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CONGRÈS
Gl^:OLOGIQUE INTKRNATIOIVAL
m rriRME skssion
1900
CONGRÈS
Gh'OLOGIQUE INTERNATIONAL
HUITIÈME SKSSION
1900
,,',,. , '^ '^.'s---^. ;■ .., C',^^^-.: •.,^, . <?t;^ , p.
I ' J
CONGRES
GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL
— «O»'
COMPTES REM)IS
DE LA
Vlir SESSIOiV, EN FRANCE
PREMIER FASCICULE
Pages I à H^a. Planches là XI
PARIS
IMPRIMKHIK LK BIGOT FHÈRKS, LILLK
1901
PREFACE
l^e Compte Rendu de la VHP session du Congrès géolo-
gique international a dft être scindé en deuiL volumes, à cause
de l'abondance des matières.
Il parait moins d'un an après les séances de Pans; ainsi
il nous a été possible de nous conformer au vœu exprimé
avec tant d'insistance dans tous les Congrès antérieurs de pré-
senter assez tôt le Compte Rendu pour conserver aux commu-
nications un caractère d'actualité et pour mettre à la disposi-
tion des commissions nommées par le Congrès les documents
indispensables à la préparation de leurs rapports pour la
session suivante. Nous avons tout subordonné à ce résultat.
Le Compte Rendu est divisé en 7 parties :
La première partie comprend la liste de tous les membres
du Congrès, des membres du Bureau, des membres du Conseil
et des Délégués.
La seconde partie fait connaître les travaux preparatoires
de la VIII* session du Congrès.
La troisième partie est consacrée aux procès-verbaux des
séances du Conseil, des séances générales et des séances de
section ; elle retrace leur physionomie, en même temps qu'elle
rappelle Tordre et la date des communications. Des procès-
verbaux provisoires des séances avaient été imprimés et
distribués pendant le Congrès aux membres présents. l'ne
seconde édition de ces mêmes procès- verbaux a été adressée
en Avril, par l'Administration générale des Congrès, à tous
les membres. Il a été tenu compte dans la présente publi-
cation des observations parvenues à la suite de ces envois.
La quatrième partie présente les rapports des Commissions
et les communications relatives aux œuvres collectives des
Congrès.
La cinquième partie a été réservée aux mémoires présentés
358712
11 vin' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
dans le» séances et rédigés par les auteurs eux-ni(^nies. Ces
mémoires ont été insérés dans Tordre de l'arrivée au Secrétariat
des manuscrits ou des épreuves corrigées, sans égard pour
les dates de présentation aux sections et sans préoccupation
de classement méthodique. Nous devons prier les membres dont
les communications sont aiTivées après la date du i*"* avril 1901
de se contenter des résumés faits par nos Secrétaires et
insérés dans les procès- verbaux. Sans cette manière de procéder,
il nous eut été impossible de publier aussi rapidement ce
Compte Rendu. Les lecteurs trouveront dans la Table des
matières le groupement systématique de tous les mémoires.
La sixième partie renferme un résumé très succinct des
excui'sions. L'importance donnée dans le Livret Guide aux
itinéraires et notices explicatives des excursions suivies par
les membres du Congrès a paru suffisante à la majorité des
conducteurs de ces excursions, pour rendre inopportun tout
résumé de leurs courses. Il leur a semblé que les relations
de ces excursions publiées par des participants dans diverses
Revues de langue allemande, anglaise et française suppléaient
à leurs exposés où les l'édites seraient difficiles à éviter.
La septième partie est occupée par le Lexi(|ue pétrographique.
Le Congrès, en votant ce lexique, a laissé aux pétrographes
la faculté de conserver jusqu'au i*''" Avril 1901 les épreuves
à corriger, qui leur avaient été adi*essées par le Comité d'orga-
nisation : c'est pour cette raison que ncms l'avons imprimé à
la fin du second volume.
Pour la publication du Compte Rendu, les matériaux ont
été rassemblés, collationnés et classés par le Secrétaire-général,
qui en a surveillé l'impression. Pour se conformer au précé-
dent établi par le premier congrès, les mémoires envoyés
ont été publiés en français : la traduction du mémoire de
M. Weinschenk sur la piézocristallisation est due à l'obligeance
de M. Gentil : tous les autres mémoires ont été traduits soit
par les auteurs eux-mêmes, soit par les Secrétaires. MM. Cayeux
et Thevenin. ou par le Secrétaire-général. Les Secrétair<»s, en
envoyant aux auteurs les épreuves d'impression, ont dégagé
leur responsabilité et prié leurs confrères étrangers de i*evoir
soigneusement leurs mémoires : ils se sont bornés à veiller à
l'exécution des corrections indiquées sur les épreuves et à
établir une orthographe uniforme pour tous les teiMues géo-
graphiques employés.
PRKFACE m
M. Tlievenin. SeciȎtaire, a bien voulu se cliargei* de diri-
ger l'exécution de toutes les illustrations, contenues dans ces
volumes.
11 nous reste un devoir à accomplir, avant de clore cette
préface, celui de remercier tous ceux qui ont contribué au
succès du Congrès, et qui nous ont aidés à maintenir la
haute situation des congrès internationaux. Le Gouvernement
de la République n'a mis aucun crédit à notre disposition :
les géologues français sont heureux d*avoir pu développer
assez dans leur pays l'estime de la géologie pour que l'ini-
tiative privée de souscripteurs bénévoles ait pourvu k tous
les besoins. Ils remercient les donateurs généi'eux, individus,
sociétés savantes, minières ou industrielles, dont le concours
leur a permis, non seulement de publier les volumes du
Livret Guide et du Compte Rendu, et de pouvoir fêter leurs
confrères étrangers, mais encore de doter trois commissions
internationales nommées par le Congrès, et de continuer
ainsi son œuvre dans T intervalle des sessions.
Plusieurs villes , diverses corporations . se sont fait un
devoir de recevoir les congressistes : les géologues français
leur sont reconnaissants de s être jointes à eux, pour accueil-
lir avec coixlialité leurs confrères de tous pays, leur fairt»
mieux connaître et aimer davantage la France.
Paris, le i**' Juillet 1901.
Le Président du Congrès,
membre de Vïnstitut, Le Secrétaire yêtiéraL
Albert (iAUDRY. Charles BAHROIS.
PREMIÈRE PARTIE
COMPOSITION DU CONGHÈS
LISTE GÉNÉRALE DES MEiVIBKES
ALGÉRIE-TUNISIE
*Bernard (Augustin), Professeur à l'École supérieure d'Alger,
12, boulevard Bon-Accueil, Alger Mustapha. — D.
Brives (Abel), Préparateur à l'École des Sciences, École
supérieure des Sciences, Alger.
*FiCHEUR (Emile), Professeur de géologie à TÉcole des
Sciences, Directeur-adjoint du Service de la Carte
géologique de l'Algérie, 77, rue Michelet, Alger-
Mustapha. — D.
*Flamand (G.-B.-M.). Chargé du cours de géographie phy-
sique à l'École supérieure des Sciences d'Alger, 6, rue
Barbes, Alger-Mustapha.
Goux, Agrégé de l'Université, Professeur au Lycée
d'Alger, Alger.
Jordan (Paul). Ingénieur au Corps des Mines, Chef du
service des Mines de la Régence, Tunis.
*Pallary (Paul-Maurice), Instituteur, Eckmûhl, Oran.
Trapet (Louis-Joseph), Pharmacien-major de l'" classe.
Hôpital militaire du Dey, Alger.
* Désigne les Membres présents à la Session de Paris.
Les Membres donateurs sont indiqués par ia lettre — D.
VIII^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ALLEMAGNE
Ammon (D' Ludwifi: von). Géologue en chef, 16, Ludwig-
strasse, Mùnchen.
Angehmann (E.), D' phil., Institut de Paléontologie, Alte
Akademie, Mûnchen.
*AuEHBACH (Richard) , 24 , Oranienburgersirasse , 60/63.
Berlin N.
*Bergeat (D' Alf.), Professeur de minéralogie et de
géologie, Clausthal, Harz.
*Beyschlag (D' Franz), Professeur à Tlnstitut Royal géolo-
gique de Prusse et à l'École des Mines, 44, Invaliden-
strasse, Berlin N.
Blanckenhorn (D^ Max.), Privatdocent, Breitestrasse. 2,
Pankow, près Berlin.
Borne (D^ von dem), Berneuchen, près Cûstrin.
*Broili (D' Ferdinand), Assistant à l'Institut de Paléon-
tologie, Alte Akademie, Neuhausenstrasse, Mûnchen.
*Brunhuber (A ), Docteur en médecine, Regensburg.
Crapla, Bergassessor, Saarbrûcken.
*Credner (D' h.), Professeur à l'Université, Geh. Bergrath,
Directeur du Service géologique de Saxo, Cari Tauch-
nitzstrasse, 27, Leipzig.
*r,REDNER (R.), Professeur de géographie à l'Université,
Bahnhofstrasse, 48, Greifswald.
*Credner (Madame Hélène), Bahnhofstrasse, 48, Greifswald.
Dannenrerg (D'), Privatdocent à la Technische Hoch-
schule, Aachen.
*Deecke (D"" W.) , Professeur de géologie à l'Université,
Papenstrasse, 4, Greifswald.
*DiESELi)ORFF (Arthur), Membre de l'Institut Américain des
Mining Enginers, Marburg, Hessen.
Drevermann iF.), Assistant à l'Institut géologique, Schul-
strasse, 16, Marburg.
LISTE DES MEMBRES 5
Drygalski (Erich von), D"^ phil.. Professeur de géographie,
Kurfarstenstrasse, 40, Berlin W.
*DziùK (August), Ingénieur des mines diplômé, Membre de
la Société géologique Allemande, l, Herschelstrasse,
Hannover.
EscH (D' Ernest), Kirchstrasse, 14, Berlin N. W.
Feux (D'Joh.)» Professeur à TUniversité, Gellertstrasse, 3,
Leipzig.
FiNSTERWALDNER (D'' S.), Professeur à l'Université, Manchen.
*Fraas (D' E.), Professeur, Conservateur du Musée royal,
Urbanstrasse, 86, Stuttgart.
*Fraas (Madame), Urbanstrasse, 86, Stuttgart.
*Frech (D' F.), Professeur à l'Université, Schuhbracke, 38,
Breslau.
*Frech (Madame Vera), Schuhbrûcke, 38, Breslau.
*Friederichsen (D' m.), Neuerwall, 61, Hamburg.
*Futterer (D' Cari), Professeur à la Technische Hochschule,
Karlsruhe, Baden.
*Gâbert (D' Cari), Géologue du Service Royal de la Carte
géologique de Saxe, Thalstrasse 35, II, Leipzig.
*GErNiTz (D' F. Eugen), Professeur à l'Université, Rostock
Mecklenburg.
*Go'rrscHE (D' C), Conservateur des Collections géologi-
ques au Musée d'histoire naturelle, Hamburg.
*Graeff François), Professeur à l'Université, Freiburg-
in-Breisgau.
*Gre!m (D' g.), Professeur de géographie physique à la
Technische Hochschule, Alicestrasse, 19, Darmstadt.
*Greim (Mademoiselle Mathilde), Alicestrasse, 19, Darmstadt.
*Grosser (D^ Paul), Kaiser Friedrich Strasse, 9, Bonn.
*Grosser (Madame). Kaiser Friedrich Strasse, 9, Bonn.
*Grotb (P.), Professeur de minéralogie à l'Université,
Manchen VL
Haas (Hippolyte), D' se. Professeur à l'Université royale,
28, Moltkestrasse, Kiel.
6 vin* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Hahn (A.), Idar.
*Hahn (Madame A.), Idar.
*Halbfass (Dr), Membre de la Société géologique allemande,
Neuhaldensleben.
Hamm (D' h.), Krahnstrasse, 3, Osnabrûck.
Hauser (A.-A.), Ingénieur civil, Klingenthal, Grasiitz.
*Hazard (Joseph-Nicolas), Géologue agronome de la Station
agricole de Môckern, Politzstrasse, 32, Leipzig.
Heckmann (D' Cari), Professeur à Elberféld.
*Heimbrodt (F. L. F.), Étudiant, Emilienstrasse, 40, Leipzig.
*Hess von Wichdorff (Hans Curt), Étudiant, Harkortstrasse,
7, Leipzig.
*Heusler (Conrad), Geheimer Bergrath, Bonn.
*HoLZAPFEL (D'), Professeur de géologie à la Technische
Hochschule, Aachen.
HoYNiNGEN Huene (D'), baron F. R., Assistant de géologie
à rUniversité, Tûbingen.
Kalkowsky (D'E.), Professeur à l'Université, Directeur du
Musée royal de Minéralogie et Géologie, Franklin-
strasse, 32, Dresden.
Kayser (D' Emanuel), Professeur de géologie à l'Université,
Marburg, Hessen.
*Keilhack (D' K.), Géologue de l'Etat, Professeur à l'Ecole
des mines, Bingerstrasse, 51), Wilmersdorf, près Berlin.
KiRCHHOFF (H.), Directeur des charbonnages, Bergamt-
strasse, 7, Dortmund.
*Klockmann (D' F.), Professeur à l'Ecole Polytechnique,
Aachen.
KocH (Prof. D' Max), Géologue de TÉtat, Invalidenstrasse.
44, Berlin N.
*KoENEN (A. von), Geheimen-Borgrath. Professeur de géo-
logie à l'Université, Goettingen.
KosMANN (D' B.), Bergmeister a. D., Preuziauer Strasse,
17, Berlin C.
LISTE DBS MEMBRES
*Krahmann (Max E. J.), Editeur de la Zeit^chrift f. prakt.
Géologie, Weidendamm, 1, Berlin N.W.
Krantz (D' F.), Herwarthstrasse, 36, Bonn.
Krause (D' p. g.), Géologue du Service de la Carte
géologique de Prusse, Invalidenstrasse, 44, Berlin N.
Leiss (C), Représentant de la maison R. Fuess, Danther-
strasse, 7 et 8, Steglitz, près Berlin.
Lenk (D' Hans), Professeur de géologie à l'Université,
Ërlangen .
*Leppla (D'^ a.), Géologue du Service de la Carte géolo-
gique de Prusse, Invalidenstrasse, 44, Berlin N.
*Lepsius (D' R.), Professeur, Geh. Oberbergrath, Goethe-
slrasse, 15, Darmstadt.
LiNCK (D' Gotlob), Professeur à l'Université, lena.
LiNCK (Madame G.), à l'Université, lena.
♦LïNDSTOw (von), Bergreferendar et Assistant, Invaliden-
strasse, 44, Berlin.
*LoESCHMANN (Emile), Dessinateur à l'Institut géologique
de l'Université, Schuhbrûcke, 38, Breslau.
♦LoRENz (Theodor), D' phil., Papenhedderstrasse, 5, Ham-
burg-Hohenfelde.
Macco (Albrecbt), Bergreferendar, Siegen, Westfalen.
Magery (J.), Directeur de la Aachener Hûtten Actien-
Vereins. Rothe Erde, près Aachen.
Maurer (Fr), Heinrichstrasse, 109, Darmstadt.
*Mueller (W.), D^ phil.. Professeur à la Technische Hoch-
schule, Schlûterstrasse , 2, Charlottenburg, près
Berlin.
♦MûLLER (Gottfried), Géologue du service Royal de la Carte
géologique de Prusse, 44. Invalidenstrasse, Berlin, N.
*Naumann (D^ Edmund), Cbef du Service minier géologique
de la Société métallurgique de Francfort, Rossert-
strasse, 15, Frankfurt-am-Mein.
*Oerbeke (D»- K.), Professeur de minéralogie à l'École
polytechnique, Manchen.
8 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Oppenheim (D' Paul).. Kantstrasse, 158, Charlottenburg,
près Berlin.
Paulcke (Willy), D' phil., Waldseestrasse, 3, Freiburg-
in-Breisgau.
*Phil!ppi (D' E.), Invalidenstrasse, 43, Berlin N.
Philippson (D' Alfred), Professeur à l'Uni versité, Moltke-
strasse, 19, Bonn.
*Plagemann (D' a.), Besenbinderhof, 68, Hamburg.
Plieninger (D' F.), Institut de Paléontologie, Alte Aka-
demie, Mûnchen.
*PoMPECKY U.-F.), D' phil., Privatdocent à TUniversité,
Conservateur à l'Institut de Paléontologie, Alte Akade-
mie, Mûncben.
*PoTONiÉ (D' H.), Géologue et Professeur de paléontologie
végétale à l'École Royale des mines, Potsdamer Strasse,
35, Gr. Lichterfelde, près Berlin.
*PoTONiÉ (Madame H.», 35, Potsdamer Strasse, gr. Lich-
terfelde, près Berlin.
*Reinach «baron Albert von), Taunus Aniage, Frankfurt-
am-Mein.
Reuter (August), Homburg a. d. Hôhe.
*RiCBTBOFEN (Barou F. von), Correspondant de Tlnstitut de
France, Professeur à l'Université, 117, Kurfilrsten-
strasse, Berlin W.
RiNNE (D' Fritz), Professeur à la Technische Hochschule,
Hannover.
*RoMRERG (D' Jul.), Kurfiirstenstrasse, 123', Berlin W.
*RoTHPLETz (D' A.), Professeur à l'Université, Prinzregen-
tenstrasse, 26, Mûnchen.
Salomon (Wilhelm). Privatdocent à l'Université, Seegar-
tenstrasse, 4, Heidelberg.
Sauer (Ludwig), Professeur, Lindenstrasso, 3, Slettin.
*ScHEiBE (I)' R ), Professeur de minéralogie à l'Ecole des
mines, Invalidenstrasse, 44, Berlin N.
*ScHENCK (Adolf), D' phil.. Professeur, Schillerstrasse, 7,
Halle-am-Saale.
LISTE DES MEMBRES 9
*SchlCter (D' Otto). Assistant à la Société de Géographie
de Berlin, Bùiowslrasse, 68, Berlin W.
*ScBMEissER, Oberbergratli, Directeur du Service géologi-
que Royal de Prusse et de la Bergakademie, Invali-
denstrasse. 44, Berlin N.
♦Schneider (Hermann), Cand. geoL, Sternwartenstrasse,
38, Leipzig.
ScHOTTLER (D' Wilh.), Membre du Service de la Carte
géologique de Hesse, Gross Umstadt, Odenwald.
*ScHUBART, Lieutenant au 13® d'infanterie, 5, Bulow-
strasse, Berlin W.
*ScHUNKE (Theodor Huidreich), D' phil.. Professeur, Wald-
parkstrasse, 2, Blasewitz, près Dresden.
*ScupiN (Hans), D' pbil., Privatdocent, Jagerplatz, 7, Halle-
am-Saale.
*Seugmann (G.), Coblenz.
*Steinmann (G.), Professeur à TUniversilé. Mozartstrasse,
20, Freiburg-in-Breisgau.
*Stuebel (D' Alpbonse), 10, Feldgasse, Dresden.
Uhlig (Cari). D"* phil.. Professeur au Gymnase, Victoria-
strasse. 2, Karlsruhe.
*VoGELSANG (Madame Antonia), Konigstrasse, 2, Bonn.
*VoRWERG (Oskar), Hauptmann a. D., Oberherischdorf,
bei Warmbrunn.
♦Wagner (D' Hermann), Professeur de géologie à l'Uni-
versité, 8, GrOnerweg, Goettingen.
Wagner (Paul), 0^ phil., 19, Hueblerstrasse, Dresden.
Walther (J.), Professeur de géologie et paléontologie.
Kaiser Wilhelmstrasse, 3, lena.
*Weber (M.), D' med. et phil,, Institut de Minéralogie,
Mùnchen.
*Weînschenk (D' E.), Professeur à l'Université, Ba varia-
ring, 23, Milnchen.
*Weise(H. E.), Professeur, Neundorferstrasse, ti6\ Plauen,
Saxe.
lO VIII* CONGKÈS GÉOLOGIQUE
Weisskrmel (D' Waldemar). Géologue du Service Royal de
la Carte géologique de Prusse, 44, Invalidenstrasse,
Berlin.
WiLCKENS (Otto), Étudiant, Zahringerstrasse, 9, Bremen.
*WiTTiCH (D'^ E.), au Musée d'État du grand duché de
Hesse, Darmstadt.
*WoROBiEFF (Victor de), Licencié ès-sciences à Tlnstitut
de minéralogie, Mùnchen.
Wysogorski (D' Jean), Assistant à l'Institut géologique
de l'Université, 38, Schuhbrùcke, Breslau.
*Zeise (D' Oskar), Géologue de l'État, Invalidenstrasse, 44,
Berlin N.
♦ZiMMERMANN (D' Emest), Géologue du Service Royal de
Prusse, Bergakademie, Nauheimer Strasse, Wilmers-
dorf, près Berlin.
*ZiRKEL (D' Ferd.), Professeur à l'Université, Conseiller
privé des mines, Thalstrasse, 33, Leipzig.
*ZiTTEL (Cari von), Professeur à l'Université, Ludwig-
strasse, 17 1/2, Mùnchen.
ALSACE-LORRAINE
Bary (Emile de), Guebwiller. — D.
*Benkcke (D' E. Wilhelm), Professeur à l'Université,
Goethestrasse, 43, Strassburg.
Bruhns (D'W.). Privatdocent à l'Université, Ruprechtsauer
Allée, 10, Strassburg.
BacKiNG (Dr). Professeur à l'Université, Brantplatz, 3,
Strassburg.
Lauth-Scheurer (Augusie), In^'énieur des Ponts-et-
Chaussées en retraite, Manufacturier, Thann. — d.
MiEG (Mathieu). 48, avenue de Modenheim, Mulhausen. — D.
*OsANN {\y A.), Professeur à l'École de chimie, Mulhausen.
Schumacher (D' Eugène), Géologue de l'État, Nicolaùsring,
9, Strassburg.
LISTE DES MEMBRES II
Société d'histoire naturelle de Colmar, Musée des Unter-
iinden, Goimar. — D.
Société industrielle de Mulhouse (M. le Président de la),
Mulhausen. — D.
*ToHNQuisT (D' A.), Privatdocent à l'Institut géologique de
l'Université, Strassburg.
Von Seyfried (IV Ernst), Sitziltigheimer Platz, 2, Strass-
burg.
*Weigand (D' Br.), Professeur, Schiessrain, 7, Strassburg.
Wendel et €»• (Les Petits-Fils de F. de), Maîtres de forges,
Hayange. — D.
ABOENTINE (République)
*Gallardo (Angel), Ingénieur civil, Professeur suppléant à
l'Université de Buenos-Ayres, 15, rue Dumont-
d'Urville, Paris.
Tello (Alfredo), Ingénieur, San Juan.
AUSTRALIE
*HoLROYD (Arthur), à S'-Kilda, Melbourne.
LivERSiDGE (Archibald), L.-L.-D., F.-R.-S., Professeur à
l'Université de Sydney, Sydney.
*SwEKT (George), F. G. S., Melbourne.
AUTRICHE-HONGRIE
*Artbabeh (D^ Gustav von). Privatdocent de paléontologie
à l'Université, Heugasse, 10, Wien IV.
*Barvir (D' Henri), Professeur de pétrographie à l'École
Industrielle, Prag-Zifkov.
Becke (Friedrich), Professeur à l'Université, Landongasse.
39, Wien VIII.
*Bela von Inkey, Propriétaire. Dônôtôri, Hongrie.
*Bene (Geza), Ingénieur en chef des mines de Vaskow,
Hongrie.
ta \nV CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*BôCKH (Jean), Conseiller royal de section au Ministère
de TAgriculture, Directeur de l'Institut géologique
Royal de Hongrie, Stefania ùt, 14, Budapest VII.
*Dane§ (Georges), Étudiant en géographie à l'Université
tchèque, Kfemencovâ ut, 6, Prag.
DoELTER (D' Cornelio), Professeur à l'Université, Graz.
*Dreger (Julius), géologue de l'Institut géologique Impérial
et Royal d'Autriche, Wien.
♦Franzenau (D' a.). Conservateur de la Section de Minéra-
logie et Paléontologie au Musée national de Hongrie,
Budapest.
*HiNTERLECHNER (D' Karl), Géologue de l'Institut géologique
Impérial et Royal d'Autriche, 23, Rasumofskygasse.
Wien III/2.
*Hlawatsch (D' C), 93, Mariahilferstrasse, Wien VI/2.
*HoERNES (D' R.), Professeur de géologie et de paléonto-
logie à l'Université, Graz.
*Jabn (D' Jaroslav J.), Professeur à l'École polytechnique
tchèque, Brùnn.
Katzer (D' Friedrich), Géologue au Service géologique de
Bosnie-Herzégovine, Sarajevo, Bosnie.
*KiTTL (Ernst), A.-L., Conservateur au Musée Impérial et
Royal d'Histoire naturelle, Burgring, 7, Wien 1.
*LiMANOwsKi (Miesislas), Étudiant à l'École Polytechnique,
Leopol.
LoézY (D' Louis de). Professeur de géographie à l'Univer-
sité, Budapest.
LoziNSKi (Valérien), Membre de la Société Impériale et Royale
de géographie de Vienne, 12, rue Czarniecki, Lemberg.
*Makowsky (Alex.), Professeur, BrOnn.
MosER (D' L., Charles), Professeur au Gymnase. Via del
Lavatojo, 1. Triest.
*MoJS!sovics VON Mojsvar (Edmond), Conseiller aulique, Mem-
bre de l'Académie impériale des Sciences, Strohgasse,
26, Vienne III/3,
LISTE DES MBMBHES l3
Musée Impérial et Royal d'Histoire naturelle, Burgring, 7,
Wienl.
*NiEDZwiEDZKi (D' Julien), Professeur de minéralogie et de
géologie à l'École polytechnique, Lemberg.
*NiKOLAU (Stanislas). Étudiant en géographie à l'Univer-
sité tchèque, Karlovo nara, 285, Prag.
*Palacky (D' Jean), Professeur à TUniversité de Prague,
rue de Coménius, 7, Prag.
*Pelikan (D^ Anton), Professeur de minéralogie à l'Univer-
sité allemande, Weinbergstrasse, 3, Prag.
*Perner (D^J.), Conservateur au Musée de Bohème, Wen-
zelsplatz, Prag.
Pethô (Jules), D' Ph., géologue en chef de l'Institut géolo-
gique, VII rue Stefânia, 14, Budapest.
PocTA (D' Philipps), Professeur de paléontologie à l'Uni-
versité tchèque, Prag.
*RiCHTER (D' Eduard), Professeur à l'Université, Kôrbler-
gasse, 1'', Graz.
*RzEHAK (Ant.), Professeur, Brùnn.
*ScHAFARziK (Frauçois), D*" phil.. Géologue de Section à
l'Institut géologique Royal de Hongrie, Stefânia ut, 14.
Budapest VIL
*ScHAFARziK (Madame Valérie), 14, Stefânia ut, Buda-
pest VH.
ScBAFFER (D' F.), Burgring, 7, Wien.
*SiEGER (D' Robert), Professeur, 1, Wollzeile, 12, Wien I.
♦SôHLE (D' F. Ulrich). Géologue à l'Institut géologique
Impérial et Royal d'Autriche, Wien.
Stache (Guido), Directeur de l'Institut géologique Impé-
rial et Royal d'Autriche. Rasumofskygasse, 23, Wien III.
*SVambera (D' Vâclav), Assistant de géographie à l'Uni-
versité tchèque, Prag, 11-285.
*SzÀDEczKY de Szàdeczne (D' J. de). Professeur à l'Univer-
sité, Kolozsvar.
♦Szadeczky de Szàdeczne (Madame de), Kolozsvar.
l4 VIII* CONGRÈS GBOLOClQUk
Teisseyre (D*^ W.), Professeur agrégé à l'Université. 25,
rue Kraszewski, Lemberg.
*TiETZE (D' E.), Conseiller supérieur des mines et Géo-
logue en chef de l'Institut géologique Impérial et
Royal d'Autriche, 23, Rasumofskygasse, Wien.
*WoLDRiCH (D' J. N.)> Prodoyen, Professeur de géologie
à l'Université tchèque, 21, Karlsplatz, Prag.
*WoLDHiCH (Pb. C. Jos.), Karlovo, 21, Prag.
BELGIQUE
*Arctowski (Henryk), Membre de l'Expédition Antarctique
Belge, 2, rue du Jardin-Botanique, Liège.
Bayet (Louis), Ingénieur, Walcourt (province de Namur).
*BoDART (Maurice), Élève ingénieur, Dison.
BoLLE (Jules), Ingénieur au corps des Mines, 41, Grand'
rue, Mons.
Boulangé (l'Abbé V. A.), Hydrologue, Château de Cruys-
hautem, Cruyshautem, Flandre orientale.
*Brouwer (Michel de), Attaché au Service géologique de
Belgique, rue d'Ostende, Bruges.
BuTTGENBACH (Henri), Ingénieur, Liège.
Cambier (René) , Ingénieur aux Charbonnages Réunis,
Charleroi. '
*CoRNET (J.), D' ès-sciences, Professeur de géologie à l'École
des Mines du Hainaut, 46, boulevard Dolez, Mons.
Delvaux (Emile). Géologue, Membre de la Commission géo-
logique de Belgique, avenue Brugman, 456, Bruxelles.
Deneus (Alfred), I. J. C, rue Longue-des-Violettes, 60, Gand.
*DoRLODOT (M. le chanoine de). Professeur de paléonto-
logie à l'Université, 44, rue de Bériot, Louvain.
FoRiR (Henri), Ingénieur, Conservateur des collections
minéralogiques et Répétiteur à l'Université, 25, rue
Nysten, Liège.
*Habets, Ingénieur des Mines, Professeur à l'Université,
rue Paul-Devaux, 4, Liège.
LISTE DES MEMBRES lO
*Habets, Ingénieur des mines, Professeur à l'Université,
Bruxelles.
*Kruseman (Henri), Ingénieur, rue Africaine. 22, Bruxelles.
Lambert (Paul), M, place de la Liberté, Bruxelles.
*Latïnïs (Léon), Ingénieur, Seneffe.
*La Vallée Poussin (Charles de), Professeur à TUniversité,
rue de Namur, 190, Louvain.
*Lejeune de Schïewel (Charles), Assistant au Service géolo-
gique de Belgique, 23, rue du Luxembourg. Bruxelles.
*LoHEST (Max), Ingénieur honoraire des mines. Professeur
à rUniversilé de Liège, Mont Saint-Martin, 49''^^
Liège.
^Malaise (Constantin), Professeur, Membre de l'Académie
Royale de Belgique, Gembloux.
*Mourlon (Michel). Directeur du Service géologique de
Belgique, Membre de l'Académie Royale des Sciences,
rue Belliard, 107, et rue Latérale, 2, Bruxelles.
Paquet (Gérard-Théodore), Capitaine d'infanterie retraité,
92, Chaussée de Forest, Saint- Gilles-lez-Bruxelles.
*Renard (L'abbé A. F.), Professeur à l'Université de Gand,
14, avenue Ernestine, Ixelles.
*Renier (Armand), Ingénieur des mines, 34, rue des Vieil-
lards, Verviers.
*RuTOT(Aimé-Louis), Conservateur au Musée Royal d'Histoire
naturelle de Belgique, 177, rue de la Loi, Bruxelles.
ScHMiTz (le R. P. Gaspar). S. J., Directeur du Musée
géologique des bassins houillers belges, Louvain.
SiMOENS (Guillaume), Docteur en sciences minérales,
Chef de section au Service géologique de Belgique, rue
Latérale, 2, Bruxelles.
Société Belge de géologie, paléontologie et hydrologie, 39,
.place de l'Industrie, Bruxelles.
*Stainier (Xavier), Professeur à l'Institut agronomique de
l'État, Gembloux.
Storms (Raymond), Oirbeck, près Tirlemont (Décédé).
l^ V1II« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Uhlenbroek (Gysbert Diederick), Ingénieur, 383, avenue
Louise, Bruxelles.
*Vaés (Henry), Ingénieur, rue Melsens, 17, Louvain.
*Van den Broeck (Ernest), Secrétaire-général de la Société
Belge de géologie, place de Tlnduslrie, 39, Bruxelles.
*Van de Wiele (D*- C), 13, boulevard Militaire, Bruxelles
Warnier (Emile), Ingénieur, 53, rue du S*-Esprit, Liège.
*WiLLEMs (Joseph), Capitaine commandant du génie, rue
de Robiano, 60, Bruxelles.
BRÉSIL
HussAK (Eugen), D'* phil., Commission géographique et
géologique de Saô Paulo, Saô Paulo.
BULGARIE
*Zlatarskï (G. N.i, Professeur de géologie et Recteur à
rÉcoie des hautes études, Sofia,
CANADA
*Adam8 (Frank D.), Professeur de géologie à TUniversité
Mac Gill, Montréal.
*Adams (Madame Frank), Mac Gill University, Montréal.
Ami (Henry M.), M. A. Assistant de paléontologie au
Service géologique du Canada. Sussex street, Ottawa.
*Cboquette (l'abbé C. P.), Professeur au Collège S*-Hyacin-
the, Québec.
*CoLEMAN (Arthur P.), Professeur de géologie à l'Université
de Toronto, Toronto.
Faribault (E. Rodolphe), Géologue attaché à la Commission
géologique du Canada. Délégué par la Commission
à l'Exposition de Paris de 1900, Ottawa.
Kennedy (Geo. F), Professeur de géologie à King's Collège,
Windsor, Nova-Scolia.
LISTE DES MEMBKEâ tj
Lâflamme (Mgr J. C. K.), Professeur à l'Université Laval,
Québec.
*Low (Albert), P., Ottawa.
Matthew (G. F.), S^-John. New-Brunswick.
Sands (H. Hayden), à l'Université Mac Gill, Montréal.
WiLLMOTT (Arthur B.), Professeur de géologie à l'Univer-
sité Mac Master, Toronto.
COLOMBIE (Amérique du Sud)
Saenz (Nicolas), Professeur de sciences naturelles, Casa de
los Seûores Saenz Hermanos, Apartado 240, Bogota.
DANEMARK
ScHiBBYE (D' William), Membre de la Société géologique,
Vertre Bouleward, 15, Kj0benhavn.
UssiNG (Niels Viggo), D*^ phil.. Professeur de minéralogie
à l'Université, Mineralogisk Muséum, Kj0benhavn.
EGYPTE
Barron (T.), Membre du Service géologique. Public Works
Department, Le Caire.
BEADNELL(Hugh), F. G. S., F.R.G.S., J. LL, Membre du Ser-
vice géologique. Public Works Department, Le Caire.
Fourtau (René), Ingénieur civil, Faubourg de Choubrah,
Le Caire.
*Hlme(W. F.), D. Se, Assoc. R. C. S., Assoc. R. S. M.,
Membre du Service géologique. Public Works Depart-
ment, Hélouan.
ESPAGNE
Adan de Yarza (R.), Ingénieur des mines à Lequeitio,
Lequeitio, Vizcaya.
i8 VII1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Almera (Chanoine Jaime), Sagristans, 1, Barcelona.
*BoFiLL (Arthur), Secrétaire perpétuel de l'Académie des
sciences de Barcelone, Barcelona.
Macpherson (J.), 4, Calle de la Exposicion, Barrio del
Monasterio, Madrid.
SocoRRO (M" del). Professeur de géologie à l'Université,
41, rue de Jacometrezo, Madrid.
Vidal (Luis Mariano), Diputacion, 382, Barcelona.
ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE
Bascom (Miss Florence) , Professeur de géologie, Bryn
Mawr Collège, Bryn Mawr, Pennsylvania.
Beyer (S. W.), Professeur de géologie, lowa State agri-
cultural Collège, Âmes, lowa.
*BicKMORE (Albert), American Muséum of natural History,
New-York-City.
*BiCKM0RE (Madame Albert), American Muséum of natural
History, New-York-Cily.
Brooks (A. H.), Géologue, U. S. geological Survey, Was-
hington (D. C).
Chamrerlin (T. C), Président de l'Université de Chicago,
Chicago, Illinois.
Clark (William Bullock), Professeur de géologie, Géo-
logue de l'État, Johns Hopkins University, Baltimore,
Maryland.
CoBB (Collier). Professeur de géologie, University of North
Carolina, Chapel Hill, North Carolina.
Cox (Charles-F.), Trésorier de l'Académie des Sciences
de New- York, New-York-City.
Crook (A. R.), D^'phil., Professeur de minéralogie, North-
western University, Evanston, Illinois
*Cross (D' Whitman), U. S. geological Survey, Washington
(D. C).
*Day (David T.), U. S. geological Survey, Washington (D.C.).
^
LISTE DES MEMBRES I9
DuMBLE (Edwin S.), Géologue de la Southern Pacific C°,
1708, Prairie Avenue, Houston, Texas.
Emmons(S.F.), Géologue des États-Unis, Washington fD. C).
*Fleming (Miss Mary), Membre de l'Association Américaine
pour Tavancement des sciences, 432, Pearl street,
Bufïalo, New-York.
FooTE (W.M ),13i7, Archstreet, Philadelphia, Pennsylvania.
Frazer (Persifor;, Docteur ès-sciences naturelles, 1042,
Drexel Building, Philadelphia, Pennsylvania.
Gilbert (G. K.), Géologue des États-Unis, Washington vD.C».
*flAGUE (Arnold). Géologue des États-Unis, U. S. geological
Survey, Washington (D. G).
*Hague Madame , U.S. geological Survey, Washington (D.C.).
HallBisbop (Madame Joséphine), 2309, Washington street,
San-Francisco. California.
*Hëikes (Victor) , Gare of Smithsonian Institution ,
Washington (D. G.).
fliTcacocK (Gharles H.). Professeur de géologie à Darmouth
Gollege, Hanover, New-Hampshire.
Hovey D"" E. 0.\ F. G S. A., Conservateur adjoint,
Geol. Dep't. American Muséum of natural History,
New- York City
Hovey (Madame E. 0.), American Muséum of natural
History, New- York City.
*HowE (Ernest), U. S. geological Survey, Washington (D. C).
Iddings J. P.), Professeur de pétrologie, University of
Chicago, Chicago, Ulinois.
Kemp (J. J.), Professeur de géologie, Columbia University,
New- York City.
Keyes (C. R.), Ph. D^ Des Moines, lowa.
*KuNz (George F.), Président du Mineralogical Club de New-
York, Pavillon Tifïany,Section Américaine des Invalides,
à l'Exposition Universelle, Paris, France.
Lane (Alfred-C.\ Géologue de TÉtat, Lansing, Michigan.
Leverett (Franck), Denmark. lowa.
20 VlUe CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Marbut (Curtis F.), Professeur de géologie à rUoiversité
de Missouri, Columbia, Missouri.
Marsden Maxson (C. E.), Ph. D-, 530, California street,
San-Francisco, California.
Mathews (Edward-B.), Professeur adjoint de minéralogie
et de pétrographie, Johns Hopkins University, Balti-
more, Maryland.
*Mattbew (D' W. D.), Conservateur-adjoint de paléonto-
logie des Vertébrés, à rAraerican Muséum of natural
History, Central Park, New-York.
Merrill (Frederick, J. H.), Directeur du New-York State
Muséum, et géologue de l'État, Albany, New- York.
New- York Academy of Sciences, Grand Central Depot,
New- York City.
New-Y'ork mineralogical Club, New- York City.
*OsBORN (H. F.), Professeur, American Muséum of natural
History, Department of Vertébrale Paleontology, New-
York City.
*OsBORN (Madame L. P.), American Muséum, New-York City.
Prosser (Ch. Smith), Professeur de géologie à l'Univer-
sité de l'État d'Ohio, Columbus, Ohio.
Rand (Théodore D.), 17, 3'^ Street, Philadelphia, Pennsyl-
vania.
Ransome (F. L.), Ph. D', Géologue des Étals-Unis, Was-
hington (D. C).
*Reid (flarry Fielding), Professeur à Johns Hopkins Uni-
versity, Baltimore, Maryland.
*RiCE (W. North), Professeur de géologie, Wesleyan Uni-
versity, Middletown, Connecticut.
Ries (H.), Ph. D., Professeur de géologie économique,
Cornell University, Ithaca, New-York.
RoTHWELL (R. P.), Éditeur du Minimj-Journal, Ingénieur,
253, Broadway (27 P. 0., box 1833), New- York City.
ScHOOLER (Louis), Des Moines, lowa.
ScHULAK (Rev. Francis X.), Professeur d'histoire naturelle
(minéralogie et géologie), Saint-Ignatius Collège, Chi-
cago, Ulinois.
LISTE PBS MBMBRES 21
*ScoTT (W.-B.), Professeur de paléontologie à l'Université,
Princeton, New-Jersey.
Smock (John Conover), Géologue de TÉat de New-Jersey,
Trenton, New-Jersey.
♦Stevenson (Archibald E.), Étudiant, University Heights,
New-York City.
•Stevenson (John James), Professeur de géologie, New-
York University, University Heights, New-York City.
Strong (Miss A.), 115, West 8i^^ Street, New-York City.
*ToDD (James E.), Professeur de géologie et de minéralo-
gie, Géologue de 1 État, Vermillion, South Dakota.
Walcott (C. D.), Directeur du Service géologique des
États-Unis, Washington (D. C).
*Ward (Lester F ), The Magnolia, 1321 W. Street, Was-
hington (D. C).
*Ward (Madame L. F.), The Magnolia, 1321, W. Street,
Washington (D. C).
Washington (H. S.), D' phil., Locust, New-Jersey.
Westgate Lewis (G.), D*" phil.. Professeur, Delaware, Ohio.
*Whïte (I. C ), D' phil.. Géologue de l'État de West-Virgi-
nia, Morgantown, West-Virginia.
Whïtfield (R.), Professor. M. A., F. G S.A., Conservateur
du Geological Department, American Muséum natural
History, New- York City.
Williams (H. S.), D' phil., Professeur de géologie, Yale
University, New-Haven, Connecticut.
WiLLis (Bailey), Sous-Directeur du U. S. Geological Sur-
vey, Washington iD. C).
WiNcuELL (H. V.), Géologue, Anaconda Copper Mining
Company, Butte, Montana.
WiNCHELL (N.), Géologue de l'État de Minnesota, Minnea-
polis.
*WoLFF (J. E.), Professeur de pétrographie et de minéralogie
à l'Université d'Harvard, Cambridge, Massachusetts.
WooDWORTR (J B.), Professeur de géologie à l'Université
d'Harvard, 27^ Dana Street, Cambridge, Massachusetts.
Xk Vni« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
FRANGE
Agniel (Georges), Ingénieur de la Compagnie des Mines
de Vicoigne Nœux, Nœux-les-Mines, Pas-de-Calais.
*Aguer-Barbendy (Martin) , Instituteur, 10, avenue Mac-
Mahon, Paris.
Albertini (L.), Ingénieur civil des mines, 97, rueS^-Lazare.
Paris.
Allard (Joseph-Alexandre), Ingénieur des Arts et Manu-
factures, Voreppe. Isère. — D.
Allier, frères, Imprimeurs. 26, Cours S^-André, Grenoble,
Isère.
*Allorge (Maurice), Licencié fes-sciences et en droit, 83,
boulevard S^-Michel, Paris.
*Ardaillon (Edouard), Professeur de géographie à l'Uni-
versité de Lille, 53, rue de Lens, Lille, Nord.
Armand (Adrien), Meunier, 2, rue Alsace-Lorraine, Gre-
noble, Isère.
Armand (Albert), Directeur de la Société civile des Mines
de Valdonne (Michel, Armand et C*«), II, rue Lafon,
Marseille, Bouches-du-Rhône.
Arnaud (F.), Notaire, Barcelonnette, Basses-Alpes. — D.
Arnaud (H.), Avocat, 23, rue Froide, Angoulême.
Charente. — D.
Arné (Paul-François), Étudiant, 121, rue Judaïque, Bor-
deaux, Gironde.
*Arrault, Ingénieur des Arts et Manufactures, 69, rue
Rochechouart, Paris. — D.
Arsandaux, Henri, Étudiant au Muséum, 6, rue Flatters,
Paris.
AuRfN, Emile, 8, rue d'Athènes, Paris.
AuDEBERT de Lapinsonie, Autoine-Charles, Fabricant de
plâtres à Montmagny, 140, rue Lafayette, Paris.
*AuLT-DuMESNïL (d'), 228, faubourg S^-Honoré, Paris.
LISTE DBS MEMBRES a3
*AuRic (André), Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, Valence,
Drôme.
*AuTHELiN (Charles), Préparateur à la Faculté des Sciences,
Place Carnot, Nancy, Meurthe-et-Moselle.
Babinet (Jacques-André), Ingénieur en chef des Ponts-
el-Chaussées, 5, rue Washington, Paris.
Badoureau (Albert), Ingénieur en chef des Mines, 18,
rue de la Banque, Chambéry. Savoie.
Bardou (Paul-Marie), Pharmacien de l'« classe, Étudiant
en sciences, Grand'Rue, Ault, Somme.
Barral (Etienne), Professeur agrégé à la Faculté de méde-
cine de Lyon, Chargé de cours de minéralogie,
2, quai Fulchiron, Lyon, Rhône.
*Barrois (Charles), 37, rue Pascal, Lille, Nord. — D.
*Barthélemy (François), 2, place Sully, à Maisons-Laffllte,
Seine-et-Oise.
*Bayle (Paul), Directeur des Mines et Usines de la Société
lyonnaise, Autun, Saône-et-Loire.
Brigbeder (David), Ingénieur. 125, avenue de Villiers,
Paris. — D.
*Bel (M.-J.-Marc), Ingénieur civil des Mines, ancien élève
de rÉcole polytechnique, 4, place Denfert-Rochereau,
Paris.
Bellanger (Pierre-Alphonse-Edmond), Ingénieur au corps
des Mines, Le Mans, Sarthe.
Béranger (Charles), Éditeur, 15, rue des Saints-Pères, Paris.
Berge (René), Ingénieur civil des Mines, 12, rue Pierre-
Charron, Paris.
♦Bergeron (Jules), Docteur ès-sciences. Professeur à l'École
centrale des Arts et Manufactures, Directeur-adjoint
du laboratoire des recherches de Géologie à l'Uni-
versité (Faculté des sciences, Sorbonne), 157, boule-
vard Haussmann, Paris. — D.
Berthelot (Anatole), Fabricant de ciments. Le Gua, près
Vif, Isère. — D.
24 ' Vlir CONGRÈS GÉOLOGIQUE
♦Bertrand (Charles-Eugène), Professeur de botanique à la
Faculté des sciences de Lille, 6, rue d'Alger, Amiens,
Somme.
♦Bertrand (Léon), Docteur ès-sciences, Chargé de cours de
géologie à l'Université (Faculté des sciences), Tou-
louse, Haute-Garonne.
♦Bertrand (Marcel), Membre de l'Institut, Ingénieur en
chef des Mines, Professeur à l'École des Mines,
75, rue de Vaugirard, Paris. — D.
Beylié (Jules de), Juge au Tribunal de commerce, 4. rue
Général-Marchand, Grenoble, Isère.
Bézier (Toussaint), Directeur-conservateur du Musée d'his-
toire naturelle. Rennes, Ille-et-Vilaine.
♦Bigot, Professeur de géologie à l'Université (Faculté des
sciences), Caen, Calvados. — D.
BiLLY (Charles de). Conseiller référendaire à la Cour des
comptes, 56, rue de Boulainvilliers, Paris.
BiNET (Auguste-Hilaire-Adolphe), I. E. C P., Directeur du
Service des eaux, Tourcoing, Nord (Décédé).
BiocHE (Alphonse), Trésorier du 1«' Congrès géologique
international, rue de Rennes, 53, Paris.
BizARD (René), Chargé de cours à la Faculté Libre des Scien-
ces, 23. rue des Arènes, Angers, Maine et-Loire. — D.
♦Blancrard (Raoul-Marcel), Professeur au Lycée, 6, rue de
la Comédie, Douai, Nord.
Blanchet frères et Kléber, Fabricants de papier, Rives,
Isère.
♦Blayac, Préparateur à la Sorbonne (Faculté des Sciences),
Paris. — D.
♦Bleicher, Professeur d'histoire naturelle à l'Université
(École supérieure de pharmacie), 9, Cours Léopold,
Nancy, Meurthe-et-Moselle. — D.
BoisFLEURY, Albert-Joseph-Prosper de. Ingénieur au Corps
des Mines, rue Camille-Douls, Rodez, Aveyron.
♦Bonaparte (le Prince Roland), 10, avenue d'Iéna, Paris. — D.
LISTR DES MEMBRES 25
*BoNNET (André), Paléontologue, 55, boulevard Saint-
Michel, Paris.
Bonnet-Eymard (Gustave), Négociant, 2, rue de France,
Grenoble, Isère. — D.
BoNNETON (Anselme), Entrepreneur, 19, rue Alsace-Lor-
raine, Grenoble, Isère.
*BouBÉE, 3, Place S'-André-des Arts, Paris.
Boreau-Lajanadie (Charles), 30, Pavé des Chartrons, Bor-
deaux, Gironde.
Bouchez (Maurice), Ingénieur des Mines, Cambrin, Pas-
de-Calais.
*BouLE (Marcellin), Assistant au Muséum d'histoire naturelle •
(Laboratoire de paléontologie), 3, place Valbubert,
Paris.
BouLENGER (Paul-Hippolytc), Manufacturier, Choisy-le-Roi,
Seine. — D.
BouRDOT (Jules), Ingénieur civil, 44. rue de Château-Lan-
don, Paris.
*BouRGEAT (rabbé), Doyen de la Faculté des sciences de l'Ins-
titut catholique, rue Charles-de-Muyssaert, Lille, Nord.
Bourgeois (Léon), Assistant au Muséum, 1, boulevard
Henri IV, Paris.
*BouRSAULT. Géologue-chimiste au Chemin de fer du Nord,
10, rue Stephenson, Paris. — D.
Brenier (Casimir), Président de la Chambre de commerce,
20, avenue de la Gare, Grenoble, Isère. — D.
Bréon (Kené), Semur, Côte-d'Or.
*Breton (Ludovic), Ingénieur, Directeur des travaux de la
Compagnie des chemins de fer sous-marins entre la
France et TAngleterre, 18, rue Royale, Calais, Pas-
de-Calais.
*Brongniart (Jean-Baptiste-Marcel). 1, rue Villersexel, Paris.
Brustlein (Henri Aimé), Ingénieur, Unieux, Loire. — D.
Bureau (Edouard), Professeur au Muséum d'Histoire natu-
relle, 24, Quai de Béthune, Paris.
a6 VlUe CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Bureau (Louis), Directeur du Muséum d'histoire naturelle,
15, rue Gresset, Nantes, Loire-Inférieure.
BusQUET (Horace), Directeur des Mines de Decize, Colla-
borateur-adjoint à la Carte géologique, La Machine,
Nièvre. — D.
•Caillas (E.), 33. rue du Docteur Blanche, Paris.
Cambessédès (Félix), Ingénieur civil, 4, rue Cuvelle, Douai,
Nord.
Cambronne (Paul). Préparateur de géologie à la Faculté
des sciences de Paris, Paris (Décédé).
*Camena d'ALMEiDA (P.), Professcur de géographie à TUnî-
versité, rue François de Sourdis, 147*"% Bordeaux,
Gironde .
Caméré (A.), Inspecteur général des Ponts-et-Chaussées,
17, Avenue d'Aligre, Chatou, Seine-et-Oise.
Cannât (Paul), Président de la Société d'études des
sciences naturelles de Béziers, à THôtel-de- Ville, Béziers,
Hérault.
*Canu (Ferdinand), 10, avenue de TAsile, Saint-Maurice,
Seine. — D.
*Cappe de Bâillon, 122, rue du Bac, Paris.
*Capïtan, 5, rue des Ursulines, Paris.
Capitant, Professeur à la Faculté de droit, Grenoble,
Isère .
*Carez (Léon), Docteur ès-sciences, 18, rue Hamelin,
Paris. — D.
*Carez (Madame Léon), 18, rue Hamelin, Paris.
Carnot (Adolphe), Membre de l'Institut, Inspecteur géné-
ral des Mines, 60, boulevard Saint-Michel, Paris.
Castellan (Fernand) , Ingénieur civil des Mines, 52,
quai de Billy, Paris.
*Cayeux (Lucien), Docteur ès-sciences. Préparateur à l'École
des Mines et des Ponts et Chaussées, Répétiteur à
l'Institut agronomique, 60, boulevard Saint-Michel,
Paris. — D.
LISTE DES MEMBRES 2^
Caziot, Chef d'escadron d'artillerie en retraite, 29, rue
Barla, Nice, Alpes-Maritimes.
Chalmeton, Administrateur-directeur de la Compagnie
iiouilière de Bessèges, 17, rue Jeanne-d'Arc, Ntmes,
Gard. — D.
Charpenay et Rey, Banquiers, Grenoble, Isère.
♦Charpentier (Henri-Paul-Émile), Ingénieur civil des Mines,
12. boulevard Montebello, Lille, Nord.
*Chartron (C), rue Sainte-Marguerite, Luçon, Vendée.
Charvet (Henri), Ingénieur civil, 5, place Marengo, Saint-
Étienne, Loire.
Chaumont (Charles André), D' en médecine, 63, rue de
Vaugirard, Paris.
*Cbauvet, Notaire, Ruflec, Charente.
Chauvet (Charles), Ingénieur, 59, boulevard Victor-Hugo,
Béthune, Pas-de-Calais
*CHEDEVfLLE, luspccteur de la voie, Gisors, Eure.
Cbion-Ducollet, Maire, La Mure, Isère
Chipart, Ingénieur au corps des Mines, Douai, Nord.
Cbudeau (René), Professeur au Lycée, 39, rue Port-Neuf,
Bayonne, Basses-Pyrénées.
Civet, Pommier et C*«, Propriétaires, exploitants de
carrières, 5, rue de l'Aqueduc, Paris.
Claude-Lafontaine (Lucien), Banquier, 32, rue de Trévise,
Paris .
*Cloêz (Charles-Louis), Répétiteur à l'École polytechnique.
9, rue Guy-de-la-Brosse, Paris
Clouet des Pesrucres, Ingénieur-agronome. Lambersart.
près Lille, Nord.
*CoGNARD (Louis), 30, quai du Louvre, Paris.
*CoGNARD (Madame Louis), 30, quai du Louvre, Paris.
Collot (Louis), Professeur de géologie k l'Université, 41,
rue Tillot, Dijon. Côte-d'Or.
Combes (André), Ingénieur civil des Mines, 212, rue Saint-
Antoine, Paris.
a8 VlUe CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Comité central des Houillères de France, 55. rue de
Chateaudun, Paris. — D.
Comité des houillères de la Loire, 10, rue du Palais-de-
Justîce, Saint-Étienne, Loire. — D.
Comité des Salines, M. Bourdol, 44, rue de Château-Landon^
Paris. — D.
Compagnie anonyme des Houillères d'Ahun, Creuse,
15, rue de la Chaussée-d'Antin, Paris. — D.
Compagnie des Mines de houille d'Aniche (M. Tlngé-
nieur-gérant), Aniche, Nord. — D.
Compagnie des Mines de houille d'Anzin, Nord. — D.
Compagnie houillère de Bessèges. 17, rue Jeanne-d'Arc.
Nîmes, Gard. — D.
Compagnie des Mines de houille de Béthune, Bully-
Grenay, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Mines de houille de Blanzy, Montceau-
les-Mines, Saône-el-Loire. — D.
Compagnie des Mines de houille de Bruay,Pas-de-Calais.— D.
Compagnie des Mines de houille de Campagnac à Cransac
(M. Siebel, Directeur), Cransac, Aveyron. — D.
Compagniedes Mines de houille de Carvin, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Houillères de Champagnac (Cantal), 97,
rue de Montceau, Paris. — D.
Compagnie des Forges de Chatillon, Commenlry et Neuves-
Maisons, 19, rue de La Rochefoucauld, Paris. — D.
Compagnie des Mines de houille de Courrières, Billy-
Montigny, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Mines de houille de Douchy, Lourches,
Nord. — D.
Compagnie des Mines de houille de Dourges, Hénin-Lié-
tard, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Mines de houille de Drocourt, Hénin-
Liétard, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Mines de houille de TEscarpelle, Flers-
en-Escrebieux, Pas-de-Calais, — D.
LISTE DES MEMBRES ^9
Compagnie des Mines de houille de Ferfay-Cauchy,
Aucbel, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Quatre-mines-réunies do Graissessac,
Montpellier, Hérault. — D.
Compagnie (Société) anonyme des minerais de fer de
Krivoï-rog, 26, avenue de TOpéra, Paris. — D.
Compagnie des Mines de houille de Lens, Pas-de-Calais. - D.
Compagnie des Mines de houille de Liévin, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie (Société) anonyme des .Mines de houille de
Ligny-lez-Aire, Fléchinelle, par Estrée-Blanche, Pas-
de-Calais. — D.
Compagnie des Mines de houille de Maries, Pas-de-Calais.— D.
Compagnie des minerais de fer magnétique de Mokta-
El-Hadid, 26. avenue de l'Opéra, Paris. — D.
Compagnie des Mines de houille d'Ostricourt , Oignies,
Pas-de-Calais. — D.
Compagnie Parisienne d'éclairage et de chauffage par
le gaz, 6, rue Condorcet. Paris. — D.
Compagnie des Mines de houille de la Péronnière, 8,
rue Victor-Hugo, Lyon, Rhône. — D.
Compagnie des Mines de houille de Flines-lez-Raches. Nord.
Compagnie des Mines de houille de Roche-la-Molière
et Firminy-Loire (M. Honoré Voisin, Directeur), Fir-
miny, Loire. — D.
Compagnie des Mines de houille de Vicoigne-Nœux,
Nœux-les-Mines, Pas-de-Calais. — D.
Compagnie des Mines de houille de Villebœuf, Sainl-
Étienne, Loire. — D.
*CoNSTANT Mario, Ingénieur civil des Mines, Attaché au
Service d'études financières du Comptoir national
d'Escompte, 14, rue Bergère, Paris.
CoRBEL (L'abbé Pierre), Curé du Bodéo, par Quintin, Côtes-
du-Nord.
*Co8SMANN (Maurice), Ingénieur-Chef des services techni-
ques de la Compagnie du chemin de fer du Nord,
95, rue de Maubeuge, Paris. — D.
3o VIll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*CoTTRON, Professeur d'Histoire naturelle au Lycée Fai-
d herbe, Lille, Nord.
*CouLON (L.), Directeur du Musée d'histoire naturelle, 23,
rue Isidore-Lecerf, Elbeuf, Seine-Inférieure.
Cousin (Henri), Ingénieur en chef des Mines, 30, rue
du Gué-de-Maulny, Le Mans, Sarthe. — D.
Crédit Lyonnais (Succursale de Grenoble). Grenoble, Isère.
Crouzel (A.), Bibliothécaire de l'Université, rue des 36
Ponts, 82, Toulouse
Damour (A.), Membre de l'Institut, 10, rue Vignon, Paris — D.
*Davy (Louis-Paul), Ingénieur, Chef de service des Forges
de Trignac, Chateaubriant, Loire-Inférieure.
Delafond (Frédéric), Inspecteur général des Mines, boule-
vard Montparnasse, 108. Paris.
Delage (A.), Professeur de géologie et de minéralogie à
la Faculté des sciences, Montpellier, Hérault.
Delage, Bijoutier, Grand'Rue, Grenoble, Isère.
*Delahaye (L'abbé Constant), Institution S^- Vincent, Rennes,
Illeet-Vilaine.
*Delahodde (V.), 19, rue Gauthier-de-Chatillon, Lille.
*Delaunay (Alexis), Professeur de Sciences au Petit-Sémi-
naire de S*-Gaultier, Indre.
Delebecque (André), Ingénieur des Ponts-et-Chaussées,
35, boulevard des Tranchées, Genève, Suisse. — D.
Delune et C'% Fabricants de ciments, Grenoble, Isère. — D.
Demarty (Prosper), Directeur du Comptoir géologique du
Plateau Central, 9, rue Saint-Louis. Clermont-Ferrand,
Puy-de-Dôme. — D.
*Depéret, Correspondant de l'Institut, Doyen de la Faculté
des sciences, Lyon, Rhône. — D.
Desailly, Ingénieur en chef de la Société houillère de
Liévin, Pas-de-Calais.
Desroziers (E.), Ingénieur civil, 10, avenue Frochot, Paris.
Detroyat (Arnaud), Rayonne, Basses Pyrénées. — D.
*Deville (Jules), 42, rue des Jeûneurs, Paris.
LISTE DES MEMBRES 3l
*Deville (Madame Jules), née d'Orbigny, 42, rue des
Jeûneurs, Paris.
*Deville (Mademoiselle Marguerite), 42, rue des Jeûneurs,
Paris.
*DoLLFUS (Adrien), 35, rue Pierre-Charron, Paris.
*DoLLFUs (Madame Adrien), 35, rue Pierre-Charron, Paris.
*DoLLFUS (Gustave F.), Collaborateur principal au Service
de la Carte géologique de France, 45, rue de Chabrol,
Paris. — D.
*DoLLOT (Aug.), Ingénieur, Correspondant du Muséum
d'Histoire naturelle, 136, boulevard Saint-Germain, Paris.
DoNciEUx, Préparateur à la Faculté des sciences (labora-
toire de géologie), Lyon, Rhône.
DoNNEZAN (D'Albert), 5, rue Font-Froide, Perpignan, Pyré-
nées-Orientales .
DouMERc (Jean), Ingénieur civil des Mines, 61, rue Alsace-
Lorraine, Toulouse, Haute- Garonne.
DouRiLLE (Antonin), Hôtel des Trois-Dauphins, Grenoble,
Isère .
*DouviLLÉ (Henri). Ingénieur en chef des Mines, Professeur à
l'École des mines, 207, boulevard S^-Germain, Paris — D.
DouxAMi (Henri), Agrégé de TUniversité, Professeur au
lycée Ampère, 73, avenue de Saxe, Lyon, Rhône.
Drouelle (E.), 7, rue Drouot, Paris.
Dru (Léon), Ingénieur, 28, boulevard Malesherbes, Paris.
DuBuissoN (Anicet-Gabriel-Henri), Élève à l'École normale
supérieure, 5, rue Forest, Paris.
DiiEiL(A.), à Ay, Marne.
♦Duhamel (Henri), Gières, Isère. — D.
Dumas, Inspecteur à la Compagnie des chemins de fer
d'Orléans, place Dumoustier, 1 bis, Nantes, Loire-
Inférieure.
*Dumont (Emile-Henri), Ingénieur des arts et manufac-
tures, 61, rue Louis-Blanc, Paris.
Durand (Louis), Pradines, par Regny, Loire.
3a VUl* CONGRÈS GEOLOGIQUE
Durand t Urbain-Jean-Baptiste), Ingénieur civil. Pont d'Au-
benas, par Aubenas, Ardèche.
DuRASsiER (L. G. A.), Ingénieur civil des Mines. 5, Place
des Ternes, Paris.
DuvERGiER DE Hauranne (Emmanuel) , Château d'Herry,
Cher
Evrard (Charles), Notaire, Varennes, Meuse.
Eysséric (J.), Explorateur, 90, rue d'Assas, Paris.
*Fabre (Georges), Ancien élève de TÉcole polytechnique.
Inspecteur des Eaux et Forêts, 28, rue Ménard,
Ntmes, Gard.
*Fabre (Lucien), Inspecteur des Eaux et Forêts, 17, rue
Berbisey, Dijon, CôtCrd'Or.
Favre (Louis), Ingénieur agronome, 18, rue des Écoles, Paris.
*Fallot (Emmanuel), Professeur de géologie à l'Université
(Faculté des sciences), 56, rue Turenne, Bordeaux,
Gironde.
Falque et Perrin. Librairie Dauphinoise, Grenoble, Isère.
*Faure (Joseph), Ingénieur civil des Mines, 94, avenue
Henri-Martin, Paris.
*Fayol (Henri), Directeur général de la Société de Commen-
try-Fourchambaull, 49, rue Bellechasse, Paris. — D.
*Fayol (Mademoiselle), 49, rue Bellechasse, Paris.
Fèvre (Lucien-Francis), Ingénieur au corps des Mines.
38 rue Baudimont. Arras, Pas-de-Calais. — D.
*FiLHOL. Membre de l'Institut. Professeur d'anatomie com-
parée au Muséum d'histoire naturelle, rue Guénégaud,
Paris.
Fliche, Professeur à l'École forestière, rue Saint-Dizier,
9, Nancy, Meurthe-et-Moselle. — D.
Flîpo. Propriétaire, Membre de la Société géologique du
Nord. Deûlémont, par Quesnoy-sur-Deûle, Nord. — D.
Fortin (Raoul), Manufacturier, rue du Pré, 24. Rouen,
Seine-Inférieure.
FossEY(Paul), Étudiant, 138, Boulevard Montparnasse, Paris.
LISTE DES MEMBRES 33
FouQUÉ (F.), Membre de rinslilul. Professeur au Collège
de France, 23, rue Humboldt, Paris.
*FouQUÊ (Mademoiselle), 23, rue Humboldt, Paris.
*FouQUET, 161, Boulevard Haussmann, Paris.
Fredet (Alfred), Fabricant de papier, Brignoud, Isère.
Freiwald (Isidore), 43, rue de Courcelles, Paris. — D.
*Frémont (Mademoiselle), Licenciée ès-sciences, Professeur
de renseignement secondaire, 124, rue de Clignan-
court, Paris.
*Friedel (Georges), Ingénieur au corps des Mines, Profes-
seur à l'École des Mines, 11, place Fourneyron,
Saint-Étienne, Loire.
Froidevaux, 12, rue N.-D.-des Champs. Paris.
Frossard (Charles-Louis), Pasteur de l'Église Réformée, 3,
avenue de Campan. Bagnères-de-Bigorre, Hautes-Pyré-
nées.
Gaillard, père, fils et C*", Banquiers, 5, Grande-Rue,
Grenoble, Isère.. — D.
*Gallois (Lucien), Maître de Conférences à l'École normale
supérieure, 59, rue Claude-Bernard, Paris.
*Ganal, 6, rue de Seine, Paris.
*Gatin, Ingénieur agronome, 13, rue Jean-Jacques Rous-
seau, Versailles.
Gauchery (P. , Ingénieur-architecte, Vierzon, Cher.
*Gaudry Albert), Membre de Tlnstitut, Professeur de
paléontologie au Muséum d'histoire naturelle, Ibis,
rue des Saints-Pères. Paris. — D.
*Gaudry (Madame Valérie Albert), 7 bis, rue des Saints-
Pères, Paris.
*Gaudry (Jules», 2, rue de Constantinople, Paris.
Gauthier -DuMON (Pierre), 5, rue d'Arcole, Saint-Étienne,
Loire. — D.
Gauthiot (Charles', Secrétaire-Général de la Société de
géographie commerciale, 8. rue de Tournon, Paris.
Geandey F.i, rue de Sèze, 11, Lyon, Rhône.
34 vin' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Gkndhe (Ernest), 157, rue Berlrand-de-Golh, Bordeaux,
Gironde.
*Gennes (Adolphe de), Ingénieur civil des Mines, 42. rue
des Perchamps, Paris.
Gensse (Jean-Bapliste-Juies Adrien), Ingénieur à la Compa-
gnie Parisienne du gaz, 146, rue Lafayetle, Paris.
*Gentil (Louis), Chargé de Conférences à la Faculté des Scien-
ces deTUniversite, M, rue des Feuillantines, Paris. — D.
*Gevrey (Frédéric-Charles-Alfred), Conseiller à la Cour
d'Appel, 9, place des Alpes, Grenoble, Isère. — D.
*GiRAUD (Jean-Louis), Agrégé des Sciences naturelles, 4,
rue Guy-de-la-Brosse, Paris.
*GiRAUx (Louis), Négociant, 22, rue Saint-Biaise, Paris.
*Glangeaud (Ph.), Docteur ès-sciences, Maître de confé-
rences de minéralogie à PUniversilé, Clermont-
Ferrand, Puy-de-Dôme. — D.
GoBLET (Alfred), Ingénieur, Croix, Nord.
GoDBiLLE (Eugène), Médecin-vétérinaire, Wignehies, Nord.
*GossELET, Correspondant de rinstilul. Professeur à la Faculté
des sciences, rued'Anlin. 18, Lille, Nord. — D.
GouRBiNE (Charles-Alfred), Membre des Soc. géologique et
astronomique de France,71,ruederUniversité,Paris.— D.
GouRDON (Maurice-Marie), Membre de la Société géologique
de France, 19, rue dé Gigant, Nantes, Loire-Inférieure.
GRAMMONT(Alexandre), Industriel, Pont-de-Chéruy, Isère. — D.
Gramonï (Antoine-Arnaud, comte de), Docteur ès-sciences
physiques, 81, rue de Lille, Paris.
*Grand'El'RY (Cyrille), Correspondant de l'Institut, Ingé-
nieur civil. Professeur à l'École des Mines, 5. Cours
Victor-Hugo, S^-Étienne, Loire. — D.
Gratier, Libraire, Grenoble, Isère.
Grenier (Kené), Ingénieur civil des Mines, Pocancy, par
Veitus, Marne.
*Grisel (D'^ Alfred), Cluses, Haute-Savoie.
*Grossouvre (A. de), Ingénieur en chef des Mines, Bourges,
Cher. — D.
LISTE DBS MEMBRES 35
Grossouvhe (de). Commandant au 155* régiment d'infan-
terie, 6, rue de Rigny, Nancy, Meurthe-et-Moselle.
Gruner (Edouard), Ingénieur civil des Mines, Secrétaire
général du Comité central des Houillères, 6, rue Férou,
Paris.
*GuÉBHARD (Adrien), Agrégé de Physique des Facultés de
médecine, St-Vallier-de-Thiey, Alpes-Maritimes. — D.
GuERRKAU (Auguste-Charles), Ingénieur civil des Mines,
4, rue de Lorraine. Nancy, Meurthe-et-Moselle.
Guillemet. Ingénieur agricole, Labruguiére, Tarn.
*Haug (Emile), Professeur adjoint de géologie à l'Université
(Faculté des Sciences). Sorbonne, Paris. — D.
Hautefeuille (Paul Gabriel), Membre de l'Institut, Profes-
seur à l'Université (Faculté des sciences), 28, rue
du Luxembourg. Paris.
Henry (César-Louis), Docteur en médecine, 89, boulevard
Ëxelmans, Paris.
Hermann, Libraire, 8. rue de la Sorbonne. Paris.
Herse, Professeur au Collège de Condé-sur-Aisne, parVailly,
Aisne.
Hollande (D"^), Directeur de l'École préparatoire de l'ensei-
gnement supérieur, 19, rue de Boigne, à Chambéry,
Savoie.
HuGOT (Adolphe), Directeur de la Société anonyme des
Aciéries et Forges de Firminy, Loire
*Hu.MBERT (Hippolyte -Adolphe), Ingénieur des Ponts et
Chaussées en retraite, ancien Ingénieur de la Com-
pagnie des chemins de fer du Midi, 31, rue Bayard,
Toulouse, Haute-Garonne
*HuMBERT (Madame A.), 31, rue Bayard, Toulouse, Haute-
Garonne.
HuNEBELLE (Édouard), Ingénieur civil, 16, avenue Bugeaud,
Paris.
*Jani:t (Armand), ancien Ingénieur de la Marine, 29, rue
des Volontaires, Paris. — D.
36 vin* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Janet (Charles), Ingénieur des Arts et Manufactures, Pré-
sident de la Société zoologique de France, Villa des
Roses, près Beauvais, Oise.
*Janet (Léon), Ingénieur au corps des Mines, 87, boule-
vard Saint-Michel, Paris. — D.
Jannettaz (Edouard), Assistant au Muséum d'histoire natu-
relle de Paris, 83, boulevard St-Geruiain, Paris (Décédé).
jANNE'rrAZ (Paul), Ingénieur, Répétiteur à l'École Centrale,
68, rue Claude-Bernard, Paris.
JuDENNE (Léon), 1, rue Louis-Borel, Beauvais, Oise.
Julien (Pierre-Alphonse), Professeur de géologie et de
minéralogie, à la Faculté des Sciences, à Clermont-
Ferrand, Puy-de-Dôme.
*Kaufmann (Willy), 169, boulevard Malesherbes, Paris.
*KiLiAN (W.), Docteur ès-sciences. Professeur à l'Université
(Faculté des sciences), 7, boulevard Gambetta, Gre-
noble, Isère. — D.
Kuss (Henri), Ingénieur en chef des Mines, Douai, Nord.
Labat, D"^ en médecine, 149, boulevard S^-Germain, Paris.
Labour-Perron (Madame veuve), Fabricante de plâtre,
Marœuil-lez-Meaux, par Meaux, Seine-et-Marne. — D.
*Lacau (P.), 50, rue Etienne-Marcel, Paris.
*Lacroix (Alfred), Professeur de Minéralogie au Muséum
d'histoire naturelle, 8, quai Henri IV, Paris. — D.
*Lacroix (Madame A.), 8, quai Henri IV, Paris.
Lambert (Jules-Mathieu), Président du Tribunal civil, 57,
rue St-Martin, Troyes, Aube.
*Lamothe (Léon-Jean-Benjamin de). Colonel d'artillerie,
commandant le 5« régiment, Besançon, Doubs.
*Langlassê (René), rue Jacques-Dulud, 50, Neuilly, Seine.
La porte (Auguste), Ingénieur-directeur des Mines de la
Gardette, Bourg d'Oisans, Isère. — D.
*Lapparent (Albert de). Membre de l'Institut, ancien Ingé-
nieur au corps des Mines, Professeur à l'Institut
catholique, 3, rue Tilsitt, Paris. — D.
LISTE DES MEMBRES 3'J
*Launay (Louis de). Ingénieur au corps des Mines, Pro-
fesseur à rÉcoIe nationale das Mines,. 134, boulevard
Haussmann, Paris.
*Laville (André), Préparateur de paléontologie à TÉcoIe
des Mines, 41, rue de Buflon, Paris.
*Lebel, Professeur au Petit-Séminaire, 19, rue Notre-Darae-
des-Champs. Paris.
Lebesconte, Pharmacien, place du Bas-des- Lices, 15,
Rennes, llle-et- Vilaine.
Leborgne. 7, boulevard Gambetta, Grenoble, Isère.
Lebrun (Albert-François). Ingénieur au corps des Mines,
7, place Saint-Jean, Nancy, Meurthe-et-Moselle.
*Lecoeuvre (Francis). Ingénieur, 229. faubourg St-Honoré,
Paris.
*Le Coin (Albert). Docteur. 15, rue Guénégaud, Paris.
*Le Coin (Madame), née d'Orbigny, 15, rue Guénégaud.
Paris.
*Leenhardt (Franz). Professeur agrégé à la Faculté de théo-
logie, 12, faubourg du Moustier, Montauban, Tarn-et-
Garonne. — D.
Legay (Gustave). Receveur de l'Enregistrement et des
Domaines, 22. rue de Flahaut. Boulogne-sur -Mer,
Pas-de-Calais.
Léger (Louis), Professeur à l'Université. Grenoble, Isère.
*Le Marchand. 2. rue Traversière, Petit-Quevilly, Seine-
Inférieure.
*Lemière (Léonce), Ingénieur civil des Mines, Ingénieur
principal à Montvicq, Monlvicq, Allier.
*Lemoine (Paul), Licencié èssciences naturelles, 76, rue
Notre-Dame-des-Champs, Paris.
*Lennier, Conservateur du Muséum d'histoire naturelle.
Le Havre, Seine Inférieure. — D.
*Léon (Paul). Ancien élève de l'École normale supérieure.
Agrégé d'histoire et de géographie, 127, Boulevard
' Haussmann, Paris.
38 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Le Pairk, frères, Fabricants de plâtre, Lagny, Seine-et-
Marne.
*Leriche (Maurice), Préparateur de géologie à la Faculté
des Sciences de Lille. 159, rue Brûle-Maison, Lille,
Nord.
Letellier (Georges). Fabricant de plâtres, 123, quai de
Valmy, Paris.
Levât (David), Ingénieur civil des Mines, 9, rue du
Printemps, Paris. — D.
Lévy (Raphaël Georges). 20, rue Taitbout, Paris.
Lez (Achille). Conducteur des Ponts et Chaussées, Lorrez-
le- Bocage, Seine-et-Marne. — D.
L'HoTE. 16, rue Chanoinesse, Paris. — D.
LiNDER, Oscar, Inspecteur général des Mines, en retraite,
38, rue du Luxembourg, Paris.
*LoNQUÉTY (Maurice), Ingénieur civil des Mines. Outreau,
près Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais
*LoRY (Pierre Charles). Sous-Directeur du laboratoire des
recherches géologiques de l'Université (Faculté des
sciences), Grenoble, Isère. — D.
Maisonville (F. de). Grenoble. Isère.
Malatray (Antoine), Ingénieur en chef des Mines de
Béthune, Bully-Grenay, Pas-de-Calais.
Manhès (Pierre), Ingénieur métallurgiste, 3, rue Sala,
Lvon, Rhône. — D.
*Marboutin (Félix), Sous-Chef à l'observatoire de Mont-
souris, 78, Boulevard S*-Michel, Paris.
*Margerîe (Emm. de). 132, rue de Grenelle. Paris. — D.
*Marie. Préparateur au lycée Charlemagne. 5. rue Basse-
des-Carmes, Paris.
*Martel (Edouard-Alfred^ Secrétaire-général de la Société
de spéléologie, 8, rue Ménars, Paris. — D.
Martonne (E. de^ Chargé de cours de géographie à
l'Université de Rennes, Ille-et-Vilaine.
Maurov (de). Ingénieur des Mines, Vassy, Haute-Marne.
LISTE DES MEMBRES 3g
Memin (Louis), Vice-secrétaire de la Société géologique, 169,
rue S*-Jacques, Paris.
*Mercey (N. de), à La Faloise, Somme.
Mettrier (Maurice), Ingénieur au corps des Mines, Mont-
pellier, Hérault.
Meunier (H.), Fabricant de liqueurs, rue Épailly, Voiron,
Isère.
*Meunier (Stanislas).Professeur de géologie au Muséum d'His-
toire naturelle, 7, boulevard Saint-Germain, Paris. — D.
*MeuiMer (Madame Stanislas), 7, boulevard Saint-Germain,
Paris.
*Meunier (Mademoiselle Alice Stanislas) , 7, boulevard
Saint-Germain, Paris.
Michel (Léopold), Maître de conférences à l'Université de
Paris, Sorbonne, 128, avenue de Neuilly, Neuilly,
Seine.
*Michel-Lévy (A.), Membre de l'Institut, Inspecteur général
des Mines, Directeur du Service de la Carte géolo-
giffue de la France, 26, rue Spontini. Paris — D.
MîGNOT (André), Ingénieur en chef à la Société des aciéries
de France. 4. avenue des Tilleuls, Paris, Auteuil.
MiLNE-EDWARDs(Alph.), Membre de rinstitut,Paris (Décédé).
MoNTHiERs (Maurice), Ingénieur civil des Mines, 50, rue
Ampère, Paris. — D.
MoTTET, à la Préfecture, Grenoble, Isère.
*MouREAU, à Montigny-les-Vesoul, près Vaivre, H*«-Saône.
*Munier-Chalmas , Professeur de géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), 75, rue Notre-Dame-des-
Champs, Paris. — D.
Muséum d'Histoire naturelle (Laboratoire de paléontologie
du). Place Valhubert, Paris.
Neufville (H. de). Ingénieur des Mines, 6, rué Halévy, Paris.
*NiCKLÈs (René). Docteur ès-sciences, Chargé d'un cours à
la Faculté des sciences de Nancy, 27 bù, rue des
Tiercelins, Nancy, Meurthe-et-Moselle. — D.
4o VUI^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*NivoiT, Inspecteur général des Mines. Professeur de
géologie à l'École des Ponts-el-Chaussées, 2, rue de la
Planche, Paris. — D.
*Œhlert (D. -P.), Correspondant de l'Institut, Conservateur
du Musée d'Histoire naturelle, 29. rue de Bretagne,
Laval, Mayenne. — D.
*OEhlert (M""'' D.-P.), 29. rue de Bretagne, Laval, Mayenne.
*Offret (A.), Professeur de minéralogie à l'Université de Lyon,
villa Sans-Souci. 53. chemin des Pins, Lyon. Rhône.
*Olivier (E.), Directeur de la Hcrue scientifique du Bour-
bonnais et du Centre de la France, 10. Cours de
la Préfecture. Moulins-sur-Allier, Allier.
Olry (Albert). Ingénieur en chef des Mines. 23, rue Cla-
peyron. Paris, Seine.
Orieulx de la Porte (Joseph), Secrétaire général de la C»*
desMines de Vicoigne et de Nœux. Nœux, Pas-de-Calais.
Pange (P. de), 7, boulevard Jules Janin, S^-Étienne. Loire.
Papuchon (Alexis). Colonel commandant le Génie de la
sixième région, Cours d'Ormesson, Chàlons-sur-Marne,
Marne.
*Paquier (Victor-Lucien), Préparateur de géologie à l'Uni-
versité (Faculté des Sciences). 6, rue Paul-Bert,
Grenoble. Isère. — D.
*Parat (L'abbé Alexandre), Curé de Bois-d'Arcy, par Brosses,
Yonne. — D.
*Parran (Alphonse). Ingénieur en chef des Mines, 56. rue
des Saints-Pères, Paris. — D.
*Pellat (Ed.), Inspecteur général honoraire des établisse-
ments de bienfaisance au Ministère de l'Intérieur. 19,
avenue du Maine, Paris. — D.
Pelloux, père et fils et C* , Fabricants de ciments
Grenoble. Isère. — D.
Périn frères. Fabricants de chaux hydraulique. Char-
leville, Ardennes. — D.
*Peron (Alphonse), Correspondant de l'Institut. Intendant
militaire au cadre de réserve, H. avenue de Paris,
Auxerre, Yonne. — D.
LISTE DES MEMBRES ^l
*Pkrvinquière (Léon), Préparateur du cours de géologie de
la Sorbonne, 40, rue de Vaugirard. Paris.
Petin (Charles), Château de Vourey, Isère.
Petitclerc (Paul). 17, rue de TAigle-Noir, Vesoul, Haute-
Saône.
*Picou, père, 123. rue de Paris, S*-Denis.
*Picou. fils, 123, rue de Paris, S*-Denis.
PiNAT (Charles-Eugène), Maître de forges, Allevard, Isère.
PiTARD (Charles- Joseph), Chef des travaux de botanique à
la Faculté des Sciences, Bordeaux, Gironde.
Potier. Membre de Tlnstitut, Ingénieur en chef des
Mines, professeur à l'École des Mines, 89, boulevard
Saint-Michel, Paris — D.
Priem, Professeur au Lycée Henri IV, 135, boulevard
Saint-Germain, Paris. — D.
*Primat (Jean-Antoine), Ingénieur au corps des Mines, 5 6/.v,
boulevard Gambetta. Grenoble, Isère. — D.
Prudhomme (Félix), Négociant, 7, rue Gustave-Flaubert,
Le Havre, Seine-Inférieure.
*Ramond (G.). Assistant de géologie au Muséum d'Histoire natu-
relle, 18, rue Louis-Philippe, Neuilly-sur-Seine. — D.
RAMuet C% Maîtres de carrières, Raon-l'Étape, V^osges. — D.
Raspaîl (Julien), 19, Avenue Laplace, Arcueil, Seine.
*Raulin (Victor», Professeur honoraire de la Faculté des
Sciences de Bordeaux, Montfaucon d'Argonne, Meuse.
♦Raveneau (Louis). Agrégé d'histoire et de géographie. 76,
rue d'Assas, Paris. — D.
Raymond (Pierre-Albert), Manufacturier, 113, Cours Ber-
riat, Grenoble, Isère.
*Regnault (Edouard), 30, boulevard du Roi, Versailles.
Seine-et-Oise. — D.
Rejaudry (Emile), Propriétaire, 14, Rempart du Midi,
Angoulême, Charente.
*Renault (Bernard , Assistant au Muséum d'Histoire natu-
relle. Botanique, l, rue de la Collégiale, Paris.
4^ Vni*^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Renty (Camille de). Ingénieur des Arts et Manufactures,
H, avenue de Boufflers, Paris.
Repelin (J.), Docteur ès-sciences, Chargé d'un cours à
la Faculté des Sciences, Marseille, Bouches-du-
Rhône.
RÉROLLE, Directeur du Muséum, Grenoble, Isère.
Reumaux (Élie), Ingénieur, Agent général de la Compa-
gnie de Lens, Pas-de-Calais.
Revelière (Louis), Ingénieur aux Mines de Maries, Auchel,
Pas-de-Calais (Décédé).
Reymond (Ferdinand), Membre de la Société géologique
de France, Veyrins, Isère. — D.
*Reymond (Marcel), place de la Constitution, Grenoble,
Isère.
Reyt (Pierre-Anselme-Louis), Préparateur à la Faculté des
Sciences de Bordeaux, Bouliac, Gironde.
RiAZ (de). Banquier, 10, quai de Retz, Lyon, Rhône. — D.
RrcHARD (Henri-Charles-Constant-Adolphe), 73, rue Cardi-
nal Lemoine. Paris.
*RicHE (Attale), Docteur ès-sciences. Chef des travaux de
géologie à la Faculté des Sciences, 9, rue Saint-
Alexandre, Lyon, Rhône.
*RiGAUx (Edmond), 15, rue Simoneau, Boulogne- sur-Mer,
Pas-de-Calais.
RisLER (Eug.), Directeur honoraire de Tlnstitut national
agronomique, 106 ^'\ rue de Rennes, Paris.
RivoiRE-ViCAT (Marc), Ingénieur en chef des Ponts-et-
Chaussées, 1, rue de la Liberté, Grenoble. Isère.
Robert (Eugène). Papetier, 13, rue Saint-Jacques, Gre-
noble, Isère.
*RoBiEN (Comte André de), Conseiller général de la Loire-
Inférieure, Château de Montgiroux, par Alexain,
Mayenne.
RoBîNEAU (Théophile), Ancien Avoué, 4, avenue Carnot,
Paris — D.
LISTE DES MEMBRES ^3
*RoMAN (Frédéric), Docteur ès-scionces. Préparateur à la
Faculté des Sciences, 2. quai Saint-Clair, Lyon,
Rhône. — D.
Rossignol et Delamarche, Fabricants de ciments, 5 bù,
boulevard Gambetta, Grenoble, Isère. — D.
RouAULT, Professeur d'agriculture, rue Doudart-de-Lagrée,
Grenoble, Isère.
*RoussEL (Joseph), D^ ès-sciences. Professeur au Collège,
5, Chemin de Velours. Meaux, Seine-et-Marne.
Routier (Gaston), 13. rue Voltaire. La Garenne-Colombes.
Seine.
RouvîLLE (Paul-Gervais de), Doyen et Professeur hono-
raire de la Faculté des Sciences de Montpellier, iO,
rue Henri-Garnier, Montpellier, Hérault. — D.
*RouYER (Charles-Henri-Camille), Avocat, Membre de la
Société géologique de France, 25, rue de Vaugirard,
Paris.
Sage (Henri), 6*'''. rue du Clollre-Notre-Dame, Paris.
Sage (Madame), place S^-Nicolas, Bastia, Corse.
Saînjon (Henri). Inspecteur général des Ponts-et-Chaussées,
en retraite, Directeur du Musée d'Histoire naturelle,
14 **^. rue des Bouteilles, Orléans, Loiret.
Sainson (touis-Gustave), Bijoutier, 5, rue J.-J. -Rousseau,
Grenoble, Isère.
♦Sauvage (D^ Emile), Conservateur des Musées, Boulogne-
sur-Mer, Pas-de-Calais.
Savin (Léon-Héli). Chef de bataillon au 97*" régiment
d'infanterie, Chambéry, Savoie.
*Sayn (Gustave), Mont vendre, Drôme.
*ScHLUMBERGER (Charlcs), Ingénieur de la marine en retraite,
16, rue Christophe-Colomb, Paris. — D
Schneider et C'^ Le Creusot, Saône-et-Loire. — D.
ScHNEmER (P.). Président du Crcusot, 1, boulevard Males-
herbes, Paris.
SEBELfN, Entrepreneur. Square des Postes, Grenoble, Isère.
44 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Skunks (Jean), Professeur à la Faculté des Sciences, 40,
Faubourg de Fougères, Rennes. Ille-el-Vilaine.
Simon (Auguste), Ingénieur, Agent général de la C'* de
Liévin, Pas-de Calais. — D,
Société anonyme des Aciéries de France, 29. quai de
Grenelle, Paris - D.
Société anonyme des mines d'Albi, Tarn (G. Petitjean,
Administrateur délégué), 5. rue Chauchat, Paris. — D.
Société des Amis de l'Université de Normandie, Caen
Calvados. — D.
Société lyonnaise des schistes bitumineux d'Autun.
Saône-et-Loire (Bayle, directeur), 6. rue Le Peletier,
Paris. — D.
Société nouvelle de^^ charbonnages des Bouches-du-
Rhône. 55, rue de Châteaudun, Paris. — D.
Société anonyme des ciments français, Boulogne-sur-
Mer, et 80, rue Taitbout, Paris — D.
Société anonyme des mines de Carmaux, 35, rue
Pasquier, Paris. — D.
Société anonyme de Commentry-Fourchambault, 16, place
Vendôme, Paris. — D.
Société anonvme des houillères et du chemin de fer
d'Epinac (Saône-et-Loire). à Epinac, et 13, rue de
Londres, Paris. — D.
Société de l'Industrie minérale, Saint-Etienne, Loire. — D.
Société anonyme des Aciéries et Forges de Firminy (A.
Hugot, directeur), Firminy, Loire. - D.
Société de Géographie de Lille (M. le Président de la),
Lille, Nord.
Société Géologique du Nord, 159, rue Brûle-Maison, Lille.
Nord.
*Société anonyme des glaces et produits chimiques de S^-
Gobain. Chaunv etCirev, 9. rue S^«-Cécile, Paris - D.
Société anonyme des mines de la Loire, 47, rue Joubert,
Paris. — D.
LISTE DES MEMBKES /|5
Société des Anthracites de La Mure, La Mure, Isère. — D.
Société anonyme des houillères de Montrambert et la
Béraudière, 'J, rue de la République, Lyon, Khône. — D.
Société des Sciences naturelles de la Charente-Inférieure.
(A. DoUot, délégué), La Rochelle, Charente-Infé-
rieure.
Société anonyme des mines de charbon minéral de la
Mayenne et de la Sarthe, 42, rue Crossardière, Laval,
Mayenne.
Société Géologique de Normandie (M. le Président de là),
au Muséum d'Histoire naturelle. Le Havre, Seine-
Inférieure.
Société des Hauts-Fourneaux et Fonderies de Pont-à-
Mousson, Pont-à-Mousson, Meurthe-et-Moselle. — D.
Société des houillères de Ronchamp (M. Poussigue, direc-
teur), Ronchamp, Haute- Saône. — D.
Société des Sciences naturelles de Saône-et Loire, Chalon-
sur-Saône, Saône-et-Loire.
Société scientifique et littéraire d'Alais, Alais, Gard.
Société de Vézin-Aulnoye (M. Victor Sépulchre, représen-
tant, directeur des établissements de TEst de la),
Maxéville, près iNancy, Meurthe-et-Moselle. — D.
SouBEiHÂN (Alfred), Ingénieur des mines, Conseil de la
Société *des Ciments français, 80, rue Taitbout, Paris.
*Stuer (Alexandre), Comptoir français géologique et miné-
ralogique, 4, rue de Castellane, Paris — D.
*SïUEK (Madame A.), 4, rue de Castellane, Paris.
Tardy (Charles), Membre de la Société Géologique de
France, 6, rue des Cordeliers, Bourg, Ain.
Tardy (Madame), 12, rue Lalande, Bourg, Ain. — D.
Tardy, 12, rue Lalande, Bourg, Ain.
*Termier, Ingénieur en chef au corps des Mines, Profes-
seur de Minéralogie à TÉcole des Mines, 164, rue de
Vaugirard, Paris. — D.
Terray ^Alphonse), Industriel, Grenoble, Isère.
^6 VIU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Thevenin ( Armand \ Préparateur au Laboratoire de
Paléontologie du Muséum d'Histoire naturelle, 43,
boulevard Henri IV, Paris. — D.
Thibaud, Maître d'hôtel. Grand-Hôtel. Grenoble, Isère.
Thiéhy (Adolphe», rue Corneille, 7, Paris. — D. (Décédé).
Thiriet (Auguste), Professeur, Conservateur du Musée de
Sedan, Halan-Sedan. Ardennes.
*TuoMAS iH.'. Chef des Iravaux graphiques au Service de
la Carte géologique de France, boulevard Saint-
Michel. ()2, Paris.
*Thomas (Philadeiphe), Docteur en médecine, Tauziès, par
Gaillac, Tarn.
Thomas (Philippe», Vétérinaire principal de i^ classe de
rArfnée, 22''% avenue Rapp, Paris.
TuoRHAND et C'^ Fabricants de ciments, rue de la Liberté,
Grenoble. Isère. — D.
Thouvard-Maktin et C'", Banquiers, Grenoble, Isère.
ToRCAPEL (Alfred), Ingénieur en retraite de la Compagnie
P.-L.-M., rue Joseph Vernet, 36*>K Avignon. Vau-
cluse. — D
*TouRNOUER (André), 43. rue de Lille. Paris.
Trillat (Madame veuve). Maltresse d'hôtel. Hôtel MonneL
Grenoble, Isère.
Truc (Victor), Imprimeur, 5, rue Denfert-Rochereau, Gre-
noble, Isère.
Université de Caen, Calvados, laboratoire de géologie.
Université de Grenoble, Isère. — D.
Université de Lille, Nord. — D.
Vaillant (Léon), Professeur au Muséum d'Histoire natu-
relle, 36, rue GeofIroy-S*-Hilaire, Paris. — D.
Vallier, Directeur de la Succursale de la Société générale,
Grenoble, Isère.
*Vasseur (Gaston). Docteur ès-sciences, Professeur de
géologie k la Faculté des Sciences, boulevard Long-
champs, 110, Marseille, Bouches du-Rhône. — D.
LISTE DBS MEMBRES 47
VÉDiER (Edmond), Administrateur délégué de la Société des
Carrières des Charentes, 4, Rempart de l'Est, Angou-
lème, Charente. — D.
*Vélain (Charles), Professeur de géographie physique à
l'Université (Faculté des Sciences, Sorbonne), 9, rue
Thénard, Paris. — D.
Vernière, Directeur de la Herue tVAucenjne, rue Fonlgière,
Clermont-Ferrand. Puy-de-Dôme.
ViALLET (Félix), Ingénieur-Constructeur, 2, rue d'Échi-
roUes, Grenoble, Isère. — D.
ViALLET (Paul), Brasseur, 33, avenue Alsace-Lorraine, Gre-
noble, Isère.
ViCAT et C'% Fabricants de ciments, Grenoble, Isère. — D.
Vidal de La Blacue, Professeur de géographie à l'Université
(Faculté des Lettres,Sorbonnej,6,rue de Seine, Paris.— D.
ViLLAiN (François), Ingénieur au Corps des Mines, 57,
rue Stanislas, Nancy, Meurthe-et-Moselle.
Voisin (Honoré), Ingénieur en chef des Mines, Ingénieur en
chef de la Compagnie des Mines de la Roche-Molière
et Firminy, Firminy, Loire. — D.
*Wallerant (F.), Malire de conférences à l'École normale
supérieure, 45, rue d'Ulm, Paris.
WûHRER, Graveur, 4, rue de l'Abbé-de l'Épée, Paris. — D.
*Zeiller (René), Ingénieur en chef des Mines, Professeur à
l'École des Mines, 8, rue du Vieux-Colombier, Paris.
ZiPPERLEN (Adolphe), Ingénieur, 21, rue Ballu, Paris.
*Zlrcher (Ph.), Ingénieur en chef des Ponts-et-Chaussées,
Digne, Basses-Alpes. — D.
GRANDE-BRETAGNE
Adiassewich (A.), 5, Fen Court, London, E. C.
Batuer (Francis-Arthur), M. A., British Muséum (Natural
History), South Kensinglon, Cromwell Road, London
S. W.
48 VIII*' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Bauehman (Hilary), Professeur de métallurgie à rOrdûance
Collège, 14, Cavendish Road, Balham, London S.W.
*Blanford (W.-T.), Bedford Gardens, 72, Campden Bill, W.,
Londou .
BowMAN (Herbert-L.), University Muséum, Oxford.
British Muséum Library, London.
British Muséum of natural History , Geological Depart-
ment, London.
*CoLE (A. J. Grenville), Professeur de géologie au Collège
Royal de Science d'Irlande, Royal Collège of Science,
Dublin.
CooMAKA-SwAMY (A. K.), Waldcn, Worplesdon, Guildford.
Ekin (Charles-Fieldhead), Corkran Road, Surbiton, Kings-
ton-on-Tharaes.
*EvANS (sir John), D. C. L., F. R. S., F. G. S., Corres-
pondant de l'Institut de France, à Nash Mills, Hemel-
Hempstead, Hertfordshire.
*EvANs (Lady John), Nash Mills, Hemel-Hempstead .
*Geikie (Sir Archibald), Correspondant de l'Institut de
France, Directeur général du Service géologique de
la Grande-Bretagne, 28, Jermyn street, London S. W.
Graves (Henry-George), Ingénieur, 5, Robert street, Adel-
phi, London W. C.
*Green (Upfield), 8, Bramshill Road Harlesden, London
N. W.
*Hardy (Marcel), Géologue, Geological Survey OlBce,
Sherifl Court Buildings, Edinburgh.
Herries (R. s.), 24, Gloucester Street, London S. W.
HiNTON (Henry Arthur), Professeur de géologie, Royal
Collège of Science, 7, Cranhurst Road, WiUesden
Green, London N. W.
*HoBsoN (Bernard), M. Se, Professeur de géologie à Owens
Collège, Manchester.
HuDLESTON (W. H.), M. A., F. R. S., F. L. S., F. G. S.,
8, Stanhope Gardens, South Kensington, London S. W,
LISTE DES MEMBRES 49
HuLL (Edward), F. R. S., 20, Arundel Gardens, Notting
Hill, London W.
*JoHN8TON (Miss Mary), Hazelwood, Wimbledon Hill, Surrey.
*JoLY (J.), D. Se, F. R. S., Professeur de géologie et miné-
ralogie à Trinity Collège, Dublin.
Jures Browne (Alfred John), Etruria Kents Road, Tor-
quay.
JusTEN (F. W.) (Dulau and C*»), 37, Soho Square, Lon-
don W.
Kynaston (Herbet), B. A., Service géologique d'Ecosse,
Glenlyon House, Dalmally, Argyllshire.
*Llanos (Eduardo), 96, Leadenhall Street, London E. G.
*Louis, D. A., 77, Shirland gardens, London W.
LuBBOCK (The Rt. Hon. Sir John), Bart., P. G., M. P., D. G. L.,
LL. D., F. R. S., F. L. S., F. S. A., 15, Lombard Street,
London E. G.
Medlicott (H. B.), M. A., F. R. S., Directeur du Service
géologique de Tlnde. Gare of MM. H. S. King et G^
65, Gornhill, London E. G.
Owen's GoUege Muséum, Manchester.
♦Palmer (G. W.), M. A., Glifton Gottage, Glifton, Bristol.
*Penteco8t (Rev. Harold), M. A., Glifton Gollege, 32, Gollege
Road, Glifton, Bristol.
Public Library of Manchester, Manchester.
*Read (Motte Alston), Géologue et paléontologue. Union
Bank of London, 2, Prince's Street, London E. G.
*Reynolds (Sidney H.), M. A., Professeur de géologie et
zoologie, University Gollege, Bristol.
SOLLAS (W. J.), D. Se, LL. D., M. A., F. R. S. L. et E.,
Fellow of St. John's Gollege (Cambridge), Professeur
de géologie à l'Université d'Oxford, 169, Woodstock
Road, Oxford.
•Stirrup (M.), Ancien Président de la Société géologique de
Manchester, High Thorn, Stamford Road, Bowdon,
Gheshire .
4.
5o ViU^ CONGRÈS GEOLOGIQUE
Stodges^Figgis, 104, Graplon Street, Dublin, Irlande.
Teal L. (J.-H.), F. R. S., Président de la Société géologique
de Londres, 28, Jermyn street, London S. W.
Temple (Miss Mary), London.
*WuiTE (Joseph Fletcher), F. G.-S., 15, Wentworth street,
S«-John, Wakefield.
*Whitley (Miss Eva), 18, Westbourne Terrace Road, Hyde
Park, London W.
WooDWARD (Henry), LL.D., F.R.S., Conservateur de la
section de géologie au British Muséum, 129, Beaufort
Street, Chelsea, London S. W.
YouNG (Alfred C), Chimiste industriel, 64, Pyrwhitt Road,
SWohn's, London S. E.
ITALIE
^Ambrosioni (Michelangelo), D>^Sc. nat., Merate, Milano.
^Baldacci (Luigi), Ingénieur en chef des mines, Reale Uffîcio
geologico, 1, Via Santa Suzanna, Roma.
Bassani (François), Professeur de géologie et de paléonto-
logie à l'Université royale, Napoli.
*BoNARELLi (D*^ Guido), Reale Museo geologico, Palazzo Cari-
gnano, Torino.
Bossi (Carlo), Ingénieur des Mines, Via due Macelli, 66, Roma.
BoTTi (U.), Reggio, Calabria.
*Canavari (Mario), Professeur de géologie à TUniversité, Pisa.
Capacci (Celso), Ingénieur des Mines, Valfonda, 7, Firenze.
*Capellini (Giovanni), Sénateur, Professeur de géologie à
l'Université, Bologna.
Cattaneo (Roberto), Administrateur délégué de la Société
de Monteponi, 51, via Ospedale, Torino.
CoccHi (J.), Professeur à Tlnstitut des Hautes Études, 51,
Via Pinti, Firenze, Italie.
*Crema (Camillo), Ingénieur au Corps Royal des mines
d'Italie, 32, rue Saluzzo, Torino.
LISTE DBS MEMBRES Ol
"^D'ÂcHiARoi (Giovaaui), Libero Docente de minéralogie à
l'Université, Pisa.
♦Dainelli (Giotto). D' es-sc, 12, Via La Marmora, Firenze.
*De Angelis d'Ossat (G.), Assistant au Cabidet géologique
de l'Université à Rome, Roma.
De Gregorio (marquis Antoine), Directeur des Annales de
fléologie et de paléontoloyie, 128, rue Molo, Palermo.
*De Marchi (M.), Membre de la Société géologique d'Italie,
23, Via Borgo-Nuovo, Milano.
Deryieux (l'abbé Ermanno), Professeur, 34, Via Massena,
Torino.
*De Stéfani (Charles), Professeur de géologie à l'Institut
des Hautes-Études, Firenze.
*Di-Stefano (Giovanni), Paléontologue du Comité géologique
d'Italie, 1, Via Santa-Susanna, Roma.
Ferraris (Erminio), Ingénieur des Mines, Directeur de la
Société de Monteponi, Monteponi, Sardaigne.
*Franchi (Secondo), Ingénieur du corps royal des Mines,
Via Santa Susanna, 1, Roma.
Levi (Baron A. S.), Membre de la Société géologique
d'Italie, 7, Piazza Azeglio, Firenze.
Marchi (P.), Professeur, Président de l'Institut Royal tech-
nique, Firenze.
♦Mattirolo (Hector), Ingénieur des Mines, Via Santa
Susanna, 1, Roma.
♦Mattirolo (Madame Sophie), via Carlo Alberto, 45,
Torino.
Meli (Romolo), Professeur de géologie à l'École Royale
des Ingénieurs, Via Teatro Valle, 51, Roma.
*NicoLis (Enrico), Corte quaranta, Verona.
NovARESE (V.), Ingénieur au Corps Royal des Mines, 1, Via
Santa Susanna, Roma.
Omboni (Giovanni), Professeur de géologie à l'Université,
Padova,
Palopoli (A.), Élève ingénieur des Mines, Roma.
5*2 VIII* CONGRÈS GKOLOGIQUB
Parona (Carlo Fabrizio), Professeur de géologie, Palazzo
Carignano, Torîno.
♦Platania (Gaetano), Professeur d'histoire naturelle au
Lycée, Acireale, Sicile.
PoRTis (Alessandro), Docteur ès-sciences, Professeur de
géologie et paléontologie, à TUniversité de Rome, Roma.
*RivA (D'f Carlo), Libero Docente au Cabinet minéralogique
de rUniversité de Pavie, Pavia.
*Sabatîni (Venturîno), Ingénieur au Corps Royal des Mines
d'Italie, Attaché au Service du Bureau géologique, 1,
via Santa Susanna, Roma.
*Sacco (Federico), Professeur de paléontologie à l'Université,
Palazzo Carignano, Torino.
Société géologique italienne (Aug. Statuti, Ingénieur,
Trésorier), Via Santa Susanna, 1, Roma.
*Stella, 1, via Santa Susanna, Roma.
Tascone (Luigi), Ingénieur assistant à l'Observatoire du
Vésuve, Napoli-Résina.
*Tellinî (Achille), Professeur, D' Se. nat., Institut Royal
technique, Udine.
Vinassa de Régny (D' Paul), Libero Docente de géologie et
paléontologie, Rédacteur de la Rivista Italiana di Paleon-
tologia, Institut géologique de l'Université, Bologna.
♦Zaccagna (Dominique), Ingénieur au Corps Royal des
Mines, Via Santa Susanna, l, Roma.
JAPON
*KocHiBE(Tadatsugu), Ingénieur, Directeur du Service géo-
logique Impérial du Japon, Tokyo.
*Ogawa (Takudzi), Géologue au Service géologique Impé-
rial, Tokyo.
*SuzuKi (Toshi), Directeur des Houillères Wakamatsu^
Kiushu.
*Yamasaki (D' Naomasa), Tokyo.
LISTE DES MEMBRES
53
LUXEMBOURG (GRAND-DUCHÉ DE)
DoNDELiNGER (VictoD, Ingénieur des Mines, Luxembourg.
MEXIQUE
*AGUTr.ERA (José-G.), Directeur de l'Institut géologique natio-
nal'du Mexique, calle del PaseoNuevo, 2, Mexico (D. F.).
*BosE (D»" Eniilio), Géologue de Tlnstitut géologique du
Mexique, Calle del Paseo Nuevo 2, Mexico (D. F.).
*'Sellerier (Carlos), Inspecteur général des Mines, Mexico
(D. F.).
MONACO
S. A. S. le Prince Alrert V' de Monaco, au Palais de
Monaco, — D.
NORWÈGE
*Brôgger (W. C), D' Ph., Professeur de géologie à l'Uni-
versité de Christiania.
*HoMAN (C.-H.), 24, Oscars Gade, Christiania.
*KoLDERUP (C.-F.), Conservateur au Musée, Bergen.
*Reusch (D' H.), Directeur du Service géologique de la
Norwège, Christiania.
*VoGT (J. H. L.), Professeur de métallurgie à l'Université de
Christiania.
PAYS-BAS
♦LoRiÉ (D' J.), Utrecht.
*Martin (K.), Professeur de géologie à l'Université, Leiden.
*Van Calker (F. J. P.), Professeur à l'Université, Gro-
ningue.
*Van der Veur (Guillaume-Jean-George), Capitaine d'artil-
lerie, Willemstad.
54 Vlir CONGRÈS GÉOLOGIQUE
*Van der Veur-Van Walbeck (Madame), à Willemstad.
WicuMANN (Arthur), Professeur à l'Université, Utrecht.
PORTUGAL
*Choffat (Paul), Attaché à la section des Travaux géoiogi-
giques, rua do Arco a Jesu, 113, Lisboa.
Delgado (J.-F.-N.\ Directeur des Travaux géologiques du
Portugal, rua do Arco a Jesu, 113, Lisboa.
*Mendes Guerreiro (J.-V.), Ingénieur en chef de i^^ classe,
14, Caiçada do Sacramento, Lisboa.
Rego Lima (J. M. do), Ingénieur des Mines, Professeur de
géologie et d'exploitation des Mines à l'École militaire,
Lisboa.
RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE
MoLENGRAAFF (D' G. A. F.), Géologuc de l'État de la Répu-
blique Sud-Africaine, Postbus, 436, Pretoria.
ROUMANIE
*Alimanestiano (C), Chef du service des mines, 27, strada
Dômnei, Bucuresci.
*Alimanestiano (Madame Constantin). 27, strada Dômnei,
Bucuresci.
BoTTEA (G), Professeur à l'École des Ponts-et-Chaussées,
7, rue Pitar Mosu, Bucuresci.
*BuTURKANu (Vasile-Constantin), Professeur de minéralogie
et pétrographie, à l'Université de Jassy, Aleca Princesa
Maria, la^i.
*CosTiN Vellea (G.), Professeur de géographie au Lycée
national, lasi.
LicHERDOPOL (J.-P.), Professeur de sciences à l'École de
commerce, rue Dorobanti, 183, Bucuresci.
LISTE DES MEMBRES 55
Mrazec (Louis), Professeur de minéralogie à l'Université,
Calea Dorobantilor, 16, Bucuresci.
*i\IuNTEANu-MuRGOCi (Georges), Assistant de minéralogie et
paléontologie, Bucuresci.
*Popovici-Hatzeg, Chef du Service géologique des mines au
Ministère des Domaines, 10, StradaMonataria, Bucuresci.
*Saabner-Tuduri (D' A.), rue Sàlcûlor, 26, Bucuresci.
*Saabner-Tuduri (Madame Hélène), rue Salcùlor, Bucuresci.
*Stefanescu (Gregoriu), Professeur de géologie à l'Université,
strada Verde, 18, Bucuresci.
Stefanescu (Sabba), Professeur, Lycée Saint- Sa va, rue
Fanlawi, Bucuresci.
RUSSIE
Abramoff (Théodore), Ingénieur des Mines, rue Kirpit-
chnaïa, Novotcherkask.
Agababoff. Ingénieur des Mines, S^-Pétersbourg.
Amalitzky (Vladimir), Professeur de géologie à l'Université,
Varsovie.
Androussow (Nicolas), Professeur de géologie, Mûhlen-
strasse, 4, louriew.
Armachewsky (P.), Professeur à l'Université, Kiefl.
*BocK (Jean), Conseiller d'État actuel, 56, Perspective
Anglaise, S*-Pétersbourg.
BoGOLiouBOw (Nicolas), Assistant au Laboratoire de géologie
de l'Université, Moscou.
Chovansky (Jacob), Ingénieur des Mines du district de
Taganrog-Makeevka (Gouvernement du Don), Novot-
cherkask.
Comité géologique de Russie, S^-Pétersbourg.
De VoGDT (Constantin), Conservateur au Cabinet géologique
de l'Université, au Musée géologique de l'Université,
S^-Pétersbourg.
*Fegr^us (D'Torbern), Société Nobel Frères, S^-Pétersbourg.
56 VIII« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Ghéractmow (Alexandre), Ingénieur des Mines, Comité
géologique, S^-Pétersbourg.
GouROvv (Alexandre), Professeur de géologie à l'Université.
Kharkow.
*Hackmann (Victor-Axel), Docent de minéralogie, Fredsga-
tan, 13, Helsingfors
Inostranzeff (Alexandre), Professeur de géologie à TUniver-
sité,au Musée géologique de rUniversité,S^-Pétersbourg.
*IvvANOFF (Dimitry Lwowitch), Ingénieur des Mines, Con-
seiller d'État actuel. Directeur en chef des Mines de
la Sibérie orientale, Irkoutsk.
*Jacoblkw, Ingénieur des Mines, Géologue du Comité géolo-
gique, S^-Pétersbourg.
*Jakowleff (Demetrius de), Professeur de géographie aux
Instituts du ressort de la chancellerie de S. M. TEmpe-
reur de Russie, S^-Pétersbourg.
*Jakowleff (Madame Anne de), Membre de la Société russe
d'Antropologie, S^-Pétersbourg.
*Jaczewsky (Léonard von), Professeur à l'Ecole des Mines,
Ekhatherinoslaw.
*Karakasch (D' Nicolas), Privat-docent et Conservateur au
Musée géologique de l'Université, S^-Pétersbourg.
*Karpinsky -Alexandre), Directeur du Comité géologique
de Russie, S^-Pétersbourg.
Lamansky (Vladimir), Conservateur au Cabinet géologique
de rUniversité, au Musée géologique de l'Université,
S^-Pélersbourg.
Lazareff (Waldeman, Ingénieur des Mines, Novotcherkask.
Lebedeff (Nicolas). Ingénieur des Mines, Bakou, Caucase.
*LisTow (Juri), Membre des Sociétés Imp. de minéralogie
et de géographie russes, Tscherkassy, Gouvernement
de Kievv.
*Loewinson-Lessing (François), Professeur de minéralogie
à l'Université, louriew.
Maherow (Jacques), (Candidat des sciences naturelles de
l'Université de S'-Pétersbourg, Krasnoîarsk.
LISTE DES MEMBRES 67
Markow (Eugène), D^ phil., 23. Grande Italianskaja, S*
Pétersbourg.
Meister (Alexandre), Ingénieur des Mines, Comité géolo-
gique S^-Pétersbourg.
*MicHALSKY (Alexandre), géologue en chef du Comité géo-
logique de Russie, S^-Pétersbourg.
*MoucHKETOFF (Jcau), Ingénieur des Mines, Professeur de
géologie à l'Institut des Mines, Wassili Ostrow, S^-Péters-
bourg.
*MoucHKETOFF (Dimitri), Étudiant à Tlnstitut des Mines,
Wassili Ostrow, S^- Pétersbourg.
NiKiTiN (S. N.), Géologue en chef du Comité géologique,
S^- Pétersbourg.
*NoRPÉ (Magnus), Ingénieur des Mines, ex-Professeur de
minéralogie, quai de l'Amirauté, 6, S*-Pétersbourg.
*Obroutscheff (Wladimir), Géologue, Ingénieur des Mines,
Zerkownaja, 13, S*-Pélersbourg.
*Orro (C.-M.), Consul, Helsingfors.
*Palmén (Baron Hjalmar-Philippe). Secrétaire à la Chan
cellerie de S. M. l'Empereur pour la Finlande, Galer-
naja, 67, S^- Pétersbourg.
*Pavlow (Alexandre-W.), Privatdocent de géologie à l'Uni
versité, Sadowaja, Spassky pereoulok, maison Lebe-
deff, 3, Moscou.
*Pavlow (Alexis Petrovitch), Professeur de géologie à
l'Université de Moscou, maison Cheremetiev, 34, Che-
meretievvski pereoulok, Moscou.
*Pavlow (Madame Marie W.), Membre de la Société Imp.
des Naturalistes de Moscou, maison (Cheremetiev, 34.
Chemeretievski pereoulok, Moscou.
*PiATNiTZKY (D' Porphiri), Agrégé à l'Université de Khar-
kow, Kharkow.
PoDGAlETSKY (Louis), Ingénieur au corps des Mines,
Directeur de la Société minière du Midi, 66, Myrono-
sitskaja, Kharkow.
58 VIII» CONGRKS GÉOLOGIQUE
*PoNTiATiN (Prince Paul Arsenievitch), Membre de l'Institut
archéologique de Russie, S^-Pétersbourg.
RiTTER (Nicolas), Littérateur, Publiciste, Géologue-natu-
raliste, Ekhatherinoslaw.
RoMANOwsKi (Eugène), Affilié à la Chambre de tutelle de
la Noblesse du District de S^-Pétersbourg, 83. rue
Sadovaya, St-Pétersbourg.
*ScHNABL (Jean), Docteur en médecine. Membre de la
Société des Naturalistes de Varsovie, etc., 59, rue
Faubourg de Cracovie, Varsovie.
*ScHOKALSKY (Jules de), Lieutenant-colonel de la Marine
Impériale Russe, Professeur de géographie physique.
Canal Catherine, 144, S*-Pétersbourg.
*Sederholm (Jakob-Johannes). Directeur de la Commission
géologiquede Finlande, Boulevardsgatan, 29, Helsingfors.
*Skrinnikoff (Al.), Attaché au Cabinet géologique de l'Uni -
versité, Varsovie.
*SousTciiiNSKY (Pierre de). Conservateur au Musée minéra-
logique de TUniversité Impériale de S*-Pétersbourg,
S^-Pétersbourg.
Stahl (Alexandre), Ingénieur des Mines, Puschkinskaja, 4,
S'-l'étersbourg.
Stchirovsky (Wladimir) , Conservateur des collections
géologiques de TUniversité, Moscou
TiMOFEEF, 4, rue Kusnechnaja, Kharkow.
*ToLMATCHEW (Madame Eugénie), née Karpinsky, 1, Quai
Nicolas, SM^étersbourg.
*TouTKOWSKi (Paul), Ex assistant c^ la chaire de géologie de
l'Université de Kiew, boulevard de Bibikow, 62. Kiew.
♦Trîstedt (Otto), Pitkaranta, Finlande.
*ïscHERNYSCHEW (Théodore), N., Géologue en chef du Comité
géologique, S^-Pélersbourg.
*TzwETAEV (Mademoiselle Marie), Professeur au gymnase des
Demoiselles, IV, Moscou.
Venukoff (Paul), Professeur à l'Université de St- Wladimir,
Cabinet géologique de l'Université, Kiew.
LISTE DBS MEMBRES 69
*Vernadsky (Wladimir), Professeur de minéralogie à TUni-
versité de Moscou.
*Wannary (Pierre), Physicien de l'Observatoire physique
central, Institutskaja. dom Janovitch, S^-Pétersbourg.
Zemîatscbensky (Pierre), Professeur de minéralogie à l'Uni-
versité, au Musée géologique de l'Université, S*-Péters-
bourg.
SERBIE
*Antoula (Dimitri-J.), D*" phil., Géologue du service des
Mines, Visnueva ut. G., Belgrade.
Zujovic (J. M.), Professeur, Belgrade.
SUÈDE
*HoGBOM (Arvid-Gustaf), Professeur de minéralogie et géo-
logie, à l'Université d'Upsal, Upsala.
JoHANSSON (K.), Ingénieur des Mines, Wikmanshyttan.
*LiNDVALL (Cari August), Ingénieur, 186, Hornsgatan, Stock-
holm.
*Sjôgren (Hjalmar), Professeur de minéralogie à l'Univer-
sité, Upsala.
SUISSE
*Baltzer (A.), Professeur de géologie à l'Université, Bern.
*BoNARD (Arthur), Assistant au laboratoire de minéralogie
de l'Université, Lausanne.
Brunhes, Professeur i\ l'Université, 314, rue St Pierre,
Fribourg.
DuPARc (Louis), Professeur à l'Université, Genève.
*FiELD (Haviland). Directeur du Concilium bibliographi-
cum, Zurich.
FoREL (D»" F.-A.), Professeur honoraire à l'Université de
Lausanne, Morges.
60 VIII« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
GoLL (Hermann), Paléontologue, avenue de la Gare, 1,
Lausanne.
GoLLiEz (H.), Professeur à TUniversité, Villa Bonaventure,
Lausanne.
Grubenmann (D' Ulric), Professeur à l'École polytechnique
et à l'Université, Tidmattstrasse, 55, Zurich V.
GuTzviLLER (A.)» D"^ phil., Professeur, Ober-Realschule,
Weihervveg, 22. Basel
*HuGi (Emil), Assistant à l'Institut géologique de l'Univer-
sité, Bern.
Jaccârd (Frédéric), Étudiant en sciences, Avenue de la
Gare, 17, Lausanne.
*Laskarew (Wladimir) , 271 , boulevard de Plaimpalais,
Genève.
LuGEON (Maurice), Professeur à l'Université, 3, place
Montbenon, Lausanne.
*Mayer-Eymar (Ch.), D^ Se, Professeur de paléontologie,
Limmatplatz, 34, Zurich.
MiNOD (Henri;, Directeur du Comptoir niinéralogîque et
géologique Suisse, 6, rue St-Léger, Genève.
Renevier (E.) , Professeur de géologie à l'Université.
Lausanne.
ScHARDT (Hans), Professeur de géologie à la Faculté des
Sciences de NeuchAtel , Veyteaux, près Montreux,
Vaud.
*SciiMiDT (D"^ Cari), Professeur de géologie à l'Université,
Hardtstrasse, 107, Basel.
Stehlin (D' Jean Georges), au Musée, Basel.
ZoLLiNGER (D"^ Ph., Edwin), S*-Johannringweg, 104, Basel
RéCAPlTULATlON DB LA LISTB
6l
Récapitulation de la liste générale
des Membres
Algérie-Tunisie
Allemag^ie
Alsace-Lorraine
Argentine (République)
Australie
Autriche-Hongrie
Belgique
Brésil
Bulgarie
Canada
Colombie (Amérique du Sud)
Danemarck
Egypte
Espagne
États-Unis d'Amérique
France
Grande-Bretagpie
Italie
Japon. # .
Luxembourg (Grand Duché de) . . . .
Mexique
Monaco (Principauté de)
Norwège
Pays-Bas
Portugal
République Sud-Africaine
Roumanie
Russie
Serbie
Suède
Suisse
Totaux, .
Membres
inscrits
8
ia4
i4
3
3
45
38
I
I
13
I
2
4
6
69
470
45
43
4
I
3
I
5
6
4
I
i3
63
4
21
IBB
1.016
Membres
présents
4
80
4
I
3
33
33
o
I
5
o
o
I
3
34
167
17
33
4
O
3
o
5
5
3
o
9
36
I
3
7
461
^Bm
6a VIII' c:oNGiiè8 r.ÉOLCNaQUB
Liste des Anciens Présidents des Congrès
MM E. Hébert f, 1878. MM. J. S. NewbeiTV f, 1891.
G. Capellini, 1881. (E. Renevier), 1894.
E. Beyrichf, i885. A. Karpinsky, 1897.
J. Prestwich f, 1888.
I. BUREAU DE LA SESSION DE 1900.
Anciens Présidents des Congrès
M. G. Capellini. M. A. Kai'pinsky.
Président
M. Albert Gaudry.
Vice-Présidents
Allemagne MM.Credner, H.
Lepsius, R .
(von Richlhofen, Baron F.).
Schnieisser.
Zirkel, F.
Von Zittel, K.
Australie (Liversidge, A.).
Autriche-Hongrie. . . . Bôckh, J.
Mojsisovics von Mojsvar, E,
Tietze, E.
Belgique. Mourlon, M.
Renard, A.
Bulgarie Zlatarski, G. N.
Canada Adams, Frank.
Colombie (Saënz, A.).
Danemarck (Ussing, N. V.).
Espagne (Aimera, J.).
Les ptrenthèses indiquent les Présidents et Vice-Présidents, qui n*ont |>as
assisté aux réunions du Congrès, f indique les Présidents décédés.
^
A
LI8TB DES MBMBRBS DU CONSEIL
Etats-Unis .... MM. Hague, A.
Osbom, H. F.
Stevenson, J. J.
France Marcel Bertrand.
Michel-Lévy.
Grande-Bretagne . . . Evans, Sir John.
Geikie, Sir Archibald.
(Teall, J. J. H.).
Indes Britanniques , . . Blanford, W. T.
Italie (Baldaeci, L.).
Cocchi, I.
Mattirolo, H.
Japon Kochibe, T.
Mexique Aguilera, J, G.
Monaco (P*^ de) .... (Monaco, S. A. S. le Prince de).
Norwège Bi'og^er, W. G.
Pays-Bas , Martin, K.
Portugal Choffat, P.
Mendès-Guerreiro, J. V.
Roumanie Stefanescu, G.
Russie Lœwinson-Lessing, F.
Pavlow, A. P.
Sederholm, J. J.
Tschemyschew, J. N.
Serbie (Zujovic, J. M.).
Sud- Africaine (Ri"') . . (Molengraaf, G. A. F.).
Suède Hôgbom, A. G.
Suisse Baitzer, A.
Schmidt, G.
Secrétaire général
M. Charles Barrois.
Secrétaires
MM. Cayeux, L. MM. Thevenin, A.
Crema, G. Thomas, H.
Gâbert, C. Von Arthaber, G.
Pavlow, A. W. Zimniermann, E.
Trésorier
M. Léon Càrez.
64 V1II« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Membres du Conseil de 1900
MM. Bei^eron, J. (Comité d*organisation).
Beyschlag, F. (Allemagne).
Bigot (Comité d'organisation).
Bonaparte (le Prince Roland) (Gomité,d*organisation).
Boule, M. (Comité d*organisation).
Canavari, M. (Italie).
Choquette, Abbé C. P, (Canada).
Damour, A. (Comité d'organisation).
Depéret (Comité d'organisation).
Dollfus, G. (Comité d'organisation).
Douvillé, H. (Comité d'oi^anisation).
Fabre, G. (Comité d'organisation).
Fallot, Ë. (Comité d'oi^anisation).
Fayol, H. (Comité d'organisation).
Ficheur, E. (Comité d'organisation).
Franzenau, A. (Autriche-Hongrie).
Gosselet, J. (Comité d'oi^anisation).
Grand'Eury, C. (Comité d'oi^anisation).
De Grossouvre, A. (Comité d'oi^anisation).
Groth, P. (Allemagne).
Haug, E. (Comité d'organisation).
Janet, L. (Comité d'organisation).
Joly, John, (Grande-Bretagne).
Kilian, W. (Comité d'organisation).
Lacroix, A. (Comité d'organisation),
de Lapparent, A. (Comité d'organisation),
de Launay, L. (Comité d'organisation).
Malaise, C. (Belgique),
de Margerie, E. (Comité d'organisation).
Martel, E. (Comité d'organisation).
Meunier, Stanislas (Comité d'organisation).
Moser, L. (Autiâche-Hongrie).
Munier-Chahiias (Comité d'organisation).
Nivoit (Comité d'organisation).
Oebbeke, K. (Allemagne).
Œhlert, D. P. (Comité d'organisation).
Pari'an, A. (Comité d'organisation).
Pellat, E. (Comité d'organisation).
LISTE DÉS MEMBRES DU CONSEIL 65
MM. Péron, A. (Comité d'organisation).
Popovici-Hatzeg (Uouuianic).
Reinach, A. von (Allemagne).
Reusch, H. (Noi-wège).
Richter, E. (Autriche-Hongrie).
Ries, H. (États-Unis).
Rutot, A. (Belgique).
Sauvage, E. (Comité d'organisation).
Schlumberger, C. id.
Sleinmann, G. (Allemagne).
Szadeczky, J. (Autriche-Hongrie).
Termier, P. (Comité d'organisation).
Van den Broeck, E. (Belgique).
Vasseur, G. (Comité d'organisation).
Vélain, C. id.
Ward, Lester F. (États-Unis).
White, I. C. (États-Unis).
Woldrich, J. N. (Autriche-Hongrie).
Zeiller, R. (Comité d'organisation).
II. DÉLÉGATIONS
Algérie
Gouvernement général de l'Algérie, Service géologique : Ficheur.
Allemagne
Grossherzogthum Baden : D"^ Buchrucker.
Grossherzogliche Hessische Geologische Landesanstalt : R.
Lepsius.
Kônigliche Bayrische Ludwig-Maximilians-Universitat zu Mûn-
chen : P. Groth, K. çon Zittel,
Kônigliche Sachsische Regierung : H, Credner,
Kônigliche technische Hochschule zu Mûnchen : D"^ K. Oebbeke.
Senckenbergische Naturforschei\de Gesellschaft zu Frankfurt-am-
Mein : Baron s>on Reinach.
Argentine (République)
Université nationale de Buenos- Ayres : D' Angel Gallardo.
65 VUI' CON(iHÈS GÉOLOGIQUE
Autriche-Hongrie
Gouvernement impérial : E, Tietze.
K. K. Geologische Reichsanstalt : E, Tietze.
Ministère royal hongrois de Tagriculture : J. de Bôckh.
Musée national Hongrois, Budapest : A. Franzenau,
Université François-Joseph, à Kolozsvar (Hongrie) : D"^ Jules
Szadeczk}'.
Université tchèque de Prague : D"" J.-N. Woldrich.
Australie
Geological Survey of Western Australia, Perth: Hon. U. W. Venn,
Belgique
Ministère de Flndustrie et du Travail : M. Moiirlon.
Société belge de Géologie, Paléontologie et Hydrologie : Michel
Mourlon, Rutot, Van den Broeck.
Bulgarie
Gouvernement de Bulgarie : G. Zlatarski,
Université de Sofia : G. Zlatarski,
Canada
Commission géologique du Canada : A, P. Low.
Gouvernement du Canada : Abbé C. P, Choquette.
Mac Gill University à Montréal ; F' Adams.
Etats-Unis
American Muséum of naturai Histi»ry, New York : H. F. Osborn.
Commission américaine de l'Exposition : V. C, Heikes,
Gouvernement des États-Unis d'Amérique : Bailey Willùs,
Arnold Hague, Lester F, Ward.
New- York Academy of Sciences : /. /. Stevenson, II, F. Osborn.
New- York Mineralogical Club: /.-/. Stevenson, George F. Kunz.
Société géologique d'Amérique : Frank D, Adams, Arthur P,
Colcinan, Arnold Hague, George F, Kunz, Joseph Le Conte,
Albert P. Low, Henry F. Osborn, Ileinrich Ries, John •/.
Stevenson, Israël C. Whitc, A, B, Wilmott.
LISTE DES MEMBRES DU CON8E1L 6^
France
Académie des sciences : Fouqué, de Lapparent,
Ministère de FAgriculture : G. Fabre, Henry,
Ministère de la Guerre : Capitaine Jullien,
Ministère de Tlnstruction publique et des Beaux-Arts : Munier-
Chalmas.
Muséum d'histoire naturelle : Lacroix, Stanislas Meunier,
Société des Agriculteurs de France : E, Caillas,
Société de Géographie de Lille : Delahodde,
Société normande de Géographie : Gaston Routier,
Société des Sciences naturelles des Ardenncs, à Charleville: Bestel,
Société géologique du Nord : Gosselet.
Grande-Bretagne
Gcological Society ofLondon : Sir John Eoans ; J,-J. Harris Teall,
Royal Society of London : Sir Archibald Geikie, John Joly,
J,'J, Harris Teall,
L\:des Britanniques
Gouvernement des Indes britanniques : VV. T. Blanford,
Italie
Académie royale des sciences et des arts de Palerme : Marquis
A. de Gregorio.
Ministère de Tagi^iculture : Capellini,
Société géologique : Capellini, De Angelis, Di Stejano,
Japon
Ministère de l'Agriculture et du Commerce : T. Kochibe,
Société géologique de Tokyo : Yamasaki.
Mexique
Gouvernement du Mexique : José G. Aguilera, Carlos Sellerier,
NORWÈGE
Gouv(M*nemcnt royal de Norwège : W, C Brogger, H, Rcwich.
Service géologique de Xorwègc : H. Re isch,
Pays-Bas
Académie royale des sciences d'Aîusterdam : 1)'' A'. Martin.
68 vlu^ congrès géologique
Portugal
Gouvernement du Portugal : Mendès-Guerreiro.
Roumanie
Gouvernement royal de Roumanie : Popovici Hatzeg,
Ministère du commerce et de l'industrie : C Alimanestiano^
L. Sihleanu.
Académie roumaine de Bucharest : Grégoire Stefanescu,
Russie
Gouvernement de la Russie : A. Karpinsky; T, Tschernyschew,
Société impériale des naturalistes de Moscou : Alexis P. Pavloiv.
Université impériale de Moscou : A. P. Pavlow,
SlAM
Gouvernement Siamois : Warington Smyth,
Sud-Africaine (République)
Gouvernement de la République Sud- Africaine : G. Molengraaff,
Suède
Gouvernement royal de Suède \ A. G. Hogbom; P. G. Rosen,
Suisse
Société géologique suisse : D' G. Schmidt,
DEUXIÈME PARTIE
PREPARATION DU CONGRÈS
Historique
PRÉPARATION DU CONGRÈS
La VIII* Session du Congrès géologique international fut
préparée par les soins des géologues français. Le Comité d^orga-
nisation, délégué à cet effet, fit paraître successivement les cir-
culaires suivantes, dont 5.ooo exemplaires fuirent distribués,
avant le Congrès.
CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL
(VI1I« SESSION 1900).
i'« circulaire. Paris, le 8 janvier 1899.
Sur la proposition des géologues français, le vu» Congrès
géologique international réuni à Saint-Pétersbourg a décidé,
dans la séance du 3 septembre 1897, que sa viii* Session se
tiendrait à Paris en 1900.
Les géologues français ont constitué un Comité d'organi-
sation. Dans une première séance, ce comité a nommé un
bureau et décidé de s'adjoindre les personnes qui pourraient
être utiles à l'organisation du Congrès.
La composition actuelle du Comité d'organisation est la
suivante :
Président :
M. Albert Gauory, membre de Tlnstitut, professeur au Muséum
d'histoire naturelle.
Vice- Présidents :
M. Michel-Lévy, membre de l'Institut, directeur du Service de
la carte géologique.
M. Marcel Bertrand, membre de l'Institut, professeur à l'École
des mines.
73 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Secrétaire général :
M. Charles Barrois, ancien président de la Société g^logique.
Premier secrétaire :
M. Cayeux, préparateur à l'École des mines et à l'École des
ponts et chaussées.
Secrétaires :
M. Léon Bertrand, maître de conférences à TUniversité de Paris.
M. Thevenin, préparateur au Muséum «riiistoire naturelle.
M. Thomas, chef des travaux graphiques au Service de la
carte géologique.
Trésorier :
M. L. Garez, directeur de VAnnucUre géologique.
Membres :
MM. Bréon, collaborateur au Service de la carte géologique.
Bergeron, professeur à TEcole Centrale.
Bigot, professeur à TUniversité de Caen.
Bonaparte (le prince Roland).
Boule (Marcellin), assistant au Muséum d'histoire naturelle.
Carnot, membre de l'Institut, professeur à l'École des mines.
Damour, membre de l'Institut.
Depéret, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté des
sciences de l'Université de Lyon.
DoLLFUS, ancien président de la Société géologique.
DouviLLÉ, professeur à l'École des mines.
Fabre, inspecteur des forêts.
Fayol, directeur de la Société de Commentry-Fourchambault.
FiLHOL, membre de l'Institut, professeur au Muséum.
Fallot, professeur à l'Université de Bordeaux.
FouQUÉ, membre de l'Institut, professeur au Collège de France.
Grossouvre (de), ingénieur en chef des mines à Bourges.
Glangbaud, collaborateur au Service de la carte géologique.
GossELET, correspondant de l'Institut, doyen de la Faculté
des sciences de l'Université de Lille.
Haug, professeur-adjoint à l'Université de Paris.
Hautbfeuille, membre de l'Institut, professeur à l'Université
de Paris.
Janet (Léon), ingénieur au corps des mines.
Jannettaz, ancien président de la Société géologique.
KiLiAN, professeur à l'Universilé de Grenoble.
Lacroix, professeur au Muséum d'Iiistoire naturelle.
Lapparent (de), membre de l'Institut, professeur à l'Institut
catholique de Paris.
Launay (de), professeur à l'Ecole des raines.
Léenhardt, professeur à la Faculté de Montauban.
PRÉPARATION DU CONGRÈS 73
MM. LiNDER, inspecteur général des mines, vice-président du
Conseil supérieur des mines.
LoRY, sous-directeur du Laboratoire de géologie de l'Uni-
versité de Grenoble.
Margerie (de), collaborateur au Service de la carte géologique.
Meunier (Stanislas), professeur au Muséum d'histoire naturelle.
Michel (Léopold), maître de conférences à l'Université de Paris,
Sorbonne.
Milne-Edwards, membre de l'Institut, directeur du Muséum
d'histoire naturelle.
Munier-Chalmas, professeur à l'Université de Paris.
NivoiT, inspecteur général des mines, professeur à l'Ecole
des ponts et chaussées.
Oehlert, correspondant de l'Institut, collaborateur au Service
de la carte géologique.
Paquier, préparateur à la Faculté des sciences de Grenoble.
Parran, ingénieur en chef des mines.
Pellat, ancien président de la Société géologique.
Peron, intendant militaire en retraite.
RiGAUX, géologue à Boulogne-sur-Mer.
RisLER, directeur de l'Institut agronomique.
RouviLLE (de), doyen honoraire de la Faculté des Sciences
de rUniversilé de Montpellier.
Sauvage (D»* E.), directeur des musées de Boulogne.
ScHLUMBERGER, ancien pré.sident de la Société géologique.
Termier, professeur à l'École des Mines.
Vasseur, professeur à l'Université de Marseille.
Vélain, professeur à l'Université de Paris.
Wallerant, maître de conférences à l'École normale supérieure.
Zeiller, professeur à l'Ecole des Mines.
ZûRCHRR, ingénieur en chef des ponts et chaussées à Digne.
Le Président de la Société géologique du Nord.
Le Président de la Société géologique de Normandie.
Le Comité, réuni les ii janvier, 23 février, i3 avril 1898,
a adopté les bases suivantes pour l'organisation du Congrès
géologique international de 1900.
SESSION
Les séances du Congrès s'ouvriront à Paris le iG août et
se termineront le 28 août 1900. La durée de la session per-
mettra aux congressistes de visiter l'Exposition universelle,
d'étudier les musées géologiques et de suivre des courses orga-
nisées aux environs de Paris.
Les séances du Congrès se tiendront dans un pavillon
74 VIU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
spécial dépendant de TExposition : il n'y sera pas organisé
d'exposition permanente. Les membres du Congrès qui vou-
draient exposer des cartes géologiques, coupes, photographies,
échantillons, sont priés de s'adresser au commissaire de leur
pays, qui réservera à leur exposition particulière une place
dans la classe correspondante.
EXCURSIONS
Le Comité d'oi*ganisation, assuré de pouvoir compter sur
le concours de tous les géologues français, sera en mesure de
montrer la géologie de la France entière aux membres du
Congrès. Poui' éviter de trop grandes afïluences et faciliter
les études de détail des spécialistes, il a décidé d'organiser un
grand nombre d'excui^ions simultanées, qui auront lieu avant,
pendant et après le Congrès.
Les excursions seront de deux sortes : générales^ ouvertes
au plus grand nombre de membres possible; spéciales^ réser-
vées aux géologues et auxquelles ne pourront prendre part
plus de vingt personnes.
Les plans des diverses excursions feront Fobjet d'une cir-
culaire ultérieure, qui sera envoyée en 1899, quand les ins-
criptions individuelles seront demandées. Dès à présent, le
Comité peut soumettre à titre documentaire, et sauf modifica-
tions, une liste des excursions qui seront organisées et les
noms des savants qui en ont accepté la direction.
EXCURSIONS GÉNÉRALES
I. Bassin tertiaire parisien
Des courses de 1 à 2 jours seront faites sous la conduite de
MM. Mumbh-Chalmas, Dollfus, L. Janet, dans les gisements
fossilifères principaux des environs de Paris.
M. Stanislas Meunieu conduira une excursion dans le parc de
rÉcole d'agriculture de Grignon avec des conditions exceptionnel-
lement favorables à la récolte des fossiles.
Ces excursions dans le bassin parisien auront lieu pendant la
durée du Congrès, dans les intervalles des jours de séances.
II. Boulonnais et Normandie, sous la conduite de MM. Gossklbt,
Munier-Chalmas, Hiqot, Cayeux, Pellat, Rigaux
Élude des falaises de la Manche et des gisements classiques fossili-
fères des terrains crétacé et jurassique de Boulogne à Caen. — Forma-
tions paléozoïques du Boulonnais et de la Normandie (10 jours).
PREPARATION DU CONGRÈS ^5
III. Massif central, sous la conduite de MM. Michbl-Lévt,
Marcellin Boule, Kabre.
Étude comparée, au point de vue géologique et de la géo-
graphie physique, des trois grandes régions volcaniques du massif
central. Chronologie complète des éruptions depuis le Miocène
jusqu'à la (in du Quaternaire. M. Fabrc continuera l'excursion par
les Causes de la Lozère, les gorges du Tarn et la montagne de
TAigoual (lo jours).
EXCURSIONS SPÉCIALES
f. Ardennes, sous la conduite de M. Gosselet.
Étude stratigraphique du terrain cambrien; succession des étages
dévoniens, leurs faunes et leurs faciès. Phénomènes de métamor-
phisme (huit jours).
II. Picardie, i^ous la conduite de MM. Gosselet, Cateux, Ladrière.
Phosphates crétacés de Picardie. Limons quaternaires du Nord
de la France (6 jours).
III. Bretagne, sous la conduite de M. Charles Barrois.
Succession des formations paléozoïques tossilifères, leurs modi-
fications sous l'influence des granités. Massifs volcaniques pré-
cambriens et cambriens du Trêgorrois. Massifs volcaniques siluriens
du Menez-Hom. Kerzanton de Brest (lo jours).
IV. Mayenne, sous la conduite de M. D. P. Oehlert.
Coupe du bassin de Laval : succession des formations siluro-
cambriennes, étude des principales taunes dévoniennes; série car-
bonifère. Roches cristallines paléozoïques des Coêvrons : roches
éruptives, filons. Relations stratigraphes des terrains secondaires et
tertiaires avec les formations paléozoïques sous-jacentes (8 jours).
y. Types du Turonien de Touraine et du Cônomanien du Mans,
sous la conduite de M. de Grossouvre.
Succession des étages turoniens et sénoniens de la Touraine :
vallée du Cher, Vendôme, Saint-Paterne. Cénomanien de la Sarthe
(6 jours).
yi. Falons de Touraine, sous la conduite de M. Dollfus.
Visite des gisements célèbres les plus fossilifères des Faluns de
Touraine : Pont-Levoy, Manthelan. Leur faune, leur faciès, leur
stratigraphie (4 jours).
yil. Morvan, sous la conduite de MM. V^xain, Peron, Bréon.
Terrains secondaires de la vallée de l'Yonne et région de l'Aval-
tonnais (Auxerre, Vezelay, Mailly-la-Ville). Série liasique et inlra-
liasique de Semur. Traversée du Morvan, failles limitatives, structure
zonaire, succession des lormations éruptives. Bassin permien d*Aulun ;
massif volcanique de la Chaume, près d'Igornay (lo jours).
^6 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Vin. Bassins houillers de Commentry et de Decazeville,
sous la conduite de M. Fatol.
Particularités diverses et mode de iorniation du terrain houiller.
Commentry (3 jours) ; Decazeville (4 jours).
IX. Massif du Mont-Dore, chaîne des Puys et Limagne,
sous la conduite de M. Michel- Lévt.
Élude des volcans à cratères des environs de Clermont ; soubas-
sement granitique avec enclaves de schistes et quarzites métamor
phiques ; phénomènes cndomorphes subis par le granité d'Aydat.
Succession des éruptions du Mont-Dore. Étude des environs d'issoire
et de Périer ; pépérites, basaltes, basaltes et phonolites de la
Limagne (lo jours).
X. Charentes, sous la conduite de M. Glanoe\ud.
Terrain jurassique des Charentes et ses divers faciès, à cépha-
lopodes, à oolites et à récifs coralliens. Terrain crétacé des falaises
des Charentes et leurs faunes de rudistes (8 jours).
XI. Bassin de Bordeaux, sous la conduite de M. Fallût.
Succession des couches du Lutétien au Miocène ; principaux
^'isemcnts fossilifères : Roque-de-Tau et Blaye, Sainte -Croix-du-Mont
et Bazadais. Faluns de Léognan, vallée de Saucats, Salles (6 jours).
XII. Bassins tertiaires du Rhône, terrains secondaires et tertiaires
des Basses- Alpes, sous la conjLluitc de MM. Depéret et Haug.
Bresse méridionale (Pliocène); Bas-Dauphiné (Miocène supérieur);
bassin de Bollène (Pliocène, Miocène, Éocène) ; bassin pliocène de
Théziers, bassin oligocène et miocène de Manosque et de Forcalquier
(8 jours).
Série jurassique fossilifère des environs de Digne, mollasse rouge
et Miocène marin de Tanaron, dislocations à la limite de la zone
du Gapenvais et du Diois (4 jours).
XIII. Alpes du Dauphiné et Mont Blanc^ sous la conduite
de MM. Marcel Bertrand et Kilian.
Grenoble ; chaînes subalpines (Vercors, TÉchaillon, Aizy). Chaîne
de Belledonne ; la Grave. Zone intrà-alpine (grand Galibier). Albert-
ville ; plis couchés du mont Joly et extrémité de la chaîne du
Mont Blanc (lo jours).
XIV. Massif du Pelvoux (Hautes- Alpes), sous la conduite de M. Tbrmikr.
Du Bourg d'Oisans à Vénosc, Saint-Christophe, La Bérarde,
Ailefroide, Vallouisc, Monètier, le Lautarct, la Grave et le Freney.
Schistes métamorphiques et gneiss ; massifs granitiques avec
syénites, diabases et lamprophyres ; Houiller avec éruptions d'ortho-
phyres ; Trias et Lias avec éruptions de mélaphyres (spilites) ;
Jurassique supérieur; Nummuhtique et Flysch ; nombreux problèmes
tectoniques (lo à la jours).
PUÉPARAtlON DU CONGRÈS 7^
XV. Mont Ventouz et Montagne de Lare, sous la conduite
de MM. KiLiAN, Lf.enhahdt, Lort, Paquier.
Orange ; mont Venteux (Urgonien). Montagne de Lure (horizons
du Barréraien). Sisleron ; terrasses fluvio-glaciaires. Devoluy et
Diois ; transgressions et discordance du Crétacé supérieur, de
rÉocène et de l'Oligocène. Cobonne (M'' Sayn) [lo jours].
XVI. Basse-Provence, scus la conduite de MM. Marcel Bertrand, Vasseur
et ZURCHER.
Toulon et le Beausset ; série fossilifère, nappe de recouvrement.
Marseille ; gisements de la Bedoule et des Marligues ; bassin de
Fuveau (Crétacé lacustre). Nappe générale de recouvrement (lo jours).
XVn. Massif de la Montagne -Noire, sous la conduite de M. Brrgehon.
Saint-Pons, Saint-Chinian, Cabrièrcs ; Faléozoïque fossilifère et
métamorphisé ; Jurassique inférieur fossilifère ; Tertiaire fossilifère ;
plis en éventail, écailles (8 jours).
XVIII. Pyrénées (roches cristallines), sous la conduite de M. Lacroix.
La Iherzolite de l'étang de Lherz. Ophites de la Haute-Ariège.
Granité et phénomènes de contact de la haute vallée de l'Oriège :
Quérigut (lo jours).
XIX. Pyrénées (terrains sédimentaires), sous la conduite de M. Garez.
Succession et tectonique des formations éocènes, crétacées et
jurassiques des Corbières, de Foix et des Petites-Pyrénées de la
Haute- Garonne; nombreux gîtes fossilifères. Série nummulitique et
crétacée de Lourdes, Glaciaire, roches éruptives crétacées. Cirque
de Gavarnie, Dévonien fossilifère et Houiller, Crétacé supérieur
et Nummulitique. L'excursion à Gavarnie pourrait être remplacée
par une course dans le Trias, le Crétacé supérieur et le Nummu-
litique de Biarritz (lo jours).
Un livret-guide sommaire, écrit par les directeurs des
diverses excursions, sera mis en vente au commencement de
1900.
Au nom du Comité général d'organisation :
Charles BARROIS, Albert GAUDRY,
Secrétaire général. Membre de l'institut, président.
78 Vm* CONGRÈS (;h:() LOGIQUE
2n'« CIRCULAIRE ENVOYÉE AVANT LE CONGRÈS
Paris, le i5 novembre 1899.
Nous avons l'honneur de vous adresser le programme du
prochain Congrès géologique international, annoncé dans notre
première circulaire de janvier 1899.
Le (^lomité d'organisation fait appel aux géologues et aux
personnes qui, dans tous les pays, s'intéressent aux, applica-
tions de la géologie. 11 vient aujourd'hui solliciter votre
adhésion et vos communications.
La séance d'ouverture aui'a lieu le jeudi 16 août, après-
midi, dans un pavillon de l'Exposition. I^s séances suivantes
se tiendront les 17, 18, 21, 23, 26, 27. 28 août. Les journées
des 19, 20, 22, 24, 2(> aoi\t seront réservées pour permettre
de visiter l'Exposition, d'étudier les musées géologiques, et
de suivre les courses organisées aux environs de Paris.
Nous proposerons qu'outre les Assemblées générales, il y
ait des séances de sections, ainsi réparties :
i^e SECTION : Géologie générale et Tectonique.
2« SECTION : Stratigraphie et Paléontologie.
3® SECTION : Minéralogie et Pétrographie.
4® SECTION : Géologie appliquée et Hydrologie.
Les congressistes ayant des communications à présenter
sont priés d'en aviser le Comité, qui soumettra au Conseil les
ordres du jour des séances.
La cotisation des membres du lutm* Congrès est fixée à
20 francs : elle donne droit au volume des comptes rendus
du Congrès, qui leur sera envoyé gratuitement.
Les excursions organisées par le Comité du Congrès sont
de deux sortes : les unes, générales, ouvertes au plus grand
nombre possible ; les autres, réservées aux spécialistes et
auxquelles ne pourront prendre part plus de vingt personnes.
(ies excursions ont été grouj)ées en plusieurs séries, avant,
pendant et après le Congrès, alin de permettre de suivre
successivement 2 ou 3 excursions dilVérentes. D(î plus, les
conducteurs de quelques-unes des excursions proposées sont
disposés à les refaire une seconde fois, si cela était néces-
sité par le trop grand nombre des inscriptions.
PREPARATION DU CONC.RÊS 79
Un livret-guide des excursions contenant les programmes
scîentiflques, cartes, coupes et descriptions régionales sera
adressé, franc de port, aux membres du Congrès qui en feront
la demande, moyennant le prix de lo francs.
Les prix indiqués pour les excursions ont été établis de
façon à comprendre tous les frais prévus au cours du voyage,
à l'exception des deux routes en chemin de 1er, aller et re-
tour, de Paris ou de la frontière, aux centres d'excursion.
Cette dépense devra être ajoutée à celles qui sont spécifiées
dans la circulaire.
Sur la demande du Comité d'organisation, les compagnies
françaises de chemins de fer ont bien voulu accorder une
réduction de demi-place, pour les excursionnistes, membres
du Congrès.
La date des rendez-vous assignés dans cette lettre est seule
définitive. Le nombre des journées de course et leurs itiné-
raires pourront être modifiés, suivant le temps et les circons-
tances, par entente entre les géologues inscrits et les conduc-
teurs de chaque excursion.
Les personnes qui veulent faire partie du Congrès sont
priées d'envoyer leur adhésion le plus tôt possible au Secré-
taire (M. Charles Barrois, boulevard Saint-Michel, 62, à Paris)
par le moyen du Bulletin ci-inclus, qu'il leur suffira de signer,
en indiquant les excursions qu'elles désirent suivre. Les man-
dats postaux devront être inscrits au nom de M. Léon Carez,
trésorier du Congrès, qui en accusera réception, en envoyant
la carte de membre du Congrès. Le nombre des places étant
limité dans les excursions spéciales, les géologues sont priés
de numéroter les excursions qu'ils désirent suivre, afin de
s'assurer un a« ou un 3® choix, dans le cas où le cadre de
l'excursion choisie par eux en première ligne serait déjà
rempli.
Pour l'organisation des excursions et la préparation des
billets de chemin de fer, il est nécessaire que nous coimais-
sions d'avance le nombre des participants. Les privilèges
réservés aux congressistes ne seront assurés qu'à ceux qui
se seront fait inscrire avant le i®"* juin.
Suivant une décision du Conseil du Congrès de Saint-
Pétersbourg, ceux-là seuls seront considérés comme inscrits
aux excursions, qui auront efièctué à ce sujet un versement
préalable, indépendant du prix de la cotisation et du livret-
8o
Viue CONGRÈS GÉOLOGIQUE
guide. Ce nouveau versement a été fixé à 20 francs par le
Comité d*organisation du Congrès de Paris ; cette somme sera
portée au compte de ceux qui suivront eflectivement les
excursions ; elle diminuera pour eux la dépense des excur-
sions ; elle sera, au contraire, perdue définitivement pour les
personnes inscrites qui n'auraient pas suivi les excursions.
Les futures circulaires du Comité, donnant des renseigne-
ments détaillés sur les séances, les excursions et les loge-
ments ne seront adressés dorénavant qu'aux pei'sonnes qui
auront fait parvenir leur adhésion. Nous pouvons, dès à
présent, faire savoir, à titre documentaire, que par suite d'une
convention avec la Société des Voyages Modernes (1, rue de
l'Echelle , à Paris), les membres du Congrès pourront s'assui'cr,
par son intermédiaii*e, un séjour k Paris, dans des hôtels
confortables, lors du Congrès, aux prix suivants :
Chambre à coucher : depuis 6 francs par jour.
Journée complète : déjeuner, dîner, coucher, depuis i3 francs
par jour.
Le Secrétaire général Le Président du Comité d'organisation^
du Comité d* organisation, Membre de VInstiiut,
Charles BARROIS. Albert GAUDRY.
EXCURSIONS AVANT LE CONGRES.
EXCURSIONS SPÉCIALES.
1. — Ardennes,
sous la conduite de M. Gosselbt.
Stratigraphie des Terrains primaires, carbonifères, dévoniens
et siluriens : leur niétainorpliisme. Tectonique du plateau arden-
nais. Coût approximatif : 180 francs.
Lundi.. . . 6 août : Rendez-vous le soir à AvesneSy hôtel du Nord (i).
— Avesnes, Maubeuge, Ferrières, Bâchant, Avesnes,
— Avesiielles, Baldaquin, Givet.
— Hahtières, Dînant, Gi\?et.
— Fromelcnnes, Vodelée, Romedenne, Givet.
— Vireux, Haybes, Charleville.
— Fumay, Laifour, Dcville, Charleville.
1
8
Mardi ....
Mercredi ,
Jeudi .... 9
Vendredi. 10
Samedi... 11
Dimanche la
(1) Les noms écrits en italiques indiquent les localités où l'on passera
la nuit.
Préparation du congrès
8t
Lundi i3 août : Monthermé, Bogny Château -Renaud, Levrezy,
Braux, Nouzon, Aiglemont^ Charleville,
Mardi i4 — Monlhenné, Hautes-Rivières, Linchamp, Cense-
Jacob, Franchois, Charleville.
II. — Gironde et Tour aine,
lia. — Gironde, sous la conduite de M. E. Fallot.
Succession des couches du Lutétien au Miocène du bassin de
la Gironde : principaux gisements fossilifères. Goût approximatif :
i3o francs.
Vendredi. 3 août
Samedi. . . 4 —
Dimanche 5 —
Lundi .... 6 —
Mardi .... 7 —
Mercredi . 8 —
Jeudi 9 —
Rendez-vous à la Faculté des sciences de Bor-
deaux, 3 heures du soir. Visite des collec-
tions. Cenon, Bordeaux.
Bordeaux à Roque -de -Tau, Piassac, Blaye,
liordeatix.
Gérons, Landiras, Langon, Sainte-Groix-du-Mont,
Lcuigon .
Villandrant et environs, Bordeaux.
Labrède, Saucats, Bordeaux. .
Sarcignan, Léognan, Bordeaux.
Salles, Bordeaux ou Arcachon, à volonté.
Il b. — Touraine, sous la conduite de M. G. Dollfus.
Visite des gîtes du Miocène typique. Goût approximatif : 70 fr.
Samedi... 11 août : Rendez-vous à Tours (hôtel de l'Univers), à
8 h. du matin. Le Louroux, Louhans, Man-
thelan, Lig-neil.
Ferrière-l'Arcan, Paulmy, Tours.
Montrichard, Thenay, Pontlevoy.
Pontlevoy, Sambin, Blois, Paris,
Dimanche 12 —
Lundi i3 —
Mardi ... 14 —
III. — Pyrénées (Roches cristallines),
sous la conduite de M. Lacroix.
Granité et phénomènes de contact de la Haute-Vallée de TOriège
et du pic d'Arbizon (Hautes-Pyrénées). Lherzolite de Tétang de
Lherz, etc., gisement et phénomènes de contact. Ophites de la
Haute- Ariège. Syénite néphélinique et ophite de Pouzac. Goût
approximatif: 200 francs.
Samedi... 4 août : Rendez- vous à Ax-les-Thernies (Ariège)^ hôtel
Boyer, le soir.
5 — Gol de l'Ëstagnet, Ax-les-Thermes .
6 — Ascension à Baxouillade, Ax-les- Thermes.
7 — Prades, Gausson, Tarascon.
8 — Arnave, Arignac, Vicdessos.
Dimanche
Lundi . . . .
Mardi . . . .
Mercredi .
6.
»a
VIU" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Jeudi 9 août
Vendredi. lo —
Samedi. .11 —
Dimanche la —
Lundi i3 —
Mardi i4 —
Sem, Croix- de-Sain te-Tanoque, Rancié, Vicdessos.
Vallée de Suc, Étang de Lherz, Massât.
Massai, Saint-Girons, Bagnères-de-Bigorre,
Pouzac, Campan, Payole,
Cirque d'Arbizon, Payole.
Bagnères-de-Bigorre.
Lundi
5
Mardi
7
Mercredi. .
8
Jeudi
9
Vendredi .
10
Samedi. . .
II
Dimanche.
13
Lundi
i3
Mardi
14
IV. — Aquitaine (Charentes et Dordogne),
sous la conduite de M. Ph. Glanoeaud.
Jurassique et Crétacé de l'Aquitaine : Lias et Jurassique à
Céphalopodes; Jurassique oolitique à récits coralliens. Portlaudien
saumâtre. Faciès divers du Crétacé : zones à Rudistes. Plisse-
ments de la région, failles limites du Plateau central. Coût approxi-
matif : 200 francs.
5 août : Rendez- vous à Saint-Saviol ( Vienne)^ hôtel de
la Gare, le soir.
— Montalembert, Sauzé, Raix, Ruffec. Visite des
collections préhistoriques de M. Chauvet.
— Luxé, Échoizy, Ruelle, Angoulême.
— • Environs à! Angoulême.
— La Rochefoucauld, Angoulême,
— Nontron, MareuîL
— Environs de Mareuil.
— Ribérac, Saint- Cyprien,
— Environs de Saint-Cyprieu, Le Bugne,
V. — Types du Turonien de Touraine et du C6nomanien du Bfana,
sous la conduite de M. de Grossouyre.
Succession des étages turoniens et sénoniens de la Touraine;
série cénomanienne de la Sarthe. Coût approximatif : 80 trancs.
Vendredi . 10 août : Rendez- vous à Tours, le soir, à THôtel de Bor-
deaux.
— Vallée de la Loire aux environs de Tours,
Langeais.
— Saint-Paterne, Le Mans ou La Ferté- Bernard.
Saint-Uphace, Launay, La Ferté- Bernard.
— Connerré, Coudrecieux, Paris.
VI. — Mayenne,
sous la conduite de M. D.-P. OChlert.
Bassin de Laval. Terrains paléozoïques du Précambrien au
Carbonifère, étude de leur faune, de leur succession. Sables
éocènes et pliocènes. Cambrien des Coëvrons. Roches éruptives :
granités, diabases, inicrogranulites, orthophyres. Métamorphisme. Coût
approximatif : 100 francs.
Samedi . . .
11
Dimanche
la
Lundi
i3
Mardi
14
PREPARATION DU CONGRES
83
Jeudi 9 août : Rendez-vous à LavaL^ hôtel de Paris, le soir.
Vendredi .10 —
Samedi ... 1 1 —
Dimanche 12 —
Lundi ... i3 —
Mardi .... 14 —
Sacé, Andouiiié, Saint - Germain - le - FouiUoux,
Laval, Changé, Laval,
Ëntrammes, Meillé-sur-Vicoin, Montigné, Laval.
Voutré, Sillé.
Sillé, Fresnay, Paris,
Vil. — Bretagne,
sous la conduite de M. Charles Barhois.
Succession des formations paléozoïques fossilifères, leur méta-
morphisme. Granités et Gneiss gr an uli tiques. Diorites et Gneiss
amphiboliques. Roches d'épanchement précambriennes et siluriennes,
Laccolites et roches tiloniennes carbonifères : aplites et kerzantons.
Coût approximatif : 220 francs.
Rendez- vous à Quimperlé (Finistère), le soir,
à l'Hôtel du Lion-d*Or.
Départ de la gare, 9 h. matin. Falaises du
Pouldu, Quimperlé,
Quimper, Douarnenez, Menez- Hom, Morgat,
En mer, par bateau au Cap la Chèvre, Fort du
Diable, Camaret, Morgat,
Étude en bateau des falaises dévoniennes de
la rade de Brest, Brest,
Landerneau, La Roche-Maurice, La Forêt,
Brest,
Yfiiniac, Plédran, Saint-Brieuc,
Guingamp, Pontrieux, Roche-Jagu, Saint-Brieuc,
Plerin, Cesson, Saint-Brieuc,
Pontivy, Salles de Rohan, Bon Repos, Auray,
Vallée de TEvel ou monuments mégalithiques du
Morbihan. Visite des Collections du comte
de Limur. Vannes, Clôture.
Samedi . .
4
août
Dimanche
5
—
Lundi
6
.^_
Mardi
7
—
Mercredi. .
1
8
— ,
Jeudi
9
—
Vendredi .
10
_
Samedi. .
II
—
Dimanche
12
—
Lundi
i3
—
Mardi
14
EXCURSIONS PENDANT LE CONGRES
VIII. — Bassin tertiaire parisien.
Des courses de un à deux jours seront faites, pendant les
intervalles des jours de séances du Congrès, dans les gisements
fossilifères principaux des environs de Paris.
VIII a. — Sous la conduite de M. Munier-Cualmas.
Dimanche 19 août : Gisors, Mont-Javoult, Parnes. Sénonien, Tha-
nétien, Yprésien, Lutétien, Bartonien, Ludien,
Oligocène.
84 VIII" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Lundi .... 20 août : Beauvais, pays de Bray. Néocomien, Barréniien,
Albion, Cénonianien, Turonien, Sénonien,
Thanélicn, tourbes actuelles.
Vendredi. 24 — Cuise-la-Motte. Yprésien, Lutétien.
Dimanche 26 — Monl-Bernon. Sparnacien, Lutétien.
Vil! b. — Sous la conduite de M. Léon Janet.
Lundi 20 août : Argenteuil.
Mercredi . 22 — Romainville.
Vlil c. — Sous la conduite du M. Stanislas Mf.umeh.
Mercredi . 22 août : Parc de Grignon.
VI II d. — Sous la conduite de M G. Dollkijs.
Dimanche 19 août : Arcueii-Cachan, Bagneux, Bicêlre.
Vendredi. 24 — Élrechy, Morigny, Étampes.
Dimanche 26 — Méry-sur-Oise, Anvers.
EXCURSlOxXS APRES LE CONGRES
EXCURSIONS GÉiNÉRALES
IX. — Boulonnais et Normandie,
Sous la conduite de MM. Cîosselkt, Munier-Chalmas, Pkllat, Hi(iAUX,
Bigot, Cayeux.
Boulonnais : Terrains primaires, jurassiques et crétacés : suc-
cession des niveaux tossiliCères. Tectonique générale, formation du
ridement et de la dénudation du Bas-Boulonuais.
Coût approximatif : 90 l'rancs.
Normandie : Etude des falaises jurassiques et crétacées de la
Manche : Précambrien, Cambrien. Ordovicien, Gothlandien, Siné-
murien, Charmouthien, Toarcien, Bajocien, Bathonien, Callovien.
Oxlbrdien, Séquanien, Kimméridien. Coût api)roximatif : 120 francs.
Jeudi 3o août : Rendez-vous à 7 heures du matin, place Saint-
Pierre, à Calais. Départ à 7 heures pour
le Blanc-Nez, Escalles, Wissant, Marquise,
Boulogne.
Vendredi. 3i — Boulogne, Haut-Banc, Ferques, Blecquenecques,
CafBers, Boulogne,
Samedi... i*"" sept. : Boulogne, Belle, Le Waast, Pays de Licques,
Boulogne.
Dimanche 2 — Visite du nmsée de Boulogne avec le concours
du D' Sauvage. Excursion au mont Lambert
ou à Alpreck, Boulogne.
PRÉPARATION DU CONCRÈS
85
Mercredi . 5 —
Jeudi 6 —
Vendredi. 7 —
Samedi... 8 —
Lundi 3 sept. : Falaises de Boulogne à Wimereux, Wimilie.
Route de Boulogne au Havre,
Mardi 4 — Visite du musée, course aux environs du Havre,
avec le concours de M. Lennier.
Trouville, Villers-sur-Mer.
ViUers-sur-Mcr, Beuzeval, Banville, Caen.
Tilly-sur-Seulles, Bayeux, Sully, Port-en-Bessin,
Caen.
Vallée de la Laize, May, Caen.
X. — Massif central,
sous la conduite de MM. Michkl-Lévy, Marcellin Boole, Fabre.
Etude comparée, au point de vue géologique et de la géogra-
phie physique, des trois grandes régions volcaniques du Massif
central. Chronologie complète des éruptions depuis le Miocène
jusqu'à la fin du Quaternaire. M. Fabre continuera l'excursion
par les causses de la Lozère, les gorges du Tarn, et la monta-
gne de TAigoual. Coût approximatif : 3oo francs.
Mercredi . 29 août : Rendez- vous à Clermont - Ferrand le soir :
Hôtel de la Poste.
Jeudi. . . . 3o — Clermont- Ferrand, Puy de Dôme, Clermont- Fer-
rand ; Visite des collections de M. Paul Girod.
— Laqueuille, La Bourboule, Mont-Dore, ascension
du Sancy, Mont-Dore.
sept. : Mont-Dore à Bort.
— Bort à Aurillac.
— Aurillac, Vic-sur-Cère, Murât,
— Puy-Mary, Murât,
— Murât, Le Pur-
— Le Mézenc. Le Puy,
— Le Mézenc, Le Puy,
— Le Puy, Langogne, Mende,
— Le Valdonnez, col de Montmirat, Ispagnac,
Sainte-En imie,
— Descente du canon du Tarn, Le Rozier.
— Gorge de la Jonte , grotte de Dargilan ,
Mej-rueis.
— Causse Noir. Perte du Bramabiau, Observatoire
de VAigoual,
— Plateau de TEsperen, cascade d'Orgon, Le Vigan,
XI. — Bassins houillers du Centre de la France,
étudiés en deux excu 1*91008 successives, sous la conduite de MM. Fayol,Grand*Eury.
XI a. — Bassins houillers de Commentry et de Decazeville,
sous la conduite de M. Fayol.
Particularités diverses et mode de formation du terrain houiller
de ces bassins. Coût approximatif : 120 francs.
Vendredi .
3i
Samedi . . .
I"
Dimanche
a
Lundi
3
Mardi
4
Mercredi .
5
Jeudi
6
Vendredi .
7
Samedi.. .
8
Dimanche
9
Lundi
10
Mardi
II
Mercredi .
12
Jeudi
i3
86
vin* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Mercredi . 29 août : Rendez- vous à Commentry, hôtel de la Cou-
ronne, à 7 heures du soir.
Visite du bassin houiller de Commentry. Mont-
luçon (hôtel de France).
Départ de Montiuçon, à 6 h. la matin, pour
Decazeville^ à 5 h. 23 soir.
Jeudi 3o —
Vendredi. 3i —
Samedi ... i*' sept.
Dimanche 2 —
Lundi 3 —
Mardi .... 4 —
f Visite du bassin houiller de Decazeville (hôtel
i des Houillères.)
Départ de Decazevilie, 6 h. i5 matin, pour
Saint-Etienne.
X\ b. — Bassin houiller de la Lioire,
sous la conduite de M. C. GrandTury.
Composition et structure du bassin houiller de la Loire. Tiges
enracinées. Sol de végétation. Formation des couches de houille.
Flore fossile. Végétaux silicifiés. Coût approximatif : 5o francs.
Mercredi . 5 sept. : Montrambert, Saint-Priest, Le Gros , Saint-
Etienne.
Grand'Croix, Rive-de-Gier, Saint- Etienne.
Firminy, La Béraudière, Montmartre, Quartier
Gaillard, l'Eparre, Saint-Etienne,
EXCURSIONS SPÉCIALES
Jeudi 6 —
Vendredi . 7 —
XII.— Bassins tertiaires du Rhône, Terrains secondaires et tertiaires
des Basses-Alpes.
XII a — Bassins tertiaires du Rhône,
sous la conduite de M. Drpéret.
Bresse, Bas-Dauphiné, Bollène, bassin d'Apt, Durance et bassin
de Forcalquier. Coût approximatif : 126 francs.
Jeudi 3o août : Rendez- vous à 12 heures à la Faculté des
sciences de Lyon.
Motion, Meximieux, Lyon.
Saint-Fons, Heyrieu, La Grive Saint- Alban,
Lyon,
Saint-Paul-Trois-Châteaux. Saint-Ferréol, Saint-
Restitut, DoUène.
Théziers, Avignon.
Gargas, Apt.
Mont-Léberon, Cucuron, Pertais.
Forcalquier ou Digne,
Vendredi. 3i —
Samedi. . . i*' sept.
Dimanche 2 —
Lundi . .
Mardi .
Mercredi
3
5
Jeudi 6 —
XII b, — Environs de Digne et de Sisteron,
sous la conduite de M. IIaug.
Région de contact des Chaînes Subalpines et des Hautes-
Chaînes, à Test de Digne et de Sisteron (Série jurassique des
PRÉPARATION DU CONGRÈS 87
Basses- Alpes, Oligocène et Miocène de Tanaron, tectonique). Coût
approximatif : ^5 francs.
Vendredi . 7 sept. : Environs de Dif^ne.
Samedi ... 8 — l^igne, Entrages, Digne,
Dimanche 9 — Digne, Tanaron, Digne,
Landi 10 — Sisteron, La Motte-du-Caire, Faucon, Sisteron.
Mardi 11 — Sisteron, Bayons, Sisteron,
Xin. — Alpes du Dauphin6
autour de Grenoble.
Grenoble a été choisi comme le point de départ et le centre
des quatre excursions suivantes. Rendez- vous à Grenoble le 29 août
au soir (hôtels d'Angleterre, Monnet, Primat, Savoie, Tr ois-Dauphins).
Jeudi 3o août : Réunion le matin à la Faculté des sciences. Visite
des collections. Conférence de M. Primat,
ingénieur des mines , sur l'industrie des
ciments en Dauphiné.
Xllla. — Alpes du Daaphin6 et Mont-Blanc,
sous la conduite de MM. Marcel Bertrand et W. Kilian.
I'* partie, sous la conduite de M. W. Kilian.
Chaînes subalpines (cluses de l'Isère et du Vercors, série juras-
sique supérieure et crétacée à faciès variés). Massifs centraux de
la zone dauphinoise (schistes cristallins^ granité, plis anciens et
alpins). Zone du Briançonnais (structure imbriquée, flysch, série
sédimentaire à faciès briançonnais, malm alpin). Coût approximatif
(3o août au 5 septembre) : iio francs.
Vendredi. 3i août : Cluse de l'Isère, Aizy, L'Echaillon, Saint-Nazaire.
Samedi . . i" sept. : Vercors, Rencurçl, Villard-de-Lans,
Dimanche 2 — La Fange, Col de l'Arc au Sassenage, Grenoble,
Lundi ... 3 — Bourg d'Oisans, Cluse de la Romanche, Freney,
La Grave.
Mardi ... 4 — Col du Lautaret, La Ponsonnière, Le Lautaret,
Mercredi . 5 — Col du Galibier, Valloise, Tunnel du Télégraphe,
Saint-Michel-de-Mauriehne, A Ibertville,
2« partie, sous la conduite de M. Marcel Bertrand : Albertville;
plis couchés du mont Joly et extrémité de la chaîne du Mont-Blanc.
Coût approximatif: 70 francs.
Jeudi 6 sept. : Albertville, Beauforl, Haute-Luce, Lac de la
Girotte.
Vendredi. 7 — Col du Mont Jolly, Nant Borrant.
Samedi . . 8 — Col du Bonhomme, Sud du massif du Mont.
Blanc, Saint-Gervais.
Dimanche 9 — Excursion facultative dans la vallée de l'Arve
ou à Chamonix.
88
vin" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Lundi —
3 sept.
Mardi
4 -
Mercredi .
5 -
Jeudi ....
6 —
Vendredi.
7 —
Samedi . .
8
Dimanche
9 -
Lundi
lo —
Mardi
II —
Mercredi .
12 —
XIII 6. — Lia More, Dôvoiuy et Diois,
sous la conduite de MM. P. Lort, Paquier et Satn.
Massif centrai de la Mure (Schistes cristallins, Houiller, Trias,
Lias). Chaînes subalpines du Bauchalne, Dévoluy, nord-est des
Baronnies et Diois : Jurassique supérieur. Crétacé, Nummulitiquc et
Oligocène ; jdsements du Tilhonique et du Néocomien. Plis et
dômes d'Ages divers, aires synclinales du Diois. Coût approximatif
(3 au la septembre) : 120 francs.
Jeudi 3o août au dimanche 2 septembre : comme XIII a (coût
60 francs).
Grenoble, La Motte, La Mure (M. Lory).
LaiTrey, Champ, Lus,
Cluse du Buëch, Saint- Julien-en-Bauchalne.
Veynes, Entrée du Dévoluy, Montmaur, Veynes,
Villards de Montmaur, Serres (M. Paquier).
Monclus, Col des Tourettes, La Charce, La
Motte-Chalançon .
Establet, Bellegardje, Col de Prémol, Luc-en-Diois.
Châtillon, Menglon, Les Gas, Die.
Sud du Vercors, Gorges de la Roanne, Saillans,
Crest,
Cobonnc, Livron (M. Sayn).
XIII c. — Mont Ventoux et montagne de Liure,
sous la conduite de MM. W. Kilian et P. Léenhardt.
Montagne de Lure. Ventoux ; étude de la série crétacée inférieure
et de ses variations de faciès. Gisements du Barrémien et de TAptien
à céphalopodes. Coût approximatif (du 1 1 au 20 septembre) : i5o fr.
Jeudi 3o août au lundi 10 septembre (voir les excursions précé-
dent<îs XllI a, b).
Rendez-vous à Grenoble, à la Faculté des
Sciences.
Veynes, Sisteron.
Pas de Madame, Saint-Étienne-les-Orgues.
Montagne de Lure, Saint- Étienne-les-Orgues.
Banon, Carniol, Banon.
Apt, Cavaillon.
Orgon, Carpentras,
Sault, Montbrun.
Ventoux, Vaison ou Orange,
Vaison, Orange.
xni ft. — Massif du Pelvoux et Biiançonnais,
sous la conduite de M. P. Termier.
Schistes métamorphiques et gneiss ; massifs granitiques avec
s^énites, diabases et laïuprophyres ; llouiUer avec éruptions d'or-
Mardi.. . . 11 sept.
Mercredi .
12
Jeudi
i3
Vendredi.
14
Samedi . .
i5
Dimanche
16
Lundi
17
Mardi
18
Mercredi .
19
Jeudi ....
20
PRÉPARATION DU CONGRÈS
89
thophyres ; Trias et Lias avec éruptions de mélaphyres (spilites);
Jurassique supérieur ; Nummulilique et Fiysch. Nombreux problèmes
tectoniques. Coût approximatif: aoo francs.
Jeudi 3o août : Comme dans l'excursion XIII a.
Vendredi .
Samedi. . .
Dimanche
Lundi ....
a
3
Mardi .... 4 —
Mercredi .
Jeudi
Vendredi.
5
6
7
Samedi . . 8 —
3i — Bourg-d'Oisans.
I" sept. :Venosc, Saint-Christophe, TAlpe du Pin, Saint-
Christophe.
L'Alpe de Vénosc, Le Freney.
Le Freney à la Grave, glacier de la Meije,
La Grave,
L'Alpe Villard-d' Arène. Bord du massif de Com-
beynot, Le Lautaret,
Le Monôtier, col de rEychauda, Ailefroide.
Vallouise, col de la Pousterle, Vallouise,
Col de Terre-Déserte, monts de rEychauda,
Granges de Fréjus,
Montagnes de Serre-Chevalier et de Prorel,
Driançon,
Dimanche 9 — Mont Genèvre, clôture à Césanne.
m
XIV. — Massif du Mont-Dore, chaîne des Puys et Ldmagne,
sous la conduite de M. MiCHEL-Lévr.
Etude des volcans à cratères des environs de Clermont ;
soubassement granitique avec enclaves de schistes et quarzites
métamorphiques ; phénomènes endomorphes subis par Je granité
d'Aydat. Succession des éruptions du Mont-Dore. Etude des envi-
rons d'Issoire et de Perrier; pépérites, basaltes et phonolites de
la Limagne. Coût approximatif : 180 francs.
Mercredi, ag août : Rendez- vous le soir à Clermont-Ferrand, hôtel
de la Poste.
Clermont au Puy de Dôme par Royat, Font du
Berger, Pariou, Puy Chopine, Cressigny, pla-
teau de Prudelles, Clermont (comme Texcur-
sion X).
Clermont à Romagnat, Opme, Gergovie, Puy de
la Piquette, Veyre-Mouton, Puy de Marman,
Clermont. Visite des collections de M. Paul
Girod.
: Clermont, Aydat, Murols,
Murols, Saut de la Pucellc, Saint-Nectaire, Rei-
gnat, Champeix.
Champeix, Puy de Saint- Sandoux, Perrier,
Issoire, Clermont.
Clermont, La Queuille, Lusclade, la Bour-
boule, plateau de RigoUet, Mont-Dore.
Jeudi. . . 3o —
Vendredi. 3i —
Samedi.. . i*' sept
Dimanche a —
Lundi ....
Mardi
3 -
4 -
90
VU1« CONGRÈS GÉOLOGIQUR
Mercredi . 5 sept. : Mont-Dore, lac de Guéry, Mont-Dore.
Jeudi 6 — Monl-Dore, Grande Cascade, val d'Enfer, Sancy,
M ont' Dore.
XV. — Morvan,
sous la conduite de MM. Vklain, Pâron, Bréon.
Terrains secondaires de la vallée de l'Yonne et région de
l'Avallonais. Série liasique et infra-liasique de Seraur. Collections
paléontologiques d'Auxerre, de Seraur. Traversée du Morvan,
failles limitatives, structure zonaire ; succession des formations
éruptives. Bassin permien d'Autun ; massif volcanique de la
Chaume, près dlgornay. Coût approximatif : i6o francs.
Mercredi . 29 août : Rendez -vous à Auxerrc, Hôtel de l'Epée, à
7 heures du soir.
Environs (f Auxerre et visite des collections
locales, Auxerre,
Mailly - la - Ville , Mailly - le - Château , Merry,
Chatel'Censoir,
Samedi... i«'sept : Gravant, Arcy- sur -Cure, Voutenay, Avallon,
Pontauberl, Vezelay; Pierre-Perthuis, Grand-
Island. Avallon,
Chastellux, Sainl-Martin. Cervon, Larmes.
Lormes, Brassy, Dun-les- Places, Saint-Brisson,
Sauliea,
Les Gravelles , AUigny , Lucenay - l'Evéque ,
Saulieu.
Villargoix, Thoisy-la-Berchère, La Motte, Mon-
tlay, Semiir,
Venarey, Saint -Euphrone, Montigny, Brianny,
Semar,
Époisses, Genay, Pont de Chevigny, visite du
musée, Semur.
XVI. - Picardie,
sous la conduite de M. Gosselet. Cayeux, Ladrièrb.
Jeudi 3o -
Vendredi. 3i —
Samedi... i«'sei
Dimanche 2 —
Lundi
3
Mardi
4
—
Mercredi .
5
—
Jeudi
6
Vendredi .
7
—
Samedi . . .
8
Phosphates
de la France.
Lundi .... 3
Mardi 4
Mercredi . 5
Jeudi 6
Vendredi. 7
Samedi ... 8
crétacés de Picardie. Limons quaternaires du nord
Coût approximatif : 80 francs.
sept. : Rendez-vous à Amiens, le soir, Hôtel de France.
— Amiens, Saint-Acheul, Boves, DouUens.
— Doullens, Auxy-le-Châleau, Amiens.
— Amiens, Péronne, Hem-Monacu, Roisel, Harffi-
courl. Saint -Quentin.
— Saint-Quentin, Etaves, Le Cateau, Maubeuge.
— Environs de Bavai,
PRÉPARATION DU CONGRÈS QI
XVII. — Cavernes de la région des Causses,
soûs la conduite de M. fc.-A. Martel.
Principales cavernes découvertes et explorées depuis 1888 ;
étude spéléologique de ces diverses cavités. Goût approximatif :
i5o francs.
Mercredi . 29 août : Rendez -vous à Meyrueis (Lozère), Hôtel Rey,
le soir.
Jeudi 3o — Bramabiau, Meyrueis.
Vendredi. 3i — Dargilan, Meyrueis,
Samedi... i**" sept. : Aven Armand, Millau.
Dimanche 2 — Tindoul de la Vaissière et rivière souterraine
de Salles-la-Source, Alvignac,
Lundi 3 — Gouffres du Réveillon et de Padirac, Gramat,
Mardi 4 — Gouffres de Bède, les Vitarelles, les Besans,
clôture.
XVIII. — Massif de la Montagne-Noire,
sons la conduite de M. Bergehon.
Succession des assises paléozolques fossilifères du Gambrien à
faune primordiale jusqu'au Permien. Métamorphisme de cette série.
Tectonique : plis en éventail, écailles. Goût approximatif : 180 francs.
Mercredi . 29 août : Rendez-vous à Saint- Pons, hôtel de Notre-
Dame, le soir.
Jeudi 3o — Saint-Pons.
Vendredi. 3i — Saint- Pons, Poussarou, Saint-Chinian.
Samedi. . . lersept. : Saint-Ghinian, Mont-Peyroux, Roquebrun, Mons-
la-Trivalle, Bédarieux.
Dimanche 2 — Laurens, Gabian, Bédarieux.
Lundi 3 — Vailhan.
Mardi et Mercredi 4 et 5 sept. : Gabrières, Ci ermont4* Hérault.
Jeudi 6 sept. : Lodève.
XIX. — Pyrénées (terrains sédimentaires),
sous la conduite de M. L. Garez.
Terrains dévonien, houiller, crétacé supérieur et nummulitique
du cirque de Gavarnie. Série crétacée et nummulitique de Lourdes ;
Glaciaire; roches éruptives d'âge crétacé. Succession et tectonique
des formations jurassiques, crétacées et éocènes de Bag^ères-de-
Bigorre, de la Haute-Garonne, de Foix et des Gorbières.
Variante : au lieu des environs de Gavarnie, on pourrait visi-
ter le Trias, le Grétacé supérieur et le Nummulitique de Biarritz.
Les personnes qui s'inscriront pour cette excursion des Pyrénées
sont priées d'indiquer si elles préfèrent la course de Gavarnie
ou celle de Biarritz ; on fera celle qui sera demandée par la
majorité des adhérents. Goût approximatif : aoo francs.
92»
VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Jeudi 3o août : Rendez-vous à Pierreûtte-Ncstalas, à la gare,
à 12 h. 45. En voilure à Gavarnie,
Vendredi. 3i — - Port de Bouchero, le Taillon, brèche de Roland,
cirque, Pierrefitte,
Samedi. . . i*' sept. : Argelès, Osseu, Lourdes, Adé, Loucrup, Bagne-
reS'de-Bigorrc .
Pouzac, Nodrets, Orignac, Capvern, Saint-
Gaudens.
Saint-Marcet, Tuco, Auzas, Sainl-Martory, Salies-
du-Salat, Betchat, Toulouse,
Pech-de-Foix, Bastié, Foix.
Leychert, Villeneuve-d'Olmes, Benaix, Lavelanet,
Quillan.
Rennes-les-Bains, montagne des Cornes, Sougrai-
gne, Rennes,
Source salée, col de Gapella, pic de Bugarach,
Saint-Paul-de-Fenouillet,
Gorges de Saint -Antoine, Cubières, Saint-
Paul-de-Fenouillet (clôture).
Variante proposée pour les trois premières journées :
Jeudi 3o août : Rendez-vous à la gare de Rayonne, à 11 h. o5
matin. Visite des falaises au nord de Biarritz.
Vendredi. 3i — . Falaises de Biarritz à Ridart, Pau.
Samedi... i*'' sept. : Adé, Lourdes, Osseu, Lugagnan , Juncalas,
Ragnères-de-Rigorre.
Dimanche
'j
Lundi
3
—
Mardi
4
_
Mercredi .
5
Jeudi
6
—
Vendredi .
7
—
Samedi. . .
8
_
XX. — Basse-Provence,
sous la conduite de MM. Marcel Brrtrand, Vassbur, ZOrcokr.
Série triasiquc normale de Toulon ; chevauchements du Reausset,
de la Sainte-Reaume. Série fluvio-lacustre crétacée et tertiaire :
chevauchements de TËtoile. Coût approximatif : i5o francs.
Rendez-vous à Toulon, le dimanche 23 septembre, au soir, au
Grand Hôtel.
Lundi 24 septembre : Toulon, le Beausset,
Mardi et Mercredi a5 et 26 septembre : Le Beausset,
Jeudi 27 sept. : Sainte-Beaume,
Vendredi . 28 — Saint-Zacharie.
Samedi... 29 — Marseille,
Dimanche 3o — Falaises de la Ciotat, en bateau. Marseille^
Lundi et Mardi, i»' et 2 octobre : Marseille,
PRÉPARATION OU CONGRBS 93
S^e CIRCULAIRE ENVOYEE AVANT LE CONGRES
Paris, le i5 Juin 1899.
Nous avons l'honneur de vous communiquer les détails
suivants relatifs à la prochaine session du Congrès géologique
international.
La séance d'ouverture aura lieu le jeudi 16 août, à 4 heures,
dans le Palais des Congrès à l'Exposition (Place de TAlma);
il y sera procédé k l'élection du Bureau et du Conseil ; les
ordres du jour pour toute la session y seront arrêtés.
Les réunions ordinaires du Congrès se tiendront à 2 heures
les 17, 18, 21, îï3, 25, 27, 28 août, dans le même local, ouvert
aux membres du Congrès pendant toute la journée. Ils trou-
veront, à proximité, un bureau de poste, et leur courrier devra
être adressé, Poste restante, Bureau de F Aima, N^ 112, à
V Exposition, Ils pourront encore se réunir, en dehors des
séances, dans une salle réservée à cet effet, au Restaurant des
Congrès,
Les cartes de Membre du Congrès, visées par le Commis-
sariat général de l'Exposition, donneront droit à l'entrée gra-
tuite à l'Exposition pour toute la durée de la session (Entrée
par les deux portes de la Ville de Paris et des Congrès). A
cause des diilicultés qu'il y aurait à obtenir des duplicata de
ces cartes, revêtues du visa, elles ne seront pas expédiées aux
Membres du Congrès, par la poste ; elles leur seront remises,
62, boulevard Saint-Michel, à Paris, à partir du i3 août, en
même temps que la médaille de membre, sur la présentation
des cartes de membres antérieurement envoyées par le trésorier
du Congrès.
Le Conseil (i) est invité à se réunir avant l'ouverture de
la session, le 16 août^ à 10 heures, dans la salle du Congrès
à l'Exposition, pour préparer la constitution du bureau définitif
et fixer Tordre du jour général de la session.
(1) Le ConseU. dans cette séance, avant l'ouverture du Congrès, se com-
pose, aux termes ilu règlement général, des congressistes ayant siégé dans
les précédents Conseils, des délégués des divers pays ou sociétés dûment
accrédités, et des membres du comité régional d'organisation.
c4 VUl" CONÇUES GÉOLOGIQUE
PROGRAMME DU CONGRÈS
L'ordre du jour des séances du Congrès comprendra :
I. Rapport du Coniilé de la Carte géologique d'Europe.
a. Rapport de la Commission de Classiiication stratig^apliique .
3. Rapport de la Commission de Nomenclature des roches.
4. Rapport de la Commission des Glaciers.
5. Rapport de la Commission pour la fondation d'un journal
international de pétrographie.
Le Comité d'organisation de la VIII® session recommande
à la considération des sections du Congrès, les discussions sur
les propositions suivantes, qui leur seront remises imprimées,
avant l'ouverture du Congrès.
Sir Archibald Geikie : De la coopération internationale dans
les investigations géologiques.
T. C. Chamberlin : Patronage des recherches tendant à déter-
miner les faits fondamentaux sur lesquels devra reposer la classi-
ûcation finale .
Commission internationale de pétrographie : Publication d'un
lexique pétrographique international.
D. P, Œhlert et W. Kilian : Réédition, par voie d'abonnement
et par le moyen de la photographie, des types des espèces fossiles.
Les comnmnications annoncées permettent, dès à présent,
d'indiquer les questions suivantes , parmi celles qui fixeront
l'attention du Congrès.
Sur les plus anciennes faunes du globe : MM. C. Z). Walcott,
Matthew^ Ami,
De l'histoire géologique du carbone ; formation de la houille et
du terrain houiller : MM. C. E, Bertrand^ Fajrol, Gosselety Grand"-
Eury, Lemière, Weinschenk,
Sur la formation des océans ; l'Atlantique : MM. Hudleston, Hall.
Géologie des régions nouvellement explorées : Egypte (MM. Hume,
liarron, Beadnell), Oasis sahariennes (M. Flamand), Sahara algé-
rien (M. Rolland), Madagascar (MM. Douvillé, Zeiller, Bouie),
Tonkin (M. ZeiUer).
D'autres comnmnications, sur des sujets divers, ont été
annoncées par MM. Bleicher, Gosselet, Marquis de Greg-orio,
Arnold Hague, J. Joly, Kunz, de Lapparent. Lohest et Forir,
PRÉPARATION DU CONGRÈS 96
Malaise, Stanislas Meunier, Munier-Chalmas, H. F. Osborn,
Parât, V. Raulin, Sabatini, F. Sacco, Vanderveur, Vorwerg.
Une séance pourra être consacrée à des résumés sommaires,
présentés par les conducteurs d'excursions, de la géologie des
régions visitées par le Congrès.
LIVRET-GUIDE
Le Livret-Guide des excursions fournira diverses indications
pratiques pour l'emploi du temps dans les intervalles des
séances, telles que, liste des collections géologiques de l'Ex-
position, visites aux musées et aux écoles, excursions aux
environs de Paris. Il forme un volume de i.oSa pages, ren-
fermant 342 ligures intercalées dans le texte, et est accom-
pagné de 25 planches, phototypies, héliogravures ou chromo-
lithographies. Il est adressé franco à tous les membres du
Congrès au prix de lo francs, versés à M. Carez, trésorier
du Congrès (i8, rue Hamelin). Il est vendu en librairie au
prix de 3o francs.
Ce volume fournit, par le nombre et le choix des contrées
visitées, une description du sol français. Il s'adresse ainsi non
seulement aux excursionnistes pour lesquels il a été écrit,
mais aux bibliothèques, à tous ceux qui, à des titres divers,
désirent posséder un résumé des connaissances actuelles sur
la géologie détaillée de la France. Il comprend 25 notices,
rédigées par les savants chargés de diriger les excursions,
et est le résultat de la collaboration de nombreux géologues
français.
EXCURSIONS
Les inscriptions reçues jusqu'ici (i«'^ juin) atteignent presque
le chiffre de 700; ce nombre permet d'augurer que l'impor-
tance du Congrès ne le cédera pas à celle des assemblées
précédentes.
Le nombre des congressistes inscrits aux diverses excur-
sions, qui auront lieu avant et après le Congrès, est dès à
présent suffisant pour décider que toutes les excursions pré-
parées seront exécutées. Le Secrétaire général a eu l'honneur
d'aviser individuellement tous les membres intéressés : il a été
possible au Comité, grâce aux préparatifs des conducteurs des
excursions spéciales et en forçant dans quelques cas le nombre
96 VIU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
réglementaire des inscriptions, de ranger tous les congressistes
dans les excursions choisies par eux en premier rang. Il na
été fait d'exception que pour Texcursion VII (Bretagne), en
raison du nombre trop considérable des demandes.
Le Comité s'est vu contraint, à son grand regret, d'olTrir
aux per<>onnes inscrites à cette excursion spéciale de suivre,
en août, les excursions choisies par elles en deuxième ou
troisième rang, ou l'excursion supplémentaire aux gîtes miné-
raux métallifères, proposée plus loin. Toutefois, le conducteur
de l'excursion Vil se met personnellement à la disposition des
congressistes inscrits pour refaire une seconde fois la même
tournée, si le nombre des adhérents est suflisant, avant ou
après le Congrès.
Aux excursions précédemment énumérées - et dont le pro-
gramme détaillé a été inséré dans le Livret-Guide, le Comité
d'organisation est aujourd'hui en mesure d'ajouter trois nou-
velles excursions :
Excursion géologique dans l'Exposition : Une visite sera
organisée par les soins du Comité, le 24 août, dans les sec-
tions présentant des échantillons intéressants pour la géologie.
Excursion dans les gîtes mlnéraux métallifères du pla-
teau CENTRAL, SOUS la conduîte de M, L, de Launo}' :
Lundi 6 août : Rendez-vous à Bourges, au train de 5 heures
du matin, pour la Chapeile-Saint-Ursin.
Visite des minerais de fer en grains du Berry. Ancienne raine d'étain
et exploitation d'amblygonite de Montebras. Coucher à Montluçon,
Mardi y août : Source thermale d'Evaux, exemple de g^and
décrochement quarzeux de Château-sur-Cher ; antimoine de la Petite-
Marche. Coucher à Conimentrjr,
Mercredi 8 août : Kaolin des Colettes ; tripoli de Menât. Coucher
à Clermont-Ferrand,
Jeudi g aodt : Antimoine de Massiac, ou bitume du Pont-du-
Château.
Vendredi 10 aodt : Mine de manganèse de Romanèche (Saône-et-
Loire).
Coftt approximatif de l'excursion, de Bourges à Romanèche :
110 francs.
Cette excursion sera organisée définitivement si dix adhé-
PRÉPARATION DU GONGRÂS 97
*
sions arrivent au Secrétariat avant le lo juillet. L*itinëraire
pourrait être aisément modifié, d'un commun accord, pour intro-
duire Texamen des gîtes de houille de Saint-Éloi, le plomb de
Pontgibaud, les sources thermales de Saint-Nectaire, etc.
Excursion aux Baux, sous la conduite de M, E. Pellat .:
La visite des Baux se rattache, à titre facultatif, à Texcur-
sion XX, en Provence; elle aura lieu les 4 et 5 octobre.
SÉJOUR A Paris : En raison du nombre des agences privées
qui s'occupent de trouver des logements à Paris, le Comité d'or-
ganisation a reconnu qu'il n'y avait point avantage à ce qu'il se
chargeât du logement des congressistes à Paris pendant le Congrès.
11 invile les membres du Congrès à entrer individuellement en
relation avec les agences ; il ne peut que rappeler les conditions
avantageuses consenties par la Société des Voyages modernes
(i, rue de l'Échelle, à Paris), dont les prix minima ont été insérés
dans notre dernière circulaire.
Les géologues .français seront heureux de se mettre person-
nellement à la disposition des congressistes qui désireraient
visiter des collections locales en province, ou des localités non
comprises dans le programme of II ciel, ou ces mêmes localités
à un autre moment. Le comité d'organisation s'efforcera de
satisfaire les desiderata qui lui seraient exprimés par un
nombre sufTisant de congressistes.
Au nom du Comité d'organisation du Congrès :
Charles BARROIS, Albert GAUDRY,
Secrétaire général. Membre de l'Institut,
Président.
Le « Livret-guide » donnant l'itinéraire détaillé des excursions
prédédentes et la description des terrains rencontrés, fut envoyé
aux Souscripteurs, en Juin, par les soins des Secrétaires.
\je (^Dmilé d'oi^anisation proposa le programme suivant au
Conseil du Congrès, avant l'ouverture de la session.
98 V1U« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
PROGRAMME
DU
Ville CONGRÈS GÉOLOGIQUE INTERNATIONAL
voté par le Conseil
Jeudi 16 août
4 heures. — Séance d'ouverture au Palais des Congrès (salle C).
a). Discours d'ouverture par M. Karpinsky, président sortant
du Congrès.
5). Constitution du bureau de la 8® Session et du ConseU.
c). Adresse Présidentielle.
d). Rapport du Secrétaire général sur les travaux du Comité
d'organisation.
Après la séance, distribution du programme, des listes des mem-
bres, des rapports des commissions, des mémoires de divers
membres imprimés d'avance par les soins du Comité d'orga-
nisation.
5 heures i/i. — Réception des Congressistes par la Société géolo-
gique de France, dans son nouveau local, rue Serpente, a8.
Vendredi 17 aoiii
9 heures. — (Salle B.) Séance du Conseil au Palais des Congrès.
Les salles B et D seront à la disposition des Membres du Con-
grès, en dehors des heures de séance, pour leur corres-
pondance, les 17 et 18 août.
i heure. — Séance de la Section i de Géologie générale et de Tecto-
nique.
SiR A. Geikie. — De la coopération internationale dans les investi-
gations géologiques.
T. C. Chamberlin. — Patronage des investigations iondamen taies.
J. JoLY. — Mécanisme interne de la sédimentation marine.
Age géologique de la terre ûxé par la teneur en
sodium de la mer.
Sur l'écoulement visqueux des minéraux des roches
à des températures inférieures à leur point de
fusion.
Expériences relatives à la dénudation en eau douce
et dans l'eau salée.
A. DE L APPARENT. — Détlnitiou, pour chacune des périodes de
l'histoire du globe, des contrées où doivent être recherchés
de préférence les arguments sur lesquels on peut fonder la
délimitation précise des étages et sous-éta^^^es géologiques.
PROGRAMME DU CONGRÈS 99
M unier-Chalmas . — Tertiaire parisien. Délimitation des forma-
tions secondaires et tertiaires.
G. Rolland. — Minerai de fer oolithique de l'arrondissement
de Briey.
Stanislas Meunier. — Structure du diluvium de la Seine. —
Phénomènes de la sédimentation souterraine.
Raulin. — Terrains tertiaires de TAquitaine. — Leur classifi-
cation et leur faune d'eau douce.
Bleicher. — Dénudation du plateau lorrain et ses conséquences.
S heures. (Salle D.). — Séance de la Section iil de Minéralogie et
de Pétrographie.
Lacroix. — Rapport de la Commission de pétrographie.
Ch. Barrois. — Présentation des épreuves du Lexique pétro-
graphique de M. Lœwinson-Lessing .
Samedi 18 août
W heures. — Réunion de la Commission de la carte géologique
d'Europe, 6a, Boulevard Saint-Michel.
40 heures. — (Salle B.). — Séance de la Section IV de Géologie
appliquée.
Mourlon. — Les voies nouvelles de la géologie belge.
GossELET. — Minéralisation des eaux profondes.
Van der Veur. — Agrandissement du royaume des Pays-Bas
par le dessèchement du Zuyderzée.
L. Fabre. — Les plateaux des Hautes-Pyrénées et les dunes
de Gascogne.
/ heure. — (Salle B.). — Séance de la Section II de Stratigraphie
et de Paléontologie.
Propositions de MM. Œhlert et Kilian sur la réédition des
types.
C.-E. Bertrand. — Mode de formation de la houille.
Fayol. — Terrains houillcrs du centre de la France.
GossELET. — Terrain houiller.
Grand'Eury. — Formation des couches de houille des bassins
houillers du centre de la France : Tiges dressées et souches
enracinées.
i^EMiÈRE. — Transformations des végétaux en combustibles fos-
siles : rôle des distances et des ferments.
De Gregorio. — Communication d'ordre général.
Ami. * Succession des faunes paléozoïques du Canada.
Malaise. — Le Cambrien et le Silurien de Belgique.
P. CuoFPAT. — Terrain crétacés du Portugal.
B. Rfnault. — Du rôle géologique des Bactériacés fossiles.
lOO VIIl' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
3 heures, — Visites au Muséum d'Histoire naturelle :
.V heures. — Minéralogie (Anciennes galeries).
3 heures 4/2. — Géologie.
4 heures. — Plantes fossiles.
4 heures 1/2. — Paléontologie (Nouvelles galeries).
Dimanche 19 août
Réception, au Palais de TËlysée, des congressistes étrangers, invités
à la fêle offerte par le Président de la République.
Excursion à Gisors, Mont-Javoult, Parnes, sous la conduite de
M. Munier-Chalmas, avec le concours de M. Godin, Maire
de Mout-Javoult, et de M. Pezant. — Départ de Paris (Gare
Saint-Lazare) pour Gisors, à 6 h. lo du matin, arrivée à 8 h. a3 ;
déjeuner et dîner au Mont Javoult. Départ pour Beauvais le
19 au soir, par le train de 9 h. 54 du soir. Arrivée à Beauvais
ù 10 h. 53.
Excursion à Arcueil-Cachan, Bagneux, Bicêtre, sous la direction de
M. Gustave Dollfus. — Départ (ayant déjeuné) de la gare
du Luxembourg (ligne de Sceaux), à 1 h. 2. Retour à Paris
à 5 h. 16 ou 5 h. ^6.
Lundi 20 août
Excursion à Beauvais et au Pays de Bray, sous la conduite de
M. Munieu-Chalmas, avec le concours de M. Charles Janet.
Déjeuner et dîner à Beauvais. Retour de Beauvais par le train
de 10 h. 5 du soir arrivant à Paris à 11 h. a5.
Mardi 21 août
9 heures (Salle A). — Séance du Conseil au Palais des Congrès
40 heures (Salle E). — Séance de la Commission des Glaciers.
40 heures (Salle A). — Séance de la Section 11 de Stratigraphie et
de Paléontologie.
ZiTTML : Rapport de la Commission de nomenclature géolo-
gique.
W.-F. lluME. — Le Sinaï oriental
W.-F. Hume et Barron. — Géologie du désert oriental.
H.-J.-L. Beadnell. — Géologie du désert lybien.
G. Rolland, Flamand. — Géologie de la région S. de rAlg^ric.
Dou VILLE, Boule. — Géologie de Madagascar.
Zeillek. — Plantes fossiles du Tonkin.
Lohest et FoRiR. — Notation chilTrée des terrains.
PROGRAMME OU CONGRÈS loi
A.-P. Pavlow. — Porllandien de Russie comparé à celui du
Boulonnais et d'Angleterre.
Elaboration de la classification génétique des fossiles.
2 heures (Salie A). — Séance de la Section 111 de Minéralogie et
de Pétrographie.
Becke. — Rapport de la Commission du Journal international
de Pétrographie.
Sacco. — Essai d'une classification générale des roches.
Salomon. — Nomenclature des roches de contact.
Wbinschenk. — Sur le dynamométamorphisrae et la piézocris-
tallisation.
Hagub. — Sur les volcans tertiaires de l'Absaroka-Range.
V. Sabatini. — Etat actuel des recherches sur les volcans de
ritalie centrale.
Grenvillb J. Colb. — Nomenclature des roches.
Frank Rutley. — Nomenclature de diverses roches.
9 heures 4/i, — Soirée chez M. et M"*" Albert Gaudry, 7 bis, rue
des Saints-Pères.
Mercredi 22 août
Excursion au Parc de Grrignon sous la conduite de M. Stanislas
Meunier. — Départ de la Gare Montparnasse, à 8 heures 45.
Retour à Paris à 7 heures 3o. Coût approximatif: 6 francs.
Excursion à Argenteuil sous la conduite de M. Léon Janet. —
Étude des gypses parisiens. Départ de Paris (Gare Saint-
Lazare) pour Argenteuil, à 8 heures 35 du matin. On
prendra individuellement ses billets. Retour à Paris à
6 heures i3 ou à 6 heures 4o du soir. Coût de l'excur-
sion : environ 5 francs 5o.
Visites à l'École des Mines, à la Sorbonnc et à Tlnstitut catho-
lique.
Jeadi 23 août
2 htures (Salle A). — Séance de la Section I de Géologie géné-
rale.
Richter. — Rapport de la Commission internationale des
glaciers.
E. HuLL. — Terrasses subocéaniques et vallées des rivières
de la côte occidentale d'Europe.
W. H. HuDLESTON. - La bordure orientale de l'Atlantique.
Rabot. — Sur les glaciers.
102 Vlll*^ COXGUÈS GÉOLOGIQUE
Arctowsky. — Le phénomène glaciaire dans la région
antarctique.
Mrazec. — Terrains salifères de Roumanie.
Popovici-Hatzbg. — Présentation de la carte géologique de
Roumanie .
VoR>vERG. — Sur le pendage des couches.
Abbé Parât. — Observations géologiques dans les grottes
de la Cure. Plateau du N.-W. du Morvan.
GuÉBHARD. — Recoupement et étoilement des plis dans les
Alpes de France.
4 heures. (Salle E). — Séance de la Section IV de Géologie
appliquée.
Van den Brorck. — Géologie appliquée.
KuNZ. — Progrès de la production des pierres précieuses aux
États-Unis.
LÉON Janet. — Communication sur le captage des eaax
potables et sur l'excursion de Montigny-sur-Loing.
De Richard. — Théorie sur la formation du pétrole.
9 heures 4/2, — Réception chez le prince Roland Bonaparte,
Avenue d'Iéna, lo.
Vendredi 24 août
Excursions dans les sections géologiques de l'Exposition sous la
conduite de MM. De Launay, Ramond et Thevenin.
Excursion à Montigny-sur-Loing, sous la conduite de M. Léox
Janet. — Visite des travaux de captage des sources des
vallées du Loing et du Lunain. — Départ de Paris (Gare
de Lyon) pour Montigny, à 9 heures 10 du matin. Un billet
collectif sera pris pour les Congressistes inscrits. Rendez-
vous devant le buffet de la Gare à 8 h. 4o. Retour à Paris
à 5 h. 37 «lu soir. Coût de l'excursion : environ i3 francs.
Excursion à Cuise-la-Motte, .sous la conduite de M. Munier-
Chalmas. — Départ de Paris (Gare du Nord) pour Lamotte-
Breuil, A 7 h. i5 du matin. Changement de train à Com-
piègne pour prendre celui de Lamotte-Breuil à 9 heures a5,
arrivée à 9 heures 45- Déjeuner à Cuise-la-Motte : dîner à
Picrrefonds. Départ de Pierref()n<ls pour Paris par le train de
8 h. 5o, arrivée à Paris à 11 h. 23.
Excursion à Étrechy, Morigny, Étampes, sous la conduite de
M. Gustave Dollfus. — Départ de la Gare d'Orléans à
7 h. 16 du matin. Déjeuner à Morigny, retour à Paris à
6 h. 3o ou à 6 h. 59.
PROGRAMME DU CONGRÈS lo3
Samedi 25 août
40 heures (Salle A). — Séance du Conseil au Palais des Congrès.
4 heure (Salle A). — Séance générale, présentation des rapports
préparés :
i^ par la Commission de nomenclature géologique,
a** par la Commission de la carte géologique d'Europe,
3*^ par la Commission de pétrographie,
4"* par la Commission des glaciers.
Mise aux voix des propositions d'intérêt général de Sir Arch.
Geikie et de MM. Chamberlin, Œhlèrt et Kilian.
5 heures, — Réception à THôtel-dc- Ville par le Conseil municipal
de Paris.
8 heures. — Banquet oiTert à THôtel du Palais d'Orsay par le
Comité d'organisation du Congrès.
Dimanche 26 août
Excursions dans les sections minéralogiques de l'Exposition, sous
la conduite de M. A. Lacroix, et dans les sections géolo-
giques, sous la conduite de M. de Lapparbnt.
Excursion à Anvers, sous la conduite de M. Gustave Dollfus. —
Départ (ayant déjeuné) de la Gare du Nord à i heure.
Retour à Paris à 6 h. ao ou à 6 h. 5o.
Excursion au Mont-Bernon, sous la conduite de M. Munirr-
Chai.mas. — Départ «le Paris (Gare de l'Est), pour Épernay,
à 8 h 3o du matin. Arrivée à Épernay à lo h. 4^. Déjeuner
et dîner à Épernay. Départ d'Épernay pour Paris par le
train de 8 h. 5o, arrivée à Paris à ii h. 23
Excursion à Roraainville, soûs la conduite de M. Léon Janet. —
Étude des gypses parisiens. Départ de Paris (Gare de l'Est)
pour Noisy-le-Sec, à i h. ao du soir. On prendra indivi-
duellement ses billets (aller seulement). Retour à Paris, par
le tramway de Romainville, vers 6 h. i/a du soir. Coût de
l'excursion environ i franc.
Lundi 27 août
40 heures (Salle A). — Séance du Conseil au Palais des Congrès.
i heures. — Séance générale de clôture.
OsBouN. — Corrélation des formations tertiaires d'Europe et
du Nord de l'Amérique.
%
I04 Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Scott. — Faune de Patagonie.
Matthew. — Les plus anciennes faunes paléozoïques.
Walcott. — Formations précambriennes Ibssiliières .
Propositions pour le prochain Congrès.
Une séance générale, dont la date sera fixée ultérieurement, sera
réservée aux congressistes qui désireraient montrer des pro-
jections.
Martrl. — Sur les récentes découvertes de grandes cavernes
et d'abîmes.
Arctowski. — Les glaciers, les terres antarctiques et les
glaces du Pôle Sud.
H.-F. Rrid. — Sur le mouvement et la stratification des gla-
ciers.
Pendant toute la durée du Congrès, les membres seront
admis, sur la présentation de leur carte, à visiter les galeries,
serres et jardins du Muséum d'Histoire naturelle.
Ils seront admis gratuitement dans toutes les sections de
l'Exposition.
TROISIÈME PARTIE
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
I. — PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES DU CONSEIL
PREMIERE SEANCE
i6 août igoo
La séance est ouverte à lo heures, au Palais des Congrès
de TExposition Universelle.
T^ Président du Comité d'organisation souhaite la bien-
venue aux membres du Conseil.
Étaient présents :
Allemagne .
MM. H. Credner.
P. Groth.
Lepsins.
Oebbeke.
Steinmann.
Von Zittel.
Autriche-Hongrie .
MM. Bôckh.
Mojsisovics von Mojsvar.
Moser.
Tietze.
Belgique.
MM. Malaise.
Mourlon.
Renartl.
Rutot.
Van den Broeck.
Canada,
M. TAbbé C. P. Choquette.
États-Unis,
MM. Hague.
Osborn.
France,
MM. Barrois.
Léon Bertrand.
Marcel Bertrand.
Bigot.
Boule.
Carez.
Cayeux.
Douvillé.
Fallot.
Albert Gaudrv.
llaug.
Léon Janet.
io8
Vlir CONGRÈS GÉOLOGIQUE
France (suite)
MM. Kilian.
de Lapparent.
Stanislas Meunier.
Michel Lévy,
Œhlert.
Pellat.
The venin.
Thomas.
Zeiller.
Grande-Bretagne .
Sir John Evai>s.
Sir Archibald Geikie.
Italie.
M. Canavari.
Japon.
M. Kochibe.
Mexique.
M. Agnilera.
Portugal.
MM. ChofFat.
Mendès-Guerreiro .
Roumanie.
MM. Popovici-Hatzeg.
G. Stefanescu.
Russie.
MM. Karpinsky.
Lœwinson-T^ssing.
A. P. Pavlow.
Sederholm.
Tschemyschew.
Suède et Norwège.
M. Brôgger.
Sur la demande du Président, le Secrétaire général donne
lecture de la liste des délégués. Cette liste rectifiée (i), est
donnée plus haut (page 65).
Le Président prie le Secrétaire général de faire connaître
les propositions du Comité d'organisation pour la composition
du Bureau du Congrès. Cette liste, après diverses modifica-
tions, est adoptée par le Conseil qui décide qu'elle sera
soumise à l'approbation des membres du Congi'ès.
Dans la liste, que nous donnons ci-dessous, les noms des
Vice-Présidents absents, n'ayant pas pris part au Congrès,
sont mis entre parenthèses ; l'astérisque indique les anciens
Présidents décédés.
Anciens Présidents des Congrès
MM. E. Hébert f, 1878. MM. J. S. Newberry f, i8()i.
E. Beyrieh f, i885. (E. Renevier), 1894.
J. Prestwich f. ï888.
(1) Par suite d'une inadvertance regrettabief la Société des Sciences natu-
relles de la Charente- Inférieure figure page i5, au lieu de Ûgurer parmi les
délégations page 67, bien qu'ayant délégué un de ses membres, M. Aug. Dollot,
auprès du Congrès.
Sf^ANCRS DU CONSRIL lOQ
BUREAU DE LA VIII' SESSION
Anciens Présidents
M. Capellini. M. Karpinsky.
Président
M. Albert Gaudry.
Secrétaire général
M. Charles Barrois.
Vice-Présidents
Allemagne MM. H. Credner.
Lepsius.
(Baron F. von Richthofen).
Schmeisser.
Zirkel.
Von Zittel.
Australie (Liversidge).
Autriche-Hongrie .... Bôckh.
Mojsisovics von Mojsvar.
Tietze.
Belgique Mourlon.
Renard.
Bulgarie Zlatarski.
Canada Frank Adams.
Colombie (Saênz).
Danemarck (Ussing).
Espagne (Aimera).
Etats-Unis Hague.
Osborn.
Stevenson.
France Michel Lévy.
Marcel Bertrand.
Grande-Bretagne .... Sir Archibald Geikie.
Sir Jolin Evans.
(J. H. Teall).
Indes Britanniques . . . Blanford.
Italie (Baldacci).
Cocchi.
Mattirolo.
IIO Vllie CONGRÈS CKOLOGIQUE
Japon MM. Kochibe.
Mexique Aguilera.
Monaco (P'^ fie) .... (Prince de Monaco).
Norwège Brôgger.
PqyS'has Martin.
Portugal Choflat.
Mendès-Guerreiro.
Roumanie G. Stefanescu.
Russie Lœwinson-Lessing.
A. P. Pavlow.
Sederliolm.
ïschemysche w .
Serbie (Zujovic).
Sud'A/ricaine {R'f"'') . . . (Molengraaf).
Suède Hôgbom.
Suisse Baltzer.
G. Schmidt.
Secrétaires
MM. Gayeux. MM. Thcvenin.
Grema. Thomas.
Gâbert. Von Arthaber.
A. \V. Pavlow. Zimmennann.
Trésorier
M. Léon Garez.
Avant de soumettre au Gonseil le pix)gramme détaillé dos
séances du Gongrès, le Président propose de répartir les com-
munications entre les quatre sections suivantes :
I. Géologie générale et tectonique ;
II. Sti'atigraphie et paléontologie ;
III. Minéralogie et pétrographie ;
IV. Géologie appliquée.
11 propose comme présidents de ces sections : MM. Geikie,
Karpinsky, Schmeisser et Zirkel. Ges propositions sont accei>-
tées par acclamation.
M. Karpinsky s*étant récusé, M. Zittel est choisi comme
pi*ésident de la section de stratigraphie et de paléontologie.
L*oi*dre du jour appelle ensuite la discussion du progi*amme
provisoire élaboré par le Gomité et dont le Secrétaire général
donne lecture.
Ge programme est .adopté par le Gongrès.
Le Secrétaire général:
Gh. Barrois.
s
^
SÉANCES DU CONSEIL III
DEUXIÈME SÉANCE DU CONSEIL
ly août igoo
La séance est ouverte à lo heures du matin, sous la pré-
sidence de M. Albert Gaudry, président.
Étaient présents : MM. von Arthaber, Barrois, Léon Ber-
trand, Marcel Bertrand, Blanford, Bockli, Brôgger, Carez,
Creina, Sir John Evans, Gaudry, Sir Arch. Geikie, Gosselet,
Grand'Eury, Hague, Karpinsky, de Lapparent, Mayer-Eymar,
Mendès-Guerreiro, Stanislas Meunier, Mojsisovics von Mojsvar,
•Mourlon, Œlilert, A. P. Pavlow, Pellat, Popovici Hatzeg,
Renard, Schmeisser, G. Stefanescu, Stevenson, Tietze, The ve-
nin, Tschemyschew, Zittei.
Le procès-verbal de la séance du i6 août est lu et adopté.
Le Président demande au Conseil de fixer la durée des
communications qui seront faites aux séances. Après discus-
sion, il est décidé que les communications orales ne pourront
pas dépasser i5 minutes.
Pour conserver au volume du Compte-Rendu du Congrès
son caractère d'intérêt général, le Conseil vote, après discus-
sion, qu'une feuille d'impression, au maximum, sera accordée
dans ce volume, pour les communications individuelles qui ne
se rapportent pas aux questions générales posées par le Con-
grès.
M. Karpinsky présente le rapport de la Commission russe
sur le prix Léonide SpendiaroQ* et le projet de règlement que
cette Commission a préparé pour rattributioii du prix. Le rap-
port de M. Karpinsky sera imprimé et remis aux membres du
Conseil avant la prochaine séance, qui aura lieu lundi 21 août,
à 9 heures du matin.
Le Secrétaire : A. Tue venin.
Rapport sur le Prix Spendîai*ofl
Présenlé par la Commission russe.
Dans une des séances de la VU® session du Congrès géolo-
gique, M. SpendiaroiT a ollert au Comité géologique de Russie
lia Vlll* CONGItÈS GÉOLOGIQUE
la somme de quatre mille roul)les, à charge, pour ce corps, de
verser les intérêts de la dite somme aux futurs congrès, pour
leur permettre de décerner un prix, en mémoire du fils du
donateur, décédé pendant cette session.
En vertu du vote exprimé j)ar les membres présents, le soin
de proposer un règlement pour ce prix a été confié au bureau
de la session de Saint-Pétersbourg.
La somme libéralement donnée par M. Spendiarofi" a été
déposée au Trésor, en octobre 1897, sous forme de fonds per-
pétuel inaliénable.
Le Comité géologique, en sa qualité d'institution olficielle,
a sollicité la sanction de Sa Majesté l'Empereur pour Taccep-
tatioii dans son administration de la sonmie précitée. En raison
de cette autorisation, M. le Ministre de T Agriculture et des
Domaines a stipulé les clauses suivantes, concernant le prix à
instituer ; elles fixent les conditions sur la base desquelles la
donation a été faite.
Ces clauses sont les suivantes :
1** Les intérêts du capital de quatre mille roubles, offert
par M. Spendiarolf, constitueront un prix, qui portera le nom
du géologue Léonide Spendiarolf.
20 Ce capital, consistant en billets de la Commission d'Amor-
tissement des Dettes de TEtat, et formant un fonds perpétuel,
est déposé au Trésor, et doit y rester à tout jamais inalié-
nable.
3^ La gérance des intérêts du capital appartiendra de droit,
au Comité géologique, ou, en cas de suppression ou de trans-
formation de ce Comité, à Tinstitution du gouvernement à
laquelle seraient confiés les travaux géologiques dans l'Empire.
4** Les intérêts de ce capital accunmlés pendant trois années,
c'est-à-dire dans l'intervalle de deux sessions consécutives du
Congrès géologique international, constitueront un prix triennal.
5° Le droit de décerner ce prix est conféré au Congi'ès
géologique international.
ij^ 11 sera accordé sans aucune distinction de nationalité,
aux auteurs des meilleures œuvres concernant la géologie, ou
aux travaux scientifiques les plus remarquables, sur des ques-
tions proposées à cet efiet, par les Congrès internationaux.
7^ Dans les sessions où le Congrès ne décernerait pas le prix.
SÉANCES DU CONSEIL Il3
la somme affectée serait conservée et contribuerait à augmenter
le capital.
8° Tout changement dans les présents « statuts » ne serait
valable qu'avec l'assentiment du donateur, M. Spendiaroff, ou
celui des descendants de son fils Léonide Spendiaroff.
Le bureau de la Vil® session, n'ayant pas profité, vu le
manque de temps, du droit que lui avait conféré le Congrès,
d'indiquer les thèmes et les conditions exigées pour prendre
part à un concours, propose d'ajouter au capital de fondation
les intérêts arriérés, et de décerner seulement le prix dans la
prochaine session.
Enfin le Bureau de la session de Saint-Pétersbourg, propose
aux* suffrages du Congrès les dispositions suivantes, comme com-
plémentaires des statuts énoncés :
i** Le prix sera décerné par le Congrès, sur les conclusions d'un
jury élu, à chaque session, sur la proposition du Conseil, pour
choisir les lauréats, ou examiner les travaux présentés au con-
cours pendant Tintervalle d'une session à l'autre. Le nombre
des membres de ce jury sera déterminé chaque fois par le
Congrès ;
0.^ Les mémoires destinés aux concours devront être remis
au bureau du dernier Congrès, au nombre de deux exem-
plaires, et au moins un an avant l'ouverture de la session sui-
vante ;
3° Les œuvres traitant les thèmes mis au concours par le
Congrès auront toujours, pour le Jury, un droit de priorité ;
4** Si les œuvres de cette catégorie ne sont pas jugées dignes
du prix, on pourra, sur l'avis du Congrès, couronner les
ouvrages qui auront été reconnus les plus importants par leur
portée scientifique, pendant les cinq dernières années.
TROISIEME SEANCE DU CONSEIL
20 août igoo.
La séance est ouverte à lo heures du matin, sous la présidence
de M. Albert Gaudry, président.
8.
Il4 Vlll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Étaient présents : MM. Alimanestiano, Barrois, Marcel
Hcrlrand, Bôckh, Brôgger, Credner. Fayol, Gaudry, Grand'
Eury, Karpinsky, de Lapparent, Lœwinson-Lessing, Pavlow,
Renard, Gr. Stefaneseu, Stevenson, Tietze, Tlie venin, Tscher-
nyschew, Zittel.
Le procès- verbal de la séance du 17 août est lu et adopté.
Le conseil est appelé à rédiger le règlement du Prix Léonide
Spendiaroff,
M, Karpinsk}^, dont le rapport imprimé par les soins du
secrétariat a été distribué aux membres du Conseil, fait
observer que si les termes de la donation et notamment
l'article 6 sont formels, les motions de la Commission russe
peuvent, au contraire, être discutées.
Tous les articles sont successivement examinés et après
observations de MM. Tschernyschew, Marcel Beftrand, Gr.
Stefanescu, de Lapparent, la rédaction suivante est adoptée :
Art. !«'. — L'attribution du prix par le Congrès doit être
fondée sur les conclusions d'un jury, élu, sur la proposition
du Conseil, à chaque session en vue du prix à décerner dans
la session suivante. Le nombre des membres de ce jury est
déterminé, chaque fois, par le Congrès.
Art. 2. — Les ouvrages présentés pour le concours doivent
être envoyés au secrétaire général du dernier Congrès, au
nombre de deux exemplaires au moins. L'envoi sera fait au
plus tard une année avant la session suivante.
Art. 3. — Le droit de priorité pour obtenir le prix
appailient aux <cuvres traitant les sujets proposés par le
Congrès.
Art. 4- — Si les œuvres de cette catégorie ne sont pas
jugées dignes du prix, le Congrès peut, sur la proposition du
jury, choisir parmi les ouvrages publiés pendant les cinq
années précédentes ceux qui seront reconnus les plus impor-
tants par leur portée scientifique.
M. Barrois propose que ce prix porte le nom de prix
international Spendiaroff. La motion de M. Barrois, mise aux
Toix, est adoptée.
Le Conseil, sur la proposition de M. Karpinsky, décide que
le prix sera décerné dès cette année. Exceptionnellement et,
SÉANCBS DU CONSEIL Il5
pour cette session, le Conseil, fonctionnant comme jury, dési-
gnera le lauréat du prix SpendiarofT.
M. M, Bertrand demande qu'un premier vote ait lieu pour
servir d'indication à une prochaine réunion du Conseil. Sur
la proposition de M. Renard, le vote a lieu au scrutin secret.
Le nombre des votants est de i6. M. Karpinsky obtient 9 voix,
M. Brôgger 4» M. Osborn i, Bulletins blancs 2.
M. Karpinsky remercie le Conseil, mais il exprime le désir
qu'un nouveau vote ait lieu et que le prix ne soit pas attribué
au président du précédent Congrès.
M, Gaudry se fait l'interprète des membres présents en
insistant pour que M. Karpinsky accepte le prix.
II est naturel, dit M. de Lapparent, de choisir le premier
lauréat dans le pays du donateur et de décerner le prix
Spendiaroff* au géologue russe qui a* rendu de si grands
services à la science.
Le nom de M. Karpinsky sera proposé aux suffrages du
prochain Conseil fonctionnant comme jury international.
Le Secrétaire : A. Thevenin.
QUATRIÈME SÉANCE DU CONSEIL
21 août igoo.
La séance est ouverte à 9 hem'es du matin, sous la présidence
de M. Albert Gaudry, président.
Étaient présents : MM. Aguilera, Barrois, Marcel Bertrand,
Blauford, Bôckh, Brôgger, Carez, Cayeux, CliofTat, Gaudry,
Geikie, Mendès-Guerreiro, Hague, Karpinsky, de Lapparent,
Loewinson-Lessing, Martin. Stanislas Meunier, Mojsisovics von
Mojsvar, Pavlow, Pellat, Popovici-Hatzeg, Renard, Sederholm,
Stefanescu, Stirrup, Thevenin, Tietze, Tschernyschew, Zirkel,
Zittel.
Le procès- verbal de la séance du 20 août est lu et adopté.
L'ordre du jour appelle la désignation du lauréat du prix
Léonide SpendiarofT.
M, Karpinsky, désigné comme lauréat, par le vote
du Conseil, à la précédente séance, insiste pour que le prix
soit attribué à un autre géologue. Il croit pouvoir invoquer
les termes de l'article VI de la donation.
Il6 Vlll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
M, de Lapparent exprime à M. Karpinsky les sentiments
du Conseil qui a estimé que Tœuvre scientifique accomplie,
sous la direction de M. Karpinsky, par Tensemble des géolo-
gues russes est de celles auxquelles convient à merveille la
désignation énoncée par l'article VI. En acceptant cette
récompense, tant en son nom personnel que comme représentant
autorisé de la géologie de son pays, M. Karpinsky peut à
la fois rendre service au Congrès, en lui épargnant de faire
cette année un choix difficile et contribuer au progrès de la
géologie, s'il attribue, comme il en a exprimé Tintention, le
montant du prix à un jeune géologue de sa nation, en vue
d'un travail destiné à faire avancer la connaissance du sol russe.
Le président met aux voix la proposition suivante, qui est
adoptée d'une façon unanime :
Le prix international Léonide Spendiaroff est attribué à
M, Karpinsky, président du Comité géologique de Russie.
M. Karpinsky remercie le Conseil. L'honneur, dit-il, ne
s'adresse pas à lui, mais à tous ses confrères du Comité
géologique de Russie. Il demande que le Conseil dispose de
la somme d'argent, montant du prix, en faveur d'un jeane
géologue français ou qu'elle soit réservée pour être décernée à
la session suivante. Il met cette somme à la disposition du
Conseil.
M, Marcel, Bertrand insiste pour que, suivant l'intention
du donataire, le montant du prix reçoive une attribution dès
cette année.
Le Président^ après observation de M. Lepsius, prie le
Comité géologique de Russie de désigner un jeune géologue.
M, Karpinsky demande que cette désignation soit faite par le
Conseil du Congrès et de préférence en faveur d'un jeune
géologue français.
M, Tschernyschew propose que la Société géologique de
France fasse cette attribution. M, Paçlow exprime le vœu
que le président du Congrès se charge de ce soin ; M. A . Gaudr}'
déclare que les géologues français ne sauraient accepter pour
eux-mêmes l'attribution proposée par les savants russes.
Les conditions du prix Spendiaroff pour igoS seront réglées
dans la séance du Conseil du a5 août.
Le Secrétaire: A. Tuevemn.
\
SÉANCES DU CONSEIL 11^
CINQUIÈME SÉANCE DU CONSEIL
23 août iQoo
La séance est ouverte à 9 heures du matin, sous la prési-
dence de M. Albert Gaudry, président.
Étaient présents : MM. Alimanestiano, Barrois, Marcel
Bertrand, Bigot, Blanford, Bôckh, Carez, Cayeux, ChofTat,
Gaudry, Geikie, Mendès-Guerreiro, Haug, Karpinsky, Kilian,
de Lapparent, Mattirolo, Mojsiso vies von Mojsvar, A.-P. Pavlow,
Pellat, Popovici-Hatzeg, Renard, Schmeisser, Sederholm, G.
Stefanescu, Thevenin, Tietze, Tschernyschew.
Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.
M, Tietze, au nom du gouvernement et des géologues autri-
chiens, invite le Congrès à tenir sa neuvième session en 1908
à Vienne. Un Comité d'organisation est déjà constitué ayant
pour président M. Suess et dont M. Tietze est secrétaire général.
M. Albert Gaudry rappelle que c'est par la courtoisie des
savants autrichiens que la session de 1900 a lieu à Paris, il
leur exprime les remerciements des géologues français.
La proposition de M. Tietze, est adoptée à Tunanimité par
le Conseil.
L^invitation des géologues autrichiens sera soumise à l'appro-
bation du Congrès, dans sa dernière séance générale.
M, Marcel Bertrand demande que le Conseil émette un
vœu relatif au lieu de réunion du Congrès en 1906. Le prési-
dent fait observer qu'il est difficile d'émettre un vœu pour
une date si lointaine. Un grand nombre de géologues ont,
dans leurs conversations, désigné la Scandinavie, d'autres le
Japon, d'autres le Mexique.
M. Karpinsky présente un ouvrage intitulé : Aperçu des
explorations géologiques et minières le long du Transsibérien,
publié à Toccasion de l'Exposition de 1900. Il met à la dispo-
sition des membres du Congrès un certain nombre d'exem-
plaires de cet ouvrage.
Le Conseil doit examiner et discuter les conclusions pra-
tiques de l'allocution prononcée par Sir Archibald Geikie à la
première séance de géologie générale.
Il8 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
La première proposition de Sir Archibald Geikie, formulée
de la façon suivante, est votée à l'unanimité :
Le Congrès est d^avis qu'il y a lieu d'établir une plus
grande uniformité dans les études relatives aux lignes de
rivages de l'hémisphère nord. Pour établir cet accord^ le
Conseil propose la nomination d'une Commission interna-
tionale composée de MM. Brogger, Reusch, de Geer, Seder-
holm, Ramsay, Hôgbom, Tsehemyschew, Barrois, Chamberlin.
G. M. Dawson, Geikie, Horne.
Cette Commission pourra, si elle le juge utile, s'adjoindre
de nouveaux membres (droit de cooptation), toutes les fois
qu'elle le jugera nécessaire.
Par suite de ce vote du Conseil, la Commission des lignes
de rivages se trouve constituée. Elle est composée par les
membres suivants :
Angleterre. États- Unis.
o- A 1 u ij f- 1 • ^* Chamberlin.
Sir Archibald Geikie.
M. Home. Norwège.
Canada.
MM. Brogger.
Reusch.
M. G. M. Dawson. Suède.
Russie. M^- ^^ G^^^-
Hogbom.
MM. Tsehemyschew. r,
o , i , France.
Sederholm.
Ramsay.
M. Ch. Barrois.
M. de L apparent, se faisant l'interprète de la plupart des
membres de cette Commission, demande que le Congrès dési-
gne Sir Archibald Geikie comme président, avec mission
d'activer les travaux de la Commission. Cette proposition est
adoptée.
Sir Archibald Geikie fait une deuxième proposition relative
à la création d'une commission internationale de coopération
pour les investigations géologiques.
Le Congrès ayant chargé le Conseil de nommer une com-
mission pour rendre effective sa proposition de coopération
internationale dans les investigations géologiques, il importe
de procéder à la nomination de cette Commission.
SÉANCES DU CONSEIL II9
Les questions qui seront soumises à cette Commission sont
les suivantes :
10 Quelles sont les branches des recherches géologiques
dans lesquelles l'action internationale parait la plus désirable ?
2® Quelles sont les meilleurs moyens pour assurer l'uni-
formité de méthode dans les recherches ? Il importe en effet
que les résultats des investigations poursuivies dans les divers
pays puissent être comparables et coordonnés entre eux, tandis
que d'autre part il faut assurer aux savants des divers pays
une complète liberté de procédure et de publication.
Les dépenses entraînées par les recherches entreprises sur les
indications de la Commission ne devront pas incomber au Con-
grès, mais resteront à la charge des pays qui les auront exécutées.
La Commission pourra s'adjoindre des .nouveaux membres
et devra faire un rapport pour le prochain Congrès.
11 propose de composer cette Commission comme suit :
Allemagne : H. Credner, von Zittel. Autriche- Hongrie :
Mojsisovics von Mojsvar, Tietze. — Angleterre : Geikie, Teall.
— Belgique : Renard. — États-Unis : Walcott, Chamberlin. —
France : Barrois, de Lapparent. — Italie : Capellini. — Russie :
Karpinsky, Alexis Pavlow. — Scandinavie : Brôgger. — Suisse :
Renevier.
Sir Archibald Geikie insiste pour que la commission laisse
à chacun toute liberté ; ce n'est pas une direction, mais une
orientation qu'elle donnera aux travaux.
La proposition de Sir Archibald Geikie, mise aux voix,
est adoptée. Mais la nomination des membres de cette Com-
mission est remise à une autre séance. Sir Archibald Geikie
demande qu'elle ne soit pas trop nombreuse.
Le Secrétaire général donne lecture du mémoire de
M. Chamberlin : Patronage des investigations Jondamentales
en géologie qui a été imprimé et distribué. Après observa-
tions de MM. de Lapparejit, Barrois, Choffat, Tietze, la motion
suivante est votée par le Conseil :
Le Congrès rend hommage aux intentions qui ont inspiré
la proposition de M. Cliamberlin, mais ne croit pas qu'il soit
possible d'y donner suite dans les circonstances actuelles.
M, Karpinsky donne les informations suivantes sur l'ensei-
gnement de la géologie en Russie :
Le Congrès géologique international, réuni à Saint-Péters-
I20 VI U* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
bourg, a voté à runanimiié le vœu que les gouvernements de
tous les pays établissent renseignement de la géologie dans
les classes supérieures des lycées et gymnases. Ce vœu, exposé
à l'assemblée générale de la session par M. Albert Gaudry, est
déjà réalisé en France. En Russie, où depuis longtemps dans
plusieurs écoles les diverses données géologiques font partie des
cours de géographie physique, de cosmographie, etc., on a établi
dernièrement une commission pour la réforme générale des
gymnases et autres écoles d'enseignement moyen. D'après la
demande du Bureau du Congrès, M. le ministre de T Instruction
publique de Russie a transmis la proposition du Congrès à cette
commission, qui a formé une sous-commission sous la prési-
dence de notre confrère M. Pavlow, professeur à l'Univei'sité
de Mo$cou. Le vœu du Congrès est donc en bonne voie de
réalisation, et on ne peut maintenant douter du résultat positif.
Le président remercie M. Karpinsky de ses efforts et le
félicite du résultat déjà obtenu.
M, Gregorio Stefanescu annonce que le vœu du Congrès est
pleinement réalisé en Roumanie où la géologie figure dans les
programmes d'enseignement à tous les degrés.
M. Karpinsky présente un rapport sur la création d'un
Institut flottant international dont le Congrès a voté le principe
à une précédente session, sur la proposition de M. Androussow.
M, Tietze croit que le conseil doit exprimer le regret de ne
pouvoir donner suite à ce projet.
M, de Lapparent est également d'avis que la fondation de
cet institut présente des difficultés insurmontables, les chiffres
même des dépenses à prévoir, cités par M. Karpinsky dans
son rapport, le prouvent. Mais puisque les géologues sont
d'accord sur le principe de la nécessité d'une coopération dans
les recherches relatives aux sédiments, il pense qu'il convien-
drait de renvoyer la question à la Commission dont Sir Archi-
bald Geikie a demandé la nomination.
M. Tschernyschew fait remarquer qu'il existe déjà une Com-
mission internationale pour de semblables recherches dans la
mer du Nord et qu'une conférence a eu lieu à Stockholm.
M. Karpinsky ayant donné lecture des propositions de
M. Androussow, concernant l'Institut flottant, leur étude est
renvoyée à l'examen de la Commission de perfectionnement de
l'œuvT^e des Congrès, qui sera nommée dans la prochaine séance.
Le Secrétaire : A. Thevbnin.
SÉANCES DU CONSF.il 121
SIXIÈME SÉANCE DU CONSEIL
20 août igoo
La séance est ouverte à lo heures, sous la présidence de
Af. Mojsisovics von Mojsvar, vice-président.
Étaient présents : MM. Adams, Aguilera, Alimanestiano,
Barrois, Léon Bertrand, Marcel Bertrand, Bigot, Blanford,
Bôckh, Brôgger, Carez, Cayeux, H. Credner, Depéret, Gaudry,
Geikie, Gosselet, Mendès-Guerreiro, Hague, Haug, Hôgbom,
Kilian, de Lapparent, Lepsius, Lœwinson-Lessing, Mattirolo,
Stanislas Meunier, Mojsisovics von Mojsvar, Mourlon, Œhlert,
Pavlow, Pellat, Popovici-Hatzeg, Reusch, Renard, Sederholm,
Stefanescu, Stevenson, Thevenin. Tietze, Tsernyschew, Van den
Broeck, Lester Ward, Zlatarski, Zirkel.
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
Le Conseil approuve les rapports des commissions interna-
tionales qui seront présentés à la séance générale du q5 août.
Conformément à la décision prise dans la séance du 23, le
Conseil procède à l'élection de la Conunission qui doit rendre
effective la proposition de coopération internationale dans les
investigations géologiques et de perfectionnement de l'œuvre des
Congrès, faite par sir Archibald Geikie.
La liste suivante mise aux voix, est adoptée à une forte
majorité.
Angleterre, France,
Sir Arch. Geikie, Président. MM. Ch. Barrois.
M. J.-J. H. Teall. p^ de Lapparent.
Allemagne, ^^^^.^
MM. H. Credner. ^. ^ ... .
-, ry.^* 1 M. Capellini.
K. von Zittel. ^
Autriche- Hongrie, Norvège et Suède,
MM. E. Mojsisovics von Mojsvar. M. W. C. Brogger.
E. Tietze.
Belgique,
M. A. Renard.
Etats- Unis,
MM. T. C. Chamberlin. Suisse.
C. D. Walcott. M. Renevier.
Russie.
MM. A. Karpinsky.
A. Pavlow.
122 VIII'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Cette Commission, présidée par Sir Arehibald Geikie, aura
le pouvoir de s'adjoindre des membres si elle le juge nécessaire.
M, (Ehlert demande que le Conseil nomme une Commission
chargée d'examiner sa proposition relative à la réédition par
des procédés photographiques des types des espèces fossiles et
de préparer la réalisation de ce projet pour la prochaine ses-
sion du Congrès en iqoS.
M, Kilian, qui avait soumis antérieurement au Comité d'orga-
nisation un projet similaire, se rallie à la proposition de
M- Œhlert pour la publication des types, mais présente deux
autres desiderata qui pourraient être soumis k la même Com-
mission et qui lui paraissent d'une réalisation plus facile :
i** Publication de catalogues et synopsis sous les auspices du
Congrès ; 2" Reproduction photographique des planches des
ouvrages paléontologiques rares.
M. Depéret émet le vœu que chaque grand établissement
scientifique publie le catalogue des types paléontologiques que
renferment ses collections.
La proposition de M. Œlilert, mise aux voix, est adoptée.
La séance, suspendue à 11 heures et demie, est reprise à
I heure.
A la reprise de la séance, M. Œhlert demande que la
Commission chargée d'examiner sa proposition se réunisse avant
1903, pour' pouvoir présenter à Vienne un commencement d'exé-
cution du travail. 11 serait désirable que cette Commission liàtàt
ses travaux autant que l'a fait jusqu'à présent la Commission
de pétrographie.
La (Commission chargée de donner suite à la proposition
de M. (Ehlert sera composée par les personnes suivantes, dont
la liste sera soumise par le Conseil, à la sanction du Congrès.
A ngle terre Delgiq ue,
MM. Hather. MM. Van den Broeck.
Woodward. Fraipont.
Allemagne. États-Unis.
MM. Frech.
Von Zittel.
MM. Walcott.
Williams.
Autriche-Hongrie.
MM. Mojsisovics von Mojsvar. Espagne.
Uhlig. M. Aimera.
SÉANCES DU CONSEIL ia3
France, Russie.
MM. A. Gaudry. MM. A. Pavlow.
Œhlert. Tschernyschew.
Italie, Portugal.
M. Ganavari. M. Ghoflat.
Norwège. Suède,
M. J. Kjôer. M. Lindstrôm.
Roumanie, Suisse,
M. G. $tefanescu. M. De Loriol.
Le Conseil choisit conime président de la (Commission
M. von Zittel, et comme secrétaire M. Œhlert.
Sir Archibald Geikie se fait l'interprète du désir manifesté
par un grand nombre de membres, qu'une prochaine session
du Congrès ait lieu en Scandinavie.
M. Capellini appuie cette motion qui est mise aux voix et
adoptée sous la forme suivante :
« Un grand nombre de membres du Congrès expriment le
désir qu'une très prochaine session ait lieu dans les pays Scan-
dinaves (Suède, Norwège, Danemark). »
M, Rrôgger veut bien se charger d'exprimer aux géologues
Scandinaves, le vœu formulé par le Conseil du Congrès.
M, Tschernyschew soumet à l'approbation du Conseil la liste
suivante pour la composition du jury du prix international
Spendiaroir : •
MM. Albert Gaudry président, Marcel Bertrand, Sir Arch.
Geikie, Karpinsky, Tschernyschew, Zirkel, von Zittel.
Le Secrétaire : A. Thevemn.
SEPTIEME SEANCE DU CONSEIL
2y août igoo,
La séance est ouverte à lo heures du matin, sous la présidence
de M, Albert Gaudry, président.
Étaient présents : MM. Adams, Aguilera, Alimanestiano,
De Angelis d'Ossat, Barrois, Léon Bertrand. Marcel Bertrand,
124 VIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Bôckh, Garez, Cayeux, Credner, Gaudry, Haiig, de Lapparent,
Mattirolo, Mourlon, Œlilert. Pavlow, Pellat, Péron, Sederholm,
Gr. Stefaneseu, Di Stefano, Stevenson, Thevenin, Tietze, Ward,
Zirkel, Zlatarski.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance.
Le Secrétaire général rappelle que, dans cette session du
Gongrès, diverses propositions de coopération internationale
ont été faites. Il demande s*il n'y aurait pas lieu de désigner
une Gommission internationale permanente qui réaliserait la
continuité de Tœuvre des Gongrcs, orienterait les travaux de
la future session, sans toutefois les diriger ; elle aiderait
ainsi, dans une certaine mesure, le Gomité d'organisation
souvent trop absorbé par des questions d'ordre matériel.
M, de Lapparent estime qu'il ne faut pas intervenir dans
la direction intellectuelle du Gongrès d'une façon trop sensible :
il demande seulement que, dans l'intervalle de deux sessions,
le Bureau de la précédente session soit chargé de continuer
son œuvre et de veiller à l'exécution des décisions du Gongrès.
MM, Marcel Bertrand et Tietze appuient cette proposition,
qui est mise aux voix et adoptée : « Le Bureau sortant est
chargé de veiller à l'exécution des décisions du précédent Gon-
grès, jusqu'à la réunion suivante. »
Le Gonseil approuve l'ordre du jour de la séance de clô-
ture du Gongrès, présenté par le Secrétaire général.
Le Secrétaire : A. The\'enin.
SÉANCES GÉNÉRALES 125
II. — PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES GÉNÉRALES
SÉANCE D OUVERTURE
i6 août igoo,
La séance est ouverte à quatre heures, au palais des
Congrès, sous la présidence de M. Leygues, Ministre de l'Ins-
truction publique.
M. Karpinsky, président de la dernière session du Congrès
à Saint-Pétersbourg, prononce Tallocution suivante :
MESDABfES ET MESSIEURS,
En payant mon tribut d'admiration à ce beau pays, mon
premier devoir et mon meilleur plaisir sont de saluer tous
les confrères qui s'y trouvent réunis et d'exprimer, au nom
de cette nombreuse et savante assemblée, notre profonde
reconnaissance aux organisateurs du VHP Congrès géologique,
nos éminents collègues, MM. Albert Gaudry, Michel-Lévy, Marcel
Bertrand, Charles Barrois et leui^s collaborateurs.
En passant dans les rues de cette ville admirable, on
aperçoit souvent des inscriptions où le mot « fraternité »
resplendit comme une devise nationale des Français. Cette
douce parole peut servir aussi de devise internationale aux
hommes de la science.
S'il est parfois difficile, dans les travaux historiques et
dans certaines œuvres des sciences politiques, d'éviter diverses
influences accessoires, extra-scientifiques, nos méthodes dans
les sciences positives ne donnent définitivement place qu'à la
vérité absolue ; la vraie science ne connaît aucun préjugé
national.
Aussi, quelle joie unanime suscitent, dans le monde entier,
les grandes découvertes, quelle que soit la nationalité du
savant qui les a faites ; et quelle haute considération recueillent
les grands noms scientifiques, sans qu'on s'enquière même du
pays d'origine du savant qui les porte ! Et il est souvent arrivé
que des hommes de science acquéraient d'abord les honneurs
qu'ils méritaient, en dehors de leur patrie. Il est connu
uS T11I« COXGRÊS GÉOLOGlQCrB
d'ailleurs que les recherches scientifiques rencontrent quelquefois
dans les pays de leurs auteurs une critique plus sévère et
nioin^ juste que dans la littérature étran^re.
(Test le besoin de travailler fratemeUenient qui a créé les
Congrès, entre confrères scientifiques de toutes nations : c'e>t
ce besoin, comme l'a dit l'un des maîtres de notre science à
propos de la précédente session gét^li^^ue. qui augmente
chaque année le n«>mbre de nos adeptes.
Les vrais savants sont des partisans de la vérité dans
tontes SCS manifestations, et. par suite, de la justice même.
Nous pouvons nous compter heureux, nous. qui. réunis ici
pour nus buts scientifiques spéciaux, faisons en même temp»
un travail plus haut, tendant à la conlirmatiou de la fraternité
générale.
N'est ce pas un témoignage particulier de sympathie des
gét>logu€s français envers leurs collègues étrangers que, pen-
dant la courte période de l'existence des Gongrès géologiques,
ils nous olTrent Thospitilité pour la seconde fois!
L'organisation d'un Congrès géologique, nous le savons
par expérience, présente de telles difficultés qu'on peat
s'étonner de la décision de nos hùtes. d'accepter la char^
de il? labeur une fois encore.
Je ne peux m'abstenir d'exprimer encore une fois, en
terminant, notre pri>fonde reconnaissance aux organisateurs da
Congrès, les géoli>gues français.
3/. Karpinskr dotoie alors la partde à M. Albert Gaudr}'-
qui lit le télégramme suivant qu'il vient de recevoir de S. A. L
le Gran*i-Duc Constantin de Russie, président d'honneur da
Congres de Saint-Pétersbourg.
Paris, rue des Saints-Père^. - "*. Albert Gaadrj- \deTIn$-
titutx, Veu fiiez transmettre aux Membres du Congrès géolo-
^i^fue. mes saiatations cordtAiies et %\eux sincères.
Le Grand-Duc Constantin de Russie.
Sitint-Peiersboar^. i^Aioûi li^oo.
M. Gaudry exprime la reconnaissance ^le tous les géolo^es
réunis au 0>ngres p»>ur cette marque de haute bienveillance.
M. Albert Gaadry lit une lettre de M. Capellini s'exeosan*
de ne pa< assister au Congrès, et rappelant combien S. M.
le re-,rTette Roi Huiubert avait montré d intérêt aux travaux
des :ce»>k^5ues réunis a Bolocne. LassenibW s'associe au deuil
des géologues italiens.
SÉANCES GÉNÉRALES 13^
M. Karpinsk}' donne lecture de la liste des membres du
bureau, élaborée le matin par le Conseil, et demande à
rassemblée de ratifier cette liste, qui est votée par acclamation.
il/. Albert Gaudry, nouveau Président, prononce le dis-
cours d'ouverture :
Monsieur le Ministre,
Mesdames, Messieurs,
Le 29 août 1878, d'après une inspiration partie des Etats-
Unis, il se tint à Paris un Congrès où furent convoqués les
géologues de tous les pays ; ils répondirent à notre appel, et
le Président du Congrès, Hébert, put dire : (( Jamais on ne vit
réunis en si grand nombre les savants auxquels la géologie,
la paléontologie et la minéralogie doivent les immenses
progrès qu'elles ont accomplis dans ce siècle. »
Après le Congrès de Paris, il y a eu ceux de Bologne,
de Berlin, de Londres, de Washington, de Zurich, de Saint-
Pétersbourg, dont les succès ont été si grands, et voilà
qu'après vingt-deux ans vous revenez dans notre vieille ville
de Paris. La liste de nos congressistes comprend les noms de
savants qui représentent l'Allemagne, la République Argen-
tine, l'Australie, l' Au triche-Hongrie, la Belgique, le Brésil,
la Bulgarie, le Canada, la Colombie, le Danemark, l'Egypte,
l'Espagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, l'Italie, le Japon,
le Mexique, la Principauté de Monaco, les Pays-Bas, le
Portugal, la lloumanie, la Russie, la Serbie, la Suède et la
Norvège, la Suisse, la République Sud Africaine. Vraiment,
c'est belle chose de voir tant d'hommes de toute nation,
de toute religion, de toutes idées philosophiques, rassemblés
dans un même sentiment, le pur amour de la science. Vous
nous faites grand honneur : au nom des géologues français,
je vous souhaite la bienvenue, et je vous dis merci de tout
cœur.
La mort a retranché plus de la moitié des membres du
Conseil qui a dirigé le Congrès de 1878. Depuis notre session
de i89^, nous avons perdu plusieurs de nos meilleurs
confrères. Parmi eux, je vous citerai: le général Tillo, éini-
nent géographe en même temps que géologue, dont vous vous
rappelez l'aimable accueil au Congrès de Saint-Pétersbourg;
Hauchecorne, qui, avec Beyrich, avait tant contribué à l'éclat
128 VIIl" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
du Congrès de Berlin, et dirigeait la carte géologique de
l'Europe où vos idées sur la nomenclature des terrains sont
habilement condensées ; Jannettaz, le dévoué secrétaire général
du premier Congrès géologique international ; James Hall, un
des créateurs de la paléontologie américaine, que vous avez
vu à l'âge de quatre-vingt-cinq ans arriver d'Albany en Russie
et suivre les excursions du Congrès jusque dans l'Oural ;
Marsh, qui a découvert les plus étonnants fossiles et a fait
don à son pays de ses collections acquises par tant de
fatigues, tant d'argent, tant de génie. Je vous propose.
Messieurs, de nous lever tous pour honorer la mémoire de
ces grands amis.
Sentant combien notre vie est éphémère, nos jeunes
confrères vénèrent davantage leurs anciens, qui bientôt vont
leur être enlevés ; les anciens, désireux que leur œuvre se
continue, s'intéressent aux succès des jeunes comme à leurs
propres succès. Ainsi, à chaque Congrès, nos liens se res-
serrent, et, quand, après trois ans de séparation, nous vous
i*etrouvons, nous sommes en joie. Oui, nous avons douce joie
de penser que nous allons vous entendre dans nos réunions,
et qu'ensemble nous irons, à travers monts et vallées, cher-
cher des pierres, des fossiles, nous aidant à scruter le
mystère des origines de notre monde.
Une inquiétude pourtant traverse notre esprit. Au dernier
Congrès, l'empereur de Russie, le grand- duc Constantin, le
ministre, M. Yermolof, les municipalités de Saint-Pélersboui^
et de Moscou, d*éminents savants russes ayant à leur tête
M. Karpinsky, et une foule d'amis des sciences nous ont
reçus d'une manière inimitable. Leur succéder est une difficile
tâche; nous vous demandons votre indulgence.
Outre les jouissances de l'amitié, nos Congrès apportent
d'évidents avantages scientifiques. Ils préparent la solution
des plus hautes questions ; ils ont commencé à établir un
accord pour le figuré des terrains et leur nomenclature. Dans
les cartes à petite échelle, on adopte aujourd'hui les mêmes
couleurs, de sorte qu'à première vue, sans recourir aux
légendes, on reconnaît les terrains. Vous avez fixé les noms
des principales divisions géologiques : vous verrez si vous
voulez aller plus loin dans la classification ou vous en tenir
à l'avis de Prestwich qui nous disait au Congrès de Londres :
// faut avoir soin de ne pas mettre à notre science des liens
SÉANCES GÉNÉRALES I29
trop serrés qui, au lieu de développer, pourraient bien retar-
der ses progrès. Il convient que les liens soient assez élasti-
ques pour s'ajuster au développement rapide auquel il faut
s'attendre dans le savoir géologique.
Au Congrès de Bologne, vous avez proposé des règles de
nomenclature paléontologique ; et, notamment, désirant dimi-
nuer le nombre des noms d'espèces, vous avez dit : L'espèce
peut présenter un certain nombre de modifications, reliées
entre elles dans le temps ou dans V espace Les modifica-
tions seront indiquées, quand il jy aura lieu, par un troisième
terme, précédé, suivant le cas, des mots Variété, Mutation
ou Forme. On a peu suivi cet avis.
Vous avez émis quelques vœux. Ainsi, au Congrès de
Saint-Pétersbourg, vous avez exprimé celui que les gouverne-
ments des divei's Etats fassent enseigner la géologie et la
paléontologie dans les classes supérieures des lycées. Le
gouvernement français a déféré à votre vœu ; vous avez
rendu un signalé service à la géologie et à la paléontologie
dans notre pays. Il faut espérer que vos autres vœux inspirés
uniquement par l'intérêt de la science seront exaucés.
On vous demandera d'appuyer par votre haute autorité
ridée de reproduire au moyen de la photographie ou de la
gravure, sur des fiches séparées, les figures des types des
espèces paléontologiques.
Un de nos plus éminents confrères vous proposera d'établir
un comité permanent pour suivre des observations qui exigent
une action continue. Ce projet me semble fécond ; notre
Congrès, comme certains couvents au moyen âge, deviendrait
une institution permanente, poursuivant s'il le faut pendant
un siècle les œuvres qu'une courte vie humaine ne peut
accomplir. Des hommes de n'importe quelle nation se trans-
mettraient la recherche d'une vérité scientifique : ce serait là
une belle forme de l'internationalisme.
Les sciences géologiques, qui embrassent la nature orga-
nique et la nature inorganique à travers tous les âges, sont
si vastes que leur étude demande des spécialistes divers.
Aussi nous vous proposons de constituer dans notre Congrès
quatre sections :
Section de géologie générale et de tectonique. — Dans ces
dernières années, quelques-uns d'entre vous ont brillamment
repris les questions de mouvement du soi naguère mises en
l3o VUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
honneur par Elie de Beamnont. La tectonique chaque jour
révèle de nouveaux secrets, on scrute avec ardeur les anti-
clinaux, les synclinaux, les couches relevées, les plis couchés :
on tâche de comprendre comment notre globe a pris son
relief actuel ; mais un seul homme ne peut étudier toute sa
surface, les tectoniciens sont obligés de se communiquer leurs
observations; nos Congrès leur donnent pour cela des facilités.
Je pense, en outre, que plusieurs de nos excursions leur
ollriront des remarques intéressantes.
A l'étude des mouvements du sol, vous joindrez peut-être
celle des dénudations qui devient en ce moment une des
branches curieuses de la géologie. Depuis les travaux des
Anglais sur les dénudations du Weald et des Américains sur
les Canons du Colorado, sur les Bad Lands du Nebraska, on
s*est aperçu que des masses énormes de roches ont été
dissoutes par les eaux. La France en fournit des exemples
très frappants, non seulement dans les Causses que vous
visiterez, mais dans des pays, comme l'Est de la France, où
récemment M. Bleicher a montré des enlèvements extraordi-
naires de roches, jusqu'alors inaperçus. Ces phénomènes
supposent des temps immenses : pour juger de leur importance
dans l'histoire de la terre, il faut consulter les géologues de
diverses contrées.
Section de minéralogie et de pétrographie. — Cette section
va sans doute présenter un intérêt tout spécial dans la session
de cette année ; car les savants les plus habiles ont réuni
d'avance des matériaux, afin d'établir une entente au sujet de
la nomenclature pétrographique. 11 y a quelques mois, ils
sont venus de pays éloignés, tels que la Norvège, la Russie,
pour constituer une réunion préparatoire sous la présidence
de M. Michel Lévy.
Votre Comité d'organisation a fait imprimer un lexique de
M. Lœwinson-Lessing qui facilitera vos déterminations. A
côté des questions de nomenclature, vous en rencontrerez
d*autres dont vous pourrez préparer la solution, soit dans les
séances du Congrès, soit durant les excursions. Par exemple,
plusieurs géologues constatent que, dans leurs régions, la
nature des roch(»s ignées et les métamorphismes qu'elles ont
déterminés ont varié suivant l'époque de leur émission. Pour
savoir si, dans les dille renies contrées, il y a concordance
entre la nature des roches ignées et le moment où elles sont
SÉANCES GÉNÉRALES l3l
arrivées à la surface du sol, il est nécessaire d'interroger de
nombreux pétrographes. Suivant ce qu'ils vont nous répondre,
nous apprendrons dans quelle mesure la pétrographie peut
aider à marquer les âges du monde.
Section de géologie appliquée et d'hydrologie, — Les sociétés
industrielles nous ont donné pour notre Congrès le plus
généreux concours ; nous remplissons un devoir très doux en
leur adressant nos plus vifs remerciements. Le siècle qui finit
a dû en partie sa grandeur à T union de la science et de
rindustrie ; notre Exposition universelle de 1900 en est la
preuve éclatante. Il faut que cette union grandisse tous les
jours ; en y travaillant les uns et les autres, nous travaille-
rons au progrès de Tlmmanité.
Parmi les branches de la géologie utiles par leurs applica-
tions à rindustrie et à Thygiène, il en est une qui pendant
longtemps a été peu cultivée, c'est l'hydrologie. Les travaux
de nos vaillants amis de la Société de géologie de Bruxelles,
où l'hydrologie a une si lai^e part, formeront la base de
discussions instructives, et les abîmes dans lesquels M. Martel
vous introduira vous montreront que la France fournit de
magnifiques sujets d'études d'hydrologie souterraine.
Section de stratigraphie et de paléontologie. — Ces deux
branches de la science sont étroitement liées. C'est surtout par
le moyen des fossiles qu'on détermine les terrains sédimen-
taires. Nous devons avouer que ce moyen est souvent difticile,
car aussitôt qu'un être passe d'un étage à un autre ou d'un
pays à un autre, il subit fréquemment quelque mutation, et,
comme la plupart des paléontologistes ont pris l'habitude de
créer un nom d'espèce ou même de genre pour la moindre
nuance, la nomenclature devient énorme ; quand notre science
ne sera plus à ses débuts, elle sera inabordable. Heureusement,,
nous pouvons espérer que l'étude de révolution du monde
animé va nous donner des facilités pour déterminer les terrains.
Si l'histoire des êtres est l'histoire d'un développement soumis à
un plan général, chacun des stades de ce développement doit
correspondre à un âge géologique déterminé ; par conséquent
on reconnaîtra la date des terrains d'après le degré d'évolu-
tion des êtres qui y sont enfouis. Mais pour établir le plan
qui a présidé à l'ensemble de la création, nous avons besoin
de nous unir tous.
l3a \IU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Messieurs, j'ai la confiance que, grâce à vous, on finira par
connaître ce plan. Comprenant que là où Ton avait cru voir
des entités isolées, il n'y a que des formes fugitives de types
qui poursuivent leur évolution, les savants s'attacheront à ces
types, et étudieront leurs enchaînements à travers les âges.
L'histoire de la nature passée se simplifiera, sa beauté suprê-
me sera comprise par tous : ce sera là un heureux résultat,
car il est peu de sciences plus grandioses et plus dignes
d'exciter la pensée humaine que la science géologique dont
vous êtes les fondateurs.
Notre secrétaire général M. Barrois va vous soumettre le
programme de notre VIII® session. Avant que je lui donne
la parole, vous trouverez bien sans doute que je le remercie
des soins avec lesquels il a préparé ce Congrès ; tout der-
nièrement frappé par le malheur le plus affreux qui puisse
atteindre un homme, il n'a pas laissé fléchir son dévouement.
Vous me permettrez aussi de remercier les secrétaires qui
l'ont si bien secondé, MM. Cayeux, Thevenin, Thomas, notre
trésorier M. Carez, les deux vice-présidents du Comité, nos
éminents amis MM. Michel Lévy, Marcel Bertrand, et enfin
les 43 géologues français auxquels nous devons, soit la rédac-
tion de notre livret-guide, soit la préparation des excursions.
Chacun de nous, mesdames et messieurs, comprend l'honneur
que vous nous faites en venant parmi nous. Nous souhaitons
que vous ayez autant de plaisir à vous trouver ici que nous
en avons à vous recevoir.
Le Président donne la parole à M. Charles Barrois, secré-
taire général, qui lit son rapport sur l'œuvre du Comité
d'organisation.
Mesdames, Messieurs,
Les fonctions de secrétaire général, que vous avez bien
voulu me confier, m'assignent la mission ardue de succéder à
des géologues éminents, dont les noms vous sont familiers et
chers, à des collègues qui, en Amérique comme en Europe,
ont renoncé à leur individualité pendant des années, afin de
préparer pour vous, et par votre union fraternelle, la conquête
plus rapide du globe terrestre, avec ses trésors et ses
mystères.
SÉANCES GÉNÉRALES l33
Notre Président vous a dit nos sentiments et nos aspira-
tions ; j'ai a vous retracer simplement la vie et Fœuvre de
notre Comité d'organisation.
C'est à Vienne que vous deviez vous réunir cette année
pour collaborer au progrès des sciences géologiques, M. Stache,
directeur de l'Institut impérial de géologie d'Autriche, d'accord
avec M. Suess, professeur à l'Université de Vienne, et M. de
Hauer, intendant du Musée impérial d'histoire naturelle de
Vienne, a informé en 1897 les géologues français que, si une
session du Congrès géologique international pouvait être tenue
à Paris en 1900, les géologues autrichiens accepteraient de
remettre à une date ultérieure la session de Vienne. Très
reconnaissants de la bienveillante proposition des savants
autrichiens, les géologues français constituèrent un Comité,
sous les auspices de la Société géologique de France; et
M. Albert Gaudry, acclamé président de ce Comité, fut chargé
de transmettre son invitation au 7* Congrès géologique inter-
national, en Russie.
Il fut décidé à Saint-Pétersbourg, dans la séance du 3 sep-
tembre 1897, V^^ ^® Congrès se réunirait, en 1900,. à Paris.
Quelques mois plus tard, notre Comité d'organisation
fonctionnait d'une façon définitive, adopté par la Société
géologique de France, qui une fois de plus mettait son influence
et son vieux renom au service de la géologie internationale.
Le concours de tous les géologues français nous était acquis,
et cette union nous a mis en mesure de montrer la géologie
de la France entière aux membres du Congrès.
Trente excursions différentes furent organisées, et groupées
de telle sorte, avant et après la session, que chacun d'entre
vous puisse en suivre successivement quatre, et faire ainsi,
à son choix, une tournée en France de huit jours, ou son
tour de France en deux mois. Le Comité s'est de plus
conformé à un vœu, formulé par le Conseil du Congrès de
Saint-Pétei'sbourg, en établissant deux séries d'excursions : les
unes largement ouvertes aux amis de la géologie, les autres
spéciales, ouvertes aux discussions d'un nombre limité de
praticiens.
Le programme de ces excursions vous a été soumis, suivant
l'usage constant de nos Congrès, sous forme d'un livret-guide;
la collaboration dévouée des géologues français a permis au
secrétariat de vous adresser en juin ce volume, qui constitue une
l34 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sorte de résnmé de la géologie de notre pays. Sa pablication a
été facilitée par la générosité de divers donateurs, particuliers
ou Société privées, minières et industrielles : votre secrétaire
a Tagréable devoir de leur exprimer vos remerciements,
comme aussi aux six Compagnies de chemins de fer qui
nous ont si libéralement facilité le parcours de leurs réseaux.
Le Comité d*organisation a cru devoir concentrer son
effort sur la préparation de ces excursions. Il lui a semblé
que les voyages organisés systématiquement par les Congrès
avaient déjà eu un résultat positif très appréciable, celui de
généraliser parmi les spécialistes la connaissance des travaux
stratigraphiques de détail. La vue des faits, Texposé des
théories sur le terrain même, lui a paru remplacer avanta-
geusement la lecture trop aride des descriptions régionales.
Il a espéré que la comparaison de tant de résultats, rapi-
dement acquis dans des excursions bien menées, permettrait
à un plus grand nombre de s'élever individuellement et
librement aux systèmes et aux synthèses, et qu'ainsi nos excur-
sions hâteraient le moment où la stratigraphie sortira de la
phase d'observation, pour prendre une place plus haute parmi
les sciences positives.
La durée de la session, plus longue qu'aucune des précé-
dentes, nous permettra de visiter l'Exposition universelle,
d'étudier les musées géologiques et de suivre des courses
conduites aux environs de Paris. Le Comité n'ayant pu
installer d'exposition permanente au sein de l'Exposition, les
échantillons intéressants pour la géologie sont disséminés
dans les diverses sections ; l'étude vous en sera facilitée par
une notice spéciale et par un certain nombre d'excursions
dans l'Exposition, oi^anisées par les soins du Comité.
Les rapports des commissions nommées par les congrès
antérieurs formeront la base naturelle des discussions de
vos séances ; elles ont fonctionné avec une grande activité
et non sans succès ; comme nous l'apprendront les mémoires
de M. Renevier, président de la Commission de nomencla-
ture, M. Hichter, président de la Commission des glaciers,
M. Becite, président de la Commission du journal interna-
tional de pétrograpliie, M. Michel Lévy, président de la
Commission de pétrographie. Cette dernière s'est particulière-
ment signalée par l'importance des divers rapports et com-
munications dont les épreuves préliminaires ont déjà été
SÉANCES GÉNéRALBS l35
soumises à tons ceux d'entre vous qui s'occupent de cette
branche de la science.
Le Comité d'organisation s'est adressé à plusieurs d'entre
vous pour dresser une liste des questions qui seraient
soumises à l'examen du Congrès, et les réponses qui nous
sont parvenues vous seront présentées au cours de vos
séances. Nons avons cru devoir imprimer un certain nombre
de communications d'un intérêt général, dues à Sir A. Geikie,
MM. Chamberlin, Hudleston, Matthew, Œhlert, Salomon,
Walcott, Weinschenk, qui vous seront distribuées après la
séance, au bureau du Congrès, en mênic temps que les
rapports imprimés des diverses commissions. Elles donneront
un point de départ à l'œuvre des sections, dont notre Prési-
dent vous a exposé le but, et dont le groupement est
tracé sur le programme de la session, que nous aurons
l'honneur de vous remettre.
Nous vous proposons de consacrer les quatre premiers
jours de vos séances aux travaux des Sections ; une séance
sera réservée pour les comnmni cations accompagnées de pro-
jeclions. Les deux derniers jours seront occupés par des
séances générales, où les Présidents des sections porteront à
à la connaissance du Congrès les rapports des commissions
et les communications d'un intérêt général. Les votes des Sec-
tions et ceux du Conseil y seront sanctionnés par le Congrès.
Avant de vous séparer, vous devrez l'aire revivre, dans
une de vos séances, le souvenir de ce jeune confrère, enlevé
si inopinément à l'afTection des siens et aux espérances de la
science, au milieu de nous, lors du Congrès de Saint-Piéters-
bourg. qu'il avait contribué à organiser. Vous serez appelés
à régler, suivant les propositions de nos confrères russes,
les conditions du prix international SpeudiarofT, fondé par
un père en mémoire de son fils.
Tel est. Messieurs, le résumé succinct des mesures prises
par notre Comité d'organisation pour faciliter votre (puvre.
Puissent-elles vous aider efticacement à développer l'autorité
et le crédit de nos réunions internationales, et à aplanir la
voie qui relie la géologie aux sciences exactes.
M. le Ministre de V Instruction publique, dans une allocution
très applaudie, apporte le salut du gouvernement de la Répu-
blique aux géologues du monde entier réunis au Congrès de
Paris.
l36 Vni* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Le Ministre définit le rôle de la géologie et des différentes
branches de la science qui s*y rattachent. Il rappelle ses ori-
gines et ses différentes étapes jusqu'à nos jours. Il insiste sur
Futilité des Congrès qui servent la science universelle et qui
rendent plus confiantes et plus faciles les relations interna-
tionales. (( Si tous les hommes éminents des différents pays
du monde se pouvaient bien connaître, a ajouté M. Leygues,
Fopinion des différents pays serait garantie contre bien des
entraînements fâcheux, contre bien des malentendus regret-
tables. Les savants qui accourent de tous les points du monde
pour s'entretenir de science pure font donc en même temps
de bonne politique.
M. Leygues termine en adressant aux membres du Congés,
au nom du gouvernement et en son nom personnel, les sou-
haits les plus chaleureux de bienvenue.
Le Président du Congrès annonce que M. le Président
de la République a envoyé des cartes pour les membres du
Congrès géologique international, qui désireraient assister à
la fête de TÉlysée le 19 août.
Il transmet l'invitation du prince Roland Bonaparte qui
recevra dans son hôtel de l'avenue d'Iéna, le a3 août, les
membres du Congrès géologique ; le prince accueillera avec
plaisir les cartes, coupes géologiques ou échantillons qu'on
voudra exposer à sa soirée.
Le Président rappelle aussi que M"* Albert Gaudry et lui
seront très honorés de recevoir les membres du Congrès
géolpgique mardi soir, ai août, rue des Saints-Pères.
La séance est levée à 6 heures.
Le Secrétaire général : Ch. Barrois.
DEUXIÈME SÉANCE GÉNÉRALE
25 août igoo
La séance est ouverte à 1 heure 4^» sous la présidence de
M. Mojsisovics i^on Mojsi^ar, vice-président.
3/ . Gaudry informe l'assemblée qu'il a reçu un télégramme
de M. Karpinsky, rappelé par un deuil à Saint-Pétersbourg.
M, Capellini propose d'envoyer un télégramme de condo-
léances à M. Karpinsky. Cette proposition est adoptée.
SÉANCES GÉNÉRALES iS^
M, de Lapparenty président de la Société géologique de
France, se met à la disposition des Congressistes poar leur
montrer la nouvelle bibliothèque de la Société après la récep-
tion de THôtel de Ville ; il ajoute quil serait heureux que
cette bibliothèque fût inaugurée par ses confrères du Congrès
de 1900.
M. Pellai rappelle qu'il est disposé à montrer la géologie
des environs de Saint-Remy et des Baux, les 4 et 5 octobre,
aux Congressistes qui lui en feraient la demande.
M, de Stefani présente, de la part de M. Canai^ari, le
volume V (1899) ^® Paleontograjîa italica.
Le Président présente une brochure intitulée : a Les Mines,
Carrières, Eaux minérales et thermales de Bulgarie, » dont il
existe au Secrétariat un grand nombre d'exemplaires à la dis-
position des Congressistes.
Le Secrétaire général dépose sur le bureau, de la part
des auteurs, les brochures suivantes :
E. de Margerie et Z. Raveneau : « La Cartographie à
l'Exposition universelle de 1900 ».
Adrien Dollfus : « Notice sur l'Exposition universelle ».
G. Ramond : « Notice sur l'Exposition universelle. — Diverses
notes sur le bassin de Paris. — Géologie des Indes anglaises,
d'après le manuel d'Oldham. — Notice nécrologique sur M. J.
Prestwich ».
L. Rai^eneau : « Neuvième Bibliographie géographique
annuelle des Annales de Géographie (1899) ».
Les Directeurs des Annales de Géographie adressent au
Congrès un certain nombre d'exemplaires d'un article sur La
Cartographie à l'Exposition universelle, publié dans ce recueil
par nos confrères, MM. E. de Margerie et L. Raveneau.
La plupart des cartes, reliefs et autres documents gra-
phiques exposés dans les différentes sections françaises et
étrangères, et intéressant la géologie aussi bien que la géo-
graphie physique, sont mentionnés et souvent appréciés dans
ce compte-rendu, qui pourra ainsi servir de complément aux
notices, déjà distribuées, de MM. Ramond et Thevenin.
Est offert également le numéro des Annales de Géographie
consacré à la Bibliographie annuelle. Ce répertoire analyti(iue,
le neuvième de la série et s'appliquant aux ouvrages ou
mémoires publiés en 1899, a été rédigé, comme les précé-
dents, par un grand nombre de professeurs et de savants de
l38 VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tous les pays, sous la direction de M. L. Raveneaa. Les tra-
vaux relatifs à la Physique terrestre, à la Morphologie et à
la Tectonique y occupent une large place.
Pour faciliter la tâche des rédacteurs et réduire le plus
possible, à l'avenir, les lacunes inséparables d*une pareille
entreprise, M. Raveneau fait appel à tous les membres da
Congrès en les priant de lui faire parvenir désormais le tirage
à part de ceux de leurs travaux qui rentreraient dans le cadre
de la Bibliographie en question.
Le Secrétaire général prie les Congressistes d'envoyer leurs
publications à M. Raveneau, pour lui faciliter la préparation
de sa bibliographie annuelle.
L'ordre du jour appelle ensuite la présentation des rapports
et des propositions d'intérêt général adoptés par le Conseil.
L'Assemblée adopte successivement les rapports suivants, et
nomme les Commissions proposées à cet effet, par le Conseil
et les Sections (voir plus haut, dans les Séances du Conseil,
la composition de ces Commissions) :
i"" Rapport de la Commission de nomenclature géologique
présenté par M. Tschernyschew, sous le bénéfice des obser-
vations faites en séance de section.
a* Rapport de la Commission de la carte géologique d'Eu-
rope, présenté au nom de la direction, par M. Capellini.
3** Rapport de la Commission de pétrographie, présenté par
M. ZirkeL
4** Rapport de la Commission des glaciers, présenté par
M. Richter.
5* Proposition de Sir Archibald Geikie : Sur la coopération
internationale dans les investigations géologiques.
()" Proposition de M, Œhlert : Sur la reproduction des types.
L'Assemblée adopte la composition du jury du prix Spen-
diarofl* fixée comme il suit : MM. Albert Gaudry, président ;
Marcel Bertrand, Sir Archibald Geikie, Karpinsky, Tschemys-
chew, Zirkel et von Zittel.
M. Albert Gaudry, annonce que le Président de la Répu-
blique et le Ministre de Tlnstruction publique lui ont envoyé,
pour les membres étrangers du Congrès, des billets ' pour les
principaux théâtres : Grand-Opéra, Opéra-Comique, Français.
La séance est levée à 3 heures ao.
Le Secrétaire : L. Cayeux.
SÉANCES GÉNéRALES iSq
TROISIÈME SÉANCE GÉNÉRALE
SÉANCE DE Clôture
27 août igoo
La séance est ouverte à 3 heures 10, sous la présidence
de M. Albert Gaudry, président.
Le Secrétaire donne lecture du procès-verbal de la dernière
séance générale. Le Président fait remarquer que le rapport
de la Commission internationale de classification stratigra-
phique n'a été accepté, dans la séance de section du 18 août,
que sous bénéfice des observations faites en séance. Il exprime
le désir que cette réserve figure à la suite du vote de ce
rapport à la séance générale du a5 août. Ce vœu est adopté.
M. Tietze propose à l'assemblée , de la part du gouverne-
ment austro-hongrois , d'organiser à Vienne , dans trois ans ,
la neuvième session des Congrès géologiques internationaux.
11 fait connaître Tétat d'avancement des travaux préparatoires
de ce Congrès et énumère les nombreuses excursions qui seront
offertes aux congressistes.
L'invitation du gouvernement austro-hongrois est acceptée
à l'unanimité, et M. Tietze remercie le Congrès du chaleu-
reux accueil fait à sa proposition.
M. Matthew fils présente, de la part de son père, une note
imprimée par les soins du Congrès, Sur les plus anciennes
faunes paléozoïques.
M. Ch. Barrois résume une note de AI. Walcoit sur les
Formations précambriennes fossilifères. Il appelle l'attention
de l'assemblée sur un passage de cette note, où M. Walcott,
en s' appuyant sur le témoignage de M. RaufT, met en doute
l'existence des organismes décrits par M. Cayeux dans le
précambrien de Bretagne.
A la suite de la communication de M. Walcott, M. Rothpletz
fait remarquer qu'il a vu, avec M. Renard et d'autres congres-
sistes, quelques-unes des sections faites par M. Cayeux dans
les phtanites précambriens de Bretagne. Avec M. Renard, il
considère l'existence des Radiolaires dans ces préparations
comme indubitable. Il ajoute qu'il y a malentendu en ce qui
touche l'opinion que l'on prêle à M. RaufT sui^ ces Radio-
laires. M. Cayeux n'a soumis à M. Raufl* qu'une seule section
l4o VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ne renfermant que des spicules de Spongiaires et aucan
Kadiolaire. M. RaafiT n'a donc vu aucune des formes que
M. Cayeux a décrites comme Radiolaires. Quant aux corps
considérés par M. Cayeux conune des spicules d'Épongés.
M. Rothpletz ajoute qu'on peut discuter sur leur nature.
3/. CcLyeux se félicite de voir MM. Rothpletz et Renard,
venir confirmer l'existence d'organismes dans le précambrien
de Bretagne. Il maintient tout ce qu'il a écrit sur les spicules
d'Epongés de ce terrain. Il ajoute qu'il vient de montrer quel-
ques-unes de ses préparations de Radiolaires et de spicules
d'Épongés à de nombreux congressistes : MM. Frech, Kilian,
Lepsius, Pompecky, Renard, Reuseh, Rothpletz, Steinmann.
Tschemyschew, de la Vallée-Poussin, Van den Broeck, Von
Arthaber et Von Zittel, qui ont ainsi 'pu se faire une opinion
sur la nature des débris dont la nature organique avait été
contestée.
M. A. P, Pavlow fait une première communication Sur
le Portlandien de Russie comparé à celui du Boulonnais.
M. Pavlow informe l'Assemblée que l'étude qu'il a faite des
coupes classic{ues du Jurassique du Boulonnais et de celles
de Gorodische sur la Volga lui a permis de constater la même
succession des zones d'Ammonites dans les deux contrées.
M. A. P. Pai^low fait une seconde communication Sur
quelques moyens qui pourraient contribuer à Vélahoration de
la classification génétique des fossiles. L'auteur fait remar-
quer que, malgré le grand épanouissement des idées évolu-
tionnistes et le rôle qu'elles jouent dans nos recherches
zoologiques et paléontologiqucs, la classification des organismes
Aâvants et fossiles reste toujours fidèle aux termes taxonomiques
qui ont pris naissance à une autre époque du développement
de la science, sous 4*influence d'idées toutes différentes.
L'auteur fait remarquer qu'il serait peut-être plus rationnel
de conserver une valeur essentiellement morphologique aux
termes genre et espèce, employés dans le sens primitif de
Linné, et de se servir d'autres tei'mes pour exprimer les
rapports génétiques des formes. 11 y aurait une classification
morphologique et une classification génétique.
En ce qui concerne les moyens qui peuvent guider dans
la définition des lois génétiques entre les difiérents groupes,
M. Pavlow appelle l'attention sur les erreurs qui peuve J être
commises sous l'empire de cette idée, que l'on a dans le jeune
SÉANCES GÉNÉRALES l4l
âge de tel ou tel fossile, des indications sur les caractères de
ses ancêtres. D'après ses observations sur les Ammonites, les
caractères ancestraux alïectent non pas les tours internes de
la coquille, mais les derniers tours correspondant à un état de
dégénérescence. Dans un grand nombre de cas qu'il a étudiés^
les jeunes tours des Ammonites ne montrent pas les caractères
ancestraux, mais ceux de l'avenir ; ils ne correspondent donc
pas à une phase atavique^ mais à une phase prophétique, 11
insiste sm* l'importance de cette observation pour les recherches
sur la succession des formes organiques sur la terre.
M, Van den Broeck fait une communication Sur le Bernis-
sartien. L'auteur croit utile, comme suite à l'exposé fait par
M. Pavlow des corrélations existant entre les couches port-
landiennes et aquiloniennes de Russie et du Boulonnais, de
fournir quelques données sur l'âge des dépôts continentaux
qui, en Belgique, étaient jusqu'ici considérés comme le repré-
sentant du Wealdien et à l'horizon desquels on avait, jusqu'au
moment des récentes recherches de M. Munier - Chalmas,
rattaché les dépôts fluviaux prétendument wealdiens du
Boulonnais. 11 s'agit des dépôts à Iguanodons de Bernissart,
soit du Bernissartien, autrefois englobés dans la série complexe
de l'Aachénien du Hainaut. Ces dépôts continentaux, que
d'importantes lacunes stratigraphiques séparent, surtout infé-
rieurement, des termes sédimentaires d'âge déterminable, ne
peuvent être définis par la stratigraphie. C'est donc à la
paléontologie que s'est adressé M. Van den Broeck et bien
que tous les éléments de la faune de Bernissart ne soient
pas encore publiés, il lui a été possible d'arriver à une
précision de résultats assez inattendue.
C'est en prenant comme base de son étude la recherche
du degré d'éçolution des divers types de vertébrés : dinosau-
riens, crocodiliens, amphibiens, chéloniens et poissons, compo-
sant la faune du Bernissartien, ainsi que ceux de sa flore,
que M. Van. den Broeck est parvenu à constater très nette-
ment : I** que le gîte célèbre de Bernissart appartient à la
série jurassique et non à la série crétacée ; 2° que la faune
de Bernissart présente un caractère de plus grande ancienneté
que celle du niveau des Sables d'Hastings, ou Wealdien infé-
rieur ; 3^ que cette faune parait se rapporter fort exactement
à celle du Purbeckien type, ou anglais.
La seconde partie d'une étude détaillée, que M. Van den
l4a VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Broeck vient de consacrer à ces rechei'ches, dans le Bulletin
de la Société belge de Géologie, paraîtra d'ici peu de mois, et
ce travail sera mis par l'auteur à la disposition de tous ceux
que l'âge des dépôts de Bernissart pourrait intéresser comme
contribution aux études de relation ou de synchronisme des
formations portlandienne, purbeckienne, aquilonienne et weal-
dienne de la région anglo- franco-belge spécialement.
M. A, Gaébhard parle Des phénomènes tectoniques des
Alpes- Maritimes, Il signale, comme le fait saillant de ses
observations détaillées dans la partie sud-ouest des Alpes-
Maritimes provençales, la fréquente tendance qu'ont les axes
synclinaux à se recourber, tantôt en simple croix, avec acci-
dents de plissottement secondaire ou de rupture anticlinale
dans les angles (exemples : Saint- Vallier de Tbiey ; les Auba-
rides, près Mons, etc.), tantôt en faisceaux homocentriques ou
patte d'oie couvrant une moitié du plan, en dessous d'une
grande barre discontinue (exemple : Clars, près Escragnolles) ;
tantôt en étoilement complet ou rosace couvrant de ses rayons
le plan dans tous les azimuths, comme autour du Saut-du-
Loup. La nmltiplicité des exemples particuliers de fasciation
palmée ou stellaire montre qu'il doit s'agir d'un fait tecto-
nique d'intérêt plus que régional.
M. A. Grenier excuse MM. Lohest et Forir de ne pouvoir
assister à la séance, et annonce Tenvoi d'une communication
écrite, au sujet de leur méthode de notation chiffrée des
terrains. L'intérêt qui s'attache à ce travail provient de ce
qu'il répond à la critique de l'enseignement aride des classi-
fications, faite par M. de Launay, à la seconde séance de la
section de géologie appliquée. Le programme préconisé par
M. de Launay est point pour point identique à celui que
professe M. Lohest depuis le début de son professorat.
M, Stanislas Meunier fait une conmumication sur la struc-
ture du diluvium de la Seine. L'état de la stiMicture du dilu-
vium de la Seine, qui semble une question très spéciale, est
cependant susceptible de conséquences très larges et jette une
lumière très vive sur le grand problème du creusement des
vallées. Elle démontre, contrairement aux idées de Belgrand,
si longtemps admises et qui sont inspirées par le point de
vue cataclysmion, que les eaux dont ce diluvium est le dépôt
n'ont jamais été torrentielles. La structure du diluvium est,
en elfet, admirable de délicatesse ; on y retrouve le reflet
■\
SÉANCBS GÉNÉRALES l43
des vicissitades du cours de la rivière, qui dépendent en
chaque point non seulement des influences saisonnières, mais
aussi du déplacement y érïishlement physiologique des méandres.
Au-dessus de la zone macrolithique (graviers de fond de Bel-
grand), qui consiste en résidu de lavage, susceptible de masses
superposées et dont les matériaux sont, les uns des blocs
descendus verticalement au fur et à mesure des progrès de
la dénudatîon, et les autres des fi*agments charriés par les
glaces flottantes et les souches d'arbres arrachés des rives au
moment de la dénudation. On voit la zone lenticulaire ou
amygdaloïde qui représente Taltemance du régime sédimen-
taire et du régime érosif dont chaque point a été le théâtre.
Chacune des lentilles constitutives, reste d'une formation plus
ou moins étendue, a pour substratum une couche de galets
qui témoigne de Térosion qui Fa précédée. Elle est formée de
lits horizontaux ou inclinés dans un sens ou dans Tautre, et
dont chacun est réglé quant à la grosseur de ses matériaux
constitutifs, d'une façon rigoureuse, d'après la nature des cou-
rants d'eau qui l'ont engendré. Un petit appareil, mis sous
les yeux de rassemblée, permet de matérialiser pour ainsi dire
les phases de cette formation.
Le système est couronné par les assises horizontales très
limoneuses (sables de débordement de Belgrand) qui datent de la
dernière période du régime sédimentaire de la région considérée.
On assiste à sa production lors des inondations, et l'on cons-
tate alors, en hiver, l'importance de la collaboration que lui
fournissent les glaces au moment du dégel. C'est par le lavage
de ce terrain de débordement, par la substitution d'une anse
concave à une anse convexe, à la suite des divagations de la
rivière, que des lentilles nouvelles seront constituées.
Ces considérations sont du nombre de celles qui justifient
l'application d'une doctrine géologique nouvelle succédant au
cataclysmisme de Cuvier, à Yuniformitarisme de Lyell et même
à Yactualisme de Constant Prévost, qu'elle complète dans bien
des points et qui, sous le nom à'aciiçisme, fait intervenir
surtout la vie intense et jamais ralentie du milieu géologique,
théâtre incessant de remaniement et de substitution de subs-
tances qui ressemblent d'une façon intime à la physiologie des
organismes animaux et végétaux.
Le Secrétaire général résume une note manuscrite de A/. Hall,
intitulée : Terrasses subocéaniques et vallées des rivières occi-
l44 ^Ul* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
dentales d'Europe, Le travail de M. Hull est un résumé des
investigations récentes sur les vallées subocéaniques et sur les
traits physiques de l'ouest de TEurope. Il insiste sur les pla-
teaux continentaux et sur les grandes déclivités qui les limitent
vers le large. Les plates-formes continentales sont ravinées
par le prolongement des grandes rivières actuelles. Il en
conclut que ces terrains ont été exondés à une époque peu
éloignée et que ce changement de niveau a eu une influence
sur la période glaciaire.
Le Secrétaire général présente une note de M. Hudleston
sur la bordure orientale de l'Atlantique, Cette note a été
imprimée et distribuée aux congressistes.
, M. E,'A. Martel résume les résultats géologiques et Ivy'dro-
logiques généraux des explorations souterraines qu'il a entre-
prises depuis 1888, tant en France qu'à l'étranger , à l'aide de
nouveaux procédés, notamment l'emploi du téléphone et des
bateaux démontables, et qui depuis une douzaine d'années ont
pris une extension considérable et provoqué diverses décou-
vertes.
M, G. Dollfus étudie les derniers phénomènes géologiques
dont les bassins de la Seine et de la Loire ont été le théâtre. 11
prend pour point de départ le lac du calcaire de Beauce qui
forme un vaste plan horizontal. Ce calcaire s'est trouvé rompu
par des failles W. S. au début du miocène ; c'est alors que
le plateau central s'est soulevé. Cet événement a amené l'appa-
rition de vastes alluvions sableuses granitiques qui ont été
nommées sables de la Sologne, d'étendue très vaste, descen-
dant de la région de l'Allier dans celle de la Seine et se
déversant dans la Manche, vers le Havre. Ce dépôt caracté-
rise le miocène inférieur ; il a pris fin par l'arrivée de la mer
des faluns au miocène moyen qui s'est avancée, par suite d'un
long effondrement central de l'axe précambrien breton. La mer
falunienne est venue capter la Loire granitique et Fa détournée
de son écoulement à la Seine. Le bassin de la Seine s'est
alors plissé transversalement de l'est à l'ouest, la mer des
faluns s'est reculée au delà de la Maine et le miocène supé-
rieur a débuté. Il est discordant sur le miocène moyen ; il
occupe dans l'ouest une surface très dilïérente et descend du
Cotentin au bassin de Rennes, à celui de Nantes et s'étend
sur la Vendée. J'ai donné le nom de Redonien à ce miocène
supérieur nouvellement délimité. Le pliocène n'occupe réelle-
SEANCES GEMÉKALfiS l45
ment qu une toute petite étendue , il pénétrait seulement par
quelques Qords en Bretagne et en Normandie.
M, A, P, Pavlow se fait l'interprète de ses confrères pour
remercier les organisateurs du VIIl© Congrès géologique inter-
national. Il exprime Topinion que si Tidée des Congrès a pris
naissance en Améri(|ue, la France peut être considérée comme
le berceau des Congrès géologiques internationaux. Il déclare,
après avoir énuméré les nombreux savants français qui ont
illustré les sciences naturelles, (|ue la France a vu naître
plusieurs grands embranchements de la géologie et que Paris
est le foyer le plus lumineux des sciences modernes. Il remercie
le président M. Gaudry, le secrétaire général M. Barrois, les
secrétaires et le Comité d'organisation qui ont rendu le séjour
des étrangers en France aussi agréable qu'utile.
Le Président remercie M. A, P. PavloiV ; puis, s'adres-
sant à l'assemblée, s'exprime ainsi :
Chers Confrères,
Nous vous Remercions des bonnes paroles que vous venez
de nous dire. Il vous a été facile de constater dans nos réu-
nions tenues à Paris, que nos géologues étaient heureux de
vous voir, de vous entendre. Les excursions géologiques que
vous avez déjà faites et celles que vous allez entreprendre
vous montreront ([ue, dans toutes les parties de la France
comme à Paris, vous trouverez des amis heureux et honorés
de recevoir votre visite,
Il me semble que nous avons bien travaillé. Les séances
de nos quatre sections : Section de géologie générale et de
tectonique, section de stratigraphie et de paléontologie, sec-
tion de minéralogie et de pétrographie, section de géolf>gie
appliquée et d'hydrologie, ont été suivies, aussi bien que nos
séances générales, par de très nombreux travailleui'S. Vous
avez fait d'importantes communications qui attestent les pro-
grès incessants de notre science.
Il y a douze jours, lorsque vous êtes arrivés, nous vous
avons dit : c'est grande joie de vous revoir : aujourd'hui nous
éprouvons de la tristesse en pensant que les membres de la
famille des géologues vont de nouveau se disperser dans
toutes les parties du monde.
10.
l46 VIU*^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Heareusement, nous allons encore, pendant plus d*un mois,
garder beaucoup d'entre vous, et faire ensemble des excursions
géologiques. Puis, nous avons Tespérance de nous revoir dans
trois ans dans la ville si savante de Vienne. En clôturant
la session de Paris, je peux répéter les paroles que nous
disait M. Karpinsky en clôturant la session de Saint-Pétersbourg :
« Au revoir, dans trois ans. Soyez persuadés que vous lais-
sez ici de vrais amis qui ne vous oublieront jamais. »
Le Secrétaire : L. Cayeux.
k
SÉANCES DB SECTIONS ifyj
III. — PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES
DE SECTIONS
Section de Géologie générale et de Tectonique
PREMIÈRE SÉANCE
ly août igoo
La séance est ouverte à i heure, sous la présidence de Sir
Archïbald Geikie, président de la section.
Sir Archibald Geikie donne lecture de son allocution prési-
dentielle sur la coopération internationale dans les investi-
galions géologiques . Cette allocution , en raison de son
importance , avait été imprimée , in extenso , et remise aux
membres du Congrès à Tissue de la séance du i6 aoAt.
M. Marcel Bertrand, après avoir remercié Sir A. Geikie,
demande que le Conseil du Congrès nomme une commission
chargée de donner suite à ces propositions de coopération
internationale : la proposition, mise aux voix, est adoptée.
M. Barrois, secrétaire général, donne lecture d'une com-
munication de M. Chamberlin, empêché d'assister au Congrès,
sur le patronage par le Congrès des investigations fondamen-
tales en géologie.
Cette communication sera imprimée et remise aux congres-
sistes dans la prochaine séance.
M. Marcel Bertrand demande que la proposition de
M. Chamberlin soit, comme celle de Sir Archibald Geikie,
renvoyée à une commission nommée par le Conseil.
M. /. Joly fait les communications suivantes :
10 Age géologique de la terre fixé par la teneur en sodium
de la mer. L'auteur montre que le sodium dans Tocéan pro-
vient surtout des roches par dissolution. D'après ses données,
il faudrait une période de 90 à 100 millions d'années pour
que les cours d'eau dans les conditions actuelles fournissent
à Tocéan la quantité de sodium qu'il contient maintenant.
q9 Sur des expériences relatives à la dénudation dans Veau
douce et dans Veau salée. Les expériences ont eu lieu pendant
trois ou quatre mois sur le basalte, Torthose, la hornblende
l48 VUI^' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
et Tobsidienne. La quantité de ces substances dissoutes par
Feau de mer est de a 1/2 à i4 fois plus considérable que la
quantité dissoute par Teau douce dans les mêmes conditions.
Dans ces mesures ne sont pas compris les alcalis et la mafpié-
sie dissous dans Feau de mer ; son eflet dissolvant est donc
plus marqué encore.
3" Ordre de formation des silicates dans les roches innées.
L'auteur étudie à nouveau les points de fusion du quarz et
des principaux silicates constituant les roches et trouve que
ces points de fusion sont inférieurs à ceux actuellement
admis. La dillercnce est plus petite pour les silicates moins
riches en silice que pour ceux qui en renferment une grande
proportion ; comme résultat final, M. Joly trouve que ces points
de fusion sont en complète harmonie avec Tordre de consolida-
tion, des silicates dans les roclies.
Les anomalies dans Tordre de formation, le phénomène
d'accroissement intra-tellurique. aussi bien que Tinstabilité
magmatique, peuvent être expliqués par les variations de sta-
bilité des silicates soumis à la chaleur prolongée.
L'auteur trouve que la recristallisation partielle du quarz
de fusion s'etléctue à une température qui descend de 1200®
à 9000 c.
4° Mécanisme interne de la sédimentation marine. M. Joly
montre que la précipitaticm des sédiments par les sels en solu-
tion obéit approximativement aux mêmes lois et montre des
phénomènes sembhibles à ceux qu'on observe dans la coagu-
lation des suljstances colloïdes. On peut Texpliquer par des
considérations électro-chimiques que l'expérience continue.
L'auteur termine par des applications à la géologie.
M. de Lapparent fait la communication suivante, sur la
limite des Etages géologiques :
Les discussions, si souvent renouvelées entre les géologues,
sur la limite des étages, reposent en général sur une appi'écia-
tion ditlérente de la valeur qui doit être attribuée aux argu-
ments de fait invoqués. Les uns se fondent sur la continuité
paléontologique qu'ils ont constatée entre deux assises : les
autres invoquent une discordance que les mêmes assises pré-
sent(»raient en d'autres points. Quand les concordances se pro-
duisent dans des régions synclinales on la sédimentation parait
avoir été continue, elles ne peuvent, semble-t-il, être invoquées
en favem* de telle ou telle solution ; car les limites géologi-
i
S1^.ANCES DE SECTIONS l49
ques ne peuvent être fondées que sur des épisodes locaux,
d'importance plus ou moins grande, mais incapables d'affecter
dans son ensemble le milieu marin, essentiellement continu à
travers les âges.*
En conséquence, M. de Lapparent pense que, dans la ques-
tion de la fixation des limites, les contrées qui doivent four-
nir les arguments décisifs sont celles où les limites de la terre
ferme ont subi, aux époques correspondantes, les modifications
les plus profondes. Il se dissimule d'autant moins les diili-
cultes d'application de cette méthode, qu'il a eu récemment
l'occasion de les constater pour son compte, en cherchant à
réunir les éléments des ébauches paléogéographiques jointes à
la dernière édition de son traité. Il lui semble néanmoins que
c'est ce genre d'études qu'il faut poursuivre et que, si les
régions synclinales fournissent de précieuses donnéeè sur la
succession régulière des formes de céphalopodes, ce n'est pas
à ces régions de sédimentation continue qu'on doit demander
les éléments des divisions ou dates de l'histoire géologique.
M. Marcel Bertrand demande que pour établir les limites
des étages, on applique davantage la loi de priorité, à défaut
d'autre moyen, et il est d'avis que la recherche de cette prio-
rité pourrait être un des travaux utiles du Congrès.
M. Albert Gaudrj^ croit qu'il faut attendre beaucoup du
progrès des études paléontologiques. C'est d'après les stades
de l'évolution des êtres vivants que sera faite la délimita-
tion des étages. Les paléontologistes qui ont étudié les mam-
mifères, connaissent leur importance pour fixer l'Age des assises
tertiaires.
M. Stanislas Meunier fait une conmiunication sur la demi'
dation souterraine :
Dans une foule de localités, la décalcification du sol a amené
la production successive de lits de résidus (jui se sont formés
progressivement les uns au-dessous des autres, les plus récents
étant les plus profonds. Une coupe prise aux environs de Mor-
tagne montre cette catégorie de formations sur plus de 20 mètres
d'épaisseur. Les assises de sédimentation souterraine sont
ordinairement chargées de minéraux, résultat de concrétions
postérieures au dépôt initial et les tests de coquilles silicifiées y
sont mêlés avec des grains de quarz dont la trouvaille a sou-
vent induit les géologues en erreur quant à l'origine des cou-
ches qui les contiennent.
l5o VIIl® CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Un des titres des terrains de sédimentation souterraine à
rintérôt des géologues consiste dans le faciès continental des
formations de tous les âges. Bien des lits de cailloux et des
sables des assises de nodules phosphatés et les bone-beds doi-
vent être considérés comme des produits de la sédimentation
souterraine.
Des expériences de laboratoire ont permis de reproduire
les productions des assises de cette nature avec toutes leurs
particularités.
M. Bleicher fait une communication sur la dénudation des
Vosges :
Des recherches poursuivies, depuis plus de trente années, des
deux côtés des Vosges, permettent aujourd'hui à l'auteur de
résumer et de présenter sous la forme d'une carte schéma-
tique, les résultats de son enquête sur la répartition des
éléments de destruction ou de déchets de cette chaîne, pour
le versant lorrain et les régions avoisinantes du bassin de
la Saône.
Il s'est particulièrement occupé des éléments qui, par leur
situation topographique, leur nature à l'état de caillou, sable,
argile, leur absence de fossiles, sont attribuables aux temps
préquatemaires. Il constate qu'ils s'échelonnent sur les pla-
teaux et les pentes du plateau lorrain de l'altitude de 417 mètres
(plateaux de Haye, 160 mètres au-dessus de la Moselle) jusqu'à
une altitude de 1020 mètres au-dessus des cours d'eau actuels,
et que, en somme, ils se montrent généralement indépendants
des reliefs actuels formant une bande de terrain qui s'appuye
sur les Hautes Vosges cristallines, se prolonge en s'amincissant
vers le bassin inférieur de la Meuse, suit la direction future
des cours d'eau actuels, Meuse, Meurthe, Moselle.
En général ces formations souvent remaniées et réduites à
l'état de simples traînées de cailloux, sont surtout riches en
cailloux quai*zitiques de décomposition du grès vosgien et
les roches granitiques y sont rares.
Quoi qu'il en soit, on peut par l'étude de ces dépôts suivis
pas à pas, reconstituer l'état du plateau lorrain aux époques
préquaternaires. C'était une région de ruissellement, de char-
riage, en particulier sur le front des Vosges cristallines. Sar
le reste de la surface, des dépôts locaux se sont produits,
aux dépens des roches sous-jacentes, et le ruissellement a pu
amener ces déchets, étape par étape, à une certaine distance
%
SÉANGBS DE 8RCTIONS l5l
de leur point d'origine. Le plateau lorrain préquatemaire nous
apparaît comme un pays dont la faune et la flore nous sont
encore inconnues, peut-être par suite de la destruction rapide
de tout débris organique, et cette pauvreté en fossiles se
retrouve dans les formations homologues de la vallée du Rhin.
Les Secrétaires : A. Thevenin,
Crema.
Section de Géologie générale et de Tectonique
DEUXIÈME SÉANCE
23 août igoo
La séance est ouverte à 2 heures i/a, sous la présidence
de Sir Archibald Geikie, président de la section.
Le procès-verbal de la précédente séance a été imprimé et
distribué. Il est mis aux voix et adopté.
M, Richter lit le Rapport sur les travaux de la Commis-
sion des Glaciers.
Sir Archibald Geikie félicite la Commission des glaciers du
progrès de ses travaux et remercie M, Richter, Les conclu-
sions de ce Rapport seront transmises au Conseil et présentées
à la séance générale du ^5 août.
M. H, F, Reid fait une communication sur les mouvements
des glaciers.
M. Arctowski fait part à l'assemblée de ses Observations
relatives à Vancienne extension des glaciers dans la région des
terres découvertes par V expédition antarctique belge.
Il entretient ensuite rassemblée de la géologie et des gla-
ciers de la même région et des glaces du pôle sud. Cette
seconde communication est accompagnée de nombreuses pro-
jections.
A la suite de ces communications, M. Richter montre la
grande importance des observations de l'Expédition belge pour
l'étude des phénomènes glaciaires. Il ajoute que M. Axel
Amberg a déjà observé au Spitzberg des glaciers finissant à
la côte sans que le névé soit transformé en glace ; les icebergs
ne sont pas, par suite, formés de glace comme au Grônland,
mais de névé.
l5a VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
M, Popovici'Hatzeg présente la nouçelle carte géologique
de la Roumanie à IVchelle de i : 3oo ooo. Cette carte, qui
comprend trente-sept subdivisions géologiques, a été faite au
laboratoire de géologie du Ministère des Domaines à Bucharest.
M. Popovici-Hatzeg se propose de publier prochainement un
texte explicatif.
M, Vorwerg donne lecture d'une note intitulée : Proposi-
tion tendant à simplifier la notation du pendage et de la direc-
tion des couches,
M. Vahbé Parât a étudié les grottes de la Cure (Départe-
ment de l'Yonne). L'auteur ayant fait de nombreuses fouilles
dans les grottes des vallées de la Cure et de TYonne, présente
le résultat de ses recherches sur le creusement de ces grottes,
les dépôts qu'elles contiennent et leur faune, ainsi que sur le
régime de ces rivières.
Il résume ensuite une note sur des dépôts albiens, crétacés
et tertiaires, disséminés sur la bordure calcaire du nord-ouest
du Morvan ; et fait observer que ces dépôts sont totalement
absents sur le massif granitique.
Les Secrétaires : A, The venin.
Crema.
Section de Stratigraphie et de Paléontologie
PREMIÈRE SÉANCE
i8 août lyoo
La séance est ouverte à une heure r/4, sous la présidence
de M. von ZitteL président. A hi demande de M. Renevier,
empêché par la maladie d'assister au Congrès, M. i'on Zitiel
présente à T Assemblée le rapport de la Commission interna-
tionale de classification strati graphique dont M. Renevier
était le président. Ce rapport ayant été distribué, imprimé
avant la séance, est connu en détail des congressistes; le
président se borne à énumérer les conclusions, pour les
faire ratifi(»r par le Congrès.
L'article i ne donne lieu à aucune observation.
SÉANCES DE SECTIONS l53
Article a
« // serait désirable, dans la division des systèmes pour
lesquels il n'y a pas de noms usités^ comme Dogger, Lias,
etc., d'introduire les expressions : Paléo. . . Méso, . . Néo. . .
N.-B. La préfixe Eo . , pourrait être substitué à Paléo,,,,
pour abréger les noms trop longs, p. ex. Eocrétacique, »
(( Lorsqu'un terme, donné à un ensemble de couches, doit
être restreint à la désignation d'une partie seulement de ces
couches, on ne doit le conserver que pour les couches les
mieux caractérisées paléontologiquement » et correspondant
à la définition primitiYe. »
M. Depéret se déclare sceptique quant aux résultats des
voles sur les principes ; il serait préférable à son avis de
tenter un essai pratique de classification des terrains.
L'article 2 est adopté sans objection.
Article 3
En ce qui concerne les questions d'ordre général qui font
partie de cet article,
a) L'Assemblée se range à l'avis de la Commission de ne
pas s'occuper pour le moment de fixer les limites stratigra-
pliiques, suivant le désir de M. Williams. • *
b) Elle est d'avis, comme la Commission, de laisser à
l'initiative personnelle le projet de notation chiffrée des
terrains élaboré par MM, Lohest et Forir.
c) Elle adopte encore l'avis de la Commission sur les
désinences homomorphes et sur les noms nouveaux.
Article 4
Le Président déclare ensuite que le principal objet des
délibérations de la Commission a été d'établir les bases
de la nomenclature des cinq ordres de subdivisions admis
au Congrès de Bologne, et qu'elle a surtout envisagé la
question au point de vue chronologique. Il appelle l'attention
de l'Assemblée successivement sur les cinq ordres de subdi-
visions.
a) Division^ de i«' ordre. — Ères
(( La Commission consacre les grands groupes, générale-
ment admis, et propose de leur attribuer dans la classifica-
l54 VUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tion internationale les noms usités de Paléozoïque, Méso-
zoïque et Cénozoïque, et d'en exclure les termes de Pri-
maire j Secondaire et Tertiaire, d'usage aussi très habituel. »
b) Divisions de 20 ordre. — Périodes = Systèmes
(( Les Systèmes (Périodes) auront une valeur très générale.
Leurs caractères paléontologiques doivent indiquer une évolu-
tion organique , particulièrement caractérisée par l'étude des
animaux pélagiques. »
« Pour qu'une division soit érigée en Système (Période),
il convient que la succession des faunes s'y montre susceptible
de subdivisions bien marquées. »
« Conformément à ces principes, la Commission admettrait
comme division de 2« ordre les Systèmes généralement en
usage, au nombre d'une dizaine, mais en laissant une certaine
latitude aux auteurs qui veulent en admettre plus ou moins.
» L'Eue paléozoïque pourrait se subdiviser en 4 périodes :
Gambri^ue, Silur/^u^, 'ùtiouique et Carbonique. La Commis-
sion ne se prononce pas sur l'opportunité d'en admettre une
cinquième pour le Permien.
» L'ElnE MÉsozoïQUE se subdiviserait en 3 périodes :
Tvîàsique, Jurass/^iie, Grétaci^ue, mais il resterait loisible
d'en admettre quatre en séparant, par exemple, le Lias du
Jurassique, pouf l'ériger en période distincte.
)) L'Ère cénozoïque pourrait comprendre 2 périodes : Ter-
tiaire et Moderne. »
M. Albert Gaudry se déclare partisan de conserver les
termes primaire, secondaire et tertiaire. Il admet avec la
Commission stratigraphique que les caractères paléontolo-
giques des systèmes (Périodes) doivent indiquer une éQolu-
tion organique, mais il ne comprend pas que la Commission,
lorsqu'il s'agit d'évolution, prenne particulièrement pour base
l'étude des animaux pélagiques.
Dans l'état actuel de la science, dit M. Gaudry, il est mani-
feste que la connaissance de l'évolution des animaux pélagiques
fournit moins de secours que celle des animaux continentaux
pour la détermination des terrains. Un des résultats les plus
inattendus et les plus frappants de la paléontologie, depuis
queUjues années, a été de mettre en lumière les services que
l'état d'évolution des mammifères rend aux géologues pour
fixer les âges tertiaires. Nos confrères américains sont d'accord
SÉANCES DE SECTIONS l55
en cela avec les savants européens. Lorsqu'on nous apporte
des restes de mammifères, nous pouvons, sans nous préoccu-
per de l'espèce et du genre auxquels ils appartiennent, recon-
naître leur date par leur état d'évolution. Suivant, par exemple,
(jue les herbivores ont des dents plus ou moins compliquées
et des pattes plus ou moins simplifiées, suivant que les dents
des carnivores sont plus ou moins difTérenciées, et, d'une
manière générale, suivant que nous trouvons des animaux çlus
ou moins majestueux, plus ou moins rapides à la course, plus
ou moins adroits pour saisir, possédant des cerveaux plus ou
moins développés, nous reconnaissons qu'ils sont plus récents
ou moins récents. Les êtres supérieurs, à cause de la multi-
plicité de leurs fonctions, ont des organismes complexes,
délicats, impressionnables aux moindres changements chrono-
logiques ; ce sont eux qui marquent le mieux l'heure au
grand calendrier des temps passés. Nous commençons aussi
à entrevoir la lumière que la recherche de l'évolution des
oiseaux et des reptiles terrestres jettera sur la succession des
âges. Sans doute, quand on aura étudié les phases d'évolu-
tion des autres êtres et des plantes, comme on a étudié
celles des mammifères terrestres, elles fourniront de précieux
éléments pour les déterminations d'âges. En attendant, il
importe d'appeler l'attention sur les secours qu'apporte dès à
présent l'examen des stades d'évolution dos mammifères pour
reconnaître le commencement de l'Eocène. la seconde partie
de l'Eocène, l'Oligocène, le Miocène, le Pliocène, le Quater-
naire.
Je pense que la méthode naturelle créée par de Jussieu
est celle qui convient, le mieux pour établir les classifications ;
tous les faits du monde physique et du monde organique
devront concourir à dresser la chronologie. Mais, sans être
exclusif, il me semble qu'on peut admettre que ce qu'il y a
de meilleur, ce qu'il y a de plus rapproché de la Divinité,
c'est la vie, surtout la vie des êtres supérieurs: par conséquent
les études de son perfectionnement sont les plus puissants
moyens pour distinguer ce qu'on est convenu d'appeler les
ères, les périodes, les époques, les âges.
M. Gosselet appuie le vœu de M. Gaudry : il exprime le
désir que les noms anciens soient employés concurremment
avec les nouveaux. Il est d'avis, ainsi que M. Gaudry, que
la classification proposée fait une place trop petite au Ter-
l56 Vni* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tiaire; suivant lui ce terrain est plus vaste au point de vue
de révolution des êtres que chacune des divisions du Secon-
daire auxquelles il serait assimilé. M. Gosselet pense que le
Congrès ne doit pas être trop dogmatique sous peine de
perdre son autorité.
Le Président M. i^on Zittel explique à rassemblée que les
termes Paléozoïque, Mésozoïque et Cénozoïque sont en réalité
très «anciens et quils ont été fixés par M*^ Coy ; ils ont été
adoptés en Angleterre à peu près unanimement depuis lors.
Il insiste sur ce point que Primaire, Secondaire et Tertiaire
sont maintenant employés dans un sens très dilTérent de celui
qu*ils avaient à l'origine.
c) Divisions de 3® ordre. — Époques = Séries
(( Pour la subdivision des Périodes (ou Systèmes) la Com-
mission s'est montrée très favorable à la méthode, préconisée
par M. Frech, d'utiliser les préfixes Paféo.,,, Méso,.., Néo..,.
La Commission constate que cette méthode des préfixes
avait été proposée, en 1894, par M. H. -S. Willams sous la
forme : Eo. . ., Méso . . . , Néo .... Elle pense qu'en la recom-
mandant , on peut laisser aux auteurs la latitude d'user
suivant les cas des préfixes Paléo, .ou Eo. ... La seconde,
étant plus brève, sera souvent plus commode. — Si l'on
distingue trois époques dans une période, on utilisera les trois
préfixes. Si l'on n'en reconnaît que deux, on se servira
seulement des deux extrêmes. Enfin en vue d'abréger les
noms, on pourrait dans ces subdivisions supprimer les dési-
nences et n'ajouter à la préfixe que le radical du nom de la
période.
Exemples : La Période dévonique se subdiviserait en trois
Époques ou Séries : Eodévon., Mésqdéi^on, , Néodévon,
La Période crétacique pourrait comprendre trois Époques:
Eocrét . , Mésocrét . , Néocrét .
. Tandis que pour ceux qui voudraient admettre une Période
liasique , ne comportant (jue deux divisions , on aurait seule-
ment Eolias et Néolias ».
M. Albert Gaudry insiste pour que le langage des géolo.
gués soit aussi simple que possible. Il me semble, dit-il, que
nous nous comprenons bien les uns les autres. Mais le public
nous comprend peu, et il nous comprendra de moins en moins,
si nous compliquons notre langage. Or, nous avons des devoirs
SÉANCES DE SECTIONS l6j
.vis-à-vis de lui. Notre science géologique est si nécessaire à
une foule d'industries, elle ouvre aux artistes et aux philoso-
phes des horizons si magnifiques que nous n'avons pas le
droit d'en jouir pour nous seuls. La Paléontologie éprouve un
préjudice immense de la créatiim de noms inutiles qui attri-
buent une importance exagérée à la moindre nmtation de
forme et rendent tellement compliquées les choses les plus
simples que beaucoup de bons esprits en sont eilrayés. Il est
à désirer qu'en géologie nous ne umltipliions pas les noms
outre mesure. Il faut aussi prendre garde de changer les
noms existants: la reconnaissance que nous devons aux fon-
dateurs de notre science nous commande de ne pas supprimer
sans nécessité les dénominations qui rappellent leurs découvertes.
d) Divisions de 4- ordre. — Ages = Etages
« La Commission reconnaît que les divisions de 4® ordre
n'ont plus qu'une valeur régionale, et ne sont donc pas
absolument nécessaires à la classification internationale.
Toutefois, comme dans chaque pays on aura besoin de
divisions de cet ordre, lesquelles ne seront pas partout les
mêmes, il est bon de leur appliquer une terminologie
uniforme. Aussi, sur la proposition de M. de Zittel, la
Commission recommande de baser leurs noms sur des localités
ou des régions prises pour types ; par exemple : Astien,
Bartonien , Porila ndien .
Il est bien entendu que la désinence uniforme de ces noms
pourra être modifiée suivant le génie de chaque langue. Ainsi
le gisement d'Asti étant pris pour type, l'étage sera nommé
Astien^ Astian, Astiano ou Astistufe suivant la langue. »
e) Divisions de 5« ordre. — Phases. = Zones.
Quant à ces subdivisions, encore plus locales, il sera
encore plus diflicile d'avoir une terminologie fixe ; mais au
moins est-il à désirer que la forme du nom rappelle l'ordre
de la subdivision et soit, autant que possible, la même pour
les différentes Périodes ou les différentes régions.
Aussi la Commission, tenant compte de l'usage très général
des zones paléontologiques, pour les terrains de l'ère méso-
zoîque, recommande de désigner autant que possible les
divisions de 5« ordre d'après un fossile caractéristique essentiel
au niveau en question :
l58 VUI^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Exemples : Zone à Amaltheus margaritatus.
Zone à Psiloceras planorbis.
Zone à Productus horridiis.
Zone à Cardiola interrupia.
M. Marcel Bertrand constate que la Commission n'a
proposé la suppression ({ue de 3 noms Primaire, Secondaire
et Tertiaire ; il estime qu'elle ne devrait pas prendre la
responsabilité de cette suppression et que les trois termes
seront employés malgré tout.
Kensemble du rapport est accepté par T Assemblée sous le
bénéfice des observations précédentes.
L'ordre du jour appelle ensuite dillerentes communications :
A/. Scott entretient T Assemblée de la faune de la Patagonie.
De nouvelles études ont été faites par M. J.-B. Hatcher dans
ces quatre dernières années sur la géologie de la Patagonie.
La série des couches est ainsi fixée :
Gault : renfermant des ammonites qui montrent une complète
ressemblance avec la faune synchronique du Sud de l'Afrique.
Magellanien : terrain d'âge éocène ou oligocène.
Patagonien : miocène très fossilifère dont les fossiles mar-
quent une étroite parenté avec le miocène de l'Australie et
de la Nouvelle-Zélande.
Couches de Santa Cruz : miocène d'eau douce, fossilifère, avec
mammifères dont la faune se relie plus à la faune australienne
du Sud de l'Afrique quk celle du Nord de l'Amérique.
Couches du Cap Fairweather : formation d'âge pliocène.
M, Depéret présente les observations suivantes :
11 parait maintenant bien certain que M. Ameghino avait
un peu trop vieilli les horizons à Mammifères de la Patagonie,
en particulier V étage de Santa-Cruz, que ce savant paléonto-
logiste attribuait à l' Eocène. M. Scott, suivant en cela les
suggestions de M. Hatcher, rajeunit singulièrement ce même
horizon Santa-Cruzien en le rapportant au terrain Miocène.
Il y a peut-être là une exagération en sens invei'se de celle
de M. Ameghino. La grande analogie que montre la famille
des Protherotheridés avec les Palœotherium européens, dont eUe
représente sensiblement le même degré d'évolution au point
de vue de l'adaptation des membres et de la structure des
molaires, parait devoir faire pencher plutôt pour Tâge oligocène
de ces couches. C'est aussi Topinicm qui a été défendue par
M. le professeur von Zittel, dans son Traité de paléontologie.
SÉANCES DE SECTIONS l5^
M. von Zittel a reçu une collection de M. Ameghino ;
son étude et surtout celle des Rongeurs qu'on y trouve, lui
ont permis de conclure que la l'aune de Santa-Cruz n'est pas
ancienne et qu'elle est à!k^e oligocène ou miocène sans qu'il
soit possible de préciser davantage.
M. Raulin fait une communication sur les terrains tertiaires
de V Aquitaine et sur leur classification. Les dépôts tertiaires
de ce bassin, presque tous marins dans la partie occidentale,
sont mixtes dans la partie moyenne sur le méridien d'Agen,
et tous lacustres dans la partie orientale au fond du bassin.
M. Raulin donne une classification des diverses assises, ainsi
que leur comparaison avec celles du bassin de Paris.
M. C. Eg. Bertrand fait une communication sur les
charbons gélosiques et les charbons humiques.
Comme introduction à l'étude des charbons, M. Bertrand
présente le résumé de ses recherches sur les deux types de
combustibles que l'industrie nomme bogheads et schistes bitu-
mineux. Les premiers sont formés par des algues gélosiques
comparables aux fleurs d'eaux enfouies dans une gelée brune.
L'accumulation d'algues s'est faite rapidement en une saison,
car il n'y a ni interruption dans la couche, ni propagation
de la décomposition au voisinage des coprolithes. La fossi-
lisation s'est faite en présence du bitume. Les charbons humi-
ques ou schistes bitumineux sont des accumulations de gelée
brune, faites dans les mêmes conditions que celle des bogheads,
mais les corps figurés n'y interviennent que pour une part
insignifiante. Ils sont le fond commun dans lequel se forment
les autres charbons organiques. L'addition d'algues en fait des
bogheads, l'addition de spores en fait un charbon de spores,
l'addition de coprolithes peut en faire un charbon animal. Dans
tous les types qu'il présente, M. Bertrand montre l'existence
de ces divers caractères.
M. de Lapparent demande à M. Bertrand ce qu'il entend
par bitume.
M. C. Eug, Bertrand répond que le terme bitume implique
pour lui l'idée de corps chaînés de carbone et d'hydrogène,
intervenant tout formés dans la roche.
M, Grand* Eu/y : Sur les tiges enracinées des terrains
hooiUers. L'auteur présente des dessins nombreux à l'appui
des communications qu'il a faites à P Académie des sciences,
iendant à démontrer que les tiges enracinées ont vécu là où
l60 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Oïl les trouve, que les végétaux qui ont le plus contribué à
former la houille étaient des plantes de marécages, s'étant
développées le pied dans Teau. Il explique, se fondant sur
les rapports des tiges et souches enracinées au toit, au mur
et dans les entre-deux des couches de houille, que ces cou-
ches se sont généralement formées par faible transport, des
marais bordant les bassins de dépôt, dans ceux-ci. 11 en est
de même des couches de houille brune. En somme, des forma-
tions tourbeuses de tous les temps géologiques, il n'est resté
que cette partie transportée qu'a pu recouvrir le limon et
qui nous a été ainsi conservée.
Quant au mécanisme de formation des bassins houillers, il
dit que les tiges enracinées se trouvant, bien qu'irrégulière-
ment distribuées, dans toute l'étendue et à toute profondeur,
le bassin s'est creusé pendant sa formation par des mouve-
ments d'affaissements lents et brusques. Enfin, relativement au
mode du remplisage du bassin, il remarque que les change-
ments d'étages sont marqués par des changements de nature et
de grosseur des roches, qui supposent l'intervention de grands
mouvements orogéniques pendant la formation.
M. Lemière expose une théorie d'enchaînement méthodique
expliquant la formation chimique des divers combustibles fos-
siles. Cette transformation est due à l'action des ferments sur
la cellulose ; or. ces ferments ont été plus ou moins abondants
et plus ou moins actifs suivant la période géologique considé-
rée ; toute accumulation végétale a apporté avec elle les élé-
ments de sa transformation, mais il importe qu'une action
antiseptique soit intervenue pour empêcher la destruction totale
de la cellulose et limiter l'action des ferments.
Parmi les preuves principales qui sanctionnent cette manière
de voir, il faut citer le parallélisme complet qui existe entre
les phases de la fermentation alcoolique et celle que l'on est
en droit de reconstiluer dans la fermentation houillère.
Le Secrétaire général informe l'Assemblée que le Geological
Survey des Etats-Unis a mis à la disposition des Congressistes
un certain nombre de volumes faisant connaître les ressources
minérales des États-Unis pour les années 1897-1898 et 1898-1899.
La séance est levée à 4 heures.
Les Secrétaires : L. Cayeux,
Von Arthabkr.
SÉANCES DE SECTIONS l6l
Section de Stratigraphie et de Paléontologie
DEUXIÈME SÉANCE
21 août igoo
La séance est ouverte à lo heures, sous la présidence de
M. Von Zittel, président de la Section.
Le procès-verbal de la dernière séance, ayant été imprimé
et distribué, est adopté sans observation.
Le Secrétaire général annonce, au nom de la rédaction, la
publication d'une nouvelle revue géologique, Geologisches Cen-
tralblatt, publiée sous la direction de M. Keilhack.
Il annonce, au nom du professeur Koken, que les Palaeon-
tologische Ahhandlungen de M. Koken porteront désormais
le titre de Geologische und palaeontologische Ahhandlungen^
et contiendront géologie et paléontologie.
Le Secrétaire général fait part de l'invitation du Congrès
national des Sociétés de Géographie, qui prie les membres du
Congrès d'assister le 22 août, à neuf heures du soir, à une
séance où seront exposés les résultats techniques et géologi-
ques de la mission Leclère en Indo-Chine.
M, Osborn fait deux communications :
I" Progrès des méthodes en paléontologie,
La technique de la paléontologie a fait, depuis quelques
années, de grands progrès. Une série de photographies, pré-
sentées au Congrès, commençant par les travaux sur le terram
pour la recherche et l'enlèvement des fossiles, et se terminant
par des squelettes complètement montés tels qu'ils sont dans
le American Muséum of natural History (Acerotherium fossi-
ger, Phenacodus primîevus, P. Wortmanni, etc.), rend sensibles
ces progrès dans les métliodes de recherches.
2*> Corrélation entre les Jaunes de mammifères et les hori-
zons tertiaires d Europe et d'Amérique,
L'auteur a pu faire, avec une précision nouvelle, en coopé-
ration avec plusieurs paléontologistes européens, une compa-
raison très exacte des faunes d'Europe et d'Amérique, parti-
culièrement pour l'éocène. Ces reclie relies ont prouvé que dans
ces deux régions de l'hémisphère nord, la paléontologie et la
11.
i6a Viue CONÇUES GÉOLOGIQUE
stratigraphie concordent, que la marche de l'évolution y a été
parallèle, sinon identique et qu'on y peut admettre les mêmes
divisions en étages. M. Osborn sera heureux que son travail,
publié tout récemment, par TAcadémie des Sciences de New-
York, provoque la coopération de tous les paléontologistes
pour ces essais de synchronisme.
M. Albert Gandry montre Finlérèt de la communication
de M. Osborn pour le Congrès géologique.
En laissant de cùté quehjues types spéciaux, la marche
de révolution a été la même en Amérique et en Europe.
La paléontologie et la stratigraphie se prêtent toujours un
nmtuel appui, et on peut espérer qu'un jour c'est d'après
Tétat d'évolution des ôtres qu'on établira les divers âges du
monde.
M , Depéret insiste sur la précision et la science du travail de
M. Osborn. Tous les paléontologistes qui s'occupent de Vertébrés
fossiles accueilleront avec un vil" sentiment de satisfaction le beau
travail de M. Osborn sur la corrélation des faunes d'Europe
et de l'Amérique du Nord. Si, en eflet, nous sommes Ci\é?>
depuis longtemps déjà sur le synchronisme en gros du Wasatch
avec notre Eocène inférieur, du Bridger avec notre Eocène
moyen, de VUinta avec notre Eocène supérieur, du White Riper
avec l'Oligocène, du John Daj' avec le Miocène*, des couches
à Pliohippus et à Equus avec notre Pliocène, il n'en est pas
moins vrai que la comparaison détaillée établie par M. Osborn
entre tous les gisements d'Europe et d'Amérique à la fois au
point de vue stratigraphique et paléontologique, a amené le
savant paléontologiste de New-York à un degré de précision
tout-à-fait remarcjuable dans ces rapprochements à distance.
Malgré quelques petites rectilications de détail sans grande
importance, le travail de M. Osboi*n restera le point de départ
de toute étude de paléontologie stratigraphique sur les Mam-
mifères de l'hémisphère nord.
M. Ficheur présente la troisième édition de la Carte
géologique d'Algérie au 800 000^,
L(*s travaux des collaborateurs de 1890 à 1899 ont permis
de combler les lacunes des éditions antérieures de la carte
géologique au 800.000% en sorte que la carte actuelle peut
être présentée comme un document d'une certaine précision.
Les modifications les plus importantes portent sur les
terrains an té-jurassiques et les terrains tertiaires.
SÉANCES DE SECTIONS l63
Les schistes primaires (siluriens ?), séparés antérieurement
SOUS le nom de Schistes des Traras se montrent, en lambeaux
plus ou moins importants, au voisinage de Taxe de la dépres-
sion miocène du Chélii* jusque dans le massif de Blida. Le
Permien, conglomérats et grès du Djebel-Kahar, accompagne
ces schistes sur plusieurs points.
Le Trias, recoimu d'abord aux environs de Constantine en
1896, a été signalé et délimité dans une série de lambeaux
plus ou moins* étendus, de Testa Touest, dans le Tell, et
dans la chaîne saharienne.
L'extension des terrains éocènes a été reconnue presque
sans interruption de la Tunisie au Maroc. Enfin les dépots
oligocènes d'origine continentale jouent un rôle très important
dans les bassins lacustres de la province de Constimtine, dans
les chotts oranais, et dans les dépressions de l'Atlas saharien,
dans TAurès, et jusqu'à l'extrémité occidentale de la chaîne.
AI. von Zittel rappelle qu'une réunion extraordinaire de la
Société géologique de France en Algérie a permis de cons-
tater la rigueur du U'avail de M. Ficheur et de ses collabora-
teurs et les beaux résultats auxquels ils sont parvenus.
M, Flamand fait une conmiunication sur la géologie du
sud de r Algérie (hauts plateaux et montagnes des Ksour) et
des régions sahariennes. Le territoire étudié s'étend de Saïda
(province d'Oran) à In-Salah (Tidikelt). Une coupe subméri-
dienne renconlre sensiblement toutes les formations de ce vaste
ensemble : schistes inférieurs noirs de Tefreb =: Poudingues
gris et marron assimilés au Permien du Tell, substratum de
la série jurassique qui se montre ici très complète : Infralias jus-
qu'aux couches à Qxpricardia porrecta, arkoses, argiles et cal-
caires correspondant aux trois étages de l'inl'ralias sur lesquels
repose toute la série liasique : Lias inférieur à Spiriferina Wal-
cotti. Lias moyen à brachiopodes. Lias supérieur à Harp,
radians qui supportent les dolomies bajo-bathonienncs aux-
quelles succèdent les couches oxfordiennes de Saïda.
L'auteur indique brièvement les autres points de ces régions
où la série jurassique (bajocien inférieur moyen et supérieur,
bathonien, etc.) montre les étages bien différenciés et bien
spécifiés.
Plus au sud, la chaîne des Ksour montre les mêmes
terrains auxquels succèdent, très développées, les formations
crétacées. Ce n'est que dans l'Hinterland algérien, vers In-Salah,
l64 Vlll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
à TAïn Kahla, que se montrent de nouveau les formations
jurassiques (assises inCraliasiques à Cj'pricardia porrecia).
Les terrains tertiaires , oligocène - pliocène , sont bien
développés sur les Hauts Plateaux ; dans le Sahara. Toligocène
forme le substratuni des terrains de Houmada (Pliocène).
Le Pleistocène est, contrairement à ce qui était admis,
relativement restreint en surface et en puissance, dans toutes
ces régions sahariennes du Sud-Oranais et de la partie méri-
dionale du bassin de TOued Rir.
Le plateau de Tedmaït, qui succède à la Chebka du Mzab
dans le sud. est constitué par les couches crétacées moyennes
cénomano-turoniennes et sénoniennes fossilifères.
Les strates, vers le sud, reposent sur des grès d'âge indé-
terminé, qui eux-mêmes ont pour substratum des couches infra-
liasiqnes. A ces dernières succèdent en concordance et bien
relevées des couches gréseuses puissantes. Tout à fait dans
Taxe de Fanticlinal qui met ces couches à jour, apparaissent
les schistes cristallins gréseux à noyaux granitiques.
M, Douvillé fait une communication sur le terrain Juras-
sique de Madagascar, Le jurassique forme une zone plus ou
moins large dans le Bas Pays, à l'ouest de Tlmerina. La
série est à peu près complète depuis le Trias gréseui,
équivalent possible des grès de Karoo jusqu'à l'Oxfordien ; le
Lias supérieur, cité par M. Boule au cap Saint- André, a été
retrouvé par M. Willaume aux environs de Nossi-Bé, associé à
des couches charbonneuses à végétaux.
Les terrains de Madagascar présentent la plus grande ana-
logie avec ceux des colonies allemandes de l'Afrique orientale
qui se prolongent par le pays des Somalis dans TAbyssinie.
11 y a beaucoup d'analogies avec la province de Cutch, les
couches à plantes de l'Inde. Cette dépression jurassique corres-
pond au golfe éthiopien de Neumayr et vient se rattacher à la
Tethys de Suess comme l'a signalé cet auteur.
M. Douvillé fait une deuxième communication sur les résul-
tats géologiques de V exploration de M, de Morgan en Perse
(iSSg^rSgg):
M. de Morgan a exploré : i*» la chaîne d'Ëlbours ; a* la
région de Kachan à Ispahan ; 3° celle d'Ispahan à Dizfoul : le
pays des Baktyaris. Les fossiles qu'il a remis à M. Douvillé
se rapportent à la plupart des étages, du Carboniférien jusqu'au
Danien.
SÉANCES DE SECTIONS l65
M. Douvillé a pu étudier à nouveau les Loftusia, fora-
minifères géants, que M. de Morgan a trouvés associés à des
radiolites et biradiolites d'âge probablement santonien. Ces
formes ont été rapprochées à tort des alvéolines dont elles
ont la forme, il faut les placer dans le groupe exclusivement
crétacé des Spirocyclinidés de M. Munier-Chalmas.
M, Gaudry prie l'assemblée d'excuser M, Boule^ qui, retenu
au Muséum d'histoire naturelle pour faire les honneurs des
collections paléontologiques, a le regret de ne pouvoir présenter
aujourd'hui le résultat de ses études sur la géologie de Mada-
gascar.
M, Zeiller fait une communication sur les plantes fossiles
du Tonkin.
Il résume les résultats que lui a fournis l'étude des nom-
breuses séries d'empreintes végétales recueillies dans les gîtes
de combustibles minéraux du bas Tonkin, principalement à
Honguy et à Kébao La llore se compose, outre quelques espèces
propres, d'un mélange d'espèces identiques à colles du Rhétien
d'Europe, et d'espèces indiennes, les unes du Permo-trias, les
autres du Lias ; Tàge rhétien de ces couches paraît donc bien
établi. Il y a été trouvé une ammonite, malheureusement impos-
sible à déterminer spécifiquement, mais qui paraît du moins
voisine de certaines formes triasiques.
Dans le haut Tonkin, les gisements de combustibles de
Yen-Baï ont fourni un Sahinia, des feuilles de Palmier et des
Dicotylédones rappelant beaucoup les formes actuelles ; à ces
gîtes sont associés des calcaires avec Paludines très voisines
de celles de l'étage Levantin d'Europe ; il n'est guère douteux
qu'on ait affaire là au Tertiaire supérieur.
M, Malaise fait une communication sur le Cambrien et le
Silurien de Belgique.
Il cite les quelques espèces rencontrées dans le Cambrien
de l'Ardenne, rappelle qu'il a trouvé dans l'ancien massif ardoi-
sier du Brabant Oldhamia radiata et O. antiqua du Cambrien.
Il a rencontré la faune de Caradoc dans l'Ordovicien, et les
niveaux de Llandovery, Tarannon, Wenlock et Ludlow. Dans
la bande de Sambre-et-Meuse, il a signalé les niveaux de l'Are-
nig, Llandeilo, Caradoc, Llandovery, Wenlock et Ludlow ; et dans
ceux-ci la plupart des zones à graptolites des îles Britanniques.
M. D.'P. Œhlert propose au Congrès la fondation d'une
publication internationale destinée à rééditer les types des
l66 VIll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
espèces décrites antérieurement à une époque déterminée. Cette
publication, faite sur tîches mobiles, aurait pour but de repro-
duire d'une façon exacte et inaltérable la figure type, le
type lui-même, s'il existe encore, et la diagnose originale ;
M. Œhlert pense que cette publication viendrait compléter uti-
lement les Index bibliographiques, puisqu'elle donnerait non
seulement l'indication de la source, mais le document lui-même
auquel ceux-ci renvoient. Après avoir résumé les observations
qui lui ont été envoyées par MM. Bather, Dali, Schuchert,
Walcott, Williams, etc., M. D.-P. Œhlert croit devoir résumer
la question en ces termes :
I" Est-il utile de rééditer lés types des espèces anciennes ?
09 Le mode de publication sur fiches mobiles semble-t-il
pratique ?
30 N'y aurait-il pas lieu de nommer une commission
internationale chargée d'examiner et d'élaborer ce projet, de
façon à le présenter prêt à être mis à exécution au prochain
Ccmgrès qui se tiendra k Vienne ?
M. von Zittel montre toute l'importance du projet de
M. Œhlert et demande le renvoi de ses propositions au
Conseil qui les étudiera à la séance du 25 août et pourra leur
donner suite. La motion de M. von Zittel est adoptée.
M, W,'F, Hume fait, en son nom et au nom de MM,
Barron et Beadnell, les communications suivantes :
Les Rift'ValUys du Sinaï.
L'auteur considère ici les vallées longitudinales qui existent
dans le Sinaï oriental. Ce sont des fractures parallèles au
golfe de l'Akaba. Il y a cinq de ces vallées parallèles les
unes aux autres et les couches sédimentaires ont descendu au
moins de 4^^ n^»» entourées des deux côtés par les roches
granitiques. Ce grand changement tectonique est la cause de
ces grandes rift-valleys.
On peut reconnaître trois systèmes principaux : l'un, parallèle
au golfe de l'Akaba, s'étend probablement à travers le nord de
l'Arabie : un autre, parallèle au golfe de Suez, est la cause de
plusieurs vallées dans le Sinaï de l'ouest, et enfin un système
transverse qui ne peut être nettement prouvé, mais 'qui est en
apparence générale tout à fait semblable aux autres.
SÉANCES DE SECTIONS 167
MM. T. Barron et W.-F. Hume : Notes sur la géologie du
désert oriental de VÉgj^pte.
Première partie : Couches sédimentaires.
Seconde partie : Roches ignées et métamorphiques.
Dans les études du désert arabique, dans la partie comprise
entre Jebel Gharib et Gêna Gosseir, MM. Barron et Hume ont
reconnu des séries de roches métamorphiques et volcaniques
et des couches sédimentaires. Les roches métamorphiques sont
plus anciennes que les roclies ignées. Dans cette série vient
d* abord les gneiss de Meéteg, puis les schistes, suivis de grau-
wackes, de diabases et de dolentes. L'action volcanique a com-
mencé à se manifester pendant la période de formation des
grauwackes. Mais la masse principale des dolérites et des andé-
sites est postérieure aux schistes ardoisiers. Ces roches sont
recouvertes et, en beaucoup de cas, injectées de diorites quarzi-
fères, de granités gris, souvent gneissiques. A travers les roches
volcaniques et le granité gris, s'élèvent des masses de granité
rouge, qui sont elles-mêmes fréquemment traversées par des
dykes de diabase. Cet ensemble de roches métamorphiques et
volcaniques a étc aplani par l'érosion marine, et le grès nubien
repose sur leur surface arasée.
Le grès nubien appartient au crétacé supérieur (Santonien).
Des calcaires crétacés (Sénonien inférieur, Campanien) recou-
vrent le grès, et offrent trois faciès :
I® Faciès de Duni, avec Ostrea Villei et Trigonoarca multidentata .
a*» Faciès de Hammama, riches en Céphalopodes.
y> Faciès de Mellaha, avec Gryphea pesicularis et Plicatula spinosa.
Les couches éocènes se divisent, au point de vue litholo-
gique, en un groupe supérieur de calcaires «noduleux et crayeux
(calcaires de Serrai), et un groupe inférieur d'argiles, marnes
et calcaires marneux (schistes d'Esna. .., etc.). Leur uniformité
est remarquable dans toute la partie du désert arabique étudiée
par MM. Barron et Hume.
Les couches oligocènes semblent manquer totalement.
Les couches miocènes avec de grandes huîtres, sont déve-
loppées près du rivage occidental du golfe de Suez : elles ont
nn caractère septentrional et méditerranéen.
Le pliocène semble avoir été une époque de troubles, qui
a abouti notamment à la formation des collines de la mer
Rouge. C'est à cette période qu'appartiennent les conglomé-
rats de la vallée et les calcaires de Wadi Quena.
l68 VIll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Le pleistocène est marqué par le retrait de la mer et par
plusieurs dislocations. Les récifs coralliens ont été relevés pour
former par exemple la chaîne d'Esh, parallèle au golfe de Suez.
Il est probable que ces changements étaient accompagnés par le
passage graduel d'un régime pluvial à un régime désertique actuel.
M, Hume fait une communication sur :
Les vallées du Sinaî oriental,
M. Hume a surtout étudié, dans la campagne de 1898-1899,
la partie sud-est du Sinaï, entre Dahab et Sherm. Les résul-
tats essentiels de son étude sont les suivants :
La chaîne principale des montagnes du Sinaï au Eth Thebt
ne concorde pas avec la ligne de partage des eaux, qui se
trouve d'ordinaire à une petite distance à Test.
La chaîne principale, d'Eth Thebt à Ras Mohammed, ne
concorde pas non plus avec la ligne de partage des eaux, qui
se trouve alors à l'ouest.
Le système principal de la péninsule du Sud est constitué
par de longues crêtes, de direction N.-S.-S.-E. A l'est de Fersch
Sheikh el Arab, un svstème transversal court d'ouest en est, vers
le golfe d'Akaha. Au nord de cette chaîne, un pays septentrio-
nal, en forme de plateau d'une élévation de 1.200 mètres, un
pays méridional, très accidenté de chaînons et de pics. Les val-
lées constituent des dépressions profondes étroites, avec des ver-
sants très rapides. Au sud de la chaîne transversale, elles cou-
rent vers le sud-est : au nord, elles se dirigent vers le nortl-est.
Les traits essentiels du Sinaï méridional sont dus à des
dislocations plutôt qu'à l'érosion. I^s fractures sont dirigées
dans trois orientations, et c'est de là que découle la structure
générale de la contrée.
M. Fraas ajoute aux observations de M. Hume quelques
remarques personnelles qu'il a faites en Egypte sur le grès
nubien et sur des roches éruptives récentes et anciennes tra-
versant des grauwackes d'âge iuconnu ; il décrit des failles.
d*un rejet qui peut dépasser ijo mètres, qui jalonnent les
bords de la mer Bouge et sont d'Age pliocène supérieur.
Le Président propose, en raison de l'heure avancée, de
remettre à la prochaine séance de géologie générale les com-
munications de MM. Lohest, Forir et Pavlow.
Les Secrétaires : A. Thevenin,
Vox Arthabbr,
ZiMMERMANN.
■\
SÉANCES DE SECTIONS 169
Section de Minéralogie et de Pétrographie
PREMIÈRE SÉANCE
77 août igoo
La séance est ouverte à 3 heures 1/2, sous la présidence
de M. Zirkel.
Sur la proposition de M. Michel Lévjy, MM, Rosenbusch
et Fouqué sont élus Présidents d'honneur de la section de
Minéralogie et Pétrographie.
M. Michel-Lévy, en qualité de président de la Commission
internationale de pétrographie , déclare que cette commission
s'est bornée à recueillir les opinions des savants étrangers et
à émettre des vœiix. Il fait remarquer que le Comité français
a fait d'importantes concessions pour faciliter l'entente avec
les pétrographes étrangers.
M, Lacroix donne lecture des vœux adoptés par la Com-
mission internationale de pétrographie dans ses séances des
35 et 26 octobre 1899.
L'assemblée procède ensuite à l'étude de ces vœux.
ler VŒU
(c Les noms d'auteur devront toujours être indiqués à la
suite des noms de roches ^ comme cela est d'usage en zoologie
et en botanique. »
M, Zirkel fait remarquer que, pour un grand nombre de
roches, il sera impossible d'indiquer le nom d'auteur; c'est le
cas pour le granité, par exemple.
Sur le désir exprimé par AI, Michel- Léçy , M. Brôgger
explique ce qu'il entend par granité; il déclare qu'un malen-
tendu s'est produit au sujet de l'emploi qu'il fait du mot
granité. Il l'applique à la fois comme nom d'espèce et pour
désigner tout le groupe. Les détails dans lesquels il entre
peuvent se résumer en disant que c'est la composition chi-
mique qui doit servir comme première ligne de base à la
distinction des groupes, et que c'est la roche profonde qui
doit servir de base pour établir le nom du groupe.
170 YUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
M, Michel' Léi?)" fait remarquer , en choisissant l'exemple
des diabases, qu'il y aurait utilité dans certains cas à ne pas
mettre le nom de Fauteur à la suite du nom de roche.
M. Lœwinson-Lessing exprime le vœu que le nom des
variétés de roches soit accompagné du nom de genre.
M, Zirkel propose d'ajouter le nom d'auteur quand on
pourrait craindre une confusion.
M , Sederholm est d'avis de laisser chacun libre à cet égard.
M. Brbgger demande que dorénavant on ajoute le nom
d'auteur quand il s'agira d'un nom de roche nouveau.
MM. Scheibe et Brôgger se prononcent en faveur de la
rédaction proposée par le Comité.
Le premier vœu, mis aux voix tel qu'il a été proposé, est
adopté .
ae VŒU
(illj^ a lieu de proposer au Congrès de* igoo de nommer
une Commission internationale chargée de publier les noms
nouveaux des roches avec leur description aussi précise que
possible, avec leur analyse chimique et, au besoin, arec un
dessin reproduisant leur structure. Cette publication aurait
lieu dans le volume des comptes rendus des Congrès interna-
tionaux. )>
M. Michel'Lévy est partisan d'éliminer les noms nouveaux
dont la nécessité n'est pas absolue ; la Commission choisirait
les nouveaux noms dont la description figurerait aux comptes
rendus.
M. Lœwinson-Lessing estime que 'tous les nouveaux noms
doivent être enregistrés et soumis à une étude critique.
Le 1^ vœu de la Commission, mis aux voix, est adopté.
Le Secrétaire général transmet à la section un projet de
liste de pétrographes, pour former la Commission interna-
tionale, chargée de publier les noms nouveaux.
M. Zirkel donne lecture de cette liste, complétée en séance.
Allemagne. A utriche-Hongrie.
MM. Rosenbusch. MM. Becke.
Weinschenk. Dœlter.
Zirkel. Tschermak.
SÉANCES DE SECTIONS
171
Angleterre,
Sir Arch. Geikie.
MM. Judd.
H. Teall.
Australie,
M. Twelvetrees.
Belgique,
M. Renard.
Brésil,
M. Hiissak.
. Canada,
M. Frank Adams.
Danemark,
M. Ussing.
Espagne,
M. S. Calderon.
États-Unis,
MM. Hague.
Iddings.
Pirsson.
France,
MM. Fouqué.
Lacroix.
Michel-Lévv.
Baprois.
Finlande.
MM. Ramsay.
Sederliolm.
Italie,
MM. Sabatini.
Striiver.
Viola.
Japon.
M. Koto.
Norçège,
MM. Brôggcr.
Reusch.
P<iyS'Bas,
M. Wichmann.
Roumanie.
M. Mrazee.
Russie,
MM. Karpinsky.
Lagorio.
Lœwinson-Lessing,
Serbie,
M. Zujovic.
Suisse,
MM. Duparc.
Schmidt.
Suède,
MM. Baeksirôm.
Tôrnehôhm.
Cette Commission a le droit de s'adjoindre d'autres mem-
bres ; l'ancienne Commission internationale de pétrographie est
déclarée dissoute.
3e VŒU
« Il est avant tout désirable de régulariser la nomencla-
ture des roches éruptii>es oà le manque d'unité est particuliè-
rement sensible. Différents auteurs attribuent une signification
17a VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
et un sens différents à un seul et même nom, et inçersement
diverses dénominations sont employées pour désigner une
même roche, un même groupe de roches ou une même structure.
Tous les inconvénients de la nomenclature actuelle peuvent et
doivent être écartés, tout au moins pour les grands groupes. »
M, Brôgger fait remarquer qu'un vote sur cette question serait
un vœu platonique et de nature à nuire à Tautorité du Congrès.
M. Michel'Lévy estime que la science pétrographique est
trop en voie de transformation pour appliquer maintenant le
vœu de la Commission ; c'est un vœu pour l'avenir.
M. de Lapparent pense qu'on ne doit pas changer un nom
parce que sa signification s'est modifiée.
Le vœu, mis aux voix par M. ZirkeL est adopté.
4<î VŒU
(( La caractéristique des grands groupes (par ex. des
familles) doit se baser sur la composition minéralogique
appuyée sur la composition chimique et la structure. »
M, Brôgger fait observer au sujet de ce vœu que la pétro-
graphie fondée sur la composition minéralogique n'est pas en
rapport avec les progrès de cette science. Il admet avec les
écoles américaine et allemande que la buse de classification
doit être la composition chimi([ue. On devrait à son avis ne
pas maintenir ce vœu.
M. Lœannson-Lessing estime également que la composition
chimique doit servir de caractéristique, mais il est partisan
de maintenir le vœu.
M. Michel-Lévy fait ressortir l'insuffisance de la donnée
chimique et énumère les cas où elle peut induire en erreur;
il souligne les avantages de l'analyse minéralogique.
M. Lœivinson-Lessing s'appuie sur l'exemple des andésites
à olivine et des basaltes sans olivine, pour montrer combien
l'analyse chimique est indispensable ; il demande qu'on tasse
ressortir dans le vœu que la composition chimique doit être
prise en considération d'une manière toute spéciale.
M. Vonverg est d'avis que cette question est de celles qui ne
doivent, ni ne peuvent, être tranchées par un vote du Congrès.
M, Zirkel met aux voix les trois questions suivantes :
1" L'assemblée accepte-t-elle la rédaction de la Commission?
20 Doit-on ajouter l'amendement de M. Lœwinson-Lessing?
3*> Faut-il supprimer le vœu ? comme le demande M. Brôgger.
SÉANCES DE SECTIONS 173
:22 suffrages admettent le vœu de la Commission.
9 suftrages adoptent Tameudement de M. Lœwinson-Lessing.
17 suftrages contre 25. se prononcent pour la suppression
du vœu de la Commission.
M. Zirkel constate que la majorité est favorable au maintien
du vœu.
Suivant le désir exprimé par M. Brôgger, la première et
la troisième question sont Tobjet d'un vote nominal.
Ont voté pour le maintien du 4® vœu :
Allorge, Léon Bertrand, Butureanu, Cayeux, Gren ville J.
Gole, Foucher, Gàbert, Gentil. Karpinsky, Kunz, Lacroix, de
Lapparent, Lecœuvre, Leppla, Michel-Lévy, G. Munteanu-Mur-
goci, Œbbeke, Piatnitzky, Renard, Romberg, Sabatini, Zirkel.
Ont voté contre le maintien de ce vœu :
Ch. Barrois, Barvir, Brôgger, Hlawatsch, Kolderup, Obrout-
cheft*, Ogawa, Reusch, Riva, Scheibe, Termier, Vemadsky,
Vorwerg, Vogt, Weinschenk.
M. Lœwinson-Lessing émet le vœu que la caractéristique
des grands groupes soit basée en première ligne sur la compo-
sition chimique. Sa motion est appuyée par neuf membres.
Les vœux suivants sont adoptés :
5e VŒU
« Les grands groupes peuçent être fixés dès à présent,
sans gêner le développement ultérieur de la classification, et
le démembrement de ces groupes en subdivisions, »
7e VŒU
« // est désirable de désigner les principaux types de
structure par des noms spéciaux. »
9e VŒ.U
« // est nécessaire d'éviter remploi d'une même dénomina-
tion (d'un même terme) dans des sens différents, »
io« VŒU
(( On devrait éviter autant que possible V emploi et la
création de différents termes pour désigner la même notion,
la même roche ou le même groupe de roches. »
i3« VŒU
« Il faut éviter autant que possible, pour les nouveaux types
de roches, remploi de noms préexistants, en leur assignant un nou-
i^eau sens, en restreignant ou en élargissant leur signification . »
174 VIU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
On passe ensuite k la deuxième question de Tordre du
jour. A la demande du Président, le Secrétaire général présente
les épreuves du Lexique pétrographique de M. Lœwinson-Lessing.
Sur le désir de lu Commission, M. Barrois a traduit le
Lexique, et il en a envoyé des épreuves aux membres de la
Commission, ainsi qu'à quelques autres pétrographes désignés
par la Commission : 75 exemplaires ont été ainsi expédiés;
une préface du Secrétaire indiquait le désir de la Commission
de voir ces exemplaires retournés avec des annotations pour
l'ouverture du Congrès; 10 exemplaires seulenaent lui ont été
renvoyés annotés.
Sur la proposition de M. Brôgger^ appuyée par MM. Zirkel,
Scheibe et M. Michel-Lévy, il est décidé que le Secrétaire général
sollicitera les observations des pétrograpbes qui n'ont pas
répondu à son appel.
M. Michel-Lévy insiste sur la nécessité de l'aire des sup-
pressions.
Il est décidé, à Tunanimité de la section, que ce Lexique
sera inséré dans les comptes rendus des Congrès.
MM. Barrois et Lœwinson-Lessing sont chargés de cen-
traliser toutes les annotations et observations qui leur seraient
adressées par les membres de la Commission jusqu'au 1'=»^ avril
1901". L'impression du Lexique ainsi modifié, devrait être mise
en mains à cette époque et l'œuvre de M. Lœwinson-Lessing
serait publiée en français, sous les auspices du Congrès géo-
logique international.
Sur la demande de M, Brogger, la Commission émet le
vœu qu'une deuxième édition en allemand puisse être faite
dans trois ans à l'occasion du Congrès de Vienne.
Le Secrétaire- gfhiéral insiste en terminant, auprès des congres-
sistes, pour que toutes les annotations relatives au Lexique, soient
expédiées pour le i^r avril, aux deux savants chargés de la publi-
cation.
La séance est levée à 5 heures.
Les Secrétaires : L. Cayeux,
GAbkrt,
ZiMMERMANN.
SÉANCES DE SECTIONS 176
Section de Minéralogie et de Pétrographie
DEUXIÈME SÉANCE
21 août igoo,
La séance est ouverte à 2 heures, sous la présidence de
AI. Zirkel, président.
M. Zirkel présente, de la part de M, Keilhack, la nouvelle
Revue qu'il dirige, le Geologisches Centralblait,
L'Assemblée procède à l'élection d'un Président de la Com-
mission de Pétrographie. M. Zirkel e^^i élu à une grande majorité.
Sur la proposition du président, il sera établi un Comité
d'action, au sein de la (Commission internationale de pétrogra-
phie. Ce sous-comité est composé de la façon suivante, en con-
formité du vote de la section :
MM, Becke pour l'Autriche et l'Allemagne.
Barrois pour la France.
Brogger pour la Scandinavie.
Lœwinson-Lessing pour la Russie.
Pirsson pour l'Angleterre et l'Amérique ^
Le Secrétaire-général présente le rapport de la Commission
chargée de la fondation d'un Journal international de Pétro-
graphie, Outre le rapport imprimé de M. Becke, sur la fondation
du Journal international de Pétrographie, ce savant a envoyé au
Secrétaire généra! un manuscrit, qui est un nouveau programme,
et dont M, Zimmermann donne lecture à la Section.
M, Zirkel fait remarquer qu'il est impossible de soumettre
à la discussion un travail aussi long et qu'il vaut mieux
charger la Commission de son examen.
M. Brogger demande que l'on commence immédiatement
la discussion et que Ton porte l'attention sur les points sui-
vants :
10 Le Journal de Pétrographie contiendra-t-il des comptes-
rendus et des travaux originaux ?
20 Le Comité devra-t-il se charger de réunir les fonds
nécessaires et de trouver un éditeur ?
3» M. Becke deviendra-t-il le rédacteur du journal ?
M, Zirkel informe l'assemblée que M. Becke lui a écrit
pour lui proposer de fusionner le nouveau journal avec les
176 VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Mitlheilungen de Tschermak ; il fait remarquer qu'on est
aujourd'hui en présence d'un nouveau programme.
Sur la proposition de M, Zirkel, le Comité formé à Saint-
Pétersbourg sera chargé de trancher les questions énumérées
par M. Brogger,
M, Brogger demande si le journal sera essentiellement un
journal renfermant des comptes-rendus ou s'il sei*a surtout
consacré à la publication de mémoires originaux.
Après discussion, l'assemblée décide que le journal ne
renfermera que des résumés et des travaux extrêmement courts.
A la demande de M. Brogger. le Comité est autorisé à
demander aux gouvernements des subsides au nom du Congrès.
M. Sac ce fait une communication sur un Essai de classifi-
cation générale des Hoches en se plaçant à un point de vue
essentiellement didactique. Comme les roches sont des associa-
tions et non des unités, comme les unités biologiques et miné-
ralogiques, il est préféi-able de les grouper en familles en
s'appuyant spécialement sur la composition chimique qui est
le caractère fondamental et en grande partie indépendant de la
constitution minéralogique, de l'âge et du mode de formation.
Il présente ensuite sa classification qui paraîtra dans les
comptes rendus du Congrès.
Le Secrétaire général présente une note de M. \V. Salomon
sur un Essai de nomenclature des roches métamorphiques.
Cette note, imprimée par les soins du Secrétaire général, a
été distribuée avant le Congrès.
M. Weinschenk présente une note Sur le dy^namo-m^tamor-
phisme et la piezocristallisation,
11 fait ensuite une autre comnmnication, sur la formation du
graphite. Les gisements de graphite de l'île de Ceylan, de
Passau (Bavière) et de Bohème montrent que ce minéral n'est
pas primordial dans les roches qui le renferment, mais quil
a été apporté par des (( agents anorganiques » sous des influences
volcaniques.
Des fumerolles principalement composées d'anhydride car-
bonique, de carbonyles et de cyanures métalliques, ont déposé
d'une part le graphite, de l'autre des oxydes de fer, de
titane et de manganèse, tout en décomposant la roche
encaissante. D'un autre côté les gisements de graphite des
Alpes résultent du métamorphisme de houilles carbonifères
par le contact du granité central. Par conséquent, dans fun
et l'autre cas, on constate que le graphite ne provient pas
SÉANCES DE SECTIONS I77
d organismes antérieurs aux terrains fossilifères, ainsi que Font
voulu la plupart des auteurs.
Le Secrétaire général lit une communication de M, Hague,
sur les volcans lertiaires de V Ahsaroka- Range. Cette région
montagneuse consiste presque entièrement en roches tertiaires
ignées d'une épaisseur de plus de 1800 mètres, traversées par
des roches intrusives granitoïdes (granités, diorites, etc.), dont
Téraption est contemporaine des mouvements orogéniques
qui ont soulevé F Ahsaroka Range.
M, Sabatini fait une communication sur Vétal actuel des
études sur les volcans de Vltalie centrale,
M. Sahatini, après des généralités sur la région, parle
sur la question controversée des origines des tufs romains et
de leur mode de formation. Ensuite, au sujet des laves, il
signale plusieurs phénomènes, comme Taltération de la leuci-
tite latiale en sperone, due aux fumerolles à chlorures vola-
tiles, et sur la transformation de la leucite en feldspaths
calco-sodiques. 11 explique la formation du lac de Bolsena à
cratères emboîtés : il ne s'agit pas d'effondrement. Enfin il
dit quelques mots sur la rapidité de Térosion dans ces tufs
romains et dans l'argile sous-jacente, et signale un bel exemple
de vallées à coulisses près Bagnora.
Le Secrétaire général informe l'assemblée que les commu-
nications de MM, Grenville Cote et Frank Rutley, inscrites
à la fin de l'ordre du jour, consistent en une série d'obser-
vations sur le Lexique de M. Lœwinson-Lessing dont il sera
tenu compte lors de l'impression du Lexique publié sous les
auspices du Congrès géologique.
La séance est levée à 4 heures 1/2.
Les Secrétaires : Cayeux.
ZiMMERMANN.
Section de Géologie appliquée et d'Hydrologie
PREMIÈRE SÉANCE
18 août igoo
La séance est ouverte à dix heures, sous la présidence de
M, Schmeisser, président de la section.
_ #
Le Président annonce que le Geological Survey des Etats-
12.
I7S Vill« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
I.'::is met à la disposition des nietubres du Congrès un certain
nombre de volumes : 191'» et 20^** Annual Report Minerai
Resources of the United States,
M. Mourlon fait une communication sur les i^oies noui^eiles
de la Géologie belge, qui donnent d'importants résultats, tant
sous le rapport du progrès de la science, que des applications;
il termine en ces termes :
« En agissant comme nous l'avons fait, nous croyons ser\'ir
les intérêts de la géologie, non seulement en Belgique, mais
même en tous pays. Aussi, nos visées s'étendent-elles beaucoup
plus loin encore, et, en présence du mouvement colonial qui,
depuis quelques années, a pris chez nous, comme un peu par-
tout ailleurs, un développement qui ne fera que s'accentuer
par la suite et qui réclame le concoui*s d'un si grand nombre
de géologues de profession, et malheureusement le plus sou-
vent en vain, faute de préparation spéciale sullisante. je me
demande s'il ne me serait point permis d'exprimer un vœu
devant cette assemblée, aussi remarquable par le nombre que
par la compétence des illustrations qui la composent.
» Ce vœu serait de voir la session actuelle du Congrès
international de géologie nous donner, par l'approbation du
programme que nous nous sommes tracé et que nous nous
efforçons de réaliser, la consécration qui nous est si néces-
saire pour inspirer encore davantage la contîance en haut lieu
et pour triompher des résistances et des dillicultés qui ne
manquent jamais de se produire lorsqu'on entre dans des voies
nouvelles ou tout au moins peu explorées. »
M. Gosselet fait ensuite une communication sur les eaux
salines que l'on rencontre dans les nappes aquifères du Nord
de la France,
Dans le terrain houiller, les eaux sont chargées de chlorure
de sodium, tandis que, dans le calcaire carbonifère, elles sont
encore sodiques, mais sulfatées ou carbonatées. Ces eaux
sodiques se rencontrent aussi dans la craie et même dans le
terrain tertiaire. On a fait plusieurs hypothèses pour expliquer
leur origine. On l'a attribuée à des pénétrations de la mer et
aussi à des eaux fossiles contenues dans des portions du sol qui
n'ont pas encoi'e été lavées par des eaux de la nappe supérieure.
Mais la présence des nappes aquifères salines au-dessus du niveau
de la mer rend ces deux hypothèses bien peu probables.
M, Stirrup signale qu'aux environs de Manchester, il y a
SÉANCES DE SECTIONS 1^9
dans les vallées, des teintureries, dont les puits, creusés dans
les graviers, à quelques mètres de distance, donnent tantôt
des eaux fraîches, tantôt des eaux salées. Il ne saurait leur
appliquer l'explication donnée par M. Gosselet. Dans le ter-
rain houiller de la même région, il y a aussi des eaux salées,
dont l'origine est inconnue.
M, Marboutin a tracé, pour le service de l'Observatoire de
Montsouris, dans la région parisienne, les courbes d'égal
degré hydrotimétrique. Il a ensuite cherché à connaître la
vitesse des eaux souterraines et tracé des courbes isochrono-
chromatiques. Pour tracer ces courbes il a employé une méthode
nouvelle et intéressante qui permet de suivre les nappes aqui-
fères sans inquiéter la population : 11 verse une quantité très
faible de fluorescéine dont il décèle ensuite la présence au
fluoroscope avec beaucoup de précision. En rapprochant ces
deux sortes de courbes, on voit que les degrés hydrotimétriques
élevés se trouvent dans les régions où l'eau est stagnante.
M. Choffat a reconnu dans les eaux du Portugal une grande
quantité de chlorure de sodium auquel on ne peut attribuer qu'une
origine aérienne. Le carbonate de sodium a été trouvé seulement
dans les sondages et toujours plus bas que le niveau de la mer.
M, Vander Veur faitu)ie conimunicaiion suri agrandissement
du royaume des Pays-Bas par le dessèchement du Zuyderzée.
Il rend compte des grands projets actuellement à l'étude pour
l'établissement d'une digue gigantesque qui permettrait de gagner
sur la mer 200.000 hectares de terres nouvelles, 4-'-^^>o fermes
pour l'Etat, d'avoir de l'eau douce à Amsterdam et dans le
lac d'Issel, et cela sans inconvénient pour la salubrité du pays.
Il remercie la presse étrangère de son concours à ce projet
grandiose de conquête pacifique d'un immense territoire.
Le président remercie M. Van der Veur de sa communica-
tion et exprime les vœux de l'Assemblée pour la réalisation de
ce grand projet.
M. Thevenin, secrétaire, donne lecture de la communication
de M, L. Pabre sur : Les plateaux des Hautes-Pyrénées et les
dunes de Gascogne,
Selon l'auteur, les deux phénomènes d'érosion submonta-
gneuse et d'apports littoraux dans un même bassin ne sau-
raient être indépendants, et aucune des théories jusqu'ici émises
pour la formation des dunes gasconnes ne lui paraît pleinement
satisfaisante. Il est conduit à voir dans le sable des dunes le
l8o VIU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
résultat d'apports continentaux plutôt que d'érosions marines.
Les abrasions puissantes, dont les plateaux sous- pyrénéens ont
été et sont encore l'objet, lui paraissent avoir une importance
prépondérante dans ces formations côtières arénacées. On peut
considérer la diversité d'âge des dunes comme une répei*cussion
littorale de la multiplicité des périodes glaciaires pyrénéennes.
La conclusion de T auteur est que le reboisement des landes
de Lannemezan s'impose non seulement pour préserver des
inondations la plaine d'Armagnac, mais encore pour ralentir
le perpétuel ensablement de la côte gasconne.
Les Secrétaires : Grbma,
A. Thevenln,
ZiMMERMANN.
Section de Géologie appliquée et d'Hydrologie
DEUXIÈME SÉANCE
23 août igoo
La séance est ouverte à quatre heures vingt, sous la présidence
de M. Schmeisser. Aucune observation n'est présentée au procès-
verbal de la deuxième séance, qui a été imprimé et distribué.
Le président met à la disposition des congressistes des
exemplaires d'un catalogue de profils, cartes et plans relatifs
à l'hydrologie de l' Alsace-Lorraine, que MM. Schumacher et
Van Werçeke ont prépai'és pour l'exposition du ministère de
ce pays. Ces objets sont visibles à l'exposition collective
allemande pour l'hygiène.
M. Van den Broeck, dans une communication sur les appli-
cations de la géologie, commence par faire l'historique de cette
voie d'études spéciales qui est moins nouvelle que beaucoup le
croient. Constant Prévost, le premier fondateur de la Société
géologique de France, avait tellement en vue, — divers docu-
ments en font foi, — l'épanouissement des applications de la
géologie, que ses amis et collègues de la première heure durent
insister vivement pour ne pas faire de la Société naissante une
sorte d'office scientifique, technique, et commercial.
Si en i83o cette thèse de l'opportunité des applications ne
pourrait recevoir de sanction pratique, c'est, comme le monfre
M. Van den Broeck, parce que les temps n'étaient pas venus
SÉANCES DE SECTIONS l8l
et qae le sagace, mais trop zélé précurseur, était eu avance
de trois quarts de siècle.
Le motif en est qu'une première phase d'élaboration pure-
ment scientifique doit précéder la période des applications.
Cest celle de l'évolution et de Fépanouissement naturel de la
géologie qui, tout d'abord, doit s'occuper exclusivement de
l'étude détaillée locale et régionale des terrains.
Il pourrait être fôcheux de détourner, pendant cette période
d'évolution normale- des progrès de l'étude géologique d'une
région donnée, les forces vives que réclament les recherches
scientifiques pures.
C'est surtout dans les régions industrielles et à richesse
minérales exploitées que l'on constate, fait observer l'orateur,
les progrès rapides des connaissances géologiques et cela
s'explique aisément par la multiplicité des travaux publics et
privés qui criblent et perforent de tant de manières le sol
et le sous-sol de ces régions. Le département du Nord en
est un exemple frappant et un heureux hasard y a précisé-
ment conduit, depuis i865, M. le Professeur J. Gosselet, un
des plus fervents disciples de Constant Prévost qui eut, depuis
son arrivée dans la région, la joie d'être à même, dans un
milieu bien approprié, de pouvoir avec persévérance et
énergie, réaliser dans ses multiples directions le programme
conçu par son illustre maître.
Ces mêmes conditions favorables de milieu ont aussi
facilité la tâche des géologues belges qui, déjà en i85i,
possédaient, grâce à A. Dumont, de remarquables cartes
géologiques du sol et du sous-sol à l'échelle de ^^^^ ,
En Belgique aussi, on utilise depuis longtemps, un pré-
cieux canevas topographique au ^J^^^^ qui constitue pour
les travaux de géologie détaillée un précieux élément,
facilitant des levés géologiques à grande échelle. Si, à ces
avantages matériels, on ajoute la diversité des éléments du
sol et les richesses minérales si nombreuses et si variées
de la Belgique, et si enfin Ton se rend compte des innom-
brables travaux de recherche et d'exploitation auxquels elles
ont donné naissance, on comprendra aisément que les géo-
logues belges soient arrives, avant bien d'autres, à s'occuper
activement de géologie appliquée.
Après avoir rendu hommage au précurseur français et à
son disciple de Lille, dont la Belgique suit l'exemple, M. Van
i8a vin« CONGRÈS géologique
den Broeck retrace à grands traits le rôle et Faction conver-
gente dans cette direction des deux sociétés : géologique de
Belgique, dont le siège est à Liège, et belge de géologie, dont
le siège est à Bruxelles. 11 rappelle également les travaux
similaires des géologues de la commission de la carte belge
et ceux du service géologique, dirigé par M. Mourlon.
Il insiste enfin sur l'importance et l'intérêt de ces travaux
d'application, qui, dans une contrée où la géologie régionale
est arrivée à la pliase . d'épanouissement des levés et des
études détaillés, non seulement ne sont pas, comme d'aucuns le
croient, en opposition avec les progrès de la science, mais cons-
tituent au contraire un puissant adjuvant du progrès géologique.
M, Kunz lait une communication sur les progrès de la
production des pierres précieuses aux États-Unis. Il appelle
l'attention sur les nombreux minéraux intéressants trouvés, et sur
les problèmes géologiques qu'ils présentent pour la recberche
des pierres précieuses. Il signale les recherches faites par un grand
nombre de géologues américains pour déterminer le gisement
des diamants trouvés dans le Wisconsin et que Ton croyait
exister dans la région du Labrador et de James Bay. La carte
préparée par M. Kunz pour le service géologique des États-
Unis indique vingt-quatre localités dans trois régions dis-
tinctes. La tourmaline, le saphir, la turquoise et autres gemmes
sont mentionnés par M. Kunz. Le produit des gemmes améri-
cains a été de i.ooo.ooo de francs en 1899. Le catalogue de
la collection visible dans le palais des mines de la section des
États-Unis, et appartenant à l'American Muséum of Natural
History, est offert aux savants qui en font la demande.
M, Léon Janet fait une communication sur le captage et
la protection des sources d'eaux potables.
Le captage d'une source d'eau potable a pour but essentiel
de la mettre à l'abri de toutes les contaminations pouvant se
produire au voisinage du point d'émergence et spécialement
dans le trajet que l'eau elfectue entre le gisement géologique
de la nappe et la surface du sol.
Un bon captage d'une source consistera généralement à
aller chercher l'eau dans son gisement géologique au moyen
de puits, de forages ou de galeries, en faisant abstraction du
poiiil naturel d'émergence.
Ln proferfion d'un*» s:)urce d'eau potable a pour but d'éviter la
contamination de l'eau de la najjpe souterraine au point où celle-ci
SÉANCES DE SECTIONS l83
quitte son gisement géologique pour gagner la surface du sol.
Elle nécessite d'abord la détermination approximative du
périmètre <f alimentation de la source, c'est-à-dire de la zone
dans laquelle une molécule d'eau, tombant à la surface du sol,
peut se retrouver au point d'émergence de la source.
Elle consiste ensuite à examiner le mode d'absorption de l'eau
dans ce périmètre d'alimentation, soit par petits filets sans ruissel-
lement, soit par engoufirement du cours d'eau dans des bétoires.
La manière dont l'eau engouflrée dans un bétoire se répartit
dans la nappe et la communication entre un bétoire et une
source peuvent être étudiées au moyen de matières colorantes,
comme la Jluorescéine, en construisant des courbes dites îso-
chronochromatiques passant par les points où la matière colo-
rante arrive au bout d'un temps déterminé.
Le danger d'une communication entre une source et un
bétoire est établi au moyen de micro-organismes inoffensifs, ne
se trouvant pas dans les sources, et d'une dimension analogue
à celle des principales bactéries pathogènes.
On remédiera à la situation en empêchant les eaux de
s'engouffrer dans les bétoires reconnus dangereux.
M, de LauncLy expose quelques réflexions sur l'enseigne-
ment de la géologie pratique. Il se produit actuellement, en
faveur de la géologie appliquée, un mouvement d'opinion qui
correspond évidemment à un désir et à un besoin. La géo-.
logie pratique peut être enseignée scientifiquement, d'une
façon approfondie ; mais elle peut être aussi, et c'est sur ce
point que l'orateur voudrait insister, être enseignée d'une
façon plus humble, plus modeste, en vue de mettre la masse
du public à même d'utiliser, sans connaissances spéciales, les
résultats de la géologie. Pour y arriver il serait peut-être
nécessaire de juxtaposer à renseignement ordinaire de la géo-
logie scientifique qui est surtout fondé sur la détermination
précise de l'âge des terrains un enseignement pratique, où l'on
se passerait de ces déterminations difficiles pour utiliser seu-
lement la nature physique, chimique et minéralogique des
terrains, leurs mouvements de dislocation et de plissement,
leurs altérations à la surface, etc.
C'est ce que M. de Launay a essayé de faire dans un
petit ouvrage sur la géologie pratique, qui doit paraître pro-
chainement et où il a tour à tour envisagé les connaissances
générales de géologie pratique utiles à toutes les professions,
l84 VIU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
puis les applications spéciales à Tart de Fingémear, à Fagri-
ctdture, à la recherche des minerais et des combustibles, du
captage des sources thermales, à la topog^phie.
Le Président présente, de la part de M. ^. ^ Richard,
une brochure sur Vorigine du pétrole.
M, Mourlon estime qu'il existe peut-être un certain équi-
voque quant à ce qu'il faut entendre par géologie appliquée.
Dans notre pensée, dit- il, c'est synonyme de géologie détaillée.
Si en chimie, par exemple, la science pure ne bénéficie pas
des applications, c'est le contraire qui a eu lieu pour la
géologie qui doit tant aux applications et dont dépend main-
tenant leur grande extension.
Nous sommes bien un peu réunis ici, en congrès, pour
nous concerter au sujet des intérêts de notre science et de
ceux qui en sont les représentants en tous pays. Et à ce
point de vue ne convient-il pas de se demander ce qu'il en
adviendra lorsque les travaux de levés de cartes, par exemple,
qui touchent à leur fîn dans certains petits pays, comme la
Belgique, ne seront plus là pour entretenir le mouvement
scientifique ? Il est bien vrai que les cartes devront être tenues
à jour de manière à pouvoir bénéficier de tous les travaux
intéressant la géologie, mais, pour atteindre ce résultat, il
faut une institution spéciale pour bien coordonner tous les
faits avérés et les résultats acquis.
Le service géologique de Belgique prend ses dispositions
pour en faire Toifice et devenir aussi une école pratique
destinée à fournir des « géologues conseils » en tous pays,
absolument comme certains instituts forment des électriciens
en France, en Allemagne, et en Belgique à l'Institut Monte-
fiore de Liège et à celui de Louvain.
M. Boursault insiste sur la nécessité de multiplier les
renseignements pratiques donnés, même par les personnes
non géologues, mais contrôlées et guidées par les spécialistes.
En particulier, il faut multiplier les coupes de puits et
forages ; mais le plus souvent, ceux-ci, précieux pour les stra-
tigraphes, manquent de l'élément essentiel pour l'hydrologue :
le niveau de Veau, sans lequel il est impossible de tracer les
courbes de la surface piézométrique de la nappe.
La séance est levée à 5 h. 5o.
Les Secrétaires : L. Cayeux.
Von Arthaber.
QUATRIÈME PARTIE
RAPPORTS DES COMMISSIONS
RAPPORTS DES COMMISSIONS
1. COMMISSION DE LA CARTE GÉOLOGIQUE
INTERNATIONALE D'EUROPE
Procès-verbal de la séance tenue à Paris le i8 août igoo
La séance est ouverte à lo heures.
Sont présents :
MM. Beyschlag, Capellini, Sir Archibald Geikie, Karpinsky,
Mojsisovics VON Mojsvar,Hans Reusch,Sederholm,Michel-Lévy.
M. MicHEL-LÉvY est nommé Président du Comité.
Avant d'entrer dans Texamen des questions à l'ordre du
jour, le Comité de la Carte géologique de l'Europe déplore la
grande perte qu'il a faite en la personne de M. Haucliecorne .
Comme, d'après les précédents, il ne doit admettre qu'un Membre
avec voix délibérative par grand pays et que, suivant une
décision du Comité, réuni lors du Congrès de S*-Pétersbourg,
M. Beyschlag a été adjoint à M. Hauchecorne pour représenter
l'Allemagne et exécuter les cartes encore en œuvre, il décide
que M. Beyschlag remplacera M. Hauchecorne, avec voix déli-
bérative. D'autre part, les précédents permettant au Comité de
s'adjoindre les Directeurs des principaux services avec voix
consultative, il décide à l'unanimité que M. Schmeisser sera
nommé membre du Comité de la Carte géologique de l'Europe,
avec voix consultative.
Le président donne la parole à M. Beyschlag pour la lec-
ture de son rapport.
Tout d'abord M. Beyschlag retrace en quelques mots l'impor-
tance des services rendus par feu Hauchecorne à l'œuvre de la
publication de la Carte géologique de l'Europe.
l88 Vni' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Il donne ensuite lecture de son rapport, et présente au
Comité la 4™® livraison de la Carte comprenant les feuilles
C\ C", C'", D", D'" et E'^ et un tableau d assemblage indi-
quant les feuilles parues et celles en cours de publication.
M. le Président remercie M. Beyschlag de son rapport si
clair et si concis.
Le Comité, après avoir entendu le rapport de M. Beyschlag,
et considéré les menaces financières, qui se traduisent actuelle-
ment par un excédent de dépenses sur les recettes , émet le
vœu que les principaux États souscripteurs augmentent de
moitié les sacrifices consentis.
L'Italie a pris les devants et donné le bon exemple en
portant de loo à 3oo le nombre des exemplaires souscrits.
Le Comité estime qu'il conviendrait de porter de loo à
i5o la souscription des divers grands États ; cette augmenta-
tion s*appliquant également aux feuilles déjà publiées.
Le Président donne ensuite la parole à M. Karpinsky, qui
fait ressortir que les nouveaux figurés, tenant compte en
Russie, des afQeurements réels et des terrains de couverture,
a exigé d'immenses efforts et explique le retard apparent dans
la publication des cartes ; il observe à juste titre que la Russie
a déjà fourni 6 feuilles de la carte d'Europe, c'est-à-dire
autant que tous les autres pays pris individuellement.
M. Karpinsky dit qu'il espère pouvoir dans l'avenir parti-
ciper davantage aux ti*avaux de la carte d'Europe et il compte
présenter au prochain congrès les feuilles E', E", F", F"', F»^,
G" et G'". Mais les feuilles topographiques du rang F ne
sont pas finies, et nécessairement la publication des feuilles
géologiques est subordonnée à l'achèvement du canevas topo-
graphique.
M. Karpinsky estime qu'il y a lieu de publier toutes les
feuilles de la colonne G , sauf à laisser en blanc la partie
orientale de plusieurs de ces feuilles.
De son côté, M. Michel Lévy fait ressortir qu'il y a
intérêt, en vue des éditions ultérieures, à conserver également
la bande méridionale Vil, mais en laissant des blancs pour
les parties moins étudiées.
M. Mojsisovics dit que les légendes pourraient trouver
place dans les parties provisoirement réservées.
M. Beyschlag se range à cet avis et observe qu'on a déjà
fait ainsi pour certaines parties du Maroc.
COMMISSION DE LA CARTE 0*EUROPE 189
La topographie pourrait aussi être simplifiée ou laissée en
blanc en cas de besoin.
Le Comité remercie hautement M. Beyschlag* des efForls,
couronnés de succès, qu'il a développés, pour mener à bonne
fin Foeuvre commune, depuis la mort du regretté Hauchecorne.
La séance est levée à ii heures i/q.
RAPPORT DE LA DIRECTION
DE LA CARTE GÉOLOGIQUE D'EUROPE
SUR L'ÉTAT DES TRAVAUX DE CETTE C:ARTE
Rapport présenté aux Membres de la Commission de la Carte géologique
d'Europe, à roccasion du 8* Congrès géologique international,
par M. F. BEYSCHLAG.
Avant de vous présenter mon rapport, j'obéis à un senti-
luent de reconnaissance en vous rappelant les mérites de notre
éminent collaborateur, M. Hauchecoime, qui, malheureusement,
a été subitement enlevé par la mort, au commencement de Tannée,
à une vie pleine de travail et de succès.
Notre grande entreprise a perdu dans le défunt non seu-
lement un de ses fondateurs, mais aussi un talent extraordi-
naire, à qui nous devons, avant tout, Torganisation de Tœuvre.
Lorsque j'ai eu Fhonneur de vous présenter, il y a trois
ans, à S^-Pétersbourg, le dernier rapport de la Carte géologique,
il restait à faire :
Les pays Scandinaves, Suède et Norwège,
La partie septentrionale du Danemarck,
La plus grande partie de la Russie d'Europe, avec le grand
Duché de Finlande,
Enfin, l'Est de la Péninsule des Balkans, TAsiç Mineure
avec son a Hinterland » et les contrées africaines, devaient
occuper la dernière série de feuilles.
Depuis lors, j'ai travaillé à l'édition des feuilles Scandi-
naves, finlandaises et de la Russie Centrale et je suis en état
de vous présenter (aujourd'hui à l'occasion du Congrès de
Paris) les feuilles C', C", C'", D", D'" et E'^ imprimées, comme
résultat du travail des dernières années.
igO VlII^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
L'amabilité du Directeur du service géologique de la Suède,
M. le Professeur Tôrnebohm, qui est entré avec voix consulta-
tive dans la Commission de la Carte en remplacement de M. 0.
Torell, nous a rendu possible de représenter d'une façon satis-
faisante la Suède, y compris les formations quaternaires. MM.
les Directeurs Reusch pour la Norwège, et Sederholm pour la
Finlande, ont donné avec grande complaisance leur approba-
tion à notre tracé. Ces résultats ont été facilités par le voyage
que j'ai entrepris au printemps de l'année passée, pour avoir
des entretiens personnels avec nos confrères de Stockholm et
de Christiania.
La publication des contrées russes n'a pas avancé comme
nous l'espérions. Aux feuilles Russes E'^, et D«", dont le des-
sin était déjà prêt depuis plusieurs années, on ne put ajouter
qu'au printemps la partie russe de la feuille D'* et la partie
septentrionale de la feuille E^, contenant la péninsule de la
Crimée. Mais comme il manque encore pour dresser cette feuille
les tracés topographiques et géologiques de TAsie Mineure, elle
n'a pu être imprimée.
J'ai reçu, il y a un mois, grâce à l'amabilité de M. Karpinsky,
le dessin géologique de la feuille E"' contenant les environs
de Saint-Pétersbourg et de Moscou. Cette feuille sera impri-
mée sans tarder, et publiée avec les feuilles voisines.
Comme quatrième livraison de la carte, je vous présente
donc les nouvelles feuilles C', C", C"', D", D'", et E'% qui
seront éditées au commencement de Tannée prochaine.
Pour continuer la publication, on sera forcé de reconstruire
complètement la base topographique de TAsie Mineure, d'après
les matériaux laissés par le défunt Professeur Kiepert et com-
plétés par les recherches topographiques les plus récentes. Ce
sera un travail diilicile et compliqué que de se procurer et de
réunir les matériaux nécessaires pour dresser la carte géolo-
gicjue de l'Asie Mineure. Heureusement, nous pouvons compter
sur Taide et l'appui d'une série d'explorations qui se trouvent
actuellement en cours, tant sous les auspices de l'Académie
scientifique prussienne, que sous celui d'autres Sociétés scien-
tifiques et avec l'appui de hautes personnalités. Nous avons du
moins des espérances fondées, à cet égard. J'ai essayé en outre
d'intéresser à l'entreprise, le gouvernement Turc et les grandes
Compagnies de Chemin de fer de TAsie Mineure.
H est à la fois, de l'intérêt bien entendu, des États partici-
COMMISSION DE LA CARTE d'eUROPE IQI
pant à l'édition de la Carte, et de celui de l'éditeur, que l'œuvre
soit bientôt définitivement achevée. Mais c'est un résultat impos-
sible à atteindre immédiatement, je dirai môme dans des dizaines
d'années, si on persiste à vouloir colorier complètement toutes
les feuilles de la Carte, dans l'extension adoptée tout d'abord.
Suivant le plan, primitivement fixé, la carte géologique d'Europe
englobe dans la série Sud de ses feuilles A -G^", une grande
bande de terrains africains et dans la série Est de ses feuilles
G'-G^" une autre bande de terrains asiatiques.
Pour le plus gi»and nombre de ces feuilles des séries Sud
et Est, il ne nous manque pas seulement les bases topogra-
phiques nécessaires à l'exécution d'un dessin précis à l'échelle
I : i.Soo.ocK), mais aussi et avant tout, les recherches géologi-
ques, qui puissent permettre une représentation mêuie sommaire.
En considération de ces circonstances, il nous parait préfé-
rable de ne pas retarder plus longtemps la publication des
matériaux nouveaux réunis pour ces feuilles, et de les éditer
aussitôt que possible, d'après les cartes et itinéraires topogra-
phiques et géologiques, qui ont paru jusque maintenant, et nous
laisserons en blanc le reste.
Enfin, je suis forcé de faire en terminant quehjues commu-
nications sur la situation financière de l'entreprise.
Comme vous le savez, les fonds nécessaires à l'impression
des cartes, dont s'est chargée la maison Dietrich Reimer, de
Berlin, proviennent seulement de souscriptions d'Etats, acqué-
reurs d'un nombre plus ou moins grand des feuilles. Il n'existe
aucune contribution directe des Etats. Les frais elfectués pour
la préparation des dessins, l(»s corrections et le travail de
rédaction sont soldés libéralement par le Service de la carte
géologique détaillée de la Prusse.
La somme totale des versements de tous les Etats s'élève
à quatre vingt mille M. (80.000), dont soixante mille M. (60,000)
ont été payés jusqu'à présent.
Les paiements faits jusqu'ici, à l'Institut lithographique, par
la maison Dietrich Reimer, pour l'impression, s'élèvent à peu
près à soixante cinq mille Marcs (65. 000). Il est donc évident
que le reste de la somme, dont le versement ne doit être
réclamé, d'aiUeurs, qu'après l'achèvement de l'œuvre, ne suffira
pas à payer l'édition des feuilles qui restent encore à faire.
L'éditeur s'est engagé à achever l'œuvi^e en tant que cela
dépendra de lui, mais il serait équitable de lui faciliter la
193 VlU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tâche pour les motifs suivants. Dans le plan primitif de la
Carte, plan qui a servi de base au contrat conclu entre la
direction de la Carte et l'éditeur, on n'avait en vue qu'une
exécution bien plus simple, nécessitant un plus petit nombre
de tirages en couleurs et une exécution moins détaillée des
limites géologiques. Il est arrivé qu'au contraire, la plupart des
feuilles parues jusqu'ici sont très détaillées et compliquées.
Je vous rappelle notamment la feuille C^, contenant les Alpes,
ou bien encore, les feuilles Russes et Anglaises où le quater-
naire est en outre représenté par des hachures en couleurs.
Pour lever ces diilicultés financières, il importe que les
Membres de la Commission persuadent leure Gouvernements
d'augmenter le nombre des exemplaires souscrits.
L'Italie a déjà donné le meilleur exemple en élevant d'elle-
même le nombre des exemplaires souscrits à 3oo. Si les autres
Etats manifestaient d'une façon aussi pratique l'intérêt qu'ils
portent à l'accomplissement de notre carte, l'exécution de l'œuvre
serait garantie du côté financier, sans léser la Maison Dietrich
Reimer, qui, jusqu'ici, a rempli si brillamment sa tâche.
La Direction de la Carte,
F. Beyschlag.
II. COMMISSION INTERNATIONALE
DE CLASSIFICATION STRATIGRAPHIQUE
Rapport par M. E. RENEVIER.
La Commission instituée par le Congrès de Saint-Péters-
bourg, dans son assemblée du 3o août, et nommée par le Con-
seil dans sa séance du 3 septembre 1897, ^ ^^^ composée de
8 membres effectifs et 22 membres correspondants.
Membres efiectifs :
MM. D^ Ch. Barhois, à Lille (France).
Prof. G. Capellini, à Bologne (Italie).
Prof. Th. M* K. Hughes, à Cambridge (Angleterre).
Prof. E. Rexevier, à Lausanne (Suisse).
Dr E. TiETZE, à Vienne (Autriche).
COMMISSION DE STRATIGRAPHIE
193
MM. Th. Tschernyschew, à Saint-Pétersbourg (Russie).
Prof. H. Williams, à New-Haven (U. S. A.).
Prof. D*^ K. VON ZiTTEL, à Munich (Allemagne).
Membres correspondants :
MM.
Choffat (Lisbonne).
Clark (Baltimore).
DE CoRTAZAK (Madrid).
Davis (Cambridge, Mass.).
Dawson (Montréal).
Depéret (Lyon).
Frech (Breslau).
Griesbach (Calcutta).
Karpinsky (S'-Pétersbourg).
Kayser (Marburg).
de Lapparent (Paris).
MM.
Martin (Leyde).
Mayer-Eymar (Zurich).
Nathorst (Stockholm).
NiKiTiN (S^-Pétersbourg).
Stefanescu, Gr. (Bucarest).
DE Stepani (Florence).
Taramelli (Pavie).
Uhlig (Prague).
Van den Broeck (Bruxelles).
Walcott (Washington).
WooDWARD (Londres).
Cette Commission avait pour mission générale « d'étudier
les principes de la classification stratigraphique , en restant
sur le terrain de la méthode historique^ mais en cherchant
à la rendre de plus en plus naturelle, »
Le Congrès avait en outre renvoyé à son examen trois pro-
positions, sur lesquelles il n'avait pas voulu prendre de décision
dans son assemblée .du i«r septembre.
Dans une courte séance tenue le 3 septembre à Saint-Pé-
tersbourg, les membres présents me chargèrent de la prési-
dence.
Par entente préalable, les membres effectifs de la Commis-
sion furent convoqués à Berlin pour le 26 septembre i898,
en connexion avec la réunion annuelle de la Société géologi-
que allemande. MM. Gapellini et Hughes se firent excuser.
Les 6 membres présents se rencontrèrent à la Bergakademie,
où M. Hauchecorne avait obligeamment mis une salle à notre
disposition. Après avoir sérieusement discuté dans cinq séances
successives et pris un certain nombre de résolutions, ils char-
gèrent leur président d'en publier le protocole, en le faisant
précéder d'un résumé historique des progrès déjà réalisés par
les résolutions prises dans les sept Congrès géologiques inter-
nationaux.
r.v
l94 ^m* CONGUÈS (GÉOLOGIQUE
A. Résumé historique.
l. Le premier Congrès, tenu à Paris en 1878, posa les
bases du travail international d'unification géologique et nomma
trois couimissions chargées de préparer la besogne pour le
Congrès suivant :
I" pour l'unification des ligures géologiques (secrétaii'e :
E. Renevier).
a*^* pour runification de la nomenclature (secrétaire :
G. Dewalque).
3« pour les règles à suivre dans la nomenclature des
espèces (secrétaire : H. Douvillé).
II. Le Congrès de Bologne en 1881 fut très actif. Discutant
le rapport de la première des trois Commissions, il posa les
bases de la Carte géologique internationale d'Europe et en
confia l'exécution à MM. Beyrich et Hauchecorne, à Berlin,
assistés d'un Comité international. Puis, admettant en princi[)e
l'adoption d'une gamme internationale de couleurs pour la
représentation des terrains géologiques, le Congrès choisit lui-
même une partie de ces couleurs conventionnelles et confia au
Comité de la Carte géologique d'Europe le choix de celles des
terrains paléozoïques.
Voici cette gamme internationale, telle qu'elle l'ésulte de
ces diverses décisions :
Tertiaire = jaune.
Oétacique = vert.
Jurassique = bleu clair.
Liasique = bleu foncé.
Triasique = violet.
Carbonique = gï*is.
Dévonique = brun.
Silurien et Cambrien = vert-bleu.
Archéique = rose.
Uoches éruptives = rouge.
En outre, le Congrès adopta les trois résolutions ci-dessous,
qui faisaient partie des propositions de sa Commission des
figurés :
COMMISSION DE STRATIGRAPHIE 196
i** « Les subdivisions d'un Système pourront être repré-
sentées : par les nuances de la couleur adoptée, par des
réserves de blanc, ou par des hachures variées, selon les
besoins particuliers de chaque carte, à la seule condition que
les signes figuratifs ne contrarient pas les caractères orogra-
phiques (tectoniques) et ne rendent pas les cartes confuses.
» Les nuances, par teintes pleines ou par réserves, devront
être appliquées en raison directe de l'ancienneté, les plus
loncées figurant toujours les subdivisions les plus anciennes. ^^
2" a La notation littérale sera basée sur Talphabet latin
pour les formations sédimentaires, sur Talphabet grec pour
les formations éruptives.
)) Le monogramme d'un terrain sera formé, dans la règle,
de l'initiale Tnajuscule du nom de ce terrain. I^s subdivisions
pourront être distinguées : en ajoutant à cette initiale majus-
cule soit rinitiale minuscule du nom de la subdivision, soit
un exposant numérique, soit l'un et l'autre, s'il y a lieu.
» Les chiffres des exposants numériques devront toujours
se présenter dans Tordre chronologique, i désignant la pre-
mière, soit la plus ancienne des subdivisions. »
3^ « L'emploi de signes paléontologiques, orographiques,
chorologiques et géo techniques est recommandé. Ceux qui sont
en même temps les plus figuratifs ou les plus nmémoniques
sont à choisir de préférence. »
Quant à l'unification de la nomenclature, prenant le rapport
Dewalque pour, base, le Congrès adopta d'abord les principes
suivants :
4** (( Le mot de Formation entraine l'idée d'origine et non
celle de temps. Il ne doit donc pas être employé comme
synonyme de terrain ou à' étage. Mais on dira très bien :
Formations éruptives, formations calcaires, formations marines,
formations lacustres, etc. ))
50 (( Les éléments de l'écorce terrestre sont les masses
minérales, qui peuvent être envisagées à trois points de vue :
a) » Au point de vue de leur nature et de leur compo-
sition, elles prennent le nom de Roches,
b) » Considérées quant à leur origine ou mode de for-
mation, ce sont les Formations.
c) » Enfin, au point de vue de leur âge ou de la succes-
sion stratigraphique, ce sont les Terrains. »
ig6 VIII^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Ce mot de Terrain doit conserver un sens tout à fait
général et ne pas s'appliquer à tel ou tel ordre de subdivision.
Pour la subdivision hiérarchique des Terrains ou des
Temps géologiques, le Congrès a recommandé 5 ordres de
subdivisions subordonnés les uns aux autres, et a fait choix des
termes suivants pour représenter ces divisions, de valeur diffé-
rente, au point de vue soit chronologique, soit stratigraphique.
Ordre
Termes
des subdivisions.
chronologiques Termes slrat {graphiques
i^' ordre.
— Ere = Groupe.
2^ »
— Période = Système.
» »
— Epoque = Série ( — Section).
4® »
— Age — Etage ( — Stufe, Piano, etc.).
5^^ »
— Phase ? = Assise (= Sous-étage).
Le terme Phase a été proposé par plusieurs, mais n'a pas
proprement été adopté.
III. En i885, le Congrès de Berlin a d'abord complété la
gamme internationale des couleurs ci-dessus indiquée (p. 194)
en vue de l'impression de la Carte géologique d'Europe.
Abordant ensuite le rapport de M. Dewalque, il a tranché
une série de questions de limites stratigraphiques et de nomen-
clature, en vue de la légende de cette carte, mais en réservant
expressément le point de vue proprement scientifique.
IV. En 1888, le Congrès de Londres a discuté plusieui*s
questions importantes de nomenclature et de classification géo-
logique, mais en s'abstenant intentionnellement de prendre
des résolutions sur aucune.
V. En 1891, à Washington, il n'est plus même question de
votations sur les questions d'unification.
VI. En 1894, le Congrès de Zurich a continué dans la même
voie, se contentant de conférences et de discussions générales,
sans votations, et laissant aux commissions spéciales la lâche
de l'unification
COMMISSION DE STRATIGRAPHIE I97
VIL Notre dernier Congrès à Saint-Pétersbourg, en iSOj,
s'est fait un devoir de reprendre le travail de T unification des
méthodes géologiques. Son Comité d'organisation y avait exhorté
d'avance les membres du Congrès, dans une de ses circulaires,
et avait préparé à ce sujet diverses propositions relatives à la
classification stratig raphique .
Celles-ci ont fait l'objet des discussions du Congrès dans
ses deux premières assemblées générales, et, plus ou moins
amendées, ont donné lieu aux résolutions suivantes, votées le
3o août et le i^^ septembre :
1** résolution. — « Le Congrès est d'avis quil faut rester
sur le terrain de la méthode historique, en cherchant à la
rendre de plus en plus naturelle ».
2» résolution. — « Le Conseil est chargé de nommer une
commission pour étudier les principes de la classification dans
l'esprit de la première clause ».
3® résolution. — a L'introduction d'un nouveau terme stra-
tigraphique, dans la nomenclature internationale, doit être
basée sur un besoin scientificjue bien déterminé, motivé par
des raisons péremptoires. Toute nouvelle application doit être
accompagnée d'une caractéristique claire, — tant batrologique
que paléontologique, — des dépôts auxquels elle est appli-
quée ; en même temps elle doit être fondée sur des données
observées, non dans une seule coupe, mais sur un espace plus
ou moins considérable ».
4* résolution. — « Les appellations appliquées à un terrain
dans un sens déterminé ne peuvent plus être employées dans
un autre sens ».
5* résolution. — (( La date de la publication décide de la
priorité des noms stratigraphiques donnés à une même série
de couches ».
6« résolution. — « Pour les petites subdivisions stratigra-
phiques, sufilsamment caractérisées paléontologiquement, en
cas de création de nouveaux noms, il est préférable de pren-
dre pour base leurs particularités paléontologiques les plus
importantes.
198 viii' con(;rès géologique
)) On ne devra faire emploi de noms géographiques ou
d'autres que pour des sections de certaine importance renfer-
mant plusieurs horizons paléontologiques *, ou loi'sque le ter-
rain ne peut être caractérisé paléontologiquement ».
7*^ résolution. — « Les noms mal formés, au point de vue
étymologique, sont à corriger* sans les exclure pour cela du
domaine de la science ».
(Voir Compte Rendu du Congrès de S^-Pétershourg, p. cxlvi
à eu).
B. Protocole des séances
tenues à Berlin en 1898, du iG au 29 septembre, à la Bergakademie.
I. Dans ses cinq séances, la Commission a d'abord revu les
résolutions votées par le Congres, le i^r septembre, et fait à
Tune d'elles une légère adjonction explicative, pour en préciser
le sens.
Cette adjonction consiste dans les mots « cest-à-dire pour
les étages » à intercaler après (c horizons paléontologiques m
vers la fin de la 6® résolution.
II. La Commission s'occupe ensuite des trois propositions
renvoyées à son examen par le Congrès.
a) Après examen elle accepte la première (C^' R.. p. CL),
ainsi conçue :
(( // serait désirable, dans la division des systèmes pour
lesquels il ny a pas de noms usités, comme Dogger, Lias,
etc., d'introduire les expressions : Paléo. . ., Méso, . ., Née... "
N.-B. La préfixe Eo,,. pourrait être substituée à Pa/^o...
pour abréger les noms trop longs, p. ex., Eocrétacique.
h) Elle rejette la seconde proposition réclamant pour los
subdivisions l'emploi dps termes : supérieur, moyen et inférieur,
de préférence à des noms univoques (C^ R.. p. CLL)
Outre le manque de précision de ce procédé, il n'est pas
applicable au point de vue chronologique. Ces trois expressions
restent d'ailleurs facultatives pour les subdivisions locales, ou
* Voir l'adjonctioD faite par la Commission.
A
COMMISSION DE STRATIGRAPHIE I99
celles dont on ne veut pas préciser la valeur stratigraphique.
c) Enfin, la Commission accepte la troisième proposition
(C** R., p. CLI), en y faisant une adjonction fmale, pour la
préciser :
(( Lorsqu'un terme^ donné à un ensemble de couches^ doit
être restreint à la désignation d'une partie seulement de ces
couches, on ne doit le conserver que pour les couches l^s mieux
caractérisées paléontologiquement » et correspondant à la défi-
nition primitive.
III. Discutant ensuite quelques questions générales, qui
lui sont soumises par ses membres, la Commission les résout
comme suit :
a) Dans un mémoire envoyé le 20 août de New-Haven (Con-
necticutt), M. H. -S. Williams avait demandé que dans sa réunion
de Berlin, la Commission définisse exactement chacun des
systèmes de terrains, aussi bien paléontologiquement que stra-
tigraphiquement, et en fixe exactement les limites, d'abord
dans les contrées où ont été pris les types originels, puis dans
les contrées plus tard étudiées.
C'était demander l'impossible. Ce serait la tâche d'un traité
général de stratigraphie. Les membres de la Commission
n'auraient jamais pu se mettre d'accord sur toutes ces ques-
tions, et rien que pour les discuter ils auraient dû siéger en
permanence pendant des mois. Aussi la Commission presque
unanime a-t-elle décidé de ne pas traiter pour le moment
les questions de limites stratigraphiques, et de les laisser au
contraire à l'étude personnelle de chacun.
b) Le président communique un projet de notation chiffrée
des terrains, qui lui avait été suggéré verbalement par M. le
professeur Max Lohest, de l'Université de Liège. Ce serait
une sorte de classification décimale, restant la même dans
toutes les langues, d'après laquelle les divisions de i^^ ordre
seraient représentées par les chillres des milliers i, 2, 3 ;
celles de 2^ ordre par les chiflres des centaines ; celles de
3me ordre par les chiflres des dizaines, celles de 4™® ordre
par les unités ; et enfin les subdivisions inférieures par des
décimales. On pourrait y ajouter des lettres conventionnelles
désignant les faciès ou formations. Par exemple :
aOO VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Norwich Crag = E 8919 (E = estuarial).
Calcaire à Requierda ammonia = R 2991 (R = récifal).
Kiilm Grauwacke = L 191 7 (L = littoral).
Cincinnati-liinestone = P, R ii59 (P = pélagal).
Avec une convention numérique et littérale établie, il serait
facile à tout auteur de définir ainsi, chaque division ou sub-
division locale, soit quant à Tàge, soit quant au mode de
formation, de manière à être compris par les géologues de
toute nationalité, et de toute langue.
Cette méthode serait très élastique et permettrait également
de ne définir que les époques ou périodes, en disant par
exemple, 3960 (Pleistocène), 2790 (Urgonien s. lat,), aSoo (Lias),
II 00 (Silm'ique).
La Commission a trouvé qu'il ne lui appartenait pas de
lancer un pareil projet, sortant couiplètement des usages actuels:
elle Tabandonne à l'initiative individuelle.
c) Quant aux désinences homophones^ différentes pour les
différents ordres de subdivision hiérarchique, telles que beau-
coup d'auteurs les ont déjà recommandées, la Commission
pense en eflet que partout où le génie de la langue le permet,
il serait utile de les introduire.
Les noms des divisions de i^^r et de î2« ordres pourraient se
terminer uniformément en ...ique, . . Asch, ...îc, , , .ico, et
ceux des étages (4* ordre) en . . .ien^ . . .mn, . . .iano, etc.
Ce serait une mesure d'ordre à recommander, toutefois sans
violenter le génie des langages qui ne s'y prêtent pas facilement.
d) Enfin la Commission est unanime à recommander d'évi-
ter autant que possible d'encombrer la science par l'introduc-
tion de noms nom'eaux, sauf en ce qui concerne la stratigra-
phie purement régionale, et dans la mesure des besoins locaux.
Elle recommande en outre d'éviter, pour ces noms locaux, la
forme et les désinences de la nomenclature internationale.
YI. Le principal objet des délibérations de la Commission
fut ensuite d'établir les bases de la nomenclature des 5 ordres
de subdivision, admis au Congrès de Bologne. Elle a estimé
devoir envisager la question surtout au point de vue chrono-
logique.
COMMISSION DE STRATIGRAPHIE 301
a) Divisions de i«' ordre. — Ères.
La Commission consacre les grands groupes, généralement
admis, et propose de leur attribuer dans la classification inter-
nationale les noms usités de Paléozoïque, Mésozoïque et Céno-
zoîque, et d'en exclure les termes de Primaire, Secondaire et
Tertiaire^ d'un usage aussi très habituel.
Ces derniers lui paraissent trop peu précis, car Primaire se
confond facilement avec primitif, et Tertiaire est pris généra-
lement dans un sens restreint, à Texclusion des temps modernes.
h) Divisions de 2^ ordre. — Périodes = Systèmes.
En thèse générale la Commission admet les principes énoncés
par la Commission d'unification réunie à Genève en 1886, et
rappelés dans la troisième circulaire du Comité d'organisation
de Saint-Pétersbourg. Les principes III et IV trouvent ici leur
application :
(( m. Les Systèmes (Périodes) auront une valeur très géné-
rale. Leurs caractères paléontologiques doivent indiquer une
évolution organique, particulièrement caractérisée par Tétude
des animaux pélagiques. »
(( IV. Pour qu'une division soit érigée en Système (Période),
il convient que la succession des faunes s'y montre susceptible
de subdivisions bien marquées. »
Conformément à ces principes, la Commission admettrait
comme division de 1^ ordre les Systèmes généralement en
usage, au nombre d'une dizaine, mais en laissant une certaine
latitude aux auteurs qui veulent en admettre plus, ou moins.
L*Ere palkozoïquk pourrait se subdiviser en 4 périodes :
Cambriolée, SÏÏVLVique, Dévonique et Carbon/^ue. La Com-
mission ne se prononce pas sur l'opportunité d'en admettre une
cinquième pour le Permien.
L'Ère mésozoïque se subdiviserait en 3 périodes : TriSiSique,
Jurassique y CvétSLCique, mais il resterait loisible d'en
admettre quatre en séparant, par exemple, le Lias du Juras-
sique, pour Tériger en période distincte.
L'Ère céxozoïquk pourrait comprendre 2 périodes : Tertiaire
et Moderne.
Les quelques variantes n'ont guère d'inconvénient, et ren-
a02 Vm* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
(Iraient la classification un peu plus élastique, ce qui mettrait
l(»s divers auteurs plus à Taise ; le développement des études
paléontolo^ques finira par amener, sans pression, la solution
la plus rationnelle, dans chaque cas particulier.
c) Divisions de 3<* ordre. — Epoques = Séries.
Pour la subdivision des Périodes (ou Systèmes) la Com-
mission, comme nous Tavons dit ci-dessus, s'est montrée très
favorable à la méthode préconisée par M. Frech, d'utiliser
les préfixes Paféo. . . Méso. . . Néo. . .
1^ Commission constate que cette méthode des préfixes avait
été proposée en 1894. par M. H. -S. Williams sous la forme :
Eo..,, Méso.,., Néo.... Elle pense qu'en la recommandant on
peut laisser aux auteurs la latitude d'user suivant les cas des
préfixes Paléo... ou Eo.... La seconde étant plus brève, sera
souv(»nt plus commode. — Si l'on distingue trois époques dans
une période, on utilisera les trois préfixes. Si l'on n'en recon-
naît que deux, on se servira seulement des deux extrêmes.
Enfin en vue d'abréger les noms on pourrait dans ces subdi-
visions supprimer les désinences, et n'ajouter à la préfixe que
le radical du nom de la période.
E.xemples : La Période dévonique se subdiviserait en trois
Epoques ou Séries : Eodévon., Mésodévon., Néodévon.
La Période crétacique pourrait comprendre trois Epoques :
E ocré t.. Mé.socvét. Néocrét.
Tandis que pour ceux qui voudraient admettre une Période
liasique, ne comportant que deux divisions, on aurait seule-
ment Eolias et Néolias.
d) Divisions de 4^ ordre. — Ages = Étages.
La Commission reconnaît que les divisions de 4* ordre
n'ont plus qu'une valeur régionale, et ne sont donc pas abso-
lument nécessaires à la classification internationale.
Toutefois, comme dans chaque pays on aura besoin de divi-
sions de cet ordre, lesquelles ne seront pas partout les mêmes,
il est bon de leur appliquer une terminologie uniforme. Aussi,
sur la proposition de M. de Zittel, la Commission recom-
mande de baser leurs noms sur des localités ou des régions
prises pour types : par exemple : Astien. Bartonien, Portlandien.
COMMISSION DE STRATIGRAPHIE 20'i
Il est bien entendu que la désinence uniforme de ces noms
pourra être modifiée suivant le génie de chaque langue. Ainsi
le gisement d'Asti étant pris pour type, Tétage sera nommé
Astien, Astiariy Astlano ou Astistiife, suivant la langue.
é) Divisions de 5© ordre. — Phases = Zones.
Quant à ces subdivisions, encore plus locales, il sera encore
plus difficile d'avoir une terminologie fixe ; mais au moins
est-il à désirer que la forme du nom rappelle Tordre de la
subdivision, et soit autant que possible la même pour les
différentes Périodes ou les différentes régions.
Aussi la Commission, tenant compte de l'usage très géné-
ral des zones paléontologiques, pour les terrains de Tère
mésozoïque, recommande de désigner autant que possible les
divisions de 5* ordre d'après un fossile caractéi'istique essen-
tiel au niveau en question.
Exemples : Zone à Amaltheus margaritatus.
Zone à PsUoceras planorhis.
Zone à Productus horridiis.
Zone à Cardiola interrupta.
D'après le plan ci-dessus exposé, chacun des cinq ordres
de division aurait une terminologie particulière, qui le ferait
immédiatement reconnaître. Les noms à donner à chaque
division, sauf en ce qui concerne les deux ordres supérieurs,
ne seraient pas encore fixés. Mais l'usage et les travaux ulté-
rieurs finiraient bien vite par faire triompher dans chaque
région les noms les plus applicables à cette région.
Il y aurait à rechercher maintenant la base la plus ration-
nelle pour le groupement hiérarchique de ces divisions des
temps géologiques.
Ces propositions, soumises aux 22 membres correspondants,
n'ont pas soulevé d'objections. Elles sont par conséquent pré-
sentées à la sanction du Congrès de Paris.
Le président de la Commission :
E. Uenevier, prof.
ao4 VU1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
III. COMMISSION INTERNATIONALE DES GLACIERS
Procès Qerbal de la séance tenue à Paris le 21 août igoo
dans le palais des Congrès.
Présidence de M. E. Richter.
La séance est ouverte à 10 heures. Les membres corres-
pondants de la Commission internationale des glaciers avaient
été invités à se rendre à la séance.
Le Président, M. E. Richter, communique son rapport
résumant l'activité de la commission depuis sa fondation ; ce
rapport sera présenté au Congres dans sa séance générale du
25 août.
Il y aura des élections à faire. M. F. A, Forel propose
d'élire Son Altesse le prince Roland Bonaparte^ Président
honoraire, et M. le Professeur S, Finsterwaldner^ de Munich,
Président effectif de la Commission. ' Si cette proposition est
agréée, il sera nécessaire d'élire un second représentant pour
la France. ,
La mort de notre regretté confrère et ami M. le Profes-
seur Giovanni Alarinelli, Tillustre géographe italien, nous
contraint d'élire un nouveau représentant pour lltalie. Nous
vous proposons l'élection de M. le Professeur Francisco Porro,
de Turin, président do la Commission italienne pour l'étude
des Glaciers.
Nous nous permettrons en outre de proposer à la Commis-
sion l'élection d'un certain nombre de membres correspondants
pour étendre le cercle des personnes qui s'intéressent aux
travaux de la Commission, et qui y participeront. Nous pro-
posons donc :
MM. le Professeur W. Kilian. de Grenoble ;
— — E, Hagenbach'Bischoff, de Bàle :
— — A, Heim^ de Ziirich ;
— —H. Reusch, de Christiania.
Il est ensuite procédé au vole, par suite duquel la com-
mission internationale des glaciers se trouve constituée de la
façon suivante :
COMMISSION DES GLAGIBRS
205
Président d'Honneur : S. -4. le Prince Roland Bonaparte ;
Président : M. le Professeur S. Finsterwaldner, Munich.
Secrétaire : M. Muret, Berne ;
Membres
MM. F, Porro, Turin (en remplacement de
M. Marinelli) ;
E, Muret, Berne (en remplacement de
M, Dupasquier) ;
W, Kilian, Grenoble (en remplacement
du prince Roland Bonaparte).
Membres correspondants :
MM. E. Hagenbach-Bischoff, de Bàle ;
A, Heim, de Ziirich ;
H, Reusch, de Christiania ;
F, Schrader, de Paris ;
/. Valloty de Paris.
Le Secrétaire,
S. FiNSTERWALDNER,
Le Président^
E. UlCHTEK.
RAPPORT DE LA COMMISSION INTERNATIONALE
DES GLACIERS
Présenté au Congrès international de Géologie, à Paris, en 1900,
par M. Ed. RICHTER,
Professeur à l'Universilé d** Graz,
Président de la Commission.
Messieurs,
Au Congrès International de Géologie, tenu à Zurich, en
mil huit cent soixante-quatorze, il fut résolu, sur la proposi-
tion de feu le capitaine Marshall Hall, d'élire une Commission
permanente pour l'étude des glaciers actuellement existants, et
pour recueillir les observations faites sur leurs variations. Un
représentant fut élu pour chacun des pays où se trouvent
âo6 Vlll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
des glaciers; la Gumniission fut constituée et M. le professeur
Forel, de Moi'ges, choisi pour en être le premier président.
Au Congrès international de géologie, tenu k Saint-Pétersbourg,
en mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, la majorité des membres
de la Cî>mniission sVst réunie en séance pour la première ibis,
elle a formé son bureau et adressé un rapport au Congrès.
Ce rapport ayant été approuvé, la Commission fut invitée à
poursuivre ses efforts.
Depuis, la (Commission s'est adjoint quelques nouveaux
membres, pour combler les vides que la mort avait malheu-
reusement faits dans ses rangs. Elle a tenu récemment une
séance à Graz, procédé au renouvellement de son bureau et
chargé son président de présenter au Congrès le présent rapport.
Qu'il lui soit permis de dire, en débutant, que, jusqu'à ce jour,
Son Altesse le Prince Roland Bonaparte a eu la libéralité de
subvenir à tous les frais de la Commission internationale des
Glaciers ; c'est pour nous un agréable devoir de le ivmercier
ici publiquement de sa générosité.
La tache de la Commission consiste principalement à
recueillir les observations sur les variations périodiques des
glaciers, observations qui sont disséminées d'ordinaire dans
d'innombrables revues et récits de voyage. On a constaté que
pcmr comprendre les variations climatéri([ues de la teri'e, pour
parvenir à connaître les causes qui les produisent et les cours
qu'elles prennent, il n'y a peut-être pas de source plus sûre
que Tétude d(»s glaciers, qui, comme de gigantesques thermo-
mètres, indiquent par la crue et la décrue de leure longueurs,
les changements que subissent les masses de neige dans
les névés. Sans doute, ce n'est pas seulement la quantité
de neiges, c'est aussi la chaleur qui varie, et c'est ce qui
rend le phénomène si complexe. Le recul des glaciers indique
peut-être une diminution des hydrométéores et une augmen-
tation de chaleur, peut-être seulement l'un des deux facteurs.
On ne peut savoir quelle est exactement la valeur de chacun
d'eux. Cependant les changements climatériques se produisent
de telle sorte que des années pluvieuses sont en même temps
des années froides, la plus grande densité des nuages empê-
chant l'action de la chaleur. C'est pourquoi les variations des
glaciers sont parallèles aux variations climatériques et l'endent
une li<lèle image <lc ces dernières. On ne peut donc guère
mettre en doute ([u'il y ait aussi poui* la science géologique
COMMISSION DES GLACIBIIS 207
quelque importance à voir étudier le prol)lèiiie tics variations
ciimatériques qui, à des époques antérieures, ont été si déci-
sives pour l'histoire de la terre.
Cependant, il ne pouvait suflire, pour atteindre le but que
la Commission s'est proposé, de recueillir les observations
faites et publiées au hasard ; il était beaucoup plus important
encore d'organiser les observations. Car, c'est seulement par
une observation continue et poursuivie, si possible, pendant
des siècles sur les mômes objets que nous pouvons espérer
découvrir la loi des variations des glaciers.
D'après les observations que j'ai fait(»s personnellement, il
semblerait que les variations des glaciers des Alpes se pro-
duisent dans des périodes de trente-cinq ans, (ju'il n'est pas
rare cependant de voir se prolong4»r jusqu'à soixante-tlix et
cent cinq années. Une seule oscillation embrasse donc certai-
nement la durée moyenne d'une vie humaine, peut-être même
de deux ou de trois. 11 n'y a plus guère que quelques «hommes
qui aient vu les glaciers des Alpes dans leur crue et leur
maximum vers le milieu du dix-neuvième siècle et nous pou-
vons à peine espérer voir encore une autre variation que
celle à laquelle il nous a été donné d'assister. De là, résulte
la nécessité de créer des organisations durables pour l'obser-
vation. Voilà pourquoi la Commission s'est donné une certaine
autonomie en se complétant et se renouvelant d'elle-même par
cooptation, et nous espérons que, si en l'an deux mille, un
Congrès de géologues se réunit encore dans la brillante capitale
de la France, il lui sera encore présenté un rapport de la
Commission internationale des glaciers.
Il était naturel qu'une organisation permanente pour l'ob-
servation des glaciers fût créée d'abord dans les Alpes euro-
péennes. En Suisse, mon illustre prédécesseur, M. le proiès-
seur Forel, de Morges, est parvenu à obtenir le concours de
l'Inspection fédérale des Forêts pour des observations régulières.
C'est, sans aucun doute, la plus sûre méthode, puisque la
permanence des institutions de l'Etat est encore plus assui^ée,
bien que, cependant, les sympathies des personnalités diri-
geantes puissent changer aussi. Il existe» en outre, en Suisse,
une Commission des glaciers instituée par la Société helvé-
tique des sciences naturelles et le Club alpin. En Italie, le
Club alpin a délégué une commission qui dirige les observa-
tions. En Autriche et en Allemagne, elles se poursuivent
ao8 VI1I« CONGRÈS GEOLOGIQUE
également sous la direction du comité scientifique du Club
alpin.
En France, Son Altesse le Prince Roland Bonaparte a
organise l'observation des glaciers, et la Société du Dauphiué
a publié récemment un grand nombre de précieuses consta-
tations. En Russie, la Société impériale de Géographie sVst
chargée jusquici des observations à faire. Notre collègue,
M. Freshlîeld, s'est donné beaucoup de peine pour y intéres-
ser TAdministration des Indes et les Gouvernements Coloniaux
du Canada et de la Nouvelle-Zélande. En Scandinavie, conmie
aux Etats-Unis, tout le travail repose jusqu'ici sur quelques
hommes qui ont obtenu, par leur zèle, de très brillants résultats.
Enfin, je ne dois pas oublier d'ajouter que votre très distingue
compatriote, M. CharJes Rabot, a, par ses savants travaux
sur les variations des glaciers dans les terres polaires, consi-
dérablement contribué aux résultats acquis par la Commission.
La jîréation d'organisations stables et permanentes qui
assurent la continuité des observations au-delà des limites de
Texistence de ceux qui s'intéressent à ces recherches me sem-
ble donc le devoir le plus important de la Commission, et je
souhaite que mon successeur puisse voir raccomplissement
des travaux préliminaires qui ont été faits dans les dernièi'es
années.
La Commission des glaciers a publié jusqu'ici cinq rapports
et un discours préliminaire de M. le professeur F. A. Forel
dans les Archives des sciences de Genève. Elle a contribué en
outre a la rédaction de deux articles de M. Charles Rabot
sur les variations des glaciers arctiques. Ses membres ont
publié séparément de nombreux rapports dans les périodiques
de leurs pays respectifs. Parmi ces rapports je dois particu-
lièrement signaler le travail de M. le Professeur Finsterwalder,
de Munich, sur le glacier du Vernogt. qui nous aura appris
à comprendre la théorie du mouvement des glaciers. Je men-
tionnerai en outre la réunion que le rapporteur a provoquée au
mois d'août de mil huit cent quatre-vingt-dix-neuf au glacier
du Rhône. Il avait jugé désirable qu'un groupe d'hommes
s'intéressant à ces soi'tes d'études s'entendissent sur les entre-
prises scientifiques les plus favorables à la science des gla-
ciers, l^s conclusions les plus importantes auxquelles on soit
arrivé dans cette réunion, sont les suivantes :
m. riveraines
'm. froDlales
COMMISSION DES GLACIERS 209
I — Classification des Mokaines
^mor. latérales
/mor.superficielles,
\ fmor. médianes
mop. mouvantes<nior. internes
(m or. inférieures
Moraines \ /mor. loDgiindinales
imor. rempart l
(mor. maririnales
(mor. profondes
mop. de fond { .
(drumlins
II. — Des observations a faire sur les glaciers
A. — Structure
I. — Le rapport exact entre la structure rubanée et la
stratification originelle du névé est à rechercher, à savoir
dans quelle position la stratiBcation se transforme en struc-
ture rubance, soit par Texamen des crevasses ou des trous
découverts sur les champs de névé, soit par la coloration de
parties déterminées de la surface du névé, soit par le dépôt
de plaques de fer numérotées sur cette surface.
a. — Le tracé de la structure rubanée, en direction et
inclinaison, doit être cartographie sur un glacier dont le mou-
vement serait parfaitement connu.
3. — L'apparition du phénomène décrit sous le nom
(ïarête de Reid est à étudier sur plusieurs glaciers, sa rela-
tion avec la stratifî cation est c^ fixer.
4. — Il doit être fait des recherches sur la croissance du
grain, sur ses dispositions et orientations dans la structure ruba-
née, sur la plasticité des grains isolés et sur celle de la masse
du glacier en entier.
B. — Moraines
5. — La constitution et la provenance de la moraine super-
ficielle sont à établir exactement sur quelques grands glaciers
riches en moraines.
6. — Pour arriver à connaître exactement la moraine
interne ; il conviendrait d'effectuer des sondages sur le plan
de contact d'un glacier composé. Par exemple : de i, 5 à 2 km.
en aval de TAbschwung, à travers la moraine médiane du glacier
de TAar inférieure, ou bien en aval d'Agnaglint, à travers le gla-
cier de Rosegg.
C. — Mouvement et température.
7. — Par des sondages et observations de l'angle d'incli-
14.
JIO VIII^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
nation de perches placées dans les trous de sondage, la vitesse du
glacier à di (le rentes profondeurs doit être recherchée.
8. — Dans la mesure du mouvement superficiel, la com-
* posante verticale doit être autant que possible considérée.
9. — Dans la partie inférieure du front des glaciers, il se
trouve fréquemment des joints rectilignes ordinairement horizon-
taux, parallèles à la structure ruhanée et par lesquelles on voit
sortir la moraine de fond. Ce phénomène, qui semble dû au che-
vauchement de parties élevées du glacier sur des parties plus
profondes, est à expliquer et à étudier ; il y a lieu de reconnaître
s*il s'agit, dans le mouvement du glacier, d'un glissement de
glace sur glace, en couches minces ou en grandes masses.
10. — Les variations de la vitesse du mouvement du glacier
suivant les saisons, sont à établir exactement.
11. — Il en est de même du gonflement hibernal.
la. — La température dans les différentes parties du glacier est
à établir par des thermomètres enfouis dans des trous de sondage.
D. — Économie du glacier,
i3. — La section transversale d'un glacier est à rechercher
suivant plusieurs profils par des séries de sondages profonds,
alignés transversalement.
14. — On désire des observations sur le débit des tor-
rents glaciaires et sur la quantité des eaux qui tombent dans
le bassin d'alimentation.
i5. — Les variations saisonnières de la teneur en boue
des torrents glaciaires est à établir.
16. — La fonte totale produite par rayonnement direct ou indi-
rect, conductibilité par Tair et le sol, par la chaleur latente mise
en liberté par la condensation est à étudier expérimentalement.
i^. — On est convenu d'employer le mot ((stratification»
de neige ou de glace dans le sens des géologues, c'est-à-dire
comme un dépc^t naturel en masses superposées. Les agglomé-
rations de bulles d'air, qui forment des couches blanches dans
la glace bleue de la partie inférieure des glaciers, et les feuillets
blancs (jui interrompent la glace blanche des parties supérieares.
portent le nom de « structure rubanée. »
Conclusions
Pour conclure, qu'il me soit permis de résumer les résultats
obtenus dans la poursuite de notre but principal, c'est-è-dirc
dans la constatation des variations des glaciers.
L'espace de cinq années est sans doute beaucoup trop
COMMISSION DES GLACIERS ail
court pour avoir pu fournir de grands éclaircissements. On
peut cependant, sous toutes réserves, énoncer déjà quelques
faits. Voici quelle a été Tallure des glaciers dans le cours
du dix -neuvième siècle. On ignore dans quel état ils se
trouvaient au commencement du siècle, mais après mil huit
cent dix commença simultanément, dans toutes les Alpes, une
marche générale en avant, forte et rapide, qui atteignit son
maximum vers mil huit cent vingt. Les trente années sui-
vantes produisirent un léger recul, là où Tétat du glacier ne
demeura point stationnaire, vers mil huit cent cinquante eut
lieu une nouvelle marche à peu près semblable à la première.
A dater de ce moment, il se produisit dans toutes les
Alpes un recul général et très considérable des glaciers, et
ce recul fut si fort entre mil huit cent soixante et mil huit
cent quatre-vingt, que Ton put craindre un instant de voir
les glaciers entièrement disparaître de nos Alpes. Ce fut seu-
lement vers mil huit cent quatre-vingt que le recul de quel-
ques glaciers des Alpes occidentales, surtout du groupe du
Mont-Blanc, commença à se ralentir, et peu à peu il se pro-
duisit un arrêt, puis une nouvelle marche en avant de quel-
ques glaciers. Les Alpes orientales ne suivirent que dix ou
vingt ans plus tard, et là, ce processus dure encore, tandis
que dans les Alpes occidentales on voit diminuer de plus
en plus le nombre des glaciers qui avancent, et augmenter
celui de ceux qui reculent. En général on peut dire avec
certitude que la période des grands reculs est entièrement
terminée et remplacée actuellement par des mouvements
de tendance contraire. Parmi les glaciers qui se retirent
encore, beaucoup se sont considérablement épaissis et le recul
s'effectue lentement et par intermittences.
Les variations des glaciers des Alpes sont donc parallèles
aux variations climatériques d'une durée de trente-cinq ans
découvertes par M. le professeur Ed. Brûckner. Les périodes
de mil huit cent six à mil huit cent vingt-cinq (1806- 1 826),
de mil huit cent quarante-et-un à mil huit cent cinquante-cinq
(i84i-i855), de mil huit cent soixante-et-onze à mil huit cent
quatre-vingt-cinq (1871-1886) ont été pluvieuses, à chacune
d'elles correspond une crue des glaciers, très fortement mar-
quée dans les deux premières périodes et seulement indiquée
dans les dernières.
Quant à ce qui concerne l'allure des glaciers dans le
fil2 \IU*^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
reste du monde, nous ne saurions rien en dire ; on ne saura
probablement jamais si son mouvement est parallèle à celui des
glaciers des Alpes. M. Rabot a pu constater qu'il s'est pro-
duit dans les glaciers islandais, dans la premièi'e moitié du
dix-huitième siècle, une marche en avant qui, après une courte
interruption, s'est renouvelée à la fin du même siècle dans des
proportions beaucoup plus considérables. Un léger recul s'est
fait sentir dans le milieu du dix-neuvième siècle. D'après les
renseignements qu'il m'a été possible de recueillir, la crue du
commencement du dix -huitième siècle semble avoir eu lieu aussi
en Scandinavie, où Ton peut démontrer vers mil sept cent qua-
rante, un état maximal des glaciers.
Dans les Pyrénées comme dans le Caucase, et dans les
Montagnes Rocheuses de l'Amérique du Nord comme dans le
territoire d'Alaska, tous les glaciers sont actuellement en ('lat
de recul ; on ne saurait dire exactement dans quelle mCxSure,
ni si les périodes concordent avec celle des Alpes. On ne
peut préciser qu'une seule constatation : c'est que dans les mon-
tagnes éloignées de la mer, les oscillations sont plus fortes
que dans celles qui sont plus proches des côtes. Les varia-
tions des glaciers Scandinaves sont beaucoup moins iropot^
tantes que celles des Alpes, du Caucase et de l'Asie centrale.
Ceci concorde parfaitement avec l'observation faite p**^
Brûckner que les variations climatériques sont beaucoup pl**^
sensibles dans les climats continentaux que dans les clim^^^*'
maritimes et que les côtes nord de l'Océan Atlantique ^^
particulier échappent à l'influence des périodes de trente-cii^^
ans, dont il a été parlé plus haut.
Enfin on peut assurer qu'un mouvement contraire des gl^'
ciers des deux hémisphères n'existe pas : les glaciers recule*'*
en Amérique en même temps qu'en Europe.
La nature du mouvement des glaciers exige des étud^
particulièrement longues, si l'on veut parvenir à des résultats
absolument certains. Aussi n'ai-je point à craindre pour notre
Commission, le reproche de ne pas vous annoncer dès le début
des résultats plus nombreux et plus sûrs, comme fruit de ses
études. Nous vous demandons avec confiance d'agréer ce rapport
d'une Commission dévouée, prête à poursuivre son but, restreint
il est vrai , mais non sans importance , avec cette devise *.
(( Patience et persévérance. »
ai3
ly. COMMISSION INTERNATIONALE
DE NOMENCLATURE DES ROCHES
Procès-verbaux
des séances tenues à Parts en iSgg, les 25 et 26 Octobre,
au Service de la carte géologique de France
SÉANCE DU a5 Octobre
La réunion de la Commission internationale de pétrogra-
{>hie s*est tenue, le a5 Octobre, au Service de la carte géolo-
gique de France, sous la présidence de M, MicheULévjy .
Étaient présents : MM. Ch. Barrois, W.-G. Brôgger, Doelter,
Duparc, Fouqué, Karpinsky, A. Lacroix, Lœwinson-Lessing,
Zujovic, membres du Comité international, et comme auditeurs
MM. Cayeux, Gentil et Wallerant, membres du comité régional
"français.
Sur la proposition du président, M, A, Lacroix est nommé
secrétaire de la Commission.
M, Michel-Lévy souhaite la bienvenue aux membres du
Comité et expose le but de la réunion, qui est la recherche
d'une base d'entente pour l'unification de la nomenclature
pétrographique .
M, Ch. Barrois, secrétaire général du Comité d'organisation
du Congrès, lit des lettres de MM. S. Calderon, Mac-Pherson,
Renard, Rosenbusch, Sabatini, Schrœder van der Kolk, Tôm-
bohm, Wichmann et Zirkel, s'excusant de ne pouvoir assister
à la réunion, puis donne lecture de lettres des membres sui-
vants du Comité international qui, ne pouvant assister à la
séance, exposent leur opinion sur la . question dont elle est
l'objet.
M, Becke estime que la pétrographie est encore dans la
période d'accunmlation des faits ; le temps n'est pas venu où
il sera possible de les systématiser avec fruit. Une nomencla-
ture rationnelle et une systématique des roches devront être
basées sur toutes les relations des roches (rùle géologique,
composition minéralogique et chimique, structure). Toute pré-
férence pour l'un de ces points de vue, préférence inévitable
dans la période de transition que traverse actuellement la
ai4 vni« CONGRÈS géologique
pétrographie, disparaîtra certainement plus tard. Les classifi-
cations provisoires ont du bon toutefois et, comme exemple,
M. Becke cite la notion des roches granitodioritiques et
foyaitothéralitiques de M. Rosenbusch, dont toute classifica-
tion de Tavenir devra tenir compte. M. Becke termine en
exprimant le vœu que désormais le nom de Fauteur soit joint
à celui des roches (granulite, Michel-Lkvy ; granulite, Leh-
man n, par exemple).
M. de Fédoroff appelle de ses vœux une unification de la
nomenclature pétrographique et propose de la baser en pre-
mier lieu sur la structure et ensuite sur la composition
minéralogique ; un mémoire joint à ce rapport expose les
idées de Tauteur sur ce sujet. Il sera imprimé plus loin, in-
extenso.
Sir A. Geïkie ne pense pas que la commission doive
essayer de donner des définitions précises des roches, mais il
croit qu'elle peut faire des propositions pour Femploi de certains
termes ; la plus grande liberté doit être laissée aux auteurs,
car elle est la source de progrès la plus sûre.
Pour M, H. TealU il n'est pas désirable que le Congrès discute
un projet de classification, il doit se contenter d'enregistrer
les nouveaux noms et le sens que leur attribuent leurs auteurs.
M, Griibenmann recommande la citation du nom de Fauteur
de chaque roche.
3/. Hussak insiste sur la nécessité d'une entente. Il se
trouve actuellement dans l'impossibilité d'identifier les roches
à néphéline et leucite du Brésil, avec les types décrits, sans
une compai'aison directe des échantillons-types eux-mêmes.
M. Iddings fait les propositions suivantes : i** employer
dans le langage courant certains termes généraux, tels que
granités (ensemble des roches phanérocristallines grenues,
quelle que soit leur composition), porphyres (ensemble des
roches porphyriques à pâte aphanitique), basalte, obsidienne,
ponce, etc ; 2» éliminer de la nomenclature systématique ces
noms généraux ; 3° créer une nouvelle nomenclature interna-
tionale qui sera : a) systématique, b) basée sur toutes les
propriétés des roches (composition chimique, composition
minéralogique, structure), 4^ choisir Tune de ces propriétés,
et de préférence la composition chimique, qui servirait à con-
struire la partie principale du nom à créer, les autres pro-
priétés seraient indiquées à l'aide de préfixes ou de suffixes :
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE 2X5
5"* la nouvelle nomenclature devrait être en quelque sorte
analogue à celle de la chimie organique.
M, MaC'Pherson pense que le temps n'est pas venu pour
établir une classiiication définitive des roches et insiste sur
l'importance que présentent pour celle-ci les points de vue
géologique et génétique.
M, Becke, président de la Commission établie à Saint-
Pétersbourg, pour fonder un journal de Pétrographie, fait
part de ses projets à la Commission de nomenclature, et
lui communique les propositions qu'il compte soumettre à
l'approbation du Congrès de Paris.
M, Michel'Lévy remercie notre confrère de la commu-
nication de ces documents, que notice Commission de nomen-
clature n'a pas mission de discuter.
La lecture de ces lettres étant achevée, M. Lœwinson-
Lessing donne lecture du rapport suivant élaboré par la
Commission russe :
RAPPORT DE LA COMMISSION RUSSE
DE NOMENCLATURE DES ROCHES
Par suite de la circulaire de M. Barrois, secrétaire général
du Comité d'organisation de la VIII*' Session du Congrès
Géologique International, datée du 8 février i899, le Bureau
de la VII« session invita les pétrographes russes à se réunir
en séance à Saint-Pétersbourg afin dô mettre les membres de
la Commission internationale à même de pouvoir exposer
devant la Commission non seulement leurs propres opinions,
mais celles de la majorité des pétrographes travaillant en
Russie. Ceux que leurs occupations empêchaient d'assister à
la réunion étaient priés de répondre par écrit aux deux ques-
tions suivantes (proposition du professeur Lœwinson-Lessing) :
i) Est-il désirable de fixer dès maintenant les principes
directeui's sur lesquels pourraient se baser Tunification de la
nomenclature pétrographiquc et l'élaboration d'une nomencla-
ture rationnelle ?
a) En quoi consistent, selon votre opinion, les défauts de
la nomenclature actuelle et quels sont les changements que
vous jugez nécessaire d'introduire ?
En outre, le bureau adressa aux professeurs Lagorio,
ai6 VIII'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Lœwinson-Lessing, Sederholm, Ramsay, membres de la Commis-
sion internationale de nomenclature des roches, ainsi quaux
autres représentants de la pétrographie dans les divers cen-
tres scientifiques de province, la prière d'organiser des séances
locales, afin de soumettre à la réunion de Saint- Pétersbourç
les opinions émises dans ces séances préparatoires.
Le 6 et le 29 Mai eurent lieu les séances du Comité russe,
présidées, sur la proposition de M. A. Karpinsky, par le
professeur Inostranzefl'. A ces séances assistaient MM. Bogda-
novitch, Inostranzeir, Karpinsky, Lœwinson-Lessing, Makérow,
Mikhaïlovsky, Polénow, Popow, Tolmatchoiï', Tschernyschew
et Zemiatchenskv. MM. de Fedorow, S. Glinka, Krotow, Lavrskv,
Lœwinson - Lessing , Netchaïew , Sederholm et Stuckenberg
avaient envové au Comité des notes écrites.
Malgré la divergence des opinions émises sur certains
points, les pétrographcs mentionnés sont unanimes à déclai'er
que Tamélioration de la nomenclature s'impose, étant intime-
ment liée à la classification des roches. Tout en afOnnant
qu'il serait désirable de procéder dès. maintenant à la régula-
risation de la nomenclature, le Comité russe est loin de vouloir
entraver la liberté scientifique des pétrogi*aphes. Pourtant il
est d'avis que la fixation de certains principes à suivre est
nécessitée par le besoin réel d'améliorer la nomenclature et
qu'elle exercera une influence bienfaisante sur le développe-
ment de la pétrographie. Il s'entend de soi-même que les prin-
cipes en question ne peuvent èti'e formulés et proposés qu'au
titre de desiderata.
C'est en se basant sur ces considérations et uniquement
dans le but de contribuer à la simplification de la nomen-
clature, afin de faciliter aux pétrographcs la possibilité de se
comprendre, que le Comité russe s'est arrêté à fixer pour le
moment les desiderata suivants :
i) Il est avant tout désirable de régulariser la nomenclature
des roches éruptives où le manque d'unité esl particulière-
ment sensible. Grâce à la licence des auteurs de se guider
dans le choix des noms d'après leur propre point de vue
et leurs principes individuels, la confusion est devenue
complète. Le plus souvent les non)s employés ne spéciÉieut
ni la nature des roches ni la place que celles-ci occupent
dans le système, et c'est uniquement affaire de mémoire
de retenir les appellations et leur signification. De plus.
COMMISSION DR PÉTROGRAPHIE 217
diflerents auteurs attribuent une si^ilication et un sens
différents à un seul et mOme nom, et inversement diverses
dénominations sont employées pour désigner une même
roche, un même groupe de roches ou une même structure.
Tous ces inconvénients de la nomenclature actuelle peuvent
et doivent être écartés.
2) La nomenclature doit être philonomiffue, c'est-à-dire les
noms doivent être composés de manière à faire compren-
dre autant que possible, et à la fois, la position de la
roche dans le système, ses affinités, son appartenance à
l'une des grandes unités de classification et les traits spé-
. ciaux qui la distinguent des autres roches du même groupe.
3) La caractéristique des grands groupes (p. ex. des familles)
doit se baser sur la composition chimique et minéralogique.
4) Il est nécessaire d'établir des règles relatives au mode de
formation des nouveaux noms.
5) Les grands groupes peuvent être fixés dès à présent sans
gêner le développement ultérieur de la classification et le
démembrement de ces groupes en sul>divisions.
6) Les subdivisions de second, troisième, etc., ordre doivent
se fonder sur des particularités de composition minéralo-
gique et de structure.
7) Il est désirable de désigner les nouveaux types de structure
par des noms spéciaux : des adjectifs formés sur ces noms
qu'on ajouterait aux différentes roclies de même composition
simplifieraient de beaucoup la nomenclature en rendant
inutile la création de nouveaux termes.
8) En cas d'identité du caractère de certaines roches, le mode
de gisement ne devrait pas donner lieu à la création de
nouveaux termes.
9) Il est nécessaire d'éviter l'emploi d'une même dénomination
(d'un même terme) dans des sens différents.
10) On devrait éviter autant que possible l'emploi et la créa-
tion de diflerents termes pour désigner la même notion, la
même roche ou le même groupe de roches.
11) Les noms des roches métamorphiques doivent être de
nature à indiquer à la fois le rapport génétique avec les
roches dont elles proviennent et le type de métamor-
phisme qui a produit la modification.
12) En raison de la diversité qui règne actuellement dans
l'acception des noms de roches et des tei*mes pétrographi-
2l8 T11I« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ques, il est désirable de faire suivre chaque nom de roche
ou terme pétrographique par le nom de l'auteur qui s'en
est le premier servi dans tel ou tel sens (comme cela se
fait pour les noms de plantes, d'animaux et de fossiles).
i3) Il faut éviter autant que possible Temploi de noms pré-
existants, ainsi que de noms et de termes aujourd'hui
vieillis, en leur assignant un nouveau sens, ou en restrei-
gnant et en élargissant leur signification.
i4) Une nouvelle structure, désignée par un nouveau nom,
doit être représentée graphiquement.
M. Lœwinson-Lessing développe ensuite en son nom per-
sonnel quelques questions de principe ; il insiste notamment
sur ce que le Comité doit discuter conjointement les questions
de nomenclature et de classification qui sont étroitement liées
Tune à l'autre. Dans la délimitation des familles, le rôle
principal revient à la composition chimique et aux quantités
relatives des parties constituantes essentielles ; dans celle des
genres et des espèces, à la composition minéralogique et à la
structure. Les opinions formulées par M. Lœwinson-Lessing,
sont résumées dans la note spéciale, qui suit :
Notice présentée a la Commission de nomenclature des roches,
RÉUNIE EN SÉANCE A PaRIS , LE 23 OCTOBRE 1899
Par M. F. LCEV^INSON-LESSING
Messieurs, je demande la parr)le non pas pour présenter un
projet élaboré de nomenclature, mais uniquement afin d'illustrer
mon point de vue par plusieurs considérations théoriques et pra-
tiques. Il est inutile d'ajouter que mon point de vue coïncide avec
celui du comité russe : il a du reste déjà été émis au Congrès de
Saint-Pétersbourg.
Je suis d'avis qu'avant d'aborder les questions de détail il est
nécessaire de se mettre d'accord sur deux questions de principe :
i) La nomenclature pétrographique est le langage des pétro-
graphes et des géologues ; elle embrasse et résume les moyens
par lesquels nous, nous communiquons mutuellement les résultats
de nos reclierches, par lesquelles nous voulons nous faire
comprendre. Je dirai que la nomenclature des roches est le
style des pétrographes. Or il est évident que Ton doit tâcher
d'améliorer la langue et le style, de les rendre plus simples,
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE 2I9
plus systématiques, plus nets. Ces réflexions suffiraient déjà
pour prouver que l'amélioration de la nomenclature n est pas
une question insignifiante, une tâche d'un ordre subordonné
dont un congrès international ne devrait point s'occuper. Mais
la question de nomenclature implique encore deux questions
pratiques : celle de la classification et de la définition des roches
au point de vue de la cartographie géologique et celle d'une
classification et d'une nomenclature systématiques nécessitées
par l'enseignement de la pétrographie, ce qui prête à la nomen-
clature des roches une importance pleinement suilisante pour
en faire l'objet d'une étude par le Congrès.
a) Il est impossible de réunir tous les pétrographes ou même
une grande majorité sous un seul drapeau, et la Commission est
certes loin de vouloir imposer ses décisions par majorité de voix.
J'estime que nous ne ferons que des propositions en qualité de
desiderata. Mais pour que nos propositions ne restent pas une
lettre morte, pour leur garantir une certaine réussite et gagner
des adhérents, je proposerais la tactique suivante : tous les membres
de la commission qui seraient d'accord sur certains principes de
nomenclature s'entendraient pour suivre ces principes dans leurs
travaux, comme dans ceux de leurs élèves, dans leurs leçons et
dans les traités de pétrographie qu'ils pourraient publier. Ces
pétrographes formeraient pour ainsi dire une fédération ou une
coalition et de cette manière il y aurait un groupe plus ou moins
nombreux de pétrographes qui maintiendraient ces principes et
pourraient en convertir d'autres, non par des votes ou par des
propositions réitérés, mais par un exemple perpétuel.
De même, je pense que la Commission de nomenclature ne peut
et ne doit pas se borner à la nomenclature, mais qu'elle doit
envisager aussi la question de classification, non seulement parce
qu'elles sont intimement liées entre elles, mais aussi pour tenir
compte de la motion suivante exprimée pai* un groupe considérable
4e pétrographes présents au Congrès de Saint-Pétersbourg : « Pour
arriver à la simplification de la nomenclature pétrographique
réclamée par les géologues, il est indispensable de définir avec plus
de précision qu'on ne Ta fait jusqu'à présent les noms généraux
dont l'emploi est nécessaire dans l'exécution des cartes ». Cette
tâche s'impose non seulement au point de vue des géologues, mais
aussi à celui des pétrographes : des discordances de nomenclature
ne proviennent souvent que de ce que les difierents pétrographes
prêtent une étendue diflerente à un seul et même grand groupe de
220 VIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
roches. Or, je suis d'avis qu'on ne saurait arriver à la délimitation
réclamée par la motion ci-dessus citée qu'en basant la définition
des grands groupes sur la composition chimique. Sans vouloir
anticiper la solution de cette question, je crois pourtant pouvoir
affirmer que le chemin que j'ai abordé pour délimiter les grands
groupes me parait être juste et promettre de bons résultats. Dans
mon livre Studien ûber die Eruptwgesteine, on peut trouver
plusieurs exemples qui sont de nature à illustrer ma conclusion.
J'estime que mon point de vue général sur la nomenclature
actuelle et sur les changements à y apporter sont déjà connus aux
membres de la commission par les propositions que j'ai faites au
Congrès de Saint-Pétersbourg et par les opinions émises dans mon
livre ci-dessus cité. Sans vouloir répéter ce qui a déjà été dit et
sans avoir l'intention de proposer un projet élaboré de nomen-
clature, je me bornerai aujourd'hui à plusieurs réflexions
sommaires.
1. — Il y a deux points essentiels que Ton néglige à présent:
la composition chimique et les quantités l'elatives des parties
constituantes. La composition chimique est la base de la déli-
mitation des familles, comme les quantités relatives celle de la
délimitation des genres appartenant à deux familles limitrophes
ou des genres intermédiaires entre deux familles. Voici plusieurs
exemples.
i) Pour la composition chimique, j'ai déjà donné plusieurs
exemples dans mon livre ; sans tenir compte de la composition
chimique, on ne saurait délimiter les andésites quarziféres et les
andésitodacites des dacites, les trachytes quarziféres des lipari-
tes, les basaltes sans divine des andésites (par exemple l'AJbo-
ranite), les andésites à olivine des basaltes, etc. Un exemple tout
récent est oflért par l'Alboranite et la Santorinite que M. Becke
envisage comme des types particuliers de la famille des andésites.
Un examen de leur composition chimique montre aisément que
l'Alboranite appartient aux basaltes et la Santorinite aux dacites
et qu'il n'y a pas lieu de créer ces deux nouveaux noms.
2) Pour illustrer le rôle des quantités relatives des éléments
constituants, je citerai Texemple suivant. En étudiant une série de
gabbros avec tous les faciès (jui leur sont ordinairement asso-
ciés, on peut constater qu'il y a un passage graduel et parfois
imperceptible entre les gabbros d'un côté et de l'autre les syéni-
tes, les pyroxénites, les péridotites, les diorites. On ne saurait
se contenter des termes Gabbro, Diorite, Pyroxénite, Péridotite,
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE aHI
Gabbrosyénite (Monzonite), Gabbrodiorite — car ce ne sont que
les étapes principales et il y a d'autres types intermédiaires
qui s'en écartent plus ou moins. Pour désigner ces types inter-
médiaires produits par des variations dans les quantités relatives
des principaux éléments constituants, il est nécessaire d'avoir
recours aux termes Leucocratique, Mélanocratique de M. Brôgger
en élargissant leur étendue comme je l'ai déjà fait et en intro-
duisant des termes du type de : feldspathocratique, pyroxénocra-
tique, péridocratique, oligofeldspathique, oligopyroxénique, etc.,
et de faire usage, comme je le fais dans un travail qui paraîtra
prochainement, de dénominations telles (jue : Pyroxénite à felds-
path (Feldspathpyroxenit), Péridotitopyi'oxénite, Diorite à dial-
lage (Diallagdiorit), Labradorite ou Anorthosite à olivine (Olivin-
Anorthosit oder Labradorit), etc., etc. Si je voulais sacrifiera la
mode, ces roches me fourniraient l'occasion pour toute une série
de nouveaux noms tels que : Pikhtovite, Soupréite, Charpite, etc.
II. — Afin d'éviter la création d'un nombre plus ou moins
considérable de nouveaux noms, il serait désirable de fixer
plusieurs termes pour désigner différents types de roches à
structure porphyrique, car ce sont souvent justement les variétés
dans la combinaison des phénocristaux et de la pâte qui président
à la formation de nouveaux noms. Je voudrais distinguer trois
types :
i) Les Euporphyres et les Euporphyrites — pour les roches à
phénocristaux macroscopiques.
2) Les porphyres et porphyrites aphyriques — pour les roches
porphyriques sans phénocristaux.
3) Les Microporphyres et les Microporphyrites — pour les
roches porphyriques à pliénoeristaux microscopiques.
4) Les Microgranites, Microdiorites, Micrograbbros, etc. pour
les roches grenues microcristallines.
Pour distinguer les cas où les phénocristaux sont abondants de
ceux où ils sont peu nombreux, ainsi que ceux où ils appartiennent
seulement à l'élément feldspathique ou seulement à l'élément ferro-
magnésien de ceux où ils sont représentés par plusieurs minéraux,
je proposerais d'introduire les termes suivants : Oligophyrique,
Plésiophyrique, Monophyrique, Polyphyrique, Leuko[)hyri([ue,
Mélanophyrique, Feldspathophyrique, Albitophyrique, Andésino-
phyrique, Augitophyrique, ^Egyrinophyrique, Biotitophyrique,
Amphibophyrique, etc., etc.
III. — La classification et la nomenclature des roches por-
223 VIU*^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
phyriqiies et des roches grenues doit être dualistique, pour
ainsi dire à double face, c'est-à-dire qu elle doit tenir compte
de Téléinent blanc ainsi que de Télément ferromagnésicn. 11
comporte surtout de définir avec plus de précision le feldspath,
comme cela a déjà été proposé depuis longtemps par MM. Fouqué
et Michel-Lévy. Mais je pense que dans la majorité des cas il
est suilisant, pour la nomenclatm'c de la roche, de s'en tenir
au groupement suivant :
1. Roches à feldspath potassique.
2. Roches à feldspath sodique.
3. Roches à feldspath sodo-potassique.
4. Roches à feldspath calcosodiquc acide.
5 . Roches à feldspath calcosodique basique.
A ce point de vue nous aurions par exemple pour les
porpliyres des Orthophyres, des Albitophyres, des Anorthophyres
à Augite, à ^^gyrine, à Hornblende, à Biotite. etc., pour les Syé-
nites, des Orthosyénites, des Albitosyénites, des Anorthosyénites
à Hornblende, à Augite, à Mica, etc.
IV. — Pour atteindre une certaine unification de la classi-
fication, il est nécessaire de fixer différentes unités de classi-
fication et de leur adapter les noms des roches, c'est-à-dire
qu'il importe de définir avec plus de précision les limites des
familles, des genres, des espèces et des variétés. Dans la déli-
mitation des familles, le rôle principal revient à la composition
chimique et aux quantités relatives des parties constituantes
essentielles, dans celle des genres et des espèces à la compo-
sition minéralog^que et à la structure, enfin dans celle des
variétés, à des particularités de structure et à des minéraux
accidentels.
Les noms des roches doivent désigner la famille, le genre
et l'espèce, afin que l'on puisse trouver dans le nom même
de la roche des indications sur la position que la roche occupe
daqs le système. La nomenclature doit être ce que j'appelle
philonomique.
Voici plusieurs exemples : qu'estrce qui est préférable,
Basalte mélanocratique micacé à mélilite et leucite ou
Euttolithe ? Minette mélanocratique ou Wyomingite ? Leucitite
mélanocratique ou Madupite ? Andésitodacite ou Latite ? Quarz-
trachyle sodique ou Taimyrite ? Quarztrachyte potassique ou
Toscanite ? Gabbrosyénite ou Monzonite ?
V . — Je pense qu'il faut discuter séparément ces deux
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE 233
points : i^ les cas où un nouveau nom de roche est désirable
OU inutile ; *i^ les principes à suivre dans la formation des
nouveaux noms. Le manque d'unité dans la nomenclature
actuelle provient de ce qu on nest pas d'accord sur ces deux
points.
Mon point de vue personnel a déjà été émis à Saint-
Pétersbourg et dans mon livre. Il sutlit d'y ajouter plusieurs
réflexions que voici :
11 faut distinguer plusieurs catégories de noms qui sont
inutiles, les uns parce qu'ils sont absolument superflus, les
autres parce qu'ils pourraient être formés d'une manière plus
rationnelle : la première catégorie de noms doit être abolie,
la seconde remplacée par des termes plus rationnels. Ainsi :
i» Un nouveau nom est inutile dans le cas d'une identité
de la roche en question avec une autre, sauf le mode de
gisement ; ce cas se rapporte particulièrement aux roches filo-
niennes ;
79 Un nouveau nom n'est pas nécessaire pour une variété
de roche ne se distinguant que par une particularité de struc-
ture ou par la présence d'une partie constituante ; dans ces
cas la roche pourrait être sufïisamment définie par un adjectif
ou par une particule. Ainsi, par exemple, les noms de Bojite,
de Pilandite, de Natherlite sont superflus parce qu'ils ne
désignent que les roches que voici : gabbro à hornblende,
syénite à anorthose, porphyre à anorthose ( Anorthophyre,
Syénitporphyre à anorthose) ;
3® Un nouveau nom est souvent créé sans qu'il soit néces-
saire, dans le cas où l'on croit avoir affaire à une nouvelle
variété ou à un nouveau type, parce qu'on n'envisage que la
composition minéralogique et la structure en négligeant la
composition chimique (voir Alboranite, Santorinite) ;
4° Un nouveau nom est inutile dans le cas où il en existe
déjà pour la roche en question, un nom qui aurait échappé
à l'auteur (par exemple Yogoïte).
Dans le but de contribuer à une solution plus rapide de
la question de nomenclature et afin de garantir les auteurs
contre la création de nouveaux noms pour des roches qui en
ont déjà reçu, je me permettrai de formuler les deux propo-
sitions suivantes :
jo De prier différents pétrographes de présenter à la session
du Congrès, à Paris, un projet d'unification de la classification
!ia4 VIIl^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
et de la nomenclature des familles de roches dont ils s'oc-
cupent spécialement ;
îi<^ De publier périodiquement et aussi souvent que possible,
des listes des nouveaux noms avec lem* synonymie. Pour
atteindre ce but, il faudrait atlresser à tous les pétrographes
qui proposent des nouveaux noms, la demande de faire par-
venir leurs travaux à celui qui sera chargé de faire ces listes ;
elles pourraient être publiées dans le Bulletin international de
pétrographie ;
3^^ Dans les cas où il y aurait plusieui*s noms pour la même
roche, le même groupe de roches ou la même structure, on
devrait s'en tenir, pour la priorité, aux règles que j'ai déjà
fornmlées antérieurement, cest-à-dire que pour réclamer la
priorité d'un nom de roche, il faut en avoir donné l'analyse
chimique, et pour celle d'une structure, une ligure.
En terminant, je me permettrai de faire observer <|ue la
Commission de nomenclature» des roches ferait bien d'aborder
dès à présent ou prochainem<»nt la nomenclature des roches
sédimentaires et métamorphiques ainsi que leur classification.
M. Doelter adhère en grande partie aux propositions de
M. Iddings, il ajoute qu'il faut discuter sur les principes généi^aux,
mais ne pas aborder de questions de détail.
M. Brbgger ci*oit qu'aucune motion acceptée par la Commis-
sion ne saurait être admise par les pétrographes : le nombre
des membres présents est trop faible, et d'ailleurs il n'existe
pas de base commune de discussion. On ne peut s'entendre
encore sur les questions les plus primordiales, c'est ainsi qu'il
ne donne pas, quant à lui, au nom de granité, une signification
minéralogique, comme le font la i)lupart des pétrographes, il
englobe dans ce terme non seulement le granité lui-même, mais
encore toutes les roches filoniennes qui l'accompagnent. A ses
yeux, le terme Néphélin-syénite représente une famille naturelle,
comprenant la Néphélin-syénite typique et tout son cortège de
filons mélanocrales et leucocrates. Tout ce que la conunission
peut faire, c'est de demander à chacun ce qu'il entend par les
termes qu'il emploie; il faut donc : i" proposer la citation du
nom d'auteur à coté de celui des roches ; a^ favoriser de son
appui un lexique pétrographique international dans le genre de
COBfMlSSlON DE PÉTROGRAPHIE 225
celui qu'a écrit M. Lœwinson-Lessing ; 3° centraliser entre les
mains d'une commission internationale les nouvelles descriptions
de roches et les noms nouveaux qui seront ainsi enregistrés.
M, Fouqué s'associe aux trois propositions faites par
M. Brôgger, mais demande en outre que la description de
toute roche nouvelle soit accompagnée d'une figure reproduisant
sa structure.
M, Duparc croit, lui aussi, que Ton ne doit chercher qu'à
fixer les traits généraux de la nomenclature et s'associe aux
vœux exprimés.
M. Lœwinson-Lessing ne partage pas le pessimisme de
M. Brogger et croit que l'on peut s'entendre sur les noms des
grands groupes de roches. 11 insiste sur ce que la nomenclature
ne doit négliger aucune des propriétés des roches et demande
qu'une analyse chimique soit jointe à la diagnose de toute roche
nouvelle.
A la suite d'une discussion à laquelle prennent part plusieurs
membres, les deux vœux suivants sont votés à l'unanimité :
jer Vœu, — Les noms d'auteur devront toujours être
indiqués à la suite des noms de roches, comme cela est
d'usage en Zoologie et en Botanique.
2^ Vœu, — Il X a lieu de proposer au Congrès de igoo
de nommer une Commission internationale chargée de publier
les noms nouveaux des roches avec leur description aussi
précise que possible, avec leur analyse chimique et, au besoin,
avec un dessin reproduisant leur structure. Cette publication
aurait lieu dans le volume des Comptes-rendus des Congrès
internationaux,
M, Lœwinson-Lessing veut bien se charger de la révision
de son Lexique pétrographique, dont une traduction française,
faite par M. Gh. Barrois. secrétaire général du comité, sera
publiée dans le volume du Congrès de i9oo. Les membres de
la Commission seront priés d'aider M. Lœwinson-Lessing et
M. Charles Barrois, en leur fournissant les documents complé-
mentaires concernant leur pays respectif.
Une discussion s'engage pour savoir si l'on doit aller plus
loin dans l'étude des divers systèmes proposés ; Al. Michel-
Lévy annonce que la Commission française a préparé une note
contenant des propositions.
M, Brogger insiste à nouveau sur ce que la Commission
de nomenclature ne saurait émettre aucun vote tendant à une
i:..
2a6 VUl^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
4
réglementation. Il développe l'importance qu'il attache au
point de vue géologique et génétique pour la nomenclature
des roches, il défend en outre le principe des noms de roches
tirés des noms de localités, comme donnant aux auteurs plus
de liberté que tout autre.
M. LœwinsoTi'Lessing combat au contraire Teuiploi des
noms de localités.
En réponse à l'objection faite par M. Brôgger, M, Michel-
Lévy fait remarquer qu'il ne saurait être question d'émettre
autre chose que des vœux, les pétrographes qui y adhérei'ont
pi'ècheront d'exemple en les mettant en pratique et c'est ainsi
que les réformes suggérées pourront devenir pratiques.
Le Comité décide de renvoyer au lendemain la suite de la
discussion.
Sur la nomenclature pétrographique
Par M. E. de FÉDOBOFF
Une nomenclature bien ordonnée doit satisfaire à deux
conditions.
Elle doit permettre :
!<" De caractériser par un nom bref l'objet étudié, du moins
dans ses traits principaux ;
2® De composer, d'après des règles fixes, de nouveaux
noms toutes les fois qu'on a à marquer des particularités
neuves et essentielles, constatées par l'observation.
Dans Tétat actuel de la pétrographie il ne peut être ques-
tion d'élaborer une nomenclature rationnelle, donnant la
possibilité de déterminer d'une manière commode et simple,
les variétés d'une roche dont la différence ne réside que dans
des particularités secondaires. Mais ce qu'il faut dès main-
tenant, c'est définir avec toute la précision possible les
caractères propres des principaux groupes de roches et de se
mettre d'accord sur les termes à appliquer à ces groupes.
Quant aux appellations des variétés secondaires, il est préfé-
rable, dans l'intérêt même du développement régulier de la
science, d'en laisser le choix aux auteurs. Il est cependant à
désirer qu'on parvienne à s'entendre sur le principe à suivre
dans la création de nouveaux noms. A notre point de vue, le
mieux serait de les composer de manière à marquer à la fois
COMMISSION DE PETROGRAPHIE 227
celui des groupes principaux établis auquel la roche appartient
et la particularité distinctive qui fait de la roche donnée une
espèce à part.
Comme argument décisif en faveur de la création d'un
nouveau nom, ne devront servir que des particularités de
composition qui se laissent constater dans chaque fragment de
la roche à déterminer. On ne peut admettre qu'un nom soit
basé sur des circonstances inconstatables, échappant à l'obser-
vation directe de celui qui veut déterminer une roche dont il
ne connaît pas la provenance. Lorsque, par exemple, on ne
peut distinguer lesquels des fragments d'un même type de
roche proviennent d'un lîlon, d'un laccolithe ou d'un épanche-
uient, on devra nécessaii'ement les considérer tous comme
appartenant à une seule espèce pétrographique.
L'examen des roches met deux catégories de faits à notre
disposition : i) la composition minéralogique, 2) la corrélation
des minéraux constituants.
S'il est relativement facile de spécifier, d'après les données
de la seconde catégorie, les principaux groupes pétrographiques,
c'est-à-dire d'attribuer telle ou telle roche à l'un des groupes
sédimeutaire, tuffique, éruptif ou métamorphique, il n'en est
plus de même quand il s'agit de qualifier avec précision les
différences qui séparent les roches éruptives des roches méta-
morphiques.
Par rapport aux roches métamorphiques, les spécialistes
sont aujourd'hui d'accord qu'il incombe avant tout à la science
de reconnaître de quelle roche ou à la place de quelle roche
première a pu se former une roche métamorphique donnée.
Avec le progrès de la science, la solution du problème ne
manquera certainement pas de se simplifier ; en même temps,
l'indication de ces roches sur les cartes mettra en lumière
les rapports qu'elles offrent avec d'autres groupes définis de
roches. Mais avant d'en être arrivé là, il faudra naturellement
se contenter du procédé généralement employé, de distinguer
les roches métamorphiques d'après leur composition minéralo-
gique, procédé qui ne présente guère de difficultés pour les
pétrographes.
Seules les roches dynamométamorphiques (pseudoschistes,
pseudoporphyroïdes, schistes pseudofelsitiques), si largement
étudiées dans l'Oural, font désirer qu'on se mette dès main-
tenant d'accord sur leiu's noms et que l'on fixe les épithètes
228 VUl' CONGRÈS GEOLOGIQUE
par lesquelles on devra désigner les roches primaires qui leur
ont donné naissance.
I.a complication de la nomenclature résulte essentiellemeut
des ternies à assigner aux roches éruptives.
Heureusement nous connaissons, pour ces roches aussi,
plusieurs groupes fondamentaux nettement délimités, se distin-
guant les uns des autres par les relations structurales des
minéraux constituants. Cette distinction peut être prise pour
base de la classilication : autant de stades ou temps qu*il a
fallu à une roche éruptive pour se former^ autant on peut y
distinguer de générations de minéraux.
Ce principe permet d'établir trois types de structure :
I). La structure grenue, — Les minéraux essentiels se
sont formés durant une seule période de temps ;
2). La structure porphyrique, — La roche laisse voir
deux stades de formation nettement accusés ; ordinaii*ement
les conditions dans lesquelles la cristallisation s'est opérée ont
été moins favorables pendant la seconde période que pendant
la première :
3). La structure vitrophyrique. — Outre les minéraux de
première et de seconde génération, la roche montre nettement
un reste de magma non individualisé, rapidement consolidé
sous forme de verre. Cette portion non individualisée du
magma représente la génération du troisième temps.
Le développement relatif, en général très variable dans les
diverses roches éruptives, de chacune de ces trois générations
peut aller jusqu'à la disparition complète d'une des deux
autres et même des deux à la fois. Toutefois, si la seconde
génération est présente, les moindres traces de la premièi'Ct
quelque minimes quelles soient, excluent la possibilité de
confondre la seconde génération avec la première. Pareillemeùt.
la présence du magma vitreux suilit pour attester trois stades
de formation.
l^s roches des types intermédiaires compliquent Tapplica-
tion. mais n'anéantissent pas la clarté de ce principe de
classification.
Notre définition des types fondamentaux de structure
diffère de celle qui est acceptée par beaucoup de pétrogra-
plies. Uosenbusch, par exemple, juge absolument nécessaire
que la génération du second temps renferme au moins un
seul des minéraux de la première génération. L'inexactitude
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE 239
de cette définition de la structure porphyrique est manifeste.
En effet, s'il est vrai que, dans la plupart des cas, on trouve
parmi les minéraux de première et de seconde génération
certains individus qui appartiennent à un même groupe, cela
ne veut pas dire, comme il résulte de Tidée fondamentale de
Roscnbusch, qu'il y ait identité complète entre ces miné-
raux du second et du premier temps de consolidation. Et
d'ailleurs, puisqu'on compare les minéraux à des véritables
générations, pourquoi seraient-ce seulement quelques-uns et
non tous, du moins les plus essentiels, qui seraient identiques ?
Cependant, en réalité, ce n'est jamais le cas, pour des raisons
faciles à concevoir. La cristallisation des minéraux de la
première génération a eu lieu par suite de la sursaturation du
magma (considéré comme solution). Au fur et à mesure que
la cristallisation s'est produite, la composition du magma a
éprouvé des modifications, d*oii il suit que tous les minéraux
formés plus tard doivent sensiblement différer des minéraux
de formation antérieure.
La différence entre la composition des cristaux feldspa-
thiques et les feldspaths de deuxième génération est un fait
connu de tous les spécialistes. Les exemples de ce phénomène
sont fréquents. Rosenbusch lui-même, dans son manuel « Ele-
mente der Gesteinslehre » (paru en 1898), constate le fait
sur d'autres minéraux. Ainsi, à la page 55, il donne comme
preuve de l'accroissement, pendant la seconde période de
consolidation, des cristaux de pyroxène de première génération
la circonstance que les parties extérieures (accroissement),
diffèrent notablement des parties intérieures, tout en étant
exactement pareilles aux pyroxènes de seconde génération.
Il serait facile de citer toute une série d'exemples à l'appui
de la différence manifeste qui s'observe entre les minéraux de
la première et de la seconde génération. Nombreux aussi sont
les exemples de l'absence presque totale de minéraux communs
aux deux stades et appartenant au même groupe. Nous nous
bornerons à dire ici que l'exemple le plus instructif de la
différence minéralogique dans les deux premières générations
nous est offert par les roches drusiques, trop négligées jus-
qu'à ces derniers temps et auxquelles nous reviendrons plus
loin.
En outre, la définition de Rosenbusch est en contradiction
évidente avec la subdivision qu'il fait des roches porphyriqu(»s
23o VIII'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
en porphyriques holocristallines et vitro-porphyriques. Il est
clair que dans ces dernières on ne peut admettre aucune
identité minera logique entre les minéraux de la première géné-
ration et le magma vitrifié qui représente la troisième géné-
ration.
Ce qui est essentiel, selon nous, c'est que la présence de
la stinicture porphyrique permet toujours de conclure du
nombi'c des périodes pendant lesquelles la roche s'est formée:
la question de savoir si la seconde génération renferme ou
non des minéraux du même groupe est d'un ordre tout à
fait secondaire.
Les considérations suivantes montreront l'importance énorme
du rôle que les stades consécutifs jouent dans la composition
minéralogique des roches éruptives.
Après la formation des cristaux porphyriques dans un magma
sursaturé, et tant que la majeure partie du magma était encore à
Tétat liquide et susceptible de se mouvoir, un magma de compo-
sition différente pouvait venir se mêler au premier. En ce cas, la
formation dans cette masse saturée une deuxième fois, des miné-
raux de la seconde génération était évidemment une fonction de la
composition du magma mixte et ne dépendait point ou presque
point des minéraux du premier temps. Le mélange de magmas
différents est un fait qui n'est pas inconnu des pétrographes. On
trouve dans la littérature scientifique des exemples très concluants
de cas où les minéraux de la première génération ne correspondent
pas à la composition du magma qui est indiquée par les minéraux
de la seconde génération.
Lorsque les minéraux de la première génération sont d'un poids
sensiblement plus élevé que le reste du magma, ils s'assemblent.
e*i vertu de leur pesanteur, en amas locaux plus ou moins considé-
rables, parfois en couches continues ; c'est encore la un fait
fréquemment observé par les pétrographes. Les amas de pyrite,
de cuivre pyriteux, de pyrite magnétique, de fer magnétique
et titanique dans les roches de l'Oural septentrional sont des
exemples de ce phénomène. Lorsque le magma n'a jamais atteint
la surface de la terre et que son mouvement a été faible, les
difféi'cnces locales de la composition chimique des roches
auxquelles ce magma a donné naissance sont si considérables
qu'elles dépassent de plusieurs fois les différences jugées suili-
santes pour classer les roches dans tel ou tel type. L'auteur
de la présente note a signalé une série d'exemples de ce fait
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE a3l
dans un article intitulé : « Sur un nouveau groupe de roches
éruptives (i) ». Ainsi, les laccolithes développés dans le gneiss
au bord sud de la baie de Kandalak (Mer blanche) offrent à des
intervalles très rapprochés les variétés les plus hétérogènes, les
unes formées presque exclusivement d'olivine, les autres d'ens-
tatite, d'augite ou de plagioclase. Parfois même un seul fragment
de la roche montre des différences très sensibles. C'est surtout un
cas fréquent pour les roches augito-grenatifères de l'arrondisse-
ment minier de Bogoslovsk, dans lesquelles les deux minéraux
essentiels diffèrent notablement Tun de Tautre par leur poids
spécifique. Comme on a pu le constater dans les mines de
cuivre, Taugite* de formation antérieure, s'est le plus souvent
soulevée et accumulée dans les salbandes.
Les roches qui constituent les laccolithes de la baie de
Kandalak ne peuvent être rapportées ni au type des roches grenues,
car elles laissent nettement apercevoir des périodes dans la
formation des générations minérales ; ni au type des roches
porphyriques, car on y observe non deux, mais une série
de générations se succédant toujours dans Tordre suivant :
i) olivine, 2) enstatite passant à 3) Thyperstène (l'hyperstène
s'étant formé bientôt après Tenstatite, ces deux minéraux
peuvent être considérés comme appartenant à une seule période ;
4) biotite (peu développée) ; 5) augite (titanifère) ; 6) grenat,
remplacé partiellement par de Tamphibole verte, de forma-
tion simultanée ; 7) plagioclase. remplissant les intervalles.
Enfin ces roches-drusites se distinguent encore des roches
porphyriques en ce que les générations postérieures y sont
cristallisées d'une façon aussi nette que les générations précé-
dentes ; la dernière génération, le plagioclase, présente même
généralement les cristaux les plus gros et les plus parfaits
(quoique souvent remplis dlnclusions de restes du magma et
alors de couleur brune).
Ce groupe relativement rare nous fournit donc l'exemple
d'un type structural à part, indépendant. Cette structure,
appelée drusitique d'après le nom de la roche qui en donne
le type, a reçu pour symbole le signe A. A ce groupe appar-
tiennent les roches augito-grenatifères de l'arrondissement
minier de Bogoslovsk, du district minier de l'Altaï, de la
région de l'Oussouri (golfe Saint-Olga), les roches métallifères
(!) Bulletins de l'Institut dY'conomie rurale de Moscou. 1896, n* I. (En russe).
2^3 YUl" CONGRÈS câOLOGIQUB
de Pitkaranta et d'un grand nombre des gisements de la
Norwège et de Bakat.
En résumé, Tensemble des faits connus jusqu'ici permet
d'établir d'après les quatre principaux types de structure, quatre
groupes de roches éruptives : grenues, porphyriques, vitro-
phyriques, drusitiques.
Pour ce qui est des subdivisions ultérieures, nous nous
permettons d'attirer l'attention sur les considérations suivantes.
Si Ton voulait prendre la composition chimique pour base
de la classification des roches éruptives, on serait obligé de
séparer d'une façon tranchée des roches dont l'ensemble
constitu«> une masse d'origine unique et simultanée, mais qui,
sans être des roches de contact, montrent des difféi-ences très
nettes de composition à de très petites distances, parfois
dans un seul et même morceau (il va sans dire qu'on peut
et qu'on doit faire une distinction entre les parties extérieures
modifiées par le contact et les parties intérieures d'une
roche).
Autre chose, si l'on prend la composition minéralogique
comme point de départ. En effet, quelque différente que soit
la composition des laccolithes drusiti(pies en divei*s points, les
minéraux caractérisant les drusites se retrouvent presque dans
chaque fragment. Ainsi, la variété à olivine presque pure accuse,
au microscope, de petits interstices remplis d'enstatite et de
plagioclasc. Des faits analogues se laissent constater non
seulement pour les autres variétés de ce groupe de roches,
mais en général et dans une mesure tout aussi large, pour les
roches des autres types structuraux.
Mais le facteur qui présente le plus d'importance dans la
subdivision des roches, ce sont les particularités de chaque
type de structure, autrement dit la texture.
Grâce à l'étude détaillée des drusites et à réclaircissement
des principales lois qui ont gouverné leur formation, toutes
les variétés de ces roches se laissent sans dilliculté classer
d'après les règles d'une classification rationnelle et peuvent être
désignées, comme dans le travail précité, par des symboles.
Si on réussit à découvrir des lois analogues pour les autres
groupes naturels des roches, la nomenclature rationnelle sera
assurée et on n'aura plus besoin de recourir à des noms
de localités.
(^uc)i <|u*il ru soit, les noms doivent en pi^emier lieu être
COlfMISSION DE PÉTROGRAPHIE 233
basés sur les types fondamentaux de structui'e. En suivant ce
principe, on pourra classer les roches en granités, por-
phyres, vitrophyres, drusites, ou pour abréger, en granes, phyres
(abréviation déjà employée), vitres, druses. Il y aurait avan-
tage aussi à trouver des abréviations pour les principaux
groupes des minéraux caractéristiques, ainsi que pour les modes
de texture (globulaire, aplitique, panidiomorphe, granophy-
rique, microfelsitique, etc.) qui permettent d'établir des groupes
plus étroits. Ce serait aller trop loin que de vouloir formuler
à ce sujet des propositions détaillées dont l'élaboration ne
peut appartenir qu'à une Commission nommée par le Congrès
international. Mais il est nécessaire d'insister pour que les noms
des roches soient composés de manière à exprimer : i» au
premier plan, le type de structure (il serait à désirer que les
accessoires comme a à gros grain », « à grain fin », etc.,
fussent remplacées par des terminaisons équivalentes ; 2° au
second plan, la texture de la roche donnée, si toutefois elle
en est caractéristique ; S® au troisième plan, les minéraux
caractéristiques. Il est en outre désirable qu'on fixe des règles
précises pour marquer les types de structure intermédiaire.
Voici les raisons qui s'opposent à l'adoption de la compo-
sition chimique comme base de la classification pétrographique :
La composition chimique est souvent inconstante, du moins
en de certains cas, et loin ^d'être toujours étroitement alliée
à la composition minéralogique. De plus, les changements
secondaires que les roches ont subis postérieurement à leur
formation ont parfois très sensiblement réagi sur leur compo-
sition chimique. Ce sont là des inconvénients étrangers à la
caractéristique minérale et structurale, applicable sans grandes
difficultés à toutes les roches, même à celles qui ont subi de
fortes modifications secondaires. La caractéristique chimique
entre dans le domaine de la minéralogie ; or, les éléments
constituant les roches sont des minéraux, et non des atomes
chimiques.
Enfin, au point de vue de l'utilité pratique, la caracté-
ristique chimique est très peu commode. Une analyse chimique
complète ne pouvant être opérée que dans des conditions
exceptionneUes, pour résoudre des questions scientifiques
spéciales, il s'en faut de beaucoup que ce procédé long et
minutieux offre un moyen relativement simple, toujours à la
portée, dans la détermination des roches.
a34 Vlir CONGRÈS GÉOLOGIQUE
On ne peut guère espérer qu'on arrive bientôt à s'entendre
dans les questions de nomenclature ; qu'on se rappelle seu-
lement la lenteur extrême avec laquelle se répandent, dans
la littérature, les termes de la nouvelle cristallographie théo-
rique, qui est cependant basée sur des principes rigoureusement
mathématiques, qu'il suflît d'étudier pour en accepter les termes.
Néanmoins, les pétrographes ne peuvent se passer de noms
pour indiquer les roches sur les cartes.
Il faut donc les créer, ces noms, ne fussent-ils que pro-
visoires. Plus tard, quand on aura mieux approfondi les
rapports entre la composition des magmas et la caractéristique
des roches éruptives, on pourra les modifier conformément
à la valeur décisive de ces relations.
Le levé géologique du district minier de Bogoslovsk, nous
ayant fourni des matériaux exclusivement abondants pour
établir les rapports dont nous parlons, nous nous permettrons
de dii*e quelques mots sur les termes auxquels nous a conduit
notre étude des roches de la région.
Parmi les roches du district, il en est plusieurs que les
termes pétrographiques usuels déterminent assez exactement ;
telles sont la diabase, la porphyrite à diabase, la vitrophv-
rite, quelques variétés de granité amphibolique (granitite). le
gabbro et ses variétés à olivine et hypei'sthène, la diallagite,
etc. Cependant, des roches aussi caractéristiques que celles
que nous venons de nommer, renferment déjà des variétés
sortant du cadre des termes généralement acceptés, comme le
gabbro anorthitique, sensiblement différent du gabbro normal, à
plagioclase moins basique. Dans d'autres variétés, le diallage
est presque totalement remplacé par Tolivine ou l'hypers-
thène ; d'autres encore consistent presque uniquement en pla-
gioclase (très basique). Il aurait été étrange d'inventer pour
ces variétés, intimement liées aux autres variétés des gabbros.
des noms à part qui n'auraient fait qu'obscurcir leur liaison
avec la masse principale des roches. Dans ce cas, au contraire,
les expressions accessoires définissant les particularités rainé-
ralogiques, étaient parfaitement à leur place.
Los roches augito-grenatifères ont été mentionnées plus haut
Pour ce qui est des roches plus acides, il est difficile.
sinon impossible, de trouver dans la littérature des tenues
convenables embrassant toutes les particularités qui leur sont
propres. Sous ce rapport la série des porphyres feldspathic|ues
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE 335
lormanx est surtout remarquable. Le membre extrême de la
iérie, Valbitophyre^ correspond parfaitement au sens que Michel-
Lévy a donné à ce nom. C'est une roche très répandue dans
es limites du district de Bogoslovsk. Les cristaux qui la carac-
lérisent sont Talbite ou les membres voisins les plus acides
le la série des plagioclases. Quelquefois vient s'y adjoindre
lu quarz, comme dans les porphyres quarzeux typiques : on
1 alors V alhitophj're quarzeux. Il est très rare qu on y trouve
Tautres cristaux, la pâte n'étant presque toujours composée que
le quarz et de feldspath : l'analyse microchimique révèle la
présence de feldspath potassique. La circonstance que Talbite
ipparalt presque toujours sous forme de macles simples ou
le cristaux isolés, et que la pâte contient une quantité notable
30ur cent de potasse peut facilement faire confondre la roche
ivec le porphyre à orthose (orthopliyre). En réalité, comme
/ont prouvé de nombreuses analyses optiques, Torthose y fait
întièrement défaut. En outre, les analyses ont démontré que
es cristaux s'éloignent rarement d'une manière sensible de la
composition de Talbitc pure.
A cette roche correspond (géologiquement, mais non chiini-
juement) une variété grenue, identique ou du moins présentant
Deaucoup d'analogie avec la Nordmarkite de Brôgger. Elle est
Dresque exclusivement formée de microperthite et de quarz.
Le feldspath potassique, qui a cristallisé le tout dernier,
'orme par places avec le quarz, des agrégats micropegmati-
jues. Cette roche a été indiquée sur la carte sous le nom de
franite perthitique (avec transition à des variétés sans quarz).
L'oligoclasophyre, roche rare dans la région, se distingue
par rinconstance remarquable de sa composition minéralogique.
C'est une véritable roche de transition reliant l'albitophyre à
in groupe d'andésinophyres typiques, représentés en abondance.
Déjà dans les oligoclasophyres. on observe parmi les cristaux,
plus souvent dans la pâte, des minéraux ferro-magnésiens,
mrtout l'augite (ou les produits résultant de sa décomposition).
Dans les andésinophyres, la présence de ces minéraux est assez
constante ; plus fréquemment encore on y constate Tamphi-
3ole verte (actinolite) ou même à la fois l'amphibole et l'augite.
Les andésinophyres, dans lesquels ces minéraux jouent
:oujours un rôle d'éléments accessoires, sont suivis d'une série
les roches de transition qui renferment l'augite et surtout
'amphibole, en proportions de plus en plus considérables. Ce
Il36 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sont des andésinoph)'res augiiiques et amphiboliques ; les
derniers sont plus fréquents que les premiers. L'andésinophyre
augitique offre des passages à une porphy^rite à diabase,
caractéristique par la composition très constante du plagioclase,
notamment du labrador. La porphyrite à diabase passe à des
variétés sans cristaux d'augite, mais contenant beaucoup d'au-
gitc dans la pâte — porphy rites à labrador — et à d'autres
ne renfermant que de Taugite, sans cristaux dé labrador —
porpliyrites augitiques. La porphyrite à diabase elle-même est
d'une netteté typique remarquable, ainsi que sa variété grenue,
la diabase. En même temps c'est une des roches éruptives
les plus développées du district de Bogoslovsk.
Cédant à la tradition pétrographique, nous avons conservé
à ces roches leurs noms courants. Il aurait cependant été plus
raisonnable de ne pas faire usage du terme porph}^rite, mais
d'employer les dénominations plus rationnelles de labradoro-
phyre, labradorophyre augitique y augitoph}'re. Le terme
(( porphyrite » rappelle la période de notre science où Ton
voyait la différence la plus substantielle entre les propriétés
spéciales des divers groupes de roches dans la composition de
l'élément feldspathique, c'est-à-dire où il suffisait de savoir si
cet élément était du plagioclase ou du feldspath potassique,
sans se rendre aucunement compte de Tespèce de plagioclase.
Ce point de vue, nous n'avons pas besoin de le dire, est
aujourd'hui loin de correspondre aux progrès atteints depuis,
grâce à des études plus étendues et à la détermination plus
exacte des minéraux.
Les variétés compactes de ces roches auraient mieux été
appelées diabasites (nom proposé par M. Polénow).
En quelques rares points du district, on trouve des roches
porphyriques à amphibole plus basiques que les andésinophyres
amphiboliques. Le plus souvent, elles contiennent de l'amphi-
bole barkevicitique et du labrador. Nous les avons marquées
dans la carte» sous le nom de porphy^rite dioritique. Nous
devons toutefois avou(»r que nous doutons qu'actuellement les
noms do diorite et de porph}'rite dioritique aient un sens
rigoureusement défini. 11 serait important d'établir la valeur
exacte de ces termes.
Les variétés grenues qui correspondent aux andésinophyres
amphiboliques ont été étudiées d'une manière particulièrement
détaillée. La terminologie actuelle leur assigne une place entre
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE tQtJ
les granités amphiboliques et les diorites quarzeuses. Elles
sont remarquables par T inconstance de leur composition,
surtout relativement à la teneur en orthose. Certaines variétés
abondent en feldspath potassique qui est presque exclusi-
vement de la micix)perthite. La circonstance que Torlhose y
enveloppe parfois les grains de plagioclase acide prouve qu'il
a été le dernier produit de la cristallisation. En d'autres
variétés, le feldspath potassique fait entièrement défaut. De
nombreuses analyses ont permis de déterminer les relations
entre la teneur pour cent en amphibole verte et le degré de
basicité du plagioclase qui varie ordinairement de Tandésine
jusqu'^ Toligoclase.
11 aurait été rationnel d'appeler les diverses variétés dissé-
minées dans rénorme masse de ces roches par des noms
différents, tels que granité (amphibolique), diorite (quarzeuse),
etc. ; en effet, nous aurions aussi séparé artificiellement ce que
la nature a réuni en une formation unique. Nous avons donc
rassemblé toutes les variétés par le seul nom de granité
amphibolique et nous nous sommes servi, pour les nuancer,
des expressions accessoires : à amphibole et andésine, à amphi-
bole et oligoclase, à amphibole et perthite, etc.
En dehors des roches porphyriques normales qui montrent
la corrélation entre la composition des cristaux et celle de la
pâte fondamentale, on rencontre des espèces de roches dans
lesquelles cette corrélation est dérangée d'une manière très
apparente. Une autre anomalie est la résorption de miné)*aux
antérieurement formés, autrement dit de la partie déjà cristal-
lisée de la matière saturée du magma. Par exemple, dans les
andésinophyres quarzo-amphiboliques, les cristaux de quarz ont
été redissous quand la pâte fondamentale montre une compo-
sition anormale ; Taugite a été redissoute, cas plus rare, lorsque
la composition acide du magma est anormale.
De plus, on rencontre dans le district des roches étranges,
dont la structure et la composition font croire que partielle-
ment elles ont passé par un second stade de fluidité, etc.
H est douteux que pour de pareilles roches, on puisse
établir des règles de nomenclature rigoureusement définies.
D'ailleurs, comme les roches anormales sont très rares dans la
nature et qu'elles occupent toujours des étendues trop petites
pour pouvoir être marquées même sur les cartes géologiques
les plus détaillées, c'est une question d'importance tout à
338 VUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
fait secondaire. Néanmoins, nous nous joignons à la plupart
des pétrographes russes (MM. Lœwinson-Lessing et Polénow
ont abordé le sujet dans diverses publications) pour émettre le
vœu que même les anomalies parmi les roches ne soient plus
appelées d'après les localités où elles ont été découvertes, mais
qu*en créant de nouveaux noms, on tienne en premier "lieu compte
de la composition pétrogi*aphique et qu'en cas de nécessité on
se serve de racines grecques.
Si nous avons cru nécessaire d'énoncer notre point de vue sur
la nomenclature pétrographique, c'est que Tétude des matériaux
extraordinairement riches nous a conduit à faire l'épreuve
des procédés les plus récents de l'analyse optique, procédés qui
nous ont singulièrement facilité et accéléré la détermination
d'un très grand nombre de roches. Il suilit de dire ici que le
Musée des mines de Tourinsk possède aujourd'hui plus de
lo.ooo plaques microscopiques, que nous avons fait près de
3oo analyses optiques détaillées et autant de déterminatioos
exactes de minéraux, et que parallèlement nous avons exécuté
plusieurs dizaines d'analyses chimiques. De plus, l'étude systé-
matique et rigoureusement scientifique des matériaux nous a
rendu possible de tirer des déductions exactes par rapport à
la question très compliquée de l'origine de plusieurs gisements
de minerais.
Séance du 26 Octobre
Présidence de M, Michel- Léii}' , Tous les membres qui ont
assisté à la séance du a5 octobre sont présents.
M, Michel-Léiiy résume les travaux de la veille et propose
de prendre comme base de discussion ultérieure les vœux de
la commission russe. Cette proposition est adoptée.
M. Karpinsk}^ demande à faire quelques observations sur
la discussion de la veille et donne lecture du rapport suivant :
Notice présentée a la Commission de nomenclature des rocheS}
RÉUNIE en séance, A PaRIS, LE 26 OCTOBRE 1899
Par M. A. KARPINSKY
1) Chaque classification d'objets doit être basée sur rensemble
de leurs caractères ou bien sur les caractères avec lesquels
COMMISSION DB PÉTROGHAPHIB q3q
tous les autres sont en un rapport déterminé et qui permettent
de définir exactement l'objet en question.
Ainsi , par exemple , la classification des minéraux peut
être basée sur leur composition chimique et leurs caractères
cristallographiques , car il n'existe pas de minéraux apparte-
nant à des espèces difTérentes, dans lesquels ces caractères
soient identiques. L'observation directe montre que des diffé-
rences entre les minéraux , sans dépendance aucune de la
composition chimique et des propriétés cristallographiques ,
n'ont point de valeur scientifique pour certains minéraux (par
exemple, la couleur, le degré de limpidité, etc.).
Certaines différences dans le mode de formation peuvent
nous paraître théoriquement d'une grande importance; néan-
moins, lorsqu'il est possible d'établir l'identité des matières
minérales, la différence des conditions génétiques ne doit pas
nous porter à considérer ces matières comme essentiellement
différentes. Au contraire, il sera logiquement juste de conclure
qu'une même matière peut être due à divers modes de forma-
tion, en d'autres termes, que de semblables différences géné-
tiques n'ont pas en pareil cas de valeur essentielle.
2) Pour ce qui est des roches, les conditions dans lesquelles
elles se sont formées ont une grande importance, et elles ont
indubitablement exercé l'influence sur leurs propriétés. C'est
donc avec toute raison que la genèse a été prise comme base
de la division de premier ordre des rocKes en roches
éruptives, sédimentaires, schistes cristallins (métamorphiques).
Plusieurs caractères d'ordre inférieur (par exemple les diffé-
rences de texture) dépendent des conditions dans lesquelles
s'est effectuée la formation des • roches. Cependant on ne peut
pas, par simple considération théorique, attribuer une valeur
précise à telle ou telle autre texture ; pour y arriver, il faudrait
une étude minutieuse du gisement même, car les différences
de texture qui sautent pour ainsi dire aux yeux, peuvent être
en réalité moins essentielles que celles qu'on a de la peine à
distinguer.
3) Les caractères qui doivent êti'e considérés comme les
plus importants pour définir une roche éruptive sont la com-
position minéralogique et chimique et sa structure. Mais la
relation entre la composition minéralogique et la composition
chimique est si intime qu'une connaissance bien approfondie
de la composition minéralogique permet de conclure assez
a4o vni^ CONGRÈS géologique
exactement à la composition chimique. La composition miné-
ralogique et la structure sont par conséquent les caractères
les plus essentiels des roches.
Dans l'association des minéraux constituant les roches, on
constate une certaine loi. L'analogie de la composition miné-
ralogique s'observe même en présence d'une déviation consi-
dérable dans la composition chimique de magmas dont la
différenciation donne naissance aux séries pétrographiques.
La loi que suivent les associations des minéraux dans les
roches est si manifeste qu'on a pu présumer l'existence de la
plupart des roches (les roches à mélilite exceptées), longtemps
avant qu'elles aient été réellement découvertes.
Des roches identiques sous le rapport minéralogique (chi-
mique) et structural doivent être considérées comme une seule
espèce et porter un seul nom, quels que soient leur mode de
gisement^ leur âge ou leur liaison génétique avec d'autres
roches.
4) La formation de plusieurs roches aux dépens d'un seul
et même magma ne suffît pas pour en affirmer leur proche
parenté. Le fait que l'on observe qu'un même magma donne
constamment naissance à des roches de compositions minéra-
logique et cfiimique très différente, ne témoigne pas de leur
voisinage dans le système pétrographique, mais . de l'antago-
nisme des matières. La parenté ne ressort que de la commu-
nauté de formation par voie éruptive.
5) La classification des roches ne doit pas être identifiée
à la classification des magmas. Les magmas peuvent être
extrêmement différents suivant les conditions de leur mélange
et de la résorption de roches étrangères. Très souvent il est
presque impossible de déterminer ce qui est le produit de la
liquation naturelle (phénomène très important dans la classi-
fication pétrographique) et ce qui n'est qu'accidentel. Outre
la liquation, il existe encore la différenciation mécanique
par suite de la différence du poids spécifique, des influencer*
magnétiques, etc.
6) Pour figurer les rapports existant entre les roclies érup-
tives, leur classification doit être représentée ni comme série
linéaire, ni même sur un plan, mais dans un espace à trois
mesures. Disposé de cette manière, chaque grand groupe
structuro génétique de roches et de leui'S variétés pourrait
être systématisé tant par rapport à la composition minérale-
COBfMlSSlON DR PÉTROGRAPHIE ^4^
gique que relativement aux particularités chimiques et même
probablement aux petites différences texturales.
7) Les noms des roches doivent être systématisés en accord
avec la classification. L'étude directe des roches dans leurs
gisements nous obligeant à distinguer pour les roches, comme
pour les autres produits de la nature — les caractères plus
ou moins essentiels, l'introduction d'un mode de nomenclature
semblable à celui admis pour les organismes est non seule-
ment désirable, mais indispensable.
En créant des noms de famille , de genre , d'espèces , on
devra donner une caractéristique exacte des roches excluant
toute possibilité de confusion, et préciser les caractères qui
distinguent ces roches des roches voisines.
L'auteur qui introduit un nouveau nom de roche en se
basant sur un nouveau caractère doit démontrer l'importance
relative de ce dernier, non sur des échantillons, mais par des
études sur la nature.
En décrivant une ix)che comme variété d'une autre possé-
dant déjà un nom on ne devra pas donner à cette variété une
dénomination univoque à part.
Discussion des articles du règlement
proposé par la Commission russe à titre de çœax
Vœu n" I, — M, Fouqué demande que l'on supprime les
lignes 3 a 9 qui constituent une critique trop vive de la
situation actuelle. Il pense que malgré la diversité des lan-
gages pétrographiques employés, les pétrographes arrivent en
général à se comprendre ; il croit toutefois que des amélio-
rations peuvent être recherchées dans le sens de l'unification
de la nomenclature.
M. Brôgger fait remarquer que le langage pétrographique
est fait surtout pour les pétrographes qui n'ont que peu de
peine à retenir et comprendre le nombre relativement restreint
des nouveaux noms de roches. Que représente-t-il, en effet,
comparé aux milliers de noms employés en Botanique et en
2k)ologie ! Il regarde ce vœu comme superflu ; nous ne possé-
dons pas, dit-il, de critérium de l'espèce en pétrographie,
l'adoption de définitions générales précises ne pourra que
gêner dans la recherche de ce. critérium. Ce qu'il faut, c'est
16.
24^ VIU' CONGRÈS GEOLOGIQUE
mettre en parallèle les définitions données par chaque auteur,
mais s'en tenir là. Il trouve très utile de savoir quelle signi-
fication chaque pétrographe donne au terme diorite , par
exemple, mais si cette signification n'est pas la sienne, il ne
l'acceptera pas.
M, Lœwinson-Lessing fait remarquer que le Comité russe
ne proteste pas contre la multiplicité des noms nouveaux, mais
contre leur mauvaise construction. Il montre, par un exemple,
qu'il n'est pas toujours facile de retenir les noms tirés de localités.
Il ne faut pas entraver la liberté des pétrographes par des règles
qui fixent une nomenclature définitive, mais il est nécessaire de
discuter les bases d'une classification rationnelle et de fixer les
principes de la nomenclature. On prétend qu'il faut attendi'e.
La chimie organique n'a pas attendu et cependant les progrès de
cette science n'ont pas été entravés parce que Ton a fixé les
principes de sa nomenclature.
M. Michel-Lév)' croit que les subdivisions nombreuses sont
utiles, mais qu'il est indispensable, en même temps que pos-
sible, de s'entendre sur la définition des noms des grands
groupes.
Le vœu n" i, modifié comme il suit, est adopté à lunani-
mité moins deux voix (M. Brôgger opposant, M. Barrois
s'abstenant).
(( // est avant tout désirable de régulariser la nomencla-
ture de,*i roches éruptives ou le manque d'unité est particuliè-
rement sensible. Différents auteurs attribuent une significa-
tion et un sens différents à un seul et même nom, et inverse-
ment diverses dénominations sont employées pour désigner
une même roche, un même groupe de roches ou une même
structure. Tous ces inconvénients de la nomenclature actuelle
peuvent et doivent être écartés, tout au moins pour les grands
groupes.
Vœu n^ 2. — Est réservé.
Vœu /i° 3. — M. Duparc propose de baser la nomenclature,
en premier lieu sur la composition minéralogique et éven-
tuellement sur la composition chimique ; il ne croit à rutililé
indiscutable de la composition chimique que pour les roches
vitreuses ou microlitiques, les roches de profondeur étant en
général très modifiées.
M. Fouqué rappelle combien il est partisan de l'étude de la
coufposition chimique des roches ; mais il ne pense pas que ce
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE Q/^3
soit là un caractère assez pratique pour que Ton puisse baser
sur lui en premier lieu la nomenclature pétrographique . De
Tanalyse en bloc d'une roche, on peut déduire la proportion
relative de ses éléments, si Ton connaît exactement la compo-
sition chimique de ceux-ci, mais la réciproque n'est pas vraie.
D'autre part, des actions modificatrices contemporaines de la
solidification ou postérieures, ont souvent transformé d'une
façon considérable la composition des roches (surtout des
roches de profondeur), de telle sorte que l'analyse de celles-ci
ne fournit pas de notions certaines sur la composition du
magma initial dont elles proviennent'.
M. Lœunnson-Lessing s'associe à la critique de M. Fouqué,
quand il s'agit de recherches purement théoriques ; toutefois
il fait remarquer qu'il ne s'agit pas pour l'instant de magmas
idéaux, mais de la composition chimique actuelle des roches.
Enfin c'est la. composition chimique du magma qui détermine la
constitution minéralogique des roches, et non rinverse. L'ana-
lyse en bloc d'une roche permet de déterminer sa composition
minéralogique, l'inverse n'est possible que si l'on connaît non
seulement la composition, mais encore les proportions relatives
des principes minéraux cpii la constituent. Quant aux actions
secondaires, elles modifient souvent la nature des minéraux,
sans toutefois altérer sensiWement la composition chimique
globale de la roche. La coimaissance de la composition chimique
permet toujours d'indiquer la place d'une roche dans la systéma-
tique ; pour les roches volcaniques notamment, la considération
de la composition chimique est indispensable.
M. A, Lacroix fait remarquer que cette observation est
surtout vraie pour les types vitreux.
M. Brbgger n'est pas de l'avis de MM. Fouqué et Lœwin-
son-Lessing ; son expérience personnelle lui a prouvé que la
composition chimique actuelle est en tous cas suflisante et
qu'avec des moyennes bien faites, on peut i)révoir la compo-
sition du magma dont provient une roche et toutes les
différenciations qui peuvent s'effectuer dans celui-ci. L'expé-
rience qui a permis à MM. Fouqué et Michel-Lévy d'obtenir
une roche a leucite et olivinc par fusion et recuit de biotite
et de microcline, montre bien du reste l'insuffisance d'une
nomenclature basée sur la composition minéralogique puis-
qu'une semblable nomenclature éloignerait deux roches chimi-
quement semblables.
!l44 Vlll* CONGRàs GÉOLOGIQUE
M, Michel'Léçy croit que, sauf pour les lamprophyres
auxquels M. Brôgger vient de l'aire allusion, les données de
la composition chimique et de la composition minéralogiqae
conduisent presque toujours aux mêmes résultats. La consi-
dération minéralogique peut donc suflire dans la plupart des
cas pour définir les grands groupes ; il est d'avis néanmoins
de faire le plus large emploi possible des caractères chimi-
ques.
Le çœu nP 3, ainsi amendé :
(( La caractéristique des grands groupes (par ex, des
familles) doit se baser sur la composition minéralogique
appuj'ée sur la composition chimique et sur la structure »,
est voté à Tunanimité, moins deux voix (M. Brôgger contre,
M. Lœwinson-Lessing, maintenant le texte intégral de la pro-
position russe).
Les vœux n^^ 4 ^^ ^ sont réservés.
Le vœu n^ 5, ainsi conçu : (( Les grands groupes peuoent
être fixés dès à présent, sans gêner le développement ultérieur
de la classification, et le démembrement de ces groupes en
subdivisions », est adopté.
Vœu n^ j , — La première partie de ce vœu, ainsi modifiée:
(( // est désirable de désigner les principaux ty^pes de
structure par des noms spéciaux », est adoptée.
Al, Lœwinson-Lessing maintient pour son compte personnel
le vœu de la Commission russe tel qu'il a été formulé. La
Commission accepte, sur sa proposition, les termes, employés
par M. Brôgger, de mélanocrates et de leucocrates pour
désigner dans chaque type pétrographique les variétés très
riches ou très pauvres en éléments ferrugineux, se distin-
guant ainsi du type normal. Les termes alcaliplètes et cal-
ciplètes de M. Brôgger sont également acceptés en principe,
sous réserve de la recherche d'une forme plus euphonique.
Une discussion s'engage pour savoir s'il y a lieu de fixer
dès à présent la définition des principales structures. M, Michel-
Lévy rappelle notamment les trois subdivisions admises par
les pétrographes français dans la structure grenue (structures
granitique, granulitique et pegmatiqué),
M. Brôgger ne croit pas qu'une semblable discussion
puisse conduire à une entente; le mot de structure grenue lui
semble impossible à délimiter dans une définition générale;
il ne peut réunir dans un même groupe, la structure grenue
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE Q/^5
(kômig) et granulitique (eugranitic). Du reste ponr lui, la
structure aplitique est une structure panallotrioniorphe, alors
que M. Rosenhusch désigne par ce terme une structure paoi-
diomorphe ; il emploie le mot aplite pour désigner des roches
possédant une structure réalisée dans des conditions physiques
différentes, filons, zones de contact et môme dans de petites
masses intrusives et non pour spécifier, comme le fait M. Ro-
senhusch, seulement des roches de filon (Ganggesteine).
M. Brôgger croit que nous ne connaissons pas assez les con-
ditions dans lesquelles se sont consolidés les magmas pour
pouvoir définir les structures qui correspondent aux diverses
étapes de leur consolidation. La difficulté de définir les struc-
tures tient à leur importance inégale ; autant il est facile de
spécifier une structure particulière, autant il devient difficile
d'enfermer dans une définition les structures générales. Dans
ces conditions, chacun doit définir les structures comme il les
comprend, sans se préoccuper des opinions différentes. Quant
au terme grenu en particulier, il est vague et inutile, puisqu'il
s'applique à des roches aussi différentes que les minettes et
les aplites.
En présence de la diversité d'opinions des membres du
Comité, M, Lœwinson-Lessing propose que chacun apporte au
Congrès de i9oo, sa définition des pnncipales structures, en
même temps qu'un projet de nomenclature et de classification
des groupes qu'il a plus particulièrement étudiés. Ces docu-
ments serviront de base à une discussion définitive.
La Commission vote à l'unanimité ce vœu et charge M. Ch.
Barrois de le transmettre aux pétrographes des divers pays,
en les priant de faii'e parvenir leur réponse assez tôt, pour
qu'il en soit donné lecture lors des séances du Congrès.
Celles qui seraient envoyées avant le i*"" mai seraient impri-
mées et distribuées lors de l'ouverture du Congrès.
Le çœu n^ 8 est réservé.
Les vœux W* g et lo, ainsi conçus, sont votés :
N^ g « Il est nécessaire d éviter V emploi d'une même déno-
mination {d'un même terme) dans des sens différents, »
iV** lo (( On devrait éviter autant que possible l'emploi et
la création de différents termes pour désigner la même notion,
la même roche ou le même groupe de roches, »
Le vœu n"* 1 1 est maintenu comme indication et n'est pas
discuté.
a46 VIU' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Les vœux /i®* 12 et 14 se confondent avec ceux qui ont
été votés à la séance précédente.
Le vœu nP i3^ modifié ainsi qu'il suit, est adopté à TunaDi-
mité, moins une voix (M. Brôgger) :
(( // faut éviter autant que possible, pour les nouveaux types de
roches, remploi de noms préexistants, en leur assignant un nou-
veau sens, en restreignant ou en élargissant leur signification ».
M. Brôgger ne voit pas d'inconvénient à employer les
anciens noms, à condition de les définir d'une façon plus pré-
cise ; il rappelle l'emploi qu'il a fait suivant ce principe des
noms de monzonite, ditroïte, foyaite.
La discussion des vœux du Comité russe étant épuisée,
M, A, Lacroix donne lecture de la note suivante contenant les
noms des grands groupes que la Commission française est dispo-
sée à accepter et les définitions permettant de les spécifier en pre-
nant pour base leur composition minéralogique et leur structure.
PROPOSITIONS DU COMITÉ FRANÇAIS
DE PÉTROGRAPHIE
SUR LA NOMENCLATURE DES ROCHES ÉRUPTIVES
Les pétrograplies, réunis en 1897 ^^ Congrès de Sainl-
Pétersbourg, ont exprimé le vœu suivant :
Il est désirable (juc Ton renonce, en présence du dévelop-
pement rapide de la pétrographie, à l'idée de faire fixer par
unt» résolution du Congrès les principes spécialement applica-
bles à la classification métliodi(iue des roches.
Pour aiMÛver à la simplification de la nomenclature pétro-
gi'aphicfue, réclamée par les géologues, il est indispensable de
définir avec plus de précision qu'on ne l'a fait jusquà pré-
sent les noms j^^énéraux dont l'emploi est nécessaire dans
rexéeution des cartes.
Les pétrographes dont h*s noms suivent : MM. Barrois.
L. Bertrand, Fouqué, Gentil, A. Lacroix, deLaunay. Le Verrier.
Tei'iniei*, Wallerant. se sont, à plusieurs reprises, réunis au
Sei'vice de la Carte géologique sous la présidence de M. Micliel-
Lévy et ont voté les propositions suivantes :
Questions de principe. — En comparant les nomenclatures
pétrographiques en usage, soit à l'étranger, soit en France, il
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE a/J^
a paru que le terrain d'entente désiré pourrait être réalisé
sans trop de difficultés, mais à F aide de concessions mutuelles,
par remploi d'une nomenclature basée sur la composition
minéralogique et la structure.
Une semblable nomenclature a, en effet, les multiples avan-
tages de pouvoir rester indépendante de toute théorie parti-
culière et d'être exactement Texpression de laits facilement
et directement observables. Elle est éminemment pratique et
permet de spécitier une roche par ses propriétés intrinsèques,
sans faire venir nécessairement aucune considération extérieure.
Elle semble donc réaliser les desiderata exprimés par le congrès
de Saint-Pétersbourg, bien plus que toute autre nomenclature,
s'appuyant en premier lieu sur la composition chimique ou
la nature du gisement et ne faisant intervenir la composition
minéralogique et la structure que d'une façon secondaire.
En conséquence, le Comité français, tout en reconnaissant
la très grande importance théorique des caractères tirés de
la composition chimique des roches éruptives et le grand
intérêt de la connaissance de leurs conditions de gisement,
a décidé à l'unanimité de proposer pour les grands groupes
de roches éruptives une nomenclature, exclusivement basée sur
leur composition minéralogique et leur structure et de rejeter
pour les dénommer tout nom établi exclusivement sur une
considération de composition chimique, de condition de gise-
ment ou d'âge géologique.
Il a été en outre décidé que les propositions seraient limitées
au nom des grands groupes sur lesquels l'accord paraît immé-
diatement possible et que pour les divisions secondaires à
y introduire, les pétrographes devraient être laissés libres de
choisir entre les divers systèmes adoptés jusqu'à présent et
consistant à employer, soit une terminologie univoque basée
sur des noms de localités (exemple Nordmarkite, Pulaskite),
soit une série d'adjectifs ou de qualificatifs adjoints au nom
général comme cela est en usage dans la nomenclature fran-
çaise actuelle (exemple andésite augilique à hornblende) soit
enfin des noms minéralog^ques composés, comme dans la nomen-
clature allemande (Ex. : hypersthenandesit).
Le Comité français exprime toutefois le vœu que les pétro-
graphes créant des noms univoques, soient tenus désormais
d'en indiquer la place dans la nomenclature minéralogique
générale proposée ici.
34^ VIIl^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Pour chaque groupe de roches éruptives composées des
mêmes éléments minéralogiques, il est indispensable d*adopter
des noms distincts, suivant que la structure est grenue, micro-
grenue, ophitique ou enRn microlitique.
Ces diverses structures étant ainsi défîmes :
La structure grenue est une structure holocristalline, sans
discontinuité apparente dans la cristallisation ;
La structure micro ffrenue est une structure holocristalline avec
discontinuité dans la cristallisation, le dernier stade
ayant nécessairement la structure grenue ;
La structure microlitique est une structure à discontinuité
tranchée dans la cristallisation, le dernier ^ade contenant
généralement des cristaux plus ou moins automorphes.
d'ordinaire aplatis ou allongés, et pouvant admettre
un résidu vitreux ;
La structure ophitique est une structure holocristalline, carac-
térisée par Texistence de plagioclases en cristaux aplatis
ou allongés, que moulent de grands cristaux de pyroxène
ou d'amphibole.
Ceci étant posé, les types principaux de roches éruptives vont
être passés en revue dans un ordre purement minéralogique :
I.
ROCHES A FELDSPATHS
10 Roches a feldspaths sans feldspathides
A. — Roches à feldspaths alcalins et quarz
(groupe des granités)
Types grenus. — Granités, — Roches holocristallines à struc-
ture grenue, composées de quarz, de feldspaths alca-
lins, de micas (biotite, moscovite), d'amphibole ou de
pyroxène, avec ou sans feldspaths calcosodiques.
Les grandes divisions secondaires peuvent être encore
empruntées au caractère minéralogique :
à feldspath potassique ;
GRANITES ALCALINS \ à feldspath et autres mi-
néraux sodiques.
à feldspaths potassiques
GRANITES NORMAUX \ ^ , ,.
et calcosodiques.
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE 0^9
Types microgrenus, — Micro granités. — Roches holocristal-
lines à structure microgrenue ayant la coraposition
minéralogique des granités.
Types microlttiques. — Rhyolites, -— Roches semi-cristallines
ou vitreuses ayant la composition des granités.
B. — Roches à feldspaths alcalins {groupe des syénites)
Types grenus. — Syénites. — Roches holocristallines grenues
composées de feldspaths alcalins, de mica, d'amphi-
bole ou de pyroxène, avec ou sans feldspaths calco-
sodiques.
De même que pour les granités, les grandes divisions
peuvent être, d'après la nature des feldspaths, appelées syénites
potassiques (à orthose), syénites sodiques (à anorthose), cal-
coalcalines (à orthose et à feldspath calcosodique) ou monzonites.
Types microgrenus. — Microsjyénites, — Roches holocristal-
lines à structure microgrenue ayant la composition
des syénites.
Types microlitiques. — Trachjytes, — Roches à structure
microlitique ayant la composition des syénites et
pouvant renfermer du verre.
Les trachytes normaux^ les trachytes sodiques et les tra-
chyandésites correspondent respectivement aux trois types de
syénites, indiqués plus haut.
C. — Roches à feldspaths calcosodiques (Groupe des Gabbros).
L'importance et les variations de composition des roches à
plagioclases nécessitent dans ce groupe plus de divisions que dans
celui des roches à feldspaths alcalins. Les types suivants sont
basés sur l'absence ou la présence d'éléments ferromagnésiens
et sur la nature de ceux-ci. (Dans la nomenclature française,
la nature du feldspath calcosodique est exprimée par les
adjectifs : andésitique, labradorique et anorthique).
Types grenus. — Plagioclasites. — Roches holocristallines
grenues essentiellement constituées par des feldspaths
calcosodiques.
Le nom d'anorthosites, par lequel ces roches sont générale-
ment désignées, ne peut être conservé puisque le feldspath
anorthose n'entre pas dans leur composition.
aoo vni' CONGRÈS géologique
Diorites, — Roches holocristallines grenues composées
de feldspaths calcosodiques, d'amphibole ou de biotite,
avec ou sans quarz.
Gabbros, — Roches holocristallines grenues composées
de feldspaths caleosodiques, de pyroxène, avec ou
sans olivine ou biotite.
Norites, — Roches holocristallines grenues, composées
de feldspaths calcosodiquos et de pyroxène rhombique.
avec ou sans quara, biotite, hornblende ou olivine.
Troctolites. — Roches holocristallines grenues, compo-
sées de feldspaths calcosodiques et d' olivine.
Types microgrenus. — Microdiorites, Microgabbros, Micro-
norites, — Roches microgrenues ayant la composition
des diorites, des gabbros ou des norites.
Types ophitiques. — Dolérites, — Roclies holocristallines.
à structure ophitique, constituées par des feldspaths
calcosodiques et du pyroxène avec ou sans amphibole
et olivine. Le terme dolérite est destiné à remplacer
celui de diabase qui est employé actuellement avec
des significations trop dilTérentes.
Quant aux passages si fréquents des dolérites holo-
cristallines aux types microlitiques correspondants,
passages effectués par l'intermédiaire de roches à struc-
ture intersertale plus ou moins riches en résidu
vitreux, ils seront, suivant la nature de leur feldspath
dominant, désignés sous le nom iVandésites ou de
basai ti les dolériliques .
Types microlitiques.' — Dacites, — Roches à structure micro-
liti([ues composées de feldspaths calcosodiques et de
quarz avec mica, amphiboles ou pyroxènes.
Andésiles. — Roches à structure microlitique composées
de feldspatlis calcosodiques, oscillant autour de Fandé-
sine, avec ou sans mica, amphiboles, pyroxènes ou
olivine.
Basai liles. — Roches à structure microlitique composées
de feldspaths calcosodiques oscillant autour du labrador,
de pyroxène, avec ou sans amphibole ou mica.
Basaltes, — Basaltites à olivine.
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIE oSl
2*» Roches a feldspaths et feldspathides
A. — Roches à feldspaths alcalins (Groupe des syénites
néphéliniques).
Types grenis. — Syénites néphéliniques, leucitiques, ou soda-
litiques, — Roches holocrislallines grenues, composées
de feldspatlis alcalins, de néphéline, de leucite ou
de sodalite avec mica, amphibole ou pyroxène et
feldspath calcosodique.
Types microgrenus. — Microsyénites néphéliniques, leucitiques
ou sodalitiques, — Roches à structure microgrenue
ayant la composition des syénites correspondantes.
Types microlitiques. — Phonolites, — Roches microli tiques
composées de feldspaths alcalins , de néphéline , de
pyroxène avec ou sans minéraux du groupe haiiyne-
sodalite. — Leucophonolites. — Roches microlitiques
composées de feldspaths alcalins , de leucite , de
pyroxène, avec ou sans néphéline et minéraux du
groupe haiïyne-sodalite.
B. — Roches à feldspaths calcosodiques et feldspathides
(gahbros à feldspathides)
Types grenus. — Gabbros néphéliniques. — Roches holocris-
tallines grenues à feldspaths calcosodiques, néphéline,
pyroxène, amphibole, mica, avec ou sans minéraux
du groupe liaûyne-sodalite.
Les noms de teschénite et de thér alite , proposés pour
désigner ces roches, no semblent devoir être conservés ni
l'un ni l'autre, la teschénite de Teschen ne renfermant pas
de néphéline et la théralite pas de feldspath calcosodique, au
moins en proportion notable.
Types microgrenus. — Microgabbros néphéliniques. — Roches
microgrenues ayant la composition des gabbros néphé-
liniques.
Types microlitiques. — Téphrites. — Roches à structure
microiitique composées de feldspaths calcosodiques ,
de néphéline, de pyroxène avec ou sans amphibole,
mica ou olivine.
Il5a Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUR
Leucotéphrites, — Roches à structure microli tique com-
posées de feldspaths calcosodiques , de leucite , de
pyroxène, avec ou sans amphibole, mica et olivine.
II
ROCHES SANS FELDSPATHS
i» Roches sans feldspaths
MATS A FELDSPATHIDES QV VERRE ALCALIN.
A. — à néphéline
Types grenus. — Ijolites, — Roches holocristallines à structure
grenue composées de néphéline et de pyroxène.
Types microlitiques. — Néphélinites. — Roches à structure
microlitique, composées de néphéline et de pyi'oxène,
avec ou sans olivine.
B. — à leucite
Types grenus. — Missourites. — Roches holocristallines à
structure grenue, composées de leucite et de pyroxène.
Types microlitiques. — Leucitites, — Roches à structure micro-
litique, composées de leucite et de pyroxène avec ou
sans olivine.
C. — à mélilite
Types microlitiques. — Alélilitites. — Roches à structure
microlitique, composées de mélilite et de pyroxène,
avec ou sans néphéline, leucite et olivine.
D. — à çerre sodique
Types microlitiques. — Augitites. — Roches à structure
microlitique, composées de pyroxène et de verre
sodique, avec ou sans amphibole et mica.
Limburgites, — Augitites à olivine.
COMMISSION DE PÉTROGRAPHIB 353
III
ROCHES SANS ÉLÉMENTS BLANCS
I
(Groupe des péridotites)
Types grenus. — Péridotites, — Roches holocristaliines gre-
nues, composées d'olivine et d'un spinellide, avec ou
sans pyroxènes, amphibole et mica.
Pyroxénolites, — Roches holocristaliines grenues, essen-
tiellement constituées par des pyroxènes.
Hornblendites, -^ Roches holocristaliines grenues, essen-
tiellement constituées par de la hornblende, avec ou
sans mica ou olivine.
Type ophitique. — Picrites, — Roches holocristaliines ou
semi-cristallines, composées d'olivine automorphe, de
pyroxène ou d'amphibole, avec ou sans mica.
La structure des picrites est, dans les roches
dépourvues de feldspath, l'homologue de celle des
dolérites.
Jusqu'ici la présence ou l'absence des feldspaths et des
feldspathides et leur nature dominante nous ont servi à défi-
nir les types pétrographiques en ne les considérant principa-
lement qu'au point de vue qualificatif.
11 y a lieu de savoir si l'on doit, dans certains cas, faire
intervenir d'une façon prépondérante la notion de quantité et
accepter le nom de lamprophyres adopté par beaucoup de
pétrographes pour distinguer l'ensemble des roches grenues,
microgrenues et microlitiques, caractérisées par une grande
abondance d'éléments ferromagnésiens (et en particulier de la
biotite et de la hornblende) associés à des feldspaths ou à
des feldspathides ; les éléments ferromagnésiens existant aux
deux temps de consolidation dans les types microgrenus et
microlitiques.
Dans la nomenclature Irançaise actuelle , ces roches ont
été jusqu'ici désignées sous le nom de minettes et de kersan-
tites quand elles sont grenues ; de trachytes (orthophyres);
d'andésites et de basaltites (porphyrites) micacés ou amphi-
boliques quand elles sont microlitiques.
M. Fouqué ne voit pas la nécessité d'adopter le nom
général de Lamprophyres et préfère continuer à désigner ces
a54 vni® CONGRÈS géologique
roches comme un faciès (faciès lamprophj'rique), des syénites
(minettes), des diorites (kersantites), des trachj'tes, des andé-
sites et des hasaltites.
M, Michel-Lévj' propose, au contraire, d'adopter le terme
de Lamprophyre, mais de le réserver pour désigner exclusi-
vement l'ensemble des minettes et des microminettes (lampro-
phyres à feldspaths alcalins), des kersantites et des micro-
kersantites (lamprophyres à feldspaths calcosodiques acides),
c'est-à-dire des roches offrant les propriétés remarquables de
renfermer une grande quantité d'éléments ferroniagnésiens
associés à des feldspaths alcalins ou calcosodiques acides.
L'analyse en bloc des divers types de cette série montre
qu'ils représentent, au point de vue du magma, les composi-
tions chimiques de certaines téphrites, leucitites et néphéli-
nites à olivine. D'ailleurs une expérience synthétique déjà
ancienne avait permis de prévoir ce paradoxe pétrographique :
la fusion de microcline et de biotite en parties égales ayant
donné naissance à une leucitite à olivine (i).
Cette définition permettrait de mettre en regard des lam-
prophyres, les téphrites, népliélinites, leucititi*s, mélilitites et
limburgites basiques, ne laissant liors de ce groupe naturel
que quelques téphrites dont les analogies sont avec les syénites
néphéliniques.
La constitution de cette famille naturelle parait avoir une
grande inq)ortance cartographique ; il semble, en effet, de
première utilité, <le pouvoir distinguer sur les cartes géolo-
giques les liions qui ont dû donner des coulées de roches
basiques à feldspathides et ceux qui n'ont pu engendrer que
des basaltes ordinaires. C'est là, en somme, la famille des
mélanocrates alcaliplètes de M. Brôgger.
Le Secrétaire du Comité français de Pétrographie,
A. Lacroix.
(1) Il serait logique do joindre aux lamprophyres Vijnlite et la migsourite.^i'
nn^me que l'on est induit à y ajouter les alnoites. Il suflirait pour cela de \'^
définir par la grande abondance d'éléments ferromagnésiens associés à des felds-
paths alcalins, à la mélilite, ou k des feldspathides. {Note de M, Michel-Ut^]-
a55
V. COMMISSION POUR LA FONDATION
D'UN JOURNAL INTERNATIONAL DE PÉTROGRAPHIE
Par M. F. BECEB
* Professeur à l'Université de Vienne — Président de In Commission
La pétrographie, dans ces dix dernières années, s*est enri-
chie de nombreuses contributions, et elle continue à progresser.
Elle constitue de notre temps la hase d'un enseignement indé-
pendant, et chaque jour on reconnaît davantage Timportance
des recherches pétrographiques pour la géologie.
Des problèmes complexes et variés, posés aux confins de
la pétrographie et do la chimie physique, sont aujourd'hui
abordés de front, et il est permis d'entrevoir, dans leur
solution, un lien qui rattachera la géologie aux sciences
exactes.
La pétrographie cependant n'a pas encore d'organe attitré.
Les mémoires originaux sont disséminés ; on les trouve épars
dans les Journaux minéralogiques ou géologiques, dans les
Mémoires des Académies et Sociétés savantes, dans les Publi-
cations oflicielles des Services géologiques des Ktats.
Quelques journaux ont bien commencé, il est vrai, à cen-
traliser les revues et résumés de pétrographie ; mais ils
n'ont pu assez se spécialiser, ni faire à la pétrographie toute
la place qui lui conviendrait et qu'elle mérite.
Telles sont les raisons qui nous ont semblé militer en
faveur de la fondation d'un journal de pétrographie, organe
exclusivement voué aux études lithologiques. En le rendant
international, on répond à cette tendance unanime de tous les
peuples modernes, de travailler de concert au progrès de la
science. Et son titre même devrait proclamer ce caractère
intei*national, fondamental ; aussi proposerions-nous de l'écrire
en trois langues, comme suit :
(Titre allemand) ;
(Titre anglais) ;
(Titre français)
256 VlIie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
JOURNAL INTERNATIONAL
DE PÉTROGRAPHIE
PUBLIÉ
PAR UN COMITÉ INTERNATIONAL DE PÉTROGRAPHES
dont la liste suivrait.
Rédaction : (Nom du ou des directeurs)
Le Journal International de Pétrographie (J I P), comme
l'indique son nom, serait exclusivement ouvert aux Mémoires
de Lithologie, à toutes les recherches concernant les pierres,
leur description, leur composition, leur genèse et leurs trans-
formations. Les travaux de stratigraphie pure, comme ceux
de minéralogie cristallographique, en seraient systématique-
ment exclus.
Le but primordial du J I P étant de constituer une revue
de pétrographie, il s'attachera à donner des résumés subs-
tantiels et critiques de tous les mémoires spéciaux qui
paralti*ont. La critique se bornerait à l'ensemble ; et la lon-
gueur du résumé serait en relation avec l'étendue et Timpor
tance des articles analysés. Les analyses seraient signées par
ceux qui les écriraient ; des collaborateurs seraient cherchés
dans tous les pays, et leur travail serait organisé par
régions. Ce labeur serait rétribué.
Nous proposons deux variantes à l'appréciation du Comité,
pour le choix du programme du J I P :
Variante A
J I P refuserait les mémoires originaux étendus, et tous
mémoires descriptifs accompagnés de planches, cartes ou
autres illustrations d'un caractère spécial ou détaillé.
Variante B
J 1 P accepterait les mémoires originaux de pétrographie
accompagnés de planches, cartes et autres illustrations, et a
peu près dans la mesure donnée actuellement par les
JOURNAL DE PÉTROGRAPHIE 25^
« Tschermak's mineraloglsche und petrographische Mitthei-
lungen », dont le Journal International prendrait ainsi la
place, et la succession ?
Articles de tendance. — J I P attacherait la plus grande
importance à donner de temps à autre des articles de ten-
dance (Orientirende Artikeln), brefs, compréhensifs et d'un
caractère général. Les directeurs auraient la mission de pro-
voquer ces articles sur les questions vitales ou les actualités.
Le journal insisterait principalement sur tout ce cjui a
trait aux recherches de lithologie chimique ; il mettrait en
lumière les travaux relatifs à la classification et aiderait tous
efforts pour rétablissement d'une nomenclature précise et
universelle. Il s'attacherait essentiellement à enregistrer toutes
les acquisitions de la chimie-physique, destinées à tant élucider
les processus de formation des roches.
Langue, — Les articles et résumés du J I P seraient
indifféremment écrits, au choix des auteurs, dans Tune des
trois langues allemande, anglaise et française, nécessairement
connues de tous les hommes de science ; aucune autre langue
ne serait admise.
Organisation, — J 1 P serait publié par une commission,
nommée par les Congrès géologiques internationaux ; cette
commission choisirait un Directeur chargé de Texécution.
La commission serait libre de se recruter elle-même, dans
l'intervalle des Congrès (droit de cooptation). Elle fixerait les
conditions d'impression, d'honoraires et de vente, qui lui
seraient proposées par le Directeur.
Les membres de la commission prendraient l'engagement
d'aider le Directeur du Journal, dans la mesure de leurs
moyens, tant pour le choix des rédacteurs chargés des résu-
més, que pour la direction scientifique du recueil.
Le Directeur s'assurerait l'aide de deux sous-directeurs,
choisis par lui et près de lui, et possédant les connaissances
techniques et linguistiques requises. Les fonctions de directeur
et de sous-directeurs seraient rétribuées, le montant de ces
honoraires serait débattu avec l'éditeur.
Le J I P paraîtrait par fascicules ; six fascicules seraient
publiés chaque année, et formeraient un volume.
17.
258 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
PROPOSITIONS SOUMISES PAR LA COMMISSION
AU Congrès International de Paris
I. Le Congrès géologique international charge la présente
commission, nommée par lui, de fonder un journal inter-
national de pétrographie (J I P), suivant le plan qu'elle
lui soumet.
a. La commission aura le droit de cooptation,
3. La commission déléguera à une personne, choisie par elle,
les fonctions de Directeur.
4. La commission deçra présenter un rapport lors de la pro-
chaine session du Congrès géologique international.
Post-scriptum. — Les lignes qui précèdent ont été
adressées sous forme de lettre, en 1899, aux membres de la
Commission du Journal ; elle» ont déjà été l'objet d'un échange
d'observations, qui ont déterminé les modifications suivantes
au plan primitivement proposé.
1 . La majorité des membres de la commission est d'avis
que J I P doit repousser les mémoires originaux, qui ont leur
place naturelle marquée dans les journaux régionaux existants
et avec lesquels J I P ne peut, ni ne veut, entrer en concu^
rence.
2. J I P serait essentiellement consacré à des extraits ou
revues d'articles parus dans les journaux des divers pays, à de
courtes notes, orientations, annonces ou conuimnications som-
maires des auteurs.
3. J 1 P s'efforcerait de donner rapidement les nouvelles
pétrographiques, et dans ce but il paraîtrait à des inter\'alles
rapprochés, dix fois par an, au minimum.
4. Il n*y aurait pas lieu dans ces conditions, de songer à la
fusion proposée entre J I P et le Tschermak's minérale gische
und petrographische Mittheilungen ; ce dernier journal conti-
nuerait à paraître comme par le passé, à la demande d'an
grand nombre de savants.
5. J 1 P prendrait un titre univoque et international. Par
exemple, celui de :
JOURNAL DE PÉTROGRAPHIB SÔQ
PETROLOGIGA
Les sous-titres seuls seraient donnés en trois langues difle-
rentes (allemand, anglais, français), comme suit :
JOURNAL INTERNATIONAL
DE PÉTROGRAPHIE
PUBLIÉ
PAR UN COMITÉ INTERNATIONAL DE PÉTROGRAPHES
nommé par le Congrès géologique international
et composé de MM
(ci, la liste des membres, par ordre alphabétique).
Directeur-Délégué et Sous-Directeurs : MM
Les sous-titres et sommaires seuls seraient imprimés en
trois langues, et les abonnés auraient à indiquer celle qu'ils pré-
fèrent, en tête de leur volume.
Graz, Juillet igoo.
Conclusions. — A la suite de ces lettres, antérieures au
Congrès, M. Becke a communiqué, aux congressistes présents à
la Session de Paris, les observations suivantes, motivées par
les avis qui lui ont été adressés par des membres de la com-
mission.
Tous les membres de la commission nommée à Saint-
Pétersbourg lui ont fait savoir, sans exception, qu'ils jugeaient
la fondation du Journal international de pétrographie capable
de produire d'excellents résultats, dans Tétat actuel de la
science; mais que la réalisation de ce projet leur paraissait
présenter de sérieuses difficultés.
Si, en etFet, il est commode dans la pratique de trouver,
concentrées dans une môme revue, les œuvres des pétro-
graphes ^de tous les pays, on ne peut rel^ser à ce projet
a6o VlU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
des diiïicultés et certains inconvénients. Ainsi les progrès de
la pétrographie sont liés de telle façon à ceux des travaux
géologiques sur le terrain, exécutés par les divers Etats, qu'ils
ne peuvent guère se passer du concours des publications offi-
cielles de ces divers pays. Il y a déjà, d'autre part, nombre de
journaux périodiques, de publications, de sociétés, largement
sinon exclusivement ouverts aux mémoires de pétrographie.
Pourquoi donc fonder un Journal International qui suppnme,
ou se trouve en compétition avec ces publications nationales, sans
d'ailleurs les remplacer avantageusement à tous points de vue?
Ne serait-il pas préférable de créer, au lieu de ce journal, un
organe central qui réunisse et fasse connaître, en les répandant,
les mémoires pétrographiques disséminés dans les diverses
revues ? 11 devrait s'attacher essentiellement à donner des
résumés courts et substantiels de tous les articles pétrogra-
phiques parus. Et ce serait une chose excellente, que les
auteurs eux-mêmes donnassent des résumés de leurs propres
publications, en mettant en relief les parties intéressantes
pour la pétrographie. A ces résumés, on pourrait joindre de
courtes notes originales sur les questions à l'ordi'e du jour;
il y aurait là une sorte d'orientation donnée par la rédaction
du journal.
La rédaction devrait veiller à enregistrer les analyses des
roches nouvellement faites, les tentatives ou essais de nomen-
clature rationnelle et de systématique, l'exposé des symboles
et des formules destinés à abréger la description, et tous les
progrès relatifs à la pétrogenèse et au métamorphisme.
Les illustrations seraient limitées, à l'exclusion absolue des
cartes et planches hors texte, trop coûteuses, à des figures inter-
calées dans le texte, à des schémas, et à des esquisses repré-
sentatives des structures.
Le caractère international du journal serait assuré par la
publication simultanée d'articles et de résumés, écrits eu alle-
mand, anglais et français.
La publication du journal serait confiée à la commission
nommée à cet ellet par le congrès de Saint-Pétersbourg, et
cette commission aurait le droit de se compléter par cooptation.
Les membres de cette commission prendraient l'engage-
ment de faire parvenir à la rédaction les résumés des articles
parus dans leur pays, soient qu'ils les écrivissent eux-mêmes
ou qu'ils les confiassent à des collaborateurs.
JOURNAL DE péXROGRAPHIE !l6l
Les fonctions de Directeur seraient déléguées par la Com-
mission à l'un de ses membres, et il conviendrait de lui
donner les auxiliaires et les moyens d'action qui lui paraî-
traient nécessaires.
Pour faciliter les citations, il v aurait lieu de choisir
pour le Journal un titre, univoque dans toutes les langues,
et indiquant à la fois son but. Tel par exemple, celui de :
PETROLOGICA
JOURNAL INTERNATIONAL
DE PÉTROGRAPHIE
PUBLIÉ PAR UNE COMMISSION
nommée par le Congrès géologique international
et composé de MM
(ci, la liste des membres, par ordre alphabétique).
Directeur : M.
Les sous-titres seuls, seraient donnés en trois langues (alle-
mand, anglais, français), et les abonnés indiqueraient celle qu*ils
préfèrent pour leur exemplaire.
Les Petrologica paraîtraient à des intervalles rapprochés,
8 à lo fois par an, et ces fascicules formeraient un volume
annuel, avec une table des matières.
Les auteurs des résumés insérés, comme ceux des articles
rédigés à la demande de la rédaction, seraient rémunérés : le
Directeur de la rédaction et ses collaborateurs devraient égale-
ment être rémunérés.
L'organisation de cette revue serait, à coup sûr, onéreuse,
au moins dans les premiers temps. On ne peut guère, en effet,
compter d'après les prévisions dç la Commission, sur plus de
3 à fyyo abonnés. En supposant un tirage annuel de 3o feuilles,
en évaluant les divers droits d'auteur à loo francs (loo Kronen =
80 Marks) et les frais de papier, impression, illustrations aux
prix moyens de Vienne, on arriverait, dans cette première approxi-
mation, à une dépense annuelle de 7.600 francs (7.500 Kronen =
6.000 Marks), où ne sont pas compris les honoraires de la direc-
26q VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tion, ni la commission de l'éditeur. Le prix d'abonnement, basé
sur le prix de revient, serait donc de 20 francs (20 Kronen =
16 Marks), chiflre qu'il faudrait majorer de l'importance des
sommes allouées à la direction et à la librairie.
On a proposé de fondre dans les Petrologica, le journal
actuel des Tschermak\s miner alogische-petrographische Mitthei-
lungen, dont l'éditeur actuel est le Président de la Commission
chargée par le Congrès de fonder le nouveau journal. Mais c'est
une idée que nous avons dû abandonner ; le plan des deux
Revues est réellement trop différent pour qu'elles puissent se
remplacer l'une l'autre. L'une est destinée à des résumés, l'autre
à des mémoires originaux. Il n'y a donc aucune raison pour
supprimer la publication des Tschermak's Mittheilungen, en
tant que Revue réservée aux mémoires pétrographiques origi-
naux, de dimensions moyennes.
Il faut enfin faire savoir au Congrès que, d'après les avis
motivés des membres compétents de la Commission, il n'y a
aucun espoir d'obtenir de subvention officielle des gouverne-
ments Anglais, Autrichien, Français, Russe, Suisse. Il en est
de même pour les Etats-Unis, où on pourrait peut-être inté-
resser à l'œuvre des académies ou des sociétés savantes ? La
Norwège et la Suède paraissent mieux disposées, et le Dane-
mark suivrait l'exemple des autres pays Scandinaves.
Dans ces conditions, il semble que le Congrès pourrait se
borner dans la présente session à adhérer en principe au
programme qui lui est soumis, et à affirmer son assentiment,
par une motion continuant à la commission de Saint-
Pétersbourg la mission de poursuivre son œuvre.
L'activité de cette commission devrait se porter spéciale-
ment sur les points suivants:
\^ Choix d'un Directeur, pour la Rédaction du Journal;
2° Création d'un capital, par souscriptions d'États, d'Acadé-
mies et de Sociétés;
30 Choix d'un Éditeur.
Paris, Août igoo.
j
a63
VI. ÉTUDE DU PROJET D'INSTITUT FLOTTANT
INTERNATIONAL
PRÉSENTÉ AU CONGRÈS DE SAINT-PÉTERSBOURG.
RAPPORT
Par M. A. EARPINSET,
Pré.sident de la VII» Session du Conférés
Dans la troisième séance de la dernière session à S^-Péters-
bourg, le Congrès a approuvé, à runanimité, une proposition
qui lui a été soumise, relativement à l'établissement d'un Insti-
tut flottant international.
Le Bureau de la VIP session a fait connaître cette résolu-
tion aux principaux instituts scientifiques du monde entier, en
leur envoyant une circulaire, dans laquelle il fournit notamment
quelques données sur les frais de Tentrcprise, d'après une com-
munication de Sir John Murrav.
Depuis lors, le Bureau n'a reçu que ii réponses à sa lettre
circulaire, dont 9 sont aflirmatives et 2 négatives. Mais, la
plupart de ces réponses sont loin d'être définitives, faute de
renseignements exacts (ainsi, on manque d'indications sur les
charges pour les différents pays, etc.). Les demandes de ren-
seignements complémentaires, adressées au bureau, n'ont pu
être satisfaites, en raison du petit nombre des réponses reçues
par lui.
Il en résulte que le projet de fondation d'un Institut flot-
tant, peut être considéré comme se trouvant dans des condi-
tions défa\;orables et la démarche faite par le Bureau de la
VII« session, comme restée sans résultats. Cependant, le Bureau
croit qu'il ne faut pas encore renoncer au succès de cette entre-
prise et il propose de reporter la question de l'organisation d'un
Institut flottant international, à la session prochaine ou à une
session suivante et de confier aux bureaux successifs du Con-
grès, le soin de faire des démarches auprès des différents pays,
de la manière qu'il leur semblera la plus convenable.
Il serait bien désirable aussi que les autres congrès scienti-
fiques internationaux, intéressés à cette question, comme par
exemple, ceux de Géographie, de Zoologie, etc., prennent éga-
a64 VIll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
lement à cœur son succès, expriment publiquement leurs espé-
rances el s'eflbrcent de les faire aboutir.
M. Karpinsky, en terminant, transmet les propositions sui-
vantes, formulées par M. Androussow, concernant Flnstitul
flottant international.
Propositions de M. Androussow^ concernant
V Institut flottant international.
V Nomination par le Congrès d'une Commission perma-
nente, qui s'occuperait du projet d'un Institut flottant.
2** Décision de la Commission de se réunir l'hiver prochain,
ou dans un an, pour arrêter les démarches qu'il conviendrait
d'entreprendre.
3° Entente préalable, avant la fondation d'un Institut flot-
tant, avec les Congrès de Zoologie, de Géographie et autres, en
les priant de s'exprimer à ce sujet et de prendre part à la
réalisation du projet.
j
COMMUNICATIONS RELATIVES
AUX
OEUVRES COLLECTIVES DES CONGRÈS
L DE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE
DANS LES INVESTIGATIONS GÉOLOGIQUES
Par Sir Archibald GEIKIE
On a reproché à la Géologie, et ce reproche a surtout été
fait par les personnes versées dans les sciences exactes, de
se contenter de mesures approchées et de baser ses conclu-
sions sur des notions parfois discutables. Il ne faut pas
s'émouvoir outre mesure de cette critique ; la précision
mathématique ne paraît pas conciliable en effet avec notre
connaissance actuelle de la nature des choses ; nous ne les
pénétrons encore que d'une façon approximative, et c'est
sagesse à nous, de nous garder de conclusions rigoureuses
trop absolues, quand notre raisonnement ne repose que sur
des prémisses insuffisamment établies.
Depuis un siècle, de louables efforts ont été tentés pour
faire entrer la géologie dans la voie des sciences expérimen-
tales, des sciences exactes. Nous devons une grande recon-
naissance à James Hall qui ouvrit la voie, et à tous ceux
qui l'ont suivi, et parmi eux, aujourd'hui que nous sommes
en France, réunis à Paris, c'est vei's Daubrée, le maître et
Tami distingué, que remontent nos pensées ; car sa place est
marquée pour toujours, dans nos annales, comme celle d'un
des grands pionniers de la géologie expérimentale.
Beaucoup a été fait sans aucun doute déjà pour soumettre
266 VIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
les faits observés à des mesures précises, et pour les contrôler
expérimentalement dans les laboratoires, mais il serait puéril
de ne pas reconnaître qu'il reste encore beaucoup plus à faire.
On peut même prévoir que c'est de ce côté que se produiront
les découvertes les plus fécondes, les progrès les plus décisifs.
Jusqu'ici, les efforts tentés ont été individuels, exécutés indé-
pendamment par des savants de divers pays, marchant paral-
lèlement dans la carrière, sans profiter, ou sans s'aider, de
ceux qui travaillaient à côté. Aujourd'hui nous nous demande-
rons s'il ne serait pas opportun d'envisager la possibilité d'une
entente, l'organisation d'une coopération internationale plus large
et systématique, dans cet important domaine de recherches
scientifiques ? Et il nous semble que les Congrès géologiques
internationaux soient naturellement indiqués pour faire aboutir
pratiquement et assurer le succès d'une tentative de ce genre.
C'est une voie un peu nouvelle pour nos Congrès, mais
pas complètement neuve cependant. On trouve en effet, déjà.
dans leur passé, cette même tendance à une coopération
méthodique des investigations géologiques ; tels sont la création
de notre Comité de la Carte géologique d'Europe, notre Com-
mission des Glaciers et celle de l'Institut flottant. L'idée
a déjà été lancée, puisque nos commissions fonctionnent ;
mais nous croyons qu'elle peut être généralisée et devenir
d'une grande fécondité. Déjà l'an passé, à Douvres, dans mon
discours présidentiel, devant la section géologique de l'Asso-
ciation britanni(jue pour l'Avancement des Sciences, et dans
une occasion où les géologues anglais avaient le plaisir de
recevoir un si grand nombre de leurs confrères de France et
de Belgique, j'ai touché cette question, et exprimé Tespéranee
de la porter cette année devant le Congrès géologique inter-
national réuni à Paris. C'est ce projet que je réalise aujour
d'iiui, en vous soumettant les remarques qui suivent. H
m'a semblé que nulle occasion ne serait plus favorable que
celle-ci, où tant de géologues, délégués de tous les points du
globe, se trouvent réunis, pour parler au Congrès de son but
même, et de la direction à donner à ses efforts pour déve-
lopper sa bienfaisante influence et servir la cause de la
sci<Mice à laquelle nous avons consacré nos vies. Le Con^S
en raison même de son caractère international, a les moyeas
mieux que toute administration, d'organiser et de guider les
recherches géologiques ; et on peut aflirmer que s'il est possible
SIR ARCHIBALD GRTKIE Sfi^
d'aboutir pratiquement dans cette tentative de coopération et
de coordination, on le devra au Congrès qui l'encouragera et
la patronnera.
Dans Tétat actuel de nos connaissances, nul ne peut tra-
vailler dans le vaste champ de la géologie dynamique, sans
reconnaître la nécessité impérieuse et croissante d'un plus grand
nombre de mesures de précision, sans souhaiter des recherches
expérimentales rationnelles ; par là, cet important chapitre de
la géologie gagnerait en précision et en exactitude, et son progrès
serait assuré. On a déjà beaucoup fait dans cette voie, il est
vrai, mais mon sentiment néanmoins est que la géologie expéri-
mentale en est encore à ses débuts. Nous ne devrions avoir de
trêve, que tous les phénomènes géologiques susceptibles de ce
genre d'investigations, n'aient été mesurés avec précision, ou
expliqués par des expériences de laboratoire. Trop souvent, et
dans les diverses branches de la géologie, nous nous contentons
de l'observation plus ou moins précise et exacte sur le terrain,
quand nous pourrions la contrôler et étendre sa portée par des
déterminations précises, par des données numériques, qui four-
niraient des bases exactes aux déductions théoriques et pratiques.
Mais le sujet ainsi compris est trop vaste pour être envi-
sagé ici dans son ensemble. Je me bornerai à quelques exemples
pris dans les deux grands groupes de phénomènes de la dyna-
mique géologique : ils me permettront d'arriver à mon but.
Voyons d'abord les mouvements et changements qui s'accom-
plissent à l'intérieur du globe, et qui sont généralement dési-
gnés comme hypo gènes. Il est évident que beaucoup de ces
phénomènes pourraient être observés et enregistrés avec plus
de soin et de régularité qu'on ne l'a fait jusqu'ici. Les recherches
du professeur Georges Darwin, et d'autres auteurs, ont appris
combien étaient constants, bien que petits, mais mesurables,
les tremblements auxquels la croûte terrestre était assujettie.
On doit se demander si ces trépidations sont en relation avec
quelque lent déplacement de la croûte terrestre, et dans ce
cas, quelle est leur résultante sur le niveau de la surface,
dans l'intervalle d'un siècle ?
Un autre fils de l'illustre Darwin a établi récemment un
appareil enregistreur sur Tune des lignes de dislocation du
sol du sud de l'Angleterre, cherchant à constater s'il se pro-
duisait des mouvements du sol, de l'un ou l'autre cùté de
cette ligne de division. Des instruments de ce genre seraient
268 VIII^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
avantageusement installés dans d'autres pays, notanAnent dans
les régions affectées d'importantes failles récentes. Il serait
important et intéressant de reconnaître si, à la suite d'un
tremblement de terre, il s'est produit quelque dénivellation,
de part ou d'autre d'une de ces failles.
Les tremblements de terre ont été l'objet de nombreuses
études, et cependant il s'en faut beaucoup que nous possédions
une explication suffisante et adéquate de la cause du phéno-
mène. Dans la plupart des cas, d'ailleurs, ils n'ont été étudiés
que lorsqu'ils avaient cessé de se faire sentir ; et l'installa-
tion d'appareils enregistreurs, de séismographes, a donné une
clarté et une précision nouvelles à nos conceptions concernant
la nature de ces mouvements. Ces observations, toutefois, ne
pourront donner de résultat satisfaisant que lorsqu'elles auront
été poursuivies sur de vastes espaces et pendant de longues
périodes. Déjà l'Association Britannique pour l'Avancement des
Sciences a fondé une Commission Séismologique ; ses instm-
ments enregistreurs fonctionnent en plusieurs parties du monde,
et servent la science, sous l'inspiration de M. Milne. Le Japon
a déjà fait beaucoup dans cette voie, et nous sommes fondés
à attendre de nouveaux services du Survey Vulcanologiqoe.
dirigé par le professeur Koto. Le Congrès géologique interna-
tional pourrait voir s'il ne serait pas possible d'installer un
autre Survey semblable, en quelque autre pays exposé aux
tremblements, et il pourrait chercher à uniffer les observations
relevées dans les divers pays : il fournirait de la sorte un fonds
solide et bien documenté à toutes les dissertations sur les trem-
blements de terre.
Les relations des tremblements de terre avec la formation
des montagnes sont également susceptibles d'être élucidées
par des mesures exactes. Les secousses seismiques, si fréquentes
suivant les chaînes de montagnes, doivent-elles être consi-
dérées comme la continuation et la suite des processus qui
ont déterminé la formation de ces chaînes ? Et ces déplace-
ments, dans quel sens s'opèrent-ils, ont-ils pour résultat un
mouvement d'élévation ou d'affaissement ? Nous ne pouvons
actuellement répondre à ces questions, mais leur solution se
présentera d'elle-même, le jour où nous aurons soumis les phéno-
mènes seismiques à des mesures précises. Des mouvements el
déplacements, insensibles à l'œil de l'observateur, sei*out mis en
évidence par des séries répétées de mesures d'altitude minu-
SIR ARCUIBALD GEIKIE 269
tieuses, au dessus d'un repère bien choisi. Ces chiffres, s'ils
étaient d'une exactitude absolue, permettraient par exemple de
déterminer, s'il s'est produit, en quelque point, un changement
d'altitude, après un tremblement alpin. Avec de semblables
données, nous serions en mesure de fixer si la grande ride
terrestre des Alpes, continue encore à s'élever ou si au con-
traire elle s'abaisse, et nous pourrions indiquer la vitesse du
mouvement. Si ces mouvements sont lents, trop lents pour
être appréciables aux sens de l'homme, depuis qu'il observe,
c'est une raison de plus pour les mesurer exactement, comme
des phénomènes continués pendant des périodes immenses.
Ces mesures ne nous apprendraient pas sans doute si les
chaînes de montagnes sont nées dans une convulsion gigan-
tesque, ou si elles se sont dressées en plusieurs fois, par des
soulèvements répétés, ou enfin si elles se sont élevées tranquille-
ment d'un mouvement lent et continu ? Mais elles nous met-
traient au moins en possession d'informations suggestives, sur
la vitesse des mouvements d'oscillation de la croûte terrestre.
D'autre part, il est bien certain que le genre d'observa-
tions nécessaires pour obtenir ces résultats ne saurait être une
œuvre personnelle. Pour Tentreprendre et pour aboutir, il
faudrait s'assurer le concours d'un ensemble de collaborateurs
espacés sur toute la longueur et sur les deux versants d'une
grande chaîne montagneuse. Lem'S observations devraient se
poursuivre suivant un plan uniforme, méthodique, convena-
blement mûri, qui laisserait à chacun l'indépendance de ses
efforts individuels, mais assurerait la communauté de but. Il
nous parait que l'organisation et le contrôle d'une entreprise
de ce genre fournirait un but élevé d'activité à un Comité du
Congrès géologique international.
Il y a une autre branche de géologie dynamique, une autre
série de mouvements hypogènes dont les Congrès internatio-
naux pourraient encore s'occuper avec succès ; et j'ai ici
l'assurance de mon expérience personnelle. C'est la question
souvent disputée de l'origine des cordons littoraux ou plages
soulevées, si caractéristiques des rivages marins du N. W.
de l'Europe. Les géologues sont toujours aussi divisés relati-
vement à l'origine de ces terrasses remarquables ; certains y
voient des preuves d'abaissement du niveau de la mer, d'autres
les considérant comme démontrant le soulèvement du sol con-
tinental. Il semble cependant qu'on ait négligé jusqu'ici de
^70 VlU^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
déterminer la condition fondamentale et essentielle, nécessaire
à la solution de ce problème : de bonnes mesm'es.
Sans doute, on a des mesui^es locales, suflisamment précises
et exactes, du niveau de ces plages, mais elles sont isolées et
disséminées : elles devraient au contraire être généralisées et
étendues à de vastes régions, pour permettre des conclusions
définitives. 11 faudrait ici lever une série de nivellements
rigoureux des plages soulevées, en les repérant exactement
sur toute leur étendue, relativement à la ligne des côtes.
Ainsi, par exemple, en Ecosse, il y a deux de ces terrasses
bien marquées, l'ime à Taltitude d'environ 5o pieds, l'autre
à environ loo pieds, au-dessus du niveau actuel de la mer.
Ces deux terrasses se retrouvent à E. et W. sur les deux rivages du
pays, paraissant conserver les mêmes altitudes ; or, on n'a
point encore fait de nivellement systématique qui permettrait
de reconnaître la constance ou la variation de leurs niveaux,
soit d'un côté ou de l'autre du pays, soit dans la direction
du N. au S. — Ces deux terrasses disparaissent l'une comme l'autre,
au Nord, on ne les voit pas non plus au Sud, en Angleterre;
on remarque en outre certaines inégalités apparentes de
niveau, suivant leur parcours, ce qui semble indiquer qu'elles
ont été sollicitées par des mouvements inégaux. Mais avant
que ces dilïérences aient été mesurées avec précision, je n'es-
time pas qu'un savant soit fondé, d'après ce qu'on observe
en Ecosse, à conclure que le niveau de la terre s'est élevé,
ou que celui de la mer s'est abaissé. J'espère que cette ques-
tion spéciale sera élucidée chez nous, d'une façon satisfaisante,
et j'ai déjà pris des dispositions à cet effet ; mais sa solution ne
suffira pas pour asseoir une conclusion générale. Elle de^Ta
être étudiée comparativement dans d'autres pays. Il serait
désirable que sous l'impulsion et sous les auspices des Con-
grès géologiques internationaux, les géologues danois, norwé-
giens, suédois, finlandais, russes, écossais, américains, entre-
prennent d'un connu un accord un lever détaillé, qui fixe, d'une
façon définitive, ce problème des lignes littorales de l'hémis-
phère boréal.
Je passerai maintenant à la considération de quelques
exemples choisis dans l'autre classe de la dynamique géolo-
gique, parmi les phénomènes épigènes : là encore on trouverait
de grands avantages à généraliser les méthodes préconisées
de mensuration et d'expérimentation.
SIK ARCUIBALD GEIKIE 2^1
L'étude des phénomènes de dénudation nous ouvrira un
champ illimité, quoique de toutes parts déjà il ait été défriché
avec activité et avec succès. Des volumes, des mémoires,
des articles de toute forme, ont été consacrés à l'étude de
ces phénomènes de dénudation ; et cependant, dans cette
riche littérature, il y a pauvreté assez générale de précision,
absence presque constante de résultats numériques, rareté des
mesures exactes, systématiques ou continues, en un mot
défaut habituel des données qui permettraient de se rendre
un compte véritable de l'étendue et de la rapidité des dénu-
dations observées. Il y a toutefois des exceptions honorables,
et nous possédons bien quelques mesures exactes de la plus
haute valeur, et leur nombre s'accroît encore tous les jours,
mais quel avantage il y aurait, pour la science, à le décupler!
C'est qu'en elïet quand on envisage la sculpture et les
formes d'altération des traits terrestres sous l'influence de la
dénudation, il semble qu'il y ait cent moyens de contrôler
l'observation immédiate des phénomènes, par des mesures
directes, ou par des expériences de laboratoire.
C'est presque un lieu comnmn de dire, en géologie, que
la quantité de substances enlevées en suspension ou en solu-
tion par les cours d'eaux, mesure l'importance de la dénudation
des régions drainées par ces rivières. Et cependant combien
inégales, et combien insuilisantes en général sont les indi-
cations numériques que nous possédons sur cette importante
question ! On n'a encore étudié systématiquement, à ce point
de vue, qu'un très petit nombre de rivières, et les résultats
discordants ne peuvent être considérés comme définitifs. Ils
ont suffi seulement à montrer l'intérêt et toute l'importance
de cette méthode de recherche ; mais on n'est pas encore
en possession de documents suffisants pour en tirer des déduc-
tions rationnelles, moins encore des généralisations.
Ce qu'il nous faudrait pour cela^ c'est une série d'obser-
vations bien menée, organisée suivant un plan uniforme,
poursuivie pendant plusieurs années, et étendue à toutes les
rivières d'un pays, voire même à toutes les grandes rivières
des divers continents, loin d'être limitée à un seul cours
d'eau. Il importerait de connaître, aussi exactement que
possible, l'étendue et la surface du bassin des rivières, les
relations de leur débit avec les quantités de pluie, le détail
de toutes les conditions météorologiques aussi bien que des
27^ VlU' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
topogi'aphiqiies, les variations dans les proportions des ma-
tières suspendues ou dissoutes dans leurs eaux, relativement
aux Ibrniations géologi(|ues traversées, à la forme du fond, à
la saison, au climat. En un mot, il faudrait connaître en
détail le régime de toutes les rivières. On peut citer, comme
modèle du genre, Tadmirahle rapport de MM. Humphreys et
Abbott, sur les « Physics and Hydraulics of tlie Mississipi »
publié en 1861, bien que ces auteurs, préoccupés de diverses
questions étrangères à la géologie, aient laissé dans Tombre
certains points d'un grand intérêt pour nous.
Ce que nous avons dit de T étude des Rivières s'applique
exactement à celle des Glaciers. Il semble, il est vrai, que les
lois qui régissent le mouvement des glaciers aient été am-
plement approfondies, et qu'on ait relevé avec soin leurs
mouvements d'avance et de retrait. Mais ce sont des côtés
de la question plus intéressants pour le physicien et le météo-
rologiste. Nous, nous devons réclamer, comme géologues, des
informations plus précises sur le labeur géologique des Glaciers.
11 nous importe de mieux connaître la vitesse avec laquelle
ils creusent leur voie, les circonstances qui favorisent ou
retardent leur puissance érosive, les conditions qui leur per-
mettent de remonter des pentes, et enfin la réalité et l'im-
portance des mouvements, en sens divers, qui se produisent
dans la glace, et par suite desquels les cailloux sont charriés
et les stries sont orientées dans des directions variées. Ce sont
autant de questions, et il en est beaucoup d'analogues, sur
lesquelles nous ne possédons que des renseignements vagues
et incertains. Il semble cependant que leur solution dépende
d'une série d'observations systématiques, sufîisamment prolon-
gée, à condition qu'elles ne soient pas bornées à la Suisse,
mais poursuivies en Scandinavie, dans les Uégions arctiques et
antarctiques, aux Indes, à la Nouvelle-Zélande. Notre Congrès
International a déjà marché dans cette voie, et créé un Comité
des Glaciers qui, sous l'impulsion enthousiaste de M. Forel
a déjà rendu des services signalés. Ce Comité est digne que nous
nous intéressions à lui et que nous encouragions ses ellbrts,
il y aurait avantage à le développer, pour qu'il étende son
action à toutes les régions du globe accessibles aux géologues.
Ainsi les savants danois qui, dans ces dernières années, ont
tant ajouté à nos notions sur les glaciers et les nappes gla-
cières du Groenland, les géologues américains qui ont fait de
SIH ARCHIBALD GEIKIE 2^3
si bon ouvrage parmi les glaces de l'Alaska, seraient d'excel-
lentes recrues pour notre Comité des Glaciers ; et il y a lieu
de croire qu'il suffirait d'une simple invitation pour qu'ils
poursuivissent, de concert avec nous^ les mêmes recherches
systématiques.
Un autre sujet d'étude qui a attiré à maintes reprises
l'attention des géologues, est celui de la Dénudation Subaé-
rienne de la croûte terrestre. Et cependant nous manquons
aussi de documents précis ; on n*a pas encore mesuré son
action comparativement, sur les diflerentes roches, et sous
divers climats, avec précision et méthode. On pourrait s'aider
dans cette mesure de l'examen de bâtiments, portant la date
de leur construction ; j'ai pu ainsi indiquer, il y a déjà
20 ans, la rapidité de la désagrégation de certaines roches
dans un climat humide et variable comme celui de l'Ecosse.
On a cependant jusqu'ici peu fait, dans cette voie.
L'étude de la dénudation ne peut guère se séparer de
celle de la sédimentation : les matériaux déposés par la sédi-
mentation sont ceux qui ont été enlevés par dénudation,
moins ce qui a été dissous en route, dans les eaux des ruis-
seaux ou de la mer. Or, il nous reste beaucoup à apprendre
sur les conditions de la sédimentation, et ses variations de
vitesse.
11 ne semble pas (pi'on puisse compter sur de notables
progrès dans cette étude, aussi longtemps qu'on ne l'abordera
pas systématiquement, au moyen d'un plan préconçu, bien
mûri et poursuivi avec continuité. 11 y a encore bien des
inconnues pour nous, dans la forme et la rapidité des dépôts
qui s'accumulent sous l'influence des divers facteurs, dans les
lacs, les estuaires et la mer. Ainsi nous ne saurions indiquer
par une moyenne, la vitesse avec laquelle se comblent les
lacs des divers pays d'Europe? Si .d'ailleurs nous connais-
sions cette vitesse, et si nous savions, d'autre part, la quantité
de sédiments déjà amassée, nous aurions en notre possession
un moyen de calculer, non seulement en combien de temps ces
lacs seront comblés et disparaîtront, mais aussi, ce qui est
plus important, depuis combien de temps leur remplissage se
poursuit. Ce chiffre, en eflet, nous fournirait une date, pour
la fin de la Période Glaciaire. Des conclusions de cette nature
ne sauraient découler d'observations isolées ou locales, elles
doivent être basées sur les observations combinées, de nombreux
18.
•274 Vlir CON(iRKS CiÉOLOGlQUE
observateurs, des diverses régions lacustres du continent, sui-
vant un plan déterminé.
La géologie est entrée dans une période, où on doit attendis
les plus grands avantages de méthodes d'investigation plus
précises, et de la convergence des efforts individuels, libre-
ment associés sous une même règle, et vers un même but.
Il serait aisé dVn multiplier encore les exemples. Mais nous
croyons en avoir dit assez, pour faire voir au Congrès la
portée de ces tentatives, et Timportance que nous y attachons.
Nous ne proposerons pas toutefois ici d-(^ plan général d^oi'ga-
nisation, notre intention actuelle étant de nous borner à une
sorte de consultation, et de demander à nos confrèi^es s'ils
pensent avec nous qu'il serait bon, avantageux, et praticable
d'installer sur dcî* bases plus larges la coopération en géologie?
J'estime que nous aurions rendu un service durable à la science,
si nous arrivions à grouper des observateurs en coniilés
d'action, travaillant avec méthode, vers un but déterminé,
soit l'un de ceux que je viens d'indiquer, ou tout autre. 11 y
aurait même de la prudence à débuter pai» la question la plus
facile, celle qui réclamerait la moindre dépense d'hommes et
d'argent. On pourrait partager la besogne, entre les divers
pays représentés au Congrès. Chaque pays pourrait librenieul
choisir le sujet de ses observations, n'étant poussé que par
l'émulation de voir ses voisins avancer dans la même voie.
Un Comité Central composé de membres des diverses nations
engagées dans ces recherches sur le terra'in, rendrait des se^
vices en tra<;ant les méthodes générales, les plans de travail,
et en indiquant le but. Son rôle se bornerait à organiser le
travail et à généraliser la méthode, en laissant la plus grande
latitude possible aux ellbrts individuels.
La publication des résultats ne serait pas non plus sou-
mise à l'approbation du Congrès. Chaque collaborateur, chaque
comité resterait libre de suivre ses convenances, et on se
bornerait à présenter à nos sessions, tous les trois ans, un
aperçu sommaii*e des résultats généraux. Nous avons la con-
fiance que ces résumés, publiés par nos Secrétaires et insérés
dans nos Comptes-Rendus, constitueraient un des chapitres les
plus importants de nos volumes triennaux. L'idéal d'une
assemblée comm<î la notre ne saurait être de conU'ôler le
progrès, mais bien de Tencourager, et de favonser le gp-oupe-
ment et 1 association de toutes les initiatives internationales.
ajo
NOTE SUR LA PUBLICATION PAR REPRODUCTION
DES TYPES DÉCRITS ET FIGURÉS
ANTÉRIEUREMENT
Proposition soumise au Conf>^rés f^éolof^ique international^
dans sa séance du 21 août igoo.
Par M. D.-P. (EHLiERT
J'ai riionneiir de proposer au Congrès géologique interna-
tional, la fondation d'une publication, destinée à rééditer les
types des espèces fossiles, décrites et figurées antérieurement à
une époque déterminée.
But. — Ueproduire par des procédés phototypi(|ues. cVst-à-dire
exacts et inaltérables, les ligures des types spécifiques anciens.
Figurer par le même procédé et d'après une photographie
directe, le type lui-même s'il existe ; cette seconde figure,
placée à côté de la [)remière, aurait l'avantage de montrer
la part d'interprétation du dessinateur et de rétablir les carac-
'tères véritables. Enfin, adjoindre à ces figures h»ur description
originale dans son texte primitif, en reproduisant textuellement
le nom générique et spécifique sous lequel le type a été
décrit tout d'abord ; en un mot, respecter d'une fa(;on absolue
le document ancien et le reproduire scrupuleusement sans y
rien changer.
Utilité. — Le soin avec lequel on doit recourir aux types
est la base de toute bonne paléontologie. Les conservateurs
de Musées ont si bien compris l'importance des spécimens
ayant servi à créer une espèce, que ces types sont entourés
d'une sollicitude toute particulière et sont considérés comme
ajoutant une grande valeur aux collections. Malheureusement,
le type lui-même est, dans la plupart des cas, inaccessible à
l'examen ; de plus, il est sujet à être perdu ou à disparaître
par destruction naturelle ; enfin, la recherche de la figure et
de la diagnose originales est souvent très difficile, parfois
impossible à mener à bien.
Les documents à consulter sont de deux sortes :
I ' OrvuAGKS GÉNÉRAUX suii UNE FAUNE (Phillips, Yorkshtre) ;
*J'j6 VUl^ CONGHÉS GÉOLOGIQUE
SUR UNE RÉGION (Goldfuss, Petrefact. Germaniœ ; — Sowerby,
Min. Conch.); sur un groupe (de Koninck, Monograph. gen,
Productus et Chonetes). — Ces ouvrages sont en général assez
rares, assez ehers ; leur nombre, limité, tend à diminuer
chaque jour, et les exemplaires qui sont disponibles vont de
plus en plus se confiner dans les établissements scientitiques.
20 Articles faisant partie d'une publication périodique,
où ils sont comme égarés. — Les collections complètes dans les-
quelles se trouvent ces articles, plus encore que les ouvrages
généraux, n'existent plus guère ailleurs que dans les grandes
bibliothèques publiques ; encore n'y trouve-t-on jamais toutes
celles auxquelles on est obligé de recourir. C'est ainsi que dans
la bibliothèque d'un Laboratoire de Géologie, on rencontre
rarement des collections complètes des Annals and Magaz, of
Nal. Hist., des Recueils d'Académie, des Ballet, des Sociétés
sapantes, dans lesquels les articles de paléontologie ne sont du
reste que des exceptions, étant disséminés de loin en loin au
milieu des volumes.
Les tirages à part, dont l'usage se répand de plus en plus,
ne sauraient combler ces lacunes quand il s'agit des périodes
anciennes, car, ce genre de diffusion ne parait pas avoir été
fait jadis sur une aussi grande échelle que maintenant ; et, si
certains libraires, en dépeçant des volumes dépareillés, mettent
à la disposition des travailleurs les articles qui peuvent les
intéresser, c'est au détriment des collections dont le nombre
va forcément en diminuant.
L'importance du type figuré a été reconnue par tous les
paléontologistes. Davidson a reproduit très souvent la figure
originale des auteurs anciens, et tout récemment, MM. Hall
et Clarke (Pal, of N, Y., voL 8. part. I) ont consacré des
planches à la reproduction, en fac-similé, des figures de Dalman
pour l'étude des genres Orthis, Leptœna, etc., déclarant que le
travail de ce dernier auteur est devenu si rare, que la plupart
des paléontologistes américains ne peuvent se le procurer.
La recherche du type est unanimement reconnue comme
indispensable dans les études paléontologiques ; elle sert de base
indispensable à tout travail de détermination ; or, cette recher-
che est parfois dilUcile, souvent même impossible. La rareté
des documents originaux ira forcément en s'exagérant, et Ton
veri*a les paléontologistes se contenter d'ouvrages de seconde
ou de troisième main pour leurs déterminations, ce qui, dans
■\
D.-P. ŒHLKRT 2^7
bien des cas, amènera une interprétation fausse de l'espèce et
fera naître des erreurs qui ne pourront que grossir dans la suite.
Je le répète, l'utilité, le besoin d'une publication de ce
genre, se fait de plus en plus sentir, en présence de l'abon-
dance des documents qui se publient et de la distance forcé-
ment grandissante qui nous sépare de la création des types.
Mode de publication. — Chaque espèce serait publiée sépa-
rément, sur une feuille in-S^ ou petit in-4°. L'explication de
la figure, la diagnose, le renseignement bibliographique, figu-
reraient sur cette feuille. La publication serait ainsi faite sur
fiches mobiles, seule manière permettant de classer les documents
suivant des méthodes différentes (zoologique, stratigraphique,
régionale). L'utilité des fiches mobiles est du reste reconnue
depuis longtemps pour le classement de tous les matériaux de
travail. D'autre part, la présence d'une seule espèce par page,
éviterait cette hésitation que l'on éprouve si souvent devant
une planche, pour grouper par la pensée les différentes figures
d^une même espèce et isoler celles-ci de celles qui l'entourent
parfois si étroitement ; elle faciliterait en outre le travail de
comparaison, en permettant de placer côte à côte des espèces
allines, disséminées dans des atlas souvent volumineux et
encombrants. Ceux qui, disposant de planches séparées d'ou-
vrages paléontologiques, ont découpé les figures par espèces et les
ont collées sur des feuilles volantes, ont été à même d'apprécier
tous les services que procure ce classement des documents.
Ce mode de publication aurait en outre l'avantage de rendre
possibles les intercalations, les additions, et, s*il était néces-
saire, l'adjonction à certaines feuilles de renseignements résul-
tant de découvertes plus récentes. De plus, cette œuvre n'aurait
rien d'incomplet si elle venait à s'arrêter, en même temps
qu'elle pourrait se perpétuer indéfiniment.
Dans une circulaire que j'ai envoyée aux savants étrangers et
français, — circulaire que le Comité d'organisation du Congrès
a fait reproduire in-extenso, et qui a été distribuée à l'ouver-
ture de notre session, je n'ai pas voulu donner au projet une
trop grande précision, désirant profiter. Messieurs, de votre
haute compétence et de vos savantes observations, pour en
arrêter la forme définitive.
Ayant, relativement à ce projet, quelques idées personnelles,
je me permettrai toutefois de vous les exposer ; après quoi, je
vous résumerai les observations que nos confrères étrangers ont
278 VIll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
bien voulu me faire parvenir, et les différentes manières dont
ils en conçoivent l'exécution.
Pour moi. Messieurs, je pense que cette œuvre devrait avant tout
avoir deux caractères : être à la fois impersonnelle e\ internationale.
Elle devrait être impersonnelle, c'est-à-dire que ceux qui
s'occuperaient de la réédition des types ne devraient rien y
apporter d'eux-mêmes, devant seulement s'occuper de surveiller
l'exactitude de la reproduction de la (igm'e type, et de la diag-
nose ; de plus, et ce serait le point important, ils devraient
apporter tous leurs soins à la recherche du type lui-même qui
serait photographié de manière à montrer tous ses caractères.
— Cette seconde figure nous éclairerait sur la valeur du type,
fixerait ses traits et nous laisserait ainsi une image exacte d'un
échantillon précieux qui souvent est destiné à disparaître.
Lorsque l'échantillon type n'existe plus, indiquera-t-on sim-
plement sa disparition, ou devra-t-on, en en faisant mention,
figurer un spécimen bien conservé, provenant de la môme loca-
lité, du même niveau et appartenant notoirement à la même
espèce ? De même aussi, comment devra-t-on agir lorsque la
figure type représente un individu complet fait à l'aide de
plusieurs spécimens à Fétat de fragments, les(juels fragments
peuvent, dans certains cas, appartenir à des espèces et même
à des genres différents. Ces (juestions, comme bien d'autres,
ne pourront être résolues que par un comité spécial.
Quant à la bibliographie, je pense qu'elle doit être réduite
à la mention détaillée de l'ouvrage dans lequel a été pris le
document publié.
Pour la synonymie, il me semble qu'elle ne doit pas figurer
sui' ce genre de fiches, parce qu'elle est une œuvre d'interpré-
tation personnelle, sujette à des modifications, et qu'elle enlève-
rait au document son caractère d'immutabilité.
Pour les mêmes raisons, le nom générique primitivement
adopté par le créateur de l'espèce, serait conservé, aloi*s même qu'il
correspondrait à une erreur reconnue, depuis, comme évidente.
Cette publication devrait être internationale ; elle aura, en
eflet, besoin du concours et du dévouement de tous ; et elle ne
pourra l'éussir que si, dans chaque pays, un sous-comité s'occupe
de la recherche des types et se charge de leur reproduction et de
leur réédition, en se conformant au plan et au format adoptés.
Cette publication aurait ainsi un caractère aixrhéologi-
que : ce serait, en (juelc|ue soi'te, les chartes de fondation
D.-P. ŒHf.BRT 279
de nos espèces fossiles, republiées sans aucun commentaire.
Chaque fiche porterait en outre :
I " Lu mention : Congrès Géologique Internati(3nal, si vous
vouliez bien appuyer cette œuvre de votre haut patronage ;
3" La date de la publication ;
3" Un numéro d'ordre permettant de vérifier Tétat de la
publication ;
4" Le nom du grand groupe auquel appartient Tespèce figurée ;
5" Le nom de Fauteur ayant collaboré à la publication de la fiche.
D'autres questions de détail seraient à examiner : le for-
mat de la fiche : le parti à prendre pour les échantillons
qui, par leurs dimensions, ne pourraient rentrer dans la justi-
fication de la fiche ; la liste des espèces à publier tout
d'abord : — celles-ci seront-elles choisies par ordre d'ancien-
neté, et alors à quelle époque devra- t-on remonter : devra-t-
on en suivant une autre méthode épuiser d'abord toutes celles
qui sont contenues dans un ouvrage devenu rare et resté
très utile ; ou bien prendra-t-on de préférence les espèces
caractéristiques des terrains, celles dont nous manions les
noms journellement ? — Ce sont, comme je vous le disais
tout-à-l'heure, des solutions qui ne peuvent être adoptées qu'à
la suite d'une entente entre les différents membres d'une
commission nommée à cet effet.
Avant de vous indiquer sommairement les observations
qui m'ont été envoyées par nos confrères étrangers, je dois
vous dire que M. le Professeur Kilian. de l'Université de
Grenoble, a songé, de son côté, à la réédition d'ceuvres
anciennes et qu'il a reconnu l'utilité qu'il y aurait pour les
travailleurs à entrer dans cette voie.
C'est d'ailleurs à ce besoin que répondent , en partie ,
les beaux travaux bibliographiques qui sont publiés aux
États-Unis, en Angleterre, en Allemagne et ailleurs, malheu-
reusement, ces précieux Index, sauf quelques uns, ne con-
tiennent qu'un renseignement bibliographique, sans figure, ni
diagnose. Vous voyez combien ces catalogues seraient plus
utiles, s'ils donnaient non-seulement l'indication de la source,
mais le document lui-même auquel ils renvoient.
Divers confrères étrangers, qui ont eu le i*egret de ne
pouvoir assister à notre congrès, m'ont prié, tout en faisant
connaître leur approbation au projet de réédition des espèces
types, de vous mentionner leurs observations et leurs critiques.
qSo VIll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Les paléontologistes américains m'ont paru unanimes à
reconnaître que les espèces publiées antérieurement à 1840
ne présenteraient pas d'intérêt pour eux. — L'un d'eux,
M. Schuchert, demande qu'au nom ancien soit ajouté le nom
moderne, avec Tindication des principales références biblio-
graphiques ; il pense que la reproduction du type lui-même
devra avoir lieu, alors même que celui-ci n'a pas été figuré
par le créateur de l'espèce.
M. Williams envoie son approbation et espère que le
Congrès prendra une décision à l'égard de cette publication;
il insiste sur l'emploi de la photographie et rappelle les
résultats excellents obtenus grâce à ce procédé par le Photo-
graphe en chef du Geological Survey des Etats-Unis. —
M. Dali, au contraire, met en garde contre les reproductions
photographiques qui, dans les trois quarts des cas, dit-il, sont
de beaucoup inférieures à un dessin au simple trait ; il
conseille d'ailleurs d'accompagner la photographie d'un dessin
fait d'après cette méthode.
M. Ch. Walcott semble effrayé par les dépenses occasion-
nées par suite du mode de publication ; il objecte que le prix
de l'ouvrage le rendra seulement accessible aux grands éta-
blissements, lesquels possèdent déjà les documents originaux:
— il espère toutefois que les Institutions Nationales ou
privées pourront aider, par des souscriptions, l'exécution de
ce projet. 11 se demande aussi, s'il ne serait pas plus utile de
rééditer les ouvrages rares, comme l'ont déjà fait MM. Dali
et Harris pour certaines œuvres de Say et de Conrad. II
insiste sur les diiïicultés qu'il y a à se servir de la photo-
graphie, lorsqu'il s'agit de certains groupes, tels que les
coraux, les éponges, etc.. Enfin, il pense que la description
originale, lorsqu'elle est insuflisante ou incomplète, devrait
être accompagnée d'une diagnose nouvelle ou d'un renvoi à
une bonne description récente.
M. Forir pense que ce mode de publication pourrait s'étendre
non seulement aux espèces anciennes, mais aussi à celles qui
paraissent journellement, et qu'une entente pourrait avoir lieu
dans ce but, entre le Comité de publication et les créateurs
d'espèces nouvelles.
Enfin, M. Bathcr, du British Muséum, a bien voulu
m'adresser une série d'observations que je vais résumer: Il
croit à la réalisation du projet et il estime que la publication
D.-P. ŒHLERT 28 1
de ces fiches sera très utile aux paléontologistes, lorsque
leur nombre sera suffisamment grand. — Il attire l'attention sur
les difficultés qu'il y aura à reproduire par la photographie
des caractères qui ne sont visibles qu'à la loupe et qui
demandent un éclairage variable : il pense que les spécialistes
seuls peuvent diriger un pareil travail et que les conser-
vateurs de Musées ne seront pas toujours à même de fournir
une reproduction photographique suffisante ; il ajoute que bien
souvent les spécimens types sont mal conservés ; — il voit
aussi un certain danger dans la reproduction textuelle des
diagnoses, car on trouvera dans deux descriptions provenant
de deux auteurs diflerents les mêmes parties d'un fossile
désignées sous deux noms, ou, inversement, deux parties
distinctes indiquées par un même terme : c'est ainsi par
exemple que le nom de costalia s'appliquera, suivant les
auteurs, à différentes parties du calice d'un crinoïde. Il craint
que les fiches ne soient, entre les mains de certains travail-
leurs, une occasion de tomber dans l'erreur, en les encoura-
geant à ne plus faire les recherches minutieuses toujours
nécessaires. — 11 pense que la fiche d'un type spécifique ne
devra être qu'une indication, fort utile d'ailleurs, mais qu'elle
ne dispensera pas le travailleur de recourir au volume
original et au type lui-même. 11 se demande enfin s'il ne
serait pas préférable d'utiliser ces louables eflbrts en aidant
la publication des Index généraux, tel que celui que prépare
M. Sherborn, ou de laisser aux spécialistes le soîn de publier
des monographies spéciales et de rééditer tout ou partie de
certains ouvrages paléontologiques devenus rjares.
D'autres de nos confrères, qui assistent à cette séance m'ont
aussi transmis leurs observations, je leur laisse la parole en
les priant de vouloir bien émettre leur opinion sur le projet
que je présente.
Il me reste à me résumer :
I® Vous semble-t-il utile de rééditer les types des espèces
anciennes ?
n^ Le mode de publication par fiches vous semblc-t-il pra-
tique ?
3" N'y aurait-il pas lieu de nommer une Commission inter-
nationale, pour examiner et élaborer ce projet, de façon à vous
le présenter en voie d'exécution, au prochain congrès qui se
tiendra à Vienne?
382
SUR DEUX PROJETS
TENDANT A FACILITER LES RECHERCHES
PALÉONTOLOGIQUES ET GÉOLOGIQUES
Par M. -W. KILiIAN.
L'une des taches les plus utiles et les plus fécondes qui
puisse incouiber aux Congrès géologiques internationaux est
assurément de créer et de multiplier les moyens de travail et
de permettre ainsi à toutes les bonnes volontés de contribuer
eflicacement à l'avancement de notre belle Science. — Frappé,
comme tous ceux de nos confrères qui n'habitent pas de
grands centres scientifiques, des diflicultés considérables
rencontrées par les personnes qui cherchent à s'entourer des
. renseignements bibliogra[)hiques et des ouvrages nécessaires
aux travaux paléontologiques ou aux études géologiques un
peu approfondies, j'ai cru devoir soumetti'e au Comité d'orga-
nisation du VIII® Congrès géologique international deux pro-
positions d'intérêt général.
Le premier de ces projets, tendait à organiser la diffusion
au moyen de reproductions phototypiques des documents paléon-
tologiques rares ou inaccessibles k la plupart de nos confrèi'es.
Ce vœu se rapproche beaucoup de celui qui a été présenté pos-
térieurement au Comité par M. Œhlert, projet dont notre
savant collègue a soigneusement étudié le détail et auquel
je suis heureux de me rallier complètement.
Il me semble utile de rappeler cependant que deux autres
desiderata étaient compris dans l'énoncé de ma proposition
et pourraient être soumis utilement à la même commission
(jue le projet de M. Gilhlert, à savoir :
I" Publication sous les auspices du Congrès, de catalogues
synonymiques et de synopsis, consacrés à des genres ou à
des groupes entiers d'animaux ou de végétaux fossiles.
2'* Reproduction photographique de figures types extraites
d'ouvrages paléontologiques rares ou épuisés. Ces repi'odac-
tions seraient publiées sous forme de fiches (ou planches)
détachées, qui pourraient être ensuite groupées par genres,
sous-genres, etc. ; elles auraient d'abord pour objet les fîgures
W. KILIAN a83
types des espèces les plus importantes, au sujet desquelles
régnent trop souvent de regrettables confusions.
La réalisation de ces deux séries de l'ecueiis rendrait
d'immenses services à la plupart des travailleurs isolés ou
éloignés des centres scientifiques de premier ordre, hors
lesquels il sera bientôt impossible de se livrer à des
recherches paléontologiques sérieuses.
Les catalogues synonymiques, les syno[)sis et les reproduc-
;ions de figures devraient être exécutées par des savants
compétents spécialement rétribués à cet effet. Ainsi seulement
)ourrait être assuré le fonctionnement régulier de lentreprise
|U alimenteraient des subventions, votées par les Sociétés
géologiques et les (Congrès internationaux ainsi que les
abonnements et souscriptions individuelles des paléontologistes.
Cette organisation permettrait de procurer un travail utile
jt rémunérateur à un certain nombre de nos jeunes confrères
[ue l'encombrement des carnères . universitaires réduit parfois
L de dures nécessités et contraint à abandonner la voie des
echerches scientifiques.
Le deuxième projet que j'avais eu l'honneur de soumettre
.u Comité du Congrès, tend à provoquer la création d'une
igence de bibliographie géologique analogue à celle (jui fonc-
ionne à Zurich pour les sciences zoologiques et qui rend les
ilus grands services. Une telle entrepi'ise pourrait être encou-
agée par les Congrès géologiques internationaux ; le besoin
'en fait sentir de jour en jour d'une façon plus impérieuse,
e crois que |e seul moyen d'assurer le fonctionnement régu-
ier et la réussite d'une entreprise de ce genre serait de la
onfier à des agents rétribués et d'admettre la non-gratuité
les renseignements fournis par l'agence sous forme de séries
le fiches bibliographiques qui seraient vendues à un prix
léterminé pour chaque unité et pourraient faire également
'objet d'abonnements réguliers.
284
DU PATRONAGE PAR LE CONGRÈS
D'UN EFFORT SYSTÉMATIQUE POUR DÉTERMINER
LES FAITS FONDAMENTAUX ET LES PRINCIPES
QUI DOIVENT SERVIR DE BASES
A LA CLASSIFICATION GÉOLOGIQUE
Par M. T C CHAMBERUN
D'impérieux devoirs professionnels ni*empêchent, à mon grand
regi'ct, de prendre part à cette session du Congrès géologique
international. Je crois ne pouvoir mieux témoigner l'intérêt que
je lui porte, qu en lui communiquant par écrit, quelques vues, sur
les moyens d'arriver, d'après moi, aux lins que se proposent les
congrès.
Dès la première session du Congrès géologicpie international,
en 1878, session à laquelle j'avais l'avantage d'assister, on s'était
proposé comme un desideratum essentiel, l'établissement de la
Classification géologique : ce fut d'ailleurs le thème de toutes les
sessions suivantes, jusqu'au moment où Ton l'cconnut l'impossibi-
lité de tomber d'accord sur aucun des systèmes proposés. Les
géologues les plus autorisés jugèrent que les temps n'étaient point
encore venus, pour une classification définitive ; les fondements
posés n'étaient ni sufïîsanmient larges, ni assez stables, et certains
savants même, ne dissimulaient pas leur inquiétude, de voir
l'initiative personnelle entravée par des règlements prématurés.
En réalité, il faut reconnaître qu'il nous reste beaucoup à
apprendre concernant les faits eux mêmes et les principes fonda-
mentaux : et ce qui nous manque, c'est justement le point de départ
indiscuté d'une classification, qui se pique d'être universelle-
ment admise, sans gêner la marche du progrès. Aussi dans l'état
actuel de nos connaissances, l'établissement d'une semblable
classification, parait-elle plutôt comme un but de la science,
que comme une tentative à conseiller aux savants. Nous devons
nous borner à préparer la voie.
La classification géologique doit être naturelle, si tant est
qu'il y ait des divisions naturelles, dans l'histoire des temp^
géologiques.
T.-C CHAMBERLIN 285
D'excellents esprits pensent que les divisions locales seules,
sont naturelles ; elles cessent de Tètre, quand on veut les géné-
raliser ou leur donner une valeur objective. Quelle valeur
peut-on leur attribuer, si Tliistoire géologique est celle d'une
série progressive continue ? Pour ces savants, les divisions géo-
logiques ne peuvent avoir qu'une valeur locale, due aux varia-
tions des conditions locales ; elles n'offrent pas de caractères
sullisant3 d'universalité pour fournir de bonnes bases de classi-
fication. Sans doute, les divisions actuellement admises paraissent
assez naturelles pour les régions où elles ont été établies, l'Eu-
rope et l'Amérique ; mais elles sont pour le moins arbitraires,
quand on les étend à d'autres parties du monde, et à plus forte
raison, si on les généralise au monde entier. Ils estiment que
la classification actuelle est artificielle et a une valeur pure-
ment conventionnelle ; elle est appelée à faire place à un autre
système, comme les anciennes méthodes de mesure ont fait
place au Système Métricpie.
A côté de cette théorie toutefois, il en est une autre, acceptée
également par de nombreux savants, pour qui l'histoire de la
terre est divisible en étages distincts, et qui considère la défi-
nition précise de ces divisions comme une proposition essen-
tielle de la géologie rationnelle. Ils ne croient pas qu'il y ait
eu, à des moments donnés, des arrêts complets dans la sédi-
mentation ou dans l'évolution de la vie ; ils admettent même
une continuité fondamentale dans les phénomènes, mais pensent
que le progrès, au lieu d'être uniforme, a été saccadé ou ryth-
mique. Ils pensent qu'il y eut des moments de détente, après des
périodes d'accumulation ; des périodes de transgression, après
des périodes de régression ; des successions dans la dénudation
des continents, des périodes d'abrasion et de ravinement; des
alternances dans les conditions climatériques, des périodes d'uni-
formité et de diversité ; des virements dans l'évolution de la vie,
des périodes de fécondité et de stérilité ; ils croient en un mot, à
une sorte de transformation par bonds, dont les divers stades
doivent fournir les termes de la classification naturelle.
La coexistence de ces deux théories suffit à montrer combien
sont insufllsantes les notions acquises. Si nous avions une connais-
sance adéquate des faits, nous pourrions en induire que le caractère
essentiel du développement terrestre a été l'uniformité, ou la pério-
dicité : et nous saurions s'il y a lieu de chercher, pour la mesure et
la nomenclature des temps géologiques, des unités arbitraires.
286 VIII* CONGKÈS GÉOLOGIQUE
comme le mètre et le siècle, ou des mesures propres à ces périodes,
ondes, bonds ou stades.
Nous devrions, si les conclusions étaient en faveur de la
théorie de la périodicité, porter notre eflbrt à déterminer avec
précision la nature et les limites de ces changements périodiques,
et à leur conformer nos systèmes actuels de classification. Si. au
contraire, les conclusions donnaient raison à la théorie de l'unifor-
mité, il nous faudrait égaliser davantage les termes de nos divi-
sions actuelles, et trouver des échelles appropriées à la raesui*e
des temps et des couches.
Dans Tune et l'autre hypothèse, ou dans toute autre qu il siérait
de proposer à leur place, il reste de longues recherches prélimi-
naires à accomplir, avant qu un Congrès international puisse
sanctionner utilement, de son autorité, une classification déter-
minée.
Le moyen le plus sûr pour arriver au but est de provoquer des
recherches nouvelles, puisqu'elles hâteront le moment où nous
serons en possession des hases indispensables. Les rechei*ches
faites dans cette voie tendent d'ailleurs vers les visées les plus
élevées de la science.
Deux séries d'études s'imposent dès l'abord: là première
consisterait à compiler et à ordonner les immenses matériaux
dispersés de toutes parts, dans tous les j>ays, et qui ne sont
actuellement qu'à la portée du petit nombre, dans les grandes
bibliothèques, et accessibles non sans peine. Il me parait évi-
dent que le classement et la mise en valeur des matériaux
existants faciliterait les progrès.
La seconde série d'études se proposerait la recherche de
nouveaux critériums de corrélation. Ce serait un grand pas
fait en avant, dans nos systèmes de classitication et d'inter-
prétation, que d'arriver à plus de précision et de certitude
dans la corrélation des étages, entre pays éloignés.
Cette corrélation ne repose de nos jours que sur un seul
principe, et encore est-il parfois discutable ou inapplicable. Ce
principe, qui nous est fourni par la paléontologie, a une valeur
bien établie, mais on pourrait en régler et en contrôler l'appli-
cation. Ainsi il y a lieu, dans la corrélation des terrains, basée
sur les fossiles, de prévoir certaines rectifications, nécessitées par
un élément perturbateur, celui des migrations, et de s'aider
subsidiairement des conditions physiques des gisements, soit pour
les contrôler, soit pour parer à leur insuilisance.
aS;
Sans vouloir dévrlopppr ici ces vues, je dois cependnnl iii'ef-
forcer de taire sentir leur portée pour la solution du problème
géologique, si nous étions on possession ih: tous ses ternies.
Je ferai mieux coniprendi'e par nn exemple, ce m<- semble,
comment il convient de perfectionner nos méthodes de corré-
lation paléontologique (i).
Supposons donc, par exemple (Fig. i), qu'une faune locale
(Faune 1) se forme dans une baie ou golfe de la crtte américaine,
pendant une phase de régression marine, et à l'époque d'un
étage A.
Des déplacements successifs des mei-s pourront permettre à
cette faune d'émigi-cr en Europe pendant un étage B, et d'arriver
«nfin sur les côtes d'Asie pendant un étage C, Dans ce cas,
l'application stricte des méthodes de cori-élation, basées sur
les communautés spéciliques, aurait pour résultat de synchro-
niser l'étage C d'Asie avec l'étage A d'Amérique. F,t quel que
soit d'ailleurs rintervalle de temps qui sépare A de C, la corré-
lation de ces étages constituerait une erreur, qui fausserait toutes
nos interprétations des phénomènes physiques de ces époques.
(tMrifit}.
Étage C
Mais que pendant ce même étage A, une faune locale et indé-
pendante (Faune II) vienne aussi à prendi-e naissance dans quelque
{I) A Syslcmalic Source u
VL D> 6, Sept.-Oct. IVm. p. 6(
dlulion oF Provlnddl taunt
388 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
baie asiatique, et que cette faune aille ensuite é migrer en
Europe, pendant l'étage B, et arrive en Amérique lors de
Tétage C, nous commettrions une nouvelle série d'erreurs en
synchronisant ces trois étages, puisque les faunes mixtes résul-
tant de leur mélange seraient limitées en Amérique et en Asie
à Tétage C, tandis qu'elles se trouveraient aussi dans l'étage B
en Europe. Les étages A et B, quoique synchroniques, auraient
en outre des faunes propres et indépendantes en Amérique et
en Asie (Fig. i).
11 faudrait, pour rectifier ces notions erronées, reconnaître
les origines locales et indépendantes des deux faunes consi-
dérées et suivre leurs migrations. Ces données sont indispen-
sables pour établir le synchronisme des deux faunes distinctes A
en Amérique et en Asie, sans espèces communes entre elles,
et toutes les conséquences qui s'en suivent. Cet exemple sullira
à montrer qu'on peut trouver dans l'étude des migrations un
premier moyen de contrôler et de rectifier les corrélations
basées sur les communautés spécifiques.
La recherche de l'origine et des migrations des faunes
locales présente d'ailleurs en elle-même un intérêt suflisant.
pour mériter qu'on s'y attache, et cette œuvre parait essen-
tiellement internationale.
La formation et les migrations des faunes et des flores
sont des résultantes des conditions physiques ambiantes. Je me
suis efforcé de le prouver à diverses reprises (i), tant pour les
faunes locales, que pour leur passage aux grandes faunes cos-
mopolites. Et s'il semble bien diilicile de fixer quel fut le be^
ceau cVune espèce déterminée^ et de suivre ses pérégrinations, on
est hiieux fondé à chercher les centres de formation des faunes
locales et à tracer leurs migrations, leurs mélanges et leurs
assimilations finales dans les faunes cosmopolites. Le dévelop-
pement de faunes locales, marines et littorales est, d'après moi
en relation avec les mouvements de régression des mers, qui
séparent graduellement et finissent par isoler totalement de petits
bassins maritimes avec les êtres qu'ils contiennent. On peut,
(U The ulterior Basis of Time divisions and the classification of géologie
History. Journ. of Geol., vol. VI. n» 5. Juillet 1898, p. 449526.
A syslcmatic Source of évolution of provincial Faunas. Journ. of Geol, vol. V,
n- «. Sept. 1898, p 597-608.
Tho influence of gre^t Epochs of Limestonc formation on Ihc constitution of
the atmosphère. Ibid., p. 609-021.
» •
T.-C. CHAMBERLIN sSq
n tous cas, conclure de tout ceci, que les corrélations basées
ur la paléontologie gagnent en portée, en précision et en
ertitude, quand on les étudie à la lumière des conditions
>hysiques ambiantes, telles que mouvements du sol et modi-
ications orographiques.
Cette observation, évidente pour les faunes terrestres, n'est
)as moins juste pour les faunes marines littorales, dont les
nigrations sont en relation avec les changements de profondeur
ît de forme des mers, avec les connexions et les séparations
les mers intérieures. Si donc il existe réellement une périodi-
:ité dans les grands balancements des mers et des continents,
ît par suite dans le développement des provinces zoologiques,
m trouvera une assistance nouvelle pour les corrélations,
lans l'application de principes fournis par Tétude des migra-
ions.
Nous devons chercher dans la mer même, un précieux auxi-
iaire pour l'établissement des corrélations entre divers continents,
;ar elle a imprimé, au même moment, sa trace, sur tous ces
îontinents. La difficulté principale est de Tinterpréter exacte-
nent.
Le volume de l'Océan, dira-t-on, a pu n'être pas constant?
Vlais ses variations, entre périodes voisines, si elles ont eu lieu,
l'ont pu être qu'une fraction négligeable du volume total. On peut
lonc admettre que ses limites correspondront à un même niveau,
5t au pourtour d'un bassin unique, où les diverses mers du
^lobe auraient été en communication entre elles. Cette communi-
cation est au moins vraisemblable, si elle n'est pas établie positi-
irement ; et de cette notion, nous devons conclure que toute modi-
îcation de rivage, même limitée, laissera, -si elle est suffisante
)oui* déplacer la masse des eaux, sa trace marquée au flanc de
»us les continents. Les transgressions et les régressions des
ners sont donc universelles, si l'on excepte le cas des petites ondu-
ations inverses qui se compensent ; elles apprennent la simul-
:anéité des grandes sédimentations ou érosions correspondantes.
Elles expliquent les déplacements des faunes terrestre et marine,
3ar les changements géographiques et physiques des milieux
labités.
Ces mouvements généraux de la mer fourniraient à la géologie
jes meilleures bases de corrélation, s'il n'y avait à tenir compte,
îomme d'un élément perturbateur, des ondulations concomitantes
lu sol. En contrôlant, par les arguments paléontologiques, les
19.
âQO Vlll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
uotioris ainsi acquises, on serait en possession de tous les éléments
nécessaires à la corrélation des étages marins.
Mais il faut bien tenir compte des ondulations du sol, et
chercher à éliminer leur action perturbatrice. Tantôt en ellet ces
ondulations du sol changent le volume du bassin afîecté. et par
suite déterminent le déplacement des eaux ; tantôt au conti'aii^e,
les ondulations du sol sont inverses, elles se compensent dans
un même bassin, et d'importants changements dans l'altitude
des terres peuvent s'elFectuer, sans aflecter le niveau moyeu
des mers. Uaction des ondulations est donc dillicile à éliminer
d'une façon générale : c'est cependant un problème qui parait
abordable.
Quoi qu'il en soit, de l'action de ces ondulations, on ne saurait
contester qu'il y a au moins deux phases de mouvements tellu-
riques qui remportent assez, en généralité et en amplitude, sur
celles-ci, pour pouvoir être déterminés indépendamment, et
servir à asseoir les corrélations entre continents différents. Ce
sont les phas(;s de contraction de la croûte, et celles de repos
relatif qui les séparent. Quelque opinion que l'on ait, concer-
nanl les pi'cmiers temps et la constitution interne du glolK*,
on concédera, pensons-nous, que le fond des océans s'est
contracté davantage <|ue la masse des plateaux continentaux.
L'existence même de ces continents, en dépit des érosions qui
les abaissent, témoigne en faveur de ce fait. Peut-être admettra-
t-on également que les phases de contraction de la croûte ter-
restre ont été périodiques, et que les bassins se sont approfon-
dis, les terres se sont relativement élevées, pendant ces périodes
de rétrécissement de l'enveloppe ; on pourra du moins, dans
les systèmes, s'aider de cette hypothèse, ou de l'inverse, jusqu'à
plus ample informé.
Les périodes présumées de contraction ont été nécessai-
rement séparées par des temps de repos. Elles en sont une
conséquence absolue, mais ne représentent que des phases
de repos relatif, admettant des ondulations locales contempo-
raines. Dans ces phases de calme, le cube des matières
enlevées par érosion aux continents, doit l'emporter sur le
volume des t(»rres exondées, le mcmc que la masse des maté-
riaux chaiTiés à la mer, l'emporte sur l'augmentation de
capacité du bassin maritime, attribuable à la contraction. Ces
conclusions me paraissent nécessaires pour comprendre les
phénomènes d'érosion et de sédimentation, mais comme elles
T.-C. GHAMBERLIN SQI
le sont pas prouvées, nous leur conserverons un caractère
lypothétique. Le résultat de ces érosions tendrait à remplir
e bassin océanique, et par suite à déterminer une transgres-
sion maritime sur les rivages. En acceptant par exemple,
'évaluation de Murray, pour Taltilude moyenne des terres
continentales, on voit que le déplacement, par érosion, de la
moitié du volume des parties en saillie, et leur transport
ians les dépressions océaniques, aurait pour conséquence d'éle-
ver le niveau actuel des mers, d'environ loo m. ; ce cliange-
nent suffirait pour étendre notablement nos aires maritimes,
;t amener de grandes modifications dans la répartition des
faunes.
On arrive ainsi à reconnaître deux causes efficientes géné-
rales pour les déplacements des terres et des mers ; la première
dépendant de Taccunmlation des efforts de contraction de la
îroûte ingide; la seconde, de l'érosion accomplie pendant ses
périodes de repos. Les déplacements d'ensemble des limites des
;erres et des mers fourniront donc un moyen efficace d'éta-
3lir des corrélations entre continents diflerents, quand on îiera
3arvenu à éliminer l'action perturbatrice des ondulations loca-
es, ce qui est faisable par le rapprochement critique et la dis-
cussion serrée des observations de détail. Cette méthode de
corrélation est indépendante de la méthode paléontolog^que :
ensemble, elles peuvent se contrôler et se prêter un nmtuel
ippui.
L'application de cette méthode dynamique présuppose la
connaissance et la mise en œuvre de toutes les données recueillies
ians les divers pays ; elle ne pourrait même donner de résultats
iéOnitifs que si la carte géologique de la terre entière était faite,
nais cependant dès aujourd'hui, on pourrait acquérir d'impor-
ants résultats, par la seule mise en valeur des documents
existants.
Enfin, nous pensons que la constitution de l'atmosphère elle-
nôme, et la connaissance de son histoire, pourraient fournir une
louvelle et troisième méthode de corrélation. Ce sera surtout vrai,
d on se débarrasse de cette idée, que l'atmosphère contenait à
'origine tous les éléments, notamment l'acide carbonique, qu'y
)aise journellement la nature, et que son histoire n'a été qu'un
ippauvrissement graduel ; car dans cette hypothèse, les change-
aents climatériques ne dépendent, à part une légère diminution
le la température, que des conditions locales. Mais il y a une autre
39^ VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
théorie plus féconde (i), d'après laquelle l'acide carbonique de
Tatmosphère y aurait été apporté à mesure qu'il était consommé;
sa teneur totale variant proportionnellement au rapport de la
quantité consommée à la quantité apportée. La proportion de
ces quantités étant d'ailleurs fonction des étendues relatives
des terres et des mers, ainsi que de diverses conditions océa-
niques.
Si, suivant ces vues, l'appauvrissement de l'atmosphère en acide
carbonique peut être attribué à IVxtension périodique de certains
sédiments, tels que sel gemme, gypse, roches rouges, argiles à
blocaux glaciaires, et si, au contraire, son enrichissement est
dû à des conditions climatériques tempérées et égales des hautes
latitudes, on reconnaîtra que la connaissance de la constitution
de l'atmosphère pourra être mise à profit, à défaut du critérium
paléontologique, pour la corrélation des étages. Il est évident,
en eflet, que les effets causés par la constitution de l'atmos-
phère, s'ils ne sont point identiques partout, seront cependant
ressentis partout et partout en même temps.
Nous citerons comme exemple de cetCe action, le brusque
changement de flore qui s'est produit entre le Carbonifère et le
Permien, dans l'Inde, l'Australie et le Sud de l'Afrique. D'autre
part, à l'Est de l'Amérique, MM. Fontaine et White ont reconnu
un changement analogue, quoique moins radical, à peu près vers
la même époque ; or, les seules lois de la paléontologie ne
nous permettent pas d'interpréter ces faits. Mais, si l'on note
que le changement reconnu aux Indes, en Australie et en
Afrique, correspond à l'existence de dépôts glaciaires, on com-
prendra, en supposant avec nous que la glaciation est une
résultante de l'état de l'atmosphère, que l'influence de ce fac-
teur se fasse sentir partout simultanément, qu'elle explique
ainsi le changement de flore américain, et permette de le
synchroniser avec ceux de l'Asie et de l'Hémisphère méri-
dional.
Cet exemple mériterait d'être discuté à fond, car il serait
possible de contrôler dans le détail les bases de ce mode de
(1) A f?roup of hypothèses bearing on climatic changes, Joarn. of Geol. Vol. 5,
n* 7. Oct. 1897.
— The influence of great Epochs of limestonc formation on the constitotion
of the Atmosphère, .lourn. Geol. Vol. 5, n" (i. Sept. 1898, p. 609.
— An attemp to frame a working hypothesis of the cause of glacial période
on an atmospberic basis. Journ. of Geol., Vol. VII, n*' 6, 7, 8. 1890.
T.-C. GHAMBRRLIN SgS
corrélation fourni par Tatmosphère ; il a dû, en effet, influencer
simultanément des flores éloignées, formées d'éléments diffé-
rents, et son action peut par là être distinguée de celles des
migrations, et de l'évolution.
Nous nous hâterons cependant de faire observer que cette
méthode de corrélation, basée sur les changements atmosphé-
riques, ne vaudra que par le groupement et la critique de faits
observés dans tous les pays du inonde ; elle ne s'imposera que
si elle s'applique naturellement, et si elle explique, en les rap-
prochant, des faits généraux épars. Cette méthode de corréla-
tion, comme la précédente, devront être essayées et contrôlées
avant d'être appliquées couramment : mais on en pouvait dire
autant de la méthode paléontologique, à l'origine.
Le jour où on aura établi l'exactitude, ou la non-exactitude,
de ces deux critériums de corrélation, basés sur la composition
de l'atmosphère et les mouvements de l'océan, on aura fait un
grand pas en avant, dans la connaissance de cette question fon-
damentale en géologie : à savoir si l'histoire de la terre est
naturellement divisible en périodes, ou si elle ne l'est pas. S'il
s'est pro4uit dans la croûte terrestre des accumulations sécu-
laires de forces, si elles ont nécessité des ajustages nouveaux
quand les limites de la rigidité étaient dépassées, si ces ajus-
tages nouveaux ont changé la répartition relative des terres et
des mers, et si celles-ci à leur tour ont entraîné des modifica-
tions dans la constitution de l'atmosphère et dans l'évolution
de la vie, nous ne pourrons alors refuser de prendre un semblable
cycle de phénomènes, pour point de départ de la classification
rationnelle des temps géologiques ; car ces phénomènes enregis-
trent les traits les plus profonds et les plus essentiels de l'his-
toire de la terre.
Ces problèmes élevés ne pourront être élucidés que par
l'étude de la terre entière : leur solution intéresse non seule-
ment les nations, mais les continents et le monde entier. En
les considérant, en essayant de les exposer, j'ai montré plutôt
la petitesse et les limites étroites de l'effort individuel, assuré
que leur grandeur et leur importance parlaient suifisamment
aux yeux de tous.
Aucun de nos Services Ofliciels n'est actuellement en mesure
d'aborder des problèmes de cette étendue, qui ne sont d'ailleurs
pas de leur domaine. Il n'y a môme pas de nos jours un seul
Service, qui dispose des hommes et des fonds nécessaires pour
H^ Vni« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
mettre rapidement en œuvre, classer et cataloguer, pour le bien
commun, les faits accumulés par les investigations continues
des gouvernements et des particuliers. Il n'en est pas. à plus
forte raison, qui puisse les rapprocher logiquement, et les inter-
préter de façon à les rendre immédiatement utilisables aux
chercheurs. Nous manquons aussi de toute organisation suffi-
samment dotée, pour poursuivre ou étendre au besoin, des
recherches intéressantes, amorcées par des Services Publics ou
des particuliers. Quelques Universités ou Académies, et des per-
sonnes généreuses, trop rares, il est vrai, ont libéralement fait
les frais de diverses Missions scientifiques ; ces expéditions
ont fourni d'importants résultats, et mérité tous nos éloges,
mais elles n'ont rien à voir à la classification, et aux autres
questions de même ordre, qui constituent l'apanage spécial de
nos Congrès.
Je crois pour ces raisons devoir insister auprès du Congrès
géologique international, afin qu'il fasse une campagne pour
la détermination des faits fondamentaux sur lesquels la classi-
fication finale devra être établie.
Parmi les moyens pratiques d'arriver à ces fins, je sug-
gérerai en première ligne un ^ppel aux personnes généreuses
qui, dans tous les pays, aiment la science. Nous leur deman-
derions les fonds nécessaires à rétablissement d'un Institut
permanent ou d'un Groupe d'instituts, chargés de faire aboutir
ces questions et celles qui s'y rattachent. Les fonctions de
l'institution seraient au début les suivantes :
I . — Réunir, classer et publier toutes les données présentes
et à venir, relatives aux faits fondamentaux et aux principes
de la classification géologique.
II. — Ouvrir une bibliothèque pour les ouvrages spéciaux,
parfois rares, et assurer la conservation de collections typiques,
nécessaires au but proposé.
m. — Mettre en œuvre les données recueillies, par tous
moyens, tels que rapprochements, calculs, parallélismes, mais
indépendamment de toute hypothèse préconçue et plutôt pour
conti'ôler les hypothèses existantes.
IV. — Encourager et organiser au besoin des expéditions
scientifiques dans les régions où n'existent pas de Services
Géologiques, et qui ne sont pas étudiées par des particuliers.
T.-C. CHAMBBRLIN 396
L'importance et la durée de cette tâche exigent qu'elle
soit attachée à une institution permanente. On peut en eifet
lui prédire une durée illimitée, si elle entreprend la corré-
lation de toutes les formations du globe.
Nous avons la confiance que si cette grande entreprise
scientifique était bien présentée et patronée par la haute
autorité d'un Congrès International, elle réunirait facilement
les fonds nécessaires à son exécution. Nous en avons pour
garant la libéralité avec laquelle de grands établissements
privés d'enseignement ont été fondés, et de coûteuses expéditions
scientifiques organisées.
Il serait sans doute prématuré d'entrer dans des détails d'or-
ganisation et de contrôle avant même que le projet ait été agréé,
et que ses moyens d'exécution aient été jugés réalisables :
il est cependant certaines conditions préjudicielles qu'il faut
envisager de prime abord. Ainsi, on peut se demander si notre
congrès, association essentiellement changeante dans son siège
et dans la composition de ses membres, est bien désigné pour
entreprendre et administrer une semblable œuvre de longue
haleine ? On pourra aussi objecter que le congrès, formé de
savants de tous pays, ne saurait se mettre d'accord pour le
choix du centre et pour la direction à donner à l'institut proposé ?
Enfin les donateurs sur lesquels nous devons compter, seraient-
ils aussi bien disposés envers une œuvre internationale, que
pour une œuvre nationale et patriotique ?
Aussi nous semblerait-il prudent de prévenir toutes ces objec-
tions, en établissant avant toute proposition ferme, que le désir
du congrès est, non de fonder un Institut international dépen-
dant de lui, mais de provoquer l'établissement d'une confédéra-
tion d'associations coopératives, propres à chaque pays, à chaque
région naturelle ou politique. Ces sociétés, ou sections nationales,
seraient en nombre illimité ; elles seraient indépendantes et leui*
direction serait entre leurs mains propres ou entre celles de
leurs délégués. Ainsi aux Etats-Unis, par exemple, la section
nationale de la confédération géologique pourrait être adminis-
trée par un conseil nommé par la Société géologique d'Amérique,
qui est un Corps constitué, stable, groupant toutes les forces
et les bonnes volontés des géologues du pays. De semblabh^s
Sociétés, des Services ofliciels même, existent dans d'autres
pays, qui pourraient se charger de la gestion et de l'organisa-
tion des sections régionales de la confédération. Ces associa-
^296 VI1I« CONGKKS GÉOLOGIQUE
lions présenteraient, en outre, Tavantage de pouvoir plus facile-
ment grouper les laits et les données locales.
Le Congrès Géologique International serait le lien common
et le centre de cette confédération ; il aurait eu le mérite de
l'organiser, il coordonnerait ses etforts, indiquerait les voies à
suivre, et sanctionnerait de son autorité, dans le monde scien-
tifique, Tadoption des conclusions qui auraient acquis son assen-
timent.
^
CINQUIÈME PARTIE
MÉMOIRES SCIENTIFIQUES
COMMUNIQUÉS DANS LES SÉANCES
MÉMO[RES SCIENTIFIQUES
COMMUNIQUÉS DANS LES SÉANCES
SUR LES
FORMATIONS PRÉ-CAMBRIENNES FOSSILIFÈRES
par M. Charles D. WALCOTT
Introduction
On place généralement la limite supérieure du terrain
cambrien, à la base de la faune à Olenellus, et nous rappor-
tons à un terrain algonkien (i), toutes les formations élasti-
ques qui se trouvent en dessous du Cambrien (a). En dessous
de TAlgonkien, on ne connaît plus de roches élastiques.
L'extrême base de TAlgonkien s'ol^serve sous la ce Belt
Séries » dans le Montana, dans le Grand Canon de TArizona,
en quelques points sur le Lac Supérieur, et à Test de Terre-
Neuve ; Tobservation y est facilitée par la discordance des
roches élastiques algonkiennes sur les formations archéennes.
Dans d'autres régions, au contraire, il est très diflicile de
trouver une limite entre T Algonkien et TArchéen. Les couches
inférieures de l'Algonkien montrent une association de roches
volcaniques et élastiques, si déformées méctfniquement et
si transformées, qu'il est impossible pratiquement de les
distinguer des roches fondamentales archéennes. Il arrive
fréquemment, sur le terrain, qu on ne sait si l'on se trouve
sur l'Algonkien ou sur TArchéen. La difficulté de préciser la
limite de ces terrains ne leur est toutefois pas spéciale, et
Ton connaît de même des formations intermédiaires entre
TAlgonkien et le Caml)rien, le Cambrien et TOrdovicien, et
ainsi de suite.
(1) Bull. U. S. Geol. Survey, no 81, 1891, p. 362.
(2) Tenlh Ann. Repl. U. S. Geol. Surv., 1890, p. m.
3oO Vlll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
D'après notre définition, toutes les formations élastiques,
antérieures au Cambrien, appartiennent à TAlgonkien, et il
faudra classer dans TAlgonkien la série de Belt (Montana),
la série du Grand Canon (Arizona), la série de Llano (Texas),
et la série d'Avalon (Terre-Neuve).
La formation qui a fourni la faune la plus riche et la
plus parfaite est sans contredit celle de Belt : aussi commen-
cerons-nous par elle.
DESCRIPTION GÉOLOGIQUE
Série de Belt (Montana)
J'ai reconnu en 1898 (i) une grande discordance de strati-
fication entre le Cambrien et la série de Belt, et de plus,
j'ai constaté que cette série comprenait plusieurs divisions,
dont Tune (les scKistes de Greyson), située à environ 7.000
pieds du sommet, était fossilifère.
La série de Belt est très développée daiis le centre du
Montana, couvrant une superficie de plus de 6.000 milles
cannés ; elle montre ses meilleures coupes dans les montagnes
du Big-Belt et du Little-Belt. Le terrain cambrien repose en
discordance sur les divers termes de cette série.
Les principaux membres de la série de Belt, sont les
suivants, de haut en bas :
Schistes de Marsh 3oo pieds
Calcaires • d'Helena 3.400 —
Schistes d'Empire 600 —
Schistes de Spokane i.5oo —
Schistes de Greyson 3. 000 —
Calcaires de Newland 3.000 —
Schistes de Chamberlain i.5oo —
Quarzites et grès de Neihart 700 —
Total. . 13. 000 pieds
Les schistes de Greyson, fossilifères, sont des roches
sombres, grossières, siliceuses et arénacées ; ils passent au
sommet à des schistes fissiles, gris-bleuàtrc, qui pâlissent en
s'altérant et prennent des tons de porcelaine. Ceux-ci sont
surmontés, à leur tour, par des schistes siliceux arénacés
gris-sombre, avec bancs intercalés de schistes sableux bariolés.
(1) Voir rhislorique de la série de Belt : Bull. Geol. Soc. Amer., Vol. X»
1899, p. 201-203
CH. D. WALCOTT 3oi
et de roches siliceuses dures, compactes, gris-verdàtre. A la
base des schistes de Greyson, dans le Canon de Dee Creek,
il y a une bande de quartzites et schistes alternants, compre-
nant vers sa partie inférieure une épaisseur de lo pieds de
conglomérats gréseux avec galets, atteignant 8 pouces de
diamètre, et provenant des niveaux de Belt sous-jacents.
Les fossiles ont été trouvés à la base de cette série, dans
le Canon de Sawmill, et près du débouché du Canon de
Deep Creek, au dessus du bureau de poste de Glenwood. Ce
sont des pistes Helminthoidichnites ? neihartensis, H. ? spi-
ralis. H,? Aîeeki, Planolites corriigatus. P.- superbus, et de
nombreux fragments de crustacés attribués aux mérostomates,
dont un seul a été décrit sous le nom de Beltina Danai,
La coupe la plus typique est sur le versant qui sépare Greyson
Creek de Deep Creek, où l'épaisseur de cet étage atteint
3.000 pieds.
Age des couches cambriennes qui reposent sur la série
de Belt. — Les schistes et calcaires qui constituent les
couches supérieures au grès de Flathead, sont d'Age cambrien
moyen ; les fossiles, qu'on trouve à leur base, appartiennent
au Cambrien moyen, tel qu'il est développé dans TUtah et le
Nevada, un peu au dessus de l'horizon à Olenellus. Cette faune
a été trouvée à Logan, sur la rivière d'East-Gallatin, dans un
grès, à 25 pieds seulement au dessus des roches de la série de
Belt. Ce grès cambrien 'est un sédiment formé de grains de
sable lavés sur une plage, et non par un sable boueux,
comme ceux qui se déposent dans les rivières et les estuaires,
et comme on en trouve tant dans la série de Belt, notamment
dans l'étage des schistes de Spokane.
Le Cambrien inférieur fait donc défaut au dessus de la
série de Belt ; le pays était exondé à cette époque, il fut de
nouveau couvert par la mer lors du Cambrien moyen et du
Cambrien supérieur.
Discordance entre la série de Belt et le Cambrien. — On
observe le contact du grès cambrien de Flathead sur les
roches de la série de Belt, suivant une longue ligne, sur les
flancs E., S., et W. des montagnes de Little-Belt et de Big-
Belt. On peut l'observer sur une longueur de 200 milles, riche
en affleurements. Au voisinage de Neihart, sur le flanc est, la
discordance entre le Cam!)rien et la formation de Belt est
nette, sans grande différence angulaire, (jui ne se montre
assez marquée que sur le Sawmill Creek.
VItt' CONGHfts GÉOLOGIQUE
Les relations enlir le
Caiiibrien et la sério ilo
Bell Himt fepi"ésentées
ilunfi le diagramme ci-
contre.
L'absence du calcaire
d'Helena, et du scliisle
d'Empire, dans la coupe
des collines de Spokaoe.
est attribuée à leur éro-
sion suivant une bande
soulevée du soi, à partir de
l'époque précambrien do.
Ces coupes it|i|)rcniii'Tjl
que vers la fin de l'Algon-
liicn il se produisit, dans
la région, un tuouveiiK'ul
orographique, qui lll
émerger les sédiments de
Belt, déjà durcis. Ces ter-
rains ainsi ridés et relevés
formèrent des terres étea-
dues que l'action combi-
■ née des agents atmosphé
ri<|ues et des mers cam-
bi'iennes dénuda profon-
dément; et on peut éva-
luer de3.ooo à 4>ooopied«
l'ipaiHîïeiir du terrain de
Belt enlevée avant le dépôl
des sables (actuellemeDi
grès) du Cambrien moyen.
Skrie du Graxd-CaSos
(Arizona).
Composition et carac-
tères. ~- Les divisions
de cette série du Grand-
Canon dillèrent de celles
de Belt, mais les sédi-
ments composants pré-
CH. D. WALCOTT 3o3
sentent de grandes ressemblances dans plusieurs d'entre elles»
notamment dans Tétage de Chuar. Ce sont notamment des cal-
caires, des schistes, des grès intercalés, de même type litho-
logique que ceux de la série de Belt, dans les montagnes de
Uttle-Belt et de Big-Belt.
Le plan de discordance entre le Cambrien et TAlgonkien
est plus marqué ici que celui qui a été décrit dans le
Montana, entre le Cambrien et la série de Belt. On constate
que cette surface d'érosion précambrienne tranche tour à
tour toutes les couches successives de la série du Grand-
Canon, ainsi que les schistes cristallins sous-jacents et le granité.
Etage de Chuar, — Nous donnerons la succession de ses
couches, de haut en bas (i). Dans la division supérieure, les
calcaires atteignent une épaisseur de i38 pieds, et dans la
division inférieure une épaisseur de i47 pieds, formant ainsi
un total de 285 pieds.
Division supérieure : Grès brun-rouge, passant à
la base à des alternances de schistes et calcaires.
Chuaria circularis se trouve à 700 pieds du sommet
de cette division 1.700 pieds.
Division inférieure : schistes argilo-sableux à fins
lits de calcaire de ^ à 6 pouces d'épaisseur, passant
à la base à des grès versicolores, des schistes argilo-
sableux à rares lits calcaires .... ... 3 420 —
Etage de Unkar : Cet étage montre à son sommet
des calcaires et des nappes de laves, en dessous
desquels il est formé presqu'entièrement de grès.
11 présente 4 divisions principales :
i. Calcaire magnésien massif. i5o pieds, passant
en dessous à du grès 47^ —
2. Nappes de laves basaltiques, vert-sombre, alter-
nant avec lits minces de grès 800 pieds.
3. Grès supérieurs. Grès rouge- vermillon, passant
à la base à des grès chocolat 3.23o —
4. Grès inférieurs. Grès gris, brun, pourprés avec
minces lits alternants de calcaire et de grès, à la
base * . 2 . 325 —
Epaisseur totale de Tétage de Chuar .... 5.120 pieds.
Epaisseur totale de Tétage d'Unkar 6.83o —
Epaisseur totale de la série du Grand-Canon. . 11.950 pieds.
(1) Celte coupe a été donnée en détail dans le Fourleenth Ann. Rept. U. S.
Geol. Surv., 1895, p. r)(».512.
3o4 VUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Age des couches cambriennes qui reposent sur In série du
Grand' Canon. — La faune des schistes et grès du sommet du
Tonto Sandstone, à 290 pieds au dessus de la base de cette
division, est celle du Cambrien moyen ; elle présente le même
type que la faune des schistes de Flathead, qui repose dans
le Montana, sur la série de Belt.
Le grès de Tonto, d'âge cambrien, est un dépôt de plage;
il présente des lits identiques à ceux du grès de Flathead.
Le Cambrien inférieur manque encore dans cette région.
Son absence est attribuée à ce que la contrée actuellement
formée par la série du Grîind-Canon et couches cambriennes
associées, était émergée à cette époque.
Discordance entre la série du Grand- Canon et le Cambrien.
— Le contact du grès cambrien de Tonto sur l'étage de Chuar
est magnifiquement exposé dans les escarpements du Grand-
Canon même, ainsi que les canons latéraux : il repose succes-
sivement sur toutes les couches plus anciennes.
11 est diflicile de mesurer exactement son importance. On
sait que les niveaux supérieurs de Chuar formèrent une île
dans la mer cambrienne, et qu'ils y furent dénudés avant
rinvasion et le dépôt du Cambrien sur son sommet ; les cou-
ches inférieures du Cambrien sont limitées à ses flancs. La
discordance prouve qu'un mouvement du sol important s'était
produit avant l'époque des érosions cambriennes, et que celles-
ci ont dû se prolonger bien longtemps, pour ab raser le plan
sur lequel ces dépôts se sont étalés.
Série de Llano (Texas)
Au centre du Texas, la base du Cambrien est formée
par des grès, correspondant lithologiquement, comme par la
faune de leurs couches supérieures, aux grès de Tonto de la
série du Grand-Canon. Ces grès cambrions reposent en disco^
dance, sur des couches alternantes de schistes, schistes arénacés.
grès et calcaires^ rappelant également celles de la série du Grand-
Canon. Elles sont aussi peu altérées que celles-ci, n'étant
guère plus métamorphisées que les couches cambriennes et
carbonifères qui leur succèdent.
On n'a pas encore fait, dans cette série, de recherches
systématiques de fossiles : sa faune est encore inconnue. Elle
a été rapprochée <le la série des couches du Grand-Canon
CH. D. WALCOTT 3o5
n raison de leurs relations stratigraphiques et litliologi-
ues (i).
Série d'Avalon (Terre-Neuve)
Cette série renferme toutes les formations comprises entre
îs couches basales du Cambrien et les Gneiss archéens de
erre-Neuve. Je Tai étudiée rapidement en 1888-89 du port
e Saint-John au cap Topsail (baie de la Conception) ; Tétude
e détail a été faite par le D' Alexandre Murray.
Déjà le Dr T. Sterry-Hunt avait proposé le nom de
''erranopien pour cette série de couches, comprises entre le
lambrien fossilifère et les Gneiss laurentiens (2) ; mais plus
ird, il en restreignit le sens, aux couches gneissiques (3),
l'exclusion de celles qui les surmontent (4).
Le nom de série d'Avalon a été choisi en raison du
rand développement de ce terrain dans la presqu'île d'Avalon.
1 y présente cinq divisions principales (5) :
FTpaisseura en pied»
llandom 4^^
Signal 3.iao
Momable 2.000
Torbay 3.3oo
Conception a.950
Total . . 11.785
Grès et schistes de Random : Le type de cette division
iffleure au S. de Tile Random, à Test de la pointe de
iickmans Harbor. Elle est formée de grès siliceux, micacés,
grisâtres, psammitiquos, schisteux, avec quelques lits massifs
le quarzite. A Hearts Delight, à l'Est de Trinity-Bay, l'épais-
seur de cette assise dépasse 700 pieds.
Grès de Signal Hill : Les types visibles à Signal Hill,
îaint-Johns Harbor, Bay de Vcrde, New Perlican, et à l'île
(1) Amer. Journ. Se, vol. 28, 1884, p. 431, 432.— Voiraussi, Professor Comslock :
Second Aon. Rept. Geol. Surv. of. Texas for 180U, p. 562 et 563.
(2) Amer. Journ. Se., 3 d. Ser., vol. 1. 1870, p. 87.
(3) Chem. and Geol. Essaya, 1875, p. 194.
(4) Ibid. p. 244.
(5) Geol. Surv. Newfoundland, Reprint of Reports, 1881, p. 145, 146. La
istribuUon des diverses formations est très bien indiquée sur la carte géologique
e la presqu'île d'Avalon, par Murray et Howley, 1881.
io.
3o6 Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Baccalieu, nioutrent un poudingue rouge au sommet, et des
grès rouge sombre, gris ou vert, en dessous.
Schistes de Momable, — Très développés dans la baie de
Momable, ces schistes aflleurent encore à Saint-Johns, Harbor
Grâce, Carnonear bay, Roberts bay et Northern bay. Schistes
sombres bruns ou noirs, avec quelques lits interstratifiés de
grès fins.
Schistes de Torbqy, — Bien exposée à Torbay, cette
assise couvre une grande étendue de pays, du cap Saint-
Francis au cap Race, Saint-Marys bay, et Conception bay.
Elle est formée d'alternances de schistes verts, pourpres ou
rouges.
Schistes de Conception, — Sédiments variés, aflleurant à.
Topsail Head, au bout de Conception bay et à Test de Pla-
centia bay. Les roches dominantes sont des schistes et conglo-
mérats schisteux, vert sombre, reposant sur une série de
diorites, quarzites et cornes variées.
Age du Cambrien qui repose sur la série d'Avalon. —
Les couches qui recouvrent la formation d'Avalon sont
déterminables à Smith et à Random Sounds, comme à Tri-
nity bay ; elles sont reconnaissables à des schistes vert et
rouge appartenant à la base d'une assise connue, à 4^
pieds, au dessus de la faune à Olenellus.
A Manuels Brook et à Conception Bay, le Cambrien infé-
rieur repose sur un gneiss, qui parait interstratifié ou peut-
être injecté dans la série des schistes de Conception.
Discordance entre la série d'Avalon et le Cambrien, — Le
Cambrien succède aux schistes de Conception dans Conception
bay ; il repose successivement et en discordance sur les forma-
tions de Conception, Torbay, Momable, dans la baie de Sainte-
Marie, et sur la base des grès de Signal Hill, sur les forma-
tions de Momable, Torbay et Conception dans la baie de la
Trinité. La discordance, comme dans le Graud-Cailon, amène
successivement le Cambrien sur toutes les divisions successive?
de TAlgonkien, attestant Texistence avant cette époque de
grands changements orographiques et d'érosions longtemps
poursuivies.
En 1889, j'ai observé une coupe (i), à Random Sound,
Trinity bay, où le Cambrien repose en stratification conco^
(1) Bull. Geol. Soc. Amer., Vol. X. p.
CH. D. WALCOTT 3o7
dantc sur l'assise de Random, et celle-ci sur les conglomérats
de Signal Hill.
Formations algonkiexnes de la région du Lac Supérieur
Ces formations comprises entre le Cambricn et TArchéen,
présentent, dans la région, une grande importance et une
grande variété. On y a reconnu la succession suivante :
Keweenavien, — Le Keweenavien est constitué par une
série, épaisse de plusieurs milliers de pieds, de roches élastiques,
formées aux dépens de roches éruptives contemporaines, alter-
nant avec des coulées de laves. Les roches volcaniques prédo-
minent à la base de la série, les alternances sont plus fréquentes
au milieu, et les roches élastiques existent seules au sommet (i).
Irving a divisé le Keweenavien en deux portions : la
division supérieure, essentiellement gréseuse, atteint i5,ooo
pieds dans la région centrale du bassin ; elle présente 12,000
pieds de grès et schistes rouges sur la rivière Montréal, 5oo
pieds de schistes noirs alternant avec grès durs, grisâtres,
peu quarzeux, et 1,200 pieds de conglomérats à gros galets (a).
La division inférieure est très épaisse, atteignant, d'après
Irving, 25,000 à 3o,ooo pieds (à l'Est de Keweenaw point, par
exemple). Elle est essentiellement formée de coulées de laves
basiques superposées, avec bancs alternants de conglomérats
et de grès jus([u*k la base, et quelques roches acides subor-
données. On trouve dans toute l'épaisseur de la formation des
lits de conglomérats porphyriques et de grès rouges ; ils
deviennent toutefois plus rares dans son tiers inférieur, tandis
qu'ils augmentent en nombre et en épaisseur vers le sommet.
On ne connaît qu'un seul exemple de couche élastique im-
portante, dans les niveaux inférieurs (3).
Iluronien supérieur : Le Huronien supérieur est directe-
ment recouvert par les couches de Keweenaw précitée*'. Il
est formé par les roches d'Animikie et de Vermi lion-supé-
rieur, dans le N. du Minnesota ; par celles de Penokee-Gogebic
dans le Michigan et le Wisconsin. Son épaisseur est de 10,000
pieds, d'après Irving, sur la Pigeon-river, où il montre des
schistes plus ou moins argileux gris-sombre à noirs, alternant
(1) Bull. U. S. Geol. Siirvey, n» 86, 1K92, p. 161.
(2) Monog. n« V., U. S. Geol. Surv. IHSi, p. 153.
(3) Monog. n* V. U. S. Geol. Surv., i883, p. 156-160.
3o8 Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
avec des schistes quarziteux. 11 présente parfois, vers sa base,
des lits de phtanite, des lits zones de minerai de fer magnétique
comme dans Penokee (Wisconsin), et des coulées interstratifiées
de roches éruptives, gabbros à olivine, gabbros à orthose.
Huronien inférieur : Roches semi-crîstallines très finement
plissées, calcaires, quarzites, micaschistes, schistes micacés,
conglomérats schisto-cristallins , lits ferrugineux ou cornés,
traversés par des dykes basiques et parfois par des roches
éruptives acides. On trouve également, dans cette masse, des
roches élastiques avec débris d'origine volcanique, formant
des sortes d'agglomérats, et des schistes cristallins verts,
chloriteux, finement laminés. L'épaisseur approximative du
Huronien inférieur dans la région du Lac Supérieur est de
5,000 pieds (i).
Age du Cambrien reposant sur VAlgonkien du Lac Supé-
rieur : Le terrain cambrien, qui repose sur FAlgonkien, aux
Chutes de Sainte-Croix, contient la faune typique du Cam-
brien moyen ; il est probable que la continuité du mouve-
ment, qui a déterminé cette discordance, a dû amener aussi,
en quelque point, le Cambrien supérieur directement sur
les couches de Keweenaw.
Discordance entre le Cambrien et VAlgonkien du Lac
Supérieur : La discordance entre le Cambrien et les couches
de Keweenaw a été établi par Irving (2) ; il y eut dans la
région, avant le dépôt du Cambrien, d'importants mouvements
orographiques et une longue période de dénudation.
Discordances entre les divers ternies de VAlgonkien : Des
discordances ont été observées et décrites par Van Hise (3),
entre le Keweenavien et le Huronien supérieur, comme entre
le Huronien supérieur et Tinférieur, et entre celui-ci et
FArchéen.
Roches sédimentaires pre-cambriënnes de l'Utah, de la
Nevada, de la Califoiinie, et de la Colombie britanniqlx
On connaît, sous les couches à Olenellus du Cambrien infé-
rieur des Cordillères des Etats-Unis et de la Colombie bn-
(1) Bull. U. s. (ieoL Surv., n" 86, 1892, p. 4D9.
(2) Irvinj^ : Mon. on the Copper bearing rocks of l^ke buperior, U. S Geol.
Survey, Mon. V., 1883, p. 36H, pi. XXili.
(3) Bull. U. S. Geol. Surv., n« 86. 1892, p. 499, 500.
CH. D. WALCOTT SoQ
annique, une importante série de schistes siliceux, grès, avec
[uelques minces lits de calcaire, encore sans fossiles (i). Il
l'est point possible de dire actuellement quelles sont leurs rela-
ions avec les séries de Belt (Montana), et du Grand-Canon
Arizona). De nouvelles recherches s'imposent.
DES FOSSILES DES COUCHES PRÉ-CAMBRIENNES
On voit, d'après ce qui précède, que la discussion de leurs
psements établit qu'il y a effectivement trois points, où des
bssiles bien caractérisés ont été trouvés dans des couches
lettement précambriennes, dans la série de Belt (Montana),
lans le Grand-Canon (Arizona), dans la série d'Avalon (Terre-
^euve).
RÉVISION DES FOSSILES PRE-CAMBRIENS CITES EN DIVERSES
RÉGIONS.
Les découvertes de fossiles, signalés dans les roches cris-
;allines algonkiennes, restent encore problématiques. Ainsi on
)eut toujours discuter, relativement à l'origine organique ou
jurement minérale de YEozoon canadense, et formes analogues.
On peut en dire autant des Spongiaires décrits par M. G. F.
Matthew (2) dans le Laurentien du New-Brunswick ; et des
Radiolaires et Spongiaires du Précambrien de Bretagne, signa-
lés d'abord par M. Charles Barrois (3) et décrits par M. L.
Cayeux (4). C'est du moins ce qu'il faut penser depuis les tra-
vaux de M. H. Raufr(5), qui les considère comme d'origine
inorganique.
Du graphite : La présence du graphite a été souvent allé-
gée comme une preuve de l'existence de fucoïdes à l'époque
tilgonkienne. Il est infiniment vraisemblable en effet qu'il est
d'origine organique, mais nous ne saurions dire sous quelle
forme il était représenté.
(1) Bull. U. S. Geol. Siirv., qoSI et 86 ; and Tenth ÀDDual Report, p. 549, 552.
(2) Bull. D» 9, Nat. Hist. Soc., NewBruDswick, p. 42, 45.
(3) Comptes rendus Acad. Se, août 1892, p. 326, :^8.
(4) Bull. Soc. Kéol. de France, 8* sér., T. 22, p. 197, 228.1894, avec 1 planche.
— Comptes rendus Acad. Se, t. It8, 1894, p. 1433-14^5, avec 6 ligures. — Ann.
Soc. géol. Nord, t. 22, p. 116, 119, avec 6 figures. .— Ann. Soc. géol. Nord. t. 23,
1895, p. 52, 65, avec 2 planches.
(5) Neues Jahrb. (. Miner., 1896. Bd. 1, p. 117, 138.
3lO VUl" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Palaeotrochis : Cette forme, décrite par E. Ëmmons en i856
comme un coralliaire, et lonfi^temps regardée comme un fossile
précambrien, a été étudiée successivement, par MM. J. A.
Holmes et J. S. Diller, qui ont prouvé sa nature inoi^anique
et montré que son gisement était une roche volcanique acide.
Fossiles de l'Algonkien du Lac supérieur.
On a cité à diverses reprises des fossiles dans les forma-
tions précambriennes de cette région, mais sans préciser leur
gisement dans le Keweenavien, le Huronien, ou même l'Ai-
gonkien.
Tels sont les fossiles, traces obscures ou pistes, souvent
cités sur des blocs de grès ferrugineux, ramassés parmi les
tas de minerais de fer des mines. 11 est cependant impossible
d'affirmer qu'ils soient d'âge pré-cambrien, puisque dans la
région de Menominee on exploite du minerai à la base du
Cambrien ; ce minerai est difficile à distinguer du Précambrien,
puisqu'il est le résultat de son remaniement.
L'existence de la vie, dans la série d'Animikee est déduite
de la présence du graphite dans les schistes, et de l'indica-
tion d'un fossile présumé, donnée par M. G. F. Matthew (i).
Les quarzites de Minnesota font partie de la grande
masse du Huronien supérieur, épaisse de la.ooo pieds, et
formée d'après Van Hise (a) de couches plissées de poudin-
gues, quarzites, schistes, phyllades, micaschistes et lits de
minerai de fer, traversées par des dykes basiques. Cet auteur
signale dans ces quarzites de Minnesota des formes lingu-
loïdes et une impression obscure, d'aspect trilobi tique, décrite
par Winchell (3). J'ai eu l'occasion d'étudier cette trace, et la
considère comme étant d'origine inorganique ; quant aux
formes linguloïdes, elles sont si obscures, qu'il est difficile
d'en rien dire, mais elles ne sont probablement que des con-
crétions ou nodules aplatis et déformés, affectant occasion-
nellement l'apparence d'Obolus ou d^Acrothele écrasés.
(1) L'éturle attentive de cet échantillon, donné par M. A. R. C. Selwyn i
M. G. F. M.itthew, porte à penser que les traces qu'il présente sont d'on-
gine inorganique : une photographie de cette plaque de schiste a d'aillears
été donnée pi. XLVt du Monograph XXX, U. S. geol. Survey.
(2) Bull. U. S. Geol. Survey, n« 86. p. 499.
(3) Lingula Calumet, Paradorides Barheriy décrits dans le Red Quart-
zite at Pipestone. Geol. and Nat. Hist. Surv. Minoesola, 13 th. Aanoal
Rept. 1884-85, p. ti5-72.
CH. D. WALCOTT 3ll
Fossiles de la série d'Avalon (Terre-Neuve)
Je me suis convaincu sur les lieux, que les Aspidella des
schistes de Momable, ainsi que les traces dî* Arenicolites qui
leur sont associées d'après M. Billings, sont d'origine inor-
ganique.
Dans les couches arénacées les plus élevées de l'étage de
Randoni, à a5 ou 5o pieds en dessous de la base du Gambrien,
il y a de nombreuses pistes d'Annélides, appartenant à au
moins trois espèces différentes.
Terrain Etcheminien du Nouçeau- Brunswick, — L'Etche-
minien a été décrit et défini par M. F.-G. Matthew, comme .
un terrain fossilifère précambrien. J'y ai cependant découvert
en 1899 la faune à Olenellus à Smith Sound, et à Trinity bay
(Terre-Neuve), et même dans la section typique du Nouveau-
Bruns wick.
Fossiles de la série du Grand-Canon de rArizona. —
Quelques débris organiques de petite taille ont été découverts
dans la division supérieure de l'étage de Chuar, ainsi que
des traces stromatoporoîdes à deux niveaux différents.
Ce sont ces formes problématiques, à aspect de Stromato-
pora et de Cryptozoon (Hall), qui, envoyées par moi à Sir
William Dawson, ont été l'objet d'une étude de sa part, et
ont reçu de lui le nom de Crj-ptozoon ? occidentale (Dawson).
On a trouvé à ^So pieds du sommet de Tétage de Chuar,
dans des schistes sableux arénacés, de nombreux débris circu-
laires, discoïdes, qui pourraient bien être les restes de
coquilles coniques écrasées ; ils ont été désignés sous le nom
de Chuar ia circularis (i).
Des Ptéropodes, voisins de Hyolites triangularis, ont été
cités dans ce même gisement ; mais leur détermination est
très douteuse, et ces apparences pourraient bien être d'ori-
gine mécanique.
On a trouvé dans un calcaire gris, à i5o pieds au-dessus
du Chuaria circularis, des traces obscures, qu'on n'hésiterait
guère à rapporter au genre Acrothele si on les rencontrait
dans le Cambrien. Citons encore un fragment, rappelant le
lobe pleural d'un anneau de trilobite (2), appai*tenant au
groupe des Obolella, Olenoides^ Paradoxides, bien que notre
(1) Bull. Geol. Soc. Amer. Vol. X, p. 234.
(2) Bull. U. S. Geol. Surv., n» 30, 1886, p. 43. par. 89.
3ia VIll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
connaissance actuelle de la faune de Belt nous fasse rejeter
cette identification.
Avant de terminer, il est intéressant de signaler la res-
semblance de Chuaria circularis avec les petits corps dis-
coïdes, décrits et figurés par M. Cari "Wiman (i), dans les
schistes précambriens du groupe de Wisings.
Fossiles de la série de Belt (Montana),
Les fossiles découverts dans cette série se trouvent dans
les schistes de Greyson, dans des lits calcaro-schisteux à loo
pieds au-dessus du calcaire de Newland, et à 7.700 pieds en
dessous du sommet de cette formation de Belt. Les premiers
fossiles ramassés le furent à l'entrée du canon de Deep-Creek,
un peu au-dessus du Bureau de Poste de Glenwood ; on en
trouva ensuite d'autres dans le canon de Sawsmill, à environ
quatre milles au-dessus de Neihart.
Cette faune a fourni jusqu'ici des pistes d'Annélides, se rappor-
tant à quatre espèces différentes, et nombre d'autres pistes, dues
à des mollusques ou à des crustacés. Elle contient, en immenses
quantités, des débris d'un ou plusieurs genres de crustacés, mais
ils sont tous déformés et aplatis, et généralement tronçonnés
par des déplacements orogéniques.
11 n'y a pas de doute possible concernant la nature organique
de tous ces débris ; et il faut considérer comme établie TexisteDce.
à cette époque, d'un type de crustacé bien plus élevé qu'en
n'aurait pu supposer à priori.
Les formes découvertes dans cette formation de Belt ont
été décrites (a), sous les noms suivants :
Helminihoidichnites ? Neihartensis
id, spiralis
id, Meeki
Planolites corrugatus
id, suberbus
Beltina Danai,
i\) Bull. Geol. Inst. Upsala, no 3. Vol. 2, 189i.
{'!) Hiill. Heol. Soc. America, vol. 10, p. 236-239
3i3
LES PLUS ANCIENNES FAUNES PALÉOZOÏQUES
par M. «. F. MATTHEW
Nous résumerons, dans les pages qui suivent, nos notions
sur les faunes les plus anciennes, trouvées à la base du
Cambrien, dans les régions orientales de F Amérique du Nord.
Ces faunes, qui diffèrent en quelques points de celles qui
leur succèdent, ont été d'abord reconnues dans le Nouveau-
Brunswick, en dessous des zones à Paradoxides et à Proto-
lenuSf les plus anciennes du Cambrien de ces régions.
Les premiers fossiles reconnus furent trop mauvais pour
donner, dès Tabord, une idée de la faune. C'étaient des trous
et des pistes d'annélides, des moulages de tubes d'Hyolithidœ
une valve à'Obolus, des débris de coquilles ridées rappelant
Palœacmsea, et d'autres débris paraissant provenir de Cystidées.
Entre les couches contenant ces fossiles spéciaux, et les
couches renfermant la faune à Protolenus, on observe une
discordance de stratification : il y avait donc lieu de les
distinguer du Terrain Cambrien, et elles le furent sous le
nom de Terrain Etcheminien, du nom d'une ancienne tribu
du pays, la tribu des Etchemins.
Ce terrain n'est pas limité au Nouveau-Brunswick, je l'ai
de plus étudié, dans l'ile du Cap-Breton, à la demande du Direc-
teur de la carte géologique du Canada. 11 présente, dans les
deux régions, les mêmes relations avec le Cambrien, étant
présent en certains points, absent en d'autres.
On constate, dans les diverses vallées de ces pays, que le
Cambrien repose tantôt sur l'Etcheminien et tantôt sur des
roches schisto-cristallines plus anciennes. La discordance pré-
sente donc un caractère de généralité puisqu'elle est étendue
à ces deux régions.
Il y a eu exondation et érosion de l'Etcheminien avant
le dépôt du Cambrien, bien que la discordance soit inappré-
ciable, dans les coupes où le Cambrien repose sur l'Etchemi-
nien, et que les conditions physiques du dépôt soient à peu
près les mêmes aux deux époques.
Ainsi il y a eu une transgression étendue entre l'Etchemi-
nien et le Cambrien, mais les couches etcheminiennes n'ont
3l4 Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
été ni redressées, ni durcies, ni modifiées dans Tintervalle.
Entre les faunes de ces deux époques, les diflerences cepen-
dant sont notables.
La faune etcherainienne, telle qu'elle nous est actuellement
connue dans T Amérique du Nord, provient des trois gisements
du Nouveau-Brunswick, de Cap-Breton et de Terre-Neuve.
Faune pauvre et mal conservée dans le Nouveau-Brunswick,
elle y est représentée par des moules à'Orthotheca, un Obolas,
des fragments de Gastropodes patelliformes (Randomia), des
moules de petits Entomostracés, des pistes et trous laissés par
des vers ou autres animaux rampants, et des débris de plantes
marines.
Faune plus riche au Cap- Breton, et bien distincte, composée
essentiellement de Brachiopodes Atremata et Neotremata,
auxquels sont associés quelques Entomostracés bivalves. Le
faciès d'ensemble de cette faune, à File du Cap-Breton, la
rapproche de la faune à Protolenus du Cambrien du Nouveau-
Brunswick, à cela près quelle ne fournit pas de Trilobites.
Les Brachiopodes appartiennent d'ailleurs à des espèces dis-
tinctes, quoi qu'étant des mêmes genres ; et le genre cambrien
Linnarssonia n'avait pas encore apparu.
A Terre-Neuve, dans la péninsule d'Avalon, l'Etcheminien
offre une composition lithologique différente. Les sédiments ne
contiennent plus de débris d'origine volcanique, comme les
précédents ; ce sont des boues ferrugineuses, fines, à lits
calcareux subordonnés, dont la faune a des caractères propres,
distincts de celle de Cap-Breton. Entre elles, nous ne connais-
sons môme aucune espèce commune ; les genres mômes sont
différents. Les formes dominantes à Terre-Neuve sont des
coquilles hyolithoïdes, abondantes en nombre et en espèces :
on y trouve des Lamellibranches et des Gastropodes de petite
taille, et parmi ces derniers le genre patelloïde Randomia est
commun. Les Trilobites sont rares, ainsi que quelques Phyllo-
carides. La différence des faunes de Terre-Neuve et de Cap-
Breton doit être attribuée en grande partie au faciès différent
des formations.
Dans l'Etcheminien, comme au début du Cambrien. on
observe une même tendance, moins marquée par la suite du
Cambrien, à la localisation dans l'apparition et la répartition
des espèces. Ainsi la plus grande espèce de brachiopode
n'est pas la même dans les couches à Protçlenas des divers
G. F. MATTHEW
3l5
bassins éo-paléozoîques de Saint-John ; ce sont respectivement,
Obolus pristinus, Botsjordia pulchra. Protosiphon Kempanum,
dans les trois bassins de Saint-John, et cependant ces espèces,
loin d'être confinées à un seul banc, se retrouvent dans des
lits superposés. On pourrait citer des exemples analogues
dans l'Etcheminien.
Les genres suivants ont été reconnus dans l'Etcheminien :
Aptychopsis . i espèce
Primitia 2
Schmidtia ?.. i
Obolus 2
Lingulella 2
Acrothele . 1
Acrotreta i
Oôolella 2 ?
Kutorgina ? . . . . . i
Platysolenites i
HyoUtes 2
Orthotheca .4
Urotheca . . i
Coleoloides. i
Hyolithellus . 2 ?
Helenia . . . . i
Bandomia i
Scenella, ... ... .2
Platjrceras 3
Modiolopsis i
Le nombre des types représentés dans la faune etcherai-
nienne est assez limité, d'après ce tableau : on y reconnaît
cependant une évolution déjà assez avancée, et la prédomi-
nance de certains types sur d'autres : on peut en conclure
qu'elle n'est pas la première faune apparue, mais quelle
dérive de quelque autre faune plus ancienne, pré-paléozoïque.
Parmi les brachiopodes, les Proiremata calcaires, si répandus
dans les formations plus récentes du Cambrien et de l'Ordo-
vicien, ne sont représentés que par un petit nombre de
formes ; par contre, les Atremata et les Neotremata, à coquilles
cornées ou phosphatées, acquièrent un grand développement et
présentent des formes variées. Les Neotremata sont de plus
petite taille que les Atremata; ils ne leur paraissent inférieurs
sous aucun autre caractère.
IjCS Hyolithidae paraissent avoir atteint, dès cette époque
reculée, l'apogée de leur développement, quant à leur structure
3l6 VlUe CONGRÈS GÉOLOGIQUE
générale. Ils n'avaient point encore acquis la diversité d'orne-
mentation, ni la diversité de formes, qu'on leur trouve plus
tard, mais les grands traits de leur évolution étaient fixés.
Ainsi on reconnaît dès lors, des représentants authentiques des
deux sections du genre Hyolithus (s. str.), les Equidorsati et
les Magnidorsati proposées par M. Gérard Holm ; d'autre part.
le genre Orthotheca présentait déjà des variations étendues.
Les Crustacés nous ont fourni des débris dans tous les
gisements etcheminiens ; ils appartiennent généralement à des
formes de très petite taille. Un Trilobite a été cité par
Billiugs au sommet de l'Ëtcheminien ; mais les formes les plus
répandues sont des Ëntomostracés bivalves et de petits Phyl-
locarides.
A l'exception des Gastropodes patelloïdes, les mollusques de
cette période sont petits et rares, dans les trois régions
explorées par nous.
Conclusions
La faune découverte dans la moitié supérieure du Terrain
Etcheminien, et explorée par nous, dans les trois massifs dis-
tincts, du Nou veau-Bruns wick, du Cap-Breton, et de Terre-
Neuve, présente les caractères généraux suivants :
Annélides : La présence d'annélides nombreuses est attestée
par leurs trous et par leurs pistes. Les Hyolithidae (annélides
tubicoles) étaient abondantes et variées.
Crustacés : Trilobites rares, généralement absents. Ënto-
mostracés bivalves représentés dans les trois massifs. Phylloca-
rides de petite taille à Terre-Neuve.
Brachiopodes : Atremata et Neotremata abondants et variés.
Protremata rares et de petites dimensions.
Gastéropodes : Rares et petits, à l'exception des Patellidae,
répandus dans certains gisements.
Lamellibranches : Petits et rares, limités à Terre-Neuve.
De nouvelles recherches seront nécessaires pour préciser et
étendre nos notions sur la faune etcheminienne, dont les
grands traits, cependant, sont dès à présent esquissés.
>
3i7
LA BORDURE ORIENTALE
DE LA PARTIE SEPTENTRIONALE DU BASSIN
DE L ATLANTIQUE
par M. W. H. HUDLESTON (i)
On peut distinguer à Touest de l'Europe, vers TAtlantique,
les zones bathymétriques successives suivantes : le plateau
continental, son bord (edge), la pente continentale subocéanique,
les profondeurs abyssiques planes. Il semble que les pentes
continentales subocéaniques doivent c^tre considérées comme
les véritables bordures des océans. Cette conclusion repose sur
l'étude de la région comprise entre l'Océan polaire septen-
trional, et le 3oo de latitude nord.
M. le professeur Milne a déjà signalé le rôle important
de ces pentes continentales subocéaniques : il a calculé que
la moitié des tremblements de terre ressentis à la surface
du globe ont leur point de départ suivant ces pentes,
notamment vers leur base ; et il y a distingué des districts
séismiques et des districts non-séismiques.
Les sondages exécutés jusqu'à ce jour concordent à mon-
trer que le nord de l'Atlantique, la mer de Norwège, et
l'Océan polaire septentrional, appartiennent à une seule et
même dépression géo-synclinale, très étendue, et seulement
interrompue par places par les épanchements volcaniques (a).
Ces considérations et de nombreux faits récemment rele-
vés, permettent de prendre parti entre les deux grandes
écoles d'évolution géographique, celle qui croit à la non-
permanence, et celle qui enseigne la permanence, des traits
(!) Ce sujet a déjà été considéré par l'auteur à diverses reprises : Brilisli
Association at Bristol (septembre 1898) ; Geological Magazine 1899, avec cartes,
réductions de celles de l'Amirauté.
(2) Le D' Nansen m'a fait savoir (juin 1899) qu'il y avait lieu de faire une
importante correction aux chiffres de sondages habituellement donnés, entre le
Gro(>nland et le Spitzberg. Ainsi la soi-disant « Fosse Suédoise » de 2,650 brasses,
n'existerait pas en réalité, M. le professeur Nathorst n'ayant relevé en 1899 que
l,GOO brasses, là où les cartes indiquent la « Fosse Suédoise» » Nansen ne croit
pas non plus que le profond bassin polaire soit une continuation immédiate de
l'Océan norwégien, attendu que les conditions hydrographiques établissent la
probabilité de l'existence d'une ride, alla<it du Spitzberg au N.-E. du Groenland.
3l8 Vlll« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
essentiels de la croûte terrestre. On constate en effet que des
modifications considérables ont pu se produire au cours des
périodes géologiques, sur la bordui'e des grands océans
sans affecter d'une façon bien profonde ces bassins océani-
ques eux-mêmes. On en doit conclure que la croûte terrestre
nous conserve des traits fondamentaux anciens, dans les
grandes profondeui's océaniques, et dans la position des
principaux plateaux continentaux.
Les sondages exécutés au sud des régions atlantiques
précédemment considérées, ont appris que Tlslande rattachée
aux îles Feroe et Shetland constituait un vaste plateau vol-
canique sous-marin, traversé par le seul canal du Lightning.
entre les Feroe et les Shetland. C'est au S.-E. de ce canal
que passe la pente continentale subocéanique, bien que son
inclinaison ne dépasse pas 2 i/a**, pour se continuer par le
banc «le Vidal à la crête du Porcupinc, au large du Con-
naught. Ces données permettent de discuter sur de nou-
velles bases, l'ancienne connexion présumée de l'Europe
avec l'Islande et le Groenland, ainsi que les vues du pro-
fesseur Spencer sur le soulèvement épeii'ogénique produit
de ce côté de TAtlantique.
La région atlantique comprise entre l'Irlande et Ouessant
a été également soumise à des mesures hydrographiques :
elles ont établi la largeur exagérée du plateau continental
submergé dans cet intervalle, et l'inclinaison rapidement
croissante de la pente continentale subocéanique, à mesure
qu'on approche des profondeurs du Golfe de Biscaye. Cette
pente offre d*assez grandes variations locales, elle présente
une moyenne de 6® au large de la France ; la fosse du
cap Breton, et le canal qui le prolonge vers Bilbao offrent
de grandes profondeui's : ces faits ont déjà été diversement
interprétés par MM. les professeurs Huil et Spencer. Nos
conclusions personnelles peuvent être résumées comme suit:
I. — Les véritables limites du bassin Atlantique septen-
trional ne doivent pas être cherchées, dans les lignes de
nos côtes actuelles, mais bien dans la pente contineniaU
subocéanique, au delà du bord du plateau continental sub-
mergé.
'2. — Ce bord du plateau continental submergé descend à
des profondeurs variables de 80 à î25o brasses ; le plus grand
écart des moyennes coïncide avec le massif submergé, si
W. H. HUDLESTON 3l9
irréçulier, qui longe le banc du Porcupine, à l'ouest de
rirlande. En général ce bord correspond assez exactement
avec la ligne de loo brasses, au delà de laquelle les fonds
océaniques plongent plus ou moins rapidement, en descendant
vers les profondeurs abyssiques.
3. — Le parcours de la pente continentale subocéanique
est continu, et plus ou moins distinct par places ; on le suit
au N. E. jusqu'au N. du Spitzberg, où il se dirige E. suivant
la mer polaire arctique.
4. — La pente continentale subocéanique forme la limite
naturelle entre les aires continentale et marine, et les dépôts
terrigènes; semblent, au cours des temps géologiques, avoir été
confinés en deçà de cette ligne, soit à Test du parcours
précité.
5 . Les grands mouvements tectoniques, répétés aux diverses
époques, présentent leurs principaux alignements suivant cette
pente subocéanique. Ces mouvements ont déterminé le déve-
loppement de vastes protubérances, source d'une bonne partie
des sédiments accumulés dans les dépressi(ms géosynclinales
conjuguées ; il faut donc leur attribuer l'origine des grandes
formations terrigènes. L'important développement des roches
schisto-cristaliines primitives dans les contrées qui bordent le
N. de l'Atlantique, est un indice de l'existence de ces anciennes
protubérances.
6. La ligne de pente continentale subocéanique, quoique bien
déiinie dans la vaste région considérée, y est inégalement
marquée, manquant en certains points, ou y présentant de
profondes déformations. Ainsi l'on constate, en la suivant
progressivement du N. au S., qu'elle est d'abord interrompue
par une grande concavité à l'entrée de la mer de Behring. On
n'observe plus, dans cette partie, de côte continentale formée
de vieilles roches cristallines ; on dit qu'elles sont très déve-
loppées à W. du Spitzberg, mais nous ne les retrouvons
qu'en Norwège. 11 y a une autre grande déviation dans la
régularité de notre ligne, entre la Norwège et l'Ecosse, et
qui correspond à l'entrée de la mer du Nord. Ces deux
vastes baies sont l'une et l'autre occupées par des mers peu
profondes, que l'on peut regarder comme appartenant aux
aires continentales et comme ayant partagé leurs vicissitudes.
Il est même probable qu'à certains moments de Thistoire
géologique, elles furent les voies par lesquelles pénétrèrent les
3ao \iu^ coNGRàs géologique
eaux océaniques pour envahir les mers, aujourd'hui desséchées,
dont les sédiments forment nos continents.
Si Ton néglige la Manche, qui pourrait avoir une auliv
origine, la déformation suivante de la ligne de pente est,
dans la baie de Biscaye, bien différente des deux précédentes
par sa grande profondeur. Nous sommes portés à y voir la
route qu'auraient suivi les eaux de l'Océan pour entrer dans
la Méditerranée, bien que l'entrée du Golfe soit présentement
comblée par les dépôts tertiaires. Mais cette région présente
des complications particulières dépendant des grands mouve-
ments tectoniques qui produisirent la chaîne pyrénéo-canta-
brique. La passe de Gibraltar parait un accident plus récent,
résultant peut-être simplement de dénudations subaériennes:
et il en est peut-être de même de la fosse du cap Breton.
7 . — En outre des déformations précédentes , la ligne de
pente continentale subocéanique présente encore quelques irré-
gularités , dues à des éruptions basaltiques. Elles présentent
alors des dépôts terrigènes du côté continental de la pente,
mais on n'en trouve plus du côté opposé. C'est ce dont on
voit des exemples dans la Terre François-Joseph et dans les
Hébrides.
8. — Nous manquons malheureusement d'éléments, pour
apprécier les différences de niveau, produites à diverses
époques, sur cette bordure atlantique. Si pour ne point faire
œuvre d'imagination, on veut s'en tenir aux modifications les
plus récentes, on constate que des oscillations de 5oo bi-asses à
l'époque tertiaire ne modifieraient guèi'e la forme des grands
fonds ; nous n'avons d'ailleurs aucune i*aison de penser qu'il
se soit produit des mouvements de cette amplitude pendant
le pliocène.
■%
321
DES INVESTIGATIONS RECENTES RELATIVES AUX
.\NCIENNES VALLÉES ENVAHIES PAR LA MER
ET A DIVERS AUTRES TRAITS PHYSIQUES DES ILES
BRITANNIQUES ET DE l'OUEST DE l'eUROPE
par M. Edward HULL
Les remarquables recherches de J. W. Spencer (i), sur les
rivages orientaux du continent américain et des lies des
Indes occidentales, ont appris que les vallées des rivières
actuelles de ces régions se continuaient sous la surface de
l'océan atlantique, jusqu'à des profondeurs de plusieurs mille
pieds, et qu'elles y débouchaient sur les fonds abyssiques.
Ces observations m'ont engagé à entreprendre des recherches
analogues sur les côtes de l'ouest de l'Europe et des îles
Britanniques, et les résultats ont été concordants. Elles sont
naturellement basées sur les chiffres de sondes relevés sur les
cartes de Taniirauté. Le nombre de ces chiffres s'est trouvé
suilisant pour permettre de tracer sur la carte les lignes de
contour des isobathes, et ces lignes donnent d'une façon
exacte la figure topographique des régions sous-marines voi-
sines du continent.
Elles permettent d'y reconnaître les traits orographiques fon-
damentaux suivants : (i**) Existence d'une terrasse doucement
inclinée, de la côte vers le large, et que nous désignerons
sous le nom de plateforme continentale. (2°) Grande déclivité,
ou chute brusque correspondant à la terminaison de la plate-
forme précédente, où les fonds s'abaissent rapidement à 5oo
ou 600™. (3*) Présence, à la surface de la plateforme, de sillons ou
de vallées, qui vont déboucher à la base de la déclivité
précitée, dans les profondeurs océaniques. Ces trois zones,
actuellement submergées, ont appartenu à la terre ferme ; nous
les décrirons successivement.
(i) La Platejorme continentale. — On peut suivre cette
(1) Spencer: Reconstruction of the aulillean coutinent : Bull. GpoI. Soc.
America, Vol. VI.; Geol. Mag. nov. 1898.
il.
3aa VU1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
terrasse depuis Rockall (Lat. 67' i-j N.), suivant la côte W.
d'Ecosse, d'Irlande, autour du golfe de Biscaye, le long de
la côte d'Espagne, du Portugal, Gibraltar, et à divers inter-
valles sur la côte africaine, jusqu'à IVinbouchure du Congo.
Son bord correspond au large des lies Britanniques avec le
contour de ôo™, puis vers le sud avec le contour de 100"» :
sa largeur varie de 20 à 200 milles et sa forme conserve
une constante relation avec celle du continent voisin. Elle
montre sa largeur minima au N. de F Espagne. On a relevé
à sa surface des dépôts de vase, sable et graviers, notam-
ment devant l'embouchure des rivières.
(ti) La grande déclivité. — Nous désignons sous ce nom
le bord, à pente raide, correspondant à la séparation de la
plateforme continentale et des pi'ofondeurs océaniques. 1^
hauteur verticale de cette pente, de son sommet à sa base,
est d'environ 5ooo pieds au large des Iles Britanniques, et
d'environ (kkîo pieds au large du Continent, où elle descend à
71200 pieds au-dessous du niveau de FOcéan. La pente de son
profil varie considérablement sur ce parcours (i), elle dépend
du degré de résistance des roches ou couches constituantes,
qui d'ailleurs varient parfois sur une même verticale. L'esquisse
suivante indiquera la forme générale de ce proiil sous-niarin.
.JSuropr, occultJtUtU.
Stir^tce de l'ûcéoTi PUUe/ôrm^ coniznjtntaZe
-"fi
I T r I . • I r I M
Fig. 1. — Profil du contour sousmario à l'ouest de l'Europe.
(3) Vallées submergées. — La preuve que la plateforme
continentale, jusqu'au pied de la grande déclivité, c'est à-dire
jusqu'à environ «jSoo mètres, a fait autrefois partie du continent
émergé, est donnée par ce fait que sa surface est entauit-e
et ravinée par les principales rivières qui se jettent dans
rAtlanti(iue dans cette région. Les chenaux de ces rivières
sont mis en évidence par le tracé des courbes de niveau à la
surface de la plateforme, et on les suit ainsi jusqu'au pied même
de la grande déclivité. Il serait hors de propos de décrire ici
(1; La pente est de IG" au large de la ihapelle Bank^ et de 36* au lanre du
C. Turinana.
KDWARD HULL 3a3
devant le congrès, la position, la nature et le tracé de ces
vallées submergées : nous rappellerons seulement (i) que les
sondages relevés nous ont permis de faire connaître leur
largeur, leur profondeur et la pente de leur lit, et nous
passerons directement à Texposé des principaux résultats.
(a) Iles Britanniques. — Les rivières des lies Britanniques
n'ont, il est vrai, laissé que des traces bien obscures sur la
plateforme sous-marine voisine (2), mais cette apparente exception
doit être attribuée au remplissage subséquent de ces vallées
submergées par les matériaux apportés dans cette région, à
l'époque glaciaire, par les glaciers descendus des montagnes
voisines, ou par les icebergs et glaces flottantes. Et on peut
encore trouver d'autres agents de comblement dans l'apport
actuel des rivières elles-mêmes, et dans la désagrégation des
falaises. Quelques-unes de ces vallées submergées sont cepen-
dant très clairement indiquées, notamment l'ancienne vallée
de la Manche : on la suit clairement depuis le Pas-de-Calais
jusqu'à son embouchure dans TAtlantique, au pied de la
grande déclivité. Cette grande rivière fossile avait comme
aflluents, d'une part, les rivières du S. de l'Angleterre et du
Pays de Galles, d'autre part celles qui arrosent le N. de la
France. Son parcours est indiqué su»» les cartes de l'amirauté
sous le nom des ** llurd deeps " sur une longueur de
70 milles, entre les îles Anglo-Normandes et Tîle de Wight.
Son chenal est resté libre, grâce aux puissants courants de
marée qui balaient sans cesse, et dans les deux directions
opposées, le canal de la Manche. Sa largeur atteignait
4 milles, et sa profondeur 3()0 pieds, sous le niveau de la
surface de la plateforme (3).
Une autre vallée submergée, analogue à celle-ci, se trouve
au N. de la mer d'Irlande.
(b) France. — En face de l'embouchure de la Loire, de la
Gironde, de l'Adour, on observe des dépressions qui continuent,
en mer, le lit de ces rivières : ces anciens lits fluviaux,
actuellement submergés, se poursuivent d'une façon plus ou
moins continue à la surface de la plateforme continentale,
(1) Trans. of the Victoria Inslitute. Vol. XXX. p. 305; XXXI, p. 267.
(2) i>Xif. remarque s'applique également à la mer du Nord, encombrée de
sables, j<raviers, et blocs d'origin<* glaciaire.
(3) Trans. Victoria Inst. Vol. XXXI, p. 278.
3^4 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
jusqu'au pied de la grande déclivité à la profondeur de looo
à 2000 brasses. Le plus remarquable est l'ancien lit de l'Adour;
on le suit sans interruption, depuis Feinbouchure de ce fleuve
dans la fosse du cap Breton, entre des rives escarpées, jus-
qu'à 90 milles au large, où il se bifurque en arrivant dans
les fonds de 1000 brasses : sur son chemin il reçoit de part et
d'autre des aflluents. La vallée de l'Adour montre vraisem-
blablement la mieux caractérisée des vallées submergées de la
côte européenne (i).
(c) Espagne et Portugal. — Les cartes mettent clairement
en l'elief les vallées submergées qui continuent en mer les
rivières Caneira, Arosa, Lima, Dourd, Mondego, Tage. Le
Douro et le Caevoeiro descendaient jusqu'à des profondeurs
de i5oo brasses, sous le niveau actuel de la mer. Le grand
canon submergé du Tage se prolonge en mer à une distance
de 60 milles, jusqu'aux profondeurs abyssiques; ce fleuve
coulant entre des murailles abruptes, formait plusieurs cas-
cades, avec une pente de 5ooo pieds sur la longueur de 5
à 6 milles, enfin il se bifurquait à son extrémité (2).
Tels sont à grands traits les caractères de nos vallées de
l'Europe occidentale, submergées par l'Atlantique. Nous ne
connaissons plus actuellement sur le continent européen de
semblables vallées, si ce n'est peut-être en quelques points des
Alpes ; leurs plus proches analogues se retrouvent dans les
canons du Colorado, en Amérique.
Dans la Méditerranée, M. Arturo Issel a pu retrouver
également le cours sous-marin de quelques rivières.
(4) Côte occidentale d'Afrique, — Le Continent africain t
participé au grand mouvement d'élévation qui entraîna l'ouesl
de r Europe à cette période. On en a la preuve dans
l'extension sous-marine de la vallée du Congo. Le Ht
submergé de ce fleuve est bien marqué sur les cartes de
sondes, avec une longueur de 4^ milles, où il disparaît à la
profondeur de 1200 brasses. C'est un canon sous-marin décou-
vert par M. Stallibras, en sondant pour poser des câbles
télégraphiques, il a été depuis décrit en détail (3). Devant
(1) Ud plan de la vallée submergée de l'Adour a été publié, à l'écbeUe de
l'Amirauté, dans le Geographical Journal, March. 1899.
(2) Ibid., p. 284.
(3) Trans. Victoria Inst., vol. XXXII, p. 147, 1900.
J
EDWARD HULL 3a5
îs rivières Orange, et le Niger, les sondages ne sont pas
ssez rapprochés encore, pour qu'il soit possible de tracer le
Durs de la partie submergée de leur lit.
(5) Age géologique où les vallées submergées ont creusé leur
t. — Le Professeur Issel, de Gènes, a montré, et diverses
onsidérations confirment son opinion, que Tépoque du creu-
ement de ces vallées est très récente, ne remontant pas au
elà de la fin de la période pliocène. Il semble y avoir eu
ers cette époque un grand mouvement élévatoire du sol, qui
Qecta toutes les régions orientales du bassin de TAtlantique ;
n ne sait s'il fut exactement contemporain de part et d'autre
e cet océan. Ce fut lors du mouvement ascensionnel de
es terres que la plateforme fut abrasée ; la grande déclivité
e se forma que plus tard, par l'action des vagues sur son
ord, quand le mouvement d'exhaussement fut arrêté. C'est à
ette même période que les eaux de ruissellement creusèrent
5urs vallées à la surface de la plateforme, et que ces
Lvières approfondirent leur lit jusqu'au niveau de base, devant
embouchure. Enfin plus tard, après cette longue période de
epos, il se produisit un moment d'aflaissement, qui amena
invasion de la mer et la submersion de la plateforme et des
allées qui la sillonnaient.
(6) Conséquences de ces faits pour Vépoque glaciaire. —
►i les considérations précédentes sont fondées, il semble que
exhaussement du sol européen que l'on vient de décrire
ournisse une cause suffisante de l'Époque Glaciaire post-
iliocène. Une élévation, en effet, de 6000 à 7000 pieds au-
[essus du niveau actuel de l'océan, amènerait nécessairement
le nos jours un climat glaciaire dans nos climats tempérés,
!t rendrait plus froides encore les zones sub-arctiques. Cette
ause des froids glaciaires nous paraît d'ailleurs en étroite
Lccordauce, avec les principes de Lyell (i).
(1) Ces vues ont été développées par moi ailleurs : Trans. Victoria lost.
cl. XXXI, p. 141.
3a6
MÉMOIRE SUR LE DYNAMOMÉTAMORPHISME
ET LA PIÉZOCRISTALLISATION
par M. E. WEINSCHENR
L'un des problèmes de la géologie, qui a excité Tintérél
le plus constant depuis les débuts du développement de cette
science, c'est la question de l'origine des schistes cristallins.
Depuis que Lyell a jeté les bases d'une géologie scientificiue,
presque tous les géologues ont au moins eflleuré cette question.
Dans la suite, l'étude des schistes cristallins n'a pas perdu de
son importimce ; elle a même été, en 1888, l'objectif principal du
Congrès international de géologie, réuni à Londres. En cotte
occasion, les spécialistes de cette époque ont exposé et soutenu
d'une manière détaillée leurs opinions.
Tandis qu'au début on a exprimé seulement des idées pure-
ment spéculatives sur l'origine des schistes cristallins, les recher-
ches se sont approfondies de plus en plus depuis que le microsco|)e
s'est introduit dans notre science et depuis que la pétrographie
a pris corps. Notamment dans ces dernières années, nous avons
eu l'occasion d'enregistrer une série de travaux importants sur
cette question. Ces travaux sont dirigés d'ailleurs, en général,
dans une même direction ; ils ont pour but d'explicjuer tous les
phénomènes que nous of lisent les schistes cristallins qui doivent
être considérés comme résultant de transformations dont la
cause la plus importante est liée aux actions orogéniques.
Dans les travaux pétrographiques actuels, la théorie du
dynamométamorphisme est presque seule en honneur.
Cette théorie a soulevé seulement de timides objections.
Elle a été émise d'abord par Lossen sous le nom de méta-
morphisme de dislocation, puis elle a été largement déve-
loppée par M. Rosenbusch et son école. Ce dernier considère
l'action de la pression comme l'agent principal de la cristal-
lin ité et de la schistosité des roches cristallophylliennes.
L'action des agents chimiques est quelquefois, également, prise
en consi<lération ou bien totalement négligée.
Il est regrettable que les savants qui se sont appuyés sur la
théorie du dynaniométamorphisme ne se soient pas donné la
peine de définir, avec plus <le précision, l'idée qu'ils se font
de la marche des transformations.
B. WBINSGHENK 3^7
Ainsi, on fait aujourd'hui un véritable abus du mot dynamo-
nétamorphisme que Ton applique souvent à des phénomènes
rès obscurs. C'est un mot qui a perdu de sa signification
;cientifique, dont on se sert pour expliquer, sans plus de
Létails, les phénomènes les plus complexes.
Les anciens géologues voyaient, dans les roches désignées
;ous le nom de schistes cristallins, les premières formations
le la terre, c'est-à-dire le soubassement de toutes les forma-
ions élastiques ; ils les ont désignés aussi sous le nom de
errains primitifs. La découverte que tous les schistes cris-
allins n'ont pas cet âge ancien — ainsi que l'ont démontré les
>bservations stratigraphiques ou la trouvaille de fossiles — a
narqué déjà un grand progrès et permis une séparation des
«uches les plus anciennes de celles plus récentes. D'autres
géologues ont admis que toutes ces formations ont une origine
nétamorphique et ils ont désigné, d'une manière générale, les
schistes cristallins sous le nom de schistes métamorphiques *
Un autre fait qui a apporté dans cette question plus de
;larté et qui doit être considéré comme le plus important
•ésultat des recherches faites dans ce domaine, a été mis en
umière par M. Rosenhusch. Ce savant a montré, par une
grande série de déterminations pétrographicjues et chimiques,
[ue les formations appelées schistes cristallins comprennent
leux groupes qui , en général , peuvent bien se séparer l'un
le l'autre. Le premier groupe montre, par tous ses caractères
îhimiques, une complète analogie avec les types les mieux
îaractérisés des roches de consolidation ; le deuxième rap-
pelle au contraire par ces mêmes caractères les propriétés
les roches sédimentaires. Ainsi, d'après M. Hosçnbusch, les
errains primitifs sont formés par une alternance de roches
le consolidation et de sédiments clasticpies qui ont acquis,
lous l'action du dynamométamorphisme, leurs caractères actuels,
lies deux " types de ce savant dérivent donc de matériaux
>rimordiaux très différents.
Le caractère primitif des roches schisto-cristallines qui déri-
rent des roches de consolidation est d'être cristallin et grenu ;
ious rinfluence des actions orogéniques ces roches ont subi
l'abord une orientation de leurs éléments constituants. A cette
iction pouvait s'ajouter encore des actions chimiques.
Les roches du second type étaient des roches détritiques,
structure schisteuse ; et le rôle des forces orogéniques a
3a8 Vlll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
été de déterminer la cristallisation de la roche sans effacer sa
structure.
L'étude géologique des différentes régions de schistes cris-
tallins justifie les idées de Téminent pétrographe allemand.
Des gneiss de composition granitique, des amphibolites, des
éclogites, des schistes verts de composition dioritique, gab-
broïque et diabasique se trouvent, en de nombreux gise-
ments, en relation directe avec les roches éruptives corres-
pondantes et liées à ces dernières par toutes les formes de
passage ; à tel point qu'il est impossible de fixer une ligne
de démarcation entre les faciès éruptifs et les faciès schisteux.
Les roches cristallines du deuxième groupe sont aussi
étroitement liées aux roches élastiques, schistes argileux,
marnes, calcaires, grès, etc., dont elles dérivent et il est
également impossible d'en marquer la séparation.
Enfin, les schistes cristallins du premier groupe passent par
des faciès intermédiaires aux schistes du second groupe, fait qui
semble au premier abord contredire les opinions de M. Rosen-
busch. Mais une étude pétrographique plus détaillée de ces for-
mations montre, en général, qu'il s'agit ici d'un mélange méca-
nique, de roches, dans les couches les plus minces desquelles on
trouve une variation de composition minéralogique. On trouve
souvent très visiblement dans ces gisements, que deux roches
différentes sont intimement liées l'une à l'autre. Une de ces
roches, de la composition d'une roche éruptive, a pénétré
entre les couches d'une roche détritique finement schisteuse
et forme avec celle-ci un tout d'apparence homogène, et de
composition chimique, intermédiaire entre la roche éruptive
et )a roche» élastique, laquelle, aussi, est géologiquement
intermédiaire entre les deux sortes de formation.
Ainsi, nous voyons que les relations stratigraphiques et les
caracj;ères chimiques des schistes cristallins justifient complè-
tement les vues de M. Rosenbusch, sur la composition pri-
mordiale de ces roches. De plus, les recherches pétrographi-
ques montrent visiblement que la plupart des caractères de
ces schistes ont été acquis postérieurement, autrement dit que
ces roches sont métamorphiques, dans le sens strict du mot.
On trouve souvent, par exemple, dans des amphibolites,
ayant la composition du gabbro, des pseudomorphoses d'augite
en hornblende, de plagioclase en zoïsite. On trouve encore
dans les schistes du second groupe de nombreux cristaux
E. WEINSCUENK 3!29
intacts non altérés mécaniquement et développés dans les
schistes sans déformation des strates» fait qui prouve que ces
minéraux se sont formés dans les roches cristallines, posté-
rieurement à la schistosité. On rencontre encore, dans ces
roches, des cailloux qui sont bien conservés et qui indiquent
leur origine élastique primitive. Enfin, la présence de fossiles,
quoique très rare, démontre d'ailleurs que ces formations
dérivent de couches sédimentaires et (jue, dans tous les cas,
elles n'étaient pas, au début, des roches cristallines.
Les roches que nous appelons schistes cristallins se
trouvent en général dans des régions très disloquées, et
souvent forment le noyau des montagnes plissées par les
actions orogéniques. On a généralisé l'observation du passage
latéral des calcaires, dans un massif plissé, à des calcaires
cristallins ; on en a déduit que, sous laction d'une pression
puissante, il peut se produire des déplacements moléculaires
d'où résultent des roches identiques à celles des zones de
contact des roches éruptives. On a admis que la pression
a pu transformer une roche élastique en une roche cristal-
line et apporter, dans une roche éruptive, des modifications
profondes pouvant masquer complètement ses caractères pri-
mitifs. Comme il ne s'agit ici que de réactions réciproques
des éléments constituants sans variation chimique, on con-
çoit la séparation, en deux groupes, des schistes cristallins,
déduite de la considération de composition chimique.
De môme, les transformations dues au métamorphisme de
contact ne portent pas, en général, sur le caractère chimique
d'une roche : elles ont ceci de commun avec les transforma-
tions dues au dynamométamorphisme.
Enfin, les deux sortes de métamorphisme sont caractérisées
par les mêmes faits, à savoir que la schistosité primitive de
la roche reste intacte et que les couches primitivement dis-
tinctes restent nettement distinctes.
Néanmoins, des différences capitales distinguent les roches
de contact des schistes cristallins : ces diderences s'expliquent
par la tendance qu'a un composé chimique quelconque de
DrendrCy sous des pressions énormes, le plus petit volume
moléculaire possible.
Examinons de plus près quelques exemples.
Les (( gneiss » de la zone centrale des Alpes sont, au point
de vue chimique et géologique, des formations granitiques;
33o Vlll« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
mais ils se distinguent des granités normaux par des diffé-
rences de composition minéralogique et de structure. En
général, le cœur du massif a une structui*e grenue très pro-
noncée, tandis que la zone péripliérique présente les éléments
de la roche alignés, d'où il résulte, s'il y a abondance de la
biotite, des roches schisteuses, dont la schistosité est pai'allèle
aux limites du massif. De nombreux filons d'aplite percent
ces roches, suivant des fentes de direction quelconque dans le
noyau granitique; mais, dans la zone périphérique, ces filons
sont disposés parallèlement à la schistosité, d'où résuite, par
places, un faciès rubanné.
La structure du granité normal est souvent déjà modifiée
au ccrur de sa masse : les micas sont froissés, les feldspaths
brisés , et le ({uarz montre les caractères d'une trituration
interne qui a réduit un même cristal en un agrégat de mor-
ceaux anguleux. Au lieu de la structure porphyroïde, si fré-
quente dans le granité, on rencontre ici la structure œillée,
c'est-à-dire que les grands cristaux de feldspaths, au lieu de
présenter à leurs extrémités des faces cristallographiques.
sont eflllés, ce qui leur donne, en section transvei'sale, la forme
lenticulaire d'un œil. Ce faciès œillé se monti'e nettement
dans la zone périphéricjue. tandis que dans les zones plus
centrales on n'observe de difl^érence, avec le type grenu,
que dans l'alignement possible des paillettes de mica.
A ces modifications de structure se joignent des modifica-
tions minéralogiques. Le granité des Alpes centrales offre de
nombreux minéraux qui n'existent pas dans les autres granités
normaux ou du moins présentent des formes différentes. En
particulier le plagioclase est rempli d'inclusions microlitiques
variées parmi Icîsquelles on peut mentionner l'épidote, la cH-
nozoïsite, le grenat, le mica, la sillimanite ; de même, la
chlorite accompagne la biotite. Ces minéraux abondent dans
les zones schisteuses, principalement dans les régions riches
en mica.
Dans la théorie du dynamométamorphisme, on explique
ces faits de la manière suivante : la roche primitive était
un granité normal de composition minéralogicjue et de struc-
ture typiques. Ce granité était intercalé dans les schistes. Il a
supporté, à de très grandes profondeurs, sous les actions
orogéniques, de très fortes pressions. Ces pressions ont d'abord
brisé le (piarz qui est le minéral le plus cassant de la roche;
j
E. WEINSCHRNK 33l
tandis que les feldspaths, moins fragiles, ont subi un dépla-
cement. Les plus grands cristaux ont glissé facilement en lais-
sant derrière eux un vide qui s'est rempli des débris les plus
menus du minéral ; ainsi se sont formés les cristaux à pointes
effilées qui caractérisent la structure œillée de la roche. En
même temps, les paillettes de mica de la zone périphérique,
où la pression atteint son maximum, ont une tendance à
s'aligner normalement à la direction de cette pression. C'est
ainsi (|ue le granité se transforme en gneiss. Pendant le cours
de ces actions dynamiques les pressions puissantes font subir
à chaque élément une transformation devant aboutir k des
minéraux les plus denses possible. Ainsi, par exemple, un pla-
gioclase basique donnera un plagioclase acide, qui constituera
la masse principale, et des microlites de minéraux plus denses :
clinozoïsite,épidote, etc., (jui formeront des inclusions. La chlorite
est considérée comme résultant d'une altération atmosphérique.
Les roches basiques sont encore plus sensibles à l'action
du dynamométamorphisme que les roches relativement riches
en silice et en alcalis. Ici la structure et la composition miné-
ralogique sont tellement modifiées que la roche primitive
devient méconnaissable. Le plagioclase basique donne de la
saussunte, le pyroxène donne un agrégat de hornblende-oura-
lite; quand il y a de l'olivine, celle-ci se transforme en
hornblende ou en serpentine. Quant à la structure primordiale,
elle devient schisteuse ; c'est ainsi que des gabbros, des diabases
et des porphyrites donnent des amphibolites et des schistes verts.
Dans les roches élastiques ont lieu, sous l'influence des
forces orogéniques, entre les divers éléments constituants réu-
nis dans la roche, des réactions réciproques, toujours avec la
tendance d'aboutir au moindre volume possible. Les nouveaux
minéraux formés sont également ici ceux de plus grande den-
sité ; le chloritoïde, le mica, Tépidote, la zoïsite, le grenat
appartiennent à ces formations secondaires caractéristiques. Ces
réactions se poursuivent autant qu'il reste dans la roche des
él'Jments qui peuvent réagir réciproquement Tun sur l'autre,
c'est-à-dire jusqu'à ce que tous les éléments élastiques soient
transformés en cristaux. La marne, l'argile, le grès peuvent
ainsi donner un micaschiste, un schiste à chloritoïde ou une
autre roche schisteuse et cristalline quelconque.
Si Ton considère séparément les hypothèses nécessaires à
cette interprétation on doit constater, d'abord, qu'une pression
332 Vm" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
qui surpasse la limite de Télasticité d*un minéral conduit
nécessairement à sa trituration ; le broyage mécanique d^une
roche, dans les régions plissées, est donc un phénomène natu-
rel. Il est plus difficile d'interpréter la naissance d'une struc-
ture schisteuse dans une roche compacte. On doit alors admet-
tre que les paillettes de mica, peu résistantes, ont la possibilité
de se déplacer et de se tordre entre les grains non plastiques
de quarz et de feldspath jusqu'à ce qu'elles aient pris une
direction normale à la pression. En ce qui concerne la modi-
fication de composition minéralogique du granité central alpin
il n'est pas bien facile de s'imaginer comment il peut se faire
qu'un cristal de labrador se décompose, sous l'action des
forces dynamiques, de manière à se transformer en un même
cristal d'oligoclase avec inclusions microlitiques de zoîsite,
d'épidote, etc. II n'est possible de supposer ces transforma-
tions que dans une masse liquide ou visqueuse et Ton doit
admettre que la roche, par dynamométamorphisme, est devenue
en partie liquide soit par suite de la haute température
développée par la pi*ession, soit par l'effet même de la pres-
sion ; puis, pendant la disparition lente de cette pression, la
roche a pris la forme sous laquelle elle se présente aujour-
d'hui à nos yeux. Mais la température qui se développe sous
l'influence des efforts orogéniques ne peut pas, vu l'action lente
de ceux-ci, être suffisamment élevée pour déterminer la li(|ué-
faction des roches siliceuses ; d'un autre côté la pression
seule ne peut pas avoir, si considérable soit-elle, une influence
liquéfiante sur les corps qui éprouvent, en passant à l'état
liquide, une augmentation de volume ; et pourtant cette dila-
tation devrait avant tout s'accomplir avec les roches siliceuses.
En ce qui concerne la transformation des roches basiques
en amphibolites et schistes verts, c'est encore un phénomène
très fréquent que la formation de la saussurite aux dépens
du plagioclase, et de l'ouralite aux dépens du pyroxène,
phénomènes simultanés ou séparés l'un de l'autre.
Si, en admettant la théorie du dynamométamorpliisme. on
veut conclure de la présence exclusive de telles roches, à
l'action effective des forces orogéniques, on constate que, dans
beaucoup de cas, on ne trouve pas d'autres traces de ces
actions dynamiques.
De plus, je voudrais faire remarquer, à ceux qui voient
dans l'ouralitisation des pyroxènes un phénomène de para-
E. WEINSCHENK 333
morphose, que cette transformation ne peut être attribuée à
la pression, car la hornblende est moins dense que Taugite,
c'est-à-dire occupe un plus grand volume ; on devrait
s'attendre, au contraire, au phénomène inverse. D'autres
pétrographes lèvent cette dillieulté en considérant la quantité
d'eau que renferment la plupart des hornblendes : la horn-
blende a alors un volume inférieur à celui du pyroxène
augmenté de la quantité correspondante d'eau. Dans la
théorie du dynamométamorphisme on admet que cette eau
d*ouralitisation est empruntée à F humidité des montagnes,
laquelle — d'après la même théorie — facilite la naissance
des nombreux silicates hydratés si caractéristiques des roches
dynamométamorphiques.
Les faits précédents, encore moins que pour la transfor-
mation des roches éruptives, se prêtent à l'explication de la
recristallisation des roches élastiques sous l'influence seule de
la pression.
La base expérimentale de cette théorie repose en première
ligne sur les expériences bien connues de M. Spring, qui
réalisa sous de fortes pressions une série de réactions chi-
miques sur des corps à l'état solide. On doit remarquer que
ces résultats sont mis au premier plan par les représentants
du dynamométamorphisme quoique, si importants pour eux,
ils ne donnent pas un argument à lappui des phénomènes
qu'on suppose dans les roches. Il est vrai qu'on a obtenu
le sulfure de cuivre par cette méthode, en partant du soufre
et du cuivre métallique, mais on sait que toutes les expé-
riences tentées avec les substances qui peuvent se trouver
dans les roches sont restées sans succès. En partant de la syn-
thèse de composés aussi simples que ceux préparés par M. Spring
on n'est pas autorisé à tirer des conclusions sur les réactions
les plus compliquées de la nature, alors que toutes les expé-
riences relativement simples, tentées dans des circonstances ana-
logues à celles de la nature, ont échoué. Bien même qu'un grand
nombre d'observations paraissent prouver, spécialement dans
les Alpes, que l'intensité des plissements et le faciès cristallin
des roches sont dans un rapport direct, on observe, d'un autre
côté, que des roches, qui ne montrent aucune trace d'actions
mécaniques, ont éprouvé pourtant une recristallisation très
avancée.
En particulier, il est à noter que très souvent les miné-
3^4 Vm« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
raux secondaires des roches dont le faciès cristallin est luis
sur le compte des forces orogéniques ne portent pas les traces
d'actions mécaniques. L'hypothèse de M. Rosenhusch que les
minéraux ne peuvent Otre triturés par les mêmes causes que
celles qui déterminent leur formation, ne doit pas être regardée
conmie inébranlable ; il n'y a, du moins, pas de raisons d'ad-
mettre, par exemple, (iu*un grenat formé par le dynamométa-
morphisme ne peut pas être brisé comme un autre cristal du
même minéral, formé dans d'autres conditions.
Si Ton regarde • ainsi la théorie du dynamométamorphisme
dans son ensemble, il n'est pas douteux qu'un grand nombre
de faits montrent, en vérité, dans la nature, des phénomènes
conformes à ceux que cette théorie fait prévoir. Il est vrai, en
outre, qu'aucune des théories anciennes n'a contribué à éclairer
la question des schistes cristallins (en particulier de ceux des
Alpes) comme celle-ci ; mais pourtant il y a encore à faire un
grand nombre d'objections relatives anx phénomènes chimiques
et physiques par lesquels on doit supposer que ces transfor-
mations se sont accomplies : la théorie du dynamométamorphisme
ne paraît pas pouvoir répondre, d'une manière satisfaisante,
à ces objections.
Les idées modernes que M. Rosenhusch a apportées sur la
question des schistes cristallins, et qui ont été si salutaires
au point de vue de la connaissance de ces roches primitives,
pourraient atteindre encore une plus grande importance si
l'on essayait de s'allranchir de l'habitude et de poursuivre
ces idées jusque dans leurs dernières conséquences.
Les terrains primitifs sont ccmstitués par des roches qui
dérivent, partie des roches de consolidation, partie des roches
élastiques. Le soubassement du gneiss est toujours le granité
qui passe, à la partie supérieure, au gneiss sur lequel reposent
des roches dérivées de sédiments, ou qui représentent un
mélange de matériaux granitiques et sédimentaires. On a
riiabitude de regarder les couches plus inférieures comme les
dIus anciennes forniîitions et d'attribuer à ce soubassement
granitique un lien étroit avec la première croûte terrestre.
Et pourtant, de nombreuses observations, surtout dans les
Alpes, impliquent un rapport inverse d'iige. Ainsi, par exemple,
on trouve dans la couverture des schistes qui entourent les
gneiss granitiques des Alpes centrales, de nombreuses apophyst»s.
en liions ou intercalées dans les schistes, qui, par leur al>ou-
B. AVEINSCHENK 335
dance, produisent Tapparence d'une vraie brèche de contact ;
elles percent encore les schistes environnants sur de grandes
distances, même jusqu'à lo kilom. et plus du contact visible.
Ce gneiss granitique se caractérise déjà comme une masse
éniptive indubitable, qui se trouve encore entre ses salbandes
primitives, c'est-à-dire en contact avec les roclies au milieu
desquelles il s'est consolidé.
L'ancienne hypothèse, qui admet que la surface de sépara-
tion du gneiss granitique et des schistes représente une surface
d'abrasion du gneiss, que le noyau granitique a été dénudé
par l'érosion de sa couche de schistes primitifs et que, plus
tard, se sont déposées les roches d'aujourd'hui, est, à beau
coup de points de vue, insoutenable. En tous cas, chaque
massif puissant de la zone centrale alpine ollre un grand
nombre d'arguments en faveur de l'hypothèse ([ue les gneiss
granitiques représentent une roche plus jeune, qui a percé les
I3iémes roches qui les recouvrent aujourd'hui.
En examinant de plus près le faciès des schistes qui for-
:Knent la couverture du noyau granitique, nous trouvons un
passage latéral tout à fait surprenant. Ici les éclogites et les
^mphibolites, qui passent peu à peu aux schistes chloriteux
«l calcaires, couvrent les gneiss granitiques en l'absence presque
«oniplète des micaschistes; ailleui*s, prédominent les roches à
type gneissique, riches en grenat, staurotide, disthène, horn-
blende, etc., qui alternent avec des micaschistes renfermant
ces mêmes minéraux. Ailleurs encore, se montrent des mica-
schistes graphiteux à grenat, épidote, quarz, etc. Enfin, des
pîiyllites très compactes, riches en chloritoïde.
Les roches de la couverture du granité qui se trouvent
dans le Zillerthal et le massif du Saint-Gothard manquent
complètement dans le massif du Gross Vcnediger; tandis que
les formations typiques de ce dernier massif jouent seulement
on rôle secondaire dans les deux premiers.
Dans les « Niedereu Tauern » les phyllites graphiteux à
chloritoïde forment, en l'absence des roches cristallines, le
toit immédiat du gneiss granitique ; de même en d'autres
endroits, par exemple à Sterzing, au pied du Brenner, ou
dans la vallée de Binu, les calcaires et les dolomies pren-
nent une disposition semblable.
Les dislocations géologiques se montrent extrêmement nettes
à la limite des roches intrusives et des roches plus
336 vin" CONGRÈS géologique
anciennes qui forment leur couverture. Ici nous remarquons,
ce qui d'ailleurs n'est pas rare, à la limite des roches intni-
sives, des ondulations et soulèvements considérables et, par
les nombreuses apophyses des matériaux granitiques qui abon-
• dent à proximité, les relations géologiques deviennent encore
plus compliquées. En nous éloignant du contact on observe
une continuelle décroissance de la cristallinité des schistes
enveloppants, tout à lait indépendante de la roche avoisinante,
et il y a passage à des formations phylliteuses dans lesquelles
la structure cristalline n'est pas indiscutable.
Les faits simples cjue nous venons de décrire à propos
des schistes cristallins des Alpes se compliquent par les dis-
locations et autres phénomènes géotectoniques ou par d'autres
faits ([ui rendent, sur le terrain, l'observation diflicile. On
constate, en de nombreuses régions, qu'on ne trouve pas une
seule apophyse de granité dans les schistes environnants, tan-
dis qu'ailleurs, au contraire, les ramifications se développent en
formant des massifs individualisés. C'est ainsi que dans les
niveaux stratigraphiquement élevés on voit réapparaître de
puissantes intercalations de gneiss, etc. On remarque encore
très souvent l'absence des apophyses même là où se trouvent des
massifs intrusifs indubitables, inclus dans leur zone de contact
Si l'on est amené ainsi, par un grand nombre de phéno-
mènes, à admettre que les gneiss des Alpes centrales repré-
sentent des masses intrusives qui se sont consolidées au
milieu des schistes dans lesquels nous les trouvons aujou^
d'hui, alors, d'après toutes les méthodes de la géologie pétro-
graphique, se trouve également bien justifiée cette conclusion
que ces niasses intrusives ont dû exercer une action méta-
morphique sur les roches environnantes.
Même d'après M. Rosenbusch, la structure des roches drna-
mométamorphiques n'est que peu différente de celle des roches
de contact. Cependant je suis porté à voir une diflërence carac-
téristique dans l'absence complète des schistes tachetés dans
la zone alpine, tandis que les schistes k gerbes de hornblende,
aussi caractérisés, ont de nombreux représentants dans les
Alpes. Ces roches ont ceci de commun, avec les roches de
contact, qu'avec l'éloignement des salbandes, elles perdent leur
faciès cristallin ; dans les roches de contact, comme dans
celles de la couverture des schistes alpins, la structure schis-
teuse primitive se conserve très bien dans les roches trans-
E. WBINSCHBNK 537
formées et, malgré l'intense métamorphisme de la roche entière,
pas un échange ne s'est produit de couche en couche. En
outre, la composition chimique primitive reste inaltérée dans
les deux sortes de transformations, à l'exception près, peut-être,
d'une perte d'eau et d'acide carbonique et de l'enrichissement
en tourmaline et autres minéraux analogues qui empruntent
une partie de leurs éléments chimiques aux agents métamor-
phiques de contact. Nous trouvons les mêmes phénomènes
dans la couverture cristalline des Alpes ; des silicates alumi-
neux hydratés naissent de silicates moins hydratés ; de
l'épidote, du grenat, etc., se développent aux dépens des
sédiments calcaires, et la tourmaline est également répandue
d'une façon extraordinaire.
Une différence spécialement caractéristique entre les roches
de la couverture alpine et les roches de contact proprement
dites me semble résider dans la fréquence parmi les premières,
des schistes calcaires micacés où prédominent le quarz et la
calcite à côté du mica. Dans les roches de contact normal,
une telle association de minéraux est impossible ; une com-
position analogue donnera toujours lieu à la formation de la
wollastonite. Mais dans les roches alpines, où domine la ten-
dance au moindre volume, cette transformation, liée à une
augmentation de volume due à la formation d'acide carbo-
nique et de wollastonite, est impossible.
Si l'on examine de plus près la structure des roches de
la couverture on reconnaît souvent, même microscopiquement,
des plissements intenses. On trouve des minéraux isolés en
grands cristaux porphyroïdes et l'on observe que les lamelles
de mica, les aiguilles de tourmaline, etc., ne s'alignent pas
parallèlement à la schistosité de la roche; au .contraire, ces
minéraux se disposent transversalement. Sous le microscope
on découvre une trituration extraordinaire des éléments cons-
tituants comme, par exemple, dans les éclogites du Gross
Venediger, où Ton voit seulement de petits grains laminés
dans les traînées de débris triturés; mais, en d'autres cas,
on ne voit pas trace de déformations mécaniques.
Par contre le microscope nous montre, dans une roche de
la couverture alpine qui dérive de sédiments, que la schis-
tosité primitive, avec tous ses plis, est visiblement marquée
par l'arrangement de quelques minéraux comme le graphite,
les paillettes de mica et de petits grains de quarz ; tandis
'i'4
3.38 VU1« CONGHÈS GÉOLOGIQUE
que les autres minéraux constituants de la roche ne montrent
aucune orientation. Ces premiers se continuent sous forme de
petites inclusions dans tous les minéraux constituants et
prouvent, alors, d'une manière évidente, que les derniers se
sont formés d'abord après la sédimentation de la: roche, et
ti'ès souvent même après que les plissements principaux se
sont accomplis.
On observe aussi dans les schistes graphiteux du Gross
Venediger, qui montrent, même à Tœil nu, des plissements
intenses, de grands cristaux d'ortbose et des tablettes de
biotite, de longues aiguilles de tourmaline, orientées d'une
façon quelconque dans la roche. Les plissements de la roche
se reconnaissent, sous le microscope, à Tarrangement du gra-
phite et cet alignement se poursuit, sans distinction, dans
tous les autres minéraux qui ne montrent aucune trace de
déformation mécanique. Ces faits se retrouvent identique-
ment dans les roches normales de contact et il serait très
difficile de les expliquer par le simple métamorphisme dû à
la dislocation. On doit donc admettre que Tinfluence de cris-
tallisation des actions orogéniques a commencé après que les
plissements étaient accomplis ; les nombreuses aiguilles de
tourmaline, par exemple, se seraient courbées et brisées si, pen-
dant lem' formation, la roche avait subi des dislocations intenses.
Ainsi nous constatons premièrement, que, aussi bien le
granité des Alpes centrales que les schistes environnants, nous
fournissent de nombreux faits qui correspondent parfaitement
avec les relations que nous présentent les roches iutinisives
avec leur zone de contact ; tandis que les diflërences men-
tionnées plus haut dans les deux groupes s'y retrouvent. Ces
dilférences sont, au total, celles qui impliquent comme cause
des pressions puissantes, soit qu'elles se reconnaissent dans
la trituration complète des éléments de la roche, soit que
leur composition minéral ogique montre un caractère diflérenl.
Toutes les associations minérales des roches alpines montrent
comme il a été mentionné déjà plusieurs fois, la tendance de
la roche d'occuper le plus petit volume possible.
Nous avons vu qu'en plusieurs points des Alpes on trouve
des arguments absolus qui prouvent que le noyau granitique
est plus récent que les schistes environnants, d'un âge déter-
minable avec précision seulement dans ceilains cas. Déjà le
faciès si variable des schistes dans les dilTéi^entes régions
E. WEINSCIIENK SSq
alpines prouve ([ue ceux-ci n'appartiennent à aucun hori-
zon géologique bien défini : ils se rattachent à des forma-
tions bien différentes. S*il y a parmi elles des formations
très anciennes il est douteux seulement que leur âge descende
jusqu'au Précambrien. I^s restes de fossiles montrent que ces
formations sont en général plus récentes, et Ton a trouvé
dans les schistes à chloritoïde de Styrie des restes de plantes
carbonifères indubitables ; en de nombreux points de la Suisse
on a trouvé dans les schistes cristallins des fossiles jurassiques.
La composition chimique des systèmes schisteux sert en
outre quelquefois de point de départ pour la détermination
de leur âge. Par exemple, les dépùts puissants des qualités des
Alpes cottiennes, avec leurs intercalations de schistes argileux et
nids de graphite, semblent provenir de grès carbonifères. Les
dolomies et les gypses, avec nombreux minéraux de contact
comme on les trouve en plusieurs endroits de la Suisse, font
penser au Trias. I^s éclogites, les amphibolites et les schistes
verts du Gross Venediger qui rappellent par leur composition
chimique les diabases et les schalsteins, send>lent devoir être rap-
portés à des dépt^ts dévoniens.
Bref, si les granités alpins se sont consolidés au milieu de leur
couverture actuelle de schistes — ce ([u'on peut démontrer d'une
manière absolue pour plusieurs massifs — alors ils sont de forma-
tion relativement jeune parce que les roches schisteuses de
l'enveloppe appartiennent en majeure partie à des formations
géologiques assez récentes. J'ai déjà dit, d'autre part, que l'exis-
tence de massifs aussi puissants que ceux des Alpes centrales
serait impossible sans une transformation des roches environnantes
due au métamorphisme de contact et que la structure cristalline
des sédiments transformés et l'altération très avancée des
roches éruptives plus anciennes (par exemple des diabases),
doivent être mis sur le compte du métamorphisme de contact.
Les minéraux secondaires des sédiments métamorphisés mon-
trent très souvent (ju'ils se sont formés après le plissement
principal, que l'action métamorphique du granité , en tous
cas, ne s'est pas exercée avant la période de plissement.
Ainsi se montrent des relations très intéi*essantes entre le
granité central et le soulèvement des Alpes. Les études pétro-
graphiques et géologi(jues détaillées de tous les parties de» la
question mettent en lumière une relation irréfutable entre ces
plissements montagneux et l'apparition des masses graniti-
340 VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ques. Par la pression exercée pendant les plissements, le
magnia fluide s'est élevé de la profondeur et s'est injecté
entre les couches des diflërents horizons g^éolog^ques, tandis
que des mouvements et dislocations colossales accompagnaient
le phénomène de l'intrusion. La tension n'était pas supprimée
par l'injection du magma liquide et ce magma s'est consolidé
sous la pression des montagnes qui se plissaient encore.
Les caractères que nous oflrent les gneiss granitiques des
Alpes centndcs peuvent s'expliquer plus simplement et sans
difliculté si on les considère comme des propriétés primor-
diales de ces roches éruptives. J'ai désigné, sous le nom
général de piézocristallisation, l'ensemble des phénomènes qui
se sont passés pendant la consolidation du granité central
des Alpes. Au lieu des nombreux agents hypothétiques
qui ont été invoqués dans la théorie du dynamométamor-
phisme, — agents qui ne sont pas susceptibles de contrôle,
— tout s'explique clairement si l'on admet que la solidifica-
tion du granité s'est faite sous une grande pression. Du fait
qu'on rencontre dans les roches éruptives de la biotite et de
la hornblende résorbées il faut déduire que, dans un magma
qui renferme de l'eau, peuvent se séparer, sous une pression
énorme, des minéraux hydratés, qui ne peuvent plus subsister
à la même température sous une pression normale.
Nous devons nous attendre, dans les conditions de la piéïo-
cristallisation, à trouver dans la roche des minéraux consti-
tuants, qui n'existeraient pas primordialement si le magma
s'était normalement consolidé. Ces minéraux peuvent être
hydratés, mais doivent présenter, surtout, la propriété du
moindre volume moléculaire. Ainsi se sont formés l'épidote, la
clinozoïsite, le grenat, la chlorite et les autres minéraux
accessoires du granité alpin central.
La consolidation de la roche a commencé avec la sépa-
ration des éléments noirs (biotite et hornblende). Le mica
s'est formé d'abord dans la masse liquide. A ce moment, les
pressions orogéniques ont agi sur la zone périphérique du
magma en orientant ce minéral normalement à la pression. Au
sein de la masse visqueuse, cette faculté d'orientation a été
remplacée par une tension intériem^e dirigée dans tous les sens.
Ainsi s'explique la zone périphérique schisteuse qui passe
à un noyau granitique. Quand il s'est tormé de gi*ands cris-
taux de fcldspaths , les paillettes de luica se sont disposées
E. WEINSCHBNK 34l
autour de lui, ont empêché sa croissance, et Tont contraint
à prendre la forme œillée. A un état plus avancé de la con-
solidation le magna était transformé en un squelette solide dont
les espaces interstitiels étaient remplis par le résidu liquide.
Les efforts orogéniques ont amené aussi Técrasenient de ce
squelette cristallin ; les foldspaths se sont brisés, les micas se
sont tordus. Dans les parties où commençait la cristallisation
du dernier élément, le quarz. celui-ci a été influencé dans
son développement par ces pressions énormes. C'est ainsi
que les cristaux de quarz ont quelquefois donné une série de
prismes non parallèles et même la trituration des éléments
composants de la roche ne doit pas être regardée, dans tous
les cas, comme une influence des pressions postérieures à sa
consolidation.
Pendant ce temps les minéralisateurs à haute température
se sont infiltrés dans les sédiments, déjà fortement plissés et
disloqués, et ont commencé, sous Finfluence de la pression
élevée, leur action métamorphique. Cette action diflere du
métamorphisme de contact normal par la tendance de la
i*oche à prendre le plus petit volume possible : les roches de
contact piézométamorphiques contiennent toujours, de deux
ruinéraux dimorphes, celui qui a la plus grande densité. Ces
associations minérales montrent un volume extraordinairement
x^duit.
Ainsi, on peut expliquer d'une manière très simple par la
jDiézocristallisation les nombreux caractères des roches des
-Alpes centrales.
Au lieu des phénomènes sans contrôle, que la théorie du
^ynamométamorphisme est obligée d'invoquer, nous supposons
^'autres phénomènes dont Finfluence importante a été observée
^zîlairement en de nombreux gisements, tandis qu'ailleurs, dans
Xe cas de la piézocristallisation, leur action a été modifiée par
X'action des forces orogéniques.
Et Ton voit, enfin, que les roches qui ont été regardées, au début,
^:;onime les plus anciennes, se montrent comme des formations qui
^^^montent à des époques plus récentes.
342
ESSAI DE NOMENCLATURE
DES ROCHES MÉTAMORPHIQUES DE CONTACT
par M. WUhelm SALOION
Les modifications produites par les roches de profondeur,
sur les terrains encaissants, suivant leur contact, sont intenses
et universellement reconnues. Les noms qui ont été attribués
aux roches ainsi modifiées sont vagues, peu précis, et arbi-
traires : Knotenglimmei'schiefer, Kalksilicatfels, Grauwacken-
hornfels, etc.
Les roches métamorphiques de contact n'ont pas, il est
vrai, d'existence indépendante, ne correspondant qu'à des
modifications locales d'autres roches préexistantes. Cependant
elles présentent de remarquables caractères de généralité dans
les points du globe les plus éloignés, et méritent ainsi d'être
classées, au même titre que les gneiss et autres roches
schisto-cristallines.
Les noms généralement appliqués jusqu'à ce jour aux
roches de contact sont arbitraires, n'étant établis d'après
aucun principe fixe. Ainsi, les Kalksilicatfels et analogues,
sont définis d'après leur composition cbimique ; les Andalu-
sitglimmerfels et analogues, d'après leur composition minéra-
logique. Le nom à'Hornfels, limité, à l'origine, à des roches
compactes, cornées à l'œil nu, et dépourvues de schistosité.
a été depuis étendu à nombre d'autres, à gros grains, schis-
teuses.
Divers principes de classification se trouvent, par le fait,
avoir été déjà proposés, mais aucun n'a provoqué de tentative
de généralisation, aucun n'a fourni matière à une nomenclature
uniforme.
Depuis la définition de Fournet, du métamorphisme exo-
morphe, tous les travaux faits dans les divers pays sont
arrivés à ce résultat concordant, que les roches métamorphiques
de contact dessinent des auréoles concentriques autour des
massifs intrusifs. Partout les auréoles externes sont moins
profondément métamorphisées que les zones internes : 1^
exemples c-hissiques abondent, et il serait superflu de le?
rai>peler. Ou peut donc distinguer pour les roches de contact
WILHELM SALOMON 343
exomorphe, deux auréoles principales : Vune interne, où les
roches sont complètement recristaliisées. Vautre externe, où
les roches, peu modifiées, laissent aisément reconnaître leurs
caractères initiaux. Entre ces deux termes extrêmes, il y a
naturellement tous les passages.
La répartition des roches de contact entre ces deux auréoles,
externe et interne, nous fournira une première base de clas-
sification naturelle : nous traiterons successivement des roches
métamorphiques de ces deux groupes.
Roches de contact de la zone externe. — Elles sont
caractérisées d'une manière générale parce qu'elles permettent
de reconnaître la nature de la roche initiale qui a été modifiée.
Jusqu'ici, ces roches ont été désignées par leur nom initial,
accompagné d'une épithète caractéristique, comme Knotenthon-
schiefer, Dipyrkalkstein, Chiastolithschiefer, etc. Ces noms
sont actuellement trop répandus pour qu on puisse songer à les
supprimer ; ils présentent cependant cet inconvénient grave,
qu'il y a des roches analogues en dehors des contacts, et qu'il
est mauvais de désigner par un même nom des roches
d'origines diverses. Pour échapper à cet inconvénient, je propose
de faire précéder du mot contact les noms de toutes les
roches métamorphiques de contact dé la zone externe, où la
roche initiale est reconnaissable, et peu modifiée par Faction
de contact. Je dirai donc Contactsandstein (grès modifiés par
contact), pour désigner un grès de la zone externe, peu modifié
par contact, et présentant encore les caractères typiques des
grès. Je considérerai les Knotenthonschlefer et les Knotenglim-
mersckiefer comme des variétés des Contact thonschiefer (schistes
argileux modifiés par contact); j'appellerai Contactphyllit une
roche présentant encore nettement l'aspect des phyllades, et
Andalasitcontactphyllit un phyllade métamorphisé contenant
de Tandalousite.
Roches de contact de la zone interne. — Ces roches
sont assez unanimement désignées sous le nom à'Hornfels, Je
propose de conserver ce nom pour les roches de contact,
complètement recristallisées, de Tauréole interne, quand elles
sont cornées, et indépendamment de la grosseur du grain, et
de dire Schiefrige Hornjelse, quand elles sont schisteuses ;
ou dans les langues latines, pour arriver à une terminologie
internationale Cornubianite (Homfels), et Lept^nolithe (Schie-
frige Homfels).
344 ^"* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Le premier principe et le plus important, sur lequel sera
basée une classification systématique de ces roches, est fourni
par la considération de la nature originelle de la ix)che
métamorphisée.
C'est d'après ce principe, qu'on appelle couramment Grau-
wackenhornfelse , Thonschieferhornfelse^ des Hornfels, formés
aux dépens de grauwackes, de schistes argileux.
Nous proposerons, dans cet ordre d'idées, et pour arriver
à une expression univoque, cette convention, de toujours
placer le nom de la roche métamorphisée aimnt le mot
Hornfels : on dirait par exemple Gneisshornfels et non Hornfels
gneiss, pour un Hornfels qui serait formé aux dépens d'un Gneiss.
Ce premier principe n'est pas suflisant pour arriver à une
classification complète : divers phyllades, par exemple, donnent
des Hornfels très différents par leur composition minéralogique
et leur structure, et il importe de les distinguer, dans un bon
système.
D'ailleurs, on a déjà à plusieurs reprises distingué divers
Hornfels suivant leur composition chimique ; et celle-ci vient
ainsi nous fournir un second principe de classification. On a
distingué en effet, d'après leur composition, les Kalksilicat horn-
fels (cornubianites calcaires) et les KalksiUcatarmenhornfelse
(cornubianites pauvres en calcaire). On pourrait aller plus
loin dans cette voie, et distinguer des Magnesia-Thonerde-
Silicathornfelse pour les Hornfels riches en cordiérite, biotite,
spinelle : comme aussi parmi les Kalksilicathornfelse, celles
assez communes, qui contiennent de Talumine, et celles plus
rares, qui en sont dépourvues. Mais entre ces variétés, il y a
tous les passages, et il n'y a pas de types chimiquement purs,
définissables par un mot.
Un dernier principe, plus compréhensif et plus pratique,
pour la classification des Hornfels, est fourni par leur
composition minéralogique : elle donne la base la plus géné-
rale et la plus usitée, celle qui parait s'imposer pour l'avenir.
D'après ce principe il est facile de fixer le nom des
Hornfels, composés d'une ou deux espèces minérales essen-
tielles : on dira ainsi quariz-bioti te- Hornfels ( Cornubianite
quaraeuse et biotitique). ou Schiefriger'Andalusit'Biotit'HornfeU
(Leptynolithe andalousitique et biotitique) sans qu'il y ait lieu
de définir autrement, ou d'expliquer ces appellations. Mais il
devient plus dillicile d'arrêter le nom des Hornfels, composés
WILHBLM SALOMON 34^
de trois, quatre ou un plus grand nombre d'espèces minérales,
en proportions sensiblement égales.
Souvent dans ce cas, on a désigné ces Hornfels par le
nom d'une des espèces composantes, choisie arbitrairement,
tantôt à cause de son abondance ou de sa rareté, tantôt à
cause de l'intérêt spécial qu'elle présentait pour l'auteur. Ainsi
le terme Andalusithornfels a été employé indirteremment pour
des Hornfels à proportions égales d'andalousite , quarz et
biotite, et pour des Hornfels où Tandalousite est beaucoup
plus rare que les autres éléments. On pourrait en dire
autant des Cordierithornfels, et de nombre d'autres hornfels.
Je propose, pour arriver à une terminologie univoque, de
rompre avec cet usage, et d'appeler n.. hornfels, en asso-
ciant le mot Hornfels à celui de l'espèce minérale n...., les
seuls hornfels dont cette espèce est l'élément essentiel.
Quant aux autres hornfels, comprenant trois ou plus miné-
raux composants essentiels, et qui constituent des masses
importantes, je propose de leur attribuer des noms nouveaux.
Et pour ne pas innover inutilement, j'assigne à ces Hornfels,
les noms des roches schisto-cristallines normales, qui présentent
la même composition minéralogique, en faisant précéder ces
noms du mot Hornfels, pour les distinguer.
On dira ainsi Hornfels gneiss (cornubianite gneissique) pour
désigner un hornfels formé de quarz, mica, feldspath ; et
Hornfels- Cordieritgneiss (cornubianite gneissique à cordiérite)
pour un hornfels formé de cordiérite, quarz, mica, feldspath
en proportions à peu près égales. Et parmi ces roches, on en
distinguera de schisteuses et de non schisteuses.
On m'objectera peut-être que les roches à quarz, mica,
feldspath, appelées par moi Hornfels gneiss, ne sont pas de
Qrais gneiss, et qu'on ne peut leur donner ce nom. Mais,
qu'est-ce qu'un vrai gneiss ? Et n'est-il pas certain que parmi
les gneiss réputés vrais, on comprend des roches sédimen-
taires transformées par le soi-disant métamorphisme régional, et
par dynamométamorphisme ? Alors, pourquoi exclure les roches
de même composition minéralogique, produites sous l'influence
du métamorphisme de contact ? D'ailleurs, l'association au
mot Hornfels conserve la trace de leur mode d'origine spécial.
Dans ce système, je proposerai comme exemples, les noms
suivants, correspondant aux Hornfels de compositions minéra-
logiques les plus répandues :
346 "V^ni® CONGRÈS GÉOLOGIQUB
Homfels formés de quai*z et mica (Ramberg) : Quarz-
glimmerhornfels, quand ils nj sont pas schisteux ; Homfels-
glimmerschiefer, quand ils sont schisteux.
Homfels formés de quarz et feldspath (Adamello) : Quarz-
Feldspath- Homfels, ou Homfels-Leptynity qui peuvent être
schisteux ou non.
Homfels formés de quarz, feldspath, mica (Monte- A viole) :
H OFufels gneiss schisteux ou non.
Homfels formés de mica et feldspath (Val Finale, près
Edoio) : Glimmer- Feldspath- Homfels schisteux, ou non schis-
teux. Mais ce nom est trop long, et de plus il arrive souvent
qu'à cette combinaison minérale, vient s'ajouter, à titre de
troisième élément, Tandalousite ou la cordiérite. Aussi m'a-t-il
paru avantageux, pour généraliser, de désigner ces Homfels
par le nom local à'Edolite, et de les appeler Horrifels-EdoUte,
HomfelS'A ndalusit-Edolite, Homfels-CordieritEdolite, etc.
Hornfels formés de mica et d'andalousite (Torrente-Maso,
Cima d'Asta) : Andalusit glimmer homfels. Je les désigne pour
les mêmes raisons que précédemment, sous le nom spécial
à'Astite, et les appelle Hornfels- A s tite, etc.
Hornfels formés de mica et cordiérite (Monte Aviolo) :
Cordieritglimmerhomfels, et, comme dans les cas précités.
Aviolite, et Hornfels- AvioUte.
Hornfels formés d'andalousite, quarz, mica (Cima d'Asta.
Bono en Sardaigne, Vosges). J'appelle les variétés schisteuses
Homfels- Andalusit- Glimmer se hie fer, ou Se hiefriger- Hornfels-
Quarz-Astite ; et celles qui ne sont pas schisteuses, Hornfels-
QuarzAstite.
Homfels formés de cordiérite, quarz, mica (groupe de
r Adamello). Quand ils ne sont pas schisteux : Hornfels-
Quarz-AiHolite ; quand ils sont schisteux : Homfelscordierit-
glimmerschiefer.
Hornfels formés de cordiérite, feldspath (Seeben, près
Klausen). Le nom de Cordierit- Feldspath- Hornfels n'est pas
souvent applicable, en raison de la fréquence de minéraux
étrangers associés, conmie éléments essentiels, et je le l'emplace
par celui de Hornfels- Seehenite .
Hornfels formés de quarz, feldspath, amphibole (groupt*
de l'Adamello) : Homfels- A mphibol gneiss .
%1
COMPARAISON DU PORTLANDIEN DE RUSSIE
AVEC CELUI DU BOULONNAIS
par M. A. P. PAVLOW
L'examen des coupes classiques du Jurassique de Boulogne
que j'ai fait il y a deux ans, avec le savant et amical con-
cours de MM. Ed. Pellat et Munier-Chalmas, ainsi que les
études réitérées des belles coupes de Gorodische sur la Volga,
m'ont permis de constater la môme succession des zones d'am-
monites dans les deux contrées.
Sur la Volga, le Portlandien recouvre le Kiméridgien à
Hoplites eudoxus, pseudomutabilis, Exogyra virgula et débute
par une assise argileuse (8™) dans la partie inférieure de laquelle
(2°») on trouve des restes très mal conservés d'une grande ammo-
nite, à tours larges, se rapportant probablement au groupe de
portlandicus ; dans la partie moyenne (4") se trouvent plusieurs
variétés de Perisph. Bleicheri et vers le haut commencent à
apparaître les représentants de Virg. Qnenstedti Rouil. et pec-
tinatiis Phil. qui se retrouvent, aussi, dans la partie supérieure.
Cette partie supérieure (a"") m'a fourni, avec plusieurs formes qui
ne sont pas encore nomr. ées, plusieurs ammonites, communes
à la zone des nodules phosphatés de la Tour Croï, près Bou-
logne, Virg. Pallasi d'Orb. (non Mich), et au Kimmeridge
Clay du Wiltshire.
Cette zone est représentée à Moscou par la couche infé-
rieure des phosphates à Virgatites Pallasi, Pavlowi, Quenstedti,
etc., reposant immédiatement sur des couches à Cardioceras
aller nans.
Les deux zones suivantes du Portlandien de la Volga sont
déjà bien connues, ce sont : Z. à Virg, virgalus, sosia et autres
Virgatites typiques et Z. à Perisph. giganieus, Sow., tripUcatus
Bl. et Nikitini Mikh.
La succession des zones d'Ammonites dans le Portlandien
de Boulogne est la môme. Ce sont de bas en haut : i) Z. à
Sleph. portlandiciim, Z. à Per, Bleicheri; 2) Z. à Virg, Pallasi
(Rognons phosphatés de la Tour Croï avec Am, Pallasi, Boi-
dini, Douvillei, pectinatas, etc.) : 3) zone à Virgatites typiques
(sosia, apertus, etc.), représentée par les marnes et calcaires gris
348
V
fl
,.,. n -.-hisleusi Hon.um
tçuvenl <*>. - •
à Astarte Saemannt); 4) Z. à Pi^v
Dans cette dernière zone j'ai hi
échantillon de Periaph. Nikitini.
aux couches russes et françaisi
non décvites encore ; ce n'est (-[uVn ri>iii]mi;Li
que l'on peut s'en assurer.
A la lumière des faits qui viennent d'être i
voir que l'étage volgien inférieur des géologues in^--
partie du Porllandien. Entre cet étage et le Néocoi
rieur se trouve, en Russie, IVtage aquilonicn. renier
faune marine particulière: seulement dans la zone :
de cet étage {Z. à Hopl. Riasanensix) apparaiss^'nt
Hoplites du type tithonique au milieu de la faune friinc
boréale. S'il faut, suivant la déeisiun du présent Ciingrè
ner un nom géographique à cet clage, on pourrait le n
étage Khorochovien, parce que Khorochovo. prës de M
est l'endroit le plus typique pour cet étage : les fossill
Khorochovo se trouvent dans tous les musées et l'étaJ
question y est complet et riche en fossiles, dans presque
les zones.
J'ajouterai à cette communication que certaines vari
Per. Ulmensis du u Plattenkalk » allemand et le Per
byanus Font, du Kiméridgien supérieur de Crussoi se
guent diilicilement de certaines variétés de Per. Bleicht
Portlandicn inférieur du Boulonnais. Les jeunes
cette espèce ne sont pas rares dans les schistes à /.
latissima du Yorkshire.
Mqi1
34»
slques moyens qui pourraient contribuer
^ l'élaboration de la classification
génétique les fossiles
par M. A. P. PAVLOW
wé le grand épanouissement que les idées évolution-
iit pris vers la fin du XIX® siècle et malgré le rôle
jouent dans nos recherches zoologiques et paléonto-
y la classification des organismes vivants et fossiles
ii\|oiirs fidèle aux termes taxonomiques qui ont pris
e à une autre époque du développement de la science,
iflaence d'idées toutes diflérentes. On peut dire que
\ genre et espèce employés dans le sens primitif de
présentent dans certains cas un anachronisme, com-
à celui que présente l'emploi de Tancien mot Dilu-
K>ur désigner des dépôts, qui n ont rien à faire avec
;c. Nous rencontrons ces cas en étudiant les groupes
les plus riches en formes, tels par exemple que les
tes, les bélemnites, les mammifères et c'est principale-
ans ces groupes que je prendrai des exemples pour
les idées qui viennent d'être exposées,
it que la théorie de l'évolution eut commencé à jouer
dans notre science, la classification des ammonites, la
lion de leurs formes, en genres et espèces, présentait
\ difficultés considérables. Ainsi, par exemple, Quenstedt
roir indiqué le sens du mot espèce, ajoutait : « On peut
que les individus du même âge ne sont pas absolu-
mblables (gieich), mais qu'ils ne sont que ressemblants
h). (Test pourquoi nous devons remplacer (dans la for-
diqnant Tentendement de l'espèce) le mot semblable par
ressemblant, mais ainsi on ouvre un champ très vaste
! arbitre, selon qu'on considère la ressemblance dans un
^, ou restreint ».
les savants connaissent les excellentes études que
ly et ensuite Pictet ont publiées pour mettre un peu
dans les subdivisions du vaste groupe d'ammonites. On
ilement que, de 18G0 à 1870, une nouvelle direction
tude et la classification des ammonites a été tracée
rechercbes de MM. Suess, Waagen, Zittel, Mojsisovics
layr. On sait que plusieurs lignes génétiques ou bran-
3ôo viu^ Congrès géologique
•
ches du développement ont été reconnues dans des familles
dillerentes et qu'on a essayé d'établir les subdivisions en
genres sur d'autres principes que ceux qui avaient guidé de
Buch, Quenstedt et d'Orbigny.
Mais malgré tous ces e (Forts, l'élaboration de la classifi-
cation génétique des êtres que la paléontologie doit se proposer
d'établir tôt ou tard, progresse très lentement. Notre science
demeure toujours dans une époque de transition, où l'on se sert
de vieux termes taxonomiques comme genre, famille, sous-
ordre, etc., c'est à-dire de subdivisions artificielles, embrassant
ordinairement des formes hétérogènes, pour établir une classi-
fication qui doit reconnaître et exprimer la valeur des rapports
génétiques des formes, au moins dans la même mesure que
la ressemblance souvent accidentelle des caractères morpholo-
giques. Des tentatives ont été faites pour refondre les anciens
termes taxonomiques et y introduire l'élément génétique, en
s'efTorçant de couvrir l'un par l'autre ; mais il est évident
qu'elles ne peuvent donner rapidement de résultats positifs par
suite des diilicultés que présente la définition des rapports
génétiques des formes. Pour ces motifs, il serait peut-être plus
rationnel de conserver pour ces tevmes une valeur essentielle-
ment morphologique, en comprenant, par exemple, sous le
nom Genre, la réunion des formes qui se ressemblent morpho-
logiquement, sans approfondir si cette ressemblance est due à
une proche parenté, ou si elle est le résultat d'une élaboration
parallèle des mêmes caractères morphologiques, dans des
groupes différents, plus ou moins éloignés par leur origine.
Parallèlement à ces termes morphologiques il serait utile
d'employer d'autres termes qui rendraient mieux les rapports géné-
tiques des formes, sans beaucoup s'occuper de ce que ces termes,
ne correspondent pas. toujours par leur étendue, avec les termes
morphologiques usuels. On pourrait, par exemple, appeler Série
génétique ou simplement Série (Formenreihe) un certain nomhre
de formes qui proviennent Tune de l'autre ou bien désigner comme
Rameau génétiijue (Formenzweig) l'ensemble des formes présen-
tant plusieurs séries rapprochées, mais plus ou moins divergentes.
Les limites du Genre morphologique et de la Série ou du
Rameau génétique peuvent dans certains cas coïncider, mais
cette coïncidence accidentelle ne doit pas nous engager à
établir des rapports directs entre les classifications morpholo-
gique et génétique. L'une et l'autre doivent avoir leurs termes
A. P. PAVLOW 35l
taxonoroiques propres. Ainsi au lieu d'employer, comme cela
a été proposé par Neumayr. le terme Genre pour désigner les
formes se succédant Tune Tautre, dans une même direction
de modifications, il serait préférable de se servir, pour ce
cas, du terme Série génétique. On se servirait du terme
File génétique ou Ligne génétique (Stammfolge) pour désigner la
succession de plusieurs séries formant une chaîne continue
de formes, dont la diversité totale dépasse ce que nous sommes
habitués à considérer comme un genre. On pourrait enfin
se servir du mot Tronc (Stamm, Truncus) pour désigner une
succession plus continue encore de formes, montrant dans son
ensemble une série polymorphe de modifications consécutives.
Si nous avons, comme cela arrive le plus souvent, plusieurs
séries divergentes qui aboutissent à des formes très dilïérentes
par leurs caractères et qui ne peuvent pas, au point de vue
morphologique, être réunies dans un seul et même genre, nous
pouvons désigner cette disposition sous le nom de branche
fîlétique (Stammzweig). Dans certains cas les lignes (ilétiqucs
et les branches de la classification génétique coïncideront avec
les familles, les sous-ordres et même les ordres de la classifi-
cation morphologique, mais il n'en sera pas toujours ainsi.
Si nous avons aHaire à des formes intimement reliées entre
elles dans les différentes directions et si l'ignorance de leur
succession chronologique ne nous permet pas de définir leurs
véritables rapports gtuiétiques, nous pouvons désigner un tel
groupe de formes par le terme Génération (Generatio, yevéa,
Sippschaft). La Génération se distinguerait du Genre : i) pai'
l'absence totale d'espèces se ressemblant par la forme, mais
hétérogènes, et a) par le fait que nous pouvons y grouper des
formes plus diverses, que nous ne le pouvions dans un genre ;
mais la parenté étroite de toutes ces formes doit être certaine.
Pour les subdivisions plus détaillées, on peut se servir sans
inconvénients des mots espèce et variété dans les deux classi-
fications, d'autant plus qu'ordinairement il est très difficile de
savoir si nous avons affaire aux variétés contemporaines ou
bien aux mutations successives.
Passant aux moyens pouvant nous guider dans la défini-
tion des liens génétiques entre les différents groupes, je vou-
drais prémunir contre les erreurs qui peuvent être facilement
commises sur la voie ouverte par Wûrtemberger et poursuivie
par plusieurs paléontologues. Ces savants pensent que nous avons
552 VUl' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
dans les jeunes âges de tel ou tel fossile, par exemple dans les
tours internes d'une ammonite, des indications sur les caractères
de leurs ancêtres. D'après mes observations sur les différents
groupes d'ammonites, les caractères ancestraux affectent, non fias
les tours internes de la coquille, mais les tours externes, qui
caractérisent l'époque de la dégénérescence, celle qui succède à
la période de maturité. I^s jeunes tours, dans un grand nombre
de cas que j'ai étudiés, montrent, de leur cAté, les caractères de
formes plus récentes ; en d'autres termes, ils n'indiquent pas les
caractères des aïeux, mais prédisent les caractères de la postérité.
Ainsi, par exemple, les tours internes de Kepplerites du Callovion
inférieur, annoncent les caractères des descendants de ce genre
(Cosmoceras du groupe Jason); ce n'est donc pas là une phase
atavique mais une phase prophétique. Les Cardioceras de la
série cordatus-alternans présentent un autre exemple, ainsi que
plusieurs formes de la génération des Simbirskites.
Les mêmes observations peuvent être faites sur d'autres grou-
pes. Ainsi sur les belemnites, par exemple, kirghisensis, RouH-
leri, russiensis. ou bien spicularis, Oweni, absoluius ; ainsi que
sur certains gastéropodes, par exemple, les Turritelles et sur les
mammifères tels que les représentants du tronc génétique des
Equidae, chez lesquels les dents de lait sont toujours plus compli-
quées que les prémolaires qui les remplacent, et qui prédisent les
caractères de la dentition permanente de la forme plus récente.
Ce phénomène a été déjà depuis longtemps indiqué par divers
auteurs, mais il n'a pas encore attiré toute l'attention qu'il mérite.
Sous rinHuence dominante de l'idée du parallélisme entre le déve-
loppement ontogéni(jue et phylogénique, nous sommes souvent
portés à chercher les caractères des ancêtres dans les dents de
lait, tout comme nous les cherchons dans les tours internes des
ammonites. Mais (inalement, sous l'influence décisive des faits, on
sera contraint de limiter la sphère des phénomènes interprétés
par cette théorie. On devra reconnaître (jue plusieurs organismes,
après avoir passé les phases (unbryonnaires montrant souvent des
caractères ancestraux traversent encore et avant d'enti'er à l'état
de maturité une phase qui peut être appelée prophétique, phase
attestant la précession des caractères morphologiques de la sou-
che. La connaissance de cette phase et l'étude de cet intéressant
phénomène peut avoir une grande importance dans les recher-
ches sur la successicm des foi*mcs organicjues sur la terre.
353
DES MÉTHODES PRÉCISES MISES ACTUELLEMENT
EN ŒUVRE DANS L'ÉTUDE DES VERTÉBRÉS
FOSSILES DES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE
par M. Henry Falrfleld OSBORN
Planches I-II
La paléontologie des Vertébrés a traversé en Amérique une
première phase, dont les pionniers furent Leidy, Cope, et
Marsh. Aujourd'hui, que les Montagnes Rocheuses ont été explo-
rées dans toute leur étendue, il est rare d*y découvrir de nou-
veaux gisements, ou même d'y trouver de nouveaux genres ou
de nouvelles espèces. La paléontologie des Vertébrés est ainsi
entrée chez nous, dans une phase nouvelle, moins brillante
dans ses résultats, mais plus précise.
L'étude exige de nos jours plus de soin et plus d'efforts,
mais les résultats sont plus complets, plus précis, et permet-
tent d'arriver parfois à la notion complète des formes dispa-
rues. Nous pouvons ainsi élucider des confusions de la nomen-
clature, et arriver à une conception plus juste et plus complète
de la succession de la vie à la surface de notre continent.
On a d'abord perfectionné les méthodes de recherche, en
les étendant à des régions nouvelles ; on a ensuite apporté
plus de précision et de soin dans la récolte, depuis le moment
de la découverte des fossiles jusqu'à celui du classement dans
le musée. Deux principes ont constamment guidé notre tra-
vail de recherches.
Le premier consiste à apporter la plus grande attention à
la récolte et à la préparation des fossiles : c'est la partie maté-
rielle, qui a été perfectionnée, suivant des procédés améri-
cains.
Le second, plus scientifique, réside dans la précaution indis-
pensable, chaque fois qu'on trouve un fossile, de relever toutes
les relations géographiques, géologiques et biologiques de son
gisement. Il n'est nullement indifférent qu'un fossile se trouve
quelques pieds plus haut ou plus bas dans un gisement déter-
miné, et il est capital de noter la position exacte dans laquelle
les diverses parties d'un animal ont été trouvées.
On peut aflirmer que la principale cause des erreurs com-
-M.
354 ^11^' CONGKKS GÉOLOGIQUE
mises dans cette branche de la paléontologie réside dans Toubii
de ces principes et dans la négligence apportée aux méthodes de
récolte des fossiles. Les établissements qui ont le plus contribué
à perfectionner ces méthodes sont l'American Muséum of Nalu-
ral History et le Princeton Muséum. Les homme» qui ont rendu
le plus de services dans cette voie sont les explorateurs bieu
connus MM. Hatcher et Wortman, et leurs élèves. Les princi-
paux progrès dans le montage pour les musées, sont dus ù
M. Hermann, de l'American Muséum,
11 nous semble opportun pour tous ces motifs de donner au
Congrès un aperçu des méthodes que nous employons vu
Amérique pour récoller et conserver nos Vertébrés fossiles,
bien que quelques-unes d'entre elles soient déjà familièi^es à
nos conlrères d'Europe.
L — Méthodes emploj'ées sur le terrain
(i) Tout débris de Vertébré reçoit, quand on le découvre,
un numéro provisoire, ou parfois, quand cela se peut, un
numéro définitif, qui sera son numéro de musée: il porte eu
outre le nom de celui qui Ta trouvé et la date de l'embal-
lage, nombres qui sont reportés sur le journal de route.
(2) On note successivement (a) la localité, (b) le niveau sti*a-
tigraphique, (c) le caractère lithologique de la roche encaissante.
(3) On prend la photographie, ou des séries de photogiA-
p'iies, des débris en place.
II. — Méthodes d'emballage
Autant (jue faire se peut, on enlève sur le terrain les
squelettes avec la roche encaissante, et on expédie le tout au
musée, en un ou plusieui^s blocs.
Pour arriver k ce but, on met au jour, dans le gisenieul
même, une partie de la surface des os, et on les passe, à
diverses reprises, à la gélatine. On colle ensuite sur les sur-
faces ainsi dégagées un papier ou une lîne mousseline. Puis
on les recouvre de lambeaux de toiles plus ou moins g^o^-
sières, trempées dans du plâtre, qui consolide le tout Ou
noie ensuite graduelhunent dans des lambeaux plâtrés analo-
gues les côtés et la face inférieure des blocs que l'on dégagi'
leutemeiit. Quand le bloc est culin isolé et consolidé, on
l'entoure de lattes de» bois et de coi'dages. On arrive ainsi à
J
H. F. ObUOliN '355
einballer en caisses et à transporter, sans avarie, des blocs
(le pieiTC friable, pesant de i5oo à 2000 livres. Cette méthode
est précieuse pour les ossements friables, ou ceux qui sont
très fracturés dans les jçisenients d'argiles fendillées. On a pu
ainsi conserver et transporter des s<^ries de grandes vertèbres
de Dinosauriens, fendillées en tous sens.
On prend soin en outre de recueillir et de conserver tous
les débris errants qu'on trouve épars autour du gisement.
Worlman. en 1891, en lavant et criblant méthodiquement les
déblais d'un gisement, est arrivé k reconstituer la dentition
complète du Palaeonictls occident ails.
Grâce à ces précautions, 4^,ot)0 livres de Dinosauriens ont
été transportés en 1898, du AVyoming à New- York, sans
qu'un seul fragment fût avarié ou perdu en route. Il nous
sutlira de rappeler le squelette du Diplodocus, qui se trouve
monté dans « l'American Muséum », pour faire voir l'impor-
tance qu'il y a pour le naturaliste, à réunir toutes les parties
du squelette et toutes les dents éparses.
III. — Méthode de classement dans le musée.
Le premier soin dans notre musée est de remplacer le n" des
échantillons qui arriven-t. par un n" de collection, ([ui sera défi-
nitif. Ce numéro du nmsée est reporté sur chaque fragment du
tossile. pour éviter autant que possible les mélanges ou confu-
sions. Les types sont mis en relief par un diamant. Tous les
échantillons sont dans des casiers rangés dans des vitrines, et
leurs dimensions sont ordonnées de telle façon qu'on puisse
toujours les déplacer et les classer dans les vitrines. Leur ordre
est tel qu'on peut de suite mettre la main sur l'échantillon
cherché, parmi les 10.000 échantillons de vertébrés que con-
tient le musée. Le catalogue est fait sur fiches, et on travaille
à un catalogue à double entrée, l'un classé géologiquement,
l'autre zoologiquement.
IV. — Méthodes de préparation.
A. Nettoyage : L'enduit de plAtras et de tissus qui recouvre
les fossiles, à l'arriv/'e, s'enlève très facilement, (juand on
mouille la masse, grâce à la couche de papier ou de mous-
seline qui isole le fossile. Si les blocs contenant les fossiles
sont fendus, on les reolle s>>lid(»nient, de favon à ce que le
fossile, quand on le dégagera, soit encastré dans une masse
356 Vlll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
solide. Les fossiles sont dégagés à coups de ciseau, de
burin, d'aiguilles, et au moyen du tour de dentiste. Quand
les fossiles sont petits et la roche très dure, on emploie avec
succès le tour électrique des dentistes, actionné par une
dynamo : c'est ainsi qu'on a pu dégager les fossiles dans la
roche concrétionuée si dure de Puerco.
B. Montage : Dans le système de montage adopté, toutes
les pièces sont toujours démontables^ ou au moins accessibles
à Tétude. Quand une pièce osseuse est restaurée ou raccommodée
par du plâtre teinté, la limite de la portion reconstruite est
toujours indiquée par une ligne colorée. Quand un os a dû
être reconstruit en entier, il porte une grosse croix. Quand
un os d'un squelette est emprunté à un autre individu, on le
reconnaît toujours à son numéro de catalogue différent. Les
os isolés, ou sans numéro d'origine, sont marqués d'un zéro.
Les seuls os non numérotés sont ceux des squelettes où tous
les os proviennent d'un même individu, qui a son numéro.
On s'efforce de donner aux pièces montées une position
naturelle. On y arrive par l'examen attentif des facettes arti-
culaires des os des membres, et par la comparaison avec des
photographies instantanées des types vivants les plus voisins.
Grâce à ces précautions, le montage, au lieu d'abîmer les
squelettes, les met mieux en valeur.
Le montage et le classement des Vertébrés fossiles sont
défectueux dans un grand nombre de musées, et nous avons
voulu signaler combien la technique des Vertébrés fossiles était
inférieure aux méthodes usitées dans les autres branches de la
paléontologie.
j
H. F. OSBORN 357
CORRÉLATION
DES HORIZONS DE MAMMIFÈRES TERTIAIRES
EN EUROPE ET EN AMÉRIQUE
par M. Henry Fairfleld OSBORN
avec i tableau .
Cette question a déjà été traitée par nous, à deux reprises,
devant l'Académie des Sciences de New-York (i) ; et nos com-
munications, accompagnées par une 3« Édition de notre Tableau
provisoire de Corrélation des Horizons d'Europe et d'Amérique,
ont été publiées en juillet 1900. Elles seront adressées béné-
volement à tous ceux, géologues ou paléontologues, qui mani-
festeront le désir de coopérer à ces essais de corrélation,
d'une si haute importance pour la paléontologie, la géologie,
la zoologie et la géographie.
Nous nous proposons de continuer ces essais, en provoquant
à leur sujet la critique et l'échange des idées, jusqu'à ce que
l'accord s'établisse sur les termes à retenir, et sur les corré-
lations, que la paléontologie peut permettre.
Nous croyons que les grands progrès du XX* siècle porteront
sur une compréhension plus exacte et plus large de la paléontolo-
gie des vertébrés, car on ne s'est pas inspiré dans cette branche
de la science de l'esprit exact qui a guidé les chimistes et les
physiciens. Nous nous bornerons dans cette communication, à
énumérer les principes qui ont servi de bases à nos essais.
I. — Les corrélations publiées jusqu'à ce jour sont impar-
faites et réclament une révision.
(1) Corrélation between Tertiary Mammal Horizons of Europe and America, an
introduction to the more exact study of Tertiary Zoogeography.Preliminary study
with third Trial Sheet. Annals N. Y. Acad. Soi. Vol. XIII. n" 1. p. 1-72, juil-
let, 1900.
358 vni« CONGRÈS géologique
a. — Les horizons tertiaires de la France doivent être
choisis pour types des périodes et des étages, en raison des
alternances de conditions marines et d'eanx douces qu'on y
rencontre, à Tinverse de ce qui se voit dans les Montagnes
Rocheuses où toute cette série est . d'eau douce, et dans l'Est
des États-Unis, où elle est marine.
3. — Les découvertes récentes tendent chaque jour davan-
tage à réunir l'Europe et les États-Unis, en une même pro-
vince zoogéographiqne (holarctique). à Tépoque tertiaire.
4- — Les critériums qui permettent d'établir le synchronisme
approximatif des couches sont :
(a) L'existence de genres et d'espèces identiques ou voisines,
de part et d'autre.
(b) Le même degré d'évolution dans les détails de la denti-
tion ou dans les caractères fournis par le pied.
(c) L'apparition simultanée dans la province holarctique
de nouvelles formes, sans ancêtres régionaux connus, et vrai-
semblablement émigrés de l'Afrique ou de l'Amérique du
Sud.
(d) La prédominance de certains types, comme par exemple
celle des Perissodactyles dans TEocène moyen, ou celle des
Artiodactyles dans TOligoçène.
5. — Il est probable que le synchronisme des périodes (Eocène,
Miocène, Pliocène, Pleistocène) pourra un jour être établi d'une
façon rigoureuse, et que celui des étages pourra être reconnu
avec assez d'approximation pour que l'on remplace les noms de
Puerco, Torrejan, Wasatch, etc., par ceux de Montien, Thané-
tien, Suessonien, etc.
G. — Il importe donc, pour pouvoir tracer les migrations
anciennes, de reconnaître d'abord les parai lélismes des faunes sur
les divers continents. Ils permettraient de déterminer où les
divers types ont apparu, et de distinguer les types autochtones
des types immigrés. Le problème fondamental de la zoogéographie
e".t de rattacher la distribution actuelle des formes animales à
celle des formes fossiles et d'arriver ainsi à un système harmo-
nieux qui groupe tous les faits.
H. F. 08B0RN 359
7. — L'évolution des Vertébrés est régie par deux lois :
Loi de la radiation adaptative
(i) Loi de la radiation adaptative^ d'après laquelle une
r€»gion isolée donne Tessor à une faune spéciale din'érenciée, si
elle est sunisamment étendue et offre des traits suflisainment
variés dans sa topographie, son sol, son climat et sa végétation.
Loi du parallélisme, de la convergence,
ou de l*iiomoplasie
(a) Loi du parallélisme, de la convergence, ou de rhomo-
plasie, qui détermine la formation aux dépens de souches diffé-
rentes, de genres, de familles et d'ordres analogues. La nature
se répète par conséquent, mais l'identité n'existe jamais entre ces
produits issus de racines diverses. C'est ainsi que le problème
géologique se relie à la paléontologie, et (jue celle-ci se rattache
à la zoologie, à la zoogéographie, de telle sorte que finalement
on se trouve toujours devant un problème biologique.
Pour conclure, nous dirons qu'à l'heure actuelle, on doit
considérer comme bien près d'être établie l'exactitude des cor-
rélations entre les divisions de TEocène, en Europe et en
Amérique, et que celles de TOligoeène, du Miocène, du Plio-
cène, du Pleistocène, ne doivent être considérées que comme
provisoires.
Notre troisième épreuve du tableau de ces corrélations,
dont nous reproduisons ici le résumé, indiquera l'état actuel
de la question. Elle est très perfectionnée si on la compare
aux i^*» et a® épreuves, précédemment publiées: j'ai profité pour
l'établir des avis motivés, mais, je dois le dire, non-unanimes,
de MM. Gaudry, Depéret, Boule, Zittel, Schlosser, Pohlig,
M. Pavlow, Lydekker, Forsyth Major.
Tableau des corrélations tertiaires.
Réédité de la 3^" édition (24 juillet igoo)
TABLEAU DES HORIZONS STRATIGRAPHIQUES TYPIQUE
Dressé par
ifec aMiUoM et cdrmtiMis «e ■-' Vvie Pirltw, H. In Mi
L'auteur présente au Con^r^s ce tableau dont il assume personnellement l'entière i
tertiaires d'Europe et d'Amérique. C'est la troisième épreuve, revue et corrigée.
Explication des abréviations employées dans ce tableau : M . *» Faciès marin ;
d'eau douce; Ct =» Tufs calcaires; Lm. — Marnes lacustres : Cv — Cavernes ;Lg
italiques ; les horizons homotaxiques en caractères romains; les horizons complexes
Pleistocène supérieur
Pleistocêne moyen
Pleistocène inférieur
Pliocène supérieur
Pliocène moten
Pliocène inférieur
Miocène supérieur
Miocène moyen
Miocène inférieur
Postglaciaire
Glaciaire
Préglaciaire
Sicilien
Astien
Plaisancien
Mcssinien
Tortonien
Helvélien
Langhien
(Burdigalienl
Horizons typiques et bomota:
Dépôts postglaciaires du Nord de 11
rAsie.
Mio-pleistocène supérieur
M io -pleistocêne .
Mio-pleistocène inférieur
Forest Bed$ du Norfolk
Malbattu, Peyrolles.
St. Pre
Val (VÀrno super. ; Olivola ; Ast<
franca ; — Sainzelies : Perrier il
Montpellier super. ; Coupet ; Vialett
— Norwich Crag (Norfolk) ; Red
folk) ; Kos lAsia Miner).
Roussillon, FI. L. : Montpellier ini
gnan; Meximieux ; Sables de Trè"
Couches sa u ma très à congéries ; Coi
Pikermi (Grèce) ; Samos ; Maragha
Mt. Lébcron (Vaucluse) ; Cucuron ;F
— Belvédère schotter (Aulr.) FL
(liong.) = r^ncud, Alcoi (EspagM
sheim : Sables à Dinotherium sup. (
\
Grive-Si-Alban (Isère) Kl.; Molasse»
St Jean de Bournay : Cabrièrw:-
(Wûrt ) : Gùnzburg. Ries (Nordiia
gensgemûnd (Bav ) : Molasse sapéi
douce, Oeningen. Elirff. Kâpfnacli;
à Dinotherium ; -> Monte Bamboli
Calcaires de Sansan (Gers» L.. ioféi
Simorre. Super : Calcaire de Mi
Saint-Gaudens (Haute Garonne' : '
de Styrie ; Eibiswald. Wies, G^
berg.
Sables de rOr léonais (Loire) ; S
Royans ; — Molasse grise d'eaa <l
sanne) ' Eugelbalde ; Rappenflah;'
berg, Kckingen) ; — Eggenbunc.
telen (Suisse) ; — Bugti Beds (Si»
<S HOMOTAXIQUES DE L'EUROPE ET DES ÉTATS-UNIS
OSBOBN
Ivl f. litUl, lircelliB Boalê, B. Lydekkêr, lus PoUi§, G. J. Porsytli lajer.
essai provisoire, fourni à titre documentaire et tendant à la corrélation des horizons
lent publié en Amérique, les i" Juillet 1897. 15 Avril 1898 et 24 Juillet 1900.
— Faciès lacustre ; FI. ^- Faciès duviatile ; Ml. — Marnes d'e^u douce ; CI. = Calcaires
^ts de fissures ; R. — A rj^iles rouges. — l^.s horizons typiques sont indiijués en caractères
OOMPLEXIiS
Faunes européennes typiques
Parallélisme américain
approximatif
• * •
• •
Megaceros Hiberniae, Bos taurus, B. lonjçi-
frons, B. brachyceros, Alces palmatus, Equus
caballus.
Elephas primigenius, Rhinocéros antiquitatis,
Rangifcr tarandus, Felis spelaea, Felis par-
dus, Hyaena spelaea, Equus caballus.
Elephas àntiquus. Rhinocéros Merckii.
Hippopotamus, Rhinocéros Merckii, Elephas Iro
gontherii, Trogontherium, Equus caballus.
Elephas meridionalis, Trogontherium.
Eqaus ou Sheridan.
• • •
• •
•
Elephas meridionalis, Mastodon arvernensis,
M. Borsoni, Rhinocéros etruscus, Equus Ste-
nonis, Bos elatus. Leptobos, Sus, Aulaxinuus,
'anis, Ursus, Machaerodus, Hyaena, Felis,
Vi verra, Hystrix
Mastodon arvernensis Tapirus, Rhinocéros lep-
torliinus. Ilipparion crassum, Hyaena rctos,
Doliehopithecus. Palaeoryx Cordieri,IVboodon.
Ilipparion gracile. Sus erymanthius, Antilope
Massoni, Tapirus priscus, Semnopithecus
monspessulanus.
Hippnrion ararile. Chalicotherium. Mastodon
longirostris, Aceralhorium incisivum, Rhino-
reros Schhâermacheri,R. Goldfu3si,Pliohyrax
Kruppi.
Upper Loup Fork
•
Rhinocéros brachypus, Macrotheri'um, Anchi-
therium, Hyaenaretos. Ursavus. Oreopithe-
cus ^Bamboli), Palaeomeryx. Micromeryx,
Listriodon, Galecynus, Machaerodus.
Rhinocéros sansaniensis, R. brachypus. R si-
morrensis ^Simorre). Macrotherîum, .\cera-
tberium telradactylum, Plioplthecus.
Brachiodus, Elotherium, Rhinoreros aurelia-
nen«tis. Anchitherium au relia nons«», Dinothe-
rium bavaricum, Mastodon angustidens.
Aceratherium platyodon. Meta.xytherium,
Ampbicyon.
Loup Fork
Lower Loup Fork
Upper John Day
Oligocène supérieur
Oligocène moyen
OUGOCÈNE INFÉRIEUR
Aquitanien
Stampien
Infra-Tongrien
EOCÈNE supérieur'
Ligurien
(Priabonien)
<
CL
Bartonien
EoCÈNE MOYEN
Lutéticn
EoCÈNE INFÉRIEUR
as
as
o
en
<e
u
Y présien
(Londinieu)
Sparnacien
\
I
\
Horizons typiques et ■omota:
St-Gérand-le-Puy (Allier) L. : Gana
Moissac; Langy; Cournon: Puy-d«
nos lacustres d'Auvcnrnei : <^J
Beauce (Orléans» L « Lignites d
nosque » Ulm (Eselsberg, Ixkini
Weissenau(Mainz. )C1 : — Tuchors
Sables de Fontainebleau et (Vtt
Argiles de St-Hcnri (Rhône);
L. ; Selles-sur-Cher, L. : VLlIel
Sables marins d'Alzey (Mainz.i I
sanne (Rocliette) Lg. : Lignites <
(Bav.); « Cadibona (Piémont) Lf(
Marnes et Calcaires de Ronzon^
de la Brie, L. ; Lobsann (Alsace);
ta!)
Gypse de Montmartre i Paris); P
Loiret ; Lignites de la Débmjîe
Lautrec (Tarn); St-HippolytedeCi
-» Bem bridge. Osborn, Headon «
■B Limonite de Sigmaringen: Fi
Heidenheim ; Mauremoxt ^
Grès d^ Cesseras (Hérault); Calcair
Ouen, L. Supér. ; Sables de i
(Paris) M , Infér. . «=- Barlon Oaj
Calcaire grossier supérieur. FI.
d'issel (Aude) ; Apgenton «Indre):
moy. et infér M. ; Argiles a ïïfm
Agéiens) ; = Bracklesham (Anel?
weiler (Alsace).
Sables de Cuise la Motte. FI. M :
Soissonnais ; -» Lower Bagshot :
London Clay
Lignites du SoissonfMis^ L. Sop«
Plastique (Paris), Conglomériit d*
FI. Infér. ; — Oldhaven, Woolfrid
Beds (Angl.)-
TU A.. { Conglomérat de Cerna y (Reims»
Thanétien \ gables de Rilly ; L. Supér., Si
Orthrocène
(Hase de i'Eocènc)
— ici (Cernaysien)
Montien
Supér., Sabli
cheux, M. Infér., Glaucome A
(Aisne) ; — Ttianet Sands, M.
Calcaire grossier de Motui (Belc i ^
de Heers, Marnes de Meadon.
Crétacé supérieur.
OOMPLKXES
RITES DU
:t, Fs.
If G EN
r Fs.
Faunes européennes typiques
Schizotherium priscum, Diceralherlum minu-
luni, Acerathorium lemanense. Protapirus
Anthracotherium. Diceratherlum minutum.
Halithorium Schinzi.
Palppotherium médium, Paloplothcrium, mi-
nus, Ronzotherium vclaunum. R. Gaudryi,
Elotborium, Ancodus. Gelocus, Cainothcrium.
Hysenodon. Cynodon. Pcratherlum.
Odurcotherium, R. velaunum. Schizotherium,
Tapirulus, Anchilophus, Gelocus, Diplobune,
qucrcyi, Nccpolemur.
Palaeotherium magnum, P. médium, P. cras-
sum, Paloplotherium minus. P. anncctens,
Anrliilophus. Anoplotherium, Dipiobuno. O-
boclioerus, Adapis, Pterodon. Cynohyaenodon.
Lophiodon lautricensc.
Lophiodon cesserasicum , Cesserasictus anti-
quus.
Lophiodon parisiense, L. isselense, Pachynolo-
phus Duvulii, P. parvulus, Helalctes iniermo
dius, Propalacotherium, Tx»phiodochocrus
(Reims). Plesiadapis.
Lophiodon (? Heptodon) de Cuise, Hyracothe-
rium Icporinum. Coryphodon eocaenus.
Coryphodon Owenii. C. antiiracoideus. Palaeo-
nictis gigantea, Lophiodon Larteti.
Protoadapis. Plcuraspidotherium. Adapisorex.
Arctocyon, Hyaenodictis, Neoplagiauliix.
Parallélisme américain
approximatif
John Day
White River
Dinta
Lower Bridger
Wind River
Wasatch
Torrejon
Puerco
3«4
NOTE SUR LES
PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES TERTIAIRES
DE LA
CHAINE D'ABSAROKA
(Wyoming)
par M. Arnold HAOUE
La Chaîne d'Absaroka est située dans l'Etat de Wyoming;
elle fait partie des Montagnes Rocheuses et constitue la limite
orientale du Parc National du Yellowstonc. Cette chaîne mesure
une longueur de plus de 800 milles anglais, et une largeur
de 5o milles, couvrant une superficie de 4^00 milles carrés
et constituant une masse imposante qui s'élève de 11.000 à
12.000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Ce massif mon-
tagneux est formé presque exclusivement de roches tertiaires
ignées, où dominent les brèches, les tufs et autres matériaux
projetés, accumulés sur des épaisseurs de plus de 6000 pieds.
Ces brèches volcaniques ont été subséquemment pénétrées par
des intrusions de roches cristallines massives.
Le soubassement de ce massif montagneux est un ancien
plateau érodé, déblayé par des actions glaciaires, et creusé de
gorges profondes.
L'étude de cette puissante masse de matériaux bréchiforraes
présente divers phénomènes spéciaux, intéressants pour la
géologie des volcans, et développés en bien peu de points sur
une aussi vaste échelle. On constate d'abord cp'ils se sont
A. UAGUE 365
déposés en couches horizontales ou peu inclinées, lentement
superposées les unes sur les autres. Ils sont sortis de nom-
breux trous et fissures, plutôt que de grand cônes indivi-
dualisés, et les agents atmosphériques les étalaient et les
nivelaient à mesure. L'époque de leur venue remonte à TÉocène
supérieur, et elle se poursuivit pendant la plus grande partie
du Miocène : la preuve en a été faite par la présence de
couches, riches en empreintes végétales caractéristiques, inter-
stratifiées à diveis niveaux.
On a pu distinguer six périodes successives dans la
masse des matériaux projetés ; elles attestent l'existence, dans
l'histoire géologique de ces montagnes, d'autant de phases
différentes, que Ton observe dans l'ordre suivant :
Brèche acide, brèche basique et premières coulées basal-
tiques. Il y eut ensuite une seconde série de brèches acides,
de brèches basiques, et d(* nouvelles coulées basaltiques.
Après la venue de ces brèches, le massif fut pénétré de puis-
santes venues de granité, diorite et porphyre, et de ces réser-
voirs furent émis dans la masse même des brèches, toute une
série de dykes. sills et apophyses diversiformes de rociies
grenues. Au contact de ces roches, on constate des phéno-
mènes de contact, profonds et variés.
Des mouvements orogéniques furent développés dans la
région, lors de l'intrusion des granités et diorites, qui
déterminèrent l'élévation en masse de la Chaîne d'Absaroka.
Us présentent ainsi une grande amplitude et se rattachent
aux grands mouvements de l'écorce qui eurent pour résultat
le soulèvement de la Cordillère septentrionale.
366
DE L'ÉTAT ACTUEL DES RECHERCHES
SUR LES VOLCANS DE L'ITALIE CENTR.\LE
par M. V. 8ABAT1NI
L'Italie à bon droit est devenue la terre classique du
volcanisme, mais cet honneur lui vient surtout de ses vol-
cans plus ou moins actifs, tels que le Vésuve, les Champs
Phlégréens, les lies Eoliennes, TEtna. Le titre serait plus
approprié si Ton se rappelait combien sont nombreuses en Italie
les régions^ volcaniques éteintes. Mais dans la science c'est
comme dans la vie : celui qui fait le plus de bruit attire le
plus d'attention.
En nous bornant à l'Italie centi'ale, on sait qu'elle comprend
un grand nombre de volcans éteints, rattachés à plusieurs
centres, et entre eux il y en a huit qui sont de vrais cratères-lacs.
Tous ceux qui ont été à Home connaissent les beaux cratères-lacs
d'Albano et de Nenii. Mais peu de monde connaît l'extension
de cette région volcanique, qui va de Monte Amiata à Ceprano
sur îi3o kil. à peu près de longueur, et des derniers contre-
forts des Appennins à la mer Tyrrénienne sur 60 kil. environ
de largeur. La surface de celte» région est par conséquent de
presque 14.000 kil. carrés.
On peut distinguer les centres suivants sui* un alignement
S.E.-N.\t. :
Ernici,
Monti Laziali,
Lago di Bracciano,
Monti Cimini,
Lago di Bolsena,
Monte Amiata
et sur un alignement à l'ouest du précédent :
les Monts de la Tolfa et du Sasso.
Outre les volcans qui se l'attachent à ces centres, il y a
d'autres volcans et régions volcaniques d'extension et d'impor-
tance m:>indi'e.
Les Ernici sont des petites bouches volcaniques, pai'semées
V. SABATJNl 36j
lans les vallées du Sacco et de TAmaseno, et sur lesquels
non ami et collègue M. Viola a publié une notice très inté-
•essante.
Le volcan Latial, ou Monti Laziali, immédiatement au Nord
les Ernici, est constitué par un double édifice tel que celui
lu Vésuve. Il y a en elïet, un rempart extérieur, une sorte de
)omma plus embrassante, et un cône intérieur. Le rempart ex te-
neur est conservé sur les deux tiers de son parcours, le reste
'tant démoli. Il a une base de 20 kil. de diamètre, et commence
i s'élever sur la Cauipagne romaine environnante à une hauteur
•omprise entre 100 et ^50 ni. au-dessus du niveau de la mer.
yd partie démolie est tournée à l'ouest et il n en reste que
[uelques lambeaux. Sur son ancien parcours sont creusés les
leux cratères-lacs d'Albano ou de Castel GandoHb et de Nemi.
Jn troisième cratère, celui d'Ariccia, se trouve au S.-W^. des
leux précédents.
L'entonnoir de Castel Gandolfo a une longueur de 4 ^îl-
comptés à la partie supérieure), celui de Nemi en a 3, et
•elui d'Ariccia est un peu plus petit. Le point le plus élevé
lu rempart extérieur est à 939 m. Le cône intérieur s'élève à
p6 m. et est terminé par un cratère démantelé aussi à Touest.
I/ordre de succession que j'ai essayé d'établir est le suivant :
1 . — Rempart extérieur.
2. — Cône intérieur.
3. — Cratère de Nemi.
4. — Cratère de Castel Gandolfo.
5. — Cratère d'Ariccia.
Beaucoup de cônes adventiCs sont disséminés autour du rem-
part extérieur et dans Tatrio qui le sépare du cône intérieur.
I^ siège de l'activité volcanique s'est déplacé successivement
lu volcan principal vers les points marqués par les bouches de
"lemi, de Castel Gandolfo et d'Ariccia, c'est-à-dire vers le S.-W. :
nsuite il a continué à se déplacer encore du même côté, car
n y trouve des fumerolles actives près de la mer.
L'ancien Latium, dont les confins, au nord-ouest, sont marqués
lar le Tibre, est presqu'entièrement couvert pan les déjections
u Volcan Latial.
Au nord de Rome, on trouve la région Sabatine. Son
entre est dans le cratère ([ui contient le lac de Bracciano,
ui a iGo m. de prol'on<leur et 5^*^^ 4^ ^^ surface. Son fond
e trouve à 4 "ï* au-dessus du niveau de la mer.
368 V1II« CONGRÈS GÉOLOGIQUH
A Test, on trouve le l)eau cratère-lac de Martignano de
2 ^^- 59 de surface. Et au-delà dans la même direction sont
les cratères de Baccano. de Camporciano et de Scrofano. A
Touest du lac de Bracciano on trouve la Solforata de Man-
ziana. région blanchie par des fumerolles presque éteintes et
au-delà les sources chaudes de Stigliano. Tous ces cratères
et ces émanations sont sur un même alignement E.-W. et la
partie qui est encore un peu active (sources et fumerolles)
est aussi du côté de la mer.
Le volcan Cimino est constitué par un grand cône dont
le sommet atteint io53 m. C'est ce qu'on appelle le Monte
Cimino ou Mont de Soriano. On y voit un petit cratère
terminal ébréché et un cratère d'un kilomètre de diamètre
sur le flanc méridional. Beaucoup de cônes adventifs entourent
ce volcan à Touest, au nord et à Test. La Pallanzana, on
Montagne de Viterbc, à Touest, est le plus grand et s'élève
à 800 m. à peu près.
A cinq kilomètres au sud de Monte Cimino on trouve un
grand cratère-lac. celui de Vico. L'entonnoir a 7 '^"'- sur 6.5^"" :
le lac a l'j'^^'og de surface. Son niveau est à 607 m. au-
dessus du niveau de la mer, et sa profondeur est de 49" ^«
Dans rintérieur de Tenceinte du lac se trouve du côté nord
le Monte Venere (Mont de Vénus), un cône qui atteint 800 m.
à peu près. On appelle Monti Cimini. l'ensemble du Monte
Cimino et des hauteurs qui entourent le lac de Vico. Ce
dernier cratère a débuté après la formation du Monte Cimino
mais les dernières éruptions de celui-ci couvrent les produit*^
de l'autre.
Encore plus au nord, se trouve le centre de Bolsena.
Son cratère principal est rempli par le lac de Bolsena.
L'entonnoir a 14 ^^- sur 18 '''"• à peu près ; le lac en a 11
sur i3. La surface de ce dernier est de 114*^*^- 53; sa pro-
fondeur est de 146 m., son niveau étant à 3o5 ra. au-dessus
du niveau de la mer.
A l'ouest du cratère de Bolsena, c'est-à-dire aussi du côté de
la mer, on trouve celui de Latera de 11 *^'"- sur 9 i/îi *^n> et qui
est plus jeune-. On y voit encore des fumerolles actives
Les cratères du Volcan Latial et de Vico montrent un
alignement S.E.-N.W., celui de Bolsena un alignement S.-N. On
peut déduire que tandis que les centres éruptifs s'alignaient
suivant de grandes fractures, dirigées, grosso-modo, S.E.-N.W..
V. SABATIM 369
Tactivité volcanique tout entière se déplaçait successivement, sur
des fractures secondaires et transversales, du côté ouest, c'est-à-
dire du côté de la mer. C'est un fait analogue à celui qui
a été mis en évidence dans les volcans de l'Amérique
centrale.
La région qui nous occupe possède une riche bibliogra-
phie de plus de 4^0 notes, rédigées par 200 géologu(»s à
peu près, depuis Fouvrage de Kircher : Latium, id est nova
et parallela Latii, tiim veteris, tiim novi descriptio. Ams-
terdam, 16^1.
Mais malheureusement la plupart de ces publications appar-
tiennent à r époque où les études volcaniques étaient très
empiriques, et le microscope n'était pas employé. Beaucoup
d'autres de ces publications sont plus scientifiques, surtout
parmi les plus récentes , mais elles se rapportent à des
extensions très limitées.
L'exécution du premier ouvrage d'ensemble a été décidé
par le Comité de la carte géologique italienne en 1898, et de
cet ouvrage j'ai eu l'honneur d'être chargé. Le premier
volume sur le Volcan Latial vient de paraître il y a quelques
jours.
J'ai trouvé au cours de ce travail, beaucoup de questions con-
troversées, très ardemment agitées. Je ne ferai que les indiquer.
i) Tandis que les tufs incohérents ou peu cohérents étaient
rapportés sans discussion à des pluies de cendres, les tufs
lithoïdes au contraire donnaient lieu à de longues discussions.
Deux écoles étaient et sont encore en présence. La première
école retient que ces tufs ont été émis sous forme de courants
boueux descendant directement des cratères. J'ai discuté dans
mon « Volcan Latial » les arguments sur lesquels on s'appuyait.
Mais, le fait qu'on retrouve ces tufs, jusqu'à des hauteurs de 5oo°»
sur les monts calcaires des environs, est suffisant pour porter
un grand coup à cette théorie, qui a fait couler des flots
d'encre. Un auteur a avancé que les monts calcaires des envi-
rons se sont soulevés après les éruptions quaternaires des vol-
cans romains, mais rien ne prouve cette affirmation, quoique
ailleurs en Italie nous ayons du quaternaire jusqu'à 1000™ de
haut. La deuxième école admet plus justement que ces mômes
tufs lithoïdes sont dus à des pluies de cendres, empâtées par les
eaux météoriques, et consolidées grâce à la petitesse et l'altéra-
tion des éléments, etc.
24.
3^0 Vlll'' CONGRÈS GÉOLOGIQUB
îi) Deux hypothèses inverses ont encore été émises relati-
vement à ces tufs romains. Sont-ils marins ou terrestres? Les
fossiles marins qu'on y trouve sont en petit nombre et plus
nombreux sont les restes d'organismes terrestres. Avant la
découverte do ces fossiles, on admettait que les émanations
volcaniques dans la mer quaternaire, où les tufs et les laves se
déposaient, avaient empêché le développement * de la vie. Les
quelques fossiles marins trouvés ensuite furent considérés
comme confirmant cette loi. Les fossiles terrestres trouvés
associés, étaient roulés et provenaient des terres environnantes.
Mais quand les explorations se multiplièrent on dut admettre
qu'il n'en était point ainsi. Les coquilles marines, toujours
rares, provenaient, comme à la Somma, des marnes sous-
jacentes: les fossiles terrestres et d'eau douce, toujours plus
nombreux, étaient bien en place. C'est ainsi que les adeptes
de l'école marine ont fini presque par disparaître. De vrais
tufs marins existent près des côtes, et leurs fossiles ont été
étudiés par M. Meli. Mais les autres formations volcaniques
constituent bien une série essentiellement continentale et quater
naire, comme cela a été démontré par MM. Glerici, De An^lis,
Meli, Tuccimei, etc. Ils ont publié des notes nombreuses sur
la faune et la llore des tufs romains et sur celles des sédi-
ments d'eau douce intercalés. Ces sédiments sont des tripolis,
des marnes et des travertins qui alternent à maintes reprises
avec les formations volcaniques.
Au-dessous des formations volcaniques on trouve des sables
et des argiles pliocènes sans éléments éruptifs. Le miocène a
été plusieurs fois signalé, mais jusqu'à présent, du moins,
dans les lieux explorés, il n'a pas résisté aux attaques les
plus superficielles. Quelques lambeaux de grès et de caleaire
à Niunmulites striata se montrent dans les environs de Viterbe.
Des formations plus anciennes (secondaires) commencent à
paraître dans les montagnes qui limitent la formation volca-
nique, c'est-à-dire, dans les Lepini et dans les premiers
contreforts des Appennins.
Sur cette plateforme sédimentaire, après un hiatus plus
ou moins long, l'activité volcanique s'est manifestée, à peu
près <*n même temps dans tous les centres, dans toute 1*
région. On peut dire seulement que les centres au Xoni à(
Home se sont éteints un peu avant, tandis que le Volcan
Latial ait donné ses dernières manifestations, dans les pre-
V. SABATINI 3^1
micrs temps de Rome, et comme un écho bien aflaibli du passé.
Dans les laves des volcans de Fltalie centrale, on constate une
grande variété. A partir des rétinites andésitiques à enstatite
de la Tolfa à 67,61 ^/o de silice, jusqu'à la Venanzite à
41,33 de silice, on rencontre beaucoup de types acides et
basiques.
Les Ernici et le Volcan Latial oftrent des leucitites pré-
dominantes et des leucotéphrites exceptionnelles. Il y a des
leucotéph rites à petites leucites, mais quand ces cristaux
dépassent une certaine limite de grandeur (i ou a centimètres),
on est sûr d'avoir affaire à une leucotéphrite. Cette loi paraît
jusqu'à présent vérifiée aussi dans les autres centres volca-
niques de la région.
Les leucotéphrites erratiques du Tavolato, sur la voie
Appienne, sont classiques. Elles ont des leucites de grandes
dimensions (i ou a centimètres), haûyne bleue abondante, gre-
nat mélanite jaune-sombre dans les deux temps.
Les laves mél il i tiques caractérisent la première période
du Volcan Latial, c'est-à-dire les éruptions du cratère le
plus externe. La mélilite dans ces roches est en plages du
second temps, également développées dans tous les sens et
modelant tous les éléments du premier temps. Rarement elle
est en microlithes allongés, à enveloppe dentelée, et plus biré-
fringents. C(?tte forme je l'ai retrouvée pour la première fois à
Montecompatri et au lac de Nemi. Plus tard, elle a été retrouvée
par moi-même à S. Venanzo, sur la route d'Orvieto à Peru-
gia, dans la roche que j'ai appelée venanzite, et à laquelle
M. Rosenbusch quelques mois après a donné le nom d'eukto-
lite, peut être pour ne pas avoir reçu ma note préliminaire sur
cette lave, que je lui avais envoyée.
Mais les microlithes mélilitiques de S. Venanzo différaient
de ceux du Volcan Latial, trouvés non-seulement à Monte-
compatri et au lac de Nemi, mais aussi en d'autres localités.
A S. Venanzo, en eft'ct, ces microlithes avaient une double
enveloppe. Le noyau était négatif, la première enveloppe
isotrope, la deuxième était positive. Et on sait comment il est
rare de trouver de la mélilite positive dans les produits
naturels.
La mélilite est souvent très abondante dans les laves les
plus anciennes du Volcan Latial ; elle est fréquemment associée
à la néphéline.
3^3 VIIl^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Les laves qui se rattachent au centre de Bracciano sont
comme les précédentes des leucitites avec des leucotéphrites
exceptionnelles. Au contraire, les laves des Cimini et des
Vulsini présentent une certaine variation. Avec des roches
basiques telles que Jes précédentes, on y trouve des types
acides, où à la leucite s'associent les feldspaths, ou bien des
roches à feldspaths et a mica noir. On doit à M. H. AVas-
hington des analyses très intéressantes qui donnent une pre-
mière approximation sur la composition de ces laves.
Dans toutes les laves des volcans à cratères de l'Italie
centrale, où la leucite est Télément qui domine, on ne tronve
pas de verre. Au contraire, dans tous les tufs de ces volcans
on trouve une grande quantité de ponces en lits intercalés
et comme éléments disséminés dans la masse des mêmes tufs.
A la Tolfa, il y a de la rétinite, mais dans Tétat de nos reche^
ches on ne sait pas si dans cette région il s'agit de volcans
à cratères.
Deux phénomènes sont à remarquer dans les laves da
Latium.
D'abord une altération immédiate de la lave normale, com-
pacte, noirâtre, en un produit huileux verdàtre ou jaunâtre
qu'on appelle sperone. On le trouve dans les alentours des
cratères, commençant à apparaître à peu de distance sous
forme de noyaux dans la lave normale ; ensuite ces noyaux
scf font toujours plus abondants, et enfin sur Tenceinte des cra-
tères on trouve souvent toute la masse lavique transformée en
sperone. Cette transformation est due au sodium des fumerolles
les plus actives, c'est-à-dire de celles à chlorures volatiles. Ce
sodium agissant sur le magma, pendant sa consolidation, dans
les points qui sont traversés par les gaz, produit des microli-
thés de pyroxène, qui sont de raugite-aegyrine, ou de Taegy-
rine, au lieu d'augite. Les grands cristaux de pyroxène, ao
contraire, étant intratelluriques, c'est-à-dire déjà formés à la
sortie de la lave, appartiennent à Taugite. parfois bordée
d'une couche de pyroxène sodique. Dans d'autres cas. c'est le
nucleus de ces grands cristaux qui est sodique. On voit que
pour ces grands cristaux il s'agit d'une altération immédiate
sur la masse qui est déjà formée. Le passage de la roche
normale, noirAtre. compacte à la roche poreuse, est graduel. On
le voit bien dans les noyaux. On passe par une couleur
verdàtre jusqu'à la couleur jaune-miel typique. Quand ces
V. SABATINI 373
noyaux sont petits, on observe seulement la couleur verte.
Le microscope montre les mêmes passages dans la couleur
des microlithes de pyroxène, qu'entre les enveloppes et les parties
centrales des grands cristaux de la môme substance. Corréla-
tivement l'angle d'extinction s'accentue graduellement, de celui
de Taugite (45^), à celui de Taegyrine (85»).
Le grenat jaune paraît quelquefois dans le second temps
de cette altération. Le mica aussi s'y développe en lamelles
plus étendues. La magnétite se concentre en un petit nombre
de grains plus gros, avec diminution du nombre des individus,
la néphéline et la mélilite disparaissent presque.
L'autre phénomène consiste en une altération médiate, c'est
la leucite qui se transforme en feldspath. On y trouve toute
une série des feldspaths calco-sodiques. Souvent des groupes
de leucites sont transformés de façon à paraître des fragments
d'un feldspath unique. On y voit les clivages, les mâcles et
même l'extinction ondulée se poui'suivre d'une ancienne leucite
à l'autre.
Les coulées de ces volcans atteignent souvent 10 km. de
longueur, sur 2-3 km. de largeur maxima. L'épaisseur de ces
laves arrive à 6-7-8 mètres, quelquefois à 12-1 5 et jusqu'à
20 m., comme près de Bagnorea.
Les tufs lithoïdes arrivent à des épaisseurs de beaucoup
plus grandes. Les vallées de Civita Castellana et de Barbarano
montrent des ravins de 5o-6o m. de profondeur complètement
creusés dans ces tufs.
Le tuf lithoïde au sud de Rome est coloré en jaune, très
altéré, très ponceux. Les petites ponces y sont d'un jaune
plus clair que la masse environnante. Le tuf lithoïde au nord
de Rome est tout différent. Jaune aussi, il est plein de
grandes scories noires ou noirâtres, très altérées, dans lesquelles
parfois on voit quelques leucites blanches.
La structure columnaire apparaît souvent dans les laves
romaines, mais rarement elle atteint une grande régularité
comme dans les piètre lanciate de Bolsena, dans la falaise vis-
à-vis du Vetriolo près de Bagnorea, et surtout dans le torrent
de Romealla, près (Pastel Giorgio. C'est la structure sphéroï-
dale, qui, au contraire, est très fréquente. Souvent on voit un
nucleus de i m. et jusqu'à 2°a5o de lave intacte, dure, à enve-
loppes nombreuses presque foliacées de lave très altérée. Par-
fois ces enveloppes sont peroxydées et jaunies. Dans cette alté-
3^4 ^^n* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ration, il y a tous les passages jusqu'à une terre jaunâtre,
d'aspect tuffacé, et dans lequel sont parsemés des blocs de
lave intacte, les nucleus. On dirait des blocs erratiques, si
Ton n'avait pas suivi tous les passages sur les parties inter-
calées et altérées en terre jaunâtre. Après avoir constaté ces
passages, à Theure qu'il est, je ne peux pas me prononcer si
les blocs nombreux parsemés sur les flancs du Monte Cimino
représentent des coulées discontinues, ou bien des coulées ordi-
naires altérées comme je viens de le dire. Les blocs de 20-3o
mètres cubes au Mont Cimino sont très fréquents.
Deux écoles ont été en présence à propos des plus grands
lacs romains. Les entonnoirs de Castel Gandolfo, de Nenii.
de Bracciano et de Bolsena, sont-ils de vrais cratères ou des
effondrements? On a discuté moins pour les deux premiers
que pour les deux autres. On voulait y voir des sortes de
dolines volcaniques, produites par les cavités souterraines lais-
sées par les immenses déjections venues au jour.
Ponzi et d'autres, qui travaillaient avec beaucoup de bon
sens, admettaient qu'il s'agit de vrais cratères plus ou moins
éboulés. Mais bientôt vint la mode de renvei'ser tout ce qu'ils
avaient fait. Les idées les plus simples furent repoussées :
on chercha le dilficile. La théorie des effondrements fut
adoptée par Vom Rath ; mais avec beaucoup de circonspec-
tion. Ses disciples dépassèrent le maître ; on ne s'occupa pas
de voir si sur la terre on trouve d'autres exemples sûrs de ces
dolines volcaniques récentes : On ne voyait pas de rempart
cratérique, ça sullisait pour admettre l'effondrement.
J'ai calculé que les matériaux issus du Volcan Latial ont
un volume de 200 km. cubes, c'est-à-dire qu'il a vomi en une
longue série d'éruptions, et à peu de chose près, la même
quantité de matériaux que le Tambora a rejeté en une seule
fois en i8i5. Les entonnoirs de Castel Gandolfo, de Nemi el
d'Ariccia, de moins de 3 km. cubes, seraient la conséquence
d'un vide de 200 km. cubes. C'est absurde.
L'étude que j'ai poursuivie depuis quelques années dans les
environs du lac de Bolsena a élucidé la question. Dans le
cratère de Latera, accolé au pourtour du lac, on voit quatre cra-
tères emboîtés, à peu près concentriques. Dans le pourtour du
lac de Bolsena, c'est un phénomène de même nature, avec
cette différence, qu'ici les cratères emboîtés sont plus nom-
breux.
V. SABATINI 3^5
Tonte une série de vallées concentriques et parallèles aux
bords du lac se trouvent au nord, à l'est et au sud. Ces
vallées sont souvent accompagnées de terrasses, à petit rebord
du côté du lac et à flanc très rapide et relevé du côté opposé.
Dans la formation de ces terrasses on doit faire intervenir
Faction des alluvions : mais le phénomène de cette disposition
régulière doit être d'origine volcanique. L'érosion ne pourrait
pas en eftet atteindre cette grande régularité. 11 est à remar-
quer que les torrents principaux ne suivent pas ces vallées,
mais ils les traversent ayant une disposition radiale par rap-
port au lac. Les flancs de ces vallées représentent par consé-
quent des fragments de remparts cratériques. Quand Taxe
éruptif se déplaçait d'un côté, il détruisait les cratères pré-
cédents de ce même côté et les déjections nouvelles allaient
remplir les atrios compris entre les remparts plus éloignés.
Les eaux achevaient de sculpter les terrasses.
A l'ouest du lac de Bolséna on ne trouve plus ce phéno-
mène, car on y voit creusé le grand cratère de Latera, qui
a détruit tous les édifices précédents, en en constituant
plusieurs autres concentriques. Ils sont plus complets parce
qu'ils sont plus jeunes. On constate moins de déplacement de
la cheminée, moins d'éruptions, moins de destruction météo-
rique, et cela permet de reconnaître mieux l'origine du der-
nier creusement, car les parties de l'édifice volcanique ont été
plus conservées. On a à Latera la clef de la formation de la
dépression de Bolsena. La cavité du lac est, en effet, la
résultante de tous les cratères emboîtés (crateri a sfoglié)
qui se sont formés autour de son emplacement actuel.
L'érosion dans cette région fait des progrès très rapides.
Je veux rappeler un fait, quoique il aflecte principalement
les terrains sédimentaires de la même région.
Près Bagnorea, existe une vallée, le Cavon grande (la
Grande cavité). L'érosion a enlevé d'abord les laves et les
tufs de la surface, puis a creusé le ravin dans les argiles
pliocènes sous-jacentes ; les éboulements sont alors devenus
très fréquents, comme il arrive dans toutes les régions sem-
blables des environs. C'est ainsi que des chenaux très étroits
sont restés ouverts dans le tuf et l'argile, ou seulement dans
l'argile. Parfois ces chenaux sont réduits à une largeur de
quelques décimètres en haut, ayant la longueur de plusieurs
centaines de mètres. 11 y en a d'autres moins réduits dans
3^6 VUl^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
leur épaisseur et leur longueur, et parfois de petites villes y
ont été bâties. Presque tous les ans des éboulements en
réduisent remplacement, et par conséquent, ces villes sont con-
damnées à disparaître. La cause du phénomène est très
simple. Les eaux érodent continuellement l'argile en dessous,
et le tuf supérieur manquant de base doit s*éboaler, laissant
des falaises- verticales. Les eaux peuvent aussi accélérer la
destruction en filtrant à travers le tuf, et en ramollissant Fargile
inférieure. Dans ce cas, des éboulements par glissements peu-
vent se produire. Ce phénomène est plus rare, mais affecte
des parties beaucoup plus étendues. Les éboulements ordinai-
res du tuf enlèvent lo, ao, 3o.ooo tonnes à la fois. Le Dôme
d'Orvieto, Tun des plus beaux monuments du monde, est
placé dans Tune de ces villes, et le jour de sa destruction
arrivera, si Ton ne sait le transporter ailleurs.
Mais revenons au Capon grande. Cette vallée est creusée
dans une argile bleue sableuse, d'âge pliocène, et présente un
phénomène connu, mais qui n'atteint en aucune localité la
même beauté. A ce phénomène j'ai donné le nom de vallées
à coulisses.
En effet, on voit toute une série de coulisses qui, en s'éle-
vant de plusieurs mètres sur l'argile environnante, font le tour,
souvent complet, des flancs et du fond de la vallée. Ces cou-
lisses sont ouvertes dans l'argile, et leur existence est due
probablement à ce que des strates parallèles et normales -à la
vallée avaient une consistance un peu plus grande que ïargile
interposée. Aussi l'érosion les a-t-elle respectées plus que le
reste.
^7
» _£_
ESSAI
D'UNE CLASSIFICATION GENERALE
DES ROCHES
par M. Federleo SACCO
En cherchant à classer les productions de la nature, une
des plus grandes diflicultés rencontrées a toujours été la clas-
sification des roches; il ne s*agit pas, en effet, dans ce cas,
d'unités bien définies et peu variables, comme les espèces bio-
logiques ou les entités chimiques et cristallines des minéraux,
mais au contraire d'associations très variables de minéraux
différents, présentant entre elles une infinité de passages, non
seulement dans la constitution, mais dans la structure, Tàge,
le mode d'origine, etc.
Nous voyons ainsi que les diflerents auteurs, d'après leurs
tendances individuelles et leurs différents points de vue, se
sont fondés pour établir leur classification des roches, tantôt
sur la structure, tantôt sur le mode de formation, ou bien sur
l'âge, ou sur la constitution minéralogique, ou sur le degré
d'acidité, etc.
Je crois, avant tout, en raison de la grande variabilité des
roches et l'infinité de passages qui existent entre elles, qu'on
doit dans leur classification, se limiter à distinguer des groupes
ou familles principales (dont nous pourrons ensuite étudier les
variations, les transformations, etc.).
Le caractère fondamental d'une classification lithologique
doit être, ce me semble, la composition chimique ; ce caractère
est plus que tout autre, en relation avec les conditions origi-
naires essentielles de formation des roches, et il nous porte à
des groupements assez naturels, indépendants, ou presque, dç
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la forme minéralogique qu'ont pu aflecter les éléments chimi-
ques. Par conséquent, la composition minéralogique n'étant
qu'une fonction secondaire de la composition chimique, je croîs
qu'il y a lieu dans les classifications lithologiques d'en tenir
moins compte qu'on ne l'a fait jusqu'ici, ou même seulement
Tutiliser dans les subdivisions secondaires des diflerents groupes.
Quant à la structure et au mode de formation, j'estime qu'en
raison de la variabilité de la première dans une même roche
et de l'incertitude d'interprétation du second, ces caractères ne
peuvent être utilisés comme bases d'une classification générale.
Plus important me semble le caractère tiré de l'âge, qui bien
que quelquefois douteux et variable, se présente dans l'ensemble
assez constant et reconnaissable, et qui a en outre un grand
intérêt pour la Géologie, dont la Lithologie est une partie
intégrante.
Ces considérations m'ont amené depuis quelques années à
proposer pour mou cours de Géologie à l'Ecole des Ingénieurs
de Turin, une classification lithologique basée sur les carac-
tères chimiques des roches ; je tiens aussi compte, à titre subor-
donné, de l'âge des différentes roches et fais un groupe tout à
fait séparé des roches élastiques, bien que celles-ci, en vertu
du phénomène de la circulation des éléments des roches,
reviennent naturellement aux premières.
Cette classification générale me semblant naturelle, simple
et claire, du moins au point de vue didactique, je me permets
de la soumettre au jugement de cette illustre assemblée.
38o
SUR LES GLACIERS
ET LA GÉOLOGIE DES TERRES DECOUVERTES PAR
L'EXPÉDITION ANTARCTIQUE BELGE
ET SUR LES GLACES DU POLE SUD
(Coinmanication. accompagnée de projection^ iuinineu!>es, faite à la Séance du Jeudi iZ auùt)
par M. Henrrk ARÇTOWS&I
M. Henryk Ar<;towski, membre du personnel scientifique
de r Expédition Antarctique Belge, fit à la Séance du Jeudi a3
Août, une conférence accompagnée de projections lumineuses
sur les résultats de cette expédition ; il exposa et discuta suc-
cessivement devant le Congrès, les questions ci-dessous.
Le continent antarctique, à propos de Thypothèse de Lotrthian
Green sur la forme tétraédrique de la terre. Prolongement pro-
bable de la chaîne des Andes vers TE., sous forme de dos sous-
marin, dont Tîle des Etats, le banc de Burdwood, les Shag Rocks,
la Géorgie méridionale, le groupe des Sandwich et celui des
Orkneys ne sont que des proéminences. Analogie entre les terres
situées au sud du Cap Horn et l'extrémité méridionale de TAmé-
rique du Sud. — Résultats des sondages effectués suivant une
ligne dirigée N. S. depuis Tlle des États jusqu'aux Shetlands
méridionales. Coupe transversale du Grand Canal Antarctique qui
sépare l'Amérique des tenues australes. Grandes profondeurs, au
pied de la chaîne des Andes. — Aspect des tronçons d'une grande
chaîne de montagnes qui forme la partie ouest de la Terre de
Graham et la région des terres découvertes par l'Expédition.
Nature des échantillons géologiques recueillis aux 20 débar-
quements effectués. Les roches erratiques. — Morphologie des
terres et études des glaciers. Diflerence notable entre les gla-
ciers antarctiques, les glaciers alpestres et ceux du Groenland.
L'hypothèse de Croll : une grande « calotte de glace »
recouvrant tout Fensemble des terres du pôle sud. l^s
icebergs antarctiques. Leur formation et les différents aspects
qu'ils présentent. Les grands icebergs tabulaires sont d'origine
continentale. Erreur de Heim qui suppose qu'ils sont formés
de glace de mer. — Etude de la glace de mer. Les mouve-
ments de la banquise antarctique, les pressions et le mode de
formation des hummocks de glace. La neige chassée à la
surface des champs de glace : kymatologie de la neige. — La
géologie sous-marine : sédiments et blocs errati<|ae8.
38i
SUR LE MODE D'EXPRESSION
ET DE REPRÉSENTATION DE LA DIRECTION
ET DE L'INCLINAISON DES COUCHES
par M. 0. TORW£R«
« Simplifier une science c'est la rendre plus utile », disait
Napoléon I®*". Aussi croyons-nous ne pas devoir négliger les
côtés simples des questions, et pouvoir afiirmer la nécessité de
simplifier, d'uniformiser la technique, à mesure des progrès
de la science, pour la rendre plus accessible. Nous voudrions
apporter un peu plus de netteté dans un sujet peu complexe,
d'ailleurs.
Il a trait aux moyens d'exprimer la direction et l'incli-
naison des couches. Ces données sont actuellement fournies
des façons les plus diverses et les plus arbitraires, ainsi on
voit dans des mémoires très récents : « Les couches sont
dirigées W. 3oo N. à E. So® S., et inclinent de aoo vers N.
3o« E. ».
Je propose que l'on n'indique plus dorénavant que l'incli-
naison, et non la direction des couches, et que l'on exprime
de plus cette donnée en degrés de la circonférence de o à 36o*
suivant une forme fractionnaire dont le dénominateur indi-
querait le sens de l'inclinaison, et le numérateur la valeur. Je
propose en outre que la représentation graphique de cette
donnée, au lieu d'être indiquée par le signe suivant _! assez
répandu, soit figurée par un angle à côtés inégaux ^^
dont le plus long côté correspondrait sur les cartes à la
direction des couches, et le sommet au point d'observation.
11 serait ainsi aisé de comprendre tant sur la carte que
20"
dans le texte, le sens des formules suivantes ^=^ -0 —
La position et les grandeurs des deux côtés inégaux de
l'angle aideront à se rappeler la position respective des
données placées conventionnellement en numérateur et en
dénominateur.
38a vui<> CONGRÈS géologique
Quand on n'a point de mesure précise à indiquer, on peut
roide
noter comme suit les approximations obtenues ^^
Cette méthode se recommande, en ce qu'elle est inGniment
plus brève et plus précise, que celles antérieurement employées.
On peut l'appliquer à tous les cas, et représenter même les
couches horizontales ^^ — , comme aussi les couches
OD
verticales, pour lesquelles il y aura toujours indécision, sur
le sens du pendage, ^^ -^ — ou ^-^
3o° QIO"
Il importerait de rapporter ces chiffres au méridien géogra-
phique, car si on préférait les rapporter au méridien magnétique,
on serait forcé de faire suivre l'indication de la date de
QO'
l'obsei-vation. ^ -^r — i5/5 looo.
3oo
Il est évident que la direction se déduit directement de l'incli-
naison, en ajoutant ou retranchant 90®. ou plutôt (100 — 10)
pour faciliter le calcul mental.
D'une manière générale, on déduira la direction, de Tin-
clinaison, en ajoutant ou retranchant (100 — 10) du chiflfre de
Tinclinaison, quand celui-ci se trouve dans les 2« ou 3«
quadrants de la boussole, en ajoutant (100 — 10) quand
il se trouve dans le i^^ quadrant, et en retranchant (100 — 10)
quand il se trouve dans le 4® quadrant.
383
SUR
LES EAUX SALINES
DES NAPPES AQUIFÈRES
DU NORD DE LA FRANCE
par M. «OSSELET
La composition chimique des eaux que Ton puise dans le
sol a une grande importance industrielle, car certaines eaux-
doivent à leur composition de ne pouvoir être employées dans
telle ou telle industrie. Ainsi les eaux alcalines, qui arrêtent
la fermentation, ne peuvent pas être utilisées par les brasseurs.
On peut généralement prévoir la composition d'une eau d'après
la nature lithologique des couches qui contiennent la nappe
aquifère. Ainsi Ton sait que la craie fournit des eaux calcaires
et que le gypse produit des eaux séléniteuses.
Mais il se peut que Teau soit chargée de matières salines,
qui ne paraissent pas en rapport avec les roches qu elles tra-
versent, c'est le cas pour les eaux salines que Ton rencontre
dans les sondages profonds du Nord de la France.
Beaucoup de ces forages donnent de Teau sodique, que la
soude y soit à l'état de chlorure ou de carbonate. Cependant
tous ces forages ne traversent que du calcaire, de la craie et des
sables qui ne contiennent pas de soude.
La présence de la soude parait dépendre de la profondeur
d'où vient l'eau, mais pas d'une manière absolue» car de deux
forages voisins et également profonds, Tun fournit de la soude
et l'autre n'en produit pas. Cependant, c'est toujours une pen-
sée qu'un industriel doit avoir présente à l'esprit, quand il
entreprend un forage. En l'approfondissant il peut craindre
d'atteindre de l'eau sodique.
L'origine de la soude est un important problème géologique
384 ^^11' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
et industriel pour lequel on est jusqu'à présent réduit à des
hypothèses.
i** La plus simple serait de faire appel à un dépôt salifere
triasique qui serait situé dans le voisinage. Mais les nom-
breux forages qui ont été faits presque partout dans la région
du Nord n'ont jamais rencontré ce terrain. S'il existe des dépôts
de cette nature dans le centre du bassin de Paris, ils sont à
une grande profondeur et on ne peut pas supposer qu'il y
ait communication de leurs eaux avec celles du Nord.
*i^ On s'est demandé aussi si la soude ne provenait pas
du filtrage des eaux de pluie à travers les couches supé-
rieures. Mais les roches que l'on rencontre dans le Nord,
au-dessus des nappes aquifères salifères, ne contiennent pas
de soude. Elles renferment peut-être un peu de feldspath
altéré ; à la rigueur on pourrait y trouver de la potasse,
mais pas de soude.
3® On a aussi envisagé l'hypothèse de restes d'anciennes
mers géologiques ayant imprégné soit des sédiments contem-
porains, soit des couches plus anciennes, qu'elles seraient
venu recouvrir. Par suite de l'absence de circulation de l'eau
dans les couches profondes, les sels sodiques y seraient
conservés à l'état de dissolution ou mieux de cristallisation dans
les pores de la roche.
4<* Enfin on a émis l'idée que ces eaux alcalines proviennent
de la mer actuelle, qu'elles pénètrent sous l'influence de la
pression, dans les couches perméables qui aflleurent au fond
des mers et se propagent ensuite peu à peu dans la nappe
aquifère.
Ces deux dernières hypothèses, tout en soulevant des objec-
tions sérieuses, paraissent les plus probables.
Il serait à désirer que les observations se multipliassent
pour éclaircir une question aussi importante au point de vue
de la science pure, que de la géologie pratique.
Le problème des eaux alcalines des forages ne peut pas
être séparé de celui des eaux alcalines du terrain houiller.
Depuis longtemps on a constaté que les eaux qui sortent des
couches houillères du Nord de la France et de la Belgique
sont salées. Elles contiennent de la soude à l'état de chlorure,
de carbonate ou de sulfate.
GOSSELET 585
Le chlorure de sodium caractérise les eaux propres des
terrains houillers. restées indemnes de tout mélange.
Le carbonate de soude indique un mélange de ces eaux
avec les eaux superficielles qui ont traversé la craie et s'y
sont chargées de carbonate de soude.
Quant aux eaux 'qui contiennent du sulfate de soude, on
peut les expliquer par la présence à la base de l'étage
Westphalien d'une assise de schistes pyriteux qui ont été
exploités aux environs de Liège pour la fabrication de Talun.
Plusieurs sources qui proviennent de ce niveau fournissent
des eaux sulfureuses, telles que celles de Saint-Amand et de
Meurchin. Par conséquent les eaux sulfatées indiqueraient
que l'on approche de la base du terrain houiller exploitable,
des bancs calcaires qui se trouvent à la partie supérieure des
schistes alunifères ou intercalés dans ces schistes. Or, ces
calcaires plus ou moins fendillés contiennent des quantités
d'eau considérables. Les ingénieurs ont donc intérêt à les
éviter et même à n'en pas approcher. Aussi M. Lafitte,
ingénieur-directeur des travaux du fond aux mines de Lens,
a engagé ses collègues à veiller lorsqu'ils constateraient que
les eaux qui sortent des roches houillères deviennent sulfatées.
Il est très probable que l'origine de la soude dans le
terrain houiller est la même que celle des sondages. On ne
peut cependant admettre que ce serait la salure naturelle du
terrain houiller qui déterminerait celle des eaux de forages,
car on trouve des forages alcalins bien en dehors du bassin
houiller et dans des points où les eaux de ce bassin ne
peuvent parvenir.
Ï5.
386
SUK LA CLASSIFICATION DES TERHALNS TERTL\IRES
DE L'AQUITAINE
par M. V. RAULIK
Entre le Plateau Central au N.-E. et les Pyrénées au S.,
formés tous deux par le teiTain primitif, se trouve une vaste
plaine, l'Aquitaine, comprenant les bassins de la Charente, de
la Gironde et de TAdour.
Les terrains primaires, secondaires et éocène qui y ont été
dé])osés, entrent dans la composition des Pyrénées : mais ils
constituent au devant du Plateau Central, une terrasse dans
laquelle, à l'exception des terrains primaires, ils ne sont pas
fortement accidentés. Les terrains miocène et pliocène, qui uni
achevé le remplissante, n'ont guère été qu'émergés. Les terrains
tertiaires presque tous marins dans la partie occidentale, sont
mixtes dans la partie moyenne, sur le méridien d' Agen, et tous
lacustres dans la partie orientale, excepté sur les pentes pyré-
néennes.
Deux travaux d'ensemble avaient été donnés : en i8a4, P*"*
Ami Boue, qui avait reconnu cinq assises, et en i834. V^^
Dufrénoy, qui en avait établi six, réparties dans les étages
inférieur (éocène), moyen (miocène) et supérieur (pliocène).
En 1849, ^pi'^'' deux années de professorat à Bordeaux et de
nombreuses excursions dans les bassins de la Charente et de la
Gironde, j'avais cru devoir en établir dix, ce qui m'attira une
vive critique de mon collègue Leymerie à Toulouse. Dans le
demi-siècle qui a suivi, de nondjreuses études de détail par
divers géologues et par moi-même, en ont encore augmenté le
nombre, et apporté des modifications à mon Essai, tant pour
la com[)osition et la distribution géographique des différentes
assises, que pour leur assimilation à celles du bassin de Paris.
Dans le tableau suivant, qui résume mes vues actuelles sur
le bassin tertiaire du Sud-Ouest de la France, j'ai conservé
aux assises les dénominations que je leur avais précédemment
donnj'cs, comme aussi celles que j'avais adoptées pour les dif-
fércut<*s assises du bassin parisien dans la légende de ma
Carte ^éogiwstlqav du plateau tertiaire parisien, iS^fi (Les
nouvelles dénominations sont indiquées entre parenthèses).
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388
L'ENSEIGNEMENT DE LA GÉOLOGIE PRATIQUE
par M. L. DE LAIIMY
L'utilité pratique de la géologie et la nécessité d'en vulga-
riser les connaissances dans le public ne sont pas à démon-
trer ici ; mais il me semble que, si la géologie ne tient pas dans
renseignement général la place à laquelle elle a droit, si elle reste
à peu près complètement ignorée même des hommes instruits,
c'est un peu la faute de ceux qui ont mission de la professer
et c'est sur ce point que je voudrais présenter quelques brève>
observations. Mon impression est que Ton commet souvent, pour
la géologie, une erreur analogue à celle qui est trop fréquente
pour les langues vivantes : on s'efforce d'enseigner les finesses
de la syntaxe, les subtilités de l'orthographe, les complications
des verbes irréguliers à ceux qui désireraient simplement pou-
voir se faire comprendre tant bien que mal en demandant
une chambre à l'hôtel ou un repas au restaurant. La première
science d'un professeur devrait être, au contraire, de p^opo^
tionner l'eifort exigé de son élève au résultat à atteindre et
c'est pourquoi il y aurait peut-être lieu d'organiser, pour la
géologie, à côté de l'enseignement scientifique, méthodique et
complet, qui lui-même est indispensable dans nombre d'appli-
cations pratiques et qui est parfaitement donné dans nos
grandes écoles, un enseignement plus modeste et plus res-
treint, destiné au moins autant à faire aimer la géologie,
apprécier et comprendre les services qu'elle peut rendre, qu'à
rendre directement ces services eux-mêmes.
Depuis quinze ou vingt ans, il s'est déjà fait, dans ce sens,
un mouvement très sérieux, qui ne peut manquer d'aller en
s' accentuant. 11 suffit, pour s'en rendre compte, de comparer
ce qu'étaient, il y a vingt ans, les publications relatives aux
gîtes métallifères, aux eaux potables, à la géologie agricole,
etc., avec ce qu'elles sont aujourd'hui. En France, il a été
créé, à l'Ecole supérieure des mines, un enseignement systé-
matique de géologie appliquée et de captage des sources ther-
males ; en Allemagne, il s'est fondé une excellente revue de
L. DE LAUNAY 38g
géologie pratique, qui a groupé déjà les renseignements les
plus précieux ; en Belgique, la Société de géologie s'intitule,
en même temps, société d'hydrologie et s'occupe, en effet, active-
ment des questions pratiques ; en Amérique, des savants très
distingués, mis en présence d'un champ d'études incompara-
ble et disposant pour les recherches scientifiques de ressources
précieuses que l'Ancien Monde leur envie, accumulent les admi-
rables monographies que nous connaissons tous. La science
des gites métallifères et des eaux souterraines est maintenant
soustraite aux seuls praticiens, qui se contentaient autrefois
de quelques observations incomplètes et trop vite échafaudées
en théories sur un champ d'études limité : à mesure que des
connaissances plus générales se répandent chez les exploitants
de mines, on les voit, d'ailleurs, eux-mêmes, plus soucieux de
comprendre leur gîte, d'en interpréter les lois d'enrichis-
sement, par suite, d'en tirer le meilleur parti possible, au
lieu de se jeter, à l'anglaise, uniquement sur le premier
« minerai payant » découvert.
Si l'on veut pousser plus loin dans cet ordre d'idées et
obtenir ce résultat important (même pour la géologie scienti-
fique) que les connaissances géologiques sortent d'un cercle
très étroit de spécialistes pour être tout au moins vaguement
connues par l'ensemble de la population, il faut, je crois, — dans
l'enseignement restreint, que j'envisage seul en ce moment —
commencer par une réforme, qui paraîtra sans doute bien
révolutionnaire à plus d'un, mais sans laquelle notre science
continuera à demeurer un simple épouvantail pour tous les
candidats aux examens : c'est de faucher la broussaille de
noms rébarbatifs qui en hérissent les abords ; de ne pas
continuer à la réduire (surtout pour ceux qui ne doivent pas
en pousser loin l'étude) à quelque chose qui rappelle trop
les listes des Pharaons ou le jardin des racines grecques ;
de détruire, dans l'esprit des étudiants, cette idée erronée
que toute la géologie consiste à savoir qu'après le Turonien
vient rEmschérien et après celui ci l'Aturien, avec la liste des
fossiles correspondants (dont souvent on ne sait pas même la
forme); enfin, de mettre les commençants, le plus tôt possible,
en présence de quekjues notions vraiment pratiques, qui peu-
vent s'exposer en langage vulgaire sans aucun nom technique et
que tout le monde peut comprendre. Plus tard, lorsqu'ils
auront pris goût à la Science de la terre, il sera toujours
3^0 VIU« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
temps de leur apprendre qu'en réalité on ne peut faire
vraiment de bonne géologie, ni pratique, ni théorique, sans
établir des coupes précises et que celles-ci nécessitent une
connaissance approfondie de tous les terrains, de tous leurs
rapports tectoniques, de tous leurs fossiles, etc. Mais autant
dire de suite à un maire de village, qui voudrait se rendre
compte s'il est plus hygiénique de placer un cimetière en
amont ou en aval des liabitations, si les sources sortant d'un
calcaire sont mieux épurées que celles émergeant d'un sable.
ou à un chercheur de mines, qui, ayant trouvé un morceau
de galène, se demande de quel côté il faut fouiller : « Monsieur,
on ne peut faire de bonne géologie sans avoir travaillé
dix ans dans un laboratoire et sur le terrain , avec un
maître expérimenté. Si vous voulez un conseil sérieux,
adressez-vous à un spécialiste, ce qui vous coûtera quelques
centaines ou quelques milliers de francs ! ». Cela peut être
vrai souvent; mais on avouera que tenir un pareil lan-
gage est contribuer directement à dégoûter de toute géo-
logie et à favoriser un empirisme irrationnel, qui, par
exemple, en matière d'eau potable, a donné les résultats
dont nous soutirons tous, même dans une ville comme
Paris.
Les spécialistes d'une science quelconque ont toujours une
tendance instinctive à considérer que cette science est le
centre et le pivot de toutes les connaissances humaines : au
lieu de lui laisser sa place naturelle et souvent modeste dans
la culture générale de l'esprit, de chercher ses tiliatious
avec les autres sciences, pour en déduire son intérêt tout
relatif, c'est à elle seule qu'ils prétendent tout ramener ; ils
agissent comme ces conservateurs d'une petite catégorie
d'objets dans un grand musée, qui n'y considèrent, n'y
connaissent et n'y admirent que leur vitrine ; s'ils sont profes-
seurs de géologie, ils veulent faire de tous leurs élèves des
géologues professionnels ; ils leur enseignent uniquement la
« géologie pour la géologie » : au lieu de leur montrer le bâti-
ment tout construit, débarrassé de ses échafaudages et utilisable,
c'est sur ces échafaudages seulement qu'ils appellent leur
attention ; les édifier devient pour eux, non le moyen mais le
but ; l'important n'est plus d'établir l'histoirt* de la terre et
ses rapports avec le système général de l'univers ou, pl**-^
pratiquement, de rechercher et découvrir des substances utiles.
L. DE LAUNAY Sgi
mais simpItMnont de iléterininer le nom d'un fossile, Tàge
d'un terrain ou Tallure d'un plissement. Ils font penser à
ce mot de Claude Bernard, auquel on soumettait un jour une
longue monographie sur le gymnote, sans aucune espèce
d'idée générale : a C'est fort bien, dit-il ; mais qu'aurait fait
l'auteur si le gymnote n'avait pas existé ? »
Je n'ai aucunement Tintention de critiquer les études de
détail les plus spécialisées et j'estime, au contraire, leur
minutie apparente tout à fait indispensable pour établir peu à
peu une science, dont seuls les faits bien précis, lentement
accumidés. constituent l'ossature solide : il ne s'agit pas de
revenir à ces vagues et liAtives généralisations, qui ont été
trop à la mode autrefois et que les littérateurs philosophes
se sont trop souvent empressés d'accepter bouche bée pour
en faire leur évangile scientifique. Ce que je demande, c'est
qu'on distingue mieux entre l'enseignement destiné à former
des professionnels, qui consacreront toute leur vie à une
seule science et qui ont besoin d'en étudier à fond la
grammaire et celui qui s'adresse incidemment à des hommes,
seulement désireux d'en connaître les conclusions théoriques ou
prati(iues. Un l)on sculpteur doit savoir l'anatomie pour
établir sa statue ; mais ceux auxquels il la montre, n ont j>a8
besoin d'en voir le squelette ou l'écorché.
Ce que pourrait élre, sehm moi. cet enseignement primaire
de la f(éologie pratique, j'ai essayé de l'exposer récemment
dans un p(»tit volume, qui porte c(» tilre et dont je vais
seulem(»nt ici exposer le programme*, c'est-à-dire à peu près
reproduire la table des matières (i). On m'excusera de me citer
ainsi moi-même, puisque je viens d'écrire ce livre précisément
pour tenter de réaliser l'idée que je défends en ce moment.
Tout d'abord j'y déduis la géologie, son but pratique et
scientifique, ses moyens d'action, et j'y résuuK», en évitant
absolument les noms techniques, les notions de géologie
générale, qui me [)araissent les plus nécessaires dans l'usagi»
courant. C'est ainsi que j'insiste sur les caractères extérieurs
des principaux l(*rrains, sur l'usage pratique des coupes géolo-
giques, sur les plissements, luuiversements et failles, sur la
nature et le rôle des terrains superficiels, si importants pour
(1) (îi'oloj^ifî pratiiiue nt p«'tit dictionniiiro tochni([u«^ d«^s tiTinos j^6)lo}iri(iue,s
les plus usuels, i vol. in- 12, clioz Armand Colin, Paris, iOfX).
3qi2 viu« congrès géologique
Ta^culture et si négligés en géologie générale, sur les modi-
tications subies par les gîtes métallifères à leurs affleurements,
c'e3t-à-dire sur les changements qu'on doit attendre de ces
gisements, quand, les abordant à la surface, on s'y enfonce.
Puis j'explique comment on établit et comment on utilise
une carte et une coupe géologiques.
J'envisage alors successivement les diverses applications
pratiques, que Ton peut faire de la géologiç : à Tart de l'ingé-
nieur, à l'agriculture, à la recherche et au captage des eaux,
à l'irrigation, au drainage, à l'évacuation des eaux souillées
et à l'hygiène publique, au captage des sources thermo-miné-
rales, à la recherche des minerais, combustibles et autres subs-
tances minérales, enfin à l'étude topographique ou géographique
des formes des terrains et je termine par un petit dictionnaire
technique des termes géologiques et minéralogiques les plus
usuels, destiné à permettre de lire les ouvrages de géologie
scientifique et d'y chercher un renseignement utile sans être
arrêté à chaque ligne par un mot incompréhensible.
La plus grande difficulté d'une telle tentative était de mettre
à la portée de lecteurs très divers et peu versés dans les
études scientifiques les résultats pratiques les plus récents des
recherches géologiques; j'estimerais avoir atteint mon but, si
j'avais réussi à faire connaître et apprécier la géologie par
quelques personnes de plus ; en tous cas, je serais heureux si
j'avais convaincu nos confrères de l'avantage qu'il y aurait, pour
la géologie elle-même, à créer, à côté de l'enseignement supérieur
si développé déjà dans nos grandes écoles et nos facultés, un
autre enseignement plus humble, plus modeste et, si l'on veut,
plus démocratique.
393
DES PROGRÈS DE LA PRODUCTION
DES PIERRES PRÉCIEUSES AUX ÉTATS-UNIS
par M. e.-P. RUNZ
La présente communication sur la production des pierres
précieuses dans les États-Unis n'a pas la prétention d'être un
rapport statistique. Son but est d'attirer l'attention sur ce fait,
que la recherche des pierres précieuses aux États-Unis, a
eu un résultat scientifique réel, amenant un accroissement des
notions minéralogiques et géologiques, et que ces recherches
ont eu aussi une influence considérable pour la connaissance
géographique du pays. Cela n'a jamais été mis plus clairement
en évidence qu'en ce qui concerne la trouvaille du diamant.
En 1878, la production de pierres précieuses dans les
États-Unis était nulle, d'après les statistiques. En 1889, une
première collection de pierres précieuses fut faite et exposée à
l'Exposition Universelle de Paris ; celte collection appartient
actuellement au Musée d'Histoire naturelle de New-York, grâce
à la maison Tifl'any, de New-York. Dans l'Exposition Univer-
selle actuelle, on peut voir au Pavillon de l'Esplanade des
Invalides, au Palais des Mines et de la Métallurgie et à la
Section Américaine, des collections superbes, composées uni-
quement de pierres précieuses américaines : enfin les deux
tiers de l'exposition d'un des principaux bijoutiers connus,
sont formés de pierres de provenance américaine.
Ce fut en cherchant ces pierres qu'on a découvert un grand
nombre de faits intéressants pour la science et le pays, et ces
découvertes promettent pour l'avenir de nouveaux butins et de
nouveaux enseignements Ces recherches ont été résumées et
éclairées par la publication d'un volume intitulé « Gems and
Precious Stones of North America » ( — New-York, 1892,
368 pages, 9 tableaux coloriés); elles ont de plus été guidées par
la publication de Rapports annuels sur le sujet, depuis l'an
i883 jusqu'à nos jours, par la Division des Statistiques Minières
des États-Unis, sous les auspices du Docteur David T. Day,
du Survey Géologique.
Nous prendrons comme point de départ, notre province la
plus septentrionale et le minéral qui y est le mieux connu, la
394 Vllic CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tourmaline ; ce fut en recherchant cette espèce min^ralogiqne.
dans rÉtat du Maine, que l'on y a découvert les topaze,
beryllonite. herdexite, manganocolumbite, et une foule d'aalres
minéraux à la fois rares et auparavant inconnus. Cette rég^ion
intéressante, jusqu'alors complètement ignorée, est maintenaDt
bien connue et les produits de ses mines ont une renommée
universelle.
La recherche des diamants et d'autres gemmes nobles dans
la Caroline du Nord et la Géorgie a amené la trouvaille de
grenats, de saphirs, de béryls, et plus récemment de rubis:
en ce (jui concerne ces derniers, les spécimens découverts jus-
qu'ici, ne sont que très rarement dépourvus de défauts, ils ont
pourtant une grande valeur comme spécimens minéralogiques.
Dans les sables «aurifères de la Caroline du Nord, on a pu dis-
tinguer au moins soixante diflerentes espèces de minéraux,
dans les recherches d'or et de diamant.
Dans le Montana, on a trouvé le saphyr, et dans trois gîtes
différents, le corindon : ces gîtes sont distincts et le produit
d'un seul sullirait à assurer à ce gisement la plus grande
importance financière ; de leur côté, l'étude cristallogi'aphique
du minéral, autant que ses associations pétrographiques, sont
d'un haut intérêt théorique.
La recherche de la turquoise, dans le Nord du Mexique, a
amené la découverte de gisements absolument inconuus. et
l'information ainsi obtenue est intéressante au point de vue
archéologique, puisqu'elle démontre que ces mines ont été
exploitées par des mineurs préhistoriques. Quant aux tn>u-
vailles de diamants dans le W'isconsin et dans les États-Unis,
j'ai eu le plaisir de soumettre à la Société Géologique, une carte
montrant les vingt-quatre gisements actuellement connus.
Ce sont jusqu'ici des apparitions sporadi([ues: mais elle*^ Si>nt
d'un intérêt minéralogiquc et géologique tellement important,
qu'un corps d(V géologues américains, sous les auspices du Pro-
fesseur \V. IL Hobbs, de l'Université de W'isconsin. s'est
intéressé à leur étude. Une mission de recherches svstémali-
ques est en marche actuellement, suivant la bordure dv la
moraine du Wisconsin. De nombreux diamants ont été décou-
verts de temps à autre, qui sont restés inconnus et ignorés,
soit dans les graviers, soit dans les fermes, suivent le bord
de cette moraine. Ce n'est qu'en faisant de la publicité autour
des trouvailles signalées dans les journaux, qu'on peut aoqué-
G. -F. KUNZ 395
rir la connaissance des pierres qui existent et encourager la
recherche de gemmes nouvelles, dans le pays. Et c'est le rap-
prochement de tous ces documents, qui permettra de trouver
le gisement et la source d'où sont venus ces diamants. On
croit que cet endroit doit se trouver dans la région encore
vierge, située entre le Labrador et James Bay.
Pour arriver à fixer ces points intéressants, on devra suivre
plusieurs voies d'investigation. D'abord, il faudra chercher
beaucoup dans les régions peu connues, au sud de la Baie
d'Hudson : il faudra, en outre, étudier la grande ligne de
moraines s'étendant à l'est du Wisconsin, c'est-à-dire dans
rOhio, l'état de New- York et la Pennsylvanie, afin de voir si
on peut y trouver des diamants et déterminer l'aire de leur
distribution géographique. Si leur dissémination s'étend encore
plus à l'est « on conclura que l'apex doit être localisé très
près du Nevé du Labrador. »
C'est à la recherche des diamants en Amérique, que la
science est redevable des rapports si intéressants de Messieurs
Diller et Lewis sur les péri doti tes du Kentucky.
En 1875, l'extraction annuelle des gemmes, n'avait pas
atteint une valeur de plus de 5o.ooo francs, aux Etats-Unis;
en 1889, elle a fait réaliser une valeur de plus d'un million de
francs.
La collection faite pour l'Exposition internationale de Paris,
et exposée dans la section américaine du Palais des Mines a
été présentée, ainsi que la collection exposée en 1889, au
Musée Américain d'Histoire Naturelle. Ces deux collections
seront réunies dans un nouveau bâtiment, dans une salle spé-
cialement consacrée aux collections Tiffany-Mougan, dont la
liste et le catalogue sont attachés au rapport que nous mettons
à la disposition des membres du Congrès.
396
NOTICE SUR LA
FORMATION GÉOLOGIQUE DE LA HOLLANDE
ET LE DESSÈCHEMENT DU ZUYDERZÉE
par M. «nlUanme-Jean-Cfeorires VAN DER TEFR
La plus grande partie du sol néerlandais a été formé pen-
dant la période diluvienne. A cette période appartiennent tous
les terrains sablonneux depuis Groningue et Leuwarden jusqu'à
Anvers et Bruges, qui ne sont pas des dunes, et qui constituent
les champs, les bois et les bruyères.
Le sable a été Tapport principal de la période diluvienne
aux Pays-Bas et constitue le fond de tous les terrains plats,
qu'interrompent cependant, çà et là, des collines où se mêlent
au sable, des silex, des graviers et de l'argile. Les éléments
constitutifs des terrains diluviens de la Néerlande montrent
clairement qu'ils n'ont pas été formés partout de la même
façon et les différences qu on y constate, prouvent aussi qne
les formations sont de dates différentes. Il est difficile cependant
de tracer des délimitations précises, et le mélange des élé-
ments constitutifs est tel, qu'on ne peut se prononcer avec la
même certitude que lorsqu'il s'agit d'autres formations.
Les formations diluviennes des contrées du nord, de l'est
et du sud se sont accumulées dans les Pays-Bas et se sont
confondues d'une façon à peu près inextricable.
Les terrains diluviens occupent, d'après des calculs globaux.
40,77 0/0 de notre sol national ; ils se répartissent comme
suit : gravier diluvien 10 Vo ; sable diluvien et bancs de sable
fluviaux 29 <>/o ; le reste, soit i 0/0, est formé de loess.
Nous avons dressé une carte géologique du sol néerlandais
à l'époque diluvienne. Nous y avons distingué les terrains dilu-
viens Scandinaves, qu'on trouve dans les provinces de Frise,
de Groningue et de Drenthe ; les terrains diluviens mixtes de
l'Overyssel et de la Gueldre ; les terrains diluviens rhénans,
depuis Wesel en Allemagne jusqu'à Rhenen dans la Gueldre:
et enfin les terrains diluviens apportés par la Meuse dans le
Brabant septentrional et le Limbourg.
G.-J.-G. VAN DBR VEUR Sq"]
Une autre carte, que nous avons Thonneur de présenter au
[Congrès, donne l'état géologique des Pays-Bas quelques siècles
ivant l'ère clirétienne.
A cette époque la Hollande et la Zélande formaient une
agune ; ce qui est teinté en vert était alors mer, la teinte
>rune indique les marécages, et la blanche les dunes, ainsi
pie les dépôts argileux de la mer et des fleuves.
Nous devons nous représenter les provinces maritimes de
a Hollande septentrionale et méridionale et de la Frise, comme
îouvertes alors par une mer intérieure, parfaitement semblable
i celles que nous trouvons encore dans le voisinage des rives
le la Baltique sous le nom de lagunes ou de haft's.
Elle couvrait une partie de la Flandre, la Zélande, la Hol-
ande, le Zuyderzée, et les terres basses jusqu'au delà de
riambourg, comprenant les bouches de TEscaut, de la Meuse,
lu Rhin, de l'Ems, du Wéser et de l'Elbe.
Son existence est si peu douteuse, que non seulement
lous pouvons en suivre les limites le long de la côte et
néme en déterminer la profondeur ; car partout où, en
?lélande, en Hollande, à Touest de Woerden, et dans les
«rrains argileux de Groningue et de la Frise, on creuse à
>lus de cinq mètres de profondeur, on trouve le lit de la
ner indiquée par du sable coquillier.
Ce qui est remarquable c'est que les coquilles qu'on y
rouve ne sont pas celles que la mer du Nord dépose en
grande quantité sur nos plages, mais bien celles qui sont
)ropres aux fleuves de la Zélande et au Zuyderzée. C'est là
me preuve évidente qu'il s'agissait d'une mer intérieure, en
grande partie séparée de la mer du Nord par des dunes et
ilimentée d'eau douce par des rivières.
On peut alléguer encore en faveur de notre assertion
'existence de dépôts d'argile laissés sur le fond de cette mer
)ar les eaux fluviales. Tel est le dépôt horizontal et régulier
L'argile, qui recouvre le sable mélangé de coquilles, des ter-
ains desséchés de Schermer et du lac de Harlem.
D'autres dépôts d'argile se sont formés sous l'action du flux
t du reflux, sur des bancs plus élevés conmie les îles Zélan-
laises, le Drechterland, Westergo en Frise et les hautes terres
ie Groningue. A moins que l'homme n'intervienne, les bancs
l'argile ne s'élèvent à cette hauteur que lorsque la végétation
e produit et qu'il y pousse des joncs et des roseaux. C'est
SgS VIIl« CONGRÈS GEOLOGIQUE
ce que nous prouve la couche tourbeuse qu'on trouve en
Zélande au-dessous du niveau de la mer et qui est bien connue
par les funestes alTaissenients de digues qu'elle a déterminés.
Celte tourbe est formée du résidu des végétaux, qui ont pro-
voqué les premiers dépôts d'argile.
Après qu'une ceinture de dunes eut entouré la mer inté-
rieure, que r argile se fût déposée au fond des assèchements
de la Hollande, que se furent formées les hautes couches
d'argile qui plus tard s'étendirent pour constituer les îles de
la Zélande et de la Hollande méridionale et les plaines du
Drechterland, de la Frise et de Groningue, il a existé un
grand lac d'eau douce où se déversait un fleuve considérable
et qui couvrait la plus grande partie du Zuyderzée autour de
Wieringen et à l'est de Tcxel, Vlieland, Terschelling et Ame-
land.
H est impossible d'indiquer aujourd'hui les limites de ce
lac, mais son existence est prouvée par les tourbières et les
marais que ce lac a formés et dont nous retrouvons les vestiges
sous forme de tourbe, bois de bouleau, de saule, et de frêne.
Les forêts marécageuses s'étendaient d'Ameland à Rotterdam
et Gouda.
Les terrains d'alluvion occupent la proportion suivante du
sol néerlandais :
Tourbières, hautes tourbières, tourbières dessé-
chés, marais i8,58 o/o
Dunes, sables mouvants, anciens sables fluviaux,
dunes fluviales 5,86 <>/o
Argile de mer, de rivière, de ruisseau, ancienne
argile maritime des assèchements . 34,70 Vo
Total des terrains d'alluvion . 59,14 Vo
De bonne heure les habitants de la Hollande durent songer
à protéger les côtes contre les eaux de la mer en renforçant
les dunes et en élevant des digues, tandis qu'ils attaquaient
les marais, les lacs et les étangs par des travaux de dessè-
chement. Ce travail de défense et d'exploitation se fît d'abord
par petites parcelles que l'on entourait de digues pour empê-
cher les eaux extérieures de les envahir et pour contenir les
eaux intérieures.
G. -4. -G. VAN DER VEUR • S99
Plus tard, au quinzième et au seizième siècle, après que
les chapelets hydrauliques eurent été remplacés par les machi-
nes à pompe, ces terrains, appelés polders, s'étendirent de
plus en plus, de sorte que môme avant l'emploi des pompes
à vapeur presque toutes les tourbières purent être endiguées.
Puis ce fut le tour des lacs et des étangs : on s'attaqua
d'abord aux plus petits et aux moins profonds, puis aux plus
grands, qui payaient moins une peine plus grande.
C'est ainsi que les Hollandais ont conquis sur les Ilots
plus de 60 "/„ de leur territoire.
Nous avons tenté de représenter sur une carte la constitu-
tion géologique du fond du Zuyderzée : l'argile (»st indiquée par
une teinte vert foncé ; l'argile légère par une teinte vert clair,
le sablon et le mélange de sable et d'argile, qui forme un
terrain très fertile, sont marqués par une teinte d'un vert encore
plus clair; le sable pur est teinté de rouge et les terrains tour-
beux de noir.
Comment s'est formé le Zuyderzée?
Dans les temps historiques il est mentionné pour la pre-
mière fois par Pomponius Mêla, ollîcier romain, appartenant
à la légion de Drusus, frère de Tibère, et qui fut un des
premiers (jui visitèrent l'île des Bataves.
Il dit dans sa Clwro graphie (III, îi).
« Le Rhin descend des Alpes ... . après avoir parcouru
un espace considérable dans un lit bien déterminé et sans se
diviser en bras, il forme près de la mer plusieui's embran-
chements dont celui de gauche porte jusqu'à son embouchure
le nom de Uhin.
» Celui de droite conserve d'abord la môme largeur qu'avant
la bifurcation, mais bientcH il s'élargit de plus en plus, fmissant
par ressembler, non plus à un fleuve, mais à un vasU» lac,
qui prend le nom de Flévo, lorsqu'il atteint sa plus grande
largeur et forme une île du môme nom ; ensuite le fleuve
redevient plus étroit et se jette dans l'Océan. »
La vaste plaine liquide, dont le lac Flevo formait le centre,
ne s'est pas formé en une fois, mais peu à peu.
L'historien hollandais Wagenaer raconte qu'en l'an lo^o,
après un été très chaud, une tempête d'automne s'éleva et
poussa les eaux de la mer au loin dans l'intérieur. Les régions
basses de la Frise, aux environs de Stavoren furent complète-
ment submergées. L'eau s'éleva si haut dans le [)ays d'Utrecht
400 VUI' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
que Ton péchait le . poisson de nier dans les fossés de la ville.
Attribuer à cet événement la formation du Zuvderzée serait
une hypothèse en contradiction avec les plus anciennes données
historiques que nous possédons sur notre pays. Ce grand (lux
dont parle Wagenaer n'a probablement fait qu'élargir les
passes.
En l'an i334, la Frise souffrit beaucoup d'une inondation
qui fit également des dégâts en Hollande et en Zélande. Elle
fut produite par une violente tempête qui s'éleva le 23 novem-
bre ; beaucoup de villages furent engloutis et il périt un grand
nombre de personnes.
Il n'est fait mention que de quelques-unes des crues d'eau
qui ont ravagé les rives du Zuyderzée ; mais l'opinion géné-
rale est que cette mer intérieure a été formée graduellement
au cours du moyen-âge, alors que l'administration centrale
était encore très faible, que chaque district avait à prendre
soin lui-même de ses propres digues, que le particularisme
battait son plein et qu'aucune autorité supérieure ne pouvait
contraindre les provinces à prendre les mesures nécessaires
pour défendre leur territoire contre l'invasion des eaux.
C'est ce qui nous permet de nous expliquer de la manière
la plus satisfaisante comment a pu se former le Zuyderzée.
Anciennement l'espace où s'étend aujourd'hui le Zuyderzée
était occupé par le lac Flevo et quelques autres lacs, qui,
par l'ellet des crues de mer, se sont réunis et ont formé peu
à peu le golfe actuel. Gela s'accomplit dans le cours du
12™® et du i3™« siècle; toutefois le pays qui s'étendait entre
Medemblik, Stavoren et Enkhuyzen n'a été submergé que vers
la fin du i4™^ siècle.
Depuis i4oo les passes qui séparent Texel et Wieringen
sont devenues si larges, que l'on put expédier d'Amsterdam
et d'Enkhuizen des navires beaucoup plus grands que par le
passé. Vers cette époque le Zuyderzée offrait à peu près sa
configuration actuelle.
Après avoir exposé les origines du Zuyderzée, je parlerai
de (( l'agrandissement des Pays-Bas par le dessèchement du
Zuyderzée ».
Une commission d'État a été chargée d'examiner s'il conve-
nait, dans l'intérêt du pays, d'entreprendre le dessèchement
suivant les plans proposés par la Société du Zuyderzée, et
en cas d'affirmative, de quelle manière ces plans devraient
G.-J.-G. VAN DBR VEUR 4^1
être exécutés. Cette commission a repris de cette Société, le
plan de barrage du Zuyderzée au moyen d'une digue, partant
de l'écluse d'Ewyk, sur la côte orientale de la Hollande sep-
tentrionale, traversant TAmsteldiep, se prolongeant par Tîle de
Wiéringen, et allant de sa pointe orientale, en droite ligne,
vers le village de Piaam sur la côte occidentale de la Frise.
Cette digue de barrage sera longue de 29.300 m., soit environ
5 heures de marche, dans des eaux d'une profondeur moyenne
de 3°ûGo et présentant une coupe verticale de 106"^- 700 au-
dessous de la marée basse.
A l'abri de cette grande digue, quatre grands polders,
entourés de digues, seront épuisés et mis à sec. Le polder de
Wieringen ou du nord-ouest comprenant 21.700 hect. de ter-
rains fertiles, sera d'abord asséché ; puis le polder du sud-
est, avec une superficie de 98.900 hect. de terrains argileux
fertiles ; puis le polder du sud-ouest ou de Hoorn, avec
27.820 hect., et enfin, le polder du nord-est, avec environ
48.900 hect. de terres argileuses lourdes et extrêmement fer-
tiles. Pour obtenir environ 200.000 hect., il faudra un travail
dont la durée est évaluée à 33 ans ; mais alors aussi le
royaume des Pays-Bas se trouvera agrandi pacifiquement d'une
douzième province, au moins aussi étendue que toute la Hol-
lande septentrionale.
Par le barrage, le Zuyderzée, qui est aujourd'hui une mer
intérieure salée, deviendra uu lac d'eau douce d'environ i45.ooo
hect. de superficie.
L'estimation de la faculté productive, ou. ce qui revient au
môme, de la qualité des terres ainsi obtenues, ne repose pas
sur l'appréciation subjective de certaines personnes, mais est
fondée sur un minutieux examen géologique, ainsi que sur les
données scientifiques fournies par MM. les professeurs Van
Bemmelen et Adolphe Mayer.
Pour arriver à connaître exactement le fond du Zuyderzée
on a exécuté 1049 sondages, en général à une profondeur de
2 à 3 mètres, et Ton a également examiné le sous-sol. Dans
les sondages on s'est proposé d'aller à une profondeur qui
permit de formuler un jugement décisif. Là seulement où la
nature du terrain n'était pas douteuse et où n'apparaissait aucun
élément défavorable on s'est arrêté à une profondeur moindre.
Dans les terrains argileux ([ui seront mis à sec, les matières
nutritives sont en quantité si considérable que non seulement
26.
4o2 VIU' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
les cultures épuisantes seront permises, mais même indiquées
jusqu'à un certain point ; durant les vingt-cinq premières années
les terres ne pourront être fumées.
Au nombre des avantages qui résulteront de la construction
du barrage, il ne faut pas oublier que les 32o.ooo m. environ
de digues actuellement existant sur les rives du Zuyderzée.
ne serviront plus à l'avenir que comme digues intérieures ; ainsi
la côte à défendre contre la mer du Nord se trouve réduite
par là, à un tiers de son étendue.
Que ce danger et ses conséquences ne sont pas imaginaires,
cela nous est prouvé par les inondations qui se sont produites
le long du Zuyderzée à la suite de la tempête du 4 février
1825, qui rompit et emporta les digues sur plusieurs points.
Les dégâts causés par ce sinistre aux digues, au bétail,
aux bâtiments et à Tagriculture s'élevèrent à la somme de
14.000.000 florins, tandis que 3^1 personnes furent noyées,
dont 3o5 dans la province d'Overyssel.
Un point de haute importance, est la hauteur qu'il convien-
dra de donner à la digue, pour rendre toute submersion
impossible. En fixant la hauteur de la crête on a tenu compte,
en premier lieu, du fait que la mer pourrait s'élever vers
l'est de la digue à une hauteur égale à celle qui a été cons-
tatée à Harlingen dans les fortes marées ; en second lieu, d'une
crue possible de la mer pendant les tempêtes.
La plus haute marée dont la commission ait eu connais-
sance, c'est celle qui s'est produite en décembre i883 à la
digue au nord du Drechterland à Andyk. La marée monta
alors à 2™3o au-dessus du niveau d'Amsterdam, tandis que
les vagues arrivèrent jusqu'à la crête de la digue, établie
alors à 5 m. au-dessus du niveau d'Amsterdam. Pour garantir
la digue contre des crues pareilles, on a adopté pour la digue
de barrage luie hauteur moyenne de crête de 5 m. 40 au-dessus
du nouveau niveau d'Amsterdam, soit 5 m. 20 à l'extrémité
occidentale et 5 m. 60 à lextrémité orientale.
La largeur de la crête sera de 2™. Le talus de pierre du
côté extérieur devra s'élever à 4 "^ S<> au-dessus du nouveau
niveau d'Amsterdam, et ne pas dépasser l'inclination de quatre
sur un, égale à celle des talus de pierre de la digue de Frise,
au nord de Harlingen, qui résiste depuis plusieurs années à la
rupture et à la submersion.
Sur le versant intérieur de la digue il sera établi un cbe-
I
G.-J.-G. VAN DER VEUR ^o3
m
min de 1er, et une voie carrossable, tant pour relier entre
elles la Hollande et la Frise, que pour perniettre le transport,
à pied d'œuvre, des matériaux nécessaires à l'entretien.
11 sera nécessaire de former une lie artilicielle sur les bas-
tbnds du Bréezand dans le Zuyderzée, entre la pointe orien-
tale de Wieringen et le village de Piaam en Frise, pour faciliter
et accélérer la construction de la digue, procurer un asile sûr
aux ouvriers, un port aux navires et un dépôt pour les maté-
riaux employés à la construction. Cette lie aura au nord et
au sud un port de i5oo m. de long et loo m. de large. Il
deviendra dès lors possible d'avoir toujours les matériaux sous
la main.
L'île achevée, et TAmsteldiep barré, on pourra commencer
la construction de la digue des deux côtés de TUe, à partir de
la côte de Hollande et celle de Frise, pour se rejoindre finale-
ment au milieu.
Le coût de la digue de barrage est évalué à 4o-5<^o.ooo
ilorins et le coût total de Tentreprise à 189.000.000 (lorins :
194.41^ hect. seront ainsi gagnés sur la mer.
Lorsque le barrage aura réduit le Zuyderzée aux modestes
proportions du lac d'Yssel, celui-ci continuera de recevoir
dans rOveryssel,les eaux de l'Yssel et du Zwolschediep ; en Frise
celles du Linde, du Kuinre et du Tjonger ; dans la province
d'Utrecht celles de TEem, et enfin dans la Hollande septen-
trionale celles du Veclit.
Ces lleuves, ces rivières, ainsi que les ruisseaux de la
Véluwe, continueront de remplir le lit formé par le barrage et
si Ton ne prenait des mesures pour permettre Técoulement des
eaux, celles-ci finiraient par submerger la digue. Pour parer à
cet inconvénient, on construira au travers de File de Wierin-
gen un canal qui conduira les eaux excédentes jusqu'à une
série d'écluses par lesquelles elles se déversei'ont dans la mer
du Nord. Ce sera le plus grand ensemble d'écluses que l'on ait
jamais construit.
4o4
SUR LES
RÉCENTES EXPLORATIONS SOUTERRAINES
ET LES PROGRÈS DE LA SPÉLÉOLOGIE
par M. E. A. HART£L
L'étude scientifique de cavités naturelles du sol (grottes,
abîmes, sources) n'a commencé qu'en 1774» loi'squ'Esper eut
établi que les gros ossements des cavernes de Franconie
(Gaylenreutb) appartenaient à des espèces animales éteintes
et non pas à des géants bumains. Mais longtemps après et
jusqu'à ces dernières années subsistèrent, au sujet des grottes,
une foule d'erreurs et de préjugés. Successivement la paléonto-
logie, l'anthropologie, la zoologie, s'aperçurent que les cavernes
leur fourniraient de vastes champs d'observations nouvelles.
L'autrichien Schmidl en i85o fut le premier à se ris(|uer en
barque dans les rivières souterraines du Karst (Recca.
Adelsberg, Planina, etc.) et à en dresser, avec l'ingénieur
Rudolph, de bons plans topographiques.
Il n'y a guère que vingt ans que ses aventureuses inves-
tigations ont été reprises sur un plan d'ensemble en Autriche
par MM. Ilanke, Marinitsch, Mûller, Putick, Hrasky. Ballif.
Kraus, Ri<»del, Kriz, Fugger, Siegmeth, etc. Plus l'écemment
encore (1888), j'ai appliqué avec M. Gaupillat, pour la pre-
mière fois, l'usage du téléphone ])ortatif et des bateaux démon-
tables aux explorations souterraines, et inauguré en France
la visite méthodique des gi'ands abîmes ou puits naturels des
régions calcaires, particulièrement des Causses. Les découverte^
ainsi effectuées et étendues jusqu'en 1900 sans interruption,
dans les différents pays d'Europe, ont, pour ainsi dii-e, renou-
velé de fond en comble la science des cavernes^ la Hohlen-
kunde des Allemands qui, sous le nom français de spéléologif^
tend de plus en plus à devenir une petite branche spéciale
des sciences naturelles, grâce aux résultats inattendus que ses
adeptes, de plus en plus nombreux, obtiennent chaque année,
E. A. MARTEL 4^5
particulièrement dans le domaine de la géologie et de l'hydro-
logie.
C'est pourqoui il m'a paru opportun de présenter ici un
très sommaire tableau des principaux de ces résultats, les
uns réfutant des hypothèses fausses jusqu'alors acceptées comme
vraies, les autres confirmant matériellement des théories justes
seulement esquissées, beaucoup surtout apportant des notions
absolument neuves.
Topographiquement d'abord, on a réduit bien des exagéra-
tions : la grotte de Saint-Marcel (Ardèche) n'a que deux
kilomètres au lieu de sept d'étendue, — celle du Mammoth-
Cave (Kentucky. Etats-Unis), 5o ou 60 au lieu de 241» —
les plus creux abîmes connus (Trebiè Sai m. et Kaôna-Jama
3o5 m., dans le Karst ; Chourun-Martin 3io m. en Dévoluy, etc*),
ne dépassent guère 3oo mètres de profondeur, au lieu des kilo-
mètres qu'on leur attribuait, — les plus vastes cavernes d'Europe
sont Adelsberg (10 kilomètres) en Autriche, Agtelek (Hongrie),
8 kilomètres 7, Planina (Autriche) 7 kilomètres 3, Bramabiau
(Gard) G kilomètres 3, etc.
Quatre ouvrages récents ont bien mis au point ce que
l'on savait des cavernes à la fin du 19^ siècle :
CviJiô, Das Karst'Phdnomen, in-8°, Vienne, 1893.
Martel, Les Abîmes, in-4<^. Paris, 1894.
Kraus, Hôhlenkunde, in-8®. Vienne, 1894.
Martel, La Spéléologie^ in-i2°, Paris, 1900.
Voici le résumé des notions corrigées, confirmées ou
nouvelles que l'on y trouvera sur les cavernes.
Conformément aux idées de Schmerling, Virlet d'Aoust,
Desnoyers, Daubrée, etc., les cavités naturelles du sol ne se
rencontrent en principe que dans les formations géologiques
compactes mais fissurées, — et les principales causes de leur
formation doivent être réduites à deux, la préexistence des
fissures de roches (failles, diaclases, joints de stratification, etc.)
et le trai^ail des eaux d'infiltration.
Ce travail des eaux s'exerce par le triple eftet de la
corrosion (action chimique), de V érosion (action mécanique) et
de la pression hydrostatique (mise en charge sous plusieurs
atmosphères de pression, dans les puits naturels ou les hautes
diaclases formant réservoirs naturels).
4o8 Vllic CONGRÈS GÉOLOGIQUE
A l'extérieur des sols fissurés les eaux souterraines eflee-
tuent leur sortie en des points d'énierfrence, toujours situés,
bien entendu, à un niveau inférieur à celui des points
d'absorption.
Ces points d'émergence sont tantôt impénétrables à l'homuie.
tantôt, au contraire, ouverts en vastes cavermîs, où Ton a
pu plus ou moins loin remonter le lîl de Teau à l'intérieur
du sol (pendant 7 kilomètres à la grotte de Planina, Autriche,
d'où rejaillit la rivière souterraine de la Piuka, absorbée par
la caverne d'Adelsberg). Nous verrons plus loin comment et
pourquoi il importe de ne pas considérer ces points d'émer-
gence comme de vraies sources, mais comme des résurgences.
Résumons d'abord l'hydrologie souterraine des terrains
fissurés par la formule suivante :
Les eaux dHnJiltration j' sont absorbées par les pertes,
abîmes et menues fissures du sol, emmagasinées dans les
cavernes, et rendues ou débitées par les résurgences.
Et complétons ensuite cette loi générale par certaines autrts
données plus détaillées, mais non moins essentielles.
L'origine des abîmes ou puits naturels, caractérisés avant
tout par leur verticalité souvent absolue, a donné lieu aux
plus vives controverses.
Les recherches spéciales dont ils ont été l'objet depuis
1888 ont conduit à cette conclusion, — que tous les géolc^ues
seront tôt ou tard contraints d'adopter, — qu'il faut les
considérer en principe comme de colossales marmites de géant
formées de haut en bas par Vaction chimique et mécanique
d*eau.x violemment engouffrées dans de grandes diaclases verti-
cales. Mes explorations notamment en Irlande et en Angle-
terre, où les swallow-holes absorbent encoi'e des ruisseaux
permanents (à la différence de ceux, à sec, des Ckiusses et du
Karst) ne permettent plus aucun doute à cet égard.
Dans les régions montagneuses, les moulins des anciens
glaciers peuvent, d'après MM. Viglino et Plunkett, avoir
concouru à la formation des abîmes (Alpes - Maritimes et
Irlande, par exemple).
La théorie des orgues géologiques qui fait des puit-^
naturels des entonnoirs de décalcification^ uniquement tins î\
la corix)sion chimique, est, sous cette forme absolue, inexade:
il faut, pour être applicable, qu'elle laisse (comme dans l(mle>
les cavernes) à Térosion mécanique, la part considérable Jue
E. A. MARTEL 4^
à cette dernière. Dans la craie cependant elle trouve de justes
applications.
Quant à la théorie gej'sérienne, dans laquelle d'Omalius
d'Halloy, puis MM. Se. Gras, Bouvier, Lenthéric, etc. consi-
dèrent les abîmes comme des cheminées d'éruption geysériennes,
d*éjaculations argilo-sidérolitiques, il faut Fabandonner complè-
tement.
Celle des effondrements, qui voit dans les puits naturels
des allaissements de voûtes de cavernes au-dessus du coui^s
de rivières souterraines, conserve encore beaucoup de partisans :
elle se justifie, en partie, par l'existence de certains immenses
gouffres comme à Saint-Canzian (Karst), à Padirac (Lot), aux
cenotés du Yucatan (Mexique), et aux hoyos de Colombie, qui
sont manifestement des dômes crevés de grottes; mais les
récentes explorations ont établi le caractère exceptionnel de ce
mode de formation qui s'applique certainement à moins de lo «/o
des puits naturels actuellement visités !
Il en résulte que la fameuse théorie du Jalonnement^ d'api»ès
laquelle Tabbé Paramelle voyait « sous chaque rangée de
» bétoires (ou gouffres) un cours d'eau permanent ou tempo-
)) raire, qui les a nécessairement produites » est inexacte.
L'expérience l'a formellement prouvé.
Environ les trois quarts des abîmes visités n'ont révélé
aucune rivière. Très rares sont ceux situés comme Padirac,
la Coquillière (Ardèche), S. Canzian ou la Mazoclia (Moravie)
dans l'axe même du cours d'eau souterrain ; beaucoup, au
contraire, de ceux qui ont mené à de tels courants y abou-
tissent latéralement, à angles plus ou moins aigus, par des
diaclases greffées sur l'aqueduc naturel intérieur et indépen-
dant de celui-ci (les Combettes, Lot; Rabanel, Hérault; Bétharram,
Basses-Pyrénées). Et si, en dernière analyse, c'est toujours vers
ces aqueducs de drainage que les abîmes conduisent les eaux
infiltrées, à travers les bouchons de débris divers ou d'argile
qui ferment leurs fondis aux tentatives de pénétration humaine,
la communication n'a réellement lieu que par des tuy alliages
étroits, profonds, contournés et divergeant loin de l'orifice même
du goufire ; caractères restés exclusifs du véritable jalonnement.
Comme corollaire de ce <[ui précède il faut admettre aussi que
les dépressicms des plateaux calcaires, classifiés, par les Autri-
chiens, sous le nom de dolines du Karst (cloups du Quercy,
sotchs des Causses, etc.) sans qu'on ait pu s'entendre encore
4lO Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sur la défînitioii exacte de ce terme, sont fort loin d'être
toujoui*s des témoins de cavernes sous-jacentes, obstruées par
Teffondrement de leurs voûtes (Kraus, Schmidl, Tietze, etc.);
beaucoup au contraire représentent de simples points d'absorp-
tion, voire d'ex-lacs ou étangs à ancien écoulement souterrain
comblé, colmatés actuellement par les appoints extérieurs.
A cette question se rattache celle, toujours si controversée,
de la formation des canons par écrDulement de cavernes, et
des vallées inachevées qui doivent leur origine tant à des
causes d'ordre tectonique, qu'aux effets d'une infiltration
subitement arrêtée ou considérablement diminuée.
L'aspect intérieur des rivières souterraines fournit d'ailleurs
toutes les preuves de cette déchéance de l'infiltration. Il
montre aussi que les eaux ont, par Teflet de la pesanteur, une
invincible tendance à s'enfoncer de plus en plus bas au sein des
roches fissurées, jusqu'à ce qu'elles soient arrêtées par les for-
mations imperméables qui constituent leur niveau de base ou
hydrostatique, et qui provoquent leur résurgence (grottes à
étages superposés ; faiblesse du ruisseau actuel par rapport au
vide produit ; plus grande dimension des étages supérieurs
représentant les anciens lits).
Dans certaines régions cet enfouissement a déjà produit des
disparitions de sources qui ne laissent pas que d'être inquié-
tantes pour un avenir plus ou moins lointain.
Ressemblant d'une manière générale au cours des rivières
aériennes, celui des ruisseaux souterrains en diflêre cependant
par la nature des trois obstacles spéciaux qui les sèment:
1° les rétrécissements de galerie parfois réduites à quelques
centimètres de largeur ; 2° les éboulements intérieurs formant
complets barrages que les eaux doivent traverser ou contourner:
3® et surtout les abaissements de plafonds, où la roche encais-
sante est de toutes parts immergée, en voûtes mouillantes ou
siphons d'aqueducs.
Plusieurs géologues ont critiqué l'emploi, à ce propos, du
terme de siphon, voulant, comme les physiciens, en réserver
l'application au véritable siphon de laboratoire où le tube
en U se trouve à la partie supérieure. Théoriquement ils ont
raison, mais pratiquement personne ne méconnaît que les
hydrauliciens nomment également siphons les parties d'aque-
ducs établies en vases communicants pour la traversée des
vallées ou de dépressions à franchir entre deux points élevés.
B. A. MARTRL 4ll
Comme c'est exactement le mécanisme du case communicant,
la loi de l'équilibre des liquides, qui conduit les eaux des
rivières souterraines d'amont en aval des voûtes mouillantes
par dessous des masses de rochei's immergées parfois jusqu'à
35 et même 3o mètres de profondeur (tels sont les chiffres
considérables donnés par la sonde aux siphons de Vaucluse, —
Sauve, Gard. — Creux-Billard, Jura, etc.), on ne saurait guère
vraiment exiger la proscription du terme de siphon pour les
siphons d'aqueducs ou siphons renversés des canaux naturels
du calcaire, alors qu'il est d'un usage consacré, dans des con-
ditions physiques identiques, pour les amenées d'eau telles que la
Vanne (siphons de la vallée de l'Yonne, de Fontainebleau,
etc.) de l'Avre (siphon de St-Cloud), etc., et pour certains
collecteurs d'égouts. Pour mettre fln à cette petite dispute,
je proposerais bien d'appliquer aux voûtes mouillantes des
cavernes, le spécial mot A'hypochéte (passage de l'eau par
en dessous, de Otto, sous, et o/etoç, conduit d'eau) : mais le
maintien du terme critiqué me paraît encore préférable à
la création d'un bizarre néologisme de plus. D'ailleurs il
s'est trouvé sous terre de vrais siphons de laboratoire, dans
des sources temporaires , visités en temps de sécheresse
(l'Ecluse, Ardèche, — Aluech, Aveyron, — Guiers, — Vif, Isère,
etc., etc.)
Quoi qu'il en soit, les eaux arrêtées dans les cavernes par
ces trois sortes d'obstacles et surtout par les voûtes mouillantes
(qui en restreignent le débit, parce qu'elles comportent tou-
jours une diminution dans la section de la galerie), s'accu-
mulent en amont lors des crues et y forment ainsi les réserves
des sources ou plutôt des fontaines du calcaire.
On connaît cependant certains exemples de rivières souter-
raines où l'eau absorbée peut être suivie d'un bout à l'autre,
sans solution de continuité, sans siphons interrupteurs, Nam-
Hin-Boune (Laos, sur 4 kilm.), Poung (Tonkin), grotte de Dou-
boca (Serbie), grotte des Echelles (Savoie). Mas d'Azil (Ariège),
Bramabiau (Gard), etc. Mais ce sont là des faits exceptionnels
assez rares.
On a souvent rencontré sous terre des siphons désamorcés,
en des moments de sécheresse, où leurs voûtes n'étaient plus
immergées, par suite de la baisse des eaux (Martel, à Marble —
Arch, Irlande, à Han-sur-Lesse, Belgique, à Pisino, Autriche, etc.) ;
d'autres ont pu être tournés, généralement par des trop-pleins
4 13 y 111^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
latéraux, parfois à l'aide de travaux artificiels (MM. Gérard,
à Couvin, Belgique : Hrasky, à Vrsnica ; Garniole, en 1887, etc.) ;
M. A. Janet a même eu l'audace de plonger sous un tel obs-
tacle et d'émerger, de l'autre côté, dans le vaste prolongement
de la galerie souterraine (à Tembut de S*-Lambert, Alpes-Mari-
times, 1895).
C'est en amont de leurs siphons que les rivières souterraines,
après les pluies, peuvent se mettre en pression hydrostatique,
sur des liauteurs parfois considérables (70 met. ou plus de 7
atmosphères, à la Foiba de Pisino, Istrie, le i5 octobre 1896:
et même plus de cent mètres dans certains abîmes du Kai^st.
celui de Trebic sur la Recca, par exemple); ainsi s'expliquent
en partie, les oscillations de niveau des émergences telles que
Vaucluse, la Touvre, la Brème (Doubs), etc., etc. Ces sources
dites Vauclusiennes (à tort, parce que Vaucluse a certains
caractèi^es spéciaux qu'on ne rencontre pas ailleurs) devraient
être nommées, d'après moi, sources siphonnantes (abînies i^erti-
caux érnissifs de Fournet).
Ces siphons peuvent avoir une origine tectonique, quand
ils sont dus à des plissements locaux de couches ou à de lon-
gues inflexions de strates en fond de bateau ; dans ces cas
l'eau, suivant le pendage général, remonte forcément par un
vase comnmnicant, si les strates qui l'enferment sont (comme
pour les nappes artésiennes) tout à fait imperméables ou com-
pactes au point de ne lui offrir aucune fissure d'échappement
vers des points plus bas. Il en résulte que, comme à Vaucluse.
au Creux-Billard (Jura), à l'Ouysse et au Limon (Lot), à Bou-
nilloniie (Isère), à Sauve (Gard), etc., les sources du calcaire
peuvent ramener les eaux d'un niveau inférieur à celui même
oii elles sourdent. Enfin, c'est de cette manière que naissent
souvent à de grandes profondeurs les sources sous-lluviales.
sous lacustres (Boubioz d'Annecy) et sous-marines (Méditerranée,
etc.), qui sont parfois de puissantes rivièi'es.
On voit combien tout ces détails contribuent à infirmer la
fausse théorie des nappes continues.
Les hygiénistes ont reconnu et les récentes explorations,
ainsi que les expériences de coloration à la fluorescéine, ont
achevé de prouver que les sources du calcaire ne sont pas de
vraies sources, comme celles lillrées dans des terrains pennéa
blés par imbibition ; il est avéré maintenant que, par les fissures
du calcaire et de la craie, les eaux d'infiltration peuvent véhi-
E. A. MARTEL 4^^
culer d'amont en aval les germes des plus graves maladies
épidémiques, notamment la lièvre typhoïde. C'est pourquoi
j'ai proposé de retirer aux grosses fontaines du calcaire la
privilégiée qualification de source et de les nommer des résur^
gences (réapparitions d'eau), terme qui implique l'idée d'un
retour a la surface du sol, après une première circulation exté-
rieure et une seconde intérieure.
J'ai établi aussi que les sources temporaires ou rémittentes^
qui ne jaillissent qu'après les grosses pluies, sont à peu près
toutes des trop-pleins de sources pérennes, situées plus bas et
dans le voisinage.
De môme le lac intermittent de Zirknitz (Autriche) est le
trop-plein des rivières souterraines qui coulent sous son lit,
plus ou moins abondamment selon la précipitation atmos-
phérique.
Les pluies, en effet, ont une action directe et très rapide
sur les eaux souterraines des cavités naturelles de toutes sortes,
où l'on a matériellement observé depuis peu d'années l'exis-
tence, la fréquence et la brusquerie de véritables crues, par-
fois formidables (Chevrot à Baume-les-Messieurs i883, Putick
à Planina 1887, Gaupillat à la Coquillicre 1892, accidents du
Lur-Loch, Styrie en 1894 et de Jeurre, Jura, en 1899, Martel
à Padirae, 1896, etc.).
Les variations du régime météorologique se font donc sentir
très rapidement, contrairement à ce que l'on a longtemps
enseigné, sur les réservoirs de résurgences ; cela achève
d'expliquer leurs oscillations, modérées dans une forte mesure
par Vaction retardatrice des siphons (v. suprà), — et aussi
les troubles (argiles boueuses) constatés parfois dans leurs
eaux (Yaucluse, janvier 1896 ; Saint-Chély-du-Tarn, septembre
i9oo, lors de l'excursion du Congrès géologique international).
Diverses raisons permettent d'énoncer que les grottes
aujourd'hui largement ouvertes d'où sortent encore des ruisseaux
accessibles à l'homme (la Balme, Isère : Bournillon, Isère ; le
Brudoux, Drôme ; la grotte Sarrasine, le Lison, la Loue, etc.,
Jura ; Sarre, Basses-Pyrénées ; Han-sur-Lesse, Belgique ; le Peak,
Angleterre ; Planina, Carniole ; Rjéka, Monténégro, etc.), ont
été pendant un temps la dernière chambre-réservoir, fermée
vers l'extérieur, d'un courant souterrain jadis beaucoup plus
puissant ; et que, par l'elfet de la pression hydrostatique
surtout, la cloison rocheuse qui la séparait jadis du dehors
4l4 VlUe CONGRÈS GÉOLOGIQUE
a fini par être emportée dans une sorte irexpiosion hydrau-
lique qui a laissé béante la grande cavité actuelle.
On a pu pénéter en effet, soit par des trop-pleins à sec,
soit par 1 étroit canal même de sortie des eaux, dans des
grottes à orifice extrêmement resserré, en arrière duquel on
a presque toujours trouvé un vaste dôme que les eaux de
crue remplissent plus ou moins ; dans ces cas il est avéré
que la l)onde du réservoir souterrain n'a pas encore sauté.
Et il est infiniment probable que derrière les sources
siphonnantes (dites Vauclusiennes), où Teau remonte de plus bas
que son point d'émergence, la dernière caverne- réservoir n*a
pas encore éclaté parce que le mur séparatif final reste trop
épais, faute d'approfondissement suffisant du thalweg extérieur
voisin.
Quand, au contraire, les approfondissements de thalwegs
se sont peu à peu accrus jusqu'à leur niveau actuel, il en
est résulté des conséquences sur lesquelles j'ai attiré tout
particulièrement l'attention : j'ai constaté que, dans toutes
les formations calcaires de l'Europe, les dépressions, plus
ou moins accentuées, des plateaux possèdent presque toutes
une pente générale vers les vallées environnantes ; elles pré-
sentent le véritable aspect de tlialwegs atropfiiés, même de fonds
de lacs (bassina fermés) dépouillés de leui's eaux courantes
ou stagnantes ; or, partout, du Péloponèse à l'Irlande et de la
Catalogne aux Carpathes, on rencontre dans ces {^allées dessé-
chées (ou même inachevées), des ouvertures de goufircs et de
points d'absorption (avens ou bétoires) en si grand nombre
([u'ils imposent Ténoncé de la loi géologique et hydrolugique
suivante : sous l'influence de diverses causes (agrandissement
des fissures sous-jacentes du sol, drainage de plus en plus
énergique vers les thalwegs principaux s'approfondissant gra-
duellement, etc.), il s'est produit une fuite progressive des
eaux dans le sous-sol des ' régions calcaires. On assiste
encore à la production du pliénomène dans les régions humides
de l'Irlande, du Derbyshire, et de Belgique (calcaires carboni-
fères) ; on l'observe bien moins souvent dans les Causses et le
Karst (jurassique et crétacé), au climat plus sec et aux roches
peut-être moins dures. Cependant la vallée de l'Alzou à Roca-
madour(Lot), en offre un remarquable exemple.
Il en résulte de toute évidence que de tels plateaux cal-
caires, maintenant vrais paj^s de la soif, u*ont pas toujours
E. A. MARTEL 4^^
eu la désolante sécheresse dont ils pâtissent de nos jours, —
que jadis des eaux courantes y circulaient en rivières ou s'y accu-
mulaient en lacs, — que le dessèchement a été provoqué plus
ou moins rapidement, à la suite des phénomènes dynamiques,
d'ordre tectcmique, qui ont ouvert* aux eaux les diaclases et
autres cassm*es du sol, — qu'il a été, en maints endroits,
activé par le creusement plus rapide de certains thalwegs
devenant des vallées maîtresses et soutirant par les cavernes-
sources étagées sur leurs rives, des eaux enfouies sur les pla-
teaux latéraux, — et que les abîmes et autres points d'absorption,
actuellement à sec, doivent bien être considérés comme les
points de vidanges d'anciens fleuves, lacs et peut-être même
de mers.
Les phénomènes contemporains de lacs à doubles émissaires
(superficiel et souterrain) du Jura et du Karst, les moulins de
la mer d'Argostoli (île de Géphalonie), les bassins fermés
(Kesselthâler) à ponors et Katavothres de Bosnie-Herzégovine et
de Grèce, les rivières souterraines telles que la Recca, la
Piuka (Autriche), Padirac (Lot), Bramabiau (Gard), etc., les
captures souterraines du Danube par le Rhin (source de TAach),
près Gonstance, du Doubs par la Loue (Jura), de la Loire par
le Loiret, du Bandiat et de la Tardoire par la Touvre (etc.),
les pi'olbndes cluses desséchées comme celle si remarquable de
la Nes([ue, qui a dû être l'ancien écoulement aérien de Vau-
cluse, etc. , sont quelques-uns des faits à l'appui des propositions
qui précèdent.
Les preuves abondent donc du processus qui, dans les
pays calcaires, a substitué à une ancienne circulation siiperfl-
cielle très développée une circulation souterraine actuelle très
restreinte. C'est la loi, fort grave pour l'avenir, de l'enfouisse-
ment constant des eaux dans Técorce terrestre et du lent et
inévitable dessèchement de celle-ci !
Il faut noter que, sous les glaciers, existe aussi toute une
circulation d'eaux intérieures. La catastrophe de Saint-Gervais
a montré combien elle serait utile à étudier. Malheureusement
cette étude présente des dillicultés et dangers tout spéciaux
qui n'ont pas empêché MM. J. Vallot et Fontaine d'en aborder
l'ingrat problème.
La météorologie des cavernes a fourni à la géologie trois
notions nouvelles.
La première c'est que la température de l'air n'y a pas du
4l6 VIll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tout la constance qu'on lui prêtait jadis et que diverses
circonstances, généralement d'ordre topographique, arrivent
à la faire varier de plusieurs degrés, non seulement suivant
les saisons, mais encore d'un point à l'autre d'une nième
caverne.
La seconde c'est qu'il en est de même pour les eaux des
cavernes, et que par suite les résurgences (sources du calcaire)
sont fort loin de présenter toujours une température égale à
la moyenne annuelh» de celle du lieu où elles émergent. (Le^
GiUardes ilu Dévoluy, par exemple, sont refroidies de plusieurs
degrés, comme alimentées par les néçés souterrains de profonds
chouruns),
La troisième c'est que la formation des glacières naturelles,
objet de si longues controverses et de si nombreuses théories,
a pour cause principale l'action du froid hivernal, et pour
causes accessoires par ordre d'importance, les quatre suivantes:
i» foi*me de la cavité ; 2° libre accès du froid ou de la neige
d'hiver ; 3° altitude ; 4® refroidissement par évaporation due
aux courants d'air.
L'origine de l'acide carbonique n'est expliquée que pour les
mofettes des grottes des teiM*ains volcaniques ; dans les cavernes
du calcaire, où il s*est d'ailleurs rencontré fort rarement jusqu'à
présent, cett<» origine reste assez mystérieuse: on sait seulement
qu'on a parfois pris pour de l'acide carbonique des gaz
méphitiques provenant de la décomposition de matières orga-
niques englouties (Katavothres du Péloponèse, etc.). Des analyses
d'air pourraient être intéressantes dans ce cas-là.
La relation des cavités naturelles avec les filons métallifères
a déjà occupé nos savants collègues, MM. Lecornu (plomb du
Derbyshire) et De Launay (Annales des mines, août 1897). Les
pliosphorites du Quercy se rattachent à cet ordre d'idées.
Dans la Blue-Jolm-Mine (Derbyshire) j'ai pu constater que ce
célèbre gisement de galène et de fluorine n est qii*un extra-
ordinaire labyrinthe naturel de fissures, un réseau d'aigris
superposés et réunis par des couloirs plus ou moins inclinés,
et absorbant encore de nos jours un ruisseau extérieur qu'on
peut suivre jusqu'à 90 m. de profondeur, pour le voir se
penlre plus bas encore dans un trou absolument impénéti'able.
sans qu'on ait réussi encore à identifier le lieu de sa résur-
ffrnce.
En 18912 M. G. Gaupillet a fait la très curieuse découverte
R. A. MARTEL 4^7
d'une ancienne mine de cuivre y d'âge inconnu, à 120 mètres
de profondeur, dans l'abîme de Bouche-Payrol, près Silvanès
(Aveyron).
Dans le Taurus Cilicien (Asie-Mineure), à Bulghar-Dagh,
M. Brisse a reconnu que des gisements de plomb, modifiés
et déplacés par la circulation de véritables rivières souter-
raines, ont fait place à des grottes béantes, etc., etc.
Il n'est plus contesté maintenant que la Terra Rossa du
Karst, Terre rouge des cavernes, soit avant tout le résidu de
la décalcification des roches calcaires.
Sur les dépôts de carbonate de chaux qui forment les
stalactites et stalagmites des cavernes et les tufs des résur-
gences, il n'y a guère à ajouter à ce qu'on sait depuis
longtemps, si ce n'est sur le mode tout spécial de formation
des gours ou barrages de stalagmite dressés en travers du
cours des rivières souterraines par suite de leurs oscillations
de niveau et des intermittences de leurs flux ; et aussi sur le
danger que présentent les amas de tufs, beaucoup plus Assurés
et moins solides qu'on ne le pensait jusqu'ici (éboulements
de Saint-Pierre-Livron, Lot, en 1897, de la Tullière, Ain, en
ii^6, etc.).
Le mode de remplissage des cavernes doit nous arrêter un
instant : Je suis tout-à-fait d'accord avec M. Boule pour aban-
donner les idées de cataclysmes et d'inondations diluviennes
des anciens, et pour considérer le remplissage comme elFectué
surtout par l'introduction des terres superficielles à travers
les fissures des voûtes de grottes, sous l'influence de précipi-
tations atmosphériques plus abondantes qu'à présent. Il pense
qu'à ces deux principes généraux il faut ajouter les détails
suivants.
Le remplissage s'opère difl'éremment suivant la nature des
cavités et ne saurait être le même pour les abîmes et autres
points d'absorption, que pour les grottes des résurgences
par exemple. Il y a lieu, en réalité, de distinguer et de
ranger dans l'ordre d'importance que voici, les difl'érents
facteurs du remplissage des cavernes.
i" Apports extérieurs (anciens ou contemporains) par les
fissures des voûtes ;
2* Eboulement par délitement des roches encaissantes, sous
l'action des eaux d'infiltration ;
il.
4l8 VUV CONGRÈS GÉOLOGIQUE
3" Effondrements par grandes masses, dus surtout aux
rivières souterraines ;
4** Décalcification produisant la terre rouge (entraînement du
carbonate do chaux des roches encaissantes par les eaux
chargées d'acide carbonique et mise en liberté de leur silicate
d'alumine, oxyde de fer, etc.)
5» Obstruction par les stalagmites et stalactites ;
6° Entraînement d'alluvions extérieures et de débris oi-ga-
niques dans les abîmes et points d'absorption ;
7" Formation de tufs au débouché des résurgences;
8o Amoncellement de neiges et glaces dans les puits à neige
et les glacières naturelles ;
9® Amoncellement des ossements d'animaux (tombés ou
jetés, vifs ou morts) dans les abîmes de peu de largeur.
Pour savoir si ces fonds d'abîmes ne livreraient pas,
comme je le suppose, des superpositions de carcasses fossiles
plus anciennes que les trouvailles de M. F. Regnault dans
les oubliettes de Gai'gas, etc., et remontant jusqu'aux ûges ter-
tiaires, les paléontologues attendent que l'on entreprenne des
fouilles, ([ui seraient certes longues et coûteuses, dans toute
la hauteur des talus (Véboulis des fonds de gouffres, qui
(entre 5o et 3oo mètres sous terre) peuvent atteindi*e et dépasser
cinquante mètres d'épaisseur.
Les travaux pratiques de désobstructions de pertes, dessè-
chement de marécages, recherches de réservoirs naturels n'ont
encore été entrepris utilement qu'en Autriche, Bosnie-Hei'zégo-
vine et Grèce. Ils seraient bien opportuns dans diverses loca-
lités françaises.
Tel est le résumé, très sommaire, de ce qu'il convient de
corriger ou d'ajouter pour niettre au point, en ce qui concerne
la géologie et l'hydrologie, les notions scientifiques acquises
sur les cavernes à la clôture du xix® siècle.
4i9
OBSERVATIONS GÉOLOGIQUES
SUR LES GROTTES DE LA CURE ET DE L YONNE
par M. A. PARAT
L'étude des cavernes peut fournir à la géologie de nombreuses
observations ; elle a, en edet, à examiner : i® les diaclases des
terrains calcaires, leur origine, leur transformation en galeries,
par la corrosion et par Férosion ; 2° le creusement des val-
lées dont les grottes dépendent et le régime des rivières ;
3° les anciens dépôts meubles de la région et les alluvions
amenés dans les cavités ; 4® ^^ faune et l'industrie humaine
des époques reculées, enfouies dans le remplissage. Ce sont ces
différentes observations que j'ai faites dans les soixante grottes
que j'ai déjà explorées, en tout ou en partie, sur une centaine
que possède le département de l'Yonne. Le but principal était
sans doute la recherche des documents archéologiques, mais
la géologie, qui doit être la base de pareils travaux, ne pou-
vait être oubliée : les grottes ont toujours été déblayées jusqu'au
plancher rocheux, et on a relevé le profil des planchers et
des voûtes, observant et notant surtrmt les divers remplissages
et tout ce (jui p<>ut intéresser le géologue (i).
C'est dans la bordure N.-W. du massif granitique du Morvan,
c'est-à-dire à l'extrême limite du bassin de la Seine, au S.-E.,
que sont groupées, sur une petite étendue, prescpie toutes ces
grottes. KUes sont situées un peu en amont du confluent de
l'Yonne et de la Cure, dans les escarpements de leurs méan-
dres encaissés.
Les premières, en partant de l'est, se trouvent dans la vallée
de l'Armançon. rivière assez considérable, qui se réduit considé-
rablement au niveau de la grande oolithe ; elles sont au nombre
de deux. Plus loin, le Serein a de nombreux engouffrements ; il
se tarit l'été à un endroit pour reparaître plus bas ; il y a
quatre grottes dans sa vallée. Au-delà commence la région des
alfaissements qu'on appelle généralement crois quand ils sont
secs, et soilles quand ils gardent l'eau. Ces fosses atteignent
(1) La nuticc détaillée des Krottes se publie depuis 1894. daus le Bulletin^ de
ta Société des Sciences de VYonnc (Auxcrre; ; la oolioe j,'énéraie a paru dans le
Coiujres international d'.inthropoloyie^ 1901, Paris. Masson.
42K) Vlll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
jusqu'à i5 mètres de profondeur : elles sont nombreuses à la
partie supérieure de la grande oolithe, caractérisée par des cail-
lasses à lits de silex rubané. En avançant vers T Ouest, ces
cavités s'élargissent en perdant de leur profondeur; mais on
trouve, par exception, dans les calcaires lithographiques de
Vermanton une fosse, visible sur 26 mètres, qui s'est ouverte
récemment au milieu d'un crot évasé de 5o mètres de diamètre.
On arrive à la Cure, en traversant le Vau-de-Bouche où
Ton remarque la perte du ruisseau et la présence de cinq
grottes; c'est le point central des excavations : le Corallien est
formé d'un massif de blocailles, très fissuré, reposant sur la
Grande Oolithe, avec interposition de quelques bancs assimilés à
l'Argovien, que traversent de nombreuses diaclases ; et c'est au
niveau de ces trois étages que se sont formées la plupart des
cavités. On compte une trentaine de grottes autour d'une anse,
entre Saint-Moré et Arcy, elles déterminent le passage des
eaux de la rivière à travers la colline ; la Cure elle-même
n'est qu'un filet d'eau l'été. On passe enfin à la vallée de
l'Yonne, ouverte dans un massif coralligène, riche en petites
cavités, où se perdent la plupart des ruisseaux du platean
voisin, tels sont les rus de Vau-Donjon, de Tameron, de Brosses,
de Lichères.
Ces grottes sont des galeries droites, horizontales, dirigées
S.-N., comme les diaclases qui sillonnent le terrain ; il y a
parfois des coudes, des boucles, ou bien la galerie est accom-
pagnée, sur le côté, de chambres qui l'élargissent sans en
changer l'aspect. Les unes finissent brusquement, d'autres
s'allongent en boyau; les Goulettes, qui dérivent la rivière en
partie, ont un kilomètre de longueur, la Grande grotte d'Arcy
mesure 876 mètres, les Fées, i5o mètres, mais la dimension
conmiune est de 10 à 20 mètres ; leur largeur est le plus sou-
vent de a à 6 mètres, rarement de 10 à i5 et par exception
35 mètres au niveau des chambres.
Dans le récif corallien, les grottes sont placées sans ordre, à
toutes les hauteurs ; mais dans les calcaires mieux stratiûés.
elles sont quelquefois disposées par séries, c'est-à-dire dins les
mêmes bancs, ce qui n'empêche pas les grottes de la même
série d'être situées à des hauteurs diflerentes, quand les cou-
ches s'inclinent, comme à Saint-Moré, de l'Est à l'Ouest, ou
sont découpées par des failles, ce qui étage les grottes de 5o
à 3o mètres dans les mêmes bancs. Par suite du plongement
A. PARAT 421
anormal des couches au N.-W., on reconnaît à Arcy, dans
la branche d'aval, la même série de grottes quon voit à
Saint-Moré ; mais au lieu d'être à 3o mètres au-dessus de la
Cure, on les trouve au niveau même de la vallée.
Le Creusement
La formation des grottes, qui résulte de l'agrandissement
des diaclases, est l'œuvre des eaux agissant par corrosion et
par érosion.
Les failles ne manquent pas dans la bordure du Morvan,
et l'on en trouve deux grandes sur la mince bande de lokil.,
qui sépare le massif granitique, de la région des grottes. La
Cure, dans son cours moyen, suit elle-même une faille qui
accuse une dénivellation de 100 mètres.
Quelle époque faut-il assigner à la formation de toutes ces
cavités ? Ont-elles un rapport étroit avec le creusement des
vallées, comme il est naturel de le croire ? Si Ton examine
les fosses situées sur les plateaux, on voit qu'elles sont d'époques
diftérentes ; ainsi les unes sont remplies de l'argile sableuse
de l'éocène et conservent Teau, d'autres, à côté, et c'est le plus
grand nombre, en sont dépourvues et sont toujours à sec : ces
dernières seraient donc moins anciennes que les autres. Mais
comme les eaux qui opèrent un creusement par érosion (( ont
besoin d'être attirées en contre-bas par le vide d'une vallée »,
il s'en suivrait que Tâge des grottes serait le même que celui
des différents thalwegs que la rivière a parcourus. Deux
observations me paraissent cependant ici, contredire cette con-
clusion : I' On voit des cours d'eau abandonner leur canal,
régulièrement tracé jusqu'au confluent, et se frayer un passage
sous les collines bordières ou même se créer un autre lit sous
leur lit normal, au sein de roches résistantes ; 2° Les alluvions
fines des grottes, sans issue, situées à 5o mètres, comme au
niveau de la vallée, présentent une stratification parfaitement
réglée ; or, * si les dépôts s'étaient eflectués au fur et à mesure
de l'élargissement et de l'approfondissement des cavités, les
strates montreraient de la confusion dans tous les sens. Cette
dernière observation tendrait à indiquer le creusement préalable
de ces grottes, à celui des vallées et indépendamment de lui,
au moins pour la plus grande part. Le voisinage des grandes
failles et la présence de failles locales sont l'indice de profon-
43a Vni^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
des cavités d'une grande étendue, et les eaux pouvaient troa-
ver là, à travers les diaclases, leur écoulement naturel.
Le Remplissage
Après le creusement par corrosion est venu le remplissage
sous différentes formes ; mais le plus important et le plus
caractéristique, est celui qui s'est produit par Téboulis des
parois. Jusqu'à un certain moment, les eaux courantes et
d'infiltration amenaient le sable et l'argile dans des galeries
intactes, aux parois polies par la corrosion ; puis les éboulis
ont commencé à se mêler aux alluvions et finalement ont
formé seuls le remplissage. Cette transition du creusement
par corrosion, au l'emplissage détritique, est l'indice d'un
changement de régime, que la faune pourrait nous faire
connaître si les fossiles, des grottes n'étaient pas dus aux seuls
apports de l'homme, c'est-à-dire incomplets. On peut signaler
dans la Grande grotte d'Arcy, où il n'y a pas trace du séjour
des primitifs, la découverte de Thippopotame dans le limon
de rive, tandis que les autres grottes n'ont fourni que des
espèces froides. Quoi qu'il en soit, le refroidissement et Tassè-
chement graduel de Tatmosphère ont dû être les grands
facteurs de ce changement.
Le mode de remplissage des grottes est le suivant, par
ordre de superposition : argile résiduelle ou alluvions, dépôts
de concrétions, éboulis des parois encaissantes toujours
mêlés à argile jaune des dernières alluvions ou du sol
supérieur, argile rouge-brun des plateaux, sans parler des
dépôts accidentels comme les ossements, galets, silex, etc.,
apportés par l'homme. Mais les grottes n'ont pas toutes la
série complète de ces matériaux, c'est l'exception : quelques-
unes sont restées telles que le creusement les a faites ; d'autres
montrent le limon brun, le dernier venu, reposant sur le
plancher rocheux ou sui* les alluvions ; le plus grand nombre
possède les alluvions et les éboulis.
Le premier remplissage est la couche d*alluvions rarement
mêlée de quekjues débris des parois, ce qui prouve que le
creusement s'est fait presque toujours par corrosion. Ces
alluvions sont des cailloux roulés du Morvan, mêlés de sable
granitique, dans les grottes situées au niveau de la vallée :
ce dépôt souvent bruni par le manganèse est recouvert d'une
couche d'argile sableuse gris-verdàtre, et d'une autre plûS
A. PARAT 4*^3
épaisse d'argile jaune, cette dernière est seule fossilifère (les
Fées, le Trilobite, THyène, le Cheval). Dans les grottes basses
fermées (les Fées) et dans les grottes situées de 3o à 5o mètres
(la Roche Percée, l'Homme, le Mammouth, etc.), les alluvions
sont composées de sables quarzeux blancs ou jaunâtres,
d'argile blanche, jaune, rouge, quelquefois brune par suite du
manganèse et se délitant parfois en feuillets ; mais la plus
grande masse est formée d'argile sableuse, et dans deux
grottes, à 3o mètres, le sable granitique est trouvé inter-
calé. L'argile résiduelle, qui est peu considérable, se distingue
de l'argile d'alluvion, en ce qu'elle n'est pas homogène et
toujours sans stratiOcation.
Ces sable et argile, qu'on trouve sur une grande épaisseur
à 5o mètres (La Roche-Percée), et de même à 2 mètres (les
Fées), sont des dépôts de l'époque tertiaire éocène (Sparnacien
continental). On les rencontre encore çà et là, sur la bor-
dure du Morvan, dans des fentes ou des cuvettes, associés
ou non à des grès sauvages empâtant parfois des silex
crétacés. Ces grès, qu'on a pris autrefois pour des roches
erratiques, faisaient partie des couches tertiaires dont les
vestiges ont été conservés dans les grottes et dont la puis-
sance nous est révélée par ce fait, que leur érosion s'est
prolongée durant toute l'époque du creusement de la vallée,
puisqu'on les retrouve à tous les niveaux. L'existence de cet
épais manteau de terres fertiles recouvrant les surfaces arides
des plateaux calcaires a contribué, à l'époque quaternaire, au
développement d'une faune qui comprenait en même temps
l'éléphant, le rhinocéros, le bœuf, le cheval, les cerfs du
Canada et élaphe, le renne, le saïga, le bouquetin dont les
débris gisent dans le remplissage inférieur des grottes.
Les concrétions de calcite forment le deuxième dépôt et
semblent postérieures aux dernières alluvions. Toute une grotte
d'Arcy, la plus grande, est tapissée de stalactites, de stalag-
mites et d'incrustations. C'est une curiosité de la Grande
grotte visitée par BufFon, décrite par Daubenton et d'autres et
dont M. Vélain a dit : (c c'est un sujet complet d'études et.
en même temps, un objet de curiosité méritée qu'on ne trouve
peut-être nulle part réunis avec autant d'expression. » Ailleurs
les concrétions sont rares ; ainsi, à côté, dans la longue galerie
des Fées, il n'en existe pas. Il y a cependant des grottes
aujourd'hui très sèches et qui étaient garnies de concrétions
4^ VIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
au début du remplissage, car on en retrouve les débris à la
base des éboulis (rHomiue). D'ailleurs on rencontre de ces
traces dans presque toutes les grottes, au niveau inférieur.
La couche d'éboulis forme le remplissage le plus général
des grottes; il atteint jusqu'à 6 mètres d'épaisseur, mais son
maximum est à Tentrée et souvent Téboulis se limite à cette
partie. La formation des éboulis, dans les grottes, est généra
lenient lente ; parfois elle est rapide (la Cabane), où il s'est
amoncelé ^^bo de détritus depuis Tàge du bronze, et près de
3™5o depuis Tépoque gallo-romaine ; le toit qui s'est reculé
de lo mètres finira par disparaître.
Il serait donc impossible, d'après de telles données, d'éta-
blir une chronologie de ces sortes de dépôts ; mais à en juger
par la conservation parfaite des ossements à l'entrée des
grottes, exposés aux alternatives de sécheresse et d'humidité,
il faudrait admettre pour l'époque quaternaire un remplissage
tel que les ossements fussent recouveits assez rapidement. On
peut connaître, grâce aux fossiles, Tàge i*elatif de ces éboulis:
les uns embrassent toute l'époque des cavernes (les Fées, le
Trilobite), les autres sont du début et s'arrêtent avec le
rhinocéros (le Mammouth). D'autres vont plus loin et finis-
sent avec l'ours et l'hyène (l'Homme) ; enfin il en est qui se
sont formés à la fin seulement et n'ont que le renne (le trou
de la Marmotte).
Le remplissage d'éboulis est formé par une masse pier-
reuse, mélangée à une partie terreuse plus ou moins abon-
dante et plus ou moins grasse. Dans les grottes au niveau de
la vallée, les allnvions limoneuses et même sableuses sont
venues longtemps se mêler aux détritus ; de plus, les dia-
clases, dans toutes les grottes, ont laissé passer, au moyen
des eaux d'infiltration, l'argile et quelque peu de sable des
couches tertiaires. Par suit(î du tassement se produisant dans
une terre humide, le remplissage détritique a formé une
sorte de blocage solide et même de brèche quand la calcite
est intervenue, ce qui a préservé ces couches du remaniement
par les fouisseurs.
I^ dernière couche de remplissage est bien différente de
la précédente, elle contient quelque rares pierres en forme
de dalles, mais elle se compose, sur 20 à 80 c. d'épaisseur,
d'une argile grasse, rouge-brun, qui se sépare toujours
nettement de la couche jaune, calcarifère sous-jacente. Elle
A. PARAT 4^^
•
s*est introduite, du dehors, par les cheminées ou fissures
où on la trouve encore engagée et quelquefois cimentée par
la calcite ; elle a été aussi amenée, dans les grottes basses,
sous forme d'alluvions. C'est la même argile que celle qui
se voit sur les plateaux, dans les dépressions des pentes ou
sur les dernières alluvions anciennes. Ce limon des caver-
nes, (( identique de tous points avec la partie rubéfiée des
plateaux et des pentes (i) » n'a rempli les cavernes, dans
notre région, qu'au retour du régime humide de l'époque des
tourbières. C'est donc là un produit nouveau, diflérent du
remplissage quaternaire des grottes qui est l'analogue du
loess ; et sa présence indique un changement de régime dont
l'action s'est exercée un certain temps pendant lequel les
grottes n'ont reçu ni le remplissage, ni les débris accoutumés
de faune et d'industrie. Aussi voit-on le i^emplissage jaune
s'arrêter après la faune abondante du renne et du cheval et la
couche brune reprendre, sans transition, avec une faune d'es-
pèces actuelles et même domestiques : cochon, mouton, cerf,
chevreuil, etc., où le cheval est extrêmement rare. Il y aurait
là, avec l'arrêt plus ou moins prolongé du remplissage, une
lacune ou hiatus dans l'occupation de riiomme.
Cette présence de l'homme au milieu des éboulis ajoute à
l'intérêt des observations ; on l'y retrouve à toutes les hauteurs
et sans interruption dans les débris de ses repas et de son
industrie. Les ossements, en effet, à part ceux des repaires,
où ils sont entiers ou cassés transversalement, et appartenant
à toutes les parties du squelette, dénotent l'apport et l'action
de riiomme. Les alluvions caillouteuses des bas niveaux et les
dépôts argilo-sableux des grottes élevées en sont totalement
dépourvus; partout ailleurs, .soit dans les limons de rive, soit
dans les éboulis, ils sont associés aux débris de l'industrie,
ils appartiennent seulement à certaines parties du squelette de
certains animaux, toujours les mêmes; ainsi, en dehors des
repaires, les ossements d'ours et d'hyène font presque entiè-
rement défaut, quoique les dents soient abondantes ; enfin,
les ossements sont très fragmentés dans leur diaphyse, longi-
tudinalement, et sont associés à de nombreuses dents isolées-
On voit qu'au moment de la première occupation des grottes
par l'homme primitif, la vallée était à peu de chose près dans
(1) Traité de géolosrlp par A. de Lappareot, 4" édition, p. 1618 et sui-
vantes. Paris, MassoQ.
4a6 VIll'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Tétat actuel ; il commence à les visiter en même temps que
se dépose, jusqu'à une grande hauteur, le limon de rive jaune
qui succède aux alluvions caillouteuses, et avant que se pro-
duise Téboulis des parois. La faune complète des espèces froides
de Fépoque quaternaire y a été reconnue ; mais la décou-
verte à la Grande grotte d'Arcy, au même niveau et dans les
mêmes limons que les autres, d'un petit hippopotame que M.
Gaudry rapporte à Vamphibius (i)» fait penser que Tarrivée des
Primitifs dans ces grottes coïncide avec la période de transition
et que Thomme des cavernes a pu connaître, à leur déclin,
les derniers .représentants de Tépoque des alluvions.
La Cure, en effet, qui a encore des crues de 4 mètres au-
dessus de Fétiage (i836), atteignait un niveau plus élevé et
devait avoir un régime plus régulier; ainsi la grotte des
Fées, dont le plancher est à 5 mètres, a son remplissage infé-
rieur, sur I mètre, formé de limon de rive, la grotte du Tri-
lobite, à côté, montrait dans Téboulis de la couche magdalé-
nienne, à 6 mètres 5o, des lits de sable fin. Ces observations
concernent Tépoque paléolithique ; Tépoque suivante, dite néo-
litique, marque un retour au régime humide, et les grottes
sont inondées de nouveau ; aux Fées, la couche brune, qui
est un limon de rive, s'élève de 7 à 8 mètres au-dessus de
Tétiage. Pour l'époque romaine il y a de même un repère
qui montre la Cure laissant à 5 m. 60 un dépôt de cailloux et
de sable datés par des médailles du IV« siècle et de la pote-
rie (la Cabane).
De l'ensemble des observations faites sur la géologie, la
faune et le mobilier, on pourrait résumer de la façon suivante
la chronologie relative des grottes dans le bassin de la Seine :
jére Période, — Creusement des grottes par corrosion. Les
alluvions de sable fin et de limon succèdent aux dépôts cail-
louteux et s'élèvent à une hauteur considérable. La faune
comprend toutes les grandes espèces froides de l'époque qua-
ternaire et peut-être l'hippopotame, ce sont : les grands cerfs,
le rhinocéros, l'ours, l'hyène, le mammouth, le renne, ce der-
nier rare. Le mobilier, fourni surtout par les roches des envi-
rons, est du type moustérien, toujours associé à quelques
amandes plates de Saint-Acheul.
2éme Période. — Le creusement s'arrête, le remplissage
(1) La détermination des espèces a été faite au Muséum, par M. Marcellin Boiil^-
A. PARAT 4^7
détritique commence, indice d'un refroidissement prononcé et
d'une humidité intermittente des grottes, produisant des alter-
natives favorables à Téboulis. Les alluvions fines atteignent,
au début, un niveau bien supérieur aux plus grandes crues
actuelles et s'intercalent dans les détritus. La faune comprend
les mêmes espèces qui disparaissent peu à peu, à l'exception
du renne qui se propage ; le saïga et le renard bleu se mon-
trent. L'industrie est, à la base, du type moustérien, mais la
plus grande partie est du type magdalénien: on y a trouvé des
os dessinés, et plus haut le type solutréen.
jème Période. — Le remplissage d'éboulis continue, mais
borné à quelques grottes ; dans les autres, il s'est arrêté après
la faune de l'ours ou du mammouth. Les alluvions n'inter-
rompent plus la masse des éboulis, mêlés à une argile maigre
et calcarifère. La faune ne compte plus que le renne, le che-
val et le bœuf. L'industrie est du magdalénien, sans rien de
particulier.
^éme Période. — Le remplissage s'est arrêté partout, indice
d'un régime sec et froid. La faune et l'industrie de cette
période sont inconnues, en l'absence de tout remplissage. Cette
dernière phase se déduit : i° de la marche normale des phéno-
mènes de l'époque des cavernes ; 2« de l'apparition brusque de
l'argile rouge-brun, au dessus de la couche jaune d'argile maigre
calcarifère, dont elle se sépare nettement, ce qui suppose un
arrêt du remplissage quaternaire représentant du loess, et
l'action prolongée de causes nouvelles transformant à l'exté-
rieur le loess en limon gras, rubéfié ; 3° de la présence, sans
transition, d'une faune toute différente de l'ancienne et d'une
industrie sui-generis. L'homme et les derniers animaux de la
faune quaternaire auraient émigré ou se seraient éteints au
début de cette période.
LISTE DES GROTTES DU DÉPARTEMENT DE L'YONNE
Vallée de l'Yonne
Druyes. Grotte de Saint-Romain, Gave aux Fées.
Festigiiy. Grotte de la Dame P N- (i).
Chdtel-Censoir. Grotte des Fées O.
(i) P veut dire paléolithique, N néolithique, 0 sans résultats.
4^8 Vlll« CONGRES GÉOLOGIQUE
Merry-sur- Yonne. La Cabonde N, le Four O, la Cave O, une sans
nom; 12 grottes au Saussois, une N, les autres O ; la Roche-au-
Loup P N à Ravereau et 5 autres grottes (une N).
Brosses, La Roche-Creuse O.
Mailty-le-Château. 9 petites grottes O.
Verlin. Une grotte (dans la craie).
Chaumont. Une grotte (dans la craie).
Vallée de la Cure
Foissjr-lèS' Véselqy. 2 petites grottes dans le quarz d'épanchement.
Vézelay. Une glotte.
Voutenay. Le Repaire P N, la Roche-au-Laurron P N.
GiroUeS'leS' Forges, 3 grottes N.
Précy-le-Sec. La-Roche-à-la-Grange N, la Roche-à- l'Autel O.
Saint'Moré, La Roche-Moricard N, la Roche-à- Vinaigre, l'Abri du
Lavoir, THogane O. le crot Cana, le Puits 0« la Marmotte P N,
le Crapaud N, le Tisserand O, le Tunnel O, la Roche- Percée N,
la Maison N, Nermont N, le Couloir O, la Cuiller N, les Vipères O,
les Blaireaux P N, l'Homme P N, le Mammouth P N, l'Enton-
noir O, la Cabane N.
Arcy-sur-Cure , Les Goulettes, 3 petits abris ou grottes, le Grand-
Abri des Fées, le Petit-Abri, les Fées P N, le Gouffre, la
ChambreHaute O, l'Ours P N, le Trilobite P N, l'Hyène P N,
le Cheval P N, la Grande-Grotte, les Nomades, les Sapins, le
Chastenay.
Vallée du Cousin
Fontcuibert, Une petite grotte dans le quarz d'épanchement.
Vault-de-Lufcny, Une grotte.
Vallée du Serein
Marmeaux. Une grotte.
Civry, Une grotte à \ illers-Touraois.
Grimault, La Grande Gueule N, une autre.
Poilly-sur-Serein, Une grotte.
Vallée de l'Armançon
Cry, Le Larry-Blanc.
Fuliy. Une grotte.
4a9
SUR LE TERRAIN JURASSIQUE DE MADAGASCAR
par M. H. DOUTILLÉ
Les connaissances que nous possédons sur le terrain juras-
sique de Madagascar se complètent peu à peu, grâce aux
matériaux rapportés presque chaque année par les explorateurs.
Malheui*eusenient l'importance des altérations superficielles,
la nature rainéralogique des dépôts qui souvent sont à l'état
de sables ou d'argiles et surtout le manque de bonnes
coupes naturelles, rendent les études stratigraphiques extrê-
mement difficiles. En outre les couches secondaires sont
généralement très peu inclinées, souvent presqu'horizontales et
leurs superpositions sont rarement observables. Aussi les explo-
rateurs se sont-ils presque toujours bornés à recueillir des fos-
siles. Quelques-uns d'entr'eux, cependant, nous ont fourni des
renseignements intéressants sur la nature des couches obser-
vées, et grâce à ces indications, il nous paraît possible dès
maintenant de nous faire une idée de Tallure et de la cons-
titution des couches jurassiques dans la grande lie africaine.
C'est M. Grandidier qui a signalé le premier le grand déve-
loppement des couches jurassiques dans la région Ouest de
Madagascar et les premiers fossiles ont été étudiés par Fischer (i);
mais c'est à tort que ce naturaliste a signalé des espèces
liasiques ; ce premier gisement exploré dans la région du Sud-
Ouest ne comprenait vraisemblablement que des espèces
bathoniennes et calloviennes.
La région du Nord-Ouest a été explorée ensuite par le
Rev. R. Baron (2), qui a publié ses observations en 1889 ; les
fossiles qu'il avait recueillis ont été étudiés par R. B. Newton
en 1893 (3) et iSgS (4).
(i) C. R. Ac. se, vol. 76, 1873, p. lit.
(2) Q. J. G. S., vol. 45, p. 305 ; 6 mars 1889.
(3) Q. J. G. S , vol. 45, p. 334, pi. XIV.
(4} Ibid, vol. 51, p. 72, pi. II et III.
43o VUie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Plus récemment M. Villiaume (i) a publié un essai d'une
coupe transversale dans la région de Morondava; il a exploré
ensuite avec beaucoup de soins les couches charbonneuses
signalées depuis longtemps dans la région de Nossi-Bé : les
résultats des dernières recherches ont été l'objet de deux com-
munications faites à l'Académie des Sciences dans sa séance
du 5 Juin 1900 (2). Tout dernièrement nous avons encore reçu
un nouvel envoi de fossiles de la même région provenant d'une
seconde campagne d'exploration.
Enfin M. Boule nous a fait connaître à diverses reprises
les récoltes faites par divers explorateurs et en particulier par
M. E. Gautier, chef du service de renseignement, et par
M. Bastard.
Tous ces observateui's sont d'accord pour nous indiquer
que les roches de beaucoup les plus répandues dans les plaines
à l'Ouest de l'Imérina, sont les grès de texture et de couleurs
variables, le plus souvent rouges, mais quelquefois aussi jaunes
ou blancs ; ils sont plus ou moins mélangés d'ai^iles et de
schistes. M. Baron avait déjà observé que ces grès sont
presqu'horizontaux et présentent parfois des formes singulières,
résultat des érosions énergiques auxquelles ils sont soumis:
ainsi dans la région du Nord-Ouest la colline d'Angoraony, au
S.-E. d'Anorontsonga, est tellement découpée que de loin elle
rappelle le profil d'une vaste cathédrale. Ces grès sont tout aussi
développés dans le Sud-Ouest, comme le montre la coupe donnée
par M. Villiaume, et dans le Nord ils forment presqu' entière-
ment l'île de Nossi-Bé et la presqu'île qui s'étend à l'ouest de la
baie de Passandava. Les couches en sont toujours peu inclinées,
de 5 à 8<>, dit M. Villiaume, et elles se prolongent bien loin
sous la mer formant une sorte de plateau sous - marin qui
s'étale en bordure du littoral. Dans cette dernière région, ces
grès présentent des intercalations de scliistes charbonneux gris
ou noirâtres, renfermant une faune marine qui se rattache bien
nettement au lias supérieur (Amm. cf. serpentinus^ Amm^ cf.
melallarius, Amm, cf. Dumortieri); l'étude de la flore a con-
duit M. Zeiller à des conclusions analogues au sujet de Tàge
de ces couches.
(1) Bull. Soc. Geol. Fr , (3), t. XXVII, p. 385. 19 juin 1895.
(2) Douvillé, sur les fossiles recueillis par M. Villiaume dans les roches char
bonneusp.s de la région de Nossi Bé. — Zeiller, sur les végétaux fossiles recueillis
dans les mêmes couches.
U. DOUVILLÉ 4^1
Il résulte de ces observations qu'une partie tout au moins
des grès inférieurs, qui jusqu'alors avaient été rapprochés de
la formation triasique du Karoo, appartient en réalité au Lias;
la présence de grands moules de bivalves signalés par
M. Villiaume dans certains grès rouges dans les environs du
Moroudava rend vraisemblable Texistence du même niveau supé-
rieur dans la formation gréseuse du Sud-Ouest.
Dans la région de la Zongoha au Sud de la baie de
Passandava, on voit affleurer un calcaire noir avec Amm. cf.
serpentiniis , Ostrea cf. Beaumonti, Eopecten. Zeilleria sar-
thacensisy Spiriferina, n. sp., qui parait occuper un niveau un
peu plus élevé et présente déjà des affinités bajociennes ; c'est
vraisemblablement la partie supérieure du Lias supérieur. C'est
probablement à ce même niveau qu'îippartient le calcaire noir
signalé à l'O. d'Ankaramy par le Rév. Baron et dans lequel
M. Newton signalait la présence de Bh. tetraedra et de
Zeilleria perforata ; cette dernière espèce est tellement voi-
sine de Z. sarlhacensis que les deux noms s'appliquent pro-
bablement à la môme forme. C'est donc à juste titre que
M. Newton aurait signalé dès 1889 la présence du Lias dans Tile
de Madagascar. Ce même niveau avec .4mm. cf. serpentinas (?),
petit échantillon rappelant les formes du Lias supérieur de la
Perse, Lima cf. punctata, Astarte cf. suhtetragona, Pecten cf.
Hedonia , nombreux Gastropodes à rapprocher des genres
Trochus, Littorina et Pleurotomaria, Bhynchonella triplicata,
SlomechinuSy a été retrouvé par M. Villiaume dans l'île même
de Nossi-Bé ; la roche est brun foncé, très ferrugineuse et très
dure et les fossiles y sont à l'état de moules d'une conserva-
tion médiocre.
Le Spiriferina cité plus haut est bien identique à l'espèce
qui avait été signalée dans la région du cap Saint- Vincent par
M. Boule (i), d'après les récoltes de M. E. Gautier; il y est
également associé à des Harpoceras de forme liasique.
A rOuest de la zone des calcaires de la Zongoha, entre ceux-
ci et les terrains cristallins du plateau oriental, M. Villiaume
ne signale que des grès et des poudingues ; plus au nord
Newton indique sur le rivage oriental, des grès rouges et la
Bh, plicatella, entre l'extrémité Nord du massif cristallin et
les terrains crétacés de Diego Suai'ez.
(1) C. R. Somm. S. G. Fr. Séance du 5 juin 1899, p. 64.
43a viir' CONGRÈS géologique
Vers le Sud les recherches de MM. Baron et Newion per-
mettent de compléter progressivement la coupe : au Sud d'Anka-
ramy, entre cette localité et Andranosamonta (i) afHeureut des
argiles à septaria et à bélemnites appartenant au Callovien
(Bel. hastatus. Bel. sauvanausus, Amm. macrocephalus, Amm,
calloi>iensis) ; le Per, cf. pol}'gyratiis, indiquerait peut-être
Texistence d'un second niveau plus élevé. Au Sud, à Andra-
nosamonta et en se rapprochant du bord du plateau cristallin
(3 milles N. of Iraony), M. Newion signale des fossiles qu'il
attribue à Toolithe inférieure : Steneosaurus Baroni, Ostrea
Sowerhyi, Pholadomya ambigua, Ceromya concentrica, Lucina
Bellona, Astarte angulata, Trigonia costata, etc. 11 est vrai-
semblable que ces fossiles proviennent du niveau des calcaires
jaunâtres qui ont été signalés par M. Boule un peu plus au
Sud à Antsohihi (expl. Gautier). Dans cette même région (2)
MM. Lydekker et Boule signalent la présence des grands Dino-
sauriens jurassiques {Bothriospond)dus madagascariensis).
Les mômes calcaires jaunes sont indiqués plus au Sud, à
Belalitra, par MM. Stanislas Meunier et Boule (Expl. Gautier).
En continuant à suivre la même direction on rencontre
les gisements explorés par le capitaine de Bouvié près d'Am-
pandramahala, Ambalia et Antanilmandy, à Touest de la
vallée de la Mahajamba. Les atlleurements fossilifères montrent
des argiles à Bélemnites avec septaria souvent très volumi-
neux et renfermant de gros Perisphinctes que M. Munier-
Chalmas (3) a rapprochés de certaines formes portlandiennes
de Russie et du Boulonnais, et du P, Beyrichi, Futtei^er, du
Jurassique supérieur de Mombassa ; il signale en outre un
Aspidoceras cf. rogosnicense et des Bélemnites voisines
du B. pislilliformis ; dans les argiles (et quelquefois aussi
dans les septaria) on rencontre des Ammonites pyriteuses
(Liinuloceras, Neumayria, Oppelia). Du même gisement
M. Boule (4) cite Haploceras deplanaturn et Per. trimeras, iln
Kimeridgien. Enfin nous avons reconnu dans les mêmes
couches Ceroniy-a excentrica et Disculina tenuicosta et de
(1) s. of Aokaramy, N. oC Anclranosamonta. Andranosamonta village, landuu
place.
(2) A VV.. (le la baie (h^ Narinda, Mevarana (ou Maivarano), lac Anlsanikabé,
près d'Aosohihi.
<3) C. R. Somin. S. G. Fr.. 20 mars iH99.
(4) Bull, muséum, 1899, p. VM.
H. DOUVILLË 433
nombreuses Béleninites, appartenant aux groupes du B. Puzosi,
et présentant du côté ventral, au dessus de la pointe, tantôt
lin aplatissement, tantôt un large sillon ou enfoncement.
D'après les renseignements manuscrits qui nous ont été donnés
par le capitaine de Bouvié « ces couches fossililères sont
adossées du côté de l'Ouest à la chaîne du Bongo Lava, qui
se termine de ce côté par une longue déchirure, suite de
faille, et dont le sol est formé d'argile rouge et de sable. »
Les mêmes argiles à gros nodules calcaires se prolongent
au sud dans le bassin de la Betsiboka, où M. Baron les signale
à Ankoala ; les fossiles recueillis dans cette localité seraient
d'après M. Newton : Nerita Buvignieri, Nerinea cf. Voltzi,
Ostrea gregarea, Astarte Baroni, Rhynchonella i^ariahilis,
Rh. plicatella, tandis que vers l'embouchure de la rivière
2 à 3 milles au Nord et i à 2 milles au sud- d'Ambohitrom-
bikely, M. Baron aurait recueilli Modiola imbricaia, Cjypri-
cardia rostrata. C, bathonica.
Dans toute cette région les argiles jurassiques renferment
souvent du gypse et des concrétions pyriteuses ; celles-ci, de
même que les Bélemnites. sont utilisées par les indigènes qui
s'en servent en guise de balles de fusil. C'est de ces -couches,
déjà signalées par M. Baron, dans les monts Tsitondroïna (au
N.-O. de Suberbieville) que proviennent les ammonites pyri-
teuses recueillies par M. Dorr (i) à Marololo (Perisphinctes,
Oppelia cf. punctata, cf. hectica-nodosa) et dont l'âge oxfor-
dien paraît certain.
Vers l'Ouest s'étend le massif liasique exploré par M. Gautier
dans la région du cap Saint-André, de telle sorte que les
couches jurassiques de la Betsiboka paraissent occuper une
dépression, un synclinal entre le massif cristallin à l'Est et
un second massif de terrains liasique, triasique et cristallo-
phyllien bien développés à l'Ouest. Dans l'état actuel de nos
connaissances il est impossible de savoir si ce synclinal
constitue un golfe limité vers le Sud, comme le pense M. Boule,
ou si au contraire la bande jurassique se prolonge le long de la
bordure du plateau oriental pour aller rejoindre les formations
jurassiques du Sud-Ouest, comme on l'avait supposé jusqu'à
présent. Le seul fait certain c'est que le synclinal jurassique
se retrouve dans le Sud et avec des caractères analogues.
(i) Douvillé, Bull. S. G. Fr. (3), t. XXVIII, p. 385, 19 juin 1899.
2«
434 V1I1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Les renseignements font défaut jusqu'au Beniaraha où
M. Boule (i) signale une Rhynclionelle oxfordienne et une
Rhynchonelle bathonienne: le niveau est donc encore un peu
incertain. Un peu plus au Sud la vallée de la Morondava a
été explorée à diverses reprises d'abord par M. Grandidier,
et en -dernier lieu par M. Villiauine. C'est de cette région
que proviennent les premiers fossiles jurassiques étudiés par
M. Fischer (2) et retrouvés ensuite par le dernier explo
rateur (3) ; nous avons indiqué que tous ces fossiles viennent
des mêmes couches bathoniennes ou callo viennes et que c'est
à tort que Fischer avait signalé des espèces liasiques. 11 est
probable cependant que le Lias existe dans cette région, mais
il serait représenté par la partie supérieure des grès rouges
très développés à la base et alternant avec des couches d'ai^i-
lites où M. Villiaume à recueilli quelques moules de Bivalves
{Pecten, Arca, grandes As tarte) ; ces couches fortement rubéiiées
représentent vraisemblablement les premières assises fossilifères
de la région de Nossi-Bé.
Au-dessus affleurent des grès calcaires et des calcaires
cristallins avec Trigonia costata et Nerinea bathonica^ repré-
sentant le Bajocien et le Bathonien ; ils sont eux - mêmes
surmontés par des calcaires jaunâtres à grosses oolithes extrême-
ment fossilifères par places {Phylloceras Puschi, Ph, cf. ZignoL
Lj'toceras Adelae, Astarte excavata, Sphœra niadagasca-
riensis), la présence du Macrocephalites macrocephahis, cité
par M. Boule, indiquerait que ces couches appartiennent au
Callovien inférieur, plutôt qu'au Bathonien supérieur. C est de
ce môme niveau que proviendraient également les fossiles
signalés en i889 par M. Newton, comme provenant du Sud-
Ouest de Madagascar : Stephanoceras Heru^eyi, Nerinea cf.
Eudesi, Sphaera madagascariensis , Terebratula maxillata,
Rhj^nchonella obsol-eta.
D'après la coupe de M. Villiaume, ces diverses couches
calcaires occupent un synclinal en bordure du massif oriental
et limité à l'Ouest par un anticlinal formé par un relèvement
des grès inférieurs.
KnOn, dans le bassin du Tsakondry, à TE. de TuUéar,
(1) Bull. Muséum, 1895, n» 5.
(2) C. R. Ae Se , 1873. p. 111.
(3) Bull. S. G. France (3), t. XXVII, p. 335.
H. DOUVILLÉ 435
M. Boule (i) a signalé encore les mêmes couches callo viennes avec
Macr. cl*, rnacrocephalus, et un niveau plus récent, oxfordien,
avec Perisphinctes Martel H, Ctenostreon proboscideum. Osirea
Jlabelloides (Marshi), Terebratula farcinala, etc. ; ces fossiles
ont été recueillis dans un calcaire oolithique très ferrugineux, res-
semblant beaucoup minéralogiquement à TOxfordien des Arden-
nes. Dans toute cette région méridionale, les calcaires oolithiques
remplaceraient les argiles à Bélemnites et à septaria du Nord-
Ouest, mais il ne faudrait pas conclure de ces dillerences de
faciès, que ces dépôts ont dû se former dans des bassins
différents ; en réalité, le faciès des couches du Nord-Ouest est
un faciès pélagique, tandis que celui des couches du Sud-
Ouest est un faciès littoral. La seule conclusion qu on puisse
en tirer, c'est que le bras de mer où s'elïectuaient ces dépôts
diminuait de profondeur dans la direction du Sud.
Dans Tétat actuel de nos connaissances, Tanticlinal qui limite
à l'Ouest le Jurassique moyen paraît bien continu ; il corres-
pond dans la région centrale, aux crêtes indiquées sur les
cartes sous les noms de Tsiandava et de Bemaraha ; cette der-
nière se prolonge dans la direction N.-S. jusque dans la région
du cap Saint- André et de là, elle s'infléchit vers le Nord-Est
pour atteindre le plateau gréseux des environs de Nossi-Bé. Il
est assez dillicile de savoir à quelle époque cet anticlinal s'est
formé, il est certainement postérieur au Lias, dont les couches
le constituent en grande partie ; mais de ce que les terrains
jurassiques moyens et supérieurs marquent sur Tanticlinal
lui-même, et ne sont pas encore connus plus à l'Ouest, il ne fau-
drait pas en conclure que cet axe a limité de ce côté la mer
jurassique de cette époque; les affleurements ne sont encore
que très imparfaitement connus, et les dépôts peuvent avoir
été démantelés par les érosions, ou être cachés par des couches
plus récentes.
Quoi qu'il en soit, c'est dans la direction du Nord, comme
l'a très bien indiqué Neumayr, que s'effectuait la communication
.avec la grande mer jurassique. Tandis qu'à l'époque triasique
le bassin dans lequel se déposaient les grès de Karoo couvrait
une grande partie de l'Afrique et s'étendait jusqu'au pied du
massif cristallin de l'Est de Madagascar, c'est seulement
après cette période et à l'époque du Lias supérieur, que s'est
(i) Bull. Muséum, 1899, n» 3, p. 130.
436 ynn^ congrès géologique
dessiné le s>'nclinai Sakalave amenant dans cette r^(ion les
eaux marines de la Thétys.
Ce synclinal était en somme assez étroit puisque les dép<Vls
marins de cette époque n'ont pas encore été signalés ni dans
le territoire allemand de l'Est africain, ni en Abyssinie. II
devait suivre la dépression encore marquée de nos jours
dans la partie Ouest de la mer des Indes, dans le prolonge-
ment du canal de Mozambique ; elle contournait ensuite le
massif égj-pto-arabique pour atteindre le golfe persique et la
dépression de la Mésopotamie qui lui fait suite. Or, au N. du
golfe persique nous retrouvons précisément en Pei'se dans la
région de Kirman les couches charbonneuses du Lias avec
fossiles marins (i) ; ces couches se prolongent dans le Nord
de la Perse dans TElbours et de là gagnent l'Europe en suivant
la direction du Nord-Ouest. Dans l'Inde péninsulaire, on ne
connaît encore à ce niveau que des couches à végétaux.
Le synclinal amorcé à l'époque liasique s'est élargi aux
époques subséquentes et les terrains jurassiques moyens et supé-
rieurs sont bien développés à l'Ouest dans le territoire
allemand de l'Est africain et en Abyssinie, et à l'Est dans la
presqu'île de Cutch, où la succession des assises est connue
depuis longtemps.
Tous les paléontologues qui se sont occupés des faunes de
ces diverses régions, ont signalé les analogies qu'elles présen-
tent avec celles de Madagascar ; il nous suffira de citer les tra-
vaux les plus récents, ceux de M. Futterer (2) et de M. G. MuUer {%
Nous avons indiqué la présence de la Trigonia pullus en
Abyssinie avec tout un cortège de formes bathoniennes ; une
faune très analogue existe dans les colonies allemandes, mais
M. G. Muller serait plutôt porté à l'attribuer au Jura supé-
rieur (Astartien) d'après l'étude des polypiers (1. c, p. i;).
Mais en tout cas le Bajocien serait représenté par des calcaires
durs à Rh, senticosa, et le Bathonien par des grès calcaires
micacés, gris jaunâtres avec Pseudomonotis echinata et par
des calcaires gris clair à Rh, varians.
Le Kellovien est représenté par des argiles à septaria
(1) Stahl cite dans cette région des Gryphea, Goniomya et Pecten da lias
(Petermans Mitteilungen, Ergânzungsheft, d. 122, 1897).
(2) Bcitr. zur Kenntniss der Jura in Ost. Africa (Z. D. G. G., vol. 46, 1814i.
(3) Versteiner ungen der Jura und derKreide (Deutscb. Ost. Africa, vol. Vil».
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438 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
(comme dans le N. de Madagascar) avec Rh. varians, Osfrea
Marshi, Pleuromj-a cf. peregrina^ Perisphinctes cf. piicatiiis:
M. Futterer cite à ce niveau des Macrocephalites, la faune nVst
pas aussi bien caractérisée qu'à Madagascar. Il en est de luérae
pour rOxfordien qui serait représenté d'après les indication»^
de M. Futterer par des schistes bleuâtres avec concrétions pyri-
teuses, nombreuses Ammonites et Bélemnites, surmontés par
des calcaires compacts. Les espèces paraissent spéciales à ces
couches ; il faut signaler cependant la présence du Cidaris
glandifera.
Enfin à la partie supérie^ire viennent les couches de
Mombassa, où M. Futterer cite des Ammonites appartenant à la
faune Kimmeridienne de Tl^urope et de Tlnde {Asp. longis-
pinum. Fer, Pottingeri, Oppelia trach)^nota), associées à des
formes plus anciennes (Per, Pralairei) et à des formes
nouvelles (Per, Beyrichi), Ces deux dernières dénominations
correspondent aux espèces les plus fréquentes dans les septaria
de Ampandramahala à Madagascar. Dans les mêmes couches
de Mombassa, Beyrich avait signalé une espèce appartenant
au genre Waagenin si caractéristique du Jura supérieur dans
le bassin méditerranéen. Ajoutons que nous avons signalé des
couches de môme âge en Abyssinie avec AcrocidarLs mobiiis
et Terebratula subsella.
En résumé Tanalog^e des couches jurassiques dans ces
diverses régions, Madagascar, Afrique Orientale, Abyssinie,
Cutch, est tellement étroite que leur parallélisme n'est pas
douteux ; il serait facile de signaler des divergences nombreuses
dans le détail des listes de fossiles, mais elles résultent de ee
que les fossiles sont souvent assez mal conservés, peu nombreux
et surtout ont été étudiés par des paléontologues différents, les
mêmes fossiles ont été souvent dilleremment nommés. En loul
cas. jusqu'à présent les couches de Madagascar forment une
série plus complète et plus riche en Ammonites, comme si
le synclinal présentait le maximum de profondeur sur S4)n
rivage oriental, au pied môme du massif Madécasse. Ije tableau,
page précédente, résume la succession des couches observées.
439
LES EXPLORATIONS GÉOLOGIQUES DE
M. J. DE MORGAN, EN PERSE
par M. H. DOUTILLË
Depuis Tannée 1889 M. Jacques de Morgan a exécuté en
Perse plusieurs voyages d'exploration, d'abord comme chargé
de missions scientifiques par le ministère de l'Instruction
publique, puis en qualité de Directeur du service des Anti-
quités. Dans ces différents voyages, il a relevé des coupes
nombreuses et recueilli un nombre considérable 'de fossiles
qu'il a déposés à l'École des mines.
L'étude des Echinides a été faite d'abord par MM. Gotteau
et Gauthier et à la suite de la mort du premier de ces
auteurs, cette étude a été achevée et publiée par M. Gauthier
(i) ; de nouveaux matériaux recueillis dans un voyage récent
sont actuellement entre les mains de notre savant confrère et
feront objet d'un mémoire supplémentaire. Je me suis chargé
moi-même de l'examen des autres fossiles et ce travail serait
probablement terminé aujourd'hui si des nouveaux envois de
M. de Morgan n'avaient pas augmenté considérablement les
matériaux à étudier. Quoi qu'il en soit, il est dès maintenant
possible d'indiquer sommairement les principaux résultats
des explorations effectuées par le savant archéologue :
Elles sont relatives à trois régions distincts :
i« La chaîne de l'Elbourz.
2® La route de Kachan à Ispahan.
3» Le pays de Baktyaris et le Louristan, entre Ispahan et la
frontière turque.
J'examinerai successivement ces différentes régions.
(i) Les résultats do ces oxplora lions sont publiées par le minlstôpe de l'Ins-
truction publique sous le titre de : Mission scientifique en Perse par J. de Mor-
gan Le tome !•', études géographiques, a paru en 1S94 (Ernest Leroux, fkliteur).
La seconde partie du tome 3', comprenant la description des Echinides fossiles,
par MM. Cotteau et Gauthier, a été publiée en 1895 .
44o VIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
I. — Chaîne de lëlbourz
M. de Morgan a relevé la coupe de la région du
Demavend, déjà plusieui's fois explorée (i) ; ses observations
viennent confirmer les anciens travaux de M. Tietze et la carte
toute récente de M. Stahl, mais en outre il a découvert de nou-
veaux fossiles, qui lui ont permis de préciser et de compléter
les coupes données précédemment.
Les couches inférieures sont toujours l'eprésentées par le
Calcaire carbonifère avec lumachelles de Spirifer striatus
(Imam Zada Hachim) ; M. de Morgan a découvert une faune
beaucoup plus riche près des bords de la Caspienne, dans
les environs de Tunekaboun (Khorremabad) : Productus pustu-
losus, Pr. semireticulaius, Chonetes papilionacea, Orlhothetes
crenistria, Spirifer striatus. Sj'ringothyris cuspidata.
Au dessus de ces couches plus ou moins plissés ou redressées,
vient affleurer le terrain jurassique qui débute par un ensemble
assez puissant de grès et de schistes charbonneux d'à^e
liasique, avec intercalations de calcaires marins plus ou moins
gi'éseux : ces couches ont fourni de nombreuses petites
ammonites du groupe du Grammoceras fallaciosnm^ la Trig,
striata (ou Roxame. v. d. Borne) et enfin un exemplaire
bien typique de Ludmgia Murchisonœ, indiquant que ce sys-
tème de couches s'élève jusqu'à la base du Bajocien. Ce
niveau paraît peu difTérent de celui dans lequel M. Stahl (lac.
cit., p. 69) cite ÏAmm. opalinus.
Les couches à fossiles végétaux dont la faune a été étudiée
par M. Schenk (Bihl. botanica, 1888) et par M. Krasser (Sitzb.
K. K. Ak. Wien, 1892) sont peut-être un peu inférieures à ce
dernier niveau, mais il paraît dilDcile de les faille descendre
jusqu'à rinfralias.
Ce même faciès des couches liasicfues se pi'olonge à TOuesl
dans les environs du lac d'Ourmiah (2), et se retrouve dans
(i) 1853. Grcwin{?k, die ^oognostischeo und oro^o^phiscen Verhaltniss<' der
noerdlichen Persiens, St-P(^lersbourg, avec une carie.
1S78. Tietze, Volcan Dcmavend in Persien, Jahrb. K. K. ge4»l. RcichstiDst..
vol. XXVin, p. 169.
\^M . Stahl, zur géologie von Persien, Petermann's Mittoil. ErtrânzuD^heft,
n'. 122. Ce dernier ouvrage, accompagné de plusieurs cartes géolo^ques a
l'échelle de 1.8M).00O, a paru après les explorations de M. de Morgan.
(2i Weithofer. Sitzb K K. Akad Wiss. Wicn, vol. XCVIi!, Dec lî«>. -
G. Von Borne, der Jura ani Ostufer des Urmiasees, thèse passée devant ri-nivtT
site de Halle. 1891 .
H. DOU VILLE ^/Jl
la région caucasique ; il rappelle tout à fait celui des couches
de Steyerdorf (Banat). dans lequel le faciès gréseux remonte
également jusqu'aux couches à Liogryphea Beaumonti, c'est-à-
dire jusqu'à la limite inférieure du Bajocien. Il faut en rapprocher
également les couches charbonneuses de Madagascar où Ton
rencontre une faune marine à peu près du même âge. Du
côté de TEst, dans l'Inde et au Tonkin, on rencontre égale-
ment des couches charbonneuses d'un âge analogue, ou un peu
plus anciennes ; mais dans Tlnde elles ne renferment pas
de couclies marines ; au Tonkin, il a été rencontré dans la
houille même un échantillon d'Ammonite (?), mais il est indé-
terminable et plutôt d'apparence triasique. Quoi qu'il en soit,
ces couches de grès et schistes ciiarbonneux dont l'âge varie
depuis le Trias supérieur jusqu'au Lias supérieur, présentent
une extension considérable dans toute la région asiatique et
s'étendent au Sud jusque dans l'Afrique australe et au Nord
jusqu'au Japon. Dans ce dernier pays, la série parait très com-
plète ; on y a signalé un niveau inférieur, avec plantes rhéti-
ques et un niveau supérieur liasique, avec couches de houilles
et intercalations de couches marines ; la faune de ces couches
(.4mm. cf. radians, Amni, cf. Murchisonœ, Amm. cf. opalinus)
rappelle d'une manière frappante celles des couches charbon-
neuses de Perse et de Madagascar.
Si nous revenons maintenant à la chaîne de l'Elbourz, nous
verrons que le Callovien paraît indiqué dans les récoltes de
M. de Morgan par des Ammonites du groupe du P. curvicosta^
formes qui existent également sur les bords du lac d'Ourmiah,
a^wîc d'autres espèces calloviennes. Mais la découverte la plus
intéressante est celle de ïOppelia canaliculata, qui indique
la présence de l'Oxfordien supérieur avec un faciès analogue
à celui qui est bien connu en Europe. Cet échantillon provient
d'un calcaire compact, grisâtre, et a été maliieureusement
recueilli dans les éboulis, près d'Amarat.
La partie supérieure de la formation jurassique est repré-
sentée par des calcaires blancs dans lesquels il a été recueilli
un fragment de Perisphinctes à côtes régulièrement bifurquées
et rappelant plutôt les formes du Jurassique supérieur.
Immédiatement au-dessus et sans séparation nettement
marquée, ou rencontre d'autres calcaires compacts tantôt
jaunâtres, et tantôt d'un brun noirâtre, dans lesquels nous avons
reconnu la présence de Rudistes et d'Orbitolines ; ces dernières
44^ ^m* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sont presque fondues dans la pâte de la roche et leurs
caractères n'apparaissent bien nettement que sur les surfaces
polies ou mieux encore dans les plaques minces ; elles sont
tantôt plates, tantôt épaisses et très fortement convexes comme
à Vinport. Les Rudistes sont représentés par des RadioUtes
bien caractérisés, à Vahneh et dans le défilé de Bondé Burida ;
dans ce dernier gisement la section rappelle tout à fait celle du
RadioUtes Dadvidsoni du Vraconnien du Texas. Les Orbitolines
avaient été signalées précédemment dans le centre de la Perse,
près de lesd, par M. Grewingk (sous le nom de Porospira) et par
M. Stahl qui les indique comme associées à des Requienies (?);
ce dernier auteur les signale également aux « Pyla^ Caspiœ »
au S.-E. de Téliéran. Il semble résulter des coupes relevées
par M. de Morgan que, dans la région de TElbourz, le Vracon-
nien, c'est-à-dire l'Albien supérieur, succède directement au
Jurassique. Plus au Sud nous verrons que TAptien est au
contraire bien représenté.
II. — Route de Kachan a Ispahan.
Les récoltes paléontologiques faites entre Kohrud et Soh,
fournissent des indications bien plus complètes que celles qui
nous ont été données par M. Stahl.
Les calcaires paléozoïques de la base ont fourni un cei'tain
nombre de fossiles permiens, parmi lesquels Eumetria indica
et Spiriferina cristaia indiquent un faciès analogue à celui
de rinde: c'est là un point de liaison très important entre le>
gisements du Sait Range et celui de Djoulfa.
Au-dessus près de Soli la présence de l'Aptien est indiquée
par V Acanthoceras Martini, L'Eocène moyen (Lutécien)a
fourni une faune très riche caractérisée par de nombreuses
Assilines : les Mollusques sont représentés par une très grande
Ovule appartenant au groupe des Gisortia^ le Vêlâtes Schmiedeli.
atteignant également une grande tiiille, et un très curieux
Xenophora qui collectionne exclusivement les Assilines; pamii
les Echinides, M. Gauthier a reconnu un Conoclypus et un
Echinolampas paraissant nouveaux ; enfin, on doit signaler
encore plusieurs crustacés Brachyures.
III. — Pays des Baktyaris et Louristax.
C'est la partie la plus intéressante et la plus nouvelle des
H. DOUVILLÉ 443
explorations de M. de Morgan; on ne connaissait en eftet
sur cette région que le compte-rendu du voyage de Loftus
publié en i855 (i). Le Louristan est l'ancien pays de TElam
et M. de Morgan a pu en dresser une carte topographique
au 1/750.000 et un essai de carte géologique.
Dans le pays des Baktyaris, il a retrouvé à Dopoulan
(vallée du Kadsch au S.-O. d'Ispahan) le gisement de ce
singulier Foraminifère pour lequel Carpenter et Brady (2)
avaient créé le genre Loftusia. Ce fossile était considéré
conmie une gigantesque Alvéoline, et pour cette raison attribué
à TEocène ; dans leur révision des espèces d'Alvéolines appar-
tenant à la période nummulitique, MM. Parker et Jones (3) indi-
quent expressément que « la plus grande espèce qu'ils ont
eu occasion de voir est celle qui a été rapportée de Perse par
Loftus et qui atteint 75™"^ de longueur sur 3^™°^ environ de
diamètre ».
Les écliantillons assez nombreux rapportés par M. de Morgan
nous ont permis de reconnaître que les analogies avec les
Alvéolines étaient purement extérieures et qu'il s'agissait en
réalité d'un type tout dillérent. Le test est sableux et la surface
externe de chaque tour présente le réseau caractéristique de
la famille des Spirocyclinidés de M. Munier-Ghalmas (4) ;
cette famille comprend les genres Orbitolina. Dicyclina, Cuneo-
lina, Spirocy'clina, tous genres exclusivement crétacés. Le genre
Loftusia qu'il faut ajouter à cette liste est également crétacé ;
il a été en effet trouvé associé à plusieurs espèces de Rudistes
appartenant aux genres Radiolites et Biradiolites et paraissent
indiquer un niveau probablement Santonien. Du reste une
deuxième espèce de Loflusia à test également réticulé, mais
beaucoup plus mince, a été trouvée dans le Louristan à un
niveau plus élevé, dans des couches d'âge danien.
Nous pouvcms signaler encore dans la môme région un
curieux Rudiste à valve inférieure conique, à valve supérieure
convexe, la charnière rappelle celle des Monopleura, mais elle
(1) Quart, journ. peol. Soc. Vol. XI, part 3, p. 247, 1" août 1855. (Séance du
21 juin 1854)
(2Î) Phil. trans., Vol. 159, p. 740. Voir aussi la note de la page 285 dans le mé-
moire de Loftus précité. La localité indiquée est Kellapstun Pass, prés Du Pulun.
(3) Ann. and Mad nat. hist., 1860, p. 182.
(4) C. R. Sommaire des séances de la S. géol de France, 21 février 1887.
444 ^m^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
■
est dépourvue de ligament; en outre la région périphérique
présente de nombreux canaux.
Le Louristan entre Disful et Kirmandschahan a été explorée
d'une manière très suivie et à deux reprises différentes :
M. de Morgan a reconnu ainsi que toute la chaîne du Poucht
é Kouli est constituée par une succession de synclinaux et
d'anticlinaux parallèles et dirigés du Nord-Ouest au Sud-Est (i).
Les couches les plus anciennes qui apparaissent au sommet
des anticlinaux, correspondent à TAptien et sont caractérisées par
des Ammonites voisines de V Acanthoceras Cornueli et d'assex
nombreux Echinides (Hypsaster, Epiaster, etc.). Au-dessus
vient le Vraconnien avec Puzosia Denisoni et Desmoceras
Stoliczkai, puis le Cénomanien, très nche en Ammonites :
Acanthoceras laticlavium, Ac. Coulomb Ac, GentonL Ac,
Cunningtoni, Ac, rothomagense, Ac. sarthacense^ Turrilites
costatus, etc.
L'ensemble de ces deux niveaux reproduit la faune du
groupe d'Ootatour dans Tlnde.
Nous n'avons trouvé aucune indication du niveau à Rudisles
du pays des Baktyaris, mais par contre la craie supérieure
présente une faune d'une richesse extraordinaire : c'est le
niveau à Hemipneustes dont les Echinides ont été décrit^
par MM. Gotteau et Gauthier : Hemipneustes persicns, H.
minor, Iraniaster Morgani, /. Douvillei, Hemiaster Xoemke,
Opissaster Morgani, Pj^garostoma Morgani, Pseudocatopr-
gus, Echinobrlssas, Pyrina orientalis, Evhinoconus Doimllei
Ilolaster Morgani, H. iraniens. Il sepositus, H. proc/iVw,
Holectypus. Coptodiscus Xoemitv, Orthopsis globosa, 0.
Morgani, Hemipedina, Goniopj^gus superbus, Coptosoma.
Cyphosoma, Salenia. Cidaris persicus, Gette faune d'un
caractère assez particulier a des aflinités incontestables avec le>
faunes du même âge en Algérie, mais elle s'en distingue
non seulement par la présence de certains genres spéciaux,
tels que le genre Iraniaster, et aussi par l'absence complète
des Echinocorj's (déjà très rares en Algérie) et surtout des
Micraster. Ges echinides sont accompagnés par un Spheno-
discus cf. Ubaghsi et un Turrilites du groupe du T. polr-
plaças y et par un certain nombre de Mollusques de faciès
1) J. de Morgan. Mission scientifique en Perse, t. I, études géographiques,
pp. r. et 8. ûg. 5, 6, 7et b
U. DOUVILLÉ 44^
algérien : Neithea tricostata, N. quadricostata, N. substria-
tocostata, Plicatula hirsuta, Spondyliis hystrux, Ostrea
dichotoma. O, crenulimargo, Exogyra Matheroni, Pycno-
do nia vesiciilaris, Biradiolites Môrtoni, Terebratula Bros-
sardi.
Cette faune nous parait plutôt inférieure au Maestrichtien
proprement dit, Y Hem, persicus étant plus voisin des H. ieniii'
porus et Cotteaui que des H. striaio-radialus, pyrenaicus et
africanus.
Les couclies k Oursins sont surmontées par d'autres assises
également très fossilifères, et dont la faune très riche en Mol-
lusques et surtout en Gastropodes (Volutilithes, grands Cerites,
Mélaniens, Nérites) présente déjà un faciès tertiaire. Mais un
certain nombre de types caractéristiques montre que ce niveau
représente en réalité le Dauien et peut-être une partie du
Maestrichtien : certains des Mélaniens doivent être rapprochés
des formes du Garuranien ; M. de Morgan y a recueilli ïOrbi-
tolites macropora qui est une espèce caractéristique de Maes-
tricht, et des Cyclolites, genre essentiellement crétacé ; c'est
de ce niveau que provient aussi V Ornithaster Douvillei, décrit
par MM. Cotteau et Gauthier, et ce genre est exclusivement
danien : enfin il faut signaler une deuxième espèce de Lo/lusia,
à laquelle nous avons déjà fait allusion et qui se distingue de
celle du niveau inférieur par sa forme beaucoup plus mince et
sa taille plus petite : elle dépasse 5o mm. de longueur pour
un diamètre de 9 millini.
Le seul échantillon à'Hippurites cornucopiœ qui ait été
recueilli dans cette région, n*a malheureusement pas été trouvé
en place ; il est bien identique aux formes qui, en Sicile (au
cap Passaro), sont associées à V Orbitoldes papyracea (gensacica);
il est donc probable que cette espèce provient des couches
à Cérites, plutôt que des couches à Oursins.
Enfin la dernière exploration de M. de Morgan lui a permis
de recueillir à Mollah Gawan, sur le flanc du Sewankouh, un
certain nouibre d'Echinides appartenant à TEocène et parmi
lesquels M. Gautier a reconnu les formes suivantes :
Schizaster vicinalis, Sch. rimosus, Ditremaster nux. Péri-
cosmus Nicaisei, Linthia sp. n., Brissopsis sp. n., Euspa-
tangus sp. n.
Dans cette même région, Loftus avait signalé la présence
des couches à Nunnnulites (TV. perforata^ N. complanaià) avec
446 VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Assilines, Orbitoïdes, et quelques Echinides, Conoclypeus Fte-
mingi, Spatangus, Hemiaster (??) et Schisaster.
Ces couches représentent bien certainement le niveau que
nous avons signalé plus haut au N. d*Ispahan ; l'absence d'As^^i-
lines dans le gisement à Ditremaster nux semble montrer que
Ton se trouve en présence d'une assise distincte, sans qu'on
puisse encore déterminer sa position par i*apport aux couches
précédentes.
En résumé les explorations de M, J. de Morgan ont
augmenté d'une manière notable nos connaissances sur la
géologie de la Perse ; les points suivants sont principalement
à signaler :
1° Découverte du Calcaire carbonifère fossilifère à Tune-
kaboun (Khorremabad).
2" Découverte dans la région du Demavend de l'Oxfonlien
supérieur à O, canaliculata, du Jura supérieur à Perisphinctes
et de TAlbien supérieur à Orbitolines et à RadioUtes.
3« Découverte du Permien marin et de l'Aptien entre
Kachan et Ispahan.
4° Dans cette même région, l'explorateur a recueilli une
faune importante que Ton peut attribuer au Lutécien.
5° Dans le pays des Baktyaris, découverte d'une faune à
Rudistes associée aux Loftusia, que l'on avait jusqu'à présent
considérés comme appartenant à TEocène.
r>o Découverte dans les montagnes du Louristan de deux
niveaux appartenant à la craie supérieure et d'une richesse
(extraordinaire, les couches à Oursins et les couches à Cérites.
Plusieurs milliers de fossiles ont été recueillis dans plus Je
dix gisements différents, et c'est grâce à l'énergie de l'explorateur
que toutes ces richesses paléontologiques ont pu être sauvées
au milieu des diilicultés de toutes sortes, résultant de l'absence
totale de voies de conmiunication et de l'hostilité des habitants.
447
MÉMOIRE
SUR L'HISTOIRE GÉOLOGIQUE DU GRAPHITE
par M. E. WEINSCHENK
De nombreuses théories ont été émises par les géologues
sur le mode de formation du graphite. Celle qui considère les
gisements de graphite comme fournissant un terme extrême des
processus de carbonisation, parait à priori, d'autant plus vraisem-
blable, que Ton observe des transformations analogues, depuis
les lignites des terrains cénozoïques pauvres en carbone, aux
anthracites et schungites des terrains paléozoïques, riches en
carbone. Les gisements de graphite des terrains azoïques les
plus anciens représentent, dans cette théorie, les veines de houille
des terrains plus récents ; et on voit même dans la présence
de ce graphite au sein de ces anciennes couches, la preuve
de l'existence de la vie à ces époques reculées, alors même
qu'aucun débris organique reconnaissable ne leur est trouvé
associé .
L'examen attentif du graphite de divers gisements permet
d'y reconnaître rapidement diverses variétés. Tantôt il se
présente en agrégats cristallins grossiers, tantôt en une fine
poussière noire, qui imprègne les roches, et ne présente aux
plus forts grossissements, aucun caractère de cristallinité. Les
réactions chimiques de ces diverses formes ne sont pas non plus
identiques, aussi distingue-t-on assez généralement aujourd'hui
plusieurs états du graphite, sous les noms de graphite, graphU
tite et graphitoïde.
Le nom de graphite, proprement dit, est limité aux variétés
nettement lamellaires, foisonnant en masses vermiculées, quand
elles sont imprégnées d'acide nitrique et chauffées. On appelle
graphitite la forme en agrégats compacts, donnant encore
une raie brillante, mais ne présentant plus à l'œil nu, la
disposition lamellaire. Le graphitoïde comprend les variétés
les plus compactes, sans éclat, à raie sombre non brillante,
et qui brûlent à mie température moins élevée que les précé-
dentes. Ce graphitoïde a été regardé par les uns comme composé
44^ VIU*" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
de carbone pur, amorphe, par d'autres, coiunie un charbon
riche en carbone, et contenant de T hydrogène et de l'azote en
petites quantités. Entre ces trois variétés du graphite, on trouve
cependant tous les passages, et on ne peut les considérer
comme des espèces minéralogiquos distinctes. Il n'y a non
plus aucune raison pour rechercher dans le graphitoide une
combinaison complexe du carbone : les quantités d'hydrogène
et d'azote relevées par l'analyse sont trop faibles pour per-
mettre d'étayer une théorie, et leur présence, peut-être en
relation avec l'impureté de la matière analysée, ne saurait
être dosée avec certitude. La présence de l'azote dans divers
graphites ne peut être considérée comme une preuve de leor
origine organique, car on trouve cet élément dans des gra-
phites d'origine certainement inorganique, comme aussi dans
beaucoup d'autres minéraux et roches.
Les propriétés physiques essentielles des diverses variétés
distinguées, telles que la conductibilité thermique et électrique,
le poids spécifique, restant constantes, il ne semble pas que
les différences basées sur des caractères suboi*donnés tels
que l'éclat, la cassure, la compacité, soient suffisantes pour
distinguer spécifiquement les graphite, graphitite et graphitoide,
mais qu'il convient plutôt d'y voir des états d'agrégation ditle-
rents d'un minéral unique, le graphite.
Pour comprendre la nature et l'origine géologique du gra-
phite, j'ai consacré plusieurs années à l'étude des gisements
de ce minéral et de ses exploitations, visitant la plupart
d'entre eux, et me procurant des collections d'échantillons
des autres. Parmi ces derniers, je citerai les importants gise-
ments de Geylan, dont j'ai eu à ma disposition d'admirables
séries, réunies sur le terrain même et mises à ma disposition
par M. le D^ Griinlin, aide-naturaliste attaché aux collections
minéralogiques de Munich.
L'étude stratigraphique suflirait à apprendre que le graphite
n'est pas toujours, comme on f enseigne, disposé eu couches
interstratiiiés dans les terrains primitifs, mais qu'il présente
des dispositions très variées. Il s'y montre tantôt en couches
interslratifiées, et parfois en filons transverses très nets ; on le
rencontre souvent en lits intercalés dans la série ancienne des
terrains primitifs, et dans d'autres cas, en couches régulières
dans des formations beaucoup plus récentes, caractérisées par
des fossiles d'âges variés. Ainsi un premier examen, superli-
E. WR1N8CURNK 449
ciel, suffît à montrer la diversité des gisements du graphite,
et rimpossibilité de tirer des conclusions générales de l'étude
d'un cas isolé ; chaque gisement doit être étudié en lui-même,
au point de vue stratigraphique et pétrographique, pour révéler
les conditions de son mode de formation.
Le graphite dans certains gisements constitue des accumu-
lations considérables. Ainsi les exploitations de Bavière, pour-
suivies depuis plusieurs siècles, n*ont pas sensiblement appauvri
les gisements ; les travaux ont fourni à Ceylan 3o.ooo mcb.
par an, depuis des dizaines d'années, sans appauvrissement
notable. On a arrêté récemment, il est vrai, l'exploitation du
graphite à Ceylan, mais pour des causes spéciales, locales
ou politiques ; et on pourra lui rendre, quand on voudra, son
importance passée. 11 y a cependant quelques gisements, jadis
célèbres, et justement ceux (|ui ont fourni les plus beaux échan-
tillons du minéral qui se sont appauvris et épuisés, et qui
ne sont plus exploités : tels sont celui de Borrowdale, près
Keswick (Cumberland) et celui des monts de Batougol, près
Irkoutsk, découvert par M. Alibert.
Dans les descriptions qui suivent, nous étudierons succes-
sivement les divers gisements du graphite», en commen(;ant par
le graphite en liions tel qu'on Tobserve à Ceylan et dans les
deux dernières localités citées et qui nous ollrira les types
les plus beaux et les plus riches.
Dans les liions de graphite, on observe toujours (excepté
dans le Cumberiand) que les lames, pailles ou fibres du gra-
phite sont implanté(»s normalement aux épontes du filon, et dis-
posées parallèlement entre elles ; quand on trouve dans ces
filons des fragments de roches étrangères, ce qui n'est pas
rare à Ceylan. elles sont entourées de fibi*es de graphite dispo-
sées radiairement. (i'est le gisement où le graphite présente son
maximum de pureté, donnant en moyenne 95 à 98 % de carbone.
A Ceylan le graphite se trouve normalement à Tétat de
très grandes lamelles ; on constate toutefois, qu'en divers filons,
soit en leur centre, soit sur leurs salbandes. il est déformé
mécaniquement, froissé, plissé, déchiré, réduit en agrégats de
fines petites libres, ou en masses homogènes, compactes, rap-
pelant celui des monts de Batougol. On a là une indication des
conditions de formation, si souvent discutées, des graphites
massifs, à grains lins, fibreux, d'aspect ligneux. Dans le (Cum-
berland, cependant, le graphite en fines écailles régulières
45o VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ne présente pas de ces structures caractéristiques des filon<%.
Le gisement du graphite dans cette région paraît en relation
avec une roche éruptive, porphyrique (grûnsteinartiger Porphyr):
et de même le graphite de Sibérie se trouve associé à une
roche d'origine interne, une syénite à néphéline. A Ceylan,
les roches avoisinantes ressemblent à celles de la région
granuli tique de Saxe : et c'est peut-être cette idée ancienne
que ces roches Taisaient normalement partie du terrain primitif,
qui a empêché, plus que l'examen de ses caractères pi'opres,
d'attril>uer au graphite de Ceylan une origine interne. La por-
tion centrale de Ceylan est formée de roches bien voisines des
granulites de Saxe, et Ton en trouve même les principales
variétés ; ces roches constituent un massif central, autour duquel
rayonnent tous les filonnets graphitiques. D'ailleurs la ressem-
blance des roches granulitiques de Ceylan avec celles de Saxe
est plutôt superficielle : elles se distinguent par leur structure
grenue, non feuilletée, vraiment granulitique et non gneissi-
que, et par suite tout-à-fait caractéristique des roches grenues
d'origine interne. Enfin, on a trouvé et décrit dans ces massifs
de granulite de Ceylan, tous les minéraux habituels aux zones
métamorphiques de contact, et on ne saurait ici attribuer leur
origine à d'autres agents qu'à ceux du métamorphisme de
contact. On en peut conclure, ce nous semble, à l'origine
intrusive des granulites de Ceylan.
Le massif granulitique de Ceylan est un lambeau formé de
roches intrusives, et détaché du continent indien; il présente
ses plus proches équivalents pétrographiques dans le massif
granulitique de la Saxe. Le gisement du graphite de Ceylan
est en filons dans ces roches granulitiques, traversant indif-
féremment les roches à quarz et orthose, et les roches sans
feldspath, telles que pyroxénites et péridotites, qui alternent
entre elles : ces filons sont particulièrement répandus dans U
périphérie du massif. Leurs dimensions varient : parfois ils
s'élargissent en grandes poches, remplies de graphite pur.
tantôt ils se divisent en une infinité de filonnets minces, péné-
trant dans la roche encaissante en tous sens.
Les granulites de Ceylan sont des roches i*emarquablement
fraîches, à altération si superficielle, que les faces de clivages
des feldspath s montrent encore l'éclat de l'adulaire. Elles
ont en outre échappé à l'influence de toutes les déformations
mécaniques, et ne montrent ni cataclases, ni apfAumces
E. WBINSCHENK 4^1
analogues. Ces caractères si uniformes ne disparaissent que
sur les bords des filons de graphite, ou dans les blocs rocheux
qui s'y trouvent enclavés. Au voisinage du grapiiite, les
roches ont perdu leur fraîcheur, les feldspaths, notamment les
plagioclases, sont troubles et remplis de paillettes secondaires
et d'agrégats de kaolin et de nontronite : les cristaux sont
brisés, fendillés, et dans les fissures ont pénétré des écailles
de graphite, des aiguilles de rutile, du sphène. Il existe donc,
près des filons de graphite, une zone de contact modifiée
mécaniquement et métamorphisée ; elle est mince, il est vrai,
mais générale et uniforme et strictement limitée au voisinage
du graphite, dont elle dépend évidemment. Le rutile, abondant
dans la roche modifiée, au contact, est toujours aussi le
compagnon le plus fidèle du graphite dans le filon.
Le gisement du graphite à Passau, en Bavière, est différent
de celui de Ceylan à divers points de vue; mais on le trouve
de même en masses lenticulaires et en nœuds accumulés dans
une roche gneissique. Ce gneiss de Passau est une roche très
disloquée et fendillée, et le graphite, en lamelles assez grandes,
s'y trouve disposé suivant les fissures, les creux des grains
cristallins, les plans de clivage des micas, et dans les inters-
tices entre les autres minéraux. Il n'est chargé de graphite
que quand il se trouve au contact d'un massif de granité voi-
sin ; il présente alors des altérations toutes spéciales. Le felds-
path des gneiss graphitiques est toujours altéré, transformé en
kaolin, en nontronite et autres produits secondaires analogues.
Le graphite dans les gneiss est toujours accompagné de rutile ;
il s'y présente parfois en filonnets trans verses, rappelant la
disposition de ceux de Ceylan.
L'enrichissement de ces gneiss en graphite, se fait suivant
les feuillets de la roche, en lentilles ou amandes allongées,
réunies en essaims, et séparées par des délits de la roche,
dépourvus de graphite ; ces lits intercalés, sans graphite, sont
plus frais et moins disloqués que ceux qui sont chargés de
graphite : leur feldspath n'est ni koaliné, ni épigénisé en non-
tronite. Les lits chargés de graphite, dont les proportions arri-
vent parfois jusqu'à 70 Vo» s'alignent volontiers en traînées
continues, associées à des lits calcaires métamorphisés, qui sont
interstratifîés parallèlement : on trouve souvent alors des cris-
taux de graphite enclavés dans ces calcaires. Le gisement du
graphite de Passau ne permet pas de le considérer comme un
45a VIU^' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
élément primaire des gneiss ; ses paillettes sont toujours disposées
dans des fissures ou joints de la roche, et celles-ci sont néces-
sairement postérieures à sa cristallisation. De plus, les gneiss
qui le contiennent, sont toujours si généralement décomposés, que
cette altération doit être en relation avec la genèse de ce minéral.
Le graphite du Bohiner Wald présente les mêmes conditions
essentielles que celui de Passau. à part qu'il est généralement
plus compact, et que les parties gneissiques chargées de gra-
phite tendent davantage à se poursuivre sous forme de couches
continues, souvent disposées en concordance avec des bancs de
calcaire. Enfin les formations de ce massif graphitique ne mon-
trent pas aussi nettement que les précédentes leurs connexions
avec une grande venue de granité ; elle est seulement ivndue
probable par Fexistence de nombreux petits culots et liions de
roches granitiques suivant la direction des alignements graphi-
tiques. Il y a au voisinage une région granulitique. Quelle que
soit la théorie que Ton propose pour expliquer la formation
des gisements de graphite de Bohême, elle devra expliquer en
même temps l'altération profonde et générale des roches qui
accompagnent le graphite, ici comme à Passau ; elle n'est pas com-
préhensible dans l'hypothèse que tout le carbone se serait trouvé
à Tétat primaire dans ces roches, avant leur métamorphisme.
Les produits d'altération des roches graphitiques, comme
aussi leurs produits d'imprégnation, minéraux titanes, etc.,
sont les mêmes à Passau, en Bohême, et à Ceylan ; mais leurs
proportions relatives sont plus faibles dans ce dernier gisement
Le plus répandu de ces produits d'altération est le kaolin :
la nonlroiiite, silicate ferrique hydraté, très rare ailleurs, épi-
génise le feldspath de ces divers gîtes et en parait caractéris-
tique ; il faut encore citer, dans les deux gisements de Passau
et de Bohème, l'abondance d'un silicate de manganèse suroxydé.
Je vois dans l'existence constante de cette altération des felds-
paths et roches feldspathiques, en combinaisons riches en
peroxydes des métaux lourds, un des faits les plus instructifs
pour l'intelligence de la genèse du graphite; elle nous montre,
par sa généralité, que, malgré les différences locales des trois
gisements étudiés, ce sont les mômes processus cliimiques, ou
des processus très voisins, qui ont toujours présidé à la
formation du graphite.
On a observé, dans l'un des gisements précédents, que U
roclie, entièrement imprégnée de graphite, est en même temps
B. WEINSCHENK 4^3
remplie de minéraux produits d'altération ; un autre gisement
au contraire avait montré que l'altération des minéraux de la
roche était superficielle, étant limitée aux parois des fentes
remplies de graphite : ces apparences opposées s'expliquent
par les diflerences physiques des roches encaissantes. Dans le
premier cas, on avait affaire à des roches schisteuses, fendil-
lées, où les agents graphitogènes ont pénétré facilement; dans
le second cas, on avait des roches compactes, solides, massives,
qui n'ont laissé filtrer les agents chimiques que suivant leurs
fissures, sans les admettre à leur intérieur. Le gisement du
graphite et tous ses caractères d'association sont unanimes pour
établir, à Ceylan comme sur la frontière Bavaro-bohémienne,
que ce minéral est de formation récente dans les roches, et
qu'il a dû y pénétrer par voie d'émanations volatiles, ou de
dissolutions ; ces réactions, à en juger par l'intensité de leur
action, sont en relation avec les phénomènes post- volcaniques
qui suivent habituellement les venues de roches intrusives.
Quelle fut la nature des réactifs qui présidèrent à la for-
mation des gîtes de graphite : et la source du carbone doit-
elle être cherchée dans des matières organiques, ou dans des
émissions profondes d'origine volcanique ? Une première hypo-
thèse nous montre la masse en fusion traversant, lors de son
ascension, d'importantes masses de matières organiques, et y
déterminant des phénomènes de distillation et de volatilisation,
qui auraient provoqué la cristallisation du graphite. Dans
cette hypothèse il y aurait un grand dégagement d'hydrogène,
production de combinaisons hydrogénées et d'autres gaz réduc-
teurs. Mais l'observation apprend, tout au contraire, que le
graphite associé dans ses gisements au fer et au manganèse,
présente ces substances au plus haut degré d'oxydation, bien
loin (fu'elles soient réduites, comme elles l'eussent été dans
les conditions de notre hypothèse. Les autres altérations
minérales décrites dans les roches graphiques sont tout aussi
peu compréhensibles, quand on veut rapporter la formation
du graphite à des combinaisons hydrogénées.
Mais il existe un autre groupe de combinaisons du carbone,
non encore observé, il est vrai, dans la nature, où il serait
même dillicilement observable en raison de ses propriétés,
mais qui expliquerait remarquablement bien toutes les parti-
cularités observées dans les gisements. L'oxyde de carbone
forme avec les métaux des combinaisons particulières, volatiles,
454 VIII'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
très peu stables, désignées sous le nom de Carbon}'les, qui.
sous les moindres modifications des conditions physiques, se
séparent en oxydes métalliques et en graphite, avec dégagement
d'acide carbonique. Une semblable réaction expliquerait très bien,
d'après nous, toutes les particularités observées dans les g^be-
inents de graphite : les altérations intenses des roches seraient
dues à Tabondance de Tacide carbonique mis en liberté : et
Tabondance des peroxydes des métaux lourds épigéni5>ant les
silicates de roches primitivement pauvi*es en métaux lourds est
produite dans cette théorie, par la décomposition des carbonyles.
On ne peut considérer ces combinaisons carbonées comme
dérivant de la réaction souteri*aine d'un magma en fusion, sur
des sédiments riches en matière organique ; mais on devra
bien plutôt les rapporter au magma lui-même, qui les aurait
apportés avec lui des profondeui*8. et ainsi le graphite aurait
une origine purement inorganique.
L'association habituelle du rutile au graphite, dans tous ces
gisements, tend à indiquer, dans ces réactions, la présence do
cyanogène, si porté à former avec le titane des combinaisons
volatiles ; elle est rendue plus probable encore, par l'existence
constatée de Tazote, dans le graphite des filons de Ceylan. Il
s'en faut donc de beaucoup, qu'on puisse voir dans la teneur en
azote du graphite, un argument péremptoire en faveur de son
origine oi^anique.
Nous passerons maintenant à la description de gisements
de graphite, d'un type très différent, que Ton rencontre dans
les Alpes ; nous les désignerons sous le nom de gisements
alpins, bien qu'ils se rencontrent aussi ailleurs. Ils rappellent
ceux de Passau, par la disposition qu y aflecte dans la roche
le graphite exploitable, en lentilles riches, aplaties, et en veinules;
mais ils s'en distinguent à tous les autres points de vue. Le graphite
ne se montre plus, dans ces gisements, associé aux rot-ihes
altérées, si caractéristiques des gisements précédents : il y est
très compact, dépourvu de son éclat métallique particulier, et
loin d'être limité à des lentilles riches, on le trouve aussi
disséminé dans les roches encaissantes.
Dans les Niederen-Tauern, en Styrie, les veines du gi*aphite
se trouvent dans des phyllades à chloritoïde, où des plantes
carbonifères caractéristiques ont été trouvées en divers points:
leur gisement est donc bien certainement dans des couches
carbonifères métamor|)hisées. Souvent ces veines de graphite
E. WEINSCHRNK 4^
permettent même de reconnaître la structure originelle du
charbon, et parfois leur aspect mat, leur texture meuble, indi-
quent les altérationvS mécaniques subies. La masse des phylla-
des chloritoïdeux voisins contient souvent aussi du graphite,
qui est enclavé dans les minéraux constituants, sous forme
d'une fine poussière cristalline et met en évidence les lits ori-
ginaires du schiste et sa structure primitive.
Dans les Alpes Gottiennes, les gisements de graphite présen-
tent des caractères analogues, ils se trouvent associés à des
quarzites compacts, grès recristallisés, au lieu de phyllades chlo-
ritoïdeux : on y reconnaît encore les caractères du charbon,
dont dérive ce graphite. 11 en est de môme dans les Apennins,
de Ligurie, où on peut suivre avec netteté le passage de
l'anthracite perrao-carbonifère au graphite.
Dans ces gisements, le graphite est, sans aucun doute possible,
d'origine organique, et formé aux dépens de la houille carbo-
nifère ; on peut seulement discuter ici les causes de cette
transformation du charbon en graphite. Dans les Alpes, on
rapporte volontiers toutes les transformations au dynamométa-
morphisme ; mais dans Tespèce, cette explication prête à de
graves objections. En elFet, des actions dynamiques susceptibles
de déterminer la recristallisation de séries stratigraphiques
entières, auraient dû laisser des traces multiples de leur
influence. Et on comprend diflicilement dans cette hypothèse
la conservation des débris végétaux observés ; ainsi les im-
pressions végétales trouvées dans les schistes de Styrie ne
sont ni déformées, ni arrachées, les quarzites des Alpes cottien-
nes ne montrent guère de traces d'écrasement ou de brecciation.
On sait cependant combien le quarz enregistre fidèlement, par
ses cassures, la trace des actions mécaniques subies. Aussi, je
répugne à rapporter la cristallisation d'un sédiment, à une action
dynamométamorphique, qui n'aurait point laissé de traces sur
des témoins si sensibles.
Il faut chercher une autre explication, et on la trouve sur
le terrain même. On trouve, en effet, associée à tous ces gise-
ments carbonifères métaniorphisés, une sorte de gneiss, roche
feuilletée d'aspect porpliyrique, à contacts aplitiques, disposée
en bancs interstratiliés, et avec filons d'aplite transverses ; ces
gneiss sont des variétés feuilletées de roches granitiques intru-
sives. rappelant, par tous leurs caractères, les granit(»s des mas-
sifs centraux alpins. (I*est d'ailleurs au voisinage de ces granités
456 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
gueissiques que les roches graphitiques acquièrent leur plos
grande cristallinité, quel que soit, en ces points, leur état de défor-
mation mécanique ; par contre, elles perdent leui*s caractères
cristallins, en s'éloignant du granité, et, arrivées à une distance
suflisante, les roches les plus déformées mécaniquement ne pré-
sentent généralement plus aucun caractère de cristallinité. Dans
ces gisements, il faut donc attribuer les modifications subies par
les sédiments carbonifères au contact de roches gi*ani tiques intru-
sives, par suite desquelles les schistes auraient été transformés
en phyllades à chloritoïde, les grès en quarzites, le charbon
en graphite. On peut rappeler ici, en outre, Fassociation fn*
quente au graphite, dans la chaîne des Alpes, tant orientales
qu'occidentales, de sortes de cokes ; la présence de ces produits,
compréhensible dans T hypothèse d'une action volcanique, serait
inintelligible dans le cas de transformations dynamo métamor-
phiques. Enfin les anthracites qui passent au graphite, dans les
Apennins de Ligurie, présentent une particularité caractéris-
tique du métamorphisme de contact, dans ce fait qu'ils écla-
tent quand on vient à les chauffer même modérément.
Quand donc on fait une révision d'ensemble des caractères
généraux des principaux gisements de graphite, on est d'abord
frappé de constater que jamais on ne voit de passage graduel
du charbon au graphite, comme le veut la théorie du méta-
morphisme régional, ou des transformations lentes, insensibles,
séculaires. On observe au contraire, dans tous les gisements,
où le graphite dérive du charbon, que le passage enti'e eux
est brusque et la limite franche, comme il convient au
voisinage d'un massif granitique d'intrusion, sous rinllaence
d'agents métamorphiques actifs et subtils.
Si les arguments donnés plus haut en faveur de la nature
granitique des roches gneissiques des Alpes ne paraissaient
pas sulUsants, je rappellerais leur identité avec les autres
granités des Alpes Centrales, dont l'origine intinisive est
facile à reconnaître. 11 y a enfin encore une auti'e liaison qui
empêche d'attribuer les modilications de ces massifs au dyuaim)-
métamorphisme, agissant sur des sédiments déposés sur les
gneiss : c'est la complexité extrême des hypothèses mécaniques
auxquelles il faut faire appel pour les expliquer, tandis que
l'interprétation est des plus simples dans la théorie du méta-
morphisme de contact.
Non, le graphite ne constitue pas un terme final de la
E. WEINSCHBNK 4^7
série des roches formées de carbone, série continue qui
commencerait au lignite pour se terminer à Tanthracite, et où la
teneur en carbone irait en augmentant graduellement à mesure
que Fàge va reculant. Peut-être l'enricliissement graduel en
carbone de cette série va-t-il jusqu'à déterminer la formation
de roches formées de carbone pur , comme la schungite ;
mais ce terme extrême lui-même est encore bien différent
du graphite, puisqu'il reste toujours formé de carbone amorphe
à propriétés physiques très différentes, et dont la transfor-
mation en graphite nécessiterait l'intervention d'actions plus
intenses que toutes celles subies jusque là.
Ces recherches établissent en outre que Ton ne peut
attribuer une origine unique à tous les gisements de graphite,
considérés comme des transformations de couches formées de
débris organiques, On en a déjà une preuve dans la dispo-
sition de nombre de ces gisements en liions dans des formations
intrusives, comme par (exemple, ceux de Sibérie, du Cumber-
land, de Ceylan ; on peut également attribuer une semblable
origine interne aux graphites en lentilles interstratifiées dans
les roches gneissiques de la frontière Bavaro-bohéme, où ce
grapliite représente un apport relativement récent.
Aucun des gisements du graphite, étudiés dans ce mémoire,
et ce sont les plus importants connus, n'est venu apporter de
confirmation à celte vue si généralement répandue, que les gise-
ments de graphite sont d'anciennes veines de houille, précurseurs
des terrains houillers. et formées de débris végétaux, à des
époques antérieures à toutes celles qui nous ont fourni des
fossiles déterminables. Au contraire, tous les gisements étudiés
nous apprennent, ou que le carbone y a été amené par des
émanations volcaniques, ou que, provenant de substances
organiques, il a été remis en mouvement sous l'influence
d'actions volcaniques : et dans ce dernier cas, on constate
qu'il est de formation bien plus récente que les premières
couches fossilifères connues. On ne trouve donc aucune preuve,
dans l'étuele minutieuse des gisements, que la présence du
graphite suffise pour faire remonter l'origine de la vie plus
loin dans la nuit des temps, que nous ne le savons positive-
ment par la découverte de formes fossiles authentiques.
/;58
CHARBONS GÉLOSIQUES ET CHARBONS HUMIQUES
par M. C. E|^. BERTRAND
Je me propose, dans cette communication, de présenter an
bref résumé de mes recherches sur les deux types de chari>ons
que j'ai le plus étudiés dans ces dernières années, les charbons
gélosiques et les charbons humiques.
Uétat d'avancement de mes observations sur les autres t}'pes
de combustibles ne me permet pas d'en parler actuellement
Les essais de généralisation qui ont été tentés me paraissent
prématurés. Pendant longtemps encore il sera nécessaire de
s'en tenir à la méthode des monographies que j'ai adoptée.
Les monographies permettent seules de présenter les fail^
observés avec la précision nécessaire pour en permettre la
vérification et le contrôle.
Bien que les charbons humiques soient le fond commun
dans lequel se différencient les autres sortes de charbons, je
présenterai pourtant en premier lieu les charbons gélosiques
qui sont un type dérivé et ensuite les charbons humiques qui
sont la manière d'être plus générale.
Charbons gélosiques et charbons humiques ne sont pas
seulement des variétés de combustibles discernables scientifi-
quement, des sortes de subtilités de classification. Ces noms
répondent à des variétés de combustibles que l'industrie
minérale reconnaît et distingue depuis longtemps. Les char-
bons gélosiques sont les bogheads, les charbons humiques
correspondent aux schistes bitumineux.
Je rappellerai que les premières de mes études sur les
charbons ont été publiées en collaboration avec mon excellent
ami M. B. Renault.
A. — Les charbons gélosiques.
Les charbons gélosiques ou bogheads ont comme types
classiques :
Le Kérosène shale d'Australie
Le Boghead d'Autun.
La Torbanite d'Ecosse.
Les deux premiers ont élé très étudiés, La Torbanite n'est
C. EG. BERTRAND 4^
connue que dans ses grands traits, sa monographie n*a pas
été publiée.
Pour ces trois bogheads il a été reconnu :
i» Qu'ils résultent de Taccuinulation d'algues dans une
gelée brune humique :
2^ Que la gélose des algues est la matière dominante de
ces formations. Cette gélose leur donne leurs caractéristiques
principales. On peut dire dès lors que les appellations : bogheads,
charbons d'algues et charbons gélosiques sont équivalentes ;
3" Que les accumulations d'algues qui ont fourni la matière
végétale génératrice des bogheads se sont faites très rapidement ;
4" Que la fossilisation de la masse gélosique s'est faite en
présence de bitume.
b^ 11 a été constaté de plus que, dans ce milieu, des frag-
ments végétaux convenablement altérés donnent, soit des
fusains, soit du charbon brillant craquelé, tel que celui qu'on
trouve dans les houilles.
Selon la méthode que j'ai adoptée, je procéderai par l'expo-
sition d'exemples concrets. Cette méthode permet seule la
vérification des faits indiqués.
Le Kérosène Shale d'Australie,
Je prendrai comme premier exemple le Kérosène shale de
Blackheath, dans lequel les algues formatrices de la roche ne
sont pas très grosses.
Une coupe verticale de ce Blackheath montre des algues
en forme de sac creux couchées à plat dans une gelée brune.
Ces sacs sont uftaissés mais non écrasés. Bien que très nom-
breux, les thalles ne se touchent pas. Chaque thalle possède
une seule rangée de cellules. Les protoplastes lacrymorphes
tournent leur pointe vers l'extérieur. Ces protoplastes sont
colorés par localisation élective du bitume. La localisation de
la matière colorante s'est exercée ici à travers la paroi. Ce
qui permet cette alUrmation, c'est que les organites du proto-
plaste sont reconnaissables par les intensités différentes de
leurs colorations. On écarte ainsi l'idée de matière bitumi-
neuse simplement injectée dans des cavités précédemment
occupées par des protoplastes.
La gélose des parois forme des couches excentriques beau-
coup plus épaisses vers l'intérieur dans les thalles âgés. Cette
gélose présente des gravures presque parallèles à la surface
46o YIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
des couches. L'intérieur du thalle semble une cavité qui était
peut-être occupée par une gelée très claire, analogue à celle
des Cénobies de Volvox. On voit souvent dans cette cavité
une petite quantité d'une matière brun rouge, très claii'e, très
peu chargée» de corps bactémides. Elle diflère donc assez pro-
fondément de la gelée humique où sont enfouis les thalles,
pour permettre d'aflirmer que celle-ci n'a pas pénétré massi-
vement dans la cayité du thalle tant que celui-ci était intact.
La surface des gros thalles présente de fortes invaginations
résultant du développement inégal des deux faces de ses cellules,
le fond des éléments cellulaires étant plus large que leur face
externe. Plus développée, Falgue se lobait et ses lobes se sépa-
raient, le thalle se disloquait.
L'algue du Kérosène shale présente un fait très remar-
quable qui a permis d'assigner sa place dans la Classification.
Le thalle jeune présente autant de cellules que le thalle âgé.
mais ses cellules sont très petites. Le thalle jeune se trans-
forme donc en thalle adulte sans multiplier ses éléments
cellulaires. Ce caractère ne se trouve que dans les Cénobiales.
L'algue fossile était donc voisine des Volvocinées et des
Hydrodictyées. Elle était toujours libre. La gélose y devenait
très abondante dans les thalles âgés.
J'ai dimné à l'algue du Kérosène shale le nom de Reins-
chia aiistralis.
Le Blackheath (i) nous présente des thalles de tout âge. C>
sont les thalles jeunes qui prédominent. Le Blackheath en contient
IQ.544 P»i* mm\ Parmi ces thalles on en remarque dont la
structure est plus ou moins effacée. Ces thalles que je qualitie
de gommeux dénotent un léger commencement d'altération :
la structure cellulaire s'efface, les cannelures disparaissent II
n'y a pas, ou il n'y a presque pas de corps bacté ri formes. —
Dans un état d'altération plus avancé, le thalle plus fortement
coloré en rouge-brun présente des tubes rameux et des bulles
qui le font ressembler à une goutte résineuse. J'ai donné à
ce faciès des thalles le nom de thalles résinoïdes.
Entre les thalles il y a des spores et des grains de pollen
qui se présentent sous la forme de minces lamelles orangées
(1) Par abréviatiou je dirai souvent : le Blacktieatb, le Megalong Vailej.
le Joadja Creek pour le Kérosène shale de Blackheath, de Megaloog Vallr}
ou d'une autre localité.
C. £G. BERTRAND 4^1
OU rouge-bruii. Les premières sont plus épaisses, à double
contour. Les seconds sont pelliculaires.
La gelée brune fondamentale se présente fortement re tractée.
Elle est très char^çée de corpuscules bactériformes, coccoïdes
et bacilloïdes. Elle contient de nombreux fragments de parois
végétales diversement humiliés et par suite ayant plus ou moins
fortement condensé le bitume. Il n'y a pas de parcelles miné-
rales élastiques, pas môme une lamelle de mica. La masse
est finement injectée par le bitume. Dans le Blackhcath même
une hésitation est possible et Ton peut se demander si les
(ilets rouge-brun que je rapporte au bitume ne sont pas
simplement des lames végétales modifiées par un certain
processus d'altération. On pourrait même se demander si ce
ne sont pas des thalles de Reinschia, plus altérés que les
thalles résinoïdes et tombant en deliquium. Ln examen très
prolongé montre qu'on ne peut relier^ ces lames et ces lilets
rouge-brun aux thalles résinoïdes. De plus, dans le Megalong
Valley, où ces lames sont beaucoup plus développées que
dans le Blackheath, elles ont bien Tallure d'une substance en
fine inliltration. Les lames se prolongent par des fdets fins
qui serpentent dans la masse et ces filets se relient directe-
m(»nt entre eux en formant un réseau. Cet aspect est celui
que prennent les injections bitumineuses dans le Joadja Creek
et dans le Kérosène shale d'Hartley lorsqu'on s'éloigne un
peu des points de pénétration massive. A ces caractères tirés
du faciès, j'ajoute que je n'ai pas observé de structure orga-
nique parenchyme, bois ou liège, dans ces lames rouge-brun
du Blackheath et du Megalong Valley.
Nous avons observé ces mêmes particularités dans les
bogheads de Mount Victoria et de Megalong Valley.
Dans le magnifique Kérosène shale de Joadja Creek, les
Reinschia sont moins nombreux que dans le Blackheath. Il y en
a seulement 3, 200 par mm% mais les grands Reinschia adultes,
cérébriformes, sont un peu plus abondants. Cette très légère
variation suflit à introduire dans la masse une quantité de
gélose qui rend cette matière prédominante sur tout le reste.
Gelée brune fondamentale, pollen, jeunes thalles même sont
comme dilués dans cette masse de gélose. Les thalles inter-
viennent dans la masse du Joadja Creek pour 0.909. La
matière gélosique du Joadja (]reek est très blanche. Ses
protoplastes sont faiblement colorés. Il est particulièrement
46a vur coifGRàs géologique
facile de constater sur les très belles coupes du Joadja Creek
les cannelures de la gélose et les corps bacté ri formes qui y
sont souvent enfermés. On remarque que cannelures et corps
bactériformes sont surtout soulignés et visibles à la face
supérieure de la préparation, c'est-à-dire sur la face qui a
été travaillée la dernière. Cette constatation exige donc la
plus extrême prudence dans l'interprétation des corps bacté-
riformes et des cannelures qu'on rapporterait à l'activité bac-
térienne. Il faut aussi penser, suivant la très judicieuse remarque
de M. Marcus Hartog, à Texistence possible de fissures de
retrait analogues aux fentes perlithiques, dans une gélose à
structure concentrique.
Si grande que soit Tintensité de l'intervention des thalles
dans le Joadja Creek, ces corps ne se touchent pas directe-
ment. Ils sont entourés chacun d'une très fine lame de gelée
fondamentale. Cette lam^ demeure visible sur les coupes verti-
cales, elle échappe presque toujours sur les coupes horizontales.
Il est particulièrement facile de constater la présence du
bitume dans le Joadja Creek. Le bitume y a pénétré massi-
vement, et des points de pénétration il s'est répandu dans
toute la couche. Dans une coupe verticale, par exemple, j'ob-
serve une fente horizontale fermée en cul-de-sac. Elle contient
un bitume tardif fortement contracté comme l'indiquent les
grandes plages de quarz de remplissage développées après
solidification du bitume. Dans cette fissure les thalles sont
brisés, fortement raccornis, colorés d'une façon intense. Qu'un
thalle se soit trouvé non directement en contact avec la
matière bitumineuse, on pourra constater qu'il colorait ses
protoplastes par une localisation élective du bitume ou d'une
partie colorée de ce bitume. Sur les bords de la fente, on
voit que le bitume pénètre en fine infiltration entre les thalles :
à quelque distance on trouve ces fines lamelles rouge brun,
ces filets que j'ai signalés entre les thalles incolores non
modifiés. Ce bitume est fortement coloré, insoluble dans le
chloroforme, comme l'indique le montage au baume mou. H
est souvent brisé en esquilles dans les plages où il est
abondant. Ces plages de bitume massif sont pauvres en corps
bactériformes, ceux qu'on y voit sont sphémlaires ou en
bâtonnets. Bien souvent ces derniers contiennent des cristaux
tardifs.
Dans le gisement principal d'Htirtley Vale que j'ai pu
C. EG. BERTRAND 4^
sonder dans toute son épaisseur, grâce à M. Etheridge junior, à
M. le professeur David et à M. l'ingénieur W. D. Rock, j'ai
pu relever quelques faits complémentaires intéressants.
L'être générateur de Faccumulation gélosique reste le même
à Hartley et à Joadja Creek. Cet être est toujours le Reins-
chia australis directement reconnaissable à la structure de son
thalle, à ses protoplastes lacryniorphes et à ses cénobies.
La pureté des bancs du boghead dépend de la quantité de
gélose existante et par suite de la proportion de gi'os thalles
adultes existant dans Tunité de volume.
La contraction verticale de la masse a réduit sa hauteur
au cinquième de sa valeur primitive. La couche de boghead
mesurant i.a5 de hauteur, on en déduit que la hauteur de la
couche végétale qui lui a donné naissance n'a pas dépassé
6™25. La contraction verticale dont je parle s'entend ici par
rapport à la matière gélosique complètement gonflée d'eau
présentant une consistance comprise entre celle du Nostoc
commune bien vivant et celle du Gleotinchia natans lorsqu'on
le retire de l'eau. La richesse de ces algues en matières
solides est alors comprise entre o.oi5 et o.o3o. La contraction
en volume étant elle-même comprise entre i/i*j et i/q4 la
matière produite par le seul fait de la contraction due à une
perte d'eau serait une gélose titrant de 0.180 à 0.7120 en
matière sèche. Or la gélose du commerce titre 0.785. En
admettant donc qu'il n'y ait pas eu de perte de carbone par
émission d'anhydride carbonique et de formène, ce qui est
invraisemblable, on voit que la contraction de la matière
gélosique sous le volume où nous la trouvons est insuilisante
pour expliquer la richesse du boghead d'Australie en hydro-
carbures. Il y a eu nécessairement enrichissement de la masse
en carbone et même en hydrocarbures par apport étranger.
L'infiltration bitumineuse que j'ai constatée nous montre la
cause immédiate de cet enrichissement. Ls^ matière gélosique
a été le substratum organisé qui a retenu et localisé les divers
éléments du bitume. Quant à un enrichissement venant de la
condensation d'une matière gommeuse tenue en suspension
dans la gelée brune fondamentale, il n'y a rien, dans les faits
observés, qui justifie cette hypothèse.
I^ mesure de la contraction du Kérosène shale a été
obtenue à Hartley avec une approximation assez grande par
l'examen comparatif de l'état des thalles dans les îlots sili-
464 VUl*- CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ciliés de Flron stone, dans \o Casing et dans le Bogliead. Les
thalles de Tlron stone ont été conservés à peu près à leur
volume» primitif par des sphérolithes de calcédoine, ceux du
Casing, complètement étalés, non attaissés, sont dans une
couche argileuse siliciliée où le pollen même a son exine
largement distendue. On a ainsi assez exactement les dimen-
sions originelles des thalles.
La pénétration massive du bitume est aussi nettement
constatable à Hartley que dans la couche de Joadja Creek.
Il s'agit également d'un bitume fortement coloré, très i*étrai^
table, qui gagne l'intérieur de la masse sous forme de ti'ês
fines inliltrations, lamelles, et iilets qui peuvent enfermer des
lames végétales, bois, liège, ou limbes foliaires. Ceux-ci se sont
fortement imbibées ile bitume, si bien qu'il est parfois dilG-
cile de limiter le bitume et la lame végétale. La vérification
de cette pénétration bitumineuse a été faite sur les grands
spécinuMis du Muséum de Paris et du Musée de Bruxelles.
La grande couche du Kérosène sliale d'Hartley présente
près de sa base une grande fente horizontale comblée par
une argile blanche tardive. Cette argile très pure qui ne prt»-
sente en suspension, en dehors d'esquilles de boghead com-
plètement formé ni menus débris, ni spores, ni pollen, jios-
sède de nombreux corps bactériformes presque sti^atifiés. Ces
corps scmt transparents, jaunâtres par réllexion, sans action
sur la lumière polarisée. La plupart sont cocciformes. 11 y a
des groupements en diplocoques, en petites chaînettes. Il y a
des bâtonnets. La pyrite souligne quelques-uns de ces corp"^.
On trouve toutes les transitions comme grandeur, connue
forme, comme mode de grou|iement entre ces corps bactéri-
formes et c<»ux que j'ai signalés dans la gelée fondamentale
et dans les gravures ou fissures de la gélose. Dans cette aiyile
blanche, les corps bactériformes sont considérés comme de>
inclusions inorganiques par les minéralogistes.
La lin du boghead d'Hartley Vale est brusque. Elle se fait
en moins d'un dixième de millimètre. Au boghead succède,
sous le nom de slaie ou couverte, un schiste organique forme
des mêmes éléments que le boghead : on y voit encore les
Reinschia, ces derniers sont même encoi'e très nombivux. niais
les gix)s thalles adultes chargés de gélose y sont devenus brus-
quement très rares. C'est celte rareté de la gélose qui entraîne
la disparition des caractères propres du boghead.
C. EG. BERTRAND 4^
Dans ce slate nous avons une roche où la gelée fonda-
mentale est devenue la matière prédominante. Elle contient
des thalles, des spores, du pollen en grande quantité et
beaucoup de menus débris végétaux. Elle contient aussi des
lamelles, des pelotes et des filets de bitume. Parmi les
menus débris de parois végétales, beaucoup sont noirs, presque
fusinitiés. Les autres sont bruns, ces derniers ont localisé
électivement le bitume en donnant des puncticules de charbon
brillant. Les corps bactériformes qui chargent la gelée sont
très abondants, plus faciles à observer que dans le boghead.
Leur observation directe ne permet pas de décider si on est
en présence d'inclusions inoi^aniques ou si on a affaire à des
restes d'organismes figurés comme des cellules bactériennes.
En somme ce slate est une roche charbonneuse caractérisée
par la présence de la gelée fondamentale. L'aspect de cette
roche est un schiste foncé. Elle nous fait pressentir la liaison
qui unit les roches schisteuses aux charbons.
J'ai spécifié que la production de la masse gélosique géné-
ratrice des amas de Kérosène shale s'était opérée très rapide-
ment et d'une manière continue pour chaque nappe. On ne voit
en effet aucune trace d'altération des thalles dans la hauteur
de la couche et il n'y a non plus aucune interruption dans le
charbon. L'absence de toute modification importante dans la
hauteur de la couche indique l'absence complète de variations
dans les conditions de la sédimentation. D'autre part la conser-
vation d'une masse si facilement altérable implique une sorte
de fixation rapide comme celle que nous faisons subir à nos
objets d'étude.
Au slate d'Hartley succède une sorte de schiste gris pâle
très argileux dit Casing, qui nous présente un fait très remar-
quable. La gelée brune fondamentale signalée entre les thalles
de boghead s'y présente non contractée. Dans cette région
supérieure les thalles de Reinschia, les spores, les grains de
pollen, sont largement étalés, non affaissés, tels que nous les
re verrons dans les nodules silicifiés du boghead d'Autun. Les
menus débris de parois végétales posés à plat sont fragmentés
par le retrait, les morceaux écartés restant placés en ligne,
leurs petites parcelles tombent à la dimension des corps bac-
tériformes et même au-dessous. De loin en loin on voit une
parcelle de mica. Toute cette masse est chargée de silice tardi-
vement individualisée. 11 y quelques gros cristaux de quarz
30.
466 V1I1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
tardif et une foule de microcristaux de quarz. Dans la cavité
des spores il y a généralement des micro-cristaux. La cavité
des thalles de Reinschia est occupée par de grandes plages
de quai*z. Il n*y a pas de sphérolithes de calcédoine.
Dans ces régions où la contraction du substratum organique
a été nulle ou extrêmement faible, la gelée brune fondamentale
se présente comme im coagulum très dilué, chargé d*un grand
nombre de corpuscules bactériformes. Il a englobé les thalles,
les spores, les grains de pollen sans pénétrer dans ceux de
ces corps qui étaient clos ou faiblement entr ouverts. Ce coa-
gulum s'oppose par sa consistance à la chute de corps légers.
Dans le Doughboy IIoUow, par exemple, ce coagulum soutient
des poussières formées de fragments de feldspath tr ici inique,
certains de ces microcristaux ont fait partie d'une pâte por-
phyrique.
Constatons encore que dans cette gelée brune du Casing,
si peu contractée et par suite plus facilement lisible, il n'y a
nulle part indication de thalles en décomposition et en liqué-
faction par un travail bactérien ayant eu pour eflet do trans-
former une gelée gélosique en gelée humique. On ne voit
pas de thalle se liquéfiant, on ne voit pas non plus de corps
végétaux altérés subissant un sort analogue. On ne peut donc
dire que la gelée brune résulte de Taltération des corps qui
y sont enfermés; le^ faits observés ne montrent pas l'indica-
tion d*un tel travail.
Les indications de pénétrations bitumineuses observées dans
le Casing sont très faibles. Ce sont de petits traits rouge brun
à structure réticulée. Certaines de ces lames coupent la strati-
fication de la gelée et y forment des arboi'escences. En quel-
ques points du Casing, des lames végétales plus épaisses, daa<
un état convenable d'humification, se sont fortement imbibées
de bitume. Elles sont contractées comme dans le boghead.
Les thalles qui sont accidentellement au contact de ces lames
bituminisées ont donné des corps jaunes d'or contractés,
comme ceux du boghead.
Dans le I^erosene shale de Doughboy HoUow, qui pro-
vient du gisement le plus septentrional où le boghead de la
Nouvelle Galles ait été reconnu, Reinschia australis se pré-
sente accompagnée d'une autre algue qui appartient au genre
Pila. Pila est encore une algue libre, ellipsoïde, à cavité
centrale et à structure rayonnée. Elle diffère de Reinschia par
G. BG. BERTRAND 4^7
ses protoplastes ellipsoïdes, par ses petits thalles à grandes
cellules, ce qui indique T absence de Cénobies, Les lamelles
moyennes y sont extrêmement accusées; souvent, elles sont la
seule trace d'organisation perceptible qui reste des Pilas. Sur
loo thalles, il y a environ 9 Pila et 91 Reinschia. Les Pilas
sont uniformément répartis dans la masse.
Dans le Doughboy Hollow, il y a des poussières feldspa-
thiques isolées ou en nuages. Il y a même des lits de ces
poussières feldspathiques qui se présentent en fragments de
cristaux à angles vifs. Ils ont été soutenus par la gelée fon-
damentale.
L'infiltration bitumineuse de la masse végéto-humique s'est
faite très inégalement. Elle est si faible par places que la
région est dépourvue de lamelles et de filets rouge brun
amorphes. La gélose des algues y est presque incolore; la
structure des algues est alors très peu visible, bien que leur
conservation soit pourtant très belle. En d'autres points, où
la pénétration du bitume a été plus abondante, les thalles
montrent leurs protoplastes colorés par action élective à ti'a-
vers la paroi gélosique. Dans une zone où les lames végé-
tales accidenteles étaient plus abondantes, j'ai trouvé des lames
humiliées fortement imbibées de bitume, et certaines étaient
même empâtées dans cette matière. Les fusains mêlés à ces
lames n'avaient pas subi la même imbibition. Les corps qui
ont retenu le bitume sont à l'état de charbon brillant craquelé.
Les fusains ont souvent leurs parois brisées en menus frag-
ments, rattachés par de la calcite. Il y a ainsi une région où
le boghead s'attache à une lame de houille.
Le Kérosène shale a été reconnu dans un territoire qui
couvre 4 degrés en latitude et 2 degrés en longitude. Il s'y
montre toujours à l'état de lenticules, dont les plus épais et
les plus purs sont ceux de Hartley et de Joadja Creek, près
Mittagong.
Si Ton essaie maintenant de se représenter les conditions
de la formation du Kérosène shale de la Nouvelle Galles, on
voit que l'accumulation végétale génératrice de la matière
gélosique s'est faite dans une eau brune laissant précipiter sa
matière humique au temps de la pollinisation. Cette eau était
d'une tranquillité absolue. La multiplication rapide des algues
est le phénomène bien connu des fleurs (Teau. Quelques belles
journées au temps des basses eaux ont suili à permettre
4^8 VI1I« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
cette prolifération. Les algues avec le pollen, les spores et
les menus débris ilottants ont été englobées dans le coagulum
donné par la matière humique de Teau brune. La consistance
de cette sorte de radeau lui permettait de soutenir des
poussières feldspathiques. Une cause minime comme un temps
plus froid, des eaux plus abondantes, ralentissait la produc-
tion gélosique et amenait la descente des algues sur le fond.
La précipitation de matière brune se continuait, englobant
toujours pollen, spores et menus débris. L*algue vivait encore.
A la préparation toute fortuite d'un charbon gélosique succé-
dait la reprise régulière du phénomène plus général de la
formation d'un schiste organique ou d'un charbon humique.
Les thalles adultes, moins nombreux, ne diluaient plus au
même degré la gelée brune fondamentale.
A Hartley et à Joadja Creek, la formation s'est faite très
rapidement et sans interruption.
Il y a eu fixation de la masse végéto-humique en son état,
car elle ne montre pas de traces d'altérations.
La fossilisation s'est opérée en présence de bitume. La
présence de l'infiltration bitumineuse a été reconnue ilirecle-
ment. Ce bitume transformé n'est plus soluble dans les
dissolvants ordinaires de l'asphalte.
Aucun des faits relevés n'indique que la niasse végéto-
humique du Kérosène shale se soit transformée ultérieurement
à son dépôt par une fermentation bactérienne ou par inter-
vention de diastases.
Le Boghead d'Autun
La couche principale du boghead d'Autun est • contenue
dans un système de schistes bitumineux dont les deux centres
d'exploitation sont le puits de Margenne et celui des Télot<.
Ces puits sont situés dans la région Noixl-Est d'Autun. '\\>
sont distants l'un de l'autre d'environ 6 kilomètres. Le si^e
principal est aux Télots.
La grande couche du boghead d'Autun a o"j5 d'épaisseur.
On constate de suite que le phénomène auquel la grande
coucher du boghead d'Autun doit sa production s'est répété
plusieurs fois. On voit, en effet, du boghead à diverses
hauteurs dans les schistes, soit sous forme de lenticules, on
de points isolés, soit sous forme de minces lits assez étendus et
assez constants pour que les exploitants les aient i*emarqués.
C. EG. BERTRAND 4^
Ils appellent faux bogheads ces lits trop minces, inexploita-
bles, tels sont le faux hoghead d'en haut à la partie
supérieure du système, et le Jaux boghead d'en bas, placé
avant la barre blanche, un peu au dessus de la grande couche.
Dans ce système de schistes bitumineux, il est quelques lits
très réguliers qui servent de repère. Ainsi dans le schiste
foncé, inférieur à la grande couche de boghead, M. Tingénieur
Cambray a reconnu, presque immédiatement au contact du
boghead, un petit lit chargé de Crustacés ostracodes : les
Nectotelson. Un peu plus bas. dans ce même schiste, on voit
un lit très remarquable par les craquelm'cs dont il est
rempli. Les faces de ce lit sont glissées et comme vernissées,
de là le nom de Banc ciré. Un peu au dessus de la grande
couche, dans le schiste gris qui la recouvre, il existe une
bande blanche, ou barre blanche. C'est une couche de rem-
plissage tardif qui accompagne le boghead. Elle pénètre dans
la lame inférieure de schiste gris par. d'innombrables craque
lures. Malgré les caractères accidentels de ces deux lits, banc
ciré et barre blanche sont si constants, si reconnaissables,
qu'ils fournissent des repères très commodes pour l'exploitation.
Le boghead d'Autun résulte d'une accumulation d'algues
gélosiques du genre Pila dans une gelée brune humique. La
fossilisation s'est opérée en présence de bitume.
J'ai déjà fait connaître quelques caractères du genre Pila.
(A*lui d'Autun est le Pila bibractensis, qui a servi de type
pour créer et défmir le genre Pila. C'est une algue à thalle
libre, en ellipsoïde irrégulier, présentant à sa surface un réseau
très accusé dessiné par les lamelles moyennes. La structure
du Ihalle est rayonnée. Ses éléments sont placés sur un rang,
séparés par des lamelles moyennes très accusées, sans inter-
position de gelée entre les cellules voisines, contrairement au
Botryococcites. Ces thalles grandissaient par une sorte d'ac-
croissement diffus. Ils ne présentent pas d'invagination. Ils
étaient ci'eux. Ce caractère n'a pas été reconnu tout d'abord.
La cavité en était pcnit-étre occupée par une gelée amorphe,
beaucoup moins solide (jue les parois cellulaires du thalle.
Sur les coupes horizontales, le centre des grands thalles est
occupé par une matière rouge brun-clair, sans bactérioïdes.
Sur les coupes verticales, la cavité centrale, bien peu visible,
est indiquée par un trait rameux comme une lamelle moyenne
plus accusée. Les plus petits thalles sont formés d'éléments
470 V1U« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
presque aussi grands que les gros thalles. Il n'a pas encore
été reconnu de cénobies chez les Pilas ; par là le genre Pila
diffère profondément du genre Reinschia.
La gélose des Pilas étant plus compacte et plus rigide que
celle des Reinschias, les Pilas sont, toutes choses égales, moins
affaissés que les Pilas. Le fait est surtout sensible lorsque les
deux genres sont mêlés dans le même gisement, comme dans
le Kérosène shale de Doughboy Hollow.
Le protoplaste des Pilas, ellipsoïde ou faiblement ovoïde, est
placé dans Taxe de la cellule, tout près de sa surface. 11
contient un très gros noyau en lenticule très épais. Ce carac-
tère très spécial écarte Pila des Cyanophycées et en fait un
type très à part parmi les Algues. Ces indications très pré-
cises sur la structure cellulaire des Pilas ont été fournies
par l'analyse des régions silicifiées du boghead et des schistes.
Dans les parties non silicifiées du boghead, les protoplastes
du Pila, très peu colorés, sont indiqués par un dessin d'une
ténuité extrême. Ils ne sont perceptibles que sur les très bonnes
coupes. L'impossibilité où on est le plus souvent de saisir celte
image donne une première idée du genre de difficultés qu'on
doit s'attendre à rencontrer dans la lecture de charbons plus
complexes et plus colorés que ces bogheads classiques.
Les protoplastes des Pilas sont colorés en brun par conden-
sation élective du bitume au voisinage des fractures silicifiées.
La structure rayonnée des thalles de Pila les a fait consi-
dérer comme des sphérocristaux de carbures d'hydrogène déve-
loppés dans une masse bitumineuse ; c'est à cause de cette
interprétation, présentée par des minéralogistes éminents, que
j'ai dû montrer la structure cellulaire des éléments du Pila
et la présence d'un protoplaste qui s'est trouvé nucléé dans
ces éléments. Il y a bien localisation des carbures éclairants
dans le corps jaune d'or produit par la fossilisation de la
gélose des Pilas. Ces carbures n'y sont pas comme un cristal
isolé, mais comme imprégnant un substratum organisé qu'ils
ont enrichi en carbone et dont la contraction s'est trouvée
limitée.
Le Pila bibractensis se présente par thalles isolés et par
groupes de thalles se touchant directement. On voit des pelotes
de thalles au milieu des thalles isolés.
La grande couche d'Autun débute par des Pilas isolés et
par des pelotes de Pilas. Les Pilas sont extrêmement rares
C. EG. BERTRAND ^'Jl
dans le schiste sous-jacent, ou même ils y manquent totale-
ment. Pila bihractensis est pourtant connu dans les mêmes
terrains à un niveau plus inférieur. On a trouvé cette espèce
dans les schistes d'Igornay, qui sont plus anciens que les
schistes à Protritons ou schistes du banc ciré.
La cessation de la grande couche de hoghead est brusque.
Pila pourtant ne disparait pas complètement. On le trouve à
Tétat de thalles isolés dans le schiste gris qui couvre la
grande couche et on le voit se continuer jusqu'à la partie
supérieure de la formation schisteuse, montrant par places
des zones de recrudescence. Là où Talgue est devenue plus
nombreuse, le schiste s'est chargé de gélose, il s'est fait un
point, un lenticule ou un lit de boghead. L'algue génératrice
du boghead a donc continué d'exister après la formation de
la masse végéto-humique de la grande couche et il a suffi
(|u'elle redevînt abondante pour donner une nouvelle forma-
tion de boghead. C'est donc bien l'intervention de la matière
gélosique qui apporte au boghead sa caractéristique.
Les Pila forment les o.jSS de la grande couche d'Autun.
Il y a q5o thalles par mm\ La couche représente un empi-
lement de lOoo à 1800 lits de thalles dont la nappe couvri-
rait une bande de 7 kilomètres de longueur sur i5o à 4^0
mètres de largeur. La contraction des thalles a été 2,6 en
hauteur, 1,0 en longueur, i,3 en hauteur, soit environ une
i-éduction de volume au 1/7 ou une gélose titrant de o.io5
à 0.210.
La gelée brune fondamentale qui sépare les Pilas contient
de noud>reux corpuscules bactériformes, de nombreux grains
de pollen diiïicilement visibles, quelques spores, des fragments
de parois cellulaires de plantes. On y voit encore des frag-
ments de bois, des morceaux de feuilles, des coprolithes, des
écailles de poissons ganoïdes. Le seul élément minéral élas-
tique est constitué par des lamelles de mica.
Les coprolitlies du boghead sont le plus souvent entiers,
quelques-uns sont étalés ou même éparpillés. Ce sont des
coprolithes de reptiles ichthyophages. La matière coprolithique
est chargée d'écaillés ganoïdes.
(iCS coprolithes sont conservés intacts. Leur forme est légè-
rement alTaissée, mais l'agencement intérieur de la matière
coprolithique n'est altéré ni dans Tenroulement de la lame
en cornet ni dans la matière filée et empilée qui constitue la
47^ VUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
lame. La matière muqueuse et agglutinante du coprolithe est
restreinte, même à la surface de la lame. Il n'y a pas eu for-
mation de gaine coprolithique autour des eoprolithes. La
matière même du coprolithe consiste en granulations rouge
brun, qui se détachent sur un fond plus clair et d*une teinte
sensiblement diilérente. Les granulations sont de taille variable,
mais très petites; il nest pas possible, sur la seule forme de
ces corps, qui paraissent être des sphérules pleins, de dire si
ce sont là des granulations plasmiques résiduaires, des cocci
bactériens, des gouttelettes graisseuses. Ces divers corps sont
possibles, mais les seuls éléments que nous ayons pour établir
leur détermination, la forme, la taille et la coloration ne
permettent pas de décider l'une ou l'autre de ces catégories de
restes organiques. Ils nous disent toutefois que, dans ce
milieu spécial, les granulations organiques et le mucus qui
les entoure sont colorés par action élective. La coloration Je
ce qui est paroi ossifiée dans les écailles ganoïdcs conclut
dans le même sens. L'émail des écailles reste, au contraire,
incolore (i).
Non seulement la matière du coprolithe s'est teinte par
localisation élective du bitume, mais on trouve dans les coprcn
lithes des cavités pleines d'un bitume rouge brun homogène
continu, sans granulations, présentant parfois des cristaux tar-
difs et des houppes de pyrite. Le bitume, ainsi libre dans les
eoprolithes, ne sort pas en traînées dans le voisinage. Il y a
là un fait de localisation bien curieux. Le résultat de cette
rétention du bitume par la matière coprolithique est un enri-
chissement de la matière coprolithique en hydrocarbures et la
formation d'un nodule de charbon coprolithique. Ces nodules
de charbon coprolitliicpie tranchent si nettement sur le charbon
d'algues enveloppant qu'on les distingue immédiatement à Tceil
(1) Je dois ajouter que, dans dés échaotillons de Margenne récemment pré-
parés, un coprolithe montrait, différenciés sur un fond ccracé très pâle, qai
représentait le mucus intestinal, des bacilles colorés en rouge brun. Os bacille,
très gros, en bâtonnets, 4 à 6 (x sur 1 (x 2, à bouts arrondis, régulièrement
étranglés, isolés ou placés 2 à 2, étaient accompagnés de nuages de cocci ègak-
menl colorés, très petits, de 0 \i i. Si Ton peut hésiter à se prononcer sur h
nature des cocci, la nature des bacilles n'est pas contestable. Cet exemple nous
montre que, dans ce milieu spécial, les bacilles sont colorés électivemenl, comme
les autres restes organiques. Un autre coprolithe nous a présenté les moulages
de ses bacilles injectés par le bitume.
C. BG. BERTRAND 47^
nu. Exposé à l'air humide, le charbon coprolithique s'altère
autrement que le boghead.
Les coprolithes n'altèrent que les Pilas qu'ils touchent, et
cette altération se traduit par une localisation intense du
bitume dans la gélose. La gélose devient rouge sang foncé
au point touché. Même dans des régions où les coprolithes
sont éparpillés et où les points de contact possibles ont été
très nombreux, l'altération n'atteint que les thalles immédia-
tement contigus aux parcelles coprolithiques. Ainsi, dans ce
milieu si éminemment apte à subir une fermentation putride
par suite de l'accumulation des matières organiques dont cer-
taines, comme les coprolithes, sont régulièrement surchargées
de bactéries, l'altération ne s'étendait pas. Ce fait indique
qu'il s'exerçait dans le milieu formateur du boghead une sorte
de fixation conservant les corps dans l'état où ils étaient
englobés, les parcelles organiques restant aptes à localiser le
bitume.
Les fragments de bois du boghead sont aussi instructifs que
les coprolithes. Certains sont transformés en fusains; d'autres
sont à l'état de lames rouge brun en charbon brillant craquelé ;
d'autres sont siliciliés. Plusieurs fragments de bois, un peu
volumineux, m'ont montré simultanément les trois transforma-
tions. Dans la région centrale, la moelle et le bois, immédiate-
ment entourants, ont leurs parois gonllées, dédoublées ; les élé-
ments sont presque isolés. Cette région montre tous les carac-
tères d'une pourriture humide poussée très loin. La présence
de bactéries y est très vraisemblable, et pourtant les corpus-
cules bactériformes y sont relativement très raréfiés. Ils ont
toujours cet aspect d'inclusions incolores qui fait hésiter sur
leur nature. Ceux qui sont brunis ne sont, le plus souvent,
que des parcelles de la membrane altérée. Cette première
région est siliciUée. Il est particulièrement facile d'y observer
les infiltrations bitumineuses et même de grandes poch(»s à
bitume. Le bitume a teinté les restes de parois . végétales
dans cette région silicifiée. Dans la région rouge brun, en
charbon brillant craquelé, les parois sont continues, épaisses,
mais affaissées, fortement plissées, amenées au contact. Dans
la région fasinifiée, les parois sont plus minces, brun noir
ou tout à fait noires, très souvent brisées et ellbudrées. Ici
comme à Doughboy Hollow, le bitume a été retenu par les
parois rouge brun. Il n'* pas été retenu en nature par les
474 "^lU» CONGRÈS GÉOLOGIQUE
parties fusinifiées. On constate souvent un dépôt jaune d*or,
amorphe, transparent et sans granulations dans les cavités
cellulaires des éléments des régions rouge brun et des parties
fusinifiées. Ces exemples nous montrent qu'un même tissu
végétal comme du bois a pu donner, dans ce milieu, des
corps aussi différents qu'une masse silicifiée, du charbon bril-
lant et du fusain, uniquement selon que son degré d'altéra-
tion Ta rendu apte à se charger de silice ou de bitume.
Les corps de poissons sont réduits à des amas d'écaillés
régulièrement disposés. Les muscles, les viscères, la peau et
la graisse ont disparu. Entre les écailles se sont développées de
grandes plages de quarz et de calcite. On y voit du bitume
libre retenu entre les écailles comme dans les cavités des
coprolithes. le bitume ne formant pas Tattache d'un réseau qui
se répand dans la masse entourante.
La région supérieure du boghead d'Autun présente de nom-
breuses fractures à bords silicifiés ; beaucoup sont verticales;
il en résulte des nodules siliceux que nous étudions un peu
plus loin .
Dans le schiste qui suit le boghead, la gelée brune, en
continuation directe avec celle du boghead, forme une trame
continue, inégalement condensée et réticulée. Les corps qui la
chargent sont toujours : de nombreux corps bactériformes
incolores ou noirs, selon qu'ils ont ou non subi Taction de
la pyrite, de nombreux grains de pollen, de spores, de menus
fragments de parois végétales. Il y a toujours des thalles de
Pila qui sont isolés pour la plupart. On y voit aussi les
mêmes coprolithes, des os posés à plat, des écailles isolées,
des morceaux de bois, et comme élément minéral élastique
des parcelles de mica. Toute la masse est chargée de grands
cristaux de calcite tardive et d'une foule de microcristaux de
la même roche. On ne voit pas de poches à bitume, sauf dans
les bois, les os. les points silicifiés et les fractures. C'est un
fait très remarquable que l'opposition de cette infiltration bitu-
mineuse qui s'est fait sentir à travers toute la masse, et peut-être
à diverses reprises, et la clarté relative de la teinte des schistes
qui ont été ainsi travei'sés.
Les morceaux de bois, les coprolithes et les écailles sont
conservés dans le schiste conune dans le boghead.
Les os sont à Tétat de corps brun clair, brisés par le retrait.
Le bitume y forme des masses pleines et des réseaux qui
ۥ EG. BERTRAND 47^
emplissent les cavernes de l'os et l'intervalle des os. Il semble
bien que le bitume injecte Tos et qu'il a remplacé ti'ès souvent
les ostéoplastes dans la loge des cellules osseuses. La masse
plasmique de la cellule osseuse et ses prolongements seraient
ainsi remplacés par une fine injection bitumineuse au lieu
d'être teintés par élection. Les grands vides laissés par le
retrait du bitume sont comblés par de grands sphérocristaux
de calcédoine. A signaler aussi un dépôt de calcédoine micro-
cristalline qui borde la surface de certains os. Les muscles, les
viscères, la peau, le sang et la graisse ont disparu. Dans ce
milieu de matières animales en décomposition formé d'un cada-
vre entier ou d'un fragment de cadavre, si naturellement chargé
de bactéries, leur existence reste tout à fait incertaine, on ne
voit là que ces formes douteuses, coccoïdes et plus rarement
bacilloïdes. Ce sont des microgranulations incolores entre les cris-
taux de calcédoine et y produisant l'effet d'inclusions inorga-
niques. Ces divers faits nous commandent donc une extrême
prudence quand il s'agit d'apprécier la nature des corps bac-
tériformes de la gelée fondamentale. Il semble que le premier
fait à établir dans ces études est toujours que les corpuscules
qu'on regarde comme reste d'organismes figurés sont conservés
comme les corps organisés d'une nature analogue nettement
reconnaissables dans la préparation.
Dans le schiste inférieur au boghead on constate la même
gelée fondamentale avec ses bactérioïdes, des grains de pollen,
des spores, de menus débris. Il y a des morceaux de limbes
foliaires et des fragments de bois imprégnés de bitume.
Les thalles de Pila y sont extrêmement rares. On y voit de
nombreux os à l'état de corps jaunes. Ce sont souvent des os
de Protritons isolés ou groupés en squelettes entiers. Même
dans ces petits corps on voit le bitume imprégnant. Dans une
préparation qui montre une mâchoire de Protriton la cavité
basilaire de chaque dent est ou totalement comblée, ou
partiellement comblée par le bitume. Les coprolithes, très
nombreux, sont souvent étalés et épai'pillés, colorés et conservés
comme ceux du boghead. On y relève encore des déchirures
horizontales de la gelée comblées par un exsudât clair qui
ne présente guère que des corps bactériformes. Les bacilloïdes
y sont souvent dressés ou obliques. La masse est criblée de
gros cristaux de calcite et d'une foule de microcristaux de
la même substance.
47^ VII1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Tous les caractères du schiste inférieur se retrouvent
identiquement dans le Banc ciréy mais il y a de plus de très
nombreuses fractures. Les morceaux ont glissé les uns sur
les autres. Certains sont contournés, plissés de toutes les ma-
nières. Un cropolithe se montre coupé en deux par une frac-
ture, les deux parties étant plus ou moins écartées de chaque
côté de la fracture. Souvent les bords de ces fractures sont
silicifiés et la fracture même est pleine de bitume et de
cristaux tardifs. On est en présence d'une gelée rigide coupée
pas de nombreuses fractures dont les fragments ont glissé les
uns sur les autres. La silicification s'est exercée par places le
long des fractures.
Ni dans le boghead, ni dans les schistes, la gelée brune
fondamentale ne se montre comme étant le résultat de la liqué-
faction des thalles ou de leur transformation par humification
bactérienne .
J'ai signalé de nombreuses fractures à la l'égion supérieure
du boghead dans les schistes qui suivent la grande couche et
dans les scliistes inférieurs. Un grand nombre de ces fentes
sont verticales ou presque verticales, leurs bords sont souvent
silicifiés. Il en résulte des nodules siliceux placés de champ
ou des nodules contournés ; ces derniers passent à des pla-
(|uettes horizontales. Ces nodules sont fissurés. Ijes lits des
schistes traversent ces nodules, et dans le boghead les lits de
Pila les traversent également. Dans la traversée du nodule la
gelée est étalée, non contractée. Quand il y a des Pilas, chaque
thalle se montre isolé dans une loge. Des ruptures de la
gelée fondamentale réunissent les cavités des loges qui sont
le plus centrales dès que le nodule est un peu gros.
Dans la gelée ainsi étalée, les corps bactérifornies conser-
vent leurs mêmes caractères ; ils sont seulement un peu plus
transparents. Les menus débris bien isolés, non gonflés, sont
souvent fracturés en segments, demeurés alignés. Les grains
d<^ pollen sont très visibles, d'autant plus étalés qu'on approche
du centre du nodule. L'exine est écartée de Tintine dans la
région supérieure du grain. L*intine reste plissée et toujours
attenante à la partie intérieure du grain. Les spores sont de
même plus ou moins étalées dans une logette incolore.
En gagnant de la périphérie vers la fracture médiane de
ces nodules silicifiés , on voit toutes les modifications qu»*
peuvent présenter les thalles de Pila entre Tétat de contraction
C. EG. BERTRAND 477
que nous leur voyons dans le boghead et des thalles complè-
tement disséqués par la silice. Près de la périphérie du nodule.
Pila montre ses lamelles primaires rayonnantes, et dans chaque
case du thalle un ellipsoïde brun homogène placé près de la
surface. Des coupes tangentielles du thalle montrent les mêmes
points bruns occupant le centre de chacune des mailles des-
sinées par le réseau des lamelles moyennes. La silice est
autour des Pilas, entre le thalle et la gelée brune. Quand la
siliciiication du thalle est plus forte, des cristaux de silice se
sont développés dans la pelote gélosique ; chaque corps brun
du Pila se montre comme un protoplaste isolé dans un
cristal de silice qui le sépare de son enveloppe de gélose.
Il y a là un exemple de localisation très évidente. Puis toute
la gélose se montre rejetée en lambeaux à la périphérie d'une
masse siliceuse cristalline qui englobe encore les protoplastes
bien étalés présentant chacun leur gros noyau. Ces noyaux
sont parmi les plus gros que je connaisse chez les algues.
Conmie état de siliciiication encore plus avancé, la gélose
forme un manteau déchiré près de la sui'face de la loge thal-
laire ; les protoplastes plus ou moins abîmés sont placés entre
la gélose et le centre ou contre la gélose. Le centre est occupé
par un gros sphérocristal de calcédoine granulée par de très
petits corps bactériformes transparents et incolores le long de
ses rayons. Là où la gelée fondamentale est déchirée, plusieurs
masses de calcédoine peuvent confluer. Dans ces nodules où
la gelée brune est si facile à lire , il n'y a pas de liaison
entre la gelée brune et la gélose. On ne peut dire que la
gélose donne la gelée fondamentale en s'humiiiant ou en se
liquéfiant par un travail bactérien. Le fait est rendu bien
évident dans les régions du schiste où la gelée brune se pré-
sente sans Pila.
Les nodules siliceux présentent des poches à bitume et
des lignes d'infiltration, bitumineuses très nombreuses et très
nettes .
Les parcelles élastiques de mica qui chargent la gelée
brune se retrouvent dans les nodules siliceux. Ils y sont posés
à plat et souvent subdivisés en très petits cristaux bacilli-
formes .
A Autun plus encore qu'en Australie, nous constatons une
eau brune laissant précipiter sa matière humique sous forme
d'une gelée qui fait prise. A un certain moment il y a pro-
47^ VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
duction d'une grande quantité de fleurs d'eau gélosiques dans
un temps où se produisait d'abondantes pluies de pollen de
Cordaïtes. Un peu plus tard et très brusquement la multiplica-
tion des algues a diminué et la formation schisteuse a repris
son cours. La bande qui contient la matière gélosique donne
du boghead. Toute la niasse s'est fossilisée en présence de
bitume. La masse encore molle a présenté de nombreuses frac-
tures dont les bords se sont silicifiés.
La présence d'animaux comme les Protritons, les Actinodons,
indique qu'il s'agissait de formations faites dans des mares.
L'analyse sommaire de la Torbanite d'Ecosse a appris que
ce boghead était aussi un charbon d'algues formé dans des
conditions analogues à celles du boghead d'Autun.
Je conclus pour les charbons d'algues :
« La conservation des algues gélosiques dans la gelée
brune, en présence du bitume, est un mode courant de fossi-
lisation des algues. Il a produit les corps jaunes transparents
à cassure vitreuse d'un grand nombre de charbons.
« Des accumulations de matières végétales se sont faites
avec une rapidité prodigieuse sans forêts et sans transports,
par le développement dans les eaux brunes génératrices du
charbon d'êtres infiniment petits comparables à nos fleurs
d'eau. Ces petites algues ont produit sur place au temps des
basses eaux, la matière gélosique qui prédomine dans ces
charbons. C'est cette gélose qui donne aux charbons d'algues
leurs caractéristiques : aspect satiné et capacité de rétention
des bitumes éclairants. La matière gélosique est la matière
essentielle des charbons d'algues.
« Les charbons d'algues ne sont qu'un incident au cours
de la formation d'un schiste organique. Tant que l'algue se
retrouve dans le schiste, l'incident qui a produit le charbon
d'algues peut se répéter.
« Aucun des faits observés ne nous autorise à dire que la
gelée brune dérive directement de la gélose des algues par
liquéfaction ou par une altération humique, ni qu'elle soit on
exsudât venant de la transformation d'une telle masse.
« Vu son état de contraction par rapport aux thalles gorgés
d'eau, l'algue gélosique n'a pu fournir directement la totalité
des carbures d'hydrogène solidifiés dans les bogheads. La
C. BG. BERTRAND 479
seule cause d'enrichissement reconnue jusqu'ici est la présence
de bitume qui a pénétré la masse. Dans les corps gélosiques
le bitume a teinté, par localisation élective, les protoplastes.
La gélose transformée en corps jaune est devenue substratum
de carbures éclairants. Aucun des faits relevés ne nous
indique que cette niasse se soit transformée, postérieurement
à son dépôt par l'activité de bactéries anthracigènes spéciales
— ou d'enzymes — et qu'elle ait pris les caractères propres
du boghead sous cette influence.
« La production de charbon brillant craquelé, de fusain
et d'autres variétés de charbon est normale dans ce milieu.
Elle dépend de la nature des corps enfouis et de leur état
d'altération. Elle dépend aussi du bitume imprégnant. Les
tissus végétaux moyennement humifiés retiennent le bitume et
donnent du charbon brillant craquelé. Les tissus végétaux
plus fortement humifiés n'ont pas retenu le bitume, ils sont
à Tétat de fusain. Les tissus pourris, non humifiés. ont loca-
lisé la silice. — Les os et les coprolithes, en localisant le
bitume, donnent du charbon d'os et du charbon de coprolithe.
B. — Les charbons humiques.
Les charbons humiques ont comme types :
Le brown oil-shale permo-carbonifère de Broxburn en Ecosse.
Le schiste tertiaire du Bois d'Asson, Basses-Alpes.
Le schiste crétacé de Ceara, Brésil.
Ces charbons humiques sont très répandus. Le plus
souvent on les rencontre sous leur forme fortement minéra-
lisé à l'état de schistes bruns ou gris. Ils correspondent
assez exactement à ce que l'industrie minérale appelle les
schistes bitumineux .
J'applique aux schistes bitumineux l'appellation de char-
bons humiques tant que la matière organique prédomine sur
la matière minérale et donne à la roche ses caractéristiques
essentielles. Le schiste écossais reste à mon avis un charbon,
bien que sa charge en matières minérales atteigne 67.18 ^/o
parce que les matières minérales tardivement individualisées
sont subordonnées au substratum organique qui les contient.
Les indications que j'ai données sur les charbons humiques,
celles que M. Renault y a ajoutées de son côté nous per-
mettent de nous faire une idée assez précise de ce type de
charbons.
48o \UV CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Pour les trois exemples que j'ai cités il a été reconnu :
i^ Qu'ils résultent d'une accumulation de gelée brune. A
celle-ci s'ajoute comme corps accidentels une très faible
quantité de spores, de pollen, de menus végétaux liumiiiés.
de thalles d'algues gélosiques. Aucun de ces corps accidentels
n'intervient )>our plus de o.oo4 dans la masse totale. La
gelée brune amorphe avec la matière minérale qui peut y
être combinée est donc la matière dominante de ces forma-
tions.
a" Que ces accumulations de gelée brune se sont faites rapi-
dement dans des périodes tranquilles.
3" Que la fossilisation de la gelée brune et des corps
quelle contient s'est opérée en présence de bitume, rendant
possible la production de fusains et de lamelles de charbon
brillant dans ce milieu.
Nous avons trouvé ces mômes conditions dans la forma-
tion des bogheads. Dans le cas des bogheads il s'y ajoutait
une condition de plus, une grande abondance d'algues dont
la gélose venait diluer le charbon humique pour en faire un
charbon gélosique. De même il suilit que la charge de la
gelée brune en pi'oduits stercoraires augmente un peu notable-
ment pom* domier un charbon de purin au lieu d'un charbon
humique, tel est, par exemple, le schiste bitumineux de
TAllier, exploité à Buxières et à Saint-Hilaire.
Les charbons humiques ont une très grande impoi^tance
parce qu'ils nous donnent la notion de charbons amorphes,
non pas nmdus amorphes parce que leur organisation a
disparu à la suite d'une trituration intense ou par un état
de pourriture très avancé, mais amorphes parce que le>
corps d'organismes ligures n'y prennent pas directement part.
La preuve (pi'il en est ainsi, c'est que quand un organisme
figuré s'y trouve enfermé, il y est toujours remarquablement
conserve.
Le brown oil-shale d'Ecosse
Le brown oil-shale ou schiste ciré d'Ecosse vient de la
région de Broxburn à l'est de Bathgate. C'est un schiste brun-
clair à stratification très disloquée comme celle du Banc ciré
d'Autun. Ce schiste se brise en écailles contournées à surface
vernissée d'où l'appellation de Schiste contourné qui lui e>t
souvent appliquée.
G. EG. BERTRAND 4^1
Le brown oil-shale est une aecuniulation de gelée brune
fortement chargée de matières minérales, silice et alumine. Une
petite partie de cette matière minérale y est individualisée à
l'état de cristaux tardifs de quarz, l'autre n'est perceptible
qu'à l'état de microcristallisation confuse comme celle des
argiles. Il y a union intime de cette partie argileuse et de la
gelée brune. La présence de la matière argileuse ne se révèle
optiquement que par son action sur la lumière polarisée.
En coupes minces, la gelée brune se présente comme une
matière amorphe» transparente, brun clair, chargée de corpus-
cules bactériformes. Elle est hétérogène, zonée, et finement
stratiiîée. La gelée brune que nous avons vue dans les schistes
est mêlée ici d'une proportion variable d'une matière jaune
d'or ou orangée qui faisait prise comme la gelée brune, et
qui acquérait peu à peu tous ses caractères, c'est de la gelée
brune à un état d'humiiication moins avancé. La gelée brune
et la gelée jaune sont déposées en lits. On passe insensible-
ment des uns aux auti'es. Les zones brunes sont plus chargées
de corps bactériformes que les zones orangées. Les parties
rousses sont plus fortement chargées de cristaux tardifs
dressés, alors que les cristaux plus petits tabulaires sont
couchés horizontalement dans les zones jaunes. La charge
microcristailine est un peu plus forte dans les parties rousses.
La consistance de la gelée au moment du dépôt était déjà
forte, les menus débris de parois végétales y sont incomplè-
ment atlaissées, des écailles ganoïdcs ne s'y enfonçaient pas.
La consistance de la gelée fondamentale était plus forte dans
les lits jaunes que dans les lits roux.
La consistance de la gelée fondamentale du brown oil-
shale a été particulièrement forte, car lors de son retrait elle
s'est contractée massivement. Elle ne montre nulle part une
tendance à se déchirer en réseau. Par contre, elle s'est coupée
par de grandes fentes. Les morceaux se sont déplacés. Ils
ont glissé les uns sur les autres sans s'érailer ou s'abîmer.
Ce travail s'est donc fait sous l'eau. La plasticité parfaite de
la masse lors de sa déchirure est établie par des lambeaux
redressés, plies et plissés qu'on trouve enti*e les parties
déplacées. Macroscopiquement le brown oil-shale révèle cette
structure fendillée et les glissements dont il a été le siège
en montrant sur ses tranches verticales dressées à l'émeri une
stratification disloquée comme celle du Banc ciré des schistes
31.
48a VU1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
d'Autun. L'adhérence de la gelée aux corps qui y sont englo-
bés était déjà complète lorsqu'elle s'est déchirée sous raction
du premier retrait. On voit des thalles et des spores coupées
en deux par la rupture de la gelée, dont les segments sont
écartés par le glissement des masses où ils sont demeures
adhérents. Aucun de ces objets n'est sorti de la loge où il
était enfermé. Aucun d'eux ne s'y est tourné. Ils faisaient
donc corps avec la gelée entourante.
Par rapport a une écaille ganoïde la contraction verticale
de la gelée brune à été trouvée de 2,5 ; c'est-à-dire qu elle
est 2.5 fois plus grande que celle de cette écaille.
Les zones jaunes et orangées du schiste ciré d*Ecosse nous
apprennent cpie certains corps jaunes amorphes dépendent de
la gelée fondamentale. C'est une nouvelle catégorie de corps
jaunes qui s'ajoute à celles cjue nous avons relevées dans les
charbons, corps jaunes d'origine gélosique, corps jaune d'ori-
gine cellulosi(iue et cutineuse, corps jaune d'origine osseuse,
corps jaunes représentant un filtrat bitumineux dans les
lames de charbon brillant craquelé et dans les fusains.
La gelée fondamentale du brown oil-shale contient des
corps bactériformes mais en très faible quantité, eu égard à
ce que présentent les autres cliarbons. Les zones jaunes en
contiennent moins que les zones brunes et bien qu'elles soient
manifestement plus riches en matière organique moins humiliée,
on ne voit dans ces zones jaunes que les mêmes bactérioïdes
que dans les zones brunes. L(*s corps bactériformes sont des
sphérulcs simples ou couplés, et des bâtonnets ou bacilloïdes.
L'aspect des coccoïdes est celui des spores de Bactéries.
Les corps bacilloïdes contiennent souvent des iuicrocri>laux
tardifs. J'ai trouvé c(»s corps bactériformes dans un grand
état de pureté sur la surface nmcjucuse d'une algue enfeimée
dans le schiste écossais. Ces corps bactériformes sont forte-
ment individualisés par rapport à la gelée fondamentale.
Us s'en séparent par la taille. On les retrouve isolés dans
les cristaux tardifs. Ils .sont souvent incoloi*es, d'autres fois
ils paraissent noirs connut^ s'ils étaient occupés par un tit^
petit cristal opaqu<' de pyrite. Les indices ci-dessus ne permettent
pas d'établir directement la natur(* de ces corps bactériformes.
Je ne puis dire si ce sont là des restes d'organismes haelé-
riens. Je ne puis même décider si co sont là des corpuseuK*s
de nature organiijue ou des inclusions minérales. J'ai pré
C. EG. BERTRAND 4^3
soaté ailleurs (i) la série des divers arguments favorables
à Tune et à l'autre interprétation. M. B. Renault reconnaît
des corps bactériens dans les corps analogues de la gelée
brune des schistes d'Autun et d'une foule d'autres charbons.
Dans son récent travail sur les microorganismes fossiles le
savant paléontologiste du Muséuui apporte de fort beaux
photogramnies à l'appui de son interprétation. Après une étude
très prolongée d'excellentes préparations parfaitement planes,
non rayées et non ébranlées, je ne puis me rallier encore à
son avis.. Ces formes simples bactérioïdes sont réalisées par
les faits les plus différents, bulles, gouttelettes (2), précipités
ferrugineux, microcristaux, inclusions diverses. 11 est facile
d'en prendre des images photographiques qui ne diffèrent pas
de celle des coi'ps bactériformes. Ces roches sont riches en
gaz libres, puis il semble bien que dans ce milieu un orga-
nisme plasmique comme une bactérie devrait s'y présenter
coloré éleclivemeiit ou bien injecté comme les autres pro-
toplastes. Les protoplastes du Zoogleïtes elaverensis, ceux
des Bacilles copi'ophiles présentent cette particularité et sont
colorés ou injectés suivant les cas. Il n'est pas jusqu'à la
manière dont les corps bactériformes se détachent sur le fond
qui les enveloppe où on les voit agir comme des corps
résistants qui ne me semble imposer une très grande réserve
pour l'interprétation des corps bactériformes de la gelée
brune. Les bactérioïdes font partie normalement de la gelée
brum*. «Ils paraissent tombés en même temps qu'elle. La
gelée brune en contient toujours, leur abondance relative est
un caractère ([ui doit toujours être relevé.
Rien n'indique dans la gelée brune du brown oil-shale
qu'elle provienne de la liquéfaction des thalles d'algues géla-
tineuses. Rien n'indique non plus dans l'étude directe de cette
gelée qu'elle provienne d'un suintement, d'une sorte d'exsudat
sorti d'une masse végétale en fermentation ou de la trans-
formation sur place d'une matière végétale sous une action
bactérienne ou diastasique. D'après la manière dont elle
englobe les spores, les menus débris et les corps qui la
(i) C. Ek. Bertrand, lea charbons kumiques et les charbons de purins. —
Noie VI, p. «90. — Lille, 1898.
(2) En particulier gouttelettes de bitume et de pétrole dans un milieu
très faiblement alcalinisé.
484 VIll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
chargent il me semble que la gelée brune était contenue
dans Teau génératrice du dépôt qui Tabandonnait autour des
corps qui y flottaient. Elle pénétrait diilicilement dans les
cavités de ces corps.
Les corps accidentels (jui chargent la gelée du brown
oil-shale sont rares, aucun d'eux n'intervient pour une pro-
portion supérieure à o,ooi du volume total. Il y a des spores
variées, du pollen, quelques menus débris végétaux très
fragmentaires colorés en brun noir, non aflaissés, dont les
cavités sont comblées par le bitume. Les fleurs d'eau sont
représentées par quelques thalles de VEpipolaïa Boiveri, —
Comme débris animaux j'ai trouvé de petites écailles
ganoïdes et un petit fragment d'os. — Il n'y a pas de parcelles
minérales élastiques.
La masse du brown oil-shale à été pénéti^ée tardivement
par le bitume. Cette pénétration s'est faite par une sorte de
diflusion générale à travers la gelée fondamentale. D'une
part, en eflet, le bitume ne forme pas de masses libres
injectées dans la gelée ou placées entre ses feuillets et, d'autre
part, on voit que le bitume a comblé les cavités des débris
humiliés noyés dans la gelée jaune d'or. On voit aussi que le
bitume comble les cavités demeurées ouvertes enti'e les frag-
ments déplacés de la gelée. Le bitume n'a pas été modifié par
le seul fait de sa filtration. Il s'agit d'un bitume brun pâle
extrêmement peu condensé.
A la gelée brune fondamentale, matièi*e essentiçUe du
brow^n oil-shale, s'est donc ajoutée une certaine quantité de
bitume. Il y a eu par cela même enrichissement de la gelée
et des corps organiques qui la chargent en hydrocarbun's.
L'enrichissement a été faible, le bitume était peu condensé
et il n'y avait pas de corps pouvant le retenir un peu for-
tement.
La stratification régulière et zonée de la gelée brune
nous apprend qu'elle s'est déposée dans un milieu parfaite-
ment tranquille à l'époque de la pollinisation. Ses corps
accidentels nous ajoutent que les conditions de sa formation
ne dillërent de celles des bogheads que par un grand aiïai-
blisscMUcnt de l'intervention gélosique. La rareté des matières
animales et l'absence d'ostracodes indiquent qu'elles n'out
pris qu'une part insignifiante à la production de la gelé*?
fondamentale.
G. EG. BERTRAND 4^
Le brown oil-shale est donc un charbon qui s'est formé
dans des eaux brunes tranquilles par précipitation de leur
matière liumique pendant le temps des basses eaux et des
pluies de pollen. Celte matière humique chargée d'argile a
formé gelée autour des corps flottants dans cette eau. Les
Heurs d'eau étaient peu abondantes. La gelée brune s'est
fossilisée en présence du bitume.
Le schiste du Bois (T Assort,
Le schiste dn Bois d'Asson est compris dans un système
lacustre oligocène qu'on voit affleurer dans la vallée du Largue,
Bassos-Alpes. C'est une roche marron, feuilletée, dont la
charge en matières minérales s'élève à 62,79 p. %. Il y a
39,15 p. "/o de silice insoluble dans l'acide chlorhydrique.
Une grande part de cette silice est à l'état d'organites figurés,
valves de diatomées, spicules d'épongés.
Le schiste du Bois d'Asson est une accumulation de gelée
brune humiquo qui prédomine optiquement sur la matière
minérale, il s'agit donc encore d'un charbon humique. La
gelée très pAle, presque jaune, a fait prise comme celle du
brown oil-shale, mais sa consistance était moins forte. Elle
a donc pris une structure réticulée, à l'image des gelées
gélosiques très claires titrant moins de 0,004. En quelques
points où le reticulum a cédé, il s'est produit des déchirures
comblées de suite par un exsudât dans lequel s'est localisé
plus tard la matière minérale. Les fentes horizontales placées
entre les bancs de la masse schisteuse ne sont que les fissures
du reticulum tardivement agrandies. La contraction verticale
de la gelée déterminée par rapport aux spicules fusiformes et
aux disques d'Orthosira est q,o.
L'exsudat qui comble les déchirures horizontales de la
gelée primitive a entraîné les diatomées les plus légères, les
spicules sphérulaires les plus petits, les corps bactérioïdes .
Ceux-ci sont bien isolés. On v reconnaît donc immédiatement
les caractères de la gelée initiale, c'est une portion de cette
gelée plus diluée qui est venue emplir ses déchirures tardives.
Par rapport aux charbons ordinaires, la charge de la gelée
fondamentale en corps bactériformes est très faible. Par contre
elle paraît très forte eu égard à la charge de cette gelée en
menus débris vrgétaux humifiés. Sous ce rapport le schiste
du Bois d'Asson est très exceptionnel. Ses corps bactériformes.
486 VIll* CONGRÈS GÉOLOGIQUB
micrococcoïdes, iiiacrococcoïdes, baeilloïdes sont très petit*.
Les baeilloïdes sont souvent redressés, tordus. Les baetérioîdes
sont particulièrement nets, bullaires, et très régulièrement
répartis dans Texsudat (jui a comblé les déchirures de la
gelée fondamentale.
Entre la gelée fondamentale du schiste permocarbonifere
d'Ecosse et celle de ce schiste oligocène, il n'y a donc comme
différence importante que la structure réticulée de cette der-
nière, correspondante à une dilution originelle plus grande.
Cet état nous intéresse parce que c'est le début de la struc-
ture réticulaire très lâche que prend la gelée fondamentale
dans les schistes organiques.
Comme corps accidentels la gelée fondamentale du schiste
du Bois d'Asson contient des grains de pt)llen, quelques spo-
res, un certain nombre de thalles d'une algue gélosique (jue
j'ai décrite sous le nom de Dotryococcites Largae. cjuchpies
débris humides, restes de végétaux et lambeaux chitineux
d'origine animale, des valves couplées de diatomées d'eau
douce, des spicules d'épongés, des fragments de corps rési-
neux. — Les grains de pollen, les spores, les thalles de
Dotryococcites sont à l'état de corps jaunes. Nous connaissons
les premiers, nous rencontrons pour la première fois les corps
jaunes d'origine résineuse. Ces corps sont assez rares dans le
schiste du Bois d'Asson, on en voit i ou q exeniplaii'es sur
une préparation de ^ à 3 centimètres carrés.
Il y a i53(> grains de pollen par millimètre cube. Ce^
organitcs forment o.oo3 du vojume de la roche. Ils sont cou-
chés à plat et complètement ailaissés. Je signalerai un lait
très remarquable à propos de ce pollen, fait qui me paraît
faire ressortir T extrême réserve avec laquelle on doit toujours
procéder dans l'analyse opti(pie d(*s charbons. Sur les coupes
verticales d'épaisseur moyenne, les grains de pollen sont très
visibles, par contre h^s cou[)es des valves des diatomées qui
sont pourtant très nombreuses échappent complètement, à
l'exception des coupes des grands disques d'Orthosira. Quand
les coupes sont très minces on ne voit que les diatomées et
pas du tout les grains de pollen. Sur les coupes horizontales
les gi'ains de pollen échappent complètement à Tobservation.
les diatomées sont très visibles. Os faits montrent avec
quelle facilité des organismes d'un certain volume, à parois
bien différenciées, peuvent nous échapper, qu'est-ce donc quand
G. KG. BERTRAND 4^7
il s'agit d'organismes aussi petits que des bactéries où
Tenveloppe diH'ère moins des qualités du protoplaste qu'elle
recouvre.
Il y a 224 thalles de Botryococcites par mm.' dans la
partie riche du schiste. Ils forment les o.oo4 du volume de la
roche Botryococcites avait une gelée épaisse interposée entre
les cellules voisines. Les thalles sont très affaissées. Les pro-
toplastcs sont très fail)lement colorés.
Les menus débris végétaux sont rares, fortement noircis.
Il y a des spores bicellulaires. Les fragments chilineux et
cornes d'origine animale sont plus fréquents que les débris
végétaux.
Les diatomées sont nombreuses, ('ouchées à plat. Les deux
valves sont réunies, mais écrasées par le retrait : entre les
valves est une gelée claire amorphe pauvre en bactérioïdes,
d'autres fois colorée par le bitume. Les grands disques
d'Orthosira comme le canal des spicules sont pleins de micro-
cristaux de quarz. Il s'agirait donc de diatomées mortes ayant
flotté, englobées ensuite dans la gelée fondamentale lors de
sa précipitation. Ces diatomées ayant leurs deux valves ne
peuvent venir de loin. Les 7 espèces (|ue j'ai reconnues se
rapprochent beaucoup des diatomées d'eau douce actuelles. La
plus visible ressemble au Melosira varians. L'n grand Ortho-
.sira ti'ès visible à cause de sa grande taille et de ses valves
épaisses rappelle notre Orthosira arenaria.
L<\s spicules d'épongés sont très nombreux, les plus fréquents
sont des spicules lourds fusiformes ou en navette senddables
à ceux du parenchyme de la Spon^illa fliwiatilis. Il y a
aussi d(»s spicules haltériformes comme ceux de l'assise cellu-
laire qui borde les canaux de la Spongille, mais plus hérissés
de pointes, ce qui dénote au moins une différence spécifique.
Il y a de très nombreux spicules sphérulaires qu'on ne con-
naît pas ilans notre éponge «l'eau douce. Les spicules sont
isolés, on ne voit rien autour d'eux qu'on puisse rapporter à
l'éponge. Les spicules fusiformes et haltériformes sont couchés
à plat. Il s'agit de spicules libérés et flottés tombés dans
une gelée ([ui a pu les arrêter dans leur chute.
Il n'y a pas de parcelles minérales élastiques.
Le bitume joue un riMe iuq)ortant dans le schiste du Bois
d'Asson. Il s'y manifeste d'une manière très spéciale. En
dehors des cavités des spicules et des Orthosira où il s'est
488 YlW CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ajouté à la gelée de remplissage, il consiste en lames minces
ou en gouttelettes rouge brun qu'il ne faut pas confondre
avec des parenchymes végétaux hituminisés. Les gouttelettes
sont plus ou moins affaissées, la gouttelette se prolongeant
parfois en fils ténus. Les lames minces ont été rapidement
solidifiées. Les gouttes se sont solidifiées plus ou moins vite
de la surface au centre. Beaucoup contiennent des bulles, qui
sont pour la plupart affaissés et transformés en disques plats
lenticulaires. Un moindre nombre ont leurs bulles centrales
sphériques. Lames et gouttelettes ont une structure iluidale
qui fait écarter la notion de coprolithes. 11 n'y a pas d'os
d'écaillés, de fragments végétaux. 11 n'y a ni bactéries, ni
granulations cellulaires. S'agirait-il de gouttelettes figeables à
la manière des corps gras, gouttelettes qui auront été entraî-
nées au fond en même temps que la gelée fondamentale et
qui se seraient ultérieurement chargées de bitume par action
élective? les fils et les lames sont plus favorables à l'idée
d'une sorte d'injection faite peu après la coagulation. Des
masses étendues de ce corps rouge brun placées côte à côte
ne se fusionnaient pas : la solidification de ce bitume s'est
donc faite rapidement. Le bitume n'englobe ni les spicules.
ni les diatomées, ce qui parait inconciliable avec la notion
de gouttelettes descendues de la surface en même temps que
les autres corps. — L'apparition du bitume dans la gelée est
antérieure à la formation des grandes fentes horizontales qui
sont toujours sans bitume. — L<*s masses bitumineuses ne
contiennent pas de corps bactériformes.
Il y a 420 gouttelettes bitumineuses par mm^. Elles forment
o.o36 du volume du schiste. — La contraction des gouttes île
bitume a été plus grande que celle de la gelée entourante.
Elh» en est séparée par de grands cristaux tardifs.
Cette rapide esquisse du schiste du Bois d'Asson ajoute à
la notion de charbons humi<iues les faits suivants : — La
gelée brune de consistance plus faible tend à prendre une
structure réticulaire. — Les charbons humiques se relient
directement aux charbons d'algues, ils se sont formés dans
les mêmes conditions, l'intervention gélosiquc restant faible
ou nulle. Il s'agit d'une formation d'eau douce. Le fait était
sujet à répétition dans un système de couches lacustres. Le
bitume en gouttelettes figées peut intervenir d'une façon tK*s
appréciable. La liste des variétés de corps jaunes rencontrés
G. EG. BERTRAND 4^
dans les charbons s'est accru de parcelles résineuses. Les
conditions de formation des charbons humiques sont très
semblables dans les temps permocarbonifères et dans les
temps tertiaires.
Le schiste de Ceara,
Contrairement au brown oil-shale et au Schiste du Bois
d'Asson, le schiste de Ceara a le faciès d'un charbon commer-
cial. L'analyse accuse encore ^0,6^ p* 0/0 de matières miné-
rales, mais sur ce nombre près de 22.40 p. 0/0 représentent du
carbonate de calcium rassemblé dans des oolithes. Il n'y
aurait donc que 18. 2.5 p. 0/0 de matières minérales réellement
incorporés à la substance du charbon. Ainsi quand dans une
accumulation de gelée humique soumise à Timprégnation bitu-
mineuse la charge en matières minérales reste faible, la roche
a les caractères macroscopiques d'un charbon. La roche de
Ceara ne mérite pas le nom de boghead qu'on lui donne
quelquefois, la gélose n'intervient pas dans sa masse, les orga-
nismes gélosiques y sont à l'état de rareté.
Le schiste de Ceara résulte d'une accumulation de gelée
brune. Celle-ci a une structure uniforme dans toute sa hauteur.
Elle est finement et nettement stratifiée. Elle est à un état
d'humification avancé, le même pour toute la masse. Elle est plus
fortement colorée que celle du schiste du Bois d'Asson. Elle
n'a pas les zones jaunes et orangées du brown oil-shale. En se
déposant, la matière humique s'est prise en une gelée très
consistante, les lambeaux végétaux efiilochés y sont bien étalés
et largement soutenus. Les coquilles d'Ostracodes ne s*y enfon-
çaient pas. La gelée n'a pénétré qu'à l'embouchure de ces
coquilles. — Cette gelée n'est pas réticulée. — Consistante
comme celle du brown oil-shale elle s'est coupée par des
fentes obliques convergentes et très localisées. De faibles
déplacements se sont produits. La plupart de ces dislocations
ne sont visibles que sur les coupes minces. La gelée brune
formant la presque» totalité de la roche, ce charbon nous
montre que la cassure verticale de cette gelée est normalement
noire, vitreuse et à fissures irrégulières. Elle est moins bril-
lante que celle d<'s masses gélosiques. Elle ne se débite pas
en prismes comme le charbon brillant craquelé.
La chargea de la gelée fondamentale en corps baclériformes
est très faible. Ce sont surtout des micrococcoïdes de tailles
490 VIll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
variables o a 2 à o jx 8 très brillants. Les plus gros sont
buUaires, incolores, et passent aux macrococcoïdes. Ils sont
groupés en amas discoïdes aplatis, souvent les luierococcoïdes
sont entourés d'un cristal de calcite. Il v a des amas cris-
tallins zoogléi formes. Les bacilloïdes sont rares.
Les corps jaunes sont peu nombr(*ux, quelques spores, des
grains de pollen composés tétraédriques, comme ceux d»*
Tordre des Bicornes. Il y a seulement 80 grains de pollen
par millimètre cube. Les fleurs d'eau sont seulement indiquées
par une algue gélatineuse rarissime.
Les débris humifiés y sont très peu abondants, la plupart
sont des ]and>eaux de parois cellulaires effilochés, noir-brun,
très altérés. Il y a quelques fragments chitineux et de rares
cuticules animales.
Ce charbon contient de petits pelotons aplatis composés
de spores et de filaments mycéliens d'une Mucédinée. Ce
sont des amas rouge brun assez foncés que Ton pourrait
prendre pour de petits coprolithes teintés par le bitume ou
pour des gouttelettes bitumineuses comme celles du Schiste
du Bois d'Asson. La nature de ces corps n'est facile à lire
que sur les confies horizontales. Ces corps sont très bien
conservés. Leurs parois, fortement colorées, ont condensé le
bitum**. Comme ils sont assez uniformément répartis dans la
masse, la présence de ces [»elotons de Mucédinées dénote à
la fois une eau génératrice parfaitement tranquille et parti-
culièrement riche en matières nutritives.
Le schiste de Ceara cimtient encore de nombreuses coquil-
les d'un Crustacé ostracode voisin des Cypris. Les j>arties
chitineuses et les parties molles de l'animal ont dispîiru. U
s'agit de co(juilles flottées. Elles sont réparties à travers
toute la masse. Elles sont couchées sur le flanc, rarement
placées d(* champ, avec la charnière en haut. Les valves
sont couplées, les valves isolées sont extrêmement rares. La
plupart des coquilles ont été bi'isées par le retrait. Les valves
o[)posées sont en effet cassées, rapprochées, mais elles ne se
touclu»nt pas, ce n'est donc pas un tassement ou une pression
verticale qui a provoqué l'eUondrement des co(iuilles. Certains
morceaux de cocpiillcs ont été parfois redressés par l'etron-
d renient : ils coupent la gelé<» fondamentale. On voit de
nombreux exenq)Ies de coquilles oii la gelée fondamentale
nettement cou[)ée s'insinue légèrement entre deux morceaux
C. EG. BERTKAND 49^
de la coquille effondrée laissant la coquille non remplie.
Dans les co([uilles demeurées entières la calcite s'est localisée
en oolilhes k structure radiée. Los longues aiguilles de calcite
s'appuient par une extrémité sur la coquille, l'autre s'avance
vers le plan de symétrie de la coquille. Il reste un vide le
long du bord ventral et des bords antérieur et postérieur.
Cet espace est rempli d'un bitume brun clair peu condensé,
le même qui emplit les coquilles effondrées. Les bactérioïdes
sont très raréfiées dans cette gelée de remplissage. 11 y a
des corps bactéri formes dans les aiguilles de calcite des
oolithes et entre celles-ci.
Par rapport aux coquilles non effondrées la contraction
verticale de la gelée est u.5. La contraction horizontale varie
entre i,3 et 1,5. Dans quelques points où les coquilles étaient
plus nombreuses et où il s'est fait des déchirures, il s'est
[)roduit (h' très grands oolithes (jui ne sont plus enfermés
dans les coquilles.
La masse organique du charbon de Ceara a subi une
imprégnation bitumineuse qui l'a enrichie en matières hydro-
carbonées. Le bitume est arrivé tout formé. 11 a pénétré la
masse par dillùsion. C'est un bitume brun clair peu condensé.
Il a été plus fortement retenu par la gelée fondamentale
que dans les schistes précédemment étudiés. L'intervention du
bitume a été tardive. Le bitume se voit isolé dans les fentes
horizontales tardives et entre les valves des Ostracodes. Le
bitume s'est plus fortement contracté que la gelée fonda-
mentale.
Bien qu'il s'agisse de coquilles d'Ostracodes vidées qui
ont flotté à la surface de l'eau. Comme les valves sont
demeurées unies deux à deux je conclus que si un transport
post-mortem a eu lieu, il a été extrêmement faible. C(» qui
revient à dire que les Cypris de Ceara ont vécu dans la
mare où s'amassait la matière organique. La présence de
ces Ostracodes nous indique des liqueurs riches en matières
nutritives et particulièrement en produits animaux. Les Cypris
prospèrent en été dans les mares dont les eaux sont brunies
par le trop plein des fosses à purin, ils y deviennent parfois
si nombreux que l'eau de ces mares paraît colorée en rouge
sang. Ce résultat, rapproché de la présence des Muccdinées,
nous donne la notion : d'une gelée humique fondamentale
se déposant dans une eau brune additionnée d'une proportion
49^ VUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sensible de matières animales. La gelée fondamentale très
légèrement modifiée par ce lait, a retenu plus fortement le
hitnme. I^s conditions locales n'ayant permis qunne faible
minéralisation, la matière nous présente le faciès type des
charbons humiques on schistes bitumineux. Les conditions
géogéniques du schiste bitumineux crétacé de Ceara restent
les mômes que celle du schiste du Bois d'Asson et du
hrown oil-shale, il s'y ajoute comme condition nouvelle, la
présence de matières animales dans l'eau brune génératrice
du dépùt.
11 semble que dans ce milieu chargé de matières animales
les organismes inférieurs devaient pulluler comme nous le
voyons dans les marcs à Cvpris. Nous devrions trouver,
semble-l-il, des Infusoires variés, des bactéries diverees, la
conservation des objets étant ti*ès belle. J'ai rechei'ché tout
spécialement des tracés de la présence de ces êtres et je
n'ai rien vu qui établit leur existence. Manquent-ils réellement?
Nous échappent-ils seulement parce qu'ils sont dans un milieu
de même réfringence où leur présence n'est pas soulignée.
Dans le premier cas nous retrouvons là l'indice d'un milieu
générateur rendu asepti(ju(» et fixateur. Dans le second nous
touchons du doigt l'extrême diiïiculté de mettre en évidence
les organismes inféri(»urs sans couche cutinisée dans la gelée
brune de même réfringence, l'attribution des corps bactéri-
formes à des restes de cellules bactériennes en est encore
rendue moins vraisemblable (i).
Là encore* nous ne voyons pas que la gelée brune fonda-
mentale dérive d'une li(piéfaction d'algues gélosiques ou de
Texsudat d'une masse végétale en fermentation.
Je conclus pour les charbons humiques que je viens d'étu-
dier :
(( L(»s trois charbons humiques analysés, montrent que des
temps carbonifères à l'époque oligocène, la formation des
roches charbonneuses par accunmlation de gelée brune est un
phénomène régulier, qui s'est reproduit avec les mêmes carac-
(1) Lorsqu'on préclpito la matière humique de l'eau d'une mare à Cypris
piir uno traco de sulfate d'alumine ou par une laque ferrique, les bactéries
enfermées dans le précipité ^'élatineux demeurent facilement rcconnaissabl**s
dans le roagulum contracté. Il en est de même de^ granules d'urales rpj<^
tés par les Cypris, mais les plus petits de ces granules d'urates peureot être
confondus aveedes endospores bactériennes.
C. EG. BERTRAND 49^
tères essentiels. La notion de charbon humique n'est pas un
fait exceptionnel, elle répond à une classe de charbons où
les organismes figurés (à part peut-être les bactéries ? ?) ne
prennent pas directement part à leur formation.
)) Les charbons liumiques nous présentent la notion de
charbons amorphes, la matière humique abandonnant sa solu-
tion aqueuse à l*état de coagulum dont les ilocons s'accroclient
aux corps en suspension dans Teau et les entraînent au fond.
» Les conditions de formation des charbons humiques sont
des eaux brunes tranquilles laissant précipiter leur matière
humique au temps des basses eaux, alors que la végétation
voisine produit des pluies de pollen. Les fleurs d'eau sont
encore peu abondantes. La masse se fossilise en présence
de bitume. L'infiltration bitumineuse Tenrichit en hydro-
carbures.
)) Dans les charbons humiques formés de gelée brune pure
la rétention du bitume a été faible, elle est un peu plus forte
là où cette gelée brune parait le plus fortement humiflée. —
La gelée brune parait plus apte à retenir le bitume lorsqu'elle
est mêlée de produits animaux. La rétention du bitume par
la gelée peut être mécanique comme dans le cas du bitume
figeable du schiste du Bois d'Asson. La rétention se fait plus
générablement par une sorte d'imbi])ition de la masse. La
distillation de tels charbons donnera d'autres résultats que
celle des charbons gélosiques. La localisation des carbures
éclairants s'y fait comme dans les bogheads, comme on le
constate sur les Botryococcites.
» En général les charbons humiques ont Taspect «le schistes
parce que leur gelée fondamentale, très apte à se combiner avec
l'argile, a pu trouver à sa disposition une quantité de cette
matière. Lorsque les conditions locales ont été telles que
cette charge demeurât faible, la roche formée a conservé le
faciès d'un charbon à cassure noire et vitreuse. »
Dans aucun des trois exemples étudiés, la gelée brune
n'apparaît comme résultant d'une liciuéfaction d'algues gélo-
siques ou comme un exsudât sorti d'une masse végétale en
fermentation. D'autre part, ces trois charbons humiques ne
montrent pas qu'ils résultent de la transformation d'une masse
organique in situ sous l'action d'un travail bactérien ou
diastasique qui leur aurait donné peu à peu leurs qualités
spéciales.
494 VIlt« CONGKÈS GÉOLOGIQUE
Le brown oil-sliale réalise le charbon humique type. Le
schiste du Bois d'Asson montre la liaison des charbons hu-
miques avec les charbons d*algues. Le schiste de Ceara par
ses Mucédinées et ses Ostracodes nous a appris que de^s
matières animales pouvaient s'ajouter en quantité appréciable
à Feau génératrice de la gelée brune. Il nous a appris aussi
((u'un charbon humique a normalement le faciès d'un charbon.
G. — Les charbons de purins.
Le Schiste bitumineux de V Allier.
Ce que j'ai dit des charbons humiques permet de com-
prendre les charbons de purins, qui ont comme type le
schiste bitumineux de TAllier, exploité à Buxîères les-Mines,
à St-Hihiire et dans la concession des Plamores. I^ princi-
pal siège est le puits du Méglin. Ce schiste est permien.
Le schiste d(> l'Allier est encore de la gelée brune coagulée
fossilisée en présence d'un bitume, mjiis Teau brune initiale
étant chargée de produits stercoraires en tous ses points,
était semblable à un purin concentré. La gelée brune qu'elle
a laissé précipiter, se montre plus fortement humiliée. Sa
capacité rétentrice pour le bitume a été très augmentée. Elle
est toujours fortement colorée par le bitume. Chaque fois que
Teau génératrice se diluait suilisamment, les Ostracodes appa-
raissaient.
La gelée fondamentale a fait prise. Les parcelles micacées,
les menus débris végétaux très humifiés, les coprolithes, les
écailles et les os tombés des coprolithes ne s'y enfonçaient
pas. Ces corps y sont habituellement couchés à plat mais on
peut voir des écailles piquées verticalement ou obliquement
dans la gelée et maintenues dans cette position par la rigidité
de cette matière.
Lors du retrait la gelée ne s'est pas coupée par de grandes
fentes. Cette gelée s'est déchii'ée irrégulièrement en un reti-
culnm. \À\ on ses déchirures sont le plus étendues il y a un
exsudât, qui se montre à l'état de pureté dans les grandes
déchirures horizontales, la minéralisation de celte gelée était
forte, il s'y est individualisé un grand nombre de cristaux
tardifs.
La contraction verticale de la gelée a été particulière-
ment forte, 12 par rapport au pollen étalé des nodules siliceux.
C. EG. BERTRAND 49^
2 par rapport aux coprolithcs, 4»^ P^>* rapport à l'épaisseur
totale d'un nodule siliceux.
La gelée brune est chargée d'une quantité extraordinaire
de corps bactérifornies, niicrococcoïdes, niacrococcoïdes et
bacilloïdes. Ces corps sont Imllaires, à contours très nets. Ils
se détacthent en clair sur le fond coloré ; s'il s'agit là des
restes de cellules bactériennes, leur conservation est toute
diflérente de celle des bacilles tîxés dans le mucus des
coprolithes et de celle des éléments du ZoogléUes elm'crensis.
Ce dernier est placé directement à côté des corps bactérifornies
dans la gelée fondamentale.
Les plus importants des corps accidentels du schiste de
l'Ailier sont les coprolithes. Us appartiennent à des reptiles
ichthyophages. Les coprolithes sont entiers ou éparpillés. Ils
ont fortement localisé le bitume, et comme ceux d'Autun ils
renferment du bitume libre entre leurs replis. Ils donnent
des nodules d'un charbon noir et satiné ([ui tranche sur le
fond de la masse entourante. Ce sont là des masses de
charbon d'origine animale. L'intervention des coprolithes est
donnée par les nombres suivants coelïicient horizontal
0.096; coelïicient vertical de o.iGG à o.25o ; coelïicient en
volume de o.o36 à 0.0^5. La présence de plusieurs gros
coprolithes en un point change ces coellicients. Les nombreuses
écailles détachées des coprolithes qu'on trouve isolées à tra-
vers toute la gelée montrent (jue la matière stercoraire s'est
répandue abondamment à travers toute la masse mêlée par
ses parties les plus thiides à la gelée fondamentale.
Ces coprolithes sont conservés dans tous leurs détails comme
s'ils avaient été saisis par un liquide fixateur. On y voit les
résidus alimentaires filés dans le mucus intestinal. Dans un
grand nombre de ces coprolithes ce mucus montre un très
beau bacille à éléments isolés et en chaînettes. Cette bactérie
est colorée en brun par la localisation élective du bitume.
Elle se détache nettement sur le fond beaucoup [)lus clair du
mucus. Protoplasme et parois sont colorés. On a les mêmes
difïicultés pour distinguer le protoplasme et la paroi de ce
bacille fossile que dans nos bactéries actuelles lors([u'elles
sont teintes par le violet de gentiane. Ces faits de surcolo-
ration des bactéries fixées vivantes s'accordent avec la colora-
tion brune que prennent les protoplastes des cellules ordi-
naires en présence du bitume. Comme les bactérioïdes de la
496 Vlh* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
gelée fondamentale ne présentent pas les mêmes caractères
si ce sont des restes de bactéries ils ont été ilxés à un état
bien différent de celui des bactéries, des coprolitlies.
Les parties osseuses des écailles sont à l'état de corps
jaunes. Les niasses protoplasmiques des cellules osseuses y
sont souvent remplacées par le bitume et cette matière injecte
leurs prolongements. Les plaques d'émail sont incolores souvent
criblées de trous avec un microcristal de pyrite dans chaque trou.
La gelée fondamentale du schiste de l'Allier contient
des spores et de nombreux grains de pollen. On reconnaît
deux espèces de grains dans la gelée contractée. Dans les
nodules silicidés de la grosse couche, qui montrent la gelée
non contractée et le pollen complètement étalé, on voit quil
y a trois sortes de pollen de Cordaïtes difféi'enciés nettement
par leur dimension. 11 y a en moyenne 27,1200 grains de pollen
par mm' du schiste de la couche des Têtes de Chats. Dans
certains lits, où le pollen devient prédominant, ce nombre
s'élève à 540.000 par mm'. On a des iilets de charbon
pollinique. On y voit des sacs polliniques entiei's pleins de
leurs grains de pollen. Les pluies de pollen étaient si abon-
dantes que Teau de la mare anthracigène en était rendue
laiteuse. Il semble qu'un tel milieu a dû renfermer de nom-
breux Infusoires, je n'ai pu y i-econnaître qu'un seul être, le
ZoogleUes elaverensis^ qui a vécu dans les eaux de purin
les plus concentrées. L'aspect des Zoogleïtes est celui d'une
zooglée bactérienne à cellules sphériques très petites, séparées
par une gelée. Les protoplastes des Zoogleïtes sont colorés en
brun éloctivement et se détachent sur la gelée de Têtre qui
est beaucoup plus claire. C'est le mode de conservation des
bacilles du mucus intestinal. 11 contraste avec celui des corps
bactériformes bullaires, avec lesquels ils sont mêlés.
Il y a de nombreux débris fragmentaires de végétaux à
parois fortement altérées. Certains sont à l'état de fusains,
d'autres sont à l'état de charbon brillant craquelé, on voit
de grandes plaques de ce charbon craquelé dans la zone gi'ê-
seuse qui est placée au milieu de ce schiste.
Quelques points de la zone inférieure du schiste de l'Allier
dans le lit dit la Grosse Couche sont silicifiés. La contraction
y est nulle. Dans ces nodules et près de ces nodules on voit
les infiltrations bitumineuses et les réticulum donnés par le
retrait du bitume libre.
C. BG. BERTRAND 499
La masse a subi une imprégnation bitumineuse plus intense
que celle des schistes précédemment étudiés. Ce bitume se
voit libre dans les cavités des coprolithes et des os. Il y est
souvent contracté en reticulum. C'est un bitume brun noir
fortement coloré. Il a pénétré la masse par une diffusion
générale. Il s est accumulé spécialement dans les coprolithes,
dans les écailles, dans les débi'is végétaux convenablement
humiliés. Il a teint par action élective les protoplastes bacté-
riens, ceux du /fooglcïtes, et la gelée fondamentale.
Toute la masse très sulfurée est fortement imprégnée de
pyrite.
Le phénomène a présenté des intensités variables. Les lits
de charbon de purin passent à des zones chargées d'Ostracodes.
Les coprolithes y sont moins nombreux, le pollen et les
menus débris sont plus dilués, la gelée fondamentale est plus
fortement minéralisée et déchirée en un réseau très fin. Au
niveau des grès noirâtres sont arrivées de nombreuses par-
celles élastiques et des fragments végétaux humiliés qui ont
donné du charbon brillant craquelé, sous Tiniluence du bitume.
Il y a donc des charbons de purins.
De même que les charbons humiques les charbons de purins
ne sont qu'un incident au cours de la formation d'un schiste
organique. L'incident a été sujet à répétition.
Les conditions géogéniques spéciales aux charbons de purins
se bornent à l'adjonction d'une charge plus forte de matières
stercoraires à Teau brune génératrice du charbon. La gelée
fondamentale ainsi modifiée retient une plus grande quantité
de bitume. Il en résuUe un type de charbon dont les carac-
téidstiques diffèrent nettement de celles des charbons humiques
et cela par addition de nouveaux caractères.
Dans le système des schistes d'Autun ceilaines zones plus
chargées en coprolithes appartiennent au même type de char-
bon que le schiste bitumineux de l'Allier.
M.
49B
NOTE
SUR LA FLORE FOSSILE
DU TONKIN
par M. R. ZEILLER
Pour répondre aa désir exprimé par notre Secrétaire géné-
ral, je viens entretenir très brièvement le Congrès des études
que je poursuis depuis plusieurs années sur la flore fossile
des formations charbonneuses de notre colonie du Tonkin.
A la fin de Tannée 188a, j ai fait connaître (i) les plantes
recueillies tant par le regretté Edmond Fuchs que par ses
collaborateurs, dans les gisements explorés par eux au voisi-
nage de la baie d'Along, à Hon-Gay et à Ké-Bao, et j*ai
montré que la ilore de ces gisements se composait, partie
d'espèces identiques à celles de nos couches rhétiennes
d'Europe, partie d'espèces identiques, les unes à celles des
Lower Gondwanas, c'est-à-dire du Permotrias de l'Inde, les
autres à celles de 1 étage de Rajmahal, base des Upf^r
Gondwanas, c'est-à-dire du Lias de l'Inde. J'avais conclu de
là à l'attribution de ces gisements à l'étage rhétien.
Les récoltes faites un peu plus tard, sur les mêmes points,
par M. Jourdy(î2) et M. Sarran (3), n'avaient fait, tout en me
(1) Examen de la flore fossile des couches de charbon du Tong-King {Annale*
des Mineii. 8« sér., t. II, p. 299-352, pi. X-XII), 1882.
(2| Note sur les empreintes végétales recueillies par M. Jourdy au Tookin
fBuU. Soc. GéoL Fr., t. XIV, p. 454-463, pi. XXIVXXV).
(3) Note sur les empreintes végétales recueillies par M. Sarran dans 1(^
couches de combustible du Tonkin (Ibid,, XIV, p. 575-581), 1886.
R. ZEILLER 499
fournissant de nouvelles espèces, dont quelques-unes non
encore observées ailleurs, que confirmer ces premières con-
clusions .
Depuis lors, un grand nombre d'échantillons ont été
recueillis dans les mines ouvertes sur ces gisements, et d'im-
portants envois ont été faits à F Ecole des Mines de Paris,
par les Ingénieurs des sociétés minières de Ké-Bao, de Hon-
Gay et en dernier lieu par la Société française des charbon-
nages du Tonkin, à qui je dois une série considérable d'em-
preintes remarquables à la fois par leur grande taille et par
leur parfaite conservation. Je m'occupe en ce moment de la
préparation, au moyen de ces riches matériaux, d'une
monographie détaillée, qui sera publiée par le Service des
Topographies souterraines, sous les auspices du Ministère des
Travaux Publics et du Ministère des Colonies, et qui pourra,
je l'espère, paraître dans quelques mois.
L'ordre du jour est trop chargé pour je puisse entrer dans
le détail des espèces observées; qu'il me suffise de dire qu'à
celles que j'avais signalées en 1882 s'en sont ajoutées un bon
nombre d'autres. Fougères, Equisétinées, Cycadinées, Salisbu-
riées, les unes appartenant à des types déjà connus, les autres
encore inédites ; en même temps Tétude de ces nouveaux
matériaux m'a conduit à rectifier quati^e ou cinq attributions
établies en 1882 sur des échantillons insuffisamment complets.
Néanmoins, je ne puis que répéter aujourd'hui ce que j'avais dit
dès le début au sujet de la constitution de la fiore, qui com-
prend, avec quelques espèces propres, une série de formes
identiques à celles des couches rhétiennes d'Europe, et une
série de formes identiques à des espèces de l'Inde ou de l'Asie
centrale ; les unes rencontrées dans les Lower Gondwanas,
les autres dans l'étage de Rajmahal, ou dans la chaîne per-
sane de l'Elbours dans des gisements classés d'abord comme
rhétiens et considérés aujourd'hui comme liasiques.
La plupart des espèces nouvelles se sont montrées, d'ailleurs,
étroitement alliées à des espèces déjà connues, soit de la
flore fossile de l'Inde, soit surtout de la flore rhétienne ou
liasique de l'Europe; elles semblent tenir dans la région sud-
asiatique la place de quelques-unes de ces espèces européennes,
au milieu d'un grand nombre de formes spécifiquement iden-
tiques de part et d'autre.
Un seul type particulier mérite d'être cité, comme différant
500 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUB
à la fois des formes contemporaines de TEorope aussi bien
que de Tlnde : c'est un genre nouveau d'Equisétinées rappe-
lant un peu nos Annularia paléozoiques ; je ne serais pas
surpris que ce fût cette même forme qu'ait observée Scbenk
dans les empreintes rapportées de Lui-pa-kou, dans le Hou-
Nan, par M. F. von Richthofen, empreintes dont l'attribution
au Mouiller me parait quelque peu sujette à contestation.
L*attribution au Hhétien des dépôts charbonneux du Tonkin
semble en défmitive de mieux en mieux confirmée par les nouvelles
récoltes que j'ai reçues. Aux documents paléobotaniques est
venu d'ailleurs s'ajouter un document paléozoologique qu'il me
parait intéressant de signaler : M. Sarran, qui, comme la
plupart des exploitants locaux, contestait mes conclusions
i*elativement à Tàge de ces dépôts et que la considération do
faciès déterminait à les rapporter au terrain houiller propre-
ment dit, m'a envoyé, à la fin de décembre 1899, une petite
Ammonite recueillie par lui dans une des couches de ses exploi-
tations de Trang-Back ; la mort, qui est venue le frapper
quelques semaines après, n'a pas permis à M. Sarran de faire,
comme il en manifestait Tespoir, d'autres découvertes de même
nature, et la conservation de l'échantillon, qui n'est qu'an
moulage par le charbon du vide interne de la coquille, est
malheureusement trop imparfaite pour qu'on puisse le déter-
miner avec certitude : il ne semble guère douteux cependant
qu'on ait aflaii*e là à une forme triasique, plus ou moins ana-
logue aux échantillons de Norites signalés à Lang-Son par
MM. Douvillé et Diener; les renseignements fournis par la
faune sont ainsi d'accord, a bien peu près, avec ceux qu'a
fournis Tétude de la flore.
En dehors des gisements du Bas-Tonkin, on a découvert
il y a quelques années, sur le haut Fleuve Rouge, à
Yen-Baï, un autre gisement de combustible fossile, renfermant
une flore toute diflerente, que j'ai signalée en iSgS (i)
comme riche en feuilles de Dicotylédones. J'ai reçu également
depuis lors, de M. Beauverie d'abord, puis de M. Sarran, de
nombreux envois de ce gisement : l'espèce dominante est un
Ficus, assez analogue, ainsi que Tavais indiqué, au Ficus tUùf-
(1) Sur des empreintes Tég<^tales du bassin de Yen-Bal au ToDkio
(Bull. Soc. Géol. fr., 3« Sér., t. XXI, p. cxxxv-cxxxvi), 1893.
R. ZBILLER 50I
Jolia de notre Miocène ; j'y ai reconnu en outre un Saloinia^
rappelant le Salvinia natans actuel, et peut-être plus encore le
Sali>. formosa du Miocène d'Europe, un fragment de fronde
flabelLée de Palmier, des feuilles rubanées de Monocotylédones,
et des feuilles de Dicotylédones d'une conservation trop impar-
faite pour pouvoir être sûrement •déterminées, mais dont
quelques-unes cependant ressemblent fort à des feuilles de
Dipterocarpus, M. L. Laurent a figuré, de ce même gisement,
une feuille qu'il a rapportée au genre Litsœa (i).
A ces couches de combustible, dont l'âge était d'abord
demeuré incertain, bien qu'il m'eût paru plus vraisemblable-
ment tertiaire que crétacé, sont associées des couches argilo-
schisteuses renfermant des coquilles d' Unio et des calcaires cris-
tallins, presque des calcaires-marbres, pétris de Paludines ;
MM. Douvillé, Munier-Chalmas et Vasseur ont reconnu dans
ces Paludines, que la nature de la roche ne permet de dégager
qu'avec beaucoup de difficulté, des formes très analogues à
celles du Tertiaire supérieur européen. Ici aussi, la faune est
d'accord avec la flore, et si les données recueillies sont encore
trop peu nombreuses pour permettre une conclusion certaine,
il est cependant hors de doute qu'on a affaire là à une for-
mation tertiaire, et très probablement au Tertiaire moyen ou
supérieur.
(1) L. Laurent, Note à propos de quelques plantes fossiles du Tonkin
{Annales de la Faculté des Sciences de Marseille^ t. X, p. 145-151), 1900.
5oa
SUR LA TRANSFORMATION
DES VÉGÉTAUX EN COMBUSTIBLES FOSSILES
par M. L. LEHIERE
Essai sur le rôle des ferments
Il ne nous paraît plus douteux que le processus de formation des
combustibles fossiles ne soit microbien. Cette conception, entre-
vue par M. Van Tieghem, il y a ving^ ans, a été fortifiée par
les travaux de M. G. Eg. Bertrand et de M. B. Renault, et,
en dernier lieu, les publications de M. B. Renault dans F Indus-
trie minérale de 1899 ^^ ^9^^-» ^^ permettent plus de mettie en
doute la réalité de Tintervention des ferments dans la genèse
des combustibles minéraux.
Dès lors , Tassimilation de cette fermentation à d'autres
mieux connues ne devait pas se faire attendre : c'est ce que
j'ai entrepris de faire pour la fermentation alcoolique.
Les réactions du malt et des levures sur les matières
amylacées dans la fabrication des alcools neutres m'ont con-
duit à rechercher tout ce que Ton connaît aujourd'hui de
l'action des diastases et des ferments sur la cellulose. De là
à en faire une application à la formation chimique des com-
bustibles minéraux, il n'y a qu'un pas, facile à franchir.
Est-il possible d'assimiler la fabrication de l'alcool à la
formation de la houille et de retrouver dans cette dernière
opération accomplie par les forces naturelles, les mêmes phases
de macération, de vie microbienne aérobie et anaréobie. les
mêmes dégagements de gaz et finalement un enrichissement
des matières premières en carbone, phénomènes que Ton repro-
duit journellement dans l'industrie ? L'alcool réuni aux pulpes
et aux drèches est-il un produit comparable à la houille?
On verra plus loin, qu'il y a analogie complète entre U
fermentation alcoolique et la fermentation houillère ; mais il y
a en outre bien d'autres problèmes à résoudre.
En effet, les lois stratigraphiques, quelles qu'elles soient,
qui ont présidé à l'entassement des végétaux les uns sur les
L. LEBnÈRB 5o3
autres et à leur enfouissement, n'ont pas eu d'influence sur
les modifications ultérieures qui les ont atteints.
C'est une autre cause, d'ordre diiFérent, et dont l'étude
soulève de nombreuses questions.
1° Ces végétaux enfouis avaient-ils déjà subi quelque pré-
paration physique ou chimique avant leur enfouissement ?
2<> Et après leur incorporation aux sédiments, quelles sont
les réactions qui se sont produites dans leur masse ?
3^ A la faveur de quel agent, la cellulose sèche contenant
à peine 5o ^/o de carbone arrive-t-elle à en renfermer jusqu'à
0
•>
95 o/,
4*^ Est-il nécessaire d'invoquer l'intervention d'un agent
extérieur, ou bien les végétaux renferment-ils en eux-mêmes
tous les éléments de leurs transformations diverses ?
5® Quelle est la nature du ciment mystérieux qui relie entre
elles les parcelles végétales, pénètre jusque dans leurs pores
et souvent constitue toute la masse ?
6** Pourquoi y a-t-il des anthracites, des houilles, des lignites
et des tourbes et non un combustible unique, puisque le point
de départ est le même : la cellulose toujours identique à elle-
même ?
7° Pourquoi des variétés telles que les cannel coals, les
bog-heads et les schistes bitumineux ? Peut-on y rattacher les
pétroles et les asphaltes ?
8<* Comment se sont formés le grisou et l'acide carbonique
qui accompagnent si souvent les couches de combustibles
fossiles ?
9'' Comment les milieux ambiants ont-ils acquis l'antisepsie
nécessaire pour la conservation des tissus végétaux dans
certains cas ?
10° Les divers combustibles peuvent-ils dans leur gisement,
à Tétat fossile, passer de l'un à l'autre avec le temps sans
intervention extérieure ?
11° Enfin, pourquoi la synthèse de la houille n'est-elle pas
encore un fait accompli ?
La présente note a pour but de 'chercher des réponses
plausibles à ces diverses questions, c'est-à-dire de rechercher
la valeur et de préciser le sens des expressions vagues dont
on se sert généralement en parlant de la genèse des houilles :
macération, bouillie végétale, eaux brunes chargées de matières
humiques, fermentations, etc. ; ces mots, si souvent employés
5ci4 VIU« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sans explication, cachent des ' réactions chaque jour mieai
connues et à la faveur desquelles il est peut-être déjà possible
de soulever un coin du voile qui recouvre encoi'e les circons-
tances de ce phénomène.
Exemples de végétaux transformés
En faco d'un progi^amme aussi vaste, il est nécessaire Je
subdiviser la question ; avant de ni'occuper des végétaux
anciens, il m'est indispensable de rappeler certaines trans-
formations bien connues.
i^ Lorsqu'un arbre a été arraché de son sol de végétation,
chacun sait qu'il ne meurt pas aussitôt et qn*au printemps il
pourrait encore donner des bourgeons et des feuilles; cela
vient de ce que les diastases ou ferments so lubies renfermés
dans ses tissus continuent quelque temps leurs rôles avant de
s'altérer et favorisent encore la circulation des matières nutri-
tives. Chacun sait aussi que si cet arbi*e est abandonné en
plein air, il ne tardera pas à disparaître sous Faction des
ferments vivants toujours abondamment répandus dans l'at-
mosphère : il y a deux causes d'action qui se succèdent : l'une
intérieure, celle des ferments solubles : l'autre extérieui'e, celle
des ferments vivants et finalement le végétal se trouve pres-
que tout entier résolu en éléments gazeux dispersés au fur
et à mesure de leur formation : c'est un phénomène d'oxy-
dation ou combustion lente ne rencontrant pas d'obsUicle,
tandis que dans les cas suivants il se produit un obstacle
qui est l'eau chargée de principes antiseptiques en dissolution
ou produits par l'action même des bactéries sur certaines
parties végétales plus faciles à attaquer que les autres :
exemple, l'action du Bacillus amylohavter dans le rcmissiige
du chanvre.
2" Vjn ellet, si cet arbn* dont je viens de parler est placé
dans un milieu antiseptique, c'est-à-dire impropre au déveloj>-
pement des microorganismes, les choses se passent auti*enient.
J'ai vu souvent, aux (environs de Cherbourg, retirer du milieu
des sables submergés par des eaux saumàtres, des pièces de
bois considérables mises en réserve depuis nombre d'années
(5o à loo ans) pour les b(*soins des constructions navales : à
part la couleur, ces bois nt» paraissent pas altérés ; cependant,
on constate que les fibres ligneuses sont devenues plus dures
L. LBMIÈRB 5o5
mais aussi plus cassantes ; elles ont peut-être perdu une partie
de leur résistance à la flexion.
Les ferments solubles ont pu continuer leur rôle quelque
temps après l'immersion, mais Timbibition du sel marin n'a
pas taidé à les dt^truire de même que les ferments vivants qui
avaient pu trouver accès : dès loi's, les tissus végétaux légè-
rement modifiés sont à l'abri de toute action destructive.
3** Mais on trouve aussi dc^s arbres ensevelis depuis des
siècles dans des milieux ne présentant pas de caractères antisep-
tiques spéciaux et servant seulement d'isolant avec l'atmosphère ;
c'est un cas intermédiaire entre celui des arbres abandonnés en
plein air à la surface du sol et celui des arbres ensevelis dans
un terrain antisej)tique. Quoiqmî protégés contres les agents
atmosphériques pai* une épaissse couche d'eau ou de sédiments,
ils ont subi les actions des deux sortes de ferments ; nous les
retrouverons à l'état de lignite ou de houille.
D'une manière générale, les végétiiux des diverses époques
géologiques, dans ces conditions, se sont transformés en tourbe,
lignite, houille ou anthracite sous l'action des ferments et des
antiseptiques ; ferments solubles, ferments vivants et agents
antiseptiques, tels sont les trois facteurs qui ont amené la
cellulose à l'état de combustible fossih».
D'où viennent ces ferments ? comment s'est faite cette
action? Pourquoi les végétaux n'ont-ils pas disparu? Pourquoi
le travail bactérien qui a tout détruit dans le premier cas, qui
est à peine esquissé dans le second cas, s'est-il trouvé d'abord
exalté, puis enrayé dans celui-ci? C'est ce que j'ai déjà fait
entrevoir ci-dessus et ce que je continuerai d'expliquer dans les
paragraphes suivants.
4° Supi)osons que le distillateur de nos jours, au lieu
de matériaux de choix comme les grains et les tubercules,
introduise dans ses a])pareils des végétaux quelconques et qu'il
les soumetU? au même traitement chimique et microbien, c'est-
à-dire à l'action des diastases et des levures. On sait d'avance
que le résultat de cette opération sera un dégagement abondant
de gaz , et, comme résidu asséché , un magna mucilagineux
analogue aux drèches de brasserie, de couleur brune plus ou
moins foncée et dans lequel les feuilles et les écorces sont
réduites à l'état de bouillie, les fibres ligneuses sont altérées
sous l'action des ferments : il y a eu à la fois modification
physique et chimique.
5o6 \UV CONGRÈS GÉOLOGIQUB
Ces phénomènes lo, a*, 3", 4**» ^^s uns naturels, les autres
expérimentaux, sont-ils de nature à jeter quelque lumière sur
la formation naturelle des conil)ustibles minéraux, en donnant
Texplication des transformations physiques et chimiques néces-
saires pour passer d'un amas de végétaux à des corps qui en
sont si différents d'aspect et de composition comme les houilles,
les lignites et les tourbes?
A cette question, on peut répondre aflirmativement, mais
à la condition préalable de démontrer Texistence des diastases
libres et des ferments actifs dans toute accumulation végétale,
à toute les époques géologiques, et surtout de faire remarquer
que leur action transformatrice était alors, par Teffet des condi-
tions climatériques, surexcitée à Tégal de la vie végétative :
celle-ci étant toujours une conséquence directe de celles-là.
Des diastases ou ferments solubles et des ferments vivants
Le mot diasfase est un terme général employé pour désigner
des substances organiques très importantes, mais encore ma)
connues. On les appelle aussi ferments solubles, parce que leur
action est souvent concomitante avec celle des ferments vivants
dont elles sont quelquefois d'ailleurs une sécrétion.
Ferments solubles. — L'histoire naturelle des végétaux vas-
culaires nous dévoile à chaque instant l'action des diastases,
soit pour gélifier les celluloses, solubiliser les matières amyla-
cées ou saponifier les huiles et les corps gras. Le protoplasme
des cellules, qui est le même pour tous les êtres vivants,
renferme les éléments des diastases ; les fructifications et les
graines en sont toujours des centres abondants de production.
On peut dire, que tout amoncellement de végétaux ren-
ferme d'autant plus de diastases libres qu'il contient plus de
fruits et de graines arrivés à maturité. Je ferai l'application de
cette remarque à chaque époque géologique pour en tirer des
conséquences importantes qui me serviront à expliquer les dif-
férentes sortes de combustibles fossiles.
Ferments vivants. — Les microorganismes, toujours abon-
damment répandus dans l'air, l'eau, le sol, sont particulière-
ment adhérents aux végétaux des classes plus élevées. Ils ren-
ferment également dans leur protoplasme les éléments des
diastases : il y a plus, certains d'entre eux agissent comme fe^
ments vivants sur les hydrates de carbone en contact, et celte
L. LEMIÈRB «507
action ne se produit qu'à Taide d'une diastase que le microor-
ganisme sécrète lui-même au moment 011, privé d'air, il ne peut
vivre qu'aux dépens du milieu ambiant ; alors se produit le phé-
nomène de la fermentalion.
L'origine des ferments solubles ou vivants dans une masse
végétale arrachée de son sol, n'a donc plus besoin d'être
démontrée. Quant aux conditions physiques de leur action on
sait seulement qu'une lumière trop vive ou un courant élec-
trique trop fort leur sont contraires.
La levure de bière sèche supporte une température de
100° sans périr. Quant au rôle de la pression, on sait que les
pressions excessives retardent simplement l'action microbienne.
Ce (fui précède nous indique que les ferments vivants
comme les ferments solubles agissent par un principe immé-
diat qui est une diastase. Ces diastases sont-elles identiques
quelle que soit leur provenance ? Quel est exactement le rôle
des ferments solubles et celui des ferments vivants ? Je ne
saurais le dire : la microbiologie nous apprend seulement qu'il
n'est point d'action diastasique qui ne puisse être le fait d'un
ou de plusieurs microbes. Les diastases sont des composés
organiques, connus surtout par leurs effets sur les hydrates de
carbone: ils agissent, en les rendant solubles et par suite assi-
milables.
La gélification de certaines celluloses à l'état ligneux s'ob-
tient par l'action prolongée des diastases provenant soit des
tissus végétaux, soit de la sécrétion des microbes.
En réalité, dans la nature, une très faible quantité de dias-
tase peut agir sur une quantité énorme de matière, car ici le
temps devient un facteur très important.
Assimilation de la formation de la houille
A LA FABRICATION DE l'aLCOOL
Les paragraphes précédents indiquent que la formation des
combustibles fossiles peut être attribuée à Faction exercée sur la
cellulose par les ferments solubles et les ferments vivants, lorsque
cette action est limitée par l'intervention d'un agent antiseptique.
Avant d'examiner le mode de formation de chaque espèce de
combustible, il me reste à signaler en faveur de cette manière de
voir, un argument important tiré de l'assimilation des phases de
la fabrication de T alcool au moyen des matières amylacées avec
celles que Ton connaît de la formation houillère.
5o8
VIU« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Tableau comparatif du processus des fermentations
FERMENTATION ALCOOLIQUE
MATIÈRES
Grains et tubercules renfer-
mant des hydrates de carbone
C™(HO)" (amidon, fécule, cellulose)
des matières azotées, grasses et
diverses et des sels de végéta-
tion (azotates, phosphates, etc.)
en dissolution dans l'eau.
FERMENTATION HOUILLÈRE
PREMIÈRES
Végétaux divers renfermant des»
hydrates de carbone C"" (HO)"
(cellulose, gomme, résine, chloro-
phylle ) des matières azotées .
grasses et des sels de végéta-
tion; en outre des graines et dtfs
fruits renfermant des diasiases
abondantes, des microorganisnies
et par suite des ferments.
MACERATION
Par la cuisson en vase clos, on
réduit les matières premières en
une bouillie que Ton traite par le
malt : Tamylase (diastase de l'orge
germée) agit en quelques heures
sur les matières amylacées pour
les liquéfier et les transformer en
glucose ; à la température de 60^
environ on obtient ainsi le moût
glucosique (sacchariflcation).
FERMENTATION
Introduite dans le moût gluco-
sique, la levure de bière, qui est
une bactérie, commence par se
développer comme ferment aéro-
bie dans un liquide aéré (levain).
Ensuite elle devient anaérobie dans
le moût et attaque le glucose qui
se trouve décomposé en CO2 et en
alcool. La fermentation s'arrête
quand il n'y a plus de glucose dans
le moût ou que l'alcool devient en
excès et rend le milieu antiseptique.
Les diastases contenues dans
les fruits et les graines on bien
sécrétées parles microbes agissent
lentement pour transformer les
hydrates de carbone en nne gelée
humique qui est la base fonda-
mentale de tous les combustibles
fossiles ; la quantité de diastase
a varié avec les époques géolo-
giques.
PROPREMENT DITE
Les nombreux ferments apportés
par les végétaux prolifient et pol-
lulent (aérobies) à la faveur de
la macération précédente. Ensuite
le milieu devenant anaérobie, ils
dédoublent les hydrates de carbone
en gaz (acide carbonique et grisoo)
et en hydrocarbures qui forment le
combustible fossile. La fermenta-
tion s'arrête quand par suite des
hydrocarbures produits, le milien
devient antiseptique.
DISTILLATION
Introduit dans les appareils
distillatoires, le moût alcoolique
A la température des cornues
des usines à gaz, la houille donne
L. LBMIÈRE
509
donne des produits divers: l'alcool
distillé à 78", au-dessous et au-
dessus de cette température en
recueille des bases ammoniacales,
des acides gras, des aldéhydes et
des éthers.
du gaz d'éclairage,dcs eaux ammo-
niacales et du goudron : huiles
légères, huiles lourdes et brai.
RESIDUS
Le résidu de la distillation des
combustibles dans les cornues des
usines à gaz et du coke.
Les résidus, autrement dit les
Hegmes, sont des eaux renfermant
les sels de végétation et de la
cellulose sous forme de pulpes et
de brèches. Celles-ci carbonisées
en vase clos donneraient pour
résidu tinal du coke.
Dans ce tableau, je n'ai inscrit du côté de la fermentation
alcoolique, que des réactions usitées chaque jour dans Tindus-
trie : j'ajouterai que le distillateur peut à son gré modifier la
durée des périodes de vie aérobie ou anacrobie, suivant qu'il
veut produire en majorité de la levure pressée ou de ralcool.
Bien plus, au lieu de laire travailler comme ferment le Saccha-
roniyces Pasforianus ou cerevisiœ (levure de bière), on a
trouvé d'autres microbes qui donnent un rendement plus
grand en alcool. Enfin, l'emploi de l'acide fluorhydrique dans
l'acidification des moûts a permis de supprimer encore des
pertes de fabrication : on est donc complètement maître du
phénomène.
Du côté de la fermentation houillère, se trouve exposée dans
mon tableau, une solution du grand problème de la transfor-
mation des végétaux (*n combustibles fossiles.
D'une part, l'étude microscopique des combustibles, réduits
en coupes minces, faite par M. Renault, ne laisse pas de
doute sur la réalité dune action dissolvante exercée par les
bactéries sur certaines parties tendres des végétaux entassés
les uns sur les autres et formant la matière première.
Les matières amylacées qui figurent essentiellement parmi
les matières premières de la fabrication de l'alcool correspon-
dent aux parties les plus altérables des végétaux de la forma-
tion houillère : dans les deux cas, il y a eu d'abord préparation
des matières premières, c'est-à-dire macération, puis fermenta-
tion caractérisée par un dégagement de gaz.
La distillation des combustibles et celle des moûts alcooli-
5lO VU1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
ques sont également bien connues dans leurs produits el
dans leurs résidus; Talcool qui est le principal produit d'ua
côté, représente Tagent antiseptique de l'autre.
D'autre part, nous verrons dans l'étude de la formation
de chaque combustible que certaines notions très simples de
botanique et de géologie permettent d'établir la provenance
et le rôle des ferments solubles ou vivants et de compléter le
parallélisme des phases du tableau précédent.
Loin de ma pensée la prétention de vouloir expliquer
complètement la formation des combustibles en identifiant les
deux phénomènes. La fermentation houillère réclame d'autres
diastases et d'autres microbes: il y a seulement entre elle et
la fermentiition alcoolique un parallélisme indéniable dans
l'ensemble et une analogie frappante dans les détails.
Cette assimilation qui, je tiens à le faire remarquer^ n'est
point une conception théorique, mais résulte de faits essen-
tiellement pratiques, vient s'ajouter aux exemples que j'ai
cités de végétaux transformés de diverses manières pour
corroborer l'explication de la formation des combustibles
fossiles par l'action des ferments sur la cellulose, et pour
fournir une suite de réponses plausibles aux nonil>reuses ques-
tions posées au début de cette étude ; elles sont en ellet
implicitement contenues dans le tableau précédent.
Je me propose dans les paragraphes suivants de voir, dans
chaque cas, si la suite des opérations industrielles peut s'appli-
quer à la formation naturelle des combustibles, en faisant remar-
quer que le rôle des diastases, c'est-à-dire la limitation des actions
des ferments solubles et des ferments vivants demeure incer-
tain : ceux-ci peuvent-ils suppléer à l'absence de ceux-là, c'est
ce que l'on ne saurait dire exactement.
Formation des houilles proprement dites : bog-heads.
cannel-coals, schistes bitumineux, pétroles, asphaltes.
Supposons d'abord un amoncellement de végétaux de
l'époque houillci'e à tissu médullaire très développé, goi^és
de sève, aplatis les uns sur les autres, entreci*oisés ilans
toutes les directions, entiissés au fond de l'eau ou recouverts
d'un commencement de sétliments détritiques encore meubles.
Une pareille masse de végétaux renfermait nécessairement
L. LEMIÈRE 5ll
des fructifications et des graines à Tétat de maturité et par
suite des diastases en abondance provenant surtout des pha-
nérogames gymnospermes. Je ne parle point des gommes et
des résines ayant pour but surtout de signaler l'action sur la
cellulose : cette matière étant de beaucoup la plus abondante,
toute modification qui pourra l'atteindre devra imprimer au
produit final un caractère prédominant.
La vie végétale à T époque houillère était caractérisée par
une exubérance qui ne connaissait pas d'arrêt, puisqu'il ny
avait pas de saisons. Cette absence de saisons est démontrée
par l'uniformité des plantes houillères trouvées sur toutes les
parties du globe, et l'uniformité de la répartition végétale
implique l'uniformité de température : la régularité d'une tem-
pérature chaude et humide explique bien l'abondance des fer-
ments de toute sorte et leur égale répartition dans une masse
de végétaux charriés pêle-mêle et empruntés à toute la flore
existante.
Dans un pareil milieu imprégné d'eaux légèrement acidifiées
par des chlorures et des fluorures, l'action des ferments en
dissolution, gélifiant les celluloses, les amenant à l'état mucila-
gineux, devait être effective. C'est la période de macération. De
plus, ces conditions sont essentiellement favorables au déve-
loppement des végétaux cellulaires et par suite des ferments
vivants.
Il y a des raisons de croire que la salure des mers et
des grands lacs était plus faible qu'aujourd'hui, mais à
coup sûr, celle des lacs peu étendus et des estuaires était
faible ; l'action antiseptique ne venant pas du milieu ambiant
ne s'exerça donc pas dès le début de la formation et fut plus
tardive.
On peut admettre sans erreur qu'au début de l'enfouissement,
la vie végétative ne s'arrêta pas subitement dans les plantes et
que les ferments vivants eux-mêmes, à la faveur de l'air dissous
dans l'eau, purent vivre d'une existence aérobie ; ce fut le moment
de leur développement maximum, ils pullulèrent dans toute la
masse ; mais Tair dissous ou entraîné par adhérence aux végétaux
ne tarda pas à disparaître totalement ou à être remplacé par de
l'acide carbonique ; dès lors, les conditions du milieu devenant
anaérobies, les microorganismes, en vertu de leur résistance
à l'asphyxie, durent vivre aux dépens de la cellulose rendue
assimilable par les diastases ; cette période est celle du déga-
5ia VUI^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
gemont do gaz riches on O et H, c'est-à-dire de la fermenta-
tion ayant pour conséquence un enrichissement do la niasse en
carbone.
Plus tard enfin, les conditions du milieu favorables d*abord à
la vie aérobie des rermonts. puis à leur vie anaérohie, devinrent
impraticables, mOme aux microorganismes, par suite de Tabon-
dance des carbures produits, le milieu devenant antiseptique.
Toute fermentation s'arr«}to d'elle-même lentement, soit que la
proportion des produits ne soit plus compatible avec la vie de
la levure, soit que celle-ci ait épuisé toutes les matières assimi-
lables ou bien encore <]ue la température ait dépassé un certain
degré.
Ce moment mar([ue Tarrét de toute modification ultérieure,
quel que soit le temps écoulé, s'il ne survient aucune cause
extérieure ; mais l'action simultanée des ferments solubles et
vivants avait désagrégé les tissus, gélifié la cellulose et enrichi
la masse en hv<lrocarbures et en carbone libre : la carbonisation
était faite, mais non encore la houilliji cation.
Pendant les actions chimiques et microbiennes ci-dessus
décrites, l'entassement des végétaux était en même temps
soumis à une certaine pression des sédiments supérieurs,
pression qui avait pour effet de faire pénétrer intimement la
masse par les diastases, de régulariser la stratification d'abord
grossière et d'achever la transformation en houille.
La grande solubilité des diastases et Textréme division des
ferments expliquent pourquoi si peu de tissus ont échappé à
leur action, qui s'est mémo fait sentir sur des particules
végétales très minces, isolées au milieu des grès et des schistes:
ainsi s'explique la formation de certaines roches remarquables
difficiles à expliquer autrement.
Schistes bitumineux, Bog-hcads. Cannel-coals
Allons plus loin encore : les diastases, en excès dans le
cas des phanérogames gymnospermes principalement, devaient
former avec la cellulose une gelée végétale ti^op abondante
dans certains cas pour rester empriscmnée dans la masse.
Comme le jus du raisin sous l'action du pressoir, une partie
devait quehpiefois s'en séparer pour s'écouler ensuite par les
points de moindre résistance, entraînant avec elle des parti-
cules hétérogènes <le toute nature, et pour aller s'épancher
sur les couches en formation en aval, sous forme de bouillie
L. LEMièRE 5l3
végétale ou à' eaux brunes chargées de matières humiqnes;
ces eaux visqueuses allaient ainsi se superposer soit à des
dépôts de végétaux, soit à des dépôts sédinientaires et dans
tous les cas étaient bien disposées pour recevoir et englober
dans leur niasse tous les matériaux en suspension dans Teau.
Ces matières elles-mêmes organiques ou minérales : poissons,
coprolilhes, algues, spores, grains de pollen, argiles impal-
pables, etc., n'étaient pas sans action sur cette gelée fonda-
mentale et pouvaient lui communiquer des propriétés nouvelles.
Cette manière d'envisager la constitution de la gelée fonda-
mentale n'est pas une simple hypothèse, une conception
gratuite et dénuée de fondement, car les contournements si
bizarres que Ton trouve dans la houille, les clivages eux-
mêmes que Ton rencontre à chaque instant, même dans de
petits fragments, impliquent surtout pour la gelée fonda-
mentale qui est ici seule en cause, un état pâteux primitif qui
a pu aller jusqu'à la production de coulées sous formes de
nappes d'épanchement au fond des eaux tranquilles.
Indépendamment des sédiments réguliers, il se formait dans
les aires houillères, une sorte de colmatage ou de limonage
naturels dont les éléments étaient amenés par les courants
d'eau ou par les vents. C'est à eux qu'il faut attribuer la for-
mation des boues charbonneuses solidifiées que l'on trouve
intercalées parmi les bancs de houille.
L'argile devait y tenir une grande place et son action sur
la gelée pulpeuse issue des masses végétales en fermentation
variait suivant que cette argile avait pris l'état colloïdal ou
avait conservé ses propriétés absorbantes à l'égard des matières
organiques liquéfiées. Il est à propos de faire remarquer ici
que les argiles impalpables peuvent rester indéfiniment en
suspension dans l'eau douce tandis qu'elles sont précipitées
dans l'eau salée : cette remarque trouvera son application plus
tard, quand il s'agira de comparer la composition des sédiments
lacustres avec celle des sédiments marins.
Outre les poussières argileuses ou arénacées , les vents
amenaient à la surface des eaux une grande quantité de
matières végétales légères : fleurs, feuilles, spores, grains de
pollen qui, après imbibition, finissaient par gagner le fond de
l'eau tranquille et s'incorporaient à la gelée fondamentale de
même que certains microorganismes tels que les algues et
les diatomées.
:w
5l4 VIU*" CONGRÈS GEOLOGIQUE
Suivant la topographie et le régime des vents (l'une localité,
ces accumulations végétales pouvaient se composer de certains
organes des plantes riveraines de préférence aux auti*es. Ënûn,
les matières englobées par la gelée pouvaient être exclusive-
ment animales : cartilages de poissons, écailles, coprolithes,
etc., ce qui explique les diflcrences nettes observées enti'e les
bog-heads, les cannel-coals et les schistes bitumineux. Ainsi,
la théorie précédente admet les injections et les intei*cala-
tions qui ont été décrites d'une manière si savante et si
détaillée, dans ces dernières années, par les belles études de
plusieurs savants éminents, botanistes et géologues.
Dans une pareille masse formée d'éléments aussi altéra-
bles, les actions bactériennes devaient être intenses, aussi
est-ce dans l'observation microscopique des bog-heads que
M. B. Renault a aperçu pour la première fois les traces de
bactériacées fossiles.
Bitumes. — Parmi les inclusions naturelles découvertes dans
ces variétés de combustibles se trouvent les bitumes qui sont
aussi un produit de leur distillation industrielle. Ces bitumes
dus à des actions microbiennes si)éciales se trouvent conden-
sés sur les surfaces de retrait des clivages ou des géodes.
Quelquefois leur production a été si abondante qu'ils ont pa
s'épancher sous forme de larmes, de gouttes ou de perles.
Pétroles, Asphaltes. — Connue leur densité est comprise
entre 0,7 et 1,20 ils devaient tendre à se séparer de la masse
pour aller se déposer ailleui's, et si leur formation était
active, nous trouvons là, sans élévation anormale de tempéra-
ture, sans distillation, par Teilet seul du travail bactérien et
de la dilférencc de densité, un mode particulier de l'origine
des pétroles et des asphaltes, qui se trouvent ainsi rentrer
dans la catégorie générale des combustibles fossiles.
Formation des anthracites
J'ai parlé des houilles avant de décrire les anthraeites
parce que ceux-ci peuvent être considérés comme une variété
des premières, variété où l'origine végétale est bien moins
visible ; leur structure est plus homogène, leur densité est de
2,00, au lieu de 1,26; malgré cela, ils sont plus friables;
la composition intime est donc dill'érente, bien que les cir-
constances de la formation soient les mêmes.
L. LBMIÉRE 5l5
On trouve, en effet, les anthracites surtout à la base du
terrain hou Hier ; les végétaux qui les ont formés sont surtout
des cryptof^ames vascul aires beaucoup moins riches en dias-
tases et en sécrétions de toute sorte que les végétaux supé-
rieurs ; cependant, ces végétaux plus mous, moins Obreux,
demandaient un travail de gélifîcation moins considérable ;
et les substances transformatrices, bien réparties dans une
masse plus compacte, ontsuiïi pour la carbonisation complète avec
Taidc du temps. La carbonisation a été plus complète qu'avec la
houille, parce que l'antisepsie est intervenue plus tardivement.
Les végétaux étaient aussi moins chargés primitivement en cen-
dres, ainsi s'explique la différence de constitution entre les
anthracites et les houilles. Il ne parait pas y avoir eu de diffé-
rence bien grande entre la fermentation houillère et la fer-
mentiition anthraciteuse, sauf que celle-ci a été peut-être plus
lente, mais sûrement plus complète.
Comme à Tépoque des houilles, la salure des eaux à
l'époque des anthracites était faible ; il ne faut donc pas
invoquer leur antisepsie ; pour expliquer Tarrêt de la décom-
position bactérienne, il faut admettre que l'antisepsie a été
pixxluite par ce travail lui-même. Nous verrons à propos des
tourbes une preuve directe que les eaux ambiantes acquièrent
leur propi'iété antiseptique par l'acide tannique [)roduit dans la
décomposition bactéri(»nne.
Certains anthracites ne sont que des houilles métamorphi-
sées ; elles ne trouvent pas place dans cette étude.
FOHMATION DES LIONTIES
Les lignites renferment en moyenne ^5 o/o de carbone, la
houille et les anthracites en renferment beaucoup plus ; cepen-
dant le point de déi)art est le même : la cellulose qui, sèche,
renferme un peu moins de 5o o/o de carbone ; il faut donc que
les agents de transformation soient différents ou aient opéré d'une
manière difl'érente.
En premier lieu, parmi les végétaux qui ont formé les lignites,
les formes actuelles sont en majorité ; or, celles-ci renierment
d'abondantes diastases <lans leurs fruits et dans leurs graines ;
il semblerait donc que la gélifîcation des celluloses aurait dû
être com[)lète. Il n'en est rien, la structure est moins homogène,
\v tissu ligiu;nx reste apparent en beaucou[) plus de points que
5l6 VIU« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
dans les combustibles précédents. Cette anomalie qui semble
devoir mettre en déroute la théorie des diastases, en est à
notre sens, une confirmation éclatante. Il ne faut pas oublier, en
effet, qu'un intervalle de temps énorme nous sépare de l'époque
houillère, et qu'il y a désormais des saisons : les fructifications et
les graines, principales sources des diastases. sont beaucoup moins
abondantes et moins bien réparties qu'aux époques primitives:
les tissus ligneux sont beaucoup plus développés ; enfin, question
importante sur laquelle je l'eviendrai i)lus loin, les microbes sont-
ils les mêmes?
On constate dans la structure et la composition des lignites
beaucoup plus de dillcrences que dans celle des houilles :
les causes d'altération ont été beaucoup plus variables tout en
conservant la même nature. Il y a de gi^andes différences dans
l'action des ferments d'abord et dans celle des antiseptiques
ensuite. Il y a des lignites qui se sont formés dans des milieux
nettement antiseptiques, tels que les mers actuelles et d*autrt*s
dans les eaux relativement douces, de là la difféi^ence de conser-
vation des tissus et la diflcrence de carbonisation.
Formation des tourbes
Les tourbes renferment moins de carbone que les lignites:
le mode d'action des ferments et des antiseptiques a donc
encore une fois varié ; les végétaux ne sont plus les mêmes.
Leurs éléments sont à peine comprimés et consistent en débris
végétaux plus ou moins altérés, que l'éunit une substance amor
phe ; les diastases sont réduites à celles qui sont sécrétées par
les ferments vivants.
Les eaux ambiantes n'étaient pas ordinairement chargées de
sels antiseptiques ; cependant on a des preuves directes que
les tourbes renferment de Tacide tannique qui est un agent
conservateur des substances organiques ; il provient de l'action
bactérienne et se manifeste dès son début.
Les conditions de la formation des tourbières difi^rent de
celles des autres combustibles en ce que la transformation des
végétaux se fait « in situ », sur le lieu et dans la position même
deleui* croissance et sous les eaux. Cette circonstance qui entraiDe
une certaine uniformité de température, les rapproche des
conditions houillères dont elles s'éloignent par le manque de
ferments solubles et la rapidité de T intervention antiseptique.
L. LEMIÂRB 517
Modifications chimiques de la cellulose
Jiisqu*à présent, je n'ai fait qu'effleurer la question des
modifications de composition chimique nécessaires pour passer
de Tétat de cellulose organisée à celui de combustible minéral.
J'ai montré quelle était Torigine du ciment qui relie entre
elles les parcelles végétales et qui donne aux combustibles miné-
raux leur aspect amorphe. J'ai expliqué ce qu il fallait entendre
par cette bouillie végétale, ces eaux brunes chargées de matières
humiques, cette gelée fondamentale dont on trouve partout la
trace. J'en ai déduit la formation des cannel-coals, des bog-
heads et des schistes 4)itumineux. Enfin j'ai expliqué le rôle
capital des antiseptiques provenant du milieu ambiant ou • de
l'action bactérienne elle-même.
Mais ces explications sont encore insuffisantes pour expli-
quer les modifications chimiques constatées. Comment, en effet,
passer de la cellulose sèche dont la teneur en carbone n'atteint
pas 5o pour cent, à celle des tourbes (65 pour cent), à celle
des lignites (^5 pour cent) et à celle des houilles et des anthra-
cites (9o et 95 pour cent).
On explique l'enrichissement en carbone par la fermenta-
tion, c'est-à-dire par l'action des microorganismes sur la cellulose
ou la gelée fondamentale. Les microbes pendant leur vie
anaérobie, résistant à l'asphyxie, attaquent la matière orga-
nique et en provoquent le dédoublement par l'action de leur
force vitale : il se dégage de l'acide carbonique et du formène ;
il y a élimination de l'oxygène et de l'hydrogène, et comme
résidu il reste un mélange de carbone libre et de produits
carbures qui est la houille.
Dans le laboratoire on a pu gélifier la cellulose par l'action
prolongée des diastases, mais on n'a pas pu encore la carbo-
niser par l'action des microbes connus.
L'industrie des alcools nous présente cependant un exemple
d'enrichissement en carbone, qui vient corroborer l'assimilation que
j'ai faite, entre cette fabrication et la formation des combustibles
fossiles. En effet, pour faire de l'alcool, on part d'une matière
amylacée (amidon ou fécule), renfermant 4^ pour cent de car-
bone: on la traite par le malt dont la partie active est l'amy-
lase, une des diastases de l'orge germée, pour former du glucose
sur lequel on fait agir ensuite la levure de bière. Ce ferment
se multiplie d'abord dans sa période de vie aérobie ; puis, dans
5l8 VU1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
sa période anaërobie, il dédouble le glucose, en acide carbo-
nique qui se dégage, et en alcool qui reste dans le uioût : or.
Talcool renferme 5» pour cent de carbone ; nous sommes encore
loin de compte, même pour la tourbe ; mais enfin, il se produit
une action dans le même sens.
La cellulose qui a formé Tanthracite renfermait 5o pour
cent de carbone, Tanthracite en renferme 96. L'enrichissement
produit par le microbe inconnu de l'anthracite est 45 pour cent.
Il peut donc se faire que, tôt ou tard, on arrive à trouver
pour chaque combustible les conditions du travail bactérien
qui ont présidé à sa formation. Aucun des microbes connus
n*est capable d*une pareille transformation de la cellulose.
Conclusions
Des considérations précédentes, il me parait logique de tirer
les conclusions suivantes :
Les facteurs principaux de la transformation des végétaux
en combustibles fossiles sont : les ferments soluhles, les fer-
ments vivants et les antiseptiques.
Les deux premiers sont des agents de transformation, le
troisième est un agent de conservation ; les ferments soluhles
ne sont peut-être pas indispensables pour obtenir un certain
degré de carbonisation, exemple la tourbe ; mais quand ils
existent, ils développent beaucoup la macération, c'est-à-diit*
la formation de la matière fondamentiile [)ulpeuse. Les fermenb»
vivants sont les agents de la fermentation et par suite de la
carbonisation : enfin, les antiseptiques sont indis})ensables
pour limiter la transformation en gaz et sauver de la des-
truction complète une partie de Taccumulation végétale.
A Tépoque des anthracites, les ferments vivants ont pro-
duit le maximum d'elfet reconnu, puisque le carbone atteint
quelquefois 96 0/0 dans le combustible.
A r époque des houilles, ce sont les ferments solubles qui
donnèrent au produit son caractère prédominant ; c'est à Tabon-
dance de la gelée végétale que Ton doit les bog-heads, les
cannel-coals et les bitumes en général.
A Tépoque des lignites, il y a des variations considérables
dans l'action des agents ; tantôt l'un, tantôt l'autrt* prédomine.
L'antisepsie du milieu ambiant intervient quelquefois, comme
dans les mers actuelles, pour déterminer la formation des ligni-
tes xyloïdes.
L. LEMIÈRB 5l9
Enfin, dans la formation des tourbières, il n'y a pas appa-
rence de ferments solubles ; il y a abondance de ferments
vivants, mais leur action est rapidement modifiée par Fanti-
septique qu'ils produisent eux-mêmes.
Donc, dans le cas le plus général, celui des houilles, le
processus de la formation des combustibles minéraux est dias-
tasique et microbien ; c'est-à-dire que l'action des diastases
correspond à la « macération » (sans qu'il soit possible de dire
si ce travail appartient exclusivement aux diastases des fer-
ments solubles ou des sécrétions microbiennes) et que l'action
proprement dite des microbes correspond à la « fermentation >>.
Cette période se divise elle-même en deux, correspondant l'une
à la vie aérobie pendant laquelle les microbes prolifient et
pullulent, produisant une oxydation générale de la masse,
l'autre à la vie anaérobie pendant laquelle se produit le dédou-
blement de la cellulose en gaz oxygénés et hydrogénés qui se
dégagent et en hydi'ocarbures qui finissent par arrêter l'action
bactérienne elle-même ; le dégagement de gaz produit un enrichis-
sement en carbone dans le résidu, qui est le combustible fossile.
Les variétés de combustibles s'expliquent par les variétés
de sécrétions végétales et surtout par l'abondance plus ou moins
grande des ferments solubles ou vivants et quelquefois dans
les lignites par l'antisepsie plus ou moins grande du milieu.
Le ciment, autrement dit la matière pulpeuse observée dans
tous les végétaux, est le résultat de la macération.
Les ferments vivants, arrivés à l'état anaérobie, ont réagi
sur la masse de végétaux déjà modifiés par l'action des fer-
ments solubles pour les dédoubler en gaz qui se sont dégagés
à travers les sédiments du toit des couches et en hydrocarbures
qui ont formé la houille. Or, les matières volatiles que ren-
ferme un charbon dépendent des hydrocarbures; elles ne sem-
blent donc nullement liées à la profondeur ou à la pression,
mais bien à la nature des végétaux et des microbes.
Quant aux gaz dégagés (grisou ou acide carbonique), ils dépen-
dent également des sécrétions végétales et surtout des microbes.
Mais on comprend que rimi)erméabilité plus ou moins grande
des sédiments, combinée à la pression, ait pu les retenir en
plus ou moins grande quantité dans la houille ou dans le toit
des couches de houille.
Il n'est pas nécessaire que les végétaux aient subi, avant
leur enfouissement, aucune action physique ou chimique, autres
5aO VIIl*" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
que celles qui ont pu se produire pendant le charriage, puis-
qu ils apportent avec eux tous les éléments nécessaires à leur
transformation ; cependant une certaine préparation a pu avoir
lieu quelquefois. La formation de la houille n'est pas néces-
sairement antérieure à son enfouissement; elle a ordinairement
acquis sa composition chimique définitive après que les végé-
taux ont été, suivant l'expression de M. de Lapparent, incorporés
aux sédiments.
Il n'est pas nécessaire non plus de faire intervenir aucun
agent extérieur à partir du moment où ils se sont trouvés
enfouis. Gela ne veut pas dire que dans certains cas, il ne se
soit pas produit des influences extérieures. Ces influences ont
même été démontrées accidentellement.
La pression n'a pas été considérable et la température a dû
se maintenir aux environs de Go^.
Enfin, chaque combustible est arrivé à un état indéfiniment
stationnaire au bout d'un certain temps, une fois les diastases
épuisées et les microbes éteints.
Sauf intervention extérieure, la tourbe arrivée à son der-
nier terme restera éternellement de la tourbe: les lignites
n'atteindront jamais l'état de houille, ni celle-ci l'état d'anthra-
cites. De l'état végétal, l'accumulation de végétaux est passée à
l'état minéral ; le temps a accompli son œuvre et cet agent
désormais seul en présence de matières inertes, au milieu des
autres dépôts sédimentaires ne peut plus exercer sur elles
aucune modification en dépit de son immensité.
En résumé, la cause de la transformation des végétaux en
combustibles fossiles demeure la même à toutes les époques,
c'est l'action des ferments sur la cellulose ; son essence est
invariable ; sa modalité seule a varié à travers les âges et
c'est cette modalité qui nous a donné successivement les anthra-
cites, les houilles, les lignites et les tourbes, d'une manière
générale, sauf quelques interversions facilement explicables
d'ailleurs.
5ai
DU BASSIN DE LA LOIRE
SUR LES TIGES DEBOUT ET SOUCHES ENRACINEES, LES FORÊTS
ET SOUS-SOLS DE VÉGÉTATION FOSSILES, ET SUR LE MODE
ET LE MÉCANISME DE FORMATION DES COUCHES
DE HOUILLE DE CE BASSIN
par M. C. «RANO'EURY
Des bassins houillers isolés et indépendants du Centre de
la France, celui de la Loire est certainement le plus puissant
et probablement aussi le plus riche en houille. Il se compose
de bas en haut des assises et étages locaux suivants :
Épaisseur
Nombre
DES couches
DE HOUILLE
EXPLOITABLE»
Puissance
TOTALE
DU CHARBON
Brèches de base
Faisceau charbonneux de
Rive-de-Gier
Grès et poudingucs inter-
médiaires stériles ....
Étajçc productif de Saint-
Étienne
Série d'Avaize y compris la
couche des Rochettes . .
Poudingues micacés supé-
rieurs
Rothligende ?
Ensemble ....
4oo"
lOO
800
900
400
5oo
400
3
. i5
i3
10"»
30"»
lO""
35oo™
3i
5o""
Les étages inférieurs n'occupent qu'une partie de la surface
du bassin houiller ; les étages supérieurs sont d'étendue très
restreinte. Nulle part ils ne sont tous superposés.
La composition lithologique du terrain est aussi des plus
complexes.
5a2 Vlll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
On sait que par ses fossiles, le bassin de la Loire a servi
de type à Tétage dit Stéphanien (i).
Les arbres enracinés y sont nombreux et répandus, les sols
de végétation fréquents.
Si les arbres et souches enracinés avaient réellement poussé
à la place où on les trouve, ils nous donneraient une idée des
forêts carboniiereg productives de la houille (a), quMls l'epré-
sentent en partie, ce qui permettrait de conclure, par analo-
gie, au mode de formation des couches de charbon. Ils nous
fixeraient en outre, comme on verra, par voie de conséquences
forcées, sur le mécanisme de formation du bassin, et aideraient
à en déterminer la structure générale encore peu connue.
Il y a ainsi un intérêt de premier ordre à démontrer
qu'ils sont à l'endroit natal, et c'est pour établir ce point de
fait, pour le mettre hors de doute, qu'ont été dressées et
sont exposées douze grandes feuilles de dessins représentant
les tiges et souches enracinées découvertes depuis plus de
lo ans dans les carrières des environs de Saint-Etienne.
Sur quelques coupes de terrains j'ai indiqué la position
des forêts fossiles, et distingué par des couleui*s différentes
les diverses espèces de roches dont se compose le bîissin
houiller.
Cela dit, je vais décrire et examiner successivement :
I. Les tiges debout et souches enracinées du terrain
houiller ;
II. Les forêts et sols de végétation fossiles ;
III. Leurs rapports avec les couches de houille, et le
mode de formation de celles-ci ;
IV. Leurs rapports avec les dépôts houillère, et le méca-
nisme de formation du bassin de la Loire.
V. La nature et l'arrangement des roches, et le mode de
remplissage de ce bassin.
(1) Los genres ot espèces, et les changements verticaux de la flore fossile
sont ônumérés dans le Livret-guide du Congrès.
(2) 11 est évident que sans la connaissance de cette vi^gétation ot surtout do
milieu où elle se développait, on ne saurait se faire une idée clairo et nette des
conditions de formation de la houille. L'Association britannique pour ravancement
des sciences l'a bien compris en portant k l'ordre du jour du Congrès de Bradford
en septembre dernier « The condition,^ during the growth ofthe Coal-Mensurfi^ •.
Mais la discussion qui a suivi entre géologues et botanistes n'a pas produit les
résultats attendus
c. grand'eury 5a3
1. — Tiges debout et souches enracinées
DANS le terrain HOUILLER
Des végétaux enracinés, je ne m'occuperai que des plus
communs, de ceux cjui par cela même peuvent le mieux
renseigner sur les conditions générales de formation des
couches de houille et du bassin houiller, savoir des Stiginaria,
des Syringodendron, des Calamités et Calamodendron, des
Psaronius (»t Rhizoniopteris, des Cordailes,
Des Stigmaria
On sait que sous forme de tiges horizontales traçantes,
ces fossiles se rencontrent abondamment dans toutes les
roches, et dans la houille elle-même.
Je les ai vues, maintes fois, partant de nœuds ou bulbes,
ramper comme des coureuses de fond de marais, sur le mur
argileux des couches de houille, attachés au sol par de
nombreuses racines plongeantes, et pourvues en haut d'appen-
dices analogues mais sinueux, emmêlés, ayant vraisembla-
blement flotté et joué le rôle de feuilles, car ces plantes
sont aquatiques. I-.es rhizomes pénètrent par leur extrémité
libre dans le sol <le végétation, s'y ramifient, entourées
d'appendices radicaux rayonnant dans tous les sens. Cette
partie souterraine et les racines de rhizomes rampants sont
seules conservées, en général.
Les racines souterraines se sont développées différemment
suivant les cas. Dans Targile sableuse et perméable, les
racines inférieures sont beaucoup plus longues que les laté-
rales et surtout que les supérieures. Dans les schistes feuilletés
durs ou difficiles à traverser par des racines, elles sont,
au contraire, beaucoup plus longues latéralement que par
dessous et par dessus, tendant à se mettre toutes dans le
plan de stratification. Dans les schistes charbonneux cette
disposition est très accentuée et dans la houille les racines
étalées dans le plan des rhizomes, constituent des éléments de
formation autochtone.
J'ai bien constaté que les appendices des Stigmaria, à
une distance variable des rhizomes, se bifurquent sous un
angle de 5o" à 120° ; les branches se subdivisent de la même
manière, à plus ou moins longs intervalles, diminuant chaque
fois d'épaisseur jusqu'à n'être plus perceptibles a l'œil iiu,
5a4 Vlll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
les bifurcations ne s'opérant ou plutôt ne se présentant pas
dans le même plan, d'où est résulté un entrecroisement
inextricable des racines, bien connu des observateurs et qui
ne leur laisse aucun doute que ces végétaux n'aient poussé
à la place et dans la position où on les trouve actuellement.
Des Syringodendron et Stigmariopsis ,
des troncs debout de Sigillaires
Dans Tétat normal, les tiges debout et rompues de Sigil-
laire sont tronconiques , évasées à la base où elles se
prolongent latéralement par de grosses racines étalées, courtes,
ramifiées, stigmaroïdes , les extrémités étant pourvues de
radicelles obliques. Sur sol perméable, la souche est solide-
ment fixée par quelques racines perpendiculairement à celles
étalées et de même terminées par un pinceau de radicelles.
Sur Targile imperméable, sur les couches de houille notam-
ment, les tiges sont à fond plat et expalmées.
Au dessus de la souche, à une distance variable, la base
des tiges de Sigillaires est ornée de glandes simples ou
géminées, auxquelles ne correspondent, au dehors dans la
roche où elle a visiblement poussé, aucuns appendices.
Ainsi représentés, les Syringodendrons s'élèvent, normale-
ment à la stratification, à la faible hauteur de o°^5o à
I mètre, dépassant rarement deux mètres. Exceptionnellement
Técorce de ces tiges porte en haut des cicatrices foliaires en
face de glandes analogues à celles des Syringodendron, mais
beaucoup plus petites. Et je considère comme une bonne for-
tune d'avoir découvert à la Grand'Combe, un Syringodendron
debout avec des feuilles aériennes encore attachées à i mètre 5o
au-dessus de la souche. Dans ce cas le sol où la tige prend
racines s'est vu, durant la croissance de la plante, à quelques
mètres seulement de profondeur sous Teau.
11 est bien certain en effet que les Syringodendrons ont vécu
sur place, et ce qui le prouve d'une manière toute spéciale,
c'est que les racines crampons et même les radicelles traver-
sent avec la roche sous-jacente les feuilles et calamités qui y
sont stratifiées.
Les Sigillaires sont d'ailleurs groupées en colonies, comme
les tiges de plantes qui se propagent par des rhizomes
souterrains. Les Syringodendrons débutent en effet sous la
forme de gros tubercules en rapport avec des rhizomes vidés
c. gramd'eury 5a5
et par cela même peu apparents mais néanmoins réels. Un
peu plus développés, ces tubercules revêtent l'aspect d'oignons.
Uétat de plein développement est décrit ci-dessus.
Il existe un autre mode de gisement des Sigillaires en
place, réduites à leurs souches non plus surnicmtées de tiges
syringodendroïdes, parfois même arasées au-dessous du col-
let. Ces souches encombrent de leurs racines certains sols
de végétation argileux. Comme il n'y a pas trace d'éro-
sion, force est d'admettre que les tiges correspondantes ont
poussé leur pied dans les eaux mortes, hors du sol de fond,
fixées seulement à celui ci par des racines de Siigmariopsia.
Et c'est ainsi que de ces arbres, tombés et emportés après
leui» mort, il n'est resté que les racines qui, lorsqu'elles sont
l'approchées, sont disposées exactement comme celles des arbres
qui poussent à côté les uns des autres.
Des Calamités et Calamodendron
Comme on le voit sur les tableaux exposés, les Calamariées
en place se présentent sous des formes très variées, en
rapport avec deux modes de végétation, tantôt sur les aires
de dépôts en voie d'accroissement, tantôt au fond des marais.
Aptes à avoir pu vivre comme leurs analogues vivants,
dans les eaux courantes et mortes, elles sont des plus
répandues.
Au mur de la î2^' couche au Treuil, se trouvent rassemblés,
s'adaptant, se reliant entre eux, tous les organes du Cata-
mites Suckowi, comme les restes d'une plante enfouis dans
la vase où elle a poussé, les parties aériennes couchées entre
les tiges debout et au-dessus des rhizomes représentant avec
les racines le système souterrain. Les rhizomes naissant de la
base des tiges sont traçants ; ils se relèvent à leur extré-
mité en tiges ascendantes qui passent peu à peu en haut
au Cal, Cistii, De la base des tiges verticales et de leurs
articulations rayonnent des racines horizontales longues de
o"3o à o'^So, et des joints des rhizomes partent des racines
également étalées, plus courtes ; toutes les racines sont com-
plètes, pourvues de leurs radicelles, et dans leur position de
croissance, on pourra s'en rendre compte.
Dans les grès et schistes alternants, les tiges de cette
espèce, issues de rhizomes souterrains, s'élèvent normalement
à travei*s les bancs de roches qu'elles ont troués. Dans les
5a6 VIll® CONGRÈS GÉOLOGIQUE
argiles les rhizomes sont rampants, les tiges traînent à la sur-
face, fixées seulement au sol par quelques racines complètes.
Ces Calamités sont restées petites et herbacées.
Il en est bien dillerenmient du Cal, cannaeformis qui,
susceptible d'engendrer du bois d'Arthropitus, était vivace et
ac([uérait parfois de grandes dimensions en hauteur.
Les tiges d'un même individu naissent à différentes hauteurs,
par une pointe inférieure cambi'ée, de rhizomes souterrains
ou même directement de tiges. Parmi les tiges, il en est qui,
avortées, sont restées petites et herbacées, parmi les autres
plus fortes, maintenues rigides par une enveloppe épaisse de
charbon et paraissant avoir pu atteindre une hauteur de lo à
i5 mètres. Rompues en haut, elles portent, à la partie supé-
rieure seulement, sur des articles périodiquement raccourcis,
des cicatrices de rameaux tombés et aussi de feuilles caduques.
Elles sont enracinées en bas, et bien en place.
Il est à remarquer que les tiges vivaces et ligneuses
sont entourées à la base de racines adventives tombantes,
étalées, formant une espèce de cùne de soutien, et par laquelle
ces tiges se rendaient indépendantes des rhizomes et pouvaient
vivre isolément.
Or, ces racines sont très nombreuses, leurs insterstices sont
occupés par des argiles alors que tout autour les dépotai
qu'elles ont influencés sont de nature gréseuse, et, ce qui
est encore plus signiOcatif, les tiges ainsi entourées de racines
penchent souvent dès la base (ce qui a fait douter à tort
qu'elles sont en place). Par conséquent leurs racines adventives
se sont développées librement dans Teau, on en jugera dans
les carrières.
Les extrémités coniques, dont la pointe est toujours
tournée en bas, des tiges, sont fixées au sol par des racines
souterraines très rameuses. Dans les schistes argileux qui
ont conservé les organes les plus délicats, ces racines sont
en possession de toutes leurs fibrilles radicellaires ; ligneuses
et consistanti^s, elles ont traversé, en poussant, les schistts
et les empreintes végétales qui y sont couchés à plat. Elles
sont <lonc bien en place.
Sur les ai'giles, au fond des marais, les Arthropitus, tout
comme les Sigillaires, ont poussé presque tout entier dans
l'eau hors du sol de fond. Et comme dans ce cas après la
mort de la plante, ses tiges ont été détruites ou emportées.
c. grand'eury 52J
il n'en est souvent resté que les racines souterraines. Ces racines
en place dénotant d'anciens sols de végétation sont très
communes, on les trouve implantées dans les nerfs de la
houille. Les Calamités ont-elles donc pu former de la houille
sur place?
Dans des conditions analogues, en fait, se sont formés à
Montramhert des schistes charbonneux composés de plusieurs
générations de CaL cannaejormis entassés et enfouis sur place,
à l'état de tiges et racines adventives couchées, de rhizomes et
de racines souterraines traversant quelques-unes des tiges le
plus bas situées.
Des tiges, stipes et rhizomes de fougères enracinés.
m
Comme bien Ton pense, les racines de fougères sont nom-
breuses et variées, mais appartenant à des plantes rhizoma-
teuses semi-aquatiques comme les Calamariées, on les trouve
généralement sans tiges, ni stipes attachés.
Psaronius. — Cependant sous la forme de Psaronius, les tiges
de fougères sont fréquentes dans les forêts fossiles, entourées
à la base de racines adventives innombrables égales, simples,
formant un cône de végétation par lequel ces tiges paraissent
posées sur le sol ; mais elles font suite à des rhizomes
souterrains ; et quelques-unes de leurs racines plongent dans
ce sol.
Comme celles des Arthropitiis, les racines adventives des
Psaronius sont emmêlées à l'extérieur, les tiges avec leurs
racines sont souvent inclinées dès la base, les roches chan-
gent de grains et les dépôts de formes d'un côté à Tautre.
D'où il suit que les Psaronius ont aussi poussé à peu près
entièrement dans l'eau, au fond de laquelle s'étalaient leurs
racines.
Aussi, lorsque ces tiges de fougères se sont développées
sur les aires de dépôts, ont-elles, pour continuer à vivre,
émis k plusieurs niveaux des racines nouvelles après l'enva-
sement des anciennes. C'est ainsi que certains Psaronius sont
entourés de plusieurs cônes de racines étages ; ces racines
pénétrant dans la roche sous-jacente, relient, comme deux
faits concomitants, la végétation sur place des tiges de fou-
gères au dépôt de la roche encaissante.
A la partie supérieure de quelques tiges debout de Psaro-
nius, s'ébauchent des cicatrices foliaires discoidales de Pecop-
5a8 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
teris. Par ces cicatrices, la plupart des Psaronios se rapportent
au genre P tychop teris , quelques-uns cependant appartiennent
aux Caulopteris et aux Protopteris, d'autres s éloignent d'ailleurs
beaucoup du type habituel.
Phthoropterls, Rhizomopteris. — D'autre part, on rencontre
beaucoup de touffes de racines souten*aines ramifiées, que
leur nature me fait rapporter à des fougères herbacées, maL<«
dont les stipes ont presque toujours disparu.
Parfois, au lieu d'être groupées en toufles. des racines
analogues sont alignées comme celles des Stigmaria, elles me
paraissent dans ce cas être issues de rhizomes de fougères,
qui, ayant rampé à découvert, ont aussi disparu.
Aulacopteris, — Avec les stipes gigantesques des Névrop-
téridées gît souvent mélangé un important chevelu radicel-
laire que je suis parvenu à leur rattacher. Ce chevelu dénote
des plantes de bas fonds très humides, sinon des plantes
d'eau. Il résulte de la subdivision à Tinfini de petits i*ameaui
inférieurs probablement submergés. Les stipes eux-mêmes sont
enracinés et les fougères qu'ils ont portées, à défaut de fructi-
fication, paraissent s''être propagées et multipliées avec profu-
sion au moyen de rhizomes rampants accrochés au sol par
des griffes.
Des tiges ligneuses enracinées
On est doublement surpris de rencontrer dans les forêt*?
fossiles de nombreuses tiges ligneuses enracinées présentant
les formes et dispositions de plantes variées. La plupart se
relient aux Cordai tés.
Mais quelque part que l'on fasse à l'action du milieu sur
la végétation, les tiges ligneuses enracinées, révèlent certaine-
ment l'existence de plusieurs genres, car dans les mêmes cir
constances de gisement leurs racines principales sont tantôt
étalés, tantôt plongeantes, avec ou sans pivot. 11 y a du reste
des tiges, à racines principales étagées, que leur structun*
éloigne des Dadoxylon ou bois de Cordaïtes. De plus les
radicelles, ou sont disposées dans un même plan, serrées
comme les dents d'un peigne, ou sont diffuses.
La cohabitation des tiges ligneuses avec les Sigillaii*es jwir
exemple, serait de nature à étonner si nous ne savions que
leur analogue vivant, le Taxodium distichum^ ne se développe
jamais mieux ni plus com])lètement que lorsque son pied est
maintenu constanmient sous l'eau.
c. grand'bury 539
Dans les schistes fins, les racines sont entières jusqu'aux
radicelles terminales ; ligneuses et consistantes, elles traversent
nettement la roche et les empreintes végétales stratifiées
qu'elle contient. Les tiges ligneuses enracinées sont donc
bien en place.
Or, elles sont souvent inclinées ou même rompues dès la
base, et tout indique que, conmie les autres tiges debout,
elles ont poussé le pied dans Teau, hors du sol de fond, sur
lequel rampaient à découvert les racines principales. C'est
l)ourquoi des tiges de Cordaïtes, il n'est souvent resté que la
souche et parfois même que Textrémitc des racines principales
avec les racines scîcondaires. les imes et les autres plus ou
moins inclinées et ramifiées dans le sol de végétation.
Sur sol argih»ux, les racines sont étalées et la souche
ex])almée, comme celle des Syringodendrons, mais elles sont
entières et aussi en place.
II. — Station marécageuse de la végétation houillère.
Forêts et sols de végétation fossiles.
De cette» descri])tion rapide des plus nombreuses tiges
enracinées dans le terrain houiller, se dégage la conclusion
que les plantes c^irbonifères étaient marécageuses quoique
arborescentes, ayant vécu, comme celles qui encombrent le
Dismal-swamp, h» [»ied et les racines adventives dans Feau,
les souches et rhizomes rampant sur le fond.
Aucune des restaurations faites d<» forêts paléozoïques ne
tient compte de ce trait de mœurs i)artagé par la végétation
presque tout entière.
Par leur afiinité botanique et grâce au mode de propaga-
tion souterraine du plus grand nombre, les plantes houillères
pouvaient vivre ensemble, soit sur les aires de dépôts en
voie d'accroissement, soit dans les eaux mortes.
De ces deux stations analogues quoique assez difl'érentes,
nous sont restées les forêts fossiles et les sols de végétation
également réjn'ésentés en grand nombre, sur les tableaux
exposés devant le Congrès.
Des forêts fossiles
Les tiges debout ayant poussé sur un fond exposé aux
atterrisse me nts, forment des forêts fossiles. Celles-ci sont
simples lorsque les troncs d'arbres dont elles sont composées
u.
ô3o VIII' COMGHÈS GÉOLOGIQUE
prennent racines au même niveau. Elles sont corai>osëes, à
sol multiple, lorsque leui's tiges tronquées naissent à différentes
hauteurs rapprochées.
S'il était encore besoin de j)rouver que les tiges enraci-
nées sont bien en place, j'ajouterais, par surcroit que : i^ les
racines des arbn»s voisins passent les unes entre les autres
sans se déranger mutuellement : 2° loi'sque plusieurs géiiéi*alions
se sont succédé sur le même fond, les racines des souches
supéri(»ures pénètrent en tout ou en partie dans les souches
inférieures : 3" les schistes sous-jacents et les empreintes de
feuilles et de minces tiges couchées qu'ils contiennent, sont
en quelque façon cousus ensemble par des racines qui les
ont traversés après coup ; 4'- ^^ ^^^ rencontre pour ainsi dire
pas de débris de racines souterraines arrachées, mutilées,
transportées et stratifiées avec les autres organes de plantes:
5° l(*s dépôts où se dressent les foi'êts fossiles étant de
formation pc'u profonde, sont des plus irréguliei*s comparati-
vement à ceux privés de racines ; (>" souvent enfin gisent
enfouis au pied des arbres enracinés, les branches, feuilles
et fructifications qui s'en sont détachées durant leur croissance.
Les forêts fossil(*s n'ont aucune continuité, elles disparais-
sent dans certaines d inactions, souvent même elles sont réduites
à ties bouquets d'arbres, n'ayant pu prendre pied que sur les
bords et les hauts-fonds du bassin de dépôts, car elles avaient
besoin d'atteindre Tair pour vivre et ])rospérer.
Des sols de végétation Jossiles
On a vu qui» les arbres des forêts fossiles, poussant dans
les eaux mortes, n'éUiit fixés au sol de fond que par quel-
ques î'acines souterraines. Dans ces conditions la moindre
cause ilestructive les ont fait périr et disparaître, ne laissant
à la place que les racines dans le sol de végétation. Telle
est c(»rlainem(»nt l'origine des sols à racines tle DaAvson. Ils
sont aussi iVéquenls à St-Elieime qu'au Canada.
Les racines d'un sol de végétation sont ligneuses ou her-
bacées, ou de plusieui's sortes, groupées individuelleuient,
ench(»vêtrées ou espacées, non disséminées et bien en place.
L'argile de» fond (pi'ont traversée les racines a éjuimYé
]»ar leur végétation «les modifications physiques qui en (ont
une i-oche à part, une espèce de terreau fossile, que les géolo-
gues anglais désignent sous le nom d'Underclay. A St-Etienue.
c. grand'eury 53i
ce terreau fossile se présente non seulement au mur, mais
aussi dans les couches de houille où il est parfois assez chai*^
bonneux .
111. — Rapport des tiges debout, soucues et racines
en place, avec la houille, et mode de formation
des couches de charbon
L41 question de la formation des coudiustibles fossiles
divise les j^^éologues phis quv jamais.
Ce cpii les préoccu[>e surtout c'est de savoir si la houille
s'est formé<» sur place ou i)ar transport.
11 est rationnel d'interroj^^er pour cela l'arrangtuut^nt des
débris végcUaux tlans le charbon, les forets fossiles et sols de
végétation en contact et inclus, la station des forêts carboni-
fères. l'état du bassin de, dépôt, etc.
Examinons la houille à ces différents points de vue.
Et d'abord dans le charbon qui, connue l'on sait, est par-
faitement stratifié, les feuilles, stipes et tiges sont couchées à
plat et superposées connue les feuillets tl'un livre, ce dont on
se reml parfaitement couipte lorsque, ce qui arrivt^ souvent,
le charbon passe à la houille schisteuse. On se convainc alors
qu'elle s'est déposée sous l'eau. On ne ]»arvi(mt pas en tout
cas à y tlécouvrir \v moindre indice de racines ayant traversé
les lames cl feuillets )»arallèles dont elle est composée.
Les souches et racines qui, du toit ou des nerfs intercalés,
descendent sur le charbon, s'étalent au-dessus, s*y ajoutant s4l
n'y a pas interi)osition d'argile, mais n y pénètrent pas. Le
fait est constant **t me parait dû à cette circonstance que la
matière végétale s'étant déposée lentement et tassét» au fur et
à mesure», s'c^st opposée, la feruientation aidant, à l'introduction
des racintîs qui, n'y pouvant vivre, répugnaitmt instinctivement
de s'v enfoncer.
Mais s'il n'y a pas de rapport de foruiation comuiune entre
les racines en plact» et le chai'bon stratifié au-dessous il n'en
est jms tout à fiiit de méuie entre les souches enracinées et
le charbon inunédiatemcnt su|>erposé. Souvent leurs racines
principales rampanlcs font corps avec le charbon formé en
partie des tiges renversées des branch<'s et feuilles tond>ées
pn»sque sur place des mêmes arbres A St-(^Jiamond. [>ar exem-
53u VIII® CONGRÈS GÉOLOGIQUE
pie, la connexion est frappante entre les nerfs traversés des
racines de Cordai tes ci le charbon supérieur formé de leurs
tiges, branches et feuilles. Il est vrai que ce charbon est mal
stratifié, tordu connue l'on dit, mais il est inséparable de
celui qui le recouvre et qui est formé des mêmes parties seu-
lement déplacées et stratifiées.
De nombreuses figures représentent ces circonstances, que
depuis quelques années je m'eflbrce de bien constater.
Et ce qui prouve bien, en effet, que les éléments fîgun's
de la houille n'ont pas subi un long transport, c'est que,
identiques de tout point à ceux contenus dans les schistes
adjacents, ils sont conservés coumie les organes de plantes
palustres qui tombent à Teau, et aucunement comme ceux
des plantes de terre sèche que des eaux viendraient à
ramasser, brasser et transporter dans un lac.
Il y a ainsi dans certaines couches de houille des indices
de formation sur place ou presque sur place.
Cependant les forêts fossiles, le plus souvent clair-semêes
et discontinues, ne sauraient avoir fourni une partie notable
de la matière végétale de la houille. D'ailleurs nombre de
couches de charbon et leurs roches encaissantes sont privées
de racines en place.
On peut même dire que la majorité des substances végé-
tales ayant formé la houille a été transportée.
Mais, toutes les houilles ressemblent à celle formée à peu
près sur place au détriment des forêts fossiles. Les niêiiies
débris se retrouvent partout, accusant une seule et même
station des plantes carbonifères. Les tiges et racines adven-
tives positivement transportâmes sont identiques aux [)arties
similaires des arbres debout enracinés. Par conséquent les
éléments constitutifs du charbon ont été empruntés à des
forêts marécageuses faisant sans doute suite a celles qui
s'installaient provisoirement dans le bassin de dépôt, mais
extra-lacustres, permanentes, au pied desquelles s'élaboraient,
comme dans les toui'bicres, Tlmums ou la matière fondamen-
tale de la houille. Le bassin de dépôt était du iH?ste en même
temps à l'état de fond de marais, le mur des couches de
houille rappelant souvent les îirgiles qui sont à la base des
tourbières. Alors, les choses se passaient comme aujoiu^ hui,
quoique sur une autre échelle ; les débris de plantes fossilt*s
qui tombaient à l'eau aux abords des marais allaient se stra-
c. grand'eury 533
tifier dans leurs bus fonds. El en ellet ce que je sais main-
tenant de la végétation subaquatique des forêts primitives m'a
permis de discerner, sur le bord du bassin, des veines et
(ilets de houille crue formés sur place, correspondant à une
|jetite couche de bon charbon stratifié sans racines.
J'avais donc bien raison de dire dans une de mes dernières
coummnications à TAcadémie des Sciences sur le même objet,
que j'espérais arriver à concilier les théories apparemment si
opposées de la formation sur place et par transport, en
montrant (|ue certaines couches de houille sont formées par
le concours des doux procédés à la fois connue la tourbe
sous-aquatiqu(» de certains marais.
Mais cela expliqué, il faut convenir que la grande masse
de la houille est formée exclusivement de sédiments végétaux.
L'on ne manquera pas de poser la question : pourquoi y
a-t-il si peu de charbon formé sur place ? La réponse est
facile : les marais permanents où s'élaborait la tourbe
primitive ayant été, par leur position, inaccessibles aux apports
ties sédiments minéraux, sont restés à découvert et ont par
cela même disparu.
J'ai acquis la conviction, dans de nombreux voyages au
centre de l'Europe, qu'il en a été de môme des stipites,
des houilles brunes (Braunkohle) et des lignites : il ne nous est
parvenu en sonnue des marais tourbeux des différentes époques
géologiqu(»s, que leurs parties stratifiées dans les bas-fonds,
qui ont i)u être recouvertes de limon et [)ar ce moyen protégées
contre la destruction.
Ce que ncms voyons se produire dans le monde vivant ne
permet pas, en tout cas, de supposer que le charbon s'est
déposé au fond de lacs sous les eaux mouvantes qui détrui-
sent les matières végétales accunmlées. Les recherches de
MM. B. Renault et C. E. Bertrand sur le cannel coal et la
matières fondamentale de la houille nous invitent, tout au
moins, à admettre qu'elle s'est formée dans des eaux mortes
ou tranquilles de marais.
Dans ces conditions comportant l'arrêt de la sédimentation, la
houille s'est précipité av«»c l'extrême lenteur et la grande exten-
sion des roches rubané(*s. Ses joints argileux peuvent corres-
pondre à de longues périodes de repos, comme en témoigne une
de mes coupes. La concentration des forêts fossiles et sols de
végétation auprès t»t dans les couches de houille dénote pour
534 VIII« CONGRÈS GÈOLOGIQUR
les puissîint«»s couches des formations de 1res longues dui*ées.
Et ce qui le prouve encore, c'est Tétat de décomposition ivè<
avancé des éléments des roches de l(»ur toit, les nouvelles
combinaisons chimiques (pii y ont pris naissance et leur
imprégnation charbonneuse, manifestant par tout cela avoir
attendu très longtemps au contact des marais avant d'iUn*
transportées et déposées sur les couches de houille.
IV. — Rapports des forêts fossii.es avec les dépôts
HOUILLERS, et MECANISME DE LA FORMATION
DU BASSIN DE LA LoiRE
Dessinées fidèlement avec le plus grand soin, les circon-
stances de t(is(Mm»nts des liges (Miracinées démontrent à l'évi-
dence que c<»s tiges ont poussé sur place». Par suite les bancs
de niches où tdh»s prennent racines se sont trouvés pendant
leur dépôt, à (pielqiuvs mètres seulement tle profondeur sous
l'eau, à lo ou i5 mètres tout au plus.
Cela étant actpiis, iorsfpie, comme au Treuil, à Montraiii-
bert, etc.. on v*>it, à intervalh^s rapprochés <(uoique variables,
des forêts fossih»s se succèd(»r sur des épaiss(»urs de terrains
de 5o à loo mètres, on peut être c<»rtain <pie p(*n*lant leur
dépôt, le (Vmd s'est affaissé lentement de la même hauteur.
Lors([in» comme à Beaubrun, à la Cirand'Combe, les forets
fossiles sont séparées par dt»s séries importantes de rochei^s
en bancs réguliers dépourvus de racines <»ii place, il est à
présumer que là il s'est produit dt»s aflaissements brusques et
notabl(»s pendant la formation. Par contre iicms avons vu
qu'à la formation de chaque couche* de houille <rune certaine
importance», corr<»spond uiu» plus ou moins longue périmle «le
stabilité du sol.
Et ainsi p(Midant la formation d(»s terrains charbonneux
où se dr(»sseiit des forêts fossiles, il semble bit»n que les
dépôts siî soient elléctués à une faible prolVmtleur d'eau, sur
un fond mobile soumis à des aflaissements continus, lents <»u
brusques, coupés tie repos.
Mais les forêts fossih»s sont distribuées très irrégulièi'ciuent
tant en hauteur (pi'en surface.
A TerrcMioire il ne s'en trouve» qu'auprès de la couche des
Rochetle» ; il ne parait pas y en avoir à la Roai'e, à
c. grand'burv 535
St-Genest-Lerpt, *îi Montsalson, dans des assises qui en pos-
sèdent ailleurs. Cependant au dessus de la i*"** couche et
dans toute répaisseur du faisceau 9*, 10®, iv et I2«* couches,
il y a presque partout des tiges enracinées. Celles-ci se présen-
tant ainsi dans toute l'étendue et à toutes profondeurs, de la
Malafolie à la Chazotte, au Treuil à '3oo mètres de profon-
deur, à Villehœuf à 600, force est d'admettre, en vertu des
prémisses, (|ue le bassin s'est creusé de toute son épaisseur
pendant sa formation. Mais la profondeur d'eau était très
variable dans le temps et dans l'espace, ici plus grande que
là, toujours peu considérable pendant la formation du charbon :
l'abaissement était toujours inégal, mais à peu j)rès propor-
tionnel, les couches de houille, à part quelques exceptions,
étant toult*s plus rapprochées ou plus espacées dans un dis-
trict que dans un autre.
Quant aux étages stériles, leur formation me pai*ait avoir
été précédée de véritables effondrements se rattachant à des
mouvements orogéniques. Il n'y a évidennnent qu'un impor-
tant mouvement général du sol qui ait pu avoir poui* résultat
la substitution, partout en même temps, aux roches feldspa-
thiques de l'étage de Hive-de-Gier, des poudingues bréchi-
formes (juarzo micacés de St-Chamond, qui constituent le substra-
tum des couches de St-Etienne.
Aussi y a-t-il discordance entî*e ces deux sortes de dépôts
de provenances diiVérentes, et indépendance d'allure de Tétiige
de St-Etienne par rapport h Tétage de Rive-de-Gier, qu'il
déborde de beaucoup à l'ouest.
Apres la formation des poudingues de St-Chamond, les
atlaissements nécessaires à la continuation des dépôts se pro-
duisent de ce côté et en même temps se portent vers le
sud ou les dépôts se restreignent. Et tiindis que le bassin se
creuse de plus en plus vers le sud, l'aile no!*d, comme par
un effet de balancement, s'exonde et se détruit. On rencontre
en elfet de ce côté presque partout : au Cluzel, au Gros, à
Méons, à TEparre, etc., des brèches de schistes argileux et
des fragments de houille remaniée, provenant de l'aile nord
du bassin.
Le témoin le plus irrécusable de sa surélévation et des-
truction pendant la formation est fourni ]>ar le démantèlement
presque complet des dépôts siliceux dv St-Priest, dont les
débris peu roulés contribuent à former, dans une large mesure.
536 Vlll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
les poudingues supérieurs de Tétage de Rive-de-Gier. notam-
nient au Maniquet, à la Ghana, et surtout à Grand'Croix. où
les calcédoines remaniées nous ont conservé à la perfection les
débris les plus délicats d*un grand nombre de végétaux.
Au reste, des dislocations contemporaines des dépôts s'ac^îii-
sent par de nond)reuses roches éruptives inter stratifiées.
Sur la bordure nord, de Landuzières à Montra ynaud. le
terrain houiller a été énergiquement niétaniorphisé. principa-
lement à Cizcron, par des sources silico-teldspathiques qui. à
Saint-Priest. ont dcmiié lieu au dépôt de bancs épais de calcé-
doine intercalés dans ce terrain. Je rapporte à la même
cause qui a ouvert des geysers, l'émission de l'eurite quarzi-
fère qui. à Grand'Croix, forme une nappe de ao mètres
d'épaisseur interstratifiée à aoo mètres au-dessus de la gi'ande
couche de Rive-de-Gier.
Après la révolution qui a précédé la formation du .»iubs-
tratum du bassin de St-Ktienne proprement dit, d'autres sources
et d'autres roches éruptives se sont fait jour par des cassures
nouvelles certidnement en rapport avec la faille du Pilât qui
a joué durant la formation de ce bassin. C'est en tout cas
seulement au sud du bassin que les dépôts ont été rubéfiés
à différents niveaux par des sources ferrugineuses, et que
gisent interstratifiés un grand nombre de bancs d'une roche
feldspathique plus au moins siliceuse, dite gore blanc. A Patroa.
au Mont-ferré, cette roche, indillcrente à la nature des terrains
encaissants, est semi-cristalline, contenant du mica brun : eu
s'éloigna nt du bord sud, elle passe au tuf et finalement vers
le centre du bassin à des argiles brun chocolat. Au contact du
gore blanc, les grès sont quarzitifîés, les bois silicifiés, le
charbon raie le verre.
V. — Nature des roches, arrangement des dépôts
ET MODE DE REMPLISSAGE DU BASSIN DE IJL LoiRE
Naguère encore l'on pensait que les couches de houille
sont k peu près parallèles et équidistantes. on les classait et
déterminait les tailles en conséquence, avec une exactitude
qu'ont confirmée les travaux de mine.
Aujourd'hui la théorie des deltas remet tout en question.
11 importe de savoir si elle est applicable au bassin de la Loire.
c. grand'rury 537
Les arbres debout et souches enracinées vont nous fournir
d'utiles indications à cet égard.
A part les roches d'origine éruptive dont il vient d'être
parlé, et un petit banc de calcschiste, tout le bassin houiller
est composé de sédiments élastiques.
Uap[)elons que ces sédiments sont de deux natures très diffé-
rentes, faciles à distinguer, les uns j)rovenant de la destruction
du granité, les autres des micaschites. L(;s prcsmiers ont formé
des grès blancs ([uarzo-feldspathiques et des schistes argileux
délitables, les seconds des poudingues verdàtres, des grès gris
quarzo-micacés, et des s(;histes séricileux ou micacés, peu
altérables. Ils n'ont pas encore été distingués sur les coupes
de terrain, et cela est fort regrettable, car à St-Etienne du
moins, la distribution des richesses liouillères est subordonnée
à celle des roches, en ce sens que les couches de charbon
s'altèrent et disparaissent dans les roch(»s micacées. C'est ainsi
qu'à Test de St-Kti(»nne, là où ces roches dominent, le bassin
est stérile. J'ai (*ssayé sur les nombreuses coupes d'ensemble
et de détail présentées à l'appui de cette» communication, de
les distinguer par des couleurs différeiitt^s, vert et rose-clair.
A l'exanu^n de ces coupes on voit que l'étage productif de
St-Etienne est formé conjointement de roches granitogènes
et micacées.
Sur la coupe par Avaize et TEparre, l'aile sud-est, à
Terrenoire, est à l'exclusion de la butte d' Avaize, entièrement
micacée, tandis qu'à l'opposé, au Gros, l'aile nord est entiè-
l'ement feldspathiquc» et argileuse.
Voici comment les deux espèces de roches se [)résentent
les uns par rapport aux autres dans l'intervalle.
Et d'abord les dépôts granitiques s'amincissent vers le sud,
les grès y deviennent plus fins, et de plus et cela est non
moins significatif, les tiges enracinées dans ces dépôts pen-
chent souvent vers le sud et le sud-est, par conséquent les-
dits dépôts sont le produit de cours d'eau ayant débouché
dans le bassin au nord ou au N.-O.. d'une part.
Les roches micacées augmentent au contraire d'épaisseur
et de grosseur vtM's le sud, les tiges fossih»s qui y sont
enracinées p(»ncheut au nord parfois fortement, par suite nul
doute que ces roches généi'alement grossières n'aient été
apportées par des cours d'eau plus rapides descendant du
sud, d'autre part.
538 vni* CONGRÈS géologique
Plusieurs afHuents de sens opposé ont ainsi concouru siuiul-
tanément au remplissage du bassin de St-Etienne.
Or, sur les coupes de Patroa à Méons, et de la Béraudièn»
à Montmartre, ou verra <iu'eii avançant les uns vers les autres,
les deux soi'tes de dépôts se ramilient pour ainsi dire sans
se mélanger, alternant entre eux sous la forme de coins si
allongés qu'ils paraissent concordants. De la 7® à la 8" couche
une assise de roches micacées s'avance du sud au N.-O.. de
I à î2 kilouiètres, entre des roches granitogènes. Li»s coupes
montrent d'ail lem's que les couches de houille passent de ces
roches occupant l'aile nord, à Taile sud dans les roches
micacées, en conservant assez bien leur distance et parallélisme.
Nulle part on ne voit de dépôts convei'gents comme ceux
des deltas lacustres allant à la rt»ncontre les uns des autres.
Or, dans les assises et coins de roches différentes alter-
nants, sont implantées tantôt dans les unes, tantôt dans hs
autres, parfois dans les deux sorties de dépôts superposés à la
fois, des forêts fossiles. D'où il suit que dans le centime du
bassin les dépôts se sont formés à peu près horizontalement
à peu de profondeur «l'eau, comuie ailleui»s du reste. Par con-
séquent ils n'ont pu s'accumuler dans tout le bassin de
St-Etienne sur 900 mètres d'épaisseur que grAce à un affais-
sement égal et progressif du fond de vase.
Pourtant à St-Etienne, couune ailleui^s, plusieurs cours d'eau
ont contribué ensemble au remplissage du bassin mais leui*s
apports respectifs s'étalaient, formant des deltas aplatis si Ton
peut dire ainsi, tantôt en recul, tantôt en avance les uns par
rapport avec les autres. C'est ce qui explique leur alternance
en coins entre couches tle houille parallèles.
539
ESSA I
SUR l'origine, la nature, la répartition
DES ÉLÉMENTS DE DESTRUCTION DES VOSGES,
i>i; versant lorrain et des régions adjacentes
DU bassin de la SAÔNE
par M. BLEICHER
Planche III
Des recherches poursuivies pendant phis de trente années
d<»s deux côtés (K's Vosges, nous permettent aujourd'hui dv j)ré-
suuier et de présenttîr sous la forme d'une carte schémaiU/ue
les résultats d'une enquête sui* l'origine, la nature, la répai'ti-
tion des éléuients, Ja destruction des Vosges du versant lorrain
et des régions adjacentes du bassin de la Saône. C'est en
efïet, jusqu'à nouvel ordre, la seule manière de représenter
cette disj)ersion irradiant au loin les uiatériaux originaires
de cette» chaîne, aucune carte, quelque détaillée qu'elle soit,
ne donnant, ni ne pouvant donner leurs limites dans les
conditions où on doit étudier forcément ces déchets, c est-
ci dire en tenant compte aussi bien des cailloux isolés en
nombre suffisant, mélangés ou non à des produits de dénu-
dation sur place, que des puissants dépôts de blocs, de
cailloux, de sable, d'argile et de marne.
Quoi qu'il en soit, les cartes géologiques à grande échelle
des départeuieuts d(» la Lorraine (ran<;aise, de la Lorraine
annexée ont servi à établir cette carte schématique, concur-
remment avec les données fournies pour le bassin de la Saône
par un zélé collaborateur, M. A. Gasser, de Mantoche (Haute-
Saône). Pour une grande partie du plateau lorrain, et pour
une |)ortion du bassin di» la Saône (environs de Gray), ces
renseigneuients ont été complétés par des recherches person-
nelles faites sur le terrain.
Les expressions alhwion, dilui\ium ont été écaillées parce
que dans l'établissement de cette carte, il a été tenu compte
de tous les déchets quelle que soit leur oi'igine et leur
naturcî première, leur altération môme, sous la réserve qu'ils
soient sûrement d'origine vosgienne. Ce sont donc : les gros
blocs arrondis de grès vosgien, trouvés récemment à la cote
Ô40 VIll" CONGRÈS GÉOLOGIQUE
417 sur le plateau de Haye, par M. le capitaine du génie
Bois ; les cailloux pugilaires, ou de petite taille qui sont
échelonnés de cette hauteur maximum sur les flancs des
plateaux jusqu'aux terrasses et aux grèves du fond de nos
vallées fluviales : les grès, sables, marnes. Tous les étages
géologiques de la chaîne affleurant sur le versant lorrain, y
sont représentés par des échantillons plus ou moins facilement
reconnaissahles, par suite de leur origine de transport, de
ruissellement, et leurs modifications chimiques souvent tivs
profondes. Ce sont le plus souvent des roches meubles, sauf
les grès siliceux, micacés, à ciment calcaire, que nous venons
de découvrir sur h» plateau de Haye à la Fourasse de Malzéville
près de Nancy.
Au point de vue de leur âge, on peut les diviser en deux
séries : dépôts continentaux anciens répandus sur les plateaux,
les flancs des vallées se présentant ordinairement démantelés,
remaniés, attribuables connue origine première aux temps
préquaternaires : dé[)ôts généraleuient fluviatih»s cantonnés dans
le fond des vallées, jusqu'à une faible hauteur au-dessus tle
leur thalweg, attribuables aux tem|)s quaternaires et post-
quaternaires.
H est bien entendu que nous n'avons pas la prétention
d'avoir suivi ces déchets vosgiens anciens et plus récent«i
jusqu'à la limite extrême de leur dispersion. Les plus anciens,
sans liaison aucune avec la topographie actuelle, débordent
par l'Aire dans le bassin de la Seine, dans le bassin de la
Saône jusque vers Lyon et se rencontrent d'autre part, d'aprè<
M. Rutot, dans le bassin de la Meuse inférieure en Belgique.
Où s*arrètent-ils entraînés ainsi plus ou moins loin de leur
lieu d'origine, étapes par étapes ? Nul ne peut le dire.
Quant aux dépôts de la seconde série, surtout les plus
récents, ils suivent les vallées fluviales actuelles et sont le
plus souvent en concordance avec la topographie actuelle.
D'ores et déjà, les dépôts de la première série que nous
nous sommes eflbrcés d'isoler, de séparer de ceux de la
seconde, auxquels ils se mêlent et passent trop souvent,
paraissent avoir une grande analogie aux points de vue de la
nature minéralogique, de Tallure des gisements, avec ceux île
la vallée du Rhin attribués au pliocène par les géologues
chargés de la description géologique de l'Alsace, et nous
serions tentés d'y ajouter inutatis mutandis^ les formations
BLEICHBR 541 .
oligocènes et miocènes si nettement détritiques pour la plupart.
Pour établir ce parallélisme, il suflira de tenir compte de la
dilTé renée qui existe entre la vallée du Rhin, longue dépres-
sion régulière remplie peu à peu, au cours des temps, par les
débris des Vosges et de la Forêt noire, plus tard par ceux
des Alpes, classés par ordre d'ancienneté de bas en haut,
et le plateau lorrain où, seuls les déchets vosgieiis ont pu
pénétrer et se sont étalés et étendus au loin, ne trouvant pas
généralement de dépression préparée d'avance pour les recevoir.
La répartition des déchets vosgiens attribuables aux temps
préquaternaires, la seule indiquée sur la carte, suggère un
certain nombre de réflexions et amène à des conclusions que
nous résumons dans ce qui suit :
On rencontre des blocs arrondis, des cailloux, des grès,
des sables, des marnes sableuses d'origine vosgienne à des
altitudes très grandes (417 m.), i5o m. au dessus du niveau
des vallées de la Meurthe et de la Moselle, à plus de
100 kilomètres à vol d'oiseau de l'axe de la chaîne des
Vosges (plateau de Haye), des blocs anguleux de cailloux de
môme origine à 3o-4o mètres et plus au-dessus du niveau de
la Saône au niveau de Grav.
Nous avons tout lieu de croire que ces dépôts, en parti-
culier ceux du plateau de Haye, sont très anciens, mais qu'ils
ont été remaniés après coup. Hs ne peuvent en eft'et corres-
pondre qu'à l'époque reculée où le plateau lorrain communi-
quait librement et directement avec les Vosges ; plus tard
mélangés avec les produits de la dénudation locale, et précipités
dans les lissures ou dépressions, ils contiennent souvent des
fossiles quaternaires.
Au-dessous de cette limite extrême, on les trouve sur les
flancs de ce même plateau, sous Ibrme d'amorces de terrasses,
à environ 5o m. au dessus du thalweg de la vallée de la
Moselle (Villey-le-Sec) ; les terrasses bien développées ne
dépassent guère l'altitude de 10-20 m. au dessus de ce même
niveau, et leurs éléments sont échelonnés sur toutes les courbes
de niveau intermédiaires entre ces deux cotes descendant jus-
qu'aux grèves actuelles.
On peut les suivre des Vosges dans les bassins de la
Meuse (Beaumont en Argonne) de la Saône (environs de Gray).
Tout en étant, surtout les plus élevés, indépendants des
reliefs actuels du sol, ils sont cependant orientés, surtout
54^ Vlll^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
pour ceux qui sont les plus riches en cailloux vosgiens
(voir la carte), suivant une bande de terrain qui s'appuie sur
les Hautes- Vosges, et se termine en s'amincissant vers le
bassin inférieur de la Meuse.
C'est dans l'espace limité par cette bande que se sont
développés les i)récurseurs des cours d'eaux qui ont reçu les
noms de Meurthe, Moselle, Meuse, Saône, et cette direction est
celle du drainage le plus anciennement connu des matériaux
vosgiens vers le bassin de Paris. Sa puissance et son ancienneté
exi)liqueiit la dénudation des Hautes-Vosges cristallines décou-
ronnées de Grès vosgien, et i)eut-être même de formations plus
récentes sur leur face tournée vers les bassins de la Meurthe
et de la Moselle, comme sur leur front méridional tourné vers
le bassin de la Saône, avec cette dilférence, que dans cette
région la bordure de Grès bigarré a été plus fortement atteinte
que le Permien et les roches sous-jacentes.
Tout autres sont les conditions des Basses- Vosges gréseuses,
qui- n'ont aucun de ces grands émissaires précurseurs de la
Meurthe, de la Moselle, de la Meuse, de la Saône, et chez
lesquelles la dénudation rendue moins énergique jiar leur
absence s'est arrêtée au Grès vosgien, d'où la comi>osition,
sable, marne sableuse, rares cailloux ch» cpiarzite des dépôts
de ce genre, entre elles et le cours moyen de la Moselle, de
Pont-à-Mousson vers Thionville.
C'est donc en face des Hautes-Vosges crisUillines des bassins
de la Meurthe et de la Moselle que les éléments de destruction
vosgieime préquaternaires se sont surtout accumulés, ou i)lutôt
qu'il en est resté davantage. Les plus anciens d'entre eux mon-
trent la prédominance des déchets du Grès vosgien, sans qu'il
soit permis néanuioins d'allirmer que le granité sous-jacent en
soit absent. Il est, ou très rare, ou réduit à Tétat de sable par
décomposition.
Sur leur front méridional tourné vers le bassin de la Saône,
le Grès bigarré tlomine et Ivs roches pcM'ndennes (grès l'ouge.
Grès vosgien) sont assez communes.
Les roches quarzitiques, sableuses, mai*neuses, résultat de
la décomposition du Grès vosgien bigarré, du Muscheikalk
même dominent ])r<»S(pie à l'exclusion du granité dans les
bassins de la Saar, de la Blies, de la Seille.
La carte schématique ci-jointe donne enfin une idée des
atterrissements et [)tu* conséquent de l'état de nos régions
BLEICMEK 543
exondées aux époques préquaternaires , tertiaires surtout.
Le plateau lorrain, primitivement plus élevé qu'aujourd'hui,
eomnmniquant librement et de plain-pied avec les Vosges, mais
s'abaissant peu à peu par dénudation et probablement sous
l'inlluence d'autres causes, était une région <le ruissellement,
de charriage sur une partie <le son étendue, sur le reste de sa
surface des dépôts se sont ellectués aux dépens des roches
locah*s usées (»t corrodées, mais l(>s déchets vosgiens se sont
rapidement irradiés à droite et à gauche de cette zontî de
drainage. De vrais cours d'eau entraînaient au loin, suivant la
pente générale N. N. O. de la surface du plateau, des masses
de débris, et l'ancienneté de ce charriage nous permet de
considérer les Vosges comme alim(»ntant les bassins uuiritimes
des mei's tertiaires dans cette direction.
C^et état de chose s*(»st peu à peu elïacé sous l'inlluence de la
dénudation et des mouvements du sol, de la corrosion superfi-
cielle, et nos traînées et remplissages de cailloux et de sables
actuels n'en sont que l(*s témoins démantelés et mis en réserve
dans les fissures et dépressions.
La flore (*t la faune de cette région continentale nous sont
encore inconnues, peut-être par suite de la destruction rapide
de tout débris organique (*t de l'absence de bassins de réception
d'une certaine étendue, et cette» pauvreté en fossiles se retrouve
dans les formations homologues de la vallée du Rhin.
Le plateau lorrain a été peu à peu, à travei's les périodes
tertiaires et quaternaires, amené à son état présent par la
rupture de ses comnmnications directes avec les Vosges, et le
remplacement du drainage par le sommet des plateaux par celui
des vallées de Ueuves actuels coulant à un niveau bien inférieur.
Il a été surtout question jusqu'ici des déchets vosgiens
préquaternaires, seuls indiqués sur la carte. Il faut y ajouter
pour donner une idée complète de la dénudation sur le ver-
sant lorrain et les régions adjacenU^s du bassin de la Saône
tous ceux qui, par leur situation et leur faune, sont nettement
(piaternaires ou récents. On p(*ut dire d'eux que, suivant les
vallées des rivières et ne s'en écartant pas, ils sont caracté-
risés par Vabondance et le bon état de conservation des roches
du type granitique, contrastant avec la rareté et l'altération
de ces roches dans les formations préquaternaires, des niveaux
plus élevés, et par une fiiune nettement quaternaire ou récente.
544
DES DERNIERS MOUVEMENTS DU SOL
DANS LES BASSINS DE LA SEINE ET DE LA LOIRE
par M. Gastave D0LLFII8
Planche IV
Létude géologique des couches qui composent les bassins
de la Loire et de la Seine révèle de nombreux mouvements
du sol. Leur intérêt pour nous augmente avec leur rappro-
chement relatif vers Tépoque actuelle. Dans les pages qui
vont suivre, j'examinerai les perturbations qui se sont pro-
duites au cours de la période miocène, pendant laquelle elles
ont été tout particulièrement importantes dans notre région,
m'arrôtant à la période qui a immédiatement précédé la
nôtre, au pliocène, qui n'a plus présenté que des modifications
de valeur secondaires
Nous examinerons les événements qui ont accompagné la
lin de l'Oligocène, en prenant pour point de départ le grand
dépôt lacustre désigné sous le nom de Calcaire de Beauce,
principal faciès de TAquitanien dans T Europe occidentale et
qui, formé à une altitude vraisemblablement uniforme, permet
d'apprécier les moindres mouvements du sol survenus depuis
son dépôt. Nous verrons les foruiations Burdigaliennes dans
leur développement et leur fin. L'incursion mai*ine du Falunien,
s<m recul vers l'ouest, et son passage au Redonien et enlin
la situation nouvelle géographique, hydrographique, hypsomé-
trique si ditlerente entre le début du Miocène et sa lin. Le
cadre général est le suivant :
Pliocène
, ( supérieur — Redonien (Tortonien (pars).
Néogene j Miocène ) moyen — Falunien (Helvétien (pars).
/ inférieur — Burdigalien (Langhien (|>ars).
Eogène ( Oligocène . Aquitanien. (Miocène inférieur de
(pars) ( supérieur ( quelques auteui-s).
G. DOLLFUS 545
Étage Aquitamen (Mayer, 1867).
En attendant tfu'une monographie des couches aquitaniennes
tente quelque jeune géologue, nous sommes obligés d'en
résumer les conditions principales. Dans le bassin de Paris,
le Calcaire de Beauce et les Meulières de Montmorency, qui
n'en sont qu'un faciès latéral, occupent une étendue très
vaste dont les limites anciennes réelles nous sont complètement
inconnues. De quelque cùté qu'on se dirige, à TEst, au
Nord, à rOuest on en découvre des Ilots sur les collines les
plus élevées, dans une situation dominante qui ne permet de
tracer aucun rivage, les berges du lac demeurent indéter-
minées. Vers le sud, le Calcaire de Beauce forme une nappe
continue . épaisse . qui passe du bassin de la Seine dans
le bassin de la Loire et s'étend souterrainement jusqu'à
Vierzon et Celles-sur-Cher, elle s'interrompt en ces points
pour reprendre au delà de Saint-Pierre-le-Moutier et sur une
étendue non moins vaste en Auvergne, après une lacune
d'une centaine de kilomètres*
Toute la région située au nord de l^aris offre le faciès des
meulières et l'épaisseur du dép(5t reste toujours médiocre ;
il ftiut descendre à une ligne passant par Trappes, Chevreuse,
Arpajon, la Ferté-Alais, La Chapelle-la-Reine, pour voir la
masse s'épaissir et le faciès calcaire s'établir franchement, sur
les plateaux ; entre Rambouillet et Etampes, on constate sou-
vent le contact de la Meulière sur le Calcaire.
Entre Etampes et Orléans l'épaisseur est au maximum et
elle atteint 70 mètres au moins.
11 nous paraît impossible de séparer le Calcaire de l'Orléa-
nais du Calcaire de Beauce ; dans le Gàtinais seulement ces
deux niveaux sont séparés par une assise argileuse, grume-
leuse, verdàtre, dite Mollasse du Gàtinais. Ce dépôt local,
jusqu'ici sans fossiles, n'atteint ni Etampes, ni Arthenay, ni
Montargis. On a quelquefois qualifié le Calcaire de l'Orléa-
nais de Calcaire <ic Beauce à Hélix, parce qu'en effet auprès
d'Orléans la partie supérieure du Calcaire renferme des
Hélix avec assez d'abondance ; mais c'est une particularité
purement locale ; les Hélix sont abondants tout aussi bien à
la base du Calcaire de Beauce typique, comme à Fontainebleau,
à Villeromain, etc. A Etampes même, le calcaire de l'Orléanais,
bleuâtre, est particulièrement riche en Lymnées et en Planorbes
35.
546 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
de grande taille. On conçoit d'ailleui*s que les Hélix nonl
pas vécu en place sur Timniense lac de Beauce, qu'ils y ont
été entraînés par des rivières afiluentes et se sont échoué>
suivant certaines zones déterminées par les courants qui
régnaient alors dans ce lac.
Je rappellerai enfin que la l'aune des mammifères découverte
à La Ferté-Alais par MM. Munier- Chaluias, Goubert et
Tournouer, tout à fait à la base du Calcaire de Beauce. est
identique à celle du Calcaire de la Limagne, telle qu'on la
recueille aux environs de Moulins (Antliracotherium magnum.
Rhinocéros (Acerotherium) Brivatense, Amphitragulus elegans.
Cette faune est complètement diiférente de celle des Sables
de rOrléanais qui ravinent le Calcaire de Beauce dans le
Loiret et que nous examinerons plus loin.
Donnons un coup d'œil à cet horizon hors du bassin de Paris.
Ouest. — Dans les environs de Rennes les couches assi-
milées au Calcaire de Beauce sont extrêmement réduites,
elles passent inférieurement à l'Oligocène marin et sont
fortement ravinées au sommet par le poudingue de base du
Miocène moyen. Elles me paraissent correspondre au niveau
crOrmoy. Altitude : 4^ mètres. Quelques autres lambeaux sont
connus sur la feuille de Redon.
Dans le Cotentin, nous avons trouvé récemment la preuve,
dans une tranchée à Gourbesville, que le Calcaire d'eau douce
à Ly muées, à Planorbes, à Potamides et à Vivipara, dont
Tàge aquitanien avait été, il y a longtemps déjà, contesté
par M. Vasseur, est bien situé au-dessus des couches à Cor-
bules de l'Oligocène moyen et réellement aquitanien ; il est
raviné par les sables rouges du Miocène supérieur (altitude :
24 mètres).
Est. — En Bourgogne, à la gare même de Dijon, le
Calcaire à Hélix Ramondi, d'aspect assez sensiblement méri-
dional^ avec de gros cyclostomes du sous-genre Otopoma, est
constitué par un magnifique poudingue de couleur rose renfe^
niant des blocs gigantesques de Calcaire jurassique ; il est
adossé par faille à un massif Bathonieu puissant. La même
formation olfre tlivers autres Ilots blottis le long de la coU*
dijonnaise et la flore de Brognon décrite par de Saporta n'en
est qu'un faciès ; là encore nous n'avons qu'une idée ti'ès
imparfaite de l'étendue réelle des lacs aquitanieus (altitude :
î25o mètres).
G. DOLLFUS 547
Je ne poursuivrai pus Texameu des dépôts à Hélix Ramondi
plus loin dans Test. On en connaît dans le Jura, la plaine
Suisse, la Bavière, l'Italie, la vallée moyenne du Rhin, et
M. Sandberger en a fait un tableau remarquable sous la
désignation de Miocène inférieur. Ils sont antérieurs aux
mouvements alpins du Dauphiné et aux soulèvements du Jura,
d'autre part leur dépôt pai*ait postérieur au soulèvement de
la région helvétique des Alpes, restant toujours confinés à
leur pied (Mollasse de la Rochette, près Liiusanne).
Sud. — Je laisserai de côté la question de l'extension
du calcaire de la Limagne vers le sud, il donne la main
pal* le Cantal aux dépôts du bassin de la Dordogne et du
Tarn, car ces régions sont trop éloignées du cadre spécial
que j'envisage et nécessiteraient de longs développements dont
je n'ai d'ailleurs qu'une connaissance personnelle très incom-
plète, et qui sont l'objet des études actuelles de M. P. Giraud.
Nord, — Pour retrouver vers le nord des couches contem-
poraines du calcaire du Beauce, il faut franchir l'Ardenne,
et l'étude du bassin de Bonn-sur-le-Rhin pc^rmet de classer
dans l'Aquitanien de vastes dépôts de graviers à galets rema-
niés de quarz blanc, des grès épars, des argiles plus ou moins
grasses (ai*gile d'Antienne), des grès et des marnes à végétaux
(jui s'écludonnent sur le revers nord du toit Ardennais.
Nous avons vu ces couches plongeant au Nord, intercalées
entre l'argile rnpelienne du Limbourg <]ui renferme la faune
des Sables de Fontainebleau et les sables et grès marins du
Rhin inférieur qui, à Dingden et au Bolderberg, contiennent
une faune inarin(» d'Age Miocène moyen sans aucun doute.
Nous sommes donc fondés à dire que dans l'Europe occi-
dentale la période aquitanienne correspond à un mouvement
général d(» retrait des mers Oligocènes, à une vaste étendue
continentale lacustre, peu accidentée. C'est seulement dans un
petit coin du bassin de la Gironde que nous découvrons dans
les couches de Bazas un équivalent marin. Notre Aquitanien
propre, notre Calcaire de Beauce, ne nous parait correspondre
(ju'à l'Aquitanien inférieur de M. Fallot, au calcaire blanc de
l'Agenais et nous classons déjà dans le Miocène inférieur les
couches marines à Pyrula Lainei qui le surmontent.
Ces détails exposés, si nous examinons l'altitude actuelle
de ces dépôts lacustres, nous serons surpris des mouvements
généraux qui les ont affectés.
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G. DOLLFUS 549
Voici, en elTet, la cote de base du Calcaire de Beauce dans
le bassin de Paris, du Nord au Sud, en choisissant des
points moyens, situés sur la ligne axillaire la plus basse
du bassin de Paris, autant que possible en dehors des limites
extrêmes des perturbations locales créées par le passage des
plis transversaux.
Altitude de la base du Calcaire de Beauce :
AI.TITUDfc
Colline de Villers-Cotteret .... a5a mètres
» » Dammartin aoo —
» » Montmorency .... 166 —
Plateau de Châtillon (Paris) . . . i5a —
» » Palaiseau i44 —
» » Montlhérv i35 —
Ghamarande 120 —
Étampes (faubourg St-Pierre) ... 98 —
Méréville 85 —
Orléans (forage) 4^ —
St-Viatre (Sologne, forage) .... o — .
Nouan (Sologne, forage) 29 —
Theillay (Sologne, Nord de Vierzon). 90 —
La coupe ci-contre, montrera d'une manière frappante cette
disposition générale.
Ainsi la pente régulière au sud des couches passe du
bassin de la Seine dans celui de la Loire par une continuité
parfaite. Il importe d'indiquer que les renseignements donnés
sur la Sologne ont été fournis par divers forages qui n'ont
pas percé entièrement le Calcaire de Beauce et nous commettons
peut-être une erreur de quelques mètres dans l'altitude que
nous indiquons pour sa base, mais cette erreur est très faible
et n'a aucune influence sur le sens général et l'amplitude de
nos informations.
Au sud de la Sologne le Calcaire de Beauce se relève
vivement, il apparaît sous la forme d'une marne blanche,
peu épaisse, pincée entre l'argile à silex de la craie, à la
base, et les sables granitiques de la Sologne, au-dessus ; nous
le connaissons maintenant sur une étendue transversale assez
grande, d'après les travaux de M. Gauchery et suivant une ligne
Est-Ouest, depuis Neuvy-sur-Barangeon (altitude : i38 mètres),
55o VIII'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Theillay-le-Pai lieux au Nord de Vierzon (altitude : loo mètres).
Romorantin (altitude : 71 mètres), jusque vers Thenay et
Pontlevoy, à l'Ouest, où il se termine à Taltitude de
100 mètres. Il est calcaire à Pontlevoy et renferme Hélix
Ramondi, il est raviné tantôt par les sables de rOrléanai»^.
tantôt par les ialuns.
Du point le plus extrême à Test, il faut franchir à vol
d'oiseau, dans la direction du Sud -Est, une distance de
90 kilomètres pour atteindre les premiers calcaires de la
Limagne qui apparaissent au Sud de la ride transversale de
Saint-Pierre-le-Moutiers vei\s l'altitude de 200 mètres, suivant
un affleurement oblique de Decize-sui^ Loire à Aubigny-«^ur-
Allier. Au Sud de cette ligne, le Calcaire de Beauce plonge
au Sud à nouveau ; sa base devient invisible et il se relève
seulement vers Saint-Germain-des-Fossés, où il monte régu-
lièrement au Midi en escaladant le plateau central, faille,
brisé, elfondré, s'appuyant sur toutes sortes de roches anciennes
et s'élevant jusqu'à une altitude qui dépasse actuellement un
millier de mètres.
Le Sancerrois dépendait du Nivernais, il n'était encore ni
surélevé, ni faille : toute cette région ne parait pas cependant
avoir été couverte par le lac de Beauce, car on n'en trouve
aucune trace, elle paraît avoir été contournée par les dépots
aquitaniens.
Si nous considérons le dépôt de Beauce comme déposé
horizontalement sur une vaste surface et à une altitude très
peu considérable, ce qui est appuyé par le fait de la présence
assez fréquente de quelques espèces iluvio-marines comme le
Potamides Lamareki, nous dégageons immédiatement celte
conclusion qu'il s'est soulevé très sensiblement et inégalement
depuis son dépôt, et qu'il s'est soulevé à la fois au Nord et
au Sud, du côté de l'Ardenne et du côté du Plateau Central,
la région intermédiaire solognaise étant restée sensiblement
à son niveau primitif ou ayant subi un effondrement mé<liocre.
Le soulèvement ardennais et celui du plateau central se
placent ainsi comme contemporains et immédiatement posté-
rieurs aux dépôts du calcaire de Beauce, ils sont, d'autre
part, immédiatement antérieurs aux dépôts des sables de la
Sologne et de l'Orléanais qui suivent stratigraphiquement le
calcaire de Beauce dans le temps, et ces mouvements se trou-
vent étroitement fixés. C'est une transformation rapide et
G. DOLLFU8 55 1
complète d'une gi*ande partie de la France. Quand le Miocène
commence, tout un régime haut, montagneux, remplace brus-
quement une vaste étendue de marécages ; des sédiments aréna-
ces, détritiques, torrentiels, prennent la place des boues cal-
caires, tranquilles ; une faune d'animaux légers et coureurs
remplace les lourds pachydermes aquatiques. L'examen des
dépôts subséquents va nous montrer d'autres mouvements qui
aflecteront le Calcaire de Beauce, mais aucun ne présentera
un caractère aussi important.
Etage Burdigalien
Je désignerai sous le nom d'Etage Burdigalien ou Miocène
inférieur la série suivante de couches qui s'observent dans
la France centrale entre le Calcaire de Beauce et les Faluns
de la Touraine. Ce nom créé par M. Depéret me paraît de
beaucoup préférable à celui de Langhien (Pareto) dont on
connaît mal la position stratigraphique et la faune.
5. — Sables quarzeux sans fossiles, de la Sologne.
g 4- — Calcaire de Chitenay, Chevenelles, Montabuzard à
2 i Hélix Tristani et Anchitherium aurelianense.
^ 1 3. — Marne blanche et verte de l'Orléanais à nodules
^ ' calcaires.
§12. — Sables quarzeux de l'Orléanais à Rhinocéros et
'S f Melania aquitanica.
I . — Marne grise et verte de Chaverny, argile plastique
du sud de la Sologne.
Les sables quarzeux ossifères de l'Orléanais et les deux
dépôts marneux qui les encadrent n'occupent qu'une étendue
restreinte dans le Blaisois et l'Orléanais, ils sont, au point
de vue minéralogique, indisting^ables des sables de la Sologne.
On peut croire même que c'est simplement par suite du rôle
protecteur joué par les marnes, contre les infiltrations des
eaux atmosphériques chargées d'acide carbonique, que les
sables de l'Orléanais ont pu conserver leurs fossiles. D'autre
part les sables de la Sologne seraient dépourvus de tout
débris organique parce qu'ils n'ont pas eu de couverture
imperméable et qu'ils ont été lentement traversés par les
eaux météoriques sur toute leur épaisseur.
Les marnes et calcaires de Chevenelles renferment la
55a VIII' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
même faune que le calcaire de Montabuzard et que les
marnes de Suèvre, mais dans ces deux dernières localités
les sables de l'Orléanais manquent et les calcaires marneux
reposent directement sur le Calcaire de Beauce, tout l'ensemble
est puissamment raviné par les sables de la Sologne. Dans
la région de Montargis les sables de la Sologne chaînés de
cailloux, de chailles jurassiques et de silex crétacés ravinent
profondément le Calcaire de Beauce et entament même la
craie sénonienne. On comprend d'après ces détails slratigra-
phiques que nous considérions les sables de l'Orléanais comme
inséparables des sables de la Sologne et que nous n'en
fassions qu'une même masse, de nature et d'étendue facilement
reconnaissable, dont nous allons examiner les conditions hypso-
métriques actuelles.
Les sables granitique? touchent la mer au Havre, à Sainte-
Adresse, où ils reposent à loo mètres environ d'altitude, sur
le Cénomanien. J'en ai étudié des lambeaux isolés, sur le
versant de la Seine de tout le pays de Caux, à une altitude
voisine.
Auprès de Rouen ils occupent les plateaux entre i3o et
i4o mètres, en paquets ou dans des poches sur le Sénonien,
ils suivent la direction de la Seine jusqu'à Paris, montrant des
dépôts toujours isolés sur les plateaux des deux rives :
Rive droite, — Amfreville, i3o m. ; Bacqueville i35 m. :
Les Andelys, i3o m. : Tourny, i4o m. ; Bois Gerôme, i35 m.
Ripe gauche. — L'Essart de Rouvray, 120 m. ; Elbeuf.
i3o m. ; Vironvay, i3o m. : Heudebouville, ï4o m. ; Gaillon
i4o m. ; Vernon, i35 m, ; Perdreauville, i3o m. ; Jumeauviile.
i35 m. ; Les Alluets, 170 m. ; Ville d'Avray, i4o m. ; Chalil-
lon, i55 m.
Ils ne s'éloignent guère de la Seine sur la rive droite et.
en amont de Mantes, ne se trouvent plus qu(î sur les plateaux
de la rive gauche. Mais dans Touest leur extension est
considérable, on les connaît sur les plateaux de la Rille à
120 m., aux environs d'Évreux (La Madeleine ï4o m.), à
Couches, i55 m., et jusqu'au pied des collines du Perche à
Breteuil (170 m.) et vers La Ferté Vidame à 190 mètres.
A Paris, ils quittent la vallée de la Seine pour se diriger
directement au sud : Orsav, i55 m. : Dourdan i65 m.:
Lardy i4'> ui. ; Etampes, i45 in. ; Méré ville 140 m. ; Outar
ville, i3o m. ; Neuville-aux-Bois i3o m. ; Orléans, 120 in.
G. DOLLFUS 553
Leur extension à Test jusqu'à Montargis est équivalente à
leur étendue à l'ouest, jusqu'à Châteaudun, à droite et à
gauche de la ligne axillaire que nous avons cotée.
Au sud d'Orléans, ils plongent rapidement pour remplir la
cuvette de la Sologne, ils contournent le Sancerrois, suivant
une courbe qui monte de 1^5 m. à Chatilion-sur-Loire, à
i85 m. à Nancay ; ils pénétrèrent au sud, en suivant la vallée
de la Loire, en couronnant les plateaux riverains de gauche :
Beaulieu 174 "i- î Léré 176 m. ; BouUeret 178 m. ; St-Bouise
i85 m. ; Cours les Barres 196 m. ; La Guerche sur TAubois
2o9 m. ; Mornay-sur-Alliei' 226 m. ; Le Veurdre 228 m. ; s'éta-
blissant à une trentaine de mètres au dessus du val de la
Loire et de l'Allier, donnant la main au granit décomposé
des premiers contreforts du plateau central.
Dans l'Ouest, les sables granitiques s'avancent jusqu'aux
Faluns et cette mer s'est appropriée leurs débris. Us se
découvrent encore en une bande sur de rivage nord par
Vendôme, Blois, Ghàteau-Lavallière, et une bande sud par
Romorantin, Valençay, Buzençais , Mézières en B renne ,
Tournon-sur-Creuse, se reliant à des dépiMs analogues décrits
aux environs de Poitiers. Il est enfin nécessaire d'indiquer
que les Sables de la Sologne sont extrêmement difficiles à
distinguer des Faluns sableux décalcifiés. Nous avons fait
constater ce point important aux géologues du Congrès géolo-
gique (iDoo) international qui oùt bien voulu nous accompagner
en Touraine,
Il n'y a plus aucun doute aujourd'hui sur l'origine et la
nature de ce vaste alluvionnement qui, parti du plateau central,
s'est déversé dans la Manche. Sa marche au nord s'étend
lorsque la dépression de la Sologne se trouve comblée et
elle se trouve grandement facilitée par la faille de Sancerre
en particulier, faille qui trace dès lors le régime de la
Loire future. Le déversement dans le bassin de Paris n'est
pas douteux, mais le courant n'y poursuit pas sa route
jusqu'à la limite nord du bassin, il est arrêté à mi-chemin par
le relèvement de la formation de Beauce vers l'Ai denne et il se
détourne, à la hauteur de Paris, vers la Manche, en esquis-
sant déjà le cours inférieur de la Seine. Ces sables grani-
tiques ravinèrent profondément toute la région nord-ouest du
bassin de Paris ; entre la Seine et l'Eure on constate des
arrachements énormes, toute l'épaisseur même du Tertiaire est
55^ VUI^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
enlevée sur la surface de la Seine Inférieure, et, le sillon de
Paris à la mer est ainsi préparé par la violence du courant
des eaux de FAUier avec son cortège de sables du plateau
central.
Les événements marqués par ce déversement naturel avaient
lieu sur une surface très difTérente de la surface actuelle,
à une altitude très faible et suivant une pente régulière : les
couches du bassin de Paris n'étaient point encore bien plissées,
les faibles ondulations qu'elles avaient subies s'étaient trouvées
comblées et arasées pendant les périodes suivantes.
D'autre part il n'y a aucune tra;ce de débris volcaniques
dans les sables granitiques de la Sologne, le plateau central
était bien soulevé, mais aucune éruption n'en avait encore
surélevé la surface. Comme la Loire actuelle entraîne des
débris basaltiques bien reconnaissables sur tout son cours,
et que le Diluvien aux environs d'Orléans contient des
fragments volumineux de roches volcaniques, on peut être
assuré que si ces roches avaient existé en Auvei^e au
moment du transport des sables granitiques de la Sologne,
nous en trouverions, sur leur passage, des débris caractéris-
tiques. Il n'en existe pas davantage de traces dans les dépôts
faluniens marins, ce qui reporte au Miocène supérieur, au
plus tôt, la première apparition du vulcanisme en Auvergne.
Décrivons maintenant l'événement qui a mis fin à l'allu-
vionnement granitique dans le bassin de la Seine- Allier et qui
a séparé ce bassin en deux parties pour en faire celui de
Paris et celui de la Loire.
Étage Falunien d'Orbigny (i85i)
Je ne puis me résoudre à employer le nom d'Helvétien
pour nos faluns de la Touraine ; ce nom d'étage créé par
Mayer, en 185^, est pour moi un très mauvais type. L'Helvé-
tien de la plaine suisse commence dès l'Aquitanien et il se
prolonge dans l'Oeningien, c'est une longue série de Mollasses
dans laquelle les subdivisions sont très difficiles, les fossiles
marins sont rares, irrégulièrement localisés et fort mal
conservés, ce n'est un type, ni au point de vue stratigraphique.
ni au point de vue paléontologique. Le nom de Falunien
d'Orbigny est d'une autre valeur, il représente une faune
typique, superbe, étroitement limitée au point de vue strati-
G. DOLLFUS 555
graphique, c'est une courte invasion de la mer miocène
moyenne en plein continent, les sables coquilliers ravinent
les sables de la Sologne, le calcaire de Beauce ou la craie,
ou mt^me dos couches plus anciennes jusqu'au Précambrien.
Ils sont ravinés d'autre part, dans une région seulement de
rOucst, par des sables rouges, d'une mer d'une toute autre
étendue, renfermant une faune miocène supérieure distincte, à
laquelle nous avons donné le nom d'Etage Redonien.
Quoi qu'il en soit, le Falunien vrai comporte deux faciès
dans le bassin de la Loire : un faciès sableux grossier à
gastéropodes et à coquilles roulées innombrables, en lits obli-
ques, avec des débris d'ordre divers, cailloux, bois flottés,
ossements de mammifères, ayant son type à Pontlevoy,
Manlhelan, Ferrières- l'Arçon, type dit Pontilévien, et : un
faciès marin plus profond, calcaire, à débris fins, nombreux
Bryozoaires, Polypiers, Kchinides, Pectinida*, souvent endurci ;
faciès qui occupe» longitudinalement les points les plus profonds
du golfe Falunien et qui a son type à Savigné, d'où le nom
de Savignien donné à cet aspect, venant de Contres, Sambin
et se dirigeant vers Beaugé, Rennes, Dinan.
L'ouverture de ce golfe profond était entre Dinan et Dol,
il gagnait Rennes directement au sud pour épouser ensuite
obliquement la direction du grand anticlinal Précambrien
central de la Bretagne et de l'Anjou. C'est évidemknent à la
faveur d un fléchissement, d'un effondrement de cette clé de
voûte que la mer de l'Ouest s'est avancée jusqu'au centre du
pays, jusqu'à Blois, Loches et Chàtellerault.
Je grouperai les altitudes actuelles des Faluns comme suit :
Entrée du Golfe. — Saint- Juvat, Le Quiou, Saint- Judoce,
12 à 20 mètres, Trefumel, 20 à 4^ mètres.
Ride transversale, — Guitté, Bécherel, 76 mètres; Médréac,
Landujan, La Chap(dle-du-Lou, 80 mètres ; Feins, 95 mètres.
Environs de Rennes. — Saint (irégoire, 35 à 4^ mètres ;
Saint-Jac(iues, ^o à 4»^ mètres ; Noëllel, 5o mètres ; Noyant-
la-Gravoyère, 60 mètres ; Chazé- Henry, 05 mètres; Saint-
Michel et Chanveaux, 66 mètres.
Ilots du nord. — Noyant-Méon, 87 mètres ; Genneteil, 78
mètres ; Auverse, 85 mètres ; Savigné, 92 mètres ; Rillé,
88 mètres.
Ilots du sud. — ligné, 65 mètres; Aubigné, 70 mètres;
556 Vlir CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Saint-Saturnin, 70 mètres ; Doué, 70 mètres ; Ambillon, 70
mètres; Noyant-la-Plaine, 78 mètres; Gonnord, 80 mètres.
Fond du bassin sud, — Mirebeau, 110 mètres ; Chamizay.
i34 mètres ; Paulmy, ii4 mètres ; Manthelan, 108 mètres;
Bossé, 112 mètres.
Fond du bassin est. — Pontlevoy, 108 mètres; Soin^ de
125 à i34 mètres; Contres, 120 mètres; Ville-Baron (Blois),
106 mètres; Oisly (maximum connu), i38 mètres.
Ces altitudes qui sont régulièrement croissantes vers l'Est
présentent une perturbation importante, c'est celle, à l'entrée
du golfe, de l'accident transversal de Gahard-Laval, sur lequel
les dépôts faluniens identiques à ceux de Dinan, d'une part et
de Rennes de l'autre, se trouvent portés à une altitude
exceptionnellement élevée et contrastante, plus élevée de ^o à
5o mètres que les dépôts latéraux. Comme il est impossible
de supposer que toutes ces couches si voisines ne se sont
pas déposées à une altitude uniforme et sous une profondeur
d'eau égale, nous sommes conduits à admettre un mouvement
important du pli de Gahard postérieurement au Miocène
moyen. Ce vieux synclinal aurait ainsi rejoué à cette époque
relativement récente et nous pensons qu'il s'est relevé encore
postérieurement au Miocène supérieur ; c'est la seule manière
d'expliquer les cours parallèles et contradictoires de la Rance
et de rille qui coupent perpendiculairement cet accident.
Cette particularité écartée, nous observons que les couches
des Faluns par une altitude régulièrement croissante vers l'Est,
sont à leur maximum d'altitude (138*"), au fond du golfe.
Comme elles offrent d'ailleurs un faciès identique entre elles
depuis les îlots les plus occidentaux et que leur dépôt
bathimé trique original a jdh être identique aussi d'un bout à
l'autre, nous pouvons en conclure à la nécessité d'un relère-
ment de i3o à i5o mètres au moins de la Sologne et de la
France centrale depuis le dépôt des Faluns.
Nous observons en môme temps que ce soulèvement est à
peu près équivalent au soulèvement au-dessus de la mer des
sables granitiques dans le bassin de Paris ; et nous constatons
aussi que la mer des Faluns n'a pas gagné le bassin de
Paris, arrêtée par le relèvement du Merlerault. Nous conce-
vons l'époque des Faluns comme se terminant par un mouve-
ment général de soulèvement de la France centrale combiné
avec un autre de plissement dans le Bassin de Paris entrai-
G. DOLLFU8 667
nant la retraite de la mer vers TOuest. Elle traçait dans son
retrait le cours inférieur TAllier-Loire et créait à Técoulement
des eaux une nouvelle voie vers TOuest, dans une région que
les eaux n'auraient jamais pu suivre, sans le secours de
l'invasion et de la dénudation marine.
Dès lors Talluvionnement granitique cesse dans le bassin
de Paris, il descend à la mer par le golfe de la Loire
maritime, le sol se plisse et les sables de la Sologne parti-
cipent à ce plissement ; tout le plateau se soulève et prend
Taspect et l'altitude que nous constatons aujourd'hui ; le
travail de sculpture hydrographique recommence à nouveau
en employant grossièrement les lignes principales que les
mouvements antérieurs ont préparées.
Il est impossible d'accepter pour ces mouvements les idées
de Suess qui suppose que tout s'est passé par affaissements
régionaux, nous ne pouvons admettre que tout le Calcaire de
Beauce se soit déposé dans un lac situé à plus de mille
mètres d'altitude comme sont situés certains de ses lambeaux
en Auvergne : et Talternance des dépôts marins et continen-
taux, nous oblige à croire à des mouvements alternatifs de
soulèvement et d'affaissement d'ensemble, sur une vaste sur-
face, pour toute la région neustrienne.
Étage Redonien
J'ai été amené à créer l'an passé l'Etage Redonien, ou
Miocène supérieur, pour y classer des sables calcareux, fossi-
lifères, marins, renfermant une faune spéciale, et dont il ne
nous reste plus (jue des îlots épars en Bretagne, dans l'Anjou,
la Vendée et le Gotentin. Nous n'avons pas voulu employer
l'expression de Tortonien parce que nous considérons ce type
comme défectueux. On rencontre à Tortone un argile peu cal-
caire, bleuâtre, avec nombreux Pleurotomes, comme il s'en
forme encore dans les mers profondes et (jui se retrouve
identique à plusieurs niveaux aussi bien dans le Miocène
inférieur que dans le Miocène moyen et supérieur, même plus
haut encore, ainsi que M. G. de Stéphani Ta démontré. Ge
n'est pas un étage, c'est un laciès, et cette localité ne pos-
sède ni les caractères stratigraphiques, ni les preuves paléon-
tologiques nécessaires pour désigner une des grandes étapes de
la Géologie.
558 VUl" CONGRES GEOLOGIQUE
Hretag'ne. — Nous plaçons le type de notre éta^ à
Rennes, où M. Lebesconte a découvert au hameau dWpigné
(altitude : 25 mètres) des sables rougeâtres bien fossiiilëres.
Ces sables descendent jusqu'au niveau de la Vilaine (à i6
mètres) pour remonter au Temple-ilu-Cerisier et à la Qian>-
seyrie. vers 40 mètres (faltitude, où ils reposent sur le>
Faluns Miocènes typicjues qu'ils ravinent nettement et ils -^en
distinguent aussi bien par leur constitution minéralogique qae
[)ar leur faune.
Mayenne. — Nous classons à ce niveau le gîte de Beaulieu
( altitude 85 mètres ) connu depuis longtemps et dont
M. Œhlert a bien voulu nous communiquer une série de
fossiles appartenant au Musée de I^val. Ce sont des sables
argileux, rouges, reposai nt directement sur les schistes pré-
cambiîens.
Anjou. — Au nord de la lx)ire l'ancien gisement de
Sceaux (altitude : 4»^ mètres) repose sur les scliistes [»ivcaui-
briens dans une dépression contiguë à celle qui renferme
des faluns miocènes typiques. A Thorigné les sables i-edonien'^.
mal visibles aujourd*hui, sont dans une position culminante
(5o mètres) recouverts par un manteau épais de sable et
graviers d'âge et de nature encore indéterminés. A Saint-
Clément-de-la-Place, le gite sur le granité, à Cyo mèti-es, est
extrêmement limité, mais il a fourni une faune abondante
à M. Dumas, notre savant confrèi*e de Nantes.
Loire-Inférieure. — Dans la région <le la Loire-Inférieure,
on ne trouve pas de vrais faluns : tous les gisements signalé^
consistent en sable et graviers rougeâtres appartenant au
Miocène supérieur et les sables rouges, étendus, fossililere'^
par places, signalés par M. Davy, de Chateaubriand, dans la forêt
de GAvre sont du même âge. Nous avons pu étudier la faune «lu
Loroux-Bottereau (gîte de la Dixmerie) d'après les belles
fouilles nouvelles de MM. L. Bureau et Dumas, de Nantes, et
nous avons trouvé une faune identique a celle du Redonien.
<le Bennes et de Gourbesville dans le Cotentiu. Ces dépôts de
la Loire- Inférieure se relient à ceux de la Vendée, de
Vieillevign(\ de Montaigu, explorés par le docteur Mignen, de
Palhiau, Challans, et à celui de I^ Chapelle- Hermier, décou-
vert par M. Wallerant.
11 faut, croyons-nous, classer encore, comme dépôts de la
mèuie mer, des sables rouges fort étendus, décalcifiés, en
G. DOLLFUS 559
a mus, sur le plateau du Bocage vendéen. L'Ouest de la
Bretagne parait avoir formé alors une île, on n'y connaît pas
de dépots analogues et la communication de FOcéan avec la
Manche se taisait alors directement par Rennes et l'IUe-et-Vilaine.
Il est vraisenil>lable que cette mer r(»donienne était fort
irrégulière, quune plaine maritime navait pas pu encore
s'établir, que de nombreux rochers, de nombreuses îles,
encombraient les communications. Je ne crois pas cependant
(jue cette formation se soit déposée dans quelques fjords,
dans des golfes plus ou moins resserrés, occupant sensiblement
remplacement actuel de nos vallées. Nous ne nous trouvons pas
en présence des sédiments argileux, calmes qui caractérisent ces
défilés profonds. Je ne puis admettre l'hypothèse des tjords
que pour le Pliocène, que pour les dépôts argileux de Redon
ou du Bosq d'Aubigny, qui contrastent avec les dépôts sableux
et graveleux du Redonien, elle est inapplicable encore plus
à rÉocène et à l'Oligocène, de la même région, telle que
M. Vasseur l'a préconisée, il y a longtemps déjà. Nous
considérons l'Eocène et l'Oligocène de l'Ouest comme ayant
été autrefois fort étendus et que ces mers ne nous ont laissé
leurs traces que dans leurs plis synclinaux, dans leurs clienaux
marins profonds, car les belles faunes que M. Cossmann est
en train de décrire ne sauraient avoir fait partie que d'une
mer fort vaste, bien ouverte, occupant un niveau élevé,
(entraînant la submersion de toutes les terres du voisinage.
La distinction des sables de Rennes et des Faluns de la
Touraine est importante au point de vue spécial des mouve-
ments du sol qui nous occupent. A la lin du Miocène
moyen la mer a abandonné le Blaisois et la Touraine, elle
s'est reportée au-delà du Loir et le Miocène supérieur arrive
dans des conditions toutes nouvelles. Le faciès profond Savi-
gnéen quitte le t(»rritoire ; la région de la Loire -Inférieure,
la Vendée s'affaissent, l'Océan Atlantique s'avance directement
en Anjou, la communication au Nord par Dinan et Dol
reste ouverte, car la faune du Cotentin est identique à celle
de Rennes et la mer du Calvados par le grand Vey commu-
nique directement avec la baie du Mont Saint-Michel.
La connaissance de ces dépôts reporte à la lin du Mio-
cène la disparition de la mer de la Bretagne et de la vallée
de la Loire, elle n'y entrera plus au Pliocène qu'à l'état
d'estuaire dans quelques larges vallées, jusqu'à Redon, jusqu*à
56o YUP CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Périers par exemple ; nous arrivons à la conclusion que le
Miocène se termine par une émersion continentale comme
il avait commencé ; il s'encadre entre deux régressions, très
générales dans TEnrope entière, et qui peuvent fournir mi
appui sérieux à la classification générale.
C'est ce relèvement d'une cinquantaine de mètres s'ajou-
tant à un relèvement moyen un peu supérieur du Miocène
moyen qui nous conduit à la courbe de no à lao mètres
qui enclôt les dépôts miocènes tels que nous les connaissons
.et les avons figurés sur notre Carte, et jusqu'au soulèvement
général de i3o à i5o mètres dont nous avons parlé.
L'état de choses actuel dans le bassin de Paris semble
donc bien avoir pris naissance au cours du Miocène par une
série d'événements que nous avons détaillés. Depuis, la surface
continentale élevée et plissée parait n'avoir subi <|ue des
modifications sculpturales provoquées par la marche normale
de l'hydrographie.
Au Pliocène, la Seine occupait déjà sensiblement l'empla-
cement actuel comme le démontrent les hauts graviers que
nous avons étudiés sur la carte géologique de Melun, sur
celles de Paris, d'Evreux et de Rouen que nous avons levées,
elle s'est approfondie sur place et aucun mouvement spécial
du sol ne parait être intervenu comme ayant modifié la posi-
tion relative de ces dépôts continentaux.
Pendant la durée du Pléistocène la mer de la Manche
s'est considérablement agrandie, le Pas-de-Calais s'est ouvert,
le volume des précipitations atmosphériques s'est modifié et
le régime torrentiel des grands cours d'eau a pi*obableinent
régné jusqu'à la mer, il s'est reculé aujourd'hui jusque dans
les régions montagneuses ; on peut signaler quelques mouve-
ments du sol des régions côtières et diverses intercalations
de dépôts marins et fluviatiles, diverses submersions et
émersions partielles. Mais ces mouvements ont tous été
d'importance secondaire et locaux ; il n'entre pas dans notre
cadre de les rappeler ici.
56i
SUR LE SILURIEN DE BELGIQUE
par M. C. MALAISE
Ce travail représente Tétat de nos connaissances actuelles,
sur le Système Silurien de la Belgique et, plus spécialement,
le résultat de nos recherches dans le massif du Brabant et la
bande de Sambre-et-Meuse. C'est le résumé et la coordination
d'observations faites depuis plus de quarante années. Cet exposé
me paraît d'autant plus utile, que la constitution du Silurien
de Belgique est généralement peu connue et mal interprétée
des géologues étrangers.
Le Système Silurien, dans sa plus large acception, compre-
nant le Silurien inférieur ou étage cambrien ; le Moyen ou
étage ordovicien, et le Supérieur ou étage gothlandien, se
trouve au sud et au centre de la Belgique.
SILURIEN DU SUD DE LA BELGIQUE
Massifs de l'ArdeiNNe
Le Silurien inféri(»ur ou Cambrien du sud de la Belgique,
ou de TArdenne (Terrain ardennais de Dumont), constitue
quatre massifs situés aux environs de Rocroy, de Stavelot, de
Givonne, près de Sedan, et du moulin de Serpont, près de
Recogne ; les deux derniers sont peu développés.
Peu de fossiles ont été signalés en Ardenne et, parmi ceux
qui ont une réelle valeur paléontologiqne, on ne peut guère
citer que Oldharnia radiata et Oldhamia antiqua, trouvés
dans les massifs de Rocroy et de Stavelot, dans les couches
réputées inférieures ; et Dictyonenia sociale {D, flabelliformis)
dans le massif de Stavelot, dans des couches qui occupent
une position relativement élevée dans le Cambrien.
J'ai signalé dans le même massif de Stavelot et dans des
couches supérieures au Dictyonema sociale, des traces de
Lingulocaris linguUvcomes, J'ai également rencontré des traces
de Scolvthes, dans les couches noires des massifs de Stavelot
et de Rocroy, et dans ce dernier, Protospongia fenestrata à
Laifour.
36
56a \IW CONGRÈS GÉOLOGIQUE
On a aussi signale dans le Caïubrien de l'Ardenne des
fossiles, dont le genre seul a été indiqué et d'auti^s pour les-
quels on a lait des assimilations qui ne j>araisseut pas jus-
tifiées, et dont quelques-unes sont même improbables.
Le Silurien inférieur oii Cambrien parait exister seul en
Ardenne, où il est entouré et recouvert en sti*atifieatioii, géné-
ralement discordante, par des couches que Ton considère
comme constituant la base du Dévonien inférieur.
^'oici la légende du Système Cambrien de TArdeniie, adoptée
par le Conseil de «lirection de la Commission géologique «le
Belgique, pour la carte au 4o.ooo«.
Ëtaye salmien (Sm).
Salmien supéiueur (Smii),
Snrj. IMiylladcs ottrélitifèrcs (o), manganésifèrcs (lun), oligisteux
ou oligistil'èrcs (fe), coticule (c).
Salmien inferieuk (Smi).
Smj, Quarzophyllades et phyllades, Dictj'ogroptus fJahelUformis
( Dwtyon ema sociale) .
£lage revinîen (Hv)*
Hi\ Quarziles gris bleu et phyllades noirs de Rcvin.
Etage devillîen (A»)
DevILLIEN supérieur (J)\"J).
J)k^!2. Quarzitc vert et phyllade violet ou gris verdAtre «ie Deville
et de Fumay, souvent avec magnétite. Oldhamia.
Devillîen inférieur (D\fi)
Dvi . Quantité blanchâtre ou verdfttre (Hourt).
SILURIEN DU CENTRE DE LA BELGIQUE
L(» Système Silurien forme, dans le centre de la He]gi<]ue.
le massif du Brabant et la bande de Sainbre-et-Meuse.
Massif du Bradant
Dans le centre d(^ la Belgique, principalement dans le
Brabant, le système silurien forme un massif d'une certaine
étendue, dont, la plus grande longueur est de cent et dix kilo-
mètres, avec une largeur maxima de vingt-cinq kilomètre?.
Mais il est recouvert dans la plus grande partie de son
c. Malaise 563
étendue par des formations plus récentes, secondaires, ter-
tiaires et quaternaires : il n'aflleure guère que dans les
vallées plus ou moins profondes, creusées par les cours
d'eau : lu Senne, la Sennette, la Samme, la Dyle, TOrneau,
etc., et leurs aflluents. C'est Tancieu massif ardoisier du
Brabant de d'Omalius d'Halloy et le massif rhénan de Dumont.
Le Système Silurien y est représenté, par le Cambrien au nord,
rOrdovicien au centre, et le Gothlandien au sud, au voisinage
du Système Dévbnien.
La vallée de l'Orneau, de Gembloux à Mazy, par Grand-
Manil, grâce à des allleurements convenables où des exi)loitations
de pierres ont été faites, grâce aussi aux tranchées du chemin
de fer de Gembloux à Taniines, montre une bonne coupe de
rOrdovicien et du Gothlandien. avec leurs différents niveaux
fossilifères, à l'exception de celui à Monograptus colonus,
M. le professeur J. Gosselet avait trouvé, en 1860, à
Grand-Manil, près Gembloux, dans le massif du Brabant, et à
Fosse, dans la bande de Sambre-et-Meuse, des espèces fossiles
caractéristiques de la faune seconde silurienne : je fis des
explorations «lans les mêmes massifs ou bandes, et trouvai de
nombreux gisements et de nouvelles espèces siluriennes. On
admit alors que ces formations, qui avaient été considérées
par A. Dumont, comme appartenant à son terrain rhénan,
c'est-à-dire comme Dévonien inférieur, devaient être rangées dans
le Système Silurien.
Kn 18^3, je publiai un « Mémoire sur le Silurien du centre
de la Belgiqm» ». Les cinquante - deux espèces que je fis
connaître appartenaient presque toutes à la faune seconde, au
Caradoc supérieur, et quelques-unes au Llandovery. Je consi-
dérai alors le massif du Brabant et la bande de Sambre-et-
Meuse, comme appartenant au Silurien Moyen ou Ordovicien.
Ces formations ont été depuis lors, de ma part, l'objet de
nombreuses rech(*rches qui ont fait retrouver dans l'Ordovicien et
le Gothlandien, la plupart des assises et des niveaux fossilifères,
ou graptolitiques, reconnus dans les Iles Britanniques et la
Scandinavie. Cette grande analogie justifie Temploi (|ue je
fais, pour désigner les assises, des noms employés dans la
région classique du pays de Galles.
En 1877, j'ai constaté la présence de Oldhamia radiata et
Oldhamia antiqiia dans différents endroits du massif du
Brabant. Comme conséquence de cette découverte, j'ai assimilé
564 Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
la partie nord du dit massif, au Silurien inférieur ou Canibrien.
Les Oldhamia ont été rencontrés au même niveau dans des
schistes verdàtres en deux points éloignés de vingt cinq kilo-
mètres, et également constatés dans des schistes supérieurs
et dans des scliistes inférieurs aux premiers. Quelles que
soient les idées que Ton ait sur la nature des Oldhamia^ ces
traces caractéristiques n*ont été rencontrées que dans les cou-
ches inférieures du Cambrien.
Série inférieure ou Cambrien
On trouve, à Blanmont, des Quarzites verdàtres et gris
bleuâtre, devenant roiigeâtres ou blanchâtres par altération.
Traces de Oldhamia, dans les joints schisteux. A Tubize,
Ph}'llades gris-bleuâtre ou gris-verdâtre aimantifères : quar-
zites et phy'llades quarzifères, avec niagnétite, passant au
quarzO'phyllade et au psammite, par altération : Oldhamia
radiata, Oldhamia antiqua.
A. Oisquercq, terminant le Cambrien ; schistes gris ou
bigarrés, avec traces de Oldhamia,
SÉRIE MOYENNE OU OrDOVICIEX
A la base, on rencontre, à Mousty, Phj'Uades ou schistes
noirs ou graphiteux, avec phtanite. En l'absence de fossiles
je ne sais à quoi les rapporter : Peut-être à l'Arenig ?
A Villers-la-Ville : quarzoph)dlades gris-bleuâtre à fucouies,
grès Jaunâtres, grisâtres, plus ou moins pailletés, passant au
psammite par altération.
Les fucoïdes ont été rapportées par Kug. Coemans au
genre Licrophycus et nommé L. elongatus, A la partie supé-
rieure, j'ai trouvé Lingula sp, — Peut-être Llandeilo ?
On trouve à Gembloux, dans le Caradoc : schiste ou phyl-
lade quarzeux, plus ou moins psammitique et pailleté, bleuâtre,
grisâtre, ou bigarré des deux teintes,
A Grand-Manil, schiste ou ph}'llade quarzeux, noirâtre ou
bleuâtre, plus ou moins pailleté et pyritifère.
Ces roches contiennent de nombreux fossiles caractéristiques
du Caradoc : nous en donnons ci-après la liste, c'est le gîte
le plus exploré. La plupart des espèces, tout au moins les
caractéristiques, se retrouvent au même niveau à Fauquez
(Ittre), à Hennuyères et en différents points aux environs de
Rebecq.
C. MALAISE
565
Crustacés.
Lichas laxatus. Me Goy.
Zethus verrucosus, Pand.
Cheirurus globosus, Barr.
— juvenis. Sait.
Phacops sp.
Illœnus Bowmanni, Sali.
— Davisii^ Sali.
Asaphus? sp, (hypostôine).
Ilomalonotus Omaliusi, Mal.
Ccdjrmene incerta, Barr.
Ampjyx nuduSy Murch.
Trinucleus seticornis, His.
Beyrichia complicata. Sait.
Primitia {Beyrichia) strangulata.
Sait. .sp.
Céphalopodes
Lituites cornu-arietis, Sow.
Phragmoceras sp,
Cyrtoceras sp,
Gomphoceras sp,
Ortlioceras attennatum ? Sow.
— belgicum, Mal.
— buliatuni ? Sow.
— vagans. Sait.
— vaginatum? Schloih.
Ptéropodes
Hyolites sp,
— sp.
Tentaculites anglicus. Sali.
Conularia Sowerbyi, Defr.
Gastéropodes
Baphistoma lenticularis, Sow.
Uolopea striatella. Sow. sp.
Cjrclonema crebristria, Me Goy.
Bellerophon acutus, Sow.
— bilobatus, Sow.
— carinatus, Sow.
Pleurotomaria latifasciata, Portl.
Lamellibranches
Orthonota sp,
Grammysia 9p.
Cjrpricardia sp.
CucuUella sp.
Nucula sp.
Ctenodonta sp.
Cardiola sp.
Modiolopsis orbicularis, Sow.
Myalina sp.
Avicula sp.
Brachiopodes
Atrypa marginalis, Daim.
Leptœna sericea, Sow.
Strophomena antiquata, Sow.
— corrugatella, Dav.
— euglypha. Daim.
— imbrex^ Pand., var,
semiglobosa.
— rhomboidalis, Wilk.
— tenuistriata^ Sow.
Orthis Actoniœ, Sow.
— biforata, Sehloth. sp.
— calUgramma, Daim.
— flabellulum, Sow.
— grandis, Sow.
— hirnantensis. Me Goy.
— porcata^ Me Goy.
— testudinaria. Daim.
— vespertiliOy Sow.
Bryozoaires
Betepora sp.
Ptilodyctia complanata, Me Goy.
Annélidrs
Serpulites longissimus, Murch.
Gystidées
Sphœronites stelluliferus. Sait.
Gkinoïdes
Tiges d*enerines.
Hydroïdbs
Clirnacograptus coudât us ^ Lapw.
— styloideus, Lapw.
— tubulif er us, LB,pw.
AnTHOZO AIRES
Petraia elongata, Phill.
— subdupUcatUy Me Goy.
Heliolites tubulatus, Lonsd.
- favosus, Me Goy.
566 VUI' GONGRès GÉOLOGIQUE
Un seul gîte, Fauquez (Ittre), nous a donné quelques
espèces non rencontrées à Grand-Manil :
Ling^la aff.semig'ranulaiayMc Coy Sphœronites punctatiis, Forbes.
Echinosphœrites ( Sphœronites ) Favosites gothlandica^ L. sp.
munitus, Forbes.
SÉRIE SUPÉRIEURE OU GOTHLANDIEN
On trouve à Grand-Manil au-dessus des roches fossilifères,
contenant les espèces caractéristiques du Caradoc. du schiste
grisâtre, celluleux, contenant les fossiles du Llandovery, et
en même temps des traces d'une porphyroïde.
Crustacés Ptéropodbs
Lichas sp. Tentaculites sp,
Acidaspis sp. Gastéropodes
Cromus sp. Euomphalm trochostylus.
détruis sp. Diverses espèces très imparfaites.
Amphion sp.
Sphœrexochus miras, Beyr. Brachiopodes
Cheiruriis insignis, Beyr. Orthis lata, Sow.
— sp . (têtes et hy postômes) Divers fragments en mauvais étal.
Phacops Stokesii. Milne-Edw. Bryozoaires
Illœnus parvulnsy Holm.
— sp,
Trinucleus sp. Cystidées
Turrilepas sp. Plaques de Sphœronites sp.
Céphalopodes Crinoïdes
Orthoceras sp. Tiges d'encrines.
A un niveau plus élevé, des schistes noirâtres avec quar-
zites^ renferment des graptolithes caractéristiques du Llando-
very :
Diplograptus modestus, Lapw.
— vesiculosus ? ^ich.
Climaeograptus uormaliSy Lapw. (Climacograptusscalaris, L. sp. var.).
— rectangularis, McCoy.
Dimorphograptus elongatus, Lapw.
— Swanstoni, Lapw.
Monograptus gre gariu s , Lapw . (Monograptus sagittarius, His.).
— leptotheca, Lapw.
— tenais, Portl. (Monograptus discretus, Nich.).
Des eurites ou rhyolithes anciennes apparaissent au milieu
de ces schistes.
Ptilodictya scalpellum, Lonsd.
C. MALAISE 567
Ce niveau à graptolithes se retrouve également à Som-
brefFe, à Nivelles, à Fauquez (Ittre), à Cortil-Wodon, etc.
A quelques centaines de mètres plus au sud, on observe
des schiste, quarzite stratoïde et psammite feuilleté avec des
graptolithes du niveau de Tarannon ou Llandovery supérieur:
Mono^raptus bohemicus, Barr. Monograptus proteuSy Barr.
— f^alaensis ? LApw. — cf. S edgwicki, }^or\\.
— cf. personatus, Tullb. — subconiciiSj Tornq.
— priodon, Bronn. P rotOK'irgul aria dichoto ma, Me Coy
Près de la poudrière, abandonnée, de Corroy-le-ChAteau,
des schistes ou phyllades gris-bleuâtre, avec traces de cal-
cite et d'aragonite, montrent quelques espèces de Wenlock :
Hetiolites Geinitzianus, Barr.
Monoclimacis (Monograptus) vomerina, Nich. sp,
A Monstreux, près Nivelles, des schistes ou phyllades
gris-bleuâtre et gris-noirâtre, et psammites, contiennent : Mono-
graptus colonus, Barr., espèce caractéristique du Ludlow.
Bande de Sambre-et-Meuse
Entre les massifs siluriens de TArdenne et celui du Brabant.
se trouve une bande étroite de Silurien, la bande de Sambre-
et-Meuse (uiassif rhénan du Condroz de Dumont) parallèle à
ces deux cours d'eau. Elle divise, comme on le sait, le massif
dévonien et carbonifère belge, en deux bassins, celui du
nord ou de Xamur et celui du sud ou de Dinant. Je n'y ai
trouvé que TOrdovicien et le Gothlandien.
La bande de Sambre-et-Meuse, parallèle d'abord à la Meuse,
puis à la Sambre, se dirigeant de Test à l'ouest, offre son extré-
mité orientale à H(»rmalle sous Huy, passe à Huy, Naninne,
Dave, Fosse ; son extrémité occidentale tinit à Champs-
Borgniaux, près Acoz. Elle a une longueur de soixante-huit
kilomètres avec une largeur d'environ quatre cent mètres, mais
atteignant, parfois, douze cents mètres. Elle atlleure presque
partout et n'est recouverte que de ses propres débris.
La bande de Sambre-et-Meuse est intéressante par sa cons-
titution et par les assises fossilifères qu'elle recèle.
568
VIU« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
SÉRIE MOYENNE OU OrDOVICIEN
L'assise la plus inférieure est constituée par des schistes
noirs satinés, finement micacés, à cornets emboîtés (cane-
in-cone) açec bancs de quarzite noirâtre veiné de blanc.
Nous y avons trouvé la faune de TArenig, entre Huy et
Statte et à Sart-Bernard, près Naninne.
Accompagnant les graptolithes, dont nous donnons ici
la liste, nous avons trouvé Caryocaris Wrightii Sait, et
Œglina binodosa. Sait., parfois Hyolites sp., Lingula sp.,
restes de drvei's trilobites, excréments d'annélides. fucoïdes.
Phjrllograptus angustifolius. Hall.
— tjrpus. Hall.
Diplograptusfoliaceus ? Murch.
— pristiniformis. Hall.
— ( Ciyptograp tus) tri-
cornis, Cfarr.
Climacograptus antennarius^ Hall.
— Scharenbergi^hsipw,
Dickograptus hexabrachj^atus^MsA.
— multiplex ? Nich.
— octobrachyatus. Hall.
Tetragraptus bryonoides. Hall.
Trichogruptus ? sp,
Didj-mog rapt luinden tus ^WslW.v^.
nanuSy Loven.
— Murchisonij Beck.
— Nicholsoni, Lapw.
— nitidus? Hal\.
— pseudo-eiegansyi^^'
Plunuygraptus sp
Thamnograptus ? sp.
L'assise suivante, que Ton observe au Fond d'Oxhe, près
Ombret, est formée de quarzite noirâtre micacé et de
schiste noir, que nous rapportons au Llandeilo. Nous y
avons trouvé les fossiles suivants :
Illœnus sp., un hypostôme et di- Trinucleus aff. concentricus, Eal.,
vers fragments. var. favus.
HomaLonotus aff , bisulcatus , Beyrictiia compUcata, Sait.
Sait. Orthoceras sp.
Calymene sp,, un pygidium. Orthis redux, Barr.
Une nouvelle assise surtout riche en fossiles aux environs
de Fosse, représentant le Caradoc, est constituée par des schistes
quarzeux de différentes teintes, avec bancs d^arkose, nodule^^
et bancs quarzeux et ferrugineux. Voici la très riche faune
que nous y avons rencontrée :
C. MALAISE
569
Crustacés
Lichas laxatus, McCoy.
Zethus x^errucosuSy Pand.
Sphœrexochus miras, Beyr.
Cheiruras juvenis, Sait.
Dalmanites conophthalmus. Boeck.
lUœnus Bowmanni, Sali.
— Davisii, Sait.
Homalonotus Omaliiisi, Mal.
Calymene incerta, Barr.
Trinucletis seticornis, His.
Céphalopodes
Orthoceras belgicum, Mal.
Gastéropodes
Haphistotna lenticularis, Sow.
Brachiopodes
Leptœna sericea, Sow .
— tenuicincta. Me Coy.
Strophomena rhomboldalis, Wi\ck.
Orthis Actoniœ, Sow.
Orthis biforata, Schloth, sp.
— calligramma. Daim. *
— porcata. Me Coy.
— testudinaria. Daim.
— vespertiliOy Sow.
Bryozoaires
Ptilodyctia dichotoma, Portl.
Glauconome disticha, Goldt*.
Phyllopora (Retepora) Hisingeri,
Me Cov.
Fenestella M Hier i, Lonsd.
— subantiqua, <i*Orb.
Cystidées
Echinosphœrites bal tic us y Eieh.
Sphœrouiies stelluliferus. Sait.
Crinoïdes
Glyptocrinus basalis. Me Coy.
Tiges d'enerines.
AnTHOZO AIRES
Petraia subduplicataj Me Coy.
SÉRIE SUPÉRIEURE OU GoTHLANDTEN
Des schistes grisâtres, calcschistes avec calcaire et limo-
nite, que nous rapportons au Llandovery. renferment une faune
assez intéressante à St-Roch (Fosse).
Crustacés
Sphœrexochus rnirus, Beyr.
Phacops Stokesii, Milne-Edw.
niœnus aff. par^^ulus, Holm.
Calymene Blumenbachi, Brongn.
Céphalopodes
Orthoceras sp.
Brachiopodes
Atrypa marginalis. Daim.
Meristella suhundata. Me Coy.
Leptœna tenuicincta. Me Coy.
— transversalis. Daim.
Strophomena corrugatella, Dav.
— pecten, L. sp.
— rhomboidalis, Wilck
Orthis biloba, L.
— crispa , Me Coy .
— insularis, Eichw.
Anthozoaires
Halysites catenularius, L. sp.
Favosites gothlandica, L.
— multipora, Sow.
Petraia bina, Sow.
Heliolites (Propora) tubulatus,
Sow.
Puis viennent des schistes avec très mauvaises traces de
graptolithes, eurites et rhyolithes anciennes.
Cornulites serpulariua, Schl.
570 TUI* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Des schistes, calcschistes et calcaire crinoido-lamellaire,
véritable petit-granite silurien, que ron observe à Cocriamont,
contiennent la faune de Wenlock.
Crustacés MeristeUa tumida^ Daim. sp.
Proetus Stokesii, Murch. Leptœna segmentum, Ang.
Phacnps Stokesii, Milne-Edw. Strophomena antiqtiata, Sow.
^, — - pecten. L. sp.
CÉPHALOPODES , , ., i- ^mr-i 1
— r/iofnooiaa/w,\Vilck.
Orthoceras ibex, Sow. ^;^^y^^ ^.-^^^^ L.
- '"^P- - EdgeUiana, Ssdi.
Ptéropodes Discina rnçata, Sow.
Tentacnlites anglictis. Schloth. .
^ Annblides
Lamellibranches
Cardiola inierriipta, Brod.
Brachiopodes Anthozoaires
BhynchoneUa horealis, Sehloth. Halysites catenularius, L. sp.
Atrypa imbricata, Sow. Cœnites sp.
— marginalis. Daim. Favosites gothiandica, L.
— reticularùt, L. sp. — Hisingeri, Milne-Edw.
Retzia Salteri, Dav. Petraia bina, Sow.
MeristeUa crassay Sow. sp. HelioUtes (Propora) tubnlaias.
— didynia^ Dav. Sow.
Les schistes et les psammites, également de Tâge de Wenlock,
montrent à Naninne, une faune, surtout graptolithique.
Hetiolites Geinitzianiut, Barr. MonoclimacLH ( Monograptn» )
Cyrtograptas Murchisoni, Carr. vomerina, Nich.
Monograptiis bohemicus, Barr. Orthoceras aff. attemiaium, Sow.
— circinatns ? Tôrnq. - — Çregarium. Sow.
A7teo/»i, Barr. - - primœvuni, Forbes
— priodon, Bronn.
On trouve à Naninne, dans des calcschistes as^ec nodules
calcaires, au voisinage des scliistos précédents à Monoclimacis
(Monograptus) vonierina :
Orthoceras sp.
Cardiola interrupta, Brod.
Et dans djes schistes noirâtres avec les mêmes Monocli-
macis (Florefle) :
Orthoceras sp.
Obolus Davidsoni, Sait, var transoersus.
C. MALAISE 571
On rencontre à Thimensart (Sart-Saint-Laurent) l'assise de
Wenlock, représentée par des schistes et psammites, à
Monograptns colonus, Barr., et Orthoceras mocktreense , Sow.
Je possède actuellement plus de deux cents espèces, appar-
tenant à rOrdovicien et au Gothlandien, réparties dans le
massif du Brabant et dans la bande de Sambre-et-Meuse.
Dans le massif du Brabant, le Caradoc m'a fourni soixante-
dix-huit espèces pour TOrdovicien. Dans le Gothlandien, j*ai
trouvé, et rapporté au Llandovery, vingt espèces, constituant
un niveau à trilobites et à brachiopodes. Il est surmonté d'un
niveau avec neuf espèces de graptolithes ; au-dessus se trouve
le Llandovery supérieur, représenté par huit espèces de grap-
tolithes du Tarannon. J'ai reconnu enfin le niveau de Wenlock
à Monograptns çomerinus avec deux autres espèces de grapto-
lithes, et le niveau de Ludlow avec Monograptus colonus,
La bande de Sambre-et-Meuse m'a donné pour TOrdovicien
vingt-deux espèces dans TArenig, cinq dans le Llandeilo et
trente-et-une dans le Caradoc. Dans le Gothlandien, j'ai récolté
vingt (»spèces dans le llandovery, vingt-sept dans le Wenlock,
j'y ai observé un niveau à Monograptns vomerinus avec douze
espèces de graptolithes, et le Ludlow avec deux espèces.
On a reconnu l'existence de différentes roches cristallines
dans le Silurien de la Belgique.
Les roches cristallines observées dans le Cambrien de la
vallée de la Meuse, dans le département des Ardennes, n'ont
pas été, jusqu'à présent, retrouvées en Belgique dans le massif
des Ardennes.
Dans le massif du Brabant, des diorites ou épidiorites existent
à Lembecq, Quenast, Lessines, Lexhy (Hozémont). Des porphy-
roïdes ont été observées à Hennuyères, Fauquez (Ittre),
Monstreux. Grand-Manil. Des eurites ou rhyolithes anciennes
ont été exploitées à Grand-Manil, Sombrelle, Monstreux,
Nivelles.
Dans la bande de Sambre-et-Meuse, on a trouvé la diorite
aux Tombes (Faulx Mozet), Teurite ou rhyolithe ancienne
au Piroy (Malonne) et à Neuville - sur - Meuse : j'ai signalé
l'existence d'une pôrphyroïde, également à Neuville-sur-Meuse.
Toutes ces roches cristallines ont été l'objet des recherches
de MM. de la Vallée-Poussin et Renard.
5^2
LES VOIES NOUVELLES
DE LA
GÉOLOGIE BELGE
par M. M. MOVRLOK
Il semble qu'à notre époque, la principale manifestation
du mouvement scientifique en géologie réside dans les ti*avaui
de levés, exécutés avec plus ou moins de détails, pour la con-
fection de cartes du sol et du sous-sol, dans les dillérent?
pays du globe.
C'est ce dont la France nous fournit en ce moment la
meilleure démonstration à l'occasion de la VI II® Session du
Congrès International de géologie, à Paris.
Combien n'est-il pas digne d'admiration cet élan spontané
de tous les géologues finançais, conviant leurs collègues île
l'étranger à parcourir les principales régions dont ils ont
eiléctué les levés et pour lesquels ils ont publié de remai-qua-
bles notices itinéraires qui. réunies en un superbe volume,
constituent un véritable monument élevé à la science française.
Seulement je me hâte d'ajouter que lorsque les levés exécutt'»^
pour dresser la carte géologique d'un pays sont terminés uu
sur le point de l'être et que la géologie de ce pays est connue
dans ses grandes lignes, il ne reste plus, à proprement pa^
1er, qu'à en étudier le détail. C'est le cas pour la Belgique,
dont la situation exceptionnellement favorable où la place,
d'une part, la variété et l'importance des assises de son soL
et, d'autre part, son exiguïté relative, vont nous permettre
d'avoir, des premiers, terminé les levés géologiques qui nous
incombent.
Or, les études de détails qu'il nous restera à poursuivre et
dans lesquelles nos successeurs trouveront encore de bien amples
moissons, nous sont fournies par les applications de la géologie.
Notre collègue, M. Van den Broeck, l'infatigable Secrétaire
M. MOURLON 573
général de la Socitié belge de Géologie, que j'ai l'honneur de
présider depuis près de deux ans, vous dira ce qui a déjà été
réalisé par noire Société dans la voie des applications.
Il ne sera peut-être pas inutile que, de mon coté, je vous
retrace les mesures prises par notre Service géologique pour
conjuguer nos ettbrts dans la même voie.
Ce service, institué par arrêté royal du 16 décembre 1896,
a été rattaché à l'Administration des Mines et par un autre arrêté
royal du 21 juillet 1897, je me suis vu appelé à Thonneur de le
diriger.
C'était le commencement de la régularisation d'une institution
qui, en idéalité, Ibnctionnait depuis la réorganisation de la carte
géologique en janvier 1890.
Seulement, avant de faire des propositions pour le personnel
dévoué qui a tant contribué à la réussite de notre œuvre nationale,
il fallait être en mesure d'arrêter un programme qui répondit à
un réel besoin, non seulement dans le présent, mais plus encore
dans l'avenir.
C'est ce programme que j'ai eu l'iionneur de présentera M. le
Ministre et dont Tapprobation en principe ne laisse plus de préoc-
cupation que pour la régularisation administrative de certaines
dispositions prises spontanément dans l'intérêt de l'œuvre.
Je me suis borné dans les développements de ce pro-
gramme aux considérations qui ne se trouvaient pas déjà
consignées dans mes publications antérieures : « Sur le service
géologique de Belgique (i) » et « Sur l'avenir de la géologie
en Belgique (2) », ainsi que dans le discours ((ue je prononçai
dans la séance publique, et en ma qualité de Directeur de la
Classe des sciences de l'Académie royale de Belgique, le i5
décembre 1894 et qui est intitulé : « Le Service de la Carte
géologique et les conséquences de sa réorganisation ».
Dans ces différentes publications, je ne faisais, pour ainsi
dire, que pressentir les résultats qui, aujourd'hui, peuvent
être considérés comme un fait accompli.
Il y a près de dix ans, lorsque le Gouvernement se décida
à mettre lin aux discussions, parfois très irritantes, qui se
produisaient périodiquement, tant aux chambres législatives,
qu'au sein de nos sociétés scientifiques et dans la presse,
pour réclamei' une réorganisation de la carte géologique, on
(1) Bull, de la Soc. Belge de Géologie, t. XII, 1898.
(2) Ann. des Mines de Belg., t. II, 18d7.
5^4 VUl' CONGRàs GEOLOGIQUE
avait simplement en vue de confier l'exécution de celle-ci au
]>lus gprand nombre de géologues, au lieu d'en laisser le
monopole exclusif à quehpies fonctionnaires.
Mais, on ne se doutait certes pas alors des heureuses
conséquences que devait amener la nouvelle organisation.
Non seulement la publication de la carte géologique, bien
accueilie par le public, suivit son cours régulier et les résultiils
en furent i)roclamés dans les concours internatiomiux des expo-
sitions d'Anvers, de Paris (Exposition du Livre), de Bruxelles, et
aujourd'hui encore par la grande Exposition de Paris, qui, toutes,
lui décernèrent leurs plus hautes distinctions, mais on ne
tarda pas à s'apercevoir (ju'elle devait être considérée, non pas
à proiirement parler, comm(* un but à attiûndre, mais bien plutôt
comme formant le point de départ d'un grand mouvement
économique autant que scientifique.
Et, en effet, non seulement le Service géologique, en mettant
à la disposition du public tous les documents se rapportant à
chacune des planchettes dont se comi)ose la carte géologique
du jiays, se trouve en mesure de donner des solutions pratiques
aux innombrables questions qui lui sont journellement posées,
mais il en retin» lui-même le plus souvent d'importantes
données scientifiques.
Celles-ci, jointes à celles recueillies à l'occasion de la décou
verte de nouveaux alllcui'ements résultant des grands travaux de
ttîrrassement, tels que ceux nécessités par l'exécution de puit*^
artésiens, de tranchées de chemins ch» fer, de canaux et, en
général, de projets connue ceux du Bocq ainsi que de Bruxelles
et de Bruges ])orts de mer, perm(»ttent de tenir la carte géolo-
gique à joui*, absolument comme le fait l'Institut cartographique
militaire pour la carte topographique du pays.
Notre s(»rvice devenant ainsi un véi'itabh* bureau de renseigne-
ments i)our tout ce qui concerne la géologie et ses applications,
il importait de pouvoir y réunir le plus grand nombre possible
de documents.
C\*st ce à quoi nous sonunes arrivés d'une part k l'aide
des échanges de notre carte géologique avec celles de l'étranger,
et, d'autre part, en organisant notre bibliothèque sur un nou-
veau plan et en en dressant le catalogue d'après la classifica-
tion décimale, en publiant sous le nom de a Bibliographia
geologica » le répertoire universel des travaux géologiques.
CiCtte publication nous a fait entrer en relation avec les
M. MOURLON 5^5
services géologiques de tous les pays et parmi les 6000 géolo-
gues qui ont reçu les prospectus de notre publication ainsi que
des notes analytiques de nos travaux, dont une fort importante,
en allemand, et signée d'un membre du Servic(» géologique de
Berlin (R. Michaël : Die geologische Landesaufuahme Belgiens),
il en est un grand nombre qui peuvent être considérés comme
étant les véritables correspondants de notre service géologique
belge.
Non seulement, comme la plupart des autres géologues, ils
enrichissent notre bibliothèque de leurs publications, mais ils
font, en outre, le meilleur accueil à nos demandes de rensei-
gnements, voire même parfois de collaboration. Ce fut le cas,
notamment, pour maints de nos collègues des dillerents ser-
vices géologiques qui, dans ces derniers temps, se mirent, sur
notre simple recommandation, à l'entière disposition de ceux
de nos compatriotes qui se rendirent dans leurs pays respectifs
pour accomplir les missions scientifiques et d'applications qui
leur étaient coniîées.
Il y a là une entente et un échange de bons procédés
qui, joints aux relations purement scientifiques déjà établies,
peut avoir une influence des plus heureuses dans l'avenir.
On comprend déjà, par ce qui précède, combien notre
service est un milieu favorable pour former des praticiens
destinés à devenir des géologues-conseils capables de remplir
les missions et d'occuper les situations pour lesquelles on
s'adresse de plus en plus audit service. Malheureusement
jusque dans ces derniers temps, nous ne pouvions guère
les renseigner que parmi ceux des collaborateurs de la carte
qui se trouvent en situation d'accepter ces positions le plus
souvent à l'étranger.
Mais je suis heureux de pouvoir ajouter que l'appel que
nous av<ms fait à la jeum*sse universitaire a été entendu et
déjà un certain nombre de jeunes gens munis d'un diplôme
d'Ingénieur des ndnes ou même de Docteur en sciences miné-
rales, se sont décidés à faire à notre service, un stage pour
les applications de la géologie, comme un grand nombre le
font maintenant pour les applications de Télectricité, à l'Ins-
titut Montefiore à Liège, à celui de Louvain ou dans les
instituts correspondants plus importants encore en France et
en Allemagne. Ce sei*a là incontestablement un nouveau débou-
ché et des plus importants, pour la pléthore de notre jeu-
5^6 VII1« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
nesse universitaire, et ceux qui, ayant les aptitudes nécessaires
pour embrasser la pratique spéciale de la géologie, se décide-
ront à suivre les travaux de notre service, pourront, comim'
certains le font, avec succès, en ce moment, partager leur
temps entre les sections de stratigraphie et de bibliographie
qui vont être passées successivement en revue.
Section de Stratigraphie
La section de stratigraphie comprend les matériaux réu-
nis à Toccasion des travaux de la carte géologique, «le la
carte agronomique, de Thydrologie et des mines et destinés
à servir :
1° De pièces justificatives des levés :
2'^ D'éléments d'études pour les travaux en cours et les
progrès à réaliser ultérieurement :
3^ De consultations pour toutes les applications de la géo-
logie relatives au sol belge ;
4® De compléments à la collection des matériaux utiles
commencés à Toccasion de l'Exposition internationale de
Bruxelles en 1897, et qui ne peut manquer d'être rattaché au
Service géologique lorsque celui-ci pourra disposer de locaux
plus étendus.
Planchettes de levés. — Comme le stipule l'article i4 de
l'arrêté royal du 3i décembre 1889, les planchettes de levt-
au 20.000® sont classées à mesure de leur achèvement de
manière à pouvoir être mises à la disposition du puhlic
après la publication des feuilles correspondantes au 4<^.ooof.
Collections. — Les collections de roches et de fossiles m»
rapportant aux travaux de levés de la carte sont disposés
sur plus de cinq (!(Mits plateaux, comprenant chacun eu
moyenne soixante-dix échantillons, ce qui en porte, dès à pré-
sent, le nombre à plus de trente-cinq mille : mais ce dernier
sera considérablement augmenté lorsque nous serons mis en
mesure de joindre à nos collections celles de l'ancien service de la
carte, actuellement sans usage au Musée d'Histoire natun^lle et
qu'il est fort regrettable de n'avoir pu utiliser pour la confection
de la carte.
Tous ces échantillons, bien étiquetés, sont classés par plan-
M. MOUHLON 577
chetles de levés au ao.ooo*^ et dans Tordre des numéros des notes
de voyances auxquelles ils se rapportent.
Les plateaux sur lesquels reposent les dits échantillons se
trouvent dans Tordre des numéros du tableau d'assemblage des
•J2G feuilles de la carte géologique au 40'000^ et portent chacun
sur le rebord, des étiquettes renseignant le nom des auteurs et
celui de la planchette, ainsi que le numéro de la feuille cor-
respondante, lequel se trouve aussi reproduit sur le meuble
renfermant les plateaux.
Notes de voyages. — A chacune des 432 planchettes de levés
au 2o.ooo« est attribuée une farde placée sur le meuble correspon-
dant et renfermant les notes de voyages. Ces notes se présentant
le plus souvent de manière que Tauteur seul puisse en tirer parti,
le Conseil de Direction de la Carte a, sur ma proposition, décidé
qu'elles seraient transcrites au net, sur papier demi-bristol, et que
leurs numéros d'ordre seraient reportés sur un 20.000% en bistre,
lequel est également joint aux notes de voyages dans la farde
correspondante. On peut dire que dans ces conditions les notes de
voyages acquièrent Timportance d'une véritable publication et
sont d'une utilité plus grande que les anciens textes expli-
catifs, étant donné surtout qu'il est toujours loisible à chaque
auteur de tirer de ses notes autant de mémoires originaux
qu'elles le comportent.
Plusieurs collaborateurs et moi-même en avons du reste
largement profité dans ces derniers temps.
Tables de travail. — Des tables avec microscopes, chalu-
meaux et tous autres appareils indispensables pour Tétude des
échantillons de roches et de fossiles, se rapportant aux travaux
du service, sont mises à la disposition des travailleurs dont
la demande d'admission a reçu l'approbation ministérielle.
Sondages. — Les sondages pratiqués à Taide d'appareils
perfectionnés dont un personnel compétent a le maniement
journalier, constituent peut-être la principale branche de l'acti-
vité du service. Non seulement trois équipes comprenant cinq
hommes chacune, fonctionnent en ce moment pour tous les
grands travaux d'utilité publique, réclamant la connaissance
du sol et du | sous-sol, ce qui nous procure des documents
inestimables pour Tétude de nos terrains, mais des disposi-
tions ministérielles vont être prises pour que les agents de
l'État que la chose concerne, nous renseignent dans toute
37.
5^8 Vill« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
retendue du pays, sur les travaux projetés ou en voie d'exé-
cution, de natui'c à justifier Tintervention du géologue.
Section de Bibliographie
La section de bibliographie comprend la bibliothèque el le
répertoire international des sciences géologiques.
Bibliothèque, — En dehors des périodiques qui deviennent
de plus en plus nombreux, les volumes, brochures et cartes,
tant de ma bibliothèque personnelle dont j'ai fait al>aiidon au
Service que de ceux adressés directement à ce dernier, sont
inscrits au i*egistre d'entrée sous 665 1 numéros. Il est à rema^
quer que les documents analogues de la bibliothèque de la
Société belge de géologie qui ont été réunis aux nôtres, en
doul)lent prescfue le nombre.
La mise en ordre définitive, à Taide de la Classification
décimale, de tous ces documents de la bibliothèque, et la publi-
cation du catalogue dans le répertoire, dont il sera parlé ci-
après, avance rapidement.
Répertoire des sciences géologiques, — Ce répertoire dési-
gné sous le nom de « Bibliographia geologica » comprend deux
séries : la première ou série A, se rapportant aux publica-
tions antérieures à 1896 (»t la seconde ou série B. renseignant
tout ce qui a paru à partir du i®*" janvier 1896.
Ont paru jusqu'ici :
A) Pour la première série (antérieure à 189G) : le tome I
(1899) et le tome II (1900) ; le tome III est à l'impression.
B) Pour la deuxième série (postérieure à 1896), le tome 1
(1897), le tome II (1899), ^^ tome III (1900) ; le tome IV
est à rimpression.
La (( Bibliographia geologica » a re<;u partout un excellent
accueil, et les plus précieux concoui'S lui sont acquis, dès à
présent, en tous pays.
Seulement, en dehors du fait si intéressant de nous avoir
fourni les meilleurs correspondants du service géologique,
tant sous le rapport purement scientifique qu'au point de vue
des applications qui occupent une si large place dans nos tra-
vaux, les concours dont il s'agit sont maintenant nettement
définis et fort simplifiés. Ils consistent à nous faire connaître
pour chaque région :
M. MOURLON 579
I** Les titres des périodiques, qui ne se trouvent pas déjà
renseignés dans la liste que nous avons publiée au nombre
de plus de treize cents, qui sont compulsés pour notre publica-
tion : 2° les litiges des ouvrages, relativemenl peu nombreux,
paraissant séparément, en dehors des périodiques.
Une» heui-euse innovation nous a permis d'appoi'ler une
grande amélioration à réconomie de la « Bibliographia geolo-
gica », et les deux derniers tomes, dont je suis heureux de
pouvoir olï'rir la primeur au Congrès, sont les i)remiers à en
bénéficier.
Elles consistent en ce que, au lieu de n'airecter à chaque
titre de publication qu'un indice bibliographique, celui qu'on
peut appeler « idéologique », et qui résume le contenu de la
publication, nous en avons renseigné en caractères un peu plus
gras, un second se rapportant à la région correspondante et qui
est l'indice « géographique » .
Cette mesure, en nous dispensant de reproduire les titres
d'ouvrages au chapitre de la « géologie régionale », nous per-
met, pour le présent volume, comme pour tous ceux qui
suivront, et qui comprennent chacun 3. 000 titres de publications,
de doubler le nombre des renseignements bibliographiques en
le portant par conséquent à 6.000 par volume.
On voit, dès lors, l'importance qu'est appelé à prendre ce
travail d'indexation qui ne tend à rien moins qu'à former de
véritabh»s encyclopédistes, et combien les jeunes gens qui suivent
les travaux du service trouveront de plus en plus, par la suite,
une occasion dc^ s'instruire et de se tenir au courant de la
littérature géologique en consacrant, chaque jour, quelques heures
à ce grand travail d'indexation auquel ils seront conviés à
prêter leur concours en échange des facilités qui leur seront
données pour se perfectionner dans l'étude de la stratigraphie.
La tendance extra-utilitaire de notre époque pousse la jeu-
nesse vers les carrières considérées comme étant les plus lucra-
tives et pour le plus grand nombre, la géologie, en dehors des
chaires d'univei'sités et des musées, ne conduit à rien.
Eh bien, j'oserais presque allirmer que c'est le contraire
qu'il faudrait dire et qu'aucun de nos collègues ayant suivi la
marche du service placé sous ma direction ne me démentira
lorsque je constaterai que ce ne sont ni les missions, ni les
consultations, ni même les situations qui font défaut, mais bien
58o VUl' CONGRÈS GÉOLOGIQUR
•
ceux qui devraient en être gratifiés, c'est-à-dire les géologues
vraiment dignes de ce nom, les géologues stratigraphes qui ont
fait leur apprentissage sur le terrain, considérant la nature
comme étant leur vrai laboratoire et leur principal champ d'action.
Au point de vue qui nous occupe, en ce moment, je ne puis
m'empècher d'établir un rapprochement entre la géologie et
Télectricité qui a pris un si merveilleux développement dans
ces derniers temps. Si, à l'époque qui n'est pas bien éloignée
de nous, oii Ton ne connaissait de l'électricité que ce que nous
en enseignait le traité classique de Ganot et où Ton ne possé-
dait point encore les admirables instituts spéciaux dont il a
été fait mention plus haut, si à ce moment, dis-je, on était
venu parler des carrières qu'allait ouvrir à la jeunesse univer-
sitaire les applications de Télectricité poui* les communications
téléphoniques, la traction et l'éclairage, de quel scepticisme cela
n'eut^il pas été accueilli?
Et cependant on sait à présent que les instituts en question
doivent chaque année, faute de place, refuser un grand nombre
d'élèves, et Ton sait aussi Fimmense développement qu'ont pris
les carrières d'électriciens et combien la science électrique
réalise en ce moment de vertigineux progrès.
Ne peut^on pas se demander si ce qui s'accomplit ainsi sous
nos yeux depuis quelques années dans le domaine des applica-
tions d(î l'électricité, ne peut également se produire dans le
champ, pour ainsi dire sans limittN des applications de la
géologie.
Celle-ci présente sur l'électricité cet innnense avantage de
pouvoir se passer d'installations coûteuses, la nature étant son
vrai laboratoire et sa seule exigence au moins pour ce qui nous
concerne en Belgique, consistant à posséder des locaux plus
étendus que ceux dont dispose actuellement le service géo-
logique.
Le sol exploitable de notre planète est immense et encore
bien peu exploré si l'on en juge par ce simple fait que dans
notre petite Belgique», qui est un des points les jdus scrutés,
il a sulli de quelques son<lages exécutés à l'occasion des levés
de la carte géologique i)our faire la lumière sur le sous-S4»l
resté jusque-là à peu près complètement inconnu, de la plus
grande partie de la région campinoise, sous-sol qui nous rt^serve
peut-être encore de bien impoi'tantes surprises.
Nos différents dépôts du sol et du sous-sol, dont l'étude est
M. MOURLON 58l
déjà poussée dans un si grand détail, donneront lieu de plus
en plus, par la suite, à des résultats scientifiques qui seront en
proportion des applications qu'il sera possible d'en tirer.
A la suite d'une communication que je fis à la séance du i5 mai
dernier à la Société belge de Géologie, dans le but d'établir que
l'étude des applications est le meilleur adjuvant du progrès
scientifique en géologie, l'un de nos collaborateurs les plus distin-
gués de la Carte géologique, notre ami M. Rutot, en adhérant à
nos conclusions, ajoutait : « Les applications de la géologie sont
essentiellement des études de détail qui, en raison des intérêts
multiples qu'elles mettent en jeu, imposent au géologue une
responsabilité autrement importante que celle de la constatation
pure et simple de la connaissance approximative d'une superpo-
sition stratigraphiquc» .... Elles ne sont donc, en réalité, qu'un
nouveau mode de levé aussi détaillé qu(^ i)ossible, de notre terri-
toire, ellectué avec des moyens autrement puissants que ceux
mis en œuvre par les s«»rvices gouvernementaux et ne coûtant
rien aux contribuables ».
« Nul moyen d'action en faveur de la science pure ne peut donc
être comparé à ceux utilisés pour la solution des questions prati-
ques, et l'on peut dire bien haut, sans risquer d'être contredit,
que l'avenir de la science pure est entre les mains de l'application,
qu'il faut multiplier et encourager autant que possible. C'est à
elle seule que la géologie devra désormais ses plus belles
conquêtes ».
Enfin, dans la communication précitée du i5 mai, je faisais
remarquer que nou seulement il ne vient plus à l'esprit de
personne de contester la grande utilité pratique de notre
science, mais lorsqu'il est possible de la mettre en doute pour
une partie spéciale, c'est que l'étude de cette partie n'a point
encore été suffisamment approfondie.
D'où la conclusion inéluctable qu'en s'occupant des appli-
cations de la géf>logie, on est tout naturellement amené à récla-
mer de celle-ci tout ce qu'il est possible d'en tirer par l'étude la
plus complète de ses différentes parties et à l'aide des méthodes
les plus perfectionnées.
Je citai comme exemple de cette manière de voir notre
carte agronomique dont l'exécution, bien qu'ayant été décidée
par les Chambres législatives belges dans la session de i892-
1893 , ne pourra réellement être dressée pratiquement, de
manière à rendre les services qu'on est en droit d'en attendre,
58a VIU® CONGRÈS GÉOLOGIQUE
que lorsque les dépôts superficiels quaternaires et modernes qui
intéressent plus particulièrement l'agriculture auront été Tobjel
d'études encore plus approfondies. La mise au point de
la légende d'ensemble du quaternaire belge constituera, au
point de vue scientifique, l'une des bases de la carte agrono-
mique, et elle ne sera possible qu'après étude critique et
comparative des résultats partiels obtenus séparément par les
divers exécutants de la carte travaillant isolément dans des
régions différentes.
Il est vraiment surprenant de constater combien le géo-
logue qui a les applications en vue, apporte plus de rigou-
reuse exactitude dans ses levés de carte, qu'il sait devoir
être utilisées pour la construction de travaux gigantesques,
tels que ceux qui viennent d'être décrétés par la Législation
dans le but d'établir une voie souterraine avec gare au centre
de Bruxelles et une ligne directe reliant cette ville à celle
de Gand, en attendant celle non moins utile et désirable
projetée entre la capitale et notre métropole commerciale.
J'ajouterai, enfin, que l'étude des applications de la géologie
par le géologue de profession, outre qu'elle permet à celui-
ci d'élargir son horizon et d'étendre son champ d'action au
grand bénéfice de la science, donne le plus souvent des solu-
tions fort simples aux questions en apparence les plus com-
pliquées, et qui, par suite d'absence de compétence suflisante.
de la part des personnes ou des commissions chargées de les
élucider, ont entraîné souvent de véritables désastres.
A ce point de vue, le service géologique de Belgique,
tant par l'organe des membres de son personnel que par celui
des autres collaborateurs de la carte, auxquels de nombreuses
et importantes missions et consultations ont été confiées eu
tous pays durant ces dernières années, pourrait, s'il n'était
lié par le secret professionnel, fournir des données bien
instructives et de nature à justifier la sollicitude du gouver-
nement pour le développement des études géologiques en
Belgique.
On le voit par ce qui précède, nous sommes arrivés en
Belgique à ce que notre chère science y soit en honneur et
ce n'est pas sans quelque fierté de géologue que nous voyons
s'élever sur nos places publiques Icîs statues de nos maîtres :
celle de d'(3malias d'Halloy à Namur et celle d'André Duiuont
à Liège.
M. MOURLON 583
Nous sommes heureux aussi de la confiance que nous
témoigne le Gouvernement en chargeant le service géologique
de Tétude scientifique de tous ceux de ses grands travaux
d'utilité pul>lique pour lesquels la connaissance du sol et du
sous-sol est indispensable et dont on appréciera Fimportance
lorsque l'on saura que lo montant de la dépense qu'ils
comportent s'élève en ce moment à plus de deux cents millions.
En agissant comme nous Tavons fait, nous croyons avoir
servi les intérêts de la géologie, non seulement en Belgique,
mais même en tous pays. Aussi, nos visées s'étendent-elles
beaucoup plus loin 'encore, et en présence du mouvement
colonial qui, depuis ([uelques années, a pris chez nous,
comme un peu partout ailleurs, un développement qui ne
fera que? s'accentuer par la suite et qui réclame le concours
d'un si grand nombre de géologues de profession, et malheu-
reusement le plus souvent en vain, faute de préparation
spéciale suffisante, je me demande s'il ne me serait point
permis d'exprimer un vœu devant cette assemblée, aussi remar-
quable par le nombre que par la compétence des illustrations
qui la composent.
Ce vceu serait de voir la session actuelle du Congrès
International de Géologie nous donner par l'approbation du
programme que nous nous sommes tracé et que nous nous
efibrçons de réaliser, la consécration qui nous est si néces-
saire pour inspirer encore davantage la confiance en haut
lieu et pour triompher des résistances et des difficultés qui ne
manquent jamais de se produire lorsqu'on entre dans des
voies nouvelles ou tout au moins peu explorées.
584
LA GÉOLOGIE APPLIQUÉE ET SON ÉVOLUTION
par M. Ernesl TAN DEN BROECK.
C'est à la Société géologique de France que nous dovons
la notion initiale de Tiniportance et de l'utilité des études
d'applications géologiques, et voici comment :
En 18129, Constant Prévost, dont le rùle et dont l'œuvre
dans révolution de la Géologie française ont été, il y a peu
de temps, si bien mis en lumière par son éminent disciple
M. Gosselet, Constant Prévost, dis-je, venait d'être chargé
du Cours de Minéralogie et de Géologie à TEcole centrale des
Arts et Manufactures. C'est alors qu'il eut l'idée, exposée tout
d'abord à ses amis Jules Desnoyers et Deshayes, de fonder,
à Paris, une Société de Géologie ouverte à tous, aux débu-
tants comme aux savants, aux maîtres comme aux élèves.
Cette idée fut consacrée dans une réunion d'amis et d'adhé-
rents, présidée par Ami Boue, Dans cette séance, tenue le
17 mars i83o, fut voté le règlement de la nouvelle Société,
règlement qui a servi de modèle à tant d'autres similaires et
cpii montre que les fondateurs de la Société avaient en vue,
outre les progrès de la Géologie, ses applications.
Vivement influencé par l'idée des avantages matériels que
les Arts et Manufactures pouvaient retirer de la géologie appli-
quée, Constiint Prévost tent^ de mettre en vedette, d'une manière
peut-être un peu trop accentuée, ce côté pratique et utilitaire
de la Science et, si on l'avait suivi trop à la lettre, il eût
transformé la Société naissante en ime sorte d'agence scienti-
fique commerciale, se chargeant d'analyses et de consultations,
donnant des avis motivés, des conseils, rédigeant des instruc-
tions, se chargeant de rapports, de traductions, communiquant
des documents et faisant même commerce de ses doubles :
bref, elle fût devenue un Oflice technique et commercial, où
l'élément scientifique et de progrès des connaissances risquait
de devenir secondaire.
Les savants qui se groupèrent autour de Constant Prévost
comprirent Técueil, et, dans le projet définitif, éliminèrent
entièrement le côté commercial.
B. VAN DBN BKOECK 585
« Néanmoins, dit M. Gosselet, dans sa belle étude sur
Constant Prévost, ils accédèrent à son désir d'indiquer les
applications de la Géologie parmi les buts que devaient se
proposer les études de la nouvelle Société. »
En effet, le procès-verbal de la première séance mentionne que
la Société « aurait pour objet de contribuer au progrès de la Géo-
logie, et de favoriser, spécialement en France, l'application de
cette science aux arts industriels et à TAgriculture. »
A plusieurs reprises, Téminent fondateur de la Société
insista sur l'importance qu'il y avait à ne pas séparer la
science appliquée de la science théorique.
Dans son discours du 25 avril i83o, présentant la jeune
Société au roi Louis-Philippe, Constant Prévost insista sur la
thèse qui lui était chère et exposa nettement les avantages
que devaient retirer des applications de la Science les ingé-
nieurs, exploitants, hydrographes et agriculteurs.
Mais, en réalité, les temps n'étaient pas venus pour la
réalisation de ce beau programme et le sagace mais trop zélé
précurseur avançait de trois quarts de siècle !
Le sol de la France est si varié et si complexe dans sa
vaste étendue, que l'œuvre de son étude détaillée est encore
loin d'être terminée aujourd'hui. Les mystères et les problèmes
de sa géologie commencent seulement, dans certaines régions,
à se dévoiler à nos yeux.
Relativement à la multiplicité des problèmes que la science
pure doit résoudre tout d'abord, le nombre des géologues adon-
nés à ces captivantes études a été, est trop minime encore.
La cartographie enfin n'avait eu, pendant longtemps, à leur
ofïrir que des canevas non en rapport avec leurs études et avec
leui's recherches de détail.
Sans de bonnes lumières scientifiques préalables, le domaine
des applications devait fatalement rester dans fombre. En un
mot, il fallait s'occuper de construire et d'élever le phare avant
de songer à lui faire éclairer l'océan étendu des applications,
où d'ailleurs les récifs et les écueils ne manquent pas et ont
besoin d'être illuminés de très haut pour parvenir à être évités.
Il est intéressant de constater la corrélation qui existe
entre le degré d'élaboration du progrès géologique régional et
la phase d'apparition fructueuse de l'élément spécial constitué
par l'élude des applications géologiques.
586 VIII<^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Où voyons-nous apparaître le plus rapidement les pro^s
de nos connaissances géologiques si ce n'est dans les régions
minières, industrielles et agricoles, c'est-à-dire partout où la
multiplicité des travaux publics et privés, des exploitations
minérales, forages, puits artésiens, établissement de voies de
communications terrestres et fluviales, partout où la recherche
de phosphates, d'eaux industrielles et alimentaires et tant
d'autres travaux intéressant le sol et le sous-sol donnent
forcément naissfince à un réseau serré d'observations, d'études,
de résultats et parfois aussi de mécomptes, de fausses recher-
ches et de méprises qui amènent peu a peu l'Ingénieur. TAr-
chiteete, l'Exploitant, l'Hydrologue, la Municipalité, et le
Cultivateur à s'adresser — assez souvent trop tard — au
géologue : c'est-à-dire à celui qui, bien mieux qu'eux tous,
est à même de prévoir, d'indiquer et de dissuader, lorsqu'il
s'agit de travaux coûteux ou aléatoires, dont il est désirable
de pouvoir évaluer d'avance les chances de succès.
Certes la Science pure n'est pas à même de tout prévoir,
de tout indiquer et, elle aussi, doit scrupuleusement enregistrer
ses mécomptes et ses insuccès dans le domaine des applica-
tions et y trouver, par cela même, d'utiles leçons pratiques
pour l'avenir. Mais à quelles sommes fantastiques n'arrive-
rait-on pas si l'on s'avisait d'additionner les millions engloutis
dans des pays industriels comme la France et la Belgique,
par les fausses recherches, par les tentatives vaines, rien que
dans les domaines des recherches minérales et des travaux
publics. Et de cette accumulation de millions combien n'eus-
sent pas été sauvés d'un aveugle anéantissement si l'on s'était
préalablement adressé à la Géologie!
Je disais tout à l'heure que l'on voyait évoluer rapidement
le progrès des connaissances géologiques dans les régions
industrielles. C'est une preuve frappante du rôle précieux de
l'application — qui n'est en somme que de l'étude géologique
locale ou régionale détaillée — dans les progrès des connais-
sances scientifiques.
Un exemple topique de ceci nous est fourni par le riche
département du Nord, où les heureux hasards de l'enseigne-
ment ont depuis longtemps conduit un disciple fervent de
Constant Prévost, rapidement devenu à son tour un des Maîtres
dont s'honore la France : M. le Professeur Jules Gosselet.
Pénétré de la grande valeur pratique du programme utili-
E. VAN DEN BROECK 587
taire de Constant Prévost il eût, dans un merveilleux champ
d'action, des plus propices à Tépanouissement complet de ce
programme, la joie de pouvoir le réaliser dans ses multiples
voies.
Mais aussi Tétat des connaissances géologitjues régionales
de cette partie de la France, permettait, déjà 4^ '*^^^ après la
tentative forcément vaine, en i83o, de Constant Prévost,
d'aborder avec fruit dans le Nord ce programme si vaste des
applications géologiques, pour lequel une bonne partie de la
France n'était pas mûre encore, dans l'évolution do ses connais-
sances géologiques.
Ai-je besoin de rappeler ici les lumières intenses que ces
deux phares régionaux élevés par M. Gossolet: son Enseigne-
ment universitaire et sa Société Géologique du Nord, ont
répandues , sous forme d'applications géologiques de toute
espèce, à la riche contrée industrielle et agricole située sous
leur bienfaisant rayonnement. La Belgique elle-même en a
largement profité autant que de l'œuvre magistrale et purement
géologique du savant auteur de « l'Ardenne ».
Non seulement nos collègues de France, de Belgique et de
tous pays apprécient la valeur des sei*vices rendus par le
Maître et ses disciples, mais ils savent aussi qu'il y a là de
fructueux exemples (jui s'étendront internationalement partout,
conformément aux vues et aux aspirations du sagace fondateur
de la Société Géologique de France et cela dès que la phase
primordiale et indispensable du progrès géologique, aura régio-
nalement, dans le domaine de la Science pure, accompli son
cycle préliminaire et amené la géologie dans la voie de l'étude
du détail.
Déjà sporadiquement en France, on voit apparaître dans
les régions à richesses minérales industrielles ou agricoles
développées, des tendances similaires à celles qui caractérisent
l'œuvre de M. Gosselet dans le Nord. Il y a deux ans. les
membres de la Société belge de Géologie, en excursion en
Lorraine, y ont vu à l'œuvre MM. Bleicher, Nicklès et leurs
vaillants collaborateurs, s'avançant rapidement et utilement
dans la même voie féconde.
L'écueil à éviter est celui qui. en i83o, s*opposa à l'exécu-
tion et à l'épanouissement des vues de Constant Prévost. Il
convient de ne suivre sérieusement et systématiquement cette
voie des applications que lorsque l'étude de la géologie
588 Vllfc CONGRÈS GÉOLOGIQUE
détaillée a pu commencer à succéder normalement aux études
préliminaires. Celles-ci doivent cpnsei'ver comme objectif
unique et rationnel le seul progrès scientifique par l'étude de
la géologie pure.
S'il est ime région, modeste dans ses dimensions et par
conséquent très accessible aux investigations, et dont le sol.
riche et varié autant que productif en cléments d'exploitations
minérales; s'il est une région, dis-je, qui a été l'objet, depuis
longtemps déjà, d'études géologiques approfondies, en mérae
temps que d'innombrables recherches et exploitations minéndes
et industrielles, c'est bien la Belgique,
Déjà au milieu du siècle qui vit la naissance de la Science
géologique moderne, notre pays et nos géologues étaient dotés,
grâce aux travaux préliminaires et cependant déjà synthétiques
de l'illustre d'Omalius d'Halloy, et surtout grâce à la décon-
certante activité et au coup d'œil génial d'André Dumont. de
deux superbes cartes géologiques du pays, à l'échelle du
^^-xT. : l'une consacrée au sol, l'autre au sous-sol. Ces chefs-
160.000
d'œuvre, datés de i85i, sont toujours consultés et admirés de
nos jours. Ils constituaient un progrès scientifique bien en
aisance sur l'état des connaissances géologiques dans la
plupart des contrées d'Europe. L'élan fut ainsi donné ; pois,
grâce à notre superbe canevas de cartographie topographique
au 20.000, qui depuis longtemps englobe le pays entier, nous
en sommes arrivés, depuis 1878, et sous les auspices de deux
Services géologiques successifs, à élaborer des levés géolo-
giques à l'échelle de ao.ooo, d'abord publiés partiellement à
cette échelle, levés presque terminés aujouinl'hui pour tout le
pays et dont la publication, au 40 • 000, englobant les données
du sol avec celles du sous- sol, sera achevée avant le prochain
Congrès géologique international.
Faut-il s'étonner qu'avec l'œuvre des précurseurs rappelés
plus haut, qu'avec le stimulant exemple de l'Ecole géologique
de Lille, et qu'avec l'heureux concours de circonstances de la
perfection de notre canevas topographique à grande échelle
figurant, mètre par mètre, le relief de notre sol, si riche et
si varié dans sa constitution géologique et dans ses produc-
tions minérales; faut-il s'étonner, dis-je, que la Géologie belge
soit rapidement entrée dans la phase indiquée et prévue par
Constant Prévost comme V épanouissement naturel, inévitable
Ë. VAN OEN BKOECK 5Sq
même, de la géologie détaillée, donnant fraternellement la
main à la géologie appliquée.
Depuis 1874 nous avons en Belgique, avec siège social à
Liège, en plein pays de terrains primaires, une Société géo-
logique de Belgique, s'occupant très activement de la géologie
de la liante Belgique et de ses exploitations minérales. Sous
cette Ibrme, elle avait eu Toccasion d'aborder de temps à
autre des problèmes d'applications géologiques et elle Tavait
fait av(»c succès, sans toutefois prendre position dans cette
voie comme Société, sauf cependant en organisant un concours
relatif à l'étude des gîtes métallifères. Le terrain liouiller, le
gisement des phosphates de la Hesbaye, les eaux minérales et
alimentaires, y ont fourni l'objet d'intéressantes recherches
et d'études individuelles, publiées sous les auspices de la
Société.
Lorsqu'en 1887 un très minime groupe de géologues belges
prit la décision assez hardie de fonder à Bruxelles, au centre
du bassin tertiaire de la moyenne et de la basse Belgique,
une seconde Société géologique, dont les adhérents pouvaient
paraître assez dilHciles à recruter, le problème initial qui se
posait consistait à rechercher une direction nouvelle, inédite
même, comme çoie conductrice, permettant à la fois d'évi-
ter le redoutable problème d'éventuelles et stériles riva-
lités, de contribuer aux progrès de la Science et de l'étude
le nos terrains, surtout post-primaires, et enfin de réunir
des adliérents pouvant s'intéresser à ses travaux et par consé-
quent les utiliser.
Chose curieuse, paradoxale même, c'est en tournant nos
yeux vers le Sud, c'est-à-dire vers nos ainis de Lille, que
nous constatâmes que c'était du « Nord » que devait nous venir
la lumière.
L'exemple de la Société géologique du Nord et le programme
de la Faculté des Sciences de Lille étaient là pour nous
montrer la voie, et le rayonnement du phare lillois parvint
jusqu'à nous pour nous montrer que dans notre champ d'action,
limité et quelque peu difficile, il n'y avait qu'une voie à
suivre, rationnelle en direction, féconde en résultats, tant
pour la science que pour nos concitoyens. La situation centrale
de notre quartier général de Bruxelles, dans les plaines et
collines de la basse et de la moyenne Belgique, dont le sol est
caractérisé par des récurrences régulières de dépôts meubles
ÔgO VUie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
OU peu rocheux, perméables et imperméables, enserrant et
distribuant divei*senient de nombreuses nappes aqaiferes ;
rimportance d'une production agrîeole favorisée par d'épais
limons appelant la culture intensive : la nécessité pour les
nombreuses villes et agglomérations du pays le plus peuplé
d'Europe , d'avoir des eaux alimentaires abondantes et sai-
nes : Tépanouissenient d'industries de toute nature réclamant
d'énornu»s atllux d'eau que seul pouvait fournir le sous-sol :
tout cela nous indiquait combien, dans le domaine de YHydro-
logie comme dans celui de Y Agriculture, le rôle pratique et
utilitaire d'une institution géologique telle que celle que nous
voulions fonder pouvait devenir important, bienfaisant même
pour les intérêts économiques de nos populations, de nos
industries et de notœ agriculture. Quant aux études scientifi-
ques provoquées par la multiplicité des problèmes locaux que
cette direction spéciale faisait forcément prévoir, on pouvait
en espérer les meilleurs résultats pour les progrès de la
science qui nous est chère.
C'est avec cette orientation assez spéciale que fut ci'éée la
Société belge de Géologie, de Paléontologie et d*H}'drologie,
et c'est la première, je pense, dont les Statuts accordent aui
applications de la Science une part qui de jour en jour
parait de plus en plus justifiée, s'il faut en ci'oire le succès
croissant, chez nous, comme ailleuis, des adeptes résolus de
cette voie, poursuivie systématiquement et parallèlement au
progrès et à l'avancement de la Science pure.
Déjà, de toutes parts, nous voyons, en Belgique, s'étendre
et s'accroître en importance les voies multiples et si diverses
des a[)plications géologiques. Notre vaillante consœur et ainée,
la Société géologique de Belgique, vient depuis peu d'entrer
fructueusement dans la même voie d'une importance spéciale
à donner aux applications de la Géologie. Elle a institué
comme nous l'avions fait dès nos débuts, en 1887. d'inté-
ressantes séances spéciales d'applications et nous avons vu
avec joie qu'elle aussi se dispose à faire en sorte que la
Science et l'Industrie retirent de précieux fruits de ces travaux
spéciaux. Je n'en citerai comme exemple que les séances de
ce genre qui viennent, sous l'impulsion active et savante de
nos amis liégeois, MM. Lohest et Forir, d'aborder les beaux
problèmes de Vextension de nos richesses houillères dans la
Hesbaye orientale et dans le Limbourg, ainsi que le remar-
B. VAN DEN BROECK 69!
quable programme d'études fi)'drologiquei> élaboré, il y a
])Oii de mois, sous rinlluence des mêmes initiatives.
Les Unwersités elles-mêmes se sont émues de ce mouvement
nouveau et, après une première manifestation, saluée avec
plaisir par nos géologues, en laveur de l'enseignement si utile
de la Géographie pliysique, elles ont compris (jue des débouchés
d'avenir tout nouveaux sont prêts à surgir en faveur des
jeunes gens chez qui le goût des sciences géologiques et
minérales était jusqu'ici contrarié par l'impossibilité de sortir
des limites, trop étroites chez nous, de la seule carrière de
l'Enseignement.
L'expansion coloniale (jui depuis peu fait sortir le Belge
de son territoire trop étroit, à l'exemple de ses énergiques
voisins des quatre points cardinaux, qui l'ont précédé dans
cette voie ; l'attractive exploitation scientifique, minérale et
industrielle que tant de centres d*outre-mer oflrent comme but
rénmnérateur aux uns; le perfectionnement des connaissances
techniques de géologie que l'étude et l'exploration de nos
propres régions pi'ésentent comme objectif aux autres ; tels
sont les principaux motifs de la création, qui sera sous peu
olliciellement confirmée par le Gouvernement, du diplôme
(ï Inffénieur-géologue qui va bientôt être décerné ])ar certaines
de nos Universités, comme consécration de leurs cours de
géologie appliquée, dont nous nous réjouissons de voir le
brillant succès s'allirmer de jour en jour, spécialement à Liège.
Enfin, le Service Géologique de Belgique, installé aux
côtés de la Commission de la carte géologique, service qui
est dirigé par M. M. Mourlon, est venu depuis peu consacrer
délinitivement et olliciellement en Belgique la démonstration
du rôle important qu'ont peu à peu pris chez nous les études
d'applications géologiques, dont la Société belge de géologie
s'honore d'avoir, /a /^ré'm/cve, formulé le programme systématique.
Lors de la dernièn» séance de notre 4^ Section du Congrès
notre Président, M. Mourlon, n'a pu, en sa qualité de direc-
t(»ur du service, exposer que très incomplètement, faute de
temps disponible, le vaste panorama des horizons nouveaux
qu'ouvre la voie de l'étude des applications géologiques. Le
même motif et le désir de ne pas abuser des instants et de
l'attention de mes auditeurs me forcent à rappeler, uniquement
par son titre, le seul point qu'il a été donné à M. Mourlon
de développer.
59^ Vlll« CONGRÈS GEOLOGIQUE
Je fais ici allusion à l'œuvre qui constitue en quelque
sorte le platform technique et la base luatérielle du succès
des travaux d'application, j'ai nommé la Bibliographie géolo-
gique générale^ et l'avenir montrei'a, après les tâtonnemcnU
inévitables de la première heure, quel puissant levier, quel
précieux outil de travail, on est en droit d'en espérer, tant
dans le domaine de la Science pure que dans celui de la
Science appliquée.
Si nos géologues individuellement, si nos Sociétés géologiques,
nos Universités, la Commission de la Carte géologique et la
Science géologique sont arrivés en Belgique, à faii'e converger
leurs efforts et leurs travaux respectifs vers ce noble et
glorieux but commun de faire marcher de concert les progrès
scientifiques et les applications de la géologie, réalisant ainsi
les vues de l'éminent précurseur qui fonda, avec cette espérance,
la belle Société géologique de France, notre ainée et notre
modèle à tous, on le doit moins au mérite de ceux qui actuel-
lement sont à même, chez nous, de diriger fructueusement ce
mouvement utilitaire, sans que la Science pure en pâtisse, ou
en prenne ombrage, qu'aux circonstances favoi*ables énumért^s
tantôt, qui ont permis d'aborder très rapidement, en Belgique,
la géologie de détail et les problèmes locaux et régionaux.
Une chose a frappé vivement mes nombreux confrères
belges qui, soit comme membres de nos deux Sociétés géo-
logiques, soit comme membres de la Commission de la Carte
ou bien alliliés au Service, soit enfin comme géologues-conseils
d'administrations, d'exploitants où d'industriels, ont eu l'occa-
sion à titre purement personnel, de se livrer à ces études.
Cette chose a été, en peu de mots, fort bien exposée par
mon collègue et ami M. A. Rutot à Tune des toutes dernières
séances de la Société belge de Géologie.
Le fait si justifié qu'a mis en lumière M. Rut(»t, c'est que
les études spéciales et détaillées auxquelles donnent forcé-
ment lieu les recherches provoquées par les applications géolo-
giques contribuent [)our une part considérable, et bien plus
importanUî en tout cas qu'on pouiTait le croire, aux progrès
de la Science pure. Ces études spéciales consistent en elfet
dans la réunion de faits précis et détaillés, observés, interprétés
et commentés avec l'esprit critique et pondéré auquel donne
fatalement lieu le sentiment de la responsabilité. Des centai-
nes d'exemples, des plus curieux, des plus suggestifs, pourraient
E. VAN DEN BROECK 59*3
être ici fournis à Tappui de cette allirination. qui n'est que
la synthèse Je nombreuses et déjà longues expériences person-
nelles de beaucoup d'entre mes compatriotes.
On en pourrait tirer cette conclusion que, même en des
contrées où la connaissance du détail géologique n'est pas
encore à la hauteur de ce qu'elle est dans d'autres régions
plus lavorisées. il y aurait intérêt, au seul point de vue du
progrès de la Science pure, à poussin* graduellement les géolo-
gues et les Sociétés géologiques dans la voie, non exclusive
bien entendu, des applications.
La tâche sera plus ardue qu'ailleurs assurément, mais en
dehoi's des intérêts matériels en jeu et dont elle n'a cure, la
Science pire y trouvera l'avantage de voir s'approcher plus
rapidement qu'en son évolution normale, la phase d'une con-
naissance plus approfondie, plus documentée^ de la géologie
des régions considérées.
Dans une notice intitulée : A propos du rôle de la Géo-
logie dans les travaux d'intérêt public et publiée à Bruxelles
dans notre Bulletn, en décembre 1888, soit moins de deux ans
après la fondation à Bruxelles de la Société belge de Géologie,
i ai déjà pu fournir, après ce court laps de temps, une nom-
breuse série de faits, parfois saisissants, mettant bien en relief
les services que la Géologie peut rendre dans l'exploitation des
richesses minérales , dans l'élaboration des projets de distri-
bution d'eau potable, de recherches d'eaux souterraines à
propriétés induslrielles, de constructions d'édiiices, de creuse-
ment de canaux, dans le choix de tracés de voies ferrées,
de tranchées, barrages, etc., dans les questions d'emplacement
et de devis de sondages, d'emplacement de cimetières et enfin
en matière de travaux publics et privés de toute espèce.
Craignant d'abuser dei instants et de l'attention de mes
auditeurs, je me bornerai à renvoyer ceux d'entre eux que le
détail de cet exposé intéresse à cette note de 1888, publiée dans
le tome II de notre Bulletin bruxellois (Pr.-Verb., pp. 3o3-3io).
C'est Y Hydrologie surtout qui, dans nos plaines à sous-sol
non rocheux, ou seulement rocheux en profondeur, a pris
une grande extension comme application des études géologiques.
Aussi un programme complet d'hydrologie superficielle et
souterraine a-t-il été élaboré au sein de la Société de géologie,
depuis 1888.
H«
5g4 '^^^^^ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Comme exécution de ce programme nous pouvons signaler
en vedette la publication, sous ses auspices et par les soins
de M. A. Lancaster, de la belle carte pluviométrique de la
Belgique^ jusqu'ici sans rivale par son deg^é d'élaboration.
De nombreuses communes de Belgique nous doivent d'avoir
été éclairées sur la possibilité et sur les chances de succès ou
d'insuccès de projets de distribution d'eau. Nous avons accordé
une attention spéciale à l'importante question, à base si
essentiellement géologique, de la circulation de Feau dans les
calcaires et de la contamination éventuelle des sources de
ces régions. Les puits artésiens qui se multiplient de toutes
parts, ont mis en relief les mutuels services que peuvent se
rendre soudeurs et géologues ; enfin l'expérience acquise nous
a mis à môme de formuler, pour le plus grand bien des admi-
nistrations communales et de leurs administrés, comment il
faut s'y prendre pour aborder rationnellement et d'après des
bases vraiment scientiliques, l'élaboration et la mise sur pied,
souvent si fantaisistes, des projets de distribution d'eau.
Pour finir, je mentionnerai encore quelques têtes de chapitre>
riches chacun en faits, en données et en exemples de toute espèce :
telles que les applications de la Géologie à V Agriculture, la
recherche des phosphates , T étude des matériaux de construc-
tion ; exposé qui, à lui seul, me prendrait au moins une
heure pour être fait ici au complet ; l'étude du grisou dans ses
rapports éventuels avec les phénomènes de la Météorologie
endogène, etc., etc. (i).
(i| Tout récemment, la Société belge de géologie vient d'entreprendre une
nouvelle étude dont les résultats permettent d'être des plus intéressants. Cest
celle des « Sables boulants » qui offre en ce moment, en Belgique, un caractère
de vive actualité par suite de grands travaux en cours ou en projet et dont
l'exécution devra partiellement s'effectuer dans les terrains dont il s'a^t. Les
communications déjà faites à la Société et beaucoup d'autres, qui sont annoncer
comme prochaines, promettent une ample moisson de données aussi utiles poor
la science pure que pour la science appliquée
A la grande surprise de beaucoup, il a été constaté que tout était à faire
dans cette voie de l'étude scientifique du « t>ouIant n, y compris la bibliographie
elle-même de la question. Définition, caractères du sable boulant, différenciation
éventuelle de ses divers types, relations avec la dynamique aquifère : bref le
vaste programme qu'ouvre cette étude constitue iK)ur ainsi dire un terrain
vierge, surtout en Kurope, où sont encore peu connues les récentes recherchef
américaines sur la matière.
Il est difficile de comprendre un tel état de choses lorsqu'on songe aux nom-
breux millions qui ont été engloutis, dans tant de pays, par ce tonneau des
Danaides qui s'appelle le u sable boulant )>.
(Soie ajoutée pendant l*impre^ion).
E. VAN DEN BROECK 5^
Bref, on le voit, le domaine de la Géologie appliquée est
aussi vaste que fécond. C'est en France, à Paris, que ce
programme a été pour la première fois énoncé, il y a 70 ans.
C'est dans le département du Nord que, depuis 3o ans, il a
été appliqué d'une manière systématique et persévérante. C'est
en Belgique enfin que. gràco à un ensemble de circonstances
favorables, il a pu s'épanouir largement et s'étendre à de
nouvelles voies encore, qui promettent de se montrer fructueuses
au-delà de bien des espérances. Nous avons vu que l'étude
des applications, lorsqu'elle est entreprise au moment opportun,
c'est-à-dire lorsque la géologie régionale est entrée dans la
pliase des études et des levés détaillés, n'est nullement préju-
diciable à la s(;ience pure et à ses progrès. Au contraire, c'est
elle surtout qui, dans la phase d'épanouissement des études
géologiques détaillées, constitue à son tour un facteur de ce
même progrès. Aussi puis-je, pour terminer cet exposé, me
borner à répéter simplement le titre suggestif, et que l'expé-
rience a montré être si vrai, d'une des dernières communica-
tions de notre Président de la Société belge de géologie,
M. Mourlon, titre qui est : U étude des applications est, en
géologie, le meilleur adjudant du progrès scientifique.
Le rôle de la Géologie dans l'étude rationnelle
des projets de drainage en eaux potables
Je me permettrai, à propos du rôle si capital, et cepen-
dant si mal compris ou négligé jusqu'ici, de la Géologie dans
l'élaboration des projets de distribution d'eau, surtout quand
ils sont basés sur des travaux de drainage dans le sous-sol,
de rappeler le programme de ces éludes tel que je le formu-
lais dès 1890.
Voici comment débutait une Note intitulée : Les sources
de Modave et le projet du Hojyoux, considérés au point de
vue géologique et hydrologique, note publiée dans le procès-
verbal de la séance du i5 juillet i89o de la Société belge
de Géologie (Bull., t. IV, Pr.-Verb., p. 180-191).
« L'étude d'un projet de drainage ou de captation d'eau
comprend des points de vue très divers. La marche rationnelle
consiste à s'adresser d'abord à la Géologie, qui détermine la
structure et les relations générales des couches, ainsi que
leurs relations avec les nappes ou ressources aquifères qu'elles
5l^ VUie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
contiennent, qui permet de dresser des coupes rationnelles des
terrains, de déterminer leurs conditions de perméabilité ou
d'imperméabilité, ainsi que les diilicultés qu'elles ollriront aui
travaux de mine, de fouille, de construction, etc. Vient ensuite
VHxdrologie, qui précise le nivellement, le fractionnement des
nappes, les quantités d'eau disponibles, le débit moyen, avec
les minima. La Chimie et la Bactériologie doivent intervenir
ensuite, pour déterminer la composition des eaux et les varia-
tions qu'elles peuvent présenter périodiquement, leur nocivité
ou leur innocuité au point de vue hygiénique.
» C'est seulement lorsque ces éléments sont acquis que
Yingénieur devrait entrer en ligne pour rechercher les conditions
d'établissement les plus favorables et les mieux appropriées
aux données géologiques et hydrologiques. Son projet, établi
alors sur des bases sûres, peut être livré ensuite aux finan-
ciers^ aux autorités compétentes et aux conseils juridiques.
dont le rôle est tout indiqué. »
J'ajoutai encore à la suite de cet exposé :
« 11 est regrettable de constater que c'est généralement la
marche inverse qui est suivie. Il en résulte — et la Société
en a eu des exemples frappants sous les yeux — que des
auteurs de projet ont consacré beaucoup de temps et d'argent
à élaborer des projets dont la base rationnelle faisait défaut,
alors que la marche normale indiquée ci-dessus leur eût permis
de modifier leurs projets de manière à les rendre admissibles
et aptes à faire l'objet d'un examen approfondi. »
Faisant allusion aux nombreux projets que des administra-
tions communales et provinciales ont, à de multiples reprises,
soumis à l'examen critique des membres de la Société belge
de Géologie, particulièrement à ses adhérents spécialistes en
matière de géologie, d'hydrologie et de chimie, j'ajoutais « qu'au
sein de la Société belge de Géologie, il ne peut être question
d'apprécier la valeur pratique d'un projet pris dans son ensem-
ble )) et je signalais que « seuls les points de vue géologique,
hydrologique et chimique peuvent faire l'objet de nos études. »
Je terminais l'exposé de cette importante question d'intérêt
général, si étroitement en rapport avec l'hygiène et la santé
publique, en disant :
<r Certes un p^ojet satislaisant aux desiderata correspondant
à ces trois éléments fondamentaux peut techniquement et
financièrement n'être pas exécutable ; c'est ce qu'il appartient
E. VAN DEN BROBGK 597
éventuellement aux ingénieurs, administrateurs et financiers
de vérifier : mais l'étude rationnelle, telle qu'elle est ici
proposée, aura toujours l'immense avantage d'éviter de sou-
mettre à de longues et coûteuses études techniques, à la dis-
cussion publique — et parfois politique — ainsi qu'au choc
d'intérêts personnels ou administratifs contradictoires, des pro-
jets inexécutables, auxquels la base scientifique ferait défaut. »
Reproduisant ces considérations dans sa brochure jubilaire
de la fondation de la Société belge de Géologie (1887-1896),
brochure intitulée : A quoi peut servir une Société de Géologie ?
M. l'ingénieur /. Hans dit avec raison :
« Combien de difficultés et de controverses techniques,
» administratives et autres pourraient être évitées, combien de
» frais inutiles, d'études d'ingénieurs pourraient être épargnés
» si la mise sur pied des projets de captation et de distribu-
» tion d'eau étaient plus souvent précédée d'une étude spé-
» cialement géologique et hydrologique des terrains à drainer
» et des ressources aquifères qu'ils renferment ».
Cette thèse si naturelle et si justifiée à tous égards, que
je défendais dès 1890, fut cependant loin de rallier tous les
suffrages, même au sein de la Société belge de Géologie.
Certes elle trouva de chauds partisans parmi nos ingénieurs
les plus compétents ; mais d'autres y trouvèrent le thème de
critiques très vives, (jui se sont renouvelées à plusieurs i^eprises.
Il faut n'y voir que la force d'inertie de l'étemelle routine,
et le reflet du manque de connaissances géologiques d'auteurs
de projets, ne parvenant pas à se rendre compte de l'impor-
tance primordiale de la donnée géologique (ju'un spécialiste
est seul à même, dans certains cas, et surtout pour ce qui
concerne le régime aquifère des terrains calcaires fissurés,
d'apprécier comme il convient.
Aussi, est-ce avec un sentiment de vive satisfaction que
j'ai vu tout récemment le Gom^ernement Jrançais, après avoir
pris l'initiative louable de faire étudier cette (juestion de Télabo-
ration des projets d'eaux alimentaires par une Commission
d'hommes distingués appartenant aux départements ministériels
de la guerre, de l'instruction publique, de l'agriculture, des
travaux publics et de l'intérieur (i), adopter et faire siennes les
(1) Ministère do l'Intériour et des Cultes. Rapport à M. le Président du Conseil.
Ministre de l'Intérieur et des Cultes, sur l'instruction des projets de capta^e et
d'adduction d'eaux, sur le droit d'usage, l'acquisition et la propriété des sources
(Rapporteur M. Henri MonodJ.
598 VUI« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
conclusions formelles de la Commission. La thèse formulée par
la Commission gouvernementale, adoptée ensuite par le Prési-
dent du Conseil, ministre de l'Intérieur et des Cultes, vient
de faire l'objet d'une circulaire gouvermentale (i), adressée,
le 10 décembre 1900, à tous les préfets, chaînés de faire
appliquer aux 36.170 communes de France, l'exécution des
nouvelles mesures qui viennent d'être prises.
Lorsque j'aurai dit que le but de ces réglementations
nouvelles, dans l'instruction des projets d'eaux alimentaires,
consiste à faire mettre en première ligne et préalablement à
toute autre recherche scientifique ou technique, Vétude géolo-
gique^ confiée à un spécialiste, et à obtenir qu'une élaboration
scientifique complète : bactérioscopique, chimique et hydrolo-
gique s'adjoigne à la donnée géologique pom* précéder le
travail technique de l'ingénieur, j'am*ai fait comprendre les
motifs de ma vive satisfaction. Cette nouvelle réglementation,
qui, après certaines formalités administratives, va bientôt,
sans doute, être rendue elfective et obligatoire pour toute la
France, n'est autre chose en effet que la stricte application
de la thèse que j'ai exposée et défendue, dès 1890, conune
constituant la seule marche rationnelle permettant d'établir des
projets sur des bases sûres et d'assurer les garanties que
réclament les intérêts de l'hygiène et de la santé publiques.
C'est là une victoire pour la Géologie appliquée, dont
l'importance est appelée à ouvrir bien des yeux, il faut
l'espérer, sur les innombrables autres avantages que l'on est
encore en droit d'espérer de l'étude des multiples applications
de la Géologie.
(1) Circulaire ministérielle du 10 décembre 1900, adressée par M. le Président
du Conseil, ministre de l'Intérieur et des Cultes, à tous les préfets de Franco
(Direction de l'Assistance et de l'hygiène publiques; 4"' bureau. Hygiène publi-
que : Instruction des projets pour l'alimentation en eau des Communes,
5^9
OBSERVATIONS SUR LA STRUCTURE INTIME
DU DILUVIUM DE LA SEINE
CONSKQUEXCES GÉNÉRALES SUR LES PHÉNOMÈNES DILUVIENS
par M. SUnIslas »EII]\IER
Planche V
Sous une apparence très spéciale et très locale, la question
que je me propose de traiter ici en quelques pages est au
contraire des plus larges, — des plus autorisées par consé-
quent à figurer parmi les sujets dont le Congrès international
de Géologie doit s'occuper. Elle conduit en ellet, par le moyen
d'un examen minutieux de la structui'e du sol de sédimenta-
tion lluviaire, à préciser l'allure des cours d'eau pendant tout
le temps de l'évolution des vallées et en conséquence à jeter
du jour sur l'économie générale de la surface du sol à
travers Timmensc durée des temps quaternaires.
Je n'ai pas à rappeler à cette occasion que l'opinion
généralement régnante sur la période dont il s'agit a été
conclue de considérations toutes différentes ; mais on me
permettra de souligner le caractère très particulier de la
méthode que je vais adopter et qui consiste à ne laisser
aucune place au sentiment personnel, à la préférence plus ou
moins justifiée qu'on peut se sentir par telle ou telle solu-
tion définitive. Il s'agit de faire à peu près V histologie du
diluvium de la Seine, de rechercher quel mécanisme peut la
reproduire sous nos yeux, quelles conditions générales elle
sup[)ose, et d'en conclure le régime que la rivière a présenté
depuis les temps les plus reculés jusqu'au moment présent.
A cette occasion une première remarque s'impose et elle
est hi(»n originale : c'est que si on a beaucoup écrit et
beaucoup discuté sur le diluvium de la Seine, on ne l'a
pas beaucoup regardé et qu'à son égard comme dans bien
d'autres occasions, des idées préconçues ont empêché les obser-
vateurs de voir correctement les faits. Il n'y a d'ailleurs
aucune fausse honte à avoir en en convenant et, pour ma
600 Vlll« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
part, je ne fais pas de difficulté à reconnaître que jusqu^à ces
dernières années la structure du diluvium de la Seine, que
je croyais avoir étudiée à maintes reprises depuis plus de trente
ans, m'avait complètement échappé. J'ai recueilli dans la
même direction le témoi^age de plus d'un géologie très
distingué — de ceux qui ne craignent pas d'avouer leurs
erreurs parce qu'elles ne tiennent qu'à la nature même des
choses naturelles et au caractère si généralement trompeur
des apparences qu'elles nous présentent.
Je pourrais faire ici une collection de citations empruntées
aux auteurs les plus renommés et qui, malgré leur très grand
nombre et la très grande diversité de leurs signataires, seraient
absolument unanimes pour attribuer au diluvium de la Seine
« un caractère torrentiel ». Je me contenterai, à cause de sa
date toute récente, de transcrire celle-ci : « Les éléments
siliceux y dominent en général à cause de leur duœté, et des
zones de cailloux roulés, indice d'inondations violentes n v aller-
nent souvent avec des veines de sable fin, où la présence de
coquilles fluviales très délicates attestent que momentanément
la vitesse de la rivière était assez amortie » (i).
Cette opinion si généralement admise sur le diluvium a
une origine multiple : elle tient surtout à ceci qu'on a été
porté à attribuer au creusement des vallées une allure très
rapide et une intensité en désaccord avec celle des phé-
nomènes d'érosion dont ces localités sont de nos jours le
théâtre. Contraint de renfermer dans un temps très court
rénorme travail d'ablation dont la vallée de la Seine est le
résultat, on a dû nécessairement invoquer le concours dVan
torrentielle sillonnant le sol et abandonnant des traînées de
maU'riaux le long de son itinéraire.
Toutefois on peut s'étonner que cette manière de voir ait
universellement prévalu et y voir même un témoignage en
faveur d'une doctrine toute diflerente. Car il eût été assez
commode de faire du creusement un acte subit et violent
puis du remplissage partiel du canal une fois ouvert le pi*)-
duit des phénomènes tranquilles de tous les jours : dénuda-
tion et sédimentation pluviaire et fluviaire.
Ou peut remarquer a cette occasion que malgré la idéalité
du point de vue tout d'abord indiqué, Belgrand et ses élèves
(1) De Lapparenl. Traité de Géologie, 4' édition, p. 160.}, 1900.
STANISLAS MEUNIER 6oi
ont raisonné quelquefois comme si celte distinction s'était
imposée à leur esprit : autrement on ne comprendrait en
aucune façon les comparaisons établies par le célèbre ingénieur
entre la disposition des diluviums et celle des matériaux
déposés dans les égouts par les eaux de chasse.
Je n'ai du reste en aucune façon le projet de reprendre
ici la discussion d'une doctrine qui a certainement fait son
temps et que personne ne défendra plus d'ici fort peu de
temps. Le point sur lequel je désire appeler Tattention et qui
va nous ramener à une conception très satisfaisante des choses,
est selon moi beaucoup plus curieux et tout à fait imprévu.
C'est qu'il sulïit d'étudier soigneusement et impartialement
la structure du diluvium pour reconnaître à l'instant l'inexac-
titude de toutes les théories violentes proposées à son égard.
Et je répète que ce n'est pas un mince sujet d'étonnement
que constater qu'en aucun pays du monde on n'a jusqu'à présent
soumis le diluvium à l'étude par laquelle il eût fallu
commencer, c'est-à-dire à celle de sa structure et de sa
composition intimes.
Cette assertion peut paraître extraordinaire et plus d'un
lecteur sera tenté de croire que j'exagère, et cependant
comment concevoir les propositions rappelées plus haut sur le
concours d'eaux violentes et tourbillonnantes dans la constitu-
tion des amas de matériaux dont il s'agit ?
On reconnaît en elfet, en regardant avec soin le diluvium
de la Seine, qu'au lieu d'être une collection confuse de maté-
riaux quelconques mélangés sans ordre, c'est au contraire un
véritable tissu d'une délicatesse extrême où chaque grain
pierreux occupe une situation strictement réglée. I^à où on
s'attendait à trouver cette « disposition torrentielh» » si souvent
supposée on admire une histologie véritable.
Tout d'abord, et pour préciser, il importe de rappeler qu'on
la connaît bien la structure des dépôts torrentiels : il est bien
facile de Tétudier dans d'innombrables localités de nos montagnes
où les torrents laissent l'été leur Ht à peu près desséché et elle
est d'autant plus facile à reconnaître que souvent des excavations
y sont ouvertes pour l'extraction des sables propres aux cons-
tructions. Pour ma pari j'en ai disséqué dans bien des pays
et spécialement en Suisse, dans le canton de Vaud, au-dessus
de Montreux et de Vevey.
Ce qui frappe à première vue c'est le mélange de blocs de
6oa VIU« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
grosseurs très diverses, parfois énormes, jetés avec un appa-
rent désordre et réunis par des grains beaucoup plus petits et
loéme çà et là par de la boue. En faisant plus d'attention on
voit que même dans le lit du torrent le triage, c'est-à-dire
Tordre, tend nettement à se manifester; seulement il n'a pas
eu le temps d'être complet. Il se reconnaît à la situation des
parties les moins grosses par rapport aux autres : on voit que
les blocs, quand ils se sont arrêtés, se sont constitués à Tétai
d'abri pour ce qui était immédiatement au dessous d'eux dans
le courant et en ont ainsi prévenu Tenlèvement. Si l'eau avait
continué de couler avec la même allure, mais sans apporter
des matériaux nouveaux jetés pêle-mêle dans son lit, elle aurait
lavé les gros morceaux de tout ce qui était plus lég^r et auniit
exactement classé les débris. Cette étude que j'ai poussée très
loin parce qu'elle m'a vivement intéressé, m'a conduit à recon-
naître, même dans les cas les moins favorables, l'irrésistible
tendance de Teau en mouvement à séparer les diverses catégo-
ries de particules minérales au contact desquelles elle se ment.
Ceci posé, si Ton se transporte devant un front de taille
d'exploitation convenablement choisi de diluvium de la Seine,
voici ce que Ton constate :
La masse du diluvium exploité dans la très grande majorité
des grévières des environs de Paris se divise en trois horizons
superposés : le plus profond est formé de blocs et de gros
galets dont le volume a presque fatalement inspiré aux pre-
miers observateurs Tidée d'en rattacher le dépôt à Taclion
d'énergiques agents de transport. Le niveau moyen est composé
de sables, de graviers et de galets à peu près, et même
parfois tout à fait, dépourvus de limon. Et, tandis que cet
horizon se signale par l'absence des particules lines. le niveaa
supérieur au contraire otlre au regard une proportion plus ou
moins considérable de substances ai^leuses.
Ces trois zones ne sont pas séparées mutuellement d'une
manière absolue et Ton voit parfois des passages de Tune
à T autre, mais cela ne retire rien à leur netteté qui les fait
distinguer à première vue. On les a souvent attribuées à un
adoucissement progressif, dans Tallure de coui*s d'eau qui,
à l'origine, auraient été capables de charrier de gros blocs« plus
tard seulement des gi'aviei's de moyenne grosseur et enfin
des sables et des limons. Mais une foule d'observations s'élèvent
contre cette conception qui cependant a eu beaucoup de par
STANISLAS MEUNIER 6o3
tisans et, parmi ces observations, il faudra faire une place
tout à fait à part à celles qui ont pour objet la comparaison
des graviers des bas niveaux comme ceux de Creteil, avec
celles des graviers de hauts niveaux comme ceux de Bicôtre
(Kremlin). Bien que ce dernier dépôt soit certainement de cons-
titution beaucoup plus ancienne que les précédents, la struc-
ture en est cependant identique avec la leur et Ton ne voit
nulle part dans son économie Tintervention d'un agent spé-
cialement énergique. Ce point de vue est d'une éloquence
décisive.
11 résulte de mes études que les différences constatées
entre les trois horizons superposés de nos graviers, résultent
avant tout des différences de conditions présentées au même
moment par les divers points d'une vallée donnée.
En effet, pendant que dans certains points, le cours d'eau
déplace des matériaux, dans d'autres points qui peuvent être
très voisins des premiers, les matériaux exondés sont soumis
à la réaction dos eaux d'infiltration qui, en s'y insinuant,
introduisent dans leurs interstices les limons d'origine atmos-
phérique en même temps qu'elles en modifient la structure
primitive plus ou moins profondément.
D'un autre côté, le ruissellement des eaux sauvages et
surtout les épanchements des inondations, en édifiant par
colmatage une portion de la terre végétale, édifient au
dessus du dépôt réellement fluviaire un revêlement qui peut
acquérir une épaisseur sensible à la faveur d'un temps sufli-
sant. Et ici le fait qu'il importe de retenir c'est qu'il peut
toujours se constituer à un même moment, dans le fond
d'une vallée, deux catégories de dépôts : i» les sables et graviers
charriés et déposés dans le lit fluviaire aux endroits A'eau
i*ive et 2° les liuions épanchés dans les régions d'eau morte
et aussi, par une suite nécessaire, dans les terres inondées
temporairement en dehors du lit.
Ajoutons que dans les points d'une vallée que le déplace-
ment des méandres a laissés intacts depuis longtemps, le terrain
de colmatage peut acquérir une épaisseur relativement très
grande. Il s'accroît à chaque inondation par un mécanisme qui
rappelle l'allure des alluvions actuelles de la vallée du Nil.
Seulement, aux environs de Paris, les agents de production
ne sont pas tous identiques à ceux qui interviennent en
Egypte ; au lieu du Khamsin, ou vent du désert, qui apporte
Go4 Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
des pluies périodiques de sable, nous avons chez nous le
déplacement des glaces d'hiver qui charrient des nappes entières
de limon, de graviers et même des galets de toutes tailles.
Des trois horizons superposés dont se compose le diln-
vium de la Seine, il y en a un qui se signale immédiatement
au regard par sa stnicture remarquable, en même temps que
par la valeur industrielle des matériaux qu'il livre à l'exploi-
tation. C'est l'horizon moyen, que nous pouvons appeler le
diUwinm franc^ parce qu'il résulte d'un processus exclusive-
ment (luviaire et qu'il possède, avec leur maximum, les carac-
tères diluviens.
11 est constitué, par un contraste aussi complet que remar-
quable avec la plupart des formations sédimentaires, par iie<
sortes de lentilles ou d'amandes sableuses, enchevêtrées les unes
dans les autres d'une fa<;on parfois compliquée. On est sur|»ri<
de reconnaître que dans chacune des amandes dont il s'a^t.
les éléments sableux sont disposés en lits parfaitement tv^-
liers. plus ou moins obliques à Thorizon. purs ou presque purs
de matière limoneuse et toujours nettement parallèles les ans
aux autres.
I^ dimension des lentilles, comme l'inclinaison de leurs
lits constitutifs, varient beaucoup d'un point à un autre et
quelques-unes sont si aplaties qu elles (igurent des couches pro-
prement dites et cependant leur structure est toujours la même
dans toutes les régions des balastières. quelle que soit leur
orientation par rapport à celle de la vallée : ce qui veut
dire que l'inclinaison des lits constitutifs de lentilles est elle-
même variable non seulement par sa valeur angulaire mai-^
par sa direction. Il arrive qu'en des points très voisins, voire
sur la même verticale, le plongement de ces lits est mutuel-
lement inverse, c'est-à-dire qu'une lentille à feuillets plongeant
vers la droite de l'observateur peut être au voisinage, ou au
dessus ou au-dessous, d'une lentille dont les feuillets plongent
vers la gauche.
Mais le point essentiel à souligner, et sans crainte d^
répéter la même assertion fondamentale, c'est que cette varia-
bilité s'associe à une régularité absolue et à une délicatesse*
extrême de structure.
Ajoutons à cette occasion que dans chaque lentille, les
petits lits constitutifs se poursuivent parfois sur des longueurs
de plusieurs mètres, se distinguant les uns des autres par
STANISLAS MEUNIER 6o5
de très faibles variations dans la grosseur de leurs grains, de
telle sorte qu'on les compare tout naturellement aux lits sableux
composant les dunes.
Cette ressemblance tient à ce que le mode de formation est
le même dans les deux cas, substitution faite bien entendu
de l'eau courante au vent, comme véhicule de la matière
arénacée.
Mais si la structure de chaque lentille est aisée à
expliquer, il semble devoir en être tout autrement de celle
du terrain tout entier, formé, comme on vient de le dire, de
lentilles enchevêtrées ; et ici, la comparaison avec les dunes,
si exacte tout à Theui^e, ne semble pas pouvoir se poursuivre.
C'est seulement en se mettant à Técole de l'observation des
phénomènes actuels qu'on trouve la clef de ce problème si
longtemps poursuivi, et sa découverte justifie à un tel point
la légitimité de la doctrine actualiste qu'on en arrive à
poser en fait qu'il sullit d'analyser l'histologie du diluvium
franc pour en tirer la démonstration complète du processus
progressif et lent du creusement tout entier des vallées.
Voilà qui mérite évidemment de nous arrêter un instant.
La conclusion des études auxquelles à ce point de vue
j'ai soumis le diluvium de la Seine, c'est qu'il représente
une série très longue de remaniements succ(*ssifs, opérés dans les
mêmes points par le même cours d'eau que nous avons encore
sous les yeux et qui, suivant les moments, est, dans la même
région, animé de vitesses très différentes les unes des autres.
Cette variation de vitesse avec le temps sur un même
point, s'explique d'ailleurs tout de suite par l'observation
contemporaine de variations de volume des cours d'eau d'un
jour à l'autre et surtout par la faculté dont jouissent les
rivières de déplacer horizontalement leurs méandres.
Il résulte en eflet de ces conditions diverses si universel-
lement constatées, que les choses se passent, dynamiquement
parlant, dans un point fixe de la rivière qui se déplace,
comme si ce point, au contraire, se déplaçait progressivement
dans le lit d'une rivière supposée constante dans sa situation
et dans son allure. Il est évident qu'à ce prix, il sera tantùt
le théâtre de phénomènes sédimentaires, s'il se trouve dans les
régions relativement tranquilles de la rivière, tantôt de phéno-
mènes érosifs s'il est dans les régions rapides — et avec toutes
les intensités relatives possibles dans les deux cas (fîg. i).
6o6 VUr CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Si nous supposons d*abord ce point dans une anse con-
vexe du cours d'eau il pourra se garnir de sédiments en lits
plus ou moins horizontaux et qui s'ajouteront les uns aux
autres tant que le régime ne changera pas trop. Le lit perdra
progressivement de sa profondeur et la berge pourra même
s'exonder peu à peu par suite du recul progressif du courant,
en conséquence de Tun des mille incidents de la diQagadon
des méandres. Nous reviendrons tout à l'heure sur ce qui
advient des régions exondées, perdues momentanément par la
rivière et gagnées par la terre ferme; pour le moment suppo-
sons que nous avons choisi une région placée un peu plus bas
(par rapport au fil de Teau) et où la sédimentation n'admet
que des matériaux moins fins que des limons, sableux et
comparables à ceux que nous montraient précédemment nos
coupes de graviers quaternaires.
Le déplacement des méandres a pour conséquence de changer
très progressivement la condition dynamique du point que
nous considérons et il va pouvoir se faire que les filets deau
qui le traversent soient animés d'une vitesse de plus en plus
rapide. Alors, non seulement la sédimentation cessera de s'y
continuer, mais les matériaux déposés à cause de leur dimension
en rapport avec la vitesse du courant qui les a engendrés,
seront sollicités au déplacement. En d'autres termes, là où nous
venons de voir des dépôts se constituer, il se déclare peu à
peu un phénomène de dénuda tion. Celle-ci pourra en certains
cas enlever tout ce qui s'était déposé tout a l'heure, mais il
arrivera bien souvent aussi qu'une portion du sédiment échap-
pera à l'érosion, durera jusqu'à ce que la distance aux berges
du point considéré soit telle que des portions relativement
lentes du cours s'y établissent et alors la sousti*action de
matière s'arr^^tera (fig. 2).
Cette dénudation progressive sera d'ailleurs limitée par une
surface supérieure des masses érodées dont la forme est une
représentation exacte de l'état dynamique de l'eau en chaque
point du fond. KUe pourra en outre être recouverte de maté-
riaux trop lourds pour être entraînés et qui, pour des raisons
que nous indiquerons dans un instant, se seraient trouvés enve-
loppés dans le dépôt attaqué : et cette circonstance lui donnera
une apparence très caractéristique et qui sera en même temps
très significative. Les matériaux volumineux ou lourds dont
il s'agit se retrouveront d'ordinaire dans la masse du dép<H non
60,
Co^8TlTUTlu^ progressive du Diluvium
LéucDdi! des Bjjuree scti^matiqui'K.
Fijf . i- -~ Dùprtl du diluïium a sous lp ri^fciioe iMimunUlre propre aus anse»
coDvciGS des cours d'pau :
Fip. i. — Érosion du dépAt o par l'établissement du réfi''"'^ des anses runcaTcs,
dc-termini- par le dëplaeement transversal du méiindre ;
FIff. 3. — DApAla en IIU Inrlloès du diluvlum b sur le lambi'au subsistant de la
formiitioD a;
Flp. *. — Érosion de h et d'une petite portion de a ;
Plg. ». — D«p<lt de c sur les résidas de b et de i ;
FIg. 6. — Érosion dea dépite précédents par le retour des conditions coocaTes.
6o8 Vlli* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
encore raviné et c'est un lait qui rend leur origine tout spécia-
lement évidente.
C'est à chaque pas que, dans les portions accessibles du lit
des rivières, en temps de très basses eaux, on voit des traces
de Térosion cjuc nous décrivons et spécialement dans les
rivières qui se dessèchent tout à fait ; par des sections verti-
cales à la brèche, il est facile de voir la disposition des lits
constitutifs du fond et de constater la forme de l'érosion que
le cours d'eau leur a inlligée.
En tout cas et pour en revenir à l'histoii-e de notre dilu-
viuni parisien — le déplacement horizontal du tleuve continuant,
et avec lui le déplacement des filets d'eau animés de diverses
vitesses, le point considéré a pu se ti'ouver en rapport avec
de Teau qui, loin de continuer l'œuvre d'érosion à laquelle
nous venons d'assister, a, au contraire, apporté des matériaux
de sédimentation. C'est toujours péniblement, à bout de force,
que cette sédimentation se réalise, car autrement les matériaux
qui se déposent iraient plus loin, et c'est l'occasion de répéter
qu'on est émerveillé, et cela dans toute l'épaisseur du diluviuui
de la Seine, de la précision des séparations réalisées succes-
sivement par les courants d'eau.
Alors, la surface courbe dont nous venons de voir le
mode de production est devenue la base d'appui d'un système
de petits lits qui n'ont aucun lien de direction nécessaire avec
celle des petits lits de l'origine. Cette fois ils peuvent être
obliques (fig. 3), c'est-à-dire en discordance complète avec ce qui
reste du dépôt a. Leur obliquité varierait d'ailleurs avec la
direction de la coupe ; dans un certain sens ils pourraient
être horizontaux, de même qu'à la rigueur les lits du dépôt a
pourraient être obliques suivant une orientation convenable-
ment choisie.
Ici encore, chaque feuillet du dépôt traduit par la gi*osseur
de son grain l'énergie mécanique de l'eau qui lui a donné
naissance.
Cependant les vicissitudes locales continuant au iur et à
mesure des modilications de forme du fleuve lui-même, îles
érosions viemient de nouveau attaquer le fond, mordant sur
le dépôt à la production duquel nous venons d'assister el
parfois même jusqu'à celui qui le supporte et qui de nouveau
peut perdre une partie de sa substance.
La ligure 4 ^^ons montre le résultat de cette noiwelle cru-
STANISLAS MRUNIRK 609
sion et la forme nouv^elle du lit (luviatile qui lui correspond.
On y voit la surface recouverte encore de débris grossiers
correspondant à ce que le courant déniidateur a rencontré dans
le sol sous-iluviaire, de trop pesant pour qu'il remportât.
Répétons que Ton verra dans un instant comment ces maté-
riaux sont parvenus là où ils figurent.
Tous les sédiments (luviatiles pouiTaient ainsi disparaître dans
le point considéré, mais il arrive aussi qu'une portion continue
à en subsister et alors, par le retour des conditions conve-
nables, elle sera i*ecouverte par une nouvelle sédimentation. Ce
sera le dépôt c de la figure 5 en lits inclinés un peu autre-
ment que ceux de la formation b. Et cette sédimentation
pourra elle-même être plus tard dénudée, comme le montre
la i\^, 6 dont l'analogie avec la figure 3 paraît assez carac-
térisée pour souligner le retour des conditions identiques
avec un fond tout autrement constitué que la première fois
puisqu'il conserve la trace d'une série de phénomènes qui se
sont succédé les uns aux autres.
ftlvidcmment nous pourrions arrêter là cette énumération
de réactions alternatives. Mais on trouvera sans doute qu'il
est utile pour la clarté de la démonstration de montrer
comment, par leur continuation, une coupe réelle peut ôlre
expliquée jusque dans ses détails les plus intimes.
A cet égard j'ai choisi une grrvière sise au Petit Cré-
teil (Seine), près du confluent de la Marne et de la Seine,
et dont un observateur très distingué, M. Aug. Dollot, corres-
pondant du Muséum d'Histoire naturelle, a bien voulu prendre
pour moi l'excellente photographie reproduite dans la planche
jointe à la présente note (Voir PI. V), où la règle verticale
placée au premier plan mesure a"" de hauteur. On y voit bien
les lentilles et les surfaces onduleuses qui les séparent les
unes des autres. J'ai atfecté à ces lentilles, à partir du bas, des
lettres qui correspondent à celles que présentent déjà les
figures 1 à 6 qui viennent d'être décrites. On peut juger, par
leur moyen, de la correspondance déjà réalisée entre les acci-
dents naturels et les vicissitudes que nous avons rapportées. Il
est facile de terminer la coupe en quelques lignes.
Pour cela, il nous faut, après la disposition présentée par la
figure G, admettre la sédimentation indiquée par la figure 7 et
qui concerne le dépôt d en lits inclinés à peu près comme
ceux des dépôts précédents, mais formés de matériaux plus
39.
GlO VUI' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
grossiers, ce <|ui suppose une plus grande vitesse dans !'t»au
génératrice (fig. 7).
Ce dépôt d a d'ailleurs été érodé à son tour et a perdu une
grande partie de sa substance constituante. Ce qni reste est comme
pour les dépôts précédents, terminé par une surface eourbe
toute parsemée de pierrailles constituant des résidus de lava^
(fig. 8). Puis s'est établie la sédimentation du dépôt e qui. par
suite de Torientation accidentelle de la coupe, montre ses feuil-
lets avec une horizontalité approximative (fig. 9).
Une érosion nouvelle visible sur la fig. 10 a été suivie à
son tour du dépôt (fig. 11); le sens des feuillets de ce nou-
veau est précisément inverse de celui des feuillets constitutifs
du dépôt d. Enfin Taddition du dépôt g (fig. la) est venue
compléter la série observée, l'eproduite sur la planche V.
Cette disposition « entrelacée » du diluvium franc, loin
comme on le voit, de supposer selon le sentiment de Belgrand,
l'intervention d'agents ti*ès violents, serait évidemment toute
brouillée par un semblable régime.
Kt comme on serait sans doute peu disposé à croire sans
pi*euve, qu'un observateur spécialisé dans Tétude du diluvium
ait pu formuler une semblable opinion, on trouvera légitime
que j'y insiste un instant. A la page 106 de l'ouvrage sur La
Seine, l'auteur, constatant l'existence des lentilles sableuses
dans la balastière Tarsieux, à Levallois, ajoute : « Ces bancs
sont disposés en amandes : ils ont été amenés en tnasse et
dans une seule crue par des eaux qui tourbillonnaient aaioar
d*un axe vertical. J> Un peu plus loin, Belgrand ajonte que
« cette coupe fait voir que le point du lit du fleuve était
le centre d'un tourbillonnement lorsque se sont déposés les
amas de sables et de gniviers.
Du reste, l'auteur parle à beaucoup de reprises (par exemple,
p. !244) de violents tourbillons qui, en même temps, auraient
affouillé le sol et déposé des sables limoneux. Il y a là une
assertion qui semble essentiellement contraire à robser>'ation
journalière : si un courant dénude, il ne sédimente pas au
même point, sauf, en laissant sur place, comme nous Tavons
déjà vu, des résidus d'érosion. Il y a contradiction absolue
entre la soustraction de matériaux grossiers et l'apport de
matériaux plus fins. A chaque instant et dans chaque point,
la grosseur maxima des grains, arrachée par le courant érosif.
est rigoureusement réglée par la vitesse de l'eau ; de même
STANISLAS k
DU DiLuviuM PB LA Seink {Sulle).
[>-KCi>de de» ligures schématiques.
FIK' 7. — D6pût ilu diluvium il !i Ih suit'' ilu retour ilang l(> pnlnt considéré,
du régime conveie;
FIR. H. — ËrosloQ parllulle du dépOl précédent ;
Pis. 9. — DépAt de llta peu obliques du diluvium e ;
Fig. 10. — Érosion de e qui ajoute une nouvelle n lentille a sableuse aux len-
tilles dâ{à formées ;
FIg. 11. — Dépât de 1» zune/;
Wg. 12. — Addition du dép<\t ij qui corapIMe la série représentée duos la
plaiKhe phototypique |PI, V|.
6l3 VUP CONGKKS GÉOLOGIQUE
que, dans chaque point de sédimentation, le volume des grains
déposés est exactement déterminé.
Répétons donc, d*une façon de plus en plus formelle, que
la disposition lenticulaire du diluvium témoigne d*une allure
essentiellement tranquille, quoique constamment changeante.
C'est exactement le régime qui existe dans le lit de toatt^
les rivières actuelles, et il est facile de le constater, en temps
de basses eaux ou de sécheresse dans des localités convenable
ment choisies. Les petits lits inclinés se voient parfaitement
dans les excavations faites pour recueillir le sable actuel et
j'en ai relevé, par exemple, dans le lit desséché de TAlUer,
aux environs de Coudes (Puy-de-Dôme), qui étaient tout à fait
identiques pour la disposition à ceux du diluvium de la Seine.
Reste à dire un mot des blocs relativement gros qui.
comme nous Tavons dit et comme tous le monde le sait, sont
associés à la masse du diluvium franc. L*observation démontre
avec certitude qu'ils ont été amenés autrement que par Tinter-
vention de leau courante agissant seule.
Bien souvent ils représentent des résidus, restés à peu prt*s
sur place de la dénudation subie par le sol sous TinQuence
de divers agents de dégradation et les éboulements des berges
de la rivière doivent être spécialement mentionnés. Mais
fréquemment aussi, ils ont été transportés, ainsi qu'on l'a
i*emarqué bien des fois, par des glaces flottantes et nous
pouvons observer le phénomène chaque hiver, toutes les fuis
que la rivière charrie, suivant l'expression vulgaii*e. En outre,
des radeaux naturels constitués par les arbres arrachés des
rives avec leui's racines sont également des agents de trans-
port, sans parler des hommes qui, depuis le commencement
des temps quaternaires, ont dû jeter bien des piern*s dans la
rivière, comme ils continuent de le faire de nos joui's.
On est très frappé de la situation de ces blocs de toutes
tailles et relativement volumineux comparés aux autres élé-
ments du diluvium et j*ai réuni à cet égard des documents
photographiciues d'une haute signification. D'habitude, ils sont
placés sur des ensembles de lits minces horizontaux ou obliques
(]ui n ont pas été notablement modifiés par eux et cela encore
est essentiellement différent de l'état des choses dans les tor>
rents où, comme nous le rappellions tout à Theure. les gros
blocs sont toujours à la tête de traînées de matériaux plus lias,
disposition qui s'explique d elle-même, puisque les blocs ont
STANISLAS MEUNIER 6l'3
nécessairement constitué des obstacles au voisinage desquels
Tallure de Teau rapide a été toute particulière.
Dans nos grévières, la présence des gros blocs de toutes
tailles, concentrés déjà, comme on le dit, en lits qui font la
base des lentilles sableuses, conduit d'ailleurs à une remarque
très imj)ortante sur la structure des régions inférieures des
amas du diluvium de la Seine ; — structure sur laquelle
Belgrand a émis une opinion si insoutenable.
Cet auteur constiile en effet que les gros galets, les blocs
voluniiiVeux de toutes natures sont volontiers concentrés dans
« le gi^vier du fond » et il en tire des conséquences quant à
la violence spéciale des cours d'eau au début du remplissagt^
de la vallée, remplissage qu'il semble toujours porté à com-
parer à l'engorgement d'un égout préalablement creusé. Frappé
de Tabondance des silex taillés de main d'homme dans cette
zone, il arrive à formuler {La Seine, p. i54) la supposition
des deux déluges successifs. « En effet, ajoute-t-il, les eaux
courantes ne rassemblent jamais les objets lourds de même
origine, elles les dispersent ; les objets légers, ceux qui flot-
tent sur l'eau, peuvent atterrir en abondance à certains
points favorables, mais ceux qui sont entraînés en roulant
au fond avec les graviers, sont dispersés comme les graviers
eux-mêmes. » Sans discuter ces assertions, dont il serait très
facile de montrer l'inexactitude, nous remarquerons que bien
évidemment ces régions macrolithiques du diluvium de la
Seine représentent les résidus [)rogressivement accumulés de
la dénudation successive dont nous indiquions tout à l'heure
les différentes étapes.
Petit à petit, les parties relativement fines sont emportées
et les fragments plus pesants subsistent de plus en plus seuls
et descendent progressivement, constituant de haut en bas
des nappes infralenticulaires de plus en plus profondes. Les
progrès de ce lavage expliquent la liaison si intime que tout
le monde a constatée entre les « graviers de fond » et le
diluvium franc ou « sable gras ». Ces mêmes progrès mani-
festent en même temps la tendance à la concentration dans
les lits les |)his bas de tout ce qui est lourd : galets, éclats
d(î roche, haches de pierre, gros ossements, etc. Chaque éro-
sion du dépôt déjà fait et qui détermine la forme inférieure
d'une lentille future, peut laisser, connue trop pesants de
certains matériaux, et c'est pour cela que nous avons vu des
6l4 VIU« CONGRÈS GBOLOGIQUR
surfaces d'érosion ainsi revêtues de nappes de galets. Dans
le cas où le dépôt a été raviné totalement, les galets seols
peuvent subsister sur le fond. Mais jamais, dans aucune cir-
constance, le courant de la Seine ne semble avoir pu charrier,
comme le pensait Belgrand, les gros éléments du diluviuni.
Nous constatons toujours dans les cou]>es offertes à notre
examen par les balastières, que les zones dont on vient d'avoir
la description sont surmontées d'une épaisseur plus ou moins
grande de sables et de graviers qui passent par le haut ii
des limons sableux ou même caillouteux : Belgrand leur a
donné le nom de « sables de débordement » qu'on peut leur
conserver à la rigueur, quoique le mécanisme du débordement
soit loin de coïncider exactement avec celui que supposait
Fauteur.
Quoi qu'il en soit, ces lits supérieurs ont [>our nous un
intérêt très spécial, car ils constituent au propre, la terre
végétale des plaines d'alluvion et il est fort utile de préciser
leur mode de formation. A cet égard, il imi>orte de remar-
quer que les portions limoneuses quoique caillouteuses, que
recouvre la terre arable, se soudent par en bas d'une fav«Hi
intime avec du diluvium dépourvu de la structure amygda-
loîde et qui semble déjà indiquer un régime dillerent de f^lui
qui a présidé à Taccumulation de notre « diluvium franc ».
11 est facile de s'expliquer cette circonstance en se rt*por-
tant par la pensée au voisinage du fleuve, sur la berge con-
vexe d'un méandre en voie de déplacement. Les sabb^ viennent
s'y déposer de plus en plus fins à mesure que la ligne «lo
grande vitesse s'éloigne et les limons s'y superposent bientôt,
constituant une avancée progressive de la terre ferme qui
entoure la boucle de la rivière. Celle-ci n'a pas renonce
encore à la venir submerger de temps en temps ; à chaque
inondation elle s'y épand, mais presque sans vitesse et s<*u-
lement capable, bien loin de l'éroder, d'y déposer de tine^
particules limoneuses : c'est le « terrain de colmatage » qui
vient se superposer à la nappe de sable diluvien correspon-
dant au dernier régime de berge convexe.
Cette nappe de colmatage est loin d'être homogène : elle
contient, et parfois en abondance, des sables, des galets, et
même des blocs de roche plus ou moins volumineux. Mais
cette particularité s'explique d'elle-même par le rôle des glai^
flottantes et il suflit par exemple d'avoir visité la plaine
STANISLAS MEUNIER 6l5
(l'Alfort dans des conditions convenables, c'est-à-dire, lors des
inondations d'hiver, pour y avoir observé, au moment du
dégel, des plaques de glace paresseusement charriées dans tous
les sens et éparpillant, sur tout le fond inondé, de la boue,
des sables, des pierrailles de toutes natures, qui s'incorporent
bientôt dans le sol. Alors que les travaux d'endigucment et
do régulation des lits n'entravaient point comme aujourd'hui
le phénomène, il devait se développer sur une échelle consi-
dérable qui explique bien la constitution constatée du sol
alluvionnaire.
En résumé, on voit d'après ce qui précède que le dilu-
vium de la Seine se divise de lui-môme en trois niveaux
superposés qui ont été distingués du premier coup d'oeil par
tous les observateurs, mais qui, contrairement à l'opinion que
ceux-ci ont généralement défendue, ne supposent quant à leur
origine, aucune action différente par sa cause ou par son
intensité de celles qui interviennent encore sous nos yeux.
Chacun des types caractéristiques de ces trois niveaux
continuent à se produire à l'époque présente : les graviers
de fond, dans les régions d'érosion active au milieu du lit,
où le lavage successif des matériaux a été poussé jusqu'à
l'isolement des éléments les plus gros et les plus pesants ; —
les amandes sableuses, limoneuses ou caillouteuses, dans les
divers points du lit à circulation compatible avec la sédimen-
tation active ; — les nappes limoneuses, arénifères et caillou-
teuses supérieures, hors du lit, dans les régions accessibles
aux eaux d'inondations.
Ces nappes peuvent du reste, à la faveur du déplacement
des méandres, être destinées à subir les lavages décrits plus
haut, qui les réduiront à l'état de dépôts lenticulaires, qui
eux-mêmes passeront peu à peu à la condition de gravier de
fond par une véritable évolution tranquille dont l'allure est
bien faite pour frapper l'esprit.
Et l'on pourrait résumer toute celte série de transformations
successives en constatant que le dépôt du diluvium s'est pour-
suivi sans interruption, avec la même allure, pendant tout le
temps du creusement de la vallée, durant lequel il n'y a
nulle place pour un phénomène violent. D'un côté nous
retrouvons identiquement la même structure avec les mêmes
dimensions en largeur comme en épaisseur, des masses isonsti-
tuantes dans le diluvium des « hauts niveaux » comme au
6l6 VUl* CONGRES GÉOLOGIQUE
Kremlin (Gentilly) et à Montreuil, — dans celui des « bas
niveaux » comme au Petit Créteil et à Grenelle — dans les
« dépôts actuels » de la rivière ; et d'un autre côté, nous
constatons la liaison intime des divers niveaux superposés dans
la formation diluvienne.
A ce dernier égard Belgrand (p. io8) l'emaixjue à propos
d'une sablière de Grenelle, que les zones de sable lin. de
gravier et de gros cailloux y alternent de haut en bas de la
carrière et il ajoute qu'il est « absolument impossible d'établir
stratigraphiquement la limite des graviei's de fond et de Pallu-
vioîi, limite qui, il faut bien le dire, est presque toujours
ineertaine dans les sablières de Paris ».
(]omme on le voit, il v a dans toute cette iiitéressanlr
histoire, une simplicité et une continuité qui contrastent sin-
gulièrement avec la première conclusion d'observations trop
hâtives. Là, où tout d'al)ord on ne voyait que des témoignages
de coui'ants monstrueux par leur volume et par leur violence,
nous ne trouvons au contraire que la pi*euve de la longue
j)ersistance du régime encore en vigueur sous nos yeux. A
notre sens, l'analyse attentive de la structure intime du dilu*
vium sufHt à elle seule, et sans le secours d'aucune auliv
considération, pour faire repousser toutes les hypothèses dilu-
viennes successivement présentées, même avec les modification*^
par lesquelles, depuis Belgrand, on a essayé tant de fois de
les amender.
L'histoire de la sédimentation lluviaire est une de celle*»
où la légitimité de la doctrine actualiste apparaît avec le
plus d'évidence.
6i7
ÉTUDE STRATIGRAPHIQUE ET EXPÉRIMENTALE
SUR LA SÉDIMENTATION SOUTERRAINE
par M. Stenislas MEUNIER
Pour éviter tout malentendu dans un sujet où déjà quelques
eonfusions ont été eonimises, il convient tout d'abord de bien
définir la question. Sous le nom de Sédimentation souterraine
je désigne un mode spécial de constitution de couches ' géo-
logiques qui a passé jusqu'ici à peu près inaperçu et qui
joue cependant, en certaines conditions, un rôle de très grande
importance.
Nous pouvons le définir en disant que les assises auxquelles
il donne naissance sont constituées par les résidus d'une
dissolution partielle de couches préexistantes soumises sous le
sol à une action convenablement corrosive.
Pour l'ordinaire, ces couches préexistantes sont surtout
calcaires et leur résidu n'a qu'un faibb* volume par rapport
au leur ; l'agent de dissolution est l'eau d'infiltration prove-
nant des pluies et chargé, en conséquence, d'acide carbonique;
— mais on peut rattacher au même type de réaction, quoique
relativement exceptionnelle, l'attaque partielle des matériaux
différents sous des influences spéciales.
Dans l'immense majorité des cas le phénomène ne peut
prendre naissance que dans le sol des régions exondées, conti-
nentales ou insulaires : les fonds de mer en sont exempts et dès
lors la recherche et la découverte de" certains faciès pourront
être facilitées par la considération des faits qui vont suivre.
On concevra à cette occasion mon souci de bien distinguer
les faits que je vais étudier de ceux qui sont maintenant connus
comme dérivant de l'action dénudatrice de la pluie et qui ont
produit par exemph» la latérite des i)ays chauds ou l(*s arènes
granitiques de nos régions tempérées ainsi qu'une série de for-
mations qualifiées souvent iVéluviennes et qui ne présentent en
aucune façon l'allure stratifiée, même (juand elles ont une
épaisseur considérable .
Au contî*aire, le dépôt des résidus (pii nous occupent se
6l8 VUl* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
fait successivement de haut en bas, c'est-à-dire dans le sens
inverse des sédimentations ordinaires ; les progrès en sont
accompagnés d^ailaissements du soi ; ils s*accomplissent avtM*
une régularité qui se traduit par la persistance d'une appa-
rence stratifiée tout à fait normale.
Avant d'insister sur ces phénomènes dont il va être bien
facile <lo faire ressortir toute Fimporlance , j'ajouterai que
leur annonce a provoqué quelque i*ésistance chez plus d'un
géologue : — mais je vais montrer que les objections présentées
se résolvent de la manière la plus satisfaisante.
Afin d(* fixer les idées, je décrirai en quelques mots une
région oii le phénomène a acquis une ampleur sullisante et
où, par conséquent, on peut observer les traits les plus carac-
téristiques <les formations de sédimentation souterraine. Je
choisirai la localité de Prépotin, située à peu de distance de
Mortagne (Orne), où j'ai eu Toccasion de poursuivre {Mandant
plusieurs années des études détaillées.
En nous bornant ici aux faits les plus essentiels il suffira
de rappeler que la région dont il s'agit est considérée comme
crétacée et que les assises turoniennes y sont exploitées en
bien des points comme craies de différentes qualités, marneuse,
sableuse, micacée, etc.
Lii coupe ci-jointe (fîg. i) fait voir comment à Pi'épotin
la colline de la Bruyère est, sur une épaisseur de plus de
4 mètres, composé de couches fort régulières d'argile recou-
vrant des couches de sables. Il convient du reste d'ajouter
que cette coupe n'est pas visible et a été conclue des ivsultatii
fournis par trois puits poussés jusqu'à i5 mètres de profon-
deur avec un diamètre de i™5o et un écai-teinent l'éciproque
de 60 à 80 mètres. La figure montre donc comme une inte^
polation raccordant les données procurées par les trois puits.
Au dessous de la terre végétale, se présente une argple à
silex ocreuse et très impure, exactement semblable à celle
qu'on rencontre dans d'innombrables localités dont le sol est
constitué par la craie blanche. C'est l'argile à silex de Dreux,
le terrain superficiel de la craie, et tout le monde est d'ac-
cord maintenant pour y voir un résidu de la décalcification
subaérienne des couches craveuses.
A Prépotin, son épaisseur est fort variable ; tandis qu'elle
nian((ue totalement dans le puits A, elle atteint dans le
puits B une épaisseur de 4 mètres et ces inégalités s'expliquent
; ï 1 » î i
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&JO Vlil« COXGRÈS GÉOLOGIQUE
tout de suite comme on va voir par rinelinaison générale
des couches qui sont restées sensiblement parallèles entre
elles. Le no 6 est alFecté à cette argile à silex dans la coope.
bien qu*on doive la regarder comme de formation plus ancienne
que les masses sous-jacentes, la décalcification de la roche
d*oii elle dérive ayant eu lieu avant celle des masses situées
plus profondément. Nous allons revenir sur ce point capital.
Sous Targile à silex. qui vient d*étre mentionnée, se pré-
sente une autre formation qui se distingue très nettement de
la précédente, uiais par un caractèi*e dont l'importance absoloe
est évidemment assez faible : i>ar sa couleur. C'est en effrt
une argile blanchâtre et non plus une argile ocreuse : mais,
à cela près, elle resseuible à la couche n^ 6 d'une façon toot
à fait intime. C'est la même composition générale et le même
mélange avec des rognons siliceux qui, ici comme plus haut,
sont épuisés, e*est-à-dire devenus spongieux par la dissolution
d^me partie de leur substance par les eaux d'infiltration.
Aussi en présence d'une semblable identité ne saurait-on se
refuser à voir, dans cette couche n** 5, un produit des mêmes
actions qui ont déterminé la production de la couche m 6.
C'est évidemment encore une assise de craie qui a perdu son
calcaire, qui s'est réduite à ses seules parties insolubles et
qui, étant moins ferrugineuse que la craie génératrice de la
couche n° 6, a donné un produit moins coloré.
Mais cette constatation a déjà de quoi contrarier bien des
préjugés. Cette deuxième argile à silex atteint trois mètres
d'épaisseur et les dépasse même en bien des points et elle
est réglée comme une formation normale, de sorte qua
l'examen ordinaire elle se présente comme plus ancienne que
la couche n® (>. qui repose sur elle.
Et cependant, son mode de génération va rigoureusement
à rencontre de cette interprétation, elle n'a pu commencer à
prendre naissance, cela est évident, qu'après la décalcification
de la couche supérieure productrice de la couche n** 6 et dès
lors cette couche n^ 5 n'a conmiencé à apparaître, par isole-
ment progressif, qu'après la complète constitution de la couche
n'' 6. La couche n° 5, quoique plus profonde, est plus récente
que la couche n" 6; elle dérive d'une couche de craie plus
anci<»nnc (pie celle qui a engendré la couche n^ 6 et appar-
tenant cependant sans doute elle aussi^ à l'horizon sénonien.
Si Ton veut bien y faire attention, on reconnaîtra que
STANISLAS MEUNIER 621
cet âge divers de résidus de désagrégation de formations stra-
tifiées à l'état de couches parfaitement réglées, fait coïncider
le processus de la sédimentation souterraine avec celui de la
sédimentation ordinaire. Ces argiles isolées en profondeur de
la craie blanche se comportent en somme comme les argiles
que la mer isole des falaises crayeuses et va sédimenter
dans son bassin à uiw distance plus ou moins grande» de la
roche qui Ta engendrée.
Pour en revenir à Prcpotin, constatons qu'au-dessous de ces
niveaux argileux qui viennent d'être mentionnés, commencent
des lits sableux dont Texamen est encore bien plus instructif.
En ellet, ce sont d'abord des sables quarzeux qui, en
certains points (3 de la coupe) sont d'une blancheur parfaite
et se présentent comme du cristal de roche en poudre plus
ou moins mélangée de mica, mais qui, en d'autres points
comme 3 d et 3 e sont plus ou moins ferrugineux et même
ailleurs (3 b) transformés en grès ocracés désignés dans le
pays sous le nom de Grignards,
Ce qui leur donne un intérêt considérable, c'est que parfois
et spécialement en 3 c, ils sont pétris de fossiles, circonstance
qui réclame que nous nous y arrêtions un instant. Ces fossi-
les se signalent avant tout par leur apparence corrodée (jui
n'empêche d'ailleurs en aucune façon leur détermination spéci-
fique : ce sont des tests de Grj'phœa (Ostrea) columba de
la variété gigas, tout à fait spéciale à certaines couches
turoniennes.
En le regardant de plus près, on reconnaît que ces valves
de coquilles sont entièrement silicifiées, ce qui suppose une
modification profonde dans leur composition, subie depuis
l'époque de leur enfouissement. Leur surface est fréquemment
toute couverte de tubercules aplatis, à couches concentriques,
(|ui ont été décrits souvent sous le nom à'Orbicules et qui
manifestent les traits essentiels des concrétions. Souvent, une
valve est réduite à l'état de deux plaques siliceuses corres-
pondant aux deux surfaces primitives, interne et externe, du
test et comprenant entre elles un vide qui s'est constitué
souvent à l'état de véritable géode où le quarz a cristallisé.
Quelquefois dans cet intervalle des deux épidermcs silicifiés
on observe comme des stalactites et des stalagmites en
miniature de substance quarzeuse ayant alors une apparence
fort singulière.
633
VIII- COXr.llÈS GRO LOGIQUE
FlR. 2. — Test d'Itwceramus Curiei
atlaquË pur l'acide chlorhydrlque
moDtraDt les coucrétloDS ailiceugcs
insolubles dunt 11 est rempli.
t/i de la grandeur natarelle.
Ces particularités ne sont d'ailleui-s aucooement ctrangèpes
à notre sujet, car elles concernent, sans doDt« possible, un
chapitre de la sédimentation souterraine. La constitution du
(juarz ])av voie de concn^inn
et au travei-s des étaiM-s earac-
lérisées par l'opate et la calcé-
doine est un phénomène itoni
l'importance est bien plus
[grande peut-éti-e qu'on ne le
ti-oit (ji- né raie ment. En eirct.
CDUiuie on va le voir, une par-
tie des sables dont nous allons
parler a certainement celte ori-
gine primitive par voie de eun-
crt'tion et dnn autre eiHé, lis
grains siliceux et quarzeui
trouvés dans les diverses
variétés de roches calcaii-es ont
quelquefois jborni un appui
apparent et que nous pouvons contester maintenant à la théorie
terrigène de leur génération.
Cette remarque s'applique tout spécialement à la craie qai
maign- sa ressemblance si
remarquable avec les dépAts
actuels des abini es sous-nia rins
H été considérée quelquefois
comme une pi>oductioii de fai-
ble profondeur à cause des
grains de quai-z et d'autres
minéraux que les acides pei'-
metlent d'en dégager. Pour le
quai'z, nous voyons qu'il peut
être engendré dans l'épaisseur
même des tests de coquilles et
je pimrrais donner à celte
occasion de longs développe-
ments qui m'ont été pntcurés
par l'examen approfondi de
certains fossiles et spécialement des coquilles du grand Inocera-
mus Cavieri et de l'Ananchftes gibba. J'ai ti-ouvé en étudiant
ces fossiles chiuiiqucmeiit et au microscope que l'épaisseur de
Fijf. 3. — Test à'AnanchyU* gihhn,
attaqué pap l'acide chlorbfdrtqu tt
muatrant les coacrttiont sillceusn
duDt II eat rempli.
1/idc la grandeur nHtarelle.
9TAMIS[.AS M RU MER
6a3
FiK. 4.— Cojpo mince à inneframe.
talllé« par.illëlFmcQt aux libres et
vue au mlcroscupc avec un gros-
sissement de HOdlamétns
leur test a procuré au quiira un iniliru spécialement favorable
à sa c-ODcrétion et que la structui-e organique est intervenue pour
faciliter inéguleiiient la production minérale dans les dilTérents
points. 11 en est i-ésullé que des rosettes siliceuses et quarzeuses
jalonnent pour ainsi dire dans cer-
tains cas l'iinatomie du mollusque
ou de l'oursin et c'est ce qu'on peut
mettre en évidence d'une fai.on très
clé};anle en attaquant lesl'ossilcsavcc
un acide étendu (Voyez les lig. a et 3).
La relation de la production quar-
zeuse avec l'histologie des Inocéra-
mes s'est révélée d'une façon spécia-
lement frappante dans des coupes
minces, taillées les unes parallèle-
ment et les autres perpcndiculaiit--
ment aux libres constitutives des
coquilles et oxaininces dans la
lumière polarisée (Voyez les fig. 4
et 5). A ce titre on peut dire que
l'origine même de certaines variétt^-s
minéralogi(|ues du quarz sur les-
quelles l'attention a clé appelée dans
ces dernières années est en défini-
tive du domaine biologique dérivant
de la structure de produits animaux.
Dans tous les cas on comprend
très bien que les coquilles très par-
tiellement siliciliées subissant dans
!e sol des actions mécaniques consé- Pig, 5.
cutives. par exemple, aux all'aisse-
mcnls locaux, se désagrègent, se
concassent , pour prendre mitiim-
iiient l'apparence des débrisd'lnocé-
rames dans la couche de ci-ale dite
i( banc des Soies » dans le dépar-
tement du NonI, qui n'est qu'un acheminement
tion de grains ayant l'apparence arénacée (i).
(!) J'ai étudié des silicllicatloDS dussl remarquables quoliiuc iV&^e, plus récent
dans cerlalnea coquilles du calcairt; (grossier (l>aDc vert) r(M;emmeat recoupées
par un sondage dans le Parc de l'Ecole d'Agriculture do Grignon.
„. - -pe de la fifçure
précédente, vue dans la lumKrc
polarisée entre les niçois croigéa.
On ï voitque la portion qui parais-
sait vide diin!i la lumii'-rit natu-
relle, est en réalité occupée par
dn quarz qui a épigénité d'une
manière complète le test de la
coquille. — Grossissement de NU
diamètres.
i la libéra-
&2^ Vllie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Ajoutons qu'à Prépotin et malgré son apparence stratifiée
et sa richesse en fossiles, la formation sableuse qui vient d'être
si rapidement décrite, vient se ranger à son toui* dans la série
des masses dont Torigine constitue un phénomène de sédi-
mentation souteri'aine : elle est le résidu pur et simple de la
décalcification lente d'une épaisse assise de craie turonienne.
dont h»s Ostrea columha^ en partie silicifîées avant la dissi»-
lution du calcaire, ont en conséquence laissé des traces non
équivoques de leur présence.
Le sable quarzeux lui-même, par le mica (ju'il contient en
notable proportion, décèle sa descendance de la craie micacée
. si fréquente à ce niveau dans cette région de la France et
il se montre, en outre, augmenté de débris siliceux et quar-
zeux concrétionnés ou cristallisés dont l'origine et le mode
de formation sont éclairés, comme on vient de le voir, par les
phénomènes de silicification dont l'épaisseur du test des mol-
lusques a été le théâtre.
11 suflit de supposer que ces tests, extrêmement friables,
ont été brisés par les tassements du sol pour comprendn»,
dans le niveau qui nous occupe, la présence d'innombrables
grains d'apparence sableuse et qui se sont pour ainsi dire
constitués sur place en vertu de phénomènes maintenant bien
connus.
Le sable h débris d' Ostrea columba n'a pu se former comme
ou le voit, qu'après l'isolement déjà réalisé des assises argi-
leuses superposées. 11 est donc géologiquement plus m'enl
qu'elles et il faut d'autant plus y insister que cette consé-
quence a provoqué des résistances chez quelques naturalistes.
On a dit d'abord que l'argile des assises 4i ^ ^t ^"> étant
imperméable, l'attaque des craies sous-jacentes par l'eau d'in-
filtration était impossible et que, par conséquent, toute la théorie
sédimentaire souterraine était fausse. Mais il y a simplement
là une assertion inexacte de la part de mes contradicteurs :
l'ai^gile, malgré sa réputation, est loin d'être absolument imper-
méable et il suflit d'un temps plus ou moins long pour que
l'eau la traverse sur des épaisseurs illimitées.
Je me suis assuré de ce fait important par des expériences
spéciales répétées sur des variétés très diverses de roches
argileuses : il faudra revenir ailleurs avec détail sur ces essais.
Du reste les sortes d'argil(»s qui ont été citées tout à l'heui-e
au-dessus des sables à Ostrea columba sont très loin de
STANISLAS MEUNIER 625
compter puriiii les plus iiuperiiiéables, et la présence de
rognons siliceux, de même que celle d'innombrables grains
sableux, contribue sans doute à leur grande porosité relative.
Quant aux autres objections qui m'ont été opposées sur
ces mêmes sujets, j'en réserve la réponse pour un peu plus
loin, voulant avant tout terminer la description de la coupe
de Prépotin.
Au dessous des sables à buitres, on trouve Tassise n^ '2
de la ligure i, qui a fourni quelques tests silicifiés, parfaite-
ment reconnaissables, de Vlnoceramus problematicas, c'est-à-
dire de l'un des mollusques les plus caractéristiques de la
craie marneuse.
11 est évident, d'après ce que nous venons de voir, que
cette nouvelle assise résulte de la décalcification lente d'un
massif de craie turonienne à inocérames, toute pareille à celle
qui est restée intacte dans maintes contrées voisines et que
cette décalcification n'a pu se déclarer et se poursuivre
qu'aj)rès la dissolution de la craie superposée et qui renfer-
maient les restes des huîtres précédemment mentionnées.
Donc ce sable est, considéré comme sable isolé et stratifié
à part, plus récent t|ue les masses qui le recouvrent et qui
se sont isolées avant lui ; conclusion dont la répétition indéfinie
est dans fespèce tout à fait nécessaire.
Au dessous des lits précédemment énumérés et à i5 m.
au dessous de la surface du sol, on rencontre dans la coupe
de l*répotin des sables rouges non fossilifères : c'est ce que
nous trouvons de plus récent dans le pays ; ils représentent
les produits de la décalcification progressive de couches non
déterminées mais qui étaient évidemment plus anciennes que
la craie à /. probleinaticus.
Répétons que tous ces détails, dans lesquels il pourrait
sembler que nous avons laissé s'introduire des redites, ne
sont pas de trop certainement dans un sujet aussi nouveau
et surtout aussi dissident aux idées reçues que celui qui
nous occupe : — et la preuve c'est que tout récemment
encore on a opposé aux conclusions auxquelles il conduit les
ol)jections les plus imprévues et les plus violentes.
Par exemple, un géologue belge de haute valeiu' est allé
jusqu'à prétendre que des matériaux aussi correctement déposés
les uns sur les autres que ceux qui viennent d'être énumérés,
ne résultent pas d'une sédimentation ! A propos d'un cas
40.
626 VUI« CONGRÈS GÉOLOGIQUE
comparable à celui de Prépotin, et qui concerne une localité
où la craie grise est surmontée de dépôts tertiaires (sables
considérés comme landéniens) il a écrit : » En supposant
que le landénien et le quaternaire soient d'anciens sables
calcareux décalciOés, on devrait se borner à dire que le
quaternaire a été altéré avant le landénien et le landénien
avant la craie grise ; mais Tordre de formation de dépôt de
sédimentation de ces dernières assises est bien celui qu'indique
Tordre de superposition de bas en baut. Si leur altération
subséquente, sous Tinfluence des eaux météoriques, s'est fait
en sens inverse, il n*y a pas lieu d'introduire ici la notion
nouvelle de sédimentation souterraine avec succession de
haut en bas. Je le repète, il nj' a pas là sédimentation :
on ne peut appeler sédimentation un enlèvement de substance. »
Ce sont là des critiques sans base, car il suffit d*un
instant de réflexion pour reconnaître qu'il n'y a aucune ilifie-
rence essentielle entre le cas dont il s'agit et celui de sable
siliceux déposé actuellement par la mer dans une foule de
localités, où personne ne songe à leur contester leur disposition
stratifiée.
Ainsi, à Dieppe, que nous pouvons choisir presque au
hasard, au pied de la falaise crayeuse, le sable quarzeux qui
est abandonné par le flot est un simple résidu de la craie
soumise à une « altération » dont Tartisan est la mer : Ce
sable peut être regardé comme de la craie décalcifiée. Le
déplacement que subit ce résidu avant son dépôt est horizonta^L
tandis que dans le cas de la sédimentation souterraine il est
vertical, mais là se borne la différence et, dans les deux cas
il y a dépôt de ce résidu sur un support sous-jacent et par
conséquent sédimentation.
Gomme on le concevra sans peine, il m'a paru très utile
de soumettre le résultat de mes études sur la sédimentation
souterraine au contrôle toujours si décisif de la méthode
expôrimentale et les produits que j'en ai obtenus m'ont paru
absolument satisfaisants. Je me bornerai d'ailleurs pour ne
pas abuser de la patience du lecteur à n'en retenir ici, que
ce qui est directement applicable à l'interprétation des faits
précédents.
Des expériences très décisives ont été réalisées à Taide de
l'appareil représenté dans la figure 6 ci-jointe : On y voit une
éprouvette à dessécher dont T étranglement a été occupé par
STANISLAS MEUNIEK
ôa-:
un tampon d'amiante et qui a revu successivement : i^ une
couche A d'un mélange gris très clair de carbonate de chaux
précipité et de fer oxydulé très fin ; 2° une couche B d'un
mélange de carbonate de chaux précipité et de très lins
grains de quai*z ; 3^ une nouvelle couche C du mélange à fer
oxydulé qui vient d'être indiqué ; 4° ^^ sal>le quarzeux D jus-
qu'au goulot.
Fig. ().— Reproduction expérimentale des ptiénomcnes de la sédimentation souter-
raine. A gauche, éprouvette disposée pour l'expérience et contenant des lits
superposés A, B, C, de poussières formées d'une petite proportion de grains
insolubles et d'un grand excès de cart>onale de chaux précipité; D, recouvre-
ment de sable inerte. A droite, résultat de l'expérience : l'attaque des poussières
il l'aide d'eau faiblement acidulée, arrivant au travers de la couche inerte D,
en a réduit les couches aux minces lits a, b, r, de résidus insolubles, isolés suc-
cessivement de haut en bas.
La colonne de substances diverses étant ainsi préparée,
avec les précautions nécessaires et par exemple en n'opérant
qu'avec des ingrédients saturés d'eau et en conséquence dépour-
vue d'air qui gênerait beaucoup, on l'arrose avec un peu
d'eau aiguisée du i/3o de son poids d'acide chlorhydrique.
Au bout d'un temps convenable on voit la portion supérieure
du mélange indiqué sous le signe C se garnir par en haut d'un
lin liseré noir entièrement composé de fer oxydulé débarrassé
par dissolution du carbonate de chaux auquel on l'avait mêlé.
L'attaque s'est faite si doucement qu'il fallait la loupe pour
apercevoir quelques fines bulles d'acide carbonique se déga-
ger entre les grains de sable supérieur. Au bout de cinq
jours la couche de mélange qui avait '2 centimètres d'épaisseur
<
6^8 VlIP CONGRÈS GÉOLOGIQUE
était ontièreiucnt réduite à uii lit de a millimètres environ de
lier oxydulé parfuiteiuent régulier c et ayant tout à lait l'allure
d'une couche qu'on aurait placée dans l'éprouvette avant de
la recouvrir du sable S. En même temps, le niveau supérieur
de ce dernier sable s'est abaissé de i8 millimètres sans penln'
son horizontalité et a maintenu par son poids la régularité du
petit lit noir de magnétite.
Si l'on continue d'arroser la colonne sableuse avec de l'eau
acidulée, pour remplacer la solution de chlorure de calcium
qui vient se réunir dans le réservoir inférieur de Téprouvotte
et qu'on peut évacuer par le tube de l'ouvertui'e latérale, un
voit le mélange de carbonate de chaux et de sable quarzeux
auquel nous avons attribué le signe B commencer à être
attaqué par le haut.
Cette attaque est rendue sensible par l'apparition d'un très
mince lit de grains cristallins tranchant fortement sur le blanc
mat des parties restées encore intactes. Progressivement ce
lit va en s'épaississant ; mais la couche qui le fournit s'amin-
cit bien davantage et le niveau du sable D descend peu à
peu. Bientôt, les 3 centimètres du mélange primitif sont réduits
à I centimètre environ de grains quartzeux marqué b sur la
figure et on voit le mélange A qui commence à s'attaquer
lui-même de façon à se limiter par le petit lit noir a de fer
oxydulé.
Cette expérience sullit pour montrer comment un obser-
vateur non prévenu pourrait avoir du mode de production
des lits superposés dans l'éprouvette une opinion tout à fait
inexacte.
Il penserait certainement que l'épi'ouvette a reçu les lits
qu'elle contient dans un ordre de succession représenté par la
série ascendanU* des superpositions ; c'est-à-dire a tout d'aboixl.
puis 6, puis c, et enlin 1). Tandis que l'ordi-e d'ancienneté
relative de ces petites couches est comme on vient de le
constater D, c, 6 et enlin a ; ce qui est tout à fait différent
et comporte des conséquences tout autres, quant aux vicissi-
tudes de régime subies successivement par le point sédinien-
taire.
De semblables expériences, modifiées convenablement, imt
permis d'imiter un grand nombre de formes de sédimenta-
tions souterraines et par exemple la production de certaines
poches remplies de substances variées telles que des argiles, des
STANISLAS UECMEH 639
sablei«, ou des inatôriaux phosphatés. L'appareil représenté dans
la figure 7 nionti-c comment en certains cas, l'attaque de l'eau
acidniée agissait nu travers de sahie dont la pennéahilité n'est
pas la inOnie partout, au lieu de se faire sentir «également se
porte de préférence en certains puinis plus pennéaltles. Ceux-ci
s'excavent aloi-s et le coinraencement de l'action est une raison
sullisante pour qu'elle se continue et pour qu'elle s'accentue.
Les formes pnses par ces poches sont remarquablement ana-
logues a relies des poches naturelles. C'est connue conséquence
de ces expériences que se sont dégagées des notions sur l'ori-
gine de certains amas de substances exploitables telles que
les lits de rognons phosphatés (coquins des Antennes) (i). Les
hone beds de tous les âges sont bien souvent aussi des pro-
duits comparables : les sables phosphates qui couronnent la
craie et remplissent ses poches, bien d'autres formations encore,
sont dans le même cas,
FiK- 7. .— RepruductloD pxpérimentHlt! des pwlies souterraines remplies de phos-
phate- ou (l'iiutTR subslaDcc. s, aabk quHrzeux ; M, mélange de carbonate de
chaux prcripiti'' et de (çralDS de phosphate île oliau\, TeposaDl sur un lit de
gravicT ; P. poche produite par l'arrosage du <iable â l'aidp d'eau faiblement
acldtlM^.
Mais il est une conséquence de ces études beaucoup plus
importante encore au point de vue de la Géologie générale et
que je tiens à signaler en un mot. C'est la notion qui peut
ouvrage intituli^: la (ifiiliigie
63o VIll* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
résulter de Tobscrvation des sédiments souterrains en ce qui
concerne la détermination du faciès continental.
Tout le monde a présent à la mémoire l'énei-gie avei-
laquelle Constant Prévost, dans un mémoire qui en son temps
fît une forte impression pai*mi les naturalistes, insista sur ce
fait qu'aucune couche du sol ne présenterait des preuves du
régime continental, interrompant le régime marin ou lacustre,
c'est-à-dire aqueux. L'illustre promoteur de la doctrine des
Causses acluelles énumère les traits de la surface aujourd'hui
exondée pour montrer qu'on ne les observe jamais en profon-
deur : ce qui d'ailleurs pourrait s'expliquer parfois par
Vécroutemcnt que la mer fait assez ordinairement subir aux
régions continentales qu'el.e submerge.
Or, les observations précédentes nous montrent que le régime
continental ne se borne pas à donner à la surface du sol un
caractère particulier : il imprime souvent au sous-sol et suc-
cessivement à des régions de plus en plus profondes, et à
l'aide du concours des eaux météoriques qui s'y infiltrent, des
traits facilement reconnaissables et dont l'un des plus frappant>
est la décalcification.
Par conséquent, si Ton retrouve à des niveaux quelconques
des assises manifestant les effets de cette soustraction de cal-
caire avec concentration des résidus insolubles, on sera auto-
rise à y rechercher des indices du régime continental et à en
faire des documents utilisables pour la paIéogéogi*aphie.
Sans insister davantage sur ce sujet que je «ou mets en
ce moment à une étude spéciale, il sera permis de remarquer
en terminant que les phénomènes presque occultes de la dénu-
dation et de la sédimentation* souterraines donneront la clé
d'une série de dispositions stratigi*aphiquesqui, jusqu'ici, parais-
sent avoir été comprises d'une manière très incorrecte.
63i
SUR LES RECOUPEMENTS ET ETOILEMENTS DE PLIS
OBSERVÉS DANS LES ALPES-MARITIMES
par M. Adrien «iUÉBHARD
Planche VI .
Origine de cette étude. — C'est témérité grande à un simple
géologue amateur, transfuge d'une science tout autre, d'oser
venir parler d'un pays qui a déjà fourni à tant de grands
maîtres tant de grands exemples. Si néanmoins, après douze
années, à peine interrompues, d'études sur place presque quo-
tidiennes, dans lesquelles j'ai essayé d'apporter, par habitude
professionnelle, l'esprit de précision méthodique et de docu-
mentation méticuleuse des sciences physiques, je me risque
eniîn à signaler à l'attention un morceau de la Provence
qui n'avait pu jamais encore être étudié avec autant de détail,
c'est que, stimulé par la bienveillance des encouragements les
plus autorisés, il m'a paru qu'à côté des grandes théories
qui ont, dans ces dernières années, soulevé tant de fructueux
débats, pouvaient prendre place, dans un cadre voisin, mais
distinct, et sans prétention aucune à la généralisation, des
observations plus modestes, faites en dehors de toute autre
école que celle de la nature, et sans autre but, comme sans
autre guide, que la recherche de la vérité.
Lorsque je me trouvai pour la première fois, le marteau
à la main, en face du bassin crétacé de Saint- Vallier-de-Thiey
(Alpes-Maritimes) et que je m'essayai d'abord, très prosaïquement,
à en délimiter le contour jurassique, ce ne fut pas sans un
certain étonnement que je trouvai à celui-ci presque exacte-
ment la forme d'une croix (i), due au recoupement orthogonal
de deux synclinaux perpendiculaires, l'un principal, dont je
devais, plus tard, suivre les prolongements fort loin vers
Test et l'ouest, l'autre évidemment secondaire, qui semblait
s'arrêter court, soit au nord, soit au sud.
(I) Voir A. F. A. S., XX (1), 208 (1891) et XXllI (2), 4(J9 (1894), avec carte en
couleurs et coupes au l/:30.000.
632 VIII* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
Puis, étudiant en détail le remplissage de chaque branche,
je découvris que celle du nord n était pas simple . mai<
formée par la juxtaposition converfjjente en patte d^oie (on
dirait mieux en éventail, si ce terme n'avait i-eçu «léjà une
spécialisation difTérente), de plusieui^s petits plis-failles, s'irra-
diant tous d'un sommet commun, où je vis encore, ultérieu-
rement, passer d'autres plis, plus atténués, du Jurassi<|ue seul.
Ainsi le hasard, à mes premiers pas sur un sol plein
d'énigmes, à ])eine entr ouvert le livre indéchiffré «l'une nature
mystérieuse, m'offrait, en guise de préface, longtenq)s incom-
prise, une sorte de sommaire condensé, d'image l'éduite «Its
deux types d'acc^i dents tectoniques, de recoupement cruciforme
et de fasciation palmaire, dont je devais peu à peu itu-
contrer des exemples si nombreux et si importants qu'à la
fin je irhésiterais plus à les présenter connue un des détails les
plus originaux de Tensemble cartographique condensé dans la
planche au 1/80 000 qui accompagne cette notice.
Les recoupements S)^nclinaux. — Autrefois j'avais lu
quelque part cette aflirmation d'un maître de la Tectonique (i)
que « les plis ne paraissent jamais se croiser directement, »
Il est vrai qu'il s'agissait, sans doute, en respèce, des plis
anticlinaux, tandis que j'ai été amené, de mon côté, à
considérer toujours de préférence le pli sj-nclinal, dans une
région où l'axe anticlinal aérien est pi'esque toujoui*s disparu
par déversement, étirement ou inipture, tandis que la traee
visible de la surface axiale synclinale est, au contraire,
terrestrement jalonnée, au milieu de la carcasse jurassique,
par des lambeaux subsistants de terrains plus récents. Et il
est non moins vrai que, dans toute la portion de pays dont
j'ai à parler, ne saurait être cité un exemple bien net <le
croisement d'anticlinaux. Mais cela tient précisément à la
prédominance du recoupement des synclinaux, soit entre eux.
— ce qui, dans certaines régions' comme h* sud-est de la
curieuse feuille de Caslellane, et bien plus «»ncore que ne le
montre la carte publiée, produit le curieux effet d'un réticule
compliqué de mailles crétacées enserrant, U41es les boursou-
flures d'une surface chagrinée, les saillies des îlots jurassiques
— soit avec les anticlinaux, qui. tantôt profondément découjx'^s.
semblent perdre leur individualité et se résoudn» «»n chapelets
(Il Heim. Les disloi'alions de l'Êcurco lorrcsirc, p. 81.
A. GUÉBHARD 63*3
irréguliers de dômes polygonaux, tantôt, au contraire, à
peine entamés par une déflexion que ne peut révéler qu'une
observation des plus minutieuses, semblent avoir coupé en
deux tronçons indépendants un axe synclinal, en réalité par-
faitement continu de part et d'autre d'un court soubfesant
vertical.
Continuité des synclinaux. — La continuité des synclinaux,
malgré les petites inflexions verticales ou les grandes ondu-
lations horizontales de leurs axes, la persistance prolongée
de leur individualité sur de très grandes étendues, leur
constant eflbrt à trav(»rser tous les obstacles, voilà ce qui
frappe a fortiori dans les simples croisements de synclinaux
entre eux.
De quelque manière que se tasse la renconti*e, perpendi-
culaire ou oblique, ou même tout à fait latérale, apparaît la
résistance à la disparition de chacun d'eux, sa vive tendance à
l'au-delà. Si disproportionné que soit l'un des deux par
rapport à l'autre, il est tout à fait exceptionnel qu'il se laisse
absorber et trouve dans sa conjonction sa fin : tout à fait
ordinaire, au contraire, qu'il marque par un signe visible,
en face de son débouché, sa force de survie et, à défaut de
son passage, au moins sa tentative de passage en travers,
sans changement notable de direction.
Recoupement orthogonal et recoupement oblique. — Dans
le bassin cruciforme de St-Vallier-de-Thiey, où le recoupement
se fait orthogonalement, il ne saurait y avoir de comparaison,
comme importance, entre le long synclinal fortement déversé
qui s'étend sur des dizaines de kilomètres, soit à l'est, soit
à l'ouest, et le petit pli local descendu du nord : celui-ci
traverse cependant celui-là et la courte branche sud de la
croix na évidemment pas d'autre raison d'être que de pro-
longer le mouvement de l'autre.
Les deux synclinaux plus ou moins nord-sud, qu'on voit
descendre des environs d'EscragnoUes (Fig. i), sont évidemment
d'ordre secondaire par rapport aux grands synclinaux et anti-
clinaux qui les recoiq)ent d'est à ouest : ils n'en continuent
pas moins, imperturbés, leur chemin par-dessus les uns et les
autres.
L'un des deux, se dirigeant sur Mons, croise», au lieu dit
les Aubarèdes, le grand synclinal venu de St-Vallier : celui-ci,
à peine dérangé, n'en continue pas moins à filer par la tangente
(VJO vin» CONGRÈS GÉOLOGIQUE
L'accident du Camp de Lèbre devait-il donc avoir une
signification moindre, et ne pas se rattacher à un croisenienl
complet? On a vu comme, à la suite de recherches nouvelles,
j'en avais eu la conscience nette, et comment, même, une fuis
retrouvé le fil du synclinal, celui-ci m'avait mené plus loin aa
nord pour m'y ouvrir, sur Clais. des perspectives inattendues.
Lambeaux interfèrent tels. — Mais il y a plus, en revenant
à la traversée même du Vallon du Fil, — cette travei*sce obli-
que, exactement à 4î^'*» — ^^ fouillant le plus profond du vallon,
on peut trouver comme la signature interférentielle du passage,
la preuve matérielle de la combinaison additive des deux
mouvements de dépression ondulatoire, au point exact du
croisement axial des vagues creuses, sous la forme de grands
hancs sableux de Poudingue supérieur, allongés de biais au
travers du vallon, dans l'alignement exact des lambeaux en*-
tacés qui. sur les deux rives, à quelque cent mètres haut p4*r-
chés, confirment l'existence de ce pli, surtout révélée par les
perturbations de son passage à travers un autre.
Et il n'y a pas là un simple fait du hasaixl : cela est
parce que cela devait être, et qu'il n'est pas possible que se
rencontrent deux axes simples de dépression sans que tendent
à s'ajouter autour du point commun, les forces communes, de
manière à produire une fosse où auront chance de se con-
server, au ras des autres, des terrains plus récents. Tel est
le cas de Saint-Vallier-de-Thiey, des Aubarèdes, et, sur la
feuille de Castellane, d'une foule de lambeaux qui, exactement
délimités, justifient mathématiquement une loi mathématique.
Jalons synclinaux. — Lorsque, au lieu de synclinaux à
peu près réguliers et complets de leurs deux flancs, il s'agit
de plis refermés à lèvres primitivement collées et étirées, que
tend à froncer un pli transversal, les choses peuvent être un
peu plus compliquées, mais pour aboutir à un résultat analogue.
Au fond de la poche tubulée, à section en losange curvi-
ligne, que tend à former la fronce, comme quand on rappro-
che» dcMix mains S(*rrant, à petite distance, un pli d'étoffe, il y
a chance que se trouvent enfermés, même après obstructicm du
goulot, et po\ir peu que leur plasticité s'y prête, des frag-
ments d(» la crr>i\te supérieure, qui, renfoncés jusqu'au niveau
de la première couche résistante non éprouvée par le plisse-
ment superficiel, s'y verront ensuite en pseudo-contact avec
elle, entourés d'une ceinture à peine visible • des niveaux
A. GUKBHARD (Vi"
iiilerinédiaires, arasés à fond, après décolleiiient, en vertu de
leur plus grande friabilité.
C'est ainsi, du moins, qu'à défaut de toute autre explica-
tion coneiliable avec les faits, et après avoir constaté cette
double coïncitlence, avec de grands axes synclinaux, d'abord,
puis souvent avec de petites rides transversales, j'avais essayé
de comprendre les nombreuses taches de poudingue tertiaire
dont les alignements en plein Jurassique inférieur n'avaient
pu faire autrement que de me frapper dès m<»s premières
explorations géologiques (i) à cause de leur haute* signification
interprétative, comme jalons synclinaux.
("est parfois presque uniquement par leur recherche que,
dans certaines régions, comme Textrème angle sud-ouest de
ma carte, a pu être obtenue une notion qu(dcont|ue de struc-
ture à travers la monotonie de plateaux où l'cril cherche en
vain l'accident topographique révélateur des vicissitudes de
Técorce superficielle disparue. Mais aussi, quand, de l'un de
ces lambeaux à peine découvert, on est conduit presque
fatalement à un autre : (|uand, de l'un des cotés de la gorge
de trois cents mètres au fond de laquelle coule la Siagne,
on arrive à prévoir à coup sur Texistence et jusqu'à la
position des petites taches qu'à peine, sur place, révéleront
quelt^ues galets roulés de silex au milieu de la platitude du
Bathonien horizontal, quelle confiance nouvelh» n'acquiert-on
pas dans une méthode d'observation qui, sortie invincible-
ment des faits, arrive à en faire prév(>ir d'autres, par un
contrôle i)er[)éluel et presqm» infaillible d'elle-même !
Dans le coin sud-est de la carte, des pochettes éparses de
labradorite, lambeaux de la grande nappe éruptiv«» de Biot-
Villeneuve-Loubet, viennent ajouter leurs indications à celles
des lambeaux plus rares du poudingue, et, un peu plus à
l'ouest, dans le grand triangle triasique qui a pour sommet
le coude inférieur de la rivière du Loup et pour base la
bordure de la carte, le rôle est repris par de petits fuseaux
résiduels de calcain* à silex bajocien.
Et partout, pour peu qu'on sache s'astreindre à la recher-
che de ces infiniment petits, on acquiert par eux la preuve
de la persistance, sur des longueui*s insoupçonnées, de l'axe
synclinal et la compréhension rationnelle de tous les détails
(1) A. F. A. s., XXIII, 49^, 1894.
038 VIII*' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
de configuration du sol, où le hasard de rérosion, si souvent
invoqué, ne joue, en réalité presque aucun rôle.
Aires synclinales ou anticlinales. — Arrive-t-on ainsi au
bord de quelque grande dépression, où semble devoir se
perdre enfin, comme un fleuve à la mer, le synclinal incident?
S'agit-il même d'un large bassin, bien tourmenté, comme
celui de La Colle, au remplissage pliocène, ou celui de Vence,
miocène, qui forment le coin sud-est de la Carte ? Eh bien,
pour peu qu'on ait silhouetté strictement leur pourtour, et
relevé, au milieu, les crêtes et les îles, une correspondance
impf)ssible à ne pas remarquer s'établit d'un bord à l'autre,
de cap à cap, de golfe à estuaire. Par dessous la mer plio-
cène on retrouve tous les mouvements antérieurs, et la
vaste aire syncUnale, pour employer Theureuse expression de
M. Léon Bertrand, n'est qu'une dé flexion transversale est-ouest
d'un faisceau serré de plis parallèles nord-sud... c'est-à-diiv.
une fois de plus, un cix)isement. non plus individuel, mais
fascial, de synclinaux en bande, de Sj'nclinal Schaaren.
Un exemple, en quelque sorte, inversement semblable, est
fourni par la plus haute montagne de la région, le massif du
Cheiron, sur la limite noi*d-est de la carte, au pied du versant
occidental duquel semblent venir mourir en autant de fioixis
ellilés, les cinq plis parallèles de la Vallée des Thorenc, dont
on voit le large ruban régulier représenté par une étroite
amorce dans l'angle nord-ouest de mon cadre. Ce faisceau, en
effet, après avoir traversé tout droit Faire synclinale^ vérita-
ble dépression, du Plan du Peiron, d'un seul ensemble se
relève en aire anticlinale^ de iioo mèti*es à près de 1800, sans
que ni cette grande ondulation verticale, ni les recoupements
horizontaux de petits plis perpendiculaires, qui font de cet
ensemble un beau type de pli plissé... et replissé, empêchent
de suivre individuellement chacun des axes constituants, au
moyen de jalons néocomiens, d'abord, sxxv le Titlionique, et
puis pai' la variété très accentuée des pendages à travers
rOxfordien superbement fossilifère de l'Hubac (versant nord)
jusqu'à Bezaudun.
Mais si, dans tout ce système, semble être réalisée géody-
namiquement, sur de grandes étendues, la définition euclidienne
du parallélisme des lignes qui se suivent et ne se rencontrent
pas, une apparence différente se remarque dans la grande
vallée voisine qui s'allonge de Caille à Gréolières, où deux
A. GUKBUARD 639
synclinaux cheminant de conserve semblent assez souvent
s'anastomoser par confluence latérale et se réduire à un seul.
D'ailleurs, en ce qui concerne les axes, il apparaît, non moins
évidemment, que fusion n'est pas confusion, et que chaipe
rapprochement momentané, dil soit à rinflm»nce d'un pli recou-
pant, soit à une simple plongée locale de Tanticlinal séparatif,
n'empêche pas celui-ci de reparaître bientôt, sur la même ligne,
pour redisparaitre, peut-être, un peu plus loin, mais assez pour
montrer à tous les yeux, par un alignement médian de dûmes
étroits, courts ou longs, surgissant en cn^tes jurassiques au
milieu de la bande crétacée, comme des lies au milieu d'un
courant, la séparation réelle, la persistante indépendance*,
l'individualité toujours renaissante de chacune des deux branches,
parfois réunies, jamais unies.
Comment Jinissent les synclinaux, — Faut-il donc ci)nclure
de là, et de tout ce que nous avons dit avec tant d'insis-
tance sur l'extension lointaine et la remaripiable continuité
des axes synclinaux à travers tous les obstacles, que nous
irions jusipi'à leur attribuer cette autre vertu géométrique de
la ligne, qui est. si elle ne se referme sur elle-même, de
n'avoir pas de bouts, ou de les avoir à l'infini ? Certes je
suis en droit et en devoir de dire que. dans Vintérieur de
mon cadre (je souligjie, en les répétant ici. ces mots dont la
restriction formelle s'applique également à tout ce que j'écris
n'ayant aucune prétention à conclure de ce que j'ai vu à ce que
je n'ai pas vu. ni la moindi'e qualité pour tles généralisations
témérairenumt lointaines), dans mon cadre , donc , doublé
d'une surface à peu près égale que j'ai pu étudier déjà sur son
pourtour, je n'ai presque pas souvenir d'avoir vu jamais un
synclinal tant soit peu important mourir tout doucettement
de sa belle mort, sans résurrection ultérieur*?, par simple
atténuation progressive et disparition finale de tout creux.
Peut-être sera-ce le sort de quelques-uns de ceux que je n'ai
pu encore poursuivre assez loin. Pour h»s autres, nous avons
vu que la confluence deux à deux n'était ([ue rarement une
raison d'arrêt : reste à étudier la confluence à plusieurs,
c'est-à-dire la fasciation palmaire ou radiée, la patte d'oie,
ou l'étoilement complet.
Centres étoiles de plissement. — Dès le début île l'extension
de mes recherches à quelque distance de mon cIocIhm» de
Saint- Vallier-de-Thiey, j'avais été extrêmement frappé de voir
()4o Vllie CONGKÈS GÉOLOGIQUE
venir converger de très h>iii, au sud, en s«» contournant, j)our
cela, d'une manière caractérisée, et l'un, même, en décriviinl
tout un quart de cercle autour de l'extrémité périclinale du
large dùine entr'<mvert coté G(h> sur la carte d'Ktat-major. un
grand nond)re de plis qui, tous, semblaient s'arrêter net, au
pied de l'enceinte préhistorique de Mauvans, à la limite des
conununes de St-Vallier et S'-Cézaire, contre une grande ligne
de discontinuité d't»st à ouest, qui semblait leur bander le pas-
sage (i). Depuis lors, j'ai vu se diriger vers le même point, ou
son proche voisinage, d'autres plis, du plateau supérieur, les-
(piels, quoique sans correspondance marquée avec les précédents,
complètent un exemple curieux de plissement étoile, ivcouvraut
le plan tout entier et non plus seulement deux cadi*ans comme
je Tavais noté d'abord, ou un seul, comme me l'avait moiiti'é
depuis longtemps le petit éventail plan de S^-Vallier. Et plu^
j'étudiai minutieusement, sur cette donnée une lois acqui>e.
tous les détails des alentours, plus je vis peu à peu se ivsou-
drc toutes les complications apparentes du terrain et se rauieiuT
à des tracés de plus en plus simples, se fondiv dans une
lumineuse harmonie, les incohérences les plus déconcertantes
des contours relevés, en minute, à très grande échelle.
Cependant la forme contournée des rayons de l'étoile, le
manque de symétrie de leur répartition angulaire et le carac-
tère, enfin, simplement approximatif de leur homocentricilé ne
pouvaient me permettre de prévoir le cas d'une régularité
quasi-géométrique qu'il m'était réservé de découvrir dans une
région voisine, autour d'un point depuis longte^mps connu des
touristes, h» Saut du Loup, entre les communes de Gourmes
et de Gourdou,
L'ombilic central, — Théoriquement, ne semble- t-il pas
évident que si plusieurs axes synclinaux viennent se croiser
exactement en un même point, on doit voir là, par simple som-
mation de toutes les forces dépressives, se produire une fosse,
non plus simplement cruciale, comme dans le cas de deux syn-
clinaux seuls, mais en ombilic véritable, entouré d une cou-
ronne de petits froncements anticlinaux remontants ? Rien de
pareil n'est observable à Mauvans où, dans le coutlit incoor-
donné des saillies et des creux, ce sont les premières qui, le
(1) On peut voir sur lo globe (trogi nique de M. Saecu (IHjn), à la pointe
NE. lie la Sib«ric, une oonvergeneo eurvilignc très analogue «les lignes «li*
(( zones orogéniques » récentes.
A. GUÉBHARD 6^1
plus souvent. Font emporté pour déteriuiher l'orographie des
lieux. Tandis qu'au Saut du Loup, au point exact où se
l'ecoupent à angles droits deux immenses plis, dont Tun,
sans qu'on aperçoive ses bouts, traverse avec de légères
ondulations toute la carte en longueur, depuis l'extrémité
occidentale de TAudibergue jusqu'à la combe triasique de
Vescagne, tandis que Tautre. absolument rectiligne, venu
d^encore plus loin au sud, du cap d'Antibes même, après
avoir découpé dans les barres du haut pays la terrasse de
Gourmettes, va dessiner encore le long plateau de Cipières,
pour peu que l'on restitue par la pensée les parois démolies
du vaste cirque de Gourmes, les lianes rompus des plis
déversés du nord de Gourdon. et surtout enfin les deux
voûtes triangulaires, opposées par leure pointes, dont la
rivière contiime à suivre, après eil'ondrement. Taxe anticlinal,
on aura la vision nette d'un ombilic géant au fond duquel
viennent se jeter de tous eûtes soit les larges et profondes
ondulations du quadrant nord-ouest, soit les petits plis nom-
breux et serrés du quadrant nord-est , soit les énormes
discontinuités de toute la moitié sud.
Regarde-t-on, simplement, telles que les a faites T inten-
sité des fractures et érosions, les parois actuelles, presque à
pic. du vaste amphithéâtre ? on y lira, gravés en creux par
les ravinements, dessinés en zig-zags sur les crêtes, ou en
arcades sur les pentes, tous les détails de cette réunion de
plis qui. avec la seule part de schématisation que commandent
les nécessités du dessin et que légitiment les déductions géo-
métriques et mécaniques tirées d'un ensemble de points de
repère relevés sur le terrain, rend si extraordinaire le coin de
carte où elle a été pourtant ligurée sans artifice, en asservis-
sant toujours strictement le raisonnement et la plume aux
données de l'observation.
Si Ton trace sur le papier la ligure d'ensemble de la
vingtaine d'axes synclinaux qu'a révélés l'étude de tous les
plateaux environnants, on obtient une étoile véritable à centre
unique qui rappelle aussitôt la figure des lignes de fracture
rayonnantes produites dans une pla([ue rigide par un choc
central (Fig. i*). Le mode de divergence et de répartition des
lignes, la courbure de quelques-unes et la rectitude des autres,
et jusqu'aux diflerences apparentes d'intensité, tout complète une
ressemblance, qui, tout en autorisant un rapprochement natu-
41
64a
VII1< CONGRES oéoLOGiQm
rel entre les champs de plis rayonnes et les champs de frac-
tares rayonnantes, ne saurait impliquer en aucune façon, poar
ceux-là, ni mfinae pour les grandes lignes de fractures réell«
qu'ils comportent, une
genèse identique.
Mécanisme de pro-
duction des plis radiai-
res. — Évidemment, ce
n'est point à une force
centrale brusque et uni-
que, agissant suivant ta
verticale, que doit son
origine le centre affaissé
du Saut-du-Loup. Mais
si, réellement, il a cuni'
mencé à se former sons
l'inflaence du croisement
de deux plis orthc^
nanx, il ne saurait être
surprenant qu'il soit de-
venu le point de couver
geace — ou, bien plntâl,
de divei^ence — d'une
foule d'anti'es. par un
mécanisme que nous
pouvons, pour ainsi dire,
prendre sur le fait, à un
stade moindre d'évoln-
tion. en un point curioui
de la commune de Bro-
vès (Var). où viennent,
près du lien dit Paresse.
se recouper presque à angle droit, deux synclinaux de moyenne
importance.
L'angle nord-est est exactement bissecté d'abord par. nn
synclinal moindre, puis l'angle de 4^° lui-même par un autre
encore plus petit, le tout représentant tout à fait bien, en
travers du ddme anticlinal peu saillant, limité lui-même en
rectangle, les fronces de coin d'un coussin mal tendu, c'est-â-
dire exactement le contraire de ce que nous avons déjà vu
sous forme de crevure près des pointes d'un bombement gonfla
CHEIBON Mft' —
Loursetfouies» 1
^--T^
-M. -^^---^
§
^Cgurmes
j
'don{/
/V^mjpf^es
i^
m^\
FiR. 2. — Schéma dea axée syncline
de la ré^rm du Loup.
Échelle : I/IS.OOO.
À. GUÉBHARD 6^3
avec excès. Que le iiièine mécanisme se répète avec précision
à Tintérieur de chaque angle, et voilà formée une étoile
complète, comme au Saut du Loup.
Arrêt brusque d'un faisceau parallèle, — Mais quelle que
soit la régularité visible des phénomènes de la nature dès
qu'on en dissèque à fond le mécanisme, il y a des réactions
naturelles, des perturbations locales, qui en compliquent les
manifestations. S'il était un pli qui semblât par sa dii^ection
devoir aller finir au centre commun de tous les autres, c'est
assurément celui qui descend des hauteurs de La Malle, sur
le village de Gourdon. Pourquoi, arrivé au niveau de celui-
ci, change-t-il brusquement sa direction de sud-ouest à nord-est,
pour piquer franchement à Test, ce qui le jette obliquement
par dessus plusieurs autres, d'abord parallèles, qu'il traverse,
pour aller, de l'autre côté de la profonde vallée du Loup, mar-
quer une encoche dans un des synclinaux miocènes de Gour-
mettes ? Pourquoi l'anticlinal qui le borde au nord en pli-faille
et qui, jusque-là, par la rupture de sa tète déversée, laissait
paraître le Bajocieu ou même l'Infralias de sou noyau au-dessus
du Grétacé, s'abaisse-t-il tout d'un coup en voûte oxfordienne
régulière, en jetant en avant une nappe dont les plissottcinents,
remplis par les bavures du Grétacé, font suite à d'autres des-
cendus du col de l'Embarnier et semblent bien recouverts
plutôt que recouvrants? Autant de questions qui restent à
ivsoudre, mais qui n'empêchent pas de remarquer le rôle d'arrêt
que joue par sa déviation un pli important sur quatre autres
qui le suivaient parallèlement dan& son mouvement de cour-
bure, et qui se voient ainsi barrer net le chemin de la grande
convergence. Pris de court, ils n'ont même plus la ressource de
se dévier, et vont tout droit se noyer dans le Grétacé de
Gourdon, par autant de petites languettes, dont l'ensemble,
exactement relevé sur le terrain, donne, sur le papier, la
curieuse figure en dents de peigne, que nous citons moins à
cause de son originalité graphique que comme exemple à noter
d'un mode curieux de terminaison d'un faisceau de plis atté-
nués, par butée contre un autre plus important.
Convergence au pied d'une barre. — Si le faisceau, au
lieu de conserver son parallélisme, a une tendance à la conver-
gence au pied d'une barre formant barrage, on obtient la
figure en patte d'oie que réalisent en grand, d'une manière
tout à fait remarquable, les plis de la région d'Escragnolles.
644 ^111' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
J*ai expliqué ailleurs (i) comment cette constatation, prcigres-
sivement amenée ]>ar Tétude des régions circonToisînes. a
éclairci sur place de la manière la plus simple tons ]«s
paradoxes stratigraphiques observables autour da célèbre gise-
ment de Gault de la Collette de Clars, placé presque eiac-
tement à l'extrémité de l'une des interdigitations anticlinalrs
de la palme svnclinale. Plus tard j'ai vu se résoudre pre^^qof
aussi simplement le problème des apparitions au milieu du
bassin de coniluence crétacé. d'Iles jurassiques proéminente^,
dans lesquelles il faut voir, non pas, suivant une expLicati<tn
facile à invoquer, mais inconciliable avec les particnlantés do
terrain, des lames ou paquets de recouvrement posés sur le
Crétacé, mais bien des réapparitions ondulatoires per ascensum
d'axes anticlinaux près du point de butée, provoquées par le
défaut d^homocentricité rigoureuse de la convergence et l'épar-
pillement sur une zone assez étendue du conflit de forces
diverses et diversement dirigées (a).
Dernièrement enfin, une campagne spécialement faite dans
ce but, m'a permis de démontrer la réalité du dédoublement do
synclinal proprement dit d'Escragnolles, à partir de son élar^
sèment, et la nature vraiment anticlinale, — ni tombée, ni char-
riée, mais réellement suivie. — de l'avant-cbalne de monticules
qui suit parallèlement la courbure de l'anticlinal septentrional,
en divisant en deux le synclinal crétacé et ajoutant ainsi un
rayon de plus à la demi-étoile de plis (3).
Sans doute resterait-il à rechercher sur le versant nord de
TAudibergue. en plus du pli bien constaté que j'ai déjà relevé,
si d'autres ne viendraient pas. de ce cùté. compléter l'étoile
entière. Mais, telle qu'elle est. et à cause de ses irrégularités
mêmes, la convei^ence palmaire de Qars nous otîre plus d'ensei-
gnements peut-être que la superbe mais trop géométrique
convei^ence stellaire du Saut-du-Loup. Par son détail, elle nous
éclaire sur le rôle des petits accidents anticlinaux, et par Myn
ensemble elle nous conGrme ce mode de terminaison des hvh-
clinaux qui consiste à se confondi'e en se heurtant à la dis-
continuité d'un grand anticlinal.
TerminaUson en cascade. — Mais si cette dernière constat^*-
tion se présente ici avec un caractère tout aussi naturellement
(1) B. S. G. F. (3) XXVII, S6. — 1899.
(2} A. F. A. S., .\XXIX :i90U).
(3) B. S. G. F. (3). XXVIII. 910. — 1900.
A, GUÉBHARD 645
évident qu'à Gourdon, parce que la rencontre se fait par en
en bas, au pied de la barre, il faut avouer que c'est d'une
manière assez inattendue qu'en regardant tout le haut plateau
qui domine au nord-ouest le synclinal de Mons, on voit s'arrêter
net, après s'être jetés du haut de la barre, comme en cas-
cade, dans ce synclinal inférieur, tous les plis dont l'axe vient
recouper celui-ci à angles droits, à la fois dans le sens ver-
tical et horizontal. Chacun marque bien, à travers la barre,
cette véritable chute, par un accident local, mais en face, c'est
à peine si la nappe inférieure du synclinal largement étalée
accentue par une vague ondulation, l'incidence d'un mouvement
orthogone épuisé sur place.
Résumé et conclusion, — On me fera sûrement remarquer
que c*est là une exception caractérisée à la règle sur laquelle
j'ai tant insisté, de la persistance des axes à travers tous les
recoupeuients. Certes, opinerai-je ; mais l'exception, comme
toujours, confirme la règle, et d'ailleurs je n'ai point du tout
l'ambition de donner ce titre à la simple constatation person-
nelle, étroitement restreinte au champ de mes études, de ce fait
matériel, que, presque toujours, pour peu que j'en prisse la peine,
j'ai pu suivre presque indéfiniment un axe synclinal, et rare-
ment en apercevoir, autrement que dans les cas spécialement
décrits, la vraie fin. Evidemment tous ces plis qu'on voit sor-
tir du cadre de la carte ont un aboutissement quelque part, et
il est probable que le grand massif cristallin en doit arrêter
plus d'un de ceux qui piquent droit au sud. Mais, pour beau-
coup d'autres, je les ai vus d'ores et déjà s'élancer assez loin
à l'ouest, poui» aller rejoindre, en continuité certaine, ceux qui,
à l'autre extrémité de la feuille de Castellane, remontent au
noixl tout le long de la Durance. Presque tous, par leurs relais
en anses, autour de points de recoupement plus ou moins
analogues à ceux dont nous avons pris quelques-uns en exem-
ple, font mine de ne point du tout rester en arrière. Certes,
je ne voudrais me permettre aucune prévision sur les régions
que je n'ai point vues, soit à l'est, soit à l'ouest, mais on ne
saurait m'empècher d'exprimer la conviction que cette analyse
détaillée d'un fouillis, en apparence inextricable, autorisera
sans doute un jour de plus vastes synthèses, et l'espoir qu'elle
permettra aux maîtres éminents de la géologie de rattacher à
leurs vues d'ensemble l'humble effort local d'un ami désinté-
ressé de la nature.
646
DU RÔLE DE QUELQUES BACTÉRIACÉES FOSSILES
AU POINT DE VUE GÉOLOGIQUE
par M. B. RENAULT
Planches VIMX.
La plupart des formes de Bactériacées vivantes. Microco-
ques, Bacilles, Streptocoques, Streptothryx... ont été retrouvées
à Tétat fossile, réparties dans les différentes assises sédimentaii*es.
récentes ou anciennes, au sein de tissus animaux et végétanx.
mais seulement lorsque ces tissus ont été protégés conti*e une
altération complète par divers modes de fossilisation. Les
Bactériacées ne se rencontrent dans les fragments d'os, de
carapaces, d'écaillés, de végétaux, etc., que lorsque ces dél>ris
ont été pénétrés d'une substance minéralisante telle que, par
exemple : silice, phos[)liate ou carbonate de chaux, etc. On
conçoit facilement que toute substance demeurée poreuse,
exposée pendant quelque temps à l'action de leau et de l'air,
a dû perdre peu à peu les traces des microorganismes qui y
étaient accumulés. On est donc assuré que ceux qu'on observe
dans une substance imperméable ont été emprisonnés lors de
la fossilisation et qu'ils n'y ont pas été introduits, depuis,
accidentellement.
Nous avons examiné des ossements fossiles (i) dévoniens
non minéralisés il nous a été impossible de trouver aucune
trace de Bactériacées ; des restes végétaux presqu'aussi anciens,
pétrifiés par du carbonate de chaux, nous ont montré au
contraire de nombreux Microcoques moulés et conservés par
la roche calcaire. Parmi les substances qui nous ont transmis
le plus nettement le moulage, quelquefois l'enveloppe plus ou
moins altérée des Bactériacées, on peut citer le phosphate de
chaux. Les coprolithes des schistes permiens , houillei^. et
anthracifères, nous ont fourni de nombreuses espèces de Bacilles^
dont quelques formes se rapprochent beaucoup de celles qni
(1) Ctenacanihus du Dévonien inférieur obligeammeot mis k ootrr di>p»-
sition par M. OElilert, auquel nous adressons nos vifs remerciements.
645
provoquent actuellement la carie des os et des dents ; tes
Bactéiiacées disposées en chaînettes ou en chapelets occupent
la cavité, les canalicules, des cellules osseuses, ou bien sont
réparties dans les résidus pétrifiés de la digestion (i).
Bactériaci^es conservées par la silice
La silice noua a conservé fidèlement un j^rand nombre de
ces infiniment petits emprisonnés dans les tissus végétaux,
nous en citerons quelques exemples.
Sur la figure i, pi. VII, on voit les restes d'un réseau
polygonal représentant les sections des cellules d'une moelle
d'Arihropitus, plante du terrain houiller supérieur ; à l'intérieur
des mailles du réseau, se trouvent des masses sphériques
composées d'un amas de Microcoques, on zooglées bactériennes.
Dans la portion de moelle _
représentée, ces cellules sont
réduites à leurs membranes
communes, ces minces cloi-
sons disparues, les zooglées
devenaient libres, détermi-
nant autour d'elles le dépôt
de la silice sous forme d'ai- ^
guilles cristallines (fig. i, a),
les sphérulithes se sont
déposées successivement en
même temps que d'autres
débris, entre autres, des
grains de pollen, maïs qui
n'ont pas déterminé autour
d'eus la cristallisation de la
silice sous forme d'aiguilles.
IjC tout a été cimenté par de la silice amorphe et constitue
actuellement une roche dure' et compacte, formant des bancs
fragmentés dans les gisements permiens des Thélots, Margenncs,
près Autun. Les zooglées bactériennes ont donc donné naissance
comme beaucoup d'autres corps solides microscopiques eu
11) Les BaclË^HCées coateaues dans les écailles et les os sont diUérenlee
de celles contenues dans les résidus de la di^testloD. Voir Microorganigines
dtt combustibles fossiles. BulletiD de la Société de l'Industrie miniïrale, 1899-
1900.
— Sphérolittaes bactéiieDDes .
Grossisse méat — r—
648
VIU* CONGRÂS GÉOLOGIQUE
suspension dans des eaux minérales, à des roches de naturr
oolithique. Nous avons suivi tous les passages de la zooglée
renfermée dans la cellule végétale, à celle incluse dans if
sphérolithe radié de la roche siliceuse.
Ces Bactériacées ne se réunissaient en zooglées qu après
avoir détruit complètement les parois épaissies des vaisseaux
et des cellules ; avant cette destruction, elles étaient ré|>arties
à i>eu ]>rès uniformément à la surface interne. Nous donnons
lîg. a, pi. VII, une colonie de Bacillas ozodeus fixét* à la
paroi interne d'un sporange de Pecopteris asterotheca prove-
nant du terrain liouiller de Grand'Croix, près St-Etienne.
Ce Bacille se présente sous la
forme de Bâtonnets, longs de
4 à 5 UL, à membrane très
mince, le protoplasme de cou-
leur foncée , se divise en
masses distinctes qui forment
des spores. Ce Bacille ne se
A rencontre qu'à l'intéi-ieur des
sporanges de Fougères.
Le Racillus g^mphosoi-
deus (fig. a), se trouve égale-
ment dans les f rue tiGca tiens
de Fougères ; il mesure 5 a
environ de longueur, l'enve-
loppe est mince, à peine dis-
tincte, le protoplasme se divise
de bonne heure en masses
irrégulières destinées peut-être,
dans certains cas, à constituer des sj>ores très petites mesu-
rant o îi 4. L une d'elles qui est à l'exti-émité prend générale-
ment aux dépens des autres un dévelopi)ement plus considé-
rable et atteint i jjl 8 à 2 a ; le Bacille rappelle sous cette forme
le Bacille du tétanos.
Quelquefois deux spoiTs se développent côte à côte, a tig. q:
ces spoi-es peuvent germer et produire une Bactérie bifurqut'-e.
Une troisième espèce de Bacille n'a été i-encontive comme
les deux précédentes que dans les sporanges de Fougères et
nullement dans les tissus avoisinants.
C'est le Bacillas Gramma, fig. 3, pi. VU. Les bàtonnet^^
longs de 4 a environ restent généralement groupés par deux.
Fig. 2. — Bacillus gompho*oideuii,
pris dans un sporange de Fougère :
a. Bacille terminé par deux spores ;
ft, Bacille terminé eu tôtc de clou
Gross. : — -
M. RENAULT 6^9
trois ou quatre ; comme ils sont repliés sous des angles varia-
bles, ils produisent des figures rappelant des lettres de Talphabet,
de là le nom spécifique de Gi'amrna, Le protoplasme se divise
de bonne heure en sphérules qui deviennent autant de s])ores
mesurant o {i 5. Cette espèce a été rencontrée dans les silex
permiens d'Autûn et dans les silex boni 11ers de Saint-Etienne.
Nous pouvons considérer ces trois espèces comme ayant pour
fonctions spéciales la destruction des épidémies résistants et
des cuticules des fructifications de Fougères.
Mais avant la destruction totiile de la paroi cellulaire, des
groupes plus ou moins importants de (cellules, de vaisseaux,
quelquefois même d'organes, se séparaient et se déposaient
pêle-mêle, de sorte que les magmas fossilifères des environs
d'Autun, de Saint- Hilaire, de Grand' Croix, etc., qui représen-
tent des fragments de la masse pétrifiés par la silice, réduits
en plaques minces , montrent une grande variété de débris
organiques dont l'aspect rappelle celui qu'offre un peu de
tourbe délayée dans l'eau, et montée en préparations. Les débris
organiques n'appartiennent plus aux menues genres ni souvent
aux mêmes familles de plantes, mais l'état de division est
analogue et paraît être le résultat, de part et d'autre, d'une
action microbienne, ayant déterminé la destruction des numi-
branes communes et la facile désunion des divers tissus.
La fig. 4» pl- ^Iï> représente un petit fragnu^nt d'un magma
de Grand'Croix réduit en plaque mince. VjU a, on aperçoit un
sporange ouvert détaché d'une pinnule de Pecopteris asterotheca.
En b, un macrosporange de Sphenophyilnm détaché également
de son sporangiophore, mais dont il a entraîné une partie,
l'ensemble est vu sous un grossissement de aS diam. Entre ces
débris à structure reconnaissable il s'en trouve beaucoup d'autres
complètement désorganisés et amorphes, d'aspect nmcilagi-
neux, plus ou moins colorés, provenant d'un travail microbien
plus complet. Les cuticules, les enveloppes des spores, des
grains de pollen, les cellules de l'épiderme, du liège, résis-
tent davantiige que les autres tissus. Les macrospores dc^ Sphe-
nophyUum vues sous un grossissenu^nt de 200 diamètres, fig. 6,
pi. Vil, sont arrondies ou polyédriques (i), leur enveloppe
examinée avec un grossissement suffisant est réticulée, le
H) Cette dernière forme provient de ce que les macrosporos étant jeunes et en
contact dans le sporan;$o, leur pression mutuelle les a empi^ch('»e8 de prendre la
forme définitive qui est sphérique quand elles sont à maturité.
65o
TDi* conqrAs Géologique
mfime échantillon renfermait on fragment d'épi de Sphenn-
phylium. La Sg. 5, pi. VII, montre une portion de paroi de
microsporange grossie aoo fois, les microspores encore réunies
en tétrades, mesurent a^ à 3o [jl de diamètre, tandis que les
macrospores citées en premier lieu atteignent près de 60 à
60 !i. Les Sphenoph}'tlam sont des Cryptogames a microt;-
pores et à macrospores, c'est-à-dire hétéroaporécs.
L'exemple que nous venons de rappeler, entre bien
d'autres, montre qu'à l'époque de la houille les fraginenU
de plantes divers, réunis dans des marais ou des sortes d«
tourbières, ont pu être envahis par des eaux siliceust-s,
pétrifiés et conservés jusqu'à nous dons l'état où ils se
trouvaient au moment de la minéralisation. Cet étnt accus«
une décomposition souvent très avancée due au travail
microbien dont on retrouve les auteurs nombreux et varits
sur les fragments non encore détruits, il est vraisemblahlf
que si les eaux minéralisantes n'étaient pas survenues la
destruction aurait été complète.
BOGHEADS
a" On sait que les Bogheads sont dus à l'accumulation d'Algues
d'eau douce au fond de lac$
de faible superficie, répar
tis depuis le Permien jusqoe
dans le Culm, souvent les
genres varient avec l'étage
et la r^on, de sorte que
des prépararations faites
dans te combustible per-
mettent de reconnaître s>
provenance exacte.
Le genre Pila, fig, 1 pl-
VIH, se rencontre princi-
palement dans l'hémisplière
boréal.
Le Bogliead d'Autun es)
formé par le Pila bibractea-
sis algues spliériques creu-**
mesurant en moyenne à l'état adulte 170 n de diamètre. CetW
forme est très répandue et est représentée par huit ou diï
Kig. 3. — Koi^beud Armadule.
Pila «ruiica et quelques jeunes Thylax.
Gross. : 210 diam.
B. RKMAULT
Fig. t. — Heimrliia nuulrtilU.
Graas : 100 dium.
I, grand IhallP avec uoe InvaKlDatloa ;
b, thalle mofen coup£ diamâtraloment.
espèces entre autres : par le Pila scotica, fig. 3, a dont les
dimensions linéaires sont moi-
tié moindres : le Pila kentac-
kiana, fig. 5. pi. Vlll, encore
plus petit et dont le diamètre
atteint à peine 5o \i. : par le
Pila Karpinskj-i b, fig. 4- pi-
Vlll, etc., qui accompagne
d'autres Algues dans les char-
bons lignitoïdes du Culm du
Bassin houîtler de Moscou.
Dillérents genres sont carac-
téristiques pour les bogheads
d'autres régions, les bogheads
australiens et du sud de l'Afri-
que qui appartiennent au ter-
rain pcrmien. sont constitués
par des Aiguës également glo-
buleuses, mais de plus grandes
dimensions, les thalles moyens
mesurent aoo u, de diamôtre, les grandes thalles plus du dou-
ble. Comme les Pilas, ces Algues fiottaient à la surface des
eaux soutenues par les gaz
qui se rassemblaient dans
Irur cavité, puis tombaient
après leur mort au fond
du lac.
|ja fig. 4 du texte, repré-
sente une coupe faite paral-
lèlement aux lits de strati-
fication; quoique les thalles
soient aplatis on distingue
la rangée de cellules qui
composent l'enveloppe, la
figure 5 se rapporte à une
section perpendiculaire aux
strates.
Certains bogheads an-
glais se reconnaissent à la
présence d'.\Jgues, Thylax
britannicux, benucimp plus petiti'S, dont le diam"tre moyen ne
S. — Rtimchia
Grogs. : 100 t
a, très Jeunes tballea ; b, grand thalle aplati,
coupa perpendiculalremeDt.
(>5a VUie CONGRÈS GÉOLOGIQUE
dépasse guère 4^ jx, elles sont sphériques, a, fîg. 3, pi. VIIL
la cavité communique avec Textérieur au moyen d*un asseï
grand noml^re d'ouvertures. Au milieu des thalles adultes od
en distingue d*autres beaucoup plus petits, globuleux, compo-
sés de quatre, huit. . . cellules, le Thylax britannicus associé
au Pila scotica distingue le boghead Armadale d* Angleterre.
Nous pourrions multiplier les exemples, montrant que les
bogheads se montrent partout composés de l'accumulât ion
d'Algues plus ou moins altérées sous l'influence d'une macé-
ration prolongée, cette macération a déterminé l'apparition et
la multiplication d'un nombre infini de Bacténacées que Ton
retrouve dans la pulpe des parois des cellules et dans la
matière de couleur brun foncé phytozyme plus altéi*ée qui
les entoure, cette matière provient sans doute, eu grande
partie, de la décomposition des Algies et des menus débris
végétaux entraînés en même temps au fond des eaux tran-
quilles. Les Bactériacées sont surtout représentées par des
Microcoques mesurant o,4 et 0,9 les plus petits ayant
porté leur action sur les membranes communes et les plus
gros sur jles épaississements. Ils ont été désignés sous le
nom de Micrococcus petrolei.
L'analyse de plusieurs bogheads conduit à la formule
approchée C- H', la transformation de la cellulose C* H*® 0^
en boghead est donc le résultat d'une déshydrogénation par-
tielle, accompagnée d'une désoxygénation à peu près complète.
On pourrait exprimer les réactions qui se sont produites par
la formule suivante :
Ciî U*'0 O^o = 2 (C2 H^) -h 5 CO^ -r 3 CH* -f a H.
Cle^ulo^e Ikijfhead A. carbonique H. proUic&rlwné Hydrogène
Tous les corps éliminés sont gazeux et se dégagent dans
un certain nombre de fermentations actuelles.
Canxels coals.
Le microscope nous a appris que les Bogheads étaient dus
à l'accumulation d'Algues diverses plus ou moins décomposées
par le travail microbien. Soumis à la même méthode d'obser-
vation, les Cannels ont montré que leur constitution était due
à une sélection dilFérente portant non plus sur des Algues
seulement, mais sur des fructifications de Lycopodiacées, de
Fougères, microspores, macrospores, spores, plus rarement sur
des spores et des jrrains de pollen.
Les Al^en sont peu nom-
breuses dans les cannels. elles
ont èti- entrulnérs rn iii<>me
temps que les oignes de,
reproduction que nous vencms
de citer, et n'ont pas vécu à
la surface d'eaux trantpiilles
recouvrant les lieux mêmes où
on exploite les couches de
cannels. ciimnie cela est arrivé
pour les ,\lgues qui ont pros-
péré là où se rencontrent les
bancs de hoghead.
Nous donnons fig. 6 du
texte, une coupe faite dans un
cannel du Kentucky dans
laquelle «m voit un nombre
considérable de fructifications
de Crjjitogames. les unes
angles arrondis, les autres a peu prè
peuvent être considérées comme
pour les cannels récents.
FiR.e.-
a, Mlcrosp
■I CiiDGy Crerk | Kpntuchy).
.s. : ItJO diam.
lie Lfcopodinée li's hiikIi^s
int arrondis.
triangidaires. Lu plupart
b's inierospoi-cs. provenant
de la ilivision de téti-ades
de Lycopodinées. nous
avons rencontré Créquem-
uient de ces tétrades, encore
entièri's, rappidant celles des
Lé p idodi -nd ives
Les maerospori!s sont
également nombreuses, et
souvent dans réjmisseiir des
parois on découviv des
uiycéliuuis de champignons
microscopi<|ues. Presque
tous les t'raguieuLs contien-
nent en outre, des légions
de uiicr-oeoqucs.
La uiatitVe fondaiiieutale,
phytozyme, n'en laisse voir
que diflicilement. à cause de son opacité.
On sait que quelques combustibles de terrains plus récents
Fi((. 7. — CaoDd de CommcDlry.
(iroas. : 180 dlam.
a, )(ralD ilc pollpo ; b, spores de Fougère.
6S4
■ CONGRÈS GÉOLOGIQUE
(houiller supérieur) présentent quelques anido^ies d'aspect el
de propriétés avec les cannels du terrain houiller uioven, les
)>réparations de ces charbons
montrent la présence de nom-
breuses sportis dp Fiiugères,
des grains de [lollen de Cor-
■daïtes. Les téti-atles de micros-
pores de Lycopodinées y sont
assez rares, et nous n'y avons
rencontré aucune Algue, mais
les Bactériacées y sont très
nombreuses.
Ijcs Atgui-s qui accompa-
gnent les fructiliciitions de
Cryptogames dans les cannels
varient suivant les régions, le
plus souvent ce sont des
espèces du genre Pila, le ean-
ntd Bryant, par exemple, avec de nombreuses macrosjiores cl
microspoi'cs, contient une petite quantité de Pila scoiica :
celui do Téberga (Espagne)
avec des mici-uspores de i.épi-
dodrendrées. présente des Pila
lasitanica.
Mais quelquefois on ob-
serve d'autres genres mélan-
gés en petite quantité aux
Pila ; dans la Cannel Davis
Creek (Nouvelle Virginie)
entre autres. l'Algue nouvelle
appartient au genre Ctadiaco-
thaUus. les thalles, au lieu
d'être sphériques, sont apla-
tis, discoïdes, mesurent 8i [t
de diamètrt; et se composent
de plusieurs rameaux par- [^ ihulle s*
tant d'un centre eomnmn .
ces rameaux sont plusieurs (ois dichotomes. Le plus souvent le
corps de r.\lgue. lig, Set 9 du teste, est réduit à l'étal de pulpe,
les cellules qui le formaient sont devenues indislim'tes. mais
la puli>e amorphe contient un nombi-e considérable de micro-
CladUteotkaUm Wardi.
Gtom. : ÏSO dtam-
fi. RENAULT 655
coques visibles sous un grossissement de 600 diamètres.
La composition de quelques cannels conduit aux rap-
ports suivants entre le carbone, Thydrogène et Toxygène
G G
-—-= 14,4» 7T = ïi 1^ cellulose comme on le sait donne
G G
— = 7,2, -p- = 0,9, il y a eu déshydrogénation et désoxygé-
nation .
Gomparativement aux bogheads, les cannels renferment
une proportion d'hydrogène deux fois plus faible et une
quantité d'oxygène plus grande, puisque les bogheads tendent
vers une élimination complète de cet élément.
La présence de nombreuse Bactériacées indique que la dispa-
rition de rhydrogène et de Toxygène à dû s'effectuer sous
l'influence de fermentations microbiennes.
Les Bactériacées existent dans les tourbes et les lignites,
comme Ta montré Tétude d'un grand nombi*e de tourbières,
et de charbons lignitoïdes tels que ceux d'Advent-Bay (Spitz-
berg), de la Zsily (Transylvanie), des terrains liasiques du
Turkestan, de Madagascar, de Tovarkowo, des mines d'AJexan-
di'ewski (Russie), etc.
Les charbons lignitoïdes de Tovarkowo et d'Alex andrewski,
pi'ouvent que les lignites se sont formés aux époques les plus
anciennes aussi bien que la houille, et quc^ la transformation
de la cellulose en ces deux espèces de combustibles a pu être
contemporaine, mais s'eflectuer dans des milieux différents,
c'est à dire pour les charbons lignitoïdes dans des marais,
pour la houille, en eau profonde.
Le milieu parait avoir eu plus d'influence que la nature
des oi^anes végétaux. En effet, le combustible de Tovarkowo
débarrassé d'acide ulmique donne les rapports :
G G
celui d'Alexandrewski — = 8,5 : --^ = 5. G'est sensiblement le
xi O
même rapport que fournit l'analyse des cuticules des plantes
G G
vivantes, Agave, Aloës, Lierre : -=j- := 7,2 : - = 5,i.
xl O
G'est la limite que semble devoir atteindre dans cei'tains
marais, l'élimination de l'hydrogène et de l'oxygène par rapport
(iS& VIII' coKGKès GÉoi-OGiqUE
au carbone, et cepeiidant la composition organographique dis
charbon» d'Alexandrewski rappelle en tous points celle de*
cannois ; ils sont formés essentiellement de fructifications dr
Cryptogames telles que des muc-i'osjtores, des microsporos. etr..
mélangées à des Pila Karpinskyi b. iig. 4- pi- VIII, et à des
CfadUtcothallnx Keppenl. Cette espèce d'AJgue est composée ilc
rameaux plusieurs fois dichotoines partant d'une souche coui-
mune et formant une toutle à peu prés hémisphérique de i4oa
de rayon.
La figure lo du Urste, représente quelques- thalles aplatis, la
fig. 4, pi. VlII.un ranieau
détaché plusieurs fois dicbo-
tome. chaqui! rameau est
formé de cellules, dont les
parois ne sont plus gu^n'
visibles que grAcr aux
Micrncoques (jui les occu-
pent, les Pilas s<mt égale-
ment peuplés de corps coc-
coïdes et réduits à une sorte
de pulpe où on ne tlistin-
gue plus de structure :
comme on le voit, les élé-
ments organiques qui ont
Pig.lO.-Tballos de aadUcoiliaUu» Keppmi. d^nné naissance à ces char-
«, les «n.P«ux.i.« thalles sont écrasos. ^"'"' hgnitoides sont de
même nature que ceux des
cannais, et cependant ces deux espèces de combustibles oiit
une composition chimique très différente ; particularité due.
comme nous le croyons, à ce que les Bactériacées pouvaient,
dans des eaux peu profondes, emprunter partiellement l'oxygène
dont elles avaient besoin, à celui qui sature les couches super-
ficielles en conliict permanent avec l'atmosphère.
Houille.
Si les Boglieads paraissent dilTérenciés par la prédomin^ince
d'Algueii diverses, les Caonels par l'accumulation de fructifica-
tions de Cryptogames variés mélangea de quelques Algue»
qui ont été entraînées et se sont disposées en même temps.
les Houilles du terrain houiller supérieur semblent résulter
B. RENAULT 65^
de i*accamulation, des différents organes végétaux, il n'y a
pas eu une sorte de sélection, de triage dans les éléments
organiques qui les constituent. Les feuilles, rameaux, bois,
écorce, racines, quelques fructitications, etc., ont concouru à
sa formation, nos préparations justifient la théorie de M. Fayol
relative au transport des plantes, amenées pêle-mêle dans des
lacs ou des estuaires et enfouies dans des eaux profondes, ces
plantes, comme nous le verrons, ont pu être arrachées des
rives et entraînées directement dans des lacs, ou séjourner
quelque temps dans des marais avant d'y être transportées.
Dans beaucoup de préparations de houille Ta Itération des
organes est assez complète pour qu'il soit impossible de
reconnaître les tissus et d'en établir la provenance, la fig. 6,
pi. V^III, représente une section faite dans un caillou de
houille de Comraentry, on n'y distingue que des zones ondulées
entre lesquelles se trouvent des colonies de Micrococcus
Carbo a. ft, Taspect de cette houille prouve qu'à un ceiiain
moment elle a joui d'une certaine plasticité qui a permis
aux bandes stratifiées de se contourner sous l'influence de
pressions latérales, sans être brisée.
D'autres fois la déformation a été moins complète, les difï'é-
rents fragments de plantes, quoique encore indéterminables,
sont moins fusionnés, leur contour est souvent distinct, les
uns laissent voir à leur intériem* des Microcoques, a, c, fig. i,
pi. IX, les autres des bacilles b ; beaucoup n'ont pas une
transparence suflisante pour permettre d'ai)ercevoir les Bac-
tériacées ; ce rapide examen permet de conclure c[ue les frag-
ments ont été envahis par ces microorganismes indépendamment
les uns des autres, et qu'ils se sont déposés déjà infectés et
plus ou moins altérés.
Cette déduction est d'ailleurs confirmée par l'état de désor-
ganisation fort différent qu'ils présentent dans un même mor-
ceau de houille, k côté de débris complètement amorphes,
il en est d'autres dans lesquels on peut distinguer des vestiges
de structure.
L41 Éig. II du texte montre, en effet, un fragment de
feuille coupé perpendiculairement au limbe, le contour de la
feuille est indiqué par la cuticule a. qui se détache sous la
forme d'une ligne incolore, immédiatement au-dessous se
trouvent les cellules à parois sclérifiées de l'épiderme 6.
En c on distingue moins nettement les cellules du méso-
4i.
VIII* co>gk6s géologique
:-^:^"
phylle. I^ (îrossisseineiit nVst ptis suflisant pour qui- les Mient-
coques soient visibles, ils aiipai-aisseiit sous un gi-ossisseniriit
de 05o diuiii.. j>niu-i|>u-
leineiil dans l'épai-scur
des lueinlti'uiu's l'oiiniiu-
ues qui sont iiicoliin'>.
IjOs l'i -agi lien ts di- lutU
houillifiés sont ri-é<juenls.
mieux conservés et i)eii-
vent t>ttv tivs souvent
rajiportés à leur geiiiv
fespeetif.
La lig. 13 du teste
^'présente une section
ti-ansversale iruii I>ois di-
Caiomodendron slriatnm
de Saint- Etienne. la par-
tie inféneuiv de la ligun'
se rapporti* aux liaiide<
coins ligneux, la partie
!i vaisseaux ligneux. \*'^
FIK-'H. — Pragroent de (euille houlllifléf,
liooltle Je Firmy, Decazeville.
Grow. : ISOdlam.
a. cuUcule ' b, cellules eo paliswilu et ^pl-
ilerme : c, cellules du mi'-sopliylle .
pi-osenchyuiateuses (|ui scpaivnt le
supérieui-e, un peu plus claii-e. ai
divei-s éléuients du bois ont
conservé leur disposition en
bandes i-ayon liantes incli-
nées de gauelie à droite sur
lu (igui-e. Les cellules pru-
setieliyniateuses ont pi-oduit
les bandes de houille a .
Ces bandes sont sépaives
l>ar des lignes plus claiifs
repii'sentant les i-uyoïis eel-
luluii-es ligneux, les Bactc-
nacêes sont visibles <laiis
CCS lignes plus claires et
Ibrinent quelquefois des
aillas b. Ces Mici-ocoques fos-
siles sont incoloi'es connue
l'on sait, et distincts seule-
ment sous un éclaii-age
Klg. 12. —Coupe transversale d'un
iiuuilliâé de CatamudeodroD,
Gross. : 1X0 dium.
a, huulll e praveniiiil des épaississt'mi'ab
I). lai'une où se trouvent des colonies d
HIcrocoqucs .
spécial ; les baiido;^
scuients des cellules.
montrent
a. provenant «les é|>aissis-
égaleuieut des BactériaciVs
B. RENAULT 659
quand on pai'vienl à leur donntM' une transparence suÉlisante.
Un examen attentif des préparations niontixî que les Bacté-
riacées après leur pénétration dans les celhdes ont transformé
les épaississements en houille de couleur foncée qui remplit
chacune d'elles sous forme de cylindre ; elles se sont arrêtées
aux mend^ranes connuunes, ou bien la houille de ces mem-
branes est incoloiv et forme une sorte d'enveloppe claire qui
limite la houille provenant des épaississements; c'est à cette
particularité (|ue les divers tissus peuv(»nt être reconnus.
La r(^mar([ue sur la manière d'opérer des Bactériacées est
d'ailleurs confirmée par les coupes longitudinales suivantes,
la fig. 3, pi. IX, représenttî une section d'un fragment de
bois houillitié d'Arthropitus major, grossie 650 fois, elle
passe à la fois par les membranes communes a, des vaisseaux,
et les cylindres de houille b, occupant .Tintérieur des vais-
seaux, comme la houille a joui d'une certaine mollesse pendant
sa formation, il est annvé assez fréquemment qu'une légère
pression a déterminé la ruptun» des enveloppes formées par
les membranes moyennes et déterminé la réunion et le mélange
des cylindres de houille noire, sous forme de plages obscures
plus ou moins étendues fig. 3.
Lorsque la section est dirigée de façon à comprendre,
dans la préparation, plusieurs membranes communes comme
dans la coupe radiale représentée fig. 5, pi. IX, le nombre
des Microcoques que l'on peut découvrir est considérable, ils
occupent, serrés, souvent en cont^ict, l'épaisseur des membranes
moyennes. Chaque microcoque se détache comme une sphérule
blanche, mesurant o, [jl 4 à o, u. 5 de diamètitî, entourée de la
houille noire provenant des épaississements. Le nombre des Bac-
tériacées est tellement grand que ceux qui sont en contiict
forment des sortes de chaînettes et simulent des Streptocoques.
Au lieu d'être répartis presqu'uniformément dans les mem-
branes connnunes. il peut arriver que les Microcoques forment
des colonies extrêmement peuplées au uiilieu de la houille
des épaissements 6, fig. 12, du texte, et fig. 4* P^- I^ i dans
cette dernière figure représentiint un bois iï Arthropitus houil-
lifié, .sous un grossissement de 65o diam.. on voit plusieurs
colonies de Microcoques ; à la loupe au milieu de petites
plages noires on aperçoit lacilement les Microcoques inco-
lores qui les ont ])roduites et au milieu desqueUes ils sont
en quelque sorte restés emprisonnés.
660 vin'' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
L'absence de coloration des Microcoques au milieu d'une
substance fortement colorée en brun foncé, est évidemment un
fait remarquable qui prouve qu'ils ont eu un rôie plutôt actif
que passif dans le phénomène de la houilliflcation.
On peut se demander dans quelles ciivonstances les niicm-
organismes ont envahi en aussi grande quantité les divei*s frag-
ments de végétaux. En outre» de ceux i^épandus si pi*ofusion iians
les rivières et les (leuves, dont la teuipérature, à cette époque,
était des plus favorable et facilitait lem* multiplication, il y avait
les marais littoi*aux des deltas dans lesquels un grand nombre de
plantes ont séjourné; ce séjour est pi'ouvé par la pivseiuM' de
nombreux mycéliums de Champignons qui y ont vécu et fruc-
tifié. Nous donnons, (ig. 5i, pi. IX. une coupe longitudinale
d'un bois houillifié, dans le tissu duquel s'est déveloi)pé un
mycélium d'Hyphon\ycète, c, dont les i*ameaux poi'tent des
conidies 6, il est évident que ces mycéliums ne se sont })as
développés dans les tissus depuis leur houilliflcation. mais,
lorsque les fragments de bois ont séjourné dans un milieu
approprié ; or, actuellement les bois i»ecueillis dans les marais,
dans les tourbièi^es, sont fréquemment envahis pai' des Hj^pho-
my cèles, il est logique d'attribuer la présence de* Champignons
dans les bois houillifiés, à leur séjour préalable dans des
marais, où ils ont pu être infectés j)ar des Champignons et
des Bactériacées, entraînés ensuite \i9LV les crues et les inon-
dations si fréquentes aux é}>oques primaires, les Bactériacées
ont continué de pi'ospérer en eau profonde, et d'y détenniner une
houilliflcation plus ou moins complète.
L'analyse d'une houille pure provenant d'un bois de Cordaile
ou d'Arthropitus conduit sensiblement à la formule C'* H*' (),
C C
le rapport Tx = J et le rapport — = 15. Pour la cellulose. h»s
C C
mêmes rapports sont — =. 0,9, — = i ,2.
En transformant la matière végétale en houille, les Bacté-
riacées lui ont fait pei'di'e les 4/5 de sa substance primitive,
peite due à la production de produits gazeux tels que acide
carbonique, hydrogène protocarboné et eau ; le cinquième restant
est de la houille.
On pourrait exprimer à peu près par la formule suivante,
la nature des reactions qui se sont produites :
(Wi
une diminution considérable comprise entre les -
(C H'« OS )* = 3 (C° n« O) + i4 (C H* ) + i6 C O» + 6 H» O.
OlIuluM' Mouillr H^lbuie A. «rbonique Eiu
I^ composé solide C^ H^ O est la l'ormule d'une houille
pure, les produits gazeux ou liquides ënumérés se forment
dans un grand nombre de fermentations actuelles. En se
transformant en houille les dilféreiits tissus végétaux ont subi
suivitnt leur natun; et la compression éprouvée ultérieurement,
3o
du volume primitif, l^a présence do ]>ruduits gazeux encore
retenus dans la houille par affinité capillaire et sous rinduence
d'une certaine pression est rendue malheureusement trop cer-
taine par les accidents qui se produisent si fréquemment
dans les mines.
Un centimètre cube de la houille de la Uoublc (Puy-dc-
Dânie), par exemple, contient 6.94 cent, cubes de gaz com-
posés de g5,o4 de méthane, 3,70 d'acide carbonique et 1.35
d'azott^ 1 une partie de ces gaz se dégagent par simple pulvé-
risation, une autn> par diminution de pression, une troisième
quand on chaulle au-dessus de loo» mais bien au-dessous,
cependant, de la températurt; de décomposition du charbon.
Le méthane et l'acide
carbonique sont maintenus
dans ia houille non seule-
ment par affinité citpil-
laire, mais occupent, sous
une cerUtine pression, de
nombreuses vacuoles qui
y sont creusées, les fig. 6.
pi. IX, et i3 du texte mon-
tnmtdespréjiaratinns faiti-s
dans un bois d'Artkropi-
lus, on voit en a et en b
des Mici'ococcas Carbo iso-
lés ou disposés en chaî-
nettes, en b ou en c des
BacUlas Carbo, et va et là
en c ou en d par exemple
des vacuoles, les unes sphériques. les autres elliptiques ou
plus ou moins irrêgulières. L'intérieur do ces vacuoles est
transparent et ne renferme que des gaz; ecux-ei produits [lors
FiK. 13. — Houille à-Arthropitus.
Gross. : gOOdlam.
, b, Baeillus Carbo, Micrococcus Carbo.
663 ' VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUE
d<» la fermentation pix)voquée par les Hactériacées que l'on
distingue encore dans la houille- qu'ils ont fonnée. n'ont pu sr
dégager entièrement à cause de la viscosité de la niatièi'e. et ils
sont restés emprisonnés loi*s de sa dessiccation. On uo doit pas
s'étonner, dès lors, que la pulvérisation de la houille mette cii
liberté une certaine quantité du méthane et de l'acide carb(>-
nique contenus dans ces cavités.
Les préparations faites dans la houille ordinaii'e laissent bien
discerner également de nombivuses vacuoh*s. nuiis elles sont
généi'alenu»nt comprimées et tellement ilélbrmées (pi'oii peu!
hésiter à y voir des poches à grisou microscoi>iques. La houiUc
des troncs ligneux plus conqiacte, moins aplatie, plus homogène.
pernH*t, au contraiiv, de constat(*r nettement à l'intérieur des
cellules dont on devine K»s contours, la liouiHe (|ui les ivuq>lit
tenant en suspension des bulles gazeuzes et des Hactériacées.
L'analogie île formation existant entre la houille cl h's
composés lignitoïdes, analogie poi-Umt sur la désoxygénation et
la déshydrogénation de la cellulose sous Tinfluence mici'obicnne.
est confirmée par Texamen de préjiarations faites dans des pétioles
de palmiere de Tétage tongrien: ici ce n'est plus de la houille
qui i*emplit les cellules, mais la phytozymc des lignites : au
milieu de la substance provenant de l'altération des parois,
on remarque des vacuoles de formes variées, incoloi'es. conte-
nant ou ayant contenu des produits gazeux issus de la fermen-
tation mici'obienne. Dans le cas présent, il semble que ce sont
des Mici'ocoques plutôt que des Bacilles ([ui l'ont ])rovo(|ué4'. car
on distingue dans et entre les bulles gazeuses un nombit» consi-
dérable de ces oi*ganismes.
L'allui'e est sensiblement la même, ([u'on l'observe dans les
tourbes de notre épotpie, dans les lignites, ou que ri)n s'adi^e^^st*
aux combustibles plus anciens. Le travail bactérien a pour résul-
tat de part et d'autre, la déshydn)génation et la désoxygénation.
Le tableau suivant (pie nous rappelons conlirme cette déduction.
C C
Pour la cellulose et ses polvmèivs : — ' = 7.2 : -;^ = o.q.
1 . H "^ O ^
Tourbes r^ = 9,8 : -' = i ,8.
Lignites — =rz iaA\ : jz = 3.<î.
C C
Cannels îj '-= i^-^ • tt = 1 ï-*^-
H O
B. RENAULT 663
Houille pure ^ = 17,0; — = 7,2.
C C
Anthracite j^ ^= 3'j,o : -^ ^= 33, o.
Le terme final, s'il était atteint, serait la production du
carbone.
Dans les quel(|ues lignes qui précèdent nous avons exposé
le rôle important que les infiniment ])etits ont joué dans la for-
mation de quelques-unes des couches du globe, où on les rencontre
en abondance :
1° en déterminant sous forme de zooglées, issues de la décom-
position de plantes, la formation de roches oolithi(|ues siliceuses
à structure cristalline radiée.
2° en provoquant la décomposition partielle des végétaux
dans des marais ou en eau profonde. Dans le pi'emier cas, ils
ont contribué à la formation des tourbds des lignités et des char-
bons lignitoides. Dans le second ce sont des Bogheads, des
Houilh^s. des C.annels et des Anthracites (pii se sont formés ; de
part et d'autre, il y eu perte d'oxygène et d'hydrogène en plus
grande proportion (jue de carbone, sous forme d'hydrogèiie
j)roto-carb()né et d'acide carbonique.
3° La nature des végétaux parait avoir vu une certaine influence
sur la tpialité des combustibles produits.
a. — Les Hogheads ont été formés par l'accumulation d'Algues
d'eau douce ;
b. — les (Manuels, pai* une sorte de sélection portant sur
des fructifications de (Cryptogames et d'Algues d'eau douce,
mais ce mélange n'a pas fourni nécessairement un produit
identi([ue : dans les marais ce sont des Cannels lignitoïtes qui
ont pris naissance (Charbons russes de Kourakino, d'Alexan-
cb*e\vski, etc.); en eau profonde, au contraiiv, ce sont les Cannels
ordinaires (cannels anglais, espagnols, américains, etc.), qui se
sont formés, se rapi)rochant jilus des houilles que des lignités.
e. — Les Houilles résultent de l'assemblage de tous les
oi*ganes des plantes, bois, écorce, feuilles, fructifications variées,
etc.. leur composition dépend de l'altération plus ou moins
pi'ofonde que la fennentation mici*ol>ienne leur a fait subir ;
pour certains anthracitc^s une autre intei'vention a (ui lieu : celle
de divers phénomènes d(». métamorphisme.
664
DES GISEMENTS DE MINERAIS DE FER OOLITHIQUES
DE L'ARRONDISSEMENT DE BRIEY ( Meurthe kt-Moselle)
ET DE LEUR MODE DE FORMATION
par M. fieorures ROLLAND
Planche» \ et XI.
J'ai signalé en 1898 (i) la découverte de l'extension impré-
vue des gisements de mincirais de fer oolithiques qui aftleu-
renl et sont depuis longtemps exploités sur une grande échelle
dans l'ancien département de la Moselle, gisements dont le
prolongement souterrain dans l'arrondissement de Briey et
jusque dans la Meuse venait d'être constaté par de nombreai
sondages d'exploration.
Une première partie de ces soudages fut exécutée de
188Q à 1886 sur les conseils de M. Genreau, alors Ingénieur
en Chef des Mines à Nancy ; la seconde série principale
date de 189Q et se termine à peine à ce jour. Au total, le
nombre des sondages exécutés dans l'arrondissement de Briev
s'élève actuellement à 161.
A ma communication de 1898 à l'Académie des Sciena's.
était jointe une première carte de la Topograpliie souterraine
des gisements de minerais de fer oolithiques de l'arrondisse-
ment de Briey, réduction de celle que j'ai dressée pour le
service de la Carte géologique détaillée de la France, et qui doit
prochainement paraître sur les feuiUes de Metz et de Long\vy.
D'autre part, j'ai fait figurer à l'Exposition Universelle de
1900 (classe 63) un plan en relief ayant pour objet de
représenter à plus grande échelle et d'une manière parlante
aux yeux ces gisements souterrains, tant au point de vue
géologique qu'en prévision des exploitations pi-ojetées, et de
bien montrer leur allure, leurs pendages et leui*s ondulations,
leur puissance et leurs limites d'exploitabilité, les accidents
qu'ils présentent, leurs aflleurements à la surface et les son-
dages qui les ont explorés en profondeur, etc. I^es éléments
de ce plan en relief sont les mêmes que ceux de la carte
précitée, et j'y ai coordonné d'une manière semblable, mais
avec plus de détails, les indications que me fournissaient.
(1) Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, Paris, t7 Janvier 18118.
G. liOLLAND 665
d'une part, les terrains de la surface, dont j'avais étudié la
géologie pour le serviee de la Carte, et, d'autre part, les
coupes des sondages de recherches, au sujet desquels de
nombreux renseignements m'ont été obligeamment fournis par
les ingénieurs des Mines de Nancy, M. Cousin d'abord, puis
M. Yillain, ainsi que par les industriels.
Depuis lors. M. Villain, dans le service duquel rentre
l'arrondissement de Briey et qui a pu étudier d'une manière
particulièrement complète les sondages exécutés dans cette
région, a fait, le 27 juin dernier, devant la Société Industrielle
de TEst, une conférence très documentée sur les gisements de
minerais de fer en Meurthe-et-Moselle, à la connaissance
desquels ses travaux apportent une importante contribution.
A ce propos, il a développé une théorie déjà soutenue par
lui pour expliipier le mode de formation des minerais de fer
oolithiques de Lorraine, théorie dite des failles-nourricières.
Je crois intéressant de résumer à nouveau, devant le
Congrès géologique international, les traits caractéristiques des
nouveaux gisements dont la découverte dans l'arrondissement
de Briey fut un véritable événement pour la métallurgie fran-
çaise, et d'examiner ensuite ce que, dans l'état actuel de la
science et avec toutes les données dont on dispose ici. Ton
peut induire quant a leur mode de formation.
I. — Description des gisements
On me permettra de me référer à la description que j'avais
donnée des gisements en (juestion dans ma communication à
l'Académie des Sciences, et il me sullira d'ajouter quelques indi
cations complémentaires, également succinctes, pour mettre à
jour mon exposé.
« On sait que la formation ferrugineuse de la Lorraine se
)) place en haut du Lias supérieur, au dessous de l'étage
)) des calcaires du Bajocien, dont elle est séï)arée par un
» petit massif de Marnes dites micacées, et au dessus des
)) Grès et Marnes supraliasiques avec pyrites.
» Elle afïleure à la surface suivant une large zone, qui
)) s'étend d'abord de l'Ouest à l'Est au travers de la région de
» Longwy, ainsi que sur la bordure limitrophe de la Belgique
» et dans le Luxembourg, puis qui, tournant à angle droit et se
)) dirigeant du Nord au Sud, règne eu Lorraine annexée le
» long de la frontière jusqu'au delà de Metz, et se retrouve
» plus loin dans la région de Nancy. Les couches de minerai
ri66 VUr CONGRÈS GÉOLOGIQUE
» y sont exploitées soit au moyen de galeries ouvertes à
» flanc de coteau, soit à ciel ouvert. La formation offre une
» allure lenticulaire ; elle varie, tant comme puissance totale
» que comme nombre de couches et composition. Sa pins
)> grande puissance se renconti*e entre Hussig^y, Villerupt.
» Ottange et Esch ; à la Côte Rouge, elle atteint 37 mèti-es, et
» Ton [)eut y voir cinq couches, toutes exploitées, représentant
» ensemble i(> mètres de minerai. A l'autre extrémité du bas-
» sin de Longwy, près de Gorcy. elle n'a plus que 4"*^^» *^'**^
» une seule couche. Les minerais sont siliceux dans TOuesl de
» ce bassin et calcariferes dans TEst.
» La formation ferrugineuse, dont les alïleurements forment
» ainsi une demi-ceinture dans le Nord et à TEst de Tarron-
» dissement de Briey, plonge vers l'intérieur avec «n pendage
» général à TOuest-Sud-Ouest et s'enfonce, en augmentant de
» puissance, à des profondeurs croissantes sous le Bajocien et
» le Bathonien. Les épaisseurs de terrains superposés appi*(>-
» client de 3oo mètres vers l'Ouest, où la formation pénètre
» dans la Meuse. De proche en proche, les sondages ont
» démontré son extension souterraine sur près de /\o kiloiu.
» du Nord au Sud et sur 7 à 24 kilomètres de l'Est à l'Ouest,
» La superficie totale sous laquelle les gisements ont été jus-
» qu'ici reconnus exploitables peut être évalué à 54.000 hectares.
» J'ai tracé approximativement sa limite à l'Ouest ».
A vrai dire, j'ai été large dans l'appréciation de ce qui
pouvait être considéré comme, un jour ou l'autre, exploitable.
J'y ai classé toute région qui possède au moins une couche
de \^j^ d'épaisseur avec 3o pour 100 de fer (avec quelque
latitude en plus ou en moins suivant les proportions de chaui
ou de silice). Four le moment et en l'état actuel de l'art
d'exploitiition des mines et des procédés de la métallurgie,
les régions réellement utilisables ne semblent guère atteindiT
(|ue le chiffre, déjà fort considérable, de 4^-ooo hectares, et
c'est dans ces envinms, en effet, que se tient le total des
superficies aujourd'hui concédées (avec un reliquat restant à
c(mcéder). Néanmoins j'ai cru intéi'cssant de maintenir la limite
d'exploitabilité telle (jue je l'avais conçue, ne fût-ce qu'à titre
d'indication éventuelle pour l'avenir.
« Elle figure, en grand, trois promontoii'es allongés vers
» rOu(»st vi iv Sud-Ouest. Au Nord, c'est l'ancien bassin de
)» Longwy^ où existe un premier groupe de concessions, dont une
G. ROLLAND 6O7
» grande partie des minerais a déjà été extraite, et qui, en y
» adjoignant quelques concessions récentes au Sud- Est, représente
» 10.622 hectares. Au centre et au Sud, c'est le nouveau bassin
» de Briey (pi. X et XI), où Ton peut distinguer deux régions.
» La région méridionale de Briey, Gonilans, Batilly, est dite
» parfois bassin de VOrne ; elle possède un second groupe de
)) concessions, accordées à la suite des sondages de 1882 à 1886
» et comprenant 16.147 hectares; on y trouve déjà deux sièges
» d'extraction par puits, à Jœuf (i) et près d'Homécourt (2)
» et trois autres en préparation à Auboué (3), Homécourt (4) et
» Moutiers (5). La région centrale enfin, que j'appellerai bassin
» d' entre- Moselle-et- Meuse y entièrement nouvelle et découverte
» depuis i892. » Celle-ci s'étend, d'une part, le long de la fron-
tière d'Alsace- Lorraine. d'Avril à Audun-le-Roman et au-delà, et
d'autre part, vers TOuest-Sud-Ouest sous forme d'un promontoire
allongé, dont l'axe passe aux environs de Landres et qui se
termine vers Eton, dans la Meuse, par une sorte de cap étroit.
Le troisième» gp"ou()e de concessions qui viennent d'être insti-
tuées dans ce bassin central, en 1899 et 1900, offre une super-
ficie de i3.oio hectares, et l'administration des Minés considère
qu'il y reste encore un millier d'hectares à concéder. Un sixième
siège d'extraction s'y trouve en préparation à Tucquegnieux (()),
et d'autres y sont d'ores déjà décidés par divers concessionnaires.
Quant aux trois nouveaux sièges que je» citais en 1898
comme en voie de création dans le bassin de l'Orne, l(»s
travaux s'y poursuivent activement.
Avant peu d'années, les exploitations souterraines du bassin
de Briey fourniront sans aucun doute des quantités considé-
rables d'excellents minerais (h* fer à l'industrie française.
« Sous le bassin de Briey, la formation présente jus(|u'à six
)) couches distinctes de minerai, savoir, de haut en bas : deux
» couches dites rouges, la jaune, la grise, la noire et la verte,
» Mais habituellement il n y a qu'une» couche rouge ; la jaune
» peut manquer, et souvent la verte et la noire. Il ne faut
)) donc compter que ,sur quatre couches ou mênie trois, d<»nt une
» ou deux exploitables. L«i couche grise» est la plus l'égulière ;
)> normalement c'est la plus épaisse, la [)lus riche, la meilh'ure
(i) MM. de Vcndel r^l C'«.
(2) Société dft Vezin-Aiilnoyo.
(3) Société des hauts-fourneaux vX fonderies de Pont-à-Mousson.
(4) Société de Vezin-Aulnoye.
(5) Société inétallur^ique de (iorcy.
(6) Société des Aciéries de Longwy.
668 Vlll* CONGKÈS GÉOLOGIQUE
» comme qualité, avec gan^e calcarifere (sauf vers le nord).
» La puissance totale de la formation , y compris le toit
» (en sables ou calcaires ferrugineux) et les stériles entre les
» couches de mine, varie entre 19 à 53 mètres. Quant à U
» couche grise, elle a i°^8o à 9™6o (i) (épaisseur uiaxima vers
» Lîindres) ; elle renferme généralement de 3o à 4^ pour 100
» de fer, sur 2 à 4 niètres (avec 3 à i4 pour 100 de chaux):
» on y rencontre parfois des niveaux plus riches , mais ce
» sont des exceptions. »
Sur la carte jointe à ma comnmnication de 1898 à l'Aca-
démie des Sciences, j'avais choisi le mur de la couche grise
j)our iigurer la topographie souterraine du gisement. Depuis
lors, sur la carte géologique de France au ^ôTô^* (feuilles de
Metz et de Longwy), j'ai jugé préférable, tout bien pesé, de
représenter le toit de la formation ferrugineuse (au dessous des
Marnes micacées) (2) : de même sur mon plan en relief de
l'Exposition (échelle du ^^qq P^ur les bases) (a). Mais sur les
cartes au ^^^lû)'. j<>îiil^î^ au présent mémoii-e (pi. X et \1), j'ai
dû i*evenir au mur de la couche grise (3). eu égard à l'étude
(jui va suivre concernant là genèse des minerais.
A l'inspection de ces cartes et aussi des coupes géologi-
ques que j'ai dressées (4), on jugera bien de Tallure de la
formation. « Non seulement celle-ci est lenticulaii-e, mais, loin
» d'être plane, elle ollï'e des alternances fort intéressantes de
» ploiements synclinaux et anticlinaux à faible courbure.
» De distance en distance, le bassin de Briev est traverf^*
» par d(*s failles importantes, qui se poui'suivent en Lorraine
» annexée. Leur dii'ection oscille du N 29° E au N 52® E...
» Les failles principales sont accompagnées d'un système
» parallèle de failles secondaii'es et de lignes de cassures. Les
» terrains sont traversés, en outre, par un second système de
» cassures sensiblement perpendiculaires. Le bassin de Briey
» se trouve ainsi divisé en compartiments plus ou moins
» grands ; certaines parties sont littéralement hachées. »
(1) Chiffre modifié d'après un nouveau sondage près de Landres.
(2) Les altitudes y sont indiquées au moyen de courl>es de oiveau éqaidts-
tantes de 10 mètres.
(3» Vu leur petite éciielle, les courbes de niveau n'y sont tracées que tous les
20 mètres.
ii) Sur lîi carte jjéolo^'iqu»' de France (feuille de L.ongwy), on trouvera quatre
irrandrs coupes ^^éolo^iques, l'une longitudinale et les trois autres transversales,
des bassins miniers de l'arrondisscmenl de Briey.
G. ROLLAND 669
Je citerai les failles de Crusnes ( loo mètres de rejet un
peu au Sud-Ouest de Crusnes ) et de Bonvillers ( 75 mètres
de rejet un peu au Sud-Ouest de Mont ), la faille d'Audun-
le-Roman, la faille d'Avril (60 mètres de rejet un peu au
Sud-Ouest d'Avril), la faille de TOrne, etc. Comme pour tout
ce qui concerne cette topographie souterraine, on général, les
failles ne sont représentées sur mes cartes que dans la partie
française. Ainsi on n'y voit pas la faille de Fontoy, en Alsace-
Lorraine ; d'ailleurs celle-ci « meurt à la fnmtière , mais
» sur son prolongement, on remanjiie un fond de bateau,
» passant par Tucquegnieux. »
« Les sondages ont rencontré Teau à des profondeurs très
» variables sous la surface (o™6o à 70 mètres). Le plus sou-
» vent son niveau est resté stationnaire. Parfois il a baissé.
» Plus souvent il a monté, par suite de la rencontre de nappes
» ascendantes (principalement dans la formation). A signaler
» enfm huit sondages et un puits jaillissants, situés soit vers
» l'aval pendage de la formation, soit à proximité de failles. »
« La question de Tépuisement des eaux ne laisse pas que do
» préoccuper vivement pour les futures exploitations du bassin
» de Briey. Règle générale, le giseuient ferrugineux est plus ou
» moins aquifère. Toutefois, quand on poui'ra choisir dos massifs
)) de terrain non disloqués, on aura chance de ne rencontn^r que
» peu d'eau dans les travaux ; mais des mesures devront être
» prises pour faire face à des venues d'eau brusques et abon-
» dan tes, toujours à craindre dans des terrains aussi fissurés ».
11. — iMoDE DE FORMATION
Je voudrais maintenant, sur le conseil de géologues émi-
nents, MM. Marcel Bertrand, de Lapparent, Munier-Chalmas,
mettre à profit les éléments exceptionnellement nombreux
d'appréciation que l'on possède au sujet des régions considérées,
pour voir quelles conclusions l'on peut en tirer l'elativement
au mode de formation de ces gisements de minerais de fer
oolithiques de Lorraine et des minerais analogues.
M. F. Villain, ai-je dit, a cherché à l'expliquer par la
théorie des failles nourricières. Prenant comme exemple la
couche grise, il admet qu'au moment de son dépôt, lo
relief du fond de la mer liasique aflectait dt^à une confi-
guration se rapprochant sensiblement de celle que nous
trouvons actuellement au mur de cette couche. Il suppose
que des sources ferrugineuses, où le fer était surtout à l'état
670 Vlll' CONGRÈS GÉOLOGIQUE
de carbonate, débouchaient dans le fond de la mer en cer-
tains points des failles (|ui sillonnent la contrée (le carbonate
de fer se décomposant ensuite en oxyde, etc.). D'où formation
de dépôts fei'rugineux, d'allure lenticulaire, sinon au voisinage
immédiat des sources, du moins sur les parties déclives ou
situées en contre-bas des points d'émission (avec enrichisse-
ment au bas des pentes rapides et appauvrissement vei-s les
points relativement surélevés).
Au pi'cmier abord, cette théorie peut paraître séduisante ;
mais elle ne cadre guère avec les idées l'égnantes en géologie,
où le mode de formation geysérienne est peu en faveur pour
de semblables gisements ferrugineux, surtout depuis les obser-
vations de M. Munier-Chalmas sur les bords du plateaa
central. D'une manière générale, les minerais de fer oolit biques
sont considérés comme sédimentaires et contemporains des
couches qui les renferment, comme des formations littorales
dont les divers matériaux étaient apportés par des eaux
continentales dans des estuaii*es maritimes ; leurs oolilhes
ferrugineuses ont dû être formées (à la manière des oolitlies
calcaires) par la précipitation du carbonate de fer se trouvant
en dissolution dans les eaux marines ; les sels qui leur ont
donné naissance provenaient de continents voisins et résultaient
soit de la décomposition de pyrites de fer. soit de la décal-
cification de calcaires feri'ugineux.
11 est invraisendjlable que la topographie actuelle de ces
couches souterraines représente les reliefs du fond de la mer
contemporaine de leur dépôt ; elles doivent plutôt séli-e
déposées horizontalement ou à peu près, leui's variations
d'épaisseurs s'expliquant par des allaissements locaux, par
des mouvements de descente plus ra])idc en eertains point>
du bassin, ainsi que M. Munier-Chalmas l'a montré pour le
bassin de Paris (i) Les plissements synclinaux et anticlinaux à
faible courbure que présente actuellement l'ensemble de la forma-
tion, sont dus à des modifications d'équilibre bien postérieuns
(à des pressions dont les failles ont pu être les coroUaii'es), Les
failles qui afiectent ces couches de minerais du Lias supérieur
de Lorraine, en même temps que le Bajocien et le Bathonien
superposés, sont d'âge sans doute tertiaire et en tout cas post-
jurassique. Elles peuvent avoir joué à des époques successives.
(I) Sur les plissements du pays de Bray {Comptes rendus de rAcadcmte des
Sciences, t. CXXX. p. 9j5).
G. ROLLAND G^î
mais jamais Ton n*a démoniré strutigraphiquement leur préexis-
tence par rapport à la formation des minerais (i).
A Tappui de sa tlièse cependant, M. Villain donne une
série d'arguments basés sur la répartition d(»s minerais. Cer-
tains exemples cités par lui semblent a priori lui donner rai-
son ; mais sa démonstration est loin d'être générale, et Ton
peut lui objecter qu'il fait un choix quel([ue peu arbitraire
entre les failles qui auraient été nourricières ou non.
De mon côté, je me suis proposé, suivant l'avis de M. Marcel
Bertrand, d'étudier méthodiquement, sans hypothèse préalalile,
le mode de distribution des minerais de fer en -question, afin
de voir s'il s'en dégage vraiment un send)lant de loi. A cet
elfel, j'ai considéré spécialement aussi une phase déterminée, la
pnncipale, dans la formation de TOolithe feri'ugineuse de
Lorraine, savoir celle qui correspond au dépôt de la couche
grise. Avec les renseignements que M. Villain lui-mùme a eu
l'obligeance de me communiquer, j'ai tenu compte, à chaque
sondage, de son épaisseur et de sa ten(»ur moyenne en fer, et
j'ai pu tracer les courbes approximatives d'égales épaisseurs,
d'égales teneurs et d'égales richesses (en entendant par richesse
la quantité totale de fer par mètre carré sur toute l'épaisseur
de la couche); puis j'ai appliqué successivement ces trois
genres de courbes sur la carte où figuraient déjà les courbes
d'altitudes du mur de la couche, ainsi que les failles.
J'ai l'honneur de soumettre en réduction au (iOngrès gi'olo-
gique international deux de ces cartes comparatives (pi. X et
XI) (i). Or, en les examinant, on n'aperçoit nullement que ni
ré[)aisseur, ni la répai'tition du fer olfrent aucune relation
générale, régulière, ni avec la topograpliie souterraine, ni
avec l'emplacement des faiUes.
Ainsi, par exemple, considérons le bassin central d'entre-
Moselle-et-Meuse. On y observe bien, entre les failles d'Avril
et d'Audun-le-Roman, une augmentation graduelh' d'épaisseur
et de richesse qui coïncide avec un thalweg souterr;ûn, sur le
prolongement de la faille de Fontoy. Par contre, rien de
semblable ne se constate à l'Ouest, dans la région des plus
grandes épaisseurs et des plus fortes teneurs (épaisseur
maxima, 9™6o, à Landres ; teneur maxima, 4^ "/^, à Joudre-
(i) D'ailleurs, m^me si elles avalent préexisté, les grandes épaisseurs de
marnes sous-jacentes (Marnes k Pttsidonies, Marnes irisées) n'eussent «uére
offert des conditions favorables pour l'émission et la circulation d'importantes
quantités d'eaux geysériennes.
(^72 VIU* CONGRÈS GÉOLOGIQUK
ville) ; on y voit les zones de plus grande épaisseur chevaucher
sur un pli anticlinal des couches ; pourquoi et comnieut les
dépôts ferrugineux de cette remarquable rég-ion auraient-ils
été alimentés par la faille soit disant « nourricière » de
Bonvillers ? on ne s'en rend pas compte. A cette région riche
on peut opi)oser la région pauvre située au Nord-Est, que tra-
vci*se cependant la faille encore plus importante de la Crusne.
Mais les cartes comparatives dont il s*agit sont assez par-
lantes aux yeux pour qu'il semble inutile d'entrer dans une criti-
que détaillée à leur sujet, et il est évident qu'aucune loi, iiiéine
apparente, ne s Vu dégage. Elles n'en sont pas moins instructive^.
Les variations d'épaisseur montrent que, pendant le dépôt
des minerais, il s'est formé de petites cuvettes synclinales
aux endroits où la descente du bassin était pins rapide, et
résulte de la superposition des couches que la topographie
ancienne était complètement différente de la topographie
actuelle. D'autre part, les zones de plus grandes richesses
semblent, règle générale, indépendantes des failles. A mon
sens, les failles recoupent, sauf exception, d'une manière quel-
conque les gisements ferrugineux (soit dit sans contester que
certaines puissent se placer en bordure de bassins locaux de
plus grande épaisseur, abaissés par rapport aux régions laté-
rales). Je crois également qu'en principe, et sauf preuve du
contraire, les couches de mincirais de la foruiation, quand
elles sont recoupées par une faille avec dénivellation, se
correspondent sur les deux lèvres de la cassure (sauf phéno-
mènes d'enrichissement du côté abaissé, sous l'induence de la
circulation des eaux souterraines drainées par celte faille).
Que si l'on compare Ifes ctmrbes d'épaisseur et de teneur en
fer, on trouve souvent entre elles une concordance grossière,
permettant de dire alors que l'épaisseur et la teneur varient
dans le ùiême sens d'une région à l'autre. Mais ailleurs on
observe l'inverse, et il n'y a plus de relation quand on entre
dans les détails; en eflet, les oolithes ferrugineuses ayant dû être
distribuées par des courants marins, on compi'end que de légères
variations dans l'intensité de ceux-ci aient amené par places
une plus grande quantité de matières stériles ou inversement.
Ma conclusion générale est que ces minerais de fer oolithi-
c[ues sont bien de nature sédimentaire et d'origine continentale.
(1) Lies courbes d'épaisseur y sont tracées de mètre eo mètre.
Les courbes de richesse indiquent les tonnes de fer par mètre carré.
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PLANCHES
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PLANCHE V
(irévièrt' du Petit Créteil. près du confluent de la Marne et de la Seine.
d*après une photogra|>hie de M. Aug. DoUot.
Les lettres nfrectées aux formntioiis lenticulaires superposées, à limites
onduleuses, (fiii constituent ce dépôt, correspondent à celles qui sont indî-
qnées sur les lif^urcs théoriques i à 13 (p. (nv^-€tii). (.)ii peut juger, par ce
moyen, de la correspondance rcninrquahle rênlisée entre les accidents natu-
rels, observés au Petit Créteil, et les vicissitudes profrressives représentées
dans les li)(ures sehéinu tiques, construites par Tauteur.
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CARTE GEOLOGIQUE
an 1 : XOtlOO
DU SUD-OUEST DU
DKPARTKMKNT DES ALPES-MARmMKS
pur
M. Adrien OU&BHABD
L K G R .M> R
I
il
1
J.
I
An Ebouli» des pentes.
A» Brèche récente.
a- Allavions modernes.
6 Tuf.
P^ Brèche pliocène.
P' Foudingrue du Var.
Pi Fanchina sableuse de Riot.
Pi Argile de La Colle .
m^ Conglomérat impressionné.
Argile ligniteuse.
À Lal)radorite.
m-> Marne sableuse de Vence.
m- Calcaire blanc oolithique à
Pecten restUutengis.
Mollasse à P. pf^pscabriujic,
Congl. hrécholdeà P. Tonrncdi.
6 ' Calcaire argilo-gréscux à peti-
tes numm . , Hotu L spir. . Orbit .
aella, Echinanthus scuteHa.
Marne de Castéou d'Infer,
e- Grès k S uni. perforaia,
eiii Calcaire et silex à Joaci*.
Sable et argile bigarrés.
Foudingue supra-crétacé.
c''-K'alc. siliceux à O. columba rnaj.
Cale, argileux a (). roUntiba
minor et Orbitolina concava.
Marnes à piicatules et cale,
glaiioonieux rubigineux.
CdHv Gault sableux.
Calcaires argileux bar
et hauteriviens.
js^ Calcaire à Nérinées.
Cale, blanc récifal A AA.
J"' Calcaire à silex virgnlii
ji-3 Calcaire gris luameox
insif^niH, RK irilobai
Calcaire à Perùphina
fasciculariê, licior^ ei
J- Oxfordien calcaire, a
dolomi tique, glauconi
à silex.
Ji Callovien calcaire ou i
tique en plaquettes.
Ji Doloraie tabulaire minil
Jii Calcaire ocreux à Rh. dà
Jiii Calcaire argileux A biva
Jiv Oolithe bajocienne.
Calcaire ou dolomic A ■
Jj"^ Dolomitisation généra
Jurassique en hauteui
1 ^ Dolomic à délit priamal
il Argile et calcaire lama/
A K'icula coîi toria .
t" - Car gueules et marnes ba
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PLANCHE VII
Kig. I. '- Furliuu d'une rtiche sphérulilliique dc6 ThéloU, près Autun,
représentant une moelle silicillée dWrthropitaê ; on distingue le réseau poly-
gonal hf formé par les membranes primaires des cellules et les zooglées
microbiennes sphériques incluses, a, — Gross. : 200 diamètres.
Pig. 2. — Colonie <lc Bacillus ozodeuê, o, itarfaitenient caractérisée prisr
à la surface d*un sporange de Fougère, Pn-opetris tisterotheca^ du terrain
bouiller de Orand*Croix, — (îross.: 300 diamètres.
Fig. 3. ^ Colonie de Bacillus Gramma prise à Tintérieur d*un sporange
de Pecopteria euneura. Les spores 6, ornées de piquants, se voient très
nettement, elles sont entourées (fun grand nombre de Bacilles a, réunis en
forme de v, de z, d*u, etc.. — Gross. : 300 diamètres.
Fig. 4. — Coupe faite dans un magma silieilié de Grand'Croix, représen-
tant une portion de tourbe houillère en a, un sporange de Pecopteris oêtit'
roiheca ouvert; en ft, un macrosporange de Sphenophyllam ; en e, des
maerosi>ores, et divers débris n'ayant consené aucune structure. — Grois. :
25 diamètres.
Fig. 5. — Portion de miorosporange de Sphennphjrllarn vue sous le même
grossissement, S(K)diam.; en /i,sont des amas de microspores, elle ne mesurent
que 87 ù 30 !x de diamètre, les umcrospores «(ui n'ont pas encore atteint leur
grosseur finale mesurent de 60 àSO;!, plusieurs de ces microspores paraissent
pluricellulaires, comme la plupart des microspores anciennes, b, cellules
formant la paroi du ndcrosporange.
Fig. 6. — Figure plus grossie (200 dia m.), représentant des niacrosporesde
Sphenophylliimy quelques-unes montrent leurs trois ligues de déhiscence,
leur enveloppe est munie d'un réseau réticulé très net a, quand on Texamine
avec un grossissement suffisant, ces macrospores sorties d'nn jeune spo-
range écrasé, n'ont pas leur grosseur définitive.
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PLANCHE VIII
Fig. ]. — Pila bibraclenniB. a, .\Jgues coastituant le boghead d'Antan.
Le» cellules sont profondément altérées, la conpe passe par le milieu d*ui
thalle, on voit des traînées de Mirrocoques au milieu de la pulpe provenant
de la destruction du tissu h, c, — Gross. : GOD diam. Echamps, près Aatnn.
Fig. 2. — Pila bibractensis de la même localité. La désorganisation est
encore plus complète, les Bactériacées, Micrococcas petrolei, sont réunies
en colonie au lieu d*occui>er les parois communes, comme cela arrive fré-
quemment. — Gross. : 600 diamètres.
Pig. 3. — Thylax britannicuM. Algues composant le boghead *«gl«i<
Armadale. Autour des thalles a, représentant Tétat adulte, s'en trouvent
d*autres l>eaucoup plus petits composés de quatre, huiU... cellules, d'abord
pleins, mais qui en grosisssant se creusent d'une cavité communiquant avec
l'extérieur. — Gross. : 250 diamètres.
Fig. 4. — Cladiscothallaë Keppeni constituant, a^ec le Pila KarpinMkyi
les cannels ligiiitoltes du culm de Kourakino (Gonvememcnt deToula)bLE
thalle a n'est pus globuleux mais formé ifune série de branches dicholoiBCS
avec un grossissement <lr 650 diam., on distingue de nombreux Bficroeoqnes
répartis dans les restes <les parois des cellules, les Pilas 6, qui les aeoooH
pagnent sont également occupés par de nombreux Microcoques. — Gross. :
140 diamètres.
Fig. 5. — Pila Kpritackiana, Algues du boghead de Beaver Dam de l'Ohio
(Kentucky). Ces Algues, plus ]>etites que le Pila bibractensiB, Aoui peuplées de
Microcoques, elles se trouvent quelquefois associées à des fragments d'Algues?
a, hf contenant des S|>ores. — Gross. : 180 diamètres.
Fig. (). ~ Section verticale faite dans un fragment de houille d'un galet
de Gommentry ; de nombreux microcoques. Microccocu» CarbOp occupent les
bandes stratiliées, a, 6, qui se sont contournées sous des pressions latéruki.
— Gros». : 650 diamètres.
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BACTEKIACEES PU BOGMEAD E T DU CA NNE.U - COK^.
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PLANCHE IX
Fig. i. — Coupe transversale de houille de Pirmy,I>ecase ville ; les débris
végétaux constituant cette houille sont désorganisés et forment des «lisni
irrégulières, certaines de ces masses plus transparentes contieniieiil des
microcoques a ou des bacilles b. — Gross. : 600 diamètres.
Kig. 2. >- Coupe longitudinale faite dans un bois honillîfiéf on diitingf
quelques parois des vaisseaux mal conser\'ées, en c, se voit un thalle de
Champignon qui a émis un mycélium dont quelques branches portent des
conidies, b, nous Vavons désigné sous le nom de HjrphomjneeteB êlephanÊtiMiM.
En df on découvre une autre variété de conidies disposées en ehapelet. —
Gross. : 180 diamètres.
Fig. 3. — Section faite dans un bois houillifié &Arthropitu» nu^or de
Commentry, en a la coupe passe par une paroi commune de deux vaisseaux
contigus, on y remarque de nombreux Biicroeoques ; en b, des bandes noires
résultant de la houilliûcation des épaississements des vaisseaux. Quand on
par\'ient à rendre ces bandes transparentes» on y distingue des Bfieroeoqoes.
— Gross. : 650 diamètres.
Fig. 4. — Section faite dans un bois houillifié d^ArthropitoM bUtritUm^ en
voit plusieurs colonies importantes de Mierococcaê Carbo ; les Baeilles
eu petit nombre. — Gross. : 650 diam. a, Microcoques ; b, membrane
mune ; c, cylindre de houille.
Fig. 5. — Coupe faite dans un caillou de houille, passant, dans nn bois
houillifié, par quelques membranes communes de vaisseaux et montrant
un nombre considérable de Micrococcus Carbo. Les Microcoques incolores
sont entourés par la matière brune de la houille. — Gross. : 650 diam. a,
Microcoques ; 6, restes de membranes communes.
Fig. 6. — Coupe tangentielle faite dans un bois d^Arthropitus bUiriata de
Saint-Ëtieiine ; contre les parois incolores des membranes conununes on
distingue en a, b, des Microcoques ; en b, et en c des Bacilles; en e, d, des
vucuol<*s n'iiferniant des }faz. — Gross. : <mO diamètn^s.
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