  ars  Polarexpedition  den 
13-19  Juni  af  A.  Hamberg  och  O.  Kjellstrom,  1/50,000*,  Stockholm, 
Gen.  St.,  1898,  1  f.  Anonyme. 


Album  des  missions  de  la  Nouvelle-Guinée  confiées  à  la  Société  des  mis- 
sionnaires du  Sacré-Cœur.  Le  R.  P.  F.  Hartzer. 


Publications  provenant  de  la  bibliothèque  de  feu  Aimé  Girard,  offertes 
à  la  Société  par  M.  Lindet. 

La  Société  est  autorisée  à  disposer  au  mieux  de  ses  intérêts 
(échanges  contre  d'autres  ouvrages,  dons...)  d'un  certain  nombre  de 
ces  publications  dont  un  exemplaire  se.  trouve  déjà  dans  sa  biblio- 
thèque. 

(Publications  non  datées)  : 

Notice  des  tableaux  du  musée  royal  à  La  Haye,  in- 8. 

The  six  penny  illustrated  guide  through  Glasgow,  with  a  complète  map 

of  the  city.  Glasgow,  Miller,  in-12. 
Shaw's  Tourists'  Picturesque  guide  to  Liverpool  and  its  environs.  Lon- 

don,  1  vol.  in-8. 
Splendid-guide.  Royat,  Clermont,  Chatel-Guyon.  Paris,  1  vol.  in-8. 
D*  A.  Petit.  —  Guide  médical  aux  eaux  de  Royat.  Paris,  1  vol.  in-12. 
Max  Claudet.  —  Salins-les-Bains  et  ses  environs.   Salins-les-Bains, 

Bouvier,  1  vol.  in-8. 
Royat-guide.  Renseignements,  curiosités...  Clermont- Ferrand,  1  vol. 

in-12. 
Guides  Garnier.  Nouveau  guide  général  du  voyageur  en  Espagne  et  en 

Portugal,  par  A.  Lanneau-Rolland.  Paris,  1  vol.  in-12. 
Guides  Gonty.  Côtes  de  Normandie. 

—  Quinze  jours  en  Belgique,  Hollande  et  Prusse  rhénane,  in-12. 
J.  B.  M.  Biélawski.  —  Récit  d'un  touriste  auvergnat.  Yssoire,  1  vol. 

in-8. 
Emmanuel  Raymond.  —  L'Espagne  et  le  Portugal  depuis  l'invasion  des 

Carthaginois  jusqu'à  nos  jours.  Paris,  1  vol.  in-18. 

(Publications  portant  date)  : 

P.  S.  Beodant.  —  Yoyage  minéralogique  et  géologique  en  Hongrie 
pendant  Tannée  1818.  Paris,  1822,  3  vol.  in-4.  Auteur. 

C.  M.  Pierret.  —  Pichegru,  son  procès  et  son  suicide.  Paris,  1825, 
1  vol.  in-8. 

Alexandre  Daumont.  —  Voyage  en  Suède.  Contenant  des  notices  éten- 
dues sur  le  commerce,  l'industrie...  Paris,  1834,  2  vol.  in-8  (double). 


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488  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

Manuel  du  voyageur  sur  les  bords  du  Rhin...  par  et  d'après  Schreiber, 
Gray  Fearnside  et  John  Watts.  Revu  et  mis  en  ordre  par  Richard. 
Paris,  1836,  1  vol.  in-12. 

Drake's  Picture  of  Birmingham,  3<  éd.  Birmingham,  London,  1837, 
1  vol.  in-12. 

William  Hawkes  Smith.  —  Birmingham  and  South  Staffordshire;  or 
illustrations  of  the  history,  geology  and  industrial  opérations  of  a 
mining  district.  London,  1838,  1  vol.  in-8. 

Michel  Chevalier.  —  Histoire  et  description  des  voies  de  communica- 
tion aux  États-Unis  et  des  travaux  d'art  qui  en  dépendent.  Paris,  1840. 
Parties  1,  2  (en  1  vol.),  in-4  (doublé). 

P.  J.  Kiefer.  —  Description  nouvelle  et  complète  de  la  ville  de  Cologne. 
Cologne,  1842,  1  vol.  in-16. 

Général  Bugeaud.  —  L'Algérie.  Des  moyens  de  conserver  et  d'utiliser 
cette  conquête.  Paris,  1842,  1  vol.  in-8. 

Léon  Galibert.  —  L'Algérie  ancienne  et  moderne...  Paris,  1844,  1  vol. 
in-8. 

Charles  Richard.  —  Du  gouvernement  arabe  et  de  l'institution  qui  doit 
rexercer.  Alger,  1848,  1  vol.  in-8. 

Ville.  —  Recherches  sur  les  roches,  les  eaux  et  les  gîtes  minéraux  des 
provinces  d'Oran  et  d'Alger.  Paris,  Impr.  nat.,  1852, 1  vol.  in-4  (double). 

Guide  pittoresque  du  voyageur  en  Touraine.  Tours,  1852,  1  vol.  in-12. 

Eugène  Guihot.  —  Itinéraire  du  chemin  de  fer  de  Paris  à  Bruxelles. 
Paris,  Hachette,  1853,  1  vol.  in-8. 

Abrégé  du  voyage  de  F.  Levaiilant  dans  l'intérieur  de  l'Afrique  (1780- 
1785).  Paris,  1853,  1  vol.  in-8. 

W  Alfr.  Fouquet.  —  Guide  des  touristes  et  des  archéologues  dans  le 
Morbihan.  Vannes,  1854,  1  vol.  in-12. 

Richard.  —  Guide  du  voyageur  en  Hollande.  Paris,  1854,  1  vol.  in-12. 

Alexandre  de  Humboldt.  —  Cosmos.  Essai  d'une  description  physique 
du  monde.  Trad.  par  H.  Paye.  Tomes  1, 2,  3.  Paris,  1851.  —  Mélanges 
de  géologie  et  de  physique  générale.  Trad.  par  Ch.  Galusky.  Tome  1er, 
1854,  in-8.  —  Volcans  des  Cordillères,  de  Quito  et  du  Mexique,  1854, 
1  vol.  In-4  (double). 

Aug.  Bouchot.  —  Histoire  du  Portugal  et  de  ses  colonies  (Histoire 
universelle,  publiée...  sous  la  direction  de  M.  V.  Duruy).  Paris,  1851, 
1  vol.  in-8. 

J  DRIEU  de  la  Gravière.  —  Voyage  en  Chine  et  dans  les  mers  et  archi- 
pels de  cet  empire  pendant  les  années  1847-1848-1849-1850.  2  vol. 
in-8. 

Olivier  Merson.  —  Guide  du  voyageur  à  Lisbonne.  Paris,  Hachette, 
1857,  1  vol.  in-8. 

Charles  Edmomd.  —  Voyage  dans  les  mers  du  Nord  à  bord  de  la  cor- 
vette la  Reine  Horlense.  Notices  scientiûques  communiquées  par 
MM.  les  membres  de  l'expédition.  Carte  du  voyage.  Carte  géologique 
de  l'Islande.  Paris,  Michel  Lévy,  1857,  1  vol.  in-4  (double). 

Louis  Eîcaclt.  —  La  Norvège.  Paris,  1857, 1  vol.  in-8  (double). 

M11*  E.  Chevalier.  —  Guide  pittoresque  dans  la  Nièvre  et  spécialement 
dans  Nevers,  aux  eaux  de  Pougues,  1857, 1  vol.  in-8. 

X.  Marmier.  —  Lettres  sur  le  Nord.  Paris,  1857,  1  vol.  in-8  (double). 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  489 

Guides-cicerone.  Guide  du  voyageur  à  Londres.  2°  éd.  —  Belgique,  par 

G.  Momand,  1858.  Paris,  Hachette,  in-8. 
Notice  des  tableaux  du  Musée  d'Amsterdam.  Amsterdam,  1858, 1  vol. 

in-8. 
Catalogue  des  tableaux  de  la  Pinacothèque  royale  à  Munich.  Munich, 

1860, 1  vol.  in-12. 
Souvenir  d'Aix-la-Chapelle.  18  vues  de  la  ville.  —  Description  des 

saintes  reliques  ainsi  que  des  reliquaires,  par  J.  P.  J.  Beissel.  Aix, 

1860,  1  vol.  in-12. 
Discours,  messages  et  proclamations  de  l'Empereur.  Paris,  1860,  1  vol. 

in-8. 
Londres  et  ses  environs.  Londres,  Baily,  1862,  1  vol.  in-12. 
Guides  Joanne.  Itinéraire  de  l'Espagne  et  du  Portugal,  1859,  1  vol.  — 

Itinéraire  descriptif  de  la  Belgique,  par  A.  J.  Du  Pays.  Paris,-  Hachette, 

1863,  1  vol. 
Coulvier-Gravier.  —  Précis  des  recherches  sur  les  météores  et  sur 

les  lois  qui  les  régissent.  Paris,  1863,  1  vol.  in-8. 
K.  Baedeker.  —  L'Allemagne.  Coblenz,  1  vol.  in-8. 

D.  Francisco  de  P.  Mellado.  —  Guia  del  viagero  en  Espana.  Madrid, 
1863,  1  vol.  in-12. 

E.  R.  Regnault,  —  Essai  sur  la  constitution  des  corps  célestes.  Nancy, 

1863,  1  vol.  in-8. 

Antonio  Rotondo.  —  Descripcion  de  la  gran  basilica  del  Escorial,  4*  edi- 

cion.  Madrid,  1864,  1  vol.  in-8. 
Francisco   Ferreira  Barbosa.  —  Elucidario  do  viajante  no   Porto. 

Coimbra,  1864, 1  vol.  in-8. 
Guia  historico  do  viajante  no  Porto  e  Arrabaldes.  Porto,  1864,  1  vol. 

in-8. 
A.  de  Grandeffe.  —  Nouveau  guide  en  Espagne.  Paris,  Chaix,  1864, 

1  vol.  in-8. 
Rev.  J.  Coollingwood  Bruce.  —  A  Hand-Book  to  Newcastle-on-Tyne. 

London,  1864,  1  vol.  in-8. 
Rodolphe  Lindau.  —  Un  voyage  autour  du  Japon.  Paris,  Hachette, 

1864,  1  vol.  in-8. 

Eugène  d'Auriac.  Nouveau  guide  général  du  voyageur  en  Hollande. 

Paris,  Garnier,  1864, 1  vol.  in-8. 
J.  A.  Pères  Abreu.  —  Roteiro  do  viajante  no  continente  e  nos  camin- 

hos  de  ferro  de  Portugal  em  1865.  Coimbra,  1865,  1  vol.  in-8. 
Victorien  Vidal.  —  L'Andorre.  Paris,  1866,  1  vol.  in-12  (double), 
Félix  Belly.  —  A  travers  l'Amérique  centrale.  Le  Nicaragua  et  le  canal 

interocéanique.  Paris,  1867,  2  vol.  in-8  (double). 

F.  Peise.  —  Guide  universel  de  l'étranger  dans  Marseille.  Paris,  1867 
1  vol.  in-12. 

Guide  du  voyageur  en  Suède.  Précédé  d'un  aperçu  historique  et  de 

notices  statistiques.  Publié  par  ordre  du  roi.  Stockholm  (Paris,  Amyot), 

1867,  1  vol.  in-12. 
J.  du  Pays.  —  L'Italie  et  la  Sicile   (Collection   des   guides   Joanne. 

Guides  diamant).  Paris,  Hachette,  1867,  1  vol.  in-12. 
Comm.  J.  B.  de  Rossi.  —  Aperçu  général  sur  les  catacombes  de  Rome 

et  description  du  modèle  d'une  catacombe  exposé  à  Paris  en  1867. 

Paris,  1867,  1  vol.  in-12  (double). 


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490  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

Collin's  iluistrated  guide  to  London  and  neighbourhood...  London, 
1871,  1  vol.  ln-12. 

Capitaine  Roudaire.  —  Rapport  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publi- 
que sur  la  mission  des  Chotts.  Etudes  relatives  au  projet  de  mer 
intérieure  (Archives  des  missions  scient,  et  littér.).  Paris,  1873, 
1  vol.  in-8  (double). 

Edouard  Goepp  et  Emile  L.  Cordibr.  —  Les  grands  hommes  de  la 
France.  Navigation  (Bougainville,  La  Pérouse,  d'Entrecasteaux,  Dumont 
d'Urville).  Paris,  1873,  1  vol.  in-8. 

Royat.  Eaux  thermales...  Manuel  du  médecin.  Clermont-Ferrand,  1873, 
1  vol.  in-12. 

Guide  complet  de  l'étranger  à  Orléans.  Notice  historique,  archéolo- 
gique... Orléans,  1874,  1  vol.  in-12. 

Guide  to  Manchester  and  Salford.  Edinburgh,  Black,  1874,  1  vol.  in-8. 

Ed.  Vimont.  —  Clermont,  Royat,  les  monts  Dôme,  3°  éd.  Clermont-Fer- 
rand, 1875, 1  vol.  in-12  (double). 

V.  Barbier.  —  La  Savoie  industrielle.  Ghambéry,  1875,  2  vol.  in-8. 

Levasseur.  —  La  France  et  ses  colonies.  Paris,  Delagrave,  1875,  1  voK 
in-12. 

L.  Ch.  Quin.  —  Le  Havre  avant  l'histoire  et  l'antique  ville  de  l'Eure. 
Havre,  1876,  in-8  (double). 

Ernest  Schuler.  —  Le  Jura  bernois  et  ses  chemins  de  fer,  sa  popula- 
tion, son  histoire  et  ses  institutions.  Bienne,  1877,  1  vol.  in-8. 

N.  B.  Wtse.  —  Canal  interocéanique,  1876-77.  Rapport  sur  les  études 
de  la  commission  internationale.  Exploration  de  l'isthme  du  Darien. 
Paris,  1877, 1  vol.  in-4  (double). 

Levasseur.  —  Rapport  sur  le  commerce  et  le  tonnage  relatifs  au  canal 
interocéanique.  Paris,  1879,  in-4. 

Edw.  H.  Knigbt.  —  A  study  of  the  Savage  weapons  at  the  centennial 
Exhibition,  Philadelphia,  1876  (Smithsonian  Annual  Report  for  1870). 
Washington,  1880,  1  vol.  in-8. 

Dictionnaires  topographiques  des  départements.  Publiés  sous  les  auspices 
du  Ministère  de 'l'Instruction  publique.  Département  de  l'Eure,  parle 
marquis  de  Blosseville,  1877, 1  vol.  —  Département  de  la  Mayenne,  par 
L.  Maître,  1878,  1  vol.  —  Département  de  la  Yienne,  par  L.  Rédel, 
1881,  1  vol.  Paris,  Impr.  nationale,  in-4  (double). 

Documents  inédits  sur  l'histoire  de  France  :  Li  livres  dou  trésor,  par 
Brunetto  Latini.  Publié...  par  P.  Chabaille,  1863.  —  Mémoires  des 
intendants  sur  l'état  des  généralités  dressées  pour  l'instruction  du 
duc  de  Bourgogne,  par  A.  M.  de  Boislisle,  tome  Ier,  1881.  —  Le 
comité  des  travaux  historiques  et  scientifiques,  1882,  3  vol.  (double). 

Guides  diamant.  Le  Mont-Dore  et  les  eaux  minérales  d'Auvergne.  Paris, 
Hachette,  1885,  1  vol. 

Alfred  Renouard.  —  Excursions  d'un  touriste  dans  le  département  du 
Nord.  Lille,  1885,  1  vol.  in-8. 

A.  Girt.  —  Etude  sur  les  origines  de  la  commune  de  Saint-Quentin 
(Extr.  du  tome  1"  des  Archives  anciennes  de  Saint-Quentin).  Saint- 
Quentin,  1887,  1  vol.  in-4. 

Leor  Dru.  —  Projet  de  canal  entre  le  Don  et  le  Volga.  Paris,  1886, 
1  vol.  in-4  (doublé). 

Charles  Wiener.  —  Chili  et  Chiliens.  Paris,  Cerf,  1888,  1  vol.  in-8. 


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OUVRAGES  OFFERTS  À  LA  SOCIÉTÉ.  491 

Paul  Guyot.  —  Voyage  au  Zambèze  (Bull.  Soc.  géogr.  de  VEtt).  Nancy, 

Berger-Levrault,  1889, 1  vol.  in-8. 
0.  M.  Reutbr.  —  La  Finlande  et  les  Finlandais.  Itinéraire  historique  et 

descriptif.  Helsingfors,  1889,  1  vol.  in-8  {double). 
J.  B.  M.  Biélawski.  —  Le  plateau  central  de  la  France  et  de  l'Auvergne 

dans  les  temps  anciens.  Paris,  1890,  1  vol.  in-8. 
Vade-mecum.   Guide  suisse.   Région  du  Léman,  Jura-Simplon,  1894. 

Genève,  1  vol.  pet.  in-12. 
D*  A.  Labat.  —  Voyage  en  Italie.  Congres  de  Rome,  1894.  Paris,  Bail- 
Hère,  1894,  1  vol.  in-8. 
D*  A.  Labat.—  Voyage  en  Suisse.  Eaux  minérales  et  stations  sanitaires. 

Paris,  Baillière,  1895,  opusc.  in-8. 
Institut  de  France.   Les  registres  de  l'Académie  française,  1672-1793. 

Paris,  1895,  3  vol.  in-8. 


CARTES  —  ALBUMS 


Karta  ôfver  segelleden  fran  Stockholm  kanalvâgen  till  Gôtheborg,  Jemte 

fyrtifyra  utsigter.  Stockholm,  1  f. 
T.  A.  V.  Mentzer.  —  Res-karte  ofvêr  Sverige...  Stockholm,  1  f. 
Panorama  topographique  du  Rhin,  de  Schaffhouse  à  la  mer  du  Nord. 

Tracé  sur  une  grande  échelle...  27  plans  de  villes...  Dessiné  par  U. 

Hendschel.  Précédé  d'une  introduction  historique  par  Ed.  Duller.  Franc- 

fort-sur-Mein,  1847,  in-8. 
Eisenbahn- Atlas  von  Deutschland,  Belgien...  Gotha,  Perthes,  1853. 
Du  four.   —  Carte  hydrographique,  itinéraire,   administrative  de   la 

France,  1862, 1/700,000,  Paris. 
P.  Perry-Vidal.  —  Planta  da  cidade  de  Lisboa  (1/7,000).  Lisboa,  1864, 

1  f . 
Nicaragua  Canal.  New- York,   Maritime  Canal  Company  of  Nicaragua, 

in-8  (vues  panoramiques  accompagnées  de  notices). 
Edinburghdelineated.  Yiews  of  the  principal  public  buildings,  streets... 

Edinburgh,  J.  Hamilton,  1  vol.  in-8. 
Yiews  of  Windsor.  A.  B.  Brown,  Windsor.  12  pi.,  24  vues. 


Cartes  et  Atlas  offerts  par  M"4  V™  Ch.  Garnier,  en  souvenir  de  son  fils 

CHR.  GAR5IER  : 

Table  de  Peutinger,  par  E.  Desjardins,  1  vol.  in-f\ 

Nieuwen  Atlas  ofte  werelt  beschryvinge...  Amsterdam!,  J.  Jansson,  1638. 

2  vol.  In-f». 
Atlas  historique,  ou  Nouvelle  Introduction  à  l'histoire,  à  la  chronologie... 

par  M.  C.  Avec  des  dissertations  sur  l'histoire  de  chaque  Etat,  par 

M.  GueudeYille.  Tome  V  qui  comprend  l'Asie...  Amsterdam,  1719, 

1  vol.  in-f». 
D'Aiwlle.  —  Nouvel  Atlas  de  la  Chine,  de  la  Tartarie  chinoise  et  du 

Thibet...  La  Haye,  1737,  un  vol.  in-f». 


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492  OUVRAGES  OFFERTS  A   LA  SOCIÉTÉ. 

Monialium  Ebstorfensium  Mappamoundi  quae  exeunte  saeculo  xm 
videtur  picta,  Hannoverae  nunc  adservatur,  edidit  Gonradus  Miller. 
Stuttgart,  Eckstein  et  Staeble,  1  f. 

Charles  Yuiarte.  —  Paris.  Coup  d'œil  sur  son  histoire  et  ses  trans- 
formations successives.  Avec  vignettes,  chromos  et  eaux-fortes.  Sou- 
venir de  l'inauguration  du  nouvel  Hôtel  de  ville,  le  13  juillet  1882. 
Paris.  Rothschild,  1  vol.  in-4. 

J.  B.  Rigaud.  —  Histoire  de  Paris  (vues  diverses). 

Cartes  diverses  de  l'Italie  septentrionale,  par  G.  Blaeu,  Hohmann,  de 
Wit...  (réunies  en  un  atlas,  inf>). 

Carte  (manuscrite,  chinoise)  des  derniers  renseignements  sur  les  lies 
Taïwan  (Formose)  et  Poung-hoou  (Pescadores),  1  f. 

Carte  de  l'Empire  du  Milieu  (texte  chinois),  1  f.  sur  toile  et  cartonnée. 

Notions  et  extraits  des  manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale  et  autres 
bibliothèques,  publiés  par  l'institut  national  de  France,  tome  27* 
(1"  partie),  2*  fascicule,  inscriptions  sanscrites  de  Campa  et  du  Cam- 
bodge. Planches.  Paris,  Impr.  nat.,  1883, 1  vol.  in-f\ 


Novembre-décembre  1898 

GÉNÉRALITÉS.  -  VOYAGES-  -  GÉOGRAPHIE.  -  COLONISA- 
TION. —  Lady  Brassey.  —  Voyage  d'une  famille  à  travers  la  Mé- 
diterranée... Trad.  de  l'anglais  par  J.  Butler.  Paris,  Dreyfous,  1vol. 
in-8.  Achat. 

Histoire  universelle  des  missions  franciscaines  d'après  le  T.  R.  P.  Marcellin 
de  Civezza.  Ouvrage  traduit  de  l'italien  et  disposé  sur  un  plan  nou- 
veau par  le  P.  Victor  Bernardin  de  Rouen.  Tome  I.  Asie  (Tartarie, 
Chine,  Perse...).  Paris,  Tolra,  1898,  1  vol.  in-8.     Le  R.  P.  Norbert. 

Cette  histoire  débute  en  1247  à  l'époque  où  les  Tartares  sortaient  en  honles 
irrésistibles  pour  envahir  l'Inde,  la  Chine,  la  Perse  ;  ils  envahirent  aussi  la  Hon- 
grie, menaçant  l'Europe,  et  furent  refoulés  par  l'Ilalion  J.  de  Pian  Carpino,  le 
Français  Rubrouck  et  le  Portugais  Laurent  ;  elle  se  termine  à  la  dynastie  de 
Gengis-Kan.  L'influence  des  missions  franciscaines  a  favorise  le  rôle  de  la 
France  en  Tartarie,  f  ce  pays  illimité  »,  peuplé  do  tribus  errantes  et  guerrières. 

Service  géographique  de  l'armée.  Rapport  sur  les  travaux  exécutés  en 
1897.  Paris,  1897, 1  vol.  in-8.  Ministère  de  la  Guerre. 

Ministère  des  Travaux  publics.  Commission  du  nivellement  général 
de  la  France.  Étude  sur  les  méthodes  et  les  instruments  de  précision, 
par  C.  M.  Goulier,  colonel  du  génie...  Revues,  annotées  et  accom- 
pagnées d'une  étude  sur  les  variations  de  longueur  des  mires  d'après 
les  expériences  du  colonel  Goulier,  par  Ch.  Lallemand.  Paris,  lmpr. 
nat.,  1898,  1  vol.  in-4.  Ch.  Lallemand. 

Ed.  Whymper.  — A  new  mountain  anéroïde  barometer  (Times,  déc.  17, 
1898).  Acteur. 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  493 

Ministère  des  Colonies.  Notices  à  l'usage  des  émigrants.  NM  1  (Nou- 
velle-Calédonie) ;  —  2  (Guyane)  ;  —  5  (Sénégal  et  dépendances). 
Melun,  impr.  administrative,  1897-1 898,  in-8.  Ministère  des  Colonies. 

Dr  A.  Quennec.  —  Guide  médical  à  l'usage  des  explorateurs,  colons, 
etc.  (Exposition  internat,  de  Bruxelles,  1897).  Havre,  impr.  du  journal 
Le  Havre,  1897,  1  vol.  in-8. 

Sous  une  forme  réduite,  ce  guide  donne  des  notions  d'hygiène  générale,  de 
thérapeutique,  de  pathologie,  de  chirurgie  et  dos  indications  pour  les  cas  spé- 
ciaux. Sans  remplacer  l'assistance  du  médecin,  il  indique  les  moyens  préventifs 
et  curatifs  des  maladies  spéciales  aux  voyageurs  en  Afrique,  engendrées  par  ces 
deux  ennemis  implacables  <  le  soleil  et  la  fièvre  »,  ou  mieux,  le  paludisme  pro- 
venant du  sol.  Ce  vade-mecum  est  basé  sur  la  pratique  journalière  d'après 
l'expérience  dans  los  pays  mêmes. 

Albert  Milhe-Poutingon.  —  Jardins  botaniques  et  jardins  d'essais.  La 
main-d'œuvre  africaine.  Communication  faite  au  Congrès  interna- 
tional colonial  de  Bruxelles,  1897.  Paris,  Challamel,  1898,  broch.  in-8. 

A.  Milhe-Poutingon.  —  Rapport  présenté  au  Ministre  des  Colonies 
sur  une  mission  aux  jardins  royaux  de  Kew.  Paris,  opuscule,  in-8. 

Auteur. 


DIVERS.  —  Léon  Picot.—  Des  justices  de  paix  à  l'étranger  (Moniteur 
de$  juges  de  paix).  Paris,  Marchai  et  Billard,  1899,  opuscule  in-8. 

Auteur. 

Ludovic  Drapeyron.  —  Comment  Mlchelet  est  devenu  historien  et  géo- 
graphe {Revue  de  Géogr.).  Paris,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

Brieven  van  R.  P.  Le  Cocq  d'Armandville,  uitgeg.  door  D*  H.  ten  Kate 
(Tijdschr.  Batav.  Gen.  Kuntten  en  Wetensch.).  Batavia,  1898,  broch, 
in-8.  Auteur. 

Revue  des  divers  modes  d'éclairage  artificiel.  Lille,  1896,  broch.  in-8. 

G.  DÉTREZ. 

Quatrième  centenaire  de  la  découverte  de  la  route  océanique  de  l'Inde 
(1498-1898).  Comité  Vasco  de  Gama  du  département  de  l'Allier.  Mou- 
lins, 1898,  1  vol.  in-8.  Comité. 

Quatrième  décade  du  De  Orbe  novo  de  Pierre  Martyr  d'Anghiera.  Tra- 
duite avec  notes  et  commentaires  par  P.  Gaflarel  (Revue  de  Géogr.). 
Paris,  1898,  broch.  in-8.  P.  Gaffarel. 

Ministère  de  la  Guerre.  Inventaire  sommaire  des  Archives  historiques 
(Archives  anciennes.  —  Correspondance).  Tome  l#r  (l*r  fasc.,  n*  1  à 
1203).  Paris,  Impr.  nat.,  1898, 1  vol.  in-8.    Ministère  de  la  Guerre. 

EUROPE.  —  ISLANDE.  —  Frédéric  Regamet.  —  Une  excursion  au 
grand  Saint- Bernard.  Paris,  Firmin-Dldot,  1  vol.  in-8.  Achat. 

Guide  officiel  de  la  navigation  intérieure...  Dressé  par  les  soins  du 
Ministère  des  Travaux  publics.  5°  édition.  Paris,  Baudry,  1891,  in-12, 
avec  carte.  Achat. 

G.  Détrez.  —  Note  sur  la  distance  de  Lille  à  Paris.  Lille,  1897,  broch. 
in-8. 

G.  Détrez.  —  Le  littoral  belge.  Blankenberghe,  Heyst  et  Knocke.  Lille, 
1898,  broch.  in-8.  Auteur. 


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494  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

J.  Corcelle.  —  Turin  et  la  vallée  d'Aoste  {Revue  de  Géogr.,  1898), 
broch.  in-8.  Auteur. 

D*  J.  Gvuic.  —  Das  Rila-Geblrge  und  seine  ehemalige  Vergletcherung 
(Verhandl.  Ges.  f.  Erdk.  Berlin,  1898),  in-8.  Auteur. 

Fauna  Norvegiae.  Bd.  I.  Description  of  the  Norvegian  species  at  présent 
known  beionging  to  the  sub-orders  Phyllocarida  and  Phyllopoda, 
by  G.  0.  Sars.  Christiania,  1896, 1  voi.  ln-4.  Gouvernement  norvégien. 

Daniel  Bruun.  —  Gjennem  affolkede  bygder  paa  Islands  indre  bojland. 
Undersogelser  foretagne  i  1897  {Geogr.  Tidsskr.).  Kobenhavn,  1898, 
1  vol.  in-8. 

Daniel  Bruun.  —  Nokkurar  Eydibygdir  i  Arnessyslu,  skagaQardar- 
dolum  og  bardardal  (Arbok  hin$  itlentke  fornleifaféUgs,  1898), 
broch.  in-8.  Auteur. 

ASIE-  —  Baron  de  Baye.  —  De  Pensa  à  Minoussinsk.  Souvenir  d'une 
mission  (Revue  de  Géogr.).  Paris,  Nilsson,  1898,  broch.  in-8.  Auteur  . 

Louis  Raveneau.  —  Travaux  des  Russes  dans  l'Asie  septentrionale 
(Annatetde  géogr.,  1898).  Paris,  Colin,  broch.  in-8.  Auteur. 

Jules  Leclercq.  —  Excursion  à  PArarat.  Saint-Pétersbourg,  1893, 
broch.  in-8  (en  russe).  Auteur. 

J.  de  Morgan.  —  Délégation  en  Perse.  Compte  rendu  sommaire  des 
travaux  archéologiques  exécutés  du  3  novembre  1897  au  1"  juin  1898 
(Ministère  de  l'Instruction  publique).  Paris,  Leroux,  1898, 1  vol.  in-li. 

Auteur. 

Ce  compte  rendu  décrit  chaque  recherche  exécutée  dent  let  ruines  de  Swe, 
qui  partit  avoir  été  oubliée  à  partir  de  l'époque  anzaoite.  Lee  principaux  résul- 
tats portent  sur  la  citadelle  et  la  ville  royale.  Le  déblai  complet  aura  une  durée 
•  prévue  de  vingt  ans.  La  Susiane  est  un  pays  où  les  ruines  abondent  do  toutes 
parts. 

F.  Grbnard.  —  Mission  scientifique  (J.-L.  Dutreuil  de  Rhins)  dans  la 
haute  Asie.  Deuxième  partie.  Le  Turkestan  et  le  Tibet.  Étude  ethno- 
graphique et  sociologique.  Publié  sous  les  auspices  du  Ministère  de 
l'Instruction  publique...  Paris,  Leroux,  1898, 1  vol.  in-é. 

Ministère  de  l'Instruction  publique. 

Le  Turkestan  chinois  est  vaste  trois  fois  comme  la  France.  L'étude  est  tait* 
d'après  les  divisions  suivantes  :  la  raee  ;  son  caractère  ethnique  ;  la  civilisation 
avec  les  mœurs  et  coutumes  ;  la  famille  'et  la  vie  privée  ;  les  classes  sociales  ; 
l'industrie  et  l'agriculture  ;  la  religion  et  la  politique  extérieure  de  la  destina- 
tion chinoise. 

Le  Tibet,  qui  est  habité  par  une  race  disgraciée,  <  occupe  la  masse  de  mon- 
tagnes la  plus  énorme  et  la  plus  élevée  qui  soit  dans  le  monde  ».  L'aspect  do 
la  nature  <  accable  par  l'énormlté  des  proportions  ».  Le  pays  est  envisagé 
tous  l'aspect  historique  ;  la  vie  matérielle  ;  l'habitation  ;  la  nourriture  ;  la 
famille  ;  l'état  économique  ;  le  commerce  et  les  routes  ;  la  religion  et  l'admi- 
nistration politique. 

L'auteur,  qui  a  passé  dix  mois  au  milieu  des  populations  et  dans  les  parties 
interdites  aux  Européens,  a  non  seulement  exposé  ses  observations  personnelles, 
mais  aussi  discuté  les  récits  des  explorateurs  précédents. 

i.  G. 

Bugene  Gallois.  —  Au  pays  des  pagodes  et  des  monastères,  fin  Blnna- 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  495 

nie.  Ouvrage  orné  de  nombreuses  cartes,  gravures.  Paris,  Delagrave, 
1899,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

L'auteur  qui  a  beaucoup  voyagé,  décrit  les  peuples  et  les  rides  des  bords  de 
l'Irrawadi  :  Rangoun,  Pegou,  Mandela?,  Ara,  Bhamo,  Amarapoura.  U  s'attache 
surtout  à  la  quantité  prodigieuse  de  pagodes,  signe  distlnctif  du  pays.  De  nom- 
breuses photogravures  et  des  dessins  de  l'autour  illustrent  cette  «  accumulation 
de  merveilles  inspirées  par  la  piété  envers  Bouddha  ». 

Publications  de  la  Société  des  études  indo-chinoises  de  Saigon.  N°  1. 
Essais  agricoles  et  industriels  faits  en  Cochinchine  depuis  la  fonda- 
tion de  cette  colonie  jusqu'en  1897.  Extraits  des  Bulletins  du  Comité 
agricole  et  industriel  (1865-1883)  et  de  la  Société  des  études  indo- 
chinoises  (1883-1896).  Saigon,  impr.  Rey,  2  vol.  in-8. 

Gouvernement  général  de  lIndo-Chini. 

Résumé  des  travaux  les  plus  importants  comme  utiles  à  la  colonisation  pra- 
tique, publiés  par  la  Société  des  études  indo-chinoises  de  Saigon.  Leur  con- 
naissance épargne  au  nouvel  arrivant  les  tâtonnements  dans  le  genre  d'industrie 
qu'il  veut  choisir.  Trop  disséminés  dans  de  nombreuses  publications,  ils  ont 
été  groupés  pour  que  le  colon  puisse  profiter  des  travaux  de  ses  devanciers.  Les 
deux  parties  comprenent  les  extraits  des  travaux  publiés  par  le  Comité  agricole 
et  le  résumé  des  études  de  la  Société. 

AFRIQUE.  —  Victor  Deville.  —  Partage  de  l'Afrique.  Exploration, 
colonisation,  état  politique.  Paris,  1898,1vol.  in-8.  J.  André,  éditeur. 

La  question  africaine  est  devenue  palpitante  dans  les  relations  entre  les 
nations  européennes.  L'Angleterre  s'est  taillé  en  Afrique  un  domaine  supé- 
rieur à  celui  des  autres  nations  ;  cependant  nos  explorateurs  ont  été  actifs, 
surtout  pendant  ces  dernières  années.  Les  Allemands,  les  Belges,  les  Portugais 
exercent  aussi  des  revendications  dans  ce  partage  convoité.  L'avenir  appar- 
tiendra à  la  nation  qui  aura  été  la  plus  colonisatrice.  Nous  devons  préparer  les 
futurs  colons  par  l'étude,  changer  nos  mœurs  administratives  et  déterminer  un 
courant  de  capitaux  vers  nos  possessions  africaines.  J.  G. 

Le  dernier  rapport  d'un  Européen  sur  Ghàt  et  les  Touareg  de  l'Aïr 
(Journal  de  voyage  d'Erwin  de  Bary,  1876-1877).  Traduit  et  annoté, 
par  H.  Schirmer.  Paris,  Fischbacher,  1898,  1  vol.  in-8.  H.  Schirmbr. 

L'intérêt  de  cette  traduction  consiste  dans  la  divulgation  de  connaissances 
sur  une  région  peu  connue,  n'ayant  été  explorée  que  deux  fois  par  les  Euro- 
péens. E.  de  Bary  était  issu  d'une  famille  française  émigrée  en  Bavière.  Obser- 
vateur sincère,  naturaliste  préparé  au  voyage  par  ses  études,  il  a  laissé  des 
relations  intéressantes  ;  la  première  est  le  rapport  de  son  exploration  dans  le 
Tasili,  publié  en  1878  dans  les  Zeitschrift  de  la  Société  de  géographie  de 
Berlin  ;  la  seconde  est  son  journal  de  voyage  de  1876  et  1877  tel  qu'il  a  été  ré- 
digé. Elles  sont  accompagnées  de  notes  comparatives  avec  les  explorations 
contemporaines. 

Prince  Henri  d'Orléans.  —  Une  visite  à  l'empereur  Ménélik.  Notes  et 
impressions  de  routes,  avec  nombreuses  photogravures  inédites.  Pa- 
ris, Dentu,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

Relation  de  la  vie  de  voyage  en  caravane,  avec  ses  épisodes  quotidiens. 
L'Abyssinie  est  un  pays  s  où  l'on  se  trouve  frappé  par  un  côté  chevaleresque, 


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496  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

sentimenUl,  noble,  à  côté  d'an  caractère  tout  oriental  moins  élevé.  »  lfénélik, 
<  qui  est  un  moderne  »,  est  ami  de  la  France.  Il  favorise  la  colonisation  à 
Djibouti,  où  elle  eat  appuyée  sur  des  éléments  français  et  où  elle  a  un  terrain 
avantageux  à  son  expansion.  Le  but  de  ce  voyage  a  été  de  contribuer  à  l'expan- 
sion scientifique,  morale  et  commerciale  de  l'influence  française  et  à  resserrer 
les  liens  entre  les  doux  pays. 

Raymond  Teisseire.  —  Marchand  et  la  question  du  haut  Nil.  Confé- 
rence. Marseille,  1898,  broch.  in-8.  Auteub. 

E.  Chaudoin.  —  Trois  mois  de  captivité  au  Dahomey.  Paris,  Hachette, 
1891,  1  vol.  in-8.  Achat. 

Pierre  d'Espagnat.  —  Jours  de  Guinée.  Paris,  1898,  1  vol.  in-8. 

Perrin  et  C,  éditeurs. 

Journal  quotidien  de  voyage  écrit  dans  un  style  coloré.  <  Ces  pages,  dit  l'au- 
teur, sont  telles  que  je  les  écrivis  à  la  merci  des  gîtos,  avec  le  reflet  changeant 
de  mon  existence;  jours  de  soif  et  de  fièvre,  aux  étapes  bizarres.  »  Les  des- 
criptions do  la  nature  tropicale  dans  les  régions  aurifères  du  golfe  de 
Guinée,  se  rapportent  ù  Alangoua,  à  Samvi,  à  Attié. 

A.  J.  Wauters.  —  L'Etat  indépendant  du  Congo.  Historique,  géographie 
physique,  ethnographie,  situation  économique,  organisation  poli- 
tique. Bruxelles,  Falk,  1899,  1  vol.  in-8.  Auteub. 

La  description  de  la  colonie  belge  commence  à  la  découverte  du  Congo, 
an  xv*  siècle,  et  finit  à  l'époque  contemporaine.  Les  principaux  ebapitros  sont  : 
l'historique,  la  géographie  physique,  l'ethnographie,  la  situation  économique  et 
l'organisation  politique.  L'auteur  indique  comment,  avec  des  fortunes  diverses, 
l'œuvre  du  roi  des  Belges,  fondée  depuis  treize  ans,  a  réalisé  peu  à  peu  son  pro- 
gramme, où  l'initiative  privée  a  collaboré  k  cello  du  souverain.  En  1897,  le 
mouvement  commercial  a  atteint  30  millions,  avec  progression  du  double  depuis 
l'année  1893.  Le  commerce,  suivant  son  pavillon,  se  fait  pour  les -trois  quarts  an 
profil  de  la  Belgique.  Au  1"  mai  1898  on  a  inauguré  le  chemin  de  fer  de  Ma- 
tadi  à  Léopoldville  ;  sa  longueur  est  de  368  kilomètres  ;  ia  voie  a  0  m.  75. 
Construit  au  milieu  de  toutes  les  difficultés  de  la  main-d'œuvre,  il  assure  la 
pénétration  par  la  voie  fluviale  jusqu'au  centre  du  continent  africain. 

Société  royale  de  médecine  publique  et  de  topographie  médicale  de 
Belgique.  Congrès  national  d'hygiène  et  de  climatologie  médicale  de 
la  Belgique  et  du  Congo  du  9  au  14  août  1897.  Seconde  partie.  Congo 
(climat,  constitution  du  sol  et  hygiène  de  l'Etat  indépendant). 
Bruxelles,  Hayez,  1898,  1  vol.  in-8. 

Société  royale  de  médecine  publique. 

La  Commission  a  rédigé  un  questionnaire  qui  a  été  adressé  à  tous  les  chefs 
de  poste,  missionnaires  ou  colons  établis  sur  le  territoire  du  Congo  belge  ; 
plus  de  cent  réponses  ont  été  faites.  Cet  ouvrage  important  renferme  ces  docu- 
ments, comparés  à  la  climatologie  et  à  l'hygiène  de  la  Belgique  ;  termes  pra- 
tiques de  comparaison  mis  à  la  portée  des  futurs  colons,  qui  sont  ainsi  initiés 
au  climat  du  pays  avant  d'y  aborder.  Il  conUent  pour  chaque  poste  des  indica- 
tions sur  la  situation  ;  les  tableaux  graphiques  de  la  température,  du  régime 
des  pluies,  de  celui  des  eaux,  de  la  mortalité,  etc.,  et  de  nombreuses  photogra- 
vures. Il  représente  une  monographie  didactique  et  administrative,  avec  l'état 
de  situation  de  la  colonie  ;  elle  est  une  preuve  du  développement  de  la  coloni- 
sation depuis  la  fondation.  J.  G. 


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OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ.  497 

Albert  Bordeaux.  —  Rhodésia  et  Transvaal.  Impressions  de  voyage. 
Paris,  1898,  1  vol.  in-8.  Plon,  Nourrit  *et  C,  éditeurs. 

Notes  de  voyage  aux  mines  d'or  et  de  diamants  de  l'Afrique  :  le  Mashona- 
land,  le  MatabelalanJ,  le  Gharterland,  Johannesburg,  Kiniberley,  etc.  Le  narra- 
teur pense  t  servir  l'œuvre  de  la  colonisation  »,  en  faisant  connaître  ces  ré- 
gions où  se  porte  l'activité  minière  et  voulant  intéresser  ceux  qui  suivent  cette 
voie  pénible,  mais  rémunératrice. 

AMÉRIQUE-  —  Eugène  Guénin.  —  La  Nouvelle-France  (Histoire  de  la 
colonisation  française.  II.  Ouvrage  publié  sous  le  patronage  du  Co- 
mité Dupleix).  Paris,  Fourneau,  1898,  1  vol.  in-8.  Auteur. 

De  l'ensemble  de  cette  histoire  du  Canada,  il  ressort  c  jusqu'à  l'évidence  que 
la  race  française  est  essentiellement  colonisatrice  ».  Cotte  colonie,  aujourd'hui 
prospère,  a  été  abandonnée  à  cause  de  l'incurie  d'un  gouvernement  prévarica- 
teur, et  de  la  tyrannie  de  l'étranger.  Les  Canadiens  d'origine  française  ont 
conservé  la  tradition  de  leur  nationalité  ;  ils  sont  vlvaces  et  ont  pris  un  essor 
qui  proteste  contre  cette  insinuation. 

Daniel  G.  Brinton.  —  The  linguistic  cartography  of  the  Chaco  région 
(Amer.  Philos.  Soc).  Philadelphia,  1898.  broch.  in-8. 

Daniel  G.  Brinton.  —  A  record  of  study  in  aboriginal  American  lan- 
guages.  Printed  for  private  distribution.  Media,  Pa.,  1888,  opuscule 
in-8.  —  (Notices  diverses  d'archéologie  et  de  linguistique,  extr.  de 
VAmerican  Anthropologist).  Auteur. 

Prof.  Edw.  S.  Morse.  —  Was  Middle  America  peopled  from  Asia?  (Ap- 
pleton's  Pop.  Se).  New- York,  1898,  broch.  in-8.  Auteur. 

En  comparant  les  objets  ethnographiques,  l'architecture  des  monuments 
mexicains,  les  poteries,  les  armes  et  divers  ustensiles,  on  retrouve  des  carac- 
tères asiatiques.  Ils  n'existent  pas  pour  les  aborigènes  des  deux  extrémités  de 
l'Amérique.  L'Asie,  qui  est  considérée  comme  le  berceau  de  la  race  humaine, 
aurait  peuplé  le  centre,  soit  par  la  voie  du  détroit  de  Berhing,  soit  avec  la  navi- 
gation, favorisée  par  les  courants.  L'invasion  des  Chinois  aurait  eu  lieu  à  une 
époque  voisine  de  la  période  préglaciaire. 

Ernesto  Mattoso.  —  Estado  do  Amazonas.  Limites  da  Republica  corn  a 
Guyana  Inglesa.  Memoria  justifleativa  dos  direitos  do  Brasil.  Rio  de 
Janeiro,  1898, 1  vol.  in-8.  Gouvernement  rrésilien. 

Réunion  des  documents  intéressant  le  règlement  de  la  question  du  territoire 
contesté  entre  la  Guyane  anglaise  et  le  Brésil,  pendante  depuis  le  commence- 
ment du  siècle.  Une  carte  qui  accompagne  l'ouvrage  indique  les  différentes 
délimitations  proposées  :  celle  de  Schomburgk,  celle  de  Humboldt,  celle  de 
Porte  de  Saint-Joaquin  (1811),  la  réclamation  du  Vénézula  (1895).  Une  autre 
carte  reproduit  celle  qui  avait  été  dressée  en  1843  d'après  le  décret  du  gou- 
vernement brésilien.  Une  partie  de  la  difficulté  do  la  solution  provient  de  la 
confusion  des  caractères  géographiques. 

OCÉANIE.  —  D.G.  Brinton.  —The  Peoples  of  the  Philippines  (Ame- 
rican Anthropologist).  Washington,  1898,  opuscule  in-8.        Auteur. 

Louis  Yossion.  La  production  sucrière  aux  lies  Hawaï,  en  1896-1897  et 
l'immigration  japonaise.  Paris,  Ghallemel,  1898,  broch.  in-12.  Auteur. 


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498  OUVRAGES  OFFERTS  A  LA  SOCIÉTÉ. 

RÉGIONS  POLAIRES-  —  Exploration  internationale  des  régions  po- 
laires 1882-1883  et  1883-1884.  Expédition  polaire  finlandaise.  Tomes  I, 
II,  III  (1896-1898),  in-4.  Gouvernement  général  de  Finlande. 


CARTES  —  PHOTOGRAPHIES  —  PORTRAITS 


Dr  Ebnest  Friedrich.  —  Uebersichtskarte  von  Klein-Asien.  —  Handels- 
und  Producktenkarte  von  Kleinasien.  Mit  Nebenkarten  und  Régis  ter. 
1/2,500,000.  Halle,  1898.  G.  Strrnkopf,  éditeur. 

Cartes  d'une  fort  belle  exécution,  dressées  d'après  les  données  les  plus  ré- 
centes. Comme  les  titres  l'indiquent,  chacune  des  deux  cartes  (carte  générale 
et  carte  économique  et  commerciale)  est  accompagnée  d'un  index  des  noms  et 
d'une  liste  abondante  de  sources.  Parmi  celles-ci.  l'ouvrage  du  regretté 
V.  Cuinet  semble  avoir  été  largement  mis  à  profit.  Cartonnées,  format  commode 
(petit  in-4).  -  (Prix  1  fr.90  et  3  fr.  40). 

Expédition  hydrographique  du  lieutenant-coionel  Vilkitzky  dans  l'Océan 
Glacial  et  dans  les  fleuves  Yenisseï  et  Ob.  1893-1896  (cartes  marines 
de  l'hydrographie  russe,  nM  483,  484,  485).  Anonyme. 

Atlas  des  cartes  marines  du  Haut-Mékong  d'après  ies  travaux  de  la 
mission  hydrographique  composée  de  MM.  Simon,  Le  Vay,  Pi.  Avril 
1893  à  janvier  1896.  Dessiné  au  Service  géographique  du  Ministère 
des  Colonies,  par  Y.  Tourdias.  Autographié  et  imprimé  au  Service 
géographique  de  l'armée.  Ministère  des  Colonies. 

Léon  Lemuet.  —  Ouest  de  la  France.  Manche,  Côtes-du-Nord  (Saint-Lo, 
Granville,  Gulldo...),  18  pi.  Auteur. 

Album  de  la  mission  hydrographique  du  Haut-Mékong,  dirigée  par 
M.  G.  E.  Simon,  lieutenant  de  vaisseau.  1893-1896  (74  vues  sur  36  pi.). 

Ministère  des  Colonies. 

Portraits  de  MM.  Zeballos;  —  Peney;  —  H.  Liotard;  —  M.  M  on  nier.  - 


Le  gérant  responsable: 
Hulot, 

Secrétaire  général  de  la  Commission  Centrale. 

BOULEVARD  SAINT-GBRMAIH,  184. 


5532.  —  L.-lmprimeries  réunies,  B,  rue  Saint-Benoît,  7.  —  Motteroz,  direct. 


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jy»$.J>«x*n&ne  1898. 


Itinéraire  de  la  Mission  E.  Gentil 
iNTRE  UOUBANGUI  ET  LE  TCHAD 


1895  -  1898 


izDëe..i8gS,   Ouad 


E  GÉOGRAPHIE 


imp.  £rh*rd.   f  ' r. 


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m 


TABLE 


SYSTEMATIQUE    DES    MATIÈRES 

COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 
ANNÉE    1898 


SEANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 

7  janvier. . .  G.  Saint-Yves  :  Asie  centrale 2 

»      —            E.  Gallois  :  Birmanie 5 

?f      —           Dr  Maciaud  :  Guinée  française 11 

M     —           (Séance  extraordinaire).  Sven  Hedin  :  Asie  centrale.  11 

4  février . . .  Chailley-Bert  :  Java 57 

IS     —            De  Cuverville  :  Balkans 60 

23     —           (Séance  supplémentaire).  Pasteur  Coillard  :  Zambèze.  63 

4  mars P.  Labbé  :  Kirghizes 97 

»      —           H.  de  La  Vaulx  :  Patagonie 98 

iS     —           Baron  de  Baye  :  De  Penza  à  Minoussinsk 103 

?/      —           (Séance  extraordinaire).  Réception  de  E.  Foa 107 

i"  avril Centenaire  de  W.  Barents  (H.  Cordier,  Ch.  Rabot)..  159 

5  —  (Séance  supplémentaire).  M1"  I.  Massieu  :  De  l'Ir- 

rawaddi  au  Mékong  supérieur 162 

»      —            L.  Yermeerscb  :  Au  Gourma 171 

J 5      —  (lr*  assemblée  générale).  Hulot  :  Rapport  général 

sur  les  prix;  P.  de  Barthélémy  :  Indo-Chine 185 

25     —  (Séance  extraordinaire).  Centenaire  de  Vasco  de  Ga- 

ma  (H.  Cordier,  E.  Vedel,  marquis  de  la  Mazelièrei.  189 

0  mai J .  M.  Bel  :  Laos,  Annam 217 

iO     --            M«r  £egal  et  M«r  Grouard  :  Canada,  Klondyke 220 

:}  juin Brctonnet  :  Boucle  du  Niger 274 

»      —            Bastard  :  Madagascar 275 

17     —           E.  Yedel  :  Centenaire  de  Vasco  de  Gama,  à  Lisbonne.  282 

»      —           H.  Cûenot  :  Unterwald  (Suisse) 284 

4  novembre.  P.  Blanchet  :  Mission  archéologique  en  Algérie....  341 

1S     —           Réception  de  E.  Gentil,  à  la  Sorbonne 342  421 

9  décembre.  E.  Salesses  :  De  Conakry  au  Niger 455 

?:?     —  (Seconde  assemblée  générale).  Hulot  :  Progrès  de  la 

géographie  en  1898;  de  Bonchamps  :  Ethiopie.  456 

SOC.  DE  GKOGR.  —  K.  R.  DES  SÉANCES.  3ô 


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500  TABLE  SYSTÉMATIQUE  DES  MATIÈRES. 


NOUVELLES  GÉOGRAPHIQUES 

Océanographie.  —  J.  Richard  :  Campagne  de  la  Princesse- A  lice.  343 

Europe.  —  Commerce  maritime  de  l'Allemagne 38 

—  Ch.  Rabot  :  Glacier  de  la  Laponie  suédoise 133 

—  P.  Labbé  :  Bachkirs 344 

Asie.  —  De  Bondy  :  Iles  Bonin 39 

—  Asie  centrale  et  Turkestan   russe.  Gisements  de  fer  et  de 

cuivre 135,  225 

—  Navigation  sur  les  fleuves  de  Sibérie. . , 136 

—  Hainan 203 

—  Mandchourie.... 225 

—  A.  Fauvel  :  Kouang-tchéou-ouane 227 

—  G.  Amelot  :  Navigabilité  du  Mékong 229 

—  Voyage  de  M.  M.  Monnier 296 

—  Expédition  du  lleut.  0.  Olufsen 297  458 

—  A.  Fauvel  :  Hong-Kong  agrandi -  298 

—  H.  Brenier  :  Mission  lyonnaise  d'exploration  commerciale  en 

Chine 301 ,  349 

—  Voyage  du  baron  de  Baye  dans  la  Caucasie 348 

—  Mission  Bonin  en  Chine 304,  348 

—  Ascensions  de  M.  de  Déchy  dans  le  Caucase 456 

Afrique  septentrionale.  —  Voyage  de  G.  Forret  au  Maroc 44) 

—  F.  Foureau  :  Déterminations  astronomiques  au  Sahara....  68 

—  MM.  Laperrine  et  Germain  à  In-Salah 232 

—  H.  Deherain  :  Oasis  de  Siouah  (Egypte) 244 

—  Bahr-el-Ghazal  (mission  Marchand) 305 

—  Missions  Parkinson,  Brander-Dunbar  et  Aylmerau  pays  des 

Somalis 42 

—  L.  Darragon  :  Sidama,  Mara,  etc 140,  464 

—  E.  de  Poncins  :  Ethiopie,  Somal 140,  205,  363 

—  Marquis  de  Bon  champs  :  Ethiopie 306 

—  G.  Saint-Yves  :  Erythrée  italienne 363,  466 

Afrique  centrale.  Soudan.  —  P.  Vuillot  :  Kati  et  Koulikoro 41 

—  P.  Vuillot  :  Bassikoundou 70 

—  —         Reconnaissance  à  l'ouest  de  Tombouctou 232 

—  H.  Froidevaux  :  Mission  Marchand 361 

—  Nouvelles  de  la  mission  du  Soudan 460 

—  Convention  franco-anglaise  du  Niger 304 

—  Bassin  du  Tchad  (Gentil,  Prins) 72  236 

—  Côte  d'Ivoire  (Clozel,  Hostains) 42,  235,  354 

—  Congo  (Béhagle,  Roulet,  Bouysson,  Julien).  72,  244,  355,  359,  460 

—  Dr  Herr  :  Rivière  Ouom 241 

A frique  orientale.  —  Kilimandjaro 245,  463 

Iles  de  V Afrique.  —  Madagascar  (G.  Grandidier) 308,  367 

—  Grande  Comore  (Pobéguin) 309 


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TABLE  SYSTÉMATIQUE  DES  MATIÈRES.  501 

Amérique  septentrionale.  —  E.  A.  Martel  :  Logan,  Orizaba 73 

—  Lacs  américains 75 

—  Alaska.  Klondyke 76,  309 

— *  Endiguements  du  Mississipi 76 

Mexique.  —  Amérique  centrale.  —  Mexique.  Orographie 77 

—  Mexique.  Notes  économiques 245,  315,  309 

Amérique  méridionale.  —  Colombie.  Mission  J.  de  Brettes 318 

—  Brésil(0.  Kerbey;  D.  F.  Katzer) 78 

—  Contesté  franco-brésilien 469 

—  Bolivie  (col.  Pando) 78 

—  Ascension  de  l'IUimani 469 

—  Patagonie.  Voyage  du  Dr  0.  Nordenskiôld 79 

—  —        Traversée  du  Dr  Dusén 80 

—  —       Explorations  de  J.  B.  Hatcher 81 

—  —       lies  Falkland 141 

Oeéanie.  —  Australie.  Mission  Carnegie 43,  143 

—  Nouvelle-Guinée  (de  Rijke  et  Julien) 206 

—  Nouvelle-Calédonie  (J.  et  P.  Garnier) 253,  319 

—  Insulinde  (voyage  de  MM.  Hiller,  Hamson  et  Furness) 370 

—  L.  Vossion  :  Une  barque  tahi tienne  à  la  dérive.  De  Tahiti 

aux  Hawaii 372 

Régions  polaires.  —  Ch.  Rabot  :  Mission  Jackson .  44 

—  Expéditions  diverses,  1898 376 

GÉOGRAPHIE   HISTORIQUE 

F.  de  Béhagle  :  Le  royaume  de  Loango 82 

Ch.  Rabot  :  Voyage  de  Quirini  dans  l'océan  Glacial,  en  1432 254 

GÉOGRAPHIE  MATHÉMATIQUE 

F.  Foureau  :  Longitude  d'In-Salah. 85 

CHRONIQUE  DE  LA  SOCIETE 

Bureau  de  la  société  pour  1898-1899 , 209 

—    de  la  Commission  centrale 10,  11 

Congrès,  dons,  admission  de  membres,  nécrologie,  présentation 

d'ouvrages,  réception  de  voyageurs 47-55,  91  -96, 

147-150,  207-216,  260-272,  327-340,  390-397,  475 498 

Obligations  sorties  au  tirage  de  1898... 260 

Bilan  de  la  Société  (état  des  recettes  et  des  dépenses  au  31  déc. 

1897) 2G8,  269 

CARTES 

Cartes  générales.  —  4#  centenaire  de  Vasco  de  Gama  (Voyages  de 

Chr.  Colomb,  de  Vasço  de  Gama,  de  Magellan)  {hors  texte).  n#6 


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502  TABLE  SYSTÉMATIQUE  DES  MATIBHRS. 

Asie.  —  M**  I.  Massieu  :  Voyage  en  Asie page  163 

—  Comte  P.  de  Barthélémy  :  Vinh  à  Louang-Prabang.  1/1 ,750,000 

(hors  te.cle) n*  4 

—  A.  A.  Fauvel  :  Baie  de  Kwang-Chau~wan page  228 

—  —           Hong-Kong  et  territoires  concédés 299 

—  H.  B  renier  :  Routes  de  pénétration  au  Yun-nan 350 

Afrique.  —  E.  Foa  :  Traversée  de  l'Afrique,  1/10,000,000  (hors  texte).  n#  3 

—  L.  Darragon  :  Itinéraire  en  Ethiopie,  1/100,000  (hors  texte).  n*3 

—  L.  Vermeersch  :  Haut  Dahomey,  1  3,000,000 pages  180-181 

—  P.  Vuillot  :   Région   de  Ras-el-Ma  et  de  Cassa,  Soudan, 

1500,000 page  234 

—  F.  Clozel  :  Côte  d'Ivoire.  Itinéraire,  1/625,000 235 

—  D»Herr  :  Rivière  Ouom 242 

—  K.  J.  Bastard  :  Itinéraires  ehez  les  Sakalaves,  1/4,000,000..  277 

—  De  Bonchamps  :  Ethiopie.  Itinéraire 307 

—  Convention  franco-anglaise  du  Niger  du  14  juin  1898. .    312-313 

—  J.  Bouysson  :  Nord  de  Libreville  et  bas  Ogôoué 356 

—  De  Béhagle.  Itinéraire  dans  l'Oubangui 360 

—  Mission  Marchand 364-365 

—  Mission  Gentil.  Itinéraire  entre  l'Oubangui  et  le  Tchad  (h.  t.).  n*9 

Amérique.  —  H.  de  la  Vaulx  :  Itinéraire  en  Patagonie,  1/7,000,000.  n«3 

—  Routes  vers  le  Klondyke page  310 

Ocèanie.  —  Nouvelle-Guinée  (vge  de  RR.  PP.  Rijke  et  Jullien)  (h.  t.).  n°4 

—  Bornéo  (voyage  de  MM.  Hiller,  Hamson  et  Furness).     page  371 

GRAVURES 

Birmanie  (pagode,  église) pages  7,  16T» 

Caravaniers  shans 167 

Poste  de  Gribingui 237 

Monument  de  Francis  Garnier 287 

Inscriptions  kalmoukes  au  Sémiretchié  (Sibérie) 323 

Cfiefs  Ungourras  et  Ka  (mission  Gentil) 431 

Palais  du  sultan  de  Baguirmi  (mission  Gentil) 441 

M.  E.  Gentil  et  Alifa  Ba  sur  les  rives  du  Tchad 447 

Le  Léon  Dlot  sur  le  Tchad 453 

Caucase.  Névé  de  glacier .  457 

N.  B.  —  Pour  les  informations  comprises  sous  la  rubrique  Notes. 
se  reparler  à  la  Taiilb  analytique. 


ERRATA 

Page  492,  lignes  38-30,  an  lieu  de  :  pour  envahir  l'Inde,  la  Chine...  ils  en- 
vahirent aussi  la  Hongrie...,  lire  :  pour  envahir  l'Inde,  la  Chine,  la  Perse  ei  aussi 
la  Hongrie,  menaçant  l'Europe... 


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503 


TABLE 

ANALYTIQUE    DES    MATIÈRES 

COMPTE  RENDU  DES  SÉANCES 
ANNÉE   1898 


afll.  =s  affluent, 

kir.  =  Afrique. 

Amer.  =  Amérique. 

anc.  a  ancien,  ancienne. 

aut.  =  auteur. 

av.  •=  avec. 

centr.  ac  centrait  -le. 

ch.  de  f.  m  chemin  de  fer. 

comra.  =  communication, 
eammuflicafiofw. 

Comra.  ecntr.  »  Commis- 
sion centrale. 

comp"  =  compagnon. 

croq.  =  crooui*. 

doc.  =  document,  docu- 
ment*. 

équat.  =  équatoriale. 

expéd  =  expédition,  ex- 
péditions. 

fl.  =  fleuve. 


ABRÉVIATIONS  : 

franc.  =  français,  -aise. 

géogr.  =  géographie,  géo- 
graphique. 

mb  =  membre;  mbs  = 
membres. 

mém.  s  mémoire. 

met.  =  méridional,  -le. 

m  s  «=■  manu#crtt. 

mt  =  mon/,  montagne. 

mU=  monte,  montagnes. 

nouv.  —  nom^au,  -vcik. 

orc.  =  occidental,  -le. 

or.  =  orùnfal,  -l«. 

ouvr.= ouvrage,  ouvrages. 

ouvr.off.sov  vrages  offerts. 

photogr.  =  photographies, 
photographiques. 

présdt  =  président. 

présnt  =  présentation. 

proj.  =  projet. 


rég.  =  région,  régions. 

rlv.  =  rivière. 

scient.    =     scientifique, 

scientifiques. 
sept.  =  septentrional,  -le, 
soe.  =  société. 
•oc.  géogr.  =  société  'de 

géographie. 
Soc.  ou  Soc.  Géogr.  =  So- 

cic*fc*  d«  Géographie  (de 

Paris). 
topogr.    =    topographie, 

topographique. 
trar.  =s  travail  travaux, 
v.  »  vf/te. 
vge  =  voyage. 
vges  =  voyages, 
vgr  =  voyageur. 
vgrs  =  voyageurs. 
vill.  =!i  village. 


N.  B.  —  Les  noms  des  personnes,  quand  ils  commencent  un  article,  sont  impri- 
més en  GRANDES  CAPITALES;  tous  les  autres  noms,  en  italiques. 


ABBADIE  (Antoine  <f  ),  147,  465. 
Afrfran,  lac  d'Ethiopie,  140. 
A&e/  (Ile),  384,  386. 
Abyjitnù.  Voy.  Ethiopie. 
ACHILLE.  Discours  à  l'inauguration 

du  monument  Francis  G  amie  r, 

292. 
Adals,  peupl.  d'Ethiopie,  141,  205. 
ADAM  (A.),  mb  admis,  336. 
ADAM  (M"J.),201. 
Adare  (cap),  145,  146. 
Adualla,  riv.  de  NuM»uinée,  208. 
Afrique  équatoriale.  Vge  de  E.  Foa, 

à  travers  ni.  av.  carte,  107-133. 
AHMED  BEN  MEDJKANE,  interprète 

de  lamission  Gentil,  427,  428,432. 
Ain  (départem*  de  1').  Don  d'une 

étude  sur  le  ||,  408. 
AKINFIEF  (J.),  botaniste  russe,  45. 
Alabule,  riv.  de  W-Guinée,  208. 


Aland  (mer  d'||),  391. 

Alaska.  Le  mt  S»-Elie,  73;  —  Lefl. 

Sushitna,  76;  —   Klondyke,  77, 

309-315. 
Alataou(rau)t  347,348. 
ALBRECHT  (G.),  présdt  soc.  géogr. 

de  Brème.  Mort  de  ||,  478. 
ALBREY.  Ouvr.  de  ||,  signalé,  484, 
ALBY,  administrât'  colonial,  172. 
Algérie.    Comm.    de  P.  Blanchet 

sur  r||,  342. 
Allemagne.  Commerce  maritime  do 

ni   38. 
Aloùorou,  riv.  d'Ethiopie,  307. 
AMANIEUX(D*S  ).  Un  don  de  ||,147. 
Amara  (Ethiopie),  187,  1£8. 
AMARAL  (comte),  présdt  de  la  soc. 

géogr.  de  Lisbonne,  260,  283. 
Amaume.  Yge  de  0.  Kerbey  sur 

ni,  78. 


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504 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


AMDKUP  (G.)»  chef  d'une  mission 
au  Gronland,  377. 

AMÉDÉE  DE  SAVOIE  (prince).  As- 
cension du  Sainl-Elie,  73;  — 
Proj.  d'expéd.  au  pôle  Nord,  146. 

AMELOT  (Gaston).  Navigabilité  du 
Mékong,  229-232. 

Amou-dariatiL.),  anc.  lit  del'H,392. 

Amour  (il.).  Utilisation  de  P||,  137. 

Ana  (Bornéo),  372. 

Anaelia  (Caucase),  321. 

ANDERSSON  (V  G.),  botaniste  et 

ANDERSSON  (J.  G.),  mbs  de  Pexpéd. 
Nathorst,  380. 

Andes.  Explorations  dans  les  |j,  80- 
8t. 

ANDRÉ  (M"*  Ed.),  candidate  pré- 
sentée, 481. 

ANDREASEN  (H.),  384. 

ANDRÉE,  explorât'  polaire,  47.  — 
Expéd.  au  secours  d'||,  388. 

ANERT,  explorât'  russe,  226. 

ANGRAND.  E.  A.  Hamy,  lauréat  du 
prix  ||,  102. 

Annam.  M.  Bell  dans  l'||,  217-219. 

Antarctic,  navire  de  l' expéd.  Na- 
thorst, 381 ,  381  ,  382, 383, 384, 386. 

ANTHOINE  (E.),  V-présdt  de  la 
Comm.  centrale,  11. 

Aouache  (Ethiopie),  205,  206. 

Aouembas,  peupl"  de  l'Afr.  équaL, 
118-119. 

At autant,  peuplade  de  la  Patago- 
nie,  99. 

ARENBERG  (prince  A.  d'),  présdt 
du  Congrès  national  de  géogr.  de 
Marseille  et  délégué  de  la  Soc. 
Géogr.,  92,  326,  398.  -  342,  406. 

Argentine  (Rép.).  Frontière  chilo- 
argentine,  394. 

Aroa,  riv.  de  la  N^-Guinée,  206. 

Aroangoua,  fl.  de  l'Afr.  équat.,  110, 
114, 116. 

Asie.  Vge  de  M.  Monnier  en  ||.  296- 
297.  —  /<*.,  du  capitM  Nowitzky, 
392  ;  —  r ancien  lit  de  l'Amou- 
Daria,  392. 

Asie  centrale.  Vges  de  G.  Saint- 
Yves,  en  ||,  2-4;  — de  Sven  He- 
din,  14-38  ;  —  de  Olufsen,  297, 
458.  -  Le  Lob-nor,  146.  —  Pré- 
sent d'ouvr.  surl'H,  210. 

Asmara  (Erythrée),  366. 

ASSANOF,  322. 

Assikauo  (Côte  d'Ivoire),  355. 

Association  historiette  pour  V étude 
de  F  Afrique  du  Nord.  Fondation 
d'une  ||,â42,4t8. 


Ataeama.  Yoy.  Pu&a  <f||. 
Athabaska,  lac  et  riv.  du  Canada, 

222. 
AUBRY  (H.),  mb  admis,  480. 
Australie.  Expéd.  Carnegie,  43, 143. 

—  Vge  de  J.  et  P.  Garnier,  319. 
AYLMER  (G.  P.  Y.),  vgr  anglais  dans 

l'Afr.  or.,  42. 
AZAY  (R.  L.  d'),  mb  admis,  480. 
Aiingo,  lac  du  Congo  fr.,  357.       • 


Babulonie.  Explorât*  des  ruines  de  1 1 , 

Bëchkirs,  peuple  de  Russie.  P.  Labbé 

chez  les  ||,  344-348. 
BaAng,  riv.  du  Fouta-Djalon,  354, 

Baga,  peuplade  de  Guinée,  12. 

Bagoé,  riv.  du  Soudan  mér.,354. 

Baguirmi  (Afr.  centr.).  La  mission 
Gentil  au  ||,  437-449. 

Bakr-el~Ghaial.  La  mission  Mar- 
chand au  ||,  306,  362. 

Bahr-ErguUg,  bras  du  Chari,  439, 
449. 

BA1LLAUD  (Emile),  chef  d'une  mis- 
sion au  Soudan  fr.,  460. 

Balkans.  Comm.  de  J.  de  CuvervUle 
sur  les  ||,  60-62. 

BAILLY-F0RFILL1ÈRE  (Georges), 
explorât'  mort  en  Air.,  334,  335. 

BALLAY  (gouv'N.  E.),  11. 

BALLOT  (gouverneur  Y.),  171,  172, 
173.  274. 

Baloubas,  peupl**del'Afr.équat.,127. 

Baltique  (mer).  Relation  hydro- 
graph.  entre  la  ||  et  la  mer  du  Nord, 

BAL  WIN  (lient'  E.  B),  mb  de 
l'expéd.  Wellmann,  387. 

Bandamat  riv.  du  Soudan  mér. ,  354. 

Banços-Banaos,  peuplade  de  l'Afr. 
équat.,  127. 

Bangouéolo  (lac),  111,  117. 

BARAT1ER  (capitM),  mbde  la  mis- 
sion Marchand,  341.  —  Réception 
du  ||,  à  Paris,  406. 

BARBIE  DU  BOCAGE,  attribution  du 
prixjl,  92. 

BARBIER  (J.  Y.),  mb  décédé,  414. 

BARDON  DE  BRUN,  mb  admis, 
419,  479. 

BARENTS  (Willem),  navigateur 
hollandais.  Centenaire  de  ||,  157- 
162. 

Barents  (lie),  344. 

Baresy  peuplade  de  Madagascar. 


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r 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


505 


M.  Bastard  chez  les  ||,  275-281. 
Baribat  (pays  des).  Mission  Baud- 

Vermeersch  au  ||,  177-182. 
Baro  (riv.).  Voy.  Sobat. 
BaroUéêy  peuple  de  l'Air,  sud-or., 

64,  111. 
BAROUÏ  (Eugène),  mb  admis,  419, 

479. 
Barram,  fl.  de  Bornéo,  370,  371, 

372. 
BARREAU,  inspecteur  colonial,  355. 
BARR01S  (Ch.),  mb  admis,  52. 
BARTET  (D'),  176,  179. 
BARTHÉLÉMY  (comte  P.  de). Comm. 

sur  lindo-Chine,  av.  carte,  185- 

189.  —  Officier  d'Académie,  209. 
BARTHOL1N,  mb  de  la  mission  de 

Bonchamps,  306. 
BAR  Y  (Erwin  de).  Un  ouvr.  de  II, 

476,  495. 
Bauikounou  (Sahara   occ).   Note 

sur  ||,  av.  croq.,  57,  70-72. 
BASTAKD  (G.).  Comm.  sur  Mada- 
gascar,   av.   croq.,  275-281.  — 

Admis  mb,  335-336. 
Batoum.   Plantations  de  thé  à  ||, 

146. 
BAUD  (capitaine),  explorât'  en  Afri- 

Îue.  Comm.  sur  la  mission  du  |L 
71-182;— 274. 

BAYE  (baron  J.  de).  Comm.  sur  la 
Sibérie,  103-107.  —  Exposition 
des  collections  rapportées  par  ||, 
212.  —  Yge  an  Caucase,  348. 

BAYER  (Ch.  E.),  candidat  présenté, 
480. 

BAYLY  (Lancelot  S.),  mb  admis,  94. 

BECAYS  DE  LACAUSSADE  (de),  mb 
admis,  94. 

Beeren  Eiland  ou  tle  des  Ours.  Le 
prince  A.  de  Monaco  à \%  344.  — 
L'expéd.  Nathorstà  ||,  380-381. 

BÉHAGLE(F.  de),  vgren  Afr.  Nou- 
velles de  ||,  60,  72.  —  Note  sur 
le  Loango,  265,  455.  —  Mission 
sur  le  H1  Oubangui,  av*  croq., 
359-361,460-462. 

BEL  (Marc),  209.  —  Mission  en 
Indo-Chine  (comm.),  217-219. 

BEL  (M-  Marc),  217. 

BELABRE  (Ch.  de).  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  408. 

Btlgiea,  navire  de  l'expéd.  de  Ger- 
lach,  389. 

Beltound,  flord  du  Spitzberg,  382. 

Béni,  fl.  de  Bolivie,  79. 

BERCHON  (Ch.),  mb  admis,  151, 
213. 


BERGER  (H.),  mb  admis,  213,  266. 

BERGER  (lieut1),  mb  de  la  mission 
Roulet,  244. 

BERNARD-CL01X  (Ch),  mb  admis, 
52. 

BERNIS  (de),  mb  de  la  mission 
Bretonnet,  tué  dans  le  H1  Daho- 
mey, 274. 

BERTRAND,  naturaliste,  mb  de  la 
mission  Foa,  108,  116,  124. 

BERTRAND  (A.),  vgr  en  Afr.,  64. 

—  Présnt  d'un  ouvr.,  273,  332. 
BESSON  (D'),  368. 

BÉZANET  (P.),  mb  admis,  419,  479. 
BIDAULT  (H.),  mb  admis,  52. 
Bielaia  (ou  Blanche),  riv.  de  Rus- 
sie, 345,  348. 
BIGET  (Olivier),  mb  admis, 419, 479. 
BINGER  (L.),  305. 
Birmanie.   Comm.    de  E.  Gallois 

sur  la  ||,  av.  grav.,  5-10.  —  H. 

de  MB#  1.  Massieu,  av.  carte  et 

grav.,  102-171, 
Birsk  (Russie),  346. 
BITH  (comm1),  candidat  présenté, 

480. 
Blanche  ou   Hvita   (lie).  L'expéd. 

Nathorst  à  l'||,  385. 
BLANCHET    (Paul).     Comm.     sur 

l'Algérie,  342.  —  418. 
BLONDEL  (G.),  mb  admis,  94.  — 

Présnt  d'un  ouvr.  de  ||,  330. 
BLOND1AUX  (lieut1  Paul),  explorât' 

au  Soudan,  354. 
BOCK  (Cari),  372. 
Bolaary  (Russie).  Les  ruines  de  ||, 

Bolivie.  Yge  du  col.  Pando  en  II, 

78-79. 
BONAPARTE  (pM   Roland),  présdt 

sortant  de  la  Comm.  centr.,  11. 

—  Délégué  au  congres  internat1 
d'histoire  diplomatique,  326.  — 
342.  —  Allocution  à  la  réception 
de  M.  Liotard,  403. 

BONCHAMPS  (M*  Chr.  de).  Yge 
de  ||  en  Ethiopie,  av.  croq.  306- 
308.  —Comm.  de  ||,  456.  — 
Admis  mb,  480, 

Bondoukou.  La  mission  Clozel  à  ||, 
235. 

BOND  Y  (de).  Iles  Bonin,  39. 

Bonghai,  riv.  d'Ethiopie,  306. 

BONIN  (E.),  vgr  en  Chine,  2;  — 
nouvelles  de  ||,  162, 265,  304,  348. 

Bonin  ou  Ogataivarajima  (Iles). 
Note  sur  les  ||,  39. 

Bonjo*,  peuple  de  l'Afr.  centr.,  461. 


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5M 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


BONNEL  DE  MÉZ1ÊRES,  chef  d'une 
mission  en  Afr.,  265,  455,  463. 

BONVALOT  (G.),  explorateur,  15, 
49,  98,  326. 

Borâna  (Ethiopie),  138. 

BORCHGREYINK,  explorât' polaire, 
145,  389. 

BORDEAUX  (A.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 497. 

BORÉLY  (de),  comp»  de  vge  de 
E.  Foa  en  Afr.,  108, 115,  116. 

Bornéo.  Yge  de  MM.  Hiller, 
G.  Hamson  et  Furness  à  ||,  av. 
carte,  370-372. 

Bossyébas,  peuplade  du  Congo  fr., 
35/    358. 

BOTELLAY  HORNOS  (de),  aut. 
d'un  plan-relief  de  la  péninsule 
ibérique,  327. 

Bothnie  (golfe  de),  391. 

BOTTEGO,  explorât'  africain,  306, 
308  464  4o5. 

floua,' peupld8d'Afr.centr.,436, 437. 

BOUCHÉ  (Paul),  mb  admis,  335, 336. 

Bouchmanty  peuple  du  Congo  fr., 
358. 

Bouddouma,  peuplde  de  l'Afr.  centr., 
451,  452. 

BOU  LAINE  (Mm*  C),  admise  mb,  335, 
336. 

BOU  LE  (M.).  Présnt  d'un  ouvr.  de  ||, 
327. 

Bouloun-Koul  (Asie  centr.),  458. 

BOUQUET  DE  LA  GRYE.  Présnt 
d'une  étude  de  ||,  282,  328.  — 
Réception  d'un  vgr,  333. 

BOURBONNAUD  (Louise).  Attribu- 
tion du  prix  ||,  91. 

BOURNAZEL  (de),  inspecteur  de  la 
garde,  au  Dahomey,  179. 

Boussa  (Soudan),  304. 

Bousso,  peuple  de  l'Afr.  centr.,  437. 

Boussole.  Présnt  d'une  étude  sur 
la  ||,  262. 

BOUYSSON  (J.).  Mission  agricole  et 
scient,  au  Congo  fr.,  355-359. 

BRAEKMO  (Sievert).  Chef  d'une 
expéd.  au  Nord,  388. 

BRANDER-DUNBAR,  vgr  anglais  en 
Afr.,  42. 

BRANDT  (professeur),  344. 

BRAULOT  (capitaine),  mort'au  Sou- 
dan, 184. 

BRAZZA  (P.-S.  de),  236,  237,  240, 
241.  —  La  mission  Gentil,  273. 
— -  Réception  de  E.  Gentil  à  Mar- 
seille, 293, 398.  —  Id.  de  Liotard, 
398,  422,  424,  427,  429. 


BREADEN,  vgr  en  Australie,  43, 143. 

Brème.  Commerce  de  ||,  39. 

BRENIfiR  (H.).  Itinéraires  de  la 
mission  lyennaise  en  Chine,  301- 
303.  —  Routes  de  pénétration  au 
Yunnan,  349-351. 

Brésil.  \ges  divers  au  ||,  78. 

BRETONNET(lieut,de  vaisseau  H.B.), 
explorât'  au  Soudan,  91, 178, 455, 
m.  —  Admis  mb,  151.  —  Elu 
secrétaire  de  la  Soc,  209.  — 
Comm.  sur  son  vge,  274. 

BRETSCHNEIDER  (D.  E.).  Présnt 
d'un  ouvr.  de  ||,  475. 

BRETTES  (J.  de),  vgr  en  Colombie, 
47,  318.  —  Retour  de  ||,  333. 

BRIQUEZ,  vgr  en  Afr.,  243. 

BROGLIE  (J.  de),  mb  admis,  419, 
479. 

BROUSSEAU  (G.).  Contesté  franco* 
brésilien,  468. 

BRUCE  (D*),  344. 

BRUNACHE,  vgr  en  Afr.,  243. 

BRUUN  (Daniel),  explorât'  en  Is- 
lande, 379. 

Bruxelles.  Création  d'un  Institut 
géogr.  à  ||,  417. 

BUCHANAN  (Professeur  J.),  343. 

Bulgarie.  J.  de  Cuvervilie  en  ||,  62. 

CABOT  (Paul),  comp*  de  vge  de  J. 

de  Neufritle  en  Indo-Chine,  186. 
CAGNI  (U.),  alpiniste  italien,  73. 
CAHEN  (H.),  mb  admis,  419,  479. 
Californie.  Vallées  sous-marines  de 

la  côte  de  t|,  257-268. 
CALL  (E.),  394. 
CALVfcRT,  promoteur  d'une  expéd. 

en  Australie,  143. 
CAMPBELL  (Robert),  223. 
Canada.  Comm.  de  M9*  Légal  et  de 

M*  Grouard  sur  le  ||,  220-225.  — 

Les  routes  au  Klondvke  par  le  ||, 

309,  315. 
Canarie  (G**).  Présnt  d'un  ouvr.  sur 

la  ||,  408. 
Caoutchouc.  Un  ouvr.  sur  le  ||,  212. 
CARLSEN    (ElUng),    explorât'    du 

Spitzberg,  383. 
CARNAP  (G.  de),  vgr  allemd  en  Afr., 

172,  361. 
CARNEGIE  (David  ) ,  chef  d'une  expéd. 

en  Australie,  43,  143. 
CARNIDE  (comte  de),  mb  décédé, 

265,  266. 
CARON  (E.).  Présnt  d'un  ouvr.  de  ||, 

148. 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


507 


CARON  (J.),  mb  admis,  335,  3S6. 

CARR  (capif),  343. 

GARRERO,  mb  de  la  mission  Bre- 

tonnet,  tué  aji  Soudas,  274. 
Carsevenne   (Amer.    mér.).   Lever 

du  Jj,  468. 
CARSERON   (Robert),  mb  décédé, 

150. 
CASPARI  (Chr.  E.),  rapporteur  de 

prix.  92. 
CASTEJA  (comte  A.  de),  mb  admis, 

267,  335. 
CASTONNET  DES  FOSSES  (H.  L.), 

mb  décédé,  265,  266. 
CATOIRE,  231. 
Caucase.  Trav.  géogr.  au  ||,  45.  — 

Sources  de  naphte  dans  le  ||.  321. 

—  J.  de  Baye  au  ||,  348.  —  M.  de 

Déchy  dans  le  ||,  456-458. 
CAUDRELIER  (commande.  G.),236. 
Cavally  (riv.),  354. 
GAYRADE  (capitaine),  lauréat  de  ia 

Soc,  92,  353. 
CAZEMAJOU  (capit- Gabriel  Mar.), 

explorât'  tué  au  Soudan,  414,435. 
GHABRET  DU  RIEU,  355. 
CHAFFANJON  (Jean),  vgr  en  Asie, 

3,  98.  —  Secret"  de  la  Soc,  157. 
GHAILLEY-BERT  (Joseph).  Corn  m. 

sur  Java,  57-59. 
CHAMBRUN  (C«  A.  de),  mb  admis, 

315.—  Mission  F.  Foureau,  460. 
CHANOINE  (lieut'C.P.J.),  explorât' 

au  Mossi,  174,  274. 
Chans  (Etats).  M-  1.  Massieu  dans 

les  ||,  166-168. 
Chan-toung  (prov.).  Critique  d'un 

ouvr.  sur  le  ||,  473. 
CHAPEL  (E.).  Don  d'un  ouvr.,  212, 
Chari  (fl.).  Mission  Gentil  au  II,  av. 

carte,  237,  423,  433,  435-451. 
Chartes  XII  (lie).  L'expéd.  Nathorst 

à  TU,  385. 
Chemin  de  fer.  Le  ||  de  Vologda  à 

Arkhangel,  46.  —  Progrès  du  || 

transsibérien,  10*.  —  Le  ||  trans- 

caspien,  136,  322.  —  Proj.  de  II, 

de  Konakry  au  Niger,    351-353, 

455. 
Chihuahua  (Mexique).  Valeur  éco- 
nomique de  ||,  246. 
Chileoot  tcol  de),  Alaska,  311. 
Chili.    Frontière    chilo-argentine, 

394 
Chine.  Hainan,  203-205.  —  Mand- 

chourie,  225-227.  —  Hong-Kong, 

298-300.   —   Itinéraires    de    Ta 

mission  lyonnaise  en  ||,  301-303. 


—  Mission  Bonin,  162, 265,  304, 
348.  —  Routes  de  pénétration  au 
Yunnan,  349-351.  —  Nouv.  ouvr. 
sur  la  ||,  473,  475. 

Choa.  Edm.  de  Poncins  au  ||,  205. 
GHUN     (professeur),     chef    d'une 

expéd.  océanographique,  320. 
Ciuaad  Garcia  (Mexique),  370. 
CLERC,  secret"  g1  de  la  soc  oura- 

Henne,  104. 
CLOZEL  (P.  J.).  Nouvelles  de  ||,de  la 

Côte  d'Ivoire,  42,  145,  235,  236, 

355.  —  La  rlv.  Ouom  d'après  ||, 

241.  —  424, 
COELLO  (colonel  Fr.),  mb  corresp* 

décédé   409. 
COILLARD  (pasteur  Fr.).  Le  haut 

Zambèze  (comm.),  60,  63-67.  — 

Présnt  d'un  ouvr.  de  ||,  93.  — 

—  Admis  mb,  94. 

COINTET  (E.  de),  mb  admis,  94. 
Colhuéhuapi,  lacdepatagonie,  100. 
COLIN  (le  R.  P.  £.).  L'observatoire 

de  Tananarive,  46.  —  Lauréat  de 

la  Soc,  91. 
Colombie.  J.de  Brettes  en  ||,47,318. 
Colonisation.  Système  de  ||,  chez 

les  Hollandais,  58. 
COLRAT  (Raymond),  comp"  de  vge 

de  Bonnel  de  Mézières,  265.  — 

Admis  mb,  213,  266 
COMBELLES  (Victor),   mb   admis, 

95,  151. 
COMBES,  mb  de  la  mission  Baud- 

Vermeersch  au  Soudan,  172. 
Comité  Dupleix.  Conférences  orga- 
nisées par  le  ||,326. 
Commerce    colonial ,    publication 

nouvelle,  329. 
Commission  centrale   de  la  Soc. 

Bureau  de  la  ||,  10-11. 
Comore.  Nouvelles  de  la  G*-||,  46 

309. 
Concours  de  montres  décimales, 

325. 
Congo  (fl.).  B.  Foa  sur  le  ||,  108. 
Congo  français.  Nouvelles  du  ||,  72. 

—  Missions  au  ||  :  Roulet,  244;  — 
Boussyon,  av.  croq.,  355-359;  — 
de  Béhagle,  av.  croq.,  359-361  :  — 
Julien,  461. 

Congrès  archéologique  de  Bourges, 

m. 

Congrès  de    V Association    franc. 

Sour  l'avancement  des  sciences, 
26,  398. 
Congrès  de  géographie  médicale 
de  S^Pétersbourg,  471. 


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508 


TABLE  ANALYTIQUE  DBS  MATIERES. 


Congrès  international  de  géogra- 
phie de  Berlin  (1899),  478. 

Congrès  national  de  géographie. 
19*  session  du  ||,  à  Marseille,  92, 

325,  326,  898.  —  Vœux  volés  par 
le  ||,  415-417.  —20-  session,  à  Al- 
ger, 478. 

Congrès  des  sociétés  suisses  de 
géographie,  à  Genève,  326. 

Congres  international  d'histoire 
diplomatique,  à  La   Haye,  150. 

326,  398,  475. 

Congrès  d'hygiène...  Bruxelles.  Une 
publication  du   ||,  signalée,  496. 

Congrès  des  ingénieurs  civils  et 
fêtes  du  cinquantenaire,  324. 

Congrès  international  de  pèche 
maritime,  à  Dieppe,  326. 

Congrès  des  Sociétés  savantes,  49  ; 
—  mbs  du  ||,  décorés,  209. 

Conservatoire  des  Arts  et  Métiers. 
Centenaire  du  ||,  324,  415. 

Convention  franco-anglaise  du  Ni- 
ger (14  juin),  av.  carte,  «82,  304- 
305. 

GONWAY  (Sir  M.).  Ascension  de 
rillimani,  469. 

CORA  (Guido),  géographe  italien, 
146. 

GORGELLE  (J.).  Présnt  d'une  étude, 
408. 

CORDEIRO  (Luciano),  secret,  per- 
pétuel de  la  soc.  géogr.  de  Lis- 
bonne, 260,  283. 

CORDIER  (H.),  rapporteur  de  prix 
92.  — 103.  —  Comm.  à  la  célé- 
bration du  centen"  de  W.  Ba- 
rents, 159.  —  Id.,  de  Vasco  de 
Gama,  191.  —  V°*  présdt  de  la 
Soc,  209.  —  La  tombe  de 
J.  Lelewel,  396.  —  Délégué  au 
congrès  d'histoire  diplomat.  de 
La  Haye.  398,  475.  —  Présnt 
d'ouvr.,  ihid.  —  Nouv»  éd.  du  livre 
de  Marco  Polo,  478. 

Corée.  Présnt  d'un  ouvr.  sur  la  ||, 
148. 

COSTE,  ingénieur  au  Canada,  314. 

Côte  d'Ivoire.  Mission  Clozel  à  la  ||, 
av.  croq..  42,  145,  285-236.  — 
Mission  Hostains,  354.  —  Assi- 
kasso,  355. 

Cours  spéciaux  pour  les  voyageurs, 
au  Muséum  d'histoire  naturelle, 
150. 

GOUSSOT  (A).Ouvr.  de  ||,  signalé,153. 

GRAMPEL  (P.),  anc.  explorât',  60, 
72,  239,  423,  429,  439,  444,  454. 


CRAYOISIER,  404. 

CUËNOT  (H.).  Comm.  sur  la  Suisse, 

284. 
CUPET  (capit-  P.  P.),  186. 
CUVERVILLE  (J.  de).  Comm.  sur 

les  Balkans,  60-62. 


Danois  (\\e  des),  344. 

DARRAGON  (Léon).  Exploration  en 
Ethiopie,  av.  carte,  97,  137-140, 
46*. 

Dauphiné.  Présnt  d'un  ouvr.  sur 
le  ||,  261. 

Dawson  City  (Klondvke),  311. 

DEBLENNE  (D*  R.),  mb  de  la  mission 
lyonnaise  en  Chine,  302,  303. 

DEC  H  Y  (M.  de].  Ascensions  dans  le 
Caucase,  456. 

DÊCLE  (Lionel).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 272. 

DECGEUR  (comm1),  explorât'  en 
Afrique,  171,  172,  179. 

DE  BECKEN  (G.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 153. 

DEFFARGE  (P.),  mb  admis,  52. 

DEHERA1N  (Henri).  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  210.  —  Expéd.  de 
A.  S.  White  à  l'oasis  de  Siouah, 
24t.  —  Id.  de  Hans  Meyer,  au 
Kilimandjaro,  245. 

DEISS  (Ed.).  Ouvr.  de  ||,  signalé, 
271. 

DE  LATTE  (Aug.),  mb  admis,   4*0. 

DKLEBECQDE  (A.),  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  50.  —  Lauréat  de  la 
Soc,  91. 

Délégués  de  la  Soc.  aux  fêtes  et 
solennités  scientifiques.  326;  — 
à  la  réception  de  vgrs,  398. 

DELISLE  (Dr  F.),  délégué  au  con- 
grès de  l'Assoc  franc.,  326,  398. 
—  413. 

DELMAS(E-),  mb  décédé,  478. 

DELPHIN  (Aug.),  mb  décédé,  478. 

DEMARS  (lieutt),  236. 

DEMÉE,  303. 

DENIS  (capitaine),  232. 

DEPORTER  (command*  V),  233. 

DE  RIJCKB  [imprimé  :  Bycke]  (le 
R.  P.).  Vge  en  N»le-Guinée,  av. 
carte,  207. 

DESBOS,  ingénieur,  230. 

DESPATYS  (baron  P.),  333. 

DEV1LLE,  administrât' au  Dahomey, 
172. 

DEWEZ  (L.),  attribution  du  prix  ||, 
91. 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  NATIÉRB8. 


509 


DEZ  (Albert),  mb  admis,  213. 

DICKEY  (A.).  Une  étude  de  ||,  si- 
gnalée, 76. 

Didetsa  (riv.),  affl.  du  Nil  bleu, 
306. 

Diouou,  riv.  du  Soudan  occ,  354. 

District  fédéral  (Mexique).  Yaleur 
économique  du  |],  247. 

Djibouti,  141. 

Djouba,  riv.  d'Ethiopie,  307. 

Dongol-Fellak  (Fouta),  352. 

Dons  (livres,  cartes,  photogr.)  et 
présnt  d'ouvr.,  50,  92,  147,  210, 
260,  327,  407,  473, 475,  487,  481, 

Dons  et  legs  faits  à  la  Soc,  40, 
92, 147, 184. 

DOUGLASS(A.  E.).  Hauteur  du  Po- 
pocatepetl  et  de  l'Orizaba,  d'a- 
près ||,  259. 

DOUMER,  gouv'  g1  de  l'Indo-Chine, 
230. 

DrabatU  (lie).  L'expéd.  Nathorst  à 
1*||,  385. 

DRAPEYROF  (Ludovic).  Présnt 
d'études,  264,  328,  409. 

DROT  (lieut*),  176,  179,  182. 

DUCHAN0Y  (Maxime),  2. 

DUCLOS  (P.),  mb  de  la  mission 
lyonnaise  en  Chine,  301,  303. 

DUHAMEL  (Henry).  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  260-262. 

DUJARDIM  Marius),  élève  du  col- 
lège Rollin,  lauréat  de  la  Soc, 
414. 

DUNOYER    (Fr.),   mb  décédé,   52. 

DU  PASSAGE  (Léon-Jacques),  mb 
admis,  51  ;  —  460. 

DURAND  (A.),  mb  admis,  94. 

Durango  (Mexique).  Valeur  écono- 
mique de  ||,  246. 

DURIER  (Gh.),  lauréat  de  la  Soc, 
92. 

DUSEN  (Dr  P.).  Exploration  en  Pa- 
tagonie,  80. 

DUTREUIL  DE  RHINS  <j.),  15,  49. 
—  Publication  du  vge  de  ||,  51, 
494. 

DUYEYR1ER  (H.),  explorât' africain, 
87;  —  attribution  du  prix  ||,  91. 

DYBOWSRY  (J.),  423,  424,  425. 

DYÉ  (Alfred),  mb  admis,  335,  336. 

Dyea  (Alaska),  311. 


EADS,    ingénieur   américain,    76, 

258. 
EcHpse  de  soleil  du  22  janv.,  45. 
Edge  (lie),  383. 


*V£ 


te.  Expéd.  à  l'oasis  de  Siouah, 


EICHARD(S.),  mb  admis,  419,479. 

Eiriksjàkull,  glacier  d'Islande,  378. 

EKMAN  (G.).  Baltique  et  mer  du  Nord 
d'après  \U  390. 

El-Kouli  (Soudan).  P.'Prins  à  ||, 
60,  72,  236,  238,  241. 

ENGHELGARDT,  gouverneur  d'Ar- 
khangelsk, 147. 

ERHARD  (Georges),  mb  décédé, 333. 

Erythrée.  Vge  de  G.  Saint- Yves  dans 
l'||,  363,  366,  466. 

ESCANDE(A.).  Nouvelle-Calédonie, 
d'après  ||,  253. 

Esclaves  (riv.  et  lac  des),  222,  223, 
224. 

ESPAGNAT  (P.  d').  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 496. 

Espagne.  Présnt  d'un  plan-relief 
de  r||,  327. 

ESTÈBE,  résident  à  Madagascar, 
279. 

Ethiopie.  Vge  de  L.  Darragon  en  ||, 
av.  carte,  97,  137-140,  464;  — 
Id.  de  Edm.  de  Poncins,  97, 140, 
205-206,  363.  —  Id.,  du  m"  de 
Bonchamps,  av.  croq.,  306-308. — 
Présnt  d'une  étude  sur  l'||,  363. 

ETIENNE.  Allocution  à  la  réceptn 
du  capitM  Baratier,  406. 

Exposition  d'objets  rapportés  par 
les  vgrs  :  De  Cuverville,  62  ;  — 
H.  de  la  Vaulx,  101,  212;  — 
J.  de  Baye,  202.  —  E.  Gallois,  265. 

Exposition  universelle  de  1900. 
La  géographie  à  l'||,  479. 


Fœroe  (Iles).  Mission  archéologique 
Bruun  aux  ||,  879. 

Faguibine  (lac).  Note  sur  la  région 
du  ||,  av.  croq.,  232-235. 

FA  IVRE,  mb  de  la  mission  de  Bon- 
champs,  306. 

Falkland  (lies).  Note  sur  les  II, 
141-143. 

FARRINGTON  (Olivier),  77. 

FAUVEL  (A.).  Baie  de  Kouang- 
Tchéou,  av.  croq.,  227-230.  — 
Agrandissement  de  Hong-Kong, 
av.  croq.,  298-300.  —  Présnt  d'un 
ouvr.,  473. 

Férédougouba.  Voy.  Sassandra. 

FÉR1DOUN,  mb  admis,  213. 

FERREIRA,  secret"  de  la  légation 
de  Portugal,  181,  283. 

FÉSIGNY  (lieut1  de  vaisseau  de),230. 


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510 


TABLE  ANALYTIQUE    DKS   MATfKliES. 


Fihercnana,  fl.  de  Madagascar. 
279, 280,  367. 

FILIPPI  (F.  de),  alpiniste  italien,  73. 

FLAMAND  (G.  B.  M.),  88.  —  Ouvr. 
de  ||,  signalé,  484. 

FLETGHER,  vgr  en  Australie,  143. 

FLOTTE  (R.  de).  Vge  de  G.  Forret 
au  Maroc,  40. 

FOA  (Ed.),  explorât'  africain,  11. 
—  Réception  de  ||,  à  la  gare  Sl- 
Lazare,  47.  —  /d.,  en  séance 
extraordinaire.  Récit  de  son  vge 
av.  carte,  107-133.  —  Lauréat  de 
la  Société,  91,  133. 

FORREST  (John),  explorât'  en  Aus- 
tralie, 143. 

FORRET  (Georges).  Vge  au  Maroc, 
10. 

Fort  Wrangel  (Alaska),  311. 

Foula,  peuplade  de  Guinée,  12. 

FOUREAU  (F.).  Longitude  d'In- 
Salah,  57,  85-89,  233.  —  Déter- 
minations astronomiques  au  Sa- 
hara, 68,69.  —  Nouv.  vge  de  ||, 
au  Sahara,  460. 

FOURNEAU,  explorât',  424. 

FOURNIER  (F.),  attribution  du 
prix  ||,91. 

Fouta-Djallon.  D*  Maclaud  au  ||, 
12,  353, 

Fram,  navire  de  l'expéd.  Sverdrup, 
376,  377. 

FRANÇOIS  (A.),  consul  de  France, 
281.  —  Admis  mb,  419,479. 

Franco is-Joteph  (Terre) .  Expéd . 
P.  Jackson  a  la  ||,  44.  —  Expéd. 
Wellmann,  387. 

FREDON,  mb  de  la  mission  Gentil, 
236,  238,  423,  428,  429. 

FR1CKER  (K.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 152. 

FRIEDRICH  (D.  E.).  Une  carte  de||, 
signalée,  498. 

Friguiaabé  (Fouta-Djallon)  ,352, 353. 

Frithjofy  navire  de  l'expéd.  Well- 
mann, 387,  388. 

FROIDEVAUX,  rapporteur  de  prix, 
91.  —  Expéd.  Hatcher  en  Pata- 
gonie,  81.  —  Présnt  d'ouvr.,  210- 
211,  262,  272.  —  Notes  écono- 
miques sur  le  Mexique,  d'apr. 
Schœnfeld,  245-253,  369.  —  Co- 
lonies françaises  dans  le  Mexique, 
315-318.  —  Résultats  géogr.  de 
la  mission  Marchand,  av.  croq., 
361-362. 

Frontière  chilo-argentine.  Ques- 
tion de  la  ||,  394. 


FROSSARD  (Henri),  mb  décédé,  414. 
FURNESS  (Dr),  vgr    en    Malaisie, 
370. 


GAIL  (J.  de),  mb  admis,  451. 

Galerie  ethnographique  du  Troca- 
dérOy  ouvr.  couronné,  102. 

Gallai,  peuple  d'Ethiopie,  205, 206. 

Gallegos  (Patagonie),  81. 

GALLET  (lieut*  J.  B.  L.  P.),  omcier 
tué  au  Soudan,  334. 

GALLIENI  (général),  gouverneur  g' 
de  Madagascar,  162,  273,  276. 

GALLOIS  (E.).  Comm.  sur  la  Bir- 
manie, av.  grav.,  5-10;  —265. 

—  Ouvr.  de  ||,  signalé,  495. 
GALPIN ,    sergent   de  la   mission 

Boulet,  2-14. 
GAMA  (Vasco  de).  Célébration  du 
centenaire  de  ||  :  à  Paris,  189-203, 
21 1 ,  260  ;  —  à  Lisbonne,  282-281 . 

—  Présnt  d'un  ouvr.  sur  ||,  329. 
Gamou  (Ethiopie),  139. 

GANIER  (capitaine  G.  P.),  176,  178, 
179   182. 

GARNIER  (Francis),  230  ;  —  Inau- 
guration du  monument  de  ||,  av. 
grav.,  285-292, 397. 

GARNIER  (M-  Vve  Ch.).  Dons  faits 
en  souvenir  de  son  Ris,  Christian 
Carnier,  491. 

GARNIER  (J).  Présnl  d'un  ouvr.,  51. 

—  Vge  en  Australie,  91,  282,  319. 

—  Note  sur  la  N"*-Calédonie,  253. 
GARNIER  (Pascal),  (lis  du  précé- 
dent. Vge  en  Australie,  91,  319. 

—  Admis  mb,  94.  —  Décès  de  ||, 
334,  477. 

GAUTHlOT(Ch-),  secrérg'delaSoc. 

géogr.  commerciale,  1,  296,  406. 

G'Baggas,  peuple  de  l'Afr.  centr., 

GENTIL  (E.),  explorât'  au  Tchad. 
Nouvelles  de  ||,  60,  72,  236-241. 

—  Retour  de  ||,  273.  —  Réceptions 
à  Marseille  et  à  Paris,  292-296, 
398.  —  Réception  solennelle  à  la 
Sorbonne.  Récit  du  vge,  av.  carte, 
342,  421-455.  —  Lauréat  de  la 

Î*-  médaille  d'or  de  la  Soc,  343, 
23. 
GEORGE  (Léon),  élevé  du  lycée  Jan- 

son,  lauréat  de  la  Soc,  415. 
GERLAGH  (de),  chef  d'une  expéd. 
belge  au  pôle  antarctique,  389. 
GERMAIN.  Reconnaissance  dans  le 
Sahara,  232. 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


511 


Ghinda  (Erythrée),  363,  366. 

Ghirin  (Mandchourle),  227. 

GILBERT.  Niveau  des  lacs  améri- 
cains, d'après  ||,  75. 

GILES,  explorât'  en  Australie,  143. 

GINOUX  (A.  de).  Note  sur  un  ouvr., 
484. 

GIRARD  (Aimé).  Publications  pro- 
venant de  la  bibliothèque  de  H, 
offertes  à  la  Soc.,  487-491. 

GIRARD  (J.),  secrétaire  adjoint  de 
la  Comm.  centr.,  11.  —  333.  — 
Turkestan  russe,  135-137.  —  lies 
Falkland,  141-143.  —  Le  projet 
d'expéd.  au  pôle  Sud,  145-146.  — 
Le  plateau  de  Rockhall,  256.  — 
Expéd .  océanographique  alle- 
mande, 326.  —  Mer  du  Nord  et 
Baltique,  390.  —  Glaces  flottantes 
de  l'océan  Austral,  395.  —  Pseudo- 
marées, 471. 

Glaces  et  glaciers.  Glaciers  de  La- 
ponie,  133.  —  Glaces  flottantes 
de  l'océan  Austral,  395. 

Godthaaby  navire  de  l'expéd.  Am- 
drup,  377. 

GOLDSCHOEN  (J.  L.),  mb  admis, 
335,  336. 

GONELLA  (F,),  alpiniste  italien,  73. 

GORE  (James),  mb  de  l'expéd.  Well- 
mann,  387. 

Gou9  riv.  du  Soudan  mér.,  354. 

Goubaiic  (Ethiopie),  139. 

Goulfec  (Afr.  centr.),  453,  454. 

G  oui  ma.  La  mission  Baud-Ver- 
meersch  au  ||,  172-177. 

GRAD  (Ch.),  attribution  du  prix  ||, 
92. 

GRANDIDIER  (Alfred),  rapporteur 
des  prix,  91.  —  Nouvelles  de  G. 
Grandidier,  308,  367. 

GRANDIDIER  (G.),  fils  du  précédent. 
Vge  de  ||  à  Madagascar,  282,  308, 
367. 

GRANDMAISON  (L.  de).  Ouvr.  de  ||, 
signala,  483. 

GREFFIER  (E.),  mb  décédé,  334. 

GRKNARD  (F.),  15,  49.  —  Présnt 
d'un  ouvr.  de  ||,  51,  494.  —  Lau- 
réat de  la  Soc,  92,  98.  —  Scru- 
tateur de  la  Soc,  209. 

GRENOT  (sergent),  mort  en  Guinée, 
351. 

Gribingui  (Afr.  centr),  236,  237, 
238,  429  et  suiv. 

Grnnland.  Popul»  indigène  du  ||, 
255.  —  Expéd.  diverses  au  |j 
(1898),  376. 


GROSJEAN  (A.),  mb  de  la  mission 
lyonnaise  en  Chine,  301, 302, 303. 

GROtlARD  (Mgr),  évoque  canadien. 
Comm.  sur  le  Mackenzie,  222- 
225. 

Guadalupe  (Mexique),  370. 

Guanajuato  (Mexique).  Valeur  éco- 
nomique de  ri|,  249. 

GUENIN  (Eug.).  Ouvr.  de  ||,  signalé, 

GUÉNOT  (Stéphane),  fondât'  de  co- 
lonies fr.  au  Mexique,  315. 

GUERNE  (J.  de),  archiviste  biblio- 
thécaire de  la  Soc,  délégué  au 
congrès  internat1  de  pêche  mari- 
time, à  Dieppe,  326. 

Guerrero  (Mexique).  Valeur  écono- 
mique de  ||,  251. 

GUÉS  (Emile),  mb  admis,  52. 

GUILLEN  (Ezechiel),  alpiniste,  469. 

GUILLET  (Lucien),  mb  admis,  151. 

Guilo,  riv.  d'Ethiopie,  307. 

Guinée  française.  Comm.  du  D'Ma- 
claud  sur  la  ||,  11-13. 

GUY  (Camille),  lauréat  de  la  Soc, 
92.  —  Scrutateur  de  la  Soc,  209. 

Guyane.  Contesté  franco-brésilien, 
468. 

GUYNET,  délégué  colon1,  404. 


Haïnan  (lie).  Note  de  Cl.  Madrolle 

sur  ||,  203-205;  —  227. 
H  AMANT  (Ch.  N.),  mb  admis,  419, 

479. 
HAMBERG  (Axel).  Glaciers  de  La- 

ponie  d'après  ||,  133.  —  380, 381, 

382,  383. 
Hambourg.  Commerce  de  ||,  38. 
HAMELIN  (Paul),  mb  admis,  335, 

336. 
HAMSON  (C),  vgren  Malaisie,  370. 
HAMY  (Dr  E.),  rapporteur  de  prix, 

102.  —  Lauréatdel'Acad.  des  se, 

103.  —  342. 

HANSEN  (J.),  cartographe,  148. 

HARMAND  <Dr  J.),  1. 

HARLAN,  înb  de  l'expéd.  Welliiinmi, 

387. 
HARMSWORTH    (A.    Ch.),    Mécène 

anglais,  376. 
HARTZER  (Le  Père  F.),  mb  admis, 

94.  —  Note   sur  deux   vges  en 

N"«-Guinée,  206-209. 
HASSENSTEIN,  cartographe,  87. 
Hassi  El-Ahomeur  (Sahara),  89. 
HATCHER  (J.   B.).  Exploration  en 

Patagonie,  81,  82, 


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512 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


HATT  (Ph.).  Don  dune  publicat», 

147. 
Hawaï.  Gourants  maritimes  vers  ||, 

372-375. 
HAVNES  (D*),  vgr  en    Babylonie, 

90. 
HEDIN  (Sven),  vgr  suédois  en  Asie. 

—  Réception  de  ||,  à  la  gare  du 

Nord,  48.  —  Séance  de  réception 

à  la  Soc,  11,14-38;  —  146. 
Helgoland,  navire  de  l'expéd.  Ler- 

ner,  386,  387. 
HELLOT  (M.  A.),  mb  décédé,  334. 
HÊMAR  (H.),  mb  décédé,  150. 
HÊNON,  vgr  en  Ethiopie,  139. 
HENR1C  (Dr),  174. 
HENRY  (H.),  mb  admis,   151,  213. 
HEPWARTH  (cap-).   Les  courants 

du  Pacifique  d'après  ||,  375. 
HERBET  FOURNET.  AttribuUon  du 

prix  ||,91. 
HERR  (Dr).  La  riv.  Ouom,  av.  croq., 

241-244. 
HESSELMAN,    botaniste    suédois, 

380. 
HBUGLIN  (Th.  v.),  383. 
Heure  décimale.  Projet  d'adoption 

d'une  ||,  325. 
Hidalgo  (Mexique).  Valeur  écono- 
mique de  ||,  249. 
HILLER  (H.  M.).  Yffe  en  Malaisie, 

av.  croq.,  370-372.  —  Admis  mb, 

419,  479. 
HIMLY  (A.),  1. 
HJULER  (A.),    mb  de  la  mission 

Olufsen,  297. 
HOFFMAN  (W.  J.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 482. 
HOFMA  (Dr   Ed.),   mb  de  l'expéd. 

Wellmano,  387. 
Hong-Kong.  Extension  du  territoire 

anglais  de  ||,  av.  carte,  298-300. 
//ono/t*/u(  Hawaï),  373,  374,  375. 
Hostains,  administrât' colonial.  Vge 

à  la  Côte  d'Ivoire,  354. 
Hvita  ou  Blanche  (lie),  385. 
HUBER  (W.).  Attribution  du  prix||, 

92. 
HUGUET  (Df  A.),  mb  admis,  419, 

479. 
HULOT  (baron),  secrétaire  g1   de 

la  Comm.  centr.,  11.  —  Présent. 

d'ouvrages,  50>  51.  —  Rapporteur 

g>  des  prix,  92,  183, 185;  —  456. 
HUNTZBUCHLER,  mbde  la  mission 

Gentil,  236, 237,  240,  423  et  suiv. 
Hydrographie.    Mer  du    Nord    et 

Baltique,  390. 


IU\m*ni(mx).  Ascension  de  P||,469. 

Ilovo,  riv.  de  Madagascar,  279. 

IMBAULT-HUART(CamilIe),  mb  dé- 
cédé, 52. 

Inde.  L'||  à  l'époque  de  Vasco  de 
Gama,  192,  200-202.  —  Vge  du 
capif  Nowitzky,  392.  —  Opé- 
rations géodésiques  dans  l'||,  472. 

Indo-Chine.  Comm.  sur  r||,  av. 
carte,  185-189,  217,  219.  —  Mé- 
kong, 229.  —  Inauguration  du 
monument  Fr.  Garnier,  285-292. 

In-Sâlah,  longitude  d'||,  57,  85-89. 
—  MM.  Laperrine  et  Germain  à  ||, 
232-233. 

InttUnt  aiogr.  de  l'Université  de 
Bruxelles.  Programme  de  l'||,417. 

Inthat,  peuple  birman,  166. 

Irraouaddy  (fl.),  5,  162, 165. 

Isalo,  mta  de  Madagascar,  280. 

Isfjord  (Spitzberg),  382. 

Islande.  Expéd.  scient,  en  ||,  377- 
380. 

It*a*y  peuple  d'Ethiopie,  140,  141. 

1VENS  (R.),  mb  corresp*  décédé, 
93,  94,  184. 


JACKSON  (P.  S.).  Expéd.  à  la  Terre 
François-Joseph,  44,  376. 

Jalisco  (Mexique).  Valeur  économi- 
que de  ||,  250. 

JANET  (Armand),  mb  admis,  266, 
335. 

JANSSEN,  attribution  du  prix  ||,  92; 
—  211. 

JAUCOURT  (M-  de),  admise  mb, 
151. 

Java.  Comm.  de  J.  Chailley-Bert 
sur  ||,  57-59. 

JENNINGS,  ingénieur  canadien,  311 . 

JENSEN,  vgr  en  Chine,  350. 

JENSEN  (Bernhard),capit"du5o**/t- 
ern  Crou,  389. 

Jicaltepec  (Mexique).  Colonie  franc, 
de  ||,  315-318. 

JOGAN  (Raymond),  mb  admis,  94. 

JOHANNES,  vgr  au  Kilimandjaro, 
245. 

JOHANNESSEN  (E.  H.),  385. 

JOMARD,  86,  87;  —  attribution  du 

Srix  ||,  92. 
DELL  (D.).  Ouvr.  de  \\t  signalé, 
482. 
JOUAN  (commandant  H.),  lauréat 

de  la  Soc,  91. 
JOULIA,  mb  de  la  mission  Gentil, 
427,  428. 


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TABLE  ANALYTIQUE  BES  MATIÈRES. 


513 


JUGLA  (A.  J),  mb  admis,  267,  335. 
JULIEN  (capitM),  chef  d'une  mission 

au  Congo  fr.,  460. 
JULLIEN  (le  R.  P.).  Vge  en  N»«-Gui- 

née,  av.  carte,  206-209. 
Jupiter-.  \  mmon  (oasis).  Voy.  Siaouh. 


Kapotché,  affluent  du  Zambèze, 
110. 

Kapouas,  fl.  de  Borné»,  371. 

Kara  (mer  de).  Expéd.  S.  Braekmo 
dans  la  ||,  388. 

KARAGEORGEVITCH  (prince  Boji- 
dar),  mb  admis,  266, 267  ;  —  281, 
283 

Karé  '(m"),  243,  244. 

Kasbek  (Caucase).  Ascension  du  ||, 
457. 

Kati  (Soudan  franc.).  Progrès  de  ||, 
41. 

Kattigat.  Courants  dans  le  II,  390, 
391. 

KATZER  (Friedrich),  vgr  au  Brésil. 
78. 

Katan  (Russie).  P.  Labbé  à  ||,  344, 
345. 

KELLËR  (D.  C).  Ouvr.  de  ||,  signalé, 
481. 

Kemo,  affl.  de  l'Oubangui,  425, 461. 

KERBEY  (Orton),exploratf  au  Brésil, 
78. 

Kha».  Voy.  Moi*. 

Khersourie  (Caucase),  456,  457. 

Khône  (Mékong),  230,  231. 

Kilimandjaro  (m1).  Ascension  du  ||, 
245,  463. 

Kirghiies.  Comm.  sur  les  ||  no- 
mades, 97. 

KIRKENTHAL  (DO,  384. 

KJELDSEN  (capit-),  385,  388. 

KJELLSTRÔM  (lieut1),  topographe 
suédois,  380. 

Klondyke.  Renseignements  météo- 
rologiques sur  le  I),  77.  —  Les 
routes  vers  le  |[,  av.  croq.,  399-315. 

KOLTHOFF,  zoologue  suédois,  380. 

KOMAROF,  chef  d'une  mission 
scient,  russe  en  Mandchourie,226. 

Konakry  (Guinée),  351,  352. 

KONCH1N  (M.).  L'anc.  lit  de  l'Amou- 
Daria  d'après  ||,  392-393. 

Kong.  Réoccupation  de  ||,  236. 

Konso  (Ethiopie),  138. 

Kouan-tchen-tta(ou  Tchan-tchoun), 
v.  de  la  Mandcbourie,  227. 

Kouang-tchéou  (baie  de).  Note  sur 
la  |j,  av.  croq.,  227-230. 


Kûulikoro  (Soudan  fr.),  41. 
Kouri,  peupl*  de  l'Afr.  centr.,  452. 
Kouronna  (Soudan),  351,  353. 
KOZLOFF  (P.).  Le  Lob-nor,  146. 

—  Nouv.  vge  projeté,  471,  472. 
KRASNOFF,  botaniste  russe,  147. 
Kratnoïarsk  (Sibérie),  105. 
KraiU  (Indo-Chine),  229,  230,  231, 

232. 
Krébedgéy  poste  dans  l'Afr.  centr., 

237. 
KRISTENSEN,    explorât'  polaire, 

145. 
Krouma,  peupl*»  d'Afr.  centr.,  430. 
KRUSE  (Ch.),   naturaliste  danois, 

377. 
Kvikkjokk  (Laponie),  133. 

LABBÉ  (P.),  comm.  sur  les  Kirghi- 
zes,  97.  —  Vge  chez  les  Bach- 
kirs  344-348. 

LABORDE  (L.  de),  mb  admis,  151. 

LACHAMBRE.  Présnt  d'un  ouvr.de  IL 
47. 

LACOSTE  (A.),  mb  admis,  151. 

Lac*  d'Amérique.  Changements  du 
niveau  de  grands  ||,  75. 

La  Grandière,  canonnière  franc** 
sur  le  Mékong,  168,  231. 

LAING,  aut.  cité,  86. 

LAÏRLE,  officier  au  Soudan,  355. 

LA  MAZEL1ÊRE.  Présnt  d'un  ouvr. 
de  ||,  93.  —  L'Inde  à  l'époque  de 
Vasco  de  Gama,  191 ,  192, 200, 202. 

LAMBLIN,  mb  de  la  mission  Clo- 
zel,  235. 

LAMOTHE  (de),  commissaire  gén1 
du  Congo  fr.,  244,  351.  —  Allo- 
cution à  la  réception  du  capitM 
Baratier,  406. 

LAN,  garde  principal  au  Dahomey, 
179. 

Landouman,  peuplade  de  Guinée, 
12. 

L  ANGEVIN  (Mgr),  archevêque  de 
Manitoba,  220,  224. 

Langjôkull,  glacier  d'Islande,  378. 

Uo*.  P.  de  Barthélémy  au  ||,  186- 
188.  —  M.  Bel  au  |l,  207-219.  — 
Haut  Mékong,  229-332. 

LAPERR1NE.  Reconnaissance  dans 
le  Sahara,  232-233. 

Laponie.  Glaciers   de  ||,  133-135. 

—  Expéd.  russe  en  ||,  144. 
LAPPARENT  (A.  de).  Présnt  d'ouvr. 

11,  50,  273,  282,  327,  407,  408. 

—  Rapporteur  de  prix,   92.  — 


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514 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


V-présdt  de  la  Soc,  20».  —  Dé- 
légué de  la  Soc,  397. 

LA  RONCIÈRE  (Cb.  de).  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  262. 

LAROUSSE.  Présnt  d'un  nouvel  At- 
las ||,  407. 

LATKINE,  chef  d'une  expéd.  en 
Laponie,  144. 

LA  TORRE  (Rafaël  M.  de),  proprié- 
taire au  Mexique,  317. 

Lauréats  de  la  Soc.  :  vgrs  et  géo- 
graphes, 37,  91,  92,  185,  343, 
423  ;  —  élèves  des  lycées  et  col- 
lèges, 414-415. 

LAURENT  (G.  E.),  mb  admis,  213, 
266. 

LAURET(E.),  rab  admis,  335,  336. 

LA  VAULX  (comte  H.  de),  79.  — 
Corn  m.  sur  la  Patagonie,  av. 
carte,  97, 98-102.  —  Officier  d'Aca- 
démie, 209.  —  Exposition  des  col- 
lections rapportées  par  |j,  212. 

LAYILLÉON  (de),  inspecteur  de  la 
garde  au  Dahomey,  179. 

Lealouyiy  v.  de  l'Afr.  sud-or.,  66. 

LE  BIHAN,  mb  de  la  mission  Gen- 
til, 425,  426. 

LEGLERGQ  (Jules).  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  147. 

LEFÈVRE  (Dr  E.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 272. 

LE  F1LLIÀTRE,  355. 

LEFORT.  Présnt  d'un  atlas  de  ||, 
148. 

LEFORT  (P.  A.),  mb  admis,  151, 213. 

LEGAL  (Mgr).  Mord-ouest  canadien 
(comm.),  220-222. 

Légion  d'honneur.  Mbs  promus, 
1,2. 

Lei-tchéou  (Chine),  229. 

LELEWEL  (Joachim) ,  anc.  géo- 
graphe polonais.  La  tombe  de  ||, 

LEMAÎTRE  (Jules),  326. 
LE   MYRE   DE  V1LERS   (Ch.    M.], 
vr#-présdtde  la  Comm.  centr.,  1. 

—  Elu  présdt,  10,  11.  —Allocu- 
tions, 11,  47,  162,  341.  —Dis- 
cours à  l'inauguration  du  monu- 
ment de  Francis  Garnier,  285-288, 
289-292.  —  Réception  de  E.  Gentil 
à  la  gare  de  Lyon,  294-295,  398. 

—  /d.,  du  capit1»  Baratier,  406. 
LENT,  explorât'  du   Kilimandjaro, 

245. 
LENZ  (Oscar),  aut.  cité,  70,  72. 
Léon   Blot%  vapeur  de  la  mission 

Gentil,  236,  2$7,  238,  421  et  suiv. 


LERNER  (Th.),  chef  d'une  expéd.  a 
la  Terre  du  Roi-Charles,  386,  387. 

LESIEUR  (Albert),  mb  admis,  419, 
479. 

LEVAT  (E.  D.),  explorât'  en  Sibé- 
rie, lauréat  de  la  Soc,  92.  — 
Présnt  d'un  ouvr.,  263. 

LEVIN  (D'  E.),  mb  de  l 'expéd.  Na- 
thorst,  380,  386. 

LEVINE.  Développement  économi- 
que de  la  Mandchourie,  d'après  j], 
225-226. 

Libreville  (Congo  fr.),  355,  357. 

Lien-tchéou  (presqu'île  de),  229. 

LIER  (Auguste),  mb  admis,  336. 

Limay  (Rio),  riv.  de  l'Amer,  inér., 
81. 

LINDEM  ANN  (Dr  M.).  Commerce  ma- 
ritime de  l'Allemagne,  d'après  ||, 
38. 

LINDET.  Publications  offertes  par  ||, 
487-491. 

L10TARD,  commissaire  du  Haut- 
Oubangui,  305,  362.  —  Réception 
de  ||,  à  Pauillac,  398-402;  —  à 
Paris,  403-406. 

LISTA  (Ramon),  mb  corresp1  dé- 
cédé, 93,  94»  184. 

Loango  (royaume),  note  sur  1|, 
60,82-85. 

Lob-nor9  lac  d'Asie.  S.  Hedin  au  ||, 
28.  —  Controverse  au  sujetdu  |j, 
146. 

Lot**  dans  la  vallée  du  Mlssissipi, 
393. 

Logan,  m1  d'Alaska,  73. 

LOGEROT  (Aug.  L.),  mb  décédé, 
265,  266. 

LOICQ  DE  LOBEL  (Léon),  mb  ad- 
mis, 213. 

Louapoula,  branche  super"  du  Con- 
go, 117. 

LOPEZ  (P.).  Une  carte  de  ||,  signa- 
lée, 486. 

Louama  (ou  Lougomba),  afn.  du 
Congo,  126. 

LOUR  Y,  ofllcier  tué  au  Soudan,  331. 

LOYATELLI,   arllstc  peintre,  313. 

Luana-Prabang  (Laos),  186-188. 

LUMHOLTZ  (Cari),  explorât'  au 
Mexique,  77. 

LYDEKKER,  zoologiste  anglais,  101. 


MAC  DONALD  (Sir  CI.),  298. 
MACHURON  (A.).  Présnt  d'un  ouvr. 

de  ||,  47. 
Mackeniie  (ft\),  222. 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES   MATIERES. 


515 


M ACLAUD  (Dr  J.  E.  Ch.),  La  Guinée 
fr.  (comro.),  H- 13.  —  Mission  au 
Fouta-Djallon,  353. 
MAC  QUESTKN.  Ciimat  du  Klon- 

dyke,  d'après  ||,  77. 
Madagascar.  Observatoire  de  Tana- 
narive,  46.  —  Gomra.  de  G.  Bas- 
tard  sur  ||,  av.  carte,  275-281.  — 
Vge  de  G.  Grandidier  à  ||,  308, 
367-369.—  Présnt  d'un  ouvr.sur||, 
408. 
Madré  de  Dios,  fl.  de  Bolivie,  79. 
MADROLLE    (Cl.).    L'Ile    Haïnan, 
203-205.  —  Officier  d'Académie, 
209 
Magellan  (détroit  de),  98. 
Mahakkam,  fl.  de  Bornéo,  372. 
MAISTRE  (G.),  explorât',  237,  243, 

244,423,425,  427,434,436. 
Malaspina  (glacier),  73,  74. 
Malais ie  (archipel  de  la).  Vge  de 
MM.  Hiller,  G.  Hamson  et  Furness 
dans  T||,  av.  croq.,  370-372. 
Malio,  riv.  de  Madagascar,  280. 
Mambare,  riv.  de  la  N,,6-Guinée,  208. 
Manaku,  m1  de  la  N'"-Guinée,  207. 
Mandchourie.  Développement  éco- 
nomique de  la  ||,  225-227.  —  Vge 
de  M.  Komarof  en  ||,  226. 
Mandela  y  (Birmanie),  9. 
Mandjias,  peuplde  d'Afr.  centr.,  426, 

431. 
MANES  (lleut1  de  vaisseau  W.),  mb 

admis,  266,  267. 
Mangoky,  fl.  de  Madagascar,  276, 

277. 
Manille  (Philippines).  État  sanitaire 

de  ||,  90. 
Manyima  (Afr.  équat.),  125,  127. 
MARCEL    (G.),    v~-présdt    de    la 
Comm.  centr.,  11,  103.  —  No- 
tices biographiques  :  F.  Coello  ; 
A.  Marche,  409-414. 
MARCELL1N   DE    CIVEZZA.   Ouvr. 

de  ||,  signalé,  492. 
MARCHAND  (comm1),  explorât'  en 
Afr.,  244.  —  Nouvelles  du  ||,  305. 
—  Hommage  à  ||,  341.  —  Résul- 
tats géogr.  de  la  mission  de  H, 
av.  carte,  361-362;  —  428. 
MARCHE  (A.).  Don  d'un  ouvr.  de  [[, 
332.  —  Mort  de  |J  ;  discours  aux 
obsèques  de  ||,  411-414. 
MARCOU  (Jules),  géologue  décédé, 

212. 
Marina  a,  m1  de  l'Afr.  équat.,  116. 
BIARKHAM  (C.  R.),  86. 
MARMOTTAN  (H.),  mb  admis,  52. 


Maroc.  Vge  de  G.  Forret  au  ||,  40. 

MARSY  (c"  de),  délégué  au  Congrès 
archéologique  de  Bourges,  326. 

MARTEL  (E.  A.).  Le  m'  S'-Elie 
(Alaska),  60,  73;  —  209,  212.  — 
Présnt  d'un  ouvr.,  260-262.  —  Le 
Kilimandjaro,  463. 

MARTEL  (Louis),  compn  de  vge  de 
Bonnel  de  Mézières,  265. 

MARTIN  (P.  R.).  Présnt  d'un  ouvr. 
de  ||,  210. 

Massenia  (Baguirmi).  La  mission 
Gentil  à  ||,  440-449. 

MASSIE  (G.),  vgr  en  Australie,  43, 
143. 

MASSIEU  (Mrae  Isabelle).  Vge  en 
Asie  (comm.,  av.  carte  et  grav.), 
162-171. 

Matadi  (Congo),  244. 

MAÏTOSO  (Ernesto),mbadmis,419, 
479.  —  Ouvr.  de  ||,  signalé,  497. 

MAUNOIR  (Ch.  J.),  v«-présdt  de  la 
Soc,  14.  —  Réception  de  S.  He- 
din  (allocution),  48.  —  Rappor- 
teur de  prix,  91.  —  Don  de  ||,  92. 

—  Présnt  d'une  carte,  102,  148- 
150. 

Mavoudù,  affl.  du  Zambèze,  110. 
MAZERAN,  command1  de  la  canon- 
nière La' Grandière,  168. 
M'Bomou,  affl.  de  POubangui,  361, 

Mékong,  fl.  d'Asie,  162,  168,  188. 

—  Navigabilité  du  ||,  229-232. 
Membres  ae  la  Société.  Mbs  décorés, 

1,  2,  209.  -  Mbs  décédés,  52,  93, 
94,  150,  212,  265,  260,  333-334, 
411-414.  —  Mbs  admis  et  candi- 
dats présentés,  52, 53,  94,  95, 151 , 
213,  266,  277,  335-336,  419. 

MENAUT,  90,  145. 

MENDANA,  navigateur,  211. 

Memélinsk  (Russie),  346. 

Méos,  peuple  dlndo-Chine,  187. 

MERCURI  (Toussaint),  cornp0  de  vge 
de  M.  de  Béhagle,  en  Afr.,  72, 461 , 
462. 

MERWART,  421,  455. 

MÉTRAL  (C),  mb  de  la  mission 
lyonnaise  en  Chine,  301,  302. 

Mexico  (Etat).  Valeur  économique 
de  ||,  248-249. 

Mexique,  orographie  du  ||,  77.  — 
Notes  économiques  sur  le  ||,  245- 
253,  369.  —  Canadiens  fr.  au  | ', 
259-260.  —  Japonais  au  ||,  260. 

—  Les  colonies  franc,  de  Jical- 
tepec  et  de  San  Rafaël,  315-318. 


SOC.  DE  GÉOGR.  —  G.  B.  DI8  SÉANCES. 


36 


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516 


TABLE  ANALYTIQUE   DES  MATIERES. 


MEYER  (Dr  Hans),  explorât'  du 
Kilimandjaro,  245,  463. 

M* fans,  peupld"  du  Congo,  358, 359. 

MICHEL  (Ch.),  mb  de  la  mission 
de  Bonchamps,  306.  —  Candidat 
présenté,  481. 

M1CHELET  (historien).  Présnt  d'une 
étude  sur  ||,  409. 

Michigan  (lac),  75. 

M1CHNINE,  astronome  russe,  144. 

Michoacan  (Mexique).  Valeur  éco- 
nomique de  ||,  252-253. 

Migrations  polynésiennes.  Théorie 
des  H,  374. 

Mika,  glacier  de  Laponle,  134. 

M1LL0T  (capif),  351,  353. 

MILNE  EDWARDS  (Alph.),  présdt 
de  la  Soc,  14, 209.  —  Allocutions 
aux  réceptions  de  vgrs  :  Sven 
Hedin,  14,  35;  —  Foa,  107,  130, 
133:  —  Gentil,  421-423, 455.  —  Id. 
à  la  célébration  des  centen"3  :  de 
W.  Barents,  157;  — de  Vasco  de 
Gama,  189-192,202.  — A  lai  "as- 
semblée génér'Y  183-185.  -  Id. 
à  l'inauguration  du  monument 
Fr.  Garnier,  289. 

MIMAUT  (Henry),  mb  admis,  52. 

M1ND0WSKY,  négociant  russe. 

M1R1AM.  Présnt  d'un  guide  ||,  408. 

Mirs  (baie),  298,  300. 

Mission  lyonnaise  d'exploration 
commerciale  en  Chine.  Itiné- 
raires de  la  ||,  301-303.  —  Routes 
de  pénétration  au  Yunnan  d'après 
les  levers  de  la  ||,  349-351. 

Missions  franciscaines.  Un  ouvr. 
sur  les  [|,  signalé,  492. 

Missitsipi,  navigabilité  du  ||,  76. 
—  Delta  du  ||,  258-259.  —  Le  lœss 
dans  la  vallée  du  (U  393-394. 

MHouy  peupl"*  de  l'Afr.  ceutr.,  433. 

MitoumbaSy  mts  de  FAfr.  équat. ,  123. 

Moassi  (Air.  équat.),  112-113. 

Mœlar  (lac  d'Europe),  390. 

MOHN  (professeur),  384-386. 

Mois,  peuple  d'Indo-Chine,  217. 

MOLEX,  agent  colon*  en  Afr.,  176. 

MOLONEY  (Dr),explorr  africain,  112. 

MOLTENl  (A.),  2. 

MONACO  (prince  A.  de).  Campagne 
océanographique  du  ||,  343-380. 

MONEY  (lieut1),  explorât'  africain, 
112. 

MON  MER  «Marcel),  vgr  en  Asie. 
Nouvelles  de  ||,  296. 

MONTEIL  (colonel),  171,  296,  406, 
421,  423,  124,  435. 


MONTHEROT  (Alphonse  de),  attri- 
bution du  prix  ||,  92. 

MONTHOLON  (comte  de),  1. 

Montres  décimales.  Concours  de  IL 
325. 

Mordvins  (Russie).  J.  de  Baye  chez 
les  ||,  103. 

MORGAN  (J.  de).  Ouvr.  de  H,  signalé, 
494. 

MORIN,  officier  décédé  en  Afr.,  402. 

MOR1N  (lieut1),  explorât' du  Mékong, 
230. 

MORSE  (Edw.  S.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 497. 

MOSTOVirCH.géographe  russe,39i. 

MOSTUEJOULS  (de),  mb  de  la  mis- 
sion Gentil,  427,  428,  432,  454. 

Moukden  (Mandchourie),  227. 

MOURLAN  (général  A.),  mb  admis, 
480. 

Moustag-ala,  m1  du  Pamir.  S.  He- 
din au  ||,  17-20. 

Mpéséni  (Afr.  équat),  112. 

MULLER  (Emile).  Note  sur  le  Tur- 
kestan,  225. 

Muluy  nV  de  Bornéo,  372. 

Munsters,  lac  de  Patagonie,  100. 

Muongsf  peuple  d'Indo-Chine,  187. 

MIIRRAY  (John).  Proj.  d'expéd.  po- 
laire de  H,  145. 

Muséum  d'histoire  naturelle.  Con- 
férences pour  les  vgrs,  150.  — 
Nouvelles  galeries,  397. 

MUTEAU,  2. 


Nam-Môf  riv.  d'Indo-Chine,  187. 

Nanay  sous-affl.  du  CL  a  ri,  427,428. 

NANTOIS(vu,de),mbadmis,  419,479. 

N aphte.  Nouv.  sources  de  ||,  au  Cau- 
case, 321. 

NATHORST  (D'A.  G.).  Expéd.  scient, 
suédoise  au  Spitzberg,  379-386, 
388.  —  Don  de  cartes,  477. 

NAUDÊ,  officier  du  génie,  dans  la 
Guinée,  351. 

Nau-tchau  (lie),  229. 

NAY  (A.  Corneliz),  lieut1  de  W.  Ba- 
rents, 161. 

Ndjolé  (Congo  fr.),  355,  357. 

Ndrysy  peupl^  du  H1  Oubangui,  360, 
361. 

Nécrologie,  52,  93,  94,  150,  184, 
212, 265-266,  $33  335, 409-415, 477- 
478. 

Negro  (Rio),  Amer,  mér.,  81, 98, 99. 

NELSON  (E.  W.).  Météorologie  du 
Klondyke,  d'après  ||,  77. 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


517 


NEDFVILLE  (Jean  de),  oomp»  de 
vge  de  P.  de  Barthélémy  en  Indo- 
Chine,  186. 

NEWiNES  (Sir  G.),  389. 

N'Gaot,  peupl*  d'Afr.  centr.,  432, 
433. 

Niellim,  peupl*  d'Afr.  centr.,  436. 

Niger  (11.).  Présnt  d'un  atlas  du  ||, 
148.  —  La  boucle  du  ||  (comm. 
du  lient1  Bretonnet),  274.  —  Con- 
vention franco-anglaise  du  ||,  av. 
carte,  282,  304-305.  —  Lever  du 
Hl-]|  par  le  capif  Millot,  358. 

Nikki  (Soudan),  275,  304. 

N1LSSON  (capil-),  380. 

NOA1LLES  ivM  de),  mb  admis,  52.  — 
Ouvr.  de  ||,  signalé,  153. 

NOIROT,  administrât'  colon',  353. 

Nord  (mer  du).  Relations  hydrogra- 
phiques entre  la  ||  et  la  Baltique, 
390-391. 

NORDENSKIÔLD  (A.  E.),  382,  383. 

NORDENSKIÔLD  (D'  O.).  Vge  en  Pa- 
tagonie,  79. 

Nouvelle-Calédonie.  Note  de  J.  Gar- 
nier  sur  la  ||,  253. 

Nouvelle-Guinée.  Tge  des  RR.  PP. 
Juilien  et  De  Hycke  dans  la  |j 
anglaise,  av.  carte,  206,  209. 

N0VALHES(C8"Torre),  descendante 
île  Vasco  de  Gama,  281,  284. 

NOWITZKY,  vgr  en  Asie,  392. 

Ntton,  riv.  du  Soudan  mér.,  354. 

Nyasta  (lac),  114,  115,  122. 


Obi  (fl.),  136. 

OBROUTCHEFF.L'anc.Mdel'Amou- 
Daria,  d'après  ||,  393. 

Océanographie.  Expéd.  allemande, 
45,  320.  —  Vallées  sous-marines 
du  Pacifique,  257.  —  Campagne  du 
prince  A.  de  Monaco,  343.  —  Cou- 
rants du  Paciûque,  372-375.  — 
Glaces  flottantes  de  l'océan  Aus- 
tral, 395.  —  Pseudo-marées,  471. 

Ogasawarajima.  Voy.  Bonin. 

Ogooué.  Mission  J.  Bouysson,  av. 
croq.,  355-359. 

OHL  (L.),  mb  admis,  480. 

OHL1N  (DO,  explorateur  suédois,  80, 
81    380 

Okinawa\l\e),  370. 

OLIVE,  mb  de  la  mission  Cazemajou, 
tué  au  Soudan,  414. 

OLLONE  (vu  d'),  mb  de  la  mission 
Hostains,  355.  —  Admis  mb,  480. 

OLTRAMARE  (F.),  astronome,  68. 


OLUFSEN  (0.),  vgr  en  Asie  centr. 

Nouvelles  de  ||,  297,  458. 
Ombela  (riv.i,  affl.  de  l'Oabangui, 

241,243. 
Omet,  m*  de  Chine,  849. 
Onilahy,  riv.  de  Madagascar,  367, 

368. 
Ontario  (lac),  75. 

Orenbourg.  Météorologie  de  la  ré- 
gion d'il,  257.  —  P.  Labbé  à  ||, 

$45,  348. 
OrUaba  (m1).  Altitude  de  l'||,  73,  74, 

259 
ORLÉANS  (p««  H.  d'),  15,  49.  — 

Présnt  d'ouvr.  du  |j,  50,  495;  — 

187. 
Ororocha,  lac  d'Ethiopie,  137. 
Ouamanboués,  peuplade  de  l'Afr. 

équat.,  119. 
Ouanamouangas,  peuplade  de  l'Afr. 

équat.,  120. 
Ouankondés,    peuplade   de   l'Afr. 

équat.,  119. 
Ouanlhine,  riv.  d'Ethiopie,  306. 
Ouanyamouétis,  peuplade  de  l'Afr. 

équat.,  125. 
Ouanyikas  et  Oua  tombas,  peuplade 

de  l'Afr.  équat.,  120. 
Oubangui  (riv.),  241,  243,  241.  — 

Mission  de  Béhagle  sur  te  H'-||» 

av.  <roq.,  359-361, 460-462.  —  td. 

de  Bonnel  de  Mézières,  463. 
Oubemba  (Afr.  équat.),  116. 
OUDIN  (Ch.),  mb  décédé,  103,  150. 
Oufa  (Russie),  345,  346. 
Oujiji  (Afr.  équat.),  123. 
Ouom,   riv.  Note  du  Dr  Herr  sur 

la  ||,  av.  croq.,  241-214. 
Ours  (lie  aux).  Voy.  Beeren  Biland. 
Ouvrages  offerts  à  la  Soc.  (listes 

des), 53,95,152,213,270,336, 481. 
Ou%bo\t  anc.  lit  de  l'Amou-daria, 

392. 
OVSIANNY,  géographe  russe,  391. 


Pacifique  (océan).  Vallées  sous-ma- 
rines de  la  côte  de  Californie, 
257-258.  —  Courants  du  II,  372- 
375. 

Pagode,  lac  d'Ethiopie,  139,  140, 

PAGES  (Mll#  Pauline),  admise  mb, 

94. 
Pahouins,  peuple  du  Congo  fr.,  357, 

358,  359. 
PA1LLIART.  Présnt  dune  étude  sur 

l'Ethiopie,  363. 


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518 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIÈRES. 


PALLEY  (Félix),   rab  décédé,  213 

Pamir.  VgedeSven  Hedin  dans  le  || 

(comm.),  14-38.  — /d.  de  O.Oluf- 

sen,  297,  458, 

Pampas,  peuple  de  la  Patagonie, 

100. 
PAN  DO  (colonel),  explorât'  en  Bo- 
livie, 78,  79. 
PANGE  (marquis  de),  mb  admis,  94. 
PANTOUSSOF  (N.).   Excursion  ar- 
chéolog.au  Semiretchlé,av.grav., 

322-324. 
PANTUKHOFF     (  Dr) ,     naturaliste 

russe,  472. 
PAPPAM  (F.  L.),  négociant  anglais, 

136 
PARKINSON,  vgr  anglais,  42. 
PASSAGA  (capitaine  P.  Fr.  G.),  lau- 
réat de  la  Soc,  91  ;  —  353. 
Patagonie.  Explorations  en  ||,  79- 

82.  —  H.  de  la  Vaulx,  en  ||  (av. 

carte),  99-102. 
PAULSEN  (0.).  mb  de  la  mission 

Olufsen,  297i 
PAUL  Y  (A.),  explorât'  tué  en  Afr., 

334. 
PEARY   (lieut1),  explorât'  polaire, 

376. 
Peely  riv.  du  Canada,  222. 
PÊNICAUD  (G.),  mb  décédé,  213, 
PENNESl(G.).Atlasde||,signalé,485. 
PENSA  (Ch.-Prosper),  mb  décédé, 

52. 
Penia  (Russie),  103. 
PERDR1ZET,   explorai'  au  Congo, 

241,  244. 
PERROT  (Maurice),  mb  admis,  94. 
PETERS,  archéologue,- 90. 
PETERSON  (0.  A.),  vgr  dans  l'Amer. 

mér.,  81. 
PETTERSEN  (professeur).  Relations 

hydrographiques  entre  la  mer  du 

Nord  et  la  Baltique,  d'après  ||, 

390-391. 
Philippines  (archipel  des),  90,  145 
Phou-Thengsx  peuplade  de  l'Indo- 

Chine,  187. 
Pieds-Xoirs.    Tribu    du    Canada, 

220-222. 
PlÉf*APE  (J.  de),  candidat  présenté, 

481. 
PIEVTZOFF   (col.    russe    Michel), 

explorât'  en  Asie,  146. 
Pinos  (Mexique),  370. 
PIOLET  (le  R.  P.).  Présntd'un  ouvr. 

du  !i,  408. 
Pioneer,    canonnière    sur    le    lac 

Nyassa,  114. 


Pirikilétienne   (chaîne),   Caucase, 

456. 
PLATZ  (E.)  (imprimé  :  Plath),  alpi- 
niste, 245. 
POBEGUIN(H.),résidentàlaGrande- 

Comore,  46,  309. 
Poco  ou  Sésanc,  riv.  de  l'Annam, 

218. 
Pôles.  Voy.  Régions  polaires. 
POLO  (Marco).  Nouv.  éd.  du  Livre 

de  ||,  478. 
Polynésie.  Théorie  de  migrations 

dans  la  ||,  372. 
PONCINS  (Edm.  de),  vgr  en  Ethiopie. 
—  Nouvellesde  ||, 97, 140-141, 205- 
206.  —  Retour  de  ||,  363. 
Popocatepell  (m1).  Principales  me- 
sures du  ||,  d'apr.  A.  E.  Douglas», 
259. 
P0P0FF,  négociant  russe,  147. 
Port  Stanley  (Falkland),  142. 
POTTER,  mb  de  la  mission  de  Bon- 
champs,  306. 
POULSEN  (K.),  zoologiste  danois, 

377. 
POURTEAU,  astronome,  68. 
PRÉMESNIL  (Mme  de),  admise  mb, 

335,  336. 
PRÊTOST  (A.  A.),  candidat  présenté, 

480. 
Princesse-Alice,  yacht  du  prince 

de  Monaco.  343,  344,  387. 
PRINS  (Pierre),  mb  de  la  mission 
Gentil.   Nouvelles  de   ||,  60,  72, 
236,  238-241,  423  et  suiv. 
Prix  de  la  Soc.  Voy.  Lauréats  de 

la  Soc. 
PRJÉVALSKI,  explorât'  russe,  146. 
PUECH  (Denis),  auteur  du  monum1 

de  Francis  Garnier,  288. 
Puha    dWtacama,    région    chilo- 

argentine  contestée,  394. 
Pygmées  (ou  négrilles)  de  l'Afrique, 
127. 


QUEIREL  (Juan),  mb  admis,  419, 
479. 

QUENNEC  (D.  A.).  Ouvr.  de  ||,  si- 
gnalé, 493. 

QUIRIN1,  anc.  navigat',  254,  255. 


RABAUD  (L.),  mb  de  la  mission 
lyonnaise  <  n  Chine,  302,  303. 

RABOT  (Ch.).  Explorations  polaires 
en  1898,  44,  376-389.  —  Don  et 
présntd'ouvr.,  102, 148.  210,  220. 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES   MATIERES. 


519 


263,  330,  477.  —  Glaciers  de  La- 
ponie,  133.  —  Les  trois  vges  de 
W.  Barents,  160-162.  —  Elu  mb 
de  la  Comm.  centr.,  209.  — 
Nommé  officier  de  l'Instr.  publ., 
ibid.  —  Vge  de  Quirini,  d'après 
G.  Storm,  254-255. 

RAGOIS,  mb  admis,  151. 

RAMBAUD  (A.),  Ministre  de  lin- 
struction  publique.  Allocution, 
162,  169. 

RAOUL  (E.),  mb  décédé,  212. 

Rangoon  (Birmanie),  7,  8,  165* 

RAVENSTEIN  (E.  G.).  Présnt  d'un 
ouvr.  de  ||,  329. 

RECHNIEWSKI  (C.  Stanislas  de), 
mb  admis,  95,  151. 

RECLUS  (Elisée),  417. 

Redjang,  fl.  de  Bornéo,  370,  372. 

REGELSPERGER  (G.).  Présnt  d'un 
ouvr.,  330. 

Régions  polaires  nord.  Expéd.  Jack- 
son, 44.  —  Proj.  d'expéd.  au 
pôle,  146.  —  Centenaire  de  W.  Ba- 
rents, 157-1 63. —  Missions  diver- 
ses (campagne  de  1898),  376-389. 

Régions  polaires  sud.  Proj.  d'explor" 
des  ||,  145-146,  478.  —  Expéd.  de 
de  Geriach  et  de  G.  Newnes,  389. 
—  Les  glaces  flottantes  de  l'océan 
Austral,  395-396. 

REY-PAILHADB.  Montres  déci- 
males, système  de  ||,  325. 

RHO  A  DES  (caplt"),  114. 

RIAULT  (J.),  mb  de  la  mission  lyon- 
naise en  Chine,  302,  303. 

RICHARD  (J.),  343. 

RICHAUD  (Léon),  mb  admis,  95, 151. 

RICHTHOFEN  (F.  de).  Notice  sur 
un  ouvr.  de  ||,  473. 

RIPAS,  géologue  russe,  144. 

ROBAGLIA  (lieut1  de  vaisseau*  G.), 
231 

ROBLET  (le  R.  P.  Désiré),  lauréat 
de  la  Soc,  91. 

ROCHER  (Emile),  301,  303. 

Rockall  (banc  de).  Explorât"  du  ||, 
256. 

ROHLFS  (G.),  explorât"  africain,  87. 

Roi-Charles  (Terre  du).  L* expéd. 
Nathorst  à  la  ||,  381,  383,  385.  — 
Expéd.  Lerner,  386. 

ROLLAND  (G.).  Présnt  d'études, 
282,  331,  332,  476. 

RONCAGLI,  géogrPh«  italien,  464, 
465. 

ROULET  (capitaines.  P.),  chef  d'une 
mission  au  Congo,  244. 


ROUSSEL  (J.),  candidat  présenté, 

481. 
ROUSSELET  (L.),  209. 
Rouweniori,  m1  de  l'Air,  équat., 

122. 
ROVIRA,  agent  colon1  au  Congo, 

429,  432,  454. 
ROVIRA  DE  ROQUEVAIRE  (baron 

René  de),  mb  admis,  336. 
RUEL  (H.).  Ouvr.  de  ||,  signalé,  153. 
RUSSE  L  (H.  C).  Les  glaces  flottantes 

de  l'océan  Austral,  d'après  ||,  395- 

3U6.  —  Pseudo-marées,  471. 
Russie.  Nouv.  ch.  de  f.  en  ||,  46.  — 

Mission  P.  Labbé,  en  ||,  97, 345  348. 

—  /<*.,  do  J.  de  Baye,  103,  148. 

—  Nouvelles  géogr.  de  ||,  471. 
RYDER,   fonctionna  au  Grônland, 


SABINE  (capitaine), aut.  cité.  86, 87. 

Sageun,   fl.  d'Ethiopie,  138,   139. 

Sahara.  Coordonnées  géogr.  et  dé- 
terminations astronom.  au  ||,  57, 
68,  69,  85-89.  —  Basslkounou 
(Sahara occ),  av.  croq.,  70-72.— 
Reconnaissances  dans  le  ||,  av. 
croq.,  232-235. 

Saij  peuple  de  nie  Haïnan,  204. 

Saint-Elie  (m1).  Ascension  du  ||,  73. 

SAINT-EXUPERY  (v*  de),  mb  admis, 
419,  479. 

Saint-Joseph,  rlv.  de  la  NUe-Guinée, 
207,  208. 

Saint-Paul t  riv.  du  Soudan  mérid., 
354. 

SAINT-YYES  (G.).  Comm.  sur  l'Asie 
centr.,  2-4.  — Lauréat  de  la  Soc, 
92,  98.  —  Admis  mb.  95, 151.  — 
Vge  dans  l'Erythrée,  363, 366, 466. 

Sainte-Marie  (m1  de  Nn"-Guinée), 
208. 

Sakalaves,  peuple  de  Madagascar. 
M.  Bastard  chez  les  ||,  275-281. 

Sakamaré,  riv.  de  Madagascar,  368. 

Sakanovaka,  affl.  du  Mangoky  (Ma- 
dagascar), 279. 

Sakarau,  riv.  de  Madagascar,  279. 

Sakonary,  riv.  de  Madagascar,  279, 
367,  368. 

SALLES  (A.).  Présnt  d'un  ouvr.  de ||, 
271,  331. 

SALESSES  (cap.  Eug.),  lauréat  de 
la  Soc,  91.  —  Admis  mb,  336. 
—  Trav.  géogr.  en  Guinée,  351- 
353.  —  Comm.  sur  ces  trav., 
455. 


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520 


TABLE  ANALYTIQUE  DES  MATIERES. 


Samarcande  (Turkestan  russe),  135, 
136. 

SAMORY,  potentat  nègre  du  Sou- 
dan, 42,  235,  274. 

San  Rafaël  (Mexique).  La  colonie 
française  de  |j,  315. 

Santa-Cru%  (rio),  Amer,  mér.,  81, 
101. 

Sarawak  (Bornéo),  370,  372. 

SATGÊ  (C.  de),  mb  décédé,  150. 

SAVOURÉ  (Paul),  mb  admis,  213. 

SGHARPE  (A.),  explorât'  africain, 
112,  114. 

SCHEFER  (Ch.),  orientaliste,  dé- 
cédé, 103. 

SCHIRMER  (H.).  Présnt  d'un  ouvr. 
de  ||,  476,  495. 

SCHLEGEL  (D'  G.).  Présnt  de  di- 
verses études  de  ||,  475. 

SCHCENFELD,  vice- consul  de 
France.  Notes  économiques  sur 
le  Mexique,  245-253,  369. 

SCHOKALSKY  (J.).  Présnt  de  cartes, 
de  ||,  92. 

SCHOTT  (Dr  G.),  320. 

SCHPILOF,  comp"  de  vge  de  G. 
S^-Yves,  en  Asie,  4. 

SCULFORT  (L.),  mb  de  la  mission 
lyonnaise  en  Chine,  301,  303. 

Sékong  (riv.),  afll.  du  Mékong,  218. 

SELLA  (V.),  alpiniste  italien,  73,  75. 

Semiretchié  (Sibérie).  Excursion  ar- 
chéologique dans  le  ||,  322-321. 

SEMPÉ,  consul  de  France.  Colonies 
fr.  au  Mexique,  315. 

Sengas,  peupld<  de  l'Afrique  équat., 
110. 

Senguer,  fl.  de  l'Amer,  mér.,  100, 

Sésane.  Voy.  Poco. 

S  h  an,  peuple  d'Asie.  I.  Massieu 
chez  les  ||,  167-169. 

SHEM1K  (B.).  394. 

Sibérie.  Mission  P.  Labbé  en  ||,  97  ; 

—  id.  de  J.  de  Baye,  104.  —Navi- 
gation sur  les  fl.  de  ||,  136.  — 
Présnt  d'un  ouvr.  sur  la  |j,  210. 

—  Découverte  archéologique  au 
Semiretchié,  322-324. 

Sidama  (Ethiopie),  137-138. 

SIFTON,  ministre  de  Tinter*  du  Ca- 
nada, 310. 

Sikasso  (Soudan),  220. 

Sikyly,  riv.  de  Madagascar,  277. 

SMITH  (Donaldson),  aut.  cité,  464, 
465. 

SIMON  (G.  E),  explorât'  du  Mékong, 
231. 

Siouah  (Egypte).  Expéd.  à  ||,  244. 


Sobal  (ou  Baro),  affl.  du  Nil.  306, 

307,  308. 
Société  de  secours  des  Amis  des 

sciences,  212. 
Société  des  études  indo chinoises. 

Publication  de  la  ||,  signalée,  495. 
Société    de    géographie    de    Lis- 
bonne. Centenaire  de  Vasco  de 

Gama,  260, 282-284. 
et  d'archéologie  oVOran.  20* 

anniversaire  de  la  ||.  150. 

de  Madrid,  211. 

de    Marseille,    19e   congrès 

nat.  de  géogr.,  92,  326. 
Sofia,  navire  de  l'expéd.  Nordens- 

kiôld,  882,  383. 
Soleil.  Voy.  Eclipse  de  \\. 
SOLLER,  404. 
Somal.  Vgrs  anglais  au  M,  42.  — 

Edm.  de  Poncins  au  ||,  205. 
Sombrerele  (Mexique),  370. 
Song-Câ,  fl.  d'Indo-Chine,    186- 

187. 
Soudan  occidental.  Notes  sur  le  ||„ 

41,  57,  70.  —  Mission   Baud  et 

Vermeersch  au  ||,  av.  carte,  171- 

182.  —  Prise  de  Sikasso,  220.  — 

Missions:  Bretonnet(comm.),274. 

— Blondiaux,  354.—  Baillaud,  460. 
Soudan  oriental.  Présnt  d'un  ouvr. 

sur  le  ||,  210. 
Soueh  (riv.).  La  mission  Marchand 

à  la  ||,  303,  362. 
Soussou,  peuplade  de  Guinée,  12. 
Southern  Cross,  navire  de  l'expéd. 

antarctique  Borchgrevlnk,  389. 
SOUZAROSA(de),  ministre  du  Por- 
tugal. Centenaire  de  Vasco    de 

Gama;  allocution,  203. 
Spiltbcrg.   Le  prince  de  Monaco 

au  ||,  344, 380.  —  Expéd.  Nathorst 

au- 1|,  380-386.  —  Id.  du  D'  Ler- 

ner,  386-387. 
SPONT  (H.).  Ouvr.  de  ||, signalé, 483. 
STADLING,  ingénieur  suédois,  388. 
STANSMORE  (C),  explorât'  mort  en 

Australie,  43,  44,  1 13,  144. 
STCHOUSSOFF,  vgr  russe  en  Abys- 

slnie,  392. 
Slérlitamak  (Russie),  346,  347. 
STORM   (D'  G.).  Vge   de  Qulrini  à 

l'océan  Glacial,  254. 
Slung-treng  (Indo-Chine),  229, 230, 

231,232. 
Suisse.  Comm.  sur  la  ||,  284. 
Sushitna,  fl.  de  l'Alaska,  76. 
SVENON1US  (Dr  Fr.),  135. 
Svenska  Forland  (île).  Expéd.  Na- 


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TABLE  ANALYTIQUE  DES  M  ATI  EH  ES. 


521 


thorst  à  r||,  384.  —  Expéd.  Ler- 
ner,  385. 

SVERDRUP  (cap-*),  explorât'  po- 
laire, 376. 

Système  décimal  du  temps y  325. 


Tabelkoia  (Sahara),  89. 

Tahiti.  Théorie  des  migrations  anc. 

à  H,  374. 
Tanganyka  (Uc).  E.  Foaaa  ||,  190- 

TARBÊ  DES  SABLONS  (Edmond), 

mb  admis,  266,  267. 
Taunggy  (Birmanie),  166. 
Tchad  (lac).  Mission  Gentil  au  ||, 

av.  carte,  12,  236-241,   342-343, 

421-455    —  Bonnel  de  Mézières 

au  ||,  265.  -  304. 
TchambéiL  rlv.  de  TAfr.  équator1*, 

117. 
Tchan-tchoun.  Voy.  Kouan-tchen- 

tta. 
Tchiritté  (riv.),  afil.  du  Zambèze, 

110. 
Tchitambo  (Aff.  équat.),  111. 
Tchoiiy  riv.  de  l'Afr.  équat.,  117. 
Téhuelches,  peuple  de  Patagonie, 

99. 
TELLIER  (Th.),  mb  admis,  480. 
Tcngis-baï  (Pamir),  16. 
Terre  de  Feu,  80,  81,  101. 
Teslin  (Canada),  311,  314. 
Te  tant  ua,  barque  tahi  tienne,  373, 

374,  375. 
TETGALES  (Brandi),  lieutenant  de 

W.  Barents,  161. 
Thian-chan,  mu  d'Asie.  G.  Sl-Yves 

dans  les  ||,  2. 
THIERRY  (G.),  command'allem*  de 

Sans;inné-Mango,  176,  177. 
THOMSON   (Anthony  S.).   Pseudo- 
marées observées  par  ||,  471. 
TH0REL,mb  delà  mission  Rouiet, 

244. 
THORODDSEN  (D»),  explorât'  en  Is- 
lande, 377. 
Tibet.  S.  Hedin  au  ||,  32. 
Timbo  (Fouta-Djallon),  354,  355. 
Timimoune,  oasis  saharienne,  89. 
Tinkisso  (Guinée),  352. 
Titlis  (Alpes),  284,  285. 
TOCCHELA,  archéologue  bulgare, 

62. 
Tombouctou.  Reconnaissance  dans 

la  région  de  ||,  av.  croq.,  233. 
Tomi,aSn.  de  IaKémo,  425,  461. 
Toun:a,  peuplade d'Afr.  centr.,  436. 


Toui-Koul  (Asie  centr.),  459. 
TOUTÊE  (cap.  G.  J.),  explorât'  du 

Soudan,  172. 
TRAC  Y  (cf  de),  mb  admis,  480. 
TRÊDERN  (H.  de),  mb  admis,  151. 
TRENTINIAN  (G'  L.  E.  de),  mb  ad- 
mis, 480. 
TRÉPIED,  astronome,  68. 
TR1HIDEZ  (abbé  Th.  Aug.),  209. 
Trocadéro.  Yoy.  Galerie  elhnogr. 

du  ||. 
TROTRY  (L.  J.),  mb  admis,  52. 
TROUILLOT,  ministre  des  colonies. 

Inauguration  du  monument  à  Fr. 

Garnier,  285,  288. 
TRUONC-V1NH-KY ,    mb    décédé, 

414. 
Turkestan  russe,  135.  —  Gisements 

de  cuivre  et  de  fer  au  ||,  225. 
Tymnéy  peuplade  de  Guinée,  12. 
TZOULOUK1DZÊ,  ingénieur  russe, 

321. 

Ungourras,  peuple  d'Afr.  centr., 431 . 
Unqus  (Asie  centr.),  392. 
Université  nouvelle  de  Bruxelles. 

Voy.  Institut  géogr.  de  l*\\. 
Unterwald  (Suisse).  Comm.  sur  1*11, 

284-285. 


YALLOT  (J.),  rapporteur  des  prix, 
92. 

VÀLTR0Y1TCH  (C.  J.),  géographe 
serbe,  61. 

VASOF,  ministre  bulgare,  62. 

YAUDRKMEK,  architecte  du  monu- 
ment de  Fr.  Garnier,  288. 

YAULSERRE  (C*  de),  compn  de  vge 
de  E.  Bonin,  en  Chine,  349,  350. 

YÉDELOieut'devaisseauE.H.Aug.). 
Vge  de  Vasco  de  Gama,  195-200. 
—  Centenaire  de  Yasco  de  Gama, 
à  Lisbonne,  av.  carte  hors  texte. 
282-284. 

Veida,  riv.  de  la  NUo-Guinée,  206. 

VEISSEYRE,  vgr  en  Afr.,  91. 

VENIIKOFF  (Michel).  Présnt  de  doc. 
divers,  50,  57,  92,  93,  102.  282, 
391 .  —  Nouvellesgeogr.de  Russie, 
144,  391,  471.  —  Nouv.  sources 
de  naphte;  —  le  chem.  de  f. 
transcaspien,  321. 

Vera  Cru*  (Mexique).  Les  Colonies 
franc,  dans  l'Etat  de  ||,  315-318. 

VERMEERSCH(capMLéon),explorut' 
en  Afr.,  91.  —  Comm.  sur  sa  mis- 
sion, av.  carte,  171-182.  —  274. 


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522 


TABLE  ANALYTIQUE  DBS  MATIÈRES. 


VERNEAUX  (M"«  Elisabeth  de),  ad- 
mise mb,  151. 

VÊRON,  mb  de  la  mission  de  Bon- 
champs,  306. 

VERSEPUY  (Arnold),  mb  décédé, 
266. 

TIAL  (A.),  mb  de  la  mission  lyon- 
naise en  Chine,  302,  303. 

Victoria  (Terre).  Expéd*  Borchgre- 
vink  à  la  ||,  389. 

Viedrna  (Patagonie),  99. 

Vierny  (Turkestan  russe),  322. 

VIGNAUD  (Henry),  mb  admis,  266, 
267. 

V1LLETARD  DE  LAGCÉRIE.  Présnt 
d'un  ouvr.  de  ||,  148. 

Vinh  (Indo-Chine),  186. 

VINNIKOF  (N .),  géodésien russe,  45. 

VI VAL,  mb  de  la  mission  Gentil, 
décédé  en  Afr.,  236, 423, 42i,  432. 

VLASSOF  (général),  chef  d'une  mis- 
sion russe  en  Abyssinie,  206. 

VOLKENS,  vgrau  Kilimandjaro,  245. 

VOLKOF  (G.),  comp"  de  Komarof, 
en  Mandchourie,  226. 

VOSS10N  (Louis).  Courants  du  Pa- 
ciflque,  372-375. 

VOULET  (lieut1),  explorât'  au  Sou- 
dan, 174,  274. 

VUILLOT  (P.).  Notes  sur  le  Sahara 
et  le  Soudan  fr.,  av.  croq.,  41,  57, 
70-72,  233-235. 


WAELES  (  A.),  mb  de  la  mission  lyon- 
naise en  Chine,  302,  303. 

Walamo  (Ethiopie),  139. 

WALDBURG-ZE1L,  explorât'  po\n, 
383-. 

WARBURTON,  explorât'  en  Austra- 
lie, 143. 


WAUTERS  (A.  J.).  Cours  de  la  riv. 

Ouom  d'après  ||,  241-244. 
WELLMANN.  Mission  de  ||,à  la  Terre 

François-Joseph,  387-388,  399. 
WHITE  (A.  S.),  chef  d'une  expéd. 

à  l'oasis  de  Siouah,  244. 
WIEDERHOLT  (Karl),  vgr  dans  1*A- 

mér.  mér.,  81, 
WIGG1NS  (capM),  136. 
WILSON  (H.  M.),  cartographe,  77. 
WITKOWSKY  (col.).aut.  d'un  ouvr. 

de  géodésie,  50. 
Windward,  navire  de  Pexpéd.Peary, 

376. 

Xieng-Khouang  (Indo-Chine),  188. 
Xieng-Tong  (Birmanie),  168. 

Yachil-Koul  (Asie  centr.).  Expéd. 
Olufsen  au  ||,  458. 

Yambos,  peuplade  d'Ethiopie,  306, 
307,  308. 

Yang-tsé-Kiang  (fl.).  Ch.  Bonin  sur 
le  ||,  349. 

YANOVSKI,  mb  de  la  mission  Ko- 
marof, en  Mandchourie,  226. 

Yarbouh  (oasis),  245. 

YOUNG,  géologue,  321. 

YTIER,  explorât'  du  Mékong,  229. 

Yukon  (fl.),  223,  224,  311. 

Yunnan.  Routes  de  pénétration  au  ||, 
av.  croq.,  349-351. 

Zacateeas  (Mexique).  Notes  écono- 
miques sur  ||,  369. 

Zambtxt.  Comm.  du  pasteur  Coil- 
lard  sur  le  ||,  60,  63-67;  —  108. 

Zinder  (Soudan),  414. 

Zlataoust  (Russie),  316. 

Zumbo  (Afr.  équat.),  110. 


5563.  —  Lib.-Imp.  réunies,  B,  rue  Saint-Benoit,  7.  —  Mottbroz,  directeur. 


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J     r       SOCIÉTÉ    DE  GÉOGKAPHIE 

Vyl 

Il    COMPTES  RENDUS 

J                   DES    SÉANCES 

'|                        1898 

N°  1 

U  AN  V  1  1ER 

„■ 
1" 

PARIS 

SOCIÉTÉ     DE     GÉOGRAPHIE 

1  H  t ,     R  1)  I*  1.  F.  V  A  Tl  n     H  A  1  S i  T  -  G  E  R  M  A  1  N  p     1  K  ï 

-J 

SOMMAIRE    DU    NUMÉRO    9 


1.    -    SÉANCES    DE   NOVEMBRE    et   DÉCEMBRE    1898 

f8  novembre.  —  Séance  solennelle.  Réception  de  M.  ËmiJe  Gentil,  pag,  421, 
tl  décembre.  —  K  Sat.esses,  capitaine  du  génie  :  De  Conakry  au  Niger,  pag*  456 
23  décembre,  —  Seconde  assemblée  générale  de  JS98,  pag.  450. 

O.  —  NOUVELLES   GÉOGRAPHIQUES 

Asie  :  Caucasie.  Ascensions  de  M.  Maurice  de  Déchy  dans  la  chaîne  i'irikiLeV 
Hcnne  et  les  Alpes  de  Khersourie,  pag.  456.  —  Asie  centrait  Expédition 
danoise  du  lieutenant  0.  olufsem  pag.  458. 

Afrique  :  Sahara.  Voyage  de  M.  f.  Foureau,  pag,  4fH).  —  Soudan  françaï*. 
Nouvelles  de  la  mission  du  Soudan,  pag,  4fi0,  —  Congo  français.  Mission 
Julien,  pag,  460.  —  Hûut-Qvhan<jui.  Mission  Bretonne  t,  pag.  4»3Ô,  —  Lettres 
di  M.  do  Béhagle,  pag,  jtfl,  —  Letire  de  M.  ftoonel  de  MtésSèrafi,  pag.  463.  — 
Afrique  orientale  allemande.  Voyage  du  Dr  dans  Meycr  au  Kilimandjaro» 
pag,  463,  —  Ethiopie.  A  propos  du  voyage  de  M.  Darragon  d'Addls-Abaha  a 
Sogida,  pag,  464.  —  Erut  h  rée  ita  tienne.  Voyage  de  M.  G.  Saini-Yves,  pag.  46o\ 

Ahêrïqi  m  i  Contesté  franco-brésilien.  Une  carte  nouvelle  du  territoire  contesté* 
pag.  468.  —  Bolivie,  Ascension  de  riliimani  par  sir  Martin  Conway,  pag. 469. 

m.  -  NOTES 

Océanographie.  Observations  sur  les  pseudo-marées  (J.  Girard),  —  Empire 
russe.  Le  Congrès  de  Géographie  médicale  de  Saint-Pétersbourg;  voyage  pro- 
jeté de  M.  Rozloff  dans  l'Asie  centrale:  un  voyage  scienliflaoe  an  Spitzberç ; 
un  mémoire  du  Dr  PanlukhofT  sur  Je  Caucase  (Vénukofï),  —  Inde  anglaise.  Les 
opérations  du  Survey  of  India.  ttfJ6-4897.  —  Empire  chiîiow.  A  propos  d  un 
récent  ouvrage  sur  le  Chan-toung  ci  Klao-tchéou,  p;ir  t.  von  ftichtiiofuj 
(A,  A.  Fauvel),  pag.  471  à  474. 

IV.  -  CHRONIQUE  DE  LA  SOCIÉTÉ 

Le  Congrès  d'Histoire  diplomatique  de  La  Haye.  —  Présentions  d'ouvrages-  — 
Nécrologie,  —  înformatiuns.  —  Membres  admis,  —  Candidats  présentés.  — 
Ouvrages  offerts  a  la  Société,  pag.  475  à  41)8. 

CARTES  ET  GRAVURES 

Chefs  Ungourras  et  Ka,  pag.  431. 

Rstséc  du  palais  du  sultan  du  Baguirroi  à  Massenia,  pag*  440. 

M.  K.  Oentil  et  Alifa  Ea  sur  les  rives  du  Charl,  pag.  447* 

Le  Lion  Bîot  sur  le  Tchad,  p.  153. 

Caucase  de  Test*  chaîne  plrlkltélienne.  Région  des  névés  du  glacier  de  Kaiehon 

avec  le  sommet  du  Datakh-Kort,  pajjr.  457, 
Itinéraire  de  la  mission  E.  Gentil  entre  l  Oubangui  et  le  Tchad,  W5-1898. 


Les  articles  et  renseignements  originaux  contenus  dans  te»  publications  de  la 
Société  de  Géographie  ne  peuvent  être  reproduits  qu'accompagnés  de  (a  me  «trot» 
du  nom  de  leur  auteur. 


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DEUXIÈME  ÉDITION 


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AU    sîlKi-.E 

DE  LA  SOCIÉTÉ  DE  GÉOGRAPHIE 

184,     ftûULEVAR»     3ArNT-GERiAtîft     184 


CHEZ 

M.  HENRY  BARRÈRE,  ÉoiTEUR-GÉOGRâPHt 
4,    ri: h    DU    BAC,    4 


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553*.  —   L-lwpj-.  réoniû*,  B,  rue  Smnt-Bfroll,  7.  —  Uuîtikoï*  lUrucHegf. 


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