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COMPTES RENDUS
DES
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
BT
DE LA COMMISSION CENTRALE
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5563. — L.- Imprimerie! réunie*, B, rue Saint-Benoit, 7. — Mottbroz, dir.
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COMPTES RENDUS
SÉANCES DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
DE LA COMMISSION CENTRALE
ANNÉE 1898
PARIS
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
184, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 184
1898
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. RECE1VED.
* AFR16 189a
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
I. — SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898
7 jaso/vier
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILBRS
Vice-président do la CoramUsion centrale.
Le Président se félicita de ce que plusieurs membres de la
Société aient été compris dans les promotions du mois de janvier
de cette année. M. Himly, notre ancien président, Téminent doyen
de la Faculté des lettres de Paris, a été élevé à la dignité de
grand officier de la Légion d'honneur.
M. le comte de Montholon, qui vient d'être nommé ambassadeur
à Berne, reçoit la croix de commandeur. Semblable distinction a
été accordée à M. Harmand, notre ministre à Tokio. < Vous le
connaissez tous, ajoute M. Le Myre de Vilers ; c'est un fils de la
maison. Après avoir participé à l'héroïque expédition de Francis
Garnier au Tonkin en 1874, il explora le bassin du Mékong et de
ses affluents. Quelques années après je pus le faire nommer consul
A Siam, et je m'honore d'avoir signalé un homme de cette valeur
à l'attention du Gouvernement. De là, il alla dans l'Inde comme
consul général et fut enfin chargé des intérêts de la France au
cours du conflit sino-japonais.
c Notre sympathique collègue de la Commission centrale,
M. Gauthiot, secrétaire général de la Société de géographie corn*
rocrciale, a été nommé officier de la Légion d'honneur. Comme je
soc. de géogr.— c, a. des séances.— N0 1. — Janvier. 1
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2 COMPTES RENDUS DES 8ÉANGES.
l'aperçois au fond de la salle, je n'insisterai point sur ses talents
et sur ses rares qualités; je craindrais de blesser sa modestie.
< Nous avons à mentionner deux autres croix d'officier accordées,
l'une à M. Georges Rolland, membre de la Commission centrale,
ingénieur en chef des mines, l'infatigable promoteur de la péné-
tration française au Sahara; l'autre à M. Muteau, notre collègue
depuis vingt ans, secrétaire général de la Société internationale
pour l'étude des questions d'assistance, qui vient d'accomplir au
Sénégal un voyage des plus intéressants avec M. le Ministre des
Colonies.
c M. Molteni obtient la croix de chevalier. Je ne vous ferai
point son éloge. A chaque séance il nous charme et nous instruit
avec ses habiles projections. Nous lui devons une véritable grati-
tude.
c M. Bonin, dont vous avez entendu l'intéressante conférence à
la suite de son remarquable voyage dans la Chine centrale, et
M. Maxime Ouchanoy, ingénieur civil des mines, sont également
décorés. M. Bonin va entreprendre un nouveau voyage en Asie qui
sera, nous en sommes certain, aussi fructueux 4jue le premier.
c Ces nombreuses récompenses, données en raison de services
rendus au pays et à la science, honorent notre Société, et vous
vous joindrez certainement à moi pour adresser à nos collègues
qui en ont été l'objet l'expression de nos cordiales et chaleureuses
sympathies. > {Applaudissements unanimes.)
Le Secrétaire général donne lecture de la correspondance (Voir
Nouvelles géographiques).
M. Saint-Yves, chargé d'une mission du Ministère des Colonies
en Asie centrale, prend ensuite la parole.
€oar«e« et encensions dans l'A«le centrale. — M. G. Saint-
Yves, prenant le chemin des écoliers, a eu l'occasion de parcourir
la partie russe du grand système montagneux des Thian-Chan. Ses
itinéraires à travers les Thian-Chan s'étendent de Viernyi à Prje-
valsk, de Prjevalsk à Narynskoé par la rive sud de l'Issyk-
Koul, de Narynskoé à la frontière du Turkestan chinois, de cette
rontière au Ferghana par le col de Totouk, enfin de Marghilan
à Altyn-Mazar par le Tengiz-Baï.
Exposant rapidement les théories de Mouchketof sur les Thian-
Chan, M. G. Saint- Yves indique les huit plissements qui composent
le système : 1. Tarbagataï; 2. Alataou dzoungare et sa branche,
le Boro Khoro; 3. Alataou transilien; 4« Kountchei alataou et chaîne
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SÉANCES DBS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 3
Alexandre; 5. Terekeï-taou et ses prolongements Soussarair et
Talask-taou; 6. Grande chaîne des Thian-Chan proprement dits,
i laquelle se raccorde la chaîne transversale que M. G. Saint-
Yves appelle les Alpes du Ferghana; 7. Trausalaï; 8. Paropamir.
En se rendant d'Orask à Viernyi par la route postale, en ta-
rantas, M. G. Saint-Yves a traversé successivement les deux pre-
miers plissements, le Tarbagataï et l'Alataou dzoungare. Arrivé à
Viernyi, i) est au pied du troisième plissement, l'Alataou transilien,
qu'il étudie dans sa partie orientale de Viernyi au col de Tourgen.
Sur le versant nord, en allant de l'ouest à Test, plusieurs vallées
s'ouvrent successivement : les vallées de la grande Almata, de la
petite Almata, du Talgar, de l'Issyk et du Tourgen.
Une première tentative de pénétration fut faite par M. Saint-Yves
du côté du col de la grande Almata; elle échoua à cause de l'abon-
dance des neiges. Le voyageur reconnut alors successivement les
Tallées de Talgar et d'Issyk; dans l'une de ses lettres, publiées
ici même, il nous a déjà exposé les curieux phénomènes qui ca-
ractérisent le lac Issyk qu'il ne faut pas confondre avec son homo-
nyme, le grand Issyk-Koul. Il franchit enfin l'Alataou transilien
aux cols dé Tourgen et de Kizil-Aouz, reprenant en sens inverse
F itinéraire de la mission Ghaffanjon, Gay et Mangini.
Le quatrième plissement est le Kountchei alataou parallèle à l'Ala-
taou transilien. M. Ghaffanjon l'avait traversé au col de Ghaty;
M. Saint-Yves fut contraint, à cause de l'état du passage, de chercher
une autre voie; il contourna l'extrémité orientale du Kountchei ala-
taou en coupant successivement toute une série de torrents, la
Merekê septentrionale, la Mereké méridionale, le Kok-Boulak, etc.,
pour aboutir dans la vallée du Djirgalan, affluent de l'Issyk-Koul.
M. Saint-Yves séjourna deux semaines sur la rive sud-est de
l'Issyk-Koul au camp établi près du monument de Prjevalsky; il y
reçut le plus cordial accueil du colonel d'artillerie Naghibin, ainsi
que des officiers du bataillon d'infanterie et fut l'hôte du lieute-
nant d'artillerie Dmitri lakovlef. Il donne quelques détails sur les
ruines de Koissari, aujourd'hui recouvertes par les eaux dû lac, et
raconte à ce sujet plusieurs légendes kirghizes qui lui ont été
communiquées par M. &eurdet.
La rive sud de l'Issyk-Koul est bordée par le cinquième plisse-
ment des Thian-Ghan, le Terekei-taou qui fait vis-à-vis au
Kountchei alataou. Les vallées voisines de Prjevalsk sont boisées et
ressemblent aux vallées pyrénéennes, particulièrement la vallée
de la Karakolka. Le Terekei alataou est plus élevé que les précé»
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i COMPTES RBNDU8 DES SÉANCES.
dents plissements et se ramifie ; sa formation est beaucoup plus
complexe. M. Saint-Yves le longea presque jusqu'à l'extrémité occi-
dentale de rissyk-Koul et observa des terrasses très caractéris-
tiques; il le franchit au col d'Oulako),à 3,800 mètres, et vint dé-
boucher au poste russe de Narynskoé, dans la vallée du Naryn.
C'est près de Narynskoé, dans la plaine de Kara-Bourt, que
M. Saint-Yves, en compagnie de M. Satof, le distingué chef du
district de Prjevalsk, un administrateur de premier ordre, assista
à l'élection des chefs kirghiz. M. Saint-Yves entre dans le dé-
tail des rapports de l'administration russe avec les Kirghiz. La
vallée du Djillik, entre l'Alalaon Iransilien etleKountcheialataou,
marque la ligne de séparation entre les deux branches principales
de la famille Kirghiz, les Kirghiz-Kaizaks et les Kara-Kirghiz.
Sur le plateau de l'Arpa, au col de Souok, les Alpes du Fergbana
viennent se souder aux grands Thian-Chan.Du col de Souok au col
de Toiouk, M. Saint-Yves a longé les Alpes du Ferghana et
reconnu les glaciers qu'il a décrits dans une lettre à la Société. Le
passage du col de Toiouk offrit quelques difficultés, surtout à la
descente; enfin, à Ouzguen, M. Saint-Yves atteignait le Ferghana.
De Marghilan, avec M. Schpilof, il se rendit ensuite à Outch-
Kourgan et à Aoustan, d'où, franchissant l'Alal par le col de
Tengiz-Baï, il parvint à Daraout-Kourgan, dans la vallée du Kizil-
Sou. Des excursions dans les vallées du Mazar et du Taracha lui
permirent de terminer son voyage par une reconnaissance du sep-
tième plissement des Thian-Chan, le Transalaï.
En dehors des considérations purement géographiques, M. Saint-
Yves a insisté sur les mœurs fort intéressantes des Kirghiz et a
donné quelques détails caractéristiques; il a complété sa commu-
nication par une série de projections.
Le Président à M. Saint-Yves : c Monsieur, je vous remercie, au
nom de la Société. Vous avez été vraiment trop modeste dans vos
appréciations sur l'importance de votre exploration dans l'Asie
centrale, que vous qualifiez de courses et d'ascensions.
c Vous ne vous contentez pas de surmonter les difficultés phy-
siques, d'aller d'un point à un autç£, d'abattre des kilomètres,
vous étudiez consciencieusement les pays que vous visitez ; vous
cherchez à en déterminer les régimes orographique et hydrogra-
phique. Les résultats que vous en avez recueillis sont des plus
intéressants et apportent une contribution sérieuse à la géogra-
phie. Un pareil début promet pour l'avenir et nous espérons que
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SÉANGB8 DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 5
vous ne vous arrêterez pas en aussi bonne voie. D'avance nous nous
inscrivons pour que vous nous fassiez profiter de vos observations. >
L» Birmanie. — Les pagodes et le» ■»♦!! «stères. — ï,e cours
de rirraenaddy. — M. E.Gallois trace à grands traits la configu-
ration du sol de la Birmanie, ses reliefs peu importants, son sys-
tème hydrographique des plus simples , puisque les fleuves ,
coulant, en général, parallèlement, descendent des plateaux du
nord des régions avoisinant le Tibet et la province chinoise du
Yunnan. 11 montre les richesses que la nature semble avoir
enfouies dans ce coin du globe; mais il s'attache plus particulière-
ment aux mœurs des habitants, aux monuments si curieux, pagodes
et monastères, qui caractérisent cette contrée, relativement peu
fréquentée et imparfaitement connue dans la partie nord et sur ses
frontières, en général, où des tribus insoumises vivent encore à
l'état barbare. Le conférencier a également décrit le cours du
grand fleuve, qu'il surnomme lo Nil birman, tant il a trouvé d'ana-
logie entre cette belle voie fluviale et la grande artère fécondante
de l'ancien royaume des Pharaons et des Ptolémées.
Le Birman, sous le rapport physique, est bien proportionné et de
taille moyenne; la physionomie est plutôt avenante, et bien
qu'ayant les pommettes saillantes et les yeux légèrement bridés,
il ne présente qu'une partie des caractères qui distinguent la race
jaune, à laquelle il tient pourtant par diverses attaches. On dit
les Birmans très prolifiques. De couleur olivâtre, ils ont une colo-
ration de peau d'un joli bronze clair. Hommes et femmes ont géné-
ralement les cheveux du plus beau noir; ils les portent roulés en
chignon ou sur le sommet de la tête. Les femmes plantent des
fleurs dans leurs cheveux et portent généralement, pendue et
descendant sur la joue, une grappe en fleur. Au résumé elles sont
gracieuses et possèdent un charme qui a frappé les rares voyageurs
ayant visité le pays.
Le costume, national est des plus simples; il se compose d'un
jupon de couleur à dessin ou à rayure, en soie dans la classe aisée,
et (Tune sorte de veste ou camisole généralement blanche. Ce qui
distingue les sexes, c'est le port d'un foulard, sorte de léger tur-
ban en usage pour les hommes, et souvent assorti à la couleur du
jupon. Les groupes offrent un charme pittoresque auquel nous ne
sommes pas habitués dans nos régions du monde moderne ou la
civilisation et le progrès ont tout dépoétisé.
D'humeur calme et paisible, ils suivent les principes de la mo*
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6 COMPTES RENDUS DES SEANCES.
raie bouddhiste ; i la sont hospitaliers et charitables. C'est ainsi qu'ils
placent des vases pleins d'eau le long des rues et parfois sur les
routes, pour que le voyageur puisse étancher sa soif, comme ils
élèvent des hangars où le passant pourra s'abriter et trouver un
gîte au besoin. Us ne sont pas divisés en de nombreuses castes
comme les Hindous. Leur origine est fort ancienne, en tout cas
mogole; elle remonterait, selon eux, à Brahma,
La religion du Bouddhisme ou de Gautama, l'incarnation de
Bouddha, est le culte officiel. Les Birmans sont des plus fervents;
aussi, nulle part au monde, ne peut-on voir pareille profusion de
pagodes et de temples élevés à la divinité. Ces monuments se
comptent par milliers; on en voit non seulement jusque dans les
moindres villages, mais encore à travers la campagne et principa-
lement sur les bords de i'Irraouaddy. La piété des fidèles en a
élevé par groupes, et des centaines, pour ne pas dire plus, se
trouvent souvent réunis, sur le même point.
En dehors des Birmans, ou trouve, sur les frontières, des tribus
plus ou moins sauvages,, habitant les montagnes, comme les
Karengs et les Shans, plus ou moins fétichistes.
Quant aux pagodes, ce sont des monuments des plus intéres-
sants, ayant une physionomie, tout à fait particulière; elles
affectent une forme de cloche, sorte de dôme au col très allongé,
très souvent doré et atteignant parfois de grandes dimensions. Les
monastères ou couvents, fort nombreux également, plus ou moins
couverts d'ornements découpés et sculptés et parfois dorés, abritent
des légions de ponghis, religieux austères qui vivent de la cha-
rité publique et vont chaque jour frapper aux portes pour quéman-
der leur subsistance. Us dirigent aussi les écoles. 11 est 4e bon
ton dans la classe aisée que les jeunes gens portent ainsi quelque
temps la robe jaune safran qui les distingue et dans laquelle ils
se drapent. Us ont la tête rasée et gardent à la main une sorte
d'éventail de grande dimension qui les abrite du soleil et, dit-on,
des regards indiscrets des femmes ! Us sont brûlés après leur mort,
alors que l'incinération n'est pas obligatoire pour le commun des
mortels.
Le rôle de la femme est très important en Birmanie, en ce sens
qu'elle est, on peut dire, sur un pied d'égalité avec l'homme. Le
mariage est libre et la séparation se fait à l'amiable (mut i/o
consensu). t
Quant à la langue, elle rappelle le chinois avec introduction de
mots hindous.
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SÉANCES DE8 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 7
Les Birmans sont surtout agriculteurs et pécheurs; cependant on
trouve chez eux quelques industries simples. Très amateurs de
spectacles, de danses et d'amusements superficiels, ils assistent
attentivement pendant des heures à des représentations données
par des troupes de passage. Ils ont des auteurs en renom et des
acteurs et actrices célèbres, tout comme chez nous. Certaines
pièces, accompagnées de musique, affectent le genre de Topera ;
mais l'importance de quelques-unes est telle qu'il faut plusieurs
soirées pour les exécuter.
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Autour de U « Shvee Dagon », pagode.
Partant de Rangoun, M. Eugène Gallois gagne Mandalay, puis
Bhamo, pour pousser jusqu'aux avant-postes anglais et redes-
cendre ensuite le cours de lïrraouaddy.
A Rangoun, le grand port birman, qui s'est développé sous
l'impulsion anglaise, on peut avoir un avant-goût des curio-
sités que la Birmanie réserve au voyageur. Cette grande ville de
200,000 habitants renferme tout d'abord un des plus beaux monu-
ments qu'on puisse voir en ce genre, c'est la pagode c Shvee
Dagon i dont la colossale pyramide dorée, en forme de cloche ou
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8 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
sonnette au manche allongé, domine la ville. Elle est placée au
sommet d'un tertre verdoyant et s'élève à plus de 100 mètres de
hauteur au centre d'une plate-forme, à laquelle on accède par de
longs escaliers couverts, sortes de galeries où se tiennent une
quantité de marchands d'objets religieux, de cierges, de fleurs et
d'images. L'aspect de la porte principale, flanquée de deux énormes
dragons chimériques, est des plus imposants et d'une fantaisie que
la plume, pas plus que la parole, ne saurait rendre. Autour du
motif central, dont la base est entourée de bétes plus ou moins
fantastiques et ornée de vases portant des fleurs métalliques, se
groupe une centaine d'édicules variés, sortes de chapelles, renfer-
mant des images saintes (figures de Bouddha accroupi, les jambes
croisées), ou abritant des cloches, dont certaines, d'un poids fort
respectable, ou encore des colonnes portant des dragons et figu-
rant des ex-voto, sans parler de diverses constructions affectées à
des usages variés, habitations des prêtres et autres. Beaucoup
d'entre elles sont en bois de teck et coiffées de toitures aux formes
pittoresques avec les encoignures relevées et gracieusement
décorées de dentelures bizarres.
' 11 y a là, du reste, des travaux artistiques en bois sculpté. Par
une fantaisie qui repose sur un symbole religieux, nombre de ces
édifices sont surmontés d'une sorte de flèche en pyramide allongée,
formée de sept toitures superposées, qu'on retrouve communé-
ment par toute la Birmanie.
Rangoun, grande cité industrielle, comporte aussi d'importants
moulins à riz et des scieries pour les bois exploités dans l'inté-
rieur du pays qui compte encore de vastes étendues de forêts
presque inconnues. Dans ces dernières usines, on peut voir les
éléphants domestiques qui rendent de si grands services, grâce à
leur force dirigée par une intelligence devenue proverbiale.
L'intérieur du pays est d'un intérêt relatif, comme paysage;
aussi, le voyageur ne s'arrétant qu'en passant à Pégou, pour voir
quelque pagode antique, gagne-t-il Mandalay, l'ancienne capitale
birmane qui a connu une ère de splendeur inusitée sous le roi
Thibau jusqu'au jour de l'occupation anglaise en 1885.
La ville, située à peu de distance de l'irraouaddy, s'étend spa-
cieuse, avec ses rues tirées au cordeau, à l'entour et surtout au
sud-ouest de l'enceinte royale, entourée d'un large fossé que
domine une muraille crénelée, percée de quatre portes qui sont
coiffées de gracieux pavillons en bois. Dans l'intérieur du vaste
quadrilatère s'élèvent encore, respectées par les conquérants, qui
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SÉANCES DBS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 9
s'y sont installés en maîtres, quelques pagodes, le gracieux édifice
tout en bois dit c Collège du roi Thibau i et le palais royal lui-
même au eeutre, groupement ou suite de bâtiments consistant en
de grandes salles aux toitures dorées supportées par de grossières
colonnes, simples troncs d'arbres. L'ensemble de ce monument est
dominé par la haute flèche de bois sous laquelle se trouve le trône
bizarre du roi déchu que les Anglais ont envoyé mourir en exil. La
décoration rutilante d'or et de verrerie est curieuse, mais trop
chargée. Au reste, on remarquera partout cette profusion d'or,
comme dans le bel édifice de la c Pagode dorée de la reine >, le
plus beau type d'architecture birmane, avec sa suite de toitures
accompagnées de la flèche traditionnelle.
Mandalay, dont la population est d'environ 200,000 habitants et
où l'on compte une quantité prodigieuse de pagodes et de monas-
tères, renferme bien d'autres monuments dignes d'intérêt, comme
les 450 pagodes, présentant l'aspect d'un cimetière où les cha-
pelles seraient symétriquement placées, l'Arrakan pagode, l'incom-
parable pagode, de dimensions plus ou moins vastes et de formes
et plans plus ou moins variés, etc., etc.
Proches de Mandalay, les antiques cités disparues d'Ava etd'Ama-
rapoura ont laissé d'importants vestiges de leur antique splendeur.
Le pays est littéralement couvert de ruines, plus ou moins enfouies
sous la verdure ; ce ne sont que pagodes ruinées, enceintes dévas-
tées, monastères effondrés, qui feraient croire à quelque épouvan-
table cataclysme, mais qui, au résumé, ne sont que les résultats
d'un complet abandon.
Au bord du fleuve, les collines de Sagaïn portent une quantité
de ces édifices simples qui coiffent chaque sommet, chaque pointe.
Dépassant Bhamo, cette importante station commerciale où
aboutissent les caravanes chinoises venant du^Yunnan, M. Gallois
remonte jusque près de Mytkiyna, pour reprendre ensuite la voie
fluviale. 11 franchit successivement les défilés de l'irraouaddy, qui,
par trois fois, sur la longueur de son parcours, a dû se tracer une
route à travers des chaînons montagneux. Le premier de ces
défilés, d'une longueur de plus de 30 kilomètres, est le plus inté-
ressant et offre le plus de sites jolis et pittoresques avec ses enca-
drements de hauteurs boisées; c'est la pleine forêt dans ce qu'elle
a de plus sauvage. Des bancs de roches semblent souvent vouloir
littéralement barrer le passage.
La traversée du second défilé, moins longue, offre également de
jolis paysages, surtout à un coude du fleuve que domine en cet
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10 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
endroit une haute falaise i pic de 200 à 250 mètres. Quant au
troisième, il est beaucoup plus banal.
Chemin faisant, on rencontre, de distance en distance, des villes
ou villages, plus ou moins pittoresquemenl groupés au bord du
fleuve ou perchés sur les rives parfois escarpées. Avec leur cadre
de verdure qui semble vouloir cacher les blanches pagodes, ces
centres d'habitations offrent souvent de gracieux tableaux. La vie
semble s'être groupée sur les bords du fleuve par un instinct tout
naturel ; aussi l'intérieur du pays, malgré ses richesses minières
et pétrolifères, ne saurait-il retenir le simple voyageur. La naviga-
tion est active, et il faut voir les belles galères birmanes circuler
majestueusement sur le fleuve.
Au résumé, la Birmanie est un pays des plus intéressants, et il
parait surprenant qu'il n'ait pas plus attiré jusqu'ici l'attention
générale.
Le Président à M. £. Gallois: c Monsieur, votre collègue, M. Saint-
Yves nous a conduits sur les altitudes désolées de l'Asie centrale.
Vous nous ramenez dans les pays du soleil, des végétations puis-
santes, des architectures fulgurantes d'une civilisation plus
ancienne que la nôtre. Vos projections nous ont fort intéressés.
Vous nous avez fait connaître des régions qui sont encore presque
ignorées du grand public européen. Pour mon compte, je suis tout
disposé à suivre votre conseil et je profiterai de mon premier
voyage en Asie pour remonter jusqu'à Mandalay. Aujourd'hui notre
seul regret est que, pressé par l'heure, vous avez dû abréger votre
conférence. Vous et M. Saint-Yves vous nous avez fait passer une
charmante soirée. »
Clôture de la séance ail heures.
2 ± j etïrvàer
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS
Président de la Commission centrale.
Dans sa dernière séance administrative, la Commission centrale
de la Société de Géographie a procédé à l'élection des membres de
son Bureau. Ont été élus : président, M. Le Myre de Vilers, député;
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SÉANCES DIS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898* 11
1" vice-président, M, Gabriel Marcel, conservateur-adjoint à la
Bibliothèque nationale; 2* vice-président, M. E. Anthoine, chef du
service de la Carte de France au Ministère de l'Intérieur; secré-
taire général, le baron Hulot; secrétaire adjoint, M. J. Girard.
En prenant possession du fauteuil, M. Le Myre de Vilers pro-
nonce les paroles suivantes :
c Je remercie mes collègues de m'avoir appelé à succéder à mon
éminent prédécesseur, le prince Roland Bonaparte, en qualité de
président de la Commission centrale.
« C'est lui qui a reçu Nansen, et vous savez avec quelle auto-
rité il a représenté la Société de Géographie à la séance solennelle
du Trocadéro. La splendide réception qu'il a offerte à l'illustre
voyageur et aux membres de la Société est encore présente à la
mémoire de tous.
c J'espère, mesdames et messieurs, que vous me continuerez la
bienveillance et la sympathie que vous avez toujours témoignées au
prince Roland Bonaparte. >
Le Secrétaire général donne lecture de la correspondance (Voir
Nouvelles Géographiques).
11 annonce le retour de M. Edouard Foa, reçu à la gare de l'Ouest
par M. Le Myre de Vilers au nom de la Société, et la prochaine
arrivée du docteur Sven Uedin.
Par suite à la correspondance, M. de Lap parent et le baron
Hulot font des présentations d'ouvrages (Voir Chronique de la
Société : Présentation d'ouvrages).
La parole est donnée à M. le docteur Ch. Maclaud pour sa confé-
rence :
Le* habitant* de la «aînée franc* lue. — Après avoir
brièvement rappelé l'histoire de notre établissement dans les
Rivières du Sud et cité les rares voyageurs qui ont parcouru
ces régions, M. Maclaud montre les résultats surprenants que
M. le gouverneur Ballay a obtenus dans cette colonie devenue
autonome, et cela sans le secours financier de la métropole.
Aujourd'hui la Guinée possède une route carrossable qui ne tar-
dera pas à atteindre le Niger, une ligne télégraphique qui relie la
mer au Soudan et que suivra bientôt le chemin de fer ; elle a un
port accessible aux grands navires et une capitale, Conakry,
salubre et bien bâtie, dont chaque jour voit croître l'importance.
M. Maclaud décrit les trois régions bien tranchées qui consti-
tuent, d'après lui, le sol de notre jeune colonie.
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42 COMPTES RENDUS DBS 8ÉANCR8.
11 Tante la fertilité de la zone cétière, pays du kola, des pal-
miers à huile et du riz ; ses plaines basses et marécageuses sont
d'énormes bancs d'ail avions apportées par les grands fleuves qui
descendent des hauts plateaux du Fouta-Djalon ; puis il nous
signale les richesses de la région des vallées, coupée de
mille cours d'eau qui s'écoulent des collines gréseuses dont
l'ensemble circonscrit les bassins des grandes rivières. Ce pays,
qui rappelle le Soudan méridional, ne tardera pas à devenir un
centre de culture des plus importants.
Plus loin, c'est le pays des hauts plateaux, le Fouta-Djalon
dont le climat tempéré et salubre est propice à la santé de l'Euro-
péen anémié, et dont les gras pâturages font, malgré l'ignorance
des indigènes, le lieu de production de tout le bétail qui nourrit
nos colonies de l'Afrique occidentale.
Dans des cadres aussi divers, dit M. Maclaud, se meuvent des
races aussi diverses.
Près de la côte, vit la famille Baga, qui fut jadis chassée du
haut pays par les invasions des Soussou et des Foula. Les peu-
plades qui la composent, Tymné, Baga, Bagaforé, Landouman,
Yola et peut-être Nalou, ont été plus ou moins modifiées par la
civilisation ou par le contact des races voisines.
Les Tymné sont guerriers et chassent encore les esclaves. Les
Baga vivent de la mer et de leurs jardins de kola ; ils sont doux
et paresseux. Les Bagaforé ont des coutumes étranges : leurs
femmes vont nues tandis qu'eux-mêmes raffolent de toilette ; ils
ont des sociétés secrètes (Simô), dont les membres pratiquent
dans les bois sacrés des cérémonies mystérieuses et souvent san-
glantes, dont l'horreur a pendant longtemps suffi pour éloigner
les voisins pillards .
Les Landouman, lâches et voleurs, pratiquent le culte des
morts, et comme leurs voisins les Nalou, ils entourent de céré-
monies bizarres l'inhumation des cadavres.
Les habitants du pays des vallées sont les Soussou, à la fois
parents des Mandingues et des Peulh. Les Soussou, musulmans
pour la plupart, construisent de jolies cases ; ils sont doux et hos-
pitaliers ; ils vivent de leurs cultures au milieu de leurs esclaves ;
certains d'entre eux vont au loin faire du commerce, comme les
Dioula de Kong.
Les plateaux du Fouta-Djalon sont occupés par les Foula,
branche de la grande famille peulh. — Les Foula constituent une
aristocratie, pour laquelle travaillent de nombreux esclaves appar-
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SÉÀNCE8 DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 13
tenant à toutes les races de la boucle du Niger, mais surtout à la
race Bambara. Us sont divisés en deux familles, les Alfaïa et les
Souria, dont chacune à son tour donne au pays le chef suprême.
Cette caste menteuse, arrogante, fanatique, a été, pendant de
longues années, un obstacle presque invincible à la pénétration
de l'influence française dans le Fouta-Djalon. Une leçon sévère,
qui lui fut infligée en 1896, a modifié quelque peu son attitude.
Depuis plus d'un an, le FoutarDjalon est entré, avec M. l'admi-
nistrateur Noirot, dans la période agricole.
M. le Dr Maclaud termine en exposant que la connaissance
approfondie des mœurs et des coutumes des habitants d'un pays
est indispensable à ceux qui veulent le coloniser. Ce n'est pas en
heurtant les habitudes des noirs qu'on se les attachera, et bien
des conflits sanglants eussent été évités, si l'on n'avait pas froissé,
le plus souvent par ignorance, les susceptibilités religieuses et
même superstitieuses des peuples que l'on prétendait s'attacher.
C'est là le secret du succès qu'a obtenu, en Guinée française,
M. le gouverneur Ballay, qui a su utiliser les diverses aptitudes
des indigènes et faire concourir des races différentes à un but
unique : le développement et la prospérité de notre belle colonie.
Le Président félicite le docteur Maclaud des renseignements qu'il
a su recueillir au cours de sa fructueuse exploration. 11 annonce
le prochain départ de ce voyageur pour la Guinée française où il
poursuivra ses recherches. Sa confiance dans l'avenir de cette
colonie mérite d'être remarquée, et la Société ne peut qu'encou-
rager ses efforts, certaine d'avance qu'ils seront aussi profitables
à la patrie qu'à la science.
M. Le Myre de Vilers signale la présence à la séance de
M. Binger, qui a concouru dans une si large mesure à développer
nos possessions de l'Afrique occidentale et notamment la Côte
d'Ivoire, dont il fut l'habile gouverneur avant d'occuper le poste
de directeur au Ministère des Colonies et de défendre les intérêts
de la France dans les grands congrès internationaux.
— Clôture de la séance : 10 h. 1/2.
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M COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
3± jetaa/vler
SEANCE EXTRAORDINAIRE
Préftldenee de M. Al pli. 1HLXH-E»WA1»§
Membre de l'Institut, Président de la Société.
RÉCEPTION DU ÛOCTEUR SVEN HEDIN
EXPLORATEUR DANS i/ASIB CENTRALE
Prennent place aux côtés du Président : MM. Sven Hedin, Due,
ministre plénipotentiaire et envoyé extraordinaire de Suède et
Norvège, MM. Tirman et Delavaud, délégués des Ministères de
l'Instruction publique et des Affaires étrangères, Le Myre de Vilers,
président de la Commission centrale, Maunoir, vice-président de
la Société, prince Roland Bonaparte.
Sur l'estrade : le général baron Freedericksz, agent militaire de
l'ambassade de Russie; les membres de la légation de Suède et
Norvège; ceux de la Commission centrale; les représentants delà
Société Scandinave de Paris.
Dans la salle, un grand nombre de notabilités scientifiques.
Les membres de la Société de Géographie, qui firent fête au
docteur F. Nansen, après sa prodigieuse traversée de la mer arc-
tique, accueillent par des applaudissements prolongés le docteur
Sven Hedin.
Le Président ouvre la séance en ces termes :
« Mesdames, messieurs. Lorsque nous lisions dans nos Revues
et dans les Comptes rendus de nos Sociétés de géographie, la rela-
tion des beaux et lointains voyages du célèbre explorateur, le doc*
teur Sven Hedin, nous ne pouvions espérer qu'un jour nous aurions
l'honneur de le recevoir ici, et la bonne fortune d'entendre, dite
par lui-même, l'histoire de sa vie, pendant les quatre années qu'il
a passées dans l'Asie centrale.
c Nous sommes très heureux de lui souhaiter la bienvenue en
France, et de saluer en lui l'un des hommes les plus intrépides et
les plus courageux parmi ces voyageurs, Suédois, Russes, Fran-
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIEU 1898. 15
çais, d'une si grande audace, d'une si persévérante ardeur, dont les
expéditions en Asie nous ont souvent émerveillés.
c Nous sommes aussi très impatients de vous écouter, docteur
Sven Hedin, et je me hâte de vous donner la parole pour ne pas
retarder Je plaisir qui nous attend. >
Le voyageur prend alors la parole.
II rend d'abord hommage aux explorateurs français qui l'ont
précédé dans l'Asie centrale, fait ressortir la part qui leur revient
dans la connaissante de ces vastes régions réputées inaccessibles.
11 cite notamment MM. Bonvalot, Gapus, prince Henri d'Orléans,
Roux, Edouard Blanc, Dutreuil de Rhins et Grenard, puis il aborde
le récit de son voyage, dont nous reproduisons, ici, les passages
principaux :
A. tracera l'A«le centrale, 4894-1897 (1). — Ce fut une rude
campagne que celle qui commença le 23 février 1894, lorsque,
accompagné d'une caravane de 12 chevaux et 4 hommes, je quittai
Marghilan pour traverser les plateaux neigeux du Pamir. Serpen-
tant sur des roches escarpées, franchissant des torrents et des col-
lines de débris détritiques, le sentier conduit, par la vallée de
traverse d'isfairan, aux cimes des monts Alaï. Les premières jour-
nées de marche n'offrirent aucun obstacle, mais, arrivés plus haut,
nous dûmes traverser coup sur coup la rivière sur de petits ponts de
bois, fragiles et branlants. La vallée est étroite et pittoresque ; les
appels des hommes, se répétant en échos sonores contre les pa-
rois à pic des rochers et le bruit de la rivière écumante, viennent
seuls troubler le silence. Notre caravane gravit avec une prudente
lenteur le dangereux sentier, large d'un pied à peine» qui longe
les précipices. Plus haut, ce sentier, couvert de verglas, s'inclinait
vers une pente à pic. Le cheval de tète, conduit par un guide
Kirghis, perdit pied, glissa le long de la pente, fit deux ou trois
bonds dans l'espace et alla s'abîmer contre les schistes du fond
de la vallée. Les routes tapissées de verglas devinrent, plus loin»
fort fréquentées; nous étions forcés d'y creuser des marches
avec les pics et les pioches, et de les couvrir ensuite de sable. Ce
travail prit du temps. L'obscurité arriva et les étoiles . seules
éclairaient le paysage de leur pâle lumière. Les chevaux étaient
conduits à la file ; il fallait marcher, ramper, se traîner au-
ti) Voir l'itinéraire du DrJSven Hodin, Comptes rendu* 1897, y. 303.
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16 COMPTES RBNDU8 DBS SÉANCES.
dessus des précipices. Après des efforts inouïs nous atteignîmes,
quelques jours plus tard, la crête des monts Alaî, dans le col de
Tengis-baï, haut de 3,850 mètres» couvert de neige profonde.
Le col de Tengis-baï sépare les bassins du Sy-daria et de l'Amou-
daria. Le versant sud est escarpé comme le versant nord, et nous
dûmes passer, l'un après l'autre, plusieurs cônes d'avalanches toutes
récentes. L'une des plus grandes — son cône mesurait une largeur
de 400 mètres — ne datait que de la veille et les Kirghiz nous féli-
citèrent de lui avoir échappé. Le lendemain de notre passage, un
bourane, ou tempête de neige extrêmement violente, éclata dans
les environs; si nous avions eu un seul jour de retard, nous aurions
sûrement été tous ensevelis dans le col. Le Tengis-baï a été le tom-
beau de bien des Kirghiz. — Durant tout notre voyage dans la val-
lée d'Alaï nous marchâmes sur des neiges profondes, et nous dûmes
employer quatre chameaux que l'on conduisait devant nous, pour
nous frayer, à travers les neiges, un sentier qui permit à nos chevaux
de passer. La température était très basse; elle descendit, à Urtuk,
le 6 mars, à 34° ,5 au-dessous de zéro. Des Kirghiz hivernent
dans la vallée d'Alaï. A la fin de mai, lorsqu'un tapis de verdure
remplace les neiges, la vallée s'anime. Tous les riches Kirghiz
de Ferghana arrivent alors avec leurs troupeaux et dressent leurs
tentes sur les bords du Kisil-sou. Ils exécutent leurs bàigas ou
jeux équestres, s'invitent l'un l'autre à des fêtes, célèbrent leurs
mariages et sont, en un mot, en villégiature.
Le climat a aussi ses bizarreries. Le soleil vous brûle le visage
d'un côté, tandis qu'à l'ombre on est près de geler. Des variations
de 50* en six heures sont fort ordinaires l'hiver. La température
la plus basse que j'aie relevée, est celle que j'ai observée à Kok-
saï,— 38% 2.
* Le plus grand danger pendant un voyage d'hiver dans le
Pamir, est, sans contredit, occasionné par les bouranes de neige.
Si la caravane est surprise par la tempête, il faut avoir soin de ne
pas s'écarter les uns des autres, car ceux qui s'éloignent ne peuvent,
ni par des cris, ni par descoups de fusil, se faire entendre à travers
les mugissements de l'ouragan ; ils s'égarent et finissent par
mourir de froid. Aussi, dès que le bourane arrive, on dresse les
tentes.
En passant par le col Kysyl-art, situé à 4,370 mètres d'altitude,
dans les Trans-Alaï, nous atteignîmes, le 10 mars, le grand Kara-
koul. Pendant deux jours il nous fallut marcher sur l'épaisse couche
de glace qui le recouvrait. Des sondages opérés en sept endroits
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SEANCES DBS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 17
différents donnèrent, dans là partie ouest dn lac, une profondeur
maxima de 230 mètres et demi. Dans la vallée de Mous-kol,
nous trouvâmes deux cônes de glace fort curieux ; ils étaient for-
més par de Peau de source filtrant à travers le sol et gelant par
couches successives. L'un d'eux mesurait 5 mètres, l'autre 8 mètres
de hauteur.
Le 7 avril, j'arrivai à la frontière chinoise. Les bruits les plus
extravagants circulaient déjà à mon sujet. On racontait que j'étais
escorté de 60 cosaques, armés jusqu'aux dents ; aussi des gardiens
chinois furent-ils postés chaque nuit autour de ma tente. On m'o-
bligea à ouvrir les caisses contenant mes bagages et mes provi -
sions; on voulait s'assurer qu'aucun soldat russe n'y était caché
pour franchir en contrebande la frontière et défense fut faite aux
Kirghiz de m'approvisionner de viande de mouton et d'autres ar-
ticles de première nécessité. — Après maints pourparlers, j'obtins
l'autorisation de visiter le Mous-tag-ata (Moustagh-ata). J'avais à
peine exécuté quelques travaux préliminaires, qu'après une ascen-
sion tentée le 18 avril et interrompue par une tempête de neige, je
fus atteint d'une inflammation des yeux qui me força de revenir en
toute hâte à Kachgar.
Pendant l'été et l'automne de 1894, je continuai mes explo-
rations dans le Pamir est, mais je les passe sous silence pour ne
dire que quelques mots du Mous-tag-ata. Cette magnifique mon-
tagne avait absolument captivé mon intérêt. De même que le
mont Demavend joue un rôle important dans les légendes du peuple
persan, de même le Mous-tag-ata apparaît aux yeux des Kirghiz
revêtu d'une auréole de mystère.
Surgissant comme un avant-poste formidable au-dessus des dé-
serts de l'Asie centrale, le Mous-tag-ata, la montagne la plus haute
du Pamir et une des plus élevées du globe, se dresse à 7,800 mètres
d'altitude. Elle forme en même temps une digne continuation
des chaînes puissantes de l'Himalaya, du Kouen-Ioun, du Kara-
koroum et de l'Hindou-kouch qui se pressent sur le Toit du monde.
Elle constitue le point culminant de la chaîne méridionale qui
délimite le Pamir à l'est, et qu'on appelle Mous-tag (monts de
glace). Le nom de Mous-tag-ata — père des monts de glace —
indique son importance.
Considérées en leur ensemble, les hautes régions de ce massif
sont recouvertes d'une immense calotte de glace qui étend ses
ramifications comme des tentacules, vers les dépressions, et
dont l'épaisseur et l'étendue varient sur différents versants.
soc. he gbogr. — c. r. des séances, — *• 1. — Janvier. 2
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i8 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Le sommet nord, que j'ai escaladé le 18 avril, les 6 et 16 août
jusqu'à une hauteur, de 5,990 mètres, égale à celle du mont
Kilima-Ndjaro, était couvert, à cette altitude, de névés et d'une
couche de neige récemment tombée, épaisse de 40 centimètres,
reposant directement sur un sol rocheux. Plus au sud, il en
est tout autrement, comme je le constatai le 11 août, lors d'une
tentative d'ascension faite en compagnie de 6 Kirghiz suivis
de 9 yacks. Nous atteignîmes alors, sur la gauche, des ro-
chers qui bordent le glacier Tjal-toumak, à la hauteur de 4,750
mètres, altitude où le sol disparait sous la couche de glace. A
cette hauteur, la calotte de glace montre deux de ses apophyses,
dont la plus rapprochée présente la plupart des particularités
caractéristiques d'un glacier ordinaire ; son front s'élève à pic,
à une hauteur de 20 mètres, et à sa base des blocs de glace se
sont écroulés, mais les moraines font défaut. La surface, couverte
de neige, est rayée, dans le sens de sa largeur, de crevasses de
forme convexe vers le bas, et un ruisseau produit par la fonte
des glaces s'échappe de la base du glacier. Nous continuâmes
ensuite l'ascension sur la croûte glacée. Grâce à la couche de
neige qui recouvrait cette carapace, les yacks ne glissaient pas, bien
que l'inclinaison fût de 24 degrés. Peu à peu, nous entrâmes dans
un système de crevasses transversales, larges d'au moins 40 centi-
mètres et profondes de 10 mètres, ordinairement recouvertes de
neige. Plus haut, ces crevasses devenaient plus rares, et la neige
plus épaisse. A une hauteur de 5,650 mètres, le yack marchant
en tète disparut tout à coup dans une fente, mais resta heureuse-
ment suspendu par les cornes et par Tune de ses jambes de der-
rière, de sorte qu'en l'entourant de cordes et en y attelant les
autres yacks, nous réussîmes à le sauver. Cette fente avait 1 mè-
tre 1/2 de largeur et 8 mètres de profondeur; ses parois consis-
taient en glace d'un bleu sombre. Un peu plus loin, nous fûmes
arrêtés par une crevasse large de 6 mètres. La neige atteignait
1 mètre 1/2 de profondeur. A quelques centaines de mètres au-
dessus de nous, se dressaient d'énormes protubérances de glace,
aux formes sauvages et bizarres, pareilles à des murs, des pyra-
mides et des tours transparentes ou couvertes de neige, aux parois
parfois verticales. Le temps, si restreint, m'empêche de décrire
nos nombreuses excursions sur les glaciers. Elles furent entreprises
dans des conditions assez difficiles, car je devais travailler à une
altitude qui dépasse de 2,000 mètres celle à laquelle se terminent
les glaciers des Alpes. Il aurait été difficile aussi de supporter les
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SÉANCES DES 7, SI ET 34 JANVIER 1898. 19
fatigues, sans les yacks endurants et aguerris qui montaient sans
plainte jusqu'à 6,000 mètres. A plusieurs reprises, nous campâmes
à une hauteur d'environ 4,300 mètres, correspondant à celle du
Finsteraarhorn, et c'est de ces points élevés que partaient nos
excursions. Nous examinâmes plus particulièrement les glaciers
de : Gorumdeh, Sarimek, Kamper-kischlak, Iam-bulak, Tj al-
to m ak, Tergen-bulak et Tjum-kar-kaschka, tandis que les deux
Kok-sel, Sur-agil, Schwer-agil, Aflab-uruj et Gerdumbeh ne furent
relevés que de loin sur la carte. Celui de Jam-bulak est le plus
grand; il mesure 9 kilomètres de long et 1 de large.
Je ne veux point abandonner ce sujet sans citer quelques-unes
des lois qui régissent tous ces glaciers. Ceux du Mous-tag-ata sont
dans une grande période de décroissance. Les anciennes moraines,
l'argile glaciaire et les blocs erratiques s'étendent, au nord, jus-
qu'au Sassik-koul et, au sud, jusqu'au Kara-sou. La position
des fronts des glaciers oscille quelque peu suivant les saisons;
en été, lorsque le mouvement d'écoulement est le plus fort, ils
avancent de quelques mètres, mais en hiver, lorsque ce mou*
vement a presque cessé, tandis que l'ablation ronge toujours les
fronts, ils se retirent de nouveau. Dans quelques endroits, je
disposai une série de piquets à travers le glacier afin de mesurer
la rapidité du mouvement. Cette rapidité atteignait son maximum
en un point situé au milieu même du glacier de Jam-bulak qui,
du 3 au 18 août, avança de 456 centimètres, soit de 0 m. 30 à
peine par jour.
Du nord au sud, les glaciers deviennent de plus en plus petits et
les anciennes moraines de plus en plus grandes. Sur ceux qui
descendent vers l'ouest, la partie gauche est plus haute et plus
puissante que la partie droite, parce que l'ombre projetée par les
falaises au sud, atténue partiellement l'effet de l'ablation. En de-
hors des arêtes montagneuses, le côté gauche du glacier est exposé
à une ablation plus forte par suite de son orientation vers le
sud. Les moraines latérales de gauche sont toujours plus déve-
loppées que celles de droite. Les moraines centrales et frontales
sont, en général, rudimentarres. Presque tous les glaciers forment,
à une certaine hauteur, des chutes qui provoquent des crevasses
transversales; les fentes longitudinales sont également fréquentes.
L'angle de la chute est toujours très aigu. Sur la falaise droite du
Tjal-tumak, j'ai vu un fort bel exemple de glacier remanié. Situé
à quelques centaines de mètres au-dessus de la surface du glacier
primaire, sur une falaise verticale, un bras de la croûte glacée
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20. COMPTES RENDUS DES SÉANCES,
supérieure dépasse le rebord des rochers dans son mouvement de
progression, et de temps à autre donne naissance à des avalanches.
Dans leur chute, au contact des saillies de la falaise» les blocs de
glace se réduisent en une fine poussière blanche qui, pareille à
une cascade, se précipite à la surface du glacier principal pour y
former un glacier parasite régénéré.
Le massif du Mous-tag-ata se compose presque exclusivement
de gneiss et de schistes cristallins; le gneiss apparaît en de nom-
breuses et fort belles variétés.
Les ruisseaux produits par la fonte des glaciers orientés vers
l'ouest, forment, en se réunissant, la rivière de Subaschi, qui
débouche dans le Petit Kara-koul, un lac morainique; les ruis-
seaux nord se rendent à Ike-bel-sou, fleuve puissant et écumeux en
été qui, sous le nom de Gez-daria, s'écoule par une profonde
vallée transversale à travers la chaîne du Mous-tag; lçs ruisseaux
sud s'unissent pour former le Kara-sou, un des affluents du
Yarkend-daria.
Après avoir hiverné à Kachgar, je repartis en février 1895
sur deux grandes arba$ (charrettes à hautes roues), qui nous
menèrent à Yarkend, sur le Yarkend-daria. 11 s'agissait de tra-
verser le désert de Takla-makan jusqu'au Khotan-daria, distant
de 300 kilomètres. J'avais pensé qu'au pied du Mazar-tag (aperçu
par Prjevalsky et Carey et qui, à ce qu'on croyait, s'étendait
à travers tout le désert), nous trouverions une végétation abondante,
des sources et peut-être des traces d'antique civilisation. J'avais
l'intention de pousser ensuite jusqu'au Tibet. Aussi nos bagages
étaient-ils fort considérables. Gomme, de plus, nous emportions de
l'eau pour vingt-cinq jours, nos 8 chameaux étaient lourdement
chargés lorsque, le 10 avril, nous quittâmes Yarkend pour nous diri-
ger à l'est vers l'inconnu. J'étais accompagné de 4 nommes : mon
fidèle serviteur Islam-bay, qui me suivit jusqu'à Ourga, en Mongo-
lie; Kasim, de Yarkend; Mohammed-Schah, de la même ville, et
l'homme du désert, Kasim, qui avait souvent erré dans la grande
solitude pour y chercher de l'or. Il existe, en effet, dans les con-
trées situées sur les confins du désert, toute une tribu de fainéants
qui croient fermement que tôt ou tard ils finiront par découvrir
des trésors immenses qui y sont enfouis. Pendant les premiers
treize jours, tout alla bien et chaque soir nous pûmes, en
creusant, obtenir de l'eau. Elle était saumàtre, c'est vrai, ce-
pendant les chameaux pouvaient la boire. Enfin nous arrivâmes
à une montagne que nous crûmes être la prolongation du Mazar-
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 21
tag, et au pied de laquelle s'étendaient quelques ratissants petits
lacs. Dans les roseaux nichaient des canards et des oies ; sur les
rives croissaient des peupliers, des tamaris et des roseaux. Pen-
dant deux jours nous fîmes halte en cet endroit dont le souvenir,
durant plusieurs semaines, resta dans notre mémoire comme
celui d'une sorte de paradis.
Le 23, nous poursuivîmes notre route. Après deux heures de
marche, la montagne disparut dans l'air chargé de poussière. Au
delà on ne voyait aucun prolongement du Mazar-tag; ce massif
est donc absolument isolé du Mazar-tag, signalé par Prjevalsky
sur la rive gauche du Khotan-daria, et ce dernier relief ne s'étend
pas, comme l'avait cru le grand voyageur russe, jusqu'au Kach-
gar-daria. Devant nous, s'étendait maintenant la mer du désert,
avec des dunes hautes de 30 mètres. La caravane fit halte près du
dernier tamaris. Nous creusâmes un puits, mais sans trouver d'eau.
J'avais donné l'ordre de foire provision d'eau du lac pour dix jours,
mais je me convainquis, malheureusement trop tard, qu'on n'en
avait emporté que pour quatre. Kasim déclara qu'après quatre jours
de marche nous atteindrions une région où il y avait, de nouveau,
de l'eau de puits, et comme ses dires s'accordaient avec les indi-
cations des cartes existantes, je les crus exacts.
Le lendemain, un violent orage éclata et le sable tourbillonna
en nuages au-dessus de la crête des dunes; l'horizon rempli de
sable nous paraissait en feu. Nous avions laissé derrière nous les
dernières mottes d'argile dure ; tout n'était maintenant que sable,
lslam-bay marchait en tète, la boussole à la main, avec ordre de
se diriger droit à l'est, direction où nous devions être le plus
rapprochés du Khotan-daria. Nous faisions des crochets et des
détours pour éviter les défilés de sable les plus difficiles à franchir.
Le désert ressemblait à une mer gelée, couverte de vagues géantes ;
chaque matin le même paysage désolé se déroulait devant nous.
Nulle part aucune trace de vie. Pas même une mouche ; pas même
une feuille jaunie, poussée par le vent t
Le 26 avril, il fallut abandonner, mourants, les deux premiers
chameaux. Avec de l'économie, notre provision d'eau pouvait
durer deux jours encore, et nous espérions à tout moment aper-
cevoir la fin des sables. Mais ce n'était là qu'un vain espoir 1 Si
nous avions pu prévoir ce qui nous attendait, il aurait mille fois
mieux valu revenir vers les petits lacs. Le soir même, nous ren-
contrâmes une plaque d'argile sèche entre quelques dunes, aus-
sitôt l'on se mit à creuser un puits avec toute l'ardeur du déses-
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22 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
poir. Les hommes se dévêtirent entièrement et se relayèrent pour
creuser. A la profondeur de 1 mètre le sable devint humide et la
gaieté nous revint Tous les animaux, même les poules, atten-
daient impatiemment autour du trou. A la profondeur de 3 mètres,
le sable redevint sec tout d'un coup et le puits fut abandonné au
milieu de l'abattement général. Pour empêcher les chameaux de
succomber, nous dûmes leur donner le foin et la paille qui rem-
bourraient leurs selles de chargement, ainsi que toute notre pro-
vision de pain.
Le 27» nous aperçûmes deux oies qui s'envolaient vers le nord-
ouest, et leur vue ranima notre espoir. Je marchais maintenant
toujours à pied pour pouvoir me diriger aussi droit que possible
vers Test. Nulle part la fin de l'horizon de sable ne devenait
visible ; partout des crêtes et des chaînes entières de dunes, dans
lesquelles on enfonçait. On ne dressait plus la tente, bien que les
nuits fussent fraîches et que la température ne s'élevât souvent
qu'à quelques degrés au-dessus de zéro, tandis que, pendant les
journées claires, elle montait à 30° environ. Aussi, lorsque le 28, on
s'éveilla au milieu d'un bourane, tout le camp était enseveli sous
le sable et plusieurs objets durent être déterrés avec des
bâtons. Pendant la marche, nous fûmes enveloppés de nuages de
sable si épais qu'on se serait cru aux approches de la nuit; une
lumière rougeàtre, diffuse, remplissait le ciel; nous, étions for-
cés de marcher en groupe serré, car le vent balayait immédia-
tement toute trace, et quiconque se serait détaché des autres,
aurait été irrémissiblement perdu. A travers le nuage, on ne
voyait que le chameau le plus rapproché. On n'entendait aucun
cri; seuls les sifflements et les bruissements du sable soulevé
résonnaient à nos oreilles. Peut-être était-ce ces sons étranges
qui éveillèrent dans l'imagination de Marco Polo l'idée de ces
tambours et de ces escadrons de cavaliers dont il parle dans sa
description des horreurs c du désert de Lop > ?
Dans la journée un troisième chameau succomba. Le soir, nous
fîmes un tri de tout ce qui pouvait être abandonné en fait de
provisions, de vêtements, de caisses, etc. Le 29, il nous restait
encore 2 litres d'eau ; le lendemain matin on s'aperçut qu'ils
avaient été volés. Les chameaux reçurent, pour la dernière fois, leur
ration, composée de toute notre provision débourre. Le 1er mai nous
souffrions d'une soif excessive ; je pris un verre d'eau-de-vie chi-
noise servant à alimenter un fourneau de cuisine. Cette boisson
paralysa mes forces ; je me traînai loin derrière la caravane par
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 23
un soleil brûlant. Le tintement des clochettes s'affaiblissait et finit
par s'éteindre entièrement ; je suivais les traces laissées par mes
nommes ; mais, après 4 kilomètres et demi de marche, je vis que
tous s'étaient arrêtés.
Mes gens gisaient étendus sur le sable; quelques-uns pleuraient
et invoquaient Allah. Les chameaux, à bout de forces, s'étaient
aussi couchés. C'est à peine si nous eûmes la force de dresser la
tente, et de nous y étendre à l'ombre, après nous être dévêtus,
pour rester couchés toute la journée. Le dernier mouton fut
abattu, nous en bûmes le sang. Les hommes avalèrent une boisson
plus répugnante encore. Sans aucun doute l'absorption de ce li-
quide infect hâta la mort de l'homme du désert et de Mohammed-
Schah. Au coucher du soleil, me sentant entièrement remis, je
quittai l'horrible campement, accompagné d'Islam, de Kasim et de
cinq chameaux. J'abandonnai tout dans la tente» sauf mes notes,
mes instruments, mon argent et quelques autres «objets indispen-
sables. Pour ménager mes forces, je montai un chameau ; mais
bientôt l'obscurité devint impénétrable ; nous ne pouvions plus
voir où nous allions et à chaque moment nous étions arrêtés par
les dunes. J'allumai donc une lanterne et je marchai à pied pour
chercher le meilleur chemin. A minuit nous n'avions fait que i ki-
lomètres; un des chameaux avait dû être abandonné et Islam était
épuisé. Voyant que la fin était proche, je résolus de tout laisser là ;
je pris avec moi Kasim et me dirigeai vers l'est, après avoir en-
couragé Islam et lui avoir conseillé de suivre nos traces, dès qu'il
en aurait la force. Les derniers restes de notre caravane furent
ainsi abandonnés dans l'obscurité ; la lanterne continua à brûler
auprès d'Islam, mais bientôt les crêtes des dunes en dérobèrent
entièrement à nos yeux la pâle lumière.
Je n'emportai que les deux chronomètres, une montre, une bous-
sole, du papier et de menus objets. Kasim portait une bêche pour
creuser des puits, quelques morceaux de pain et la queue grasse
du mouton, ainsi qu'un morceau de sang coagulé.
Ces-misérables aliments ne nous servirent pourtant pas à grand'-
chose, car le gosier et les muqueuses devinrent bientôt aussi secs
que la peau extérieure et nous nous trouvâmes dans l'impossibilité
de rien avaler. La sensation de la faim disparaît d'ailleurs entière-
ment auprès de celle de la soif qui, surtout dans les premiers jours,
est si pénible qu'on se sent devenir fou. Mais, une fois que le corps
a cessé de transpirer, un affaiblissement progressif de force se
déclare, qui conduit peu à peu à la crise finale. .
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24 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Cependant je me hâtai vers l'est avec Kasim. Nous marchâmes
toute la nuit en faisant des arrêts innombrables. Le 2 mai, à
i 1 heures, il faisait déjà si chaud que notre vue se troublait; il fallut
donc faire halte toute la journée. Après nous être entièrement dé-
vêtus, nous creusâmes un trou jusqu'au sable gardant encore la
fraîcheur de la nuit, et nous nous y couchâmes après avoir sus-
pendu à la bêche nos vêtements au-dessus de nos têtes pour nous
faire de l'ombre.
De 6 heures à 1 heure nous marchâmes au clair de lune. Après
un moment de repos, . nous recommençâmes â nous (rainer sur
cette mer de sable jaune fin qui nous semblait infinie. Soudain
le 3 mai, au matin, Kasim s'arrête, me saisit l'épaule et, le
regard ûxe, me montre Test. J'ai beau regarder et regarder
encore; je ne découvre rien d'inaccoutumé. De ses yeux de
faucon, Kasim avait aperçu un tamaris verdoyant. Sur cet arbre
se concentrait désormais tout notre espoir de salut. Lorsque nous
l'atteignîmes enfin, nous remerciâmes Dieu. Nous nous reposâmes
là un moment, et, comme des animaux, nous nous mimes à mâcher
les aiguilles succulentes du tamaris. Exténués, nous passâmes toute
la journée, de 10 heures jusqu'à 7, sous un autre tamaris. Le
soir nous atteignîmes trois peupliers, au pied desquels nous es-
sayâmes de creuser un puits, mais sans en avoir la force. Un
grand feu fut allumé pour avertir Islam.
Le 4 mai, la vue d'une nouvelle zone de sables stériles nous
plongea dans rabattement. Pendant les heures les plus chaudes,
nous nous reposâmes à l'ombre d'un tamaris. A 7 heures, je me
rhabillai et j'exhortai Kasim à me suivre, mais il me répondit
d'une voix sifflante qu'il n'en avait pas la force.
Je marchai donc seul jusqu'à une heure de la nuit, et tombai
alors exténué au pied d'un tamaris. Kasim arriva peu après en
chancelant, et nous poursuivîmes notre route. Après un court
repos, le 5 mai, nous continuâmes à nous traîner en défaillant.
Kasim paraissait égaré; il était effrayant à voir... A l'horizon appa-
raît enfin une ligne sombre; c'est la forêt du Khotan-daria. A j>eine
sous ses voûtes pleines d'ombre où tout annonçait le voisinage du
fleuve, les forces nous manquèrent pour continuer notre course. A
7 heures du soir, je pris le manche de la bêche en guise de bâton
et traversai la forêt en rampant par endroits à quatre pattes. Kasim
était resté immobile à l'endroit où il était tombé, couché sur le
dos, les yeux et la bouche grands ouverts.
Tout à coup la forêt prit fin et une plaine faiblement éclairée
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 25
par la Inné se déroula i mes yeux. Je compris aussitôt que j'avais
devant moi le lit du Khotan-daria. Il était à sec 1 Cependant je ne
me croyais pas destiné à périr de soif dans le lit même du fleuve;
je le traversai donc et atteignis avec peine la rive droite dont
j'entrevoyais dans l'obscurité les forêts sombres et les roseaux
touffus. 11 me fallut cinq heures pour faire 3 kilomètres ! Au même
moment un canard se leva près de moi ; j'entendis un clapotement
et je vis que j'étais sur le bord d'une petite flaque d'eau pure et
fraîche. Je ne perdrai pas de temps à décrire mes sensations ni ce
qui se passa ensuite. Qu'il me suffise de dire qu'après avoir bu, je
remplis d'eau mes bottes jusqu'au bord ; je passai mon bâton dans
les tirants et retournai près de Kasira, qui fut ainsi sauvé au der-
nier moment. Mais il n'avait pas la force de m'accompagner et je
dus continuer seul mon voyage dans le lit du fleuve* marchant pen-
dant trois jours et deux nuits vers le sud, me nourrissant d'herbes
et de têtards, jusqu'à ce que, le 8 mai, je rencontrai des bergers et
me trouvai hors de danger. Encouragé par nos feux, Islam-bay
s'était traîné jusqu'au fleuve avec le dernier chameau qui por-
tait mes notes, une partie de mes instruments et mon argent
chinois.
Pour renouveler mon matériel, je retournai par Aksou et Outch-
tourfan à Kachgar. En attendant l'arrivée d'instruments, j'entre-
pris, durant l'été et l'automne de 1895, une nouvelle excursion dans
le Pamir et l'Hindou-kouch où je fis la très agréable rencontre de
la commission de délimitation anglo-russe.
Le 14- décembre 1895, je quittai, pour la dernière fois, Kachgar.
En vingt-trois jours, nous arrivâmes, en passant par Ourdan-Pad-
chakh, Yarkend, Kargalyk et Gouma, à Khotan . C'est le même chemin
qu'a suivi Marco Polo, il y a six cents ans. Entre ces dernières villes
on franchit quelques ramifications du désert. Sur ces sables où
chaque orage efface la route, la piste est jalonnée par des
perches. C'est sans doute à cette particularité que fait allusion
Marco Polo lorsqu'il dit que les voyageurs dressent chaque soir
une perche pour reconnaître dans quel sens ils doivent se diriger
le lendemain.
Le 14 janvier 1896, je partis de nouveau de Khotan avec la plus
petite caravane que j'aie jamais eue : 4 hommes et 3 chameaux.
Il s'agissait de traverser le désert dans sa plus grande lar-
geur. Nous avions fait à nos dépens la triste expérience des dan-
gers de cette région. Notre équipement fut donc réduit le plus
possible, pour le cas où, cette fois encore, nous serions forcés
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26 COMPTES RENDUS DES SÉANCES
de tout abandonner. Noos n'avions de provisions que pour cin-
quante jours, tandis que notre voyage dura quatre mois et demi.
Je considérai une tente, un lit, comme des objets de luxe;
aussi, pendant tout ce voyage, je couchai sur la terre nue, en-
veloppé de fourrures, comme mes compagnons. La température
descendit jusqu'à — 23°, mais nous avions presque toujours du com-
bustible, et, d'ailleurs, le printemps approchait. De Tavek-kel nous
nous dirigeâmes vers l'est à travers le désert, emmenant, pour
peu de jours, quelques chercheurs d'or qui avaient promis de me
conduire dans une ville ancienne. Le 24 janvier, nous arrivâmes
enfin â l'endroit en question. Dans les vallons entre les dunes, s'é-
tendaient à perte de vue des ruines de maisons construites en bois
de peuplier. Dans la plupart des cas, il ne restait que les poutres
maîtresses, hautes de 2 ou 3 mètres ; elles étaient rongées par
le sable, blanches comme de la craie, et si fragiles qu'elles
se brisaient comme du verre au moindre choc. Les murs se
composaient d'une palissade de roseaux, recouverts de chaux.
Sur cette chaux nous découvrîmes quelques peintures murales ar-
ttstement exécutées : des femmes en prières, d'un type arien pro-
noncé, Bouddha dans la fleur du lotus, des ornements pleins de
goût, etc. Une fouille nous fit découvrir des manuscrits ainsi que
des figurines en gypse. H est hors de doute que celte ville est
d'origine bouddhiste ; on peut donc, à priori, avancer en toute
certitude qu'elle est antérieure à l'invasion arabe du vm« siècle,
conduite par Koutejbe-ibou-Muslim. Un examen comparatif avec
l'art bouddhiste dans l'Inde, joint aux calculs que j'ai exécutés re-
lativement à la marche des dunes, permettra de déterminer plus
exactement l'époque de son existence. — Le 26 janvier, nous
atteignîmes la lisière de forêts du Keria-daria et fîmes halte
auprès du fleuve entièrement recouvert de glace épaisse. Pour-
suivant notre marche vers le nord, nous fîmes plusieurs dé-
couvertes importantes» notamment que le Keria-daria atteignait
le 39* et demi de latitude nord. A Tongous-basté il se partage
en deux bras qui ont, l'un avec l'autre, un rapport d'alternance pério-
dique. Dans les forêts vierges qui le bordent habite, entièrement
isolée, une tribu de bergers dont les Chinois même ne soupçonnent
pas l'existence. — A l'ouest de Tongous-basté se trouvent, dans
le sable, les ruines d'une seconde ville ancienne présentant les
mêmes particularités que la première. Les deux villes étant situées
sur une même ligne parallèle au cours actuel du Keria-daria, j'ai
lieu de croire que, depuis la période de leur prospérité, le fleuve
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 27
s'est déplacé vers l'est, de même que le Yarkend-daria et le Khotan-
daria. Pour ces deux derniers fleuves, j'ai pu, en effet, relever plu-
sieurs preuves d'un déplacement prononcé vers l'est. — Dans la
région où le Keria-daria succombe dans sa lutte désespérée contre
les sables mouvants et où ce fleuve, devenu étroit ruisseau, serpente
entre les dunes et finit par disparaître, le chameau sauvage vit en
nombreux troupeaux. Nous en avons tué trois. La viande n'en était
pas mauvaise et la graisse des bosses était excellente pour nos
poudings de riz. Cas animaux vivent, dans le désert, de tamaris
et de roseaux et ne viennent que fort rarement boire dans le
fleuve. Les bergers du Keria-daria inférieur déclarèrent qu'en
hiver les chameaux sauvages ne boivent pas du tout.
11 nous restait encore huit jours de désert stérile avant d'atteindre
le Tarim, et le 23 février, nous entrâmes à Shah-Yar, après
quarante et un jours de marche à travers le Takla-Makan.
Prjevalsky est le premier Européen qui soit allé au Lob-nor. A
son retour, une polémique vive s'engagea entre lui et le baron von
Richthofen, au sujet de ce lac. Depuis la mort de Prjevalsky, en
1888, ce différend n'avait pas été tranché. Richthofen avait dé-
montré qu'un lac de désert, sans écoulement vers la mer, devait
avoir les eaux salées. Or le bassin trouvé par Prjevalsky était un
bassin d'eaux douces. D'autre part, les topographes chinois, qui
n'indiquent jamais sur leurs cartes que des accidents de terrain
réellement existants, plaçaient leur Lob-nor à 1 degré au nord du
lac visité par Prjevalsky. Richthofen soutenait donc que ce dernier
lac devait être de formation récente, et qu'il était apparu depuis
que les Chinois avaient dressé leur carte de l'ancien Lob-nor.
Prjevalsky avait pris la grande route entre le Tarim et le Kontché-
daria. Pour résoudre le problème, il me fallait suivre le chemin
du désert à Test du Kontché-daria, d'où un bras devait se déver-
ser dans un lac existant peut-être à Test.
Quittant Tchighelik le 31 mars, je reconnus qu'une partie des
eaux du Kontché-daria se rend au Tchighelik-koul, tandis qu'une
autre s'écoule vers le sud-ouest, sous le nom d'ilek. Ma satis-
faction fut grande lorsque, le 4 avril, après avoir pendant trois
jours suivi la rive gauche du fleuve, je reconnus qu'il se jetait
dans un lac allongé. Pendant trois jours encore, nous côtoyâmes
le bord est de ce lac. Les habitants de Lob donnent à ces
quatre grands bassins les noms de Avullu, Kara, Tayek et Arka-
koul \ les Chinois appellent toute cette région Lob-nor, dénomina-
tion absolument inconnue dans la partie sud du lac. — Le lac dé-
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28 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
couvert par moi s'étend du nord au sud dans le sens de la lon-
gueur. Le Lob-nordes Chinois est orienté de Testa l'ouest. Mais
cette circonstance trouve aussi son explication naturelle. Toute la
région de Lob-nor étant située à peu près dans le même plan hori-
zontal, la distribution des eaux doit dépendre des moindres varia-
tions de niveau. Deux facteurs constants travaillent à ces varia-
tions : les tempêtes d'est-nord-est, particulièrement violentes au
printemps, qui remplissent de sable le bassin et poussent le lac à
l'ouest, et les alluvions apportées par le fleuve lui-même. Que le
lac se soit jadis étendu vers l'est, on en a la preuve dans les
flaques de sel et les marais déjà isolés le long de la rive est
du lac, de même que dans l'existence de baies profondes des-
tinées à être isolées dans un avenir prochain. En outre, une
preuve importante nous est fournie par la présence d'une étroite
bande de forêts, dans laquelle on peut observer trois phases suc-
cessives de développement. Tout d'abord, le plus loin à l'est, la
forêt desséchée, morte ; au milieu, la forêt vigoureuse, à troncs éle-
vés; près du rivage, des arbres encore tout jeunes. La forêt marche
donc vers l'ouest avec le lac. L'excédent des eaux s'écoule par le
Sadak-Koul cl le Nias-Koul au Tari m. Il existe encore d'autres preuves
tendant à démontrer que le lac sud doit être de formation récente.
En effet, on n'y trouve pas trace de forêts, tandis que tout le système
du Tari m, jusqu'au vieux Lob-nor, est extrêmement riche en peu-
pliers. La forêt n'a pas encore eu le temps de s'étendre jusqu'au nou-
veau lac. De plus, le vieux Kuntjickan-bek, chef octogénaire de Lob,
meracontaqueson grand-père, Nuraet-bek avait habité, dans sa jeu-
nesse, près d'un lac au nord et qu'alors, dans les environs d'Ab-
dal, il n'y avait que des déserts. Mais lorsque le nouveau lac s'était
formé, Numet s'y était rendu et avait fondé Abdal. Enfin, je rap-
pellerai que Marco Polo, qui passa par la ville de Lob, ne fait men-
tion d'aucun lac. — Notre voyage le long du vieux Lob-nor fut
assez pénible, car le sable y forme de grands amoncellements sans
consistance, et déjà, le 6 avril, la température de midi atteignait
33° à l'ombre. Ce qui nous incommodait le plus, c'étaient les mous-
tiques qui, par les journées calmes, formaient dans l'air de véri-
tables nuages. Un soir, alors que nous étions campés au bord du
lac, ils nous firent tellement souffrir que force fut de recourir à
un remède héroïque. On mit le feu aux roseaux secs de l'année
précédente, formant d'épais fourrés autour de la plus grande par-
tie du Kara-koul, et, tel un incendie de prairie, le feu s'étendit
dans la nuit, jetant la lueur sinistre de sa flamme sur le lac en-
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 29*
tier. Un lac en feu ! voilà certes une chose qui n'est pas banale. —
De Kouentchi, où nous visitâmes les ruines de Merdek-shakh,
une ancienne forteresse chinoise, située dans le voisinage, j'en-
voyai ma caravane en avant à Abdal. Quant à moi, en compagnie
de deux habitants de Lob, j'entrepris un ravissant voyage de
huit jours en canot sur l'Uek inférieur, le Tarin» et le Lob-nor mé-
ridional. Les habitants de Lob passent la moitié de leur vie dans
leurs longues pirogues, faites d'un tronc de peuplier.
Dans le Lob-nor extrême, les roseaux croissent en rangs très
serrés. Us peuvent atteindre une hauteur de 8 métrés et un
diamètre de 6 centimètres au niveau de l'eau. La plus grande
profondeur que m'ait donnée la sonde était de i mètres et demi.
Lob-nor est un des meilleurs souvenirs qui me restent de mon
voyage.
De Tchakalik je pris, à la tête d'une caravane à cheval, la route
de Khotan, longue de 970 kilomètres, qui traverse les districts
aurifères de Tchertchen, Kopas et Sourgak, ainsi que Nia etKeria.
A Khotan, je recouvrai, par les soins de l'excellent amban de la
ville, Lin-danir, une grande partie des objets perdus lors de mon
naufrage dans le désert. '
Des bergers et des chasseurs du Khotan-daria les avaient
trouvés en suivant les traces de renards qui avaient rendu visite à
nos caisses de provisions pendant l'hiver. Mais la restitution des
deux appareils photographiques ne me causa pas un plaisir bien
grand, car les indigènes avaient accaparé toutes les plaques de
verre pour les mettre à leurs fenêtres grillées en guise de car-
reaux.
A Khotan, nous nous équipâmes pour une rude campagne dans
le nord du Tibet, après quoi nous revînmes à Kopa, et de là à Dalaï-
kourgan, à la base nord des monts Kouen-loun, dernier endroit
où nous avons rencontré des hommes. C'étaient des Tagliks, Turcs
djaggataï.
Le 6 août, nous quittâmes Dalaï-kourgan pour nous diriger,
par le défilé secondaire de Sarik-kol, vers le cours supérieur du
fleuve Mitt, dans la région appelée Lama-tjimin.
La caravane avec laquelle je traversai les plateaux du Tibet
nord se composait de SI chevaux, 6 chameaux et 29 ânes. 11 me
suffira de dire que sur ce nombre 49 animaux, soit 90 p. 100,
succombèrent, pour que l'on devine quelles fatigues nous atten-
daient. Une fois arrivés dans les régions où les pâturages étaient
rares ou faisaient entièrement défaut, chaque jour amena la mort
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30 COMPTES RENDUS DES SÉANCB8.
d'un ou deux de nos animaux, et leurs corps momifiés qui se des-
sèchent au lieu de se décomposer dans cet air vif et froid, restent
sur place comme des monuments indicateurs de la route que nous
avons suivie. Nous avions, en outre, 12 moutons, formant notre
approvisionnement vivant, et 3 chiens de garde.
Le personnel se composait de 8 serviteurs à engagement fixe,
avec lslam-bay à leur tête. Parmi les autres, je citerai : Fong-schi,
un jeune Chinois parlant le turki, qui devait me servir d'inter-
prète en Chine; Parpt-bay, un Sarte qui avait accompagné Carey,
Dalgleish,Bonvalot,le prince Henri d'Orléans et Dutreuil de Rhins.
En outre, j'engageai pour deux semaines quinze Tagliks, dont deux
s'enfuirent dès le début. Nous emportions des provisions pour trois
mois; nos bêtes avaient du maïs pour un mois. Nous eûmes
quelque peine à franchir la partie nord du Kouen-loun. J'avais
examiné le col de Tchakalik et je l'avais reconnu impossible à
franchir pour les chameaux, mais nous pûmes passer par Jappkalik
(5,000 mètres environ) sans même avoir besoin de décharger les
bêtes.
Nous remontâmes ensuite un des affluents du Kara-mouren
jusqu'à sa source.
Entre l'Arka-tag (ou Ak-tag) et une petite chaîne de montagnes
située au nord, nous continuâmes à avancer vers Pest-sud-est,
cherchant toujours un passage commode à travers ces montagnes.
Cependant nous n'y réussîmes pas avant d'avoir atteint les con-
trées visitées par Littledale. Hamdan-bay devait alors nous mon-
trer le col où avait passé ce dernier. Mais il ne put le retrouver,
et nous franchîmes l'Arka-tag par un défilé nouveau, haut de
5,400 mètres.
L'air raréfié exerçait une influence fâcheuse sur mes gens. Pen-
dant les premières semaines ils furent tous malades et se plaigni-
rent de maux de tête. Déjà à notre quatrième campement, compté
depuis Lama-tjimin, Fong-schi était à demi mort et dut être ren-
voyé à Khotan, avec deux Tagliks. C'était une perspective agréable
que celle d'arriver en Chine sans interprète ! Au huitième campe-
ment trois Tagliks furent renvoyés. Les autres, qui devaient nous
accompagner plus loin, demandèrent le payement en avance de la
moitié de leurs gages, chose qui leur fut accordée. Aussi fûmes-
nous assez penauds quand, le lendemain matin, nous nous aper-
çûmes qu'ils s'étaient tous enfuis, non sans avoir volé une douzaine
d'ânes, deux chevaux et des provisions. Mais nous n'étions pas
gens à nous laisser si facilement tromper. Armés de fusils et de
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SÉANCES DES 7, 21, ET 31 JANVIER 1898. 31
revolvers, Parpi-bay et deux autres hommes enfourchèrent nos
meilleurs chevaux et suivirent la trace des fuyards jusqu'à ce
qu'ils les eussent rejoints. Ils les forcèrent à revenir au camp
où le principal meneur fut puni, tandis que les autres durent
rembourser provisoirement l'avance faite. Us furent ensuite
attachés chaque soir jusqu'à ce que nous fussions entièrement
sûrs d'eux.
Je n'ai pas le temps de décrire l'intéressant profil géologique que
j'eus l'occasion dé relever au sujet des chaînes de montagnes paral-
lèles au Kouen-loun : le granit, la syénite, la diorite, les schistes cris-
tallins y dominent. Du col d'Arka-tag, nous pouvions voir au loin,
dans le sud, une puissante chaîne de montagnes avec des champs
de neiges éternelles et des pics étincelants. Cette chaîne court
parallèlement à TArka-tag et constitue, comme je le reconnus
plus tard, une continuation des monts Koukou-schili. Entre ces
deux chaînes gigantesques, dirigées de Test à l'ouest dans le sens
de la longueur, s'étend un haut plateau accidenté, divisé en une
série de bassins sans issue. Au milieu de chaque bassin, se trouve
un lac de dimensions variables, aux eaux claires mais sau maires,
où viennent se réunir les eaux des montagnes voisines. En marchant
vers l'est, nous avons découverte lacs de ce genre. Nous côtoyâmes
le plus grand pendant trois jours de marche. Tout ce territoire a
été soigneusement relevé et tous les sommets montagneux repérés
sur la carte.
La nature y est extrêmement désolée; l'altitude moyenne a'éle-
vant à 5,000 m., il est évident que la végétation doit être pauvre.
Les misérables pâturages que l'pn rencontre parfois sont si
maigres et si amers que les bêtes dé la caravane n'y toucheraient
point si elles n'y étaient contraintes par la faim. Le plus souvent
le sol est entièrement nu, et les matériaux provenant du délitement
de la partie centrale des bassins sans débouché ont, dans la suite
des temps, été réduits à une extrême (inesse. Les sables et les
graviers de gros calibre sont, par conséquent, rares. De plus, lorsque
le sol a été humecté par les pluies, il devient si mou que les ani-
maux y enfoncent souvent d'un pied de profondeur, ce qui con-
tribue encore à les fatiguer. — Seules, les rives des lacs que nous
longions fréquemment étaient commodes pour la marche, — Le
froid n'était pas rigoureux. Dans la journée, on pouvait même,
grâce à la chaleur du soleil, chevaucher sans manteau, et dans la
nuit la température descendait rarement au-dessous de — 10°,
Le pire ennui, c'était le vent et la grêle. Régulièrement, comme
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32 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
s'il avait été réglé par un mécanisme, l'ouragan d'ouest arrivait
chaque jour vers 1 heure, et se précipitait sur les montagnes avec
une rage aveugle.
Les seuls animaux qui donnent un peu d'animation aux plateaux
mornes du Tibet, sont les yacks sauvages et les koulans. Vargol,
ou fiente de yack, nous fournissait un combustible excellent et,
chaque soir, nous pouvions nous chauffer devant de magnifiques
feux de bivouac. Les moutons que nous avions emmenés se mon-
trèrent bientôt insuffisants et, lorsque le dernier eût terminé ses
jours, nous dûmes tuer des yacks, pour avoir de la viande fraîche.
Islam-bay excellait à ce sport. J'ai rapporté la peau d'un magni-
fique exemplaire, un taureau mesurant 4 m. 25 de long. Les
koulans ou chevaux sauvages, erraient aussi en petites troupes,
et dans les montagnes frontières du Tsaïdam, il nous arriva de
rencontrer des troupeaux de 150 têtes. Le koulan est une béte
superbe. La chair de cet animal laisse un arrière-goût désa-
gréable ; celle du yack est, au contraire, comestible, bien qu'elle
soit fort coriace. Il faut la faire bouillir pendant plusieurs
jours pour la rendre un peu plus tendre, mais on doit ajou-
ter que la raréfaction de l'air y est aussi pour beaucoup, puis-
que, à cette hauteur, l'eau bout déjà à quatre-vingt et quelques
degrés.
Nous avons marché ainsi sur les plateaux du Tibet pendant
deux mois entiers sans rencontrer un seul être humain. Deux
fois seulement, nous avons trouvé des traces d'hommes : à
notre dernier campement au nord d'Arka-tag, les restes d'un
feu de bivouac nous indiquèrent que nous croisions la route suivie
par Littledale; entre notre 17* et notre 18e campement, nous trou-
vâmes les traces des chameaux de Bonvalot et du prince Henri
d'Orléans. Mais notre caravane se réduisait chaque jour d'une
façon inquiétante; finalement, les hommes furent obligés de
marcher à pied et nous pensâmes qu'il était temps de rejoindre
des régions habitées.
Au nord-est du dernier grand lac, la crête d'Arka-tag présentait
une dépression profonde et, par deux cols assez commodes, nous
atteignîmes les sources d'un fleuve que nous reconnûmes plus tard
pour un affluent du Naïdschi-mouren. Le 30 septembre nous vîmes
les premières traces de Mongols. Sur la rive gauche du fleuve se
dressait, en effet, un splendide obo, amas de pierres élevé en
l'honneur des dieux de la montagne.
En continuant, le l** octobre, à descendre la vallée, nous aper-
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 33
eûmes quelques yacks paissant près d'une saillie de rocher; Islam-
bay parvint à se glisser à portée ; quand il eut tiré deux coups sans
résultat, une vieille femme accourut, criant et gesticulant. Nous
comprîmes, alors, que c'étaient des yacks domestiques, et que nous
avions enfin atteint les premières zones habitées, après deux mois
de complète solitude. Tout l'hiver, les indigènes vivent en cet
endroit et fournissent de viande de yack leurs congénères à
Tsaïdam. Le mari de la vieille femme nous conduisit par Jike-
tchan-davan, dans les montagnes de Tchan-oula à l'aoul de Tchan-
gol, dans le Tsaïdam. À Tchan-gol plusieurs serviteurs furent
congédiés et j'achetai 20 chevaux.
Entre l'Altyn-tag et la chaîne méridionale de Kou-kou-nor au
nord, et les chaînes parallèles de Kouen-loun au sud, s'étend le
vaste bassin appelé Tsaïdam, qui, au point de vue de la géographie
physique, occupe la même situation que le bassin du Tarim, bien
qu'il soit plus petit que ce dernier, plus accidenté, et qu'il soit situé
à une altitude supérieure de 150 mètres. Dans les parties centrales
de ce bassin se trouvent plusieurs lacs salés dont le plus grand
est le Davassoun-nor, où affluent tous les cours d'eau et les rivières
des montagnes environnantes.
Autour des lacs s'étendent d'immenses plaines nues, des déserts
de sel et des marais entièrement inhabitables, souvent même im-
possibles à traverser. Au pied des montagnes, au contraire, on
trouve de la végétation et des pâturages où les Mongols de Tsaïdam
vivent en nomades avec leurs troupeaux de moutons, de chèvres
et de chevaux.
Nous longeâmes la rive nord de Passum-nor où s'étendent
des steppes, et ensuite la rive sud de Kourlik-nor. L'eau de ce
dernier lac est douce, car le Balduiri-gol, qui se déverse dans sa
partie nord-ouest, ne fait que traverser ce lac et continue ensuite
sa course, sous le nom de Holuin-gol, jusqu'au Tossoun-nor,
lequel n'a pas de débouché et dont l'eau est, par suite, salée.
A Holakinto, un magnifique obo s'élève en l'honneur des dieux
marins.
La nuit, nous avions campé près du lac Ghara-nor dans le voisi-
nage duquel les ours sont si nombreux que le campement et les
chevaux durent être protégés par des feux. Le lendemain,
1" novembre, nous nous dirigeâmes vers la région des sources:
Cbara-charmin-kubb. Nous suivions un sentier étroit à travers la
large vallée, quand nous nous vîmes suivis par des brigands tan-
goutes. Le défilé franchi, nous débouchâmes sur un terrain ouvert
soc. de géocb. — c. b. des séances. — w° 1. — Janvier. 3
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34 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
où nous fîmes halte auprès d'une source. La nuit, les chevaux
furent attachés et l'on posta des sentinelles qui, pour convaincre
aussi bien les brigands que nous-mêmes qu'elles se tenaient
éveillées, tambourinèrent sur des casseroles.
Aussitôt que l'obscurité survint, nos ennemis donnèrent, de
nouveau, des signes de leur présence. Le lendemain, ils nous
poursuivirent encore, mais finirent par abandonner la partie.
Toutefois, nous nous tinmes dorénavant sur nos gardes.
Tels furent les débuts de notre voyage au pays des Tangoutes-
Ghara. Ces gens parlent le tibétain, ont les mômes croyances que
les Mongols, portent, comme eux, autour du cou des gavos ou
pelits étuis contenant des bourckanes ou idoles et exécutent les
mêmes pèlerinages à Lhassa. Ils habitent de grandes tentes noires
en toile grossière, vivent de l'élevage des moutons, des chèvres et
des yacks, possèdent des chevaux et des chameaux, se procurent du
blé et des ustensiles de ménage à Ten-kar et Sin-ning (Sining),
et, excellents tireurs, viennent piller leurs voisins mongols.
Quand les Mongols se rendent à Sin-ning ou aux fêtes religieuses
de Koum-boum, ils voyagent donc toujours en grandes troupes
bien armées. Les Tangoutes, eux, sont toujours armés jusqu'aux
dents.
Par le délîlé de Noukkeulen-kouttel dans la chaîne sud du Kou-
kou-nor et le Buchaiogol que je franchis un peu plus en amont
que le père Hue, nous arrivâmes enfin à Koukou-nor, d'où il nous
restait encore 1,600 kilomètres à faire pour atteindre Péking.
Le lac Bleu, qui est le Koukou-nor des Mongols, le Tsou-ngom-
bou des Tibétains et le Tsing-naf des Chinois, se trouve situé à
une hauteur absolue de 3,040 mètres, et contient une eau claire
et salée qui mérite bien son nom. Le lac est couvert par les glaces
pendant trois mois de l'année. Lors des orages violents, de grandes
fentes et des crevasses se produisent dans la glace. Les pèlerins
qui veulent se rendre au temple construit sur une lie au milieu du
lac ne peuvent donc y arriver à cheval et fabriquent des traîneaux
improvisés sur lesquels ils emportent des vivres et du combustible
pour trois jours.
A une journée de voyage de la ville de Ten-kar, se trouve le fa-
meux temple de Koum-boum, où nous arrivâmes le 20 novembre.
C'est, en réalité, un village entier de temples, de style tibétain,
multicolores, pleins de goût et d'élégance.
Arrivé à Sin-ning, je congédiai mes serviteurs du Turkestan orien-
tal. Islam-bay seul m'accompagna plus loin ; en outre, je m'étais
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SBANCK8 DBS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 35
adjoint quelques Chinois et mes bagages furent portés par des mu-
lets jusqu'à Ping-fan, d'où je continuai ma route avec des char-
rettes, jusqu'à Liang-tchéou. Là je passai les fêtes de Noël en com-
pagnie de missionnaires anglais. Une ligne télégraphique relie
Liang-tchéou à Chang-haï. J'en profitai pour adresser un télé-
gramme à Sa Majesté le roi Oscar, et, pour mes étrennes, j'eus la
joie de recevoir, de Sa Majesté, une réponse télégraphique des
plus aimables. C'était la première nouvelle de ma patrie qui me
parvînt en Extrême-Orient.
A Liang-tchéou je louai des chameaux et je traversai, au moment
de la nouvelle année, les déserts d'Ala-chan, en passant par Tou-
rna-fou, — dont le wang, ou prince mongol, me reçut avec beau-
coup d'amabilité, — pour me rendre à Ning-sna, où des mission-
aaires suédois ont une petite communauté de 30 Chinois chrétiens.
Le voyage par les déserts d'Ordos, en janvier, fut pénible. Le Hoang-
ho, ou fleuve Jaune, était entièrement gelé et la température des*,
cendit jusqu'à — 33°. Après avoir, encore une fois, traversé le
Hoang-ho, j'eus la joie de pouvoir me reposer pendant quelques
jours à Bao-tou, chez des compatriotes.
Mais ma patience était à bout. Après avoir laissé ma caravane en
bonnes mains, je l'abandonnai et je fis» escorté d'un Chinois, route
en toute hâte sur Péking par Salatchi, Kwei-kwan-tchung, Djo-
dje-tjong et Djandja-khou ou Kalgan, où je franchis pour la qua-
trième fois la grande muraille. A Péking, je ras reçu avec la plus
grande amabilité par le ministre de France, M. Gérard, le chargé
d'affaires de Russie, M. Pavloff, et par Li-Hung-Tchang; c'est là
que se termina le voyage d'exploration dont j'ai eu ce soir l'hon-
neur de vous communiquer quelques impressions.
Quand le Dr Sven Hedin a terminé la relation de son voyage,
souvent interrompue par les applaudissements de l'assistance, le
Président, s'adressant au voyageur, s'exprime ainsi : c Docteur
Sven Hedin, quels remerciements ne dois-je pas vous adresser au
nom de tous mes collègues, comme à celui de ce nombreux audi-
toire, pour la belle communication que nous venons d'entendre !
c Nous vous avons suivi avec émotion des hauteurs du Pamir
jusqu'au désert de sable où vous avez failli mourir de la plus ter-
rible des morts. Vous avez senti, j'en suis sûr, vibrer nos cœurs
à l'unisson du vôtre au récit de ces souffrances, de ces fatigues sup-
portées avec l'indomptable énergie qui vous caractérise. Nouvel
Antée, vous retrouviez des forces invincibles quand vous touchiez
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36 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
cette terre d'Asie qui exerçait sur vous une si vive attraction et qui
s'est laissé arracher quelques-uns de ses secrets en échange de
l'intérêt passionné que vous lui portiez.
c Les résultats de vos expéditions successives sont considérables:
vous avez étudié l'orographie, l'hydrographie, l'histoire naturelle
des pays que vous traversiez ; et ces pays, c'était la région des
Pamirs aux ouragans glacés, cet inextricable nœud de montagnes
géantes appelé le Toit du monde et à peu près inconnu, il y a un
quart de siècle, quand Prjévalsky s'y engagea; c'était la partie
occidentale du désert de Gobi, dont aucun voyageur n'avait encore
foulé le sol, — le Takla Makan — où les marches étaient si pé-
nibles, la soif tant à redouter; où les dunes s'allongeaient, Tune
derrière l'autre, semblables à d'immenses vagues; où des vents
furieux élevaient autour de vous, des montagnes de sable qui sem-
blaient vouloir vous ensevelir, comme elles avaient enseveli les
villes dont vous avez retrouvé les traces.
c Perdu au milieu de ces grands espaces silencieux et mornes,
dans une solitude complète, vous avez eu à lutter contre toute
l'horreur du désert et la mort a passé bien près de vous. C'est
miracle que vous lui ayez échappé, que vous soyez sorti vivant de
cet océan de sable ! Alliez-vous donc renoncer à l'achèvement de
votre œuvre? Non, ces épreuves ne vous avaient pas abattu et vous
vous hâtiez de réparer les pertes subies pendant cette rude cam-
pagne, afin d'en recommencer une nouvelle. Elle sera peut-être
plus terrible encore, — que vous importe? Entraîné par l'amour
pur de la science, rien ne vous arrêtera et vous poursuivrez vos
recherches à la découverte de ces lacs insaisissables, se transfor-
mant sans cesse, de ces fleuves au cours irrégulier et souvent
caché dont vous releviez sur vos cartes les méandres mystérieux.
c Enfin, vous traversiez le Tibet septentrional et la Chine,
recueillant partout de précieuses observations, des documents
uniques et agrandissant, au prix de mille dangers, le domaine
scientifique de toutes les nations.
c Vous devez éprouverun noble orgueil en songeant, aujourd'hui,
à ces difficultés vaincues, à ce travail persévérant, accompli dans
de telles conditions, à ces jours d'héroïques combats.
c Oui, l'homme peut être à la fois très humble et très orgueilleux :
s'il est faible, désarmé, en face d'une nature implacable et rude, il
est grand par sa volonté, il est bien le roseau pensant de Pascal,
et vous avez su, docteur Sven Hedin, «Hreplus fort que tous les élé-
ments ligués contre vous.
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SÉANCES DBS 7, 21 Et 31 JANVIER 1898. 37
c II souffle, en ce moment, sur l'Europe, un vent qui emporte
les peuples vers les pays lointains; tous cherchent leur voie et
s'empressent aux entreprises les plus périlleuses. Quelques-uns
vont demander, au centre de l'Asie, la solution de questions vitales;
la Suède et la France, au contraire, n'ont là que des intérêts d'un
ordre abstrait, et pourtant elles se sont placées à l'avant-garde de
cette vaillante armée des missionnaires de la science qui marche
à la conquête de l'inconnu et dont j'aimerais à citer tous les noms.
c Cette conformité dans les aspirations les plus hautes n'est-elle
pas un lien nouveau ajouté à ceux qui unissaient déjà nos deux
pays? Il y a toujours eu sympathie et cordialité entre Suédois et
Français ; nous ne laisserons pas s'éteindre cette ancienne tradi-
tion et votre venue parmi nous est un signe évident que ces sen-
timents sont restés vivaces.
c Lorsque vous avez fait, dans les Pamir s, l'ascension du Mous-
tag-ata — le père des montagnes aux glaces éternelles — qui
cache à 8,000 mètres d'altitude la virginité de ses neiges, vous aviez
déjà atteintà 6,000 mètres, quand la raréfaction de l'air vous força à
descendre; peut-être cherchiez-vous non seulement à percer le
mystère de ces hauteurs vertigineuses, mais encore à découvrir la
c Cité des âmes heureuses > ? Elle y fut bâtie, dit la légende, au
temps où tous les hommes vivaient en paix sur la terre, et s'il
n'est plus possible de l'apercevoir de loin, c'est que le Mal règne,
à la place du Bien, sur notre misérable monde.
c A défaut de cette ville fabuleuse qui se garde — et cela se
comprend — de toute communication avec nous, ne pourrions-
nous bâtir aussi une Cité des âmes ? 11 n'est besoin pour cela ni de
pierres, ni de ciment et les esprits seuls y auraient droit de rési-
dence ; ils s'y retrouveraient dans Je calme des pensées élevées,
dans le mépris des choses basses et obscures, et ceux qui ont fait,
comme vous, simplement et avec courage, une œuvre grande et
utile en seraient la gloire incontestée. Je voudrais qu'une place y
rot aussi réservée à vos fidèles serviteurs, à Islam-Bay, qui regarde
les bagages de son maître comme plus précieux que son existence,
à ce brave Kasim à qui vous avez rendu la vie en lui apportant,
malgré votre épuisement, cette eau qui lui manquait depuis plus de
six jours.
c En attendant que cette fiction devienne une réalité, recevez
encore une fois nos félicitations, docteur Sven Hedin ; nous n'ou-
blierons pas cette réunion, et c'est pour moi un honneur de vous
remettre, au nom delà Société de Géographie, cette médaille d'or,
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38 C0MPTB8 RENDUS DÎS 8ÉANCES.
faible témoignage de notre admiration et de notre reconnaissance.
c Avant de nous séparer» permettez-moi de remercier de sa
présence, M. le ministre de Suède et de Norvège. Il est le digne
représentant d'un souverain auquel la science géographique doit
beaucoup. Le roi Oscar II à puissamment contribué à l'accomplisse-
ment des belles expéditions entreprises sous son régne et c'est
grâce encore à sa généreuse initiative que le 0r Sveo Hedin a pu
faire, en Asie, le long et fructueux voyage dont il vient de vous
entretenir.
c Je remercie également M. le Ministre des Affaires étrangères,
et M. le Ministre de l'Instruction publique d'avoir bien voulu se
faire représenter à cette séance par MM. Delavaud et Tirman. >
— La séance est levée à 10 h. 3/4.
H. - NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
EUROPE
Le commerce maritime de l'Allemagne — Le Dr Moritz
Lindeman, dont les travaux sont si justement appréciés, consacre
dans le Geographische Zeitschrift (n0> i et 2 de 1898) un mé-
moire du plus haut intérêt au développement de la marine et
du commerce maritime de l'Allemagne (Die deutsche Seehandel-
schiffahrt).
Les côtes allemandes atteignent un développement en ligne
droite de 1,400 kilomètres. Suivant la classification de Krûmmel,
M. Lindeman divise les ports de ce littoral en trois catégories,
d'après leurs conditions topographiques: 1° ports de barrage. Cons-
titués par une nappe d'eau abritée par une langue de terre proé-
minente en mer; 2* ports d'érosion, formés à la suite d'invasions de
la mer; 3° ports d'embouchure. A la première classe appartiennent
Kônigsberg, Elbing; à la seconde les fôhrden de la côte du
Schleswig-Holstein ; à la troisième les grands ports de Hambourg, de
Brème, etc.
En 1896 la valeur du mouvement commercial de Hambourg
s'est élevé à 2,1 25 millions de francs, en augmentation de 1 10 p. 100
par rapport à celle de la période 1871-1875. D'autre part, le ton-
nage a passé en vingt ans de 3,100,000 à 10,300,000, en augmen-
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SÉANCES DBS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 39
lation de 300 p. 100. Tandis que, de 1871-1880 à 1896, les impor-
tations des pays extra-européens et européens se sont accrues
respectivement dans la proportion de 350 et de 150 p. 100, celles
d'origine anglaise ont baissé de 1/8, pendant que la valeur des
exportations allemandes en Angleterre ne subissait qu'une dimi-
nution de 3 p. 100. A Brome, durant la même période, les entrées
de marchandises anglaises ont baissé de 45 p. 100. Le mouvement
de ce port s'est également accru, depuis 1872, dans la proportion
énorme de 190 p. 100. L'exportation dans les pays d'outre-mer a
monté de 115 p. 100. De tels résultats n'ont pas été obtenus sans
de grands sacrifices. Pour corriger le Weser, augmenter sa pro-
fondeur et doter ses ports d'un outillage perfectionné, en dix ans
la ville de Brème a dépensé 100 millions !
ASIE
Les lies B«»in. — De Tokyo, 13 octobre 1897, M. de Bondy,
vice-consul de France à Formose, écrit au Ministre des Affaires
étrangères : c Les tlesBonin (27* lat. N., 140* long. E.), Ogasawa-
rajima sur les cartes japonaises, ont été visitées récemment par
un groupe d'ingénieurs qui en ont rapporté des notes intéres-
santes. Le nombre des habitants a doublé depuis dix ans par l'im-
migration. Ils cultivent la canne à sucre et élèvent du bétail,
mais négligent la poche pourtant abondante. La population com-
prend plusieurs races : les aborigènes vivant dans un état de sau-
vagerie absolue et logeant dans des cavernes (ils sont d'origine
malaise); les Japonais immigrés qui se livrent aux travaux des
champs et au commerce ; les métis asiatiques, Chinois, Tagals,
Coréens et Nippons; enfin un groupe nombreux d'Occidentaux de
toute nationalité, formant une colonie indépendante. Séduits par
l'absence de taxes, d'impôts et d'autorité officielle, ces étrangers,
déclassés pour la plupart, ont préféré la vie libre, dans un pays
fertile, sous un beau climat, à leur existence errante et se sont
établis aux Bonin depuis assez longtemps déjà sans que personne
ait songé à s'occuper d'eux. Régis plus ou moins par la loi du
plus fort, ils entretiennent avec les indigènes des rapports de bon
voisinage et s'allient souvent avec des femmes du pays.
c Par un accord tacite, les intéressés gardaient et gardent en-
core sur cette lie peu visitée un silence discret, mais ce c refuge »
est plus connu qu'on ne le pense et un certain nombre de c nou-
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40 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
veaux » grossit chaque année les rang» de ces exilés volontaires.
Qu'ils soient Français, Anglais, Italiens, Espagnols, Scandinaves
ou Américains, ces c outlaws > veulent ainsi se dérober à une
civilisation dont ils sont les ennemis ou les victimes et vivent de
chasse, de pèche ou d'agriculture. Quelques-uns s'occupent, dit-
on, de travaux miniers et communiquent avec Hawaï et l'Âme*
rique.
c Quatre écoles dirigées par des missionnaires européens reçoi-
vent un grand nombre d'enfants des deux sexes. L'Etat japonais
paye à la compagnie Nippon-Yusen Raisha, 6,000 yens (1 ) de subven-
tion pour relâcher six fois par an aux Bonin; il est question d'établir
un service mensuel. Au point de vue du commerce, ces innovations
peuvent avoir du bon, mais je doute qu'elles soient appréciées par
les Européens dont j'ai parlé plus haut. L'intervention de l'admi-
nistration nippone dans les Bonin supprime, en effet, les avan-
tages qu'ils étaient venus y chercher en transformant cette terra
nullius en une colonie civilisée. On m'affirme (mais je rapporte
l'information sous toutes réserves) que nos compatriotes sont en
grande majorité dans la colonie indépendante. Les ingénieurs
japonais en ont rencontré plusieurs dont les allures et les
manières dénotaient une éducation et une culture dévelop-
pées et qui paraissaient reconnus chefs par leurs compagnons.
Peut-être dans la liste de ces c évadés > de la civilisation retrou-
verait-on plus d'un nom oublié après une période de célébrité
éphémère. »— De Bondy.
AFRIQUE
Maroc. — Voyage de M. Georges Forret. — M. Forret est parti
pour le Maroc en avril 1897, après une préparation scientifique de
deux années environ. Pendant ce laps de temps il s'est habitué à la
pratique des observations et des calculs astronomiques, à l'obser-
vatoire de la marine de Montsouris.
Il fit d'abord à Tanger un séjour de quelques mois qu'il mit à
profit pour lever les environs de la ville aussi loin que le souci de
sa sécurité le lui permettait. Ces levés sont consignés dans plu-
sieurs feuilles à échelles diverses et sur un plan d'ensemble au
100,000e; de plus un plan de Tanger, obligeamment communiqué
par M. le commandant Le Vallois, ancien chef de la mission mili-
(1) Yen = fr. 5.16.
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SÉANCES DBS 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 41
taire, a été complété et mis à jour. Ces documents se trouvent
entre mes mains.
Après avoir résidé six mois auprès de M. Ducors, vice-consul
de France à Rabat-Salé, où il se perfectionna dans la langue arabe,
M. Forret partit le 24 décembre dernier, se dirigeant vers Tinté-
rieur. La première étape de ton voyage sera Fez, qu'il atteindra
par Meknès, parcourant une route nouvelle, suivant sans doute les
collines qui forment au nord le bassin de l'oued Bou-Regreg.
Cette région est très dangereuse, habitée par les tribus berbères
insoumises des Zemmour et des Guerouan, toujours en lutte.
C'est dans cette partie du Maroc que fut assassiné, il y a une quin-
zaine d'années, le capitaine Schmidt, de l'artillerie, attaché à la
mission militaire française. Le but que poursuit M. Forret, en se
lançant ainsi dans l'intérieur du Maroc, est d'exécuter toutes les
observations scientiÛques qu'il pourra faire. Préparé comme il
l'est, ne redoutant rien, nul doute qu'il ne tire de la boussole, du
baromètre et de la montre qu'il a emportés, tout le meilleur
parti possible; sans attendre des résultats semblables à ceux de
l'expédition du vicomte de Foucauld — puisque G. Forret ne pos-
sède ni sextant, ni chronomètre — on peut espérer des résultats
géographiques importants, car, dès le début Je voyageur quitte les
sentiers battus et se jette dans l'inconnu.
La seconde partie de la reconnaissance sera plus fertile encore,
le dessein de M. Forret étant d'explorer les massifs montagneux
qui s'étendent au sud de Fez, et le Grand Atlas. Dans quelque di-
rection qu'il prend, les résultats seront nombreux. On sait, en
effet, qu'une grande partie du Maroc attend encore l'observateur
européen. — René de Flotte.
s««dan rr»*çai«. — A signaler l'importance croissante de
Kati et de Koulikoro. Tout le plateau de Kati est maintenant cou-
vert de constructions spacieuses et confortables, où peuvent trouver
place le lieutenant-gouverneur et son état-major, le commandant
de la région, le service administratif, le trésor, la poste, un pelo-
ton de spahis et une partie de la compagnie de conducteurs. L'hô-
pital a été l'objet de soins particuliers, et beaucoup d'Européens
s'y sont déjà remis, grâce à l'altitude (505 m. au lieu de 320 m. à
fiammako), et à la brise qui balaye presque continuellement le
plateau.
Koulikoro est aussi transformé. C'est la tête d'étapes de la flot-
tille vers Tombouctou, toute la région nord, et les postes de la
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42 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
boude. Des ateliers y ont été créés; on y fabrique chaux, briques
et tuiles» et on Ta y faire de la fonte. Une scie circulaire, actionnée
par les anciennes machines du Mage, débite des planches ; à Kouli-
koro fonctionne également un moulin qui moud le grain de la ré-
gion de Tombouctou et des Daounas ; la farine est fort belle et
excellente ; on compte sur une production de 50 tonnes, soit la
moitié de la consommation annuelle du Soudan.
Ces premiers résultats sont excellents et permettent de bien
augurer de l'avenir économique du Soudan français. — P. Vdillot.
€*«• *'iv«ir«. — Mission Closel. — Le 26 novembre dernier,
notre collègue, M. Clozel, qui commande le cercle de l'Indénié,
partait d'Assikasso pour Bondoukou par la route déjà suivie par
M, Binger. Le 5 décembre, à 11 heures du matin, il faisait son
entrée dans cette ville, drapeau déployé.
Bondoukou, centre important naguère, est fort déchu, c Les
Sofas de Samory, écrit à son frère M. Clozel, y ont laissé des traces
de leur passage. D'abord une vingtaine de têtes coupées, puis pas
mal de maisons éventrées et les trois quarts de la population en
fuite. Tout cela a attristé le pays qui devait être animé autrefois...
Je suis allé faire un tour au marché, ce matin; les vivres y sont
chers et la viande introuvable. >
C'est chez son hôte, Sitafa, dont il est question dans le 2e vo-
lume du voyage du capitaine Binger, que notre vaillant collègue
écrivait ces lignes. Nos vœux l'accompagnent dans la tâche glo-
rieuse, mais difficile qui lui est confiée.
Pays *>■ s«naii. — MM. Parkinson, Brander-Dunbar et Ayl-
mer ont rendu compte à la Société de géographie de Londres de
deux explorations faites dans le pays somali.
Les deux premiers partirent de Berbera (golfe d'Aden), le
39 octobre 1896. Leur itinéraire longe les monts Dobar, criblés de
cavernes qui servent de refuge aux fauves. Les voyageurs traver-
sèrent ensuite les monts Artala, s'avançant jusqu'à Bohotle, à
8° 15*45" lat. N., 46°27'55" long. E. de Gr. Le retour s'est effectué
par un itinéraire plus à l'ouest, à travers la région de l'Ogo, et
les collines de Goli et Mirsa.
Parmi les résultats géographiques il faut citer 36 longitudes ou
latitudes, et un grand nombre d'altitudes. L'aspect de cette région,
très pittoresque, fait songer à certains sites des Apennins. L'eau
n'est pas rare ; on peut s'en procurer la quantité désirable en
creusant dans le sol.
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 43
Les populations paraissent accepter sans trop de difficulté la
domination européenne.
Le voyage de M. Aylmer comprend la région à l'ouest des iti-
néraires de MM. Parkinson et Brander-Dunbar, se confondant en
partie avec celui de ces deux voyageurs. La route suivie par
M. Aylmer contourne les monts Dobar, traverse la région désertique
de Habre Gerhajis, et descend au sud jusqu'à la limite du Haoud.
{Qeogr. Journal, n* de janvier 1898, p. 15 et suiv., a?, carte.)
OCÉANIE
Australie. — Une nouvelle exploration du désert de l'Australie
occidentale a en Heu de juillet 1896 à août 1897, sous la direction
de M. D. Carnegie.
L'expédition comprenait, outre M. Carnegie, promoteur et chef
de la mission, MM. T. A. Breaden, G. Massie et C. Stansmore.
La mission quitta la station minière deCoolgardie (30°57'lat.S.,
121° 1C long. E. de Gr.) le 9 juillet et traversa successivement
Doyle's Well, à 325 kilom. (29°Iat., 121*1 long.), Mont Worsnop
(26»5' lat., 124» 15' long.).
A partir de ce point les difficultés augmentèrent sensiblement ;
l'eau manquait et on ne trouva aucun aliment pour les chameaux
qui servaient au transport des charges. Une source très curieuse
fut découverte dans un terrain calcaire, au nord de Worsnop. Plus
loin, on découvrit une lagune d'une superficie de 1,500 mètres; la
profondeur de l'eau était de 0 m. 60 à 1 m. 50.
Les étapes suivantes forent : Alexander Springs, dont on fixa la
position (26°2' lat., 124° 46'long.); monts Alfred et Maria. Le voyage
fut particulièrement pénible entre ce dernier point et la lat. 19°.
HalFs Creek, situé par 18° 15' et 127° 46', est le point terminus
de la ligne télégraphique qui traverse la région aurifère de Kim-
berley (N.-O. de l'Australie).
Les voyageurs y séjournèrent durant un mois et choisirent un
itinéraire plus à l'est pour opérer leur retour. Il s'agissait aussi de
trouver une route praticable pour le transport de bestiaux entre
Kttnberley, au nord, et Coolgardie, au sud.
Ici, les étapes de la mission ont été : lac White, par 21*15' et
128*27', lac Mac Donald (23*30', 128*450, monts Rawlinson (25%
127*300, Blyth Creek (26*, 125*260, enfin les lacs Wells (26*40',
123*180, et lac Darlot (27*50' lat., 121'25' long.).
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U COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
La mission rentra à Goolgardie an mois d'août, ayant perdu on
membre, M. Stansmore, mort accidentellement, en chassant le
kangourou, dans la région de la rivière Margaret, à quelques jour-
nées de marche seulement de Hall's Creek.
Les voyageurs ont eu à franchir, dans leur voyage de retour, un
grand nombre de dunes de sable. Ils considèrent que la plus grande
partie de l'Australie occidentale est impropre à toute culture.
Le côté ethnologique présentera, par contre, quelque intérêt.
Parmi les indigènes rencontrés, les explorateurs constatèrent la
présence d'une peuplade dont le type et les mœurs se rapprochent
de ceux des sémites.
(Petterm. Mitt., fasc. XII, 1897, p. 293.)
RÉGIONS POLAIRES
Le numéro de février du Geographical Journal renferme un ex-
posé abrégé des travaux scientifiques exécutés par Ja mission
F. Jackson pendant son séjour de trois ans à la Terre François-Jo-
seph (Three Yeari Exploration in Franz Josef Land). Ce mé-
moire est accompagné d'une carte de l'archipel d'après les levés
de l'expédition. Ce document montre les profondes modifications
que les observations de M.Jackson et de ses compagnons apportent
dans le tracé de cette terre.
Les différentes îles qui composent l'archipel sont pour la plupart
recouvertes d'une carapace de glace atteignant une altitude de
650 mètres et formant, sur les côtes, des falaises cristallines dont
la hauteur varie de 10 à 25 mètres. En de rares localités, sur le
bord de la mer, des pignons de basalte percent cette nappe gla-
ciaire, et les débris rocheux, éboulés de ces affleurements, forment
des plages.
La Terre François-Joseph doit être considérée comme les débris
d'une masse continentale tabulaire, aujourd'hui presque entière-
ment affaissée sous l'Océan. A part une étroite zone de terrains ju-
rassiques appartenant à l'Oxfordien inférieur, située dans l'extrême
sud, l'archipel est constitué entièrement par des basaltes appar-
tenant aux mêmes types que ceux de Jan Mayen, d'Islande, des
Fœrô et du Grônland. Cette formation, dont la puissance atteint
125 à 200 mètres, est composée de sept ou huit nappes différentes
et même plus, séparées par des strates d'argile, de sable ou de
grès, épaisses tantôt de 0 m. 30, tantôt de 0 m. 60 et même 1 m. 20.
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 45
Dans une de ces couches, à 25 mètres au-dessus du niveau infé-
rieur du basalte, le Dr R. Kœtlitz, le géologue de l'expédition, a
découvert des plantes fossiles, appartenant au Jurassique supé-
rieur. Les conditions de ce gisement, comme la détermination des
empreintes, ont conduit ce naturaliste à penser que l'épanchement
de ce basalte remonte à la période jurassique.
Charles Rabot.
III. — NOTES
Une éclipse totale de soleil, visible en divers points de l'Inde et
dans l'Afrique orientale, eut lieu le 22 janvier 1898. La Société
royale de Londres avait expédié trois missions pour observer le
phénomène.
Grâce au beau temps, les observations ont eu partout un plein
succès. En Asie, la bande de terrain la plus favorable à l'observa-
tion s'étendait de la côte de Bombay au Népal, et, passant par le
mont Everest, jusqu'au Tibet; la largeur de cette bande est d'en-
viron 80 kilomètres.
D'après les dernières nouvelles reçues de Bombay, la durée de
la totalité de l'éclipsé a été de deux minutes environ. Durant
l'éclipsé, le thermomètre baissa de 3° C. L'obscurité n'était pas
profonde ; peu d'étoiles furent aperçues pendant les quelques mi-
nutes où le soleil était masqué par la lune.
(Daily Graphie, Londres, 24 janvier. — Mercury, Leeds, 24 jan-
vier 1898).
— M. N. Vinnikoff publie dans les Mémoires (Zapiski) de la section
caucasienne de la Société impériale russe de Géographie, Tiflis
(fasc. XIX, 1897), une liste de 597 positions géographiques (longi-
tudes, latitudes et altitudes), déterminées par les officiers des bri-
gades topographiques du Caucase.
Les déterminations portent particulièrement sur les régions du
Kouban, du Terek, du Daghestan et de Rars, et sur les gouverne-
ments de Koutaïs, Elisabeth et Erivan.
Le même fascicule renferme une liste de 300 variétés de flore al-
pestre recueillies par M. J. Akinflef dans les monts du Caucase, à
une altitude supérieure à 9,000 pieds (2,700 m.).
Exploration allemande des profondeurs océaniques. — L'Alle-
magne doit entreprendre, l'été prochain, une importante explora-.
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àÛ COMPTES RENDUS DES SÉANCBS.
tion des profondeurs océaniques. Le Reichstag a alloué à cet effet
un crédit de 375,000 francs, et une commission technique, compo-
sée de Mil. Môbius, de Ricbthofen et E. Schulize, préside aux pré-
paratifs. L'expédition prendra la mer au commencement d'août et,
après avoir exploré le seuil entre les Shetlands et l'Ecosse, se diriger»
vers les Canaries, les iles du Cap-Vert et le courant froid du Ben-
guela où elle se propose de recueillir des matériaux pour la con-
naissance du plankton comme de la faune abyssale. Du Cap la
mission fera ensuite une pointe vers la zone antarctique afin d'y
étudier le régime des courants polaires et vers la région où les
eaux froides se mêlent aux eaux chaudes de l'océan Indien. Après
quoi, elle poursuivra ses recherches dans les mers à l'est de
l'Afrique et reviendra en Europe par Suez et la Méditerranée. La
durée de cette expédition est fixée à neuf mois.
(Geographische Zeitschrift, II, 1898).
Le chemin de fer d'Arkhangel à Vologda. — Le chemin de fer à
voie étroite qui, depuis quelques années déjà, existait entre Vologda
et Iaroslav vient d'être prolongé jusqu'à Arkhangel. Le grand port
de la mer Blanche se trouve ainsi rattaché au réseau russe, et par
suite redevient, comme au xvi* siècle, le débouché maritime de
Moscou et de la région du Volga. A cette époque lointaine nos né-
gociants parisiens allaient trafiquer sur les bords de la mer Blanche
et pénétraient par cette voie dans l'intérieur de la Russie. Faisons
des vœux pour que leurs successeurs fassent preuve de cette même
initiative hardie et profitent immédiatement de la création de la
nouvelle voie commerciale.
Grande Comore.— M'Roni, 17 septembre. M. Pobéguin, après
onze années d'Afrique occidentale, a été nommé résident à la
Grande Comore, à l'entrée du canal de Mozambique.
C'est de ce poste qu'il nous envoie de ses nouvelles. H veut
bien nous promettre de nous décrire sous peu son nouveau
domaine, continuant ainsi les relations qu'il a publiées dans les
derniers numéros du Bulletin.
Madagascar. — Le P. Colin annouce de Tananarive, 10 dé-
cembre 1897, à M. Le Myre de Vil ers, que la reconstruction de
l'observatoire est décidée. Il ajoute :
c Ma dernière campagne géodésique s'est accomplie très heu-
reusement. La jonction avec les travaux de la brigade topogra-
phique du corps expéditionnaire s'est faite à 110 mètres près; et
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 47
du côté des Antstamaka, la soudure avec les travaux de la brigade
topographique qui a opéré cette année depuis Tamatave jusqu'à
Ambatondrazaka, a été aussi satisfaisante que possible, — 9 mètres
de différence, me disait dernièrement le capitaine Prévost, chef de
la brigade.
c La rédaction de toute ma triangulation est presque terminée
et remise au Service géographique. Dès que les calculs seront finis,
je ferai un mémoire pour l'Académie des sciences sur tous mes
travaux géodésiques, astronomiques et magnétiques exécutés en
1896 et 1897. >
Colombie. — Le comte Joseph de Brettes annonce de Busca-
ranga, le 16 décembre, qu'il vient de refaire le voyage de Que-
sada (1536-1539) et qu'il compte rentrer en France au mois de
mars.
Andrée. — Au Pôle Nord en ballon. — Sous ce titre MM. H. La-
chambre et A. Machuron publient une intéressante relation des
préparatifs et du départ d'Andrée. M. Lachambre a, comme on sait,
construit l'aérostat de l'audacieux explorateur suédois, puis suivi
l'expédition dans sa première tentative en 1896, et M. Machuron a,
cette année-ci, surveillé l'opération du gonflement au Spitzberg. Le
volume est aecompagné de très intéressantes gravures.
IV. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Réception «e m. E««nar4 Foa. — Une délégation de la
Société de Géographie s'est rendue, le 8 janvier, à la gare Saint-
Lazare pour féliciter M. Edouard Foa du succès de sa traversée de
l'Afrique centrale. Le chef de gare avait offert gracieusement aux
délégués de se réunir dans son bureau.
M. Le Myre de Vilers, vice-président de la Commission centrale,
a pris la parole en ces termes :
c Mon cher collègue,
t Lorsque vous quittâtes la France, il y a trois ans, je vous
souhaitai un heureux voyage et une bonne santé. Mes vœux se
sont réalisés et j'ai la grande satisfaction de vous saluer, à votre
retour, au nom de la Société de Géographie.
c Votre exploration compte au nombre des. plus importantes de
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48 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
ces dernières années si fertiles en découvertes. Après avoir visité
et étudié les régions du Zambèze et des Grands Lacs, vous avez
traversé l'Afrique équatoriale, de part en part, de la mer des
Indes à l'océan Atlantique. Vous prenez ainsi rang après les pré-
curseurs du continent noir, les Livingstone, les Stanley, les Brazza,
qui ont illustré la science géographique ; à votre tour, vous lui
apportez de précieuses contributions.
c La Société vous a suivi avec une inquiète sollicitude, l'asso-
ciant par la pensée à vos travaux et à vos épreuves, à vos périls
et à vos souffrances.
c Elle est Aère de vos succès et m'a chargé de vous adresser de
cordiales félicitations. »
M. Foa a remercié en quelques mots la Société de l'intérêt
qu'elle lui a témoigné au cours de son exploration et M. Le Myre
de Vilers des paroles élogieuses qu'il lui a adressées.
Si les travaux de ses devanciers ne lui ont pas permis de tra-
verser de part en part des régions inconnues, M. Foa rapporte
cependant un grand nombre d'itinéraires nouveaux et d'observa-
tions scientifiques qu'il s'empressera de soumettre à l'examen de
la Société, heureux si celle-ci se montre satisfaite des résultats
qu'il a obtenus pendaut son long et périlleux voyage.
Béeeptla» «a •» Hwem Hedln à la gare «a Mord. — Le
Dr Sven Hedin, voyageur suédois qui vient de consacrer trois années
à l'exploration de l'Asie centrale, est arrivé à Paris (gare du Nord),
à 6 heures du soir, le 28 janvier.
La Société de Géographie, qui fêta l'an dernier Fridtjof Nansen,
avait tenu également à recevoir cet autre Scandinave que Péters-
bourg et Loudres viennent d'acclamer.
Une délégation de la Société, comprenant son bureau et les
membres de la Commission centrale, ainsi qu'un grand nombre
d'explorateurs, M. Due, ministre plénipotentiaire de Suède et Nor-
vège, des Suédois et des représentants de la presse lui ont fait un
accueil chaleureux.
Ce groupe s'est réuni dans une salle d'attente mise obligeam-
ment à la disposition de la Société de Géographie par l'Adminis-
tration des chemins de fer du Nord.
Au nom de ses collègues, M. Maunoir, vice-président de la Société,
a souhaité la bienvenue au voyageur dans les termes suivants :
c Monsieur, l'état de santé de notre éminent président, M. Milne-
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 49
Edwards, membre de (institut, me vaut l'honneur de vous
recevoir au nom de la Société de Géographie de Paris. — La
parole du vice-président sera moins autorisée, mais non pas moins
cordiale que celle du Président de la Société. Soyez le bienvenu,
monsieur, d'abord comme Suédois. Entre nos deux pays régne une
sympathie discrète mais sincère, et que ne trouble aucune inquié-
tude d'arrière-plan. Soyez le bienvenu aussi comme explorateur
de l'Asie.
c En dépit des sollicitations incessantes de l'Afrique, l'Asie,
dont notre Europe n'est qu'une pointe finement découpée, reste
le roi des continents. Elle en est le plus puissant par ses propor-
tions, le plus grandiose par son passé; elle en demeure aussi le plus
riche en problèmes à résoudre, soit pour la géographie, soit pour
l'histoire des origines profondes de l'humanité.
c Aussi, les explorateurs qui reviennent comme vous, monsieur,
les mains pleines d'informations nouvelles sur le monde asiatique,
ont-ils largement droit à notre estime, à nos hommages; surtout
quand leur moisson a été payée au prix de perpétuels dangers, de
souffrances inouïes, affrontés avec l'énergie inflexible qu'inspire
la passion de la science.
c Vous trouverez, non seulement à la Société de Géographie,
mais partout en France, l'accueil dû à vos mérites et dont, ici, nos
souhaits de bienvenue ne sont qu'un premier témoignage. >
M. Sven Hedin remercie la Société et le Président du cordial
accueil qui lui est fait; il rappelle la part glorieuse qui revient à
l'exploration française dans la connaissance de la géographie de
l'Asie centrale; il cite les missions Bonvalot, prince Henri d'Or-
léans, Dutreuil de Rhins et Grenard; enfin il s'honore de pouvoir,
après ces pionniers de la civilisation, exposer devant la Société de
Géographie de Paris les résultats de son voyage.
— Le Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts fait
savoir que le Congrès des Sociétés savantes s'ouvrira à la Sorbonne,
le mardi 12 avril prochain, à 2 heures précises. Ses travaux se pour-
suivront durant les journées des mercredi 13, jeudi \i et vendredi
15 avril. Le samedi, 16 avril, le Ministre présidera la séance gé-
nérale de clôture dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne.
Dons. — La Société de Géographie a reçu d'une personne qui
désire garder l'anonyme un deuxième don de cent francs, sans
affectation spéciale.
soc. db GtiooR. — c. a. des séances. — n° 1. — Janvier. i
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50 COMPTES ItENDUS DES SÉANCES.
Présentations d'ouvrages, cartes, etc. — Les lacs français,
par M. Delebecque. — M. de Lapparent, en présentant cet ouvrage
de la part de l'auteur, fait remarquer que l'éloge du livre n'est
plus à faire, depuis qu'il a été honoré, d'abord d'une médaille de
la Société de Géographie, ensuite d'un prix de l'Académie des
sciences. La question des lacs français y est traitée de telle ma-
nière qu'on peut la considérer comme épuisée. L'auteur s'est
acquitté de sa tâche à la fois en savant, en ingénieur, en alpiniste
et en artiste. Sous ce dernier rapport, on ne saurait trop admirer
le soin donné à la publication, ainsi que l'heureux choix des
nombreuses photogravures qui ornent l'ouvrage et lui donnent
un caractère exceptionnel de vérité. Ce n'est pas exagéré de dire
que le livre de M. Delebecque fait grand honneur ù la science
française.
Cours de géodésie pratique (1 vol. de 838 pages), par M . le
colonel Witkowsky, professeur de géodésie à l'Académie d'état-
raajor de, Saint-Pétersbourg (1 ). — L'auteur emprunte les bases théo-
riques de la haute géodésie à Puissant, à Clarke, à Helmert et aux
autres autorités reconnues; puis, il expose en détail la manière
d'appliquer ces principes aux travaux réels en divers pays. Il
établit en maître les principes théoriques de diverses branches de
géodésie, en commençant par l'étude de la figure de notre sphé-
roïde planétaire et termine par les détails du nivellement et par
la cartographie pratique. — Véndkoff.
Du Tonkin aux Indes, par le prince Henri d'Orléans. Paris, Cal-
mann Lévy, 1898, i vol.in4°,44.2 pages. — L'exploration accomplie
du Tonkin aux Indes par le prince H. d'Orléans en compagnie de
MM. Roux et Briffa ut, et qui a valu au chef de la mission la grande
médaille d'or de la Société de Géographie, fait aujourd'hui
l'objet d'un beau volume que ce lauréat vient d'offrir à la Société.
€ Au cours de sa conférence à la Sorbonne, le prince Henri d'Or-
léans nous a. dit le baron Hulot, conduits du golfe du Tonkin au
golfe du Bengale, remontant le Mékong, coupant la Salouen et
Tlrraouaddy pour atteindre le Brahmapoutre. Chemin faisant, il
nous décrit aujourd'hui les pays traversés, les populations semées
sur sa route. 11 étudie sur place avec un soin particulier le système
de colonisation anglaise, les voies commerciales, les ressources,
(i) La Société n'a pas encore reçu col ouvrage.
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 51
les coutumes, les dialectes. > Un appendice d'ethnographie et d'his-
toire naturelle, auquel succèdent des indications pratiques sur son
matériel de voyage, enfin la liste et la discussion des observations
effectuées et calculées par M. Roux, enseigne de vaisseau, ajou-
tent à l'importance scientifique de cet ouvrage aussi attachant qu'il
est instructif.
/. I. Dutreuïl de Rhins. Mission scientifique dans la Haute
Asie 1890-1895. Première partie : Récit du voyage, publié sous
les auspices du Ministre de l'Instruction publique, par F. G renard,
lvol. in-4, xv-499 pp. avec 7 cartes, une eau-forte, 60 dessins et
56 photogravures. Paris, Leroux, 1897. — Le Secrétaire général
fait observer que l'auteur a réservé pour un second volume tout
ce qui concerne la géographie scientifique, la météorologie, l'his-
toire naturelle, l'ethnographie, l'histoire, l'archéologie, la linguis-
tique, le commerce, la politique, et pour un atlas spécial les
cartes détaillées définitives. M. Grenard s'est borné dans ce pre-
mier volume à l'exposé des conditions dans lesquelles le voyage
s'est exécuté, au récit des incidents qui l'ont signalé, à la des-
cription générale des pays traversés. Rompant avec la tradition
qui a fait du récit de voyage un simple journal où les mêmes
incidents se reproduisent indéfiniment avec un détail minutieux,
il a parlé le moins possible de ces petits tracas quotidiens qui
sont communs à toutes les explorations pour ne s'attacher qu'aux
faits capables de donner une idée des choses et des hommes ou
propres à faciliter la tâche des voyageurs futurs. Ne pouvant intro-
duire dans le corps de ce récit tous les détails utiles sur une
route de 16,000 kilomètres, il suppléera à celte lacune par un
tableau itinéraire facile à consulter.
On no peut entreprendre ici l'analyse de ce premier volume, ni
même en énumérer les principaux chapitres. 11 suffira de dire
qu'il fait honneur au savoir de M. Grenard, dont la seule ambition
a été, comme il le déclare lui-même dans sa préface, de ne rien
écrire que n'ait approuvé son ancien chef, notre regretté collègue
Dutreuil de Rhins, dont les travaux occuperont une des premières
places dans l'histoire de l'exploration de l'Asie centrale et du
Tibet.
Vor et le diamant au Transvaal et au Cap. — M. Jules Garnier
offre à la Société une brochure, qu'il a publiée en collaboration avec
son fils, M. Pascal Garnier; ce dernier a exploré les régions sud-
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52 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
africaines pendant une année au point de vue minier et géologique.
Ce travail a été traduit en anglais par les soins de la Société
géologique de l'Afrique du Sud, dont M. Jules Garnier a été
nommé membre honoraire.
Nécrologie. — La Société a appris avec regret la mort de
MM. Frédéric Dunoyer, chef d'escadron d'artillerie [Mb. 1896];
— Ch.-Prosper Pensa, ancien magistrat [Mb. 1877]; — Camille
lmbault-Huart, consul de France à Canton, décédé le 29 novembre
dernier à Hong-Kong, à l'âge de 40 ans. Auteur de plusieurs publi-
cations sur la Chine et l'Asie intérieure, M. lmbault-Huart reçut de
la Société de Géographie, en 1894, le prix Jomard pour son beau
travail sur Formose.
Séance du 7 janvier 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Charles Darrois ; Marie Joseph Léon Jacques du Passage
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Henry Mimaut, consul* général de France (le prince Roland
Bonaparte et le baron Hulot) ; — Pierre Deflarge, gérant de la
Banque française L. B. Supervielle à Montevideo (baron Hulot et
Jules Girard); —Emile Gués, conseiller honoraire à la Cour
d'appel (Paul Lefebvre de Viefville et Arthur Robert) ; — le
vicomte de Noailles (le comte Henri de Castries et le marquis de
Dampierrç) ; — Henri Marmottan, ingénieur des mines ("baron
Herre-Wyn et le marquis de Croizier) ; — Henri Bidault, indus-
triel (baron Herre-Wyn et Ch. Maunoir) ; — Emile Louis Jean
Trotry, ancien commissaire- priseur (le Dr Fernand Delisle et le
baron Hulot) ; — Charles Bernard-Cloix (Alph. Milne-Edtvards
et Alfred Grandidier).
Séance du 21 janvier 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Henry Mimaut ; Pierre Deffarge ; Emile Gués ; le vicomte
de Noailles ; Henri Marmottan ; Henri Bidault ; Emile Louis Jean.
Trotry ; Charles Bernard-Cloix.
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SÉANCES DES 7, 21 ET 31 JANVIER 1898. 53
CANDIDATS PRESENTES
MM* le Père F. Hartzer, missionnaire (le colonel Quévillon et le
prince Roland Bonaparte) ; — Lancelet S. Bayly (le marquis de
La Mazelières et le marquis de Bassano) ; — Pierre Leroy-Beau-
lieu (Le Myre de Vilers et le baron de Guerne) ; — Pascal Garnier
(Jules Garnier et le comte de Bizemont) ; — le marquis de
Pange (le comte de Bizemont et le baron Hulot); —Georges
Blondel (Albert de Lapparent et le baron Hulot) ; — Albert
Durand (de Lapparent et Emm. de Margerie).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Janvier 1898.
GÉNÉRALITÉS. — Verhandlungen des zwdlften deutschen geogra-
phentages zu Iena, ara 21., 22. und 23. April 1897. Berlin, 1897,
1 Toi. in-8. D. Reimer (£. Vohsen), éditeur.
A signaler parmi les principales études contenues dans ce volume :
Exploration allemande en Asie Mineure; — Voyage de R. Oberhummer
en Syrie et dans l'Asie Mineure, en 1896; — Etat actuel de nos con-
naissances relatives aux tremblements de terre; — Problèmes géogra-
phiques des études relatives au magnétisme terrestre ; — Faune mam-
mifère de l'Australie ; — Figuration des montagnes dans les dessins
cartographiques, etc.
Jf as BruNHES. — Le septième congrès géologique international, Russie,
1897 (Annales de géographie). Paris, Colin, 1898, opuscule in-8.
Auteur.
Jeah Brun h es. — Les principes de la géographie moderne (La Quin-
zaine). Paris, opuscule in-8. Auteur.
Lient-Colonel Delaunet. — Nouvelles recherches astronomiques. Les
nébuleuses, lois des distances planétaires, formation du système so-
laire, essaims cosmiques et bolides (Bull. Soc. gèogr. de Rochefort).
Rochefort, 1898, broch. in-8. Auteur.
The position of Geography in the Educational System of the lountry.
Report of a Committee. Prepared by E. Sowerbutts (British Assoc. for
the Advanc. of Science, Toronto, 1897), broch. in-8. Le Comité.
Revista portugneza colonial e maritima. Commissao de redeecâo E. J. de
C. e Vasconeellos, J. da Camara Manoel, J. F. Marques Pereira. Lisboa,
livraria Ferin, n*l, 1° anno, 20 de outubro de 1897, in-8. Direction.
Erwesto J. de C. e Vasconcellos. — As colonias portuguezas. Lisboa,
1896, 1 vol. in-8. Auteur.
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51 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
EUROPE. — André Delebecque. — Les laci français. Paris, 1898,
1 vol. in-4. Auteur.
Henry Cuënot. — Une excursion dans le Valais (Assoc. fr. pour Va-
vancemenl des se, Congrès de 1897). Paris, foroch. in-8. Auteur.
ASIE — G. Marmier. — Recherches géographiques sur la Palestine
(Revue des études juives, 1893). — Nouvelles recherches géographiques
sur la Palestine {ibid., 1894). — La Schefeia et la montagne deJuda,
d'après le livre de Josué (ibid.f 1897). Paris, Durlacher, 3 opuseules
in-8. Auteur.
René de Batz. — Les gisements aurifères de Sibérie. Note sur leur con-
dition actuelle et leur avenir. Paris, typogr. Chamerot, 1898, 1 vol.
in-4. Auteur.
Jules de Sghokalsky. — Les recherches des Russes de la route mari-
time de Sibérie (Sixième Congrès internat, degéogr. Londres, 18U5),
broch. in-8. Auteur.
Sven Hedin. — Genom Persien Mesopotamien och Kaukasien. Resemin-
nen. Stockholm, Bonnier, 1887, 1 vol. in-8.
Sven Hedin. — General Prschevalskij's forskningsresor i centralasien.
F.fter de ryska, tyska och franska originalupplagorna. Stockholm, Bon-
nier, 1891, 1 vol. in-8. Auteur.
Sven Hedin. — Konung Oscars beskickning till Schahen af Persien àr
1890. Stockholm, Samson et Wallin, 1891, 1 vol. in-8. Auteur.
Dr Sven Hedin. — Forschungen iiber die physische Géographie des Hoch-
landes von Pamir im Friihjar 1894 (Zeitschr. Gesellsch. f. Erdk. Ber-
lin, 1894). — Die Gletscher des Mus-Tag-Ata (ibid., 1895). — For-
schungsreise nachdemLop-nor(toid., 1896). — Reise durch die Takla-
Makan-Wuste [(Verhandl. Ges. f. Erdk., 1895). 4 opuscules in-8.
Auteur.
Sven Hedin. — Genom Rhorasan och Turkestan. Minnen fran en rcsa i
Centralasien 1890 och 1891. Stockholm, Samson et Wallin, 1893, 2 vol.
in-8.
Sven Hedin.— Den vilda jaken i Tibet, broch. (s. I. n. d.), in-8. — Lop-
nor bâokenets vandring (Geol. Foren i Stockholm FôrhandL Bd. 18,
1896). — Nagra ord om min resa genom Asien (Ord och bild, Stoc-
kholm, 1897), opuscule in-8. Auteur.
Louis Vignon. — Le péril jaune (Revue politique et parlementaire, 1897)
Paris, Challamcl, 1897, broch. in-8. Auteur.
Emile Remy et Henri Arnaud. — Histoire de l'établissement du protec-
torat français au Cambodge. Grenoble, 1897, 1 vol. in-8. Auteur.
Etat actuel du Tonkin, de la Cochinchine et des royaumes de Cambodge,
Laos et Lac-Tho, par M. de la Bissachère, missionnaire qui a résidé
dix-huit ans dans ces contrées. Traduit d'après les relations originales
de ce voyageur. Paris, Galignani, 1812, t vol. in-8. G. Martin.
AFRIQUE. — Jules Saurin. — Le peuplement français de la Tunisie
(Revue de Paris, nov. 1897). Paris, Challamel, 1898, opuscule in-8.
Auteur.
Jean Brunhes. — Les irrigations en Egypte (Annales de géographie,
Paris). Fri bourg, 1897, broch. in-8. Auteur.
Digitized by VjOOQ IC
janvier 1898. 55
Henri Dehérain. — Le Soudan égyptien sous Mehemet AU. Thèse de
doctorat présentée à la Faculté des lettres de l'Université de Paris.
Paris, Carré et Naud, 1898, 1 vol. in-8. Auteur
Pour composer cette excellente thèse, qui est en même temps un ou-
vrage d'actualité, l'auteur ne s'est pas contenté de compulser les
nombreux documents qui existaient déjà sur le Soudan ; il est allé
compléter son enquête en Egypte même où il a pu recueillir des ren-
seignements écrits ou oraux. L'ouvrage a été divisé en trois parties
principales : I. Conquête du Soudan; II. Le Soudan après la con-
quête; III. La recherche des sources du Nil. Une bibliographie éten-
due et plusieurs cartes accompagnent cet ouvrage.
Jules et Pascal G armer. — L'or et le diamant au Transvaal et au Cap
(Mém. Soc. ingénieurs civils). Paris, 1896, broch. in-8. Auteur.
A. Muteau. — De Paris à Paris, par Lisbonne, le Sénégal et le Soudan
(Souvellc Revue). Paris, 1898, opuscule in-8. Auteur.
M11* A. Vickers. — Contribution à la flore algologique des Canaries {An-
nale* des sciences naturelles). Paris, Masson, broch. in-8. Auteur.
AMÉRIQUE. — L. Didier. — L'Amérique. Anthologie géographique
(Collection publiée sous la direction de M. de Crozals). Paris, Delà-
grave, 1898, 1 vol. in-8. Auteur
OCÉANIE. — Jules Leclercq. — Les derniers sectateurs de Bran ma à
Java (Académie royale de Belgique, 1897), in-8.
Jules Leclercq. — Voyage aux volcans de Java, 1895 (Hull. Soc. r. belge
de géogr., 1897). Bruxelles, 1897, opuscule in-8. Auteur.
CARTES — PHOTOGRAPHIES — PORTRAITS
Max. Mabyre.— France au 1/1,000,000, en 8 couleurs. Carte publiée sous
les auspices du Ministère du Commerce et de l'Industrie, par ordre de
M. Delpeueh, sous-secrétaire d'Etat des Postes et des Télégraphes. Paris
(1897), A ff. Auteur.
F. H. KrOger. — L'Emyrne et la route de Tamatave à Tananarive.
1/500,000. Paris, Missions évangéliques, lf. Auteur.
Souvenir de Formose et des Iles Pescadores. Octobre-novembre 1896.
Photot. K. Ogawa, Tokio. Album in-f». C" de Pimodan.
Portraits : Dr Sven Hedin. S. Heoin.
H. Lucereau (3 poses). A. Bouvier.
Le gérant responsable :
HULOT,
Secrétaire général de la Commission Centrale.
BOULEVARD SAINT-4BRM AIN, 184.
5889. — L.-lmprimerie» réunlos, I, rue Mignon, 9. — Mottbroz, direct.
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*»»S HT* ». — Février. Page 57
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
I. - SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898
4 février
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS
Président de la Commission centrale.
Aux côtés du Président, prennent place les membres du bureau
de la Commission centrale et M. Chailley-Berl, secrétaire général
de Y Union coloniale.
Le Secrétaire général de la Société donne lecture de la cor-
respondance. Il signale une note de M. P. Yuillot sur la rille de
Bassikounou (Sahara occidental) (Voir Nouvelles géographiques) .
M. F. Foureau lit une note sur la longitude d'In-Sâlah (Voir
Géographie mathématique). — M. Venukoff offre une série de
cartes concernant une partie de l'océan Boréal (Voir Chronique
de la Société).
La parole est ensuite donnée à M. Chailley-Bert pour une corn*
munication (avec projections) sur son voyage à Java.
Wa»i«a à Java. — M. Chailley-Bert, chargé d'une mission
aux Indes néerlandaises pour étudier le système de colonisatio n
adopté par les Hollandais, dit qu'il aurait voulu visiter tontes les
lies. Mais il s'aperçut bientôt qu'il lui faudrait consacrer au moins
cinq i six mois à chacune "d'elles. Or, ne pouvant passer que cinq
soc. di géogr. — c. R. des séances. — h# t. — Février. 5
RECE1VED,
APR20 1898
PEABODY MUSEUM.
58 COMPTES RENDU8 DES SÉANCES.
mois dans ces colonies, il dut se borner à l'étude de l'île de Java
seulement.
Les Hollandais n'ont pas un système uniforme d'administration
pour tout leur empire colonial; ils emploient un mode distinct
pour telle ou telle de leurs colonies, si la nature du pays et le
caractère des habitants le réclament, système que M. Chailley-
Bert déclare très sage.
A l'exemple des Anglais, ils apportent le plus grand soin au recru*
tement de leurs fonctionnaires coloniaux. Chez nous, au début, ce
recrutement laissait beaucoup à désirer, et M. Chailley-Bert n'hé-
site pas à déclarer qu'il a jadis fortement critiqué l'insuffisance de
notre personnel colonial, mais aujourd'hui, au bout de douze ou
quinze ans, les choses se sont bien améliorées, et il cite, entre
autres, le mode d'administration de la Tunisie comme un modèle.
A Java, les employés inférieurs savent admirablement leur métier;
ils connaissent sur le bout du doigt la législation coloniale (circu-
laires, arrêtés, etc.), qui ne remplit pas moins de 80 volumes, car
les Hollandais légifèrent autant que nous sur la matière, mais ils
n'ont pas ce que le voyageur appelle c la science de la pénétra-
tion des indigènes », science qu'il accorde, au contraire, à nos
compatriotes, c très aptes, dit-il, à diriger les races inférieures ».
Après avoir servi aux colonies le gouvernement de leur pays,
les fonctionnaires hollandais ne sont pas empressés à revenir
dans la mère-patrie, preuve qu'ils se trouvent bien dans ces
colonies où ils ont passé la plus grande partie de leur existence ;
ils y vivent des pensions que leur paye le gouvernement. Le
voyageur a été frappé de leur bonne mine due à une hygiène
excellente. Si le climat est très chaud à Java, sur les plateaux
règne un air frais et vivifiant. Plusieurs milliers de fonctionnaires
retraités vivent là, dans des localités situées à 5, 6 et 700 mètres
d'altitude.
En dehors de ces fonctionnaires sortis de la métropole, il y a
les jeunes gens qui se sont expatriés pour venir coloniser, mais
qui ont eu la précaution de se former, de se préparer à leur mé-
tier, avant de partir. M. Chailley-Bert oppose leur manière de pro-
céder à celle de nos jeunes gens, partis dans le même but pour les
colonies françaises. En sa qualité de secrétaire général de V Union
coloniale française , il en a vu passer sous ses yeux des centaines,
jeunes gens pleins de bonne volonté et d'ardeur, mais qui n'ont
pas l'éducation agricole préalable qui leur serait nécessaire pour
réussir. Ils comptent sur leurs bras et sur leur énergie c pour se
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 59
débrouiller », comme ils disent, une fois qu'ils seront sur le ter-
rein ; mais cela ne suffit pas. En revanche, les jeunes Hollandais
arrivent tout préparés à leur tâche. Laissant de côté le blé, le
rix, comme n'étant pas assez rémunérateurs, ils s'adonnent aui
cultures riches, telles que le café, le thé, le poivre, la cannelle, le
tabac» etc.
M. Chailley-Bert trace un tableau très séduisant de la vie de
ces colons qui» après une existence laborieuse, possèdent des
domaines d'une étendue de plusieurs centaines, de plusieurs
milliers d'hectares. Il a visité Tune de ces plantations (café) ayant
3,000 hectares; on peut juger de la richesse du propriétaire,
parti jadis dé Hollande avec un petit capital, mais avec des con-
naissances agricoles solides, quand on saura que la part de béné-
fice revenant à l'intendant d'un pareil domaine est parfois, pour
une seule année, de 70,000 florins (le florin valant 2 fr. 10 ou
15 centimes).
Comment ce colon se procure-t-il la terre? M. Chailley-Bert
est entré ici dans de minutieux détails sur la constitution du sys-
tème foncier de Java dont un des traits les plus curieux est
que la terre, propriété du village/ est répartie entre les familles
tous les deux, trois ou cinq ans. Cependant, il y a des terrains
qui ont été vendus en toute propriété à des Européens et même
i des Chinois, et qui constituent de véritables fiefs. Le fond
du système est celui-ci : les terres cultivées appartiennent aux
indigènes; celles qui ne le sont pas appartiennent au gouver-
nement.
Les conditions de Java sont celles de la plupart de nos colonies :
c'est un pays tropical; la population indigène y est abondante,
donc main-d'œuvre facile à trouver. Que la jeunesse se rende
donc dans nos colonies, mais en apportant quelque capital, et
surtout des connaissances agricoles, car l'agriculture est l'essen-
tiel. Le commerce et l'industrie ne doivent venir qu'en second
lieu. Les indigènes, pour acheter, ont besoin d'argent ; il faut leur
fournir les moyens d'en acquérir, et c'est l'agriculture senle qui
leur en procurera.
Le Président remercie M* Chailley-Bert au nom de l'assistance,
et fait ressortir les leçons qui se dégagent de cette conférence.
« L'éloge de M. Chailley-Bert n'est plus à faire. Sa haute compé-
tence dans toutes les questions coloniales pratiques est trop
connue pour qu'il y ait lieu d'insister ». Le Président sait par
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'60 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
80Q expérience personnelle combien sont fondées les idées du con-
férencier sur l'exploitation et le peuplement des colonies. Il le
félicite, en terminant, de joindre à la connaissance du sujet, le
charme du conteur et le talent de l'artiste.
— La séance est levée à 10 heures et demie.
± 8 £ Ouvrier
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS
Président de lt Commission centrale.
Le Secrétaire général donne lecture de la correspondance,
contenant des nouvelles de M. F. de Béhagle, qui envoie un
mémoire historique sur le royaume de Loango (Voir Géographie
historique). 11 signale une note de M* E. A. Martel sur la plus
haute montagne de l'Amérique'du Nord. Des lettres annoncent le
départ de M. Pierre Prins, détaché de la mission Gentil, pour la
région d'El-Kouti où Crampel est tombé victime de son dé-
vouement (Voir Nouvelles géographiques).
Le Président annonce qu'une séance supplémentaire aura lieu
le 23 de ce mois; on y entendra M. le pasteur Coillard, qui a
passé trente-cinq ans en Afrique, dont dix-sept dans la région du
Zambèxe.
Le vicomte J.de Cuverville fait une conférence (avec projections)
sur sa dernière mission,
A travers la péaiBsnie fe«lkaai«ae. — M. de Cuverville rend
compte du voyage d'études qu'il a entrepris, au mois de mai der-
nier, à travers la péninsule des Balkans, sous les auspices du
Ministre de l'Instruction publique et de la Société de Géographie.
Outre les études politiques faites par lui sur la situation inté-
rieure et extérieure des pays parcourus, études qui ne sauraient
être développées devant la Société, M. de Cuverville a collectionné
d'intéressants travaux scientifiques. Prenant la principauté de
Monténégro comme point de départ, il en décrit la situation pré-
sente, en ce qui concerne l'instruction publique, ainsi qu'au point de
vue économique. Après avoir cité l'accueil cordial reçu à Cettigné
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 61
de la part du prince Nicolas, il pénètre dans l'intérieur du pays,
dans la région dite des Berda, région montagneuse, sans routes,
et d'un parcours très pénible ; il montre les côtés géographiques
intéressants des rivières Tara, Moratcha, etc., des montagnes de
Kome, du district de Kolachin, etc., et signale également les deux
couvents pittoresques de Moratcha etd'Ostrog. 11 indique à la Société
tout l'intérêt que présenteraient pour l'archéologie des fouilles faites
à l'ancienne ville de Dioclea, près de Podgoritza : ces ruines, à
peine explorées, ont déjà fourni beaucoup d'objets intéressants.
Passant en Albanie, par le lac de Scutari, M. de Cuverville
donne un aperçu sommaire de l'état de cette région, de la plaine
du Drin ; puis il décrit la population très peu connue et fort inté-
ressante des Mirdites, Albanais catholiques, vivant dans leur mon-
tagne où ils conservent des mœurs très particulières et spécialement
l'usage terrible de la vendetta qui cause annuellement 70 p. 100
de décès dans la population. 11 cite le code de cette vendetta et
expose les raisons religieuses qui rendent cette région toujours si
violemment troublée et entravent sa prospérité. Il conclut que le
prestige de la France, dans ce pays susceptible d'un grand déve-
loppement commercial, ne doit pas être abandonné, d'autant plus
qu'elle est fort bien vue de la part des populations, même des plus
difficiles.
Après avoir traversé la Bosnie et l'Herzégovine, le voyageur
examine la situation actuelle de la Serbie et expose les travaux
géographiques, scientifiques et archéologiques accomplis, ces temps
derniers, en particulier par M. C. J. Valtrovitch. 11 rappelle à ce sujet
l'honneur qu'a bien voulu nous faire S. M. le roi Alexandre de
Serbie en acceptant, sur sa demande, de faire partie de notre
Société de Géographie. Après un aperçu de l'état intellectuel et
économique du pays, M. de Cuverville montre l'itinéraire qu'il a
accompli vers la ville de Vrania, sur les confins de la vieille Serbie
et fait une . étude du caractère et des mœurs de cette partie peu
visitée du pays, troublé dernièrement par des luttes sanglantes
entre montagnards serbes et albanais. Faisant allusion à l'ac-
cueil cordial que lui firent S. M. le roi de Serbie et S. M. la reine
Nathalie, il témoigne devant la Société de sa respectueuse recon-
naissance et des vœux que peut faire la France pour le développe-
ment de la prospérité de la Serbie.
M. de Cuverville décrit ensuite la Bulgarie et, dans un exposé
général, constate les immenses progrès réalisés par cette princi-
pauté. Il attire l'attention des archéologues sur les véritables
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62 COMPTES RENDUS DES S*ANGES.
riebesses qu'elle contient, cite les fouilles nouvelles et fécondes qui
ont été opérées et celles qu'il a entreprises lui-même près de
Philippopoli au village de KalatcWi, travaux qui lut ont donné,
ainsi qu'àM.Tocchela,le savant archéologue et Bumismate bulgare,
les indices problables des traces de l'emplacement de l'ancienne
ville d'Alexiopolis, fondée vers Tan 1114 par l'empereur Alexis 1er.
Après avoir montré le mouvement. de prospérité des villes de
Varna, Roustchouk, Philippopoli, Bourgat, M. de Guverville cite
l'étude ethnographique qu'il a recueillie chei la population des
Pomac, dans les montagnes du Rhodope, population très intéres-
sante et peu connue, composée de Bulgares musulmans qui ont
refusé d'être compris dans l'annexion de laRoumélie à la Bulgarie
et sont devenus sujets du sultan.
Le conférencier conclut que les ressources de la Bulgarie et la
vitalité de son peuple font présager un avenir très important pour
cette principauté qui ne cesse de se développer sous le gouver-
nement intelligent du prince Ferdinand, à qui il est heureux de
rendre publiquement hommage pour la réception si sympathique
que ce prince lui a faite à Varna.
M. de Cuverville a terminé son voyage par la Roumanie, qu'il se
propose de décrire ultérieurement. Il rapporte de nombreux docu-
ments et publications scientifiques, ainsi que des costumes destinés
au Musée du Trocadéro, costumes parmi lesquels on doit citer la
collection très curieuse et très complète due à l'obligeance de
M. Vasof, Ministre de l'Instruction publique de Bulgarie, qui l'a
fait choisir tout spécialement pour notre musée national.
Le Président, après avoir remercié le conférencier, dit que pour
avoir embrassé des horizons moins étendus que ceux de nos explora-
teurs des pays d'outre-mer, M. J. de Guverville n'en a pas moins bien
■ mérité de la géographie; après la Sibérie, il est allé étudier l'état
présent de la péninsule balkanique et il nous a fait part de ses
observations variées en ce qui concerne le mouvement écono-
mique, scientifique, littéraire, etc., des pays qu'il a visités; il s'est
même fait archéologue pour la circonstance et les renseignements
qu'ils nous a donnés sur les fouilles qu'il a entreprises sont des
plus intéressants. Le Président regrette que les statuts de notre
Société n'aient pas permis au conférencier de traiter la question
politique, si importante dans cette partie de l'Europe.
— Clôture de la séance à 11 heures.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 63
23 fé-vrier
SÉANCE SUPPLÉMENTAIRE
Aux côtés de M. Le Myre de Vilers, Président, prennent place
MM. le pasteur Coillard, Maunoir, Vice- Président de la Société, le
colonel Prudent et le Secrétaire général.
En quelques mots le Président souhaite la bienvenue au confé-
rencier; puis il lui donne la parole pour qu'il entretienne l'assis-
tance de régions qu'il a conquises à la civilisation.
S«r le but xambèse. — c Pour l'amour de l'Afrique où j'ai
beaucoup voyagé, longtemps vécu et où je voudrais terminer mes
jours, j'accepte volontiers d'être au besoin explorateur ou confé-
rencier, heureux s'il m'est possible de la faire un peu mieux con-
naître et aimer davantage.
c L'Afrique australe, dont l'ethnologie est un c écheveau em-
mêlé devant lequel pâlit l'érudition », n'offre ni archives, ni monu-
ments historiques, révélant quelque chose de ses origines. Seule
l'étude comparée des langues, des légendes et des traditions que
parlent et content ses habitants, peut procurer quelques données.
Ces populations se rattachent à trois groupes principaux : les
Hotlentots, le long des côtes de l'Atlantique; les Zoulous, des bords
de l'océan Indien jusqu'aux environs des lacs Nyassa et Tanga-
nyka; les Betchuanas au centre. C'est d'un quatrième groupe,
appartenant eorame les Zoulous, les Betchuanas et les Cafres à
la famille du Bantou, que je veux vous parler. Nous le trouvons
dans les parages du Zambèze. Depuis le jour où, il y a dix-sept ans,
je vous entretenais de mon premier voyage au Zambèze à travers
le Transvaal, le pays du ba-Nyaï, le désert du Kalahari, ces con-
trées ont subi de grands changement» et celles qui ne l'étaient
point encore ont été explorées. Les ma-Tébélé, leur fléau dévasta-
teur, ont enfin été écrasés.
c En juillet 1884, je partis à la tête d'une nouvelle expédition
afin d'établir sur le haut Zambèze une mission évangélique
Après avoir lentement traversé les déserts arides et les forêts
silencieuses, on aperçoit soudain le Zambèze. Profonde et inou-
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64 COMPTES RENDUS DES 8ÊANCB8.
bliable est l'impression que vous fait ce fleuve majestueux qui
vient de loin et s'en va, de rapides en cascades, de cascades en
chutes et de chutes en de nouveaux rapides, sur un parcours de
plus de 1,600 kilomètres, verser ses eaux dans l'océan Indien. Nous
sommes à Kazungula, porte officielle du royaume des ba-Rotsi, au
confluent du Zambéze et de la Chobé, nommée aussi Linyanti,
Mashi et Kouando, son plus important tributaire. À gauche, en
amont, s'étend le pays qui nous occupe. Lorsque nos wagons et
leurs chargements ont été transportés en canots sur l'autre rive,
nous prenons place dans de légères pirogues et remontons ainsi
le fleuve. A 70 kilomètres de là, nous rencontrons Séchéké, ville
dont l'importance, signalée par Livingstone, tend à grandir chaque
jour. 50 kilomètres plus loin commence la région des rapides, qui
s'étend sur une longueur de 90 kilomètres, animée par les êtres
infiniment divers qui la peuplent, depuis le monstrueux caïman
jusqu'à l'ibis, à l'aigle et aux mouettes, en passant par le zèbre,
l'éléphant, voire même le lion. Ces rapides, si dangereux que l'un
d'eux se nomme Lochou, le rapide de la mort, sont hantés, au dire
des indigènes, par des monstres terribles, serpents colossaux dans
la gueule desquels peut disparaître, d'un seul coup, une pirogue
avec son équipage et son chargement ! Après les cataractes de
Ngonye, moins grandioses que celles de Victoria, mais pleines de
charme, le fleuve devient calme et rappelle par son aspect riante!
doux les lacs d'Italie.
c Nous arrivons à c la Vallée », ainsi que Livingstone a nommé
cette plaine dénudée, dont les termitières couvertes de villages
rompent seules la monotonie; une inondation annuelle la recouvre
entièrement pendant une période de trois ou quatre mois et la
rend insalubre pour les indigènes comme pour les Européens,
C'est là que se trouve la capitale du royaume et la principale
station missionnaire, et c'est de là que, désirant remonter le Zam-
béze jusqu'à sa source, je partis en mai 1895. Traversant la ville
de Libouda, nous suivons le fleuve majestueux mais monotone, sur
les rives duquel des troupes d'hommes, sortis des bois, viennent
nous contempler et nous rencontrons bientôt le Loeti et le Kabombo,
affluents du Zambéze. Mentionnons en passant ses autres tribu-
taires, à partir de la Linyanti : la Matchélé, explorée par M. Bertrand
de Genève; le Loanja entre Kazoungula et Sechéké, les rivières de
Njoko, Loumbi, Kachenje et le Louyi ; dans c la Vallée » la Rouéna et
la Manyenga. Mais nous voici parmi la tribu des ma-Mbdé, peuple
de pécheurs et grands chasseurs d'hippopotames. Conteurs pleins
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SEANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 65
de charme» on passerait des nuits entières aux feux du bivouac,
à écouter le récit palpitant de leurs aventures.
c Les deux tribus que nous rencontrons maintenant reconnaissent
toutes deux l'autorité de Lewanika, le roi des ba-Rotsi. Ce sont
les ma-Lounda, cultivateurs, et les ba-Lubalé, dont le chef Mosoa-
Ndungu me rend en grande pompe la visite que je lui fais. Nos
canots nous amènent à Sapouma où le fleuve, bouillonnant comme
un torrent impétueux, nous oblige à transporter nos embarcations
à bras; après 30 kilomètres de rapides, que termine celui de
Yoroso, le fleuve redevient tranquille. Là il reçoit la charmante
petite rivière de Kabako. Aucun voyageur ne Ta vue encore;
elle nous attire. Après l'avoir péniblement suivie pendant deux
heures, nous débouchons enfin dans une éclaircie. Le tableau est
ravissant.
c Tandis que nous passons à gauche le confluent de la Lou in-
hala et de la Houéna, la contrée s'anime; les villages se multiplient;
les canots se croisent : nous approchons de la résidence du grand
chef Kakengé. Bien que je l'eusse prévenu de notre arrivée, il nous
reçut avec des injures et des menaces. Vassal de Lewanika, il ne
pouvait nous massacrer sans un prétexte, et ce prétexte, il le cher-
chait. Cependant, à force de patience, de calme, de diplomatie et
grâce à quelques présents, je parvins à m'expliquer avec ce petit po-
tentat si dangereux et à conclure la paix. C'est vraiment merveil-
I eux qu'il m'ait été possible de garder mes trente hommes et de
les calmer pendant ces trois ou quatre jours de danger imminent.
Mais cette paix n'était qu'apparente ; je savais qu'il avait donné des
ordres meurtriers. Aussi la prudence m'obligeait-elle à revenir sur
mes pas. Avant de le quitter, je lui envoyai, par ma troupe de
ba-Rotsi, la salutation royale. Aussitôt Kakengé, saisi comme de
frénésie, se livra, au milieu des applaudissements de ses guer-
riers, aux contorsions les plus extraordinaires. Il criait, hurlait,
écumait, grinçait des dents, roulait des yeux qui sortaient de
leurs orbites, ruait des deux pieds et semblait se déchirer tout
le corps de ses ongles, comme une bête féroce. Je regardais avec
stupeur cette scène épouvantable, lorsque tout à coup il se lève et
d'un bond disparaît dans la cour de son harem. Je compris. En se
transformant ainsi en une bête sauvage, et c'était assez suggestif,
il nous fit entendre le danger que nous aurions couru si nous
n'avions pu nous concilier ses faveurs.
t Ces pays plus vastes que la France s'étendent de la jonction
de la rivière Koafne avec le Zambèze, à l'est, jusqu'au 20e longi-
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66 COMPTES RENDUS DIS SÉANCES.
. tade à l'ouest ; bornés au nord, par la ligne de partage des eaux
du Congo et du Zambèze, ils le sont au sud, par le désert de
Kalabari. La capitale du pays, Léaleuyi, est à 1,100 métrés d'alti-
tude*
c La température Tarie considérablement entre la nuit et le
jour. Cette différence qui est de 15, 20 et même 25*, est précieuse
pour l'Européen, lorsque le thermomètre monte parfois à l'ombre
jusqu'à 48*. La saison sèche dure huit où neuf mois ; la saison
pluvieuse commence à la fin de novembre pour se terminer en
mars ou avril. Ces contrées, habitées par 25 ou 30 tribus, furent
conquises au commencement de ce siècle par des ba-Soutos con-
duits par Sebetoane, le grand chef, que trouva encore Livingstone.
Après sa mort, les ba-Rotsi reconquirent leur indépendance. Mes
recherches sur l'origine de ces ba-Rotsi, dont la ressemblance
avec les ba-Nyal, m'avait frappé, m'ont conduit à constater, sur
la rivière Sabi, l'existence d'une tribu qui porte encore le nom
de ba-Rotsi.
c Sous la conduite d'une femme énergique nommée Bouya-
Moamboa, une partie de la tribu, raconte la tradition, aurait émi-
gré, passé et remonté le fleuve et, après bien des péripéties, serait
arrivée sur les hauteurs qui dominent la c Vallée ».
€ Ces Zambéziens sont très industrieux, ils ont imité parfaite-
ment nos travaux divers et chaque tribu a sa spécialité ; les ma-
Mbnnda s'adonnent à la médecine; les ma-Totela travaillent le
fer; d'autres excellent dans la vannerie ou dans la sculpture sur
bois.
c Ches eux, le sentiment religieux est extrêmement développé.
Us rendent un culte aux mânes des ancêtres, mais au-dessus d'eux
placent une divinité suprême que symbolise le soleil et dont la
femme est symbolisée par la lune. Us croient à la métempsy-
cose. Leur conception du beau, bien différente de la nôtre, leur
tait souvent regarder le blanc comme un monstre ; ils ne savent
admirer ni les arbres, ni les fleurs; leur première question est :
c Est-ce bon à manger? » Grâce aux modes, qui varient ches eux
comme ches nous, ils sont étrangement coiffés, tatoués et défigurés.
c Insouciantes, chantant et dansant au clair de lune, ces popu-
lations peuvent de loin vous apparaître avec une certaine auréole
de poésie. Mais entendez ces mélopées, ces chants en mineur, ne
sont-ce pas des gémissements qui vous serrent le cœur et vous
arrachent des larmes 1 Vivant dans un abîme de corruption et de
souffrance, l'Africain emprunte à notre couleur le symbole du bon-
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SÉANCES DBS iy 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 67
heur, c Mon cœur est blanc », dit-il; il est heureux, c Mon cœur
est noir >; il est triste. Ainsi donc, du berceau à la tombe, il traîne
partout dans sa peau noire, à travers la vie, la livrée de la souf-
france. Est-il susceptible de relèvement moral et intellectuel?
Pour vous en convaincre, voyez les transformations déjà opérées,
ces hommes tirés de la fange, civilisés, chrétiens, ces établisse-
ments d'éducation prospères. Nous saluons avec joie tout ce qui
se fait pour l'Afrique et ses races déshéritées.
c Si la France compte quelques-uns de ses enfants parmi les
explorateurs les plus distingués du continent noir, c'est dans
l'Afrique méridionale que nous aimons à retrouver son empreinte,
chez ces Boérs aux noms français et au Lessouto, jadis repaire du
cannibalisme, aujourd'hui transformé par le christianisme que lui
ont apporté des Français.
< Le haut Zambèze, indépendant lorsque j'y pénétrai en 1878,
et tombé, en 1884, après le congrès de Bruxelles, dans la sphère
d'influence anglaise, est contigu au Congo belge.
c Mais c'est plus haut que tes intérêts politiques qu'il faut nous
élever; c'est au delà des questions de délimitations territoriales
qu'il faut nous placer. Pourquoi nous occupons-nous de géogra-
phie, messieurs? C'est que le monde, la terre est notre patri-
moine et que les hommes, tous, où qu'ils habitent et quels qu'ils
soient, sont nos frères. En commençant cette étude, je me heurtais
à la question ethnologique de la race africaine et je demandais :
< D'où vient-elle ? » Eh terminant, je me heurte à une autre ques-
tion bien autrement angoissante : c Où va-t-elle ? » Quel sera son
avenir? Il sera ce que le fera la race blanche, avec tout ce qu'elle
a de puissance intellectuelle, morale et matérielle. »
M. le pasteur Coillard termine cette conférence par une éloquente
péroraison, très applaudie, et M. Le Myre de Vilers se fait l'inter-
prète de ses collègues en félicitant le missionnaire de l'œuvre
civilisatrice qu'il accomplit et dont les sciences géographiques
profitent dans une large mesure, comme l'a déjà reconnu la
Société de Géographie, en 1888, quanti elle lui attribua l'une de ses
médailles pour ses excursions dans la région nord du Zambèze.
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68 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
II. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
AFRIQUE
Sahara. — Rapport sur les déterminations astronomiques de
latitudes et longitudes, effectuées par M. Foureau dans son
voyage de mars à juin 1897. — Dans son dernier voyage M. Fou-
reau a déterminé, avec son expérience habituelle, les longitudes
et latitudes des points principaux traversés.
Le nombre total des observations faites, tant au sextant qu'au
théodolite, — et dans 16 points différents — s'élève à 49, dont 25
faites sur le soleil et les 24 autres sur des étoiles; le tout ayant
nécessité 600 pointés.
Les déterminations des latitudes sont excellentes; le tableau des
positions conclues, qui contient des résultats de recoupements avec
les itinéraires antérieurs du même explorateur, le démontre sur-
abondamment. Les faibles divergences entre les chiffres des
colonnes 7 et 8 du tableau ci-contre sont de Tordre des erreurs
d'observation tenant à lagraduation même des instruments employés.
Pour les longitudes, la mission disposait de i chronomètres de
torpilleurs (le ressort du 5* s'étant cassé en route), déjà antérieu-
rement mis à l'épreuve ; leurs marches et états, tant au départ qu'à
l'arrivée, ont été déterminés, grâce à l'obligeance de M. Trépied,
directeur de l'Observatoire d'Alger. Des comparaisons journalières
ont été faites avec grand soin pendant le trajet.
Le calcul des états successifs sur le Temps Moyen de Paris a pré-
senté pourtant d'assez grandes difficultés, la température, dans
un voyage d'été au Sahara, étant excessive et produisant des
variations assez notables dans les marches.
Il a fallu se résoudre à rechercher jour par jour les états pro-
bables en donnant les mêmes poids aux divers chronomètres. L'écart
de l'état calculé par cheminement avec l'état observé à l'arrivée
n'a été que de six secondes. Les longitudes ne doivent donc pas
être affectées d'erreurs bien considérables ; il a été toutefois impos-
sible de savoir avec quelle approximation elles ont été conclues.
M. Pourteau, calculateur à l'Observatoire, a effectué avec grand
soin la réduction des observations.
F. Oltramarb,
Astronome à TObservatoire.
Parit, le 7 janvier 1898.
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70 COMPTES REND08 DIS SÉANCES.
Sahara occidental. — Bassikounou. — On se souvient que
la ville de Bassikounou, qui se trouve sur les confins du Sahara,
à l'ouest du lac Faguibine et des Daounas, avait été occupée le
24 janvier 1897 ; elle fut évacuée au mois d'avril suivant, après la
soumission de Cheikh Ould Sidi, chef des maures Allouch, qui pro-
mit un tribut annuel de 3,000 francs*
Différentes reconnaissances avaient été faites aux environs de
Bassikounou, et d'intéressants renseignements ont été recueillis.
Les itinéraires reliant Bassikounou aux postes de Ras el Ma,
Gassa, Sompi et Néré ont été parcourus et relevés, et Ton a pu
constater qu'ils étaient jalonnés de nombreux puits et de mares
d'hivernage, qui permettent de trouver de l'eau à chaque étape.
Toute cette région est couverte d'une brousse épaisse de gom-
miers et de mimosas; quant aux environs immédiats de Bassi-
kounou, ils sont extrêmement fertiles, et couverts de lougans de
mil qui ne le cèdent en rien à ceux des Daounas. D'ailleurs le
D* Oskar Lenz, qui passa à Bassikounou du 5 au 10 août 1880,
s'étend longuement, dans ses notes de route, sur l'extraordinaire
fécondité du pays, et il cite avec une admiration mêléo d'étonne-
ment les vastes champs de sorgho qui environnent la ville (1).
Bassikounou est également la clé de la route de Oualata, vers
le nord. Si la piste directe qui relie ces deux villes (300 kil. envi-
ron) est dépourvue d'eau, il n'en est pas de même d'un itinéraire
qui la double en s'infléchissant légèrement à l'ouest.
Ce second itinéraire traverse d'abord un groupe très important
de puits, dont les principaux sont ceux de Djellak, Arjane, Has el
Akmar, Hoouf, Hourdy, Diébel, Aknélpé et Lamlam. De là, la
route gagne vers l'ouest la mare de Kourdala, qui est permanente,
remonte vers le nord par les puits de Niouté, Botouïbé et Saylé, et
arrive à la ville de Némé (ou Nema). Cette ville est une oasis
semblable à celles du sud-algérien ; elle est entourée de vastes
jardins de palmiers-dattiers, de champs d'orge et de blé; les
indigènes estiment le nombre de ses puits à plus de cinq cents.
Au delà de Némé, la route revient vers l'est, et atteint Oualata (2).
11 est intéressant de remarquer que la nappe d'eau souterraine
est beaucoup moins profonde dans cette région nord-ouest de
Bassikounou qu'à l'est de cette ville. Tandis que le puits de Bou-
(1) Titnbouctou, Dr Otkar Lenz, trad. Le Hautcourt, vol. II, p. 901, Hachette,
4887.
(2) Voir un croquis au 1/1,000,000* de cet itinéraire {Bulletin du Comité ie
V Afrique françaite, !•' mars 189-J).
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72 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
guendouch a 76 mètres, celui de Bousribé 63 mètres, et celui de
Tassel Radir 61 mètres, tous les puits situés au nord-ouest de
Bassikounou ont une profondeur beaucoup moins grande ; Has el
Akmar a 7 mètres, et le puits de Lamlam 15 mètres; les autres
puits de cette même région varient de 6 à 14 mètres.
De l'ensemble de ces renseignements, il parait résulter que
l'extension du Soudan français vers le nord n'établirait pas notre
influence que sur des sables, ou sur un désert improductif et
stérile. On y trouve partout de l'eau; la région n'est qu'une vaste
brousse de gommiers épais et touffus, parcourue par de nombreux
troupeaux de chèvres et de moutons ; enfin, les environs des
villes produisent du mil et du blé en abondance, et au delà des
besoins des habitants. Le témoignage du Dr Lens, qui avait passé
inaperçu, est corroboré maintenant par celui de nos officiers, et
nous est ainsi un sûr garant de l'avenir de toute cette partie du
Sahara occidental. [P. Vdillot.
B«»»in dm Tchad. — M. Pierre Prins, membre de la mission
Gentil, adressait, le 24 août dernier, à l'un de ses amis une lettre
dont nous avons eu communication et qui nous permet d'espérer
que le gros de la mission a poursuivi avec un plein succès sa
marche vers le Tchad.
M. Prins, resté sur le Gribingui, se dirigeait alors sur El-Kouti
(Dar Rouna) porté sur les cartes par 8° latitude nord et 18* de
longitude est. C'est dans cette région, on s'en souvient, que
Crampel tomba victime de son dévouement au pays; mais les
circonstances se sont heureusement modifiées et nous devons
souhaiter que M. Prins, dont la courageuse détermination vaut
qu'on la signale, puisse rentrer en possession des carnets de notre
•infortuné collègue, et poursuivre de ce côté l'œuvre que son
devancier avait rêvé d'accomplir.
c«nge fr*ae«i». — M. de Béhagle nous écrivait de Brazzaville,
le 16 décembre, qu'il pensait être en mesure de commencer, le
mois suivant, la mission dont il est chargé. Secondé par M. Tous-
saint Mercuri, qu'il se félicite d'avoir pour collaborateur, notre
collègue a dû, non sans peine, réunir ses marchandises et ses por-
teurs. Le temps qu'il a passé à Loango lui a permis de faire d'in-
téressantes recherches sur cet ancien royaume. Nous publions plus
loin, sous la rubrique : Géographie historique, les parties sail-
lantes d'une étude qu'il consacre à ce pays.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23. FÉVRIER 1898. 73
AMÉRIQUE
L» pl«« haate Meatagae de l'Anérl«ae da Merd (Legan,
•riaaaa, Saiat-fiite). — M. E. A. Martel adresse la note sui-
vante, à propos de la récente ascension du Mont Saint-Elie (Alaska)
par S. A. R. le prince Amédée de Savoie, duc des Abruzzes :
c En réponse à la demande que je lui ai faite sur la hauteur réelle
du Mont Logan (à 30 ou 40 kilomètres au nord du Saint-Elie),
M. le chevalier Vittorio Sella, l'éminent photographe des hautes
régions glacées, m'écrit à la date du 10 janvier 1898 : € Le mont
Logan est évidemment plus élevé que le Saint-Elie, la carte du
U. S. Coast Survey (re vision 1895), donne pour le Logan la hau-
teur de 19,500 pieds (5,943 mètres) et je crois que cette estimation
est assez correcte. »
11 importe d'insister sur l'intérêt de la belle exploration du
prince italien et dé ses compagnons, MM. U. Gagni, F. Gonella,
Y. Sella et F. de Filippi,car ces intrépides grimpeurs, déjà célèbres
pour leurs escalades alpestres et caucasiennes, viennent, au point
de vue géographique, de résoudre la question de savoir quelle est
la plus haute montagne (actuellement connue) de l'Amérique du
Nord.
L'expédition du duc des Abruzzes au mont Saint-Elie a duré (non
compris le voyage d'aller et retour jusqu'à la baie de Yakutat),
cinquante et un jours (23 juin-12 août 1897) dont quarante sur la
neige et la glace, c L'ascension du Saint-Elie est facile *, dit trop
modestement Phistoriographe de ce haut fait, M. F. De Filippi,
dans la Rivista 3f ensile du club alpin italien (novembre 1897,
p. 409 à 442, avec carte et vues. Voir aussi Revue alpine de Lyon,
février 1898). « En aucun point de la longue escalade on ne se
trouve aux prises avec de vraies difficultés alpestres. » Sans parler
des brouillards, de la neige fraîche trop abondante, de la basse
température presque toujours inférieure à 0°, c la vraie difficulté
consiste dans la préparation, l'équipement et l'organisation de
l'expédition », la base même de la montagne étant séparée de la
côte par 100 kilomètres de glaciers.
Le sommet fut atteint le 31 juillet à 1 1 h. 3/4 du matin par
— 12* C. et sa hauteur barométrique trouvée égale à 5,51 4 mètres.
Le bras oriental du glacier de Malaspina a 92 kilomètres 1/2 de
longueur, 55 1/2 de largeur et une surface approximative de
soc. de géogr. — c. R. des séancbs. — H° 2. — Février. 6
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1A COMPTES RENDUS DE8 SÉANCES.
4,600 kilomètres carrés. Une moraine frontale de 150 kilomètres de
développement et de 13 kilomètres de largeur le sépare de la baie
de Yakutat. 11 a l'aspect d'un € grand lac calme », tandis que le
glacier de Seward, qui lui fait suite, c est une vraie mer agitée >.
Ceux d'Agassiz et de Newton possèdent de gigantesques cascades
de séracs.
Du sommet on découvrit un nouveau glacier (au nord), aussi
étendu peut-être que le Malaspina et que le prince baptisa du
nom de Christophe Colomb; on distingua aussi dans l'ouest à
100 ou 150 milles marins (185 à 275 kilomètres) de distance trois
grands massifs neigeux, rivalisant de hauteur avec le Saint-Elie et
le Logan.
On sait que cinq expéditions avaient déjà tenté sans succès de
gravir le Saint-Elie : Libbey, Schwatka et Seton-Karr, en 1886
(arrêtés à 2,290 mètres); Topham, Broke et Williams, en 1888
(arrêtés à 3,500 mètres); Russel en 1890 (arrêté au pied de la mon-
tagne à 2,900 mètres) et en 1891 (arrêté à 4,420 mètres) ; Bryant
en 1897, quelques jours avant le duc des Abruzzes.
Voici le tableau des principales altitudes attribuées jusqu'à
présent au Saint-Elie (v\ Petermanns Mitteilungen, 1893, p. 141
et 222, etc.) :
1786 (Lapérouso) 3.862 m.
1792 (Malaspina) 5.440 m.
1872 (Àdmiralty-Chart) 4.563 m.
1874 (Dali) 5.943 m. (19.500 pieds»
1889 (Topham et Williams) 5.638 m.
1890 (Elisée Reclus) 5.822 m.
1890 (Kerr) 4.680 m. '
1891 (Russell) 5.517 m.tl) (18.099 pieds
à 100 pieds près).
1892 (Grath et Turner) 5.491 m. (18.015 pieds)
1897 (Duc des Abruzzes, baromètre). 5.514 m.
La conformité des résultats de 1891 et 1897 doit les faire consi-
dérer comme aussi définitifs que possible.
Le Saint-Elie a environ 5,515 mètres de hauteur.
Il est donc moins élevé que l'Orizaba (Mexique) qui mesure,
selon les plus récentes observations, 5,549 mètres (18,205 pieds)
(Alpine Journal, février 1894, p. 68, et août 1897, p. 459),
(1; On a imprimé partout 5,530 mètres, parce qu'on calculait le pied anirta» à
0 m. 305 au lieu de 0 m. 30V79, ce qui a produit diverses autres divergences de
détail dans les évaluations de l'altitude du mont.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 75
5,560 mètres (Sapper) ou 5,583 mètres 5 (18,316 pieds, Sierra
CM Bulletin de San Francisco, 7° fascicule, 1895, et Pet. Mitt.,
1893, p. 143).
Mais le Logan, découvert, avec deux ou trois autres aussi hauts,
par l'expédition topographique anglo-américaine de 1893 (qui a
fiai par attribuer, après de longues controverses, le Saint- Elie au
territoire canadien), dépasse actuellement tous les sommets connus
de l'Amérique du Nord avec ses 19,500, 19,514 ou 19,534 pieds
(5,943 mètres, 5,948 mètres, 5,95i mètres) (1).
C'est ce résultat géographique désormais certain que le duc des
Abruzzes, M. Sella, etc., viennent de conûrmer de leurs yeux et
du sommet du Saint-Elie. (Bibliographie à ajouter à l'article Saint-
Eub du Dictionnaire de géographie de Vivien de Saint-Martin et
Rousselet : Seton Karr, Shores and Alps of Alaska, Londres,
Sarapson Low, 1 897 ; — Russell, Expédition to Mount Saint-Elias,
National géographie Magazine, Washington, t. 111, mai 1891,
p. 53-200; — Broke, With Sack and Stock in Alaska, Londres,
Longmans, 1891, in-12, 138 p. et 2 cartes; — Russell, Second
Expédition to Mount Saint-Elias, M. S. Geol. Surv. 13 th Annual
Report, 1891-1892, p. 1 à 95, Washington, 1894.)
E.-A. Martel.
Changements du niveau des grands lacs américains.— D'après
les travaux de M. Gilbert, les lignes de rivage des lacs d'Amérique
auraient été l'objet de variations dues à des mouvements de sou-
lèvement et d'affaissement du sol. Sur une distance de cent milles
dans la direction S. 27° W, il existerait une dénivellation moyenne
de 1 m. 05. La région nord serait en voie d'émersion, tandis
que la partie suoNouest s'enfoncerait.
Le village d'Ontario, sur le lac de ce nom, se trouve progressive-
ment submergé; à Hamilton, l'élévation est de 18 centimètres
par siècle; à Toledo, elle est de 25 centimètres. La ligne isobase
d'affaissement traverse le lac Huron, et ensuite le lac Michigan,
dans sa partie médiane ; à Georgian Bay, le niveau du lac a baissé
de 30 centimètres par siècle, et de 18 centimètres à Mackinau; il
s'est élevé de la môme hauteur à Milwaukee et de 27 centimètres
à Chicago, dont le sol, exhaussé par les remblais, tend pourtant
à s'affaisser.
M. Gilbert conclut, après ces oscillations du sol, que le bassin
(4) V. Petermanns Mitt., décembre 1894, p. 276; Alpine Journal, novembre 180i,
p. 276; colonel Lauss6dat, C. R. Ac. Sc.f 10 décembre 189*.
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76 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
des grands lacs d'Amérique finira par se vider ; du reste ce ne sera
que la continuation de l'ensemble des mouvements qui se pour-
suivent depuis la fin de la période glaciaire.
Dans 500 ans, Chicago sera submergé par l'ancien émissaire des
eaux du lac Michigan, qui est un lac glaciaire. Dans 2,000 ans, les
lacs Michigan, Erié, Huron, s'échapperont par ce même émissaire,
d'abord du côté de Chicago et de l'autre, par une trouée à l'est de
Buffalo. Puis, dans une période subséquente, toutes les eaux des
lacs se précipiteront par ces voies dans l'Hlinois et le Mississipi,
pour atteindre le golfe du Mexique.
(National Geogr. Magazine, VIII, 1897, 233.)
Les endiguements du Mississipi. — Depuis plus d'un siècle ce
fleuve a été l'objet de travaux concernant sa navigabilité. Bien
que les digues élevées pour protéger les pays riverains contre les
inondations aient transformé le fleuve, sur certains points, en un
canal artificiel, les eaux les ont rompues à plusieurs reprises et ont
ravagé les pays environnants.
Le Weather Bureau dresse tous les mois les états du régime du
fleuve, notant les crues, les courants, les perturbations. Ces docu-
ments sont recueillis pour être plus tard discutés; des cartes
dressées dans ce but accusent les limites des inondations pério-
diques, les désastres provoqués par les crues, les divagations du
fleuve, etc.
Les ingénieurs qui entreprendront ces travaux ne sauraient
oublier, la Monographie du Mississipi d'Humpbrey et Abbot (1861),
ni les endiguements si remarquables exécutés dans ces derniers
temps par l'ingénieur Eads. Ce dernier a résolu le problème d'as-
surer définitivement la navigation entre le bas du fleuve et la mer.
(Bulletin mensuel du Weather Bureau, passim.)— J. Girard.
Ai««k«. — Une étude sur le fleuve Sushitna. — Le travail de
M. W. A. Dickey sur le fleuve Sushitna appelle l'attention sur
un des fleuves côtiers les plus importants de l'Alaska méridional,
fleuve encore presque complètement inconnu, qui aboutit à
l'océan Pacifique dans le fjord de Cook (Cook Inlet). Pour être
courte, cette étude n'en est pas moins substantielle, et constitue
une bonne contribution à l'étude de la partie méridionale de l'an-
cienne Amérique russe (I).
(1) W. A. Dickey : The Sushitna River, Alaska [Mat. Geogr. Maga%.r norembre
1897, p. 332-327. carte).
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 77
••■ii»i«» e*a»4ien. — Renseignements météorologiques
sur le pays du Klondyke. — Tout ce qui a trait au pays arrosé
parle Klondyke est d'actualité; aussi convient-il de signaler ici
les intéressants tableaux météorologiques que M. E. W. Nelson a
publiés récemment dans le National Géographie Magazine (1)
sur cette contrée. Ces tableaux, dont les éléments ont été naguère
recueillis, du 4 septembre 1880 au 23 mai 1881, par M. L. N.
Mac Questen, fournissent de précieuses indications sur le climat
hivernal du fort Reliance, situé sur le haut Yukon, dans le Domi-
nion canadien, à peu de distance en aval du confluent du Klon-
dyke avec ce fleuve, — c'est-à-dire près de l'endroit où s'élève
aujourd'hui Dawson City, — et font connaître la plupart des con-
ditions météorologiques fort rudes d'une contrée dont la richesse
extraordinaire n'a été révélée que tout récemment.
Mexique. — Etudes orographiques sur le Mexique. — Le
Mexique est encore un pays assex mal étudié. M. Herbert M.
Wilson, en publiant, l'an dernier, une intéressante carte hypso-
métrique de ce pays et en en rédigeant un commentaire (2) où il
débute par indiquer que l'étude de la topographie du Mexique est
celle des deux chaînes de la Sierra Madré, montrait comment la
Sierra Madré de l'ouest est peut-être la partie encore la moins
connue du continent américain du Nord; c'en est, disait-il, la
grande terra incognita au point de vue topographique (3). Il y a
donc là un vaste champ d'explorations et de découvertes encore
en friche.
A quels résultats est arrivé à cet égard le Dr Cari Lumholtz
dans sa dernière exploration ? Il est impossible de le dire, ce
voyageur n'ayant pas encore fait connaître les découvertes accom-
plies par lui au cours de ses récentes explorations sur le territoire
mexicain (4). Quant au Dr Olivier Farrington, du Field Columbian
Muséum, il a fait en 1896 de précieuses observations sur le Popo-
catepetl et rixtaccihuatl, les points culminants de la Sierra Ne-
vada de Ahualco, situés de 35 à 50 milles à l'est de Mexico. Ce
(1) A Wiuter Weather Record from the Klondyke Région (Nat. Geogr. Magax.,
■orembrelW7, p. 327-335).
(*) Topography of Mexico {Bulletin ofthe Amer. Geogr. Soc., 1897, n*3, p. 249-
960, carto).
(3) «., ibid., p. 253.
(4) Le Dr Lumholtz a public il y a quelques mois un intéressant article sur la
trépanation au Mexique (Cari Lumholtz et Aie! Herdlicka : Trephining in Mexico,
d"s l' American Anthropologie! , décembre 1807, p. 389-396, pi.).
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78 COMPTES RENDUS DB8 SÉANCES.
voyageur n'y a pas trouvé de glaciers, si ce n'est sur le versant
nord-ouest de rixtaçcihuatl ; là se trouve le glacier Porfirio Diaz
de Heilprin, qui fut naguère plus considérable, mais qui n'a
jamais été, comme l'a cru Packard, une mer de glace s'étendant
jusqu'aux lacs qui couvraient à la même époque le plateau
d'Anahuac (1).
Brésil. — Le voyage du major Orton Kerbey sur V Ama-
zone. — Dans l'Amérique du Sud, il convient, après le Geogra-
phical Journal (2), de signaler le voyage exécuté des sources à
l'embouchure du fleuve des Amazones par le major Orton Kerbey,
non pas tant à cause de ses résultats scientifiques que pour ses
résultats économiques. M. Kerbey, parti de Cuzco à la re-
cherche de territoires encore inconnus, propres i l'exploitation
de la gomme élastique et du caoutchouc, arriva par rUrubamba
et l'Ucayali jusqu'au confluent de cette dernière rivière avec le
Maranon. Il estime être le premier blanc qui ait exécuté tout ce
trajet en suivant le cours des rivières et sans l'assistance des
Indiens. Aux rapides dits Pongo de Mainique, le major Kerbey
perdit ses canots et ses bagages, et les difficultés s'accrurent; il
n'en continua pas moins son voyage jusqu'au Para. Pour lui
comme pour La Condamine, la véritable branche mère de l'Ama-
zone est l'Ucayali et non le Maranon, et la source de lTrubamba
serait de 1,000 milles plus éloignée du confluent que celle du
Maranon lui-même. Au point de vue économique, M. Kerbey a
découvert une splendide contrée propre à la culture du caoutchouc
et d'autres produits tropicaux.
Recherches du Dr Friedrich Katzer.— Dans l'ouest de l'État du
Para, le Dr Friedrich Katzer a exécuté d'intéressantes recherches
géologiques et géographiques sur les territoires de San ta rem et
d'Obi dos (3). Nous reviendrons plus tard sur ces recherches, comme
sur celles de M. Coudreau sur le Xingu.
«•îivie. — Les études du colonel Pando sur les rivières boli-
viennes.— Un des derniers Comptes Rendus a indiqué quel itiné-
raire se proposait de suivre le colonel Pando dans son exploration
du territoire contesté entre la Bolivie et le Pérou, qu'arrosent
(1) Scott. Geogr. Mac., janvier 1898, p. 41-43.
(8) Geogr. Journal, janvier 1898, p. 72.
(S) Petermannt MitleiL, 1897, n° 10, p. 247.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 79
les affluents supérieurs du Rio Madré de Dios (1). De récentes
nouvelles de La Paz annoncent que le colonel Pando n'a pas pu
mettre son projet à exécution; le pays compris entre le Madré
de Dios au nord, l'inambary a l'ouest et la Cordillère d'Apolo-
bamba au sud, est en effet habité par des sauvages belliqueux
qui se sont opposés au passage de l'explorateur, en sorte que
celui-ci a dû ^ après avoir perdu 3 hommes, tués par les flèches
des sauvages, — renoncer temporairement à sou itinéraire et
regagner avec quelques blessés le village d'Ixiamas ou Isiamas.
M. Pando est donc revenu dans l'est, vers un pays depuis long-
temps parcouru, au lieu d'avancer à l'ouest, suivant son programme.
Ixiamas, poste avancé de missionnaires, qui fut déjà la base
d'opérations de l'explorateur dans ses précédents voyages, va lui
en servir cette fois encore ; c'est de là, en effet, que M. Pando par-
tira pour gagner le Rio Béni, puis pour s'embarquer sur ce fleuve,
pénétrer dans le Madré de Dios, qu'il connaît déjà partiellement,
et remonter ce cours d'eau jusqu'au confluent du véritable Inam*-
bary.
Ce voyage, relativement facile, qui présente son intérêt au point
de vue géographique (le haut Madré de Dios, en effet, n'a pas
encore été scientifiquement étudié), n'offrira guère d'intérêt au
point de vue politique; ce qui, à cet égard, serait important, ce
serait de gagner l'inambary en traversant le territoire contesté
entre la Bolivie et le Pérou, d arriver à l'improviste en un point
que personne n'aurait pu soupçonner d'avance, et de constituer
ainsi un titre sérieux à la possession de la contrée. C'est ce que
le colonel Pando n'est pas encore parvenu à effectuer (2).
p«ta*Mi«. — Le voyage du Dr Nordenskjôld. — Plusieurs
voyageurs de différentes nationalités ont récemment exploré d'une
manière scientifique la Patagonie. M. le comte Henry de la Vaulx
a (ait connaître ici même les résultats de son fructueux voyage
dans ce pays (3); ailleurs ont été publiés différents comptes
rendus des expéditions du Dr Otto Nordenskjôld, neveu de l'illustre
explorateur (4).
(1) Cf. les C. R. des séances, 18i>7, n<» 18-19-20, p. 430 et «.
(i) D'après une communication manuscrite de La Paz.
(I) Cf. les C. /?. des séances, «807, n<* 16-17, p. 377-379.
(4) L'expédition suédoise à la Terre de Feu, 1895-1897 {A nn. de Géogr.f 15 juillet
1897, p. 347-356) ; A Journey in South-Westem Patagonia (Geogr. Journ., octobre
1897, p. 401-410, carte); Algunos datos sobre la parte austral del continente sud-
êmericano (Actes Soc. scient, du Chili, 1897, 2« et3« Hvr., p. 157-168).
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80 COMPTB8 RENDUS DES SÉANCES.
M. Nordenskjôld a visité dans le sud de la Patagouie différents
pays encore inconnus, et a recueilli d'intéressantes données sur la
géographie physique de la contrée. Dans la partie qu'il a parcou-
rue du territoire contesté entre le Chili et la République Argen-
tine, il a constaté que la ligne de partage des eaux se trouvait sans
aucun doute à Test de la Cordillère centrale. 11 a fait ressortir
avec une grande précision le contraste frappant qui existe dans les
pays parcourus, et à la Terre de Feu plus encore qu'en Patagonie,
entre les deux versants de l'Océan Atlantique et de l'Océan Paci-
fique. A l'ouest, ce sont des masses de roches basaltiques et des
cônes de lave; c'est la haute Cordillère avec ses schistes métamor-
phiques! avec ses neiges. — Dans les vallés de Test, de grands
champs de glace recouvrent le sol ; un vaste plateau aride, de l'é-
poque tertiaire ou récente, s'incline vers l'Atlantique. — 11 suffit,
dans la partie de la Patagonie contestée entre le Chili et la Répu-
blique Argentine, de parcourir un intervalle de 50 milles pour se
rendre compte de ces deux aspects si différents ; cet intervalle, la
zone de transition, est constitué par des montagnes parfois presque
aussi élevées que les plus hauts pics de la Cordillère. Ces mon-
tagnes, composées, soit de schistes récents, soit de roches tertiaires
éruptives ou sédimentaires, sont, au point de vue topographique,
la continuation directe de la grande chaîne elle-même. Elles sont
séparées les unes des autres par des vallées qui forment parfois
des terres basses assez étendues, et qui sont arrosées par des ri-
vières se dirigeant le plus souvent vers le Pacifique.
Tel est le trait géographique dont les descriptions de M. Nor-
denskjôld fait ressortir toute l'importance. La science doit encore
au consciencieux voyageur des observations précises et des recti-
fications intéressantes sur le sud-ouest de la Patagonie et sur cette
Terre de Feu, qu'avaient naguère étudiée avec le plus grand soin,
pendant leur séjour dans l'Archipel magellanique, les officiers
français de la Romanche, à l'œuvre desquels l'explorateur suédois
a rendu un hommage flatteur et mérité.
Travenée de la Patagonie par le & Dusén. — Sous la direc-
tion du]Dr Nordenskjôld, qui s'occupe surtout de géologie, deux Sué-
dois, le Dr Ohlin, zoologiste, et le Dr Dusén, botaniste, ont étudié
les contrées méridionales de l'Amérique du Sud. Après le départ
de son chef, le Dr P. Dusén a, comme on l'a déjà dit précédem-
ment (1), continué ses investigations. Il a étudié, au triple point de
(i) V. les C. R. det séant*, IWI, n° 15, p. 325.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 81
▼ne de la géologie, de la faune et de la flore, les îles Chonos et
Guaytecas et a fait porter particulièrement ses recherches sur l'ex-
tension de la période glaciaire de ces deux archipels; puis il a ga-
gné Puerto Montt, d'où il a traversé, d'ouest en est, le continent
américain avec l'Allemand Karl Wiederholt et un autre compa-
gnon. Après avoir franchi la Cordillère et atteint le lac Nahuel
Huapi, il s'est embarqué sur le Hio Limay et a descendu cette ri-
vière jusqu'à son confluent avec le Rio Negro, puis le Rio Negro
jusgu'à l'Atlantique. Le voyage qu'a ainsi exécuté le Dr Dusén n'é-
tait pas sans présenter quelque danger, au moins jusqu'au con-
fluent du Collon Cura (et surtout au confluent du Traful) à cause
des rapides dont le cours du Rio Limay est encombré (1).
Explorations de M. J. B. Hat cher. — Un voyageur américain,
M. J. B. Hatcher, a été envoyé en Patagonie au début de l'année
1896 par la Princeton University pour recueillir sur place des col-
lections de fossiles et d'animaux vivants, ainsi que pour réunir des
documents photographiques et autres relatifs aux aborigènes du
pays. Avec l'aide de M. 0. A. Peterson, M. Hatcher a pu remplir
complètement sa mission, qui a porté, comme celle du Dr 0. Nor-
deuskjôld, principalement sur la partie méridionale de la Patagonie.
C'est de Gallegos, chef-lieu de la province de Santa-Cruz, peu-
plé de 1,600 habitants, que M. Hatcher a d'abord gagné la capi-
tale du territoire chilien de Magellan, Punta-Arenas; c'est de Gal-
legos qu'il s'est ensuite lancé à travers la Patagonie, a gagné le
Rio Santa-Cruz et le lac Argentin a, qui en est la source, et a at-
teint le pied même de la Cordillère. En longeant la base des mon-
tagnes dans la direction du nord, M. Hatcher a fait des découvertes
géographiques intéressantes : il a trouvé, entre autres, une rivière
aussi importante que le Santa-Cruz, née' dans les pampas à l'est de
la Cordillère et s'engageant ensuite à l'ouest dans une gorge pro-
fonde pour aller indubitablement se jeter dans le Pacifique : c'est
le Rio Mayer (2). Une troisième expédition a conduit M. Hatcher
de Gallegos jusqu'au détroit de Magellan et sur les cèles de la Terre
de Feu, dont le voyageur a exécuté le périple; pour ne pas être
aussi profitable que la précédente au point de vue géographique,
cette excursion a été très fructueuse pour la géologie, la paléonto-
logie, l'histoire naturelle et l'ethnologie du pays.
(1) Petermann* MxtUilungen, 4897, n* 12, p. 296.
(2) Uy a là une indication à rapprocher de celles qu'a fournios le Dr Nordens-
kjàld.
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82 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Les collections rapportées par M. lia (cher sont intéressantes et
quelques-unes des remarques qu'il a faites méritent d'être briève-
ment signalées ici. La terre végétale est rare dans ce pays; la flore
est pauvre au point de vue des individus comme au point de vue
des espèces et dérive évidemment dans les pampas de la flore de la
Cordillère; des lacs salins parsèment la pampa. On doit en con-
clure que la pampa patagonienne n'a que récemment émergé du
sein de l'Océan. Quant à l'histoire de cette surrection, elle est com-
plexe; il convient d'attendre pour y revenir que M. Hatcher, — re-
parti d'ailleurs pour Punta-Arenas, — ait publié à ce sujet un tra-
vail développé.
Henri Froidevaux.
in. — GÉOGRAPHIE HISTORIQUE
Le itytiMe de Loange. — Lorsqu'on jette un coup d'oeil
sur la carte d'Afrique, on demeure frappé du grand nombre de
noms de lieux ou de provinces qui, du Zambèze au Sahara, de
l'Océan au goife de Guinée, renferment le radical N'ga.
On est porté à rattacher au même groupe les populations
autochtones des pays ainsi désignés. Rares d'abord • sur le Zam-
bèze, ces désignations vont en se multipliant dans les directions
sud-est et nord-ouest. Dans les régions équatoriales, elles sont
plus nombreuses ; elles le deviennent moins, à mesure qu'on s'éloigne
de l'équateur vers le nord. C'est que les populations de langue
bantoue ont été refoulées par deux courants d'émigration de popu-
lations étrangères. La raison en est dans ce fait : l'un part de la
pointe sud-est du continent et se dirige vers le nord-ouest; l'autre
va du nord-est vers le sud-ouest.
Le souvenir des exodes divers qui ont aggloméré vers l'Afrique
équatoriale les divers groupes de la famille bantoue est encore
très vivace. C'est ainsi que j'ai recueilli, parmi les populations
n'dries qui habitent entre l'Oubangui et le Chari, une tradition
d'après laquelle l'ancienne patrie de cette tribu se trouvait sur le
Nil moyen, et cette tradition me semble justifiée non seulement
par la ressemblance remarquable du type n'dry avec certaines
(1) V. dans le National Geogr. Magazine de novembre 1897 les articles de M. J.
B. Hatcher : Patagonia, et de M. Mac Gee sur l'œuvre de M. Harper en Patagonie
(p. 805-319 et 310-3*2).
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 83
figures des bas-reliefs égyptiens, mais encore par l'usage d'armes
et de différents objets dont on voit les reproductions sur les mo-
numents de la vieille Egypte.
Le plus remarquable de tous est certainement le psalterium,
ce violon à manche perpendiculaire à la caisse d'harmonie qui fut
en usage jusqu'en Grèce.
La tribu n'dry, qui a fondé le grand établissement de Ngaoun-
dère, la ville forte des N'drys au sud de l'Adamaoua, continue en-
core aujourd'hui son exode, et descend le long de la Sanaga (ou
Zannaga), à travers le Cameroun, jusqu'aux rives de l'Océan.
Je cite cet exemple d'émigration uniquement parce qu'il m'a
été donné de l'étudier plus particulièrement, mais beaucoup
d'autres ont certainement eu lieu dans le même sens.
Les Fiotes du royaume de Loango conservent si parfaitement le
souvenir d'une émigration semblable qu'il n'est pas rare, lors-
qu'on a gagné leur confiance, de leur entendre débiter le nom des
étapes parcourues par leur tribu pour venir d'une région fort
lointaine, située dans le sud-est, jusqu'au royaume de Loango.
Quoiqu'ils mêlent à ce récit des légendes, l'indication de l'origine
demeure positive : les Fiotes sont venus du sud-est, en faisant balte
dans la région de San Salvador.
Le royaume de Loango fut autrefois florissant, divisé en sept
royaumes fédéralisés autour d'un État central où résidait le roi des
rois. L'arrivée des blancs a jeté la désorganisation dans ce milieu.
Chaque chef de village s'est créé une indépendance dans laquelle
il conserve pourtant un tel souvenir du passé que les dignités des
anciens royaumes ont encore leurs titulaires jouissant d'un cer-
tain prestige.
Là-bas, dans le San Salvador, régnait le grand Foumou-Congo.
11 avait deux fils : Ca-Congo et Ma-Loango, qui entreprirent d'as-
sujettir et de gouverner les provinces situées au nord du Congo.
Ca-Congo fonda le premier son royaume au centre duquel la
province, où il résidait, prit son nom. Elle était entourée de sept
antres provinces comme de sentinelles vigilantes : Cansa, Mous-
sourongo, Bondi, Nketchi, Chindindi, Mbacca, N'goïo.
11 aida ensuite son frère à la conquête de son royaume qui fut
également composé d'une province centrale, laquelle portait le
nom de Loango, entourée au sud par les provinces N'cotchi, Chi-
loango et Chieambo, à l'est par celles de Mboucou et N'dingui, au
nord par celles de Chilunga et Chilango.
La centralisation de ces royaumes était extrêmement forte.
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84 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Au-dessous du roi, de grands dignitaires exerçaient l'autorité.
Les sept provinces de chaque royaume étaient gouvernées par
les Nfeckli-Foumou. Elles avaient une cour semblable à celle du
royaume central et une organisation identique.
Les grandes affaires publiques se traitaient en assemblée.
Quand le rôi mourait, les assemblées provinciales désignaient
celui qui leur paraissait devoir lui succéder. Les Nfeckli -Foumou
s'assemblaient ensuite et produisaient le vœu de leur pro vince.
De la discussion de ces vœux sortait la nomination du nouveau roi»
qui recevait seulement le titre et les attributs deNga-Nga-M'voura-
bou jusqu'aux funérailles définitives de son prédécesseur.
Un an, quelquefois davantage, s'écoulait depuis la mort du roi
jusqu'au moment où son corps était brûlé avoc un grand amon-
cellement de richesses et un grand débordement de ripailles.
Alors seulement le Mam-boma portait le c chapeau > au Nga-
Nga-M'voumbou qui prenait définitivement le titre et le pouvoir de
Manifoumou.
Quand le roi Ma-Loango-Mpouati mourut, les assemblées pro-
vinciales choisirent son successeur dans les familles de Maniprati
et de Condi.
L'assemblée des princes, longtem ps travaillée par les deux familles
désignées, n'arrêta qu'après de longs palabres son choix sur celle
de Maniprati. L'élu, appelé Mani-Macosso, devint Nga-Nga-M'voum-
bou; il devait à ce titre gouverner le pays jusqu'à la crémation de
Ma-Loango-Mpouati. Mais à ce moment la région était l'objet de
toutes sortes de convoitises européennes. Des missions belges et
des missions françaises pénétrèrent le pays, fondèrent des postes
d'occupation militaire, prétendirent assurer à chaque chef, sous la
protection de leurs pavillons, son indépendance particulière. Pen-
dant que les Belges traitaient avec Mani-Macosso, les Français
reconnaissaient Condi-Mani-Macosso, son rival, et lui donnaient le
nom de Ma-Loango.
Ce choix ne fut point ratifié par les provinces, et les Belges ayant
cédé leurs stations à la France, chaque Nfeckli-Foumou se déclara
indépendant.
Les Français, ayant cru gagner à cet état d'anarchie, n'essayèrent
pas de rétablira leur profit l'ancienne centralisation.
Les indigènes croient qu'il n'y a rien de changé.
Pour étendre et fortifier notre influence, il faudrait avoir en
main une autorité indigène, et, dans ce but, provoquer la réunion
des assemblées de province, puis du congrès des princes, faire
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SÉANCES DBS 4, 10 ET 23 FÉVRIER 1898. P5
nommer un Nga-Nga-M'voumbou et brûler le Ma-Loango-Mpouati
dont le cadavre momifié attend une sépulture.
Ferdinand de Béhagle.
IV. — GÉOGRAPHIE MATHÉMATIQUE
Longitude fiin-sàiah. — Pour la première fois, dans une
lettre datée d'Hassi El-Hadj-Moussa, du 5 décembre 1893, et adres-
sée à la Société de Géographie (1); en second Heu, dans mon rap-
port de mission de 1893-1894 (2), et à la suite de mon cheminement
à la boussole entre Hassi El-Hadj-Moussa et Hassi El-Mongar, à
l'entrée du Tidikelt, je signalais ce fait important : que la longi-
tude jusqu'ici admise pour le gisement d'In-Sâlah était erronée et
que tout me portait à croire qu'il y avait Heu de rejeter ce point
de beaucoup dans l'est.
On admettait généralement pour In-Sâlah une longitude occi-
dentale en arc qui, pour les diverses cartes, a varié de 0° 5'
ouest à 0° 29' ouest de Paris (3), tandis que celle que j'étais moi-
même amené à déduire, par le graphique de ma marche sur Hassi-
El-Mongar, était au contraire une longitude orientale voisine de
0* 23' est de Paris ; d'où une différence oscillant entre 28' et 52'
d'arc, relativement aux deux précédents chiffres sus-indiqués.
La position d'In-Sâlah n'a d'ailleurs jamais été fixée de façon
bien nette, et Hassenstein a pu dire justement : c II régne à ce
sujet une confusion inexplicable (4). >
On en est réduit à se demander sur quels renseignements les
commentateurs de Laing ont bien pu s'appuyer pour conclure une
longitude pour In-Sâlah sur des travaux émanant de Laing, puis-
que jamais les papiers relatifs au journal de route de ce voyageur,
postérieurs à son séjour à In- Sala h, n'ont été retrouvés ou publiés.
On lit en effet dans la Quarterly review ces lignes : c... Nous
ne doutons que fort peu que les documents précieux du major
(1) Compta rendus de la Société de Géographie, n° 1, janvier 4894, p. 12.
(2) F. Foureau, Rapport mut ma mituon au Sahara et che% let Touareg Azijer,
octobre 1893-mars 1894, p. 36-37.
(3) Cette dernière longitude de O0^ 0. de Paris étant celle adoptée par MM. H.
Dwreyrier et R. de Laonoy de Bissy.
(4) Hassenstein, Memoir %ur Karte von G. Rohlfi' Reise durch die Oaten von
Tuât uni Tidikelt, 18C4 (Potermann'i Mittheilungen, 1866, p. 54-56).
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86 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Laing n'aient été détraits, ou s'ils existent encore, qu'ils ne ver-
ront jamais le jour... (1). >
1° D'après un rapport relatif au voyage du major Laing, paru .
dans la môme revue (2), la longitude d'In-Salâh serait de 2° 15' est
de Greenwich, soit 0* 5' ouest de Paris [en chiffres exacts ce serait
0°5'14'' ouest de Paris, mais je néglige les secondes].
2° D'après M. Jomard, sur des renseignements fournis par le
capitaine Sabine, Laing aurait trouvé comme longitude d'in-
Sâlah 1* 51' est de Greenwich, soit 0° 29' ouest de Paris. M. Jo-
mard écrit à ce sujet : c ... C'est pour la première fois que cette
observation est publiée; je la dois à mon savant ami M. le capi-
taine Sabine; lui-même était lié (fane affection intime avec Tin-
fortuné voyageur, qui la lui transmit après une première attaque
essuyée au sortir de l'oasis. Ce n'est pas à Aqably que le major
Laing a observé, mais à Aîn Sàlah... (3) >.
J'ai cherché à savoir de quelle nature étaient les renseignements
qui ont permis au capitaine Sabine de transmettre à M. Jomard
les résultats dont il est question. Est-ce le caleul direct fait par
Laing et envoyé, par lettre particulière, au capitaine Sabine? Est-ce
le chiffre brut ou bien a-t-il subi des corrections? Quelle rela-
tion y a-t-il entre ce chiffre et celui donné par la Quarterly review ?
(t. XXXVlH,p. 102). L'un est-il la correction de l'autre et quel est
celui qui a subi les corrections? C'est là ce qui serait important à
connaître et que pourtant on demeure impuissant à débrouiller.
Je n'ai malheureusement pas pu réussir à résoudre ce problème :
une réponse fort aimable de l'honorable président actuel de la
Société de Géographie de Londres, M. Cléments R. Markham,
auquel j'avais demandé des renseignements, me dit : c ...Le gé-
néral Sir Edward Sabine est mort en 1883 à l'âge de 95 ans; sa
femme est morte avant lui et ils n'ont pas laissé d'enfants, de plus
je ne connais personne à qui je pourrais m'adresser pour avoir
des renseignements au sujet de ses papiers. 11 serait très désirable
de trouver des notes donnant les informations dont vous avez be-
soin et d'après lesquelles le général Sabine a pu fournir des
détails à M. Jomard ; mais je crains fort que ces notes n'existent
pas. Je ne connais aucun travail du général Sabine sur ce sujet...
(I) Quarterly review, t. XLU, p. 475.
{% Quarterly review, t. XXXVIlt, p. 102.
(3) Remarques et recherchée géographiques sur le voyage de M. Caillié, Appen-
dice an t. III du Voyage à Tombouctou et à Jenné, 1830, p. 212. — Voir aussi :
Bulletin de la Société de Géographie [de Parié), 1834, t. I»r, î* série, p. 300.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 87
Je ne connais aucune publication de nature à jeter du jour sur la
question de La discordance entre les deux longitudes dont vous me
parlez... »
3* Hassenstein, d'après la construction de l'itinéraire de G.
Rohlfs trouve, comme longitude pour In-Sàlah,2* 10' est de Green-
wich, soit 0* 107 ouest de Paris (1).
4* Enfin on a vu un peu plus haut que M. H. Duveyrier d'abord,
et M. R. de Lannoy de Bissy ensuite, ont adopté pour In-Sâlah la
longitude de 0° 29' ouest de Paris, indiquée par M. Jomard d'après
le capitaine Sabine.
Quoi qu'il en soit, Laing lui-même signale, dès avant son arrivée
à Ghdamès, — ville qu'il a visitée avant de se rendre à In-Sâlah
— c que tous ses instruments étaient détériorés, ses chronomètres
arrêtés, les verres de son horizon artificiel entièrement ternis
par le frottement des. sables,... les observations difficiles et
pénibles, etc. (2) ».
Dans ces conditions on ne peut guère admettre aveuglément et
sans discussion les résultats fournis par ceux qui se sont occupés
de mettre au point les renseignements provenant du voyage de
Laing, tout en les interprétant du reste de très diverses façons.
Hassenstein dit : c Les rapports arrivés en Angleterre n'ont
jamais été publiés, que je sache ; par eux on saurait peut-être si
Laing a fait des observations avec ses intruments endommagés,
ou si les positions indiquées ne sont que des résultats d'estime, ce
qui est plus vraisemblable (3). En tout cas les indications données
sur l'état des instruments de Laing, et le fait qu'on n'a pas publié
le journal de route du voyageur, au Tidikelt, n'encouragent guère
à accepter purement et simplement la position de Laing pour In-
Sâlah (4). >
Toutefois, à mon sens, le géographe allemand se trompe encore
plus que la Quarterly review, puisqu'il indique comme longitude
0° 10' ouest de Paris, alors que la revue anglaise indique 0° 5' ouest
de Paris, et que celte dernière position est, d'après mes travaux,
encore beaucoup trop occidentale.
J'avais pu constater, déjà avant mon cheminement de 1893, par
(1) Hassenstein, ouvr. cit.
(3) Quarterly review, t. XXXVIII, p. 101.
(S) Ce point est nettement éclairci par le texte de M. Jomard — qne ne con-
naissait probablement pas Hassenstein — et que j'ai cité plus haut. Le fait est
acquis, des observation* astronomiques ont bien été faites, à In-Sdlah, par le
major laing, avec ses instruments plus ou moins endommagé».
(k) Hassenstein, ouvr. cit.
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88 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
les points remarquables qui se trouvaient, tant en vue du cam-
pement terminus de ma mission de 1890, que plus tard, aussi en vue
du Hassi El-Mongar; par la comparaison de nombreux renseigne-
ments de distance; par des itinéraires d'indigènes, etc., que, non
seulement In-Sàlah, mais toute la masse des oasis du Touat et
toute la région de l'Ouad Saoura — qui constituent une zone con-
sidérable — ont été jusqu'ici portés sur les cartes en une position
beaucoup trop occidentale; et j'en avais conclu que la région
entière doit être reportée, d'un mouvement d'ensemble, très nota-
blement dans l'est.
Si nous prenons par exemple la carte d'Afrique à l'échelle du
1/2,000,000* du Service Géographique de l'armée, nous constaterons
que, sur les tirages anciens (édition de 1889), In-Sâlah était porté
par 0°29' de longitude ouest, tandis que sur les tirages récents
(édition de 1896), on a dû déplacer notablement cette ville, et elle
y figure maintenant sous la longitude de 0° 3' ouest, ce qui vient
donner raison à mon argumentation.
Toutefois jusqu'ici je n'avais — en dehors de mon propre chemi-
nement à la boussole vers In-Sàlah — aucune preuve scientifique
nouvelle à fournir pour appuyer ma théorie relative à la position
beaucoup trop occidentale de toute la région du Touat. Aujour-
d'hui la situation a changé : nous sommes en possession maintenant
des déterminations astronomiques de la mission Flamand au Gou-
rara (1). Ces documents viennent me donner pleinement raison et
confirment d'une façon irréfutable l'hypothèse que j'avais formulée,
il y a quatre ans.
En effet Tabelkoza, point pour lequel M. Flamand trouve une
longitude de 1 • 31' 50" ouest (2), était auparavant placé, sur la carte
citée plus haut {anciens tirages), par 2° 10' de longitude ouest; d'où
Tabelkoza a dû être reporté vers Vest de 38' 10", et cela sur des
déterminations astronomiques, ce qu'il importe défaire remarquer.
Par suite de ces résultats — venant corroborer ceux qui ont été
recueillis, pour la même contrée, dans de très nombreux itinéraires
d'officiers (3) ayant rayonné autour de Fort Mac-Mahon (Hassi El-
(1) La mission Flamand a eu lieu au printemps de 1896 et son résumé sommaire
— do mémo que les positions géographiques observées — a paru dans le numéro
supplémentaire (n° 15) des Complet rendu* de la Société de Géographie, juillet-
octobre 1897, p. 895 à 299.
(2) Position conclue à la suite de relèvements pris des deux stations de Guern-
et-Schouf et de Tin-Haïmed, points peu distants do Tabelkoza, et auxquels le
voyageur a fait des observations astronomiques.
(3) Renseignement fourni par M. le capitaine Rouby, du Service Géographique de
l'armée.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 89
Abomeur), et ayant poussé des reconnaissances fort loin, au sein
même du Gourara — le Service Géographique de l'armée, dans les
tirages récents de sa carte au 1/2,000,000% a dû reporter vers
l'est l'ensemble de cette région.
Ainsi, pour ne citer que deux points seulement : Timimoune qui,
sur les anciens tirages, gisait par 2° 34' de longitude ouest, se
trouve maintenant par 2° 8' seulement; Hassi El-Ahomeur (Fort
Mac-Mahon), qui occupait un point situé par environ 1°2' de lon-
gitude ouest, se trouve actuellement par 0°40'18" de longitude
ouest (1).
Donc, depuis 1894, un grand nombre de puits ou d'oasis de
celte région ont dû être reportés dans Test; nous ne citerons que
quelques-uns des plus connus :
/n-£aiai»,reporté dans l'est de 26'(carte du Service Géographique).
Hassi El-Ahomeur (Fort Mac-Mahon) reporté de 22' (coordon-
nées Flamand).
Timimoune, reporté de 26' (carte du Service Géographique).
Tabelkoza, reporté de 38' 10" (coordonnées Flamand).
Je reste persuadé que pour In-Sâlah, et lorsque l'on aura de
nouveaux documents sérieux, on devra encore l'avancer de beau-
coup vers Test.
On peut faire la constatation suivante qui, bien que n'étant nulle-
ment scientifique, n'en est pas moins fort curieuse : les positions
de toute cette vaste région du Touat et de l'ouad Saoura ont été
autrefois déduites de celle d' In-Sâlah yce\dL n'est pas douteux ; si donc,
daus le principe, on avait admis pour cette oasis la position qui
lui était attribuée dans V origine par les commentateurs de
Laing (2), soit 0° 5' longitude ouest de Paris, et qu'on lui fit aujour-
d'hui subir la correction vers l'est — qui est de 28' pour la
moyenne des quatre localités citées ci-dessus — on replacerait
toute la région beaucoup plus exactement sur la carte et, en par-
ticulier pour In-Sâlah, on arriverait à trouver une longitude de
0*23' est de Paris, c'est-à-dire exactement celle que j'ai déduite
de mon cheminement de 1893.
Quant à la latitude d'In-Sàlah, il y a concordance parfaite entre
celle qui est déduite de mon cheminement et celle qui provient des
observations de Laing; elle est de 27° 11'.
F. Foureau.
(1) Détermination due à M. Flamand, Complet rendus de la Société de Géogra-
tiiie, numéro supplémentaire (u° 15), juillet-octobre 1897, p. 399.
(8) Quartêrly review, t. XXXVIII, p. 102.
•oc. dr GKOtiR. — c. a. dis sfiAitr.Rs. — n° 2. — Février. 7
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90 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
V. - NOTES
Exploration des ruines de la Babylonie. — L'Université de
Pennsylvanie a entrepris, de 1888 à 18!>6, une série d'explorations
dans la région située entre le Tigre et l'Euphrate et jusqu'aux
environs de Bagdad.
Le Dr Peters, qui dirigea les deux premières missious, a rap-
porté 8,000 inscriptions ou parties d'inscriptions cunéiformes»
fragments de poleries et objets divers. Après lui, le Dr Haynes
a employé, pendant deux saisons consécutives, 50 à 60 ouvriers
arabes pour exécuter des fouilles dans les ruines du temple de
Nippur et dans celles du temple de Bel. (les vestiges ont été des-
sinés et photographiés.
Ce pays est couvert de ruines innombrables, dont la majeure
partie date de 4,000 ans avant J.-G. L'abandon de villes riches et
peuplées semble provenir d'une mauvaise administration comme
du défaut d'irrigation.
Les habitants se sont enfoncés dans l'intérieur et se sont trans-
formés en hordes de pillards.
Les travaux exécutés sous la direction du Dr Haynes ont été effec-
tués en plein désert, par une température atteignant souvent 35e G.
(Bulletin of the American Geogr. Soc, vol. XXIV, n° 1, 1897.)
J. Girard.
Etat sanitaire de la ville de Manille (Philippines)» — D'après
un document sur la statistique démographique et sanitaire de
Manille* adressé au Ministère des Affaires étrangères, par M. Me-
nant, gérant du consulat de France, cette ville serait une des
plus insalubres de l'extrême Orient. lies canaux qui la sillonnent
servent de déversoirs à tous les résidus.
Les quartiers les moins sains de la ville sont ceux de Malate, San
Miguel, Paco et la Ermita, véritables foyers d'épidémie cholérique.
La population de Manille s'élève à 196,769 habitants, sans
compter 2,000 individus de passage et environ 45,000 Chinois. La
proportion des décès a été de 3 & 4 p. 100 en 1896 ; mais l'auteur,
qui écrit à la lin de 1897, craint que, pour cette année-là, le
chiffre ne monte à 6 ou 7 p. 100, et cela à cause du surcroît de la
population, du manque de légumes verts, enfin de la rareté et de-
là cherté des vivres.
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. 91
— M. Jules Garuier, membre de la Commission centrale, est parti
le 27 février avec son fils M. Pascal Garnier pour on voyage scien-
tifique et industrie] dans l'Océanie.
Nos collègues se dirigeront d'abord sur la pointe sud-ouest de
l'Australie à Albany (King George's Sound) ; de là ils remonteront
la côte ouest, puis marcheront à Test faisant une coupe géologique,
atteindront Goolgardie et rayonneront aussi loin que possible
autour de cette station.
— Le lieutenant de vaisseau Brelonnet, accompagné de M. Veis-
seyre, et le capitaine Vermeersch, qui ont eu une part si brillante
dans les opérations françaises de la boucle du Niger, sont de re-
tour en France. La Société sera heureuse de les recevoir et de con-
naître par eux les résultats géographiques des importantes mis-
sions qu'ils viennent d'accomplir.
VI. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Prix de la Société pour 1898. — Dans deux séances anté-
rieures, la Commission des prix avait examiné les titres des diffé-
rents candidats aux distinctions de la Société et décerné 1° au
commandant Jouan la médaille d'or du prix Léon Detvez; 2° une
médaille d'or de la Société au docteur Sven-Hedin.
Le 26 février, elle s'est réunie à l'effet de statuer sur l'attri-
bution des prix à distribuer lors de la première assemblée géné-
rale de 1898.
La grande médaille d'or sera décernée à M. Edouard Foa pour
sa traversée de l'Afrique, des bouches du Zambèze au Congo fran-
çais. Rapporteur, M. Maunoir.
Le prix Herbet Fournet (médaille d'or et 5,000 francs), aux
Pérès Roblet et Colin pour leurs travaux géodésiques, topogra-
phiques et astronomiques à Madagascar. Rapporteur, M. Gran-
didier.
Prix Pierre Félix Fournier (médaille spéciale et 1,000 francs)
a été attribué par la Commission centrale à M. André Delebecque
pour son ouvrage sur les lacs français.
Prix Henri Duveyrier (médaille d'or), à M. le capitaine Salesses,
pour ses levés de la route de Konakry au Niger. Rapporteur,
M. Froidevaux.
Prix Louise Bourbonnaud (médaille d'or), au capitaine Pas saga,
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92 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
chef de la mission française qui coopéra à la délimitation de la
Guinée française et de la colonie anglaise de Sicrra-Leone* Rap-
porteur, M. Cas pari.
Prir Barbie du Bocage (médaille d'or), à M. Grenard pour la
publication des travaux de la dernière mission Dutreuil de Rhins
dont il fut le second. Rapporteur, M. H. Oordier.
Prix Alphonse de Montherot (médaille d'argent), à M. Levât
pour les résultats géographiques de ses explorations en Sibérie.
Rapporteur, M. de Lapparent.
Prix W. Huber (médaille d'argent), à M. Ch. Durier pour ses
travaux sur les Alpes françaises. Rapporteur, M. J. Vallot.
Prix Ch. Grad (médaille d'argent), à M. G. Saint-Yves pour son
exploration dans l'Asie centrale en 1897. Rapporteur, Dr Ramy.
Prix Janssen (médaille d'argent), au capitaine Cayrade. Obser-
vations astronomiques de la commission de délimitation entre la
Guinée française et Sierra Leone. Rapporteur, M. Cas pari.
Prix Jomard (Les Monuments de la Géographie) à M. Camille
Guy, pour l'ensemble de ses publications géographiques. Rappor-
teur, M. Caspari.
Le baron Hulot a été chargé de présenter le rapport général à
la séance solennelle du 15 avril.
— La Société de géographie de Marseille fait savoir que le
Congrès national des Sociétés françaises de Géographie tiendra
en cette ville sa 19* session, du 18 au 25 septembre 1898, sons
la présidence de M. le prince Auguste d'Arenberg, député, membre
de l'Institut, etc.
Le programme des sujets d'études devant, conformément au
règlement des Congrès, être dressé trois mois au moins avant
l'ouverture de la session, pour permettre aux Sociétés et aux adhé-
rents du Congrès d'étudier au préalable les questions proposées,
La Société de géographie de Marseille prie les Sociétés intéressées
de vouloir bien lui adresser, avant le 15 mai, la liste des travaux ou
questions qu'elles ont l'intention de présenter au Congrès.
Dons. — La Société a reçu de M. Maunoir un don 100 francs,
affecté aux travaux d'aménagement de la salle des séances. Elle
lui exprime toute sa reconnaissance pour cette nouvelle libéralité.
Présentations de cartes et livres en séance. — Cartes
russes. — Au nom de M» Schokalsky, secrétaire de la Section de
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 23 FEVRIER 1898, 93
géographie mathématique de la Société de Géographie de Russie
et bibliothécaire du ministère de la marine russe, M. Vénukoff
présente et offre pour la bibliothèque de la Société une série de
cartes de la partie de l'Océan Boréal qui s'étend du port d'Ar-
khangel à l'embouchure de l'iénissey. Ces cartes sont le résultat
graphique des recherches hydrographiques faites de 1893 à 1897
par les officiers de la marine russe, sous le commandement de
M. Vilkitxky. Le texte explicatif qui les accompagne est de
M. Schokalsky.
Sur le Haut Zambèze, par F. Coillard (1). Ce beau volume n'est
pas un carnet de route où le voyageur note au passage les faits qu'il
observe ou les impressions qu'il recueille. C'est l'œuvre d'un
missionnaire qui vit depuis une quarantaine d'années au milieu
des populations noires dont il a entrepris le relèvement moral.
Il aime ces déshérités c traînant partout dans leur peau noire, la
livrée de la souffrance»; il connaît leurs coutumes et pénètre leurs
sentiments; il parle en homme qui leur a consacré son existence.
L'ethnologue, le géographe, liront avec profit ce récit, qui fait
honneur à l'écrivain comme au savant. C'est à ce double point de
vue que nous signalons à cette place l'ouvrage de M. le pasteur
Coillard.
Moines et ascètes indiens, par le marquis de La Mazelière (2).
Trois années de voyage dans l'Hindoustan, Ceylan, l'Indo-Chine,
Java, la Chine et le Japon ont permis à M. de La Mazelière d'étudier
sur place les couvents bouddhistes, les mœurs, les principaux
monuments et de consulter les traductions de nombreux docu-
ments sanscrits. Pour donner plus d'unité à son récit, l'auteur s'est
surtout attaché à l'histoire des caves d'Ajantâ où se retrouvent les
anciennes fresques figurant les légendes et la vie de l'Inde. Fai-
sant œuvre de voyageur en même temps qu'oeuvre d'érudit,
M. de la Mazelière offre, sous forme de tableaux saisissants, une
étude d'ensemble sur le bouddhisme indien, sa philosophie, ses
origines, son expansion et sa décadence.
Nécrologie. — La Société a appris avec un profond regret la
mort de deux de ses membres correspondants, MM. Robert lvens
et Ramon Lista.
(1) 1 vol.in-4» de 590 pages, 40 planches et 2 cartes. Paris, Berger-Letrault, 1896.
(2) 1 vol. in-12. Paris, Pion et Nourrit, 1WW.
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9i COMPTES RENDUS DES SEANCES.
M. H. lvens, décédé à Lisbonne, le 29 janvier dernier, à Tàge de
48 ans, avait partagé avec Brîto Capello la grande médaille d'or
de la Société, qui leur avait été décernée pour leur traversée de
l'Afrique (1). Le Rapport sur le concours au prix annuel (Bull.
Soc. Géogr.y VIIe série, t. VII, 1886, p. 323) signale les titres de
ce voyageur à cette haute distinction.
Ramon Lista, secrétaire général de la Société de géographie
argentine, avait été élu membre correspondant de la Société en
1887. Le défunt s'est fait connaître par des explorations impor-
tantes dans la Patagonie et dans la Terre de Feu. Au mois de no-
vembre 1897, M. Ramon Lista entreprit un voyage d'exploration A
travers le Chaço. C'est laque l'infortuné voyageur succomba, peut-
«Hre sous les coups de compagnons infidèles.
Séance du i février 1895S.
MEMBRES ADMIS '
MM. le père F. Harlxer; Lancelol S. Bayly; Pascal tiarnier; le
marquis de Pange; Georges Rlondel; Albert Durand.
CANDIDATS PRESENTES
MM. Jogan (Raymond), receveur particulier des contributions in-
directes (colonel Marinier et colonel Bailloud); — de Gointet
(Emile), capitaine au l" régiment de cuirassiers (Charles M aunoir
et baron Hulol); — Perrot (Maurice), ancien élève de l'École poly-
technique (capitaine Girodon et Brau de Saint-Pol Lias); — de
Becays de Lacaussade (Albert), propriétaire (colonel Barry et De-
nys Foule); — Coillard (François), missionnaire protestant (Paul
Mirabaud et Charles M aunoir); — Mlle Pauline Pages (F. Schrader
et A. DeJarnac).
Séance du 18 février 1898.
MEMBRES ADMIS .
MM. Raymond Jogan; Emile de Cointet; Maurice Perrot; de
Recays de Lacaussade; François Coillard; Mlle Pauline Pages.
(1) On sait que la grande médaille d'or confère au lauréat le titre de membre
correspondant de la Société.
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SÉANCES DES i, 18 ET 23 FÉVRIER 1898. î)5
CANDIDATS PRESENTES
MM. Combelles (Victor), ingénieur (Henry Bavière et le baron
Hulot); — Richaud (Léon), explorateur (Camille Guy et Henri
Froidevaux); — Saint-Yves (Georges), explorateur (Ch. Maurwir
et baron Hulot); — de Rechniewski (Casimir Stanislas), ingénieur
(Ladan Bockairy et Henri Jacottet); — Mlle Elisabeth de Ver-
neaux (vicomte de Verneaux et marquis de Bassano).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIETE
Février 1898
GÉNÉRALITÉS. — Orientalische Litteratur-Zeitung. Herausgeg. von
F. K. Peiser. Berlin, W. Peiser. I. Iahrg., u° 1, 15 janv. 1898, in-4.
Direction.
S. A. S. Prince Albert I" de Monaco. — Sur la quatrième campagne
de la Princesse Alice, — Sur les observations météorologiques de
l'océan Atlantique (C R. Acad. des 5c, t. 126, janv. 1898).
Auteur.
J. C de Faria e Castro. — L'épopée maritime des Portugais. Vaseo da
Gama et le Camoëns. Bruxelles, typ. Guyot, 1898, 1 vol. in-8.
AUTEUR.
1. fi. Berlier. — Tunnel intercontinental sous-marin du détroit de Gi-
braltar. Avant-projet, 1897. Auteur.
H. Lachambre et A. Machuron. — Andrée. Au Pôle nord en ballon.
Paris, 1 vol. in-8. Per Lamm, éditeur.
ASIE. — N. N. Pantoussov. — Matériaux pour l'étude des dialecte»
tarantchi du district de l'Ili. Fasc 1er. Kazan, 1897, opuscule in-8 «texte
tarantchi et traduction russe). Auteur.
J. L. Dutreuil de Rhins. Mission scientifique dans la haute Asie,
1890-1895. Première partie. Récit du voyage. Publié sous les auspices
du Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, par F. Grcnard.
Paris, Leroux, 1897,1 vol. in-4. Ministère de l'Instruction publique.
Prince Henri d'Orléans. — Du Tonkin aux Indes. Janvier 1895-jauvicr
1896. Illustrations de G. Vuillier, d'après les photographies de l'auteur.
Gravure de J. Huyot. Cartes et appendice géographique par Emile
Roux. Paris, Calmann Lévy, 1898, 1 vol. in-4. Auteur.
M'* de la Mazelière. — Moines et ascètes indiens. Essai sur les caves
d'AjantA et les couvents bouddhistes des Indes. Paris, Pion, 1898,1 vol.
in-8. Auteur.
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96 OUVllAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
AFRIQUE. — J. A. Battandier et L. Trabut. — L' Algérie. Le sol et
les habitants. Faune, flore, géologie, anthropologie, ressources agri-
coles et économiques. Paris, 1898, 1 vol. in-8.
J. Baillière et fils, éditeurs.
Hippolyte Giraud. — Mers-el-kébir, port militaire. Oran, Perrier, 1898,
opuscule in-8. Auteur.
J. Gorcelle. — En Tunisie (Chronique du foyer. Bourg-en-Bresse, n*5,
août 1897). Auteur.
Recensement général de l'Egypte, 1er juin 1897. Rapport préliminaire,
par A. Boinet-Bey. Le Caire, 1898, 1 vol. in-4.
Société khédiviale de géographie.
François Coillard. — Sur le Haut-Zambèze. Voyage et travaux de mis-
sion. Paris, Berger-Levrault, 1898, 1 vol. in-4. Auteur.
AMÉRIQUE. — Carl Lumholtz. — The Huichol Indians of Mexico
{Bull. Amer. Muséum Xatur. Hisiory, 1898), broch. in-8. Auteur.
Relaciones googrâftcas de Bolivia existentes en el Archivo de la Oficina
nacional de Inmigracion, Estadistica y Propaganda geograflea : Kela-
cion y Dcscripcién de las misiones y conversiones de Infieles vulgar-
menle Uamados de Apolobamba que estan al cuidado de los Religîo-
sos de N. P. S. Francisco de esta Provincia de San Antonio de los
Gharcas en el reino del Perû... La Pas, 1898, in-8.
M. V. Ballivian, éditeur.
OCÉAN1E. — Jules Leclercq. — Derniers sectateurs de Brahma à
Java (Acad. r. de Belgique, 3* sér., t. 34, 1897), broch. in-8.
Acteur.
Jules Leclercq. — Un séjour dans l'île de Java. Le pays — Ses habitants
— Le système colonial. Paris, Pion, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
J. J. Meijer. — La condition politique des Chinois aux Indes néerlan-
daises (Toung-paot vol. IV). Leide, Brill, 1893, broch. in-8.
B** J. de Baye.
Gabriel Marcel. — La carte des Philippines du Père Murillo Velarde
(ttull. géogr. histor. et descr., na 1, 1897), opuscule in-8.
Auteur.
Le gérant responsable :
Hulot,
Secrétaire général de la Conuiiis>ion Centrale.
BOULEVARD SAIN T-SBRM AIN, 184.
5417. — L.-Inipriiuerieg réunies, B, rue Mignon, 2. — llOTTlRftl, directeur.
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RECE1VED,
MAY 17 1898
*"* PE/WeDYllM«SEUM. p**e *
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
I. — SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898
4 ncLetrs
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS
Président de la Commission centrale.
Le secrétaire général donne lecture de la correspondance. II
cite notamment deux lettres : Tune, de M. Léon Darragon (accom-
pagnée d'une carte) ; l'autre, de M. le vicomte de Poncins, toutes
deux relatives à l'Ethiopie (Voir Nouvelles géographiques).
MM. Paul Labbé et comte Henry de la Vaulx font chacun une
conférence (avec projections) : le premier, sur la Sibérie et les
Kirghizes nomades ; le second, sur son voyage et ses recherches
ethnographiques et anthropologiques en Patagonie.
Le* iLhir*ue« ■•aides. — Après avoir donné quelques détails
ethnographiques sur la race kirghize, M. Paul Labbé raconte sa
visite au sultan Tchermanov, très populaire parmi les Kirghizes
de la steppe. Le campement se trouvait entre les rivières Tchi-
dyrty et Oulenty, sur la frontière du district de Pavlodar et du
gouvernement de Semipalatinsk. M. Paul Labbé a fait passer sous
les yeux des assistants des vues de la caravane et de£ pays qu'elle
a traversés.
Dès la fonte des neiges, les huttes d'hiver sont inondées et les
Kirghizes se réfugient sous la tente. Ces groupes suivent leurs
chefs et accomplissent un voyage circulaire de 1,500 kilomètres
parfois, partant de la maison d'hiver et y aboutissant. C'est toute
soc. de géoor. — c. a. des SÉANCES. — wf 3. — Mars. 8
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98 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
une agglomération c d'aouls > qui se déplace : il y a le village du
chef, sorte depater familias, ceux de ses parents, celui du juge
(by) et aussi celui du prêtre (moullah), etc.
La caravane suit une marche Ùxèe. Les nomades vont de puits
en puits : une tribu n'a pas le droit de camper près d'un puits qui
ne lui appartient pas. Selon la coutume du minorât qui règne au
désert, c'est le plus jeune fils qui hérite des biens paternels : les
autres fils ont reçu leur dot à l'époque de leur mariage.
Sur sa route, M. P. Labbé a rencontré des voyageurs venus du
Turkestan et qui, chemin faisant, fanatisaient les nomades. Ces
pauvres gens, qui ignorent même l'existence de la France et de
l'Allemagne, savaient que la Turquie avait battu la Grèce et que le
triomphe de l'Islam était proche. Ce mouvement est facile à con-
stater dans l'Asie entière.
Le conférencier décrit ensuite les yourtes, qui sont d'une grande
variété. 11 montre que, toute leur vie, les Kirghizes sont les esclaves
de leur troupeau : ils s'appellent eux-mêmes Kazaks, ce qui signi-
fie libres comme les oies sauvages de la steppe : libres est exagéré,
le troupeau est leur maître.
Dans la dernière partie de sa communication, le voyageur parle
de la steppe, dos caravanes qui s'y rencontrent, des plaisirs de la
vie nomade, etc. lia constaté l'existence d'importantes mines d'or,
de cuivre et d'argent; il signale une mine de houille comparable
peut-être aux plus riches du monde. 11 dépeint aussi les lacs
auxquels le fer, le brome, l'iode, donnent les couleurs les plus
inattendues.
Le Président se demande si c'est par suite de l'alliance russe
que l'Asie est redevenue à la mode. En tout cas, il s'en félicite, et
rappelle que nos compatriotes s'y sont portés avec ardeur; il suffira
de citer MM. Bonvalot, le prince Henri d'Orléans, Chaflanjon, Du-
treuil de Bhins, Grenard et Edouard Blanc, enfin Saint-Yves, que
nous avons entendu ici dernièrement, c Nous vous félicitons,
monsieur Labbé, de vous être inspiré de leur exemple, et d'avoir
contribué pour votre part à la connaissance d'une des races du con-
tinent asiatique, la race kirghize. >
A travers 1* Pataganle, du Rla !¥egra an détralt a> Ma-
gellan (1). — Le comte Henry de la Vaulx partit de France à la fin
({) Voir In carte jointe à ce numéro.
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 21 MARS 1898. t99
de décembre 1895, avec une mission spéciale du Ministère de l'In-
struction publique. En janvier 1896, il arrivait dans la République
Argentine et se dirigeait vers la Patagonie pour y faire des recherches
ethnographiques et anthropologiques sur les races primitives
ayant existé et existant encore dans l'extrême Sud du continent
austral.
Parvenu le M mars à Viedma sur le Rio Negro, il quittait cette
localité, le 30, pour s'enfoncer dans l'intérieur. 11 remontait la rive
droite du fleuve jusqu'à Choel-Choel, passant en ce point sur
l'autre rive afin d'atteindre Rocca, dernier poste au sud des forces
argentines. Durant ce trajet, il examinait les anciens campements
indigènes et les cimetières; il remarquait des crânes et des osse-
ments peints en rouge, fait qui l'amena à penser que les indigènes
déterraient leurs morts après quelques années de sépulture et les
réensevelissaient dans un autre endroit. Une sépulture moderne
trouvée par lui confirme cette opinion et prouve que cette coutume
s'est perpétuée jusqu'en ces derniers temps, si même elle n'existe
pas encore.
Le 27 septembre, le voyageur quittait Rocca et retraversait le
Rio Negro, débordé à cette époque, pour se rendre au sud. Le
19 octobre, il arrivait à Machinchao, après avoir traversé l'une des
parties les plus arides de la Patagonie. Le 26, il était à Keurs-
keulé, vallon arrosé par un cours d'eau limpide sur les bords
duquel étaient alignées une dizaine de tentes indigènes.
M. de la Vaulx décrit la tente, le rouka et la vie indigène. L'In-
dien est un être essentiellement nomade qui ne vit que pour et
par la chasse. Aussi transporte-t-il continuellement son habitation,
à la recherche de ce qui le nourrira et le vêtira. C'est un être
apathique et paresseux; il faut que la viande fasse défaut pour
qu'il sorte de son inaction. La femme seule travaille; elle fabrique
l'habitation, la monte, la démonte; elle tisse, confectionne le man-
teau indien, le guaralka, fait de treize peaux de guanaco venant de
naître. Le voyageur nous fait assister aux chasses indigènes; il
montre l'Indien destructeur, tuant pour le plaisir de tuer.
En Patagonie, on distingue trois races : l'Araucan, le Téhuel-
che ou Patagon, et le Pampa. L'Araucan est petit, mal conformé; il
a l'air gauche; sa taille moyenne est de 1 m. 57; sa tête est grosse,
large; le nez légèrement épaté, les yeux quelque peu bridés;
les cheveux sont droits, sans aucune ondulation, noirs, plutôt gros.
La couleur de sa peau correspond aux numéros 30 et 31 de la table
chromatique de Broca; l'indice céphalique dénote des brachycé*
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100 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
p haies caractérisés; en somme le type araucan est laid ; il diffère
absolument de son voisin du sud, le Téhuelche.
Ce dernier, souple et élégant dans ses mouvements, est (Tune
stature plutôt élevée; sa taille moyenne est de 1 m. 73. Il représente
le type aristocratique de la Patagonie; sa figure est expressive, ses
traits plus fins; le nez serait presque aquiîin.
Le Pampa a beaucoup d'analogie avec le Patagon ; il est seule-
ment plus grand et plus gros; il représente la force. Malheureu-
sement celte famille tend à s'éteindre complètement. Ces peuplades
en sont encore pour ainsi dire à l'âge de pierre et elles disparaîtront
du globe sans avoir pu profiter des bienfaits de la civilisation.
De Keurskeulé, M. de la Vaulx se dirigea sur la riche et large
vallée de Fofo-cahual, arrosée par les sources du Rio Chubut; puis
il arriva à Lélégue, au pied même des Andes neigeuses, traversa
les arroyos Léca, Marioca, Téca; le 12 décembre, il arrivait à
Choiquenilahué, au confluent du Rio Guenua et du Rio Senguer. 11
y resta près de trois mois, faisant une ample moisson de docu-
ments et de collections anthropologiques et ethnographiques ; i I
(ouilla diverses sépultures curieuses, une entre autres, qui, selon
lui, fournit la preuve de la croyance des Indiens à une vie maté-
rielle future.
De nombreuses tentes indigènes étaient réunies dans la vallée
de Choiquenilahué. Le voyageur put assister aux fêtes indiennes,
le kamdrouko, la fête religieuse, et le huécoun-rouka, la fête
profane. Le kamarouko a lieu pour demander une grâce à Dieu
ou le remercier du succès d'une entreprise; le huécoun-rouka
s'organise pour fêter la nubilité d'une jeune fille. Le voyageur pro-
fita de son séjour à Choiquenilahué pour reconnaître les lacs
Colhué-huapi et Munsters, qui jusqu'à présent avaient donné lieu
à des erreurs sur les cartes. Le lac Munsters est le lac de l'ouest
(par opposition au Colhué, le lac de Test); il a des eaux très pro-
fondes, et mesure environ 25 kilomètres de long; la marée s'y
fait sentir fortement et, les jours de vent, ses eaux sont déchaînées.
Le Rio Senguer, peu de temps avant d'arriver au Munsters, se
divise en deux bras, dont l'un se jette dans le lac pour en ressor-
tir tout de suite, pendant que l'autre, faisant un coude, pousse sa
marche vers l'est où il reçoit bientôt les eaux du premier bras,
et va se jeter dans le lac Colhué. Celui-ci est une immense lagune
aux eaux dormantes, qui se dessèche de jour en jour. Les Indiens
disent qu'il doit exister dans le fond de cette lagune un esprit
absorbant journellement la grande quantité d'eau qui vient s'y
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 101
déverser; en effet, son lit se rétrécit progressivement et ses eaux ne
s'échappent visiblement d'aucun côté ; car le Rio Chico du Ghubut
qui sort de cette lagune est maintenant complètement à sec.
D'ailleurs, ce phénomène de dessèchement s'observe depuis de
longues années en Patagonie du côté de l'Atlantique, contrastant
avec la grande abondance d'eau qu'on rencontre du côté des Cor-
dillères.
Dans les environs du Colhué, habiterait la Rhea nana, dont l'exis-
tence a été présumée par le professeur Lydekker, du muséum de
Londres, sur la vue d'un œuf; les Indiens, en effet, affirment qu'un
nandou, plus petit que le nandou commun, habite dans ces pa-
rages, mais qu'il est excessivement rare.
Le 6 mars 1897, M.delaVaulx quittait Choiquenilabué, traversait
le Rio Mayo, le Rio Guinguel et arrivait presque aux sources de
l'arroyo Auk-guirl. A partir de là, il coupe par leurs sources
presque tous les arroyos, nombreux dans cette contrée ; il s'est
en effet considérablement rapproché de la Cordillère. Il recon-
naît les vallées du Rio Deseado et affirme que ce rio n'existe
pas; peut-être même n'a-t-il jamais existé. En ce même point,
il a rencontré une caverne habitée par l'homme de l'âge de
pierre.
Le 16 avril, il arrivait au Rio Chico de Santa Cruz. Depuis le Rio
Scnguer, il s'était dirigé à la boussole; les guides indiens qu'il
avait engagés ayant manqué de parole le jour du départ, il suivait
autant que possible la route des anciennes caravanes d'Indiens. La
contrée qu'il traversait est fertile, arrosée de nombreux cours d'eau;
l'herbe y pousse en abondance. Le 24 avril, le voyageur campait un
peu en arrière du confluent du Rio Chico et du Rio Cheuen, auprès
d'un rancho habité par des métis d'Indiens et de blancs. C'étaient
les premiers humains qu'il rencontrait depuis son départ du Rio Sen-
guer ; il avait fait un parcours de 1,000 kilomètres en pays com-
plètement désert, mais susceptible d'une grande fertilité. Le 18 mai,
il s'embarquait à Gallegos sur un navire de guerre argentin et fai-
sait le tour de la Terre de Feu ; à la fin de juillet, il était de re-
tour à Ruenos-Ayres. Le voyage avait duré seize mois, et le trajet
fait en terre ferme était de 5,000 kilomètres.
Toutes les collections recueillies au cours de ce voyage seront
exposées, le mois prochain, dans les galeries du Jardin des Plantes.
En résumé, suivant M. de la Vaulx, la Patagonie est un pays
d'avenir ; elle réserve encore de grandes surprises ; c'est l'une des
contrées où la science pourrait s'enrichir le plus sûrement Ce
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102 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
serait en outre, en raison de la fertilité du sol et de l'état sani-
taire du pays, un terrain très favorable à la colonisation.
Le Président rappelle qu'il y a 45 ans, lorsqu'il était en station
à Montevideo, on ne songeait guère à visiter la Patagonie. Les In-
diens ne l'eussent pas permis. Montés sur leurs chevaux rapides,
ils venaient attaquer les habitants de la République Argentine
jusque dans les villes. Pour se mettre à l'abri de leurs incursions,
il fallut même creuser un fossé de 300 kilomètres de longueur,
fossé dont les terres, rejetées sur le côté du sud, empêchaient les
Indiens, à cause de la hauteur du talus, de revenir sur leurs pas
et de battre en retraite. Aujourd'hui la situation s'est bien mo-
difiée ; la civilisation a refoulé ces primitifs et les a ruinés.
c Vous avez donc pu parcourir librement ces contrées en partie
inexplorées où vous avez recueilli des documents d'un grand in-
térêt. Mais ce sont surtout les pièces anthropologiques que vous avez
rapportées, qui donnent à votre voyage une importance particulière.
Plusieurs sont entièrement nouvelles et éclairent des questions
scientifiques restées jusqu'ici dans l'ombre.
c Vous allez partir bientôt pour la Terre de Feu, dans ce pays de
glace et de tempête. Nos vœux vous y accompagneront, et nous
espérons qu'à votre retour vous nous ferez profiter de vos décou-
vertes. »
±8 zxxetrs
PRÉSIDENCE DE M. GABRIEL MARCEL
Vice-Président de la Commission centrale.
MM. Gh. Rabot et Venukoff présentent plusieurs ouvrages;
M. Gh. Maunoir présente une carte d'une partie du cours du
Niger (Voir Présentation de livresf cartes, etc.).
Le Président fait connaître les résultats du concours pour le
prix Au grand. Ge prix a été, à l'unanimité, décerné au Dr Hamy,
Mb. de la Société, pour son ouvrage : Galerie ethnographique du
Trocadéro. Il serait superflu de faire ici Péloge du Dr Hamy, dont
la large érudition et las avis autorisés sont particulièrement ap-
préciés par ses collègues.
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SÉANCES DES i, 18 ET 41 MARS 1898. 103
M. Gabriel Marcel annonce ensuite la mort de M. Gb. Oadin.
Notre regretté collègue avait fait à la Société plusieurs conférences
très applaudies sur ses excursions alpestres ; il avait en dernier lieu
parlé des Alpes dolomitiques.
M. Henri Gordier signale la perte qu'a faite le monde savant
en la personne de M. Schefer, directeur de l'École des Langues
orientales vivantes.
Après cet hommage à la mémoire d'un homme dont la science
gardera le souvenir, la parole est donnée à M. le baron de Baye
qui fait le récit de sa troisième mission en Sibérie.
De Pmm à Vf n«a*»ln*k ; loiveilr d'aae mlsston. — Sur
l'invitation du prince Sviatopolk Marsky, gouverneur de Penza,
M. de Baye alla visiter les Mordvines, population Gnno-ougrienne,
de la branche bulgare, comme les Tchérémisses et les Tchou-
vaches. Jusqu'au xve siècle, ils demeurèrent une nation puissante;
il y a 176,689 Mordvines dans le gouvernement de Penza; ils se di-
visent en deux branches : les Mokcha et les Erzia. M. de Baye vi-
sita le village de Célixa, habité, dans le district de Gorodisché, à
20 vers tes de Penza, par 2,000 Mordvines, pratiquant la religion
orthodoxe, qui fut implantée parmi eux, il y a cent cinquante ans;
on y compte cent maisons de vieux croyants. Mais on y trouve
aussi des traces sensibles de paganisme.
A Gitra, depuis quinze ans, les hommes ont presque complète-
ment abandonné le costume national, qui se composait entre autres
de chemises blanches à raies rouges; ils se coiffaient en hiver d'un
bonnet de peau de mouton blanc et en été d'un chapeau rappelant
les nôtres. Mais les femmes et les filles mordvines continuent à
porter leurs costumes anciens; les broderies sur toile blanche qui
les enrichissent sont bleues et rouge-brun, comme on pourra le
voir au Musée Guimet. Les filles portent une sorte de diadème; elles
ne cachent pas leurs cheveux, mais se font une natte le long de la-
quelle se trouve ajusté un ornement de même longueur, composé
d'une suite de plaques métalliques réunies par des perles de verres
multicolores. Les pendants sont passés autour de l'oreille non
percée, sur le lobe de laquelle sont des bouflettes en poil de lapin.
Le principal habillement des femmes se compose d'une chemise
en toile, longue et étroite, nommée panar, qui sert à la fois de
chemise et de jupe, serrée à la taille par une ceinture bariolée.
Signalons un instrument de musique nommé oufam, fait d'une
peau de mouton et qui ressemble vaguement à un biniou ou à une
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104 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
cornemuse* Le musicien souffle dans un os percé de trous ; cet os
doit être celui d'un aigle ; le son sort d'une corne de bœuf. Les
Mordvines du gouvernement de Penza fournissent un fort contin-
gent à l'émigration en Sibérie. Du 1" janvier 1895 au 1" juillet
1897, cinq mille huit cent vingt-sept familles ont émigré avec auto-
risation. Ces gens font d'excellents colons; ils exécutent avec une
grande énergie de longs travaux fort pénibles. Lorsqu'on com-
mande à un Russe une trop forte corvée, s'il la juge au-dessus de
ses forces, il répond : c Mais tu demandes de moi un travail de
Mordvine. i
Notre voyageur fit une apparition à Ekatérinebourg et constata
que le secrétaire général de la Société ouralienne, M. Clerc, a
classé à nouveau le musée de cette Société. On peut y étudier les
antiquités récemment exhumées des tourbières du lac Chighir.
M. de Baye retourna dans cette localité et fut assez heureux pour
en exhumer une idole en bois. Tout auprès sont les rochers des
c Sept- Frère s *, qui voulaient barrer la route à Yermak, conquérant
de la Sibérie. M. de Baye, se dirigeant de Tchéliabinsk sur Omsk
par le Transsibérien, fit roule avec M. Banil ûuchakoff, qui se ren-
dait à Disk pour y inspecter 22 villages kosaks installés au sud
de Barnaoul, en contestation avec des colons attirés par eux. En
1897, d'après M. Ouchakoff, 70,000 colons seulement sont passés
en Sibérie; en 1896, leur nombre a été de 180,000. C'est qu'on
a voulu diriger désormais les paysans sur des terres dont le sol
et le climat fussent analogues à ceux de la région russe qu'ils
quittaient; d'ailleurs l'émigration continue sans interruption. « Il
semble, dit très bien M. le baron de Baye, que l'Asie reçoive
après des siècles les descendants de populations qui jadis avaient
débordé sur l'Europe», car on y voit des Bulgares, des Mordvines,
des Finnois, etc. M. Archipolf, d'abord établi à Tiumen, s'est fixé à
Tchéliabinsk; il s'est voué à la colonisation depuis 1884, et il a pu
mieux que personne expliquer à M. de Baye tout ce qui s'y rattache :
c Ces gensont tout laissé : parents, amis, clocher, champs, isba, etc.,
mais ils emportent dans une sacoche une poignée de terre natale.
Parvenus dans leur nouveau cantonnement, là où ils doivent
s'arrêter, ils jetteront quelques poignées de cette terre pour la
mêler à celle dont ils viennent prendre possession... Le colon
conservera un peu de cette terre afin que ses enfants puissent dé-
poser sur sa tombe le dernier souvenir de là-bas. >
M. de Baye constate les progrès qu'a faits cette section du Trans-
sibérien depuis sa dernière visite. Les petites stations sont achevées,
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MAHS 1898. 105
sauf celle de Kourgane et Petropolowski ; on les a munies de buffets
et de jardins, à droite et à gauche des gares.
Au delà d'Omsk, les stations sont moins avancées : à une petite
station, dernier arrêt près d'Ob, on voit attaché à un poteau télé-
graphique, abrité sous une minuscule toiture, le dessin d'une église
projetée par les colons.
Plus loin, a surgi en peu de temps une ville de 12,000 habi-
tants.
 la station de Taïga, M. de Baye prend la petite ligne qui relie le
Transsibérien à Tomsk, qu'il voulait revoir à cause des collections
ethnographiques et archéologiques de l'Université, qui honorent
M. Konmelzoff. 11 a trouvé 43 kourganes dont plusieurs contenaient
des monnaies chinoises, appartenant à la dynastie des Tang
(vu* siècle apr. J.-C); elles renfermaient également 3 de ces idoles
oviformes, dites peruiiennes. Une chose plus connue peut-être,
c'est la tombe d'un mystérieux personnage, Staratz Féodor, mort
en 1860, vénéré par les Sibériaks, et qui n'aurait été autre que
l'empereur Alexandre Ier.
M. de Baye revint à la station Taïga. Il y a quatre ans, une
forêt vierge s'élevait là où Ton voit maintenant une agglomération
de 2,000 habitants, rudes Sibériaks venus un peu de partout, cher-
cheurs d'aventures, et qui vivent des travaux du chemin de fer.
Leurs habitations sont sans ouverture. Il n'y a de fanaux qu'à la
porte de deux débits d'eau-de-vie.
On atteint ensuite Archinsk, où des essais de colonisation, très
clairsemés, ont été tentés, et l'on arrive enfin à Krasnoïarsk, baigné
par l'iénisséi, et appelé à un grand développement. Il y a là une
Société commerciale anglaise, dont les bateaux transportent des
marchandises par mer, remontent le fleuve et répandent les pro-
duits en Sibérie. Des Français y sont venus dans le but d'établir
une affaire analogue; ils semblent avoir jeté leur dévolu sur un
grand domaine des environs, donné par l'impératrice Catherine à
une famille qui n'a pas les moyens de le mettre en valeur. Les
bâtiments du chemin de fer contiennent d'importants dépôts de
matériel et de machines et des ateliers considérables. Les travaux
du port sur l'iénisséi devant Krasnoïarsk se poursuivent rapide-
ment. Dans les fouilles faites par les terrassiers, on a découvert
beaucoup d'ossements de mammouths, mais l'ignorance des ouvriers
a tout dispersé. Près de Lodoïsky, M. do Baye a pu extraire un sque-
lette de bison (bos priscus).
Pour se rendre de Krasnoïarsk à Minoussinsk, M. de Baye
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106 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
remonta l'Iénisséi sur le bateau Nicolas, mis à sa disposition par
M. Valaomieff, l'ingénieur en chef de Tomsk. La navigation est
difficile en remontant le fleuve, dans les défilés où ses eaux sont
resserrées entre les rochers et même dans les endroits où, devenu
large, il se divise en plusieurs lits, séparés par des bancs de sable
ou des îles rocheuses et escarpées. Le baron de Baye fait une
description saisissante de ces solitudes, où apparaissent très peu
de villages. Des forêts superbes s'étendent à l'embouchure des
rivières Mana et Karaoulnaïa. A 100 kilomètres avant d'arriver à
Minoussinsk, se trouve la station Sorakine, où Ton voit quantité
de kourganes entourées de grosses pierres dressées.
Entre Krasnoïarsk et Minoussinsk les botanistes peuvent étudier
trois faunes distinctes : celle des forêts, celle des montagnes et
celle des steppes.
A 10 kilomètres de cette dernière station, il existe depuis trois
ans un village de 15 maisons, habité par des Mordvines; on l'appelle
Komorkovo ; en étudiant les Mordvines dans le gouvernement de
Penza, notre voyageur ne pensait pas en retrouver, deux mois après,
sur les bords de l'Iénisséi.
A 240 kilomètres de la frontière chinoise, après dix jours de
navigation, voici les passagers à Minoussinsk (de min oussou, mon
eau); il faisait un froid glacial dans le c Zienst Quarter >, où ils
trouvèrent abri. Mais on y voit un musée., très curieuse réunion
de matériaux d'étude admirablement classés, ayant tous un carac-
tère local, œuvre d'un seul homme, un Sibériak, M. Martianoff. Ce
musée, fondé en 1877, est un véritable tour de force; c'est le plus in-
téressant de tous les musées locaux de la Sibérie. Sa section archéo-
logique est d'aulant plus remarquable que cette région était le
foyer d'une civilisation, d'une industrie du bronze tout à fait origi-
nale, et propre à la Sibérie; on lui a donné le nom d'école
ouralo-altaïenne.
Il y a là plusieurs peuples parlant la langue turque : on les
nomme tous Tatares, mais ils se divisent en nombreuses branches
telles que les Katchinsky et les Koibaïltzy, anciens peuples finnois
mélangés aux Tatares. Ils ne s'occupent pas d'agriculture. Us ont
des habitations pour l'hiver et d'autres pour l'été, qui ne sont
séparées que de 3 ou 4 kilomètres. Dans les steppes des bords de
l'Iénisséi, ces Tatares couvrent leurs iourtes avec une graminée
qui atteint 2 mètres et même plus de hauteur (Lasiogrostis
splendens ou stipa Altaï c a). Sur la frontière chinoise se trouvent
les Soyottes qui, eux aussi, parlent la langue turque.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 107
Les populations précitées, mélange d'éléments finnois, turcs et
mongols, sont partiellement baptisées, mais elles restent fidèles
au chamanisœe.
Les préires païens ou chamans sont divisés en trois classes. Les
plus élevés en grade portent un costume couvert de longs mor-
ceaux de chiffons, de clochettes, de grelots, de perles, de denfs et
de griffes d'animaux enfilées. Ceux du second rang n'ont pas de
costume, mais ils ont, comme les premiers, un grand tambour.
Ceux du troisième ont un simple morceau de bois qu'ils remuent.
Le tambour, voilà le principal attribut des chamans. Us ont dès
idoles qu'a minutieusement étudiées M. le baron de Baye.
La séance se termine par une allocution de M. Gabriel Marcel
qui remercie le conférencier de son intéressante communication et
passe rapidement en revue les travaux de ses devanciers.
2 ± m.etrs
SEANCE EXTRAORDINAIRE
Pré»l*enee de M. MILITE-EDWARDS
Membre de l'Institut, Président de la Société.
RÉCEPTION DK M. EDOUARD FOA
EXPLORATEUR DANS L'AFRIQUE ÉQUATORIALE
Aux côtés du Président prennent place M. Leydier, chef du secré-
tariat particulier du Ministre de l'Instruction publique, délégué
par M. Rambaud, M. le commandant Bolloré, délégué du Ministre
de la Guerre; M. Edouard Foa, l'explorateur reçu aujourd'hui;
MM.Ch. Maunoir et le colonel Bassot, vice-présidents de la Société;
M. Le Myre de Vilers, président de la Commission centrale.
Le Président ouvre la séance par ces quelques mots :
< Mesdames, messieurs, lorsque, à son retour d'Afrique, M. Foa
est venu me parler du long voyage qu'il avait accompli, ma curio-
sité s'est trouvée vivement excitée par ses récits à la fois nets et
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108 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
colorés. J'aurais voulu prolonger des entretiens qui m'apprenaient
toujours quelque chose de nouveau sur les populations, les ani-
maux, les plantes des régions traversées par lui; les observations
qu'il y avait recueillies me semblaient une source intarissable de
documents où il serait bon pour tous de puiser. Ils feront certai-
nement l'objet d'un livre des plus captivants dont M. Foa veut bien
nous donner aujourd'hui la primeur. Je l'en remercie et le prie de
prendre la parole pour nous faire l'exposé de sa belle exploration. >
Traversée de l'Afrique équaterlale, de l'embouchure dui
SEambèse (Océan Indien) a celle du Congo (Océan Atlan-
tique), par les Grands Lacs. 1S04-1 8*9 (1).
Chargé, par M. le Ministre de l'Instruction publique, d'une
mission scientifique ayant pour but l'étude de l'histoire naturelle
et de l'ethnographie de la région des Grands Lacs au centre de
l'Afrique équatoriale, M. Foa quitta la France en juillet 1894. En
plus de cette mission, il comptait faire l'exploration de plusieurs
territoires nouveaux avec l'espoir d'y chasser les grands fauves.
c Le temps dont je dispose étant très court et mon voyage ayant
une étendue considérable, il me sera difficile de m'arrête r longtemps
sur les détails; de plus, les pays parcourus sont si nombreux et
si divers, les peuplades si variées et si différentes, que je serai
forcément obligé de faire un choix et de ne parler que des traits les
plus marquants. Je me consacrerai donc plus particulièrement, ce
soir, à la partie du voyage qui comprend des découvertes géo-
graphiques; elles sont assez importantes pour nous occuper
entièrement, et je vais avoir le grand plaisir de vous entretenir,
pendant une soirée, uniquement des découvertes géographiques,
c'est-à-dire d'endroits encore blancs sur les cartes, où j'ai eu la
bonne chance de pénétrer le premier. Je ne ferai que mentionner,
pour l'intelligence des grandes lignes du voyage, les régions déjà
parcourues par moi ou explorées par d'autres voyageurs. Avec les
pays nouveaux nous verrons les peuplades nouvelles; vous ne
vous étonnerez pas si, de temps en temps, je me laisse aller à
vous conter quelques chasses.
c L'expédition se composait, au départ, de M. de Borély, de M. Ber-
trand et de moi. M. de Borély tenait le journal et s'occupait du dé-
tail de l'expédition; M. Bertrand m'aidait dans mes observations,
et dans mes chasses, comme naturaliste préparateur; il m'a rendu
(1) Voir la carte jointe à ce numéro.
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I
SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 109
des serviees importants. Le personnel noir, que je tous présen-
terai tout à l'heure, se composait, outre nos domestiques, cuisi-
niers, capitans ou chefs de caravane, et chasseurs, d'un nombre
de porteurs variant, selon le moment, entre 75 et 380 hommes. Je
reviendrai sur ces détails en passant.
< Nous avons débarqué à l'embouchure du Zambèze, à Chinde,
en août 1894; nous avons remonté le Bas Zambèze et une partie
du Chiré en embarcation et en pirogue et avons établi un camp
volant à Chiromo en septembre 1894. C'est là qu'est le point de
départ du voyage à pied. Il est bon que je dise un mot sur la fa-
çon de voyager à pied dans ces régions. Vous savez déjà que dans
ces pays il n'y a pas de bêtes de somme et que les animaux domes-
tiques ne peuvent s'y acclimater à cause d'une mouche, la tsétsé,
dont la piqûre empoisonnée les tue à bref délai. Fort heureuse-
ment, si elle tue les animaux domestiques, la tsétsé n'est pas nui-
sible à l'homme; sans cela l'Afrique centrale serait encore aujour-
d'hui à l'état de contrée inconnue. La piqûre de la mouche est
simplement gênante pour les gens et produit sur eux l'effet d'une
grosse piqûre de moustique.
c Comme il n'y a pas de bêles de somme, on emploie l'indigène
en qualité de porteur : on divise ses ustensiles de ménage, lits, tentes,
provisions, etc., en colis égaux d'une vingtaine de kilogrammes;
les nommes portent sur la tête ces charges, paquets, caisses, colis
de toute sorte. Qu'il y ait de petits sentiers indigènes à travers
la brousse ou qu'il n'y en ait pas, on s'en va les uns derrière les
autres à la file indienne. Eu tête, marche généralement un capitan
ou chef de caravane, ou le guide, s'il y en a un; les autres chefs,
vers le milieu ou derrière, surveillant les porteurs, poussant les
retardataires.
c Les cuisiniers, domestiques, libres de charges, portent des
fusils ou de petits objets, et les Européens suivent ou précèdent
la caravane, le bâton à la main. On fait ainsi une moyenne de
15 à 20 kilomètres par jour, quelquefois davantage, selon les
endroits où l'on campe; tout dépend des lieux où l'on trouve
de l'eau. C'est la distance entre deux ruisseaux, rivières ou mares,
qui décide de la longueur de l'étape. Voilà, en général, la ma-
nière dont se font les marches; les porteurs et les pays changent,
mais on continue à s'en aller ainsi pendant des semaines, des
mois, pendant des années, car le voyage que je viens d'accomplir
a été, sauf la descente du Congo, fait entièrement à pied, c'est-à-
dire que j'ai parcouru ainsi plus de 6,000 kilomètres.
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110 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
c Gela, comme vous le voyez, est très fatigant, et la santé et la
persévérance sont indispensables à de pareils voyages. Je vous
prierai maintenant de suivre la caravane dans ses pérégrina-
tions.
c Comme nous n'avons fait en 1894 que traverser des régions
que j'avais déjà explorées lors de mon dernier voyage, c'est-à-dire
le pays de Magandja, de Makanga, d'Oundi et de Matchinga, nous
passerons rapidement pour arriver au voyage nouveau. En
1895, nous faisons la reconnaissance du massif montagneux du
Haut Kapotché et nous suivons le cours de cette rivière, que nous
plaçons sur la carte ainsi que le Haut Tchiritsé et le Haut Ma-
voudzi, tous affluents et sous-affluents du Zambèze; nous entrons
dans le pays des Sengas, montagnards assez farouches et peu
civilisés.
c Leurs villages sont perchés sur les hauteurs, perdus dans les
anfractuosités granitiques. On nous donne dans l'un d'eux une
hospitalité douteuse. Les Sengas, avec un sourire plus ou moins
hypocrite, nous montrent des dents taillées en scie et, la nuit de notre
arrivée, tous les villages décampent, emportant dans des cachettes
inconnues des étrangers leurs volailles, leurs chèvres et leurs pro-
visions. Cet accueil nous fait aller chercher fortune ailleurs. A
travers un pays enchanteur» à travers une région aussi accidentée
et pittoresque que les Alpes et les Pyrénées, nous gagnons l'Aroan-
goua, voyage long et fatigant à cause de la difficulté du pays, mais
riche en souvenirs, et digne du pinceau d'un peintre. Peu de gibier
pendant ce trajet, sauf quelques traces de rhinocéros ; d'ailleurs,
saison peu propice à la chasse, car les herbes sont hautes et les
pluies abondantes.
c L'embouchure de l'Aroangoua se trouve un peu au-dessus de
Zumbo, ancienne ville portugaise, où le commerce est mon aujour-
d'hui et où l'on ne voit plus que quelques ruines, derniers ves-
tiges d'une occupation ancienne. De Zumbo, nous revenons sur nos
pas pour visiter les diverses cataractes du Zambèze entre Ka-
chombo et Massinangoué. La partie nouvelle de ce voyage est la
reconnaissance, faite pour la première fois par terre, de la rive
gauche du Zambèze.
c Encore un pays de hautes montagnes, hérissé de pics, de ma-
melons et de dentelures, aux cols difficiles, aux sentiers sinueux
et pénibles.
c Nous disons maintenant adieu au grand et majestueux Zambèze,
car nous ne devons plus le revoir, et nous continuons notre che-
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 21 MARS 1898. 111
min vers le nord-ouest. Je vous ai parlé tout à l'heure de l'em-
bouchure de l'Aroangoua9 un des affluents les plus importants du
Zambéze et dont il sera question dans quelques années quand la
civilisation et l'occupation européennes, toujours grandissantes,
seront arrivées dans ces régions.
c Ce grand fleuve, qui n'est que très peu connu, a été visité
sur un de ses points à plusieurs reprises, mais la plus grande
partie de son cours était indiquée sur les cartes par pointillé. Je
l'ai traversé plusieurs fois dans des régions différentes et j'ai visité
l'endroit où il prend sa source.
c Les bords de l'Aroangoua, sur les points que j'ai visités, sont
pittoresques, mais peu peuplés. Les gens du pays sont ennemis des
Barotsés et, en général, de toutes les peuplades qui sont de la rive
opposée, c'est-à-dire la rive droite ou occidentale du fleuve. Il y a
dans l'Aroangoua des endroits fort poissonneux et nous y avons fait
des pêches remarquables, en employant la dynamite. J'y ai tué une
fois d'un seul coup 103 gros poissons ; c'étaient des mormyresd'uu
poids variant entre 1 et 4 kilogrammes. Quand on a une expédition
de 300 hommes à nourrir, on ne se plaint pas de ces aubaines. La
dynamite étourdit et tue les poissons qui remontent à la surface ;
il faut se hâter de les prendre, car ils redescendent bientôt au fond.
Dans les poches de ce genre, la cartouche n'avait pas plus tôt fait
explosion que j'avais 50 hommes qui se jetaient à l'eau, quelquefois
pour ne trouver que quelques goujons. La chasse a été très fruc-
tueuse sur les bords de l'Aroangoua : les éléphants s'y sont montrés
quelquefois et la viande n'a pas manqué non plus.
c Nous avons bientôt laissé derrière nous ce beau fleuve et,
nous engageant à l'ouest dans le pays des Barotsés, nous avons
continué notre route à petites journées. Mon intention était, à
cette époque, d'atteindre le lac fiangouéolo. C'est près de là, à
Te ni tara bo, qu'est mort le pauvre Livingstone, épuisé par la ma-
ladie et les fatigues et après des derniers moments vraiment poi-
gnants. C'est à Tchitambo, dans le fond d'une petite case, que ses
serviteurs le trouvèrent agenouillé contre son vieux lit de camp,
mort déjà depuis plusieurs heures. On comprend que, déjà fort
malade, il ait été achevé par son séjour dans cette région, car à
an certain moment de l'année, c'est un immense marécage. C'est
en cet état que nous avons trouvé le pays, et malgré toute notre
bonne volonté (c'était la saison des pluies de 1895), il nous a été
impossible de continuer; on marchait jour et nuit dans un terrain
presque continuellement vaseux et gras où Ton enfonçait jusqu'à
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112 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
la cheville, quelquefois jusqu'à mi-jambe. Force me fut donc de
renoncer à atteindre le lac Bangouéolo. Nous avons néanmoins
fait dans le pays une boucle importante; nous n'étions qu'à trois
ou quatre jours de marche des bords du lac vers le nord, et, vu la
pente de plus en plus sensible du terrain dans cette direction et
son état devenant de plus en plus marécageux, il est évident
que nous aurions eu à achever le voyage en pirogue. La santé de
mes camarades n'était déjà pas, à cette époque, des plus brillantes
et la mienne laissait à désirer, comme tous les ans à la saison des
pluies. J'ai néanmoins fait, pendant les quelques semaines que je
suis resté dans cette région, des chasses remarquables en même
temps qu'un itinéraire absolument nouveau.
c La chasse à l'éléphant est une des plus émouvantes et des plus
dangereuses qui soit, et ceux de mes auditeurs qui ont bien voulu
lire mon ouvrage sur mes grandes chasses dans l'Afrique centrale
connaissent déjà mon opinion sur le sujet et les péripéties que j'ai
traversées. Us connaissent aussi Msiambiri, ce compagnon fidèle
de ces deux derniers voyages, chasseur expérimenté et fin, ainsi
que ses camarades Tambarika, Rodzanj, Tchigallo, Kambombé,
ces vieux amis noirs qui m'ont suivi partout et toujours, partageant
mes dangers et mes fatigues, mes plaisirs et mes peines. Nous en
reparlerons encore, car comment ne pas joindre leurs noms à tous
ces souvenirs que j'ai au cœur?... >
Ici le voyageur fait le récit d'une chasse émouvante, où dans
une troupe de quinze éléphants, il put en abattre quatre, mais
non sans que Msiambiri eût été saisi et lancé eu l'air par l'un de
ces animaux grièvement blessé.
« N'ayant pu atteindre le lac Bangouéolo, et le besoin se faisant
sentir pour nous de revoir des régions plus hautes et plus saines,
nous sommes revenus sur nos pas et avons voyagé dans le pays de
Mpéséni et Moassi pendant quelques mois. C'est encore là un pays
peu exploré, sauf un itinéraire par M. Alfred Scharpe, et un autre
par M. le docteur Moloney et M. le lieutenant Money. Notre itiné-
raire a d'ailleurs été entièrement nouveau et n'a fait que croiser
en un ou deux endroits celui de ces voyageurs. Le pays de Mpéséni,
dans la partie que nous avons visitée, est coupé de chaînes de
montagnes, de collines et d'accidents de terrain, avec une végéta-
tion très épaisse. Il est marécageux dans certains endroits; c'est
un pays dépourvu de sentiers indigènes, où les marches sont très
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 113
pénibles ; on n'y avance que lentement. Situé à l'ouest du lac Nyassa,
par sa conformation il simule à peu près un dos d'âne dont un
versant s'inclinerait vers le Jac, y jetant de nombreuses rivières,
et l'autre vers le lac Bangouéolo, fournissant à ces régions et au
Zambèze un contingent hydrographique considérable. Les altitudes
moyennes sont, aux endroits les plus élevés, de 1 ,500 à 1,800 mètres
et redescendent, au niveau du lac, à 5 ou 6 mètres au plus. Nous
avons eu d'assez grandes difficultés pour engager nos porteurs
et combler les vides qui se faisaient continuellement dans notre
caravane. Ravagée autrefois par les trafiquants d'esclaves du lac
Nyassa, la population y est assez clairsemée. Vous devez avoir
remarqué que jusqu'à présent je ne vous ai pas beaucoup parlé
des peuplades ; c'est d'abord parce que nous avons de préférence
visité les régions peu habitées et surtout parce que les gens que
j'y ai vus ne diffèrent en rien de ceux que je vous ai déjà décrits
dans le Haut Zambèze et le pays de Magandja. En revanche, nous
allons trouver tout à l'heure des peuplades très curieuses et un
pays qui le sera moins.
c Les gens de Mpéséni descendent sans aucun doute des anciens
Zoulous et les chefs du pays en ont conservé le langage ou tout
an moins un idiome très approchant. Comme eux, ils font beau-
coup l'élevage des bestiaux et sont armés du bouclier et de la
sagaie. Mpéséni est un chef très puissant et dont l'influence se
fait sentir fort loin dans le pays. Nous n'avons pas visité son lieu
de résidence et n'avons rencontré qu'en deux occasions un de ses
ministres ou indounas. D'abord, en 1892, lors de mon avant-der-
nier voyage, le fameux Samba-Mropa, mort depuis, je crois, nous
apporta une invitation que nous faisait Mpéséni de venir chez lui.
En décembre 1896, nouvelle invitation apportée par le vieux
vKanyama. Nous les renvoyâmes tous les deux avec quelques
cadeaux en disant que nous ne pouvions faire le grand détour
que demandait ce voyage. En effet, quand la première invitation
nous parvint, nous étions chez Tchikoussi, pays des Angonis, et la
seconde fois, nous nous trouvions sur la limite nord du territoire
de Mpéséni, chez son voisin Moassi. Ce dernier a, je crois, disparu
depuis notre passage, battu et chassé par l'administration anglaise
du Nyassaland. Moassi était moitié Arabe noir et m a home tan, moitié
Asséoué. C'était un individu auquel il était difficile de se fier ; il
avait subi l'influence des chefs arabes du lac Nyassa et adopté leurs
manières hypocrites. D'ailleurs, ce pays est par excellence celui
de la méfiance : villages fortifiés entourés de palissades épaisses
soc. de céogr. — c. r. des séances. — N° 3. — Mars. 9
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114 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
avec des portes qu'on barricade le soir, gens qui se regardent
partout de travers, chefs qui se convoitent mutuellement leurs
territoires et se volent chaque fois qu'ils en ont l'occasion. Les
gens de Mpéséni sont les fameux Mafitis dont j'ai tant parlé déjà,
ceux qui se battaient continuellement avec les Azimbas de la Ma-
ravie et que j'ai trouvés en lutte le jour de notre arrivée à Oundi
en 1891; ce sont des Angonis, race qui peuple tout l'ouest du lac
Nyassa. Les gens de Moassi sont les Asséoués qui diffèrent peu des
premiers, sauf pour le costume des femmes que je vous montrerai
tout à l'heure. Les industries du pays n'y sont pas plus avancées
que celles des gens du Haut Zambèze; on y tisse un coton indi-
gène en une étoffe grossière et, comme chez les Azimbas, on y
fond partout du fer. Le sol est excessivement riche à ce point de
vue. Gomme composition générale du sol ,1e granit ferrugineux, les
conglomérats, le grès et le sable forment la majorité ; les schistes,
le quartz blanc, les silicates se rencontrent aussi en grande quan-
tité. Le pays est, comme je l'ai dit plus haut, excessivement acci-
denté en certains endroits et couvert d'une forêt basse ou d'une
végétation épaisse.
c A part les éléphants et quelques rhinocéros, le petit gibier n'y
est pas aussi commun qu'on pourrait s'y attendre. Cela tient, je
crois, à une épizootie qui a sévi il y a quelques années dans ces
régions et a détruit une quantité considérable d'animaux sauva-
ges. J'ai trouvé dans quelques endroits de véritables ossuaires
datant de huit ou dix ans où des centaines de buffles et d'antilopes
sont morts presque au même endroit. J'ai tué quelques rhinocéros
chez Mpéséni et chez Tchikoussi pendant la saison des pluies de
1896. ~
c Le rhinocéros est un animal assez farouche qui charge le
chasseur dès qu'il le sent ; il est néanmoins moins dangereux que
l'éléphant, attendu qu'il vous donne généralement le temps de sor-
tir du vent.
c L'Aroangoua nous a fourni également quelques beaux spéci-
mens d'hippopotames et plusieurs lions. Nous reprenons notre
voyage en passant rapidement sur ce qui est déjà connu, pour ne
continuer à décrire que les parties nouvelles. En 1896-1897, nous
faisons la navigation du lac Nyassa sur une petite canonnière, Le
Pioneer, mise obligeamment à notre disposition par M. Alfred
Sharpe, commissaire de Sa Majesté Britannique au ISyassaland.
J'ai fait, pendant ce voyage, des observations astronomiques sur les
principaux points du lac avec le capitaine Rhoades de la canonnière,
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 115
et ces observations auront pour résultat de modifier assez sensible-
ment la carte du lac. Le lac Nyassa a absolument l'aspect d'une
mer et généralement d'une mer houleuse. Tout autour, sont de
hautes montagnes qui ajoutent encore à l'illusion ; la couleur des
eaux est la même, les vagues brisent sur les rochers comme sur
l'Océan, et le milieu du lac a des profondeurs insondables. Pour
donner une idée de son étendue, je dirai que le lac Nyassa a plus
de 300 milles de long sur 60 de large, c'est-à-dire 500 kilo-
mètres, à peu près la moitié de la longueur de la France, sur
90 kilomètres de large. Vous voyez que des escadres pourraient y
évoluer et s'y perdre. D'ailleurs, sur certains points, vers le milieu
du lac, on distingue à peine l'horizon. Nous avons eu gros temps
peadant tout le voyage, neuf jours environ. Je n'insisterai pas sur
l'état dans lequel la traversée mit les indigènes de l'expédition,
qui déclaraient que jamais de leur vie ils ne remettraient les
pieds sur un bateau.
c Mais nous débarquons à Karonga, au nord du lac Nyassa, et
nous commençons l'ascension du plateau Nyassa-Tanganyika qui
est très pénible pour les porteurs. Si l'on songe, en effet, que dans
l'espace de trois jours, nous avons à passer d'un niveau de 500 mètres
à un niveau de 1,600 à 1,700 mètres, on comprendra que ce n'est
qu'une montée ininterrompue; les sentiers, en certains endroits,
sont tout ce qu'il y a de plus difficile et les hommes trébuchent à
chaque instant sous les pierres roulantes. Enfin, le quatrième jour
au matin, nous voyons devant nous, non plus des montagnes sans
fin, mais l'horizon découvert à perte de vue avec un rideau de
montagnes bleuâtres sur notre droite, et sur notre gauche, une
étendue immense et ondulée de forêts basses : c'est le plateau
Nyassa-Tanganyika.
< Comme il y a là une vieille route de caravanes qui suit tout le
plateau, nous la quittons dans notre amour pour l'inconnu et nous
nous enfonçons dans la région située à l'ouest, le pays des Aouem-
bas. J'arrive ici à l'une des parties les plus importantes de ce long
voyage; je vais essayer de vous la décrire de mon mieux, car je
crois qu'elle a une grande importance au point de vue géogra-
phique. Avant de commencer, je dois dire que notre camarade
M. de Borély, abattu par les fièvres, épuisé par les fatigues du
voyage, nous quitta, à mon grand regret, au lac Nyassa pour
rentrer en Europe par le Chiré et le Zambcze ; je dois ajouter qu'il
s'est heureusement remis, peu après son arrivée en Europe, et que
nous avons ce soir, le plaisir de l'avoir parmi nous.
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116 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c lia caravane est toujours celle que vous connaissez : les por-
teurs, qui sont maintenant au nombre d'environ 200; les capi-
tans, qui se sont augmentés d'une recrue, un Zanzibarite nommé
vSouédi, que nous avons surnommé l'homme-canon parce qu'il
porte mon gros fusil à éléphant; mes chasseurs réduits à trois
(deux étaient rentrés avec M. de Borély); M. Bertrand et moi.
c Dès que nous quittons le plateau, un petit détour nous conduit
au mont Maringa, derrière lequel PAroangoua prend sa source.
Nous allons reconnaître la localité et la source du grand fleuve qui
n'est là encore qu'une petite rivière encadrée dans des rochers,
coulant une eau limpide et fraîche avec quelques cascades et
quelques petits barrages en miniature. L'endroit est charmant ; le
paysage, délicieux; mais, ce qui Test encore davantage, c'est
le petit campement que nous établissons sur ses bords; nous
sommes les premiers pionniers blancs qui foulions le soi de la
région. Les indigènes viennent nous contempler; ils semblent à
la fois étonnés et gênés de cette intrusion. Quelques jours après,
nous entrons dans le pays des Aouembas, appelé l'Oubemba. Nous
descendons peu à peu du plateau et à 1,200 mètres, nous rencon-
trons beaucoup d'endroits marécageux. M. Bertrand passe par le
plateau avec une partie de l'expédition ; il a pour mission de noter
avec soin les cours d'eau; moi, je continue mon chemin vers
l'ouest, descendant toujours de plus en plus au milieu d'un véri-
table réseau de petites rivières. Le gibier y est très abondant; je
suis bientôt forcé de m'arréter, car les indigènes me barrent le
passage. Au village de Ngouéna sur le Kaloungou, une rivière voi-
sine, le chef MouamJ)a m'envoie une députalion pour me deman-
der ce que je veux. J'explique que je ne veux pas rester dans le
pays, mais que je cherche des animaux, que je vais au Tanganyika
et que je lui ferai un cadeau s'il me donne passage, renseigne-
ments et guide pour me conduire aux endroits giboyeux. Après
trois ou quatre jours d'attente, que je mets à profit en chassant ,
le chef accepte et m'envoie son représentant Mpanda, accompagné
de deux guides et de dix-huit hommes destinés à porter les
cadeaux que je dois lui faire 1 Je donne une charge de diverses
choses que l'envoyé refuse; on passe deux jours en palabres inter-
minables. Enfin, je fais comprendre que je viens de très loin et que
ces hommes portent de quoi payer des porteurs et de la nourriture
pendant un nombre incalculable de lunes et d'années encore.
L'ambassadeur paraît indécis ; tout à coup il s'écrie : c Au moins,
tu nous donneras de la viande! i Suivi par mon chef, ses guides et
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MABS 1898. 117
les dix-huit porteurs, je les mène à l'endroit où j'avais tué un
buffle, à 2 kilomètres environ du campement.
c Ah ! messieurs, j'avais vu des sauvages dans l'acception du
mot, des gens se jetant sur des animaux, s'en disputant les mor-
ceaux, mais jamais je n'ai rien vu de pareil. Dès que les Aouembas
virent le buffle, le chef et ses hommes devinrent absolument fous;
ils se ruèrent sur l'animal avec leurs couteaux, leurs lances, leurs
sagaies, frappant, coupant, cherchant à arracher plutôt qu'ils ne
coupaient, criant, vociférant. Au bout de quelques minutes, l'animal
n'était plus qu'une masse sanguinolente et informe d'intestins et
de peau, de chair et d'os, autour de laquelle ces vingt hommes se
débattaient à qui en aurait le plus. Couverts de sang, aphones à
force de crier, ils paraissaient ivres; deux d'entre eux furent
blessés involontairement aux mains et aux bras par les couteaux
des autres ; ils se poussaient, s'arrachaient les morceaux, se regar-
daient d'un air encore plus féroce avec leurs faces éclaboussées de
sang et leurs yeux hors de tète.
c Une fois les indigènes gagnés à ma cause, je continuai mon
voyage sans incident. Tous les villages aouembas sont fortifiés,
c'est-à-dire entourés de palissades; on ne nous donnait pas accès
dans tous, mais on nous y vendait des vivres. Il n'eût guèro été
prudent de se laisser enfermer dans un village palissade avec des
portes soigneusement fermées au milieu de gens évidemment hos-
tiles, et j'avoue que j'eusse préféré de beaucoup voir des lions au-
tour de mon camp.
c Ce voyage dans l'Oubemba est peut-être celui de cette traversée
qui sera le plus fructueux pour la science. Quelques jours après
mon entente avec les indigènes, je rencontrai une rivière, laTchozi,
puis une autre, la Tchambézi, qui reçoit la première. Ces deux-
rivières ont toujours été jusqu'à présent indiquées par des poin-
tillés, comme d'ailleurs toute cette région ; nous en avons relevé
le cours et fait l'hydrographie. Elles n'auraient pas autrement
d'importance, comme découverte géographique, si leur rôle s'ar-
rêtait là; mais c'est que la Tchambézi se jette dans le lac Ban-
gouéolo et en ressort sous le nom de Louapoula; je dis : en ressort,
car le fiangouéolo n'est alimenté que par cette rivière et l'al-
titude de la Tchambézi supérieure est de 1,000 mètres en
moyenne, tandis que le Haut Louapoula n'est que de 750 mètres;
donc, il y a pente, et par conséquent, cours d'eau vers le nord. Le
Louapoula, mesdames et messieurs, c'est le Congo, cet immense
fleuve de l'Afrique occidentale et la Tchambézi, c'est sa source...
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118 4 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
L'idée que les sources du Congo se trouvaient dans ces parages
n'est pas de moi, mais j'ai eu l'honneur, à la tête d'une expédition
française, de les voir, de les reconnaître et de les porter le pre-
mier sur les cartes; le résultat de ce voyage a été de jeter sur
cette région, aux lieu et place d'un pointillé vague, un véritable
réseau de rivières et de petits cours d'eau qui constituent les
sources du Congo.
c Avant de quitter la région, nous dirons quelques mots des
indigènes.
c Les Aouembas ont été pendant longtemps les maîtres incon-
testés d'un pays immense; ils ont battu tous leurs voisins et con-
quis graduellement tous les territoires qui s'étendent depuis le sud-
ouest du Tanganyika jusqu'au lac Bangouéolo. Les Arabes du
Tanganyika les ont fait reculer et abandonner certaines régions,
mais, il y a quelques années à peine, les Aouembas étaient la ter-
reur de toutes les populations du plateau ; ils ne cultivaient même
pas la terre et fondaient sur leurs voisins au moment des récoltes
pour prendre ce dont ils avaient besoin et appelaient les villages
asséoués, mamboués ou anyikas, leurs greniers à vivres. Dans
leurs guerres continuelles ils capturaient beaucoup de prisonniers
et les vendaient aux esclavagistes du lac Tanganyika, à l'époque
où, sous l'influence de Roumaliza, le grand chef arabe, la traite
florissait dans ces régions. En échange de ces esclaves, les
Aouembas recevaient de la poudre et des fusils, et aujourd'hui il
n'y a pas un Aouemba qui ne soit armé. Quant à la traite, il s'en
faut de beaucoup qu'elle ait disparu, mais elle a beaucoup dimi-
nué, il faut le reconnaître. Tandis que, pendant mon avant-dernier
voyage, j'avais rencontré à chaque instant des convois d'esclaves,
je dois dire que, cette fois, je n'ai rencontré de caravane qu'en
une seule circonstance, près du lac Bangouéolo.
c Mais, en revanche, chez les Aouembas, j'ai vu un grand nombre
de gens mutilés, des gens sans nez, sans oreilles, sans doigts, sans
mains. Il est d'usage, chez eux, de mutiler ainsi ceux qui se rendent
coupables de fautes diverses, adultère, vol, etc., coutume cruelle
très répandue dans le pays. Les sacrifices humains, à la mort des
chefs, s'y pratiquent également. Comme c'est un peuple guerrier
et fier, les Anglais, qui ont ce territoire dans leur zone d'influence,
devront employer la force, le jour où ils voudront soumettre les
Aouembas, et il y aura une lutte longue et sanglante avant que
ceux-ci soient domptés.
c 'Au physique, les Aouembas sont fort beaux. Les hommes,
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SEANCES DES 4, 48 ET 24 MARS 4898. 449
sans être très grands, sô'nt bien faits; les femmes, et surtout les
enfants, ont un visage éveillé, agréable et intelligent.
c Les Pères Blancs de la mission anti-esclavagiste du cardinal
de Lavigerie se sont établis tout récemment dans l'Oubemba, près
de la Tchozi, à Kayambi, où je suis allé leur faire une visite. Les
bons Pères, Français en majorité, m'ont reçu comme on reçoit un
compatriote dans ces pays éloignés et m'ont fait visiter leur nou-
velle mission. Ils venaient à peine de s'installer et étaient en train
de construire une chapelle et une école. Je les crois peu en sûreté
dans ce pays, du moins pour le moment, car les Aouembas n'ont
jamais voulu encore d'Européens chez eux. Le lieutenant Giraud,
qui a traversé, il y a quelques années, une partie de leur territoire,
a eu de grosses difficultés avec eux, et moi, sans être inquiété,
j'ai été épié, suivi et surveillé pendant tout mon voyage à travers
l'Oubemba.
c A Test de la route que j'ai suivie à travers le pays des Aouem-
bas, c'est-à-dire sur l'arête du plateau Nyassa-Tanganyika, se
trouvent [quelques peuplades assez curieuses. Je n'en citerai que
deux aujourd'hui : les Ouankondés et les Ouamamboués.
c Les Ouankondés sont de grands éleveurs de bétail et habitent
surtout l'extrémité nord du lac Nyassa; ils ne mangent que des
bananes et du lait caillé ; ils n'ont donc que des plantations de
bananiers immenses et de beaux troupeaux. Leurs cases sont très
bien faites, mais là s'arrête leur supériorité, car les Ouankondés
sont des gens mous et apathiques, au moral comme au physique;
ils ne valent rien comme porteurs et il faut bien se garder de leur
confier un fardeau, car ils n'auront ni la force ni l'énergie de le
porter à destination.
c A l'autre extrémité du plateau, c'est-à-dire au sud du lac Tan-
ganyika, sont les Ouamamboués, qui n'ont aucun rapport avec les
premiers et ne les connaissent même pas, car la longueur de l'es-
pace compris entre les deux lacs n'est pas moindre de 240 milles
ou 330 kilomètres. Entre ces deux peuplades principales, il y en
a trois ou quatre autres, parlant des langues différentes. J'y ai fait
une remarque assez curieuse. Au fur et à mesure que l'on quitte
le Nyassa et que l'on se dirige vers le nord, soit par l'Oubemba,
soit par le plateau, l'ouverture des oreilles des femmes s'agrandit;
&insi à Karonga, nord du lac Nyassa, elles se mettent dans les lobes
on disque de la dimension d'une pièce de 50 centimes; dans l'Ou-
bemba, c'est une pièce d'an franc, de deux francs ; sur le haut plateau
et lorsqu'on arrive au Tanganyika, ces dames ont de petites sou-
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120 COMPTES RENDUS DES SE* N CES.
coupes à café qui leur pendent sur les épaules. Pour ajouter à leur
beauté, elles se font sauter d'un coup de hache les incisives infé-
rieures du milieu et se liment en scie les dents supérieures; avec
un trou ou deux dans le nez, et les oreilles dont je viens de parler,
c'est d'un effet singulier.
c 11 est défendu aux femmes Ouankondés de porter du calicot et
aux femmes Ouamamboués de manger des poules. Ces lois ont été
faites par un sage, car ces dames ne peuvent se vêtir avec moins
de 10 à là métrés de calicot, ce qui revient fort cher, et comme
elles aiment les poules, il leur en faut au moins trois par jour. Vous
comprenez que si un Ouankondé ou un Ouamamboué a seulement
six femmes à habiller et à nourrir de la sorte, c'est, pour lui, la
ruine.
c Mais, me direz-vous, de quoi se nourrissent-elles et comment
se couvrent-elles? Elles mangent du poisson de rivière ou du lac,
frais, séché ou fumé, des herbes indigènes, des bananes et du
maïs, de la viande d'antilope, etc., et se couvrent les reins avec
des pagnes faits en écorce battue et assouplie; le calicot qui est
donné, les hommes le gardent pour eux-mêmes.
c 11 y a encore, dans ces régions, des peuplades étranges : les
Ouanamouangas, qui ont pour tout vêtement de petites sonnettes
aux chevilles et aux poignets; les Ouanyikas, qui entrent dans leurs
cases à reculons ; les Ouatambas, qui se peignent moitié en rouge
et moitié en jaune. Mais hâtons-nous d'arriver au lac Tanga-
nyika.
c Avez-vous vu quelquefois sur les côtes de Bretagne l'Océan en
fureur déferlant sur les galets des plages, ou bien venant briser
ses lames au milieu d'une pluie d'écume sur les récifs épars au
pied des hautes falaises? N'y avez-vous pas remarqué de ces endroits
déserts sans un être humain, sans une barque en vue, où Ton se
sent muet, admirant en silence ces scènes grandioses de la nature ?
Eh bien, telle eût été votre impression si vous étiez arrivé avec
moi, subitement un matin, sur les bords du lac Tanganyika. Par-
tout, à droite et à gauche, de hautes montagnes, souvent à pic, le
pied baigné et battu par la houle; devant nous l'immensité, l'hori-
zon couvert d'une légère buée, des mouettes, des goélands, quelques
échassiers pécheurs, des aigrettes; partout le calme, un grand
calme, même dans la façon dont les lames viennent silencieuse-
ment se rouler a terre, semblables à des volutes de soie bleue
frangées d'argent, sous ce soleil éclatant d'Afrique qui peint les
montagnes de teintes vives et les vagues de lueurs étincelantes.
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 21 MARS 1898. 121
c Après des recherches et des pérégrinations assez longues sur
les bords du lac, je m'arrangeai avec une mission anglaise qui pos-
sède un minuscule vapeur, aûn de me faire conduire à Tchitouta.
Ce petit navire est le seul bâtiment européen qui existe sur le lac;
il est très vieux et beaucoup trop petit pour supporter le gros
temps. Arrivés à Tchitouta, nous nous arrangeons avec des Arabes
qui m'offrent un de ces boutres que l'on voit souvent dans la
mer des Indes et sur les côtes malgaches, et avec lesquels les
Indiens et .les Arabes font leur commerce. 11 y en avait autre-
ibis un grand nombre sur le Tanganyika, au temps où la traite
florissait, et Dieu sait combien il s'en est perdu dans les tem-
pêtes, chargés d'ivoire ou d'esclaves.
c Lors de mon arrivée dans le pays, il ne restait plus sur le lac
que deux ou trois de ces boutres. Ce sont des embarcations mas-
sives, hautes de la poupe et basses de la proue, tenant fort bien la
mer et mesurant de 12 à 15 mètres de long; i! y a une cale et un
trou à l'arrière où l'on peut s'abriter tant bien que mal. Ces boutres
peuvent porter environ huit tonnes et une quarantaine de passagers.
c L'expédition s'y entasse et je ne garde avec moi qu'une tren-
taine d'hommes et trois de mes chasseurs. M. Bertrand, mon der-
nier compagnon* me quitte au lac Tanganyika; il est, lui aussi,
très fatigué et malade. Cette séparation nous cause une grosse
peine à tous deux : c'est avec le plus vif regret que je vois s'éloi-
gner ce compagnon si gai, si actif, ce vieil ami avec lequel j'avais
déjà fait autrefois, comme avec M. de Borély d'ailleurs, une expé-
dition en Afrique. Enfin, il faut se résigner. Je reste donc seul pour
continuer le voyage. Si je tombe à mon tour, personne ne sera plus
là pour me secourir ni pour me soigner. Mais il faut que je con-
tinue, il faut que j'arrive, que j'achève ce gros effort; il faut que
je surmonte encore, comme on va le voir, mille difficultés, que
j'assume tout le travail et le souci désormais. La volonté et le cou-
rage ne me manqueront pas; je suis, moi aussi, bien fatigué; je
souffre cruellement des fièvres... Et puis, qu'importe une exis-
tence de plus ou.de moins; n'ai-je pas risqué ma vie vingt fois
déjà? 11 s'agit aujourd'hui du triomphe d'une idée ; c'est la première
expédition scientifique française à travers l'Afrique ; j'ai confiance
en ma bonne étoile et, refoulant au fond du cœur les peines, les
regrets et la souffrance, je crie au pilote : c En route ! >
c On hisse la voile qui nous emporte bientôt loin de la côte, et
le voyage continue.
c En quittant la rive sud du lac Tanganyika, j'étais encore indé-
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122 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
cis sur le chemin que j'allais suivre dans l'ouest; je comptais
prendre des renseignements et décider ensuite, choisissant, si pos-
sible, un itinéraire nouveau; je voulais d'abord visiter les points
principaux du lac et compléter le travail de mes prédécesseurs,
Stanley et Livingstone, par des observations astronomiques nom-
breuses; c'est ce que je fis. Vous verrez sur cette carte les princi-
paux points que j'ai visités; je publierai sous peu la carte hydro-
graphique en cinq parties que j'ai dressée à la suite de ce voyage.
« Je vous ai déjà décrit les rives du lac Tanganyika; l'aspect
du lac est encore plus imposant que celui du Nyassa. Ce dernier
éveille en certains endroits l'idée de la mer, mais la contemplation
du lac Tanganyika donne absolument l'illusion de l'Océan. Pour
ajouter encore à cette illusion, il existe, pendant une partie de
l'année, une brume qui cache la côte opposée, si elle est assez rap-
prochée pour être visible, ce qui fait qu'on ne voit jamais à l'ho-
rizon qu'une ligne indécise donnant l'idée de l'infini. A l'époque de
de notre passage, c'est-à-dire en août, la brume était continuelle
et nous n'avons jamais vu qu'une côte à la fois, selon que nous
étions d'un côté ou de l'autre : au nord, j'ai toujours eu un excel-
lent horizon qui m'a servi à faire des observations au sextant à
bord de notre boutre, tout comme on les fait en pleine mer à bord
d'un navire. Le lac Tanganyika mesure plus de 500 milles de long,
c'est-à-dire 800 kilomètres, sur 120 milles ou 480 kilomètres de
large. Il est entouré de tous côtés par de hautes montagnes, sur-
tout au nord dans l'Ouvira où commence cette énorme ramification
qui comprend le Rouenzori, ce pic couvert de neiges éternelles
que l'on aperçoit du lac Albert; d'ailleurs, cette arête monta-
gneuse qui longe le lac Tanganyika détermine parfaitement les
bassins des trois mers. En effet, à l'est, tous les cours d'eau vont
vers l'océan Indien ; vers le nord, ce sont les sources du Nil dont
les eaux vont à la Méditerranée ; à l'ouest, le Congo et les grands
fleuves tributaires de l'océan Atlantique. De plus, le plateau Nyassa-
Tanganyika est un des points Jes plus élevés de l'Afrique centrale,
étant en moyenne à 1,800 mètres; le blé, la pomme de terre et
les légumes d'Europe y poussent très bien. L'Européen pourra s'y
acclimater et y vivre. Il n'y a, pour le moment, que quelques mis-
sions protestantes et un ou deux agents anglais arrivés depuis peu.
La température du plateau, qui est à 1,100 mètres au-dessus du
lac, est assez froide, et nous avons été surpris, en y arrivant, par
des altérations du thermomètre variant entre 7° au-dessus de 0, le
matin et Je soir, et 28 à 32* au milieu de la journée. Il faut ajouter
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SÉANCES DE8 4, 18 ET 21 MARS 1898. 123
que juin, juillet et août sont les mois les plus froids de Tannée,
pendant la nuit. Nous n'étions pas préparés à cette température et
nous en avons assez souffert ; on ne parvenait pas à se réchauffer
le soir autour des feux de bivouac.
c Envarrivant au nord du Tanganyifca, après une traversée de
vingt-cinq jours et des escales nombreuses sur la côte est et sur
la côte ouest, mon intention était de débarquer et de gagner le
Congo par l'Ouvira. C'était là un pays nouveau. Mais, à cette
époque, il y avait eu, comme vous savez, une révolte contre le
baron Dhanis sur le Haut Congo, et le pays était parcouru par une
horde de plusieurs milliers de révoltés bien approvisionnés
d'armes et de munitions, mais ravageant la contrée pour trouver
des vivres. Ils avaient massacré une quinzaine d'Européens,
avaient avec eux des canons, et si nous les avions rencontrés, nous
n'étions pas en mesure de leur opposer la moindre résistance.
Nous les retrouverons tout à l'heure.
c Un des Arabes établis au nord du Tanganyika, et sur lequel
j'avais compté pour me procurer des porteurs et des renseigne-
ments, me déclara que personne ne voudrait traverser le pays en
ce moment et que je ne devais pas compter sur lui. Je retournai
à Oujiji, station de l'Afrique allemande, car la rive est du lac est
comprise dans les possessions allemandes, la rive sud est aux
Anglais et celle de l'ouest à l'État indépendant du Congo. A Oujiji,
le représentant du gouvernement impérial ne put satisfaire à ma
demande de porteurs; à part cela, il me fit un excellent accueil.
c II ne me restait donc plus qu'à tenter une autre route. C'est
alors qu'en revenant sur mes pas, j'eus l'idée de marcher directe-
ment vers l'ouest en débarquant un peu au sud de la Loukouga,
et d'aller rejoindre le Kassaï, un des grands affluents du Congo ;
en descendant le Kassaï, je rejoignais le Congo près du Stanley-
Pool.
< Je tentai donc cette entreprise et, ayant débarqué à Temboué,
j'engageai des indigènes dans les villages de l'Ouroua et commençai
un voyage à travers une région encore blanche sur la carte. Nous
eûmes des difficultés inouïes pour franchir le plateau monta-
gneux de l'Ouroua, les monts Mitoumbas. Les indigènes jetaient
leurs fardeaux, renonçaient à me suivre dans ces gorges bordées
de précipices où les pierres leur coupaient les pieds; vingt fois il
fallut les exhorter, les encourager à continuer la route. Nous
sommes ainsi arrivés aux sources de la Louizi, après un parcours
très pénible d'environ 220 kilomètres. Le découragement des
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1Î4 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
Baloubas (c'est le nom des habitants de l'Ouroua) fut à son comble
lorsqu'en arrivant à la rivière Tounda, nous fûmes informés que
tout le pays était en révolte; je viens d'apprendre ces jours der-
niers qu'une expédition belge y était allée et que le commandant
Brasseur, qui en était le chef, avait été tué.
c Je n'avais qu'une vingtaine d'hommes armés et je ne pouvais
songera poursuivre mon chemin tout seul; mes porteurs mena-
çaient d'ailleurs de m 'abandonner si je ne m'éloignais pas immé-
diatement du pays en révolte; on se battait à un jour de là. Il
fallut prendre un parti; le temps pressait; je perdais des moments
précieux, car la saison des pluies allait venir.
c Je revins donc de nouveau sur mes pas, évitant cette fois
les massifs de Mitoumba et descendant insensiblement vers la
vallée de la Loukouga.
c Mais les Bagoyas (une des populations qui se battaient) appri-
rent également notre présence, et nous avions à peine quitté notre
point d'arrêt que nous apprenions que nous étions poursuivis par
500 ou 600 indigènes armés qui en voulaient certainement à nos
richesses. Nous fûmes fort heureusement prévenus par un Zanzi-
barite, ami de l'homme-canon, du danger que nous courions, et
comme nous avions plusieurs jours d'avance, nous n'avons pas
arrêté jusqu'à ce que nous fussions hors de portée de nos poursui-
vants qui gagnaient visiblement du terrain sur nous. Grâce à un
service de renseignements que nous avions établi à l'aide d'indi-
gènes laissés échelonnés en arrière, nous savions exactement où
se trouvait l'ennemi, quoiqu'il fût encore à trois jtfurs de distance.
c Le service des renseignements se fait d'ailleurs en Afrique
d'une façon merveilleuse, pour peu qu'il y ait quelques villages.
Ainsi, sur le Congo, on sait trois ou quatre jours à l'avance par
les indigènes qu'un blanc monte le fleuve. Les indigènes commu-
niquent à l'aide du tambour et ont inventé une façon de signaux
qui remplacent absolument notre télégraphe.
c En arrivant dans le district de la rivière Nyamba, nous étions
au milieu d'une population neutre et trop dense pour que nos
ennemis songeassent à nous y poursuivre ; descendant insensible-
ment, nous atteignîmes la vallée de la Loukouga à quatre jours
de sa source, car, contrairement à certaines opinions, elle com-
mence bien au Tanganyika et se jette dans le Congo. Le lac Tan-
ganyika se déverse ainsi par la Loukouga dans le grand fleuve et
devient lui-même un de ses affluents.
c Ma tentative, ayant, comme on vient de le voir, non seulement
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 2t MARS 1898. 125
échoué, mais encore failli tourner fatalement contre moi, je fis une
troisième tentative : j'essayai de rejoindre le Congo à travers le
Manyéma. Il y avait à Mtova un petit poste de l'État indépendant
du Congo, commandé par un officier. J'allai le voir. Il m'engagea
à renoncer à mon projet, disant que le pays était en révolution,
que le moment était mal choisi pour m'y aventurer et que j'étais
presque sûr d'être massacré. Comme j'insistai et déclarai mon
intention, cette fois absolue, de passer coûte que coûte, il me fit
signer, pour mettre sa responsabilité à couvert, un écrit par
lequel je certifiais qu'il avait fait tout ce qu'il avait pu, comme
représentant de l'État indépendant du Congo, pour me dissuader
de mon projet et que j'avais refusé de rien changer à mon plan. En
effet, j'étais las de ces tentatives infructueuses et je ne voulais pas
renoncera l'idée de traverser ce pays; je ne voulais plus retourner
en arrière; mes vivres et mes provisions, ne devaient plus durer
que trois ou quatre mois et les indigènes se refusaient à porter
mes charges.
c J'allais encore une fois échouer lorsque j'eus le bonheur de
tomber sur une troupe d'Ouanyamouézis, qui habitent le côté
opposé du lac; ce sont gens à qui la guerre ne fait pas peur.
L'expérience m'a également démontré que ce sont peut-être les
meilleurs porteurs de l'Afrique. Enfin, après bien des pourparlers,
des délais et des détails à régler, nous partons. Du sommet d'une
colline nous allons bientôt perdre de vue la grande nappe bleue
agitée par ces brises fraîches, bordée de ces géants de granit et
nous lui tournerons le dos désormais. Nous emportons du Tan-
ganyika des cartes, des observations astronomiques, des poissons,
des coquillages, des méduses, etc., et aussi le souvenir d'une
réception sympathique dans les quatre ou cinq stations de la mis-
sion anti-esclavagiste des Pères Blancs; tandis que nous grimpons
au flanc des montagnes, nous voyons en bas notre petit boutre qui
ouvre son aile blanche, veuve désormais du pavillon français qu'elle
portait depuis un mois, et qui prend la direction du sud.
c Le petit pavillon français, lui, grimpe la montagne au milieu
d'une colonne noire qui serpente avec ses 200 hommes, et tout
disparaît bientôt de l'autre côté au chant cadencé et grave des
Ouanyamouézis.
c Le pays dans lequel nous venons de nous engager en quittant
le lac Tanganyika s'appelle le Manyéma; je n'ai jamais pu savoir
pourquoi, car, des peuplades qui l'occupent, aucune ne se nomme
ainsi. On suppose que ce nom a été donné par les Arabes de la côte
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126 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
(nyama : viande; manyama : ceux qui mangent de la viande), car
depuis le Manyémajusqu'àlacdte occidentale, nous sommes désor-
mais dans le pays des anthropophages. Toutes les peuplades que
nous visitons sont anthropophages ou l'étaient encore, il y a quel-
ques années à peine ; leurs usages ne se sont modifiés que depuis que
les Européens ont pénétré chez elles. Toutefois, ces conversions ne
se rencontrent que dans le Bas Congo, et encore dans la zone fré-
quentée; mais, dans toutes les régions que nous allons visiter
jusqu'aux chutes de Stanley, nous allons être chez les êtres qui ont
le plus de goût pour la chair humaine.
c Dans le Manyéma les résultats géographiques du voyage se
sont enrichis de la reconnaissance du cours de la Louama ou Lou-
gomba et de quelques itinéraires nouveaux rayonnant dans le voi-
sinage. Puis, coupant au plus court, je me suis dirigé sur le con-
fluent de la Louama et du Congo, où nous allons arriver dans un
instant. A travers le Manyéma, nous avons encore eu un voyage
très pénible en certains endroits. Comme l'Ouroua, c'est une région
montagneuse, accidentée et difficile. Le voyage dure quarante et un
jours sans interruption. Les Ouanyamouézis portent nos charges
pendant vingt jours, puis nous quittent; ils sont forts, alertes,
gais, arrivent toujours ensemble, sans traînards; quels porteurs
idéals ! Avec eux, on a moitié moins de soucis; aussi ce voyage
m'a laissé le meilleur souvenir. Nous faisions quotidiennement de
25 à 35 kilomètres dans la matinée; l'après-midi je chassais aux
environs. Le pays abonde en gibier; il y avait des jours où je
tuais 8 antilopes dans mon après-midi. Tout allait bien ; mon in-
terprète était ravi, car les Ouanyamouézis parlaient sa langue
maternelle, le souahili, comme d'ailleurs toutes les peuplades de
la côte orientale du lac Tanganyika, cette langue que parlaient
Stanley, Cameron, Livingstone et Wissman.
c L'accueil des indigènes, d'abord un peu craintif, n'était pas
hostile; nous nous tenions d'ailleurs beaucoup sur nos gardes; en
effet on pouvait être trahi. Je traitais bien les chefs; nous appor-
tions la richesse, car il nous fallait des vivres que nous achetions
contre du calicot, de la verroterie ou du fil de cuivre ; en somme
nous n'avons pas eu à nous plaindre.
c Mes hommes duZambèze trouvaient peut-être bien qu'il y avait
trop de crânes humains partout et que les ossements traînaient
au pied des cases. Un soir, dans une case que Ton me prête et à
Tinlérieur de laquelle le propriétaire avait laissé tout son bagage,
je fais tomber un sac de paille suspendu à la toiture ; en le ra-
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 127
massant le contenu s'échappe et j'aperçois deux ou trois doigts
humains tout recroquevillés, quelques morceaux de viande et une
mâchoire» le tout noirci et desséché à la fumée.
< Je n'ai pas le temps de tous parler aujourd'hui de la façon
dont les cannibales procèdent à leurs repas et comment ils font
leur cuisine; je me bornerai à vous expliquer en deux mots l'ori-
gine de leurs festins. Ces peuplades se font continuellement la
guerre entre elles; elles mangent les morts, les blessés et plus
tard les prisonniers, ou bien elles ont des esclaves que Ton tue
en quelques endroits, absolument comme des animaux de bou-
cherie et que l'on considère comme tels. Les soldats révoltés du
baroo Dhanis ont mangé, non seulement les quinze blancs qu'ils
avaient massacrés, mais encore tous les boys ou jeunes serviteurs
de l'expédition, les femmes et un grand nombre de leurs porteurs.
Le manque de vivres a pu les forcer, je l'admets, à vivre exclusive-
ment de chair humaine» mais ils étaient tous pris dans des tribus
anthropophages et ce que je viens d'avancer est un fait indéniable
dont je garantis l'authenticité absolue.
c Les indigènes du Manyéma éclataient de rire lorsque je leur
demandais si la chair humaine était bonne; ils ne me répondaient
pas, parce qu'ils savaient que l'Européen réprouve leur coutume,
mais ils ne niaient jamais ou le faisaient faiblement. 11 est évi-
dent qu'ils ont d'autres mets à leur disposition et que la chair
humaine n'est qu'une aubaine exceptionnelle et appréciée. On
voit dans leurs villages des poules, des bananes et ils pèchent du
poisson dans les rivières.
c Les peuplades les plus étranges du Manyéma sont les Ba-
louhas, gens de l'Ouroua, au sud et au nord de la Loukouga, et
les Bangos-Bangos, étranges dans leur coiffure et dans leur cos-
tume, que montrent mes photographies.
c Je dois citer aussi les pygniées ou négrilles de la forêt de Stan-
ley, qui sont les Bushmen de l'Afrique du Sud et que j'ai rencon-
trés à plusieurs reprises pendant le voyage dans la grande forêt
équatoriale qui a terminé mon parcours du Tanganyika au Congo,
lequel s'est effectué en quarante et un jours.
c 11 me reste à vous dire le plaisir que j'ai éprouvé lorsque, ar-
rivé à Piani-Kitété, au confluent de la Louama, un matin, j'en-
trevis une nappe d'eau dans le lointain, perdue au milieu des
herbes et des plaines herbeuses : c'était le Louapala ou Congo.
c Près du fleuve, nous avons commencé à trouver quelques sta-
tions de l'État indépendant du Congo. Je dois dire ici, une fois
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128 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
pour toutes, l'accueil aimable qui m'a été fait partout par les
Belges. En quelques endroits, les indigènes nous ayant annoncés
à l'avance, les chefs des postes et les officiers supérieurs se
sont portés au devant de l'expédition française,, avec la garnison eu
armes et la musique indigène, nous apportant amicalement leurs
souhaits de bienvenue. Plus tard, M. le baron Dhanis m'a reçu
également avec beaucoup d'amabilité.
c Au bord du Congo, à Nyangoué, se termine le voyage à pied.
Là, les porteurs sont congédiés et les charges mises sur de grandes
pirogues; nous avons des pagayeurs appelés, sur le fleuve, ba-
guénias.
c De Nyangoué jusqu'au Stanley-Pool, c'est-à-dire sur un parcours
de 2,400 kilomètres, pour lequel nous allons mettre plusieurs
mois, je ne vous parlerai plus du pays, car c'est le même paysage
monotone que je vais essayer de vous décrire une fois pour toutes.
c De Riba-Riba aux chutes de Stanley, et de là au Stanley-
Pool, c'est la grande forêt équatoriale que traverse le Congo ; de
chaque côté du fleuve, on voit de grands arbres entrelacés de
lianes, les pieds baignés par te fleuve, mêlés à une végétation
épaisse et d'un vert sombre où de temps en temps apparaissent
un palmier à huile, un raphia, un dattier sauvage ; partout les
mêmes dômes sombres de verdure, les mêmes arbres enlacés ou
entremêlés avec cette variété infinie de la nature, les mêmes
feuilles dentelées, en parasol, rondes ou élancées, grandes ou
petites ; partout et toujours ce rideau sombre qui a l'air d'encais-
ser le fleuve dans des parois de verdure et au milieu desquelles
vont surgir de rares villages. Peu ou pas d'îles sur le haut
fleuve, beaucoup sur le Congo moyen et peu dans le Bas Congo,
tel est à peu près le coup d'oeil que nous allons avoir sous les
yeux du matin au soir : le ciel, le rideau de verdure et l'eau.
c Et puis, ne devant vous parler ce soir que des nouveautés géo-
graphiques de mon voyage, je ne pourrai pas m'attarder sur l'État
indépendant du Congo. Qu'il me suffise de vous dire que ce pays
est en train de devenir entre les mains des Belges une des plus
belles colonies africaines et que les plantations, les cultures, les
écoles, l'administration et les transports sont en très bonne voie
sur le Moyen Congo. Le Haut Congo est encore sauvage.
c Le fleuve, à l'endroit où je le rencontrai, n'avait guère plus de
100 mètres de largeur ; mais il va en s'agrandissant : il a 500 mètres
à Riba-Riba, 700 aux chutes de Stanley et 7 ou 8 kilomètres... je dis
7 ou 8 kilomètres, dans le nord de la boucle. Il devient ensuite
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 24 MARS 1898. 129
plus étroit vers l'êquateur où il ne mesure guère plus de
2,400 mètres; il s'étrangle dans le canal qui conduit au Stanley-
Pool et aux cataractes. Le Pool a un diamètre de 5 à 6 kilo-
mètres. Le Congo garde, au-dessous des cataractes et jusqu'à son
embouchure, une largeur d'à peu près 1,200 à 1,500 mètres.
c C'est entre les chutes de Nyangoué et Riba-Riba que 5,000
révoltés battaient la rive, cherchant à passer le fleuve ; appartenant
en majorité à la tribu des Bakoussous, à l'ouest de Nyangoué,
ils voulaient traverser le fleuve pour rentrer dans leur pays et il
était de la politique des Belges de laisser la faim et les souffrances
les décimer, en les cernant dans ce pays misérable et en les empê-
chant de passer l'eau. Toutes les pirogues avaient donc été réqui-
sitionnées et enlevées momentanément aux indigènes, et le baron
Dhanis m'exprima toutes ses craintes à l'égard de notre passage
dans cette région; il doutait mémo du succès, mais, comme j'in-
sistais particulièrement, il me donna 100 hommes de la force pu-
blique commandés par 2 officiers, lesquels devaient m'escorter
jusqu'à Riba-Riba. Nous eûmes soin de nous tenir le plus loin
possible de la rive gauche, et je me demande encore aujourd'hui
comment nous avons pu passer. Nous entendions presque toute la
journée des coups de fusil et même des coups de canon; à un
certain moment, ou voyait sur la rive, au-dessus de la forêt, la fu-
mée des grands feux des révoltés et des cris s'élevaient de temps
à autre. Un feu de peloton n'aurait pas tardé à couler nos cinq
grandes pirogues.
c J'ai fait des observations astronomiques nombreuses pendant
la descente du Congo, surtout dans le Haut Congo où elles
n'avaient jamais été faites; je dois aussi compter au nombre des
découvertes géographiques un voyage dans le Haut Itimbiri, un
des affluents nord du Congo, où j'ai pu remplir sur la carte plu-
sieurs endroits pointillés.
c Je terminerai ce compte rendu des principaux résultats de
mon voyage en les résumant : Découvertes géographiques (cartes
et 800 observations astronomiques). Le premier pavillon qui ait
été planté dans ces régions est celui de la science française.
Histoire naturelle : de nombreux spécimens remis au Muséum :
mammifères, poissons, insectes, etc. Ethnographie : des collec-
tions pour le musée du Trocadéro, des crânes humains, de nom-
breuses notes. Linguistique : recueil de vocabulaires des idiomes
de ces régions avec notes nombreuses. 500 photographies dont
J'ai fait ce soir passer sous vos yeux quelques exemplaires. Cli-
SOC. DE GKOGR. — C 1. DIS SÉANCES. — N° 3. — Mars. 10
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130 COMPTES RENDD8 DES SÉANCES.
matologie : trois ans d'observations soignées. J'ajouterai que j'ai
accompli ce voyage sans subvention aucune et seulement avec
l'aide de quelques amis.
t Le 2 novembre 1897, après la descente du Congo, nous re-
prenons pour la dernière fois, au Stanley-Pool, notre route à pied
par le chemin des caravanes qui contourne les cataractes à Tampa ;
après sept jours de marche, nous profitons des bienfaits de la civi-
lisation naissante et faisons vingt-quatre heures de chemin de fer, à
la grande joie de mes hommes du Zambèze qui n'avaient jamais vu
une locomotive, et le 13 novembre 1897, trois ans et trois mois
après avoir quitté l'océan Indien, à l'embouchure du Zambèze, après
trente-neuf mois de fatigues, de peines et de vicissitudes, après
avoir franchi les rivières, gravi les montagnes, traversé les lacs»
côtoyé les abîmes et coupé une partit de la grande forêt équato-
riale, après avoir été dix mois sans nouvelles au cœur de l'Afrique,
le 13 novembre 1897, j'ai eu le bonheur de voir, à quatre heures
de l'après-midi, l'océan Atlantique, achevant ainsi de part en
part la traversée du continent africain.
c J'ajouterai que je n'ai pas choisi mon itinéraire et que j'eusse
préféré consacrer uniquement à l'Afrique française le temps et les
efforts qu'a nécessités mon voyage ; mais nos colonies africaines
et la plus grande partie du contiuent noir sont explorées et connues ;
pour glaner, comme moi, quelques nouveautés scientifiques, il
faut entreprendre de grands voyages et traverser, comme je l'ai
fait, l'Afrique portugaise, l'Afrique anglaise, l'Afrique allemande
et l'Afrique belge avant d'arriver au Congo français. Et puis,
n'est-il pas utile que de temps à autre nous sortions de chez nous
pour aller étudier sur place ce que font nos voisins afin de nous
renseigner et d'améliorer, s'il y a lieu, notre système colonial?
c D'ailleurs, si notre pavillon national ne flotte pas sur ces ré-
gions, je viens d'y planter celui de notre science; je viens d'y mon-
trer qu'on trouve en France, comme ailleurs, des hommes ca-
pables de grands efforts et de grands sacrifices pour le triomphe
d'une idée, dût-elle n'apporter qu'une petite pierre à l'édifice
scientifique et moral de la nation ! > (Vifs applaudissements,)
Le Président, s'adressant au voyageur :
c Monsieur Foa, en quelques courts instants, vous nous avez
emportés à travers l'Afrique, de Test à l'ouest de ce grand
continent, et vous avez résumé les conquêtes scientifiques d'un
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 131
voyage qui a duré plus de trois années. Dans cette rapide vue d'en-
semble, combien de détails intéressants ont été omis ; que de choses,
bonnes à connaître, resteront ignorées de nous! Nous voyons les
grandes lignes, les faits acquis ; mais les longs préparatifs, l'ini-
tiation, qui constituent, pour ainsi dire, l'ossature d'une telle expé-
dition, sont nécessairement demeurés dans l'ombre.
c Et du reste, pour bien comprendre comment il vous a été
possible de surmonter les dangers d'une entreprise aussi hardie,
de résister à la fatigue et au climat, de vous frayer un passage au
milieu de populations souvent hostiles, il aurait fallu vous suivre,
pas à pas, dans toute votre carrière d'Africain, depuis votre pre-
mière exploration au Dahomey, jusqu'à vos plus récents voyages;
nous saurions alors au prix de quelles peines vous avez acquis
les qualités qui ont assuré votre succès.
c Dès vos débuts, vous ne négligiez rien : l'étude de la langue
arabe et de nombreux dialectes, celle du caractère des noirs, —
dont il semblait que vous eussiez intuition, tant vous gagniez
promptement leur confiance, — les moyens d'échange, l'entraîne-
ment physique enfin, tout vous occupait et tout vous a servi.
< On ne francbit pas les espaces immenses que vous avez par-
courus, sans être vigoureusement trempé et, pour cela, l'amour
de l'histoire naturelle, la passion de la chasse vous furent de très
utiles auxiliaires. Vous recherchiez, avec un intérêt qui ne se las-
sait jamais, les animaux sauvages de ces régions équatoriales et
pins il y avait de péril à les affronter, plus vous mettiez d'ardeur
à les poursuivre.
c Si les éléphants, les lions, les rhinocéros ont été pour vous
de rudes adversaires, vous n'avez pas dédaigné des captures moins
brillantes, mais d'un haut intérêt scientifique et, dans l'enivrement
de vos chasses, vous pensiez sans cesse à enrichir nos musées
nationaux auxquels vous avez fait des dons magnifiques.
c A un autre point de vue, vos talents cynégétiques vous ont été
d'un grand secours, et vous n'avez pas oublié les économies consi-
dérables qu'un coup de fusil heureux, tiré sur un éléphant, vous
a permis de réaliser, quand le cadavre du gros pachyderme a rem-
placé, pour vos serviteurs, 4,000 mètres de calicot qui leur étaient
dus, et que votre bourse aux abois aurait été très embarrassée de
payer. Les nègres sont avides de viande, et peut-être — à l'excep-
tion de l'alcool — la préfèrent-ils à tout.
c Mais nous devons insister particulièrement sur les résultats
géographiques de votre expédition; ils sont considérables. Vous
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132 COMPTES RENDD8 DBS 8ÉANCE8.
avez complété un grand nombre d'itinéraires déjà parcourus et
vous en avez tracé 138 nouveaux dans le bassin septentrional du
Zambèze, aiosi que dans la région des lacs Nyassa et Tanganyika;
vous avez rectifié la position de ce dernier vers le nord-est, et vous
en avez relevé les côtes sur une carte qui restera un guide sûr
pour les voyageurs de l'avenir. On vous doit encore la rectification,
sur une certaine étendue, du haut Congo et la reconnaissance de
plusieurs de ses affluents. Vous avez fait, avec un soin minutieux,
800 observations astronomiques pour déterminer les longitudes et
les latitudes. Vous avez aussi compris toute l'importance qu'il y
avait à connaître la déclinaison magnétique, l'altitude des points
culminants et à fixer, par des triangles, la topographie de ces con-
trées. Aussi les membres de la Société de Géographie, appelés à
examiner vos carnets et vos notes, en ont-ils apprécié sur-le-
champ toute la valeur.
c Avant vous, d'autres explorateurs avaient traversé l'Afrique,
mais aucun, avec des ressources aussi limitées, n'avait rapporté,
je crois, autant de documents précieux et pourtant vous n'aviez,
comme auxiliaires, qu'un petit nombre de serviteurs emmenés du
Zambèze et quelques nègres que vous recrutiez sur votre passage.
Votre vaillant compagnon, M. de Borély, ayant été obligé de vous
quitter au lac Nyassa, pour retourner à la côte, il vous fallait pour-
voir à tout, guider, nourrir, rassurer votre escorte et faire en
même temps l'étude scientifique du pays. Votre cœur n'a pas faibli
sous ce lourd fardeau et vous avez été à la hauteur de votre tâche.
c Nous admirons le courage militaire, cette ardeur qui fait
oublier le danger et pousse en avant chaque soldat, dans un noble
sacrifice de lui-même. Sur le champ de bataille, ces dévouements
isolés se réunissent, comme autant de rayons vivifiants, pour
former un lumineux foyer où s'éclairent et se réchauffent les âmes.
c Le courage du voyageur n'est-il pas digne aussi de notre
admiration V II lui manque ce qui soutient le soldat; il n'a ni
l'ivresse de la lutte, ni ce souffle de sympathie et de solidarité
qui remplit les cœurs et gonfle les poitrines; il n'a pas l'exemple
entraînant, ni ce courant magnétique fait de mille volontés con-
centrées sur le môme objet.
c II est seul, et seul il doit vaincre tous les obstacles qui se
dressent devant lui. Quelle patience, quelle force morale et phy-
sique, quelle endurance à tous les maux il faut avoir pour n'être
pas arrêté, dès les premiers pas, dans les durs et rudes chemins
où il s'engage !
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 133
c Noos sommes très heureux d'accueillir et de féliciter les explo-
rateurs dont le succès a récompensé les efforts, mais ici nous ne
devons jamais oublier ceux qui, partis pleins d'espoir et tout brû-
lants du désir d'agrandir le domaine de la France, sont tombés
dans quelque embuscade, ou bien ont été terrassés par la fièvre
qui abat les forces et use si rapidement la vie dans ce terrible con-
tinent noir.
c Saluons en eux les victimes de Tune des plus nobles passions
de l'humanité, celle de laisser après soi des œuvres durables et de
léguer au pays la mémoire de grandes choses accomplies; et disons
bien haut que, dans ces combats livrés au loin à tant d'ennemis
différents, nous honorons les vaincus à l'égal des vainqueurs.
c Vous êtes heureusement parmi les vainqueurs, monsieur; il
vous a été donné de terminer ce long et périlleux voyage et de
nous en rapporter une ample moisson; nous nous en réjouissons
et la Société de Géographie a voulu que votre nom fût inscrit à
côté de ceux des explorateurs les plus célèbres; elle a donc décidé
que sa grande médaille d'or — récompense qu'elle accorde rare-
ment — vous serait remise à notre prochaine séance générale. >
II. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
EUROPE
i*ap*aie. — Explorations des glaciers de la Laponie suédoise
par M. Axel Hamberg. — Pendant l'été 1897 M. A. Hamberg a
continué les intéressants travaux qu'il poursuit depuis deux ans
sur les glaciers de la région de Kvikkjokk (Laponie suédoise) (Voir
les Comptes rendus 16 et 17 de 1897).
D'après ses observations, la valeur de l'ablation sur le grand
glacier de Lulleavagge s'est élevée, le 13 juillet 1897, à l'altitude de
1,080 mètres, à 0ra,139 et à l'altitude de 1,130 mètres, à 0"\ 104
par vingt-quatre heures. Pour les mêmes points, elle a été le
lendemain respectivement de 0m,133 et de 0m,072. Jamais au-
paravant une valeur d'ablation quotidienne aussi élevée n'avait
été observée. Les 13 et 14 juillet 1897, la température de l'air fut
très élevée; à une hauteur de plus de 1,700 mètres, au milieu de
la nuit, le thermomètre s'éleva à + 10°. Par suite, comme nous
avons eu plusieurs fois l'occasion de le signaler nous-méme dans
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134 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
nos études sur les glaciers de cette région, l'ablation persista durant
la nuit jusqu'à une grande altitude.
Sur le glacier de Mika (massif du Sarjektjâkko) (versant sud-est)
pendant la période comprise entre le 28 juillet et le 17 sep-
tembre 1897, la valeur de l'ablation s'est élevée respectivement
pour trois points situés aux altitudes de 930 mètres, 1,015 mètres
et 1,090 mètres et à une distance de 78, 410 et 1,000 mètres de
son extrémité inférieure : à 2 m. 25, 1 m. 80 et 1 m. 45. La plus
forte ablation en vingt-quatre heures a été observée, le 20 août,
(0 m. 06) pour la station inférieure; le 10 août, (0 m. 047) pour
la station intermédiaire; et, le 20 août, (0 m. 039) pour la station
supérieure. Les observations n'ayant commencé que le 28 juillet,
M. Haraberg évalue la valeur totale de l'ablation pendant l'été à
3 mètres ou 3 m. 50, chiffre indiqué par Agassiz pour la langue
terminale d'un glacier des Alpes.
11 est utile cependant de faire observer qu'en Laponie cette
fusion s'opère en quelques semaines, tandis que, dans nos régions,
elle s'exerce durant une grande partie de l'année.
Pendant sa nouvelle campagne, M. Hamberg a continué ses re-
cherches sur la vitesse d'écoulement du glacier de Mika sur lequel
il avait placé, en 1895, deux lignes de pierres transversales* Ce cou-
rant de glace mesure une longueur de 4,800 mètres et une largeur
de 1,300 mètres dans la partie supérieure de la vallée glaciaire.
Ligne de pierres supérieure située à 2 kilom. 500 de l'extrémité
inférieure du glacier.
Pierre ayant en Déplacement Vitesse
Période la plus grande vitesse pendant moyenne
d'observation. de déplacement. la période. en 24 heures.
•Du « août 1895 au N° 12, à 528 mètres 52ra,5 0M,07
20 août 1897. de la moraine laté-
rale de gauche.
Ligne de pierres inférieure située à 1 kilomètre de l'extrémité
inférieure du glacier.
Du 8 août 1895 au W 9 et n* 10, à 392 56"',5 (r,076
20 août 1897. et 427 mètres de
la moraine latérale
de gauche.
Du 28 juillet 1897 N° 9, à 392 mètres de 4m,2 0m,183
au 20 août 1897. la moraine latérale
de gauche.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 135
La vitesse d'écoulement du glacier de Nika semble donc infé-
rieure à celle d'un courant des Alpes de dimensions à peu près
semblables.
Du 31 août 1883 au 29 août 1897, date à laquelle sa position
fat déterminée par le Dr Fr. Svenonius, l'extrémité inférieure du
glacier de Luotob a reculé de 119 mètres.
Les glaciers des Alpes présentent une structure lamellaire très
curieuse, dont l'origine a donné lieu à de nombreuses discussions.
Jusqu'ici aucune explication satisfaisante de ce phénomène n'a
été fournie. Le seul point sur lequel on soit tombé d'accord c'est
que, dans nos régions, il n'est pas produit par l'entassement succes-
sif des couches de neiges, comme on le croyait tout d'abord.
D'après M. Axel Hamberg, cette singulière disposition des molé-
cules glaciaires serait le résultat d'une c structure fluidale »,
analogue à celle présentée par certaines laves. Dans les régions
arctiques, cette stratification est plus rare que sous nos latitudes
et n'a pas la même origine. Si certains amas glaciaires de cette
zone, comme les névés de Loven sur la côte ouest du Spitzberg,
présentent une structure lamellaire d'une remarquable netteté,
les grands glaciers, tels que ceux issus des nappes centrales du
Spitzberg et de V inlandsis du Grônland, ont, au contraire, une
texture généralement massive. Suivant M. Hamberg, les glaciers
affectant une disposition régulière dans leurs couches auraient
une faible étendue, comparés aux énormes courants cristallins de
ces régions et devraient être considérés comme des glaciers im-
parfaits et rangés dans la catégorie des névés. Dans la zone
arctique, en raison des basses températures, la neige ne peut
arriver à son point de fusion pour se transformer en glace que sous
l'effet de pressions énormes. Seulement, sur les énormes nappes
comme les inlandsis y cette condition se trouve réalisée, tandis que,
sur les glaciers plus petits, la neige reste à l'état de névé, formant
des entassements réguliers de couches successives produisant une
stratification très nette. A mesure que l'on avance vers le nord, le
nombre et l'étendue de ces formations glaciaires imparfaites
augmentent.
Gharle8 Rabot.
ASIE
T«rke»t«a russe. — L'occupation de Samarcande par les Russes
date de trente ans (1868); depuis cette époque, de nombreuses
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136 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
améliorations ont été réalisées. Le chemin de fer qui, partant des
bords de la Caspienne, passe à Merv et dessert Samarcande, est en
voie de prolongement jusqu'au Ferghana;il passera àïachkent et
à Andijan. La construction se poursuit à la vitesse de 3 kilo-
mètres par jour; à la un de février, il atteignait Chinaz.
Avec la facilité des communications, le commerce trouvera des
éléments de prospérité pour rechange des marchandises euro-
péennes contre les produits indigènes. Du charbon de terre a été
découvert à 50 kilomètres dans l'est de Samarcande.
L'élévation de cette ville est d'environ 600 mètres au-dessus du
niveau de la mer. Son climat est préférable à celui de Tachkent.
L'administration de Samarcande est entre les mains des Russes ;
elle est placée sous la direction du colonel Kulchanoff, qui, après
une brillante carrière militaire au Caucase, gouverne, sous la forme
d'un protectorat, cette ville asiatique, aujourd'hui siège du gou-
vernement du Turkestan. Les départements de Samlad, Katti-
Kourgan, Jirak et Khojend y sont rattachés. Les villages ont chacun
une école primaire où l'on enseigne la langue persane corrompue
avec le tajik; on commence à enseigner la langue russe. La
question des irrigations, si importante dans cette région, est tran-
chée par un syndicat des notables de chaque village, ayant le
pouvoir de réquisitionner tous les adultes pour les travaux
nécessaires.
(The Levant Herald and Eastern Express, i février 1898.)
La navigation des grands fleuves de Sibérie. — Le problème
de faire pénétrer les marchandises européennes par les fleuves de
Sibérie qui aboutissent à l'océan Glacial a été étudié depuis plus
d'un siècle. Les tentatives faites dans le courant de ces dernières
années, et spécialement celles du capitaine Wiggins, ont démontré
que la navigation était praticable dans certaines conditions. Le
principal obstacle consiste dans l'absence de ports naturels néces-
saires au transbordement des marchandises, quand elles quittent
la voie de mer pour la navigation fluviale soumise à d'autres
exigences. La baie de Gadehodka, ou de la Trouvaille, située à
l'embouchure de l'Obi et déjà utilisée pour le transport des maté-
riaux du Transsibérien, paraît réunir les conditions voulues.
L'année dernière, un groupe de négociants anglais, dirigé par
M. F. Leyndebern Pappam, a organisé une flottille de 1 1 navires,
dont une partie était destinée à remonter l'Obi et l'autre le
Yénisséi. Elle y a fait ainsi pénétrer des produits de fabrication
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SÉANCES DBS A, 18 ET 21 MARS 1898. 137
européenne; l'échange au retour' consistait en blés de Sibérie de
bonne qualité, et d'une vente rémunératrice.
Cetle année, une autre flottille poursuivra le même but. En
outre, une Société est en voie de formation à Hambourg pour ou-
vrir une route commerciale par le fleuve Amour. Le gouvernement
rosse, désirant favoriser l'entrée des produits étrangers, fait re-
mise des taies de douane pendant les premières années.
(The Levant Herald, Gonstantinople, % février 1898.)
J. Girard.
AFRIQUE
ÉtfcUpto.-— Le SidamayPAmaraf le Konso, ^c.(l). — M.Léon
Darragon adresse la carte des régions qu'il a traversées, de juin
à octobre 1897, se rendant au pays des Borânas où le Négus
l'avait chargé d'un mission.
Dans une lettre datée d'Abbeville, 2 mars 1898, qui accompagne
cet envoi, il dit que, sans la protection de S. M. le Négus, il lui eût
été impossible de traverser autrement qu'en force des contrées à
peine pacifiées, portant encore les traces de la conquête, sans se
trouver en butte au mauvais vouloir des indigènes.
Il déclare qu'il n'entrera pas dans de longues explications sur
le Gouragué ni sur les pays situés au nord du Sidama, d'autres y
ayant passé avant lui. Cependant il fait quelques réserves sur
l'exactitude de la carte française de 1889 en ce qui concerne la
situation du lac Ororocha. c La carte, dit- il, est un peu trop pré-
cise, dans ses détails, pour des contrées inexplorées jusqu'alors.
A l'est de ce lac, que d'autres appellent Lamina, Buturlin ou
Schahalla (c'est ainsi qu'on le nomme dans le sud), s'étend une
chaîne qui, sans nul doute, est la continuation des monts du Si-
dama, dont nous avons suivi les sommets, mais au milieu d'un
brouillard tel qu'il nous a été impossible d'observer le pays d'une
façon satisfaisante. Aussi vous engagerai-je à ne tenir compte, sur
ma carte, depuis Djamdjam jusqu'à Kikillé, que des chiffres placés
à droite du nom des étapes et qui représentent la hauteur au-
dessus du niveau de la mer. Les parties hachées que croise mon
itinéraire peuvent également être considérées comme exactement
(1) Voir la carte jointe à ee numéro.
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138 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
placées. Pour le reste, Sidama et Amara, notamment pour la grande
chaîne qui part de la Bourgui, je ne saurais donner cette condition
probable qu'à titre d'indication générale. »
Quant au Sidama et à l' Amara, c ce sont deux pays à peu près
semblables; tous deux fertiles, couve ris, dans les parties bautes,
de forêts impénétrables où les sabres abyssins durent nous ouvrir
un passage. Les habitants sont de race galla. Us sont sujets de
Ménélik, et, de ce fait, relèvent du dedjaz match (chef de corps)
Loulsegguet, parent du Négus, qui habite Darassa, chef-lieu du
Sidama.
c A l'inverse des pays dont je viens de parler, le Borâna offre
le spectacle de la plus complète désolation. A part la chaîne des
monts Odda où Ton trouve un peu de végétation et un peu d'eau
(une mare au mont labatpu et une source au mont Gola), le Bo-
râna est un immense désert dont les fourmilières et les mimosas
couvrent le sol argileux. Jusqu'au puits du Sogida, cratère éteint
rempli d'eau, ce fut une marche précipitée de près de 80 kilo-
mètres sans pouvoir apaiser notre soif. On peut d'ailleurs, à pre-
mière vue, se rendre un compte exact de la rapidité de' notre course
en comparant la longueur des étapes du Sidama à celle des étapes
du Borâna. Et lorsque, notre regard s'étendant au loin, nous
eûmes constaté la même uniformité dans la désolation et décidé
de revenir sur nos pas, ce fut une marche horrible dans la pous-
sière argileuse, soulevée par le vent, qui se collait, obsédante,
aux yeux, aux narines, à la langue, augmentant ainsi les tortures
de la soif. »
Avant de parler du Konso, le voyageur dit quelques mots de la
vallée de la Sageun, où Ton voit d'innombrables éléphants. C'est
par centaines qu'ils évoluent dans la vallée. Ils sont de grande
taille, de couleur brune, armés de longues et belles défenses, bien
recourbées, dont quelques-unes atteignent 2 mètres. On en trouve
aussi au Konso, mais ils sont un peu moins beaux.
c Le Konso proprement dit est un curieux petit pays récem-
ment conquis par les Abyssins, et dont l'étendue, dans la partie
dont je veux vous entretenir, ne dépasse pas 20 kilomètres.
Cette partie, montagneuse, est peuplée par des individus complè-
tement noirs, dont le langage et les usages diffèrent de ceux des
pays environnants. Ils sont remarquables par leur amour du tra-
vail. Leurs champs de café, de coton, de maïs, disposés en gra-
dins sur le flanc des collines, sont soignés d'une manière irrépro-
chable. Leurs maisons, symétriquement construites sur des pilotis
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 139
qui les préservent de l'humidité, sont parfaitement propres. J'ai
rapporté de ce pays un objet que je compte offrir à un musée
d'ethnologie et qui consiste en un morceau de bois grossièrement
sculpté, ornement obligé des tombeaux indigènes qui doivent por-
ter l'image du mort qu'ils renferment. Dans la plaine et dans le
Goubazié, ces statues sont remplacées par des pierres.
c Le Goubazié, qui diffère d'altitude avec le Konso, n'offre pas
le môme intérêt que celui-ci ; à part le soin de ses cultures, il ne
montre, ni dans ses constructions, ni dans tous ces détails où se
manifestent le caractère et les goûts d'un peuple, l'ardeur indus-
trieuse de ses voisins. Au Konso et au Goubazié, on parle une
langue différente de celle des peuples environnants.
c J'ai pu observer le Gamou et les pays voisins d'une manière
satisfaisante. A part quelques jours de brouillard, au mont Dita,
qui m'ont empêché d'observer quoi que ce soit à l'ouest de mon
itinéraire, le beau temps relatif m'a mis à même de pouvoir être
plus affirmatif pour cette région que pour le Sida ma.
c Le Gamou et le Borodda sont deux pays fertiles, habités par des
populations laborieuses qui tirent d'un sol pénible à cultiver tout
ce qu'il peut donner. On y parle la langue du Walamo, différente
de la langue gai la.
c L'aspect général du pays est le même que celui du Sidama et
de l'Amara, dont il est séparé par le lac Pagadé, qui baigne le
pied de leurs montagnes sur plus de 100 kilomètres de lon-
gueur.
c Le Négus a souveraineté complète sur ces deux pays ainsi que
sur le Walamo, auquel il a pourtant laissé son roi. Le Walamo est
une immense plaine dominée par le mont Damota qui en est le
centre et qui recèle des richesses minéralogiques. De nombreuses
moissons de maïs, d'orge, de café, etc., couvrent le sol jusqu'à
l'ouest du mont Dégounna où commence un marais qui ne finit
qu'à l'Araberitcbo, où notre compatriote, M. tfénon, s'est arrêté il
y a quelques années. »
M. Darragon ajoute qu'il n'a pu recueillir de documents sur
i'Omo; cependant la direction des montagnes semblerait indiquer
qu« ce cours d'eau ne se jette pas dans le lac Rodolphe, mais
qu*il se dirige encore plus vers l'ouest.
Il attire l'attention sur la Sageun, qu'on a longtemps distinguée
du Billati et de la Ouera, tandis que ces trois dénominations s'ap-
pliquent à un seul et même fleuve, comme il s'en est assuré par
lui-même. Il ne l'a fait figurer en pointillé, sur quelques points
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140 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
de son cours, qu'en raison de l'impossibilité où il s'est trouvé d'en
faire un relevé strictement exact.
c Le petit lac Abbasi ne figure sur aucune carte. Quant au
grand lac Pagadé, je crois également être le premier à avoir pu
l'observer d'une manière satisfaisante, c'est-à-dire parallèlement
à sa direction nord-sud. Je ferai pour son relevé la môme obser-
vation que pour celui de la Ouera... >
Dans une autre lettre, du 11 mars, M. Darragon donne des ren-
seignements relatifs au* observations qu'il a prises pendant son
voyage.
c Mon itinéraire a été levé à la boussole. C'était une grande
boussole graduée d'environ 1 décimètre de diamètre. Pour mesurer
les azimuths avec la plus grande approximation possible, j'avais
adapté à ma boussole, en vue d'éviter des mouvements qui rendent
la lecture difficile, un miroir et un viseur. Lorsque je voulais
prendre l'azimuth d'un point, après avoir porté le viseur et la
boussole à la hauteur de l'œil et attendu que l'aiguille fût immo-
bile, le miroir incliné à 45° me permettait de lire l'angle immé-
diatement. J'ai pu faire ainsi des observations à 30' près.
c Pour les altitudes, je les ai déterminées avec le baromètre métal-
lique. Les corrections relatives à la température n'ont pas été
faites.
c Pour la mesure des distances, comme je désirais établir des
cartes au 1/100,000% étape par étape, j'ai multiplié indéfiniment le
nombre des observations au cours de la route. M'appuyant sur
des points d'appui visibles de plusieurs étapes, et ne faisant inter-
venir, dans la mesure, la vitesse qu'à titre de simple renseigne-
ment, je crois avoir pu, en m'entourant de ces précautions, éva-
luer les distances d'une façon exacte. Cependant le brouillard
m'ayant privé de points d'appui dans le Sidama et l'A m ara, je fais
mes réserves pour le parcours entre Ouollo et Garadasé* Toute-
fois les erreurs ne sauraient excéder 5 ou 6 kilomètres, ce qui est
déjà énorme, à mon avis, à l'échelle de ma carte. Je n'ai aucune
observation à faire sur la partie occidentale de l'itinéraire, à part
le mont Dita dont je n'ai pu obsejver les pentes d'ouest, comme
on le remarquera sur la carte.
c Je n'ai pas d'observations astronomiques. » — L. Darragon.
Etkfopie. — Issas et Adals : Abako. — Du camp d'Àliou, près
d'Ankober, 13 janvier, le vicomte Edmond de Poncins annonce
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. Ul
que, depuis le 8 novembre 1897, il a quitté Djibouti et a vécu chez
les Somalis Issas et chez les Adals. A Djibouti se tient un marché
hebdomadaire, à 1 kilomètre 1/2 en dessous et à Test d'Ankober;
après s'y être ravitaillé pour un mois, M. de Poncins retournera
chez les Adals.
c J'ai pu voir pas mal de petites choses assez curieuses chez
les Issas et chez les Adals. Sortant le plus possible des routes
suivies, j'ai un petit itinéraire en pays neuf qui m'a mené à un
point d'eau très écarté dans un désert où, après un jour et demi
sans eau, je me suis trouvé en face d'un assez grand nombre de
lances somalies, contre des puits où, sur 1 kilomètre de long, il y
avait plusieurs milliers de têtes de bétail. Ce point d'Abako est un
des repaires les plus reculés des nomades Somalis et non des moins
importants. C'est aussi le tracé direct entre la route de Harrar et
celle du Choa par le désert Ada), tracé qui m'a permis de relever
de grosses erreurs sur la carte qui existe de la région.
c En chassant j'ai parcouru pas mal de régions inexplorées,
bordant l'itinéraire habituel des caravanes. Un jour, en revenant
par Amoïssa, l'endroit où Barrai fut massacré avec tous ses
nommes par les Adals Assaïmara, j'ai cru avoir besoin d'employer
mes carabines. J'avais en face de moi 25 guerriers indigènes à
cheval, la lance au poing, qui, ayant vu le matin les traces de mes
hommes et les ayant reconnues pour des pas de Somalis, nous atten-
daient aux sources pour nous tuer. Je n'avais que i hommes, mais
70 cartouches et un espace clair assez étendu pour ne rien risquer
ainsi. L'affaire se présentait si nettement en ma faveur qu'elle s'est
conclue très amicalement; nous sommes rentrés ensemble au camp.
c Adals et Somalis sont ennemis comme de bons voisins de race
différente doivent l'être par ici; ils se razzient mutuellement avec
grand plaisir. La visite de leurs frontières est intéressante à ce
sujet...
c Je me réserve de vous donner plus de détails, probablement
du Choa, dans un mois. J'irai voir le Négus avant de reprendre la
route de la côte. » — Vicomte Edm. de Poncins.
AMÉRIQUE
Atunti^ae aastrai. — Les îles Falkland. — Le groupe des
Iles Falkland se compose principalement de deux Iles : celle de
l'Est, la plus grande et qui a environ 3,000 railles carrés, et celle
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142 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
de l'Ouest, d'un tiers plus petite; tout autour s'égrènent des îlots
et des rochers. Elles ont appartenu alternativement à l'Espagne,
à la France et à la Grande-Bretagne, qui les occupe actuellement.
La colonie est placée sous la direction d'un gouverneur; elle est
aussi le siège d'un évéché colonial.
Cette colonie est en communication avec l'Europe par le service
régulier de vapeurs allemands de la O Kosmos, subventionnée pour
le service postal. Tous les mois un vapeur touche à Port-Stanley,
la capitale, siège du gouvernement et unique ville de cet archipel.
Elle est située sur le port naturel intérieur, formé par un bassin
de 5 milles de long sur trois quarts de mille de large, où Ton
pénètre par un goulet de 300 mètres de largeur. Le mouillage y est
sûr et Ton y trouve des navires qui viennent y faire reposer leurs
équipages ou s'y réparer, après avoir affronté les tempêtes du cap
Horn.
Bâtie sur le côté sud de la baie, Port-Stanley a une population
d'environ 1,000 habitants d'origine anglaise ou écossaise. On y
trouve trois écoles, trois églises, plusieurs hôtels, le palais du gou-
verneur, etc. Les maisons sont construites en pierre ou en bois,
peintes en blanc, avec des toits aux couleurs voyantes.
L'exploitation de l'île est depuis 1851 entre les mains d'une
compagnie concessionnaire : The Falkland Island C°. L'unique
industrie est l'élevage des bœufs et des moutons. On exporte la
laine et le suif en Angleterre et l'on espère prochainement exporter
de la viande congelée. Les races Cheviot et South-Downs importées
dans ces pâturages ont réussi et ont été indemnes d'épizooties,
d'ailleurs inconnues sous cette latitude. On exporte en petite
quantité de l'huile de phoque, des peaux de pingouins; mais
ces animaux deviennent de plus en plus rares.
La faune locale se réduit aux pingouins, aux albatros; les espèces
de poissons sont nombreuses, mais la pèche est difficile à cause de
la continuité des mauvais temps. La flore est pauvre ; elle consiste
en quelques graminées, des mousses, des lichens. Les côtes sont-
couvertes de varechs qui servent à la fabrication de la soudé. Sur
ces fonds rocheux, les bancs de varechs servent à indiquer la pré-
sence des roches dangereuses pour la navigation. 11 n'existe pas
d'arbres à cause de la violence extrême du vent qui les déraci-
nerait. Les essais de plantation n'ont pas réussi. Tous les bois de
construction sont importés. L'humidité de l'atmosphère et le froid
ont empêché la culture des céréales et des légumes. L'élevage
seul a donné de bons résultats; aussi la viande est à bon marché.
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 24 MARS 1898. 143
Les Iles Falkland, situées au milieu d'une des mers les plus
tourmentées du globe, sont perpétuellement balayées par les vents
d'ouest* Les journées ensoleillées sont rares; mais, comme pour
tous les climats marins, les écarts de température sont faibles ;
l'hiver n'est pas froid ; l'été n'est pas chaud. La moyenne annuelle-
de la température est de -+- 6° G. Celle de juillet est de + 10°, celle
de janvier + 3°. La moyenne annuelle est de + 3°. Le maximum
-h 21° et le minimum— 6V La nébulosité est de 71 p. 100. 11 pleut
les deux tiers de l'année; hauteur hydrométrique : 60 centimètres
environ. Les fortes ondées sont inconnues ; mais les pluies fines
et les brouillards sont fréquents. Les neiges et la grêle tombent
quelquefois en janvier et février.
(Journal of the School of Geography, février 1898.)
J. Girard.
AUSTRALIE
Australie occidentale. — Expédition Carnegie. — La tra-
versée de l'Australie occidentale a été effectuée par plusieurs mis-
sions, parmi lesquelles il faut citer celles de MM. Warburton (1873-
4874), John Forrest (1874) et Giles (1876). Toutes ont attaqué ces
vastes solitudes suivant une ligne est-ouest, c'est-à-dire dans le
sens de leur plus grande largeur.
Au cours de ces dernières années, les explorateurs des déserts
Vietoria et Gibson ont parfois entrepris de remonter vers le nord.
La tentative de la mission Calvert (du nom du Mécène qui Ta orga-
nisée) a abouti à un échec et à la perte de deux de ses membres.
La mission Fletcher, venant de l'exploitation aurifère de Mur-
chison, a remonté vers les monts Ophtalmia, les a franchis et a
découvert, dans le bassin du fleuve de Grey, la rivière Bloomer.
C'est également des champs d'or du sud-ouest qu'est parti
M. David Carnegie, en compagnie de MM. Ch. Stansmore, Breaden
et Massie. Le 9 juillet 1896, il quittait Coolgardie et suivait la
ligne télégraphique jusqu'à Doyles Weil, qu'il atteignait le 21 par
28*35' lat. S. et 118° 37' long. E. Se portant ensuite de 2° plus à
l'est, la mission Carnegie pénétra dans le désert aride et mono-
tone, qui s'étend au nord jusqu'au district de Kimberley. A peine
peut-on citer quelques oasis comme celle qu'alimente Alexander
spring, au pied du mont AllotU Deux sources seulement, sur ce
long trajet, peuvent être considérées comme permanentes : Empress
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144 C0MPTB8 RENDUS 0ES SÉANCES.
spring e( Helena spring. Partout le sable, soit friable, soit com-
pact, formant d'abord une succession indéfinie d'ondulations de
50 ou 60 pieds, puis de véritables falaises.
Tous les points d'eau rencontrés pendant cette pénible tra-
versée ont été notés avec soin. Quelques peuplades clairsemées
se partagent ces solitudes, cherchant leur subsistance aux abords
des puits. La faune est peu variée, la flore plus pauvre encore. Le
désert prend fin entre le 19* et le 20* de latitude. Au delà du
mont Bannerman les traces de la civilisation reparaissent et le
paysage s'anime. Malheureusement l'un des explorateurs, M. Stans-
more, est mort au moment de toucher au but.
Le 4 décembre, M. Carnegie et ses autres compagnons arrivent
à Halls Creek (18° 16' lat. ; 125*27' long.), centre minier de ce dis-
trict de Kimberley, dont les richesses n'étaient pas même soup-
çonnées, il y a une vingtaine d'années.
Après quelques mois d'un repos bien gagné, la mission entre-
prenait, du nord au sud, une seconde traversée de l'ouest austra-
lien. Elle recoupa, en sens inverse, les itinéraires Warbur(on,
Giles et Foires t, effectuant la reconnaissance de plusieurs lacs
salés, puis revenant à Alexander spring, où elle reçut la première
pluie qu'elle ait été à même de constater depuis le début du
voyage. L'itinéraire de retour comporte encore la visite du lac
Wells et du lac Darlott. Ici la mission, définitivement sortie du
désert, avait terminé son exploration, le 12 juillet 1897, par
27°3(>' de lat. S. et 11 9° 26' de long. E., après avoir réuni par
un double itinéraire les champs d'or situés aux deux extrémités
de l'Australie occidentale.
(Geographical Journal, mars 1898, p. 258-288, avec carte.)
III. — NOTES
Laponie. — M. Venukoff informe la Société qu'il vient de rece-
voir, de la part de M. Latkine, initiateur de l'expédition russe
en Laponie, une lettre annonçant que cette expédition se mettra
bientôt en route pour explorer le pays entre Arkhangelsk et Kola,
où un chemin de fer sera ensuite projeté et construit. Les colla-
borateurs de M. Latkine seront : M. Ripas, jeune géologue, qui
sera chargé d'explorer surtout la vallée de laVerzoukha, se jetant
à l'océan Boréal, et M. Michnine, officier topographe et astronome.
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SÉANCES DBS 4, 18 ET 21 MARS 1898. 145
Côte tfltioire. — M. Clozel, administrateur de l'Indénié, an-
nonce de Grand-Bassam (10 mars) l'envoi d'un croquis de son
itinéraire sommaire d'Assikasso à Bondoukou. Le gouverneur de
la Côte d'Ivoire l'avait chargé d'établir un poste fortifié à Bon-
doukou; ce poste s'élève maintenant à la lisière nord-ouest de la
ville. Tous les chefs de Bondoukou et de l'Àbron avaient fait
leur soumission complète, et Samory ne détenait plus, a la lin de
janvier, que deux points sur la rive gauche de la Comoê. De Grand-
Bassam où il était allé prendre quelques jours de repos, M. Clozel
comptait repartir dans une huitaine de jours pour une tournée
dans lindénié.
Philippines. — De Manille, le 4 février 1898, M. Menant, gérant
du consulat de France, adresse au Ministre des Affaires étran-
gères la nouvelle suivante :
c Le capitaine commandant le vapeur Mayuni fait savoir que,
durant son dernier voyage dans l'Archipel, il a touché sur une
roche couverte de 7 m. 9 d'eau, située approximativement par
8»6'0'N. et 124018'50'E. dans le sud-est de l'extrémité sud de la
Paragua. > (Extrait de la Gazette officielle de Manille.)
Projet d'exploration du pôle antarctique. — L'opportunité
d'une exploration scientifique du pôle antarctique a été exposée
devant la Royal Society, à Londres, par M. John Murray, de l'expé-
dition du Challenger. 11 a démontré que dans l'hémisphère nord
les régions polaires sont occupées par la mer, tandis que dans
l'hémisphère sud elles paraissent être continentales.
Les navigateurs ont vu ces énormes blocs de glace tabulaires
flottant dans les parages du cap Horn, sans connaître leur mode
de distribution par les courants. C'est un des traits caractéristiques
des parages antarctiques, car, avec leurs stratifications ou leurs con-
tours déchiquetés, ils semblent provenir des rivages d'un grand
continent, renfermant des glaciers considérables ; on a évalué la
hauteur de quelques-uns d'entre euxà 50 ou 60 mètres, proportion
indiquant une épaisseur énorme de leur partie immergée. Il est
probable que le continent circumpolaire n'est pas entouré d'une
banquise, comme la Terre Victoria.
En 1895, MM.Kristensèn et Borchgrevink ont débarqué sur une
grève plate, occupée par des légions de pingouins, dans le voisi-
nage du cap Adare. Le rivage était exempt de glaces. Du reste, la
présence de ces animaux semblerait indiquer l'existence d'une
SOC DE GÉOOR. — C. R. DES SÉANCES.— H* 3. — Mars. 11
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Ii6 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
mer libre, au moins pendant une grande partie de Tannée. Le cap
Adare,déjà connu, pourrait servir de point de débarquement et de
base d'opération pour l'exploration projetée. Les pingouins seraient
utilisés pour l'alimentation et Ton passerait le premier hiver sur
ce littoral.
L'océanographie de ces mers inconnues aurait un intérêt parti-
culier, si l'on en juge par les dragages de l'expédition du Chal-
lenger, dans les parages antarctiques. Les profondeurs rencontrées
laisseraient pressentir l'existence de terres continentales. En outre,
on aurait à faire une ample moisson de documents pour chaque
branche des sciences physiques et naturelles, dans ces régions
inconnues, entrevues seulement par Dumont d'Urville et Ross.
(The Daily Chronicle, 27 février 1898.)
J. Girard.
— On nous écrit de Rome que M. Guido Gora, le directeur du
Cosmos, maintenant fixé à Rome, a eu une entrevue avec S. M. le
roi d'Italie qui lui a donné les premières nouvelles du voyage que
S. À. R. le duc des Abruzzes doit entreprendre au pôle Nord,
voyage qui durera trois ans. Cet été, le prince fera une excursion
préliminaire au Spitzberg. La note contient encore des renseigne-
ments sur la récente ascension du mont Saint-Élie (Alaska), dont
la publication ferait double emploi avec la communication parue
dans les Comptes rendus de février 1898 (p. 73-75).
Lob-nor. — M. P. Kozloff, ancien compagnon de MM. Prjévalski et
Pievtzoff en Asie centrale, consacre une étude (Voir aux Ouvrages
offerts) a la controveite au sujet de la position exacte du Lob-
nor. Selon M. Kozloff, il ne peut y avoir aucun doute sur l'identité
du Kara-konchoun-koul découvert par Prjévalski et le Lob-nor
des Chinois. Ce lac n'est d'ailleurs pas un lac d'eau douce, comme
on Ta cru communément : sauf sur le chenal formé par le Yarkend,
les eaux du Lob-nor de Prjévalski sont salées. Quant aux lagunes
observées par M. Sven Hedin au-dessus du Kara-konchoun, M. Koz-
loff les attribue aux méandres formés par le Konlché-daria, dans sa
course vers l'ouest.
Publications russes. — Depuis l'annexion de Batoum, le gou-
vernement russe n'a cessé de songer au développement des diverses
branches de culture qui conviennent au climat de ce pays. On a
trouvé que le thé pouvait être introduit dans cette contrée et on a
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SÉANCES DSS 4, 18 ET 21 MARS 1898. 147
laissé les négociants de Moscou, MM. Popoff, anciens marchands de
thé chinois, établir des plantations de l'arbuste dont les feuilles
donne Qt le thé.
Mais, pour bien diriger cette entreprise, il fallait avoir des ren-
seignements scientifiques sur la production du thé en Chine et en
d'autres pays ; la mission de recueillir ces renseignements fut
confiée à M. Krasnoff, professeur de botanique à l'université de
Kharkov. Ce savant a fait un voyage à Ceylan, en Assam, à Java,
en Chine et au Japon ; les résultats de ses recherches sont actuel-
lement publiés, et ils peuvent servir aux planteurs dans tous les
pays dont le climat convient à la culture de l'arbuste, tels que
l'Afrique du Nord, la Guinée, Madagascar. L'ouvrage de M. Kras-
noff remplace avantageusement l'ancien livre de M. Fortune qui
fut si utile aux Anglais en Assam et à Ceylan. — M. Popoff, le
grand négociant en thé, dont il vient d'être question, a présenté, ,
le 12/24 mars, à S. M. l'empereur de Russie le premier échantillon
àethé russe, cultivé aux environs de Batoum, où M. Popoff a ses
plantations.
Un autre ouvrage russe» qui peut servir aux intérêts de la civi-
lisation, est la récente publication de M. Enghelgardt, gouverneur
d'Arkhangelsk. Ce haut fonctionnaire a fait trois voyages dans les
différentes parties de son immense province, et il a publié des
rapports sur les résultats de ses recherches. La Laponie russe, le
bassin du Mézène et la partie méridionale de la Nouvelle-Zemble y
sont décrits avec beaucoup de soin et d'exactitude. Grâce à la
construction du chemin de fer Vologda-Arkhangelsk, toutes ces
contrées vont devenir plus accessibles que par le passé, et déjà
l'on pense à la construction d'une voie ferrée jusqu'à Kola. Les
recherches préliminaires nécessaires seront entreprises cette année
même, sous la direction de la Société de Géographie de Russie.
IV. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
bons (livres, cartes, etc.). — M. Ph. liatt, membre de l'Institut,
fait hommage de trente exemplaires de sa notice sur M. Antoine
d'Abbadie.
Le Dr S. Amanieux, Mb., verse une somme de cent francs pour
faroriser les publications géographiques de la Société.
Sous le titre : Un séjour dans l'île de Java (librairie Pion),
notre collègue M. Jules Leclercq vient de faire paraître une très
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U8 C0MPTE8 RENDUS DBS SÉANCES.
intéressante relation de son récent voyage dans la grande île
malaise. En nne suite de chapitres aussi animés qu'instructifs, il
décrit successivement les grands volcans de cette terre extraor-
dinaire, sa merveilleuse fécondité, ses chemins de fer vertigineux,
son passé comme son présent. A une époque où les questions éco-
nomiques sont à l'ordre du jour, nous signalons à l'attention de nos
collègues l'étude consciencieuse consacrée par M. Leclercq au sys-
tème colonial hollandais.
La Corée indépendante, russe ou japonaise, par M. Villetard
de Laguérie. — Après avoir suivi la guerre sino-*japonaise en
qualité de correspondant du journal Le Temps, l'auteur a fait un
long séjour à Chemoulpo et à Séoul, et c'est le résultat de son
enquête sur le pays, les indigènes, leurs mœurs, leurs usages, leurs
croyances qu'il nous offre dans un livre du plus haut intérêt. Au
moment où les incidents politiques de l'Extrême Orient attirent
l'attention publique, ce livre sera particulièrement apprécié. La
Corée est l'Egypte du Pacifique et les événements dont elle est le
théâtre constituent un véritable pendant à la question d'Orient
dans la Méditerranée. En plusieurs chapitres remarquables de pré-
cision et de clarté, l'auteur expose la question coréenne, les riva-
lités qu'elle suscite, et montre les dangers qu'elle peut faire
courir à la paix du monde. Après la lecture de la Corée indépen-
dante, russe ou japonaise, les événements actuels d'Extrême
Orient, qui nous semblent un imbroglio, s'éclairent d'un jour sin-
gulier. — Ch. Rabot.
Présentations de livres, cartes, etc. — M. Maunoir offre à la
Société Y Atlas du Niger entre Manambougou et Tombouctou,
établi par notre habile cartographe, M. Hansen, d'après les levés
exécutés en 1887 par M. Caron, lieutenant de vaisseau, et M. Le-
fort, lieutenant d'infanterie de marine, aidés du Dr Jouenne, mé-
decin de la marine.
c Nous avons là, dit M. Maunoir, représentés à l'échelle de
1/50,000, plus de 1,300 kilomètres du trajet du Dhiolibà, en y
comprenant le marigot de Diaka, longde 200 kilomètres et qu'aucun
Européen n'avait visité avant M. Caron.
c Le levé de la roule, effectué par cheminement, avec sondages
d'un bout à l'autre du parcours, a été assujetti à des observations
astronomiques exécutées en moyenne tous les 100 kilomètres. De
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SÉANCKS DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. U9
plus, sur l'Atlas de M. Caron, figure l'itinéraire de Mopti à Ban-
diagarà, suivi par cet officier.
c L'importance géographique du voyage de MM. Caron, Lefort
et Jouenne avait été jugée avec une parfaite compétence par Henri
Duveyrier en 1889, dans le rapport qui justifiait l'attribution au
commandant Caron d'une médaille d'or de la Société. Toutefois
ces levés étaient restés. inédits, comme le sont encore celui de
MM. Froger et Delanneau, accompli en 1884, et celui du regretté
Davoust, accompli en 1885.
c A leurs frais, risques etpérils, M. Caron et M. Hansen ont entre-
pris la publication des levés du fleuve entre Manambougou et
Tombouctou.
c Cette initiative met au service de la navigation sur le Niger un
document d'une utilité de premier ordre, dont les géographes aussi
apprécieront toute la valeur.
c La Société ne peut qu'être très reconnaissante envers M. Caron
et M. Hansen de lui avoir fait hommage d'un exemplaire de leur
précieuse publication.
c Une dizaine d'années après le voyage de M. Caron, la mission
Hourst, reprenant, à partir de Tombouctou, l'œuvre de 1887, la
conduisait jusqu'aux abords des embouchures du fleuve.
c D'autre part, les voyages du commandant Decœur et du capi-
taine Toutée nous ont valu une abondante récolte d'informations
sur le cours inférieur du fleuve immense dont le tracé général
aura exigé un siècle.
c Si, dans Phistoire des premières recherches sur le Niger, appa-
raissent, à côté du nom de René Caillié, les noms d'éminents explo-
rateurs anglais ou allemands, nous voyons qu'en définitive la
prise de possession scientifique de la grande artère soudanaise
aura été presque exclusivement une œuvre française.
c On en peut dire autant de l'exploration des territoires que le
Niger enveloppe de sa courbe immense. La carte, il y a quelques
années, en était complètement blanche ; elle est aujourd'hui cou-
verte de lignes, de points et de noms ; elle est sillonnée d'itiné-
raires dont l'immense majorité — la presque totalité — est due à
dos explorateurs et plus particulièrement à nos jeunes officiers
qui ont toujours été à la hauteur de leur rude tâche.
c La politique nous est interdite ici et avec toute raison. 11 est
pourtant permis de faire observer que le nombre, la continuité,
l'importance des explorations sont désormais considérés par la
diplomatie comme des litres effectifs quand il s'agit de la reven-
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150 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
dication de territoires dans le partage de l'Afrique. » (Applaudis-
sements.)
Nécrologie. — La Société a eu le regret de perdre les membres
dont les noms suivent : MM. À.-Ch.-Maximin Oudin, sous-chef de
division au Crédit foncier de France [Mb. 1898]; — A.-M. Robert
Carteron, chef de bataillon, commandant le 29e bataillon de chas-
seurs à pied [Mb. 1877]; — Henri Héraar [Mb. 1895]; Corne de
Satgé [Mb. 1876].
Y. — CONGRÈS ET SOCIÉTÉS SAVANTES
La Société de géographie et d'archéologie d'Oran annonce
qu'elle célébrera, le 16 avril prochain, sous la présidence de M. le
Ministre de l'Instruction publique, ou de son délégué, le vingtième
anniversaire de sa fondation. Cette fondation porte le n° 5 dans
l'ordre chronologique des Sociétés de Géographie françaises.
*— Un Congrès international d'histoire diplomatique doit s'ouvrir
cette année, à la Haye, le 12 septembre.
Ce Congrès, qui s'adresse particulièrement aux diplomates,
savants, écrivains et amateurs de science de tous les pays, sera
divisé en sections, où chaque nation parlera sa langue et aura son
président.
— Le Muséum d'histoire naturelle annonce que les leçons pour
l'enseignement spécial destiné aux voyageurs, année 1898, com-
menceront le jeudi 21 avril, à 10 heures du matin, dans l'amphi-
théâtre de la Galerie de zoologie, et continueront les samedis,
mardis et jeudis suivants, à la même heure. Des Conférences pra-
tiques seront faites dans les laboratoires ou sur le terrain ; les audi-
teurs y seront initiés à la récolte ou à la préparation des collections,
aux relevés photographiques, à la détermination du point en
voyage et à des notions sommaires de géodésie et de topographie.
Les jours et heures de ces conférences seront indiqués à la suite
des leçons.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 151
Séance du 4 mars 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Victor Com belles; Léon Ri chaud ; Georges Saint- Yves; G. Sta-
nislas de Rechniewski; Mlle Elisabeth de Verneaux.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Ragois, directeur d'une agence du Crédit Lyonnais à Paris
(Octave LeteUier et le baron Hulot) ; Jules Pierre Alexandre Lacoste,
Lucien Guillet (Mme Gabrielle Francheterre et Joseph Renaud);
— Bonnassiès Henry Augustin, lieutenant d'infanterie (Le Myré de
Vilen et Paul Bonnassiès) ; — Bretonnet Henri Etienne, lieutenant
de vaisseau (Louis Binger et le lieutenant-colonel Monteil); —
Henry de Trédern; le baron Jean de Gail, lieutenant de cavalerie;
Léon de Laborde (Le Myre de Vilers et Edouard Anthoine); —
Mme la marquise de Jaucourt (le prince Auguste à'Arenberg et le
comte Louis de Turenne).
Séance du 18 mars 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Ragois; Jules Pierre Alexandre Lacoste; Lucien Guillet;
Henry Augustin Bonnassiès; Henri Etienne Bretonnet; Henry de
Trédern; le baron Jean de Gail; Léon de Laborde; Mme la mar-
quise de Jaucourt.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Lefort (François Alfred), notaire honoraire (le baron Hulot
et Albert de Lapparent); — Charles Berchon (Franz Schrader et
le baron Hulot); — R. Henry, ingénieur des Arts et Manufactures
(baron Hulot et Jules Girard).
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152 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Mars 1898
GÉNÉRALITÉS- — Bibliothek der Lânderkunde. Herausgeg. von A.
Kirchhoff und R. Fitzner. Bd 1. Antarktls, von Dr. Karl Fricker.
Berlin, 1898, 1 vol. in-8. Schall et Grund, éditeurs.
Le plan de cette publication comporte l'étude monographique des
différentes parties du globe par des spécialistes. Le volume ci-dessus,
premier de la série, est un excellent spécimen de ce nouvel ouvrage
géographique. Il est orné de nombreuses cartes, photogravures et
dessins exécutés avec beaucoup de soin d'après Dumont d'Urvllle,
Wilkes, le Challenger, etc.
J. Eysséric. — Nouvelle géographie générale. Livre-atlas. 3* édition.
Paris, Delagrave, 1898, 1 vol. in-4. Auteur.
The Statesman's Year-book... 1898. Edited by J. Scott Keltie, with the
assistance of S. P. A. Renwick. London, MacMillanC0, 1898, 1 vol.
in-12. J. Scott Keltie.
The Christian Topography of Cosmas, an Egyptian Monk. Translatée
from the Greek, and edited with Notes and Introduction, by J. W.
Me Grindle. London, Hakluyt Society (vol. n* 98), 1 .vol. in-8.
Abonnement.
Expéditions scientiûques du Travailleur et du Talisman pendant les
années 1880, 1881, 1882, 1883. Ouvrage publié sous les auspices du
Ministère de l'Instruction publique, sous la direction de A. Milne-
Edwards. Mollusques testacés, par Arnould Locard. Tome Ier. Paris,
Masson, 189.7, 1 vol. in-4. Ministère de l'Instruction publique.
Frère Alexis M. G. — Le bilan géographique de l'année 1897 (Bull. soc.
r. géogr. d'Anvers), Anvers, 1897, broch. in-8. Auteur.
Svenska turistforening^ns arsskrifl for âr 1898. Stockholm, 1 vol.
in-8. Echange.
Louis Vignon. — Les sociétés indigènes. Politique que doivent
suivre à leur égard les nations colonisatrices (Revue scientifique,
8 février 1898). Paris, 1898, broch. in-8. Auteur.
Raymond Jogan. — Quelques mots sur les grandes compagnies de colo-
nisation. Périgueux, 1892, 1 vol. in-8. Auteur.
J. de Ret-Pailhade. — Sur l'extension du système décimal au jour et
au cercle entiers... (C. R. Acad. des se, 14 février 1898). Auteur.
BIOGRAPHIE. — R. de F arias Brito. — Homens do Cearâ. D* G.
Studart (Rev. da Acad, Cearense), Fortaleza, 1898, opuscule in-8.
Echange.
Notice biographique sur Emile Prisse d'Avennes, voyageur français...
orné d'un portrait. Paris, Société d'éditions scientifiques, 1896, 1 vol.
in-8. E. Prisse d'Avennes, fils.
IF W. Wolkenhauer. — Geographische Nekrologle fur die lahre 1896
und 1897 (Geogr. lahrb., 1898). Auteur.
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8ÉANCKS DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 153
EUROPE* — Statistique agricole de la France, publiée par le Minis-
tère de l'Agriculture. Résultats généraux de l'enquête décennale de
1892. Paris, Impr. nat., 1897, 1 vol. in-8, 1 atlas in-4.
Ministère de l'agriculture.
Ardouin Dumazbt. — Voyage en France. 13* et 14* séries (Corse;
Provence maritime). Paris, 1898, 2 vol. in-8. Aoteub.
Emile Amé. — Dictionnaire topographique du département du Cantal
(Dictionnaire topogr. de la France publié sous les auspices du Mi-
nistère de l'Instruction publique). Paris, Leroux, 1 vol. in-4.
Description des îles de l'Archipel par Christophe Buondelmonti. Ver-
sion grecque par un anonyme, publiée d'après le manuscrit du sérail
avec une traduction française et un commentaire, par Emile Legrand.
Première partie, ornée de 52 cartes géographiques (Publications de
l'Ecole des Langues or. vivantes, 4*sér., t. XIV). Paris, Leroux, 1897,
1 vol. in-8. Ministère de l'Instruction publique.
Resultate der wissenschaftiichen Erforschung des Plattensees. Heraus-
gegeben von der Plattensee-Commission der ung. geographischen Gesell-
schaft. Erster Band. Physikalische Géographie des Plattensees und
seine r Umgebung. 3. Teil. Limnologie des Plattensees von E. v. Chol-
noky. Wien, Hôlzel, 1897, 1 vol. in-4. Echange.
Cannosa. Prag, Mercy, 1897, 1 vol. in-4 (auctore : S. A. I. etR. Louis
Salvator d'Autriche). Auteur.
ASIE. — Constant De Dbken. — A travers l'Asie. Avant-propos de
J. Leclercq. Bruxelles, impr. Polleunis et Ceuterick, 1894, 1 vol.
in-8. J. Leclercq.
c ...C. De Deken avait séjourné pendant trois ans (1880-1883) au
Kansou où il avait appris la pratique de la langue chinoise. En
1883, il avait été envoyé fonder une mission dans la province de
Tlli... Dans un séjour de cinq années (1883-1887), il y apprit le
turc et le russe... 11 était à peine rentré à Kouldja que deux célè-
bres explorateurs français, M. G. Bonvalot et le prince H. d'Orléans
lui demandèrent le concours de son expérience dans l'expédition
qu'ils projetaient à travers le Thibet... » (Avant- propos.)
P. K. Kozloff. — Lob-nor. A l'occasion de la communication faite, par
M. Sven Hedin, à la Société impériale russe de géographie le 15 oc-
tobre 1897. Avec deux cartes (Iiviestia de la Soc. imp. russe de
géogr.). Saint-Pétersbourg, 1898, opuscule in-8. Auteur.
Alfred Coussqt et Henri Ruf.l. — Douze mois chez les sauvages du
Laos. Paris, Challamel, 1898, 1 vol. in-8. Auteurs.
M. Coussot Ût partie, en qualité d'ingénieur, de la mission envoyée,
au commencement de l'année 1894, au Laos, par la Société française
d'études des mines de T'Boc. Il s'agissait d'explorer la partie du
Laos située à l'ouest du Mékong et reconnaître en particulier les gi-
sements aurifères signalés dans cette contrée. La mission se compo-
sait encore de MM. H. Ruel, Pelletier, décédé au cours du voyage,
et de M. Lefebvre.
Le livre est divisé en trois parties : Voyage de la mission ; le Laos
(pays, habitants, produits) ; géologie et minéralogie du Bas-Laos. Le
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154 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
volume est orné de cartes, d'illustration» et se termine par un petit
vocabulaire de mots cambodgiens, laotiens et tiaraï.
Villetard j>e Laguébie. — La Corée indépendante, russe, ou japo-
naise. Paris, Hachette, 1 vol. in-8. Auteur.
M. Tillot et S. Fischer. — Notes sur la monnaie et les métaux
précieux en Chine. Shanghaï, 1878, opuscule in-8. M. Tillot.
AFRIQUE. — Exploration scientifique de la Tunisie, publiée sous
les auspices du Ministère de l'Instruction publique. Paris, lmp. nat.,
1892-1897, 23 opuscules in-8, 3 in-4.
Ministère db l'Instruction publique.
Y1* Begouen. — La Condamine. Tunis. Le Bardo. Carthage. Extraits
inédits du « Journal de mon voyage au Levant » (21 mai-6 octobre
1731), publiés avec une introduction, des notes et pièces justificatives
(Revue tunisienne). Tunis, 1898, opuscule in-8. Auteur.
Et. Grosclaude. — Un Parisien à Madagascar. Aventures et impres-
sions de voyage. Paris, Hachette, 1898, 1 vol. in-8. A. Bicherani».
Dr A. Voeltzkow. — Wissenschaftliche Ergebnisse der Reisen in
Madagascar und Ostafrika in den Iahren 1889-1895 {Senckenberg-
8che Xaturforsch. Geselhch. Bd. 21). Frankfurt a. M., M. Diesterweg,
1897, 1 vol. in-4. Aiiteuh.
Ed. Au blet. — La guerre au Dahomey. 1888-1893. D'après les do-
cuments officiels. Paris, Berger- Levrault, 1894, 2 vol. in-8. Auteur.
V1* de Noailles. — Les Anglais en Egypte. Aperçu de la situation.
Paris, Charles, 1898, opuscule in-8. Auteur
Etude d'actualité montrant la situation que les Anglais 'ont su
prendre dans ce pays et la manière dont ils se sont introduits depuis
1882, dans toutes les administrations de l'Etat égyptien.
L'auteur donne des renseignements sur la pénétration dans le sud,
sur l'état des troupes et les modifications que les circonstances ré-
centes viennent d'apporter aux projets de marche dans le Soudan.
E. de Martonne. — Die Hydrographie des oberen Nil-Beckens {Zcil-
schrift Gesellsch. f. Erdk.y 1897), broc h. in-8. Auteur.
AMÉRIQUE. — Juan Queirbl. — Misiones. Buenos- Ayres, 1897, 1 vol.
in-8. Auteur.
Monographie très complète accompagnée de nombreuses gravures
et d'une grande carte de la province.
RÉGIONS POLAIRES. — Syen Lonborg. — Adam af Bremen oc h
hans skildring af Nordeuropas lànder och folk. Uppsala 1897, 1 vol.
in-8. Echange.
Grônland-Expedilion der Gesellchaft fur Erdkunde zu Berlin, 1891-
1893. Unler Leitung von Erich von Drygalski. Berlin, Kuhl.1897, 2 vol.
in-4. Société de géographie de Berlin.
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SÉANCES DES 4, 18 ET 21 MARS 1898. 155
Cartes. — Photographies.
Atlas topographique de la Suisse à l'échelle des levers originaux. Li -
vraison 47. Gouvernement fédéral.
E. Garon et P. Lefort. — Atlas du cours du Niger. Lever hydro-
graphique entre Manambougou et Tombouctou. Cinquante et une
feuilles à l'échelle de 1/50,000. Cartes dressées par J. Hansen, Paris,
1898, in-r\ Auteurs.
F. R. Martins Sammlungen aus dera Orient in der allgemeinen Kunst-
und lndustrie-Ausstellung zu Stockholm, 1897 (Sibirica. — Morgenlàn-
dische Stoffe. — Thuren aus Turkestan. — Moderne Keramik von Cen-
tralasien). Stockholm, in-4. F. R. Martin.
France-album, n° 48. Le pays du soleil. Des Maures à l'Estérel.
Hyères, Saint-Tropez, Fréjus... A. Karl, éditeur.
P. Labbé. — Mission ethnographique en Sibérie et dans i'Asle cen-
trale. Vues diverses, 70 pi. Auteur.
Mission J. de Baye. Sibérie, Turkestan, Caucase (Photogravures. 70 plan-
ches). J. de Baye.
La Société fait appel à tons ses membres, aux explorateurs, aux
missionnaires et aux amateurs, en vue d'augmenter ses collections
photographiques déjà importantes. Elle accueillera avec recon-
naissance les photographies présentant un caractère géogra-
phique ou ethnographique (vues de paysages, de lieux habités, de
monuments, de types humains) et plus particulièrement celles qui
proviendront des régions peu connues ou incomplètement explorées.
En adressant les documents à la Société, les donateurs sont
priés de déclarer s'ils désirent ou non se réserver le droit de
reproduction.
Le gérant responsable :
HULOT,
Secrétaire général de la Commission Centrale .
BOULBVARD SAINT-GBRMAIN, iS4.
5UI.— L.-liiipriiiiorics réunies, B, rue Mignon, 3.— MottïROZ, directeur
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SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
SÉANCES DES 1", 5, 15 ET 25 AVRIL 1898
±ar a/vxôl
PAES1DENCE DE M. ALPH. M1LNE-EDWARDS
de l'Institut, président de la Société.
CENTENAIRE DE BARENTS
Aux côtés du Président prennent place : MM. Charles Maunoir,
le colonel Bassot, vice-présidents, M. Chaffanjon, secrétaire de la
Société; M. Weede, conseiller de la légation des Pays-Bas, à Paris.
Le président ouvre la séance par l'allocution suivante :
c Mesdames, messieurs, vous n'entendrez pas aujourd'hui de
jeunes voyageurs raconter leurs émouvantes expéditions en Asie
ou en Afrique ; nous remonterons très loin dans le passé et c'est
une omhre, vieille de trois siècles, que nous évoquerons devant
vous, celle du Hollandais Willem Barents.
c La Société de Géographie prend son bien partout où elle le
trouve et les lointains voyages des anciens navigateurs lui appar-
tiennent presque au même tilre que les explorations modernes.
L'étude géographique des régions polaires n'était pas, il est vrai,
le mobile qui poussait, jadis, les Hollandais à travers les mers
glacées du Nord ; c'était le vif désir de découvrir une voie nouvelle,
pour atteindre l'Extrême-Orient, en suivant les côtes septen-
trionales de l'Asie, et de trafiquer avec la Chine et les Indes dont
le commerce, si lucratif, était accaparé par les Espagnols.
c La géographie pourtant a largement profité de ces audacieuses
SOC. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉÀHCES. — N° 4 — Avril. 12
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158 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
entreprises qui excitèrent, à la fin du xvi* siècle, autant d'intérêt et
d'enthousiasme que, de nos jours, celle de Nordenskiôld.
t L'histoire des nations nous montre combien le cours des événe-
ments défie souvent les prévisions humaines. Si la Hollande est
alors devenue une puissance maritime, si ses marins comptaient
parmi les plus hardis du monde, elle le devait à sa lutte avec
l'Espagne, lutte disproportionnée et qui, cependant, loin de l'écraser,
Fa rendue plus forte et plus vivace. Elle combattait pour sa foi et
son indépendance, et cette guerre fut, pour elle, une dure, mais
une utile école, d'où sont sortis des caractères solidement trempés
et des cœurs indomptables.
c La force, sans le droit, ne fonde rien de durable et la persé-
cution se retourne contre l'oppresseur. On peut violer la conscience
d'un peuple; on ne la supprime pas, et le patriotisme, quand il ne
connaît ni lassitude, ni défaillance, suffit à rompre les chaînes les
plus lourdes. Le passé le prouve et l'avenir ne le démentira pas.
« Les c Gueux de mer > du Zuyderzée ont été les précurseurs
des marins des Pays-Bas; d'abord flibustiers et vivant de rapines,
ils s'étaient disciplinés peu à peu et de ces corsaires, de ces pirates
sans peur et sans scrupules, un Gouvernement national avait fait
d'admirables instruments.
c Embusqués dans les criques de la Frise et de la Zélande, ils
étaient à l'affût de toutes les occasions ; rien ne les faisait hésiter,
ni l'état de la mer, ni la force de leurs adversaires, et leur élan
n'a jamais été arrêté par les dangers sans nombre qui les atten-
daient. En cas d'échec, ils n'avaient à espérer aucun quartier et
ils savaient qu'aussitôt pris, ils seraient pendus ou décapités et
que leurs têtes conservées dans le sel, à la façon des Turcs, ser-
viraient de trophées de victoire à leurs ennemis.
c Soumis à un pareil entraînement, les Néerlandais étaient de-
venus presque invincibles sur les mers et, quaud la paix leur eût
rendu le libre parcours de l'Océan du nord, ils se lancèrent, avec
ardeur, à la recherche de ce passage vers Test qui aurait donné,
d'un seul coup aux Pays-Bas, la gloire et la richesse.
c Aussi, était-il toujours facile de trouver des chefs et des mate-
lots pour tenter les plus périlleuses aventures, et plusieurs places
de commerce, comme Amsterdam, étaient d'inépuisables entre-
pôts, où l'on était sûr de pouvoir, en quelques jours, recruter un
équipage d'hommes braves et endurcis à toutes les fatigues, pour
la modique somme de 3 florins par tête et par mois.
c II était encore plus dangereux d'affronter les glaces du pôle
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SÉANCES DJES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 159
que d'attaquer les flottes espagnoles, et de ces expéditions arctiques,
parties sous les plus heureux auspices, beaucoup n'étaient jamais
revenues ou d'autres, plus faforisées, ne comptaient, au retour,
que de rares survivants. Nous avons peine, aujourd'hui, à com-
prendre ce qu'était, il y a trois siècles, l'existence de ces hommes,
embarqués sur de petits navires mal aménagés, mal approvi-
sionnés ; le froid, les tempêtes, le scorbut les décimaient et, n'ayant
qu'une très imparfaite notion des régions qu'ils exploraient, ils
étaient bientôt perdus dans les brumes, au milieu de banquises
illimitées*
c Barents mérite une place d'honneur parmi ces intrépides ma-
rins qui, sans se décourager, s'attachaient avec une rare énergie
à rompre la barrière des glaces polaires. S'il n'a pas atteint le but
qu'il se proposait, il a fait d'importantes découvertes géographie
ques, et c'est justice si les trois cents années écoulées depuis sa
mort — sur le champ de bataille qu'il s'était choisi — n'ont pas
effacé sa mémoire.
c Notre Société a pensé qu'il yaurait un réel intérêt à rappeler les
voyages de ce hardi capitaine, et nous remercions M. Gordier et
M. Rabot d'avoir bien voulu assumer la tâche de faire revivre ici,
pendant quelques instants, la figure originale de Willem Barents. >
(Applaudissements.)
A 1» reetaerehe 4'hb paaeage Ter» l'Asie par le Merd-Oveet
et le j*erd-E*t, par M. Henri Cordier. — M. Cordier dit que les
quelques paroles qu'il prononcera ce soir formeront comme le
cadre de la conférence de M. Ch. Rabot.
< Lorsque Vasco de Gama eut doublé le cap de Bonne-Espé-
rance, qui avait été découvert dix années auparavant par Bar-
tholomé Diaz, en 1487, il se trouva en présence de cet océan Indien
si considérable, qui était pour les régions d'Extrême-Orient ce
qu'est aujourd'hui la Méditerranée pour certaines de nos régions.
« L'Inde était l'objet d'ardentes convoitises de la part des
pays européens et il y avait nécessité absolue pour eux de trouver
une route aussi courte que possible pour s'y rendre. Après le traité
passé entre le Portugal et l'Espagne, craignant qu'à un moment
donné, les routes vers le sud ne vinssent à être fermées, les puis-
sances du nord cherchèrent une autre voie. Tout ce que nous
recevions en Europe arrivait des Moluques, de la Chine, de
l'Inde : il était donc important que nous fussions bien renseignés
sur les routes qui conduisaient à ces régions. De là le problème
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160 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
de la pénétration en Chine et aux Moluques par l'Asie. Cette route
fut cherchée par les trois ou quatre puissances intéressées, et en
particulier par l'Angleterre et la Hollande. Mais il ne faut pas
oublier que les premières acquisitions faites dans le nord de
l'Amérique Font été par l'Angleterre. La fin de la grande guerre
des Deux-Roses et l'avènement des Tudor (1485) marquent la for-
mation de cette marine qui devait devenir si puissante et qui attei-
gnit son apogée sous le règne de la reine Elisabeth. Cette grande
lutte devait créer de grands marins. Dès la fin du xve siècle,
Henri VU concéda le privilège des découvertes du nord à Jean
Cabot, originaire de la Vénétie. C'est à cette charte que l'on doit
la découverte du Labrador, et plus tard cette route se pour-
suivit. Nous voyons Cabot remonter au nord-ouest vers ce pas-
sage qui ne sera, comme l'autre, celui du nord-est, résolu qu'à
notre époque, car tous les efforts devaient rester stériles jusqu'à
nos jours. Ce problème géographique n'est devenu un problème
pratique que depuis quarante ans.
c La question qui nous intéresse surtout, c'est celle de la route
vers la Chine et vers les Moluques, c'est-à-dire le passage vers le
nord-est en Asie et vers le nord-ouest en Amérique. La recherche
de la route du nord-est a amené les découvertes de Barents dans
les beaux voyages qu'il fit de 1594 à 1597.
c La route d'Asie a été franchie par Vilus Behring, au détroit
qui porte son nom. L'autre, celle du nord-ouest, a été ouverte
par le capitaine Robert Me Lure, en 1850. Mais le passage com-
plet par le nord-est n'a été ouvert qu'en 1879 par le baron Adolf
Eric Nordenskiôld, lorsqu'il fit la grande route d'Asie à bord de
la Véga.
t Notre objectif est moins de traiter ici dans leur ensemble ces
questions arctiques, que de dégager nettement le but poursuivi par
nos anciens voyageurs, nos anciens géographes. Ils ambition-
naient, non pas d'atteindre le pôle nord, mais de trouver la route
d'Asie, soit par le nord-est, soit par le nord-ouest. >
M. Cordier termine en remerciant M. le Ministre des Pays-
Bas qui a bien voulu honorer de sa présence la cérémonie d'au-
jourd'hui, toute à la glorification de la Hollande.
La parole est donnée ensuite à M. Ch. Rabot pour sa communi-
cation.
Le* troU v«ya*e« «e W. Bareata (lft*4-lft»«). — Dans
l'histoire de la géographie, dit en substance M. Rabot, les
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 161
trois voyages de Barents ont une importance capitale. Non seule-
ment le célèbre navigateur hollandais a singulièrement élargi les
connaissances de l'époque en découvrant le Spitzberg et l'extré-
mité septentrionale de la Nouvelle-Zemble et en parvenant dès le
xvi* siècle à des latitudes qui n'ont été dépassées que dans ces der-
nières années, mais encore il a ouvert la voie aux explorateurs
ultérieurs en innovant une nouvelle méthode de navigation arctique.
Les marins, qui jusque-là s'étaient aventurés dans l'océan Glacial
situé au nord de l'Europe, ne s'étaient guère écartés des côtes, et
lorsqu'ils avaient rencontré une banquise, toujours ils avaient
patiemment attendu sa dislocation ou prudemment battu en re-
traite. Le premier, Barents a eu l'audace de se lancer en pleine
mer pour chercher une route à travers les banquises, et le premier,
il a eu la hardiesse d'engager son navire au milieu des glaces pour
se frayer un passage à travers leurs amoncellements.
En 1594 eut lieu le premier voyage de Barents. Le 15 juin, une
flottille de quatre navires quittait la Hollande; deux bâtiments
commandés par A. Gorneliz Nay et Brandt Tetgales avaient mission
de tenter le passage du Nord-Est par le détroit de Vaigatch, tandis
que les deux autres, conduits par Barents, devaient essayer de dou-
bler la Nouvelle-Zemble parle nord. Le 1er août, Barents réussit à
atteindre les lies d'Orange à l'extrémité septentrionale de cette
terre. Au delà, la route lui étant barrée par une épaisse banquise,
il battit en retraite. De leur côté Nay et Tetgales parvinrent dans
la mer de Kara en vue de la côte de Ialmal. D'après les rensei-
gnements très précis donnés par De Veer, l'historiographe de
l'expédition, sur la position des banquises, l'état des glaces était,
cette année-là, très favorable à la navigation; depuis trois siècles
leur régime ne semble pas avoir changé dans ces parages.
L'année suivante, les Etats généraux équipèrent une flotte de
sept navires qui devait se rendre en Chine, par la mer de Kara.
Cette expédition n'eut aucun succès et ne put même avancer aussi
loin vers Test que les navires de Nay, l'année précédente. En 1595
les glaces étaient très abondantes dans la mer de Kara.
En 1596, Barents entreprit la mémorable exploration qui devait
rendre son nom à jamais célèbre. Au cours de ce voyage il décou-
vrit Beeren Eiland et le Spitzberg; puis, après avoir été arrêté par
la grande banquise polaire sur la côte nord de cet archipel, il par-
vint à doubler l'extrémité nord-est de la Nouvelle-Zemble où il fut
emprisonné par les glaces et condamné à un hivernage. C'est le
premier hivernage dans les régions polaires supporté par des Euro-
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162 COMPTES RENDUS DES SÉANCES,
péens. En ces difficiles conjonctures, Barents se montra admirable
et sut prendre toutes les mesures qu'aujourd'hui un capitaine ex-
périmenté ordonnerait en pareille occurrence. Afin d'assurer la
subsistance de l'équipage en cas de perte du navire, il fit trans-
porter à terre les approvisionnements, puis, avec les bois flottés
épars sur le rivage, il ordonnna la construction d'une hutte, et
recueillit soigneusement pour l'éclairage la graisse des ours tués,
comme devait le faire Nansen dans sa hutte à la Terre François-
Joseph.
Le 14 juin 1597, les Hollandais, abandonnant leur navire, tou-
jours captif au milieu des glaces, battirent en retraite vers le
sud dans leurs canots. Cette retraite est une des plus audacieuses
entreprises qui aient été accomplies dans les régions polaires;
elle est à coup sûr pour l'époque un exploit aussi extraordinaire
que la marche de Nansen à travers la banquise. Le 20 juin 1597,
Barents, malade depuis longtemps, rendit le dernier soupir en vue
du cap des Glaces, cette suprême conquête de son énergie.
5 et*vxôl
SÉANCE SUPPLÉMENTAIRE
PRÉSIDENCE DE MM. IUMBAUD, MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
ET LE MYRE DE VILERS
Président de la Commission centrale.
- M. Le Myre de Vilers, après avoir annoncé qu'il a reçu des nou-
velles du général Gallieni, gouverneur général de Madagascar, et de
M. Charles-Eudes Bonin, auxquels il envoie tous les souhaits de la
Société, donne la parole à Mme Isabelle Massieu. c Je n'ai pas,
dit-il, besoin de présenter à l'assemblée la femme courageuse qui
va nous raconter ses voyages et qui a déjà, avant de commencer
son récit, toutes les sympathies de la Société. >
»e l'irrawadtfi an Mék*ag supérieur. — Mme Massieu dé-
clare en commençant qu'elle ne prétend pas faire autre chose
qu'œuvre de vulgarisation. Elle veut simplement prouver que ce
qu'une femme seule peut entreprendre est à la portée de tout le
monde, et que nous avons tout intérêt à observer ce qui se fait au
dehors, à étudier les initiatives des autres peuples. Cela dit, après
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i ;é 4 n-l I
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464 COMPTES RENDUS DES SEANCES.
avoir vanté les charmes du voyage et l'hospitalité qu'elle a, chemin
faisant, reçue des Anglais, elle aborde la description d'une partie
du voyage qu'elle vient d'accomplir eu Asie. Ce voyage est consi-
dérable; il est facile de s'en rendre compte à l'énoncé de l'itinéraire.
En quinze mois l'intrépide voyageuse a visité Saïgon, le Cam-
bodge et les ruines d'Angkor, Bangkok et le Siam, la Birmanie du
sud au nord jusqu'à la frontière de Chine, la péninsule indo-
chinoise qu'elle a traversée dans sa plus grande largeur, de Man-
dalay à Hué, à travers les États chans et le Laos, le Tonkin et ses
territoires militaires, Canton, Changhaï, le fleuve Bleu remonté
sur 1,600 kilomètres, jusqu'aux rapides d'ichang, le Japon et le
pays des Aïnos, les ports de Corée, Pékin, la Mongolie et le désert
de Gobi, la Sibérie jusqu'à Omsk, les steppes des Kirghiz, le Tur-
kestan (Samarkande, Boukhara), la mer Caspienne, le Caucase
(Bakou, Tiflis).
Mme Massieu se borne à parler de la Birmanie et des États
chans.
La Birmanie méridionale peut être comparée pour son climat et
la richesse de son sol à la Cochinchine, et la Birmanie septen-
trionale au Tonkin, avec plus de sécheresse et moins d'habitants
pour sa partie nord que le Haut Tonkin. Les peuples de la Bir-
manie sont, plus ou moins, issus de la Chine et beaucoup d'entre
eux ont conservé les traits physiques des Chinois du sud, par
exemple les Khins à l'ouest, les Kakhins au nord et les Chans à
l'est. Mais ils ont reçu l'empreinte religieuse, intellectuelle et
morale de l'Hindoustan. Le Manou est le livre de la loi civile des
Birmans et la civilisation leur a été apportée par les Hindous. La
religion birmane est le bouddhisme et le pape du bouddhisme bir-
man habite Mandalay. Mme Massieu a été reçue par lui, et elle
peut se vanter d'être la seule femme qui ait touché la main d'un
pape birman. Viennent ensuite les bonzes ou ponghees, qui ne for-
ment pas à proprement parler une caste à part, car, de môme qu'au
Siam, tout le monde doit avoir été poonghee quelques mois au
moins dans sa vie. Us sont consacrés à l'instruction et ne doivent
vivre que de charité. Les Européens leur ont donné le nom de
talapoints, qui leur vient du grand éventail fait d'une feuille de
talapot ou latanier, derrière lequel ils doivent s'abriter dans la
rue pour ne pas voir les femmes. Mme Massieu donne ensuite des
détails très curieux et très vivants sur les mœurs et la vie bir-
manes, sur les monuments de Mandalay, sur la chute du dernier
roi Theebaw, etc.
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898.
165
De Rangoon, pour pénétrer à l'intérieur et jusqu'en Chine, les
Anglais disposent d'une voie de communication incomparable, le
grand Irrawaddi qui, malgré les déplacements de ses sables, porte
jusqu'à Bhamo, à 1,450 kilomètres de l'Océan, des navires de
100 mètres de longueur. Ces bateaux mesurent 23 mètres de
largeur sur le développement des roues. Ils sont flanqués d'un
ou deux chalands plats, presque aussi longs que le steamer. Ce
sont de véritables bazars ambulants, car presque tout le pont
supérieur est réservé aux marchandises et à chaque escale les
indigènes viennent faire leurs échanges sur le bateau même.
Kcolc du roi Thccbaw devenue uno église protestante.
Au-dessus de Bhamo des steamers plus petits montent trois fois
par semaine à Myiktina, au delà des gisements d'ambre et des
mines de jade, la pierre précieuse chinoise qui s'exporte à Canton.
A côté de cette voie fluviale, les Anglais ont créé une ligne de
chemin de fer de Rangoon à Prome sur PIrrawaddi (263 kil.) et
encore de Rangoon par Toungou, une autre ligne plus à Test qui
traverse l'immense fleuve à Saraing, au-dessous de Mandalay, par
un steamer entre deux bacs, touche de nouveau le fleuve à Katka
et monte jusqu'à Mogoung à 1,200 kilomètres de l'Océan, aban-
donnant Bhamo, au fond d'un grand coude de PIrrawaddi. Cette
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166 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES,
ligne on exploitation doit être terminée maintenant jusqu'à Myiktina,
le terminus de la navigation à vapeur (1,600 kil. de rivière). La
frontière de Chine est à 21 kilomètres de Bhamo, à Nampaung sur
le Taping, navigable aux grosses barques sur plus de 40 kilo-
mètres, dans la direction de Tali-fou, centre important de la pro-
vince du Yunnan. Tali-fou se trouve ainsi à 350 kilomètres de
Bhamo et du graud steamer anglais.
Le 25 décembre 1896, MmeMassieu, accompagnée d'une escorte
de 5 cavaliers du Penjab, quittait Mandalay et ses hôtes britan-
niques pour gagner Hué, en un voyage de trois mois à travers
les États chaos et le Laos. Les dix premières étapes jusqu'à
Taunggy, la résidence du superintendant des États chans, se font
par une route de char. Mais Mme Massieu l'abandonna pour vi-
siter, par un détour dans le sud, Fort-Stedman et son lac. Ce lac,
l'Inle-Lack, est habité par une population presque amphibie, les
Inthas, que Ton dit descendre de tribus esclaves amenées de
Tavoy. Us vivent uniquement sur l'eau, dans des villages aux
maisons sur haut pilotis, échelonnnés le long des berges, en-
tourés de jardins flottants fixés au fond des eaux par de longs
bambous, comme les jardins maraîchers des lacs de Serinagar au
Cachemire.
Fort-Stedman, sur les montagnes qui dominent l'Inle-Lack, pos-
sède 1,500 hommes de troupes indiennes du Penjab. Les installa-
tions des officiers et des troupes sont toutes en kéfène, comme on
dit au Tonkin, pour désigner les cases en lattes de bambous.
Après ee détour, Mme Massieu arrive à Taunggy, situé en
pleine forêt. Ce n'est encore qu'un commencement de ville qui
remonte à dix-huit mois, mais l'endroit est destiné à un bel avenir
entre les mains habiles qui ont créé ce sanatorium, à 1,460 mètres
d'altitude. A partir de Taunggy, la route suivie par Mme Massieu,
n'avait été parcourue par aucun Français, jusqu'à Xieng-Tong,
dont les troupes anglaises avaient pris possession au mois de
mars précédent. Le sentier chan avait été égalisé le plus rapide-
ment possible pour le passage des caravanes militaires et peu
d'officiers et de fonctionnaires avaient eu l'occasion de le suivre
et le temps de revenir. Deux dames pourtant l'avaient parcouru,
la pauvre Mme Scott, la femme du président de la commission de
délimitation des frontières, qui est morte des fatigues de ce voyage,
et une jeune mariée, la femme d'un lieutenant en garnison à
Xieng-Tong.
Chemin faisant, Mme Massieu décrit avec beaucoup de pitto-
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SEANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898.
167
resque, les paysages des forêts traversées, les mœurs et les cou-
tumes des habitants des pays chans, leurs superstitions et leur
croyance aux natts ou mauvais génies. Elle arrive à la Salouen à
14 étapes de Taunggy et à 12 de Xieng-Tong. La traversée se
fait au moyen d'un de ces services de bacs que les Anglais ont
installés sur les larges rivières du pays chan. D'un côté à l'autre
de la Salouen, la configuration de la contrée change d'aspect. A
l'ouest une série de plateaux élevés, séparés par de profondes
vallées et interrompus par des chaînes de montagnes suivant
Caravaniers chans.
toutes la même direction ; quelques pics s'élèvent à 2,800 mètres,
tandis que l'altitude générale des plateaux varie de 900 à
1,500 mètres. A l'est, la nature prend immédiatement un aspect
plus sauvage, plus désordonné; les montagnes se dressent brus-
quement de 400 mètres, altitude de la Salouen, à 800 pour la pre-
mière assise, puis 1,000, puis 1,100, puis 1,600. il faut trois jours
pour franchir l'étroite et haute muraille qui borde la Salouen à
l'est. Ceux qui ont parlé de la possibilité d'un chemin de fer dans
cette région n'ont pas idée de ce chaos de montagnes aux arêtes
vives, qui se succèdent comme les vagues gigantesques d'une mer
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168 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
en furie. Les arêtes seramiûent dans tous les sens, sans nulle épais-
seur, à peine un mètre de largeur par endroits, entre deux abîmes
de 200 et 300 mètres de profondeur sur des pentes impraticables,
de telle sorte qu'au millieu de ce dédale il faut suivre les arêtes
le plus exactement possible.
C'est ainsi que Mme Massieu, après s'être élevée à 1,825 mèlres,
la plus haute altitude qu'atteigne la route militaire anglaise, est
arrivée à Xieng-Tong, dans une riche et grande vallée. C'est une
ville de 16,000 habitants, qui possède un cantonnement de
900 hommes de troupes gourkas et un petit roi indigène; elle
présente l'aspect le plus charmant, avec ses murs d'enceinte, ses
ponts d'entrée couverts, ses pagodes dorées et les toits de paille
de ses maisons éparpillées dans la verdure.
Là, Mme Massieu touche à la fin de son voyage dans le pays
chan. Dix jours seulement la séparent de Xieng-Sen et du Mé-
kong. Elle détient le record de la vitesse sur M. Garanger, du
côté français, et, du côté anglais, sur M. Stirling et le captai n
Carrick, plus deux officiers qui n'ont pas dépassé Hong-Luk.
Aussi gagne-t-elle rapidement Xieng-Sen, qui fut jadis la capi-
tale de tout le pays. Xieng-Tong, Luang-Prabang et Xieng-Maï
étaient ses tributaires. Elle fut détruite il y a cent vingt ans
environ, par les Siamois et ses habitants emmenés en captivité.
Xieng-Sen compte actuellement à peu près 500 habitants, ramenés
et attirés en grand nombre par le zèle et le dévouement d'un
ancien interprète cambodgien de la mission Pavie, M. Ngin, notre
agent commercial. En arrivant à Xieng-Sen, Mme Massieu y
apprend la présence du La Grandière, sous le commandement de
M. Mazeran. Elle se hâte done de descendre au fleuve et ce n'est
pas sans une émotion profonde qu'elle voit flotter le drapeau
français sur la canonnière aucrée sur la berge du grand fleuve
conquis à la France par Doudart de Lagrée, Garnier et leurs
vaillants descendants. Xieng-Sen est à 2,400 kilomètres de la mer.
Avant de terminer sa conférence, Mme Massieu jette un rapide
coup d'œil sur la colonisation britannique en Birmanie. Elle pro-
fesse une sincère admiration pour les méthodes de nos rivaux en
Indo-Chine. Au point de vue administratif, les Anglais ont obtenu
le maximum d'effet utile avec le minimum de personnel. La Bir-
manie, dont la superficie est plus étendue que celle de toute l'iudo-
Chine française réunie, n'a d'autres fonctionnaires que les sui-
vants : un chief-commissioner, qui, depuis le i*r janvier, porte
le titre de lieutenant-gouverneur, titre analogue à celui de notre
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SÉANCES DES 1", 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 169
gouverneur général de lindo-Chine; un secrétaire général et
deux chefs des finances et de la justice forment le gouvernement
général; 8 commissioners sont en quelque sorte les gouver-
neurs des provinces; 64 deputy-commissioners, équivalent à
nos résidents et commandent les districts, et un nombre corres-
pondant d'assis tant- commissioner s y à nos vice-résidents; soit
au total 150 fonctionnaires européens environ qui sont à la fois
préfets, percepteurs des finances, magistrats et maires dans
les villes, ont sur l'indigène un prestige considérable et sont
obéis au doigt et à l'œil. Comparez avec le personnel admi-
nistratif français de l'Indo-Chine. Les Anglais ont, comme on Ta
tu, développé le plus possible les voies de communication flu-
viale et autres en Birmanie. Ces efforts ont été couronnés de
succès, car, dès maintenant, des courants commerciaux sont
établis entre la Chine méridionale et Bhamo. Mme Massieu a vu
sur les rivas de ce port de l'irrawaddi, des caravanes de 400 à
500 mulets, venant de Chine avec des marchandises considérables
prêtes à être embarquées pour Rangoon et l'Europe. Le seul dé-
faut de la politique coloniale anglaise est le dédain que l'Anglais
professe pour l'indigène. 11 ne l'aime pas, le méprise souvent et
le dédaigne toujours. L'indigène le sent, et ne pardonne pas. Il
se soumet, mais n'oublie pas, et reste l'ennemi et le péril de
l'avenir.
Pendant la communication de Mme Massieu et dans un de ces
intervalles où la salle reste plongée dans l'obscurité (c'est le mo-
ment des projections), il se produit, dans la présidence de l'assem-
blée, un changement dont le public ne s'est pas douté. M. Le Myre
de Vilers ayant aperçu M. Rambaud, Ministre de l'Instruction
publique, venu pour assister à la séance, s'est empressé de lui
céder le fauteuil. A la réapparition de la lumière, il fait part du
changement qui s'est opéré, en ajoutant que l'assemblée n'a pas ù
se plaindre, car elle n'a pu que gagner au change. M. Rambaud,
qui a entendu l'exposé que Mme Massieu a fait de son voyage,
prend la parole en ces termes :
c Ainsi que Ta fait remarquer votre honorable Président, en
dehors des changements à vue sur la toile de projection qui se sont
accomplis à la faveur des ténèbres, il s'est opéré un changement
de personne au fauteuil de la présidence.
c Je ne crois pas que l'assemblée ait autant gagné au change
qu'a bien voulu le dire M. Le Myre de Vilers; car M. Le Myre de
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170 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Vilers, qui est un colonial, un vrai colonial, qui a laissé un souve-
nir impérissable et grandement sera la patrie, de l'Indo-Chine à
Madagascar, dans l'administration ou dans la diplomatie de nos
possessions d'outre-mer, est plus digne que personne d'occuper
ce fauteuil, a plus d'autorité que personne pour apprécier la va-
leur et les conséquences des explorations dont vous avez si sou-
vent l'occasion d'entendre ici l'exposé. (Applaudissements.)
c Parmi les prérogatives de la charge présidentielle qu'il a bien
voulu me céder pour un instant, il en est une dont il m'est parti-
culièrement agréable de faire usage en ce moment.
c C'est de féliciter et de remercier, au nom de la Société de
Géographie, Mme Isabelle Massieu pour la brillante conférence
qu'elle vient de nous faire et pour le voyage si hardi et si fécond
en résultats dont cette conférence a été l'exposé.
c Elle ne nous a rendu compte aujourd'hui que d'une partie de ce
voyage, celle qui touche à certaines régions seulement de la
presqu'île indo-chinoise.
c Vous savez, en effet, que son itinéraire a été bien autre-
ment étendu, car il l'a conduite, par la Birmanie, les États chans
et le Tonkin, à travers la Chine, la Mongolie, le Turkestan et la
région caucasienne.
c Dans ce long voyage, qu'elle a osé entreprendre seule, par des
chemins que n'avait foulés avant elle aucun voyageur européen,
elle a déployé d'admirables qualités d'endurance, de patience,
d'insouciance pour les privations et les dangers, et de bravoure.
(Applaudissements.)
c Elle a fait connaître l'Europe, dans sa révélation la plus gra-
cieuse, à des peuplades qui n'avaient même jamais vu d'Euro-
péens, et dans des pays barbares elle a su commander les sym-
pathies et le respect.
c Ce voyage n'a pas été un simple sport; car Mme Massieu s'est
toujours appliquée à se rendre utile à la science, en relevant par-
tout des données précises sur la géographie, l'ethnographie et les
mœurs, et en consignant des observations dont notre administra*
tion coloniale pourra tirer profit.
c Au cours de son récit, elle nous a parlé de ces divinités mal-
faisantes, les nattSy dont les indigènes croient conjurer la mal-
veillance en menant grand bruit avec des bambous frappés l'un
contre l'autre.
c Nous ne craignons point les natts; mais nous ferons du bruit
aussi en frappant nos mains l'une contre l'autre, afin que nos
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SÉANCE8 DB8 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 171
applaudissements témoignent nos sentiments d'admiration et de
sympathie pour notre courageuse compatriote. > '(Vifs applau-
dissements.)
La parole est ensuite donnée au capitaine L. Vermeersch.
An ftoarmt et mm paya de* Barifca*. — M. Vermeersch, se-
cond de la mission Baud au Gourma, dit que pendant longtemps
notre pénétration en Afrique occidentale s'est faite uniquement par la
voie du Sénégal et du Soudan, voie que suivirent nos explorateurs,
le capitaine Binger, le colonel Monteil, pour ne citer que les plus
illustres. Nos efforts se portèrent donc surtout vers la partie occi-
dentale et septeutrionale de la boucle du Niger.
Les territoires situés en arrière de la colonie anglaise de
Lagos, du Togo et du Dahomey étaient encore très peu connus,
lorsque la campagne du général Dodds vint nous ouvrir une voie
d'accès sur ces régions. Le Dahomey se trouvait resserré entre les
colonies anglaise et allemande, mais au nord du 9* degré de la-
titude, tout l'arrière-pays devait appartenir au premier occupant.
Il était à craindre que nos voisins ne nous devançassent au nord
de ce parallèle et ne nous fermassent à jamais tout débouché dans
l'intérieur.
c C'est, dit M. Vermeersch, à M. le gouverneur Ballot que re-
vient l'honneur d'avoir paré à ce danger. C'est à son énergique
impnlsion qu'est dû le grand mouvement d'exploration et de con-
quête qui, de 1894 à 1898, a porté la France jusqu'au Niger, d'un
côté, jusqu'au Soudan et à la Côte d'Ivoire, de l'autre, et réuni nos
colonies de l'Afrique occidentale en un seul bloc, nouvel empire
des Indes Noires.
c La première mission fut confiée en 1894 au commandant
Decœur, qui, luttant de vitesse avec les explorateurs anglais et
allemands, visita le pays Bariba et conclut un traité à Niki, tra-
versa le Gourma, atteignit Say, puis descendit la rive droite du
Niger dont il reconnut le cours jusqu'à Léaba, en aval de Boussa,
et revint à Carnotville.
c Dans la traversée du Gourma, la mission, dont je faisais partie,
prit contact avec une mission allemande partie du Togo, la mis-
sion Grûner de Carnap.
c Tandis que nous nous rendions à Fada-n'Gourma où nous
traitions avec le roi du Gourma, qui plaçait son pays sous le pro-
tectorat de la. France, la mission allemande, prenait le chemin le
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172 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
plus court pour aller à Say, où elle espérait nous devancer, passait
par Matiacouali et traitait avec le chef de cette ville, vassal du roi
du Gourma, croyant assurer ainsi la possession de ce royaume à
l'Allemagne.
c Pendant que le commandant Decœur était au Gourma, M. Alby,
administrateur principal, se rendait auNossi; M. Ballot lui-même
allait à Niki et à Boussa; le capitaine Toutée atteignait le Niger à
Badjibo, puis le remontait jusqu'au-dessus de Say. Enfin M. Deville,
administrateur du Dahomey, traversant le pays Bariba du sud au
nord, visitait Bouay et Kandi.
c Peu après le lieutenant Baud, second de la mission du com-
mandant Decœur, et moi, nous repartions de Carnotville, et, pas-
sant par Sansanné-Mango, Gambaka, Oua, Boussa, nous dé-
bouchions à Grand- Bas sa m en contournant le Togo allemand et
la Côte d'Or anglaise.
c Après le retour de toutes ces missions il y eut un temps de
repos dont nos voisins profitèrent pour occuper Sansanné-Mango.
c A la fin de Tannée 1896, ceux-ci menaçaient de s'emparer du
Gourma et de Say. M. le gouverneur Ballot, rentré en France pour
se remettre des fatigues de cette première campagne, rejoignit
son poste afin d'organiser de nouvelles expéditions.
c D'un côté, le lieutenant de vaisseau Bretonnet reçut mission
de procéder à l'occupation des territoires de la rive droite du
Niger, de Say à Boussa; de l'autre, le capitaine Baud dut se rendre
au Gourma, pour défendre nos droits sur ce royaume et assurer
la jonction du Dahomey au Soudan.
c Je fus adjoint au capitaine Baud dont la mission comprenait
encore un garde principal de première classe delà garde indigène
du Dahomey, M. Combes. 84 auxiliaires du Sénégal et du Dahomey
composaient les forces de la mission.
c Le pays où nous devions opérer est un royaume de 80,000 ki-
lomètres carrés de superficie, borné au N. par le Liptako, le
Yaga, le Torodi, le Guéladjo ; au N.-E. par le Dendi ; à l'E. et au
S.-E. par le Borgou; au S. par l'État de Sansanné-Mango; au
S.-O. par le Gambaka; à l'O. par le Mossi.
c Les pluies tombant sur ce plateau se rassemblent en plusieurs
cours d'eau assez importants qui se réunissent vers le sud pour
se jeter dans la Sahar ou rivière de Sansanné-Mango, affluent de
la Volta.
c Le Gourma comprend plusieurs provinces, administrées cha-
cune par un fatna ou bato, choisi par les notables, mais dont
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 173
l'élection doit être validée par le roi. La capitale du royaume est
Fada-n'Gourma.
c Les habitants, qui ressemblent beaucoup à nos Bambaras du
Soudan et du Sénégal, appartiennent à la race Malinké. Les Peulhs
et les Haoussas sont en outre très nombreux dans ce pays.
c Les rois du Gourma donnent à leur dynastie une origine cé-
leste. Le premier roi, nommé Loumpo, serait venu 4u ciel. On
montre, sur une colline rocheuse qui domine Fada-n'Gourma, l'em-
preinte de ses pieds quand il toucha terre. Quinze générations se
seraient succédé depuis. Ces rois, très puissants à une certaine
époque, conquirent le Gambaka et le Mampoursi au S., et por-
tèrent la guerre jusque sous les murs de Yendi. Le Liptako, le
Yaga, le Torodi au lj. faisaient partie de leur royaume avant que
les Peulhs ne vinssent leur enlever ces régions.
c Par la suite, ils avaient bien perdu de leur puissance, et peu
à peu les provinces s'étaient rendues indépendantes. Bantchandé,
le roi actuel, ne voyait guère que la province de Fada-n'Gourma
lui obéir quand nous vînmes chez lui en 1895, à notre premier
voyage. Incapable de rétablir seul son autorité, il comprit immé-
diatement les avantages qu'il pouvait retirer de notre appui et
signa avec empressement un traité, le plaçant sous le protectorat
français. Il nous demanda aussitôt après de l'aider à combattre
ses rebelles. Mais, le commandant Decœur, pressé d'atteindre le
Niger, et n'ayant pas assez de monde pour laisser un détachement
en arrière, dut se contenter de lui promettre un secours dans l'ave-
nir, et nous parti nies.
c Telle était encore la situation politique de ce pays quand
nous y revînmes, le capitaine Baud et moi, deux ans après.
c Partis le 6 janvier de Bafilo, dernier poste établi par M. Ballot,
nous arrivâmes quinze jours après à Pâma, première localité du
Gourma.
« Le chef de la province nous apprit que le roi du Gourma
avait dû fuir de sa capitale et s'était réfugié à Diabo, chez un
vassal resté Odèle. Ce roi était notre allié, notre protégé; notre
devoir était donc tout tracé. La mission l'aiderait à soumettre ses
provinces révoltées et leur imposerait le pavillon français» puis
elle le ramènerait dans sa capitale.
c Laissant à Pâma un petit poste pour assurer nos communi-
cations, nous nous rendons à Diabo. Bantchandé reconnut tout
de suite en moi un des deux blancs qu'il avait vus deux ans au-
paravant, et nous accueillit avec enthousiasme, en c sauveurs
SOC. DE GÉOGR. — C. R. DBS SÉANCES. — N* 4. — Avril. 13
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174 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
venus du ciel », suivant son expression. Il attendait à Diabo un
secours qui lui était promis depuis longtemps par les chefs du
Mossi. Sachant que les lieutenants Voulet et Chanoine faisaient
de leur côté la conquête de ce pays, nous dissuadons le roi d'at-
tendre plus longtemps une aide qui ne pouvait lui venir et le
déterminons à marcher avec nous.
c Le i février, la mission quitte Diabo. Le roi avait avec lui
300 cavaliers à peu près et un millier de fantassins, tout ce qui
lui restait de partisans. Le 5 février, cette petite armée arrive
devant Toucouna. Cette ville était la place forte de la rébellion,
la résidence de Yocombato, le chef des révoltés, contre laquelle
avaient échoué tous les efforts des rois du Gourma, et où même
l'oncle et prédécesseur de Bantchandé avait été tué.
c La prise de cette place est suivie de celle de Barga, et le 7, nous
entrons à Tibga, où nous reçûmes une lettre du lieutenant Vou-
let, qui nous apprenait sa présence dans le voisinage de la fron-
tière. Je partis à sa rencontre, le ramenai lui et ses compagnons,
le lieutenant Chanoine, des spahis soudanais, et le docteur Henric,
de la marine.
• Notre réunion consacrait d'une manière effective la jonction
du Dahomey au Soudan. Elle fit sur les indigènes une impression
profonde : l'arrivée de ces soldats débouchant de directions
opposées après avoir, d'un côté, jeté bas les ennemis de la France
et, de l'autre, rétabli l'autorité de ses alliés, donnait à tous une
haute idée de la puissance de notre pays.
c Quand nous quittâmes Tibga, de nombreux contingents atti-
rés par le succès étaient venus renforcer l'armée de Bantchandé et
la porter à 7,000 hommes environ, dont 2,000 cavaliers.
c lies deux missions firent route ensemble jusqu'à Bilanga où
elles se séparèrent, celle du Mossi retournant à Ouagadougou
pendant que la nôtre, renonçant à poursuivre plus loin Yocombato
qui fuyait avec quelques cavaliers seulement, revenait à Toucouna
où Bantchandé demandait à passer les fêtes du Hhamadan. Là, les
soumissions affluèrent. Le fils de Yocombato vint à notre camp;
son père, désespéré, s'était donné la mort; lui se rendait à dis-
crétion. Les provinces de l'ouest étant soumises, il nous restait
à faire rentrer dans l'obéissance le fama de Matiacouali, Adama,
et ceux des provinces de Test.
ci Toujours accompagnée de Bantchandé, la mission se dirige
donc vers Test. Arrivés à Ouguerou, nous apprenons que le chef
de la station allemande de Sansanné-Mango, appelé par Adama»
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SEANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 175
se dirige sur le Gourma. A cette nouvelle, Je capitaine Baud prit
la résolution de se porter à Pâma, au-devant de l'officier allemand,
pendant que j'achèverais de régler la question de Matiacouali.
c Adaroa, à notre approche, s'est enfui à Kankantchari. Gomme
il est désormais certain qu'il ne se soumettra pas, il faut en finir
rapidement. Bantchandé, d'accord avec moi, convoque les no-
tables de Matiacouali. En grand palabre il leur déclare qu'Adama,
rebelle, est destitué, et les invite à choisir un autre chef. L'élection
se fait aussitôt. '
c Suivant l'usage, Bantchandé donne au nouveau chef un bonnet
blanc, ce qui le consacre comme chef, et ses électeurs, l'enlevant à
bras, le hissent au-dessus de leurs têtes.
c Nous allons ensuite à Matiacouali où nous installons le nouveau
chef. Afin de rassurer les habitants, nous proclamons que nous ne
faisons pas la guerre à la population, mais à Adama qui a appelé
les Allemands et voulait la guerre civile. Nous voulons au contraire
que le Gourma reste en paix; nous protégerons le commerce, et les
habitants pourront circuler sans crainte d'être pillés. Cette pro-
clamation amène la désertion dans le camp d'Adama. Abandonné
de ses partisans, il s'enfuit à Diapaga avec l'intention de se réfugier
à Sansanné-Mango.
c Nous nous mettons à sa poursuite. Des cavaliers de Bantchandé
sont déjà partis porteurs de lettres écrites en arabe, invitant les
chefs de Bozougou, Mali, Sabalga, Madjori, les principales villes de
l'est, à faire acte de soumission. Ces envoyés, qui ont été bien reçus
partout, nous rejoignent le 30 à Diapaga.
c Le lendemain» le chef de Bozougou vint en grande pompe
saluer le roi. La cérémonie fut curieuse. Pour recevoir ce fama,
Bantchandé s'assit avec nous sous un apatam, sorte de dais fait
de paillassons, nos tirailleurs à droite et à gauche, les gens du
Gourma derrière. Quatre tas de poussière avaient été préparés sur
le chemin qu'avant d'arriver aux pieds de Bantchandé, devait
suivre le chef. Celui-ci s'avança lentement, se prosternant à chaque
tas pour prendre la poussière à deux mains et s'en couvrir la tête.
Arrivé aux pieds du roi, il prononça, le front dans la poussière, un
long discours, se déclarant son esclave. Puis, se relevant, il prit
son bouclier d'une main, son casse- tête de l'autre et exécuta une
danse guerrière au son d'une flûte dont jouait un de ses hommes,
marquant ainsi qu'il était prêt à combattre pour son roi.
c 11 fit ensuite apporter 10 sacs de cauris, les mit successivement
sur sa tête pour montrer qu'il porterait des fardeaux pour le roi,
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176 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
comme le ferait un esclave, et les déposa aux pieds de Bantchandé.
Enfin il fit amener des bœufs qui complétaient son tribut.
c Ce chef, invité par le roi à l'accompagner, nous suivit avec ses
guerriers dans le reste de la campagne.
c Suivant toujours les traces d'Adama, la mission quitte Diapaga,
traverse une petite chaîne de montagnes et arrive à Mabga, au
pied d'une falaise rocheuse de 50 mètres de hauteur. Ce village
est fortifié, mais les habitants l'é vacuent dès qu'ils aperçoivent nos
premiers cavaliers. Quelques prisonniers que nous faisons nous
apprennent qu'Adama a fui à Sansanné-Mango. Le poursuivre plus
loin est donc inutile.
c Nous restons quelques jours à Mabga où les famas de Mali,
Sabalga, Madjori viennent faire acte de soumission.
c Le 10 mai, nous apprenons qu'une compagnie de tirailleurs
venant du Dahomey est arrivée à Konkobiri, à 90 kilomètres de
Mabga. Laissant le camp sous les ordres du garde principal Combes,
je pars avec une trentaine de cavaliers à la rencontre de cette
compagnie que je rejoins le soir même. Elle est commandée par
le capitaine Ganier que secondent le lieutenant Drot, le Dr Barlett
de la marine, et l'inspecteur Molex, de la garde indigène; elle nous
a ouvert une nouvelle voie de communication avec le Dahomey par
Djougou et Kouandé où elle a fondé un poste.
c Je ramenai le capitaine Ganier à Mabga où Bantchandé donna
en son honneur une grande fôte militaire ; il organisa une grande
fantasia de ses cavaliers et chargea lui-même à leur tête.
c Comme les officiers de cette compagnie, venant du Dahomey
où il n'y a pas de chevaux, voyageaient en hamac, le roi me pria
de remettre de sa part un cheval harnaché à chacun d'eux et envoya
un troupeau de bœufs pour la nourriture des tirailleurs.
c Tous les villages de la région ayant payé tribut, nous nous
mettons en route pour les provinces de Madjori et de Pâma, les
seules restant encore à visiter.
c Nous suivons le pied des montagnes jusqu'à Logobou, puis
nous nous engageons dans une plaine très giboyeuse où abondent
cerfs, hippopotames et éléphants. Nous étions campés au bord de
la Sabar ou rivière de Sansanné-Mango, quand le capitaine Baud
nous rejoignit, venant de Pâma, où il avait trouvé le commandant
de la station allemande de Sansanné-Mango, le lieutenant Gaston
Thierry, au-devant duquel il était allé, comme nous avons dit. Cet
officier réclamait Pâma et Matiacouali au nom de son gouverne-
ment. Cependant, après deux jours de discussion, le capitaine Baud
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SÉANCES DBS iir, 5, 15 BT 25 AVRIL 1898. 177
Pavait amené à convenir que, si ces deux villes dépendaient du roi
de Fada-n'Gourma, elles devaient nous revenir, Countouma, chef
de Pâma, avait alors été sommé de dire si, oui ou non, il relevait'
de Bantchandé, et il avait répondu que Bantchandé était le roi
de tout le Gourma, y compris Pâma et Matiacouali.
c Le capitaine français avait aussitôt fait signer au lieutenant
Thierry un procès-verbal de cette déclaration, après quoi l'officier
allemand était rentré à Sansanné-Mango.
c Ayant remporté ce succès, dont les conséquences, au point de
vue diplomatique, étaient considérables, le capitaine Baud avait
quitté Pâma pour venir nous joindre.
c De nouveau réunie la mission passe à Tamarga et arrive à
Pâma. Bile avait donc parcouru tout le Gourma. Bantchandé, notre
protégé, voyait son autorité complètement rétablie. Ses adversaires
s'étaient tous soumis ou avaient pris la fuite.
c Nous convînmes de nous séparer; il fut décidé que je conduirais
à Porto-Novo une ambassade que le roi du Gourma désirait y
envoyer pour témoigner sa reconnaissance au gouvernement fran-
çais, pendant que le capitaine Baud, que ses fonctions de résident
retenaient dans le pays, rentrerait à Fada-n'Gourma avec le roi.
Après avoir suivi l'itinéraire Madjori, Konkobiri, Kouandé, Djougou,
j'arrivai le 9 juillet à Porto-Novo, où les envoyés de Bantchandé
reçurent du gouverneur le meilleur accueil.
c Pendant mon séjour à Porto-Novo, des troubles, survenus dans
rarrière-pays du Dahomey, nécessitèrent l'envoi d'un officier dans
celte région, et j'eus l'honneur d'être choisi par le gouverneur
pour cette mission. »
Chemie* Barifc»*.-- c Compris entre le Gourma et le Dendi au N.,
le Dahomey et la colonie anglaise de Lagos au S., le pays bariba
est un plateau peu élevé, de 80,000 kilomètres carrés environ de
superficie, bordé vers l'O. et le N.-O. par une chaîne de montagnes
granitiques, l'Atacora, et arrosé par des cours d'eau assez importants
qui se jettent dans le Niger à TE., ou coulent vers l'Océan au S.
c Le sol, très fertile, est propre à toutes les cultures tropicales.
L'arbre de karité, le gommier, la liane caoutchouc y poussent
naturellement. Les chevaux, les ânes, le bétail abondent dans ce
pays.
c La population bariba, qui s'adonne à la culture, est aussi
très guerrière. Les cavaliers sont armés de la lance ou de la sagaie,
les fantassins de l'arc avec la flèche empoisonnée. Grâce â leurs
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178 C0MPTE8 RENDUS DES SÉANCES.
instincts belliqueux, les Baribas étaient fort redoutés de leurs voi-
sins Nagots ou Yoroubas. Fréquemment ils faisaient incursion chez
eux pour enlever des esclaves. Quantité de captifs Nagots ont été
rendus à la liberté par notre expédition.
c Les Peulhs, dans cette région comme dans toute la boucle du
Niger, ont fondé de nombreuses colonies; ils ont de grands trou-
peaux et prennent, en outre, soin de ceux des Baribas. Traités en
parias par les gens du pays qui ne se gênaient pas pour les ran-
çonner, obligés de ruser pour conserver leurs biens et leurs vies,
les Peulhs sont en général timides et fourbes.
c Les Haoussas sont également en très grand nombre au pays
Bariba. Originaires du Sokoto, ils vont en grandes caravanes aux
marchés de Parakou, Djougou, Kraki et Kola s'approvisionner de
sel, de cuivre, d'étoffes et autres objets de fabrication européenne.
Beaucoup se sont fixés dans le pays et ont formé, comme au Gourma,
dans les principales villes des quartiers à part dont la prospérité
dépasse celle des quartiers baribas. Les Haoussas sont musulmans;
leurs chefs religieux ou imams, lisant et écrivant l'arabe, sont devenus
les conseillers des chefs qui en ont besoin pour correspondre
entre eux.
c J'ai parlé, au début de cette communication, des missions qui
avaient visité ce pays et traité avec les chefs. En janvier 1 897, le
lieutenant de vaisseau Bretonnet allant au Niger, puis, au mois
de mai, le capitaine Ganier se rendant au Gourma, avaient laissé,
d'accord avec les chefs de ces États, un certain nombre de petits
postes. Au mois de juin, les Baribas, comprenant que notre pré-
sence mettrait fin à leurs pillages, résolurent de se débarrasser de
nous. Un soulèvement général se produisit. Nos postes de l'inté-
rieur, trop faibles pour résister, durent se replier. Celui de Kouandé
à l'ouest était attaqué, celui de Parakou et ceux du moyen Niger
menacés.
c II fallait aller au secours de nos alliés, forcer nos ennemis au
respect des traités et en outre venger la mort de deux de nos com-
patriotes massacrés en 1896. C'est alors que je fus nommé résident
au pays Bariba, avec mission de pacifier la contrée.
c Je partis de Porto-Novo le 23 juillet, emmenant avec moi les
hommes disponibles, au nombre d'une cinquantaine. Après une
marche retardée par les pluies, j'arrivai le 20 août à Kouandé.
€ La conclusion de la convention délimitant les possessions
françaises et allemandes dans la boucle du Niger vint fort à propos
rendre disponibles les garnisons de quelques postes de l'ouest et
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 4898. 179
permettre au gouverneur de m'adjoindre deux inspecteurs de la
garde du Dahomey, MM. de Lavilléon et de Bournazel et un garde
principal, M. Lan, qui me rejoignirent en route et m'amenèrent
25 hommes.
c Enfin, 70 hommes qu'avait avec lui le lieutenant Aymès, com-
mandant le poste de Kouandé, et 80 porteurs transformes en sol-
dats, portèrent notre troupe à 225 hommes.
c A Kouandé notre premier soin fut de déclarer déchu Ouro-Ali,
le chef qui avait attaqué le poste, et de nommera sa place un chef
des environs qui nous était resté fidèle.
c Puis commencent les opérations. Par malheur, les munitions
nous manquaient; les convois de cartouches que le gouverneur
avait fait diriger sur Kouandé, se trouvaient arrêtés par les eaux
très hautes en cette saison. Il aurait donc fallu attendre. Mais
notre ennemi, Ouro-Ali, qui s'était retiré à Gouteré, à peu de dis-
tance au N.-E. du poste, allait recevoir des renforts. Le chef
de Ouassa rassemblait une petite armée en arrière de la Bérou,
deuxième rivière à J'E., et se proposait de venir à son secours.
En les attaquant immédiatement nous les empêchions de se joindre
et nous les dispersions avant qu'ils fussent prêts.
c Battus une première fois, les Baribas essuyèrent une deuxième
et sanglante défaite près du village de Gountia, et leurs débris
furent rejetés au delà de la rivière Niaraboli.
« Nos pertes avaient été relativement grandes, 8 tués et
15 blessés, la végétation, très touffue en cette saison, ayant permis
à l'ennemi de nous envelopper et de s'approcher de très près pour
nous couvrir de ses flèches, tout en restant presque invisible.
Nous eussions été perdus sans l'énergie et le courage de mes com-
pagnons, MM. Aymès, de Lavilléon, de Bournazel et Lan qui
surentretenir et entraîner leurs hommes, soldats à peine dégrossis
par quelques jours d'exercice.
c Quelques jours après être rentrés à Kouandé (19 septembre),
nous apprenions qu'Ouro-Ali avait succombé à ses fatigues.
« Pendant ces opérations le gouverneur avait fait venir du
Sénégal une compagnie de tirailleurs sénégalais auxiliaires et
recruter au Dahomey une compagnie d'Haoussas auxiliaires; il
avait dirigé ces deux compagnies sur Parakou. D'autre part, le
capitaine Ganier, venant du Gourma, arrivait à Kouandé avec une
quarantaine de tirailleurs sénégalais et amenait avec lui le
Dr Bartet, médecin de la marine, et le lieutenant Drot.
c Le gouverneur nous télégraphia d'unir, si nous le pouvions,
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Itinéraires
DANS LE HAUT DAHOMEY
Levés par le Cap*e L. Vernie ers ch
1895-97
"ofcASXt,
'txrvcb'is
Publia par la Société a« Géographi»
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182 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
nos forces pour marcher immédiatement sur Niki. Je laissai le
commandement du poste au lieutenant Drot et partis avec toute
la colonne pour Parakou où nous arrivâmes le 1" novembre, fai-
sant ainsi notre jonction avec les compagnies venues du sud.
Forts maintenant de 410 fusils, bien approvisionnés en munitions,
nous devions rapidement venir à bout des dernières résistances
baribas. Le capitaine Ganier, le plus ancien des officiers ainsi
réunis, avait pris le commandement de la colonne, où j'exerçais
les fonctions de chef d'état-major.
€ Le 4 novembre, la colonne quitte Parakou. Les deux faits
saillants de la campagne furent la défaite, dans la matinée du 9,
de toute l'armée bariba, près des ruines de Péréré, au N. de
Guinagourou, puis l'entrée, le 13 au matin, dans la ville de Niki
évacuée.
c Un notable musulman était seul resté dans la place, —
parlementaire que le roi, Siré Torou, en fuyant, avait laissé là
pour qu'il entrât en pourparlers avec nous et nous offrit sa soumis-
sion. Nous renvoyons cet homme en lui donnant mission de ramener
son mattre, et, le 19, le roi de Niki, accompagné de ses fils et des
principaux personnages de sa cour, arrivait à notre camp et se
remettait entre nos mains. Un acte constatant sa soumission et
déclarant son royaume annexé à la colonie du Dahomey, fut aus-
sitôt dressé et signé par le roi et ses ministres.
€ Le succès de notre expédition était donc complet; il s'ajoutait
aux résultats déjà obtenus par le lieutenant de vaisseau Bretonnet
sur le moyen Niger et à ceux de notre mission au Gourma. Le but
de nos efforts en Afrique occidentale depuis quatre ans était
atteint. La jonction du Dahomey au Soudan et au Niger était un
fait accompli. >
Le Président rappelle les travaux que MM. Gallieni, Monteil,
Binger, etc., ont accomplis en Afrique. Il félicite M. Ver-
meersch de suivre leur exemple, c Mon cher camarade, vous
et vos camarades de la marine vous avez devancé sur le Niger
les rivaux de la France. Dieu veuille conserver cette position à
notre pays ! Vous avez bien mérité de la science et de la patrie.
Je vous remercie non seulement de l'intéressante communication
que vous venez de nous faire, mais encore et surtout des services
rendus à la France pendant cette campagne. »
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SÉANCES DE8 1*% 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 183
±5 flb-^rril
PREMIÈRE ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE 1898
PRÉSIDENCE DE M. ALPH. MILNE-EDWARDS
de l'Institut, président de lt Société.
Aux côtés du Président prennent place : MM. Leydier, délégué
du Ministre de l'Instruction publique ; le commandant Gaffiot, re-
présentant le Ministre de la Guerre; Pumperneel, lieutenant de
Taisseau, délégué du Ministre de la Marine, dont il est officier
d'ordonnance; Dubard, secrétaire général du Ministère des Colo-
nies, représentant le Ministre. Siègent au bureau : MM. Mau-
noir, vice-président de la Société; Le Myre de Vilers, président
de la Commission centrale; baron Hulot, secrétaire général.
Le Président ouvre la séance par le discours suivant :
€ Mesdames, messieurs, ce sont les rapports faits aux assem-
blées générales des Sociétés financières et industrielles qui, en
présentant le bilan de Tannée sur l'état des affaires, les montrent
prospères ou languissantes* Les actionnaires attendent avec impa-
tience cet exposé, et quand il leur annonce la distribution d'un
dividende considérable, l'approbation est unanime. Notre assem-
blée générale du mois d'avril donne aux membres de notre
Société des satisfactions d'un ordre plus élevé, car c'est à cette
occasion que les œuvres, concourant aux progrès des sciences
géographiques, sont appréciées et qu'elles reçoivent les prix dont
nous pouvons disposer ; nos rapports font connaître le bilan de nos
affaires et, tous, nous nous considérons comme ayant reçu de gros
dividendes quand l'année a vu s'aceomplir de beaux voyages, des
explorations fructueuses ou lorsqu'elle a été marquée par la publi-
cation d'ouvrages importants.
c Celle qui vient de s'écouier a été bonne sur tous les points et
vous pourrez en juger par le rapport que nous lira, dans quelques
instants, notre secrétaire général, M. le baron Hulot.
€ Quelques Sociétés ont le privilège de ne pas vieillir, et la
nôtre reste toujours jeune; sa vitalité s'affirme chaque jour davan-
tage; les années, loin de l'accabler, lui apportent une force nou-
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184 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
velle, et les gloires du présent s'ajoutent, dans ses annales, aux
gloires du passé, augmentant sans cesse le patrimoine laissé par
ceux qui ne sont plus.
c Dans le court espace de temps qui sépare nos assemblées
générales, la mort trouve toujours quelque coup douloureux à
frapper parmi nous et j'ai à vous rappeler aujourd'hui les noms de
M. Roberto Ivens, de M. Ramon Lista (1) et du capitaine Braulot,
nous appartenant tous trois et tous trois disparus depuis quelques
mois.
c M. R. Ivens, officier de la marine royale portugaise, était un
digne descendant de ces intrépides navigateurs qui ont fait,
au xve siècle, la grandeur de leur pays; il nous a raconté lui-
même, il y a quelques années, son périlleux voyage de l'ouest à
Test de l'Afrique australe et, en 1886, il a été — avec Brito Gapello
— notre lauréat pour la grande médaille d'or.
c Le capitaine Braulot commandait la mission du Lobi, au Sou-
dan français, lorsqu'il fut tué dans un guet-apens par le fils de
Samory. Beaucoup d'officiers de nos armées de terre et de mer
font partie de la Société de Géographie, et, quand leur service les
envoie au loin, ils profitent de ces voyages pour étudier les régions
qu'ils parcourent; nous recevons ainsi les plus précieux docu-
ments et, sans hésiter jamais, ils ajoutent volontairement les
fatigues et les dangers de l'explorateur aux fatigues et aux dangers
du soldat. Ils font leur devoir — plus que leur devoir — avec
toute la simplicité d'un courage sûr de lui-même ; l'idée du sacri-
fice leur est familière et, quand ils succombent, comme le capi-
taine Braulot, ils ont droit au souvenir ému de leurs compatriotes.
c Malheureusement, le dévouement de nos voyageurs, leur
esprit d'initiative et d'entreprise ne suffisent pas, malgré le nombre
toujours croissant des expéditions lointaines, à assurer dans notre
pays le développement de la géographie; il faut, pour la diffusion
des connaissances, pour la publication des résultats obtenus, il
faut de l'argent.
c Certainement les bonnes volontés ne nous font pas défaut et,
cette année, nous avons reçu plus de 2,000 francs d'un généreux
anonyme; Mme Louise Bourbonnaud, M. Charles Maunoir,M. Mol-
teni, d'autres encore qui ne veulent pas être nommés, nous sont
venus en aide dans des moments difficiles. Mais il est des circon-
stances où la Société de Géographie voudrait être prodigue : quand
(1) Secrétaire général de la Société de géographie de Buenos-Ayre*.
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 185
il s'agit, par exemple, d'aider un voyageur à résoudre quelque
problème important, dont il a déjà préparé la solution par des
recherches antérieures, ou quand il est utile de publier les docu-
ments rapportés d'une expédition ayant révélé des faits nouveaux.
Aussi, pour faire face à de semblables obligations, serions-nous
heureux de voir se constituer un fonds de voyages dont l'emploi
serait déterminé. Plusieurs fois déjà nous avons formulé ce désir,
on a même tenté de le réaliser, mais sans succès, faute des solides
assises sans lesquelles on ne peut rien édifier.
c Nous ne désespérons pas, pourtant, d'atteindre le but que
nous poursuivons. Il suffirait pour cela que la première pierre
fût posée, que l'impulsion fût donnée. Ce sera l'œuvre, espérons-le,
de quelque ami dévoué de notre Société, et celle-ci remplira dou-
blement sa mission, quand elle pourra, tout à la fois, encourager
et aider les voyageurs, aussi bien que publier leurs découvertes.
c Je donne la parole à M. le baron Hulot pour Ja lecture de son
rapport sur les prix que nous avons eu la satisfaction de décerner
pendant le cours de l'année. »
Le Secrétaire général lit le rapport général sur les prix
décernés par la Société et dont la liste, avec le nom des lauréats,
a été donnée, dans le numéro de février (C. R.9 pag. 91-92).
Il a rappelé, au cours de son rapport, que ce ne sont pas là les
seuls prix que la Société distribue. Chaque année, depuis 1872,
elle offre deux prix aux lauréats du concours général des lycées
de Paris et de Versailles. Elle institua, en 1874, un prix pour le
Prytanée militaire de la Flèche et, en 1884, une récompense sem-
blable pour l'École militaire de Saint-Maixent. Ces prix se compo-
sent d'ouvrages de géographie et de récits de voyage : publications
de Vivien de Saint-Martin et d'Elysée Reclus, Atlas de M. Schra-
der et de M. Vidal de La Blache, voyages de MM. Crevaux, Gal-
lieni, de Foucauld, Binger, Bonvalot» Monteil, etc.
Le rapport de M. le baron Hulot sera inséré, suivant l'usage,
au Bulletin trimestriel..
Le Président remet ensuite les médailles à chacun des lauréats.
Cette distribution faite, il donne la parole à M. le comte de Bar-
thélémy.
HinUn en indo-Chine. — M. le comte de Barthélémy est
parti en novembre 1896, chargé d'une mission par le Ministère de
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186 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
l'Instruction publique. Son but était de faire des études géogra-
phiques, économiques9 ethnographiques et d'histoire naturelle,
de visiter le nord de l'Indo-Chine et d'une façon plus spéciale la
route de Vinh à Luang-Prabang, route presque inconnue et sur
laquelle n'existent guère que les études du capitaine Cupet et de
M. Massie (1).
De Vinh jusqu'à Luang-Prabang, dit en substance le conféren-
cier, on trouve d'abord le Nghé-An qui se présente comme une
plaine fortement mamelonnée; puis, dès qu'on pénètre dans le
Laos, à Cua-Rao, une barrière montagneuse de 1,200 à 2,000 mètres
d'altitude. Au centre de ces montagnes le Tran-Ninh forme
comme une cuvette coupée de fertiles vallonnements et dominée
par des altitudes variant jusqu'à 2,500 mètres. Pour se rendre de
Xieng-Khouang, notre poste du Tran-Ninh, à Luang-Prabang, on
doit traverser une autre chaîne et descendre ensuite brusquement
sur le Mékong.
Trois régions principales sont donc à étudier sur cette route :
Le Nghé-An, comprenant le cours du Song-Cà jusqu'à Cua-Rao.
Le Tran-Ninh, où se posait l'étude du cours de la Nam-Mô, et
des sommets habités par les populations Méos, puis le Tung-
Xieng-Kham, la grande plaine fertile de la province ; enfin» le
Luang-Prabang et ses communications.
On connaît la richesse de la province de Vinh, dont l'impôt rap-
portait en 1896 37,000 piastres de bénéfice net. Le port de Vinh,
Binh-Tuy, difficilement abordable pour les grands navires, est
cependant fréquenté par un vapeur de 150 tonneaux des Message-
ries fluviales du Tonkin; le bateau y trouve facilement kdu fret.
Il faut citer, au point de vue économique, l'importante exploitation
de MM. Mange et O, Société forestière de Vinh, qui a vendu à Paris
des pavés de bois fabriqués là-bas et qui fournit d'allumettes la
colonie.
Les voyageurs quittèrent Vinh sur te sampan de la résidence, le
Samaran, vapeur calant 45 centimètres. Us eurent à subir quelques
échouages sans importance et purent remonter jusqu'à Dong-Gok
sur le Song-Coy, où ils allèrent donner lâchasse à une bande d'élé-
phants qui ravageaient les cultures. Après un récit émouvant de cette
chasse, le conférencier fait remarquer que ces animaux, nuisibles
(1) M. la comte de Barthélémy était accompagné de son ami, M. Jean de Neuf-
ville, et d'un jeune préparateur d'histoire naturelle, Paul Cabot. — Voir la carte
do Vinh à Luang-Prabang, jointe à ce numéro.
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SÉANCB8 DES 1", 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 187
actuellement, pourraient cependant faire la fortune de la colonie,
si 'on savait les capturer vivants. Ils trouveraient sur place leur
emploi en débardant les gros troncs de Loin pour la Société fores-
tière.
De Cuy-Chanh à Gua-Rao,les transports se font par des sampans
annamites de faible dimension. L'aspect du pays présente des
hauteurs rocheuses, analogues à celles de la baie d'Halong. I) en
est ainsi jusqu'à Keng-Trap où commencent à paraître les premiers
contreforts de la chaîne du Tran-Ninh. Dans cette région vivent
parallèlement des Annamites et des Muongs ou Phou-Thengs. Ces
derniers ont peu de distinctions ethniques. M. de Barthélémy les
représente comme une race paresseuse, sans écriture ni culture
intellectuelle. Leur religion est une croyance superstitieuse aux
Pi ou esprits malfaisants, mélangée d'un reste de souvenir du culte
des ancêtres qu'on pourrait peut-être attribuer à une teinte de
confucianisme. Pour eux, le mariage est un accouplement; la pa-
renté se fonde sur la maternité. Le Muong fume l'opium comme ses
congénères laotiens et ce poison l'abâtardit de plus en plus.
Jusqu'à Cua-Rao, le Song-Cà est navigable pour les petits sam-
pans en saison sèche, mais le commerce y est faible. Le fleuve est
coupé de quelques rapides qu'on peut franchir sans trop de difficulté.
11 n'en est pas de même pour la Nam-Hô. On la représente
comme des plus pittoresques, mais on y constate de nombreux
rapides et quelques chutes d'eau où l'on doit transborder à dos
d'hommes le chargement des pirogues. Les villages des environs
sont tous habités par des Phou-Thengs.
Arrivés à Ta-Dô, les voyageurs eurent de la peine à réunir vingt
porteurs; au bout de six jours, ils purent enfin monter à Ban*
Mokhou, le premier village niéo de la région, à 1,600 mètres
d'altitude. Ces Méos sont les mêmes que ceux de la Kivière Noire :
sauf de légères différences dans l'accentuation, leur vocabulaire est
identique à celui qui a été recueilli par le prince Henri d'Orléans.
M. de Barthélémy les croit d'ailleurs arrivés récemment au Tran-
Ninh ; leur nombre croît tous les jours et on peut en compter 5 à
6,000 actuellement. Plus commerçants que les Phou-Thengs, ils
pourront, si on sait les prendre, rendre des services à la colonisa-
tion. Ces Méos aiment à danser; ils ont un pas analogue à celui de
la danse dite c Petite-Russienne ».
Sur le sommet des montagnes largement ondulées, les Méos
élèvent quelques petits bœufs porteurs, dont les troupeaux trou-
vent de bons pâturages. A partir de Ban-Sang-Hia, en quitte la
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488 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
montagne pour les vallons du plateau du Tran-Ninh. Le pays se
présente comme très favorable à l'élevage ; il est de toute néces-
sité d'y créer bientôt des voies de communication, possibles au
moins pour des animaux porteurs, la population étant écrasée par
la charge que lui impose la réquisition des transports. Une
remarque importante est la similitude d'aspect du Tung-Xieng-
Kham avec certains coins de notre Provence. La température y est
douce; des bois de pins couvrent les sommets et des aloès pous-
sent dans les parties dénudées. Le thermomètre descend très près
de 0 en hiver et on a vu cette année de la glace à Xieng-
Khouang. Le climat est très sain, et des colons pourraient y vivre
agréablement.
Le poste de Xieng-Khouang, faiblement peuplé, est peu central;
il est question de le transférer à Ban-Ban, capitale du Xieng-Kham.
Les voyageurs eurent à subir quelques désagréments de Xieng-
Khouang à Luang-Prabang : une attaque de tigre avait mis le dé-
sordre dans leur campement; un incendie de forêt vint les priver
d'eau toute une journée. De Ban-Sot à Muong-You les porteurs
doivent faire deux jours de marche en montagne et ces hommes
sont trop peu résistants pour une aussi longue étape.
M. de Barthélémy passe ensuite à Luang-Prabang. Le problème
des Communications n'y est pas encore résolu. Xe lieutenant
de vaisseau Simon assure que la navigabilité du Mékong pour
les vapeurs devra s'arrêter à Vien-Tiane, le Keng-May ne pouvant
être franchi d'une façon régulière par des bateaux de commerce.
Le marché de Luang-Prabang, dont le mouvement commercial se
monte à 1,600 tonnes, est alimenté par Bangkok, mais notre colonie
se ravitaille difficilement par la llivière Noire. Le service des ba-
teaux Colombert et Trentinian, se fait régulièrement sur le bief
de Vien-Tiane et les travaux de la route de Hué à Savannakhek sont
en voie d'exécution. 11 y aurait peut-être, pour ces communications,
lieu de jeter les yeux sur le Siam et de relier Ban-Mouc-Dahan,
Oubon, Melouprey, Siemréap et Pnom-Penh, ce serait la mise en
valeur assurée du Laos jusqu'à Vien-Tiane, et les colons viendraient.
Après ces considérations économiques, M. de Barthélémy ter-
mine sa communication par cette péroraison très applaudie : c Au
temps où le sort des armes faisait ta grandeur des peuples, les
Français ont été les premiers guerriers ; à une période rapprochée,
quand on leur a demandé d'être législateurs, ils ont porté leur code
dans toute l'Europe ; aujourd'hui, on leur demande l'initiative indivi-
duelle, des aptitudes commerciales. La première génération, effrayée
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SÉANCES DBS 4", 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 189
de l'effort qu'on attendait d'elle, a baissé la tête et a dit : c Mais
nous ne sommes pas colonisateurs. > On voit maintenant la jeu*
nesse se lever et se préparer à la lutte économique à laquelle on
l'a conviée. Nous avons été les premiers par les armes ; nous avons
eu une place prépondérante dans la législation ; pourquoi, cette
fois encore, n'arriverions-nous pas les premiers ? >
Après cette communication, le Président s'adressant au voya-
geur, prononce les paroles suivantes :
c Monsieur, je voudrais que vous eussiez beaucoup d'imitateurs ;
les voyages, comme le vôtre, apportent quelque chose de bon, non
seulement à la géographie, aux sciences naturelles, à l'ethnogra-
phie, à la linguistique, mais encore à celui qui les entreprend
virilement. Il trouve là le noble emploi de forces qui resteraient
inutiles, de qualités qui ne pourraient s'affirmer et qui se déve-
loppent largement pendant ces expéditions où les difficultés sont
sans cesse renaissantes.
c Notre colonie d'Extrême-Orient si discutée, si attaquée, gagnera
certainement à être bien connue, et vous aurez contribué, par vos '
travaux et vos recherches, à éveiller le désir de l'étudier dans ses
parties les plus reculées et à tirer profit de toutes ses ressources.
Nous vous en remercions au nom de la science et du pays. >
2 S avril
SEANCE EXTRAORDINAIRE
PrésMeaee de M. A. MILIE-E0WARD9
de l'Institut, président de la Société.
CENTENAIRE DE VASCO DE QAMA
Au bureau prennent place, à côté du Président, MM. de Souza
Rosa, Ministre plénipotentiaire du Portugal à Paris; — Camille
Guy, chef du Service géographique au Ministère des Colonies, délé-
gué par son Ministre, — H. Pumperneel, lieutenant de vaisseau,
délégué par le Ministre de la Marine. Sur l'estrade, les membres
de Ja légation du Portugal et les représentants du comité portu-
SOC DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — N° -4. — Avril. 14
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■ *:i7
190 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
gais du centenaire de Vasco de Gama, parmi lesquels le vicomte
de Wildik.
Le Président ouvre la séance par le discours suivant :
c Mesdames, messieurs, il y a quatre cents ans, Vasco de Gama
abordait aux Indes sur la côte de Malabar. C'était le 20 mai 1498
que ce navigateur illustre achevait l'admirable voyage où, pour
la première fois, on atteignait l'Asie en contournant le grand con-
tinent africain.
c Pendant tout le cours du xv* siècle, les Portugais avaient,
sans se lasser, multiplié les expéditions maritimes et, d'étape en
étape, ils étaient arrivés jusqu'au cap de Bonne-Espérance que
Barthélémy Diaz avait même doublé en i486. Quelques années
plus tard, il était réservé à Vasco de Gama d'ouvrir par mer, aux
Européens, la route si désirée des Indes, de ce pays fabuleux où,
dj sait-on, de merveilleuses richesses se trouvaient réunies.
c Dans toute grande chose accomplie à l'aide du temps et par
l'énergique persévérance de plusieurs générations, il y a un nom
qui domine les autres dans le souvenir des hommes; Gama. résume,
pour ainsi dire, en lui plus de soixante-dix années d'efforts conti-
nus; sou triomphe est comme la synthèse de toutes les épreuves
patiemment endurées, de toutes les vies sacrifiées, de toutes les
intelligences, de toutes les ardeurs consacrées, pendant près d'un
siècle, à l'œuvre qui, d'un petit peuple, fit une nation puissante
dont l'influence s'étendit rapidement sur tout l'Extrême-Orient.
c Aussi, lorsqu'il revint à Lisbonne, ne ramenant malheureuse-
ment de cette rude campagne qu'un petit nombre de ses compa-
gnons, l'enthousiasme fut grand, et 'le roi Dom Emmanuel fit élever,
à Bélem, le beau temple de Santa Maria, en mémoire du succès
de cettte périlleuse et magnifique expédition dont il nomma le
chef, Amiral des mers de VInde, de la Perse et de l'Arabie.
c Non seulement les Portugais avaient découvert la voie nou-
velle par où tant de richesses allaient affluer en Europe, mais,
grâce à leurs nombreux voyages, la géographie, la cosmographie,
l'art de la navigation, si incertain, si difficile à cette époque, firent
d'énormes progrès et leurs cartes maritimes sont les premières qui
furent dressées.
c II est permis de croire qu'au xv* siècle — comme de nos jours
— : le partage des biens de ce monde était surtout désiré par ceux
qui ne les possédaient pas, car le Portugal mit un soin extrême à
barrer la route des Indes aux autres nations, et la divulgation
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\' SÉANCES DES 1» 5, 15 BT 25 AVRIL 1898 191
de cette route, ou d'une carte la jalonnant, était punie de
mort
c Avant le voyage de Vasco de Gama, chacun déjà gardait
jalousement ses conquêtes, on cherchait même, d'une manière
assez curieuse et originale, à empiéter sur celles du voisin, et
nous voyons, dans les intéressantes Études historiques et géogra-
phiques de notre savant collègue M. Hamy, qu'après la publication
de la bulle du pape Alexandre VI qui, en 1493, avait tracé à tra-
vers le globe une ligne idéale pour limiter le domaine de l'Espagne
et celui du Portugal, des cartographes ne se firent aucun scrupule
de raccourcir systématiquement, ou d'allonger certaines routes,
afin de placer sous la domination de leur pays, des contrées, des
îles bonnes à exploiter, faussant ainsi les découvertes géogra-
phiques au profit des intérêts commerciaux.
c Mais la lumière finit toujours par avoir raison des ténèbres et
le chemin maritime de l'Orient fut bientôt connu. Si les Portugais
en restèrent, pendant quelque temps encore, presque les maîtres,
c'est qu'ils étaient les premiers, les plus habiles navigateurs du
monde et qu'on ne pouvait lutter aisément contre eux.
c L'esprit d'entreprise et d'aventure, qui animait ces infati-
gables chercheurs, les conduisit non seulement au Levant et sur
les côtes d'Afrique où ils fondèrent de florissantes colonies, mais
aussi à l'intérieur du continent noir et, dès 1487, leurs mission-
naires avaient atteint Tombouctou !
c Ces glorieux souvenirs sont vivants dans tous les cœurs por-
tugais et la Société de géographie de Lisbonne est la gardienne
fidèle de ces nobles traditions nationales. Bientôt la mémoire de
Vasco de Gama sera célébrée, par de grandes fêtes, dans le pays
qu'il a illustré, et nous nous associons à l'avance aux honneurs qui
hii seront rendus.
c M. Cordier, M. le lieutenant de vaisseau Védel, M. le marquis
de la Mazelière vont, tour à tour, vous entretenir de ce grand
homme et de tout se qui se rattache à ses expéditions.
c Mais avant de donner la parole à M. Cordier, je veux remercier
M. le Ministre de Portugal, représentant de S. M. le roi Charles Ier,
d'avoir accepté l'invitation de la Société de Géographie. Votre pré-
sence ici, monsieur le Ministre, est le garant des sentiments de cordia-
lité que votre pays éprouve pour le nôtre et vous pourrez constater,
une fois de plus aujourd'hui, combien ces sentiments sont réci-
proques et combien la France a gardé un reconnaissant souvenir
de la part si considérable que le Portugal a prise, dès le xv# siècle,
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192 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
aux progrés de l'humanité. Je remercie aussi M. le Ministre des
Colonies et M «le Ministre de la Marine, qui ont bien voulu se faire
représenter à la célébration de ce centenaire. >
Le programme portait les communications suivantes :
1° Relations de V Europe et de l'Asie avant et après le voyage
de Vasco de Gama, par M. le professeur Henri Cordier.
2# Voyage de Vasco de Gama, par M. Emile Védel, lieutenant
de vaisseau.
3° L'Inde à t époque de Vasco de Gama, par M. le marquis de
La Mazeliére.
Relation* de l'Europe et de 1* Aole avant et après le voyage
de Ta«co de cmbi. — Le centenaire que nous célébrons aujour-
d'hui marque une des dates les plus mémorables de l'histoire du
monde. En effet, lorsque Vasco de Gama, le 22 novembre 1497,
doublait la cap de Bonne-Espérance, où, dix années auparavant,
Barthélémy Diaz était parvenu, l'état politique de l'Europe et de
l'Asie allait subir une transformation complète, et les voies de
commerce être entièrement renouvelées. Aux Italiens de la Médi-
terranée et aux Musulmans de l'océan Indien,, le commerce asia-
tique échappait complètement pour passer aux mains des Portugais,
et l'ancienne route du sud de l'Afrique faisait concurrence à celle
de la mer Rouge, à laquelle, de nos jours seulement, Ferdinand de
Lesseps rendit son importance en creusant le canal de Suez.
Depuis longtemps, l'influence maritime des Catalans, des Véni-
tiens et des Génois était incontestée dans la Méditerranée : la lutte
séculaire entre Gênes et sa grande rivale, Venise, avait paru un
instant se décider en faveur de la première, lorsque Lamba Doria
eut écrasé les galères de Saint-Marc à la bataille de Curzola, le
7 septembre 1298; mais à la fin du xiv* siècle, la victoire fut assurée
à la Reine de l'Adriatique.
A Tépoque des Mongols de Gengis Khan, les voyageurs européens
abondaient sur les grands chemins et les côtes d'Asie. 11 y avait
alors trois routes pour se rendre dans l'Asie orientale : deux par
terre, par l'Asie centrale pour aller d'abord à Kachgar, puis plus
tard à Khan Bàliq, itinéraire d'aller de Marco Polo; par le Kou-
kounor, le Tibet et le Badakchan, itinéraire de retour d'Odoric de
Pordenone; la troisième, par mer, était plus longue, mais plus
sûre que les précédentes. Pour éviter les vexations des sultans
mamelouks d'Egypte, le voyageur prenait de préférence la route
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SÉANCES DBS 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 193
de Perse, où régnaient depuis 1258 les Ilkhans mongols de la
dynastie de Houlagou; il s'embarquait à Ormouz et de nombreuses
escales sur la côte malabare, Ceylan, la péninsule malaise lui per-
mettaient de se rendre en Chine.
L'apparition du Croissant ferma les routes de terre dès le milieu
du xiv* siècle, et les missionnaires européens d'Hi Bâliq furent
massacrés ; d'autre part, la cbute des Mongols de Chine et l'avène-
ment des Ming en 1368 arrêtèrent pour longtemps les voyages des
Européens dans le pays. La route de Chine par mer resta donc
libre aux concurrents; mais, à l'époque qui nous occupe, les Musul-
mans terrorisaient l'océan Indien, grâce à leurs forteresses d'Aden,
d'Ormouz et de Cal i eut, tandis que, par Malacca, ils commandaient
tout le eommerce de l'Extrême-Orient.
Venise, vue d'un œil favorable en Egypte, recevait par ses agents
les produits d'Asie, et avait en quelque sorte le monopole exclusif
de leur distribution en Europe. Des Moluques, venaient la noix
muscade, les clous de girofle, l'ébène ; de Bornéo, le camphre ; de
Timor, le bois de santal; de Sumatra, le benjoin; de Cochinchine,
l'aloès; de la Chine, les soies; de Birmanie, les rubis; de Ceylan,
des pierres précieuses de toute espèce; de Malabar, le poivre, etc.,
aussi ses navires, lourdement chargés, enrichissaient-ils les mar-
chands de la grande République.
Cependant l'Islam, qui avait déjà porté au loin en Asie ses armes
victorieuses, menaçait à la fois la chrétienté dans sa religion et
son commerce : la bataille de Nicopolis, en 1396, où la fleur de nos
chevaliers, sous la conduite de Jean sans Peur, fut tuée ou faite
prisonnière, put faire croire un instant que Bayezid Uderim allait
pénétrer dans la capitale du grand Constantin. Les hordes mon-
goles de Timour Lenk arrêtèrent pour un demi-siècle à Angora
(1402) le triomphe du Turc ottoman, et ce ne fut qu'en 1453 que
Mohammed II, après une lutte terrible ou périt noblement le der-
nier empereur grec, Constantin Dragazès, transforma l'antique
Byzance en Stamboul, Sainte-Sophie en mosquée, et planta sur le
sol européen l'étendard du Prophète qui s'est avancé jusque sous les
murs de Vienne et flotte encore à l'entrée du Bosphore de Thrace.
L'Europe ne pouvait rester esclave dans son commerce. Le voyage
de Marco Polo, la hantise d'une route vers les Indes orientales
semblaient tout dominer. La lettre du savant Florentin, Paolo del
Pozso Toscanelli, dont on célèbre en ce moment même le cente-
naire dans sa ville natale, lettre adressée au chanoine Fernando
Martinez, de Lisbonne en 1474, est bien explicite à ce sujet et
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194 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
presque prophétique ; mais ce grand mathématicien ne pouvait pré-
voir que les grandes découvertes de l'Amérique» dues à des Ita-
liens, Christophe Colomb, Cabot, Àmeric Vespucci, seraient faites
au profit de l'Espagne et de l'Angleterre, et qu'un autre petit pays
d'Europe allait retrouver la route et faire la conquête de l'océan
Indien.
Je laisse à mon collègue, M. le lieutenant de vaisseau Védel, le
soin de vous retracer l'origine des découvertes portugaises dues
au prince Henri le Navigateur et aux marins de l'école de Sagres
qu'il avait créée, ainsi que la vie de Vasco de Gama, et de vous
faire le récit du grand voyage de 1497-1498.
Immédiatement à la suite de Vasco de Gama, de grands chefs
assurent les résultats de sa navigation : c'est l'Islam qu'il faut
combattre.
Tour à tour, commandent Edouard Pacheco, l'Achille portugais;
Francisco de Almeida, premier vice-roi des Indes, qui, le 3 février
1509, écrase devant Diu les flottes combinées du soudan d'Egypte
et des rajahs de Calicut et de Cambaye. C'est enfin le grand
Alphonse d'Albuquerque qui promène triomphant le drapeau por-
tugais depuis Malacca jusqu'à Aden. Ses projets pour la grandeur
du Portugal étaient extraordinaires. La flotte portugaise remonte
pour la première fois la mer Rouge. En 1508, il expédie en Abys-
synie, gouvernée alors pendant la minorité du roi David, par
Hélène, des envoyés avec des lettres et un fragment du bois de la
vraie Croix pour obtenir que les Abyssins détournent le cours du
Nil; les eaux du fleuve se déversant dans la mer Rouge, l'Egypte
serait ainsi ruinée et surtout le port de Suez, dont l'importance
faisait une concurrence redoutable au commerce portugais. Cette
ambassade porta ses fruits, car le roi d'Abyssinie envoya à la cour
de Portugal un Arménien, nommé Mathieu, qui, en février 1514,
fut fort bien reçu par Dom Manoel.
La prise de Malacca, où Diego Lopez de Sequeira avait établi
une factorerie dès 1509, par Albuquerque, le 11 août 151 Couvrait
la Chine, l'Indo-Chine et l'archipel Indien à l'activité portugaise.
Malacca devient un grand entrepôt où arrivent tous les produits
de l'Extrême-Orient. Le roi de Portugal, Dom Manoel, écrit de
Lisbonne au pape, le 6 juin 1513 :
c II y avait alors à Malacca des marchands étrangers de Sumatra,
de Pégou, de Java, de Gorez et de l'Extrême-Orient de la Chine,
qui, ayant obtenu la permission d'Alphonse [Albuquerque] la
liberté de faire le commerce, transportèrent leur habitation près
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SÉANGBS DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 195
de la eitadelte et promirent obéissance au Portugal et d'accepter
sa monnaie. >
Immédiatement après ce siège mémorable, l'un des premiers
souverains qui aient félicité Albuquerque de la prise de cette cita*
délie, fut le roi de Si ara, Phra Borom Raxa, car c'était à ses dépens
que les Musulmans s'étaient établis à Malacca. En signe d'amitié,
il envoya au conquérant portugais une coupe d'or, une escarboucle
et un sabre incrusté d'or. En réponse à ces présents du prince,
qui était considéré comme le plus puissant de tous ces pays,
Albuquerque expédia quelques agents à sa cour. Du Siam, les Por-
tugais devaient facilement pénétrer au Laos et au Cambodge, dont
le nom nous vient des Portugais.
En 1511, Albuquerque envoie Ruy Nufies d'Acuûha à l'embou-
chure de Tlrraouaddy; en 1517, les Portugais, avec Jean de Sil-
veira, arrivent à Ghittagong, dans l'Arakan. En 1514, ils avaient
débarqué à Canton; plus tard, ils établissaient un comptoir sur
la rivière de Ning-po, à Liampo, entre Tchin-haï et Ning-po, et
un autre dans le Fou-kien, à Chin-cheo. En 1553, sous le règne
de l'empereur Wan li, les Portugais créaient dans l'île de Macao
une ville sous le nom de Cidade do nome de Deos. En 1542, le
hasard d'un naufrage fait aborder Fernao Mendez Pinto à Tane-ga-
shima et apprend ainsi aux Portugais à connaître le Japon. Le
Tong-king, le Pégou, Ceylan : tout leur devient une proie facile
et riche.
En même temps que le Portugal était victorieux dans tout
l'océan Indien, la Croix était représentée par saint François-Xavier,
qui, après avoir évangélisé les Indes et le Japon, allait pénétrer
en Chine, lorsque la mort le frappa, le 2 décembre 1552, dans l'Ile
de San-tchouen; il laissait à ses successeurs, et en particulier à Mat-
teo Ricci, l'honneur de renouveler dans l'empire du Milieu les tra-
ditions chrétiennes du moyen âge et d'y jeter les bases de mis-
sions qui, aujourd'hui encore, sont une des gloires de la France.
Vinrent des jours plus difficiles, retardés par Jean de Castro et
Louis d'Ataîde. L'Espagne annexait le Portugal, et la politique
de Philippe H entraînait la lutte avec les puissances du Nord.
L'emprisonnement à Lisbonne de Cornelis Houtman (1594) lui
permettait de prendre les renseignements nécessaires pour orga-
niser la première expédition hollandaise qui le fit aborder à Ban-
tam en 1596. La capture en 1592 du navire Madré de Dio$> con-
duit à Dartmoutb, livra à l'Angleterre le secret du commerce
portugais dans l'Inde ; aussi, lorsque en 1640 le drapeau de Bra-
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196 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
gance lut hissé à nouveau sur la ville de Macao, le domaine asia-
tique du pays était singulièrement diminué.
Je croirais téméraire et inutile de poursuivre cet aperçu histo-
rique jusqu'à des époques plus récentes; le génie latin ne peut
que s'enorgueillir des grandes découvertes des XVe et xvi* siècles.
Noire Société, en célébrant le centenaire d'un illustre naviga-
teur, n'a pas voulu seulement rappeler la date d'un grand fait
géographique, mais retracer la formidable épopée d'un vaillant
peuple, auquel n'a même pas manqué son barde.
Gamoéns, en écrivant dans la grotte de Macao les Lusiades,
dont il sauvait le manuscrit à la nage, lors de son naufrage au cap
Saint-Jacques, non seulement fixait la langue, mais immortalisait
la littérature de son pays en chantant :
c Les combats et les héros fameux, qui partis des rives occi-
dentales de la Lusitanie et s'élançant à travers des mers jus-
qu'alors inexplorées, laissèrent loin derrière eux la Taprobane
après avoir surmonté mille obstacles. >
Henri Gordier.
voy*c* *• ▼•■«• *e fiama. — M. Emile Védel, lieutenant de
vaisseau, commence par rappeler tout ce que le Portugal doit à
l'infant dom Henrique, le plus jeune des fils du roi Jean I", celui
qu'on a surnommé c Le Navigateur ». De son expédition à Ceuta,
où les Portugais s'établirent au commencement du xv* siècle, il
rapporta, disent les chroniqueurs, c une sorte d'inclination à dé-
couvrir de nouvelles terres et des mers inconnues. > Les marines
chrétiennes n'avaient longtemps connu que le cabotage, c'est-à-dire
la navigation qui consiste à aller de pointe en pointe, sans pour
ainsi dire quitter les côtes. Mais avec l'invention et surtout le
perfectionnement de la boussole, ainsi que d'autres instruments
servant à la navigation, les essais se multiplièrent.
Depuis l'année 1418 où les vaisseaux de Gonzalès Zarco et de
Tristan Vaz vinrent se heurter au rocher de Porto-Santo, jusqu'au
jour où Barthélémy Diaz de Novaes et Joam infante atteignirent en
1487 le fameux cap de Bonne-Espérance, qu'ils avaient d'abord
nommé 0 cabo Tormentoso, eu souvenir de la tempête qui le leur
fit doubler, les découvertes des Portugais se succèdent avec éclat
le long de la côte d'Afrique.
Les premières pensées d'Emmanuel, après avoir pris posses-
sion du trône laissé vacant par la mort de son cousin Jean II (1495),
furent pour les Indes. Jean II lui avait laissé de précieux rensei-
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SÉANCES DBS 1er, 5, 15 Et 25 AVRIL 1898. 197
gnements sur la route à suivre au delà du cap de Bonne-Espé-
rance, résultat de l'expédition, en 1487, de Pedro da Covilham et
d'Affonso de Païva. Ces deux habiles arabisants, avaient été en-
voyés au Caire avec mission de passer aux Indes si possible et de
trouver le royaume du fameux prêtre Jean, le roi chrétien d'Abys-
u'nie, dont l'existence avait préoccupé tout le moyen âge. Le roi
de Portugal pensait pouvoir tirer grand proât pour ses projets de
l'alliance d'un souverain de foi chrétienne; mais il fallait pour
cela commencer par reconnaître la situation de ses États que l'on
plaçait indifféremment en Asie où en Afrique.
M. Védel fait le résumé de cette expédition où Pedro da Covil-
ham, embarqué sur un boutre à destination des Indes, visita Ca-
nanor, Calicut et Goa; puis revint à Sofala, port de la côte
d'Afrique, placé vis-à-vis de la partie méridionale de Madagascar,
et, de là, regagna le Caire.
L'océan Indien, était autrement rude à naviguer que la région
des ?ents alizés de l'Atlantique nord, que les Espagnols avaient
déjà surnommé le golfe des Dames ; c'était la mer féconde en
cyclones, au seuil de laquelle se dressait le redoutable cap des
Tempêtes.
Aussi fallait-il des navires plus solides que les caravelles lé-
gères dont on s'était servi jusque-là; le roi fit donc construire spé-
cialement pour l'expédition qu'il projetait et dont il chargea
Vasco da Gama, deux navires, le San Gabriel de 120 et le San
Rafaël de 100 tonneaux, auxquels il joignit le Berrio, caravelle
de 50 tonneaux.
Vasco da Gama était à ce moment-là un jeune capitaine de 30 à
40 ans, car la date de sa naissance n'a pas été fixée d'une façon
authentique; il descendait d'une famille qui s'était distinguée dans
les armes, sur terre comme sur mer, et avait déjà acquis du re-
nom dans les expéditions africaines.
Ses portraits le montrent gros, d'une taille médiocre; son
visage s'enflammait facilement quand il entrait en colère, et il de-
venait alors terrible. 11 passait facilement les bornes d'une juste
séférité dans la répression, mais il avait une énergie indomp-
table, et les difficultés grandissaient les ressources et la fermeté
de son caractère.
Vasco da Gama montait le San Gabriel; son frère atné, Paulo da
Gama, reçut le commandement du San Raphaël et Nicolas Coelho
rot choisi pour commander la caravelle. Les meilleurs pilotes du
Portugal furent embarqués sur les trois navires. Des interprètes
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198 COMPTES RENDUS DES SÉANCES. .
des idiomes africains et de la langue arabe furent adjoints aux
équipages. Tout compris, Vasco da Gama emmenait 160 hommes,
dont, hélas ! plus de la moitié devait périr en route.
Le récit du voyage mémorable de Vasco da Gama, écrit de sa
main, a disparu. La seule relation authentique qui en soit parve-'
nue jusqu'à nous est le journal d'un matelot que Ton croit s'être
appelé Alvaro Velbo du San Gabriel.
C'est dans ce naïf, mais véridique Roteiro ou livre de bord que
Ton peut suivre les principales étapes de la route.
On se mit en route le 8 juillet U97. Le 17 décembre, Vasco da
Gama dépassa l'estuaire du Rio Infante, le point extrême atteint
par Barthélémy Diaz.
Le 10 janvier 1498, l'expédition mouilla devant l'embouchure
d'un petit fleuve pour faire de l'eau douce ; la ration avait dû être
réduite à 1/3 de litre par personne et par jour.
Le 22, da Gama, qui avait doublé Sofala sans s'en douter, attei-
gnit une rivière assez importante qu'il nomma le Rio dos Bôes
Signaes. Malheureusement, ses équipages commencèrent à res-
sentir les premières atteintes du scorbut.
Le 10 mars, les Portugais mouillèrent au large de Mozambique.
Le petit sultan du pays leur apprit que les terres du Prêtre-Jean
étaient dans l'intérieur, et qu'on ne pouvait y aller qu'à dos de
chameau. Mais lorsque les indigènes reconnurent qu'ils avaient
affaire, non à des musulmans, mais à des chrétiens, ils dressèrent
une embuscade à l'aiguade où les navires venaient s'approvision-
ner.
A leur grande surprise, les Portugais virent les boutres arabes
qu'ils trouvèrent là, munis de boussoles c génoises >, de cartes
plates, et d'instruments de navigation semblables aux leurs.
L'expédition mouilla le 7 avril à Monbaxc.
Le 22, le capitaine général insista énergiquement pour avoir un
pilote indien. Le sultan finit par en envoyer un, qui se nommait
Malenio Canaca et, en retour, da Gama donna la liberté aux
otages qu'il avait retenus pour garantir sa sécurité.
Le 24 avril, c'est-à-dire, il y a aujourd'hui exactement quatre
cents ans et un jour, l'escadre portugaise quitta Mélinde, pour
cingler vers la côte indienne où elle atteignit Calicut.
Cette ville était alors la capitale de la partie méridionale de la
côte du Malabar et le centre d'un riche commerce entre les lies à
épices situées au delà du détroit de Malacca et les ports arabes.
En U98, le souverain indien de Calicut se nommait Samoudri-
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SÉANCES DBS 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 199
Rajah, ce qui veut dire le roi de la Côte, nom devenu fameux dans
les chroniques portugaises qui en firent le Zamorin.
Vaseo da Gaina obtint une audience du prince, niais les pré-
sents relativement mesquins qu'il déposa au pied du trône avec la
lettre de Dom Manuel ne donnèrent pas au Rajah une haute idée
de la puissance du roi chrétien.
Aussi, fut-il presque fait prisonnier à son retour du palais et, si
ses navires étaient entrés dans le port de Calicut, ils eussent été
aussitôt assaillis. Mais l'énergie de Vasco da Gama était à la hau-
teur de toutes les circonstances. Avant de descendre à terre, il
ordonna à son frère Paul, en vertu de ses pouvoirs, que, quand bien
même il verrait qu'on lui portât le poignard dans le cœur, il pré-
férât le service du roi au soin de sa vie ; qu'il ne fit pas le moindre
mouvement pour le secourir, mais qu'il appareillât sur-le-champ
pour retourner au Portugal, afin d'y rendre compte au roi du
détail de leur voyage et de la découverte des Indes.
En partant (5 novembre 1498), Vasco da Gama se chargea d'une
lettre du Zamorin au roi de Portugal, écrite sur une feuille de
palmier, et dont la teneur laconique nous a été conservée :
c Vasco da Gama, gentilhomme de votre maison, est venu en
mon royaume, ce qui m'a été agréable. En mon royaume, il y a
force cannelle, force girofle, gingembre, poivre et pierres pré-
cieuses en quantité; ce que je désire du tien, c'est de l'or, de l'ar-
gent, du corail et de l 'écarta te. »
Les Portugais firent terre à Magadoxo, â 400 milles environ au
nord de Mélinde, où ils arrivèrent le 7 janvier 1499.
Le 1* février, ils mouillèrent sous la côte de Mozambique, et le
3 mai, ils atteignirent la baie de San Braz.
Le 20, ils doublaient le cap de Bonne-Espérance. A la hauteur
des lies du Cap-Vert, Nicolas Goelho se trouva séparé des deux
autres navires, soit fortuitement, soit intentionnellement; il profita
de sa marche plus rapide pour arriver le premier à Lisbonne. Le
10 juillet, il apportait la nouvelle du succès de l'expédition. Vasco
da Gama avait relâché aux lies du Cap-Vert pour soulager ses
équipages de nouveau décimés par le scorbut.
L'épreuve la plus pénible de toutes attendait l'amiral au moment
où il allait toucher au port. A Terccira, l'une des Açores, il eut la
douleur de perdre son frère, le commandant du San Rafaël.
Enfin, deux ans et deux mois après, son départ, Vasco rentrait
dans le Tage.
A Lisbonne eut lieu une splendide réception royale, pendant
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£00 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
que des réjouissances étaient ordonnées dans tout le royaume
pour célébrer un événement qui valut au roi Dom Manuel d'être
appelé le Fortuné.
Les équipages furent magnifiquement récompensés. Vaseo da
Gama reçut la qualification de Dom, qui confère la grandesse por-
tugaise, et le titre d'amiral des mers des Indes. Dom Manuel lui
assura des revenus dignes de son nouveau rang, et y joignit des
privilèges commerciaux.
En un mot» il fut traité d'une façon assez analogue à celle dont
Christophe Colomb l'avait été par Ferdinand et Isabelle. Comme
l'amiral génois, il semble être ensuite tombé dans une défaveur que
l'histoire a constatée sans l'expliquer. Après un second voyage aux
Indes en 1501, on n'entend plus parler de Vasco da Gama que pour
le voir condamné à quitter une des villes dont il tirait ses reve-
nus. C'est seulement après la mort d'Emmanuel le Fortuné qu'on
qu'on le voit reparaître sur la scène publique.
l/lade à l'époque de Vaseo de «uu. — Au XV* siècle, tout,
dans l'Inde, semble confusion. Point d'empire : des États féo-
daux aux frontières sans cesse déplacées. Point de société bien
établie : des milliers de castes, qui se transforment. Point de
religion reconnue de tous : le Bouddhisme a disparu et le Brahma-
nisme véritable est chose du passé. Par contre, l'essai de ces
nombreux cultes, que l'on comprend aujourd'hui sous le nom
de religion hindoue. Us se ramènent à trois groupes : l'adora-
tion des déesses ou Çaktis ; le Vishnuisme, où la prière s'adresse
à l'Idéal, qui vit dans tous les êtres» plus particulièrement les
héros et les saints (Rama et Krishna) ; le Çivalsme, panthéisme
grossier, dont les ascètes ont tiré une morale austère et une
philosophie mystique.
Cette époque de confusion présente un grand intérêt à deux
points de vue. D'abord, c'est du ix* au xvu* siècle qu'apparurent
les réformateurs, dont les miracles sont devenus populaires par la
c légende des saints » : Çankara, le fondateur de la philosophie
moderne (ix* siècle) ; Ramanuja (xu° siècle) ; Vallabha (xvi* siècle);
le mystique Çaitanya (xvi* siècle); Kabir, qui convertit le Ben-
gale (1380-1420); Nanak Shah, qui fonda la secte des Sicks (1469).
Ensuite, c'est le temps où la lutte fut le plus acharnée entre
les Hindous et les Musulmans (Arabes, Persans, Afghans, Turcs et
Mongols). Cette lutte, qui dura douze siècles et se termina par la
victoire des Hindous, bientôt vaincus eux-mêmes par les Anglais,
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SÉANCES DBS 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 201
a laissé son souvenir dans le Romancero national. Au moyen âge,
les lettrés écrivaient en sanscrit les derniers des Puranas et des
Upani8hads. Mais les prakrits, les anciens dialectes populaires,
se transformèrent du vuie siècle au xv* dans les idiomes d'aujour-
d'hui (Hindi, Gujerati, Marhatti, Penjabi, Bengali). Ghacun'de ces
idiomes a ses hymnes religieux et ses ballades. Les auteurs restés
le plus populaires» sont Chaud Bardai, qui chanta les malheurs du
dernier roi hindou de Delhi (xiie siècle), et Tulsi Das, le traducteur
hindi du Ramayana.
Du xi9 au xv* siècle, il y eut huit grandes séries d'invasions
musulmanes |: Ghaznivides (Turcs), 1001-1186; maison de Ghor
(Afghans), 1186-1206; rois esclaves, ainsi dénommés à cause de
l'origine servile du premier d'entre eux (Turcs)» 1206-1290; maison
de Khilji (Turcs), 1290-1320; maison de Tughlak (Turcs du Pen-
jab),l320-UU; Sayvides (1414-1450); Lodis (Afghans), 1450-1526;
maison de Timur (1526-1857) (1).
L'histoire du Dekhan est en quelque sorte distincte de l'histoire
de l'Inde continentale. Tandis que, dans le nord, les invasions ont
transformé la population primitive, le sud est encore habité par
des peuples de race dravidienne. Les Tamils, le plus important de
ces peuples, se civilisèrent rapidement. Le Moyen Âge marque
l'apogée de leur littérature avec les écrits philosophiques des
Jains (ix* au xiu* siècle), dont le chef-d'œuvre est le Chinta-
mani, une épopée de quinze mille lignes; la traduction du Ramayana
| par Kambar, qui est probablement du xne siècle ; les hymnes à
I Vishnu et à Çiva. Cette époque est également celle où le style
dravidien produit ses plus beaux monuments : Tanjore (? xif-
| xn« siècles); Madura (? xiv9 — xvn« siècles); Velore (xive siècle);
Ghilambram (les plus belles parties, x* et xV siècles).
| Dans les temps anciens, le midi de l'Inde se divisait en trois
royaumes : les Pandyas à Madura; les Gholas à Gombaconam, puis
à Tanjore; lesCheras à Talkad, aujourd'hui disparu, dans le My-
sore. Au xir siècle, ces royaumes avaient perdu leur importance.
Tous les États du midi de l'Inde relevaient de Vijayanagar, fondé
vers 1118. Près d'Hospet (station de Bellary), on voit encore sur
les bords du Tungabhadra, un affluent du Krishna, les ruines de
cette ville, que les Portugais appelaient Bisnaga (manuscrits por-
; tugais de ? 1525 et ? 1535, publiés en 1898).
| (1) L'invasion de Timur (Tamerlan) est de 1398-1390, mais ce fut seulement son.
arrière-petlt-fils Babar (1482-1530) qui tenta de s'établir dans les Indes; l'em-
pire mongol eut pour fondateur Akbar (1550-1605), petit-flls de Babar.
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ytm
202 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
Les rajas de Bis naga furent les plus héroïques défenseurs de
l'Inde contre les Musulmans. Dès 1347, ceux-ci fondèrent dans le
Dekhan un royaume, qui comprenait à peu près les États actuels
du Nizam; la capitale était à Kalbargah. Ce royaume fut démembré
à la fin du xv* siècle. Cinq États se partagèrent son territoire : Gol-
eoode depuis Hyderabad, Bidar, Berar, Ahmadnagar, enfin Bijapur,
fondé en 1489, qui détint au xvu* siècle le plus grand empire du
midi de l'Inde et dont les monuments sont parmi les plus beaux
de l'Asie. Au xvie siècle, ces États formèrent une confédération
pour accabler Vijayanagar : la vicloire de Talikut (1565) mit fin à
la résistance des Hindous.
Bien qu'ils appartinssent à des rajas hindous, les ports de la
cèle de Malabar avaient pris une grande importance : les Maures
y achetaient les produits de l'Inde, principalement les épices qu'ils
revendaient aux Vénitiens. Ces ports, Goa, Cananore, Calicut, Co-
chin, Quilon, etc., dépendaient de ^Vijayanagar; le roi de Calicut
(Zamorin) exerçait une sorte de suzeraineté sur les autres souve-
rains de la côte. Dans toute cette région, la caste la plus influente
était celle des Nairs, les nobles; ils avaient pour adversaires les
chrétiens de Saint-Thomas (Nestoriens) qui formaient une confé-
dération religieuse et militaire.
Tel était, l'état de l'Inde à l'époque où les Portugais y abor-
dèrent. Si le régime féodal y eût subsisté, les Européens eussent
facilement réussi à la conquérir. Mais, à la même époque, Babar,
descendant de Timur, fondait l'empire des Mongols, qui, sous son
petit-fils Akbar, devint l'un des plus puissants États du monde
entier. La conquête européenne fut ainsi retardée de deux siècles
et demi.
Le programme annoncé étant épuisé, le Président remercie les
conférenciers :
c Grâce à votre savante érudition, monsieur Cordier, à votre expé-
rience consommée de marin, monsieur Védel, à votre science d'explo-
rateur, monsieur de la Mazelière, nous pouvons apprécier pleinement
l'œuvre de Vasco de Gama.
c Vous avez su faire revivre, dans vos intéressants récits, non
seulement la figure de ce grand navigateur, mais aussi cette
époque féconde où l'énergie et l'ardeur des hommes semblaient se
décupler et qui est à la fois très lointaine et très proche de nous,
car toutes les nations sont encore animées du mouvement dont elle
a donné l'impulsion.
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SÉANCES DES l*r, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 203
c Recevez donc les sincères remerciements de la Société de
Géographie pour le concours que vous avez bien voulu lui prêter.»
Le représentant du Portugal se lève à son tour :
c Je suis heureux, dit-il, d'avoir assisté à cette séance consacrée
à célébrer le centenaire du grand navigateur, et je tiens à remercier
les intéressants conférenciers qui ont pris ce soir la parole. Cette
séance ne pourra que resserrer les lient de sympathie entre la
France et mon pays.
c Je désire remercier aussi le Président de cette savante Société,
qui a bien voulu organiser la solennité d'aujourd'hui et qui a pensé
à m'y convier. J'ensuis heureux comme Portugais et comme repré-
sentant du Portugal et je vous prie d'agréer tous mes sentiments
de gratitude, en mon nom et au nom de mon pays. >
II. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES (1)
ASIE
L'île Haï-Non : Se» populations. — A la suite des récents
événements sino-européens, l'Ile d'Hai-Nan semble être entrée
dans la zone d'influence de la France.
Deux éléments peuplent cette terre : les autochtones et les
Chinois, qui, venus du continent, occupent les meilleures terres;
ce sont les plus nombreux.
Les historiens nous ont appris qu'il existait une race insulaire,
non encore assimilée aux Célestes; mais ils se sont bien gardés
d'étudier leur langage et leur origine; aussi quelques personnes
pensaient-elles retrouver à Hai-Nan — ce que des découvertes
récentes, dans les îles voisines, avaient révélé, — des restes de
tribus de Négritos, comme à Formose, aux Philippines, à Malacca.
Ici, rien de semblable. Hai-Nan par sa flore tient absolument du
continent voisin, auquel naguère il était relié par la presqu'île de
Loui-tcheou (Louei-tsiou). Les aborigènes sont donc des rejetons
de tribus qui peuplent les régions voisines de Hai-Nan; leur simi-
litude de langue du moins nous l'assure.
(1) Labondanco des matières nous oblige à réduire ce chapitre. Le complément
des Nouvelle* géographique» et les Notes figureront dans le numéro des séances
de mai des Comptes rendus.
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204 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Les insulaires sont en majorité de la grande race Tai-chan. De
nos jours ils habitent le sud du Yun-nan, le Tonkin, le Kouang-si,
mais ils ont presque disparu devant l'émigration chinoise dans la
partie continentale du Kouang-tong.
Ainsi les diverses branches de cette famille aux appelations mul-
tiples : Tai dans le haut Tonkin, ThO à Gao-bang, I-jen en Chine, -
sont proches parentes des autochtones de Hai-Nan, nommés Sai
ou S'iai.
Les Sai ont le visage allongé et la mâchoire droite ; cependant
la face est assez large à l'endroit des pommettes, mais elle va en
se rétrécissant vers le menton; les cheveux sont noirs, lisses et
droits, les yeux moyens et pas bridés. Le nei est large à la base,
la bouche grande et le menton assez petit.
Le teint brun foncé donne souvent des reflets olivâtres, d'autres
fois tirant un peu sur le rouge; ce ton de peau est d'un aspect
qui contraste avec le teint relativement clair de la race chinoise.
Leurs cheveux sont généralement ramenés sur le haut du front
pour former un petit chignon ; d'autres fois, ils sont tortillés en
forme de tire-bouchon.
Le costume rappelle celui dos peuples primitifs : une simple
bande de cotonnade passée entre les jambes et enroulée en cein-
ture autour des reins compose tout l'uniforme de la majorité de
la race; cependant, dans certaines tribus, dans les familles plus
fortunées et chez ceux qui fréquentent d'une manière suivie les
marchés chinois, les hommes portent une sorte de veste en coton
écru, grisâtre ou brunâtre, descendant jusqu'aux cuisses; deux
manches se terminant aux plis du coude sont assujetties à la veste.
La femme se tatoue ; elle est vêtue d'un court jupon pris à la
ceinturé et qui couvre le genou ; une petite camisole de couleur
foncée, flottante et souvent brodée, descendant jusqu'à la taille,
couvre la poitrine.
La race Sai est robuste et assez bien développée ; parmi les
hommes que j'ai mesurés, les deux plus grandes tailles ont été
i m. 72 et 1 m. 69; elles m'ont paru au-dessus de la moyenne.
Les habitations sont sur pilotis, un toit arrondi en fer à cheval
descend jusqu'à terre, faisant ainsi un second refuge du rez-de-
chaussée, qui est réservé au bétail.
A côté de ces autochtones, on rencontre une fraction de Miao-
tse, connus ici sous le nom de Miou, installée dans l'île bien avant
l'arrivée des Chinois, et dont la branche principale est à 750 kilo-
mètres en ligne droite dans les régions élevées de Koui-tcheou.
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 205
C'est par l'absorption d'un certain nombre de ces insulaires que
les colons chinois ont créé des familles et ont converti une partie
de l'Ile à leurs mœurs ; aussi la race conquérante est-elle très peu
homogène, et les différentes manières de s'exprimer sont-elles
multiples.
Seule la partie N.-E. d'Hai-Nan forme une réelle unité. C'est
dans ee pays que la langue hok-lo, originaire d'Àmoy, est devenue
prépondérante. Sa suprématie date de l'époque de Xo-xien-ka, le
fameux pirate qui chassa les Hollandais de Formose, et qui fit des
gens sur les limites du Kouang-tong, Fo-Kien, des écu meurs de
mer, mais également des colons qui aujourd'hui forment le fond
de la population de Formose, de Hai-Nan et de la péninsule de
Loui-tcheou. Claudios Madrolle.
AFRIQUE
Ethiopie. — Voyage du vicomte de Poncins chez les Somalis,
les Adals et les Gallas.— c Addis Abbaba (Ghoa), 19 février 1898. —
je suis arrivé il y a quelques jours à, Addis Abbaba. 11 y avait
trois mois que j'avais quitté Djibouti pour parcourir les pays Soma-
lis et Adals, qui sont entre le Ghoa et la côte. L'absence du ras Ma-
konnen, qui actuellement est chargé de diriger l'expédition que le
Negus a envoyée dans la direction du Nil pour soumettre le pays au
sud du Nil d'Abyssinie ou Albaïe, s'est vite manifestée dans les
plaines : les indigènes naturellement assez turbulents et amis des
razzias, n'ayant plus grand'chose à craindre de Harrar, ont pris
leurs lances et recommencé à voler les chameaux et les moutons des
voisins. Ces petites affaires ne se terminent guère sans quelques
morts, et plus d'une fois j'ai été gêné par la rencontre de bandes
indigènes armées. Gela m*a permis de voir un peu les procédés de
guerre de ees différentes' peuplades, procédés qui diffèrent de
tribu à tribu et qui certainement sont les mômes depuis un temps
immémorial. J'ai aussi eu la bonne chance de n'avoir pas à me
mêler directement à tout cela, la vue de mes carabines suffisant
pour inspirer le respect à ces pillards.
€ La vallée de l'Aouache, où j'ai séjourné, est malsaine; mes
hommes y ont beaucoup souffert des fièvres. Elle n'est pas cultivée,
car les indigènes sont des demi-nomades pasteurs. Il suffirait
cependant d'un peu d'irrigation pour en faire une vallée très fer-
tile. La couche d'alluvions y est très profonde et produirait ce
SOC. DE GÉOGR. — C. R. DES SÉANCES. — 11° 4. — Avril. 15
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iffi&mt
) ■
206 COMPTE8 RENDUS DES SÉANCES.
qu'on voudrait si Ton importait dans cette région des cultivateurs
hindous ou chinois. L'Àouache a toujours une quantité d'eau assez
grande pour que la sécheresse ne soit pas à craindre sur ses
rives.
c Le déboisement systématique des montagnesjdu Harrar, que les
Gallas incendient à outrance sous le regard bienveillant des auto-
rités abyssines, se fait sentir dans les plaines que j'ai parcourues.
Les rivières qui étaient alimentées par de grandes forêts pro-
fondes, cessent de couler. L'eau courante arrivait autrefois, na-
guère même, dans des régions où il faut maintenant creuser le
sable pour en trouver, et ce n'est qu'à plusieurs heures en amont
qu'on la trouve à la surface. Des rivières plus importantes ont
perdu la moitié de leur débit, et les pluies se font plus rares sous
le vent des montagnes autrefois revêtues de forêts, aujourd'hui
dénudées et couvertes seulement d'herbes sèches.
c J'ai eu à plusieurs reprises à souffrir des mauvais procédés
des petits chefs abyssins. Le Negus m'a fait bon accueil et, quand
je vais reprendre le chemin de la côte, il me donnera, j'espère, les
lettres qui m'éviteront une partie des ennuis habituels.
c Avant-hier la mission russe sous les ordres du général Ylaa-
sof est arrivée. On l'a bien reçue; environ 2,000 hommes ont été
envoyés à sa rencontre. Mme Ylassof accompagne son mari qui a
sous ses ordres un certain nombre d'officiers choisis et une escorte
de 43 cosaques. D'autres Européens sont en route pour monter ici.
c Suivant toutes probabilités, je rentrerai en France vers le
mois de mai. »
Vu EDMOND DE PONONS.
OCÉANIE
ifoiiYeiie-GuiMée *ngi»ue. — Deux voyages d'exploration
des RR. PP. Jullien et De Rycke, missionnaires du Sacré-
Cœur (1). — Partie en août 1896, de Vanuamae, district de Pokao,
l'expédition découvrit et remonta le cours de la Veida, affluent de
l'Âroa. L'Aroa est une rivière qui prend sa source dans les ramifi-
cations du massif de l'Owen-Stanley ; elle se jette dans Redscar-Bay,
après avoir reçu les eaux du Kubuna et de la Veida, grossie elle*
(1) Voir la carte de la Nouvelle-Guinée anglaise, jointe à ce numéro. — Les levés
de cette carte ont été exécutés à la boussole.
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 207
même de Plbu et de la Dilafa. A quatre jours de marche, au N.-E.
de Vanuamae, après avoir traversé de grandes forêts inexplorées,
oo rencontre un groupe de nombreux villages dont les plus impor-
tants sont Bubuni et Vale. Ces villages sont placés au sommet de,
monts abrupts, pour éviter les surprises de la part des monta-
gnards souvent en guerre. La population diffère de celle de la
côte; elle paratl beaucoup plus énergique et plus intelligente.
La couleur de la peau est la même, mais la taille est plus trapue
et plus vigoureuse. La chevelure est généralement coupée assez
court; on voit peu de tatouages; beaucoup même n'en ont point.
Ils ne possèdent pas de poterie. Les maisons sont de forme conique
et le toit descend jusqu'à terre.
Les habitants sont agriculteurs ; ils cultivent la patate, l'igname,
la banane, la canne à sucre, mais n'ont point de cocotiers. Ils
ehassent avec des javelines le casoar et le sanglier, mais ne sem-
blent pas se servir de l'arc. A l'occasion d'une fête donnée dans un
de ces villages, il y eut une réunion de près de 500 guerriers des
montagnes; quelques-uns étaient venus de l'intérieur à trois ou
quatre jours de marche. Les danses ont un caractère plus violent
et plus mouvementé que sur la côte. On trouve aussi dans la tribu
d'Uni-Uni, un sentiment musical très développé. Les sauvages
chantent des morceaux harmonisés, en parties, sur un mode qui
leur est propre. La montagne la plus rapprochée de ces villages
est le montManaku, d'environ 2,000 mètres de hauteur, situé à peu
près sous le 1U»47' de long. £. de Paris et le 8° 30' lat. S.
Dans un second voyage entrepris en août 1897, les RR. PP. Jul-
Uen et De Rycke partirent de Vanuamae, et se dirigèrent au nord,
vers le village d'Epa, porte de la région montagneuse. De là, en
remontant la rivière Kubuna, ils gagnèrent, après deux jours de
marche, le village d'Emene, situé à une altitude d'environ
1,000 mètres et au sud du mont Boboleva (mont Davidson des
cartes anglaises). Les sauvages d'Emene diffèrent de ceux de la
côte par la langue et par les usages, qui sont les mêmes que ceux
de la tribu d'Uni-Uni; leurs maisons affectent la même forme coni-
que, et leurs cultures très nombreuses sont situées sur les pentes
rapides des montagnes. Au fond d'un précipice, qui s'ouvre vers
le nord, on voit serpenter la rivière Saint-Joseph (l), qui contourne
le massif du Boboleva. La crête du village d'Emene sépare le
(1) Le nom canaque du Saint-Joseph est Arabure. Mais ce mot subit diverses
altérations, selon les différentes tribus qui le prononcent. Les sauvages de Mekeo
disent : Angabungè; ceux d'Uni-Uni prononcent : Alabule.
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208 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
bassin du Kubuna et de l'Aroa de celui du Saint-Joseph. En se
dirigeant fers le N.-E., on rencontre successivement les villages
de Polikoitu, Lolaka et Keakamana, renfermant une population
•'élevant en tout à 2,000 habiUnts.
Du plus haut village du groupe de Keakamana l'on aperçoit le
confluent des deux branches du Saint-Joseph. L'une, l'Adualla, qui
coule de Test, et descend probablement du massif montagneux de
l'Albert Edouard, nommé par les indigènes Umi-Lebule ; l'autre,
nommée Alabule, vient du nord, et semble prendre sa source au pied
d'une grande montagne que les sauvages désignent sous le nom
d'Umi-Manaia.
Cette montagne n'ayant été jusqu'ici relatée sur aucune carte, a
été nommée, par les membres de l'expédition, mont Sainte-Marie
(M1 S1 Mary). Elle se trouve à environ 50 milles au N.-E. du mont
Yule et son altitude paraît être de 4,500 mètres. C'est le point cul-
minant d'une longue chaîne, qui se prolonge vers le N.-O. et à
laquelle appartiennent probablement les monts Lawson. Il se peut
que le mont Sainte-Marie se trouve en territoire allemand. Vers le
S.-E. se dresse un autre groupe de montagnes un peu moins
hautes et que les sauvages appellent- Felumava. Ce groupe fut
nommé par les missionnaires mont Léo.
Sur le cours de l'Alabule se trouvent les tribus d'Afoaet d'Aibala
qui passent pour être anthropophages. La vallée de l'Adualla semble
plus peuplée que celle de l'Alabule ; on y rencontre les tribus nom-
breuses des Mafulu et des Gaivala. Dans ces deux tribus les indi-
gènes diffèrent notablement, par le type et par la langue, de ceux
qui ont été observés jusqu'ici. Ils ont le nez aquilin, la bouche
fine, le front bombé, le regard intelligent, les cheveux moins crépus
que sur la côte ; ils semblent se rapprocher beaucoup du type hindou.
Parmi les villages visités par les missionnaires, il faut citer
ceux de Dinava, lnaûmaka, Vale, Devadeva; les trois premiers sont
situés sur une crête parallèle à celle de Keakamana ; celui de De-
vadeva est bâti dans une vallée profonde, tributaire de l'Adualla.
Devadeva fut le terme de l'exploration des missionnaires en
août 1897.
Les sauvages leur signalèrent à environ trois jours de marche
vers l'est, deux hautes montagnes nommées Paliba et Ziguda,
qu'ils indiquèrent comme renfermant les sources de la Dilafaet de
l'Adualla. De ce même groupe de montagnes, descend vers le ver-
sant du N.-E. la rivière Mambare, dont l'embouchure se trouve
tout près de la frontière allemande.
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL i898. 209
L'ensemble de cette région présente un véritable entassement
de montagnes d'un caractère accidenté et tourmenté, formées de
terrains platoniques, granitiques et de lave durcie. Les différentes
chaînes s'avancent parallèlement ; elles sont très étroites et très
rapprochées, de telle sorte que les voyages d'exploration sont
longs et pénibles. De même, les crêtes de ces montagnes sont
longues et étroites, et les villages qui les couronnent ne forment
qu'une seule rue de peu de largeur, où deux personnes seulement
peuvent passer de front; les maisons sont bâties, moitié sur la
crête, moitié sur la pente, et tout le village est entouré d'une pa-
lissade, ce qui est un fait exceptionnel.
La végétation, à partir de 1,800 mètres, change complètement;
on trouve des cèdres, des pins, des fougères arborescentes, et des
chênes à glands déprimés; les animaux que l'on rencontre sont :
les chiens, les porcs, les casoars, les sangliers; parmi les oiseaux,
des dindons à plumes rouges, des cacatois, et des oiseaux de pa-
radis variés et nombreux. — Le P. Hartzer, missionnaire du
Sacré-Cœur.
IV. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Élections du bureau de la Société pour 1898-1899. — Ont
été élus :
Président. — M. Alph. Milne-Edwards, de l'Institut.
Vice-Présidents. — MM. Alb. de Lapparent, de l'institut, et
Henri Gordier, professeur à l'École des langues orientales.
Scrutateurs. — MM. Fernand Grenard et Camille Guy.
Secrétaire. — M. Henri Bretonnet, lieutenant de vaisseau.
En outre, M. Charles Rabot a été élu membre de la Commission
centrale.
— A l'occasion du dernier Congrès des Sociétés savantes, ont
été nommés :
Officiers de Vinstruction publique : MM. Marc Bel, Charles Ra-
bot et l'abbé Trihidez [Mbs].
Officiers d'académie : MM. Le comte de Barthélémy, le comte
de La Vaulx, C. Madrolle [Mbs].
Outre ces distinctions, deux croix de chevalier de la Légion
d'honneur ont été promises par M. le ministre de l'instruction
publique à MM. E. A. Martel et L. Rousselet, qui seront compris
dans la promotion de juillet.
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210 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
Présentation de livres, cartes, etc. — M. Charles Rabot offre
à la Société, au nom de l'auteur, M. F. R. Martin, attaché au
Musée national de Stockholm, une série de superbes iconogra-
phies figurant les collections archéologiques et ethnographiques,
que ce voyageur a rapportées de la Sibérie, de l'Asie centrale et
de l'Orient méditerranéen.
Le premier de ces ouvrages (texte allemand), intitulé Sibiricç
(Stockholm, Chelius), renferme une étude sur les Ostiaks du Lou-
gane, affluent de droite de l*Ob (arr. de Sourgout), accompagnée
de très nombreuses planches d'une exécution parfaite. C'est la
représentation la plus complète et la plus exacte de l'ethnographie
ostiake publiée jusqu'ici. Ce mémoire, également illustré de nom-
breuses planches, renferme en outre un exposé des fouilles exé-
cutées par M. Martin dans le sud du gouvernement de Tomsk.
L'une d'elles représente un miroir en bronze, de fabrication
chinoise, trouvé à Patiechina, et portant une inscription runiforme.
Cet objet extrêmement rare a été décrit par M. G. Devéria.
Un autre mémoire de M. F. R. Martin est consacré à la céramique
moderne en Asie centrale {Moderne Keramik von Central-Asien.
Stockholm, Chelius). De nombreuses planches dont quelques-
unes en couleurs figurent des plats fabriqués à Ko k and, Tach-
kend et Samarcande. Un autre album (Morgenlàndische Stoffe.
Stockholm, Chelius) représente avec une très grande perfection des
fragments d'étoffes orientales anciennes. Enfin un quatrième fasci-
cule contient une iconographie de plusieurs portes en bois sculpté
provenant du Turkestan russe, et qui datent du xvi* siècle (Thïi-
ren aus Turkestan. Stockholm).
Ces différents documents constituent une série de monographies
archéologiques et ethnographiques du plus haut intérêt pour
l'élude de l'art dans l'Asie centrale
Le Soudan égyptien sous Mehemet-Ali. — Le travail de
M. Henri Dehérain, — qui a déjà été mentionné en séance, — est,
dit M. Froidevaux, une thèse de doctorat présentée par l'auteur
à la Faculté des lettres de l'Université de Paris; il retrace à ses
multiples points de vue l'histoire du Soudan égyptien sous l'illustre
pacha d'Egypte Mehemet-Ali. c Des trois parties dont se compose
cet ouvrage, les deux premières ont surtout un caractère histo-
rique; elles traitent de la conquête du pays par les Égyptiens,
puis de l'organisation de la contrée et de son administration par
Mehemet-Ali. Quant à la troisième partie, exclusivement géo-
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 211
graphique, elle est consacrée tout entière à l'étude des trois expé-
ditions envoyées successivement par le pacha d'Egypte entre 1839
et 1842 sur le haut Nil à la découverte des sources du grand
fleuve.
Ce n'est pas d'ailleurs seulement cette troisième partie que les
amis de la géographie consulteront avec fruit; même dans les cha-
pitres historiques, on trouve une foule d'indications intéressantes
pour les études géographiques. En dehors de la monographie si
précise, consacrée à la capitale du Soudan égyptien, à Khartoum,
nous trouvons : ici, tout un développement relatif aux connaissances
sur la valeur économique du Soudan vers 1820; là, une curieuse
étude sur les Chaïqiés et sur les Foungis; ailleurs, une délicate
détermination des limites territoriales du Soudan sous Mehemet-
Ali. Ainsi le livre de M. Dehérain, qui présente tant d'intérêt aux
points de vue historique, géographique et colonial, offre encore
un intérêt d'un autre genre : il fournit une preuve irréfutable de
la pénétration intime de l'histoire et de la géographie l'une par
l'autre, de leur inséparabilité, et montre excellemment quels
secours les deux sciences sont susceptibles de se fournir l'une à
l'autre, aussi bien pour la connaissance actuelle de la terre que
pour l'histoire de ses habitants.
— Une très brillante solennité en l'honneur de Vasco de Gama
et du A* centenaire de la découverte de l'Inde a eu lieu le 28 avril,
sous la présidence de M. Janssen, de l'Institut, dans le grand
amphithéâtre de la Sorbonne. Le comité français, qu'avait su
grouper et diriger Mme Adam, s'était assuré le concours de sa-
vants, de littérateurs et d'artistes qui ont donné à cette réunion
un éclat tout particulier. Un magnifique album, publié à cette occa-
sion dans une pensée charitable, perpétuera le souvenir d'une
manifestation à laquelle s'est associé le gouvernement, que repré-
sentaient les ministres de la Guerre et de la Narine.
— Dans son numéro de février 1898, la Société de géographie de
Madrid consacre un article au centenaire de Mendaûa qui a été
célébré par notre Société. Le compte rendu se termine par cette
phrase :
c La Société de géographie de Madrid ressent la satisfaction
naturelle qu'éprouve tout Espagnol quand il voit reconnus et glo-
rifiés en pays étrangers les hauts faits de ses compatriotes ; au
nom des géographes espagnols, elle envoie à ceux de France, avec
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212 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
un salut fraternel, l'expression de sa gratitude pour l'hommage
rendu à la mémoire du marin espagnol. >
— Les collections rapportées par deux de nos collègues ont été
exposées, celles de M. le baron de Baye au musée Gui met, celles
de M. le vicomte Henry de La Vaulx au Muséum. La première est
intéressante surtout au point de vue de l'archéologie et de l'ethno-
graphie, la seconde renferme des pièces anthropologiques de
premier ordre.
— La Société de secours des Amis des sciences a tenu, le samedi
2 avril, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, sa séance
publique annuelle, où notre collègue, M. E. A. Martel, a obtenu le
plus brillant succès en traitant ce sujet : c La spéléologie; dix ans
d'explorations souterraines, les abîmes et cavernes d'Europe. >
— M. E. Chapel adresse son ouvrage sur le caoutchouc et la
gutta-percha (Voir aux Ouvrages offerts), et annonce, en même
temps, qu'il se met à la disposition des membres de la Société
pour fournir tous renseignements sur ces deux produits des pays
tropicaux.
Nécrologie. — La Société a appris avec regret la mort de
M. Jules Marcou, décédé à Cambridge (Mass., Etats-Unis), le
18 avril dernier, à l'âge de 74 ans. La contribution de M. J. Mar-
cou au Bulletin de la Société a été marquée par divers mémoires
importants, et son nom a figuré sur nos listes, pendant plus de
vingt années.
M. Raoul [Mb 1888], membre du conseil supérieur de santé et
du conseil supérieur des Colonies, officier de la Légion d'honneur,
a succombé le 26 avril à Lannilis, près de Brest, à l'âge de 53 ans.
11 professait à l'Ecole coloniale un cours sur les productions des
colonies et nul mieux que lui ne pouvait traiter ce sujet qu'il
avait étudié sur place. Les rapports qu'il écrivit à la suite de dif-
férentes missions compteront parmi les plus complets et les plus
utiles.
M. Raoul succombe aux fatigues de son dernier voyage à l'in-
térieur de Sumatra et de Java. Dans les forêts de la première de
ces lies il avait su recueillir plusieurs milliers de pieds de gutta-
percha qu'il comptait acclimater dans certaines de nos colonies
tropicales. L'œuvre de notre collègue lui survivra, et nous pouvons
sans exagération citer M. Raoul au nombre des hommes qui ont le
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SÉANCES DES 1er, 5, 15 ET 25 avril 1898. 213
plus fait, en ces derniers temps, pour le développement agricole
de nos colonies.
La Société a également le devoir d'annoncer la mort de
MM. P. G. Penicaud [Mb 1877] et Félix Palley [Mb 1882].
Séance du lor avril 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. François Alfred Lefort ; Charles Rerchon ; R. H enry.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Feridoun, ancien Ministre plénipotentiaire de S. M. le Sul-
tan (prince Roland Bonaparte et le baron Hulot); — Savouré
(Paul), ancien négociant (baron Hulot et Jules Girard) ; — Dez
(Albert), professeur au lycée Buffon (Pierre Foncin et Marcel
Dubois); — Loicq de Lobel (Léon) (Philippe Weiss et Eugène
Meignen).
Séance du 15 avril 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Feridoun; Paul Savouré ; Albert Dez ; Léon Loicq de Lobel.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Raymond Golrat (Bonnel de Mézières et le baron Hulot);
— Berger (Henri), ingénieur constructeur (baron Hulot et Jules
Girarty; — Laurent (Georges Edmond), administrateur adjoint
des colonies (Ludovic Drapeyron et Louis Binger).
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Avril 1898
GÉNÉRALITÉS- — P. Vidal de la Blache. — La géographie poli-
tique. A propos des écrits de M. Frédéric Ratzel (Annales de géo-
graphie). Paris, Colin, broch. in-8. Aoteur.
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214 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Die Feier desfûnfeigjâhrlgen Bestehens deskôniglichen meteorologischen
Instituts, am 16. Oktober 1897. Berlin, Asher, 1898, opuscule in-4.
Echange.
Uundert Yersammlungen der Kônigsberger geographischen Gesellschaft,
1881-1898. £ur 100*1™ Versammlung... Kônigsberg, 1898, 1 vol.
in-8. Société de géographie, Kônigsberg.
Bibliothèque coloniale internationale. 1" série. La main-d'œuvre aux
colonies. Tome III. — Compte rendu de la session tenue à Berlin les
6 et 7 septembre 1897. Bruxelles (Paris, Colin), in-8. Echange.
George Brown Goode. — The Smithsonian Institution, 1846-1896. The
bistory of its flrst half Century. Washington, 1897, 1 vol. in-8.
Smithsonian Institution.
Jean Dtbowski. — Les jardins d'essai coloniaux (Tour du Monde),
Paris, Hachette, opuscule in-12. Auteur.
E. Chapel. — Le caoutchouc et la gutta-percha. Ouvrage contenant
245 gravures et planches. Précédé d'une préface, par P. Schutzen-
berger. Paris, Marchai et Billard, 1892, 1 vol. in-8. Auteur.
Eugène Guénin. — Cavelier de la Salle (Comité Dupleix). Paris, Chal-
lamel, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Gerônimo Usera y Alarcon. — Ensayo gramatical del idioma de la
raza africana de Nano, por otro nombre cruman, raza noble, y una de
las mas relacionadas en todo el golfo de Guinea... Madrid, 1845,
opuscule in-8. A. Pinart.
Publications portugaises à l'occasion du quatrième centenaire de Vasco
de Gama :
Programme général dressé suivant l'arrêté ministériel du 2 avril 1897,
3" édition. Lisbonne, opuscule in-8.
— Magalhaes Lima : 0 centenario no estrangeiro. Conferencia na Soc.
geogr. de Lis.boa, 1897, opuscule in-8.
— Luciano Cordeiro : Batalhas da India. Como se perdeu Ormuz. Lisboa,
1896. 1 vol. in-8.
— A. C. Teixeira de Aragâo : Vasco da Gama e a Vidlgueira. Estudlo
historico. Lisboa, 1897, 1 vol. in-8.
— Cbronica dos reis de Bisnaga. Manuscripto inédito do seculo xvi.
Publicado por David Lopes. Lisboa, 1897, 1 vol. in-8.
— Textos em aljamia portuguesa. Documentos para a historia do
domino portugues em Saflm, extrahidos dos originaes da Torre do
Tombo, por D. Lopes. Lisboa, 1897, 1 vol. in-8.
— Adolpho Loureiro. No Oriente. De Napoles à China (Diario de via-
gem). Lisboa, 1897, 2 vol. in-8.
— Wenceslau de Moraes : Dai-Nippon (o grande Japao). Lisboa, 1897,
1 vol. in-8.
— J. Leite de Vasconcellos : Religiôes da Lusitania na parte que prin-
cipalmente se refera a Portugal. Vol. I. Lisboa, 1897, 1 vol. in-4.
— Dos feitos de D. Christovam da Gama em Ethiopia. Tratado corn-
posto por Miguel de Castanhoso, publicado por Francisco Maria
Esteves Pereira. Lisboa, 1898, 1 vol. in-8.
— Vida do abba Daniel do mosteiro de Sceté. Versâo ethiopica pubii-
cada por Lazarus Goldschmidt e F. M. Esteves Pereira. Lisboa, 1897,
- opuscule in-8.
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SÉANCES DES 1", 5, 15 ET 25 AVRIL 1898. 215
— Fernande» Costa. A vlagem da India. Poemeto. — Hymno do Cen-
tenario da India, 2 opuscules in-8.
Société de géographie de Lisbonne.
A Yasco da Gama. 1498. Hommage de la Pensée française, 1898 (Album
commémoratif publié sous le patronage de Sa Majesté la reine Marie-
Amélie de Portugal, recueilli par Mma Juliette Adam). Paris, 1 vol. in-4.
Comité franco-portugais du centenaire.
EUROPE* — Ed. Pibtte et J. de la Porterie. — Etudes d'ethnogra-
phie préhistorique. Fouilles à Brassempouy, en 1896 (L* Anthropologie,
t. Vlil). Paris, Masson, 1897, broch. in-8. Ed. Piette.
Annuaire statistique de la Belgique. 27* année, 1896. Bruxelles, 1897,
1 yoI. In-8. Ministère de l'Intérieur et de l'Instruction publique.
L. F. de Magistris. — La depressione prenestina e il passo degli Olmi
nel Pestremo lembo di sud-est délia Campagna romana (Boll. soc.
geogr. ital.). Roma, 1898, broch. in-8. Auteur.
Georges Blondel. — L'essor industriel et commercial du peuple alle-
mand. Paris, Larose, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
A. d'Avril. — La Bulgarie chrétienne. Etude historique, 2* édition.
Paris, Challamel, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Marele dictionar geograflc al Rominiei. Alcatuit... pe judete de G. I. Laho-
vari, général C. I. Bratianu, Gr. G. Tociiescu. Vol. I, fasc. I*. Aaron-
Voda — Bacau. Bucuresci, Soc. geogr. romina, 1898, 1 vol. în-4.
Société roumaine de géographie.
ASIE. — Joseph Joûbert. — Les rivalités européennes en Extrême-
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V. 1. Roborovski. — Rapport préliminaire sur l'expédition dans l'Asie
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Wissenschaftlicbe Ergebnisse der Reise des Grafen Bêla Széchenyi in
Ostasien, 1877-1880. Zweiter Band. Die Bearbeitung des gesammelten
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Emile Roux. — Aux sources de l'Irraouaddi. Yoyage de Hanoï à Cal-
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Ministerio de instruction publica y fomento. Revista de la OÛcina
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216 0UVRAGE8 OFFERTS A LA 80C1ÉTÉ.
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Manuel Lemus y H. G. Bourgeois. ->- Brève noticia sobre Honduras.
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broch. in-8. Auteur.
Alfred Marche. — Note de voyage sur les Iles Mariannes (Revue tuni-
sienne). Tunis, 1898, broch. in-8. Auteur.
L. Vossion. — Les Iles Hawaii ou Sandwich, en 1896. Leur situation
commerciale, industrielle et financière (Moniteur officiel du com-
merce). Paris, Challamel, 1898, opuscule in-8. Auteur.
Cartes. — Photographies.
Gommissâo de cartographia. Lisboa. — Africa oriental portugueta.
1/100,0(K>. F. 4 (Zumbo-Tete), 8 (Quelimane-Sofala). 1896, 1897.
— Provincia de Moçambique. Reconhecimento hydrographico do rio
Limpopo, desde a sua foz até a confluenciado Cbengane. 1897, 2 ff»
— Reconhecimento hydrographico da barra e porto de Angoche.
1/40,000, 1897, lf.
— Costa occidental dy Africa. — Provincia da Guiné. Esboço do rio
Petié, 1/25,000, 1897, 1 f.
— Reconhecimento do canal do Impenal e rio Mansô..., 1897, 2 ff.
— Reconhecimento do rio Gacheu, 1897, 1 f.
— Reconhecimento do rio Ceba, 1897, 1 f.
— Esboço rapido da communicaçao entre o rio Tombal i e o Gacine,
1897, 1 f. Ministère de la Marine, Lisbonne.
Egypte, Abyssinie, pays des Zoulous..., 57 planches photographiques
(paysages et types). E. Foa.
Le gérant responsable :
Hulot,
Secrétaire général de la Commiision Centrale.
BOULEVARD SAINT-GIRMAIN, 184.
5444.— L.-lmprimerioi réunies, B, rue Mignon, 2.— Mottbroz, directeur.
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1898 Vf 5. — Mal. Page 217
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
I. — SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898
6 rceii
PRESIDENCE DE M. LE MYRE DE VtLERS
Président de lt Commission centrale.
Le secrétaire général résume la correspondance (V. Nouvelles
géographiques).
La parole est donnée à M. J. M. Bel pour rendre compte de sa
mission au Laos et en Annara.
■Union J. M. Bel, Ingénieur civil de* mine*, au Laos et en
Annan* (1 ). — Débarquée le 20 janvier 1897, à Qui-Nhon, sur le litto-
ral annamite, la mission, composée de M. et Mme Bel, se met en route
vers l'ouest, le 26, avec une centaine de porteurs et quelques mili-
ciens indigènes servant d'escorte. Elle traverse i'Annam sur 80 kilo-
mètres, passe à Thuy-Phuoc, Binh-Dinh, An-Nhon, Phu-Phong,
Binké et Anké. Ce dernier village est situé sur un haut plateau,
par 480 mètres environ d'altitude, au delà du col de même nom,
dont les tigres rendent quelquefois le passage dangereux. La région
annamite parcourue est très peuplée et riche par ses cultures;
Qui-Nhon a un commerce déjà important; sa colonie française,
peu nombreuse, grandit de jour en jour.
Au delà d'Anké et du territoire annamite, la mission pénètre
dans une région sauvage*, habitée par les Mois ou Montagnards,
dont le véritable nom propre est celui de Khas; ceux-ci se subdi-
visent en plusieurs groupes, qui di lièrent par le dialecte. Ce sont
(1) Mission icientîfique du Ministère de l'Instruction publique et aussi niissiort
industrielle.
SOC. DK GÉOGR. — JL.R.-^R^aÉdbttiM. rr*'^— Mai. 16
■ftïcïnvEfs-
JUL 8 1198
PEA60DY MUSEUM.
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218 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
d'abord les Bahnars (Hagou et fteungao), avec les villages de
Tieurah, Djeuri, Xalam, Kon-Toum, ce dernier, siège d'une mission
catholique. La chaîne annamite avait été franchie par un col situé
à 900 mètres environ d'altitude.
Puis, la mission traverse le Poco ou Sésane, par 450 mètres
d'altitude, à Keudjoï, chez les Djiaraïs, groupe important qui
peuple la moyenne Sésane. Cette rivière a environ 400 kilomètres
de parcours; elle est navigable aux pirogues sur la plus grande
partie de son cours, malgré les nombreux rapides qu'elle présente.
M. et Mme Bel ne descendent pas cette rivière, mais, se diri-
geant vers le nord-ouest, gravissent un autre massif montagneux
où habitent les Halangs ; ils traversent ces montagnes par 850 mè-
tres environ d'altitude, entre les villages de Heck et de Taxeng,
après avoir passé à Ban-Té ou Dak-Keudé. Ils séjournent deux mois
chez les Djiaraïs et chez les Halangs, et poursuivent leur route
vers Àttopeu, en passant une dernière chaîne, celle du Satieng,
par 500 mètres environ d'altitude.
Us ont rapporté du pays de ces sauvages, Mois ou Khas, la meil-
leure impression; M. Bel nous décrit la géologie de la région,
puis les mœurs de ces peuples, qu'il nous montre sous un jour
extrêmement intéressant, susceptibles de progrès industriel et
agricole; il pense qu'une administration locale, restant à créer,
pourra tirée un grand parti de ces populations, en vue de la colo-
nisation future des territoires qu'elles occupent. Les pays Khas se
prêteraient aux cultures tropicales les plus variées, sous un climat
plus tempéré que celui des autres parties de l'Indo-Chine à lati-
tude égale.
La mission arrive ensuite dans un premier groupe de villages
laotiens du Bas Laos, portant le nom de Muong d'Attopeu (Fan-
deng, M. Khao et M. Mai), remonte la Sékong au nord, puis la
descend jusqu'à Siempang, d'où elle se rend à Khong, capitale
du Bas Laos, puis à Stung-Treng; la Sékong est un autre grand
affluent du Mékong de près de 350 kilomètres de parcours, navi-
gable aux pirogues sur la plus grande partie de son cours, malgré
les nombreux rapides qu'elle présente.
De Stung-Treng, la mission remonte la Sésane sur 200 kilo-
mètres environ, et reconnaît des gîtes hioniens aurifères, genre de
gisements encore inconnus au Bas Laos, où les indigènes, Khas,
Halangs et Djiaraïs, n'ont exploité depuis un temps immémorial
que des alluvions aurifères. Un poste minier, celui de Rulheville,
est fondé sur ces filons avec un personnel permanent. Ces gise-
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SÉANCES DBS 6 ET 20 MAI 1898. 219
ments filoniens et alluvionnaires sont l'objet de travaux souter-
rains poursuivis par la Société d'études des mines d'Attopeu.
M. et Mme Bel reviennent à Saigon vers la mi-juillet; ils en
repartent aussitôt pour une dernière excursion, d'un mois, dans
la province du Quang-Nam, en Ànnam, où M. Bel va étudier des
gites aurifères filoniens, exploités anciennement par les habitants
de la contrée ; il y reconnaît en outre des liions aurifères encore
vierges de tout travail humain. L'exploitation de ces mines est
actuellement poursuivie par la Société française des mines de
Bong-Miù et la Société d'études des mines du Quang-Nam.
M. Bel résume ainsi les résultats de sa mission :
1° Dans cette vaste région montagneuse comprise entre le littoral
de la mer de Chine et le méridien d'Attopeu, il y a des ressources
minérales, notamment de l'or, et aussi d'autres métaux. 11 y a en
outre un sol permettant d'y créer les cultures tropicales les plus
variées; enfin, du développement de cette double richesse miné-
rale et agricole, résultera, dans un certain avenir, un commerce
important.
2° Au point de vue économique, ces contrées possèdent une po-
pulation intelligente et relativement assez nombreuse, pouvant
être assimilée à nos pratiques industrielles et fournir une main-
d'œuvre d'un prix infime; par contre, des voies de communication
véritablement industrielles, des voies ferrées, restent à créer,
ce dont se préoccupe avec à-propos le gouvernement général delà
colonie.
3° En conclusion, ces régions, parcourues par la mission Bel,
paraissent offrir un vaste champ d'activité à nos jeunes gens, in-
génieurs, agriculteurs et commerçants ; leurs ressources naturelles
de divers ordres, si on améliore, dans un sens moderne, leurs voies
de communication, permettent d'espérer, d'une façon déjà motivée,
qu'elles contribueront, pour une importante part, à la richesse et
à la grandeur de notre empire d'Extrême-Orient.
M. Le Myre de Vilers se félicite d'avoir présidé cette séance
consacrée à une mission dans l'Indo-Chine française. Il rappelle
que M. Marc Bel vient d'accomplir son troisième voyage dans cette
colonie et il apprécie les résultats scientifiques de cette mission,
qui a permis à son auteur de reconnaître la géologie du Laos.
Avant de lever la séance, il signale la présence de Mme Bel qui
a fait partie du voyage et a rapporté des collections d'histoire na-
turelle d'un véritable intérêt.
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220 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
20 mai
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS
Président do la Commission centrale.
Aux côtés du président prennent place : M. Hector Fabrc, com-
missaire général du Canada à Paris; Mgr Langevin, archevêque de
Saint-Boniface (Manitoba); Mgr Grouard, évêque d'ibora, vicaire
apostolique de l'Alhabaska-Mackenzie; Mgr Légal, évêque de
Pogla, coadjuteur de Saint-Albert (Alberta) et les membres du
Bureau de la Commission centrale.
M. J. Girard, secrétaire adjoint, procède au tirage de dix obli-
gations de la Société (V. Chronique de la Société).
Le secrétaire général signale parmi les événements de la se-
maine, intéressant la géographie non moins que la politique, la
prise de Sikasso.
11 donne lecture de la correspondance, puis il présente au nom
de Fauteur, M. Ch. Rabot, un nouveau livre sur le cap Nord.
Avant de donner la parole aux conférenciers dont les communi-
cations sont inscrites à Tordre du jour, M. Le Myre de Vilers
remercie M. Fabre, le distingué représentant du Canada, d'avoir
bien voulu assister à cette séance consacrée à son pays. Il fait un
brillant exposé de la tâche que s'impose le missionnaire et du
rôle qui lui est dévolu. Mgr Légal et Mgr Grouard, tous deux de
nationalité française, sont, le premier, depuis dix-huit ans, le se-
cond, depuis trente-six ans, en contact permanent avec les peuplades
sauvages du Nord-Ouest canadien et Mgr Langevin appartient à
cette force race d'origine bretonne, normande ou saintongeaise,
qui, depuis la perte du Canada, a reconstitué une France trans-
atlantique sur les ruines de la Nouvelle-France.
Au ftard-Ouest canadien. E,es Pieds-Noirs. — Mgr Légal
dit que la partie centrale du continent nord-américain est une
immense prairie, une plaine monotone, sans une colline, sans une
forêt. Pendant quelques mois de Tannée, c'est un océan de verdure
émaillé de fleurs; puis, bientôt, la plaine se dessèche, et enfin,
pendant de longs mois, le sol disparait sous une couche de neige.
A l'extrémité nord-ouest de cette vaste plaine, confinant aux
Montagnes Rocheuses, s'étend le pays des Pieds-Noirs. Mgr Légal
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 4898. 221
fait la description du pays; il en indique le caractère géologique,
et montre que c'est le bassin d'une ancienne mer, comme le prou-
vent les coquilles marines qu'on y trouve en grande quantité, sur-
tout les ammonites, atteignant parfois des dimensions énormes,
1 mètre et plus de diamètre.
Les Pieds-Noirs, appartenant à la classe qu'on appelle Indiens
des prairies, constituent le type le plus parfait de la race rouge
américaine. De (aille imposante, ils sont robustes et agiles. Cava-
liers infatigables, excellents chasseurs, ils aiment et recherchent
les aventures. Leur langue les rattache à la grande famille algon-
quine, qui, depuis le Labrador jusqu'aux Montagnes Rocheuses,
compte encore de nombreux représentants, entre autres les Cris,
les Sauteux, les Haskégons, etc. Toutes les langues de ces tribus
ont des caractères communs; elles sont polysynthétiques, c'est-à-
dire qu'elles groupent le plus d'idées possible dans un seul mot,
et qu'elles accolent ensemble les différentes parties du discours,
tandis que nos langues européennes distinguent par l'analyse les
différents éléments de la phrase.
Mgr Légal arriva dans le pays à un moment où s'opérait une
transformation radicale dans le genre de vie des aborigènes. Le
bison, l'animal providentiel des Indiens de la plaine, appelé im-
proprement c buffaio >, avait presque complètement disparu;
depuis vingt ans et plus, des compagnies américaines s'étaient
organisées pour faire la traite des peaux, ou comme on disait, des
robes de buffalos. Ces compagnies avaient engagé des bandes
considérables de chasseurs, armés de carabines à tir rapide, à
l'aide desquels la race du bison avait été à peu près exterminée.
Autrefois, d'immenses troupeaux de bisons erraient dans la
prairie. Ils fournissaient à l'indigène absolument tout ce qui
était nécessaire à son entretien : d'abord, sa nourriture, puis ses
vêtements, son habitation; les peaux de l'animal lui servaient de
lits et de couvertures; il en faisait des chaussures, des boucliers,
des sacs pour renfermer ses vivres, consistant en viande sèche
et en c pemmican t, sorte de pâté fait de viande séchée, pilée,
broyée et mêlée de graisse.
La destruction du bison eût entraîné, comme conséquence,
celle des Indiens, si le gouvernement n'était pas venu à leur
secours, s'il ne s'était pas engagé à les faire subsister, s'il ne leur
avait pas, comme aux États-Unis, assigné des c Réserves *.
Mgr Légal insiste sur le changement qui s'est opéré depuis ce
temps, non seulement dans la manière de vivre de ces Indiens,
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22w2 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
mais aussi dans leurs mœurs, leurs usages, etc. Ils ont renoncé à
beaucoup de leurs superstitions; leur mode barbare de sépulture
aérienne (dans les arbres) a presque complètement disparu.
Les missionnaires, tout en s'efTorçant d'inculquer à ces peuples
les principes du christianisme, les poussent en même temps
dans la voie du travail, d'un travail continu et persévérant qui
leur apprendra à compter sur eux-mêmes, plus que sur la charité
d'autrui. Déjà quelques traces d'industrie commencent à se montrer
chez ces demi-sauvages, et leur bien-être matériel a progressé.
L'AihabaftkA-if «ckensie. — Continuant en quelque sorte la
conférence de Mgr Légal sur les Pieds-Noirs du district d'Alberta,
territoire du Nord-Ouest canadien, Mgr Grouard qui, depuis trente-
six ans, sillonne l'extrême nord de ces vastes possessions, com-
mence par faire la description du pays i partir d'Ëdmonton, ter-
minus du chemin de fer, jusque sur les bords de la mer Polaire :
c On se rend, dit-il, en voiture à Athabaska-Landing, lieu d'embar-
quement, pour descondre au Mackenzie. Là se trouve unsteamboat
de la Compagnie de la baie d'Hudson, lequel navigue sur une
belle rivière jusqu'au Grand Rapide, une dislance de 165 milles,
mais il doit s'arrêter en cet endroit où commencent les rapides,
qui se succèdent pendant 85 milles, jusqu'au fort Me Murray. Des
bateaux plats, maniés par des rameurs et guidés par des hommes
expérimentés, prennent alors voyageurs et bagages, et sau-
tent les rapides. Dans quelques endroits on fait portage. Au fort
Me Murray, un second steamboat remplace les bateaux, et la navi-
gation est facile jusqu'au lac Athabaska, 180 milles, et de là
à Smith-Landing, 100 milles — nouveaux rapides et portages,
18 milles — et l'on arrive au fort Smith. Troisième sleamboat qui
part du pied des rapides, descend la rivière des Esclaves, traverse
le grand lac de ce nom, entre dans le Mackenzie qu'il parcourt jus-
qu'au delta de ce fleuve, et remonte ûu peu la rivière Peel. La dis-
tance totale est de 1,299 milles ou 1,300 milles en nombre rond. A
Good Hope, on franchit le cercle polaire et l'on commence à voir le
soleil de minuit. A Peel River, pas de nuit pendant plus d'un mois
en été, mais, en hiver, c'est le contraire, et le froid est très in-
tense. Les Pères missionnaires ont plus d'une fois marqué 56* cen-
tigrades au dessous de zéro.
c Les sauvages qui habitent ce pays se composent d'abord de
Cris, appartenant à la famille algonquine. Puis à Athabaska com-
mence la famille des Déné que des savants appellent Athabaskans.
*
SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 223
Ils se subdivisent en plusieurs tribus : les Montagnais, les Castors
dans la rivière la Paix, les Mangeurs de caribous, les Plats côtés
de chien, les Esclaves, les Peaux de lièvre, les Nahanés et les
Soucbeux; viennent en dernier lieu les Esquimaux sur le littoral
de la mer Glaciale. Ces sauvages sont de mœurs douces et pai-
sibles. Le pays n'a ni gouverneur, ni tribunaux, ni juges, ni force
armée et les choses n'en vont pas plus mal. Ces Indiens sont
honnêtes et presque tous chrétiens catholiques. Ils vivent de
chasse et de pèche, de pèche surtout, car le poisson abonde dans
les grands lacs et le long des rivières.
c La Compagnie de la baie d'Hudson, qui est établie là depuis
longtemps, fait le commerce des fourrures. On donne le nom de forts
à ses comptoirs, mais ce nom pourrait tromper l'imagination. Au-
trefois, il y avait bien, à l'enlour des petites maisons et des ma-
gasins construits en bois, quelques palissades qui ont disparu;
rien ne rappelle donc l'idée de fortifications.
c 11 n'y a presque aucune culture du sol, — le climat ne le
permet guère; — cependant, en quelques endroits favorisés, on
obtient des récoltes (pas toujours assurées) de pommes de terre.
c La manière de voyager varie naturellement selon la saison. En
été, les rivières et les lacs servent de chemin aux bateaux ou
canots. En hiver, même chemin, mais changé en glace, recouverte
de neige. La glace est solide : je l'ai vue épaisse de 7 pieds sur le
grand lac des Esclaves. Pour voyager en hiver, on se sert de la
raquette et on emploie les chiens pour traîner provisions et ba-
gages. Une semaine de marche sépare les postes établis, et il n'y
a point d'hôtel dans l'intervalle; de là nécessité de camper dans
la neige. Abattre du bois de chauffage, faire un trou dans la neige
assez grand pour que les voyageurs s'y étendent, couper des
branches de sapin pour en tapisser le sol, allumer le feu, faire
fondre de la neige dans une chaudière et y mettre du thé, prendre
un repas composé de viande sèche ou de pimikan, s'envelopper de
ses couvertures et se coucher à la belle étoile en se pressant les
uns contre les autres, telle est la façon de camper. Comme les
jours sont courts, on marche presque autant la nuit que le jour et
l'on a souvent l'occasion de voir de magnifiques aurores boréales.
c On veut suivre la voie du Mackenzie pour aller au Yukon. C'est
la Compagnie de la baie d'Hudson qui a découvert ce fleuve.
Robert Campbell y arriva le premier en remontant la rivière des
Liards par le fort Halket, le lac Francis et la rivière Pelly. 11
établit en 1848 le fort Selkirk qui fut pillé par les sauvages en
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224 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
1852. Il avait descendu le Yukon jusqu'à la rivière Porc-épic (Por-
cupine); puis, remontant cette dernière, il était rentré dans la
Mackenzic en faisant un portage assez court. Ce chemin existe
encore et, Tété dernier, des mineurs ont voulu le suivre, seulement
ils sont partis trop tard et tous ont été arrêtés par les glaces :
huit mois d'arrêt forcé. — J'ai vu au fort Résolution, cet hiver,
un parti d'Américains de Chicago, amenés là par un imposteur,
auquel ils avaient payé 500 dollars par tête. Laissés par lui sur les
bords du grand lac des Esclaves, sans le sou, ils ne se sont pourtant
pas découragés; ils ont construit un traîneau à voile avec lequel ils
espéraient traverser le lac, mais la neige épaisse et les bourdillons
ou glaçons brisés qui hérissent la surface de ce lac, les ont em-
pêchés de réussir. A Edmonton, j'ai rencontre une foule d'autres
mineurs se hâtant vers Athabaska-Landing afin de suivre le cours
de la rivière après la débâcle des glaces, — précipitation inutile
parce que le lac des Esclaves reste couvort de glace jusqu'à la fin
du mois de juin. Partir en juin, avec force provisions de bouche,
s'armer de courage et de persévérance, prendre un guide pour
passer les rapides, payer de sa personne dans les portages et en
ramant ou halant le bateau, on peut ainsi sans grands frais arriver
au Yukon dans la même saison. >
Le conférencier termine par quelques indications sur l'orignal ou
élan dont la chasse est très difficile parce que l'animal est doué
de sens exquis; sur les caribous ou rennes des steppes qu'ils par-
courent en troupes innombrables; puis sur les animaux à fourrures,
la richesse de ce pays, tels que le castor, la martre, la loutre,
l'ours, le bœuf musqué et surtout le renard jaune ou croisé, ou
noir, ce dernier rare et précieux.
En quelques mots très appréciés, M. Le Myre de Vilers remercie
Mgr Légal et Mgr Grouard des communications qu'ils ont bien voulu
faire à la Société, c Cette séance, ajoute-t-il, comptera parmi nos
meilleures et les applaudissements qui ont souligné à maintes re-
prises les parties saillantes, je pourrais dire étincelantes, des
deux conférences attestent le plaisir que vous nous avez fait. »
Après le Président, Mgr Langevin, archevêque du Manitoba,
prend la parole. Dans une charmante improvisation, il remercie
pour l'accueil qui a été fait à lui et à ses deux suffragants. 11
parle de la province canadienne où il exerce son ministère, pro-
vince seize fois grande comme la France, découverte par des
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 225
Français et où, a si tous y veniez, dit-il en s'adressant aux membres
de Ja Société, vous seriez bien accueillis, vous nos frères et cou-
sins de France >. (Vifs applaudissements.)
H. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
ASIE
Tnrke»t»n. — M. Emile Muller, professeur au lycée de Tachkent,
communique la note suivante :
Gisements de fer et de cuivre. — D'abondants gisements de
riches minerais de fer ainsi que des dépôts de cuivre natif ont été
trouvés récemment dans le Turkestan.
On a découvert du minerai de fer magnétique près du chemin
fie fer, actuellement en construction, qui doit relier Samarkandeà
Andidjan (Ferganah), à 90 kilomètres de la station de Kokan, et à
12 kilomètres du village indigène de Gava. D'après les analyses
faites au laboratoire du ministère des finances, ce minerai contient
62,57 p. 100 de fer métallique. Les dépôts de ce minerai forment
sur ce point, paraît-il, toute une montagne, et se montrent sou-
vent à découvert.
D'autre part, on a trouvé un gisement de cuivre natif à 14 kilo-
mètres du même chemin de fer, près du village de Nota, au pied
du Soupé-Taou, et les recherches continuent.
Actuellement, le Turkestan, la Transcaspie, Khiva, Boukhara,
le nord de la Perse, l'Afghanistan, certaines provinces du nord
de llnde, Kachgar et diverses parties de la Chine reçoivent du fer
venant de l'Oural par Troitsk et Tachkent. On conçoit donc de quelle
importance est, pour le Ferganah, la découverte de ces gisements,
d'autant plus que le pays a du combustible en abondance sous
forme de charbon et même de pétrole, et que le Turkestan possé-
dera bientôt 2,500 kilomètres de voies ferrées qui faciliteront la
circulation et l'exportation de ses produits. — (Pravitelstvenni
Viestnik du 13/25 février 1898, n° 35).
Mandehourie : Son développement économique. — L'importance
de la Mandchourie grandit, à mesure qu'avancent les travaux du
chemin de fer transsibérien. Dans une communication faite à la
section d'Irkoutsk de la Société impériale russe de Géographie,
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226 comptes rendus des séances.
M. Levine a fourni sur ce sujet quelques aperçus nouveaux. La
partie méridionale du pays (provinces de Ghirin et de Moukden)
est d'une remarquable fertilité. La température, fort élevée durant
les quelques mois d'été, permet d'y cultiver avec succès les pro-
duits tropicaux : coton, maïs, riz, indigo. Certaines cultures four-
nissent un rendement prodigieux : celle du millet, donne jusqu'à
300 pour 1. La culture du coton et de la soie atteint annuellement
le chiffre de 5 à 6 millions de roubles métalliques (environ 20 mil-
lions de francs). Celle du pavot et la fabrication de l'opium prennent
tous les jours une importance plus grande et menacent de faire une
sérieuse concurrrence aux produits similaires de l'Inde. Les soieries
figuraient, Tan dernier, dans les exportations de la Mandchourie
pour 50,000 pouds (800,000 kilogr.) valant 2 millions de roubles.
On y cultive avec succès la célèbre plante médicinale, la j en-
chéri, à laquelle les Chinois attribuent de grandes propriétés thé-
rapeutiques.
Au point de vue physique, le sud de la Mandchourie présente,
comme on sait, des hauteurs beaucoup plus accentuées que celles
du nord qui font partie des monts Khingaji. La lave et les anciens
cratères qu'on y rencontre attesteot qu'autrefois cette contrée a
été soumise à des influences volcaniques.
D'autre part, M. Komarof, qui avait été chargé, en 1896, avec
M. Anert, par la Société impériale russe de Géographie, d'une mission
scientifique en Mandchourie, a rendu compte, le 23 mars dernier,
des principaux résultats de sa mission. L'expédition comprenait,
outre MM. Komarof et Anert (ce dernier actuellement encore dans la
Mandchourie), un topographe, M. G. Volkof, et un préparateur
d'histoire naturelle, M. Yanovski. Les voyageurs, soit ensemble,
soit isolément, ont parcouru le pays en tous sens.
M. Komarof signale la disposition des chaînes de montagnes
dont la Mandchourie est couverte et qui portent encore les traces
d'une violente érosion. En maints endroits, ces montagnes, com-
posées de roches cristallines, se sont fractionnées et forment des
groupes distincts. Les rivières qui longent ces chaînes traversent
des vallées spacieuses, et sont soumises à des crues fréquentes,
durant les mois d'avril et de juillet.
En ce qui concerne le climat, M. Komarof fait observer que, dans
tout le nord de la Corée comme dans les provinces de Ghirin et de
Moukden (Mandchourie), les vents du sud-ouest, et non ceux du
sud-est, amènent de la pluie.
11 insiste sur le rapide accroissement de la population de la Mand-
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SÉANCES, DES 6 ET 30 MAI 1898. 227
chou rie, population agricole paisible, qui a réussi à transformer de
vastes terrains naguère incultes, en des zones fertiles.
Les principales villes de la Mandchourie sont : Ghirin200,000 ha-
bitants; Kouau-tchen-tza (ou Tchan-lchoun), 200,000; Moukden,
100,000 environ.
K«u*iig-t*ting. — Kouang-tchéou-ouâne. — La baie de Kouang-
tchéou (ouâne = baie), suivant la prononciation et l'orthographe
françaises, que Ton trouve plus souvent désignée, suivant la trans-
cription anglaise des caractères chinois, par Kwang-chau-wan, vient
d'être occupée par nos troupes. Gomme elle n'a été jusqu'ici visitée
par aucun explorateur, en dehors des officiers des marines chinoise
et européenne, c'est aux cartes nautiques et aux pilotes des mers
de Chine que nous devons en emprunter la description, faite pour
la première fois par M. Longueville, qui commandait en 1870 une
canonnière du vice-roi de Canton et que nous avons trouvée dans
le China Sea Directory et les Instructions nautiques françaises.
C'est d'après les cartes marines françaises et anglaises que nous
avons fait le croquis de la baie. Elle se trouve un peu au nord de
Haï-nan dans le fond du golfe formé, à l'est de la péninsule de
Lei-tchéou, par la côte sud de la province de Kouang-toung. Elle
est de forme à" peu près circulaire et constitue, grâce à l'île qui la
ferme au sud, un bassin ou port intérieur, invisible du large et
dont le centre se trouve par 21° 12' de latitude mord, par suite
dans la zone tropicale, et le 11 0*27' de longitude est deGreenwicb.
Elle a 12 milles d'étendue du nord au sud et presque exactement
autant de l'est à l'ouest. Son périmètre total est d'à peu près
36 milles de longueur, si l'on ne compte pas les estuaires des ri-
vières qui viennent s'y jeter. Ce périmètre est formé aux trois
quarts, pour le nord, l'est et l'ouest, par la côte de la province de
Kouang-toung, le quatrième quart, au sud, par la côte d'une grande
lie innomée sur les cartes européennes. Cette île ne mesure pas
moins de 26 milles dans sa plus grande longueur et son axe est
dirigé du nord-est au sud-est. Elle a 13 milles du nord au sud, dans
sa plus grande largeur. Entre cette grande lie et la terre se trou-
vent deux passages, l'un à l'ouest, l'autre à Test, qui forment les
deux seules entrées de la baie.
Le premier dont la direction est nord-est — sud-ouest, mesure
45 milles de longueur, sur une largeur variant de 1 1/2 à 2 1/2 milles.
11 contient vers le milieu 3 îles basses. Sa profondeur, dans la
première moitié, est de 4 brasses et de 3 1/2 seulement dans la
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 229
seconde moitié. Ce chenal constitue l'entrée sud de la baie. Ainsi
qu'on s'en rend facilement compte par l'étude des cartes marines,
cette entrée est rendue assez difficile par l'existence de bancs de
sable et de hauts-fonds s'étendant à une distance de 30 à 36 milles
au large, du nord au sud, entre la grande île et la terre. La mer
brise sur plusieurs points où Ton ne trouve que 2 à 3 brasses
d'eau. La côte feud de la grande île est mal connue et bordée de
récifs qui paraissent s'étendre dans le lointain au large. 11 en est
de même de la côte même de la péninsule de Lien-tchéou.
Même en venant du sud, il semble préférable d'aller prendre l'en-
trée orientale, en passant au large de l'Ile Nau-tcbau, ou Nao-
tcbéou, séparée de la partie est de la grande île innomée, par un
chenal de 2 à 3 milles rempli de bancs de sable et de récifs. On
devra veiller, pour éviter la barre qui se trouve à 2 milles 1/2 au
large de l'entrée et sur laquelle on n'a que 1 brasse 1 /2 d'eau. Heureu-
sement on peut la contourner par le nord où l'on trouve 10 brasses.
Ce chenal de l'est n'a que 2 à 3 milles de longueur et sa largeur
minima est de 1/2 mille. Aussitôt qu'on est entré dans la baie, on
peut mouiller un peu au nord par 8 brasses. On trouve jusqu'à 10
et 12 brasses au centre. Étant données l'étendue du bassin et la hau-
teur des marées, qui atteint de 2 à 3 mètres aux syzygies, il doit y
avoir un courant très considérable dans le chenal de l'est, surtout
si le vent vient de l'ouest et que la mer descende. Cependant les
Instructions nautiques n'en parlent pas. A Chuk-un, petit village à
rentrée d'une rivière dans le nord de la baie, la mer atteint 6 mètres
de hauteur aux grandes marées. On trouve un mouillage abrité et
par 10 brasses de fond sous le fort de Mar-sha à l'entrée de cette
rivière. Un autre mouillage est indiqué sur les cartes sous Taï-pien
dans le chenal du sud-ouest par A brasses de profondeur à l'entrée
d'une crique. A l'entrée de ce passage se voit une haute pagode de
sept étages située en avant de la ville de Lei-tchéou. C'est la plus
grande ville de la péninsule de ce nom. Ses principaux articles
d'exportation consistent en sucre, huile et tourteaux de pois; nattes
pour voiles. Le commerce de Chuk-un est le même. Les cartes an-
glaises et les françaises de 1860, corrigées en 1882, marquent la côte
de cette péninsule et de la grande ile comme incertaines. En somme
l'hydrographie en est encore sommaire.
A. A. Fauvel.
indo-Chine rrançaiae t La navigabilité du Mékong aux basses
eaux entre Kratié et Stung-treng. — Stung-treng, le 1" mars 1898.
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230 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
— Parmi les questions d'urgence que M. Je gouverneur général
Doumer s'est donné la tâche de résoudre, la navigabilité du Bas
Mékong de Kratié à Stung-treng n'est pas une des moins importantes.
c Le Laos, et le Ras Laos particulièrement, attendent tout des
voies de communication dont on voudra bien les doter, car, à
défaut d'une voie fluviale praticable pour les bateaux en toute
saison ou d'un chemin de fer allant vers l'un de nos ports indo-
chinois, inutile de penser au développement agricole, minier et
commercial du pays.
c Certains explorateurs, et non des moindres, ont prétendu
bien à tort que le Mékong n'offrait aucune trace de mouvement
commercial et que le Laos ne pouvait être d'un bon rapport que
dans un avenir éloigné. Ces deux appréciations, ou plutôt ces im-
pressions, pour me servir du terme de l'un des membres de la
mission lyonnaise en Chine, sont fausses; ceux qui les ont
émises ont passé trop peu de temps dans le pays. Oui, il existe, à
l'état embryonnaire, il est vrai, un trafic commercial allant de
Luang-prabang et surtout de Bassac, Khong, Stung-treng vers
Saigon, trafic qui n'ira qu'en progressant, pourvu que ces pays
neufs aient avant peu une voie commerciale sûre et non interrom-
pue.
c C'est cette question que MM. Y lier, lieutenant de vaisseau,
Desbos, ingénieur des ponts et chaussées, et Morin, lieutenant de
la légion étrangère, examinent dans leur rapport du 25 mai 1897 :
c Jusqu'en l'année 1885, disent-ils en substance, malgré les tra-
vaux de la mission Doudart de Lagrée et Francis Garnier, qui indi-
quaient dès 1865 la possibilité de remonter avec un bateau à
vapeur jusqu'à Khône en franchissant les rapides de Sambor, de
Préapatang et de Khondinh, la navigation à vapeur sur le Mékong
s'arrêtait à Kratié.
c Après les brillants résultats obtenus pendant les années 1885,
1886, 1887 et 1889 par les officiers de marine, le commandant
lléveillère, les lieutenants de vaisseau de Fésigny et Heurtel, la
navigation à vapeur dans le Mékong entre Kratié et Khône au mo-
ment des hautes eaux était un fait acquis.
c En 1892, la Compagnie des Messageries fluviales construisit
spécialement, en vue de cette navigation, un bateau, le Bassac,
assurant ainsi, pendant les hautes eaux, un service hebdomadaire
entre Phnom-penh et Khône, le barrage de Khône étant infranchis-
sable pour un bateau à vapeur.
c L'année suivante, le service des travaux publics de la Cochin-
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SÉÀNCE8 DES 6 ET 40 MAI 1898. 231
chine établissait dans File de Khône une voie ferrée destinée au
transbordement de la canonnière La Grandière, commandée par
le lieutenant de vaisseau Simon, qui était chargé de l'étude de la
navigation dans le Mékong supérieur. Cette voie ferrée, modifiée
comme tracé, en 1896, après le transbordement des bateaux de la
Compagnie des Messageries fluviales, le Garcerie et le Colombert,
est mise actuellement à la disposition du commerce pour le trans-
port des marchandises de Khône Ouest à Khône Sud, distants de
6 kilomètres, situés à l'amont et à l'aval du barrage de Khône.
« Ces résultats, qui étaient peut-être suffisants pour donner
satisfaction au commerce peu développé du Laos, n'apportaient
pourtant qu'une amélioration partielle aux relations administra-
tives avec Saigon et seront tout à fait insuffisants quand le com-
merce du Laos aura pris une extension plus grande ou lorsque
les circonstances exigeront une opération militaire dans le Laos(l).
c En 1894, le lieutenant de vaisseau feu Georges Robaglia était
chargé d'une mission ayant pour but la recherche d'un chenal des
basses eaux. Cet officier, après avoir étudié le fleuve pendant la
saison sèche, concluait à la possibilité de remonter de Kratié à Khône
au moment des basses eaux; il dressa une carte sur laquelle le
chenal à suivre était indiqué. Lui-même descendit ce chenal sur
Y Argus avec 1 m. 20 de crue à Stung-treng, correspondant à une
montée de 2 m. 50 à Kratié.
c En 1896, l'administration du Laos a créé avec le bateau à va-
peur V Argus un service permanent, reliant Khône à Stung-treng
sur une longueur de 60 kilomètres.
c Cette môme année, M. Catoire fut chargé d'exécuter des tra-
vaux importants en vue de l'amélioration de la navigabilité du
Mékong au-dessus de Kratié.
c La mission estime qu'il est inutile de baliser une ligne pré-
sentant des dangers, à l'aide d'ouvrages distants de un mille en-
viron; la violence du courant, dont la direction varie d'un point à
un autre, empêche absolument la navigation d'un bateau suivant
des alignements définis par des points aussi éloignés. C'est
d'ailleurs ce que l'expérience n'a pas tardé à démontrer.
c 11 est opportun de faire remarquer que la chaloupe à vapeur
le Sambor est le premier bâtiment qui ait fait le trajet aux basses
eaux de Kratié à Stung-treng. Cette chaloupe calant 1 m. 50, les
(i) Le commerce du Bas Laos prend de jour en jour une plus grande ex-
tension et tout fait prévoir qu'avant peu une opération militaire aura Heu de ce
côté. — G. A.
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232 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
50 centimètres de tirant d'eau qu'elle a de plus que le bateau
dont le type est donné par le comité de navigation du Mékong,
compensent largement les 0 m. 35 de différence entre l'étiage de
cette année et l'étiage des années précédentes.
c Le Sambor ayant pu franchir tous les obstacles, la mission
est d'avis que le Mékong sera navigable entre Kratié et Stung-
treng, aux basses eaux, pour un bateau calant 1 mètre et du type
indiqué par le comité, aux conditions suivantes :
c 1° Que le bateau donnera une vitesse de 12 nœuds aux essais;
c 2° Qu'il y aura à bord un pilote taïcon, connaissant parfaite-
ment la passe des basses eaux entre Kratié et Stung-treng;
< 3° Que les passages difficiles, entre autres ceux de la Dou-
er eacle, Sambor et Samboc auront été dérochés et que de petites
bouées baliseront la route lorsque le chenal ne sera pas suffisam-
ment indiqué.
c On pourra ainsi améliorer les passes, mais la navigation
restera toujours difficile ou au moins délicate aux basses eaux, et
la mission n'bésite pas à affirmer que, sans un homme pratique,
sans un pilote taïcon, les seuils ne pourront être franchis et l'on
s'exposerait à un échouage presque certain. >
c L'extraction des roches est déjà commencée, et une équipe
d'ouvriers sous la conduite de M. le capitaine Denis, des Messa-
geries fluviales de Gochinchine, procède aux travaux préliminaires
à l'heure où je vous écris.
c II serait prématuré d'émettre une opinion sur les résultats
du travail entrepris, certains ingénieurs ne partageant pas l'avis
des membres de la mission ; mais il s'ensuit pourtant que, si le
Mékong ne pouvait être rendu navigable, il faudrait se mettre
courageusement à la construction d'une voie ferrée.
c Car, comme je disais au début de ces quelques notes, le Bas
Laos n'attend plus qu'une bonne voie dé communication centrale
pour prendre son essor commercial et agricole. »
Gaston Amelot.
AFRIQUE
Sahara : MM. Laperrine et Germain à In-Salah. — Re-
connaissances dans la région des lacs de Tombouctou. — L'occu-
pation effective des oasis du Gourara, du Touat et du Tidikelt,
souvent demandée, souvent annoncée, est toujours retardée. Mais
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 233
nos officiers du Sud-Oranais n'en continuent pas moins de pousser
des reconnaissances hardies dans là direction de ces oasis.
On se souvient du raid exécuté, à deux reprises» par M. le
commandant Godron, vers le Gourara, au commencement de Tannée
dernière. Cette année, deux officiers du foordj Mac-Manon, MM. La-
perrine et Germain, accompagnés de 40 spahis, se rendirent à In-
Salah, dans les premiers jours du mois d'avril. Us rapportent de
cette expédition, qu'ils ont réussi à accomplir pacifiquement, un
itinéraire très complet, au 1/200,000*. Cet itinéraire passe par
Ain el Adrek, Oued Aflissès, Aïn Souf, Maader Souf, Hassi Mey-
lagh et Aoulnet Sissa. Le lçvé d'itinéraire ne comporte pas moins
de 662 kilomètres.
Quant à la position d'In-Salah, ou plutôt de Ksar el Kébir, déjà
rectifiée par les observations de M. Four eau, elle tomberait exac-
tement, d'après cet itinéraire, sur la lettre E du mot Sàhela, porté
sur la carte au 1/2,000,000* du commandant de Lannoy de Bissy,
carte publiée par le Service géographique de Tannée. Sur la carte
au 1/800,000* du dépôt de la guerre, Ksar el Kébir se trouverait
à la place du point nommé Foquaret Rerabich, à 52 kilomètres à
Test légèrement sud de la position actuelle d'In-Salah.
Les itinéraires écrits de M. le commandant Déporter ont été
trouvés justes, mais souvent faussement interprétés sur la carte
dressée à l'aide de ces renseignements.
Cette pointe poussée jusqu'aux oasis d'In-Salah par les deux offi-
ciers du bordj Mac-Mahon est du plus grand intérêt, car elle est de
nature à préparer de la manière la plus heureuse l'extension paci-
fique de notre influence dans cette région.
— Si nous franchissons par la pensée tout le Sahara occidental,
nous trouvons, dans la région des lacs de Tombouctou, des ren-
seignements géographiques nouveaux dus aux reconnaissances de
nos officiers.
Sur le petit croquis ci-contre, on remarquera des points nou-
veaux, tels que Ilékett, Tindekmatt, Bokitt, et les puits de Gui-
nindé et de M'Bari. Au sud-ouest des Sonna Koré et8ibi,un autre
Sonna, ou hauteur, a été signalée ; les mares de Tindafakar, de Til-
lékienn et de Tiékinéouan, qui prolongent vers l'ouest le Daouna
Keïna, ont été relevées.
Enfin, nous possédons un levé exact du marigot qui relie le
système des Daounas au lac Faguibrne.
En ajoutant ces renseignements nouveaux à ceux que donnait la
SOC. DE OIO«1. — C. 1. DIS SfiAXCES. — n* 5. — Mai* 1?
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898.
235
carte parue en novembre 1897 dans le Bulletin du Comité de
l'Afrique française, on
se trouve posséder une
carte exacte de toute
cette si intéressante et
si curieuse région.
P. Vuillot.
Cète d'ivoire. —
Lettre de M* Clozel.
— Grand -Bassam,
10 mars (1) : c Partis
le 26 novembre 1897
de notre poste d'Assi-
kasso avec M. Lamblin,
t interprètes et 25 mi-
liciens, nous sommes
entrés à Bondoukou, le
5 décembre, sans coup
férir, écrit M. Clozel.
La ville paraissait avoir
souffert de l'occupation
anglaise et de celle de
Samory qui avait pré-
cédé. Ce dernier, en
particulier, y a fait
nombre d'exécutions et
Ta entourée d'un véri-
table cordon de têtes
coupées. Pour la des-
cription de l'endroit,
je renvoie à l'ouvrage
de M. Binger, tome II,
page 163.
c Aussitôt notre en-
trée à Bondoukou con-
nue, le gouverneur de
la Côte d'Ivoire me
donna Tordre de l'oc-
cuper solidement en y
(4) V. Comptes rendu*, n° 3, 1898, p. 145.
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236 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
fondant un poste fortifié. Ce poste, dont les travaux ont été active-
ment poussés, s'élève maintenant à la lisière nord-ouest de la ville,
non loin de l'ancienne mosquée. Les troupes de la colonne du Sou-
dan étant installées auprès de Bouna, encore occupé par les Anglais,
tandis que celles de la Côte d'Ivoire s'installaient à Bondoukou, la
onction de nos deux colonies peut être considérée comme un fait
accompli. 120 ou 130 kilomètres séparent leurs avant-postes res-
pectifs, qui se toucheront le jour que Ton voudra.
c Tous les chefs de Bondoukou et de PAbron ont fait leur com-
plète soumission. Enfin Samory, comme nous l'avons dit, ne
détenait plus, à la fin de janvier, sur la rive gauche du Comoë
que deux points : un sur la route de Bondoukou à Kong, près de
Nabaè, un autre dans le Barabo (1). >
On sait, d'autre part, que le lieutenant Demars a réoccupé Kong
à la fin de janvier et qu'il est parvenu, malgré les efforts des Sofas,
à s'y maintenir jusqu'à l'arrivée du commandant Caudreiier.
Bassin du Tchad. — La mission Gentil au lac Tchad; le
poste de Gribingui; M. Pierre PrinsàEl Kouti; retour pro-
chain de M. Gentil. — La mission Gentil est terminée et les prin-
cipaux résultats de cette glorieuse entreprise ont été portés à la
connaissance du public par une lettre parue dans le Temps
du 27 mai. Nous pouvons donc à notre tour et sans indiscrétion
reprendre les faits, les compléter sur quelques points et publier
des extraits de plusieurs lettres confiées à la Société de Géographie
par M. Prins, père d'un des membres de la mission, dont le nom
n'a pas encore été prononcé, croyons-nous, en dehors de nos
séances.
Rappelons d'abord que M. l'administrateur colonial Gentil,
ancien officier de marine et collaborateur de M. de Brazza dans la
Haute Sangha, partit de France en avril 1895 avec un petit vapeur
démontable qu'il nomma le Léon-Blot, en souvenir d'un de ses
anciens camarades. Il était accompagné de MM. Fredon, chef de
station, Huntzbutler, un des membres de la mission Mizon, et
Vival, fils du député du Lot. M. Vival succomba à Loango au
moment du départ et fut remplacé par un ancien sous-officier de
cuirassiers, M. Pierre Prins.
On sait que l'expédition, organisée sous les auspices de M. de
(1) La carte jointe à cet article, établie par M. Clozel, nous a été remise par
Hotre collègue M. Seigland qui revient de la Côte d'Ivoire, où il a fait de nom-
breux levés.
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898.
237
Brazza, commissaire général du Congo français, remonta l'Ouban-
gui jusqu'à Ouadda, puis la Kemo pour se rapprocher de l'itiné-
raire de la mission Maistre entre le Congo et le Chari.
M. Gentil fonda le poste de Krebedgé, sur la Tomi, affluent
de la Kémo par 5°46. Puis avec M. Huntzbutler, il s'établit sur un
sous-affluent du Chari par 6°46. Ce poste, commencé le 21 sep-
tembre 1896, fut achevé le 12 octobre. Mais la rivière sur laquelle
I'oslo de Gribingui au mois d'août 1897.
il avait été établi n'était pas navigable; il fallut chercher une autre
ligne de pénétration. Aussi n'est-ce qu'au mois d'avril 1897 que
M. Gentil et ses compagnons furent à pied d'oeuvre à un poste
installé sur un affluent du Gribingui par 7° de latitude et 16° 40' de
longitude est.
La lettre de M. Gentil que le Temps vient de publier est datée
de Gribingui le 5 décembre 1897. Elle annonce que la petite
colonne, forte de 50 hommes, a réussi à descendre le Gribingui
et le Chari et que, le 1er novembre 1897, le Léon-Blot faisait son
entrée dans les eaux franches du Tchad.
c Je vous assure, écrit M. Gentil, que c'était un spectacle mer-
veilleux — une vraie mer — d'autant plus que, pour compléter
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238 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
l'illusion, une jolie brise soufflait, qui formait un clapotis assez
sérieux. >
Pour atteindre ce fameux lac, il faut faire route au milieu d'un
fouillis inextricable d'îles, qui se trouvent à l'entrée. De la terre
ferme il est impossible d'apercevoir autre cbose que des herbes,
des joncs ou des papyrus, seuls végétaux du lac.
Le manque d'approvisionnement et le souci de sa sécurité ne
permirent pas à la mission d'entreprendre l'exploration complète
du Tchad.
Après avoir fait les relevés géographiques nécessaires, M. Gentil
revint au Baguirmi, dont le sultan l'avait bien accueilli avant son
audacieuse tentative dans le pays soumis à Rabah, et défendu par
des places fortes telles que Koussouri et Goulfeï.
Sans insister sur les résultats politiques de la mission, citons ce
passage de la lettre de M. Gentil qui intéresse plus particulière-
ment la Société :
c Les résultats géographiques de l'expédition sont sérieux. Un
itinéraire complet de Ouadda au Tchad comprenant le cours
presque complet du Gribingui et du Chari; la découverte de
l'embouchure du Ba-N'Gorou, du Bakari et d'une rivière qui
communique avec le Bahr Salamat; la reconnaissance du Bahr
Erguieg jusqu'à Maggi; la délimitation des tranches principales du
Chari et la quasi-certitude que le Logone n'est qu'une branche du
Chari.
a Le Gribingui n'est qu'un affluent du Chari et non pas une de
ses branches. A l'endroit où il se jette dans le Chari, le Gribingui
a à peine 70 mètres, tandis que le Chari est trois fois plus large
et beaucoup plus profond.
c D'assez bonnes observations astronomiques, des notes nom-
breuses sur les habitants et l'histoire du pays : vous voyez que ce
n'est pas trop mal travaillé. »
Au moment où le chef de mission quittait Gribingui pour pour-
suivre sa marche vers le Tchad, M. Fredon, commandant de cette
station, organisait le poste, devenu base d'opération.
M. Pierre Prins, resté provisoirement avec lui, devait remplir
une mission spéciale que nous nous reprocherions de ne pas
signaler.
De Gribingui, le 24 août 1897, il écrivait à un de ses amis
M. René Letellier : c II s'en est peu fallu que votre lettre ne me
parvînt que lors de mon retour en France ; le Léon-Blot est, en
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 239
effet, en route pour le Tchad, sans moi, et pour cause. Oyez plu-
tôt l'aventure :
c Je suis placé en qualité de résident de France auprès du chcik
Mohamed es Senoussi, chef du Dar Rounga au pays d'El Kouti.
€ Si vous voulez bien vous reporter à quelques années en
arrière et consulter les fastes des explorations africaines, vous
trouverez les noms écrits plus haut accolés très étroitement à
ceux de Crampel et de Biscarât (1), assassinés l'un et l'autre par
ledit cheik au môme pays d'El Kouti porté sur les cartes par
8° nord et 18° de longitude. Les temps ont vraisemblablement
changé, car les premières relations de la mission avec les musul-
mans ont été assez amicales en apparence, et ces musulmans sont
les hommes dudit Senoussi. Ils nous ont vendu des chevaux, des
bœufs, des moutons, des ânes; le cheik a écrit force belles phrases
sur la bonté de Dieu et la générosité des Européens qui payent
sans marchander, enfin tout miel et sucre. D'autre part, les païens
razziés, — nos voisins du Gribingui, — nous mettent en garde
contre la traîtrise des Arabes, nous prédisent mille aventures désa-
c Senoussi est sûr de lui ; son cœur, dit-il, n'a pas une mauvaise
pensée ; la meilleure preuve est qu'il nous conjure de lui envoyer
un des nôtres qu'il choiera à l'égal d'une mère un jeune orphe-
lin... moyennant quoi un guide nous sera fourni, également des
lettres pour le sultan Rahah, son beau-frère ou son gendre, je ne
sais plus au juste.
c C'est en somme la libre navigation du Ghari et quelques af-
fluents en perspective. 11 n'y avait pas d'hésitation possible; je me
suis offert et j'attends présentement l'escorte arabe qui doit venir
me prendre pour me conduire, avec deux Sénégalais plantons, à la
résidence du cheik; quinze jours de marche, paraît-il. C'est pile
ou face; mais vous me connaissez beau joueur. »
Le 24 novembre, M. Prins était encore au poste de Gribingui.
En attendant l'escorte qui devait le conduire à El Kouti, il passait
son temps à faire des briques pour la construction du poste, à cul-
tiver son champ et à instruire ses Sénégalais; mais son impa-
tience ne devait plus être de longue durée, comme on en peut juger
par la lettre suivante que l'ancien cuirassier adresse à son père :
c Gribingui, 29 janvier 1898. — Je suis revenu depuis huit
(1) \a> chef d'c>corle do U mission Crampel.
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240 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
jours de mon voyage chez le cheik Mohamed es Senoussi ben
Abeker, l'un des auteurs du massacre de la mission Grampel. Je
crois pouvoir en être fier à deux points de vue : le premier, parce
que j'ai demandé à faire ce dangereux voyage ; le second, parce
que j'en suis revenu.
c Si j'en crois les compliments reçus de mon chef, j'ai accompli
là quelque chose en dehors des besognes courantes en Afrique.
Parti de Gribingui le 26 novembre dernier avec deux Sénégalais
et une escorte fournie par Senoussi, avec les émissaires duquel la
mission était en rapport depuis quelques mois, j'ai réussi à joindre
ce chef, le 6 janvier, dans son campement de guerre à quinze
jours de marche de Gribingui. — Je devais y séjourner comme
résident de France, mais une lettre de M. Gentil, retour du Tchad,
qui me parvint à ce moment, me rappela et, laissant mes charges,
je revins en toute hâte ici pour apprendre que j'étais appelé à
remplir auprès du sultan du Baguirmi, les mêmes fonctions que
celles qui m'étaient dévolues près de Senoussi. Je partirai le mois
prochain dans des conditions de confort et de sécurité supérieures.
C'est une voie aussi belle que nouvelle qui s'ouvre devant moi. »
Suivent quelques considérations sur l'utilité qu'il y avait de
maintenir un résident au Baguirmi. M. Prins, dont la robuste
santé ne s'est pas altérée depuis son départ, paraissait tout désigné
pour remplir cette tâche. Pendant qu'il appuiera de sa présence le
magnifique traité passé par M. Gentil avec ce pays, des envoyés
du sultan se rendront en France, accompagnant les autres membres
de la mission.
A propos de son rôle à El Kouti, M. Prins ajoute : c Nous ne
pouvions, en effet, vivre en sécurité dans le voisinago de ce per-
sonnage suspect justement. Ses intentions semblaient honnêtes;
il commerçait avec nous; mais, d'autre part, les indigènes, nos
voisins razziés, nous annonçaient la présence proche d'un camp
contre nous construit; il fallait voir, savoir. J'ai vu des bandits
très armés, et je sais qu'ils ont sinon crainte, du moins besoin de
nous; leur intérêt nous garantira de leur cupidité. Et voilà !
€ Une nouvelle qui nous a navrés est celle du remplacement de
M. de Brazza... en tant que mission du Chari, nous faisons une
très grosse perte.
c M. Gentil ne sait encore à quelle époque il pourra quitter son
poste pour recueillir les lauriers si grandement conquis. Son rem-
plaçant intérimaire n'est pas encore arrivé, ni même désigné, je
le crains. M. Huntzbutler est déjà en route avec les envoyés du
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 241
sultan qui viennent en France... J'ai encoro beaucoup de volonté
à manifester, ma santé me permettra bien, j'y compte, de faire
suivre la tête par le corps...
c P. Prins,
« Résident de France au BaguirraL »
c P. 5. La rivière Koukourou, que M. Dybowski a découverte,
se jette dans le Ba-mingui qui est le principal affluent du Chari,
et non le Gribingui, comme le croyait Maistre. >
11 eût été vraiment dommage de ne pas laisser la parole à cet
audacieux qui pensa payer de sa vie le succès de la mission.
Le retour de M. Gentil aura lieu dans la première quinzaine de
juillet. M. de Brazza, délégué par la Société de Géographie, se
rendra à Marseille pour saluer le chef et les membres présents de
la mission. Il les félicitera, au nom de ses collègues, d'avoir su
mener à bonne fin celte tâche périlleuse, qui prendra rang, nous
n'en doutons pas, parmi les plus grandes explorations africaines.
H.
La rivière Ouom. — On se rappelle que la rivière Ouom (ou
Wom), découverte par la mission Clozel en décembre 1894, fut
considérée par cet explorateur comme un affluent du Logone (1).
Dans un travail récent (2), M. Wauters propose d'en faire un tri-
butaire de l'Oubangui et l'identifie avec l'Ombela, rivière qui vient
se jeter dans le fleuve aux Ouaddas (Ouadda), en amont de Ban gui.
Il s'appuie sur les résultats du voyage récent de M. Perdrizet,
chef d'exploration du Congo français.
La conversation que j'ai eue avec ce voyageur et l'étude que j'ai
faite de son itinéraire ne me paraissent pas autoriser cette nou-
velle manière de voir.
M. Clozel, empoché, pour des raisons indépendantes de sa
volonté, de poursuivre plus en aval l'étude du cours de la rivière
qu'il venait de découvrir, avait dû se contenter des renseignements
fournis par les indigènes.
Il avait eu la bonne fortune de rencontrer un ancien esclave des
Foulbés, Datonrongo. Cet indigène, qui avait eu pendant sa jeunesse
l'occasion de suivre une des razzias envoyées par le lamido de
Ngaoundéré le long de la rivière Ouom, était arrivé dans un pays
(1) Tour du Monde, 1895, n" 1, 2, 3.
(2) Mouvement géographique, 1898, n. 17.
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242
COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Carte proposée par M. Wauters.
où les chevaux étaient nombreux et où les habitants portaient
pour tout vêtement un tablier de cuir qui leur couvrait la partie
postérieure du bassin. Datonrongo parlait couramment le poular,
son récit était par con-
séquent fort intelligible
pour nos tirailleurs tou-
couleurs. M.CIozel recon-
nut à cette description si
caractéristique les Saras
de Dacy (1 ) qu'il avait vus
avec Mai sire en 1892. Il
en conclut que la rivière
qu'il venait de découvrir
appartenait au bassin du
Tchad, et était sans doute
un affluent du Logone que les indigènes nous signalaient dans le
nord (2).
Le voyage fort intéressant que M. Perdrizet fit en mai et juin
1897 le long de cette même rivière, lui permit de reconnaître ce
cours d'eau qui, après avoir suivi quelque temps la direction nord-
est, tournait à Test, puis au sud-
est. Cette direction sud-est, qui a
tant frappé M. Wauters et sur la-
quelle il base uniquement le re-
maniement de la carte qu'il pro-
pose, n'est pas définitive. Ce n'est
qu'un accident momentané dans
son cours. Après avoir coulé dans
la direction sud-est pendant une
trentaine de kilomètres seulement,
la rivière reprend une orientation
franchement est qu'elle conserve
jusqu'au point terminus du levé de
M. Perdrizet qui est environ par
15° long. E. de Paris.
Quant à la latitude de ce point, elle est sensiblement la môme
qu'à Goui Koro, lat. N. 6° 15', point où Clozel a reconnu et étudia
cette rivière.
Carte proposée par M. le IV H*;rr.
(1) G. Maistre, A travert l'Afrique centrale,
(2) Un fait d'ordre botanique semblait également plaider en faveur de cette
manière de voir. J'ai signalé (Annale» de Gé.OQraphUA&M) l'apparition de l'arbre
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 243
Au point où M. Perdrizet s'est arrêté en juin, c'est-à-dire à
l'époque des plus basses eaux, la rivière ne mesurait pas moins de
150 mètres de large avec une profondeur moyenne de 2 mètres.
La rivière Ombela, que M. Wauters considère comme l'aboutis-
sant de la rivière Ouom, a été étudiée d'abord par M. Ponel, puis
visitée par MM. Brunache et Briquez (1). Ces voyageurs s'accor-
dent à dire que cette rivière est peu importante. Fin septembre,
c'est-à-dire au moment des plus hautes eaux, la largeur de ce
cours d'eau ne dépassait pas une soixantaine de mètres (2). Ce
fait des plus importants permet, je crois, dé repousser l'hypothèse
de l'identité de l'Ombela et de l'Ouom.
Quel serait donc le cours probable de cette dernière rivière ?
Nous allons voir si l'on ne pourrait pas proposer une autre hypo-
thèse.
Lorsqu'on examine le cours de l'Oubangui, l'on ne peut manquer
d'être frappé du brusque changement de direction que présente ce
fleuve. Après avoir coulé de l'est à l'ouest, ce puissant cours d'eau,
arrivé aux Ouaddas, s'infléchit subitement dans le sud. Ce chan-
gement de direction de 90° ne peut s'expliquer que par la présence
à ce niveau d'un très sérieux obstacle.
D'un autre côté, quelle est l'importance probable des monts
Karé que M. Wauters propose comme limite des bassins du Congo
et du Tchad?
La mission Maistre (3), dans son voyage de la Kemo à la Nana,
n'a rencontré entre les deux bassins aucune chaîne montagneuse.
La ligne de partage, formée par de hauts plateaux à peine acci-
dentés, d'une altitude de 500 à 600 mètres, rappelle d'une manière
frappante les plateaux que nous rencontrions à la même latitude
avant notre descente dans la vallée de l'Ouom. Nous pouvons
donc admettre que les monts Karé ne se prolongent pas très loin
dans l'est et ne sont, comme le pensait M.Clozel, que les contreforts
les plus orientaux du massif du Bouba-Ndjidda, Cela étant admis,
quel sera le cours probable de la rivière Ouom? Voici l'hypothèse
que je propose :
La rivière Ouom trouvant devant elle le barrage des monts Karé,
est déviée vers l'est jusque vers la longitude de 14° 30'. Ace
karité dans la vallée de l'Ouom. Cet arbre était en (leurs au moment de notre
voyage. M. Perdrizet en vit le fruit si caractéristique. Je ne crois pas que ce
végétal ait jamais été signalé dans le bassin du Congo. Dr H.
(1) P. Brunache, Le Centre de V Afrique. Autour du Tchad.
(2) J. Dybowski, La Route du Tchad.
(3) C. Maistre, ouvrage cité.
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244 COMPTES RENDU8 DBS SÉANCES.
niveau, elle rencontre, sur sa rive droite, l'obstacle qui a produit
la déviation si remarquable de l'Oubangui. Cet obstacle la rejette
dans le nord, et à ce niveau les monts Karé, très réduits comme
importance, cessent d'opposer à l'Ouom une barrière infranchis-
sable; ce cours d'eau prend parallèlement à la Nana la direction
nord-nord-ouest, et vient former ou grossir le fiahar Sara que
Maistre traversait à Garenki.
Je n'hésite pas à reconnaître ce que le tracé proposé a encore
de conjectural, et, plus que tout autre, je souhaite qu'un nouveau
voyage vienne bientôt régler cette intéressante question. Mais je
tenais à établir que les résultats du voyage de M. Perdrizet, invo-
qués par M. Wauters à l'appui de sa thèse, n'autorisent pas la
modification que ce géographe propose d'apporter à l'hydrogra-
phie de cette région.
Dr Herr, second de la mission ClozeL
Congo.— Mission Roulet.— De Matadi,ll avril 1898, M. Edouard
Roulet, capitaine d'infanterie de marine, écrit : « Parti de France
pour renforcer la mission Marchand qu'on disait alors menacée,
j'ai passé, le 5 février, à Dakar, où je devais prendre 200 hommes,
choisis dans les tirailleurs sénégalais. Mais on ne savait pas là-bas
que la route, dite des caravanes, de Loango à Brazzaville, était aban-
donnée pour celle du chemin de fer belge de Matadi à Léopoldville,
actuellement en exploitation jusqu'à Jukini et terminée jusqu'à
N'dolo.sur le fleuve, à 12 kilomètres en amont de Léopoldville. —
J'ai dû m'arrôter un mois à Libreville pour attendre mon détache-
ment qui y est arrivé le 20 mars; il était composé de 2 officiers,
MM. Berger, lieutenant (au titre indigène), et Thorel, sous-lieu-
tenant; 1 sous-officier, sergent Galpin, et 120 tirailleurs sénégalais
ou laptots montant dans le Haut Oubanguî pour constituer le noyau
de la flottille Marchand. Après quelques jours passés à Loango
nous nous sommes embarqués sur la Ville de Pemambuco des
« Chargeurs-Réunis > qui nous a menés hier à Matadi.
c M. de Lamothe, commissaire général, est arrivé avec nous
jusqu'à Borna; 60 tirailleurs et un officier sont partis ce matin
par le train pour N'dolo où je les rejoindrai demain. Je serai donc
à Brazzaville dans trois ou quatre jours, mais il parait qu'il y a
des difficultés pour arriver jusqu'à Ban gui... >
Egypte. — Expédition à V oasis de Siouak. — D'après des nou-
velles reçues du Caire, M. A. Silva White est parti vers le 15 mars,
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8ÉANCKS DBS 6 BT 20 MAI 1898. 245
avec l'intention de pénétrer dans Yarboub, oasis située sur les
confins de l'Egypte et de la Tripolitaine, et comme Ton sait, citadelle
de la secte des Senoussi. Il avait entouré son expédition du plus
grand mystère et même caché à ses hommes le but du voyage.
Malgré ces précautions, M. Silva White n'a pas réussi et a été
obligé de s'arrêter à l'oasis de Siouah, l'ancienne oasis de Jupiter
Ammon, située à Test de Yarboub.
Toutefois» son expédition n'aura pas été absolument infructueuse,
car il a rapporté de sa visite à Siouah quelques données intéres-
santes. Il a trouvé une monnaie en cuivre de Ptolémée 1er Sator,
311-305 av. J.-C, spécimen très rare. Il a pénétré dans plusieurs
tombeaux, dont on a tiré devant ses yeux cinq momies. Les parois
d'un tombeau étaient peintes et couvertes d'inscriptions, qu'il a
copiées et rapportées au Caire. Elles ont été déchiffrées au musée
de Ghizeh et ont révélé que là était enseveli un certain Papa,
scribe royal et prêtre de la XX* dynastie. Il est probable que ces
découvertes encourageront d'autres savants à visiter l'oasis de
Siouah. H. Dehéràin.
Afrique orientale. — Exploration au Kilimandjaro. — Sui-
vant une information publiée par la Deutsche Kolonial Zeitung,
M. Uans Meyer a résolu d'entreprendre une nouvelle exploration
au Kilimandjaro, pour combler au moins en partie les lacunes
laissées par son premier voyage. Il sera accompagné du peintre
et alpiniste munichois E. Plath. 11 semble devoir porter principa-
lement ses recherches sur la partie nord du massif montagneux
qui a été abordée une seule fois par Lent, Volkens et Johannes,
voyage dont la science tira peu de bénéfice par suite de la perte
du journal de Lent. Henri Dehéràin.
AMÉRIQUE
Mexique t Notes économiques. — La Société de Géographie
est redevable à M. Schœnfeld, vice-consul de France à Tampico,
d'une série de notes économiques précieuses sur différentes cir-
conscriptions administratives du Mexique. Deux de ces notes ont
trait à des Etats du nord du pays : les Etats de Ghihuahua et de
Durango ; les autres se rapportent à des contrées situées au centre
même du pays, autour du district fédéral dont l'auteur a com-
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246 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
roencé par rédiger une courte monographie. C'est de cette série
de notices, obligeamment communiquées par le Ministère des Af-
faires étrangères, que sont extraits les renseignements et les
chiffres qui suivent :
Etat de Chihuahua. — C'est l'Etat le plus vaste du Mexique
que celui de Chihuahua (227,468 kilo ni. carrés), dont l'attitude
moyenne est d'environ 1,800 mètres au-dessus du niveau de la mer,
et dont le climat est en général salubre et très sec; c'est en même
temps un des moins peuplés (266,831 habitants, soit 1,10 par kilo-
mètre carré) et des plus arides. Une grande partie en est en effet
occupée par le désert appelé Bolson de Mapimi, encore incomplè-
tement exploré» mais qui semble bien ne produire absolument
rien.
11 y a toutefois _des districts plus favorisés dans cet Etat, et si
l'agriculture n'y est pas très prospère (production du maïs :
1,975,793 piastres en 1896-1897, du blé : 1,410,620 piastres), l'éle-
vage du bétail s'y fait sur une assez grande échelle en vue de
l'exportation aux Etats-Unis. L'industrie minière y a aussi une
certaine importance; à Guadalupe y Calvo existent des mines d'ar-
gent; on trouve encore dans cette ville des fabriques de sucre et
des distilleries, à Hidalgo del Parral des fabriques de cotonnades
et des meuneries ; mais c'est surtout le point de vue commercial
qu'il importe d'envisager dans l'Etat de Chihuahua. A cet égard,
la douane frontière de Paso del Norte mérite une mention parti-
culière.
La voie ferrée qui dessert l'Etat de Chihuahua est le Central,
qui traverse le pays du nord au sud sur un parcours de 518 kilo-
mètres, jalonné par 17 stations.
Etat de Durango. — L'Etat de Durango, un des plus monta*
gneux du Mexique, dont le climat salubre, tempéré et parfois
même froid (dans la Sierra Madré) ne laisse rien à désirer, compte
294,366 habitants sur une superficie de 98,470 kilomètres carrés
(densité : 2,95 par kilom. carré). La population y est clairsemée
par conséquent.
L'industrie minière y est très développée, mais il est impossible
de se rendre compte du rendement des mines exploitées, les
compagnies propriétaires ne donnant pas au public de comptes
rendus de leurs opérations. Il est certain, dans tous les cas, que
des progrès très importants peuvent être accomplis; bien des
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t^t
SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 247
richesses du sous-sol demeurent inexploitées (telle la célèbre
montagne de fer ou Cerro del Mer c ado), et il en sera ainsi jusqu'à
ce que, les progrès de la civilisation et une immigration systéma-
tique, procurant au pays de Durango les bras, l'eau, le com-
bustible et les voies de communication nécessaires» leur mise en
valeur devienne moins difficile et plus rémunératrice.
Au point de vue agricole, le coton entre pour près d'un tiers
dans la valeur totale des produits (3,751 ,600 piastres sur 9,668,021
en 1896-1897); le maïs (2,010,628 piastres) et la canne à, sucre
(1,852,120 piastres) sont aussi des produits qui donnent un réel
revenu.
Les villes de Durango et de Nombre de Dios possèdent des fa-
briques de cotonnades et d'étoffes de laine; de nombreux moulins
à farine sont disséminés sur la surface de l'Etat. Aucun ren-
seignement n'a pu être obtenu sur les faïences de Durango.
Le caractère montagneux du pays n'a pas permis rétablisse-
ment de voies de communication; le chemin de fer Central n'en
dessert que la lisière orientale, de Tarcon à Saez (soit une dis-
tance de 164 kilom.) am moyen de 7 stations, dont une seule, Ma-
pime, offre quelque importance.
District Fédérai — Le District Fédéral, dont la superficie est
peu considérable ( 1 ,200 kilom. carrés) se compose de la ville de Mexico
et de sa petite banlieue (villages de Tialpam, Guadalupe, Tacu-
baya,San Angel, etc.). C'est le pays de beaucoup le plus peuplé du
Mexique : 484,608 habitants, soit 403,08 par kilomètre carré. 11
constitue une entité administrative à part, comme Washington aux
Etats-Unis. Son gouverneur est nommé par le pouvoir central,
tandis que ceux des Etats sont, au moins en théorie, élus par le
suffrage universel.
Cette densité de population tient au chiffre de la population
môme de Mexico : 400,000 âmes au moins. Cette ville est la seule
du pays où l'existence ait quelque rapport avec celle d'une grande
ville européenne.
Aussi y trouve-t-on bon nombre d'étrangers. Dans le District
Fédéral réside par exemple la grande majorité des Français du
Mexique ; ils semblent y avoir concentré toutes leurs facultés com-
merciales. Les colonies américaine, anglaise et allemande y sont
aussi très importantes.
Le climat en est parfaitement supportable pour les Européens.
La ehaleur n'y est jamais excessive; les nuits sont fraîches toute
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248 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Tannée et, bien que le typhus et la petite vérole y existent à l'état
endémique, les victimes de ces maladies appartiennent surtout à
la basse classe, et les Européens en sont à peu près indemnes.
Les différentes branches de l'agriculture sont très développées
dans le District Fédéral; la surface presque insignifiante qu'oc-
eupent les terres de culture étant donnée, leur rendement est
vraiment considérable. La culture maraîchère est aussi fort pra-
tiquée dans la banlieue de Mexico.
Cette ville est le terminus des lignes de chemins de fer sui-
vantes :
Mexicain, de Mexico à Vera-Cruz ;
Interocéanique de Vera-Cruz à Acapulco ;
Central, de Mexico à El Paso, avec embranchements sur Tam-
pico et Guadalajara;
National, de Mexico à Laredo.
Etat de Mexico. — L'Etat de Mexico, dans lequel est enclavé le
District Fédéral, couvre une surface de 23,957 kilomètres carrés ;
son altitude moyenne est de 1,800 mètres. Le climat y est tempéré
et sain; il gèle souvent pendant les nuits de l'hiver, qui est la
saison sèche; les pluies y tombent depuis la fin de mai jusque
vers le milieu d'octobre.
La population (837,368 âmes) y est plus dense que dans le reste
du pays (31,19 par kilom. carré); elle cultive avec succès le maïs
(valeur en piastres : 4,092,529 dans l'année fiscale 1896-1897), le
pulque (1,562,355 piastres), le blé (1,373,304 piastres), et s'a-
donne avec plus de succès encore à l'industrie. Toluca, la capitale,
est célèbre par ses brasseries, ses salaisons de porc, ses beurres;
Tlalnepantla possède d'importants tissages et des fabriques de
bonneterie; à San Rafaël se trouve une grande fabrique de papier.
Il existe, en outre, dans l'Etat de Mexico des verreries, des tan-
neries, etc.
Comme toutes les grandes lignes de chemins de fer ont la capi-
tale pour point de départ, cet Etat est un des mieux desservis du
Mexique; en outre, bien qu'il s'y trouve de hautes montagnes, les
routes carrossables y sont nombreuses et assez bien entretenues.
La valeur des terres de culture et des terrains à bâtir y est natu-
rellement, par suite de ces différents avantages et de la proximité
de la capitale, plus forte que dans le reste du pays ; quant aux sa-
laires, ils ne sont pas très élevés en général. Aussi n'est-ce pas une
contrée à recommander aux agriculteurs étrangers, à qui elle
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8ÉÀNCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 249
n'offre pas d'avantages bien marqués. Elle en présente plus pour
les industriels, le nombre d'industries rémunératrices qui pour-
raient y être créées ou développées étant très considérable. La vie
matérielle est d'ailleurs assez facile pour peu qu'on ne soit pas exi-
geant en ce qui concerne la nourriture et le service.
État d'Hidalgo. — Cet État, situé sur le plateau central, à
proximité de Mexico, jouissant partout d'un climat sain et doux, est
un des plus riches de la République. Il s'étend sur une superficie
de 23,101 kilomètres carrés ; sa population est de 548,039 habitants,
soit 23,72 par kilomètre carré. C'est surtout à ses mines de plomb
argentifère, de fer, etc., que l'État d'Hidalgo doit son importance.
L'agriculture y est également très développée; la production du
pulque des plaines d'Apam (valeur en piastres : 2,198,084 en
1896-1897) et celle du maïs (2,366,379 piastres) sont de vraies
sources de richesse pour le pays. 11 existe en outre dans l'État de
vastes forêts et des plaines propres àPélevage dans les environs du
fleuve qui, à Tamasunchale, prend le nom de Panuco.
L'État d'Hidalgo est admirablement desservi par plusieurs lignes
de chemins de fer; la colonisation européenne y réussirait au
moins aussi bien que dans tout autre État du Mexique. 11 y
existe une vraie colonie anglaise, la plupart des mines appartenant
à des compagnies de cette nationalité et presque tout le haut
personnel de même que la majeure partie des contremaîtres étant
anglais. C'est par suite de ce fait que Pachuca, la ville principale
de l'État, a un commerce de détail florissant.
Etat de Guanajuato. — L'Etat de Guanajuato est un des plus
importants de la République; il s'étend sur 29,458 kilomètres
carrés de superficie et il est peuplé de 1,047,238 habitants (soit
35,90 par kilom. carré), ce qui lui donne le troisième rang, au
Mexique, au point de vue de la densité de la population.
Grâce à une altitude moyenne de 1,500 mètres au-dessus du
niveau de la mer, le climat y est excellent, et les variations
extrêmes de la température sont presque insignifiantes. Le maïs
(5,463,904 piastres en 1896-1897), le blé, les patates, les haricots,
la canne à sucre, voilà les principaux produits de l'agriculture
dans cet Etat; il faut y ajouter les fraises, dont la. culture est la
spécialité d'irapuato, où elle se fait en grand. On en récolte pen-
dant toute l'année sans interruption notable.
SOC. DE GÉOGR. — C. R. DIS SÉANCES. — N* 5. — Mai. 18
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' -T7
250 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Les richesses minières de l'Etat de Guanajuato sont considé-
rables, et ne le cèdent comme importance qu'à celles de l'Etat
d'Hidalgo.
L'industrie est assez développée. Guanajuato, la capitale, pos-
sède plusieurs fonderies importantes et un hôtel des monnaies. A
Léon, existent de grandes fabriques de chaussures et de sellerie.
Silao, lrapuato, Salamanca ont des tanneries et des fabriques de
jouets ; Celay a des fabriques de draps et de cotonnades. Mais il
y a encore beaucoup à faire pour tirer parti des ressources de
l'Etat; l'industrie de la tannerie et de la mégisserie, par exemple,
y sont encore dans l'enfance, malgré l'excellence des matières pre-
mières.
Deux lignes ferrées traversent le pays du sud au nord : la pre-
mière à l'ouest, la seconde à Test. Le chemin de fer National
dessert Celaya, San Miguel Attende, Dolores Hidalgo et autres
points d'importance secondaire, tandis que le Central passe par
Celaya, Salamanca, lrapuato, Silao, Léon.
Au point de vue de l'émigration française, l'Etat de Guanajuato
est un des Etats du Mexique qui offrirait les meilleures conditions
d'existence. La vie sociale y est nulle et les industries de luxe ou
de fantaisie n'ont aucune chance d'y fleurir; il n'en va pas de même
de la meunerie, de la tannerie, de la poterie, qui peuvent s'y
développer à l'infini.
Etat de Jalisco. — L'Etat de Jalisco est vraiment riche, bien
que la partie de son territoire située au sud du Rio Grande soit
très montagneuse. Abstraction faite d'une bande littorale, où le
climat est chaud et malsain, le reste du pays, dont l'altitude
varie entre 800 et 2,000 mètres, est salubre. Il est arrosé par le
Rio Grande, qui sort du lac de Chapala et va se jeter dans l'océan
Pacifique non loin de San Blas- Sur la rive gauche de ce fleuve
sont des plaines fertiles et bien cultivées en général.
La population est assez dense (1,107,863 hab. sur 82,503 kilom.
carrés, soit 13,42 par kilom. carré), laborieuse et d'un caractère
doux; elle cultive surtout le maïs (8,375,649 piastres en 1896-1897),
le mezcal (1 ,369,1 75 piastres) et la canne àsucre (1 ,248,51 2 piastres).
Au point de vue industriel la ville de Guadalajara vient sans doute
après Puebla, mais ses poteries sont justement renommées, tant
pour l'originalité des formes que pour celle des décorations; on y
fabrique également des couvertures et des zarapés de laine et de
coton dont le tissu est solide et le dessin souvent joli.
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SÉANCES DBS 6 ET 20 MAI 1898. 251
Au point de vue des communications par voies ferrées, l'Etat de
Jalisco est encore fort mal desservi ; il Test uniquement par un em-
branchement du chemin de fer central jusqu'à Ameca (c'est-à-dire à
environ 190 kilom. à l'intérieur de l'Etat, et à 100 kilom. environ
de San Blas sur le Paciûque). Si la construction de voies ferrées
dans la partie montagneuse du Jalisco, au sud du Rio Grande, ne
• doit jamais être rémunératrice, elle le sera ailleurs, là où la colo-
nisation pourrait se développer avec de grandes chances de succès.
Déjà, à Guadaiajara, à Chapala (qui est une des plus jolies villes
du Mexique et une des plus agréables à habiter, en même temps
qu'une de celles dont les habitants sont le plus instruits et le
plus hospitaliers), la population augmente sans cesse; beaucoup
d'étrangers riches y font construire des villas de plaisance. Ainsi
se développent le commerce et l'industrie du pays.
Etat de Guerrero. — Cet Etat, qui couvre une superficie de
64,756 kilomètres carrés et est peuplé de 417,621 habitants (soit
6,44 par kilom. carré), présente de grandes ressources agricoles et
minières; mais ces ressources naturelles sont à peine exploitées
encore, quelque considérables qu'elles soient, par suite de la dif-
ficulté des communications. La fertilité des terres cultivées (dont
la superficie est insignifiante par rapport à la superficie de l'Etat
lui-même où les forêts vierges abondent encore) est très grande;
on y a produit, en 1897, de la canne à sucre pour une
valeur de 3,711,081 piastres, du maïs pour une valeur de
1,023,878 piastres; mais on est fondé à croire que la majeure
partie des produits de l'Etat de Guerrero est consommée sur place,
car l'exportation par Acapulco est peu importante.
Comment pourrait-il en être autrement? Voici un pays où les
transports se font à dos de mules et exigent de trois à vingt jours
pour arriver soit à Guernavaca, soit à Acapulco, où la différence
. entre le prix de revient sur place et le prix de vente sur le marché
des différents produits est, la plupart du temps, absorbée et au
delà par les frais de transport. Les voies de communication sont
à peu près nulles; le chemin de fer ne pénètre pas dans l'Etat de
Guerrero, et seul le port d'Acapulco est en relations une fois par
mois avec le reste du monde, grâce aux paquebots de la Pacific
Mail S. C°.
11 a été question autrefois de construire le chemin de fer intero-
céanique de Vera Cruz à Acapulco; mais la compagnie a dû
renoncer à ce projet à cause du caractère farouche des indigènes»
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252 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
à cause aussi de difficultés techniques et financières qui en ren-
daient la réalisation à peu près impossible.
Au total, l'Etat de Guerrero, dans sa situation actuelle, ne se
prête guère à la colonisation européenne; malgré la fertilité du
sol, la richesse dés filons, nombre d'entreprises agricoles et
minières y ont échoué, par suite du manque des voies de commu-
nication ; les petits capitalistes ne peuvent y trouver les condi-
tions favorables à une exploitation pacifique et rémunératrice. En
revanche, les explorateurs ont là un terrain où ils peuvent exercer
leur activité et faire progresser la science.
Etai de Michoacan. — Compris entre l'océan Pacifique (à l'ouest)
les États de Jalisco, de Guanajuato (au nord), de Mexico (à Test)
et de Guerrero (au sud), l'Etat de Michoacan s'étend sur une su-
perficie de 59,261 kilom. carrés.
Ce pays, à l'altitude variée, aux climats multiples, est peuplé de
889,795 habitants (soit 16.70 par kilomètre carré). 11 se compose,
pour les deux tiers de son territoire, de contrées montagneuses, en
dehors desquelles on ne peut citer que les plaines des environs
de Patzcuaro et les terres basses de la partie occidentale»
L'Etat de Michoacan possède, au dire de gens bien informés, des
gisements de fer, de cuivre, de plomb argentifère, d'or, etc. ; ce-
pendant il n'occupe encore, au point de vue minier, qu'une place
très secondaire. Il n'en est pas de même au point de vue agricole;
la variété de ses productious, non moins que la multiplicité de
ses climats, en fait la contre-partie de l'Etat de Vera-Cruz.
Avec ses dérivés, la canne à sucre forme plus du tiers de la
production totale de l'Etat (canne à sucre : 2,671,135 piastres;
sucre : 964,854 piastres; cassonade : 1,198,780 piastres; mé-
lasse : 1,106,743 piastres). Le maïs (4,549,306 piastres), le blé
(1,752,939 piastres) sont également des produits dont la valeur est
considérable. Le café d'Uruapan jouit d'une grande célébrité dans
le pays et serait, dit-on, comparable au moka.
Les forêts du Michoacan sont assez méthodiquement exploitées;
on y trouve fréquemment des pins de 0 m. 75 de diamètre, et
d'autres essences propres à la construction et à l'ébénisterie.
11 y aurait, dit-on, des quantités de terres propres à l'élevage en
grand du bétail à cornes et des chèvres, dont la peau et le poil
font l'objet d'un commerce important avec les États-Unis.
En ce qui concerne l'industrie, les villes de Morelia, Zinipacuaro,
Zitacuaro, Zamora, Patzcuaro, Tacambaro, Puruandiro, Arios et
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SEANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 253
Santa Clara possèdent des fabriques de cotonnades, de rebozos,
zarapés, des moulins à farine, dont les produits suffisent à peu
près à la consommation locale.
Une seule voie ferrée pénètre dans l'Etat de Michoacan, la ligne
à yoie étroite du National, dont le terminus est à Patzcuaro.
H. Froidevaux.
OCÉANIE
nrotrreiie-CaiédoBte. — Notes sur l'histoire naturelle. — c A
bord du Polynésien, 23 mars 1898.— Je vous écris en mer, par le
travers de l'Australie où nous débarquerons dans deux jours, pour
vous faire part de deux renseignements intéressants sur l'histoire
naturelle de la Nouvelle-Calédonie, qui m'ont été fournis par un
des plus anciens colons de cette lie, M. A. E scande, qui se trou-
vait avec nous.
< Voici la première : on rencontre à la Nouvelle-Calédonie, — et
j'avais signalé le fait dans mes écrits, — un serpent long de
1 mètre à 1 m. 50, le Pelamis bicolory que les habitants
considéraient comme inoffensif; il a des crochets venimeux, mais
il ne s'en était pas encore servi contre l'homme. Or, l'année der-
nière, un Français, passant près d'un nid de ces serpents, fut
mordu par la mère et mourut en deux heures: grand émoi dans
la colonie où ce serpent abonde sur certains rivages. On fit des
expériences; des lapins, des chats furent exposés aux morsures du
Pelamis et moururent rapidement. Je m'explique, à présent,
la terreur de mes Kanaks, lorsque je voulus autrefois leur faire porter
un de ces serpents encore vivant, que j'avais pris et que je desti-
nais au musée naissant de Nouméa.
c Le second fait est plus curieux encore. J'avais pu constater
dans les rivières de la Nouvelle-Calédonie la présence d'une anguille
de forme spéciale; elle était beaucoup plus grosse, par rapport à
sa longueur, que celles que nous connaissons, et comme je l'avais
fort rarement rencontrée, j'en parlai au colon du bord, qui habite
la cote ouest, vers le milieu de l'île, à c La Poya ». Là existent de
grands étangs de 300 hectares de superficie, dont les eaux provien-
nent des torrents voisins lorsqu'ils débordent à la saison des
pluies. L'abord de ces étangs est défendu contre l'homme et le
bétail par des joncs et des plantes aquatiques à feuilles cou-
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254 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
pantes; mais, à la suite de longues sécheresses, les eaux se reti-
rent vers le centre de l'étang où la profondeur est de 4 à 5 mètres.
Notre colon, ayant eu l'idée de brûler les joncs desséchés put ainsi
s'avancer vers le centre; c'est dans ce parcours qu'il rencontra,
par deux fois en vingt-cinq ans, une anguille d'une espèce extra-
ordinaire et inconnue jusqu'alors des habitants de l'île. Elle
avait 2 mètres environ de longueur, une tôte aussi grosse que
celle d'un homme, des yeux énormes ; le corps n'était pas tout à
fait aussi gros que la tête ; la peau était d'un vert sombre, la gueule
très grande; cet animal rappelait les formes de la lamproie,
mais sa chair n'était pas noire. Les indigènes, qui seuls jusqu'ici
connaissaient cette anguille, semblaient la redouter beaucoup.
c J'ai vivement prié le colon en question, M. A. Escande,de faire
ses efforts pour conserver le corps d'une de ces anguilles géantes,
s'il en rencontre une troisième; il me Ta promis, mais il faudra
attendre une époque de longue sécheresse comme il en a vu seule-
ment deux depuis vingt-cinq ans ; quoi qu'il en soit, le fait étant à
présent connu, tôt ou tard l'occasion se présentera de se procurer
un de ces animaux, dont, sans doute, je n'avais vu que des jeunes
pendant mes explorations. >
Jules Garnier.
III. — GÉOGRAPHIE HISTORIQUE
. Voyage dama l'Océam Glacial en f 4S». — V Annuaire de la
Société norvégienne de géographie pour 1897 (Det norske geo-
grafiske Selskabs Aarbog) renferme une étude très intéressante du
Dr G. Slorm sur le voyage du Vénitien Quirini dans l'océan Glacial
en 1432. Pendant un séjour en Italie, le savant professeur norvé-
gien a découvert, dans une bibliothèque de Rome, une relation
manuscrite de ce navigateur, complétant celle qui est contenue
dans le recueil de Ramusio. Parti deCandie, au printemps de 1131 ,
avec un chargement de malvoisie à destination des Flandres, le
navire vénitien fut rejeté en plein Océan par une tempête d'est le
5 novembre, au large des Sorlingues. Assailli par des tempêtes
furieuses, il dériva ensuite comme une épave pendant plus d'un mois.
Dans ces conjonctures on dut couper la mâture ; aussi bien, profitant
d'une embellie, l'équipage s'embarqua dans les chaloupes afin de
gagner terre. Quarante-sept bommesavec Quirini prirent place dans
une embarcation et vingt et un matelots dans une seconde barque.
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SÉANCES DBS 6 ET 20 MAI 1898. "255
Le 6 janvier 1432, le canot de Quirini aborda à Sandô, un des Ilots
voisins de Rôst, la terre la plus méridionale des Loffoten. Vingt-six
hommes de l'équipage avaient déjà succombé et, les jours sui-
vants, plusieurs marins moururent également. Avec les débris de
leur canot les naufragés construisirent deux huttes et, pendant quel-
que temps, se nourrirent d'un marsouin qui était venu s'échouer
sur la côte. Trois semaines plus tard, ils furent recueillis par les
habitants de l'Ile voisine de Rôst. Les Vénitiens séjournèrent trois
mois aux Loffoten. La relation de Quirini donne sur les pêcheries
de l'archipel d'intéressants renseignements au point de vue histo-
rique.
c Toute l'année, dit-il, les indigènes prennent une quantité
innombrable de poisson, appartenant à deux espèces. L'une, qui
est de beaucoup la plus abondante, est le stock fisk, l'autre une sole
d'une taille énorme ; elle pèse souvent deux cents livres (évidem-
ment le flétan)... > Au mois de mai, les Norvégiens partirent sur
un navire de 50 tonnes pour porter à Bergen les produits de leur
pèche qu'ils troquaient contre des produits manufacturés prove-
venant d'Ecosse, d'Angleterre et d'Allemagne. Depuis le xv* siècle
les habitudes n'ont guère changé : Bergen est toujours le port
d'échange des produits des pèches du nord contre les marchandises
d'Europe, et, si dans celte ville le commerce ne se fait plus par
troc, cette coutume s'est conservée au nord des Loffoten en Fin-
mark. Quirini revint à Venise, après avoir visité la Suède, l'An-
gleterre et les Flandres.
La relation du marin vénitien mérite une confiance absolue.
Tous les renseignements astronomiques et topographiques qu'il
donne sont absolument exacts.
Quirini est le premier navigateur de l'Europe méridionale qui ait
pénétré aussi loin dans les mers du nord, alors inconnues des
nations riveraines de la Méditerranée et qui ait hiverné dans la
zone arctique.
Charles Rabot.
IV. — NOTES
Au 31 décembre 1896 la population indigène des établissements
danois du Grônland s'élevait à 10,755 individus (5,039 hommes,
5,716 femmes), en augmentation de 126 unités sur le chiffre de
Tannée précédente.
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256 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Exploration du plateau de Rockall. — Rockall est un rocher
isolé au milieu de l'Atlantique, situé à 240 milles à l'ouest de la
côte d'Irlande. Il est élevé de 25 mètres au-dessus du niveau de
la mer et inaccessible.
L'examen du banc de Rockall présente un double intérêt : géolo-
gique d'abord, puisqu'il a été considéré comme le dernier vestige
d'un plateau submergé; océanographique ensuite, ces parages
ayant été peu explorés.
En 1896 l'Académie des sciences d'Irlande a organisé une expé-
dition, comprenant huit membres qui, embarqués sur le Gra-
nuaile, ont séjourné sur le banc, aux environs du rocher, du 3 au
17 juin; pendant ce temps ils ont opéré des dragages, des son-
dages, et recueilli de nombreux spécimens d'histoire naturelle. Le
résultat de leurs travaux a été publié dans les Transactions oj
The Royal Irish Academy (1). On avait eu le projet d'établir
une station météorologique sur ce rocher; mais, malgré toute
Futilité qu'elle présenterait, on en a reconnu l'impossibilité.
Les nouveaux sondages ajoutés à ceux du Porcupine (1870), à
ceux des cartes de l'Amirauté anglaise, démontrent que le banc de
Rockall s'étend dans un rayon moyen de 50 à 60 milles, avec des
fonds de 200 mètres aux points les plus éloignés. Ce relief, opposé
aux grandes profondeurs voisines, indiquerait que Rockall aurait
été relié au plateau continental.
Les échantillons pétrographiques ramenés par la drague ont un
caractère igné; parmi ceux-ci le basalte domine. Ils ont de nom-
breux points de contact avec les roches des Hébrides, des Feroë et
même de l'Islande. Le rocher lui-même est principalement com-
posé de granité. Ces indications confirmeraient l'hypothèse d'une
ancienne région volcanique submergée.
La commission a dressé des cartes de vents ot courants, tant
d'après les documents antérieurs que d'après ses propres observa-
tions. Leur examen n'indique aucun caractère défini. L'influence
du Gulf-stream dans ces parages reste pareillement indéterminée.
Des tables de densité de l'eau et de sa température, accompagnées
de l'analyse chimique, ont été dressées par les soins de la commis-
sion.
Les matériaux ainsi recueillis ajoutent des documents précieux
à l'océanographie, encore peu connue, de cette partie de l'Atlan-
tique. J. Girard.
(1) Vol. XXX, part. 111, août 1897.
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 257
Météorologie de la région d'Orenbourg, en 1896. — Les sta-
tions météorologiques (1) installées par la section d'Orenbourg de
la Société impériale russe de géographie, ont fourni, pour Tannée
1896, diverses données qui permettent de dresser, des tableaux de
la température, des régimes des pluies et neiges, des vents, pres-
sion barométrique, etc.
Nous en extrayons les chiffres suivants sur la température
moyenne mensuelle, durant Tannée 1896 :
Janvier — 18,5 à — 22,9
Février 15,2 » 18,4
Mars 7,2 » 15,6
Avril : -f 0,9 » 3,
Mai 13,9 » + 18,5
Juin 15,1 » 20,8
Juillet 16,5* 21,7
Août 16,5 » 21,7
Septembre 9,7 » 12,7
Octobre 2,5 > 8,7
Novembre — 3,8 » — 11,7
Décembre 14,8 » 17,8
L'année 1896 était plus froide que la moyenne connue des trente-
neuf dernières années.
Les autres tableaux nous apprennent que la plus grande quan-
tité de pluie est tombée à Perme (167 jours); la plus faible, à la
station du lac Ourkatch (51 jours). De même pour la neige :
85 jours, à Oufa; 14 jours seulement à TOurkatch. La plus grande
épaisseur de neige a été constatée, vers le milieu du mois de fé-
vrier, à Birsk, 92 centimètres. Enfin, le dégel des fleuves et
rivières (Oural, Tchagan, Ouy, Biélaya, Kama, Nitza, 1k) a com-
mencé vers la fin avril. Les cours d'eau ont été pris durant la
première quinzaine de novembre. — (Izviestia de la section
d'Orenbourg, Soc. imp. russe de Géographie, fasc. 11, 1897).
Vallées sous-marines de la côte de Californie. — Des sondages
récents ont permis de constater que toute la côte de l'Amérique
du Nord, baignée par l'Océan Pacifique, est entourée d'une zone
d'environ 10 milles de faible déclivité; mais, au delà de cette dis-
tance, elle s'abaisse brusquement; à 50 milles de la côte, on a
relevé des profondeurs de 4,000 et 4,500 mètres.
(1) Ces stations sont : Orenbourg, Ouralsk, Troïtzk, Oufa, Birsk, Irbit, Cha-
drlnsk, Perme, Seïtkoulovo, Blafoviéchtehensk, Ourkatch.
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258 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
Les abords de cette zone de faible déclivité sont entrecoupés de
27 vallonnements sous-marics, nettement indiqués par les travaux
hydrographiques. Dans plusieurs cas, ces vallonnements forment
la prolongation sous la mer des vallées qui y aboutissent; telles
que celles de Monterey, de Carmel et autres. Dans d'autres cir-
constances les deux systèmes de reliefs paraissent rester indépen-
dants : les vallées de King-Peak et de San-Pablo, toutes deux
nommées d'après les montagnes situées à leur origine, ne se rac-
cordent avec aucune dépression sous-marine.
Il existe donc une concordance entre les formes du relief conti-
nental et celles du relief sous-marin. Cependant le principe ne
saurait être admis sans restriction, des mouvements d'affaisse-
ment ou d'élévation pouvant se manifester dans la croûte terrestre
sans être influencés par la présence de la mer (1).
Ce fait de la prolongation des vallées continentales sous la mer
a été constaté dans plusieurs localités, particulièrement sur les
côtes d'Espagne (par l'expédition du Travailleur), à Vigo, à la
Corogne et au Férol. On Ta reconnu aussi sur les côtes de Bre-
tagne. Il en résulte que les formes du relief paraissent rester
indépendantes de la submersion ou de l'émersion.
J. G.
Instabilité du sol dans le delta du Mississipi. — L'œuvre de
l'ingénieur Eads, auteur de remarquables travaux sur les embou-
chures du Mississipi, a été continuée. Des faits récents ont été
observés sur l'instabilité des terres alluviales du delta.
On a découvert en 1877, à Belize, les vestiges' d'une ancienne
construction remontant à deux cents ans, époque de la domination
espagnole. Au moment de la découverte, elle conservait encore sa
position horizontale; mais l'eau passait sous la porte dont le seuil
était immergé de 3 m. 30. Dix-neuf ans plus tard la construction
avait en partie disparu. L'enfoncement était de 330 millimètres
par an.
Non seulement l'instabilité se manifeste dans le sens vertical,
mais elle existe aussi dans la dilatation horizontale. Une base
de 700 pieds avait été mesurée dans le delta; vérifiée quinze ans
plus tard, elle était de 712 pieds. Des repères tracés pour certains
travaux de consolidation ont subi des variations telles qu'on a été
obligé de les abandonner. Cette mobilité du sous-sol est plutôt la
(1) VrocudinQt ofCalif. Acad. Scienceê, 3 »er., Geol. I, 1897.
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 259
conséquence de son affouillement par les eaux sous-jacentes que
par l'élévation du niveau de la mer dans le golfe. Des nivellements
de précision exécutés depuis la côte de la Floride jusqu'à celle du
Yucatan n'ont indiqué aucun changement.
La décharge des eaux fluviales dans le golfe est compensée par
l'évaporation et le courant qui s'échappe par le canal du Yucatan.
La construction des digues a régularisé l'apport des matériaux
accumulés au détriment de la navigation.
I/étendue de la plaine alluviale du delta du Mississipi est telle
qu'à 150 kilomètres en amont de la Nouvelle-Orléans, on retrouve
les mêmes caractères que dans la partie basse. Des puits artésiens,
creusés pour obtenir de l'eau potable, ont fourni des échantillons
de toutes les couches alluviales et dans toutes, jusqu'à la profon-
deur de 350 mètres, on a retrouvé des débris de bois flottés (The
Scottish Geogr. Magazine, mai 1898. — National Geogr. Mag.9
décembre 1897). J. G.
— Dans YAppalachia de mars 1898 (volume VI II, n°IV) M.A.E.
Douglass discute les résultats des 15 principales mesures du Popo-
catepetl (Mexique), prises de 1804 (Humboldt, 5,403 m.) à 1897
(Douglass, 5,436 m.), et des 17 principales mesures de VOrizaba
de 1796 (Ferrer, 5,450 m.) à 1897 (miss Peck, 5,669 m.) et il con-
clut que le Popocatepetl doit avoir 5,384 mètres ±= 15 mètres
(moins que le Saint-Élie) et VOrizaba 5,560 mètres ± 50 mètres
(moins que le Logan). — (Voir C. R.f E.-A. M., février 1898, p. 74.)
Etablissement d'une colonie de Canadiens français au Mexique.
— Une colonie de Canadiens français va incessamment s'établir à
60 milles du port de Tampies, au bord de la rivière de Panuco, sur
des terres d'une fertilité extraordinaire, qui sont aujourd'hui cou-
vertes de forêts vierges.
Le terrain, qui se compose de plaines et de collines, est très
sain et jouit d'un climat très varié. A en croire un ingénieur com-
pétent, il est abondamment arrosé et susceptible de recevoir immé-
diatement toutes les cultures et de donner deux et trois récoltes par
an. Le maïs, le tabac, la banane, le café, l'avocatier, l'oranger, le
citronnier, la canne à sucre, le riz, le coton, la vanille seront les
produits les plus rémunérateurs de ces terres, dont les forêts
vierges sont remplies de bois précieux. L'exploitation de ces bois,
facilitée par les voies de communication fluviales avec Tampico
serait dès mainleuant pour les colons une source de revenus. La
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280 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
ligne de chemin de fer qui, avant deux ans, traversera la colonie,
augmentera les avantages de ce coin du Mexique et sera suscep-
tible d'en faire, avec l'aide des nouveaux colons, un centre com-
mercial delà plus haute importance et un foyer de travail et de vie.
La Compagnie qui s'est constituée pour attirer un courant d'émi-
gration canadienne vers ce pays, s'engage àfournir aux colons, dans
des conditions extrêmement avantageuses, les moyens d'une
installation facile et durable. Elle exige d'eux un capital d'environ
500 dollars par famille, c'est-à-dire la somme nécessaire pour payer
les frais de transport et subvenir aux besoins de la première année;
elle veut en outre que les colons canadiens arrivent sur le terrain
qu'ils exploiteront pourvus des instruments aratoires et des outils
nécessaires au déboisement, qu'ils auront achetés aux Etats-Unis
avant leur départ. — H. F.
Une colonie japonaise au Mexique : — On annonce le prochain
établissement au Mexique, prés du port de San Benito, d'une im-
portante colonie japonaise sur un terrain que le comte Enomoto,
ex-ministre de l'agriculture au Japon, aurait acquis l'an dernier du
gouvernement mexicain. — H. F.
V. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Le lendemain de la séance consacrée au centenaire de Vasco de
Gama, la Société a reçu de Lisbonne, le 26 avril, le télégramme
suivant :
c La Société de Géographie de Lisbonne et la Commission du
centenaire saluent et remercient la Société de Géographie de
France en leur nom et au nom du Portugal pour la grandiose ma-
nifestation en l'honneur du pays et à la mémoire du grand navi-
gateur. Le Bureau : Amaral, Cordeiro, Vasconcellos. »
Tirage d'obligations de la Société. — Voici les numéros des dix
obligations de la Société sorties au tirage effectué le 20 mai 1898 :
213, 300, 323, 347, 466, 517, 689, 778, 799, 848.
Présentation* délivres, cartes, ete. — M. E.-A. Martel présente
et offre de la part de M. Henry Duhamel une brochure sur la Topo-
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 261
graphie du Haut-Dauphiné. Ce sont des notes historiques sur le
massif du Pelvoux, où l'auteur fournit» avec sa haute compétence
alpestre, d'utiles renseignements sur les anciennes cartes de l'Oi-
sans, sur les changements survenus dans ses voies de communi-
cation, sur l'orthographe et la topohomastique de ses montagnes.
Al'occasion de cette publication il importe de rappeler que M. Duha-
mel est Fauteur d'un admirable travail géographique et topo-
graphique, trop peu connu, et dont nos Comptes rendus avaient
jusqu'ici omis de faire mention, la Carte du massif du Pelvoux au
100,00<K
C'est en 1875 que M. Duhamel entreprit, pour ce massif et
entièrement à ses frais personnels, la tâche de rectifier les erreurs
de la carte au 80,000e, que les officiers d'état-major n'avaient ma-
tériellement pas eu le temps ni les moyens de dresser exactement
en 1853, à une époque où l'alpinisme n'était pas né et où les Anglais
Bonney, Tuckett, W hymper, Moore et Walker n'avaient pas encore
commencé la conquête des grands pics de cette région. Alors, en
effet, on n'avait guère réussi à gravir encore que le Grand-Pelvoux
lui-même (capitaine Durand, 1830, et M. Puiseux, 1848). La place
manque ici pour décrire les quatre ravissantes petites feuilles de
M. Duhamel, publiées en 1889 et rééditées avec corrections en 1892.
11 suffira de les comparer aux anciennes éditions du 80,000e et
notamment à l'amplification en couleurs au 10,000", publiée en
1874-1875 par le Club alpin, pour constater les importantes amé-
liorations topographiques et les corrections al tiraé triques fournies
par M. Duhamel. Il suffira surtout de dire que le Service géogra-
phique de l'armée, dans la mise à jour du 80,000% et le Ministère de
l'Intérieur, pour sa carte au 100,000% ont profité, d'accord avec
l'auteur, des nouvelles données mises ainsi par lui à leur disposi-
tion : nomenclature, redressements de thalwegs, contours de gla-
ciers, déplacements de sommets, indication des refuges alpestres,
tracé des nouveaux chemins, etc. Tout cela fait de la carte de
M. Duhamel un travail de premier ordre, absolument original et
personnel, qui a exigé sept années de courses difficiles et dan-
gereuses.
11 est au plus haut degré regrettable que les minutes de M. Duha-
mel n'aient pas encore vu le jour à leur échelle originelle du
50,000e. La réduction au 100,000° est, en effet, indigne d'un pareil
labeur, dont la petitesse actuelle est le seul défaut. Bien des fois
déjà le vœu a été exprimé que le Club alpin français entreprit
cette publication au 50,000° : souhaitons une fois de plus qu'il y
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262 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
défère quelque jour. Non seulement il rendrait ainsi justice à l'un
de ses membres les plus méritants, mais encore il s'élèverait au
niveau utilitaire du Club alpin autrichien- allemand qui, depuis de
longues années, a entrepris et maintenant presque achevé de ma-
gnifiques cartes au 50,000* des grands massifs des Alpes Orien-
tales. Sans empiéter sur les attributions du Club alpin, la Société
de Géographie peut tout au moins accorder à l'œuvre de M. Duha-
mel ces quelques lignes de félicitations rétrospectives et lui recon-
naître une valeur géographique indiscutable.
Histoire de la boussole. — C'est une histoire très étroitement
liée à celle de la navigation hauturière, et par conséquent à celle
des découvertes maritimes, que l'histoire de la boussole. Jus-
qu'au milieu de ce siècle, les historiens de la géographie s'en
sont beaucoup occupés; puis, on a paru se désintéresser de la
question et renoncer à résoudre les difficiles problèmes que les
érudits de l'époque précédente avaient seulement posés. M. Ch. de
la Roncière, qui s'est déjà fait connaître par plusieurs études très
intéressantes sur l'histoire de la marine, a été récemment amené,
par l'examen d'un inventaire de bord remontant à l'année 1294, à
s'occuper des débuts de la boussole dans la Méditerranée occi-
dentale.
Dans une étude pleine de faits (1), il démontre d'une manière
péremptoire que c la légende qu'on a mis deux siècles à bâtir et
qu'on a adoptée ensuite sans discussion ne repose sur rien. Flavio
Gioja est un mythe, la date et le lieu de l'invention sont con-
trouvés >. Ainsi l'histoire de l'invention de la boussole est tout
entière à refaire, et sur les documents originaux; M. de la Ron-
cière a commencé de l'écrire en trouvant l'origine du mot bous-
sole lui-même, c C'est, dit-il, un vocable d'origine sicilienne,
dont le sens primitif est petite boîte de bois, peut-être de buis ».
Happroche-t-on ce mot de la marque de la fleur de lis sur la tra-
montane, — qui n'a pu être apposée sur les boussoles que dans
la partie des Deux-Siciles relevant encore au xiv" siècle des
princes français de la maison d'Anjou, — on est amené à localiser
l'invention de la boussole dans le royaume de Naple6.
Ainsi se trouve définitivement fixé, par des preuves sérieuses,
un point entrevu, mais non certain encore, de l'histoire de la
(4) Un Inventaire de bord en 1294 et le* origines de la mvigatioy l\auturière
Pibliothèqiiedepùcolc des charte; t. LVII1, anm'f 1897).
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 263
boussole. M. de la Roncière a été amené, par l'étude du document
qu'il a découvert, à faire une autre constatation : dès 1294, il y a
à bord du vaisseau le Saint-Nicolas, de Messine, deux calamités
ou aiguilles de mer avec leur attirail, cum apparatibus suis. Quels
sont ces accessoires de la calamité ? C'est ce que le texte ne dit
malheureusement pas.
Du moins peut-on conclure de la juxtaposition de la calamité et
de la boussole dans l'inventaire de 1294 que les dernières années
du xnr siècle sont le moment où la vraie boussole a vu le jour.
Combien de temps cet instrument si précieux a mis ensuite à se
répandre dans les mers du Ponant, c'est ce que M. Ch. de la Ron-
cière esquisse brièvement dans les deux dernières pages de son
travail qui présente un très réel intérêt au point de vue de l'his-
toire de la géographie. — Henri Froidevaux.
Guide pratique pour la recherche et ^exploitation de Vor en
Guyane française, par M. E. D. Levât. —Envoyé par le Ministre
de l'Instruction publique dans les Guyanes, M. Levât avait pour
mission de recueillir, sur ces régions, peu étudiées, des renseigne-
ments géologiques et techniques permettant de faire une étude
détaillée des richesses minérales qu'elles contiennent.
Ces renseignements recueillis pendant un voyage de cinq mois,
ont pu être coordonnés par M. Levât et présentés sous forme d'ins-
tructions pratiques, grâce à ses connaissances géologiques gé-
nérales de l'industrie aurifère.
En résumé, ce volume offre en même temps les caractères d'un
ouvrage scientifique et d'un manuel technique à la portée des
colons.
Au cap Nord. Itinéraires en Norvège, Suède et Finlande (1).
— En présentant cet ouvrago, de la part de l'auteur, le secrétaire
général rappelle les grands services rendus à la géographie et à
la Société par M. Charles Rabot, membre de la Commission cen-
trale, dont la collaboration constante aux Comptes rendus a large-
ment contribué à transformer cette publication.
Pendant dix ans M. Rabot a exploré le nord de l'Europe. Ses
fructueux voyages nous ont valu des ouvrages tels que A travers
la Russie boréale, Aux fjords de Norvège et aux- forêts de Suède,
(1) Paris, lUchelle, 1898,
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26 i COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
sans parler de ta publication des explorations de Nordenskiôld et
deNansen.
La relation, qu'il fait paraître ce mois-ci, constitue un tableau com-
plet de la Scandinavie septentrionale, destiné à renseigner les géo-
graphes et les touristes, qui chaque été visitent en grand nombre
la Norvège.
Le géographe, le géologue, l'économiste feront mieux que glaner
dans ce volume rempli d'informations précises et d'aperçus in-
structifs. L'artiste gardera l'impression de ces tableaux largement
brossés et baignés de lumière, qui, de Torghœtten au Cap Nord,
défileront sous ses yeux en même temps que les scènes si variées
et si pittoresques de la vie au pays des fjords. Le touriste enfin
profitera non seulement de la science consommée de l'explorateur
arctique qui préfère au ton du docteur celui du conteur, mais en-
core de l'expérience personnelle du voyageur, qui n'a pas dédaigné
de grouper dans un appendice tout un ensemble de renseignements
utiles.
Bref, Au cap Nord est tout à la fois un livre attachant, d'une
lecture facile, un recueil d'observations scientifiques et un guide
pratique que les voyageurs et les savants consulteront avec fruit.
De la coordination en géographie, par M. Ludovic Drapeyron.
— En offrant cette brochure, l'auteur s'exprime ainsi : c La So-
ciété de Topographie a, dès son origine, regardé ce qu'on est
convenu d'appeler c les sciences géographiques » comme une
science unique dont les diverses parties bien coordonnées devaient
nous communiquer l'intelligence complète de la terre et de
l'homme. Pour elle, la topographie, cette géographie non seule-
ment expérimentale mais encore concrète, était destinée à servir de
ralliement à ces connaissances d'ordre, en apparence, très différent.
C'est que, à la bien considérer, elle est leur point d'application
commun. Ces phénomènes qui ont pour cause la chaleur du soleil
et pour effet des modifications incessantes dans l'état de l'air et
de l'eau et dans la température du globe, sont dus surtout à l'alti-
tude des lieux dont la topographie étudie la forme, si importante
elle-même en pareille question. La géologie, non moins impor-
tante comme matière première, comme substratum, n'a pas cette
valeur dynamique actuelle, car on sait que c l'écorce terrestre »,
quelle que soit la composition profonde du sol, peut être singu-
lièrement modifiée par l'action atmosphérique. Le climat est, en
somme, la résultante de la topographie. Pour nous, la topographie
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SÉANCES DES 6 ET 20 MAI 1898. 265
est la base de la géographie physique. Etroitement unie à la géo-
logie, mais non pas servilement subordonnée à celle-ci, elle a
pour expression la flore et la faune. L'orographie et l'hydrographie
nous ramènent à chaque instant à cette géographie du dedans et
du dehors. La géographie économique est en liaison intime avec
elle. La géographie politique est en quelque sorte la science des
linéaments du sol, dont elle doit tenir scrupuleusement compte,
si elle veut faire œuvre bienfaisante et durable. Ce serait donc
faire fausse route que de séparer formellement ces géographies,
de les distinguer en scientifiques et en littéraires. Tout y doit, en
définitive, être rauieué à la science proprement dite. >
m fondation» «iveraea. — M. Cb. E. Bonin qui a quitté le
Tonkin en mars pour gagner Shanghaï, point de départ de sa tra-
versée de la Chine, écrit : c J'ai trouvé à Hanoï le concours le plus
empressé auprès des autorités pour l'organisation de ma mission.
J'emmène avec moi quinze soldats annamites, armés et équipés par
le Protectorat , dont plusieurs m'ont déjà accompagné dans mes pré-
cédents voyages. J'aurai soin de vous écrire pour vous tenir au
courant des travaux de l'expédition. >
— M. Bonnel de Mézières, accompagné de MM. Louis Martel,
Raymond Col rat, etc., est parti d'Anvers le 6 mai pour Matadi
(Congo). Cette mission est envoyée par le Syndicat français du
bassin du Tchad dont M. Etienne Vatel est le président. Elle
compte retrouver la mission de M. de fiehagle et marcher d'accord
avec elle, dans la même direction, celle du Tchad.
M. Bonnel de Mézières pensait être en juillet à Bangui.
— Le 7 mai a eu lieu, au Cercle artistique et littéraire de la
rue de Volney, une soirée intime où ont été produites dans une
série de projections les photographies rapportées par notre col-
lègue, M. Eugène Gallois, du voyage accompli par lui en Asie
durant l'hiver 1896-1897.
Nécrologie. — La Société a appris la mort de quatre de ses
membres : MM. Loge rot, Castonnet des Fosses, Yersepuy et comte
de Carnide.
If. Logeroty qui comptait parmi les amis les plus fervents de la
Société, a tenu à compléter, par testament, les dispositions géné-
reuses qu'il avait prises en 1878. On sait qu'en souvenir de son
SOC. DE GiOGR.— C R. DES SÉANCES.— !«• 5. — Mai. 19
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266 COMPTES RENDUS DES SEANCES.
père il avait fondé à celte époque le prix Auguste Logerot, dé-
cerné tous les deux ans pour un voyage ou comme secours aux
explorateurs. Il lègue à la Société eu nue propriété, jusqu'à la fin
de l'usufruit de Mme Logerot, une somme de mille francs de
rente, qui permettra de rendre ce prix annuel.
Avertis trop tard du décès de M. Logerot, nous n'avons pu
qu'adresser à Mme Logerot l'expression de notre reconnaissance
et de notre respectueuse sympathie.
M. Castonnet des Fosses, membre de la Société depuis 1875,
disparaît à l'âge de 52 ans après de cruelles souffrances. Sa plume
active abordait les sujets les plus divers, mais ses préférences
allaient surtout aux questions coloniales et aux études de géo-
graphie historique. Il terminait une étude sur Vasco de G a m a,
quand la mort Ta enlevé.
Aux obsèques de notre regretté collègue, la Société était repré-
sentée par son secrétaire général.
M. Arnold Versepuy LMb. 1896], décédé à Monte-Carlo le
13 mai 1898 à l'âge de 36 ans, était frère de l'infortuné explora-
teur qui succomba aux fatigues de la traversée de l'Afrique équa-
toriale.
M. le comte de Carnide, ancien ministre plénipotentiaire de
Portugal, décédé le 27 février dernier à Carnide, près de Lisbonne,
appartenait à la Société depuis 1877.
Séance du 6 mai 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Raymond Colrat; Henri Berger; Georges Edmond Laurent.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Edmond Tarbé des Sablons (baron Hulot et Edouard An-
thoine) ; — Henry Vignaud, premier secrétaire de l'ambassade
des États-Unis (Gabriel Marcel et Henri Cordier) ; — le prince
Bojidar Karageorgevitch ; William Manés, lieutenant de vaisseau
(Emile Vedel et Henri Cordier).
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j
SÉANCES DES 6 ET 20 MM 1898. 267
Séance du 20 mai 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. Edmond Tarbé des Sablons; Henry Vignaud; le prince
Bojidar Karageorgevitch ; William Manès.
CANDIDATS PRESENTES
MM. André comte de Castéja (marquis de Bassano et comte
Emmanuel de Castéja) ; — Adolphe Joseph Jugla (baron Hulot
et Jules Girard); — Armand Janet, ingénieur des constructions
navales (baron Jules de Guerne et Edouard Blanc).
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BILAN
DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
Au 31 décembre 1897.
Actif.
Hôtel boulevard Saint-Germain 408 156 01
Mobilier 34 118 24
Bibliothèque 1 •
Valeurs mobilières 743 809 08
Service des prix et des souscriptions. Comptes débiteurs. 5 655 50
De Rothschild frères. Solde créancier 7 944 30
Mirabaud, Puerari et Cu. Solde créancier 39 150 06
— compte legs Poirier. Solde créancier. 13 698 »
Espèces en caisse 3 672 92
1 256 205 10
Déficit au 31 décembre 1896 48 962 15
Redressement 287 50
49 249 65
A déduire legs divers 39 672 48
9 577 17
Déficit 1897 7 450 29
Moins recettes exceptionnelles... 2 400 » 5 050 29 14 627 46
1 270 832 56
Passif.
Capital différé 157 200 »
Emprunt obligations 266 700 »
Obligations amorties 33 300 »
Fondations diverses 743 209 08
Coupons restant à payer 6 329 22
Obligation emprunt 1877 restant à payer 301 13
Obligations remboursables reslant à payer 1 200 *
Service des prix et souscriptions. Comptes créanciers 51 749 33
Divers à payer 10 568 80
Divers 275 »
1 270 832 50
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ÉTAT DKS RECETTES ET DÉPENSES
DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
Pendant l'année 1897.
RECETTES.
Location de salles: ... 9 ix î »
Revenus divers Sût 3*.>
Cotisations, diplômes et dons :
Cotisations arriérées 2 432 45
— courantes 46 185 |
— anticipées 605 50
Diplômes 3 475 i
Dons 3 110 50 55 808 45
Abonnements, vente des publications et divers 3 137 40
Allocation des Ministères 2 700 ,.
Divers .' J*3 39
Total des recettes 7t ;s,.i ^;:
Déficit 7 450 29
79 304 9S
DÉPENSES.
Service de l'emprunt 13 562 97
Entretien de l'hôtel 7 *42 49
— du mobilier 381 45
Bibliothèque , 1 mi 20
Frais de recouvrement des cotisations 1 945 55
Impressions et publications :
Comptes rendus des séances, Bulletins trimestriels (textc
et cartes) 11 678 35
Frais d'envoi 2 510 91
Impressions diverses. — Cartes 200 » 14 389 26
Secrétariat 4 «39 72
Frais généraux :
Personnel, assurance, chauffage, éclairage, eau, contribu-
tions, etc., etc îlî 379 60
Prix divers 1 578 65
Séances, expositions, élections, banquet 8 201 03
Total des dépenses 79 304 92
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270 0DVRAGB8 OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Mai 1898
GÉNÉRALITÉS- — J* G. Rolland. — Paléoethnologie. Etudes sur les
temps préhistoriques des silex taillés. — De l'origine de l'homme.
Paris, 1898, 1 vol. in-8. Ch. Mendel, éditeur.
Dans la prélace, l'auteur dit que son « principal but en écrivant
cette étude préhistorique a été de donner aux personnes peu ini-
tiées aux sciences, aux profanes, un aperçu succinct de l'origine et
de la progression de l'humanité, et aux amateurs de silex préhisto-
rique un moyen de classement méthodique des pièces de leur col-
lection... ».
La clarté et la précision de l'exposé semblent promettre que ce but
sera atteint.
Ludovic Drape ïron. — De la coordination en géographie (Revue 4e
Géographie). Paris, Delagrave, 1898, broch. in-8. Acteur.
Sam del Edward Dawson. — The voyages of the Cabots. Latest phases
of the controversy (Transactions k. Soc. of. Canada, 1897). Ottawa
(London, Quaritch), 1897, 1 vol. in-8. Auteur.
H. Brunnbr. — Antarktis. Wege und Ziele der Forschung inder Sûdpo-
larregion (Neue Zurcher Zeitung). Broch. in-8. Auteur.
Svenska Turistfôreningens arsskrift. Stockholm, 1889-1897. Echange.
Yerhandlungen der Konferenz der Yorst&nde deutscher meteorologischer
Centralstellen zu Berlin, vom 13. bis 17. Oktober 1897. Berlin, Asher,
1897, opuscule in-8. Echange.
Ces. Tondini de Quarenghi. — La question du calendrier À la un du
xix* siècle. Contenant : la réforme du calendrier d'après un évêque
orthodoxe roumain; texte et analyse du décret de Nicée sur laPàque;
les projets de réforme, bulgare et serbe... notice sur le méridien de
Jérusalem; documents et tableaux divers. Bucarest, Sôcecu, 1898,
1 vol. in-8. Auteur.
Gabriel Carrasco. — Influencia de las manchas del sol en las crecientes
extraordinarias de los rios del Plata. Estudio presentado al congreso
cientiûco latino americano de Buenos Aires. Buenos Aires, 1898,
opuscule in-8. Auteur.
Oscar Leal et Cyriaco de Norbega. — Um raarinheiro do seculo XV.
Romance historico sobre a descoberta da India. Funchal, 1898, 1 vol.
in-8. Auteurs.
EUROPE- — Henry Duhamel. — La topographie du haut Dauphiné.
Notes historiques sur le massif du Pelvoux. Communications entre
Oisans et Briançonnais. Avec une carte. Grenoble, opuscule in-8, avec
carte. Auteur.
Henri Gadeau de Kerville. — Les vieux arbres de la Normandie.
Etude botanico-historique. Fasc. I, II (Bull. Soc. des Amis des »c.
nat. de Rouen, 1890, 1892). 2 vol. in-8. D. Bem.kt.
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SÉANCES DES 6 RT 20 MAI 1898. 271
Ministère des travaux publics. Mémoires pour servir à l'explication de
la carte géologique de la France. Étude sur la constitution géolo-
gique de la Corse, par M. Nentien. Paris, Impr. nat., 1897, 1 vol.
in-4. Ministère des travaux publics.
N. A. Bogoslovski. — Quelques observations sur les sols de la Grimée
{Bull. Comité géologique, t. XVI). Saint-Pétersbourg, broch. in-8 (en
russe). Auteur.
Edouard Deiss. — A travers l'Angleterre industrielle et commerciale.
Paris, Guillaumin, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Birmingham, Redditch, Sheffleld, Manchester, Liverpool, Edim-
bourg et Glasgow sont les centres visités et décrits dans ce volume
par M. Deiss. A côté de l'exposé technique de l'état des diverses indus-
tries (bijouteries, poteries, filatures, aciéries), on trouve dans cet
ouvrage des indications très précises sur le fonctionnement des écoles
professionnelles, fonctionnement et constitution des sociétés indus-
trielles, chiffres indiquant la valeur et les montants des transactions
et nombre de renseignements sur des usines ou manufactures, étu-
diées sur place par l'auteur qui semble n'avoir rien négligé pour pré-
senter un tableau fort instructif des forces industrielles de la Grande-
Bretagne. Un grand nombre de photogravures et des cartes ornent
cet intéressant ouvrage.
Hbikrich Gaedertz. — fietrachtungen ûber die Zukunft Lubecks. Vor-
trag. Lubeck 1898, broch. in-8. Société de géographie de Lubeck.
Gh. Rabot. — Au cap Nord. Itinéraires en Norvège, Suède, Finlande.
Paris, Hachette, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Aktoine Salles. — Voyage au pays des fjords. Paris, Pion, 1898, 1 vol.
in-8. Auteur.
t ... Ce que j'apporte ici n'est point une étude générale mais unique-
ment une description physique de la Suède et de la Norvège. J'ai
choisi, parmi les itinéraires qui s'offraient à moi celui qui m'a paru
le plus fréquenté, le plus aisé à parcourir, en même temps que le
plus intéressant, et je me suis appliqué à en noter les étapes au jour
le jour... » (Avant-propos de l'auteur.)
Le musée d'ethnographie Scandinave à Stockholm, fondé et dirigé par
le Dr Arthur Uazelius. Stockholm, 1879, opuscule, in-8.
— Publications du musée, 1881-1896. Stockholm. 12 opuscules in-8.
Direction.
ASIE» — N. Yadrintzeff. — La Sibérie comme une colonie, sous les
rapports géographique, ethnographique et historique. 2e édition,
corrigée et augmentée. Saint-Pétersbourg, 1892, 1. vol. in-8.
Guide pour le voyage de S. M. le prince héritier de Russie: Route
fluviale de Tomsk à Omsk. — De Yladivostock à Ouralsk. Saint-
Pétersbourg, 1891, 2 vol. in-8.
V. I. Semenoff. — Une route oubliée d'Europe en Sibérie. L'expédition
de l'Yenisseï, en 1893. Saint-Pétersbourg, 1894, .1 vol. in-8 (en russe).
A. I. Makcheff. — Etude historique du Turkestan et de son occupa-
tion par les Russes. Saint-Pétersbourg, 1890, 1 vol. in-8 (en russe).
A. Boppe.
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272 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Abbé Tu. Vazeux. — Abrégé de géographie de la Syrie et de la Pales-
tine. Beyrouth, 1896, 1 vol. in-8. Auteur.
Dr E. Lefèvre. — Un voyage au Laos. Paris, 1898, vol. in-8.
Plon, Nourrit et Cu, éditeurs.
Le Dr Lefèvre faisait partie delà commission franco-anglaise chargée,
en vertu du protocole signé à Paris en 1894, de délimiter les fron-
tières des possessions de la France et de l'Angleterre sur les rives du
Mékong (mission Pavie). C'est pendant l'enquête opérée sur place par
les commissaires et au cours de ses voyages isolés, que M. le Dr Lefèvre
a recueilli ces notes destinées à faire connaître le haut Laos et per-
mettront de se rendre compte de ce que valent les régions que nous
avons héritées du Siam. L'ouvrage est accompagné d'un très grand
nombre de gravures et d'une carte.
Louis Imbert. — Notes sur la Gochinchine (Bull. Soc. géogr. comm. de
Bordeaux). Bordeaux, 1898, broch. in-8. Auteur.
AFRIQUE. — Lionel Dec le. — Three years in savage Africa. With
100 illustrations and 5 maps. London, Methuen, 1898, 1 vol. in-8.
Auteur.
La Société de Géographie, qui a eu la primeur de diverses commu-
nications de M. L. Dècle, a rendu, à différentes reprises, hommage à
l'explorateur africain. Des lettres de M. L. Dècle ont paru dans les
Comptes rendus, années 1893 et 1894. M. Maunoir, dans ses Rap-
ports annuels (1893 et 1894) a signalé les résultats généraux de cette
exploration de trois années en Afrique. Il reste encore à souhaiter
que l'œuvre de M. Dècle, œuvre d'un Français chargé d'une mission
par le Ministère de l'Instruction publique, trouvât un éditeur pour
la publier dans la langue maternelle du méritant explorateur.
Fernand Foureau. — Mon neuvième voyage au Sahara et au pays
touareg. Mars-juin 1897. Rapport adressé à M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique et à la Société de Géographie. Paris, Challamel, 1898,
1 vol. in-8. * Auteur.
Mlriam's illustrated guides. A complète description of the island of
Grand Canary and of the town of Las Palmas. With much useful
information... by L. de B. Sens, impr. Goret, 1 vol. in-8.
L. de Belabre.
République française. Annuaire de Madagascar et dépendances. Année
1898. Tananarive, impr. officielle, 1898, 1 vol. in-8.
Gouvernement général de Madagascar.
Le gérant responsable :
Hulot,
Secrétaire général de la Commission Centrale.
BOULEVARD 8AINT-GBRMAIN, 184.
5450.— L.-Imprimeriet réunies, B, rue Mignon, 8.— Mottbroz, directeur.
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RECE1VED.
SEP 5 1838
PEA6UDY MUSEUiV*.
i898 IV" « ti ï - Jais et Juillet. Page 273
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
I. — SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898
3 jixixx
PRÉSIDENCE DE M. ANTHOINE
Vice -Président de la Commission centrale.
Au début de la séance, le Président présente les excuses du
Secrétaire général indisposé, puis il demande à rassemblée de
s'associer au bureau pour adresser de vives félicitations au général
Gallieni, nommé grand-officier de la Légion d'honneur.
Des présentations d'ouvrages sont faites par MM. Alfred Bertrand,
A. de Lapparent, H. Froide vaux (Voir Chronique de la Société).
Au cours de la séance, M. de Brazza, arrivé récemment
d'Algérie, entre dans la salie. Le Président signale sa présence, le
fait asseoir au bureau, et lui dorme la parole pour une importante
communication. Le fondateur du Congo français s'exprime en ces
termes :
c Messieurs, mon premier soin, en arrivant d'Afrique, a été de
me rendre à la Société pour faire part des nouvelles concernant la
mission Gentil, qui a descendu par deux fois au lac Tchad avec
une canonnière. C'est là un événement considérable pour l'avenir
de l'expansion française au nord du Congo français et dans toute
FAfrique centrale. M. Gentil est actuellement en mer, et c'est le
1% ou le 14 de ce mois qu'il arrivera à Marseille.
c J'espère que la Société aura là des résultats importants à en-
soc, dkgéogr.—c.b. des séances.— wM6 et 7. —Juin et Juillet. 20
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274 COMPTES RENDUS DES SÉANCES. ,
registre!*, et qu'elle recevra avec honneur l'homme qui pendant
trois ans a tenu haut et ferme le drapeau de la France (1). »
Le Président répond combien il est heureux des nouvelles que
M. de Brazza vient de donner, avec sa haute autorité, sur la con-
quête pacifique du lac Tchad, c Le bureau de la Société ne man-
quera pas de convoquer les membres à une réunion, où nous aurons
tous à applaudir le chef de cette brillante expédition ainsi que
ses vaillants compagnons. >
Boacie dm Niger. — Mission Bretonnet — Le lieutenant de
vaisseau Bretonnet rend compte de la mission, dont il fut chargé
en 1897 par M. le gouverneur Ballot et qui consistait à occuper
les territoires de la rive droite du Niger, de Say à Boussa, pen-
dant que la mission Baud etVermeersch opérait à gauche et se ren-
dait au Gourma, c pour défendre nos droits sur ce royaume et
assurer la jonction du Dahomey au Soudan». C'est ce que M. Ver-
meersch a déjà exposé ici (Ci?., 1898, pag. 1 71 et suiv.) ; avec la re-
lation de M. Bretonnet et ce qui a été dit déjà de la mission de
MM. Voulet et Chanoine (C.R., 1897, pag. 301-305, 354-355), à la
fin de 1896, les grandes lignes des opérations dans la boucle du
Niger sont maintenant tracées.
Parti du Dahomey avec M. Baud et M. le gouverneur Ballot, qui
avait organisé les deux missions, M. Bretonnet se sépara de la mis-
sion Baud et Vermeersch pour marcher au nord-est. 11 était accom-
pagné de MM. Caron, de Bernis et Carrero (ces deux derniers sont
morts au champ d'honneur). Les forces, dont le commandant Bre-
tonnet disposait, ne consistaient qu'en une centaine de tirailleurs
parmi lesquels 30 Sénégalais. C'est avec cette petite troupe qu'il
put atteindre le moyen Niger, à Ilo, établir une suite ininterrompue
de postes entre Carnotville et ce dernier point, entrer à Kandi, où
d'abord il fut reçu à bras ouverts ; mais, tandis que le roi de Boussa
lui demandait de venir à son secours, pour le délivrer d'un compéti-
teur, le roi ou prince Corra, des émissaires de Samory avaient passé
à Gomba pour soulever le pays. A partir de ce moment, ce n'est plus
qu'une succession ininterrompue de combats et de sièges (assaut
et prise deOuaoua, assaut et prise de Kandi, etc., etc.), où la pe-
(1) Les Comptes rendus des séances de mai paraissant eu juin, nous avons pu-
donner dans le chapitre Nouvelle» géographiques des détails sur la mission Gentil,
dont il n'avait pas encore été parlé en séance. M. Gentil a dû retarder d'un mois-
son arrivée en France.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 275
tite troupe fit des prodiges de valeur. Enfin Niki, la capitale du
Borgou,fat occupé militairement par nos soldats que les indigènes,
témoins de leur vaillance, déclaraient c invulnérables > (févr.
1897). Ils s'étaient maintenus dans leurs positions et purent résister
à toutes les attaques jusqu'au jour où ils furent rejoints par la
colonne du commandant Ricoud, chargé de leur prêter main-forte.
c Je regrette tout particulièrement, dit le Président, que M. Le
Myre de Vil ers, empêché, n'ait pu présider cette séance : sa parole
d'ancien officier de marine, d'ancien gouverneur de nos posses-
sions d'outre-mer, eût été autrement autorisée que la mienne
pour apprécier l'œuvre du conférencier.
t Mon commandant, vous appartenez à cette phalange d'officiers
qui depuis quelque vingt-cinq ans, ont, avec une merveilleuse
énergie, semé aux quatre coins du monde le dévouement à la
patrie et l'héroïsme. Vous avez jeté votre dévolu sur la terre
d'Afrique; vous nous en rapportez des résultats de premier ordre.
— Nous vous devons, en effet, la conquête de cet espace compris
entre Le Dahomey et le Niger, au delà du 9e parallèle. C'est à
vous également que nous devons, avec l'action simultanée de la
mission Baud et Vermeersch, d'avoir vu en quelque sorte sceller
la prise de possession de cette boucle du Niger, dont l'importance
est devenue capitale depuis qu'elle a été reliée au Soudan par la
mission du capitaine Voulet et du lieutenant Chanoine. Tout cela
constitue, je le répète, une œuvre de premier ordre.
c Mais, j'ai un reproche à faire à votre récit, mon commandant.
Vous êtes vraiment trop modeste dans ce que vous nous livrez de votre
part personnelle. Nous savons heureusement tout ce qu'elle com-
porte d'abnégation, de courage et d'héroïsme, c'est le véritable mot.
c Si nous tenons tant à le relever, c'est que, plus que jamais,
à l'heure actuelle, tout près encore d'un moment navrant où nous
avons vu l'armée, drapée dans une superbe dignité, obligée de
rester la grande silencieuse, nous éprouvons le besoin d'acclamer
les actes de ses enfants, actes qui parlent si éloquemment pour
leur bouche muette, et de leur dire, du fond du cœur, avec un
pieux souvenir à ceux de leurs frères tombés en route : c Merci
pour ce que vous avez fait pour la patrie l > (Applaudissements.)
Voyage ehex les Sakalave» du «ad-oaest et ehex les
Baret. — M. Bastard résume ainsi sa communication :
c J'ai choisi, comme sujet de ma conférence, les peuplades du
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276 COMPTES RENDUS DBS SEANCES.
sud-ouest rebelles encore à noire influence. Ce sujet me paraissait
offrir un intérêt particulier d'actualité, puisque le général G al lie ni
va lui-même aujourd'hui diriger une colonne destinée à soumettre
définitivement les turbulents indigènes de ces régions. Toutefois
mes voyages n'ont pas été limités au sud-ouèst seul : j'ai vu aussi
le nord-ouest, le centre et l'est de notre colonie, et les observa-
tions faites dans ces excursions me permettent de comparer entre
elles diverses régions de l'île et diverses populations.
c C'est ainsi que j'ai visité en 1896 :
c 1' La vallée et les collines du nord de la Betsiboka afin de
faire des fouilles à la hauteur de Maevarano entre Majunga et
Marovoay ;
c 2° Le sud de la baie de Bombetoke, Katsépé et les environs;
c 3° La Loza, Antsohihi, Maevarano, et la région est de la baie
de Marinda. Dans ce voyage j'ai pu constater que rAntsiosqnmo-
rona et le Droa avaient leur embouchure dans la Loza beaucoup
plus au sud-ouest que ne l'indiquaient les cartes, et que le grand
village d'Antsohihi, marqué d'habitude sur l'Antsinsonmorona, en
est en réalité éloigné de 25 kilomètres dans le nord ;
c 4' Excursions dans la baie de Mahajamba et visite aux mines
arabes de l'Ilot de Nosy Longany en face de l'embouchure de la
Sofia.
t Toutes ces excursions avaient pour but principal les recherches
paléontologiques dont j'étais chargé.
c Enfin au mois de septembre, après avoir recruté quelques
porteurs à Morondava, je me fis transporter à Tune des embou-
chures du fleuve Mangoky, au village appelé Àmbohibé.
c D'Ambohibé, malgré la mauvaise volonté des chefs indigènes,
qui essayèrent en vain de me dissuader d'avancer dans l'intérieur
et me suscitèrent constamment des entraves, je pus explorer la
vallée du fleuve jusqu'à Vondrové. J'avais vu, en passant, le vieux
roi N'Driaraanango, et plusieurs de ses fils ainsi que le roi Reafy,
et traversé leurs nombreux villages.
c La vallée du fleuve est extrêmement fertile. C'est une série de
bouquets de bois entremêlés de hautes herbes et de cultures à
l'entour des villages (mais, manioc, patates). A environ 40 kilo-
mètres de la côte et dirigée parallèlement à elle, une bande im-
portante de forêt borde le fleuve, dont le courant a bien alors
600 mètres de large avec 1 m. 40 de profondeur dans le chenal.
Le fleuve roule une énorme quantité de sable, qui rend son cours
absolument instable. Un peu avant Vondrové il est bordé de la-
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898.
277
g un es saumâtres. Arrêt de quelques jours à Vondrové, gros village
sur la rive droite du Mangoky, et exploration des environs ; en
particulier reconnaissance de l'embouchure du Sikyly à un mille
environ en aval de Vondrové. Le Sikyly est le dernier affluent dé
gauche du Mangoky.
L+im+rccft.
f<«^\] P»«nar*ntsoa°
H*sy Vm
Publit p«r la Société je Géo£r«j>hie_
c Je me remis en route avec l'intention de gagner Tuléar en
traversant le Fiherenana inexploré.
c Je passai donc de nouveau le Mangoky, large de 300 à
400 mètres, et, après une bonne étape, ayant rejoint le Sikyly, je
remontai le cours de cet affluent pendant une dizaine de milles.
c Abandonnant le Sikyly et traversant un vaste -plateau, où la
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278 COMPTES RENDUS DB8 SÉANCES.
mission faillit être dévalisée par une bande de Fahavalos, j'arrivai
dans les montagnes Bemahara, à des villages, moitié bares, moitié
masikoros, mais surtout repaires de brigands. Puis, sortant des dé-
filés montagneux par le lit de la Tivorene, torrent pittoresque qui se
perd dans les sables avant Betioke et reparaît plus loin pour finir
enfin en des marais près d'Ankileloaka, je gagnai la rivière de Ma-
nombo. La mission avait visité en passant les nombreux villages
de Tompomanana. Elle passa enfin par les terrains marécageux et
boisés d'Andranobe ; l'avant-dernière étape fut au village de Maro-
miandroky sur les bords de la Fiherenana, qu'elle franchit le len-
demain pour arriver en quelques heures à Tuléar.
c De Tuléar à Ianatsony ou Saint-Augustin, il n'y a qu'une
journée de marche.
c J'avais réussi ce premier voyage d'exploration dans le sud-
ouest et je rapportais de nombreux documents sur cette région et
sur ses habitants.
c Tout en prenant alors quelque repos à Nosy Vé je me pré-
parais à faire un voyage au pays des Bares ou Baras avec l'inten-
tion d'y passer la saison pluvieuse si cela m'était possible. De
concert avec le résident Estébe, j'essayai d'amener le roi Tompo-
manana à me fournir des porteurs et à me faciliter le passage à
travers le Fiherenana par la vallée du Manombo.
« De loin, Tompomanana promit tout ce qu'on voulut, mais dès
que je fus à Manombo avec mes bagages, il me fit piller et lorsque
j'allai chez lui pour lui reprocher sa mauvaise foi, il me reçut
avec des menaces de guerre.
c Le pauvre roi croyait ainsi ra 'empêcher d'aller visiter les
Bares, ses ennemis !
c Voyant bien qu'il n'y avait pour l'instant rien à faire avec les
Sakalaves et qu'ils avaient, au contraire, envie de me barrer la
route, je revins à Tuléar. Là, je réorganisai ma pacotille et re-
crutai vivement trente Betsileos, anciens mcuramiles de Bana-
valo, dont je fis à la fois des partisans et des porteurs. Avec une
charge raisonnable, ils portaient en plus un fusil, dont je les avais
armés, et soixante cartouches chacun. J'eus à me louer dans la
suite de cette combinaison. Ainsi équipé, j'eus vile fait de franchir
le pays des Sakalaves et j'arrivai sans encombre à Manera, premier
village bara sur la Fiherenana. De Manera je me rendis à petites
journées jusqu'à Ankazohabo, capitale de impoinimerina, roi des
Bares lmamonos.
c Je séjournai deux mois à Ankazohabo, et plus ou moins long-
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SÉANCES DE JUIN ÇT DE JUILLET 1898. 279
temps dans d'autres villages bares, explorant cette fertile contrée
et me livrant à mes recherches d'histoire naturelle.
c A la fin d'avril 1897 je revins à la côte.
c Dans ce voyage chez les Bares Imamônos j'avais complètement
reconnu la vallée de Hlovo, qui, avec ses nombreux petits affluents,
arrose ce plateau des Bares et se jette enfin dans la Fiherenana un
peu en amont de Manera ; reconnu aussi la Sakanovaka, affluent,
encore ignoré, du Mangoky.
« J'avais pu en outre me rendre compte du systfcme des monts
Bemahara dont quelques sommets atteignent plus de 600 mètres
et d'où, à peu de distance l'une de l'autre, sortent les deux ri-
vières de Manombo et de Sikyly.
c De retour à Tuléar, je gagnai par mer la baie des Assassins
et Morombé pour m'y livrer à des recherches paléontologiques.
Atteint de la dysenterie, je dus de nouveau venir me soigner à
Nosy Vé.
c Aussitôt rétabli, je commençai mes préparatifs pour le grand
voyage que je méditais de faire à travers 111e, de Tuléar à Tama-
tave en passant par Antsirabé et Tananarive, où j'avais mission de
séjourner et de faire des fouilles. La révolte du roi Tompomanana
et des Sakalaves du Fiherenana survint alors et me retarda, car je
me mis à la disposition du résident Estèbe, qui, avec très peu de
moyens, résolut d'aller châtier immédiatement le roi.
c Pendant le mois de juillet 1897, je lis donc campagne. Le
7, notamment, je pris part à plusieurs combats dans l'un des-
quels Estèbe fut blessé et moi aussi, mats le soir nous avions
pris le grand village de Tompomanana. Après l'arrivée d'une
compagnie sous les ordres du capitaine Geisiz, je jugeai que
le moment était venu de me mettre en route et, le 13 août, je
quittai la côte à la baie de Saint- Augustin. Ayant réussi à traverser
la bande du territoire occupée par les Sakalaves révoltés et à forcer
le roitelet Manangara à me livrer passage, je gagnai le Sakoudry
et le pays des Antanos émigrés. Je séjournai quelque temps entre
le Sakoudry et la Tahesa et, en divers endroits, je pratiquai des
fouilles, qui me procurèrent d'admirables échantillons de coquil-
lages fossiles. Puis je regagnai le sud du pays bara. Enfin mes re-
cherches, entre le Sakoudry et son affluent le Mido, étant termi-
nées, je me dirigeai vers la Sakaray, que j'atteignis à Mandatany.
c Là commence la forêt d'Itsombito qui se prolonge jusqu'aux
sources de la Fiherenana. C'est en remontant la vallée de cette ri-
vière depuis les villages de Kilindo, que je visitai le roi Varan-
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280 C0MPTE8 RENDUS DBS SÉANCES.
gotra frèro d'impoinimerina et que j'atteignis le pas des Baras Bé.
« Les Baras Bé étaient en partie soulevés et attaquaient, me disait-
on, le poste de Kamohira où je comptais aller me reposer quelques
jours. Les nouvelles quoique mauvaises ne pouvaient influer sur
mes projets et je continuai ma route vers les monts Isalo.
c La rivière Fiherenana et le Malio sortent des contreforts de
Tlsalo à peu de distance Tune de l'autre. La première, prenant
tout de suite vers le sud-ouest, va se jeter à la mer un peu au
nord de Tuléar après avoir reçu : à gauche, la Reroha, l'Andra-
nomena, la Manamboara, la Sakaray et la rivière de Vineta ; à
droite, la Fitory et Plloro qui est le plus important de ses affluents.
Aussitôt que j'eus passé la Malio, large d'une soixantaine de mètres
seulement et nullement profonde» je commençai à gravir lente-
ment Tlsalo. La chaîne de Tlsalo, se présente, dans l'ouest, avec
une succession de plateaux à pente relativement douce, tandis que
dans l'est c'est un mur à pic.
< Ranohira, capitale de l'ancien roi des Baras Bé, Ramieba, est
cachée au pied de ce mur à pic, à l'entrée d'une gorge étroite,
d'où sortent des ruisseaux torrentueux qui forment la Manamaty.
c J'arrivai à Ranohira quelques jours après que ce poste avait
été attaqué par 300 Bares qui avaient été repoussés avec pertes.
De Ranohira à Ihosy, plateaux nus et tristes. Après avoir des-
cendu la chaîne d'Iharombé, j'arrivai à Ihosy. De là je me déter-
minai à me diriger vers le nord et à gagner Midongy. Marécageuse
et resserrée, à la hauteur du fort, la vallée de l'ihosy s'étale vers
le nord en une plaine fertile très peuplée (villages nombreux :
Satrokale, Azoroe, Manasoa, Maroazo, Ambatanena, Kandakoly,
Àmbatomita, Angaviavi, etc.).
c Je quittai l'ihosy au moment où cette rivière fait un coude
vers l'ouest pour aller se jeter dans le Mangoky, et plusieurs jours
de marche vers le nord m'amenèrent à Jsalaje au bord même du
Matsiatra ou haut Mangoky.
c J'avais rencontré en chemin le Tsimandao, affluent de droite
de l'ihosy ; et, dans une région très riche en roches micacées,
une série de ruisseaux : l'Ambaratata, l'Ihonarivo, etc., et enfin le
Manantanana, rivière importante qui se jette dans le Mangoky un
peu à l'ouest d'Ambodirano. Enfin d' Jsalaje je gageai Midongy.
La partie dangeureuse de mon voyage était parcourue. Passant
par Itremo et Ambositra j'étais à Antsirabé à la fin d'octobre.
Trois mois de séjour à Antsirabé, pendant lesquels je me livrai à
. des recherches assidues et fructueuses sur les gisements de fos-
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 281
si les, abondants dans celte région. J'étais à Tananarive vers la un
de janvier 1898. Après quelques jours passés dans la capitale, je
partis pour Taraatave où j'arrivai le 13 février ayant traversé l'île
du sud-ouest au nord-est.
c Ma mission se trouvait être ainsi terminée. >
Le Président à M. Bas tard : c Le souvenir des épreuves qu'il
nous a fallu subir pour asseoir notre autorité définitive à Mada-
gascar nous a laissé d'autant plus intense le souci de voir succéder
à l'ère des difficultés celle de Faction féconde,.
c C'est vous dire, monsieur, combien est grande notre reconnais-
sance aux hommes d'énergie qui, comme vous, vont sonder cette
terre nouvelle, y faire apprécier nos intentions, y préparer le
champ à exploiter pour nos compatriotes. Et là, comme partout
où nous avons à suivre nos explorateurs, lorsqu'ils vont étendre
toujours un peu plus loin la saine influence de la France, nous
avons la légitime fierté de constater que, aussi bien sous le veston
du civil que sous le dolman de l'officier, c'est toujours le même
cœur intrépide et dévoué qui bat et qui les guide dans la marche
en avant. Au nom de la Société de Géographie, je vous remercie. »
±7 jvtirL
PRÉSIDENCE DE M. GABRIEL MARCEL
Vice-président de la Comraisaion Centrale.
M. François, consul de France, qui devait faire une conférence
sur le Tonkin et la Chine (Du Tonkin à Canton par les rivières du
Quang-si) étant malade, s'excuse de ne pouvoir venir à la séance.
Le Secrétaire général exprime les regrets de la Société et le
souhait que M. Frauçois, promptement rétabli, puisse faire, après
les vacances, le récit de cette importante exploration.
Le Président souhaite la bienvenue à M. Ferreira, premier se-
crétaire de la légation de Portugal à Paris, au comte et à la com-
tesse de Torre Novalhes (la comtesse, née Telles de Gama, est la
dernière descendante de Vasco de Gama), au prince Bojilar Kara-
georgewitch, et les invite à prendre place sur l'estrade.
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282 COMPTES RENDUS DES SÉANCE 8.
Ayant de donner communication do la correspondance, le baron
Hulot examine la convention récente relative an Niger, conclue entre
la France et l'Angleterre (14 juin).
11 résume ensuite les lettres et les documents reçus par la
Société et donnant des nouvelles de MM. G. Grandidier (Mada-
gascar), Jules Garnier (Australie), etc. Il signale entre autres un
mémoire avec carte sur les différentes routes qui mènent au
Klondyke (Voir Nouvelles géographiques).
M. Venukof entretient la Société de la découverte de sources de
naphte dans le Caucase (Voir Notes).
Des présentations de cartes, d'ouvrages, de brochures sont
faites par MM. A. de Lapparent, Georges Rolland, Bouquet de la
Grye, L. Drapeyron, Alfred Marche, Hulpt (Voir Chronique de la
Société).
CeMpte reMv *©• fête* *■ eeateaalre de ▼»•«• de CUmm,
* uiiMue, par M. E. Vedel, lieutenant de vaisseau (1). — Le com-
mandant Vedel remercie d'abord la Commission centrale de l'avoir
désigné comme délégué de la Société de Géographie aux fêtes du
centenaire de Vasco de Gama, organisées par la Société de Géo-
graphie de Lisbonne.
Fondée en 1875, la Société de Géographie portugaise est suivie
par tout ce que le Portugal compte d'hommes distingués dans les
diverses branches de l'activité intellectuelle.
c La salle de nos séances, dit M. Vedel, évoque volontiers l'idée
d'un temple, malheureusement trop petit, où se célèbrent les rites
sévères du culte de la Muse de la géographie. A Lisbonne, la
Société, qui est largement subventionnée par le gouvernement, vient
de s'installer dans un palais grandiose, organisé de la façon la
plus pratique, avec un musée colonial, et une salle de séances
où 3,000 personnes peuvent trouver place. On n'y entend pas seu-
lement les récits des explorateurs portugais, des Serpa Pinto, des
Brito Capello, etc., dont les noms figurent sur nos diptyques parmi
ceux qui ont obtenu notre grande médaille d'or ; nous y avons
assisté à un bal ravissant. A l'occasion du centenaire, la Société
de Géographie de Lisbonne a publié une série de documents du
plus haut intérêt que notre bibliothèque possède déjà, et où les
exploits des illustres marins portugais des xve et xvi* siècles ont
été relatés avec une précision qui en a fixé l'histoire d'une façon
(1) Voir la tarte jointe à ce numéro.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 283
définitive. M. Luciano Cordeiro, le secrétaire perpétuel, bien connu
de tous tous, a, par ces travaux, ajouté à sa réputation, presque
aussi universelle que celle de notre cher ancien secrétaire général,
M. Maunoir, qui, dans sa retraite, jouit de l'estime et de la consi-
dération que lui ont méritées ses longs travaux géographiques.
< Pendant une semaine entière, la ville de Lisbonne, parée avec
un goût qui n'a rien à envier à celui que Ton sait montrer à Paris
dans de semblables circonstances, a offert à ses hôtes les distrac-
tions les plus choisies. (Et M. Vedel en fournit la preuve en faisant
défiler sous les yeux de l'assistance une série d'instantanées, prises,
soit par lui, soit par le prince Bojilar-Karageorgevitch, reçu récem-
ment membre de notre Société.)
c Les cérémonies ont débuté par une séance solennelle à la
Société de- Géographie, présidée par le Roi et la Heine. Après
un panégyrique de Gama prononcé par M. le comte Amaral, pré-
sident de la Société, le délégué du Comité de la Sorbonne, M. le
conseiller d'Etat Herbette, a prononcé un éloquent discours. Ensuite
les délégués des Sociétés de Géographie étrangères sont venus,
l'un après l'autre, exprimer au Portugal les hautes et cordiales
sympathies du monde savant à l'occasion du centenaire.
c Le lendemain un TeDeum solennel a été célébré dans la vieille
et belle église de Belem, bâtie sur le lieu même où Vasco de Gama
s'embarqua pour son fameux voyage et où ses restes ont enfin
trouvé la sépulture que leur devait le Portugal, à côté de ceux du
Camoêns.
< Les principales nations maritimes avaient envoyé des navires
qui garnissaient de la façon la plus heureuse le superbe panorama
qu'offrent les rives du Tage. Une revue navale a été passée par
Leurs Majestés, et vous les voyez quittant le Pothuau dans leurs
galères d'apparat aux formes antiques.
c Des régates, une représentation de gala, des illuminations, des
feux d'artifice, des inaugurations et, enfin, un grand diner à la
Cour ont complété le programme des réjouissances. Comme bien
vous pensez, le temps a passé vite.
c En partant, nos confrères de la Société de Géographie de Lis-
bonne m'ont chargé de remercier notre éminent Président et de
vous remercier tous de ce que Ton avait fait ici pour la célébration
du centenaire.
c Je suis heureux de pouvoir le faire en présence de M. Ferreira,
premier secrétaire de la légation de Portugal, qui a bien voulu venir
ici ce soir, en l'absence de M. le ministre, empêché; en présence
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284 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
aussi de Mme la comtesse de Torre Novalhes, néeda Gama, une des
descendantes de l'illustre navigateur, dont la famille a reçu, à
l'occasion du centenaire, de nouvel les. marques d'honneur.
t Qu'il me soit permis en terminant d'exprimer ma profonde gra-
titude pour le chaleureux et bienveillant accueil reçu là-bas. Lue
nation, qui honore ainsi ses grands hommes, s'honore elle-même.
Et ces sortes de solennités pacifiques sont bien faites pour aug-
menter les sympathies que Paris et la France cultivent — nous
l'avons prouvé — pour une nation amie, .petite par le nombre
mais grande par sa vaillance, par ses vertus civiques et par les
glorieux souvenirs que ses grands découvreurs de l'Afrique et de
l'Asie lui ont légués. »
Répondant à M. Vedel, le Président dit qu'il s'est chargé lui-
même de démontrer, par sa relation, combien la Société avait été
heureusement inspirée, en le choisissant pour délégué.
. A trarers le canton d'Uaterwald, par M. H. Cuënot. — Un ter-
wald se divise en deux régions distinctes : le Bas Unterwald . à
lest, dont la capitale est S tan s; le Haut Unterwald à l'ouest,
dont le chef-lieu est Sarnen, sur les bords du lac du même nom et
sur la route bien connue du Rrùnig.
De Lucerne, on gagne, en bateau, le port d'Alpnach, puis
on chemine par Kerns jusqu'au Melchthal (894 m.), agréable
lieu de séjour au milieu d'une verdoyante vallée. Les excursions
qu'on peut y faire sont nombreuses : ascension du Hutstock
(2,679 m.) et du Heitlistock (2,148 m.); promenade à l'Alpe Ohr,
où se trouve un érable séculaire de plus de 12 mètres de circon-
férence à hauteur d'homme, puis à Sarnen, au Ranft, à Flûhli et
jusqu'à Sachseln, lieux de pèlerinage célèbres grâce au souvenir
de Nicolas de Fluë.
Remontant la vallée du Melchthal, le long de la Melchaa écume use,
M. Cuënot transporte ses auditeurs sur un haut et vaste plateau
(12 kilom.) à 2,000 mètres : l'Alpe de Melchsee. Le calme de la
vie alpestre qu'on y mène, la majesté du cadre, Téblouissement
de cet horizon de neiges et de glaces de la chaîne du Titlis, de cet
entassement de rochers hérissés de tours et de flèches, font de
cette alpe, émaillée de fleurs, parsemée de petits lacs aux eaux
bleues, un coin privilégié.
Pour contempler tout à l'aise, du haut de belvédères appropriés,
la grâce des vallées et des lacs, la splendeur du massif mon ta -
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/
SÉANCES DÉ JUIN ET DE JUILLET 1898. 285
gneux de l'Oberland Bernois, on gravit le Hohenstollen (2,484 m.)
et, franchissant l'Engstlenalp et le cot du Joch, on se promène sur
la coupole de glace du Titlis (3,239 m.).
La vallée d'Engelberg est une des plus intéressantes et des plus
pittoresques dés Alpes; nous ne faisons avec M. Cuenot que la tra-
verser pour gagner Altorf, par le col desSûrenen (2,305 m.), dé-
coupé entre les chaînes de l'Uri Rothstock et des Spannôrter aux
lignes puissantes et hardies.
Chemin faisant, M. Cuénot nous initie aux coutumes, aux mœurs,
à l'histoire du pays resté, constitutionnelle ment, un pays de pure
démocratie. Ici apparaît la grande figure de Nicolas de FJuë; là,
celles de Winkelried et de Guillaume Tell.
Le Président, en remerciant le conférencier, dit que clés ascen-
sions ne sont pas aussi faciles que le prétend M. Cuenot; il faut se
défier quand l'assertion vient d'un professionnel, d'un alpiniste
aussi déterminé que lui. En tout cas il vient de prouver qu'il n'est
pas besoin de sortir d'Europe pour faire sentir et admirer les
grands aspects de la montagne. Les sentiments si profonds
qu'inspirent les scènes de la nature alpestre ont passé dans son
récit; il nous les a traduites d'une façon poétique qui en fait le
charme >.
INAUGURATION DU MONUMENT DE FRANCIS GARNIER
Le 14 juillet, à 10 heures du matin, a eu lieu, avenue de l'Obser-
vatoire, l'inauguration du monument érigé par souscription à
la mémoire de Francis Garnier. La cérémonie, présidée par
M. Trouillot, Ministre des Colonies, a débuté par un discours pro-
noncé au nom du Comité du monument par M. Le Myre de Vilers,
qui a su grouper les bonnes volontés et faire affluer les souscrip-
tions :
M. le ministre, mesdames, messieurs,
c Marin, explorateur, soldat, Francis Garnier connut toutes les
joies et tous les enivrements du succès, toutes les misères et toutes
les douleurs de la défaite.
t Jamais existence d'homme d'action ne fut mieux remplie et il
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286 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
eut la fortune de mourir jeune encore, tué à l'ennemi, au service
du pays, en laissant son nom attaché à un des événements les plus
considérables de notre histoire contemporaine.
c Avec Doudart de Lagrée, il fut le précurseur de notre expan-
sion en Asie et il en est devenu le symbole. Sans cette mprt hé-
roïque, Jules Ferry n'aurait pu doter la France de l'Annam, du
Tonkin, du Laos et constituer l'empire indo-chinois, qui nous dé-
dommage de la perte de nos possessions indiennes.
c Cependant, les camarades et les admirateurs de Francis Gar-
nier ne voulurent pas, pour lui élever un monument, profiter des
sympathies de la première heure et des regrets universels causés
par la perte d'un jeune et brillant officier* rempli d'avenir. Ils
préférèrent que le temps eût consacré l'importance des services
rendus par leur ami à la science et à la patrie, et attendirent un
quart de siècle avant de constituer un comité.
c La tâche de ce comité fut facile : les souscriptions affluèrent
de tous les points du globe, particulièrement de la Cochinchine.
Pas un village de cette colonie qui ne tint à honneur de s'associer
à ce précieux souvenir; plus de quarante mille indigènes appor-
tèrent leur obole.
c C'est que Francis Garnier personnifiait, pour eux, la politique
traditionnelle de leur race. En effet, depuis trois siècles, Jes Anna-
mites, avec une persévérance et une habileté surprenantes, pour-
suivent l'envahissement pacifique des provinces de l'Ouest. Cet
envahissement fut momentanément entravé par notre conquête;
Francis Garnier comprit que les intérêts du dominateur et du vassal
se confondaient; qu'il fallait reprendre et diriger ce mouvement
national. Le peuple entier lui en garde une profonde reconnais-
sance.
c On nous accuse de ne savoir ni coloniser, ni nous attacher
les natifs; cependant, un pareil témoignage de gratitude des indi-
gènes envers un de leur* administrateurs, ne s'est jamais produit
dans les possessions de nos rivaux.
c Soyons moins injustes envers nous-mêmes.
« Tout favorisa notre entreprise : le conseil municipal de Paris
qui, jusque-là, s'était montré peu favorable à l'expansion coloniale
et à ses manifestations, se souvint que Francis Garnier avait été un
des défenseurs de la cité en 1870-1871. Cette assemblée, toujours
à la tête du progrès, reconnut également qu'elle ne pouvait rester
en dehors du mouvement universel qui entraine les nations d'Eu-
rope vers les terres ignorées; non seulement elle nous accorda
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MONUMENT DE FRANCIS GARNIER.
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288 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
remplacement que nous sollicitions, mais encore une large sub-
vention. Nous pûmes ainsi élever dans la capitale de la France le
premier monument à la gloire d'un marin et d'un explorateur.
c Deux artistes du plus haut mérite, M. Vaudremer, réminent
architecte, membre de l'Institut, et notre jeune maître sculpteur
Denis Puech, voulurent bien se charger du travail. De crainte de
blesser leur modestie, je ne veux pas louer leur œuvre commune,
vous laissant le soin d'apprécier à sa juste valeur cette originale ma-
nifestation de l'art français à la fois simple, souple et puissant.
c Je dois adresser des remerciements à Mme Francis Garnier,
qui a conservé religieusement le souvenir de son illustre mari, à
Mme Cavalier, sa fille, qui voit ainsi se réaliser la joie longtemps
rêvée d'assister à cette cérémonie; à M. Léon Garnier, qui s'est
consacré à la publication des œuvres de son frère; tous trois se
sont multipliés pour faciliter notre tâche.
c Je regrette que les survivants de l'époque de 1874 n'aient pas
pu se rendre à mon invitation; M. de Trentinian, le gouverneur du
Soudan, est souffrant; M. le D* Harmand se trouve au Japon, où il
représente le Gouvernement de la République; M. le commandant
Hautefeuille me télégraphie de Pétersbourg : c J'aurais été heu-
c reux d'assister à l'inauguration du monument de Francis Garnier,
c mais mon service me retient en Russie; je serai de cœur avec
c ceux qui parleront à la gloire de mon ancien chef, t
c Vous vous joindrez à moi, mes chers camarades, pour envoyer
aux absents un salut fraternel et amical, pour adresser un suprême
adieu à Balny d'Âvricourt et à ceux qui, avec lui, moururent au
service de la Patrie.
, c Monsieur le conseiller municipal, au nom des souscripteurs,
j'ai l'honneur de confier à la ville de Paris la garde de ce monument
et de vous prier de transmettre à vos collègues, avec nos remer-
ciements, l'expression de notre gratitude. »
Le Ministre des Colonies a célébré dans un langage élevé les
qualités d'intrépidité, d'abnégation et de ténacité de Garnier, c ce
savant doublé d'un héros, qui eut tous les courages, toutes les
audaces et longtemps tous les bonheurs >. Associant à sa gloire
ceux qui furent à la fois ses témoins et ses auxiliaires, il a cité
son collaborateur aux Colonies, le colonel de Trentinian, lieutenant
gouverneur du Soudan français. Ce discours s'est terminé par une
vue d'ensemble sur Plndo-Chine conquise d'abord, pacifiée
ensuite, organisée enfin, qui prolonge l'action de la France au
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 289
delà des mers les plus lointaines et qui ouvre un champ indéfini à
l'activité de nos industries.
La Société de Géographie, représentant naturel de l'exploration
française, a répondu avec empressement à l'invitation que lui avait
faite le Comité du monument. Son Président, M. Milne-Edwards,
a tracé à cette occasion une page d'histoire que nous publions
in extenso.
€ C'est un devoir pour la Société de Géographie, dit M. Milne-
Edwards, d'apporter ici son tribut d'hommages et de reconnais-
sance à la mémoire de Francis Garnier, de ce brillant officier de
marine qui fut, à la fois, un savant, un diplomate et un conqué-
rant. Au milieu de difficultés et d'épreuves devant lesquelles beau-
coup auraient reculé, il a persévéré dans une œuvre dont il avait
su deviner la puissante vitalité et, si notre domination s'étend
aujourd'hui sur une partie de l'Indo-Chine, c'est surtout à lui qu'on
le doit.
c En 1863 — presque au lendemain de notre prise de possession
de la Coehinchine — Francis Garnier, convaincu de l'importance
de cette colonie, ne cesse d'en demander l'extension et cherche,
par tous les moyens en son pouvoir, à démontrer la nécessité
d'une exploration des provinces laotiennes. Administrateur des
affaires indigènes à Cholen, il étudié les nombreuses questions se
rattachant à ces régions, il rêve de remonter le Mékong, de re-
lever le cours de ce grand fleuve qui, descendant des montagnes
du Tibet, déverse ses eaux dans la mer, près de Saïgon; il vou-
drait profiter de cette immense voie fluviale pour conduire dans
nos ports les richesses du Yunnan et assurer, à la France, le mo-
nopole du commerce de cette province.
c Pénétrer dans l'intérieur d'un pays presque inconnu, dont le
royaume de Siam, la Birmanie, la Chine, l'Annam se disputaient
les vastes territoires, c'était là une bien périlleuse entreprise ;
mais que de découvertes à faire, que de problèmes à résoudre !
La vive imagination, l'esprit actif et lucide de Francis Garnier
s'y passionnaient et, par ses écrits, ses conversations, ses rapports
officiels, il -parvint à faire partager sa confiance dans l'avenir, à
ceux qui avaient le pouvoir de transformer son rêve en une réalité
c Le marquis de Chasseloup-Laubat, président de la Société de
Géographie et alors Ministre de la Marine, décida l'envoi d'une
mission chargée d'explorer le cours du Mékong et d'atteindre la
soc. de GÉofli. — c. R. dis sÉAHCES. — nm6 et 7. — Juin et Juillet. 21
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290 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Chine par cette voie. Si Francis Garnier n'eut pas le commande-
ment de l'expédition, conduite par le capitaine de frégate Doudart
de Lagrée, il en fut le second et il eut la profonde satisfaction de
voir triompher les idées qu'il défendait, depuis longtemps, avec
toute l'ardeur d'une conviction éclairée.
c Je n'ai pas à raconter ici ce voyage célèbre où Doudart de
Lagrée paya de sa vie les dures privations et les fatigues exces-
sives qu'il avait endurées. Il mourut en touchant le but, à son
arrivée au Yunnan, et laissait au lieutenant de vaisseau Francis
Garnier la lâche encore lourde de diriger la mission dans son re-
tour à Saigon. Elle y rentra au bout de deux années, le 12 juin
1868, ramenant en terre française les restes du chef qui l'avait
guidée, avec tant de dévouement, dans cette aventureuse explo-
ration.
c On avait parcouru 10,000 kilomètres dont près de 600 en re-
montant le Mékong, à travers un pays où les obstacles, venant à
la fois de la nature et des hommes, se succédaient sans trêve ;
le Yunnan avait été atteint, mais il avait fallu renoncer au projet
grandiose de faire, du fleuve, une route commerciale ; avec son
tours irrégulier, ses rapides, ses tourbillons, il n'était pas par-
tout navigable et c'est alors que Francis Garnier, dominé par la
patriotique pensée de donner à la France un vaste empire colonial
en Extrême-Orient, pressentit que le Son-Koï pourrait remplacer
le Mékong et amènera la mer,' par le Tonkiu, les riches marchan-
dises du sud<de la Chine. Depuis ce moment, il mit tout en œuvre
pour que le fleuve Rouge devint nôtre.
c Combien a été remarquable en cette occasion la sûreté de son
jugement ; tout ce qu'il avait annoncé s'est accompli et les événe-
ments, qui se déroulent aujourd'hui au Céleste Empire, semblent
lui avoir été révélés par la connaissance du pays, de sa politique
et de ses relations. N'y a-t-il pas une véritable prescience de
l'avenir dans ces lignes écrites par Louis de Carné, l'un des com-
pagnons de Francis Garnier :
c La Chine se décompose au souffle des idées européennes. Cet
c empire, le plus vieux qui soit sous le soleil, tombe à son tour
t en ruine, son heure est proche... Les progrès de la Russie
c vers le nord, la forte position prise par l'Angleterre du côté de
c l'Occident, les arrière-pensées entretenues par d'autres puis-
« sances... la force des choses, en un mot, et la faiblesse même
c des Chinois permettent d'entrevoir le démembrement de l'an-
t tique édifice dont Fohi jeta les bases il y a quelques milliers
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 291
« d'années. En présence d'une pareille éventualité, la France doit
< élro prête : son rôle est tracé par la position même qu'elle occupe
c dans la péninsule annamite; il est absolument nécessaire qu'elle
« exerce une influence prépondérante au Tonkin qui est pour elle
« la clé de la Chine. »
c En 1869, la Société de Géographie, associant les deux noms
de Doudart de Lagrée et de Francis Garnier, leur décernait sa
.grande médaille d'or. C'était, à la fois, un témoignage de regrets
déposé sur une tombe et la preuve du prix qu'elle attachait aux
belles observations géographiques et astronomiques du survivant.
Partout on comprit la grandeur et l'importance de cette expédition
du Mékong et partout Francis Garnier fut acclamé et fêté ! Mais
les jours sombres approchaient et, comme tant d'autres vaillants
marins, il eut à défendre Paris contre l'ennemi; les malheurs de
la patrie le laissèrent longtemps désemparé et il ne se retrouva
lui-même qu'en s'occupant de la publication de ce livre magni-
fique : Le voyage d'exploration en Indo-Chine, si rempli de docu-
ments précieux pour la science et qu'on ne peut lire sans éprouver
un sentiment d'admiration.
« Puis, entraîné de nouveau vers l'Extrême-Orient par une
force irrésistible, il faisait un voyage au centre de la Chine et se
préparait à traverser le Tibet quand il fut rappelé à Saîgon —
en 1873 — pour y prendre la direction d'une mission chargée de
régler, au Tonkin, les différends survenus entre le négociant Jean
Dupuis, le légendaire Jean Dupuis, et la cour de Hué (1).
a On sait comment Francis Garnier, parti dans un but tout pa-
cifique, fut trompé par les Annamites et dut employer la force ;
comment, avec quelques hommes seulement, il s'empara de la
forteresse d'Hanoi et de tout le pays environnant; comment,
après de merveilleux succès, il fut tué dans une embuscade; et
comment, enfin, nous avons abandonné les places conquises pour
les reprendre, plus tard, au prix d'un sang précieux et de sommes
considérables.
« La mémoire de Francis Garnier serait digne qu'un poète
chantât cette rapide et brillante épopée comme ont été chantés
jadis les exploits de Roland.
c On a parfois accusé Francis Garnier de témérité ; mais celui
qui se donne tout entier à une idée et qui enjpoursuit l'accomplis-
(1) On sait, en effet la part brillante qui revient à notre collègue M. Jean Du-
puis dans l'exploration du fleuve Rouge et les prodiges d'audaee qu'il dut accom-
plir pour slmposer aux fonctionnaires annamites avant la conquête du Tonkin.
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294 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
sèment jusqu'à la mort sera toujours honoré parmi les hommes,
car il a su les toucher dans ce qu'ils ont de plus pur au fond de
l'âme : l'instinct du sacrifice et du dévouement; et n'est-ce pas
grâce à l'initiative de nos marins et de nos soldats, à leur cou-
rage, à leur témérité même, que notre domaine colonial s'est, en
partie, constitué; ils n'hésitent jamais à affronter le danger et
n'ont d'autre pensée que la gloire de la France ; aussi la France
ne les oublie pas, ils lui sont chers, elle s'enorgueillit de leurs
œuvres et ne laisse pas périr leurs noms.
« Le monument devant lequel nous nous inclinons aujourd'hui
sera le gardien de ces nobles traditions, et les pères pourront dire
à leurs fils en leur montrant la statue de Francis Garnier :
« Celui-là fut un héros; il aimait son pays avec passion, et son
a sang, versé sur la terre du Tonkin, a consacré le baptême qui
« la faisait Française. > Une nation qui compte de tels hommes
peut avoir foi dans son avenir. »
M. Achille, au nom du conseil municipal, a clos la série des dis-
cours. 11 appartenait à la municipalité de Paris de mettre en relief
la conduite de Francis Garnier pendant le siège. En exaltant sa
valeur militaire et ses vertus civiques, non loin de ce secteur de
Montrouge où il donna l'exemple d'une impassible intrépidité,
M. Achille a achevé le portrait de ce héros, dont la postérité gar-
dera la mémoire.
RETOUR DE LA MISSION GENTIL
Réception à Marseille. — M. Gentil, dont la Société publiait
en mai des nouvelles, est arrivé, le 20 juillet, à Marseille, après
une absence de plus de trois ans. Sur le Stamboul s'était embarquée
avec lui l'ambassade du Baguirmi, que dirige Souleyman, beau-
frère du sultan de ce pays. M. de Brazza, venu de Paris pour féli-
citer M. Gentil au nom de la Société de Géographie, fut le premier
à lui donner l'accolade. On sait que la mission du Chari avait été
organisée par l'ancien commissaire général du Congo français et
qu'il n'avait cessé de lui prêter l'appui le plus efficace. Il appar-
tenait, d'ailleurs, au fondateur de notre grande colonie de l'Afrique
équatoriale de souhaiter la bienvenue à celui qui venait d'en re-
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SEANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 293
caler les limites jusqu'au lac Tchad, réalisant ainsi ses plus chères
espérances. C'est au milieu d'un profond silence que M. de Brazza
a prononcé, sur le pont du navire, le discours suivant :
c La Société de Géographie m'a chargé de vous souhaiter la
bienvenue, et de vous porter l'expression de ses félicitations cha-
leureuses.
c II y a (rois ans passés, au moment où je vous donnais ici
même l'accolade du départ, vous aviez le souci des difficultés qu'il
fallait surmonter pour effectuer le transport d'un bateau à vapeur
de l'Atlantique dans le bassin du lac Tchad.
« Grâce à la ténacité patiente et à l'énergie indomptable, qui
sont le propre de votre caractère, vous avez su mener à bien cette
première entreprise, dont dépendait le résultat de la mission que
vous venez d'accomplir avec un plein succès : la carrière mari-
time, que vous avez sacrifiée à l'attraction de l'Afrique, vous y avait
préparé. Le nom même de Léon Blot, que, par un sentiment
d'amicale piété, vous avez fait donner au vapeur reconstruit de
toutes pièces sur les. rives du Gribingui, qui montre désormais
fièrement nos couleurs dans un bassin fluvial, où nul Européen
n'avait encore navigué, rappelle les vicissitudes de vos premières
explorations, lorsque dans la Sangha et l'Oubanghi vous avez acquis
cette expérience du maniement des indigènes, dont vous avez su
vous faire de si précieux auxiliaires.
c Avec leur concours vous avez transporté, par voie de terre, sur
le Chari la canonnière sur laquelle vous vous êtes lancé vers le
nord dans des régions récemment dévastées par les guerres de
conquête de l'Islam.
c Là, sans tirer ni un coup de canon ni même un coup de fusil,
vous avez exploré des territoires, que les derniers traités de déli-
mitation et de partage allaient nous réserver.
c Notre pavillon y a flotté avec son véritable caractère d'avant-
garde de paix et de civilisation; il a été porté jusqu'aux limites des
pays qui relèvent de nos possessions méditerranéennes, et la diplo-
matie vient de consacrer définitivement, par un traité, les résultats
que vous avez acquis.
« Vous avez achevé l'oeuvre commencée par Crampel, Maistre et
Monteil, et je ne doute pas que l'Algérie, oubliant ses divisions, et
obéissant à de plus nobles pensées, suive l'impulsion donnée,
vienne serrer quelque jour sur les rives mêmes du lac Tchad la
main que, par vous, le Congo français lui tend à travers le Sahara.
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294 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c Vous avez accompli une œuvre utile à la science géographique
et féconde en résultats ; vous avez contribué à la grandeur de la
patrie et aux progrés de l'humanité.
c Au nom de vos collègues de la Société de Géographie, je vous
félicite ainsi que vos compagnons de voyage du succès de votre
expédition, et je souhaite la bienvenue parmi nous aux envoyés
baguirmiens, qui vous ont accompagnés au sein de la civilisation ;
à leur retour ils pourront dire ce qu'ils ont vu, et c'est ainsi que
pénétrera à leur suite dans ces régions le souffle vivifiant des idées
qui prépareront l'œuvre de l'avenir. »
Réceptif» à Paris. — A Paris un chaleureux accueil était ré»
serve au chef de la mission du Chari. Par les soins de la Société
de Géographie des invitations avaient été adressées à plusieurs de
ses membres et à un grand nombre d'explorateurs, qui se rendi-
rent, le 23 juillet, à la gare de Lyon. Grâce à l'obligeance du chef
de gare, M. Pacrot, des mesures avaient été prises pour faciliter
l'accès de la voie et mettre un local à la disposition de la Société.
Au rendez- vous se trouvaient M. Eon, représentant le Ministre
des Colonies, les sœurs de M. Gentil, des parents de son second,
M. Huntzbutler et M. Prins, père d'un des membres les plus actifs
de la mission. A la descente du train, l'explorateur, accompagné
de sa mère et de M. de Brazza, a été l'objet d'une ovation, qui
s'étendit aux ambassadeurs baguirmiens et à l'interprète Hamed
ben Mechkam.
M. Le Myre de Vilers s'est fait, aux applaudissements de l'assis»
tance, l'organe de la Société de Géographie :
c Mon cher camarade,
c La Société de Géographie attache une telle importance au
long et pénible voyage que vous venez d'accomplir, qu'elle a
envoyé un de ses membres les plus distingués, M. de Brazza,
l'émule de Stanley, pour vous recevoir à Marseille. Aujourd'hui
c'est le Président de la Commission centrale qui vous souhaite la
bienvenue ; soyez persuadé que j'accomplis cette mission avec un
véritable plaisir et une réelle sympathie.
c Le premier, mon cher camarade, vous avez fait flotter les
couleurs françaises et européennes sur le lac Tchad et Dieu sait
au prix de quels efforts. Votre nom restera ainsi attaché, de même
que celui des Crampel, des Maistre, des Monteil, à la reconnais-
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 295
sance de ces régions que M. Foureau, sous le patronage de la
Société de Géographie, se propose d'atteindre, d'ici quelques
mois, en partant de l'Algérie. Ainsi se trouveront unis pour former
un des plus vastes empires coloniaux du monde moderne nos pos-
sessions de la Méditerranée, du Niger, du Congo, de la côte occi-
dentale d'Afrique.
c Le courrier qui vous a amené m'apporte une lettre de M . Evrot
nTannonçantlajonctiou télégraphique du Dahomey avec le Soudan
et le Sénégal. Bientôt la ligne atteindra El Golea; puis le rail
suivra le fil.
c Ce sont là des rêves, me dira-t-on ; mais de nos jours les rêves,
en apparence téméraires, ne tardent pas à se réaliser ; il suffit de
trouver des hommes vaillants qui, comme vous, joignent à une con-
fiance absolue dans le progrés un courage et une persévérance à
toute épreuve.
c De même que votre ancien chef, M. de Brazza, que Binger et
tant d'autres de nos compatriotes, vous êtes un pacifique. Vous
estimez que le prestige moral du blanc suffit pour imposer son au-
torité aux populations primitives ; qu'il est absurde de ruiner par
la guerre les pays dont on veut prendre possession. Une fois de
plus vous avez démontré que cette méthode, si elle exige plus de
soins et de patience, est de beaucoup la meilleure ; je vous en féli-
cite.
c Un de vos compagnons ne reverra pas le sol natal, M. Vival
est mort au début de l'expédition, en servant la patrie. Vous
voudrez bien transmettre à sa famille l'expression de notre doulou-
reuse sympathie.
c Nous ne saurions oublier votre second, M. Huntzbutler, qui
fut à la peine avec vous et que vous tenez à associer à votre gloire.
c Vous avez laissé M. Prins à la garde de vos postes du Gri-
bingui : son père, qui est venu au-devant de vous, sera notre in-
terprète près du jeune explorateur, auquel nous adressons un
amical salut et nos vœux de succès dans sa délicate entreprise.
c Messieurs les envoyés,
c La France est une terre hospitalière et nous ne négligerons
rien pour vous y rendre le séjour agréable. Nous tenous à ce qu'à
votre retour dans votre pays vous puissiez dire au sultan les égards
dont nous entourons les étrangers, particulièrement les envoyés
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296 COMPTES RENDUS DES SÉÀNCE8.
d'un grand prince avec lequel nous sommes unis par les liens de
l'amitié.
c A tous, messieurs, la Société de Géographie vous souhaite la
bienvenue. »
Au nom de la Société de Géographie commerciale, M. Gauthiot
a complimenté M. Gentil et fait ressortir les résultats de la mis-
sion. Après lui, le prince d'Arenberg, pour le Comité de l'Afrique
française9 et le colonel Monteil, pour le Syndicat des explorateurs
français, ont pris successivement la parole.
Enfin M. Gentil, visiblement 'touché de la manifestation dont il
était l'objet, a remercié la Société de Géographie et les autres So-
ciétés géographiques ou coloniales, venues à ce rendez-vous. 11 n'a
pas dissimulé la joie profonde qu'il avait éprouvée en voyant son
ancien chef M. de Brazza se porter à sa rencontre. A Paris comme
à Marseille, M. Gentil a tenu à déclarer que, s'il avait pu servir uti-
lement la France dans celte exploration, c'était au commissaire
général du Congo français qu'il le devait. Enfin, associant à son
œuvre ses compagnons de voyage, il a cité la part considérable
qui revient à M. Huntzbutler dans le résultat final et les tenta-
tives heureuses autant qu'audacieuses de M. P. Prins auquel il a
confié au Baguirmi la garde du drapeau, tandis qu'il dirigeait lui-
même vers Paris l'ambassade à laquelle M. Le Myre de Vilers ve-
nait de souhaiter la bienvenue.
II. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
ASIE
d'Asie. — Voyage de M. Marcel Monnier. — De Varsovie,
le 23 juin 1898, M. Marcel Monnier adresse à la Société de Géo-
graphie les renseignements suivants, qui complètent ses précé-
dentes communications et permettent de tracer les grandes lignes
de son itinéraire :
c J'ai eu la chance de mener à bien le programme que je vous
exposais dans mes lettres datées de la steppe kirghyze en octobre,
et de Téhéran, fin janvier. Le 25 mars, j'arrivais à Bagdad, et
quelques jours plus tard à Bassorah, par l'Euphrate et Babylone,
ayant employé ainsi dix mois dans cette traversée de l'Asie on
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 297
diagonale, de la mer Jaune au golfe Persique. Sur ces dix mois
j'en aurai passé sept sur l'itinéraire parcouru naguère par les
invasions mongoles. Le 3 septembre 1897, en effet, je me trouvais
dans la vallée de l'Orkhon au milieu des ruines de Karakoroum
et Karabal-Gassoun et, depuis, je ne me suis guère écarté des sen-
tiers foulés par Gengis-Khan el ses hordes. Je vous rapporte, en
une douzaine de cahiers, à l'échelle de 1 centimètre pour 1 kilo-
mètre, ce long et sinueux itinéraire de 2,000 et tant de lieues.
c J'ai repassé la frontière persane le 1er juin et, le 4, j'arrivais à
Tiflis. Depuis le Caucase je brûle les étapes et m'arrête le moins
que je peux. D'ici quelques jours je serai à Paris. >
M. Marcel Monuier, après une absence de plus de quarante mois,
est arrivé le 26 juin à Paris gare du Nord, où le secrétaire général
de la Société de Géographie a pu le féliciter, au nom de tous ses
collègues, des brillants résultats d'un voyage qui intéresse à la fois
le géographe, l'économiste et l'historien.
Asie centrale. — Mission Olufsen. — M. 0. Olufsen, lieute-
nant en premier de l'armée danoise, adresse d'Och, le 14 juin
1898, à la Société la communication suivante sur la nouvelle explo-
ration qu'il va entreprendre :
c Aujourd'hui même la seconde expédition danoise au Pamir
quitte Och, en Ferghana, avec une caravane qui comprend dix
hommes armes et seize chevaux.
c L'expédition, équipée pour une année, passera la majeure
partie de Tété aux environs du Yachil-Koul et du Gas-Koul. Des tra-
vaux topographiques, des observations physiques et météorolo-
giques, enfin des recherches botaniques et zoologiques occuperont
la mission dans cette région. Un petit bateau démontable permet-
tra d'apprécier la profondeur des lacs au moyen de sondages.
c Vraisemblablement le Yachil-Koul sera atteint le 20 juillet.
Pendant l'automne, l'expédition séjournera dans le Vakhan, sur
la frontière de l'Afghanistan. Elle prendra ses quartiers d'hiver
dans le Chougnan et installera sur les rives du Pândj une station
météorologique, où s'effectueront des séries d'observations scien-
tifiques.
c Aux approches du printemps, dès que les passes pourront être
franchies, M. 0. Olufsen dirigera son expédition au nord vers le
Turkestan.
c Le Dr 0. Paulsen s'occupera des récoltes botaniques et le pro-
fesseur A. Hjuler fera les observations physiques. Un envoyé de
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298 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
l'émir de Bokhara, Mirza Abd-ul-Kader, accompagné de son aide
de camp, est attaché à la mission comme interprète pour les
dialectes persans. >
L'importance des résultats obtenus par M. Olufsen au cours
de sa précédente campagne dans le Pamir (t) fait espérer que
cette seconde expédition s'accomplira avec un plein succès.
Ex«rêtte*orieB«. — Hong- Kong agrandi. — Le 2 mai dernier,
le Tsung-li-yamen à Pékin, saisi par l'ambassadeur d'Angleterre
auprès de l'Empereur de Chine, Sir Claude Mac Donald, cédait aux
représentations amicales de ce dernier touchant l'extension du
territoire anglais de Kaulung, sur le continent, en face de l'Ile de
Hong-Kong. Depuis quelque temps la presse britannique menait
une campagne dans le but de prouver au gouvernement la néces-
sité absolue d'agrandir la concession obtenue à Kau-lung en 1860.
Le prétexte allégué est que, depuis cette époque, les progrès
constants de l'artillerie mettent Hong-Kong en danger d'être bom-
bardée au nord, à travers le port, des hauteurs dominant la rade
et la cité de Victoria. Une flotte ennemie débarquant des troupes
et un matériel de siège dans la baie de Mirs ou la Baie profonde
(Deep Bay), à 15 ou 20 milles au nord-est et nord-ouest de Kau-
lung, la ville de Victoria se trouverait dangereusement menacée.
Cette situation avait été exposée minutieusement au gouvernement
anglais par le comité de défense de Hong-Kong ; celui-ci expli-
quait encore que les lies commandant les passes de Lamma et de
Kap-sing-mun, qui donnent accès à l'ouest dans le port de Hong-
Kong, appartenant encore à la Chine, pouvaient être prises par une
flotte ennemie ainsi que celle de Lam-tong qui commande la passe
de Lyemun, l'entrée orientale de la rade. 11 fallait donc à tout
prix obtenir, pour assurer la défense de la colonie, la possession
de toutes ces terres ainsi que celle des baies du voisinage.
Le gouvernement chinois, sentant d'ailleurs son impuissance de
s'opposer à la demande courtoise, mais ferme, de l'Angleterre, a
mieux aimé céder de bonne grâce que de se faire forcer la main,
comme cela vient de lui arriver avec l'Allemagne à Kiao-tchéou»
Donc, pour ne pas c perdre la face >, le Fils du Ciel a admis le
bien fondé des demandes anglaises et a gracieusement signé, le
9 juin, une convention accordant au gouvernement anglais, sous
(1) V. Comptes rendus, 1897, p. 284 ; et Bulletin, 1898, 1" trimestre, Rapport
général sur les profrôs des sciences géographiques, p. 12.
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300 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
forme de bail pour quatre-vingt-dix-neuf ans, commençant au
l,f juillet 1898, la location d'un territoire» tant marin que ter-
restre, ne comprenant pas moins de 200 milles carrés, qui sera
soumis à la juridiction anglaise, sauf la ville chinoise deKau-lung
qui restera administrée par les fonctionnaires chinois.
Le territoire ainsi concédé est délimité au nord par une ligne
commençant à la pointe orientale de l'entrée de la baie Mirs. Cette
ligne suit le rivage à la limite des hautes mers, traverse de l'est à
l'ouest l'isthme d'une grande péninsule où se trouve Kau-lung,
entre l'anse Starling et la Baie profonde sur une étendue de
11 milles anglais. Elle suit le rivage nord de Deep Bay, traverse
la péninsule qui en forme la partie occidentale, puis se dirige droit
au nord en contournant l'Ile de Lan-tao. Elle passe entre les lies
Soko et Chichau, d'où elle suit le parallèle de 22° 7' pour reprendre
la direction nord suivant le méridien passant par la pointe Mirs.
Le tout représente assez exactement un quadrilatère de 44 milles
anglais de longueur, de l'ouest à l'est, sur 28 de hauteur, du nord
au sud. Les approches de Hong-Kong sont aussi défendues contre
toute agressiou de l'extérieur. La Chine garde les rives nord des
deux grandes baies (Deep Bay et Mirs Bay), dont elle loue les eaux
à l'Angleterre en se réservant seulement le droit d'en user pour
ses navires de guerre ou de commerce. L'Angleterre pourra for-
tifier, comme elle le jugera nécessaire, tous les points stratégiques
qui lui permettront de rendre Hong-Kong pratiquement impre-
nable.
Le commerce, qui était à l'étroit sur cette île, pourra se dévelop-
per à son aise dans le nouveau territoire. L'hinterland qui man-
quait à sa colonie lui est ainsi assuré et il est probable qu'avant
peu Ton verra un chemin de fer joindre Canton à cette xone
d'influence. Hong-Kong, qui grâce aux 16 millions 1/2 de ton-
nage ayant passé dans son port en 1897, vient directement après
Londres comme importance commerciale maritime, va prendre un
nouvel essor et attirer à lui, par le chemin de fer entre Kau-lung
et Canton, tous les riches produits que la navigation du Si-kiang
(Rivière de l'ouest) amène dans la capitale du sud de la Chine.
Si la France ne s'empresse d'obtenir une concession de chemin
de fer entre Pak-hoi, Nan-ning-fou et le Yun-nan, elle risque fort
de voir descendre à zéro l'importance commerciale de sa nouvelle
possession de Kouane-tchéou-ouàne, qui ne sera plus qu'une base
navale militaire.
A. A. Fauvel.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898.
301
Itinéraires parcourus par la mission lyonnaise
à ^intérieur de la Chine, des frontières du Tonkin à Han-keou,
et de Vintérieur à Canton et inversement.
Distances approximatives évaluées en kilomètres. (Conversion adoptée : 1 kilomètre vaut 2 lis.)
ITINÉRAIRES SUIVIS.
DISTANCES
Mao-hao à Moung-tse
Moung-tse à Ko-tchiou (M. Duclos).
I. Moung-tse a Tchoung-king.
1e Group* Rocher, Moung-tse à Yun-
nan fou
Yon-nan fou à Soui fou
Soui fou à Tse-li-ou-tsin et retour.
Soui fou à Kia-ting
Kia-ting à Tchen-tou
Tehen-ton à Choen-king
Cboen-kinf à Tchoung-king
Total
2* Groupe Brenier, Moung-tse à
Yun-nan fou
Van-nan fou à Koui- yang
Koui-yang à Tchoung-king
Tcba-tso à Pé-ma-tong et retour. .
Soog-k'an à Tchoung-king
Total
H. Voyagea au Se-tchouan.
\* Tournée de MM. Brenier et Mé-
trai dans les centres iéricicoles,
Tchoung-king à Ouan-hien
Ouan-hfen à Su-tin
Su-tin à Li-tou-pa
U-tou-pa à Pao-ning
Pao-ning à Tchen-tou
Total
relevée
à la
boussole.
3* Groupe du Tibet (MM. Grosjean,
chef de groupe, Duelos et Seul-
fort).
Tchoung-king à Kia-ting
Kia-ting à Ta-tsien»lou
Ta-teien-lou à Tchon-tou
Tchen-tou à Tchoung-king
Soui fou à Tse-liou-tsin
Tse-llou-tsin à Fou-chouen
Fou-chouen à Lou-tcheou
Total
33
281
571
a
154
153
267
1459
265
625
475
1365
158
248
322
non
levée.
728
138
354
420
400
40
1052
60
33
150
200
400
843
70
150
220
totale
parcourue.
302
158
460
240
660
120
1020
60
66
281
721
200
154
153
267
400
2302
265
625
475
70
150
1585
302
158
158
248
322
1188
378
354
420
660
100
40
120-
2072
OBSERVATIONS.
A cheval.
A cheval et en barque.
En chaise.
En barque.
A cheval.
En chaise.
En barque.
En barque.
En chaise
En barque.
En chaise.
En chaise.
En chaise, route nouv
En barque, approxim
En chaise.
En barque.
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302
COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
ITINÉRAIRES SUIVIS.
relevée
à la
boussole.
DISTANCES
OBSERVATIONS.
non
levée.
totale
parcourue.
3° Groupe du Song-fan (MM. U
Dr DebUnne, chef de groupe,
Riault et Waeles).
Teboung-king à Tchen-tou.
Tchen-tou à Long-gan .
Kilomètre*.
419
«57
loi
308
331
354
155
»
Kilomètres.
226
Kilomètres.
419
257
101
308
331
354
155
226
En chaise.
h tarane,très asprariautt
En chaise.
En barque.
Approximativement eo
1 chaise, route uonv.
En barque, approxùn.
En barque 200 nulles
marins, d'après carte'
marine anglaise.
la barras, distance estiafe
En chaise.
A cheval.
En chaise.
En barque.
En chaise et à cheval 1
A cheval et en chaiic.
1
Long-gan à Song-p an
Song-p'an à Kouan-hicn
Rouan-bien à Tâ-tsien-lou
Ta-tsien-lou à Kia-ting
Kia-ting à Pou chouen
Fou-chouen à Tchoung-king
Total
198S
221
2212
4« voyage de MM. Gv&anet Métrai,
de Tchen-tou à Tckoumç-king.
Tchen-tou à Tai-ho-tchen
•
180
»
400
180
400
Tai-ho-tchen à Tchoung-king. ....
Total
1M
400
580
5° Voyage spécial des délégués de la
soie.
Tchoung-king à Kia-ting par Lou-
tcheou.
395
40
160
660
395
40
160
660
Kia-ting à Tchen-lan-lin (lieu où
les éducations ont été suivies).. .
Kia-ting à Tchen-tou (voyage de
M. Métrai) .."
Tchen-tou à Tchoung-king
Total..
»
12S5
12S6
in. Voyages de retour.
1° Voyages de MM. Rabaud et Viol.
M. Rabaud :
Canton à Ou— tcheou fou
>
824
341
870
62
75
8
100
155
133
130
243
>
370
60
370
824
341
270
62
75
8
100
155
133
130
243
60
Ou-tcheou fou à Pé-sé
Pé-sé à Kouang-nan fou
Kouang-nan fou à Moung-tse
H. Vial :
Pak-hoi à Yam-tchao (K'in-tcheou).
Yam-tchao à Chang-se-tcheou
Chang-se-tcheou à La-hen ........
La-ben à Long-tcheou
Long- tcheou à Kouei-chouen-tcheou.
Kouei-chouen-tcheou à Tou-fou-
tcbeou ,
Tou-fou- tcheou à Kouang-nan fou.
Kouang-nan fou à Moung-tse
MM. Vial et Rabaud :
Moung-tse à Man-hao
Z 1
Route différente de'
celle de M. Rabaud. !
Total
2841
430
2771
I
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898.
303
ITINÉRAIRES SUIVIS.
1
relevée
à la
boussole.
DISTANCE*
non
levée.
totale
parcourue.
OBSERVATIONS.
9* Descente du Yang-tte (MM. Ro-
cher, Habaud et Vint» mai 1896)
(MM. Riault, Sculfort, WaeUi,
décembre 1896).
Tehoung-king à Han-k'cou
Total. . . ,
Kilomètres.
»
Kilomètres.
1260
Kilomètres.
1260
In barque, distance athée.
En barque.
En chaise.
En barque.
En chaise et à cheval.
En chaise et à cheval.
En chaise et à cheval.
En barque.
»
1213
1200
3° Voyage de MM. Métrai et Groejean.
Tehouag-klng à Fou-tcheou
Foo-tcheou à Long- t'a n
375
•
•
150
250
180
496
150
375
250
180
490
Long^t'an à Tchen-teheou
Tchen-teheou à Tchang-té
Tchang-té à Han-k'eou (via Yuen-
kiang-hien)
Total..
4» Voyage de MM. Brenier, Deblenne
et Duclot.
Tehoung-king à Pi-Uié.
315
1071
1401
394
530
221
508
339
394
520
221
508
339
Pi-tsié à Hin-y fou (M. Duclos)...
Pi-tsié à Koui-yang (y M. Brenier
et Deblenne)
Koui-yang à Hln-y fou (MM. Bre-
nier et Deblenne)
Hin-y fou à Yun-nan fou
Total
1S82
»
1982
5* Voyage de M. Ducloe.
Yun-nan fou i Moung-be par San-
kia-tehang et Hsin-hsing
Total
400
■
400
400
>
400
6° Voyage de MM. Brenier, Deblenne
et Demée.
Yun-nan fou à Cha-li
371
365
161
570
»
370
371
365
161
940
Cba-Ii à Koui-yang
Koui-yang à San-kio
San-kio à Canton
Total
1407
370
1837
Total général
13,335
7560
20,895
H. Brenier,
Chef de la mission lyonnaise.
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.îOt COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Chine. — Mission Bonin. — M. Henri Cordier, vice-président
de la Société, a reçu de M. Charles-Eudes Bonin, des nouvelles
datées du 20 avril 1898, écrites sur le Yang-tse, à bord du bateau
qui le conduit à I-chang, d'où il doit remonter par jonque jusqu'au
Se-tchouen. Cette partie de l'itinéraire est trop connue pour qu'il
y ait lieu de s'y arrêter; le voyageur promet de nous tenir au cou-
rant de son voyage à partir de la frontière du Tibet.
AFRIQUE
La convention franco-anglaise <ln Niger dn 14 Jnln f S9#(l).
— Cet arrangement d'ensemble porte sur une délimitation de
frontière qui n'est pas moindre de 3,000 kilomètres. 11 clôt la série
des traités conclus depuis dix années avec toutes les puissances
limitrophes: Portugal, Allemagne, Angleterre, République de
Libéria. Ces traités placent sous la domination française les régions
qui s'étendent de l'Algérie au Congo en passant par le lac Tchad
et du Sénégal au bassin du Nil.
A l'heure actuelle nos colonies de l'Afrique occidentale (Algérie,
Tunisie, Sénégal, Guinée française, Fouta Djalon, Côte d'Ivoire, Sou-
dan et Congo), communiquent toutes par leur hinterland respectif.
La nouvelle délimitation nous assure comme frontière commune
avec l'Angleterre à la Côte d'Ivoire le cours de la Volta Noire jusqu'au
11e parallèle. Les Anglais évacuent Bouna. Nous obtenons ainsi le
Lobi, une partie du Gourounsi et le Mossi. Du côté du Dahomey,
l'hinterland français coutourne l'hinterland du Lagos en s'ouvrant
vers le Niger. Il laisse Nikki à la France et Boussa à l'Angleterre.
Au lieu de partir de Say, la ligne frontière prend son point de départ
plus au sud, à 10 kilomètres en amont d'Ho; elle suit la dépression
appelée Dallul Mauri jusqu'au point de rencontre de cette vallée
avec un arc de cercle de 100 milles de rayon décrit autour de la
ville de Sokoto. Elle suit cet arc de cercle jusqu'à l'est-nord-est
«le Sokoto, puis se dirige, entre le ii° et le 13°, vers le Tchad,
laissant à la France les pays de Damergou, de Tessaoua, de Zinder
et de Mounio, aboutit au Tehad près de Barroua et se prolonge
dans ce lac jusqu'au méridien formant au sud la frontière franco-
allemande réservant à la France toute la rive orientale du Tchad.
Toute la région au sud de celte ligne est, selon la convention de
1890, placée dans la sphère d'influence anglaise,
(I) Voir la carte, pages 312 et 313.
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SÉANCES DE JUIN ET DB JUILLET
La convention contient aussi d'importants arrangements dans
Tordre économique. Chaque puissance restant maîtresse de ses
tarifs, il y aura toutefois égalité de traitement pour les produits
des deux nations dans les colonies françaises et anglaises del a
côte et du Niger jusqu'à la hauteur moyenne du 10* parallèle. Cet
arrangement commercial sera valable pour trente ans. Deux
enclaves sont louées à bail à la France pour le même temps avec
faculté de prolongation, l'une dans le bas Niger près de Léaba,
l'autre en aval des cataractes de Boussa.
Les signataires de l'arrangement sont : pour l'Angleterre,
M. Martin Gosselin et le colonel Everett; pour la France, MM. Binger
et Lecomte.
Bien que cet accord ait nécessité quelques concessions impor-
tantes, nos Ministres des Colonies etdes Affaires étrangères peuvent
se féliciter d'aboutir à une convention, qui nous garantit la navi-
gation du Niger, fait un tout de nos possessions de l'Afrique occi-
dentale et met fin à des discussions parfois irritantes.
Ces résultats, nous les devons à tous ceux qui ont travaillé pour
la France dans ce vaste espace qui va du Sénégal au Tchad et se
prolonge jusqu'au Haut-Oubangui.
En nommant M. le directeur Binger commandeur de la Légion
d'honneur, le gouvernement a récompensé l'explorateur qui, le
premier, fit flotter nos couleurs dans la boucle du Niger, de Bam-
mako au golfe de Guinée à travers le pays de Kong et le Mossi, et
dont la part fut très considérable dans le règlement des questions
africaines.
Babr-ei-cihaaai. — Mission Marchand. — La famille du capi-
taine Marchand a reçu de cet explorateur une lettre datée dés bords
de la Soueh, 1" décembre 1897, disant qu'il était en train d'em-
barquer son matériel sur cette rivière et qu'il allait se diriger sur
FAbyssinie. L'état sanitaire était satisfaisant et le capitaine consi-
dérait que la partie la plus difficile de sa mission était terminée (1).
La rivière Soueh est un affluent du Bahr-el-Ghazal, qui le reçoit
à hauteur de Mechra-er-Rek. M. Liotard, commissaire du Haut-
Oubangui, avait donc de sérieux motifs de répondre, le 11 janvier,
à M. de Béhagle, qui lui proposait de se mettre à sa disposition
pour secourir, si nécessaire, la mission Marchand : c Tout en vous
sachant un gré infini de votre proposition, je dois vous rassurer
(1) V. U Têtnpt du 13 juin.
soc.deoéoor.— c.r. des séances.— RM 6 et 7.— Juin et Juillet. 32
i
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306 C0MPTB8 RENDUS DES SÉANCES.
sur le compte delà mission Marchand, qui poursuit sa marche avec
succès et en toute sécurité et n'a jamais été inquiétée dans son
voyage depuis Bangui jusqu'au Bahr-el-Ghazal (J). i
Nos informations personnelles, reçues tout récemment, nous per-
mettent de dire que la mission Marchand continue sans entraves
l'exécution de son plan.
ethupie». — Mission de Bonchamps, janvier 1897-juin
— Arrivé à Addis-Abbeba dans les premiers jours de mai 1897,
M. le marquis de Bonchamps en repartit le 17 du même mois,
pour la frontière abyssine, qu'il atteignit à la fin de juin. Il y fut
retenu jusqu'à ce que l'accord eût été établi avec le gouvernement
abyssin sur la suite à donner à sa mission. Ce n'est qu'à la fin de
novembre 1897, qu'il eut la faculté de passer la frontière pour se
diriger vers le Nil. ba mission se composait alors, en dehors du
chef, de MM. Michel, Bartholin, ingénieurs ; Potter, peintre-dessi-
nateur; Faivre et Véron, anciens compagnons de l'infortuné capi-
taine Clochette. 140 Abyssins et Gai las les escortaient. L'explo-
ration proprement dite, commencée à la rivière Didessa, affluent
du Nil Bleu, continua par Goré, au nord du Kaffa, dans le pays
gouverné par le dadjaz Thessama. De ce point M. de Bonchamps
se rendit à Bouré et franchit le Baro (le Sobat des Arabes),
à quelques kilomètres en amont de son confluent avec le Birbir.
Cette descente s'effectua rapidement et la rivière fut franchie sur
des radeaux fabriqués avec du bois mort, quelques piquets et de
grands bidons de campement. La mission, n'ayant eu à sa dispo-
sition aucune embarcation, dut recourir à ce moyen primitif et
précaire pour passer les cours d'eau, souvent importants, qui lui
barraient la route.
Parvenue sur la rive gauche du Baro, elle en longea le cours
qu'elle pensait suivre jusqu'au Nil Blanc. Aux montagnes habitées
par les Gallas Oromos avait succédé une large vallée, coupée par
une série d'affluents, descendant des massifs du Motcha, du
Alga et du Saleh. Les Yambos, peuplades qui vivent à l'état sauvage
dans cette contrée, firent à l'aller bon accueil aux explorateurs.
Après avoir passé la Boughaï et relevé la position de Pokodi,
l'un des plus grands eentres yambos, M. de Bonchamps franchit
l'Ouanthine, non loin de Finkeo, l'une des dernières étapes de l'in-
fortuné Bottego. A Pomolé, commence la région marécageuse et la
(1) Citation do V Eclair.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898.
307
plaine immense qui va jusqu'au Nil. De grandes herbes et des ro-
seaux couvrent le sol ; de loin en loin, on rencontre un palmier à
raquette (borassus flabelliforma) ou un figuier de marais, dont le
bois est inutilisable pour la construction des pirogues. Au delà de
l'Alouorou, les rives du Baro deviennent désertes : les pirogues
des indigènes ne s'aventurant pas dans ce pays de la fièvre, que
les luttes incessantes des Yambos et des Nouers ou Abigars ont
achevé de ruiner. Il fallut franchir le Guilo, rivière de 120 mètres
de large, pour découvrir les vestiges d'un ancien refoge de pécheurs.
Le 30 décembre 1897, la mission arrivait au confluent du Baro et
de la Ojouba, dont le cours rapide et profond n'a pas moins de
150 mètres de largeur. Les dimensions du Baro sont quadruples.
Ce n'était pas avec de mauvais radeaux improvisés que la mission
pouvait tenter un pareil effort. Elle n'avait d'ailleurs à sa disposi-
tion aucun des matériaux indispensables, et des lagunes profondes
défendaient l'approche du fleuve. Des marigots immenses rendaient
impossible toute reconnaissance de la Djooba en amont ; de toutes
parts les marais s'étendaient à perte de vue. La caravane était
épuisée par la fièvre et la famine. Depuis huit jours elle n'avait
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308 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
plus trouvé d'aliments et les hommes étaient à la ration d'un quart
de riz pour quatre. Dans de telles conditions M. de Bonchamps
jugea nécessaire de précipiter le retour (24 décembre)» qui se
fit à marche forcée, malgré l'épuisement de la caravane, souvent
aux prises avec les rôdeurs yarobos. La mission sut plus tard que
plusieurs milliers de Nouers, gouvernés par un prêtre musulman
très obéi, s'étaient rassemblés à Deng, devant l'ancien poste égyptien
de Nasser, de l'autre côté du Baro, pour l'arrêter s'il avait tenié
de passer sur la rive droite. Le bruit courait alors en Abyssinie
que nos explorateurs avaient été écharpés.
M. de Bonchamps fut assez heureux pour entrer en relation
avec un chef yambo, qui lui fournit un certain nombre de guer-
riers pour porter ses bagages, en échange de cotonnades et de
perles. Il était revenu à la frontière abyssine en février 1898.
Des 130 mulets, qu'il avait emmenés, il ne lui en restait que 30 ha-
rassés de fatigue; ses 40 chameaux étaient moris i la peine.
Malgré tant d'épreuves M. de Bonchamps comptait reprendre sa
tentative en se joignant au dadjaz Thessama, mais un accès de
fièvre bilieuse le mit hors d'état d'exécuter son projet. Il laissa
cependant près du dadjaz deux de ses adjoints.
Les résultats de son exploration sont considérables. Il a signé
des traités d'alliance dans tous les pays yambos et ces traités
étendent la suprématie du Negus jusqu'à la rive droite du Nil.
Avant lui aucun Arabe, aucun Européen n'avait pénétré dans
l'espace compris entre la frontière abyssine et Deng. Seul Bottego
avait coupé le Baro sur un point assez rapproché de cette limite.
Le Sobat était un peu connu dans son cours inférieur à partir de
Nasser par les résultats de la mission Junker, accomplie il y a
bientôt vingt-cinq ans ; mais l'itinéraire de la mission de Bon-
champs, dont nous publions ici un croquis provisoire, s'est effectué
en pays neuf et constitue une œuvre géographique dont nous de-
vions dès aujourd'hui signaler l'importance.
MaiagtMM. — Voyage de M. Guillaume Grandidier. — Parti
de Marseille le 10 mars dernier, le voyageur a débarqué le 1er avril
à Majunga, sur la côte nord-ouest de Madagascar; il est allé de là
à Morondava, où il a passé un mois à faire des collections d'histoire
naturelle et à fouiller divers gisements de fossiles. Bien que ses
excursions aient été entravées par les Sakalaves, qui sont en ce
moment en plein état de rébellion, et qu'il n'ait pu, étant obligé
de ne marcher qu'avec une escorte armée, se livrer librement aux
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898.| 309
études géographiques et géologiques qu'il avait le projet de faire,
il a pourtant réuni des collections importantes d'animaux et de
fossiles qu'il a envoyées au Muséum. Les points principaux qu'il a
visités autour de Morondava sont Ankevo, Antanimanima, Belo et
Mahabo. — En ce moment, il est à Tuléar. L'état troublé du pays
ne lui permettra probablement pas de remplir tout le programme
qu'il avait élaboré avant son départ de France, mais il n'en con-
tinue pas moins son exploration, comme le prouvent ses lettres,
dont la dernière, parvenue le 15 juin à son père, a été obligeamment
communiquée à là Société.
«rande-c«m«re. — De M'Roni, le 20 juin 1898, M. Po bé-
guin adresse quelques renseignements sur l'île qu'il administre, la
plus saine de l'archipel. Deux autres Européens dirigent avec lui
les services de cette colonie, qui fonctionnent d'une façon satisfai-
sante. Dans cette lettre, il insiste particulièrement sur les pertur-
bations atmosphériques : c L'année dernière, la sécheresse a pres-
que tout détruit ou grillé. Cette année, ce sont des pluies et des
orages continuels.
cNous avons déjà été gratifiés de deux cyclones. Le premier, qui
date de février et se confond avec celui qui a dévasté Mayotte, ne
nous a pas fait trop de mal ; mais le deuxième, survenu en avril,
a causé des ravages un peu partout, jeté à la côte les bateaux qui
étaient en rade de M'Roni et enlevé une quantité de toitures et de
cases; je ne parle pas des cocotiers qui tombaient par centaines.
c Ici les cyclones étaient encore inconnus ; nous sommes, parait-il,
en dehors de leur passage régulier. Si leur route était changée, la
situation ne serait pas gaie.
c Je suis en train de faire le recensement de l'île, qui compte
270 petites villes ou villages et 45,000 habitants environ.
Je réunis les éléments d'une notice générale, qui fera suite à
une carte très complète de la Grande-Comore, dressée par le capi-
taine Dubois, et que je viens d'envoyer au Ministère. »
AMÉRIQUE
Alaska et Xord-Overt Canadlea. — Les routes V6TS le Klùtl-
dyke. — La Société de Géographie a reçu la communication sui-
vante, datée de Vancouver le 18 avril 1898.
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310
COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Dès l'été dernier, Jen prévision de la migration vers le nord
qu'allait' entraîner la découverte des gisements aurifères du Klon-
dyke, le gouvernement canadien s'était préoccupé d'ouvrir une voie
commode aux immigrants.
i Route du Stickine et
• Rout« do Skaguey «t
» Route deDyee
. Route d'Edmonton
prolongement
Cn'H dtTer projeté*
Route d'Ashcroft
Route de Pc.# Albert
Pendant l'automne, M. Sifton, ministre de l'intérieur, voulant se
rendre compte par lui-même de la situation, avait visité en per-
sonne sur un garde-côte canadien les têtes de ligne des itiné-
raires proposés pour gagner le Yukon, par la côte sud de l'Alaska.
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S&ANCB3 DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 311
Trois de ces routes seulement sont fréquentées d'une façon
régulière et bien établie :
I4 Celle de Dyea et du col de Chilkoot;
2° Celle de Skaguay et du col de White ;
3° Celle de la rivière Stickine et du lac Teslin.
En favorisant, ee qui semblait le plus simple, le passage par le
Chilkoot ou par le col White, le gouvernement canadien aurait con-
tribué à la création de centres américains à Dyea ou à Skaguay,
centres qui eussent recueilli une large part des bénéfices résultant
du transit des voyageurs à destination du Yukon.
En vue d'éviter cette concurrence, le gouvernement d'Ottawa
s'était décidé à patronner l'itinéraire par la rivière Stickine, qui
se décompose ainsi : De Vancouver à Fort-Wrangel (embouchure de
la rivière Stickine) par mer; — De Fort-Wrangel à Telegraph
Creek ou Glenora par la rivière Stickine en bateaux de rivière ;
— De Glenora au lac Teslin par un chemin de fer à construire
avec l'aide du Gouvernement canadien ; — Du lac Teslin à Dawson
City en canot, en suivant le fil de l'eau (lac Teslin, rivière Hoota-
linqua, rivière Lewes et Yukon) ;
On n'avait pas songé qu'il était inévitable de transborder les
marchandises provenant des vapeurs de Vancouver sur les ba-
teaux plats xdestinés à remonter la rivière Stickine et que ce
transbordement ne pouvait avoir lieu qu'à Fort-Wrangel, centre
américain.
Cependant, faute de mieux, le cabinet Laurier s'en contenta et
conclut avec MM. Mac Kenzie et Mann, pour la construction d'un
chemin de fer de Glenora au lac Teslin, un contrat que la Chambre
des Communes canadienne ratifia en mars dernier, mais que
le Sénat annula. 11 semble probable qu'on tracera une simple
route de Glenora au lac Teslin.
Avant le dégel, de nombreux mineurs avaient pris cette route et
transporté leurs provisions jusqu'à Glenora, à l'aide de traîneaux
sur la glace, dont la rivière Stickine était recouverte. Surpris par
la débâcle prématurée, beaucoup d'entre eux ont dû camper sur
les bords de la rivière en attendant la possibilité de continuer
leur voyage par canots.
M. Jennings, ingénieur chargé en 1897 par le gouvernement
canadien de l'exploration de la rivière Stickine, décrit cet itiné-
raire de la façon suivante :
f Cette rivière est ordinairement navigable pour de forts bateaux
à vapeur de construction spéciale jusqu'à la hauteur de Glenora
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CONVENTION FRANCO-ANGLÀl
Publiée par la Société de Géographie.
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DU NIGER DU 14 JUIN 1898
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314 COMPTES RENDU8 DBS SÉANCES.
ou de Teiegraph Creek (une distance de 150 milles), du 1er mai
jusqu'à une date généralement assez avancée en octobre, mais
qui peut dépendre de la précocité de l'hiver, de fortes pluies ou de
tombées de neige. Sa largeur varie d'un demi-mille près de l'em-
bouchure à 500 pieds plus en amont. La profondeur est générale-
ment bonne et le chenal n'est pas obstrué de souches ni de rochers
visibles ou submergés. Aux gorges appelées Little Canon et
Klootchman Canon, situées à 96 et à 106 milles respectivement de la-
mer, on est pourtant exposé, lorsque la rivière esj haute, à trou-
ver ces passages resserrés encombrés par des arbres déracinés
entraînés à la dérive.
c Un bon vapeur de rivière partant de l'embouchure de la Stic-
kine devrait atteindre Little Canon en un jour et arriver le lende-
main à Glenora ou Teiegraph Creek.
c De Glenora au lac Teslin, la piste suivie par les explorateurs
traverse un terrain accidenté, mais il n'y a pas à franchir de mon-
tagnes comme par les routes de Dyea et de Skaguay.
c Le lac Teslin et la rivière Hootalinqua sont libres de glaces du
20 mai au 1*» novembre environ, et ces eaux sont navigables pour
de petits bateaux à vapeur et autres embarcations. »
Pendant le courant de ce mois, M. Coste, ingénieur en chef du
département des travaux publics du Canada (un Français, ancien
élève de l'Ecole polytechnique), a été chargé de procéder à une
nouvelle exploration de la rivière Stickine. A son retour, il a
déclaré que cette route n'était praticable que comme route d'été,
la rivière étant obstruée pendant l'hiver par des bancs de glace et
de neige et la configuration de ses bords ne permettant pas la
construction d'une route.
Entre temps, un fort courant d'opinion s'est dessiné dans le
parlement d'Ottawa en faveur d'une voie directe pour atteindre la
région aurifère sans traverser les montagnes Rocheuses. Dans ces
conditions, les voyageurs devraient s'équiper et acheter leurs provi-
sions à Montréal et Toronto ou dans les villes d'importance secon-
daire, telles que Winnipeg, Edmonton, Prince Albort,etc.,qui sont
les vassales commerciales des deux premières. Cette nouvelle idée,
qui gagne rapidement du terrain, tend, comme on le voit, à sacri-
fier les villes de la côte du Pacifique, Victoria et Vancouver. Ces
dernières se trouvent donc avoir à lutter, non seulement contre la
concurrence américaine de San Francisco et de Seattle, mais en
même temps contre les centres de Test du Canada.
Les Américains se sont empressés de profiter de cet état de
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 315
choses. Des ingénieurs commencent déjà le tracé d'un chemin de
fer de Skaguay au iac Ben net t par le col de White. Skaguay est
désormais le port qui va concentrer le trafic du district au Yukon.
De la sorte les Américains vont sans doute monopoliser peu à peu
le mouvement de cette région.
En résumé deux courants principaux vont se former vers le
Klondyke : l'un par Skaguay et le col de White; l'autre par l'est
des montagnes Rocheuses, Prince Albert et Edmonton.
Mexi^M. — Etat de Vera Cruz. Les colonies françaises de
Jicaltepec et de San Rafaël; leur histoire , leur situation ac-
tuelle (i). — En Tannée 1831, M. Stéphane Guénot ayant projeté
de fonder une Société d'agriculture en commun, partit pour le
Mexique et, sans tenir compte du climat, des mœurs et de l'or-
ganisation politique et administrative du pays, acheta dans l'Etat
de Vera Cruz un vaste terrain situé sur la rive gauche du Palmar,
à Jicaltepec. Après s'être fait naturaliser Mexicain, il revint en
France et en ramena 80 colons recrutés aux environs de Dijon, et
qu'il avait engagés pour une durée de neuf ans.
A peine arrivés à Vera Cruz au mois de septembre 1833, les
émigrants furent transportés à Naretla, débarqués sur la plage
sans abri ni ressources, et virent 25 des leurs mourir du choléra ;
les autres gagnèrerent lentement Jicaltepec, où ils constatèrent
que rien n'avait été préparé en vue de leur arrivée.
Néanmoins les colons ne se découragèrent pas ; ils construisirent
les bâtiments nécessaires pour s'abriter, défrichèrent pour planter
des cannes à sucre et semer du maïs. Mais la misère devint bien-
tôt telle que les émigrants, quittèrent Jicaltepec pour gagner Vera
Cruz, Tuxpam, etc. Seules quelques familles demeurèrent sur le
terrain où elles étaient installées.
Elles y furent rejointes au mois de juillet 1835 par 124 nouveaux
émigrants, trompés comme les premiers par des offres sédui-
santes. Une fois arrivés sur l'emplacement de la colonie, ils consta-
tèrent l'étendue de leur malheur, mais se mirent au travail sans
se décourager. Toutefois, bientôt après, ils forcèrent à s'enfuir
Guénot dont les caprices et les fantaisies ne pouvaient que causer
une ruine rapide pour la colonie (septembre 1836).
Une fois livrés h leur propre initiative, les colons se tirèrent
(1) Cette notice de M. Scmpé, consul de France à Vera Cruz, résumée par
M. Henri Froidevaux, nous a été obligeamment communiquée par M. le directeur
des Consulats et Affaires commerciales au Ministère des Affaires étrangères.
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316 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
d'affaire. Puis, voyant que le travail en commun ne leur fournis-
sait aucun bénéfice, ils se séparèrent. Seuls les pères de famille
s'installèrent définitivement et créèrent des ranchos, soit sur les
terrains de Jicaltepec, soit sur le bord opposé du fleuve apparte-
nant à l' hacienda du c Jobo >. Il y cultivèrent avec succès la va-
nille, qui existe à l'état sauvage dans les cantons de Papantla et
de Misantla.
Mais la guerre qui éclata peu de temps après entre la France et
le Mexique vint mettre en péril l'existence de la colonie. En janvier
1839, les habitants de Jicaltepec reçurent des autorités locales l'in-
jonction d'évacuer leurs terrains dans le plus bref délai. Les
hommes obéirent; mais bientôt, grâce à la bienveillance du géné-
ral Santa Anna, président de la République mexicaine, ils purent
regagner leurs cultures et se remettre à leurs travaux. Aussi, dès
1840, la colonie française de Jicaltepec était-elle fondée; les qua-
rante familles qui la composaient, établies sur les deux bords du
lïeuve Palmar, jouissaient d'une tranquillité parfaite et d'une
certaine prospérité.
Alors commencèrent les améliorations : en 1843, le chemin
de Jicaltepec à Naretla fut ouvert; en 1846, on acheva la route
de Tlapacoyam, soit près de 15 lieues. C'est à ce moment que 30
colons nouveaux arrivèrent de France, dirigés par un sieur Hervin
qui essaya vainement de ressusciter l'esprit de communauté parmi
les engagés, et ne put que réorganiser la commission qui existait
encore en 1884 sous le nom de c Junte administrative >; à partir
de 1846, l'émigration continua par l'arrivée de plusieurs familles
qui allèrent s'établir sur des terrains avoisinants.
Cependant Jicaltepec prenait une certaine importance; un pre-
mier établissement commercial s'y fondait que d'autres suivirent.
Entre 1853 et 1861, on y trouvait de nombreux magasins qui atti-
raient les indigènes dans la localité; 5 ou 6 bateaux suffisaient à
peine au transport des marchandises dont la colonie avait besoin
pour sa consommation, et des produits qu'elle tirait de son sol.
Malheureusement, une crue subite du Palmar vint en septembre
1861 détruire l'œuvre commencée; l'eau monta en quelques heures
de 36 pieds au-dessus de l'étiage ordinaire et enleva tout, planta-
tions, bestiaux, marchandises, habitations. L'année suivante, le
vomito n^ro, causé probablement par les malheurs de 1861 ; enleva
plus de 300 personnes à Jicaltepec et dans les environs; puis la
guerre du Mexique rendit plus difficile encore la situation des co-
lons du même endroit. Enfin la construction du chemin de fer
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 317
de Vera Cruz à Mexico consomma la ruine de la colonie déjà bien
affaiblie par les épreuves de tout genre dont il vient d'être ques-
tion. En 1874, il semblait ne plus rester aux habitants de Jicaltepec
qu'une ressource : l'émigration.
Mais, à ce moment même, les terrains qu'ils occupaient chan-
geaient de maître et devenaient la propriété de M. Rafaël Mar-
tine* de la Torre; celui-ci fractionna les terres, et les vendit lui-
même aux colons de Jicaltepec, qui reformèrent alors, avec les dé-
bris de leur ancien établissement sur la rive droite du Palmar, la
colonie qu'ils appelèrent San Rafaël.
Très rapidement, San Rafaël se développa au détriment de Ji-
caltepec, dont la séparait seulement le rio Palmar. Il fallut de
longues démarches, des efforts persévérants, les instances de la
légation de France à Mexico pour obtenir, après expropriation, la
concession aux habitants, à titre définitif et en due forme, des
terrains qu'ils exploitaient. A ce moment seulement, ils en sont
devenus les légitimes et uniques propriétaires.
C'est par la latitude de 20° 13' et la longitude ouest de Paris de
98° que se trouve le pays colonisé par ces Français, la colonie de
Jicaltepec et San Rafaël, sur la petite rivière le Palmar, qui se
jette dans le golfe du Mexique à 61 milles au nord-ouesl de Vera
Cru* et constitue, malgré son peu de profondeur, un précieux se-
cours pour le commerce de la localité. Cette colonie qui est située en
pleine terre chaude, presque au niveau de la mer, et à une journée
de marche des terres froides, de la Sierra, se divise au point de
vue administratif en deux parties : Jicaltepec, situé sur la rive
gauche du Palmar, est une congrégation dépendant du vieux village
de Naretla; San Rafaël, sur la rive droite, est dans la juridiction
de Jalacingo.
Ce dernier point, destiné à devenir réellement important, occupe
un vaste plateau propre à toutes les cultures. 11 se trouve, comme
Jicaltepec, entouré d'une' contrée, dont les propriétaires tirent peu
de bénéfices; et cependant tout s'y récolte, le tabac, le café, la
vanille, le cacao, le maïs, le riz, etc. ; les forêts vierges sont peu-
plées de cèdres, d'acajous, de diverses espèces de chênes et d'es-
sences de toutes qualités. Parmi les fruits, il faut citer la banane,
l'orange, le citron et toutes ses variétés, la goyave, le zapote et
mille autres. Mais la plus grande richesse du pays, ce sont ses pro-
duits d'exportation auxquels on pourrait ajouter utilement les
épices, qui donneraient merveilleusement.
Le climat est sain ; la température généralement élevée, mais
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318 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
très supportable même en été, grâce au rafraîchissement inces-
sant de l'atmosphère, dû pendant le jour à la brise de mer venant
du sud-est et pendant la nuit à la brise des montagnes venant de
l'ouest. Pendant les trois mois d'hiver où ces brises ne soufflent
pas (novembre, décembre, janvier), le thermomètre descend jusqu'à
-f 10° Réaumur, parfois même le cacao gèle sur pied. 11 n'existe
aucune maladie régnante non plus que contagieuse à San Rafaël,
sauf quelques fièvres dont la quinine a promptement raison. Aussi
la population s'y développe-t-elle rapidement : la moyenne des en-
fants dépasse 4 par famille, et il y a de nonatamx ménages qui pos-
sèdent 8 et jusqu'à 10 enfants. Si Ton tient campte, d'autre part, de
l'arrivée de familles étrangères qui sont venues se mêler aux co-
lons français de San Rafaël, on ne sera pas étonné de constater
que le total de la population européenne soit de 800 âmes environ.
Cette population, qui ne se mélange point avec la population in-
digène qni l'entoure et maintient par conséquent dans toute son
intégrité l'originalité de l'esprit français, habite dans des ranchos
fort bien aménagés et pourvus de tout ce qui est nécessaire à la
bonne exploitation du sol. Elle se réunit le dimanche, jour de repos,
dans la modeste église de Jicaltepec, qui est la propriété de la co-
lonie ; elle envoie ses enfants à l'une des trois écoles qui existent
dans les deux localités (1 à Jicaltepec, 2 à San Rafaël). Prés de
200 enfants y reçoivent une instruction primaire élémentaire; tout
le monde, sans exception, sait lire, écrire et faire les quatre règles
dans la colonie. Mais là s'arrête la science des colons, qui , à un autre
point de vue, au point de vue de la connaissance du sol qu'ils habitent
etqu'ils cultivent,peuventen remontrer aux plus habiles; leurs splen-
dides établissements agricoles font en effet l'admiration de ceux
qui les visitent ; ce sont de véritables fermes modèles, qui sont à
la fois un élément de richesse pour l'Etat de Vera Crus et un hon-
neur pour la France, d'où sont sortis les fondateurs et la plupart
des habitants actuels des colonies de Jicaltepec et de San Rafaël.
H. F.
c*io»»ie. — Mission de Brettes. — De Pamplona, 28 avril,
le comte J. de Brettes écrit qu'il espère être de retour à la fin de
uin, de son dix-huitième voyage dans l'Amérique du Sud. 11 ajoute :
c Je rapporte des documents géographiques, cette fois princi-
palement des altitudes à l'hypsométre (calculées), environ 200;
de belles collections (principalement de minéraux) et 400 photo-
graphies.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 319
c Parti à cheval de Bodega central sur la rire droite du Mag-
<ialena, j'atteignais successivement Ocaûa, Bucaramanga et enfin
Bogota, achevant ainsi (dans mon voyage de 1897) l'itinéraire
suivi par Quesada à l'époque de la conquête et dont j'avais par-
couru la première partie en 1893.
c Je repartis de Bogota* toujours à cheval, et visitai successi-
vement les mines d'émeraudes de Boyaca et les alluvions auri-
fères du Santander, pour gagner Cucuta par Bucaramanga et Pam-
plona, d'où je vous écris.
c De Cucuta, je descendrai en vapeur les rios Zulia et Cata-
tumbo et arriverai a Haracaïbo;de là à Sinamaica en goélette;
puis, en territoire indien goagire, à cheval. Enfin, retour en France
par Maracaibo, Curaçao, etc. »
J. de Brettes.
OCÉANIE
Abstraite. — Voyage de MM. J. et P. Gamier. — De Kurawa,
long. E. Greenwich : 121° 15'; lat. S. : 30° 25', 30 avril, c Les pre-
miers jours ont été durs à cause de la chaleur et surtout des
innombrables mouches qui nous tourmentaient... Tout en pour-
suivant nos études sur la géologie et les mines, nous prenons sur
-cette curieuse contrée beaucoup de notes que nous pourrons plus
tard publier.
c Voici, entre autres, un fait bien peu connu, même dans ce
pays. Nous ne pouvions nous expliquer comment les indigènes fai-
saient pour vivre ici sans eau : on nous disait bien qu'ils se conten-
taient de l'eau que la pluie abandonne, une ou deux fois par an,
dans des cuvettes de rochers, mais cette explication nous paraissait
tout à fait insuffisante et je ne cessais de m'informer tant auprès
<les prospecteurs, que des quelques nègres sachant un peu d'an-
glais; mais ces derniers sont si bornés qu'on n'en peut rien tirer.
Enfin, un missionnaire protestant, le Rév. Barton-Parkes, me mit
en relation avec un indigène plus policé, qui nous apprit l'exis-
tence dans le pays d'un arbre, dont les racines sont imprégnées
d'eau douce; comme elles rampent à la surface du sol, il est
facile de les extraire avec un bâton pointu ; on en emporte en voyage
des provisions et quand la sécheresse est extrême, les indigènes
se réunissent dans les endroits où ces arbres sont le plus abondants.
c Je me mis donc à la recherche de ces arbres et nous eûmes
la chance d'en rencontrer dans un lieu nommé Windermere, entre
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320 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Black flag et Kurawa. Les feuilles de l'arbre» bien qu'il se plaise
dans les endroits rocailleux, sont extrêmement vertes; son bois
est mou» par rapport à celui des arbres du pays qui sont généra-
lement si durs; ses fleurs ont la grandeur d'une pièce de dix sous
et sont verdâtres; le fruit a la dimension d'une petite cerise sau-
vage ; enfin, ses racines, dont nous avons recueilli des échantillons,
sont une succession de nodosités, parfois de la grosseur d'un fort
épi de maïs ; les noirs les mangent après en avoir bu l'eau; comme
goût, elles rappellent notre rave. Sans doute à cette description
un botaniste reconnaîtra cet arbre, mais l'usage qu'en font les
indigènes australiens est peut-être encore inconnu.
c Nous nous occupons de recueillir un vocabulaire de la langue
et nous avons déjà pu noter des mots identiques à ceux qui sont
usités en Nouvelle-Calédonie.
c Quant à la race, elle défie toute description dans ces malheu-
reux déserts; c'est l'abjection physique la plus profonde.
c J'ignore si je pourrai réussir à me procurer les crânes que
m'a demandés le D* Hamy. >
J. Garnier.
M. J. Garnier, que son état de santé a contraint à devancer son
retour, s'est embarqué le 23 mai à Albany. Le 19 juin, il est
rentré en France avec de nombreux documents sur la géologie, la
météorologie et la linguistique des régions qu'il avait parcourues.
III. - NOTES
V expédition océanographique allemande. — Le gouvernement
allemand a organisé à ses frais une expédition océanographique,
placée sous la direction du professeur Chun. Le projet a été déve-
loppé par le Dr G. Schott devant la Société de géographie de Ber-
lin au mois de mars. Les travaux sont divisés en deux parties
distinctes : l'océanographie proprement dite et la zoologie. Celle-
ci doit être étudiée au point de vue géographique. Les sondages,
qui seront exécutés avec l'appareil Sigsbee perfectionné, auront
pour principal objectif les espaces inconnus de l'Atlantique sud et
de l'océan Indien, puis les abords du plateau antarctique, les
parages à l'est du cap de Bonne-Espérance, ceux de l'est de Mada-
gascar, les environs de Sumatra et de l'Australie, les abords des
Seychelles, de File Chagos et de quelques groupes isolés de
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SÉANCB8 DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 321
l'Océanie. 11 est à remarquer que, daus l'Atlantique sud et l'océan
Indien, il n'a été encore exécuté aucun sondage permettant de
donner des notions, même élémentaires, sur l'orographie sous-
marine.
Les observations thermométriques seront exécutées avec le ther-
momètre à renversement do Negrctti et Zambra, conjointement avec
le téléthermomètre du professeur Eschenhagen qui fonctionne
électriquement. On recherchera plus spécialement les causes de
la prétendue uniformité de la température des eaux des grandes
profondeurs, c les eaux fossiles » telles qu'elles ont été désignées.
Cependant, on pense limiter cette recherche aux couches supé-
rieures, aux profondeurs abyssales de 6,000 mètres. L'étude des
courants doit aussi particulièrement attirer l'attention. Les seuls
moyens dont on puisse faire usage sont les lochs perfectionnés et les
déterminations astronomiques. Les vagues, leur hauteur, leur
forme, la coloration de l'eau, sa transparence et les phénomènes
qui s'y rattachent seront l'objet d'études spéciales ; mais la zoologie
marine reste le but prédominant de l'expédition (1). — J. Girard.
Sources de naphte. — Le Chemin de fer transcaspien. — 1 . Une
importante découverte géologique a été récemment faite dans le
Caucase occidental, notamment aux environs d'Ânactia, bourg qui
se trouve près de l'embouchure de l'Ingour dans la mer Noire :
on y a trouvé des sources de naphte. La terre, qui produit cette
huile minérale, appartient au prince de Mingrélie et le droit d'ex-
ploitation à un négociantde Moscou, M. Mindowsky. Les recherches
géologiques, qui ont abouti à la découverte, étaient menées par
MM. Young et Tzouloukidzé, le premier est le représentant d'une
maison de banque française et l'autre un ingénieur des mines
russe. Le 2/14 mai,- ces deux explorateurs ont commencé leurs
travaux de terrassement et n'ont pas tardé à trouver les couches
de sable imbibées de naphte. La surface de l'eau, qui se dégageait
pendant les travaux, a été bientôt couverte de naphte liquide.
Sur le rapport des deux explorateurs, il a été décidé que l'ou
commencerait immédiatement le forage du terrain et qu'on procé-
derait ensuite à l'exploitation du pétrole, comme à Bakou, dont.
Anaclia deviendra le concurrent heureux, car c'est un port de la
mer Noire et non de la mer Caspienne séparée de l'Europe par
toute la largeur du Caucase (900 kilom.).
(i) Verhandlungen, 1898, n" S et 3; G40$r. Journal, juin 1898.
soc. de géogr. — c. a. dis séances.— H" 6 et 7.— Juin et Juillet. 23
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322 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
2. Le chemin de fer transcaspien, qui, récemment encore, abou-
tissait à Samarkand, est maintenant prolongé jusqu'à Tachkent et
Andidjan. Le 30 mai (11 juin), le ministre russe des voies de com-
munication, le prince Kbilkoff, a personnellement inauguré la
branche de Tachkent. — M. Vénukoff.
Excursion archéologique de M. Pantoussoff au Semirètchié. —
M. Nicolas Pantoussoff, conseiller d'Etat à Vierny, a fait parvenir
à la Société deux séries de photographies (voir aux Ouvrages
offerts) prises par lui dans la région du Semirètchié durant une
excursion faite aux mois de septembre et d'octobre 1897. Ces pho-
tographies sont accompagnées de deux notices manuscrites, dont
voici une courte analyse.
Le 24 septembre, M. Pantoussoff quitta, en compagnie de
M. Assanoff, interprète du gouvernement, la ville de Vierny pour
une exploration du Tamgaly-tass (en kirghiz : pierres avec in-
scriptions) ou Kaptchagaï, terme par lequel les Kirghizes désignent
les bords rocheux de 1*1 li. A ce moment de Tannée, les bords du
fleuve sont déserts. Les Kirghizes n'y arrivent pour l'hivernage
qu'après la chute des premières neiges. En amont d'Iliysk (1), le
fleuve est bordé, à droite, de hauts rochers, sur un parcours de
47 kilomètres. Sur la rive gauche également, mais sur une étendue
moindre, — environ 20 kilomètres — des rochers se dressent à
pic et le fleuve semble encaissé dans un étroit défilé, c En aval
de ce point, jusqu'au Balkhach, les rives sont plates, argileuses,
couvertes de cailloux et de quelques saules. Le terrain est dur.
La région entière présente un plateau désertique, dominé çà et là
par quelques sommets plats ou par des collines... » La flore du pays
est pauvre : la végétation la plus abondante est Yibelek (cerato-
Carpus Sp.) que les chevaux mangent volontiers. On y trouve aussi
différentes sortes d'absinthe (artemisia). La faune est, par contre,
plus nombreuse et attire souvent les chasseurs de Vierny. On y
chasse notamment le faisan, le lièvre, le sanglier. La région est
d'ailleurs impropre à la culture par suite du manque d'eau.
Aux endroits élevés, les rochers escarpés, granités et porphyres,
atteignent parfois une hauteur de plus de 50 mètres. Un nombre
considérable de ces pierres, à la suite d'éboulements, jonchent le
sol à quelques mètres de Tlli. C'est sur dix-huit de ces dernières
pierres que M. Pantoussoff a relevé une série de gravures figurant
(1) Bourg sur la rive gauche de l'ili, vers 43«54' lat. N. et 74° 5C long. E. de Paria.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898.
323
des bourkhanes (idoles), des serpents et diverses inscriptions en
langues kalmouke et tibétaine. La pierre principale, dont la gra-
vure est représentée ci-dessous, renferme trois figures. Elle n'a
pas moins de 5 mètres de haut sur 8 m. 50 de large.
Spécimen d'inscription» et de iigurea kalmouke s découvertes par M. Pantoussoff.
Au dire des Kirghizes, qui habitent le pays depuis vingt ans en-
viron, ces inscriptions seraient dues aux Kalmouks.
Une autre série de photographies a été prise par M. Pantoussoff
dans les monts Tchoulak, notamment au défilé connu sous le nom
de Taïgak, à environ 70 kilo m. en amont d'Hiysk, sur la rive droite
du fleuve. Là aussi, étaient figurés des animaux (cerfs, boucs) ;
ou bien c'étaient des textes en langue mongole. La région en elle-
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324 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
même est fort pauvre, aride. Rares sont les oasis avec quelque
végétation. Au moment de la visite de M. Pantoussoff, les Kirghizes
quittaient le pays, chassant devant eux leurs troupeaux qu'ils
allaient échanger contre des céréales dans le district de Vierny.
La région avait, peu de temps auparavant, été dévastée par des nuées
de sauterelles.
IV. — CONGRÈS ET SOCIÉTÉS SAVANTES
Congrès des ingénieurs civils. — A l'occasion du cinquantenaire
de la Société des ingénieurs civils, des fêtes ont été organisées
sous la présidence de M. Loreau et un congrès a été tenu du
10 au 15 juin. Vingt-cinq Sociétés étrangères et vingt-deux So-
ciétés françaises étaient représentées. La Société de Géographie
avait délégué le prince Roland Bonaparte et M. Edouard Rlanc.
Les séances du Congrès ont été remplies par des conférences
sur les progrès accomplis dans les sciences et dans leurs applica-
tions. Les travaux de l'Exposition de 1900 ont fourni le sujet d'in-
téressantes communications, suivies de visites aux chantiers. Au
cours d'une promenade en Seine des indications très curieuses
ont été données aux congressistes sur l'exécution des grands tra-
vaux qu'entreprennent, du pont d'Austerlitz à Passy, les compagnies
des chemins de fer d'Orléans et de l'Ouest.
11 faut encore citer la réception qui a eu lieu au Conservatoire
des arts et métiers en l'honneur du cinquantenaire de la Société
des ingénieurs civils.
Centenaire du Conservatoire des arts, et métiers. — Le 21 juin
ont eu lieu les fêtes du centenaire de l'installation du Conserva-
toire des arts et métiers dans l'ancien prieuré de Saint-Martin-
des-Champs.
Dès 3 heures les personnes munies de cartes ont pu visiter les
magnifiques galeries du Conservatoire et l'exposition expérimen-
tale des récentes inventions scientifiques et industrielles. Une
séance solennelle a été tenue dans l'amphithéâtre. Le colonel
Laussedat, directeur, a fait l'historique du Conservatoire des arts
et métiers et a rendu un juste hommage aux savants qui le fondè-
rent ou favorisèrent son développement. Après ce discours on a pro-
cédé à la distribution des récompenses.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 325
Répondant au désir qui lui avait été exprimé, la Société de Géo-
graphie avait mis à la disposition de la direction un choix de
photographies de voyage prises dans ses collections et se rappor-
tant aux quatre parties du monde. Elles étaient exposées dans la
bibliothèque du Conservatoire, où elles ont attiré tout particuliè-
rement l'attention des visiteurs.
Concours de montres décimales et conférence sur V application
du système décimal au temps. — M. de Rey-Pailhade, ancien pré-
sident de la Société de géographie de Toulouse, qui s'occupe
d'appliquer le système décimal à la notation du temps, a organisé,
avec l'aide du Moniteur de l'horlogerie, un concours international
d'appareils de mesure de temps, gradués d'après cette méthode. La
place dont nous disposons dans ce recueil ne nous permet pas de
reproduire in extenso la note qu'il a bien voulu nous communi-
quer à ce sujet. Notons seulement quelques indications :
c L'exposition des 19 instruments reçus a eu lieu du 13 au 25 juin
à l'École d'horlogerie de Paris. On y avait ajouté une intéres-
sante exposition rétrospective d'anciennes montres décimales. >
— M. de Rey Pailhade a fait, le 3 juin, à l'École d'horlogerie une
conférence sur l'application du système décimal au temps, c I*a
Convention nationale, a-t-il dit en substance, en décrétant le système
métrique décimal des poids et mesures, avait établi aussi le ca-
lendrier républicain, le temps décimal et la division du quart de
cercle en 100 grades. Le célèbre mathématicien Laplace et le
savant géodésien Puissant employèrent seuls ces nouvelles unités,
qui tombèrent rapidement dans un profond oubli. Quelques dis-
cussions eurent lieu à l'Académie des sciences en 1870, puis en
1884 à l'occasion du Congrès de Washington, c Dès 1893, j'ai repris
cette réforme dont l'application rendrait d'immenses services à la
science, en réduisant la durée des calculs de près de 1/3 et en
abaissant le taux des erreurs de i ou 5 à 1. — Un point sur lequel
tout le monde semble d'accord, est une concordance absolue entre
l'expression numérique du temps et celle de l'angle. Le service
hydrographique français, afin de pouvoir employer les cartes gra-
duées en grades, a commandé 6 chronomètres divisés en 400 par-
ties égales par jour. La Marine va essayer ce système pendant un
an. >
— La Société ,1e géographie de Marseille envoie le programme du
Congrès national des Sociétés françaises de géographie (19e ses-
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326 COMPTES RENDU8 DE8 SÉANCES.
sion), qui se tiendra, sous ses auspices, en cette ville du 18 au 25 sep-
tembre 1898. Le prince d'Arenberg présidera. Ce programme
comprend des questions de géographie générale, régionale, colo-
niale.
Des conférences auront lieu également, faites par Mme Massieu,
et par MM. Bonvalot, Marcel Dubois, capitaine Baud, etc.
M. le prince d'Arenberg représentera notre Société.
D'autres Congrès sont annoncés pour cette année :
12* Congrès des Sociétés suisses de géographie à Genève le
5 septembre 1898.
27* session du Congrès de l'Association française pour l'avance-
ment des sciences, à Nantes, le 4 août 1898. — M. le D' Fernand
Delisle, délégué.
Congrès archéologique, à Bourges, du 6 au 12 juillet 1898. —
M. le comte de Marsy, délégué.
2* Congrès international de pèche maritime, à Dieppe, du 2 au
5 septembre 1898. — M. le baron de Guerne, délégué.
Congrès international d'histoire diplomatique, à La Haye, ^sep-
tembre. — M. le prince Roland Bonaparte, délégué.
— Le 5 juin, a eu lieu à la Sorbonne, sur l'initiative du Comité
Dupleix, une double conférence, où MM. Jules Lemaltre, de l'Aca-
démie française, et notre collègue M. G. Bonvalot, directeur de
ce comité, ont parlé, le premier, de la Réforme de notre édu-
cation nationale, le second, de la France de demain.
M. Lemattre a, entre autres conseils, fortement recommandé
l'étude de la géographie : c ... Mais c'est sur la géographie qu'il
faudra surtout s'arrêter. Car il semble bien que la première chose
à connaître, c'est la figure de la planète. C'a été peut-être une idée
géniale de Raoul Frary, ce précurseur, de faire de la géographie
le centre même de l'enseignement et de vouloir que les autres
sciences ne fussent enseignées qu'à l'occasion de celle-là. On n'en
séparerait point, en tout cas, les quelques notions de cosmographie,
de géologie et d'économie politique qui s'y rattachent naturelle-
ment. >
Quant à M. Bonvalot, c'est à former des générations nouvelles,
aptes à mettre en valeur nos possessions d'outre-mer, qu'il s'attache
résolument.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 327
V. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
présentation* d'onvrages. — Plan-relief de l'Espagne et du
Portugal. — M, de Lapparent présente, de la part de Fauteur
(rab. correspondant de notre Société), M. de Bolella y Hornos, in-
specteur général des mines et membre de l'Académie des sciences
>de Madrid, le plan-relief de la péninsule ibérique, dressé, à
l'échelle du 2,000,000e, en conformité de la carte hypsoraétrique,
publiée, il y a quelques années, par le savant auteur de la Géo-
graphie physique de l'Espagne.
Il signale les principales particularités du travail de M. de Bo-
tella, et notamment la clarté avec laquelle ressort l'allure du pla-
teau sous-marin qui sert de socle à l'Espagne du côté de la
Méditerranée.
M. de Lapparent offre ensuite, en son propre nom, un exem-
plaire de la seconde édition de ses Leçons de Géographie phy-
sique (4). L'ouvrage s'est accru de 128 pages, par suite des déve-
loppements donnés aux descriptions régionales, surtout pour la
France et pour l'Amérique du Nord, ainsi que par l'addition de deux
leçons nouvelles, consacrées l'une aux océans, l'autre au difficile
sujet de la classification des montagnes. Le nombre des dessins,
croquis topographiques ou photogravures, a été porté de 117 à 163.
c Le fait que deux années à peine aient suffi pour rendre une
seconde édition nécessaire, témoigne explicitement des dispositions
de l'opinion publique à l'égard de la réforme de l'enseignement
géographique. Quelque résistance que paraisse soulever cette
réforme, il paraît évident, d'après ce témoignage, que la majeure
partie des esprits éclairés est prête à l'accueillir, et qu'on se rend
de mieux en mieux compte de l'union intime qui doit exister entre
la connaissance des formes de la surface et celle des conditions de
leur genèse.
« Gomme preuve nouvelle de cette disposition, j'invoquerai, ajoute
M. de Lapparent, une publication toute récente, que je suis pré-
cisément chargé d'offrir aujourd'hui à la Société. Je veux parler
du charmant petit guide au Cantal (2), que mon ami M. Boule, as-
sistant au Muséum d'histoire naturelle, vient de publier avec la
(1) Voir aux Ouvrage* offerts,
(i) Idem.
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328 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
collaboration de M. Farges, archiviste paléographe. Cet ouvrage,
enrichi de 85 dessins ou photogravures, qui ont été choisis avec
le plus grand soin, initie le lecteur à tout ce qui concerne la géo-
logie, l'orographie, l'hydrographie, le climat, la flore, la faune, la
population, l'archéologie, l'histoire, l'administra tion et l'agricul-
ture de la région. Une suite d'itinéraires, appuyés par deux cartes
en couleurs, font connaître toutes les excursions qu'on y peut faire.
c 11 serait à souhaiter que toutes les régions naturelles de la
France fussent l'objet de monographies analogues, écrites avec
autant de compétence et une intelligence aussi profonde de la
constitution intime du pays considéré. >
L'Heure nationale, par M. Bouquet de la Grye, de l'Institut. —
Le but que poursuit l'auteur est de montrer les inconvénients et
les dangers d'une loi votée récemment parla Chambre des députés.
Cette loi donne à la France pour heure nationale celle du méridien
de Paris diminué de9m21", autrement dit l'heure de Greenwich.
La Société de Géographie, qui avait déjà repoussé l'adoption de
ce méridien au Congrès de Washington en 1884, s'en est tenue à
ses précédentes conclusions, dans une lettre qu'elle adressait, le
i avril dernier, au Ministre de l'Instruction publique. C'est aux
mêmes conclusions qu'aboutit notre savant collègue dans cette
brochure où il discute la question en l'envisageant sous ses diffé-
rents aspects.
— M. Ludovic Drapeyron adresse à la Société de Géographie le
résumé d'un mémoire inédit intitulé : Projet de jonction géodésique
de la France et de l'Italie, par Cassini de Thury, en 1776, d'après
des documents tirés des archives de Vienne (Autriche).
11 faut savoir qu'en 1775 le fils de Cassini de Thury fit un voyage
en Italie, où il fut très bien accueilli: à Florence, parle grand-duc
Léopold de Toscane, qui le chargea de lever la carte de la Toscane
même; par l'empereur Joseph II, alors à Venise; à Rome, parle
pape Pie VI; il alla jusqu'à Naples. De là, l'idée de Cassini de
Thury de s'adresser à l'impératrice Marie-Thérèse, mère de l'em-
pereur et du grand-duc, qu'il connaissait déjà, pour qu'elle lui
accordât l'autorisation d'opérer, à travers la Lombard ie, la jonc-
tion de la France et de l'Italie.
Le projet du père et celui du fils ne se réalisèrent pas. Cepen-
dant le branle était donné : Rizii Zannoni fut chargé en 1777 des
opérations au nord de l'Italie, et quelques années plus tard, il leva
le royaume de Naples, suivant les principes de Cassini de Thury.
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SÉANCES DE JUIN ,ET DE JUILLET 1898. 329
— A Journal of the First Voyage of Vasco da Gama (U97-1 499).
Hakluyt Society, 1898. — La Société Hakluyt de Londres publie
soos ce titre une série de documents rassemblés et traduits par
M. Ravenstein, qui organisa en 1895 avec tant de compétence
l'exposition du 6* Congrès international de Géographie.
Une introduction sur Vasco de Gama et sur les sources, aux-
quelles a dû puiser l'auteur, précède la traduction du Roteiro-
Ce journal du premier voyage de Vasco de Gama, écrit par un
membre de l'expédition, dont l'histoire n'a pas conservé le nom, a
été traduit en français par Ferdinand Denis en 1855 et Arthur
Morelcten 1864.
La seconde partie du volume contient, sous forme d'appendices,
plusieurs lettres concernant ce voyage : deux d'entre elles éma-
nent du roi Manuel; d'autres, pleines de faits, sont de Sernigi, un
Florentin qui commerçait à Lisbonne, au moment du retour de
Paul de Gama (1499).
Trois relations portugaises du voyage, des notes sur les marins
composant l'expédition et leurs équipages s'ajoutent aux précé-
dentes. Il faut signaler les cartes anciennes qui illustrent le pre-
mier voyage de Vasco da Gama.
Parmi celles que M. Ravenstein reproduit en t^out ou en partie
dans ce volume, se trouvent une carte d'Afrique de 1502 (auteur
inconnu), publiée en 1896 par le Dr Hamy, et une carte de Nicolas
Caneiro, de la même époque, déjà signalée par M. Gallois dans
le Bulletin de la Société de géographie de Lyon et dont l'original
se trouve à Paris au Service hydrographique de la Marine.
La Société Hakluyt, qui avait édité en 1869 Three Voyages of
Vasco da Gama, a tenu à compléter cette étude par la publication
du Roteiro, au moment où le Portugal célébrait le 4« centenaire
de la découverte de l'Inde.
— La Société de Géographie a reçu la collection du Commerce
colonial, moniteur des relations économiques de la France et des
colonies. Cette revue hebdomadaire, publiée sous la direction de
MM. J. Hess et Ch. Léser, veut être : 1° la tribune de tous les
partisans du développement de la France par ses colonies; 2° l'in-
termédiaire entre les commerçants de nos colonies et ceux de la
métropole. Fidèle au programme qu'il s'est tracé, le Commerce
colonial ne se contente pas d'ébaucher à grands traits l'état du
commerce dans telle ou telle colonie française. Il s'empare des
faits, les discute et conclut. Les produits coloniaux, comme le
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330 COMPTES RENDUS DE8 SÉANCE 8.
coton, l'huile, le caoutchouc, de même que l'exportation de certains
produits métropolitains, y sont l'objet d'études détaillées.
Nous sommes heureux de signaler ce nouvel effort dirigé vers
la mise en valeur de notre domaine colonial. D'ailleurs, les questions
traitées dans cette revue sont pour la plupart du ressort de la géo-
graphie économique et rentrent, comme telles, dans le cadre des
travaux de la Société.
Aux fjords de Norvège et aux forêts de Suède, par M. Charles
Rabot (1). — En deux volumes, parus à un mois de distance,
M. Rabot fait une description complète de la péninsule Scandi-
nave. Aw Cap Nord (2) résume les explorations, les recherches et
les études qu'il fit, pendant dix années, dans la partie septentrio-
nale de la Scandinavie. Aux fjords de Norvège et aux forêts de
Suède traite de la partie méridionale de la péninsule. Ce deuxième
volume débute par un aperçu de la côte, et par un coup d'œil sur
l'histoire, la littérature et la politique de la Norvège. Après avoir
considéré, du sommet du Gausta, la carte en relief du Telemark,
il se rend de Kristiania à Throndjem. La géologie, l'histoire natu-
relle et la statistique lui offrent, chemin faisant, matière à des
discussions qui augmentent l'intérêt du livre sans alourdir le
récit. Des fjords on passe aux glaciers et c'est ainsi que, tantôt i
pied, tantôt en bateau, on arrive à Bergen. Revenu à Kristiania
par les fjords célèbres de Hardanger et de Sogne et par le Val-
ders, l'auteur pénètre en Suède. 11 franchit la frontière à Char-
lottenbourg, compare dès l'abord le Suédois sociable et fier de son
passé, au rude Norvégien épris d'indépendance, donne de Stock-
holm une vue à vol d'oiseau, puis visite en détail c cette capitale
du rêve bâtie par l'imagination >, pénètre enfin dans la Dalé-
carlie, dernier sanctuaire des vieilles coutumes, où s'est réfugié
le mystérieux passé de la Suède.
C'est ainsi que, sans fatigue, le lecteur profite de l'érudition et
de l'expérience d'un mentor, qui l'attire surtout vers le nord de la
péninsule, dans ce pays du fantastique et du grandiose.
Uessor industriel et commercial du peuple allemand, par
M. Georges Blondel. — L'auteur, qui a fait de l'histoire sociale et
économique de l'Allemagne l'objet d'études d'une haute valeur, pré-
sente, dans ce nouvel ouvrage, un tableau fidèle et sincère du dé-
fi) Paris, Hachette, 1896.
(2) Comptes rendut, 1898, p. 263.
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SÉANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 331
veloppement industriel et commercial de ce pays. Nous y voyons
comment, après avoir grandi par les armes, il a remporté des vie*
toires nouvelles sur le terrain pacifique. L'essor économique de
l'Allemagne, fruit de longs efforts, est tel que cette nation est
devenue pour l'Angleterre elle-même un adversaire redoutable.
Les causes de ce progrès extraordinaire sont le tempérament de
la race, l'éducation donnée aux jeunes gens, la méthode scienti-
fique, la politique commerciale du gouvernement. L'exposé im-
partial fait par M. Blondel contient de grands enseignements et il
est de nature à nous inspirer d'utiles réflexions. G. Regelsperger.
Voyage au pays des fjords, par M. Antoine Salles. — L'auteur
a voulu présenter, non pas une étude générale, mais une descrip-
tion physique de la Suède et de la Norvège, en suivant un itiné-
raire connu, de façon à renseigner les touristes sur la route qu'ils
seront le plus souvent amenés à prendre pour visiter la presqu'île
Scandinave.
Si ce livre a une portée pratique, il n'en suppose pas moins, chez
son auteur, des connaissances étendues et variées, que nous avions
déjà appréciées dans son précédent ouvrage sur le Danemark qu'il
publia sous ce titre : Au pays d'Hamtit.
Attiré par le charme des pays du nord, M. Salles sait communi-
quer au lecteur le désir de connaître les contrées merveilleuses
qui séduisent l'imagination et où nos compatriotes sont certains
de recevoir le meilleur accueil.
Régime du bassin artésien de Y Oued Bir* (Sud-Algérien) et les
moyens de mieux utiliser ses eaux d'irrigation. — Dans ce tra-
vail, objet d'une communication à l'Académie des sciences, M. G.
Rolland, ingénieur en chef des mines, expose la situation actuelle
du bassiu artésien de l'Oued Rir' après une expérience de 37 cam-
pagnes de sondages (de juin 1856 à mai 1866, d'avril à juin 1870,
d'avril 1874 à ce jour.)
11 examine à nouveau ce qu'a de fondé la crainte de voir le bas-
sin de l'Oued Rir' s'épuiser et les nouveaux sondages nuire aux
puits déjà existants. Sans partager certaines alarmes, il montre
que le moment est venu d'être circonspect. 11 a considéré les eaux
de POucd Rir' comme d'intérêt public, et, avec M. Jus, le directeur
des sondages, il a demandé la nomination d'une commission lo-
cale de surveillance, qui suffirait sans doute à sauvegarder ce qui
est acquis, sans entraver les recherches futures.
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332 COMPTES RENDUS DE8 SÉANCES.
D'autre part, M. Rolland fait connaître qu'il a trouvé un moyen
applicable dans beaucoup de cas, de mieux utiliser les eaux déjà
fournies par les puits actuels, sans recourir à de nouveaux son-
dages, ni pratiquer de nouvelles saignées à la nappe jaillissante.
Ce moyen, réalisé par lui dans les oasis de création française
de la Société du Sud -Algérien, consiste à empêcher les déperdi-
tions considérables, qui se produisent par infiltration le long des
principaux ruisseaux d'arrosage, en les canalisant avec des ca-
niveaux en terre cuite, fabriqués sur place. C'est là un progrès
incontestable dans l'hydraulique agricole des oasis sahariennes.
— M. Georges Rolland adresse également à la Société une
autre communication de lui à l'Académie des sciences, en date du
17 janvier 1898, sur les Gisements souterrains des minerais de
fer oolithiques du nouveau bassin de Briey {Meurthe-et-Moselle)
(avec carte).
— Le capitaine Alfred Bertrand, explorateur, offre la relation du
voyage accompli par lui (1895-1896) dans l'Afrique australe. 11 en
avait déjà fait, à son retour, l'objet d'une conférence à la Société
(séance du 22 janvier 1897), mais on a maintenant le récit complet,
formant un magnifique volume sous le titre de Voyage au pays des
Ba-rotsi (Haut-Zambèze), orné de 104 très belles gravures, dont la
plupart ont été faites sur les photographies de l'auteur, et de
2 cartes, dont Tune donne l'itinéraire de M. Bertrand, et l'autre
représente une partie du royaume de Ba-rotsi.
Le journal de voyage de l'explorateur forme le corps de son livre.
Dans un appendice, qui est une étude détaillée du royaume des
Ba-rotsi et de ses habitants, le capitaine Bertrand a donné des
renseignements sur l'influence bienfaisante qu'y exercent les mis-
sions évangéliques françaises. Un autre appendice contient la partie
purement géographique de l'exploration.
Les lies Mariannes, par M. Alfred Marche. — M. Marche est
le premier de nos compatriotes qui ait visité complètement cet
archipel, sur lequel les renseignements ne manquaient pas ; mais
ils étaient disséminés dans des ouvrages difficiles à se procurer.
L'auteur a donc rendu service en publiant les notes qu'il avait
prises pendant son séjour dans ces lies en 1887-1888. C'est après
ses deux voyages dans les Philippines qu'il s'y rendit, chargé d'une
mission du Ministère de l'Instruction publique. Les Mariannes,
découvertes par Magellan en 1521, et appelées par lui lies des
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SÉANCES DB JUIN ET DE JUILLET 1898. 3&>
Larrons (on en devine la raison), forment une chaîne de dix lies
dont la principale est Guaham, ou Guajam ou encore Guam, capi-
tale Agana. Aussi est-ce sur elle que le voyageur donne le plus de
détails. 11 dit que le village d'Agat serait mieux qualifié qu' Agana
pour être la capitale de l'île ; le site est plus sain et Peau douce
est à proximité; le transfert n'aurait que des avantages; mais
c il faut compter ici avec une apalhie et un esprit de routine
presque invincibles».
Dans cette brochure, M. Marche fournit des renseignements inté-
ressants sur les mœurs et les usages des Mariannais. La race qui
peuple aujourd'hui l'archipel est presque tout entière métissée. Les
indigènes, appelés Ghamorros et qui n'étaient pas moins d'une cen-
taine de mille quand les Espagnols prirent possession des Mariannes
(1668), n'existent plus guère à l'état pur que dans l'île de Rota.
Retour de M. de Brettes. — Le 17 juillet, le vicomte de Brettes,
accompagné du baron P. Despatys, débarquait à Bordeaux après un
voyage d'un an dans l'Amérique du Sud. La lettre, qu'il écrivait
à la Société en avril et qui se trouve résumée dans les Nouvelles
géographiques y annonçait son projet de se rendre dans le terri-
toire indien Goagire, presqu'île située à l'extrême nord de l'État de
Colombie. Cette partie du voyage a duré trois mois. Les voyageurs
songèrent ensuite au retour, qui s'effectua par Curaçao et la Guayra
(Venezuela), la guerre hispano-américaine ne leur ayant pas per-
mis de remonter jusqu'à New- York.
Le 25„à 11 heures du matin, plusieurs membres de la Société de
Géographie sont allés recevoir M. de Brettes à la gare d'Orléans.
M. Bouquet de laGrye, ancien président de la Société, et M. Girard,
secrétaire adjoint, l'ont félicité au nom de leurs collègues du
succès de sa nouvelle exploration.
Nécrologie. — M. Erhard (Georges), qui appartenait à la So-
ciété depuis 1872, a succombé à Paris le 21 juin. Les nombreux
services qu'il a rendus à la science, en sa qualité de graveur géo-
graphe, et les marques de dévouement qu'il n'a cessé de prodiguer
à la Société depuis son inscription sur nos listes, méritent d'être
signalés. Plusieurs de ses collègues ont pu assister à ses funé-
railles et se foire, auprès de sa veuve et de ses frères, les interprètes
de tous. La Société ne peut oublier, en effet, l'obligeant concours
que lui a prêté M. G. Erhard lors de l'organisation de la section
française du Congrès géographique international de Londres en
1895. Elle a le devoir de rappeler également que, depuis 1881,
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334 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
elle décerne, tous les deux ans, un prix de 300 francs pour la con-
struction et la production des cartes, fondé en mémoire de leur
père par MM. Georges, Henri et Eugène Erhard.
Af. Pascal Garnier, membre de la Société de Géographie, a été
emporté par la fièvre à Goolgardie, au cours d'une exploration
dans l'Australie occidentale. Cette mort prématurée atteint double-
ment la Société. C'est avec son père, M. Jules Garnier, membre
delà Commission centrale, que le jeune explorateur avait entrepris
ce nouveau voyage, dont nous nous plaisions à noter les impor-
tants résultats. Les c Nouvelles géographiques >, publiées dans ce
numéro des Comptes rendus, annoncent le retour de M. Jules
Garnier parmi nous (page 320). Nul ne pouvait se douter, au mo-
ment où nous transcrivions cette information, qu'une épreuve si
cruelle était réservée à notre distingué collègue.
M. Pascal Garnier avait déjà effectué d'importantes explorations,
notamment au Transvaal et en Nouvelle-Zélande. Cette carrière,
pleine de promesse, s'est terminée à 26 ans.
La Société adresse l'expression de sa douloureuse sympathie à
M.Jules Garnier.
La Société a encore à déplorer la perte de :
MM. P.-Eugène Greffier, président honoraire de la Cour de cas-
sation, commandeur de la Légion d'honneur, décédé le 18 juin
[Mb. 1880]; Marie Alexandre Hellot, lieutenant-colonel d'artillerie
en retraite, décédé le 9 juillet [Mb. 1885J.
La prise de Sikasso a coûté la mort de deux de nos officiers : le
lieutenant d'infanterie de ligne Gallet, frappé le 25 avril d'une
balle en plein front, et le lieutenant d'infanterie de marine Loury,
tué le 1" mai à l'assaut de la place.
A signaler également la mort de deux explorateurs français :
Adrien Pauly et Bailly-For filière, qui cherchaient à réunir Konakry
à Grand-Bassam, la Guinée française à la Côte d'Ivoire. Ils devaient
passer au nord de la colonie anglaise de Sierra Leone et traverser
tout le hinteriand-nord de la République de Libéria.
Partis de Konakry, fin décembre 1897, ils ont contourné sans
encombre la Sierra Leone, sont arrivés en février au poste français
de Kissidougou, près du Niandan (affluent de droite du haut Niger),
dans le pays de Kouranko. Le 22 février, ils firent route au sud, et,
après la prise de Kondo, ils obligèrent Digo à faire sa soumission.
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SÉANCES OE JUIN ET DE JUILLET 1898. 335
Revenus vers le nord, ils partirent avec 25 tirailleurs pour Sa-
pouyebera dans la partie basse de l'Ouaou, puis ils relevèrent le
cours des rivières M afin son, Makoua, Boya et Ouaou. A la fin de
mars, ils comptaient rentrer dans le pays des Tomas, au sud de
Bokhassou, se porter vers la rivière Loffa, la descendre jusqu'à
Barkoma, de là joindre le Cavally, enfin atteindre Grand-Bassan
Ils avaient rempli la plus grande partie de leur programme, quand,
le 16 mai, ils furent massacrés à Zolou entre les rivières Loffa et
Saint-Paul sur la route de Ziggah Porahzu ou Liguiporas à Bar-
koma, par environ 8° lat. N. et 12° long. 0.
Séance du 3 juin 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. le comte André de Castéja; Adolphe Joseph Jugla; Armand
Janet.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
M. le comte de Chambrun (Aldebert), sous-lieu tenant au 2e régi-
ment d'artillerie de marine (Auguste Himly et le comte Savargnan
de Brazza).
Séance du 17 juin 1898.
MEMBRES ADMIS
M. le comte de Chambrun (Aldebert).
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Georges Caron, publiciste (Le Myre de Vilers et le baron
Hulot) : — Alfred Dyé, enseigne de vaisseau, membre de la missioD
Marchand (le baron de Guerne et le comte de Bizemont) ; — Paul
Bouché (le baron Hulot et Jules Girard); — Emile Lauret (le ba-
ron Hulot et Jules Girard) ; — E. G. Bastard (Alfred Grandidier
et A. Milne-Edwards); — Mme Boulaine (Cornelia) (le baron
Herre Wyn et le baron Hulot) ; — Paul Hamelin (le lieutenant-
colonel Monteil et le baron Hulot); — Jean Louis Goldschœn,
chef de bataillon d'infanterie de marine (Le Myre de Vilers et Le
baron Hulot); — Mme de Prémesnil (Mlle Suzanne Barrachin et
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336 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
le comte de Broissia); — le baron René de Rovira de Roquevaire
(le comte et la comtesse S. de Brazza) ; — Auguste Lier, principal
du collège de Blida (Crosnier de Varigny et Vidal de la Blache);
— Léon Paul Alexandre Adam, licencié en droit, avoué (le baron
HiUot et le comte Henri de Bizemont) ; Eugène Salesses, capitaine
du génie (Edouard Caspari et Camille Guy).
Conformément à l'usage adopté, les candidats présentés dans la
dernière séance avant les vacances pour faire partie de la Société
sont admis à cette séance même. En conséquence, MM. Georges
Caron; Alfred Dyé; Paul Bouché; Emile Lauret; E. J. Bastard;
Mme Cornelia Boulaine; Paul Hamelin; Jean Louis Goldschœn,
Mme de Prémesnil; le baron René de Rovira de Roquevaire; Au-
guste Lier; Léon Paul Alexandre Adam; le capitaine Eugène
Salesses sont admis comme membres de la Société.
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Mai 1898 (suite).
AMÉRIQUE. — K. de Montessus de Ballore. — Les Etats-Unis sis-
rai ques (Archives des Se. phys. et natur.). Genève, 1898. Auteur.
U. S. Department of Agriculture. Section of foreign Markets. Bulletins.
Washington, Government printing Office, in-8.
Gouvernement dis Etats-Unis.
Carl Lumdoltz and Ales Hrdlicka. — Marked human bones from a
prehistoric Tarasco Indian burial place in the State of Michoacan,
Mexico (Bull. Amer. Muséum of Xat. History). 1898, broch. in-8.
Auteur.
Primera sesion del congreso cientifleo latino americano, en Buenos
Aires, del 10 al 20 de abril de 1898. Bases y programa; temas pro-
puestos... Buenos-Aires, 1898, 1 vol. in-12. Comité d'organisation.
E. D. Levât. — Guide pratique pour la recherche et l'exploitation de
l'or en Guyane française (Annales des mines). Avec une annexe don-
nant le texte des décrets qui régissent les placers de la colonie. Paris,
Dunod, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Henri Coudreau. — Voyage au Tapajoz, 28 juillet 1895-7 janvier 1896.
— Voyage au Xingû, 30 mai 1896-26 octobre 1896. — Voyage au
Tocantins-Araguaya, 31 décembre 1896-23 mai 1897. — Voyage à
Itaboca et à l'Itaeayuna, 1er juillet-11 octobre 1897. Paris, Lahure,
4 vol. in-4. Auteur.
Résultats de diverses missions accomplies pour le compte du gou-
vernement du Para. Géographie, ethnographie, considérations écono-
miques, vocabulaires indiens, nombreuses cartes et gravures.
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/
SÉÀNCB8 DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 337
Henri S. Delachaux. — La question des limites chilo-argeotines
(Annales de géographie, 1898). Paris, Colin, broc h. in-8. Auteur.
Julio Garavito. — % Republica de Colombia. Latitud del observatorio
de Bogota. Bogota, 1897, broch. in-8. Auteur.
OCÉAN IE- — H Jouan. — Les légendes polynésiennes et l'histoire
naturelle (Bull. Soc. linnéenne de Normandie), brocb. in-8. Auteur.
Cartes. — Photographies. — Clichés. — • Portraits
Publications du Service géographique de l'armée :
Afrique, 1/4,000,000*. Feuilles 53 (Windhoek), 54 (Vryburg), 58 (Port
Nolloth).
Algérie, 1/50,000*. Feuilles n" 95 (Chateaudun du Rhumel), 157 (Zem-
mora).
Tunisie, 1/50,000*. Environs de Tunis. Ministère de la guerre.
Yukon Map, 1/380,000". Feuilles 1-8. Surveyor general's Office, Depart-
ment of the Interior, Ottawa, 1898. Surveyor général, Ottawa.
T. Heyward Gignilliat. — Carte d'une partie du Venezuela et de la
Guyane anglaise indiquant les progrès des prétentions anglaises sur
le territoire vénézuélien, 1896, 1 f. Anonyme.
N. Pantoussofp. Inscriptions recueillies au Serairétchié (Sibérie), au bord
de l'Ili et dans les monts Tchoulak, 43 pi. Auteur.
Paul Labre. — Clichés photographiques de Sibérie (Semirétchlé, Semi-
palatinsk), 24 verres. Auteur*
Portrait de M. Pierre Prins. P. Prins.
Portrait du W A. Peney, médecjn en chef des armées du Sennaart et du
Kordofan. A. Bouvier.
Juin 1898
GÉNÉRALITÉS GÉOGRAPHIQUES — A. de Lapparent. — Leçons
de géographie physique. 2* édition revue et augmentée. Paris, Masson,
1898, 1 vol. in-8. Auteur.
E. Du pin. — Essai sur ia recherche des origines géologiques du globe
terrestre. Aurillac, 1898, broch. in-8. Auteur.
Marcel Dubois. — La géographie et l'éducation moderne (Revue
internat, de l'Enseignement). Paris, Chevalier-Marescq, 1898,
broch. in-8. Auteur.
H. Cordier. — Relations de l'Europe et de l'Asie avant et après le
voyage de Vasco de Gama (6'. R. Soc. Géogr. 1898), broch. in-8.
Auteur.
Le Commerce colonial. Moniteur des relations économiques de la France
et des colonies. Paraissant tous les samedis. Directeurs J. Hess et
Ch. Léser. Paris. Première année, n" 1 à 9 (28 avriI-18 juin 1898).
Direction.
SOC.degéoqr, — c.R. des séances. — n05 Gel 7. -Juin et Juillet. 21
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338 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
A. Bouquet de la Grye. — L'heure nationale (Revue maritime, mai
1898). Paris, Beaudouin, 1898, broch. in-8. Auteur.
Ministère des Affaires étrangères. — Documents diplomatiques : Af-
faires d'Orient. Emprunt de l'indemnité de guerre hellénique. Évacua-
tion de la Thessalie, janvier-juin 1898. — Chine, 1894-1898. —
Afrique. Arrangements, actes et conventions concernant le nord,
l'ouest H le centre de l'Afrique, 1881-1898. — Afrique. Convention
entre la France et la Grande- Brelagne... signée à Paris, le 14 juin
1898. Paris, impr. nat., 1898, 4 opuscules in-4.
Ministère des Affaires étrangères.
BIOGRAPHIES* - NÉCROLOGIES- — Joseph Joubert. — Le dé-
couvreur de l'Inde, Vasco de Gama (Portugal em Africa, maio de
1898). Lisboa, in-8. Auteur.
Jules Leclercq. — Quatrième centenaire de Vasco de Gama à la Société
de géographie de Lisbonne (Bull. Soc. r. belge de géogr., 1898).
Bruxelles, 1898, broch. in-8. Acteur.
Samuel Edward Dawson. — The voyages of the Cabots. Latest phases
of the controversy (Transactions R. S. of Canada, 1897). Ottawa
•London, Quaritcb), 1897, 1 vol. in-8. Auteur.
Mmc Soudry de Kervbn. — Dumont d'Urville. Pages intimes. 2* édition.
Paris, Tequi, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Eugène Guénin. — Les hommes d'action. Montcalm (Publications du
Comité Dupleix). Paris, Challamel, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
M. Y. Ballivian y Pedro Kramer.— Tadeo Haenke. Escritos precedidos
de algunos apuntes para su biograûa y acompanados de varios docu-
mentes ilustrativos. La Paz, 1898, opuscule in-8. Auteur.
Arthur de Claparède. — Henry Bouthiliier de Beaumont, président
honoraire de la Société de géographie de Genève (1819-1898). Notice
nécrologique avec un portrait. Genève, impr. Rey et Malavallon, 1898,
opusc. in-8. - Auteur.
Henri Cordier. — In memoriam. Adrien Oudin (Rev. des Traditions
populaires). Paris, 1898, broch. in-8. Auteur.
EUROPE- — Henri Froidevaux. — Etudes sur la « Lex dicta Franco-
rum Chamavorum » et sur les Francs du pays d'Amor. Paris, Hachette,
1891, 1 vol. in-8. Auteur.
Ministère desTravaux publics. — Ports maritimes de la France. Tome VU.
D'Arles à Carri-le-Rouet. Paris, impr. nal., 1 vol in-8, avec treize
planches. Ministère des Travaux publics.
Ardouin-Dum azet. — Voyage en France, Charentes et Plaine poitevine,
15° série. Paris, Berger-Levrault, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Ed. Whymper. — A guide to Chamonix and the Range of Mont Blanc.
— A guide to Zermatt and the Atterhom. With illustrations and maps.
London, Murray, 1898 (2 vol. in-8). Auteur.
Mantinée et l'Arcadie orientale, par Gustave Fougères. — Etude sur
Théocrite, par Ph. E. Legrand (Bibliothèque des Ecoles fr. d'Athènes
et de Rome, fasc. 78 et 79). Paris, Fontemoing, 1898, in-8.
Ministère de l'Instruction publique.
A. Rainaud. — La « Bretagne » de Rutimeyer. Analyse critique (Bull. So+
études histor. et géogr. de Bretagnet 1898). Rennes, 1898, broch. in-8.
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SEANCES DE JUIN ET DE JUILLET 1898. 339
A. Rainaud. — Note sur la division des Alpes franco-italiennes (Revue
alpine, 1898). Lyon, 1898, broch. in-8. Autrui*.
Stanislas M eu hier. — Nos terrains. 24 planches en couleurs hors texte,
aquarelles d'après nature, par P. Gusman et Jacqueinin, 260 figures
noires dessinées par Victor Meunier et Bidault. Paris, Colin, 1898,
1 vol. in-4. Auteur.
Marcellin Boule et Louis Farges. — Le Cantal. Guide du Touriste, du
Naturaliste et de l'Archéologue. 85 dessins et photographies. Deux
cartes en couleurs. Paris, Masson, 1 vol. in-12. Auteurs.
r.KOBGEs Rolland. — Notes sur les gisements souterrains de minerais
de fer oolithiques du nouveau bassin de Briey (Meurthe-et-Moselle)
(C. r. Acad. des se, janvier 1898), in-4. Auteur.
J. Vallot. —Sur les plis parallèles qui forment le massif du Mont-
Blanc (67. r. Acad. des sc.t mai 1897). Auteur.
Emile Rjvière. — Nouvelles recherches à Cro-Magnon (Dordogne) (Bull.
Soc. d'Anthropol.). Paris, 1897, broch. in-8. Auteur.
G. de Mortillet. — Le préhistorique suisse (Bev. mensuelle de l'Ecole
tfanthropol. de Paris). Paris, Alcan, 1898, broch. in-8. Auteur.
Alain A. — L'Anglais est Israélite d'après la Bible, l'histoire et les tra-
vaux de la BritisMsraelite Association. Paris, Jouve, 1898, 1 vol. in-8.
Louis Martmn-Chagny. — La sémitique Albion. Mœurs anglaises.
Paris, Jouve, 1898, 1 vol. in-8. Auteur et Editeur.
ASIE- — Victor Dingelstedt. — The Yezids (Scott. Geogr. Mag., June
1898). Broch. in-8. Auteur.
Eugène Gallois. — Une visite à l'ancien royaume de la reine de Saba
(Bull. soc. géogr. de Lille, 1898). Lille, Danel, 1898, broch. in-8.
Auteur.
N. M. Yadrintzeff. — La Sibérie comme colonie dans ses rapports
géographique, ethnographique et historique. Saint-Pétersbourg, 1892,
1 vol. in-8 (en russe). A. Boppe.
A. Woeïkof. — Le climat de la Sibérie orientale comparé à celui de
l'Amérique boréale (Annales de Géographie, 1898). Paris, Colin,
broch. in-8.
• — Articles divers sur des questions de climatologie, extraits de revues
et de dictionnaires encyclopédiques. 5 broch. in-8. Auteur.
United States commercial Commission to China under the Direction of
the Philadelphia Muséum. Broch. in-8. G. Niederlein.
AFRIQUE. — Augustin Bernard. — Revue bibliographique des tra-
vaux sur la géographie de l'Afrique septentrionale (Bull. Soc. géogr.
d'Alger). Alger, 1898, broch. in-8. Auteur.
Augustin Bernard. — Hautes-plaines et steppes de la Berbérie (Bull.
Soc. géogr. d'Oran). Oran, impr. Fouque, 1898, broch. in-8.
Itevue d'Egypte. Recueil mensuel de documents historiques et géogra-
phiques relatifs à l'Egypte et aux pays voisins : Soudan, Arabie, Pales-
tine, Syrie, etc. Publié sous la direction de Oh. Gaillardot bey. Le
Caire. Vol. I-IV (1894-1897), in-8.
— Extraits divers de la Revue d'Egypte (13 opusc). Le Caire, in-8.
Ch. Gaillardot bev.
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340 OUVHAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
L'exploration scientifique de l'Egypte sous le règne de Mohammed-Ali.
Travaux inédits de A. Figari et A. H. Husson, dédiés à la Soc. r. des
arts, lettres et sciences de Nancy, recueillis et mis en ordre par
A. Deflers. Le Caire, 1896, 1 vol. in-8. Anonyme.
E. de Martokne. — Contribution à l'étude des pluies dans la région du
haut Nil, 1896, broch. in-4. Auteur.
G. Mandeville. — L'Algérie méridionale et le Touat (Questions dipl.
et col.). Paris, Challamel, 1898, opusc. in-8. Auteur.
Theobald Fischer. — Funfzehn Iahre franzosischer Kolonialpolitik in
Tunesien (Preuss. Iahrb., Bd. 92). Berlin, Stilke, 1898, opusc. in-8.
Auteur.
Eloge de la politique coloniale française et en particulier de la poli-
tique suivie en Tunisie et de ses résultats.
Benzert (Bizerle) (par S. A. I. R. l'archiduc Louis Salvator d'Autriche).
Prag, 1897, 1 vol. in-4. Auteur.
Georges Rolland. — Régime du bassin artésien de l'Oued Rir' (Sud-
Algérien) et moyens de mieux utiliser ses eaux d'irrigation (G', r. Acad.
des xc, mai 1898). Auteuk.
Henri Jouan. — Vieux souvenirs de l'Ouest- Africain (1843). 1 opusc.
(*. /. n. d.)9 in-8. Auteur.
Amiral Maxsr. — La question franco-anglaise dans la boucle du Niger.
Traduit d'un article du National Heview. Paris, Gallgnani, 1898, opusc.
in-8. Editeurs.
Alfred Bertrand. —Au pays des Ba-Rotsi, haut Zambèze. Voyage d'explo-
ration en Afrique et retour par les chutes Victoria, le Matabéléland,
le Transvaal, Natal, le Cap. Paris, Hachette, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
AMÉRIQUE* — Gustavo Niederlein..— The State of Nicaragua of the
Greater Republic of Central America (Philadelphia Commercial Mu-
séum). Philadelphia, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Gabriel Marcel. —L'apparition cartographique des monts Tumuc-Humac
(Journal de la Soc. des Américanistes de Paris). Paris, 1898, broch.
in-4. Auteur.
Sociedad geograilca de la Paz (Boiivia). Expedicion del colonel D. José
Manuel Pando al Inambary. Circular e informe de la Comision. La
Paz, 1898, opuscule in-8. M. V. Ballivian et P. K ramer.
OCÉAN IE- — Eugène Gallois. — Une visite à l'île de Java. Hiver
1896-1897 (Bull. Soc. géogr. de Lille). Lille, 1898, broch. in-8. Auteur.
G. Lespagnol. — Sur le caractère désertique de l'Australie intérieure
(Annales de Géographie, 1898». Paris, Colin, broch. in-8. Auteur.
Le gérant responsable :
Hulot,
Secrétaire général de la Commission Centrale
BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 184.
5466.— L.-lmprimeries, réunies, B, rue Saint-Benoît, 7.— Motteroz, directeur.
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. KECE1VED,
JAN 7 1899
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SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
I. — SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898
4 novem hre
PRÉSIDENCE DE M. LE MYRE DE VILERS
Président de la Commission centrale.
La séance est ouverte par M. le Myre de Vilers, assisté de
MM. Gabriel Marcel et Anthoine, vice-présidents de la Commission
centrale, du baron Hulot, secrétaire général, et de M. Jules Gi-
rard, secrétaire adjoint.
Dès le début de la séance, M. Le Myre de Vilers, se faisant Tin*
terprète des sentiments de tous, prononce les quelques mots sui-
vants :
c Mesdames et messieurs,
c Mes chers collègues,
c Vous vous joindrez certainement à moi pour envoyer un ami-
cal salut au commandant Marchand, au capitaine Baratier et i leurs
vaillants camarades. Je crains bien que les résultats que nous es-
périons ne se réalisent pas entièrement. Mais c'est là de la poli-
tique et les statuts de notre Société /ions interdisent d'en parler.
Quoi qu'il en soit, les membres de l'expédition ont fait preuve de
qualités et d'un courage hors ligne, et la France peut toujours
compter sur le concours de ces braves gens quand elle jugera né-
cessaire de faire appel à leur dévouement. »
Ces paroles sont accueillies par des applaudissements unanimes.
Puis le secrétaire général résume brièvement les principaux évé-
soc. de géogr. — c. R. des sÉÀHCES. — n# 8. — Août-Novembre. 85
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342 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
nements qui ont, pendant les vacances, marqué la vie de la Société
de Géographie et donne, d'après les lettres qu'il a reçues, des nou-
velles de différents voyageurs. 11 termine en énumérant les pertes
que la Société a faites pendant ces derniers mois (V. Nouvelles
géographiques et Chronique de la Société).
Après présentation de quelques ouvrages par MM. de Lapparent,
Ludovic Drapeyron et E. Gallois, M. le professeur Paul Blanchet
fait une savante communication sur les missions archéologiques
qu'il a remplies en Algérie. 11 parle, en connaisseur, des ruines
romaines situées au pied de l'Aurès, des ruines berbères du
Sahara, enfin des ruines arabes des Hauts-Plateaux. A propos de
l'Aurès, par exemple, il a très bien expliqué comment les popu-
lations de la région étaient devenues profondément romaines et
comment elles étaient entièrement romanisées au quatrième siècle
de notre ère.
A la suite de cette communication, M. Le Myre de Vilers a chau-
dement félicité le conférencier de l'érudition et de la science ar-
chéologique dont il avait fait preuve. La Société sera heureuse,
toutes les fois qu'elle n'aura pas à recevoir un explorateur ayant
visité des pays encore inconnus ou fort mal connus, d'entendre
cfes savants d'une compétence indiscutable, et dont les confé-
rences sont, comme celle de M. Blanchet, pleines d'enseignements
nouveaux pour ses membres. Il y a intérêt pour la Société de Géo-
graphie à connaître l'aspect ancien de pays tels que l'Afrique du
Nord, et c'est pourquoi il convient d'applaudir à la fondation de
l'Association Historique pour l'étude de l'Afrique du Nord, due à
M. Blanchet, qui en est secrétaire général. Plusieurs membres de
la Société, MM. le Dr Hamy, le prince d'Arenberg, le prince
Roland Bonaparte, d'autres encore, comptent parmi les premiers
adhérents de cette nouvelle société.
SÉANCE SOLENNELS DU 18 NOVEMBRE 1898
PRÉSIDENCE DE M. ÀLt»H. MILNE-EDWARDS
de l'Institut, président de U Société.
Le vendredi 18 novembre, à trois heures de l'après-midi, a eu
lieu dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne la réception so-
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 343
lennelle de M. Étoile Gentil, enseigne de vaisseau, administrateur
colonial.
Dans une de ces chaleureuses allocutions dont il a le secret,
M. Milne-Edwards a félicité M. Emile Gentil de son beau voyage
et lui a annoncé que la Commission des prix lui décernait, pour
avoir relié le bassin du Congo au lac Tchad, sa grande médaille
d'or pour Tannée 1899.
M. Gentil a fait ensuite la relation de son expédition en insistant
sur les épisodes les plus importants de son voyage et en faisant res-
sortir les mérites de ses compagnons. 11 a terminé en montrant
quelques projections des pays qu'il a parcourus et du lac Tchad.
Un public très nombreux et très sympathique, attiré par l'inté-
rêt considérable que présente, à tous les points de vue, l'explora-
tion exécutée par M. Gentil, remplissait le vaste amphithéâtre de
la Sorbonne ; il a témoigné par des applaudissements répétés son
admiration pour les vaillants voyageurs.
Le prochain Compte rendu reviendra avec plus de détails sur
cette séance solennelle et donnera le texte in extenso de la confé-
rence de M. Emile Gentil.
II. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
OCÉANOGRAPHIE
La dernière campagne de la Princesse Alice (1898). — S. A. S.
le prince de Monaco a fait parvenir à la Société de Géographie,
par les soins de son secrétaire pour les travaux scientifiques,
M. Jules Richard, la note suivante sur la dernière campagne océa-
nographique de la Princesse Alice :
€ Le 19 juin dernier, le nouveau yacht Princesse Alice recevait
au Havre la visite de nombreux membres de l'Institut et d'autres
notabilités scientifiques. Quelques jours après, le 83 juin, le navire
quittait le Havre sous le commandement de S. A. S. le prince
Albert 1er de Monaco, secondé dans ses recherches scientifiques
par MM. le capitaine Carr, le Dr Jules Richard et Neuville, pour les
travaux zoologiques, et Lovatelli, artiste peintre. M. le professeur
J. Buchanan, qui a fait comme physicien la campagne du Challen-
ger, prenait également part au voyage.
c La Princesse Alice arrivait à Tromsô le 24 juillet après avoir
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344 COMPTES RENDUS DES SEANCES.
fait escale à Kiel (où elle embarquait M. le professeur Brandt qui
venait continuer ses études sur le Plankton), à Bergen et aux
Lofoten. Elle quittait Tromsô après avoir pris à bord M. le Dr Bruce;
explorateur des régions arctiques, et terminé les derniers prépa-
ratifs nécessaires pour une campagne dans le nord. Le 30 juillet
était consacré à une visite à File Beeren, le 31 à l'Ile Hope. Une
tentatjve dans la direction du nord-est vers les îles du Roi Charles
échouait le 2 août devant la banquise par 77° 30' N. et 265' E.
Le navire virait de bord, et, ayant longé le côté ouest du Stor-
fjord, mouillait le 3 août dans la baie Ginevra au nord de la pointe
Ghanging de l'île Barents. Après diverses recherches tant dans (a
baie qu'à terre, le yacht partait et, sorti du Storfjord, remontait la
côte ouest du Spitzberg, entrait dans PIcefjord et effectuait diverses
opérations dans les baies Sassen et Advent. Après avoir quitté
cette dernière baie le 13 août, le yacht mouillait le 14 dans la baie
Smeerenburg, près de l'Ile Amsterdam. Une visite à l'Ile des Danois
montrait la maison de Pike en parfait état, et le hangar du ballon
d'Andrée en ruines; tout le reste dans l'état où il avait été
abandonné. Le 17 août, la Princesse Alice se dirigeait vers le nord
où elle rencontrait bientôt la banquise par environ 80° 30', la sui-
vait pendant une grande partie de la journée du 18 en atteignant
80° 37' N. par 3° 45' E. et rentrait dans l'icefjord pour faire du
charbon et diverses opérations. Le 30 août, Je yacht quittait le
Spitzberg et mouillait le 9 septembre à Thorshavn après avoir
dragué par des fonds de 3,000 mètres et renoncé aux relâches de
Jean Mayen et d'Islande à cause du mauvais temps. Le 14, le
yacht arrivait i Leith et était amarré le 20 septembre dans le
bassin de l'Eure au Havre.
c Ge voyage de la Princesse Alice s'est fait dans des conditions
très favorables : d'abondantes collections zoologiques ont été
faites jusqu'à 3,310 mètres de profondeur, et des excursions aux
différents mouillages ont permis de rapporter d'importants maté-
riaux de localités peu connues et rarement visitées, telles que les
Iles Uope et Barents. »
EUROPE
Empire hum. — Voyage de M. Paul Labbé chez les Bach-
kirs. — ; De Kazan et d'Orenbourg, M. Paul Labbé a adressé à la
Société de Géographie deux lettres où il indique le but de son
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 345
nouveau voyage, et les premières études auxquelles il s'est livré :
c Kazan, 16 juillet 1898. — J'ai pu assister chez les Tatares
de Kazan à bien des cérémonies intéressantes ; après avoir pris
d'assez nombreuses notes, je vais demain quitter cette ville pour
me rendre par la Volga, la Kama et la Bêlai a à Ouf a où vivent aussi
de nombreux Tatares; je dois dire cependant que mes études
porteront particulièrement sur les Bachkirs habitant entre Oufa
et Orenbourg, chez lesquels j'irai vivre comme je le fis chez les
Kirghizes de l'Asie centrale. D'Orenbourg, je passerai, pour
quelques semaines, chez lès Cosaques du bassin de l'Oural.
c Je me suis rendu entre temps au sud du confluent de la Kama
et de la Volga aux ruines de la ville de Bolgary. Il n'y reste que
bien peu de choses des splendeurs passées, et seuls les objets
trouvés dans les fouilles trop peu nombreuses qu'on a exécutées
témoignent d'une civilisation avancée.
c 11 n'y a guère à Bolgary qu'un minaret et deux tours, l'une
transformée en chapelle, qui soient encore debout. Un assez gros
village, construit en bois, s'élève à la place même de la cité
détruite. La sécheresse a durement éprouvé le pays. »
c Orenbourg, 29 août 1898. — Les Bachkirs habitent dans les
gouvernements d'Oufa et d'Orenbourg; les uns, déjà très trans-
formés par l'arrivée des colons russes, vivent dans les steppes et
s'occupent d'agriculture; les autres passent l'hiver dans les vil-
lages, construits au pied des monts Ourals, et suivent, pendant
l'été, leurs troupeaux sur la montagne, menant une vie nomade
assez différente de la vie nomade des Kirghizes.
c Ignorants ou indifférents, les Bachkirs de la plaine vendaient,
hier encore, des hectares de terre pour une demi-livre de thé ou
un morceau de drap. L'Etat, averti, voulut mettre fin à ces sortes
de spoliations : il entreprit le partage des terres bachkires, s'en
réservant une bonne part pour sa peine. La steppe n'appartint
plus à tous, elle fut morcelée, des colons s'y mirent au travail ; des
champs de blé, de seigle, de sarrasin, de millet, de tournesol
rompirent la monotonie des espaces déserts et les terres cultivées
devinrent des obstacles définitifs à la vie nomade.
c Désirant connaître les Bachkirs sauvages de la montagne et
constater les transformations des Bachkirs de la plaine, je choisis,
comme pays d'études, la partie méridionale des districts d'Oufa
et de Belebei et surtout le district de Sterlitamak. Tout ce pays
est partagé en deux parties par la Belaia; il est habité surtout
par les Bachkirs, mais il y a aussi des villes tatares, des villages
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346 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
russes dont les habitants sont souvent des raskolnîks (vieux
croyants) ; enfin des villages tehouvaches et mordvas.
c Tons ces peuples n'ont pas, comme les Kirghizes ou les Doun-
ganes, la possibilité d'échapper à la loi militaire.
c En 1896, 5,684 jeunes gens du gouvernement d'Oufa furent
pris comme soldats.
c Ce nombre comprenait 2,203 Russes (Petits, Grands on Blancs
Russie ns), 1 Polonais, 562 Mordvas, Tehouvaches, Tcheremisses,
Ostiaks, etc. ; 380 Tatares; 2,538 Bachkirs.
c Au point de vue religieux, ces 5,684 conscrits se divisaient
en 2,298 orthodoxes; 63 raskolniks (1); 9 de divers cultes;
3,052 mahométans et 262 païens.
c Enfin sur ce nombre, 4,904 ne savaient ni lire ni écrire; 526
savaient lire et écrire, ou lire seulement.
c Dans les villes, les Russes sont en majorité ; dans les cam-
pagnes, les Bachkirs l'emportent de beaucoup.
c Les villes sont au nombre de six, et chacune est un chef-lieu
de district. Au recensement, leur population était la suivante :
Hommes.
Femmes.
Total.
Oufa
. 25.257
24.704
49.961
Belebei
8.014
2.834
5.848
Birsk
4.806
10.429
4.297
10.544
8.603
Zlataousk
20.973
Menzélinsk....,
3.689
3.853
7.542
Sterlitamak . . .
. 8.033
7.505
15.538
« Partant de la ville de Belebei, je visitai le gros village de
Slak près de la station de Ghafranovo, puis traversant une longue
plaine cultivée par places, je gagnai les bords de la Dema, rivière
importante que je traversai, et j'arrivai à la porte du village bacb-
kir de Kiptchak; je dis bien : à la porte, car les villages backhirs
sont clos comme la plupart des villages russes. Je choisis ensuite
comme centre de mes excursions les villages de Mourzagoulova
puis de Ously, qui diffèrent peu des villages russes. Les paysans
russes et bachkirs te fréquentent peu et ne s'aiment pas : le bach-
kir se plaint d'avoir été dépouillé, et les Tatares sont toujours là
quand il s'agit de les exciter. Le Russe, d'ordinaire si assimilant
et si souple, s'est montré assez réfractaire à l'influence bachkire,
(i) Le chiffre 63 donné pour les raskolniks me semble trop faible.
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SÉANCES DBS 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 347
et dans les villages russes situés sur mon chemin, je ne trouvai
guère de Russes parlant assez convenablement la langue de leurs
voisins.
c J'arrivai enfin à Sterlitamak, chef-lieu du district de ce nom.
La ville a 15,000 habitants. Elle est bâtie en bois.
« La ville est située à 6 kilomètres de la Bélala sur rAchkabar,
et la Sterla, petit cours d'eau que je remontai jusqu'à sa source.
Près de là est situé un important bourg bachkir : Sterlibach. On y
trouve les plus célèbres écoles du pays bachkir. A la' tête de celles-
ci et de la grande medressé, qui à elle seule est une petite ville,
est placée depuis plusieurs générations une lignée de prêtres, la
famille Toukaiev, très influente, connue dans tout le pays bach-
kir. Les tombeaux de ses ancêtres sont chaque année visités par
des pèlerins musulmans.
< De Sterlitamak part, allant de l'ouest à l'est, la route de Ve»~
khné-Ouralsk ; à 60 verstes se trouve le petit village bachkir de
Makarova. Suivant cette route, je pris parles forêts de la montagne
et j'entrai dans le voloste de Stary-Seitova, qu'on m'avait désigné
comme lieu de résidence des Bachkirs les moins civilisés. En
dépendent les villages de Bakiééva et de Onmytbaéva, qu'on atteint
à cheval par des sentiers souvent pénibles. Le parcours peut être
évalué à 150 kilomètres.
c Si l'on en croit le récit des indigènes, ces villages auraient
été fondés par des Bachkirs dont ils auraient gardé le nom.
c Entre Makarova et Saitova, se trouvent cinq montagnes; les
deux premières, que les Bachkirs appellent Bik-taou et Ala-taou,
sont les plus importantes. L'Ala-taou est difficile à gravir, les
arbres cassés ou enchevêtrés barrent le chemin. Dans les forêts,
on rencontre surtout des tilleuls, des bouleaux, des chênes, des
ormes, etc. Après 60 kilomètres, on atteint la vallée du grand
Chichiniak et sur ses bords, à l'embouchure d'une petite rivière
appelée Oulouèdja, le petit village de Stary-Seitova. Au sud, s'étend
une très pittoresque vallée, l'Iamantach, où coule le grand Chi-
chiniak.
< Dans les forêts, je trouvai des Bachkirs nomades. Ils vivent
sur la montagne, se nourrissent de koumys et de fromage fumé
appelé krout; ils habitent sous des toits légers faits en écorce de
tilleul, comme toutes leurs cabanes d'ailleurs. Ils ne sont pas
nomades à la façon des Kirghizes, changent peu de place pendant
l'été et, chaque année, ils retournent au même endroit.
c Au nord, dans la jolie vallée du petit Chichiniak, vivent les
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348 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Bachkirs nomades de Bakiééva ; le village, comme tous les vil-
lages bachkirs de Tannée, est vide; plus loin encore sont des
fourneaux ; de la montagne, on tire des bois, du goudron et du
charbon.
c De Stary-Seitova à Oumytbaéva, le chemin est plus praticable
pour les cavaliers. Signalons, chemin faisant, les monts Beletaou
et Bachtintaou. Je suivis la vallée de Mazara qui, à Oumytbaéva,
tombe dans la Tara, dont les eaux, par la Zigaza et le Zilime, sont
tributaires de la Belaïa.
c Au delà, la montagne change d'aspect, les forêts sont com-
posées de mélèzes et de sapins, et dans les campements nomades
les cabanes en bois de sapin sont moins primitives.
c A 35 kilomètres au sud-est d'Oumytbaéva est le village
d'Absiano-Petrovsky, où de très grandes usines sont dirigées par
une compagnie française.
c J'avais quitté les nomades en août, chassé par le froid et la
neige, et je regagnai le district de Sterlitamak, prenant plus au
sud par une route carrossable à travers les monts Ala-taou. J'at-
teignis ainsi la Bélaïa et le village de Zirgane, habité par les Mor-
dvas, puis Orenbourg.
c Orenbourg est le siège du curateur qui dirige l'instruction
publique dans les gouvernements de Perm, Oufa, Orenbourg,
lekaterinbourg, Ouralsk et Tourgai. J'ai profité de mon séjour dans
cette ville pour assister aux classes faites aux élèves kirghizes et
bachkirs et pour compléter ainsi mes notes ethnographiques. »
Paul Labbk.
ASIE
c*ueMte. — Voyage de M. le baron de Baye. — M. le baron de
Baye a envoyé de ses nouvelles d'abord de Tiflis, où il est arrivé
après un long voyage dans le nord du Caucase, puis d'Akstapha,
en cours de route pour Erivan.
Empire ckinou. — Mission Bonin. — M. Bonin, vice-résident
de France en Indo-Chine, qui voyage avec le comte de Vaulserre,
adresse à la Société la communication suivante : c La mission est
arrivée en bon état à Tchoung-king (Setchouan), où nous avons
trouvé auprès de notre consul, M. Haas, et des autorités chinoises
l'accueil le plus empressé. Malheureusement la chaleur commence
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898.
349
à se faire sentir (34° à l'ombre en ce moment), et j'envoie mon per-
sonnel et mon matériel par eau à Soui-fou, point terminus de la
navigation, pour préparer au plus vite notre entrée en des régions
moins malsaines. Moi-même avec une vingtaine d'hommes, por-
teurs et soldats, je compte me rendre par terre à Kiating pour
prendre certains renseignements nécessaires à mon voyage. J'en
profiterai pour visiter près de là le mont Omei, le célèbre pèleri-
nage tibéto-chinois, où par le temps favorable et avec un cœur
pur on peut voir reflétée sur les nuages c l'ombre de Dieu ». Je
redescendrai de là à Soui-fou rejoindre mes hommes, organiser ma
caravane et nous nous mettrons en route vers Tali à travers cette
région du Kien-tchong, si importante et si peu connue encore, où
se croisent les frontières du Yunnan, du Setchouan et du Tibet.
J'espère, en raison de l'itinéraire nouveau que je suivrai, compléter
et rendre définitifs les résultats de mon précédent voyage, notam-
ment sur ce qui concerne le cours du fleuve Bleu. >
c Soui-fou, 15 août 1898. — Je puis vous annoncer notre heu-
reuse arrivée au point terminus de la navigation du Yang-tse-kiang,
après un voyage sans accident, mais rendu assez pénible par les
excessives chaleurs de la Chine intérieure. Sur cette première
partie de mon itinéraire j'ai envoyé deux rapports au Ministère de
l'Instruction publique. L'un est une étude sur la navigabilité du
fleuve Bleu, question toute d'actualité en raison des efforts des
Anglais qui viennent de faire monter une chaloupe à vapeur jus-
qu'à Tchoung-king. Le second est le récit d'une reconnaissance
archéologique que j'ai faite à Omei-shan, la montagne sainte des
Chinois et des Tibétains bouddhistes.
< Je vais dans quelques jours me mettre en route vers Tali-fou;
j'espère dans cette partie de mon itinéraire voir des choses inté-
ressantes du côté du pays des tribus indépendantes du Leang-shan,
qu'on appelle improprement Lolos, et compléter les résultats géo-
graphiques de mon précédent voyage. J'ai envoyé M. de Vaulserrc,
qui est plein d'ardeur, relever le cours du Yang-tse en amont de
Soui-fou et combler ainsi les lacunes du tracé géographique de sa
vallée supérieure. Les nouvelles que j'ai déjà reçues de lui me
disent que son itinéraire se poursuit sans incident, grâce aux recom-
mandations dont je l'ai muni. »
Mission lyonnaise d'exploration commerciale en Chine. —
M. Henri Brenier, directeur de la mission lyonnaise, envoie un
intéressant profil qu'il a dressé des quatre routes de pénétration
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350 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
nu Vannai] d'après les levés île route et les itinéraires de la mis-
sion, et aussi d'après les travaux de Golbourne Baber et Jensen.
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Ces profils montrent la migueur et les difficultés des quatre routes
qui conduisent à Yunnanfoti, la capitale de la province, depuis les
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. . 351
points d'arrêt de la navigation fluviale : Manhao (route française),
Pesé et Soui-fou (routes chinoises) et Bhamo (route anglaise). Les
difficultés sont pourtant moindres, soit comme longueur, soit comme
terrain, du côté français, par lequel il est possible d'aborder le
plateau avant Manhao.
AFRIQUE
c»ai»ée fr*»$»ue. — Derniers travaux du capitaine Salesses.
— Le capitaine du génie £. Salesses, ehef de la mission d'études
de la voie Conakry-Niger, lauréat de la Société de Géographie en
Tannée 1898, résume ainsi ses études sur le pays qu'il a été chargé
par le Ministère des Colonies d'examiner au point de vue de la voie
à établir entre Conakry et le Niger :
« Parti de France le 1er octobre 1897 sur le Dahomey j'ai débarqué
à Conakry le 14 octobre; dès le 22, une partie de ma mission s'ache-
minait vers le Niger sous les ordres de M. le capitaine Millot, de
l'infanterie de marine, afin de déterminer avec précision le termi-
nus de la navigation du fleuve; obligé de retarder mon départ
personnel, j'ai utilisé mon attente forcée en allant visiter incognito
le chemin de fer de Sierra Leone ; les résultats de cette visite ont
été publiés dans le Bulletin de l'Afrique française.
< J'ai quitté définitivement Conakry le 9 novembre pour commencer
mes études, avec la collaboration de M. Naudé, adjoint du génie,
et 5 sous-officiers. Mes travaux ont été terminés seulement le 3 juin
1898, après maints accidents et maladies; un de mes sergents,
M. Grenot, décoré de la médaille militaire, est mort de la fièvre
bilieuse hématurique ; un autre, anémié, a dû être renvoyé prématu-
rément; j'ai été moi-même vingt-quatre jours malade de la fièvre;
le capitaine Millot souffre d'une jambe, etc.
« Nos efforts ont cependant abouti. Je suis en possession d'un tracé
de chemin de fer au 1/5,000*, complet, allant de Conakry à 40 kilo-
mètres en amont de Kouroussa sur le Niger; la longueur est de
550 kilomètres; la cote maximum est de 800 mètres; la rampe
maximum est de 25 millimètres par mètre; les courbes sont bonnes
et assez ouvertes; le sol est bon, et les trois quarts de la ligne sont
en plaine ou sur plateau.
« J'en étais là de ma lettre lorsque j'ai appris que j'étais dési-
gné par M. le Ministre des Colonies pour accompagner M. de La»
mothe, commissaire général, à l'inauguration du chemin de fer du
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352 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Congo belge; j'ai dû faire mes préparatifs; j'ai pris un steamer
anglais, le Nubia, qui m'a conduit à Sierra-Leone ; dans ce der-
nier port j'ai rencontré le Coomassie, allant au Congo belge ; c'est
à bord de ce bâtiment que je reprends la plume pour compléter
mes indications.
c Je suis aujourd'hui, 1er juillet, à Banana, embouchure du
Congo, avec M. le colonel Thys.
c Le tracé ne comprend aucun ouvrage d'art, ni grands ponts,
ni tunnels, ni grands terrassements; le pont le plus considérable,
que l'on pourra probablement éviter d'ailleurs, n'aurait que
60 mètres de portée, en deux ou trois arches; il servirait à fran-
chir la Kolenté ou Grande Scarcie; les autres difficultés ne
valent pas la peine d'être signalées. Le seul point délicat est que
les déblais, peu considérables, devront parfois entamer le gra-
nité ; c'est là l'unique source de dépenses à prévoir.
c Grâce à la mer et à la route existante, les chantiers pour-
raient être multipliés au début, ce qui permettrait de faire 150 ki-
lomètres durant la première année; on atteindrait Friguiagbé,
capitale du kanéah, et déjà cela reporterait le commerce vers
l'intérieur, en rapportant immédiatement un profit assuré. Le
caractère propre de la ligne que je préconise est de pouvoir s'exé-
cuter en quatre sections succossives et indépendantes, dont cha-
cune aura ses bénéfices particuliers.
c La première section, allant de Conakry à Friguiagbé, sert de
tronc commun à tous les chemins de caravanes qui sillonnent le
pays; la deuxième, de Friguiagbé à Dongol-Fella, dessert tout le
Foutah-Djallon et les grands marchés du Labé, et sera utile pour
l'exportation du caoutchouc et des bœufs; la troisième section
s'arrête au Tinkisso à deux étapes de Tou mania, point où le Tin-
kisso devient navigable ; cette section transportera du caoutchouc
et sera fort utile pour l'exploitation des mines d'or du Bouré,
situées vers Didi non loin de Dinguiray;la quatrième section,
allant du Tinkisso au Niger, à 30 kilomètres en amont de Kou-
roussa, desservira encore les régions à caoutchouc ainsi que les
régions à riz du cercle de Faranah; mais surtout elle ouvrira au
commerce le grand bassin fluvial du haut Niger.
c Au point de vue géographique, la mission rapporte un certain
nombre de renseignements nouveaux :
c 1° Nous avons relevé le Tinkisso, la Kaba ou petite Scarcie,
le Méon-Kouré, le haut Kou-Kouré, le Koba, le Niantan, etc., etc.,
depuis leurs sources jusqu'à leur point terminus; les résultats
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SÉANCES DES 4 ET 13 NOVEMBRE 1898. 353
sont fort différents des cartes actuelles dont nous avons rempli
les blancs.
c 2° Le haut Niger a été relevé par M. le capitaine Millot ou par
moi, depuis Faraoa jusqu'à Kouroussa. En aval de Kouroussa un a
les levés de Hourst; en amont de Faranah on a les travaux de la
commission de délimitation des capitaines Passaga, Cayrade et
Millot en 1895-1896. Le Niger est donc parfaitement connu dès
maintenant, aussi bien qu'un fleuve d'Europe.
c Je rapporte des photographies curieuses ainsi que de nou-
velles déterminations astronomiques. Dés mon retour en Europe,
fin juillet 1898, je compte terminer mon projet et le soumettre à
l'appréciation de M. le Ministre des Colonies; ma visite au Congo
ne peut que me documenter à ce point de vue. »
Mission du D* Maclaud au Fouta-Djalon. — c Timbo, i août
1898, — De Friguiagbé, point que doit atteindre dans quelques
mois la route Conakry-Niger, je me suis dirigé sur Timbo en évi-
tant autant que possible les itinéraires connus; j'ai pu traverser
sans difficultés les massifs gréseux de Kirita, les plaines du Cou m bu,
le plateau du Kuisam.
c Jusque-là, rien d'inédit. Après avoir reconnu le Koukouré ou
Bramaya à l'endroit où il sert de limite au Fouta-Djalon, j'ai suivi
la route montagneuse de Diaguissa, qui m'a paru être un des
points culminants du Foula (1,480 m.), puis je suis redescendu sur
Poudaka en relevant le cours des affluents de gauche du Baling,
branche mère du Sénégal.
c J'étais loin de m'attendre à l'accueil empressé de ces Fouta qui
ne connaissaient les blancs que par les récits terribles que les
griots font du combat de Poudaka (1896). J'ai pu visiter en détail
\edewal de Foukoumba, et me persuader que les données ethno-
graphiques qui ont actuellement cours sur le Fouta-Djalon ont
besoin d'être sérieusement revues et corrigées.
c Timbo est évacué par les Fouta, mais j'estime que la ville ne
tardera pas à être reconstruite. M. Noirot, administrateur du
Fouta, et ancien compagnon de voyage de M. Bayol dans ce pays,
a, par sa connaissance approfondie des mœurs et même des pré-
jugés des Fouta, réussi à pacifier le pays sans l'intervention de la
force armée, qui n'est d'ailleurs représentée au Fouta que par une
cinquantaine de fusils. L'impôt est payé mieux que partout ailleurs
en Guinée; et pour la première année cinq cent mille francs sont
rentrés sans difficultés.
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354 COMPTES RENDUS DB8 6ÉANCES.
c De Timbo, je partirai reconnaître les sources du Bafing visi-
tées déjà par Plet, puis par Salesses; j'irai ensuite aux sources du
Tinkisso et dans le désert des Houboux, puis je visiterai le Koïss,
le Kolen et le pays de Satadougou en attendant la fin des pluies,
qui d'ailleurs sont loin d'avoir au Fouta la violence que l'on observe
à Conakry.
c Le mauvais temps m'a quelque peu retardé; j'ai pu néanmoins
avoir de bonnes observations astronomiques pour chacun des
centres importants que j'ai visités, ce qui m'a permis de relever
des inexactitudes considérables sur les cartes par renseignements
que Ton possède actuellement.
c Jusqu'à présent ma santé est parfaite, et le huitième hivernage
que je passe à la côte d'Afrique ne sera pas, je l'espère du moins,
plus pénible que les autres. >
9«adaa mérMteaal frMçmU. — Mission Mondiaux. — Le
lieutenant Blondiaux a adressé à la Société de Géographie, avec
une carte des pays qu'il a visités, un exemplaire de son rapport
général sur la mission dont il avait été chargé en 1896 par le
Ministère des Colonies, et dont le but était de rechercher par le
Oavally ou ses affluents une voie de communication entre la région
sud du Soudan français et la Côte divoire, et de déterminer les
limites des possessions françaises de ce côté. Il ressort de ce rapport,
dont le Bulletin du Comité d$ ? Afrique française a publié une
longue analyse, que M. Blondiaux rapporte des documents topogra-
phiques permettant d'établir la frontière franco-libérienne, c soit
en suivant le cours de la rivière Diouou, soit celui de la rivière
Nuon, puis ensuite la ligne de partage des eaux entre le bassin de la
rivière Saint-Paul et celui du Férédougouba ou Sassandra >. L'étude
des sources extrêmes du rio Cavally, celle du bassin entier du Ban-
dama Rouge et d'un autre affluent du Bandama, le Gou, celle enfin
du cours supérieur de la Bagoé, voilà encore d'autres résultats
géographiques importants réalisés par la mission Blondiaux.
€*«• d'ivoire. — Mission Hostains. — M. Hostains, adminis-
trateur colonial, a entrepris en 1897 l'exploration de la région
inconnue qui s'étend du 5° de latitude nord aux premiers terri-
toires du Soudan. 11 a remonté le rio Cavally, en amont du point
où il cesse d'être navigable pour les vapeurs, jusqu'à Guipola,
point terminus de la navigation pour les pirogues; puis il a gagné,
dans l'intérieur, le point de Matoua, d'où il a dû revenir à la côte.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 355
Encouragé par les résultats obtenus au cours de ce premier
voyage, dont la Revue coloniale a publié le récit, M. Hostains
qu'accompagne le lieutenant d'Ollone, se propose de faire dans
une prochaine expédition l'exploration de la région inconnue Com-
prise entre les 6° et 8* de latitude nord, d'une part, la frontière du
Libéria et le cours supérieur de la Sassandra, d'autre part.
Événements (T Assikasso. — Des troubles occasionnés dans PAs-
sikasso par les intrigues du chef Yafoun avec les nègres anglais
de Salmé et du pays Achanti ont eu pour conséquence l'attaque du
poste d'Âssikasso par un millier de fusils. M. Clozel dut alors,
avec M. l'inspecteur de la milice Barreau et 30 miliciens seulement,
se porter au secours de MM. Le Filliatre et de Ghalret du Rieu
bloqués dans Assikasso ; surpris à une quinzaine de kilomètres de
ce poste par 300 fusils bien embusqués, et blessé de 3 coups de
feu, M. Clozel dut, à cause du petit nombre de ses miliciens valides
(un tiers de ses hommes était tué ou hors de combat) et de la
pénurie de ses munitions, renoncer à débloquer Assikasso, mais il
s'est maintenu sur le terrain qu'il occupait et put prévenir le gou-
verneur de la Côte d'Ivoire, qui demanda des renforts. Le sous-
lieutenant Laïrle, avec l'assistance de miliciens venus du Sénégal,
parvint à dégager Assikasso le 2 juillet.
c«Bff<» françai». — Renseignements sur la région côtière au
nord de Libreville et sur le bas Ogôoué. — M. J. Bouysson, ingé-
nieur agronome, chargé d'une mission par la Société du haut
Ogôoué, a envoyé de N'Djolé, sur la région côtière située au nord
' de Libreville et sur le bas Ogôoué, de nouveaux détails qui com-
plètent ceux qu'il avait déjà précédemment transmis à la Société
de Géographie (cf. Comptes rendus, 1897, p. 425-428) :
c N'Djolé, juin 1898. — Au point de vue minéralogique, il existe
entre ces deux régions une grande analogie ; si dans le bas Ogôoué
on fait abstraction de la région alluvionnaire de formation récente,
on constate que la base du plateau central africain est la même
tout aussi bien sur la côte nord que dans le bassin de l'Ogôoué.
Sur la côte nord, les grès apparaissent jusqu'à 40 kilomètres
dans l'intérieur des terres : on les trouve dans le Bénito non
loin des chutes Jové, dans le Tembony et la Noya, affluents
du Mouny, et dans l'Ogôoué depuis Aschouka jusqu'aux environs
de Sam-Quita. Si, sur la côte nord, la couche de grès paraît
être plus développée que dans l'Ogôoué, cela tient exclusive*
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356
COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
ment a ce que dans la première région la formation alluvion-
naire est moins importante que dans la deuxième. Depuis le Came-
roun jusqu'au Niari, le grès se rencontre presque exclusivement,
grès plus ou moins fin, plus ou moins quartzeux et se rapprochant
delà latérite dans l'Ogôoué. Aux environs de la rivière Gampo, la
composition géologique change : à la pointe Koutéa, la roche
devient schisteuse, quelques filons de quartz laiteux apparaissent,
des poudingues se rencontrent près de la rivière Gampo, et, dans
le Cameroun, la nature volcanique du sol est mise en évidence
par les anciens volcans semblables à ceux de l'Auvergne que l'on
trouve à Test de Victoria et, d'après M. Goujon, administrateur,
mort récemment, aux environs de N'Gaoundéré sur la haute Sangha.
< La couche de grès renferme souvent des masses limonitiques
de sesquioxyde de fer : derrière Bat ah, dans le Bénito, dans le
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 357
Kongooué (affluent de droite du Mouny), à Libreville, aux lacs
Zonengué, Esanga et Gémouen ainsi qu'à Lambaréné; à Dombo
seulement, situé un peu au sud de 1* estuaire du Mouny, on ren-
contre de la pyrite de fer agglomérée par un ciment calcaire.
« A la pointe, nord de l'embouchure du Bénito, la bande de grès
est interrompue par une faible couche schisteuse que Ton retrouve
sur la rive gauche près des chutes Jové, dans la Noya, affluent du
Mouny, et entre Sam-Quita et N'Djolé dans l'Ogôoué. Ces différents
points semblent appartenir à la même couche, située au pied des
monts de Cristal» qu'elle contournerait au sud pour rejoindre
l'Ogôoué.
c A Dombo, à Libreville, sur le déversoir du lac Azingo qui va
sur l'Ogôoué, à Orovi (1), se rencontrent des couches calcaires dont
la plus importante parait être la dernière. A Elobey, près de
Dombo, on rencontre un bassin houiller qui ne se prolonge pas
dans l'intérieur et qui doit être la limite est d'un bassin recouvert
par les eaux; le schiste houiller se trouve dans l'île Elobey.
c La couche schisteuse est continuée vers l'est par des massifs
granitiques que Ton . trouve aux chutes Jové (rivière Bénito).
N'Djolé (Ogôoué), Lambaréné (rive droite de l'Ogôoué), chutes
Samba (N'Gounié, affluent de gauche de l'Ogôoué). Ce massif gra-
nitique, duquel dépendent les monts de Cristal, se rapproche de
l'Ogôoué (rive gauche) à égale distance de Sam-Quita et de N'Djolé
(rivière N'Kogo). A N'Djolé on trouve du microgranite, à Samba
du quartz laiteux et du granité grossier, et à Djambala, au-dessus
de N'Djolé, on rencontre des poudingues et au Kondo-Kondo des
schistes chloriteux.
c La plus grande partie de ces régions est habitée par les
Pahouins qui ont la même langue mais qui paraîtraient ne pas pro-
venir des mômes régions. Ceux des environs de Batah, avant de
parler, disent ma^ouna comme ceux du Cameroun, où ils sont
appelés Bangouins, alors que ceux de l'Ogôoué disent en général
azouna; deux courants d'émigration vers la côte existeraient
donc, l'un venant de l'ivindo par l'Okana, et l'autre du Cameroun.
Poussés parles Foulbés, les Pahouins ont remplacé sur la côte nord
les N'Combés à Batah, les Boulous dans le Mouny, les M'Pongoués
au Gabon et les Galois dans le bas Ogôoué. Sur la côte nord, ils sont
précédés des Bossyébas qui sont remplacés par les Bakalais dans
l'Ogôoué. Les uns et les autres se reconnaissent d'une môme ori-
(1) C'est par erreur que le croquis de la page 356 porte Qroir.
soc.digéocr.— c.r. dis sêances.— n# 8.— Août-Novembre. 26
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358 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
gine, l'origine m 'fan ; les croisements de la race envahissante avec
les tribus autochtones ont donné naissance aui Bangouins, Pa-
houins, Bakalais et Bossyébas ; les Bossyébas sembleraient se rap-
procher le plus de la race m Tan et je ne suis pas loin de croire qu'ils
proviennent du croisement direct de la race m'fan avec les tribus
primitives, les Bouchmanns appelés encore nains ou Akkoas,
dont j'ai vu quelques rares spécimens dans le Bénito et près du
N'Gounié.
c Les Bouchmanns ont été sans doute les premiers peuples de
la région; d'ailleurs ils sont restés ce qu'ils étaient, c'est-à-dire
sauvages, ne se livrant pas à la moindre culture, mais à la chasse
de l'éléphant qu'ils attaquent avec des zagaies et dont ils vendent
toujours l'ivoire aux Pahouins seuls qui leur fournissent le manioc
dont ils ont besoin.
c L'évolution de la société se rencontre dans les régions citées :
ce sont d'abord les chasseurs, les Bouchmanns; les agriculteurs
nomades, lesMïans; les agriculteurs fixes se livrant non seule-
ment à la culture des bananes et du manioc, mais a celle de la pis-
tache ainsi qu'à l'arboriculture, tels les M'Pongooués, Galois, Bou-
lous, etc. Ces différentes étapes sont marquées par des différences
de fétichisme, et le fétichisme se complique d'autant plus que ces
peuples ont un mince vernis de civilisation.
c Les Bouchmanns et les Bossyébas adorent principalement la
nature sous ses diverses manifestations; les Pahouins y ajoutent
des fétiches (statuettes); les tribus plus civilisées admettent
l'existence d'un être supérieur qui, pour les Okandais, est Man-
gongo invoqué par leur féticheur Boya; les Enenguas, les Gallois
attribuent à des mélanges des pouvoirs surnaturels. Les Enen-
guas, par exemple, qui sont les plus civilisés de l'Ogôoué avec les
Gallois, pour faire mourir quelqu'un feront un mélange de poudre,
de crâne, de parcelles du corps et de cheveux qu'ils placeront sur
le petit doigt en montrant la personne, ou bien ils mettront de la
cendre de caméléon sur une coupure. Veulent-ils soulever une tem-
pête, ils jetteront dans le feu du sel, avec des feuilles de gonia-
gonia, etc. Les femmes stériles invoqueront le fétiche Amoisi;
celles non mariées, le fétiche Arapasa; leur fétiche de guerre est
Bouanda ; pour éviter les balles et les couteaux, ils n'ont point
des gris-gris comme les Sénégalais, mais ils s'adresseront au
fétiche Edouga ; pour être vainqueurs à la guerre, ils invoquent
Opimbo, etc. Ils connaissent les propriétés des plantes et leurs
remèdes sont parfois efficaces. Pour les maux de ventre ils em-
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 359
ploient l'écorce de tchomby; pour les plaies, le tchondoba; pour
les pourritures, le gonia-gonia; pour la gale, l'O'Ingo; pour la
surdité, le guiogo mélangé avec du piment; pour les maux de tête,
le couna. Chez quelques tribus, surtout chez les M'fans, l'anthropo-
phagie trouve son fondement dans l'absence d'esclavage, et la poly-
gamie dans l'absence de rapports sexuels tant que la femme
allaite son enfant. Toutes les cérémonies fétichistes sont faites par
les féticheurs, qui possèdent parfois un assez grand ascendant; il
est impossible au blanc d'assister à Tune d'elles, et si on le tolère
parfois, le féticheur ne laisse voir que ce qu'il veut. C'est un peu
à tort que l'on a accusé le féticheur de se laisser corrompre par
les cadeaux; pour l'épreuve du poison, par exemple, qu'il admi-
nistre dans un grand nombre de cas, on ne tient pas compte de
la quantité absorbée, et si l'indigène ne succombe pas à l'ab-
sorption du m'boudou (décoction d'un strophantus appelé onaye
par les Gabonais, éné par les Pahouins), cela n'est pas dû à ce
que le féticheur a fait une faible dissolution ou qu'après la céré-
monie il lui a fait absorber de l'huile, mais exclusivement, me
semble- 1 -il, à ce que l'indigène se sachant non coupable a absorbé
toute la dissolution, ce qui a amené un vomissement immédiat.
C'est aussi le cas, je crois, de tout poison pris en grande quantité.
c L'épreuve du poison est toujours subie dans certains cas,
principalement dans les cas d'empoisonnement, qui sont moins
nombreux qu'on le suppose, car par empoisonnement le noir
comprend surtout le sort jeté par une personne sur une autre. Le
noir n'admet guère la mort naturelle ; le moindre soupçon amène
l'épreuve du poison et le coupable se reconnaît par l'autopsie
du mort et l'inspection des viscères faites par le féticheur.
c Je termine en vous donnant l'opinion générale des noirs sur l'ori-
gine des blancs. Ayant demandé à un noir d'où il supposait que je
venais, il me répondit : c Toi, tu habites dans l'eau ; tu t'ennuyais
c et tu es venu sur la terre; tu étais noir comme moi, mais en
c demeurant dans l'eau tu es devenu blanc. — Pourquoi cela? —
c Pourquoi? mais nous, lorsque nous sommes morts et qu'on nous
c jette à l'eau, nous devenons blancs comme toi au bout de quel-
c ques jours. » Il avait raison sur ce dernier point ; de ce que les
noirs deviennent blancs dans l'eau, il déduisait que nous devions
sortir de l'eau. >
Haut OHbangvi. — Mission de Béhagle. — De Bessou, en
amont de Ouadda, le 30 avril 1898, M. de Béhagle adressait à M. Paul
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1
360
COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Pelet une lettre que ce dernier a bien voulu communiquera la So-
ciété et dont nous détachons le passage suivant :
« J'ai mené mon personnel de Ban gui à Ouadda par la route de
terre. En quittant Ban gui on suit une route qui domine le fleuve
de 60 à 120 mètres. Ce sont des collines à base de basalte recou-
vertes de limonite ferrugineuse, support habituel de l'humus et des
argiles.
c Point de calcaire; des grés durs, des quartz, quelques mica-
schistes dans les ravins et sur les sommets. L'aspect des montagnes
est assez uniforme. C'est une ondulation longue et régulière allant
presque nord et sud. Pourtant quelques cônes très réguliers sont
nettement détachés des massifs.
c Le sol est silico-argileux, très sec en cette saison, mais riche
et fertile. Il est couvert d'herbages, graminées qui atteignent
3 et 4 mètres à maturité. Sauf au départ de Brazzaville et entre
les Abadda et l'ancien territoire des Ouadda sur la rive droite de
l'Ombella, la prairie est peu boisée et la végétation arborescente
assez rare. C'est que la couche de terre végétale est peu profonde
et trop siliceuse par endroits, trop purement argileuse ailleurs.
Seuls les vallons et les rives des ruisseaux portent une belle végé-
tation forestière. J'y ai trouvé
du café à gros grains et la
liane caoutchouc.
c Les populations Mbagba,
Banda, Abadda sont identiques
à celles qui habitent entre l'Ou-
bangui et le Ba-Jfingui sur
l'itinéraire de Maistre. Nous
leur avons donné le nom de
Ndry, suivant le terme employé
par les gens de la rivière. Il
semble que Ndry veuille dire
homme de la brousse par op-
position à Dendi, hommes de
la rivière. 11 semble encore que
ce mot vienne du nom d'une tribu de la haute Tomi,les Ndry, une
des seules qui viennent en caravane à l'Oubangui dans la région
comprise entre Banguî et Kouango.
c La plupart des chefs n'avaient jamais vu de blanc. J'ai été
accueilli avec enthousiasme par tout le monde,
c Ces gens vivent par petits groupes isolés de deux à sept cases
Manda, èarrm
GrvsvULay
N+*Bokassv
o kilom. Sol
Itinéraires:
de BthxLfU
projetas
«~. M meurt
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SÉANCES DES i ET 18 NOVEMBRE 1898. 361
dispersées au milieu des cultures. Leur dissémination les laisse
sans défense et sans force. Ils cultivent sur le même sol le mil et
le sorgho, qui constituent leur grande ressource alimentaire; puis
le maïs, les arachides, deux variétés d'oseille, deux de sésame.
Us font du coton qu'ils filent pour fabriquer des engins de péchc
et de chasse, et du tabac qu'ils préparent mal.
c Chez eux beaucoup de fusils ; un au moins par groupe de
cases. C'est Boula Matadi qui les leur vend, un pour deux
esclaves. J'aurais pu en écouler si le cœur m'en avait dit. J'au-
rais pu avoir des enfants de sept à dix ans pour quinze cuil-
lerées de perles. Mais ces ventes d'armes ont un résultat désas-
treux. La tribu armée a besoin de poudre et de capsules, donc elle
attaque la tribu désarmée pour avoir des esclaves, et les cultures
disparaissent. Aussi desAbadda au Kouango, sur plus de 120 kilo-
mètres, on ne trouve plus à vivre.
c J'ai dû porter en hâte mon personnel dans l'intérieur pour
pouvoir le nourrir. Là ont surgi quelques difficultés... Je compte
être au Baguirmi en juillet.
c Je suis très content de mon personnel. Mercuri est un excel-
lent collaborateur. »
En remontant le Congo, M. de Béhagle a rencontré le lieutenant
de Karnap qui descendait de la Sangha. Un petit croquis que nous
reproduisons ici accompagne cette intéressante communication de
M. de Béhagle.
Les résultats géographiques de la mission Marchand. — Tout
Français a le droit de s'enorgueillir de l'œuvre remarquable
exécutée par le commandant Marchand et par ses compagnons au
cours de leur beau voyage à travers l'Afrique équàtoriale.A quelque
point de vue qu'on l'envisage, c'est une œuvre dont il est impos-
sible d'exagérer l'importance. Examinée au seul point de vue géo-
graphique, l'œuvre de la mission Marchand, si peu connue qu'elle
soit encore, apparaît dores et déjà comme une des plus considé-
rables qui aient été exécutées au cours de ces dernières années ;
aussi i ra porte- 1- il d'en indiquer dès maintenant en quelques mots
les principaux résultats.
On savait déjà quels obstacles existent sur le cours inférieur du
M'Bomou, et on considérait avec raison cette puissante rivière
comme impropre à la navigation ; mais l'hydrographie de cette
artère fluviale n'avait pas encore été faite. Voilà le premier travail
géographique dû à la mission Marchand ; le M'Bomou a été soi-
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362 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
gneusemeqt reconnu depuis son confluent avec l'Oubangui jusqu'à
ses sources les plus éloignées. Plusieurs officiers ont minutieuse-
ment étudié tous les obstacles du cours inférieur du M'Bomou, et
ses grandes chutes, et toute la série de rapides de moindre im-
portance dont les passes de Baguessé marquent la terminaison
extrême dans l'est. D'autres membres de la mission ont exploré
le cours supérieur, encore inconnu, de la grande rivière, et ont
constaté l'existence, en amont de Baguessé, d'un splendide bief na-
vigable de 800 kilomètres de développement dont les barques des
explorateurs ont pu profiter pour gagner, par le M'Bomou, le con-
fluent du Bokou, et par cet affluent droit du M'Bomou, le pied des
chutes Zaoua, en amont du confluent de la Méré et de i'Ada avec
le Bokou, à 70 kilomètres seulement des territoires drainés par
des affluents du Nil.
Le pays arrosé par le Bahr-el-Ghazal, où M. Liotard avait dès
1896 fondé un poste à Tamboura sur le Yobo, affluent du Souéh,
a été, à partir du mois de septembre 1897, reconnu par le corn*
mandant Marchand et par ses compagnons. Le chef de la mission a
déterminé lui-même le premier point navigable en aval des chutes
du cours supérieur du Soueh (qui, par sa réunion avec le Djour,
constitue le Bahr-el-Ghazal), et a exécuté l'hydrographie de cette
rivière jusqu'à son confluent avec son tributaire gauche la Ouaou.
L'exploration du bas Soueh et celle du Bahr-el-Ghazal jusqu'au
confluent du Bahr-el-Arab et jusqu'au lac Nô, celle de la Ouaou
et du Bahr-el-Homr, sont encore dues aux membres de la mission
Marchand.
Ces reconnaissances, les unes totalement nouvelles, les autres
qui apportent un précieux complément d'informations et de don-
nées absolument neuves sur des pays déjà parcourus par quel-
ques rares voyageurs, la détermination des points extrêmes navi-
gables sur les eaux françaises du Congo-Oubangui-M'Bomou-
Bokou (à Méré) et sur les eaux nilotiques du Soueh-Bhar-el-Ghazal
(à Kodjalé), constituent une œuvre géographique de premier ordre,
faisant le plus grand honneur à nos courageux et savants officiers*
Cette œuvre, il appartiendra au commandant Marchand, lors de
son retour en France, de la faire connaître dans ses détails ; mais
notre Société ne pouvait pas attendre jusqu'alors pour publier une
carte (1) permettant de se rendre compte des résultats principaux
obtenus par une mission qui a si bien mérité de la géographie.
Henri Froidevaux.
(1) Voir pages 364 et 365
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SÉANCES DES i ET 48 NOVEMBRE 1898. 363
Ethiopie. — Retour de M. de Poncins. — M. de Poncins, qui
débarquait pour la seconde fois à Djibouti en juillet 1897, est
rentré en France pendant la période des vacances après avoir
continué son étude du pays des Somalis et des Gallas. 11 rapporte,
outre le récit de son voyage au Choa, une description des mœurs
des peuplades au milieu desquelles il a vécu, des notes complé-
mentaires traitant de la configuration générale du pays au point
de vue géologique, des altitudes observées, du climat, de la faune,
des usages caravaniers, des idiomes de la route parcourue.
M. de Poncins a relevé environ 3,500 kilomètres de route sur un
trajet de 4,500 kilomètres. Ses itinéraires sillonnent la contrée
comprise entre Djibouti, Harrar, Àddis-Àbaba et Ankober. La carte,
à l'échelle de 1/666,666% dressée d'après la carte française au
1 /2,000,000e et la carte italienne au 1/1,000,000% contient un cer-
tain nombre de corrections intéressantes.
Nous aurons l'occasion de revenir sur l'ensemble de ces docu-
ments, dont l'intérêt était trop grand pour ne pas être signalés
dès le retour en France du voyageur qui les a recueillis.
M. Pailliart a adressé à la Société de Géographie une étude sur
les voies naturelles de pénétration en Ethiopie à travers le Soudan
égyptien.
Erythrée italienne.— Voyage de M. G. Saint-Yve*. — D'Àdi-
Quala, M. G. Saint-Yves adresse àlaSociété, à la date du 8 octobre,
les renseignements suivants sur son nouveau voyage :
c Le 4 septembre dernier, je débarquais à Massaouah et après
avoir organisé une caravane de mulets pour transporter mes baga-
ges à Ghinda, je me rendais à Saati par le petit chemin de fer de
27 kilomètres dont la construction date de la campagne du général
San Warxano. De Saati, avec des mulets, j'ai ensuite gagné Ghinda
où j'ai fait un séjour d'une certaine durée ; Ghinda se trouve déjà
à une altitude de 950 mètres et est le sanatorium de Massaouah. Le
gouverneur de l'Erythrée, S. Ex. M. Martini, qui est en ce moment
en Italie, insiste vivement auprès du gouvernement métropolitain
pour obtenir la prolongation immédiate du chemin de fer jusqu'à
Ghinda. L'exécution de ce projet faciliterait beaucoup le transport
des troupes et le ravitaillement des postes et permettrait en outre
la mise en valeur de la riche plaine de Sabargouma. D'après les
plans de l'administration, le chemin de fer, pour atteindre les hauts
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MISSION
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3fi6 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
platâttix, remonterait au delà de Ghinda la vallée du Baresa,
puis la vallée d'Aideresso et viendrait enfin aboutir à Goura, dans
Tune des régions les plus productives de l'Erythrée.
* Ghinda se trouvant encore en pleine saison sèche, je n'ai pu
Taire que des collections assez restreintes, particulièrement dans
la vallée de Baresa.
« Parti de Ghinda, j'ai gagné la cantine de l'Àrbaroba, puis r As-
mara, par une route fort pittoresque. Pendant mon séjour à As-
mara, qui est la capitale rationnelle de la colonie, j'ai visité Godaif,
Adi Guadad, Adi Ghisciot, Sadamba, Mariam, Adi Soydo, Adi No-
chibda, et réuni une belle série des plantes caractérisques de PHa-
macien. J'ai eu le plaisir de voir à Asmara le père Bononi qui m'a
donné d'intéressants détails sur son long séjour au Kordofan et
sur sa captivité à Omdurman ; le dévoué missionnaire estimait que
la prise d'Omdurman amenait la chute complète de l'empire
mahdiste et que la capture du khalife, que toutes les tribus aban-
il> M? lieraient, ne saurait tarder. La carte de la région de l'Asmara,
a été faite par l'Institut géographique de Florence et publiée ; les
officiers de cet Institut ont levé également la région d'Adi Ngri et
de o iofelassi, et celle de Saganeiti ; ils ont terminé les travaux
sur le terrain, mais les feuilles ne sont pas encore publiées ; leur
apparition, parait-il, ne saurait tarder.
< h Asmara, je suis allé à Saganeiti, chef-lieu de TOcule Cusai,
par Ader Adda, le camp de Mai Hadaya; c'est à Saganeiti que
j'ai assisté aux fêtes du Meskal, les plus importantes de l'année
pour les Abyssins. Retourné à Asmara, j'ai repris de nouveau la
direction du sud par le poste télégraphique de Decameré, le camp
de Mai Hadaga, le camp de Mai Aïni, d'où j'ai fait l'ascension du
mont Toculé: traversant le Mareb, je suis allé ensuite au village
<nent créé de Metfé Nalta et, par les villages de Adi Nefas et
de Adi Baro, à Adi Quai a où je suis actuellement campé. Partout,
j'ai rucu le plus cordial accueil des officiers italiens et des chefs
indigènes sous leurs ordres. J'aurais voulu me rendre au Tigré,
mais une guerre est imminente entre le négus Ménélick et le ras
Mangascia, ce qui me force à changer de direction.
« Récemment a passé à Adi Quai a le médecin russe Dejuscher
venant d'Addis Abeba parle Godjam, Gondar, le Semien et le Tigré.
Toute la région entre Kassala et le Nil Bleu est complètement
évacuée par les Mahdistes ; Naggara a fait sa soumission aux
Anglais et l'émir Ahmed Fadil est en fuite. »
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898* 36 T
Madagascar. — Voyage de M. Guillaume Grandidier. —
M. Alfred Grandidier adresse à la Société les communications sui-
vantes au sujet du voyage de son fils à Madagascar.
c Après avoir fait pendant les mois d'avril et de mai des fouille
paléontologiques fructueuses sur la côte occidentale de Mada-
gascar, à Belo et à Ankevo, et poussé jusqu'à Mahabo, l'an-
cienne capitale du Ménabé, M. Guillaume Grandidier a continué
ses recherches scientifiques dans le sud-ouest. Arrivé au mi-
lieu de mai à Tullear, il a tenté de pénétrer dans le pays Maha-
faly dont il désirait faire l'exploration; cette tentative n'a pas
réussi à cause de l'état de troubles dans lequel se trouve en
ce moment tout le sud de l'Ile et, sur le conseil de l'adminU
trateur de la province, il a dû abandonner son projet. Il a étudié
le cours inférieur de la rivière Onilahy ou Saint-Augustin, a fait
à Ambolisatra des collections importantes de fossiles, notamment
d'os de lémuriens géants, dont quelques-uns sont nouveaux pour
la science, de la grosse tortue (Testudo Grandidieri) et de l'oiseau
colossal de Madagascar, YASpyomis, dont il a trouvé le bassin el
diverses parties du squelette. En outre des ossements fossiles,
mon fils a envoyé au Muséum de nombreux insectes, des reptiles
des oiseaux, des mammifères en parfait état de conservation et
dont une première inspection a montré l'intérêt ; il a fouillé d'an
ciens tombeaux dont il a retiré plusieurs crânes et a collectionné
diverses pièces ethnographiques intéressantes.
c Retenu par des fièvres pendant une douzaine de jours, il n'a
pu partir de Tullear que le 16 juillet pour l'intérieur, et a ren-
contré le cours du Fiherenana; il est allé au poste de Beraiketa sur
les bords du Sakondry, qui est l'un des principaux affluents de
POnilahy; il a relevé tout le cours de cette rivière et celui de l'ia-
borano, et il a recueilli dans cette région des fossiles (Ammonite*.
Rhynchonella, oursins divers, etc.), qui ne sont pas encore arrivés
du reste à Paris.
c Le 6 août, date de sa dernière lettre et veille de son départ
de Beraiketa, il m'annonçait qu'il allait explorer le pays des Anta-
nosy émigrés, descendant le Sakondry jusqu'à son confluent avec
POnilahy, puis remontant un autre affluent, le Taheza, et gagnant
ensuite Manantsoa et Salobé. Il se proposait de là de se rendre à
Ihosy, puis à Fianarantsoa. Une dépêche de Tananarive m'a
annoncé le 30 septembre qu'il était arrivé en bonne santé à Fia-
narantsoa, après un voyage difficile et non sans danger; j'attends
sous peu une lettre qui me dira quel est en réalité l'itinéraire
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368 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
qu'il a suivi. 11 est très possible, en effet, qu'il ait dû modifier ses
projets en cours de route, les voyages dans cette partie de Madagas-
car étant en ce moment tout à Tait difficiles, car les peuplades
encore absolument sauvages qui l'habitent sont toujours en guerre
entre elles ou bien en hostilité avec nous. >
Trois lettres de M. Guillaume Grandidier, Tune du 23 août, écrite
à Manantsoa chez les Antanosy émigrés, l'autre du V septembre
datée de Ranohira, la troisième du 17 septembre venant de Fia-
narantsoa, la capitale des Betsileo, donnent d'intéressants détails
sur l'itinéraire qu'il a suivi depuis Beraiketa, qu'il a quitté le
18 août dernier.
M. Alfred Grandidier, de l'Institut, nous écrit à ce sujet, le
25 octobre :
c Mon fils a descendu le Sakondry, sur les bords duquel est
Beraketra et dont il avait précédemment levé les sources, jusqu'à
sou confluent avec l'Onilahy, puis il a remonté pendant quelque
temps ce fleuve et a eu la chance d'échapper à une grande bande
de Mahafaly qui l'a suivi pendant une partie du trajet et voulait
lui faire un mauvais parti. Arrivé au Taheza, deuxième affluent de
droite de l'Onilahy, il a parcouru le pays des Antanosy émigrés,
visitant Vohimasina, Manantsoa et Salobé. 11 a ensuite remonté le
Sakamaré, troisième grand affluent de droite de l'Onilahy, jusqu'à
l'endroit où son cours est dirigé de Test à l'ouest, et il a traversé pen-
dant cinq jours un pays entièrement désert, sans le moindre village,
où il a été attaqué à deux reprises différentes par un fort parti
de Bara. Les nombreux coups de fusil que ces sauvages ont tirés
sur lui et sa petite escorte n'ont heureusement pas été meurtriers.
Arrivé dans l'ouest de l'isalo, il a franchi cet amas de rochers qui
sépare la vallée du Taheza de celle de l'Hazofotsy et qui, du côté
de l'est, forme une muraille à pic, et il à gagné Zavola et peu après
le poste de Ranohira, puis Ihosy où, pendant un court séjour de
quarante-huit heures, il a assisté à l'incendie du village et du poste
militaire qui ont été brûlés en totalité, et enfin le 16 septembre
Fianarantsoa, où il a reçu l'accueil le plus cordial de notre excel-
lent collègue le Dr Besson, qui a tant fait depuis une dizaine d'an-
nées pour développer chez les Betsileo, les Tanala et les Betsimi-
saraka l'influence française et pour favoriser l'œuvre coloniale. Pen-
dant tout ce voyage à travers des régions peu ou pas connues, il a
fait avec le plus grand soin le levé de ses itinéraires, qui ajouteront
& nos connaissances sur la géographie de cette partie de l'île.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 369
c Au départ du courrier, mon fils se proposait d'aller visiter
rikoogo pour y faire des collections zoologiques et botaniques,
puis les mines de plomb et de cuivre d'Ambatofangehana, les
riches gisements de fossiles d'Antsirabé, le lac Tasy et enfin Tana-
narive où il doit arriver probablement vers la fin de ce mois
d'octobre. »
AMÉRIQUE
Mexique. — Notes économiques sur l'État de Zacatecas. —
M. Schoenfeld, consul de France à Tampico, dont on a pu lire
précédemment une série de précieuses notes économiques sur dif-
férents Etats du Mexique, en a fait parvenir à la Société, sous le
couvert du Ministère des Affaires étrangères, sur l'État de Zaca-
tecas.
Cet État, compris entre les États de Goahuila au nord, de
Durango et de Tépic à l'ouest, de Jalisco au sud, de San-Luis de
Potosi à Test, s'étend entre les 21' et 25e parallèles du nord au
sud, les 102* et 104ê méridiens (long. 0. de Greenwich) d'est en
ouest, sur une superficie de 64,138 kilom. carrés. Malgré son voi-
sinage du tropique, le climat en est tempéré, et même froid en
hiver, grâce à son altitude, qui varie de 1,733 à 2,442 mètres au-
dessus du niveau de la mer.
La population de l'État de Zacatecas est de 432,578 individus
(soit 7 habitants par kilomètre carré), catholiques en presque tota-
lité, dont plus de 80,000 sont agriculteurs. Le nombre des décès
(15,187 en 1896) est sensiblement inférieur à celui des naissances
(20,989 en 1896). — La colonie étrangère est très peu nombreuse;
elle se compose seulement de 354 personnes ; ce sont des Espa-
gnols et des Américains pour la plupart.
L'industrie minière est de beaucoup la plus importante de l'État
de Zacatecas; on y compte vingt-huit exploitations, occupant près
de 4,000 ouvriers, qui ont produit, en 1896, 3,642,245 dollars
d'argent monnayé (sans compter les minerais exportés aux États-
Unis sous différentes formes) et 346,843 dollars d'or monnayé; les
systèmes employés pour l'extraction des minerais sont loin d'être
partout très perfectionnés.
Beaucoup moins considérables sont les richesses du sol; le maïs
est la seule grande culture de cet État (16,051,182 dollars en 1896),
et son rendement est sujet aux plus grandes fluctuations; presque
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370 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
tous les autres produits du Zacatecas sont (sauf dans le canon de
Tuchipila, où on récolte en petites quantités les fruits de terre
chaude) ceux de la zone tempérée. — . De forêts, il n'en existe
pas; on rencontre par contre un peu partout, sur les terres
pauvres, des chênes rabougris, qui servent à faire du charbon ou
du combustible, et dont l'écorce est employée pour la tannerie. —
En ce qui concerne l'élevage, celui du bétail à cornes ne fait pas
l'objet d'une exploitation importante et n'est destiné qu'à la con-
sommation locale; quant aux chèvres et aux moutons, ils sont
nombreux sur le plateau central, ainsi que les porcs et les oiseaux
de basse-cour. Les chevaux du Zacatecas sont renommés.
Indiquer le chiffre du mouvement commercial, même d'une
façon approximative, est impossible; les transactions n'ont d'ail-
leurs quelque importance que dans la capitale de l'Etat, à Zaca-
tecas.
Cette ville, peuplée de 39,912 habitants, est Je siège d'un évêché
et possède un Hôtel des monnaies. Sombrerete, centre minier,
important (10,802 hab.), Giudad Garcia (9,420 hab.), Guadalupe
(8,781 hab.) et Pinos (8,181 hab.), voilà les principales autres
villes ou bourgades de l'État de Zacatecas, qui possède des routes
passables et est traversé du sud au nord par le chemin de fer
central.
Administrativement, l'État de Zacatecas est divisé en 12 districts
(partidos) et 175 municipalités.
Henri Froidevaux.
OCÉANIE
inraiinde. — Voyage de MM. Hiller et C. Hamson et du
DT W.-H. Furness. — Depuis trois ans MM. Hiller et C. Hamson,
et le Dr Furness, parcourent les îles de la Malaisie; voici très
succinctement quels ont été leurs itinéraires.
Aux mois de février, mars et avril 1896, les D" Furness et Hiller
parcoururent les îles Liéou-Tchéou, et visitèrent particulièrement
les îles Oshima et Okinawa. En juin 1896 ils se rendirent à Sara-
wak et remontèrent le fleuve Barram jusqu'au pied du mont Mulu.
En août de la même année, ils remontèrent le Redjang jusqu'à
son dernier fort (Belaga) et visitèrent le cours supérieur du
Sadong. Ils y recueillirent une collection qui figure actuellement
au musée de l'Université de Pensylvanie.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898.
371
Le Dr Furness étudia, de la fin d'octobre 1897 à la fin de
mars 1898, le Barram et ses afûuents, et fit l'ascension du mont
Doulit. Quant à MM. Hiller et Ha ai son, vers le 1" octobre 1897,
ils pénétrèrent dans la partie occidentale de Bornéo, à l'embou-
chure du Kapouas, et remontèrent ce fleuve jusqu'à Sùitang, où
ils passèrent un mois à réunir des spécimens d'histoire naturelle;
% I M.OOO 000
I0O kilomètres
^
I.Labouan
Sa/uiAkan^
en novembre ils continuèrent à remonter le Kapouas jusqu'à Putus-
Siban, le dernier fort hollandais, où ils séjournèrent six ou sept
semaines, recueillirent des spécimens d'histoire naturelle et d'ethno-
logie, et prirent des photographies. Puis ils visitèrent les Kyans, les
Kontas et les Tamans, qui demeurent sur les affluents du Ka-
pouas et près du fort hollandais de Putus-Siban. Au mois de jan-
vier 1898, ils partent avec le chef kyan Pegang dans la direction
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372 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
de Port Kapet sur le fleuve Redjang (Sarawak) et franchissent un pays
montagneux inhabité, qui fut jadis un champ de batailles pour
différentes tribus et n'est actuellement traversé par les indigènes
eux-mêmes que par bandes considérables et bien armées. 11 fallut
aux voyageurs trois semaines de chemin par eau et par terre pour
parvenir à rétablissement situé sur le Redjang après avoir par-t
couru une contrée où ils ne rencontrèrent que des chercheurs de
gutta-percha, qui leur donnèrent le riz et le sel nécessaires pour
soutenir leurs hommes et eux-mêmes (ils étaient en effet partis
sans emporter avec eux beaucoup de nourriture). A la fin de
février 1898, MM.JIiller et Hamson arrivèrent à Sarawak après
avoir vu le haut Sibaid et le Balleh, que n'avait encore reconnus
aucun Européen.
Revenus de Singapoure au mois d'avril 1898, MM. Hiller et
Hamson visitèrent les villes du Barito inférieur, du bas Beraou et
du bas Boulangan, dans le Bornéo méridional et oriental. Ils péné-
trèrent aussi dans le Mahakkam, dont ils remontèrent le cours pen-
dant environ 300 milles jusqu'à la localité appelée Ana dans le
pays, en visitant les demeures des diverses tribus établies sur
cette rivière et sur ses affluents (sur le Kadang-Kapala en particu-
lier), nommément les Bakans, les Wahaus et les Pundjungs.
Après avoir quitté le Mahakkam (que Cari Bock avait déjà visité,
mais sur le cours duquel il s'était avancé moins profondément) (1)
et vu les fleuves côtiers plus septentrionaux, les deux voyageurs se
rendirent à Gélèbes, où ils ne restèrent que quelques jours, puis
regagnèrent de nouveau Singapoure en juin 1898. Us retour-
nèrent de là à Sarawak, visitèrent les mines d'or de Baou et remon-
tèrent un peu le fleuve Barram. Us quittèrent Bornéo au mois de
juillet dernier et revinrent en Europe par Pékin, Kalgan (où ils
traversèrent la Grande Muraille), Ourga, la capitale de la Mon-
golie, Kiakhta, Irkoutsk et Moscou.
Polynésie. — Une barque tahitienne à la dérive de Tahiti aux
îles Hawaï. — D'Honolulu, M. Louis Vossion, consul et commis-
saire du gouvernement aux lies Hawaï, nous adresse cette curieuse
notice :
<c Le problème des migrations des Polynésiens, et des courants
variables du Pacifique, bien qu'ayant fait un grand pas en ce siècle,
(1) On stit que Cari Bock s'était avancé sur lo Mahakkam, an delà de la région
des dnnaus, jusqu'à Moara Pahou, où le major Mùller fut assassiné en 1825.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 373
est loin d'être résolu. On est encore à se demander, aujourd'hui,
comment les barques des navigateurs polynésinens, sans compas
ni boussoles, arrivaient à franchir, avec sécurité, d'aussi énormes
distances que celles qui séparent Samoa, les lies Hawat, les Mar-
quises et Tahiti. Pourtant les récits indigènes ne laissent aucun
doute à ce sujet. L'aventure suivante, arrivée tout récemment à
une barque tahitienne, peut, à ce point de vue, offrir quelque
intérêt. Voici les faits.
Le lundi 23 mai, je fus prévenu à Honolulu qu'une barque
tahitienne venait d'arriver en détresse à Hookena, district de
South Koua, lie d'Hawaî. Je pris les mesures nécessaires, et dès
l'arrivée de la barque à Honolulu j'appris de ceux qui la mon-
taient l'histoire de son long et périlleux voyage. La barque
était un schooner à deux mâts de 32 tonneaux, nommée Tetautua,
venant de Tahiti, après avoir touché aux îles Scilly. Elle avait à
bord buit hommes, le capitaine, quatre matelots, le subrécargue
Jean Charles Rey, de Tahiti, et deux passagers polynésiens, le
mari et la femme que l'on devait laisser aux îles Peurhyn, d'où ils
étaient natifs. Le jeune Rey est fils d'un père français, demeurant
à Papeëte, où il est charron-forgeron. Son oncle, George Dexter, de
nationalité anglaise, a une maison de commerce à Tahiti, avec
branche aux îles Peurhyn. Il avait chargé son neveu d'aller l'y
représenter, et mit à bord du Tetautua un grand nombre de
marchandises diverses pour la succursale qu'il allait diriger. La
barque quitta Papeëte le 26 février, après avoir pris ses papiers
chez le consul anglais. Le capitaine avait à bord une boussole,
un chronomètre en assez mauvais état, mais point de cartes. Avant
de se diriger sur Omoka, aux Peurhyn, il devait s'arrêter aux îles
Scilly, pour débarquer quelques marchandises. Il y arriva sans
encombre et en repartit le 1" mars. Le lendemain du jour où il
avait repris la mer, il essuya une tempête effroyable qui fit des
avaries assez graves au petit bâtiment, et brisa complètement la
boussole et le compas. Après plusieurs tentatives infructueuses
pour atteindre les îles Peurhyn, la barque se trouva, finalement,
perdue sur l'Océan et à la merci des flots. Elle fut ainsi ballottée
sur la mer pendant quatre-vingt-un jours : les provisions étaient
abondantes, mais au bout de quelques semaines l'eau s'épuisa, et
pendant quarante jours, les naufragés n'eurent d'autre ressource
que de recueillir dans des toiles à voile l'eau des pluies : ces der-
nières furent, heureusement, assez fréquentes. Malgré tout, quand
ils abordèrent dans 111e d'Hawaî, ils étaient absolument épuisés.
soc. di fltw*.— c. B. dis séances. — n#8. — Août-Novembre. 27
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374 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Les dires de l'équipage et la déclaration du jeune Rey étaient
parfaitement conformes : les matelots tahiticns racontèrent, en
outre, leurs aventures aux quelques Tahitiens établis à Honolulu,
et notamment, à la princesse Ninito, de la famille des Pomaré, qui,
après avoir dû épouser le frère du roi hawaïen Kaméhaméha III, avait,
après la mort prématurée de ce dernier, épousé un demi-Hawaïen,
J.-K. Sumner, qui vit toujours à Honolulu. Tous les dires des per-
sonnes de la barque Tetautua offrant une parfaite concordance, on
est donc en présence d'un de ces passages de Tahiti aux Sandwich
dont les légendes locales ont conservé le souvenir indiscutable.
On sait, d'ailleurs, que le xiie et le xiu' siècle ont été mar-
qués, en Océanie, par des migrations considérables et de grands
mouvements d'île à lie et d'archipel à archipel. Les traditions,
parlées ou écrites, ne laissent aucun doute à ce sujet : quelques-
unes sont classiques dans la littérature polynésienne : à la fin
du xii9 siècle, par exemple, en comptant d'après les générations
indiquées dans les mêlés } on voit Paao quittant les lies Samoa
avec sa famille et ses guerriers, abordant dans l'Ile d'Hawaï, s'y
établissant, y construisant des temples dont les débris existent
encore (mordis), puis, partant de là pour Tahiti, afin d'en ramener
un roi pour les Hawaïens, ce qui prouve que le célèbre Kaméha-
méha Ier, le Napoléon hawaïen, qui réunit, à la fin du siècle
dernier, l'archipel entier sous sa domination, est d'origine tahi-
tienne : les voyages de Paumakua, de KauluakcUana, et surtout
d'Olopana et de son frère Moikeha, à Tahiti, aux Marquises, à
Samoa, sont relevés dans les mêlés hawaïens. Au milieu du
xiv9 siècle, les relations entre groupes d'iles et les longues tra-
versées à travers le Pacifique paraissent avoir cessé, par suite de
l'établissement paisible, dans les divers archipels, des populations
qui, s'y trouvant bien, ne tenaient plus à risquer leurs canots sur
les vagues sans fin et les espaces infinis. Mais ces voyages, qui
constituent la période héroïque, pour leur race, ont laissé, parmi
les Hawaïens, des souvenirs si vivaces qu'encore aujourd'hui, pour
parler d'une terre lointaine, là-bas, sur l'Océan, ils emploient
l'expression Kukulu o Kaïki, le K remplaçant le T tahitien.
c Ces hardis marins de l'époque montaient de doubles canots
non pontés, avec plate-forme centrale, presque insubmersibles;
n'ayant pas la connaissance de la boussole, ils se fiaient à leur
connaissance des mouvements des astres, et à celle, non moins
importante, des courants. Ces courants sont à étudier de plus
près, peut-être, qu'on ne Pa fait jusqu'ici, et on signale une ten-
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SÉANCES DES i ET 18 NOVEMBRE 1898. 375
dance à développer leur étude. C'est ainsi que, le 5 juillet dernier,
le capitaine anglais Hepwarth, du steamer Aorangi, de la ligne
canadienne-australienne (entre Sidney et Vancouver, par Wel-
lington et les tles Fidji) a lu, à Sidney, un travail sur les courants
du Pacifique, tels qu'il les a observés dans 64 traversées d'Aus-
tralie au Canada, et inversement. D'après lui, non seulement les
courants ne sont pas constants, mais ils varient selon chaque
saison. À l'appui de ses théories, il a présenté douze cartes, une
pour chaque mois de l'année; el, sur chacune d'elles, on remarque
d'importantes variations, les courants se déplaçant, et changeant,
selon la saison. Ses travaux portent sur plusieurs milliers d'obser-
vations. Il est clair que la connaissance de ces variations importe
beaucoup à la sûreté et à la rapidité de la navigation. Il semble-
rait, par exemple, d'après la marche du Tetautua, qu'il existe
un courant maritime et aérien de Tahiti vers Hawaï, de février à
mars. Ce n'est, d'ailleurs, qu'une présomption. En ce qui con-
cerne les travaux du capitaine Hepwarth, ils offrent des docu-
ments précieux pour un travail d'ensemble qui reste tout entier à
établir : car cet auteur ne tire aucune conclusion de ses observa-
tions. VHydrographical Office se propose de publier des cartes
spéciales des courants du Pacifique, réunissant toutes les données
acquises jusqu'à ce jour des sources les plus diverses. Ces cartes,
non seulement seront d'un secours précieux pour la navigation,
mais permettront peut-être de résoudre d'une manière scienti-
fique, et en s'appuyant sur les données établies par M. de Quatre-
fages, le très intéressant problème du peuplement graduel de
l'Océanie et des migrations des Polynésiens.
c Ajoutons que la barque Tetautua, bien réparée, a quitté
Honolulu le 7 juin, avec une bonne provision d'eau, de vivres
frais, un chronomètre neuf, et en charge d'un vieux capitaine de
ce port, habitué de ces mers, et qui, par une étrange coïncidence,
se nomme le capitaine Cook; la barque mit trente-huit jours pour
aller à Papeëte, où elle est arrivée, sans accident, le 15 juillet.
c 11 est évident que la question des courants du Pacifique est
appelée à recevoir une solution prochaine, en raison des récents
événements qui ont comme éveillé à une vie nouvelle ces vastes
solitudes : cette solution importe autant au point de vue maritime,
qu'à celui du problème ethnographique polynésien.
c C'est à ce point de vue que j'ai pensé que l'aventure de la
barque tahitienne Tetautua, échouée de la sorte aux îles Hawaï,
méritait d'être signalée à la Société de Géographie. »
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376 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
RÉGIONS ARCTIQUES
La campagne de 1898 a été particulièrement féconde. Si elle n'a
pas été signalée par des découvertes d'une importance capitale ou
par des voyages d'un intérêt dramatique, elle a fourni à la géographie
et aux sciences naturelles une ample moisson d'observations et de
documents qui élargissent le cercle de nos connaissances dans ces
régions encore si peu connues.
Grëniand. — Mission américaine de Peary. — Avec une per-
sévérance que Ton ne saurait trop admirer, le lieutenant Peary a
entrepris une nouvelle exploration dans le Grônland septentrional.
M. Harmsworth, le généreux Mécène anglais qui a fait les frais de
la mission Frédéric Jackson à la Terre François-Joseph, a mis
libéralement à la disposition du voyageur américain le Wind-
ward, le solide navire qui, trois étés de suite, a ravitaillé Jackson
pendant son séjour au milieu des banquises polaires. Après avoir
poussé vers le nord aussi loin que possible, Peary se propose de
débarquer, si les circonstances sont favorables, sur les bords du
fjord Sherard Osborne, et, au printemps de 1899, d'atteindre l'extré-
mité septentrionale du Grônland.
Le 2 juillet dernier, le Windward a quitté New-York. D'après
une lettre parvenue à la Société de Géographie de Londres par le
Hope, qui a ravitaillé l'expédition dans le nord de la mer de Baflin,
Peary se disposait, le 13 août, à entrer dans la mer de Kane. A
cette date et sous cette latitude, les glaces n'avaient pas encore été
disloquées.
Expédition norvégienne de Sverdrup. — Vers les mêmes para-
ges que le lieutenant Peary se dirige l'expédition norvégienne
commandée par le célèbre capitaine Sverdrup. Le 24 juin dernier,
le vaillant compagnon de Nansen est parti de Kristiania, à bord du
fameux Fram, avec le projet d'exécuter le périple du Grônland et
d'entreprendre une longue excursion vers le nord, en partant de
la côte septentrionale de cette terre.
A la date du 4 août, le Fram est arrivé à Upernivik (Grônland)
et, le lendemain, a poursuivi sa route.
A propos de ce voyage, signalons, d'après le journal le Verdcns
Gang de Kristiania, un intéressant cas de flottage dans la mer
du Nord. A la fin de septembre, on a recueilli sur la plage de
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 377
Lôkken (côte nord-ouest du Jutland) une bouteille provenant du
Fram. Elle contenait la carte de visite de M. Gun. J. lsachsen,
lieutenant de l'armée norvégienne, avec ces mots: OffFair IsU
1/7 1898. AU i$ well ofthe Norwegian North Pôle expédition in.
the Fram, Captain Sverdrup.
Expédition danoise à la côte orientale du Grônland. — La
côte orientale du Grônland est restée absolument inconnue du
66° delat. N., point extrême atteint par la mission Holm et Garde
en 1885, jusqu'au 70% qui marque la limite des relèvements exé-
cutés par Scoresby en 1822. Pour combler cette lacune, la com-
mission danoise des explorations géographiques et géologiques du
Grônland organisa, en 1891, l'expédition du lieutenant Ryder.
Arrêtée par les banquises qui, cette année-là et la saison suivante,
atteignirent une étendue et une épaisseur absolument anormales,
cette mission ne put pas accomplir son programme et dut limiter
ses recherches au bassin du fjord Scoresby, où elle se livra, du
reste, à d'importants travaux.
La commission danoise vient de reprendre ce projet. Le 16 août
dernier, le lieutenant de vaisseau G. Amdrup, accompagné de deux
naturalistes, M. Ch. Km se, botaniste et géologue, et N. K. Poulsen,
zoologiste, a quitté Copenhague sur la barque à vapeur Godthaab,
pour faire route vers Angmagsalik, la station établie, en 1893,
sur la côte orientale du Grônland.
Le navire rencontra le premier iceberg à cinquante milles de cette '
côte et la banquise seulement à vingt milles d'Angmagsalik. Le pack
était disloqué et, le 31 août, le navire arrivait à destination. Cette
année, l'état des glaces a été extraordinaire ment favorable dans ces
parages; dés le 11 août, un bâtiment aurait pu atteindre Angmag-
salik.
La mission du lieutenant Amdrup doit hiverner dans cette sta-
tion et, au printemps prochain, entreprendre vers le nord une
reconnaissance en canot, en se glissant entre la terre et la ban-
quise. Les renseignements recueillis par cet explorateur serviront
à établir le plan de campagne d'une seconde expédition qui, en
1900, s'établira dans le Scoresby Sound et se dirigera ensuite vers
le sud, afin d'exécuter le lever complet de cette partie de la côte
grônlandaise. (Geografisk Tidskrift.)
Islande. — Expédition du D' Thoroddsen. — L'été dernier le
Dr Thoroddsen a continué en Islande ses fécondes explorations
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378 C0MPTE8 RENDUS DES SÉANCES.
géographiques et géologiques. Cette fois-ci ses recherches ont
porté sur la région du Hochland qui s'étend au nord du Bor-
garfjord, dans l'ouest du Langjôkul). A la base occidentale de cette
coupole glacée, ce voyageur a découvert une série d'anciens cra-
tères dont est sorti un énorme courant de laves, le Hallmun-
darhraun, qui couvre tout l'espace compris entre ce glacier et
rEiriksjôkull. Ce courant, très accidenté, présente l'aspect d'une
mer houleuse, subitement solidifiée. La région bordant au nord-
ouest le Langjôkull est déchiré de crevasses longues de plusieurs
dizaines de kilomètres; elle a de plus subi un affaissement qui
s'est traduit par la formation de terrasses étagées. Pendant cette
période d'affaissement, ces crevasses ont également émis des
laves. Ce district renferme de nombreuses grottes dont quelques-
unes atteignent un très grand développement.
Au cours de cette expédition le Dr Thoroddsen a exploré les
deux grands glaciers de l'Islande occidentale : rEiriksjôkull et le
Langjôkull. Du premier, descendent cinq glaciers escarpés, dont
quelques-uns charrient des moraines considérables. Sur le versant
nord-ouest du second, ce voyageur a découvert neuf courants de
glace parmi lesquels deux atteignent de grandes dimensions.
Le Langjôkull et rEiriksjôkull, comme tous les autres glaciers
de l'Islande, constituent d'énormes coupoles dominant le Hochland,
constituées par d'épaisses couches de brèches volcaniques. Ces
dômes sont les témoins de l'ancien niveau du sol préservés par
leur carapace cristalline des effets destructeurs de la dénudation.
Partout ailleurs, la nappé des brèches, épaisse d'un millier de
mètres, qui recouvrait l'intérieur de l'Islande à une période anté-
rieure, a été enlevée par les diverses érosions.
Au nord-ouest du Langjôkull, sur les plateaux du Storisandur,
de l'Arnarvatnheidi, du Tvidœgra, le D' Thoroddsen signale l'exis-
tence de laves dont l'origine préglaciaire est indiquée par de nom-
breuses stries et par la présence d'une quantité énorme de blocs
erratiques. La région du Tvidœgra présente un paysage morai-
nique très caractérisé; la roche n'apparaît en place que dans de
rares localités, dissimulée presque partout par des matériaux
d'origine glaciaire, et toutes les dépressions sont occupées par des
nappes d'eau plus ou moins étendues, des tourbiers et des marais.
Dans celte partie de l'Islande le niveau du Hochland s'abaisse
notablement et ne dépasse guère l'altitude de 500 mètres.
Après cette exploration, le Dr Thoroddsen visita les vallées du
fiorgarfjord, et la région comprise entre le Langjôkull et Reykja-
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SÉANCES DES i ET 18 NOVEMBRE 1898. 379
vik, notamment le massif d'Ok. L'Ole est une énorme coupole de
laves préglaciaires. Plusieurs des courants auxquels elle a donné
naissance remplissent des vallées, notamment le Flôkadalur, ce qui
prouve que ces dépressions sont* antérieures à la grande extension
des glaciers. Les laves préglaciaires voisines de Reykjavik ne pro-
viennent pas de l'Ok, comme on le croyait jusqu'ici. M. Tho-
roddsen parcourut ensuite le Lundareykjadalur, le Skoradalur et
les lacs dits Reydarvatn et Hvalvatn. Ces bassins paraissent avoir
été creusés par les glaciers. Primitivement, sur leur emplacement
des dépressions existaient dans le basalte; ultérieurement, ils
furent remplis par des tufs et des brèches, puis nettoyés de ces
matériaux par les courants de glace quaternaires.
Le D'Thoroddsen a complété son voyage par l'étude du Reykjanaes.
Cette campagne termine la grande œuvre à laquelle M. Tho-
roddsen a consacré sa vie. Après dix-sept ans d'un travail acharné et
d'une persévérance qu'aucune difficulté n'a pu vaincre, l'énergique
naturaliste a enfin achevé l'exploration de l'Islande. Cette entre-
prise géographique comptera parmi les plus fécondes qui aient
été exécutées par un seul homme, sans le concours d'aucun col-
laborateur. (Geografisk Tidskrift et lettre particulière du Dr Tho-
roddsen.)
Mission archéologique du capitaine Daniel Bruun en Islande
et aux Fœro. — Après avoir exploré les Faerô* pendant le mois de
juin, le capitaine Bruun a poursuivi ses recherches sur l'ancienne
architecture indigène dans l'Islande méridionale (ôrebakke et
Reykjanaes). Dans cette région se rencontrent des constructions
archaïques en pierres en forme de dômes dites Fjarborge, servant
d'é tables et les ruines d'un gourd particulièrement intéressantes.
Comme couverture, on avait employé dans cette construction des
lamelles cintrées provenant d'une coupole de lave, pour éviter
l'emploi d'une charpente.
De Reykjavik, M. Bruun parcourut l'Islande occidentale. Sur les
bords du Bredefjord il étudia plusieurs tombeaux datant de l'époque
païenne, et, en se rendant à Akreyri, découvrit une enceinte for-
tifiée, perchée sur un rocher, remontant suivant toute probabilité au
xi* siècle. Fouillant soigneusement toutes les ruines qu'il rencon-
trait sur sa route : églises, cimetières, etc., cet archéologue a
recueilli une collection d'antiquités aussi nombreuse qu'intéres-
sante. Traversant ensuite l'Islande, de la côte nord à Reykjavik,
M. Brunn a exécuté une carte à grande échelle des sources chaudes
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380 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
de Hveravellir et des Geysers. Ces documents permettront de se
rendre compte des changements importants éprouvés par ces der-
nières sources à la suite du tremblement de terre de 1896. (Geo-
grafisk Tidskrift.)
Spit»feer*. — L'été dernier, cet archipel arctique a été exploré
par quatre expéditions scientifiques, celles de S. A. S. le prince
de Monaco, du Dr Nathorst, de Stockholm, de M. Lerner, enfin
une mission ru s s o- suédoise chargée de la mesure d'un arc d'un
degré. Les résultats de la première de ces expéditions se trouvant
exposés ici-méme,nous nous bornerons à ajouter que cette croisière,
singulièrement hardie avec un navire peu approprié à la navigation
arctique, fait le plus grand honneur au marin qui Ta conduite.
Expédition suédoise. — L'expédition scientifique suédoise était,
comme toutes celles antérieurement organisées par ce pays, solide-
ment constituée.
Dirigée par le professeur A. G. Nathorst, géologue aussi dis-
tingué qu'explorateurexpériinenté, elle comptait un nombreux état-
major scientifique : deux botanistes, les D" Gunnar Andersson et
Hesselman, deux zoologues, le Dr Ohlin et M. Kolthoff, un hydro-
graphe, le Dr Hamberg, un topographe, le lieutenant Kjellslrôm.
M. J. G. Andersson, chargé de l'étude du plankton et de travaux
stratigraphiques, et un médecin, le Dr E. Levin, auquel étaient
confiées des études bactériologiques, complétaient le personnel.
La mission était embarquée sur un solide baleinier, YAntarctic,
commandé par le capitaine Nilsson.
Parti deTrorasô le 8 juin, YAntarctic ancrait cinq jours plus tard à
Beeren Ëiland (tle des Ours), dans le mouillage du Sud (Sydhamm),
sans avoir rencontré en route aucune glace. Autour de l'Ile, la mer
était également complètement libre, circonstance rare à cette époque
de l'année. En raison des brumes très fréquentes dans cette région et
de l'absence d'un bon mouillage, Beeren Eiland n'a été que très
rarement visité par des expéditions scientifiques. Trois seulement
des nombreuses missions suédoises (1) qui ont exploré le Spitzberg
avaient pu y débarquer, encore le plus souvent pendant un temps
très court. Cette année, favorisé par un beau temps exceptionnel,
le Dr Nathorst a pu séjourner une semaine entière sur cette terre.
La relâche a été mise à profit par le lieutenant Kjellslrôm et
(1) En 1864 et en 1868 M. Nordenskftild, en 1870 M. Nathorst.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 381
par le Dr Hamberg pour exécuter une carte complète de l'île
au 1/50,000 (1) et un levé hydrographique du mouillage du Sud.
Au point de vue topographique, Beeren Eiland se divise en
trois parties : 1° région méridionale occupée par un relief
atteignant l'altitude de 435 mètres et présentant du côté de la
mer des escarpements verticaux ; 2° région orientale formée par
le haut plateau du Mount Misery, surmonté par trois pyramides
rocheuses, les Trois Couronnes (Tre Krouor), dont la plus haute
s'élève à 536 mètres ; 3* région nord et nord-ouest, constituée par des
plaines stériles, couvertes d'éboulis gréseux et parsemées de lacs.
La plupart de ces nappes, très peu profondes, assèchent, suivant
toutes probabilités, à une époque plus avancée de l'été. Dans la
partie ouest de nie, au pied nord du massif méridional, le Dr Na-
thorst a découvert un grand bassin permanent, le lac d'Ella
(Elias tjô). Son altitude est d'environ 20 mètres et sa profondeur de
30* La partie la plus creuse de la cuvette se trouve donc en des-
sous du niveau de la mer.
D'après le Dr Nathorst, le massif du Mount Misery est constitué
par des calcaires carbonifères très riches en fossiles et les Trois
Couronnes par des lambeaux de terrain triasique. Sur les bords
du lac d'Ella apparaissent deux horisons géologiques différents.
Sur une rive de cette nappe d'eau affleurent des couches, probable-
ment siluriennes, fossilifères et sur l'autre des strates appartenant
au carbonifère inférieur. Aucun glacier n'existe plus aujourd'hui
à Beeren Eiland, mais les stries relevées en de nombreuses loca-
lités par le Dr Nathorst attestent que cette Ile a été à une époque
antérieure recouverte d'une calotte glaciaire.
Le 20 juin, YAntarctic quittait Beeren Eiland et faisait route au
nord-est, afin de reconnaître l'état des glaces en vue de l'explora-
tion projetée à la Terre du Roi-Charles pendant le mois d'août.
Dans cette direction, la mer était aussi libre que plus au sud, et,
le 22, l'expédition arrivait de très grand matin, devant Hope
Eiland (lie de l'Espérance). La violence du ressac ayant empêché
de débarquer (2), on continua à avancer dans le nord-est, dans l'est
du Spitsberg, jusqu'au 77°25' de lat. N. et 27°30' de long. E. de Gr.
En ce point s'étendait une banquise. Après avoir réussi quelque
(1) Karta ôfver Beeren Eiland uppuràtt under 1806 ârs Svenska Polar expé-
dition den 13-19 juni af. A . Hamberg och O, KjelUtrôm. Cette carte t été pu-
bliée à Stockholm, le 19 août 1898, «tant même lo retour de l'expédition, les mi-
nutes ayant été envoyées du Spitsberg par voie postale en Suède.
(2) Cette île ne renferme aucun mouillage.
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382 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
temps à se frayer un passage, le bâtiment suédois dot battre en
retraite, par 11*W de lat. N. et 28° de long. E.
UAntarctic revint ensuite dans l'ouest, et, après avoir doublé une
masse de glaces très épaisse amoncelée autour de la côte sud de
l'île d'Edge, traversa le Storfjord. Sur la côte ouest de ce large
golfe, dans une baie ouverte à Test du Homsundstind, le Dr Ham-
berg découvrit des empreintes végétales fossiles appartenant au
tertiaire, horizon géologique dont la présence n'avait pas encore été
reconnue dans cette partie de l'archipel.
Cette reconnaissance terminée, l'expédition explora pendant trois
semaines le Belsound, le plus grand des fjords du Spitsberg occi-
dental après risfjord. Pendant cette relâche, les topographes exécu-
tèrent une carte au 1/100,000 des baies de Van Mijen et de Van
Keulen, qui constituent Je bassin supérieur de ce golfe. La pre-
mière de ces baies serait notablement plus étendue que ne l'in-
diquent les cartes.
Tout le territoire compris entre PAdvent bay au nord et l'extré-
mité supérieure de la baie de Van Mijen au sud est constitué par des
couches tertiaires presque horizontales, dont les assises supérieures,
un grès foncé, sont particulièrement riches en empreintes végé-
tales. Les géologues suédois reconnurent l'extension de cet horizon
géologique jusqu'à la baie de Van Keulen et découvrirent sur les
bords de cette nappe un gisement de plantes fossiles d'une incom-
parable richesse. En même temps, les botanistes de l'expédition
recueillaient de très intéressantes collections.
Pendant un court séjour dans risfjord, l'entomologiste de la
mission récolta, sur les bords de la Kol bay, deux espèces de
coléoptères, les deux premiers qui aient été trouvés au Spitsberg.
Le 24 juillet, YAntarctic faisait route vers l'ouest pour se livrer
pendant une semaine à des recherches océanographiques dans la
Fosse suédoise (Svenska Djup), découverte en 1868 par Nordens-
kiôldau large du Spitsberg. Le 28 juillet, sous le 78* 1' et par 4*9' de
long. O. de Gr., l'expédition fut arrêtée dans sa course vers l'ouest
par la grande banquise qui s'écoule le long de la côte orientale du
Grônland. En cet endroit, la. glace formait une large baie dans
laquelle VA ntarctic s'engo\fa. Précisément dans ces mêmes parages,
en 1868, la Sofia, le navire de Nordenskiôld, avait rencontré une
profonde indentation dans la banquise. Entre l'Ile du Prince-
Charles (Prince Charles Foreland) et le 4#9' de long. 0. de Gr., des
sondages et des dragages ont été exécutés en quatre stations dif-
férentes. Les fonds sont constitués par de l'argile à biloculines.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 383
Immédiatement à l'ouest du Spitsberg, le 25 juin, la sonde indiqua
une cavité de 2,700 mètres, et un peu plus loin, le 26, un abîme de
3,100 mètres, le plus grand fond mesuré dans ces parages. Cette
dépression s'étend vers l'ouest. Le lendemain, un troisième sondage
donna le même résultat de 3,100 mètres. Au delà, au contraire, les
fonds se relèvent ; le 28, précisément sur le point même où l'expé-
dition de la Sofia avait trouvé en 1868 une fosse de 4,850 mètres,
M. Hamberg, l'océanographe de VAntarctic, n'a trouvé que
2,700 mètres. La différence de 2,150 mètres qui existe entre les
deux observations provient des défectuosités des appareils bathymé-
triques employés en 1868. A cette époque, ces instruments étaient
loin d'avoir la précision qu'ils atteignent aujourd'hui. La Fosse
suédoise est donc sensiblement moins déprimée qu'on le croyait.
Les observations de températures ont, de plus, prouvé que cette
année, au large du Spitsberg, les eaux du Gulf Stream formaient
une couche très profonde. D'autres années, au contraire, les eaux
chaudes sont loin d'atteindre une aussi grande épaisseur. De cette
constatation il semble résulter que le débit du Gulf Stream est
soumis à des variations.
Ces travaux terminés, VAntarctic se dirigea de nouveau vers la
Terre du Roi-Charles, dont l'exploration constituait la partie la plus
importante du programme de l'expédition suédoise.
Cet archipel n'est autre que la terre de Wiche, rencontrée en
1617 par Edge, et baptisée par lui en l'honneur d'un des principaux
négociants de Londres. Cette découverte tomba ensuite dans l'ou-
bli, et seulement en 1859, le chasseur de phoques norvégien, Elling
Carlsen, revit cette lie qu'il prit pour la fameuse Terre de Gilies
que les vieilles cartes indiquaient dans le nord-ouest du Spitsberg.
Quatre ans plus tard, Carlsen releva de nouveau cette même lie. En
1864, du sommet delà Montagne blanche (Hvita berget), l'extrémité
est du Spitsberg occidental, le professeur Nordenskiôld aperçut
dans l'est une haute terre qu'il prit également pour la Terre de
Gilies. En 1870, l'expédition allemande de Heuglin et de Waldburg-
Zcil, du haut du mont Middendorff, vit, dans l'est de l'Ile d'Edge,
une terre qu'elle appela Terre du Roi-Charles, pour rendre hom-
mage au souverain du Wurtemberg, et donna à celle signalée par
les Suédois le nom de Schwedigches Vorland (promontoire suédois).
Deux ans plus tard, trois pécheurs norvégiens réussirent à atteindre
la Terre du Roi-Charles. Leurs observations n'étaient nullement con-
cordantes. D'après deux d'entre eux, il existait là un groupe d'Iles,
d'après le troisième, au contraire, une masse continentale. A l'aide
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384 COMPTES RENDUS DE 8 SÉANCES.
des livres de bord de ces marins, le professeur Mohn dressa une
carte de cet archipel et, en l'honneur de Charles XV de Norvège,
lui donna le nom de Terre du Ho i -Charles.
En 1884, H. C. Johannesen parvint à approcher de cette terre et
n'y reconnut qu'une seule île. Un autre pêcheur de Tromsô, Hem-
ming Andreasen constata, au contraire, dans ces mêmes parages
l'existence de deux Iles séparées par un large détroit. Mais, pensant
se trouver plus à l'est qu'il ne l'était réellement, il se crut en pré-
sence de terres différentes de celle du Roi-Charles. La plus grande
confusion existait donc dans la géographie de cette partie du Spits-
berg. La saison de 1889 amena un progrès sensible. Uemming
Andreasen reconnut pour la première fois, avec certitude, que l'ar-
chipel en question se composait de deux lies en traversant le che-
nal qui les sépare. En même temps, le Dr Rukenthal confirmait
le morcellement de la Terre du Roi-Charles, mais élevait à trois le
nombre des lies qui la constituent En 1897, M. Pike réussit à
exécuter le périple de cette Terre.
Le 2 août, VAntarctic doublait le cap Sud du Spitsberg, et, le 4»
mouillait devant le Promontoire suédois, après avoir traversé, à
l'est de l'Ile d'Edge, une banquise étendue, mais suffisamment
disloquée pour permettre le passage du navire. L'expédition sué-
doise séjourna onze jours à la Terre du Roi-Charles. Cette relâche
a été employée à enlever une carte au 1/100,000 et à en poursuivre
l'étude scientifique. Grâce à. ces travaux, la topographie de cet
archipel se trouve désormais fixée.
La Terre du Roi-Charles se compose, comme tiemming An-
dreasen l'avait reconnu, de deux grandes lies : â l'ouest, le Svenska
Fôrland (Promontoire suédois), allongé dans la direction nord-sud,
et, â Test, l'Ile du Roi-Charles, la plus étendue, orientée est-ouest
A l'est de cette dernière, se rencontrent encore les deux petites tles
d'Abel et, sur sa côte sud, plusieurs îlots, tous très bas sur l'eau.
Le Svenska Fôrland est occupé par un plateau élevé d'environ
200 mètres, entouré par des terres basses. Dans la partie nord de
l'tle s'élève une montagne isolée de cette haute plaine. Sur
une partie seulement de ce relief campaniforme s'étend une ca-
lotte de glace ; partout ailleurs on n'observait que quelques petites
plaques de neige. Les ravins ouverts à travers les escarpements
du substratum étaient, au contraire, remplis de coulées de neige
qui donnaient naissance à d'abondants torrents. Toutes ces eaux
transforment en bourbiers les terres basses riveraines de la mer
formées par une succession d'anciennes plages couvertes de bois
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SÉANCES DBS 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 385
flottés. Quelques-uns de ces débris ligneux sont situés à une très
grande hauteur au-dessus du niveau actuel de la mer; aussi bien,
d'après le Dr Nathorst, leur dépôt remonte certainement à plusieurs
milliers d'années.
Le sommet du plateau est constitué par une nappe de basalte,
dont la surface se trouve parsemée de troncs d'arbres silicifiés,
merveilleusement conservés. Leurs cercles de croissance et leur
tissu cellulaire sont encore visibles dans tous leurs détails. Sur
la côte méridionale et en plusieurs autres localités, ces roches
volcaniques reposent sur des assises jurassiques très riches en
empreintes fossiles.
L'Ile du Roi-Charles présente les mêmes formes topographiques
et la même constitution géologique que le Svenska Fôrland.
Sur sa côte méridionale on ne rencontre que de petits fonds de
12 à 40 mètres.
De nie du Roi-Charles, l'expédition fit route au nord, et le
18 août, atteignit Plie Blanche (Evita 0). Cette île, située dans
Test de la Terre du Nord-est, fut découverte en 1874 par le capi-
taine norvégien Kjeldsen. En 1884, E. H. Johannesen l'aperçut
de nouveau et lui donna le nom de Nouvelle-Islande (Ny Island).
D'après le Dr Nathorst, cette terre, beaucoup plus étendue que
ne l'indiquent les cartes, est occupée entièrement par une cou-
pole de glace, haute de 200 mètres environ, terminée du côté de
la mer par des falaises cristallines qui donnent naissance à des
icebergs. L'expédition débarqua sur les pointes nord-est et sud-
ouest de l'île, les seules portions de la côte laissées libres par les
glaciers. Dans ces deux localités, le terrain est constitué par des
roches primitives.
Poursuivant sa marche vers le nord, YAntarctic rencontra bien-
tôt une épaisse banquise. En présence de cet obstacle, le capitaine
inclina dans l'ouest et mouilla devant l'île de Charles XII, qui se
trouvait entourée d'eaux libres. Sur cet îlot et sur son voisin, le
Drabant, les naturalistes observèrent des masses énormes de bois
flotté. De là, faisant une nouvelle tentative vers le nord, l'expédi-
tion atteignit, le 20 août, par 22° 45' de long. E., le 81° 14', la
plus haute latitudo à laquelle elle soit parvenue. Au delà, le pack
polaire, très compact, fermait complètement la route. Si YAntarc-
tic était arrivé quelques semaines plus tôt, nul doute qu'il n'ait pu
poussé beaucoup plus loin. Chassée par les vents du nord, domi-
nant depuis quelque temps, la banquise avait dérivé vers le sud
et recouvert une région complètement libre auparavant.
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386 COMPTES RENDU8 DES SÉANCES.
De là, l'expédition fît route au sud-ouest, en passant dans le
nord des Sept Iles, et en suivant la lisière orientale d'une nappe
de glace qui s'étendait très loin dans le sud. Sur la côte septen-
trionale du Spitsberg, elle visita la Treurenberg Bay, Grey Hook
et l'île des Danois, puis redescendit dans le sud le long de la côte
ouest, achevant ainsi le périple complet de l'archipel.
Une série de tempêtes ayant arrêté VAntarctic dans sa marche
vers le Storfjord, le Dr Nathorst fit mettre le cap au sud et, le 7 sep-
tembre, l'expédition suédoise rentrait à Tromsô.
Les résultats scientifiques obtenus au cours de cette explora-
tion sont considérables. Beeren Eiland, l'archipel du Roi-Charles,
et le Belsound, ont été l'objet de levers précis et détaillés; enfin,
le relief des fonds marins dans une région de l'ouest du Spitsberg
a été déterminé avec exactitude. Les indications données, dans le
cours de cet exposé, sur les travaux d'histoire naturelle, montrent,
d'autre part, l'importance des études poursuivies l'été dernier par
la mission suédoise. Conduites par £. Le vin, les recherches bacté-
riologiques fourniront des renseignements et des documents par-
ticulièrement intéressants.
(D'après les lettres adressées par le professeur Nathorst au
Stockholm' $ Dagblad, au Nya Dagligt Allehanda, et par le
Dr Gunnar Andersson aux Dagens Nyheter.)
Expédition allemande. — Une expédition allemande conduite
par M. Th. Lerner, montée sur le vapeur en fer le Helgoland
(capitaine Rûdiger), a visité une partie des régions explorées par
le Dr Nathorst.
Une somme considérable d'argent et d'énergie, qui, employée
sur un antre terrain, aurait produit des résultats considérables, a
été ainsi gaspillée au grand préjudice de la science. Les régions
arctiques offrent aux explorateurs des champs d'activité suffisam-
ment vastes et féconds pour qu'ils ne se fassent pas concurrence.
M. Lerner a réussi à faire le tour de la Terre du Roi-Charles.
D'après ses observations, elle se composerait de trois îles : le
Svenska Fôrland, l'ile d'Iéna et à l'est File Auguste-Schcrl. L'île
d'iéna est l'île du Roi-Charles des Scandinaves. Ce nom, ayant été
donné en 1872 par le Dr Mohn à la suite des découvertes des Nor-
végiens, devrait être conservé par droit de priorité. L'archipel por-
terait la dénomination générale de Terre du Roi-Charles et ses
deux grandes lies : ceux de Svenska Fôrland et d'île du Roi-
Charles. L'île Scherl serait l'île d'AbeL
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 387
De la Terre du Roi-Charles, YHelgoland fit une tentative pour
atteindre la Terre François-Joseph, mais fut bientôt arrêté dans
cette direction par une tempête. Se dirigeant ensuite route au nord,
il poussa jusqu'au 80° 32', puis revint au sud par l'Hinlopen-
Strait et le détroit de Bismarck*
Le succès des expéditions entreprises au Spitsberg met en évi-
dence l'état favorable des glaces pendant la saison dernière autour
de cet archipel arctique. A ce point de vue, l'été de 1898, comme
celui de 1897, peut être considéré comme absolument anormal.
Le Spitsberg oriental, ordinairement encombré de banquises jus-
qu'à une époque tardive, souvent même complètement obstrué, a
été dégagé très tôt, et des navires en fer, comme la Princesse Alice
et le Helgoland, ont pu, dès les mois de juillet et le commence-
ment d'août, pénétrer dans le Storfjord et dans les eaux de la
Terre du Roi-Charles.
Ce dé b lavement, comme la température élevée observée dans
nos régions en août et pendant une partie de septembre, est pro-
bablement dû à une extension anormale du Gulf-Stream.
Terre Francou-joseph. — Expédition de Wellmann. — Une
expédition américaine, dirigée par M. Wellmann, et composée du
professeur James Gore, de l'université de Colombia, du lieutenant
Ëvelyn B. Baldwin, du Dr Ed. Hofma et de M. Harlan, quittait
Arkangel au commencement de juillet, à bord du vapeur norvé-
gien Frithjof, pour aller s'établir à la Terre François-Joseph.
Rencontrant, le 10 juillet, une épaisse banquise par 77° de
lat. N. et 47° de long. E. et gênée par une épaisse brume, elle fit
demi-tour vers la côte de Norvège pour revenir se ravitailler en
charbon à Vardô.
Reprenant la mer quelques jours plus tard, le Frithjof se
heurta de nouveau à un pack, le 17 juillet, par 77° 44' de lat. N.
et 40° 33' de long. E. Après une pénible navigation d'une semaine
à travers les glaces, le capitaine réussit cependant à forcer le
passage et à atteindre le cap Grant le 28 juillet, et, le lendemain,
le cap Flora. De là, doublant le cap Barents, l'expédition remonta
le canal Anglais (British Channel) jusqu'au 80° 20', où elle fut
arrêtée par une banquise. Après une tentative infructueuse dans
la direction de l'est autour des lies Wilczek et Lutke, elle s'ins-
talla définitivement au cap Tegethoff, le 30 juillet. Au cours de
ces reconnaissances préliminaires plusieurs îles furent décou-
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388 C0MPTE8 RENDUS DIS SÉANCE8.
vertes près de l'île Wilczek. A la place de l'île d'Etheridge existent
deux terres distinctes.
Du cap Tegethoff, Wellmann so propose de marcher vers le
nord et d'atteindre la Terre du Prince-Rodolphe, où il compte
hiverner dans une hutte en pierres sèches à la manière de Nansen.
Le 3 août, le Frithjof quittait le cap Tegethoff, et, sous l'habile
direction du capitaine Kjeldsen, faisait route vers l'ouest pour
chercher des traces d'Andrée. Après avoir doublé une banquise
fixe au cap Brunn, Kjeldsen suivit la lisière méridionale de l'archi-
pel François-Joseph, examinant soigneusement toutes les baies et
tous les fjords. Au nord-ouest de l'île Bruce, fut découverte une
île nouvelle.
Par les canaux de Bâte et de Nightingale, le Frithjof pénétra
dans la baie d'Ësson, puis dans celle de Cambridge, et revint en-
suite à l'île Mabel. Se frayant un passage à travers la banquise,
Kjeldsen atteignit, le 8 août, la Terre du Roi-Charles. De là il
poussa jusqu'au 81° 7' dans l'ouest de la Terre du Nord-Est; et
quelques jours plus tard, lors d'une seconde tentative vers le nord,
il ne put dépasser l'île Môflen. Le retour en Norvège s'opéra en
suivant les côtes nord et ouest du Spitsberg.
Mer de Kart. — Expédition de Sievert Brœkmo. — D'après
le Verdens Gang, de Kristiania, le Norvégien Sievert Brœkmo, qui
était parti à la recherche d'Andrée, est rentré à Vardô, le
13 septembre. Dans la mer de Kara, l'état des glaces semble avoir
été peu favorable à la navigation, et Braekmo n'a pu dépasser
Beli Ostrov. Si cette expédition n'a trouvé aucune trace d'Andrée,
en revanche elle a opéré le sauvetage de deux Samoyèdes,
qu'elle rencontra voguant sur un glaçon en pleine mer. Depuis
neuf jours ces malheureux se trouvaient sur ce singulier radeau,
à moitié morts de faim.
Expédition d'Andrée. — Jusqu'ici aucune nouvelle d'Andrée
n'est parvenue, et le sort de ce vaillant explorateur et de ses cou-
rageux compagnons doit inspirer les plus vives appréhensions.
L'ingénieur suédois Stadling a visité les îles de la Nouvelle-
Sibérie et les embouchures de PAnabar et de l'Indigirka, sans
trouver aucune trace des aéronautes. Les recherches du professeur
Nathorst et du capitaine Kjeldsen sont demeurées infructueuses
au Spitsberg et à la Terre François-Joseph . On n'a point rencontré
Andrée à la station du cap Flora, où ses amis espéraient qu'il avait
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vr\*T'
SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898, 389
pu hiverner. Peut-être, en poussant vers le nord, Wellmann aura-
t-illa joie de sauver les hardis explorateurs suédois. Les courriers
arrivés en automne du Grônland n'ont apporté non plus aucune
nouvelle précise. À la date du 14 décembre 1897, à deux reprises
différentes, le chef de la station d'Angmagsalik, affirme avoir
entendu des coups de feu sur la banquise en dérive le longde la côte.
Des indigènes lui ont raconté avoir également perçu des détona-
tions dans la soirée de ce même jour et même avoir aperçu la lueur
des coups de fusil.
D'après M. Ryder, un des fonctionnaires supérieurs de l'adminis-
tration du Grônland, si Andrée s'était trouvé sur la banquise,
devant Angmagsalik, au mois de décembre dernier, il aurait été
entraîné depuis longtemps par la dérive sur la côte sud-ouest,
comme jadis les naufragés de la Hansa, et aurait pu gagner les
établissements danois. Quoi qu'il en soit, il y a peut-être là un indice
qu'il sera prudent d'examiner soigneusement. En tout cas, l'exemple
de la dérive des débris de la Jeannette ne doit pas être oublié ;
peut-être un jour la banquise du Grônland restituera-t-elle les
épaves de ces naufragés de l'air.
Charles Rabot.
RÉGIONS ANTARCTIQUES
De la Belgica, on reste toujours sans nouvelles, M. de Gerlach
n'est point revenu en Australie, après la campagne de Tété antarc-
tique 1897-1898, comme il l'avait annoncé. Peut-être la mission
a-t-elle hiverné dans les terres australes? Avant quelques mois, il
est impossible de connaître l'issue de cette expédition.
Le 27 août dernier, une nouvelle expédition antarctique, équipée
par sir George Newnes, a pris la mer, se dirigeant vers la Terre
Victoria, pour y poursuivre l'œuvre de sir James Ross. Elle est
conduite par un Norvégien, M. Borchgrevink, qui a pris part à la
croisière du baleinier VAntarctic en 1894, précisément dans cette
région, et comprend un personnel de cinq naturalistes. La mission
est embarquée sur un baleinier, le Southern Cross, commandé par
le capitaine Bernhard Jensen. M. Borchgrevink compte hiverner à
la Terre Victoria et pousser vers le sud en avançant sur l'énorme
coupole de glace qui recouvre cette terre.
soc. de gêogr.— c. a. dbs séances.— N° 8.— Août-Novembre. 28
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390 COMPTES UNDU6 DIB SÉUfCB*.
IIL — HOTES
. — Retotbmi hydrographiques entre ta mer du Nord
et la BaUéçme. — L'Académie des sciences de Suède a publié le
rapport du professeur Petterasen et de JL G. Ekman sur les tra-
yaui hydrographiques internationaux relatifs k rechange des eaux
entre la mer du Nord et la Baltique. Ces recherches» jointes à celles
delà commission suédoise en 1896, ont été commencées en 1893(1).
Le mémoire, très étendu, peut se résumer ainsi :
i • Il n'existe pas dans le Kattégat de compensation entre le cou-
rant inférieur et le courant de surface, ainsi <qne le fait avait été
déjà reconnu en 1894 par le travers d'ôreeund. liais, dans certains
cas, il se produit un reflux d'eau salée, comme oela se passe pour
l'échange entre les eaux de la J)aUique avec le lac Hcalar. La plus
forte salure, de 25 A 30 p. 40Q, se trouve dans la région nord; le
frottement contre les rives resserrées et le relèvement du fond sont
un obstacle à sa pénétration dans la Baltique ; le point d'inertie se .
trouve en fluctuation entre Gjedsen et Darsserort. Plusieurs dia-
grammes de salinité démontrent que les couches plus salées su-
bissent un arrêt à cet endroit.
2° Les parties plus salées entraînées par le courant inférieur
dans les fonds de la (Baltique, sont j-elaÉivetfaeat froides et plus
oxygénées. Cet effet se produit particulièrement en hiver; il est
accompagné de l'apparition d'un plankton aux formes spéciales.
3° A l'est de Bornholm, les couches profondes ne restent pas
stagnantes. Au delà de 50 -mètres, il texkte un courant sous-
jacent, tandis que dans le voisinage de la surface on trouve une
salinité de 7,55 p. 100, avec température constante pendant la
saison froide. Ce fait parait résulter d'une circulation verticale,
due à des courants partiel* plus froids atteignant une salinité de
8 p. 100 dans les profondeurs de 50 métrés. Cette alternance con-
tribue à l'oxygénation de l'eau.
4° Les sondages du professeur Ekman en 1877 et ceux du
Dr Krûmmel en 189d, à l'est de Gothland, dans la partie la plus
vaste du bassin de la Baltique, ayant eu pour but d'étudier le re-
nouvellement des couches profondes, n'ont pas fourni d'éléments
concluants. A une profondeur de 100 métrés, la salinité est restée
(1) De Hydrografiska Fôràndringarne inom Nordsjôn* och Ottcrtjônt Omrade
under tiden (1893-1897).
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SÉANCES OES à ET 18 NOVEMBRE 1898. 391
de 10 à 12 p. 100, arec même température. Le volume de gaz
contenu ne fournit pas non plus de documents importants. En
tout eas, le renouvellement doit s'opérer avec grande lenteur.
Une fosse profonde dans la Baltique, située à quelques milles au
sud-est de Landsort, ayant environ 400 mètres, a été Pobjet diu-
vestigations répétées pendant plusieurs années» Les documents
recueillis ont été toujours à peu près identiques.
5* Les eaux du golfe de Bothnie ont une composition différente
de celles de la sur d'Aland ; ces deux bassins sent séparés par
on relèvement du fond s'é tendant de Stockholm à Hangô, sur la
côte de Finlande. Des deux côtés, il existe des dépressions dont les
plus profondes n'ont pas plus de 60 mètres. Les eaux inférieures
paraissent rester à l'état stagnant dans les deux bassins* Depuis
les explorations de 1877, la salinité, ta température et le volume
des gaz n'ont pas changé.
6* L'eau profonde de la mer d'Aland provient de la Cal tique
même, ainsi qu'on Ta constaté ponr une couche de 7 à 8 p. 108 de
salinité, occupant une surrace triangulaire. Cette eau est animée
d'un mouvement vertical qui lui permet de se rafraîchir en hiver
en venant à la surface et ensuite, en vertu de sa densité, de re-
gagner le fond. Sa température est de 1° 7 en hiver, comme celle
de la Baltique.
7* Le Kattégat forme le bassin d'échange des eaux intérieures,
mais par l'intermédiaire du Skagerack où se termine le cou nuit de
la Baltique (t). J. Girard.
A*ie. — Voyages en Asie de Jh\ Nowitzky, en Ethiopie du
D' Stchoussof; livres récents de MM. Oosianny et Mostoivitch*
— Communications de M. Vénukoff :
1. M. Ovsianny vient de publier no ouvrage sur la Serbie et les
Serbes, en un volume, avec une carte. L'auteur était déjà connu
par ses recherches statistiques sur la Serbie, sur son histoire , son
anthropologie, sa littérature, etc. Maintenant il nous donne un ta-
bleau vivant de ce pays, qui peut jouer un rôle important sur Je
Danube et dans les Balkans.
2. M. le Dr Mostowilch a fait une étude sur le climat et [es
autres conditions physico-géographiques de Gori, ville de la Traiis-
caucasie, remarquable par la longévité de sa population. Des cen-
tenaires y sont fréquents ; mais on s'est récemment aperçu BttH la
coupe des forôts voisines nuisait à la longévité, en engendrai) i des
(1) Scottish Geogr, Mag., septembre 1898.
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392 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
fièvres chez les hommes. On pense donc à rétablir l'ancienne végé-
tation arborescente aux environs de la ville. Ce sera une expé-
rience d'une certaine valeur physiologique, et qui est digne d'être
imitée pour donner à la théorie de M. Mostowitch une base vrai-
ment scientifique.
3. M. Nowitzky, capitaine d'état-major russe, a fait un inté-
ressant voyage en Asie. 11 a commencé par l'Inde méridionale, où
il a été bien reçu par l'administration anglaise, civile et militaire.
Il a ensuite visité le passage de Kyber, le territoire des Afridis,
le Béloudjistan britannique, Quel ta, Ghaman et le chemin de
fer qui les réunit. Il a voulu revenir en Russie par Guilguit et les
Pamirs; mais les Anglais s'y sont opposés, et l'officier russe fut
obligé de prendre la route de Kachmir et de Kachgar. Il rapporte
d'importantes collections minêralogiques, zoologiques et autres.
A. Un médecin russe, M. Stchou$soffy a fait un voyage en Abys-
sinie, aux c sacrées » sources du Nil Bleu et au lac Tana. Ce voya-
geur a été très bien reçu par le négus Méuélik. En sa qualité de
médecin, il a eu, pendant son voyage, plus de quatre cents clients
à guérir. De nombreuses collections ont été formées par lui, entre
autres une collection de recettes des médecins abyssiniens.
L'ancien lit de V Amou-Daria (1). — La question si contro-
versée de l'ancien lit occupé par l'Amou-Daria a été étudiée par
M. A. M. Konshin, ingénieur des mines de Russie, et exposée de-
vant la Société de Géographie de Russie.
Jusqu'ici on avait considéré la dépression existant entre le lac
d'Aral et la mer Caspienne, où se trouve l'Ouzboï, l'Ungus et le
Kelif-Ouzboï, comme représentant l'ancien lit de ce groupe fluvial.
L'Ouzboï a toujours reporté sa direction vers la droite, et après
avoir traversé le désert de Karakoura, il a conservé son lit actuel,
avec un bras dirigé vers la Caspienne, qui conserve encore le nom
d'Ouzboï. L'exploration de 1883 a démontré que ce que Ton con-
sidère comme l'ancien lit de ce fleuve ne présente aucun caractère
fluvial. A l'époque post-pliocène, la mer Caspienne s'étendait dans
un vaste golfe occupant la place du désert actuel de Karakoum.
L'Ungus qui traverse aussi le désert n'a pas usurpé l'ancien lit
de l'Ouzboï, mais il passe près d'un pli du terrain crayeux du pla-
teau du Karakoum se prolongeant vers les sables post-pliocènes
inférieurs de ce désert.
(1) Mémoire* de la Société de Géographie russe, vol. XXII I, partie I (Nature»
1er septembre 1898).
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SÉANCES DE8 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 393
Deux hypothèses sont en présence : celle de M. Konshin qui
consiste à l'admission de l'existence d'un golfe de la Caspienne
s'étendant dans la direction de l'est de la latitude de Merv, avec
L'adjonction d'un bras se dirigeant vers le nord, le long de l'Ouzboï
et rejoignant le lac Sari-Kamish. Dans ce cas, au moment du des-
sèchement du golfe, l'Amou-Daria se serait écoulé dans la dépres-
sion formant son lit actuel.
L'hypothèse de M. Ohrucheff est de regarder le golfe de Kara-
koum comme ayant existé antérieurement et ayant reçu l'Amou-
Daria avec ses tributaires, le Mourghab et le Tejen. A l'époque où
ce golfe so dessécha, l'Amou-Daria continua à couler dans le même
lit, atteignant la Caspienne. A une époque ultérieure, il aurait
passé au nord, rejoignant l'Ouzboï par un bras spécial.
Dans cette étude, M. Konshin discute la seconde manière d'envi-
sager la question. Mais il maintient son idée appuyée sur des ar-
guments sérieux. Les principaux sont la présence de coquilles
appartenant aux espèces vivant encore dans la Caspienne, dans la
partie sud de l'Ouzboï ; celles-ci sont recouvertes de dépôts flu-
viatiles. On les trouve aussi dans l'ouest de l'ancien golfe de
Karakoum, où le relief atteint jusqu'à 70 mètres au-dessus de la
Caspienne* Un autre argument est celui de l'absence de dépôts
fluviatiles dans les sables désertiques, et de traces d'érosion ma-
rine ou fluviale. Ces indications seraient en faveur do l'existence
de l'ancien lit d'une rivière se dirigeant vers le golfe de Karakoum.
Les monticules que l'on rencontre sont des dunes de sable, logeant
dans leurs intervalles des lacs d'eau salée ou c shors », consi-
dérés à tort comme des vestiges fluviaux, dont ils n'ont pas le ca-
ractère régulier. Ce désert a tous les éléments primordiaux d'un
ancien fond de mer remplacé par les sables. En résumé, l'absence
de dépôts fluviatiles confirmerait la théorie de M. Konshin.
Anériqve. — Le lœss dans la vallée du Mississipi (1). — 11
existe sur certaines collines du bassin du Mississipi et du Mis-
souri des dépôts pulvérulents présentant tous les caractères d'une
origine éolienne. Leur épaisseur est variable et ils s'étendent sur
des surfaces irrégulières, dont la longueur peut atteindre, en
certains endroits, plus de 30 kilomètres. Ces dépôts paraissent
provenir de la chute de poussières transportées par le vent.
En effet, à certaines époques de l'année, 41 se produit des tem-
pêtes de poussière, assez intenses pour obscurcir l'atmosphère,
(1) American Journal of Science, oc'obre 1898.
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394 C0MPTE8 RENDUS DBB SÉANCES,
pendant trois ou quatre jours. Elles ont été l'objet d'observations
suivies, depuis 1895, à Jeffersou-City, à Omaha, à Kansas-City, à
Saint-Joseph et sur plusieurs antres points de la vallée du Mississipi.
Cette poussière jaune, extrêmement ténue, impalpable, provient
de l'abrasion des bancs de vases laissés à sec par le retrait des
eaux du fleuve pendant la saison d'été. Desséchées au soleil, les
particules sédimentaires sont enlevées par le vent qui excorie la
surface de vastes platins vaseux et, à cause de cette extrême légè-
reté, les transporte au loin, à distance des bords du fleuve, où
leur agglomération unit par constituer des terrains de transport
d'une épaisseur atteignant plusieurs mètres. Leur importance est
variable suivant la proximité du fleuve, les accidenta du sol et la
direction des vents dominants.
Ces terrains sont d'une fertilité remarquable ; leur composition
leur permet de retenir l'humidité pendant la saison chaude. Cette
propriété est favorable au développement profond des racines;
celles-ci, se décomposant sous l'action chimique du sol, forment de
petites masses concrétionnairea, nommées tûbuUg; ce fait est com-
parable à la production de certains minerais, des sulfures de aine,
de plomb, de fer et autres.
MM. R. E. Call et B. Shemik ont découvert dans le loess du Missis-
sipi une cinquantaine d'espèces de coquillages fossiles, la plupart
de petite taille, dont les représentants sont encore à l'état vivant
A propos du conflit de frontière ckiieuo-argêtUi*. — L'un des
points litigieux entre l'Argentine et le Chili est la possession de la
Puna tfAtëcama.
Sous la domination espagnole, cette aone faisait partie de la
i audiencia real i de Charcas, qui, après avoir appartenu à la
vice-royauté du Pérou, passa à celle de Buenos-Aires.
Les anciens domaines de Charcas ont constitué la Bolivie sur la
base de Yuti possidetis de 1810.
Par un traité du 10 mai 1889, l'Argentine a hérité des droits
boliviens sur la Puna d'Atacama, occupée partiellement par le
Chili depuis la guerre du Pacifique.
Les Chiliens ont contesté le droit de la Bolivie de disposer de
ces territoires.
Or, on vient de publier en Bolivie un document authentique, —
l'original en existe dans les archives nationales de Sucre, — rédigé
par l'autorité civile d'Atacama même en 1 772, et où se trouvent
énumérées les paroisses dont se composait le territoire aujour-
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEliBUE 1898. 395
dirai disputé; — on y rencontre les mesure» de distance permet-
tant d'en déterminer très approximativement l'étendue.
Si la solution de cette question était confiée à des chartistes, le
document mentionné plut haut serait décisif*
£•« gîwetw U—Umtm» de l'*eé«ai Aatlral. — M. H. G. Russel
a dépouillé tes journaux de bord de 62 navires attachés au port de
Sydney (Australie), et recherché dans lie Nautical Magazime tous
les documents obtenu» de 1892 à 1897r dana le but d» détenn in el-
les endroits oh les glaces antarctiques sont les pkn abondantes.
D'après ces recherches, on aurait constaté, dans la période
indiquée, 7,429 icebergs, signalés par des navires. Dans la nomen-
clature, les uns n'en ont vu qu'un seul; (f autres un grand nombre,
tel que 91 f, 376, etc. Plusieurs capitaines ont mentionné dans
leurs journaux la rencontre de glaces sans indiquer leur nombre,
leur volume ou leurs particularités. Ces renseignements n'ont
qu'une valeur relative, d'après laquelle l'auteur a été obligé de
dresser des tableaux comparatif.
Les glaces sont moins nombreuses avec le vent cfa nord-ouest
qu'avec ceux du sud, qui les détachent du pôle. Les mois ée juillet,
août, septembre, représentant l'hiver austral, sont peu favorables
i leur circulation ; tandis que, pendant janvier, février et mars,
représentant Tété, elles sont abondantes. Le maximum, relaté
sur le tableau statistique, est le 20 janvier 1897. Les observations
qui s'y trouvent consignées, sont le résultat des constatations faites
sur les routes fréquentées par la navigation, telles que celles du
cap de Bonne-Espérance en Australie, ou de la Nouvelle-Zélande
en Australie.
En prenant les mois de janvier et de février, comme étant ceux
qui amènent le plus de glaces flottantes,, on place ainsi le nombre
des observations par degrés de latitude sud : 17 pour le 43°;
27 pour le 44a; 35 pour le 45% 24 bout le 46* ; 7 pour le 48°. Il en
résulte que, pour la route de Nouvelle-Zélande eu Australie en été,
il est recommandé de ne pas dépasser le 39°. Au sud du cap
Leeuwin, on rencontre des glaces entre les 105° et 140* de long. E.
de Greenwich jusqu'au 43* de lai. Avec des documents plus com-
plets, on arrivera à éviter entièrement lea glaces.
Les indicatkaatfeenn#métriq«es.sent précieuses pour les éviter;
car un abaissement subit de la température de l'air et de l'eau
indique leur voisinage.
On recommande de passer les icebergs au vent, non seulement
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396 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
pour éviter leur mouvement de progression, mais aussi la chute
de blocs qui se détachent fréquemment.
Ces montagnes de glaces représentent toutes les dimensions,
depuis les petits glaçons, jusqu'aux blocs de plusieurs centaines de
mètres de large. Avec une forte houle, elles sont animées d'un
mouvement oscillatoire. La plupart ont leur face supérieure hori-
zontale (table top) ; elles sont légèrement colorées en jaune, couleur
due aux nuées d'oiseaux de mer, tels que le pétrel et autres qui
s'y réfugient. (Journal and Proceedings of the Royal Society of
New-South-Wales, 1897.) J. Girard.
La tombe de Joaehim Lelewei. — c J'avais attiré l'année der-
nière l'attention de la Société de protection des tombes polonaises
à l'étranger sur l'état lamentable de la tombe d'un géographe
célèbre, venu jadis chercher un dernier asile sur la terre de
France, qui cependant lui avait été peu hospitalière pendant sa
vie : Joachim Lelewel.
c Lelewel, auteur de la Géographie du moyen âge (1852, 5 vol.
in -8° et Atlas), né à Varsovie le 20 mars 1786, historien éminent,
fut obligé de quitter sa patrie, après la révolution polonaise de
1830, pendant laquelle il avait été Ministre de l'Instruction
publique. Réfugié en France, il en fut exilé au mois d'août 1833,
et se retira à Bruxelles, où il résida jusqu'au mois de mai 1861.
Il habitait dans la capitale de la Belgique une modeste maison au
58 de la rue des Eperonniers. Au-dessus de sa porte étroite, les
compatriotes de Lelewel ont fait poser une plaque avec l'inscrip-
tion suivante, que j'ai relevée lors de mon voyage, cet été, reve-
nant du Congrès d'histoire diplomatique de la Haye :
Joachimus Lelewel Polonus
nuper nobis ereptus
virtute ac ingenio pollens
Longo exilio invictus
Sub timbra libertatis Belgamm
hanc aediculam
ac firmandam Patriae virtutem
nullos per annos
satis amplam sibi judicabat
hanc tabulam ad aeternam rei memoriam
Cives poloni dolentes posuere
Boje zbaw Polske
MDCCCLXII.
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SÉANCES DBS 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 397
c Quelque temps avant sa mort, les amis de Lelewel le firent
transporter à Paris, où il expira à la maison Dubois le 29 mai
1861. Il fut enterré au cimetière Montmartre, avenue Saint- Charles,
dans une tombe commune aux exilés polonais, dont le plus ancien»
Richard Bielecki, remonte à 1820.
c J'avais constaté que la plaque en marbre blanc qui porte le
nom de Joachim Lelewel était tombée : cinquante centimes
auraient suffi pour la remettre en place. La Société pour l'entre-
tien des tombes polonaises à l'étranger a fait mieux : elle a corn»
plètement réparé la tombe.
c Je suis heureux de signaler ce fait à la Société de Géogra-
phie : Lelewel était l'émule de Jomard et de d'Avezac.
c Henri Cordier. >
IV. — CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
La Société de Géographie pendant le* Taeanee*. — !
Société de Géographie est loin d'être restée inactive pendant les
vacances; au cours des quatre mois de juillet, d'août, de septembre
et d'octobre, elle a eu l'occasion, à diverses reprises et sous dif-
férentes formes, d'affirmer son existence et de manifester son
action extérieure.
Inauguration du monument de Francis Garnier. — On a pu voir
dans le dernier numéro des Comptes Rendus comment la Socii i
a été représentée à l'inauguration du monument élevé à Paris |
la mémoire de Francis Garnier, qui fut jadis grande médaille d'or
de la Société de Géographie. M. Milne-Edwards, notre Président,
était notre délégué tout indiqué à cette cérémonie; il y a prononcé
un discours magistral qui, comme celui de M. Le Myre de Viler
président de la Commission centrale, et président du comité de Oti
monument, — le premier élevé à Paris à un explorateur, — a été
précédemment reproduit dans les Comptes Rendus (p. 285-288 et
289-292).
Inauguration des nouvelles galeries du Muséum. — A l'inaug u
ration des nouvelles galeries du Muséum (géologie, paléontologie,
anthropologie), dans la seconde quinzaine de juillet, la Société
de Géographie a délégué M. de Lapparent, qui, mieux que per-
sonne, avait qualité pour la représenter dans cette circonstance.
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398 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
Représentation à divers Congrès. — Les mois d'août et de sep-
tembre étant les mots de vacances, sont eeox où se tiennent de
préférence les Congrès; la Société de Géographie a participé,
comme il a déjà été annoncé précédemment (p. 326), à différentes
réunions scientifiques qui ont eu lieu alors en France et hors de
France.
Au Congrès international d'Histoire diplomatique tenu i La
Raye, elle a été représentée par M. le professeur Henri Confier,
Vice-Président de la Société de Géographie.
C'est le délégué de notre Société, le prince d'Ârenberg, qui a
présidé le Congres national des Sociétés françaises de géographie
tenu à Marseille.
A la session de l'Association française pour l'avancement des
sciences tenu à Nantes, la section de géographie a été présidée par
M. le Dr Fernand Delisle, délégué de la Société de Géographie.
Réception de voyageurs. — C'a été encore des marques de vie
qu'a données la Société de Géographie en prenant, à l'occasion du
retour en France de différents voyageurs, l'initiative des manifes-
tations qui ont marqué l'arrivée de M. l'administrateur colonial
E. Gentil, de M. le gouverneur Lïotard, enfin du capitaine Bara-
tier, le second du commandant Marchand.
[Réception de M. E. Gentil]. — C'est le 20 juillet que H. Gentil
a débarqué à Marseille ; il y a été reçu (comme on l'a pu voir
dans les derniers Comptes Rendus [p. 292-294]) par M. Savorgnan
de Brazza, au nom de la Société de Géographie. Quelques jours
après, M. Le Myre de Vilers s'est fait à Paris l'organe de fa Société
(cf. les Comptes Rendus de juin-juillet, p. 294-296).
[Réception de JF. Liotari\. — Lors du retour de M. Lïotard, la
Société a encore bénéficié du précieux concours de M. Savorgnan
de Brazza; c'est réminent explorateur qui, le 2 octobre àPauillac,
a félicité en notre nom M. Liotard de son arrivée sur le sol de
France.
Voici les paroles qu'il a prononcées à cette occasion :
c Mon cher Liotard ,
c R y a êemi mois, je portais les félicitations de fta Smàèêé de
Géographie à M. Gentil, qui revenait du lac Tchad, après aveir
achevé l'oeuvre de CrampeL
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 399
c Plus fortuné que votre émule qui fat arrêté dans sa marche
▼ers le nord, tous avez pu poursuivre vous-même notre expansion
vers l'est, dont les débuts, d'un caractère particulièrement délicat
et dangereux, vous ont fait grand honneur.
« Vous étiez isolé dans le haut Oubangui, au milieu de popula-
tions ameutées par des influences hostiles. L'envoi des contingents
du commandant Decazes n'avait pas encore été décidé et, de mon
côté, j'avais dû renoncer à venir vous renforcer avec les deux ou
trois mille indigènes massés à cet effet au nord du bassin de la
Sangha, séparé que j'étais, par le respect des traités, de ma base
d'opérations établie dans l'Àdamaoua.
c Telles sont les circonstances dans lesquelles vous ares su
étendre notre suprématie sur les territoires que, de 1891 à 1893,
vous avez acquis à la France.
c Lorsque, eu 1894, je vous donnai à Libreville l'accolade du
départ, vous m'exprimiez, monsieur le gouverneur, la crainte que
les dépenses d'occupation et d'administration des territoires du
haut Oubangui ne vinssent absorber les crédits dont vous dispo-
siez, au détriment de notre extension vers le haut Nil, que vous
aviez tant à cœur.
c Grâce à des ressources prélevées sur le budget local du
Congo, j'ai pu, pendant deux ans, vous affranchir de cette préoc-
cupation et je suis heureux de la manière dont vous avez su en
profiter pour le succès de votre entreprise.
c Une année s'était à peine écoulée que, dépassant le haut
Oubangui, vous aviez planté notre drapeau dans le Bahr-el-Ghazal,
à Tamboura, sur les bords du Soueh.
c Deux ans après, vous aviez reculé encore au nord et i Pest
les limites de l'occupation effective de cette partie du bassin du
Nil et organisé les populations sous notre autorité, et, lorsque
vous avez été rejoint par le commandant Marchand, vous étiez à
même die soutenir, avec plusieurs milliers de porteurs, la marche
en avant de cette mission qui venait parfaire votre œuvre.
c Pendant sept années de rude labeur, vous avez complété
l'action politique par la reconnaissance géographique de toute la
région et, dans cette dernière campagne de quatre années, la
maladie grave qui a nécessité une opération chirurgicale, dange-
reuse même en Europe, ne vous a pas arrêté.
< Vous avez montré que s'il est des bornes à l'énergie physique,
l'énergie morale ne paraît pas en avoir pour des hommes tels que
vous.
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400 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c Dur à vous-même, plus que tout autre tous avez payé de votre
personne, et c'est à votre exemple que se sont formés vos colla-
borateurs auxquels j'adresse l'expression de mon admiration, eu
me faisant l'interprète des sentiments de la Société de Géographie*
c Plusieurs d'entre eux reposent désormais dans leur dernier
sommeil sur cette terre africaine, à l'abri du pavillon national.
c Qu'un pieux hommage conserve la mémoire de Poumeyrac,
du duc d'Uzès, du capitaine Husson, de Comte, de Fraisse, de Jucher
reau, de Bregeaud, du lieutenant de vaisseau Morin, du l)r Sambuc,
des missionnaires catholiques les Pères Gohlet, Cou il lard, Allaire,
des sergents Eydoux, Guélorget, Surisseau, Le Dant, Tourrou,
des lieutenants Gouly, Estaux, Simon, des capitaines Hossinger,
' Dumont et Noguet.
c D'autres les ont remplacés; notre sollicitude les accompagne
et je ne doute pas que leur abnégation et leur dévouement ne
reçoivent une récompense bien méritée.
c Je ne saurais nommer ici ces hommes dont le courage est à
la hauteur de la tâche que vous avez entreprise et que complètent
en ce moment le commandant Marchand et les vaillants officiers
de sa mission.
c Dès ses débuts, cette mission était obligée de mettre à contri-
bution les finances de la colonie, bien plus largement que ne
lavaient fait la vôtre et celle de M. Gentil; mais, si l'équilibre du
budget s'en est ressenti dans des proportions qui ont alarmé l'opi-
nion publique mal renseignée, son succès du moins n'aura pas été
entravé par une insuffisance de crédits à laquelle le Parlement
devait pourvoir plus tard.
c Leur mission vient de couronner une œuvre poursuivie pen-
dant onze années.
c Grâce â elle, la France ne se trouvera pas écartée du règle-
ment d'une question d'intérêt international, dans une partie de
l'Afrique qu'elle a autrefois initiée au mouvement général des
peuples civilisés et notre colonie du Congo, après avoir contribué
à sauvegarder ses intérêts vers l'est, dans le bassin du Nil, aussi
bien qu'au nord et à l'ouest, du côté du lac Tchad et du Came-
roun, pourra désormais, sans crainte de compromettre l'avenir,
affecter toutes les ressources dont elle dispose à la poursuite de
son développement économique.
c A ce point de vue, la comparaison est toute en faveur de
l'Etat indépendant du Congo.
c L'inauguration de son chemin de fer marque l'achèvement
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 401
d'une œuvre capitale ; mais il est juste de tenir compte du fait que
le décret qui, en 1889, abordait la question des voies de commu-
nication dans le Congo français, n'a pas voulu pourvoir aux moyens
financiers de la résoudre.
c Tandis que notre colonie s'est ainsi trouvée, dès ses débuts,
dans un état d'infériorité qui devait rendre vain tout effort ulté-
rieur, la Belgique a suivi l'impulsion prévoyante du roi souverain.
c Par des lois votées quelques mois après au Parlement de
Bruxelles, elle acquérait pour 10 millions d'actions du chemin de
fer de l'Etat du Congo, encore à l'étude, et prêtait 20 millions à
sa future colonie congolaise, sans compter l'émission des bons de
l'emprunt à lots de 150 millions, qui venait prélever en grande
partie sur l'épargne française les ressources nécessaires à l'Etat
naissant.
c Tandis que, dans l'Etat indépendant, la sollicitude de son fon-
dateur préparait ainsi l'avenir, au Congo français les dépenses de
la métropole qui, en 1885, dépassaient la somme de cinq mil-
lions en y comprenant les charges supportées par la marine,
étaient progressivement réduites presque de moitié, alors que
l'étendue des territoires effectivement occupés avait plus que
triplé.
c Vous qui, pendant de longues années, avez été aux extrêmes
limites de la colonie, vous savez mieux que personne ce que ces
chiffres ont représenté de privations journalières, de dure misère
et aussi de mortalité dans le personnel dont l'héroïsme n'était
soutenu que par la pensée du devoir accompli.
c Notre pays — il est utile qu'on le sache — a contribué pour
une large part aux dépenses de l'État libre. — Son trop grand
désintéressement en faveur d'une cause dont les origines avaient
un caractère purement humanitaire est un titre de plus pour la
défense de son droit et des intérêts généraux qu'il représente.
« Aussi, en même temps que nous pouvons applaudir au succès
de l'œuvre utilitaire de la Belgique et que nous devons nous
réjouir de la réouverture des communications par la vallée du Nil,
il est bon qu'on félicite et qu'on glorifie les hommes qui, au nom
de la France, se sont dévoués à la pure cause de la civilisation.
c C'est en votre personne que je rends hommage à cette pha-
lange sublime d'ouvriers du progrès de la science et de l'humanité,
dont le dévouement fait la grandeur de la patrie.
c Par eux nous avons acquis un titre incontestable au libre
usage d'une voie de transit d'un intérêt général aussi marqué que
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402 COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
la route du Congo, dont la neutralité et le régime des communi-
cations ont été réglés par l'intervention des puissances.
t L'idée généreuse qui les a réunies à la conférence de Berlin
dans une pensée de conciliation et d'arbitrage et dans un but de
relèvement matériel et moral des populations indigènes a eu pour
sanction un acte, qui a inauguré les principes d'un droit nouveau.
c La France, qui s'est autrefois inclinée devant ce nouvel état
de choses, peut maintenant faire appel à ce nouveau droit basé sur
la liberté du commerce et la franchise de la navigation fluviale
dans les grandes artères du continent africain pour revendiquer,
par la vallée du Nil, un libre accès nécessaire à l'accomplissement
des devoirs qui lui incombent, de par l'Acte de Berlin, dans les ter-
ritoires relevant de son influence.
c En vous souhaitant la bienvenue, j'envoie, au nom de la Société
de Géographie, tous mes voeux au commandant Marchand et aux
vaillants qui raccompagnent.
c Us sont suivis par les sympathies de la France entière qui
salue en eux le drapeau de la civilisation rétabli par l'ouest dans
le bassin du haut Nil tombé en abandon depuis quatorze années.
c L'avenir viendra donner une sanction à l'œuvre qu'ils ont
accomplie dans ces régions reconquises sur le fanatisme et la bar-
barie. »
M. Liotard, très ému, a répondu :
c Je ne saurais vous dire combien je suis touché de ce que oe
soit vous le premier Français auquel je serre la main en mettant
le pied sur le sol de la patrie française, combien je me suis senti
fier en entendant les paroles trop élogieuses que vous m'avez adres-
sées, combien j'ai été ému en entendant l'hommage rendu à mes
braves compagnons et aux victimes du plus grand des devoirs, qui
reposent sur la terre d'Afrique, et combien je m'associe à l'hom-
mage rendu au brave commandant Marchand et aux vaillants
Français qui l'accompagnent sur le haut Nil.
c Encore une fois, merci. Je suis heureux et fier de l'accueil que
vous m'avez fait ici, à mon retour en France. >
Puis, se tournant vers le Dr Morin venu également à bord,
M. Liotard a exprimé le regret de n'avoir pu ramener son frère,
lieutenant de vaisseau, mort dans le haut Oubangui, succombant
à l'effort qu'il venait de faire pour conduire un vapeur au-dessus
des rapides.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 403
Qualre jours après avoir atterri à Pauillac, le 6 juillet, M. Lio-
tard arrivait à Paris, U y a été reçu à la gare Montparnasse (grftce
à l'obligeance de M. Faulcon, chef de gare) par plusieurs membres
de la Société de Géographie et par plusieurs explorateurs : le
prince Roland Bonaparte, le baron Hulot, MM. Savorgnan de
Brazza, Gentil, Perdrizet, Bruel, etc.
Le prince Rokud Bonaparte a, dans les termes suivants» salué
M. Liotard au nom de la Société de Géographie :
c Monsieur le gouverneur,
c En chargeant le fondateur du Congo. français, M. de Brazza,
de vous porter ses souhaits de bienvenue au moment où vous
touchiez le sol de la patrie, la Société de Géographie a voulu
reconnaître la portée exceptionnelle des travaux que vous avez
accomplis dans le haut Oubangui.
c Si nous n'étions pas dans la période des vacances, le Président
et les Vice-Présidents de la Société se seraient portés à votre ren-
contre aujourd'hui et vous auraient (ait un accueil digne de vous.
Leur éloignement de Paris me vaut l'honneur et la joie de vous
recevoir au nom de la Société de Géographie. Hier, au reçu de
votre dépêche, nous avons a la hâte convoqué nos amis ; nous
avons invité les délégués de la Société de Géographie commerciale
et du Comité de l'Afrique française, et les explorateurs que nous
savions à Paris. Ils ont répondu en nombre à notre appel et nous
voici tous réunis autour de vous, heureux d'applaudir au succès
de votre grande entreprise.
« Oui, nous avons suivi depuis sept années avec l'attention la
plus soutenue, et souvent avec une patriotique angoisse, le déve-
loppement méthodique du plan que vous vous étiez tracé. Des
rives du M'Bomou, nous vous avons vu avancer dans le bassin du
Bahr-el-Ghazal, nous vous avons vu organiser les pays ouverts par
vous à la civilisation, puis diriger à Test les explorations françaises
vers ces régions enviées et demeurées sans maître où le comman-
dant Marchand vient de planter notre drapeau.
c À cette œuvre, le haut Oubangui et le Congo français ont con-
tribué dans une large mesure. C'est justice de le proclamer. Hon-
ueur à vous, monsieur, qui avez su agir, organiser, persévérer et
prévoir; honneur à ceux qui ont été vos témoins et vos auxiliaires
et dont plusieurs sont morts à la peine; honneur à ceux qui ont
édifié en vingt années notre empire africain, les Brazza, les Binger,
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404 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
les Moriteil, les Gentil. Vous et eux vous avez entrepris la recon-
naissance géographique de cet espace immense qui, de l'Algérie,
du Sénégal, du Congo, s'étend jusqu'au Nil, englobant dans son aire
une large part du bassin du Tchad. Avec eux vous avez tracé les
lignes directrices autour desquelles se sont déjà tressés des réseaux
serrés d'itinéraires.
c Vous nous décrirez sous peu, nous l'espérons, les régions pla-
cées sous votre gouvernement. Dés à présent nous tenons à vous
féliciter d'avoir su, dans des circonstances délicates et difficiles,
accomplir une tâche aussi utile au pays que féconde en résultats
géographiques, i
M. Guynet, délégué colonial, puis M. Gravoisier, au nom de la
Société de Géographie commerciale, et M. SoJler, au nom de la
Société des Africains, ont pris successivement la parole, M. Liotard
leur a répondu en ces termes :
c Reçu à Bordeaux par M. de Brazza, qui m'a transmis les félici-
tations de la Société de Géographie, je suis de nouveau l'objet de
témoignages affectueux de tous ceux qui s'intéressent à l'action
qu'exerce la France dans l'Afrique centrale et en particulier dans
le bassin du Nil. Notre mission, cependant, n'était point de celles
qui attirent l'attention.
c Sauf un petit nombre de personnes au courant des événements
qui se passent dans l'intérieur de l'Afrique depuis quelques années,
la masse du public ignorait l'intérêt politique puissant des diverses
nations dans les régions orientales du continent noir.
c La vigilance du gouvernement ne s'est pas trouvée en défaut.
c Dés l'année 1890, j'ai été chargé par M. de Brazza d'occuper
progressivement les territoires dans lesquels nous avons accès par
le haut Oubangui et d'en faire une région française ayant une
porte ouverte sur le Nil.
c En 1894, M. Delcassé me confiait la même mission avec des
pouvoirs plus étendus.
c Nous avons poursuivi depuis 1890 cette œuvre dont le résultat
le plus clair est la présence dans le Nil de l'expédition dirigée par
M. le commandant Marchand.
c Je n'entrerai pas dans les détails de l'occupation française.
On connaît maintenant de quelle manière sont établis nos postes
le long de l'Oubangui, du M'Bomou et du Soueh, dans des condi-
tions telles que le ravitaillement de nos troupes devient possible
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 405
jusqu'au Bahr-el-Ghazal et jusqu'au Nil par les voies fluviales et la
route de terre.
c M'Ziber, notre sentinelle avancée dans le nord, en contact avec
les populations darfouriennes asservies par les derviches, a servi
et sert encore de base d'opération aux explorations effectuées
dans le Bahr-el-Ghazal et ses affluents les plus éloignés.
c C'est la mission Marchand qui fixe aujourd'hui l'attention à
cause de sa situation délicate dans l'ancienne ville de Fachoda.
c Ce point a une importance capitale. C'est en quelque sorte le
port du Bahr-el-Ghazal destiné à relier notre nouvelle colonie à la
Méditerranée par le Nil et l'Egypte.
c Si ce grand fleuve égyptien était livré à la navigation libre,
comme Test actuellement le Congo, le commerce européen trou-
verait un débouché immédiat et facile vers les régions équato-
riales où se trouvent des produits de toute sorte.
c La sécurité du commerce étant assurée par la présence de nos
postes aux points stratégiques, les transactions se développeraient
du nord au sud et de l'est à l'ouest, suivant les routes semées de
marchés où les traitants indigènes, convoyeurs naturels des pro-
duits européens, viendraient effectuer leurs échanges.
t La France avait trop d'intérêts dans l'Afrique centrale pour
laisser aux autres puissances le soin de veiller à la liberté et à la
sécurité du commerce un instant interrompues par le déchaîne-
ment des passions religieuses et par l'anarchie qui en est résultée.
c Autant et peut-être plus que les autres peuples, elle ouvre ses
territoires au commerce sans distinction de nationalité.
c Notre situation dans l'Afrique centrale nous donne la garde
d'un vaste champ d'action, et je ne crois pas qu'il soit possible de
faillir au devoir qui nous incombe, sans renier les glorieuses tra-
ditions de notre passé.
c Messieurs, depuis sept années que nous poursuivons obscuré-
ment notre œuvre, aucun de nous n'a exprimé la moindre plainte
au sujet des conditions défectueuses dans lesquelles nous nous
sommes trouvés trop souvent.
- c Parmi la pléiade des officiers et des fonctionnaires qui se sont
succédé depuis 1890 dans le haut Oubangui, beaucoup sont morts
— ceux-là reposent au champ d'honneur — mais n'oublions pas
ceux qui s'y trouvent actuellement, gardiens fidèles et tenaces de
notre gloire nationale. Us luttent aussi contre les mêmes condi-
tions défectueuses, à cause du manque absolu de moyens de com-
munication entre Brazzaville et le premier poste du haut Oubangui.
soc.de géogr.— c.r. des séances. — n» 8.— Août-Novembre. 29
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406 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
« C'est là le véritable danger auquel il est urgent de faire face,
au risque de demander de nouveaux sacrifices à la métropole.
c En venant en France, j'ai la ferme persuasion que la sollici-
tude de la mère patrie ne nous fera pas défaut. Votre présence ici
me le prouve. C'est avec un sentiment de vive reconnaissance que
je salue les visages amis qui m'entourent, i
| Réception du capitaine Baratter]. — Le 26 octobre, les membres
de la Commission centrale se sont réunis à la gare de Lyon pour
recevoir le capitaine Baratier, qui apportait au Ministre des
Affaires étrangères la première partie du rapport du commandant
Marchand, introduit à son arrivée dans Je bureau situé du côté du
départ, M. Baratier y a d'abord été salué par M. de Lamothe, com-
missaire générai du Congo français, au nom du gouvernement ;
puis M. le Myre de Vilers, président de la Commission centrale, a
prononcé, au nom de la Société de Géographie, une allocution dont
voici le texte :
c Mon cher camarade,
c La Société de Géographie a délégué son président pour vous
souhaiter la bienvenue et vous témoigner ses cordiales sympathies.
c Le commandant Marchand, vous et vos camarades avez porté
haut le drapeau de la France, nous ?ous remercions d'avoir si glo-
rieusement servi la patrie.
< Vous, en particulier, dans la reconnaissance des marais du
Bahr-el-Ghazal, avez montré un courage, une persévérance, une
endurance qui augmenteraient encore, s'il était possible, l'estime
et la confiance que vous inspirez déjà à ceux qui vous connaissent.
c Quand vous écrirez à votre illustre chef et à vos camarades,
dites-leur notre admiration pour la grande œuvre que vous avez
poursuivie, dites-leur les vœux que nous formons pour l'achève-
ment d'une entreprise à laquelle vos noms resteront attachés. >
M. Gaulhiot, secrétaire général de la Société de Géographie
commerciale,' le prince d'Arenberg, au nom du Comité de l'Afrique
française, M. Etienne, président du groupe colonial de la Chambre
des députés, le colonel Monteil, M. Marcel Habert, député, ont
ensuite prononcé quelques paroles auxquelles le capitaine Bara-
tier, très ému, a répondu avec brièveté, simplicité et modestie.
Puis il a quitté la gare de Lyon, avec sa famille, au milieu d'une
immense ovation.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 407
Présentation* d'ouvrages. — U Atlas Larousse illustré. — c La
Société de Géographie vient de recevoir les derniers fascicules
d'un livre qui nous semble appelé à répandre le goût de la science
du globe, par la forme exceptionnellement attrayante dont on a
su envelopper un fonds d'informations puisées aux meilleures
sources. Nous voulons parler de Y Atlas Larousse illustré.
c L'ouvrage ne porte pas de nom d'auteur, et Ton pourrait croire,
vu la richesse des matières, que beaucoup de personnes y ont
collaboré. Cependant, il suffit de parcourir le texte pour reconnaître,
dans son allure élégante et rapide, une touche essentiellement
homogène. C'est un homme du métier qui a écrit ce texte: un
professeur d'abord, et ensuite un voyageur, qui, sur beaucoup de
points, a voulu avoir une idée personnelle des pays dont il avait à
décrire les traits essentiels, de même qu'il a fait tous ses efforts
pour ne donner que des statistiques exactes.
c Ce qui fait l'originalité particulière de cet Atlas, c'est l'absolue
sincérité des illustrations, pour lesquelles il a été fait exclusive-
ment usage de la photographie. Cet avantage aurait pu n'être
obtenu qu'au détriment de l'effet artistique, si les éditeurs n'avaient
eu à leur disposition un mode de reproduction de la photographie
qui, même pour une publication à grand tirage, a donné des résul-
tats vraiment extraordinaires. On s'en convaincra sans peine en
feuilletant les 400 pages de l'atlas, où plus d'un millier de repro-
ductions font connaître, pour chaque contrée, ce qu'il y a de plus
caractéristique en fait de sites naturels, de monuments, de types
humains et de costumes.
« U est impossible de concevoir une série mieux choisie, et on
croira sans peine ce que dit la préface, que la réunion de ces
documents a exigé un immense effort. Cette collection, par sa fidé-
lité et sa netteté, constitue un véritable enseignement par les
yeux. L'archéologue y peut trouver de nombreuses satisfactions,
et le géologue surtout a le plaisir de voir défiler sous son regard
les types les plus instructifs. Nous citerons notamment : les superbes
photogravures de glaciers alpins et Scandinaves, les rochers de
Ploumanach, ceux du Huelgoat, où le granit se reconnaît si bien,
l'escarpement calcaire desEyzies,le rocher de Crussol, les paysages
d'Auvergne et des Causses, l'admirable vue de l'Elbrouz, celle,
non moins remarquable, d'une rue d'innsbruck, laissant si bien
voir la masse calcaire qui couronne les montagnes environnantes,
et la splendide vue du Canon de Marbre, qui, justement, a été
prêtée à l'éditeur par notre Société de Géographie.
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408 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c N'est-ce pas aussi un enseignement pour les naturalistes que ce
paysage d'une forêt vierge de la Côte d'Ivoire, et une leçon pour
les patriotes que la vue du port de Hambourg, où se révèle si bien
l'effrayant développement pris parce centre commercial? Combien
instructives aussi sont ces représentations parfaitement choisies
d'épisodes locaux, comme la photographie d'une rue de Naples,
prenant sur le vif l'extraordinaire intensité de vie de cette popu-
lation, et tant d'autres qu'il faudrait citer au même titre !
c Réduites à des proportions restreintes, et d'un format commode,
les cartes visent surtout à la clarté. L'auteur a voulu les rendre
faciles à lire. Nous ne doutons pas qu'un tel ouvrage, rendu si acces-
sible par son prix modique, ne réussisse à accroître la clientèle
de la science géographique. La séduction extérieure qu'il exerce
est de bon aloi, et ceux qui lui accorderont plus qu'un coupd'œil
superficiel en seront récompensés par tout ce que leur suggérera
l'examen de ces fidèles représentations d'une nature qu'il y a
toujours profit à regarder telle qu'elle est. >
A. de Lapparent.
— M. Corcelle, agrégé de l'Université, offre un exemplaire de son
travail intitulé : Etude sur la population du département de
VAin (Bourg, 100 p.). Les mouvements de la population sont notés
depuis 1789 jusqu'en 1896. La conclusion qu'on peut tirer de
l'examen des chiffres, c'est une progression jusqu'au milieu du
siècle, et une décroissance qui a commencé d'abord insensible-
ment et qui, depuis quelques années, prend des proportions inquié-
tantes. Les causes de ce fléau, M. Corcelle les voit dans la limi-
tation rigoureuse des naissances et dans la fuite éperdue des
paysans vers les grandes villes.
— Il y a quelques mois déjà la Société reçut, comme hommage,
un exemplaire des guides Miriam : Description de la Grande-Ca-
narie (en anglais. V. C. /?., 1898, p. 272). L'auteur de ce volume,
M. L. deBelabre, vice-consul de France à Las Palmas, a non seule-
ment compulsé tous les ouvrages ayant trait à la grande île, mais
a tenu à vérifier lui-même, par des visites aux monuments, l'exac-
titude des informations contenues dans ces livres. L'ouvrage est
accompagné d'une carte de la Grande-Canarie.
— M. de Lapparent présente, delà part de l'auteur, le livre dans
lequel le R. P. Piolet a reproduit, parfois avec de notables additions,
les douze leçons professées par lui à la Sorbonne, en 1898, sur
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WT-T' I",^*-
SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 409
Madagascar. Ce livre condense les renseignements les plus récents
sur l'état de notre nouvelle colonie. Œuvre d'un homme qui a vu
ce dont il parle, l'ouvrage est plein d'indications utiles, et d'une
lecture aussi agréable qu'instructive.
— M. Ludovic Drapeyron, directeur de la Revue de Géographie,
dans une étude intitulée : Comment Michelet est-il devenu histo-
rien et géographe ? prend Michelet à son entrée au lycée Charle-
magne (1812), raccompagne au collège Rollin, où,professeur d'his-
toire et de géographie (titre récemment créé), il compose \e Précis
^histoire moderne (1827), où l'on remarque de si belles pages sur
les grand explorateurs (notamment sur Vasco de Gama) et sur la
colonisation. Il entre alors comme maître de conférences à l'École
normale supérieure, où il entreprend sa grande Histoire de France
(1833). Dès le second volume de cette histoire, il est géographe. A
partir de ce moment ses voyages en France et au dehors se multi-
plient. 11 faisait, de plus, de la géographie philosophique. Son Ta-
bleau delà France fut donc très documenté. Dans les Origines du
droit français (1837), il précisa encore plus les rapports intimes de
la terre et de l'homme. M. Drapeyron nous montre ce qu'il faut
entendre par résurrection en histoire, en prenant pour exemple
Jeanne d'Arc, si supérieurement traitée par Michelet; il prouve
que la géographie y contribue puissamment, c parce que, au
rebours de l'histoire, elle est toujours présente » ; elle est d'ail-
leurs c la sage et intrépide conseillère de l'activité humaine >;
elle est c l'interprète sûre de l'histoire même de l'homme ».
Nécrologie. — Le colonel F. Coello. — c Le 30 septembre der-
nier s'est éteint à Madrid, après une longue et douloureuse mala-
die, le géographe le plus éminent qu'ait possédé l'Espagne à notre
époque : D. Francisco Coello de Portugal y de Quesada, qui était
membre correspondant de notre Société depuis 1850. Né à Jaen,
le 26 avril 1822, Coello sortit le premier ex œquo en 1839 de
l'École du génie et ût toute sa carrière dans cette arme spéciale*
Capitaine en 1844, il suivit les colonnes de nos généraux La Mori-
cière, Bugeaud et Pélissier à travers l'Algérie . En 1 858, il fut chargé
d'élaborer les règlements et de former le personnel du cadastre
espagnol et devint colonel en 1865. 11 prit alors une part très active
aux travaux géodésiques en Espagne et notamment à l'établisse-
ment du réseau qui reliait la France et l'Espagne à l'Algérie.
Coello avait proposé au gouvernement d'entreprendre une carte
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410 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
de la péninsule à 1/100,000 et aurait voulu publier au 1 20,000
les feuilles du cadastre dont les originaux avaient étélevésà 1/2,000.
Mais des différends assez profonds entre le général Narvaez et le
colonel Coello déterminèrent, en 1866, ce dernier à donner sa
démission, alors qu'il était dans la force de l'âge et eu état de
rendre à son pays les services les plus distingués.
c Le titre le plus sérieux de Coello à la reconnaissance de ses
compatriotes et de tous les géographes est la publication de son
Atlas d'Espagne et de ses colonies à 1/200,000, qu'il commença
en 1846, pour accompagner l'excellent dictionnaire de Madoz,
et qui n'a malheureusement pas été terminé. Bien que l'Ins-
titut géographique de Madrid ait commencé depuis nombre d'an-
nées déjà la publication d'une carte à 1/50,000, c'est-à-dire
à une échelle quatre fois plus grande que celle de Coello,
cette dernière restera longtemps encore, malgré son échelle
réduite, malgré ses incorrections en certaines parties, le seul docu-
ment sérieux à consulter pour l'Espagne. Si le colonel Coello, ne
pouvant tout faire par lui-même, dut s'en rapporter à ses collabo-
rateurs, il y eut néanmoins de sa part une œuvre considérable, où
il fit souvent preuve d'un véritable esprit critique et à laquelle on
n'a pas rendu toute la justice qui lui était due.
c On doit encore à Coello un Mémoire sur les villes, routes et
anciennes ruines de la province d'Alava et un grand nombre de
mémoires et de communications relatifs aux routes romaines de l'Es-
pagne. Très connu et très apprécié pour ses excellentes qualités, son
affabilité et une obligeance sans bornes, le colonel Coello ne man-
quait pas un congrès géographique et il fallut que sa santé fût
bien ébranlée pour qu'il n'assistât pas à celui de Londres, il y a deux
ans. Enfin, dans la dernière période de sa vie, Coello avait appliqué
toute son ardeur au travail, toute son activité intellectuelle à des
projets de chemins de fer, à des canaux, mais surtout à la con-
struction d'un canal d'irrigation du Guadalquivir qui, en même
temps qu'il aurait remédié aux désastreuses inondations de ce
fleuve, aurait apporté la richesse dans la belle vallée de Séville.
c Membre de l'Académie de l'Histoire, Coello fut, en 1876, l'un
des promoteurs et des organisateurs de la Société de géographie
de Madrid; c'est là qu'il a publié quelques-unes de ses notes
les plus patriotiques touchant certains différends diplomatiques,
notamment lorsque l'Allemagne voulut s'emparer des Carolines.
Très chatouilleux sur le point d'honneur et sur ce qu'il considé-
rait comme les droits de l'Espagne, il se montra souvent irréduc-
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 411
tible dans les instructions que son Gouvernement le chargea de
rédiger pour ses plénipotentiaires, et toujours d'une absolue com-
pétence dans les mémoires qu'il prépara pour un certain nombre
d'explorations dans le golfe de Guinée, l'Adrar, au rio de Oro, au
sud du Maroc.
c Coello avait réuni une énorme quantité de documents cartogra-
phiques et, à ce point de vue, sa bibliothèque était la plus importante
d'Espagne. 11 y avait là nombre de levers faits par lui-même, par des
officiers du génie, par des géomètres ou des ingénieurs, des cartes
marines inédites provenant de l'ancien directeur du dépôt hydro-
graphique de Madrid, Bauza, jusqu'à des reconnaissances faites
par des officiers français pendant les guerres d'Espagne sous
l'Empire ou la Restauration. Tous ces documents inédits ou gravés
étaient mis par Coello à la disposition des travailleurs sérieux et
nous savons plus d'un de nos collègues qui en ont largement pro-
fité et ont emporté de la libéralité de Coello le plus touchant sou-
venir. 11 était à craindre qu'une collection aussi importante ne
vînt à être dispersée après la mort de son possesseur; nous avons
appris avec plaisir que des démarches sont tentées auprès du
gouvernement pour que, malgré son extrême pénurie, il assure à
l'Espagne la possession d'un ensemble de documents qu'il serait
impossible de réunir aujourd'hui.
c Nous qui, depuis 1875, l'avons connu, nous qui avons reçu de
lui l'accueil le plus amical à Madrid, nous avons tenu, en expo-
sant brièvement la carrière si laborieuse et si remplie du colonel
Coello, à montrer la grandeur de la perte que l'Espagne et la
science viennent de faire en associant la Société de Géographie à
la douleur que cette mort nous a fait ressentir. »
Gabriel Marcel.
M. Alfred Marche. — Le 31 août dernier est mort l'explorateur
Antonin-Alfred Marche, lauréat de la Société de Géographie en
1886. M. Gabriel Marcel, vice-président de la Commission centrale,
a représenté la Société de Géographie le 3 septembre 1898, aux
obsèques de notre regretté collègue, et a prononcé après la céré-
monie religieuse, sous le porche de l'église Saint-Germain-des-
Près, le discours suivant:
« La Société de Géographie, à laquelle Alfred Marche appartenait
depuis plus de trente ans, ne peut laisser disparaître cet explorateur
sans lui adresser un suprême hommage.
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412 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c La vie de ce modeste a, tout entière, été consacrée à la science.
Combien d'autres, dont le bagage était plus léger, ont su se faire
une réputation, conquérir la fortune et les honneurs! Marche ne
laisse qu'un nom honorable entre tous ; ce doit être pour sa famille,
sinon une consolation, du moins un adoucissement à sa douleur
que de savoir tous les regrets que cause sa perte prématurée.
c La première expédition scientifique à laquelle nous voyons
Alfred Marche participer, après divers voyages à Malacca, en Indo-
Chine, en Sénégambie, est celle qu'il entreprit en 1872 avec le
marquis de Compiègne sur l'Ogôoué.
c A cette époque, on se faisait de grandes illusions sur ce cours
d'eau et, depuis les voyages de. Stanley et de Schweinfurth, on pen-
sait que le fleuve dont Livingslone avait découvert les sources
pourrait bien être, non pas le Nil, mais un cours d'eau qui se
dirigerait dans l'ouest pour se jeter dans l'Atlantique, en un mot
le Congo ou l'Ogôoué.
c En tout cas, ce qu'on savait de ce dernier fleuve, d'après les
rapports du lieutenant de vaisseau Aymès, donnait à penser que
c'était la meilleure voie ouverte à l'exploration pour pénétrer au
centre de l'Afrique.
c C'est à cette entreprise que se dévouèrent Alfred Marche et le
marquis de Compiègne. Mais n'ayant pas de ressources suffisantes,
ils durent, par leur travail continuel de naturalistes, subvenir aux
frais considérables de cette expédition en envoyant à Paris le pro-
duit de leurs chasses.
« Nous ne pouvons nous arrêter longuement ici sur les détails
d'une exploration très hasardeuse qui les mena sur l'Ogôoué beau-
coup plus haut que n'avaient fait leurs devanciers et qui leur per-
mit de combler un des blancs alors si nombreux de la carte d'Afri-
que. Après dix-neuf mois de lutte contre la maladie , les privations,
les souffrances, les dangers de toute sorte, une partie de leur
escorte ayant succombé sous les coups des naturels, ils furent vio-
lemment rejetés en arrière.
c La Société de Géographie récompensa d'une médaille d'argent
cette première expédition qui eut pour résultat l'établissement de
la première carte. provisoire du haut Ogôoué.
c Une fois qu'on entre dans la voie si attachante des explora-
tions, on ne peut faire autrement que s'y donner tout entier. Dès
qu'il fut remis de ses fatigues, Marche repartit pour la région qu'il
avait explorée et y fit successivement deux expéditions avec M. de
Brazza et le Dr Ballay. Il a résumé avec une grande simplicité les
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 413
brillants résultats qu'il avait obtenus dans un volume paru en
1 879 qui a pour titre : Trois voyages dans l'Afrique occidentale.
< De 1879 à 1885, Marche est chargé par le Ministère de l'Instruc-
tion publique d'une mission scientifique en Océanie. Il explore suc-
cessivement les Philippines et les Mariannes. Nombreuse fut sa
moisson de renseignements ethnographiques, météorologiques
astronomiques et séismologiques, et les documents qu'il a rapportés
ont été partagés entre le Muséum et le Trocadéro.
< Les résultats si nouveaux et si intéressants qu'il a obtenus,
il les a résumés dans un volume intitulé : Luçon et Palaouetn. Six
années aux îles Philippines, qui parut en 1887, et dans un Rapport
général au Ministre de l'Instruction publique sur sa mission aux
Mariannes, qui vit le jour en 1891 .
c Le premier de ces deux ouvrages est aujourd'hui l'une des
sources les plus fréquemment consultées et des moins citées sur
les Philippines. Il dévoile et explique les causes des événements
dont cet archipel vient d'être le théâtre.
c Quant à la partie économique de cette longue exploration, une
voix plus autorisée que la mienne (1) en fera connaître tout à
l'heure les principaux résultats.
c La Société de Géographie, toujours soucieuse de récompenser
les travaux des missionnaires, avait décerné en 1886 à Alfred
Marche le prix Logerot ; elle lui avait ensuite attribué une pension
sur la fondation Poirier qui a été faite en faveur d'un voyageur
français qui s'est distingué par ses travaux et à qui sa santé ne
permet plus d'entreprendre de voyage. C'est vous dire que le
pauvre Alfred Marche avait été rudement éprouvé par cette vie de
misère, de privations et de souffrances qu'est celle des explorateurs.
c Quant au gouvernement, pour reconnaître les éminents ser-
vices que Marche avait rendus à la science, il l'avait nommé archi-
viste-bibliothécaire de la direction du commerce et de l'agricul-
ture de la régence de Tunis.
c Marche venait tous les ans passer l'été en France; c'est ici
qu'il s'est éteint subitement à 54 ans d'une maladie de cœur.
< Il aura eu cet honneur d'avoir été, dans les découvertes et
dans la colonisation de l'Afrique équatoriale par les Français, un
des ouvriers de la première heure. Il a contribué avec M. de
Brazza à la reconnaissance, à la conquête pacifique du Congo
(1) M. le Dr Dclislc qui prit la parole au nom de la Société de Géographie
commerciale.
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4U COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
français. C'est un titre précieux à notre souvenir et le nom
d'Alfred Marche, si apprécié parla Société de Géographie, doit être
connu de tous les Français soucieux de notre expansion coloniale
et du renom scientifique de notre patrie. >
M. /. V. Barbier. — M. Joseph Victor Barbier, secrétaire général
de la Société de géographie de l'Est, membre de la Société de
Géographie de Paris depuis 1878, est mort pendant les dernières
vacances, dans sa soixantième année. Ce vaillant travailleur, qui
fut le fondateur de la Société de géographie de Nancy et l'un des
fondateurs des congrès nationaux des Sociétés françaises de géo-
graphie, était un ardent patriote et un adorateur convaincu et
passionné de la géographie. D'une activité dévorante, il ne s'occu-
pait pas seulement de la rédaction du Bulletin trimestriel de la
Société de l'Est, mais il forma le projet d'un atlas uniprojectionnel
et s'occupa de la publication d'un Lexique géographique du monde
entier , qui en est à son 19e fascicule et au mot Florence. La mort
est venue arrêter M. J.-V. Barbier en pleine activité intellectuelle;
c'est un motif de plus pour que la Société de Géographie adresse
à sa famille l'expression de sa douloureuse sympathie.
Le capitaine du génie Gazemajou a été assassiné le 5 mai der-
nier aux environs de Zinder, avec son interprète, M. Olive. Après
avoir servi au Tonkin sous les ordres du général Borgnis-Desbordes,
ce vaillant officier avait été envoyé sur les frontières méridionales
de la Tunisie, et il avait exécuté en 1893 avec le lieutenant de spahis
Dumas un raid de Nefta à la zaouiade Sidi Maabet, sur lequel une
étude a paru dans le Bulletin (2* trim. 1896, p. 145-153). De re-
tour en France, M. Gazemajou sollicita et obtint la mission au
cours de laquelle il vient d'être assassiné à coups de bâton, sur les
ordres du sultan de Zinder, après avoir visité l'oasis de Thaoua.
Les papiers de l'infortuné voyageur ont pu être sauvés et permet-
tront de se rendre un compte exact de l'œuvre accomplie par lui
au cours d'une mission dont il était permis d'attendre beaucoup.
La Société a encore à déplorer la perte de M. Pétrus Truong-
Vinh-Ky [Mb. 1860], professeur de langues orientales à Saigon,
chevalier de la Légion d'honneur, décédé à Ghoquan, le 1er sep-
tembre 1898, et de M. Henri Frossard [Mb. depuis 18781.
informations. —Prix offerts par la Société de Géographie aux
lauréats du concours général. — Les élèves Dujardin (Marius)
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 415
du collège Kollin, qui a obtenu le premier prix de géographie en
première moderne, et George (Léon), du lycée Janson, qui a
obtenu le premier prix de géographie en rhétorique, ont reçu en
1898 les prix que la Société de Géographie a coutume d'accorder
chaque année aux lauréats en géographie du concours général.
Cours du Conservatoire des arts et métiers. — Le colonel Laus-
sedat, directeur du Conservatoire national des arts et métiers, a
envoyé un exemplaire de l'affiche-programme des cours publics du
Conservatoire des arts et métiers pour Tannée 1898-1899. Ces
cours ont commencé le jeudi 3 novembre.
Congrès de géographie de Marseille. — Voici quels sont les
vœux votés par le Congrès national des Sociétés françaises de géo-
graphie, réuni à Marseille du 18 au 25 septembre 1898.
I. Qu'il soit procédé le plus promptement possible à la confection
d'une carte lithologique et bathymétrique détaillée du littoral sous-
marin français.
II. 1° Que dans l'enseignement secondaire moderne le nombre
d'heures accordé à la géographie soit augmenté, de manière à
donner plus d'importance à la géographie coloniale et à la géogra-
phie de la France ;
2° Que l'enseignement de la géographie ait la même place dans
l'enseignement classique que dans l'enseignement moderne.
III. 1° Dans l'intérêt de la mise en œuvre méthodique des richesses
coloniales, que le gouvernement, persévérant dans ses intentions,
mette le plus promptement possible en exécution, avec le concours
de l'initiative privée, des municipalités et des corps élus, son
projet d'organisation de l'enseignement colonial dans un certain
nombre d'universités;
2° Que la ville de Marseille, à raison de sa situation topographi-
que, de son importance et des efforts qu'elle a déjà faits en pré-
vision de cette organisation, soit une des premières universités
dotées de cet enseignement, et cela sur les plus larges bases;
3° Que le gouvernement mette en exécution un programme d'en-
seignement technique de l'agriculture et du commerce aux colonies.
IV. Le Congrès, dans le but de favoriser le développement écono-
mique de notre domaine colonial : 1° se déclare favorable à l'idée
de la constitution, à Paris, d'un institut colonial;
2° Invite les bureaux des Sociétés de géographie à soumettre
cette idée à leurs sociétés respectives.
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416 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
V. 1» Qu'il soit créé en Guyane française un réseau de voies
ferrées reliant Cayenne aux régions aurifères de l'intérieur;
2° Que la main-d'œuvre pénitentiaire soit affectée à la construc-
tion et à l'entretien du réseau.
VI. Que le gouvernement décide la création d'un port franc à
Marseille.
VII. 1° Qu'il soit procédé le plus tôt possible à l'exécution du
canal de jonction du Rhône à Marseille, conformément au projet
de loi déposé par le gouvernement et rapporté devant la Chambre
des députés ;
2° Qu'il soit pourvu à l'utilisation de l'étang de Berrc.
VIII.* Que le gouvernement veuille bien entreprendre le plus
promptement possible les travaux nécessaires au rétablissement
de la navigabilité du lit de la Loire.
IX. Que le gouvernement mette à l'étude sans retard et coopère à
l'exécution aussi prompte que possible du projet de canal reconnu
depuis longtemps nécessaire entre la Loire et la Garonne, et qui
doit emprunter les lits de la Vienne, du Clain, de la Charente et de
la Dronne.
X. Que le gouvernement prenne des mesures efficaces et
promptes en vue d'arrêter l'œuvre de désorganisation produite par
les inondations.
Le Congrès exprime particulièrement le désir que les Sociétés
de géographie veuillent bien, dans la mesure de leur action, s'at-
tacher à déterminer la création de syndicats départementaux dont
la mission consistera :
1° A empêcher le déboisement;
2° A rechercher toutes les surfaces qu'il y aurait intérêt à
reboiser, et à faire tous leurs efforts pour qu'elles le soient;
3° A faire les démarches nécessaires pour empêcher la destruc-
tion desréservoirs naturels des eaux pluviales, étangs, pièces d'eau,
mares, etc., et s'opposer à l'envahissement des cours d'eau par
des matériaux étrangers à leur lit.
XI. 1* Que l'heure de l'Europe occidentale ou du premier fuseau
horaire universel soit adoptée en France;
2° Que les heures du jour soient comptées de 0 à 24 de minuit à
minuit.
XII. Qu'il soit donné à un poste de l'Extrême-Sud algérien le
nom de Duveyrier.
XIII. Que le gouvernement poursuive avec rapidité la construc-
tion du chemin de fer d'Arzeu à Aïn-Sefra jusqu'à Igli.
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SÉANCES DES 4 ET 18 NOVEMBRE 1898. 417
XIV. Que les pouvoirs publics fassent étudier un tracé de che-
min de fer des Nefzaoua et de la région de Thala à Bizerte.
XV. Le Congrès national de géographie, réuni à Marseille, avant
de se séparer, v ote de chaleureuses félicitations au général Galliéni,
pour son habile administration de Madagascar et son dévouement
éclairé aux intérêts nationaux.
L'Institut géographique à l'Université Nouvelle de Bruxelles.
— L'Université Nouvelle de Bruxelles a fondé, le 18 mars 1898,
avec la collaboration active du grand géographe Elisée Reclus,
un Institut géographique de renseignement duquel elle commu-
nique le plan. Ce plan d'études a été, dit la circulaire de l'Univer-
sité nouvelle, fixé, d'après les conseils des savants les plus auto-
risés du monde universitaire, c suivant l'ordre qui a paru le plus
logique, conformément à l'idéal de tout géographe qui serait à la
fois un savant, un érudit et un bon ouvrier, donnant de ses mains
une réalisation pratique à toutes ses conceptions. *
Voici quel est le plan d'enseignement institué par l'Université
Nouvelle :
Cours préparatoires donnés à la Faculté des sciences.
Histoire naturelle. — Notions de géologie, botanique, zoologie.
— Chimie et physique rudimentaires. — Mathématiques élémen-
taires. — Géographie sommaire. — Histoire. — Chronologie. —
Langues : langue anglaise, langue allemande, langue russe, langues
néo-latines (italien, espagnol, portugais). — Dessin.
Première année (à l'Institut).
Conférence d'entrée : Place de la Géographie dans la science.
Cosmographie (1 h. par semaine). — Géographie mathématique,
théorie des projections (3 h.). — Géographie physique, morpho-
logie, océanographie, eaux courantes (2 h.). — Météorologie (1 h.).
— Géologie (1 h.). — Biologie, anthropologie (1 h.). — Langues
(2 h.). — Dessin; construction de cartes (2 h.). — Photographie de
cartes (1 h.). — Reliefs (1 h.).
Excursions durant les vacances, à terre et sur les côtes.
Deuxième année (à l'Institut).
Cosmographie et géographie mathématique (3 h. par semaine).
— Géographie physique, météorologie, hydrologie (2 h.). — Géo-
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418 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
logie, paléontologie (2 h.). — Géographie botanique (t h.). —
Anthropologie (1 h.). — Langues (2 h.). — Dessin; construction
de cartes; reliefs (4 h.).
Excursions durant les vacances, à terre et sur les côtes.
Troisième année (à l'Institut).
Géodésie (1 h. par semaine). — Structure géologique du globe
(1 h.). — Géographie zoologique (i h.). — Anthropologie (1 h.).
— Géographie médicale, nosographie (1 h.). — Ethnographie»
colonisation (1 h.). — Histoire de la Géographie (paléographie,
portulans) (3 h.). — Géographie comparée (2 h.). — Toponymie
(1 h.). — Géographie commerciale, statistique (2 h.). — Construc-
tion de cartes, reliefs, appareils, instruments (2 h.).
Excursions et exercices pendant le temps laissé libre par les
cours. — Science et pratique de l'exploration . — Voyages.
Les études régulières comprendront la préparation de mémoires
originaux que publiera l'Institut. En outre, les cartes et les reliefs,
construits par les élèves pendant les heures d'étude universitaire,
seront exécutés avec assez de soin pour que l'Université Nouvelle
en prenne la responsabilité et les édite aux frais et au bénéfice de
notre œuvre d'enseignement.
La part de travail consacrée par les étudiants à ces publications,
en dehors des heures d'étude convenues, — trois heures par jour, —
sera considérée comme leur apport personnel dans les publications
sociales.
Une association historique pour l'étude de l'Afrique du Nord.
— M. P. Blanchet annonce la fondation d'une société qui porte le
nom d'Association historique pour V étude de V Afrique du Nord,
dont il est secrétaire général et dont il envoie les statuts. Cette
nouvelle société, qui a son siège à Paris, se propose de faire exé-
cuter annuellement une ou plusieurs campagnes de recherches
historiques ou archéologiques dans les quatre pays barbaresques :
Algérie, Tunisie, Maroc et Tripolitaine, et dans leur arrière-pays.
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SÉANCES DES A ET 18 NOVEMBRE 1898. 419
Séance du i novembre 1898.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Bardon de Brun (le baron Hulot et Jules Girard}; — Juan
Queirel, ingénieur géographe (Ch. Maunoir et baron Hulot); —
Eugène Baroux, propriétaire (Jules Girard et baron Hulot) ; —
Olivier Biget, agent supérieur des postes du service maritime
(baron Herre Wyn et baron Hulot) ; — René Cahen, rentier
(Edouard Foa et Ch. Maunoir) ; — le vicomte de Nantois; — le
prince Jacques de Broglie (Le Myre de Vilers et baron Hulot); —
Paul Bénazet, sous-lieutenant au 4° régiment de chasseurs à che-
val (chanoine Paul Puant et Jacques Delebecque) ; — W Joseph
Julien Aristide Huguet, médecin major de 2* classe (baron Hulot
et Jules Girard); — Constant Charles Nicolas Hamant, contrôleur
général de l'armée (Le Myre de Vilers et baron Hulot) ; — A. Fran-
çois, consul de France (Le Myre de Vilers et baron Hulot); —
Hiram M. Hiller, docteur en médecine (baron Hulot et Jules Gi-
rard) ; — Sylvain Eichard, naturaliste (Dr Hamy et Dr Fernand
Delisle); — vicomte Roger de Saint-Exupéry, capitaine d'infan-
terie (baron Hulot et Jules Girard) ; — Albert Lesieur, négociant
(Auguste Foret et baron Hulot) ; — Ernesto Mattoso, chef du
cabinet du gouverneur de l'État de Para (baron Hulot et Jules
Girard).
La liste des ouvrages offerts paraîtra dans le prochain numéro.
Le gérant responsable :
Hulot,
Secrétaire général de la Commission Centrale.
BOULEVARD 8AINT-OERMAIN, 184.
5485. — Lib.-Imp. réunie*, B, rue Saint-Benoit, 7. — Motteroz, directeur.
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1898 N* 9. — Décembre. Page 421
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
SÉANCE SOLENNELLE DU VENDREDI 18 NOVEMBRE
Tenue à 3 heures de l'après-midi
DANS LE GRAND AMPHITHÉÂTRE DE LA SORBONNE
So«» la présidence de M. M 1LME-EDW ABDS
de l'Institut, président de la Société.
. RÉCEPTION DE M. EMILE QENTIL
ADMINISTRATEUR COLONIAL
DE L'OUBANGUI AU LAC TCHAD
Aux côtés du Président prennent place, outre M. Emile Gentil,
administrateur colonial, enseigne de vaisseau, MM. Henri Cor-
dier, professeur à l'École des langues orientales, vice-président de
: la Société pour 1898-1899; — Gabriel Marcel, vice-président de la
Commission centrale; — Merwart, représentant le Ministre des
Colonies; — de Lamothe, gouverneur du Congo français; — de
Lapparent, de l'Institut; — Savorgnan de Brazza, colonel Monteil,
commandant Binger, grande? médailles d'or de la Société.
MM. A. Himly et Levasseur, ! ^stitut, Hulot, secrétaire général
de la Société de Géographie, et- siègent sur l'estrade.
Le Président ouvre la séance par le discours suivant :
c En se réunissant ici, la Société de Géographie a voulu consa-
crer, par une solennité particulière, la réception de M. l'enseigne
de vaisseau Gentil et marquer ainsi l'importance qu'elle attache
aux résultats inappréciables du beau voyage qu'il vient d'accom-
soc. di fftoGR.— c. R. bes SÉANCES.— n*9.— Décembre. 30
RECE1VED,
FE3 19 1899
PEABODY MUSEUM.
422 COMPTES RENDUS DBS SEANCES.
plir. Depuis longtemps» notre Société donnait le lac Tchad comme
objectif aux explorateurs, convaincue que non seulement de grands
problèmes géographiques trouveraient là leur solution, mais aussi
qu'il y avait, pour la France, un puissant intérêt à pénétrer dans
une région située au cœur même de ses possessions et que d'hé-
roïques tentatives n'avaient pu ouvrir.
c Les vives impressions ressenties par les hommes qui entre-
prennent de semblables expéditions, vous allez les entendre retra-
cer par un de ceux qui les ont éprouvées, on pourrait presque dire :
qui les ont subies, car tous ces vaillants, ces amoureux de la
lutte et du danger semblent poussés par une irrésistible force ; ils
partent sachant que le retour est possible — rien de plus — ils vont
vers la souffrance ou vers la mort d'un cœur ferme et tranquille,
ne demandant autre chose qu'un souvenir ému de la patrie s'ils
succombent, un cordial accueil s'ils reviennent,
c Cet accueil ne vous fera pas défaut, monsieur, et, en vous
applaudissant aujourd'hui, nous n'aurons pas seulement en vue la
grandeur de l'œuvre qui illustre votre nom, nous reconnaîtrons
aussi votre énergie, votre audace, votre persévérance, toutes ces
qualités qui font de vous un explorateur hors ligne et sont un hon-
neur pour nous.
c Vous aviez été préparé à votre difficile mission par l'admi-
rable école de discipline et d'abnégation qui s'appelle l'armée
française. Là, chacun, sans se préoccuper de son intérêt propre,
sans savoir si ce qu'il a fait, au prix de tant de fatigues et de dan-
gers, sera récompensé, sans savoir même si ses conquêtes aug-
menteront le patrimoine de son pays, ou seront sacrifiées à de
dures nécessités politiques, chacun, dis-je, marche en avant, re-
gardant comme, un devoir sacré d'user ses forces et sa vie dans
l'intérêt de tous, sans souci de soi-même. Nous avons eu, bien des
fois déjà, à nous incliner devant ces dévouements absolus et c'est
avec un juste sentiment de fierté que nous saluons un de ceux qui
ont porté si loin — et avec tant de courage — le drapeau national.
c Grâce à votre confiance généreuse, grâce à vos longs et péni-
bles travaux, monsieur Gentil, le bassin du Congo est enfin relié à
celui du lac Tchad, et vous avez réalisé le projet grandiose conçu
par M. de Brazza et auquel s'est sacrifié Crampel. Crampel, ce pro-
moteur de votre œuvre — dont je dois rappeler ici le nom — était
un véritable apôtre et son souvenir restera toujours dans notre
mémoire ; nous n'oublierons jamais son entraînant enthousiasme
et cette ardeur qu'il savait communiquer aux plus calmes et aux
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 423
plus froids; il ne se dissimulait pas les graves périls de cette
trouée au centre de l'Afrique : t Peu importe si je ne reviens pas,
disait-il, j'aurai du moins marqué la route. » Votre retour, mon-
sieur, témoigne de l'exactitude de cette prédiction; Crarapel et
ses compagnons ont été lâchement, assassinés, mais la trace de
leur sang a servi de guide à ceux qu'attiraient ces marques glo-
rieuses.
c Quand un soldat tombe sur le champ de bataille sa place est
aussitôt prise, il en est de même dans l'armée des explorateurs;
Dybowski, envoyé pour rejoindre et fortifier la mission Crarapel,
la continua ; puis Maistre remplaça Dybowski vaincu par le cli-
mat, et il parvint jusqu'au Chari, soumettant à notre influence
presque tout le bassin de ce fleuve. En même temps, Monteil et
Mizon accomplissaient leurs magnifiques voyages, présents encore
à l'esprit de tous. Enfin, en 1895, vous partiez et, pendant plus de
trois années, vos efforts et ceux de MM. Huntzbûchler, Fredon et
Prias — M.Vival était malheureusement mort au Congo — ten-
dirent vers le même but.
t Vous l'avez touché, ce but poursuivi avec tant d'ardeur, et
lorsque vous descendiez le Chari sur le bâtiment à vapeur si pénible-
ment amené jusque-là, que vous pénétriez le premier dans ce grand,
ce mystérieux lac Tchad où tous faisiez flotter le pavillon frauçais,
quelle dut être votre joie ! 11 n'en est pas de plus noble, et la
Société de Géographie l'a vivement partagée; elle comprend ce
que ce temps d'épreuves a été pour vous, et tout ce que ces longues
et rudes marches, dans un pays le plus souvent hostile, exigeaient
de courage, de patience et de sage diplomatie; elle tient à vous
donner une preuve de ses sentiments, en vous décernant sa grande
médaille d'or, la plus haute récompense dont elle puisse disposer,
et il vous suffira de prendre la parole pour que cet auditoire tout
entier ratifie son jugement. > (Vifs applaudissements.)
M. Emile Gentil prend alors la parole en ces termes :
c Mesdames, messieurs,
c Avant de vous entretenir de la mission que j'ai conduite, il est
nécessaire que je vous fasse un exposé rapide des efforts tentés an-
térieurement en vue d'accroître notre domaine colonial du Congo
français.
c Dès 1890 Crampel essayait, en partant du coude de l'Oubangui,
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424 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
d'atteindre le Tchad. Il était assassiné par 8° 45' N. environ chez le
cheick Snoussi. Après ce désastre, il ne fut pas possible à
M. Dybowsky de réussir mieux que sou prédécesseur. 11 n'atteignit
même pas le point où était mort Crampel.
c Maistre Tint ensuite et accomplit l'admirable voyage que l'on
sait; mais, faute de marchandises, ne parvint pas au but qu'il se
proposait.
c Je ne parlerai que pour les citer des belles expéditions de
Mizon et de Monteil qui ne sont point parties du Congo français,
c En étudiant de près l'organisation de toutes ces missions, on
constate que, munies d'un bagage relativement considérable, elles
sont obligées de laisser une partie de leur matériel dès qu'elles
abandonnent les voies fluviales. Les porteurs leur font défaut dès
qu'il faut partir par terre. D'autre part, quel que soit le nombre
des porteurs, il est certain qu'au bout d'un temps donné, chaque
porteur consomme pour lui-même la charge qu'il transporte.
c Si donc le point que l'on se propose d'atteindre est très éloi-
gné, on s'expose, si l'on veut malgré tout poursuivre sa route, à
arriver manquant de tout, de sorte que le retour est compromis,
c C'est ce qu'avait compris depuis longtemps M. de Brazza.
L'œuvre qu'il poursuivait dans la Sanga, œuvre à laquelle je suis
heureux et fier d'avoir collaboré, consistait à créer des postes in-
termédiaires entre la vallée de la haute Sanga et la vallée du
Logone, affluent du Chari. On y aurait ensuite transporté un vapeur
qui aurait pu naviguer sur le fleuve.
c L'échec de la mission Fourneau dans ces régions, échec dû
seulement à la faiblesse des moyens employés et qui, grâce à
l'énergie de son chef, ne fut pas un désastre, fit que l'on perdit
beaucoup de temps à pacifier le pays,
c Le traité conclu avec l'Allemagne nous interdit ensuite de
profiter utilement des résultats politiques obtenus en pays foulbé.
Il fallait chercher une nouvelle voie. Clozel reconnut la rivière
Wom, affluent du Logone. Nais sa navigabilité n'était pas suffi-
samment démontrée.
c Rentré en France en 1894, je repris l'idée de Brazza et deman-
dai au Ministère des Colonies les crédits nécessaires pour la con-
struction d'un vapeur.
€ Je ne m'arrêterai pas sur les détails de ce projet. Le Ministère
approuva mes conclusions en principe, et, en avril 1895, accom-
pagné de MM. Hunlzbûchler et Vival, nous quittions la France avec
tle vapeur Léon Blot et des ravitaillements pour deux ans.
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 425
c En arrivant à Libreville je reçus contre-ordre, et l'itinéraire
proposé par moi fut changé.
c Je recevais Tordre de me transporter au coude de l'Oubangui,
de chercher quelle était la meilleure voie de pénétration entre les
deux bassins du Congo et du Chari, de fonder un poste sur un
affluent navigable de ce fleuve et de prendre les dispositions né-
cessaires pour le transport ultérieur d'un vapeur d'un bassin dans
l'autre.
c Ce programme ne laissait pas que de m'inquiéter beaucoup»
car un séjour d'une année dans le haut Oubangui m'avait permis
de constater qu'il était impossible de trouver des porteurs parmi
les habitants de la rivière. Ayant fait toutes mes réserves au sujet
de ce changement d'itinéraire, je fis expédier notre vapeur à
Brazzaville par voie de terre. Je ne m'étendrai pas sur les diffi-
cultés de cette route maintes fois décrites.
c Qu'il vous suffise de savoir que, le 28 octobre, je pouvais
quitter Brazzaville avec un agent, laissant en ce poste MM. Huntz-
bûchler et Prins pour le service des ravitaillements.
c II est néanmoins de mon devoir de remercier ici mon ami et
collaborateur Huntzbûchler, qui réussit à accomplir ce tour de force
de faire porter à Brazzaville en quarante-quatre jours toutes les
charges lourdes du Léon Blot, pesant une moyenne de 200 kilo-
grammes.
c Le 20 novembre, M. Le Bihan et moi étions rendus à Ouadda
avec notre vapeur et environ 250 charges.
c Nous disposions de 42 Sénégalais, de 35 Soussous, de 35 Bacon-
gos et d'une douzaine d'auxiliaires, soit 42 soldats et 80 porteurs.
Tout le monde était armé.
c Je savais, d'après l'itinéraire de Maistre, que le premier affluent
navigable du Chari se trouvait à 300 kilomètres environ de Ouadda
dans une direction nord. Nous suivons d'abord la route et remon-
tons la Kémo en pirogue jusque chez Krouma, visité antérieure-
ment par Dybowsky. Cette rivière n'étant pas navigable plus haut,
nous abandonnons nos pirogues et, après cinq jours d'une marche
pénible au milieu de populations plutôt défiantes, nous atteignions
la Tomi, affluent de la Kémo en un point situé à 20 kilomètres au
nord-ouest du village d'Azamgouanda, visité par Maistre.
c La Tomi ine parut pouvoir être utilisée. En conséquence,
après avoir installé un campement en cet endroit, j'envoyai M. Le
Bihan à Ouadda pour rechercher le reste du matériel qu'il devait
remonter par la Tomi.
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426 COMPTES RENDUS DES 8ÉANCE8.
c Le Bihan se rencontra à Ouadda avec M. Huntzbûchler, qui
vint me rejoindre avec un convoi de huit pirogues. J'en profitai
pour reconnaître la navigabilité de la rivière et je constatai qu'il
était possible d'atteindre par eau le village de Krebedjé situé par
5°45' de lat. N. C'était 120 kilomètres de gagnés pour notre
transport.
c Je m'installai rapidement en ce point et, aidé par Huntzbûchler,
nous construisons un poste solide, bien palissade, sur lequel nous
dirigeons nos charges et notre bateau.
c 11 fallait alors reconnaître le pays plus au nord. Laissant à
Krebedjé M. Huntzbûchler à peine rétabli d'une fièvre bilieuse
hématurique, je partis avec Le Bihan et nous atteignîmes le pays
des Ungourras à trois jours de marche de Krebedjé.
c Les renseignements demandés sur la Nana et le Gribingui
n'étant pas assez concluants, je me décidai à créer en ce point un
deuxième camp et à évacuer sur ce point tout ce que nous avions
à Krebedjé. Il nous était impossible de songer pour l'instant à
aller plus loin, car nous serions arrivés sans être annoncés chez la
tribu des Mandjias qui avait attaqué la mission Maistre.
c Les indigènes, que notre séjour dans la région avait habitués à
nous, nous fournirent des porteurs, et, au mois de juillet, le camp
des Ungourras avait reçu en totalité notre matériel.
c Les perles de verre qui servaient à faire la ration de nos
hommes étant sur le point de nous faire défaut, je dus revenir sur
mes pas et aller même jusqu'à Mo baye où je trouvai à une facto-
rerie de la S. A. B., en liquidation, les perles nécessaires. C'était
un voyage de 800 kilomètres. Je regagnai le camp des Ungourras,
accompagné de M. Prins, qui nous rejoignait avec un nouveau
convoi. Pendant mon absence, les Mandjias, ayant entendu parler
de nos bons rapports avec les indigènes du pays et désirant, eux
aussi, se procurer nos marchandises, étaient entrés en relations
avec M. Hunztbûchler, de sorte qu'à mon retour, je pus me
mettre en route avec M. Huntzbûchler et atteindre la Nana après
trois journées de marche.
c La ligne de faite qui sépare les deux bassins est à peine sen-
sible, environ 100 mètres au maximum. Les Mandjias, encore sous
l'impression du premier passage des Européens, étaient extrême-
ment méfiants. Je pus néanmoins poursuivre ma reconnaissance
à 25 kilomètres au delà de la Nana. Mais ce fut tout.
« Le point où nous trouvons la Nana était situé au confluent de
cette rivière avec une autre nommée Gougou. Après la réunion des
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À
SÉANCE 80LENNBLLB DU 18 NOVEMBRE 1898. 427
deux cours d'-eau, la Nana avait environ 18 mètres de largeur et
offrait une profondeur suffisante pour que la coque du Léon Blot
put y circuler comme chaland. Il restait encore à vérifier si cette
rivière était navigable. Pour cette fin, nous disposions d'une ba-
leinière en acier prise à Brazzaville, pesant 800 kilogrammes, qui,
coupée en deux à Krebedjé et transportée à la Nana, rat remontée
en ce point.
€ Nous étions alors au 21 septembre 1896. Le personnel de la
mission se composait de MM. Huntzbûchler, Prins et d'un chef de
station, M. Joulia, qui venait de nous rejoindre avec 15 mili-
ciens provenant du haut Oubangui. Nous possédions alors 50 Sé-
négalais, car plusieurs étaient morts, et 30 Soussous ainsi que
6 auxiliaires. Les Ba Congos avaient fini leur temps. Je les renvoyai.
Tout le monde se mit immédiatement à l'œuvre pour installer un
nouveau poste, des chantiers de construction et des ateliers.
Gomme nous ne disposions pas d'un personnel spécial, nous eûmes
beaucoup de peine, et ce fut seulement le 23 novembre 1896 que
je pus mettre le Blot en chantier.
c Pendant qu'avec trois aides sénégalais, je procédais au mon-
tage de la coque, MM. Huntzbûchler et Prins s'en allaient recon-
naître le cours de la Nana, et M. Joulia repartait pour Ouadda, où
j'espérais qu'un convoi pour nous était arrivé.
« J'avais depuis quelques mois l'assurance que M. de Brazza ne
nous oubliait pas et que sa sollicitude pour la mission du Chari
le faisait se préoccuper vivement des moyens de nous ravitailler.
c A la fin de janvier 1897, notre situation assez peu brillante
s'éclaircit. La reconnaissance de la rivière Nana, par Huntzbû-
chler, m'avait appris que ce cours d'eau, dont le vrai nom était
G'Bandala, après un parcours de 70 kilomètres environ, à vol d'oi-
seau, se jetait dans une rivière plus importante nommée Guiroun-
gou ou grande eau, qui n'était autre que le Gribingui découvert
par Maistre. Malheureusement des chutes s'étendaient sur un par-
cours de 8 kilomètres, offrant une dénivellation de 100 mètres en-
viron. C'était une difficulté de plus, mais que l'on pouvait vaincre.
D'autre part, un courrier m'annonçait l'arrivée prochaine du con-
voi de M. Joulia, de M. de Mostuejouls, mécanicien, et de l'inter-
prète Ahmed ben Medjkane.
« Dans ces conditions, je n'hésitai pas et ayant fait avec la
coque démontable du Léon Blot trois radeaux étanches, j'envoyai
M. Huntzbûchler par la rivière avec la mission de transporter le
navire dans le bief navigable et d'y installer un nouveau poste.
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428 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
a Le 1er février, rejoint par MM. Joulia, Prins, de Mostuejouls
et Ahmed, je laissai le poste de Nana A sous la garde de M. Joulia,
et accompagné de M. de Mostuejouls, nous gagnons le nouveau
poste de Nana B, où Huntzbuchler avait déjà installé quelques
maisons en pisé.
c II fallut refaire de nouveaux chantiers, construire d'autres .
abris, remettre la coque sur cale, procéder au montage de la ma-
chine et de la chaudière, et monter à côté une baleinière en
acier. Grâce au dévouement et à l'activité de de Mostuejouls, nous
pûmes rapidement commencer ces travaux, et, en avril, le Léon
Blot faisait ses essais. Mais, de nouveau, la faiblesse des moyens
mis à notre disposition se faisait sentir. Installés au poste de
Nana fi, nous étions sur le point de manquer de perles. Il fallut
encore organiser un convoi et renvoyer M. Prins à Ouadda pour
chercher de nouveaux subsides.
c Cet agent exécuta rapidement sa mission. A Ouadda, il se ren-
contra avec le chef de station, Fredon, qui m'amenait du matériel,
des vivres et un premier détachement de 30 miliciens. Le capi-
taine Marchand se trouvait également là, et, sachant nos besoins,
spontanément, il mit à notre disposition 800 thalaris de Marie-
Thérèse.
c Tout le monde en France connaît et a apprécié les qualités
remarquables de Marchand comme chef d'expédition. Il m'appar-
tenait à moi qui suis son obligé de lui apporter ici, avec l'expres-
sion de ma vive admiration, le tribut de ma profonde reconnais-
sance.
c Pendant l'absence de Prins, nous fûmes informés par les
N'Gaos que les musulmans de Snoussi se préparaient à nous atta-
quer. On dut fortifier le camp et prendre toutes les précautions
pour éviter une surprise. L'arrivée de Prins et de Fredon nous tira
d'inquiétude et nous pûmes choisir la place d'une station définitive.
f L'endroit le plus convenable pour cette fin était situé à 7 kilo-
mètres dans le nord-est de Nana B, au pied d'une colline haute de
86 mètres presque à pic.
c On se mit avec ardeur au travail; on fortifia, on construisit
des maisons d'habitation, un camp pour les soldats, un jardin
potager.
c En juillet nouvelle alerte qui nous immobilisa encore plus d'un
mois, mais cette perte de temps nous permit d'entrer en relations
avec les musulmans de Snoussi.
c Ayant appris notre présence dans le pays, ils s'étaient avancés
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 429
jusqu'à deux jours et demi de marche de la station du Gribingur
et ignorant nos intentions, se méfiant de représailles au sujet du
meurtre de Crampel, ils s'étaient, eux aussi, solidement retranchés,
c C'est de cet endroit nommé Yani Mandji qu'ils nous envoyè-
rent deux émissaires escortés d'une trentaine de soldats. L'un
nommé El Hadj Tekour était un Haoussa ayant accompli plusieurs
pèlerinages à la Mecque, et l'autre un Tripolitain presque blanc
nommé Salah.
c Us étaient porteurs d'une lettre exprimant, au milieu des
compliments de bienvenue, l'appréhension d'hostilités de notre
part. De l'affaire Crampel pas un mot. Us nous apportaient quelques
chevaux, des ânes et des bœufs porteurs, moitié en cadeaux,
moitié pour vendre.
c Je répondis à ce message par une lettre dans laquelle j'exprimai
nos intentions pacifiques et notre désir d'entrer en relations com-
merciales avec les musulmans. Dans ces circonstances, il fallait
nous armer de patience et nous résigner à ne pas bouger. La fai-
blesse de nos effectifs ne nous permettait pas, en effet, de nous
lancer sur le Chari en laissant derrière nous des agents et des
troupes en trop petit nombre pour être en sécurité.
c Si l'on songe que le poste du Gribingui était situé à 300 kilomè-
tres de tout autre point occupé par nos soldats, on se rendra
compte aisément du sentiment qui me guidait. Profitant des che-
vaux nouvellement acquis, M. Fredon avec quelques hommes, par-
tit à Ouadda en courrier rapide. Malheureusement les pluies torren-
tielles qui tombaient depuis quinze jours rendirent sa route fort
pénible. Il mit un mois pour revenir après avoir crevé trois che-
vaux. Mais il nous apportait une bonne nouvelle, l'arrivée prochaine
de M. de Rovira avec 35 hommes de renfort et des caisses de
perles. Cet agent, que M. de Brazza m'envoyait, arriva quelques
jours après, le 20 août, à 9 heures du soir. Le lendemain, 21, lais-
sant au Gribingui 88 soldats et des auxiliaires sous la direction de
MM. Fredon, Prins et de Rovira, nous appareillions pour effectuer
notre descente du Chari.
c Pendant l'absence de Fredon les envoyés de Snoussi étaient
revenus. Les relations s'établissaient cordiales. Malheureusement,
en retournant chez eux, le Tripolitain Salah fut assassiné, à une
journée de marche du poste, et ses bagages pillés par les païens
Tambaco.
c Cet événement, qui aurait pu être gros de conséquences, car
il fut un moment considéré comme les représailles du meurtre de
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430 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Crampe!, n'eut heureusement pas de suite fâcheuse pour nous.
Les gens de Snoussi se rendirent asses vile compte que nous
n'étions pas les instigateurs de ce crime, d'autant que je m'offris
à servir d'intermédiaire entre eux et les païens pour rentrer en
possession des objets volés.
c II serait nécessaire de dire ici quelques mots de la situation
générale des pays que nous avions traversés.
c De l'Oubangui, c'est-à-dire par 4°57' nord, jusqu'au Gribingui,
situé par 7°1' nord, s'étend un long espace de 300 kilomètres.
(Tous les postes intermédiaires au nombre de six que nous avions
créés avaient dû être successivement évacués faute de personnel
suffisant pour les occuper. Nous n'avions pas un homme derrière
nous, et cependant les relations avec les tribus indigènes étaient
telles qu'il nous était possible de faire parvenir un courrier porté
par deux ou trois Sénégalais). Le terrain, en général très plat,
420 mètres environ au-dessus du niveau de la mer, va s'élevant
insensiblement jusqu'au pays des Mandjias qui se trouve être sur
la ligne de partage des eaux des deux bassins du Chari et de
l'Oubangui. 11 y a à peine une différence d'altitude de 100 mètres
entre les points les plus élevés et les points les plus bas. A proxi-
mité des rivières, le terrain est naturellement marécageux, mais
sitôt qu'on pénètre dans l'intérieur le sol devient argileux. Çà et là
des sommets rocheux alternent avec des collines boisées. Quelques
grandes plaines où se dressent des gommiers, des raphias et des
borassus servent de pâturages à des quantités énormes de gibier.
Des antilopes de toutes espèces, des éléphants, y vivent en troupes
nombreuses. On y rencontre aussi beaucoup d'animaux féroces
parmi lesquels les léopards et les hyènes dominent.
c Bien que le gibier ne fût pas notre unique ressource, il nous
arriva bien souvent d'augmenter notre menu d'un bon quartier
d'antilope ou d'une savoureuse pintade.
c Sur tout notre parcours, à part les espaces séparant entre
elles les diverses peuplades, nous trouvons une population très
dense.
c Toutes, sauf les Mandjias dont le type et la langue se rappro-
chent beaucoup de ceux des indigènes de la Sanga, parlent un dia-
lecte uniforme avec quelques légères variantes.
c Elles sont en général peu intéressantes. Je me contenterai
de citer leurs noms, fin quittant la Kémo habitée par les Krouma,
on traverse la tribu des G'Baggas, peuplade peu hospitalière, très
nombreuse puisqu'elle s'étend du 5* au 8* degré nord, pour tou-
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898.
431
cher ensuite chez les N'dis. De là on traverse le pays des Ungourras
et des Ka. Un peu au nord-ouest on se trouve chez les Handjias et
aux environs du Gribingui on retrouve les G'Baggas qui vont jusque
chez Snoussi.
c Ce qu'on peut dire d'une de ces peuplades s'applique à toutes.
Leurs cases, très basses, sont rondes, construites en terre battue
Chefs Ungourras et Ka.
et couvertes d'un toit rond en chaume. En guerre les unes
avec les autres, elles 'sont séparées par des zones assez vastes
qui constituent des terrains de chasse. Les environs des villa-
ges sont cultivés. On y trouve en quantité du mil, du mais, du
coton et quelque peu de manioc. Les animaux domestiques
qu'ils élèvent sont peu variés : des chèvres, des poules, et c'est tout.
C'était néanmoins assez pour que nous pussions nous approvi-
sionner de vivres pour nous et notre personnel noir à des prix très
modiques. Nous achetions, en effet, une très belle chèvre pour 7 à
8 cuillers de perles, soit environ une valeur de Ofr. 70.
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432 C0MPTE8 RENDUS DES SÉANCES.
c Les hommes, de visage peu agréable, aux lèvres épatées, aux
narines larges, ont cependant un corps admirable. Quant aux
femmes, elles ne rappellent que de fort loin les types du beau
créés par notre esthétique. De bonne heure assujetties aux durs
labeurs de la terre, elles vont à peine vêtues, objets de plaisir dans
leur jeunesse tôt flétrie, instruraentsde travail dans leur âge mur.
Le tissage du coton et la fabrication du fil sont réservés aux
hommes qui savent se confectionner des blouses assez grossières
qu'ils revêtent rarement.
« Si primitifs que soient ces gens, ils n'en furent pas moins pour
nous des auxiliaires précieux. Les séjours forcés que nous fîmes sur
notre trajet nous permirent de trouver parmi eux les 2,000 por-
teurs nécessaires au transport de notre vapeur et de notre matériel.
c Et si Ton songe à la défiance instinctive de tous ces pauvres
gens en lutte continuelle avec les razzieurs musulmans, on com-
prendra que le résultat était appréciable. El, malgré ce concours, ce
ne fut que deux ans après notre départ de France que nous réus-
sîmes enfin à mettre à flot le Léon Blot sur uu affluent du Chari.
c Si j'insiste autant sur cette partie ingrate et rebutante du
voyage, c'est que cela me permet de rendre hommage et de remer-
cier bien vivement les dévoués collaborateurs qui m'ont entouré.
Sans se décourager ils durent refaire cinq ou six fois la même
route, construire des postes, recruter du monde, et cela sans jamais
se plaindre, ne voyant que le but à atteindre.
c 11 m'est particulièrement agréable de vous dire ce que je dois
à Huntzbûchler, à Prins, à de Mostuejouis, à de Rovira, et à
Ahmed ben Medjkane. C'est en grande partie à eux que Ton doit
la réussite de cette longue expédition qui a duré plus de trois ans,
et j'espère qu'on saura, eux aussi, les récompenser comme Us le
méritent.
c Je ne voudrais pas non plus passer sans vous citer le nom du
jeune Vival, de cet enfant de 20 ans qui, de retour depuis six mois
de la mission Ciozel, repartait avec nous. A peine avait-il quitté
Loango qu'il tombait atteint d'une fièvre bilieuse hématurique qui
l'enlevait trois jours plus tarda notre affection et à celle des siens.
De telles morts sont des enseignements. Il suffisait de songer
à l'énergie déployée par ce jeune homme pour que les tristesses et
les découragements se dissipassent et que ceux qui restaient ne
songeassent plus qu'à une chose, à réussir.
c Je ne voudrais pas laisser de côté les peuplades païennes dont
je vous entretenais sans vous dire un mot des N'Gaos.
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 433
c Peu différents, comme types et comme habitudes, des autres,
ils leur sont néanmoins de beaucoup supérieurs. En contact pen-
dant de longues années avec les musulmans auxquels ils ont servi
d'auxiliaires, ils ont pris certaines de leurs coutumes. Us s'habil-
ent, et un semblant d'autorité et de hiérarchie existe chez eux.
c Craints par les autres peuplades qu'ils pillent et razzient sans
cesse, ils peuvent devenir pour nous des auxiliaires précieux.
Grâce à eux, peut-être parviendrons-nous à prélever assez rapide-
ment des impôts nous permettant une organisation moins som-
maire du pays. Nous arriverons d'autant plus facilement à nous en
faire aider qu'ils ne se sont pas, chose étrange, islamisés. Il
sera donc facile à nos missionnaires et à nous de former avec
eux un groupement chrétien qui nous permettra, le cas, échéant, de
résister à une formidable poussée musulmane qui pourrait se
produire de Test.
c Voilà en gros ce que j'avais à vous dire au sujet des féti-
chistes. Je me réserve à la fin de cette conférence de vous parler
de nos voisins do-nord-est, les musulmans de Snoussi. 11 me reste à
vous entretenir de notre descente du Chari. Le 21 août nous appa-
reillons ; les eaux, très hautes, avaient une crue de 6 m. 50 et attei-
gnaient les branches des arbres surplombant la rivière, de sorte
qu'à certains endroits nous naviguions dans des passages ayant à
peine une dizaine de mètres de largeur. Nous étions obligés de
nous servir de perches pour éviter que les montants de la toiture
du Blot ne se démolissent pas contre les arbres. .Cette navigation
pénible fut interrompue au bout de quelques heures par. notre
rencontre avec les envoyés de Snoussi qui nous amenaient un
troupeau considérable de bestiaux et de chevaux. Snoussi nous
demandait l'autorisation d'aller châtier les meurtriers de Salah.
c Peu désireux de voir à proximité du poste du Gribingui, les
bandes de chasseurs d'esclaves, je fis ressortir auprès des envoyés
que le moment était mal choisi pour tenter une opération mili-
taire, que les rivières débordant de toutes parts seraient un gros
obstacle à la marche de troupes et qu'il valait mieux attendre notre
retour du Tchad qui coïnciderait avec la saison sèche pour enga-
ger des opérations. , . x
« D'autre part, connaissant les rapports intimes qui existaient
entre Snoussi et Rabah, je leur donnai à entendre que notre désir
était d'entrer en relations avec £e dernier.
c Les envoyés parurent enchantés de nos réponses et, pour évi-
ter de nouveaux désagréments; je les embarquai, eux et leur per-
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434 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
sonnel, pour les déposer, quelques heures plus bas, en face du vil-
lage de Yagoussou déjà visité par Maistre. Ils avaient ainsi le
moyen de retourner chez eux sans risques. C'est alors que l'idée
me vint d'essayer de connaître la situation exacte des forces de
Snoussi. Ayant communiqué mes intentions i M. Prins, cet agent
s'offrit spontanément pour accomplir cette dangereuse mission.
Craignant que l'appât des fusils d'une nombreuse escorte ne tentât
trop fortement Snoussi, j'imposai à M. Prins l'obligation de n'em-
mener avec lui que deux Sénégalais et je demandai par lettre à
Snoussi de lui fournir une escorte d'une cinquantaine de fusils
pour assurer sa sécurité le long de la route. En même temps que
l'agent français séjournerait chez Snoussi, un représentant de ce
dernier devait venir résider au Gribingui de façon à servir d'otage.
Tout cela réglé, nous nous séparons de Prins qui retournait au
Gribingui et nous poursuivons notre route. La rivière s'élargit de
plus en plus, mais pas assez cependant pour que nous puissions
prendre les boats â la remorque. Les rives sont inondées, on
n'aperçoit que quelques rares habitants. Le paysage peu varié
n'offre que des plaines immenses avec, ça et là, quelques arbres.
Quant aux berges elles-mêmes elles sont boisées sur une dizaine
de mètres d'épaisseur.
c De nombreuses pêcheries installées sur la rivière témoignent
que la région est très peuplée, mais la pluie qui tombe et les inon-
dattoas s'opposent sans doute à ce que nous voyions du monde.
€ Pendant itnx jours encore nous naviguons dans les mêmes
conditions. La rivière atteint 50 mètres de largeur et, sauf à de
rares tournants, nous pourmas marcher à toute vitesse.
c Enfin té 28 août nous pouveas prendre nos embarcations à
couple et marcher à 250 tours. Les vivre» que nous avions emportés
commençaient à manquer. Heureusement qu# nous rencontrons
sur les rives très élevées deux indigènes surpris par la pluie que nous
réussissons à faire approcher. On leur donne quelques petits
cadeaux. Ces gens parlaient une langue différente de celle que
nous avions rencontrée jusqu'à ce jour. On dut remplacer la parole
par le geste et on finit par s'entendre. Ces indigènes, que nous
sûmes plus tard être des Alitou, parlent un dialecte sara. Ils portent
le classique costume décrit par Nachtigal et Maistre, c'est-à-dire
un tablier de cuir par derrière. Nous nous approvisionnons de
quelques vivres et nous poursuivons notre route. Le paysage change,
les rives sont élevées et en maints endroits des collines boisées à
pic succèdent aux falaises rougeàtres et aux berges caillouteuses.
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 435
c Le Gribingui, augmenté par l'apport de quelques affluents assez
importants, commence à devenir une voie 1res navigable. 11 atteint en
certaines places 60 à 70 mètres. Malheureusement, en trois endroits,
on aperçoit des remous inquiétants paraissant provenir de roches.
On peut prévoir que ces passages seront dangereux pour le retour
quand les eaux auront baissé. Nous passons néanmoins sans
encombre et le 30 août, à 3 heures de l'après-midi, après avoir
franchi une zone un peu plus étroite, nous débouchons sur une
grande rivière de plus de 100 mètres de largeur. C'est le Bamingui
ou Bahr el Abiod, ou plutôt le Ghari.
c Depuis la veille nous naviguions dans des régions vierges de
tout passage d'Européen. Pas un être vivant sur ces rives; un
silence majestueux régnait autour de nous, qui fut troublé seule-
ment par les marques de joie que tous, Sénégalais et Européens,
ne purent s'empêcher de témoigner.
c Le Gribingui n'était donc qu'un affluent du Bamingui, lequel
formait bien réellement le cours supérieur du Ghari. Nous avions
atteint 8° 35' en latitude.
c Nous séjournons quelque temps au confluent des deux cours
d'eau; j'en profitai pour mesurer la largeur du fleuve, qui était de
plus de 180 mètres. Nous aurions bée» vwfu rester M quelques
jours, mais nous étions sans vivres. On distribua ce jour-là une boite
de sardines pour quatre hommes. Une tentative faite pour essayer de
découvrir un village réussit, mais les indigènes effrayés s'enfuirent.
c Nous ne pouvions rester plus longtemps, d'autant que les nou-
velles que j'avais reçues me faisaient prévoir que le capitaine Case-
ra ajou, reprenantl'itinéraire deMonteil, devait être rendu au Tchad
fin août commencement de septembre, et m'imposaient, par suite,
l'obligation de ne pas m'attarder.
c Nous appareillons dope, toujours même silence ; les rives élevées
et rocheuses très boisées ne semblent être hantées que par des
animaux sauvages. C'était un spectacle admirable et une sensation
exquise que de voguer sur ce fleuve encore mystérieux. Malheureu-
sement la réalité brutale nous gâtait une partie de notre plaisir. On
allait avoirà compter bientôt avec la faim. Heureusement que le Léon
Blot était bon marcheur. Après avoir noté 2 affluents importants,
le Bangorran et le Bakaré, le 1er septembre, à 10 heures du
matin, on aperçoit sur la rive gauche une plantation de mil. On
s'approche; ceux qui la surveillent se sauvent d'abord, puis
finissent par s'amadouer. Bientôt on vient vendre. Nous descendons
un peu plus bas pour camper. On apporte en quantité du mil et
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436 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
des giraumons. Nous sommes chez les Kaba Bodo. Le village de
Mandjatezzi, où Maislre s'est arrêté, est situé à trois journées de
marche dans l'intérieur. Les hommes sout vêtus du classique
tablier dû cuir. Quant aux femmes, la plupart sont nues. Quelques-
unes ont une espèce de pagne en corde tressée ou des colliers en
perles de fer qui ne les voilent qu'imparfaitement.
€ Ces indigènes, qui possèdent des chevaux, des moutons et des
chèvres, sont aussi des pêcheurs. Ils nous vendent du poisson fumé
à des prix très modiques. Leurs pirogues sont petites, larges de
Om. 60, longues de 5 mètres au maximum. Us ont comme ornements
des bracelets de cuivre coulé, dénotant de leur part un certain
sens artistique.
c Nos provisions faites, nous partons. A 2 ou 3,000 mètres, le fleuve
s'agrandit, des lies nombreuses se montrent* Le pays est très peu-
plé, des villages se dressent sur les rives ou sur les lies. La popu-
lation entière semble s'être donné rendez- vous sur les berges pour
contempler cette chose qui marche toute seule. Personne n'a l'air
étonné. Le sifflet seul de la chaudière les émeut. Sans doute la
facilité qu'ils ont à se dissimuler dans les Iles d'inondation les ras-
sure. Une nouvelle zone inhabitée se présente à nos yeux. Nous navi-
guons au milieu des lies. On n'aperçoit plus les deux rives du fleuve.
t Nous traversons rapidement le pays des Tounia où nous nous
approvisionnons de chèvres et de poules, et, le 3 septembre, nous
nous engageons de nouveau dans une zone déserte. Là encore on
sent le besoin qu'éprouvent tous ces indigènes de se séparer les
uns des autres par de vastes espaces, qui, en empêchant le contact
immédiat, les mettent à l'abri des incursions de leur voisin,
f f Après avoir passé plus d'une heure à manœuvrer au milieu
d'un fouillis d'Iles, nous finissons par apercevoir sur la rive droite
deux grands villages et des plantations. Tout le monde est en émoi.
On nous fait signe de nous retirer.
c Ne voulant pas effrayer ces gens nous allons mouiller 2 milles
-plus bas. Ainsi que je le prévoyais, les indigènes ne tardent pas
à venir. Us ont des chevaux et quelques-uns sont habillés de
boubous musulmans. Aucun n'est complètement nu. Nous sommes
chez les Niellim, les premiers païens soumis auBaguirmi. Le frère
du chef parle quelques mots d'arabe. Nous le décidons à nous
accompagner, mais il refuse au moment décisif* Jadis très puis-
sante, l'agglomération des Niellim tenait toute la région sous son
joug. Aujourd'hui très déchue, une partie d'entre eux sont soumis
aux Boua, groupement païen très considérable pouvant disposer de
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 437
plus de mille cavaliers en cas de guerre et payant lui-même tribut
au Baguirmi.
c L'autre groupe des Niellim, encore nombreux, s'est retiré sur
la rive gauehe et babite des montagnes rocheuses, où ils sont
inattaquables. Les Boua ont essayé à maintes reprises, mais sans
succès, de les vaincre.
c Nous arrivons chez eux le lendemain; leur chef se nomme
Togbau. Nous y rencontrons quelques Baguirmiens qui viennent
nous souhaiter la bienvenue. On échange des cadeaux, mais le
sentiment général est la méfiance. Les rives rocheuses ne nous
procurent pas de bois, nous en achetons à grand'peine, et de
mauvaise qualité. Nous avions atteint 9° 30'.
Pendant deux jours encore, nous voguons parmi les tribus
païennes, très denses, très nombreuses. Nous traversons le pays
des Miltou, des Boua, des Saroua, et le 7 septembre nous mouil-
lons au village de Bousso.
c Nous étions dans le vrai Baguirmi. On demeure étonné en
voyant combien rapidement s'exerce l'action musulmane parmi les
peuplades fétichistes. Il y a cinquante ans à peine, les Bousso
n'étaient pas supérieurs aux autres païens que nous venions de
traverser. Aujourd'hui, tous vêtus, ayant le sentiment d'une hiérar-
chie, d'une autorité, tout ce monde semblait avoir derrière lui des
siècles de civilisation. Nous sortions de la barbarie, nous tombions
en plein moyen âge, et cinquante ans à peine avaient suffi pour
faire franchir à ces primitifs une telle étape. Grâce à Ahmed,
l'accueil, d'hostile qu'il était au début, devint bientôt meilleur.
Toutefois nous ne réussîmes pas à faire porter un message au
sultan du Baguirmi, dont la résidence était située à eînq jours de
marche de là. Force nous fut donc de reprendre notre route.
« Les rives du Chari, assez élevées, sont très peuplées. Nous
laissons successivement derrière nous les grands centres de Làf-
fana et de Maffaling et le village moins important de Baïnhanné, où
nous nous arrêtons pour demander s'il serait possible d'envoyer une
lettre au sultan. On nous répond que les villes de Bousso, Maffa-
ling et llondo jouissent seules du privilège de fournir des cour-
riers pour le sultan. Nous cherchons à obtenir des détails sur le
voyage de Nachtigal, qui a franchi le Chari en cet endroit. On nous
répond que nous sommes les premiers Européens qu'on voit dans
la région, que tout le pays est terrorisé par la vue de cette maison
qui marche sur l'eau. Certains même disent qu'ils nous ont vus
descendre du ciel après un orage très violent.
socDEQÉoGR.— c.r. des séances.— n° 9.— Décembre. 31 •
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438 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c Bien que la partie intelligente de la population ait entendu
parler des vapeurs par ceux d'entre eux qui ont accompli le pèle-
rinage de la Mecque, on s'imagine aisément que l'impression
produite par notre arrivée si soudaine ait été plutôt de la crainte.
c D'où venions-nous ? Où allons-nous ? Venions-nous en amis du
Baguirmi ou de Rabah ? Autant de mystères pour tous ces gens.
Nous quittons bien vite Baïnhanné et, en passant à Mondo, région
commandée par Souleyman, beau-frère du sultan, nous avons la
bonne' fortune de trouver un esclave de ce chef qui veut bien se
charger d'une lettre pour le sultan Gaourang. Ne voulant pas
attendre la réponse à cet endroit, nous continuons notre route,
dans l'intention de nous rapprocher du Tchad. Mais, en arrivant en
face de Baleignéré, nous sommes invités par une délégation des
notables de l'endroit à ne pas dépasser ce. point, et à y attendre
une réponse du sultan. J'en profite pour confier[une nouvelle lettre à
un de mes Sénégalais les plus intelligents, nommé Boubakar, avec
ordre de la porter à Massenia.
c Nous séjournons douze jours au même endroit sans recevoir
la moindre nouvelle. Très bien % reçus néanmoins par les gens du
pays, dont beaucoup parlent arabe, nous passons nos journées à
nous documenter sur le pays. Des informations ainsi obtenues, il
résulte que le pays du Baguirmi, à peine relevé de la guerre sou-
tenue en 1870 contre le Ouadaï, a eu à subir du fait du passage
de Rabah un choc formidable, dont l'effet se fait encore sentir. Le
voisinage immédiat de ce flibustier installé dans le Bornou étant
une menace continuelle pour le Baguirmi, je compris que si nous
parvenions à vaincre la méfiance de tous ces gens contre les chré-
tiens, l'occasion était bonne pour traiter. Il suffisait de leur faire
entrevoir avant toutes choses la communauté d'intérêts entre eux
et nous.
c Ne voulant pas abuser de vos moments, je n'insisterai pas
davantage sur notre séjour à Baleignéré, bien qu'il m'ait procuré
l'occasion de me rencontrer avec plusieurs personnages instruits
et très sympathiques.
« Ce ne fut donc que douze jours après le départ de Boubakar
que je reçus une réponse à ma lettre, réponse assez insignifiante,
mais qui avait le gros mérite d'être commentée par Boubakar, qui
avait reçu du sultan un accueil très bienveillant, et par trois
envoyés de l'entourage intime du sultan.
f Le premier, dont le titre est Gardaba, était le troisième per-
sonnage de la cour.
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SÉANCE- SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. *39
« Le deuxième était l'imam du sultan, un Foulbé jeune en-
core, remarquablement intelligent, nommé Mallem Abou Bakar.
c Le troisième était un esclave de confiance, nommé Moham-
med Fezzani, qui avait accompli plusieurs voyages en Tripolitaine.
c De l'entretien que nous eûmes avec ces gens, il résultait que
le sultan du Baguirmi, Mohammed Àbd er Rhaman Gaourang,
serait très heureux de voir le chef des chrétiens, mais que, pour
calmer des suspicions très légitimes, il valait mieux pour nous
regagner Bousso, d'où un des agents européens ou moi-même
pourrait se diriger sur Massenia.
c On nous apprenait, d'autre part, que le véritable meurtrier de
Crampel était Baba h et que c'était en grande partie aux 300 fusils
enlevés à notre malheureux compatriote que cet aventurier devait
ses succès dans le centre africain. M'étant informé de l'attitude
du Ouadai à la suite de notre arrivée, on me donna à entendre
qu'on supportait avec peine le tribut imposé par le Ouadaï, et que
si plus tard on trouvait une occasion, on ne manquerait pas de
refuser de le payer. En somme, ce que je voyais me faisait plutôt
avoir de la sympathie pour cet héroïque pays qui, malgré la supé-
riorité des armes, a réussi à maintenir son indépendance contre
Rabah, et qui n'a qu'un désir, prendre un jour sa revanche.
c D'autre part, le Baguirmi étant situé dans notre sphère d'in-
fluence, il y avait tout intérêt pour nous à nous allier avec ce
pays. C'est pourquoi j'eus de suite l'envie de nie rencontrer avec
le sultan Gaourang. Gomme il m'était particulièrement désa-
gréable de revenir en arrière, je déclarai aux envoyés qu'il était
bien préférable pour la prompte solution des négociations que
nous allions ouvrir, de descendre le fleuve jusqu'aux environs de
Bougoman et de nous rapprocher lé plus possible de Massenia par
la voie du Bahr Erguieg. Us approuvèrent ma résolution.
c Le Bahr Erguieg, qui veut dire rivière étroite, est impropre-
ment appelé Balschikam par Barth, qui n'a d'ailleurs fait que le
traverser. C'est un bras du Ghari qui prend naissance en face de
Miltou pour se terminer près de Bougoman.
c Après une navigation très pénible de cinq jours dans le Bahr
Erguieg, tout encombré d'herbes, nous atteignons Maggi. Nous
étions à une vingtaine de kilomètres de Massenia par il°22'de
latitude.
c Les envoyés s'en étaient retournés à Massenia. Pour répondre
aux cadeaux que j'avais reçus du sultan, je leur en donnai d'autres
et je leur remis une lettre pour le prévenir de ma décision.
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uo
COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c Très bien accueillis à Maggi, nous attendons en ce point les
messagers du sultan qui viennent nous chercher deux jours après.
c Je pars avec Ahmed et cinq ou six Sénégalais. On nous donne
des chevaux. Mais au lieu de nous faire franchir d'une seule traite
la distance de Maggi à Massenia, on nous fait coucher au village
arabe de Blane. Le chef Youssef nous apporte du lait frais, du lait
caillé et du beurre tant que nous en pouvons souhaiter.
c Le lendemain de bonne heure nous nous mettons en route»
Entrée du palais du sultan du Baguirmi, à Massenia.
Nous sommes bientôt rejoints par une magnifique escorte de cava-
liers aux vêtements de soie, montés sur de beaux chevaux richement
harnachés, qui augmente au fur et à mesure que nous nous rap-
prochons de Massenia. On s'arrête au milieu d'une grande plaine
et tout ce monde exécute devant nous une brillante fantasia.
c Nous arrivons enfin devant les remparts de Massenia en partie
détruits par les Ouadaïens en 1870; ce qu'il en reste prouve l'im-
portance qu'avait Massenia au temps de Barth ; les murailles con-
struites en briques sèches n'ont pu être détruites par les Ouadaïens
que grâce aux mines qu'ils avaient pu faire placer secrètement
par des traîtres.
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 441
c Avant de pénétrer dans Massenia les cavaliers se rangent
derrière nous. Les fusiliers de la garde du sultan sortent de la
ville et viennent dénier devant nous en agitant leurs armes et en
chantant sur un rythme bizarre : c La Allah illah Allah Moham-
med ressoul Allah. > Après cette brillante manifestation, on nous
invita à pénétrer dans la ville.
c J'avoue avoir éprouvé un peu de désillusion. Massenia res-
semble plutôt à un immense campement qu'à une capitale, les
maisons sont bien moins jolies et moins bien construites qu'à
Maïnheffa ou à Baleignéré : on dirait quelque chose de provisoire.
Gomme je faisais part de mon étonnement à quelques personnages
qui m'entouraient, on m'apprit qu'après la lutte soutenue contre
Rabah il y a cinq ans, on avait décidé d'abandonner ce point. Mais
peu à peu la sécurité étant revenue, on s'y réinstallait définitive-
ment. On avait déjà reconstruit une mosquée en briques sèches et
on allait refaire le palais du sultan, après quoi on rebâtirait toute
la ville.
t Nous traversons les ruelles bordées de nattes en paille tressée
et on nous conduit chez notre hôte le tchiroma, premier ministre
et précepteur du fils du sultan. Nous avons un logis très confor-
table où nous pouvons faire une toilette sommaire, après quoi on
vient nous prendre pour nous mener devant le palais du sultan,
qui forme un véritable village dans la ville.
c Entouré de palissades de tous côtés, on n'aperçoit que des toits
en forme de dômes en paille tressée très élégamment et se termi
nant par une pointe sur laquelle est enfilé un œuf d'autruche.
Nous nous arrêtons devant l'entrée principale et durant une heure,
tous un soleil de plomb, nous dûmes assister à un nouveau défilé
des troupes» et à des fantasias remarquablement exécutées. Les
femmes, exclues de ces cérémonies, contemplent les soldats derrière
les tapades en paille et manifestent leur enthousiasme par des
« you-you » perçants.
< Enfin la porte s'ouvre; le chef des esclaves, ayant derrière lui
une douzaine de serviteurs, s'avance vers nous, me revêt de deux
boubous, l'un bleu, l'autre blanc, et en donne un à Ahmed. Après
quoi on nous invite à nous retirer.
c 11 n'y a pas que chez les nations européennes que les grands
font faire antichambre. Nous rentrons donc chez nous prendre un
peu de repos que la chaleur du jour et les fatigues de la réception
rendaient indispensable, après qu'on nous eût prévenus que le sultan
nous recevrait le lendemain en audience publique.
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442 C0MPTE8 RENDUS DES SÉANCES.
c De bonne heure nous nous mettons en route. Comme j'étais
plutôt en assez piètre équipage, j'avais fait revêtir à Ahmed son plus
beau costume. Après une attente de dix minutes sur la place, on
nous introduit.
c Le sultan, installé dans un grand hall carré recouvert de dra-
peries multicolores, esta l'abri des regards indiscrets derrière une
natte. Devant le hall est une immense tente en poil de chameau
sous laquelle se tiennent assis les ministres et les notables. Avant
de prendre place à droite et à gauche du sultan, tous s'agenouillent
et mettent leur front à terre.
c Debout au milieu de ce monde, je présente mes compliments
au sultan, et ne désirant pas me compromettre, je lui lis expliquer
par Ahmed le but pacifique de notre mission et notre désir d'éta-
blir des relations commerciales avec le Baguirmi. 11 nous répon-
dit qu'il était heureux de nous recevoir chez lui et qu'il verrait
volontiers les Français trafiquer dans son pays.
c Nous nous retirons ensuite sans l'avoir vu. Dans l'après-midi
je voulus visiter la ville et je m'arrêtai au marché. Malheureuse-
ment l'heure des transactions importantes n'était pas arrivée, et
comme on me fit comprendre que l'envoyé d'un grand pays ne
pouvait, sans risque de compromettre sa dignité, se mêler ainsi
au vulgaire, je dus regagner mon logis. J'en avais cependant assez
vu pour me rendre compte qu'un Européen pouvait trouver là à peu
près tout ce dont il pouvait avoir besoin, tant au point de vue vivres
qu'au point de vue marchandises.
c Rentrés chez nous, nous recevons la visite de personnages im-
portants, de lettrés, et nous terminons la journée par une causerie
fort intéressante qui me permit de réunir de nombreux documents
géographiques, historiques et politiques sur le pays.
c Vers 6 heures du soir, 50 esclaves entrent chez nous et nous
offrent de la part du sultan des vivres de toute espèce, des frian-
dises de toute sorte. Gomme nous sommes trop peu nombreux
pour consommer le tout, nous nous attirons une grande popularité
en faisant distribuer notre superflu aux pauvres.
c Ce ne fut que dans la nuit du lendemain que le sultan Gaou-
rang me donna une audience privée. — Même au Baguirmi le
protocole a des exigences. M'étant informé si je pourrais m'asseoir
autrement qu'à terre en présence du sultan, il me fut répondu
que cela n'était pas possible. Je dus déclarer que si je ne devais
pas rester longtemps je consentais à rester debout, mais que si
l'audience se prolongeait je refusais, comme envoyé d'un grand
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J
SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOYEMBRE 1898. 443
pays, de m'asseoir par terre. On fut obligé d'en référer au sultan
qui très gracieusement m'invita à faire apporter un siège. Cette
concession, minime en apparence, nous valut d'être traités avec
une grande considération par tout l'entourage du m'bang.
c Nous quittons donc notre demeure vers une heure et demie du
matin pour nous acheminer vers le palais. Ahmed et mon domes-
tique m'accompagnaient.
c On nous fit pénétrer dans une série de cours renfermant de
nombreuses habitations garnies de sentinelles en armes. Après
quoi on nous introduisit près du sultan.
c Assis dans la même salle où il nous avait reçus en audience
publique sur une espèce de trône en bois recouvert de tapis très
épais, le sultan nous accueillit très cordialement.
c II était vêtu d'un pantalon en gros drap bleu soutaché de bro-
deries noires et de vêtements arabes très riches ; sa tète était
entourée d'un turban blanc brodé d'or. Auprès de lui, des parfums
brûlaient dans deux cassolettes en cuivre repoussé. La salle était
éclairée par la lumière d'une douzaine de bougies renfermées dans
des lanternes pliantes. Une vingtaine de sentinelles en armes se
tenaient derrière lui et, trouvant peut-être que c'était insuffisant, il
avait à portée de la main cinq fusils chargés.
t Si gracieux qu'ait été l'accueil, j'avoue avoir éprouvé durant
les premières minutes une certaine gêne qui se dissipa bientôt en
présence de la cordialité qui ne cessa de régner pendant cet entre-
tien.
c Agé de 32 ans le sultan Mohammed Abd er Rhaman Gaou-
rang avait un visage agréable quoique légèrement marqué par
la variole. Le peu d'exercice qu'il prend est cause qu'il est
affligé d'un certain embonpoint qui, suivant toute probabilité, ne
fera que s'accroître.
c Fils du sultan Abdel Khader qui régnait sur le Baguirmi
du temps de Barth, il a passé presque toute sa jeunesse au
Ouadat où il fit toutes ses études. Très instruit et très juste envers
son peuple, il est aimé de tous, d'autant que, pour couronner le
tout, il jouit parmi les siens d'une grande réputation de bravoure.
Enfermé dans Maïnheffa par Rabah il y a cinq ans, après cinq
mois de combats acharnés autour de la ville, sans vivres, il n'hésita
pas à se mettre à la tête des siens et après une lutte désespérée à
franchir la ligne des assiégeants, ce qui lui permit de se replier
sur Massenia sans être poursuivi.
c Notre causerie ne dura pas moins de une heure et demie et
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iU COMPTES RBNDDS DES SÉANCES.
roula sur la France, sur Crampe), sur Rabah, et sur la politique
générale à suivre. C'est de cette nuit-là que fut décidé en principe
la signature d'un traité entre le Baguirmi et la France.
c Notre séjour à Masscnia se prolongea quinze jours. Je revis le
sultan presque tous les jours, une fois en audience publique où
seul j'étais assis sur un tapis et les autres fois pendant la nuit.
Pendant les autres entrevues, il ne s'entourait plus du même luxe
de précautions. Nous finimes même par nous voir seul à seul, avec
Ahmed comme interprête et comme témoin.
c Outre cela, on sortait deux fois par semaine en grande pompe
et on allait faire une tournée aux environs. J'accompagnais natu-
rellement Gaourang dans toutes ses sorties et son grand plaisir
était de faire manœuvrer devant nous ses soldats.
c Je dus même céder à ses instances et faire parader devant lui
une vingtaine d'hommes que j'avais fait venir du vapeur. Nos Séné-
galais eurent un grand succès, moindre cependant que notre clairon
dont les notes vibrantes excitèrent l'enthousiasme général.
c Et cependant l'armée baguirmienne ne manquait pas de
musique. On comptait au moins une douzaine de tambours, des
flûtes, des trompes et un clairon provenant d un fabricant du fau-
bourg Poissonnière.
c On ne doit pas s'étonner de trouver en plein centre africain
de tels objets. 11 ne faut pas oublier que ces régions sont en com-
munication constante avec Tripoli, dont les caravanes approvision-
nent les marchés du Ouadaï et en proportion moindre du Baguirmi.
t La religion musulmane et la facilité des communications ont
introduit dans ces régious une civilisation relativement avancée.
On en est à ce point de vue au moyen âge. Les sultans du Ouadaï
et du Baguirmi en gens pratiques ont su éviter la grande féoda-
lité héréditaire, cause en Europe de tant de luttes sanglantes.
c Se méfiant de leurs proches ou des gens à qui leur naissance
donne une certaine influence, ils leur confient rarement des com-
mandements de régions. Us réservent presque toutes les fonctions
importantes à des esclaves de confiance, qu'ils peuvent révoquer à
volonté et qui n'ont pas le temps de se créer une popularité suf-
fisante dans les régions qu'ils administrent pour que leurs enfants
puissent leur succéder.
t Au point de vue religieux, la grande majorité du pays est
musulmane. La minorité des habitants seulement est lettrée et les
plus grands savants possèdent tout au plus la science enseignée
au vi* siècle à l'école d'Alexandrie.
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 445
c On trouve néanmoins quelques personnages qui ayant beau-
coup voyagé ont acquis des idées très larges et ne soot pas réfrac-
taires à l'introduction de certains perfectionnements de notre
civilisation. v
c 11 faut dire d'ailleurs que les Baguirmiens proprement dits,
conquérants du sol, ne sont musulmans que depuis un siècle
environ. Us ne paraissent pas être très fanatiques.
c Bien que les légendes baguirmiennes fassent remonter l'origine
de la race à quatre personnages venus du Yemen, il paraît plus
certain qu'ils descendent des tribus fétichistes établies au nord du
lac Fitri.
c Us vainquirent d'abord leurs voisins immédiats les Boulai a, et
unis à eux ils soumirent successivement les Foulbés installés près
de Massenia et les groupements arabes très nombreux fixés un
peu dans tous les territoires du Baguirmi actuel.
c Les vaincus payèrent tribut mais réussirent à donner leur
religion aux vainqueurs. Aujourd'hui Boulala, Foulbés et Arabes
forment la population baguirmienne.
c Les tribus arabes installées au Baguirmi sont assez nom-
breuses.
c Elles comprennent :
Les Hoalma, capitale Debabo, près de Moïto.
Daggana, capitale Massakouri, près du Tchad.
Khossam-Bahria, capitale Hadkan.
Allagué, capitale Allalgué, près de Mile.
Ouled-Hamed, capitale Mêla, entre Moïto et Massenia.
Ossala, capitale Bêchera.
Ouled-Daoud, capitale Ouelmammind, près d'Abou-Gher.
Mabred, à 1 jour de Baleignéré.
Am-Daoud, capitale Scheta, à 2 jours à l'est de Mafifaling.
Daagueri, près de Korbel ou Gamkoul.
c Tout ce monde vit groupé sous un gouvernement absolu. Les
Arabes et les Foulbés ont conservé leurs mœurs antiques, c'est-à-
dire qu'ils sont avant tout pasteurs et agriculteurs. Ils pratiquent
en grand l'élève du cheval, des bétes à cornes, des moutons et des
chèvres, voire même celle de l'autruche. Ils cultivent plusieurs
espèces de mil et dans les environs de Massenia du blé en petite
quantité presque exclusivement réservé à l'usage du sultan ; le riz
poussant à l'état sauvage est recueilli en grande quantité.
c Quant aux Baguirmiens proprement dits, ils cultivent aussi,
mais sont avant tout pécheurs, tisserands et teinturiers. Forgerons
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446 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
peu habiles ils se procurent surtout au Ouadaï les armes blanches
dont ils ont besoin.
c Quant aux teintures, à part l'indigo qui est cultivé dans la
région, elles proviennent presque toutes, entre autres le violet et
le vert, de la Tripolitaine.
c Les Baguirmiens fabriquent aussi des nattes fort belles et de
* la sparterie très élégante. Les bandes de coton avec lesquelles on
fait les tuniques servent de monnaies d'échange. Bien que le
thaler de Marie-Thérèse ait cours dans le pays, surtout pour les
transactions qui st font avec les Tripolitains, la véritable unité
monétaire est l'esclave.
« II est rare cependant quand on fait un marché qu'on se défasse
d'un esclave qu'on possède depuis longtemps. 11 fait plutôt partie
de la famille et est considéré à l'égal des clients de l'ancienne Rome.
c Quant aux esclaves qui sont achetés ou vendus, ils proviennent
des razzias auxquelles se livrent annuellement les musulmans
contre les tribus païennes du sud.
c Celles qui sont en contact immédiat préfèrent, pour éviter la
ruine et la désolation qui sont la conséquence de ces expéditions,
se soumettre et payer à leurs oppresseurs un impôt en esclaves
dont le nombre ne dépasse généralement pas cent par année et
par groupement.
c Ils en sont quittes, afin de se les procurer, pour envahir les
contrées voisines auxquelles ils tâchent d'imposer à leur tour une
redevance fixe*
c On conçoit tout ce que ce système a d'odieux et quelle grande
lâche humanitaire nous est encore réservée. Nous avons toujours
été les pionniers de la civilisation. Je suis sûr, malgré les tristesses
de l'heure présente, que notre gouvernement, ayant pour lui l'opi-
nion de la France entière, saura maintenir malgré tout les glo-
rieuses traditions de notre passé et accomplir, dans ces régions
dévolues à notre influence, l'œuvre de civilisation et de progrès
qu'on est en droit d'attendre d'un grand pays.
t Ne voulant pas abuser de vos instants, je suis forcé de glisser
sur beaucoup de détails fort intéressants. Je ne voudrais cepen-
dant pas quitter celte étude sans entrer dans quelques détails sur
le gouvernement du Baguirmi.
c A la tète du pays se trouve le sultan Mohammed Abd el Rha-
man Gaourang.
c 11 a pour le seconder des ministres et des gouverneurs de
province.
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898.
447
c La sultane mère de l'héritier du trône possède le grade le
plus important ; on l'appelle maguira, mais elle délègue ses pou-
voirs à un homme qui perçoit l'impôt en son nom cl qui en con-
serve sa part.
c Le fils du sultan vient ensuite, il a le titre de tchiroma. C'est
un ministre qui remplit ses fonctions jusqu'à sa majorité. Ce
ministre s'appelle kade tchiroma. Il a sous ses ordres un adjama,
un guéma et un djerma.
M. E. Gentil et Ali fa Ba sur les rives du Chari.
c Le guéma s'occupe, à l'époque où on bat le grain, de faire
rentrer l'impôt qui se compose de 30 mesures de grain, un mou-
ton et un boubou par village. Il remplace le tchiroma dans les
razzias et partages on butin en trois parts égales, dont une est pour
lui, une pour le kade tchiroma et l'autre pour le fils du sultan.
c Le djerma perçoit l'impôt chez les Arabes, il a pour l'assister
quatre kassoua.
c En plus de ces impôts annuels, le pays entier fournit 1,000 tu-
niques blanches ou bleues tous les trois ans.
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US COMPTES RENDUS DBS SÉANCES.
c Dans les pays païens soumis on envoie une espèce de résident,
chargé de ramasser des esclaves.
c Ces résidents sont placés sous la direction des ministres dont
la nomenclature est longue. Je les cite par ordre d'importance:
c Le garmourba, le guardaba et le garkolou.
c Après eux viennent:
c Le gualadmia, qui donne l'investiture aux chefs de région au
nom du sultan;
c Le garmoïmanga, qui a la prérogative peu enviable d'épouser
la première fille du sultan. Je dis peu enviable car les sœurs ou
les filles du souverain, aussi bien du Baguirmi que du Ouadaf, ont le
droit d'aimer qui bon leur semble;
t Le garbirkedé et le milléma terminent la liste des ministres.
a Outre ceux-là, on convoque aussi en conseil les quatre chefs de
razzia, dont les titres sont m'baroma, fatscha, guermané et kiréma,
ainsi que les deux plus importants gouverneurs de province Alifa
Moïto, et Alifa Ba ou chef des eaux.
* La liste des principaux personnages est close par le naïb ou
chef de la police.
c On voit d'après cela qu'on se trouve en présence d'une organi-
sation très réelle, dont il faudra se servir lorsque nous nous instal-
lerons définitivement dans le pays. Nous devrons nous efforcer de
limiter et d'éteindre peu à peu l'esclavage dans les régions féti-
chistes en nous y établissant, et en gouvernant nous-mêmes. Quant
aux régions entamées par l'Islam, nous devrons y maintenir le
principe d'autorité actuellement existant, et nous servir des chefs
craints et respectés dans le pays pour être nos plus utiles auxiliaires.
c Je n'insisterai pas davantage sur le Baguirmi, bien que j'eusse
eneore beaucoup à en dire. Je reviens à notre séjour à Massenia.
c Comblé d'attentions et de soins par l'entourage de Gaourang,
Je ne perdais pas de vue l'objectif de mon voyage et dans une des
dernières entrevues que j'eus avec le sultan, je lui exprimai mon
désir de pousser jusqu'au Tchad.
c H me dit que mon projet n'était pas réalisable; que c'était
folie pure avec si peu de monde de s'aventurer dans un pays occupé
par Rabah; que je ne devais pas oublier qu'il avait tué Crampe I,
et que pareil sort nous attendait infailliblement.
c II est certain qu'en parlant ainsi, il était sincère, mais il est
fort probable que la crainte de nous voir nouer des relations avec
Rabah entrait pour quelque chose dans ses préoccupations.
c Aussi je lui demandai pour le rassurer de vouloir bien me confier
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SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 449
deux hommes, dan» lesquels il avait confiance, pour nous servir de
guides. J'ajoutai qu'étant si près du Tchad, personne dans mon pays
ne comprendrait que nous nous arrêtions en route ; que, d'ailleurs,
les Français ne craignaient personne.
c Gaourang était jeune; il consentit à notre départ et nous adjoi-
gnit deux hommes remarquables, l'un l'aguid Mondo, son propre
beau-frèrè, et l'autre Youssef, qui avait navigué longtemps sur le
Ghari et sur le Tchad.
c La terreur inspirée par Rabah était telle que nous grandîmes
de cent coudées dans l'estime publique ; mais notre projet fut con-
sidéré par tous comme irréalisable.
Nous fîmes toutes les provisions nécessaires. On tua des bœufs
dont on fit boucaner la viande, on embarqua du bois pour trois jours
et 20 villages, réquisitionnés par ordre du sultan, nous fournirent
de l'huile de poisson, d'arachides et d'hadjilidj nécessaire au
lubréfiage de la machine.
c Nous redescendons le Bahr Erguieg en cinq heures; les eaux
avaient monté, aussi ne sommes-nous plus gênés par les herbes.
Nous passons une journée chez Aiifa Ba, ou chef de la rivière, qui
nous lit mille recommandations de prudence. Nous dûmes y rece-
voir une masse de gens qui nous racontèrent des légendes plus ou
moins fantaisistes sur le Tchad. Les uns nous disaient qu'au centre
du lac se trouvait un tourbillon immense engloutissant toutes les
pirogues qui s'aventuraient de ce côté. D'autres nous parlaient des
Bouddouma, ou pirates du Tchad, et nous disaient qu'ils possédaient
des bœufs aux cornes longues de près de 2 mètres.
c Enfin nous sommes prêts et nous partons pour Bougoman,
jadis cité importante sur la rive gauche du Ghari, entourée de for-
tifications; elle fut détruite de fond en comble par Rabah.
c Ses habitants se réinstallèrent sur la rive droite, mais, craignant
pour leur sécurité, ils ne bâtirent que des cases légères et peu
confortables. Nous restons un jour à Bougoman. Un soldat déser-
teur de Rabah nous raconte que les gens de Koussouri, las des
étoffes du pays, nous attendent pour s'emparer de nos tissus larges
et de nos armes.
c On se met en route le lendemain à 5 h. 30 du matin, très bien
pilotés par notre guide Youssef qui nous signale les noms des vil-
lages situés sur le Ghari. La rive gauche est déserte, tous ses
habitants se sont établis sur la rive droite. Successivement défi-
lent à nos yeux les villages de Balamassa, Kouldji, Àssa, Darda,
Maïdara, Oddio, Mile, où Barth traversa le fleuve Mourgou, Madba,
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450 COMPTES RENDUS DB8 SEANCES.
Dialabé, Klessem. Presque tous sont des bourgades bien déchues;
les habitants, ne s'y sentant pas en sécurité, n'osent pas se livrer
aux travaux agricoles qui leur donnaient jadis la richesse.
c Le fleuve Chari, tout en diminuant de largeur, est cependant
toujours majestueux, car il n'a pas moins de 3,000 mètres; son cou-
rant augmente peu à peu ; à 1 h. 30 nous nous trouvons en face
du Logone presque aussi large que le Chari; nous sommes empoi-
gnés par la splendeur de cette vaste nappe liquide.
c Sur la rive gauche du Logone se dresse la grande ville for-
tifiée de Koussouri. Les murailles, épaisses et hautes, s'étendent sur
un front de près de 4,000 métrés. Dépassant les murailles, des mai-
sons bien construites s'élèvent dont plusieurs sont à étage. Kous-
souri renferme environ 12,000 habitants. Rabah y a installé une
garnison nombreuse, ce qui lui permet de commander le pays.
c Sur les rives on ne voit personne. A la prière de Youssef nous
faisons marcher le sifflet de la chaudière, mais aucune embarcation
ne se détache de la berge. Nous continuons donc notre route. Peu
à peu les lies réapparaissent. Des villages nombreux que nous
notons sur la carte que nous dressons apparaissent à nos yeux.
Nous sommes en fece de Padji. Le fleuve immense se divise de
nouveau en deux bras presque d'égale largeur. Celui de gauche
conduit à Makaré, sur les eaux libres du Tchad. Celui de droite,
dans lequel nous nous engageons, nous conduit à Mara, important
centre de pêche. Mara renferme 5 ou 6,000 habitants. Les énormes
pirogues aux extrémités relevées n'ont pas moins de 20 mètres de
longueur sur 2 mètres de largeur. Construites en planches jointes
au moyen de petites cordes, ou assure leur étanchéité relative
avec de la paille tressée.
c En réalité il n'y a plus de fleuve, rien que des îles. Nous som-
mes dans le delta du Tchad. Nous arrivons bientôt en face de
Goulfeï, que nous longeons sans nous arrêter. Nous mettons
dix minutes à franchir le front de murailles qui s'étend le long
du fleuve. La ville, presque aussi importante que Koussouri, est
célèbre par son industrie. Les habitants n'ont point de rivaux pour
la teinture et le tissage. C'est un centre commercial très important.
Nous marchons encore une heure et demie et nous allons mouiller
au village d'AUarada. Youssef prend des informations, on lui apprend
que les garnisons de Koussouri et de Goulfeï se sont repliées sur
Dikoa à trois jours de marche vers l'ouest, où elles ont rejoint
Rabah. Tout le monde est heureux de notre arrivée. 11 leur semble
que nous venons les délivrer du joug qui pèse sur eux si durement.
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U
SÉANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898. 451
Aussi oo nous apporte du r», du blé et des vivres tellement que
nous sommes obligés d'en refuser* Personne ne veut de rémuné-
ration.
c Ce bon accueil montre combien Rabah est détesté par des
populations jadis soumises au Baguirmi, à présent opprimées par
le conquérant soudanais.
c Très touchés de la sympathie qu'on nous témoigne, nous appa-
reillons le lendemain de bonne heure. Nous voguons au milieu d'un
dédale de canaux, d'îles, de bras, tous aboutissant à la nappe
franche du Tchad. On compte au moins onze de ces artères, for-
mant des lies très grandes sur lesquelles s'élèvent des centres, tels
que Goulfeî, Gana, Sawé, et la place importante de Ghaouï. Nous
nous arrêtons à Hoboro, où, grâce à Youssef, nous obtenons un pi-
lote qui nous renseigne sur le pays. A partir de Ghaouï les joncs
et les papyrus commencent. Nous tombons sur une flottille de pê-
cheurs qui, installés à cheval sur un paquet de joncs, se livraient à
la pèche au fllet, au beau milieu du fleuve. Nous laissons encore
quelques canaux à droite et à gauche, dont l'un a été creusé par les
Ouoberri, peuplade originaire des lies du lac Tchad, et nous arri-
vons enfin au terme de notre voyage.
c Les eaux libres du Tchad s'offraient à nos regards émerveillés.
Tous nous contemplions cette belle nappe liquide s'étendant à perte
de vue avec un sentiment de joie profonde. L'un de nos marins,
indigène gabonais, se croyant sur la mer, se jette à l'eau et la goûte.
Il était tout stupéfait de constater qu'elle était douce. Une bonne
brise soufflait formant un clapotis sérieux. Nous mouillons pour
faire des observations, et aussi pour goûter dans toute leur pléni-
tude la jouissance intense et l'émotion profonde qui s'étaient
emparées de nous.
c Nous fûmes bientôt distraits de nos préoccupations par l'ar-
rivée subite d'une flottille de pirogues de Bouddouma ou pirates du
Tchad. Saisis de stupeur à notre vue, ils disparaissent rapidement
dans les lies où ils se réfugient, abandonnant une partie de leurs
embarcations, ce qui nous permit de les voir de près.
c Une baguette en bois recourbée sert de carcasse à la pirogue.
Le fond très épais et les bordages sont constitués par des paquets
de joncs très bien tressés. Gomme le fond est au-dessus de la flot-
taison, la pirogue est absolument étanche.
c Ges Bouddouma habitent des lies dans l'intérieur du Tchad.
Bien que leur principale occupation soit la pêche et la récolte du
natron, très abondant dans le lac, ils font aussi l'élevage des bes-
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452 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
tiaux. Craints et redoutés par les habitants de la terre ferme, qu'ils
pillent toutes les fois qu'ils le peuvent, ils n'ont jamais pu être
soumis ni par Les Bornouans ni par les Baguirmiens.
c Les insulaires du Tchad forment deux groupes distincts, bien
que parlant la même langue : les Kouri habitant Test, du côté de
N'Gigima, et les Bouddouma.
c Le trop plein de ces populations insulaires s'est naturelle-
ment répandu le long des rives du Chari où il s'est mélangé avec
les premiers habitants. On dit que ce sont eux qui ont fondé la
ville de Koussouri.
c Nous devons tous ces renseignements à notre jeune pilote de
Hoboro qui avait été fait prisonnier par les Bouddouma, qui l'avaient
rendu à la liberté moyennant une rançon de 100 thalaris.
< Et maintenant qu'allions-nous faire ? Notre but était atteint.
Mais n'était-ce pas une tentation bien forte pour des voyageurs que
de se lancer à l'aventure sur cette mer intérieure ? Nous y cédons
un moment et, longeant la rive, nous nous dirigeons vers l'est dans
la direction de Hadjer el Hamis ou Pierre du Jeudi.
t C'est un sommet assez peu élevé, dont une moitié plonge dans
les eaux du lac, et un lieu de pèlerinage célèbre.
c Le fleuve Chari, en se déversant dans le Tchad, forme à l'entrée
des bancs qui s'étendent sur une zone de 1,000 mètres environ. On
peut prévoir que, peu à peu, dé nouvelles lies se formeront là et
que des passes nouvelles s'établiront entre elles. Une fois cette
zone de banes franchie, on est en eau très profonde : le Tchad est
donc navigable. C'était ce qu'il importait avant tout de savoir.
c Si loin que la vue s'étendait, on n'apercevait plus aucun arbre
sur les îles de la rive. M'étant informé si nous pouvions trouver du
bois, notre pilote me dit qu'il n'y en avait qu'au Kanem.
c Plus de bois, c'était l'impossibilité de continuer; on aurait pu
revenir en arrière, créer un poste à bois, y déposer tout notre ma-
tériel et embarquer du combustible dans les deux baleinières et
sur le vapeur. Mais nous étions cinquante en tout. Devions-nous
laisser une vingtaine d'hommes en arrière, les exposer à être ma-
sacrés et compromettre les résultats acquis? Je ne le pensais pas,
et ce fut aussi l'opinion de mes collaborateurs. .
c D'autre part, nous commencions à être à court de marchan-
dises; il ne nous aurait pas été possible de faire bonne figure au
Kanem, et nous avions encore de nombreux cadeaux à faire au
Baguirmi.
c Le lendemain donc de cette journée mémorable du 1er novembre
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SEANCE SOLENNELLE DU 18 NOVEMBRE 1898.
453
1897, à regret je donnai Tordre du retour. Nous renouvelons noire
provision de bois dès que nous le pouvons, et nous appareillons.
Notre montée du fleuve fut une véritable fêle. A Goulfeï, où nous
nous arrêtons une heure, une foule de plusieurs milliers de per-
sonnes se tenaient sur les rives. A notre approche, un cri immense
ressemblant à une plainte prolongée se fit entendre. On nous
saluait par la fatiha. Tout ce monde recueilli se rapprochait de
nous, nous jeta de force des cadeaux à bord, certains se conten-
taient de toucher les flancs du navire et s'en retournaient en
disant : c Enfin nous les avons vus. > Pauvres gens, ils ne devaient
Le Léon Blot sur le Tchad.
pas tarder à payer cher l'accueil qu'ils nous avaient fait. Dès notre
retour au Baguirmi, nous apprenions que, pour les punir, on les
avait razziés impitoyablement. Rabab se vengeait ainsi, sur des
faibles, de la terreur qu'il avait éprouvée en apprenant l'arrivée des
frères de Grampel.
c Je ne m'étendrai pas davantage sur ce retour. Je voudrais néan-
moins ne pas quitter le peuple de Goulfeï sans en dire quelques mots.
c Le fond de la population, connue sous le nom de Kotoko,
comprend douze groupes différents dont les plus importants sont
les Ouled-Mokader qui introduisirent l'Islam dans le pays. Les
Kotoko adoraient primitivement un serpent.
soc. de GÉOGi.—c.i.DBS séances.— n* 9.— Décembre. 32
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454 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c On désigne peut-être à tort les gens du Goulfeï sous le nom de
Kotoko; les Makari prétendent être les vrais Kotoko; ils^nt
une langue à part.
c En mentionnant les Massa ou Mousgou, habitant la zone com-
prise entre le Logone et le Chari, j'aurai fait la nomenclature à peu
près complète des diverses races ou tribus que nous avons
visitées.
c Je n'ai plus qu'à vous parler rapidement de notre dernière
entrevue avec les Baguirmiens, et j'aurai terminé. Accueillis à
Maïnheffa avec Ja plus grande cordialité, nous laissons au sultan
quelques fusils et deux Sénégalais, lui promettant de lui en
renvoyer d'autres, ainsi qu'un résident européen.
c Nous remportions avec nous un traité de commerce et de pro-
tectorat signé et commenté par Gaourang. Nous ramenions avec
nous une ambassade pour la France. Nous avions reconnu tout
le bassin du Chari depuis 7° 1' latitude nord et 17° il' de longi-
tude jusqu'au Tchad par 13° 3' nord et 11° 58' est. Nous avions
relevé l'embouchure de quatre affluents très importants, le Bangoran,
l'Awak et le Bahr-es-Salamat sur la rive droite, et le Bahr-Sara
sur la rive gauche. Notre guide Youssef nous dit que celte dernière
rivière lui avait permis d'aller en pirogue jusqu'au lac Tuburi.
c Respectueux des traités conclus avec les nations étrangères,
nous n'avions opéré que sur des territoires dévolus à notre sphère
d'influence.
c Le 15 décembre 1897, nous étions de retour au Gribingui sans
incident. Pendant que nous opérions au Tchad, le jeune Prins était
chez Snoussi. Il revint sur ma demande, ayant accompli sa dange-
reuse mission avec succès. Cela me permit d'aborder définitivement
avec ce dernier la question Crampel. Snoussi nous écrivit que
Crampel avait bien été tué chez lui, mais que c'était sur l'ordre de
Rabah que le crime avait été commis, que lui, Snoussi, avait eu
beaucoup à souffrir de la part de Rabah, et que, Baguirmien de
naissance et parent du sultan Gaourang, il était tout disposé à
former avec ce dernier un groupement sous notre protection. Il me
donna aussi des ambassadeurs pour la France et, le 12 mars, je
pouvais regagner la France avec Ahmed et de Mostuéjouls.
c Prins était parti depuis quelques jours en baleinière avec
12 Sénégalais et des Baguirmiens, pour regagner Massénia où il
devait résider.
c Huntzbûchler et de Rovira restaient au Gribingui pour y at-
tendre des remplaçants.
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 455
c Les dernières nouvelles reçues de ces régions nous apprennent,
par l'intermédiaire de M. Bonnel de Mézières, que Rabah a envahi
le Baguirmi. Le sultan Gaourang, après avoir brûlé sa capitale,
s'est replié près de Korbal chez les Boa, par 10° 15' lat. nord, où i)
se trouve avec Prins, et une partie de la mission commerciale de
Béhagle, transportée là au moyen de notre vapeur.
c J'espère que, bientôt, M. Bretonnet avec ses renforts, les aura
rejoints, et pourra assurer à nos protégés baguirmiens que la
France sait tenir ses engagements. >
La relation de M. Emile Gentil a été fréquemment interrompue
par les applaudissements enthousiastes de l'assistance. Le voya-
geur a ensuite accompagné des explications nécessaires une série
de projections se rapportant i son expédition. Puis M. Merwart,
chef adjoint du cabinet du Ministre des Colonies, s'est fait l'inter-
prète de M. Guillain, en adressant à l'explorateur du Tchad l'ex-
pression de son admiration pour l'œuvre accomplie.
Enfin M. Mil ne-Edwards a clos la séance en ces termes :
t Monsieur Gentil,
c Votre attachant récit nous confirme dans la pensée que nous
vous devons beaucoup ; la Société de Géographie ne peut que
vous remercier, mais elle le fait chaleureusement et elle vous est
reconnaissante de tout ce que vous avez réalisé pour le pays qui
lui est si cher et pour la science à laquelle elle s'est vouée.
c Je remercie au nom de notre Société M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique, M. le Ministre de la Marine et M. le Ministre des
Colonies d'avoir bien voulu se faire représenter à cette séance. >
Béetzxces cLe décembre
La Société de Géographie a tenu deux séances au mois de dé-
cembre.
Le vendredi 9 décembre, la Commission centrale s'est réunie en
séance publique sous la présidence de M. Le Myre de Vilers, son
président. Elle a entendu M. le capitaine du génie E. Salesses sur
le chemin de fer de Conakry au Niger navigable.
Le vendredi 23 déeembre a eu lieu la deuxième assemblée gêné-
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456 COMPTES RENDU8 DE8 8ÉANCBS.
raie de la Société pour Tannée 1898. M. Milne-Edwards, Président
de la Société de Géographie, a présidé cette réunion dans laquelle
M. le baron Hulot, secrétaire général, a résumé le mouvement
géographique de Tannée, et M. de Bonehamps a raconté son voyage
d'Entotto vers le Nil par le Sobat.
Ultérieurement, il sera rendu compte de ces deux séances avec
plus de détails.
NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
ASIE
c««e*sie. — Ascensions de M. Maurice de Déchy dans la
chaîne Pirikitélienne et les Alpes de Kher sourie. — M. Maurice
de Déchy, membre correspondant de la Société, a entrepris en
1897 un voyage d'exploration dans les hautes montagnes du Cau-
case avec Tiutention d'y poursuivre sur les glaciers des recherches
qu'il a commencées depuis nombre d'années déjà (cf. Comptes
rendus, 17 février 1888, p. 129).
Accompagné de deux montagnards du Tyrol, Moser et Kroll,
M. de Déchy commença par explorer dans Test du Caucase la
chaîne Pirikitélienne. Il visita et observa les glaciers qui se
trouvent dans les vallées latérales, tributaires de TArgoun, et
réussit à escalader le plus haut sommet de la chaîne, le Datakh-
Kort (4,272 m.). 11 franchit également la chaîne Pirikitélienne par
un col haut de 3,550 mètres, le Katchoulam, auquel il arriva par
le glacier Katchou, qui est le glacier le plus considérable situé
au nord de la chaîne; de là il descendit vers le sud dans la vallée
de TAlasan, dont l'aspect contraste avec celui du versant septen-
trional; au nord, c'est une riche végétation et des forêts couvrent
les pentes des montagnes, tandis qu'au sud est la vallée nue, pier-
reuse et sans arbres de TAlasan. C'est par là que M. de Déchy
gagna le col d'Adzunta (environ 3,550 m. d'alt.) par lequel il par-
vint dans les Alpes de la Khersourie.
Ce système montagneux est habité par un peuple très sauvage,
à demi chrétien, les Khersoures, que M. Maurice de Déchy a pu
étudier en escaladant, non sans de grandes difficultés, les Alpes
de Khersourie. A en croire le Dr Radde, le célèbre explorateur du
Caucase, la partie élevée de cette région n'avait encore été foulée
par le pied d'aucun voyageur européen, et était demeurée une
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SÉANCES DBS 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 457
véritable terra incognito; M. de Déchy est parvenu à franchir
d'est en ouest, dans cette contrée, une série de cols très élevés :
Anatoris-Gele (1) (environ 2,600 m.), Kalatoris-Gele (environ
3,150 m.), Chibou-Gele (environ 3,450 m.) et Inkwari-Gele
(environ 3,500 m.). Le pays est formé par des argiles schisteuses,
il est aride; les glaciers n'y sont pas très développés par suite du
relief même des montagnes, et de la raideur des pentes, qui ne
Caucase de l'est, ehaîne Pirikitélienne.
Région des névés du glacier de Katchou avec le sommet du Dalakh-Kort.
favorisent pas les grands amas de neige, bien que l'altitude des
sommets atteigne 4,200 à 4,400 mètres.
M. de Déchy escalada enfin, depuis le glacier Ortzvé ri, le sommet
du mont Kasbek, haut de 5,043 mètres. 11 fit cette ascension avec
ses seuls guides du Tyrol (sans l'assistance des porteurs et des
chasseurs indigènes, qui les quittèrent au glacier), en dépit du
mauvais état de la neige et d'une tourmente de neige qui rendit
l'escalade plus difficile encore.
De cette exploration, M. de Déchy a rapporté des collections
géologiques et botaniques, ainsi qu'un ensemble important de
(1) Gelé veut dire col.
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458 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
photographies qui représentent pour la première fois les hautes
régions de la chaîne Pirikitélienne et des Alpes de Khersourie.
Ainsi se complète la série de photographies déjà recueillies par
M. de Déchy, et qui doivent servir à constituer une illustration
scientifique détaillée des systèmes montagneux des hautes régions
du Caucase.
En 1898, M. Maurice de Déchy a entrepris un nouveau voyage
dans les montagnes et les glaciers situés aux sources du Kouban.
On peut attendre beaucoup de cette expédition dans laquelle
l'explorateur était accompagné du Dr Papp, géologue, du profes-
seur Hollos, assistant à l'université de Budapest, botaniste, et d'un
guide du Tyrol.
Aaie centrale. — Expédition danoise du lieutenant 0. Oluf-
$en. — Chorock, le 5 novembre 1898. — t L'expédition danoise a
exploré aux mois d'août et septembre et dressé des cartes spé-
ciales des lacs Yachil-koul, Bouloun-koul, Tous-koul et des deux
lacs situés à proximité du col de Ghargasch. Vers le milieu, du
côté septentrional du Yachil-koul, près de l'embouchure du
fleuve Mardjanaj, nous avons déterminé un point astronomique
(lat. 37°47'50",9; long. 72*51'33"). La hauteur du lac au-dessus
de la mer est de 3,698 mètres, son circuit est d'environ 60 kilo-
mètres, sa plus grande largeur de 6 kilomètres et sa longueur
d'environ 24 kilomètres. Le lac est entouré de montagnes cou-
vertes de neige, très difficiles à escalader. De ces montagnes se
précipitent avec violence dans le lac des petits fleuves, dont les
bords sont couverts de broussailles et de petits saules. Nos sondes
et nos explorations du fond du lac ont donné 40 mètres comme pro-
fondeur maxima ; le fond se compose de granit et d'ardoise argi-
leuse décomposée, amenée par la rivière d'Alitchour, qui traverse
le Yachil-koul. Prés de ce lac, nous avons trouvé 30 sources, les
unes assez importantes, d'autres moindres, d'eaux chaudes sulfu-
reuses avec une température variant entre 19° C. et 74° G.
c Au bord du Yachil-koul se trouvait, dans une vieille forteresse
chinoise, une grande pierre de granit avec des décorations chi-
noises.
c Bouloun-koul est un lac assez petit, situé à 3 kilomètres
au sud-est du Yachil-koul, et en communication avec lui par une
petite rivière. Son circuit est d'environ 15 kilomètres; comme le
Yachil-koul il est entouré de montagnes hautes et couvertes de
neige; aucun arbre. Son altitude est de 3,760 mètres, sa plus
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 459
grande profondeur est seulement de 2 mètres et le fond est cou-
vert de Myriophyllum, Ceratophyllum, Potamogeton. Dans ces
deux lacs il y a beaucoup de carpes. Les plus grandes espèces
d'animaux des environs sont Tours, le loup, le kyjik (une espèce
de mouflon); comme espèces d'oiseaux, on trouve l'aigle, l'oie, le
canard, la mouette, la sterne et la bécassine.
c Tous-koul (lac du sel) est un lac très petit situé à 10 kilomètres
au nord-est du Bouloun-koul, dont les bords sont couverts de sel
et sans végétation. Son altitude est de 3,805 mètres. Sur ses bords
se trouve une sorte de volcan de boue.
c Tous ces lacs ont été plus grands, et ont dû faire autrefois
partie d'une même nappe lacustre.
c Les deux lacs situés prés du col de Ghargasch sont entourés
de moraines de glaciers. Leur circuit est d'environ 20 kilomètres ;
leur hauteur au-dessus de la mer est 4,240 mètres.
c De ces lacs du Pamir, en nous dirigeant à l'est, nous avons tra-
versé les provinces Vakhan et Ichkachem : à présent nous sommes
arrêtés dans un petit village Gborock (peuplé d'environ 200 Tadjiks)
situé près du confluent du Gound avec le fleuve Pândj, par environ
37#32'42" lai. et environ 71#37;35" long. Gr. La hauteur de la sta-
tion est d'à peu près 2,600 mètres au-dessus de la mer. Dans le
Vakhan nous avons trouvé beaucoup de ruines des forteresses des
Siapoch (Kafir), situées sur des montagnes très hautes et difficiles
à gravir; l'ensemble des murs et des tours d'une de ces forte-
resses, à 600 mètres au-dessus du fleuve Pândj, constitue un
circuit de 12 kilomètres. Suivant les racontars des indigènes, les
Siaposch (Kafir) ont possédé la vallée du fleuve Pânj depuis le
village Langerkoch jusqu'à Ichkachem. Dans le Vakhan nous avons
trouvé deux sources chaudes avec temp. 44%5 G. et 30%4 G.
c Au cours d'une excursion, que j'ai faite avec le botaniste de l'ex-
pédition dans les montagnes compliquées et tout à fait inconnues du
Pamir du sud-ouest, nous avons trouvé 8 villages grands et petits,
dont les habitants vivent sans communications avec le monde qui
les entoure. Là jaillissent déterre des sources chaudes sulfureuses,
à une hauteur de 12 à 30 mètres. Le terrain autour de ces
sources ressemble à celui du Yollowstone Park. Les sources elles-
mêmes sont pour les indigènes un sanctuaire et beaucoup d'entre
eux viennent chaque jour se baigner dans les bassins.
c Actuellement nous aménageons notre station pour l'hiver; la
température est encore favorable : dans l'après-midi + 8°G.; pendant
la nuit — 5* à — 7* C. II neige souvent dans les hautes montagnes
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460 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
à environ 200 mètres au-dessus de nous; mais il est probable
que la neige ne vient pas ici avant le mois de décembre.
c 0. Olufsen. >
AFRIQUE
sahara. — Voyage de M. F. Four eau, — M. le lieutenant de
Chambrun annonce que la mission Foureau a quitté Timassanin
le 26 novembre dernier. Les nouvelles adressées à la Société par
le chef de mission sont aussi satisfaisantes que possible. M. du
Passage, qui a quitté M. Foureau à Timassanin, confirme cette
information et rentrera à Paris dans les premiers jours de janvier.
soadaa Français. — Nouvelles de la mission du Soudan. —
M. Emile Baillaud, chargé de mission du Ministre des Colonies
au Soudan, écrit de Lisbonne le 21 novembre 1898 qu'il a rejoint
dans cette ville les membres de la mission du Soudan.
c Ils vont se diviser en deux grands groupes : ceux qui vont
aller vers la région du sud (Caoutchouc), et ceux de la région du
nord (Coton).
c Pour moi, je me propose d'aller étudier la situation actuelle
du Soudan, c'est-à-dire ses rapports avec les contrées voisines.
c J'irai d'abord au nord, où je serai en contact à Tombouctou
avec les commerçants du littoral méditerranéen. De là, je me ren-
drai par le Mossi (où je me mettrai en rapport avec les commerçants
du Sokoto) dans les Rivières du Sud, où je serai en relation avec les
commerçants de la Côte d'Ivoire; puis je rejoindrai par le Niger
la route de Guinée. Le général de Trentinian m'a autorisé à pro-
fiter des mêmes avantages de transports et de subsistance que sa
mission et j'en rejoindrai successivement les deux parties. >
Congo français. — Mission Julien. — M. le capitaine Julien a
quitté le Sénégal après y avoir recruté les tirailleurs auxiliaires
de sa mission, et s'est rendu à Brazzaville pour s'y mettre à la
disposition de M. Dolisie, lieutenant-gouverneur du Congo français.
jtfaat-oafeanffai. — Mission Bretonne t. — Le capitaine Bre-
tonnet est parti, dans de bonnes conditions matérielles, pour con-
tinuer l'œuvre de M. Gentil dans le bassin du Tchad.
Lettre de M. de Béhagle. — « Gribingui, 10 août 1898. — Je
suis dans le bief supérieur de l'Oubangui depuis la fin février,
c Ma vie y a été assez occupée.
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SÉANCE8 DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 461
c Deux fois employé avec mon monde à la répression des Bon-
jios qui tiennent Bangui en état de siège, j'ai pu mesurer la valeur
de mon personnel et j'en suis satisfait.
c En quittant Bangui, j'ai pris la route de terre pendant que
Mercuri et le convoi suivaient la rivière. J'ai ainsi fait pour la
première fois le chemin de Bangui aux Ouaddas, sans grandes dé-
couvertes du reste.
c Les Bonjios ne s'étendent pas à l'intérieur, de ce côté du moins.
A 20 ou 30 kilomètres de l'Oubangui se trouve la tribu Ndrie1, telle
que Dybowski et Maistre l'ont décrite. Je ne signale donc que des
noms nouveaux, les Mbagbas, les Banda, les Badda, etc.
c Après un voyage très rapide à Mobaye où je voulais saluer M. Lio-
tard, je sais redescendu à la mission catholique de Bessou, où j'ai
passé une nuit en conférence avec Gentil qui partait le lendemain.
c Je me mis en route le jour suivant pour Krébedjé, poste au ter-
minus de la navigation de la Toumi (Tomi), où Mercuri m'attendait...
c Pendant que Mercuri allait aux sources de la Toumi, je des-
cendis au confluent de la Kemo, que je levai avec observations à
l'embouchure et au confluent de la Toumi.
c Ces deux rivières ont exactement môme largeur, la Toumi a
un courant sensiblement plus rapide, ce qui a fait dire à bien des
personnes qu'elle était peut-être la branche principale;
c Je crois qu'il n'en est rien. J'ai pris des coupes des deux
rivières et mesuré leurs vitesses : le débit de la Kemo est d'un tiers
plus considérable.
c Dix jours de fièvre m'ont forcé à hâter mes opérations. Je suis
monté sur la crête du Caga Mourrou, chaîne de collines parallèles
à la Kemo, et je l'ai suivie dans sa direction sud-nord jusqu'à la
rencontre de la Kemo, par 6° 10' N.
c A ce point la rivière, dont j'ai touché les rives plusieurs fois
par jour, tourne à l'est et traverse le territoire des Mbis pour
prendre ses sources, me dit-on, chez les Ngama-Ngama.
c Son coude au sud est déterminé par deux levées importantes :
le Caga Manda Barré et Je Caga Mourrou, maintenu dans cette
direction par le Bogasso, grosse masse de 600 mètres d'altitude
qui barre au nord l'horizon qu'on a du poste Dybowski.
c J'ai poursuivi jusqu'au Gribingui (Poste) en suivant une di-
rection à peu près constante au nord.
1. D'après M. Gentil, les habitants de la rivière désignent sous le nom général
de N'Dried ou < hommes de la brousse » tous les habitants de l'intérienr.
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462 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
c Mes déterminations hypsométriques me donnent pour la ligne
de partage des eaux une dénivellation de 250 mètres environ au-
dessus de TOubangui. Il y a entre la mission catholique de l'Ou-
bangui et le poste du Gribingui une différence de niveau de
120 mètres, le Gribingui étant naturellement plus élevé.
c Le Gribingui et la Nana ont à leur confluent des largeurs d'un
tiers inférieures à celles de la Kemo et de la Toumi; leur débit
est pourtant d'un tiers plus considérable. Elles sont toutes è leur
niveau le plus bas en juin.
c La montée des eaux semble même en retard cette année»
aussi ai-je eu le temps de redescendre à la Mission prendre une
centaine de charges qui y sont arrivées en mon absence.
c Pendant ces différents voyages qui m'ont fait pénétrer dans le
bassin du Tchad par trois routes différentes, un événement impor-
tant s'est passé.
c Le Sultan du Dar Rounga, Snoussi, a envoyé deux caravanes
faire du commerce avec la mission de Bessou ; le contact commer-
cial des musulmans est pris et ils ont leur route, faite jusqu'à nos
établissements. C'est peut-être le plus beau succès de Gentil, qui
ne les compte plus.
c Je pense descendre le Chari dans les premiers jours d'août.
c Nos santés sont bonnes, notre moral très relevé et nos moyens
suffisants pour aller de l'avant en toute confiance.
c Béhàgle. >
c P. 5. — Je pars aujourd'hui 19 pour le nord,
c Ali est parti hier avec trente charges pour le Dar Rounga.
c Si Lakhdarqui m'a rejoint va immédiatement se porter vers le
Canem. >
D'une lettre particulière un peu postérieure, nous extrayons les
renseignements suivants :
c J'ai fait l'itinéraire nouveau de Ban gui à Ouadda, puis de la
mission catholique au poste de Gribingui par la vallée de la Kemo
et les Mbis, itinéraire très court, intéressant, que j'ai appuyé
d'observations journalières. J'ai pris le croquis du Gribingui et du
Chari avec observations, je vais le vérifier et le compléter.
c Mercuri partant de Krebedjé a remonté la 'fourni jusqu'à ses
sources et dépassé Bangui en longitude ; il m'en a rapporté un très
consciencieux itinéraire appuyé de nombreux relèvements. J'ai de
très nombreuses déterminations al ti métrique s, au moyen de quatre
tubes hypsométriques. Nous rapporterons un bon travail. >
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 463
Lettre de M. Bonnet de Mézières. — c Bangui, le 21 août 1898.
Mon départ de Bangui est fixé à demain, 24 septembre; nous
avons eu bien de la peine à monter jusqu'ici, la maison hollandaise
avec qui j'avais traité m'ayant manqué de parole. Enfin, à pied
d'oeuvre, nous sommes, mes quatre compagnons et moi, en excel-
lente santé, nos charges sont déjà à plusieurs jours en avant et
toutes en parfait état.
c Nous avons commencé nos observations et nos collections
scientifiques, M. Ch. Pierre et M. Raymond Gobret s'occupent avec
moi plus spécialement de cette partie de notre mission qui est aussi
commerciale et d'études commerciales, comme vous le savez. J'ai
déjà quelques pièces fort intéressantes d'anthropologie et j'ai pu
observer dans une forêt, prés de Lukoléla (Congo) un véritable
village de chimpanzés des plus curieux et intéressants.
c Je reçois de mon ami M. Mercuri, second de M. de Béhagle,un
mot daté du 9 août 1898, me disant qu'il est campé à Cza, point
sur la rive gauche du Ba Boussou, à quatre heures de marche du
Korbol rive droite, itinéraire Nachtigal, et qu'il a pour voisin Gaou-
rang, sultan du Baguirmi, chassé de Massénia par Rabah, sultan du
Bornou qui, sitôt le départ de Gentil, a massacré les habitants des
villes de Logone, Goulfeï et Koussouri qui avaient fait bon accueil
au vapeur. La ville de Massénia a été brûlée, le sultan Gaourang
n'ayant même pas osé livrer bataille.
f BONNEL DE MÉZIÈRES. >
€ P. S. — La nécessité de protéger le Baguirmi, qui a passé un
traité avec nous, ne s'impose que davantage.
c Lakhdar, l'Arabe de Béhagle, a été tué après avoir tué un
Sénégalais révolté, t
Arri««e orieatsie allemande. — Voyage du DT Hans Meyer
au Kilimandjaro. — Les Mittheilungen du club alpin austro-alle-
mand dn 15 novembre annoncent, d'après une lettre écrite de Mos-
chi le 16 septembre au Globus par le Dr Hans Meyer, que ce der-
nier a obtenu les meilleurs résultats de sa nouvelle expédition au
Kilimandjaro. Le côté nord de la montagne a été exploré pour la
première fois : on y a découvert trois glaciers descendant à
5,200 mètres et plusieurs autres (dont l'un s'abaisse jusqu'à 4,200 m.)
sur le contrefort du Schira, situé à l'ouest de la montagne princi-
pale. Deux nouvelles ascensions ont été faites du plus haut pic
(Kibo) dont la hauteur serait seulement de 5,860 mètres. M. Meyer
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464 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
considère maintenant l'exploration géologique, botanique, zoolo-
gique et ethnographique du Kilimandjaro comme achevée.
E. À. Martel.
Ethiopie. — A propos du voyage de M. Darragon d'Addis
Ababa à Sogida. — c La publication, faite dans le Bulletin de la
Société de Géographie de Paris, de la carte et de la relation suc-
cincte de mon voyage au Borana (cf. Comptes rendus, mars 1898,
p. 137-140) m'a valu, dans le Bulletin de la Société de Géographie
de Rome, de la part de M. Roncagli, quelques attaques plutôt
courtoises auxquelles je demande la permission de répondre.
c La première observation de M. Roncagli concerne d'une manière
générale les erreurs qu'il me signale sur les longitudes et les lati-
tudes des points discutés. 11 est superflu d'insister sur les condi-
tions difficiles dans lesquelles j'ai effectué mon voyage ; j'avais du
reste été le premier à les signaler dans le numéro de mars 1898
des Comptes rendus de la Société de Géographie (p. 140), et c'est
puérilité pure de les mettre en comparaison avec les moyens dont
disposaient les membres de l'expédition Bot te go.
c La première critique porte sur l'erreur que j'aurais commise
au sujet de la latitude du lac Ciamo.
c D'après la carte Hassenstein (Justus Perthes, 1897), j'ai accepté
les données de M. Donaldson Smith sur la situation du lac
Gardoulla ou Ciamo (làt. du point le plus méridional 6° 2' 52").
L'expédition Bottego a trouvé pour le même point la latitude
5° 42' 12". La différence est sensible : reste à savoir lequel s'est
trompé de M. Donaldson Smith ou de M. Bottego; mes modestes
observations me permettent de supposer que M. Donaldson Smith
est dans le vrai.
c Répond rai-je aux erreurs de configuration que M. Roncagli
m'accuse d'avoir commises? Loin de nier ces erreurs, j'ai com-
mencé par mettre les géographes en garde contre des résultats
incertains, d'abord en les indiquant en pointillé sur ma carte,
ensuite en prenant soin de souligner mes hésitations dans le rap-
port qui l'accompagnait.
c Ces concessions faites à M. Roncagli, je maintiens de la façon la
plus absolue que la Ouera, le Billati et la Sageun sont un seul et
même fleuve, c Du Gouragué, dit M. Roncagli, descend un fleuve
c nommé Billati. » Ce fleuve ne prend le nom de Billati qu'à l'est
du mont Dégounna ; il est connu au nord sous le nom de Ouera.
c Je n'ai commis d'erreur qu'en le faisant sortir du lac Pagadé,
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 465
sans le faire passer parle lac Gardoulla ou Ciamo. Si j'avais vu,
ou connu, la communication des deux lacs, je n'aurais pas hésité.
c M. Donaldson Smith a en effet annoncé que la Sageun est
formée, partie par un affluent, partie par un cours d'eau qui
s'échappe du lac Ciamo. Rien ne détruit mon affirmation que la
Sageun n'est autre que la Ouera, et la découverte de M. Bottego
se joint à celle de M. Donaldson Smith pour préciser et confirmer
mon opinion.
c Mais M. Roncagli ne se contente pas de critiquer mon travail
sur les seuls points relevés par ses compatriotes : il me reproche
aussi de ra'étre trompé de 50 kilom . dans la distance qui sépare
le lac Abbasi du lac Pagadé (Regina Margherita de Bottego), dis-
tance qu'il évalue à 80 kilom. Pour vague que soit mon évalua-
tion, je la maintiens, l'évaluation présentée par M. Roncagli con-
stituant certainement une erreur plus grave que la mienne. M. Ron-
cagli en commot du reste une autre en assignant au bassin inté-
rieur du Zouaî une longueur de soixante-douze minutes; pour
arriver à cette évaluation, il est obligé de comprendre dans le
bassin le lac indiqué dans la carte d'Hassenstein sous le nom
d'Atfca see et qui n'est autre que le lac Pagadé, lequel n'a au-
cune communication avec le bassin du Zouaî. Quant au lac amm*,
que j'ai été le premier à signaler, il est situé au sud du lac Lamina
ou Schahalla dont il est séparé par une étroite langue de terre.
c Je maintiens également la direction que j'ai donnée aux monts
du Sidama.
c M. Roncagli m'assure, en outre, que le Guerguedda, au lieu de
se trouver, comme je l'indique, à l'ouest du lac Pagadé, se trouve
à l'est; je le lui accorderai volontiers, le jour où il m'en four-
nira la preuve.
c Quant à mon hypothèse sur la direction du fleuve Oumo,
d'autres plus compétents que moi l'ont formulée : j'ai eu tort avec
eux et je remets ma cause entre leurs mains.
c Ne connaissant pas l'itinéraire de l'expédition Bottego, j'ai pu
croire un instant que j'avais été le premier à observer le lac Pa-
gadé (Regina Margherita) d'une façon satisfaisante, mais je n'ai
jamais dit l'avoir vu le premier, pour l'excellente raison qu'il
avait été découvert en 1847 par M. d'Abbadie, avec les lies qu'il
renferme. C'est même pour cela que je persiste à l'appeler Pa-
gadé, à moins que M. Roncagli ne me permette de l'appeler
d'Abbadie.
c Léon Darragon. >
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466 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
Erythrée italienne. — Voyage de M. G. Saint-Yves. — t Adi
Barin (Dembelas), 11 octobre 1898. — D'Adi Quala, où j'ai reçu le
plus charmant accueil de M. le capitaine Moloxzani, résident poli-
tique du Mareb, je me suis dirigé à l'ouest. Descendant par une
pente rapide du plateau d'Adi Quala, j'ai passé au couvent d'En-
deba Borouk, qui est une véritable oasis dans le désert, avec une
étonnante végétation tropicale. De l'autre côté de ce barranco, j'ai
retrouvé un autre plateau similaire à celui d'Adi Quala, le plateau
d'Arghesana.
c Au delà, la conformation physique du pays change complète-
ment. Aux plateaux réguliers qui caractérisent PHamacien et le
Serai succèdent des collines avec des vallées parfois profondes et
dont le sol, dans le Maragus, se prête bien à la culture, taudis
qu'au contraire, dans l'Arresa, le terrain est plus rocailleux et le
paysage plus sauvage. J'ai séjourné à Adi Abiscia, dans le Mara-
gus, puis à Arrosa, chef-lieu du pays d'Arresa ; puis, des collines
verdoyantes de l'Arresa, je suis descendu dans une vaste plaine
déserte que l'on peut appeler la plaine du Dembelas, et qui se
prêterait bien, sembie-t-il, à la culture. La température est plus
chaude que dans l'Hamacen et dans le Serai. Au fond de cette
plaine s'aligne une longue bande de collines arides qne surmon-
tent les villages du Dembelas comme des burgs de la Germanie du
moyen âge. Je vous écris de l'un de ces villages, Adi Barin, rési-
dence du Kantibal du Dembelas. Je vais continuer mon voyage
dans le Dembelas, puis passer dans le Baza et le Baria, pays sou-
danais. »
c Mogollo, le 20 octobre 1898. — Ma dernière lettre écrite au
crayon était datée d'Adi Barin. Celle-ci vous est adressée de
Mogollo, dans le pays Baria, important village qui depuis un mois
est la résidence du résident politique du Moghareb, M. le lieute-
nant de cavalerie, comte Golli. Depuis Adi Barin j'ai suivi un iti-
néraire assez compliqué. Adi Barin est la résidence du Kantibal du
Dembelas, le Kantibal Samré, dont je n'ai pas eu beaucoup à me
louer. Pour me rendre d'Adi Barin à Mai Mafellis, la bourgade la
plus importante du Dembelas, j'ai cheminé tout le temps sur une
ligne de crête, ce qui me permettait de découvrir dans toutes les
directions un vaste panorama. La région est une région absolu-
ment montagneuse, où les chaînes s'entrecroisent, où les vallées
sont reserrées et où l'eau est rare. Mai Mafellis se compose de
quatre villages éparpillés sur plusieurs sommets; l'église, comme
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 467
dans tous les villages abyssins, est isolée et entourée d'un petit
bois très verdoyant. De Mai Mafellis, on aperçoit au sud la vallée
du Mai Ambessa qui se dirige vers le Mareb, et à l'ouest toutes les
ondulations complexes du pays Baza. Pour se rendre de Mai Mafellis
aux premiers villages du Baza, il faut traverser une de ces zones
désertes que l'on désigne dans l'Afrique orientale, si je ne me trompe,
sous le nom àepuri.
c Le puri en question s'explique par le fait que les populations
les plus voisines des Abyssins, les Baza ou Bazen idolâtres, ont été
directement intéressés à laisser un espace désert entre eux et ces
Abyssins qui ne cessaient de faire parmi eux des razzias pour se
procurer des esclaves.
c Pour traverser ce puri, je me suis dirigé de Mai Mafellis vers
le Mai Gerat, affluent du Mai Ambessa, affluent lui-même du Mareb;
puis du Mai Gerat, j'ai atteint un autre point d'eau, au Tadicalaï,
également affluent du Mareb; enfin du Tadicalaï, une dernière
marche de six heures m'a amené au premier village Baza, celui de
Toile.
c Le pays Baza est un plateau d'une altitude moyenne de 900 à
1,000 mètres que sillonnent des collines de 1,000 à 1,300 mètres.
La végétation est une végétation herbacée, à formes steppiennes,
avec des graminées qui atteignent plus de 2 mètres; parmi ces
graminées sont épars acacias et mimosas, toutes les variétés des
plantes épineuses ; de distance en distance, quelque monumental
baobab.
c Au point de vue hydrographique, le pays Baza se partage entre
le bassin du Mareb et le bassin du Barca. J'ai visité successivement
les villages de Toile, d'Alumnu, de Ghega, d'Aouguana et de Samru,
•appartenant aux deux tribus d'Alumnu et de Ghega. La population
fort intéressante m'a paru, conformément à une tradition que m'avait
rapportée M. le capitaine Molazzani, être d'origine abyssinienne : des
Abyssins qui à une époque relativement reculée auraient émigré,
auraient fait la conquête de ces contrées sur des populations essen-
tiellement hami tiques et se seraient croisés avec elles; les hommes
en général ont conservé le type abyssin et les femmes le type
hamitique. La langue ne se rattachée aucune langue voisine; je
n'ai trouvé ni un mot abyssin, ni un mot baria.
c De Samru, le dernier village Baza au nord, je suis descendu dans
la plaine de Mogollo où j'ai rencontré la population Baria. J'y sta-
tionne depuis trois jours chez l'aimable et hospitalier résident poli
tique du Moghareb. La guerre qui n'est pas encore terminée au
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468 COMPTES RENDUS DE8 SÉANCE 8.
Gedaref,Ia crainte de difficultés avec les Anglais m'empêchent de me
rendre au Soudan oriental. Je vais en tout cas me diriger sur Agor-
dat où je déciderai mon futur itinéraire. >
AMÉRIQUE
Contesté franeo-teréitiien. — Une carte nouvelle du terri-
toire contesté, — M. Georges Brousseau, chargé de mission au
Contesté franco-brésilien, adresse à la Société de Géographie une
carte du Contesté franco-brésilien compris entre l'Oyapock et
l'Araguary et l'accompagne des renseignements suivants :
c En mai 1894, quand je partis pour la première fois en explo-
ration dans le Carsevenne, ce territoire était à peu près complète-
ment blanc sur les cartes ; la dernière exploration en date, celle de
M. Henri Coudreau, ne mentionnait que quelques points de la côte
et du littoral. Notre premier relevé d'alors, au 1/100,000, du Carse-
venne et de son principal affluent, que nous avons baptisé du nom
de Carnot, nous a conduit à la source du Counani ainsi qu'à celles
du Cacbipour et de la rivière Yaoué qui se jette dans l'Oyapock.
t La rivière Yaoué a été relevée avec soin par M. Coudreau, en
avril 1890. Notre travail, se raccordant avec le sien, a détruit toutes
les hypothèses plus ou moins fantastiques faites jusqu'alors sur les
cours supposés des fleuves du Contesté.
c En 1895, 1896, 1897 et commencement de 1898, chargé de mis-
sion spéciale au Contesté, nous avons pu ajouter à ces premiers
levés celui de la branche principale du Carsevenne, relevé, pour
la première fois, par M. Hippos, chercheur d'or, qui a reconnu éga-
lement une branche nord de l'Araguary, coulant vers le sud, à
7 heures de marche dans l'ouest des sources du Carsevenne.
c Une de nos expéditions, en 1896, conduite par Charles Ross,
chercheur d'or américain, découvrait dans le S.-E. du Grand Placer
le lac Roume que nous avions d'abord signalé à la Société comme
étant la source du Mapa Grande (Compte rendu du 7 mai 1897). En
réalité, ce lac donne naissance au fleuve Fréchal, qui traverse dans
son cours inférieur les lacs Pracouba et Coulouxa et va se jeter
dans le canal de Carapaporis.
c Enfin, grâce aux renseignements et communications que nous
ont fournis le Père Fabre, aumônier de l'hôpital militaire de
Cayenne, pour la région si intéressante du Ouassa, les travaux de
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SÉANCES DBS 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 469
M. Coudreau pour l'Oyapock et ses affluents; les levés de M. Geay,
naturaliste, chargé de mission scientifique, pour la rivière Lunier,
affluent du haut Carsevenne; les levés et les lignes de M. Laurens
Rodrigue, chercheur d'or, pour le Mapa Grande; les renseigne*
ments fournis par les pécheurs et les habitants du pays pour la
région des lacs, les levés faits par nous pour le Cachipour, le Cou-
nani, la rivière de Lamothe et la rivière Cassagneau, nous avons
pu construire une carte à peu prés complète de cette vaste région
qui n'a pas moins de 450 kilomètres de côtes depuis l'embouchure
de l'Oyapock jusqu'à l'embouchure de l'Àraguary.
c La longitude des principaux points de la côte, notamment celle
de la pointe sud de l'embouchure du Carsevenne, 53* 3' ouest de
Paris, est celle de la carte de M. l'amiral Mouchez. >
Bolivie. —Ascension de VUlimani par Sir Martin Conway.—
Le 9 septembre 1898, sir Martin Conway a entrepris, de l'habita-
tion de Caimbaya (située sur un des versants inférieurs de l'Illi-
mani), l'ascension de ce pic. Accompagné de M. Ezechiel Guillen
fils, des guides Antoine Maquignai et Louis Pellissier et de quelques
indiens, l'illustre alpiniste commença par monter à dos de mulets
jusqu'au dernier point accessible pour les animaux, puis il pour-
suivit son chemin à pied, à travers des crêtes rocailleuses, jusqu'à
l'entrée d'un val étroit et en pente raide où il établit son premier
campement par environ 14,000 pieds d'altitude (4,270 m.).
Le 6 septembre, on s'éleva jusqu'au pied d'un glacier, à la hau-
teur de 16,000 pieds, et on campa sur une moraine au niveau de
la neige raboteuse.
Le 7, les ascensionnistes parvinrent au pied d'une déclivité
formée par une tour de roches escarpées; puis, par un passage
reconnu par les guides, ils escaladèrent le lendemain cette tour de
roches et arrivèrent sur l'arête des neiges d'un grand glacier, à
l'altitude de 18,900 pieds (5,764 m.) environ. C'est là qu'ils campè-
rent dans la nuit du 8 au 9, et qu'ils éprouvèrent, malgré le peu
de rigueur du climat (21* Fahr.),une sensation de froid intense, due
à la faible circulation du sang à cette hauteur.
Le 9 septembre, sans se laisser arrêter par la désertion de ses
porteurs indiens, qu'il n'avait pu déterminer dès la veille à
demeurer avec lui, sir Martin Conway franchit le glacier au
pied duquel il venait de camper et parvint jusqu'à sa tête,
d'où il aperçut en contre-bas, dans la direction de Jungas, un
horrible précipice et, à gauche, une montagne interposée entre
soc. be 6É0GR. — c. a. des séances. — n* 9. — Décembre. 33
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470 COMPTES RENDUS DE8 8&ANOKS.
lui et la cime la plus élevée de l'IIlimani. Cette montagne, que
M. Gonway appela Pic de ï Indien, n'ayant pu être contournée
parce qu'elle est coupée verticalement de deux côtés, il fallut la
gravir pour gagner un vaste champ de neige presque plan d'où il
est facile de monter à l'un quelconque des pics du massif de l'Iili-
mani, — et ce fut là la partie la plus difficile de toute l'ascen-
sion.
Par l'arête S.-E. du Pic de VIndien, M. Conway tenta d'abord
d'escalader cette montagne ; mais il devint bientôt impossible de
continuer l'ascension de ce côté. 11 fallut donc chercher une pente
plus favorable; c'est ce que fit l'alpiniste anglais après s'être
séparé de son compagnon, M. Guillen, qui avait eu un pied gelé
en gravissant l'arête S.-E. A travers les escarpements de la partie
méridionale du Pic de l'Indien, M. Conway finit par atteindre son
arête S.-0.,en vue des trois pics les plus élevés de riilimani. C'est
là qu'il trouva par hasard un morceau très vieux d'un laso, une
corde de laine; ainsi lui fut démontrée l'exactitude du récit qu'on
lui avait fait à Caimbaya d'une tentative d'ascension de rilliraani,
il y a nombre d'années, par un Indien. Jusqu'au point où était
arrivé M. Conway, par 20,700 pieds environ (6)313 m.), on avait
aperçu l'audacieux alpiniste, qui ne redescendit jamais.
De cet endroit, l'ascension des pics les plus élevés du massif
semblait devoir se faire sans difficulté; mais quel sommet gravir?
Après examen, M. Conway donna la préférence au pic occidental,
redescendit jusqu'au plan de neige dont il a été question plus haut,
gagna la dépression qui s'aperçoit de La Pas entre le côté droit et
les pics du centre (à une altitude de 21,750 pieds environ) et gagna
par une arête assex large, composée d'une couche de neige, la cime
qu'il voulait gravir et dont le point culminant se trouve à une hau-
teur approximative de 22,220 pieds (6,770 m.).
Après un séjour de près d'une demi-heure au sommet de l'IIli-
mani, d'où là vue obscurcie par les nuages lui permettait à peine
de distinguer La Paz et une portion du lac Titicaca, mais où les
nuages eux-mêmes et les précipices de neige avoisinants offraient
un spectacle d'une magnificence admirable, l'alpiniste anglais com-
mença la descente, dès le 9 septembre, un peu après midi. Il lui
fallut (et c'a été l'entreprise la plus rude de son existence d'ascen-
sionniste) gravir à nouveau le Pic de l'Indien; cela fait, en cou-
pant au plus court pour dévaler sur le grand glacier, M. Conway
regagna son campement et le lendemain, avec l'aide des porteurs
indiens que M. Guillen lui avait envoyés au pied des roches, il
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. Ali
rentra à Caimbaya avec tous ses bagages. Deux jours après, il
revenait à La Paz et y faisait à la Société de géographie de cette
ville le récit de son ascension, qui vient d'être ainsi résumé (1).
III. — NOTES
raphie. — Observations sur les pseudo-marées. —
M. H. G. Russel, directeur de l'Observatoire de Sydney, Australie,
avait signalé des marées de courte durée dans un* anse de la
rade de Sydney» qui n'est ouverte que par une passe étroite. Elles
avaient une durée de 26 minutes.
M. Anthony S. Thomson a rapproché de ce fait ses observations
faites à Malte, à la pointe du Magasin, au fond du port de La Va-*
lette, le 7 mai 1896(2). A eet endroit, qui a une largeur de
300 métrés, la dénivellation de la mer de 8 heures du matin à
2 heures du soir fut de 45 centimètres ; la durée de chaque oscil*
lation était de 23 minutes, pendant laquelle il se produisait un
courant de flot et de jusant de 1 1 à 12 minutes. Ce courant était
assez fort pour changer la direction d'une bouée mouillée dans le
voisinage. Au large, il régnait une brise légère et la mer était
calme.
Ces pseudo-marées ont été souvent constatées à Malte par ici
officiers du port; ils les attribuent à une influence astrale et, par
précaution, ils en tiennent compte pour le passage des navires
entrant en cale sèche.
M. A. S. Thomson cherche à établir un rapprochement entre
cette observation et celle de Sydney ; les durées des oscillations
étant à peu près identiques, sur deux points antipodes.
Les causes de ces mouvements de la mer au fond des baies ou
golfes sont encore mal définies. Elles sont attribuées à la direction
et à la force des vents, à l'influence de courants, à la pression
barométrique. Il serait à désirer que des études sérieuses fussent
faites sur ce phénomène. J. Girard.
Empire ra««e. — Le Congrès de Géographie médicale de
Saint-Pétersbourg; voyage projeté de Jf. Kozloff dans l'Asie
(i) D'après une communication de la Légation et du Consulat général de France
en Bolivie, transmise par le Ministère des Affaires étrangères.
(2) Nature, 8 décembre 1896.
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472 COKPTBS RENDUS DES SÉANCES.
centrale; un voyage scientifique au Spitzberg ; un mémoire du
Dr Pantukhoff sur le Caucase. — < Je viens de recevoir de
Russie les nouvelles géographiques suivantes :
c i. Un Congrès de Géographie médicale a commencé ses tra-
vaux le 12/24 décembre à Saint-Pétersbourg. Le nombre de rap-
ports concernant la climatologie, l'hydrologie et la balnéologie,
qui doivent être lus et discutés pendant la session, atteint le
chiffre de 98; le nombre des membres du Congrès est d'environ 500.
Les comptes rendus des séances seront rédigés et immédiatement
publiés par MM. Pasternatky et Guber; les mémoires complets
auront pour rédacteurs MM. Woéykoff, lnostrantzeff, Sigristi et
Staugué. Parmi les premiers travaux présentés au Congrès se
trouve la recherche du professeur Vérigo sur les eaux minérales
et thermales du bassin de la mer Noire, pleine d'informations du
plus haut intérêt géographique.
c 2. Une expédition purement géographique, sous la direction de
M. Kozloff, partira, au mois d'avril 1899, pour l'Asie Centrale et
plus spécialement pour les environs du Lob-no r, afin d'étudier la
configuration de ce lac devenue récemment l'objet de critiques.
c 3. Une importante expédition russe se dirigera, également
au mois d'avril 1899, de la mer Baltique au Spitzberg, où elle
passera deux étés et un hiver, en 1899-1900. Outre les astronomes
et les topographes, elle sera composée de géologues, de bota-
nistes et de zoologues.
< 4. M. le docteur Pantukhoff vient de publier un important
mémoire sur l'influence funeste de la malaria sur la colonisation
du Caucase. Les résultats de ces recherches sont également appli-
cables à la colonisation des. Européens en Afrique, en Asie, etc.
M. Vénukoff. »
isde »ngiai«e. — Les opérations du Surveyof India, 1896-
1897. — Les travaux sur le terrain, exécutés par cinq brigades,
en 1895-1896, comprennentle relevé d'une surface de 63,658 milles
carrés, soit 41,334 milles de plus que l'année précédente. Cet
excédent porte principalement sur la Birmanie supérieure. Les opé-
rations trigonométriques ont consisté à relier Kulieri à Piaro par
une chaîne de triangles d'une longueur de 75 milles, s'étendant
sur une surface de 1,380 milles carrés. Le dessin topographique
a porté sur une surface de 14,460 milles carrés, contre 19,798
Tannée précédente. Les observations astronomiques ont permis
de déterminer la latitude de Madras qui est : 13° 4' 8 ",02 de
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 473
lat. N. Les observations des marées ont été poursuivies dans
12 stations, aux Indes, en Birmanie, aux ile3 Andaman et dans ta
mer Rouge. Plusieurs cartes de l'Inde à différentes échelles ont
été corrigées et changées pour une surface de 32 milles. Les
cartes cadastrales sont au nombre de 5,493. Le total de cartes
dressées pour le Map Record and Issue office est de 207,330. Pen-
dant le dernier exercice leur nombre a dépassé de 6*914 celui de
Tannée précédente.
Empire chinai*. — A propos d'un récent ouvrage sur le Chan-
toung et Kiao-tchéou, par F. von Richthofen. — Il y a eu un an, le
14 novembre dernier, que les Allemands ont pris possession du port
de Kiao-tchéou, dans la province chinoise du Ghan-toung, qui est
devenue, par suite, leur première zone d'influence dans l'Empire
du Milieu. Quelques mois après, l'établissement géographique de
Dietricb Reiraer, à Berlin, publiait une carte du Ghan-toung, avec
les tracés des chemins de fer que l'Allemagne compte y construire,
pour développer le commerce dans sa nouvelle base navale. Mais
il fallait un livre pour faire connaître, aux sujets de Guillaume II
tout d'abord, au monde ensuite, les ressources multiples que possédé
le Pachgebiet arraché à la Ghine par l'amiral Diederichs au nom
de l'Empereur allemand. Ge livre, aucune plume n'était capable de
l'écrire mieux que celle du savant géologue F. von Richthofen, pré-
sident de la Société de Géographie de Berlin, qui visita le Ghan-
toungen 1867-68 au cours de ses explorations dans les provinces
au nord du Yang-tze-Kiang. 11 en a déjà donné en 1882 une étude
très complète, au point de vue géologique et minier, dans son
ouvrage monumental et malheureusement encore inachevé, intitulé
China. Il en a publié également deux cartes excellentes, l'une
physique, l'autre géologique, dans son atlas de Ghine, dont le
monde savant attend impatiemment l'achèvement. Ges ouvrages,
très volumineux et édités avec un luxe qui les rend fort coûteux,
avaient besoin d'être popularisés sous une forme plus modeste, et
j'ajouterai plus complète, en ce qui concerne la province sur
laquelle tout le peuple allemand jette aujourd'hui les yeux avec un
juste intérêt. 11 fallait, aux descriptions scientifiques du 2* volume
du China, ajouter quelques pages sur l'histoire, et un plus grand
nombre sur les travaux des missionnaires catholiques allemands
dont le massacre a été le prétexte saisi pour annexer Kiao-tchéou
et sa sphère d'influence au domaine colonial germanique. Il fallait
aussi s'étendre un peu plus sur les capacités commerciales de cette
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474 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
zone, le caractère de ses habitants et la probabilité de succès de la
future colonie.
M. de Richtbofen n'a pas failli à la tâche qu'il s'est patrio-
tiquement imposée, et dans l'excellent ouvrage qu'il vient de
publier, il nous donne un aperçu de toutes ces questions, marqué
au coin du travail consciencieux et profond, comme les Allemands
savent si bien en produire. Il cite Jes divers ouvrages publiés par
différents auteurs depuis l'impression des premiers volumes du
China, et son chapitre sur les missions catholiques et protestantes
au Chan-toung est d'autant plus intéressant qu'il est puisé aux
meilleures sources. On nous permettra de regretter que l'histoire
purement chinoise de cette province, célèbre à plus <Tun titre,
puisqu'elle a donné naissance à Contactas, à Mencius, et à quan-
tité d'autres lettrés remarquables, n'ait pas été donnée dans cet
ouvrage. M. de Richlhofen aurait pu, pensons-nous, obtenir facile-
ment communication du très précieux manuscrit traitant à fond
de cette histoire, et qui est entre les mains de l'inspecteur général
des Douanes Impériales chinoises, Sir Robert Hart, depuis 1877. On
nous permettra de dire ici que cet excellent travail a été fait à
notre demande par un de nos anciens collègues, aujourd'hui corn*
missaire des Douanes de l'Empire chinois, le savant sinologue
J. L. Chalmers. 11 était destiné à compléter celui que nous avons
fait sur la Géographie et l'Histoire naturelle du Chan-toung, en vue
de servir à la publication des monographies des provinces de
Chine, qu'à cette époque Sir Robert Hart comptait publier. Ce
travail n'ayant jamais vu le jour, nous avons repris notre manuscrit,
qui a été publié en 1892-93, dans la Revue des questions scienti-
fiques, de Bruxelles. M. de Richtbofen aurait pu, s'il l'avait connu,
s'en servir pour donner des détails plus complets sur la faune et
la flore du Chan-toung, que sa spécialité de géologue et de géo-
graphe lui a fait malheureusement négliger. Nous sommes étonné
également de ne point trouver dans son ouvrage mention des
diamants dont nous avons découvert l'existence au Chan-toung dés
1878, et dont plusieurs rapports consulaires anglais ont depuis
fait mention. Si nous nous permettons cette légère critique et
l'expression de ces desiderata, c'est dans l'espoir que le savant
président de la Société de Géographie de Berlin écrira avant peu
une seconde édition donnant sur le Chan-toung une somme de
renseignements véritablement encyclopédique et plus digne encore,
par suite, de la science si profonde du géologue allemand.
A. A. Fauvel.
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SÉANCES DBS 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 475
CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Le Congrès d'Histoire diplomatique de La Haye. — c J'ai en
l'honneur de représenter la Société de Géographie au premier
Congrès d'histoire diplomatique qui s'est tenu à La Haye, du
1* au i septembre dernier. Le Congrès, comprenant plus de cent
membres présents, a revêtu un caractère purement historique ; je
n'ai donc à signaler aucun des Mémoires lus dans cette session, et
je me borne à dire que l'accueil fait aux Français a été aussi
cordial qu'on pouvait l'espérer d'une nation amie.
< Henri Cordier. >
Préftentatuii» *'««Tr«ge«. — Les Problèmes géographiques,
du D* Schlegel. — c J'ai déjà eu le plaisir de présenter à la
Société, de la part d'un de ses correspondants, M. le Dr Gustave
Schlegel, professeur à l'Université de Leyde, une série de Mé-
moires intitulés : Problèmes géographiques, qui traitaient de
questions importantes relatives à l'Asie Orientale, et en particu-
lier de la question du Fou-sang. Je dépose aujourd'hui les der-
niers numéros de cette première série (elle en contient vingt) et
les deux premiers fascicules d'une nouvelle série, intitulée Geo-
graphical Problème, qui offrent autant d'intérêt que les précé-
dents.
Le supplément à la carte de Chine et l'histoire des découvertes
botaniques européennes en Chine, du D* Bretschneider. — < J'avais
déjà remis également au nom d'un autre de nos membres corres-
pondants, M. le D'Emile Bretschneider, de Saint-Pétersbourg» une
grande carte de la Chine en quatre feuilles. Notre savant collègue
vient de donner en cinq feuilles un supplément à cette carte.
Elles comprennent une partie du nord de la province de Tche-li,
les montagnes à l'ouest de Péking, la Chine centrale et le Yang-tse-
Kiang, les grandes rivières de la province de Canton et des par*
lies de la province de Yun-nan. Ce travail, fait avec le soin qui
caractérise tous les travaux de l'auteur, est appelé à rendre de
grands services en ce moment aux hommes d'Etat de tous les
pays que préoccupe la question chinoise.
« Je dépose aussi sur le Bureau les deux volumes qui compo-
sent l'œuvre colossale à laquelle cet éminent botaniste a consacré
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476 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
plus de vingt années de sa vie : History of European botanical
diseoveries in China. Un des index alphabétiques qui contient
plus de 8,000 noms de plantes, indique l'importance de ce travail
au point de vue de la botanique, mais les biographies des voya-
geurs, leurs itinéraires, font à la Géographie une part pres-
que aussi large.
c Je rappellerai que c'est le Dr Bretschneider qui a envoyé de
Péking (1882), à la Société d'Acclimatation de Paris, l'espèce de
StachySf appelée par les Chinois Kan-lou, qui, cultivée avec suc-
cès par M. Paillieux, est le légume universellement connu sous le
nom de < Crosnes », d'après le village, près de Villeneuve-Saint-
Georges, d'où il s'est répandu dans l'Europe entière.
c Comme les < Crosnes » sont originaires du nord de la Chine,
on n'a pas manqué de les désigner sous le nom de < Crosnes du
Japon >.
c Henri Cordier. >
— M. Georges Rolland, ingénieur en chef des Mines, fait hom-
mage à la Société de Géographie d'une brochure sur V alimentation
des eaux artésiennes de FOued Rir> et du bas Sahara algérien
(avec carte), rendant compte d'une communication faite le 6 mai
dernier à la Société des ingénieurs civils, en réponse à deux com-
munications précédentes, l'une de M. E. Lippmann c sur les Fora-
ges artésiens du Sahara », et l'autre de M. J. Bergeron sur les
< Résultats des voyages de M. F. Foureau au point de vue de la
géologie et de l'hydrologie de la région méridionale du Sahara
algérien >.
— M. Schirmer, professeur de Géographie à l'Université de Lyon,
fait hommage à la Société de géographie d'un volume qu'il vient
de publier sous le titre : Le dernier Rapport d'un Européen sur
Ghât et les Touareg de VAïr, Journal de voyage d'Erwin de Bary.
La valeur scientifique des observations de ce voyageur avait
déjà été reconnue par M. le D' Hamy, qui dès 1883 faisait traduire
et publier dans la Revue d'Ethnographie son rapport sur les Se-
nams et tumuli de la chaîne de montagnes de la cote Tripolitaine.
11 a paru utile de mettre à la portée du public français le Journal de
voyage lui-même, qui donne la mesure de notre connaissance au
moment où la mission Foureau-Lamy, organisée aux frais de la So-
ciété, se dirige vers cette partie presque inexplorée du Sahara mé-
ridional. Ces notes, souvent très brèves, ne pouvaient se passer d'un
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SÉANCES DES 9 ET 23 DÉCEMBRE 1898. 477
commentaire. M. Schirmer a essayé de suppléer, dans la mesure
du possible, aux éclaircissements que l'auteur n'eût pas manqué
d'y ajouter, s'il avait vécu.
— M. Charles Rabot présente, de la part du professeur
A. G.Natborst, la carte de la Terre du Roi Charles, levée au cours
de la récente expédition suédoise dirigée au Spitzberg par ce na-
turaliste (voir Comptes rendus des séances, 1898, n°8, p. 384). Celte
carte au 1/200,000 (Karta ôfver Kung Karls Land upprdttad
under 1898 ars svenska polar expédition af C.V. O. Kjellstràm
och A. Hamberg), figure le dessin de cet archipel avec une grande
précision et avec de nombreux détails topographiques. C'est le
travail cartographique le plus important de la campagne de 1898
dans les régions arctiques.
Méer«i«gie. — M. Pascal Garnier. — Pascal Garnier débuta
dans la carrière des voyages en 1894, à 22 ans. 11 alla au Cap
de Bonne-Espérance, remonta jusqu'au Transvaal et revint par la
côte orientale d'Afrique; il avait pour mission principale d'étudier
les filons aurifères du Transvaal et leurs prolongements probables;
il résuma ses observations sur le pays dans une série d'articles
du Temps et du Petit Temps de 4895 que nombre de jour-
naux reproduisirent à l'époque. A son retour à Paris, il fournit à
son père, M. Jules Garnier, les principaux éléments du mémoire :
rOr et le Diamant au Transvaal et au Cap, qui fit d'abord l'objet
d'une conférence à la Société des Ingénieurs civils, puis fut traduit
en anglais par les soins de la Société géologique do l'Afrique du
Sud et valut à M. Jules Garnier le titre de < Membre d'honneur >
de cette Société.
Peu après sa rentrée en France, Pascal Garnier se dirigea par
l'Amérique et l'Océan Pacifique vers la Nouvelle-Zélande, où il
séjourna une année; il passa ensuite dans l'Australie Occidentale
et pénétra dans le désert jusqu'à 600 kilomètres.
De retour en France, à la fin de 1897, il faisait, en janvier 1898,
une communication sur la géologie et les mines de la Nouvelle-
Zélande, à la Société des Ingénieurs civils, et y annonçait son
départ prochain pour l'Australie Occidentale, dont il n'avait fait
qu'entrevoir la géologie ; mais, cette fois, en compagnie de M. Jules
Garnier. Ces deux voyageurs partirent en effet, en février, mais
Pascal Garnier ne devait pas revenir : l'existence pénible dans ces
contrées désertiques, son mépris pour les dangers de ces climats
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478 COMPTES RBNDU8 DB8 SÉANCES.
torrides, la mauvaise nourriture, l'excès du travail eurent raison
de sa forte nature ; pris à la fois par la dysenterie et les fièvres,
il expirait, après quelques jours de maladie, à Coolgardie, le 23 juin
1898.
La Société de Géographie regrette aussi la mort de M. Charles
Emile Delmas, vice-président du conseil général de la Charente-
Inférieure [mb. dépuis 1869], et de M. Auguste Delphi n, consul
[mb. depuis 1890].
Lh Société de Géographie de Brème a fait part à la Société de
Géographie de la mort de son Président le consul George Albrecht,
décédé le 24 novembre 1898. La Société de Géographie s'associe
aux regrets qu'éprouve de cette perte la Société de Géographie de
Brème.
information». — Le congrès International de Géographie de
Berlin. — La Société de Géographie de Berlin annonce que le
septième' congrès International de Géographie aura lieu à Berlin
du jeudi 28 septembre au mercredi 4 octobre 1899 et adresse la
circulaire qu'elle a rédigée à ce propos.
Congrès national des Sociétés françaises de géographie y XX* ses-
sion. — Alger 1899. — Le prochain Congrès national des Sociétés
françaises de géographie se réunira à Alger pendant la période
des vacances de Pâques 1899. La Société de géographie d'Alger
invite la Société de Géographie à s'y faire représenter et invite nos
collègues à venir à Alger en grand nombre. Elle demande aussi
qu'on lui fasse parvenir, dans le plus bref délai, le programme des
questions que la Société de Géographie désirerait voir proposer à
la discussion.
Ouverture d'une souscription pour une expédition antarctique
anglaise. — La Société de géographie de Londres envoie le texte
de la circulaire qu'elle a lancée dans le public en vue d'obtenir
les fonds nécessaires pour une expédition antarctique anglaise. Le
Conseil de la Société y a déjà souscrit pour une somme de 5,000 livres
sterling.
Une nouvelle édition du Livre de Marco Polo, du colonel Yule.
— M. Henri Cordier, professeur à l'École des Langues orientales
vivantes, a été chargé par la famille du colonel Sir Henry Yule et
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SÉANCES DES 9 BT 23 DÉCEMBRE 1898. 479
par l'éditeur, M. John Murray, de préparer et de diriger la publi-
cation du Book of Ser Marco Polo; il sera reconnaissant aux per-
sonnes qui voudront bien lui donner de nouvelles indications ou
lui signaler des corrections à faire.
Exposition de 1900. — Le Comité d'admission de la classe H
du groupe III de l'Exposition universelle internationale de 1900
prépare pour sa classe l'organisation d'une exposition rétrospec-
tive. Cette classe porte la désignation : Cartes et appareils de
géographie et de cosmographie. Topographie.
L'exposition rétrospective organisée par cette classe devra donc
comprendre tous les documents et appareils anciens se rapportant
à ces sciences, notamment : cartes et atlas géographiques, géolo-
giques, hydrographiques, astronomiques, etc.; cartes physiques
de toutes sortes; cartes topographiques planes ou en relief; globes
et sphères terrestres ou célestes; ouvrages et tableaux de statis-
tique; tables et éphémérides à Pusage des astronomes et des marins.
Le sous-comité qui s'occupe spécialement de cette exposition
rétrospective vient faire dans ce but un pressant appel aux sociétés
savantes et aux particuliers qui posséderaient des objets anciens
rentrant dans ces catégories. Il vous serait donc reconnaissant si
vous vouliez bien lui assurer votre concours effectif et faire le plus
de propagande possible en faveur de cette entreprise scientifique.
Les demandes d'admission devront être adressées avant le
1er février 1899 au Commissariat général de l'Exposition, section
française, quai d'Orsay, 97.
L'administration de l'Exposition prend à sa charge les frais d'in-
stallation de tous les prêts intéressants et donne aux exposants
toutes les garanties désirables de sécurité pour les objets qu'ils
enverront.
Séance du 18 novembre 1898.
MEMBRES ADMIS
MM. H. L. Bardon de Brun; Juan Queirel; Eugène Baroux; Oli-
vier Biget; René Caben; le vicomte de Nantois; le prince Jacques
de Broglie; Paul Bénazet; le Dr J. J. A. Huguet; Constant Charles
Nicolas Hamant; A. François; DrHiram Hiller; Sylvain Eichardjle
vicomte Roger de Saint-Exupéry; Albert Lesieur; Ernesto Mattoso.
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180 COMPTES RENDUS DES SÉANCES.
CANDIDATS PRÉSENTÉS.
MM. le général Alfred Mourlan (les généraux Niox et Bailloud);
— le vicomte d'OHone, officier hors cadre (comte de Bizemont et
baron Hulot); — Louis Ohl, secrétaire général de l'Association
française de la Jeunesse (colonel Monteil et baron Hulot) ; — le
comte de Tracy ; Roger Luzarche d'Azay (prince Auguste d'Aren-
berg et baron Hulot).
Séance du 9 décembre 1898.
MEMBRES ADMIS.
MM. le général Alfred Mourlan; le vicomte d'OHone; Louis Ohl;
le comte de Tracy; Roger Luzarche d'Azay.
CANDIDATS PRÉSENTÉS.
MM. Henri Aubry, notaire (le colonel Amoureî et Emile de
Guingand); — le marquis Christian de Bonchamps (baron Hulot
et Ixmis Binger); — le général Louis Edgar de Trentinian
(Louis Binger et Le Myre de Vilers); — Auguste Delatte, capi-
taine au 2* bataillon de chasseurs à pied (de Bouvier et le capi-
taine de Contenson); — Th. Tellier, commis des affaires indigènes
(F. J. Clozel et baron Hulot).
Séance du 23 décembre 1898
MEMBRES ADMIS
MM. Henri Aubry; le marquis Christian de Bonchamps; le
général Louis Edgard de Trentinian; Auguste Delatte; Th. Tellier.
CANDIDATS PRÉSENTÉS
MM. Albert Adolphe Prévost, propriétaire (Sere-Depoin et
baron Hulot) ; — le commandant Bith (comte Louis de Turenne
et le colonel Barry); — Charles Eugène Bayer, lieutenant impé-
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 48 1
rial et royal au lor régiment de hussards, professeur à l'Ecole de
cavalerie à Mahrisch-Weisskirchen (baron Hulot et E. A. Martel) |
— Jules Roussel, notable commerçant (Edouard Anthoine et Alexis
Godillot); — Charles Michel, explorateur (Marcel Monnieret baron
Hulot); — Mme Edouard André (Ternaux-Compans et Charles
Maunoir); — M. Jean de Piépape, lieutenant au 36 régiment de
chasseurs d'Afrique (baron Hulot et le commandant Toute)
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ
Juillet-Octobre 1898
GÉOGRAPHIE. - CARTOGRAPHIE. - VOYAGES (GÉNÉRA
LITÉS).
Bulletin de la Société de géographie de Dunkerque, n" 1 (15 juin
1898), 2 (15 sept.). Dunkerque, in-8. Echange.
J. Gorcelle. — La géographie et l'éducation nationale (Revue de Geo-
graphie, 1898), broch. in-8. Auteoh
Bibliothek der Lânderkunde, herausgeg. v. Dr. A. Kirchhoff u. R. Fiu
ner. II. Bd. Die ostafrikanischen Insein, von Prof. Dr. C. Keller
Berlin, 1898, 1 vol. in-8. Schall et Grund, éditeurs.
Belle publication, éditée avec beaucoup de soin. La plus grande partie dfl
l'ouvrage est naturellement comacrée i Madagascar. L'auteur souligne l'impor-
tance de cette acquisition. — Nombreuses et excellentes photographies, portrait-
de personnalités marquantes dans l'histoire de l'île (A. Grandtdler, général
Duchesne), carte de Madagascar d'après le travail de J. Hansen, le cartographe
de la Société, et les levés anglais. — Une omission pourrait être signalée dans
la bibliographie sommaire qui termine l'ouvrage. L'auteur ne semble pas avoir
eu connaissance des remarquables travaux du R. P. Piolet.
àlbebto Magnagiu. — La carta nautica costruita nel 1325 da Angelinu
Dalorto. Notizia. Firenze, 1898, opusc. in-4. Auteur*
A journal of the Ûrst voyage of Vasco da Gama, 1497-1499. Translate* I
and edited with Notes, an Introduction and Appendices, by E. G. Ha
venstein. London, Hakluyt Society (vol. n°99),l vol. in-8. Abonnbmeni
GÉOLOGIE. — A. de Lapparent. — Soulèvements et affaisse me
(Revue des questions scientifiques). Louvain, 1898, broch. in-8. Aute ;
B. RiCHTBR. — Les variations périodiques des glaciers. 3° rapport
(Archives des se. phys. et natur.). Genève, 1898, broch. in-8.
Commission internationale des glaciers.
COLONISATION* — Annales d'hygiène et de médecine coloniales. Re-
cueil publié par ordre du Ministre des Colonies. Paris, Impr. nat*,
1. 1", 1898, in-8. Ministère des Colonr
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482 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Capitaine F. Van Ortrot. — Congrès colonial international de Bruxelles
(Revue des questions scientifiques, avril 1898), broch. in-8. Auteur.
ANTHROPOLOGIE. - ARCHÉOLOGIE. - Gh de Ujfalvy. — Mé-
moire sur les Huns blancs et sur la déformation de leurs crânes
(L'Anthropologie, Paris, 1898), broch. in-8. Auteur.
Justus Barth. — Norronaskaller. Cranla antiqua in parte oriental! Nor-
vegiae meridionalis inventa. En studie... udg. v. G. A. Guldberg.
Christiania, Brogger, 1896, 1 vol. in-8. Université de Christiania.
Léon Dru. — Un document d'archéologie agricole. Description d'un
chapiteau de l'église abbatiale de Vézelay et son rapport avec la
viticulture (Mém. Soc. nat. d'agriculture de France, 1. 138). Paris,
1898, broch. in-8. Auteur.
Walter James Hoffman. — The graphie art of the Eskimos. Washin-
gton, Smithsonian Institution, 1897, 1 vol. in-8.
Ouvrage extrait do rapport de 4895 du Musée national des Etala-Unis. 11
comprend des études oo m parées sur les objets recueillis chez les Esquimaux de
l'Alaska, du Mackenzie, du Labrador et de tout le nord de l'Amérique d'après les
collections du musée ethnographique do Washington, de l'Université catholique,
du musée delà Compagnie commerciale de l'Alaska. Ces objets sont représentés
par 83 planches de photogravure et 154 gravures.
Les Esquimaux ont exereé leurs aptitudes graphiques originales par des gra-
vures sur des os et de l'ivoire relatant les faits ordinaires de leur existence, tels
que les pèches, les chasses, les travaux usuel». Ignorant l'écriture, ils ont
consigné par le dessin leurs observations historiques. Elles peuvent être rap-
prochées du même mode de transcription d'autres peuples i l'origine des civi-
lisations. Ces caractères physiographiques, idéographiques, mythologiques ont
une certaine analogie avec ceux des Indiens du nord de l'Amérique, des Scandi-
naves et jusqu'à un certain point, des peuples de la vallée du Nil.
J. G.
BIOGRAPHIE. — Robinet de Clery. —Les derniers d'Amerval. Nancy,
1898, broch. in-8. Auteur.
M. V. Ballivian t Pedro Kramer. — Tadeo Haenke. Escritos precedidos
de algunos apuntes para su biograûa... La Paz, 1898, 1 vol. in-8.
Auteurs.
Joseph Joûbert. — 0 mais illustre dos navegadores portuguezes (La
Revista portugueia), Lisboa, 20 di junho de 1898, in-8.
J. Joûbert. — Henri Gastonnet des Fosses (Revue de V Anjou, juillet-
août, 1898). Angers, in-8. Auteur.
DIVERS. — V. TiifiCHEFF. — L'activité des animaux. Trad. du russe.
Paris, Masson, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
A. Guierre. — L'avenir de la torpille et la guerre future. Paris, Berger-
Levrault, 1890, 1 vol. in-8. Auteur.
Répertoire bibliographique des principales revues françaises pour Tan-
née 1897. Rédigé par D. Jordell. Paris, Per Lamm, 1898, 1 vol. in-8.
Echange.
Sous sa forme à la fols condensée et fort précise, ce Répertoire sera certai-
nement d'un aide puissant pour tous les travailleurs. Une disposition très judi-
cieuse des deux tables : matières et noms d'auteur», facilite considérablement
les recherches.
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 483
EUROPE- — Henry Spont. — Sur la Montagne (les Pyrénées). Paris,
Pion, 1 vol. in-8. Auteur.
Récit pittoresque d'ascensions et de courtes dans les gorges et sur les névés des
Pyrénées. Celles-ci sont moins souvent parcourues que les Alpes et cependant,
c elles exercent l'attrait invincible des grandes choses muettes », qui provient à la
fois de leur double face de grâce et d'austérité. L'auteur les décrit comme touriste,
comme poète et comme photographe qui sait choisir ses vues avec discernement.
J. G.
J. Corcelle. — Etude sur la population du département de l'Ain.
Bourg, 1897, 1 vol. in-8. Auteur.
Edward Whympeb. — Chamonix and the Range of the Mont-Blanc.
3d éd. London, Murray, 1898, i vol. in-8. Auteur.
Ustica. Prag, Mercy, 1898, 1 vol. in-f .
S. A. i. et r. Louis Salvàtor d'Autaiche.
Les populations finnoises des bassins de la Volga et de la Kama, par
J. N. Smirnov. Etudes d'ethnographie historique. Traduites du russe
et revues par J. Boyer. 1N partie : Tcheremisses. Mordves. (Publica-
tions de l'Ecole des Langues orientales vivantes, 4° série, vol. VIII).
Paris, Leroux, 1898, 1 vol. in-8. Ministère de l'Instruction publique.
Prince Y. N. Tenicheff. — Programme d'informations ethnographiques
sur les paysans de la Russie centrale. Smolensk, 1898, 1 vol. in-18.
Auteur.
ASIE. — Jules de Schokalskt. — Les recherches des liasses de la
route maritime de Sibérie (G. R. Congres internat, de géogr., Londres,
1895), broch. in-8. Auteur.
J. Taleo-Gryntzevitch. — Contribution à l'anthropologie des Grands
Russiens. Les Transbalkaliens. Tomsk, 1898, opusc. in-8 (en russe).
Auteur.
Gervais-Courtellemort. — Mon voyage à la Mecque. Paris, Hachette,
1896, 1 vol. in-8. Achat.
Proverbs and folklore of Kumaun and Garhwal, collected by Pandit
Ganga Datt Upreti. Lodiana, 1894, 1 vol. in-8. Auteur.
A. A. Fauvel. — Lbs chemins de fer en Chine. Dernières concessions
{Questions diplomatique» et coloniales). Paris, 1898, broch. in-8.
A. A. Fauvel. — Les Allemands en Chine. Leurs missions, la prise de
Kiao-tchéou {Correspondant). Paris, 1898, broch. in-8. Auteur.
F. von Richthofen. — Schantung und seine Eingangspforte Kiautchou.
Mil 3 grossen Karten ausser Texte... Berlin, Rei mer, 1898, 1 vol. in-8.
Auteur.
Gouvernement général de l'Indo-Chine. Bulletin économique de l'Indo-
Chine. Saigon, in-8, 1M année, n* 1, 1er juillet 1898.
Gouvernement général.
Louis de Grandmaison. — L'expansion française au Tonkln. En terri-
toire militaire. Paris, Pion, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
Placé pendant deux ans sous les ordres du général Gallieni, l'auteur ■ a pour
but de faire connaître les convictions qu'il s'est faites sur place ». Nous colonisons
mai parce qu'on flatte les mauvais instincts des indigènes, au lieu de s'en servir
en consacrant, leurs efforts i l'augmentation de la production et de son expor-
tation. Vouloir coloniser par l'administration est une conception fausse et
dangereuse. J. G.
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484 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Jean d'Albrey. — Du Tonkin au Havre. Chine, Japon, Iles Hawaii,
Amérique. Paris, 1898, i vol. tn-8. àiiteur.
Ancien élève de l'Ecole polytechnique, appartenant à l'armée, M. d'Albrey
nous promène, plus en artiste qu'en écrivain militaire, an Japon qu'il apprécie
peu, aux Sandwich et i travers l'Amérique.
Sa prose aimable nous peint les impressions très personnelles, et par consé-
quent discutables d'un esprit original et bien français. Epris de couleur et
d'idéal, M. d'Albrey a écrit un livre instructif et qui sort de la banalité habi-
tuelle à ces sortes de récils. A. de Ginoux.
Jules Leclercq. — Les temples souterrains de Ceylan (Académie royale
de Belgique, 1898). BruxeJles, broch. in-8. Adteub.
AFRIQUE. — Matériaux pour la carte géologique de l'Algérie. 2* série.
I. La Kabylle du Djurjura, par E. Fischer. Alger, 1891, 1 voi. —
Paléontologie. Monographies... par A. Pomel, 8 vol. in-4.
Ministère de l'Instruction publique.
Publications de l'Ecole des Lettres d'Alger : Le Djebel Nefousa. Tran-
scription, traduction française et notes, avec une étude grammaticale,
par A. de Calassanti-Motylinski. Fasc. I, 1898. — L'Atlas marocain,
d'après les documents originaux, par Paul Schneil. Traduit... par
Aug. Bernard, 1898, 1 vol. in-8. Echange.
G. Milsom. — Rachgoun, port de guerre et de commerce. Projet (Bull.
Soc. gêogr. d'Alger, 1898), opusc. in-8. Auteur.
G. B. Flamand. — Notions élémentaires de lithologie et de géologie
appliquées aux grandes zones culturales de l'Algérie et de la Tunisie
(Extr. du Manuel pratique de l'agriculteur algérien, par MM. Ri-
vière et Lecq). Paris, Challamel, 1898, opusc. in-8.
G. B. M. Flamand. — De l'Oranle au Gourara. Notes de voyage. Paris,
Challamel, 1898, 1 vol. in-8.
G. B. M. Flamand. — Aperçu général sur la géologie et les produc-
tions minérales du bassin de l'Oued Saoura et des régions limitrophes
(Extr. des Documents pour servir à Vétude du Nord-Ouest afri-
cain...). Alger, 1897, 1 vol. in-4. Auteur.
On ne possède que d'incomplètes connaissances sur les richesses minérales
découvertes par les explorateurs ou mal indiquées par les indigènes. Ce travail
résume les connaissances acquises ; il décrit les nombreux minéraux existants,
soit à l'état de fîtes, soit à l'état d'indices ; il est accompagné de croquis géolo-
giques et suivi d'une bibliographie complète des ouvrages et relations de voyage
concernant ce pays.
Comte H. de Castries. — Le Congo français et l'Etat indépendant
(Revue des Deux Mondes, Paris, juill. 1898). Auteur.
L'œuvre coloniale du roi en Afrique. Résultats de vingt ans, publiés sous
la direction du major A. Gilson, par Ferdinand Goffart: Bruxelles,
impr. Monnom, 1898, 1 vol. in-8. Major A. Gilson.
Documents arabes relatifs à l'histoire du Soudan. Tarikh es-Soudan, par
Abderrahman ben Abdallah ben 'lmran ben 'Amir es-Sa'di. Texte arabe
édité par 0. Houdas. Paris, Leroux, 1898, 1 vol. in-8.
* Ministère de l'Instruction publique.
Lieutenant de vaisseau Hourst. — Sur le Niger et au pays des Touaregs.
La mission Hourst. Paris, Pion, 1898, 1 vol. in-8. Baron Ho lot.
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A
OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 485
Wissenschaftliche Ergebnlsse der Reisen in Madagaskar und Ostafrika
in den Iahren 1889-1895. Von D'A. Voeltzkow. Heft II. Die Ostracoden.
Von S. W. Muller {Ablmndl. d. Senckenb. naturf. Gcs., Bd. XXJ),
1 vol. in-4. Auteur.
AMÉRIQUE* — Commodore W. Melville. — Views as to tbe stratégie
and commercial value of the Nicaraguan canal, the future control of
the Pacific Océan... Washington, 1898, opusc. in-8. Auteur.
Lettres de Fernand Cortes à Charles-Quint sur la découverte et la con-
quête du Mexique. Traduites par Désiré Charnay. Paris, Hachette,
1898, 1 vol. in-8. " D. Charmât.
Carlos. B. Cisneros t Romulo E. Garcia. — Geograûa comercial de la
America del Sur. Bolivia, Lima, 1897, 1 vol. in-8. Auteurs.
David Levât. — La Guyane française et le Contesté franco-brésilien
(Revue scientifique). Paris, 1898, 1 vol* in-12. Auteur.
Ajuricara. — 0 Amazonas seu commercio e navegaçâo. Manaos, 1877,
opusc. in-12.
Julio Pinkas. — Madeira é Mamoré (artigos publicados no Jornal do
Commercio). Rio de Janeiro, 1889, opusc. in-8.
Dr J. Siemiradski. — Za morze ! Szkice z wycieczki do Brazylii. Lvov,
1894, in-8.
Barâo de M. — A Amazonia. As provincias do Para e Amazonas e o
governo central do Brazil. Lisboa, 1883, 1 vol. in-8.
José Verissimo. — A Amazonia. Rio de Janeiro (Jornal do Brazil), 1892,
1 vol. in-18.
L. R. Cavalcanti de Alruquerque. — A Amazonia em 1894. Rio de
Janeiro, 1 voi. in-8. A. Pinart.
Anuario hidrografleo del Rio de La Plata, para el ano 1891, por C. A.
Arocena. Montevideo, 1891,1 vol. in-12. Echange.
Dr J. B. de Sa OLivEinA. — Evoluçao psychica dos bahianos. Bahia,
1898, opusc. in-8. M. V. Baluvian.
José Onofrb Bumster. — The Chilo-Argentine Boundary question. An
answer to F. P. Hansen. London (Soulh American Journal), 1898,
opusc. in-8. Auteur.
RÉGIONS POLAIRES. — Dr Fr. Nansen. — Vers le Pôle. Traduit par
Ch. Rabot. Paris, Flammarion, 1897, 1 vol. in-8. Traducteur.
Henry Campioh. — The secret of the Pôles. Illustrated...showingappro-
ximately the thickness of ils crust, its complète hollowness... Bir-
mingham, 1898, opusc. in-8. Autbur.
ATLAS — CARTES — PHOTOGRAPHIES
Giuseppe Pennesi. — Atlante scolastieo per la geograûa fisica e politica.
Roma, 1898, 1 vol. in-4. t Auteur.
Atlas comprenant 50 cartes gravées sur pierre destiné aux études classiques.
Ces cartes, mises au courant des dernières découvertes, comportent pour la
plupart les courbes bathy métriques; l'hypsomotrie est représentée par des teintes
conventionnelles. Des cartouches addiUonnols les complètent pour les renseigne-
ments d'ordre physique, météorologique et ethnographique.
soc. de géocr. — c.R. dis sEamces.— n° 9.— Décembre. 34
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486 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
France. Carte géologique, 1/320,000*. Feuille n* 8 (Lille). — Carte géo-
logique détaillée, 1/80,000*. Feuilles n" 49 (Meaux), 164 (Limoges),
169 bis (Albertville), 233 (Montpellier). Ministère des Travaux publics.
Section topographique de l'état-major russe, Saint-Pétersbourg
(textes russes) :
Carte de la Russie d'Asie et des pays limitrophes, 1884 (complétée
en 1891-1895), 1/4,200,000% feuilles I-VIII.
— Carte de la frontière méridionale de la Russie d'Asie, 1/1,680,000*
1887-1897, feuilles 1-31.
— Carte de l'Afghanistan, 1891, 2 ff.
Etat-major général (par l'entremise du général Bolcheff, mb cor-
respondant de la Soc), Saint-Pétersbourg.
A. A. Fauvel. — Carte de la Péninsule de Malacca, d'après les dernières
cartes anglaises. Publiée par la Revue française, 1893, 1/1,200,000^
1 f. Auteur.
(Un certain nombre d'exemplaires de cette carte ont été gracieuse-
ment mis par M. Fauvel à la disposition des membres de la Société
que ce document pourrait intéresser.)
Service géographique de l'armée :
Afrique, l/2,000,000\ Feuilles n- 12 (Miliana), 19 (Agadez), 20 (Yayo),
37 (Barderah).
— Algérie, l^OOO*. Feuilles 99 (Sedrata), 131 (Ammi-Moussa).
— Environs de Bizerte, 1/50,000*. Ministère de la Guerre.
Commissâo de cartographia, Lisboa. Costa occidental da India. Piano
hydrograpbico da enseada da Agoada e barra do rio Mandovi. 1/10,000*,
1898, lf. — Costa oriental d'Africa. Provincia de Moçambique. Recon-
hecimento da bahia e rio Conducia, 1 f.
Ministère de la Marine, Lisbonne.
Don Pedro Lopez. — Mapa de las comunicaciones postales y telegràfl-
cas de la Republica Argentina y las de sus conexiones con los paises
limitrofes. Confeccionado... por orden del director gênerai de Correos
y Telégrafos, DrC. Caries. 1/2,000,000*.
Dr C. Carles, directeur des postes et des télégraphes
de la République Argentine.
Carte officielle des volet de communication comprenant la République Argen-
tine et le sud de l'Amérique. Ce document permet de constater le développement
du commerce et do l'industrie, jugés d'après l'ektension des moyens de
communication ; les chemins de fer, les télégraphes, les câbles sous-marins se
sont multipliés rapidement pendant ces dernières années, surtout en convergeant
vers les grands centres de population. La disposition des signes distincttfs et
les cartes supplémentaires contribuent à la clarté du dessin de cette carte.
J. G.
Topographisch Bureau, Batavia. — Kaart van net gebied bezet in
Groot-Atjeh. 1/40,000*, 6 ff.
— Overzichtskaart van Groot-Atjeh en aangrenzende Kuststaten.
1/200,000*, 1898, 1 f.
Figurative Schetskaart van de Pedirstreek. 1/50,000*, 1898, 2 ff. .
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 487
Atlas des Indes néerlandaises. Feuilles n" 11 (Bangka, 1/500,000*; Bli-
toeng, 1/400,000*; Riouw-en Lingga-Archipel, 1/750,000*), 12(Wester-
afdeel. van Bornéo, 1/1,000,000*), 13(kl. Soendaeilanden, 1/1 ,000,000*),
16 (Molukken, 1/3,000,000*; Nederlandsch Nieuw-Guinea, 1/4,000,000*;
noordwestl. gedeel. der Resid. Ambon, 1/1,000,000*), plans de villes, etc.
Ministère des colonies, La Haye.
Karta ôfver Beeren Ëlland uppm&tt under 1898 ars Polarexpedition den
13-19 Juni af A. Hamberg och O. Kjellstrom, 1/50,000*, Stockholm,
Gen. St., 1898, 1 f. Anonyme.
Album des missions de la Nouvelle-Guinée confiées à la Société des mis-
sionnaires du Sacré-Cœur. Le R. P. F. Hartzer.
Publications provenant de la bibliothèque de feu Aimé Girard, offertes
à la Société par M. Lindet.
La Société est autorisée à disposer au mieux de ses intérêts
(échanges contre d'autres ouvrages, dons...) d'un certain nombre de
ces publications dont un exemplaire se. trouve déjà dans sa biblio-
thèque.
(Publications non datées) :
Notice des tableaux du musée royal à La Haye, in- 8.
The six penny illustrated guide through Glasgow, with a complète map
of the city. Glasgow, Miller, in-12.
Shaw's Tourists' Picturesque guide to Liverpool and its environs. Lon-
don, 1 vol. in-8.
Splendid-guide. Royat, Clermont, Chatel-Guyon. Paris, 1 vol. in-8.
D* A. Petit. — Guide médical aux eaux de Royat. Paris, 1 vol. in-12.
Max Claudet. — Salins-les-Bains et ses environs. Salins-les-Bains,
Bouvier, 1 vol. in-8.
Royat-guide. Renseignements, curiosités... Clermont- Ferrand, 1 vol.
in-12.
Guides Garnier. Nouveau guide général du voyageur en Espagne et en
Portugal, par A. Lanneau-Rolland. Paris, 1 vol. in-12.
Guides Gonty. Côtes de Normandie.
— Quinze jours en Belgique, Hollande et Prusse rhénane, in-12.
J. B. M. Biélawski. — Récit d'un touriste auvergnat. Yssoire, 1 vol.
in-8.
Emmanuel Raymond. — L'Espagne et le Portugal depuis l'invasion des
Carthaginois jusqu'à nos jours. Paris, 1 vol. in-18.
(Publications portant date) :
P. S. Beodant. — Yoyage minéralogique et géologique en Hongrie
pendant Tannée 1818. Paris, 1822, 3 vol. in-4. Auteur.
C. M. Pierret. — Pichegru, son procès et son suicide. Paris, 1825,
1 vol. in-8.
Alexandre Daumont. — Voyage en Suède. Contenant des notices éten-
dues sur le commerce, l'industrie... Paris, 1834, 2 vol. in-8 (double).
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488 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Manuel du voyageur sur les bords du Rhin... par et d'après Schreiber,
Gray Fearnside et John Watts. Revu et mis en ordre par Richard.
Paris, 1836, 1 vol. in-12.
Drake's Picture of Birmingham, 3< éd. Birmingham, London, 1837,
1 vol. in-12.
William Hawkes Smith. — Birmingham and South Staffordshire; or
illustrations of the history, geology and industrial opérations of a
mining district. London, 1838, 1 vol. in-8.
Michel Chevalier. — Histoire et description des voies de communica-
tion aux États-Unis et des travaux d'art qui en dépendent. Paris, 1840.
Parties 1, 2 (en 1 vol.), in-4 (doublé).
P. J. Kiefer. — Description nouvelle et complète de la ville de Cologne.
Cologne, 1842, 1 vol. in-16.
Général Bugeaud. — L'Algérie. Des moyens de conserver et d'utiliser
cette conquête. Paris, 1842, 1 vol. in-8.
Léon Galibert. — L'Algérie ancienne et moderne... Paris, 1844, 1 vol.
in-8.
Charles Richard. — Du gouvernement arabe et de l'institution qui doit
rexercer. Alger, 1848, 1 vol. in-8.
Ville. — Recherches sur les roches, les eaux et les gîtes minéraux des
provinces d'Oran et d'Alger. Paris, Impr. nat., 1852, 1 vol. in-4 (double).
Guide pittoresque du voyageur en Touraine. Tours, 1852, 1 vol. in-12.
Eugène Guihot. — Itinéraire du chemin de fer de Paris à Bruxelles.
Paris, Hachette, 1853, 1 vol. in-8.
Abrégé du voyage de F. Levaiilant dans l'intérieur de l'Afrique (1780-
1785). Paris, 1853, 1 vol. in-8.
W Alfr. Fouquet. — Guide des touristes et des archéologues dans le
Morbihan. Vannes, 1854, 1 vol. in-12.
Richard. — Guide du voyageur en Hollande. Paris, 1854, 1 vol. in-12.
Alexandre de Humboldt. — Cosmos. Essai d'une description physique
du monde. Trad. par H. Paye. Tomes 1, 2, 3. Paris, 1851. — Mélanges
de géologie et de physique générale. Trad. par Ch. Galusky. Tome 1er,
1854, in-8. — Volcans des Cordillères, de Quito et du Mexique, 1854,
1 vol. In-4 (double).
Aug. Bouchot. — Histoire du Portugal et de ses colonies (Histoire
universelle, publiée... sous la direction de M. V. Duruy). Paris, 1851,
1 vol. in-8.
J DRIEU de la Gravière. — Voyage en Chine et dans les mers et archi-
pels de cet empire pendant les années 1847-1848-1849-1850. 2 vol.
in-8.
Olivier Merson. — Guide du voyageur à Lisbonne. Paris, Hachette,
1857, 1 vol. in-8.
Charles Edmomd. — Voyage dans les mers du Nord à bord de la cor-
vette la Reine Horlense. Notices scientiûques communiquées par
MM. les membres de l'expédition. Carte du voyage. Carte géologique
de l'Islande. Paris, Michel Lévy, 1857, 1 vol. in-4 (double).
Louis Eîcaclt. — La Norvège. Paris, 1857, 1 vol. in-8 (double).
M11* E. Chevalier. — Guide pittoresque dans la Nièvre et spécialement
dans Nevers, aux eaux de Pougues, 1857, 1 vol. in-8.
X. Marmier. — Lettres sur le Nord. Paris, 1857, 1 vol. in-8 (double).
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 489
Guides-cicerone. Guide du voyageur à Londres. 2° éd. — Belgique, par
G. Momand, 1858. Paris, Hachette, in-8.
Notice des tableaux du Musée d'Amsterdam. Amsterdam, 1858, 1 vol.
in-8.
Catalogue des tableaux de la Pinacothèque royale à Munich. Munich,
1860, 1 vol. in-12.
Souvenir d'Aix-la-Chapelle. 18 vues de la ville. — Description des
saintes reliques ainsi que des reliquaires, par J. P. J. Beissel. Aix,
1860, 1 vol. in-12.
Discours, messages et proclamations de l'Empereur. Paris, 1860, 1 vol.
in-8.
Londres et ses environs. Londres, Baily, 1862, 1 vol. in-12.
Guides Joanne. Itinéraire de l'Espagne et du Portugal, 1859, 1 vol. —
Itinéraire descriptif de la Belgique, par A. J. Du Pays. Paris,- Hachette,
1863, 1 vol.
Coulvier-Gravier. — Précis des recherches sur les météores et sur
les lois qui les régissent. Paris, 1863, 1 vol. in-8.
K. Baedeker. — L'Allemagne. Coblenz, 1 vol. in-8.
D. Francisco de P. Mellado. — Guia del viagero en Espana. Madrid,
1863, 1 vol. in-12.
E. R. Regnault, — Essai sur la constitution des corps célestes. Nancy,
1863, 1 vol. in-8.
Antonio Rotondo. — Descripcion de la gran basilica del Escorial, 4* edi-
cion. Madrid, 1864, 1 vol. in-8.
Francisco Ferreira Barbosa. — Elucidario do viajante no Porto.
Coimbra, 1864, 1 vol. in-8.
Guia historico do viajante no Porto e Arrabaldes. Porto, 1864, 1 vol.
in-8.
A. de Grandeffe. — Nouveau guide en Espagne. Paris, Chaix, 1864,
1 vol. in-8.
Rev. J. Coollingwood Bruce. — A Hand-Book to Newcastle-on-Tyne.
London, 1864, 1 vol. in-8.
Rodolphe Lindau. — Un voyage autour du Japon. Paris, Hachette,
1864, 1 vol. in-8.
Eugène d'Auriac. Nouveau guide général du voyageur en Hollande.
Paris, Garnier, 1864, 1 vol. in-8.
J. A. Pères Abreu. — Roteiro do viajante no continente e nos camin-
hos de ferro de Portugal em 1865. Coimbra, 1865, 1 vol. in-8.
Victorien Vidal. — L'Andorre. Paris, 1866, 1 vol. in-12 (double),
Félix Belly. — A travers l'Amérique centrale. Le Nicaragua et le canal
interocéanique. Paris, 1867, 2 vol. in-8 (double).
F. Peise. — Guide universel de l'étranger dans Marseille. Paris, 1867
1 vol. in-12.
Guide du voyageur en Suède. Précédé d'un aperçu historique et de
notices statistiques. Publié par ordre du roi. Stockholm (Paris, Amyot),
1867, 1 vol. in-12.
J. du Pays. — L'Italie et la Sicile (Collection des guides Joanne.
Guides diamant). Paris, Hachette, 1867, 1 vol. in-12.
Comm. J. B. de Rossi. — Aperçu général sur les catacombes de Rome
et description du modèle d'une catacombe exposé à Paris en 1867.
Paris, 1867, 1 vol. in-12 (double).
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490 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Collin's iluistrated guide to London and neighbourhood... London,
1871, 1 vol. ln-12.
Capitaine Roudaire. — Rapport à M. le Ministre de l'Instruction publi-
que sur la mission des Chotts. Etudes relatives au projet de mer
intérieure (Archives des missions scient, et littér.). Paris, 1873,
1 vol. in-8 (double).
Edouard Goepp et Emile L. Cordibr. — Les grands hommes de la
France. Navigation (Bougainville, La Pérouse, d'Entrecasteaux, Dumont
d'Urville). Paris, 1873, 1 vol. in-8.
Royat. Eaux thermales... Manuel du médecin. Clermont-Ferrand, 1873,
1 vol. in-12.
Guide complet de l'étranger à Orléans. Notice historique, archéolo-
gique... Orléans, 1874, 1 vol. in-12.
Guide to Manchester and Salford. Edinburgh, Black, 1874, 1 vol. in-8.
Ed. Vimont. — Clermont, Royat, les monts Dôme, 3° éd. Clermont-Fer-
rand, 1875, 1 vol. in-12 (double).
V. Barbier. — La Savoie industrielle. Ghambéry, 1875, 2 vol. in-8.
Levasseur. — La France et ses colonies. Paris, Delagrave, 1875, 1 voK
in-12.
L. Ch. Quin. — Le Havre avant l'histoire et l'antique ville de l'Eure.
Havre, 1876, in-8 (double).
Ernest Schuler. — Le Jura bernois et ses chemins de fer, sa popula-
tion, son histoire et ses institutions. Bienne, 1877, 1 vol. in-8.
N. B. Wtse. — Canal interocéanique, 1876-77. Rapport sur les études
de la commission internationale. Exploration de l'isthme du Darien.
Paris, 1877, 1 vol. in-4 (double).
Levasseur. — Rapport sur le commerce et le tonnage relatifs au canal
interocéanique. Paris, 1879, in-4.
Edw. H. Knigbt. — A study of the Savage weapons at the centennial
Exhibition, Philadelphia, 1876 (Smithsonian Annual Report for 1870).
Washington, 1880, 1 vol. in-8.
Dictionnaires topographiques des départements. Publiés sous les auspices
du Ministère de 'l'Instruction publique. Département de l'Eure, parle
marquis de Blosseville, 1877, 1 vol. — Département de la Mayenne, par
L. Maître, 1878, 1 vol. — Département de la Yienne, par L. Rédel,
1881, 1 vol. Paris, Impr. nationale, in-4 (double).
Documents inédits sur l'histoire de France : Li livres dou trésor, par
Brunetto Latini. Publié... par P. Chabaille, 1863. — Mémoires des
intendants sur l'état des généralités dressées pour l'instruction du
duc de Bourgogne, par A. M. de Boislisle, tome Ier, 1881. — Le
comité des travaux historiques et scientifiques, 1882, 3 vol. (double).
Guides diamant. Le Mont-Dore et les eaux minérales d'Auvergne. Paris,
Hachette, 1885, 1 vol.
Alfred Renouard. — Excursions d'un touriste dans le département du
Nord. Lille, 1885, 1 vol. in-8.
A. Girt. — Etude sur les origines de la commune de Saint-Quentin
(Extr. du tome 1" des Archives anciennes de Saint-Quentin). Saint-
Quentin, 1887, 1 vol. in-4.
Leor Dru. — Projet de canal entre le Don et le Volga. Paris, 1886,
1 vol. in-4 (doublé).
Charles Wiener. — Chili et Chiliens. Paris, Cerf, 1888, 1 vol. in-8.
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OUVRAGES OFFERTS À LA SOCIÉTÉ. 491
Paul Guyot. — Voyage au Zambèze (Bull. Soc. géogr. de VEtt). Nancy,
Berger-Levrault, 1889, 1 vol. in-8.
0. M. Reutbr. — La Finlande et les Finlandais. Itinéraire historique et
descriptif. Helsingfors, 1889, 1 vol. in-8 {double).
J. B. M. Biélawski. — Le plateau central de la France et de l'Auvergne
dans les temps anciens. Paris, 1890, 1 vol. in-8.
Vade-mecum. Guide suisse. Région du Léman, Jura-Simplon, 1894.
Genève, 1 vol. pet. in-12.
D* A. Labat. — Voyage en Italie. Congres de Rome, 1894. Paris, Bail-
Hère, 1894, 1 vol. in-8.
D* A. Labat.— Voyage en Suisse. Eaux minérales et stations sanitaires.
Paris, Baillière, 1895, opusc. in-8.
Institut de France. Les registres de l'Académie française, 1672-1793.
Paris, 1895, 3 vol. in-8.
CARTES — ALBUMS
Karta ôfver segelleden fran Stockholm kanalvâgen till Gôtheborg, Jemte
fyrtifyra utsigter. Stockholm, 1 f.
T. A. V. Mentzer. — Res-karte ofvêr Sverige... Stockholm, 1 f.
Panorama topographique du Rhin, de Schaffhouse à la mer du Nord.
Tracé sur une grande échelle... 27 plans de villes... Dessiné par U.
Hendschel. Précédé d'une introduction historique par Ed. Duller. Franc-
fort-sur-Mein, 1847, in-8.
Eisenbahn- Atlas von Deutschland, Belgien... Gotha, Perthes, 1853.
Du four. — Carte hydrographique, itinéraire, administrative de la
France, 1862, 1/700,000, Paris.
P. Perry-Vidal. — Planta da cidade de Lisboa (1/7,000). Lisboa, 1864,
1 f .
Nicaragua Canal. New- York, Maritime Canal Company of Nicaragua,
in-8 (vues panoramiques accompagnées de notices).
Edinburghdelineated. Yiews of the principal public buildings, streets...
Edinburgh, J. Hamilton, 1 vol. in-8.
Yiews of Windsor. A. B. Brown, Windsor. 12 pi., 24 vues.
Cartes et Atlas offerts par M"4 V™ Ch. Garnier, en souvenir de son fils
CHR. GAR5IER :
Table de Peutinger, par E. Desjardins, 1 vol. in-f\
Nieuwen Atlas ofte werelt beschryvinge... Amsterdam!, J. Jansson, 1638.
2 vol. In-f».
Atlas historique, ou Nouvelle Introduction à l'histoire, à la chronologie...
par M. C. Avec des dissertations sur l'histoire de chaque Etat, par
M. GueudeYille. Tome V qui comprend l'Asie... Amsterdam, 1719,
1 vol. in-f».
D'Aiwlle. — Nouvel Atlas de la Chine, de la Tartarie chinoise et du
Thibet... La Haye, 1737, un vol. in-f».
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492 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
Monialium Ebstorfensium Mappamoundi quae exeunte saeculo xm
videtur picta, Hannoverae nunc adservatur, edidit Gonradus Miller.
Stuttgart, Eckstein et Staeble, 1 f.
Charles Yuiarte. — Paris. Coup d'œil sur son histoire et ses trans-
formations successives. Avec vignettes, chromos et eaux-fortes. Sou-
venir de l'inauguration du nouvel Hôtel de ville, le 13 juillet 1882.
Paris. Rothschild, 1 vol. in-4.
J. B. Rigaud. — Histoire de Paris (vues diverses).
Cartes diverses de l'Italie septentrionale, par G. Blaeu, Hohmann, de
Wit... (réunies en un atlas, inf>).
Carte (manuscrite, chinoise) des derniers renseignements sur les lies
Taïwan (Formose) et Poung-hoou (Pescadores), 1 f.
Carte de l'Empire du Milieu (texte chinois), 1 f. sur toile et cartonnée.
Notions et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres
bibliothèques, publiés par l'institut national de France, tome 27*
(1" partie), 2* fascicule, inscriptions sanscrites de Campa et du Cam-
bodge. Planches. Paris, Impr. nat., 1883, 1 vol. in-f\
Novembre-décembre 1898
GÉNÉRALITÉS. - VOYAGES- - GÉOGRAPHIE. - COLONISA-
TION. — Lady Brassey. — Voyage d'une famille à travers la Mé-
diterranée... Trad. de l'anglais par J. Butler. Paris, Dreyfous, 1vol.
in-8. Achat.
Histoire universelle des missions franciscaines d'après le T. R. P. Marcellin
de Civezza. Ouvrage traduit de l'italien et disposé sur un plan nou-
veau par le P. Victor Bernardin de Rouen. Tome I. Asie (Tartarie,
Chine, Perse...). Paris, Tolra, 1898, 1 vol. in-8. Le R. P. Norbert.
Cette histoire débute en 1247 à l'époque où les Tartares sortaient en honles
irrésistibles pour envahir l'Inde, la Chine, la Perse ; ils envahirent aussi la Hon-
grie, menaçant l'Europe, et furent refoulés par l'Ilalion J. de Pian Carpino, le
Français Rubrouck et le Portugais Laurent ; elle se termine à la dynastie de
Gengis-Kan. L'influence des missions franciscaines a favorise le rôle de la
France en Tartarie, f ce pays illimité », peuplé do tribus errantes et guerrières.
Service géographique de l'armée. Rapport sur les travaux exécutés en
1897. Paris, 1897, 1 vol. in-8. Ministère de la Guerre.
Ministère des Travaux publics. Commission du nivellement général
de la France. Étude sur les méthodes et les instruments de précision,
par C. M. Goulier, colonel du génie... Revues, annotées et accom-
pagnées d'une étude sur les variations de longueur des mires d'après
les expériences du colonel Goulier, par Ch. Lallemand. Paris, lmpr.
nat., 1898, 1 vol. in-4. Ch. Lallemand.
Ed. Whymper. — A new mountain anéroïde barometer (Times, déc. 17,
1898). Acteur.
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 493
Ministère des Colonies. Notices à l'usage des émigrants. NM 1 (Nou-
velle-Calédonie) ; — 2 (Guyane) ; — 5 (Sénégal et dépendances).
Melun, impr. administrative, 1897-1 898, in-8. Ministère des Colonies.
Dr A. Quennec. — Guide médical à l'usage des explorateurs, colons,
etc. (Exposition internat, de Bruxelles, 1897). Havre, impr. du journal
Le Havre, 1897, 1 vol. in-8.
Sous une forme réduite, ce guide donne des notions d'hygiène générale, de
thérapeutique, de pathologie, de chirurgie et dos indications pour les cas spé-
ciaux. Sans remplacer l'assistance du médecin, il indique les moyens préventifs
et curatifs des maladies spéciales aux voyageurs en Afrique, engendrées par ces
deux ennemis implacables < le soleil et la fièvre », ou mieux, le paludisme pro-
venant du sol. Ce vade-mecum est basé sur la pratique journalière d'après
l'expérience dans los pays mêmes.
Albert Milhe-Poutingon. — Jardins botaniques et jardins d'essais. La
main-d'œuvre africaine. Communication faite au Congrès interna-
tional colonial de Bruxelles, 1897. Paris, Challamel, 1898, broch. in-8.
A. Milhe-Poutingon. — Rapport présenté au Ministre des Colonies
sur une mission aux jardins royaux de Kew. Paris, opuscule, in-8.
Auteur.
DIVERS. — Léon Picot.— Des justices de paix à l'étranger (Moniteur
de$ juges de paix). Paris, Marchai et Billard, 1899, opuscule in-8.
Auteur.
Ludovic Drapeyron. — Comment Mlchelet est devenu historien et géo-
graphe {Revue de Géogr.). Paris, 1898, broch. in-8. Auteur.
Brieven van R. P. Le Cocq d'Armandville, uitgeg. door D* H. ten Kate
(Tijdschr. Batav. Gen. Kuntten en Wetensch.). Batavia, 1898, broch,
in-8. Auteur.
Revue des divers modes d'éclairage artificiel. Lille, 1896, broch. in-8.
G. DÉTREZ.
Quatrième centenaire de la découverte de la route océanique de l'Inde
(1498-1898). Comité Vasco de Gama du département de l'Allier. Mou-
lins, 1898, 1 vol. in-8. Comité.
Quatrième décade du De Orbe novo de Pierre Martyr d'Anghiera. Tra-
duite avec notes et commentaires par P. Gaflarel (Revue de Géogr.).
Paris, 1898, broch. in-8. P. Gaffarel.
Ministère de la Guerre. Inventaire sommaire des Archives historiques
(Archives anciennes. — Correspondance). Tome l#r (l*r fasc., n* 1 à
1203). Paris, Impr. nat., 1898, 1 vol. in-8. Ministère de la Guerre.
EUROPE. — ISLANDE. — Frédéric Regamet. — Une excursion au
grand Saint- Bernard. Paris, Firmin-Dldot, 1 vol. in-8. Achat.
Guide officiel de la navigation intérieure... Dressé par les soins du
Ministère des Travaux publics. 5° édition. Paris, Baudry, 1891, in-12,
avec carte. Achat.
G. Détrez. — Note sur la distance de Lille à Paris. Lille, 1897, broch.
in-8.
G. Détrez. — Le littoral belge. Blankenberghe, Heyst et Knocke. Lille,
1898, broch. in-8. Auteur.
Digitized by LiOOQ IC
494 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
J. Corcelle. — Turin et la vallée d'Aoste {Revue de Géogr., 1898),
broch. in-8. Auteur.
D* J. Gvuic. — Das Rila-Geblrge und seine ehemalige Vergletcherung
(Verhandl. Ges. f. Erdk. Berlin, 1898), in-8. Auteur.
Fauna Norvegiae. Bd. I. Description of the Norvegian species at présent
known beionging to the sub-orders Phyllocarida and Phyllopoda,
by G. 0. Sars. Christiania, 1896, 1 voi. ln-4. Gouvernement norvégien.
Daniel Bruun. — Gjennem affolkede bygder paa Islands indre bojland.
Undersogelser foretagne i 1897 {Geogr. Tidsskr.). Kobenhavn, 1898,
1 vol. in-8.
Daniel Bruun. — Nokkurar Eydibygdir i Arnessyslu, skagaQardar-
dolum og bardardal (Arbok hin$ itlentke fornleifaféUgs, 1898),
broch. in-8. Auteur.
ASIE- — Baron de Baye. — De Pensa à Minoussinsk. Souvenir d'une
mission (Revue de Géogr.). Paris, Nilsson, 1898, broch. in-8. Auteur .
Louis Raveneau. — Travaux des Russes dans l'Asie septentrionale
(Annatetde géogr., 1898). Paris, Colin, broch. in-8. Auteur.
Jules Leclercq. — Excursion à PArarat. Saint-Pétersbourg, 1893,
broch. in-8 (en russe). Auteur.
J. de Morgan. — Délégation en Perse. Compte rendu sommaire des
travaux archéologiques exécutés du 3 novembre 1897 au 1" juin 1898
(Ministère de l'Instruction publique). Paris, Leroux, 1898, 1 vol. in-li.
Auteur.
Ce compte rendu décrit chaque recherche exécutée dent let ruines de Swe,
qui partit avoir été oubliée à partir de l'époque anzaoite. Lee principaux résul-
tats portent sur la citadelle et la ville royale. Le déblai complet aura une durée
• prévue de vingt ans. La Susiane est un pays où les ruines abondent do toutes
parts.
F. Grbnard. — Mission scientifique (J.-L. Dutreuil de Rhins) dans la
haute Asie. Deuxième partie. Le Turkestan et le Tibet. Étude ethno-
graphique et sociologique. Publié sous les auspices du Ministère de
l'Instruction publique... Paris, Leroux, 1898, 1 vol. in-é.
Ministère de l'Instruction publique.
Le Turkestan chinois est vaste trois fois comme la France. L'étude est tait*
d'après les divisions suivantes : la raee ; son caractère ethnique ; la civilisation
avec les mœurs et coutumes ; la famille 'et la vie privée ; les classes sociales ;
l'industrie et l'agriculture ; la religion et la politique extérieure de la destina-
tion chinoise.
Le Tibet, qui est habité par une race disgraciée, < occupe la masse de mon-
tagnes la plus énorme et la plus élevée qui soit dans le monde ». L'aspect do
la nature < accable par l'énormlté des proportions ». Le pays est envisagé
tous l'aspect historique ; la vie matérielle ; l'habitation ; la nourriture ; la
famille ; l'état économique ; le commerce et les routes ; la religion et l'admi-
nistration politique.
L'auteur, qui a passé dix mois au milieu des populations et dans les parties
interdites aux Européens, a non seulement exposé ses observations personnelles,
mais aussi discuté les récits des explorateurs précédents.
i. G.
Bugene Gallois. — Au pays des pagodes et des monastères, fin Blnna-
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 495
nie. Ouvrage orné de nombreuses cartes, gravures. Paris, Delagrave,
1899, 1 vol. in-8. Auteur.
L'auteur qui a beaucoup voyagé, décrit les peuples et les rides des bords de
l'Irrawadi : Rangoun, Pegou, Mandela?, Ara, Bhamo, Amarapoura. U s'attache
surtout à la quantité prodigieuse de pagodes, signe distlnctif du pays. De nom-
breuses photogravures et des dessins de l'autour illustrent cette « accumulation
de merveilles inspirées par la piété envers Bouddha ».
Publications de la Société des études indo-chinoises de Saigon. N° 1.
Essais agricoles et industriels faits en Cochinchine depuis la fonda-
tion de cette colonie jusqu'en 1897. Extraits des Bulletins du Comité
agricole et industriel (1865-1883) et de la Société des études indo-
chinoises (1883-1896). Saigon, impr. Rey, 2 vol. in-8.
Gouvernement général de lIndo-Chini.
Résumé des travaux les plus importants comme utiles à la colonisation pra-
tique, publiés par la Société des études indo-chinoises de Saigon. Leur con-
naissance épargne au nouvel arrivant les tâtonnements dans le genre d'industrie
qu'il veut choisir. Trop disséminés dans de nombreuses publications, ils ont
été groupés pour que le colon puisse profiter des travaux de ses devanciers. Les
deux parties comprenent les extraits des travaux publiés par le Comité agricole
et le résumé des études de la Société.
AFRIQUE. — Victor Deville. — Partage de l'Afrique. Exploration,
colonisation, état politique. Paris, 1898,1vol. in-8. J. André, éditeur.
La question africaine est devenue palpitante dans les relations entre les
nations européennes. L'Angleterre s'est taillé en Afrique un domaine supé-
rieur à celui des autres nations ; cependant nos explorateurs ont été actifs,
surtout pendant ces dernières années. Les Allemands, les Belges, les Portugais
exercent aussi des revendications dans ce partage convoité. L'avenir appar-
tiendra à la nation qui aura été la plus colonisatrice. Nous devons préparer les
futurs colons par l'étude, changer nos mœurs administratives et déterminer un
courant de capitaux vers nos possessions africaines. J. G.
Le dernier rapport d'un Européen sur Ghàt et les Touareg de l'Aïr
(Journal de voyage d'Erwin de Bary, 1876-1877). Traduit et annoté,
par H. Schirmer. Paris, Fischbacher, 1898, 1 vol. in-8. H. Schirmbr.
L'intérêt de cette traduction consiste dans la divulgation de connaissances
sur une région peu connue, n'ayant été explorée que deux fois par les Euro-
péens. E. de Bary était issu d'une famille française émigrée en Bavière. Obser-
vateur sincère, naturaliste préparé au voyage par ses études, il a laissé des
relations intéressantes ; la première est le rapport de son exploration dans le
Tasili, publié en 1878 dans les Zeitschrift de la Société de géographie de
Berlin ; la seconde est son journal de voyage de 1876 et 1877 tel qu'il a été ré-
digé. Elles sont accompagnées de notes comparatives avec les explorations
contemporaines.
Prince Henri d'Orléans. — Une visite à l'empereur Ménélik. Notes et
impressions de routes, avec nombreuses photogravures inédites. Pa-
ris, Dentu, 1 vol. in-8. Auteur.
Relation de la vie de voyage en caravane, avec ses épisodes quotidiens.
L'Abyssinie est un pays s où l'on se trouve frappé par un côté chevaleresque,
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496 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
sentimenUl, noble, à côté d'an caractère tout oriental moins élevé. » lfénélik,
< qui est un moderne », est ami de la France. Il favorise la colonisation à
Djibouti, où elle eat appuyée sur des éléments français et où elle a un terrain
avantageux à son expansion. Le but de ce voyage a été de contribuer à l'expan-
sion scientifique, morale et commerciale de l'influence française et à resserrer
les liens entre les doux pays.
Raymond Teisseire. — Marchand et la question du haut Nil. Confé-
rence. Marseille, 1898, broch. in-8. Auteub.
E. Chaudoin. — Trois mois de captivité au Dahomey. Paris, Hachette,
1891, 1 vol. in-8. Achat.
Pierre d'Espagnat. — Jours de Guinée. Paris, 1898, 1 vol. in-8.
Perrin et C, éditeurs.
Journal quotidien de voyage écrit dans un style coloré. < Ces pages, dit l'au-
teur, sont telles que je les écrivis à la merci des gîtos, avec le reflet changeant
de mon existence; jours de soif et de fièvre, aux étapes bizarres. » Les des-
criptions do la nature tropicale dans les régions aurifères du golfe de
Guinée, se rapportent ù Alangoua, à Samvi, à Attié.
A. J. Wauters. — L'Etat indépendant du Congo. Historique, géographie
physique, ethnographie, situation économique, organisation poli-
tique. Bruxelles, Falk, 1899, 1 vol. in-8. Auteub.
La description de la colonie belge commence à la découverte du Congo,
an xv* siècle, et finit à l'époque contemporaine. Les principaux ebapitros sont :
l'historique, la géographie physique, l'ethnographie, la situation économique et
l'organisation politique. L'auteur indique comment, avec des fortunes diverses,
l'œuvre du roi des Belges, fondée depuis treize ans, a réalisé peu à peu son pro-
gramme, où l'initiative privée a collaboré k cello du souverain. En 1897, le
mouvement commercial a atteint 30 millions, avec progression du double depuis
l'année 1893. Le commerce, suivant son pavillon, se fait pour les -trois quarts an
profil de la Belgique. Au 1" mai 1898 on a inauguré le chemin de fer de Ma-
tadi à Léopoldville ; sa longueur est de 368 kilomètres ; ia voie a 0 m. 75.
Construit au milieu de toutes les difficultés de la main-d'œuvre, il assure la
pénétration par la voie fluviale jusqu'au centre du continent africain.
Société royale de médecine publique et de topographie médicale de
Belgique. Congrès national d'hygiène et de climatologie médicale de
la Belgique et du Congo du 9 au 14 août 1897. Seconde partie. Congo
(climat, constitution du sol et hygiène de l'Etat indépendant).
Bruxelles, Hayez, 1898, 1 vol. in-8.
Société royale de médecine publique.
La Commission a rédigé un questionnaire qui a été adressé à tous les chefs
de poste, missionnaires ou colons établis sur le territoire du Congo belge ;
plus de cent réponses ont été faites. Cet ouvrage important renferme ces docu-
ments, comparés à la climatologie et à l'hygiène de la Belgique ; termes pra-
tiques de comparaison mis à la portée des futurs colons, qui sont ainsi initiés
au climat du pays avant d'y aborder. Il conUent pour chaque poste des indica-
tions sur la situation ; les tableaux graphiques de la température, du régime
des pluies, de celui des eaux, de la mortalité, etc., et de nombreuses photogra-
vures. Il représente une monographie didactique et administrative, avec l'état
de situation de la colonie ; elle est une preuve du développement de la coloni-
sation depuis la fondation. J. G.
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OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ. 497
Albert Bordeaux. — Rhodésia et Transvaal. Impressions de voyage.
Paris, 1898, 1 vol. in-8. Plon, Nourrit *et C, éditeurs.
Notes de voyage aux mines d'or et de diamants de l'Afrique : le Mashona-
land, le MatabelalanJ, le Gharterland, Johannesburg, Kiniberley, etc. Le narra-
teur pense t servir l'œuvre de la colonisation », en faisant connaître ces ré-
gions où se porte l'activité minière et voulant intéresser ceux qui suivent cette
voie pénible, mais rémunératrice.
AMÉRIQUE- — Eugène Guénin. — La Nouvelle-France (Histoire de la
colonisation française. II. Ouvrage publié sous le patronage du Co-
mité Dupleix). Paris, Fourneau, 1898, 1 vol. in-8. Auteur.
De l'ensemble de cette histoire du Canada, il ressort c jusqu'à l'évidence que
la race française est essentiellement colonisatrice ». Cotte colonie, aujourd'hui
prospère, a été abandonnée à cause de l'incurie d'un gouvernement prévarica-
teur, et de la tyrannie de l'étranger. Les Canadiens d'origine française ont
conservé la tradition de leur nationalité ; ils sont vlvaces et ont pris un essor
qui proteste contre cette insinuation.
Daniel G. Brinton. — The linguistic cartography of the Chaco région
(Amer. Philos. Soc). Philadelphia, 1898. broch. in-8.
Daniel G. Brinton. — A record of study in aboriginal American lan-
guages. Printed for private distribution. Media, Pa., 1888, opuscule
in-8. — (Notices diverses d'archéologie et de linguistique, extr. de
VAmerican Anthropologist). Auteur.
Prof. Edw. S. Morse. — Was Middle America peopled from Asia? (Ap-
pleton's Pop. Se). New- York, 1898, broch. in-8. Auteur.
En comparant les objets ethnographiques, l'architecture des monuments
mexicains, les poteries, les armes et divers ustensiles, on retrouve des carac-
tères asiatiques. Ils n'existent pas pour les aborigènes des deux extrémités de
l'Amérique. L'Asie, qui est considérée comme le berceau de la race humaine,
aurait peuplé le centre, soit par la voie du détroit de Berhing, soit avec la navi-
gation, favorisée par les courants. L'invasion des Chinois aurait eu lieu à une
époque voisine de la période préglaciaire.
Ernesto Mattoso. — Estado do Amazonas. Limites da Republica corn a
Guyana Inglesa. Memoria justifleativa dos direitos do Brasil. Rio de
Janeiro, 1898, 1 vol. in-8. Gouvernement rrésilien.
Réunion des documents intéressant le règlement de la question du territoire
contesté entre la Guyane anglaise et le Brésil, pendante depuis le commence-
ment du siècle. Une carte qui accompagne l'ouvrage indique les différentes
délimitations proposées : celle de Schomburgk, celle de Humboldt, celle de
Porte de Saint-Joaquin (1811), la réclamation du Vénézula (1895). Une autre
carte reproduit celle qui avait été dressée en 1843 d'après le décret du gou-
vernement brésilien. Une partie de la difficulté do la solution provient de la
confusion des caractères géographiques.
OCÉANIE. — D.G. Brinton. —The Peoples of the Philippines (Ame-
rican Anthropologist). Washington, 1898, opuscule in-8. Auteur.
Louis Yossion. La production sucrière aux lies Hawaï, en 1896-1897 et
l'immigration japonaise. Paris, Ghallemel, 1898, broch. in-12. Auteur.
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498 OUVRAGES OFFERTS A LA SOCIÉTÉ.
RÉGIONS POLAIRES- — Exploration internationale des régions po-
laires 1882-1883 et 1883-1884. Expédition polaire finlandaise. Tomes I,
II, III (1896-1898), in-4. Gouvernement général de Finlande.
CARTES — PHOTOGRAPHIES — PORTRAITS
Dr Ebnest Friedrich. — Uebersichtskarte von Klein-Asien. — Handels-
und Producktenkarte von Kleinasien. Mit Nebenkarten und Régis ter.
1/2,500,000. Halle, 1898. G. Strrnkopf, éditeur.
Cartes d'une fort belle exécution, dressées d'après les données les plus ré-
centes. Comme les titres l'indiquent, chacune des deux cartes (carte générale
et carte économique et commerciale) est accompagnée d'un index des noms et
d'une liste abondante de sources. Parmi celles-ci. l'ouvrage du regretté
V. Cuinet semble avoir été largement mis à profit. Cartonnées, format commode
(petit in-4). - (Prix 1 fr.90 et 3 fr. 40).
Expédition hydrographique du lieutenant-coionel Vilkitzky dans l'Océan
Glacial et dans les fleuves Yenisseï et Ob. 1893-1896 (cartes marines
de l'hydrographie russe, nM 483, 484, 485). Anonyme.
Atlas des cartes marines du Haut-Mékong d'après ies travaux de la
mission hydrographique composée de MM. Simon, Le Vay, Pi. Avril
1893 à janvier 1896. Dessiné au Service géographique du Ministère
des Colonies, par Y. Tourdias. Autographié et imprimé au Service
géographique de l'armée. Ministère des Colonies.
Léon Lemuet. — Ouest de la France. Manche, Côtes-du-Nord (Saint-Lo,
Granville, Gulldo...), 18 pi. Auteur.
Album de la mission hydrographique du Haut-Mékong, dirigée par
M. G. E. Simon, lieutenant de vaisseau. 1893-1896 (74 vues sur 36 pi.).
Ministère des Colonies.
Portraits de MM. Zeballos; — Peney; — H. Liotard; — M. M on nier. -
Le gérant responsable:
Hulot,
Secrétaire général de la Commission Centrale.
BOULEVARD SAINT-GBRMAIH, 184.
5532. — L.-lmprimeries réunies, B, rue Saint-Benoît, 7. — Motteroz, direct.
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jy»$.J>«x*n&ne 1898.
Itinéraire de la Mission E. Gentil
iNTRE UOUBANGUI ET LE TCHAD
1895 - 1898
izDëe..i8gS, Ouad
E GÉOGRAPHIE
imp. £rh*rd. f ' r.
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m
TABLE
SYSTEMATIQUE DES MATIÈRES
COMPTE RENDU DES SÉANCES
ANNÉE 1898
SEANCES DE LA SOCIÉTÉ
7 janvier. . . G. Saint-Yves : Asie centrale 2
» — E. Gallois : Birmanie 5
?f — Dr Maciaud : Guinée française 11
M — (Séance extraordinaire). Sven Hedin : Asie centrale. 11
4 février . . . Chailley-Bert : Java 57
IS — De Cuverville : Balkans 60
23 — (Séance supplémentaire). Pasteur Coillard : Zambèze. 63
4 mars P. Labbé : Kirghizes 97
» — H. de La Vaulx : Patagonie 98
iS — Baron de Baye : De Penza à Minoussinsk 103
?/ — (Séance extraordinaire). Réception de E. Foa 107
i" avril Centenaire de W. Barents (H. Cordier, Ch. Rabot).. 159
5 — (Séance supplémentaire). M1" I. Massieu : De l'Ir-
rawaddi au Mékong supérieur 162
» — L. Yermeerscb : Au Gourma 171
J 5 — (lr* assemblée générale). Hulot : Rapport général
sur les prix; P. de Barthélémy : Indo-Chine 185
25 — (Séance extraordinaire). Centenaire de Vasco de Ga-
ma (H. Cordier, E. Vedel, marquis de la Mazelièrei. 189
0 mai J . M. Bel : Laos, Annam 217
iO -- M«r £egal et M«r Grouard : Canada, Klondyke 220
:} juin Brctonnet : Boucle du Niger 274
» — Bastard : Madagascar 275
17 — E. Yedel : Centenaire de Vasco de Gama, à Lisbonne. 282
» — H. Cûenot : Unterwald (Suisse) 284
4 novembre. P. Blanchet : Mission archéologique en Algérie.... 341
1S — Réception de E. Gentil, à la Sorbonne 342 421
9 décembre. E. Salesses : De Conakry au Niger 455
?:? — (Seconde assemblée générale). Hulot : Progrès de la
géographie en 1898; de Bonchamps : Ethiopie. 456
SOC. DE GKOGR. — K. R. DES SÉANCES. 3ô
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500 TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIÈRES.
NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
Océanographie. — J. Richard : Campagne de la Princesse- A lice. 343
Europe. — Commerce maritime de l'Allemagne 38
— Ch. Rabot : Glacier de la Laponie suédoise 133
— P. Labbé : Bachkirs 344
Asie. — De Bondy : Iles Bonin 39
— Asie centrale et Turkestan russe. Gisements de fer et de
cuivre 135, 225
— Navigation sur les fleuves de Sibérie. . , 136
— Hainan 203
— Mandchourie.... 225
— A. Fauvel : Kouang-tchéou-ouane 227
— G. Amelot : Navigabilité du Mékong 229
— Voyage de M. M. Monnier 296
— Expédition du lleut. 0. Olufsen 297 458
— A. Fauvel : Hong-Kong agrandi - 298
— H. Brenier : Mission lyonnaise d'exploration commerciale en
Chine 301 , 349
— Voyage du baron de Baye dans la Caucasie 348
— Mission Bonin en Chine 304, 348
— Ascensions de M. de Déchy dans le Caucase 456
Afrique septentrionale. — Voyage de G. Forret au Maroc 44)
— F. Foureau : Déterminations astronomiques au Sahara.... 68
— MM. Laperrine et Germain à In-Salah 232
— H. Deherain : Oasis de Siouah (Egypte) 244
— Bahr-el-Ghazal (mission Marchand) 305
— Missions Parkinson, Brander-Dunbar et Aylmerau pays des
Somalis 42
— L. Darragon : Sidama, Mara, etc 140, 464
— E. de Poncins : Ethiopie, Somal 140, 205, 363
— Marquis de Bon champs : Ethiopie 306
— G. Saint-Yves : Erythrée italienne 363, 466
Afrique centrale. Soudan. — P. Vuillot : Kati et Koulikoro 41
— P. Vuillot : Bassikoundou 70
— — Reconnaissance à l'ouest de Tombouctou 232
— H. Froidevaux : Mission Marchand 361
— Nouvelles de la mission du Soudan 460
— Convention franco-anglaise du Niger 304
— Bassin du Tchad (Gentil, Prins) 72 236
— Côte d'Ivoire (Clozel, Hostains) 42, 235, 354
— Congo (Béhagle, Roulet, Bouysson, Julien). 72, 244, 355, 359, 460
— Dr Herr : Rivière Ouom 241
A frique orientale. — Kilimandjaro 245, 463
Iles de V Afrique. — Madagascar (G. Grandidier) 308, 367
— Grande Comore (Pobéguin) 309
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TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIÈRES. 501
Amérique septentrionale. — E. A. Martel : Logan, Orizaba 73
— Lacs américains 75
— Alaska. Klondyke 76, 309
— * Endiguements du Mississipi 76
Mexique. — Amérique centrale. — Mexique. Orographie 77
— Mexique. Notes économiques 245, 315, 309
Amérique méridionale. — Colombie. Mission J. de Brettes 318
— Brésil(0. Kerbey; D. F. Katzer) 78
— Contesté franco-brésilien 469
— Bolivie (col. Pando) 78
— Ascension de l'IUimani 469
— Patagonie. Voyage du Dr 0. Nordenskiôld 79
— — Traversée du Dr Dusén 80
— — Explorations de J. B. Hatcher 81
— — lies Falkland 141
Oeéanie. — Australie. Mission Carnegie 43, 143
— Nouvelle-Guinée (de Rijke et Julien) 206
— Nouvelle-Calédonie (J. et P. Garnier) 253, 319
— Insulinde (voyage de MM. Hiller, Hamson et Furness) 370
— L. Vossion : Une barque tahi tienne à la dérive. De Tahiti
aux Hawaii 372
Régions polaires. — Ch. Rabot : Mission Jackson . 44
— Expéditions diverses, 1898 376
GÉOGRAPHIE HISTORIQUE
F. de Béhagle : Le royaume de Loango 82
Ch. Rabot : Voyage de Quirini dans l'océan Glacial, en 1432 254
GÉOGRAPHIE MATHÉMATIQUE
F. Foureau : Longitude d'In-Salah. 85
CHRONIQUE DE LA SOCIETE
Bureau de la société pour 1898-1899 , 209
— de la Commission centrale 10, 11
Congrès, dons, admission de membres, nécrologie, présentation
d'ouvrages, réception de voyageurs 47-55, 91 -96,
147-150, 207-216, 260-272, 327-340, 390-397, 475 498
Obligations sorties au tirage de 1898... 260
Bilan de la Société (état des recettes et des dépenses au 31 déc.
1897) 2G8, 269
CARTES
Cartes générales. — 4# centenaire de Vasco de Gama (Voyages de
Chr. Colomb, de Vasço de Gama, de Magellan) {hors texte). n#6
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502 TABLE SYSTÉMATIQUE DES MATIBHRS.
Asie. — M** I. Massieu : Voyage en Asie page 163
— Comte P. de Barthélémy : Vinh à Louang-Prabang. 1/1 ,750,000
(hors te.cle) n* 4
— A. A. Fauvel : Baie de Kwang-Chau~wan page 228
— — Hong-Kong et territoires concédés 299
— H. B renier : Routes de pénétration au Yun-nan 350
Afrique. — E. Foa : Traversée de l'Afrique, 1/10,000,000 (hors texte). n# 3
— L. Darragon : Itinéraire en Ethiopie, 1/100,000 (hors texte). n*3
— L. Vermeersch : Haut Dahomey, 1 3,000,000 pages 180-181
— P. Vuillot : Région de Ras-el-Ma et de Cassa, Soudan,
1500,000 page 234
— F. Clozel : Côte d'Ivoire. Itinéraire, 1/625,000 235
— D»Herr : Rivière Ouom 242
— K. J. Bastard : Itinéraires ehez les Sakalaves, 1/4,000,000.. 277
— De Bonchamps : Ethiopie. Itinéraire 307
— Convention franco-anglaise du Niger du 14 juin 1898. . 312-313
— J. Bouysson : Nord de Libreville et bas Ogôoué 356
— De Béhagle. Itinéraire dans l'Oubangui 360
— Mission Marchand 364-365
— Mission Gentil. Itinéraire entre l'Oubangui et le Tchad (h. t.). n*9
Amérique. — H. de la Vaulx : Itinéraire en Patagonie, 1/7,000,000. n«3
— Routes vers le Klondyke page 310
Ocèanie. — Nouvelle-Guinée (vge de RR. PP. Rijke et Jullien) (h. t.). n°4
— Bornéo (voyage de MM. Hiller, Hamson et Furness). page 371
GRAVURES
Birmanie (pagode, église) pages 7, 16T»
Caravaniers shans 167
Poste de Gribingui 237
Monument de Francis Garnier 287
Inscriptions kalmoukes au Sémiretchié (Sibérie) 323
Cfiefs Ungourras et Ka (mission Gentil) 431
Palais du sultan de Baguirmi (mission Gentil) 441
M. E. Gentil et Alifa Ba sur les rives du Tchad 447
Le Léon Dlot sur le Tchad 453
Caucase. Névé de glacier . 457
N. B. — Pour les informations comprises sous la rubrique Notes.
se reparler à la Taiilb analytique.
ERRATA
Page 492, lignes 38-30, an lieu de : pour envahir l'Inde, la Chine... ils en-
vahirent aussi la Hongrie..., lire : pour envahir l'Inde, la Chine, la Perse ei aussi
la Hongrie, menaçant l'Europe...
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503
TABLE
ANALYTIQUE DES MATIÈRES
COMPTE RENDU DES SÉANCES
ANNÉE 1898
afll. =s affluent,
kir. = Afrique.
Amer. = Amérique.
anc. a ancien, ancienne.
aut. = auteur.
av. •= avec.
centr. ac centrait -le.
ch. de f. m chemin de fer.
comra. = communication,
eammuflicafiofw.
Comra. ecntr. » Commis-
sion centrale.
comp" = compagnon.
croq. = crooui*.
doc. = document, docu-
ment*.
équat. = équatoriale.
expéd = expédition, ex-
péditions.
fl. = fleuve.
ABRÉVIATIONS :
franc. = français, -aise.
géogr. = géographie, géo-
graphique.
mb = membre; mbs =
membres.
mém. s mémoire.
met. = méridional, -le.
m s «=■ manu#crtt.
mt = mon/, montagne.
mU= monte, montagnes.
nouv. — nom^au, -vcik.
orc. = occidental, -le.
or. = orùnfal, -l«.
ouvr.= ouvrage, ouvrages.
ouvr.off.sov vrages offerts.
photogr. = photographies,
photographiques.
présdt = président.
présnt = présentation.
proj. = projet.
rég. = région, régions.
rlv. = rivière.
scient. = scientifique,
scientifiques.
sept. = septentrional, -le,
soe. = société.
•oc. géogr. = société 'de
géographie.
Soc. ou Soc. Géogr. = So-
cic*fc* d« Géographie (de
Paris).
topogr. = topographie,
topographique.
trar. =s travail travaux,
v. » vf/te.
vge = voyage.
vges = voyages,
vgr = voyageur.
vgrs = voyageurs.
vill. =!i village.
N. B. — Les noms des personnes, quand ils commencent un article, sont impri-
més en GRANDES CAPITALES; tous les autres noms, en italiques.
ABBADIE (Antoine <f ), 147, 465.
Afrfran, lac d'Ethiopie, 140.
A&e/ (Ile), 384, 386.
Abyjitnù. Voy. Ethiopie.
ACHILLE. Discours à l'inauguration
du monument Francis G amie r,
292.
Adals, peupl. d'Ethiopie, 141, 205.
ADAM (A.), mb admis, 336.
ADAM (M"J.),201.
Adare (cap), 145, 146.
Adualla, riv. de NuM»uinée, 208.
Afrique équatoriale. Vge de E. Foa,
à travers ni. av. carte, 107-133.
AHMED BEN MEDJKANE, interprète
de lamission Gentil, 427, 428,432.
Ain (départem* de 1'). Don d'une
étude sur le ||, 408.
AKINFIEF (J.), botaniste russe, 45.
Alabule, riv. de W-Guinée, 208.
Aland (mer d'||), 391.
Alaska. Le mt S»-Elie, 73; — Lefl.
Sushitna, 76; — Klondyke, 77,
309-315.
Alataou(rau)t 347,348.
ALBRECHT (G.), présdt soc. géogr.
de Brème. Mort de ||, 478.
ALBREY. Ouvr. de ||, signalé, 484,
ALBY, administrât' colonial, 172.
Algérie. Comm. de P. Blanchet
sur r||, 342.
Allemagne. Commerce maritime do
ni 38.
Aloùorou, riv. d'Ethiopie, 307.
AMANIEUX(D*S ). Un don de ||,147.
Amara (Ethiopie), 187, 1£8.
AMARAL (comte), présdt de la soc.
géogr. de Lisbonne, 260, 283.
Amaume. Yge de 0. Kerbey sur
ni, 78.
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504
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
AMDKUP (G.)» chef d'une mission
au Gronland, 377.
AMÉDÉE DE SAVOIE (prince). As-
cension du Sainl-Elie, 73; —
Proj. d'expéd. au pôle Nord, 146.
AMELOT (Gaston). Navigabilité du
Mékong, 229-232.
Amou-dariatiL.), anc. lit del'H,392.
Amour (il.). Utilisation de P||, 137.
Ana (Bornéo), 372.
Anaelia (Caucase), 321.
ANDERSSON (V G.), botaniste et
ANDERSSON (J. G.), mbs de Pexpéd.
Nathorst, 380.
Andes. Explorations dans les |j, 80-
8t.
ANDRÉ (M"* Ed.), candidate pré-
sentée, 481.
ANDREASEN (H.), 384.
ANDRÉE, explorât' polaire, 47. —
Expéd. au secours d'||, 388.
ANERT, explorât' russe, 226.
ANGRAND. E. A. Hamy, lauréat du
prix ||, 102.
Annam. M. Bell dans l'||, 217-219.
Antarctic, navire de l' expéd. Na-
thorst, 381 , 381 , 382, 383, 384, 386.
ANTHOINE (E.), V-présdt de la
Comm. centrale, 11.
Aouache (Ethiopie), 205, 206.
Aouembas, peupl" de l'Afr. équaL,
118-119.
At autant, peuplade de la Patago-
nie, 99.
ARENBERG (prince A. d'), présdt
du Congrès national de géogr. de
Marseille et délégué de la Soc.
Géogr., 92, 326, 398. - 342, 406.
Argentine (Rép.). Frontière chilo-
argentine, 394.
Aroa, riv. de la N^-Guinée, 206.
Aroangoua, fl. de l'Afr. équat., 110,
114, 116.
Asie. Vge de M. Monnier en ||. 296-
297. — /<*., du capitM Nowitzky,
392 ; — r ancien lit de l'Amou-
Daria, 392.
Asie centrale. Vges de G. Saint-
Yves, en ||, 2-4; — de Sven He-
din, 14-38 ; — de Olufsen, 297,
458. - Le Lob-nor, 146. — Pré-
sent d'ouvr. surl'H, 210.
Asmara (Erythrée), 366.
ASSANOF, 322.
Assikauo (Côte d'Ivoire), 355.
Association historiette pour V étude
de F Afrique du Nord. Fondation
d'une ||,â42,4t8.
Ataeama. Yoy. Pu&a <f||.
Athabaska, lac et riv. du Canada,
222.
AUBRY (H.), mb admis, 480.
Australie. Expéd. Carnegie, 43, 143.
— Vge de J. et P. Garnier, 319.
AYLMER (G. P. Y.), vgr anglais dans
l'Afr. or., 42.
AZAY (R. L. d'), mb admis, 480.
Aiingo, lac du Congo fr., 357. •
Babulonie. Explorât* des ruines de 1 1 ,
Bëchkirs, peuple de Russie. P. Labbé
chez les ||, 344-348.
BaAng, riv. du Fouta-Djalon, 354,
Baga, peuplade de Guinée, 12.
Bagoé, riv. du Soudan mér.,354.
Baguirmi (Afr. centr.). La mission
Gentil au ||, 437-449.
Bakr-el~Ghaial. La mission Mar-
chand au ||, 306, 362.
Bahr-ErguUg, bras du Chari, 439,
449.
BA1LLAUD (Emile), chef d'une mis-
sion au Soudan fr., 460.
Balkans. Comm. de J. de CuvervUle
sur les ||, 60-62.
BAILLY-F0RFILL1ÈRE (Georges),
explorât' mort en Air., 334, 335.
BALLAY (gouv'N. E.), 11.
BALLOT (gouverneur Y.), 171, 172,
173. 274.
Baloubas, peupl**del'Afr.équat.,127.
Baltique (mer). Relation hydro-
graph. entre la || et la mer du Nord,
BAL WIN (lient' E. B), mb de
l'expéd. Wellmann, 387.
Bandamat riv. du Soudan mér. , 354.
Banços-Banaos, peuplade de l'Afr.
équat., 127.
Bangouéolo (lac), 111, 117.
BARAT1ER (capitM), mbde la mis-
sion Marchand, 341. — Réception
du ||, à Paris, 406.
BARBIE DU BOCAGE, attribution du
prixjl, 92.
BARBIER (J. Y.), mb décédé, 414.
BARDON DE BRUN, mb admis,
419, 479.
BARENTS (Willem), navigateur
hollandais. Centenaire de ||, 157-
162.
Barents (lie), 344.
Baresy peuplade de Madagascar.
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r
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
505
M. Bastard chez les ||, 275-281.
Baribat (pays des). Mission Baud-
Vermeersch au ||, 177-182.
Baro (riv.). Voy. Sobat.
BaroUéêy peuple de l'Air, sud-or.,
64, 111.
BAROUÏ (Eugène), mb admis, 419,
479.
Barram, fl. de Bornéo, 370, 371,
372.
BARREAU, inspecteur colonial, 355.
BARR01S (Ch.), mb admis, 52.
BARTET (D'), 176, 179.
BARTHÉLÉMY (comte P. de). Comm.
sur lindo-Chine, av. carte, 185-
189. — Officier d'Académie, 209.
BARTHOL1N, mb de la mission de
Bonchamps, 306.
BAR Y (Erwin de). Un ouvr. de II,
476, 495.
Bauikounou (Sahara occ). Note
sur ||, av. croq., 57, 70-72.
BASTAKD (G.). Comm. sur Mada-
gascar, av. croq., 275-281. —
Admis mb, 335-336.
Batoum. Plantations de thé à ||,
146.
BAUD (capitaine), explorât' en Afri-
Îue. Comm. sur la mission du |L
71-182;— 274.
BAYE (baron J. de). Comm. sur la
Sibérie, 103-107. — Exposition
des collections rapportées par ||,
212. — Yge an Caucase, 348.
BAYER (Ch. E.), candidat présenté,
480.
BAYLY (Lancelot S.), mb admis, 94.
BECAYS DE LACAUSSADE (de), mb
admis, 94.
Beeren Eiland ou tle des Ours. Le
prince A. de Monaco à \% 344. —
L'expéd. Nathorstà ||, 380-381.
BÉHAGLE(F. de), vgren Afr. Nou-
velles de ||, 60, 72. — Note sur
le Loango, 265, 455. — Mission
sur le H1 Oubangui, av* croq.,
359-361,460-462.
BEL (Marc), 209. — Mission en
Indo-Chine (comm.), 217-219.
BEL (M- Marc), 217.
BELABRE (Ch. de). Présnt d'un
ouvr. de ||, 408.
Btlgiea, navire de l'expéd. de Ger-
lach, 389.
Beltound, flord du Spitzberg, 382.
Béni, fl. de Bolivie, 79.
BERCHON (Ch.), mb admis, 151,
213.
BERGER (H.), mb admis, 213, 266.
BERGER (lieut1), mb de la mission
Roulet, 244.
BERNARD-CL01X (Ch), mb admis,
52.
BERNIS (de), mb de la mission
Bretonnet, tué dans le H1 Daho-
mey, 274.
BERTRAND, naturaliste, mb de la
mission Foa, 108, 116, 124.
BERTRAND (A.), vgr en Afr., 64.
— Présnt d'un ouvr., 273, 332.
BESSON (D'), 368.
BÉZANET (P.), mb admis, 419, 479.
BIDAULT (H.), mb admis, 52.
Bielaia (ou Blanche), riv. de Rus-
sie, 345, 348.
BIGET (Olivier), mb admis, 419, 479.
BINGER (L.), 305.
Birmanie. Comm. de E. Gallois
sur la ||, av. grav., 5-10. — H.
de MB# 1. Massieu, av. carte et
grav., 102-171,
Birsk (Russie), 346.
BITH (comm1), candidat présenté,
480.
Blanche ou Hvita (lie). L'expéd.
Nathorst à l'||, 385.
BLANCHET (Paul). Comm. sur
l'Algérie, 342. — 418.
BLONDEL (G.), mb admis, 94. —
Présnt d'un ouvr. de ||, 330.
BLOND1AUX (lieut1 Paul), explorât'
au Soudan, 354.
BOCK (Cari), 372.
Bolaary (Russie). Les ruines de ||,
Bolivie. Yge du col. Pando en II,
78-79.
BONAPARTE (pM Roland), présdt
sortant de la Comm. centr., 11.
— Délégué au congres internat1
d'histoire diplomatique, 326. —
342. — Allocution à la réception
de M. Liotard, 403.
BONCHAMPS (M* Chr. de). Yge
de || en Ethiopie, av. croq. 306-
308. —Comm. de ||, 456. —
Admis mb, 480,
Bondoukou. La mission Clozel à ||,
235.
BOND Y (de). Iles Bonin, 39.
Bonghai, riv. d'Ethiopie, 306.
BONIN (E.), vgr en Chine, 2; —
nouvelles de ||, 162, 265, 304, 348.
Bonin ou Ogataivarajima (Iles).
Note sur les ||, 39.
Bonjo*, peuple de l'Afr. centr., 461.
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5M
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
BONNEL DE MÉZ1ÊRES, chef d'une
mission en Afr., 265, 455, 463.
BONVALOT (G.), explorateur, 15,
49, 98, 326.
Borâna (Ethiopie), 138.
BORCHGREYINK, explorât' polaire,
145, 389.
BORDEAUX (A.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 497.
BORÉLY (de), comp» de vge de
E. Foa en Afr., 108, 115, 116.
Bornéo. Yge de MM. Hiller,
G. Hamson et Furness à ||, av.
carte, 370-372.
Bossyébas, peuplade du Congo fr.,
35/ 358.
BOTELLAY HORNOS (de), aut.
d'un plan-relief de la péninsule
ibérique, 327.
Bothnie (golfe de), 391.
BOTTEGO, explorât' africain, 306,
308 464 4o5.
floua,' peupld8d'Afr.centr.,436, 437.
BOUCHÉ (Paul), mb admis, 335, 336.
Bouchmanty peuple du Congo fr.,
358.
Bouddouma, peuplde de l'Afr. centr.,
451, 452.
BOU LAINE (Mm* C), admise mb, 335,
336.
BOU LE (M.). Présnt d'un ouvr. de ||,
327.
Bouloun-Koul (Asie centr.), 458.
BOUQUET DE LA GRYE. Présnt
d'une étude de ||, 282, 328. —
Réception d'un vgr, 333.
BOURBONNAUD (Louise). Attribu-
tion du prix ||, 91.
BOURNAZEL (de), inspecteur de la
garde, au Dahomey, 179.
Boussa (Soudan), 304.
Bousso, peuple de l'Afr. centr., 437.
Boussole. Présnt d'une étude sur
la ||, 262.
BOUYSSON (J.). Mission agricole et
scient, au Congo fr., 355-359.
BRAEKMO (Sievert). Chef d'une
expéd. au Nord, 388.
BRANDER-DUNBAR, vgr anglais en
Afr., 42.
BRANDT (professeur), 344.
BRAULOT (capitaine), mort'au Sou-
dan, 184.
BRAZZA (P.-S. de), 236, 237, 240,
241. — La mission Gentil, 273.
— - Réception de E. Gentil à Mar-
seille, 293, 398. — Id. de Liotard,
398, 422, 424, 427, 429.
BREADEN, vgr en Australie, 43, 143.
Brème. Commerce de ||, 39.
BRENIfiR (H.). Itinéraires de la
mission lyennaise en Chine, 301-
303. — Routes de pénétration au
Yunnan, 349-351.
Brésil. \ges divers au ||, 78.
BRETONNET(lieut,de vaisseau H.B.),
explorât' au Soudan, 91, 178, 455,
m. — Admis mb, 151. — Elu
secrétaire de la Soc, 209. —
Comm. sur son vge, 274.
BRETSCHNEIDER (D. E.). Présnt
d'un ouvr. de ||, 475.
BRETTES (J. de), vgr en Colombie,
47, 318. — Retour de ||, 333.
BRIQUEZ, vgr en Afr., 243.
BROGLIE (J. de), mb admis, 419,
479.
BROUSSEAU (G.). Contesté franco*
brésilien, 468.
BRUCE (D*), 344.
BRUNACHE, vgr en Afr., 243.
BRUUN (Daniel), explorât' en Is-
lande, 379.
Bruxelles. Création d'un Institut
géogr. à ||, 417.
BUCHANAN (Professeur J.), 343.
Bulgarie. J. de Cuvervilie en ||, 62.
CABOT (Paul), comp* de vge de J.
de Neufritle en Indo-Chine, 186.
CAGNI (U.), alpiniste italien, 73.
CAHEN (H.), mb admis, 419, 479.
Californie. Vallées sous-marines de
la côte de t|, 257-268.
CALL (E.), 394.
CALVfcRT, promoteur d'une expéd.
en Australie, 143.
CAMPBELL (Robert), 223.
Canada. Comm. de M9* Légal et de
M* Grouard sur le ||, 220-225. —
Les routes au Klondvke par le ||,
309, 315.
Canarie (G**). Présnt d'un ouvr. sur
la ||, 408.
Caoutchouc. Un ouvr. sur le ||, 212.
CARLSEN (ElUng), explorât' du
Spitzberg, 383.
CARNAP (G. de), vgr allemd en Afr.,
172, 361.
CARNEGIE (David ) , chef d'une expéd.
en Australie, 43, 143.
CARNIDE (comte de), mb décédé,
265, 266.
CARON (E.). Présnt d'un ouvr. de ||,
148.
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
507
CARON (J.), mb admis, 335, 3S6.
CARR (capif), 343.
GARRERO, mb de la mission Bre-
tonnet, tué aji Soudas, 274.
Carsevenne (Amer. mér.). Lever
du Jj, 468.
CARSERON (Robert), mb décédé,
150.
CASPARI (Chr. E.), rapporteur de
prix. 92.
CASTEJA (comte A. de), mb admis,
267, 335.
CASTONNET DES FOSSES (H. L.),
mb décédé, 265, 266.
CATOIRE, 231.
Caucase. Trav. géogr. au ||, 45. —
Sources de naphte dans le ||. 321.
— J. de Baye au ||, 348. — M. de
Déchy dans le ||, 456-458.
CAUDRELIER (commande. G.),236.
Cavally (riv.), 354.
GAYRADE (capitaine), lauréat de ia
Soc, 92, 353.
CAZEMAJOU (capit- Gabriel Mar.),
explorât' tué au Soudan, 414,435.
GHABRET DU RIEU, 355.
CHAFFANJON (Jean), vgr en Asie,
3, 98. — Secret" de la Soc, 157.
GHAILLEY-BERT (Joseph). Corn m.
sur Java, 57-59.
CHAMBRUN (C« A. de), mb admis,
315.— Mission F. Foureau, 460.
CHANOINE (lieut'C.P.J.), explorât'
au Mossi, 174, 274.
Chans (Etats). M- 1. Massieu dans
les ||, 166-168.
Chan-toung (prov.). Critique d'un
ouvr. sur le ||, 473.
CHAPEL (E.). Don d'un ouvr., 212,
Chari (fl.). Mission Gentil au II, av.
carte, 237, 423, 433, 435-451.
Chartes XII (lie). L'expéd. Nathorst
à TU, 385.
Chemin de fer. Le || de Vologda à
Arkhangel, 46. — Progrès du ||
transsibérien, 10*. — Le || trans-
caspien, 136, 322. — Proj. de II,
de Konakry au Niger, 351-353,
455.
Chihuahua (Mexique). Valeur éco-
nomique de ||, 246.
Chileoot tcol de), Alaska, 311.
Chili. Frontière chilo-argentine,
394
Chine. Hainan, 203-205. — Mand-
chourie, 225-227. — Hong-Kong,
298-300. — Itinéraires de Ta
mission lyonnaise en ||, 301-303.
— Mission Bonin, 162, 265, 304,
348. — Routes de pénétration au
Yunnan, 349-351. — Nouv. ouvr.
sur la ||, 473, 475.
Choa. Edm. de Poncins au ||, 205.
GHUN (professeur), chef d'une
expéd. océanographique, 320.
Ciuaad Garcia (Mexique), 370.
CLERC, secret" g1 de la soc oura-
Henne, 104.
CLOZEL (P. J.). Nouvelles de ||,de la
Côte d'Ivoire, 42, 145, 235, 236,
355. — La rlv. Ouom d'après ||,
241. — 424,
COELLO (colonel Fr.), mb corresp*
décédé 409.
COILLARD (pasteur Fr.). Le haut
Zambèze (comm.), 60, 63-67. —
Présnt d'un ouvr. de ||, 93. —
— Admis mb, 94.
COINTET (E. de), mb admis, 94.
Colhuéhuapi, lacdepatagonie, 100.
COLIN (le R. P. £.). L'observatoire
de Tananarive, 46. — Lauréat de
la Soc, 91.
Colombie. J.de Brettes en ||,47,318.
Colonisation. Système de ||, chez
les Hollandais, 58.
COLRAT (Raymond), comp" de vge
de Bonnel de Mézières, 265. —
Admis mb, 213, 266
COMBELLES (Victor), mb admis,
95, 151.
COMBES, mb de la mission Baud-
Vermeersch au Soudan, 172.
Comité Dupleix. Conférences orga-
nisées par le ||,326.
Commerce colonial , publication
nouvelle, 329.
Commission centrale de la Soc.
Bureau de la ||, 10-11.
Comore. Nouvelles de la G*-||, 46
309.
Concours de montres décimales,
325.
Congo (fl.). B. Foa sur le ||, 108.
Congo français. Nouvelles du ||, 72.
— Missions au || : Roulet, 244; —
Boussyon, av. croq., 355-359; —
de Béhagle, av. croq., 359-361 : —
Julien, 461.
Congrès archéologique de Bourges,
m.
Congrès de V Association franc.
Sour l'avancement des sciences,
26, 398.
Congrès de géographie médicale
de S^Pétersbourg, 471.
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508
TABLE ANALYTIQUE DBS MATIERES.
Congrès international de géogra-
phie de Berlin (1899), 478.
Congrès national de géographie.
19* session du ||, à Marseille, 92,
325, 326, 898. — Vœux volés par
le ||, 415-417. —20- session, à Al-
ger, 478.
Congrès des sociétés suisses de
géographie, à Genève, 326.
Congres international d'histoire
diplomatique, à La Haye, 150.
326, 398, 475.
Congrès d'hygiène... Bruxelles. Une
publication du ||, signalée, 496.
Congrès des ingénieurs civils et
fêtes du cinquantenaire, 324.
Congrès international de pèche
maritime, à Dieppe, 326.
Congrès des Sociétés savantes, 49 ;
— mbs du ||, décorés, 209.
Conservatoire des Arts et Métiers.
Centenaire du ||, 324, 415.
Convention franco-anglaise du Ni-
ger (14 juin), av. carte, «82, 304-
305.
GONWAY (Sir M.). Ascension de
rillimani, 469.
CORA (Guido), géographe italien,
146.
GORGELLE (J.). Présnt d'une étude,
408.
CORDEIRO (Luciano), secret, per-
pétuel de la soc. géogr. de Lis-
bonne, 260, 283.
CORDIER (H.), rapporteur de prix
92. — 103. — Comm. à la célé-
bration du centen" de W. Ba-
rents, 159. — Id., de Vasco de
Gama, 191. — V°* présdt de la
Soc, 209. — La tombe de
J. Lelewel, 396. — Délégué au
congrès d'histoire diplomat. de
La Haye. 398, 475. — Présnt
d'ouvr., ihid. — Nouv» éd. du livre
de Marco Polo, 478.
Corée. Présnt d'un ouvr. sur la ||,
148.
COSTE, ingénieur au Canada, 314.
Côte d'Ivoire. Mission Clozel à la ||,
av. croq.. 42, 145, 285-236. —
Mission Hostains, 354. — Assi-
kasso, 355.
Cours spéciaux pour les voyageurs,
au Muséum d'histoire naturelle,
150.
GOUSSOT (A).Ouvr. de ||, signalé,153.
GRAMPEL (P.), anc. explorât', 60,
72, 239, 423, 429, 439, 444, 454.
CRAYOISIER, 404.
CUËNOT (H.). Comm. sur la Suisse,
284.
CUPET (capit- P. P.), 186.
CUVERVILLE (J. de). Comm. sur
les Balkans, 60-62.
Danois (\\e des), 344.
DARRAGON (Léon). Exploration en
Ethiopie, av. carte, 97, 137-140,
46*.
Dauphiné. Présnt d'un ouvr. sur
le ||, 261.
Dawson City (Klondvke), 311.
DEBLENNE (D* R.), mb de la mission
lyonnaise en Chine, 302, 303.
DEC H Y (M. de]. Ascensions dans le
Caucase, 456.
DÊCLE (Lionel). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 272.
DECGEUR (comm1), explorât' en
Afrique, 171, 172, 179.
DE BECKEN (G.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 153.
DEFFARGE (P.), mb admis, 52.
DEHERA1N (Henri). Présnt d'un
ouvr. de ||, 210. — Expéd. de
A. S. White à l'oasis de Siouah,
24t. — Id. de Hans Meyer, au
Kilimandjaro, 245.
DEISS (Ed.). Ouvr. de ||, signalé,
271.
DE LATTE (Aug.), mb admis, 4*0.
DKLEBECQDE (A.), Présnt d'un
ouvr. de ||, 50. — Lauréat de la
Soc, 91.
Délégués de la Soc. aux fêtes et
solennités scientifiques. 326; —
à la réception de vgrs, 398.
DELISLE (Dr F.), délégué au con-
grès de l'Assoc franc., 326, 398.
— 413.
DELMAS(E-), mb décédé, 478.
DELPHIN (Aug.), mb décédé, 478.
DEMARS (lieutt), 236.
DEMÉE, 303.
DENIS (capitaine), 232.
DEPORTER (command* V), 233.
DE RIJCKB [imprimé : Bycke] (le
R. P.). Vge en N»le-Guinée, av.
carte, 207.
DESBOS, ingénieur, 230.
DESPATYS (baron P.), 333.
DEV1LLE, administrât' au Dahomey,
172.
DEWEZ (L.), attribution du prix ||,
91.
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TABLE ANALYTIQUE DES NATIÉRB8.
509
DEZ (Albert), mb admis, 213.
DICKEY (A.). Une étude de ||, si-
gnalée, 76.
Didetsa (riv.), affl. du Nil bleu,
306.
Diouou, riv. du Soudan occ, 354.
District fédéral (Mexique). Yaleur
économique du |], 247.
Djibouti, 141.
Djouba, riv. d'Ethiopie, 307.
Dongol-Fellak (Fouta), 352.
Dons (livres, cartes, photogr.) et
présnt d'ouvr., 50, 92, 147, 210,
260, 327, 407, 473, 475, 487, 481,
Dons et legs faits à la Soc, 40,
92, 147, 184.
DOUGLASS(A. E.). Hauteur du Po-
pocatepetl et de l'Orizaba, d'a-
près ||, 259.
DOUMER, gouv' g1 de l'Indo-Chine,
230.
DrabatU (lie). L'expéd. Nathorst à
1*||, 385.
DRAPEYROF (Ludovic). Présnt
d'études, 264, 328, 409.
DROT (lieut*), 176, 179, 182.
DUCHAN0Y (Maxime), 2.
DUCLOS (P.), mb de la mission
lyonnaise en Chine, 301, 303.
DUHAMEL (Henry). Présnt d'un
ouvr. de ||, 260-262.
DUJARDIM Marius), élève du col-
lège Rollin, lauréat de la Soc,
414.
DUNOYER (Fr.), mb décédé, 52.
DU PASSAGE (Léon-Jacques), mb
admis, 51 ; — 460.
DURAND (A.), mb admis, 94.
Durango (Mexique). Valeur écono-
mique de ||, 246.
DURIER (Gh.), lauréat de la Soc,
92.
DUSEN (Dr P.). Exploration en Pa-
tagonie, 80.
DUTREUIL DE RHINS <j.), 15, 49.
— Publication du vge de ||, 51,
494.
DUYEYR1ER (H.), explorât' africain,
87; — attribution du prix ||, 91.
DYBOWSRY (J.), 423, 424, 425.
DYÉ (Alfred), mb admis, 335, 336.
Dyea (Alaska), 311.
EADS, ingénieur américain, 76,
258.
EcHpse de soleil du 22 janv., 45.
Edge (lie), 383.
*V£
te. Expéd. à l'oasis de Siouah,
EICHARD(S.), mb admis, 419,479.
Eiriksjàkull, glacier d'Islande, 378.
EKMAN (G.). Baltique et mer du Nord
d'après \U 390.
El-Kouli (Soudan). P.'Prins à ||,
60, 72, 236, 238, 241.
ENGHELGARDT, gouverneur d'Ar-
khangelsk, 147.
ERHARD (Georges), mb décédé, 333.
Erythrée. Vge de G. Saint- Yves dans
l'||, 363, 366, 466.
ESCANDE(A.). Nouvelle-Calédonie,
d'après ||, 253.
Esclaves (riv. et lac des), 222, 223,
224.
ESPAGNAT (P. d'). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 496.
Espagne. Présnt d'un plan-relief
de r||, 327.
ESTÈBE, résident à Madagascar,
279.
Ethiopie. Vge de L. Darragon en ||,
av. carte, 97, 137-140, 464; —
Id. de Edm. de Poncins, 97, 140,
205-206, 363. — Id., du m" de
Bonchamps, av. croq., 306-308. —
Présnt d'une étude sur l'||, 363.
ETIENNE. Allocution à la réceptn
du capitM Baratier, 406.
Exposition d'objets rapportés par
les vgrs : De Cuverville, 62 ; —
H. de la Vaulx, 101, 212; —
J. de Baye, 202. — E. Gallois, 265.
Exposition universelle de 1900.
La géographie à l'||, 479.
Fœroe (Iles). Mission archéologique
Bruun aux ||, 879.
Faguibine (lac). Note sur la région
du ||, av. croq., 232-235.
FA IVRE, mb de la mission de Bon-
champs, 306.
Falkland (lies). Note sur les II,
141-143.
FARRINGTON (Olivier), 77.
FAUVEL (A.). Baie de Kouang-
Tchéou, av. croq., 227-230. —
Agrandissement de Hong-Kong,
av. croq., 298-300. — Présnt d'un
ouvr., 473.
Férédougouba. Voy. Sassandra.
FÉR1DOUN, mb admis, 213.
FERREIRA, secret" de la légation
de Portugal, 181, 283.
FÉSIGNY (lieut1 de vaisseau de),230.
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510
TABLE ANALYTIQUE DKS MATfKliES.
Fihercnana, fl. de Madagascar.
279, 280, 367.
FILIPPI (F. de), alpiniste italien, 73.
FLAMAND (G. B. M.), 88. — Ouvr.
de ||, signalé, 484.
FLETGHER, vgr en Australie, 143.
FLOTTE (R. de). Vge de G. Forret
au Maroc, 40.
FOA (Ed.), explorât' africain, 11.
— Réception de ||, à la gare Sl-
Lazare, 47. — /d., en séance
extraordinaire. Récit de son vge
av. carte, 107-133. — Lauréat de
la Société, 91, 133.
FORREST (John), explorât' en Aus-
tralie, 143.
FORRET (Georges). Vge au Maroc,
10.
Fort Wrangel (Alaska), 311.
Foula, peuplade de Guinée, 12.
FOUREAU (F.). Longitude d'In-
Salah, 57, 85-89, 233. — Déter-
minations astronomiques au Sa-
hara, 68,69. — Nouv. vge de ||,
au Sahara, 460.
FOURNEAU, explorât', 424.
FOURNIER (F.), attribution du
prix ||,91.
Fouta-Djallon. D* Maclaud au ||,
12, 353,
Fram, navire de l'expéd. Sverdrup,
376, 377.
FRANÇOIS (A.), consul de France,
281. — Admis mb, 419,479.
Franco is-Joteph (Terre) . Expéd .
P. Jackson a la ||, 44. — Expéd.
Wellmann, 387.
FREDON, mb de la mission Gentil,
236, 238, 423, 428, 429.
FR1CKER (K.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 152.
FRIEDRICH (D. E.). Une carte de||,
signalée, 498.
Friguiaabé (Fouta-Djallon) ,352, 353.
Frithjofy navire de l'expéd. Well-
mann, 387, 388.
FROIDEVAUX, rapporteur de prix,
91. — Expéd. Hatcher en Pata-
gonie, 81. — Présnt d'ouvr., 210-
211, 262, 272. — Notes écono-
miques sur le Mexique, d'apr.
Schœnfeld, 245-253, 369. — Co-
lonies françaises dans le Mexique,
315-318. — Résultats géogr. de
la mission Marchand, av. croq.,
361-362.
Frontière chilo-argentine. Ques-
tion de la ||, 394.
FROSSARD (Henri), mb décédé, 414.
FURNESS (Dr), vgr en Malaisie,
370.
GAIL (J. de), mb admis, 451.
Galerie ethnographique du Troca-
dérOy ouvr. couronné, 102.
Gallai, peuple d'Ethiopie, 205, 206.
Gallegos (Patagonie), 81.
GALLET (lieut* J. B. L. P.), omcier
tué au Soudan, 334.
GALLIENI (général), gouverneur g'
de Madagascar, 162, 273, 276.
GALLOIS (E.). Comm. sur la Bir-
manie, av. grav., 5-10; —265.
— Ouvr. de ||, signalé, 495.
GALPIN , sergent de la mission
Boulet, 2-14.
GAMA (Vasco de). Célébration du
centenaire de || : à Paris, 189-203,
21 1 , 260 ; — à Lisbonne, 282-281 .
— Présnt d'un ouvr. sur ||, 329.
Gamou (Ethiopie), 139.
GANIER (capitaine G. P.), 176, 178,
179 182.
GARNIER (Francis), 230 ; — Inau-
guration du monument de ||, av.
grav., 285-292, 397.
GARNIER (M- Vve Ch.). Dons faits
en souvenir de son Ris, Christian
Carnier, 491.
GARNIER (J). Présnl d'un ouvr., 51.
— Vge en Australie, 91, 282, 319.
— Note sur la N"*-Calédonie, 253.
GARNIER (Pascal), (lis du précé-
dent. Vge en Australie, 91, 319.
— Admis mb, 94. — Décès de ||,
334, 477.
GAUTHlOT(Ch-), secrérg'delaSoc.
géogr. commerciale, 1, 296, 406.
G'Baggas, peuple de l'Afr. centr.,
GENTIL (E.), explorât' au Tchad.
Nouvelles de ||, 60, 72, 236-241.
— Retour de ||, 273. — Réceptions
à Marseille et à Paris, 292-296,
398. — Réception solennelle à la
Sorbonne. Récit du vge, av. carte,
342, 421-455. — Lauréat de la
Î*- médaille d'or de la Soc, 343,
23.
GEORGE (Léon), élevé du lycée Jan-
son, lauréat de la Soc, 415.
GERLAGH (de), chef d'une expéd.
belge au pôle antarctique, 389.
GERMAIN. Reconnaissance dans le
Sahara, 232.
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
511
Ghinda (Erythrée), 363, 366.
Ghirin (Mandchourle), 227.
GILBERT. Niveau des lacs améri-
cains, d'après ||, 75.
GILES, explorât' en Australie, 143.
GINOUX (A. de). Note sur un ouvr.,
484.
GIRARD (Aimé). Publications pro-
venant de la bibliothèque de H,
offertes à la Soc., 487-491.
GIRARD (J.), secrétaire adjoint de
la Comm. centr., 11. — 333. —
Turkestan russe, 135-137. — lies
Falkland, 141-143. — Le projet
d'expéd. au pôle Sud, 145-146. —
Le plateau de Rockhall, 256. —
Expéd . océanographique alle-
mande, 326. — Mer du Nord et
Baltique, 390. — Glaces flottantes
de l'océan Austral, 395. — Pseudo-
marées, 471.
Glaces et glaciers. Glaciers de La-
ponie, 133. — Glaces flottantes
de l'océan Austral, 395.
Godthaaby navire de l'expéd. Am-
drup, 377.
GOLDSCHOEN (J. L.), mb admis,
335, 336.
GONELLA (F,), alpiniste italien, 73.
GORE (James), mb de l'expéd. Well-
mann, 387.
Gou9 riv. du Soudan mér., 354.
Goubaiic (Ethiopie), 139.
Goulfec (Afr. centr.), 453, 454.
G oui ma. La mission Baud-Ver-
meersch au ||, 172-177.
GRAD (Ch.), attribution du prix ||,
92.
GRANDIDIER (Alfred), rapporteur
des prix, 91. — Nouvelles de G.
Grandidier, 308, 367.
GRANDIDIER (G.), fils du précédent.
Vge de || à Madagascar, 282, 308,
367.
GRANDMAISON (L. de). Ouvr. de ||,
signala, 483.
GREFFIER (E.), mb décédé, 334.
GRKNARD (F.), 15, 49. — Présnt
d'un ouvr. de ||, 51, 494. — Lau-
réat de la Soc, 92, 98. — Scru-
tateur de la Soc, 209.
GRENOT (sergent), mort en Guinée,
351.
Gribingui (Afr. centr), 236, 237,
238, 429 et suiv.
Grnnland. Popul» indigène du ||,
255. — Expéd. diverses au |j
(1898), 376.
GROSJEAN (A.), mb de la mission
lyonnaise en Chine, 301, 302, 303.
GROtlARD (Mgr), évoque canadien.
Comm. sur le Mackenzie, 222-
225.
Guadalupe (Mexique), 370.
Guanajuato (Mexique). Valeur éco-
nomique de ri|, 249.
GUENIN (Eug.). Ouvr. de ||, signalé,
GUÉNOT (Stéphane), fondât' de co-
lonies fr. au Mexique, 315.
GUERNE (J. de), archiviste biblio-
thécaire de la Soc, délégué au
congrès internat1 de pêche mari-
time, à Dieppe, 326.
Guerrero (Mexique). Valeur écono-
mique de ||, 251.
GUÉS (Emile), mb admis, 52.
GUILLEN (Ezechiel), alpiniste, 469.
GUILLET (Lucien), mb admis, 151.
Guilo, riv. d'Ethiopie, 307.
Guinée française. Comm. du D'Ma-
claud sur la ||, 11-13.
GUY (Camille), lauréat de la Soc,
92. — Scrutateur de la Soc, 209.
Guyane. Contesté franco-brésilien,
468.
GUYNET, délégué colon1, 404.
Haïnan (lie). Note de Cl. Madrolle
sur ||, 203-205; — 227.
H AMANT (Ch. N.), mb admis, 419,
479.
HAMBERG (Axel). Glaciers de La-
ponie d'après ||, 133. — 380, 381,
382, 383.
Hambourg. Commerce de ||, 38.
HAMELIN (Paul), mb admis, 335,
336.
HAMSON (C), vgren Malaisie, 370.
HAMY (Dr E.), rapporteur de prix,
102. — Lauréatdel'Acad. des se,
103. — 342.
HANSEN (J.), cartographe, 148.
HARMAND <Dr J.), 1.
HARLAN, înb de l'expéd. Welliiinmi,
387.
HARMSWORTH (A. Ch.), Mécène
anglais, 376.
HARTZER (Le Père F.), mb admis,
94. — Note sur deux vges en
N"«-Guinée, 206-209.
HASSENSTEIN, cartographe, 87.
Hassi El-Ahomeur (Sahara), 89.
HATCHER (J. B.). Exploration en
Patagonie, 81, 82,
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512
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
HATT (Ph.). Don dune publicat»,
147.
Hawaï. Gourants maritimes vers ||,
372-375.
HAVNES (D*), vgr en Babylonie,
90.
HEDIN (Sven), vgr suédois en Asie.
— Réception de ||, à la gare du
Nord, 48. — Séance de réception
à la Soc, 11,14-38; — 146.
Helgoland, navire de l'expéd. Ler-
ner, 386, 387.
HELLOT (M. A.), mb décédé, 334.
HÊMAR (H.), mb décédé, 150.
HÊNON, vgr en Ethiopie, 139.
HENR1C (Dr), 174.
HENRY (H.), mb admis, 151, 213.
HEPWARTH (cap-). Les courants
du Pacifique d'après ||, 375.
HERBET FOURNET. AttribuUon du
prix ||,91.
HERR (Dr). La riv. Ouom, av. croq.,
241-244.
HESSELMAN, botaniste suédois,
380.
HBUGLIN (Th. v.), 383.
Heure décimale. Projet d'adoption
d'une ||, 325.
Hidalgo (Mexique). Valeur écono-
mique de ||, 249.
HILLER (H. M.). Yffe en Malaisie,
av. croq., 370-372. — Admis mb,
419, 479.
HIMLY (A.), 1.
HJULER (A.), mb de la mission
Olufsen, 297.
HOFFMAN (W. J.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 482.
HOFMA (Dr Ed.), mb de l'expéd.
Wellmano, 387.
Hong-Kong. Extension du territoire
anglais de ||, av. carte, 298-300.
//ono/t*/u( Hawaï), 373, 374, 375.
Hostains, administrât' colonial. Vge
à la Côte d'Ivoire, 354.
Hvita ou Blanche (lie), 385.
HUBER (W.). Attribution du prix||,
92.
HUGUET (Df A.), mb admis, 419,
479.
HULOT (baron), secrétaire g1 de
la Comm. centr., 11. — Présent.
d'ouvrages, 50> 51. — Rapporteur
g> des prix, 92, 183, 185; — 456.
HUNTZBUCHLER, mbde la mission
Gentil, 236, 237, 240, 423 et suiv.
Hydrographie. Mer du Nord et
Baltique, 390.
IU\m*ni(mx). Ascension de P||,469.
Ilovo, riv. de Madagascar, 279.
IMBAULT-HUART(CamilIe), mb dé-
cédé, 52.
Inde. L'|| à l'époque de Vasco de
Gama, 192, 200-202. — Vge du
capif Nowitzky, 392. — Opé-
rations géodésiques dans l'||, 472.
Indo-Chine. Comm. sur r||, av.
carte, 185-189, 217, 219. — Mé-
kong, 229. — Inauguration du
monument Fr. Garnier, 285-292.
In-Sâlah, longitude d'||, 57, 85-89.
— MM. Laperrine et Germain à ||,
232-233.
InttUnt aiogr. de l'Université de
Bruxelles. Programme de l'||,417.
Inthat, peuple birman, 166.
Irraouaddy (fl.), 5, 162, 165.
Isalo, mta de Madagascar, 280.
Isfjord (Spitzberg), 382.
Islande. Expéd. scient, en ||, 377-
380.
It*a*y peuple d'Ethiopie, 140, 141.
1VENS (R.), mb corresp* décédé,
93, 94, 184.
JACKSON (P. S.). Expéd. à la Terre
François-Joseph, 44, 376.
Jalisco (Mexique). Valeur économi-
que de ||, 250.
JANET (Armand), mb admis, 266,
335.
JANSSEN, attribution du prix ||, 92;
— 211.
JAUCOURT (M- de), admise mb,
151.
Java. Comm. de J. Chailley-Bert
sur ||, 57-59.
JENNINGS, ingénieur canadien, 311 .
JENSEN, vgr en Chine, 350.
JENSEN (Bernhard),capit"du5o**/t-
ern Crou, 389.
Jicaltepec (Mexique). Colonie franc,
de ||, 315-318.
JOGAN (Raymond), mb admis, 94.
JOHANNES, vgr au Kilimandjaro,
245.
JOHANNESSEN (E. H.), 385.
JOMARD, 86, 87; — attribution du
Srix ||, 92.
DELL (D.). Ouvr. de \\t signalé,
482.
JOUAN (commandant H.), lauréat
de la Soc, 91.
JOULIA, mb de la mission Gentil,
427, 428.
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TABLE ANALYTIQUE BES MATIÈRES.
513
JUGLA (A. J), mb admis, 267, 335.
JULIEN (capitM), chef d'une mission
au Congo fr., 460.
JULLIEN (le R. P.). Vge en N»«-Gui-
née, av. carte, 206-209.
Jupiter-. \ mmon (oasis). Voy. Siaouh.
Kapotché, affluent du Zambèze,
110.
Kapouas, fl. de Borné», 371.
Kara (mer de). Expéd. S. Braekmo
dans la ||, 388.
KARAGEORGEVITCH (prince Boji-
dar), mb admis, 266, 267 ; — 281,
283
Karé '(m"), 243, 244.
Kasbek (Caucase). Ascension du ||,
457.
Kati (Soudan franc.). Progrès de ||,
41.
Kattigat. Courants dans le II, 390,
391.
KATZER (Friedrich), vgr au Brésil.
78.
Katan (Russie). P. Labbé à ||, 344,
345.
KELLËR (D. C). Ouvr. de ||, signalé,
481.
Kemo, affl. de l'Oubangui, 425, 461.
KERBEY (Orton),exploratf au Brésil,
78.
Kha». Voy. Moi*.
Khersourie (Caucase), 456, 457.
Khône (Mékong), 230, 231.
Kilimandjaro (m1). Ascension du ||,
245, 463.
Kirghiies. Comm. sur les || no-
mades, 97.
KIRKENTHAL (DO, 384.
KJELDSEN (capit-), 385, 388.
KJELLSTRÔM (lieut1), topographe
suédois, 380.
Klondyke. Renseignements météo-
rologiques sur le I), 77. — Les
routes vers le |[, av. croq., 399-315.
KOLTHOFF, zoologue suédois, 380.
KOMAROF, chef d'une mission
scient, russe en Mandchourie,226.
Konakry (Guinée), 351, 352.
KONCH1N (M.). L'anc. lit de l'Amou-
Daria d'après ||, 392-393.
Kong. Réoccupation de ||, 236.
Konso (Ethiopie), 138.
Kouan-tchen-tta(ou Tchan-tchoun),
v. de la Mandcbourie, 227.
Kouang-tchéou (baie de). Note sur
la |j, av. croq., 227-230.
Kûulikoro (Soudan fr.), 41.
Kouri, peupl* de l'Afr. centr., 452.
Kouronna (Soudan), 351, 353.
KOZLOFF (P.). Le Lob-nor, 146.
— Nouv. vge projeté, 471, 472.
KRASNOFF, botaniste russe, 147.
Kratnoïarsk (Sibérie), 105.
KraiU (Indo-Chine), 229, 230, 231,
232.
Krébedgéy poste dans l'Afr. centr.,
237.
KRISTENSEN, explorât' polaire,
145.
Krouma, peupl*» d'Afr. centr., 430.
KRUSE (Ch.), naturaliste danois,
377.
Kvikkjokk (Laponie), 133.
LABBÉ (P.), comm. sur les Kirghi-
zes, 97. — Vge chez les Bach-
kirs 344-348.
LABORDE (L. de), mb admis, 151.
LACHAMBRE. Présnt d'un ouvr.de IL
47.
LACOSTE (A.), mb admis, 151.
Lac* d'Amérique. Changements du
niveau de grands ||, 75.
La Grandière, canonnière franc**
sur le Mékong, 168, 231.
LAING, aut. cité, 86.
LAÏRLE, officier au Soudan, 355.
LA MAZEL1ÊRE. Présnt d'un ouvr.
de ||, 93. — L'Inde à l'époque de
Vasco de Gama, 191 , 192, 200, 202.
LAMBLIN, mb de la mission Clo-
zel, 235.
LAMOTHE (de), commissaire gén1
du Congo fr., 244, 351. — Allo-
cution à la réception du capitM
Baratier, 406.
LAN, garde principal au Dahomey,
179.
Landouman, peuplade de Guinée,
12.
L ANGEVIN (Mgr), archevêque de
Manitoba, 220, 224.
Langjôkull, glacier d'Islande, 378.
Uo*. P. de Barthélémy au ||, 186-
188. — M. Bel au |l, 207-219. —
Haut Mékong, 229-332.
LAPERR1NE. Reconnaissance dans
le Sahara, 232-233.
Laponie. Glaciers de ||, 133-135.
— Expéd. russe en ||, 144.
LAPPARENT (A. de). Présnt d'ouvr.
11, 50, 273, 282, 327, 407, 408.
— Rapporteur de prix, 92. —
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514
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
V-présdt de la Soc, 20». — Dé-
légué de la Soc, 397.
LA RONCIÈRE (Cb. de). Présnt d'un
ouvr. de ||, 262.
LAROUSSE. Présnt d'un nouvel At-
las ||, 407.
LATKINE, chef d'une expéd. en
Laponie, 144.
LA TORRE (Rafaël M. de), proprié-
taire au Mexique, 317.
Lauréats de la Soc. : vgrs et géo-
graphes, 37, 91, 92, 185, 343,
423 ; — élèves des lycées et col-
lèges, 414-415.
LAURENT (G. E.), mb admis, 213,
266.
LAURET(E.), rab admis, 335, 336.
LA VAULX (comte H. de), 79. —
Corn m. sur la Patagonie, av.
carte, 97, 98-102. — Officier d'Aca-
démie, 209. — Exposition des col-
lections rapportées par |j, 212.
LAYILLÉON (de), inspecteur de la
garde au Dahomey, 179.
Lealouyiy v. de l'Afr. sud-or., 66.
LE BIHAN, mb de la mission Gen-
til, 425, 426.
LEGLERGQ (Jules). Présnt d'un
ouvr. de ||, 147.
LEFÈVRE (Dr E.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 272.
LE F1LLIÀTRE, 355.
LEFORT. Présnt d'un atlas de ||,
148.
LEFORT (P. A.), mb admis, 151, 213.
LEGAL (Mgr). Mord-ouest canadien
(comm.), 220-222.
Légion d'honneur. Mbs promus,
1,2.
Lei-tchéou (Chine), 229.
LELEWEL (Joachim) , anc. géo-
graphe polonais. La tombe de ||,
LEMAÎTRE (Jules), 326.
LE MYRE DE V1LERS (Ch. M.],
vr#-présdtde la Comm. centr., 1.
— Elu présdt, 10, 11. —Allocu-
tions, 11, 47, 162, 341. —Dis-
cours à l'inauguration du monu-
ment de Francis Garnier, 285-288,
289-292. — Réception de E. Gentil
à la gare de Lyon, 294-295, 398.
— /d., du capit1» Baratier, 406.
LENT, explorât' du Kilimandjaro,
245.
LENZ (Oscar), aut. cité, 70, 72.
Léon Blot% vapeur de la mission
Gentil, 236, 2$7, 238, 421 et suiv.
LERNER (Th.), chef d'une expéd. a
la Terre du Roi-Charles, 386, 387.
LESIEUR (Albert), mb admis, 419,
479.
LEVAT (E. D.), explorât' en Sibé-
rie, lauréat de la Soc, 92. —
Présnt d'un ouvr., 263.
LEVIN (D' E.), mb de l 'expéd. Na-
thorst, 380, 386.
LEVINE. Développement économi-
que de la Mandchourie, d'après j],
225-226.
Libreville (Congo fr.), 355, 357.
Lien-tchéou (presqu'île de), 229.
LIER (Auguste), mb admis, 336.
Limay (Rio), riv. de l'Amer, inér.,
81.
LINDEM ANN (Dr M.). Commerce ma-
ritime de l'Allemagne, d'après ||,
38.
LINDET. Publications offertes par ||,
487-491.
L10TARD, commissaire du Haut-
Oubangui, 305, 362. — Réception
de ||, à Pauillac, 398-402; — à
Paris, 403-406.
LISTA (Ramon), mb corresp1 dé-
cédé, 93, 94» 184.
Loango (royaume), note sur 1|,
60,82-85.
Lob-nor9 lac d'Asie. S. Hedin au ||,
28. — Controverse au sujetdu |j,
146.
Lot** dans la vallée du Mlssissipi,
393.
Logan, m1 d'Alaska, 73.
LOGEROT (Aug. L.), mb décédé,
265, 266.
LOICQ DE LOBEL (Léon), mb ad-
mis, 213.
Louapoula, branche super" du Con-
go, 117.
LOPEZ (P.). Une carte de ||, signa-
lée, 486.
Louama (ou Lougomba), afn. du
Congo, 126.
LOUR Y, ofllcier tué au Soudan, 331.
LOYATELLI, arllstc peintre, 313.
Luana-Prabang (Laos), 186-188.
LUMHOLTZ (Cari), explorât' au
Mexique, 77.
LYDEKKER, zoologiste anglais, 101.
MAC DONALD (Sir CI.), 298.
MACHURON (A.). Présnt d'un ouvr.
de ||, 47.
Mackeniie (ft\), 222.
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
515
M ACLAUD (Dr J. E. Ch.), La Guinée
fr. (comro.), H- 13. — Mission au
Fouta-Djallon, 353.
MAC QUESTKN. Ciimat du Klon-
dyke, d'après ||, 77.
Madagascar. Observatoire de Tana-
narive, 46. — Gomra. de G. Bas-
tard sur ||, av. carte, 275-281. —
Vge de G. Grandidier à ||, 308,
367-369.— Présnt d'un ouvr.sur||,
408.
Madré de Dios, fl. de Bolivie, 79.
MADROLLE (Cl.). L'Ile Haïnan,
203-205. — Officier d'Académie,
209
Magellan (détroit de), 98.
Mahakkam, fl. de Bornéo, 372.
MAISTRE (G.), explorât', 237, 243,
244,423,425, 427,434,436.
Malaspina (glacier), 73, 74.
Malais ie (archipel de la). Vge de
MM. Hiller, G. Hamson et Furness
dans T||, av. croq., 370-372.
Malio, riv. de Madagascar, 280.
Mambare, riv. de la N,,6-Guinée, 208.
Manaku, m1 de la N'"-Guinée, 207.
Mandchourie. Développement éco-
nomique de la ||, 225-227. — Vge
de M. Komarof en ||, 226.
Mandela y (Birmanie), 9.
Mandjias, peuplde d'Afr. centr., 426,
431.
MANES (lleut1 de vaisseau W.), mb
admis, 266, 267.
Mangoky, fl. de Madagascar, 276,
277.
Manille (Philippines). État sanitaire
de ||, 90.
Manyima (Afr. équat.), 125, 127.
MARCEL (G.), v~-présdt de la
Comm. centr., 11, 103. — No-
tices biographiques : F. Coello ;
A. Marche, 409-414.
MARCELL1N DE CIVEZZA. Ouvr.
de ||, signalé, 492.
MARCHAND (comm1), explorât' en
Afr., 244. — Nouvelles du ||, 305.
— Hommage à ||, 341. — Résul-
tats géogr. de la mission de H,
av. carte, 361-362; — 428.
MARCHE (A.). Don d'un ouvr. de [[,
332. — Mort de |J ; discours aux
obsèques de ||, 411-414.
MARCOU (Jules), géologue décédé,
212.
Marina a, m1 de l'Afr. équat., 116.
BIARKHAM (C. R.), 86.
MARMOTTAN (H.), mb admis, 52.
Maroc. Vge de G. Forret au ||, 40.
MARSY (c" de), délégué au Congrès
archéologique de Bourges, 326.
MARTEL (E. A.). Le m' S'-Elie
(Alaska), 60, 73; — 209, 212. —
Présnt d'un ouvr., 260-262. — Le
Kilimandjaro, 463.
MARTEL (Louis), compn de vge de
Bonnel de Mézières, 265.
MARTIN (P. R.). Présnt d'un ouvr.
de ||, 210.
Massenia (Baguirmi). La mission
Gentil à ||, 440-449.
MASSIE (G.), vgr en Australie, 43,
143.
MASSIEU (Mrae Isabelle). Vge en
Asie (comm., av. carte et grav.),
162-171.
Matadi (Congo), 244.
MAÏTOSO (Ernesto),mbadmis,419,
479. — Ouvr. de ||, signalé, 497.
MAUNOIR (Ch. J.), v«-présdt de la
Soc, 14. — Réception de S. He-
din (allocution), 48. — Rappor-
teur de prix, 91. — Don de ||, 92.
— Présnt d'une carte, 102, 148-
150.
Mavoudù, affl. du Zambèze, 110.
MAZERAN, command1 de la canon-
nière La' Grandière, 168.
M'Bomou, affl. de POubangui, 361,
Mékong, fl. d'Asie, 162, 168, 188.
— Navigabilité du ||, 229-232.
Membres ae la Société. Mbs décorés,
1, 2, 209. - Mbs décédés, 52, 93,
94, 150, 212, 265, 260, 333-334,
411-414. — Mbs admis et candi-
dats présentés, 52, 53, 94, 95, 151 ,
213, 266, 277, 335-336, 419.
MENAUT, 90, 145.
MENDANA, navigateur, 211.
Memélinsk (Russie), 346.
Méos, peuple dlndo-Chine, 187.
MERCURI (Toussaint), cornp0 de vge
de M. de Béhagle, en Afr., 72, 461 ,
462.
MERWART, 421, 455.
MÉTRAL (C), mb de la mission
lyonnaise en Chine, 301, 302.
Mexico (Etat). Valeur économique
de ||, 248-249.
Mexique, orographie du ||, 77. —
Notes économiques sur le ||, 245-
253, 369. — Canadiens fr. au | ',
259-260. — Japonais au ||, 260.
— Les colonies franc, de Jical-
tepec et de San Rafaël, 315-318.
SOC. DE GÉOGR. — G. B. DI8 SÉANCES.
36
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516
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
MEYER (Dr Hans), explorât' du
Kilimandjaro, 245, 463.
M* fans, peupld" du Congo, 358, 359.
MICHEL (Ch.), mb de la mission
de Bonchamps, 306. — Candidat
présenté, 481.
M1CHELET (historien). Présnt d'une
étude sur ||, 409.
Michigan (lac), 75.
M1CHNINE, astronome russe, 144.
Michoacan (Mexique). Valeur éco-
nomique de ||, 252-253.
Migrations polynésiennes. Théorie
des H, 374.
Mika, glacier de Laponle, 134.
M1LL0T (capif), 351, 353.
MILNE EDWARDS (Alph.), présdt
de la Soc, 14, 209. — Allocutions
aux réceptions de vgrs : Sven
Hedin, 14, 35; — Foa, 107, 130,
133: — Gentil, 421-423, 455. — Id.
à la célébration des centen"3 : de
W. Barents, 157; — de Vasco de
Gama, 189-192,202. — A lai "as-
semblée génér'Y 183-185. - Id.
à l'inauguration du monument
Fr. Garnier, 289.
MIMAUT (Henry), mb admis, 52.
M1ND0WSKY, négociant russe.
M1R1AM. Présnt d'un guide ||, 408.
Mirs (baie), 298, 300.
Mission lyonnaise d'exploration
commerciale en Chine. Itiné-
raires de la ||, 301-303. — Routes
de pénétration au Yunnan d'après
les levers de la ||, 349-351.
Missions franciscaines. Un ouvr.
sur les [|, signalé, 492.
Missitsipi, navigabilité du ||, 76.
— Delta du ||, 258-259. — Le lœss
dans la vallée du (U 393-394.
MHouy peupl"* de l'Afr. ceutr., 433.
MitoumbaSy mts de FAfr. équat. , 123.
Moassi (Air. équat.), 112-113.
Mœlar (lac d'Europe), 390.
MOHN (professeur), 384-386.
Mois, peuple d'Indo-Chine, 217.
MOLEX, agent colon* en Afr., 176.
MOLONEY (Dr),explorr africain, 112.
MOLTENl (A.), 2.
MONACO (prince A. de). Campagne
océanographique du ||, 343-380.
MONEY (lieut1), explorât' africain,
112.
MON MER «Marcel), vgr en Asie.
Nouvelles de ||, 296.
MONTEIL (colonel), 171, 296, 406,
421, 423, 124, 435.
MONTHEROT (Alphonse de), attri-
bution du prix ||, 92.
MONTHOLON (comte de), 1.
Montres décimales. Concours de IL
325.
Mordvins (Russie). J. de Baye chez
les ||, 103.
MORGAN (J. de). Ouvr. de H, signalé,
494.
MORIN, officier décédé en Afr., 402.
MOR1N (lieut1), explorât' du Mékong,
230.
MORSE (Edw. S.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 497.
MOSTOVirCH.géographe russe,39i.
MOSTUEJOULS (de), mb de la mis-
sion Gentil, 427, 428, 432, 454.
Moukden (Mandchourie), 227.
MOURLAN (général A.), mb admis,
480.
Moustag-ala, m1 du Pamir. S. He-
din au ||, 17-20.
Mpéséni (Afr. équat), 112.
MULLER (Emile). Note sur le Tur-
kestan, 225.
Muluy nV de Bornéo, 372.
Munsters, lac de Patagonie, 100.
Muongsf peuple d'Indo-Chine, 187.
MIIRRAY (John). Proj. d'expéd. po-
laire de H, 145.
Muséum d'histoire naturelle. Con-
férences pour les vgrs, 150. —
Nouvelles galeries, 397.
MUTEAU, 2.
Nam-Môf riv. d'Indo-Chine, 187.
Nanay sous-affl. du CL a ri, 427,428.
NANTOIS(vu,de),mbadmis, 419,479.
N aphte. Nouv. sources de ||, au Cau-
case, 321.
NATHORST (D'A. G.). Expéd. scient,
suédoise au Spitzberg, 379-386,
388. — Don de cartes, 477.
NAUDÊ, officier du génie, dans la
Guinée, 351.
Nau-tchau (lie), 229.
NAY (A. Corneliz), lieut1 de W. Ba-
rents, 161.
Ndjolé (Congo fr.), 355, 357.
Ndrysy peupl^ du H1 Oubangui, 360,
361.
Nécrologie, 52, 93, 94, 150, 184,
212, 265-266, $33 335, 409-415, 477-
478.
Negro (Rio), Amer, mér., 81, 98, 99.
NELSON (E. W.). Météorologie du
Klondyke, d'après ||, 77.
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
517
NEDFVILLE (Jean de), oomp» de
vge de P. de Barthélémy en Indo-
Chine, 186.
NEWiNES (Sir G.), 389.
N'Gaot, peupl* d'Afr. centr., 432,
433.
Niellim, peupl* d'Afr. centr., 436.
Niger (11.). Présnt d'un atlas du ||,
148. — La boucle du || (comm.
du lient1 Bretonnet), 274. — Con-
vention franco-anglaise du ||, av.
carte, 282, 304-305. — Lever du
Hl-]| par le capif Millot, 358.
Nikki (Soudan), 275, 304.
N1LSSON (capil-), 380.
NOA1LLES ivM de), mb admis, 52. —
Ouvr. de ||, signalé, 153.
NOIROT, administrât' colon', 353.
Nord (mer du). Relations hydrogra-
phiques entre la || et la Baltique,
390-391.
NORDENSKIÔLD (A. E.), 382, 383.
NORDENSKIÔLD (D' O.). Vge en Pa-
tagonie, 79.
Nouvelle-Calédonie. Note de J. Gar-
nier sur la ||, 253.
Nouvelle-Guinée. Tge des RR. PP.
Juilien et De Hycke dans la |j
anglaise, av. carte, 206, 209.
N0VALHES(C8"Torre), descendante
île Vasco de Gama, 281, 284.
NOWITZKY, vgr en Asie, 392.
Ntton, riv. du Soudan mér., 354.
Nyasta (lac), 114, 115, 122.
Obi (fl.), 136.
OBROUTCHEFF.L'anc.Mdel'Amou-
Daria, d'après ||, 393.
Océanographie. Expéd. allemande,
45, 320. — Vallées sous-marines
du Pacifique, 257. — Campagne du
prince A. de Monaco, 343. — Cou-
rants du Paciûque, 372-375. —
Glaces flottantes de l'océan Aus-
tral, 395. — Pseudo-marées, 471.
Ogasawarajima. Voy. Bonin.
Ogooué. Mission J. Bouysson, av.
croq., 355-359.
OHL (L.), mb admis, 480.
OHL1N (DO, explorateur suédois, 80,
81 380
Okinawa\l\e), 370.
OLIVE, mb de la mission Cazemajou,
tué au Soudan, 414.
OLLONE (vu d'), mb de la mission
Hostains, 355. — Admis mb, 480.
OLTRAMARE (F.), astronome, 68.
OLUFSEN (0.), vgr en Asie centr.
Nouvelles de ||, 297, 458.
Ombela (riv.i, affl. de l'Oabangui,
241,243.
Omet, m* de Chine, 849.
Onilahy, riv. de Madagascar, 367,
368.
Ontario (lac), 75.
Orenbourg. Météorologie de la ré-
gion d'il, 257. — P. Labbé à ||,
$45, 348.
OrUaba (m1). Altitude de l'||, 73, 74,
259
ORLÉANS (p«« H. d'), 15, 49. —
Présnt d'ouvr. du |j, 50, 495; —
187.
Ororocha, lac d'Ethiopie, 137.
Ouamanboués, peuplade de l'Afr.
équat., 119.
Ouanamouangas, peuplade de l'Afr.
équat., 120.
Ouankondés, peuplade de l'Afr.
équat., 119.
Ouanlhine, riv. d'Ethiopie, 306.
Ouanyamouétis, peuplade de l'Afr.
équat., 125.
Ouanyikas et Oua tombas, peuplade
de l'Afr. équat., 120.
Oubangui (riv.), 241, 243, 241. —
Mission de Béhagle sur te H'-||»
av. <roq., 359-361, 460-462. — td.
de Bonnel de Mézières, 463.
Oubemba (Afr. équat.), 116.
OUDIN (Ch.), mb décédé, 103, 150.
Oufa (Russie), 345, 346.
Oujiji (Afr. équat.), 123.
Ouom, riv. Note du Dr Herr sur
la ||, av. croq., 241-214.
Ours (lie aux). Voy. Beeren Biland.
Ouvrages offerts à la Soc. (listes
des), 53,95,152,213,270,336, 481.
Ou%bo\t anc. lit de l'Amou-daria,
392.
OVSIANNY, géographe russe, 391.
Pacifique (océan). Vallées sous-ma-
rines de la côte de Californie,
257-258. — Courants du II, 372-
375.
Pagode, lac d'Ethiopie, 139, 140,
PAGES (Mll# Pauline), admise mb,
94.
Pahouins, peuple du Congo fr., 357,
358, 359.
PA1LLIART. Présnt dune étude sur
l'Ethiopie, 363.
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518
TABLE ANALYTIQUE DES MATIÈRES.
PALLEY (Félix), rab décédé, 213
Pamir. VgedeSven Hedin dans le ||
(comm.), 14-38. — /d. de O.Oluf-
sen, 297, 458,
Pampas, peuple de la Patagonie,
100.
PAN DO (colonel), explorât' en Bo-
livie, 78, 79.
PANGE (marquis de), mb admis, 94.
PANTOUSSOF (N.). Excursion ar-
chéolog.au Semiretchlé,av.grav.,
322-324.
PANTUKHOFF ( Dr) , naturaliste
russe, 472.
PAPPAM (F. L.), négociant anglais,
136
PARKINSON, vgr anglais, 42.
PASSAGA (capitaine P. Fr. G.), lau-
réat de la Soc, 91 ; — 353.
Patagonie. Explorations en ||, 79-
82. — H. de la Vaulx, en || (av.
carte), 99-102.
PAULSEN (0.). mb de la mission
Olufsen, 297i
PAUL Y (A.), explorât' tué en Afr.,
334.
PEARY (lieut1), explorât' polaire,
376.
Peely riv. du Canada, 222.
PÊNICAUD (G.), mb décédé, 213,
PENNESl(G.).Atlasde||,signalé,485.
PENSA (Ch.-Prosper), mb décédé,
52.
Penia (Russie), 103.
PERDR1ZET, explorai' au Congo,
241, 244.
PERROT (Maurice), mb admis, 94.
PETERS, archéologue,- 90.
PETERSON (0. A.), vgr dans l'Amer.
mér., 81.
PETTERSEN (professeur). Relations
hydrographiques entre la mer du
Nord et la Baltique, d'après ||,
390-391.
Philippines (archipel des), 90, 145
Phou-Thengsx peuplade de l'Indo-
Chine, 187.
Pieds-Xoirs. Tribu du Canada,
220-222.
PlÉf*APE (J. de), candidat présenté,
481.
PIEVTZOFF (col. russe Michel),
explorât' en Asie, 146.
Pinos (Mexique), 370.
PIOLET (le R. P.). Présntd'un ouvr.
du !i, 408.
Pioneer, canonnière sur le lac
Nyassa, 114.
Pirikilétienne (chaîne), Caucase,
456.
PLATZ (E.) (imprimé : Plath), alpi-
niste, 245.
POBEGUIN(H.),résidentàlaGrande-
Comore, 46, 309.
Poco ou Sésanc, riv. de l'Annam,
218.
Pôles. Voy. Régions polaires.
POLO (Marco). Nouv. éd. du Livre
de ||, 478.
Polynésie. Théorie de migrations
dans la ||, 372.
PONCINS (Edm. de), vgr en Ethiopie.
— Nouvellesde ||, 97, 140-141, 205-
206. — Retour de ||, 363.
Popocatepell (m1). Principales me-
sures du ||, d'apr. A. E. Douglas»,
259.
P0P0FF, négociant russe, 147.
Port Stanley (Falkland), 142.
POTTER, mb de la mission de Bon-
champs, 306.
POULSEN (K.), zoologiste danois,
377.
POURTEAU, astronome, 68.
PRÉMESNIL (Mme de), admise mb,
335, 336.
PRÊTOST (A. A.), candidat présenté,
480.
Princesse-Alice, yacht du prince
de Monaco. 343, 344, 387.
PRINS (Pierre), mb de la mission
Gentil. Nouvelles de ||, 60, 72,
236, 238-241, 423 et suiv.
Prix de la Soc. Voy. Lauréats de
la Soc.
PRJÉVALSKI, explorât' russe, 146.
PUECH (Denis), auteur du monum1
de Francis Garnier, 288.
Puha dWtacama, région chilo-
argentine contestée, 394.
Pygmées (ou négrilles) de l'Afrique,
127.
QUEIREL (Juan), mb admis, 419,
479.
QUENNEC (D. A.). Ouvr. de ||, si-
gnalé, 493.
QUIRIN1, anc. navigat', 254, 255.
RABAUD (L.), mb de la mission
lyonnaise < n Chine, 302, 303.
RABOT (Ch.). Explorations polaires
en 1898, 44, 376-389. — Don et
présntd'ouvr., 102, 148. 210, 220.
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TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
519
263, 330, 477. — Glaciers de La-
ponie, 133. — Les trois vges de
W. Barents, 160-162. — Elu mb
de la Comm. centr., 209. —
Nommé officier de l'Instr. publ.,
ibid. — Vge de Quirini, d'après
G. Storm, 254-255.
RAGOIS, mb admis, 151.
RAMBAUD (A.), Ministre de lin-
struction publique. Allocution,
162, 169.
RAOUL (E.), mb décédé, 212.
Rangoon (Birmanie), 7, 8, 165*
RAVENSTEIN (E. G.). Présnt d'un
ouvr. de ||, 329.
RECHNIEWSKI (C. Stanislas de),
mb admis, 95, 151.
RECLUS (Elisée), 417.
Redjang, fl. de Bornéo, 370, 372.
REGELSPERGER (G.). Présnt d'un
ouvr., 330.
Régions polaires nord. Expéd. Jack-
son, 44. — Proj. d'expéd. au
pôle, 146. — Centenaire de W. Ba-
rents, 157-1 63. — Missions diver-
ses (campagne de 1898), 376-389.
Régions polaires sud. Proj. d'explor"
des ||, 145-146, 478. — Expéd. de
de Geriach et de G. Newnes, 389.
— Les glaces flottantes de l'océan
Austral, 395-396.
REY-PAILHADB. Montres déci-
males, système de ||, 325.
RHO A DES (caplt"), 114.
RIAULT (J.), mb de la mission lyon-
naise en Chine, 302, 303.
RICHARD (J.), 343.
RICHAUD (Léon), mb admis, 95, 151.
RICHTHOFEN (F. de). Notice sur
un ouvr. de ||, 473.
RIPAS, géologue russe, 144.
ROBAGLIA (lieut1 de vaisseau* G.),
231
ROBLET (le R. P. Désiré), lauréat
de la Soc, 91.
ROCHER (Emile), 301, 303.
Rockall (banc de). Explorât" du ||,
256.
ROHLFS (G.), explorât" africain, 87.
Roi-Charles (Terre du). L* expéd.
Nathorst à la ||, 381, 383, 385. —
Expéd. Lerner, 386.
ROLLAND (G.). Présnt d'études,
282, 331, 332, 476.
RONCAGLI, géogrPh« italien, 464,
465.
ROULET (capitaines. P.), chef d'une
mission au Congo, 244.
ROUSSEL (J.), candidat présenté,
481.
ROUSSELET (L.), 209.
Rouweniori, m1 de l'Air, équat.,
122.
ROVIRA, agent colon1 au Congo,
429, 432, 454.
ROVIRA DE ROQUEVAIRE (baron
René de), mb admis, 336.
RUEL (H.). Ouvr. de ||, signalé, 153.
RUSSE L (H. C). Les glaces flottantes
de l'océan Austral, d'après ||, 395-
3U6. — Pseudo-marées, 471.
Russie. Nouv. ch. de f. en ||, 46. —
Mission P. Labbé, en ||, 97, 345 348.
— /<*., do J. de Baye, 103, 148.
— Nouvelles géogr. de ||, 471.
RYDER, fonctionna au Grônland,
SABINE (capitaine), aut. cité. 86, 87.
Sageun, fl. d'Ethiopie, 138, 139.
Sahara. Coordonnées géogr. et dé-
terminations astronom. au ||, 57,
68, 69, 85-89. — Basslkounou
(Sahara occ), av. croq., 70-72.—
Reconnaissances dans le ||, av.
croq., 232-235.
Saij peuple de nie Haïnan, 204.
Saint-Elie (m1). Ascension du ||, 73.
SAINT-EXUPERY (v* de), mb admis,
419, 479.
Saint-Joseph, rlv. de la NUe-Guinée,
207, 208.
Saint-Paul t riv. du Soudan mérid.,
354.
SAINT-YYES (G.). Comm. sur l'Asie
centr., 2-4. — Lauréat de la Soc,
92, 98. — Admis mb. 95, 151. —
Vge dans l'Erythrée, 363, 366, 466.
Sainte-Marie (m1 de Nn"-Guinée),
208.
Sakalaves, peuple de Madagascar.
M. Bastard chez les ||, 275-281.
Sakamaré, riv. de Madagascar, 368.
Sakanovaka, affl. du Mangoky (Ma-
dagascar), 279.
Sakarau, riv. de Madagascar, 279.
Sakonary, riv. de Madagascar, 279,
367, 368.
SALLES (A.). Présnt d'un ouvr. de ||,
271, 331.
SALESSES (cap. Eug.), lauréat de
la Soc, 91. — Admis mb, 336.
— Trav. géogr. en Guinée, 351-
353. — Comm. sur ces trav.,
455.
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520
TABLE ANALYTIQUE DES MATIERES.
Samarcande (Turkestan russe), 135,
136.
SAMORY, potentat nègre du Sou-
dan, 42, 235, 274.
San Rafaël (Mexique). La colonie
française de |j, 315.
Santa-Cru% (rio), Amer, mér., 81,
101.
Sarawak (Bornéo), 370, 372.
SATGÊ (C. de), mb décédé, 150.
SAVOURÉ (Paul), mb admis, 213.
SGHARPE (A.), explorât' africain,
112, 114.
SCHEFER (Ch.), orientaliste, dé-
cédé, 103.
SCHIRMER (H.). Présnt d'un ouvr.
de ||, 476, 495.
SCHLEGEL (D' G.). Présnt de di-
verses études de ||, 475.
SCHCENFELD, vice- consul de
France. Notes économiques sur
le Mexique, 245-253, 369.
SCHOKALSKY (J.). Présnt de cartes,
de ||, 92.
SCHOTT (Dr G.), 320.
SCHPILOF, comp" de vge de G.
S^-Yves, en Asie, 4.
SCULFORT (L.), mb de la mission
lyonnaise en Chine, 301, 303.
Sékong (riv.), afll. du Mékong, 218.
SELLA (V.), alpiniste italien, 73, 75.
Semiretchié (Sibérie). Excursion ar-
chéologique dans le ||, 322-321.
SEMPÉ, consul de France. Colonies
fr. au Mexique, 315.
Sengas, peupld< de l'Afrique équat.,
110.
Senguer, fl. de l'Amer, mér., 100,
Sésane. Voy. Poco.
S h an, peuple d'Asie. I. Massieu
chez les ||, 167-169.
SHEM1K (B.). 394.
Sibérie. Mission P. Labbé en ||, 97 ;
— id. de J. de Baye, 104. —Navi-
gation sur les fl. de ||, 136. —
Présnt d'un ouvr. sur la |j, 210.
— Découverte archéologique au
Semiretchié, 322-324.
Sidama (Ethiopie), 137-138.
SIFTON, ministre de Tinter* du Ca-
nada, 310.
Sikasso (Soudan), 220.
Sikyly, riv. de Madagascar, 277.
SMITH (Donaldson), aut. cité, 464,
465.
SIMON (G. E), explorât' du Mékong,
231.
Siouah (Egypte). Expéd. à ||, 244.
Sobal (ou Baro), affl. du Nil. 306,
307, 308.
Société de secours des Amis des
sciences, 212.
Société des études indo chinoises.
Publication de la ||, signalée, 495.
Société de géographie de Lis-
bonne. Centenaire de Vasco de
Gama, 260, 282-284.
et d'archéologie oVOran. 20*
anniversaire de la ||. 150.
de Madrid, 211.
de Marseille, 19e congrès
nat. de géogr., 92, 326.
Sofia, navire de l'expéd. Nordens-
kiôld, 882, 383.
Soleil. Voy. Eclipse de \\.
SOLLER, 404.
Somal. Vgrs anglais au M, 42. —
Edm. de Poncins au ||, 205.
Sombrerele (Mexique), 370.
Song-Câ, fl. d'Indo-Chine, 186-
187.
Soudan occidental. Notes sur le ||„
41, 57, 70. — Mission Baud et
Vermeersch au ||, av. carte, 171-
182. — Prise de Sikasso, 220. —
Missions: Bretonnet(comm.),274.
— Blondiaux, 354.— Baillaud, 460.
Soudan oriental. Présnt d'un ouvr.
sur le ||, 210.
Soueh (riv.). La mission Marchand
à la ||, 303, 362.
Soussou, peuplade de Guinée, 12.
Southern Cross, navire de l'expéd.
antarctique Borchgrevlnk, 389.
SOUZAROSA(de), ministre du Por-
tugal. Centenaire de Vasco de
Gama; allocution, 203.
Spiltbcrg. Le prince de Monaco
au ||, 344, 380. — Expéd. Nathorst
au- 1|, 380-386. — Id. du D' Ler-
ner, 386-387.
SPONT (H.). Ouvr. de ||, signalé, 483.
STADLING, ingénieur suédois, 388.
STANSMORE (C), explorât' mort en
Australie, 43, 44, 1 13, 144.
STCHOUSSOFF, vgr russe en Abys-
slnie, 392.
Slérlitamak (Russie), 346, 347.
STORM (D' G.). Vge de Qulrini à
l'océan Glacial, 254.
Slung-treng (Indo-Chine), 229, 230,
231,232.
Suisse. Comm. sur la ||, 284.
Sushitna, fl. de l'Alaska, 76.
SVENON1US (Dr Fr.), 135.
Svenska Forland (île). Expéd. Na-
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TABLE ANALYTIQUE DES M ATI EH ES.
521
thorst à r||, 384. — Expéd. Ler-
ner, 385.
SVERDRUP (cap-*), explorât' po-
laire, 376.
Système décimal du temps y 325.
Tabelkoia (Sahara), 89.
Tahiti. Théorie des migrations anc.
à H, 374.
Tanganyka (Uc). E. Foaaa ||, 190-
TARBÊ DES SABLONS (Edmond),
mb admis, 266, 267.
Taunggy (Birmanie), 166.
Tchad (lac). Mission Gentil au ||,
av. carte, 12, 236-241, 342-343,
421-455 — Bonnel de Mézières
au ||, 265. - 304.
TchambéiL rlv. de TAfr. équator1*,
117.
Tchan-tchoun. Voy. Kouan-tchen-
tta.
Tchiritté (riv.), afil. du Zambèze,
110.
Tchitambo (Aff. équat.), 111.
Tchoiiy riv. de l'Afr. équat., 117.
Téhuelches, peuple de Patagonie,
99.
TELLIER (Th.), mb admis, 480.
Tcngis-baï (Pamir), 16.
Terre de Feu, 80, 81, 101.
Teslin (Canada), 311, 314.
Te tant ua, barque tahi tienne, 373,
374, 375.
TETGALES (Brandi), lieutenant de
W. Barents, 161.
Thian-chan, mu d'Asie. G. Sl-Yves
dans les ||, 2.
THIERRY (G.), command'allem* de
Sans;inné-Mango, 176, 177.
THOMSON (Anthony S.). Pseudo-
marées observées par ||, 471.
TH0REL,mb delà mission Rouiet,
244.
THORODDSEN (D»), explorât' en Is-
lande, 377.
Tibet. S. Hedin au ||, 32.
Timbo (Fouta-Djallon), 354, 355.
Timimoune, oasis saharienne, 89.
Tinkisso (Guinée), 352.
Titlis (Alpes), 284, 285.
TOCCHELA, archéologue bulgare,
62.
Tombouctou. Reconnaissance dans
la région de ||, av. croq., 233.
Tomi,aSn. de IaKémo, 425, 461.
Toun:a, peuplade d'Afr. centr., 436.
Toui-Koul (Asie centr.), 459.
TOUTÊE (cap. G. J.), explorât' du
Soudan, 172.
TRAC Y (cf de), mb admis, 480.
TRÊDERN (H. de), mb admis, 151.
TRENTINIAN (G' L. E. de), mb ad-
mis, 480.
TRÉPIED, astronome, 68.
TR1HIDEZ (abbé Th. Aug.), 209.
Trocadéro. Yoy. Galerie elhnogr.
du ||.
TROTRY (L. J.), mb admis, 52.
TROUILLOT, ministre des colonies.
Inauguration du monument à Fr.
Garnier, 285, 288.
TRUONC-V1NH-KY , mb décédé,
414.
Turkestan russe, 135. — Gisements
de cuivre et de fer au ||, 225.
Tymnéy peuplade de Guinée, 12.
TZOULOUK1DZÊ, ingénieur russe,
321.
Ungourras, peuple d'Afr. centr., 431 .
Unqus (Asie centr.), 392.
Université nouvelle de Bruxelles.
Voy. Institut géogr. de l*\\.
Unterwald (Suisse). Comm. sur 1*11,
284-285.
YALLOT (J.), rapporteur des prix,
92.
VÀLTR0Y1TCH (C. J.), géographe
serbe, 61.
VASOF, ministre bulgare, 62.
YAUDRKMEK, architecte du monu-
ment de Fr. Garnier, 288.
YAULSERRE (C* de), compn de vge
de E. Bonin, en Chine, 349, 350.
YÉDELOieut'devaisseauE.H.Aug.).
Vge de Vasco de Gama, 195-200.
— Centenaire de Yasco de Gama,
à Lisbonne, av. carte hors texte.
282-284.
Veida, riv. de la NUo-Guinée, 206.
VEISSEYRE, vgr en Afr., 91.
VENIIKOFF (Michel). Présnt de doc.
divers, 50, 57, 92, 93, 102. 282,
391 . — Nouvellesgeogr.de Russie,
144, 391, 471. — Nouv. sources
de naphte; — le chem. de f.
transcaspien, 321.
Vera Cru* (Mexique). Les Colonies
franc, dans l'Etat de ||, 315-318.
VERMEERSCH(capMLéon),explorut'
en Afr., 91. — Comm. sur sa mis-
sion, av. carte, 171-182. — 274.
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522
TABLE ANALYTIQUE DBS MATIÈRES.
VERNEAUX (M"« Elisabeth de), ad-
mise mb, 151.
VÊRON, mb de la mission de Bon-
champs, 306.
VERSEPUY (Arnold), mb décédé,
266.
TIAL (A.), mb de la mission lyon-
naise en Chine, 302, 303.
Victoria (Terre). Expéd* Borchgre-
vink à la ||, 389.
Viedrna (Patagonie), 99.
Vierny (Turkestan russe), 322.
VIGNAUD (Henry), mb admis, 266,
267.
V1LLETARD DE LAGCÉRIE. Présnt
d'un ouvr. de ||, 148.
Vinh (Indo-Chine), 186.
VINNIKOF (N .), géodésien russe, 45.
VI VAL, mb de la mission Gentil,
décédé en Afr., 236, 423, 42i, 432.
VLASSOF (général), chef d'une mis-
sion russe en Abyssinie, 206.
VOLKENS, vgrau Kilimandjaro, 245.
VOLKOF (G.), comp" de Komarof,
en Mandchourie, 226.
VOSS10N (Louis). Courants du Pa-
ciflque, 372-375.
VOULET (lieut1), explorât' au Sou-
dan, 174, 274.
VUILLOT (P.). Notes sur le Sahara
et le Soudan fr., av. croq., 41, 57,
70-72, 233-235.
WAELES ( A.), mb de la mission lyon-
naise en Chine, 302, 303.
Walamo (Ethiopie), 139.
WALDBURG-ZE1L, explorât' po\n,
383-.
WARBURTON, explorât' en Austra-
lie, 143.
WAUTERS (A. J.). Cours de la riv.
Ouom d'après ||, 241-244.
WELLMANN. Mission de ||,à la Terre
François-Joseph, 387-388, 399.
WHITE (A. S.), chef d'une expéd.
à l'oasis de Siouah, 244.
WIEDERHOLT (Karl), vgr dans 1*A-
mér. mér., 81,
WIGG1NS (capM), 136.
WILSON (H. M.), cartographe, 77.
WITKOWSKY (col.).aut. d'un ouvr.
de géodésie, 50.
Windward, navire de Pexpéd.Peary,
376.
Xieng-Khouang (Indo-Chine), 188.
Xieng-Tong (Birmanie), 168.
Yachil-Koul (Asie centr.). Expéd.
Olufsen au ||, 458.
Yambos, peuplade d'Ethiopie, 306,
307, 308.
Yang-tsé-Kiang (fl.). Ch. Bonin sur
le ||, 349.
YANOVSKI, mb de la mission Ko-
marof, en Mandchourie, 226.
Yarbouh (oasis), 245.
YOUNG, géologue, 321.
YTIER, explorât' du Mékong, 229.
Yukon (fl.), 223, 224, 311.
Yunnan. Routes de pénétration au ||,
av. croq., 349-351.
Zacateeas (Mexique). Notes écono-
miques sur ||, 369.
Zambtxt. Comm. du pasteur Coil-
lard sur le ||, 60, 63-67; — 108.
Zinder (Soudan), 414.
Zlataoust (Russie), 316.
Zumbo (Afr. équat.), 110.
5563. — Lib.-Imp. réunies, B, rue Saint-Benoit, 7. — Mottbroz, directeur.
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J r SOCIÉTÉ DE GÉOGKAPHIE
Vyl
Il COMPTES RENDUS
J DES SÉANCES
'| 1898
N° 1
U AN V 1 1ER
„■
1"
PARIS
SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
1 H t , R 1) I* 1. F. V A Tl n H A 1 S i T - G E R M A 1 N p 1 K ï
-J
SOMMAIRE DU NUMÉRO 9
1. - SÉANCES DE NOVEMBRE et DÉCEMBRE 1898
f8 novembre. — Séance solennelle. Réception de M. ËmiJe Gentil, pag, 421,
tl décembre. — K Sat.esses, capitaine du génie : De Conakry au Niger, pag* 456
23 décembre, — Seconde assemblée générale de JS98, pag. 450.
O. — NOUVELLES GÉOGRAPHIQUES
Asie : Caucasie. Ascensions de M. Maurice de Déchy dans la chaîne i'irikiLeV
Hcnne et les Alpes de Khersourie, pag. 456. — Asie centrait Expédition
danoise du lieutenant 0. olufsem pag. 458.
Afrique : Sahara. Voyage de M. f. Foureau, pag, 4fH). — Soudan françaï*.
Nouvelles de la mission du Soudan, pag, 4fi0, — Congo français. Mission
Julien, pag, 460. — Hûut-Qvhan<jui. Mission Bretonne t, pag. 4»3Ô, — Lettres
di M. do Béhagle, pag, jtfl, — Letire de M. ftoonel de MtésSèrafi, pag. 463. —
Afrique orientale allemande. Voyage du Dr dans Meycr au Kilimandjaro»
pag, 463, — Ethiopie. A propos du voyage de M. Darragon d'Addls-Abaha a
Sogida, pag, 464. — Erut h rée ita tienne. Voyage de M. G. Saini-Yves, pag. 46o\
Ahêrïqi m i Contesté franco-brésilien. Une carte nouvelle du territoire contesté*
pag. 468. — Bolivie, Ascension de riliimani par sir Martin Conway, pag. 469.
m. - NOTES
Océanographie. Observations sur les pseudo-marées (J. Girard), — Empire
russe. Le Congrès de Géographie médicale de Saint-Pétersbourg; voyage pro-
jeté de M. Rozloff dans l'Asie centrale: un voyage scienliflaoe an Spitzberç ;
un mémoire du Dr PanlukhofT sur Je Caucase (Vénukofï), — Inde anglaise. Les
opérations du Survey of India. ttfJ6-4897. — Empire chiîiow. A propos d un
récent ouvrage sur le Chan-toung ci Klao-tchéou, p;ir t. von ftichtiiofuj
(A, A. Fauvel), pag. 471 à 474.
IV. - CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ
Le Congrès d'Histoire diplomatique de La Haye. — Présentions d'ouvrages- —
Nécrologie, — înformatiuns. — Membres admis, — Candidats présentés. —
Ouvrages offerts a la Société, pag. 475 à 41)8.
CARTES ET GRAVURES
Chefs Ungourras et Ka, pag. 431.
Rstséc du palais du sultan du Baguirroi à Massenia, pag* 440.
M. K. Oentil et Alifa Ea sur les rives du Charl, pag. 447*
Le Lion Bîot sur le Tchad, p. 153.
Caucase de Test* chaîne plrlkltélienne. Région des névés du glacier de Kaiehon
avec le sommet du Datakh-Kort, pajjr. 457,
Itinéraire de la mission E. Gentil entre l Oubangui et le Tchad, W5-1898.
Les articles et renseignements originaux contenus dans te» publications de la
Société de Géographie ne peuvent être reproduits qu'accompagnés de (a me «trot»
du nom de leur auteur.
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DE LA SOCIÉTÉ DE GÉOGRAPHIE
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M. HENRY BARRÈRE, ÉoiTEUR-GÉOGRâPHt
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