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Full text of "Comptes rendus .."

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CONGRÈS 

Gl^:OLOGIQUE     INTKRNATIOIVAL 


m  rriRME  skssion 

1900 


CONGRÈS 

Gh'OLOGIQUE  INTERNATIONAL 


HUITIÈME    SKSSION 
1900 


,,',,.     ,  '^     '^.'s---^.  ;■     ..,       C',^^^-.:    •.,^,    .       <?t;^  ,    p. 


I  '    J 


CONGRES 


GÉOLOGIQUE  INTERNATIONAL 


— «O»' 


COMPTES    REM)IS 

DE     LA 

Vlir     SESSIOiV,    EN    FRANCE 


PREMIER    FASCICULE 

Pages    I    à    H^a.    Planches    là    XI 


PARIS 
IMPRIMKHIK  LK  BIGOT  FHÈRKS,  LILLK 

1901 


PREFACE 


l^e  Compte  Rendu  de  la  VHP  session  du  Congrès  géolo- 
gique international  a  dft  être  scindé  en  deuiL  volumes,  à  cause 
de   l'abondance   des  matières. 

Il  parait  moins  d'un  an  après  les  séances  de  Pans;  ainsi 
il  nous  a  été  possible  de  nous  conformer  au  vœu  exprimé 
avec  tant  d'insistance  dans  tous  les  Congrès  antérieurs  de  pré- 
senter assez  tôt  le  Compte  Rendu  pour  conserver  aux  commu- 
nications un  caractère  d'actualité  et  pour  mettre  à  la  disposi- 
tion des  commissions  nommées  par  le  Congrès  les  documents 
indispensables  à  la  préparation  de  leurs  rapports  pour  la 
session  suivante.   Nous  avons  tout  subordonné  à  ce  résultat. 

Le  Compte  Rendu  est  divisé  en   7  parties  : 

La  première  partie  comprend  la  liste  de  tous  les  membres 
du  Congrès,  des  membres  du  Bureau,  des  membres  du  Conseil 
et  des  Délégués. 

La  seconde  partie  fait  connaître  les  travaux  preparatoires 
de   la  VIII*  session  du  Congrès. 

La  troisième  partie  est  consacrée  aux  procès-verbaux  des 
séances  du  Conseil,  des  séances  générales  et  des  séances  de 
section  ;  elle  retrace  leur  physionomie,  en  même  temps  qu'elle 
rappelle  Tordre  et  la  date  des  communications.  Des  procès- 
verbaux  provisoires  des  séances  avaient  été  imprimés  et 
distribués  pendant  le  Congrès  aux  membres  présents.  l'ne 
seconde  édition  de  ces  mêmes  procès- verbaux  a  été  adressée 
en  Avril,  par  l'Administration  générale  des  Congrès,  à  tous 
les  membres.  Il  a  été  tenu  compte  dans  la  présente  publi- 
cation   des    observations    parvenues  à  la   suite   de   ces  envois. 

La  quatrième  partie  présente  les  rapports  des  Commissions 
et  les  communications  relatives  aux  œuvres  collectives  des 
Congrès. 

La  cinquième  partie  a  été  réservée  aux  mémoires  présentés 


358712 


11  vin'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

dans  le»  séances  et  rédigés  par  les  auteurs  eux-ni(^nies.  Ces 
mémoires  ont  été  insérés  dans  Tordre  de  l'arrivée  au  Secrétariat 
des  manuscrits  ou  des  épreuves  corrigées,  sans  égard  pour 
les  dates  de  présentation  aux  sections  et  sans  préoccupation 
de  classement  méthodique.  Nous  devons  prier  les  membres  dont 
les  communications  sont  aiTivées  après  la  date  du  i*"*  avril  1901 
de  se  contenter  des  résumés  faits  par  nos  Secrétaires  et 
insérés  dans  les  procès- verbaux.  Sans  cette  manière  de  procéder, 
il  nous  eut  été  impossible  de  publier  aussi  rapidement  ce 
Compte  Rendu.  Les  lecteurs  trouveront  dans  la  Table  des 
matières   le  groupement  systématique  de  tous  les  mémoires. 

La  sixième  partie  renferme  un  résumé  très  succinct  des 
excui'sions.  L'importance  donnée  dans  le  Livret  Guide  aux 
itinéraires  et  notices  explicatives  des  excursions  suivies  par 
les  membres  du  Congrès  a  paru  suffisante  à  la  majorité  des 
conducteurs  de  ces  excursions,  pour  rendre  inopportun  tout 
résumé  de  leurs  courses.  Il  leur  a  semblé  que  les  relations 
de  ces  excursions  publiées  par  des  participants  dans  diverses 
Revues  de  langue  allemande,  anglaise  et  française  suppléaient 
à  leurs  exposés  où  les  l'édites  seraient   difficiles  à   éviter. 

La  septième  partie  est  occupée  par  le  Lexi(|ue  pétrographique. 
Le  Congrès,  en  votant  ce  lexique,  a  laissé  aux  pétrographes 
la  faculté  de  conserver  jusqu'au  i*''"  Avril  1901  les  épreuves 
à  corriger,  qui  leur  avaient  été  adi*essées  par  le  Comité  d'orga- 
nisation :  c'est  pour  cette  raison  que  ncms  l'avons  imprimé  à 
la   fin  du   second  volume. 

Pour  la  publication  du  Compte  Rendu,  les  matériaux  ont 
été  rassemblés,  collationnés  et  classés  par  le  Secrétaire-général, 
qui  en  a  surveillé  l'impression.  Pour  se  conformer  au  précé- 
dent établi  par  le  premier  congrès,  les  mémoires  envoyés 
ont  été  publiés  en  français  :  la  traduction  du  mémoire  de 
M.  Weinschenk  sur  la  piézocristallisation  est  due  à  l'obligeance 
de  M.  Gentil  :  tous  les  autres  mémoires  ont  été  traduits  soit 
par  les  auteurs  eux-mêmes,  soit  par  les  Secrétaires.  MM.  Cayeux 
et  Thevenin.  ou  par  le  Secrétaire-général.  Les  Secrétair<»s,  en 
envoyant  aux  auteurs  les  épreuves  d'impression,  ont  dégagé 
leur  responsabilité  et  prié  leurs  confrères  étrangers  de  i*evoir 
soigneusement  leurs  mémoires  :  ils  se  sont  bornés  à  veiller  à 
l'exécution  des  corrections  indiquées  sur  les  épreuves  et  à 
établir  une  orthographe  uniforme  pour  tous  les  teiMues  géo- 
graphiques employés. 


PRKFACE  m 

M.  Tlievenin.  SeciȎtaire,  a  bien  voulu  se  cliargei*  de  diri- 
ger l'exécution  de  toutes  les  illustrations,  contenues  dans  ces 
volumes. 

11  nous  reste  un  devoir  à  accomplir,  avant  de  clore  cette 
préface,  celui  de  remercier  tous  ceux  qui  ont  contribué  au 
succès  du  Congrès,  et  qui  nous  ont  aidés  à  maintenir  la 
haute  situation  des  congrès  internationaux.  Le  Gouvernement 
de  la  République  n'a  mis  aucun  crédit  à  notre  disposition  : 
les  géologues  français  sont  heureux  d*avoir  pu  développer 
assez  dans  leur  pays  l'estime  de  la  géologie  pour  que  l'ini- 
tiative privée  de  souscripteurs  bénévoles  ait  pourvu  k  tous 
les  besoins.  Ils  remercient  les  donateurs  généi'eux,  individus, 
sociétés  savantes,  minières  ou  industrielles,  dont  le  concours 
leur  a  permis,  non  seulement  de  publier  les  volumes  du 
Livret  Guide  et  du  Compte  Rendu,  et  de  pouvoir  fêter  leurs 
confrères  étrangers,  mais  encore  de  doter  trois  commissions 
internationales  nommées  par  le  Congrès,  et  de  continuer 
ainsi   son   œuvre   dans  T intervalle   des  sessions. 

Plusieurs  villes ,  diverses  corporations .  se  sont  fait  un 
devoir  de  recevoir  les  congressistes  :  les  géologues  français 
leur  sont  reconnaissants  de  s  être  jointes  à  eux,  pour  accueil- 
lir avec  coixlialité  leurs  confrères  de  tous  pays,  leur  fairt» 
mieux    connaître    et  aimer   davantage   la  France. 

Paris,  le   i**'    Juillet   1901. 


Le  Président  du  Congrès, 

membre  de  Vïnstitut,  Le  Secrétaire  yêtiéraL 

Albert  (iAUDRY.  Charles  BAHROIS. 


PREMIÈRE    PARTIE 


COMPOSITION    DU    CONGHÈS 


LISTE    GÉNÉRALE    DES    MEiVIBKES 


ALGÉRIE-TUNISIE 


*Bernard  (Augustin),  Professeur  à  l'École  supérieure  d'Alger, 
12,    boulevard   Bon-Accueil,  Alger  Mustapha.  —  D. 

Brives  (Abel),   Préparateur  à  l'École  des  Sciences,    École 
supérieure  des  Sciences,   Alger. 

*FiCHEUR  (Emile),  Professeur  de  géologie  à  TÉcole  des 
Sciences,  Directeur-adjoint  du  Service  de  la  Carte 
géologique  de  l'Algérie,  77,  rue  Michelet,  Alger- 
Mustapha.  —  D. 

*Flamand  (G.-B.-M.).  Chargé  du  cours  de  géographie  phy- 
sique à  l'École  supérieure  des  Sciences  d'Alger,  6,  rue 
Barbes,  Alger-Mustapha. 

Goux,    Agrégé    de    l'Université,     Professeur    au    Lycée 
d'Alger,  Alger. 

Jordan  (Paul).  Ingénieur  au    Corps  des  Mines,    Chef    du 
service  des  Mines  de  la  Régence,  Tunis. 

*Pallary  (Paul-Maurice),  Instituteur,  Eckmûhl,  Oran. 

Trapet  (Louis-Joseph),    Pharmacien-major  de    l'"   classe. 
Hôpital  militaire  du   Dey,   Alger. 

*  Désigne  les  Membres  présents  à  la  Session  de  Paris. 
Les  Membres  donateurs  sont  indiqués  par  ia  lettre  —  D. 


VIII^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


ALLEMAGNE 

Ammon  (D'  Ludwifi:  von).  Géologue  en  chef,  16,  Ludwig- 
strasse,  Mùnchen. 

Angehmann   (E.),  D'  phil.,  Institut  de  Paléontologie,   Alte 
Akademie,   Mûnchen. 

*AuEHBACH  (Richard) ,  24 ,  Oranienburgersirasse ,  60/63. 
Berlin   N. 

*Bergeat  (D'  Alf.),  Professeur  de  minéralogie  et  de 
géologie,  Clausthal,  Harz. 

*Beyschlag  (D'  Franz),  Professeur  à  Tlnstitut  Royal  géolo- 
gique de  Prusse  et  à  l'École  des  Mines,  44,  Invaliden- 
strasse,  Berlin  N. 

Blanckenhorn  (D^  Max.),    Privatdocent,    Breitestrasse.    2, 
Pankow,   près  Berlin. 

Borne  (D^   von  dem),   Berneuchen,  près  Cûstrin. 

*Broili  (D'  Ferdinand),  Assistant  à  l'Institut  de  Paléon- 
tologie, Alte  Akademie,  Neuhausenstrasse,  Mûnchen. 

*Brunhuber  (A  ),  Docteur  en  médecine,  Regensburg. 

Crapla,  Bergassessor,  Saarbrûcken. 

*Credner  (D'  h.),  Professeur  à  l'Université,  Geh.  Bergrath, 
Directeur  du  Service  géologique  de  Saxo,  Cari  Tauch- 
nitzstrasse,  27,  Leipzig. 

*r,REDNER  (R.),  Professeur  de  géographie  à  l'Université, 
Bahnhofstrasse,    48,  Greifswald. 

*Credner  (Madame  Hélène),  Bahnhofstrasse,  48,  Greifswald. 

Dannenrerg   (D'),    Privatdocent    à   la    Technische    Hoch- 
schule,  Aachen. 

*Deecke  (D""  W.)  ,  Professeur  de  géologie  à  l'Université, 
Papenstrasse,   4,  Greifswald. 

*DiESELi)ORFF  (Arthur),  Membre  de  l'Institut  Américain  des 
Mining  Enginers,   Marburg,  Hessen. 

Drevermann  iF.),  Assistant  à  l'Institut  géologique,  Schul- 
strasse,  16,  Marburg. 


LISTE   DES   MEMBRES  5 

Drygalski  (Erich  von),  D"^  phil..  Professeur  de  géographie, 
Kurfarstenstrasse,   40,   Berlin  W. 

*DziùK  (August),  Ingénieur  des  mines  diplômé,  Membre  de 
la  Société  géologique  Allemande,  l,  Herschelstrasse, 
Hannover. 

EscH  (D'  Ernest),  Kirchstrasse,  14,  Berlin  N.  W. 

Feux  (D'Joh.)»  Professeur  à  TUniversité,  Gellertstrasse,  3, 
Leipzig. 

FiNSTERWALDNER  (D'' S.),  Professeur  à  l'Université,  Manchen. 

*Fraas  (D'  E.),  Professeur,  Conservateur  du  Musée  royal, 
Urbanstrasse,  86,  Stuttgart. 

*Fraas  (Madame),  Urbanstrasse,  86,  Stuttgart. 

*Frech  (D'  F.),  Professeur  à  l'Université,  Schuhbracke,  38, 
Breslau. 

*Frech  (Madame  Vera),  Schuhbrûcke,  38,  Breslau. 

*Friederichsen  (D'  m.),  Neuerwall,    61,  Hamburg. 

*Futterer  (D'  Cari),  Professeur  à  la  Technische  Hochschule, 
Karlsruhe,  Baden. 

*Gâbert  (D'  Cari),  Géologue  du  Service  Royal  de  la  Carte 
géologique  de  Saxe,  Thalstrasse   35,    II,  Leipzig. 

*GErNiTz  (D'  F.  Eugen),  Professeur  à  l'Université,  Rostock 
Mecklenburg. 

*Go'rrscHE  (D'  C),  Conservateur  des  Collections  géologi- 
ques au    Musée  d'histoire   naturelle,  Hamburg. 

*Graeff  François),  Professeur  à  l'Université,  Freiburg- 
in-Breisgau. 

*Gre!m  (D'  g.),  Professeur  de  géographie  physique  à  la 
Technische  Hochschule,  Alicestrasse,  19,  Darmstadt. 

*Greim  (Mademoiselle  Mathilde),  Alicestrasse,  19,  Darmstadt. 

*Grosser   (D^  Paul),  Kaiser  Friedrich  Strasse,  9,  Bonn. 

*Grosser  (Madame).  Kaiser  Friedrich  Strasse,   9,  Bonn. 

*Grotb  (P.),  Professeur  de  minéralogie  à  l'Université, 
Manchen   VL 

Haas  (Hippolyte),  D'  se.   Professeur  à  l'Université  royale, 
28,   Moltkestrasse,  Kiel. 


6  vin*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*Hahn  (A.),  Idar. 

*Hahn  (Madame  A.),  Idar. 

*Halbfass  (Dr),  Membre  de  la  Société  géologique  allemande, 
Neuhaldensleben. 

Hamm  (D'  h.),  Krahnstrasse,  3,  Osnabrûck. 

Hauser    (A.-A.),  Ingénieur   civil,  Klingenthal,  Grasiitz. 

*Hazard  (Joseph-Nicolas),  Géologue  agronome  de  la  Station 
agricole  de  Môckern,  Politzstrasse,  32,  Leipzig. 

Heckmann  (D'  Cari),  Professeur  à  Elberféld. 

*Heimbrodt  (F.  L.  F.),  Étudiant,  Emilienstrasse,  40,  Leipzig. 

*Hess  von  Wichdorff  (Hans  Curt),  Étudiant,  Harkortstrasse, 
7,  Leipzig. 

*Heusler  (Conrad),   Geheimer  Bergrath,  Bonn. 

*HoLZAPFEL  (D'),  Professeur  de   géologie    à    la    Technische 
Hochschule,  Aachen. 

HoYNiNGEN  Huene  (D'),  baron  F.  R.,  Assistant  de  géologie 
à  rUniversité,   Tûbingen. 

Kalkowsky  (D'E.),  Professeur  à  l'Université,  Directeur  du 
Musée  royal  de  Minéralogie  et  Géologie,  Franklin- 
strasse,  32,  Dresden. 

Kayser  (D'  Emanuel),  Professeur  de  géologie  à  l'Université, 
Marburg,  Hessen. 

*Keilhack  (D'  K.),  Géologue  de  l'Etat,  Professeur  à  l'Ecole 
des  mines,  Bingerstrasse,  51),  Wilmersdorf,  près  Berlin. 

KiRCHHOFF  (H.),  Directeur  des  charbonnages,  Bergamt- 
strasse,  7,  Dortmund. 

*Klockmann    (D'   F.),     Professeur  à  l'Ecole  Polytechnique, 
Aachen. 

KocH  (Prof.  D'  Max),  Géologue  de  TÉtat,  Invalidenstrasse. 
44,   Berlin  N. 

*KoENEN  (A.   von),  Geheimen-Borgrath.  Professeur  de  géo- 
logie à  l'Université,  Goettingen. 

KosMANN  (D'  B.),  Bergmeister  a.  D.,  Preuziauer  Strasse, 
17,  Berlin  C. 


LISTE   DBS  MEMBRES 


*Krahmann  (Max  E.  J.),  Editeur  de  la  Zeit^chrift  f.  prakt. 
Géologie,  Weidendamm,  1,  Berlin  N.W. 

Krantz  (D'  F.),  Herwarthstrasse,  36,    Bonn. 

Krause   (D'    p.    g.),    Géologue  du    Service    de   la  Carte 
géologique  de  Prusse,  Invalidenstrasse,  44,  Berlin  N. 

Leiss  (C),  Représentant  de  la   maison  R.  Fuess,  Danther- 
strasse,   7  et  8,  Steglitz,  près   Berlin. 

Lenk  (D'  Hans),    Professeur    de   géologie    à    l'Université, 
Ërlangen . 

*Leppla  (D'^  a.),  Géologue  du  Service  de  la  Carte  géolo- 
gique de   Prusse,    Invalidenstrasse,   44,  Berlin  N. 

*Lepsius  (D'  R.),  Professeur,  Geh.  Oberbergrath,  Goethe- 
slrasse,  15,  Darmstadt. 

LiNCK  (D'  Gotlob),  Professeur  à  l'Université,  lena. 

LiNCK  (Madame  G.),  à  l'Université,  lena. 

♦LïNDSTOw  (von),  Bergreferendar  et  Assistant,  Invaliden- 
strasse, 44,  Berlin. 

*LoESCHMANN  (Emile),  Dessinateur  à  l'Institut  géologique 
de  l'Université,  Schuhbrûcke,  38,  Breslau. 

♦LoRENz  (Theodor),  D'  phil.,  Papenhedderstrasse,  5,  Ham- 
burg-Hohenfelde. 

Macco  (Albrecbt),   Bergreferendar,  Siegen,   Westfalen. 

Magery  (J.),   Directeur  de   la   Aachener    Hûtten    Actien- 
Vereins.  Rothe  Erde,  près  Aachen. 

Maurer  (Fr),  Heinrichstrasse,  109,   Darmstadt. 

*Mueller  (W.),  D^  phil..  Professeur  à  la  Technische  Hoch- 
schule,  Schlûterstrasse ,  2,  Charlottenburg,  près 
Berlin. 

♦MûLLER  (Gottfried),  Géologue  du  service  Royal  de  la  Carte 
géologique  de  Prusse,  44.  Invalidenstrasse,  Berlin,  N. 

*Naumann  (D^  Edmund),  Cbef  du  Service  minier  géologique 
de  la  Société  métallurgique  de  Francfort,  Rossert- 
strasse,   15,  Frankfurt-am-Mein. 

*Oerbeke  (D»-  K.),  Professeur  de  minéralogie  à  l'École 
polytechnique,  Manchen. 


8  VIII*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*Oppenheim  (D'  Paul)..  Kantstrasse,  158,  Charlottenburg, 
près  Berlin. 

Paulcke   (Willy),    D'  phil.,  Waldseestrasse,    3,   Freiburg- 
in-Breisgau. 

*Phil!ppi  (D'  E.),  Invalidenstrasse,  43,  Berlin  N. 

Philippson  (D'  Alfred),    Professeur  à  l'Uni versité,  Moltke- 
strasse,  19,  Bonn. 

*Plagemann  (D'  a.),  Besenbinderhof,  68,  Hamburg. 

Plieninger  (D'  F.),  Institut    de   Paléontologie,    Alte  Aka- 
demie,  Mûnchen. 

*PoMPECKY  U.-F.),  D'  phil.,  Privatdocent  à  TUniversité, 
Conservateur  à  l'Institut  de  Paléontologie,  Alte  Akade- 
mie,  Mûncben. 

*PoTONiÉ  (D'  H.),  Géologue  et  Professeur  de  paléontologie 
végétale  à  l'École  Royale  des  mines,  Potsdamer  Strasse, 
35,  Gr.    Lichterfelde,  près  Berlin. 

*PoTONiÉ  (Madame  H.»,  35,  Potsdamer  Strasse,  gr.  Lich- 
terfelde, près  Berlin. 

*Reinach  «baron  Albert  von),  Taunus  Aniage,  Frankfurt- 
am-Mein. 

Reuter  (August),   Homburg  a.  d.  Hôhe. 
*RiCBTBOFEN  (Barou  F.  von),  Correspondant  de  Tlnstitut  de 
France,    Professeur   à    l'Université,    117,    Kurfilrsten- 
strasse,  Berlin  W. 

RiNNE  (D'  Fritz),  Professeur  à  la  Technische  Hochschule, 

Hannover. 
*RoMRERG  (D'  Jul.),  Kurfiirstenstrasse,  123',  Berlin  W. 
*RoTHPLETz  (D'  A.),   Professeur  à  l'Université,  Prinzregen- 
tenstrasse,   26,  Mûnchen. 
Salomon    (Wilhelm).  Privatdocent  à    l'Université,   Seegar- 

tenstrasse,  4,  Heidelberg. 
Sauer  (Ludwig),   Professeur,    Lindenstrasso,  3,  Slettin. 
*ScHEiBE   (I)'  R  ),  Professeur  de  minéralogie  à  l'Ecole  des 

mines,  Invalidenstrasse,  44,    Berlin  N. 
*ScHENCK  (Adolf),  D'  phil..  Professeur,    Schillerstrasse,    7, 
Halle-am-Saale. 


LISTE   DES   MEMBRES  9 

*SchlCter  (D'  Otto).  Assistant  à  la  Société  de  Géographie 
de  Berlin,   Bùiowslrasse,  68,  Berlin  W. 

*ScBMEissER,  Oberbergratli,  Directeur  du  Service  géologi- 
que Royal  de  Prusse  et  de  la  Bergakademie,  Invali- 
denstrasse.  44,  Berlin  N. 

♦Schneider  (Hermann),  Cand.  geoL,  Sternwartenstrasse, 
38,  Leipzig. 

ScHOTTLER  (D'  Wilh.),    Membre    du    Service    de    la  Carte 
géologique  de  Hesse,    Gross  Umstadt,    Odenwald. 

*ScHUBART,  Lieutenant  au  13®  d'infanterie,  5,  Bulow- 
strasse,  Berlin  W. 

*ScHUNKE  (Theodor  Huidreich),  D'  phil..  Professeur,  Wald- 
parkstrasse,  2,  Blasewitz,  près  Dresden. 

*ScupiN  (Hans),  D' pbil.,  Privatdocent,  Jagerplatz,  7,  Halle- 
am-Saale. 

*Seugmann  (G.),  Coblenz. 

*Steinmann  (G.),  Professeur  à  TUniversilé.  Mozartstrasse, 
20,  Freiburg-in-Breisgau. 

*Stuebel  (D'  Alpbonse),  10,   Feldgasse,  Dresden. 

Uhlig  (Cari).  D"*  phil..  Professeur  au   Gymnase,  Victoria- 
strasse.  2,  Karlsruhe. 

*VoGELSANG   (Madame  Antonia),  Konigstrasse,  2,  Bonn. 

*VoRWERG  (Oskar),  Hauptmann  a.  D.,  Oberherischdorf, 
bei  Warmbrunn. 

♦Wagner  (D'  Hermann),  Professeur  de  géologie  à  l'Uni- 
versité, 8,  GrOnerweg,    Goettingen. 

Wagner  (Paul),    0^   phil.,   19,   Hueblerstrasse,    Dresden. 

Walther   (J.),    Professeur   de    géologie    et   paléontologie. 
Kaiser  Wilhelmstrasse,  3,  lena. 

*Weber  (M.),  D'  med.  et  phil,,  Institut  de  Minéralogie, 
Mùnchen. 

*Weînschenk  (D'  E.),  Professeur  à  l'Université,  Ba varia- 
ring,  23,  Milnchen. 

*Weise(H.  E.),  Professeur,  Neundorferstrasse,  ti6\  Plauen, 
Saxe. 


lO  VIII*   CONGKÈS   GÉOLOGIQUE 

Weisskrmel  (D'  Waldemar).  Géologue  du  Service  Royal  de 
la  Carte  géologique  de  Prusse,  44,  Invalidenstrasse, 
Berlin. 

WiLCKENS  (Otto),  Étudiant,  Zahringerstrasse,  9,  Bremen. 

*WiTTiCH  (D'^  E.),  au  Musée  d'État  du  grand  duché  de 
Hesse,  Darmstadt. 

*WoROBiEFF  (Victor  de),  Licencié  ès-sciences  à  Tlnstitut 
de  minéralogie,  Mùnchen. 

Wysogorski  (D'  Jean),  Assistant  à  l'Institut  géologique 
de  l'Université,  38,    Schuhbrùcke,  Breslau. 

*Zeise  (D'  Oskar),  Géologue  de  l'État,  Invalidenstrasse,  44, 
Berlin  N. 

♦ZiMMERMANN  (D'  Emest),  Géologue  du  Service  Royal  de 
Prusse,  Bergakademie,  Nauheimer  Strasse,  Wilmers- 
dorf,   près  Berlin. 

*ZiRKEL  (D'  Ferd.),  Professeur  à  l'Université,  Conseiller 
privé  des  mines,  Thalstrasse,  33,   Leipzig. 

*ZiTTEL  (Cari  von),  Professeur  à  l'Université,  Ludwig- 
strasse,  17  1/2,  Mùnchen. 

ALSACE-LORRAINE 

Bary   (Emile  de),  Guebwiller.  —  D. 

*Benkcke  (D'  E.  Wilhelm),  Professeur  à  l'Université, 
Goethestrasse,  43,  Strassburg. 

Bruhns  (D'W.).  Privatdocent  à  l'Université,  Ruprechtsauer 

Allée,  10,  Strassburg. 
BacKiNG    (Dr).     Professeur  à    l'Université,    Brantplatz,    3, 

Strassburg. 
Lauth-Scheurer    (Augusie),     In^'énieur     des     Ponts-et- 

Chaussées  en   retraite,  Manufacturier,  Thann.  —  d. 
MiEG  (Mathieu).  48,  avenue  de Modenheim,  Mulhausen.  —  D. 
*OsANN  {\y  A.),  Professeur  à  l'École  de  chimie,  Mulhausen. 
Schumacher  (D'  Eugène),  Géologue  de  l'État,  Nicolaùsring, 

9,  Strassburg. 


LISTE   DES   MEMBRES  II 

Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar,  Musée  des  Unter- 
iinden,  Goimar.  —  D. 

Société    industrielle  de  Mulhouse  (M.  le  Président  de  la), 
Mulhausen.  —  D. 

*ToHNQuisT  (D'  A.),  Privatdocent  à  l'Institut  géologique  de 
l'Université,  Strassburg. 

Von  Seyfried  (IV  Ernst),   Sitziltigheimer  Platz,  2,  Strass- 
burg. 

*Weigand  (D'  Br.),  Professeur,  Schiessrain,  7,  Strassburg. 

Wendel  et  €»•  (Les  Petits-Fils  de  F.  de),   Maîtres  de  forges, 
Hayange.  —  D. 

ABOENTINE  (République) 

*Gallardo  (Angel),  Ingénieur  civil,  Professeur  suppléant  à 
l'Université  de  Buenos-Ayres,  15,  rue  Dumont- 
d'Urville,  Paris. 

Tello  (Alfredo),  Ingénieur,  San  Juan. 

AUSTRALIE 

*HoLROYD  (Arthur),  à  S'-Kilda,  Melbourne. 

LivERSiDGE  (Archibald),    L.-L.-D.,   F.-R.-S.,    Professeur    à 
l'Université  de  Sydney,   Sydney. 

*SwEKT  (George),  F.  G.  S.,  Melbourne. 

AUTRICHE-HONGRIE 

*Artbabeh  (D^  Gustav  von).  Privatdocent  de  paléontologie 
à  l'Université,  Heugasse,  10,  Wien  IV. 

*Barvir  (D'  Henri),  Professeur  de  pétrographie  à  l'École 
Industrielle,  Prag-Zifkov. 

Becke  (Friedrich),  Professeur  à   l'Université,  Landongasse. 
39,  Wien  VIII. 

*Bela  von  Inkey,  Propriétaire.  Dônôtôri,  Hongrie. 

*Bene  (Geza),  Ingénieur  en  chef  des  mines  de  Vaskow, 
Hongrie. 


ta  \nV   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

*BôCKH  (Jean),  Conseiller  royal  de  section  au  Ministère 
de  TAgriculture,  Directeur  de  l'Institut  géologique 
Royal   de  Hongrie,  Stefania    ùt,  14,    Budapest  VII. 

*Dane§  (Georges),  Étudiant  en  géographie  à  l'Université 
tchèque,  Kfemencovâ  ut,  6,  Prag. 

DoELTER  (D'  Cornelio),   Professeur  à  l'Université,  Graz. 

*Dreger  (Julius),  géologue  de  l'Institut  géologique  Impérial 
et  Royal  d'Autriche,  Wien. 

♦Franzenau  (D'  a.).  Conservateur  de  la  Section  de  Minéra- 
logie et  Paléontologie  au  Musée  national  de  Hongrie, 
Budapest. 

*HiNTERLECHNER  (D'  Karl),  Géologue  de  l'Institut  géologique 
Impérial  et  Royal  d'Autriche,  23,  Rasumofskygasse. 
Wien  III/2. 

*Hlawatsch  (D'  C),  93,  Mariahilferstrasse,  Wien  VI/2. 

*HoERNES  (D'  R.),  Professeur  de  géologie  et  de  paléonto- 
logie à   l'Université,  Graz. 

*Jabn  (D'  Jaroslav  J.),  Professeur  à  l'École  polytechnique 
tchèque,  Brùnn. 

Katzer  (D'  Friedrich),  Géologue  au  Service  géologique  de 
Bosnie-Herzégovine,   Sarajevo,  Bosnie. 

*KiTTL  (Ernst),  A.-L.,  Conservateur  au  Musée  Impérial  et 
Royal  d'Histoire  naturelle,  Burgring,  7,  Wien  1. 

*LiMANOwsKi  (Miesislas),  Étudiant  à  l'École  Polytechnique, 
Leopol. 

LoézY  (D'  Louis  de).    Professeur  de  géographie  à  l'Univer- 
sité, Budapest. 

LoziNSKi  (Valérien),  Membre  de  la  Société  Impériale  et  Royale 
de  géographie  de  Vienne,  12,  rue  Czarniecki,  Lemberg. 

*Makowsky  (Alex.),    Professeur,    BrOnn. 

MosER  (D'  L.,  Charles),     Professeur  au   Gymnase.  Via  del 
Lavatojo,   1.  Triest. 
*MoJS!sovics  VON  Mojsvar  (Edmond),  Conseiller  aulique,  Mem- 
bre de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Strohgasse, 
26,   Vienne    III/3, 


LISTE   DES  MBMBHES  l3 

Musée  Impérial  et  Royal  d'Histoire  naturelle,  Burgring,  7, 
Wienl. 

*NiEDZwiEDZKi  (D'  Julien),  Professeur  de  minéralogie  et  de 
géologie  à   l'École   polytechnique,  Lemberg. 

*NiKOLAU  (Stanislas).  Étudiant  en  géographie  à  l'Univer- 
sité tchèque,  Karlovo  nara,   285,  Prag. 

*Palacky  (D'  Jean),  Professeur  à  TUniversité  de  Prague, 
rue  de  Coménius,  7,   Prag. 

*Pelikan  (D^  Anton),  Professeur  de  minéralogie  à  l'Univer- 
sité allemande,  Weinbergstrasse,  3,  Prag. 

*Perner  (D^J.),  Conservateur  au  Musée  de  Bohème,  Wen- 
zelsplatz,  Prag. 

Pethô  (Jules),  D'  Ph.,  géologue  en  chef  de  l'Institut  géolo- 
gique,  VII  rue  Stefânia,   14,  Budapest. 

PocTA  (D'  Philipps),  Professeur   de   paléontologie  à  l'Uni- 
versité tchèque,  Prag. 

*RiCHTER  (D'  Eduard),  Professeur  à  l'Université,  Kôrbler- 
gasse,  1'',  Graz. 

*RzEHAK  (Ant.),  Professeur,   Brùnn. 

*ScHAFARziK  (Frauçois),  D*"  phil..  Géologue  de  Section  à 
l'Institut  géologique  Royal  de  Hongrie,  Stefânia  ut,  14. 
Budapest  VIL 

*ScHAFARziK  (Madame  Valérie),  14,  Stefânia  ut,  Buda- 
pest VH. 

ScBAFFER  (D'  F.),  Burgring,  7,  Wien. 

*SiEGER  (D'  Robert),  Professeur,  1,  Wollzeile,  12,  Wien  I. 

♦SôHLE  (D'  F.  Ulrich).  Géologue  à  l'Institut  géologique 
Impérial  et   Royal  d'Autriche,  Wien. 

Stache    (Guido),   Directeur  de  l'Institut  géologique  Impé- 
rial et  Royal  d'Autriche.  Rasumofskygasse,  23,  Wien  III. 

*SVambera  (D'  Vâclav),  Assistant  de  géographie  à  l'Uni- 
versité tchèque,    Prag,  11-285. 

*SzÀDEczKY  de  Szàdeczne  (D'  J.  de).  Professeur  à  l'Univer- 
sité, Kolozsvar. 

♦Szadeczky  de   Szàdeczne  (Madame  de),  Kolozsvar. 


l4  VIII*   CONGRÈS   GBOLOClQUk 

Teisseyre  (D*^  W.),  Professeur  agrégé  à  l'Université.  25, 
rue  Kraszewski,  Lemberg. 

*TiETZE  (D'  E.),  Conseiller  supérieur  des  mines  et  Géo- 
logue en  chef  de  l'Institut  géologique  Impérial  et 
Royal  d'Autriche,    23,   Rasumofskygasse,  Wien. 

*WoLDRiCH  (D'  J.  N.)>  Prodoyen,  Professeur  de  géologie 
à  l'Université  tchèque,  21,  Karlsplatz,  Prag. 

*WoLDHiCH  (Pb.  C.  Jos.),  Karlovo,  21,   Prag. 

BELGIQUE 

*Arctowski  (Henryk),  Membre  de  l'Expédition  Antarctique 
Belge,  2,  rue  du  Jardin-Botanique,  Liège. 

Bayet  (Louis),  Ingénieur,    Walcourt  (province  de  Namur). 

*BoDART  (Maurice),  Élève  ingénieur,  Dison. 

BoLLE  (Jules),  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  41,  Grand' 
rue,  Mons. 

Boulangé  (l'Abbé  V.  A.),  Hydrologue,  Château  de  Cruys- 
hautem,  Cruyshautem,  Flandre  orientale. 

*Brouwer  (Michel  de),  Attaché  au  Service  géologique  de 
Belgique,  rue  d'Ostende,  Bruges. 

BuTTGENBACH  (Henri),  Ingénieur,  Liège. 

Cambier  (René) ,  Ingénieur  aux  Charbonnages  Réunis, 
Charleroi.  ' 

*CoRNET  (J.),  D'  ès-sciences,  Professeur  de  géologie  à  l'École 
des  Mines  du  Hainaut,  46,  boulevard  Dolez,  Mons. 

Delvaux  (Emile).  Géologue,  Membre  de  la  Commission  géo- 
logique de  Belgique,  avenue  Brugman,  456,  Bruxelles. 

Deneus  (Alfred),  I.  J.  C,  rue Longue-des-Violettes,  60,  Gand. 

*DoRLODOT  (M.  le  chanoine  de).  Professeur  de  paléonto- 
logie à  l'Université,   44,    rue  de  Bériot,   Louvain. 

FoRiR  (Henri),  Ingénieur,  Conservateur  des  collections 
minéralogiques  et  Répétiteur  à  l'Université,  25,  rue 
Nysten,   Liège. 

*Habets,  Ingénieur  des  Mines,  Professeur  à  l'Université, 
rue  Paul-Devaux,  4,  Liège. 


LISTE   DES   MEMBRES  lO 

*Habets,  Ingénieur  des  mines,  Professeur  à  l'Université, 
Bruxelles. 

*Kruseman  (Henri),  Ingénieur,  rue  Africaine.  22,  Bruxelles. 

Lambert  (Paul),    M,    place  de  la  Liberté,  Bruxelles. 

*Latïnïs  (Léon),   Ingénieur,  Seneffe. 

*La  Vallée  Poussin  (Charles  de),  Professeur  à  TUniversité, 
rue  de  Namur,   190,  Louvain. 

*Lejeune  de  Schïewel  (Charles),  Assistant  au  Service  géolo- 
gique de  Belgique,  23,  rue  du  Luxembourg.  Bruxelles. 

*LoHEST  (Max),  Ingénieur  honoraire  des  mines.  Professeur 
à  rUniversilé  de  Liège,  Mont  Saint-Martin,  49''^^ 
Liège. 

^Malaise  (Constantin),  Professeur,  Membre  de  l'Académie 
Royale  de  Belgique,  Gembloux. 

*Mourlon  (Michel).  Directeur  du  Service  géologique  de 
Belgique,  Membre  de  l'Académie  Royale  des  Sciences, 
rue  Belliard,  107,  et  rue  Latérale,  2,  Bruxelles. 

Paquet  (Gérard-Théodore),  Capitaine  d'infanterie  retraité, 
92,  Chaussée   de  Forest,  Saint- Gilles-lez-Bruxelles. 

*Renard  (L'abbé  A.  F.),  Professeur  à  l'Université  de  Gand, 
14,  avenue  Ernestine,  Ixelles. 

*Renier  (Armand),  Ingénieur  des  mines,  34,  rue  des  Vieil- 
lards, Verviers. 

*RuTOT(Aimé-Louis),  Conservateur  au  Musée  Royal  d'Histoire 
naturelle  de  Belgique,  177,  rue  de  la  Loi,  Bruxelles. 

ScHMiTz  (le  R.  P.  Gaspar).  S.  J.,  Directeur  du  Musée 
géologique  des  bassins  houillers  belges,  Louvain. 

SiMOENS  (Guillaume),  Docteur  en  sciences  minérales, 
Chef  de  section  au  Service  géologique  de  Belgique,  rue 
Latérale,   2,  Bruxelles. 

Société  Belge  de  géologie,  paléontologie  et  hydrologie,  39, 
.place  de  l'Industrie,  Bruxelles. 

*Stainier  (Xavier),  Professeur  à  l'Institut  agronomique  de 
l'État,  Gembloux. 

Storms  (Raymond),  Oirbeck,  près  Tirlemont  (Décédé). 


l^  V1II«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*Uhlenbroek    (Gysbert   Diederick),   Ingénieur,  383,  avenue 
Louise,  Bruxelles. 

*Vaés  (Henry),  Ingénieur,  rue  Melsens,  17,  Louvain. 

*Van  den  Broeck  (Ernest),  Secrétaire-général  de  la  Société 
Belge  de  géologie,  place  de  Tlnduslrie,  39,  Bruxelles. 

*Van  de  Wiele  (D*-  C),  13,  boulevard  Militaire,  Bruxelles 

Warnier  (Emile),  Ingénieur,  53,  rue  du  S*-Esprit,  Liège. 

*WiLLEMs    (Joseph),    Capitaine  commandant  du  génie,  rue 
de  Robiano,  60,   Bruxelles. 

BRÉSIL 

HussAK   (Eugen),    D'*  phil.,  Commission  géographique    et 
géologique  de  Saô  Paulo,  Saô  Paulo. 

BULGARIE 

*Zlatarskï  (G.   N.i,   Professeur  de  géologie    et    Recteur    à 
rÉcoie  des  hautes   études,  Sofia, 

CANADA 

*Adam8  (Frank  D.),    Professeur  de   géologie  à  TUniversité 
Mac  Gill,  Montréal. 

*Adams  (Madame  Frank),   Mac  Gill  University,   Montréal. 

Ami   (Henry   M.),  M.    A.    Assistant   de    paléontologie    au 
Service  géologique  du  Canada.  Sussex  street,  Ottawa. 

*Cboquette  (l'abbé  C.  P.),  Professeur  au  Collège  S*-Hyacin- 

the,  Québec. 
*CoLEMAN  (Arthur  P.),  Professeur  de  géologie  à  l'Université 

de  Toronto,  Toronto. 
Faribault  (E.  Rodolphe),  Géologue  attaché  à  la  Commission 
géologique   du    Canada.   Délégué    par  la  Commission 
à  l'Exposition  de  Paris  de  1900,  Ottawa. 
Kennedy  (Geo.  F),  Professeur  de  géologie  à  King's  Collège, 
Windsor,  Nova-Scolia. 


LISTE   DES   MEMBKEâ  tj 

Lâflamme  (Mgr  J.   C.  K.),  Professeur  à  l'Université  Laval, 
Québec. 

*Low  (Albert),  P.,  Ottawa. 

Matthew  (G.  F.),  S^-John.    New-Brunswick. 

Sands  (H.  Hayden),  à  l'Université  Mac  Gill,  Montréal. 

WiLLMOTT  (Arthur  B.),    Professeur  de  géologie  à  l'Univer- 
sité  Mac  Master,   Toronto. 

COLOMBIE  (Amérique  du  Sud) 

Saenz  (Nicolas),  Professeur  de  sciences  naturelles,  Casa  de 
los  Seûores  Saenz  Hermanos,  Apartado  240,   Bogota. 

DANEMARK 

ScHiBBYE  (D'  William),    Membre  de  la  Société  géologique, 
Vertre  Bouleward,    15,   Kj0benhavn. 

UssiNG  (Niels  Viggo),  D*^  phil..  Professeur  de  minéralogie 
à  l'Université,  Mineralogisk  Muséum,  Kj0benhavn. 

EGYPTE 

Barron  (T.),  Membre  du  Service  géologique.  Public  Works 
Department,  Le  Caire. 

BEADNELL(Hugh),  F. G. S.,  F.R.G.S.,  J.  LL,  Membre  du  Ser- 
vice géologique.   Public  Works  Department,  Le  Caire. 

Fourtau  (René),  Ingénieur  civil,  Faubourg  de  Choubrah, 
Le  Caire. 

*Hlme(W.  F.),  D.  Se,  Assoc.  R.  C.  S.,  Assoc.  R.  S.  M., 
Membre  du  Service  géologique.  Public  Works  Depart- 
ment, Hélouan. 

ESPAGNE 

Adan  de  Yarza  (R.),    Ingénieur  des   mines    à    Lequeitio, 
Lequeitio,  Vizcaya. 


i8  VII1«   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

*Almera  (Chanoine  Jaime),  Sagristans,   1,   Barcelona. 

*BoFiLL   (Arthur),  Secrétaire  perpétuel   de  l'Académie   des 
sciences  de  Barcelone,  Barcelona. 

Macpherson  (J.),  4,  Calle  de  la  Exposicion,  Barrio  del 
Monasterio,  Madrid. 

SocoRRO  (M"  del).  Professeur  de  géologie  à  l'Université, 
41,  rue  de  Jacometrezo,  Madrid. 

Vidal  (Luis  Mariano),  Diputacion,   382,   Barcelona. 

ÉTATS-UNIS  D'AMÉRIQUE 

Bascom  (Miss  Florence) ,  Professeur  de  géologie,  Bryn 
Mawr  Collège,  Bryn  Mawr,   Pennsylvania. 

Beyer  (S.  W.),  Professeur  de  géologie,  lowa  State  agri- 
cultural  Collège,   Âmes,   lowa. 

*BicKMORE  (Albert),  American   Muséum  of  natural  History, 
New-York-City. 

*BiCKM0RE  (Madame  Albert),  American  Muséum  of  natural 
History,  New-York-Cily. 

Brooks  (A.  H.),  Géologue,  U.  S.  geological  Survey,  Was- 
hington (D.  C). 

Chamrerlin  (T.  C),  Président  de  l'Université  de  Chicago, 
Chicago,  Illinois. 

Clark  (William  Bullock),  Professeur  de  géologie,  Géo- 
logue de  l'État,  Johns  Hopkins  University,  Baltimore, 
Maryland. 

CoBB  (Collier).  Professeur  de  géologie,  University  of  North 
Carolina,  Chapel  Hill,  North  Carolina. 

Cox  (Charles-F.),  Trésorier  de  l'Académie  des  Sciences 
de    New- York,   New-York-City. 

Crook  (A.  R.),  D^'phil.,  Professeur  de  minéralogie,  North- 
western University,  Evanston,  Illinois 

*Cross  (D'  Whitman),   U.  S.  geological  Survey,  Washington 
(D.    C). 

*Day  (David  T.),  U.  S.  geological  Survey,  Washington  (D.C.). 


^ 


LISTE  DES   MEMBRES  I9 

DuMBLE  (Edwin  S.),  Géologue  de  la  Southern  Pacific  C°, 
1708,  Prairie   Avenue,  Houston,  Texas. 

Emmons(S.F.),  Géologue  des  États-Unis,  Washington  fD.  C). 

*Fleming  (Miss  Mary),  Membre  de  l'Association  Américaine 
pour  Tavancement  des  sciences,  432,  Pearl  street, 
Bufïalo,  New-York. 

FooTE  (W.M  ),13i7,  Archstreet,  Philadelphia,  Pennsylvania. 

Frazer  (Persifor;,  Docteur  ès-sciences  naturelles,  1042, 
Drexel  Building,  Philadelphia,  Pennsylvania. 

Gilbert  (G.  K.),  Géologue  des  États-Unis,  Washington  vD.C». 

*flAGUE  (Arnold).  Géologue  des  États-Unis,  U.  S.  geological 
Survey,  Washington  (D.  G). 

*Hague  Madame  ,  U.S. geological  Survey,  Washington (D.C.). 

HallBisbop  (Madame  Joséphine),  2309,  Washington  street, 
San-Francisco.  California. 

*Hëikes  (Victor) ,  Gare  of  Smithsonian  Institution , 
Washington  (D.  G.). 

fliTcacocK  (Gharles  H.).  Professeur  de  géologie  à  Darmouth 
Gollege,  Hanover,  New-Hampshire. 

Hovey  D""  E.  0.\  F.  G  S.  A.,  Conservateur  adjoint, 
Geol.  Dep't.  American  Muséum  of  natural  History, 
New- York  City 

Hovey  (Madame  E.  0.),  American  Muséum  of  natural 
History,  New- York  City. 

*HowE  (Ernest),  U.  S.  geological  Survey,  Washington  (D.  C). 

Iddings  J.  P.),  Professeur  de  pétrologie,  University  of 
Chicago,  Chicago,  Ulinois. 

Kemp  (J.  J.),  Professeur  de  géologie,  Columbia  University, 
New- York  City. 

Keyes  (C.  R.),  Ph.  D^  Des  Moines,  lowa. 

*KuNz  (George  F.),  Président  du  Mineralogical  Club  de  New- 
York,  Pavillon  Tifïany,Section  Américaine  des  Invalides, 
à  l'Exposition  Universelle,  Paris,  France. 

Lane  (Alfred-C.\  Géologue  de  TÉtat,  Lansing,  Michigan. 

Leverett  (Franck),   Denmark.  lowa. 


20  VlUe   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*Marbut    (Curtis  F.),    Professeur  de  géologie  à  rUoiversité 
de  Missouri,  Columbia,  Missouri. 

Marsden  Maxson  (C.  E.),  Ph.  D-,  530,  California  street, 
San-Francisco,  California. 

Mathews  (Edward-B.),  Professeur  adjoint  de  minéralogie 
et  de  pétrographie,  Johns  Hopkins  University,  Balti- 
more, Maryland. 
*Mattbew  (D'  W.  D.),  Conservateur-adjoint  de  paléonto- 
logie des  Vertébrés,  à  rAraerican  Muséum  of  natural 
History,  Central  Park,  New-York. 

Merrill  (Frederick,  J.  H.),  Directeur  du  New-York  State 
Muséum,  et  géologue  de  l'État,  Albany,  New- York. 

New- York  Academy  of  Sciences,  Grand  Central  Depot, 
New- York  City. 

New-Y'ork  mineralogical  Club,  New- York  City. 
*OsBORN  (H.  F.),  Professeur,  American    Muséum  of  natural 
History,  Department  of  Vertébrale  Paleontology,  New- 
York  City. 
*OsBORN  (Madame  L.  P.),  American  Muséum,  New-York  City. 

Prosser  (Ch.  Smith),  Professeur  de  géologie  à  l'Univer- 
sité de  l'État  d'Ohio,  Columbus,  Ohio. 

Rand  (Théodore  D.),  17,  3'^  Street,  Philadelphia,  Pennsyl- 
vania. 

Ransome    (F.  L.),   Ph.  D',  Géologue  des  Étals-Unis,  Was- 
hington (D.  C). 
*Reid    (flarry  Fielding),    Professeur  à  Johns   Hopkins  Uni- 
versity, Baltimore,  Maryland. 
*RiCE  (W.  North),   Professeur  de    géologie,  Wesleyan  Uni- 
versity, Middletown,  Connecticut. 

Ries  (H.),  Ph.  D.,  Professeur  de  géologie  économique, 
Cornell  University,  Ithaca,   New-York. 

RoTHWELL  (R.  P.),  Éditeur  du  Minimj-Journal,  Ingénieur, 
253,  Broadway  (27  P.   0.,  box  1833),  New- York  City. 

ScHOOLER  (Louis),  Des  Moines,  lowa. 

ScHULAK  (Rev.  Francis  X.),  Professeur  d'histoire  naturelle 
(minéralogie  et  géologie),  Saint-Ignatius  Collège,  Chi- 
cago, Ulinois. 


LISTE   PBS  MBMBRES  21 

*ScoTT  (W.-B.),  Professeur   de  paléontologie  à  l'Université, 
Princeton,   New-Jersey. 

Smock  (John  Conover),  Géologue  de  TÉat  de  New-Jersey, 
Trenton,  New-Jersey. 

♦Stevenson  (Archibald  E.),  Étudiant,    University    Heights, 
New-York  City. 

•Stevenson    (John  James),   Professeur   de   géologie,    New- 
York  University,  University  Heights,  New-York  City. 

Strong  (Miss  A.),  115,  West  8i^^  Street,   New-York  City. 

*ToDD  (James   E.),   Professeur  de  géologie  et  de  minéralo- 
gie, Géologue  de  1  État,  Vermillion,  South  Dakota. 
Walcott    (C.  D.),    Directeur    du    Service   géologique   des 
États-Unis,  Washington  (D.  C). 
*Ward   (Lester  F  ),   The  Magnolia,   1321   W.  Street,    Was- 
hington (D.  C). 
*Ward  (Madame  L.  F.),    The   Magnolia,    1321,  W.  Street, 
Washington  (D.  C). 
Washington  (H.  S.),  D'  phil.,  Locust,  New-Jersey. 
Westgate  Lewis  (G.),  D*"  phil..  Professeur,  Delaware,  Ohio. 
*Whïte  (I.  C  ),   D'  phil..  Géologue  de  l'État  de  West-Virgi- 
nia,  Morgantown,  West-Virginia. 

Whïtfield  (R.),  Professor.  M.  A.,  F.  G  S.A.,  Conservateur 

du  Geological  Department,  American  Muséum  natural 

History,  New- York  City. 
Williams  (H.  S.),  D'  phil.,    Professeur  de  géologie,   Yale 

University,  New-Haven,  Connecticut. 
WiLLis  (Bailey),  Sous-Directeur  du  U.  S.  Geological    Sur- 

vey,  Washington  iD.  C). 
WiNcuELL  (H.    V.),    Géologue,    Anaconda    Copper    Mining 

Company,  Butte,  Montana. 
WiNCHELL  (N.),  Géologue  de  l'État  de  Minnesota,  Minnea- 

polis. 
*WoLFF  (J.  E.),  Professeur  de  pétrographie  et  de  minéralogie 

à  l'Université   d'Harvard,    Cambridge,  Massachusetts. 
WooDWORTR  (J    B.),  Professeur  de  géologie  à  l'Université 

d'Harvard,  27^  Dana  Street,  Cambridge,  Massachusetts. 


Xk  Vni«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


FRANGE 

Agniel  (Georges),  Ingénieur  de  la  Compagnie  des  Mines 
de  Vicoigne  Nœux,  Nœux-les-Mines,  Pas-de-Calais. 

*Aguer-Barbendy  (Martin) ,    Instituteur,    10,    avenue  Mac- 
Mahon,  Paris. 

Albertini  (L.),  Ingénieur  civil  des  mines,  97,  rueS^-Lazare. 
Paris. 

Allard  (Joseph-Alexandre),  Ingénieur  des  Arts  et  Manu- 
factures, Voreppe.  Isère.    —  D. 

Allier,  frères,  Imprimeurs.  26,  Cours  S^-André,  Grenoble, 
Isère. 

*Allorge  (Maurice),    Licencié   fes-sciences  et  en    droit,  83, 
boulevard  S^-Michel,   Paris. 

*Ardaillon  (Edouard),    Professeur  de  géographie   à    l'Uni- 
versité de  Lille,  53,  rue  de  Lens,  Lille,  Nord. 

Armand  (Adrien),  Meunier,  2,  rue  Alsace-Lorraine,  Gre- 
noble, Isère. 

Armand  (Albert),  Directeur  de  la  Société  civile  des  Mines 
de  Valdonne  (Michel,  Armand  et  C*«),  II,  rue  Lafon, 
Marseille,  Bouches-du-Rhône. 

Arnaud  (F.),   Notaire,  Barcelonnette,  Basses-Alpes.  —  D. 

Arnaud  (H.),  Avocat,  23,  rue  Froide,  Angoulême. 
Charente.  —  D. 

Arné  (Paul-François),  Étudiant,  121,  rue  Judaïque,  Bor- 
deaux, Gironde. 

*Arrault,    Ingénieur  des  Arts   et   Manufactures,    69,    rue 
Rochechouart,  Paris.  —  D. 

Arsandaux,  Henri,  Étudiant  au  Muséum,  6,  rue  Flatters, 
Paris. 

AuRfN,  Emile,  8,  rue  d'Athènes,  Paris. 

AuDEBERT  de  Lapinsonie,  Autoine-Charles,  Fabricant  de 
plâtres   à  Montmagny,    140,  rue  Lafayette,    Paris. 

*AuLT-DuMESNïL  (d'),  228,  faubourg  S^-Honoré,  Paris. 


LISTE   DBS   MEMBRES  a3 

*AuRic  (André),  Ingénieur  des  Ponts-et-Chaussées,  Valence, 
Drôme. 

*AuTHELiN  (Charles),  Préparateur  à  la  Faculté  des  Sciences, 
Place  Carnot,   Nancy,    Meurthe-et-Moselle. 

Babinet  (Jacques-André),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts- 
el-Chaussées,  5,  rue  Washington,  Paris. 

Badoureau  (Albert),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  18, 
rue  de  la  Banque,  Chambéry.   Savoie. 

Bardou  (Paul-Marie),  Pharmacien  de  l'«  classe,  Étudiant 
en    sciences,    Grand'Rue,    Ault,    Somme. 

Barral  (Etienne),  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  méde- 
cine de  Lyon,  Chargé  de  cours  de  minéralogie, 
2,  quai    Fulchiron,  Lyon,   Rhône. 

*Barrois    (Charles),    37,  rue  Pascal,   Lille,  Nord.  —  D. 

*Barthélemy  (François),  2,  place  Sully,  à  Maisons-Laffllte, 
Seine-et-Oise. 

*Bayle  (Paul),  Directeur  des  Mines  et  Usines  de  la  Société 
lyonnaise,  Autun,    Saône-et-Loire. 

Brigbeder  (David),  Ingénieur.  125,  avenue  de  Villiers, 
Paris.  —  D. 

*Bel  (M.-J.-Marc),  Ingénieur  civil  des  Mines,  ancien  élève 
de  rÉcole  polytechnique,  4,  place  Denfert-Rochereau, 
Paris. 

Bellanger  (Pierre-Alphonse-Edmond),  Ingénieur  au  corps 
des   Mines,    Le   Mans,    Sarthe. 

Béranger  (Charles),  Éditeur,  15,  rue  des  Saints-Pères,  Paris. 

Berge  (René),  Ingénieur  civil  des  Mines,  12,  rue  Pierre- 
Charron,   Paris. 

♦Bergeron  (Jules),  Docteur  ès-sciences.  Professeur  à  l'École 
centrale  des  Arts  et  Manufactures,  Directeur-adjoint 
du  laboratoire  des  recherches  de  Géologie  à  l'Uni- 
versité (Faculté  des  sciences,  Sorbonne),  157,  boule- 
vard Haussmann,   Paris.  —  D. 

Berthelot  (Anatole),  Fabricant  de  ciments.  Le  Gua,  près 
Vif,  Isère.  —  D. 


24       '  Vlir   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

♦Bertrand  (Charles-Eugène),  Professeur  de  botanique  à  la 
Faculté  des  sciences  de  Lille,  6,  rue  d'Alger,  Amiens, 
Somme. 

♦Bertrand  (Léon),  Docteur  ès-sciences,  Chargé  de  cours  de 
géologie  à  l'Université  (Faculté  des  sciences),  Tou- 
louse, Haute-Garonne. 

♦Bertrand  (Marcel),  Membre  de  l'Institut,  Ingénieur  en 
chef  des  Mines,  Professeur  à  l'École  des  Mines, 
75,   rue  de  Vaugirard,  Paris.  —  D. 

Beylié  (Jules  de),  Juge  au  Tribunal  de  commerce,  4.  rue 
Général-Marchand,  Grenoble,  Isère. 

Bézier  (Toussaint),  Directeur-conservateur  du  Musée  d'his- 
toire  naturelle.  Rennes,  Ille-et-Vilaine. 

♦Bigot,  Professeur  de  géologie  à  l'Université  (Faculté  des 
sciences),  Caen,  Calvados.  —  D. 

BiLLY  (Charles  de).    Conseiller  référendaire  à  la  Cour  des 
comptes,  56,  rue  de  Boulainvilliers,  Paris. 

BiNET  (Auguste-Hilaire-Adolphe),  I.  E.  C    P.,  Directeur  du 
Service  des  eaux,    Tourcoing,  Nord  (Décédé). 

BiocHE  (Alphonse),    Trésorier    du   1«'  Congrès   géologique 
international,  rue  de  Rennes,    53,  Paris. 

BizARD  (René),  Chargé  de  cours  à  la  Faculté  Libre  des  Scien- 
ces, 23.  rue  des  Arènes,  Angers,  Maine  et-Loire.  —  D. 

♦Blancrard  (Raoul-Marcel),  Professeur  au  Lycée,  6,  rue  de 
la  Comédie,  Douai,  Nord. 

Blanchet  frères  et  Kléber,    Fabricants  de  papier,  Rives, 
Isère. 

♦Blayac,  Préparateur  à  la  Sorbonne  (Faculté  des  Sciences), 
Paris.  —  D. 

♦Bleicher,  Professeur  d'histoire  naturelle  à  l'Université 
(École  supérieure  de  pharmacie),  9,  Cours  Léopold, 
Nancy,  Meurthe-et-Moselle.  —  D. 

BoisFLEURY,   Albert-Joseph-Prosper  de.  Ingénieur  au  Corps 
des  Mines,   rue  Camille-Douls,  Rodez,  Aveyron. 

♦Bonaparte (le  Prince  Roland),  10,  avenue d'Iéna,  Paris. — D. 


LISTR   DES   MEMBRES  25 

*BoNNET  (André),  Paléontologue,  55,  boulevard  Saint- 
Michel,  Paris. 

Bonnet-Eymard    (Gustave),    Négociant,  2,  rue  de  France, 
Grenoble,  Isère.  —  D. 

BoNNETON   (Anselme),    Entrepreneur,    19,   rue   Alsace-Lor- 
raine,  Grenoble,  Isère. 

*BouBÉE,  3,    Place  S'-André-des  Arts,  Paris. 

Boreau-Lajanadie  (Charles),  30,  Pavé  des  Chartrons,   Bor- 
deaux, Gironde. 

Bouchez    (Maurice),   Ingénieur   des  Mines,    Cambrin,  Pas- 
de-Calais. 

*BouLE  (Marcellin),  Assistant  au  Muséum  d'histoire  naturelle  • 
(Laboratoire   de  paléontologie),    3,    place    Valbubert, 
Paris. 

BouLENGER  (Paul-Hippolytc),  Manufacturier,  Choisy-le-Roi, 
Seine.  —  D. 

BouRDOT  (Jules),  Ingénieur  civil,  44.    rue  de  Château-Lan- 
don,   Paris. 

*BouRGEAT  (rabbé),  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences  de  l'Ins- 
titut catholique,  rue  Charles-de-Muyssaert,  Lille,  Nord. 

Bourgeois  (Léon),    Assistant   au    Muséum,    1,    boulevard 
Henri  IV,    Paris. 

*BouRSAULT.  Géologue-chimiste  au  Chemin  de  fer  du  Nord, 
10,    rue  Stephenson,  Paris.  —  D. 

Brenier  (Casimir),  Président  de  la  Chambre  de  commerce, 
20,   avenue  de  la   Gare,  Grenoble,    Isère.  —  D. 

Bréon  (Kené),    Semur,   Côte-d'Or. 

*Breton  (Ludovic),  Ingénieur,  Directeur  des  travaux  de  la 
Compagnie  des  chemins  de  fer  sous-marins  entre  la 
France  et  TAngleterre,  18,  rue  Royale,  Calais,  Pas- 
de-Calais. 

*Brongniart  (Jean-Baptiste-Marcel).  1,  rue  Villersexel,  Paris. 

Brustlein  (Henri  Aimé),   Ingénieur,   Unieux,  Loire.  —  D. 

Bureau  (Edouard),  Professeur  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, 24,  Quai  de  Béthune,  Paris. 


a6  VlUe    CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Bureau  (Louis),  Directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle, 
15,   rue  Gresset,   Nantes,    Loire-Inférieure. 

BusQUET  (Horace),  Directeur  des  Mines  de  Decize,  Colla- 
borateur-adjoint à  la  Carte  géologique,  La  Machine, 
Nièvre.  —  D. 

•Caillas   (E.),  33.  rue  du  Docteur  Blanche,   Paris. 

Cambessédès  (Félix),  Ingénieur  civil,  4,  rue  Cuvelle,  Douai, 
Nord. 

Cambronne  (Paul).  Préparateur  de  géologie  à  la  Faculté 
des   sciences  de  Paris,    Paris  (Décédé). 

*Camena  d'ALMEiDA  (P.),  Professcur  de  géographie  à  TUnî- 
versité,  rue  François  de  Sourdis,  147*"%  Bordeaux, 
Gironde . 

Caméré  (A.),  Inspecteur  général  des  Ponts-et-Chaussées, 
17,  Avenue  d'Aligre,  Chatou,  Seine-et-Oise. 

Cannât  (Paul),  Président  de  la  Société  d'études  des 
sciences  naturelles  de  Béziers,  à  THôtel-de- Ville,  Béziers, 
Hérault. 

*Canu  (Ferdinand),  10,  avenue  de  TAsile,  Saint-Maurice, 
Seine.   —  D. 

*Cappe   de  Bâillon,    122,   rue  du  Bac,    Paris. 

*Capïtan,  5,  rue  des  Ursulines,   Paris. 

Capitant,  Professeur  à  la  Faculté  de  droit,  Grenoble, 
Isère . 

*Carez  (Léon),  Docteur  ès-sciences,  18,  rue  Hamelin, 
Paris.  —  D. 

*Carez  (Madame  Léon),    18,  rue  Hamelin,  Paris. 

Carnot  (Adolphe),  Membre  de  l'Institut,  Inspecteur  géné- 
ral des  Mines,  60,  boulevard   Saint-Michel,  Paris. 

Castellan  (Fernand) ,  Ingénieur  civil  des  Mines,  52, 
quai  de  Billy,  Paris. 

*Cayeux  (Lucien),  Docteur  ès-sciences.  Préparateur  à  l'École 
des  Mines  et  des  Ponts  et  Chaussées,  Répétiteur  à 
l'Institut  agronomique,  60,  boulevard  Saint-Michel, 
Paris.  —  D. 


LISTE   DES   MEMBRES  2^ 

Caziot,  Chef  d'escadron  d'artillerie  en  retraite,  29,  rue 
Barla,  Nice,  Alpes-Maritimes. 

Chalmeton,  Administrateur-directeur  de  la  Compagnie 
iiouilière  de  Bessèges,  17,  rue  Jeanne-d'Arc,  Ntmes, 
Gard.  —  D. 

Charpenay  et  Rey,  Banquiers,  Grenoble,  Isère. 

♦Charpentier  (Henri-Paul-Émile),  Ingénieur  civil  des  Mines, 
12.   boulevard    Montebello,  Lille,  Nord. 

*Chartron  (C),  rue  Sainte-Marguerite,   Luçon,  Vendée. 

Charvet  (Henri),  Ingénieur  civil,  5,  place  Marengo,  Saint- 
Étienne,  Loire. 

Chaumont  (Charles  André),  D'  en  médecine,  63,  rue  de 
Vaugirard,  Paris. 

*Cbauvet,   Notaire,  Ruflec,  Charente. 

Chauvet  (Charles),  Ingénieur,  59,  boulevard  Victor-Hugo, 
Béthune,  Pas-de-Calais 

*CHEDEVfLLE,  luspccteur  de  la  voie,  Gisors,  Eure. 

Cbion-Ducollet,   Maire,  La   Mure,   Isère 

Chipart,  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  Douai,  Nord. 

Cbudeau  (René),  Professeur  au  Lycée,  39,  rue  Port-Neuf, 
Bayonne,  Basses-Pyrénées. 

Civet,  Pommier  et  C*«,  Propriétaires,  exploitants  de 
carrières,    5,   rue  de   l'Aqueduc,   Paris. 

Claude-Lafontaine  (Lucien),  Banquier,  32,  rue  de  Trévise, 
Paris . 

*Cloêz  (Charles-Louis),  Répétiteur  à  l'École  polytechnique. 
9,  rue  Guy-de-la-Brosse,  Paris 

Clouet  des  Pesrucres,  Ingénieur-agronome.  Lambersart. 
près  Lille,  Nord. 

*CoGNARD  (Louis),  30,  quai  du  Louvre,  Paris. 

*CoGNARD  (Madame  Louis),  30,  quai  du  Louvre,  Paris. 

Collot  (Louis),  Professeur  de  géologie  k  l'Université,  41, 
rue  Tillot,  Dijon.  Côte-d'Or. 

Combes  (André),  Ingénieur  civil  des  Mines,  212,  rue  Saint- 
Antoine,  Paris. 


a8  VlUe   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Comité   central    des    Houillères    de  France,    55.    rue   de 
Chateaudun,  Paris.   —  D. 

Comité  des  houillères  de  la  Loire,  10,   rue    du  Palais-de- 
Justîce,  Saint-Étienne,  Loire.  —  D. 

Comité  des  Salines,  M.  Bourdol,  44,  rue  de  Château-Landon^ 
Paris.  —  D. 

Compagnie    anonyme    des    Houillères     d'Ahun,     Creuse, 
15,  rue  de  la   Chaussée-d'Antin,  Paris.  —  D. 

Compagnie   des   Mines  de    houille    d'Aniche    (M.    Tlngé- 
nieur-gérant),  Aniche,  Nord.  —  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  d'Anzin,  Nord.  —  D. 

Compagnie  houillère    de    Bessèges.  17,  rue  Jeanne-d'Arc. 
Nîmes,  Gard.  —  D. 

Compagnie    des     Mines    de    houille   de   Béthune,    Bully- 
Grenay,  Pas-de-Calais.  —  D. 

Compagnie  des  Mines    de   houille  de  Blanzy,    Montceau- 
les-Mines,  Saône-el-Loire.  —  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Bruay,Pas-de-Calais.—  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Campagnac  à  Cransac 
(M.  Siebel,   Directeur),  Cransac,  Aveyron.  —  D. 

Compagniedes  Mines  de  houille  de  Carvin, Pas-de-Calais. — D. 

Compagnie    des   Houillères  de  Champagnac  (Cantal),   97, 
rue   de   Montceau,  Paris.  — D. 

Compagnie  des  Forges  de  Chatillon,  Commenlry  et  Neuves- 
Maisons,   19,   rue  de  La  Rochefoucauld,    Paris.  —  D. 

Compagnie    des    Mines    de   houille  de  Courrières,    Billy- 
Montigny,  Pas-de-Calais.  —  D. 

Compagnie  des  Mines    de  houille  de  Douchy,    Lourches, 
Nord.  —  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de   Dourges,    Hénin-Lié- 
tard,  Pas-de-Calais.  —  D. 

Compagnie  des  Mines    de    houille    de    Drocourt,    Hénin- 
Liétard,  Pas-de-Calais.   —  D. 

Compagnie  des    Mines  de  houille   de    TEscarpelle,  Flers- 
en-Escrebieux,  Pas-de-Calais,  —  D. 


LISTE   DES   MEMBRES  ^9 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Ferfay-Cauchy, 
Aucbel,  Pas-de-Calais.  —  D. 

Compagnie  des  Quatre-mines-réunies  do  Graissessac, 
Montpellier,  Hérault.  —  D. 

Compagnie  (Société)  anonyme  des  minerais  de  fer  de 
Krivoï-rog,    26,  avenue  de   TOpéra,  Paris.  —  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Lens,  Pas-de-Calais.  -  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Liévin, Pas-de-Calais. — D. 

Compagnie  (Société)  anonyme  des  .Mines  de  houille  de 
Ligny-lez-Aire,  Fléchinelle,  par  Estrée-Blanche,  Pas- 
de-Calais.  —  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Maries,  Pas-de-Calais.— D. 

Compagnie  des  minerais  de  fer  magnétique  de  Mokta- 
El-Hadid,   26.    avenue  de    l'Opéra,  Paris.  —  D. 

Compagnie  des  Mines  de  houille  d'Ostricourt ,  Oignies, 
Pas-de-Calais.  —  D. 

Compagnie  Parisienne  d'éclairage  et  de  chauffage  par 
le  gaz,   6,   rue   Condorcet.  Paris.  —  D. 

Compagnie  des  Mines    de    houille  de   la    Péronnière,    8, 

rue  Victor-Hugo,  Lyon,  Rhône.  —  D. 
Compagnie  des  Mines  de  houille  de  Flines-lez-Raches.  Nord. 
Compagnie    des   Mines    de   houille    de     Roche-la-Molière 

et  Firminy-Loire  (M.  Honoré  Voisin,    Directeur),    Fir- 

miny,  Loire.  —  D. 
Compagnie    des   Mines    de     houille    de    Vicoigne-Nœux, 

Nœux-les-Mines,  Pas-de-Calais.  —  D. 
Compagnie    des  Mines  de   houille    de     Villebœuf,    Sainl- 

Étienne,  Loire.  —  D. 
*CoNSTANT  Mario,    Ingénieur   civil   des   Mines,    Attaché  au 

Service    d'études    financières    du    Comptoir    national 

d'Escompte,  14,  rue  Bergère,  Paris. 
CoRBEL  (L'abbé  Pierre),  Curé  du  Bodéo,  par  Quintin,  Côtes- 

du-Nord. 
*Co8SMANN   (Maurice),    Ingénieur-Chef  des  services  techni- 
ques  de  la  Compagnie  du  chemin  de   fer   du  Nord, 

95,  rue  de  Maubeuge,  Paris.  —  D. 


3o  VIll'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*CoTTRON,    Professeur    d'Histoire    naturelle  au  Lycée    Fai- 
d herbe,  Lille,  Nord. 

*CouLON  (L.),  Directeur  du   Musée  d'histoire    naturelle,   23, 
rue  Isidore-Lecerf,  Elbeuf,  Seine-Inférieure. 

Cousin  (Henri),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  30,  rue 
du   Gué-de-Maulny,  Le  Mans,  Sarthe.  —  D. 

Crédit  Lyonnais  (Succursale  de  Grenoble).  Grenoble,  Isère. 

Crouzel  (A.),  Bibliothécaire  de  l'Université,  rue  des  36 
Ponts,  82,  Toulouse 

Damour  (A.), Membre  de  l'Institut,  10,  rue  Vignon, Paris  — D. 

*Davy   (Louis-Paul),  Ingénieur,  Chef  de   service  des  Forges 
de  Trignac,  Chateaubriant,  Loire-Inférieure. 

Delafond  (Frédéric),  Inspecteur  général  des  Mines,  boule- 
vard Montparnasse,   108.  Paris. 

Delage  (A.),  Professeur  de  géologie  et  de  minéralogie  à 
la  Faculté  des  sciences,  Montpellier,  Hérault. 

Delage,  Bijoutier,  Grand'Rue,   Grenoble,  Isère. 

*Delahaye  (L'abbé  Constant),  Institution  S^- Vincent,  Rennes, 
Illeet-Vilaine. 

*Delahodde  (V.),  19,  rue  Gauthier-de-Chatillon,  Lille. 

*Delaunay  (Alexis),    Professeur  de  Sciences   au  Petit-Sémi- 
naire de  S*-Gaultier,  Indre. 

Delebecque  (André),  Ingénieur  des  Ponts-et-Chaussées, 
35,  boulevard  des  Tranchées,  Genève,  Suisse.  —  D. 

Delune  et  C'%  Fabricants  de  ciments,  Grenoble,  Isère.  —  D. 

Demarty  (Prosper),  Directeur  du  Comptoir  géologique  du 
Plateau  Central,  9,  rue  Saint-Louis.  Clermont-Ferrand, 
Puy-de-Dôme.  —  D. 

*Depéret,    Correspondant  de  l'Institut,  Doyen  de  la  Faculté 
des   sciences,  Lyon,  Rhône.  —  D. 

Desailly,  Ingénieur  en  chef  de  la  Société  houillère  de 
Liévin,  Pas-de-Calais. 

Desroziers  (E.),  Ingénieur  civil,  10,  avenue  Frochot,  Paris. 
Detroyat  (Arnaud),  Rayonne,  Basses  Pyrénées.  —  D. 
*Deville  (Jules),  42,  rue  des  Jeûneurs,  Paris. 


LISTE  DES   MEMBRES  3l 

*Deville  (Madame  Jules),  née  d'Orbigny,  42,  rue  des 
Jeûneurs,  Paris. 

*Deville  (Mademoiselle  Marguerite),  42,  rue  des  Jeûneurs, 
Paris. 

*DoLLFUS  (Adrien),  35,  rue  Pierre-Charron,  Paris. 

*DoLLFUs  (Madame  Adrien),  35,  rue  Pierre-Charron,  Paris. 

*DoLLFUS  (Gustave  F.),  Collaborateur  principal  au  Service 
de  la  Carte  géologique  de  France,  45,  rue  de  Chabrol, 
Paris.  —  D. 

*DoLLOT  (Aug.),  Ingénieur,  Correspondant  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  136,  boulevard  Saint-Germain, Paris. 

DoNciEUx,  Préparateur  à  la  Faculté  des  sciences  (labora- 
toire  de  géologie),  Lyon,  Rhône. 

DoNNEZAN  (D'Albert),  5,  rue  Font-Froide,  Perpignan,  Pyré- 
nées-Orientales . 

DouMERc  (Jean),  Ingénieur  civil  des  Mines,  61,  rue  Alsace- 
Lorraine,  Toulouse,   Haute- Garonne. 

DouRiLLE  (Antonin),  Hôtel  des  Trois-Dauphins,  Grenoble, 
Isère . 

*DouviLLÉ  (Henri).  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  Professeur  à 
l'École  des  mines,  207,  boulevard  S^-Germain, Paris  —  D. 

DouxAMi  (Henri),  Agrégé  de  TUniversité,  Professeur  au 
lycée  Ampère,  73,  avenue  de   Saxe,  Lyon,  Rhône. 

Drouelle  (E.),  7,  rue  Drouot,  Paris. 

Dru  (Léon),  Ingénieur,  28,  boulevard  Malesherbes,  Paris. 

DuBuissoN  (Anicet-Gabriel-Henri),  Élève  à  l'École  normale 
supérieure,   5,    rue  Forest,   Paris. 

DiiEiL(A.),  à  Ay,  Marne. 

♦Duhamel  (Henri),  Gières,  Isère.  —  D. 

Dumas,  Inspecteur  à  la  Compagnie  des  chemins  de  fer 
d'Orléans,  place  Dumoustier,  1  bis,  Nantes,  Loire- 
Inférieure. 

*Dumont  (Emile-Henri),  Ingénieur  des  arts  et  manufac- 
tures, 61,   rue  Louis-Blanc,  Paris. 

Durand  (Louis),  Pradines,    par  Regny,  Loire. 


3a  VUl*  CONGRÈS   GEOLOGIQUE 

Durand  t  Urbain-Jean-Baptiste),  Ingénieur  civil.  Pont  d'Au- 
benas,  par  Aubenas,  Ardèche. 

DuRASsiER  (L.  G.  A.),   Ingénieur  civil  des  Mines.   5,    Place 
des  Ternes,  Paris. 

DuvERGiER    DE  Hauranne    (Emmanuel) ,   Château   d'Herry, 
Cher 

Evrard  (Charles),  Notaire,    Varennes,  Meuse. 

Eysséric  (J.),  Explorateur,   90,  rue  d'Assas,  Paris. 

*Fabre  (Georges),  Ancien  élève  de  TÉcole  polytechnique. 
Inspecteur  des  Eaux  et  Forêts,  28,  rue  Ménard, 
Ntmes,  Gard. 

*Fabre  (Lucien),  Inspecteur  des  Eaux  et  Forêts,  17,  rue 
Berbisey,   Dijon,  CôtCrd'Or. 

Favre  (Louis),  Ingénieur  agronome,  18,  rue  des  Écoles,  Paris. 

*Fallot  (Emmanuel),  Professeur  de  géologie  à  l'Université 
(Faculté  des  sciences),  56,  rue  Turenne,  Bordeaux, 
Gironde. 

Falque  et  Perrin.  Librairie  Dauphinoise,  Grenoble,  Isère. 

*Faure  (Joseph),  Ingénieur  civil  des  Mines,  94,  avenue 
Henri-Martin,    Paris. 

*Fayol  (Henri),  Directeur  général  de  la  Société  de  Commen- 
try-Fourchambaull,  49,  rue  Bellechasse,  Paris.  —  D. 

*Fayol  (Mademoiselle),  49,  rue  Bellechasse,  Paris. 

Fèvre   (Lucien-Francis),   Ingénieur  au   corps    des   Mines. 
38    rue    Baudimont.    Arras,   Pas-de-Calais.   —  D. 

*FiLHOL.  Membre  de  l'Institut.  Professeur  d'anatomie  com- 
parée au  Muséum  d'histoire  naturelle,  rue  Guénégaud, 
Paris. 

Fliche,    Professeur   à  l'École  forestière,    rue    Saint-Dizier, 
9,   Nancy,   Meurthe-et-Moselle.  —  D. 

Flîpo.  Propriétaire,   Membre  de    la  Société    géologique  du 
Nord.  Deûlémont,  par  Quesnoy-sur-Deûle,  Nord.  —  D. 

Fortin  (Raoul),   Manufacturier,   rue   du    Pré,    24.  Rouen, 
Seine-Inférieure. 

FossEY(Paul),  Étudiant,  138,  Boulevard  Montparnasse, Paris. 


LISTE   DES   MEMBRES  33 

FouQUÉ  (F.),  Membre  de  rinslilul.  Professeur  au  Collège 
de   France,   23,   rue  Humboldt,    Paris. 

*FouQUÊ  (Mademoiselle),  23,  rue  Humboldt,   Paris. 

*FouQUET,  161,  Boulevard   Haussmann,  Paris. 

Fredet  (Alfred),  Fabricant  de  papier,  Brignoud,  Isère. 

Freiwald   (Isidore),  43,    rue  de   Courcelles,    Paris.  —  D. 

*Frémont  (Mademoiselle),  Licenciée  ès-sciences,  Professeur 
de  renseignement  secondaire,  124,  rue  de  Clignan- 
court,   Paris. 

*Friedel  (Georges),  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  Profes- 
seur à  l'École  des  Mines,  11,  place  Fourneyron, 
Saint-Étienne,  Loire. 

Froidevaux,  12,   rue  N.-D.-des  Champs.  Paris. 

Frossard  (Charles-Louis),  Pasteur  de  l'Église  Réformée,  3, 
avenue  de  Campan.  Bagnères-de-Bigorre,  Hautes-Pyré- 
nées. 

Gaillard,    père,    fils  et   C*",    Banquiers,    5,     Grande-Rue, 
Grenoble,  Isère..  —  D. 
*Gallois  (Lucien),  Maître  de  Conférences  à  l'École  normale 
supérieure,  59,  rue  Claude-Bernard,   Paris. 

*Ganal,  6,   rue  de  Seine,    Paris. 

*Gatin,  Ingénieur  agronome,  13,  rue  Jean-Jacques  Rous- 
seau,   Versailles. 

Gauchery  (P.  ,  Ingénieur-architecte,  Vierzon,  Cher. 

*Gaudry  Albert),  Membre  de  Tlnstitut,  Professeur  de 
paléontologie  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  Ibis, 
rue  des  Saints-Pères.   Paris.  —  D. 

*Gaudry  (Madame  Valérie  Albert),  7  bis,  rue  des  Saints- 
Pères,  Paris. 

*Gaudry  (Jules»,  2,  rue  de  Constantinople,  Paris. 

Gauthier -DuMON  (Pierre),  5,  rue  d'Arcole,  Saint-Étienne, 
Loire.  —  D. 

Gauthiot  (Charles',  Secrétaire-Général  de  la  Société  de 
géographie  commerciale,    8.    rue   de  Tournon,   Paris. 

Geandey    F.i,  rue  de  Sèze,  11,  Lyon,   Rhône. 


34  vin'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Gkndhe  (Ernest),    157,    rue    Berlrand-de-Golh,    Bordeaux, 
Gironde. 

*Gennes  (Adolphe  de),  Ingénieur  civil  des  Mines,  42.  rue 
des   Perchamps,    Paris. 

Gensse  (Jean-Bapliste-Juies  Adrien),  Ingénieur  à  la  Compa- 
gnie Parisienne  du  gaz,  146,   rue  Lafayetle,   Paris. 

*Gentil  (Louis),  Chargé  de  Conférences  à  la  Faculté  des  Scien- 
ces deTUniversite,  M,  rue  des  Feuillantines,  Paris. —  D. 

*Gevrey  (Frédéric-Charles-Alfred),  Conseiller  à  la  Cour 
d'Appel,   9,   place    des   Alpes,  Grenoble,   Isère.  —  D. 

*GiRAUD  (Jean-Louis),  Agrégé  des  Sciences  naturelles,  4, 
rue  Guy-de-la-Brosse,  Paris. 

*GiRAUx  (Louis),  Négociant,  22,  rue  Saint-Biaise,  Paris. 

*Glangeaud  (Ph.),  Docteur  ès-sciences,  Maître  de  confé- 
rences de  minéralogie  à  PUniversilé,  Clermont- 
Ferrand,  Puy-de-Dôme.  —  D. 

GoBLET  (Alfred),    Ingénieur,  Croix,  Nord. 

GoDBiLLE  (Eugène),  Médecin-vétérinaire,  Wignehies,  Nord. 

*GossELET,  Correspondant  de  rinstilul.  Professeur  à  la  Faculté 

des  sciences,  rued'Anlin.  18,  Lille,  Nord.  —  D. 
GouRBiNE  (Charles-Alfred),  Membre  des  Soc.  géologique  et 
astronomique  de  France,71,ruederUniversité,Paris.—  D. 
GouRDON  (Maurice-Marie),  Membre  de  la  Société  géologique 
de  France,  19,  rue  dé  Gigant,  Nantes,   Loire-Inférieure. 
GRAMMONT(Alexandre), Industriel,  Pont-de-Chéruy, Isère. — D. 
Gramonï  (Antoine-Arnaud,  comte  de),  Docteur  ès-sciences 
physiques,   81,   rue  de  Lille,   Paris. 
*Grand'El'RY    (Cyrille),    Correspondant    de  l'Institut,    Ingé- 
nieur civil.    Professeur  à  l'École  des  Mines,  5.  Cours 
Victor-Hugo,    S^-Étienne,  Loire.  —  D. 
Gratier,    Libraire,   Grenoble,   Isère. 

Grenier   (Kené),   Ingénieur  civil  des  Mines,   Pocancy,  par 
Veitus,    Marne. 
*Grisel  (D'^  Alfred),  Cluses,  Haute-Savoie. 
*Grossouvre  (A.  de),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  Bourges, 
Cher.  —  D. 


LISTE   DBS  MEMBRES  35 

Grossouvhe  (de).  Commandant  au  155*  régiment  d'infan- 
terie,   6,    rue    de   Rigny,  Nancy,   Meurthe-et-Moselle. 

Gruner  (Edouard),  Ingénieur  civil  des  Mines,  Secrétaire 
général  du  Comité  central  des  Houillères,  6,  rue  Férou, 
Paris. 

*GuÉBHARD  (Adrien),    Agrégé  de  Physique  des  Facultés  de 
médecine,  St-Vallier-de-Thiey,  Alpes-Maritimes.  —  D. 

GuERRKAU  (Auguste-Charles),  Ingénieur  civil  des  Mines, 
4,  rue   de   Lorraine.  Nancy,  Meurthe-et-Moselle. 

Guillemet.   Ingénieur  agricole,  Labruguiére,  Tarn. 

*Haug  (Emile),  Professeur  adjoint  de  géologie  à  l'Université 
(Faculté  des  Sciences).  Sorbonne,  Paris.  — D. 

Hautefeuille  (Paul  Gabriel),  Membre  de  l'Institut,  Profes- 
seur à  l'Université  (Faculté  des  sciences),  28,  rue 
du  Luxembourg.  Paris. 

Henry  (César-Louis),  Docteur  en  médecine,  89,  boulevard 
Ëxelmans,  Paris. 

Hermann,  Libraire,  8.  rue  de  la  Sorbonne.  Paris. 

Herse,  Professeur  au  Collège  de  Condé-sur-Aisne,  parVailly, 
Aisne. 

Hollande  (D"^),  Directeur  de  l'École  préparatoire  de  l'ensei- 
gnement supérieur,  19,  rue  de  Boigne,  à  Chambéry, 
Savoie. 

HuGOT  (Adolphe),  Directeur  de  la  Société  anonyme  des 
Aciéries  et  Forges  de  Firminy,  Loire 

*Hu.MBERT  (Hippolyte -Adolphe),  Ingénieur  des  Ponts  et 
Chaussées  en  retraite,  ancien  Ingénieur  de  la  Com- 
pagnie des  chemins  de  fer  du  Midi,  31,  rue  Bayard, 
Toulouse,  Haute-Garonne 

*HuMBERT  (Madame  A.),   31,  rue  Bayard,  Toulouse,  Haute- 
Garonne. 
HuNEBELLE  (Édouard),  Ingénieur  civil,  16,  avenue  Bugeaud, 
Paris. 

*Jani:t  (Armand),  ancien  Ingénieur  de  la  Marine,  29,  rue 
des  Volontaires,  Paris.  —  D. 


36  vin*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Janet  (Charles),  Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures,  Pré- 
sident de  la  Société  zoologique  de  France,  Villa  des 
Roses,  près  Beauvais,  Oise. 

*Janet  (Léon),  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  87,  boule- 
vard Saint-Michel,  Paris.  —  D. 

Jannettaz  (Edouard),  Assistant  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle de  Paris,  83,  boulevard  St-Geruiain, Paris  (Décédé). 

jANNE'rrAZ  (Paul),  Ingénieur,  Répétiteur  à  l'École  Centrale, 
68,  rue  Claude-Bernard,  Paris. 

JuDENNE  (Léon),   1,  rue  Louis-Borel,  Beauvais,  Oise. 

Julien  (Pierre-Alphonse),  Professeur  de  géologie  et  de 
minéralogie,  à  la  Faculté  des  Sciences,  à  Clermont- 
Ferrand,  Puy-de-Dôme. 

*Kaufmann  (Willy),  169,    boulevard  Malesherbes,   Paris. 

*KiLiAN  (W.),  Docteur  ès-sciences.  Professeur  à  l'Université 
(Faculté  des  sciences),  7,  boulevard  Gambetta,  Gre- 
noble, Isère.  —  D. 

Kuss  (Henri),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  Douai,  Nord. 

Labat,  D"^  en  médecine,  149,  boulevard  S^-Germain,  Paris. 

Labour-Perron  (Madame  veuve),  Fabricante  de  plâtre, 
Marœuil-lez-Meaux,  par  Meaux,  Seine-et-Marne.  —  D. 

*Lacau  (P.),  50,  rue  Etienne-Marcel,  Paris. 

*Lacroix  (Alfred),  Professeur  de  Minéralogie  au  Muséum 
d'histoire  naturelle,  8,  quai  Henri  IV,  Paris.  —  D. 

*Lacroix  (Madame  A.),  8,   quai  Henri  IV,   Paris. 

Lambert  (Jules-Mathieu),  Président  du  Tribunal  civil,  57, 
rue   St-Martin,  Troyes,  Aube. 

*Lamothe  (Léon-Jean-Benjamin  de).  Colonel  d'artillerie, 
commandant  le  5«   régiment,  Besançon,  Doubs. 

*Langlassê  (René),   rue  Jacques-Dulud,  50,  Neuilly,  Seine. 

La  porte  (Auguste),  Ingénieur-directeur  des  Mines  de  la 
Gardette,  Bourg  d'Oisans,  Isère.  —  D. 

*Lapparent  (Albert  de).  Membre  de  l'Institut,  ancien  Ingé- 
nieur au  corps  des  Mines,  Professeur  à  l'Institut 
catholique,  3,  rue  Tilsitt,    Paris.  —  D. 


LISTE   DES   MEMBRES  3'J 

*Launay  (Louis  de).  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  Pro- 
fesseur à  rÉcoIe  nationale  das  Mines,.  134,  boulevard 
Haussmann,  Paris. 

*Laville  (André),  Préparateur  de  paléontologie  à  TÉcoIe 
des  Mines,  41,  rue  de  Buflon,  Paris. 

*Lebel,  Professeur  au  Petit-Séminaire,  19,  rue  Notre-Darae- 
des-Champs.  Paris. 

Lebesconte,  Pharmacien,  place  du  Bas-des- Lices,  15, 
Rennes,    llle-et- Vilaine. 

Leborgne.  7,  boulevard  Gambetta,  Grenoble,  Isère. 

Lebrun  (Albert-François).  Ingénieur  au  corps  des  Mines, 
7,  place  Saint-Jean,   Nancy,  Meurthe-et-Moselle. 

*Lecoeuvre  (Francis).  Ingénieur,  229.  faubourg  St-Honoré, 
Paris. 

*Le  Coin  (Albert).  Docteur.  15,  rue  Guénégaud,   Paris. 

*Le  Coin  (Madame),  née  d'Orbigny,  15,  rue  Guénégaud. 
Paris. 

*Leenhardt  (Franz).  Professeur  agrégé  à  la  Faculté  de  théo- 
logie, 12,  faubourg  du  Moustier,  Montauban,  Tarn-et- 
Garonne.  —  D. 

Legay  (Gustave).  Receveur  de  l'Enregistrement  et  des 
Domaines,  22.  rue  de  Flahaut.  Boulogne-sur -Mer, 
Pas-de-Calais. 

Léger  (Louis),  Professeur  à  l'Université.  Grenoble,  Isère. 

*Le  Marchand.  2.  rue  Traversière,  Petit-Quevilly,  Seine- 
Inférieure. 

*Lemière  (Léonce),  Ingénieur  civil  des  Mines,  Ingénieur 
principal   à    Montvicq,  Monlvicq,  Allier. 

*Lemoine  (Paul),  Licencié  èssciences  naturelles,  76,  rue 
Notre-Dame-des-Champs,  Paris. 

*Lennier,  Conservateur  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Le  Havre,  Seine  Inférieure.  —  D. 

*Léon  (Paul).  Ancien   élève  de  l'École  normale  supérieure. 
Agrégé  d'histoire   et  de   géographie,    127,    Boulevard 
'  Haussmann,  Paris. 


38  VIII*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Le  Pairk,    frères,   Fabricants   de   plâtre,  Lagny,  Seine-et- 
Marne. 

*Leriche  (Maurice),  Préparateur  de  géologie  à  la  Faculté 
des  Sciences  de  Lille.  159,  rue  Brûle-Maison,  Lille, 
Nord. 

Letellier   (Georges).   Fabricant  de  plâtres,    123,   quai  de 
Valmy,  Paris. 

Levât   (David),    Ingénieur  civil    des    Mines,    9,    rue    du 
Printemps,  Paris.  —  D. 

Lévy  (Raphaël  Georges).  20,  rue  Taitbout,  Paris. 

Lez  (Achille).  Conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Lorrez- 
le- Bocage,  Seine-et-Marne.  —  D. 

L'HoTE.   16,   rue   Chanoinesse,   Paris.  —  D. 

LiNDER,    Oscar,  Inspecteur  général  des  Mines,  en  retraite, 
38,  rue  du   Luxembourg,  Paris. 

*LoNQUÉTY  (Maurice),  Ingénieur  civil  des  Mines.  Outreau, 
près  Boulogne-sur-Mer,  Pas-de-Calais 

*LoRY  (Pierre  Charles).  Sous-Directeur  du  laboratoire  des 
recherches  géologiques  de  l'Université  (Faculté  des 
sciences),  Grenoble,  Isère.  —  D. 

Maisonville  (F.  de).  Grenoble.  Isère. 

Malatray    (Antoine),    Ingénieur    en   chef   des  Mines    de 
Béthune,  Bully-Grenay,  Pas-de-Calais. 

Manhès  (Pierre),    Ingénieur   métallurgiste,    3,    rue    Sala, 
Lvon,  Rhône.  —  D. 

*Marboutin  (Félix),  Sous-Chef  à  l'observatoire  de  Mont- 
souris,  78,   Boulevard  S*-Michel,    Paris. 

*Margerîe  (Emm.  de).   132,   rue  de  Grenelle.   Paris.  —   D. 

*Marie.  Préparateur  au  lycée  Charlemagne.  5.  rue  Basse- 
des-Carmes,   Paris. 

*Martel  (Edouard-Alfred^  Secrétaire-général  de  la  Société 
de  spéléologie,  8,  rue  Ménars,    Paris.  —  D. 

Martonne    (E.    de^     Chargé    de    cours    de   géographie    à 
l'Université  de  Rennes,  Ille-et-Vilaine. 

Maurov  (de).  Ingénieur  des  Mines,  Vassy,  Haute-Marne. 


LISTE   DES   MEMBRES  3g 

Memin  (Louis),  Vice-secrétaire  de  la  Société  géologique,  169, 
rue  S*-Jacques,  Paris. 

*Mercey  (N.  de),   à  La  Faloise,  Somme. 

Mettrier  (Maurice),  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  Mont- 
pellier, Hérault. 

Meunier  (H.),  Fabricant  de  liqueurs,  rue  Épailly,  Voiron, 
Isère. 

*Meunier  (Stanislas).Professeur  de  géologie  au  Muséum  d'His- 
toire naturelle,  7,  boulevard  Saint-Germain,  Paris. —  D. 

*MeuiMer  (Madame  Stanislas),  7,  boulevard  Saint-Germain, 
Paris. 

*Meunier  (Mademoiselle  Alice  Stanislas) ,  7,  boulevard 
Saint-Germain,  Paris. 

Michel  (Léopold),  Maître  de  conférences  à  l'Université  de 
Paris,  Sorbonne,  128,  avenue  de  Neuilly,  Neuilly, 
Seine. 

*Michel-Lévy  (A.),  Membre  de  l'Institut,  Inspecteur  général 
des  Mines,  Directeur  du  Service  de  la  Carte  géolo- 
giffue  de   la   France,   26,    rue  Spontini.    Paris    —  D. 

MîGNOT  (André),  Ingénieur  en  chef  à  la  Société  des  aciéries 
de  France.  4.  avenue  des  Tilleuls,  Paris,  Auteuil. 

MiLNE-EDWARDs(Alph.),  Membre  de  rinstitut,Paris  (Décédé). 

MoNTHiERs  (Maurice),  Ingénieur  civil  des  Mines,  50,  rue 
Ampère,  Paris.  —  D. 

MoTTET,  à  la  Préfecture,  Grenoble,  Isère. 

*MouREAU,  à  Montigny-les-Vesoul,  près  Vaivre,  H*«-Saône. 

*Munier-Chalmas  ,  Professeur  de  géologie  à  l'Université 
(Faculté  des  Sciences),  75,  rue  Notre-Dame-des- 
Champs,  Paris.  —  D. 

Muséum  d'Histoire  naturelle  (Laboratoire  de  paléontologie 
du).   Place  Valhubert,   Paris. 

Neufville  (H.  de).  Ingénieur  des  Mines,  6,  rué Halévy,  Paris. 

*NiCKLÈs  (René).  Docteur  ès-sciences,  Chargé  d'un  cours  à 
la  Faculté  des  sciences  de  Nancy,  27  bù,  rue  des 
Tiercelins,  Nancy,  Meurthe-et-Moselle.  —  D. 


4o  VUI^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*NivoiT,  Inspecteur  général  des  Mines.  Professeur  de 
géologie  à  l'École  des  Ponts-el-Chaussées,  2,  rue  de  la 
Planche,   Paris.  —  D. 

*Œhlert  (D. -P.),  Correspondant  de  l'Institut,  Conservateur 
du  Musée  d'Histoire  naturelle,  29.  rue  de  Bretagne, 
Laval,   Mayenne.  —  D. 

*OEhlert  (M""'' D.-P.),  29.  rue  de  Bretagne,  Laval,  Mayenne. 

*Offret  (A.),  Professeur  de  minéralogie  à  l'Université  de  Lyon, 
villa  Sans-Souci.  53.  chemin  des  Pins,  Lyon.  Rhône. 
*Olivier  (E.),    Directeur  de  la  Hcrue  scientifique   du  Bour- 
bonnais et    du    Centre    de   la   France,    10.    Cours    de 
la    Préfecture.  Moulins-sur-Allier,   Allier. 

Olry  (Albert).  Ingénieur  en  chef  des  Mines.  23,   rue  Cla- 
peyron.  Paris,   Seine. 

Orieulx  de  la  Porte  (Joseph),  Secrétaire  général  de  la  C»* 
desMines  de  Vicoigne  et  de  Nœux.  Nœux,  Pas-de-Calais. 

Pange  (P.  de),  7,  boulevard  Jules  Janin,  S^-Étienne.  Loire. 

Papuchon  (Alexis).  Colonel  commandant  le  Génie  de  la 
sixième  région,  Cours  d'Ormesson,  Chàlons-sur-Marne, 
Marne. 
*Paquier  (Victor-Lucien),  Préparateur  de  géologie  à  l'Uni- 
versité (Faculté  des  Sciences).  6,  rue  Paul-Bert, 
Grenoble.  Isère.  —  D. 

*Parat  (L'abbé  Alexandre),  Curé  de  Bois-d'Arcy,  par  Brosses, 
Yonne.  —  D. 

*Parran  (Alphonse).   Ingénieur  en  chef  des  Mines,  56.  rue 

des  Saints-Pères,  Paris.  —  D. 
*Pellat  (Ed.),  Inspecteur  général    honoraire  des   établisse- 
ments de  bienfaisance  au  Ministère  de  l'Intérieur.  19, 

avenue  du  Maine,    Paris.  —  D. 
Pelloux,     père    et    fils    et    C* ,    Fabricants    de    ciments 

Grenoble.   Isère.  —  D. 
Périn   frères.    Fabricants    de    chaux    hydraulique.    Char- 

leville,   Ardennes.  —  D. 
*Peron  (Alphonse),   Correspondant  de  l'Institut.   Intendant 

militaire  au  cadre   de   réserve,  H.   avenue  de  Paris, 

Auxerre,    Yonne.  —  D. 


LISTE   DES   MEMBRES  ^l 

*Pkrvinquière  (Léon),  Préparateur  du  cours  de  géologie  de 
la  Sorbonne,  40,    rue  de  Vaugirard.  Paris. 

Petin  (Charles),  Château  de  Vourey,  Isère. 

Petitclerc  (Paul).  17,  rue  de  TAigle-Noir,  Vesoul,  Haute- 
Saône. 

*Picou,  père,  123.  rue  de  Paris,  S*-Denis. 

*Picou.  fils,   123,  rue  de  Paris,  S*-Denis. 

PiNAT  (Charles-Eugène),  Maître  de  forges,  Allevard,  Isère. 

PiTARD  (Charles- Joseph),  Chef  des  travaux  de  botanique  à 
la  Faculté  des  Sciences,  Bordeaux,  Gironde. 

Potier.  Membre  de  Tlnstitut,  Ingénieur  en  chef  des 
Mines,  professeur  à  l'École  des  Mines,  89,  boulevard 
Saint-Michel,  Paris   —  D. 

Priem,  Professeur  au  Lycée  Henri  IV,  135,  boulevard 
Saint-Germain,    Paris.  —  D. 

*Primat  (Jean-Antoine),  Ingénieur  au  corps  des  Mines,  5  6/.v, 
boulevard  Gambetta.  Grenoble,  Isère.  —  D. 

Prudhomme  (Félix),  Négociant,  7,  rue  Gustave-Flaubert, 
Le  Havre,  Seine-Inférieure. 

*Ramond  (G.).  Assistant  de  géologie  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, 18,  rue  Louis-Philippe,  Neuilly-sur-Seine.  —  D. 

RAMuet  C%  Maîtres  de  carrières,  Raon-l'Étape,  V^osges.  — D. 

Raspaîl  (Julien),  19,  Avenue  Laplace,  Arcueil,  Seine. 

*Raulin  (Victor»,    Professeur    honoraire  de  la   Faculté  des 
Sciences  de  Bordeaux,  Montfaucon  d'Argonne,  Meuse. 

♦Raveneau  (Louis).  Agrégé  d'histoire  et  de  géographie.  76, 
rue  d'Assas,  Paris.  —  D. 

Raymond  (Pierre-Albert),  Manufacturier,  113,  Cours  Ber- 
riat,  Grenoble,  Isère. 

*Regnault  (Edouard),  30,    boulevard    du    Roi,    Versailles. 
Seine-et-Oise.  —  D. 

Rejaudry  (Emile),  Propriétaire,  14,  Rempart  du  Midi, 
Angoulême,  Charente. 

*Renault  (Bernard  ,   Assistant  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle. Botanique,  l,  rue  de  la  Collégiale,  Paris. 


4^  Vni*^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

*Renty  (Camille  de).  Ingénieur  des  Arts  et  Manufactures, 
H,   avenue  de   Boufflers,  Paris. 

Repelin  (J.),  Docteur  ès-sciences,  Chargé  d'un  cours  à 
la  Faculté  des  Sciences,  Marseille,  Bouches-du- 
Rhône. 

RÉROLLE,    Directeur  du   Muséum,  Grenoble,  Isère. 

Reumaux  (Élie),  Ingénieur,  Agent  général  de  la  Compa- 
gnie de  Lens,  Pas-de-Calais. 

Revelière  (Louis),  Ingénieur  aux  Mines  de  Maries,  Auchel, 
Pas-de-Calais  (Décédé). 

Reymond  (Ferdinand),  Membre  de  la  Société  géologique 
de  France,  Veyrins,  Isère.  —  D. 

*Reymond  (Marcel),  place  de  la  Constitution,  Grenoble, 
Isère. 

Reyt  (Pierre-Anselme-Louis),  Préparateur  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Bordeaux,  Bouliac,  Gironde. 

RiAZ   (de).  Banquier,  10,   quai  de  Retz,  Lyon,  Rhône. —  D. 

RrcHARD  (Henri-Charles-Constant-Adolphe),  73,  rue  Cardi- 
nal  Lemoine.  Paris. 

*RicHE  (Attale),  Docteur  ès-sciences.  Chef  des  travaux  de 
géologie  à  la  Faculté  des  Sciences,  9,  rue  Saint- 
Alexandre,   Lyon,    Rhône. 

*RiGAUx  (Edmond),  15,  rue  Simoneau,  Boulogne- sur-Mer, 
Pas-de-Calais. 

RisLER  (Eug.),  Directeur  honoraire  de  Tlnstitut  national 
agronomique,   106  ^'\  rue  de  Rennes,  Paris. 

RivoiRE-ViCAT  (Marc),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts-et- 
Chaussées,  1,  rue  de    la  Liberté,   Grenoble.  Isère. 

Robert  (Eugène).  Papetier,  13,  rue  Saint-Jacques,  Gre- 
noble, Isère. 

*RoBiEN  (Comte  André  de),  Conseiller  général   de  la  Loire- 
Inférieure,    Château     de     Montgiroux,    par    Alexain, 
Mayenne. 
RoBîNEAU  (Théophile),  Ancien  Avoué,    4,  avenue    Carnot, 
Paris    —  D. 


LISTE   DES   MEMBRES  ^3 

*RoMAN  (Frédéric),  Docteur  ès-scionces.  Préparateur  à  la 
Faculté  des  Sciences,  2.  quai  Saint-Clair,  Lyon, 
Rhône.  —  D. 

Rossignol  et  Delamarche,  Fabricants  de  ciments,  5  bù, 
boulevard  Gambetta,   Grenoble,  Isère.  —  D. 

RouAULT,  Professeur  d'agriculture,  rue  Doudart-de-Lagrée, 
Grenoble,    Isère. 

*RoussEL  (Joseph),  D^  ès-sciences.  Professeur  au  Collège, 
5,  Chemin  de  Velours.  Meaux,  Seine-et-Marne. 

Routier  (Gaston),  13.  rue  Voltaire.  La  Garenne-Colombes. 
Seine. 

RouvîLLE  (Paul-Gervais  de),  Doyen  et  Professeur  hono- 
raire de  la  Faculté  des  Sciences  de  Montpellier,  iO, 
rue  Henri-Garnier,  Montpellier,    Hérault.  —  D. 

*RouYER  (Charles-Henri-Camille),  Avocat,  Membre  de  la 
Société  géologique  de  France,  25,  rue  de  Vaugirard, 
Paris. 

Sage  (Henri),   6*'''.  rue  du   Clollre-Notre-Dame,  Paris. 

Sage  (Madame),  place  S^-Nicolas,  Bastia,  Corse. 

Saînjon  (Henri).  Inspecteur  général  des  Ponts-et-Chaussées, 
en  retraite,  Directeur  du  Musée  d'Histoire  naturelle, 
14  **^.  rue  des  Bouteilles,  Orléans,  Loiret. 

Sainson  (touis-Gustave),  Bijoutier,  5,  rue  J.-J. -Rousseau, 
Grenoble,  Isère. 

♦Sauvage  (D^  Emile),  Conservateur  des  Musées,  Boulogne- 
sur-Mer,  Pas-de-Calais. 

Savin  (Léon-Héli).  Chef  de  bataillon  au  97*"  régiment 
d'infanterie,  Chambéry,    Savoie. 

*Sayn  (Gustave),   Mont  vendre,   Drôme. 

*ScHLUMBERGER  (Charlcs),  Ingénieur  de  la  marine  en  retraite, 
16,  rue  Christophe-Colomb,   Paris.  —  D 

Schneider  et  C'^   Le  Creusot,  Saône-et-Loire.  —  D. 

ScHNEmER  (P.).  Président  du  Crcusot,  1,  boulevard  Males- 
herbes,   Paris. 

SEBELfN,  Entrepreneur.  Square  des  Postes,  Grenoble,  Isère. 


44  VIII*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Skunks  (Jean),  Professeur  à  la  Faculté  des  Sciences,  40, 
Faubourg  de   Fougères,    Rennes.   Ille-el-Vilaine. 

Simon  (Auguste),  Ingénieur,  Agent  général  de  la  C'*  de 
Liévin,  Pas-de  Calais.  —  D, 

Société  anonyme  des  Aciéries  de  France,  29.  quai  de 
Grenelle,   Paris    -  D. 

Société  anonyme  des  mines  d'Albi,  Tarn  (G.  Petitjean, 
Administrateur  délégué),  5.  rue  Chauchat,  Paris.  —  D. 

Société  des  Amis  de  l'Université  de  Normandie,  Caen 
Calvados.  —  D. 

Société  lyonnaise  des  schistes  bitumineux  d'Autun. 
Saône-et-Loire  (Bayle,  directeur),  6.  rue  Le  Peletier, 
Paris.  —  D. 

Société  nouvelle  de^^  charbonnages  des  Bouches-du- 
Rhône.   55,  rue  de  Châteaudun,  Paris.  — D. 

Société  anonyme  des  ciments  français,  Boulogne-sur- 
Mer,  et  80,    rue  Taitbout,  Paris    —  D. 

Société  anonyme  des  mines  de  Carmaux,  35,  rue 
Pasquier,   Paris.  —  D. 

Société  anonyme  de  Commentry-Fourchambault,  16,  place 
Vendôme,  Paris.  —  D. 

Société  anonvme  des  houillères  et  du  chemin  de  fer 
d'Epinac  (Saône-et-Loire).  à  Epinac,  et  13,  rue  de 
Londres,   Paris.  —  D. 

Société  de  l'Industrie  minérale,  Saint-Etienne,  Loire.  —  D. 

Société  anonyme  des  Aciéries  et  Forges  de  Firminy  (A. 
Hugot,   directeur),  Firminy,   Loire.    -  D. 

Société  de  Géographie  de  Lille  (M.  le  Président  de  la), 
Lille,    Nord. 

Société  Géologique  du  Nord,  159,  rue  Brûle-Maison,  Lille. 
Nord. 

*Société  anonyme  des  glaces   et  produits  chimiques  de  S^- 
Gobain.  Chaunv  etCirev,  9.  rue  S^«-Cécile,  Paris    -  D. 

Société  anonyme  des  mines  de  la  Loire,  47,  rue  Joubert, 
Paris.  —  D. 


LISTE   DES   MEMBKES  /|5 

Société  des  Anthracites  de  La  Mure,  La  Mure,  Isère.  —  D. 

Société  anonyme  des  houillères  de  Montrambert  et  la 
Béraudière,  'J,  rue  de  la  République,  Lyon,  Khône.  —  D. 

Société  des  Sciences  naturelles  de  la  Charente-Inférieure. 
(A.  DoUot,  délégué),  La  Rochelle,  Charente-Infé- 
rieure. 

Société  anonyme  des  mines  de  charbon  minéral  de  la 
Mayenne  et  de  la  Sarthe,  42,  rue  Crossardière,  Laval, 
Mayenne. 

Société  Géologique  de  Normandie  (M.  le  Président  de  là), 
au  Muséum  d'Histoire  naturelle.  Le  Havre,  Seine- 
Inférieure. 

Société  des  Hauts-Fourneaux  et  Fonderies  de  Pont-à- 
Mousson,   Pont-à-Mousson,   Meurthe-et-Moselle.  —  D. 

Société  des  houillères  de  Ronchamp  (M.  Poussigue,  direc- 
teur), Ronchamp,   Haute- Saône.  —  D. 

Société  des  Sciences  naturelles  de  Saône-et  Loire,  Chalon- 
sur-Saône,   Saône-et-Loire. 

Société  scientifique  et  littéraire  d'Alais,  Alais,  Gard. 

Société  de  Vézin-Aulnoye  (M.  Victor  Sépulchre,  représen- 
tant, directeur  des  établissements  de  TEst  de  la), 
Maxéville,   près   iNancy,  Meurthe-et-Moselle.  —  D. 

SouBEiHÂN  (Alfred),  Ingénieur  des  mines,  Conseil  de  la 
Société  *des  Ciments  français,  80,  rue  Taitbout,  Paris. 

*Stuer  (Alexandre),  Comptoir  français  géologique  et  miné- 
ralogique,   4,   rue  de  Castellane,   Paris    —  D. 

*SïUEK  (Madame  A.),  4,  rue  de  Castellane,  Paris. 

Tardy  (Charles),  Membre  de  la  Société  Géologique  de 
France,  6,  rue  des  Cordeliers,   Bourg,   Ain. 

Tardy  (Madame),   12,  rue  Lalande,  Bourg,  Ain.  —  D. 

Tardy,  12,   rue  Lalande,  Bourg,  Ain. 

*Termier,  Ingénieur  en  chef  au  corps  des  Mines,  Profes- 
seur de  Minéralogie  à  TÉcole  des  Mines,  164,  rue  de 
Vaugirard,  Paris.  —  D. 

Terray  ^Alphonse),  Industriel,  Grenoble,  Isère. 


^6  VIU^    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

*Thevenin  (  Armand  \  Préparateur  au  Laboratoire  de 
Paléontologie  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  43, 
boulevard    Henri    IV,   Paris.  —  D. 

Thibaud,    Maître  d'hôtel.    Grand-Hôtel.  Grenoble,  Isère. 

Thiéhy  (Adolphe»,  rue  Corneille,  7,  Paris.  —  D.  (Décédé). 

Thiriet  (Auguste),  Professeur,  Conservateur  du    Musée  de 

Sedan,   Halan-Sedan.  Ardennes. 

*TuoMAS  iH.'.  Chef  des  Iravaux  graphiques  au  Service  de 
la  Carte  géologique  de  France,  boulevard  Saint- 
Michel.  ()2,  Paris. 

*Thomas  (Philadeiphe),  Docteur  en  médecine,  Tauziès,  par 
Gaillac,  Tarn. 

Thomas  (Philippe»,  Vétérinaire  principal  de  i^  classe  de 
rArfnée,  22''%  avenue  Rapp,  Paris. 

TuoRHAND  et  C'^  Fabricants  de  ciments,  rue  de  la  Liberté, 

Grenoble.  Isère.  —  D. 
Thouvard-Maktin  et  C'",  Banquiers,  Grenoble,  Isère. 

ToRCAPEL  (Alfred),  Ingénieur  en  retraite  de  la  Compagnie 
P.-L.-M.,  rue  Joseph  Vernet,  36*>K  Avignon.  Vau- 
cluse.  —  D 

*TouRNOUER   (André),   43.  rue  de  Lille.  Paris. 

Trillat  (Madame  veuve).  Maltresse  d'hôtel.  Hôtel  MonneL 
Grenoble,  Isère. 

Truc  (Victor),  Imprimeur,  5,  rue  Denfert-Rochereau,  Gre- 
noble, Isère. 

Université  de  Caen,  Calvados,  laboratoire  de  géologie. 

Université  de  Grenoble,  Isère.  —  D. 

Université  de   Lille,  Nord.  —  D. 

Vaillant  (Léon),  Professeur  au  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, 36,  rue  GeofIroy-S*-Hilaire,  Paris.  —  D. 

Vallier,  Directeur  de  la  Succursale  de  la  Société  générale, 
Grenoble,  Isère. 

*Vasseur  (Gaston).  Docteur  ès-sciences,  Professeur  de 
géologie  k  la  Faculté  des  Sciences,  boulevard  Long- 
champs,  110,  Marseille,  Bouches  du-Rhône.  —  D. 


LISTE   DBS   MEMBRES  47 

VÉDiER  (Edmond),  Administrateur  délégué  de  la  Société  des 
Carrières  des  Charentes,  4,  Rempart  de  l'Est,  Angou- 
lème,  Charente.  —  D. 

*Vélain  (Charles),  Professeur  de  géographie  physique  à 
l'Université  (Faculté  des  Sciences,  Sorbonne),  9,  rue 
Thénard,  Paris.  —  D. 

Vernière,  Directeur  de  la  Herue  tVAucenjne,  rue  Fonlgière, 
Clermont-Ferrand.  Puy-de-Dôme. 

ViALLET  (Félix),  Ingénieur-Constructeur,  2,  rue  d'Échi- 
roUes,  Grenoble,  Isère.  —  D. 

ViALLET  (Paul),  Brasseur,  33,  avenue  Alsace-Lorraine,  Gre- 
noble, Isère. 

ViCAT  et  C'%  Fabricants  de  ciments,  Grenoble,  Isère.  —  D. 

Vidal  de  La  Blacue,  Professeur  de  géographie  à  l'Université 
(Faculté  des  Lettres,Sorbonnej,6,rue  de  Seine,  Paris.—  D. 

ViLLAiN  (François),  Ingénieur  au  Corps  des  Mines,  57, 
rue  Stanislas,  Nancy,  Meurthe-et-Moselle. 

Voisin  (Honoré),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  Ingénieur  en 
chef  de  la  Compagnie  des  Mines  de  la  Roche-Molière 
et  Firminy,  Firminy,  Loire.  —  D. 

*Wallerant  (F.),  Malire  de  conférences  à  l'École  normale 
supérieure,  45,  rue  d'Ulm,  Paris. 

WûHRER,  Graveur,  4,  rue  de  l'Abbé-de  l'Épée,  Paris.  —  D. 

*Zeiller  (René),  Ingénieur  en  chef  des  Mines,  Professeur  à 
l'École  des  Mines,  8,  rue  du  Vieux-Colombier,  Paris. 

ZiPPERLEN  (Adolphe),  Ingénieur,  21,  rue  Ballu,  Paris. 

*Zlrcher  (Ph.),  Ingénieur  en  chef  des  Ponts-et-Chaussées, 
Digne,  Basses-Alpes.  —  D. 

GRANDE-BRETAGNE 

Adiassewich  (A.),  5,  Fen  Court,  London,  E.  C. 

Batuer  (Francis-Arthur),  M.  A.,  British  Muséum  (Natural 
History),  South  Kensinglon,  Cromwell  Road,  London 
S.  W. 


48  VIII*'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Bauehman  (Hilary),  Professeur  de  métallurgie  à  rOrdûance 
Collège,  14,  Cavendish  Road,   Balham,   London   S.W. 

*Blanford  (W.-T.),  Bedford  Gardens,  72,  Campden  Bill,  W., 
Londou . 

BowMAN  (Herbert-L.),  University  Muséum,  Oxford. 

British  Muséum   Library,  London. 

British  Muséum  of  natural  History ,  Geological  Depart- 
ment, London. 

*CoLE  (A.  J.  Grenville),  Professeur  de  géologie  au  Collège 
Royal  de  Science  d'Irlande,  Royal  Collège  of  Science, 
Dublin. 

CooMAKA-SwAMY  (A.  K.),  Waldcn,  Worplesdon,  Guildford. 

Ekin  (Charles-Fieldhead),  Corkran  Road,  Surbiton,  Kings- 
ton-on-Tharaes. 

*EvANS  (sir  John),  D.  C.  L.,  F.  R.  S.,  F.  G.  S.,  Corres- 
pondant de  l'Institut  de  France,  à  Nash  Mills,  Hemel- 
Hempstead,  Hertfordshire. 

*EvANs  (Lady  John),  Nash  Mills,  Hemel-Hempstead . 

*Geikie  (Sir  Archibald),  Correspondant  de  l'Institut  de 
France,  Directeur  général  du  Service  géologique  de 
la  Grande-Bretagne,  28,  Jermyn  street,  London  S.  W. 

Graves  (Henry-George),  Ingénieur,  5,  Robert  street,  Adel- 
phi,  London   W.  C. 

*Green  (Upfield),  8,  Bramshill  Road  Harlesden,  London 
N.  W. 

*Hardy  (Marcel),  Géologue,  Geological  Survey  OlBce, 
Sherifl  Court  Buildings,  Edinburgh. 

Herries  (R.  s.),  24,  Gloucester  Street,  London  S.  W. 

HiNTON  (Henry  Arthur),  Professeur  de  géologie,  Royal 
Collège  of  Science,  7,  Cranhurst  Road,  WiUesden 
Green,  London  N.  W. 

*HoBsoN  (Bernard),  M.  Se,  Professeur  de  géologie  à  Owens 
Collège,  Manchester. 

HuDLESTON  (W.  H.),  M.  A.,  F.  R.  S.,  F.  L.  S.,  F.  G.  S., 
8,  Stanhope  Gardens,  South  Kensington,  London  S.  W, 


LISTE   DES   MEMBRES  49 

HuLL  (Edward),  F.  R.  S.,  20,  Arundel  Gardens,  Notting 
Hill,  London  W. 

*JoHN8TON  (Miss  Mary),  Hazelwood,  Wimbledon  Hill,  Surrey. 

*JoLY  (J.),  D.  Se,  F.  R.  S.,  Professeur  de  géologie  et  miné- 
ralogie à  Trinity  Collège,  Dublin. 

Jures  Browne  (Alfred  John),  Etruria  Kents  Road,  Tor- 
quay. 

JusTEN  (F.  W.)  (Dulau  and  C*»),  37,  Soho  Square,  Lon- 
don W. 

Kynaston  (Herbet),  B.  A.,  Service  géologique  d'Ecosse, 
Glenlyon  House,  Dalmally,  Argyllshire. 

*Llanos  (Eduardo),  96,  Leadenhall  Street,  London  E.  G. 
*Louis,  D.  A.,   77,  Shirland  gardens,  London  W. 

LuBBOCK  (The  Rt.  Hon.  Sir  John),  Bart.,  P.  G.,  M.  P.,  D.  G.  L., 
LL.  D.,  F.  R.  S.,  F.  L.  S.,  F.  S.  A.,  15,  Lombard  Street, 
London  E.  G. 

Medlicott  (H.  B.),  M.  A.,  F.  R.  S.,  Directeur  du  Service 
géologique  de  Tlnde.  Gare  of  MM.  H.  S.  King  et  G^ 
65,  Gornhill,  London  E.  G. 

Owen's  GoUege  Muséum,  Manchester. 

♦Palmer  (G.  W.),  M.  A.,  Glifton  Gottage,  Glifton,  Bristol. 

*Penteco8t  (Rev.  Harold),  M.  A.,  Glifton  Gollege,  32,  Gollege 
Road,  Glifton,  Bristol. 

Public  Library  of  Manchester,  Manchester. 

*Read  (Motte  Alston),  Géologue  et  paléontologue.  Union 
Bank  of  London,  2,  Prince's  Street,  London  E.  G. 

*Reynolds  (Sidney  H.),  M.  A.,  Professeur  de  géologie  et 
zoologie,  University  Gollege,  Bristol. 

SOLLAS  (W.  J.),  D.  Se,  LL.  D.,  M.  A.,  F.  R.  S.  L.  et  E., 
Fellow  of  St.  John's  Gollege  (Cambridge),  Professeur 
de  géologie  à  l'Université  d'Oxford,  169,  Woodstock 
Road,  Oxford. 
•Stirrup  (M.),  Ancien  Président  de  la  Société  géologique  de 
Manchester,  High  Thorn,  Stamford  Road,  Bowdon, 
Gheshire . 


4. 


5o  ViU^  CONGRÈS   GEOLOGIQUE 

Stodges^Figgis,  104,  Graplon  Street,  Dublin,  Irlande. 

Teal  L.  (J.-H.),  F.  R.  S.,  Président  de  la  Société  géologique 
de  Londres,  28,  Jermyn  street,  London  S.  W. 

Temple  (Miss  Mary),  London. 

*WuiTE  (Joseph  Fletcher),  F.  G.-S.,  15,  Wentworth  street, 
S«-John,  Wakefield. 

*Whitley  (Miss  Eva),   18,  Westbourne  Terrace  Road,  Hyde 
Park,  London  W. 

WooDWARD  (Henry),  LL.D.,  F.R.S.,  Conservateur  de  la 
section  de  géologie  au  British  Muséum,  129,  Beaufort 
Street,  Chelsea,  London  S.  W. 

YouNG  (Alfred  C),  Chimiste  industriel,  64,  Pyrwhitt  Road, 
SWohn's,  London  S.  E. 

ITALIE 

^Ambrosioni  (Michelangelo),  D>^Sc.  nat.,  Merate,  Milano. 

^Baldacci  (Luigi),  Ingénieur  en  chef  des  mines,  Reale  Uffîcio 
geologico,  1,  Via  Santa  Suzanna,  Roma. 

Bassani  (François),  Professeur  de  géologie  et  de  paléonto- 
logie à  l'Université  royale,  Napoli. 

*BoNARELLi  (D*^  Guido),  Reale  Museo  geologico,  Palazzo  Cari- 

gnano,  Torino. 
Bossi  (Carlo),  Ingénieur  des  Mines,  Via  due  Macelli,  66,  Roma. 

BoTTi  (U.),  Reggio,   Calabria. 

*Canavari  (Mario),  Professeur  de  géologie  à  TUniversité,  Pisa. 

Capacci  (Celso),  Ingénieur  des  Mines,  Valfonda,  7,  Firenze. 

*Capellini  (Giovanni),    Sénateur,   Professeur  de  géologie  à 
l'Université,  Bologna. 

Cattaneo  (Roberto),  Administrateur  délégué  de  la  Société 
de  Monteponi,  51,  via  Ospedale,  Torino. 

CoccHi  (J.),  Professeur  à  Tlnstitut  des  Hautes  Études,  51, 
Via  Pinti,  Firenze,  Italie. 

*Crema    (Camillo),   Ingénieur   au  Corps   Royal   des   mines 
d'Italie,  32,  rue  Saluzzo,  Torino. 


LISTE   DBS   MEMBRES  Ol 

"^D'ÂcHiARoi  (Giovaaui),  Libero  Docente  de  minéralogie   à 
l'Université,  Pisa. 

♦Dainelli  (Giotto).  D'  es-sc,  12,  Via  La  Marmora,  Firenze. 

*De  Angelis  d'Ossat  (G.),  Assistant  au  Cabidet  géologique 
de   l'Université  à  Rome,  Roma. 

De  Gregorio  (marquis  Antoine),  Directeur  des  Annales  de 
fléologie  et  de  paléontoloyie,    128,   rue  Molo,  Palermo. 

*De  Marchi  (M.),    Membre  de  la  Société  géologique  d'Italie, 
23,  Via  Borgo-Nuovo,   Milano. 
Deryieux  (l'abbé  Ermanno),  Professeur,  34,  Via  Massena, 
Torino. 

*De  Stéfani  (Charles),  Professeur  de  géologie  à  l'Institut 
des  Hautes-Études,  Firenze. 

*Di-Stefano  (Giovanni),  Paléontologue  du  Comité  géologique 
d'Italie,   1,   Via   Santa-Susanna,  Roma. 

Ferraris  (Erminio),  Ingénieur  des  Mines,  Directeur  de  la 
Société  de  Monteponi,  Monteponi,  Sardaigne. 

*Franchi  (Secondo),  Ingénieur  du  corps  royal   des  Mines, 
Via  Santa  Susanna,  1,  Roma. 

Levi   (Baron    A.    S.),    Membre   de   la   Société  géologique 
d'Italie,   7,   Piazza  Azeglio,   Firenze. 

Marchi  (P.),  Professeur,  Président  de  l'Institut  Royal  tech- 
nique, Firenze. 

♦Mattirolo    (Hector),     Ingénieur    des    Mines,     Via   Santa 
Susanna,    1,    Roma. 

♦Mattirolo    (Madame     Sophie),    via     Carlo     Alberto,     45, 
Torino. 

Meli  (Romolo),    Professeur  de   géologie  à  l'École  Royale 
des  Ingénieurs,  Via  Teatro  Valle,  51,  Roma. 

*NicoLis  (Enrico),   Corte  quaranta,  Verona. 

NovARESE  (V.),  Ingénieur  au  Corps  Royal  des  Mines,  1,  Via 
Santa  Susanna,  Roma. 

Omboni  (Giovanni),  Professeur  de  géologie  à   l'Université, 
Padova, 

Palopoli  (A.),  Élève  ingénieur  des  Mines,    Roma. 


5*2  VIII*   CONGRÈS  GKOLOGIQUB 

Parona  (Carlo  Fabrizio),  Professeur  de  géologie,  Palazzo 
Carignano,  Torîno. 

♦Platania  (Gaetano),  Professeur  d'histoire  naturelle  au 
Lycée,  Acireale,  Sicile. 

PoRTis  (Alessandro),  Docteur  ès-sciences,  Professeur  de 
géologie  et  paléontologie,  à  TUniversité  de  Rome,  Roma. 

*RivA  (D'f  Carlo),  Libero  Docente  au  Cabinet  minéralogique 
de  rUniversité  de  Pavie,  Pavia. 

*Sabatîni  (Venturîno),  Ingénieur  au  Corps  Royal  des  Mines 
d'Italie,  Attaché  au  Service  du  Bureau  géologique,  1, 
via  Santa  Susanna,  Roma. 

*Sacco  (Federico),  Professeur  de  paléontologie  à  l'Université, 
Palazzo  Carignano,  Torino. 

Société  géologique  italienne  (Aug.  Statuti,  Ingénieur, 
Trésorier),  Via  Santa  Susanna,  1,  Roma. 

*Stella,   1,  via   Santa  Susanna,  Roma. 

Tascone   (Luigi),   Ingénieur   assistant   à  l'Observatoire  du 

Vésuve,  Napoli-Résina. 
*Tellinî   (Achille),   Professeur,  D'  Se.  nat.,  Institut  Royal 
technique,   Udine. 

Vinassa  de  Régny  (D'  Paul),  Libero  Docente  de  géologie  et 
paléontologie,  Rédacteur  de  la  Rivista  Italiana  di  Paleon- 
tologia,  Institut  géologique  de  l'Université,    Bologna. 

♦Zaccagna  (Dominique),  Ingénieur  au  Corps  Royal  des 
Mines,   Via  Santa  Susanna,  l,  Roma. 

JAPON 

*KocHiBE(Tadatsugu),  Ingénieur,  Directeur  du  Service  géo- 
logique Impérial  du  Japon,  Tokyo. 

*Ogawa  (Takudzi),  Géologue  au  Service  géologique  Impé- 
rial, Tokyo. 

*SuzuKi  (Toshi),  Directeur  des  Houillères  Wakamatsu^ 
Kiushu. 

*Yamasaki  (D'  Naomasa),  Tokyo. 


LISTE   DES   MEMBRES 


53 


LUXEMBOURG  (GRAND-DUCHÉ  DE) 

DoNDELiNGER  (VictoD,  Ingénieur  des  Mines,  Luxembourg. 

MEXIQUE 

*AGUTr.ERA  (José-G.),  Directeur  de  l'Institut  géologique  natio- 
nal'du  Mexique, calle  del  PaseoNuevo,  2,  Mexico  (D.  F.). 

*BosE  (D»"  Eniilio),    Géologue    de    Tlnstitut  géologique    du 
Mexique,   Calle  del  Paseo  Nuevo  2,  Mexico  (D.   F.). 

*'Sellerier  (Carlos),    Inspecteur  général  des  Mines,  Mexico 
(D.  F.). 

MONACO 

S.  A.  S.  le   Prince   Alrert  V'    de  Monaco,   au   Palais   de 
Monaco,  —  D. 

NORWÈGE 

*Brôgger  (W.  C),  D'  Ph.,  Professeur  de  géologie  à   l'Uni- 
versité de  Christiania. 

*HoMAN  (C.-H.),  24,  Oscars  Gade,  Christiania. 

*KoLDERUP  (C.-F.),  Conservateur  au   Musée,  Bergen. 

*Reusch  (D'   H.),    Directeur    du    Service  géologique  de    la 
Norwège,  Christiania. 

*VoGT  (J.  H.  L.),  Professeur  de  métallurgie  à  l'Université  de 
Christiania. 

PAYS-BAS 

♦LoRiÉ  (D' J.),  Utrecht. 

*Martin  (K.),  Professeur  de  géologie  à  l'Université,  Leiden. 

*Van  Calker  (F.  J.   P.),   Professeur    à    l'Université,    Gro- 
ningue. 

*Van  der  Veur   (Guillaume-Jean-George),    Capitaine  d'artil- 
lerie, Willemstad. 


54  Vlir   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

*Van  der  Veur-Van  Walbeck  (Madame),  à  Willemstad. 
WicuMANN  (Arthur),  Professeur  à  l'Université,  Utrecht. 

PORTUGAL 

*Choffat  (Paul),  Attaché  à  la  section  des  Travaux  géoiogi- 
giques,  rua  do  Arco  a  Jesu,   113,  Lisboa. 

Delgado  (J.-F.-N.\  Directeur  des  Travaux  géologiques  du 
Portugal,  rua  do  Arco  a  Jesu,  113,  Lisboa. 

*Mendes  Guerreiro  (J.-V.),  Ingénieur  en  chef  de  i^^  classe, 
14,  Caiçada  do  Sacramento,  Lisboa. 

Rego  Lima  (J.  M.  do),  Ingénieur  des  Mines,  Professeur  de 
géologie  et  d'exploitation  des  Mines  à  l'École  militaire, 
Lisboa. 

RÉPUBLIQUE   SUD-AFRICAINE 

MoLENGRAAFF  (D'  G.  A.  F.),  Géologuc  de  l'État  de  la  Répu- 
blique Sud-Africaine,  Postbus,   436,  Pretoria. 

ROUMANIE 

*Alimanestiano  (C),  Chef  du  service  des  mines,  27,  strada 
Dômnei,   Bucuresci. 

*Alimanestiano  (Madame  Constantin).  27,  strada  Dômnei, 
Bucuresci. 

BoTTEA  (G),  Professeur  à  l'École  des  Ponts-et-Chaussées, 
7,   rue  Pitar  Mosu,  Bucuresci. 

*BuTURKANu  (Vasile-Constantin),  Professeur  de  minéralogie 
et  pétrographie,  à  l'Université  de  Jassy,  Aleca  Princesa 
Maria,  la^i. 

*CosTiN  Vellea  (G.),  Professeur  de  géographie  au  Lycée 
national,  lasi. 

LicHERDOPOL  (J.-P.),  Professeur  de  sciences  à  l'École  de 
commerce,  rue   Dorobanti,    183,  Bucuresci. 


LISTE   DES   MEMBRES  55 

Mrazec  (Louis),   Professeur  de  minéralogie  à  l'Université, 
Calea  Dorobantilor,  16,  Bucuresci. 

*i\IuNTEANu-MuRGOCi  (Georges),  Assistant  de  minéralogie  et 
paléontologie,  Bucuresci. 

*Popovici-Hatzeg,  Chef  du  Service  géologique  des  mines  au 
Ministère  des  Domaines,  10,  StradaMonataria,  Bucuresci. 

*Saabner-Tuduri   (D'   A.),    rue    Sàlcûlor,   26,    Bucuresci. 

*Saabner-Tuduri  (Madame  Hélène),  rue  Salcùlor,  Bucuresci. 

*Stefanescu  (Gregoriu),  Professeur  de  géologie  à  l'Université, 
strada  Verde,  18,   Bucuresci. 

Stefanescu  (Sabba),  Professeur,  Lycée  Saint- Sa  va,  rue 
Fanlawi,  Bucuresci. 

RUSSIE 

Abramoff  (Théodore),  Ingénieur  des  Mines,  rue  Kirpit- 
chnaïa,  Novotcherkask. 

Agababoff.  Ingénieur  des  Mines,  S^-Pétersbourg. 

Amalitzky  (Vladimir),  Professeur  de  géologie  à  l'Université, 
Varsovie. 

Androussow  (Nicolas),  Professeur  de  géologie,  Mûhlen- 
strasse,  4,    louriew. 

Armachewsky  (P.),  Professeur  à  l'Université,  Kiefl. 

*BocK    (Jean),     Conseiller    d'État    actuel,    56,    Perspective 
Anglaise,  S*-Pétersbourg. 

BoGOLiouBOw  (Nicolas),  Assistant  au  Laboratoire  de  géologie 
de  l'Université,    Moscou. 

Chovansky  (Jacob),  Ingénieur  des  Mines  du  district  de 
Taganrog-Makeevka  (Gouvernement  du  Don),  Novot- 
cherkask. 

Comité  géologique  de  Russie,  S^-Pétersbourg. 

De  VoGDT  (Constantin),  Conservateur  au  Cabinet  géologique 
de  l'Université,  au  Musée  géologique  de  l'Université, 
S^-Pétersbourg. 

*Fegr^us  (D'Torbern),  Société  Nobel  Frères,  S^-Pétersbourg. 


56  VIII«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Ghéractmow  (Alexandre),    Ingénieur    des    Mines,     Comité 
géologique,    S^-Pétersbourg. 

GouROvv  (Alexandre),  Professeur  de  géologie  à  l'Université. 
Kharkow. 

*Hackmann  (Victor-Axel),  Docent  de  minéralogie,  Fredsga- 
tan,  13,  Helsingfors 

Inostranzeff  (Alexandre),  Professeur  de  géologie  à  TUniver- 
sité,au  Musée  géologique  de  rUniversité,S^-Pétersbourg. 

*IvvANOFF  (Dimitry  Lwowitch),  Ingénieur  des  Mines,  Con- 
seiller d'État  actuel.  Directeur  en  chef  des  Mines  de 
la  Sibérie  orientale,  Irkoutsk. 

*Jacoblkw,  Ingénieur  des  Mines,  Géologue  du  Comité  géolo- 
gique, S^-Pétersbourg. 

*Jakowleff  (Demetrius  de),  Professeur  de  géographie  aux 
Instituts  du  ressort  de  la  chancellerie  de  S.  M.  TEmpe- 
reur  de  Russie,  S^-Pétersbourg. 

*Jakowleff  (Madame  Anne  de),  Membre  de  la  Société  russe 
d'Antropologie,  S^-Pétersbourg. 

*Jaczewsky  (Léonard  von),  Professeur  à  l'Ecole  des  Mines, 
Ekhatherinoslaw. 

*Karakasch  (D'  Nicolas),  Privat-docent  et  Conservateur  au 
Musée  géologique  de  l'Université,  S^-Pétersbourg. 

*Karpinsky  -Alexandre),  Directeur  du  Comité  géologique 
de  Russie,  S^-Pétersbourg. 

Lamansky  (Vladimir),    Conservateur  au  Cabinet  géologique 

de  rUniversité,  au  Musée  géologique  de  l'Université, 

S^-Pélersbourg. 
Lazareff  (Waldeman,  Ingénieur  des  Mines,  Novotcherkask. 
Lebedeff  (Nicolas).  Ingénieur  des  Mines,  Bakou,  Caucase. 
*LisTow    (Juri),  Membre  des  Sociétés  Imp.   de  minéralogie 

et  de  géographie  russes,  Tscherkassy,    Gouvernement 

de  Kievv. 
*Loewinson-Lessing    (François),   Professeur  de    minéralogie 

à  l'Université,  louriew. 
Maherow    (Jacques),    (Candidat  des  sciences   naturelles  de 

l'Université  de  S'-Pétersbourg,   Krasnoîarsk. 


LISTE   DES  MEMBRES  67 

Markow    (Eugène),    D^  phil.,  23.  Grande  Italianskaja,  S* 
Pétersbourg. 

Meister  (Alexandre),   Ingénieur  des   Mines,  Comité  géolo- 
gique S^-Pétersbourg. 

*MicHALSKY  (Alexandre),  géologue  en  chef  du  Comité  géo- 
logique  de  Russie,    S^-Pétersbourg. 

*MoucHKETOFF  (Jcau),  Ingénieur  des  Mines,  Professeur  de 
géologie  à  l'Institut  des  Mines, Wassili  Ostrow,  S^-Péters- 
bourg. 

*MoucHKETOFF  (Dimitri),  Étudiant  à  Tlnstitut  des  Mines, 
Wassili  Ostrow,  S^- Pétersbourg. 

NiKiTiN   (S.  N.),  Géologue  en  chef  du  Comité  géologique, 
S^- Pétersbourg. 

*NoRPÉ  (Magnus),  Ingénieur  des  Mines,  ex-Professeur  de 
minéralogie,  quai  de   l'Amirauté,   6,   S*-Pétersbourg. 

*Obroutscheff  (Wladimir),  Géologue,  Ingénieur  des  Mines, 
Zerkownaja,  13,    S*-Pélersbourg. 

*Orro  (C.-M.),  Consul,  Helsingfors. 

*Palmén    (Baron    Hjalmar-Philippe).    Secrétaire  à  la  Chan 
cellerie  de  S.   M.  l'Empereur  pour  la  Finlande,  Galer- 
naja,  67,    S^- Pétersbourg. 

*Pavlow  (Alexandre-W.),   Privatdocent  de  géologie  à  l'Uni 
versité,   Sadowaja,   Spassky  pereoulok,   maison    Lebe- 
deff,  3,   Moscou. 

*Pavlow  (Alexis  Petrovitch),  Professeur  de  géologie  à 
l'Université  de  Moscou,  maison  Cheremetiev,  34,  Che- 
meretievvski    pereoulok,    Moscou. 

*Pavlow  (Madame  Marie  W.),  Membre  de  la  Société  Imp. 
des  Naturalistes  de  Moscou,  maison  (Cheremetiev,  34. 
Chemeretievski  pereoulok,    Moscou. 

*PiATNiTZKY  (D'  Porphiri),  Agrégé  à  l'Université  de  Khar- 
kow,  Kharkow. 

PoDGAlETSKY  (Louis),  Ingénieur  au  corps  des  Mines, 
Directeur  de  la  Société  minière  du  Midi,  66,  Myrono- 
sitskaja,  Kharkow. 


58  VIII»   CONGRKS   GÉOLOGIQUE 

*PoNTiATiN  (Prince  Paul  Arsenievitch),  Membre  de  l'Institut 
archéologique  de  Russie,  S^-Pétersbourg. 

RiTTER  (Nicolas),  Littérateur,  Publiciste,  Géologue-natu- 
raliste, Ekhatherinoslaw. 

RoMANOwsKi  (Eugène),  Affilié  à  la  Chambre  de  tutelle  de 
la  Noblesse  du  District  de  S^-Pétersbourg,  83.  rue 
Sadovaya,  St-Pétersbourg. 

*ScHNABL  (Jean),  Docteur  en  médecine.  Membre  de  la 
Société  des  Naturalistes  de  Varsovie,  etc.,  59,  rue 
Faubourg  de  Cracovie,    Varsovie. 

*ScHOKALSKY  (Jules  de),  Lieutenant-colonel  de  la  Marine 
Impériale  Russe,  Professeur  de  géographie  physique. 
Canal  Catherine,  144,    S*-Pétersbourg. 

*Sederholm  (Jakob-Johannes).  Directeur  de  la  Commission 
géologiquede  Finlande,  Boulevardsgatan, 29,  Helsingfors. 

*Skrinnikoff  (Al.),  Attaché  au  Cabinet  géologique  de  l'Uni - 
versité,  Varsovie. 

*SousTciiiNSKY  (Pierre  de).  Conservateur  au  Musée  minéra- 
logique  de  TUniversité    Impériale   de  S*-Pétersbourg, 
S^-Pétersbourg. 
Stahl  (Alexandre),  Ingénieur  des  Mines,  Puschkinskaja,  4, 
S'-l'étersbourg. 

Stchirovsky  (Wladimir) ,  Conservateur  des  collections 
géologiques  de  TUniversité,  Moscou 

TiMOFEEF,  4,  rue  Kusnechnaja,  Kharkow. 

*ToLMATCHEW  (Madame  Eugénie),  née  Karpinsky,  1,  Quai 
Nicolas,  SM^étersbourg. 

*TouTKOWSKi  (Paul),  Ex  assistant  c^  la  chaire  de  géologie  de 
l'Université  de  Kiew,  boulevard  de  Bibikow,  62.  Kiew. 

♦Trîstedt  (Otto),  Pitkaranta,  Finlande. 

*ïscHERNYSCHEW  (Théodore),  N.,  Géologue  en  chef  du  Comité 
géologique,  S^-Pélersbourg. 

*TzwETAEV  (Mademoiselle  Marie),  Professeur  au  gymnase  des 
Demoiselles,  IV,  Moscou. 

Venukoff  (Paul),  Professeur  à  l'Université  de  St- Wladimir, 
Cabinet  géologique  de  l'Université,  Kiew. 


LISTE   DBS   MEMBRES  69 

*Vernadsky  (Wladimir),  Professeur  de  minéralogie  à  TUni- 
versité  de  Moscou. 

*Wannary    (Pierre),   Physicien    de   l'Observatoire  physique 
central,  Institutskaja.  dom  Janovitch,  S^-Pétersbourg. 

Zemîatscbensky  (Pierre),  Professeur  de  minéralogie  à  l'Uni- 
versité, au  Musée  géologique  de  l'Université,  S*-Péters- 
bourg. 

SERBIE 

*Antoula  (Dimitri-J.),   D*"    phil.,  Géologue  du    service  des 
Mines,  Visnueva  ut.  G.,  Belgrade. 

Zujovic  (J.  M.),  Professeur,  Belgrade. 

SUÈDE 

*HoGBOM  (Arvid-Gustaf),  Professeur  de  minéralogie  et  géo- 
logie, à  l'Université  d'Upsal,  Upsala. 

JoHANSSON  (K.),  Ingénieur  des  Mines,  Wikmanshyttan. 

*LiNDVALL  (Cari  August),  Ingénieur,  186,  Hornsgatan,  Stock- 
holm. 

*Sjôgren  (Hjalmar),   Professeur  de  minéralogie  à  l'Univer- 
sité, Upsala. 

SUISSE 

*Baltzer  (A.),  Professeur  de  géologie  à  l'Université,  Bern. 

*BoNARD  (Arthur),  Assistant  au  laboratoire  de  minéralogie 
de  l'Université,  Lausanne. 

Brunhes,  Professeur  i\  l'Université,  314,  rue  St  Pierre, 
Fribourg. 

DuPARc   (Louis),   Professeur  à  l'Université,  Genève. 

*FiELD    (Haviland).    Directeur    du   Concilium    bibliographi- 
cum,  Zurich. 

FoREL  (D»"  F.-A.),  Professeur  honoraire  à  l'Université  de 
Lausanne,  Morges. 


60  VIII«   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

GoLL  (Hermann),  Paléontologue,  avenue  de  la  Gare,  1, 
Lausanne. 

GoLLiEz  (H.),  Professeur  à  TUniversité,  Villa  Bonaventure, 
Lausanne. 

Grubenmann  (D'  Ulric),  Professeur  à  l'École  polytechnique 
et  à  l'Université,  Tidmattstrasse,   55,   Zurich  V. 

GuTzviLLER  (A.)»  D"^  phil.,  Professeur,  Ober-Realschule, 
Weihervveg,  22.  Basel 

*HuGi  (Emil),    Assistant  à  l'Institut  géologique  de  l'Univer- 
sité, Bern. 

Jaccârd  (Frédéric),  Étudiant  en  sciences,  Avenue  de  la 
Gare,  17,  Lausanne. 

*Laskarew    (Wladimir) ,     271  ,    boulevard  de    Plaimpalais, 
Genève. 

LuGEON  (Maurice),  Professeur  à  l'Université,  3,  place 
Montbenon,   Lausanne. 

*Mayer-Eymar  (Ch.),    D^  Se,    Professeur  de  paléontologie, 
Limmatplatz,  34,   Zurich. 

MiNOD  (Henri;,  Directeur  du  Comptoir  niinéralogîque  et 
géologique  Suisse,  6,  rue  St-Léger,  Genève. 

Renevier  (E.)  ,  Professeur  de  géologie  à  l'Université. 
Lausanne. 

ScHARDT  (Hans),  Professeur  de  géologie  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  NeuchAtel ,  Veyteaux,  près  Montreux, 
Vaud. 

*SciiMiDT  (D"^  Cari),  Professeur    de  géologie  à  l'Université, 
Hardtstrasse,  107,  Basel. 

Stehlin  (D'  Jean  Georges),   au   Musée,  Basel. 

ZoLLiNGER   (D"^  Ph.,  Edwin),  S*-Johannringweg,  104,  Basel 


RéCAPlTULATlON   DB  LA  LISTB 


6l 


Récapitulation  de  la  liste  générale 

des  Membres 


Algérie-Tunisie 

Allemag^ie 

Alsace-Lorraine 

Argentine  (République) 

Australie 

Autriche-Hongrie 

Belgique 

Brésil 

Bulgarie 

Canada  

Colombie  (Amérique  du  Sud) 

Danemarck 

Egypte 

Espagne 

États-Unis  d'Amérique 

France    

Grande-Bretagpie 

Italie 

Japon. #  . 

Luxembourg  (Grand  Duché  de)  .   .   .  . 

Mexique 

Monaco  (Principauté  de) 

Norwège 

Pays-Bas 

Portugal 

République  Sud-Africaine 

Roumanie 

Russie 

Serbie 

Suède 

Suisse 

Totaux,   . 


Membres 
inscrits 


8 

ia4 

i4 

3 

3 

45 

38 

I 

I 

13 
I 
2 

4 

6 

69 
470 

45 
43 

4 
I 

3 
I 
5 
6 

4 
I 

i3 

63 

4 
21 


IBB 


1.016 


Membres 
présents 


4 
80 

4 
I 

3 

33 

33 

o 
I 
5 
o 
o 
I 

3 

34 

167 

17 
33 

4 

O 

3 
o 
5 
5 
3 
o 

9 
36 

I 

3 

7 


461 


^Bm 


6a  VIII'  c:oNGiiè8  r.ÉOLCNaQUB 


Liste  des  Anciens  Présidents  des  Congrès 

MM     E.  Hébert  f,  1878.  MM.    J.  S.  NewbeiTV  f,  1891. 

G.  Capellini,  1881.  (E.  Renevier),  1894. 

E.  Beyrichf,   i885.  A.  Karpinsky,  1897. 

J.  Prestwich  f,  1888. 


I.   BUREAU  DE  LA  SESSION   DE   1900. 

Anciens   Présidents   des   Congrès 

M.  G.  Capellini.  M.  A.  Kai'pinsky. 

Président 

M.   Albert  Gaudry. 

Vice-Présidents 

Allemagne MM.Credner,   H. 

Lepsius,   R . 

(von   Richlhofen,  Baron  F.). 

Schnieisser. 

Zirkel,  F. 

Von  Zittel,   K. 

Australie (Liversidge,  A.). 

Autriche-Hongrie.    .    .    .     Bôckh,  J. 

Mojsisovics  von   Mojsvar,  E, 

Tietze,  E. 
Belgique. Mourlon,  M. 

Renard,  A. 

Bulgarie Zlatarski,  G.  N. 

Canada Adams,  Frank. 

Colombie (Saënz,  A.). 

Danemarck       (Ussing,  N.  V.). 

Espagne (Aimera,  J.). 

Les  ptrenthèses  indiquent  les  Présidents  et  Vice-Présidents,  qui  n*ont  |>as 
assisté  aux  réunions  du  Congrès,  f  indique  les  Présidents  décédés. 


^ 


A 


LI8TB  DES  MBMBRBS  DU  CONSEIL 

Etats-Unis    ....  MM.  Hague,  A. 

Osbom,   H.  F. 

Stevenson,  J.  J. 
France Marcel  Bertrand. 

Michel-Lévy. 
Grande-Bretagne   .    .   .     Evans,  Sir  John. 

Geikie,  Sir  Archibald. 

(Teall,  J.  J.  H.). 
Indes  Britanniques ,    .    .     Blanford,  W.  T. 
Italie (Baldaeci,  L.). 

Cocchi,  I. 

Mattirolo,  H. 

Japon Kochibe,  T. 

Mexique Aguilera,  J,    G. 

Monaco  (P*^  de) ....     (Monaco,   S.  A.  S.  le  Prince  de). 

Norwège Bi'og^er,  W.  G. 

Pays-Bas ,     Martin,  K. 

Portugal Choffat,  P. 

Mendès-Guerreiro,  J.  V. 

Roumanie Stefanescu,  G. 

Russie Lœwinson-Lessing,  F. 

Pavlow,   A.    P. 

Sederholm,  J.   J. 

Tschemyschew,   J.   N. 

Serbie (Zujovic,  J.  M.). 

Sud- Africaine  (Ri"')  .    .     (Molengraaf,  G.  A.  F.). 

Suède Hôgbom,   A.   G. 

Suisse Baitzer,  A. 

Schmidt,  G. 

Secrétaire  général 

M.    Charles    Barrois. 

Secrétaires 

MM.  Cayeux,  L.  MM.  Thevenin,    A. 

Crema,  G.  Thomas,   H. 

Gâbert,  C.  Von  Arthaber,  G. 

Pavlow,  A.  W.  Zimniermann,   E. 

Trésorier 

M.  Léon  Càrez. 


64  V1II«   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


Membres  du  Conseil  de  1900 

MM.  Bei^eron,  J.  (Comité  d*organisation). 
Beyschlag,  F.  (Allemagne). 
Bigot  (Comité  d'organisation). 

Bonaparte  (le  Prince  Roland)  (Gomité,d*organisation). 
Boule,  M.  (Comité  d*organisation). 
Canavari,  M.  (Italie). 
Choquette,  Abbé  C.  P,  (Canada). 
Damour,  A.   (Comité  d'organisation). 
Depéret  (Comité  d'organisation). 
Dollfus,  G.   (Comité  d'organisation). 
Douvillé,  H.  (Comité   d'oi^anisation). 
Fabre,  G.  (Comité  d'organisation). 
Fallot,  Ë.  (Comité  d'oi^anisation). 
Fayol,   H.  (Comité  d'organisation). 
Ficheur,  E.  (Comité  d'organisation). 
Franzenau,  A.  (Autriche-Hongrie). 
Gosselet,  J.  (Comité  d'oi^anisation). 
Grand'Eury,  C.   (Comité  d'oi^anisation). 
De  Grossouvre,  A.  (Comité  d'oi^anisation). 
Groth,  P.  (Allemagne). 
Haug,  E.   (Comité  d'organisation). 
Janet,  L.  (Comité  d'organisation). 
Joly,  John,  (Grande-Bretagne). 
Kilian,   W.  (Comité  d'organisation). 
Lacroix,  A.  (Comité  d'organisation), 
de  Lapparent,   A.  (Comité  d'organisation), 
de  Launay,   L.  (Comité  d'organisation). 
Malaise,  C.  (Belgique), 
de  Margerie,  E.  (Comité   d'organisation). 
Martel,  E.  (Comité  d'organisation). 
Meunier,  Stanislas  (Comité  d'organisation). 
Moser,   L.  (Autiâche-Hongrie). 
Munier-Chahiias  (Comité   d'organisation). 
Nivoit  (Comité  d'organisation). 
Oebbeke,   K.  (Allemagne). 
Œhlert,  D.  P.   (Comité  d'organisation). 
Pari'an,  A.  (Comité  d'organisation). 
Pellat,  E.  (Comité  d'organisation). 


LISTE  DÉS   MEMBRES  DU   CONSEIL  65 


MM.  Péron,  A.  (Comité  d'organisation). 
Popovici-Hatzeg  (Uouuianic). 
Reinach,  A.  von  (Allemagne). 
Reusch,  H.  (Noi-wège). 
Richter,  E.  (Autriche-Hongrie). 
Ries,  H.  (États-Unis). 
Rutot,  A.  (Belgique). 
Sauvage,  E.  (Comité  d'organisation). 
Schlumberger,  C.  id. 

Sleinmann,  G.  (Allemagne). 
Szadeczky,  J.  (Autriche-Hongrie). 
Termier,  P.  (Comité  d'organisation). 
Van  den  Broeck,  E.  (Belgique). 
Vasseur,  G.  (Comité  d'organisation). 
Vélain,  C.  id. 

Ward,  Lester  F.  (États-Unis). 
White,  I.  C.  (États-Unis). 
Woldrich,  J.  N.  (Autriche-Hongrie). 
Zeiller,  R.  (Comité  d'organisation). 


II.  DÉLÉGATIONS 

Algérie 
Gouvernement  général  de  l'Algérie,  Service  géologique  :  Ficheur. 

Allemagne 

Grossherzogthum  Baden  :  D"^  Buchrucker. 

Grossherzogliche      Hessische      Geologische     Landesanstalt  :   R. 

Lepsius. 
Kônigliche  Bayrische  Ludwig-Maximilians-Universitat  zu  Mûn- 

chen  :  P.  Groth,   K.  çon  Zittel, 
Kônigliche  Sachsische   Regierung  :    H,    Credner, 
Kônigliche  technische  Hochschule  zu  Mûnchen  :  D"^  K.  Oebbeke. 
Senckenbergische  Naturforschei\de  Gesellschaft  zu  Frankfurt-am- 

Mein  :   Baron  s>on  Reinach. 

Argentine  (République) 
Université  nationale  de  Buenos- Ayres  :  D'  Angel  Gallardo. 


65  VUI'   CON(iHÈS  GÉOLOGIQUE 

Autriche-Hongrie 

Gouvernement  impérial  :  E,  Tietze. 

K.  K.  Geologische  Reichsanstalt  :  E,  Tietze. 

Ministère  royal  hongrois  de  Tagriculture  :   J.  de  Bôckh. 

Musée  national  Hongrois,  Budapest  :  A.  Franzenau, 

Université  François-Joseph,   à  Kolozsvar  (Hongrie)    :    D"^  Jules 

Szadeczk}'. 
Université  tchèque  de  Prague  :    D""  J.-N.  Woldrich. 

Australie 
Geological  Survey  of  Western  Australia,  Perth:  Hon.  U.  W.  Venn, 

Belgique 

Ministère  de  Flndustrie  et  du  Travail  :   M.  Moiirlon. 
Société  belge  de  Géologie,  Paléontologie  et  Hydrologie  :  Michel 
Mourlon,  Rutot,  Van  den  Broeck. 

Bulgarie 

Gouvernement  de   Bulgarie  :    G.  Zlatarski, 
Université  de  Sofia  :    G.  Zlatarski, 

Canada 

Commission  géologique  du  Canada  :  A,  P.  Low. 
Gouvernement  du  Canada  :    Abbé  C.  P,  Choquette. 
Mac  Gill  University  à  Montréal  ;  F'  Adams. 

Etats-Unis 

American  Muséum  of  naturai  Histi»ry,  New  York  :  H.  F.  Osborn. 
Commission  américaine  de  l'Exposition  :    V.  C,  Heikes, 
Gouvernement    des     États-Unis    d'Amérique    :    Bailey    Willùs, 

Arnold  Hague,  Lester  F,  Ward. 
New- York  Academy  of  Sciences  :  /.  /.  Stevenson,  II,  F.  Osborn. 
New- York Mineralogical  Club: /.-/.  Stevenson,  George  F.  Kunz. 
Société  géologique  d'Amérique  :    Frank   D,  Adams,  Arthur  P, 

Colcinan,  Arnold  Hague,  George  F,  Kunz,  Joseph  Le  Conte, 

Albert   P.  Low,  Henry  F.    Osborn,   Ileinrich  Ries,  John  •/. 

Stevenson,  Israël  C.  Whitc,  A,  B,  Wilmott. 


LISTE   DES   MEMBRES   DU   CON8E1L  6^ 

France 

Académie  des  sciences  :    Fouqué,  de  Lapparent, 

Ministère  de  FAgriculture  :  G.  Fabre,  Henry, 

Ministère  de  la  Guerre  :   Capitaine  Jullien, 

Ministère  de  Tlnstruction  publique  et  des  Beaux-Arts  :  Munier- 

Chalmas. 
Muséum  d'histoire  naturelle  :  Lacroix,  Stanislas  Meunier, 
Société  des  Agriculteurs  de  France  :   E,  Caillas, 
Société  de  Géographie  de  Lille  :    Delahodde, 
Société  normande  de  Géographie  :    Gaston  Routier, 
Société  des  Sciences  naturelles  des  Ardenncs,  à  Charleville:  Bestel, 
Société  géologique  du  Nord  :   Gosselet. 

Grande-Bretagne 

Gcological  Society  ofLondon  :  Sir  John  Eoans  ;  J,-J.  Harris  Teall, 
Royal   Society  of  London   :   Sir  Archibald  Geikie,   John   Joly, 
J,'J,  Harris  Teall, 

L\:des  Britanniques 
Gouvernement  des  Indes  britanniques  :  VV.  T.  Blanford, 

Italie 

Académie  royale  des  sciences  et  des  arts  de  Palerme  :  Marquis 

A.  de  Gregorio. 
Ministère  de  Tagi^iculture  :  Capellini, 
Société  géologique  :  Capellini,  De  Angelis,  Di  Stejano, 

Japon 

Ministère  de  l'Agriculture  et  du  Commerce  :  T.  Kochibe, 
Société  géologique  de  Tokyo  :  Yamasaki. 

Mexique 
Gouvernement  du  Mexique  :  José  G.  Aguilera,  Carlos  Sellerier, 

NORWÈGE 

Gouv(M*nemcnt  royal  de  Norwège  :  W,  C  Brogger,  H,  Rcwich. 
Service  géologique  de  Xorwègc  :  H.  Re  isch, 

Pays-Bas 
Académie  royale  des  sciences  d'Aîusterdam  :  1)''  A'.  Martin. 


68  vlu^  congrès  géologique 

Portugal 
Gouvernement  du  Portugal  :  Mendès-Guerreiro. 

Roumanie 

Gouvernement  royal  de  Roumanie  :  Popovici  Hatzeg, 

Ministère  du    commerce  et  de    l'industrie   :   C    Alimanestiano^ 

L.  Sihleanu. 
Académie  roumaine  de  Bucharest  :  Grégoire  Stefanescu, 

Russie 

Gouvernement  de  la  Russie  :  A.  Karpinsky;  T,  Tschernyschew, 
Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou  :  Alexis  P.  Pavloiv. 
Université  impériale  de  Moscou  :  A.  P.  Pavlow, 

SlAM 

Gouvernement  Siamois  :  Warington  Smyth, 

Sud-Africaine  (République) 
Gouvernement  de  la  République  Sud- Africaine  :  G.  Molengraaff, 

Suède 
Gouvernement  royal  de  Suède  \  A.  G.  Hogbom;  P.  G.  Rosen, 

Suisse 
Société  géologique  suisse  :  D'  G.  Schmidt, 


DEUXIÈME    PARTIE 


PREPARATION    DU    CONGRÈS 


Historique 


PRÉPARATION    DU    CONGRÈS 


La  VIII*  Session  du  Congrès  géologique  international  fut 
préparée  par  les  soins  des  géologues  français.  Le  Comité  d^orga- 
nisation,  délégué  à  cet  effet,  fit  paraître  successivement  les  cir- 
culaires suivantes,  dont  5.ooo  exemplaires  fuirent  distribués, 
avant  le  Congrès. 


CONGRÈS  GÉOLOGIQUE  INTERNATIONAL 

(VI1I«   SESSION    1900). 

i'«  circulaire.  Paris,  le  8  janvier  1899. 

Sur  la  proposition  des  géologues  français,  le  vu»  Congrès 
géologique  international  réuni  à  Saint-Pétersbourg  a  décidé, 
dans  la  séance  du  3  septembre  1897,  que  sa  viii*  Session  se 
tiendrait  à  Paris  en   1900. 

Les  géologues  français  ont  constitué  un  Comité  d'organi- 
sation. Dans  une  première  séance,  ce  comité  a  nommé  un 
bureau  et  décidé  de  s'adjoindre  les  personnes  qui  pourraient 
être   utiles   à  l'organisation  du   Congrès. 

La  composition  actuelle  du  Comité  d'organisation  est  la 
suivante  : 

Président  : 
M.    Albert  Gauory,  membre   de  Tlnstitut,  professeur  au   Muséum 
d'histoire  naturelle. 

Vice- Présidents  : 
M.   Michel-Lévy,    membre  de   l'Institut,   directeur  du   Service  de 

la  carte  géologique. 
M.   Marcel   Bertrand,   membre  de  l'Institut,   professeur   à   l'École 

des   mines. 


73  VIII*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Secrétaire  général  : 
M.    Charles  Barrois,    ancien  président   de   la   Société  g^logique. 

Premier  secrétaire    : 
M.    Cayeux,    préparateur    à   l'École  des   mines    et  à  l'École  des 
ponts  et  chaussées. 

Secrétaires   : 
M.    Léon  Bertrand,  maître  de  conférences  à  TUniversité  de  Paris. 
M.    Thevenin,   préparateur   au  Muséum   «riiistoire  naturelle. 
M.    Thomas,    chef    des    travaux    graphiques    au     Service    de    la 
carte   géologique. 

Trésorier  : 
M.   L.  Garez,   directeur   de   VAnnucUre  géologique. 

Membres   : 
MM.    Bréon,  collaborateur  au  Service    de  la  carte  géologique. 
Bergeron,    professeur  à  TEcole  Centrale. 
Bigot,  professeur  à  TUniversité  de  Caen. 
Bonaparte  (le  prince  Roland). 

Boule  (Marcellin),   assistant   au   Muséum   d'histoire  naturelle. 
Carnot,  membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'École  des  mines. 
Damour,  membre  de   l'Institut. 
Depéret,  correspondant  de  l'Institut,  doyen  de  la  Faculté  des 

sciences   de    l'Université    de   Lyon. 
DoLLFUS,  ancien  président  de  la  Société   géologique. 
DouviLLÉ,  professeur   à   l'École   des  mines. 
Fabre,   inspecteur   des  forêts. 

Fayol,  directeur  de  la  Société  de  Commentry-Fourchambault. 
FiLHOL,  membre  de   l'Institut,  professeur  au  Muséum. 
Fallot,   professeur  à  l'Université  de  Bordeaux. 
FouQUÉ,  membre  de  l'Institut,  professeur  au  Collège  de  France. 
Grossouvre  (de),  ingénieur  en  chef  des   mines   à  Bourges. 
Glangbaud,    collaborateur  au    Service  de  la  carte  géologique. 
GossELET,    correspondant  de   l'Institut,   doyen   de    la   Faculté 

des  sciences  de  l'Université   de    Lille. 
Haug,  professeur-adjoint    à   l'Université   de  Paris. 
Hautbfeuille,   membre  de  l'Institut,  professeur  à  l'Université 

de  Paris. 
Janet   (Léon),    ingénieur  au  corps  des   mines. 
Jannettaz,  ancien  président  de   la  Société  géologique. 
KiLiAN,  professeur   à  l'Universilé    de   Grenoble. 
Lacroix,    professeur   au  Muséum  d'Iiistoire  naturelle. 
Lapparent   (de),    membre   de  l'Institut,  professeur   à   l'Institut 

catholique  de  Paris. 
Launay  (de),  professeur   à    l'Ecole   des   raines. 
Léenhardt,  professeur    à  la   Faculté   de   Montauban. 


PRÉPARATION   DU   CONGRÈS  73 

MM.  LiNDER,  inspecteur  général  des  mines,  vice-président  du 
Conseil    supérieur  des  mines. 

LoRY,  sous-directeur  du  Laboratoire  de  géologie  de  l'Uni- 
versité de  Grenoble. 

Margerie  (de),  collaborateur  au  Service  de  la  carte  géologique. 

Meunier  (Stanislas),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Michel  (Léopold),  maître  de  conférences  à  l'Université  de  Paris, 
Sorbonne. 

Milne-Edwards,  membre  de  l'Institut,  directeur  du  Muséum 
d'histoire   naturelle. 

Munier-Chalmas,   professeur  à   l'Université    de    Paris. 

NivoiT,  inspecteur  général  des  mines,  professeur  à  l'Ecole 
des   ponts  et   chaussées. 

Oehlert,  correspondant  de  l'Institut,  collaborateur  au  Service 
de   la  carte  géologique. 

Paquier,   préparateur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Grenoble. 

Parran,    ingénieur  en   chef  des    mines. 

Pellat,    ancien   président   de   la  Société  géologique. 

Peron,  intendant   militaire   en  retraite. 

RiGAUX,   géologue   à   Boulogne-sur-Mer. 

RisLER,  directeur   de   l'Institut   agronomique. 

RouviLLE  (de),  doyen  honoraire  de  la  Faculté  des  Sciences 
de  rUniversilé  de   Montpellier. 

Sauvage   (D»*   E.),    directeur  des   musées   de  Boulogne. 

ScHLUMBERGER,    ancien   pré.sident   de    la   Société   géologique. 

Termier,    professeur  à  l'École   des  Mines. 

Vasseur,  professeur  à   l'Université  de   Marseille. 

Vélain,   professeur  à  l'Université   de  Paris. 

Wallerant,  maître  de  conférences  à  l'École  normale  supérieure. 

Zeiller,   professeur  à  l'Ecole  des  Mines. 

ZûRCHRR,   ingénieur   en  chef  des  ponts   et  chaussées  à  Digne. 

Le    Président   de   la   Société   géologique   du   Nord. 

Le    Président   de   la   Société   géologique  de   Normandie. 

Le  Comité,  réuni  les  ii  janvier,  23  février,  i3  avril  1898, 
a  adopté  les  bases  suivantes  pour  l'organisation  du  Congrès 
géologique  international  de    1900. 

SESSION 

Les  séances  du  Congrès  s'ouvriront  à  Paris  le  iG  août  et 
se  termineront  le  28  août  1900.  La  durée  de  la  session  per- 
mettra aux  congressistes  de  visiter  l'Exposition  universelle, 
d'étudier  les  musées  géologiques  et  de  suivre  des  courses  orga- 
nisées aux  environs  de  Paris. 

Les    séances    du    Congrès    se    tiendront    dans    un    pavillon 


74  VIU^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

spécial  dépendant  de  TExposition  :  il  n'y  sera  pas  organisé 
d'exposition  permanente.  Les  membres  du  Congrès  qui  vou- 
draient exposer  des  cartes  géologiques,  coupes,  photographies, 
échantillons,  sont  priés  de  s'adresser  au  commissaire  de  leur 
pays,  qui  réservera  à  leur  exposition  particulière  une  place 
dans   la  classe  correspondante. 

EXCURSIONS 

Le  Comité  d'oi*ganisation,  assuré  de  pouvoir  compter  sur 
le  concours  de  tous  les  géologues  français,  sera  en  mesure  de 
montrer  la  géologie  de  la  France  entière  aux  membres  du 
Congrès.  Poui'  éviter  de  trop  grandes  afïluences  et  faciliter 
les  études  de  détail  des  spécialistes,  il  a  décidé  d'organiser  un 
grand  nombre  d'excui^ions  simultanées,  qui  auront  lieu  avant, 
pendant  et  après  le  Congrès. 

Les  excursions  seront  de  deux  sortes  :  générales^  ouvertes 
au  plus  grand  nombre  de  membres  possible;  spéciales^  réser- 
vées aux  géologues  et  auxquelles  ne  pourront  prendre  part 
plus  de   vingt  personnes. 

Les  plans  des  diverses  excursions  feront  Fobjet  d'une  cir- 
culaire ultérieure,  qui  sera  envoyée  en  1899,  quand  les  ins- 
criptions individuelles  seront  demandées.  Dès  à  présent,  le 
Comité  peut  soumettre  à  titre  documentaire,  et  sauf  modifica- 
tions, une  liste  des  excursions  qui  seront  organisées  et  les 
noms   des   savants  qui  en  ont  accepté  la  direction. 

EXCURSIONS    GÉNÉRALES 

I.  Bassin  tertiaire  parisien 

Des  courses  de  1  à  2  jours  seront  faites  sous  la  conduite  de 
MM.  Mumbh-Chalmas,  Dollfus,  L.  Janet,  dans  les  gisements 
fossilifères   principaux  des  environs   de  Paris. 

M.  Stanislas  Meunieu  conduira  une  excursion  dans  le  parc  de 
rÉcole  d'agriculture  de  Grignon  avec  des  conditions  exceptionnel- 
lement favorables  à  la   récolte  des  fossiles. 

Ces  excursions  dans  le  bassin  parisien  auront  lieu  pendant  la 
durée  du   Congrès,   dans   les  intervalles  des   jours  de  séances. 

II.  Boulonnais  et  Normandie,  sous  la  conduite  de  MM.  Gossklbt, 
Munier-Chalmas,  Hiqot,  Cayeux,  Pellat,  Rigaux 

Élude  des  falaises  de  la  Manche  et  des  gisements  classiques  fossili- 
fères des  terrains  crétacé  et  jurassique  de  Boulogne  à  Caen.  —  Forma- 
tions paléozoïques  du  Boulonnais  et  de  la  Normandie  (10  jours). 


PREPARATION   DU   CONGRÈS  ^5 

III.  Massif  central,  sous  la  conduite  de  MM.  Michbl-Lévt, 

Marcellin  Boule,  Kabre. 

Étude  comparée,  au  point  de  vue  géologique  et  de  la  géo- 
graphie physique,  des  trois  grandes  régions  volcaniques  du  massif 
central.  Chronologie  complète  des  éruptions  depuis  le  Miocène 
jusqu'à  la  (in  du  Quaternaire.  M.  Fabrc  continuera  l'excursion  par 
les  Causes  de  la  Lozère,  les  gorges  du  Tarn  et  la  montagne  de 
TAigoual  (lo  jours). 

EXCURSIONS  SPÉCIALES 

f.  Ardennes,  sous  la  conduite  de  M.  Gosselet. 
Étude  stratigraphique  du  terrain  cambrien;  succession  des  étages 
dévoniens,  leurs  faunes   et   leurs    faciès.  Phénomènes  de  métamor- 
phisme  (huit  jours). 

II.  Picardie,  i^ous  la  conduite  de  MM.  Gosselet,  Cateux,  Ladrière. 
Phosphates  crétacés   de   Picardie.   Limons   quaternaires  du  Nord 
de  la    France   (6  jours). 

III.  Bretagne,  sous  la  conduite  de  M.  Charles  Barrois. 
Succession  des  formations  paléozoïques    tossilifères,   leurs   modi- 
fications  sous    l'influence    des    granités.    Massifs    volcaniques    pré- 
cambriens et  cambriens  du  Trêgorrois.  Massifs  volcaniques  siluriens 
du  Menez-Hom.  Kerzanton   de   Brest  (lo  jours). 

IV.  Mayenne,  sous  la  conduite  de  M.  D.  P.  Oehlert. 
Coupe  du  bassin  de  Laval  :  succession  des  formations  siluro- 
cambriennes,  étude  des  principales  taunes  dévoniennes;  série  car- 
bonifère. Roches  cristallines  paléozoïques  des  Coêvrons  :  roches 
éruptives,  filons.  Relations  stratigraphes  des  terrains  secondaires  et 
tertiaires  avec  les  formations  paléozoïques  sous-jacentes  (8  jours). 

y.  Types  du  Turonien  de  Touraine  et  du  Cônomanien  du  Mans, 

sous  la  conduite  de  M.  de  Grossouvre. 

Succession  des  étages  turoniens  et  sénoniens  de  la  Touraine  : 
vallée  du  Cher,  Vendôme,  Saint-Paterne.  Cénomanien  de  la  Sarthe 
(6  jours). 

yi.  Falons  de  Touraine,  sous  la  conduite  de  M.  Dollfus. 
Visite  des  gisements  célèbres  les  plus  fossilifères  des  Faluns  de 
Touraine  :    Pont-Levoy,    Manthelan.    Leur    faune,    leur   faciès,    leur 
stratigraphie  (4  jours). 

yil.  Morvan,  sous  la  conduite  de  MM.  V^xain,  Peron,  Bréon. 
Terrains  secondaires  de  la  vallée  de  l'Yonne  et  région  de  l'Aval- 
tonnais  (Auxerre,  Vezelay,  Mailly-la-Ville).  Série  liasique  et  inlra- 
liasique  de  Semur.  Traversée  du  Morvan,  failles  limitatives,  structure 
zonaire,  succession  des  lormations  éruptives.  Bassin  permien  d*Aulun  ; 
massif  volcanique  de  la  Chaume,   près  d'Igornay  (lo  jours). 


^6  VIII*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Vin.  Bassins  houillers  de  Commentry  et  de  Decazeville, 

sous  la  conduite  de  M.  Fatol. 

Particularités  diverses  et  mode  de  iorniation  du  terrain  houiller. 
Commentry  (3  jours)  ;  Decazeville  (4  jours). 

IX.  Massif  du  Mont-Dore,  chaîne  des  Puys  et  Limagne, 
sous  la  conduite  de  M.  Michel- Lévt. 

Élude  des  volcans  à  cratères  des  environs  de  Clermont  ;  soubas- 
sement granitique  avec  enclaves  de  schistes  et  quarzites  métamor 
phiques  ;  phénomènes  cndomorphes  subis  par  le  granité  d'Aydat. 
Succession  des  éruptions  du  Mont-Dore.  Étude  des  environs  d'issoire 
et  de  Périer  ;  pépérites,  basaltes,  basaltes  et  phonolites  de  la 
Limagne  (lo   jours). 

X.  Charentes,  sous  la  conduite  de  M.  Glanoe\ud. 

Terrain  jurassique  des  Charentes  et  ses  divers  faciès,  à  cépha- 
lopodes, à  oolites  et  à  récifs  coralliens.  Terrain  crétacé  des  falaises 
des  Charentes  et  leurs  faunes   de  rudistes   (8  jours). 

XI.  Bassin  de  Bordeaux,  sous  la  conduite  de  M.  Fallût. 

Succession  des  couches  du  Lutétien  au  Miocène  ;  principaux 
^'isemcnts  fossilifères  :  Roque-de-Tau  et  Blaye,  Sainte -Croix-du-Mont 
et  Bazadais.  Faluns  de  Léognan,  vallée  de  Saucats,  Salles  (6  jours). 

XII.  Bassins  tertiaires  du  Rhône,  terrains  secondaires  et  tertiaires 
des  Basses- Alpes,  sous  la  conjLluitc  de  MM.  Depéret  et  Haug. 

Bresse  méridionale  (Pliocène);  Bas-Dauphiné  (Miocène  supérieur); 
bassin  de  Bollène  (Pliocène,  Miocène,  Éocène)  ;  bassin  pliocène  de 
Théziers,  bassin  oligocène  et  miocène  de  Manosque  et  de  Forcalquier 
(8  jours). 

Série  jurassique  fossilifère  des  environs  de  Digne,  mollasse  rouge 
et  Miocène  marin  de  Tanaron,  dislocations  à  la  limite  de  la  zone 
du  Gapenvais    et   du   Diois   (4  jours). 

XIII.  Alpes  du  Dauphiné  et  Mont  Blanc^  sous  la  conduite 
de  MM.  Marcel  Bertrand  et  Kilian. 

Grenoble  ;  chaînes  subalpines  (Vercors,  TÉchaillon,  Aizy).  Chaîne 
de  Belledonne  ;  la  Grave.  Zone  intrà-alpine  (grand  Galibier).  Albert- 
ville ;  plis  couchés  du  mont  Joly  et  extrémité  de  la  chaîne  du 
Mont    Blanc   (lo  jours). 

XIV.  Massif  du  Pelvoux  (Hautes- Alpes),  sous  la  conduite  de  M.  Tbrmikr. 

Du  Bourg  d'Oisans  à  Vénosc,  Saint-Christophe,  La  Bérarde, 
Ailefroide,   Vallouisc,   Monètier,  le  Lautarct,   la   Grave  et  le  Freney. 

Schistes  métamorphiques  et  gneiss  ;  massifs  granitiques  avec 
syénites,  diabases  et  lamprophyres  ;  Houiller  avec  éruptions  d'ortho- 
phyres  ;  Trias  et  Lias  avec  éruptions  de  mélaphyres  (spilites)  ; 
Jurassique  supérieur;  Nummuhtique  et  Flysch  ;  nombreux  problèmes 
tectoniques   (lo  à   la  jours). 


PUÉPARAtlON   DU   CONGRÈS  7^ 

XV.  Mont  Ventouz  et  Montagne  de  Lare,  sous  la  conduite 
de  MM.  KiLiAN,  Lf.enhahdt,  Lort,  Paquier. 

Orange  ;  mont  Venteux  (Urgonien).  Montagne  de  Lure  (horizons 
du  Barréraien).  Sisleron  ;  terrasses  fluvio-glaciaires.  Devoluy  et 
Diois  ;  transgressions  et  discordance  du  Crétacé  supérieur,  de 
rÉocène  et  de  l'Oligocène.  Cobonne   (M''  Sayn)  [lo  jours]. 

XVI.  Basse-Provence,  scus  la  conduite  de  MM.  Marcel  Bertrand,  Vasseur 

et  ZURCHER. 

Toulon  et  le  Beausset  ;  série  fossilifère,  nappe  de  recouvrement. 
Marseille  ;  gisements  de  la  Bedoule  et  des  Marligues  ;  bassin  de 
Fuveau  (Crétacé  lacustre).  Nappe  générale  de  recouvrement  (lo  jours). 

XVn.  Massif  de  la  Montagne -Noire,  sous  la  conduite  de  M.  Brrgehon. 

Saint-Pons,  Saint-Chinian,  Cabrièrcs  ;  Faléozoïque  fossilifère  et 
métamorphisé  ;  Jurassique  inférieur  fossilifère  ;  Tertiaire  fossilifère  ; 
plis   en  éventail,   écailles   (8  jours). 

XVIII.  Pyrénées  (roches  cristallines),  sous  la  conduite  de  M.  Lacroix. 

La  Iherzolite  de  l'étang  de  Lherz.  Ophites  de  la  Haute-Ariège. 
Granité  et  phénomènes  de  contact  de  la  haute  vallée  de  l'Oriège  : 
Quérigut   (lo  jours). 

XIX.  Pyrénées  (terrains  sédimentaires),  sous  la  conduite  de  M.  Garez. 

Succession  et  tectonique  des  formations  éocènes,  crétacées  et 
jurassiques  des  Corbières,  de  Foix  et  des  Petites-Pyrénées  de  la 
Haute- Garonne;  nombreux  gîtes  fossilifères.  Série  nummulitique  et 
crétacée  de  Lourdes,  Glaciaire,  roches  éruptives  crétacées.  Cirque 
de  Gavarnie,  Dévonien  fossilifère  et  Houiller,  Crétacé  supérieur 
et  Nummulitique.  L'excursion  à  Gavarnie  pourrait  être  remplacée 
par  une  course  dans  le  Trias,  le  Crétacé  supérieur  et  le  Nummu- 
litique  de  Biarritz   (lo   jours). 

Un  livret-guide  sommaire,  écrit  par  les  directeurs  des 
diverses  excursions,  sera  mis  en  vente  au  commencement  de 
1900. 

Au   nom  du  Comité   général   d'organisation  : 

Charles  BARROIS,  Albert  GAUDRY, 

Secrétaire  général.  Membre  de   l'institut,  président. 


78  Vm*   CONGRÈS   (;h:() LOGIQUE 


2n'«  CIRCULAIRE  ENVOYÉE  AVANT  LE  CONGRÈS 

Paris,  le  i5  novembre  1899. 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  adresser  le  programme  du 
prochain  Congrès  géologique  international,  annoncé  dans  notre 
première   circulaire   de  janvier   1899. 

Le  (^lomité  d'organisation  fait  appel  aux  géologues  et  aux 
personnes  qui,  dans  tous  les  pays,  s'intéressent  aux,  applica- 
tions de  la  géologie.  11  vient  aujourd'hui  solliciter  votre 
adhésion   et  vos   communications. 

La  séance  d'ouverture  aui'a  lieu  le  jeudi  16  août,  après- 
midi,  dans  un  pavillon  de  l'Exposition.  I^s  séances  suivantes 
se  tiendront  les  17,  18,  21,  23,  26,  27.  28  août.  Les  journées 
des  19,  20,  22,  24,  2(>  aoi\t  seront  réservées  pour  permettre 
de  visiter  l'Exposition,  d'étudier  les  musées  géologiques,  et 
de   suivre   les  courses  organisées   aux   environs  de  Paris. 

Nous  proposerons  qu'outre  les  Assemblées  générales,  il  y 
ait  des  séances  de  sections,  ainsi  réparties   : 

i^e  SECTION  :  Géologie   générale  et   Tectonique. 
2«    SECTION  :  Stratigraphie   et   Paléontologie. 
3®    SECTION  :  Minéralogie   et  Pétrographie. 
4®    SECTION  :  Géologie  appliquée   et   Hydrologie. 

Les  congressistes  ayant  des  communications  à  présenter 
sont  priés  d'en  aviser  le  Comité,  qui  soumettra  au  Conseil  les 
ordres  du  jour  des   séances. 

La  cotisation  des  membres  du  lutm*  Congrès  est  fixée  à 
20  francs  :  elle  donne  droit  au  volume  des  comptes  rendus 
du  Congrès,    qui  leur  sera  envoyé  gratuitement. 

Les  excursions  organisées  par  le  Comité  du  Congrès  sont 
de  deux  sortes  :  les  unes,  générales,  ouvertes  au  plus  grand 
nombre  possible  ;  les  autres,  réservées  aux  spécialistes  et 
auxquelles   ne  pourront   prendre  part  plus  de  vingt  personnes. 

(ies  excursions  ont  été  grouj)ées  en  plusieurs  séries,  avant, 
pendant  et  après  le  Congrès,  alin  de  permettre  de  suivre 
successivement  2  ou  3  excursions  dilVérentes.  D(î  plus,  les 
conducteurs  de  quelques-unes  des  excursions  proposées  sont 
disposés  à  les  refaire  une  seconde  fois,  si  cela  était  néces- 
sité par   le   trop  grand   nombre   des  inscriptions. 


PREPARATION    DU   CONC.RÊS  79 

Un  livret-guide  des  excursions  contenant  les  programmes 
scîentiflques,  cartes,  coupes  et  descriptions  régionales  sera 
adressé,  franc  de  port,  aux  membres  du  Congrès  qui  en  feront 
la  demande,  moyennant  le  prix  de   lo  francs. 

Les  prix  indiqués  pour  les  excursions  ont  été  établis  de 
façon  à  comprendre  tous  les  frais  prévus  au  cours  du  voyage, 
à  l'exception  des  deux  routes  en  chemin  de  1er,  aller  et  re- 
tour, de  Paris  ou  de  la  frontière,  aux  centres  d'excursion. 
Cette  dépense  devra  être  ajoutée  à  celles  qui  sont  spécifiées 
dans  la  circulaire. 

Sur  la  demande  du  Comité  d'organisation,  les  compagnies 
françaises  de  chemins  de  fer  ont  bien  voulu  accorder  une 
réduction  de  demi-place,  pour  les  excursionnistes,  membres 
du  Congrès. 

La  date  des  rendez-vous  assignés  dans  cette  lettre  est  seule 
définitive.  Le  nombre  des  journées  de  course  et  leurs  itiné- 
raires pourront  être  modifiés,  suivant  le  temps  et  les  circons- 
tances, par  entente  entre  les  géologues  inscrits  et  les  conduc- 
teurs de   chaque  excursion. 

Les  personnes  qui  veulent  faire  partie  du  Congrès  sont 
priées  d'envoyer  leur  adhésion  le  plus  tôt  possible  au  Secré- 
taire (M.  Charles  Barrois,  boulevard  Saint-Michel,  62,  à  Paris) 
par  le  moyen  du  Bulletin  ci-inclus,  qu'il  leur  suffira  de  signer, 
en  indiquant  les  excursions  qu'elles  désirent  suivre.  Les  man- 
dats postaux  devront  être  inscrits  au  nom  de  M.  Léon  Carez, 
trésorier  du  Congrès,  qui  en  accusera  réception,  en  envoyant 
la  carte  de  membre  du  Congrès.  Le  nombre  des  places  étant 
limité  dans  les  excursions  spéciales,  les  géologues  sont  priés 
de  numéroter  les  excursions  qu'ils  désirent  suivre,  afin  de 
s'assurer  un  a«  ou  un  3®  choix,  dans  le  cas  où  le  cadre  de 
l'excursion  choisie  par  eux  en  première  ligne  serait  déjà 
rempli. 

Pour  l'organisation  des  excursions  et  la  préparation  des 
billets  de  chemin  de  fer,  il  est  nécessaire  que  nous  coimais- 
sions  d'avance  le  nombre  des  participants.  Les  privilèges 
réservés  aux  congressistes  ne  seront  assurés  qu'à  ceux  qui 
se  seront  fait  inscrire  avant  le    i®"*  juin. 

Suivant  une  décision  du  Conseil  du  Congrès  de  Saint- 
Pétersbourg,  ceux-là  seuls  seront  considérés  comme  inscrits 
aux  excursions,  qui  auront  efièctué  à  ce  sujet  un  versement 
préalable,  indépendant    du   prix   de   la   cotisation   et  du  livret- 


8o 


Viue  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 


guide.  Ce  nouveau  versement  a  été  fixé  à  20  francs  par  le 
Comité  d*organisation  du  Congrès  de  Paris  ;  cette  somme  sera 
portée  au  compte  de  ceux  qui  suivront  eflectivement  les 
excursions  ;  elle  diminuera  pour  eux  la  dépense  des  excur- 
sions ;  elle  sera,  au  contraire,  perdue  définitivement  pour  les 
personnes  inscrites  qui   n'auraient   pas  suivi   les   excursions. 

Les  futures  circulaires  du  Comité,  donnant  des  renseigne- 
ments détaillés  sur  les  séances,  les  excursions  et  les  loge- 
ments ne  seront  adressés  dorénavant  qu'aux  pei'sonnes  qui 
auront  fait  parvenir  leur  adhésion.  Nous  pouvons,  dès  à 
présent,  faire  savoir,  à  titre  documentaire,  que  par  suite  d'une 
convention  avec  la  Société  des  Voyages  Modernes  (1,  rue  de 
l'Echelle ,  à  Paris),  les  membres  du  Congrès  pourront  s'assui'cr, 
par  son  intermédiaii*e,  un  séjour  k  Paris,  dans  des  hôtels 
confortables,   lors  du  Congrès,   aux   prix  suivants    : 

Chambre   à   coucher  :  depuis   6   francs   par  jour. 
Journée  complète  :  déjeuner,  dîner,  coucher,  depuis  i3  francs 
par  jour. 

Le  Secrétaire  général        Le  Président  du  Comité  d'organisation^ 
du   Comité  d* organisation,  Membre  de   VInstiiut, 

Charles   BARROIS.  Albert    GAUDRY. 


EXCURSIONS  AVANT  LE  CONGRES. 

EXCURSIONS  SPÉCIALES. 

1.   —  Ardennes, 
sous    la    conduite   de    M.    Gosselbt. 

Stratigraphie  des  Terrains  primaires,  carbonifères,  dévoniens 
et  siluriens  :  leur  niétainorpliisme.  Tectonique  du  plateau  arden- 
nais.    Coût   approximatif   :    180   francs. 

Lundi.. . .     6  août  :  Rendez-vous  le  soir  à  AvesneSy  hôtel  du  Nord  (i). 

—  Avesnes,  Maubeuge,  Ferrières,  Bâchant,  Avesnes, 

—  Avesiielles,  Baldaquin,  Givet. 

—  Hahtières,  Dînant,  Gi\?et. 

—  Fromelcnnes,  Vodelée,  Romedenne,  Givet. 

—  Vireux,  Haybes,  Charleville. 

—  Fumay,  Laifour,  Dcville,  Charleville. 


1 
8 


Mardi .... 
Mercredi , 

Jeudi  ....  9 

Vendredi.  10 

Samedi...  11 

Dimanche  la 


(1)    Les  noms  écrits    en   italiques    indiquent   les   localités    où    l'on    passera 
la   nuit. 


Préparation  du  congrès 


8t 


Lundi i3  août  :  Monthermé,    Bogny    Château -Renaud,    Levrezy, 

Braux,  Nouzon,  Aiglemont^  Charleville, 

Mardi i4    —       Monlhenné,   Hautes-Rivières,   Linchamp,   Cense- 

Jacob,  Franchois,  Charleville. 

II.  —  Gironde  et   Tour  aine, 
lia.  —  Gironde,   sous   la  conduite    de    M.    E.  Fallot. 

Succession  des  couches  du  Lutétien  au  Miocène  du  bassin  de 
la  Gironde  :  principaux  gisements  fossilifères.  Goût  approximatif  : 
i3o   francs. 


Vendredi.  3  août 

Samedi. . .  4  — 

Dimanche  5  — 

Lundi ....  6  — 

Mardi ....  7  — 

Mercredi .  8  — 

Jeudi 9  — 


Rendez-vous  à  la  Faculté  des  sciences  de  Bor- 
deaux, 3  heures  du  soir.  Visite  des  collec- 
tions. Cenon,  Bordeaux. 

Bordeaux  à  Roque -de -Tau,  Piassac,  Blaye, 
liordeatix. 

Gérons,  Landiras,  Langon,  Sainte-Groix-du-Mont, 
Lcuigon . 

Villandrant  et  environs,  Bordeaux. 

Labrède,  Saucats,  Bordeaux. . 

Sarcignan,  Léognan,  Bordeaux. 

Salles,  Bordeaux  ou  Arcachon,  à  volonté. 


Il  b.  —  Touraine,  sous  la  conduite  de  M.  G.  Dollfus. 

Visite  des   gîtes  du  Miocène  typique.   Goût  approximatif  :  70  fr. 

Samedi...   11  août  :  Rendez-vous    à     Tours    (hôtel   de   l'Univers),    à 

8  h.  du  matin.  Le  Louroux,  Louhans,  Man- 
thelan,   Lig-neil. 

Ferrière-l'Arcan,   Paulmy,    Tours. 

Montrichard,  Thenay,    Pontlevoy. 

Pontlevoy,  Sambin,    Blois,  Paris, 


Dimanche   12    — 

Lundi i3    — 

Mardi ...   14    — 


III.  —  Pyrénées  (Roches  cristallines), 
sous  la  conduite  de  M.  Lacroix. 

Granité  et  phénomènes  de  contact  de  la  Haute-Vallée  de  TOriège 
et  du  pic  d'Arbizon  (Hautes-Pyrénées).  Lherzolite  de  Tétang  de 
Lherz,  etc.,  gisement  et  phénomènes  de  contact.  Ophites  de  la 
Haute- Ariège.  Syénite  néphélinique  et  ophite  de  Pouzac.  Goût 
approximatif:  200  francs. 

Samedi...     4  août  :  Rendez- vous   à  Ax-les-Thernies  (Ariège)^  hôtel 

Boyer,   le  soir. 

5  —        Gol  de   l'Ëstagnet,  Ax-les-Thermes . 

6  —        Ascension  à  Baxouillade,    Ax-les- Thermes. 

7  —        Prades,  Gausson,    Tarascon. 

8  —        Arnave,    Arignac,    Vicdessos. 


Dimanche 
Lundi . . . . 
Mardi . . . . 
Mercredi  . 


6. 


»a 


VIU"    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 


Jeudi 9  août 

Vendredi.  lo  — 
Samedi.  .11  — 
Dimanche    la    — 

Lundi i3    — 

Mardi i4    — 


Sem,  Croix- de-Sain  te-Tanoque,  Rancié,  Vicdessos. 
Vallée  de  Suc,   Étang  de   Lherz,    Massât. 
Massai,   Saint-Girons,    Bagnères-de-Bigorre, 
Pouzac,  Campan,  Payole, 
Cirque  d'Arbizon,    Payole. 
Bagnères-de-Bigorre. 


Lundi 

5 

Mardi 

7 

Mercredi. . 

8 

Jeudi 

9 

Vendredi . 

10 

Samedi. . . 

II 

Dimanche. 

13 

Lundi 

i3 

Mardi 

14 

IV.  —  Aquitaine  (Charentes  et  Dordogne), 

sous  la  conduite  de  M.  Ph.  Glanoeaud. 

Jurassique  et  Crétacé  de  l'Aquitaine  :  Lias  et  Jurassique  à 
Céphalopodes;  Jurassique  oolitique  à  récits  coralliens.  Portlaudien 
saumâtre.  Faciès  divers  du  Crétacé  :  zones  à  Rudistes.  Plisse- 
ments de  la  région,  failles  limites  du  Plateau  central.  Coût  approxi- 
matif :  200  francs. 

5  août  :  Rendez- vous   à  Saint-Saviol  (  Vienne)^  hôtel  de 
la   Gare,  le  soir. 

—  Montalembert,    Sauzé,  Raix,   Ruffec.  Visite  des 
collections   préhistoriques  de  M.  Chauvet. 

—  Luxé,    Échoizy,  Ruelle,    Angoulême. 

—  •    Environs  à! Angoulême. 

—  La   Rochefoucauld,  Angoulême, 

—  Nontron,  MareuîL 

—  Environs   de    Mareuil. 

—  Ribérac,    Saint- Cyprien, 

—  Environs  de  Saint-Cyprieu,  Le   Bugne, 

V.  —  Types  du  Turonien  de  Touraine  et  du  C6nomanien  du  Bfana, 

sous  la  conduite  de  M.  de  Grossouyre. 

Succession  des  étages  turoniens  et  sénoniens  de  la  Touraine; 
série   cénomanienne   de  la  Sarthe.   Coût   approximatif  :    80    trancs. 

Vendredi .   10  août  :  Rendez- vous  à  Tours,   le  soir,  à  THôtel  de  Bor- 
deaux. 

—  Vallée    de   la    Loire  aux    environs    de    Tours, 
Langeais. 

—  Saint-Paterne,  Le  Mans  ou  La  Ferté- Bernard. 
Saint-Uphace,  Launay,  La  Ferté- Bernard. 

—  Connerré,   Coudrecieux,  Paris. 

VI.  —  Mayenne, 
sous  la  conduite  de  M.  D.-P.  OChlert. 

Bassin  de  Laval.  Terrains  paléozoïques  du  Précambrien  au 
Carbonifère,  étude  de  leur  faune,  de  leur  succession.  Sables 
éocènes  et  pliocènes.  Cambrien  des  Coëvrons.  Roches  éruptives  : 
granités,  diabases,  inicrogranulites,  orthophyres.  Métamorphisme.  Coût 
approximatif  :  100  francs. 


Samedi . . . 

11 

Dimanche 

la 

Lundi 

i3 

Mardi 

14 

PREPARATION   DU   CONGRES 


83 


Jeudi 9  août  :  Rendez-vous  à  LavaL^  hôtel  de  Paris,  le  soir. 


Vendredi  .10  — 

Samedi ...   1 1  — 

Dimanche    12  — 

Lundi ...     i3  — 

Mardi ....   14  — 


Sacé,   Andouiiié,    Saint  -  Germain  -  le  -  FouiUoux, 

Laval,  Changé,   Laval, 

Ëntrammes,  Meillé-sur-Vicoin,  Montigné,  Laval. 

Voutré,    Sillé. 

Sillé,    Fresnay,  Paris, 

Vil.  —  Bretagne, 
sous  la  conduite  de  M.  Charles  Barhois. 


Succession  des  formations  paléozoïques  fossilifères,  leur  méta- 
morphisme. Granités  et  Gneiss  gr an uli tiques.  Diorites  et  Gneiss 
amphiboliques.  Roches  d'épanchement  précambriennes  et  siluriennes, 
Laccolites  et  roches  tiloniennes  carbonifères  :  aplites  et  kerzantons. 
Coût   approximatif  :  220  francs. 

Rendez- vous   à   Quimperlé    (Finistère),  le  soir, 

à   l'Hôtel  du  Lion-d*Or. 
Départ    de    la    gare,  9  h.  matin.    Falaises    du 

Pouldu,    Quimperlé, 
Quimper,    Douarnenez,  Menez- Hom,    Morgat, 
En  mer,  par  bateau  au  Cap  la  Chèvre,  Fort  du 

Diable,   Camaret,   Morgat, 
Étude    en    bateau   des  falaises  dévoniennes  de 

la  rade  de  Brest,    Brest, 
Landerneau,     La     Roche-Maurice,     La     Forêt, 

Brest, 
Yfiiniac,  Plédran,  Saint-Brieuc, 
Guingamp,  Pontrieux,  Roche-Jagu,  Saint-Brieuc, 
Plerin,   Cesson,   Saint-Brieuc, 
Pontivy,  Salles  de  Rohan,  Bon  Repos,  Auray, 
Vallée  de  TEvel  ou  monuments  mégalithiques  du 

Morbihan.   Visite   des   Collections  du    comte 

de  Limur.     Vannes,   Clôture. 


Samedi .  . 

4 

août 

Dimanche 

5 

— 

Lundi 

6 

.^_ 

Mardi 

7 

— 

Mercredi. . 

1 

8 

— , 

Jeudi 

9 

— 

Vendredi . 

10 

_ 

Samedi. . 

II 

— 

Dimanche 

12 

— 

Lundi 

i3 

— 

Mardi 

14 

EXCURSIONS  PENDANT  LE  CONGRES 

VIII.  —  Bassin  tertiaire  parisien. 

Des  courses  de  un  à  deux  jours  seront  faites,  pendant  les 
intervalles  des  jours  de  séances  du  Congrès,  dans  les  gisements 
fossilifères   principaux   des  environs   de  Paris. 

VIII  a.  —   Sous  la   conduite    de   M.   Munier-Cualmas. 

Dimanche   19  août  :  Gisors,  Mont-Javoult,    Parnes.    Sénonien,    Tha- 

nétien,  Yprésien,  Lutétien,  Bartonien,  Ludien, 
Oligocène. 


84  VIII"   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Lundi  ....  20  août  :  Beauvais,  pays  de  Bray.  Néocomien,  Barréniien, 

Albion,  Cénonianien,  Turonien,  Sénonien, 
Thanélicn,  tourbes  actuelles. 

Vendredi.  24    —        Cuise-la-Motte.   Yprésien,   Lutétien. 

Dimanche  26    —        Monl-Bernon.    Sparnacien,   Lutétien. 

Vil!  b.  —  Sous  la  conduite  de  M.  Léon  Janet. 

Lundi 20  août  :  Argenteuil. 

Mercredi  .  22    —        Romainville. 

Vlil  c.  —  Sous  la  conduite  du  M.   Stanislas  Mf.umeh. 

Mercredi  .  22  août  :  Parc  de  Grignon. 

VI II  d.  —  Sous  la  conduite  de   M    G.    Dollkijs. 

Dimanche   19  août  :  Arcueii-Cachan,   Bagneux,    Bicêlre. 
Vendredi.  24    —        Élrechy,  Morigny,  Étampes. 
Dimanche  26    —        Méry-sur-Oise,  Anvers. 


EXCURSlOxXS  APRES  LE  CONGRES 

EXCURSIONS  GÉiNÉRALES 

IX.  —  Boulonnais  et  Normandie, 

Sous  la  conduite  de  MM.  Cîosselkt,  Munier-Chalmas,  Pkllat,  Hi(iAUX, 

Bigot,  Cayeux. 

Boulonnais  :  Terrains  primaires,  jurassiques  et  crétacés  :  suc- 
cession des  niveaux  tossiliCères.  Tectonique  générale,  formation  du 
ridement  et   de  la   dénudation   du    Bas-Boulonuais. 

Coût    approximatif  :    90   l'rancs. 

Normandie  :  Etude  des  falaises  jurassiques  et  crétacées  de  la 
Manche  :  Précambrien,  Cambrien.  Ordovicien,  Gothlandien,  Siné- 
murien,  Charmouthien,  Toarcien,  Bajocien,  Bathonien,  Callovien. 
Oxlbrdien,   Séquanien,   Kimméridien.  Coût   api)roximatif  :  120  francs. 

Jeudi 3o  août  :  Rendez-vous  à  7  heures  du  matin,  place  Saint- 
Pierre,  à  Calais.  Départ  à  7  heures  pour 
le  Blanc-Nez,  Escalles,  Wissant,  Marquise, 
Boulogne. 

Vendredi.  3i     —        Boulogne,  Haut-Banc,  Ferques,   Blecquenecques, 

CafBers,    Boulogne, 

Samedi...  i*""  sept.  :  Boulogne,   Belle,   Le   Waast,  Pays   de  Licques, 

Boulogne. 

Dimanche     2    —        Visite  du  nmsée   de  Boulogne  avec  le  concours 

du  D'  Sauvage.  Excursion  au  mont  Lambert 
ou   à    Alpreck,    Boulogne. 


PRÉPARATION   DU  CONCRÈS 


85 


Mercredi .  5  — 

Jeudi 6  — 

Vendredi.  7  — 

Samedi...  8  — 


Lundi 3  sept.  :  Falaises    de   Boulogne    à   Wimereux,   Wimilie. 

Route  de  Boulogne   au  Havre, 

Mardi 4    —        Visite  du  musée,  course  aux  environs  du  Havre, 

avec  le  concours  de  M.   Lennier. 
Trouville,    Villers-sur-Mer. 
ViUers-sur-Mcr,  Beuzeval,  Banville,  Caen. 
Tilly-sur-Seulles,  Bayeux,  Sully,  Port-en-Bessin, 

Caen. 
Vallée  de   la  Laize,  May,    Caen. 

X.  —  Massif  central, 
sous  la  conduite  de  MM.  Michkl-Lévy,  Marcellin  Boole,  Fabre. 

Etude  comparée,  au  point  de  vue  géologique  et  de  la  géogra- 
phie physique,  des  trois  grandes  régions  volcaniques  du  Massif 
central.  Chronologie  complète  des  éruptions  depuis  le  Miocène 
jusqu'à  la  fin  du  Quaternaire.  M.  Fabre  continuera  l'excursion 
par  les  causses  de  la  Lozère,  les  gorges  du  Tarn,  et  la  monta- 
gne de  TAigoual.   Coût  approximatif  :   3oo  francs. 

Mercredi .  29  août  :  Rendez- vous    à     Clermont  -  Ferrand    le    soir   : 

Hôtel  de  la  Poste. 

Jeudi.  . . .  3o  —  Clermont- Ferrand,  Puy  de  Dôme,  Clermont- Fer- 
rand ;  Visite  des  collections  de  M.  Paul  Girod. 

—  Laqueuille,  La  Bourboule,  Mont-Dore,  ascension 
du  Sancy,  Mont-Dore. 

sept.  :  Mont-Dore  à  Bort. 

—  Bort   à  Aurillac. 

—  Aurillac,    Vic-sur-Cère,  Murât, 

—  Puy-Mary,  Murât, 

—  Murât,    Le  Pur- 

—  Le  Mézenc.   Le  Puy, 

—  Le  Mézenc,   Le  Puy, 

—  Le  Puy,    Langogne,  Mende, 

—  Le     Valdonnez,    col    de    Montmirat,    Ispagnac, 
Sainte-En  imie, 

—  Descente  du  canon  du  Tarn,  Le  Rozier. 

—  Gorge     de    la     Jonte ,     grotte     de     Dargilan , 

Mej-rueis. 

—  Causse  Noir.  Perte  du  Bramabiau,  Observatoire 
de  VAigoual, 

—  Plateau  de  TEsperen,  cascade  d'Orgon,  Le  Vigan, 

XI.  —  Bassins  houillers   du  Centre  de  la   France, 

étudiés  en  deux  excu  1*91008  successives,  sous  la  conduite  de  MM.  Fayol,Grand*Eury. 

XI  a.  —  Bassins  houillers   de  Commentry   et  de  Decazeville, 

sous  la  conduite  de  M.  Fayol. 

Particularités  diverses  et  mode  de  formation  du  terrain  houiller 
de   ces  bassins.   Coût  approximatif  :  120  francs. 


Vendredi . 

3i 

Samedi . . . 

I" 

Dimanche 

a 

Lundi 

3 

Mardi 

4 

Mercredi  . 

5 

Jeudi 

6 

Vendredi . 

7 

Samedi.. . 

8 

Dimanche 

9 

Lundi 

10 

Mardi 

II 

Mercredi . 

12 

Jeudi 

i3 

86 


vin*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


Mercredi .  29  août  :  Rendez- vous  à  Commentry,  hôtel  de  la  Cou- 
ronne,   à   7   heures  du  soir. 

Visite  du  bassin  houiller  de  Commentry.  Mont- 
luçon  (hôtel   de  France). 

Départ  de  Montiuçon,  à  6  h.  la  matin,  pour 
Decazeville^  à  5  h.  23  soir. 


Jeudi 3o    — 

Vendredi.  3i     — 

Samedi ...  i*'  sept. 
Dimanche     2    — 

Lundi 3    — 

Mardi ....    4    — 


f    Visite  du  bassin  houiller  de  Decazeville  (hôtel 
i        des  Houillères.) 

Départ    de   Decazevilie,    6  h.    i5     matin,    pour 
Saint-Etienne. 


X\  b.  —  Bassin  houiller  de  la  Lioire, 
sous  la  conduite  de  M.  C.  GrandTury. 

Composition  et  structure  du  bassin  houiller  de  la  Loire.  Tiges 
enracinées.  Sol  de  végétation.  Formation  des  couches  de  houille. 
Flore   fossile.    Végétaux  silicifiés.  Coût   approximatif   :   5o  francs. 

Mercredi  .     5  sept.  :   Montrambert,     Saint-Priest,     Le    Gros ,     Saint- 
Etienne. 
Grand'Croix,  Rive-de-Gier,  Saint- Etienne. 
Firminy,  La  Béraudière,  Montmartre,    Quartier 
Gaillard,  l'Eparre,  Saint-Etienne, 

EXCURSIONS  SPÉCIALES 


Jeudi 6    — 

Vendredi .     7    — 


XII.— Bassins  tertiaires  du  Rhône,  Terrains  secondaires  et  tertiaires 

des    Basses-Alpes. 

XII  a  —  Bassins  tertiaires  du  Rhône, 
sous  la   conduite  de  M.   Drpéret. 

Bresse,    Bas-Dauphiné,  Bollène,  bassin   d'Apt,  Durance  et  bassin 
de  Forcalquier.   Coût   approximatif  :    126  francs. 

Jeudi 3o  août   :  Rendez- vous     à    12    heures    à     la    Faculté    des 

sciences  de  Lyon. 
Motion,  Meximieux,  Lyon. 
Saint-Fons,    Heyrieu,    La    Grive    Saint- Alban, 

Lyon, 
Saint-Paul-Trois-Châteaux.    Saint-Ferréol,  Saint- 

Restitut,   DoUène. 
Théziers,  Avignon. 
Gargas,    Apt. 

Mont-Léberon,    Cucuron,    Pertais. 
Forcalquier  ou  Digne, 


Vendredi.  3i     — 
Samedi. . .   i*'  sept. 

Dimanche     2    — 


Lundi . . 
Mardi . 
Mercredi 


3 
5 


Jeudi 6    — 


XII  b,  —  Environs  de  Digne  et  de  Sisteron, 
sous  la  conduite  de  M.  IIaug. 

Région     de     contact    des    Chaînes    Subalpines    et    des    Hautes- 
Chaînes,  à   Test  de    Digne    et    de   Sisteron     (Série    jurassique  des 


PRÉPARATION   DU   CONGRÈS  87 

Basses- Alpes,  Oligocène  et    Miocène  de  Tanaron,   tectonique).  Coût 
approximatif  :   ^5  francs. 

Vendredi .  7  sept.  :  Environs  de   Dif^ne. 

Samedi ...  8    —        l^igne,   Entrages,  Digne, 

Dimanche  9    —        Digne,    Tanaron,  Digne, 

Landi 10    —        Sisteron,  La  Motte-du-Caire,  Faucon,  Sisteron. 

Mardi 11    —        Sisteron,   Bayons,    Sisteron, 

Xin.  —  Alpes  du  Dauphin6 
autour  de  Grenoble. 

Grenoble  a  été  choisi  comme  le  point  de  départ  et  le  centre 
des  quatre  excursions  suivantes.  Rendez- vous  à  Grenoble  le  29  août 
au  soir  (hôtels  d'Angleterre,  Monnet,  Primat,  Savoie,  Tr ois-Dauphins). 

Jeudi 3o  août  :  Réunion  le  matin  à  la  Faculté  des  sciences.  Visite 

des  collections.  Conférence  de  M.  Primat, 
ingénieur  des  mines ,  sur  l'industrie  des 
ciments  en  Dauphiné. 

Xllla.  —  Alpes  du  Daaphin6  et  Mont-Blanc, 
sous  la  conduite  de  MM.  Marcel  Bertrand  et  W.  Kilian. 

I'*  partie,   sous  la  conduite   de  M.  W.  Kilian. 

Chaînes  subalpines  (cluses  de  l'Isère  et  du  Vercors,  série  juras- 
sique supérieure  et  crétacée  à  faciès  variés).  Massifs  centraux  de 
la  zone  dauphinoise  (schistes  cristallins^  granité,  plis  anciens  et 
alpins).  Zone  du  Briançonnais  (structure  imbriquée,  flysch,  série 
sédimentaire  à  faciès  briançonnais,  malm  alpin).  Coût  approximatif 
(3o  août  au  5  septembre)  :   iio  francs. 

Vendredi.  3i  août  :  Cluse  de  l'Isère,  Aizy,  L'Echaillon,  Saint-Nazaire. 
Samedi . .  i"  sept.  :  Vercors,  Rencurçl,    Villard-de-Lans, 
Dimanche    2    —        La  Fange,  Col  de  l'Arc  au  Sassenage,  Grenoble, 
Lundi  ...     3    —        Bourg  d'Oisans,  Cluse  de  la  Romanche,  Freney, 

La  Grave. 
Mardi  ...    4    —        Col  du  Lautaret,  La  Ponsonnière,  Le  Lautaret, 
Mercredi .     5    —        Col  du  Galibier,  Valloise,  Tunnel  du  Télégraphe, 

Saint-Michel-de-Mauriehne,  A Ibertville, 

2«  partie,  sous  la  conduite  de  M.  Marcel  Bertrand  :  Albertville; 
plis  couchés  du  mont  Joly  et  extrémité  de  la  chaîne  du  Mont-Blanc. 
Coût  approximatif:  70  francs. 

Jeudi 6  sept.  :  Albertville,    Beauforl,    Haute-Luce,    Lac    de    la 

Girotte. 
Vendredi.     7    —        Col  du  Mont  Jolly,  Nant  Borrant. 
Samedi . .     8    —        Col   du  Bonhomme,   Sud  du    massif    du    Mont. 

Blanc,  Saint-Gervais. 
Dimanche    9    —        Excursion  facultative  dans  la  vallée   de    l'Arve 

ou   à   Chamonix. 


88 


vin"   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


Lundi  — 

3  sept. 

Mardi 

4    - 

Mercredi . 

5    - 

Jeudi  .... 

6    — 

Vendredi. 

7    — 

Samedi . . 

8 

Dimanche 

9    - 

Lundi 

lo     — 

Mardi 

II     — 

Mercredi . 

12      — 

XIII  6.  —  Lia  More,  Dôvoiuy  et  Diois, 
sous  la  conduite  de  MM.  P.  Lort,  Paquier  et  Satn. 

Massif  centrai  de  la  Mure  (Schistes  cristallins,  Houiller,  Trias, 
Lias).  Chaînes  subalpines  du  Bauchalne,  Dévoluy,  nord-est  des 
Baronnies  et  Diois  :  Jurassique  supérieur.  Crétacé,  Nummulitiquc  et 
Oligocène  ;  jdsements  du  Tilhonique  et  du  Néocomien.  Plis  et 
dômes  d'Ages  divers,  aires  synclinales  du  Diois.  Coût  approximatif 
(3  au  la  septembre)  :   120  francs. 

Jeudi 3o  août  au  dimanche  2  septembre  :  comme  XIII  a  (coût 

60  francs). 
Grenoble,  La  Motte,  La  Mure  (M.  Lory). 
LaiTrey,   Champ,  Lus, 

Cluse  du   Buëch,  Saint- Julien-en-Bauchalne. 
Veynes,  Entrée  du  Dévoluy,  Montmaur,   Veynes, 
Villards  de  Montmaur,   Serres  (M.   Paquier). 
Monclus,    Col    des   Tourettes,    La    Charce,    La 

Motte-Chalançon . 
Establet,  Bellegardje,  Col  de  Prémol,  Luc-en-Diois. 
Châtillon,  Menglon,  Les  Gas,   Die. 
Sud  du  Vercors,  Gorges  de  la  Roanne,  Saillans, 

Crest, 
Cobonnc,  Livron  (M.   Sayn). 

XIII  c.    —   Mont  Ventoux  et  montagne  de    Liure, 
sous  la  conduite  de  MM.  W.  Kilian  et  P.  Léenhardt. 

Montagne  de  Lure.  Ventoux  ;  étude  de  la  série  crétacée  inférieure 
et  de  ses  variations  de  faciès.  Gisements  du  Barrémien  et  de  TAptien 
à  céphalopodes.  Coût  approximatif  (du  1 1  au  20  septembre)  :  i5o  fr. 

Jeudi  3o  août  au   lundi    10    septembre    (voir  les    excursions  précé- 

dent<îs  XllI  a,  b). 
Rendez-vous    à     Grenoble,     à     la    Faculté    des 

Sciences. 
Veynes,    Sisteron. 

Pas  de  Madame,  Saint-Étienne-les-Orgues. 
Montagne  de  Lure,  Saint- Étienne-les-Orgues. 
Banon,   Carniol,   Banon. 
Apt,    Cavaillon. 
Orgon,   Carpentras, 
Sault,   Montbrun. 
Ventoux,    Vaison  ou    Orange, 
Vaison,  Orange. 

xni  ft.  —  Massif  du  Pelvoux  et  Biiançonnais, 
sous  la  conduite  de  M.  P.  Termier. 

Schistes  métamorphiques  et  gneiss  ;  massifs  granitiques  avec 
s^énites,   diabases  et  laïuprophyres  ;  llouiUer  avec    éruptions   d'or- 


Mardi.. . .  11  sept. 


Mercredi . 

12 

Jeudi 

i3 

Vendredi. 

14 

Samedi  . . 

i5 

Dimanche 

16 

Lundi 

17 

Mardi 

18 

Mercredi . 

19 

Jeudi  .... 

20 

PRÉPARATION   DU   CONGRÈS 


89 


thophyres  ;  Trias  et  Lias  avec  éruptions  de  mélaphyres  (spilites); 
Jurassique  supérieur  ;  Nummulilique  et  Fiysch.  Nombreux  problèmes 
tectoniques.  Coût  approximatif:    aoo  francs. 

Jeudi 3o  août  :  Comme   dans  l'excursion  XIII   a. 


Vendredi  . 
Samedi. . . 

Dimanche 
Lundi .... 


a 
3 


Mardi ....     4    — 


Mercredi . 

Jeudi 

Vendredi. 


5 

6 

7 


Samedi  . .     8     — 


3i     —        Bourg-d'Oisans. 

I"  sept.  :Venosc,  Saint-Christophe,  TAlpe  du  Pin,  Saint- 
Christophe. 

L'Alpe  de  Vénosc,   Le  Freney. 

Le    Freney    à   la  Grave,    glacier    de   la    Meije, 
La   Grave, 

L'Alpe  Villard-d' Arène.  Bord  du  massif  de  Com- 
beynot,   Le  Lautaret, 

Le   Monôtier,   col    de   rEychauda,    Ailefroide. 

Vallouise,  col  de  la  Pousterle,  Vallouise, 

Col    de    Terre-Déserte,    monts    de    rEychauda, 
Granges  de  Fréjus, 

Montagnes    de     Serre-Chevalier    et    de   Prorel, 
Driançon, 
Dimanche    9    —        Mont  Genèvre,   clôture   à    Césanne. 

m 

XIV.   —   Massif  du  Mont-Dore,  chaîne  des  Puys   et  Ldmagne, 

sous  la    conduite  de   M.    MiCHEL-Lévr. 

Etude  des  volcans  à  cratères  des  environs  de  Clermont  ; 
soubassement  granitique  avec  enclaves  de  schistes  et  quarzites 
métamorphiques  ;  phénomènes  endomorphes  subis  par  Je  granité 
d'Aydat.  Succession  des  éruptions  du  Mont-Dore.  Etude  des  envi- 
rons d'Issoire  et  de  Perrier;  pépérites,  basaltes  et  phonolites  de 
la   Limagne.   Coût   approximatif  :    180   francs. 

Mercredi,  ag  août  :  Rendez- vous  le  soir   à  Clermont-Ferrand,    hôtel 

de  la   Poste. 
Clermont  au  Puy  de  Dôme  par  Royat,  Font  du 
Berger,  Pariou,  Puy  Chopine,  Cressigny,  pla- 
teau de  Prudelles,  Clermont  (comme  Texcur- 
sion   X). 

Clermont  à  Romagnat,  Opme,  Gergovie,  Puy  de 
la   Piquette,  Veyre-Mouton,  Puy  de  Marman, 
Clermont.    Visite  des  collections  de  M.  Paul 
Girod. 
:  Clermont,    Aydat,   Murols, 

Murols,  Saut  de  la  Pucellc,  Saint-Nectaire,  Rei- 
gnat,    Champeix. 

Champeix,     Puy    de    Saint- Sandoux,     Perrier, 
Issoire,    Clermont. 

Clermont,     La    Queuille,    Lusclade,     la     Bour- 
boule,  plateau   de  RigoUet,   Mont-Dore. 


Jeudi. . .     3o    — 


Vendredi.  3i     — 


Samedi.. .   i*'  sept 
Dimanche     a    — 

Lundi  .... 

Mardi 


3    - 


4   - 


90 


VU1«   CONGRÈS  GÉOLOGIQUR 


Mercredi  .     5  sept.  :  Mont-Dore,  lac  de  Guéry,   Mont-Dore. 

Jeudi 6    —        Monl-Dore,  Grande  Cascade,  val  d'Enfer,  Sancy, 

M  ont' Dore. 

XV.   —  Morvan, 
sous  la  conduite  de   MM.   Vklain,    Pâron,   Bréon. 

Terrains  secondaires  de  la  vallée  de  l'Yonne  et  région  de 
l'Avallonais.  Série  liasique  et  infra-liasique  de  Seraur.  Collections 
paléontologiques  d'Auxerre,  de  Seraur.  Traversée  du  Morvan, 
failles  limitatives,  structure  zonaire  ;  succession  des  formations 
éruptives.  Bassin  permien  d'Autun  ;  massif  volcanique  de  la 
Chaume,   près  dlgornay.   Coût   approximatif  :    i6o  francs. 

Mercredi  .  29  août  :  Rendez -vous     à     Auxerrc,   Hôtel  de   l'Epée,   à 

7   heures   du  soir. 
Environs    (f  Auxerre    et    visite   des    collections 

locales,   Auxerre, 
Mailly  -  la  -  Ville ,     Mailly  -  le  -  Château  ,    Merry, 

Chatel'Censoir, 
Samedi...     i«'sept   :  Gravant,   Arcy- sur -Cure,   Voutenay,    Avallon, 

Pontauberl,     Vezelay;     Pierre-Perthuis,    Grand- 

Island.    Avallon, 
Chastellux,  Sainl-Martin.  Cervon,  Larmes. 
Lormes,   Brassy,  Dun-les- Places,   Saint-Brisson, 

Sauliea, 
Les     Gravelles ,     AUigny ,     Lucenay  -  l'Evéque , 

Saulieu. 
Villargoix,    Thoisy-la-Berchère,   La   Motte,  Mon- 

tlay,   Semiir, 
Venarey,    Saint -Euphrone,   Montigny,  Brianny, 

Semar, 
Époisses,  Genay,   Pont  de  Chevigny,    visite  du 

musée,    Semur. 

XVI.  -   Picardie, 
sous   la    conduite    de    M.     Gosselet.    Cayeux,    Ladrièrb. 


Jeudi 3o     - 

Vendredi.  3i    — 

Samedi...     i«'sei 
Dimanche     2    — 


Lundi 

3 

Mardi 

4 

— 

Mercredi  . 

5 

— 

Jeudi 

6 

Vendredi . 

7 

— 

Samedi . . . 

8 

Phosphates 
de  la  France. 

Lundi  ....  3 

Mardi 4 

Mercredi  .  5 

Jeudi 6 

Vendredi.     7 
Samedi ...     8 


crétacés  de   Picardie.    Limons    quaternaires   du    nord 
Coût  approximatif  :    80   francs. 

sept.  :  Rendez-vous  à  Amiens,  le  soir,  Hôtel  de  France. 

—  Amiens,  Saint-Acheul,  Boves,  DouUens. 

—  Doullens,  Auxy-le-Châleau,  Amiens. 

—  Amiens,  Péronne,  Hem-Monacu,    Roisel,    Harffi- 

courl.   Saint -Quentin. 

—  Saint-Quentin,  Etaves,  Le  Cateau,  Maubeuge. 

—  Environs   de   Bavai, 


PRÉPARATION   DU   CONGRÈS  QI 

XVII.  —  Cavernes  de    la  région   des  Causses, 
soûs  la  conduite  de  M.  fc.-A.  Martel. 

Principales  cavernes  découvertes  et  explorées  depuis  1888  ; 
étude  spéléologique  de  ces  diverses  cavités.  Goût  approximatif  : 
i5o  francs. 

Mercredi  .  29  août  :  Rendez -vous  à   Meyrueis  (Lozère),  Hôtel   Rey, 

le  soir. 

Jeudi 3o    —        Bramabiau,   Meyrueis. 

Vendredi.  3i    —        Dargilan,   Meyrueis, 

Samedi...     i**"  sept.  :  Aven   Armand,  Millau. 

Dimanche     2    —        Tindoul  de  la   Vaissière   et  rivière   souterraine 

de  Salles-la-Source,    Alvignac, 

Lundi 3    —        Gouffres  du   Réveillon  et  de    Padirac,    Gramat, 

Mardi 4    —        Gouffres  de    Bède,    les    Vitarelles,    les   Besans, 

clôture. 

XVIII.  —  Massif  de  la  Montagne-Noire, 
sons  la  conduite  de  M.  Bergehon. 

Succession  des  assises  paléozolques  fossilifères  du  Gambrien  à 
faune  primordiale  jusqu'au  Permien.  Métamorphisme  de  cette  série. 
Tectonique  :  plis  en  éventail,  écailles.  Goût  approximatif  :  180  francs. 

Mercredi  .  29  août  :  Rendez-vous  à  Saint- Pons,  hôtel  de  Notre- 
Dame,   le  soir. 

Jeudi 3o    —        Saint-Pons. 

Vendredi.  3i    —        Saint- Pons,    Poussarou,    Saint-Chinian. 

Samedi. . .     lersept.  :  Saint-Ghinian,  Mont-Peyroux,  Roquebrun,  Mons- 

la-Trivalle,  Bédarieux. 

Dimanche     2    —        Laurens,   Gabian,  Bédarieux. 

Lundi 3    —         Vailhan. 

Mardi  et  Mercredi  4  et  5  sept.  :  Gabrières,   Ci ermont4* Hérault. 

Jeudi 6  sept.  :  Lodève. 

XIX.  —  Pyrénées  (terrains  sédimentaires), 
sous  la  conduite  de  M.  L.  Garez. 

Terrains  dévonien,  houiller,  crétacé  supérieur  et  nummulitique 
du  cirque  de  Gavarnie.  Série  crétacée  et  nummulitique  de  Lourdes  ; 
Glaciaire;  roches  éruptives  d'âge  crétacé.  Succession  et  tectonique 
des  formations  jurassiques,  crétacées  et  éocènes  de  Bag^ères-de- 
Bigorre,   de  la   Haute-Garonne,  de   Foix  et  des  Gorbières. 

Variante  :  au  lieu  des  environs  de  Gavarnie,  on  pourrait  visi- 
ter le  Trias,  le  Grétacé  supérieur  et  le  Nummulitique  de  Biarritz. 
Les  personnes  qui  s'inscriront  pour  cette  excursion  des  Pyrénées 
sont  priées  d'indiquer  si  elles  préfèrent  la  course  de  Gavarnie 
ou  celle  de  Biarritz  ;  on  fera  celle  qui  sera  demandée  par  la 
majorité  des   adhérents.   Goût  approximatif  :   aoo   francs. 


92» 


VIII*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 


Jeudi 3o  août  :  Rendez-vous    à    Pierreûtte-Ncstalas,  à   la    gare, 

à   12  h.   45.   En   voilure   à   Gavarnie, 
Vendredi.   3i    — -        Port  de  Bouchero,  le  Taillon,  brèche  de  Roland, 

cirque,   Pierrefitte, 
Samedi. . .    i*'  sept.  :  Argelès,  Osseu,  Lourdes,  Adé,  Loucrup,  Bagne- 

reS'de-Bigorrc . 
Pouzac,     Nodrets,     Orignac,    Capvern,     Saint- 

Gaudens. 
Saint-Marcet,  Tuco,  Auzas,  Sainl-Martory,  Salies- 

du-Salat,   Betchat,    Toulouse, 
Pech-de-Foix,   Bastié,   Foix. 
Leychert,  Villeneuve-d'Olmes,  Benaix,  Lavelanet, 

Quillan. 
Rennes-les-Bains,  montagne  des  Cornes,  Sougrai- 

gne,   Rennes, 
Source  salée,  col  de  Gapella,  pic  de  Bugarach, 

Saint-Paul-de-Fenouillet, 
Gorges    de    Saint -Antoine,     Cubières,     Saint- 

Paul-de-Fenouillet  (clôture). 

Variante  proposée  pour  les  trois  premières  journées    : 

Jeudi 3o  août  :  Rendez-vous  à  la  gare  de  Rayonne,  à  11  h.  o5 

matin.  Visite  des  falaises  au  nord  de  Biarritz. 

Vendredi.   3i    —  .     Falaises   de  Biarritz  à  Ridart,   Pau. 

Samedi...    i*'' sept.  :  Adé,   Lourdes,    Osseu,    Lugagnan ,    Juncalas, 

Ragnères-de-Rigorre. 


Dimanche 

'j 

Lundi 

3 

— 

Mardi 

4 

_ 

Mercredi  . 

5 

Jeudi 

6 

— 

Vendredi . 

7 

— 

Samedi. . . 

8 

_ 

XX.    —  Basse-Provence, 

sous  la  conduite  de   MM.   Marcel  Brrtrand,  Vassbur,  ZOrcokr. 

Série  triasiquc  normale  de  Toulon  ;  chevauchements  du  Reausset, 
de  la  Sainte-Reaume.  Série  fluvio-lacustre  crétacée  et  tertiaire  : 
chevauchements   de   TËtoile.    Coût   approximatif  :  i5o  francs. 

Rendez-vous  à  Toulon,  le  dimanche  23  septembre,  au  soir,  au 
Grand   Hôtel. 

Lundi 24  septembre  :  Toulon,   le  Beausset, 

Mardi  et  Mercredi  a5   et  26   septembre   :  Le  Beausset, 

Jeudi 27  sept.  :  Sainte-Beaume, 

Vendredi .  28    —        Saint-Zacharie. 

Samedi...  29    —        Marseille, 

Dimanche   3o    —        Falaises    de   la   Ciotat,    en   bateau.    Marseille^ 

Lundi  et  Mardi,    i»'  et  2  octobre  :   Marseille, 


PRÉPARATION  OU   CONGRBS  93 


S^e  CIRCULAIRE  ENVOYEE  AVANT  LE  CONGRES 


Paris,    le  i5  Juin   1899. 

Nous  avons  l'honneur  de  vous  communiquer  les  détails 
suivants  relatifs  à  la  prochaine  session  du  Congrès  géologique 
international. 

La  séance  d'ouverture  aura  lieu  le  jeudi  16  août,  à  4  heures, 
dans  le  Palais  des  Congrès  à  l'Exposition  (Place  de  TAlma); 
il  y  sera  procédé  k  l'élection  du  Bureau  et  du  Conseil  ;  les 
ordres  du  jour  pour  toute  la  session  y   seront  arrêtés. 

Les  réunions  ordinaires  du  Congrès  se  tiendront  à  2  heures 
les  17,  18,  21,  îï3,  25,  27,  28  août,  dans  le  même  local,  ouvert 
aux  membres  du  Congrès  pendant  toute  la  journée.  Ils  trou- 
veront, à  proximité,  un  bureau  de  poste,  et  leur  courrier  devra 
être  adressé,  Poste  restante,  Bureau  de  F  Aima,  N^  112,  à 
V Exposition,  Ils  pourront  encore  se  réunir,  en  dehors  des 
séances,  dans  une  salle  réservée  à  cet  effet,  au  Restaurant  des 
Congrès, 

Les  cartes  de  Membre  du  Congrès,  visées  par  le  Commis- 
sariat général  de  l'Exposition,  donneront  droit  à  l'entrée  gra- 
tuite à  l'Exposition  pour  toute  la  durée  de  la  session  (Entrée 
par  les  deux  portes  de  la  Ville  de  Paris  et  des  Congrès).  A 
cause  des  diilicultés  qu'il  y  aurait  à  obtenir  des  duplicata  de 
ces  cartes,  revêtues  du  visa,  elles  ne  seront  pas  expédiées  aux 
Membres  du  Congrès,  par  la  poste  ;  elles  leur  seront  remises, 
62,  boulevard  Saint-Michel,  à  Paris,  à  partir  du  i3  août,  en 
même  temps  que  la  médaille  de  membre,  sur  la  présentation 
des  cartes  de  membres  antérieurement  envoyées  par  le  trésorier 
du   Congrès. 

Le  Conseil  (i)  est  invité  à  se  réunir  avant  l'ouverture  de 
la  session,  le  16  août^  à  10  heures,  dans  la  salle  du  Congrès 
à  l'Exposition,  pour  préparer  la  constitution  du  bureau  définitif 
et  fixer  Tordre  du  jour  général  de   la   session. 


(1)  Le  ConseU.  dans  cette  séance,  avant  l'ouverture  du  Congrès,  se  com- 
pose, aux  termes  ilu  règlement  général,  des  congressistes  ayant  siégé  dans 
les  précédents  Conseils,  des  délégués  des  divers  pays  ou  sociétés  dûment 
accrédités,  et  des  membres  du  comité  régional  d'organisation. 


c4  VUl"    CONÇUES   GÉOLOGIQUE 

PROGRAMME   DU   CONGRÈS 

L'ordre   du  jour  des  séances  du  Congrès  comprendra  : 

I.  Rapport  du  Coniilé   de  la  Carte  géologique  d'Europe. 

a.  Rapport  de   la  Commission   de  Classiiication  stratig^apliique . 

3.  Rapport   de  la  Commission  de  Nomenclature  des   roches. 

4.  Rapport  de   la   Commission  des  Glaciers. 

5.  Rapport  de  la  Commission  pour  la  fondation  d'un  journal 
international  de  pétrographie. 

Le  Comité  d'organisation  de  la  VIII®  session  recommande 
à  la  considération  des  sections  du  Congrès,  les  discussions  sur 
les  propositions  suivantes,  qui  leur  seront  remises  imprimées, 
avant  l'ouverture  du   Congrès. 

Sir  Archibald  Geikie  :  De  la  coopération  internationale  dans 
les  investigations   géologiques. 

T.  C.  Chamberlin  :  Patronage  des  recherches  tendant  à  déter- 
miner les  faits  fondamentaux  sur  lesquels  devra  reposer  la  classi- 
ûcation   finale . 

Commission  internationale  de  pétrographie  :  Publication  d'un 
lexique  pétrographique   international. 

D.  P,  Œhlert  et  W.  Kilian  :  Réédition,  par  voie  d'abonnement 
et  par  le  moyen  de  la  photographie,  des  types  des  espèces  fossiles. 

Les  comnmnications  annoncées  permettent,  dès  à  présent, 
d'indiquer  les  questions  suivantes ,  parmi  celles  qui  fixeront 
l'attention  du  Congrès. 

Sur  les  plus  anciennes  faunes  du  globe  :  MM.  C.  Z).  Walcott, 
Matthew^   Ami, 

De  l'histoire  géologique  du  carbone  ;  formation  de  la  houille  et 
du  terrain  houiller  :  MM.  C.  E,  Bertrand^  Fajrol,  Gosselety  Grand"- 
Eury,  Lemière,    Weinschenk, 

Sur  la  formation  des  océans  ;  l'Atlantique  :  MM.  Hudleston,  Hall. 

Géologie  des  régions  nouvellement  explorées  :  Egypte  (MM.  Hume, 
liarron,  Beadnell),  Oasis  sahariennes  (M.  Flamand),  Sahara  algé- 
rien (M.  Rolland),  Madagascar  (MM.  Douvillé,  Zeiller,  Bouie), 
Tonkin    (M.    ZeiUer). 

D'autres  comnmnications,  sur  des  sujets  divers,  ont  été 
annoncées  par  MM.  Bleicher,  Gosselet,  Marquis  de  Greg-orio, 
Arnold  Hague,  J.  Joly,  Kunz,  de   Lapparent.    Lohest  et  Forir, 


PRÉPARATION    DU   CONGRÈS  96 

Malaise,  Stanislas  Meunier,  Munier-Chalmas,  H.  F.  Osborn, 
Parât,  V.  Raulin,  Sabatini,  F.  Sacco,  Vanderveur,  Vorwerg. 
Une  séance  pourra  être  consacrée  à  des  résumés  sommaires, 
présentés  par  les  conducteurs  d'excursions,  de  la  géologie  des 
régions   visitées  par  le  Congrès. 

LIVRET-GUIDE 

Le  Livret-Guide  des  excursions  fournira  diverses  indications 
pratiques  pour  l'emploi  du  temps  dans  les  intervalles  des 
séances,  telles  que,  liste  des  collections  géologiques  de  l'Ex- 
position, visites  aux  musées  et  aux  écoles,  excursions  aux 
environs  de  Paris.  Il  forme  un  volume  de  i.oSa  pages,  ren- 
fermant 342  ligures  intercalées  dans  le  texte,  et  est  accom- 
pagné de  25  planches,  phototypies,  héliogravures  ou  chromo- 
lithographies. Il  est  adressé  franco  à  tous  les  membres  du 
Congrès  au  prix  de  lo  francs,  versés  à  M.  Carez,  trésorier 
du  Congrès  (i8,  rue  Hamelin).  Il  est  vendu  en  librairie  au 
prix  de  3o  francs. 

Ce  volume  fournit,  par  le  nombre  et  le  choix  des  contrées 
visitées,  une  description  du  sol  français.  Il  s'adresse  ainsi  non 
seulement  aux  excursionnistes  pour  lesquels  il  a  été  écrit, 
mais  aux  bibliothèques,  à  tous  ceux  qui,  à  des  titres  divers, 
désirent  posséder  un  résumé  des  connaissances  actuelles  sur 
la  géologie  détaillée  de  la  France.  Il  comprend  25  notices, 
rédigées  par  les  savants  chargés  de  diriger  les  excursions, 
et  est  le  résultat  de  la  collaboration  de  nombreux  géologues 
français. 

EXCURSIONS 

Les  inscriptions  reçues  jusqu'ici  (i«'^  juin)  atteignent  presque 
le  chiffre  de  700;  ce  nombre  permet  d'augurer  que  l'impor- 
tance du  Congrès  ne  le  cédera  pas  à  celle  des  assemblées 
précédentes. 

Le  nombre  des  congressistes  inscrits  aux  diverses  excur- 
sions, qui  auront  lieu  avant  et  après  le  Congrès,  est  dès  à 
présent  suffisant  pour  décider  que  toutes  les  excursions  pré- 
parées seront  exécutées.  Le  Secrétaire  général  a  eu  l'honneur 
d'aviser  individuellement  tous  les  membres  intéressés  :  il  a  été 
possible  au  Comité,  grâce  aux  préparatifs  des  conducteurs  des 
excursions  spéciales  et  en  forçant  dans  quelques  cas  le  nombre 


96  VIU^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

réglementaire  des  inscriptions,  de  ranger  tous  les  congressistes 
dans  les  excursions  choisies  par  eux  en  premier  rang.  Il  na 
été  fait  d'exception  que  pour  Texcursion  VII  (Bretagne),  en 
raison   du  nombre  trop   considérable   des  demandes. 

Le  Comité  s'est  vu  contraint,  à  son  grand  regret,  d'olTrir 
aux  per<>onnes  inscrites  à  cette  excursion  spéciale  de  suivre, 
en  août,  les  excursions  choisies  par  elles  en  deuxième  ou 
troisième  rang,  ou  l'excursion  supplémentaire  aux  gîtes  miné- 
raux métallifères,  proposée  plus  loin.  Toutefois,  le  conducteur 
de  l'excursion  Vil  se  met  personnellement  à  la  disposition  des 
congressistes  inscrits  pour  refaire  une  seconde  fois  la  même 
tournée,  si  le  nombre  des  adhérents  est  suflisant,  avant  ou 
après  le  Congrès. 

Aux  excursions  précédemment  énumérées  -  et  dont  le  pro- 
gramme détaillé  a  été  inséré  dans  le  Livret-Guide,  le  Comité 
d'organisation  est  aujourd'hui  en  mesure  d'ajouter  trois  nou- 
velles excursions  : 

Excursion  géologique  dans  l'Exposition  :  Une  visite  sera 
organisée  par  les  soins  du  Comité,  le  24  août,  dans  les  sec- 
tions présentant  des  échantillons  intéressants  pour  la  géologie. 

Excursion  dans  les  gîtes  mlnéraux  métallifères  du  pla- 
teau CENTRAL,  SOUS  la  conduîte  de  M,    L,  de  Launo}'  : 

Lundi  6  août  :  Rendez-vous  à  Bourges,  au  train  de  5  heures 
du  matin,    pour   la  Chapeile-Saint-Ursin. 

Visite  des  minerais  de  fer  en  grains  du  Berry.  Ancienne  raine  d'étain 
et  exploitation  d'amblygonite  de  Montebras.  Coucher  à  Montluçon, 

Mardi  y  août  :  Source  thermale  d'Evaux,  exemple  de  g^and 
décrochement  quarzeux  de  Château-sur-Cher  ;  antimoine  de  la  Petite- 
Marche.    Coucher   à  Conimentrjr, 

Mercredi  8  août  :  Kaolin  des  Colettes  ;  tripoli  de  Menât.  Coucher 
à  Clermont-Ferrand, 

Jeudi  g  aodt  :  Antimoine  de  Massiac,  ou  bitume  du  Pont-du- 
Château. 

Vendredi  10  aodt  :  Mine  de  manganèse  de  Romanèche  (Saône-et- 
Loire). 

Coftt  approximatif  de  l'excursion,  de  Bourges  à  Romanèche  : 
110    francs. 

Cette   excursion  sera    organisée  définitivement  si   dix   adhé- 


PRÉPARATION   DU   GONGRÂS  97 

* 

sions  arrivent  au  Secrétariat  avant  le  lo  juillet.  L*itinëraire 
pourrait  être  aisément  modifié,  d'un  commun  accord,  pour  intro- 
duire Texamen  des  gîtes  de  houille  de  Saint-Éloi,  le  plomb  de 
Pontgibaud,  les  sources   thermales  de   Saint-Nectaire,   etc. 

Excursion  aux  Baux,  sous  la  conduite  de  M,  E.  Pellat .: 
La  visite  des  Baux  se  rattache,  à  titre  facultatif,  à  Texcur- 
sion  XX,  en  Provence;  elle  aura   lieu  les  4  et  5   octobre. 

SÉJOUR  A  Paris  :  En  raison  du  nombre  des  agences  privées 
qui  s'occupent  de  trouver  des  logements  à  Paris,  le  Comité  d'or- 
ganisation a  reconnu  qu'il  n'y  avait  point  avantage  à  ce  qu'il  se 
chargeât  du  logement  des  congressistes  à  Paris  pendant  le  Congrès. 
11  invile  les  membres  du  Congrès  à  entrer  individuellement  en 
relation  avec  les  agences  ;  il  ne  peut  que  rappeler  les  conditions 
avantageuses  consenties  par  la  Société  des  Voyages  modernes 
(i,  rue  de  l'Échelle,  à  Paris),  dont  les  prix  minima  ont  été  insérés 
dans  notre  dernière   circulaire. 

Les  géologues  .français  seront  heureux  de  se  mettre  person- 
nellement à  la  disposition  des  congressistes  qui  désireraient 
visiter  des  collections  locales  en  province,  ou  des  localités  non 
comprises  dans  le  programme  of  II  ciel,  ou  ces  mêmes  localités 
à  un  autre  moment.  Le  comité  d'organisation  s'efforcera  de 
satisfaire  les  desiderata  qui  lui  seraient  exprimés  par  un 
nombre  sufTisant  de  congressistes. 

Au  nom  du  Comité  d'organisation  du  Congrès  : 

Charles  BARROIS,  Albert  GAUDRY, 

Secrétaire  général.  Membre   de    l'Institut, 

Président. 


Le  «  Livret-guide  »  donnant  l'itinéraire  détaillé  des  excursions 
prédédentes  et  la  description  des  terrains  rencontrés,  fut  envoyé 
aux  Souscripteurs,  en  Juin,  par  les  soins  des  Secrétaires. 

\je  (^Dmilé  d'oi^anisation  proposa  le  programme  suivant  au 
Conseil  du  Congrès,  avant  l'ouverture  de  la  session. 


98  V1U«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

PROGRAMME 

DU 

Ville    CONGRÈS    GÉOLOGIQUE   INTERNATIONAL 

voté  par  le   Conseil 

Jeudi  16  août 

4  heures.  —    Séance  d'ouverture   au   Palais   des  Congrès  (salle  C). 

a).  Discours  d'ouverture  par  M.  Karpinsky,  président  sortant 
du  Congrès. 

5).  Constitution  du   bureau   de   la  8®  Session   et  du   ConseU. 

c).  Adresse   Présidentielle. 

d).  Rapport  du  Secrétaire  général  sur  les  travaux  du  Comité 
d'organisation. 

Après  la  séance,  distribution  du  programme,  des  listes  des  mem- 
bres, des  rapports  des  commissions,  des  mémoires  de  divers 
membres  imprimés  d'avance  par  les  soins  du  Comité  d'orga- 
nisation. 

5  heures  i/i.  —  Réception   des   Congressistes    par   la  Société  géolo- 

gique de  France,   dans  son   nouveau  local,  rue  Serpente,  a8. 

Vendredi  17  aoiii 

9  heures.  —  (Salle   B.)  Séance  du   Conseil  au   Palais  des  Congrès. 
Les  salles   B  et  D  seront  à  la  disposition  des  Membres  du  Con- 
grès,    en    dehors    des    heures    de    séance,  pour    leur   corres- 
pondance, les    17   et   18  août. 
i  heure.  —  Séance  de  la  Section  i  de  Géologie  générale  et  de  Tecto- 
nique. 
SiR  A.  Geikie.  —  De  la  coopération  internationale  dans  les  investi- 
gations géologiques. 
T.  C.  Chamberlin.  —  Patronage  des  investigations  iondamen taies. 
J.   JoLY.   —    Mécanisme   interne  de  la   sédimentation  marine. 

Age  géologique   de  la   terre    ûxé  par    la  teneur  en 

sodium  de   la  mer. 
Sur  l'écoulement  visqueux  des  minéraux  des  roches 
à    des  températures    inférieures    à  leur   point    de 
fusion. 
Expériences  relatives  à  la  dénudation  en  eau  douce 
et    dans  l'eau   salée. 
A.  DE  L APPARENT.   —  Détlnitiou,  pour  chacune    des    périodes    de 
l'histoire  du  globe,    des    contrées  où    doivent  être  recherchés 
de  préférence    les   arguments   sur   lesquels  on   peut  fonder   la 
délimitation    précise  des  étages  et   sous-éta^^^es  géologiques. 


PROGRAMME   DU   CONGRÈS  99 

M unier-Chalmas  .  —  Tertiaire  parisien.  Délimitation  des  forma- 
tions secondaires  et  tertiaires. 

G.  Rolland.  —  Minerai  de  fer  oolithique  de  l'arrondissement 
de   Briey. 

Stanislas  Meunier.  —  Structure  du  diluvium  de  la  Seine.  — 
Phénomènes  de   la  sédimentation   souterraine. 

Raulin.  —  Terrains  tertiaires  de  TAquitaine.  —  Leur  classifi- 
cation et   leur  faune  d'eau   douce. 

Bleicher.  —  Dénudation  du  plateau  lorrain  et  ses  conséquences. 
S  heures.  (Salle  D.).  —  Séance  de  la  Section  iil  de  Minéralogie  et 
de  Pétrographie. 

Lacroix.  —  Rapport   de  la   Commission  de  pétrographie. 

Ch.  Barrois.  —  Présentation  des  épreuves  du  Lexique  pétro- 
graphique   de   M.  Lœwinson-Lessing  . 

Samedi  18  août 

W  heures.    —   Réunion   de  la    Commission   de  la   carte  géologique 

d'Europe,  6a,    Boulevard  Saint-Michel. 
40  heures.    —   (Salle  B.).  —    Séance  de  la  Section  IV   de  Géologie 

appliquée. 
Mourlon.  —  Les  voies   nouvelles   de  la  géologie  belge. 
GossELET.  —   Minéralisation  des  eaux   profondes. 
Van  der   Veur.    —  Agrandissement  du  royaume  des   Pays-Bas 

par  le  dessèchement  du  Zuyderzée. 
L.  Fabre.    —    Les  plateaux  des   Hautes-Pyrénées  et    les  dunes 

de  Gascogne. 
/  heure.   —   (Salle  B.).  —   Séance   de   la  Section  II  de  Stratigraphie 

et  de  Paléontologie. 
Propositions    de    MM.  Œhlert   et   Kilian  sur  la  réédition    des 

types. 
C.-E.  Bertrand.  —  Mode   de   formation  de  la  houille. 
Fayol.  —   Terrains  houillcrs  du  centre  de   la  France. 
GossELET.  —  Terrain  houiller. 
Grand'Eury.  —    Formation   des   couches  de   houille  des  bassins 

houillers  du  centre  de  la  France  :    Tiges   dressées  et  souches 

enracinées. 
i^EMiÈRE.  —  Transformations  des  végétaux  en  combustibles  fos- 
siles :  rôle   des  distances  et   des    ferments. 
De  Gregorio.   —  Communication  d'ordre  général. 
Ami.  *   Succession  des   faunes   paléozoïques  du  Canada. 
Malaise.  —    Le  Cambrien  et   le   Silurien   de   Belgique. 
P.  CuoFPAT.  —  Terrain  crétacés   du  Portugal. 
B.  Rfnault.  —  Du  rôle   géologique  des  Bactériacés  fossiles. 


lOO  VIIl'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

3  heures,  —  Visites  au   Muséum   d'Histoire   naturelle  : 
.V  heures.  —  Minéralogie  (Anciennes  galeries). 

3  heures  4/2.  —  Géologie. 

4  heures.  —  Plantes  fossiles. 

4  heures  1/2.  —  Paléontologie  (Nouvelles  galeries). 

Dimanche  19  août 

Réception,  au  Palais  de  TËlysée,  des  congressistes  étrangers,  invités 
à  la  fêle  offerte  par   le   Président  de  la  République. 

Excursion  à  Gisors,  Mont-Javoult,  Parnes,  sous  la  conduite  de 
M.  Munier-Chalmas,  avec  le  concours  de  M.  Godin,  Maire 
de  Mout-Javoult,  et  de  M.  Pezant.  —  Départ  de  Paris  (Gare 
Saint-Lazare)  pour  Gisors,  à  6  h.  lo  du  matin,  arrivée  à  8  h.  a3  ; 
déjeuner  et  dîner  au  Mont  Javoult.  Départ  pour  Beauvais  le 
19  au  soir,  par  le  train  de  9  h.  54  du  soir.  Arrivée  à  Beauvais 
ù  10  h.  53. 

Excursion  à  Arcueil-Cachan,  Bagneux,  Bicêtre,  sous  la  direction  de 
M.  Gustave  Dollfus.  —  Départ  (ayant  déjeuné)  de  la  gare 
du  Luxembourg  (ligne  de  Sceaux),  à  1  h.  2.  Retour  à  Paris 
à  5  h.  16  ou   5  h.  ^6. 

Lundi  20  août 

Excursion  à  Beauvais  et  au  Pays  de  Bray,  sous  la  conduite  de 
M.  Munieu-Chalmas,  avec  le  concours  de  M.  Charles  Janet. 
Déjeuner  et  dîner  à  Beauvais.  Retour  de  Beauvais  par  le  train 
de    10  h.  5  du  soir  arrivant   à  Paris   à    11  h.  a5. 

Mardi  21  août 

9  heures  (Salle   A).    —  Séance  du  Conseil   au   Palais  des    Congrès 
40  heures  (Salle  E).  —   Séance   de   la   Commission  des  Glaciers. 
40  heures  (Salle  A).  —  Séance  de  la  Section   11  de   Stratigraphie  et 
de   Paléontologie. 

ZiTTML    :    Rapport   de    la    Commission    de    nomenclature    géolo- 
gique. 

W.-F.  lluME.    —    Le  Sinaï  oriental 

W.-F.  Hume  et  Barron.   —   Géologie  du  désert   oriental. 

H.-J.-L.  Beadnell.  —  Géologie   du  désert   lybien. 

G.  Rolland,  Flamand.  —  Géologie  de  la  région  S.  de  rAlg^ric. 

Dou VILLE,   Boule.  —   Géologie   de   Madagascar. 

Zeillek.  —   Plantes   fossiles   du   Tonkin. 

Lohest  et  FoRiR.   —  Notation   chilTrée   des  terrains. 


PROGRAMME  OU   CONGRÈS  loi 

A.-P.    Pavlow.    —    Porllandien  de    Russie   comparé  à  celui    du 

Boulonnais  et  d'Angleterre. 

Elaboration  de  la  classification   génétique   des   fossiles. 
2  heures  (Salie  A).   —  Séance   de   la  Section  111   de   Minéralogie  et 

de   Pétrographie. 
Becke.   —  Rapport   de  la  Commission   du   Journal  international 

de  Pétrographie. 
Sacco.  —   Essai  d'une  classification  générale   des  roches. 
Salomon.  —  Nomenclature  des   roches   de   contact. 
Wbinschenk.    —    Sur  le  dynamométamorphisrae  et   la   piézocris- 

tallisation. 
Hagub.  —   Sur  les  volcans  tertiaires   de  l'Absaroka-Range. 
V.  Sabatini.    —  Etat   actuel  des  recherches   sur  les  volcans  de 

ritalie  centrale. 
Grenvillb  J.  Colb.  —  Nomenclature  des  roches. 
Frank  Rutley.  —  Nomenclature  de  diverses   roches. 
9  heures  4/i,  —   Soirée    chez  M.   et  M"*"  Albert  Gaudry,  7  bis,   rue 

des  Saints-Pères. 

Mercredi  22  août 

Excursion  au  Parc  de  Grrignon  sous  la  conduite  de  M.  Stanislas 
Meunier.  —  Départ  de  la  Gare  Montparnasse,  à  8  heures  45. 
Retour   à  Paris   à   7  heures  3o.   Coût  approximatif:  6  francs. 

Excursion  à  Argenteuil  sous  la  conduite  de  M.  Léon  Janet.  — 
Étude  des  gypses  parisiens.  Départ  de  Paris  (Gare  Saint- 
Lazare)  pour  Argenteuil,  à  8  heures  35  du  matin.  On 
prendra  individuellement  ses  billets.  Retour  à  Paris  à 
6  heures  i3  ou  à  6  heures  4o  du  soir.  Coût  de  l'excur- 
sion :   environ  5  francs  5o. 

Visites  à  l'École  des  Mines,  à  la  Sorbonnc  et  à  Tlnstitut  catho- 
lique. 

Jeadi  23  août 

2  htures  (Salle  A).  —  Séance  de  la  Section  I  de  Géologie  géné- 
rale. 

Richter.  —  Rapport  de  la  Commission  internationale  des 
glaciers. 

E.  HuLL.  —  Terrasses  subocéaniques  et  vallées  des  rivières 
de   la  côte  occidentale  d'Europe. 

W.  H.   HuDLESTON.    -    La   bordure   orientale  de   l'Atlantique. 

Rabot.   —  Sur   les   glaciers. 


102  Vlll*^   COXGUÈS   GÉOLOGIQUE 

Arctowsky.     —     Le     phénomène     glaciaire     dans     la     région 

antarctique. 
Mrazec.  —  Terrains   salifères  de  Roumanie. 
Popovici-Hatzbg.     —    Présentation    de   la    carte    géologique    de 

Roumanie . 
VoR>vERG.  —  Sur  le   pendage  des  couches. 
Abbé    Parât.     —    Observations     géologiques    dans    les    grottes 

de  la  Cure.  Plateau  du  N.-W.    du  Morvan. 
GuÉBHARD.    —     Recoupement    et    étoilement  des  plis    dans   les 

Alpes  de   France. 
4    heures.    (Salle   E).     —    Séance    de    la    Section  IV    de    Géologie 

appliquée. 
Van  den  Brorck.   —  Géologie  appliquée. 
KuNZ.  —   Progrès   de  la   production  des   pierres  précieuses  aux 

États-Unis. 
LÉON    Janet.     —     Communication    sur     le     captage     des     eaax 

potables  et  sur  l'excursion  de  Montigny-sur-Loing. 
De  Richard.   —  Théorie  sur  la   formation    du  pétrole. 
9    heures    4/2,    —     Réception    chez    le    prince    Roland    Bonaparte, 

Avenue  d'Iéna,   lo. 


Vendredi  24  août 

Excursions  dans  les  sections  géologiques  de  l'Exposition  sous  la 
conduite  de  MM.   De  Launay,  Ramond  et   Thevenin. 

Excursion  à  Montigny-sur-Loing,  sous  la  conduite  de  M.  Léox 
Janet.  —  Visite  des  travaux  de  captage  des  sources  des 
vallées  du  Loing  et  du  Lunain.  —  Départ  de  Paris  (Gare 
de  Lyon)  pour  Montigny,  à  9  heures  10  du  matin.  Un  billet 
collectif  sera  pris  pour  les  Congressistes  inscrits.  Rendez- 
vous  devant  le  buffet  de  la  Gare  à  8  h.  4o.  Retour  à  Paris 
à  5  h.  37   «lu   soir.   Coût  de  l'excursion  :   environ  i3  francs. 

Excursion  à  Cuise-la-Motte,  .sous  la  conduite  de  M.  Munier- 
Chalmas.  —  Départ  de  Paris  (Gare  du  Nord)  pour  Lamotte- 
Breuil,  A  7  h.  i5  du  matin.  Changement  de  train  à  Com- 
piègne  pour  prendre  celui  de  Lamotte-Breuil  à  9  heures  a5, 
arrivée  à  9  heures  45-  Déjeuner  à  Cuise-la-Motte  :  dîner  à 
Picrrefonds.  Départ  de  Pierref()n<ls  pour  Paris  par  le  train  de 
8  h.  5o,   arrivée   à   Paris  à  11  h.  23. 

Excursion  à  Étrechy,  Morigny,  Étampes,  sous  la  conduite  de 
M.  Gustave  Dollfus.  —  Départ  de  la  Gare  d'Orléans  à 
7  h.  16  du  matin.  Déjeuner  à  Morigny,  retour  à  Paris  à 
6  h.   3o   ou    à   6  h.  59. 


PROGRAMME  DU    CONGRÈS  lo3 


Samedi  25  août 

40  heures  (Salle  A).  —  Séance  du  Conseil  au   Palais  des  Congrès. 

4  heure  (Salle  A).    —    Séance   générale,  présentation   des   rapports 

préparés  : 

i^  par   la   Commission  de   nomenclature   géologique, 
a**  par  la  Commission   de  la  carte  géologique  d'Europe, 
3*^   par  la   Commission   de  pétrographie, 
4"*  par   la  Commission   des   glaciers. 
Mise  aux  voix  des  propositions   d'intérêt   général  de   Sir  Arch. 
Geikie   et   de   MM.   Chamberlin,   Œhlèrt   et   Kilian. 

5  heures,   —   Réception   à    THôtel-dc- Ville  par  le   Conseil   municipal 

de  Paris. 
8  heures.   —   Banquet     oiTert    à    THôtel    du    Palais   d'Orsay   par   le 
Comité  d'organisation    du   Congrès. 


Dimanche  26  août 

Excursions  dans  les  sections  minéralogiques  de  l'Exposition,  sous 
la  conduite  de  M.  A.  Lacroix,  et  dans  les  sections  géolo- 
giques, sous   la  conduite   de  M.  de   Lapparbnt. 

Excursion  à  Anvers,  sous  la  conduite  de  M.  Gustave  Dollfus.  — 
Départ  (ayant  déjeuné)  de  la  Gare  du  Nord  à  i  heure. 
Retour  à   Paris  à  6  h.   ao  ou   à  6  h.  5o. 

Excursion  au  Mont-Bernon,  sous  la  conduite  de  M.  Munirr- 
Chai.mas.  —  Départ  «le  Paris  (Gare  de  l'Est),  pour  Épernay, 
à  8  h  3o  du  matin.  Arrivée  à  Épernay  à  lo  h.  4^.  Déjeuner 
et  dîner  à  Épernay.  Départ  d'Épernay  pour  Paris  par  le 
train  de   8   h.   5o,  arrivée  à  Paris  à  ii   h.  23 

Excursion  à  Roraainville,  soûs  la  conduite  de  M.  Léon  Janet.  — 
Étude  des  gypses  parisiens.  Départ  de  Paris  (Gare  de  l'Est) 
pour  Noisy-le-Sec,  à  i  h.  ao  du  soir.  On  prendra  indivi- 
duellement ses  billets  (aller  seulement).  Retour  à  Paris,  par 
le  tramway  de  Romainville,  vers  6  h.  i/a  du  soir.  Coût  de 
l'excursion  environ  i   franc. 


Lundi  27   août 

40  heures  (Salle  A).  —  Séance  du  Conseil   au   Palais   des  Congrès. 
i  heures.  —  Séance  générale   de  clôture. 

OsBouN.   —   Corrélation    des    formations    tertiaires    d'Europe    et 
du  Nord    de   l'Amérique. 


% 


I04  Vllie   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Scott.   —  Faune  de  Patagonie. 

Matthew.   —  Les  plus  anciennes   faunes  paléozoïques. 

Walcott.   —  Formations  précambriennes  Ibssiliières . 

Propositions  pour  le   prochain   Congrès. 
Une   séance    générale,  dont  la   date  sera  fixée  ultérieurement,    sera 
réservée  aux   congressistes  qui  désireraient  montrer  des   pro- 
jections. 

Martrl.    —   Sur  les   récentes    découvertes   de  grandes  cavernes 
et  d'abîmes. 

Arctowski.    —    Les    glaciers,    les    terres     antarctiques    et     les 
glaces  du  Pôle   Sud. 

H.-F.  Rrid.   —  Sur  le    mouvement  et  la    stratification    des    gla- 
ciers. 


Pendant  toute  la  durée  du  Congrès,  les  membres  seront 
admis,  sur  la  présentation  de  leur  carte,  à  visiter  les  galeries, 
serres  et  jardins   du   Muséum  d'Histoire   naturelle. 

Ils  seront  admis  gratuitement  dans  toutes  les  sections  de 
l'Exposition. 


TROISIÈME    PARTIE 


PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


PROCÈS-VERBAUX  DES   SÉANCES 


I.  —  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DU  CONSEIL 


PREMIERE  SEANCE 


i6  août    igoo 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures,  au  Palais  des  Congrès 
de  TExposition  Universelle. 

T^  Président  du  Comité  d'organisation  souhaite  la  bien- 
venue  aux  membres  du  Conseil. 


Étaient  présents  : 

Allemagne . 

MM.  H.  Credner. 
P.  Groth. 
Lepsins. 
Oebbeke. 
Steinmann. 
Von  Zittel. 

Autriche-Hongrie . 

MM.  Bôckh. 

Mojsisovics  von  Mojsvar. 

Moser. 

Tietze. 

Belgique. 

MM.  Malaise. 
Mourlon. 
Renartl. 
Rutot. 
Van  den  Broeck. 


Canada, 
M.  TAbbé  C.  P.  Choquette. 

États-Unis, 

MM.  Hague. 
Osborn. 

France, 

MM.  Barrois. 

Léon  Bertrand. 

Marcel  Bertrand. 

Bigot. 

Boule. 

Carez. 

Cayeux. 

Douvillé. 

Fallot. 

Albert  Gaudrv. 

llaug. 

Léon  Janet. 


io8 


Vlir   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 


France  (suite) 

MM.  Kilian. 

de  Lapparent. 

Stanislas  Meunier. 

Michel  Lévy, 

Œhlert. 

Pellat. 

The  venin. 

Thomas. 

Zeiller. 

Grande-Bretagne . 
Sir  John  Evai>s. 
Sir  Archibald  Geikie. 

Italie. 
M.  Canavari. 

Japon. 
M.  Kochibe. 


Mexique. 
M.  Agnilera. 

Portugal. 

MM.  ChofFat. 

Mendès-Guerreiro . 

Roumanie. 

MM.  Popovici-Hatzeg. 
G.  Stefanescu. 

Russie. 

MM.  Karpinsky. 

Lœwinson-T^ssing. 
A.  P.  Pavlow. 
Sederholm. 
Tschemyschew. 

Suède  et  Norwège. 
M.  Brôgger. 


Sur  la  demande  du  Président,  le  Secrétaire  général  donne 
lecture  de  la  liste  des  délégués.  Cette  liste  rectifiée  (i),  est 
donnée  plus  haut  (page  65). 

Le  Président  prie  le  Secrétaire  général  de  faire  connaître 
les  propositions  du  Comité  d'organisation  pour  la  composition 
du  Bureau  du  Congrès.  Cette  liste,  après  diverses  modifica- 
tions, est  adoptée  par  le  Conseil  qui  décide  qu'elle  sera 
soumise   à   l'approbation  des  membres  du  Congi'ès. 

Dans  la  liste,  que  nous  donnons  ci-dessous,  les  noms  des 
Vice-Présidents  absents,  n'ayant  pas  pris  part  au  Congrès, 
sont  mis  entre  parenthèses  ;  l'astérisque  indique  les  anciens 
Présidents  décédés. 

Anciens   Présidents  des  Congrès 

MM.  E.  Hébert  f,  1878.  MM.  J.  S.  Newberry  f,  i8()i. 

E.  Beyrieh  f,  i885.  (E.  Renevier),  1894. 

J.  Prestwich  f.  ï888. 

(1)  Par  suite  d'une  inadvertance  regrettabief  la  Société  des  Sciences  natu- 
relles de  la  Charente- Inférieure  figure  page  i5,  au  lieu  de  Ûgurer  parmi  les 
délégations  page  67,  bien  qu'ayant  délégué  un  de  ses  membres,  M.  Aug.  Dollot, 
auprès  du  Congrès. 


Sf^ANCRS    DU   CONSRIL  lOQ 

BUREAU  DE  LA  VIII'  SESSION 

Anciens  Présidents 

M.  Capellini.  M.  Karpinsky. 

Président 

M.    Albert  Gaudry. 

Secrétaire  général 
M.    Charles    Barrois. 

Vice-Présidents 

Allemagne MM.  H.  Credner. 

Lepsius. 

(Baron  F.  von  Richthofen). 

Schmeisser. 

Zirkel. 

Von  Zittel. 

Australie (Liversidge). 

Autriche-Hongrie  ....     Bôckh. 

Mojsisovics  von  Mojsvar. 

Tietze. 
Belgique Mourlon. 

Renard. 

Bulgarie Zlatarski. 

Canada Frank  Adams. 

Colombie (Saênz). 

Danemarck (Ussing). 

Espagne (Aimera). 

Etats-Unis Hague. 

Osborn. 

Stevenson. 
France Michel  Lévy. 

Marcel  Bertrand. 
Grande-Bretagne  ....     Sir  Archibald  Geikie. 

Sir  Jolin  Evans. 

(J.  H.  Teall). 
Indes  Britanniques  .    .    .     Blanford. 
Italie (Baldacci). 

Cocchi. 

Mattirolo. 


IIO  Vllie   CONGRÈS   CKOLOGIQUE 

Japon MM.  Kochibe. 

Mexique Aguilera. 

Monaco  (P'^  fie)  ....     (Prince  de  Monaco). 

Norwège Brôgger. 

PqyS'has Martin. 

Portugal Choflat. 

Mendès-Guerreiro. 

Roumanie G.  Stefanescu. 

Russie Lœwinson-Lessing. 

A.  P.  Pavlow. 
Sederliolm. 
ïschemysche  w . 

Serbie (Zujovic). 

Sud'A/ricaine  {R'f"'')  .    .    .     (Molengraaf). 

Suède Hôgbom. 

Suisse Baltzer. 

G.  Schmidt. 
Secrétaires 
MM.  Gayeux.  MM.  Thcvenin. 

Grema.  Thomas. 

Gâbert.  Von  Arthaber. 

A.  \V.  Pavlow.  Zimmennann. 

Trésorier 
M.    Léon  Garez. 

Avant  de   soumettre  au  Gonseil  le  pix)gramme  détaillé  dos 
séances  du  Gongrès,    le  Président  propose  de  répartir  les  com- 
munications entre   les  quatre  sections  suivantes  : 
I.  Géologie  générale  et  tectonique  ; 
II.  Sti'atigraphie  et  paléontologie  ; 

III.  Minéralogie  et  pétrographie  ; 

IV.  Géologie   appliquée. 

11  propose  comme  présidents  de  ces  sections  :  MM.  Geikie, 
Karpinsky,  Schmeisser  et  Zirkel.  Ges  propositions  sont  accei>- 
tées  par  acclamation. 

M.  Karpinsky  s*étant  récusé,  M.  Zittel  est  choisi  comme 
pi*ésident  de  la  section  de  stratigraphie  et  de  paléontologie. 

L*oi*dre  du  jour  appelle  ensuite  la  discussion  du  progi*amme 
provisoire  élaboré  par  le  Gomité  et  dont  le  Secrétaire  général 
donne  lecture. 

Ge   programme  est  .adopté  par  le  Gongrès. 

Le  Secrétaire  général: 
Gh.  Barrois. 


s 


^ 


SÉANCES   DU   CONSEIL  III 


DEUXIÈME  SÉANCE  DU  CONSEIL 
ly  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures  du  matin,  sous  la  pré- 
sidence de   M.   Albert  Gaudry,   président. 

Étaient  présents  :  MM.  von  Arthaber,  Barrois,  Léon  Ber- 
trand, Marcel  Bertrand,  Blanford,  Bockli,  Brôgger,  Carez, 
Creina,  Sir  John  Evans,  Gaudry,  Sir  Arch.  Geikie,  Gosselet, 
Grand'Eury,  Hague,  Karpinsky,  de  Lapparent,  Mayer-Eymar, 
Mendès-Guerreiro,  Stanislas  Meunier,  Mojsisovics  von  Mojsvar, 
•Mourlon,  Œlilert,  A.  P.  Pavlow,  Pellat,  Popovici  Hatzeg, 
Renard,  Schmeisser,  G.  Stefanescu,  Stevenson,  Tietze,  The  ve- 
nin,  Tschemyschew,  Zittei. 

Le   procès-verbal   de  la  séance  du  i6  août  est  lu  et  adopté. 

Le  Président  demande  au  Conseil  de  fixer  la  durée  des 
communications  qui  seront  faites  aux  séances.  Après  discus- 
sion, il  est  décidé  que  les  communications  orales  ne  pourront 
pas  dépasser   i5   minutes. 

Pour  conserver  au  volume  du  Compte-Rendu  du  Congrès 
son  caractère  d'intérêt  général,  le  Conseil  vote,  après  discus- 
sion, qu'une  feuille  d'impression,  au  maximum,  sera  accordée 
dans  ce  volume,  pour  les  communications  individuelles  qui  ne 
se  rapportent  pas  aux  questions  générales  posées  par  le  Con- 
grès. 

M.  Karpinsky  présente  le  rapport  de  la  Commission  russe 
sur  le  prix  Léonide  SpendiaroQ*  et  le  projet  de  règlement  que 
cette  Commission  a  préparé  pour  rattributioii  du  prix.  Le  rap- 
port de  M.  Karpinsky  sera  imprimé  et  remis  aux  membres  du 
Conseil  avant  la  prochaine  séance,  qui  aura  lieu  lundi  21  août, 
à  9  heures  du  matin. 

Le  Secrétaire  :  A.  Tue  venin. 

Rapport    sur    le    Prix    Spendîai*ofl 

Présenlé  par  la  Commission  russe. 

Dans  une  des  séances  de  la  VU®  session  du  Congrès  géolo- 
gique, M.  SpendiaroiT  a  ollert  au  Comité  géologique  de   Russie 


lia  Vlll*   CONGItÈS   GÉOLOGIQUE 

la  somme  de  quatre  mille  roul)les,  à  charge,  pour  ce  corps,  de 
verser  les  intérêts  de  la  dite  somme  aux  futurs  congrès,  pour 
leur  permettre  de  décerner  un  prix,  en  mémoire  du  fils  du 
donateur,  décédé  pendant  cette   session. 

En  vertu  du  vote  exprimé  j)ar  les  membres  présents,  le  soin 
de  proposer  un  règlement  pour  ce  prix  a  été  confié  au  bureau 
de  la  session  de  Saint-Pétersbourg. 

La  somme  libéralement  donnée  par  M.  Spendiarofi"  a  été 
déposée  au  Trésor,  en  octobre  1897,  sous  forme  de  fonds  per- 
pétuel inaliénable. 

Le  Comité  géologique,  en  sa  qualité  d'institution  olficielle, 
a  sollicité  la  sanction  de  Sa  Majesté  l'Empereur  pour  Taccep- 
tatioii  dans  son  administration  de  la  sonmie  précitée.  En  raison 
de  cette  autorisation,  M.  le  Ministre  de  T Agriculture  et  des 
Domaines  a  stipulé  les  clauses  suivantes,  concernant  le  prix  à 
instituer  ;  elles  fixent  les  conditions  sur  la  base  desquelles  la 
donation   a  été   faite. 

Ces   clauses  sont  les  suivantes  : 

1**  Les  intérêts  du  capital  de  quatre  mille  roubles,  offert 
par  M.  Spendiarolf,  constitueront  un  prix,  qui  portera  le  nom 
du  géologue   Léonide   Spendiarolf. 

20  Ce  capital,  consistant  en  billets  de  la  Commission  d'Amor- 
tissement des  Dettes  de  TEtat,  et  formant  un  fonds  perpétuel, 
est  déposé  au  Trésor,  et  doit  y  rester  à  tout  jamais  inalié- 
nable. 

3^  La  gérance  des  intérêts  du  capital  appartiendra  de  droit, 
au  Comité  géologique,  ou,  en  cas  de  suppression  ou  de  trans- 
formation de  ce  Comité,  à  Tinstitution  du  gouvernement  à 
laquelle  seraient  confiés  les  travaux  géologiques  dans  l'Empire. 

4**  Les  intérêts  de  ce  capital  accunmlés  pendant  trois  années, 
c'est-à-dire  dans  l'intervalle  de  deux  sessions  consécutives  du 
Congrès  géologique  international,  constitueront  un  prix  triennal. 

5°  Le  droit  de  décerner  ce  prix  est  conféré  au  Congi'ès 
géologique   international. 

ij^  11  sera  accordé  sans  aucune  distinction  de  nationalité, 
aux  auteurs  des  meilleures  œuvres  concernant  la  géologie,  ou 
aux  travaux  scientifiques  les  plus  remarquables,  sur  des  ques- 
tions proposées  à  cet  efiet,   par  les  Congrès   internationaux. 

7^  Dans  les  sessions  où  le  Congrès  ne  décernerait  pas  le  prix. 


SÉANCES   DU   CONSEIL  Il3 

la  somme  affectée  serait  conservée  et  contribuerait  à  augmenter 
le  capital. 

8°  Tout  changement  dans  les  présents  «  statuts  »  ne  serait 
valable  qu'avec  l'assentiment  du  donateur,  M.  Spendiaroff,  ou 
celui  des  descendants  de  son  fils  Léonide  Spendiaroff. 

Le  bureau  de  la  Vil®  session,  n'ayant  pas  profité,  vu  le 
manque  de  temps,  du  droit  que  lui  avait  conféré  le  Congrès, 
d'indiquer  les  thèmes  et  les  conditions  exigées  pour  prendre 
part  à  un  concours,  propose  d'ajouter  au  capital  de  fondation 
les  intérêts  arriérés,  et  de  décerner  seulement  le  prix  dans  la 
prochaine  session. 

Enfin  le  Bureau  de  la  session  de  Saint-Pétersbourg,  propose 
aux*  suffrages  du  Congrès  les  dispositions  suivantes,  comme  com- 
plémentaires des  statuts  énoncés  : 

i**  Le  prix  sera  décerné  par  le  Congrès,  sur  les  conclusions  d'un 
jury  élu,  à  chaque  session,  sur  la  proposition  du  Conseil,  pour 
choisir  les  lauréats,  ou  examiner  les  travaux  présentés  au  con- 
cours pendant  Tintervalle  d'une  session  à  l'autre.  Le  nombre 
des  membres  de  ce  jury  sera  déterminé  chaque  fois  par  le 
Congrès  ; 

0.^  Les  mémoires  destinés  aux  concours  devront  être  remis 
au  bureau  du  dernier  Congrès,  au  nombre  de  deux  exem- 
plaires, et  au  moins  un  an  avant  l'ouverture  de  la  session  sui- 
vante ; 

3°  Les  œuvres  traitant  les  thèmes  mis  au  concours  par  le 
Congrès  auront  toujours,  pour  le  Jury,  un  droit  de  priorité  ; 

4**  Si  les  œuvres  de  cette  catégorie  ne  sont  pas  jugées  dignes 
du  prix,  on  pourra,  sur  l'avis  du  Congrès,  couronner  les 
ouvrages  qui  auront  été  reconnus  les  plus  importants  par  leur 
portée  scientifique,   pendant   les  cinq  dernières  années. 


TROISIEME  SEANCE  DU  CONSEIL 
20  août  igoo. 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures  du  matin,  sous  la  présidence 
de   M.    Albert  Gaudry,  président. 


8. 


Il4  Vlll^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Étaient  présents  :  MM.  Alimanestiano,  Barrois,  Marcel 
Hcrlrand,  Bôckh,  Brôgger,  Credner.  Fayol,  Gaudry,  Grand' 
Eury,  Karpinsky,  de  Lapparent,  Lœwinson-Lessing,  Pavlow, 
Renard,  Gr.  Stefaneseu,  Stevenson,  Tietze,  Tlie venin,  Tscher- 
nyschew,  Zittel. 

Le  procès- verbal  de  la  séance  du    17  août  est  lu  et   adopté. 

Le  conseil  est  appelé  à  rédiger  le  règlement  du  Prix  Léonide 
Spendiaroff, 

M,  Karpinsk}^,  dont  le  rapport  imprimé  par  les  soins  du 
secrétariat  a  été  distribué  aux  membres  du  Conseil,  fait 
observer  que  si  les  termes  de  la  donation  et  notamment 
l'article  6  sont  formels,  les  motions  de  la  Commission  russe 
peuvent,  au   contraire,   être  discutées. 

Tous  les  articles  sont  successivement  examinés  et  après 
observations  de  MM.  Tschernyschew,  Marcel  Beftrand,  Gr. 
Stefanescu,    de  Lapparent,   la   rédaction   suivante   est   adoptée  : 

Art.  !«'.  —  L'attribution  du  prix  par  le  Congrès  doit  être 
fondée  sur  les  conclusions  d'un  jury,  élu,  sur  la  proposition 
du  Conseil,  à  chaque  session  en  vue  du  prix  à  décerner  dans 
la  session  suivante.  Le  nombre  des  membres  de  ce  jury  est 
déterminé,    chaque  fois,  par  le   Congrès. 

Art.  2.  —  Les  ouvrages  présentés  pour  le  concours  doivent 
être  envoyés  au  secrétaire  général  du  dernier  Congrès,  au 
nombre  de  deux  exemplaires  au  moins.  L'envoi  sera  fait  au 
plus   tard   une  année   avant  la    session   suivante. 

Art.  3.  —  Le  droit  de  priorité  pour  obtenir  le  prix 
appailient  aux  <cuvres  traitant  les  sujets  proposés  par  le 
Congrès. 

Art.  4-  —  Si  les  œuvres  de  cette  catégorie  ne  sont  pas 
jugées  dignes  du  prix,  le  Congrès  peut,  sur  la  proposition  du 
jury,  choisir  parmi  les  ouvrages  publiés  pendant  les  cinq 
années  précédentes  ceux  qui  seront  reconnus  les  plus  impor- 
tants par  leur   portée   scientifique. 

M.  Barrois  propose  que  ce  prix  porte  le  nom  de  prix 
international  Spendiaroff.  La  motion  de  M.  Barrois,  mise  aux 
Toix,  est  adoptée. 

Le  Conseil,  sur  la  proposition  de  M.  Karpinsky,  décide  que 
le  prix   sera  décerné    dès   cette    année.    Exceptionnellement  et, 


SÉANCBS  DU   CONSEIL  Il5 

pour  cette  session,  le  Conseil,  fonctionnant  comme  jury,  dési- 
gnera le  lauréat  du  prix  SpendiarofT. 

M.  M,  Bertrand  demande  qu'un  premier  vote  ait  lieu  pour 
servir  d'indication  à  une  prochaine  réunion  du  Conseil.  Sur 
la  proposition  de  M.  Renard,  le  vote  a  lieu  au  scrutin  secret. 
Le  nombre  des  votants  est  de  i6.  M.  Karpinsky  obtient  9  voix, 
M.   Brôgger  4»   M.  Osborn  i,   Bulletins  blancs   2. 

M.  Karpinsky  remercie  le  Conseil,  mais  il  exprime  le  désir 
qu'un  nouveau  vote  ait  lieu  et  que  le  prix  ne  soit  pas  attribué 
au  président  du  précédent  Congrès. 

M,  Gaudry  se  fait  l'interprète  des  membres  présents  en 
insistant  pour  que   M.    Karpinsky  accepte   le  prix. 

II  est  naturel,  dit  M.  de  Lapparent,  de  choisir  le  premier 
lauréat  dans  le  pays  du  donateur  et  de  décerner  le  prix 
Spendiaroff*  au  géologue  russe  qui  a*  rendu  de  si  grands 
services  à   la  science. 

Le  nom  de  M.  Karpinsky  sera  proposé  aux  suffrages  du 
prochain  Conseil  fonctionnant  comme  jury  international. 

Le  Secrétaire  :  A.  Thevenin. 

QUATRIÈME   SÉANCE  DU  CONSEIL 

21  août  igoo. 

La  séance  est  ouverte  à  9  hem'es  du  matin,  sous  la  présidence 
de  M.   Albert  Gaudry,   président. 

Étaient  présents  :  MM.  Aguilera,  Barrois,  Marcel  Bertrand, 
Blauford,  Bôckh,  Brôgger,  Carez,  Cayeux,  CliofTat,  Gaudry, 
Geikie,  Mendès-Guerreiro,  Hague,  Karpinsky,  de  Lapparent, 
Loewinson-Lessing,  Martin.  Stanislas  Meunier,  Mojsisovics  von 
Mojsvar,  Pavlow,  Pellat,  Popovici-Hatzeg,  Renard,  Sederholm, 
Stefanescu,  Stirrup,  Thevenin,  Tietze,  Tschernyschew,  Zirkel, 
Zittel. 

Le  procès- verbal  de  la  séance  du  20  août  est   lu   et  adopté. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  désignation  du  lauréat  du  prix 
Léonide  SpendiarofT. 

M,  Karpinsky,  désigné  comme  lauréat,  par  le  vote 
du  Conseil,  à  la  précédente  séance,  insiste  pour  que  le  prix 
soit  attribué  à  un  autre  géologue.  Il  croit  pouvoir  invoquer 
les  termes  de  l'article  VI  de  la  donation. 


Il6  Vlll^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

M,  de  Lapparent  exprime  à  M.  Karpinsky  les  sentiments 
du  Conseil  qui  a  estimé  que  Tœuvre  scientifique  accomplie, 
sous  la  direction  de  M.  Karpinsky,  par  Tensemble  des  géolo- 
gues russes  est  de  celles  auxquelles  convient  à  merveille  la 
désignation  énoncée  par  l'article  VI.  En  acceptant  cette 
récompense,  tant  en  son  nom  personnel  que  comme  représentant 
autorisé  de  la  géologie  de  son  pays,  M.  Karpinsky  peut  à 
la  fois  rendre  service  au  Congrès,  en  lui  épargnant  de  faire 
cette  année  un  choix  difficile  et  contribuer  au  progrès  de  la 
géologie,  s'il  attribue,  comme  il  en  a  exprimé  Tintention,  le 
montant  du  prix  à  un  jeune  géologue  de  sa  nation,  en  vue 
d'un  travail  destiné  à  faire  avancer  la  connaissance  du  sol  russe. 

Le  président  met  aux  voix  la  proposition  suivante,  qui  est 
adoptée  d'une  façon  unanime  : 

Le  prix  international  Léonide  Spendiaroff  est  attribué  à 
M,  Karpinsky,  président  du  Comité  géologique  de  Russie. 

M.  Karpinsky  remercie  le  Conseil.  L'honneur,  dit-il,  ne 
s'adresse  pas  à  lui,  mais  à  tous  ses  confrères  du  Comité 
géologique  de  Russie.  Il  demande  que  le  Conseil  dispose  de 
la  somme  d'argent,  montant  du  prix,  en  faveur  d'un  jeane 
géologue  français  ou  qu'elle  soit  réservée  pour  être  décernée  à 
la  session  suivante.  Il  met  cette  somme  à  la  disposition  du 
Conseil. 

M,  Marcel,  Bertrand  insiste  pour  que,  suivant  l'intention 
du  donataire,  le  montant  du  prix  reçoive  une  attribution  dès 
cette  année. 

Le  Président^  après  observation  de  M.  Lepsius,  prie  le 
Comité  géologique  de  Russie  de  désigner  un  jeune  géologue. 
M,  Karpinsky  demande  que  cette  désignation  soit  faite  par  le 
Conseil  du  Congrès  et  de  préférence  en  faveur  d'un  jeune 
géologue  français. 

M,  Tschernyschew  propose  que  la  Société  géologique  de 
France  fasse  cette  attribution.  M,  Paçlow  exprime  le  vœu 
que  le  président  du  Congrès  se  charge  de  ce  soin  ;  M.  A .  Gaudr}' 
déclare  que  les  géologues  français  ne  sauraient  accepter  pour 
eux-mêmes  l'attribution  proposée  par  les  savants  russes. 

Les  conditions  du  prix  Spendiaroff  pour  igoS  seront  réglées 
dans   la  séance  du  Conseil  du  a5  août. 

Le  Secrétaire:  A.  Tuevemn. 


\ 


SÉANCES   DU   CONSEIL  11^ 


CINQUIÈME   SÉANCE  DU  CONSEIL 

23  août  iQoo 

La  séance  est  ouverte  à  9  heures  du  matin,  sous  la  prési- 
dence de  M.  Albert  Gaudry,   président. 

Étaient  présents  :  MM.  Alimanestiano,  Barrois,  Marcel 
Bertrand,  Bigot,  Blanford,  Bôckh,  Carez,  Cayeux,  ChofTat, 
Gaudry,  Geikie,  Mendès-Guerreiro,  Haug,  Karpinsky,  Kilian, 
de  Lapparent,  Mattirolo,  Mojsiso vies  von  Mojsvar,  A.-P.  Pavlow, 
Pellat,  Popovici-Hatzeg,  Renard,  Schmeisser,  Sederholm,  G. 
Stefanescu,  Thevenin,  Tietze,   Tschernyschew. 

Le  procès- verbal  de  la   dernière   séance  est  lu  et  adopté. 

M,  Tietze,  au  nom  du  gouvernement  et  des  géologues  autri- 
chiens, invite  le  Congrès  à  tenir  sa  neuvième  session  en  1908 
à  Vienne.  Un  Comité  d'organisation  est  déjà  constitué  ayant 
pour  président  M.  Suess  et  dont  M.  Tietze  est  secrétaire  général. 

M.  Albert  Gaudry  rappelle  que  c'est  par  la  courtoisie  des 
savants  autrichiens  que  la  session  de  1900  a  lieu  à  Paris,  il 
leur  exprime  les  remerciements   des  géologues  français. 

La  proposition  de  M.  Tietze,  est  adoptée  à  Tunanimité  par 
le  Conseil. 

L^invitation  des  géologues  autrichiens  sera  soumise  à  l'appro- 
bation du  Congrès,  dans  sa  dernière  séance  générale. 

M,  Marcel  Bertrand  demande  que  le  Conseil  émette  un 
vœu  relatif  au  lieu  de  réunion  du  Congrès  en  1906.  Le  prési- 
dent fait  observer  qu'il  est  difficile  d'émettre  un  vœu  pour 
une  date  si  lointaine.  Un  grand  nombre  de  géologues  ont, 
dans  leurs  conversations,  désigné  la  Scandinavie,  d'autres  le 
Japon,  d'autres  le  Mexique. 

M.  Karpinsky  présente  un  ouvrage  intitulé  :  Aperçu  des 
explorations  géologiques  et  minières  le  long  du  Transsibérien, 
publié  à  Toccasion  de  l'Exposition  de  1900.  Il  met  à  la  dispo- 
sition des  membres  du  Congrès  un  certain  nombre  d'exem- 
plaires de  cet  ouvrage. 

Le  Conseil  doit  examiner  et  discuter  les  conclusions  pra- 
tiques de  l'allocution  prononcée  par  Sir  Archibald  Geikie  à  la 
première   séance  de  géologie  générale. 


Il8  VIU*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

La  première  proposition  de  Sir  Archibald  Geikie,  formulée 
de  la  façon  suivante,  est  votée  à  l'unanimité  : 

Le  Congrès  est  d^avis  qu'il  y  a  lieu  d'établir  une  plus 
grande  uniformité  dans  les  études  relatives  aux  lignes  de 
rivages  de  l'hémisphère  nord.  Pour  établir  cet  accord^  le 
Conseil  propose  la  nomination  d'une  Commission  interna- 
tionale composée  de  MM.  Brogger,  Reusch,  de  Geer,  Seder- 
holm,  Ramsay,  Hôgbom,  Tsehemyschew,  Barrois,  Chamberlin. 
G.   M.   Dawson,  Geikie,   Horne. 

Cette  Commission  pourra,  si  elle  le  juge  utile,  s'adjoindre 
de  nouveaux  membres  (droit  de  cooptation),  toutes  les  fois 
qu'elle  le  jugera   nécessaire. 

Par  suite  de  ce  vote  du  Conseil,  la  Commission  des  lignes 
de  rivages  se  trouve  constituée.  Elle  est  composée  par  les 
membres  suivants  : 

Angleterre.  États-  Unis. 

o-     A     1   u  ij  f-    1  •  ^*  Chamberlin. 

Sir  Archibald  Geikie. 

M.  Home.  Norwège. 


Canada. 


MM.  Brogger. 
Reusch. 


M.  G.  M.  Dawson.  Suède. 

Russie.  M^-  ^^  G^^^- 

Hogbom. 

MM.  Tsehemyschew.  r, 

o    ,    i    ,  France. 

Sederholm. 


Ramsay. 


M.  Ch.  Barrois. 


M.  de  L apparent,  se  faisant  l'interprète  de  la  plupart  des 
membres  de  cette  Commission,  demande  que  le  Congrès  dési- 
gne Sir  Archibald  Geikie  comme  président,  avec  mission 
d'activer  les  travaux  de  la  Commission.  Cette  proposition  est 
adoptée. 

Sir  Archibald  Geikie  fait  une  deuxième  proposition  relative 
à  la  création  d'une  commission  internationale  de  coopération 
pour  les   investigations  géologiques. 

Le  Congrès  ayant  chargé  le  Conseil  de  nommer  une  com- 
mission pour  rendre  effective  sa  proposition  de  coopération 
internationale  dans  les  investigations  géologiques,  il  importe 
de   procéder  à  la  nomination  de  cette    Commission. 


SÉANCES   DU   CONSEIL  II9 

Les  questions  qui  seront  soumises  à  cette  Commission  sont 
les  suivantes  : 

10  Quelles  sont  les  branches  des  recherches  géologiques 
dans  lesquelles  l'action  internationale  parait  la  plus  désirable  ? 

2®  Quelles  sont  les  meilleurs  moyens  pour  assurer  l'uni- 
formité de  méthode  dans  les  recherches  ?  Il  importe  en  effet 
que  les  résultats  des  investigations  poursuivies  dans  les  divers 
pays  puissent  être  comparables  et  coordonnés  entre  eux,  tandis 
que  d'autre  part  il  faut  assurer  aux  savants  des  divers  pays 
une  complète  liberté  de  procédure  et  de  publication. 

Les  dépenses  entraînées  par  les  recherches  entreprises  sur  les 
indications  de  la  Commission  ne  devront  pas  incomber  au  Con- 
grès, mais  resteront  à  la  charge  des  pays  qui  les  auront  exécutées. 

La  Commission  pourra  s'adjoindre  des  .nouveaux  membres 
et  devra  faire  un   rapport  pour   le  prochain  Congrès. 

11  propose  de  composer  cette  Commission  comme  suit  : 

Allemagne  :  H.  Credner,  von  Zittel.  Autriche- Hongrie  : 
Mojsisovics  von  Mojsvar,  Tietze.  —  Angleterre  :  Geikie,  Teall. 
—  Belgique  :  Renard.  —  États-Unis  :  Walcott,  Chamberlin.  — 
France  :  Barrois,  de  Lapparent.  —  Italie  :  Capellini.  —  Russie  : 
Karpinsky,  Alexis  Pavlow.  —  Scandinavie  :  Brôgger.  —  Suisse  : 
Renevier. 

Sir  Archibald  Geikie  insiste  pour  que  la  commission  laisse 
à  chacun  toute  liberté  ;  ce  n'est  pas  une  direction,  mais  une 
orientation  qu'elle  donnera  aux   travaux. 

La  proposition  de  Sir  Archibald  Geikie,  mise  aux  voix, 
est  adoptée.  Mais  la  nomination  des  membres  de  cette  Com- 
mission est  remise  à  une  autre  séance.  Sir  Archibald  Geikie 
demande  qu'elle  ne  soit  pas  trop  nombreuse. 

Le  Secrétaire  général  donne  lecture  du  mémoire  de 
M.  Chamberlin  :  Patronage  des  investigations  Jondamentales 
en  géologie  qui  a  été  imprimé  et  distribué.  Après  observa- 
tions de  MM.  de  Lapparejit,  Barrois,  Choffat,  Tietze,  la  motion 
suivante  est  votée  par  le  Conseil  : 

Le  Congrès  rend  hommage  aux  intentions  qui  ont  inspiré 
la  proposition  de  M.  Cliamberlin,  mais  ne  croit  pas  qu'il  soit 
possible  d'y  donner   suite   dans  les  circonstances   actuelles. 

M,  Karpinsky  donne  les  informations  suivantes  sur  l'ensei- 
gnement de   la  géologie  en   Russie  : 

Le  Congrès    géologique    international,  réuni  à   Saint-Péters- 


I20  VI U*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

bourg,  a  voté  à  runanimiié  le  vœu  que  les  gouvernements  de 
tous  les  pays  établissent  renseignement  de  la  géologie  dans 
les  classes  supérieures  des  lycées  et  gymnases.  Ce  vœu,  exposé 
à  l'assemblée  générale  de  la  session  par  M.  Albert  Gaudry,  est 
déjà  réalisé  en  France.  En  Russie,  où  depuis  longtemps  dans 
plusieurs  écoles  les  diverses  données  géologiques  font  partie  des 
cours  de  géographie  physique,  de  cosmographie,  etc.,  on  a  établi 
dernièrement  une  commission  pour  la  réforme  générale  des 
gymnases  et  autres  écoles  d'enseignement  moyen.  D'après  la 
demande  du  Bureau  du  Congrès,  M.  le  ministre  de  T Instruction 
publique  de  Russie  a  transmis  la  proposition  du  Congrès  à  cette 
commission,  qui  a  formé  une  sous-commission  sous  la  prési- 
dence de  notre  confrère  M.  Pavlow,  professeur  à  l'Univei'sité 
de  Mo$cou.  Le  vœu  du  Congrès  est  donc  en  bonne  voie  de 
réalisation,  et  on  ne  peut  maintenant  douter  du  résultat  positif. 

Le  président  remercie  M.  Karpinsky  de  ses  efforts  et  le 
félicite   du  résultat  déjà  obtenu. 

M,  Gregorio  Stefanescu  annonce  que  le  vœu  du  Congrès  est 
pleinement  réalisé  en  Roumanie  où  la  géologie  figure  dans  les 
programmes   d'enseignement  à  tous  les   degrés. 

M.  Karpinsky  présente  un  rapport  sur  la  création  d'un 
Institut  flottant  international  dont  le  Congrès  a  voté  le  principe 
à  une  précédente  session,  sur  la  proposition  de  M.  Androussow. 

M,  Tietze  croit  que  le  conseil  doit  exprimer  le  regret  de  ne 
pouvoir  donner  suite  à  ce  projet. 

M,  de  Lapparent  est  également  d'avis  que  la  fondation  de 
cet  institut  présente  des  difficultés  insurmontables,  les  chiffres 
même  des  dépenses  à  prévoir,  cités  par  M.  Karpinsky  dans 
son  rapport,  le  prouvent.  Mais  puisque  les  géologues  sont 
d'accord  sur  le  principe  de  la  nécessité  d'une  coopération  dans 
les  recherches  relatives  aux  sédiments,  il  pense  qu'il  convien- 
drait de  renvoyer  la  question  à  la  Commission  dont  Sir  Archi- 
bald  Geikie  a  demandé  la  nomination. 

M.  Tschernyschew  fait  remarquer  qu'il  existe  déjà  une  Com- 
mission internationale  pour  de  semblables  recherches  dans  la 
mer  du  Nord  et  qu'une  conférence  a  eu  lieu  à  Stockholm. 

M.  Karpinsky  ayant  donné  lecture  des  propositions  de 
M.  Androussow,  concernant  l'Institut  flottant,  leur  étude  est 
renvoyée  à  l'examen  de  la  Commission  de  perfectionnement  de 
l'œuvT^e  des  Congrès,  qui  sera  nommée  dans  la  prochaine  séance. 

Le  Secrétaire  :  A.   Thevbnin. 


SÉANCES   DU  CONSF.il  121 

SIXIÈME  SÉANCE  DU  CONSEIL 
20  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures,  sous  la  présidence  de 
Af.   Mojsisovics  von  Mojsvar,  vice-président. 

Étaient  présents  :  MM.  Adams,  Aguilera,  Alimanestiano, 
Barrois,  Léon  Bertrand,  Marcel  Bertrand,  Bigot,  Blanford, 
Bôckh,  Brôgger,  Carez,  Cayeux,  H.  Credner,  Depéret,  Gaudry, 
Geikie,  Gosselet,  Mendès-Guerreiro,  Hague,  Haug,  Hôgbom, 
Kilian,  de  Lapparent,  Lepsius,  Lœwinson-Lessing,  Mattirolo, 
Stanislas  Meunier,  Mojsisovics  von  Mojsvar,  Mourlon,  Œhlert, 
Pavlow,  Pellat,  Popovici-Hatzeg,  Reusch,  Renard,  Sederholm, 
Stefanescu,  Stevenson,  Thevenin.  Tietze,  Tsernyschew,  Van  den 
Broeck,  Lester  Ward,    Zlatarski,   Zirkel. 

Le   procès-verbal   de  la   précédente  séance   est   lu  et  adopté. 

Le  Conseil  approuve  les  rapports  des  commissions  interna- 
tionales qui  seront  présentés  à  la  séance  générale   du   q5   août. 

Conformément  à  la  décision  prise  dans  la  séance  du  23,  le 
Conseil  procède  à  l'élection  de  la  Conunission  qui  doit  rendre 
effective  la  proposition  de  coopération  internationale  dans  les 
investigations  géologiques  et  de  perfectionnement  de  l'œuvre  des 
Congrès,  faite  par  sir  Archibald  Geikie. 

La  liste  suivante  mise  aux  voix,  est  adoptée  à  une  forte 
majorité. 

Angleterre,  France, 

Sir  Arch.  Geikie,  Président.  MM.  Ch.  Barrois. 
M.  J.-J.  H.  Teall.  p^   de  Lapparent. 

Allemagne,  ^^^^.^ 

MM.  H.  Credner.  ^.   ^       ...   . 

-,  ry.^*  1  M.  Capellini. 

K.  von  Zittel.  ^ 

Autriche- Hongrie,  Norvège  et  Suède, 

MM.  E. Mojsisovics  von  Mojsvar.      M.  W.  C.  Brogger. 

E.  Tietze. 

Belgique, 
M.  A.  Renard. 

Etats-  Unis, 
MM.  T.  C.  Chamberlin.  Suisse. 

C.  D.  Walcott.  M.  Renevier. 


Russie. 

MM.  A.  Karpinsky. 
A.  Pavlow. 


122  VIII''   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Cette  Commission,  présidée  par  Sir  Arehibald  Geikie,  aura 
le  pouvoir  de  s'adjoindre  des  membres  si  elle  le  juge  nécessaire. 

M,  (Ehlert  demande  que  le  Conseil  nomme  une  Commission 
chargée  d'examiner  sa  proposition  relative  à  la  réédition  par 
des  procédés  photographiques  des  types  des  espèces  fossiles  et 
de  préparer  la  réalisation  de  ce  projet  pour  la  prochaine  ses- 
sion du  Congrès   en  iqoS. 

M,  Kilian,  qui  avait  soumis  antérieurement  au  Comité  d'orga- 
nisation un  projet  similaire,  se  rallie  à  la  proposition  de 
M-  Œhlert  pour  la  publication  des  types,  mais  présente  deux 
autres  desiderata  qui  pourraient  être  soumis  k  la  même  Com- 
mission et  qui  lui  paraissent  d'une  réalisation  plus  facile  : 
i**  Publication  de  catalogues  et  synopsis  sous  les  auspices  du 
Congrès  ;  2"  Reproduction  photographique  des  planches  des 
ouvrages  paléontologiques  rares. 

M.  Depéret  émet  le  vœu  que  chaque  grand  établissement 
scientifique  publie  le  catalogue  des  types  paléontologiques  que 
renferment  ses   collections. 

La  proposition  de  M.  Œlilert,   mise  aux   voix,   est   adoptée. 

La  séance,  suspendue  à  11  heures  et  demie,  est  reprise  à 
I   heure. 

A  la  reprise  de  la  séance,  M.  Œhlert  demande  que  la 
Commission  chargée  d'examiner  sa  proposition  se  réunisse  avant 
1903,  pour'  pouvoir  présenter  à  Vienne  un  commencement  d'exé- 
cution du  travail.  11  serait  désirable  que  cette  Commission  liàtàt 
ses  travaux  autant  que  l'a  fait  jusqu'à  présent  la  Commission 
de   pétrographie. 

La  (Commission  chargée  de  donner  suite  à  la  proposition 
de  M.  (Ehlert  sera  composée  par  les  personnes  suivantes,  dont 
la  liste  sera  soumise  par  le  Conseil,  à  la  sanction  du  Congrès. 

A  ngle  terre  Delgiq  ue, 

MM.  Hather.  MM.  Van   den   Broeck. 

Woodward.  Fraipont. 

Allemagne.  États-Unis. 


MM.  Frech. 

Von  Zittel. 


MM.  Walcott. 
Williams. 


Autriche-Hongrie. 
MM.  Mojsisovics  von  Mojsvar.  Espagne. 

Uhlig.  M.  Aimera. 


SÉANCES   DU   CONSEIL  ia3 

France,  Russie. 

MM.  A.  Gaudry.  MM.  A.  Pavlow. 

Œhlert.  Tschernyschew. 

Italie,  Portugal. 

M.  Ganavari.  M.  Ghoflat. 

Norwège.  Suède, 

M.  J.  Kjôer.  M.  Lindstrôm. 

Roumanie,  Suisse, 

M.  G.  $tefanescu.  M.  De  Loriol. 

Le  Conseil  choisit  conime  président  de  la  (Commission 
M.   von  Zittel,   et  comme   secrétaire   M.   Œhlert. 

Sir  Archibald  Geikie  se  fait  l'interprète  du  désir  manifesté 
par  un  grand  nombre  de  membres,  qu'une  prochaine  session 
du  Congrès  ait  lieu  en   Scandinavie. 

M.  Capellini  appuie  cette  motion  qui  est  mise  aux  voix  et 
adoptée  sous   la   forme   suivante  : 

«  Un  grand  nombre  de  membres  du  Congrès  expriment  le 
désir  qu'une  très  prochaine  session  ait  lieu  dans  les  pays  Scan- 
dinaves (Suède,   Norwège,   Danemark).  » 

M,  Rrôgger  veut  bien  se  charger  d'exprimer  aux  géologues 
Scandinaves,   le   vœu   formulé   par  le  Conseil  du  Congrès. 

M,  Tschernyschew  soumet  à  l'approbation  du  Conseil  la  liste 
suivante  pour  la  composition  du  jury  du  prix  international 
Spendiaroir  :  • 

MM.  Albert  Gaudry  président,  Marcel  Bertrand,  Sir  Arch. 
Geikie,  Karpinsky,  Tschernyschew,   Zirkel,    von   Zittel. 

Le  Secrétaire  :  A.  Thevemn. 


SEPTIEME  SEANCE  DU  CONSEIL 
2y  août  igoo, 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures  du  matin,  sous  la  présidence 
de  M,  Albert  Gaudry,   président. 

Étaient    présents    :     MM.   Adams,    Aguilera,   Alimanestiano, 
De  Angelis  d'Ossat,  Barrois,  Léon  Bertrand.   Marcel  Bertrand, 


124  VIII'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Bôckh,  Garez,  Cayeux,  Credner,  Gaudry,  Haiig,  de  Lapparent, 
Mattirolo,  Mourlon,  Œlilert.  Pavlow,  Pellat,  Péron,  Sederholm, 
Gr.  Stefaneseu,  Di  Stefano,  Stevenson,  Thevenin,  Tietze,  Ward, 
Zirkel,  Zlatarski. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance. 

Le  Secrétaire  général  rappelle  que,  dans  cette  session  du 
Gongrès,  diverses  propositions  de  coopération  internationale 
ont  été  faites.  Il  demande  s*il  n'y  aurait  pas  lieu  de  désigner 
une  Gommission  internationale  permanente  qui  réaliserait  la 
continuité  de  Tœuvre  des  Gongrcs,  orienterait  les  travaux  de 
la  future  session,  sans  toutefois  les  diriger  ;  elle  aiderait 
ainsi,  dans  une  certaine  mesure,  le  Gomité  d'organisation 
souvent  trop   absorbé  par   des  questions  d'ordre   matériel. 

M,  de  Lapparent  estime  qu'il  ne  faut  pas  intervenir  dans 
la  direction  intellectuelle  du  Gongrès  d'une  façon  trop  sensible  : 
il  demande  seulement  que,  dans  l'intervalle  de  deux  sessions, 
le  Bureau  de  la  précédente  session  soit  chargé  de  continuer 
son  œuvre  et  de  veiller  à  l'exécution  des  décisions  du  Gongrès. 

MM,  Marcel  Bertrand  et  Tietze  appuient  cette  proposition, 
qui  est  mise  aux  voix  et  adoptée  :  «  Le  Bureau  sortant  est 
chargé  de  veiller  à  l'exécution  des  décisions  du  précédent  Gon- 
grès, jusqu'à  la   réunion  suivante.  » 

Le  Gonseil  approuve  l'ordre  du  jour  de  la  séance  de  clô- 
ture du   Gongrès,  présenté  par  le  Secrétaire  général. 

Le  Secrétaire  :  A.  The\'enin. 


SÉANCES   GÉNÉRALES  125 


II.  —  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  GÉNÉRALES 

SÉANCE  D  OUVERTURE 
i6  août  igoo, 

La  séance  est  ouverte  à  quatre  heures,  au  palais  des 
Congrès,  sous  la  présidence  de  M.  Leygues,  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique. 

M.  Karpinsky,  président  de  la  dernière  session  du  Congrès 
à  Saint-Pétersbourg,   prononce   Tallocution  suivante  : 

MESDABfES    ET    MESSIEURS, 

En  payant  mon  tribut  d'admiration  à  ce  beau  pays,  mon 
premier  devoir  et  mon  meilleur  plaisir  sont  de  saluer  tous 
les  confrères  qui  s'y  trouvent  réunis  et  d'exprimer,  au  nom 
de  cette  nombreuse  et  savante  assemblée,  notre  profonde 
reconnaissance  aux  organisateurs  du  VHP  Congrès  géologique, 
nos  éminents  collègues,  MM.  Albert  Gaudry,  Michel-Lévy,  Marcel 
Bertrand,  Charles   Barrois  et  leui^s  collaborateurs. 

En  passant  dans  les  rues  de  cette  ville  admirable,  on 
aperçoit  souvent  des  inscriptions  où  le  mot  «  fraternité  » 
resplendit  comme  une  devise  nationale  des  Français.  Cette 
douce  parole  peut  servir  aussi  de  devise  internationale  aux 
hommes  de  la  science. 

S'il  est  parfois  difficile,  dans  les  travaux  historiques  et 
dans  certaines  œuvres  des  sciences  politiques,  d'éviter  diverses 
influences  accessoires,  extra-scientifiques,  nos  méthodes  dans 
les  sciences  positives  ne  donnent  définitivement  place  qu'à  la 
vérité  absolue  ;  la  vraie  science  ne  connaît  aucun  préjugé 
national. 

Aussi,  quelle  joie  unanime  suscitent,  dans  le  monde  entier, 
les  grandes  découvertes,  quelle  que  soit  la  nationalité  du 
savant  qui  les  a  faites  ;  et  quelle  haute  considération  recueillent 
les  grands  noms  scientifiques,  sans  qu'on  s'enquière  même  du 
pays  d'origine  du  savant  qui  les  porte  !  Et  il  est  souvent  arrivé 
que  des  hommes  de  science  acquéraient  d'abord  les  honneurs 
qu'ils    méritaient,    en    dehors    de    leur    patrie.    Il    est    connu 


uS  T11I«   COXGRÊS  GÉOLOGlQCrB 

d'ailleurs  que  les  recherches  scientifiques  rencontrent  quelquefois 
dans  les  pays  de  leurs  auteurs  une  critique  plus  sévère  et 
nioin^  juste  que   dans   la  littérature  étran^re. 

(Test  le  besoin  de  travailler  fratemeUenient  qui  a  créé  les 
Congrès,  entre  confrères  scientifiques  de  toutes  nations  :  c'e>t 
ce  besoin,  comme  l'a  dit  l'un  des  maîtres  de  notre  science  à 
propos  de  la  précédente  session  gét^li^^ue.  qui  augmente 
chaque   année  le   n«>mbre  de  nos  adeptes. 

Les  vrais  savants  sont  des  partisans  de  la  vérité  dans 
tontes  SCS    manifestations,  et.    par  suite,   de    la  justice   même. 

Nous  pouvons  nous  compter  heureux,  nous.  qui.  réunis  ici 
pour  nus  buts  scientifiques  spéciaux,  faisons  en  même  temp» 
un  travail  plus  haut,  tendant  à  la  conlirmatiou  de  la  fraternité 
générale. 

N'est  ce  pas  un  témoignage  particulier  de  sympathie  des 
gét>logu€s  français  envers  leurs  collègues  étrangers  que,  pen- 
dant la  courte  période  de  l'existence  des  Gongrès  géologiques, 
ils   nous  olTrent  Thospitilité  pour  la   seconde  fois! 

L'organisation  d'un  Congrès  géologique,  nous  le  savons 
par  expérience,  présente  de  telles  difficultés  qu'on  peat 
s'étonner  de  la  décision  de  nos  hùtes.  d'accepter  la  char^ 
de  il?   labeur  une   fois  encore. 

Je  ne  peux  m'abstenir  d'exprimer  encore  une  fois,  en 
terminant,  notre  pri>fonde  reconnaissance  aux  organisateurs  da 
Congrès,    les  géoli>gues   français. 

3/.  Karpinskr  dotoie  alors  la  partde  à  M.  Albert  Gaudr}'- 
qui  lit  le  télégramme  suivant  qu'il  vient  de  recevoir  de  S.  A.  L 
le  Gran*i-Duc  Constantin  de  Russie,  président  d'honneur  da 
Congres  de   Saint-Pétersbourg. 

Paris,  rue  des  Saints-Père^.  -  "*.  Albert  Gaadrj-  \deTIn$- 
titutx,  Veu fiiez  transmettre  aux  Membres  du  Congrès  géolo- 
^i^fue.  mes  saiatations  cordtAiies  et  %\eux  sincères. 

Le    Grand-Duc    Constantin   de    Russie. 
Sitint-Peiersboar^.  i^Aioûi  li^oo. 

M.  Gaudry  exprime  la  reconnaissance  ^le  tous  les  géolo^es 
réunis  au  0>ngres  p»>ur  cette  marque  de  haute  bienveillance. 

M.  Albert  Gaadry  lit  une  lettre  de  M.  Capellini  s'exeosan* 
de  ne  pa<  assister  au  Congrès,  et  rappelant  combien  S.  M. 
le  re-,rTette  Roi  Huiubert  avait  montré  d  intérêt  aux  travaux 
des  :ce»>k^5ues  réunis  a  Bolocne.  LassenibW  s'associe  au  deuil 
des  géologues   italiens. 


SÉANCES   GÉNÉRALES  13^ 

M.  Karpinsk}'  donne  lecture  de  la  liste  des  membres  du 
bureau,  élaborée  le  matin  par  le  Conseil,  et  demande  à 
rassemblée  de  ratifier  cette  liste,  qui  est  votée  par  acclamation. 

il/.  Albert  Gaudry,  nouveau  Président,  prononce  le  dis- 
cours  d'ouverture  : 


Monsieur  le  Ministre, 
Mesdames,  Messieurs, 

Le  29  août  1878,  d'après  une  inspiration  partie  des  Etats- 
Unis,  il  se  tint  à  Paris  un  Congrès  où  furent  convoqués  les 
géologues  de  tous  les  pays  ;  ils  répondirent  à  notre  appel,  et 
le  Président  du  Congrès,  Hébert,  put  dire  :  ((  Jamais  on  ne  vit 
réunis  en  si  grand  nombre  les  savants  auxquels  la  géologie, 
la  paléontologie  et  la  minéralogie  doivent  les  immenses 
progrès   qu'elles   ont    accomplis   dans  ce    siècle.  » 

Après  le    Congrès   de  Paris,   il    y    a    eu   ceux   de   Bologne, 
de   Berlin,  de  Londres,   de  Washington,   de   Zurich,   de   Saint- 
Pétersbourg,   dont    les    succès     ont     été     si  grands,     et     voilà 
qu'après   vingt-deux  ans   vous  revenez  dans  notre   vieille  ville 
de  Paris.  La  liste  de  nos  congressistes  comprend  les   noms  de 
savants    qui  représentent    l'Allemagne,    la    République   Argen- 
tine,   l'Australie,    l' Au  triche-Hongrie,     la    Belgique,    le    Brésil, 
la   Bulgarie,  le  Canada,  la   Colombie,    le    Danemark,  l'Egypte, 
l'Espagne,  les  Etats-Unis,  la  Grande-Bretagne,  l'Italie,  le  Japon, 
le    Mexique,    la    Principauté     de    Monaco,     les    Pays-Bas,     le 
Portugal,   la  lloumanie,    la  Russie,    la    Serbie,   la  Suède    et  la 
Norvège,    la  Suisse,  la    République    Sud  Africaine.    Vraiment, 
c'est    belle    chose    de    voir    tant    d'hommes    de    toute   nation, 
de    toute    religion,    de   toutes  idées  philosophiques,  rassemblés 
dans  un  même    sentiment,   le  pur  amour  de   la  science.    Vous 
nous  faites  grand    honneur  :    au    nom   des  géologues    français, 
je  vous  souhaite    la  bienvenue,    et  je   vous  dis    merci  de  tout 
cœur. 

La  mort  a  retranché  plus  de  la  moitié  des  membres  du 
Conseil  qui  a  dirigé  le  Congrès  de  1878.  Depuis  notre  session 
de  i89^,  nous  avons  perdu  plusieurs  de  nos  meilleurs 
confrères.  Parmi  eux,  je  vous  citerai:  le  général  Tillo,  éini- 
nent  géographe  en  même  temps  que  géologue,  dont  vous  vous 
rappelez  l'aimable  accueil  au  Congrès  de  Saint-Pétersbourg; 
Hauchecorne,   qui,  avec  Beyrich,    avait  tant  contribué  à   l'éclat 


128  VIIl"   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

du  Congrès  de  Berlin,  et  dirigeait  la  carte  géologique  de 
l'Europe  où  vos  idées  sur  la  nomenclature  des  terrains  sont 
habilement  condensées  ;  Jannettaz,  le  dévoué  secrétaire  général 
du  premier  Congrès  géologique  international  ;  James  Hall,  un 
des  créateurs  de  la  paléontologie  américaine,  que  vous  avez 
vu  à  l'âge  de  quatre-vingt-cinq  ans  arriver  d'Albany  en  Russie 
et  suivre  les  excursions  du  Congrès  jusque  dans  l'Oural  ; 
Marsh,  qui  a  découvert  les  plus  étonnants  fossiles  et  a  fait 
don  à  son  pays  de  ses  collections  acquises  par  tant  de 
fatigues,  tant  d'argent,  tant  de  génie.  Je  vous  propose. 
Messieurs,  de  nous  lever  tous  pour  honorer  la  mémoire  de 
ces  grands  amis. 

Sentant  combien  notre  vie  est  éphémère,  nos  jeunes 
confrères  vénèrent  davantage  leurs  anciens,  qui  bientôt  vont 
leur  être  enlevés  ;  les  anciens,  désireux  que  leur  œuvre  se 
continue,  s'intéressent  aux  succès  des  jeunes  comme  à  leurs 
propres  succès.  Ainsi,  à  chaque  Congrès,  nos  liens  se  res- 
serrent, et,  quand,  après  trois  ans  de  séparation,  nous  vous 
i*etrouvons,  nous  sommes  en  joie.  Oui,  nous  avons  douce  joie 
de  penser  que  nous  allons  vous  entendre  dans  nos  réunions, 
et  qu'ensemble  nous  irons,  à  travers  monts  et  vallées,  cher- 
cher des  pierres,  des  fossiles,  nous  aidant  à  scruter  le 
mystère    des    origines    de   notre   monde. 

Une  inquiétude  pourtant  traverse  notre  esprit.  Au  dernier 
Congrès,  l'empereur  de  Russie,  le  grand- duc  Constantin,  le 
ministre,  M.  Yermolof,  les  municipalités  de  Saint-Pélersboui^ 
et  de  Moscou,  d*éminents  savants  russes  ayant  à  leur  tête 
M.  Karpinsky,  et  une  foule  d'amis  des  sciences  nous  ont 
reçus  d'une  manière  inimitable.  Leur  succéder  est  une  difficile 
tâche;    nous  vous  demandons   votre   indulgence. 

Outre  les  jouissances  de  l'amitié,  nos  Congrès  apportent 
d'évidents  avantages  scientifiques.  Ils  préparent  la  solution 
des  plus  hautes  questions  ;  ils  ont  commencé  à  établir  un 
accord  pour  le  figuré  des  terrains  et  leur  nomenclature.  Dans 
les  cartes  à  petite  échelle,  on  adopte  aujourd'hui  les  mêmes 
couleurs,  de  sorte  qu'à  première  vue,  sans  recourir  aux 
légendes,  on  reconnaît  les  terrains.  Vous  avez  fixé  les  noms 
des  principales  divisions  géologiques  :  vous  verrez  si  vous 
voulez  aller  plus  loin  dans  la  classification  ou  vous  en  tenir 
à  l'avis  de  Prestwich  qui  nous  disait  au  Congrès  de  Londres  : 
//  faut  avoir  soin  de  ne  pas  mettre  à  notre  science  des  liens 


SÉANCES  GÉNÉRALES  I29 

trop  serrés  qui,  au  lieu  de  développer,  pourraient  bien  retar- 
der ses  progrès.  Il  convient  que  les  liens  soient  assez  élasti- 
ques pour  s'ajuster  au  développement  rapide  auquel  il  faut 
s'attendre  dans  le  savoir  géologique. 

Au  Congrès  de  Bologne,  vous  avez  proposé  des  règles  de 
nomenclature  paléontologique  ;  et,  notamment,  désirant  dimi- 
nuer le  nombre  des  noms  d'espèces,  vous  avez  dit  :  L'espèce 
peut  présenter  un  certain  nombre  de  modifications,  reliées 
entre  elles  dans  le  temps  ou  dans  V espace Les  modifica- 
tions seront  indiquées,  quand  il  jy  aura  lieu,  par  un  troisième 
terme,  précédé,  suivant  le  cas,  des  mots  Variété,  Mutation 
ou  Forme.    On  a   peu  suivi   cet  avis. 

Vous  avez  émis  quelques  vœux.  Ainsi,  au  Congrès  de 
Saint-Pétersbourg,  vous  avez  exprimé  celui  que  les  gouverne- 
ments des  divei's  Etats  fassent  enseigner  la  géologie  et  la 
paléontologie  dans  les  classes  supérieures  des  lycées.  Le 
gouvernement  français  a  déféré  à  votre  vœu  ;  vous  avez 
rendu  un  signalé  service  à  la  géologie  et  à  la  paléontologie 
dans  notre  pays.  Il  faut  espérer  que  vos  autres  vœux  inspirés 
uniquement  par  l'intérêt  de   la   science  seront  exaucés. 

On  vous  demandera  d'appuyer  par  votre  haute  autorité 
ridée  de  reproduire  au  moyen  de  la  photographie  ou  de  la 
gravure,  sur  des  fiches  séparées,  les  figures  des  types  des 
espèces  paléontologiques. 

Un  de  nos  plus  éminents  confrères  vous  proposera  d'établir 
un  comité  permanent  pour  suivre  des  observations  qui  exigent 
une  action  continue.  Ce  projet  me  semble  fécond  ;  notre 
Congrès,  comme  certains  couvents  au  moyen  âge,  deviendrait 
une  institution  permanente,  poursuivant  s'il  le  faut  pendant 
un  siècle  les  œuvres  qu'une  courte  vie  humaine  ne  peut 
accomplir.  Des  hommes  de  n'importe  quelle  nation  se  trans- 
mettraient la  recherche  d'une  vérité  scientifique  :  ce  serait  là 
une  belle  forme  de  l'internationalisme. 

Les  sciences  géologiques,  qui  embrassent  la  nature  orga- 
nique et  la  nature  inorganique  à  travers  tous  les  âges,  sont 
si  vastes  que  leur  étude  demande  des  spécialistes  divers. 
Aussi  nous  vous  proposons  de  constituer  dans  notre  Congrès 
quatre  sections  : 

Section  de  géologie  générale  et  de  tectonique.  —  Dans  ces 
dernières  années,  quelques-uns  d'entre  vous  ont  brillamment 
repris  les   questions  de   mouvement  du  soi  naguère    mises  en 


l3o  VUl*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

honneur  par  Elie  de  Beamnont.  La  tectonique  chaque  jour 
révèle  de  nouveaux  secrets,  on  scrute  avec  ardeur  les  anti- 
clinaux, les  synclinaux,  les  couches  relevées,  les  plis  couchés  : 
on  tâche  de  comprendre  comment  notre  globe  a  pris  son 
relief  actuel  ;  mais  un  seul  homme  ne  peut  étudier  toute  sa 
surface,  les  tectoniciens  sont  obligés  de  se  communiquer  leurs 
observations;  nos  Congrès  leur  donnent  pour  cela  des  facilités. 
Je  pense,  en  outre,  que  plusieurs  de  nos  excursions  leur 
ollriront  des  remarques   intéressantes. 

A  l'étude  des  mouvements  du  sol,  vous  joindrez  peut-être 
celle  des  dénudations  qui  devient  en  ce  moment  une  des 
branches  curieuses  de  la  géologie.  Depuis  les  travaux  des 
Anglais  sur  les  dénudations  du  Weald  et  des  Américains  sur 
les  Canons  du  Colorado,  sur  les  Bad  Lands  du  Nebraska,  on 
s*est  aperçu  que  des  masses  énormes  de  roches  ont  été 
dissoutes  par  les  eaux.  La  France  en  fournit  des  exemples 
très  frappants,  non  seulement  dans  les  Causses  que  vous 
visiterez,  mais  dans  des  pays,  comme  l'Est  de  la  France,  où 
récemment  M.  Bleicher  a  montré  des  enlèvements  extraordi- 
naires de  roches,  jusqu'alors  inaperçus.  Ces  phénomènes 
supposent  des  temps  immenses  :  pour  juger  de  leur  importance 
dans  l'histoire  de  la  terre,  il  faut  consulter  les  géologues  de 
diverses  contrées. 

Section  de  minéralogie  et  de  pétrographie.  —  Cette  section 
va  sans  doute  présenter  un  intérêt  tout  spécial  dans  la  session 
de  cette  année  ;  car  les  savants  les  plus  habiles  ont  réuni 
d'avance  des  matériaux,  afin  d'établir  une  entente  au  sujet  de 
la  nomenclature  pétrographique.  11  y  a  quelques  mois,  ils 
sont  venus  de  pays  éloignés,  tels  que  la  Norvège,  la  Russie, 
pour  constituer  une  réunion  préparatoire  sous  la  présidence 
de  M.  Michel  Lévy. 

Votre  Comité  d'organisation  a  fait  imprimer  un  lexique  de 
M.  Lœwinson-Lessing  qui  facilitera  vos  déterminations.  A 
côté  des  questions  de  nomenclature,  vous  en  rencontrerez 
d*autres  dont  vous  pourrez  préparer  la  solution,  soit  dans  les 
séances  du  Congrès,  soit  durant  les  excursions.  Par  exemple, 
plusieurs  géologues  constatent  que,  dans  leurs  régions,  la 
nature  des  roch(»s  ignées  et  les  métamorphismes  qu'elles  ont 
déterminés  ont  varié  suivant  l'époque  de  leur  émission.  Pour 
savoir  si,  dans  les  dille renies  contrées,  il  y  a  concordance 
entre   la  nature   des  roches  ignées  et  le  moment  où   elles  sont 


SÉANCES  GÉNÉRALES  l3l 

arrivées  à  la  surface  du  sol,  il  est  nécessaire  d'interroger  de 
nombreux  pétrographes.  Suivant  ce  qu'ils  vont  nous  répondre, 
nous  apprendrons  dans  quelle  mesure  la  pétrographie  peut 
aider  à  marquer  les  âges  du  monde. 

Section  de  géologie  appliquée  et  d'hydrologie,  —  Les  sociétés 
industrielles  nous  ont  donné  pour  notre  Congrès  le  plus 
généreux  concours  ;  nous  remplissons  un  devoir  très  doux  en 
leur  adressant  nos  plus  vifs  remerciements.  Le  siècle  qui  finit 
a  dû  en  partie  sa  grandeur  à  T  union  de  la  science  et  de 
rindustrie  ;  notre  Exposition  universelle  de  1900  en  est  la 
preuve  éclatante.  Il  faut  que  cette  union  grandisse  tous  les 
jours  ;  en  y  travaillant  les  uns  et  les  autres,  nous  travaille- 
rons au   progrès  de  Tlmmanité. 

Parmi  les  branches  de  la  géologie  utiles  par  leurs  applica- 
tions à  rindustrie  et  à  Thygiène,  il  en  est  une  qui  pendant 
longtemps  a  été  peu  cultivée,  c'est  l'hydrologie.  Les  travaux 
de  nos  vaillants  amis  de  la  Société  de  géologie  de  Bruxelles, 
où  l'hydrologie  a  une  si  lai^e  part,  formeront  la  base  de 
discussions  instructives,  et  les  abîmes  dans  lesquels  M.  Martel 
vous  introduira  vous  montreront  que  la  France  fournit  de 
magnifiques   sujets  d'études  d'hydrologie  souterraine. 

Section  de  stratigraphie  et  de  paléontologie.  —  Ces  deux 
branches  de  la  science  sont  étroitement  liées.  C'est  surtout  par 
le  moyen  des  fossiles  qu'on  détermine  les  terrains  sédimen- 
taires.  Nous  devons  avouer  que  ce  moyen  est  souvent  difticile, 
car  aussitôt  qu'un  être  passe  d'un  étage  à  un  autre  ou  d'un 
pays  à  un  autre,  il  subit  fréquemment  quelque  mutation,  et, 
comme  la  plupart  des  paléontologistes  ont  pris  l'habitude  de 
créer  un  nom  d'espèce  ou  même  de  genre  pour  la  moindre 
nuance,  la  nomenclature  devient  énorme  ;  quand  notre  science 
ne  sera  plus  à  ses  débuts,  elle  sera  inabordable.  Heureusement,, 
nous  pouvons  espérer  que  l'étude  de  révolution  du  monde 
animé  va  nous  donner  des  facilités  pour  déterminer  les  terrains. 
Si  l'histoire  des  êtres  est  l'histoire  d'un  développement  soumis  à 
un  plan  général,  chacun  des  stades  de  ce  développement  doit 
correspondre  à  un  âge  géologique  déterminé  ;  par  conséquent 
on  reconnaîtra  la  date  des  terrains  d'après  le  degré  d'évolu- 
tion des  êtres  qui  y  sont  enfouis.  Mais  pour  établir  le  plan 
qui  a  présidé  à  l'ensemble  de  la  création,  nous  avons  besoin 
de   nous  unir  tous. 


l3a  \IU*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Messieurs,  j'ai  la  confiance  que,  grâce  à  vous,  on  finira  par 
connaître  ce  plan.  Comprenant  que  là  où  Ton  avait  cru  voir 
des  entités  isolées,  il  n'y  a  que  des  formes  fugitives  de  types 
qui  poursuivent  leur  évolution,  les  savants  s'attacheront  à  ces 
types,  et  étudieront  leurs  enchaînements  à  travers  les  âges. 
L'histoire  de  la  nature  passée  se  simplifiera,  sa  beauté  suprê- 
me sera  comprise  par  tous  :  ce  sera  là  un  heureux  résultat, 
car  il  est  peu  de  sciences  plus  grandioses  et  plus  dignes 
d'exciter  la  pensée  humaine  que  la  science  géologique  dont 
vous  êtes  les  fondateurs. 

Notre  secrétaire  général  M.  Barrois  va  vous  soumettre  le 
programme  de  notre  VIII®  session.  Avant  que  je  lui  donne 
la  parole,  vous  trouverez  bien  sans  doute  que  je  le  remercie 
des  soins  avec  lesquels  il  a  préparé  ce  Congrès  ;  tout  der- 
nièrement frappé  par  le  malheur  le  plus  affreux  qui  puisse 
atteindre  un  homme,  il  n'a  pas  laissé  fléchir  son  dévouement. 
Vous  me  permettrez  aussi  de  remercier  les  secrétaires  qui 
l'ont  si  bien  secondé,  MM.  Cayeux,  Thevenin,  Thomas,  notre 
trésorier  M.  Carez,  les  deux  vice-présidents  du  Comité,  nos 
éminents  amis  MM.  Michel  Lévy,  Marcel  Bertrand,  et  enfin 
les  43  géologues  français  auxquels  nous  devons,  soit  la  rédac- 
tion de  notre  livret-guide,  soit  la  préparation  des  excursions. 
Chacun  de  nous,  mesdames  et  messieurs,  comprend  l'honneur 
que  vous  nous  faites  en  venant  parmi  nous.  Nous  souhaitons 
que  vous  ayez  autant  de  plaisir  à  vous  trouver  ici  que  nous 
en  avons  à   vous  recevoir. 

Le  Président  donne  la  parole  à  M.  Charles  Barrois,  secré- 
taire général,  qui  lit  son  rapport  sur  l'œuvre  du  Comité 
d'organisation. 

Mesdames,   Messieurs, 

Les  fonctions  de  secrétaire  général,  que  vous  avez  bien 
voulu  me  confier,  m'assignent  la  mission  ardue  de  succéder  à 
des  géologues  éminents,  dont  les  noms  vous  sont  familiers  et 
chers,  à  des  collègues  qui,  en  Amérique  comme  en  Europe, 
ont  renoncé  à  leur  individualité  pendant  des  années,  afin  de 
préparer  pour  vous,  et  par  votre  union  fraternelle,  la  conquête 
plus  rapide  du  globe  terrestre,  avec  ses  trésors  et  ses 
mystères. 


SÉANCES   GÉNÉRALES  l33 

Notre  Président  vous  a  dit  nos  sentiments  et  nos  aspira- 
tions ;  j'ai  a  vous  retracer  simplement  la  vie  et  Fœuvre  de 
notre   Comité  d'organisation. 

C'est  à  Vienne  que  vous  deviez  vous  réunir  cette  année 
pour  collaborer  au  progrès  des  sciences  géologiques,  M.  Stache, 
directeur  de  l'Institut  impérial  de  géologie  d'Autriche,  d'accord 
avec  M.  Suess,  professeur  à  l'Université  de  Vienne,  et  M.  de 
Hauer,  intendant  du  Musée  impérial  d'histoire  naturelle  de 
Vienne,  a  informé  en  1897  les  géologues  français  que,  si  une 
session  du  Congrès  géologique  international  pouvait  être  tenue 
à  Paris  en  1900,  les  géologues  autrichiens  accepteraient  de 
remettre  à  une  date  ultérieure  la  session  de  Vienne.  Très 
reconnaissants  de  la  bienveillante  proposition  des  savants 
autrichiens,  les  géologues  français  constituèrent  un  Comité, 
sous  les  auspices  de  la  Société  géologique  de  France;  et 
M.  Albert  Gaudry,  acclamé  président  de  ce  Comité,  fut  chargé 
de  transmettre  son  invitation  au  7*  Congrès  géologique  inter- 
national, en  Russie. 

Il  fut  décidé  à  Saint-Pétersbourg,  dans  la  séance  du  3  sep- 
tembre  1897,  V^^  ^®  Congrès  se  réunirait,   en   1900,.  à  Paris. 

Quelques  mois  plus  tard,  notre  Comité  d'organisation 
fonctionnait  d'une  façon  définitive,  adopté  par  la  Société 
géologique  de  France,  qui  une  fois  de  plus  mettait  son  influence 
et  son  vieux  renom  au  service  de  la  géologie  internationale. 
Le  concours  de  tous  les  géologues  français  nous  était  acquis, 
et  cette  union  nous  a  mis  en  mesure  de  montrer  la  géologie 
de  la  France   entière  aux   membres   du  Congrès. 

Trente  excursions  différentes  furent  organisées,  et  groupées 
de  telle  sorte,  avant  et  après  la  session,  que  chacun  d'entre 
vous  puisse  en  suivre  successivement  quatre,  et  faire  ainsi, 
à  son  choix,  une  tournée  en  France  de  huit  jours,  ou  son 
tour  de  France  en  deux  mois.  Le  Comité  s'est  de  plus 
conformé  à  un  vœu,  formulé  par  le  Conseil  du  Congrès  de 
Saint-Pétei'sbourg,  en  établissant  deux  séries  d'excursions  :  les 
unes  largement  ouvertes  aux  amis  de  la  géologie,  les  autres 
spéciales,  ouvertes  aux  discussions  d'un  nombre  limité  de 
praticiens. 

Le  programme  de  ces  excursions  vous  a  été  soumis,  suivant 
l'usage  constant  de  nos  Congrès,  sous  forme  d'un  livret-guide; 
la  collaboration  dévouée  des  géologues  français  a  permis  au 
secrétariat  de  vous  adresser  en  juin  ce  volume,  qui  constitue  une 


l34  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

sorte  de  résnmé  de  la  géologie  de  notre  pays.  Sa  pablication  a 
été  facilitée  par  la  générosité  de  divers  donateurs,  particuliers 
ou  Société  privées,  minières  et  industrielles  :  votre  secrétaire 
a  Tagréable  devoir  de  leur  exprimer  vos  remerciements, 
comme  aussi  aux  six  Compagnies  de  chemins  de  fer  qui 
nous  ont  si  libéralement  facilité  le  parcours  de  leurs  réseaux. 

Le  Comité  d*organisation  a  cru  devoir  concentrer  son 
effort  sur  la  préparation  de  ces  excursions.  Il  lui  a  semblé 
que  les  voyages  organisés  systématiquement  par  les  Congrès 
avaient  déjà  eu  un  résultat  positif  très  appréciable,  celui  de 
généraliser  parmi  les  spécialistes  la  connaissance  des  travaux 
stratigraphiques  de  détail.  La  vue  des  faits,  Texposé  des 
théories  sur  le  terrain  même,  lui  a  paru  remplacer  avanta- 
geusement la  lecture  trop  aride  des  descriptions  régionales. 
Il  a  espéré  que  la  comparaison  de  tant  de  résultats,  rapi- 
dement acquis  dans  des  excursions  bien  menées,  permettrait 
à  un  plus  grand  nombre  de  s'élever  individuellement  et 
librement  aux  systèmes  et  aux  synthèses,  et  qu'ainsi  nos  excur- 
sions hâteraient  le  moment  où  la  stratigraphie  sortira  de  la 
phase  d'observation,  pour  prendre  une  place  plus  haute  parmi 
les  sciences  positives. 

La  durée  de  la  session,  plus  longue  qu'aucune  des  précé- 
dentes, nous  permettra  de  visiter  l'Exposition  universelle, 
d'étudier  les  musées  géologiques  et  de  suivre  des  courses 
conduites  aux  environs  de  Paris.  Le  Comité  n'ayant  pu 
installer  d'exposition  permanente  au  sein  de  l'Exposition,  les 
échantillons  intéressants  pour  la  géologie  sont  disséminés 
dans  les  diverses  sections  ;  l'étude  vous  en  sera  facilitée  par 
une  notice  spéciale  et  par  un  certain  nombre  d'excursions 
dans  l'Exposition,  oi^anisées  par   les   soins  du  Comité. 

Les  rapports  des  commissions  nommées  par  les  congrès 
antérieurs  formeront  la  base  naturelle  des  discussions  de 
vos  séances  ;  elles  ont  fonctionné  avec  une  grande  activité 
et  non  sans  succès  ;  comme  nous  l'apprendront  les  mémoires 
de  M.  Renevier,  président  de  la  Commission  de  nomencla- 
ture, M.  Hichter,  président  de  la  Commission  des  glaciers, 
M.  Becite,  président  de  la  Commission  du  journal  interna- 
tional de  pétrograpliie,  M.  Michel  Lévy,  président  de  la 
Commission  de  pétrographie.  Cette  dernière  s'est  particulière- 
ment signalée  par  l'importance  des  divers  rapports  et  com- 
munications   dont    les    épreuves    préliminaires    ont    déjà    été 


SÉANCES  GÉNéRALBS  l35 

soumises   à    tons    ceux  d'entre    vous    qui    s'occupent  de  cette 
branche   de  la  science. 

Le  Comité  d'organisation  s'est  adressé  à  plusieurs  d'entre 
vous  pour  dresser  une  liste  des  questions  qui  seraient 
soumises  à  l'examen  du  Congrès,  et  les  réponses  qui  nous 
sont  parvenues  vous  seront  présentées  au  cours  de  vos 
séances.  Nons  avons  cru  devoir  imprimer  un  certain  nombre 
de  communications  d'un  intérêt  général,  dues  à  Sir  A.  Geikie, 
MM.  Chamberlin,  Hudleston,  Matthew,  Œhlert,  Salomon, 
Walcott,  Weinschenk,  qui  vous  seront  distribuées  après  la 
séance,  au  bureau  du  Congrès,  en  mênic  temps  que  les 
rapports  imprimés  des  diverses  commissions.  Elles  donneront 
un  point  de  départ  à  l'œuvre  des  sections,  dont  notre  Prési- 
dent vous  a  exposé  le  but,  et  dont  le  groupement  est 
tracé  sur  le  programme  de  la  session,  que  nous  aurons 
l'honneur  de  vous  remettre. 

Nous  vous  proposons  de  consacrer  les  quatre  premiers 
jours  de  vos  séances  aux  travaux  des  Sections  ;  une  séance 
sera  réservée  pour  les  comnmni cations  accompagnées  de  pro- 
jeclions.  Les  deux  derniers  jours  seront  occupés  par  des 
séances  générales,  où  les  Présidents  des  sections  porteront  à 
à  la  connaissance  du  Congrès  les  rapports  des  commissions 
et  les  communications  d'un  intérêt  général.  Les  votes  des  Sec- 
tions et  ceux  du  Conseil  y  seront  sanctionnés   par  le  Congrès. 

Avant  de  vous  séparer,  vous  devrez  l'aire  revivre,  dans 
une  de  vos  séances,  le  souvenir  de  ce  jeune  confrère,  enlevé 
si  inopinément  à  l'afTection  des  siens  et  aux  espérances  de  la 
science,  au  milieu  de  nous,  lors  du  Congrès  de  Saint-Piéters- 
bourg.  qu'il  avait  contribué  à  organiser.  Vous  serez  appelés 
à  régler,  suivant  les  propositions  de  nos  confrères  russes, 
les  conditions  du  prix  international  SpeudiarofT,  fondé  par 
un   père   en  mémoire  de   son   fils. 

Tel  est.  Messieurs,  le  résumé  succinct  des  mesures  prises 
par  notre  Comité  d'organisation  pour  faciliter  votre  (puvre. 
Puissent-elles  vous  aider  efticacement  à  développer  l'autorité 
et  le  crédit  de  nos  réunions  internationales,  et  à  aplanir  la 
voie  qui  relie   la  géologie  aux   sciences  exactes. 

M.  le  Ministre  de  V Instruction  publique,  dans  une  allocution 
très  applaudie,  apporte  le  salut  du  gouvernement  de  la  Répu- 
blique aux  géologues  du  monde  entier  réunis  au  Congrès  de 
Paris. 


l36  Vni*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Le  Ministre  définit  le  rôle  de  la  géologie  et  des  différentes 
branches  de  la  science  qui  s*y  rattachent.  Il  rappelle  ses  ori- 
gines et  ses  différentes  étapes  jusqu'à  nos  jours.  Il  insiste  sur 
Futilité  des  Congrès  qui  servent  la  science  universelle  et  qui 
rendent  plus  confiantes  et  plus  faciles  les  relations  interna- 
tionales. ((  Si  tous  les  hommes  éminents  des  différents  pays 
du  monde  se  pouvaient  bien  connaître,  a  ajouté  M.  Leygues, 
Fopinion  des  différents  pays  serait  garantie  contre  bien  des 
entraînements  fâcheux,  contre  bien  des  malentendus  regret- 
tables. Les  savants  qui  accourent  de  tous  les  points  du  monde 
pour  s'entretenir  de  science  pure  font  donc  en  même  temps 
de   bonne   politique. 

M.  Leygues  termine  en  adressant  aux  membres  du  Congés, 
au  nom  du  gouvernement  et  en  son  nom  personnel,  les  sou- 
haits les   plus  chaleureux   de  bienvenue. 

Le  Président  du  Congrès  annonce  que  M.  le  Président 
de  la  République  a  envoyé  des  cartes  pour  les  membres  du 
Congrès  géologique  international,  qui  désireraient  assister  à 
la  fête  de  TÉlysée  le   19  août. 

Il  transmet  l'invitation  du  prince  Roland  Bonaparte  qui 
recevra  dans  son  hôtel  de  l'avenue  d'Iéna,  le  a3  août,  les 
membres  du  Congrès  géologique  ;  le  prince  accueillera  avec 
plaisir  les  cartes,  coupes  géologiques  ou  échantillons  qu'on 
voudra  exposer  à  sa  soirée. 

Le  Président  rappelle  aussi  que  M"*  Albert  Gaudry  et  lui 
seront  très  honorés  de  recevoir  les  membres  du  Congrès 
géolpgique   mardi  soir,  ai   août,  rue  des  Saints-Pères. 

La  séance  est  levée   à  6  heures. 

Le  Secrétaire  général  :  Ch.  Barrois. 

DEUXIÈME    SÉANCE    GÉNÉRALE 
25  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  1  heure  4^»  sous  la  présidence  de 
M.   Mojsisovics  i^on   Mojsi^ar,   vice-président. 

3/ .  Gaudry  informe  l'assemblée  qu'il  a  reçu  un  télégramme 
de    M.   Karpinsky,    rappelé   par  un   deuil   à   Saint-Pétersbourg. 

M,  Capellini  propose  d'envoyer  un  télégramme  de  condo- 
léances à   M.   Karpinsky.   Cette  proposition  est  adoptée. 


SÉANCES  GÉNÉRALES  iS^ 

M,  de  Lapparenty  président  de  la  Société  géologique  de 
France,  se  met  à  la  disposition  des  Congressistes  poar  leur 
montrer  la  nouvelle  bibliothèque  de  la  Société  après  la  récep- 
tion de  THôtel  de  Ville  ;  il  ajoute  quil  serait  heureux  que 
cette  bibliothèque  fût  inaugurée  par  ses  confrères  du  Congrès 
de   1900. 

M.  Pellai  rappelle  qu'il  est  disposé  à  montrer  la  géologie 
des  environs  de  Saint-Remy  et  des  Baux,  les  4  et  5  octobre, 
aux   Congressistes  qui  lui  en  feraient  la  demande. 

M,  de  Stefani  présente,  de  la  part  de  M.  Canai^ari,  le 
volume  V  (1899)  ^®  Paleontograjîa  italica. 

Le  Président  présente  une  brochure  intitulée  :  a  Les  Mines, 
Carrières,  Eaux  minérales  et  thermales  de  Bulgarie,  »  dont  il 
existe  au  Secrétariat  un  grand  nombre  d'exemplaires  à  la  dis- 
position des  Congressistes. 

Le  Secrétaire  général  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part 
des  auteurs,   les  brochures  suivantes  : 

E.  de  Margerie  et  Z.  Raveneau  :  «  La  Cartographie  à 
l'Exposition  universelle  de  1900  ». 

Adrien  Dollfus  :   «  Notice  sur  l'Exposition  universelle  ». 

G.  Ramond  :  «  Notice  sur  l'Exposition  universelle.  —  Diverses 
notes  sur  le  bassin  de  Paris.  —  Géologie  des  Indes  anglaises, 
d'après  le  manuel  d'Oldham.  —  Notice  nécrologique  sur  M.  J. 
Prestwich  ». 

L.  Rai^eneau  :  «  Neuvième  Bibliographie  géographique 
annuelle   des  Annales  de  Géographie  (1899)  ». 

Les  Directeurs  des  Annales  de  Géographie  adressent  au 
Congrès  un  certain  nombre  d'exemplaires  d'un  article  sur  La 
Cartographie  à  l'Exposition  universelle,  publié  dans  ce  recueil 
par  nos  confrères,  MM.   E.   de  Margerie  et   L.  Raveneau. 

La  plupart  des  cartes,  reliefs  et  autres  documents  gra- 
phiques exposés  dans  les  différentes  sections  françaises  et 
étrangères,  et  intéressant  la  géologie  aussi  bien  que  la  géo- 
graphie physique,  sont  mentionnés  et  souvent  appréciés  dans 
ce  compte-rendu,  qui  pourra  ainsi  servir  de  complément  aux 
notices,   déjà  distribuées,  de  MM.   Ramond  et  Thevenin. 

Est  offert  également  le  numéro  des  Annales  de  Géographie 
consacré  à  la  Bibliographie  annuelle.  Ce  répertoire  analyti(iue, 
le  neuvième  de  la  série  et  s'appliquant  aux  ouvrages  ou 
mémoires  publiés  en  1899,  a  été  rédigé,  comme  les  précé- 
dents,   par  un    grand  nombre   de  professeurs  et  de  savants  de 


l38  VUI*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

tous  les  pays,  sous  la  direction  de  M.  L.  Raveneaa.  Les  tra- 
vaux relatifs  à  la  Physique  terrestre,  à  la  Morphologie  et  à 
la  Tectonique  y  occupent  une  large  place. 

Pour  faciliter  la  tâche  des  rédacteurs  et  réduire  le  plus 
possible,  à  l'avenir,  les  lacunes  inséparables  d*une  pareille 
entreprise,  M.  Raveneau  fait  appel  à  tous  les  membres  da 
Congrès  en  les  priant  de  lui  faire  parvenir  désormais  le  tirage 
à  part  de  ceux  de  leurs  travaux  qui  rentreraient  dans  le  cadre 
de  la   Bibliographie  en  question. 

Le  Secrétaire  général  prie  les  Congressistes  d'envoyer  leurs 
publications  à  M.  Raveneau,  pour  lui  faciliter  la  préparation 
de  sa  bibliographie   annuelle. 

L'ordre  du  jour  appelle  ensuite  la  présentation  des  rapports 
et    des   propositions    d'intérêt  général  adoptés   par  le   Conseil. 

L'Assemblée  adopte  successivement  les  rapports  suivants,  et 
nomme  les  Commissions  proposées  à  cet  effet,  par  le  Conseil 
et  les  Sections  (voir  plus  haut,  dans  les  Séances  du  Conseil, 
la  composition  de  ces  Commissions)  : 

i""  Rapport  de  la  Commission  de  nomenclature  géologique 
présenté  par  M.  Tschernyschew,  sous  le  bénéfice  des  obser- 
vations  faites  en  séance  de  section. 

a*  Rapport  de  la  Commission  de  la  carte  géologique  d'Eu- 
rope, présenté  au  nom  de  la  direction,  par  M.    Capellini. 

3**  Rapport  de  la  Commission  de  pétrographie,  présenté  par 
M.  ZirkeL 

4**  Rapport  de  la  Commission  des  glaciers,  présenté  par 
M.  Richter. 

5*  Proposition  de  Sir  Archibald  Geikie  :  Sur  la  coopération 
internationale  dans  les  investigations   géologiques. 

()"  Proposition  de  M,  Œhlert  :  Sur  la  reproduction  des  types. 

L'Assemblée  adopte  la  composition  du  jury  du  prix  Spen- 
diarofl*  fixée  comme  il  suit  :  MM.  Albert  Gaudry,  président  ; 
Marcel  Bertrand,  Sir  Archibald  Geikie,  Karpinsky,  Tschemys- 
chew,   Zirkel   et  von  Zittel. 

M.  Albert  Gaudry,  annonce  que  le  Président  de  la  Répu- 
blique et  le  Ministre  de  Tlnstruction  publique  lui  ont  envoyé, 
pour  les  membres  étrangers  du  Congrès,  des  billets  '  pour  les 
principaux  théâtres  :  Grand-Opéra,  Opéra-Comique,  Français. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  ao. 

Le  Secrétaire  :  L.  Cayeux. 


SÉANCES    GÉNéRALES  iSq 

TROISIÈME    SÉANCE    GÉNÉRALE 

SÉANCE    DE    Clôture 
27  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  3  heures  10,  sous  la  présidence 
de  M.  Albert  Gaudry,  président. 

Le  Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  dernière 
séance  générale.  Le  Président  fait  remarquer  que  le  rapport 
de  la  Commission  internationale  de  classification  stratigra- 
phique  n'a  été  accepté,  dans  la  séance  de  section  du  18  août, 
que  sous  bénéfice  des  observations  faites  en  séance.  Il  exprime 
le  désir  que  cette  réserve  figure  à  la  suite  du  vote  de  ce 
rapport  à   la  séance  générale  du  a5  août.   Ce  vœu  est  adopté. 

M.  Tietze  propose  à  l'assemblée ,  de  la  part  du  gouverne- 
ment austro-hongrois ,  d'organiser  à  Vienne ,  dans  trois  ans , 
la  neuvième  session  des  Congrès  géologiques  internationaux. 
11  fait  connaître  Tétat  d'avancement  des  travaux  préparatoires 
de  ce  Congrès  et  énumère  les  nombreuses  excursions  qui  seront 
offertes  aux  congressistes. 

L'invitation  du  gouvernement  austro-hongrois  est  acceptée 
à  l'unanimité,  et  M.  Tietze  remercie  le  Congrès  du  chaleu- 
reux accueil  fait  à  sa  proposition. 

M.  Matthew  fils  présente,  de  la  part  de  son  père,  une  note 
imprimée  par  les  soins  du  Congrès,  Sur  les  plus  anciennes 
faunes  paléozoïques. 

M.  Ch.  Barrois  résume  une  note  de  AI.  Walcoit  sur  les 
Formations  précambriennes  fossilifères.  Il  appelle  l'attention 
de  l'assemblée  sur  un  passage  de  cette  note,  où  M.  Walcott, 
en  s' appuyant  sur  le  témoignage  de  M.  RaufT,  met  en  doute 
l'existence  des  organismes  décrits  par  M.  Cayeux  dans  le 
précambrien  de  Bretagne. 

A  la  suite  de  la  communication  de  M.  Walcott,  M.  Rothpletz 
fait  remarquer  qu'il  a  vu,  avec  M.  Renard  et  d'autres  congres- 
sistes, quelques-unes  des  sections  faites  par  M.  Cayeux  dans 
les  phtanites  précambriens  de  Bretagne.  Avec  M.  Renard,  il 
considère  l'existence  des  Radiolaires  dans  ces  préparations 
comme  indubitable.  Il  ajoute  qu'il  y  a  malentendu  en  ce  qui 
touche  l'opinion  que  l'on  prêle  à  M.  RaufT  sui^  ces  Radio- 
laires.  M.   Cayeux  n'a  soumis  à  M.  Raufl*  qu'une  seule  section 


l4o  VUI*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

ne  renfermant  que  des  spicules  de  Spongiaires  et  aucan 
Kadiolaire.  M.  RaafiT  n'a  donc  vu  aucune  des  formes  que 
M.  Cayeux  a  décrites  comme  Radiolaires.  Quant  aux  corps 
considérés  par  M.  Cayeux  conune  des  spicules  d'Épongés. 
M.    Rothpletz  ajoute   qu'on  peut  discuter  sur  leur  nature. 

3/.  CcLyeux  se  félicite  de  voir  MM.  Rothpletz  et  Renard, 
venir  confirmer  l'existence  d'organismes  dans  le  précambrien 
de  Bretagne.  Il  maintient  tout  ce  qu'il  a  écrit  sur  les  spicules 
d'Epongés  de  ce  terrain.  Il  ajoute  qu'il  vient  de  montrer  quel- 
ques-unes de  ses  préparations  de  Radiolaires  et  de  spicules 
d'Épongés  à  de  nombreux  congressistes  :  MM.  Frech,  Kilian, 
Lepsius,  Pompecky,  Renard,  Reuseh,  Rothpletz,  Steinmann. 
Tschemyschew,  de  la  Vallée-Poussin,  Van  den  Broeck,  Von 
Arthaber  et  Von  Zittel,  qui  ont  ainsi  'pu  se  faire  une  opinion 
sur  la  nature  des  débris  dont  la  nature  organique  avait  été 
contestée. 

M.  A.  P,  Pavlow  fait  une  première  communication  Sur 
le  Portlandien  de  Russie  comparé  à  celui  du  Boulonnais. 
M.  Pavlow  informe  l'Assemblée  que  l'étude  qu'il  a  faite  des 
coupes  classic{ues  du  Jurassique  du  Boulonnais  et  de  celles 
de  Gorodische  sur  la  Volga  lui  a  permis  de  constater  la  même 
succession  des   zones  d'Ammonites  dans  les  deux  contrées. 

M.  A.  P.  Pai^low  fait  une  seconde  communication  Sur 
quelques  moyens  qui  pourraient  contribuer  à  Vélahoration  de 
la  classification  génétique  des  fossiles.  L'auteur  fait  remar- 
quer que,  malgré  le  grand  épanouissement  des  idées  évolu- 
tionnistes  et  le  rôle  qu'elles  jouent  dans  nos  recherches 
zoologiques  et  paléontologiqucs,  la  classification  des  organismes 
Aâvants  et  fossiles  reste  toujours  fidèle  aux  termes  taxonomiques 
qui  ont  pris  naissance  à  une  autre  époque  du  développement 
de  la  science,  sous  4*influence  d'idées  toutes  différentes. 
L'auteur  fait  remarquer  qu'il  serait  peut-être  plus  rationnel 
de  conserver  une  valeur  essentiellement  morphologique  aux 
termes  genre  et  espèce,  employés  dans  le  sens  primitif  de 
Linné,  et  de  se  servir  d'autres  tei'mes  pour  exprimer  les 
rapports  génétiques  des  formes.  11  y  aurait  une  classification 
morphologique  et  une   classification  génétique. 

En  ce  qui  concerne  les  moyens  qui  peuvent  guider  dans 
la  définition  des  lois  génétiques  entre  les  difiérents  groupes, 
M.  Pavlow  appelle  l'attention  sur  les  erreurs  qui  peuve  J  être 
commises   sous  l'empire  de  cette  idée,  que  l'on  a  dans  le  jeune 


SÉANCES   GÉNÉRALES  l4l 

âge  de  tel  ou  tel  fossile,  des  indications  sur  les  caractères  de 
ses  ancêtres.  D'après  ses  observations  sur  les  Ammonites,  les 
caractères  ancestraux  alïectent  non  pas  les  tours  internes  de 
la  coquille,  mais  les  derniers  tours  correspondant  à  un  état  de 
dégénérescence.  Dans  un  grand  nombre  de  cas  qu'il  a  étudiés^ 
les  jeunes  tours  des  Ammonites  ne  montrent  pas  les  caractères 
ancestraux,  mais  ceux  de  l'avenir  ;  ils  ne  correspondent  donc 
pas  à  une  phase  atavique^  mais  à  une  phase  prophétique,  11 
insiste  sm*  l'importance  de  cette  observation  pour  les  recherches 
sur  la  succession  des  formes  organiques   sur  la  terre. 

M,  Van  den  Broeck  fait  une  communication  Sur  le  Bernis- 
sartien.  L'auteur  croit  utile,  comme  suite  à  l'exposé  fait  par 
M.  Pavlow  des  corrélations  existant  entre  les  couches  port- 
landiennes  et  aquiloniennes  de  Russie  et  du  Boulonnais,  de 
fournir  quelques  données  sur  l'âge  des  dépôts  continentaux 
qui,  en  Belgique,  étaient  jusqu'ici  considérés  comme  le  repré- 
sentant du  Wealdien  et  à  l'horizon  desquels  on  avait,  jusqu'au 
moment  des  récentes  recherches  de  M.  Munier  -  Chalmas, 
rattaché  les  dépôts  fluviaux  prétendument  wealdiens  du 
Boulonnais.  11  s'agit  des  dépôts  à  Iguanodons  de  Bernissart, 
soit  du  Bernissartien,  autrefois  englobés  dans  la  série  complexe 
de  l'Aachénien  du  Hainaut.  Ces  dépôts  continentaux,  que 
d'importantes  lacunes  stratigraphiques  séparent,  surtout  infé- 
rieurement,  des  termes  sédimentaires  d'âge  déterminable,  ne 
peuvent  être  définis  par  la  stratigraphie.  C'est  donc  à  la 
paléontologie  que  s'est  adressé  M.  Van  den  Broeck  et  bien 
que  tous  les  éléments  de  la  faune  de  Bernissart  ne  soient 
pas  encore  publiés,  il  lui  a  été  possible  d'arriver  à  une 
précision  de  résultats  assez  inattendue. 

C'est  en  prenant  comme  base  de  son  étude  la  recherche 
du  degré  d'éçolution  des  divers  types  de  vertébrés  :  dinosau- 
riens,  crocodiliens,  amphibiens,  chéloniens  et  poissons,  compo- 
sant la  faune  du  Bernissartien,  ainsi  que  ceux  de  sa  flore, 
que  M.  Van.  den  Broeck  est  parvenu  à  constater  très  nette- 
ment :  I**  que  le  gîte  célèbre  de  Bernissart  appartient  à  la 
série  jurassique  et  non  à  la  série  crétacée  ;  2°  que  la  faune 
de  Bernissart  présente  un  caractère  de  plus  grande  ancienneté 
que  celle  du  niveau  des  Sables  d'Hastings,  ou  Wealdien  infé- 
rieur ;  3^  que  cette  faune  parait  se  rapporter  fort  exactement 
à  celle   du  Purbeckien  type,   ou  anglais. 

La  seconde    partie  d'une   étude  détaillée,   que  M.   Van  den 


l4a  VIU*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Broeck  vient  de  consacrer  à  ces  rechei'ches,  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  belge  de  Géologie,  paraîtra  d'ici  peu  de  mois,  et 
ce  travail  sera  mis  par  l'auteur  à  la  disposition  de  tous  ceux 
que  l'âge  des  dépôts  de  Bernissart  pourrait  intéresser  comme 
contribution  aux  études  de  relation  ou  de  synchronisme  des 
formations  portlandienne,  purbeckienne,  aquilonienne  et  weal- 
dienne  de  la  région  anglo- franco-belge  spécialement. 

M.  A,  Gaébhard  parle  Des  phénomènes  tectoniques  des 
Alpes- Maritimes,  Il  signale,  comme  le  fait  saillant  de  ses 
observations  détaillées  dans  la  partie  sud-ouest  des  Alpes- 
Maritimes  provençales,  la  fréquente  tendance  qu'ont  les  axes 
synclinaux  à  se  recourber,  tantôt  en  simple  croix,  avec  acci- 
dents de  plissottement  secondaire  ou  de  rupture  anticlinale 
dans  les  angles  (exemples  :  Saint- Vallier  de  Tbiey  ;  les  Auba- 
rides,  près  Mons,  etc.),  tantôt  en  faisceaux  homocentriques  ou 
patte  d'oie  couvrant  une  moitié  du  plan,  en  dessous  d'une 
grande  barre  discontinue  (exemple  :  Clars,  près  Escragnolles)  ; 
tantôt  en  étoilement  complet  ou  rosace  couvrant  de  ses  rayons 
le  plan  dans  tous  les  azimuths,  comme  autour  du  Saut-du- 
Loup.  La  nmltiplicité  des  exemples  particuliers  de  fasciation 
palmée  ou  stellaire  montre  qu'il  doit  s'agir  d'un  fait  tecto- 
nique d'intérêt  plus  que  régional. 

M.  A.  Grenier  excuse  MM.  Lohest  et  Forir  de  ne  pouvoir 
assister  à  la  séance,  et  annonce  Tenvoi  d'une  communication 
écrite,  au  sujet  de  leur  méthode  de  notation  chiffrée  des 
terrains.  L'intérêt  qui  s'attache  à  ce  travail  provient  de  ce 
qu'il  répond  à  la  critique  de  l'enseignement  aride  des  classi- 
fications, faite  par  M.  de  Launay,  à  la  seconde  séance  de  la 
section  de  géologie  appliquée.  Le  programme  préconisé  par 
M.  de  Launay  est  point  pour  point  identique  à  celui  que 
professe  M.   Lohest  depuis   le  début  de  son  professorat. 

M,  Stanislas  Meunier  fait  une  conmumication  sur  la  struc- 
ture du  diluvium  de  la  Seine.  L'état  de  la  stiMicture  du  dilu- 
vium  de  la  Seine,  qui  semble  une  question  très  spéciale,  est 
cependant  susceptible  de  conséquences  très  larges  et  jette  une 
lumière  très  vive  sur  le  grand  problème  du  creusement  des 
vallées.  Elle  démontre,  contrairement  aux  idées  de  Belgrand, 
si  longtemps  admises  et  qui  sont  inspirées  par  le  point  de 
vue  cataclysmion,  que  les  eaux  dont  ce  diluvium  est  le  dépôt 
n'ont  jamais  été  torrentielles.  La  structure  du  diluvium  est, 
en    elfet,   admirable   de   délicatesse  ;    on    y    retrouve    le    reflet 


■\ 


SÉANCBS  GÉNÉRALES  l43 

des  vicissitades  du  cours  de  la  rivière,  qui  dépendent  en 
chaque  point  non  seulement  des  influences  saisonnières,  mais 
aussi  du  déplacement  y érïishlement  physiologique  des  méandres. 
Au-dessus  de  la  zone  macrolithique  (graviers  de  fond  de  Bel- 
grand),  qui  consiste  en  résidu  de  lavage,  susceptible  de  masses 
superposées  et  dont  les  matériaux  sont,  les  uns  des  blocs 
descendus  verticalement  au  fur  et  à  mesure  des  progrès  de 
la  dénudatîon,  et  les  autres  des  fi*agments  charriés  par  les 
glaces  flottantes  et  les  souches  d'arbres  arrachés  des  rives  au 
moment  de  la  dénudation.  On  voit  la  zone  lenticulaire  ou 
amygdaloïde  qui  représente  Taltemance  du  régime  sédimen- 
taire  et  du  régime  érosif  dont  chaque  point  a  été  le  théâtre. 
Chacune  des  lentilles  constitutives,  reste  d'une  formation  plus 
ou  moins  étendue,  a  pour  substratum  une  couche  de  galets 
qui  témoigne  de  Térosion  qui  Fa  précédée.  Elle  est  formée  de 
lits  horizontaux  ou  inclinés  dans  un  sens  ou  dans  Tautre,  et 
dont  chacun  est  réglé  quant  à  la  grosseur  de  ses  matériaux 
constitutifs,  d'une  façon  rigoureuse,  d'après  la  nature  des  cou- 
rants d'eau  qui  l'ont  engendré.  Un  petit  appareil,  mis  sous 
les  yeux  de  rassemblée,  permet  de  matérialiser  pour  ainsi  dire 
les  phases  de  cette  formation. 

Le  système  est  couronné  par  les  assises  horizontales  très 
limoneuses  (sables  de  débordement  de  Belgrand)  qui  datent  de  la 
dernière  période  du  régime  sédimentaire  de  la  région  considérée. 
On  assiste  à  sa  production  lors  des  inondations,  et  l'on  cons- 
tate alors,  en  hiver,  l'importance  de  la  collaboration  que  lui 
fournissent  les  glaces  au  moment  du  dégel.  C'est  par  le  lavage 
de  ce  terrain  de  débordement,  par  la  substitution  d'une  anse 
concave  à  une  anse  convexe,  à  la  suite  des  divagations  de  la 
rivière,   que  des  lentilles  nouvelles   seront  constituées. 

Ces  considérations  sont  du  nombre  de  celles  qui  justifient 
l'application  d'une  doctrine  géologique  nouvelle  succédant  au 
cataclysmisme  de  Cuvier,  à  Yuniformitarisme  de  Lyell  et  même 
à  Yactualisme  de  Constant  Prévost,  qu'elle  complète  dans  bien 
des  points  et  qui,  sous  le  nom  à'aciiçisme,  fait  intervenir 
surtout  la  vie  intense  et  jamais  ralentie  du  milieu  géologique, 
théâtre  incessant  de  remaniement  et  de  substitution  de  subs- 
tances qui  ressemblent  d'une  façon  intime  à  la  physiologie  des 
organismes  animaux  et  végétaux. 

Le  Secrétaire  général  résume  une  note  manuscrite  de  A/.  Hall, 
intitulée  :  Terrasses  subocéaniques  et  vallées  des  rivières  occi- 


l44  ^Ul*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

dentales  d'Europe,  Le  travail  de  M.  Hull  est  un  résumé  des 
investigations  récentes  sur  les  vallées  subocéaniques  et  sur  les 
traits  physiques  de  l'ouest  de  TEurope.  Il  insiste  sur  les  pla- 
teaux continentaux  et  sur  les  grandes  déclivités  qui  les  limitent 
vers  le  large.  Les  plates-formes  continentales  sont  ravinées 
par  le  prolongement  des  grandes  rivières  actuelles.  Il  en 
conclut  que  ces  terrains  ont  été  exondés  à  une  époque  peu 
éloignée  et  que  ce  changement  de  niveau  a  eu  une  influence 
sur  la  période    glaciaire. 

Le  Secrétaire  général  présente  une  note  de  M.  Hudleston 
sur  la  bordure  orientale  de  l'Atlantique,  Cette  note  a  été 
imprimée  et  distribuée   aux  congressistes. 

,  M.  E,'A.  Martel  résume  les  résultats  géologiques  et  Ivy'dro- 
logiques  généraux  des  explorations  souterraines  qu'il  a  entre- 
prises depuis  1888,  tant  en  France  qu'à  l'étranger ,  à  l'aide  de 
nouveaux  procédés,  notamment  l'emploi  du  téléphone  et  des 
bateaux  démontables,  et  qui  depuis  une  douzaine  d'années  ont 
pris  une  extension  considérable  et  provoqué  diverses  décou- 
vertes. 

M,  G.  Dollfus  étudie  les  derniers  phénomènes  géologiques 
dont  les  bassins  de  la  Seine  et  de  la  Loire  ont  été  le  théâtre.  11 
prend  pour  point  de  départ  le  lac  du  calcaire  de  Beauce  qui 
forme  un  vaste  plan  horizontal.  Ce  calcaire  s'est  trouvé  rompu 
par  des  failles  W.  S.  au  début  du  miocène  ;  c'est  alors  que 
le  plateau  central  s'est  soulevé.  Cet  événement  a  amené  l'appa- 
rition de  vastes  alluvions  sableuses  granitiques  qui  ont  été 
nommées  sables  de  la  Sologne,  d'étendue  très  vaste,  descen- 
dant de  la  région  de  l'Allier  dans  celle  de  la  Seine  et  se 
déversant  dans  la  Manche,  vers  le  Havre.  Ce  dépôt  caracté- 
rise le  miocène  inférieur  ;  il  a  pris  fin  par  l'arrivée  de  la  mer 
des  faluns  au  miocène  moyen  qui  s'est  avancée,  par  suite  d'un 
long  effondrement  central  de  l'axe  précambrien  breton.  La  mer 
falunienne  est  venue  capter  la  Loire  granitique  et  Fa  détournée 
de  son  écoulement  à  la  Seine.  Le  bassin  de  la  Seine  s'est 
alors  plissé  transversalement  de  l'est  à  l'ouest,  la  mer  des 
faluns  s'est  reculée  au  delà  de  la  Maine  et  le  miocène  supé- 
rieur a  débuté.  Il  est  discordant  sur  le  miocène  moyen  ;  il 
occupe  dans  l'ouest  une  surface  très  dilïérente  et  descend  du 
Cotentin  au  bassin  de  Rennes,  à  celui  de  Nantes  et  s'étend 
sur  la  Vendée.  J'ai  donné  le  nom  de  Redonien  à  ce  miocène 
supérieur  nouvellement  délimité.    Le    pliocène    n'occupe   réelle- 


SEANCES  GEMÉKALfiS  l45 

ment  qu  une  toute  petite   étendue  ,   il  pénétrait  seulement  par 
quelques  Qords  en  Bretagne  et  en  Normandie. 

M,  A,  P,  Pavlow  se  fait  l'interprète  de  ses  confrères  pour 
remercier  les  organisateurs  du  VIIl©  Congrès  géologique  inter- 
national. Il  exprime  Topinion  que  si  Tidée  des  Congrès  a  pris 
naissance  en  Améri(|ue,  la  France  peut  être  considérée  comme 
le  berceau  des  Congrès  géologiques  internationaux.  Il  déclare, 
après  avoir  énuméré  les  nombreux  savants  français  qui  ont 
illustré  les  sciences  naturelles,  (|ue  la  France  a  vu  naître 
plusieurs  grands  embranchements  de  la  géologie  et  que  Paris 
est  le  foyer  le  plus  lumineux  des  sciences  modernes.  Il  remercie 
le  président  M.  Gaudry,  le  secrétaire  général  M.  Barrois,  les 
secrétaires  et  le  Comité  d'organisation  qui  ont  rendu  le  séjour 
des  étrangers  en   France   aussi  agréable  qu'utile. 

Le  Président  remercie  M.  A,  P.  PavloiV ;  puis,  s'adres- 
sant  à  l'assemblée,  s'exprime   ainsi  : 

Chers   Confrères, 

Nous  vous  Remercions  des  bonnes  paroles  que  vous  venez 
de  nous  dire.  Il  vous  a  été  facile  de  constater  dans  nos  réu- 
nions tenues  à  Paris,  que  nos  géologues  étaient  heureux  de 
vous  voir,  de  vous  entendre.  Les  excursions  géologiques  que 
vous  avez  déjà  faites  et  celles  que  vous  allez  entreprendre 
vous  montreront  ([ue,  dans  toutes  les  parties  de  la  France 
comme  à  Paris,  vous  trouverez  des  amis  heureux  et  honorés 
de  recevoir  votre  visite, 

Il  me  semble  que  nous  avons  bien  travaillé.  Les  séances 
de  nos  quatre  sections  :  Section  de  géologie  générale  et  de 
tectonique,  section  de  stratigraphie  et  de  paléontologie,  sec- 
tion de  minéralogie  et  de  pétrographie,  section  de  géolf>gie 
appliquée  et  d'hydrologie,  ont  été  suivies,  aussi  bien  que  nos 
séances  générales,  par  de  très  nombreux  travailleui'S.  Vous 
avez  fait  d'importantes  communications  qui  attestent  les  pro- 
grès  incessants  de   notre   science. 

Il  y  a  douze  jours,  lorsque  vous  êtes  arrivés,  nous  vous 
avons  dit  :  c'est  grande  joie  de  vous  revoir  :  aujourd'hui  nous 
éprouvons  de  la  tristesse  en  pensant  que  les  membres  de  la 
famille  des  géologues  vont  de  nouveau  se  disperser  dans 
toutes  les  parties  du  monde. 


10. 


l46  VIU*^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Heareusement,  nous  allons  encore,  pendant  plus  d*un  mois, 
garder  beaucoup  d'entre  vous,  et  faire  ensemble  des  excursions 
géologiques.  Puis,  nous  avons  Tespérance  de  nous  revoir  dans 
trois  ans  dans  la  ville  si  savante  de  Vienne.  En  clôturant 
la  session  de  Paris,  je  peux  répéter  les  paroles  que  nous 
disait  M.  Karpinsky  en  clôturant  la  session  de  Saint-Pétersbourg  : 
«  Au  revoir,  dans  trois  ans.  Soyez  persuadés  que  vous  lais- 
sez ici  de  vrais  amis  qui  ne  vous  oublieront  jamais.   » 

Le  Secrétaire  :  L.  Cayeux. 


k 


SÉANCES   DB  SECTIONS  ifyj 

III.    —    PROCÈS-VERBAUX    DES    SÉANCES 

DE   SECTIONS 

Section  de  Géologie  générale  et  de  Tectonique 

PREMIÈRE  SÉANCE 
ly  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  i  heure,  sous  la  présidence  de  Sir 
Archïbald  Geikie,  président  de  la   section. 

Sir  Archibald  Geikie  donne  lecture  de  son  allocution  prési- 
dentielle sur  la  coopération  internationale  dans  les  investi- 
galions  géologiques .  Cette  allocution ,  en  raison  de  son 
importance ,  avait  été  imprimée ,  in  extenso ,  et  remise  aux 
membres  du  Congrès  à  Tissue  de  la   séance  du   i6  aoAt. 

M.  Marcel  Bertrand,  après  avoir  remercié  Sir  A.  Geikie, 
demande  que  le  Conseil  du  Congrès  nomme  une  commission 
chargée  de  donner  suite  à  ces  propositions  de  coopération 
internationale  :  la  proposition,    mise  aux  voix,  est  adoptée. 

M.  Barrois,  secrétaire  général,  donne  lecture  d'une  com- 
munication de  M.  Chamberlin,  empêché  d'assister  au  Congrès, 
sur  le  patronage  par  le  Congrès  des  investigations  fondamen- 
tales en  géologie. 

Cette  communication  sera  imprimée  et  remise  aux  congres- 
sistes  dans  la  prochaine  séance. 

M.  Marcel  Bertrand  demande  que  la  proposition  de 
M.  Chamberlin  soit,  comme  celle  de  Sir  Archibald  Geikie, 
renvoyée  à  une  commission   nommée  par  le  Conseil. 

M.   /.  Joly  fait  les  communications   suivantes   : 

10  Age  géologique  de  la  terre  fixé  par  la  teneur  en  sodium 
de  la  mer.  L'auteur  montre  que  le  sodium  dans  Tocéan  pro- 
vient surtout  des  roches  par  dissolution.  D'après  ses  données, 
il  faudrait  une  période  de  90  à  100  millions  d'années  pour 
que  les  cours  d'eau  dans  les  conditions  actuelles  fournissent 
à  Tocéan  la  quantité  de   sodium  qu'il   contient   maintenant. 

q9  Sur  des  expériences  relatives  à  la  dénudation  dans  Veau 
douce  et  dans  Veau  salée.  Les  expériences  ont  eu  lieu  pendant 
trois  ou  quatre  mois  sur  le    basalte,    Torthose,    la  hornblende 


l48  VUI^'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

et  Tobsidienne.  La  quantité  de  ces  substances  dissoutes  par 
Feau  de  mer  est  de  a  1/2  à  i4  fois  plus  considérable  que  la 
quantité  dissoute  par  Teau  douce  dans  les  mêmes  conditions. 
Dans  ces  mesures  ne  sont  pas  compris  les  alcalis  et  la  mafpié- 
sie  dissous  dans  Feau  de  mer  ;  son  eflet  dissolvant  est  donc 
plus   marqué   encore. 

3"  Ordre  de  formation  des  silicates  dans  les  roches  innées. 
L'auteur  étudie  à  nouveau  les  points  de  fusion  du  quarz  et 
des  principaux  silicates  constituant  les  roches  et  trouve  que 
ces  points  de  fusion  sont  inférieurs  à  ceux  actuellement 
admis.  La  dillercnce  est  plus  petite  pour  les  silicates  moins 
riches  en  silice  que  pour  ceux  qui  en  renferment  une  grande 
proportion  ;  comme  résultat  final,  M.  Joly  trouve  que  ces  points 
de  fusion  sont  en  complète  harmonie  avec  Tordre  de  consolida- 
tion, des  silicates  dans  les   roclies. 

Les  anomalies  dans  Tordre  de  formation,  le  phénomène 
d'accroissement  intra-tellurique.  aussi  bien  que  Tinstabilité 
magmatique,  peuvent  être  expliqués  par  les  variations  de  sta- 
bilité  des   silicates  soumis   à  la  chaleur   prolongée. 

L'auteur  trouve  que  la  recristallisation  partielle  du  quarz 
de  fusion  s'etléctue  à  une  température  qui  descend  de  1200® 
à  9000  c. 

4°  Mécanisme  interne  de  la  sédimentation  marine.  M.  Joly 
montre  que  la  précipitaticm  des  sédiments  par  les  sels  en  solu- 
tion obéit  approximativement  aux  mêmes  lois  et  montre  des 
phénomènes  sembhibles  à  ceux  qu'on  observe  dans  la  coagu- 
lation des  suljstances  colloïdes.  On  peut  Texpliquer  par  des 
considérations  électro-chimiques  que  l'expérience  continue. 
L'auteur  termine   par  des   applications  à   la  géologie. 

M.  de   Lapparent    fait    la    communication    suivante,  sur   la 
limite  des  Etages  géologiques  : 

Les  discussions,   si  souvent  renouvelées  entre  les  géologues, 
sur  la  limite  des  étages,  reposent  en  général  sur  une  appi'écia- 
tion   ditlérente   de   la   valeur  qui  doit  être  attribuée  aux   argu- 
ments de   fait   invoqués.  Les   uns   se  fondent  sur  la  continuité 
paléontologique   qu'ils   ont    constatée    entre     deux   assises  :  les 
autres  invoquent  une  discordance   que   les  mêmes    assises  pré- 
sent(»raient    en   d'autres  points.  Quand  les  concordances  se  pro- 
duisent dans  des  régions  synclinales  on   la  sédimentation  parait 
avoir  été  continue,  elles  ne  peuvent,   semble-t-il,  être  invoquées 
en   favem*  de   telle   ou  telle    solution  ;  car    les   limites  géologi- 


i 


S1^.ANCES   DE   SECTIONS  l49 

ques  ne  peuvent  être  fondées  que  sur  des  épisodes  locaux, 
d'importance  plus  ou  moins  grande,  mais  incapables  d'affecter 
dans  son  ensemble  le  milieu  marin,  essentiellement  continu  à 
travers  les  âges.* 

En  conséquence,  M.  de  Lapparent  pense  que,  dans  la  ques- 
tion de  la  fixation  des  limites,  les  contrées  qui  doivent  four- 
nir les  arguments  décisifs  sont  celles  où  les  limites  de  la  terre 
ferme  ont  subi,  aux  époques  correspondantes,  les  modifications 
les  plus  profondes.  Il  se  dissimule  d'autant  moins  les  diili- 
cultes  d'application  de  cette  méthode,  qu'il  a  eu  récemment 
l'occasion  de  les  constater  pour  son  compte,  en  cherchant  à 
réunir  les  éléments  des  ébauches  paléogéographiques  jointes  à 
la  dernière  édition  de  son  traité.  Il  lui  semble  néanmoins  que 
c'est  ce  genre  d'études  qu'il  faut  poursuivre  et  que,  si  les 
régions  synclinales  fournissent  de  précieuses  donnéeè  sur  la 
succession  régulière  des  formes  de  céphalopodes,  ce  n'est  pas 
à  ces  régions  de  sédimentation  continue  qu'on  doit  demander 
les   éléments  des  divisions    ou  dates  de    l'histoire  géologique. 

M.  Marcel  Bertrand  demande  que  pour  établir  les  limites 
des  étages,  on  applique  davantage  la  loi  de  priorité,  à  défaut 
d'autre  moyen,  et  il  est  d'avis  que  la  recherche  de  cette  prio- 
rité pourrait  être  un  des   travaux  utiles  du   Congrès. 

M.  Albert  Gaudrj^  croit  qu'il  faut  attendre  beaucoup  du 
progrès  des  études  paléontologiques.  C'est  d'après  les  stades 
de  l'évolution  des  êtres  vivants  que  sera  faite  la  délimita- 
tion des  étages.  Les  paléontologistes  qui  ont  étudié  les  mam- 
mifères, connaissent  leur  importance  pour  fixer  l'Age  des  assises 
tertiaires. 

M.  Stanislas  Meunier  fait  une  conmiunication  sur  la  demi' 
dation  souterraine  : 

Dans  une  foule  de  localités,  la  décalcification  du  sol  a  amené 
la  production  successive  de  lits  de  résidus  (jui  se  sont  formés 
progressivement  les  uns  au-dessous  des  autres,  les  plus  récents 
étant  les  plus  profonds.  Une  coupe  prise  aux  environs  de  Mor- 
tagne  montre  cette  catégorie  de  formations  sur  plus  de  20  mètres 
d'épaisseur.  Les  assises  de  sédimentation  souterraine  sont 
ordinairement  chargées  de  minéraux,  résultat  de  concrétions 
postérieures  au  dépôt  initial  et  les  tests  de  coquilles  silicifiées  y 
sont  mêlés  avec  des  grains  de  quarz  dont  la  trouvaille  a  sou- 
vent induit  les  géologues  en  erreur  quant  à  l'origine  des  cou- 
ches qui   les  contiennent. 


l5o  VIIl®  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Un  des  titres  des  terrains  de  sédimentation  souterraine  à 
rintérôt  des  géologues  consiste  dans  le  faciès  continental  des 
formations  de  tous  les  âges.  Bien  des  lits  de  cailloux  et  des 
sables  des  assises  de  nodules  phosphatés  et  les  bone-beds  doi- 
vent être  considérés  comme  des  produits  de  la  sédimentation 
souterraine. 

Des  expériences  de  laboratoire  ont  permis  de  reproduire 
les  productions  des  assises  de  cette  nature  avec  toutes  leurs 
particularités. 

M.  Bleicher  fait  une  communication  sur  la  dénudation  des 
Vosges  : 

Des  recherches  poursuivies,  depuis  plus  de  trente  années,  des 
deux  côtés  des  Vosges,  permettent  aujourd'hui  à  l'auteur  de 
résumer  et  de  présenter  sous  la  forme  d'une  carte  schéma- 
tique, les  résultats  de  son  enquête  sur  la  répartition  des 
éléments  de  destruction  ou  de  déchets  de  cette  chaîne,  pour 
le  versant  lorrain  et  les  régions  avoisinantes  du  bassin  de 
la   Saône. 

Il  s'est  particulièrement  occupé  des  éléments  qui,  par  leur 
situation  topographique,  leur  nature  à  l'état  de  caillou,  sable, 
argile,  leur  absence  de  fossiles,  sont  attribuables  aux  temps 
préquatemaires.  Il  constate  qu'ils  s'échelonnent  sur  les  pla- 
teaux et  les  pentes  du  plateau  lorrain  de  l'altitude  de  417  mètres 
(plateaux  de  Haye,  160  mètres  au-dessus  de  la  Moselle)  jusqu'à 
une  altitude  de  1020  mètres  au-dessus  des  cours  d'eau  actuels, 
et  que,  en  somme,  ils  se  montrent  généralement  indépendants 
des  reliefs  actuels  formant  une  bande  de  terrain  qui  s'appuye 
sur  les  Hautes  Vosges  cristallines,  se  prolonge  en  s'amincissant 
vers  le  bassin  inférieur  de  la  Meuse,  suit  la  direction  future 
des  cours  d'eau  actuels,    Meuse,   Meurthe,   Moselle. 

En  général  ces  formations  souvent  remaniées  et  réduites  à 
l'état  de  simples  traînées  de  cailloux,  sont  surtout  riches  en 
cailloux  quai*zitiques  de  décomposition  du  grès  vosgien  et 
les  roches  granitiques  y   sont  rares. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  peut  par  l'étude  de  ces  dépôts  suivis 
pas  à  pas,  reconstituer  l'état  du  plateau  lorrain  aux  époques 
préquaternaires.  C'était  une  région  de  ruissellement,  de  char- 
riage, en  particulier  sur  le  front  des  Vosges  cristallines.  Sar 
le  reste  de  la  surface,  des  dépôts  locaux  se  sont  produits, 
aux  dépens  des  roches  sous-jacentes,  et  le  ruissellement  a  pu 
amener    ces    déchets,  étape  par  étape,  à   une  certaine  distance 


% 


SÉANGBS   DE   8RCTIONS  l5l 

de  leur  point  d'origine.  Le  plateau  lorrain  préquatemaire  nous 
apparaît  comme  un  pays  dont  la  faune  et  la  flore  nous  sont 
encore  inconnues,  peut-être  par  suite  de  la  destruction  rapide 
de  tout  débris  organique,  et  cette  pauvreté  en  fossiles  se 
retrouve  dans  les  formations  homologues  de  la  vallée  du  Rhin. 

Les  Secrétaires  :  A.  Thevenin, 

Crema. 


Section  de  Géologie  générale  et  de  Tectonique 

DEUXIÈME  SÉANCE 
23  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures  i/a,  sous  la  présidence 
de  Sir  Archibald  Geikie,   président  de  la  section. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  a  été  imprimé  et 
distribué.  Il  est  mis   aux  voix   et  adopté. 

M,  Richter  lit  le  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Commis- 
sion des  Glaciers. 

Sir  Archibald  Geikie  félicite  la  Commission  des  glaciers  du 
progrès  de  ses  travaux  et  remercie  M,  Richter,  Les  conclu- 
sions de  ce  Rapport  seront  transmises  au  Conseil  et  présentées 
à  la  séance  générale  du  ^5  août. 

M.  H,  F,  Reid  fait  une  communication  sur  les  mouvements 
des  glaciers. 

M.  Arctowski  fait  part  à  l'assemblée  de  ses  Observations 
relatives  à  Vancienne  extension  des  glaciers  dans  la  région  des 
terres  découvertes  par  V expédition  antarctique  belge. 

Il  entretient  ensuite  rassemblée  de  la  géologie  et  des  gla- 
ciers de  la  même  région  et  des  glaces  du  pôle  sud.  Cette 
seconde  communication  est  accompagnée  de  nombreuses  pro- 
jections. 

A  la  suite  de  ces  communications,  M.  Richter  montre  la 
grande  importance  des  observations  de  l'Expédition  belge  pour 
l'étude  des  phénomènes  glaciaires.  Il  ajoute  que  M.  Axel 
Amberg  a  déjà  observé  au  Spitzberg  des  glaciers  finissant  à 
la  côte  sans  que  le  névé  soit  transformé  en  glace  ;  les  icebergs 
ne  sont  pas,  par  suite,  formés  de  glace  comme  au  Grônland, 
mais  de  névé. 


l5a  VIII*    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

M,  Popovici'Hatzeg  présente  la  nouçelle  carte  géologique 
de  la  Roumanie  à  IVchelle  de  i  :  3oo  ooo.  Cette  carte,  qui 
comprend  trente-sept  subdivisions  géologiques,  a  été  faite  au 
laboratoire  de  géologie  du  Ministère  des  Domaines  à  Bucharest. 
M.  Popovici-Hatzeg  se  propose  de  publier  prochainement  un 
texte  explicatif. 

M,  Vorwerg  donne  lecture  d'une  note  intitulée  :  Proposi- 
tion tendant  à  simplifier  la  notation  du  pendage  et  de  la  direc- 
tion des  couches, 

M.  Vahbé  Parât  a  étudié  les  grottes  de  la  Cure  (Départe- 
ment de  l'Yonne).  L'auteur  ayant  fait  de  nombreuses  fouilles 
dans  les  grottes  des  vallées  de  la  Cure  et  de  TYonne,  présente 
le  résultat  de  ses  recherches  sur  le  creusement  de  ces  grottes, 
les  dépôts  qu'elles  contiennent  et  leur  faune,  ainsi  que  sur  le 
régime  de  ces  rivières. 

Il  résume  ensuite  une  note  sur  des  dépôts  albiens,  crétacés 
et  tertiaires,  disséminés  sur  la  bordure  calcaire  du  nord-ouest 
du  Morvan  ;  et  fait  observer  que  ces  dépôts  sont  totalement 
absents  sur   le  massif  granitique. 

Les  Secrétaires  :  A,  The  venin. 

Crema. 


Section  de  Stratigraphie  et  de  Paléontologie 

PREMIÈRE  SÉANCE 
i8  août  lyoo 

La  séance  est  ouverte  à  une  heure  r/4,  sous  la  présidence 
de  M.  von  ZitteL  président.  A  hi  demande  de  M.  Renevier, 
empêché  par  la  maladie  d'assister  au  Congrès,  M.  i'on  Zitiel 
présente  à  T Assemblée  le  rapport  de  la  Commission  interna- 
tionale de  classification  strati graphique  dont  M.  Renevier 
était  le  président.  Ce  rapport  ayant  été  distribué,  imprimé 
avant  la  séance,  est  connu  en  détail  des  congressistes;  le 
président  se  borne  à  énumérer  les  conclusions,  pour  les 
faire   ratifi(»r  par  le   Congrès. 

L'article   i    ne  donne  lieu  à  aucune  observation. 


SÉANCES   DE   SECTIONS  l53 

Article  a 

«  //  serait  désirable,  dans  la  division  des  systèmes  pour 
lesquels  il  n'y  a  pas  de  noms  usités^  comme  Dogger,  Lias, 
etc.,  d'introduire  les  expressions  :  Paléo. . .  Méso, . .   Néo. . . 

N.-B.  La  préfixe  Eo  . ,  pourrait  être  substitué  à  Paléo,,,, 
pour  abréger  les  noms  trop  longs,   p.   ex.    Eocrétacique,  » 

((  Lorsqu'un  terme,  donné  à  un  ensemble  de  couches,  doit 
être  restreint  à  la  désignation  d'une  partie  seulement  de  ces 
couches,  on  ne  doit  le  conserver  que  pour  les  couches  les 
mieux  caractérisées  paléontologiquement  »  et  correspondant 
à  la  définition  primitiYe.  » 

M.  Depéret  se  déclare  sceptique  quant  aux  résultats  des 
voles  sur  les  principes  ;  il  serait  préférable  à  son  avis  de 
tenter  un  essai  pratique  de   classification   des  terrains. 

L'article   2  est  adopté  sans  objection. 

Article  3 

En  ce  qui  concerne  les  questions  d'ordre  général  qui  font 
partie  de  cet  article, 

a)  L'Assemblée  se  range  à  l'avis  de  la  Commission  de  ne 
pas  s'occuper  pour  le  moment  de  fixer  les  limites  stratigra- 
pliiques,  suivant  le  désir  de   M.    Williams.     •  * 

b)  Elle  est  d'avis,  comme  la  Commission,  de  laisser  à 
l'initiative  personnelle  le  projet  de  notation  chiffrée  des 
terrains  élaboré    par  MM,   Lohest  et  Forir. 

c)  Elle  adopte  encore  l'avis  de  la  Commission  sur  les 
désinences  homomorphes  et    sur  les  noms   nouveaux. 

Article  4 

Le  Président  déclare  ensuite  que  le  principal  objet  des 
délibérations  de  la  Commission  a  été  d'établir  les  bases 
de  la  nomenclature  des  cinq  ordres  de  subdivisions  admis 
au  Congrès  de  Bologne,  et  qu'elle  a  surtout  envisagé  la 
question  au  point  de  vue  chronologique.  Il  appelle  l'attention 
de  l'Assemblée  successivement  sur  les  cinq  ordres  de  subdi- 
visions. 

a)  Division^  de  i«'  ordre.  —  Ères 

((   La    Commission  consacre   les     grands    groupes,    générale- 
ment admis,    et  propose    de  leur  attribuer   dans  la  classifica- 


l54  VUl*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tion  internationale  les  noms  usités  de  Paléozoïque,  Méso- 
zoïque  et  Cénozoïque,  et  d'en  exclure  les  termes  de  Pri- 
maire j  Secondaire  et  Tertiaire,   d'usage    aussi   très   habituel.  » 

b)  Divisions  de  20  ordre.  —  Périodes  =  Systèmes 

((  Les  Systèmes  (Périodes)  auront  une  valeur  très  générale. 
Leurs  caractères  paléontologiques  doivent  indiquer  une  évolu- 
tion organique ,  particulièrement  caractérisée  par  l'étude  des 
animaux   pélagiques.  » 

«  Pour  qu'une  division  soit  érigée  en  Système  (Période), 
il  convient  que  la  succession  des  faunes  s'y  montre  susceptible 
de   subdivisions  bien   marquées.  » 

«  Conformément  à  ces  principes,  la  Commission  admettrait 
comme  division  de  2«  ordre  les  Systèmes  généralement  en 
usage,  au  nombre  d'une  dizaine,  mais  en  laissant  une  certaine 
latitude   aux   auteurs  qui   veulent  en  admettre  plus  ou  moins. 

»  L'Eue  paléozoïque  pourrait  se  subdiviser  en  4  périodes  : 
Gambri^ue,  Silur/^u^,  'ùtiouique  et  Carbonique.  La  Commis- 
sion ne  se  prononce  pas  sur  l'opportunité  d'en  admettre  une 
cinquième   pour  le   Permien. 

»  L'ElnE  MÉsozoïQUE  se  subdiviserait  en  3  périodes  : 
Tvîàsique,  Jurass/^iie,  Grétaci^ue,  mais  il  resterait  loisible 
d'en  admettre  quatre  en  séparant,  par  exemple,  le  Lias  du 
Jurassique,    pouf  l'ériger  en   période  distincte. 

))  L'Ère  cénozoïque  pourrait  comprendre  2  périodes  :  Ter- 
tiaire et  Moderne.  » 

M.  Albert  Gaudry  se  déclare  partisan  de  conserver  les 
termes  primaire,  secondaire  et  tertiaire.  Il  admet  avec  la 
Commission  stratigraphique  que  les  caractères  paléontolo- 
giques des  systèmes  (Périodes)  doivent  indiquer  une  éQolu- 
tion  organique,  mais  il  ne  comprend  pas  que  la  Commission, 
lorsqu'il  s'agit  d'évolution,  prenne  particulièrement  pour  base 
l'étude   des  animaux  pélagiques. 

Dans  l'état  actuel  de  la  science,  dit  M.  Gaudry,  il  est  mani- 
feste que  la  connaissance  de  l'évolution  des  animaux  pélagiques 
fournit  moins  de  secours  que  celle  des  animaux  continentaux 
pour  la  détermination  des  terrains.  Un  des  résultats  les  plus 
inattendus  et  les  plus  frappants  de  la  paléontologie,  depuis 
queUjues  années,  a  été  de  mettre  en  lumière  les  services  que 
l'état  d'évolution  des  mammifères  rend  aux  géologues  pour 
fixer  les  âges  tertiaires.  Nos  confrères  américains  sont  d'accord 


SÉANCES   DE   SECTIONS  l55 

en  cela  avec  les  savants  européens.  Lorsqu'on  nous  apporte 
des  restes  de  mammifères,  nous  pouvons,  sans  nous  préoccu- 
per de  l'espèce  et  du  genre  auxquels  ils  appartiennent,  recon- 
naître leur  date  par  leur  état  d'évolution.  Suivant,  par  exemple, 
(jue  les  herbivores  ont  des  dents  plus  ou  moins  compliquées 
et  des  pattes  plus  ou  moins  simplifiées,  suivant  que  les  dents 
des  carnivores  sont  plus  ou  moins  difTérenciées,  et,  d'une 
manière  générale,  suivant  que  nous  trouvons  des  animaux  çlus 
ou  moins  majestueux,  plus  ou  moins  rapides  à  la  course,  plus 
ou  moins  adroits  pour  saisir,  possédant  des  cerveaux  plus  ou 
moins  développés,  nous  reconnaissons  qu'ils  sont  plus  récents 
ou  moins  récents.  Les  êtres  supérieurs,  à  cause  de  la  multi- 
plicité de  leurs  fonctions,  ont  des  organismes  complexes, 
délicats,  impressionnables  aux  moindres  changements  chrono- 
logiques ;  ce  sont  eux  qui  marquent  le  mieux  l'heure  au 
grand  calendrier  des  temps  passés.  Nous  commençons  aussi 
à  entrevoir  la  lumière  que  la  recherche  de  l'évolution  des 
oiseaux  et  des  reptiles  terrestres  jettera  sur  la  succession  des 
âges.  Sans  doute,  quand  on  aura  étudié  les  phases  d'évolu- 
tion des  autres  êtres  et  des  plantes,  comme  on  a  étudié 
celles  des  mammifères  terrestres,  elles  fourniront  de  précieux 
éléments  pour  les  déterminations  d'âges.  En  attendant,  il 
importe  d'appeler  l'attention  sur  les  secours  qu'apporte  dès  à 
présent  l'examen  des  stades  d'évolution  dos  mammifères  pour 
reconnaître  le  commencement  de  l'Eocène.  la  seconde  partie 
de  l'Eocène,  l'Oligocène,  le  Miocène,  le  Pliocène,  le  Quater- 
naire. 

Je  pense  que  la  méthode  naturelle  créée  par  de  Jussieu 
est  celle  qui  convient,  le  mieux  pour  établir  les  classifications  ; 
tous  les  faits  du  monde  physique  et  du  monde  organique 
devront  concourir  à  dresser  la  chronologie.  Mais,  sans  être 
exclusif,  il  me  semble  qu'on  peut  admettre  que  ce  qu'il  y  a 
de  meilleur,  ce  qu'il  y  a  de  plus  rapproché  de  la  Divinité, 
c'est  la  vie,  surtout  la  vie  des  êtres  supérieurs:  par  conséquent 
les  études  de  son  perfectionnement  sont  les  plus  puissants 
moyens  pour  distinguer  ce  qu'on  est  convenu  d'appeler  les 
ères,  les  périodes,  les   époques,    les  âges. 

M.  Gosselet  appuie  le  vœu  de  M.  Gaudry  :  il  exprime  le 
désir  que  les  noms  anciens  soient  employés  concurremment 
avec  les  nouveaux.  Il  est  d'avis,  ainsi  que  M.  Gaudry,  que 
la    classification   proposée   fait    une   place   trop    petite    au  Ter- 


l56  Vni*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tiaire;  suivant  lui  ce  terrain  est  plus  vaste  au  point  de  vue 
de  révolution  des  êtres  que  chacune  des  divisions  du  Secon- 
daire auxquelles  il  serait  assimilé.  M.  Gosselet  pense  que  le 
Congrès  ne  doit  pas  être  trop  dogmatique  sous  peine  de 
perdre   son   autorité. 

Le  Président  M.  i^on  Zittel  explique  à  rassemblée  que  les 
termes  Paléozoïque,  Mésozoïque  et  Cénozoïque  sont  en  réalité 
très  «anciens  et  quils  ont  été  fixés  par  M*^  Coy  ;  ils  ont  été 
adoptés  en  Angleterre  à  peu  près  unanimement  depuis  lors. 
Il  insiste  sur  ce  point  que  Primaire,  Secondaire  et  Tertiaire 
sont  maintenant  employés  dans  un  sens  très  dilTérent  de  celui 
qu*ils  avaient  à   l'origine. 

c)  Divisions  de  3®  ordre.    —  Époques  =   Séries 

((  Pour  la  subdivision  des  Périodes  (ou  Systèmes)  la  Com- 
mission s'est  montrée  très  favorable  à  la  méthode,  préconisée 
par  M.    Frech,  d'utiliser  les  préfixes  Paféo.,,,   Méso,..,  Néo..,. 

La  Commission  constate  que  cette  méthode  des  préfixes 
avait  été  proposée,  en  1894,  par  M.  H. -S.  Willams  sous  la 
forme  :  Eo. . .,  Méso . . . ,  Néo ....  Elle  pense  qu'en  la  recom- 
mandant ,  on  peut  laisser  aux  auteurs  la  latitude  d'user 
suivant  les  cas  des  préfixes  Paléo,  .ou  Eo. ...  La  seconde, 
étant  plus  brève,  sera  souvent  plus  commode.  —  Si  l'on 
distingue  trois  époques  dans  une  période,  on  utilisera  les  trois 
préfixes.  Si  l'on  n'en  reconnaît  que  deux,  on  se  servira 
seulement  des  deux  extrêmes.  Enfin  en  vue  d'abréger  les 
noms,  on  pourrait  dans  ces  subdivisions  supprimer  les  dési- 
nences et  n'ajouter  à  la  préfixe  que  le  radical  du  nom  de  la 
période. 

Exemples  :  La  Période  dévonique  se  subdiviserait  en  trois 
Époques   ou   Séries  :  Eodévon.,  Mésqdéi^on, ,   Néodévon, 

La  Période  crétacique  pourrait  comprendre  trois  Époques: 
Eocrét . ,   Mésocrét . ,   Néocrét . 

.  Tandis  que  pour  ceux  qui  voudraient  admettre  une  Période 
liasique ,  ne  comportant  (jue  deux  divisions ,  on  aurait  seule- 
ment Eolias  et  Néolias  ». 

M.  Albert  Gaudry  insiste  pour  que  le  langage  des  géolo. 
gués  soit  aussi  simple  que  possible.  Il  me  semble,  dit-il,  que 
nous  nous  comprenons  bien  les  uns  les  autres.  Mais  le  public 
nous  comprend  peu,  et  il  nous  comprendra  de  moins  en  moins, 
si  nous  compliquons  notre  langage.  Or,  nous  avons  des  devoirs 


SÉANCES   DE  SECTIONS  l6j 

.vis-à-vis  de  lui.  Notre  science  géologique  est  si  nécessaire  à 
une  foule  d'industries,  elle  ouvre  aux  artistes  et  aux  philoso- 
phes des  horizons  si  magnifiques  que  nous  n'avons  pas  le 
droit  d'en  jouir  pour  nous  seuls.  La  Paléontologie  éprouve  un 
préjudice  immense  de  la  créatiim  de  noms  inutiles  qui  attri- 
buent une  importance  exagérée  à  la  moindre  nmtation  de 
forme  et  rendent  tellement  compliquées  les  choses  les  plus 
simples  que  beaucoup  de  bons  esprits  en  sont  eilrayés.  Il  est 
à  désirer  qu'en  géologie  nous  ne  umltipliions  pas  les  noms 
outre  mesure.  Il  faut  aussi  prendre  garde  de  changer  les 
noms  existants:  la  reconnaissance  que  nous  devons  aux  fon- 
dateurs de  notre  science  nous  commande  de  ne  pas  supprimer 
sans  nécessité  les  dénominations  qui  rappellent  leurs  découvertes. 

d)  Divisions  de  4-   ordre.   —  Ages  =  Etages 

«  La  Commission  reconnaît  que  les  divisions  de  4®  ordre 
n'ont  plus  qu'une  valeur  régionale,  et  ne  sont  donc  pas 
absolument  nécessaires  à  la  classification    internationale. 

Toutefois,  comme  dans  chaque  pays  on  aura  besoin  de 
divisions  de  cet  ordre,  lesquelles  ne  seront  pas  partout  les 
mêmes,  il  est  bon  de  leur  appliquer  une  terminologie 
uniforme.  Aussi,  sur  la  proposition  de  M.  de  Zittel,  la 
Commission  recommande  de  baser  leurs  noms  sur  des  localités 
ou  des  régions  prises  pour  types  ;  par  exemple  :  Astien, 
Bartonien ,  Porila  ndien . 

Il  est  bien  entendu  que  la  désinence  uniforme  de  ces  noms 
pourra  être  modifiée  suivant  le  génie  de  chaque  langue.  Ainsi 
le  gisement  d'Asti  étant  pris  pour  type,  l'étage  sera  nommé 
Astien^   Astian,  Astiano    ou  Astistufe  suivant  la  langue.  » 

e)  Divisions  de  5«  ordre.    —  Phases.   =  Zones. 

Quant  à  ces  subdivisions,  encore  plus  locales,  il  sera 
encore  plus  diflicile  d'avoir  une  terminologie  fixe  ;  mais  au 
moins  est-il  à  désirer  que  la  forme  du  nom  rappelle  l'ordre 
de  la  subdivision  et  soit,  autant  que  possible,  la  même  pour 
les  différentes  Périodes  ou   les  différentes  régions. 

Aussi  la  Commission,  tenant  compte  de  l'usage  très  général 
des  zones  paléontologiques,  pour  les  terrains  de  l'ère  méso- 
zoîque,  recommande  de  désigner  autant  que  possible  les 
divisions  de  5«  ordre  d'après  un  fossile  caractéristique  essentiel 
au  niveau   en  question    : 


l58  VUI^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Exemples  :  Zone  à  Amaltheus  margaritatus. 
Zone  à  Psiloceras  planorbis. 
Zone  à  Productus  horridiis. 
Zone  à  Cardiola  interrupia. 

M.  Marcel  Bertrand  constate  que  la  Commission  n'a 
proposé  la  suppression  ({ue  de  3  noms  Primaire,  Secondaire 
et  Tertiaire  ;  il  estime  qu'elle  ne  devrait  pas  prendre  la 
responsabilité  de  cette  suppression  et  que  les  trois  termes 
seront   employés  malgré  tout. 

Kensemble  du  rapport  est  accepté  par  T Assemblée  sous  le 
bénéfice  des  observations   précédentes. 

L'ordre  du  jour  appelle  ensuite  dillerentes  communications  : 

A/.  Scott  entretient  T Assemblée  de  la  faune  de  la  Patagonie. 
De  nouvelles  études  ont  été  faites  par  M.  J.-B.  Hatcher  dans 
ces  quatre  dernières  années  sur  la  géologie  de  la  Patagonie. 
La  série   des  couches   est   ainsi   fixée   : 

Gault  :  renfermant  des  ammonites  qui  montrent  une  complète 
ressemblance   avec  la  faune  synchronique  du  Sud  de  l'Afrique. 

Magellanien  :  terrain  d'âge   éocène  ou  oligocène. 

Patagonien  :  miocène  très  fossilifère  dont  les  fossiles  mar- 
quent une  étroite  parenté  avec  le  miocène  de  l'Australie  et 
de  la  Nouvelle-Zélande. 

Couches  de  Santa  Cruz  :  miocène  d'eau  douce,  fossilifère,  avec 
mammifères  dont  la  faune  se  relie  plus  à  la  faune  australienne 
du    Sud  de  l'Afrique  quk  celle  du   Nord   de   l'Amérique. 

Couches  du  Cap  Fairweather  :    formation  d'âge  pliocène. 

M,  Depéret  présente  les  observations  suivantes  : 

11  parait  maintenant  bien  certain  que  M.  Ameghino  avait 
un  peu  trop  vieilli  les  horizons  à  Mammifères  de  la  Patagonie, 
en  particulier  V étage  de  Santa-Cruz,  que  ce  savant  paléonto- 
logiste attribuait  à  l' Eocène.  M.  Scott,  suivant  en  cela  les 
suggestions  de  M.  Hatcher,  rajeunit  singulièrement  ce  même 
horizon  Santa-Cruzien  en  le  rapportant  au  terrain  Miocène. 
Il  y  a  peut-être  là  une  exagération  en  sens  invei'se  de  celle 
de  M.  Ameghino.  La  grande  analogie  que  montre  la  famille 
des  Protherotheridés  avec  les  Palœotherium  européens,  dont  eUe 
représente  sensiblement  le  même  degré  d'évolution  au  point 
de  vue  de  l'adaptation  des  membres  et  de  la  structure  des 
molaires,  parait  devoir  faire  pencher  plutôt  pour  Tâge  oligocène 
de  ces  couches.  C'est  aussi  Topinicm  qui  a  été  défendue  par 
M.  le  professeur  von  Zittel,  dans  son  Traité  de  paléontologie. 


SÉANCES   DE   SECTIONS  l5^ 

M.  von  Zittel  a  reçu  une  collection  de  M.  Ameghino  ; 
son  étude  et  surtout  celle  des  Rongeurs  qu'on  y  trouve,  lui 
ont  permis  de  conclure  que  la  l'aune  de  Santa-Cruz  n'est  pas 
ancienne  et  qu'elle  est  à!k^e  oligocène  ou  miocène  sans  qu'il 
soit   possible  de   préciser  davantage. 

M.  Raulin  fait  une  communication  sur  les  terrains  tertiaires 
de  V Aquitaine  et  sur  leur  classification.  Les  dépôts  tertiaires 
de  ce  bassin,  presque  tous  marins  dans  la  partie  occidentale, 
sont  mixtes  dans  la  partie  moyenne  sur  le  méridien  d'Agen, 
et  tous  lacustres  dans  la  partie  orientale  au  fond  du  bassin. 
M.  Raulin  donne  une  classification  des  diverses  assises,  ainsi 
que  leur  comparaison  avec   celles  du  bassin  de  Paris. 

M.  C.  Eg.  Bertrand  fait  une  communication  sur  les 
charbons  gélosiques  et  les  charbons  humiques. 

Comme  introduction  à  l'étude  des  charbons,  M.  Bertrand 
présente  le  résumé  de  ses  recherches  sur  les  deux  types  de 
combustibles  que  l'industrie  nomme  bogheads  et  schistes  bitu- 
mineux. Les  premiers  sont  formés  par  des  algues  gélosiques 
comparables  aux  fleurs  d'eaux  enfouies  dans  une  gelée  brune. 
L'accumulation  d'algues  s'est  faite  rapidement  en  une  saison, 
car  il  n'y  a  ni  interruption  dans  la  couche,  ni  propagation 
de  la  décomposition  au  voisinage  des  coprolithes.  La  fossi- 
lisation s'est  faite  en  présence  du  bitume.  Les  charbons  humi- 
ques ou  schistes  bitumineux  sont  des  accumulations  de  gelée 
brune,  faites  dans  les  mêmes  conditions  que  celle  des  bogheads, 
mais  les  corps  figurés  n'y  interviennent  que  pour  une  part 
insignifiante.  Ils  sont  le  fond  commun  dans  lequel  se  forment 
les  autres  charbons  organiques.  L'addition  d'algues  en  fait  des 
bogheads,  l'addition  de  spores  en  fait  un  charbon  de  spores, 
l'addition  de  coprolithes  peut  en  faire  un  charbon  animal.  Dans 
tous  les  types  qu'il  présente,  M.  Bertrand  montre  l'existence 
de  ces  divers  caractères. 

M.  de  Lapparent  demande  à  M.  Bertrand  ce  qu'il  entend 
par  bitume. 

M.  C.  Eug,  Bertrand  répond  que  le  terme  bitume  implique 
pour  lui  l'idée  de  corps  chaînés  de  carbone  et  d'hydrogène, 
intervenant  tout  formés  dans  la  roche. 

M,  Grand* Eu/y  :  Sur  les  tiges  enracinées  des  terrains 
hooiUers.  L'auteur  présente  des  dessins  nombreux  à  l'appui 
des  communications  qu'il  a  faites  à  P Académie  des  sciences, 
iendant  à  démontrer  que  les  tiges  enracinées  ont  vécu  là  où 


l60  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Oïl  les  trouve,  que  les  végétaux  qui  ont  le  plus  contribué  à 
former  la  houille  étaient  des  plantes  de  marécages,  s'étant 
développées  le  pied  dans  Teau.  Il  explique,  se  fondant  sur 
les  rapports  des  tiges  et  souches  enracinées  au  toit,  au  mur 
et  dans  les  entre-deux  des  couches  de  houille,  que  ces  cou- 
ches se  sont  généralement  formées  par  faible  transport,  des 
marais  bordant  les  bassins  de  dépôt,  dans  ceux-ci.  11  en  est 
de  même  des  couches  de  houille  brune.  En  somme,  des  forma- 
tions tourbeuses  de  tous  les  temps  géologiques,  il  n'est  resté 
que  cette  partie  transportée  qu'a  pu  recouvrir  le  limon  et 
qui  nous   a  été   ainsi  conservée. 

Quant  au  mécanisme  de  formation  des  bassins  houillers,  il 
dit  que  les  tiges  enracinées  se  trouvant,  bien  qu'irrégulière- 
ment distribuées,  dans  toute  l'étendue  et  à  toute  profondeur, 
le  bassin  s'est  creusé  pendant  sa  formation  par  des  mouve- 
ments d'affaissements  lents  et  brusques.  Enfin,  relativement  au 
mode  du  remplisage  du  bassin,  il  remarque  que  les  change- 
ments d'étages  sont  marqués  par  des  changements  de  nature  et 
de  grosseur  des  roches,  qui  supposent  l'intervention  de  grands 
mouvements  orogéniques  pendant  la  formation. 

M.  Lemière  expose  une  théorie  d'enchaînement  méthodique 
expliquant  la  formation  chimique  des  divers  combustibles  fos- 
siles. Cette  transformation  est  due  à  l'action  des  ferments  sur 
la  cellulose  ;  or.  ces  ferments  ont  été  plus  ou  moins  abondants 
et  plus  ou  moins  actifs  suivant  la  période  géologique  considé- 
rée ;  toute  accumulation  végétale  a  apporté  avec  elle  les  élé- 
ments de  sa  transformation,  mais  il  importe  qu'une  action 
antiseptique  soit  intervenue  pour  empêcher  la  destruction  totale 
de   la  cellulose  et   limiter  l'action  des  ferments. 

Parmi  les  preuves  principales  qui  sanctionnent  cette  manière 
de  voir,  il  faut  citer  le  parallélisme  complet  qui  existe  entre 
les  phases  de  la  fermentation  alcoolique  et  celle  que  l'on  est 
en   droit  de   reconstiluer  dans  la   fermentation   houillère. 

Le  Secrétaire  général  informe  l'Assemblée  que  le  Geological 
Survey  des  Etats-Unis  a  mis  à  la  disposition  des  Congressistes 
un  certain  nombre  de  volumes  faisant  connaître  les  ressources 
minérales  des  États-Unis  pour  les  années  1897-1898  et  1898-1899. 

La  séance  est  levée  à   4   heures. 

Les   Secrétaires  :  L.  Cayeux, 

Von  Arthabkr. 


SÉANCES   DE  SECTIONS  l6l 


Section  de  Stratigraphie   et  de  Paléontologie 

DEUXIÈME  SÉANCE 
21   août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures,  sous  la  présidence  de 
M.    Von  Zittel,   président  de  la  Section. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance,  ayant  été  imprimé 
et  distribué,  est  adopté  sans  observation. 

Le  Secrétaire  général  annonce,  au  nom  de  la  rédaction,  la 
publication  d'une  nouvelle  revue  géologique,  Geologisches  Cen- 
tralblatt,   publiée  sous  la  direction  de   M.  Keilhack. 

Il  annonce,  au  nom  du  professeur  Koken,  que  les  Palaeon- 
tologische  Ahhandlungen  de  M.  Koken  porteront  désormais 
le  titre  de  Geologische  und  palaeontologische  Ahhandlungen^ 
et  contiendront  géologie   et  paléontologie. 

Le  Secrétaire  général  fait  part  de  l'invitation  du  Congrès 
national  des  Sociétés  de  Géographie,  qui  prie  les  membres  du 
Congrès  d'assister  le  22  août,  à  neuf  heures  du  soir,  à  une 
séance  où  seront  exposés  les  résultats  techniques  et  géologi- 
ques de  la   mission  Leclère   en   Indo-Chine. 

M,   Osborn  fait  deux   communications  : 

I"  Progrès  des  méthodes  en  paléontologie, 

La  technique  de  la  paléontologie  a  fait,  depuis  quelques 
années,  de  grands  progrès.  Une  série  de  photographies,  pré- 
sentées au  Congrès,  commençant  par  les  travaux  sur  le  terram 
pour  la  recherche  et  l'enlèvement  des  fossiles,  et  se  terminant 
par  des  squelettes  complètement  montés  tels  qu'ils  sont  dans 
le  American  Muséum  of  natural  History  (Acerotherium  fossi- 
ger,  Phenacodus  primîevus,  P.  Wortmanni,  etc.),  rend  sensibles 
ces  progrès  dans  les  métliodes  de  recherches. 

2*>  Corrélation  entre  les  Jaunes  de  mammifères  et  les  hori- 
zons tertiaires   d  Europe  et  d'Amérique, 

L'auteur  a  pu  faire,  avec  une  précision  nouvelle,  en  coopé- 
ration avec  plusieurs  paléontologistes  européens,  une  compa- 
raison très  exacte  des  faunes  d'Europe  et  d'Amérique,  parti- 
culièrement pour  l'éocène.  Ces  reclie relies  ont  prouvé  que  dans 
ces  deux  régions  de  l'hémisphère   nord,   la  paléontologie  et  la 


11. 


i6a  Viue   CONÇUES   GÉOLOGIQUE 

stratigraphie  concordent,  que  la  marche  de  l'évolution  y  a  été 
parallèle,  sinon  identique  et  qu'on  y  peut  admettre  les  mêmes 
divisions  en  étages.  M.  Osborn  sera  heureux  que  son  travail, 
publié  tout  récemment,  par  TAcadémie  des  Sciences  de  New- 
York,  provoque  la  coopération  de  tous  les  paléontologistes 
pour  ces  essais  de  synchronisme. 

M.  Albert  Gandry  montre  Finlérèt  de  la  communication 
de  M.  Osborn   pour  le  Congrès  géologique. 

En  laissant  de  cùté  quehjues  types  spéciaux,  la  marche 
de  révolution  a  été  la  même  en  Amérique  et  en  Europe. 
La  paléontologie  et  la  stratigraphie  se  prêtent  toujours  un 
nmtuel  appui,  et  on  peut  espérer  qu'un  jour  c'est  d'après 
Tétat  d'évolution  des  ôtres  qu'on  établira  les  divers  âges  du 
monde. 

M ,  Depéret  insiste  sur  la  précision  et  la  science  du  travail  de 
M.  Osborn.  Tous  les  paléontologistes  qui  s'occupent  de  Vertébrés 
fossiles  accueilleront  avec  un  vil"  sentiment  de  satisfaction  le  beau 
travail  de  M.  Osborn  sur  la  corrélation  des  faunes  d'Europe 
et  de  l'Amérique  du  Nord.  Si,  en  eflet,  nous  sommes  Ci\é?> 
depuis  longtemps  déjà  sur  le  synchronisme  en  gros  du  Wasatch 
avec  notre  Eocène  inférieur,  du  Bridger  avec  notre  Eocène 
moyen,  de  VUinta  avec  notre  Eocène  supérieur,  du  White  Riper 
avec  l'Oligocène,  du  John  Daj'  avec  le  Miocène*,  des  couches 
à  Pliohippus  et  à  Equus  avec  notre  Pliocène,  il  n'en  est  pas 
moins  vrai  que  la  comparaison  détaillée  établie  par  M.  Osborn 
entre  tous  les  gisements  d'Europe  et  d'Amérique  à  la  fois  au 
point  de  vue  stratigraphique  et  paléontologique,  a  amené  le 
savant  paléontologiste  de  New-York  à  un  degré  de  précision 
tout-à-fait  remarcjuable  dans  ces  rapprochements  à  distance. 
Malgré  quelques  petites  rectilications  de  détail  sans  grande 
importance,  le  travail  de  M.  Osboi*n  restera  le  point  de  départ 
de  toute  étude  de  paléontologie  stratigraphique  sur  les  Mam- 
mifères de  l'hémisphère  nord. 

M.  Ficheur  présente  la  troisième  édition  de  la  Carte 
géologique  d'Algérie  au   800  000^, 

L(*s  travaux  des  collaborateurs  de  1890  à  1899  ont  permis 
de  combler  les  lacunes  des  éditions  antérieures  de  la  carte 
géologique  au  800.000%  en  sorte  que  la  carte  actuelle  peut 
être   présentée    comme   un  document    d'une   certaine    précision. 

Les  modifications  les  plus  importantes  portent  sur  les 
terrains   an  té-jurassiques   et   les   terrains  tertiaires. 


SÉANCES   DE  SECTIONS  l63 

Les  schistes  primaires  (siluriens  ?),  séparés  antérieurement 
SOUS  le  nom  de  Schistes  des  Traras  se  montrent,  en  lambeaux 
plus  ou  moins  importants,  au  voisinage  de  Taxe  de  la  dépres- 
sion miocène  du  Chélii*  jusque  dans  le  massif  de  Blida.  Le 
Permien,  conglomérats  et  grès  du  Djebel-Kahar,  accompagne 
ces  schistes  sur   plusieurs   points. 

Le  Trias,  recoimu  d'abord  aux  environs  de  Constantine  en 
1896,  a  été  signalé  et  délimité  dans  une  série  de  lambeaux 
plus  ou  moins*  étendus,  de  Testa  Touest,  dans  le  Tell,  et 
dans  la  chaîne   saharienne. 

L'extension  des  terrains  éocènes  a  été  reconnue  presque 
sans  interruption  de  la  Tunisie  au  Maroc.  Enfin  les  dépots 
oligocènes  d'origine  continentale  jouent  un  rôle  très  important 
dans  les  bassins  lacustres  de  la  province  de  Constimtine,  dans 
les  chotts  oranais,  et  dans  les  dépressions  de  l'Atlas  saharien, 
dans  TAurès,  et  jusqu'à  l'extrémité  occidentale   de  la  chaîne. 

AI.  von  Zittel  rappelle  qu'une  réunion  extraordinaire  de  la 
Société  géologique  de  France  en  Algérie  a  permis  de  cons- 
tater la  rigueur  du  U'avail  de  M.  Ficheur  et  de  ses  collabora- 
teurs et  les  beaux   résultats  auxquels  ils  sont  parvenus. 

M,  Flamand  fait  une  conmiunication  sur  la  géologie  du 
sud  de  r Algérie  (hauts  plateaux  et  montagnes  des  Ksour)  et 
des  régions  sahariennes.  Le  territoire  étudié  s'étend  de  Saïda 
(province  d'Oran)  à  In-Salah  (Tidikelt).  Une  coupe  subméri- 
dienne renconlre  sensiblement  toutes  les  formations  de  ce  vaste 
ensemble  :  schistes  inférieurs  noirs  de  Tefreb  =:  Poudingues 
gris  et  marron  assimilés  au  Permien  du  Tell,  substratum  de 
la  série  jurassique  qui  se  montre  ici  très  complète  :  Infralias  jus- 
qu'aux couches  à  Qxpricardia  porrecta,  arkoses,  argiles  et  cal- 
caires correspondant  aux  trois  étages  de  l'inl'ralias  sur  lesquels 
repose  toute  la  série  liasique  :  Lias  inférieur  à  Spiriferina  Wal- 
cotti.  Lias  moyen  à  brachiopodes.  Lias  supérieur  à  Harp, 
radians  qui  supportent  les  dolomies  bajo-bathonienncs  aux- 
quelles succèdent  les  couches  oxfordiennes  de   Saïda. 

L'auteur  indique  brièvement  les  autres  points  de  ces  régions 
où  la  série  jurassique  (bajocien  inférieur  moyen  et  supérieur, 
bathonien,  etc.)  montre  les  étages  bien  différenciés  et  bien 
spécifiés. 

Plus  au  sud,  la  chaîne  des  Ksour  montre  les  mêmes 
terrains  auxquels  succèdent,  très  développées,  les  formations 
crétacées.  Ce  n'est  que  dans  l'Hinterland  algérien,  vers  In-Salah, 


l64  Vlll*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

à   TAïn    Kahla,   que    se  montrent  de    nouveau    les   formations 
jurassiques    (assises    inCraliasiques    à    Cj'pricardia    porrecia). 

Les  terrains  tertiaires ,  oligocène  -  pliocène ,  sont  bien 
développés  sur  les  Hauts  Plateaux  ;  dans  le  Sahara.  Toligocène 
forme  le  substratuni   des  terrains   de   Houmada  (Pliocène). 

Le  Pleistocène  est,  contrairement  à  ce  qui  était  admis, 
relativement  restreint  en  surface  et  en  puissance,  dans  toutes 
ces  régions  sahariennes  du  Sud-Oranais  et  de  la  partie  méri- 
dionale  du   bassin   de  TOued  Rir. 

Le  plateau  de  Tedmaït,  qui  succède  à  la  Chebka  du  Mzab 
dans  le  sud.  est  constitué  par  les  couches  crétacées  moyennes 
cénomano-turoniennes  et  sénoniennes  fossilifères. 

Les  strates,  vers  le  sud,  reposent  sur  des  grès  d'âge  indé- 
terminé, qui  eux-mêmes  ont  pour  substratum  des  couches  infra- 
liasiqnes.  A  ces  dernières  succèdent  en  concordance  et  bien 
relevées  des  couches  gréseuses  puissantes.  Tout  à  fait  dans 
Taxe  de  Fanticlinal  qui  met  ces  couches  à  jour,  apparaissent 
les  schistes  cristallins  gréseux  à   noyaux   granitiques. 

M,  Douvillé  fait  une  communication  sur  le  terrain  Juras- 
sique de  Madagascar,  Le  jurassique  forme  une  zone  plus  ou 
moins  large  dans  le  Bas  Pays,  à  l'ouest  de  Tlmerina.  La 
série  est  à  peu  près  complète  depuis  le  Trias  gréseui, 
équivalent  possible  des  grès  de  Karoo  jusqu'à  l'Oxfordien  ;  le 
Lias  supérieur,  cité  par  M.  Boule  au  cap  Saint- André,  a  été 
retrouvé  par  M.  Willaume  aux  environs  de  Nossi-Bé,  associé  à 
des  couches  charbonneuses  à   végétaux. 

Les  terrains  de  Madagascar  présentent  la  plus  grande  ana- 
logie avec  ceux  des  colonies  allemandes  de  l'Afrique  orientale 
qui  se  prolongent  par  le  pays  des  Somalis  dans  TAbyssinie. 
11  y  a  beaucoup  d'analogies  avec  la  province  de  Cutch,  les 
couches  à  plantes  de  l'Inde.  Cette  dépression  jurassique  corres- 
pond au  golfe  éthiopien  de  Neumayr  et  vient  se  rattacher  à  la 
Tethys  de   Suess  comme  l'a  signalé  cet   auteur. 

M.  Douvillé  fait  une  deuxième  communication  sur  les  résul- 
tats géologiques  de  V exploration  de  M,  de  Morgan  en  Perse 
(iSSg^rSgg): 

M.  de  Morgan  a  exploré  :  i*»  la  chaîne  d'Ëlbours  ;  a*  la 
région  de  Kachan  à  Ispahan  ;  3°  celle  d'Ispahan  à  Dizfoul  :  le 
pays  des  Baktyaris.  Les  fossiles  qu'il  a  remis  à  M.  Douvillé 
se  rapportent  à  la  plupart  des  étages,  du  Carboniférien  jusqu'au 
Danien. 


SÉANCES   DE   SECTIONS  l65 

M.  Douvillé  a  pu  étudier  à  nouveau  les  Loftusia,  fora- 
minifères  géants,  que  M.  de  Morgan  a  trouvés  associés  à  des 
radiolites  et  biradiolites  d'âge  probablement  santonien.  Ces 
formes  ont  été  rapprochées  à  tort  des  alvéolines  dont  elles 
ont  la  forme,  il  faut  les  placer  dans  le  groupe  exclusivement 
crétacé  des   Spirocyclinidés   de  M.    Munier-Chalmas. 

M,  Gaudry  prie  l'assemblée  d'excuser  M,  Boule^  qui,  retenu 
au  Muséum  d'histoire  naturelle  pour  faire  les  honneurs  des 
collections  paléontologiques,  a  le  regret  de  ne  pouvoir  présenter 
aujourd'hui  le  résultat  de  ses  études  sur  la  géologie  de  Mada- 
gascar. 

M,  Zeiller  fait  une  communication  sur  les  plantes  fossiles 
du  Tonkin. 

Il  résume  les  résultats  que  lui  a  fournis  l'étude  des  nom- 
breuses séries  d'empreintes  végétales  recueillies  dans  les  gîtes 
de  combustibles  minéraux  du  bas  Tonkin,  principalement  à 
Honguy  et  à  Kébao  La  llore  se  compose,  outre  quelques  espèces 
propres,  d'un  mélange  d'espèces  identiques  à  colles  du  Rhétien 
d'Europe,  et  d'espèces  indiennes,  les  unes  du  Permo-trias,  les 
autres  du  Lias  ;  Tàge  rhétien  de  ces  couches  paraît  donc  bien 
établi.  Il  y  a  été  trouvé  une  ammonite,  malheureusement  impos- 
sible à  déterminer  spécifiquement,  mais  qui  paraît  du  moins 
voisine   de  certaines   formes  triasiques. 

Dans  le  haut  Tonkin,  les  gisements  de  combustibles  de 
Yen-Baï  ont  fourni  un  Sahinia,  des  feuilles  de  Palmier  et  des 
Dicotylédones  rappelant  beaucoup  les  formes  actuelles  ;  à  ces 
gîtes  sont  associés  des  calcaires  avec  Paludines  très  voisines 
de  celles  de  l'étage  Levantin  d'Europe  ;  il  n'est  guère  douteux 
qu'on  ait  affaire  là   au  Tertiaire   supérieur. 

M,  Malaise  fait  une  communication  sur  le  Cambrien  et  le 
Silurien  de  Belgique. 

Il  cite  les  quelques  espèces  rencontrées  dans  le  Cambrien 
de  l'Ardenne,  rappelle  qu'il  a  trouvé  dans  l'ancien  massif  ardoi- 
sier  du  Brabant  Oldhamia  radiata  et  O.  antiqua  du  Cambrien. 
Il  a  rencontré  la  faune  de  Caradoc  dans  l'Ordovicien,  et  les 
niveaux  de  Llandovery,  Tarannon,  Wenlock  et  Ludlow.  Dans 
la  bande  de  Sambre-et-Meuse,  il  a  signalé  les  niveaux  de  l'Are- 
nig,  Llandeilo,  Caradoc,  Llandovery,  Wenlock  et  Ludlow  ;  et  dans 
ceux-ci  la  plupart  des  zones  à  graptolites  des  îles  Britanniques. 

M.  D.'P.  Œhlert  propose  au  Congrès  la  fondation  d'une 
publication  internationale    destinée  à   rééditer    les    types    des 


l66  VIll^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

espèces  décrites  antérieurement  à  une  époque  déterminée.  Cette 
publication,  faite  sur  tîches  mobiles,  aurait  pour  but  de  repro- 
duire d'une  façon  exacte  et  inaltérable  la  figure  type,  le 
type  lui-même,  s'il  existe  encore,  et  la  diagnose  originale  ; 
M.  Œhlert  pense  que  cette  publication  viendrait  compléter  uti- 
lement les  Index  bibliographiques,  puisqu'elle  donnerait  non 
seulement  l'indication  de  la  source,  mais  le  document  lui-même 
auquel  ceux-ci  renvoient.  Après  avoir  résumé  les  observations 
qui  lui  ont  été  envoyées  par  MM.  Bather,  Dali,  Schuchert, 
Walcott,  Williams,  etc.,  M.  D.-P.  Œhlert  croit  devoir  résumer 
la  question  en  ces  termes  : 

I"  Est-il  utile   de  rééditer  lés   types  des  espèces  anciennes  ? 
09  Le  mode   de   publication  sur    fiches     mobiles    semble-t-il 
pratique  ? 

30  N'y  aurait-il  pas  lieu  de  nommer  une  commission 
internationale  chargée  d'examiner  et  d'élaborer  ce  projet,  de 
façon  à  le  présenter  prêt  à  être  mis  à  exécution  au  prochain 
Ccmgrès  qui  se  tiendra  k   Vienne  ? 

M.  von  Zittel  montre  toute  l'importance  du  projet  de 
M.  Œhlert  et  demande  le  renvoi  de  ses  propositions  au 
Conseil  qui  les  étudiera  à  la  séance  du  25  août  et  pourra  leur 
donner  suite.   La  motion   de   M.   von  Zittel   est  adoptée. 

M,     W,'F,    Hume  fait,   en   son  nom   et  au    nom    de    MM, 
Barron  et  Beadnell,  les  communications  suivantes  : 
Les  Rift'ValUys  du  Sinaï. 

L'auteur  considère  ici  les  vallées  longitudinales  qui  existent 
dans  le  Sinaï  oriental.  Ce  sont  des  fractures  parallèles  au 
golfe  de  l'Akaba.  Il  y  a  cinq  de  ces  vallées  parallèles  les 
unes  aux  autres  et  les  couches  sédimentaires  ont  descendu  au 
moins  de  4^^  n^»»  entourées  des  deux  côtés  par  les  roches 
granitiques.  Ce  grand  changement  tectonique  est  la  cause  de 
ces   grandes   rift-valleys. 

On  peut  reconnaître  trois  systèmes  principaux  :  l'un,  parallèle 
au  golfe  de  l'Akaba,  s'étend  probablement  à  travers  le  nord  de 
l'Arabie  :  un  autre,  parallèle  au  golfe  de  Suez,  est  la  cause  de 
plusieurs  vallées  dans  le  Sinaï  de  l'ouest,  et  enfin  un  système 
transverse  qui  ne  peut  être  nettement  prouvé,  mais 'qui  est  en 
apparence  générale  tout  à  fait  semblable  aux  autres. 


SÉANCES   DE   SECTIONS  167 

MM.  T.  Barron  et  W.-F.  Hume  :  Notes  sur  la  géologie  du 
désert  oriental  de  VÉgj^pte. 

Première  partie  :  Couches  sédimentaires. 

Seconde  partie  :   Roches  ignées  et  métamorphiques. 

Dans  les  études  du  désert  arabique,  dans  la  partie  comprise 
entre  Jebel  Gharib  et  Gêna  Gosseir,  MM.  Barron  et  Hume  ont 
reconnu  des  séries  de  roches  métamorphiques  et  volcaniques 
et  des  couches  sédimentaires.  Les  roches  métamorphiques  sont 
plus  anciennes  que  les  roclies  ignées.  Dans  cette  série  vient 
d* abord  les  gneiss  de  Meéteg,  puis  les  schistes,  suivis  de  grau- 
wackes,  de  diabases  et  de  dolentes.  L'action  volcanique  a  com- 
mencé à  se  manifester  pendant  la  période  de  formation  des 
grauwackes.  Mais  la  masse  principale  des  dolérites  et  des  andé- 
sites est  postérieure  aux  schistes  ardoisiers.  Ces  roches  sont 
recouvertes  et,  en  beaucoup  de  cas,  injectées  de  diorites  quarzi- 
fères,  de  granités  gris,  souvent  gneissiques.  A  travers  les  roches 
volcaniques  et  le  granité  gris,  s'élèvent  des  masses  de  granité 
rouge,  qui  sont  elles-mêmes  fréquemment  traversées  par  des 
dykes  de  diabase.  Cet  ensemble  de  roches  métamorphiques  et 
volcaniques  a  étc  aplani  par  l'érosion  marine,  et  le  grès  nubien 
repose  sur  leur  surface  arasée. 

Le  grès  nubien  appartient  au  crétacé  supérieur  (Santonien). 
Des  calcaires  crétacés  (Sénonien  inférieur,  Campanien)  recou- 
vrent le   grès,  et  offrent  trois  faciès  : 

I®  Faciès  de  Duni,  avec  Ostrea  Villei  et  Trigonoarca  multidentata . 

a*»  Faciès  de  Hammama,  riches  en  Céphalopodes. 

y>  Faciès  de  Mellaha,  avec  Gryphea  pesicularis  et  Plicatula  spinosa. 

Les  couches  éocènes  se  divisent,  au  point  de  vue  litholo- 
gique, en  un  groupe  supérieur  de  calcaires  «noduleux  et  crayeux 
(calcaires  de  Serrai),  et  un  groupe  inférieur  d'argiles,  marnes 
et  calcaires  marneux  (schistes  d'Esna. ..,  etc.).  Leur  uniformité 
est  remarquable  dans  toute  la  partie  du  désert  arabique  étudiée 
par  MM.  Barron  et  Hume. 

Les  couches  oligocènes  semblent   manquer  totalement. 

Les  couches  miocènes  avec  de  grandes  huîtres,  sont  déve- 
loppées près  du  rivage  occidental  du  golfe  de  Suez  :  elles  ont 
nn  caractère   septentrional  et   méditerranéen. 

Le  pliocène  semble  avoir  été  une  époque  de  troubles,  qui 
a  abouti  notamment  à  la  formation  des  collines  de  la  mer 
Rouge.  C'est  à  cette  période  qu'appartiennent  les  conglomé- 
rats de  la  vallée  et  les  calcaires  de   Wadi  Quena. 


l68  VIll'  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Le  pleistocène  est  marqué  par  le  retrait  de  la  mer  et  par 
plusieurs  dislocations.  Les  récifs  coralliens  ont  été  relevés  pour 
former  par  exemple  la  chaîne  d'Esh,  parallèle  au  golfe  de  Suez. 
Il  est  probable  que  ces  changements  étaient  accompagnés  par  le 
passage  graduel  d'un  régime  pluvial  à  un  régime  désertique  actuel. 

M,  Hume  fait  une  communication  sur  : 

Les  vallées  du  Sinaî  oriental, 

M.  Hume  a  surtout  étudié,  dans  la  campagne  de  1898-1899, 
la  partie  sud-est  du  Sinaï,  entre  Dahab  et  Sherm.  Les  résul- 
tats essentiels  de  son  étude   sont  les   suivants  : 

La  chaîne  principale  des  montagnes  du  Sinaï  au  Eth  Thebt 
ne  concorde  pas  avec  la  ligne  de  partage  des  eaux,  qui  se 
trouve  d'ordinaire  à  une  petite  distance  à  Test. 

La  chaîne  principale,  d'Eth  Thebt  à  Ras  Mohammed,  ne 
concorde  pas  non  plus  avec  la  ligne  de  partage  des  eaux,  qui 
se  trouve  alors  à  l'ouest. 

Le  système  principal  de  la  péninsule  du  Sud  est  constitué 
par  de  longues  crêtes,  de  direction  N.-S.-S.-E.  A  l'est  de  Fersch 
Sheikh  el  Arab,  un  svstème  transversal  court  d'ouest  en  est,  vers 
le  golfe  d'Akaha.  Au  nord  de  cette  chaîne,  un  pays  septentrio- 
nal, en  forme  de  plateau  d'une  élévation  de  1.200  mètres,  un 
pays  méridional,  très  accidenté  de  chaînons  et  de  pics.  Les  val- 
lées constituent  des  dépressions  profondes  étroites,  avec  des  ver- 
sants très  rapides.  Au  sud  de  la  chaîne  transversale,  elles  cou- 
rent vers  le  sud-est  :  au  nord,  elles  se  dirigent  vers  le  nortl-est. 

Les  traits  essentiels  du  Sinaï  méridional  sont  dus  à  des 
dislocations  plutôt  qu'à  l'érosion.  I^s  fractures  sont  dirigées 
dans  trois  orientations,  et  c'est  de  là  que  découle  la  structure 
générale   de  la  contrée. 

M.  Fraas  ajoute  aux  observations  de  M.  Hume  quelques 
remarques  personnelles  qu'il  a  faites  en  Egypte  sur  le  grès 
nubien  et  sur  des  roches  éruptives  récentes  et  anciennes  tra- 
versant des  grauwackes  d'âge  iuconnu  ;  il  décrit  des  failles. 
d*un  rejet  qui  peut  dépasser  ijo  mètres,  qui  jalonnent  les 
bords  de   la  mer  Bouge   et  sont  d'Age  pliocène  supérieur. 

Le  Président  propose,  en  raison  de  l'heure  avancée,  de 
remettre  à  la  prochaine  séance  de  géologie  générale  les  com- 
munications  de   MM.  Lohest,  Forir  et   Pavlow. 

Les  Secrétaires  :  A.  Thevenin, 

Vox  Arthabbr, 

ZiMMERMANN. 


■\ 


SÉANCES  DE  SECTIONS  169 


Section  de  Minéralogie  et  de  Pétrographie 

PREMIÈRE  SÉANCE 
77  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  3  heures  1/2,  sous  la  présidence 
de  M.    Zirkel. 

Sur  la  proposition  de  M.  Michel  Lévjy,  MM,  Rosenbusch 
et  Fouqué  sont  élus  Présidents  d'honneur  de  la  section  de 
Minéralogie  et   Pétrographie. 

M.  Michel-Lévy,  en  qualité  de  président  de  la  Commission 
internationale  de  pétrographie  ,  déclare  que  cette  commission 
s'est  bornée  à  recueillir  les  opinions  des  savants  étrangers  et 
à  émettre  des  vœiix.  Il  fait  remarquer  que  le  Comité  français 
a  fait  d'importantes  concessions  pour  faciliter  l'entente  avec 
les  pétrographes  étrangers. 

M,  Lacroix  donne  lecture  des  vœux  adoptés  par  la  Com- 
mission internationale  de  pétrographie  dans  ses  séances  des 
35  et  26  octobre  1899. 

L'assemblée  procède  ensuite  à  l'étude  de   ces   vœux. 

ler     VŒU 

(c  Les  noms  d'auteur  devront  toujours  être  indiqués  à  la 
suite  des  noms  de  roches ^  comme  cela  est  d'usage  en  zoologie 
et  en  botanique.  » 

M,  Zirkel  fait  remarquer  que,  pour  un  grand  nombre  de 
roches,  il  sera  impossible  d'indiquer  le  nom  d'auteur;  c'est  le 
cas  pour  le  granité,  par  exemple. 

Sur  le  désir  exprimé  par  AI,  Michel- Léçy ,  M.  Brôgger 
explique  ce  qu'il  entend  par  granité;  il  déclare  qu'un  malen- 
tendu s'est  produit  au  sujet  de  l'emploi  qu'il  fait  du  mot 
granité.  Il  l'applique  à  la  fois  comme  nom  d'espèce  et  pour 
désigner  tout  le  groupe.  Les  détails  dans  lesquels  il  entre 
peuvent  se  résumer  en  disant  que  c'est  la  composition  chi- 
mique qui  doit  servir  comme  première  ligne  de  base  à  la 
distinction  des  groupes,  et  que  c'est  la  roche  profonde  qui 
doit  servir  de  base  pour  établir  le  nom  du  groupe. 


170  YUl*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

M,  Michel' Léi?)"  fait  remarquer ,  en  choisissant  l'exemple 
des  diabases,  qu'il  y  aurait  utilité  dans  certains  cas  à  ne  pas 
mettre   le  nom  de  Fauteur  à   la   suite  du  nom  de  roche. 

M.  Lœwinson-Lessing  exprime  le  vœu  que  le  nom  des 
variétés  de  roches   soit  accompagné  du  nom    de  genre. 

M,  Zirkel  propose  d'ajouter  le  nom  d'auteur  quand  on 
pourrait  craindre  une  confusion. 

M ,  Sederholm  est  d'avis  de  laisser  chacun  libre  à  cet  égard. 

M.  Brbgger  demande  que  dorénavant  on  ajoute  le  nom 
d'auteur  quand  il  s'agira   d'un  nom  de   roche  nouveau. 

MM.  Scheibe  et  Brôgger  se  prononcent  en  faveur  de  la 
rédaction   proposée  par  le   Comité. 

Le  premier  vœu,  mis  aux  voix  tel  qu'il  a  été  proposé,  est 
adopté . 

ae  VŒU 

(illj^  a  lieu  de  proposer  au  Congrès  de* igoo  de  nommer 
une  Commission  internationale  chargée  de  publier  les  noms 
nouveaux  des  roches  avec  leur  description  aussi  précise  que 
possible,  avec  leur  analyse  chimique  et,  au  besoin,  arec  un 
dessin  reproduisant  leur  structure.  Cette  publication  aurait 
lieu  dans  le  volume  des  comptes  rendus  des  Congrès  interna- 
tionaux. )> 

M.  Michel'Lévy  est  partisan  d'éliminer  les  noms  nouveaux 
dont  la  nécessité  n'est  pas  absolue  ;  la  Commission  choisirait 
les  nouveaux  noms  dont  la  description  figurerait  aux  comptes 
rendus. 

M.  Lœwinson-Lessing  estime  que  'tous  les  nouveaux  noms 
doivent   être  enregistrés  et  soumis  à   une  étude   critique. 

Le  1^  vœu  de  la  Commission,    mis  aux  voix,   est  adopté. 

Le  Secrétaire  général  transmet  à  la  section  un  projet  de 
liste  de  pétrographes,  pour  former  la  Commission  interna- 
tionale, chargée  de   publier  les  noms  nouveaux. 

M.  Zirkel  donne  lecture  de  cette  liste,  complétée  en  séance. 

Allemagne.  A  utriche-Hongrie. 

MM.  Rosenbusch.  MM.  Becke. 

Weinschenk.  Dœlter. 

Zirkel.  Tschermak. 


SÉANCES   DE   SECTIONS 


171 


Angleterre, 

Sir  Arch.  Geikie. 
MM.  Judd. 

H.  Teall. 

Australie, 
M.  Twelvetrees. 

Belgique, 

M.  Renard. 

Brésil, 
M.  Hiissak. 

.  Canada, 
M.  Frank  Adams. 

Danemark, 
M.  Ussing. 

Espagne, 
M.  S.  Calderon. 

États-Unis, 

MM.  Hague. 
Iddings. 
Pirsson. 

France, 

MM.  Fouqué. 
Lacroix. 
Michel-Lévv. 
Baprois. 

Finlande. 

MM.  Ramsay. 
Sederliolm. 


Italie, 

MM.  Sabatini. 
Striiver. 
Viola. 

Japon. 
M.  Koto. 

Norçège, 

MM.  Brôggcr. 
Reusch. 

P<iyS'Bas, 
M.  Wichmann. 

Roumanie. 
M.  Mrazee. 

Russie, 

MM.  Karpinsky. 
Lagorio. 
Lœwinson-Lessing, 

Serbie, 
M.  Zujovic. 

Suisse, 

MM.  Duparc. 
Schmidt. 

Suède, 

MM.  Baeksirôm. 
Tôrnehôhm. 


Cette  Commission  a  le  droit  de  s'adjoindre  d'autres  mem- 
bres ;  l'ancienne  Commission  internationale  de  pétrographie  est 
déclarée  dissoute. 

3e  VŒU 

«  Il  est  avant  tout  désirable  de  régulariser  la  nomencla- 
ture des  roches  éruptii>es  oà  le  manque  d'unité  est  particuliè- 
rement sensible.  Différents  auteurs  attribuent  une  signification 


17a  VIU*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

et  un  sens  différents  à  un  seul  et  même  nom,  et  inçersement 
diverses  dénominations  sont  employées  pour  désigner  une 
même  roche,  un  même  groupe  de  roches  ou  une  même  structure. 
Tous  les  inconvénients  de  la  nomenclature  actuelle  peuvent  et 
doivent  être  écartés,  tout  au  moins  pour  les  grands  groupes.  » 

M,  Brôgger  fait  remarquer  qu'un  vote  sur  cette  question  serait 
un  vœu  platonique  et  de  nature  à  nuire  à  Tautorité  du  Congrès. 

M.  Michel'Lévy  estime  que  la  science  pétrographique  est 
trop  en  voie  de  transformation  pour  appliquer  maintenant  le 
vœu  de  la  Commission  ;  c'est  un  vœu   pour  l'avenir. 

M.  de  Lapparent  pense  qu'on  ne  doit  pas  changer  un  nom 
parce  que  sa  signification  s'est  modifiée. 

Le  vœu,    mis  aux  voix  par  M.   ZirkeL  est  adopté. 

4<î  VŒU 

((  La  caractéristique  des  grands  groupes  (par  ex.  des 
familles)  doit  se  baser  sur  la  composition  minéralogique 
appuyée  sur  la  composition  chimique  et  la  structure.    » 

M,  Brôgger  fait  observer  au  sujet  de  ce  vœu  que  la  pétro- 
graphie fondée  sur  la  composition  minéralogique  n'est  pas  en 
rapport  avec  les  progrès  de  cette  science.  Il  admet  avec  les 
écoles  américaine  et  allemande  que  la  buse  de  classification 
doit  être  la  composition  chimi([ue.  On  devrait  à  son  avis  ne 
pas  maintenir  ce  vœu. 

M.  Lœannson-Lessing  estime  également  que  la  composition 
chimique  doit  servir  de  caractéristique,  mais  il  est  partisan 
de  maintenir   le  vœu. 

M.  Michel-Lévy  fait  ressortir  l'insuffisance  de  la  donnée 
chimique  et  énumère  les  cas  où  elle  peut  induire  en  erreur; 
il  souligne  les  avantages   de  l'analyse  minéralogique. 

M.  Lœivinson-Lessing  s'appuie  sur  l'exemple  des  andésites 
à  olivine  et  des  basaltes  sans  olivine,  pour  montrer  combien 
l'analyse  chimique  est  indispensable  ;  il  demande  qu'on  tasse 
ressortir  dans  le  vœu  que  la  composition  chimique  doit  être 
prise   en   considération   d'une   manière   toute   spéciale. 

M.  Vonverg  est  d'avis  que  cette  question  est  de  celles  qui  ne 
doivent,  ni  ne  peuvent,  être  tranchées  par  un  vote  du  Congrès. 

M,    Zirkel   met   aux  voix   les  trois   questions  suivantes  : 

1"  L'assemblée  accepte-t-elle  la  rédaction  de  la  Commission? 

20  Doit-on  ajouter  l'amendement  de  M.  Lœwinson-Lessing? 

3*>  Faut-il  supprimer  le  vœu  ?  comme  le  demande  M.  Brôgger. 


SÉANCES   DE   SECTIONS  173 

:22  suffrages  admettent  le  vœu  de  la  Commission. 
9  suftrages  adoptent  Tameudement  de  M.  Lœwinson-Lessing. 

17  suftrages  contre  25.  se  prononcent  pour  la  suppression 
du   vœu  de   la   Commission. 

M.  Zirkel  constate  que  la  majorité  est  favorable  au  maintien 
du   vœu. 

Suivant  le  désir  exprimé  par  M.  Brôgger,  la  première  et 
la  troisième  question  sont  Tobjet  d'un  vote   nominal. 

Ont  voté   pour  le   maintien  du  4®  vœu  : 

Allorge,  Léon  Bertrand,  Butureanu,  Cayeux,  Gren ville  J. 
Gole,  Foucher,  Gàbert,  Gentil.  Karpinsky,  Kunz,  Lacroix,  de 
Lapparent,  Lecœuvre,  Leppla,  Michel-Lévy,  G.  Munteanu-Mur- 
goci,  Œbbeke,  Piatnitzky,   Renard,   Romberg,  Sabatini,  Zirkel. 

Ont  voté  contre  le   maintien  de  ce  vœu  : 

Ch.  Barrois,  Barvir,  Brôgger,  Hlawatsch,  Kolderup,  Obrout- 
cheft*,  Ogawa,  Reusch,  Riva,  Scheibe,  Termier,  Vemadsky, 
Vorwerg,  Vogt,  Weinschenk. 

M.  Lœwinson-Lessing  émet  le  vœu  que  la  caractéristique 
des  grands  groupes  soit  basée  en  première  ligne  sur  la  compo- 
sition chimique.  Sa  motion  est  appuyée  par  neuf  membres. 

Les  vœux  suivants  sont  adoptés  : 

5e   VŒU 
«   Les  grands    groupes    peuçent    être  fixés  dès  à   présent, 
sans  gêner  le  développement  ultérieur  de  la   classification,  et 
le  démembrement  de  ces  groupes  en  subdivisions,  » 

7e  VŒU 
«    //   est    désirable   de    désigner   les    principaux    types    de 
structure  par  des  noms  spéciaux.  » 

9e  VŒ.U 
«  //  est  nécessaire  d'éviter  remploi  d'une  même  dénomina- 
tion (d'un  même  terme)  dans  des  sens  différents,    » 

io«  VŒU 
((    On    devrait    éviter    autant    que   possible    V emploi    et   la 
création  de  différents    termes  pour  désigner  la  même  notion, 
la  même  roche  ou  le  même  groupe  de  roches.    » 

i3«  VŒU 

«  Il  faut  éviter  autant  que  possible,  pour  les  nouveaux  types 
de  roches, remploi  de  noms  préexistants, en  leur  assignant  un  nou- 
i^eau  sens,  en  restreignant  ou  en  élargissant  leur  signification .  » 


174  VIU^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

On  passe  ensuite  k  la  deuxième  question  de  Tordre  du 
jour.  A  la  demande  du  Président,  le  Secrétaire  général  présente 
les  épreuves  du  Lexique  pétrographique  de  M.  Lœwinson-Lessing. 

Sur  le  désir  de  lu  Commission,  M.  Barrois  a  traduit  le 
Lexique,  et  il  en  a  envoyé  des  épreuves  aux  membres  de  la 
Commission,  ainsi  qu'à  quelques  autres  pétrographes  désignés 
par  la  Commission  :  75  exemplaires  ont  été  ainsi  expédiés; 
une  préface  du  Secrétaire  indiquait  le  désir  de  la  Commission 
de  voir  ces  exemplaires  retournés  avec  des  annotations  pour 
l'ouverture  du  Congrès;  10  exemplaires  seulenaent  lui  ont  été 
renvoyés  annotés. 

Sur  la  proposition  de  M.  Brôgger^  appuyée  par  MM.  Zirkel, 
Scheibe  et  M.  Michel-Lévy,  il  est  décidé  que  le  Secrétaire  général 
sollicitera  les  observations  des  pétrograpbes  qui  n'ont  pas 
répondu  à   son  appel. 

M.  Michel-Lévy  insiste  sur  la  nécessité  de  l'aire  des  sup- 
pressions. 

Il  est  décidé,  à  Tunanimité  de  la  section,  que  ce  Lexique 
sera  inséré  dans  les  comptes  rendus  des  Congrès. 

MM.  Barrois  et  Lœwinson-Lessing  sont  chargés  de  cen- 
traliser toutes  les  annotations  et  observations  qui  leur  seraient 
adressées  par  les  membres  de  la  Commission  jusqu'au  1'=»^  avril 
1901".  L'impression  du  Lexique  ainsi  modifié,  devrait  être  mise 
en  mains  à  cette  époque  et  l'œuvre  de  M.  Lœwinson-Lessing 
serait  publiée  en  français,  sous  les  auspices  du  Congrès  géo- 
logique international. 

Sur  la  demande  de  M,  Brogger,  la  Commission  émet  le 
vœu  qu'une  deuxième  édition  en  allemand  puisse  être  faite 
dans   trois  ans  à  l'occasion  du  Congrès  de  Vienne. 

Le  Secrétaire- gfhiéral  insiste  en  terminant, auprès  des  congres- 
sistes, pour  que  toutes  les  annotations  relatives  au  Lexique,  soient 
expédiées  pour  le  i^r  avril,  aux  deux  savants  chargés  de  la  publi- 
cation. 

La   séance  est  levée  à   5  heures. 

Les  Secrétaires  :  L.  Cayeux, 

GAbkrt, 

ZiMMERMANN. 


SÉANCES   DE  SECTIONS  176 

Section  de  Minéralogie  et  de  Pétrographie 

DEUXIÈME  SÉANCE 
21    août    igoo, 

La  séance  est  ouverte  à  2  heures,  sous  la  présidence  de 
AI.  Zirkel,   président. 

M.  Zirkel  présente,  de  la  part  de  M,  Keilhack,  la  nouvelle 
Revue  qu'il  dirige,  le  Geologisches   Centralblait, 

L'Assemblée  procède  à  l'élection  d'un  Président  de  la  Com- 
mission de  Pétrographie.  M.  Zirkel  e^^i  élu  à  une  grande  majorité. 

Sur  la  proposition  du  président,  il  sera  établi  un  Comité 
d'action,  au  sein  de  la  (Commission  internationale  de  pétrogra- 
phie. Ce  sous-comité  est  composé  de  la  façon  suivante,  en  con- 
formité du  vote  de  la  section  : 

MM,  Becke  pour  l'Autriche    et   l'Allemagne. 
Barrois  pour  la   France. 
Brogger   pour  la  Scandinavie. 
Lœwinson-Lessing  pour  la  Russie. 
Pirsson  pour  l'Angleterre   et  l'Amérique ^ 

Le  Secrétaire-général  présente  le  rapport  de  la  Commission 
chargée  de  la  fondation  d'un  Journal  international  de  Pétro- 
graphie, Outre  le  rapport  imprimé  de  M.  Becke,  sur  la  fondation 
du  Journal  international  de  Pétrographie,  ce  savant  a  envoyé  au 
Secrétaire  généra!  un  manuscrit,  qui  est  un  nouveau  programme, 
et  dont  M,  Zimmermann  donne   lecture  à  la  Section. 

M,  Zirkel  fait  remarquer  qu'il  est  impossible  de  soumettre 
à  la  discussion  un  travail  aussi  long  et  qu'il  vaut  mieux 
charger  la  Commission  de  son  examen. 

M.  Brogger  demande  que  l'on  commence  immédiatement 
la  discussion  et  que  Ton  porte  l'attention  sur  les  points  sui- 
vants : 

10  Le  Journal  de  Pétrographie  contiendra-t-il  des  comptes- 
rendus   et   des   travaux  originaux  ? 

20  Le  Comité  devra-t-il  se  charger  de  réunir  les  fonds 
nécessaires   et    de  trouver    un   éditeur  ? 

3»  M.    Becke  deviendra-t-il  le   rédacteur  du    journal  ? 

M,  Zirkel  informe  l'assemblée  que  M.  Becke  lui  a  écrit 
pour  lui  proposer  de   fusionner    le   nouveau    journal    avec    les 


176  VUI*    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Mitlheilungen    de    Tschermak  ;     il    fait    remarquer    qu'on    est 
aujourd'hui   en  présence   d'un   nouveau    programme. 

Sur  la  proposition  de  M,  Zirkel,  le  Comité  formé  à  Saint- 
Pétersbourg  sera  chargé  de  trancher  les  questions  énumérées 
par    M.    Brogger, 

M,  Brogger  demande  si  le  journal  sera  essentiellement  un 
journal  renfermant  des  comptes-rendus  ou  s'il  sei*a  surtout 
consacré  à  la  publication   de  mémoires  originaux. 

Après  discussion,  l'assemblée  décide  que  le  journal  ne 
renfermera  que  des  résumés  et  des  travaux  extrêmement  courts. 

A  la  demande  de  M.  Brogger.  le  Comité  est  autorisé  à 
demander  aux  gouvernements  des  subsides  au  nom  du  Congrès. 

M.  Sac  ce  fait  une  communication  sur  un  Essai  de  classifi- 
cation générale  des  Hoches  en  se  plaçant  à  un  point  de  vue 
essentiellement  didactique.  Comme  les  roches  sont  des  associa- 
tions et  non  des  unités,  comme  les  unités  biologiques  et  miné- 
ralogiques,  il  est  préféi-able  de  les  grouper  en  familles  en 
s'appuyant  spécialement  sur  la  composition  chimique  qui  est 
le  caractère  fondamental  et  en  grande  partie  indépendant  de  la 
constitution  minéralogique,  de  l'âge  et  du  mode  de  formation. 
Il  présente  ensuite  sa  classification  qui  paraîtra  dans  les 
comptes   rendus  du  Congrès. 

Le  Secrétaire  général  présente  une  note  de  M.  \V.  Salomon 
sur  un  Essai  de  nomenclature  des  roches  métamorphiques. 
Cette  note,  imprimée  par  les  soins  du  Secrétaire  général,  a 
été  distribuée   avant  le  Congrès. 

M.  Weinschenk  présente  une  note  Sur  le  dy^namo-m^tamor- 
phisme  et  la  piezocristallisation, 

11  fait  ensuite  une  autre  comnmnication,  sur  la  formation  du 
graphite.  Les  gisements  de  graphite  de  l'île  de  Ceylan,  de 
Passau  (Bavière)  et  de  Bohème  montrent  que  ce  minéral  n'est 
pas  primordial  dans  les  roches  qui  le  renferment,  mais  quil 
a  été  apporté  par  des  ((  agents  anorganiques  »  sous  des  influences 
volcaniques. 

Des  fumerolles  principalement  composées  d'anhydride  car- 
bonique, de  carbonyles  et  de  cyanures  métalliques,  ont  déposé 
d'une  part  le  graphite,  de  l'autre  des  oxydes  de  fer,  de 
titane  et  de  manganèse,  tout  en  décomposant  la  roche 
encaissante.  D'un  autre  côté  les  gisements  de  graphite  des 
Alpes  résultent  du  métamorphisme  de  houilles  carbonifères 
par  le  contact  du  granité  central.  Par  conséquent,  dans  fun 
et    l'autre  cas,  on    constate   que    le    graphite   ne    provient   pas 


SÉANCES   DE   SECTIONS  I77 

d  organismes  antérieurs  aux  terrains  fossilifères,  ainsi  que  Font 
voulu  la   plupart  des  auteurs. 

Le  Secrétaire  général  lit  une  communication  de  M,  Hague, 
sur  les  volcans  lertiaires  de  V Ahsaroka- Range.  Cette  région 
montagneuse  consiste  presque  entièrement  en  roches  tertiaires 
ignées  d'une  épaisseur  de  plus  de  1800  mètres,  traversées  par 
des  roches  intrusives  granitoïdes  (granités,  diorites,  etc.),  dont 
Téraption  est  contemporaine  des  mouvements  orogéniques 
qui   ont  soulevé   F  Ahsaroka  Range. 

M,  Sabatini  fait  une  communication  sur  Vétal  actuel  des 
études  sur  les   volcans  de  Vltalie  centrale, 

M.  Sahatini,  après  des  généralités  sur  la  région,  parle 
sur  la  question  controversée  des  origines  des  tufs  romains  et 
de  leur  mode  de  formation.  Ensuite,  au  sujet  des  laves,  il 
signale  plusieurs  phénomènes,  comme  Taltération  de  la  leuci- 
tite  latiale  en  sperone,  due  aux  fumerolles  à  chlorures  vola- 
tiles, et  sur  la  transformation  de  la  leucite  en  feldspaths 
calco-sodiques.  11  explique  la  formation  du  lac  de  Bolsena  à 
cratères  emboîtés  :  il  ne  s'agit  pas  d'effondrement.  Enfin  il 
dit  quelques  mots  sur  la  rapidité  de  Térosion  dans  ces  tufs 
romains  et  dans  l'argile  sous-jacente,  et  signale  un  bel  exemple 
de  vallées   à  coulisses  près  Bagnora. 

Le  Secrétaire  général  informe  l'assemblée  que  les  commu- 
nications de  MM,  Grenville  Cote  et  Frank  Rutley,  inscrites 
à  la  fin  de  l'ordre  du  jour,  consistent  en  une  série  d'obser- 
vations sur  le  Lexique  de  M.  Lœwinson-Lessing  dont  il  sera 
tenu  compte  lors  de  l'impression  du  Lexique  publié  sous  les 
auspices  du  Congrès   géologique. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  1/2. 

Les  Secrétaires  :   Cayeux. 

ZiMMERMANN. 

Section  de  Géologie  appliquée  et  d'Hydrologie 

PREMIÈRE  SÉANCE 
18  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  dix  heures,  sous  la  présidence  de 
M,   Schmeisser,  président  de  la  section. 

_  # 

Le  Président  annonce  que  le  Geological  Survey  des  Etats- 


12. 


I7S  Vill«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

I.'::is  met  à  la  disposition  des  nietubres  du  Congrès  un  certain 
nombre  de  volumes  :  191'»  et  20^**  Annual  Report  Minerai 
Resources  of  the  United  States, 

M.  Mourlon  fait  une  communication  sur  les  i^oies  noui^eiles 
de  la  Géologie  belge,  qui  donnent  d'importants  résultats,  tant 
sous  le  rapport  du  progrès  de  la  science,  que  des  applications; 
il  termine  en  ces  termes  : 

«  En  agissant  comme  nous  l'avons  fait,  nous  croyons  ser\'ir 
les  intérêts  de  la  géologie,  non  seulement  en  Belgique,  mais 
même  en  tous  pays.  Aussi,  nos  visées  s'étendent-elles  beaucoup 
plus  loin  encore,  et,  en  présence  du  mouvement  colonial  qui, 
depuis  quelques  années,  a  pris  chez  nous,  comme  un  peu  par- 
tout ailleurs,  un  développement  qui  ne  fera  que  s'accentuer 
par  la  suite  et  qui  réclame  le  concoui*s  d'un  si  grand  nombre 
de  géologues  de  profession,  et  malheureusement  le  plus  sou- 
vent en  vain,  faute  de  préparation  spéciale  sullisante.  je  me 
demande  s'il  ne  me  serait  point  permis  d'exprimer  un  vœu 
devant  cette  assemblée,  aussi  remarquable  par  le  nombre  que 
par  la  compétence  des  illustrations   qui   la  composent. 

»  Ce  vœu  serait  de  voir  la  session  actuelle  du  Congrès 
international  de  géologie  nous  donner,  par  l'approbation  du 
programme  que  nous  nous  sommes  tracé  et  que  nous  nous 
efforçons  de  réaliser,  la  consécration  qui  nous  est  si  néces- 
saire pour  inspirer  encore  davantage  la  contîance  en  haut  lieu 
et  pour  triompher  des  résistances  et  des  dillicultés  qui  ne 
manquent  jamais  de  se  produire  lorsqu'on  entre  dans  des  voies 
nouvelles  ou  tout  au  moins  peu  explorées.  » 

M.  Gosselet  fait  ensuite  une  communication  sur  les  eaux 
salines  que  l'on  rencontre  dans  les  nappes  aquifères  du  Nord 
de  la  France, 

Dans  le  terrain  houiller,  les  eaux  sont  chargées  de  chlorure 
de  sodium,  tandis  que,  dans  le  calcaire  carbonifère,  elles  sont 
encore  sodiques,  mais  sulfatées  ou  carbonatées.  Ces  eaux 
sodiques  se  rencontrent  aussi  dans  la  craie  et  même  dans  le 
terrain  tertiaire.  On  a  fait  plusieurs  hypothèses  pour  expliquer 
leur  origine.  On  l'a  attribuée  à  des  pénétrations  de  la  mer  et 
aussi  à  des  eaux  fossiles  contenues  dans  des  portions  du  sol  qui 
n'ont  pas  encoi'e  été  lavées  par  des  eaux  de  la  nappe  supérieure. 
Mais  la  présence  des  nappes  aquifères  salines  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer  rend  ces  deux  hypothèses    bien  peu  probables. 

M,  Stirrup  signale  qu'aux   environs  de    Manchester,  il  y  a 


SÉANCES   DE   SECTIONS  1^9 

dans  les  vallées,  des  teintureries,  dont  les  puits,  creusés  dans 
les  graviers,  à  quelques  mètres  de  distance,  donnent  tantôt 
des  eaux  fraîches,  tantôt  des  eaux  salées.  Il  ne  saurait  leur 
appliquer  l'explication  donnée  par  M.  Gosselet.  Dans  le  ter- 
rain houiller  de  la  même  région,  il  y  a  aussi  des  eaux  salées, 
dont  l'origine  est  inconnue. 

M,  Marboutin  a  tracé,  pour  le  service  de  l'Observatoire  de 
Montsouris,  dans  la  région  parisienne,  les  courbes  d'égal 
degré  hydrotimétrique.  Il  a  ensuite  cherché  à  connaître  la 
vitesse  des  eaux  souterraines  et  tracé  des  courbes  isochrono- 
chromatiques.  Pour  tracer  ces  courbes  il  a  employé  une  méthode 
nouvelle  et  intéressante  qui  permet  de  suivre  les  nappes  aqui- 
fères  sans  inquiéter  la  population  :  11  verse  une  quantité  très 
faible  de  fluorescéine  dont  il  décèle  ensuite  la  présence  au 
fluoroscope  avec  beaucoup  de  précision.  En  rapprochant  ces 
deux  sortes  de  courbes,  on  voit  que  les  degrés  hydrotimétriques 
élevés  se  trouvent  dans   les  régions   où  l'eau  est  stagnante. 

M.  Choffat  a  reconnu  dans  les  eaux  du  Portugal  une  grande 
quantité  de  chlorure  de  sodium  auquel  on  ne  peut  attribuer  qu'une 
origine  aérienne.  Le  carbonate  de  sodium  a  été  trouvé  seulement 
dans  les  sondages  et  toujours  plus  bas  que  le  niveau  de  la  mer. 

M,  Vander  Veur  faitu)ie  conimunicaiion  suri  agrandissement 
du  royaume  des  Pays-Bas  par  le  dessèchement  du  Zuyderzée. 

Il  rend  compte  des  grands  projets  actuellement  à  l'étude  pour 
l'établissement  d'une  digue  gigantesque  qui  permettrait  de  gagner 
sur  la  mer  200.000  hectares  de  terres  nouvelles,  4-'-^^>o  fermes 
pour  l'Etat,  d'avoir  de  l'eau  douce  à  Amsterdam  et  dans  le 
lac  d'Issel,  et  cela  sans  inconvénient  pour  la  salubrité  du  pays. 
Il  remercie  la  presse  étrangère  de  son  concours  à  ce  projet 
grandiose  de  conquête   pacifique  d'un  immense   territoire. 

Le  président  remercie  M.  Van  der  Veur  de  sa  communica- 
tion et  exprime  les  vœux  de  l'Assemblée  pour  la  réalisation  de 
ce  grand  projet. 

M.  Thevenin,  secrétaire,  donne  lecture  de  la  communication 
de  M,  L.  Pabre  sur  :  Les  plateaux  des  Hautes-Pyrénées  et  les 
dunes  de  Gascogne, 

Selon  l'auteur,  les  deux  phénomènes  d'érosion  submonta- 
gneuse et  d'apports  littoraux  dans  un  même  bassin  ne  sau- 
raient être  indépendants,  et  aucune  des  théories  jusqu'ici  émises 
pour  la  formation  des  dunes  gasconnes  ne  lui  paraît  pleinement 
satisfaisante.  Il   est  conduit  à  voir  dans  le  sable   des   dunes  le 


l8o  VIU^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

résultat  d'apports  continentaux  plutôt  que  d'érosions  marines. 
Les  abrasions  puissantes,  dont  les  plateaux  sous- pyrénéens  ont 
été  et  sont  encore  l'objet,  lui  paraissent  avoir  une  importance 
prépondérante  dans  ces  formations  côtières  arénacées.  On  peut 
considérer  la  diversité  d'âge  des  dunes  comme  une  répei*cussion 
littorale  de  la  multiplicité  des  périodes  glaciaires  pyrénéennes. 
La  conclusion  de  T  auteur  est  que  le  reboisement  des  landes 
de  Lannemezan  s'impose  non  seulement  pour  préserver  des 
inondations  la  plaine  d'Armagnac,  mais  encore  pour  ralentir 
le  perpétuel  ensablement  de  la  côte  gasconne. 

Les  Secrétaires  :  Grbma, 

A.  Thevenln, 

ZiMMERMANN. 

Section  de  Géologie  appliquée  et  d'Hydrologie 

DEUXIÈME  SÉANCE 
23   août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  quatre  heures  vingt,  sous  la  présidence 
de  M.  Schmeisser.  Aucune  observation  n'est  présentée  au  procès- 
verbal  de  la  deuxième  séance,  qui  a  été  imprimé  et  distribué. 

Le  président  met  à  la  disposition  des  congressistes  des 
exemplaires  d'un  catalogue  de  profils,  cartes  et  plans  relatifs 
à  l'hydrologie  de  l' Alsace-Lorraine,  que  MM.  Schumacher  et 
Van  Werçeke  ont  prépai'és  pour  l'exposition  du  ministère  de 
ce  pays.  Ces  objets  sont  visibles  à  l'exposition  collective 
allemande  pour  l'hygiène. 

M.  Van  den  Broeck,  dans  une  communication  sur  les  appli- 
cations de  la  géologie,  commence  par  faire  l'historique  de  cette 
voie  d'études  spéciales  qui  est  moins  nouvelle  que  beaucoup  le 
croient.  Constant  Prévost,  le  premier  fondateur  de  la  Société 
géologique  de  France,  avait  tellement  en  vue,  —  divers  docu- 
ments en  font  foi,  —  l'épanouissement  des  applications  de  la 
géologie,  que  ses  amis  et  collègues  de  la  première  heure  durent 
insister  vivement  pour  ne  pas  faire  de  la  Société  naissante  une 
sorte  d'office  scientifique,  technique,  et  commercial. 

Si  en  i83o  cette  thèse  de  l'opportunité  des  applications  ne 
pourrait  recevoir  de  sanction  pratique,  c'est,  comme  le  monfre 
M.  Van    den  Broeck,  parce  que   les  temps  n'étaient  pas  venus 


SÉANCES  DE  SECTIONS  l8l 

et  qae  le  sagace,   mais  trop    zélé   précurseur,  était  eu   avance 
de  trois  quarts  de  siècle. 

Le  motif  en  est  qu'une  première  phase  d'élaboration  pure- 
ment scientifique  doit  précéder  la  période  des  applications. 
Cest  celle  de  l'évolution  et  de  Fépanouissement  naturel  de  la 
géologie  qui,  tout  d'abord,  doit  s'occuper  exclusivement  de 
l'étude  détaillée   locale  et  régionale  des   terrains. 

Il  pourrait  être  fôcheux  de  détourner,  pendant  cette  période 
d'évolution  normale-  des  progrès  de  l'étude  géologique  d'une 
région  donnée,  les  forces  vives  que  réclament  les  recherches 
scientifiques  pures. 

C'est  surtout  dans  les  régions  industrielles  et  à  richesse 
minérales  exploitées  que  l'on  constate,  fait  observer  l'orateur, 
les  progrès  rapides  des  connaissances  géologiques  et  cela 
s'explique  aisément  par  la  multiplicité  des  travaux  publics  et 
privés  qui  criblent  et  perforent  de  tant  de  manières  le  sol 
et  le  sous-sol  de  ces  régions.  Le  département  du  Nord  en 
est  un  exemple  frappant  et  un  heureux  hasard  y  a  précisé- 
ment conduit,  depuis  i865,  M.  le  Professeur  J.  Gosselet,  un 
des  plus  fervents  disciples  de  Constant  Prévost  qui  eut,  depuis 
son  arrivée  dans  la  région,  la  joie  d'être  à  même,  dans  un 
milieu  bien  approprié,  de  pouvoir  avec  persévérance  et 
énergie,  réaliser  dans  ses  multiples  directions  le  programme 
conçu  par  son  illustre  maître. 

Ces  mêmes  conditions  favorables  de  milieu  ont  aussi 
facilité  la  tâche  des  géologues  belges  qui,  déjà  en  i85i, 
possédaient,  grâce  à  A.  Dumont,  de  remarquables  cartes 
géologiques  du  sol  et  du  sous-sol   à   l'échelle    de     ^^^^  , 

En  Belgique  aussi,  on  utilise  depuis  longtemps,  un  pré- 
cieux canevas  topographique  au  ^J^^^^  qui  constitue  pour 
les  travaux  de  géologie  détaillée  un  précieux  élément, 
facilitant  des  levés  géologiques  à  grande  échelle.  Si,  à  ces 
avantages  matériels,  on  ajoute  la  diversité  des  éléments  du 
sol  et  les  richesses  minérales  si  nombreuses  et  si  variées 
de  la  Belgique,  et  si  enfin  Ton  se  rend  compte  des  innom- 
brables travaux  de  recherche  et  d'exploitation  auxquels  elles 
ont  donné  naissance,  on  comprendra  aisément  que  les  géo- 
logues belges  soient  arrives,  avant  bien  d'autres,  à  s'occuper 
activement  de  géologie  appliquée. 

Après  avoir  rendu  hommage  au  précurseur  français  et  à 
son  disciple  de  Lille,  dont  la  Belgique  suit  l'exemple,   M.  Van 


i8a  vin«  CONGRÈS  géologique 

den  Broeck  retrace  à  grands  traits  le  rôle  et  Faction  conver- 
gente dans  cette  direction  des  deux  sociétés  :  géologique  de 
Belgique,  dont  le  siège  est  à  Liège,  et  belge  de  géologie,  dont 
le  siège  est  à  Bruxelles.  11  rappelle  également  les  travaux 
similaires  des  géologues  de  la  commission  de  la  carte  belge 
et  ceux  du  service  géologique,   dirigé  par  M.   Mourlon. 

Il  insiste  enfin  sur  l'importance  et  l'intérêt  de  ces  travaux 
d'application,  qui,  dans  une  contrée  où  la  géologie  régionale 
est  arrivée  à  la  pliase .  d'épanouissement  des  levés  et  des 
études  détaillés,  non  seulement  ne  sont  pas,  comme  d'aucuns  le 
croient,  en  opposition  avec  les  progrès  de  la  science,  mais  cons- 
tituent au  contraire  un  puissant  adjuvant  du  progrès  géologique. 

M,  Kunz  lait  une  communication  sur  les  progrès  de  la 
production  des  pierres  précieuses  aux  États-Unis.  Il  appelle 
l'attention  sur  les  nombreux  minéraux  intéressants  trouvés,  et  sur 
les  problèmes  géologiques  qu'ils  présentent  pour  la  recberche 
des  pierres  précieuses.  Il  signale  les  recherches  faites  par  un  grand 
nombre  de  géologues  américains  pour  déterminer  le  gisement 
des  diamants  trouvés  dans  le  Wisconsin  et  que  Ton  croyait 
exister  dans  la  région  du  Labrador  et  de  James  Bay.  La  carte 
préparée  par  M.  Kunz  pour  le  service  géologique  des  États- 
Unis  indique  vingt-quatre  localités  dans  trois  régions  dis- 
tinctes. La  tourmaline,  le  saphir,  la  turquoise  et  autres  gemmes 
sont  mentionnés  par  M.  Kunz.  Le  produit  des  gemmes  améri- 
cains a  été  de  i.ooo.ooo  de  francs  en  1899.  Le  catalogue  de 
la  collection  visible  dans  le  palais  des  mines  de  la  section  des 
États-Unis,  et  appartenant  à  l'American  Muséum  of  Natural 
History,  est  offert  aux  savants  qui  en  font  la  demande. 

M,  Léon  Janet  fait  une  communication  sur  le  captage  et 
la  protection  des  sources  d'eaux  potables. 

Le  captage  d'une  source  d'eau  potable  a  pour  but  essentiel 
de  la  mettre  à  l'abri  de  toutes  les  contaminations  pouvant  se 
produire  au  voisinage  du  point  d'émergence  et  spécialement 
dans  le  trajet  que  l'eau  elfectue  entre  le  gisement  géologique 
de  la  nappe  et  la  surface  du  sol. 

Un  bon  captage  d'une  source  consistera  généralement  à 
aller  chercher  l'eau  dans  son  gisement  géologique  au  moyen 
de  puits,  de  forages  ou  de  galeries,  en  faisant  abstraction  du 
poiiil    naturel   d'émergence. 

Ln  proferfion  d'un*»  s:)urce  d'eau  potable  a  pour  but  d'éviter  la 
contamination  de  l'eau  de  la  najjpe  souterraine  au  point  où  celle-ci 


SÉANCES   DE  SECTIONS  l83 

quitte  son  gisement  géologique  pour  gagner  la  surface  du  sol. 

Elle  nécessite  d'abord  la  détermination  approximative  du 
périmètre  <f  alimentation  de  la  source,  c'est-à-dire  de  la  zone 
dans  laquelle  une  molécule  d'eau,  tombant  à  la  surface  du  sol, 
peut  se  retrouver  au  point  d'émergence  de  la  source. 

Elle  consiste  ensuite  à  examiner  le  mode  d'absorption  de  l'eau 
dans  ce  périmètre  d'alimentation,  soit  par  petits  filets  sans  ruissel- 
lement, soit  par  engoufirement  du  cours  d'eau  dans  des  bétoires. 

La  manière  dont  l'eau  engouflrée  dans  un  bétoire  se  répartit 
dans  la  nappe  et  la  communication  entre  un  bétoire  et  une 
source  peuvent  être  étudiées  au  moyen  de  matières  colorantes, 
comme  la  Jluorescéine,  en  construisant  des  courbes  dites  îso- 
chronochromatiques  passant  par  les  points  où  la  matière  colo- 
rante arrive  au  bout  d'un  temps  déterminé. 

Le  danger  d'une  communication  entre  une  source  et  un 
bétoire  est  établi  au  moyen  de  micro-organismes  inoffensifs,  ne 
se  trouvant  pas  dans  les  sources,  et  d'une  dimension  analogue 
à  celle  des  principales  bactéries  pathogènes. 

On  remédiera  à  la  situation  en  empêchant  les  eaux  de 
s'engouffrer  dans    les  bétoires  reconnus    dangereux. 

M,  de  LauncLy  expose  quelques  réflexions  sur  l'enseigne- 
ment  de  la  géologie  pratique.  Il  se  produit  actuellement,  en 
faveur  de  la  géologie  appliquée,  un  mouvement  d'opinion  qui 
correspond  évidemment  à  un  désir  et  à  un  besoin.  La  géo-. 
logie  pratique  peut  être  enseignée  scientifiquement,  d'une 
façon  approfondie  ;  mais  elle  peut  être  aussi,  et  c'est  sur  ce 
point  que  l'orateur  voudrait  insister,  être  enseignée  d'une 
façon  plus  humble,  plus  modeste,  en  vue  de  mettre  la  masse 
du  public  à  même  d'utiliser,  sans  connaissances  spéciales,  les 
résultats  de  la  géologie.  Pour  y  arriver  il  serait  peut-être 
nécessaire  de  juxtaposer  à  renseignement  ordinaire  de  la  géo- 
logie scientifique  qui  est  surtout  fondé  sur  la  détermination 
précise  de  l'âge  des  terrains  un  enseignement  pratique,  où  l'on 
se  passerait  de  ces  déterminations  difficiles  pour  utiliser  seu- 
lement la  nature  physique,  chimique  et  minéralogique  des 
terrains,  leurs  mouvements  de  dislocation  et  de  plissement, 
leurs  altérations  à  la  surface,  etc. 

C'est  ce  que  M.  de  Launay  a  essayé  de  faire  dans  un 
petit  ouvrage  sur  la  géologie  pratique,  qui  doit  paraître  pro- 
chainement et  où  il  a  tour  à  tour  envisagé  les  connaissances 
générales  de  géologie  pratique   utiles  à   toutes  les  professions, 


l84  VIU^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

puis  les  applications  spéciales  à  Tart  de  Fingémear,  à  Fagri- 
ctdture,  à  la  recherche  des  minerais  et  des  combustibles,  du 
captage  des  sources  thermales,  à  la  topog^phie. 

Le  Président  présente,  de  la  part  de  M.  ^.  ^  Richard, 
une  brochure  sur  Vorigine  du  pétrole. 

M,  Mourlon  estime  qu'il  existe  peut-être  un  certain  équi- 
voque quant  à  ce  qu'il  faut  entendre  par  géologie  appliquée. 
Dans  notre  pensée,  dit- il,  c'est  synonyme  de  géologie  détaillée. 
Si  en  chimie,  par  exemple,  la  science  pure  ne  bénéficie  pas 
des  applications,  c'est  le  contraire  qui  a  eu  lieu  pour  la 
géologie  qui  doit  tant  aux  applications  et  dont  dépend  main- 
tenant leur  grande  extension. 

Nous  sommes  bien  un  peu  réunis  ici,  en  congrès,  pour 
nous  concerter  au  sujet  des  intérêts  de  notre  science  et  de 
ceux  qui  en  sont  les  représentants  en  tous  pays.  Et  à  ce 
point  de  vue  ne  convient-il  pas  de  se  demander  ce  qu'il  en 
adviendra  lorsque  les  travaux  de  levés  de  cartes,  par  exemple, 
qui  touchent  à  leur  fîn  dans  certains  petits  pays,  comme  la 
Belgique,  ne  seront  plus  là  pour  entretenir  le  mouvement 
scientifique  ?  Il  est  bien  vrai  que  les  cartes  devront  être  tenues 
à  jour  de  manière  à  pouvoir  bénéficier  de  tous  les  travaux 
intéressant  la  géologie,  mais,  pour  atteindre  ce  résultat,  il 
faut  une  institution  spéciale  pour  bien  coordonner  tous  les 
faits  avérés  et  les  résultats  acquis. 

Le  service  géologique  de  Belgique  prend  ses  dispositions 
pour  en  faire  Toifice  et  devenir  aussi  une  école  pratique 
destinée  à  fournir  des  «  géologues  conseils  »  en  tous  pays, 
absolument  comme  certains  instituts  forment  des  électriciens 
en  France,  en  Allemagne,  et  en  Belgique  à  l'Institut  Monte- 
fiore  de  Liège  et  à  celui    de  Louvain. 

M.  Boursault  insiste  sur  la  nécessité  de  multiplier  les 
renseignements  pratiques  donnés,  même  par  les  personnes 
non  géologues,  mais  contrôlées  et  guidées   par  les  spécialistes. 

En  particulier,  il  faut  multiplier  les  coupes  de  puits  et 
forages  ;  mais  le  plus  souvent,  ceux-ci,  précieux  pour  les  stra- 
tigraphes,  manquent  de  l'élément  essentiel  pour  l'hydrologue  : 
le  niveau  de  Veau,  sans  lequel  il  est  impossible  de  tracer  les 
courbes  de  la  surface  piézométrique  de  la  nappe. 
La  séance  est  levée  à  5  h.  5o. 

Les  Secrétaires  :  L.  Cayeux. 

Von  Arthaber. 


QUATRIÈME    PARTIE 


RAPPORTS    DES   COMMISSIONS 


RAPPORTS  DES  COMMISSIONS 


1.    COMMISSION   DE    LA   CARTE    GÉOLOGIQUE 
INTERNATIONALE  D'EUROPE 

Procès-verbal  de  la  séance  tenue  à  Paris  le  i8  août  igoo 

La  séance  est  ouverte  à  lo  heures. 

Sont  présents  : 

MM.  Beyschlag,  Capellini,  Sir  Archibald  Geikie,  Karpinsky, 
Mojsisovics  VON  Mojsvar,Hans  Reusch,Sederholm,Michel-Lévy. 

M.   MicHEL-LÉvY  est  nommé  Président  du  Comité. 

Avant  d'entrer  dans  Texamen  des  questions  à  l'ordre  du 
jour,  le  Comité  de  la  Carte  géologique  de  l'Europe  déplore  la 
grande  perte  qu'il  a  faite  en  la  personne  de  M.  Haucliecorne . 
Comme,  d'après  les  précédents,  il  ne  doit  admettre  qu'un  Membre 
avec  voix  délibérative  par  grand  pays  et  que,  suivant  une 
décision  du  Comité,  réuni  lors  du  Congrès  de  S*-Pétersbourg, 
M.  Beyschlag  a  été  adjoint  à  M.  Hauchecorne  pour  représenter 
l'Allemagne  et  exécuter  les  cartes  encore  en  œuvre,  il  décide 
que  M.  Beyschlag  remplacera  M.  Hauchecorne,  avec  voix  déli- 
bérative. D'autre  part,  les  précédents  permettant  au  Comité  de 
s'adjoindre  les  Directeurs  des  principaux  services  avec  voix 
consultative,  il  décide  à  l'unanimité  que  M.  Schmeisser  sera 
nommé  membre  du  Comité  de  la  Carte  géologique  de  l'Europe, 
avec  voix  consultative. 

Le  président  donne  la  parole  à  M.  Beyschlag  pour  la  lec- 
ture de  son  rapport. 

Tout  d'abord  M.  Beyschlag  retrace  en  quelques  mots  l'impor- 
tance des  services  rendus  par  feu  Hauchecorne  à  l'œuvre  de  la 
publication  de  la  Carte  géologique  de  l'Europe. 


l88  Vni'  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Il  donne  ensuite  lecture  de  son  rapport,  et  présente  au 
Comité  la  4™®  livraison  de  la  Carte  comprenant  les  feuilles 
C\  C",  C'",  D",  D'"  et  E'^  et  un  tableau  d  assemblage  indi- 
quant les  feuilles    parues   et   celles    en    cours    de   publication. 

M.  le  Président  remercie  M.  Beyschlag  de  son  rapport  si 
clair  et  si  concis. 

Le  Comité,  après  avoir  entendu  le  rapport  de  M.  Beyschlag, 
et  considéré  les  menaces  financières,  qui  se  traduisent  actuelle- 
ment par  un  excédent  de  dépenses  sur  les  recettes ,  émet  le 
vœu  que  les  principaux  États  souscripteurs  augmentent  de 
moitié  les  sacrifices  consentis. 

L'Italie  a  pris  les  devants  et  donné  le  bon  exemple  en 
portant  de  loo  à  3oo  le  nombre  des  exemplaires  souscrits. 

Le  Comité  estime  qu'il  conviendrait  de  porter  de  loo  à 
i5o  la  souscription  des  divers  grands  États  ;  cette  augmenta- 
tion s*appliquant  également  aux   feuilles  déjà  publiées. 

Le  Président  donne  ensuite  la  parole  à  M.  Karpinsky,  qui 
fait  ressortir  que  les  nouveaux  figurés,  tenant  compte  en 
Russie,  des  afQeurements  réels  et  des  terrains  de  couverture, 
a  exigé  d'immenses  efforts  et  explique  le  retard  apparent  dans 
la  publication  des  cartes  ;  il  observe  à  juste  titre  que  la  Russie 
a  déjà  fourni  6  feuilles  de  la  carte  d'Europe,  c'est-à-dire 
autant  que  tous  les  autres  pays   pris  individuellement. 

M.  Karpinsky  dit  qu'il  espère  pouvoir  dans  l'avenir  parti- 
ciper davantage  aux  ti*avaux  de  la  carte  d'Europe  et  il  compte 
présenter  au  prochain  congrès  les  feuilles  E',  E",  F",  F"',  F»^, 
G"  et  G'".  Mais  les  feuilles  topographiques  du  rang  F  ne 
sont  pas  finies,  et  nécessairement  la  publication  des  feuilles 
géologiques  est  subordonnée  à  l'achèvement  du  canevas  topo- 
graphique. 

M.  Karpinsky  estime  qu'il  y  a  lieu  de  publier  toutes  les 
feuilles  de  la  colonne  G ,  sauf  à  laisser  en  blanc  la  partie 
orientale   de  plusieurs   de  ces  feuilles. 

De  son  côté,  M.  Michel  Lévy  fait  ressortir  qu'il  y  a 
intérêt,  en  vue  des  éditions  ultérieures,  à  conserver  également 
la  bande  méridionale  Vil,  mais  en  laissant  des  blancs  pour 
les  parties   moins  étudiées. 

M.  Mojsisovics  dit  que  les  légendes  pourraient  trouver 
place  dans  les  parties   provisoirement   réservées. 

M.  Beyschlag  se  range  à  cet  avis  et  observe  qu'on  a  déjà 
fait  ainsi  pour  certaines  parties  du  Maroc. 


COMMISSION   DE   LA   CARTE   0*EUROPE  189 

La  topographie  pourrait  aussi  être  simplifiée  ou  laissée  en 
blanc  en  cas  de  besoin. 

Le  Comité  remercie  hautement  M.  Beyschlag*  des  efForls, 
couronnés  de  succès,  qu'il  a  développés,  pour  mener  à  bonne 
fin  Foeuvre  commune,  depuis  la  mort  du  regretté  Hauchecorne. 

La  séance  est  levée  à  ii  heures  i/q. 


RAPPORT  DE  LA  DIRECTION 

DE  LA  CARTE  GÉOLOGIQUE  D'EUROPE 

SUR    L'ÉTAT    DES    TRAVAUX    DE  CETTE    C:ARTE 

Rapport  présenté  aux  Membres  de  la  Commission   de  la   Carte  géologique 
d'Europe,  à  roccasion  du  8*  Congrès  géologique  international, 

par  M.  F.  BEYSCHLAG. 

Avant  de  vous  présenter  mon  rapport,  j'obéis  à  un  senti- 
luent  de  reconnaissance  en  vous  rappelant  les  mérites  de  notre 
éminent  collaborateur,  M.  Hauchecoime,  qui,  malheureusement, 
a  été  subitement  enlevé  par  la  mort,  au  commencement  de  Tannée, 
à  une  vie  pleine  de  travail  et  de   succès. 

Notre  grande  entreprise  a  perdu  dans  le  défunt  non  seu- 
lement un  de  ses  fondateurs,  mais  aussi  un  talent  extraordi- 
naire,  à   qui  nous  devons,  avant  tout,  Torganisation  de  Tœuvre. 

Lorsque  j'ai  eu  Fhonneur  de  vous  présenter,  il  y  a  trois 
ans,  à  S^-Pétersbourg,  le  dernier  rapport  de  la  Carte  géologique, 
il  restait  à   faire  : 

Les  pays  Scandinaves,  Suède  et  Norwège, 

La  partie   septentrionale  du  Danemarck, 

La  plus  grande  partie  de  la  Russie  d'Europe,  avec  le  grand 
Duché  de  Finlande, 

Enfin,  l'Est  de  la  Péninsule  des  Balkans,  TAsiç  Mineure 
avec  son  a  Hinterland  »  et  les  contrées  africaines,  devaient 
occuper  la  dernière  série  de  feuilles. 

Depuis  lors,  j'ai  travaillé  à  l'édition  des  feuilles  Scandi- 
naves, finlandaises  et  de  la  Russie  Centrale  et  je  suis  en  état 
de  vous  présenter  (aujourd'hui  à  l'occasion  du  Congrès  de 
Paris)  les  feuilles  C',  C",  C'",  D",  D'"  et  E'^  imprimées,  comme 
résultat  du  travail  des  dernières  années. 


igO  VlII^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

L'amabilité  du  Directeur  du  service  géologique  de  la  Suède, 
M.  le  Professeur  Tôrnebohm,  qui  est  entré  avec  voix  consulta- 
tive dans  la  Commission  de  la  Carte  en  remplacement  de  M.  0. 
Torell,  nous  a  rendu  possible  de  représenter  d'une  façon  satis- 
faisante la  Suède,  y  compris  les  formations  quaternaires.  MM. 
les  Directeurs  Reusch  pour  la  Norwège,  et  Sederholm  pour  la 
Finlande,  ont  donné  avec  grande  complaisance  leur  approba- 
tion à  notre  tracé.  Ces  résultats  ont  été  facilités  par  le  voyage 
que  j'ai  entrepris  au  printemps  de  l'année  passée,  pour  avoir 
des  entretiens  personnels  avec  nos  confrères  de  Stockholm  et 
de   Christiania. 

La  publication  des  contrées  russes  n'a  pas  avancé  comme 
nous  l'espérions.  Aux  feuilles  Russes  E'^,  et  D«",  dont  le  des- 
sin était  déjà  prêt  depuis  plusieurs  années,  on  ne  put  ajouter 
qu'au  printemps  la  partie  russe  de  la  feuille  D'*  et  la  partie 
septentrionale  de  la  feuille  E^,  contenant  la  péninsule  de  la 
Crimée.  Mais  comme  il  manque  encore  pour  dresser  cette  feuille 
les  tracés  topographiques  et  géologiques  de  TAsie  Mineure,  elle 
n'a  pu  être  imprimée. 

J'ai  reçu,  il  y  a  un  mois,  grâce  à  l'amabilité  de  M.  Karpinsky, 
le  dessin  géologique  de  la  feuille  E"'  contenant  les  environs 
de  Saint-Pétersbourg  et  de  Moscou.  Cette  feuille  sera  impri- 
mée sans   tarder,  et  publiée  avec   les  feuilles  voisines. 

Comme  quatrième  livraison  de  la  carte,  je  vous  présente 
donc  les  nouvelles  feuilles  C',  C",  C"',  D",  D'",  et  E'%  qui 
seront  éditées  au  commencement  de  Tannée  prochaine. 

Pour  continuer  la  publication,  on  sera  forcé  de  reconstruire 
complètement  la  base  topographique  de  TAsie  Mineure,  d'après 
les  matériaux  laissés  par  le  défunt  Professeur  Kiepert  et  com- 
plétés par  les  recherches  topographiques  les  plus  récentes.  Ce 
sera  un  travail  diilicile  et  compliqué  que  de  se  procurer  et  de 
réunir  les  matériaux  nécessaires  pour  dresser  la  carte  géolo- 
gicjue  de  l'Asie  Mineure.  Heureusement,  nous  pouvons  compter 
sur  Taide  et  l'appui  d'une  série  d'explorations  qui  se  trouvent 
actuellement  en  cours,  tant  sous  les  auspices  de  l'Académie 
scientifique  prussienne,  que  sous  celui  d'autres  Sociétés  scien- 
tifiques et  avec  l'appui  de  hautes  personnalités.  Nous  avons  du 
moins  des  espérances  fondées,  à  cet  égard.  J'ai  essayé  en  outre 
d'intéresser  à  l'entreprise,  le  gouvernement  Turc  et  les  grandes 
Compagnies  de  Chemin  de  fer  de  TAsie  Mineure. 

H  est  à  la  fois,  de  l'intérêt  bien   entendu,  des  États  partici- 


COMMISSION   DE  LA   CARTE   d'eUROPE  IQI 

pant  à  l'édition  de  la  Carte,  et  de  celui  de  l'éditeur,  que  l'œuvre 
soit  bientôt  définitivement  achevée.  Mais  c'est  un  résultat  impos- 
sible à  atteindre  immédiatement,  je  dirai  môme  dans  des  dizaines 
d'années,  si  on  persiste  à  vouloir  colorier  complètement  toutes 
les  feuilles  de  la  Carte,  dans  l'extension  adoptée  tout  d'abord. 
Suivant  le  plan,  primitivement  fixé,  la  carte  géologique  d'Europe 
englobe  dans  la  série  Sud  de  ses  feuilles  A  -G^",  une  grande 
bande  de  terrains  africains  et  dans  la  série  Est  de  ses  feuilles 
G'-G^"  une  autre  bande  de  terrains  asiatiques. 

Pour  le  plus  gi»and  nombre  de  ces  feuilles  des  séries  Sud 
et  Est,  il  ne  nous  manque  pas  seulement  les  bases  topogra- 
phiques nécessaires  à  l'exécution  d'un  dessin  précis  à  l'échelle 
I  :  i.Soo.ocK),  mais  aussi  et  avant  tout,  les  recherches  géologi- 
ques, qui  puissent  permettre  une  représentation  mêuie  sommaire. 

En  considération  de  ces  circonstances,  il  nous  parait  préfé- 
rable de  ne  pas  retarder  plus  longtemps  la  publication  des 
matériaux  nouveaux  réunis  pour  ces  feuilles,  et  de  les  éditer 
aussitôt  que  possible,  d'après  les  cartes  et  itinéraires  topogra- 
phiques et  géologiques,  qui  ont  paru  jusque  maintenant,  et  nous 
laisserons  en  blanc  le  reste. 

Enfin,  je  suis  forcé  de  faire  en  terminant  quehjues  commu- 
nications sur  la  situation  financière   de  l'entreprise. 

Comme  vous  le  savez,  les  fonds  nécessaires  à  l'impression 
des  cartes,  dont  s'est  chargée  la  maison  Dietrich  Reimer,  de 
Berlin,  proviennent  seulement  de  souscriptions  d'Etats,  acqué- 
reurs d'un  nombre  plus  ou  moins  grand  des  feuilles.  Il  n'existe 
aucune  contribution  directe  des  Etats.  Les  frais  elfectués  pour 
la  préparation  des  dessins,  l(»s  corrections  et  le  travail  de 
rédaction  sont  soldés  libéralement  par  le  Service  de  la  carte 
géologique  détaillée  de  la  Prusse. 

La  somme  totale  des  versements  de  tous  les  Etats  s'élève 
à  quatre  vingt  mille  M.  (80.000),  dont  soixante  mille  M.  (60,000) 
ont  été  payés  jusqu'à  présent. 

Les  paiements  faits  jusqu'ici,  à  l'Institut  lithographique,  par 
la  maison  Dietrich  Reimer,  pour  l'impression,  s'élèvent  à  peu 
près  à  soixante  cinq  mille  Marcs  (65. 000).  Il  est  donc  évident 
que  le  reste  de  la  somme,  dont  le  versement  ne  doit  être 
réclamé,  d'aiUeurs,  qu'après  l'achèvement  de  l'œuvre,  ne  suffira 
pas  à  payer  l'édition  des  feuilles  qui  restent  encore  à  faire. 

L'éditeur  s'est  engagé  à  achever  l'œuvi^e  en  tant  que  cela 
dépendra    de    lui,    mais    il    serait    équitable   de  lui  faciliter  la 


193  VlU*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tâche  pour  les  motifs  suivants.  Dans  le  plan  primitif  de  la 
Carte,  plan  qui  a  servi  de  base  au  contrat  conclu  entre  la 
direction  de  la  Carte  et  l'éditeur,  on  n'avait  en  vue  qu'une 
exécution  bien  plus  simple,  nécessitant  un  plus  petit  nombre 
de  tirages  en  couleurs  et  une  exécution  moins  détaillée  des 
limites  géologiques.  Il  est  arrivé  qu'au  contraire,  la  plupart  des 
feuilles  parues  jusqu'ici  sont  très  détaillées  et  compliquées. 
Je  vous  rappelle  notamment  la  feuille  C^,  contenant  les  Alpes, 
ou  bien  encore,  les  feuilles  Russes  et  Anglaises  où  le  quater- 
naire est  en  outre   représenté  par  des  hachures  en  couleurs. 

Pour  lever  ces  diilicultés  financières,  il  importe  que  les 
Membres  de  la  Commission  persuadent  leure  Gouvernements 
d'augmenter  le  nombre    des   exemplaires  souscrits. 

L'Italie  a  déjà  donné  le  meilleur  exemple  en  élevant  d'elle- 
même  le  nombre  des  exemplaires  souscrits  à  3oo.  Si  les  autres 
Etats  manifestaient  d'une  façon  aussi  pratique  l'intérêt  qu'ils 
portent  à  l'accomplissement  de  notre  carte,  l'exécution  de  l'œuvre 
serait  garantie  du  côté  financier,  sans  léser  la  Maison  Dietrich 
Reimer,  qui,  jusqu'ici,   a   rempli  si  brillamment  sa  tâche. 

La  Direction  de  la  Carte, 
F.  Beyschlag. 


II.  COMMISSION  INTERNATIONALE 
DE   CLASSIFICATION   STRATIGRAPHIQUE 

Rapport  par  M.   E.   RENEVIER. 

La  Commission  instituée  par  le  Congrès  de  Saint-Péters- 
bourg, dans  son  assemblée  du  3o  août,  et  nommée  par  le  Con- 
seil dans  sa  séance  du  3  septembre  1897,  ^  ^^^  composée  de 
8   membres  effectifs  et  22  membres  correspondants. 

Membres  efiectifs  : 

MM.    D^  Ch.  Barhois,  à  Lille  (France). 

Prof.  G.  Capellini,  à  Bologne  (Italie). 

Prof.  Th.  M*  K.  Hughes,  à  Cambridge  (Angleterre). 

Prof.  E.  Rexevier,  à  Lausanne  (Suisse). 

Dr  E.  TiETZE,  à  Vienne  (Autriche). 


COMMISSION   DE   STRATIGRAPHIE 


193 


MM.    Th.  Tschernyschew,  à  Saint-Pétersbourg  (Russie). 
Prof.  H.  Williams,  à  New-Haven  (U.  S.  A.). 
Prof.  D*^  K.  VON  ZiTTEL,  à  Munich  (Allemagne). 

Membres  correspondants  : 


MM. 

Choffat  (Lisbonne). 
Clark  (Baltimore). 
DE  CoRTAZAK  (Madrid). 
Davis  (Cambridge,  Mass.). 
Dawson  (Montréal). 
Depéret  (Lyon). 
Frech  (Breslau). 
Griesbach  (Calcutta). 
Karpinsky  (S'-Pétersbourg). 
Kayser  (Marburg). 
de  Lapparent  (Paris). 


MM. 

Martin  (Leyde). 
Mayer-Eymar  (Zurich). 
Nathorst  (Stockholm). 
NiKiTiN  (S^-Pétersbourg). 
Stefanescu,  Gr.  (Bucarest). 
DE  Stepani  (Florence). 
Taramelli  (Pavie). 
Uhlig  (Prague). 
Van  den  Broeck  (Bruxelles). 
Walcott  (Washington). 
WooDWARD  (Londres). 


Cette  Commission  avait  pour  mission  générale  «  d'étudier 
les  principes  de  la  classification  stratigraphique ,  en  restant 
sur  le  terrain  de  la  méthode  historique^  mais  en  cherchant 
à  la  rendre  de  plus   en  plus  naturelle,  » 

Le  Congrès  avait  en  outre  renvoyé  à  son  examen  trois  pro- 
positions, sur  lesquelles  il  n'avait  pas  voulu  prendre  de  décision 
dans   son  assemblée  .du   i«r  septembre. 

Dans  une  courte  séance  tenue  le  3  septembre  à  Saint-Pé- 
tersbourg, les  membres  présents  me  chargèrent  de  la  prési- 
dence. 

Par  entente  préalable,  les  membres  effectifs  de  la  Commis- 
sion furent  convoqués  à  Berlin  pour  le  26  septembre  i898, 
en  connexion  avec  la  réunion  annuelle  de  la  Société  géologi- 
que allemande.  MM.  Gapellini  et  Hughes  se  firent  excuser. 
Les  6  membres  présents  se  rencontrèrent  à  la  Bergakademie, 
où  M.  Hauchecorne  avait  obligeamment  mis  une  salle  à  notre 
disposition.  Après  avoir  sérieusement  discuté  dans  cinq  séances 
successives  et  pris  un  certain  nombre  de  résolutions,  ils  char- 
gèrent leur  président  d'en  publier  le  protocole,  en  le  faisant 
précéder  d'un  résumé  historique  des  progrès  déjà  réalisés  par 
les  résolutions  prises  dans  les  sept  Congrès  géologiques  inter- 
nationaux. 


r.v 


l94  ^m*   CONGUÈS   (GÉOLOGIQUE 

A.  Résumé  historique. 

l.    Le   premier  Congrès,   tenu  à    Paris    en   1878,    posa    les 
bases  du  travail  international  d'unification  géologique  et  nomma 
trois   couimissions    chargées    de  préparer   la   besogne    pour  le 
Congrès  suivant  : 

I"  pour   l'unification  des   ligures  géologiques  (secrétaii'e  : 

E.  Renevier). 
a*^*  pour    runification     de    la    nomenclature     (secrétaire  : 

G.  Dewalque). 
3«  pour   les    règles   à   suivre    dans  la    nomenclature   des 
espèces  (secrétaire  :  H.  Douvillé). 


II.  Le  Congrès  de  Bologne  en  1881  fut  très  actif.  Discutant 
le  rapport  de  la  première  des  trois  Commissions,  il  posa  les 
bases  de  la  Carte  géologique  internationale  d'Europe  et  en 
confia  l'exécution  à  MM.  Beyrich  et  Hauchecorne,  à  Berlin, 
assistés  d'un  Comité  international.  Puis,  admettant  en  princi[)e 
l'adoption  d'une  gamme  internationale  de  couleurs  pour  la 
représentation  des  terrains  géologiques,  le  Congrès  choisit  lui- 
même  une  partie  de  ces  couleurs  conventionnelles  et  confia  au 
Comité  de  la  Carte  géologique  d'Europe  le  choix  de  celles  des 
terrains  paléozoïques. 

Voici   cette    gamme    internationale,    telle   qu'elle    l'ésulte  de 
ces   diverses  décisions  : 

Tertiaire  =  jaune. 

Oétacique  =  vert. 

Jurassique  =  bleu   clair. 

Liasique  =  bleu  foncé. 

Triasique  =  violet. 

Carbonique  =  gï*is. 

Dévonique  =  brun. 
Silurien  et  Cambrien  =  vert-bleu. 

Archéique  =  rose. 

Uoches   éruptives  =  rouge. 

En  outre,  le  Congrès  adopta  les  trois  résolutions  ci-dessous, 
qui  faisaient  partie  des  propositions  de  sa  Commission  des 
figurés  : 


COMMISSION   DE  STRATIGRAPHIE  196 

i**  «  Les  subdivisions  d'un  Système  pourront  être  repré- 
sentées :  par  les  nuances  de  la  couleur  adoptée,  par  des 
réserves  de  blanc,  ou  par  des  hachures  variées,  selon  les 
besoins  particuliers  de  chaque  carte,  à  la  seule  condition  que 
les  signes  figuratifs  ne  contrarient  pas  les  caractères  orogra- 
phiques (tectoniques)  et   ne  rendent  pas  les   cartes   confuses. 

»  Les  nuances,  par  teintes  pleines  ou  par  réserves,  devront 
être  appliquées  en  raison  directe  de  l'ancienneté,  les  plus 
loncées   figurant  toujours  les  subdivisions   les  plus  anciennes.  ^^ 

2"  a  La  notation  littérale  sera  basée  sur  Talphabet  latin 
pour  les  formations  sédimentaires,  sur  Talphabet  grec  pour 
les  formations  éruptives. 

))  Le  monogramme  d'un  terrain  sera  formé,  dans  la  règle, 
de  l'initiale  Tnajuscule  du  nom  de  ce  terrain.  I^s  subdivisions 
pourront  être  distinguées  :  en  ajoutant  à  cette  initiale  majus- 
cule soit  rinitiale  minuscule  du  nom  de  la  subdivision,  soit 
un  exposant  numérique,   soit   l'un   et  l'autre,   s'il  y  a  lieu. 

»  Les  chiffres  des  exposants  numériques  devront  toujours 
se  présenter  dans  Tordre  chronologique,  i  désignant  la  pre- 
mière,  soit  la   plus  ancienne   des  subdivisions.  » 

3^  «  L'emploi  de  signes  paléontologiques,  orographiques, 
chorologiques  et  géo techniques  est  recommandé.  Ceux  qui  sont 
en  même  temps  les  plus  figuratifs  ou  les  plus  nmémoniques 
sont   à   choisir  de   préférence.   » 

Quant  à  l'unification  de  la  nomenclature,  prenant  le  rapport 
Dewalque  pour,  base,  le  Congrès  adopta  d'abord  les  principes 
suivants  : 

4**  ((  Le  mot  de  Formation  entraine  l'idée  d'origine  et  non 
celle  de  temps.  Il  ne  doit  donc  pas  être  employé  comme 
synonyme  de  terrain  ou  à' étage.  Mais  on  dira  très  bien  : 
Formations  éruptives,  formations  calcaires,  formations  marines, 
formations  lacustres,  etc.  )) 

50  ((  Les  éléments  de  l'écorce  terrestre  sont  les  masses 
minérales,   qui  peuvent  être  envisagées  à  trois  points  de  vue  : 

a)  »  Au   point   de    vue   de   leur  nature   et  de  leur  compo- 

sition, elles  prennent  le  nom  de  Roches, 

b)  »    Considérées   quant    à    leur    origine  ou  mode   de    for- 
mation, ce  sont  les   Formations. 

c)  »  Enfin,   au   point  de  vue   de   leur   âge  ou  de   la  succes- 
sion stratigraphique,   ce   sont   les    Terrains.    » 


ig6  VIII^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Ce  mot  de  Terrain  doit  conserver  un  sens  tout  à  fait 
général  et  ne  pas  s'appliquer  à  tel  ou  tel  ordre  de  subdivision. 

Pour  la  subdivision  hiérarchique  des  Terrains  ou  des 
Temps  géologiques,  le  Congrès  a  recommandé  5  ordres  de 
subdivisions  subordonnés  les  uns  aux  autres,  et  a  fait  choix  des 
termes  suivants  pour  représenter  ces  divisions,  de  valeur  diffé- 
rente, au  point  de  vue  soit  chronologique,  soit  stratigraphique. 


Ordre 

Termes 

des  subdivisions. 

chronologiques                          Termes  slrat {graphiques 

i^'  ordre. 

—    Ere            =  Groupe. 

2^             » 

—     Période    =  Système. 

»            » 

—    Epoque     =  Série      ( —  Section). 

4®       » 

—    Age           —  Etage     ( —  Stufe,   Piano,   etc.). 

5^^        » 

—     Phase  ?     =  Assise    (=  Sous-étage). 

Le  terme  Phase  a  été  proposé  par  plusieurs,  mais  n'a  pas 
proprement  été   adopté. 


III.  En  i885,  le  Congrès  de  Berlin  a  d'abord  complété  la 
gamme  internationale  des  couleurs  ci-dessus  indiquée  (p.  194) 
en   vue  de  l'impression  de  la  Carte  géologique  d'Europe. 

Abordant  ensuite  le  rapport  de  M.  Dewalque,  il  a  tranché 
une  série  de  questions  de  limites  stratigraphiques  et  de  nomen- 
clature, en  vue  de  la  légende  de  cette  carte,  mais  en  réservant 
expressément  le  point  de  vue  proprement  scientifique. 


IV.  En  1888,  le  Congrès  de  Londres  a  discuté  plusieui*s 
questions  importantes  de  nomenclature  et  de  classification  géo- 
logique, mais  en  s'abstenant  intentionnellement  de  prendre 
des  résolutions  sur  aucune. 


V.   En  1891,  à  Washington,  il  n'est  plus  même  question  de 
votations  sur  les  questions  d'unification. 


VI.  En  1894,  le  Congrès  de  Zurich  a  continué  dans  la  même 
voie,  se  contentant  de  conférences  et  de  discussions  générales, 
sans  votations,  et  laissant  aux  commissions  spéciales  la  lâche 
de  l'unification 


COMMISSION   DE  STRATIGRAPHIE  I97 

VIL  Notre  dernier  Congrès  à  Saint-Pétersbourg,  en  iSOj, 
s'est  fait  un  devoir  de  reprendre  le  travail  de  T  unification  des 
méthodes  géologiques.  Son  Comité  d'organisation  y  avait  exhorté 
d'avance  les  membres  du  Congrès,  dans  une  de  ses  circulaires, 
et  avait  préparé  à  ce  sujet  diverses  propositions  relatives  à  la 
classification  stratig raphique . 

Celles-ci  ont  fait  l'objet  des  discussions  du  Congrès  dans 
ses  deux  premières  assemblées  générales,  et,  plus  ou  moins 
amendées,  ont  donné  lieu  aux  résolutions  suivantes,  votées  le 
3o  août  et  le  i^^  septembre  : 

1**  résolution.  —  «  Le  Congrès  est  d'avis  quil  faut  rester 
sur  le  terrain  de  la  méthode  historique,  en  cherchant  à  la 
rendre  de  plus  en  plus  naturelle  ». 

2»  résolution.  —  «  Le  Conseil  est  chargé  de  nommer  une 
commission  pour  étudier  les  principes  de  la  classification  dans 
l'esprit  de  la  première  clause  ». 

3®  résolution.  —  a  L'introduction  d'un  nouveau  terme  stra- 
tigraphique,  dans  la  nomenclature  internationale,  doit  être 
basée  sur  un  besoin  scientificjue  bien  déterminé,  motivé  par 
des  raisons  péremptoires.  Toute  nouvelle  application  doit  être 
accompagnée  d'une  caractéristique  claire,  —  tant  batrologique 
que  paléontologique,  —  des  dépôts  auxquels  elle  est  appli- 
quée ;  en  même  temps  elle  doit  être  fondée  sur  des  données 
observées,  non  dans  une  seule  coupe,  mais  sur  un  espace  plus 
ou  moins  considérable  ». 

4*  résolution.  —  «  Les  appellations  appliquées  à  un  terrain 
dans  un  sens  déterminé  ne  peuvent  plus  être  employées  dans 
un  autre  sens  ». 

5*  résolution.  —  ((  La  date  de  la  publication  décide  de  la 
priorité  des  noms  stratigraphiques  donnés  à  une  même  série 
de  couches  ». 

6«  résolution.  —  «  Pour  les  petites  subdivisions  stratigra- 
phiques, sufilsamment  caractérisées  paléontologiquement,  en 
cas  de  création  de  nouveaux  noms,  il  est  préférable  de  pren- 
dre pour  base  leurs  particularités  paléontologiques  les  plus 
importantes. 


198  viii'  con(;rès  géologique 

))  On  ne  devra  faire  emploi  de  noms  géographiques  ou 
d'autres  que  pour  des  sections  de  certaine  importance  renfer- 
mant plusieurs  horizons  paléontologiques  *,  ou  loi'sque  le  ter- 
rain ne  peut  être  caractérisé  paléontologiquement  ». 

7*^  résolution.  —  «  Les  noms  mal  formés,  au  point  de  vue 
étymologique,  sont  à  corriger*  sans  les  exclure  pour  cela  du 
domaine  de  la  science  ». 

(Voir  Compte  Rendu  du  Congrès  de  S^-Pétershourg,  p.  cxlvi 
à  eu). 


B.  Protocole  des  séances 
tenues  à  Berlin  en  1898,  du  iG  au  29  septembre,  à  la  Bergakademie. 

I.  Dans  ses  cinq  séances,  la  Commission  a  d'abord  revu  les 
résolutions  votées  par  le  Congres,  le  i^r  septembre,  et  fait  à 
Tune  d'elles  une  légère  adjonction  explicative,  pour  en  préciser 
le  sens. 

Cette  adjonction  consiste  dans  les  mots  «  cest-à-dire  pour 
les  étages  »  à  intercaler  après  (c  horizons  paléontologiques  m 
vers  la  fin  de  la  6®  résolution. 


II.  La  Commission  s'occupe  ensuite  des  trois  propositions 
renvoyées  à  son  examen  par   le  Congrès. 

a)  Après  examen  elle  accepte  la  première  (C^'  R..  p.  CL), 
ainsi   conçue  : 

((  //  serait  désirable,  dans  la  division  des  systèmes  pour 
lesquels  il  ny  a  pas  de  noms  usités,  comme  Dogger,  Lias, 
etc.,  d'introduire  les  expressions  :  Paléo. . .,  Méso, . .,  Née...  " 

N.-B.  La  préfixe  Eo,,.  pourrait  être  substituée  à  Pa/^o... 
pour  abréger  les   noms  trop  longs,   p.    ex.,  Eocrétacique. 

h)  Elle  rejette  la  seconde  proposition  réclamant  pour  los 
subdivisions  l'emploi  dps  termes  :  supérieur,  moyen  et  inférieur, 
de   préférence  à  des   noms  univoques  (C^  R..  p.    CLL) 

Outre  le  manque  de  précision  de  ce  procédé,  il  n'est  pas 
applicable  au  point  de  vue  chronologique.  Ces  trois  expressions 
restent  d'ailleurs  facultatives  pour  les  subdivisions  locales,  ou 

*  Voir  l'adjonctioD  faite  par  la  Commission. 


A 


COMMISSION   DE   STRATIGRAPHIE  I99 

celles  dont  on  ne  veut  pas  préciser  la  valeur  stratigraphique. 

c)  Enfin,  la  Commission  accepte  la  troisième  proposition 
(C**  R.,  p.  CLI),  en  y  faisant  une  adjonction  fmale,  pour  la 
préciser  : 

((  Lorsqu'un  terme^  donné  à  un  ensemble  de  couches^  doit 
être  restreint  à  la  désignation  d'une  partie  seulement  de  ces 
couches,  on  ne  doit  le  conserver  que  pour  les  couches  l^s  mieux 
caractérisées  paléontologiquement  »  et  correspondant  à  la  défi- 
nition primitive. 


III.  Discutant  ensuite  quelques  questions  générales,  qui 
lui  sont  soumises  par  ses  membres,  la  Commission  les  résout 
comme  suit  : 

a)  Dans  un  mémoire  envoyé  le  20  août  de  New-Haven  (Con- 
necticutt),  M.  H. -S.  Williams  avait  demandé  que  dans  sa  réunion 
de  Berlin,  la  Commission  définisse  exactement  chacun  des 
systèmes  de  terrains,  aussi  bien  paléontologiquement  que  stra- 
tigraphiquement,  et  en  fixe  exactement  les  limites,  d'abord 
dans  les  contrées  où  ont  été  pris  les  types  originels,  puis  dans 
les  contrées  plus  tard   étudiées. 

C'était  demander  l'impossible.  Ce  serait  la  tâche  d'un  traité 
général  de  stratigraphie.  Les  membres  de  la  Commission 
n'auraient  jamais  pu  se  mettre  d'accord  sur  toutes  ces  ques- 
tions, et  rien  que  pour  les  discuter  ils  auraient  dû  siéger  en 
permanence  pendant  des  mois.  Aussi  la  Commission  presque 
unanime  a-t-elle  décidé  de  ne  pas  traiter  pour  le  moment 
les  questions  de  limites  stratigraphiques,  et  de  les  laisser  au 
contraire  à    l'étude   personnelle  de  chacun. 

b)  Le  président  communique  un  projet  de  notation  chiffrée 
des  terrains,  qui  lui  avait  été  suggéré  verbalement  par  M.  le 
professeur  Max  Lohest,  de  l'Université  de  Liège.  Ce  serait 
une  sorte  de  classification  décimale,  restant  la  même  dans 
toutes  les  langues,  d'après  laquelle  les  divisions  de  i^^  ordre 
seraient  représentées  par  les  chillres  des  milliers  i,  2,  3  ; 
celles  de  2^  ordre  par  les  chiflres  des  centaines  ;  celles  de 
3me  ordre  par  les  chiflres  des  dizaines,  celles  de  4™®  ordre 
par  les  unités  ;  et  enfin  les  subdivisions  inférieures  par  des 
décimales.  On  pourrait  y  ajouter  des  lettres  conventionnelles 
désignant  les  faciès  ou  formations.    Par  exemple   : 


aOO  VIU*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Norwich  Crag  =  E  8919  (E  =  estuarial). 
Calcaire  à  Requierda  ammonia   =  R  2991  (R  =  récifal). 
Kiilm   Grauwacke  =   L   191 7  (L  =  littoral). 
Cincinnati-liinestone   =   P,   R  ii59  (P  =   pélagal). 

Avec  une  convention  numérique  et  littérale  établie,  il  serait 
facile  à  tout  auteur  de  définir  ainsi,  chaque  division  ou  sub- 
division locale,  soit  quant  à  Tàge,  soit  quant  au  mode  de 
formation,  de  manière  à  être  compris  par  les  géologues  de 
toute  nationalité,   et  de   toute  langue. 

Cette  méthode  serait  très  élastique  et  permettrait  également 
de  ne  définir  que  les  époques  ou  périodes,  en  disant  par 
exemple,  3960  (Pleistocène),  2790  (Urgonien  s.  lat,),  aSoo  (Lias), 
II 00  (Silm'ique). 

La  Commission  a  trouvé  qu'il  ne  lui  appartenait  pas  de 
lancer  un  pareil  projet,  sortant  couiplètement  des  usages  actuels: 
elle  Tabandonne  à  l'initiative   individuelle. 

c)  Quant  aux  désinences  homophones^  différentes  pour  les 
différents  ordres  de  subdivision  hiérarchique,  telles  que  beau- 
coup d'auteurs  les  ont  déjà  recommandées,  la  Commission 
pense  en  eflet  que  partout  où  le  génie  de  la  langue  le  permet, 
il  serait  utile   de  les  introduire. 

Les  noms  des  divisions  de  i^^r  et  de  î2«  ordres  pourraient  se 
terminer  uniformément  en  ...ique,  . .  Asch,  ...îc,  , ,  .ico,  et 
ceux  des  étages  (4*  ordre)  en  . .  .ien^  . .  .mn,  . .  .iano,  etc. 

Ce  serait  une  mesure  d'ordre  à  recommander,  toutefois  sans 
violenter  le  génie  des  langages  qui  ne  s'y  prêtent  pas  facilement. 

d)  Enfin  la  Commission  est  unanime  à  recommander  d'évi- 
ter autant  que  possible  d'encombrer  la  science  par  l'introduc- 
tion de  noms  nom'eaux,  sauf  en  ce  qui  concerne  la  stratigra- 
phie purement  régionale,  et  dans  la  mesure  des  besoins  locaux. 
Elle  recommande  en  outre  d'éviter,  pour  ces  noms  locaux,  la 
forme  et  les  désinences  de  la  nomenclature  internationale. 


YI.  Le  principal  objet  des  délibérations  de  la  Commission 
fut  ensuite  d'établir  les  bases  de  la  nomenclature  des  5  ordres 
de  subdivision,  admis  au  Congrès  de  Bologne.  Elle  a  estimé 
devoir  envisager  la  question  surtout  au  point  de  vue  chrono- 
logique. 


COMMISSION   DE   STRATIGRAPHIE  301 


a)  Divisions  de  i«'  ordre.  —  Ères. 

La  Commission  consacre  les  grands  groupes,  généralement 
admis,  et  propose  de  leur  attribuer  dans  la  classification  inter- 
nationale les  noms  usités  de  Paléozoïque,  Mésozoïque  et  Céno- 
zoîque,  et  d'en  exclure  les  termes  de  Primaire,  Secondaire  et 
Tertiaire^  d'un  usage  aussi  très  habituel. 

Ces  derniers  lui  paraissent  trop  peu  précis,  car  Primaire  se 
confond  facilement  avec  primitif,  et  Tertiaire  est  pris  généra- 
lement dans  un  sens  restreint,  à  Texclusion  des  temps  modernes. 

h)  Divisions  de  2^  ordre.  —  Périodes  =  Systèmes. 

En  thèse  générale  la  Commission  admet  les  principes  énoncés 
par  la  Commission  d'unification  réunie  à  Genève  en  1886,  et 
rappelés  dans  la  troisième  circulaire  du  Comité  d'organisation 
de  Saint-Pétersbourg.  Les  principes  III  et  IV  trouvent  ici  leur 
application  : 

((  m.  Les  Systèmes  (Périodes)  auront  une  valeur  très  géné- 
rale. Leurs  caractères  paléontologiques  doivent  indiquer  une 
évolution  organique,  particulièrement  caractérisée  par  Tétude 
des  animaux  pélagiques.  » 

((  IV.  Pour  qu'une  division  soit  érigée  en  Système  (Période), 
il  convient  que  la  succession  des  faunes  s'y  montre  susceptible 
de  subdivisions  bien  marquées.  » 

Conformément  à  ces  principes,  la  Commission  admettrait 
comme  division  de  1^  ordre  les  Systèmes  généralement  en 
usage,  au  nombre  d'une  dizaine,  mais  en  laissant  une  certaine 
latitude  aux  auteurs  qui  veulent  en  admettre  plus,  ou  moins. 

L*Ere  palkozoïquk  pourrait  se  subdiviser  en  4  périodes  : 
Cambriolée,  SÏÏVLVique,  Dévonique  et  Carbon/^ue.  La  Com- 
mission ne  se  prononce  pas  sur  l'opportunité  d'en  admettre  une 
cinquième  pour  le   Permien. 

L'Ère  mésozoïque  se  subdiviserait  en  3  périodes  :  TriSiSique, 
Jurassique  y  CvétSLCique,  mais  il  resterait  loisible  d'en 
admettre  quatre  en  séparant,  par  exemple,  le  Lias  du  Juras- 
sique,  pour  Tériger  en  période  distincte. 

L'Ère  céxozoïquk  pourrait  comprendre  2  périodes  :  Tertiaire 

et  Moderne. 

Les  quelques  variantes  n'ont  guère   d'inconvénient,   et  ren- 


a02  Vm*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

(Iraient  la  classification  un  peu  plus  élastique,  ce  qui  mettrait 
l(»s  divers  auteurs  plus  à  Taise  ;  le  développement  des  études 
paléontolo^ques  finira  par  amener,  sans  pression,  la  solution 
la   plus  rationnelle,   dans  chaque  cas  particulier. 

c)   Divisions  de  3<*  ordre.   —  Epoques  =  Séries. 

Pour  la  subdivision  des  Périodes  (ou  Systèmes)  la  Com- 
mission, comme  nous  Tavons  dit  ci-dessus,  s'est  montrée  très 
favorable  à  la  méthode  préconisée  par  M.  Frech,  d'utiliser 
les  préfixes  Paféo. . .    Méso. . .  Néo. . . 

1^  Commission  constate  que  cette  méthode  des  préfixes  avait 
été  proposée  en  1894.  par  M.  H. -S.  Williams  sous  la  forme  : 
Eo..,,  Méso.,.,  Néo....  Elle  pense  qu'en  la  recommandant  on 
peut  laisser  aux  auteurs  la  latitude  d'user  suivant  les  cas  des 
préfixes  Paléo...  ou  Eo....  La  seconde  étant  plus  brève,  sera 
souv(»nt  plus  commode.  —  Si  l'on  distingue  trois  époques  dans 
une  période,  on  utilisera  les  trois  préfixes.  Si  l'on  n'en  recon- 
naît que  deux,  on  se  servira  seulement  des  deux  extrêmes. 
Enfin  en  vue  d'abréger  les  noms  on  pourrait  dans  ces  subdi- 
visions supprimer  les  désinences,  et  n'ajouter  à  la  préfixe  que 
le  radical  du  nom  de  la  période. 

E.xemples  :  La  Période  dévonique  se  subdiviserait  en  trois 
Epoques  ou  Séries  :   Eodévon.,  Mésodévon.,  Néodévon. 

La  Période  crétacique  pourrait  comprendre  trois  Epoques  : 
E  ocré  t..   Mé.socvét.  Néocrét. 

Tandis  que  pour  ceux  qui  voudraient  admettre  une  Période 
liasique,  ne  comportant  que  deux  divisions,  on  aurait  seule- 
ment Eolias  et  Néolias. 

d)     Divisions  de   4^  ordre.  —   Ages   =    Étages. 

La  Commission  reconnaît  que  les  divisions  de  4*  ordre 
n'ont  plus  qu'une  valeur  régionale,  et  ne  sont  donc  pas  abso- 
lument  nécessaires   à   la   classification  internationale. 

Toutefois,  comme  dans  chaque  pays  on  aura  besoin  de  divi- 
sions de  cet  ordre,  lesquelles  ne  seront  pas  partout  les  mêmes, 
il  est  bon  de  leur  appliquer  une  terminologie  uniforme.  Aussi, 
sur  la  proposition  de  M.  de  Zittel,  la  Commission  recom- 
mande de  baser  leurs  noms  sur  des  localités  ou  des  régions 
prises  pour  types  :  par  exemple  :  Astien.  Bartonien,  Portlandien. 


COMMISSION   DE  STRATIGRAPHIE  20'i 

Il  est  bien  entendu  que  la  désinence  uniforme  de  ces  noms 
pourra  être  modifiée  suivant  le  génie  de  chaque  langue.  Ainsi 
le  gisement  d'Asti  étant  pris  pour  type,  Tétage  sera  nommé 
Astien,  Astiariy  Astlano  ou  Astistiife,   suivant  la   langue. 

é)    Divisions   de   5©  ordre.   —    Phases  =    Zones. 

Quant  à  ces  subdivisions,  encore  plus  locales,  il  sera  encore 
plus  difficile  d'avoir  une  terminologie  fixe  ;  mais  au  moins 
est-il  à  désirer  que  la  forme  du  nom  rappelle  Tordre  de  la 
subdivision,  et  soit  autant  que  possible  la  même  pour  les 
différentes   Périodes  ou  les  différentes  régions. 

Aussi  la  Commission,  tenant  compte  de  l'usage  très  géné- 
ral des  zones  paléontologiques,  pour  les  terrains  de  Tère 
mésozoïque,  recommande  de  désigner  autant  que  possible  les 
divisions  de  5*  ordre  d'après  un  fossile  caractéi'istique  essen- 
tiel au  niveau   en  question. 

Exemples  :   Zone  à  Amaltheus  margaritatus. 

Zone  à  PsUoceras  planorhis. 
Zone   à   Productus  horridiis. 
Zone   à   Cardiola  interrupta. 

D'après  le  plan  ci-dessus  exposé,  chacun  des  cinq  ordres 
de  division  aurait  une  terminologie  particulière,  qui  le  ferait 
immédiatement  reconnaître.  Les  noms  à  donner  à  chaque 
division,  sauf  en  ce  qui  concerne  les  deux  ordres  supérieurs, 
ne  seraient  pas  encore  fixés.  Mais  l'usage  et  les  travaux  ulté- 
rieurs finiraient  bien  vite  par  faire  triompher  dans  chaque 
région  les  noms  les  plus  applicables   à  cette  région. 

Il  y  aurait  à  rechercher  maintenant  la  base  la  plus  ration- 
nelle pour  le  groupement  hiérarchique  de  ces  divisions  des 
temps  géologiques. 


Ces  propositions,  soumises  aux  22  membres  correspondants, 
n'ont  pas  soulevé  d'objections.  Elles  sont  par  conséquent  pré- 
sentées à  la  sanction  du  Congrès  de   Paris. 

Le  président  de  la   Commission  : 
E.   Uenevier,   prof. 


ao4  VU1«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 


III.  COMMISSION  INTERNATIONALE  DES  GLACIERS 

Procès  Qerbal  de  la  séance  tenue  à  Paris  le  21  août  igoo 

dans  le  palais  des  Congrès. 

Présidence   de  M.  E.   Richter. 

La  séance  est  ouverte  à  10  heures.  Les  membres  corres- 
pondants de  la  Commission  internationale  des  glaciers  avaient 
été   invités   à   se  rendre   à   la   séance. 

Le  Président,  M.  E.  Richter,  communique  son  rapport 
résumant  l'activité  de  la  commission  depuis  sa  fondation  ;  ce 
rapport  sera  présenté  au  Congres  dans  sa  séance  générale  du 
25  août. 

Il  y  aura  des  élections  à  faire.  M.  F.  A,  Forel  propose 
d'élire  Son  Altesse  le  prince  Roland  Bonaparte^  Président 
honoraire,  et  M.  le  Professeur  S,  Finsterwaldner^  de  Munich, 
Président  effectif  de  la  Commission.  '  Si  cette  proposition  est 
agréée,  il  sera  nécessaire  d'élire  un  second  représentant  pour 
la  France.    , 

La  mort  de  notre  regretté  confrère  et  ami  M.  le  Profes- 
seur Giovanni  Alarinelli,  Tillustre  géographe  italien,  nous 
contraint  d'élire  un  nouveau  représentant  pour  lltalie.  Nous 
vous  proposons  l'élection  de  M.  le  Professeur  Francisco  Porro, 
de  Turin,  président  do  la  Commission  italienne  pour  l'étude 
des  Glaciers. 

Nous  nous  permettrons  en  outre  de  proposer  à  la  Commis- 
sion l'élection  d'un  certain  nombre  de  membres  correspondants 
pour  étendre  le  cercle  des  personnes  qui  s'intéressent  aux 
travaux  de  la  Commission,  et  qui  y  participeront.  Nous  pro- 
posons donc  : 

MM.     le  Professeur  W.    Kilian.   de  Grenoble  ; 

—  —      E,    Hagenbach'Bischoff,  de  Bàle  : 

—  —      A,  Heim^  de  Ziirich  ; 

—  —H.    Reusch,  de   Christiania. 

Il  est  ensuite  procédé  au  vole,  par  suite  duquel  la  com- 
mission internationale  des  glaciers  se  trouve  constituée  de  la 
façon  suivante  : 


COMMISSION   DES  GLAGIBRS 


205 


Président  d'Honneur  :  S.  -4.   le  Prince  Roland  Bonaparte  ; 
Président  :  M.  le   Professeur  S.    Finsterwaldner,   Munich. 
Secrétaire  :    M.   Muret,  Berne  ; 


Membres 


MM.    F,   Porro,    Turin    (en    remplacement    de 
M.    Marinelli)  ; 
E,    Muret,    Berne    (en    remplacement    de 

M,    Dupasquier)  ; 
W,   Kilian,    Grenoble    (en     remplacement 
du   prince   Roland  Bonaparte). 

Membres   correspondants  : 

MM.   E.   Hagenbach-Bischoff,  de  Bàle  ; 
A,    Heim,   de   Ziirich  ; 
H,  Reusch,  de  Christiania  ; 
F,  Schrader,  de  Paris  ; 
/.   Valloty  de  Paris. 


Le  Secrétaire, 

S.    FiNSTERWALDNER, 


Le  Président^ 

E.    UlCHTEK. 


RAPPORT    DE    LA    COMMISSION    INTERNATIONALE 

DES    GLACIERS 

Présenté  au  Congrès  international  de  Géologie,  à  Paris,  en  1900, 

par   M.    Ed.    RICHTER, 

Professeur  à    l'Universilé    d**    Graz, 
Président  de  la  Commission. 


Messieurs, 


Au  Congrès  International  de  Géologie,  tenu  à  Zurich,  en 
mil  huit  cent  soixante-quatorze,  il  fut  résolu,  sur  la  proposi- 
tion de  feu  le  capitaine  Marshall  Hall,  d'élire  une  Commission 
permanente  pour  l'étude  des  glaciers  actuellement  existants,  et 
pour  recueillir  les  observations  faites  sur  leurs  variations.  Un 
représentant    fut    élu    pour   chacun   des    pays    où    se    trouvent 


âo6  Vlll'    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

des  glaciers;  la  Gumniission  fut  constituée  et  M.  le  professeur 
Forel,  de  Moi'ges,  choisi  pour  en  être  le  premier  président. 
Au  Congrès  international  de  géologie,  tenu  k  Saint-Pétersbourg, 
en  mil  huit  cent  quatre-vingt-dix-sept,  la  majorité  des  membres 
de  la  Cî>mniission  sVst  réunie  en  séance  pour  la  première  ibis, 
elle  a  formé  son  bureau  et  adressé  un  rapport  au  Congrès. 
Ce  rapport  ayant  été  approuvé,  la  Commission  fut  invitée  à 
poursuivre  ses  efforts. 

Depuis,  la  (Commission  s'est  adjoint  quelques  nouveaux 
membres,  pour  combler  les  vides  que  la  mort  avait  malheu- 
reusement faits  dans  ses  rangs.  Elle  a  tenu  récemment  une 
séance  à  Graz,  procédé  au  renouvellement  de  son  bureau  et 
chargé  son  président  de  présenter  au  Congrès  le  présent  rapport. 
Qu'il  lui  soit  permis  de  dire,  en  débutant,  que,  jusqu'à  ce  jour, 
Son  Altesse  le  Prince  Roland  Bonaparte  a  eu  la  libéralité  de 
subvenir  à  tous  les  frais  de  la  Commission  internationale  des 
Glaciers  ;  c'est  pour  nous  un  agréable  devoir  de  le  ivmercier 
ici    publiquement  de  sa    générosité. 

La  tache  de  la  Commission  consiste  principalement  à 
recueillir  les  observations  sur  les  variations  périodiques  des 
glaciers,  observations  qui  sont  disséminées  d'ordinaire  dans 
d'innombrables  revues  et  récits  de  voyage.  On  a  constaté  que 
pcmr  comprendre  les  variations  climatéri([ues  de  la  teri'e,  pour 
parvenir  à  connaître  les  causes  qui  les  produisent  et  les  cours 
qu'elles  prennent,  il  n'y  a  peut-être  pas  de  source  plus  sûre 
que  Tétude  d(»s  glaciers,  qui,  comme  de  gigantesques  thermo- 
mètres, indiquent  par  la  crue  et  la  décrue  de  leure  longueurs, 
les  changements  que  subissent  les  masses  de  neige  dans 
les  névés.  Sans  doute,  ce  n'est  pas  seulement  la  quantité 
de  neiges,  c'est  aussi  la  chaleur  qui  varie,  et  c'est  ce  qui 
rend  le  phénomène  si  complexe.  Le  recul  des  glaciers  indique 
peut-être  une  diminution  des  hydrométéores  et  une  augmen- 
tation de  chaleur,  peut-être  seulement  l'un  des  deux  facteurs. 
On  ne  peut  savoir  quelle  est  exactement  la  valeur  de  chacun 
d'eux.  Cependant  les  changements  climatériques  se  produisent 
de  telle  sorte  que  des  années  pluvieuses  sont  en  même  temps 
des  années  froides,  la  plus  grande  densité  des  nuages  empê- 
chant l'action  de  la  chaleur.  C'est  pourquoi  les  variations  des 
glaciers  sont  parallèles  aux  variations  climatériques  et  l'endent 
une  li<lèle  image  <lc  ces  dernières.  On  ne  peut  donc  guère 
mettre   en  doute   ([u'il    y   ait   aussi   poui*   la   science   géologique 


COMMISSION   DES   GLACIBIIS  207 

quelque  importance  à  voir  étudier  le  prol)lèiiie  tics  variations 
ciimatériques  qui,  à  des  époques  antérieures,  ont  été  si  déci- 
sives  pour  l'histoire  de  la   terre. 

Cependant,  il  ne  pouvait  suflire,  pour  atteindre  le  but  que 
la  Commission  s'est  proposé,  de  recueillir  les  observations 
faites  et  publiées  au  hasard  ;  il  était  beaucoup  plus  important 
encore  d'organiser  les  observations.  Car,  c'est  seulement  par 
une  observation  continue  et  poursuivie,  si  possible,  pendant 
des  siècles  sur  les  mômes  objets  que  nous  pouvons  espérer 
découvrir   la  loi   des  variations   des   glaciers. 

D'après  les  observations  que  j'ai  fait(»s  personnellement,  il 
semblerait  que  les  variations  des  glaciers  des  Alpes  se  pro- 
duisent dans  des  périodes  de  trente-cinq  ans,  (ju'il  n'est  pas 
rare  cependant  de  voir  se  prolong4»r  jusqu'à  soixante-tlix  et 
cent  cinq  années.  Une  seule  oscillation  embrasse  donc  certai- 
nement la  durée  moyenne  d'une  vie  humaine,  peut-être  même 
de  deux  ou  de  trois.  11  n'y  a  plus  guère  que  quelques  «hommes 
qui  aient  vu  les  glaciers  des  Alpes  dans  leur  crue  et  leur 
maximum  vers  le  milieu  du  dix-neuvième  siècle  et  nous  pou- 
vons à  peine  espérer  voir  encore  une  autre  variation  que 
celle  à  laquelle  il  nous  a  été  donné  d'assister.  De  là,  résulte 
la  nécessité  de  créer  des  organisations  durables  pour  l'obser- 
vation. Voilà  pourquoi  la  Commission  s'est  donné  une  certaine 
autonomie  en  se  complétant  et  se  renouvelant  d'elle-même  par 
cooptation,  et  nous  espérons  que,  si  en  l'an  deux  mille,  un 
Congrès  de  géologues  se  réunit  encore  dans  la  brillante  capitale 
de  la  France,  il  lui  sera  encore  présenté  un  rapport  de  la 
Commission  internationale  des  glaciers. 

Il  était  naturel  qu'une  organisation  permanente  pour  l'ob- 
servation des  glaciers  fût  créée  d'abord  dans  les  Alpes  euro- 
péennes. En  Suisse,  mon  illustre  prédécesseur,  M.  le  proiès- 
seur  Forel,  de  Morges,  est  parvenu  à  obtenir  le  concours  de 
l'Inspection  fédérale  des  Forêts  pour  des  observations  régulières. 
C'est,  sans  aucun  doute,  la  plus  sûre  méthode,  puisque  la 
permanence  des  institutions  de  l'Etat  est  encore  plus  assui^ée, 
bien  que,  cependant,  les  sympathies  des  personnalités  diri- 
geantes puissent  changer  aussi.  Il  existe»  en  outre,  en  Suisse, 
une  Commission  des  glaciers  instituée  par  la  Société  helvé- 
tique des  sciences  naturelles  et  le  Club  alpin.  En  Italie,  le 
Club  alpin  a  délégué  une  commission  qui  dirige  les  observa- 
tions.    En    Autriche    et    en    Allemagne,    elles     se    poursuivent 


ao8  VI1I«   CONGRÈS   GEOLOGIQUE 

également    sous    la    direction    du   comité    scientifique    du    Club 
alpin. 

En  France,  Son  Altesse  le  Prince  Roland  Bonaparte  a 
organise  l'observation  des  glaciers,  et  la  Société  du  Dauphiué 
a  publié  récemment  un  grand  nombre  de  précieuses  consta- 
tations. En  Russie,  la  Société  impériale  de  Géographie  sVst 
chargée  jusquici  des  observations  à  faire.  Notre  collègue, 
M.  Freshlîeld,  s'est  donné  beaucoup  de  peine  pour  y  intéres- 
ser TAdministration  des  Indes  et  les  Gouvernements  Coloniaux 
du  Canada  et  de  la  Nouvelle-Zélande.  En  Scandinavie,  conmie 
aux  Etats-Unis,  tout  le  travail  repose  jusqu'ici  sur  quelques 
hommes  qui  ont  obtenu,  par  leur  zèle,  de  très  brillants  résultats. 
Enfin,  je  ne  dois  pas  oublier  d'ajouter  que  votre  très  distingue 
compatriote,  M.  CharJes  Rabot,  a,  par  ses  savants  travaux 
sur  les  variations  des  glaciers  dans  les  terres  polaires,  consi- 
dérablement contribué  aux  résultats  acquis  par  la  Commission. 

La  jîréation  d'organisations  stables  et  permanentes  qui 
assurent  la  continuité  des  observations  au-delà  des  limites  de 
Texistence  de  ceux  qui  s'intéressent  à  ces  recherches  me  sem- 
ble donc  le  devoir  le  plus  important  de  la  Commission,  et  je 
souhaite  que  mon  successeur  puisse  voir  raccomplissement 
des  travaux  préliminaires  qui  ont  été  faits  dans  les  dernièi'es 
années. 

La  Commission  des  glaciers  a  publié  jusqu'ici  cinq  rapports 
et   un  discours   préliminaire  de   M.   le  professeur  F.    A.  Forel 
dans  les  Archives  des  sciences  de  Genève.  Elle  a  contribué  en 
outre   a   la  rédaction    de    deux    articles    de    M.   Charles  Rabot 
sur    les    variations    des    glaciers    arctiques.    Ses    membres   ont 
publié  séparément  de  nombreux  rapports  dans  les  périodiques 
de   leurs  pays   respectifs.    Parmi   ces   rapports  je  dois   particu- 
lièrement signaler  le  travail  de  M.  le  Professeur  Finsterwalder, 
de  Munich,   sur   le    glacier  du   Vernogt.   qui   nous  aura  appris 
à  comprendre  la  théorie  du  mouvement  des  glaciers.  Je  men- 
tionnerai en  outre  la  réunion  que  le  rapporteur  a  provoquée  au 
mois   d'août  de   mil   huit  cent  quatre-vingt-dix-neuf  au  glacier 
du    Rhône.    Il    avait  jugé    désirable    qu'un    groupe    d'hommes 
s'intéressant   à   ces  soi'tes  d'études  s'entendissent  sur  les  entre- 
prises scientifiques    les    plus    favorables   à   la   science  des  gla- 
ciers,   l^s  conclusions  les  plus  importantes  auxquelles  on  soit 
arrivé  dans  cette  réunion,   sont  les   suivantes  : 


m.  riveraines 
'm.  froDlales 


COMMISSION   DES  GLACIERS  209 

I     —   Classification   des   Mokaines 

^mor.  latérales 
/mor.superficielles, 
\  fmor.  médianes 

mop.  mouvantes<nior.  internes 

(m or.  inférieures 
Moraines \  /mor.  loDgiindinales 

imor.  rempart        l 
(mor.  maririnales 
(mor.  profondes 
mop.  de  fond        { . 

(drumlins 

II.   —   Des  observations  a    faire  sur   les  glaciers 

A.  —   Structure 

I.  —  Le  rapport  exact  entre  la  structure  rubanée  et  la 
stratification  originelle  du  névé  est  à  rechercher,  à  savoir 
dans  quelle  position  la  stratiBcation  se  transforme  en  struc- 
ture rubance,  soit  par  Texamen  des  crevasses  ou  des  trous 
découverts  sur  les  champs  de  névé,  soit  par  la  coloration  de 
parties  déterminées  de  la  surface  du  névé,  soit  par  le  dépôt 
de    plaques  de   fer  numérotées  sur  cette   surface. 

a.  —  Le  tracé  de  la  structure  rubanée,  en  direction  et 
inclinaison,  doit  être  cartographie  sur  un  glacier  dont  le  mou- 
vement serait  parfaitement  connu. 

3.  —  L'apparition  du  phénomène  décrit  sous  le  nom 
(ïarête  de  Reid  est  à  étudier  sur  plusieurs  glaciers,  sa  rela- 
tion  avec  la  stratifî cation  est  c^  fixer. 

4.  —  Il  doit  être  fait  des  recherches  sur  la  croissance  du 
grain,  sur  ses  dispositions  et  orientations  dans  la  structure  ruba- 
née, sur  la  plasticité  des  grains  isolés  et  sur  celle  de  la  masse 
du  glacier  en  entier. 

B.  —  Moraines 

5.  —  La  constitution  et  la  provenance  de  la  moraine  super- 
ficielle sont  à  établir  exactement  sur  quelques  grands  glaciers 
riches   en   moraines. 

6.  —  Pour  arriver  à  connaître  exactement  la  moraine 
interne  ;  il  conviendrait  d'effectuer  des  sondages  sur  le  plan 
de  contact  d'un  glacier  composé.  Par  exemple  :  de  i, 5  à  2  km. 
en  aval  de  TAbschwung,  à  travers  la  moraine  médiane  du  glacier 
de  TAar  inférieure,  ou  bien  en  aval  d'Agnaglint,  à  travers  le  gla- 
cier de  Rosegg. 

C.  —  Mouvement  et  température. 

7.  —  Par  des  sondages  et    observations   de   l'angle    d'incli- 


14. 


JIO  VIII^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

nation  de  perches  placées  dans  les  trous  de  sondage,  la  vitesse  du 
glacier  à  di (le rentes    profondeurs   doit  être  recherchée. 

8.  —   Dans    la   mesure    du  mouvement    superficiel,    la  com- 
*  posante   verticale  doit  être  autant  que   possible  considérée. 

9.  —  Dans  la  partie  inférieure  du  front  des  glaciers,  il  se 
trouve  fréquemment  des  joints  rectilignes  ordinairement  horizon- 
taux, parallèles  à  la  structure  ruhanée  et  par  lesquelles  on  voit 
sortir  la  moraine  de  fond.  Ce  phénomène,  qui  semble  dû  au  che- 
vauchement de  parties  élevées  du  glacier  sur  des  parties  plus 
profondes,  est  à  expliquer  et  à  étudier  ;  il  y  a  lieu  de  reconnaître 
s*il  s'agit,  dans  le  mouvement  du  glacier,  d'un  glissement  de 
glace  sur  glace,  en  couches  minces  ou  en  grandes   masses. 

10.  —  Les  variations  de  la  vitesse  du  mouvement  du  glacier 
suivant  les  saisons,  sont  à  établir  exactement. 

11.  —   Il   en   est  de   même  du  gonflement  hibernal. 

la.  —  La  température  dans  les  différentes  parties  du  glacier  est 
à  établir  par  des  thermomètres  enfouis  dans  des  trous  de  sondage. 

D.    —   Économie  du  glacier, 

i3.  —  La  section  transversale  d'un  glacier  est  à  rechercher 
suivant  plusieurs  profils  par  des  séries  de  sondages  profonds, 
alignés  transversalement. 

14.  —  On  désire  des  observations  sur  le  débit  des  tor- 
rents glaciaires  et  sur  la  quantité  des  eaux  qui  tombent  dans 
le  bassin  d'alimentation. 

i5.  —  Les  variations  saisonnières  de  la  teneur  en  boue 
des  torrents  glaciaires  est  à   établir. 

16.  —  La  fonte  totale  produite  par  rayonnement  direct  ou  indi- 
rect, conductibilité  par  Tair  et  le  sol,  par  la  chaleur  latente  mise 
en  liberté  par  la  condensation  est  à  étudier  expérimentalement. 

i^.  —  On  est  convenu  d'employer  le  mot  ((stratification» 
de  neige  ou  de  glace  dans  le  sens  des  géologues,  c'est-à-dire 
comme  un  dépc^t  naturel  en  masses  superposées.  Les  agglomé- 
rations de  bulles  d'air,  qui  forment  des  couches  blanches  dans 
la  glace  bleue  de  la  partie  inférieure  des  glaciers,  et  les  feuillets 
blancs  (jui  interrompent  la  glace  blanche  des  parties  supérieares. 
portent  le  nom  de   «  structure  rubanée.   » 

Conclusions 

Pour  conclure,  qu'il  me  soit  permis  de  résumer  les  résultats 
obtenus  dans  la  poursuite  de  notre  but  principal,  c'est-è-dirc 
dans  la  constatation  des  variations  des  glaciers. 

L'espace    de    cinq    années    est    sans    doute    beaucoup   trop 


COMMISSION   DES   GLACIERS  ail 

court  pour  avoir  pu  fournir  de  grands  éclaircissements.  On 
peut  cependant,  sous  toutes  réserves,  énoncer  déjà  quelques 
faits.  Voici  quelle  a  été  Tallure  des  glaciers  dans  le  cours 
du  dix -neuvième  siècle.  On  ignore  dans  quel  état  ils  se 
trouvaient  au  commencement  du  siècle,  mais  après  mil  huit 
cent  dix  commença  simultanément,  dans  toutes  les  Alpes,  une 
marche  générale  en  avant,  forte  et  rapide,  qui  atteignit  son 
maximum  vers  mil  huit  cent  vingt.  Les  trente  années  sui- 
vantes produisirent  un  léger  recul,  là  où  Tétat  du  glacier  ne 
demeura  point  stationnaire,  vers  mil  huit  cent  cinquante  eut 
lieu  une  nouvelle  marche  à   peu  près  semblable  à  la  première. 

A  dater  de  ce  moment,  il  se  produisit  dans  toutes  les 
Alpes  un  recul  général  et  très  considérable  des  glaciers,  et 
ce  recul  fut  si  fort  entre  mil  huit  cent  soixante  et  mil  huit 
cent  quatre-vingt,  que  Ton  put  craindre  un  instant  de  voir 
les  glaciers  entièrement  disparaître  de  nos  Alpes.  Ce  fut  seu- 
lement vers  mil  huit  cent  quatre-vingt  que  le  recul  de  quel- 
ques glaciers  des  Alpes  occidentales,  surtout  du  groupe  du 
Mont-Blanc,  commença  à  se  ralentir,  et  peu  à  peu  il  se  pro- 
duisit un  arrêt,  puis  une  nouvelle  marche  en  avant  de  quel- 
ques glaciers.  Les  Alpes  orientales  ne  suivirent  que  dix  ou 
vingt  ans  plus  tard,  et  là,  ce  processus  dure  encore,  tandis 
que  dans  les  Alpes  occidentales  on  voit  diminuer  de  plus 
en  plus  le  nombre  des  glaciers  qui  avancent,  et  augmenter 
celui  de  ceux  qui  reculent.  En  général  on  peut  dire  avec 
certitude  que  la  période  des  grands  reculs  est  entièrement 
terminée  et  remplacée  actuellement  par  des  mouvements 
de  tendance  contraire.  Parmi  les  glaciers  qui  se  retirent 
encore,  beaucoup  se  sont  considérablement  épaissis  et  le  recul 
s'effectue  lentement  et  par   intermittences. 

Les  variations  des  glaciers  des  Alpes  sont  donc  parallèles 
aux  variations  climatériques  d'une  durée  de  trente-cinq  ans 
découvertes  par  M.  le  professeur  Ed.  Brûckner.  Les  périodes 
de  mil  huit  cent  six  à  mil  huit  cent  vingt-cinq  (1806- 1 826), 
de  mil  huit  cent  quarante-et-un  à  mil  huit  cent  cinquante-cinq 
(i84i-i855),  de  mil  huit  cent  soixante-et-onze  à  mil  huit  cent 
quatre-vingt-cinq  (1871-1886)  ont  été  pluvieuses,  à  chacune 
d'elles  correspond  une  crue  des  glaciers,  très  fortement  mar- 
quée dans  les  deux  premières  périodes  et  seulement  indiquée 
dans   les  dernières. 

Quant    à    ce   qui    concerne    l'allure    des    glaciers    dans    le 


fil2  \IU*^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

reste  du  monde,  nous  ne  saurions    rien    en   dire  ;  on   ne  saura 
probablement  jamais  si  son  mouvement  est  parallèle  à  celui  des 
glaciers  des  Alpes.  M.  Rabot  a   pu   constater   qu'il    s'est    pro- 
duit dans  les   glaciers  islandais,   dans    la    premièi'e    moitié  du 
dix-huitième  siècle,  une  marche  en  avant  qui,  après  une  courte 
interruption,  s'est  renouvelée  à  la  fin  du  même  siècle  dans  des 
proportions  beaucoup  plus  considérables.    Un    léger  recul  s'est 
fait  sentir  dans  le  milieu  du  dix-neuvième   siècle.    D'après   les 
renseignements  qu'il  m'a   été   possible   de  recueillir,  la  crue  du 
commencement  du  dix -huitième  siècle  semble  avoir  eu  lieu  aussi 
en  Scandinavie,  où  Ton  peut  démontrer  vers  mil  sept  cent  qua- 
rante, un  état  maximal  des  glaciers. 

Dans    les    Pyrénées    comme   dans   le    Caucase,    et    dans  les 
Montagnes  Rocheuses  de  l'Amérique   du  Nord  comme  dans  le 
territoire  d'Alaska,  tous   les  glaciers  sont  actuellement  en  ('lat 
de  recul  ;  on   ne   saurait  dire  exactement    dans    quelle  mCxSure, 
ni    si   les    périodes   concordent   avec   celle    des    Alpes.    On  ne 
peut  préciser  qu'une  seule  constatation  :  c'est  que  dans  les  mon- 
tagnes   éloignées   de   la  mer,    les   oscillations  sont  plus  fortes 
que   dans    celles  qui    sont  plus   proches  des   côtes.    Les  varia- 
tions  des    glaciers   Scandinaves    sont    beaucoup    moins    iropot^ 
tantes  que  celles  des  Alpes,  du  Caucase   et  de  l'Asie   centrale. 
Ceci      concorde     parfaitement     avec     l'observation     faite     p**^ 
Brûckner  que  les   variations  climatériques  sont   beaucoup  pl**^ 
sensibles   dans   les    climats  continentaux   que   dans    les  clim^^^*' 
maritimes    et  que    les    côtes    nord    de    l'Océan    Atlantique    ^^ 
particulier  échappent  à   l'influence   des   périodes  de  trente-cii^^ 
ans,  dont  il  a   été   parlé   plus  haut. 

Enfin  on  peut  assurer  qu'un  mouvement  contraire  des  gl^' 
ciers  des  deux  hémisphères  n'existe  pas  :  les  glaciers  recule*'* 
en  Amérique  en  même  temps  qu'en  Europe. 

La    nature    du   mouvement    des    glaciers    exige    des    étud^ 
particulièrement  longues,  si  l'on  veut  parvenir  à  des  résultats 
absolument  certains.  Aussi  n'ai-je  point   à  craindre  pour  notre 
Commission,  le  reproche  de  ne  pas  vous  annoncer  dès  le  début 
des  résultats  plus  nombreux  et   plus  sûrs,  comme  fruit  de  ses 
études.  Nous  vous  demandons  avec  confiance  d'agréer  ce  rapport 
d'une  Commission  dévouée,  prête  à  poursuivre  son  but,  restreint 
il    est    vrai ,    mais    non    sans    importance ,    avec   cette    devise  *. 
((  Patience   et  persévérance.   » 


ai3 


ly.    COMMISSION    INTERNATIONALE 
DE  NOMENCLATURE  DES  ROCHES 

Procès-verbaux 

des  séances  tenues  à  Parts  en  iSgg,  les  25  et  26  Octobre, 

au  Service  de  la  carte  géologique  de  France 

SÉANCE  DU   a5   Octobre 

La  réunion  de  la  Commission  internationale  de  pétrogra- 
{>hie  s*est  tenue,  le  a5  Octobre,  au  Service  de  la  carte  géolo- 
gique   de   France,   sous  la    présidence   de   M,   MicheULévjy . 

Étaient  présents  :  MM.  Ch.  Barrois,  W.-G.  Brôgger,  Doelter, 

Duparc,   Fouqué,    Karpinsky,    A.   Lacroix,    Lœwinson-Lessing, 

Zujovic,  membres  du  Comité  international,  et  comme  auditeurs 

MM.  Cayeux,  Gentil  et  Wallerant,  membres  du  comité  régional 

"français. 

Sur  la  proposition  du  président,  M,  A,  Lacroix  est  nommé 
secrétaire   de  la  Commission. 

M,  Michel-Lévy  souhaite  la  bienvenue  aux  membres  du 
Comité  et  expose  le  but  de  la  réunion,  qui  est  la  recherche 
d'une  base  d'entente  pour  l'unification  de  la  nomenclature 
pétrographique . 

M,  Ch.  Barrois,  secrétaire  général  du  Comité  d'organisation 
du  Congrès,  lit  des  lettres  de  MM.  S.  Calderon,  Mac-Pherson, 
Renard,  Rosenbusch,  Sabatini,  Schrœder  van  der  Kolk,  Tôm- 
bohm,  Wichmann  et  Zirkel,  s'excusant  de  ne  pouvoir  assister 
à  la  réunion,  puis  donne  lecture  de  lettres  des  membres  sui- 
vants du  Comité  international  qui,  ne  pouvant  assister  à  la 
séance,  exposent  leur  opinion  sur  la  .  question  dont  elle  est 
l'objet. 

M,  Becke  estime  que  la  pétrographie  est  encore  dans  la 
période  d'accunmlation  des  faits  ;  le  temps  n'est  pas  venu  où 
il  sera  possible  de  les  systématiser  avec  fruit.  Une  nomencla- 
ture rationnelle  et  une  systématique  des  roches  devront  être 
basées  sur  toutes  les  relations  des  roches  (rùle  géologique, 
composition  minéralogique  et  chimique,  structure).  Toute  pré- 
férence pour  l'un  de  ces  points  de  vue,  préférence  inévitable 
dans    la    période    de     transition    que    traverse    actuellement    la 


ai4  vni«  CONGRÈS  géologique 

pétrographie,  disparaîtra  certainement  plus  tard.  Les  classifi- 
cations provisoires  ont  du  bon  toutefois  et,  comme  exemple, 
M.  Becke  cite  la  notion  des  roches  granitodioritiques  et 
foyaitothéralitiques  de  M.  Rosenbusch,  dont  toute  classifica- 
tion de  Tavenir  devra  tenir  compte.  M.  Becke  termine  en 
exprimant  le  vœu  que  désormais  le  nom  de  Fauteur  soit  joint 
à  celui  des  roches  (granulite,  Michel-Lkvy  ;  granulite,  Leh- 
man n,   par  exemple). 

M.  de  Fédoroff  appelle  de  ses  vœux  une  unification  de  la 
nomenclature  pétrographique  et  propose  de  la  baser  en  pre- 
mier lieu  sur  la  structure  et  ensuite  sur  la  composition 
minéralogique  ;  un  mémoire  joint  à  ce  rapport  expose  les 
idées  de  Tauteur  sur  ce  sujet.  Il  sera  imprimé  plus  loin,  in- 
extenso. 

Sir  A.  Geïkie  ne  pense  pas  que  la  commission  doive 
essayer  de  donner  des  définitions  précises  des  roches,  mais  il 
croit  qu'elle  peut  faire  des  propositions  pour  Femploi  de  certains 
termes  ;  la  plus  grande  liberté  doit  être  laissée  aux  auteurs, 
car  elle  est  la  source  de   progrès  la  plus  sûre. 

Pour  M,  H.  TealU  il  n'est  pas  désirable  que  le  Congrès  discute 
un  projet  de  classification,  il  doit  se  contenter  d'enregistrer 
les  nouveaux  noms  et  le  sens  que  leur  attribuent  leurs  auteurs. 

M,  Griibenmann  recommande  la  citation  du  nom  de  Fauteur 
de  chaque  roche. 

3/.  Hussak  insiste  sur  la  nécessité  d'une  entente.  Il  se 
trouve  actuellement  dans  l'impossibilité  d'identifier  les  roches 
à  néphéline  et  leucite  du  Brésil,  avec  les  types  décrits,  sans 
une  compai'aison  directe   des   échantillons-types  eux-mêmes. 

M.  Iddings  fait  les  propositions  suivantes  :  i**  employer 
dans  le  langage  courant  certains  termes  généraux,  tels  que 
granités  (ensemble  des  roches  phanérocristallines  grenues, 
quelle  que  soit  leur  composition),  porphyres  (ensemble  des 
roches  porphyriques  à  pâte  aphanitique),  basalte,  obsidienne, 
ponce,  etc  ;  2»  éliminer  de  la  nomenclature  systématique  ces 
noms  généraux  ;  3°  créer  une  nouvelle  nomenclature  interna- 
tionale qui  sera  :  a)  systématique,  b)  basée  sur  toutes  les 
propriétés  des  roches  (composition  chimique,  composition 
minéralogique,  structure),  4^  choisir  Tune  de  ces  propriétés, 
et  de  préférence  la  composition  chimique,  qui  servirait  à  con- 
struire la  partie  principale  du  nom  à  créer,  les  autres  pro- 
priétés  seraient  indiquées   à   l'aide  de  préfixes  ou  de  suffixes  : 


COMMISSION   DE   PÉTROGRAPHIE  2X5 

5"*  la  nouvelle  nomenclature  devrait  être  en  quelque  sorte 
analogue  à   celle  de  la  chimie   organique. 

M,  MaC'Pherson  pense  que  le  temps  n'est  pas  venu  pour 
établir  une  classiiication  définitive  des  roches  et  insiste  sur 
l'importance  que  présentent  pour  celle-ci  les  points  de  vue 
géologique  et  génétique. 

M,  Becke,  président  de  la  Commission  établie  à  Saint- 
Pétersbourg,  pour  fonder  un  journal  de  Pétrographie,  fait 
part  de  ses  projets  à  la  Commission  de  nomenclature,  et 
lui  communique  les  propositions  qu'il  compte  soumettre  à 
l'approbation  du  Congrès   de  Paris. 

M,  Michel'Lévy  remercie  notre  confrère  de  la  commu- 
nication de  ces  documents,  que  notice  Commission  de  nomen- 
clature  n'a  pas   mission  de  discuter. 

La  lecture  de  ces  lettres  étant  achevée,  M.  Lœwinson- 
Lessing  donne  lecture  du  rapport  suivant  élaboré  par  la 
Commission   russe   : 

RAPPORT    DE    LA    COMMISSION    RUSSE 
DE  NOMENCLATURE  DES  ROCHES 

Par  suite  de  la  circulaire  de  M.  Barrois,  secrétaire  général 
du  Comité  d'organisation  de  la  VIII*'  Session  du  Congrès 
Géologique  International,  datée  du  8  février  i899,  le  Bureau 
de  la  VII«  session  invita  les  pétrographes  russes  à  se  réunir 
en  séance  à  Saint-Pétersbourg  afin  dô  mettre  les  membres  de 
la  Commission  internationale  à  même  de  pouvoir  exposer 
devant  la  Commission  non  seulement  leurs  propres  opinions, 
mais  celles  de  la  majorité  des  pétrographes  travaillant  en 
Russie.  Ceux  que  leurs  occupations  empêchaient  d'assister  à 
la  réunion  étaient  priés  de  répondre  par  écrit  aux  deux  ques- 
tions suivantes  (proposition  du   professeur   Lœwinson-Lessing)  : 

i)  Est-il  désirable  de  fixer  dès  maintenant  les  principes 
directeui's  sur  lesquels  pourraient  se  baser  Tunification  de  la 
nomenclature  pétrographiquc  et  l'élaboration  d'une  nomencla- 
ture rationnelle  ? 

a)  En  quoi  consistent,  selon  votre  opinion,  les  défauts  de 
la  nomenclature  actuelle  et  quels  sont  les  changements  que 
vous  jugez  nécessaire   d'introduire  ? 

En     outre,     le     bureau     adressa     aux     professeurs    Lagorio, 


ai6  VIII''  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Lœwinson-Lessing,  Sederholm,  Ramsay,  membres  de  la  Commis- 
sion internationale  de  nomenclature  des  roches,  ainsi  quaux 
autres  représentants  de  la  pétrographie  dans  les  divers  cen- 
tres scientifiques  de  province,  la  prière  d'organiser  des  séances 
locales,  afin  de  soumettre  à  la  réunion  de  Saint- Pétersbourç 
les  opinions  émises  dans   ces  séances  préparatoires. 

Le  6  et  le  29  Mai  eurent  lieu  les  séances  du  Comité  russe, 
présidées,  sur  la  proposition  de  M.  A.  Karpinsky,  par  le 
professeur  Inostranzefl'.  A  ces  séances  assistaient  MM.  Bogda- 
novitch,  Inostranzeir,  Karpinsky,  Lœwinson-Lessing,  Makérow, 
Mikhaïlovsky,  Polénow,  Popow,  Tolmatchoiï',  Tschernyschew 
et  Zemiatchenskv.  MM.  de  Fedorow,  S.  Glinka,  Krotow,  Lavrskv, 
Lœwinson  -  Lessing ,  Netchaïew  ,  Sederholm  et  Stuckenberg 
avaient    envové  au   Comité   des  notes  écrites. 

Malgré  la  divergence  des  opinions  émises  sur  certains 
points,  les  pétrographcs  mentionnés  sont  unanimes  à  déclai'er 
que  Tamélioration  de  la  nomenclature  s'impose,  étant  intime- 
ment liée  à  la  classification  des  roches.  Tout  en  afOnnant 
qu'il  serait  désirable  de  procéder  dès.  maintenant  à  la  régula- 
risation de  la  nomenclature,  le  Comité  russe  est  loin  de  vouloir 
entraver  la  liberté  scientifique  des  pétrogi*aphes.  Pourtant  il 
est  d'avis  que  la  fixation  de  certains  principes  à  suivre  est 
nécessitée  par  le  besoin  réel  d'améliorer  la  nomenclature  et 
qu'elle  exercera  une  influence  bienfaisante  sur  le  développe- 
ment de  la  pétrographie.  Il  s'entend  de  soi-même  que  les  prin- 
cipes en  question  ne  peuvent  èti'e  formulés  et  proposés  qu'au 
titre  de  desiderata. 

C'est  en  se  basant  sur  ces  considérations  et  uniquement 
dans  le  but  de  contribuer  à  la  simplification  de  la  nomen- 
clature, afin  de  faciliter  aux  pétrographcs  la  possibilité  de  se 
comprendre,  que  le  Comité  russe  s'est  arrêté  à  fixer  pour  le 
moment   les  desiderata   suivants   : 

i)  Il  est  avant  tout  désirable  de  régulariser  la  nomenclature 
des  roches  éruptives  où  le  manque  d'unité  esl  particulière- 
ment sensible.  Grâce  à  la  licence  des  auteurs  de  se  guider 
dans  le  choix  des  noms  d'après  leur  propre  point  de  vue 
et  leurs  principes  individuels,  la  confusion  est  devenue 
complète.  Le  plus  souvent  les  non)s  employés  ne  spéciÉieut 
ni  la  nature  des  roches  ni  la  place  que  celles-ci  occupent 
dans  le  système,  et  c'est  uniquement  affaire  de  mémoire 
de  retenir   les   appellations    et    leur    signification.   De   plus. 


COMMISSION   DR   PÉTROGRAPHIE  217 

diflerents  auteurs  attribuent  une  si^ilication  et  un  sens 
différents  à  un  seul  et  mOme  nom,  et  inversement  diverses 
dénominations  sont  employées  pour  désigner  une  même 
roche,  un  même  groupe  de  roches  ou  une  même  structure. 
Tous  ces  inconvénients  de  la  nomenclature  actuelle  peuvent 
et   doivent   être  écartés. 

2)  La    nomenclature    doit    être    philonomiffue,    c'est-à-dire    les 

noms  doivent  être  composés  de  manière  à  faire  compren- 
dre autant  que  possible,  et  à  la  fois,  la  position  de  la 
roche  dans  le  système,  ses  affinités,  son  appartenance  à 
l'une  des  grandes  unités  de  classification  et  les  traits  spé- 
.  ciaux  qui  la  distinguent  des  autres  roches  du  même  groupe. 

3)  La   caractéristique   des  grands  groupes  (p.    ex.  des   familles) 

doit  se  baser  sur  la  composition  chimique  et  minéralogique. 

4)  Il   est   nécessaire   d'établir  des    règles   relatives   au    mode   de 

formation   des   nouveaux   noms. 

5)  Les  grands  groupes  peuvent    être   fixés   dès    à    présent  sans 

gêner  le  développement  ultérieur  de  la  classification  et  le 
démembrement  de  ces  groupes   en   sul>divisions. 

6)  Les   subdivisions    de   second,    troisième,   etc.,     ordre   doivent 

se  fonder  sur  des  particularités  de  composition  minéralo- 
gique   et  de  structure. 

7)  Il  est  désirable  de  désigner  les  nouveaux  types  de  structure 

par  des  noms  spéciaux  :  des  adjectifs  formés  sur  ces  noms 
qu'on  ajouterait  aux  différentes  roclies  de  même  composition 
simplifieraient  de  beaucoup  la  nomenclature  en  rendant 
inutile   la   création   de   nouveaux  termes. 

8)  En  cas   d'identité   du  caractère  de  certaines   roches,    le  mode 

de  gisement  ne  devrait  pas  donner  lieu  à  la  création  de 
nouveaux  termes. 

9)  Il   est  nécessaire   d'éviter  l'emploi   d'une   même  dénomination 

(d'un   même   terme)  dans  des  sens  différents. 

10)  On  devrait  éviter  autant  que  possible  l'emploi  et  la  créa- 
tion de  diflerents  termes  pour  désigner  la  même  notion,  la 
même   roche   ou   le  même  groupe  de    roches. 

11)  Les  noms  des  roches  métamorphiques  doivent  être  de 
nature  à  indiquer  à  la  fois  le  rapport  génétique  avec  les 
roches  dont  elles  proviennent  et  le  type  de  métamor- 
phisme qui  a   produit   la    modification. 

12)  En  raison  de  la  diversité  qui  règne  actuellement  dans 
l'acception  des  noms  de  roches   et  des  tei*mes   pétrographi- 


2l8  T11I«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

ques,  il  est  désirable  de  faire  suivre  chaque  nom  de  roche 
ou  terme  pétrographique  par  le  nom  de  l'auteur  qui  s'en 
est  le  premier  servi  dans  tel  ou  tel  sens  (comme  cela  se 
fait   pour  les  noms   de  plantes,    d'animaux   et  de   fossiles). 

i3)  Il  faut  éviter  autant  que  possible  Temploi  de  noms  pré- 
existants, ainsi  que  de  noms  et  de  termes  aujourd'hui 
vieillis,  en  leur  assignant  un  nouveau  sens,  ou  en  restrei- 
gnant et  en   élargissant   leur  signification. 

i4)  Une  nouvelle  structure,  désignée  par  un  nouveau  nom, 
doit  être  représentée  graphiquement. 

M.  Lœwinson-Lessing  développe  ensuite  en  son  nom  per- 
sonnel quelques  questions  de  principe  ;  il  insiste  notamment 
sur  ce  que  le  Comité  doit  discuter  conjointement  les  questions 
de  nomenclature  et  de  classification  qui  sont  étroitement  liées 
Tune  à  l'autre.  Dans  la  délimitation  des  familles,  le  rôle 
principal  revient  à  la  composition  chimique  et  aux  quantités 
relatives  des  parties  constituantes  essentielles  ;  dans  celle  des 
genres  et  des  espèces,  à  la  composition  minéralogique  et  à  la 
structure.  Les  opinions  formulées  par  M.  Lœwinson-Lessing, 
sont  résumées  dans  la  note  spéciale,  qui  suit  : 

Notice  présentée  a  la  Commission  de  nomenclature  des  roches, 

RÉUNIE     EN     SÉANCE     A     PaRIS  ,     LE     23     OCTOBRE      1899 

Par  M.  F.  LCEV^INSON-LESSING 

Messieurs,  je  demande  la  parr)le  non  pas  pour  présenter  un 
projet  élaboré  de  nomenclature,  mais  uniquement  afin  d'illustrer 
mon  point  de  vue  par  plusieurs  considérations  théoriques  et  pra- 
tiques. Il  est  inutile  d'ajouter  que  mon  point  de  vue  coïncide  avec 
celui  du  comité  russe  :  il  a  du  reste  déjà  été  émis  au  Congrès  de 
Saint-Pétersbourg. 

Je  suis  d'avis  qu'avant  d'aborder  les  questions  de  détail  il  est 
nécessaire  de  se  mettre  d'accord  sur  deux  questions  de  principe  : 

i)  La  nomenclature  pétrographique  est  le  langage  des  pétro- 
graphes  et  des  géologues  ;  elle  embrasse  et  résume  les  moyens 
par  lesquels  nous, nous  communiquons  mutuellement  les  résultats 
de  nos  reclierches,  par  lesquelles  nous  voulons  nous  faire 
comprendre.  Je  dirai  que  la  nomenclature  des  roches  est  le 
style  des  pétrographes.  Or  il  est  évident  que  Ton  doit  tâcher 
d'améliorer   la  langue  et  le  style,  de  les  rendre  plus  simples, 


COMMISSION   DE   PÉTROGRAPHIE  2I9 

plus  systématiques,  plus  nets.  Ces  réflexions  suffiraient  déjà 
pour  prouver  que  l'amélioration  de  la  nomenclature  n  est  pas 
une  question  insignifiante,  une  tâche  d'un  ordre  subordonné 
dont  un  congrès  international  ne  devrait  point  s'occuper.  Mais 
la  question  de  nomenclature  implique  encore  deux  questions 
pratiques  :  celle  de  la  classification  et  de  la  définition  des  roches 
au  point  de  vue  de  la  cartographie  géologique  et  celle  d'une 
classification  et  d'une  nomenclature  systématiques  nécessitées 
par  l'enseignement  de  la  pétrographie,  ce  qui  prête  à  la  nomen- 
clature des  roches  une  importance  pleinement  suilisante  pour 
en  faire  l'objet  d'une  étude  par  le  Congrès. 

a)  Il  est  impossible  de  réunir  tous  les  pétrographes  ou  même 
une  grande  majorité  sous  un  seul  drapeau,  et  la  Commission  est 
certes  loin  de  vouloir  imposer  ses  décisions  par  majorité  de  voix. 
J'estime  que  nous  ne  ferons  que  des  propositions  en  qualité  de 
desiderata.  Mais  pour  que  nos  propositions  ne  restent  pas  une 
lettre  morte,  pour  leur  garantir  une  certaine  réussite  et  gagner 
des  adhérents,  je  proposerais  la  tactique  suivante  :  tous  les  membres 
de  la  commission  qui  seraient  d'accord  sur  certains  principes  de 
nomenclature  s'entendraient  pour  suivre  ces  principes  dans  leurs 
travaux,  comme  dans  ceux  de  leurs  élèves,  dans  leurs  leçons  et 
dans  les  traités  de  pétrographie  qu'ils  pourraient  publier.  Ces 
pétrographes  formeraient  pour  ainsi  dire  une  fédération  ou  une 
coalition  et  de  cette  manière  il  y  aurait  un  groupe  plus  ou  moins 
nombreux  de  pétrographes  qui  maintiendraient  ces  principes  et 
pourraient  en  convertir  d'autres,  non  par  des  votes  ou  par  des 
propositions   réitérés,   mais   par   un   exemple  perpétuel. 

De  même,  je  pense  que  la  Commission  de  nomenclature  ne  peut 
et  ne  doit  pas  se  borner  à  la  nomenclature,  mais  qu'elle  doit 
envisager  aussi  la  question  de  classification,  non  seulement  parce 
qu'elles  sont  intimement  liées  entre  elles,  mais  aussi  pour  tenir 
compte  de  la  motion  suivante  exprimée  pai*  un  groupe  considérable 
4e  pétrographes  présents  au  Congrès  de  Saint-Pétersbourg  :  «  Pour 
arriver  à  la  simplification  de  la  nomenclature  pétrographique 
réclamée  par  les  géologues,  il  est  indispensable  de  définir  avec  plus 
de  précision  qu'on  ne  Ta  fait  jusqu'à  présent  les  noms  généraux 
dont  l'emploi  est  nécessaire  dans  l'exécution  des  cartes  ».  Cette 
tâche  s'impose  non  seulement  au  point  de  vue  des  géologues,  mais 
aussi  à  celui  des  pétrographes  :  des  discordances  de  nomenclature 
ne  proviennent  souvent  que  de  ce  que  les  difierents  pétrographes 
prêtent  une  étendue  diflerente  à  un  seul  et  même  grand  groupe  de 


220  VIII'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

roches.  Or,  je  suis  d'avis  qu'on  ne  saurait  arriver  à  la  délimitation 
réclamée  par  la  motion  ci-dessus  citée  qu'en  basant  la  définition 
des  grands  groupes  sur  la  composition  chimique.  Sans  vouloir 
anticiper  la  solution  de  cette  question,  je  crois  pourtant  pouvoir 
affirmer  que  le  chemin  que  j'ai  abordé  pour  délimiter  les  grands 
groupes  me  parait  être  juste  et  promettre  de  bons  résultats.  Dans 
mon  livre  Studien  ûber  die  Eruptwgesteine,  on  peut  trouver 
plusieurs  exemples  qui  sont  de  nature  à  illustrer  ma  conclusion. 
J'estime  que  mon  point  de  vue  général  sur  la  nomenclature 
actuelle  et  sur  les  changements  à  y  apporter  sont  déjà  connus  aux 
membres  de  la  commission  par  les  propositions  que  j'ai  faites  au 
Congrès  de  Saint-Pétersbourg  et  par  les  opinions  émises  dans  mon 
livre  ci-dessus  cité.  Sans  vouloir  répéter  ce  qui  a  déjà  été  dit  et 
sans  avoir  l'intention  de  proposer  un  projet  élaboré  de  nomen- 
clature, je  me  bornerai  aujourd'hui  à  plusieurs  réflexions 
sommaires. 

1.  —  Il  y  a  deux  points  essentiels  que  Ton  néglige  à  présent: 
la  composition  chimique  et  les  quantités  l'elatives  des  parties 
constituantes.  La  composition  chimique  est  la  base  de  la  déli- 
mitation des  familles,  comme  les  quantités  relatives  celle  de  la 
délimitation  des  genres  appartenant  à  deux  familles  limitrophes 
ou  des  genres  intermédiaires  entre  deux  familles.  Voici  plusieurs 
exemples. 

i)  Pour  la  composition  chimique,  j'ai  déjà  donné  plusieurs 
exemples  dans  mon  livre  ;  sans  tenir  compte  de  la  composition 
chimique,  on  ne  saurait  délimiter  les  andésites  quarziféres  et  les 
andésitodacites  des  dacites,  les  trachytes  quarziféres  des  lipari- 
tes,  les  basaltes  sans  divine  des  andésites  (par  exemple  l'AJbo- 
ranite),  les  andésites  à  olivine  des  basaltes,  etc.  Un  exemple  tout 
récent  est  oflért  par  l'Alboranite  et  la  Santorinite  que  M.  Becke 
envisage  comme  des  types  particuliers  de  la  famille  des  andésites. 
Un  examen  de  leur  composition  chimique  montre  aisément  que 
l'Alboranite  appartient  aux  basaltes  et  la  Santorinite  aux  dacites 
et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  créer  ces  deux  nouveaux  noms. 

2)  Pour  illustrer  le  rôle  des  quantités  relatives  des  éléments 
constituants,  je  citerai  Texemple  suivant.  En  étudiant  une  série  de 
gabbros  avec  tous  les  faciès  (jui  leur  sont  ordinairement  asso- 
ciés, on  peut  constater  qu'il  y  a  un  passage  graduel  et  parfois 
imperceptible  entre  les  gabbros  d'un  côté  et  de  l'autre  les  syéni- 
tes,  les  pyroxénites,  les  péridotites,  les  diorites.  On  ne  saurait 
se  contenter  des  termes  Gabbro,  Diorite,  Pyroxénite,  Péridotite, 


COMMISSION  DE  PÉTROGRAPHIE  aHI 

Gabbrosyénite  (Monzonite),  Gabbrodiorite  —  car  ce  ne  sont  que 
les  étapes  principales  et  il  y  a  d'autres  types  intermédiaires 
qui  s'en  écartent  plus  ou  moins.  Pour  désigner  ces  types  inter- 
médiaires produits  par  des  variations  dans  les  quantités  relatives 
des  principaux  éléments  constituants,  il  est  nécessaire  d'avoir 
recours  aux  termes  Leucocratique,  Mélanocratique  de  M.  Brôgger 
en  élargissant  leur  étendue  comme  je  l'ai  déjà  fait  et  en  intro- 
duisant des  termes  du  type  de  :  feldspathocratique,  pyroxénocra- 
tique,  péridocratique,  oligofeldspathique,  oligopyroxénique,  etc., 
et  de  faire  usage,  comme  je  le  fais  dans  un  travail  qui  paraîtra 
prochainement,  de  dénominations  telles  (jue  :  Pyroxénite  à  felds- 
path (Feldspathpyroxenit),  Péridotitopyi'oxénite,  Diorite  à  dial- 
lage  (Diallagdiorit),  Labradorite  ou  Anorthosite  à  olivine  (Olivin- 
Anorthosit  oder  Labradorit),  etc.,  etc.  Si  je  voulais  sacrifiera  la 
mode,  ces  roches  me  fourniraient  l'occasion  pour  toute  une  série 
de  nouveaux  noms  tels  que  :  Pikhtovite,  Soupréite,  Charpite,  etc. 

II.  —  Afin  d'éviter  la  création  d'un  nombre  plus  ou  moins 
considérable  de  nouveaux  noms,  il  serait  désirable  de  fixer 
plusieurs  termes  pour  désigner  différents  types  de  roches  à 
structure  porphyrique,  car  ce  sont  souvent  justement  les  variétés 
dans  la  combinaison  des  phénocristaux  et  de  la  pâte  qui  président 
à  la  formation  de  nouveaux  noms.  Je  voudrais  distinguer  trois 
types  : 

i)  Les  Euporphyres  et  les  Euporphyrites  —  pour  les  roches  à 
phénocristaux  macroscopiques. 

2)  Les  porphyres  et  porphyrites  aphyriques  —  pour  les  roches 
porphyriques  sans  phénocristaux. 

3)  Les  Microporphyres  et  les  Microporphyrites  —  pour  les 
roches  porphyriques  à  pliénoeristaux  microscopiques. 

4)  Les  Microgranites,  Microdiorites,  Micrograbbros,  etc.  pour 
les  roches  grenues  microcristallines. 

Pour  distinguer  les  cas  où  les  phénocristaux  sont  abondants  de 
ceux  où  ils  sont  peu  nombreux,  ainsi  que  ceux  où  ils  appartiennent 
seulement  à  l'élément  feldspathique  ou  seulement  à  l'élément  ferro- 
magnésien  de  ceux  où  ils  sont  représentés  par  plusieurs  minéraux, 
je  proposerais  d'introduire  les  termes  suivants  :  Oligophyrique, 
Plésiophyrique,  Monophyrique,  Polyphyrique,  Leuko[)hyri([ue, 
Mélanophyrique,  Feldspathophyrique,  Albitophyrique,  Andésino- 
phyrique,  Augitophyrique,  ^Egyrinophyrique,  Biotitophyrique, 
Amphibophyrique,  etc.,  etc. 

III.  —  La  classification  et  la  nomenclature  des  roches   por- 


223  VIU*^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

phyriqiies  et  des  roches  grenues  doit  être  dualistique,  pour 
ainsi  dire  à  double  face,  c'est-à-dire  qu  elle  doit  tenir  compte 
de  Téléinent  blanc  ainsi  que  de  Télément  ferromagnésicn.  11 
comporte  surtout  de  définir  avec  plus  de  précision  le  feldspath, 
comme  cela  a  déjà  été  proposé  depuis  longtemps  par  MM.  Fouqué 
et  Michel-Lévy.  Mais  je  pense  que  dans  la  majorité  des  cas  il 
est  suilisant,  pour  la  nomenclatm'c  de  la  roche,  de  s'en  tenir 
au  groupement   suivant  : 

1.  Roches  à  feldspath   potassique. 

2.  Roches   à  feldspath  sodique. 

3.  Roches  à   feldspath   sodo-potassique. 

4.  Roches  à   feldspath   calcosodiquc   acide. 

5 .  Roches  à  feldspath  calcosodique  basique. 

A  ce  point  de  vue  nous  aurions  par  exemple  pour  les 
porpliyres  des  Orthophyres,  des  Albitophyres,  des  Anorthophyres 
à  Augite,  à  ^^gyrine,  à  Hornblende,  à  Biotite.  etc.,  pour  les  Syé- 
nites,  des  Orthosyénites,  des  Albitosyénites,  des  Anorthosyénites 
à   Hornblende,   à   Augite,   à  Mica,   etc. 

IV.  —  Pour  atteindre  une  certaine  unification  de  la  classi- 
fication, il  est  nécessaire  de  fixer  différentes  unités  de  classi- 
fication et  de  leur  adapter  les  noms  des  roches,  c'est-à-dire 
qu'il  importe  de  définir  avec  plus  de  précision  les  limites  des 
familles,  des  genres,  des  espèces  et  des  variétés.  Dans  la  déli- 
mitation des  familles,  le  rôle  principal  revient  à  la  composition 
chimique  et  aux  quantités  relatives  des  parties  constituantes 
essentielles,  dans  celle  des  genres  et  des  espèces  à  la  compo- 
sition minéralog^que  et  à  la  structure,  enfin  dans  celle  des 
variétés,  à  des  particularités  de  structure  et  à  des  minéraux 
accidentels. 

Les  noms  des  roches  doivent  désigner  la  famille,  le  genre 
et  l'espèce,  afin  que  l'on  puisse  trouver  dans  le  nom  même 
de  la  roche  des  indications  sur  la  position  que  la  roche  occupe 
daqs  le  système.  La  nomenclature  doit  être  ce  que  j'appelle 
philonomique. 

Voici  plusieurs  exemples  :  qu'estrce  qui  est  préférable, 
Basalte  mélanocratique  micacé  à  mélilite  et  leucite  ou 
Euttolithe  ?  Minette  mélanocratique  ou  Wyomingite  ?  Leucitite 
mélanocratique  ou  Madupite  ?  Andésitodacite  ou  Latite  ?  Quarz- 
trachyle  sodique  ou  Taimyrite  ?  Quarztrachyte  potassique  ou 
Toscanite  ? Gabbrosyénite   ou   Monzonite  ? 

V .  —    Je    pense    qu'il    faut    discuter  séparément  ces   deux 


COMMISSION   DE   PÉTROGRAPHIE  233 

points  :  i^  les  cas  où  un  nouveau  nom  de  roche  est  désirable 
OU  inutile  ;  *i^  les  principes  à  suivre  dans  la  formation  des 
nouveaux  noms.  Le  manque  d'unité  dans  la  nomenclature 
actuelle  provient  de  ce  qu on  nest  pas  d'accord  sur  ces  deux 
points. 

Mon  point  de  vue  personnel  a  déjà  été  émis  à  Saint- 
Pétersbourg  et  dans  mon  livre.  Il  sutlit  d'y  ajouter  plusieurs 
réflexions   que   voici   : 

11  faut  distinguer  plusieurs  catégories  de  noms  qui  sont 
inutiles,  les  uns  parce  qu'ils  sont  absolument  superflus,  les 
autres  parce  qu'ils  pourraient  être  formés  d'une  manière  plus 
rationnelle  :  la  première  catégorie  de  noms  doit  être  abolie, 
la  seconde  remplacée  par  des   termes   plus  rationnels.    Ainsi  : 

i»  Un  nouveau  nom  est  inutile  dans  le  cas  d'une  identité 
de  la  roche  en  question  avec  une  autre,  sauf  le  mode  de 
gisement  ;  ce  cas  se  rapporte  particulièrement  aux  roches  filo- 
niennes  ; 

79  Un  nouveau  nom  n'est  pas  nécessaire  pour  une  variété 
de  roche  ne  se  distinguant  que  par  une  particularité  de  struc- 
ture ou  par  la  présence  d'une  partie  constituante  ;  dans  ces 
cas  la  roche  pourrait  être  sufïisamment  définie  par  un  adjectif 
ou  par  une  particule.  Ainsi,  par  exemple,  les  noms  de  Bojite, 
de  Pilandite,  de  Natherlite  sont  superflus  parce  qu'ils  ne 
désignent  que  les  roches  que  voici  :  gabbro  à  hornblende, 
syénite  à  anorthose,  porphyre  à  anorthose  (  Anorthophyre, 
Syénitporphyre   à  anorthose)  ; 

3®  Un  nouveau  nom  est  souvent  créé  sans  qu'il  soit  néces- 
saire, dans  le  cas  où  l'on  croit  avoir  affaire  à  une  nouvelle 
variété  ou  à  un  nouveau  type,  parce  qu'on  n'envisage  que  la 
composition  minéralogique  et  la  structure  en  négligeant  la 
composition  chimique  (voir  Alboranite,   Santorinite)  ; 

4°  Un  nouveau  nom  est  inutile  dans  le  cas  où  il  en  existe 
déjà  pour  la  roche  en  question,  un  nom  qui  aurait  échappé 
à   l'auteur  (par  exemple   Yogoïte). 

Dans  le  but  de  contribuer  à  une  solution  plus  rapide  de 
la  question  de  nomenclature  et  afin  de  garantir  les  auteurs 
contre  la  création  de  nouveaux  noms  pour  des  roches  qui  en 
ont  déjà  reçu,  je  me  permettrai  de  formuler  les  deux  propo- 
sitions suivantes  : 

jo  De  prier  différents  pétrographes  de  présenter  à  la  session 
du  Congrès,  à  Paris,  un  projet  d'unification  de  la  classification 


!ia4  VIIl^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

et    de    la    nomenclature   des   familles   de   roches  dont  ils  s'oc- 
cupent  spécialement  ; 

îi<^  De  publier  périodiquement  et  aussi  souvent  que  possible, 
des  listes  des  nouveaux  noms  avec  lem*  synonymie.  Pour 
atteindre  ce  but,  il  faudrait  atlresser  à  tous  les  pétrographes 
qui  proposent  des  nouveaux  noms,  la  demande  de  faire  par- 
venir leurs  travaux  à  celui  qui  sera  chargé  de  faire  ces  listes  ; 
elles  pourraient  être  publiées  dans  le  Bulletin  international  de 
pétrographie  ; 

3^^  Dans  les  cas  où  il  y  aurait  plusieui*s  noms  pour  la  même 
roche,  le  même  groupe  de  roches  ou  la  même  structure,  on 
devrait  s'en  tenir,  pour  la  priorité,  aux  règles  que  j'ai  déjà 
fornmlées  antérieurement,  cest-à-dire  que  pour  réclamer  la 
priorité  d'un  nom  de  roche,  il  faut  en  avoir  donné  l'analyse 
chimique,   et   pour  celle  d'une   structure,   une   ligure. 

En  terminant,  je  me  permettrai  de  faire  observer  <|ue  la 
Commission  de  nomenclature»  des  roches  ferait  bien  d'aborder 
dès  à  présent  ou  prochainem<»nt  la  nomenclature  des  roches 
sédimentaires  et  métamorphiques   ainsi  que   leur  classification. 


M.  Doelter  adhère  en  grande  partie  aux  propositions  de 
M.  Iddings,  il  ajoute  qu'il  faut  discuter  sur  les  principes  généi^aux, 
mais   ne    pas   aborder   de    questions    de  détail. 

M.  Brbgger  ci*oit  qu'aucune  motion  acceptée  par  la  Commis- 
sion  ne   saurait  être   admise  par   les   pétrographes  :  le   nombre 
des  membres   présents   est   trop   faible,    et   d'ailleurs   il    n'existe 
pas   de   base   commune    de   discussion.    On   ne  peut    s'entendre 
encore  sur  les  questions   les  plus  primordiales,  c'est  ainsi  qu'il 
ne  donne  pas,  quant  à    lui,  au  nom  de  granité,  une   signification 
minéralogique,  comme   le   font  la   i)lupart   des   pétrographes,  il 
englobe  dans  ce  terme  non  seulement  le  granité  lui-même,  mais 
encore  toutes  les  roches  filoniennes  qui    l'accompagnent.   A  ses 
yeux,  le  terme  Néphélin-syénite  représente  une  famille  naturelle, 
comprenant  la  Néphélin-syénite  typique  et  tout  son    cortège  de 
filons   mélanocrales  et  leucocrates.    Tout  ce   que  la  conunission 
peut  faire,  c'est  de  demander  à  chacun  ce  qu'il  entend   par  les 
termes  qu'il  emploie;    il  faut  donc  :   i"  proposer  la  citation  du 
nom   d'auteur  à   coté  de  celui  des   roches  ;    a^  favoriser  de  son 
appui  un  lexique  pétrographique  international  dans  le  genre  de 


COBfMlSSlON   DE  PÉTROGRAPHIE  225 

celui  qu'a  écrit  M.  Lœwinson-Lessing  ;  3°  centraliser  entre  les 
mains  d'une  commission  internationale  les  nouvelles  descriptions 
de  roches  et  les  noms  nouveaux  qui  seront  ainsi  enregistrés. 

M,  Fouqué  s'associe  aux  trois  propositions  faites  par 
M.  Brôgger,  mais  demande  en  outre  que  la  description  de 
toute  roche  nouvelle  soit  accompagnée  d'une  figure  reproduisant 
sa  structure. 

M,  Duparc  croit,  lui  aussi,  que  Ton  ne  doit  chercher  qu'à 
fixer  les  traits  généraux  de  la  nomenclature  et  s'associe  aux 
vœux   exprimés. 

M.  Lœwinson-Lessing  ne  partage  pas  le  pessimisme  de 
M.  Brogger  et  croit  que  l'on  peut  s'entendre  sur  les  noms  des 
grands  groupes  de  roches.  11  insiste  sur  ce  que  la  nomenclature 
ne  doit  négliger  aucune  des  propriétés  des  roches  et  demande 
qu'une  analyse  chimique  soit  jointe  à  la  diagnose  de  toute  roche 
nouvelle. 

A  la  suite  d'une  discussion  à  laquelle  prennent  part  plusieurs 
membres,   les    deux    vœux   suivants   sont  votés  à  l'unanimité  : 

jer  Vœu,  —  Les  noms  d'auteur  devront  toujours  être 
indiqués  à  la  suite  des  noms  de  roches,  comme  cela  est 
d'usage  en  Zoologie  et  en   Botanique. 

2^  Vœu,  —  Il  X  a  lieu  de  proposer  au  Congrès  de  igoo 
de  nommer  une  Commission  internationale  chargée  de  publier 
les  noms  nouveaux  des  roches  avec  leur  description  aussi 
précise  que  possible,  avec  leur  analyse  chimique  et,  au  besoin, 
avec  un  dessin  reproduisant  leur  structure.  Cette  publication 
aurait  lieu  dans  le  volume  des  Comptes-rendus  des  Congrès 
internationaux, 

M,  Lœwinson-Lessing  veut  bien  se  charger  de  la  révision 
de  son  Lexique  pétrographique,  dont  une  traduction  française, 
faite  par  M.  Gh.  Barrois.  secrétaire  général  du  comité,  sera 
publiée  dans  le  volume  du  Congrès  de  i9oo.  Les  membres  de 
la  Commission  seront  priés  d'aider  M.  Lœwinson-Lessing  et 
M.  Charles  Barrois,  en  leur  fournissant  les  documents  complé- 
mentaires concernant  leur  pays  respectif. 

Une  discussion  s'engage  pour  savoir  si  l'on  doit  aller  plus 
loin  dans  l'étude  des  divers  systèmes  proposés  ;  Al.  Michel- 
Lévy  annonce  que  la  Commission  française  a  préparé  une  note 
contenant  des   propositions. 

M,  Brogger  insiste  à  nouveau  sur  ce  que  la  Commission 
de  nomenclature  ne  saurait  émettre  aucun  vote  tendant  à  une 


i:.. 


2a6  VUl^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

4 

réglementation.  Il  développe  l'importance  qu'il  attache  au 
point  de  vue  géologique  et  génétique  pour  la  nomenclature 
des  roches,  il  défend  en  outre  le  principe  des  noms  de  roches 
tirés  des  noms  de  localités,  comme  donnant  aux  auteurs  plus 
de  liberté  que  tout  autre. 

M.  LœwinsoTi'Lessing  combat  au  contraire  Teuiploi  des 
noms  de   localités. 

En  réponse  à  l'objection  faite  par  M.  Brôgger,  M,  Michel- 
Lévy  fait  remarquer  qu'il  ne  saurait  être  question  d'émettre 
autre  chose  que  des  vœux,  les  pétrographes  qui  y  adhérei'ont 
pi'ècheront  d'exemple  en  les  mettant  en  pratique  et  c'est  ainsi 
que   les   réformes  suggérées   pourront  devenir  pratiques. 

Le  Comité  décide  de  renvoyer  au  lendemain  la  suite  de  la 
discussion. 


Sur   la  nomenclature   pétrographique 
Par    M.   E.   de   FÉDOBOFF 

Une  nomenclature  bien  ordonnée  doit  satisfaire  à  deux 
conditions. 

Elle  doit  permettre  : 

!<"  De  caractériser  par  un  nom  bref  l'objet  étudié,  du  moins 
dans  ses  traits  principaux  ; 

2®  De  composer,  d'après  des  règles  fixes,  de  nouveaux 
noms  toutes  les  fois  qu'on  a  à  marquer  des  particularités 
neuves   et  essentielles,    constatées  par  l'observation. 

Dans  Tétat  actuel  de  la   pétrographie  il  ne  peut  être  ques- 
tion   d'élaborer    une    nomenclature    rationnelle,     donnant    la 
possibilité  de  déterminer  d'une    manière   commode  et  simple, 
les  variétés  d'une  roche  dont  la  différence  ne  réside  que  dans 
des  particularités   secondaires.    Mais  ce  qu'il    faut    dès    main- 
tenant,    c'est    définir     avec     toute    la    précision    possible    les 
caractères  propres  des  principaux  groupes  de  roches  et  de  se 
mettre    d'accord   sur    les   termes    à    appliquer   à    ces    groupes. 
Quant   aux  appellations  des  variétés  secondaires,  il   est  préfé- 
rable,  dans    l'intérêt    même    du    développement  régulier  de  la 
science,   d'en   laisser  le  choix   aux  auteurs.  Il  est  cependant  à 
désirer  qu'on   parvienne  à  s'entendre  sur  le  principe  à  suivre 
dans  la  création  de   nouveaux  noms.  A  notre  point  de  vue,  le 
mieux   serait  de  les  composer  de  manière  à  marquer  à  la  fois 


COMMISSION   DE   PETROGRAPHIE  227 

celui  des  groupes  principaux  établis  auquel  la  roche  appartient 
et  la  particularité  distinctive  qui  fait  de  la  roche  donnée  une 
espèce  à  part. 

Comme  argument  décisif  en  faveur  de  la  création  d'un 
nouveau  nom,  ne  devront  servir  que  des  particularités  de 
composition  qui  se  laissent  constater  dans  chaque  fragment  de 
la  roche  à  déterminer.  On  ne  peut  admettre  qu'un  nom  soit 
basé  sur  des  circonstances  inconstatables,  échappant  à  l'obser- 
vation directe  de  celui  qui  veut  déterminer  une  roche  dont  il 
ne  connaît  pas  la  provenance.  Lorsque,  par  exemple,  on  ne 
peut  distinguer  lesquels  des  fragments  d'un  même  type  de 
roche  proviennent  d'un  lîlon,  d'un  laccolithe  ou  d'un  épanche- 
uient,  on  devra  nécessaii'ement  les  considérer  tous  comme 
appartenant  à   une   seule  espèce  pétrographique. 

L'examen  des  roches  met  deux  catégories  de  faits  à  notre 
disposition  :  i)  la  composition  minéralogique,  2)  la  corrélation 
des   minéraux  constituants. 

S'il  est  relativement  facile  de  spécifier,  d'après  les  données 
de  la  seconde  catégorie,  les  principaux  groupes  pétrographiques, 
c'est-à-dire  d'attribuer  telle  ou  telle  roche  à  l'un  des  groupes 
sédimeutaire,  tuffique,  éruptif  ou  métamorphique,  il  n'en  est 
plus  de  même  quand  il  s'agit  de  qualifier  avec  précision  les 
différences  qui  séparent  les  roches  éruptives  des  roches  méta- 
morphiques. 

Par  rapport  aux  roches  métamorphiques,  les  spécialistes 
sont  aujourd'hui  d'accord  qu'il  incombe  avant  tout  à  la  science 
de  reconnaître  de  quelle  roche  ou  à  la  place  de  quelle  roche 
première  a  pu  se  former  une  roche  métamorphique  donnée. 
Avec  le  progrès  de  la  science,  la  solution  du  problème  ne 
manquera  certainement  pas  de  se  simplifier  ;  en  même  temps, 
l'indication  de  ces  roches  sur  les  cartes  mettra  en  lumière 
les  rapports  qu'elles  offrent  avec  d'autres  groupes  définis  de 
roches.  Mais  avant  d'en  être  arrivé  là,  il  faudra  naturellement 
se  contenter  du  procédé  généralement  employé,  de  distinguer 
les  roches  métamorphiques  d'après  leur  composition  minéralo- 
gique, procédé  qui  ne  présente  guère  de  difficultés  pour  les 
pétrographes. 

Seules  les  roches  dynamométamorphiques  (pseudoschistes, 
pseudoporphyroïdes,  schistes  pseudofelsitiques),  si  largement 
étudiées  dans  l'Oural,  font  désirer  qu'on  se  mette  dès  main- 
tenant d'accord  sur  leiu's   noms   et  que   l'on   fixe  les  épithètes 


228  VUl'    CONGRÈS    GEOLOGIQUE 

par  lesquelles  on  devra  désigner  les   roches  primaires  qui  leur 
ont   donné  naissance. 

I.a  complication  de  la  nomenclature  résulte  essentiellemeut 
des  ternies  à  assigner  aux   roches  éruptives. 

Heureusement  nous  connaissons,  pour  ces  roches  aussi, 
plusieurs  groupes  fondamentaux  nettement  délimités,  se  distin- 
guant les  uns  des  autres  par  les  relations  structurales  des 
minéraux  constituants.  Cette  distinction  peut  être  prise  pour 
base  de  la  classilication  :  autant  de  stades  ou  temps  qu*il  a 
fallu  à  une  roche  éruptive  pour  se  former^  autant  on  peut  y 
distinguer  de  générations  de  minéraux. 

Ce  principe   permet  d'établir   trois  types  de  structure  : 

I).  La  structure  grenue,  —  Les  minéraux  essentiels  se 
sont  formés   durant  une   seule  période  de   temps  ; 

2).  La  structure  porphyrique,  —  La  roche  laisse  voir 
deux  stades  de  formation  nettement  accusés  ;  ordinaii*ement 
les  conditions  dans  lesquelles  la  cristallisation  s'est  opérée  ont 
été  moins  favorables  pendant  la  seconde  période  que  pendant 
la  première  : 

3).  La  structure  vitrophyrique.  —  Outre  les  minéraux  de 
première  et  de  seconde  génération,  la  roche  montre  nettement 
un  reste  de  magma  non  individualisé,  rapidement  consolidé 
sous  forme  de  verre.  Cette  portion  non  individualisée  du 
magma   représente   la  génération   du   troisième  temps. 

Le  développement  relatif,  en  général  très  variable  dans  les 
diverses  roches  éruptives,  de  chacune  de  ces  trois  générations 
peut  aller  jusqu'à  la  disparition  complète  d'une  des  deux 
autres  et  même  des  deux  à  la  fois.  Toutefois,  si  la  seconde 
génération  est  présente,  les  moindres  traces  de  la  premièi'Ct 
quelque  minimes  quelles  soient,  excluent  la  possibilité  de 
confondre  la  seconde  génération  avec  la  première.  Pareillemeùt. 
la  présence  du  magma  vitreux  suilit  pour  attester  trois  stades 
de  formation. 

l^s  roches  des  types  intermédiaires  compliquent  Tapplica- 
tion.  mais  n'anéantissent  pas  la  clarté  de  ce  principe  de 
classification. 

Notre  définition  des  types  fondamentaux  de  structure 
diffère  de  celle  qui  est  acceptée  par  beaucoup  de  pétrogra- 
plies.  Uosenbusch,  par  exemple,  juge  absolument  nécessaire 
que  la  génération  du  second  temps  renferme  au  moins  un 
seul    des    minéraux    de   la   première   génération.   L'inexactitude 


COMMISSION   DE  PÉTROGRAPHIE  239 

de  cette  définition  de  la  structure  porphyrique  est  manifeste. 
En  effet,  s'il  est  vrai  que,  dans  la  plupart  des  cas,  on  trouve 
parmi  les  minéraux  de  première  et  de  seconde  génération 
certains  individus  qui  appartiennent  à  un  même  groupe,  cela 
ne  veut  pas  dire,  comme  il  résulte  de  Tidée  fondamentale  de 
Roscnbusch,  qu'il  y  ait  identité  complète  entre  ces  miné- 
raux du  second  et  du  premier  temps  de  consolidation.  Et 
d'ailleurs,  puisqu'on  compare  les  minéraux  à  des  véritables 
générations,  pourquoi  seraient-ce  seulement  quelques-uns  et 
non  tous,  du  moins  les  plus  essentiels,  qui  seraient  identiques  ? 
Cependant,  en  réalité,  ce  n'est  jamais  le  cas,  pour  des  raisons 
faciles  à  concevoir.  La  cristallisation  des  minéraux  de  la 
première  génération  a  eu  lieu  par  suite  de  la  sursaturation  du 
magma  (considéré  comme  solution).  Au  fur  et  à  mesure  que 
la  cristallisation  s'est  produite,  la  composition  du  magma  a 
éprouvé  des  modifications,  d*oii  il  suit  que  tous  les  minéraux 
formés  plus  tard  doivent  sensiblement  différer  des  minéraux 
de   formation   antérieure. 

La  différence  entre  la  composition  des  cristaux  feldspa- 
thiques  et  les  feldspaths  de  deuxième  génération  est  un  fait 
connu  de  tous  les  spécialistes.  Les  exemples  de  ce  phénomène 
sont  fréquents.  Rosenbusch  lui-même,  dans  son  manuel  «  Ele- 
mente  der  Gesteinslehre  »  (paru  en  1898),  constate  le  fait 
sur  d'autres  minéraux.  Ainsi,  à  la  page  55,  il  donne  comme 
preuve  de  l'accroissement,  pendant  la  seconde  période  de 
consolidation,  des  cristaux  de  pyroxène  de  première  génération 
la  circonstance  que  les  parties  extérieures  (accroissement), 
diffèrent  notablement  des  parties  intérieures,  tout  en  étant 
exactement  pareilles  aux   pyroxènes  de   seconde   génération. 

Il  serait  facile  de  citer  toute  une  série  d'exemples  à  l'appui 
de  la  différence  manifeste  qui  s'observe  entre  les  minéraux  de 
la  première  et  de  la  seconde  génération.  Nombreux  aussi  sont 
les  exemples  de  l'absence  presque  totale  de  minéraux  communs 
aux  deux  stades  et  appartenant  au  même  groupe.  Nous  nous 
bornerons  à  dire  ici  que  l'exemple  le  plus  instructif  de  la 
différence  minéralogique  dans  les  deux  premières  générations 
nous  est  offert  par  les  roches  drusiques,  trop  négligées  jus- 
qu'à ces  derniers  temps  et  auxquelles  nous  reviendrons  plus 
loin. 

En  outre,  la  définition  de  Rosenbusch  est  en  contradiction 
évidente  avec  la  subdivision  qu'il  fait  des  roches  porphyriqu(»s 


23o  VIII''   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

en  porphyriques  holocristallines  et  vitro-porphyriques.  Il  est 
clair  que  dans  ces  dernières  on  ne  peut  admettre  aucune 
identité  minera  logique  entre  les  minéraux  de  la  première  géné- 
ration et  le  magma  vitrifié  qui  représente  la  troisième  géné- 
ration. 

Ce  qui  est  essentiel,  selon  nous,  c'est  que  la  présence  de 
la  stinicture  porphyrique  permet  toujours  de  conclure  du 
nombi'c  des  périodes  pendant  lesquelles  la  roche  s'est  formée: 
la  question  de  savoir  si  la  seconde  génération  renferme  ou 
non  des  minéraux  du  même  groupe  est  d'un  ordre  tout  à 
fait   secondaire. 

Les  considérations  suivantes  montreront  l'importance  énorme 
du  rôle  que  les  stades  consécutifs  jouent  dans  la  composition 
minéralogique   des   roches  éruptives. 

Après  la  formation  des  cristaux  porphyriques  dans  un  magma 
sursaturé,  et  tant  que  la  majeure  partie  du  magma  était  encore  à 
Tétat  liquide  et  susceptible  de  se  mouvoir,  un  magma  de  compo- 
sition différente  pouvait  venir  se  mêler  au  premier.  En  ce  cas,  la 
formation  dans  cette  masse  saturée  une  deuxième  fois,  des  miné- 
raux de  la  seconde  génération  était  évidemment  une  fonction  de  la 
composition  du  magma  mixte  et  ne  dépendait  point  ou  presque 
point  des  minéraux  du  premier  temps.  Le  mélange  de  magmas 
différents  est  un  fait  qui  n'est  pas  inconnu  des  pétrographes.  On 
trouve  dans  la  littérature  scientifique  des  exemples  très  concluants 
de  cas  où  les  minéraux  de  la  première  génération  ne  correspondent 
pas  à  la  composition  du  magma  qui  est  indiquée  par  les  minéraux 
de  la  seconde  génération. 

Lorsque  les  minéraux  de  la  première  génération  sont  d'un  poids 
sensiblement  plus  élevé  que  le  reste  du  magma,  ils  s'assemblent. 
e*i  vertu  de  leur  pesanteur,  en  amas  locaux  plus  ou  moins  considé- 
rables, parfois  en  couches  continues  ;  c'est  encore  la  un  fait 
fréquemment  observé  par  les  pétrographes.  Les  amas  de  pyrite, 
de  cuivre  pyriteux,  de  pyrite  magnétique,  de  fer  magnétique 
et  titanique  dans  les  roches  de  l'Oural  septentrional  sont  des 
exemples  de  ce  phénomène.  Lorsque  le  magma  n'a  jamais  atteint 
la  surface  de  la  terre  et  que  son  mouvement  a  été  faible,  les 
difféi'cnces  locales  de  la  composition  chimique  des  roches 
auxquelles  ce  magma  a  donné  naissance  sont  si  considérables 
qu'elles  dépassent  de  plusieurs  fois  les  différences  jugées  suili- 
santes  pour  classer  les  roches  dans  tel  ou  tel  type.  L'auteur 
de   la  présente  note  a  signalé   une  série  d'exemples   de   ce  fait 


COMMISSION   DE  PÉTROGRAPHIE  a3l 

dans  un  article  intitulé  :  «  Sur  un  nouveau  groupe  de  roches 
éruptives  (i)  ».  Ainsi,  les  laccolithes  développés  dans  le  gneiss 
au  bord  sud  de  la  baie  de  Kandalak  (Mer  blanche)  offrent  à  des 
intervalles  très  rapprochés  les  variétés  les  plus  hétérogènes,  les 
unes  formées  presque  exclusivement  d'olivine,  les  autres  d'ens- 
tatite,  d'augite  ou  de  plagioclase.  Parfois  même  un  seul  fragment 
de  la  roche  montre  des  différences  très  sensibles.  C'est  surtout  un 
cas  fréquent  pour  les  roches  augito-grenatifères  de  l'arrondisse- 
ment minier  de  Bogoslovsk,  dans  lesquelles  les  deux  minéraux 
essentiels  diffèrent  notablement  Tun  de  Tautre  par  leur  poids 
spécifique.  Comme  on  a  pu  le  constater  dans  les  mines  de 
cuivre,  Taugite*  de  formation  antérieure,  s'est  le  plus  souvent 
soulevée   et  accumulée  dans  les  salbandes. 

Les  roches  qui  constituent  les  laccolithes  de  la  baie  de 
Kandalak  ne  peuvent  être  rapportées  ni  au  type  des  roches  grenues, 
car  elles  laissent  nettement  apercevoir  des  périodes  dans  la 
formation  des  générations  minérales  ;  ni  au  type  des  roches 
porphyriques,  car  on  y  observe  non  deux,  mais  une  série 
de  générations  se  succédant  toujours  dans  Tordre  suivant  : 
i)  olivine,  2)  enstatite  passant  à  3)  Thyperstène  (l'hyperstène 
s'étant  formé  bientôt  après  Tenstatite,  ces  deux  minéraux 
peuvent  être  considérés  comme  appartenant  à  une  seule  période  ; 
4)  biotite  (peu  développée)  ;  5)  augite  (titanifère)  ;  6)  grenat, 
remplacé  partiellement  par  de  Tamphibole  verte,  de  forma- 
tion simultanée  ;  7)  plagioclase.  remplissant  les  intervalles. 
Enfin  ces  roches-drusites  se  distinguent  encore  des  roches 
porphyriques  en  ce  que  les  générations  postérieures  y  sont 
cristallisées  d'une  façon  aussi  nette  que  les  générations  précé- 
dentes ;  la  dernière  génération,  le  plagioclase,  présente  même 
généralement  les  cristaux  les  plus  gros  et  les  plus  parfaits 
(quoique  souvent  remplis  dlnclusions  de  restes  du  magma  et 
alors   de   couleur  brune). 

Ce  groupe  relativement  rare  nous  fournit  donc  l'exemple 
d'un  type  structural  à  part,  indépendant.  Cette  structure, 
appelée  drusitique  d'après  le  nom  de  la  roche  qui  en  donne 
le  type,  a  reçu  pour  symbole  le  signe  A.  A  ce  groupe  appar- 
tiennent les  roches  augito-grenatifères  de  l'arrondissement 
minier  de  Bogoslovsk,  du  district  minier  de  l'Altaï,  de  la 
région  de  l'Oussouri  (golfe  Saint-Olga),   les  roches  métallifères 

(!)  Bulletins  de  l'Institut  dY'conomie  rurale  de  Moscou.  1896,  n*  I.  (En  russe). 


2^3  YUl"  CONGRÈS  câOLOGIQUB 

de    Pitkaranta    et    d'un    grand    nombre    des    gisements    de  la 
Norwège   et  de  Bakat. 

En  résumé,  Tensemble  des  faits  connus  jusqu'ici  permet 
d'établir  d'après  les  quatre  principaux  types  de  structure,  quatre 
groupes  de  roches  éruptives  :  grenues,  porphyriques,  vitro- 
phyriques,   drusitiques. 

Pour  ce  qui  est  des  subdivisions  ultérieures,  nous  nous 
permettons  d'attirer  l'attention  sur  les  considérations  suivantes. 

Si  Ton  voulait  prendre  la  composition  chimique  pour  base 
de  la  classification  des  roches  éruptives,  on  serait  obligé  de 
séparer  d'une  façon  tranchée  des  roches  dont  l'ensemble 
constitu«>  une  masse  d'origine  unique  et  simultanée,  mais  qui, 
sans  être  des  roches  de  contact,  montrent  des  difféi-ences  très 
nettes  de  composition  à  de  très  petites  distances,  parfois 
dans  un  seul  et  même  morceau  (il  va  sans  dire  qu'on  peut 
et  qu'on  doit  faire  une  distinction  entre  les  parties  extérieures 
modifiées  par  le  contact  et  les  parties  intérieures  d'une 
roche). 

Autre  chose,  si  l'on  prend  la  composition  minéralogique 
comme  point  de  départ.  En  effet,  quelque  différente  que  soit 
la  composition  des  laccolithes  drusiti(pies  en  divei*s  points,  les 
minéraux  caractérisant  les  drusites  se  retrouvent  presque  dans 
chaque  fragment.  Ainsi,  la  variété  à  olivine  presque  pure  accuse, 
au  microscope,  de  petits  interstices  remplis  d'enstatite  et  de 
plagioclasc.  Des  faits  analogues  se  laissent  constater  non 
seulement  pour  les  autres  variétés  de  ce  groupe  de  roches, 
mais  en  général  et  dans  une  mesure  tout  aussi  large,  pour  les 
roches   des  autres  types  structuraux. 

Mais  le  facteur  qui  présente  le  plus  d'importance  dans  la 
subdivision  des  roches,  ce  sont  les  particularités  de  chaque 
type  de   structure,  autrement  dit  la  texture. 

Grâce  à  l'étude  détaillée  des  drusites  et  à  réclaircissement 
des  principales  lois  qui  ont  gouverné  leur  formation,  toutes 
les  variétés  de  ces  roches  se  laissent  sans  dilliculté  classer 
d'après  les  règles  d'une  classification  rationnelle  et  peuvent  être 
désignées,    comme    dans    le   travail  précité,   par  des   symboles. 

Si  on  réussit  à  découvrir  des  lois  analogues  pour  les  autres 
groupes  naturels  des  roches,  la  nomenclature  rationnelle  sera 
assurée  et  on  n'aura  plus  besoin  de  recourir  à  des  noms 
de    localités. 

(^uc)i   <|u*il   ru  soit,   les  noms   doivent  en   pi^emier  lieu  être 


COlfMISSION  DE  PÉTROGRAPHIE  233 

basés  sur  les  types  fondamentaux  de  structui'e.  En  suivant  ce 
principe,  on  pourra  classer  les  roches  en  granités,  por- 
phyres, vitrophyres,  drusites,  ou  pour  abréger,  en  granes,  phyres 
(abréviation  déjà  employée),  vitres,  druses.  Il  y  aurait  avan- 
tage aussi  à  trouver  des  abréviations  pour  les  principaux 
groupes  des  minéraux  caractéristiques,  ainsi  que  pour  les  modes 
de  texture  (globulaire,  aplitique,  panidiomorphe,  granophy- 
rique,  microfelsitique,  etc.)  qui  permettent  d'établir  des  groupes 
plus  étroits.  Ce  serait  aller  trop  loin  que  de  vouloir  formuler 
à  ce  sujet  des  propositions  détaillées  dont  l'élaboration  ne 
peut  appartenir  qu'à  une  Commission  nommée  par  le  Congrès 
international.  Mais  il  est  nécessaire  d'insister  pour  que  les  noms 
des  roches  soient  composés  de  manière  à  exprimer  :  i»  au 
premier  plan,  le  type  de  structure  (il  serait  à  désirer  que  les 
accessoires  comme  a  à  gros  grain  »,  «  à  grain  fin  »,  etc., 
fussent  remplacées  par  des  terminaisons  équivalentes  ;  2°  au 
second  plan,  la  texture  de  la  roche  donnée,  si  toutefois  elle 
en  est  caractéristique  ;  S®  au  troisième  plan,  les  minéraux 
caractéristiques.  Il  est  en  outre  désirable  qu'on  fixe  des  règles 
précises   pour  marquer  les  types  de   structure   intermédiaire. 

Voici  les  raisons  qui  s'opposent  à  l'adoption  de  la  compo- 
sition chimique  comme  base  de  la  classification  pétrographique  : 

La  composition  chimique  est  souvent  inconstante,  du  moins 
en  de  certains  cas,  et  loin  ^d'être  toujours  étroitement  alliée 
à  la  composition  minéralogique.  De  plus,  les  changements 
secondaires  que  les  roches  ont  subis  postérieurement  à  leur 
formation  ont  parfois  très  sensiblement  réagi  sur  leur  compo- 
sition chimique.  Ce  sont  là  des  inconvénients  étrangers  à  la 
caractéristique  minérale  et  structurale,  applicable  sans  grandes 
difficultés  à  toutes  les  roches,  même  à  celles  qui  ont  subi  de 
fortes  modifications  secondaires.  La  caractéristique  chimique 
entre  dans  le  domaine  de  la  minéralogie  ;  or,  les  éléments 
constituant  les  roches  sont  des  minéraux,  et  non  des  atomes 
chimiques. 

Enfin,  au  point  de  vue  de  l'utilité  pratique,  la  caracté- 
ristique chimique  est  très  peu  commode.  Une  analyse  chimique 
complète  ne  pouvant  être  opérée  que  dans  des  conditions 
exceptionneUes,  pour  résoudre  des  questions  scientifiques 
spéciales,  il  s'en  faut  de  beaucoup  que  ce  procédé  long  et 
minutieux  offre  un  moyen  relativement  simple,  toujours  à  la 
portée,   dans  la  détermination   des  roches. 


a34  Vlir   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

On  ne  peut  guère  espérer  qu'on  arrive  bientôt  à  s'entendre 
dans  les  questions  de  nomenclature  ;  qu'on  se  rappelle  seu- 
lement la  lenteur  extrême  avec  laquelle  se  répandent,  dans 
la  littérature,  les  termes  de  la  nouvelle  cristallographie  théo- 
rique, qui  est  cependant  basée  sur  des  principes  rigoureusement 
mathématiques,  qu'il  suflît  d'étudier  pour  en  accepter  les  termes. 
Néanmoins,  les  pétrographes  ne  peuvent  se  passer  de  noms 
pour  indiquer  les   roches   sur   les  cartes. 

Il  faut  donc  les  créer,  ces  noms,  ne  fussent-ils  que  pro- 
visoires. Plus  tard,  quand  on  aura  mieux  approfondi  les 
rapports  entre  la  composition  des  magmas  et  la  caractéristique 
des  roches  éruptives,  on  pourra  les  modifier  conformément 
à  la   valeur  décisive   de  ces   relations. 

Le  levé  géologique  du  district  minier  de  Bogoslovsk,  nous 
ayant  fourni  des  matériaux  exclusivement  abondants  pour 
établir  les  rapports  dont  nous  parlons,  nous  nous  permettrons 
de  dii*e  quelques  mots  sur  les  termes  auxquels  nous  a  conduit 
notre   étude   des   roches   de  la   région. 

Parmi  les  roches  du  district,  il  en  est  plusieurs  que  les 
termes  pétrographiques  usuels  déterminent  assez  exactement  ; 
telles  sont  la  diabase,  la  porphyrite  à  diabase,  la  vitrophv- 
rite,  quelques  variétés  de  granité  amphibolique  (granitite).  le 
gabbro  et  ses  variétés  à  olivine  et  hypei'sthène,  la  diallagite, 
etc.  Cependant,  des  roches  aussi  caractéristiques  que  celles 
que  nous  venons  de  nommer,  renferment  déjà  des  variétés 
sortant  du  cadre  des  termes  généralement  acceptés,  comme  le 
gabbro  anorthitique,  sensiblement  différent  du  gabbro  normal,  à 
plagioclase  moins  basique.  Dans  d'autres  variétés,  le  diallage 
est  presque  totalement  remplacé  par  Tolivine  ou  l'hypers- 
thène  ;  d'autres  encore  consistent  presque  uniquement  en  pla- 
gioclase (très  basique).  Il  aurait  été  étrange  d'inventer  pour 
ces  variétés,  intimement  liées  aux  autres  variétés  des  gabbros. 
des  noms  à  part  qui  n'auraient  fait  qu'obscurcir  leur  liaison 
avec  la  masse  principale  des  roches.  Dans  ce  cas,  au  contraire, 
les  expressions  accessoires  définissant  les  particularités  rainé- 
ralogiques,   étaient  parfaitement  à   leur  place. 

Los  roches  augito-grenatifères  ont  été  mentionnées  plus  haut 

Pour    ce    qui    est    des    roches    plus  acides,    il  est  difficile. 

sinon    impossible,    de    trouver    dans   la   littérature  des  tenues 

convenables  embrassant  toutes  les  particularités   qui  leur  sont 

propres.  Sous  ce  rapport  la  série  des  porphyres  feldspathic|ues 


COMMISSION   DE   PÉTROGRAPHIE  335 

lormanx  est  surtout  remarquable.  Le  membre  extrême  de  la 
iérie,  Valbitophyre^  correspond  parfaitement  au  sens  que  Michel- 
Lévy  a  donné  à  ce  nom.  C'est  une  roche  très  répandue  dans 
es  limites  du  district  de  Bogoslovsk.  Les  cristaux  qui  la  carac- 
lérisent  sont  Talbite  ou  les  membres  voisins  les  plus  acides 
le  la  série  des  plagioclases.  Quelquefois  vient  s'y  adjoindre 
lu  quarz,  comme  dans  les  porphyres  quarzeux  typiques  :  on 
1  alors  V alhitophj're  quarzeux.  Il  est  très  rare  qu  on  y  trouve 
Tautres  cristaux,  la  pâte  n'étant  presque  toujours  composée  que 
le  quarz  et  de  feldspath  :  l'analyse  microchimique  révèle  la 
présence  de  feldspath  potassique.  La  circonstance  que  Talbite 
ipparalt  presque  toujours  sous  forme  de  macles  simples  ou 
le  cristaux  isolés,  et  que  la  pâte  contient  une  quantité  notable 
30ur  cent  de  potasse  peut  facilement  faire  confondre  la  roche 
ivec  le  porphyre  à  orthose  (orthopliyre).  En  réalité,  comme 
/ont  prouvé  de  nombreuses  analyses  optiques,  Torthose  y  fait 
întièrement  défaut.  En  outre,  les  analyses  ont  démontré  que 
es  cristaux  s'éloignent  rarement  d'une  manière  sensible  de  la 
composition  de   Talbitc  pure. 

A  cette  roche  correspond  (géologiquement,  mais  non  chiini- 
juement)  une  variété  grenue,  identique  ou  du  moins  présentant 
Deaucoup  d'analogie  avec  la  Nordmarkite  de  Brôgger.  Elle  est 
Dresque  exclusivement  formée  de  microperthite  et  de  quarz. 
Le  feldspath  potassique,  qui  a  cristallisé  le  tout  dernier, 
'orme  par  places  avec  le  quarz,  des  agrégats  micropegmati- 
jues.  Cette  roche  a  été  indiquée  sur  la  carte  sous  le  nom  de 
franite  perthitique  (avec  transition  à  des  variétés  sans  quarz). 

L'oligoclasophyre,  roche  rare  dans  la  région,  se  distingue 
par  rinconstance  remarquable  de  sa  composition  minéralogique. 
C'est  une  véritable  roche  de  transition  reliant  l'albitophyre  à 
in  groupe  d'andésinophyres  typiques,  représentés  en  abondance. 

Déjà  dans  les  oligoclasophyres.  on  observe  parmi  les  cristaux, 
plus  souvent  dans  la  pâte,  des  minéraux  ferro-magnésiens, 
mrtout  l'augite  (ou  les  produits  résultant  de  sa  décomposition). 
Dans  les  andésinophyres,  la  présence  de  ces  minéraux  est  assez 
constante  ;  plus  fréquemment  encore  on  y  constate  Tamphi- 
3ole  verte  (actinolite)  ou  même  à  la  fois  l'amphibole  et  l'augite. 

Les  andésinophyres,  dans  lesquels  ces  minéraux  jouent 
:oujours  un  rôle  d'éléments  accessoires,  sont  suivis  d'une  série 
les  roches  de  transition  qui  renferment  l'augite  et  surtout 
'amphibole,  en  proportions  de  plus  en  plus  considérables.    Ce 


Il36  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

sont  des  andésinoph)'res  augiiiques  et  amphiboliques  ;  les 
derniers  sont  plus  fréquents  que  les  premiers.  L'andésinophyre 
augitique  offre  des  passages  à  une  porphy^rite  à  diabase, 
caractéristique  par  la  composition  très  constante  du  plagioclase, 
notamment  du  labrador.  La  porphyrite  à  diabase  passe  à  des 
variétés  sans  cristaux  d'augite,  mais  contenant  beaucoup  d'au- 
gitc  dans  la  pâte  —  porphy rites  à  labrador  —  et  à  d'autres 
ne  renfermant  que  de  Taugite,  sans  cristaux  dé  labrador  — 
porpliyrites  augitiques.  La  porphyrite  à  diabase  elle-même  est 
d'une  netteté  typique  remarquable,  ainsi  que  sa  variété  grenue, 
la  diabase.  En  même  temps  c'est  une  des  roches  éruptives 
les  plus  développées  du  district  de  Bogoslovsk. 

Cédant  à  la  tradition  pétrographique,  nous  avons  conservé 
à  ces  roches  leurs  noms  courants.  Il  aurait  cependant  été  plus 
raisonnable  de  ne  pas  faire  usage  du  terme  porph}^rite,  mais 
d'employer  les  dénominations  plus  rationnelles  de  labradoro- 
phyre,  labradorophyre  augitique  y  augitoph}'re.  Le  terme 
((  porphyrite  »  rappelle  la  période  de  notre  science  où  Ton 
voyait  la  différence  la  plus  substantielle  entre  les  propriétés 
spéciales  des  divers  groupes  de  roches  dans  la  composition  de 
l'élément  feldspathique,  c'est-à-dire  où  il  suffisait  de  savoir  si 
cet  élément  était  du  plagioclase  ou  du  feldspath  potassique, 
sans  se  rendre  aucunement  compte  de  Tespèce  de  plagioclase. 
Ce  point  de  vue,  nous  n'avons  pas  besoin  de  le  dire,  est 
aujourd'hui  loin  de  correspondre  aux  progrès  atteints  depuis, 
grâce  à  des  études  plus  étendues  et  à  la  détermination  plus 
exacte  des   minéraux. 

Les  variétés  compactes  de  ces  roches  auraient  mieux  été 
appelées  diabasites  (nom  proposé  par   M.   Polénow). 

En  quelques  rares  points  du  district,  on  trouve  des  roches 
porphyriques  à  amphibole  plus  basiques  que  les  andésinophyres 
amphiboliques.  Le  plus  souvent,  elles  contiennent  de  l'amphi- 
bole barkevicitique  et  du  labrador.  Nous  les  avons  marquées 
dans  la  carte»  sous  le  nom  de  porphy^rite  dioritique.  Nous 
devons  toutefois  avou(»r  que  nous  doutons  qu'actuellement  les 
noms  do  diorite  et  de  porph}'rite  dioritique  aient  un  sens 
rigoureusement  défini.  11  serait  important  d'établir  la  valeur 
exacte  de  ces  termes. 

Les  variétés  grenues  qui  correspondent  aux  andésinophyres 
amphiboliques  ont  été  étudiées  d'une  manière  particulièrement 
détaillée.  La  terminologie  actuelle  leur  assigne  une  place  entre 


COMMISSION   DE   PÉTROGRAPHIE  tQtJ 

les  granités  amphiboliques  et  les  diorites  quarzeuses.  Elles 
sont  remarquables  par  T inconstance  de  leur  composition, 
surtout  relativement  à  la  teneur  en  orthose.  Certaines  variétés 
abondent  en  feldspath  potassique  qui  est  presque  exclusi- 
vement de  la  micix)perthite.  La  circonstance  que  Torlhose  y 
enveloppe  parfois  les  grains  de  plagioclase  acide  prouve  qu'il 
a  été  le  dernier  produit  de  la  cristallisation.  En  d'autres 
variétés,  le  feldspath  potassique  fait  entièrement  défaut.  De 
nombreuses  analyses  ont  permis  de  déterminer  les  relations 
entre  la  teneur  pour  cent  en  amphibole  verte  et  le  degré  de 
basicité  du  plagioclase  qui  varie  ordinairement  de  Tandésine 
jusqu'^  Toligoclase. 

11  aurait  été  rationnel  d'appeler  les  diverses  variétés  dissé- 
minées dans  rénorme  masse  de  ces  roches  par  des  noms 
différents,  tels  que  granité  (amphibolique),  diorite  (quarzeuse), 
etc.  ;  en  effet,  nous  aurions  aussi  séparé  artificiellement  ce  que 
la  nature  a  réuni  en  une  formation  unique.  Nous  avons  donc 
rassemblé  toutes  les  variétés  par  le  seul  nom  de  granité 
amphibolique  et  nous  nous  sommes  servi,  pour  les  nuancer, 
des  expressions  accessoires  :  à  amphibole  et  andésine,  à  amphi- 
bole et  oligoclase,  à  amphibole  et  perthite,   etc. 

En  dehors  des  roches  porphyriques  normales  qui  montrent 
la  corrélation  entre  la  composition  des  cristaux  et  celle  de  la 
pâte  fondamentale,  on  rencontre  des  espèces  de  roches  dans 
lesquelles  cette  corrélation  est  dérangée  d'une  manière  très 
apparente.  Une  autre  anomalie  est  la  résorption  de  miné)*aux 
antérieurement  formés,  autrement  dit  de  la  partie  déjà  cristal- 
lisée de  la  matière  saturée  du  magma.  Par  exemple,  dans  les 
andésinophyres  quarzo-amphiboliques,  les  cristaux  de  quarz  ont 
été  redissous  quand  la  pâte  fondamentale  montre  une  compo- 
sition anormale  ;  Taugite  a  été  redissoute,  cas  plus  rare,  lorsque 
la  composition  acide  du  magma   est  anormale. 

De  plus,  on  rencontre  dans  le  district  des  roches  étranges, 
dont  la  structure  et  la  composition  font  croire  que  partielle- 
ment elles  ont  passé  par  un  second  stade  de  fluidité,  etc. 

H  est  douteux  que  pour  de  pareilles  roches,  on  puisse 
établir  des  règles  de  nomenclature  rigoureusement  définies. 
D'ailleurs,  comme  les  roches  anormales  sont  très  rares  dans  la 
nature  et  qu'elles  occupent  toujours  des  étendues  trop  petites 
pour  pouvoir  être  marquées  même  sur  les  cartes  géologiques 
les    plus    détaillées,     c'est    une    question     d'importance    tout   à 


338  VUl*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

fait  secondaire.  Néanmoins,  nous  nous  joignons  à  la  plupart 
des  pétrographes  russes  (MM.  Lœwinson-Lessing  et  Polénow 
ont  abordé  le  sujet  dans  diverses  publications)  pour  émettre  le 
vœu  que  même  les  anomalies  parmi  les  roches  ne  soient  plus 
appelées  d'après  les  localités  où  elles  ont  été  découvertes,  mais 
qu*en  créant  de  nouveaux  noms,  on  tienne  en  premier  "lieu  compte 
de  la  composition  pétrogi*aphique  et  qu'en  cas  de  nécessité  on 
se  serve  de   racines  grecques. 

Si  nous  avons  cru  nécessaire  d'énoncer  notre  point  de  vue  sur 
la  nomenclature  pétrographique,  c'est  que  Tétude  des  matériaux 
extraordinairement    riches    nous    a    conduit    à    faire    l'épreuve 
des  procédés  les  plus  récents  de  l'analyse  optique,  procédés  qui 
nous    ont    singulièrement    facilité    et  accéléré   la  détermination 
d'un  très  grand  nombre  de   roches.  Il  suilit  de  dire  ici  que  le 
Musée    des    mines    de   Tourinsk    possède    aujourd'hui    plus   de 
lo.ooo  plaques   microscopiques,  que   nous    avons    fait   près  de 
3oo    analyses    optiques    détaillées    et    autant    de  déterminatioos 
exactes  de  minéraux,  et  que  parallèlement  nous  avons  exécuté 
plusieurs  dizaines  d'analyses  chimiques.  De  plus,  l'étude  systé- 
matique  et  rigoureusement   scientifique   des   matériaux  nous  a 
rendu    possible   de  tirer  des  déductions  exactes   par  rapport  à 
la  question  très  compliquée  de  l'origine  de  plusieurs  gisements 
de   minerais. 

Séance  du  26  Octobre 

Présidence  de  M,  Michel- Léii}' ,  Tous  les  membres  qui  ont 
assisté  à  la  séance   du  a5   octobre  sont  présents. 

M,  Michel-Léiiy  résume  les  travaux  de  la  veille  et  propose 
de  prendre  comme  base  de  discussion  ultérieure  les  vœux  de 
la   commission   russe.   Cette  proposition  est  adoptée. 

M.  Karpinsk}^  demande  à  faire  quelques  observations  sur 
la  discussion  de  la  veille  et  donne  lecture  du  rapport  suivant  : 

Notice   présentée  a  la  Commission  de  nomenclature  des  rocheS} 

RÉUNIE     en     séance,     A     PaRIS,     LE    26    OCTOBRE     1899 

Par  M.    A.   KARPINSKY 

1)  Chaque  classification  d'objets  doit  être  basée  sur  rensemble 
de  leurs  caractères  ou  bien  sur    les    caractères  avec  lesquels 


COMMISSION   DB   PÉTROGHAPHIB  q3q 

tous  les  autres  sont  en  un  rapport  déterminé  et  qui  permettent 
de  définir  exactement  l'objet  en  question. 

Ainsi ,  par  exemple ,  la  classification  des  minéraux  peut 
être  basée  sur  leur  composition  chimique  et  leurs  caractères 
cristallographiques  ,  car  il  n'existe  pas  de  minéraux  apparte- 
nant à  des  espèces  difTérentes,  dans  lesquels  ces  caractères 
soient  identiques.  L'observation  directe  montre  que  des  diffé- 
rences entre  les  minéraux ,  sans  dépendance  aucune  de  la 
composition  chimique  et  des  propriétés  cristallographiques , 
n'ont  point  de  valeur  scientifique  pour  certains  minéraux  (par 
exemple,  la   couleur,   le   degré  de   limpidité,    etc.). 

Certaines  différences  dans  le  mode  de  formation  peuvent 
nous  paraître  théoriquement  d'une  grande  importance;  néan- 
moins, lorsqu'il  est  possible  d'établir  l'identité  des  matières 
minérales,  la  différence  des  conditions  génétiques  ne  doit  pas 
nous  porter  à  considérer  ces  matières  comme  essentiellement 
différentes.  Au  contraire,  il  sera  logiquement  juste  de  conclure 
qu'une  même  matière  peut  être  due  à  divers  modes  de  forma- 
tion, en  d'autres  termes,  que  de  semblables  différences  géné- 
tiques  n'ont  pas  en  pareil   cas  de  valeur  essentielle. 

2)  Pour  ce  qui  est  des  roches,  les  conditions  dans  lesquelles 
elles  se  sont  formées  ont  une  grande  importance,  et  elles  ont 
indubitablement  exercé  l'influence  sur  leurs  propriétés.  C'est 
donc  avec  toute  raison  que  la  genèse  a  été  prise  comme  base 
de  la  division  de  premier  ordre  des  rocKes  en  roches 
éruptives,  sédimentaires,  schistes  cristallins  (métamorphiques). 
Plusieurs  caractères  d'ordre  inférieur  (par  exemple  les  diffé- 
rences de  texture)  dépendent  des  conditions  dans  lesquelles 
s'est  effectuée  la  formation  des  •  roches.  Cependant  on  ne  peut 
pas,  par  simple  considération  théorique,  attribuer  une  valeur 
précise  à  telle  ou  telle  autre  texture  ;  pour  y  arriver,  il  faudrait 
une  étude  minutieuse  du  gisement  même,  car  les  différences 
de  texture  qui  sautent  pour  ainsi  dire  aux  yeux,  peuvent  être 
en  réalité  moins  essentielles  que  celles  qu'on  a  de  la  peine  à 
distinguer. 

3)  Les  caractères  qui  doivent  êti'e  considérés  comme  les 
plus  importants  pour  définir  une  roche  éruptive  sont  la  com- 
position minéralogique  et  chimique  et  sa  structure.  Mais  la 
relation  entre  la  composition  minéralogique  et  la  composition 
chimique  est  si  intime  qu'une  connaissance  bien  approfondie 
de    la    composition    minéralogique    permet    de    conclure    assez 


a4o  vni^  CONGRÈS  géologique 

exactement  à  la  composition  chimique.  La  composition  miné- 
ralogique  et  la  structure  sont  par  conséquent  les  caractères 
les  plus  essentiels  des  roches. 

Dans  l'association  des  minéraux  constituant  les  roches,  on 
constate  une  certaine  loi.  L'analogie  de  la  composition  miné- 
ralogique  s'observe  même  en  présence  d'une  déviation  consi- 
dérable dans  la  composition  chimique  de  magmas  dont  la 
différenciation   donne  naissance  aux   séries  pétrographiques. 

La  loi  que  suivent  les  associations  des  minéraux  dans  les 
roches  est  si  manifeste  qu'on  a  pu  présumer  l'existence  de  la 
plupart  des  roches  (les  roches  à  mélilite  exceptées),  longtemps 
avant  qu'elles  aient  été  réellement  découvertes. 

Des  roches  identiques  sous  le  rapport  minéralogique  (chi- 
mique) et  structural  doivent  être  considérées  comme  une  seule 
espèce  et  porter  un  seul  nom,  quels  que  soient  leur  mode  de 
gisement^  leur  âge  ou  leur  liaison  génétique  avec  d'autres 
roches. 

4)  La  formation  de  plusieurs  roches  aux  dépens  d'un  seul 
et  même  magma  ne  suffît  pas  pour  en  affirmer  leur  proche 
parenté.  Le  fait  que  l'on  observe  qu'un  même  magma  donne 
constamment  naissance  à  des  roches  de  compositions  minéra- 
logique et  cfiimique  très  différente,  ne  témoigne  pas  de  leur 
voisinage  dans  le  système  pétrographique,  mais .  de  l'antago- 
nisme des  matières.  La  parenté  ne  ressort  que  de  la  commu- 
nauté de  formation  par  voie  éruptive. 

5)  La  classification  des  roches  ne  doit  pas  être  identifiée 
à  la  classification  des  magmas.  Les  magmas  peuvent  être 
extrêmement  différents  suivant  les  conditions  de  leur  mélange 
et  de  la  résorption  de  roches  étrangères.  Très  souvent  il  est 
presque  impossible  de  déterminer  ce  qui  est  le  produit  de  la 
liquation  naturelle  (phénomène  très  important  dans  la  classi- 
fication pétrographique)  et  ce  qui  n'est  qu'accidentel.  Outre 
la  liquation,  il  existe  encore  la  différenciation  mécanique 
par  suite  de  la  différence  du  poids  spécifique,  des  influencer* 
magnétiques,    etc. 

6)  Pour  figurer  les  rapports  existant  entre  les  roclies  érup- 
tives,  leur  classification  doit  être  représentée  ni  comme  série 
linéaire,  ni  même  sur  un  plan,  mais  dans  un  espace  à  trois 
mesures.  Disposé  de  cette  manière,  chaque  grand  groupe 
structuro  génétique  de  roches  et  de  leui'S  variétés  pourrait 
être   systématisé  tant  par  rapport  à   la   composition  minérale- 


COBfMlSSlON  DR   PÉTROGRAPHIE  ^4^ 

gique  que  relativement  aux  particularités  chimiques  et  même 
probablement  aux   petites  différences    texturales. 

7)  Les  noms  des  roches  doivent  être  systématisés  en  accord 
avec  la  classification.  L'étude  directe  des  roches  dans  leurs 
gisements  nous  obligeant  à  distinguer  pour  les  roches,  comme 
pour  les  autres  produits  de  la  nature  —  les  caractères  plus 
ou  moins  essentiels,  l'introduction  d'un  mode  de  nomenclature 
semblable  à  celui  admis  pour  les  organismes  est  non  seule- 
ment désirable,  mais   indispensable. 

En  créant  des  noms  de  famille ,  de  genre ,  d'espèces ,  on 
devra  donner  une  caractéristique  exacte  des  roches  excluant 
toute  possibilité  de  confusion,  et  préciser  les  caractères  qui 
distinguent  ces  roches  des  roches  voisines. 

L'auteur  qui  introduit  un  nouveau  nom  de  roche  en  se 
basant  sur  un  nouveau  caractère  doit  démontrer  l'importance 
relative  de  ce  dernier,  non  sur  des  échantillons,  mais  par  des 
études  sur  la  nature. 

En  décrivant  une  ix)che  comme  variété  d'une  autre  possé- 
dant déjà  un  nom  on  ne  devra  pas  donner  à  cette  variété  une 
dénomination  univoque  à  part. 


Discussion   des  articles   du   règlement 
proposé  par   la    Commission   russe  à   titre  de  çœax 

Vœu  n"  I,  —  M,  Fouqué  demande  que  l'on  supprime  les 
lignes  3  a  9  qui  constituent  une  critique  trop  vive  de  la 
situation  actuelle.  Il  pense  que  malgré  la  diversité  des  lan- 
gages pétrographiques  employés,  les  pétrographes  arrivent  en 
général  à  se  comprendre  ;  il  croit  toutefois  que  des  amélio- 
rations peuvent  être  recherchées  dans  le  sens  de  l'unification 
de   la  nomenclature. 

M.  Brôgger  fait  remarquer  que  le  langage  pétrographique 
est  fait  surtout  pour  les  pétrographes  qui  n'ont  que  peu  de 
peine  à  retenir  et  comprendre  le  nombre  relativement  restreint 
des  nouveaux  noms  de  roches.  Que  représente-t-il,  en  effet, 
comparé  aux  milliers  de  noms  employés  en  Botanique  et  en 
2k)ologie  !  Il  regarde  ce  vœu  comme  superflu  ;  nous  ne  possé- 
dons pas,  dit-il,  de  critérium  de  l'espèce  en  pétrographie, 
l'adoption  de  définitions  générales  précises  ne  pourra  que 
gêner  dans    la    recherche  de  ce.  critérium.    Ce   qu'il   faut,    c'est 


16. 


24^  VIU'  CONGRÈS  GEOLOGIQUE 

mettre  en  parallèle  les  définitions  données  par  chaque  auteur, 
mais  s'en  tenir  là.  Il  trouve  très  utile  de  savoir  quelle  signi- 
fication chaque  pétrographe  donne  au  terme  diorite ,  par 
exemple,  mais  si  cette  signification  n'est  pas  la  sienne,  il  ne 
l'acceptera  pas. 

M,  Lœwinson-Lessing  fait  remarquer  que  le  Comité  russe 
ne  proteste  pas  contre  la  multiplicité  des  noms  nouveaux,  mais 
contre  leur  mauvaise  construction.  Il  montre,  par  un  exemple, 
qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de  retenir  les  noms  tirés  de  localités. 
Il  ne  faut  pas  entraver  la  liberté  des  pétrographes  par  des  règles 
qui  fixent  une  nomenclature  définitive,  mais  il  est  nécessaire  de 
discuter  les  bases  d'une  classification  rationnelle  et  de  fixer  les 
principes  de  la  nomenclature.  On  prétend  qu'il  faut  attendi'e. 
La  chimie  organique  n'a  pas  attendu  et  cependant  les  progrès  de 
cette  science  n'ont  pas  été  entravés  parce  que  Ton  a  fixé  les 
principes  de  sa  nomenclature. 

M.  Michel-Lév)'  croit  que  les  subdivisions  nombreuses  sont 
utiles,  mais  qu'il  est  indispensable,  en  même  temps  que  pos- 
sible, de  s'entendre  sur  la  définition  des  noms  des  grands 
groupes. 

Le  vœu  n"  i,  modifié  comme  il  suit,  est  adopté  à  lunani- 
mité  moins  deux  voix  (M.  Brôgger  opposant,  M.  Barrois 
s'abstenant). 

((  //  est  avant  tout  désirable  de  régulariser  la  nomencla- 
ture de,*i  roches  éruptives  ou  le  manque  d'unité  est  particuliè- 
rement sensible.  Différents  auteurs  attribuent  une  significa- 
tion et  un  sens  différents  à  un  seul  et  même  nom,  et  inverse- 
ment diverses  dénominations  sont  employées  pour  désigner 
une  même  roche,  un  même  groupe  de  roches  ou  une  même 
structure.  Tous  ces  inconvénients  de  la  nomenclature  actuelle 
peuvent  et  doivent  être  écartés,  tout  au  moins  pour  les  grands 
groupes. 

Vœu   n^   2.  —   Est  réservé. 

Vœu  /i°  3.  —  M.  Duparc  propose  de  baser  la  nomenclature, 
en  premier  lieu  sur  la  composition  minéralogique  et  éven- 
tuellement sur  la  composition  chimique  ;  il  ne  croit  à  rutililé 
indiscutable  de  la  composition  chimique  que  pour  les  roches 
vitreuses  ou  microlitiques,  les  roches  de  profondeur  étant  en 
général  très  modifiées. 

M.  Fouqué  rappelle  combien  il  est  partisan  de  l'étude  de  la 
coufposition  chimique  des  roches  ;  mais  il  ne  pense  pas  que  ce 


COMMISSION   DE  PÉTROGRAPHIE  Q/^3 

soit  là  un  caractère  assez  pratique  pour  que  Ton  puisse  baser 
sur  lui  en  premier  lieu  la  nomenclature  pétrographique .  De 
Tanalyse  en  bloc  d'une  roche,  on  peut  déduire  la  proportion 
relative  de  ses  éléments,  si  Ton  connaît  exactement  la  compo- 
sition chimique  de  ceux-ci,  mais  la  réciproque  n'est  pas  vraie. 
D'autre  part,  des  actions  modificatrices  contemporaines  de  la 
solidification  ou  postérieures,  ont  souvent  transformé  d'une 
façon  considérable  la  composition  des  roches  (surtout  des 
roches  de  profondeur),  de  telle  sorte  que  l'analyse  de  celles-ci 
ne  fournit  pas  de  notions  certaines  sur  la  composition  du 
magma  initial  dont   elles  proviennent'. 

M.  Lœunnson-Lessing  s'associe  à  la  critique  de  M.  Fouqué, 
quand  il  s'agit  de  recherches  purement  théoriques  ;  toutefois 
il  fait  remarquer  qu'il  ne  s'agit  pas  pour  l'instant  de  magmas 
idéaux,  mais  de  la  composition  chimique  actuelle  des  roches. 
Enfin  c'est  la. composition  chimique  du  magma  qui  détermine  la 
constitution  minéralogique  des  roches,  et  non  rinverse.  L'ana- 
lyse en  bloc  d'une  roche  permet  de  déterminer  sa  composition 
minéralogique,  l'inverse  n'est  possible  que  si  l'on  connaît  non 
seulement  la  composition,  mais  encore  les  proportions  relatives 
des  principes  minéraux  cpii  la  constituent.  Quant  aux  actions 
secondaires,  elles  modifient  souvent  la  nature  des  minéraux, 
sans  toutefois  altérer  sensiWement  la  composition  chimique 
globale  de  la  roche.  La  coimaissance  de  la  composition  chimique 
permet  toujours  d'indiquer  la  place  d'une  roche  dans  la  systéma- 
tique ;  pour  les  roches  volcaniques  notamment,  la  considération 
de  la  composition  chimique   est  indispensable. 

M.  A,  Lacroix  fait  remarquer  que  cette  observation  est 
surtout  vraie  pour  les   types  vitreux. 

M.  Brbgger  n'est  pas  de  l'avis  de  MM.  Fouqué  et  Lœwin- 
son-Lessing  ;  son  expérience  personnelle  lui  a  prouvé  que  la 
composition  chimique  actuelle  est  en  tous  cas  suflisante  et 
qu'avec  des  moyennes  bien  faites,  on  peut  i)révoir  la  compo- 
sition du  magma  dont  provient  une  roche  et  toutes  les 
différenciations  qui  peuvent  s'effectuer  dans  celui-ci.  L'expé- 
rience qui  a  permis  à  MM.  Fouqué  et  Michel-Lévy  d'obtenir 
une  roche  a  leucite  et  olivinc  par  fusion  et  recuit  de  biotite 
et  de  microcline,  montre  bien  du  reste  l'insuffisance  d'une 
nomenclature  basée  sur  la  composition  minéralogique  puis- 
qu'une semblable  nomenclature  éloignerait  deux  roches  chimi- 
quement   semblables. 


!l44  Vlll*   CONGRàs  GÉOLOGIQUE 

M,  Michel'Léçy  croit  que,  sauf  pour  les  lamprophyres 
auxquels  M.  Brôgger  vient  de  l'aire  allusion,  les  données  de 
la  composition  chimique  et  de  la  composition  minéralogiqae 
conduisent  presque  toujours  aux  mêmes  résultats.  La  consi- 
dération minéralogique  peut  donc  suflire  dans  la  plupart  des 
cas  pour  définir  les  grands  groupes  ;  il  est  d'avis  néanmoins 
de  faire  le  plus  large  emploi  possible  des  caractères  chimi- 
ques. 

Le  çœu   nP  3,   ainsi   amendé  : 

((  La  caractéristique  des  grands  groupes  (par  ex,  des 
familles)  doit  se  baser  sur  la  composition  minéralogique 
appuj'ée  sur  la  composition  chimique  et  sur  la  structure  », 
est  voté  à  Tunanimité,  moins  deux  voix  (M.  Brôgger  contre, 
M.  Lœwinson-Lessing,  maintenant  le  texte  intégral  de  la  pro- 
position  russe). 

Les  vœux  n^^  4  ^^   ^   sont  réservés. 

Le  vœu  n^  5,  ainsi  conçu  :  ((  Les  grands  groupes  peuoent 
être  fixés  dès  à  présent,  sans  gêner  le  développement  ultérieur 
de  la  classification,  et  le  démembrement  de  ces  groupes  en 
subdivisions  »,  est  adopté. 

Vœu  n^  j ,  —  La  première  partie  de  ce  vœu,  ainsi  modifiée: 

((  //  est  désirable  de  désigner  les  principaux  ty^pes  de 
structure  par  des  noms  spéciaux  »,   est  adoptée. 

Al,  Lœwinson-Lessing  maintient  pour  son  compte  personnel 
le  vœu  de  la  Commission  russe  tel  qu'il  a  été  formulé.  La 
Commission  accepte,  sur  sa  proposition,  les  termes,  employés 
par  M.  Brôgger,  de  mélanocrates  et  de  leucocrates  pour 
désigner  dans  chaque  type  pétrographique  les  variétés  très 
riches  ou  très  pauvres  en  éléments  ferrugineux,  se  distin- 
guant ainsi  du  type  normal.  Les  termes  alcaliplètes  et  cal- 
ciplètes  de  M.  Brôgger  sont  également  acceptés  en  principe, 
sous    réserve    de    la   recherche   d'une    forme    plus   euphonique. 

Une  discussion  s'engage  pour  savoir  s'il  y  a  lieu  de  fixer 
dès  à  présent  la  définition  des  principales  structures.  M,  Michel- 
Lévy  rappelle  notamment  les  trois  subdivisions  admises  par 
les  pétrographes  français  dans  la  structure  grenue  (structures 
granitique,  granulitique  et  pegmatiqué), 

M.  Brôgger  ne  croit  pas  qu'une  semblable  discussion 
puisse  conduire  à  une  entente;  le  mot  de  structure  grenue  lui 
semble  impossible  à  délimiter  dans  une  définition  générale; 
il   ne   peut   réunir  dans   un   même  groupe,  la  structure  grenue 


COMMISSION   DE  PÉTROGRAPHIE  Q/^5 

(kômig)  et  granulitique  (eugranitic).  Du  reste  ponr  lui,  la 
structure  aplitique  est  une  structure  panallotrioniorphe,  alors 
que  M.  Rosenhusch  désigne  par  ce  terme  une  structure  paoi- 
diomorphe  ;  il  emploie  le  mot  aplite  pour  désigner  des  roches 
possédant  une  structure  réalisée  dans  des  conditions  physiques 
différentes,  filons,  zones  de  contact  et  môme  dans  de  petites 
masses  intrusives  et  non  pour  spécifier,  comme  le  fait  M.  Ro- 
senhusch,  seulement  des  roches  de  filon  (Ganggesteine). 
M.  Brôgger  croit  que  nous  ne  connaissons  pas  assez  les  con- 
ditions dans  lesquelles  se  sont  consolidés  les  magmas  pour 
pouvoir  définir  les  structures  qui  correspondent  aux  diverses 
étapes  de  leur  consolidation.  La  difficulté  de  définir  les  struc- 
tures tient  à  leur  importance  inégale  ;  autant  il  est  facile  de 
spécifier  une  structure  particulière,  autant  il  devient  difficile 
d'enfermer  dans  une  définition  les  structures  générales.  Dans 
ces  conditions,  chacun  doit  définir  les  structures  comme  il  les 
comprend,  sans  se  préoccuper  des  opinions  différentes.  Quant 
au  terme  grenu  en  particulier,  il  est  vague  et  inutile,  puisqu'il 
s'applique  à  des  roches  aussi  différentes  que  les  minettes  et 
les  aplites. 

En  présence  de  la  diversité  d'opinions  des  membres  du 
Comité,  M,  Lœwinson-Lessing  propose  que  chacun  apporte  au 
Congrès  de  i9oo,  sa  définition  des  pnncipales  structures,  en 
même  temps  qu'un  projet  de  nomenclature  et  de  classification 
des  groupes  qu'il  a  plus  particulièrement  étudiés.  Ces  docu- 
ments serviront  de  base  à  une  discussion  définitive. 

La  Commission  vote  à  l'unanimité  ce  vœu  et  charge  M.  Ch. 
Barrois  de  le  transmettre  aux  pétrographes  des  divers  pays, 
en  les  priant  de  faii'e  parvenir  leur  réponse  assez  tôt,  pour 
qu'il  en  soit  donné  lecture  lors  des  séances  du  Congrès. 
Celles  qui  seraient  envoyées  avant  le  i*""  mai  seraient  impri- 
mées et  distribuées  lors   de   l'ouverture  du  Congrès. 

Le  çœu  n^  8  est  réservé. 

Les  vœux  W*    g    et   lo,   ainsi  conçus,    sont  votés   : 

N^  g  «  Il  est  nécessaire  d éviter  V emploi  d'une  même  déno- 
mination  {d'un  même  terme)  dans  des  sens  différents,   » 

iV**  lo  ((  On  devrait  éviter  autant  que  possible  l'emploi  et 
la  création  de  différents  termes  pour  désigner  la  même  notion, 
la   même  roche  ou   le  même  groupe  de  roches,  » 

Le  vœu  n"*  1 1  est  maintenu  comme  indication  et  n'est  pas 
discuté. 


a46  VIU'  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Les  vœux  /i®*  12  et  14  se  confondent  avec  ceux  qui  ont 
été  votés  à  la   séance  précédente. 

Le  vœu  nP  i3^  modifié  ainsi  qu'il  suit,  est  adopté  à  TunaDi- 
mité,   moins  une   voix  (M.    Brôgger)  : 

((  //  faut  éviter  autant  que  possible,  pour  les  nouveaux  types  de 
roches,  remploi  de  noms  préexistants,  en  leur  assignant  un  nou- 
veau sens,  en  restreignant  ou  en  élargissant  leur  signification  ». 

M.  Brôgger  ne  voit  pas  d'inconvénient  à  employer  les 
anciens  noms,  à  condition  de  les  définir  d'une  façon  plus  pré- 
cise ;  il  rappelle  l'emploi  qu'il  a  fait  suivant  ce  principe  des 
noms   de   monzonite,  ditroïte,   foyaite. 

La  discussion  des  vœux  du  Comité  russe  étant  épuisée, 
M,  A,  Lacroix  donne  lecture  de  la  note  suivante  contenant  les 
noms  des  grands  groupes  que  la  Commission  française  est  dispo- 
sée à  accepter  et  les  définitions  permettant  de  les  spécifier  en  pre- 
nant pour  base  leur  composition  minéralogique  et  leur  structure. 


PROPOSITIONS   DU   COMITÉ   FRANÇAIS 

DE  PÉTROGRAPHIE 

SUR  LA  NOMENCLATURE  DES  ROCHES  ÉRUPTIVES 

Les  pétrograplies,  réunis  en  1897  ^^  Congrès  de  Sainl- 
Pétersbourg,    ont   exprimé   le  vœu   suivant  : 

Il  est  désirable  (juc  Ton  renonce,  en  présence  du  dévelop- 
pement rapide  de  la  pétrographie,  à  l'idée  de  faire  fixer  par 
unt»  résolution  du  Congrès  les  principes  spécialement  applica- 
bles à  la  classification    métliodi(iue  des   roches. 

Pour  aiMÛver  à  la  simplification  de  la  nomenclature  pétro- 
gi'aphicfue,  réclamée  par  les  géologues,  il  est  indispensable  de 
définir  avec  plus  de  précision  qu'on  ne  l'a  fait  jusquà  pré- 
sent les  noms  j^^énéraux  dont  l'emploi  est  nécessaire  dans 
rexéeution   des  cartes. 

Les  pétrographes  dont  h*s  noms  suivent  :  MM.  Barrois. 
L.  Bertrand,  Fouqué,  Gentil,  A.  Lacroix,  deLaunay.  Le  Verrier. 
Tei'iniei*,  Wallerant.  se  sont,  à  plusieurs  reprises,  réunis  au 
Sei'vice  de  la  Carte  géologique  sous  la  présidence  de  M.  Micliel- 
Lévy  et   ont  voté  les  propositions  suivantes  : 

Questions  de  principe.  —  En  comparant  les  nomenclatures 
pétrographiques  en  usage,  soit  à  l'étranger,  soit  en  France,  il 


COMMISSION  DE  PÉTROGRAPHIE  a/J^ 

a  paru  que  le  terrain  d'entente  désiré  pourrait  être  réalisé 
sans  trop  de  difficultés,  mais  à  F  aide  de  concessions  mutuelles, 
par  remploi  d'une  nomenclature  basée  sur  la  composition 
minéralogique   et  la    structure. 

Une  semblable  nomenclature  a,  en  effet,  les  multiples  avan- 
tages de  pouvoir  rester  indépendante  de  toute  théorie  parti- 
culière et  d'être  exactement  Texpression  de  laits  facilement 
et  directement  observables.  Elle  est  éminemment  pratique  et 
permet  de  spécitier  une  roche  par  ses  propriétés  intrinsèques, 
sans  faire  venir  nécessairement  aucune  considération  extérieure. 
Elle  semble  donc  réaliser  les  desiderata  exprimés  par  le  congrès 
de  Saint-Pétersbourg,  bien  plus  que  toute  autre  nomenclature, 
s'appuyant  en  premier  lieu  sur  la  composition  chimique  ou 
la  nature  du  gisement  et  ne  faisant  intervenir  la  composition 
minéralogique   et  la   structure   que   d'une  façon  secondaire. 

En  conséquence,  le  Comité  français,  tout  en  reconnaissant 
la  très  grande  importance  théorique  des  caractères  tirés  de 
la  composition  chimique  des  roches  éruptives  et  le  grand 
intérêt  de  la  connaissance  de  leurs  conditions  de  gisement, 
a  décidé  à  l'unanimité  de  proposer  pour  les  grands  groupes 
de  roches  éruptives  une  nomenclature,  exclusivement  basée  sur 
leur  composition  minéralogique  et  leur  structure  et  de  rejeter 
pour  les  dénommer  tout  nom  établi  exclusivement  sur  une 
considération  de  composition  chimique,  de  condition  de  gise- 
ment ou  d'âge   géologique. 

Il  a  été  en  outre  décidé  que  les  propositions  seraient  limitées 
au  nom  des  grands  groupes  sur  lesquels  l'accord  paraît  immé- 
diatement possible  et  que  pour  les  divisions  secondaires  à 
y  introduire,  les  pétrographes  devraient  être  laissés  libres  de 
choisir  entre  les  divers  systèmes  adoptés  jusqu'à  présent  et 
consistant  à  employer,  soit  une  terminologie  univoque  basée 
sur  des  noms  de  localités  (exemple  Nordmarkite,  Pulaskite), 
soit  une  série  d'adjectifs  ou  de  qualificatifs  adjoints  au  nom 
général  comme  cela  est  en  usage  dans  la  nomenclature  fran- 
çaise actuelle  (exemple  andésite  augilique  à  hornblende)  soit 
enfin  des  noms  minéralog^ques  composés,  comme  dans  la  nomen- 
clature allemande  (Ex.  :  hypersthenandesit). 

Le  Comité  français  exprime  toutefois  le  vœu  que  les  pétro- 
graphes créant  des  noms  univoques,  soient  tenus  désormais 
d'en  indiquer  la  place  dans  la  nomenclature  minéralogique 
générale  proposée  ici. 


34^  VIIl^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Pour  chaque  groupe  de  roches  éruptives  composées  des 
mêmes  éléments  minéralogiques,  il  est  indispensable  d*adopter 
des  noms  distincts,  suivant  que  la  structure  est  grenue,  micro- 
grenue,  ophitique   ou   enRn  microlitique. 

Ces  diverses  structures  étant  ainsi  défîmes   : 
La  structure   grenue    est    une    structure    holocristalline,    sans 

discontinuité  apparente  dans  la   cristallisation   ; 
La  structure  micro ffrenue  est  une  structure  holocristalline  avec 
discontinuité   dans   la    cristallisation,   le    dernier    stade 
ayant  nécessairement  la  structure  grenue  ; 
La    structure    microlitique    est    une    structure  à    discontinuité 
tranchée  dans  la  cristallisation,  le  dernier   ^ade  contenant 
généralement  des  cristaux  plus  ou  moins  automorphes. 
d'ordinaire    aplatis    ou   allongés,    et  pouvant    admettre 
un  résidu   vitreux  ; 
La  structure  ophitique  est  une  structure  holocristalline,   carac- 
térisée par  Texistence  de  plagioclases  en  cristaux  aplatis 
ou  allongés,  que  moulent  de  grands  cristaux  de  pyroxène 
ou  d'amphibole. 
Ceci  étant  posé,  les  types  principaux  de  roches  éruptives  vont 
être  passés  en  revue  dans  un  ordre  purement  minéralogique  : 

I. 
ROCHES  A  FELDSPATHS 

10    Roches    a    feldspaths    sans    feldspathides 

A.  —  Roches  à  feldspaths  alcalins  et  quarz 
(groupe  des  granités) 

Types  grenus.  —  Granités,  —  Roches  holocristallines  à  struc- 
ture grenue,  composées    de    quarz,    de  feldspaths  alca- 
lins,   de  micas  (biotite,  moscovite),  d'amphibole  ou  de 
pyroxène,   avec  ou  sans  feldspaths  calcosodiques. 
Les     grandes     divisions     secondaires     peuvent    être  encore 

empruntées   au  caractère   minéralogique   : 

à  feldspath  potassique  ; 
GRANITES  ALCALINS    \  à  feldspath  et  autres  mi- 
néraux sodiques. 

à    feldspaths    potassiques 

GRANITES    NORMAUX    \  ^         ,  ,. 

et  calcosodiques. 


COMMISSION  DE  PÉTROGRAPHIE  0^9 

Types  microgrenus,  —  Micro  granités.  —  Roches  holocristal- 
lines  à  structure  microgrenue  ayant  la  coraposition 
minéralogique  des  granités. 

Types  microlttiques.  —  Rhyolites,  -—  Roches  semi-cristallines 
ou  vitreuses  ayant  la  composition  des  granités. 

B.  —  Roches  à  feldspaths  alcalins  {groupe  des  syénites) 

Types  grenus.  —  Syénites.   —  Roches  holocristallines  grenues 
composées    de    feldspaths    alcalins,  de    mica,  d'amphi- 
bole ou    de    pyroxène,   avec  ou   sans  feldspaths  calco- 
sodiques. 
De    même    que    pour    les    granités,    les    grandes    divisions 
peuvent  être,  d'après  la  nature  des  feldspaths,  appelées  syénites 
potassiques    (à    orthose),  syénites  sodiques  (à   anorthose),  cal- 
coalcalines  (à  orthose  et  à  feldspath  calcosodique)  ou  monzonites. 

Types  microgrenus.  —  Microsjyénites,  —  Roches  holocristal- 
lines à  structure  microgrenue  ayant  la  composition 
des   syénites. 

Types    microlitiques.    —    Trachjytes,    —    Roches    à    structure 

microlitique    ayant    la    composition     des    syénites     et 

pouvant  renfermer  du   verre. 

Les  trachytes  normaux^  les  trachytes  sodiques  et  les   tra- 

chyandésites  correspondent  respectivement  aux   trois  types  de 

syénites,  indiqués  plus   haut. 

C.  —  Roches  à  feldspaths  calcosodiques  (Groupe  des  Gabbros). 

L'importance  et  les  variations  de  composition  des  roches  à 
plagioclases  nécessitent  dans  ce  groupe  plus  de  divisions  que  dans 
celui  des  roches  à  feldspaths  alcalins.  Les  types  suivants  sont 
basés  sur  l'absence  ou  la  présence  d'éléments  ferromagnésiens 
et  sur  la  nature  de  ceux-ci.  (Dans  la  nomenclature  française, 
la  nature  du  feldspath  calcosodique  est  exprimée  par  les 
adjectifs  :   andésitique,   labradorique  et  anorthique). 

Types  grenus.    —    Plagioclasites.   —     Roches   holocristallines 
grenues  essentiellement  constituées  par  des   feldspaths 
calcosodiques. 
Le   nom  d'anorthosites,  par  lequel   ces  roches  sont  générale- 
ment   désignées,  ne    peut  être    conservé    puisque    le  feldspath 
anorthose  n'entre  pas  dans  leur  composition. 


aoo  vni'  CONGRÈS  géologique 

Diorites,  —  Roches  holocristallines  grenues  composées 
de  feldspaths  calcosodiques,  d'amphibole  ou  de  biotite, 
avec  ou   sans   quarz. 

Gabbros,  —  Roches  holocristallines  grenues  composées 
de  feldspaths  caleosodiques,  de  pyroxène,  avec  ou 
sans  olivine   ou  biotite. 

Norites,  —  Roches  holocristallines  grenues,  composées 
de  feldspaths  calcosodiquos  et  de  pyroxène  rhombique. 
avec    ou    sans    quara,    biotite,   hornblende    ou    olivine. 

Troctolites.  —  Roches  holocristallines  grenues,  compo- 
sées de   feldspaths  calcosodiques  et  d' olivine. 

Types  microgrenus.  —  Microdiorites,  Microgabbros,  Micro- 
norites,  —  Roches  microgrenues  ayant  la  composition 
des  diorites,  des  gabbros  ou  des  norites. 

Types  ophitiques.  —  Dolérites,  —  Roclies  holocristallines. 
à  structure  ophitique,  constituées  par  des  feldspaths 
calcosodiques  et  du  pyroxène  avec  ou  sans  amphibole 
et  olivine.  Le  terme  dolérite  est  destiné  à  remplacer 
celui  de  diabase  qui  est  employé  actuellement  avec 
des  significations  trop   dilTérentes. 

Quant  aux  passages  si  fréquents  des  dolérites  holo- 
cristallines aux  types  microlitiques  correspondants, 
passages  effectués  par  l'intermédiaire  de  roches  à  struc- 
ture intersertale  plus  ou  moins  riches  en  résidu 
vitreux,  ils  seront,  suivant  la  nature  de  leur  feldspath 
dominant,  désignés  sous  le  nom  iVandésites  ou  de 
basai ti les  dolériliques . 

Types  microlitiques.'  —  Dacites,  —  Roches  à  structure  micro- 
liti([ues  composées  de  feldspaths  calcosodiques  et  de 
quarz  avec   mica,  amphiboles  ou  pyroxènes. 

Andésiles.  —  Roches  à  structure  microlitique  composées 
de  feldspatlis  calcosodiques,  oscillant  autour  de  Fandé- 
sine,  avec  ou  sans  mica,  amphiboles,  pyroxènes  ou 
olivine. 

Basai liles.  —  Roches  à  structure  microlitique  composées 
de  feldspaths  calcosodiques  oscillant  autour  du  labrador, 
de   pyroxène,  avec  ou  sans  amphibole  ou  mica. 

Basaltes,    —   Basaltites   à   olivine. 


COMMISSION   DE  PÉTROGRAPHIE  oSl 


2*»   Roches  a  feldspaths  et  feldspathides 

A.    —    Roches    à   feldspaths    alcalins    (Groupe    des    syénites 

néphéliniques). 

Types  grenis.  —  Syénites  néphéliniques,  leucitiques,  ou  soda- 
litiques,  —  Roches  holocrislallines  grenues,  composées 
de  feldspatlis  alcalins,  de  néphéline,  de  leucite  ou 
de  sodalite  avec  mica,  amphibole  ou  pyroxène  et 
feldspath   calcosodique. 

Types  microgrenus.  —  Microsyénites  néphéliniques,  leucitiques 
ou  sodalitiques,  —  Roches  à  structure  microgrenue 
ayant   la   composition   des   syénites  correspondantes. 

Types  microlitiques.  —  Phonolites,  —  Roches  microli tiques 
composées  de  feldspaths  alcalins ,  de  néphéline ,  de 
pyroxène  avec  ou  sans  minéraux  du  groupe  haiiyne- 
sodalite.  —  Leucophonolites.  —  Roches  microlitiques 
composées  de  feldspaths  alcalins ,  de  leucite ,  de 
pyroxène,  avec  ou  sans  néphéline  et  minéraux  du 
groupe   haiïyne-sodalite. 

B.  —  Roches  à  feldspaths  calcosodiques  et  feldspathides 

(gahbros  à   feldspathides) 

Types  grenus.  —  Gabbros  néphéliniques.  —  Roches  holocris- 

tallines  grenues  à  feldspaths   calcosodiques,    néphéline, 

pyroxène,     amphibole,    mica,    avec    ou    sans   minéraux 

du   groupe   liaûyne-sodalite. 

Les    noms    de     teschénite     et    de    thér alite ,  proposés    pour 

désigner  ces    roches,     no    semblent    devoir    être    conservés    ni 

l'un   ni   l'autre,    la   teschénite  de    Teschen    ne    renfermant  pas 

de   néphéline   et   la  théralite  pas   de  feldspath  calcosodique,  au 

moins   en   proportion  notable. 

Types  microgrenus.  —  Microgabbros  néphéliniques.  —  Roches 
microgrenues  ayant  la  composition  des  gabbros  néphé- 
liniques. 

Types  microlitiques.  —  Téphrites.  —  Roches  à  structure 
microiitique  composées  de  feldspaths  calcosodiques , 
de  néphéline,  de  pyroxène  avec  ou  sans  amphibole, 
mica  ou   olivine. 


Il5a  Vllie   CONGRÈS   GÉOLOGIQUR 

Leucotéphrites,  —  Roches  à  structure  microli tique  com- 
posées de  feldspaths  calcosodiques ,  de  leucite ,  de 
pyroxène,   avec   ou  sans   amphibole,    mica   et    olivine. 


II 
ROCHES    SANS    FELDSPATHS 

i»  Roches  sans  feldspaths 

MATS    A    FELDSPATHIDES    QV    VERRE    ALCALIN. 

A.  —  à  néphéline 

Types  grenus.  —  Ijolites,  —  Roches  holocristallines  à  structure 
grenue  composées  de  néphéline  et  de  pyroxène. 

Types  microlitiques.  —  Néphélinites.  —  Roches  à  structure 
microlitique,  composées  de  néphéline  et  de  pyi'oxène, 
avec  ou  sans  olivine. 

B.  —  à   leucite 

Types  grenus.  —  Missourites.  —  Roches  holocristallines  à 
structure  grenue,  composées  de  leucite  et  de  pyroxène. 

Types  microlitiques.  —  Leucitites,  —  Roches  à  structure  micro- 
litique,  composées  de  leucite  et  de  pyroxène  avec  ou 
sans  olivine. 

C.  —   à  mélilite 

Types  microlitiques.  —  Alélilitites.  —  Roches  à  structure 
microlitique,  composées  de  mélilite  et  de  pyroxène, 
avec  ou   sans  néphéline,   leucite    et  olivine. 

D.  —  à    çerre  sodique 

Types   microlitiques.    —   Augitites.    —   Roches    à    structure 
microlitique,   composées     de     pyroxène    et     de    verre 
sodique,  avec   ou  sans  amphibole  et  mica. 
Limburgites,  —  Augitites  à  olivine. 


COMMISSION  DE  PÉTROGRAPHIB  353 

III 

ROCHES    SANS    ÉLÉMENTS    BLANCS 

I 

(Groupe  des  péridotites) 

Types  grenus.  —  Péridotites,  —  Roches  holocristaliines  gre- 
nues, composées  d'olivine  et  d'un  spinellide,  avec  ou 
sans  pyroxènes,   amphibole  et  mica. 

Pyroxénolites,  —  Roches  holocristaliines  grenues,  essen- 
tiellement constituées  par  des  pyroxènes. 

Hornblendites,  -^  Roches  holocristaliines  grenues,  essen- 
tiellement constituées  par  de  la  hornblende,  avec  ou 
sans   mica   ou   olivine. 

Type  ophitique.  —  Picrites,  —  Roches  holocristaliines  ou 
semi-cristallines,  composées  d'olivine  automorphe,  de 
pyroxène  ou  d'amphibole,   avec  ou   sans  mica. 

La  structure  des  picrites  est,  dans  les  roches 
dépourvues  de  feldspath,  l'homologue  de  celle  des 
dolérites. 

Jusqu'ici  la  présence  ou  l'absence  des  feldspaths  et  des 
feldspathides  et  leur  nature  dominante  nous  ont  servi  à  défi- 
nir les  types  pétrographiques  en  ne  les  considérant  principa- 
lement qu'au  point  de  vue   qualificatif. 

11  y  a  lieu  de  savoir  si  l'on  doit,  dans  certains  cas,  faire 
intervenir  d'une  façon  prépondérante  la  notion  de  quantité  et 
accepter  le  nom  de  lamprophyres  adopté  par  beaucoup  de 
pétrographes  pour  distinguer  l'ensemble  des  roches  grenues, 
microgrenues  et  microlitiques,  caractérisées  par  une  grande 
abondance  d'éléments  ferromagnésiens  (et  en  particulier  de  la 
biotite  et  de  la  hornblende)  associés  à  des  feldspaths  ou  à 
des  feldspathides  ;  les  éléments  ferromagnésiens  existant  aux 
deux  temps  de  consolidation  dans  les  types  microgrenus  et 
microlitiques. 

Dans  la  nomenclature  Irançaise  actuelle ,  ces  roches  ont 
été  jusqu'ici  désignées  sous  le  nom  de  minettes  et  de  kersan- 
tites  quand  elles  sont  grenues  ;  de  trachytes  (orthophyres); 
d'andésites  et  de  basaltites  (porphyrites)  micacés  ou  amphi- 
boliques  quand  elles  sont  microlitiques. 

M.  Fouqué  ne  voit  pas  la  nécessité  d'adopter  le  nom 
général  de  Lamprophyres  et  préfère  continuer  à  désigner  ces 


a54  vni®  CONGRÈS  géologique 

roches  comme  un  faciès  (faciès  lamprophj'rique),  des  syénites 
(minettes),  des  diorites  (kersantites),  des  trachj'tes,  des  andé- 
sites et  des  hasaltites. 

M,  Michel-Lévj'  propose,  au  contraire,  d'adopter  le  terme 
de  Lamprophyre,  mais  de  le  réserver  pour  désigner  exclusi- 
vement l'ensemble  des  minettes  et  des  microminettes  (lampro- 
phyres  à  feldspaths  alcalins),  des  kersantites  et  des  micro- 
kersantites  (lamprophyres  à  feldspaths  calcosodiques  acides), 
c'est-à-dire  des  roches  offrant  les  propriétés  remarquables  de 
renfermer  une  grande  quantité  d'éléments  ferroniagnésiens 
associés  à  des  feldspaths  alcalins  ou  calcosodiques  acides. 
L'analyse  en  bloc  des  divers  types  de  cette  série  montre 
qu'ils  représentent,  au  point  de  vue  du  magma,  les  composi- 
tions chimiques  de  certaines  téphrites,  leucitites  et  néphéli- 
nites  à  olivine.  D'ailleurs  une  expérience  synthétique  déjà 
ancienne  avait  permis  de  prévoir  ce  paradoxe  pétrographique  : 
la  fusion  de  microcline  et  de  biotite  en  parties  égales  ayant 
donné   naissance   à  une   leucitite   à  olivine  (i). 

Cette  définition  permettrait  de  mettre  en  regard  des  lam- 
prophyres, les  téphrites,  népliélinites,  leucititi*s,  mélilitites  et 
limburgites  basiques,  ne  laissant  liors  de  ce  groupe  naturel 
que  quelques  téphrites  dont  les  analogies  sont  avec  les  syénites 
néphéliniques. 

La  constitution  de  cette  famille  naturelle  parait  avoir  une 
grande  inq)ortance  cartographique  ;  il  semble,  en  effet,  de 
première  utilité,  <le  pouvoir  distinguer  sur  les  cartes  géolo- 
giques les  liions  qui  ont  dû  donner  des  coulées  de  roches 
basiques  à  feldspathides  et  ceux  qui  n'ont  pu  engendrer  que 
des  basaltes  ordinaires.  C'est  là,  en  somme,  la  famille  des 
mélanocrates  alcaliplètes  de   M.    Brôgger. 

Le  Secrétaire  du  Comité  français  de  Pétrographie, 

A.  Lacroix. 


(1)  Il  serait  logique  do  joindre  aux  lamprophyres  Vijnlite  et  la  migsourite.^i' 
nn^me  que  l'on  est  induit  à  y  ajouter  les  alnoites.  Il  suflirait  pour  cela  de  \'^ 
définir  par  la  grande  abondance  d'éléments  ferromagnésiens  associés  à  des  felds- 
paths alcalins,  à  la  mélilite,  ou  k  des  feldspathides.     {Note  de  M,  Michel-Ut^]- 


a55 


V.  COMMISSION  POUR  LA  FONDATION 
D'UN  JOURNAL  INTERNATIONAL  DE  PÉTROGRAPHIE 

Par  M.  F.  BECEB 

*  Professeur  à  l'Université  de  Vienne  —  Président  de  In  Commission 


La  pétrographie,  dans  ces  dix  dernières  années,  s*est  enri- 
chie de  nombreuses  contributions,  et  elle  continue  à  progresser. 
Elle  constitue  de  notre  temps  la  hase  d'un  enseignement  indé- 
pendant, et  chaque  jour  on  reconnaît  davantage  Timportance 
des  recherches  pétrographiques   pour  la  géologie. 

Des  problèmes  complexes  et  variés,  posés  aux  confins  de 
la  pétrographie  et  do  la  chimie  physique,  sont  aujourd'hui 
abordés  de  front,  et  il  est  permis  d'entrevoir,  dans  leur 
solution,  un  lien  qui  rattachera  la  géologie  aux  sciences 
exactes. 

La  pétrographie  cependant  n'a  pas  encore  d'organe  attitré. 
Les  mémoires  originaux  sont  disséminés  ;  on  les  trouve  épars 
dans  les  Journaux  minéralogiques  ou  géologiques,  dans  les 
Mémoires  des  Académies  et  Sociétés  savantes,  dans  les  Publi- 
cations oflicielles  des  Services   géologiques  des  Ktats. 

Quelques  journaux  ont  bien  commencé,  il  est  vrai,  à  cen- 
traliser les  revues  et  résumés  de  pétrographie  ;  mais  ils 
n'ont  pu  assez  se  spécialiser,  ni  faire  à  la  pétrographie  toute 
la   place  qui  lui  conviendrait  et  qu'elle  mérite. 

Telles  sont  les  raisons  qui  nous  ont  semblé  militer  en 
faveur  de  la  fondation  d'un  journal  de  pétrographie,  organe 
exclusivement  voué  aux  études  lithologiques.  En  le  rendant 
international,  on  répond  à  cette  tendance  unanime  de  tous  les 
peuples  modernes,  de  travailler  de  concert  au  progrès  de  la 
science.  Et  son  titre  même  devrait  proclamer  ce  caractère 
intei*national,  fondamental  ;  aussi  proposerions-nous  de  l'écrire 
en   trois  langues,  comme   suit  : 

(Titre  allemand)  ; 
(Titre   anglais)  ; 
(Titre  français) 


256  VlIie   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

JOURNAL     INTERNATIONAL 

DE     PÉTROGRAPHIE 

PUBLIÉ 

PAR  UN  COMITÉ  INTERNATIONAL  DE  PÉTROGRAPHES 

dont  la  liste  suivrait. 
Rédaction  :  (Nom  du  ou  des  directeurs) 

Le  Journal  International  de  Pétrographie  (J  I  P),  comme 
l'indique  son  nom,  serait  exclusivement  ouvert  aux  Mémoires 
de  Lithologie,  à  toutes  les  recherches  concernant  les  pierres, 
leur  description,  leur  composition,  leur  genèse  et  leurs  trans- 
formations. Les  travaux  de  stratigraphie  pure,  comme  ceux 
de  minéralogie  cristallographique,  en  seraient  systématique- 
ment exclus. 

Le  but  primordial  du  J  I  P  étant  de  constituer  une  revue 
de  pétrographie,  il  s'attachera  à  donner  des  résumés  subs- 
tantiels et  critiques  de  tous  les  mémoires  spéciaux  qui 
paralti*ont.  La  critique  se  bornerait  à  l'ensemble  ;  et  la  lon- 
gueur du  résumé  serait  en  relation  avec  l'étendue  et  Timpor 
tance  des  articles  analysés.  Les  analyses  seraient  signées  par 
ceux  qui  les  écriraient  ;  des  collaborateurs  seraient  cherchés 
dans  tous  les  pays,  et  leur  travail  serait  organisé  par 
régions.   Ce  labeur  serait  rétribué. 

Nous  proposons  deux  variantes  à  l'appréciation  du  Comité, 
pour  le    choix  du  programme  du  J  I   P  : 

Variante  A 

J  I  P  refuserait  les  mémoires  originaux  étendus,  et  tous 
mémoires  descriptifs  accompagnés  de  planches,  cartes  ou 
autres   illustrations   d'un  caractère   spécial  ou  détaillé. 

Variante  B 

J  1  P  accepterait  les  mémoires  originaux  de  pétrographie 
accompagnés  de  planches,  cartes  et  autres  illustrations,  et  a 
peu    près     dans     la    mesure     donnée      actuellement    par    les 


JOURNAL   DE  PÉTROGRAPHIE  25^ 

«  Tschermak's  mineraloglsche  und  petrographische  Mitthei- 
lungen  »,  dont  le  Journal  International  prendrait  ainsi  la 
place,    et  la  succession  ? 

Articles  de  tendance.  —  J  I  P  attacherait  la  plus  grande 
importance  à  donner  de  temps  à  autre  des  articles  de  ten- 
dance (Orientirende  Artikeln),  brefs,  compréhensifs  et  d'un 
caractère  général.  Les  directeurs  auraient  la  mission  de  pro- 
voquer ces  articles  sur  les  questions    vitales   ou   les  actualités. 

Le  journal  insisterait  principalement  sur  tout  ce  cjui  a 
trait  aux  recherches  de  lithologie  chimique  ;  il  mettrait  en 
lumière  les  travaux  relatifs  à  la  classification  et  aiderait  tous 
efforts  pour  rétablissement  d'une  nomenclature  précise  et 
universelle.  Il  s'attacherait  essentiellement  à  enregistrer  toutes 
les  acquisitions  de  la  chimie-physique,  destinées  à  tant  élucider 
les   processus  de  formation   des   roches. 

Langue,  —  Les  articles  et  résumés  du  J  I  P  seraient 
indifféremment  écrits,  au  choix  des  auteurs,  dans  Tune  des 
trois  langues  allemande,  anglaise  et  française,  nécessairement 
connues  de  tous  les  hommes  de  science  ;  aucune  autre  langue 
ne  serait  admise. 

Organisation,  —  J  1  P  serait  publié  par  une  commission, 
nommée  par  les  Congrès  géologiques  internationaux  ;  cette 
commission   choisirait  un  Directeur  chargé  de  Texécution. 

La  commission  serait  libre  de  se  recruter  elle-même,  dans 
l'intervalle  des  Congrès  (droit  de  cooptation).  Elle  fixerait  les 
conditions  d'impression,  d'honoraires  et  de  vente,  qui  lui 
seraient  proposées  par   le  Directeur. 

Les  membres  de  la  commission  prendraient  l'engagement 
d'aider  le  Directeur  du  Journal,  dans  la  mesure  de  leurs 
moyens,  tant  pour  le  choix  des  rédacteurs  chargés  des  résu- 
més, que   pour  la  direction  scientifique  du  recueil. 

Le  Directeur  s'assurerait  l'aide  de  deux  sous-directeurs, 
choisis  par  lui  et  près  de  lui,  et  possédant  les  connaissances 
techniques  et  linguistiques  requises.  Les  fonctions  de  directeur 
et  de  sous-directeurs  seraient  rétribuées,  le  montant  de  ces 
honoraires  serait  débattu    avec  l'éditeur. 

Le  J  I  P  paraîtrait  par  fascicules  ;  six  fascicules  seraient 
publiés  chaque  année,  et  formeraient  un  volume. 


17. 


258  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

PROPOSITIONS    SOUMISES    PAR    LA    COMMISSION 
AU  Congrès  International  de  Paris 

I.  Le  Congrès  géologique  international  charge  la  présente 
commission,  nommée  par  lui,  de  fonder  un  journal  inter- 
national de  pétrographie  (J  I  P),  suivant  le  plan  qu'elle 
lui  soumet. 

a.  La  commission  aura  le  droit  de  cooptation, 

3.  La  commission  déléguera  à  une  personne,   choisie  par  elle, 

les  fonctions  de  Directeur. 

4.  La  commission  deçra  présenter  un  rapport  lors  de   la  pro- 

chaine session  du  Congrès  géologique  international. 


Post-scriptum.  —  Les  lignes  qui  précèdent  ont  été 
adressées  sous  forme  de  lettre,  en  1899,  aux  membres  de  la 
Commission  du  Journal  ;  elle»  ont  déjà  été  l'objet  d'un  échange 
d'observations,  qui  ont  déterminé  les  modifications  suivantes 
au  plan  primitivement  proposé. 

1 .  La  majorité  des  membres  de  la  commission  est  d'avis 
que  J  I  P  doit  repousser  les  mémoires  originaux,  qui  ont  leur 
place  naturelle  marquée  dans  les  journaux  régionaux  existants 
et  avec  lesquels  J  I  P  ne  peut,  ni  ne  veut,  entrer  en  concu^ 
rence. 

2.  J  I  P  serait  essentiellement  consacré  à  des  extraits  ou 
revues  d'articles  parus  dans  les  journaux  des  divers  pays,  à  de 
courtes  notes,  orientations,  annonces  ou  conuimnications  som- 
maires des  auteurs. 

3.  J  1  P  s'efforcerait  de  donner  rapidement  les  nouvelles 
pétrographiques,  et  dans  ce  but  il  paraîtrait  à  des  inter\'alles 
rapprochés,  dix  fois  par  an,  au  minimum. 

4.  Il  n*y  aurait  pas  lieu  dans  ces  conditions,  de  songer  à  la 
fusion  proposée  entre  J  I  P  et  le  Tschermak's  minérale gische 
und  petrographische  Mittheilungen  ;  ce  dernier  journal  conti- 
nuerait à  paraître  comme  par  le  passé,  à  la  demande  d'an 
grand  nombre  de  savants. 

5.  J  1  P  prendrait  un  titre  univoque  et  international.  Par 
exemple,  celui  de  : 


JOURNAL   DE   PÉTROGRAPHIB  SÔQ 

PETROLOGIGA 

Les  sous-titres  seuls  seraient  donnés  en  trois  langues  difle- 
rentes  (allemand,  anglais,  français),  comme  suit  : 

JOURNAL     INTERNATIONAL 
DE    PÉTROGRAPHIE 

PUBLIÉ 

PAR  UN   COMITÉ  INTERNATIONAL  DE  PÉTROGRAPHES 

nommé  par  le  Congrès  géologique  international 

et  composé  de  MM 

(ci,   la  liste   des  membres,   par  ordre  alphabétique). 
Directeur-Délégué  et  Sous-Directeurs  :  MM 

Les  sous-titres  et  sommaires  seuls  seraient  imprimés  en 
trois  langues,  et  les  abonnés  auraient  à  indiquer  celle  qu'ils  pré- 
fèrent, en  tête  de  leur  volume. 

Graz,  Juillet  igoo. 


Conclusions.  —  A  la  suite  de  ces  lettres,  antérieures  au 
Congrès,  M.  Becke  a  communiqué,  aux  congressistes  présents  à 
la  Session  de  Paris,  les  observations  suivantes,  motivées  par 
les  avis  qui  lui  ont  été  adressés  par  des  membres  de  la  com- 
mission. 

Tous  les  membres  de  la  commission  nommée  à  Saint- 
Pétersbourg  lui  ont  fait  savoir,  sans  exception,  qu'ils  jugeaient 
la  fondation  du  Journal  international  de  pétrographie  capable 
de  produire  d'excellents  résultats,  dans  Tétat  actuel  de  la 
science;  mais  que  la  réalisation  de  ce  projet  leur  paraissait 
présenter  de  sérieuses  difficultés. 

Si,  en  etFet,  il  est  commode  dans  la  pratique  de  trouver, 
concentrées  dans  une  môme  revue,  les  œuvres  des  pétro- 
graphes  ^de  tous   les    pays,    on    ne    peut    rel^ser    à  ce  projet 


a6o  VlU^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

des  diiïicultés  et  certains  inconvénients.  Ainsi  les  progrès  de 
la  pétrographie  sont  liés  de  telle  façon  à  ceux  des  travaux 
géologiques  sur  le  terrain,  exécutés  par  les  divers  Etats,  qu'ils 
ne  peuvent  guère  se  passer  du  concours  des  publications  offi- 
cielles de  ces  divers  pays.  Il  y  a  déjà,  d'autre  part,  nombre  de 
journaux  périodiques,  de  publications,  de  sociétés,  largement 
sinon  exclusivement  ouverts  aux  mémoires  de  pétrographie. 

Pourquoi  donc  fonder  un  Journal  International  qui  suppnme, 
ou  se  trouve  en  compétition  avec  ces  publications  nationales,  sans 
d'ailleurs  les  remplacer  avantageusement  à  tous  points  de  vue? 

Ne  serait-il  pas  préférable  de  créer,  au  lieu  de  ce  journal,  un 
organe  central  qui  réunisse  et  fasse  connaître,  en  les  répandant, 
les  mémoires  pétrographiques  disséminés  dans  les  diverses 
revues  ?  11  devrait  s'attacher  essentiellement  à  donner  des 
résumés  courts  et  substantiels  de  tous  les  articles  pétrogra- 
phiques parus.  Et  ce  serait  une  chose  excellente,  que  les 
auteurs  eux-mêmes  donnassent  des  résumés  de  leurs  propres 
publications,  en  mettant  en  relief  les  parties  intéressantes 
pour  la  pétrographie.  A  ces  résumés,  on  pourrait  joindre  de 
courtes  notes  originales  sur  les  questions  à  l'ordi'e  du  jour; 
il  y  aurait  là  une  sorte  d'orientation  donnée  par  la  rédaction 
du  journal. 

La  rédaction  devrait  veiller  à  enregistrer  les  analyses  des 
roches  nouvellement  faites,  les  tentatives  ou  essais  de  nomen- 
clature rationnelle  et  de  systématique,  l'exposé  des  symboles 
et  des  formules  destinés  à  abréger  la  description,  et  tous  les 
progrès   relatifs    à  la  pétrogenèse  et  au  métamorphisme. 

Les  illustrations  seraient  limitées,  à  l'exclusion  absolue  des 
cartes  et  planches  hors  texte,  trop  coûteuses,  à  des  figures  inter- 
calées dans  le  texte,  à  des  schémas,  et  à  des  esquisses  repré- 
sentatives des  structures. 

Le  caractère  international  du  journal  serait  assuré  par  la 
publication  simultanée  d'articles  et  de  résumés,  écrits  eu  alle- 
mand,   anglais    et   français. 

La  publication  du  journal  serait  confiée  à  la  commission 
nommée  à  cet  ellet  par  le  congrès  de  Saint-Pétersbourg,  et 
cette  commission  aurait  le  droit  de  se  compléter  par  cooptation. 

Les  membres  de  cette  commission  prendraient  l'engage- 
ment de  faire  parvenir  à  la  rédaction  les  résumés  des  articles 
parus  dans  leur  pays,  soient  qu'ils  les  écrivissent  eux-mêmes 
ou  qu'ils  les  confiassent  à   des  collaborateurs. 


JOURNAL  DE  péXROGRAPHIE  !l6l 

Les  fonctions  de  Directeur  seraient  déléguées  par  la  Com- 
mission à  l'un  de  ses  membres,  et  il  conviendrait  de  lui 
donner  les  auxiliaires  et  les  moyens  d'action  qui  lui  paraî- 
traient nécessaires. 

Pour  faciliter  les  citations,  il  v  aurait  lieu  de  choisir 
pour  le  Journal  un  titre,  univoque  dans  toutes  les  langues, 
et  indiquant  à  la  fois  son  but.  Tel  par  exemple,  celui  de  : 

PETROLOGICA 

JOURNAL    INTERNATIONAL 
DE    PÉTROGRAPHIE 

PUBLIÉ    PAR    UNE    COMMISSION 

nommée  par  le  Congrès  géologique  international 
et  composé  de  MM 

(ci,   la    liste  des   membres,  par  ordre  alphabétique). 

Directeur  :  M. 

Les  sous-titres  seuls,  seraient  donnés  en  trois  langues  (alle- 
mand, anglais,  français),  et  les  abonnés  indiqueraient  celle  qu*ils 
préfèrent  pour  leur  exemplaire. 

Les  Petrologica  paraîtraient  à  des  intervalles  rapprochés, 
8  à  lo  fois  par  an,  et  ces  fascicules  formeraient  un  volume 
annuel,   avec  une   table  des  matières. 

Les  auteurs  des  résumés  insérés,  comme  ceux  des  articles 
rédigés  à  la  demande  de  la  rédaction,  seraient  rémunérés  :  le 
Directeur  de  la  rédaction  et  ses  collaborateurs  devraient  égale- 
ment être  rémunérés. 

L'organisation  de  cette  revue  serait,  à  coup  sûr,  onéreuse, 
au  moins  dans  les  premiers  temps.  On  ne  peut  guère,  en  effet, 
compter  d'après  les  prévisions  dç  la  Commission,  sur  plus  de 
3  à  fyyo  abonnés.  En  supposant  un  tirage  annuel  de  3o  feuilles, 
en  évaluant  les  divers  droits  d'auteur  à  loo  francs  (loo  Kronen  = 
80  Marks)  et  les  frais  de  papier,  impression,  illustrations  aux 
prix  moyens  de  Vienne,  on  arriverait, dans  cette  première  approxi- 
mation, à  une  dépense  annuelle  de  7.600  francs  (7.500  Kronen  = 
6.000  Marks),  où  ne  sont  pas  compris  les  honoraires  de  la  direc- 


26q  VIII*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tion,  ni  la  commission  de  l'éditeur.  Le  prix  d'abonnement,  basé 
sur  le  prix  de  revient,  serait  donc  de  20  francs  (20  Kronen  = 
16  Marks),  chiflre  qu'il  faudrait  majorer  de  l'importance  des 
sommes  allouées  à  la  direction  et  à  la  librairie. 

On  a  proposé  de  fondre  dans  les  Petrologica,  le  journal 
actuel  des  Tschermak\s  miner alogische-petrographische  Mitthei- 
lungen,  dont  l'éditeur  actuel  est  le  Président  de  la  Commission 
chargée  par  le  Congrès  de  fonder  le  nouveau  journal.  Mais  c'est 
une  idée  que  nous  avons  dû  abandonner  ;  le  plan  des  deux 
Revues  est  réellement  trop  différent  pour  qu'elles  puissent  se 
remplacer  l'une  l'autre.  L'une  est  destinée  à  des  résumés,  l'autre 
à  des  mémoires  originaux.  Il  n'y  a  donc  aucune  raison  pour 
supprimer  la  publication  des  Tschermak's  Mittheilungen,  en 
tant  que  Revue  réservée  aux  mémoires  pétrographiques  origi- 
naux, de  dimensions   moyennes. 

Il  faut  enfin  faire  savoir  au  Congrès  que,  d'après  les  avis 
motivés  des  membres  compétents  de  la  Commission,  il  n'y  a 
aucun  espoir  d'obtenir  de  subvention  officielle  des  gouverne- 
ments Anglais,  Autrichien,  Français,  Russe,  Suisse.  Il  en  est 
de  même  pour  les  Etats-Unis,  où  on  pourrait  peut-être  inté- 
resser à  l'œuvre  des  académies  ou  des  sociétés  savantes  ?  La 
Norwège  et  la  Suède  paraissent  mieux  disposées,  et  le  Dane- 
mark  suivrait  l'exemple  des  autres  pays  Scandinaves. 

Dans  ces  conditions,  il  semble  que  le  Congrès  pourrait  se 
borner  dans  la  présente  session  à  adhérer  en  principe  au 
programme  qui  lui  est  soumis,  et  à  affirmer  son  assentiment, 
par  une  motion  continuant  à  la  commission  de  Saint- 
Pétersbourg  la  mission  de  poursuivre   son   œuvre. 

L'activité  de  cette  commission  devrait  se  porter  spéciale- 
ment sur  les  points   suivants: 

\^  Choix   d'un  Directeur,   pour  la  Rédaction  du  Journal; 

2°  Création  d'un  capital,  par  souscriptions  d'États,  d'Acadé- 
mies et  de  Sociétés; 

30  Choix   d'un  Éditeur. 

Paris,  Août  igoo. 


j 


a63 


VI.  ÉTUDE  DU  PROJET  D'INSTITUT  FLOTTANT 

INTERNATIONAL 

PRÉSENTÉ   AU  CONGRÈS  DE   SAINT-PÉTERSBOURG. 

RAPPORT 
Par  M.  A.  EARPINSET, 

Pré.sident   de   la   VII»  Session    du    Conférés 

Dans  la  troisième  séance  de  la  dernière  session  à  S^-Péters- 
bourg,  le  Congrès  a  approuvé,  à  runanimité,  une  proposition 
qui  lui  a  été  soumise,  relativement  à  l'établissement  d'un  Insti- 
tut flottant  international. 

Le  Bureau  de  la  VIP  session  a  fait  connaître  cette  résolu- 
tion aux  principaux  instituts  scientifiques  du  monde  entier,  en 
leur  envoyant  une  circulaire,  dans  laquelle  il  fournit  notamment 
quelques  données  sur  les  frais  de  Tentrcprise,  d'après  une  com- 
munication de  Sir  John  Murrav. 

Depuis  lors,  le  Bureau  n'a  reçu  que  ii  réponses  à  sa  lettre 
circulaire,  dont  9  sont  aflirmatives  et  2  négatives.  Mais,  la 
plupart  de  ces  réponses  sont  loin  d'être  définitives,  faute  de 
renseignements  exacts  (ainsi,  on  manque  d'indications  sur  les 
charges  pour  les  différents  pays,  etc.).  Les  demandes  de  ren- 
seignements complémentaires,  adressées  au  bureau,  n'ont  pu 
être  satisfaites,  en  raison  du  petit  nombre  des  réponses  reçues 
par  lui. 

Il  en  résulte  que  le  projet  de  fondation  d'un  Institut  flot- 
tant, peut  être  considéré  comme  se  trouvant  dans  des  condi- 
tions défa\;orables  et  la  démarche  faite  par  le  Bureau  de  la 
VII«  session,  comme  restée  sans  résultats.  Cependant,  le  Bureau 
croit  qu'il  ne  faut  pas  encore  renoncer  au  succès  de  cette  entre- 
prise et  il  propose  de  reporter  la  question  de  l'organisation  d'un 
Institut  flottant  international,  à  la  session  prochaine  ou  à  une 
session  suivante  et  de  confier  aux  bureaux  successifs  du  Con- 
grès, le  soin  de  faire  des  démarches  auprès  des  différents  pays, 
de  la  manière  qu'il  leur  semblera  la  plus  convenable. 

Il  serait  bien  désirable  aussi  que  les  autres  congrès  scienti- 
fiques internationaux,  intéressés  à  cette  question,  comme  par 
exemple,  ceux  de  Géographie,  de  Zoologie,  etc.,  prennent  éga- 


a64  VIll'  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

lement  à  cœur  son  succès,  expriment  publiquement  leurs  espé- 
rances el  s'eflbrcent  de  les  faire  aboutir. 

M.  Karpinsky,  en  terminant,  transmet  les  propositions  sui- 
vantes, formulées  par  M.  Androussow,  concernant  Flnstitul 
flottant  international. 


Propositions  de  M.  Androussow^  concernant 
V Institut  flottant  international. 

V  Nomination  par  le  Congrès  d'une  Commission  perma- 
nente, qui  s'occuperait  du  projet  d'un  Institut  flottant. 

2**  Décision  de  la  Commission  de  se  réunir  l'hiver  prochain, 
ou  dans  un  an,  pour  arrêter  les  démarches  qu'il  conviendrait 
d'entreprendre. 

3°  Entente  préalable,  avant  la  fondation  d'un  Institut  flot- 
tant, avec  les  Congrès  de  Zoologie,  de  Géographie  et  autres,  en 
les  priant  de  s'exprimer  à  ce  sujet  et  de  prendre  part  à  la 
réalisation  du  projet. 


j 


COMMUNICATIONS    RELATIVES 


AUX 


OEUVRES    COLLECTIVES  DES  CONGRÈS 


L    DE    LA    COOPÉRATION    INTERNATIONALE 
DANS  LES  INVESTIGATIONS  GÉOLOGIQUES 

Par  Sir  Archibald  GEIKIE 

On  a  reproché  à  la  Géologie,  et  ce  reproche  a  surtout  été 
fait  par  les  personnes  versées  dans  les  sciences  exactes,  de 
se  contenter  de  mesures  approchées  et  de  baser  ses  conclu- 
sions sur  des  notions  parfois  discutables.  Il  ne  faut  pas 
s'émouvoir  outre  mesure  de  cette  critique  ;  la  précision 
mathématique  ne  paraît  pas  conciliable  en  effet  avec  notre 
connaissance  actuelle  de  la  nature  des  choses  ;  nous  ne  les 
pénétrons  encore  que  d'une  façon  approximative,  et  c'est 
sagesse  à  nous,  de  nous  garder  de  conclusions  rigoureuses 
trop  absolues,  quand  notre  raisonnement  ne  repose  que  sur 
des  prémisses  insuffisamment  établies. 

Depuis  un  siècle,  de  louables  efforts  ont  été  tentés  pour 
faire  entrer  la  géologie  dans  la  voie  des  sciences  expérimen- 
tales, des  sciences  exactes.  Nous  devons  une  grande  recon- 
naissance à  James  Hall  qui  ouvrit  la  voie,  et  à  tous  ceux 
qui  l'ont  suivi,  et  parmi  eux,  aujourd'hui  que  nous  sommes 
en  France,  réunis  à  Paris,  c'est  vei's  Daubrée,  le  maître  et 
Tami  distingué,  que  remontent  nos  pensées  ;  car  sa  place  est 
marquée  pour  toujours,  dans  nos  annales,  comme  celle  d'un 
des  grands  pionniers  de  la  géologie   expérimentale. 

Beaucoup  a  été  fait  sans  aucun  doute   déjà  pour  soumettre 


266  VIII'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

les  faits  observés  à  des  mesures  précises,  et  pour  les  contrôler 
expérimentalement  dans   les   laboratoires,  mais  il  serait  puéril 
de  ne  pas  reconnaître  qu'il  reste  encore  beaucoup  plus  à  faire. 
On  peut  même  prévoir  que  c'est  de  ce  côté  que  se  produiront 
les  découvertes  les  plus  fécondes,  les  progrès  les  plus  décisifs. 
Jusqu'ici,   les  efforts  tentés  ont  été   individuels,   exécutés  indé- 
pendamment par  des  savants  de  divers  pays,  marchant  paral- 
lèlement   dans  la  carrière,    sans    profiter,   ou    sans   s'aider,  de 
ceux  qui  travaillaient  à  côté.  Aujourd'hui  nous  nous  demande- 
rons s'il  ne  serait  pas  opportun  d'envisager  la  possibilité  d'une 
entente,  l'organisation  d'une  coopération  internationale  plus  large 
et    systématique,    dans    cet   important  domaine    de    recherches 
scientifiques  ?   Et  il  nous  semble   que   les   Congrès  géologiques 
internationaux  soient  naturellement  indiqués  pour  faire  aboutir 
pratiquement  et  assurer  le  succès  d'une  tentative  de  ce  genre. 
C'est    une    voie    un    peu   nouvelle   pour  nos   Congrès,    mais 
pas   complètement  neuve   cependant.  On  trouve  en  effet,  déjà. 
dans    leur    passé,    cette    même    tendance    à    une    coopération 
méthodique  des  investigations  géologiques  ;  tels  sont  la  création 
de  notre   Comité  de  la  Carte  géologique  d'Europe,  notre  Com- 
mission   des    Glaciers    et    celle    de    l'Institut     flottant.     L'idée 
a    déjà    été    lancée,     puisque    nos    commissions    fonctionnent  ; 
mais    nous    croyons    qu'elle    peut    être   généralisée   et   devenir 
d'une  grande  fécondité.  Déjà  l'an  passé,  à  Douvres,  dans  mon 
discours   présidentiel,   devant    la  section  géologique  de  l'Asso- 
ciation   britanni(jue    pour  l'Avancement   des  Sciences,   et  dans 
une    occasion   où    les    géologues    anglais    avaient   le  plaisir  de 
recevoir  un  si  grand   nombre  de  leurs  confrères  de  France  et 
de   Belgique,  j'ai  touché  cette  question,  et  exprimé  Tespéranee 
de    la   porter  cette    année  devant  le  Congrès   géologique  inter- 
national  réuni  à  Paris.   C'est  ce  projet  que  je   réalise  aujour 
d'iiui,    en     vous    soumettant    les    remarques    qui    suivent.    H 
m'a    semblé    que    nulle    occasion    ne  serait  plus  favorable  que 
celle-ci,    où   tant  de   géologues,  délégués  de  tous   les  points  du 
globe,  se    trouvent  réunis,  pour  parler  au  Congrès  de  son  but 
même,    et  de    la    direction    à   donner  à   ses   efforts   pour  déve- 
lopper   sa    bienfaisante     influence    et     servir    la     cause   de  la 
sci<Mice   à    laquelle   nous   avons  consacré  nos  vies.  Le  Con^S 
en  raison  même  de  son  caractère  international,   a  les  moyeas 
mieux    que   toute   administration,    d'organiser  et   de   guider  les 
recherches  géologiques  ;  et  on  peut  aflirmer  que  s'il  est  possible 


SIR   ARCHIBALD   GRTKIE  Sfi^ 

d'aboutir  pratiquement  dans  cette  tentative  de  coopération  et 
de  coordination,  on  le  devra  au  Congrès  qui  l'encouragera  et 
la   patronnera. 

Dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances,  nul  ne  peut  tra- 
vailler dans  le  vaste  champ  de  la  géologie  dynamique,  sans 
reconnaître  la  nécessité  impérieuse  et  croissante  d'un  plus  grand 
nombre  de  mesures  de  précision,  sans  souhaiter  des  recherches 
expérimentales  rationnelles  ;  par  là,  cet  important  chapitre  de 
la  géologie  gagnerait  en  précision  et  en  exactitude,  et  son  progrès 
serait  assuré.  On  a  déjà  beaucoup  fait  dans  cette  voie,  il  est 
vrai,  mais  mon  sentiment  néanmoins  est  que  la  géologie  expéri- 
mentale en  est  encore  à  ses  débuts.  Nous  ne  devrions  avoir  de 
trêve,  que  tous  les  phénomènes  géologiques  susceptibles  de  ce 
genre  d'investigations,  n'aient  été  mesurés  avec  précision,  ou 
expliqués  par  des  expériences  de  laboratoire.  Trop  souvent,  et 
dans  les  diverses  branches  de  la  géologie,  nous  nous  contentons 
de  l'observation  plus  ou  moins  précise  et  exacte  sur  le  terrain, 
quand  nous  pourrions  la  contrôler  et  étendre  sa  portée  par  des 
déterminations  précises,  par  des  données  numériques,  qui  four- 
niraient des  bases  exactes  aux  déductions  théoriques  et  pratiques. 

Mais  le  sujet  ainsi  compris  est  trop  vaste  pour  être  envi- 
sagé ici  dans  son  ensemble.  Je  me  bornerai  à  quelques  exemples 
pris  dans  les  deux  grands  groupes  de  phénomènes  de  la  dyna- 
mique géologique  :   ils  me  permettront  d'arriver  à  mon  but. 

Voyons  d'abord  les  mouvements  et  changements  qui  s'accom- 
plissent à  l'intérieur  du  globe,  et  qui  sont  généralement  dési- 
gnés comme  hypo gènes.  Il  est  évident  que  beaucoup  de  ces 
phénomènes  pourraient  être  observés  et  enregistrés  avec  plus 
de  soin  et  de  régularité  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici.  Les  recherches 
du  professeur  Georges  Darwin,  et  d'autres  auteurs,  ont  appris 
combien  étaient  constants,  bien  que  petits,  mais  mesurables, 
les  tremblements  auxquels  la  croûte  terrestre  était  assujettie. 
On  doit  se  demander  si  ces  trépidations  sont  en  relation  avec 
quelque  lent  déplacement  de  la  croûte  terrestre,  et  dans  ce 
cas,  quelle  est  leur  résultante  sur  le  niveau  de  la  surface, 
dans  l'intervalle  d'un  siècle  ? 

Un  autre  fils  de  l'illustre  Darwin  a  établi  récemment  un 
appareil  enregistreur  sur  Tune  des  lignes  de  dislocation  du 
sol  du  sud  de  l'Angleterre,  cherchant  à  constater  s'il  se  pro- 
duisait des  mouvements  du  sol,  de  l'un  ou  l'autre  cùté  de 
cette  ligne   de  division.   Des  instruments  de  ce  genre  seraient 


268  VIII^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

avantageusement  installés  dans  d'autres  pays,  notanAnent  dans 
les  régions  affectées  d'importantes  failles  récentes.  Il  serait 
important  et  intéressant  de  reconnaître  si,  à  la  suite  d'un 
tremblement  de  terre,  il  s'est  produit  quelque  dénivellation, 
de  part    ou  d'autre  d'une  de  ces  failles. 

Les   tremblements  de   terre   ont    été    l'objet   de    nombreuses 
études,  et  cependant  il  s'en  faut  beaucoup  que  nous  possédions 
une  explication  suffisante   et  adéquate   de   la  cause  du   phéno- 
mène. Dans  la  plupart  des  cas,  d'ailleurs,  ils  n'ont  été  étudiés 
que  lorsqu'ils    avaient  cessé    de   se    faire   sentir  ;   et  l'installa- 
tion d'appareils  enregistreurs,  de   séismographes,  a  donné  une 
clarté  et  une  précision  nouvelles  à  nos  conceptions  concernant 
la  nature  de   ces   mouvements.  Ces  observations,  toutefois,  ne 
pourront  donner  de  résultat  satisfaisant  que  lorsqu'elles  auront 
été  poursuivies  sur  de  vastes  espaces   et  pendant  de    longues 
périodes.  Déjà  l'Association  Britannique  pour  l'Avancement  des 
Sciences    a    fondé   une  Commission  Séismologique  ;  ses   instm- 
ments  enregistreurs  fonctionnent  en  plusieurs  parties  du  monde, 
et  servent  la  science,  sous  l'inspiration  de  M.  Milne.  Le  Japon 
a  déjà  fait  beaucoup  dans  cette  voie,   et  nous  sommes    fondés 
à   attendre   de    nouveaux    services  du  Survey   Vulcanologiqoe. 
dirigé  par  le  professeur  Koto.   Le  Congrès  géologique  interna- 
tional   pourrait   voir  s'il   ne   serait  pas   possible   d'installer  un 
autre    Survey    semblable,    en    quelque  autre   pays  exposé  aux 
tremblements,  et  il  pourrait  chercher  à  uniffer  les  observations 
relevées  dans  les  divers  pays  :  il  fournirait  de  la  sorte  un  fonds 
solide  et  bien  documenté  à  toutes  les  dissertations  sur  les  trem- 
blements de  terre. 

Les  relations  des  tremblements  de  terre  avec  la  formation 
des  montagnes  sont  également  susceptibles  d'être  élucidées 
par  des  mesures  exactes.  Les  secousses  seismiques,  si  fréquentes 
suivant  les  chaînes  de  montagnes,  doivent-elles  être  consi- 
dérées comme  la  continuation  et  la  suite  des  processus  qui 
ont  déterminé  la  formation  de  ces  chaînes  ?  Et  ces  déplace- 
ments, dans  quel  sens  s'opèrent-ils,  ont-ils  pour  résultat  un 
mouvement  d'élévation  ou  d'affaissement  ?  Nous  ne  pouvons 
actuellement  répondre  à  ces  questions,  mais  leur  solution  se 
présentera  d'elle-même,  le  jour  où  nous  aurons  soumis  les  phéno- 
mènes seismiques  à  des  mesures  précises.  Des  mouvements  el 
déplacements,  insensibles  à  l'œil  de  l'observateur,  sei*out  mis  en 
évidence   par   des  séries   répétées  de   mesures  d'altitude  minu- 


SIR    ARCUIBALD   GEIKIE  269 

tieuses,  au  dessus  d'un  repère  bien  choisi.  Ces  chiffres,  s'ils 
étaient  d'une  exactitude  absolue,  permettraient  par  exemple  de 
déterminer,  s'il  s'est  produit,  en  quelque  point,  un  changement 
d'altitude,  après  un  tremblement  alpin.  Avec  de  semblables 
données,  nous  serions  en  mesure  de  fixer  si  la  grande  ride 
terrestre  des  Alpes,  continue  encore  à  s'élever  ou  si  au  con- 
traire elle  s'abaisse,  et  nous  pourrions  indiquer  la  vitesse  du 
mouvement.  Si  ces  mouvements  sont  lents,  trop  lents  pour 
être  appréciables  aux  sens  de  l'homme,  depuis  qu'il  observe, 
c'est  une  raison  de  plus  pour  les  mesurer  exactement,  comme 
des  phénomènes  continués   pendant  des  périodes   immenses. 

Ces  mesures  ne  nous  apprendraient  pas  sans  doute  si  les 
chaînes  de  montagnes  sont  nées  dans  une  convulsion  gigan- 
tesque, ou  si  elles  se  sont  dressées  en  plusieurs  fois,  par  des 
soulèvements  répétés,  ou  enfin  si  elles  se  sont  élevées  tranquille- 
ment d'un  mouvement  lent  et  continu  ?  Mais  elles  nous  met- 
traient au  moins  en  possession  d'informations  suggestives,  sur 
la  vitesse   des   mouvements  d'oscillation  de  la  croûte  terrestre. 

D'autre  part,  il  est  bien  certain  que  le  genre  d'observa- 
tions nécessaires  pour  obtenir  ces  résultats  ne  saurait  être  une 
œuvre  personnelle.  Pour  Tentreprendre  et  pour  aboutir,  il 
faudrait  s'assurer  le  concours  d'un  ensemble  de  collaborateurs 
espacés  sur  toute  la  longueur  et  sur  les  deux  versants  d'une 
grande  chaîne  montagneuse.  Lem'S  observations  devraient  se 
poursuivre  suivant  un  plan  uniforme,  méthodique,  convena- 
blement mûri,  qui  laisserait  à  chacun  l'indépendance  de  ses 
efforts  individuels,  mais  assurerait  la  communauté  de  but.  Il 
nous  parait  que  l'organisation  et  le  contrôle  d'une  entreprise 
de  ce  genre  fournirait  un  but  élevé  d'activité  à  un  Comité  du 
Congrès  géologique  international. 

Il  y  a  une  autre  branche  de  géologie  dynamique,  une  autre 
série  de  mouvements  hypogènes  dont  les  Congrès  internatio- 
naux pourraient  encore  s'occuper  avec  succès  ;  et  j'ai  ici 
l'assurance  de  mon  expérience  personnelle.  C'est  la  question 
souvent  disputée  de  l'origine  des  cordons  littoraux  ou  plages 
soulevées,  si  caractéristiques  des  rivages  marins  du  N.  W. 
de  l'Europe.  Les  géologues  sont  toujours  aussi  divisés  relati- 
vement à  l'origine  de  ces  terrasses  remarquables  ;  certains  y 
voient  des  preuves  d'abaissement  du  niveau  de  la  mer,  d'autres 
les  considérant  comme  démontrant  le  soulèvement  du  sol  con- 
tinental.   Il    semble  cependant  qu'on    ait    négligé   jusqu'ici  de 


^70  VlU^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

déterminer  la  condition  fondamentale  et   essentielle,   nécessaire 
à   la  solution   de   ce   problème  :  de  bonnes  mesm'es. 

Sans  doute,  on  a  des  mesui^es  locales,  suflisamment  précises 
et  exactes,  du  niveau  de  ces  plages,  mais  elles  sont  isolées  et 
disséminées  :  elles  devraient  au  contraire  être  généralisées  et 
étendues  à  de  vastes  régions,  pour  permettre  des  conclusions 
définitives.  11  faudrait  ici  lever  une  série  de  nivellements 
rigoureux  des  plages  soulevées,  en  les  repérant  exactement 
sur  toute   leur  étendue,  relativement  à  la   ligne  des   côtes. 

Ainsi,  par  exemple,  en  Ecosse,  il  y  a  deux  de  ces  terrasses 
bien  marquées,  l'ime  à  Taltitude  d'environ  5o  pieds,  l'autre 
à  environ  loo  pieds,  au-dessus  du  niveau  actuel  de  la  mer. 
Ces  deux  terrasses  se  retrouvent  à  E.  et  W.  sur  les  deux  rivages  du 
pays,  paraissant  conserver  les  mêmes  altitudes  ;  or,  on  n'a 
point  encore  fait  de  nivellement  systématique  qui  permettrait 
de  reconnaître  la  constance  ou  la  variation  de  leurs  niveaux, 
soit  d'un  côté  ou  de  l'autre  du  pays,  soit  dans  la  direction 
du  N.  au  S.  —  Ces  deux  terrasses  disparaissent  l'une  comme  l'autre, 
au  Nord,  on  ne  les  voit  pas  non  plus  au  Sud,  en  Angleterre; 
on  remarque  en  outre  certaines  inégalités  apparentes  de 
niveau,  suivant  leur  parcours,  ce  qui  semble  indiquer  qu'elles 
ont  été  sollicitées  par  des  mouvements  inégaux.  Mais  avant 
que  ces  dilïérences  aient  été  mesurées  avec  précision,  je  n'es- 
time pas  qu'un  savant  soit  fondé,  d'après  ce  qu'on  observe 
en  Ecosse,  à  conclure  que  le  niveau  de  la  terre  s'est  élevé, 
ou  que  celui  de  la  mer  s'est  abaissé.  J'espère  que  cette  ques- 
tion spéciale  sera  élucidée  chez  nous,  d'une  façon  satisfaisante, 
et  j'ai  déjà  pris  des  dispositions  à  cet  effet  ;  mais  sa  solution  ne 
suffira  pas  pour  asseoir  une  conclusion  générale.  Elle  de^Ta 
être  étudiée  comparativement  dans  d'autres  pays.  Il  serait 
désirable  que  sous  l'impulsion  et  sous  les  auspices  des  Con- 
grès géologiques  internationaux,  les  géologues  danois,  norwé- 
giens,  suédois,  finlandais,  russes,  écossais,  américains,  entre- 
prennent d'un  connu  un  accord  un  lever  détaillé,  qui  fixe,  d'une 
façon  définitive,  ce  problème  des  lignes  littorales  de  l'hémis- 
phère boréal. 

Je  passerai  maintenant  à  la  considération  de  quelques 
exemples  choisis  dans  l'autre  classe  de  la  dynamique  géolo- 
gique, parmi  les  phénomènes  épigènes  :  là  encore  on  trouverait 
de  grands  avantages  à  généraliser  les  méthodes  préconisées 
de    mensuration    et    d'expérimentation. 


SIK   ARCUIBALD   GEIKIE  2^1 

L'étude  des  phénomènes  de  dénudation  nous  ouvrira  un 
champ  illimité,  quoique  de  toutes  parts  déjà  il  ait  été  défriché 
avec  activité  et  avec  succès.  Des  volumes,  des  mémoires, 
des  articles  de  toute  forme,  ont  été  consacrés  à  l'étude  de 
ces  phénomènes  de  dénudation  ;  et  cependant,  dans  cette 
riche  littérature,  il  y  a  pauvreté  assez  générale  de  précision, 
absence  presque  constante  de  résultats  numériques,  rareté  des 
mesures  exactes,  systématiques  ou  continues,  en  un  mot 
défaut  habituel  des  données  qui  permettraient  de  se  rendre 
un  compte  véritable  de  l'étendue  et  de  la  rapidité  des  dénu- 
dations  observées.  Il  y  a  toutefois  des  exceptions  honorables, 
et  nous  possédons  bien  quelques  mesures  exactes  de  la  plus 
haute  valeur,  et  leur  nombre  s'accroît  encore  tous  les  jours, 
mais  quel  avantage  il  y  aurait,  pour  la  science,  à  le  décupler! 

C'est  qu'en  elïet  quand  on  envisage  la  sculpture  et  les 
formes  d'altération  des  traits  terrestres  sous  l'influence  de  la 
dénudation,  il  semble  qu'il  y  ait  cent  moyens  de  contrôler 
l'observation  immédiate  des  phénomènes,  par  des  mesures 
directes,   ou  par  des   expériences  de  laboratoire. 

C'est  presque  un  lieu  comnmn  de  dire,  en  géologie,  que 
la  quantité  de  substances  enlevées  en  suspension  ou  en  solu- 
tion par  les  cours  d'eaux,  mesure  l'importance  de  la  dénudation 
des  régions  drainées  par  ces  rivières.  Et  cependant  combien 
inégales,  et  combien  insuilisantes  en  général  sont  les  indi- 
cations numériques  que  nous  possédons  sur  cette  importante 
question  !  On  n'a  encore  étudié  systématiquement,  à  ce  point 
de  vue,  qu'un  très  petit  nombre  de  rivières,  et  les  résultats 
discordants  ne  peuvent  être  considérés  comme  définitifs.  Ils 
ont  suffi  seulement  à  montrer  l'intérêt  et  toute  l'importance 
de  cette  méthode  de  recherche  ;  mais  on  n'est  pas  encore 
en  possession  de  documents  suffisants  pour  en  tirer  des  déduc- 
tions  rationnelles,    moins  encore   des  généralisations. 

Ce  qu'il  nous  faudrait  pour  cela^  c'est  une  série  d'obser- 
vations bien  menée,  organisée  suivant  un  plan  uniforme, 
poursuivie  pendant  plusieurs  années,  et  étendue  à  toutes  les 
rivières  d'un  pays,  voire  même  à  toutes  les  grandes  rivières 
des  divers  continents,  loin  d'être  limitée  à  un  seul  cours 
d'eau.  Il  importerait  de  connaître,  aussi  exactement  que 
possible,  l'étendue  et  la  surface  du  bassin  des  rivières,  les 
relations  de  leur  débit  avec  les  quantités  de  pluie,  le  détail 
de   toutes  les  conditions    météorologiques   aussi    bien  que   des 


27^  VlU'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

topogi'aphiqiies,  les  variations  dans  les  proportions  des  ma- 
tières suspendues  ou  dissoutes  dans  leurs  eaux,  relativement 
aux  Ibrniations  géologi(|ues  traversées,  à  la  forme  du  fond,  à 
la  saison,  au  climat.  En  un  mot,  il  faudrait  connaître  en 
détail  le  régime  de  toutes  les  rivières.  On  peut  citer,  comme 
modèle  du  genre,  Tadmirahle  rapport  de  MM.  Humphreys  et 
Abbott,  sur  les  «  Physics  and  Hydraulics  of  tlie  Mississipi  » 
publié  en  1861,  bien  que  ces  auteurs,  préoccupés  de  diverses 
questions  étrangères  à  la  géologie,  aient  laissé  dans  Tombre 
certains  points   d'un  grand   intérêt   pour  nous. 

Ce  que  nous  avons  dit  de  T étude  des  Rivières  s'applique 
exactement  à  celle  des  Glaciers.  Il  semble,  il  est  vrai,  que  les 
lois  qui  régissent  le  mouvement  des  glaciers  aient  été  am- 
plement approfondies,  et  qu'on  ait  relevé  avec  soin  leurs 
mouvements  d'avance  et  de  retrait.  Mais  ce  sont  des  côtés 
de  la  question  plus  intéressants  pour  le  physicien  et  le  météo- 
rologiste. Nous,  nous  devons  réclamer,  comme  géologues,  des 
informations  plus  précises  sur  le  labeur  géologique  des  Glaciers. 
11  nous  importe  de  mieux  connaître  la  vitesse  avec  laquelle 
ils  creusent  leur  voie,  les  circonstances  qui  favorisent  ou 
retardent  leur  puissance  érosive,  les  conditions  qui  leur  per- 
mettent de  remonter  des  pentes,  et  enfin  la  réalité  et  l'im- 
portance des  mouvements,  en  sens  divers,  qui  se  produisent 
dans  la  glace,  et  par  suite  desquels  les  cailloux  sont  charriés 
et  les  stries  sont  orientées  dans  des  directions  variées.  Ce  sont 
autant  de  questions,  et  il  en  est  beaucoup  d'analogues,  sur 
lesquelles  nous  ne  possédons  que  des  renseignements  vagues 
et  incertains.  Il  semble  cependant  que  leur  solution  dépende 
d'une  série  d'observations  systématiques,  sufîisamment  prolon- 
gée, à  condition  qu'elles  ne  soient  pas  bornées  à  la  Suisse, 
mais  poursuivies  en  Scandinavie,  dans  les  Uégions  arctiques  et 
antarctiques,  aux  Indes,  à  la  Nouvelle-Zélande.  Notre  Congrès 
International  a  déjà  marché  dans  cette  voie,  et  créé  un  Comité 
des  Glaciers  qui,  sous  l'impulsion  enthousiaste  de  M.  Forel 
a  déjà  rendu  des  services  signalés.  Ce  Comité  est  digne  que  nous 
nous  intéressions  à  lui  et  que  nous  encouragions  ses  ellbrts, 
il  y  aurait  avantage  à  le  développer,  pour  qu'il  étende  son 
action  à  toutes  les  régions  du  globe  accessibles  aux  géologues. 
Ainsi  les  savants  danois  qui,  dans  ces  dernières  années,  ont 
tant  ajouté  à  nos  notions  sur  les  glaciers  et  les  nappes  gla- 
cières du  Groenland,   les  géologues  américains  qui   ont  fait  de 


SIH    ARCHIBALD   GEIKIE  2^3 

si  bon  ouvrage  parmi  les  glaces  de  l'Alaska,  seraient  d'excel- 
lentes recrues  pour  notre  Comité  des  Glaciers  ;  et  il  y  a  lieu 
de  croire  qu'il  suffirait  d'une  simple  invitation  pour  qu'ils 
poursuivissent,  de  concert  avec  nous^  les  mêmes  recherches 
systématiques. 

Un  autre  sujet  d'étude  qui  a  attiré  à  maintes  reprises 
l'attention  des  géologues,  est  celui  de  la  Dénudation  Subaé- 
rienne de  la  croûte  terrestre.  Et  cependant  nous  manquons 
aussi  de  documents  précis  ;  on  n*a  pas  encore  mesuré  son 
action  comparativement,  sur  les  diflerentes  roches,  et  sous 
divers  climats,  avec  précision  et  méthode.  On  pourrait  s'aider 
dans  cette  mesure  de  l'examen  de  bâtiments,  portant  la  date 
de  leur  construction  ;  j'ai  pu  ainsi  indiquer,  il  y  a  déjà 
20  ans,  la  rapidité  de  la  désagrégation  de  certaines  roches 
dans  un  climat  humide  et  variable  comme  celui  de  l'Ecosse. 
On  a   cependant  jusqu'ici  peu  fait,   dans   cette   voie. 

L'étude  de  la  dénudation  ne  peut  guère  se  séparer  de 
celle  de  la  sédimentation  :  les  matériaux  déposés  par  la  sédi- 
mentation sont  ceux  qui  ont  été  enlevés  par  dénudation, 
moins  ce  qui  a  été  dissous  en  route,  dans  les  eaux  des  ruis- 
seaux ou  de  la  mer.  Or,  il  nous  reste  beaucoup  à  apprendre 
sur  les  conditions  de  la  sédimentation,  et  ses  variations  de 
vitesse. 

11  ne  semble  pas  (pi'on  puisse  compter  sur  de  notables 
progrès  dans  cette  étude,  aussi  longtemps  qu'on  ne  l'abordera 
pas  systématiquement,  au  moyen  d'un  plan  préconçu,  bien 
mûri  et  poursuivi  avec  continuité.  11  y  a  encore  bien  des 
inconnues  pour  nous,  dans  la  forme  et  la  rapidité  des  dépôts 
qui  s'accumulent  sous  l'influence  des  divers  facteurs,  dans  les 
lacs,  les  estuaires  et  la  mer.  Ainsi  nous  ne  saurions  indiquer 
par  une  moyenne,  la  vitesse  avec  laquelle  se  comblent  les 
lacs  des  divers  pays  d'Europe?  Si  .d'ailleurs  nous  connais- 
sions cette  vitesse,  et  si  nous  savions,  d'autre  part,  la  quantité 
de  sédiments  déjà  amassée,  nous  aurions  en  notre  possession 
un  moyen  de  calculer,  non  seulement  en  combien  de  temps  ces 
lacs  seront  comblés  et  disparaîtront,  mais  aussi,  ce  qui  est 
plus  important,  depuis  combien  de  temps  leur  remplissage  se 
poursuit.  Ce  chiffre,  en  eflet,  nous  fournirait  une  date,  pour 
la  fin  de  la  Période  Glaciaire.  Des  conclusions  de  cette  nature 
ne  sauraient  découler  d'observations  isolées  ou  locales,  elles 
doivent  être  basées  sur  les  observations  combinées,  de  nombreux 


18. 


•274  Vlir    CON(iRKS   CiÉOLOGlQUE 

observateurs,  des   diverses   régions  lacustres  du  continent,  sui- 
vant un   plan    déterminé. 

La  géologie  est  entrée  dans  une  période,  où  on  doit  attendis 
les    plus    grands    avantages    de    méthodes    d'investigation    plus 
précises,    et   de   la    convergence    des    efforts    individuels,    libre- 
ment  associés    sous    une    même    règle,    et    vers    un   même   but. 
Il   serait   aisé   dVn   multiplier  encore   les   exemples.    Mais   nous 
croyons    en    avoir    dit    assez,    pour    faire    voir    au    Congrès   la 
portée  de  ces  tentatives,  et  Timportance  que  nous  y  attachons. 
Nous   ne   proposerons   pas  toutefois  ici  d-(^  plan   général  d^oi'ga- 
nisation,   notre  intention   actuelle  étant  de   nous   borner  à   une 
sorte    de    consultation,    et    de    demander   à    nos    confrèi^es  s'ils 
pensent   avec    nous  qu'il   serait  bon,   avantageux,    et   praticable 
d'installer  sur  dcî*  bases  plus  larges  la  coopération  en  géologie? 
J'estime  que  nous  aurions  rendu  un  service  durable  à  la  science, 
si     nous    arrivions    à     grouper    des    observateurs    en    coniilés 
d'action,    travaillant     avec     méthode,    vers    un    but    déterminé, 
soit   l'un  de  ceux    que   je  viens   d'indiquer,  ou  tout  autre.   11  y 
aurait  même  de  la  prudence  à  débuter  pai»  la  question  la  plus 
facile,   celle   qui  réclamerait  la  moindre   dépense  d'hommes  et 
d'argent.   On    pourrait    partager    la    besogne,  entre    les    divers 
pays   représentés  au   Congrès.    Chaque  pays   pourrait  librenieul 
choisir   le    sujet   de   ses    observations,    n'étant   poussé    que  par 
l'émulation   de    voir  ses    voisins    avancer    dans   la   même  voie. 

Un  Comité  Central  composé  de  membres  des  diverses  nations 
engagées  dans  ces  recherches  sur  le  terra'in,  rendrait  des  se^ 
vices  en  tra<;ant  les  méthodes  générales,  les  plans  de  travail, 
et  en  indiquant  le  but.  Son  rôle  se  bornerait  à  organiser  le 
travail  et  à  généraliser  la  méthode,  en  laissant  la  plus  grande 
latitude  possible    aux   ellbrts   individuels. 

La  publication  des  résultats  ne  serait  pas  non  plus  sou- 
mise à  l'approbation  du  Congrès.  Chaque  collaborateur,  chaque 
comité  resterait  libre  de  suivre  ses  convenances,  et  on  se 
bornerait  à  présenter  à  nos  sessions,  tous  les  trois  ans,  un 
aperçu  sommaii*e  des  résultats  généraux.  Nous  avons  la  con- 
fiance que  ces  résumés,  publiés  par  nos  Secrétaires  et  insérés 
dans  nos  Comptes-Rendus,  constitueraient  un  des  chapitres  les 
plus  importants  de  nos  volumes  triennaux.  L'idéal  d'une 
assemblée  comm<î  la  notre  ne  saurait  être  de  conU'ôler  le 
progrès,  mais  bien  de  Tencourager,  et  de  favonser  le  gp-oupe- 
ment  et  1  association   de  toutes  les  initiatives  internationales. 


ajo 


NOTE    SUR    LA    PUBLICATION    PAR    REPRODUCTION 

DES    TYPES    DÉCRITS    ET    FIGURÉS 

ANTÉRIEUREMENT 

Proposition  soumise  au  Conf>^rés  f^éolof^ique   international^ 
dans    sa    séance    du    21    août     igoo. 

Par   M.   D.-P.   (EHLiERT 

J'ai  riionneiir  de  proposer  au  Congrès  géologique  interna- 
tional, la  fondation  d'une  publication,  destinée  à  rééditer  les 
types  des  espèces  fossiles,  décrites  et  figurées  antérieurement  à 
une  époque  déterminée. 

But.  —  Ueproduire  par  des  procédés  phototypi(|ues.  cVst-à-dire 
exacts  et  inaltérables,  les  ligures  des  types  spécifiques  anciens. 
Figurer  par  le  même  procédé  et  d'après  une  photographie 
directe,  le  type  lui-même  s'il  existe  ;  cette  seconde  figure, 
placée  à  côté  de  la  [)remière,  aurait  l'avantage  de  montrer 
la  part  d'interprétation  du  dessinateur  et  de  rétablir  les  carac- 
'tères  véritables.  Enfin,  adjoindre  à  ces  figures  h»ur  description 
originale  dans  son  texte  primitif,  en  reproduisant  textuellement 
le  nom  générique  et  spécifique  sous  lequel  le  type  a  été 
décrit  tout  d'abord  ;  en  un  mot,  respecter  d'une  fa(;on  absolue 
le  document  ancien  et  le  reproduire  scrupuleusement  sans  y 
rien   changer. 

Utilité.  —  Le  soin  avec  lequel  on  doit  recourir  aux  types 
est  la  base  de  toute  bonne  paléontologie.  Les  conservateurs 
de  Musées  ont  si  bien  compris  l'importance  des  spécimens 
ayant  servi  à  créer  une  espèce,  que  ces  types  sont  entourés 
d'une  sollicitude  toute  particulière  et  sont  considérés  comme 
ajoutant  une  grande  valeur  aux  collections.  Malheureusement, 
le  type  lui-même  est,  dans  la  plupart  des  cas,  inaccessible  à 
l'examen  ;  de  plus,  il  est  sujet  à  être  perdu  ou  à  disparaître 
par  destruction  naturelle  ;  enfin,  la  recherche  de  la  figure  et 
de  la  diagnose  originales  est  souvent  très  difficile,  parfois 
impossible   à  mener  à   bien. 

Les  documents  à  consulter   sont   de   deux   sortes  : 

I  '  OrvuAGKS  GÉNÉRAUX  suii  UNE  FAUNE  (Phillips,    Yorkshtre)  ; 


*J'j6  VUl^    CONGHÉS   GÉOLOGIQUE 

SUR  UNE  RÉGION  (Goldfuss,  Petrefact.  Germaniœ  ;  —  Sowerby, 
Min.  Conch.);  sur  un  groupe  (de  Koninck,  Monograph.  gen, 
Productus  et  Chonetes).  —  Ces  ouvrages  sont  en  général  assez 
rares,  assez  ehers  ;  leur  nombre,  limité,  tend  à  diminuer 
chaque  jour,  et  les  exemplaires  qui  sont  disponibles  vont  de 
plus  en  plus  se  confiner  dans  les   établissements   scientitiques. 

20  Articles  faisant  partie  d'une  publication  périodique, 
où  ils  sont  comme  égarés.  —  Les  collections  complètes  dans  les- 
quelles se  trouvent  ces  articles,  plus  encore  que  les  ouvrages 
généraux,  n'existent  plus  guère  ailleurs  que  dans  les  grandes 
bibliothèques  publiques  ;  encore  n'y  trouve-t-on  jamais  toutes 
celles  auxquelles  on  est  obligé  de  recourir.  C'est  ainsi  que  dans 
la  bibliothèque  d'un  Laboratoire  de  Géologie,  on  rencontre 
rarement  des  collections  complètes  des  Annals  and  Magaz,  of 
Nal.  Hist.,  des  Recueils  d'Académie,  des  Ballet,  des  Sociétés 
sapantes,  dans  lesquels  les  articles  de  paléontologie  ne  sont  du 
reste  que  des  exceptions,  étant  disséminés  de  loin  en  loin  au 
milieu  des  volumes. 

Les  tirages  à  part,  dont  l'usage  se  répand  de  plus  en  plus, 
ne  sauraient  combler  ces  lacunes  quand  il  s'agit  des  périodes 
anciennes,  car,  ce  genre  de  diffusion  ne  parait  pas  avoir  été 
fait  jadis  sur  une  aussi  grande  échelle  que  maintenant  ;  et,  si 
certains  libraires,  en  dépeçant  des  volumes  dépareillés,  mettent 
à  la  disposition  des  travailleurs  les  articles  qui  peuvent  les 
intéresser,  c'est  au  détriment  des  collections  dont  le  nombre 
va   forcément  en  diminuant. 

L'importance  du  type  figuré  a  été  reconnue  par  tous  les 
paléontologistes.  Davidson  a  reproduit  très  souvent  la  figure 
originale  des  auteurs  anciens,  et  tout  récemment,  MM.  Hall 
et  Clarke  (Pal,  of  N,  Y.,  voL  8.  part.  I)  ont  consacré  des 
planches  à  la  reproduction,  en  fac-similé,  des  figures  de  Dalman 
pour  l'étude  des  genres  Orthis,  Leptœna,  etc.,  déclarant  que  le 
travail  de  ce  dernier  auteur  est  devenu  si  rare,  que  la  plupart 
des  paléontologistes  américains  ne  peuvent   se  le  procurer. 

La  recherche  du  type  est  unanimement  reconnue  comme 
indispensable  dans  les  études  paléontologiques  ;  elle  sert  de  base 
indispensable  à  tout  travail  de  détermination  ;  or,  cette  recher- 
che est  parfois  dilUcile,  souvent  même  impossible.  La  rareté 
des  documents  originaux  ira  forcément  en  s'exagérant,  et  Ton 
veri*a  les  paléontologistes  se  contenter  d'ouvrages  de  seconde 
ou  de  troisième   main  pour  leurs  déterminations,  ce  qui,  dans 


■\ 


D.-P.   ŒHLKRT  2^7 

bien  des  cas,  amènera  une  interprétation  fausse  de  l'espèce  et 
fera  naître  des  erreurs  qui  ne  pourront  que  grossir  dans  la  suite. 
Je  le  répète,  l'utilité,  le  besoin  d'une  publication  de  ce 
genre,  se  fait  de  plus  en  plus  sentir,  en  présence  de  l'abon- 
dance des  documents  qui  se  publient  et  de  la  distance  forcé- 
ment grandissante  qui  nous  sépare  de  la  création  des  types. 

Mode  de  publication.  —  Chaque  espèce  serait  publiée  sépa- 
rément, sur  une  feuille  in-S^  ou  petit  in-4°.  L'explication  de 
la  figure,  la  diagnose,  le  renseignement  bibliographique,  figu- 
reraient sur  cette  feuille.  La  publication  serait  ainsi  faite  sur 
fiches  mobiles,  seule  manière  permettant  de  classer  les  documents 
suivant  des  méthodes  différentes  (zoologique,  stratigraphique, 
régionale).  L'utilité  des  fiches  mobiles  est  du  reste  reconnue 
depuis  longtemps  pour  le  classement  de  tous  les  matériaux  de 
travail.  D'autre  part,  la  présence  d'une  seule  espèce  par  page, 
éviterait  cette  hésitation  que  l'on  éprouve  si  souvent  devant 
une  planche,  pour  grouper  par  la  pensée  les  différentes  figures 
d^une  même  espèce  et  isoler  celles-ci  de  celles  qui  l'entourent 
parfois  si  étroitement  ;  elle  faciliterait  en  outre  le  travail  de 
comparaison,  en  permettant  de  placer  côte  à  côte  des  espèces 
allines,  disséminées  dans  des  atlas  souvent  volumineux  et 
encombrants.  Ceux  qui,  disposant  de  planches  séparées  d'ou- 
vrages paléontologiques,  ont  découpé  les  figures  par  espèces  et  les 
ont  collées  sur  des  feuilles  volantes,  ont  été  à  même  d'apprécier 
tous  les  services  que   procure  ce   classement  des  documents. 

Ce  mode  de  publication  aurait  en  outre  l'avantage  de  rendre 
possibles  les  intercalations,  les  additions,  et,  s*il  était  néces- 
saire, l'adjonction  à  certaines  feuilles  de  renseignements  résul- 
tant de  découvertes  plus  récentes.  De  plus,  cette  œuvre  n'aurait 
rien  d'incomplet  si  elle  venait  à  s'arrêter,  en  même  temps 
qu'elle   pourrait  se   perpétuer  indéfiniment. 

Dans  une  circulaire  que  j'ai  envoyée  aux  savants  étrangers  et 
français,  —  circulaire  que  le  Comité  d'organisation  du  Congrès 
a  fait  reproduire  in-extenso,  et  qui  a  été  distribuée  à  l'ouver- 
ture de  notre  session,  je  n'ai  pas  voulu  donner  au  projet  une 
trop  grande  précision,  désirant  profiter.  Messieurs,  de  votre 
haute  compétence  et  de  vos  savantes  observations,  pour  en 
arrêter  la  forme  définitive. 

Ayant,  relativement  à  ce  projet,  quelques  idées  personnelles, 
je  me  permettrai  toutefois  de  vous  les  exposer  ;  après  quoi,  je 
vous  résumerai  les  observations  que  nos  confrères  étrangers  ont 


278  VIll^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

bien  voulu  me  faire  parvenir,  et  les   différentes   manières  dont 
ils  en  conçoivent  l'exécution. 

Pour  moi.  Messieurs,  je  pense  que  cette  œuvre  devrait  avant  tout 
avoir  deux  caractères  :  être  à  la  fois  impersonnelle  e\  internationale. 

Elle  devrait  être  impersonnelle,  c'est-à-dire  que  ceux  qui 
s'occuperaient  de  la  réédition  des  types  ne  devraient  rien  y 
apporter  d'eux-mêmes,  devant  seulement  s'occuper  de  surveiller 
l'exactitude  de  la  reproduction  de  la  (igm'e  type,  et  de  la  diag- 
nose  ;  de  plus,  et  ce  serait  le  point  important,  ils  devraient 
apporter  tous  leurs  soins  à  la  recherche  du  type  lui-même  qui 
serait  photographié  de  manière  à  montrer  tous  ses  caractères. 
—  Cette  seconde  figure  nous  éclairerait  sur  la  valeur  du  type, 
fixerait  ses  traits  et  nous  laisserait  ainsi  une  image  exacte  d'un 
échantillon  précieux  qui  souvent  est  destiné  à  disparaître. 

Lorsque  l'échantillon  type  n'existe  plus,  indiquera-t-on  sim- 
plement sa  disparition,  ou  devra-t-on,  en  en  faisant  mention, 
figurer  un  spécimen  bien  conservé,  provenant  de  la  môme  loca- 
lité, du  même  niveau  et  appartenant  notoirement  à  la  même 
espèce  ?  De  même  aussi,  comment  devra-t-on  agir  lorsque  la 
figure  type  représente  un  individu  complet  fait  à  l'aide  de 
plusieurs  spécimens  à  Fétat  de  fragments,  les(juels  fragments 
peuvent,  dans  certains  cas,  appartenir  à  des  espèces  et  même 
à  des  genres  différents.  Ces  (juestions,  comme  bien  d'autres, 
ne   pourront  être  résolues  que  par  un   comité  spécial. 

Quant  à  la  bibliographie,  je  pense  qu'elle  doit  être  réduite 
à  la  mention  détaillée  de  l'ouvrage  dans  lequel  a  été  pris  le 
document  publié. 

Pour  la  synonymie,  il  me  semble  qu'elle  ne  doit  pas  figurer 
sui'  ce  genre  de  fiches,  parce  qu'elle  est  une  œuvre  d'interpré- 
tation personnelle,  sujette  à  des  modifications,  et  qu'elle  enlève- 
rait au  document  son  caractère  d'immutabilité. 

Pour  les  mêmes  raisons,  le  nom  générique  primitivement 
adopté  par  le  créateur  de  l'espèce,  serait  conservé,  aloi*s  même  qu'il 
correspondrait  à  une   erreur  reconnue,  depuis,  comme  évidente. 

Cette  publication  devrait  être  internationale  ;  elle  aura,  en 
eflet,  besoin  du  concours  et  du  dévouement  de  tous  ;  et  elle  ne 
pourra  l'éussir  que  si,  dans  chaque  pays,  un  sous-comité  s'occupe 
de  la  recherche  des  types  et  se  charge  de  leur  reproduction  et  de 
leur  réédition,  en  se  conformant  au  plan  et  au  format  adoptés. 

Cette  publication  aurait  ainsi  un  caractère  aixrhéologi- 
que  :  ce    serait,     en    (juelc|ue    soi'te,     les    chartes    de    fondation 


D.-P.    ŒHf.BRT  279 

de  nos   espèces   fossiles,    republiées    sans    aucun    commentaire. 

Chaque  fiche  porterait  en    outre  : 

I  "  Lu  mention  :  Congrès  Géologique  Internati(3nal,  si  vous 
vouliez  bien   appuyer   cette  œuvre    de    votre   haut    patronage  ; 

3"  La  date   de   la   publication  ; 

3"  Un  numéro  d'ordre  permettant  de  vérifier  Tétat  de  la 
publication  ; 

4"  Le  nom  du  grand  groupe  auquel  appartient  Tespèce  figurée  ; 

5"  Le  nom  de  Fauteur  ayant  collaboré  à  la  publication  de  la  fiche. 

D'autres  questions  de  détail  seraient  à  examiner  :  le  for- 
mat de  la  fiche  :  le  parti  à  prendre  pour  les  échantillons 
qui,  par  leurs  dimensions,  ne  pourraient  rentrer  dans  la  justi- 
fication de  la  fiche  ;  la  liste  des  espèces  à  publier  tout 
d'abord  :  —  celles-ci  seront-elles  choisies  par  ordre  d'ancien- 
neté, et  alors  à  quelle  époque  devra- t-on  remonter  :  devra-t- 
on en  suivant  une  autre  méthode  épuiser  d'abord  toutes  celles 
qui  sont  contenues  dans  un  ouvrage  devenu  rare  et  resté 
très  utile  ;  ou  bien  prendra-t-on  de  préférence  les  espèces 
caractéristiques  des  terrains,  celles  dont  nous  manions  les 
noms  journellement  ?  —  Ce  sont,  comme  je  vous  le  disais 
tout-à-l'heure,  des  solutions  qui  ne  peuvent  être  adoptées  qu'à 
la  suite  d'une  entente  entre  les  différents  membres  d'une 
commission    nommée  à  cet  effet. 

Avant  de  vous  indiquer  sommairement  les  observations 
qui  m'ont  été  envoyées  par  nos  confrères  étrangers,  je  dois 
vous  dire  que  M.  le  Professeur  Kilian.  de  l'Université  de 
Grenoble,  a  songé,  de  son  côté,  à  la  réédition  d'ceuvres 
anciennes  et  qu'il  a  reconnu  l'utilité  qu'il  y  aurait  pour  les 
travailleurs  à   entrer   dans  cette    voie. 

C'est  d'ailleurs  à  ce  besoin  que  répondent ,  en  partie , 
les  beaux  travaux  bibliographiques  qui  sont  publiés  aux 
États-Unis,  en  Angleterre,  en  Allemagne  et  ailleurs,  malheu- 
reusement, ces  précieux  Index,  sauf  quelques  uns,  ne  con- 
tiennent qu'un  renseignement  bibliographique,  sans  figure,  ni 
diagnose.  Vous  voyez  combien  ces  catalogues  seraient  plus 
utiles,  s'ils  donnaient  non-seulement  l'indication  de  la  source, 
mais   le  document  lui-même   auquel   ils  renvoient. 

Divers  confrères  étrangers,  qui  ont  eu  le  i*egret  de  ne 
pouvoir  assister  à  notre  congrès,  m'ont  prié,  tout  en  faisant 
connaître  leur  approbation  au  projet  de  réédition  des  espèces 
types,   de  vous  mentionner  leurs  observations  et  leurs  critiques. 


qSo  VIll'  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Les  paléontologistes  américains  m'ont  paru  unanimes  à 
reconnaître  que  les  espèces  publiées  antérieurement  à  1840 
ne  présenteraient  pas  d'intérêt  pour  eux.  —  L'un  d'eux, 
M.  Schuchert,  demande  qu'au  nom  ancien  soit  ajouté  le  nom 
moderne,  avec  Tindication  des  principales  références  biblio- 
graphiques ;  il  pense  que  la  reproduction  du  type  lui-même 
devra  avoir  lieu,  alors  même  que  celui-ci  n'a  pas  été  figuré 
par  le  créateur  de    l'espèce. 

M.  Williams  envoie  son  approbation  et  espère  que  le 
Congrès  prendra  une  décision  à  l'égard  de  cette  publication; 
il  insiste  sur  l'emploi  de  la  photographie  et  rappelle  les 
résultats  excellents  obtenus  grâce  à  ce  procédé  par  le  Photo- 
graphe en  chef  du  Geological  Survey  des  Etats-Unis.  — 
M.  Dali,  au  contraire,  met  en  garde  contre  les  reproductions 
photographiques  qui,  dans  les  trois  quarts  des  cas,  dit-il,  sont 
de  beaucoup  inférieures  à  un  dessin  au  simple  trait  ;  il 
conseille  d'ailleurs  d'accompagner  la  photographie  d'un  dessin 
fait  d'après   cette  méthode. 

M.  Ch.  Walcott  semble  effrayé  par  les  dépenses  occasion- 
nées par  suite  du  mode  de  publication  ;  il  objecte  que  le  prix 
de  l'ouvrage  le  rendra  seulement  accessible  aux  grands  éta- 
blissements, lesquels  possèdent  déjà  les  documents  originaux: 
—  il  espère  toutefois  que  les  Institutions  Nationales  ou 
privées  pourront  aider,  par  des  souscriptions,  l'exécution  de 
ce  projet.  11  se  demande  aussi,  s'il  ne  serait  pas  plus  utile  de 
rééditer  les  ouvrages  rares,  comme  l'ont  déjà  fait  MM.  Dali 
et  Harris  pour  certaines  œuvres  de  Say  et  de  Conrad.  II 
insiste  sur  les  diiïicultés  qu'il  y  a  à  se  servir  de  la  photo- 
graphie, lorsqu'il  s'agit  de  certains  groupes,  tels  que  les 
coraux,  les  éponges,  etc..  Enfin,  il  pense  que  la  description 
originale,  lorsqu'elle  est  insuflisante  ou  incomplète,  devrait 
être  accompagnée  d'une  diagnose  nouvelle  ou  d'un  renvoi  à 
une   bonne   description  récente. 

M.  Forir  pense  que  ce  mode  de  publication  pourrait  s'étendre 
non  seulement  aux  espèces  anciennes,  mais  aussi  à  celles  qui 
paraissent  journellement,  et  qu'une  entente  pourrait  avoir  lieu 
dans  ce  but,  entre  le  Comité  de  publication  et  les  créateurs 
d'espèces  nouvelles. 

Enfin,  M.  Bathcr,  du  British  Muséum,  a  bien  voulu 
m'adresser  une  série  d'observations  que  je  vais  résumer:  Il 
croit  à  la  réalisation  du  projet  et  il  estime  que  la  publication 


D.-P.    ŒHLERT  28 1 

de  ces  fiches  sera  très  utile  aux  paléontologistes,  lorsque 
leur  nombre  sera  suffisamment  grand.  —  Il  attire  l'attention  sur 
les  difficultés  qu'il  y  aura  à  reproduire  par  la  photographie 
des  caractères  qui  ne  sont  visibles  qu'à  la  loupe  et  qui 
demandent  un  éclairage  variable  :  il  pense  que  les  spécialistes 
seuls  peuvent  diriger  un  pareil  travail  et  que  les  conser- 
vateurs de  Musées  ne  seront  pas  toujours  à  même  de  fournir 
une  reproduction  photographique  suffisante  ;  il  ajoute  que  bien 
souvent  les  spécimens  types  sont  mal  conservés  ;  —  il  voit 
aussi  un  certain  danger  dans  la  reproduction  textuelle  des 
diagnoses,  car  on  trouvera  dans  deux  descriptions  provenant 
de  deux  auteurs  diflerents  les  mêmes  parties  d'un  fossile 
désignées  sous  deux  noms,  ou,  inversement,  deux  parties 
distinctes  indiquées  par  un  même  terme  :  c'est  ainsi  par 
exemple  que  le  nom  de  costalia  s'appliquera,  suivant  les 
auteurs,  à  différentes  parties  du  calice  d'un  crinoïde.  Il  craint 
que  les  fiches  ne  soient,  entre  les  mains  de  certains  travail- 
leurs, une  occasion  de  tomber  dans  l'erreur,  en  les  encoura- 
geant à  ne  plus  faire  les  recherches  minutieuses  toujours 
nécessaires.  —  11  pense  que  la  fiche  d'un  type  spécifique  ne 
devra  être  qu'une  indication,  fort  utile  d'ailleurs,  mais  qu'elle 
ne  dispensera  pas  le  travailleur  de  recourir  au  volume 
original  et  au  type  lui-même.  11  se  demande  enfin  s'il  ne 
serait  pas  préférable  d'utiliser  ces  louables  eflbrts  en  aidant 
la  publication  des  Index  généraux,  tel  que  celui  que  prépare 
M.  Sherborn,  ou  de  laisser  aux  spécialistes  le  soîn  de  publier 
des  monographies  spéciales  et  de  rééditer  tout  ou  partie  de 
certains  ouvrages  paléontologiques  devenus  rjares. 

D'autres  de  nos  confrères,  qui  assistent  à  cette  séance  m'ont 
aussi  transmis  leurs  observations,  je  leur  laisse  la  parole  en 
les  priant  de  vouloir  bien  émettre  leur  opinion  sur  le  projet 
que  je  présente. 

Il  me  reste  à  me  résumer  : 

I®  Vous  semble-t-il  utile  de  rééditer  les  types  des  espèces 
anciennes  ? 

n^  Le  mode  de  publication  par  fiches  vous  semblc-t-il  pra- 
tique ? 

3"  N'y  aurait-il  pas  lieu  de  nommer  une  Commission  inter- 
nationale, pour  examiner  et  élaborer  ce  projet,  de  façon  à  vous 
le  présenter  en  voie  d'exécution,  au  prochain  congrès  qui  se 
tiendra  à  Vienne? 


382 


SUR    DEUX  PROJETS 

TENDANT    A    FACILITER    LES     RECHERCHES 

PALÉONTOLOGIQUES    ET    GÉOLOGIQUES 

Par  M.  -W.  KILiIAN. 

L'une  des  taches  les  plus  utiles  et  les  plus  fécondes  qui 
puisse  incouiber  aux  Congrès  géologiques  internationaux  est 
assurément  de  créer  et  de  multiplier  les  moyens  de  travail  et 
de  permettre  ainsi  à  toutes  les  bonnes  volontés  de  contribuer 
eflicacement  à  l'avancement  de  notre  belle  Science.  —  Frappé, 
comme  tous  ceux  de  nos  confrères  qui  n'habitent  pas  de 
grands  centres  scientifiques,  des  diflicultés  considérables 
rencontrées  par  les  personnes  qui  cherchent  à  s'entourer  des 
.  renseignements  bibliogra[)hiques  et  des  ouvrages  nécessaires 
aux  travaux  paléontologiques  ou  aux  études  géologiques  un 
peu  approfondies,  j'ai  cru  devoir  soumetti'e  au  Comité  d'orga- 
nisation du  VIII®  Congrès  géologique  international  deux  pro- 
positions d'intérêt   général. 

Le  premier  de  ces  projets,  tendait  à  organiser  la  diffusion 
au  moyen  de  reproductions  phototypiques  des  documents  paléon- 
tologiques rares  ou  inaccessibles  k  la  plupart  de  nos  confrèi'es. 
Ce  vœu  se  rapproche  beaucoup  de  celui  qui  a  été  présenté  pos- 
térieurement au  Comité  par  M.  Œhlert,  projet  dont  notre 
savant  collègue  a  soigneusement  étudié  le  détail  et  auquel 
je  suis  heureux  de  me   rallier  complètement. 

Il  me  semble  utile  de  rappeler  cependant  que  deux  autres 
desiderata  étaient  compris  dans  l'énoncé  de  ma  proposition 
et  pourraient  être  soumis  utilement  à  la  même  commission 
(jue  le  projet  de  M.    Gilhlert,  à  savoir  : 

I"  Publication  sous  les  auspices  du  Congrès,  de  catalogues 
synonymiques  et  de  synopsis,  consacrés  à  des  genres  ou  à 
des    groupes  entiers  d'animaux   ou  de   végétaux   fossiles. 

2'*  Reproduction  photographique  de  figures  types  extraites 
d'ouvrages  paléontologiques  rares  ou  épuisés.  Ces  repi'odac- 
tions  seraient  publiées  sous  forme  de  fiches  (ou  planches) 
détachées,  qui  pourraient  être  ensuite  groupées  par  genres, 
sous-genres,   etc.  ;  elles  auraient  d'abord  pour  objet  les  fîgures 


W.   KILIAN  a83 

types  des  espèces  les  plus  importantes,  au  sujet  desquelles 
régnent  trop  souvent  de   regrettables  confusions. 

La  réalisation  de  ces  deux  séries  de  l'ecueiis  rendrait 
d'immenses  services  à  la  plupart  des  travailleurs  isolés  ou 
éloignés  des  centres  scientifiques  de  premier  ordre,  hors 
lesquels  il  sera  bientôt  impossible  de  se  livrer  à  des 
recherches   paléontologiques  sérieuses. 

Les  catalogues  synonymiques,  les  syno[)sis  et  les  reproduc- 
;ions  de  figures  devraient  être  exécutées  par  des  savants 
compétents  spécialement  rétribués  à  cet  effet.  Ainsi  seulement 
)ourrait  être  assuré  le  fonctionnement  régulier  de  lentreprise 
|U  alimenteraient  des  subventions,  votées  par  les  Sociétés 
géologiques  et  les  (Congrès  internationaux  ainsi  que  les 
abonnements  et  souscriptions  individuelles  des  paléontologistes. 

Cette  organisation  permettrait  de  procurer  un  travail  utile 
jt  rémunérateur  à  un  certain  nombre  de  nos  jeunes  confrères 
[ue  l'encombrement  des  carnères  .  universitaires  réduit  parfois 
L  de  dures  nécessités  et  contraint  à  abandonner  la  voie  des 
echerches  scientifiques. 

Le  deuxième  projet  que  j'avais  eu  l'honneur  de  soumettre 
.u  Comité  du  Congrès,  tend  à  provoquer  la  création  d'une 
igence  de  bibliographie  géologique  analogue  à  celle  (jui  fonc- 
ionne  à  Zurich  pour  les  sciences  zoologiques  et  qui  rend  les 
ilus  grands  services.  Une  telle  entrepi'ise  pourrait  être  encou- 
agée  par  les  Congrès  géologiques  internationaux  ;  le  besoin 
'en  fait  sentir  de  jour  en  jour  d'une  façon  plus  impérieuse, 
e  crois  que  |e  seul  moyen  d'assurer  le  fonctionnement  régu- 
ier  et  la  réussite  d'une  entreprise  de  ce  genre  serait  de  la 
onfier  à  des  agents  rétribués  et  d'admettre  la  non-gratuité 
les  renseignements  fournis  par  l'agence  sous  forme  de  séries 
le  fiches  bibliographiques  qui  seraient  vendues  à  un  prix 
léterminé  pour  chaque  unité  et  pourraient  faire  également 
'objet  d'abonnements  réguliers. 


284 


DU  PATRONAGE  PAR  LE  CONGRÈS 

D'UN  EFFORT  SYSTÉMATIQUE  POUR  DÉTERMINER 

LES    FAITS    FONDAMENTAUX   ET    LES   PRINCIPES 

QUI  DOIVENT  SERVIR  DE  BASES 

A  LA  CLASSIFICATION  GÉOLOGIQUE 

Par  M.  T  C  CHAMBERUN 


D'impérieux  devoirs  professionnels  ni*empêchent,  à  mon  grand 
regi'ct,  de  prendre  part  à  cette  session  du  Congrès  géologique 
international.  Je  crois  ne  pouvoir  mieux  témoigner  l'intérêt  que 
je  lui  porte,  qu  en  lui  communiquant  par  écrit,  quelques  vues,  sur 
les  moyens  d'arriver,  d'après  moi,  aux  lins  que  se  proposent  les 
congrès. 

Dès  la  première  session  du  Congrès  géologicpie  international, 
en  1878,  session  à  laquelle  j'avais  l'avantage  d'assister,  on  s'était 
proposé  comme  un  desideratum  essentiel,  l'établissement  de  la 
Classification  géologique  :  ce  fut  d'ailleurs  le  thème  de  toutes  les 
sessions  suivantes,  jusqu'au  moment  où  Ton  l'cconnut  l'impossibi- 
lité de  tomber  d'accord  sur  aucun  des  systèmes  proposés.  Les 
géologues  les  plus  autorisés  jugèrent  que  les  temps  n'étaient  point 
encore  venus,  pour  une  classification  définitive  ;  les  fondements 
posés  n'étaient  ni  sufïîsanmient  larges,  ni  assez  stables,  et  certains 
savants  même,  ne  dissimulaient  pas  leur  inquiétude,  de  voir 
l'initiative  personnelle  entravée  par  des  règlements  prématurés. 

En  réalité,  il  faut  reconnaître  qu'il  nous  reste  beaucoup  à 
apprendre  concernant  les  faits  eux  mêmes  et  les  principes  fonda- 
mentaux :  et  ce  qui  nous  manque,  c'est  justement  le  point  de  départ 
indiscuté  d'une  classification,  qui  se  pique  d'être  universelle- 
ment admise,  sans  gêner  la  marche  du  progrès.  Aussi  dans  l'état 
actuel  de  nos  connaissances,  l'établissement  d'une  semblable 
classification,  parait-elle  plutôt  comme  un  but  de  la  science, 
que  comme  une  tentative  à  conseiller  aux  savants.  Nous  devons 
nous   borner  à  préparer  la  voie. 

La  classification  géologique  doit  être  naturelle,  si  tant  est 
qu'il  y  ait  des  divisions  naturelles,  dans  l'histoire  des  temp^ 
géologiques. 


T.-C     CHAMBERLIN  285 

D'excellents  esprits  pensent  que  les  divisions  locales  seules, 
sont  naturelles  ;  elles  cessent  de  Tètre,  quand  on  veut  les  géné- 
raliser ou  leur  donner  une  valeur  objective.  Quelle  valeur 
peut-on  leur  attribuer,  si  Tliistoire  géologique  est  celle  d'une 
série  progressive  continue  ?  Pour  ces  savants,  les  divisions  géo- 
logiques ne  peuvent  avoir  qu'une  valeur  locale,  due  aux  varia- 
tions des  conditions  locales  ;  elles  n'offrent  pas  de  caractères 
sullisant3  d'universalité  pour  fournir  de  bonnes  bases  de  classi- 
fication. Sans  doute,  les  divisions  actuellement  admises  paraissent 
assez  naturelles  pour  les  régions  où  elles  ont  été  établies,  l'Eu- 
rope et  l'Amérique  ;  mais  elles  sont  pour  le  moins  arbitraires, 
quand  on  les  étend  à  d'autres  parties  du  monde,  et  à  plus  forte 
raison,  si  on  les  généralise  au  monde  entier.  Ils  estiment  que 
la  classification  actuelle  est  artificielle  et  a  une  valeur  pure- 
ment conventionnelle  ;  elle  est  appelée  à  faire  place  à  un  autre 
système,  comme  les  anciennes  méthodes  de  mesure  ont  fait 
place  au  Système  Métricpie. 

A  côté  de  cette  théorie  toutefois,  il  en  est  une  autre,  acceptée 
également  par  de  nombreux  savants,  pour  qui  l'histoire  de  la 
terre  est  divisible  en  étages  distincts,  et  qui  considère  la  défi- 
nition précise  de  ces  divisions  comme  une  proposition  essen- 
tielle de  la  géologie  rationnelle.  Ils  ne  croient  pas  qu'il  y  ait 
eu,  à  des  moments  donnés,  des  arrêts  complets  dans  la  sédi- 
mentation ou  dans  l'évolution  de  la  vie  ;  ils  admettent  même 
une  continuité  fondamentale  dans  les  phénomènes,  mais  pensent 
que  le  progrès,  au  lieu  d'être  uniforme,  a  été  saccadé  ou  ryth- 
mique. Ils  pensent  qu'il  y  eut  des  moments  de  détente,  après  des 
périodes  d'accumulation  ;  des  périodes  de  transgression,  après 
des  périodes  de  régression  ;  des  successions  dans  la  dénudation 
des  continents,  des  périodes  d'abrasion  et  de  ravinement;  des 
alternances  dans  les  conditions  climatériques,  des  périodes  d'uni- 
formité et  de  diversité  ;  des  virements  dans  l'évolution  de  la  vie, 
des  périodes  de  fécondité  et  de  stérilité  ;  ils  croient  en  un  mot,  à 
une  sorte  de  transformation  par  bonds,  dont  les  divers  stades 
doivent  fournir  les  termes  de  la  classification  naturelle. 

La  coexistence  de  ces  deux  théories  suffit  à  montrer  combien 
sont  insufllsantes  les  notions  acquises.  Si  nous  avions  une  connais- 
sance adéquate  des  faits,  nous  pourrions  en  induire  que  le  caractère 
essentiel  du  développement  terrestre  a  été  l'uniformité, ou  la  pério- 
dicité :  et  nous  saurions  s'il  y  a  lieu  de  chercher,  pour  la  mesure  et 
la  nomenclature  des  temps  géologiques,  des   unités  arbitraires. 


286  VIII*    CONGKÈS    GÉOLOGIQUE 

comme  le  mètre  et  le  siècle,  ou  des  mesures  propres  à  ces  périodes, 
ondes,  bonds  ou  stades. 

Nous  devrions,  si  les  conclusions  étaient  en  faveur  de  la 
théorie  de  la  périodicité,  porter  notre  eflbrt  à  déterminer  avec 
précision  la  nature  et  les  limites  de  ces  changements  périodiques, 
et  à  leur  conformer  nos  systèmes  actuels  de  classification.  Si.  au 
contraire,  les  conclusions  donnaient  raison  à  la  théorie  de  l'unifor- 
mité, il  nous  faudrait  égaliser  davantage  les  termes  de  nos  divi- 
sions actuelles,  et  trouver  des  échelles  appropriées  à  la  raesui*e 
des  temps  et  des  couches. 

Dans  Tune  et  l'autre  hypothèse,  ou  dans  toute  autre  qu  il  siérait 
de  proposer  à  leur  place,  il  reste  de  longues  recherches  prélimi- 
naires à  accomplir,  avant  qu  un  Congrès  international  puisse 
sanctionner  utilement,  de  son  autorité,  une  classification  déter- 
minée. 

Le  moyen  le  plus  sûr  pour  arriver  au  but  est  de  provoquer  des 
recherches  nouvelles,  puisqu'elles  hâteront  le  moment  où  nous 
serons  en  possession  des  hases  indispensables.  Les  rechei*ches 
faites  dans  cette  voie  tendent  d'ailleurs  vers  les  visées  les  plus 
élevées   de  la   science. 

Deux  séries  d'études  s'imposent  dès  l'abord:  là  première 
consisterait  à  compiler  et  à  ordonner  les  immenses  matériaux 
dispersés  de  toutes  parts,  dans  tous  les  j>ays,  et  qui  ne  sont 
actuellement  qu'à  la  portée  du  petit  nombre,  dans  les  grandes 
bibliothèques,  et  accessibles  non  sans  peine.  Il  me  parait  évi- 
dent que  le  classement  et  la  mise  en  valeur  des  matériaux 
existants  faciliterait  les  progrès. 

La  seconde  série  d'études  se  proposerait  la  recherche  de 
nouveaux  critériums  de  corrélation.  Ce  serait  un  grand  pas 
fait  en  avant,  dans  nos  systèmes  de  classitication  et  d'inter- 
prétation, que  d'arriver  à  plus  de  précision  et  de  certitude 
dans  la   corrélation  des  étages,    entre  pays  éloignés. 

Cette  corrélation  ne  repose  de  nos  jours  que  sur  un  seul 
principe,  et  encore  est-il  parfois  discutable  ou  inapplicable.  Ce 
principe,  qui  nous  est  fourni  par  la  paléontologie,  a  une  valeur 
bien  établie,  mais  on  pourrait  en  régler  et  en  contrôler  l'appli- 
cation. Ainsi  il  y  a  lieu,  dans  la  corrélation  des  terrains,  basée 
sur  les  fossiles,  de  prévoir  certaines  rectifications,  nécessitées  par 
un  élément  perturbateur,  celui  des  migrations,  et  de  s'aider 
subsidiairement  des  conditions  physiques  des  gisements,  soit  pour 
les  contrôler,  soit  pour  parer  à  leur   insuilisance. 


aS; 


Sans  vouloir  dévrlopppr  ici  ces  vues,  je  dois  cependnnl  iii'ef- 
forcer  de  taire  sentir  leur  portée  pour  la  solution  du  problème 
géologique,  si  nous  étions  on  possession  ih:  tous  ses  ternies. 
Je  ferai  mieux  coniprendi'e  par  nn  exemple,  ce  m<-  semble, 
comment  il  convient  de  perfectionner  nos  méthodes  de  corré- 
lation   paléontologique  (i). 

Supposons  donc,  par  exemple  (Fig.  i),  qu'une  faune  locale 
(Faune  1)  se  forme  dans  une  baie  ou  golfe  de  la  crtte  américaine, 
pendant  une  phase  de  régression  marine,  et  à  l'époque  d'un 
étage  A. 

Des  déplacements  successifs  des  mei-s  pourront  permettre  à 
cette  faune  d'émigi-cr  en  Europe  pendant  un  étage  B,  et  d'arriver 
«nfin  sur  les  côtes  d'Asie  pendant  un  étage  C,  Dans  ce  cas, 
l'application  stricte  des  méthodes  de  cori-élation,  basées  sur 
les  communautés  spéciliques,  aurait  pour  résultat  de  synchro- 
niser l'étage  C  d'Asie  avec  l'étage  A  d'Amérique.  F,t  quel  que 
soit  d'ailleurs  rintervalle  de  temps  qui  sépare  A  de  C,  la  corré- 
lation de  ces  étages  constituerait  une  erreur,  qui  fausserait  toutes 
nos  interprétations  des  phénomènes  physiques  de  ces  époques. 


(tMrifit}. 


Étage    C 


Mais  que  pendant  ce  même  étage  A,  une  faune  locale  et  indé- 
pendante (Faune  II)  vienne  aussi  à  prendi-e  naissance  dans  quelque 


{I)  A  Syslcmalic  Source   u 
VL  D>  6,  Sept.-Oct.  IVm.  p.  6( 


dlulion  oF  Provlnddl  taunt 


388  VIII*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

baie  asiatique,  et  que  cette  faune  aille  ensuite  é migrer  en 
Europe,  pendant  l'étage  B,  et  arrive  en  Amérique  lors  de 
Tétage  C,  nous  commettrions  une  nouvelle  série  d'erreurs  en 
synchronisant  ces  trois  étages,  puisque  les  faunes  mixtes  résul- 
tant de  leur  mélange  seraient  limitées  en  Amérique  et  en  Asie 
à  Tétage  C,  tandis  qu'elles  se  trouveraient  aussi  dans  l'étage  B 
en  Europe.  Les  étages  A  et  B,  quoique  synchroniques,  auraient 
en  outre  des  faunes  propres  et  indépendantes  en  Amérique  et 
en  Asie  (Fig.  i). 

11  faudrait,  pour  rectifier  ces  notions  erronées,  reconnaître 
les  origines  locales  et  indépendantes  des  deux  faunes  consi- 
dérées et  suivre  leurs  migrations.  Ces  données  sont  indispen- 
sables pour  établir  le  synchronisme  des  deux  faunes  distinctes  A 
en  Amérique  et  en  Asie,  sans  espèces  communes  entre  elles, 
et  toutes  les  conséquences  qui  s'en  suivent.  Cet  exemple  sullira 
à  montrer  qu'on  peut  trouver  dans  l'étude  des  migrations  un 
premier  moyen  de  contrôler  et  de  rectifier  les  corrélations 
basées   sur  les   communautés    spécifiques. 

La  recherche  de  l'origine  et  des  migrations  des  faunes 
locales  présente  d'ailleurs  en  elle-même  un  intérêt  suflisant. 
pour  mériter  qu'on  s'y  attache,  et  cette  œuvre  parait  essen- 
tiellement internationale. 

La  formation  et  les  migrations  des  faunes  et  des  flores 
sont  des  résultantes  des  conditions  physiques  ambiantes.  Je  me 
suis  efforcé  de  le  prouver  à  diverses  reprises  (i),  tant  pour  les 
faunes  locales,  que  pour  leur  passage  aux  grandes  faunes  cos- 
mopolites. Et  s'il  semble  bien  diilicile  de  fixer  quel  fut  le  be^ 
ceau  cVune  espèce  déterminée^  et  de  suivre  ses  pérégrinations,  on 
est  hiieux  fondé  à  chercher  les  centres  de  formation  des  faunes 
locales  et  à  tracer  leurs  migrations,  leurs  mélanges  et  leurs 
assimilations  finales  dans  les  faunes  cosmopolites.  Le  dévelop- 
pement de  faunes  locales,  marines  et  littorales  est,  d'après  moi 
en  relation  avec  les  mouvements  de  régression  des  mers,  qui 
séparent  graduellement  et  finissent  par  isoler  totalement  de  petits 
bassins    maritimes  avec   les  êtres  qu'ils   contiennent.   On  peut, 

(U  The  ulterior  Basis  of  Time  divisions  and  the  classification  of  géologie 
History.   Journ.  of  Geol.,  vol.  VI.  n»  5.   Juillet  1898,  p.   449526. 

A  syslcmatic  Source  of  évolution  of  provincial  Faunas.  Journ.  of  Geol,  vol.  V, 
n-  «.  Sept.  1898,  p    597-608. 

Tho  influence  of  gre^t  Epochs  of  Limestonc  formation  on  Ihc  constitution  of 
the  atmosphère.  Ibid.,  p.  609-021. 


»  • 


T.-C.    CHAMBERLIN  sSq 

n  tous  cas,  conclure  de  tout  ceci,  que  les  corrélations  basées 
ur  la  paléontologie  gagnent  en  portée,  en  précision  et  en 
ertitude,  quand  on  les  étudie  à  la  lumière  des  conditions 
>hysiques  ambiantes,  telles  que  mouvements  du  sol  et  modi- 
ications  orographiques. 

Cette  observation,  évidente  pour  les  faunes  terrestres,  n'est 
)as  moins  juste  pour  les  faunes  marines  littorales,  dont  les 
nigrations  sont  en  relation  avec  les  changements  de  profondeur 
ît  de  forme  des  mers,  avec  les  connexions  et  les  séparations 
les  mers  intérieures.  Si  donc  il  existe  réellement  une  périodi- 
:ité  dans  les  grands  balancements  des  mers  et  des  continents, 
ît  par  suite  dans  le  développement  des  provinces  zoologiques, 
m  trouvera  une  assistance  nouvelle  pour  les  corrélations, 
lans  l'application  de  principes  fournis  par  Tétude  des  migra- 
ions. 

Nous  devons  chercher  dans  la  mer  même,  un  précieux  auxi- 
iaire  pour  l'établissement  des  corrélations  entre  divers  continents, 
;ar  elle  a  imprimé,  au  même  moment,  sa  trace,  sur  tous  ces 
îontinents.  La  difficulté  principale  est  de  Tinterpréter  exacte- 
nent. 

Le  volume  de  l'Océan,  dira-t-on,  a  pu  n'être  pas  constant? 
Vlais  ses  variations,  entre  périodes  voisines,  si  elles  ont  eu  lieu, 
l'ont  pu  être  qu'une  fraction  négligeable  du  volume  total.  On  peut 
lonc  admettre  que  ses  limites  correspondront  à  un  même  niveau, 
5t  au  pourtour  d'un  bassin  unique,  où  les  diverses  mers  du 
^lobe  auraient  été  en  communication  entre  elles.  Cette  communi- 
cation est  au  moins  vraisemblable,  si  elle  n'est  pas  établie  positi- 
irement  ;  et  de  cette  notion,  nous  devons  conclure  que  toute  modi- 
îcation  de  rivage,  même  limitée,  laissera,  -si  elle  est  suffisante 
)oui*  déplacer  la  masse  des  eaux,  sa  trace  marquée  au  flanc  de 
»us  les  continents.  Les  transgressions  et  les  régressions  des 
ners  sont  donc  universelles,  si  l'on  excepte  le  cas  des  petites  ondu- 
ations  inverses  qui  se  compensent  ;  elles  apprennent  la  simul- 
:anéité  des  grandes  sédimentations  ou  érosions  correspondantes. 
Elles  expliquent  les  déplacements  des  faunes  terrestre  et  marine, 
3ar  les  changements  géographiques  et  physiques  des  milieux 
labités. 

Ces  mouvements  généraux  de  la  mer  fourniraient  à  la  géologie 
jes  meilleures  bases  de  corrélation,  s'il  n'y  avait  à  tenir  compte, 
îomme  d'un  élément  perturbateur,  des  ondulations  concomitantes 
lu   sol.    En  contrôlant,  par  les   arguments  paléontologiques,   les 


19. 


âQO  Vlll^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

uotioris  ainsi  acquises,  on  serait  en  possession  de  tous  les  éléments 
nécessaires  à  la  corrélation  des  étages  marins. 

Mais  il  faut  bien  tenir  compte  des  ondulations  du  sol,  et 
chercher  à  éliminer  leur  action  perturbatrice.  Tantôt  en  ellet  ces 
ondulations  du  sol  changent  le  volume  du  bassin  afîecté.  et  par 
suite  déterminent  le  déplacement  des  eaux  ;  tantôt  au  conti'aii^e, 
les  ondulations  du  sol  sont  inverses,  elles  se  compensent  dans 
un  même  bassin,  et  d'importants  changements  dans  l'altitude 
des  terres  peuvent  s'elFectuer,  sans  aflecter  le  niveau  moyeu 
des  mers.  Uaction  des  ondulations  est  donc  dillicile  à  éliminer 
d'une  façon  générale  :  c'est  cependant  un  problème  qui  parait 
abordable. 

Quoi  qu'il  en  soit,  de  l'action  de  ces  ondulations,  on  ne  saurait 
contester  qu'il  y  a  au  moins  deux  phases  de  mouvements  tellu- 
riques  qui  remportent  assez,  en  généralité  et  en  amplitude,  sur 
celles-ci,  pour  pouvoir  être  déterminés  indépendamment,  et 
servir  à  asseoir  les  corrélations  entre  continents  différents.  Ce 
sont  les  phas(;s  de  contraction  de  la  croûte,  et  celles  de  repos 
relatif  qui  les  séparent.  Quelque  opinion  que  l'on  ait,  concer- 
nanl  les  pi'cmiers  temps  et  la  constitution  interne  du  glolK*, 
on  concédera,  pensons-nous,  que  le  fond  des  océans  s'est 
contracté  davantage  <|ue  la  masse  des  plateaux  continentaux. 
L'existence  même  de  ces  continents,  en  dépit  des  érosions  qui 
les  abaissent,  témoigne  en  faveur  de  ce  fait.  Peut-être  admettra- 
t-on  également  que  les  phases  de  contraction  de  la  croûte  ter- 
restre ont  été  périodiques,  et  que  les  bassins  se  sont  approfon- 
dis, les  terres  se  sont  relativement  élevées,  pendant  ces  périodes 
de  rétrécissement  de  l'enveloppe  ;  on  pourra  du  moins,  dans 
les  systèmes,  s'aider  de  cette  hypothèse,  ou  de  l'inverse,  jusqu'à 
plus   ample  informé. 

Les  périodes  présumées  de  contraction  ont  été  nécessai- 
rement séparées  par  des  temps  de  repos.  Elles  en  sont  une 
conséquence  absolue,  mais  ne  représentent  que  des  phases 
de  repos  relatif,  admettant  des  ondulations  locales  contempo- 
raines. Dans  ces  phases  de  calme,  le  cube  des  matières 
enlevées  par  érosion  aux  continents,  doit  l'emporter  sur  le 
volume  des  t(»rres  exondées,  le  mcmc  que  la  masse  des  maté- 
riaux chaiTiés  à  la  mer,  l'emporte  sur  l'augmentation  de 
capacité  du  bassin  maritime,  attribuable  à  la  contraction.  Ces 
conclusions  me  paraissent  nécessaires  pour  comprendre  les 
phénomènes   d'érosion  et  de  sédimentation,    mais    comme  elles 


T.-C.    GHAMBERLIN  SQI 

le  sont  pas  prouvées,  nous  leur  conserverons  un  caractère 
lypothétique.  Le  résultat  de  ces  érosions  tendrait  à  remplir 
e  bassin  océanique,  et  par  suite  à  déterminer  une  transgres- 
sion maritime  sur  les  rivages.  En  acceptant  par  exemple, 
'évaluation  de  Murray,  pour  Taltilude  moyenne  des  terres 
continentales,  on  voit  que  le  déplacement,  par  érosion,  de  la 
moitié  du  volume  des  parties  en  saillie,  et  leur  transport 
ians  les  dépressions  océaniques,  aurait  pour  conséquence  d'éle- 
ver le  niveau  actuel  des  mers,  d'environ  loo  m.  ;  ce  cliange- 
nent  suffirait  pour  étendre  notablement  nos  aires  maritimes, 
;t  amener  de  grandes  modifications  dans  la  répartition  des 
faunes. 

On  arrive  ainsi  à  reconnaître  deux  causes  efficientes  géné- 
rales pour  les  déplacements  des  terres  et  des  mers  ;  la  première 
dépendant  de  Taccunmlation  des  efforts  de  contraction  de  la 
îroûte  ingide;  la  seconde,  de  l'érosion  accomplie  pendant  ses 
périodes  de  repos.  Les  déplacements  d'ensemble  des  limites  des 
;erres  et  des  mers  fourniront  donc  un  moyen  efficace  d'éta- 
3lir  des  corrélations  entre  continents  diflerents,  quand  on  îiera 
3arvenu  à  éliminer  l'action  perturbatrice  des  ondulations  loca- 
es,  ce  qui  est  faisable  par  le  rapprochement  critique  et  la  dis- 
cussion serrée  des  observations  de  détail.  Cette  méthode  de 
corrélation  est  indépendante  de  la  méthode  paléontolog^que  : 
ensemble,  elles  peuvent  se  contrôler  et  se  prêter  un  nmtuel 
ippui. 

L'application  de  cette  méthode  dynamique  présuppose  la 
connaissance  et  la  mise  en  œuvre  de  toutes  les  données  recueillies 
ians  les  divers  pays  ;  elle  ne  pourrait  même  donner  de  résultats 
iéOnitifs  que  si  la  carte  géologique  de  la  terre  entière  était  faite, 
nais  cependant  dès  aujourd'hui,  on  pourrait  acquérir  d'impor- 
ants  résultats,  par  la  seule  mise  en  valeur  des  documents 
existants. 

Enfin,  nous  pensons  que  la  constitution  de  l'atmosphère  elle- 
nôme,  et  la  connaissance  de  son  histoire,  pourraient  fournir  une 
louvelle  et  troisième  méthode  de  corrélation.  Ce  sera  surtout  vrai, 
d  on  se  débarrasse  de  cette  idée,  que  l'atmosphère  contenait  à 
'origine  tous  les  éléments,  notamment  l'acide  carbonique,  qu'y 
)aise  journellement  la  nature,  et  que  son  histoire  n'a  été  qu'un 
ippauvrissement  graduel  ;  car  dans  cette  hypothèse,  les  change- 
aents  climatériques  ne  dépendent,  à  part  une  légère  diminution 
le  la  température,  que  des  conditions  locales.  Mais  il  y  a  une  autre 


39^  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

théorie  plus  féconde  (i),  d'après  laquelle  l'acide  carbonique  de 
Tatmosphère  y  aurait  été  apporté  à  mesure  qu'il  était  consommé; 
sa  teneur  totale  variant  proportionnellement  au  rapport  de  la 
quantité  consommée  à  la  quantité  apportée.  La  proportion  de 
ces  quantités  étant  d'ailleurs  fonction  des  étendues  relatives 
des  terres  et  des  mers,  ainsi  que  de  diverses  conditions  océa- 
niques. 

Si,  suivant  ces  vues,  l'appauvrissement  de  l'atmosphère  en  acide 
carbonique  peut  être  attribué  à  IVxtension  périodique  de  certains 
sédiments,  tels  que  sel  gemme,  gypse,  roches  rouges,  argiles  à 
blocaux  glaciaires,  et  si,  au  contraire,  son  enrichissement  est 
dû  à  des  conditions  climatériques  tempérées  et  égales  des  hautes 
latitudes,  on  reconnaîtra  que  la  connaissance  de  la  constitution 
de  l'atmosphère  pourra  être  mise  à  profit,  à  défaut  du  critérium 
paléontologique,  pour  la  corrélation  des  étages.  Il  est  évident, 
en  eflet,  que  les  effets  causés  par  la  constitution  de  l'atmos- 
phère, s'ils  ne  sont  point  identiques  partout,  seront  cependant 
ressentis   partout  et  partout  en  même  temps. 

Nous  citerons  comme  exemple  de  cetCe  action,  le  brusque 
changement  de  flore  qui  s'est  produit  entre  le  Carbonifère  et  le 
Permien,  dans  l'Inde,  l'Australie  et  le  Sud  de  l'Afrique.  D'autre 
part,  à  l'Est  de  l'Amérique,  MM.  Fontaine  et  White  ont  reconnu 
un  changement  analogue,  quoique  moins  radical,  à  peu  près  vers 
la  même  époque  ;  or,  les  seules  lois  de  la  paléontologie  ne 
nous  permettent  pas  d'interpréter  ces  faits.  Mais,  si  l'on  note 
que  le  changement  reconnu  aux  Indes,  en  Australie  et  en 
Afrique,  correspond  à  l'existence  de  dépôts  glaciaires,  on  com- 
prendra, en  supposant  avec  nous  que  la  glaciation  est  une 
résultante  de  l'état  de  l'atmosphère,  que  l'influence  de  ce  fac- 
teur se  fasse  sentir  partout  simultanément,  qu'elle  explique 
ainsi  le  changement  de  flore  américain,  et  permette  de  le 
synchroniser  avec  ceux  de  l'Asie  et  de  l'Hémisphère  méri- 
dional. 

Cet  exemple  mériterait  d'être  discuté  à  fond,  car  il  serait 
possible  de  contrôler   dans  le  détail  les  bases  de  ce    mode  de 


(1)  A  f?roup  of  hypothèses  bearing  on  climatic  changes,  Joarn.  of  Geol.  Vol.  5, 
n*  7.  Oct.  1897. 

—  The  influence  of  great  Epochs  of  limestonc  formation  on  the  constitotion 
of  the  Atmosphère,  .lourn.  Geol.  Vol.  5,  n"  (i.  Sept.  1898,  p.  609. 

—  An  attemp  to  frame  a  working  hypothesis  of  the  cause  of  glacial  période 
on  an  atmospberic  basis.  Journ.  of  Geol.,  Vol.  VII,  n*'  6,  7,  8.  1890. 


T.-C.   GHAMBRRLIN  SgS 

corrélation  fourni  par  Tatmosphère  ;  il  a  dû,  en  effet,  influencer 
simultanément  des  flores  éloignées,  formées  d'éléments  diffé- 
rents, et  son  action  peut  par  là  être  distinguée  de  celles  des 
migrations,  et  de  l'évolution. 

Nous  nous  hâterons  cependant  de  faire  observer  que  cette 
méthode  de  corrélation,  basée  sur  les  changements  atmosphé- 
riques, ne  vaudra  que  par  le  groupement  et  la  critique  de  faits 
observés  dans  tous  les  pays  du  inonde  ;  elle  ne  s'imposera  que 
si  elle  s'applique  naturellement,  et  si  elle  explique,  en  les  rap- 
prochant, des  faits  généraux  épars.  Cette  méthode  de  corréla- 
tion, comme  la  précédente,  devront  être  essayées  et  contrôlées 
avant  d'être  appliquées  couramment  :  mais  on  en  pouvait  dire 
autant  de  la  méthode  paléontologique,   à  l'origine. 

Le  jour  où  on  aura  établi  l'exactitude,  ou  la  non-exactitude, 
de  ces  deux  critériums  de  corrélation,  basés  sur  la  composition 
de  l'atmosphère  et  les  mouvements  de  l'océan,  on  aura  fait  un 
grand  pas  en  avant,  dans  la  connaissance  de  cette  question  fon- 
damentale en  géologie  :  à  savoir  si  l'histoire  de  la  terre  est 
naturellement  divisible  en  périodes,  ou  si  elle  ne  l'est  pas.  S'il 
s'est  pro4uit  dans  la  croûte  terrestre  des  accumulations  sécu- 
laires de  forces,  si  elles  ont  nécessité  des  ajustages  nouveaux 
quand  les  limites  de  la  rigidité  étaient  dépassées,  si  ces  ajus- 
tages nouveaux  ont  changé  la  répartition  relative  des  terres  et 
des  mers,  et  si  celles-ci  à  leur  tour  ont  entraîné  des  modifica- 
tions dans  la  constitution  de  l'atmosphère  et  dans  l'évolution 
de  la  vie,  nous  ne  pourrons  alors  refuser  de  prendre  un  semblable 
cycle  de  phénomènes,  pour  point  de  départ  de  la  classification 
rationnelle  des  temps  géologiques  ;  car  ces  phénomènes  enregis- 
trent les  traits  les  plus  profonds  et  les  plus  essentiels  de  l'his- 
toire de  la  terre. 

Ces  problèmes  élevés  ne  pourront  être  élucidés  que  par 
l'étude  de  la  terre  entière  :  leur  solution  intéresse  non  seule- 
ment les  nations,  mais  les  continents  et  le  monde  entier.  En 
les  considérant,  en  essayant  de  les  exposer,  j'ai  montré  plutôt 
la  petitesse  et  les  limites  étroites  de  l'effort  individuel,  assuré 
que  leur  grandeur  et  leur  importance  parlaient  suifisamment 
aux  yeux  de  tous. 

Aucun  de  nos  Services  Ofliciels  n'est  actuellement  en  mesure 
d'aborder  des  problèmes  de  cette  étendue,  qui  ne  sont  d'ailleurs 
pas  de  leur  domaine.  Il  n'y  a  môme  pas  de  nos  jours  un  seul 
Service,  qui  dispose  des  hommes  et  des  fonds  nécessaires  pour 


H^  Vni«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

mettre  rapidement  en  œuvre,  classer  et  cataloguer,  pour  le  bien 
commun,  les  faits  accumulés  par  les  investigations  continues 
des  gouvernements  et  des  particuliers.  Il  n'en  est  pas.  à  plus 
forte  raison,  qui  puisse  les  rapprocher  logiquement,  et  les  inter- 
préter de  façon  à  les  rendre  immédiatement  utilisables  aux 
chercheurs.  Nous  manquons  aussi  de  toute  organisation  suffi- 
samment dotée,  pour  poursuivre  ou  étendre  au  besoin,  des 
recherches  intéressantes,  amorcées  par  des  Services  Publics  ou 
des  particuliers.  Quelques  Universités  ou  Académies,  et  des  per- 
sonnes généreuses,  trop  rares,  il  est  vrai,  ont  libéralement  fait 
les  frais  de  diverses  Missions  scientifiques  ;  ces  expéditions 
ont  fourni  d'importants  résultats,  et  mérité  tous  nos  éloges, 
mais  elles  n'ont  rien  à  voir  à  la  classification,  et  aux  autres 
questions  de  même  ordre,  qui  constituent  l'apanage  spécial  de 
nos  Congrès. 

Je  crois  pour  ces  raisons  devoir  insister  auprès  du  Congrès 
géologique  international,  afin  qu'il  fasse  une  campagne  pour 
la  détermination  des  faits  fondamentaux  sur  lesquels  la  classi- 
fication finale  devra  être  établie. 

Parmi  les  moyens  pratiques  d'arriver  à  ces  fins,  je  sug- 
gérerai en  première  ligne  un  ^ppel  aux  personnes  généreuses 
qui,  dans  tous  les  pays,  aiment  la  science.  Nous  leur  deman- 
derions les  fonds  nécessaires  à  rétablissement  d'un  Institut 
permanent  ou  d'un  Groupe  d'instituts,  chargés  de  faire  aboutir 
ces  questions  et  celles  qui  s'y  rattachent.  Les  fonctions  de 
l'institution  seraient  au  début  les  suivantes  : 

I .  —  Réunir,  classer  et  publier  toutes  les  données  présentes 
et  à  venir,  relatives  aux  faits  fondamentaux  et  aux  principes 
de  la  classification   géologique. 

II.  —  Ouvrir  une  bibliothèque  pour  les  ouvrages  spéciaux, 
parfois  rares,  et  assurer  la  conservation  de  collections  typiques, 
nécessaires  au   but  proposé. 

m.  —  Mettre  en  œuvre  les  données  recueillies,  par  tous 
moyens,  tels  que  rapprochements,  calculs,  parallélismes,  mais 
indépendamment  de  toute  hypothèse  préconçue  et  plutôt  pour 
conti'ôler  les  hypothèses   existantes. 

IV.  —  Encourager  et  organiser  au  besoin  des  expéditions 
scientifiques  dans  les  régions  où  n'existent  pas  de  Services 
Géologiques,    et  qui  ne  sont  pas  étudiées   par  des  particuliers. 


T.-C.    CHAMBBRLIN  396 

L'importance  et  la  durée  de  cette  tâche  exigent  qu'elle 
soit  attachée  à  une  institution  permanente.  On  peut  en  eifet 
lui  prédire  une  durée  illimitée,  si  elle  entreprend  la  corré- 
lation  de  toutes  les   formations  du  globe. 

Nous  avons  la  confiance  que  si  cette  grande  entreprise 
scientifique  était  bien  présentée  et  patronée  par  la  haute 
autorité  d'un  Congrès  International,  elle  réunirait  facilement 
les  fonds  nécessaires  à  son  exécution.  Nous  en  avons  pour 
garant  la  libéralité  avec  laquelle  de  grands  établissements 
privés  d'enseignement  ont  été  fondés,  et  de  coûteuses  expéditions 
scientifiques  organisées. 

Il  serait  sans  doute  prématuré  d'entrer  dans  des  détails  d'or- 
ganisation et  de  contrôle  avant  même  que  le  projet  ait  été  agréé, 
et  que  ses  moyens  d'exécution  aient  été  jugés  réalisables  : 
il  est  cependant  certaines  conditions  préjudicielles  qu'il  faut 
envisager  de  prime  abord.  Ainsi,  on  peut  se  demander  si  notre 
congrès,  association  essentiellement  changeante  dans  son  siège 
et  dans  la  composition  de  ses  membres,  est  bien  désigné  pour 
entreprendre  et  administrer  une  semblable  œuvre  de  longue 
haleine  ?  On  pourra  aussi  objecter  que  le  congrès,  formé  de 
savants  de  tous  pays,  ne  saurait  se  mettre  d'accord  pour  le 
choix  du  centre  et  pour  la  direction  à  donner  à  l'institut  proposé  ? 
Enfin  les  donateurs  sur  lesquels  nous  devons  compter,  seraient- 
ils  aussi  bien  disposés  envers  une  œuvre  internationale,  que 
pour  une  œuvre  nationale   et  patriotique  ? 

Aussi  nous  semblerait-il  prudent  de  prévenir  toutes  ces  objec- 
tions, en  établissant  avant  toute  proposition  ferme,  que  le  désir 
du  congrès  est,  non  de  fonder  un  Institut  international  dépen- 
dant de  lui,  mais  de  provoquer  l'établissement  d'une  confédéra- 
tion d'associations  coopératives,  propres  à  chaque  pays,  à  chaque 
région  naturelle  ou  politique.  Ces  sociétés,  ou  sections  nationales, 
seraient  en  nombre  illimité  ;  elles  seraient  indépendantes  et  leui* 
direction  serait  entre  leurs  mains  propres  ou  entre  celles  de 
leurs  délégués.  Ainsi  aux  Etats-Unis,  par  exemple,  la  section 
nationale  de  la  confédération  géologique  pourrait  être  adminis- 
trée par  un  conseil  nommé  par  la  Société  géologique  d'Amérique, 
qui  est  un  Corps  constitué,  stable,  groupant  toutes  les  forces 
et  les  bonnes  volontés  des  géologues  du  pays.  De  semblabh^s 
Sociétés,  des  Services  ofliciels  même,  existent  dans  d'autres 
pays,  qui  pourraient  se  charger  de  la  gestion  et  de  l'organisa- 
tion des  sections   régionales   de   la   confédération.    Ces   associa- 


^296  VI1I«   CONGKKS   GÉOLOGIQUE 

lions  présenteraient,  en  outre,  Tavantage  de  pouvoir  plus  facile- 
ment grouper  les  laits  et  les  données  locales. 

Le  Congrès  Géologique  International  serait  le  lien  common 
et  le  centre  de  cette  confédération  ;  il  aurait  eu  le  mérite  de 
l'organiser,  il  coordonnerait  ses  etforts,  indiquerait  les  voies  à 
suivre,  et  sanctionnerait  de  son  autorité,  dans  le  monde  scien- 
tifique, Tadoption  des  conclusions  qui  auraient  acquis  son  assen- 
timent. 


^ 


CINQUIÈME    PARTIE 


MÉMOIRES   SCIENTIFIQUES 

COMMUNIQUÉS  DANS  LES  SÉANCES 


MÉMO[RES   SCIENTIFIQUES 
COMMUNIQUÉS    DANS    LES    SÉANCES 


SUR    LES 
FORMATIONS    PRÉ-CAMBRIENNES    FOSSILIFÈRES 

par  M.   Charles   D.    WALCOTT 

Introduction 

On  place  généralement  la  limite  supérieure  du  terrain 
cambrien,  à  la  base  de  la  faune  à  Olenellus,  et  nous  rappor- 
tons à  un  terrain  algonkien  (i),  toutes  les  formations  élasti- 
ques qui  se  trouvent  en  dessous  du  Cambrien  (a).  En  dessous 
de  TAlgonkien,  on  ne  connaît   plus   de   roches  élastiques. 

L'extrême  base  de  TAlgonkien  s'ol^serve  sous  la  ce  Belt 
Séries  »  dans  le  Montana,  dans  le  Grand  Canon  de  TArizona, 
en  quelques  points  sur  le  Lac  Supérieur,  et  à  Test  de  Terre- 
Neuve  ;  Tobservation  y  est  facilitée  par  la  discordance  des 
roches   élastiques  algonkiennes   sur  les  formations   archéennes. 

Dans  d'autres  régions,  au  contraire,  il  est  très  diflicile  de 
trouver  une  limite  entre  T Algonkien  et  TArchéen.  Les  couches 
inférieures  de  l'Algonkien  montrent  une  association  de  roches 
volcaniques  et  élastiques,  si  déformées  méctfniquement  et 
si  transformées,  qu'il  est  impossible  pratiquement  de  les 
distinguer  des  roches  fondamentales  archéennes.  Il  arrive 
fréquemment,  sur  le  terrain,  qu  on  ne  sait  si  l'on  se  trouve 
sur  l'Algonkien  ou  sur  TArchéen.  La  difficulté  de  préciser  la 
limite  de  ces  terrains  ne  leur  est  toutefois  pas  spéciale,  et 
Ton  connaît  de  même  des  formations  intermédiaires  entre 
TAlgonkien  et  le  Caml)rien,  le  Cambrien  et  TOrdovicien,  et 
ainsi   de   suite. 

(1)  Bull.  U.    S.    Geol.    Survey,   no   81,    1891,    p.   362. 

(2)  Tenlh  Ann.    Repl.    U.    S.  Geol.    Surv.,    1890,   p.    m. 


3oO  Vlll^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

D'après  notre  définition,  toutes  les  formations  élastiques, 
antérieures  au  Cambrien,  appartiennent  à  TAlgonkien,  et  il 
faudra  classer  dans  TAlgonkien  la  série  de  Belt  (Montana), 
la  série  du  Grand  Canon  (Arizona),  la  série  de  Llano  (Texas), 
et  la  série  d'Avalon    (Terre-Neuve). 

La  formation  qui  a  fourni  la  faune  la  plus  riche  et  la 
plus  parfaite  est  sans  contredit  celle  de  Belt  :  aussi  commen- 
cerons-nous par  elle. 

DESCRIPTION  GÉOLOGIQUE 

Série  de  Belt  (Montana) 

J'ai  reconnu  en  1898  (i)  une  grande  discordance  de  strati- 
fication entre  le  Cambrien  et  la  série  de  Belt,  et  de  plus, 
j'ai  constaté  que  cette  série  comprenait  plusieurs  divisions, 
dont  Tune  (les  scKistes  de  Greyson),  située  à  environ  7.000 
pieds  du  sommet,   était   fossilifère. 

La  série  de  Belt  est  très  développée  daiis  le  centre  du 
Montana,  couvrant  une  superficie  de  plus  de  6.000  milles 
cannés  ;  elle  montre  ses  meilleures  coupes  dans  les  montagnes 
du  Big-Belt  et  du  Little-Belt.  Le  terrain  cambrien  repose  en 
discordance   sur  les   divers   termes  de  cette   série. 

Les  principaux  membres  de  la  série  de  Belt,  sont  les 
suivants,   de  haut  en   bas  : 

Schistes   de   Marsh 3oo  pieds 

Calcaires  •  d'Helena 3.400  — 

Schistes   d'Empire 600  — 

Schistes  de   Spokane i.5oo  — 

Schistes   de   Greyson 3. 000  — 

Calcaires  de  Newland 3.000  — 

Schistes   de   Chamberlain i.5oo  — 

Quarzites  et  grès   de   Neihart 700  — 

Total.  .   13. 000  pieds 

Les  schistes  de  Greyson,  fossilifères,  sont  des  roches 
sombres,  grossières,  siliceuses  et  arénacées  ;  ils  passent  au 
sommet  à  des  schistes  fissiles,  gris-bleuàtrc,  qui  pâlissent  en 
s'altérant  et  prennent  des  tons  de  porcelaine.  Ceux-ci  sont 
surmontés,  à  leur  tour,  par  des  schistes  siliceux  arénacés 
gris-sombre,  avec  bancs  intercalés  de  schistes  sableux  bariolés. 

(1)    Voir  rhislorique  de    la    série  de    Belt  :    Bull.  Geol.  Soc.  Amer.,   Vol.  X» 
1899,    p.    201-203 


CH.    D.    WALCOTT  3oi 

et  de  roches  siliceuses  dures,  compactes,  gris-verdàtre.  A  la 
base  des  schistes  de  Greyson,  dans  le  Canon  de  Dee  Creek, 
il  y  a  une  bande  de  quartzites  et  schistes  alternants,  compre- 
nant vers  sa  partie  inférieure  une  épaisseur  de  lo  pieds  de 
conglomérats  gréseux  avec  galets,  atteignant  8  pouces  de 
diamètre,  et  provenant  des   niveaux  de   Belt  sous-jacents. 

Les  fossiles  ont  été  trouvés  à  la  base  de  cette  série,  dans 
le  Canon  de  Sawmill,  et  près  du  débouché  du  Canon  de 
Deep  Creek,  au  dessus  du  bureau  de  poste  de  Glenwood.  Ce 
sont  des  pistes  Helminthoidichnites  ?  neihartensis,  H.  ?  spi- 
ralis.  H,?  Aîeeki,  Planolites  corriigatus.  P.- superbus,  et  de 
nombreux  fragments  de  crustacés  attribués  aux  mérostomates, 
dont  un  seul   a  été  décrit  sous  le  nom  de  Beltina   Danai, 

La  coupe  la  plus  typique  est  sur  le  versant  qui  sépare  Greyson 
Creek  de  Deep  Creek,  où  l'épaisseur  de  cet  étage  atteint 
3.000  pieds. 

Age  des  couches  cambriennes  qui  reposent  sur  la  série 
de  Belt.  —  Les  schistes  et  calcaires  qui  constituent  les 
couches  supérieures  au  grès  de  Flathead,  sont  d'Age  cambrien 
moyen  ;  les  fossiles,  qu'on  trouve  à  leur  base,  appartiennent 
au  Cambrien  moyen,  tel  qu'il  est  développé  dans  TUtah  et  le 
Nevada,  un  peu  au  dessus  de  l'horizon  à  Olenellus.  Cette  faune 
a  été  trouvée  à  Logan,  sur  la  rivière  d'East-Gallatin,  dans  un 
grès,  à  25  pieds  seulement  au  dessus  des  roches  de  la  série  de 
Belt.  Ce  grès  cambrien  'est  un  sédiment  formé  de  grains  de 
sable  lavés  sur  une  plage,  et  non  par  un  sable  boueux, 
comme  ceux  qui  se  déposent  dans  les  rivières  et  les  estuaires, 
et  comme  on  en  trouve  tant  dans  la  série  de  Belt,  notamment 
dans  l'étage  des  schistes   de  Spokane. 

Le  Cambrien  inférieur  fait  donc  défaut  au  dessus  de  la 
série  de  Belt  ;  le  pays  était  exondé  à  cette  époque,  il  fut  de 
nouveau  couvert  par  la  mer  lors  du  Cambrien  moyen  et  du 
Cambrien  supérieur. 

Discordance  entre  la  série  de  Belt  et  le  Cambrien.  —  On 
observe  le  contact  du  grès  cambrien  de  Flathead  sur  les 
roches  de  la  série  de  Belt,  suivant  une  longue  ligne,  sur  les 
flancs  E.,  S.,  et  W.  des  montagnes  de  Little-Belt  et  de  Big- 
Belt.  On  peut  l'observer  sur  une  longueur  de  200  milles,  riche 
en  affleurements.  Au  voisinage  de  Neihart,  sur  le  flanc  est,  la 
discordance  entre  le  Cam!)rien  et  la  formation  de  Belt  est 
nette,  sans  grande  différence  angulaire,  (jui  ne  se  montre 
assez   marquée  que  sur  le  Sawmill  Creek. 


VItt'  CONGHfts  GÉOLOGIQUE 


Les  relations  enlir  le 
Caiiibrien  et  la  sério  ilo 
Bell  Himt  fepi"ésentées 
ilunfi  le  diagramme  ci- 
contre. 

L'absence  du  calcaire 
d'Helena,  et  du  scliisle 
d'Empire,  dans  la  coupe 
des  collines  de  Spokaoe. 
est  attribuée  à  leur  éro- 
sion suivant  une  bande 
soulevée  du  soi,  à  partir  de 
l'époque  précambrien  do. 

Ces  coupes  it|i|)rcniii'Tjl 
que  vers  la  fin  de  l'Algon- 
liicn  il  se  produisit,  dans 
la  région,  un  tuouveiiK'ul 
orographique,  qui  lll 
émerger  les  sédiments  de 
Belt,  déjà  durcis.  Ces  ter- 
rains ainsi  ridés  et  relevés 
formèrent  des  terres  étea- 
dues  que  l'action  combi- 
■  née  des  agents  atmosphé 
ri<|ues  et  des  mers  cam- 
bi'iennes  dénuda  profon- 
dément; et  on  peut  éva- 
luer de3.ooo  à  4>ooopied« 
l'ipaiHîïeiir  du  terrain  de 
Belt  enlevée  avant  le  dépôl 
des  sables  (actuellemeDi 
grès)  du  Cambrien  moyen. 

Skrie  du  Graxd-CaSos 
(Arizona). 
Composition  et  carac- 
tères. ~-  Les  divisions 
de  cette  série  du  Grand- 
Canon  dillèrent  de  celles 
de  Belt,  mais  les  sédi- 
ments    composants    pré- 


CH.    D.    WALCOTT  3o3 

sentent  de  grandes  ressemblances  dans  plusieurs  d'entre  elles» 
notamment  dans  Tétage  de  Chuar.  Ce  sont  notamment  des  cal- 
caires, des  schistes,  des  grès  intercalés,  de  même  type  litho- 
logique que  ceux  de  la  série  de  Belt,  dans  les  montagnes  de 
Uttle-Belt  et  de   Big-Belt. 

Le  plan  de  discordance  entre  le  Cambrien  et  TAlgonkien 
est  plus  marqué  ici  que  celui  qui  a  été  décrit  dans  le 
Montana,  entre  le  Cambrien  et  la  série  de  Belt.  On  constate 
que  cette  surface  d'érosion  précambrienne  tranche  tour  à 
tour  toutes  les  couches  successives  de  la  série  du  Grand- 
Canon,  ainsi  que  les  schistes  cristallins  sous-jacents  et  le  granité. 

Etage  de  Chuar,  —  Nous  donnerons  la  succession  de  ses 
couches,  de  haut  en  bas  (i).  Dans  la  division  supérieure,  les 
calcaires  atteignent  une  épaisseur  de  i38  pieds,  et  dans  la 
division  inférieure  une  épaisseur  de  i47  pieds,  formant  ainsi 
un   total  de  285  pieds. 

Division  supérieure  :  Grès  brun-rouge,  passant  à 
la  base  à  des  alternances  de  schistes  et  calcaires. 
Chuaria  circularis  se  trouve  à  700  pieds  du  sommet 
de  cette  division  1.700  pieds. 

Division  inférieure  :  schistes  argilo-sableux  à  fins 
lits  de  calcaire  de  ^  à  6  pouces  d'épaisseur,  passant 
à  la  base  à  des  grès  versicolores,  des  schistes  argilo- 
sableux  à  rares  lits  calcaires  ....  ...        3  420      — 

Etage  de  Unkar  :  Cet  étage  montre  à  son  sommet 
des  calcaires  et  des  nappes  de  laves,  en  dessous 
desquels  il  est  formé  presqu'entièrement  de  grès. 
11  présente  4   divisions  principales  : 

i.  Calcaire  magnésien  massif.  i5o  pieds,  passant 
en  dessous  à  du   grès 47^      — 

2.  Nappes  de  laves  basaltiques,  vert-sombre,  alter- 
nant avec  lits   minces  de  grès 800  pieds. 

3.  Grès  supérieurs.  Grès  rouge- vermillon,  passant 

à  la  base   à    des   grès    chocolat 3.23o      — 

4.  Grès  inférieurs.  Grès  gris,  brun,  pourprés  avec 
minces  lits  alternants  de  calcaire   et   de   grès,   à  la 

base * .        2 .  325     — 


Epaisseur  totale  de  Tétage  de  Chuar     ....  5.120  pieds. 

Epaisseur  totale  de  Tétage  d'Unkar 6.83o      — 

Epaisseur  totale  de  la  série  du  Grand-Canon.     .  11.950  pieds. 

(1)  Celte  coupe  a  été  donnée  en  détail  dans  le  Fourleenth  Ann.   Rept.  U.  S. 
Geol.  Surv.,  1895,   p.   r)(».512. 


3o4  VUl*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Age  des  couches  cambriennes  qui  reposent  sur  In  série  du 
Grand' Canon.  —  La  faune  des  schistes  et  grès  du  sommet  du 
Tonto  Sandstone,  à  290  pieds  au  dessus  de  la  base  de  cette 
division,  est  celle  du  Cambrien  moyen  ;  elle  présente  le  même 
type  que  la  faune  des  schistes  de  Flathead,  qui  repose  dans 
le  Montana,   sur  la  série  de   Belt. 

Le  grès  de  Tonto,  d'âge  cambrien,  est  un  dépôt  de  plage; 
il  présente   des  lits  identiques  à  ceux  du  grès  de  Flathead. 

Le  Cambrien  inférieur  manque  encore  dans  cette  région. 
Son  absence  est  attribuée  à  ce  que  la  contrée  actuellement 
formée  par  la  série  du  Grîind-Canon  et  couches  cambriennes 
associées,  était  émergée  à  cette  époque. 

Discordance  entre  la  série  du  Grand- Canon  et  le  Cambrien. 
—  Le  contact  du  grès  cambrien  de  Tonto  sur  l'étage  de  Chuar 
est  magnifiquement  exposé  dans  les  escarpements  du  Grand- 
Canon  même,  ainsi  que  les  canons  latéraux  :  il  repose  succes- 
sivement  sur  toutes   les  couches  plus  anciennes. 

11  est  diflicile  de  mesurer  exactement  son  importance.  On 
sait  que  les  niveaux  supérieurs  de  Chuar  formèrent  une  île 
dans  la  mer  cambrienne,  et  qu'ils  y  furent  dénudés  avant 
rinvasion  et  le  dépôt  du  Cambrien  sur  son  sommet  ;  les  cou- 
ches inférieures  du  Cambrien  sont  limitées  à  ses  flancs.  La 
discordance  prouve  qu'un  mouvement  du  sol  important  s'était 
produit  avant  l'époque  des  érosions  cambriennes,  et  que  celles- 
ci  ont  dû  se  prolonger  bien  longtemps,  pour  ab raser  le  plan 
sur  lequel  ces  dépôts  se   sont  étalés. 

Série  de   Llano  (Texas) 

Au  centre  du  Texas,  la  base  du  Cambrien  est  formée 
par  des  grès,  correspondant  lithologiquement,  comme  par  la 
faune  de  leurs  couches  supérieures,  aux  grès  de  Tonto  de  la 
série  du  Grand-Canon.  Ces  grès  cambrions  reposent  en  disco^ 
dance,  sur  des  couches  alternantes  de  schistes,  schistes  arénacés. 
grès  et  calcaires^  rappelant  également  celles  de  la  série  du  Grand- 
Canon.  Elles  sont  aussi  peu  altérées  que  celles-ci,  n'étant 
guère  plus  métamorphisées  que  les  couches  cambriennes  et 
carbonifères   qui  leur  succèdent. 

On  n'a  pas  encore  fait,  dans  cette  série,  de  recherches 
systématiques  de  fossiles  :  sa  faune  est  encore  inconnue.  Elle 
a   été  rapprochée    <le    la    série    des    couches    du    Grand-Canon 


CH.    D.    WALCOTT  3o5 

n    raison    de    leurs     relations    stratigraphiques    et    litliologi- 
ues  (i). 

Série  d'Avalon  (Terre-Neuve) 

Cette  série  renferme  toutes  les  formations  comprises  entre 
îs  couches  basales  du  Cambrien  et  les  Gneiss  archéens  de 
erre-Neuve.  Je  Tai  étudiée  rapidement  en  1888-89  du  port 
e  Saint-John  au  cap  Topsail  (baie  de  la  Conception)  ;  Tétude 
e  détail  a   été   faite   par  le  D'   Alexandre  Murray. 

Déjà    le    Dr    T.    Sterry-Hunt    avait    proposé    le     nom    de 

''erranopien  pour  cette   série   de    couches,  comprises    entre    le 

lambrien  fossilifère  et  les   Gneiss   laurentiens  (2)  ;    mais     plus 

ird,  il   en    restreignit  le    sens,  aux    couches    gneissiques  (3), 

l'exclusion  de  celles  qui  les  surmontent  (4). 

Le  nom  de  série  d'Avalon  a  été  choisi  en  raison  du 
rand  développement  de  ce  terrain  dans  la  presqu'île  d'Avalon. 
1  y  présente   cinq   divisions   principales  (5)  : 

FTpaisseura  en  pied» 

llandom 4^^ 

Signal 3.iao 

Momable 2.000 

Torbay 3.3oo 

Conception a.950 

Total  .   .     11.785 

Grès  et  schistes  de  Random  :  Le  type  de  cette  division 
iffleure  au  S.  de  Tile  Random,  à  Test  de  la  pointe  de 
iickmans  Harbor.  Elle  est  formée  de  grès  siliceux,  micacés, 
grisâtres,  psammitiquos,  schisteux,  avec  quelques  lits  massifs 
le  quarzite.  A  Hearts  Delight,  à  l'Est  de  Trinity-Bay,  l'épais- 
seur de  cette   assise   dépasse  700  pieds. 

Grès  de  Signal  Hill  :  Les  types  visibles  à  Signal  Hill, 
îaint-Johns   Harbor,    Bay   de  Vcrde,   New   Perlican,   et  à  l'île 

(1)  Amer.  Journ.  Se,  vol.  28,  1884,  p.  431,  432.—  Voiraussi,  Professor  Comslock  : 
Second  Aon.  Rept.  Geol.  Surv.  of.  Texas  for  180U,  p.   562  et  563. 

(2)  Amer.  Journ.  Se.,  3  d.  Ser.,  vol.  1.  1870,  p.  87. 

(3)  Chem.  and  Geol.  Essaya,  1875,  p.  194. 

(4)  Ibid.  p.  244. 

(5)  Geol.  Surv.  Newfoundland,  Reprint  of  Reports,  1881,  p.  145,  146.  La 
istribuUon  des  diverses  formations  est  très  bien  indiquée  sur  la  carte  géologique 
e  la  presqu'île  d'Avalon,  par  Murray  et  Howley,  1881. 


io. 


3o6  Vllie  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Baccalieu,   nioutrent    un   poudingue   rouge    au   sommet,   et  des 
grès  rouge   sombre,  gris  ou  vert,   en  dessous. 

Schistes  de  Momable,  —  Très  développés  dans  la  baie  de 
Momable,  ces  schistes  aflleurent  encore  à  Saint-Johns,  Harbor 
Grâce,  Carnonear  bay,  Roberts  bay  et  Northern  bay.  Schistes 
sombres  bruns  ou  noirs,  avec  quelques  lits  interstratifiés  de 
grès  fins. 

Schistes  de  Torbqy,  —  Bien  exposée  à  Torbay,  cette 
assise  couvre  une  grande  étendue  de  pays,  du  cap  Saint- 
Francis  au  cap  Race,  Saint-Marys  bay,  et  Conception  bay. 
Elle  est  formée  d'alternances  de  schistes  verts,  pourpres  ou 
rouges. 

Schistes  de   Conception,   —  Sédiments   variés,   aflleurant  à. 
Topsail   Head,    au   bout  de  Conception  bay   et  à   Test  de  Pla- 
centia  bay.  Les  roches  dominantes  sont  des  schistes  et  conglo- 
mérats   schisteux,    vert   sombre,    reposant    sur    une    série  de 
diorites,   quarzites  et  cornes  variées. 

Age  du  Cambrien  qui  repose  sur  la  série  d'Avalon.  — 
Les  couches  qui  recouvrent  la  formation  d'Avalon  sont 
déterminables  à  Smith  et  à  Random  Sounds,  comme  à  Tri- 
nity  bay  ;  elles  sont  reconnaissables  à  des  schistes  vert  et 
rouge  appartenant  à  la  base  d'une  assise  connue,  à  4^ 
pieds,  au  dessus  de  la  faune  à  Olenellus. 

A  Manuels  Brook  et  à  Conception  Bay,  le  Cambrien  infé- 
rieur repose  sur  un  gneiss,  qui  parait  interstratifié  ou  peut- 
être  injecté  dans  la  série  des  schistes  de  Conception. 

Discordance  entre  la  série  d'Avalon  et  le  Cambrien,  —  Le 
Cambrien  succède  aux  schistes  de  Conception  dans  Conception 
bay  ;  il  repose  successivement  et  en  discordance  sur  les  forma- 
tions de  Conception,  Torbay,  Momable,  dans  la  baie  de  Sainte- 
Marie,  et  sur  la  base  des  grès  de  Signal  Hill,  sur  les  forma- 
tions de  Momable,  Torbay  et  Conception  dans  la  baie  de  la 
Trinité.  La  discordance,  comme  dans  le  Graud-Cailon,  amène 
successivement  le  Cambrien  sur  toutes  les  divisions  successive? 
de  TAlgonkien,  attestant  Texistence  avant  cette  époque  de 
grands  changements  orographiques  et  d'érosions  longtemps 
poursuivies. 

En  1889,  j'ai  observé  une  coupe  (i),  à  Random  Sound, 
Trinity    bay,   où   le  Cambrien   repose  en  stratification  conco^ 

(1)  Bull.   Geol.   Soc.    Amer.,    Vol.    X.    p. 


CH.    D.    WALCOTT  3o7 

dantc   sur  l'assise  de   Random,  et  celle-ci  sur  les  conglomérats 
de   Signal  Hill. 

Formations   algonkiexnes   de   la   région   du    Lac   Supérieur 

Ces  formations  comprises  entre  le  Cambricn  et  TArchéen, 
présentent,  dans  la  région,  une  grande  importance  et  une 
grande  variété.  On  y  a  reconnu   la  succession  suivante  : 

Keweenavien,  —  Le  Keweenavien  est  constitué  par  une 
série,  épaisse  de  plusieurs  milliers  de  pieds,  de  roches  élastiques, 
formées  aux  dépens  de  roches  éruptives  contemporaines,  alter- 
nant avec  des  coulées  de  laves.  Les  roches  volcaniques  prédo- 
minent à  la  base  de  la  série,  les  alternances  sont  plus  fréquentes 
au  milieu,  et  les  roches  élastiques  existent  seules  au  sommet  (i). 

Irving  a  divisé  le  Keweenavien  en  deux  portions  :  la 
division  supérieure,  essentiellement  gréseuse,  atteint  i5,ooo 
pieds  dans  la  région  centrale  du  bassin  ;  elle  présente  12,000 
pieds  de  grès  et  schistes  rouges  sur  la  rivière  Montréal,  5oo 
pieds  de  schistes  noirs  alternant  avec  grès  durs,  grisâtres, 
peu  quarzeux,  et  1,200  pieds  de  conglomérats  à  gros  galets  (a). 

La  division  inférieure  est  très  épaisse,  atteignant,  d'après 
Irving,  25,000  à  3o,ooo  pieds  (à  l'Est  de  Keweenaw  point,  par 
exemple).  Elle  est  essentiellement  formée  de  coulées  de  laves 
basiques  superposées,  avec  bancs  alternants  de  conglomérats 
et  de  grès  jus([u*k  la  base,  et  quelques  roches  acides  subor- 
données. On  trouve  dans  toute  l'épaisseur  de  la  formation  des 
lits  de  conglomérats  porphyriques  et  de  grès  rouges  ;  ils 
deviennent  toutefois  plus  rares  dans  son  tiers  inférieur,  tandis 
qu'ils  augmentent  en  nombre  et  en  épaisseur  vers  le  sommet. 
On  ne  connaît  qu'un  seul  exemple  de  couche  élastique  im- 
portante,  dans   les   niveaux  inférieurs  (3). 

Iluronien  supérieur  :  Le  Huronien  supérieur  est  directe- 
ment recouvert  par  les  couches  de  Keweenaw  précitée*'.  Il 
est  formé  par  les  roches  d'Animikie  et  de  Vermi lion-supé- 
rieur, dans  le  N.  du  Minnesota  ;  par  celles  de  Penokee-Gogebic 
dans  le  Michigan  et  le  Wisconsin.  Son  épaisseur  est  de  10,000 
pieds,  d'après  Irving,  sur  la  Pigeon-river,  où  il  montre  des 
schistes  plus  ou  moins  argileux   gris-sombre  à  noirs,   alternant 

(1)  Bull.    U.   S.  Geol.    Siirvey,    n»    86,   1K92,    p.    161. 

(2)  Monog.  n«  V.,  U.  S.  Geol.  Surv.  IHSi,  p.  153. 

(3)  Monog.  n*  V.  U.  S.  Geol.   Surv.,  i883,  p.  156-160. 


3o8  Vllie   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

avec  des  schistes  quarziteux.  11  présente  parfois,  vers  sa  base, 
des  lits  de  phtanite,  des  lits  zones  de  minerai  de  fer  magnétique 
comme  dans  Penokee  (Wisconsin),  et  des  coulées  interstratifiées 
de  roches  éruptives,   gabbros  à   olivine,   gabbros   à  orthose. 

Huronien  inférieur  :  Roches  semi-crîstallines  très  finement 
plissées,  calcaires,  quarzites,  micaschistes,  schistes  micacés, 
conglomérats  schisto-cristallins ,  lits  ferrugineux  ou  cornés, 
traversés  par  des  dykes  basiques  et  parfois  par  des  roches 
éruptives  acides.  On  trouve  également,  dans  cette  masse,  des 
roches  élastiques  avec  débris  d'origine  volcanique,  formant 
des  sortes  d'agglomérats,  et  des  schistes  cristallins  verts, 
chloriteux,  finement  laminés.  L'épaisseur  approximative  du 
Huronien  inférieur  dans  la  région  du  Lac  Supérieur  est  de 
5,000  pieds  (i). 

Age  du  Cambrien  reposant  sur  VAlgonkien  du  Lac  Supé- 
rieur :  Le  terrain  cambrien,  qui  repose  sur  FAlgonkien,  aux 
Chutes  de  Sainte-Croix,  contient  la  faune  typique  du  Cam- 
brien moyen  ;  il  est  probable  que  la  continuité  du  mouve- 
ment, qui  a  déterminé  cette  discordance,  a  dû  amener  aussi, 
en  quelque  point,  le  Cambrien  supérieur  directement  sur 
les  couches   de  Keweenaw. 

Discordance  entre  le  Cambrien  et  VAlgonkien  du  Lac 
Supérieur  :  La  discordance  entre  le  Cambrien  et  les  couches 
de  Keweenaw  a  été  établi  par  Irving  (2)  ;  il  y  eut  dans  la 
région,  avant  le  dépôt  du  Cambrien,  d'importants  mouvements 
orographiques  et  une  longue   période   de  dénudation. 

Discordances  entre  les  divers  ternies  de  VAlgonkien  :  Des 
discordances  ont  été  observées  et  décrites  par  Van  Hise  (3), 
entre  le  Keweenavien  et  le  Huronien  supérieur,  comme  entre 
le  Huronien  supérieur  et  Tinférieur,  et  entre  celui-ci  et 
FArchéen. 

Roches   sédimentaires  pre-cambriënnes  de  l'Utah,   de  la 
Nevada,   de  la  Califoiinie,  et  de   la  Colombie  britanniqlx 

On  connaît,  sous  les  couches  à  Olenellus  du  Cambrien  infé- 
rieur   des    Cordillères    des  Etats-Unis  et  de   la  Colombie  bn- 

(1)  Bull.  U.  s.  (ieoL  Surv.,  n"   86,  1892,  p.  4D9. 

(2)  Irvinj^  :  Mon.  on  the  Copper  bearing  rocks  of   l^ke  buperior,  U.  S  Geol. 
Survey,    Mon.    V.,  1883,   p.    36H,    pi.   XXili. 

(3)  Bull.  U.  S.  Geol.  Surv.,  n«  86.  1892,  p.  499,  500. 


CH.   D.   WALCOTT  SoQ 

annique,  une  importante  série  de  schistes  siliceux,  grès,  avec 
[uelques  minces  lits  de  calcaire,  encore  sans  fossiles  (i).  Il 
l'est  point  possible  de  dire  actuellement  quelles  sont  leurs  rela- 
ions  avec  les  séries  de  Belt  (Montana),  et  du  Grand-Canon 
Arizona).  De   nouvelles  recherches  s'imposent. 

DES  FOSSILES  DES  COUCHES  PRÉ-CAMBRIENNES 

On  voit,  d'après  ce  qui  précède,  que  la  discussion  de  leurs 
psements  établit  qu'il  y  a  effectivement  trois  points,  où  des 
bssiles  bien  caractérisés  ont  été  trouvés  dans  des  couches 
lettement  précambriennes,  dans  la  série  de  Belt  (Montana), 
lans  le  Grand-Canon  (Arizona),  dans  la  série  d'Avalon  (Terre- 
^euve). 

RÉVISION    DES    FOSSILES    PRE-CAMBRIENS   CITES  EN   DIVERSES 

RÉGIONS. 

Les  découvertes  de  fossiles,  signalés  dans  les  roches  cris- 
;allines  algonkiennes,  restent  encore  problématiques.  Ainsi  on 
)eut  toujours  discuter,  relativement  à  l'origine  organique  ou 
jurement  minérale  de  YEozoon   canadense,  et  formes  analogues. 

On  peut  en  dire  autant  des  Spongiaires  décrits  par  M.  G.  F. 
Matthew  (2)  dans  le  Laurentien  du  New-Brunswick  ;  et  des 
Radiolaires  et  Spongiaires  du  Précambrien  de  Bretagne,  signa- 
lés d'abord  par  M.  Charles  Barrois  (3)  et  décrits  par  M.  L. 
Cayeux  (4).  C'est  du  moins  ce  qu'il  faut  penser  depuis  les  tra- 
vaux de  M.  H.  Raufr(5),  qui  les  considère  comme  d'origine 
inorganique. 

Du  graphite  :  La  présence  du  graphite  a  été  souvent  allé- 
gée comme  une  preuve  de  l'existence  de  fucoïdes  à  l'époque 
tilgonkienne.  Il  est  infiniment  vraisemblable  en  effet  qu'il  est 
d'origine  organique,  mais  nous  ne  saurions  dire  sous  quelle 
forme  il  était  représenté. 


(1)  Bull.  U.  S.  Geol.  Siirv.,  qoSI  et  86  ;  and  Tenth  ÀDDual  Report,  p.  549,  552. 

(2)  Bull.  D»  9,  Nat.  Hist.  Soc.,  NewBruDswick,  p.  42,  45. 

(3)  Comptes  rendus  Acad.  Se,  août   1892,  p.  326,   :^8. 

(4)  Bull.  Soc.  Kéol.  de  France,  8*  sér.,  T.  22,  p.  197,  228.1894,  avec  1  planche. 
—  Comptes  rendus  Acad.  Se,  t.  It8,  1894,  p.  1433-14^5,  avec  6  ligures.  —  Ann. 
Soc.  géol.  Nord,  t.  22,  p.  116, 119,  avec  6  figures.  .—  Ann.  Soc.  géol.  Nord.  t.  23, 
1895,  p.  52,  65,  avec  2  planches. 

(5)  Neues  Jahrb.  (.  Miner.,  1896.  Bd.  1,  p.  117,  138. 


3lO  VUl"   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Palaeotrochis  :  Cette  forme,  décrite  par  E.  Ëmmons  en  i856 
comme  un  coralliaire,  et  lonfi^temps  regardée  comme  un  fossile 
précambrien,  a  été  étudiée  successivement,  par  MM.  J.  A. 
Holmes  et  J.  S.  Diller,  qui  ont  prouvé  sa  nature  inoi^anique 
et  montré  que   son  gisement  était  une  roche  volcanique  acide. 

Fossiles   de  l'Algonkien  du    Lac  supérieur. 

On  a  cité  à  diverses  reprises  des  fossiles  dans  les  forma- 
tions précambriennes  de  cette  région,  mais  sans  préciser  leur 
gisement  dans  le  Keweenavien,  le  Huronien,  ou  même  l'Ai- 
gonkien. 

Tels  sont  les  fossiles,  traces  obscures  ou  pistes,  souvent 
cités  sur  des  blocs  de  grès  ferrugineux,  ramassés  parmi  les 
tas  de  minerais  de  fer  des  mines.  11  est  cependant  impossible 
d'affirmer  qu'ils  soient  d'âge  pré-cambrien,  puisque  dans  la 
région  de  Menominee  on  exploite  du  minerai  à  la  base  du 
Cambrien  ;  ce  minerai  est  difficile  à  distinguer  du  Précambrien, 
puisqu'il  est  le  résultat  de  son  remaniement. 

L'existence  de  la  vie,  dans  la  série  d'Animikee  est  déduite 
de  la  présence  du  graphite  dans  les  schistes,  et  de  l'indica- 
tion d'un  fossile  présumé,  donnée    par  M.  G.  F.  Matthew  (i). 

Les  quarzites  de  Minnesota  font  partie  de  la  grande 
masse  du  Huronien  supérieur,  épaisse  de  la.ooo  pieds,  et 
formée  d'après  Van  Hise  (a)  de  couches  plissées  de  poudin- 
gues,  quarzites,  schistes,  phyllades,  micaschistes  et  lits  de 
minerai  de  fer,  traversées  par  des  dykes  basiques.  Cet  auteur 
signale  dans  ces  quarzites  de  Minnesota  des  formes  lingu- 
loïdes  et  une  impression  obscure,  d'aspect  trilobi tique,  décrite 
par  Winchell  (3).  J'ai  eu  l'occasion  d'étudier  cette  trace,  et  la 
considère  comme  étant  d'origine  inorganique  ;  quant  aux 
formes  linguloïdes,  elles  sont  si  obscures,  qu'il  est  difficile 
d'en  rien  dire,  mais  elles  ne  sont  probablement  que  des  con- 
crétions ou  nodules  aplatis  et  déformés,  affectant  occasion- 
nellement l'apparence  d'Obolus   ou  d^Acrothele  écrasés. 

(1)  L'éturle  attentive  de  cet  échantillon,  donné  par  M.  A.  R.  C.  Selwyn  i 
M.  G.  F.  M.itthew,  porte  à  penser  que  les  traces  qu'il  présente  sont  d'on- 
gine  inorganique  :  une  photographie  de  cette  plaque  de  schiste  a  d'aillears 
été  donnée    pi.    XLVt    du   Monograph   XXX,    U.    S.    geol.    Survey. 

(2)  Bull.    U.    S.    Geol.    Survey,    n«    86.    p.  499. 

(3)  Lingula  Calumet,  Paradorides  Barheriy  décrits  dans  le  Red  Quart- 
zite  at  Pipestone.  Geol.  and  Nat.  Hist.  Surv.  Minoesola,  13  th.  Aanoal 
Rept.   1884-85,    p.    ti5-72. 


CH.    D.    WALCOTT  3ll 

Fossiles  de  la  série  d'Avalon  (Terre-Neuve) 

Je  me  suis  convaincu  sur  les  lieux,  que  les  Aspidella  des 
schistes  de  Momable,  ainsi  que  les  traces  dî* Arenicolites  qui 
leur  sont  associées  d'après  M.  Billings,  sont  d'origine  inor- 
ganique. 

Dans  les  couches  arénacées  les  plus  élevées  de  l'étage  de 
Randoni,  à  a5  ou  5o  pieds  en  dessous  de  la  base  du  Gambrien, 
il  y  a  de  nombreuses  pistes  d'Annélides,  appartenant  à  au 
moins  trois  espèces  différentes. 

Terrain  Etcheminien  du  Nouçeau- Brunswick,  —  L'Etche- 
minien  a  été  décrit  et  défini  par  M.  F.-G.  Matthew,  comme  . 
un  terrain  fossilifère  précambrien.  J'y  ai  cependant  découvert 
en  1899  la  faune  à  Olenellus  à  Smith  Sound,  et  à  Trinity  bay 
(Terre-Neuve),  et  même  dans  la  section  typique  du  Nouveau- 
Bruns  wick. 

Fossiles  de  la  série  du  Grand-Canon  de  rArizona.  — 
Quelques  débris  organiques  de  petite  taille  ont  été  découverts 
dans  la  division  supérieure  de  l'étage  de  Chuar,  ainsi  que 
des  traces  stromatoporoîdes  à  deux  niveaux   différents. 

Ce  sont  ces  formes  problématiques,  à  aspect  de  Stromato- 
pora  et  de  Cryptozoon  (Hall),  qui,  envoyées  par  moi  à  Sir 
William  Dawson,  ont  été  l'objet  d'une  étude  de  sa  part,  et 
ont  reçu  de  lui  le  nom  de  Crj-ptozoon  ?  occidentale  (Dawson). 

On  a  trouvé  à  ^So  pieds  du  sommet  de  Tétage  de  Chuar, 
dans  des  schistes  sableux  arénacés,  de  nombreux  débris  circu- 
laires, discoïdes,  qui  pourraient  bien  être  les  restes  de 
coquilles  coniques  écrasées  ;  ils  ont  été  désignés  sous  le  nom 
de  Chuar ia  circularis  (i). 

Des  Ptéropodes,  voisins  de  Hyolites  triangularis,  ont  été 
cités  dans  ce  même  gisement  ;  mais  leur  détermination  est 
très  douteuse,  et  ces  apparences  pourraient  bien  être  d'ori- 
gine mécanique. 

On  a  trouvé  dans  un  calcaire  gris,  à  i5o  pieds  au-dessus 
du  Chuaria  circularis,  des  traces  obscures,  qu'on  n'hésiterait 
guère  à  rapporter  au  genre  Acrothele  si  on  les  rencontrait 
dans  le  Cambrien.  Citons  encore  un  fragment,  rappelant  le 
lobe  pleural  d'un  anneau  de  trilobite  (2),  appai*tenant  au 
groupe  des   Obolella,    Olenoides^  Paradoxides,   bien  que  notre 

(1)  Bull.  Geol.    Soc.  Amer.  Vol.  X,  p.  234. 

(2)  Bull.  U.  S.  Geol.  Surv.,  n»  30,  1886,  p.  43.  par.  89. 


3ia  VIll*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

connaissance   actuelle  de  la   faune   de  Belt  nous    fasse    rejeter 
cette  identification. 

Avant  de  terminer,  il  est  intéressant  de  signaler  la  res- 
semblance de  Chuaria  circularis  avec  les  petits  corps  dis- 
coïdes, décrits  et  figurés  par  M.  Cari  "Wiman  (i),  dans  les 
schistes  précambriens  du  groupe   de  Wisings. 

Fossiles  de  la  série  de  Belt  (Montana), 

Les  fossiles  découverts  dans  cette  série  se  trouvent  dans 
les  schistes  de  Greyson,  dans  des  lits  calcaro-schisteux  à  loo 
pieds  au-dessus  du  calcaire  de  Newland,  et  à  7.700  pieds  en 
dessous  du  sommet  de  cette  formation  de  Belt.  Les  premiers 
fossiles  ramassés  le  furent  à  l'entrée  du  canon  de  Deep-Creek, 
un  peu  au-dessus  du  Bureau  de  Poste  de  Glenwood  ;  on  en 
trouva  ensuite  d'autres  dans  le  canon  de  Sawsmill,  à  environ 
quatre  milles  au-dessus  de   Neihart. 

Cette  faune  a  fourni  jusqu'ici  des  pistes  d'Annélides,  se  rappor- 
tant à  quatre  espèces  différentes,  et  nombre  d'autres  pistes,  dues 
à  des  mollusques  ou  à  des  crustacés.  Elle  contient,  en  immenses 
quantités,  des  débris  d'un  ou  plusieurs  genres  de  crustacés,  mais 
ils  sont  tous  déformés  et  aplatis,  et  généralement  tronçonnés 
par  des  déplacements  orogéniques. 

11  n'y  a  pas  de  doute  possible  concernant  la  nature  organique 
de  tous  ces  débris  ;  et  il  faut  considérer  comme  établie  TexisteDce. 
à  cette  époque,  d'un  type  de  crustacé  bien  plus  élevé  qu'en 
n'aurait  pu  supposer  à  priori. 

Les  formes  découvertes  dans  cette  formation  de  Belt  ont 
été  décrites  (a),   sous   les  noms   suivants   : 

Helminihoidichnites  ?  Neihartensis 

id,  spiralis 

id,  Meeki 

Planolites  corrugatus 

id,        suberbus 
Beltina  Danai, 

i\)  Bull.  Geol.  Inst.  Upsala,  no  3.  Vol.  2,  189i. 
{'!)  Hiill.  Heol.  Soc.  America,  vol.  10,  p.  236-239 


3i3 


LES  PLUS  ANCIENNES  FAUNES  PALÉOZOÏQUES 


par    M.    «.    F.    MATTHEW 


Nous  résumerons,  dans  les  pages  qui  suivent,  nos  notions 
sur  les  faunes  les  plus  anciennes,  trouvées  à  la  base  du 
Cambrien,  dans  les  régions  orientales  de  F  Amérique  du  Nord. 
Ces  faunes,  qui  diffèrent  en  quelques  points  de  celles  qui 
leur  succèdent,  ont  été  d'abord  reconnues  dans  le  Nouveau- 
Brunswick,  en  dessous  des  zones  à  Paradoxides  et  à  Proto- 
lenuSf  les  plus  anciennes  du  Cambrien  de  ces  régions. 

Les  premiers  fossiles  reconnus  furent  trop  mauvais  pour 
donner,  dès  Tabord,  une  idée  de  la  faune.  C'étaient  des  trous 
et  des  pistes  d'annélides,  des  moulages  de  tubes  d'Hyolithidœ 
une  valve  à'Obolus,  des  débris  de  coquilles  ridées  rappelant 
Palœacmsea,  et  d'autres  débris  paraissant  provenir  de  Cystidées. 
Entre  les  couches  contenant  ces  fossiles  spéciaux,  et  les 
couches  renfermant  la  faune  à  Protolenus,  on  observe  une 
discordance  de  stratification  :  il  y  avait  donc  lieu  de  les 
distinguer  du  Terrain  Cambrien,  et  elles  le  furent  sous  le 
nom  de  Terrain  Etcheminien,  du  nom  d'une  ancienne  tribu 
du  pays,  la   tribu  des    Etchemins. 

Ce  terrain  n'est  pas  limité  au  Nouveau-Brunswick,  je  l'ai 
de  plus  étudié,  dans  l'ile  du  Cap-Breton,  à  la  demande  du  Direc- 
teur de  la  carte  géologique  du  Canada.  11  présente,  dans  les 
deux  régions,  les  mêmes  relations  avec  le  Cambrien,  étant 
présent  en  certains  points,  absent   en  d'autres. 

On  constate,  dans  les  diverses  vallées  de  ces  pays,  que  le 
Cambrien  repose  tantôt  sur  l'Etcheminien  et  tantôt  sur  des 
roches  schisto-cristallines  plus  anciennes.  La  discordance  pré- 
sente donc  un  caractère  de  généralité  puisqu'elle  est  étendue 
à  ces  deux  régions. 

Il  y  a  eu  exondation  et  érosion  de  l'Etcheminien  avant 
le  dépôt  du  Cambrien,  bien  que  la  discordance  soit  inappré- 
ciable, dans  les  coupes  où  le  Cambrien  repose  sur  l'Etchemi- 
nien, et  que  les  conditions  physiques  du  dépôt  soient  à  peu 
près  les  mêmes   aux   deux   époques. 

Ainsi  il  y  a  eu  une  transgression  étendue  entre  l'Etchemi- 
nien   et  le   Cambrien,    mais    les    couches  etcheminiennes   n'ont 


3l4  Vllie  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

été  ni  redressées,  ni  durcies,  ni  modifiées  dans  Tintervalle. 
Entre  les  faunes  de  ces  deux  époques,  les  diflerences  cepen- 
dant sont  notables. 

La  faune  etcherainienne,  telle  qu'elle  nous  est  actuellement 
connue  dans  T Amérique  du  Nord,  provient  des  trois  gisements 
du  Nouveau-Brunswick,   de   Cap-Breton  et  de  Terre-Neuve. 

Faune  pauvre  et  mal  conservée  dans  le  Nouveau-Brunswick, 
elle  y  est  représentée  par  des  moules  à'Orthotheca,  un  Obolas, 
des  fragments  de  Gastropodes  patelliformes  (Randomia),  des 
moules  de  petits  Entomostracés,  des  pistes  et  trous  laissés  par 
des  vers  ou  autres  animaux  rampants,  et  des  débris  de  plantes 
marines. 

Faune  plus  riche  au  Cap- Breton,  et  bien  distincte,  composée 
essentiellement  de  Brachiopodes  Atremata  et  Neotremata, 
auxquels  sont  associés  quelques  Entomostracés  bivalves.  Le 
faciès  d'ensemble  de  cette  faune,  à  File  du  Cap-Breton,  la 
rapproche  de  la  faune  à  Protolenus  du  Cambrien  du  Nouveau- 
Brunswick,  à  cela  près  quelle  ne  fournit  pas  de  Trilobites. 
Les  Brachiopodes  appartiennent  d'ailleurs  à  des  espèces  dis- 
tinctes, quoi  qu'étant  des  mêmes  genres  ;  et  le  genre  cambrien 
Linnarssonia  n'avait  pas  encore  apparu. 

A  Terre-Neuve,  dans  la  péninsule  d'Avalon,  l'Etcheminien 
offre  une  composition  lithologique  différente.  Les  sédiments  ne 
contiennent  plus  de  débris  d'origine  volcanique,  comme  les 
précédents  ;  ce  sont  des  boues  ferrugineuses,  fines,  à  lits 
calcareux  subordonnés,  dont  la  faune  a  des  caractères  propres, 
distincts  de  celle  de  Cap-Breton.  Entre  elles,  nous  ne  connais- 
sons môme  aucune  espèce  commune  ;  les  genres  mômes  sont 
différents.  Les  formes  dominantes  à  Terre-Neuve  sont  des 
coquilles  hyolithoïdes,  abondantes  en  nombre  et  en  espèces  : 
on  y  trouve  des  Lamellibranches  et  des  Gastropodes  de  petite 
taille,  et  parmi  ces  derniers  le  genre  patelloïde  Randomia  est 
commun.  Les  Trilobites  sont  rares,  ainsi  que  quelques  Phyllo- 
carides.  La  différence  des  faunes  de  Terre-Neuve  et  de  Cap- 
Breton  doit  être  attribuée  en  grande  partie  au  faciès  différent 
des  formations. 

Dans  l'Etcheminien,  comme  au  début  du  Cambrien.  on 
observe  une  même  tendance,  moins  marquée  par  la  suite  du 
Cambrien,  à  la  localisation  dans  l'apparition  et  la  répartition 
des  espèces.  Ainsi  la  plus  grande  espèce  de  brachiopode 
n'est  pas  la  même  dans  les  couches  à   Protçlenas  des  divers 


G.    F.    MATTHEW 


3l5 


bassins  éo-paléozoîques  de  Saint-John  ;  ce  sont  respectivement, 
Obolus  pristinus,  Botsjordia  pulchra.  Protosiphon  Kempanum, 
dans  les  trois  bassins  de  Saint-John,  et  cependant  ces  espèces, 
loin  d'être  confinées  à  un  seul  banc,  se  retrouvent  dans  des 
lits  superposés.  On  pourrait  citer  des  exemples  analogues 
dans  l'Etcheminien. 

Les  genres  suivants   ont   été  reconnus    dans  l'Etcheminien  : 

Aptychopsis .  i  espèce 

Primitia 2 

Schmidtia  ?..           i 

Obolus 2 

Lingulella 2 

Acrothele    .                           1 

Acrotreta i 

Oôolella 2  ? 

Kutorgina  ?    .     .                     .           .     .  i 

Platysolenites            i 

HyoUtes 2 

Orthotheca .4 

Urotheca .     .  i 

Coleoloides.          i 

Hyolithellus .  2  ? 

Helenia .      .      .     .  i 

Bandomia i 

Scenella,     ...  ...  .2 

Platjrceras 3 

Modiolopsis i 

Le  nombre  des  types  représentés  dans  la  faune  etcherai- 
nienne  est  assez  limité,  d'après  ce  tableau  :  on  y  reconnaît 
cependant  une  évolution  déjà  assez  avancée,  et  la  prédomi- 
nance de  certains  types  sur  d'autres  :  on  peut  en  conclure 
qu'elle  n'est  pas  la  première  faune  apparue,  mais  quelle 
dérive   de   quelque  autre   faune  plus  ancienne,   pré-paléozoïque. 

Parmi  les  brachiopodes,  les  Proiremata  calcaires,  si  répandus 
dans  les  formations  plus  récentes  du  Cambrien  et  de  l'Ordo- 
vicien,  ne  sont  représentés  que  par  un  petit  nombre  de 
formes  ;  par  contre,  les  Atremata  et  les  Neotremata,  à  coquilles 
cornées  ou  phosphatées,  acquièrent  un  grand  développement  et 
présentent  des  formes  variées.  Les  Neotremata  sont  de  plus 
petite  taille  que  les  Atremata;  ils  ne  leur  paraissent  inférieurs 
sous  aucun  autre  caractère. 

IjCS  Hyolithidae  paraissent  avoir  atteint,  dès  cette  époque 
reculée,  l'apogée  de  leur  développement,  quant  à  leur  structure 


3l6  VlUe  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

générale.  Ils  n'avaient  point  encore  acquis  la  diversité  d'orne- 
mentation, ni  la  diversité  de  formes,  qu'on  leur  trouve  plus 
tard,  mais  les  grands  traits  de  leur  évolution  étaient  fixés. 
Ainsi  on  reconnaît  dès  lors,  des  représentants  authentiques  des 
deux  sections  du  genre  Hyolithus  (s.  str.),  les  Equidorsati  et 
les  Magnidorsati  proposées  par  M.  Gérard  Holm  ;  d'autre  part. 
le  genre   Orthotheca  présentait  déjà  des  variations  étendues. 

Les  Crustacés  nous  ont  fourni  des  débris  dans  tous  les 
gisements  etcheminiens  ;  ils  appartiennent  généralement  à  des 
formes  de  très  petite  taille.  Un  Trilobite  a  été  cité  par 
Billiugs  au  sommet  de  l'Ëtcheminien  ;  mais  les  formes  les  plus 
répandues  sont  des  Ëntomostracés  bivalves  et  de  petits  Phyl- 
locarides. 

A  l'exception  des  Gastropodes  patelloïdes,  les  mollusques  de 
cette  période  sont  petits  et  rares,  dans  les  trois  régions 
explorées  par  nous. 

Conclusions 

La  faune  découverte  dans  la  moitié  supérieure  du  Terrain 
Etcheminien,  et  explorée  par  nous,  dans  les  trois  massifs  dis- 
tincts, du  Nou veau-Bruns wick,  du  Cap-Breton,  et  de  Terre- 
Neuve,   présente   les  caractères   généraux   suivants  : 

Annélides  :  La  présence  d'annélides  nombreuses  est  attestée 
par  leurs  trous  et  par  leurs  pistes.  Les  Hyolithidae  (annélides 
tubicoles)  étaient  abondantes  et  variées. 

Crustacés  :  Trilobites  rares,  généralement  absents.  Ënto- 
mostracés bivalves  représentés  dans  les  trois  massifs.  Phylloca- 
rides  de  petite  taille  à   Terre-Neuve. 

Brachiopodes  :  Atremata  et  Neotremata  abondants  et  variés. 
Protremata  rares  et  de  petites   dimensions. 

Gastéropodes  :  Rares  et  petits,  à  l'exception  des  Patellidae, 
répandus  dans  certains  gisements. 

Lamellibranches  :   Petits  et  rares,   limités  à  Terre-Neuve. 

De  nouvelles  recherches  seront  nécessaires  pour  préciser  et 
étendre  nos  notions  sur  la  faune  etcheminienne,  dont  les 
grands  traits,   cependant,  sont  dès  à   présent  esquissés. 


> 


3i7 


LA  BORDURE  ORIENTALE 
DE    LA    PARTIE    SEPTENTRIONALE    DU    BASSIN 

DE  L  ATLANTIQUE 

par    M.    W.    H.    HUDLESTON  (i) 

On  peut  distinguer  à  Touest  de  l'Europe,  vers  TAtlantique, 
les  zones  bathymétriques  successives  suivantes  :  le  plateau 
continental,  son  bord  (edge),  la  pente  continentale  subocéanique, 
les  profondeurs  abyssiques  planes.  Il  semble  que  les  pentes 
continentales  subocéaniques  doivent  c^tre  considérées  comme 
les  véritables  bordures  des  océans.  Cette  conclusion  repose  sur 
l'étude  de  la  région  comprise  entre  l'Océan  polaire  septen- 
trional,  et  le    3oo  de  latitude  nord. 

M.  le  professeur  Milne  a  déjà  signalé  le  rôle  important 
de  ces  pentes  continentales  subocéaniques  :  il  a  calculé  que 
la  moitié  des  tremblements  de  terre  ressentis  à  la  surface 
du  globe  ont  leur  point  de  départ  suivant  ces  pentes, 
notamment  vers  leur  base  ;  et  il  y  a  distingué  des  districts 
séismiques  et    des  districts    non-séismiques. 

Les  sondages  exécutés  jusqu'à  ce  jour  concordent  à  mon- 
trer que  le  nord  de  l'Atlantique,  la  mer  de  Norwège,  et 
l'Océan  polaire  septentrional,  appartiennent  à  une  seule  et 
même  dépression  géo-synclinale,  très  étendue,  et  seulement 
interrompue  par  places    par  les  épanchements  volcaniques  (a). 

Ces  considérations  et  de  nombreux  faits  récemment  rele- 
vés, permettent  de  prendre  parti  entre  les  deux  grandes 
écoles  d'évolution  géographique,  celle  qui  croit  à  la  non- 
permanence,    et    celle   qui  enseigne   la  permanence,   des   traits 

(!)  Ce  sujet  a  déjà  été  considéré  par  l'auteur  à  diverses  reprises  :  Brilisli 
Association  at  Bristol  (septembre  1898)  ;  Geological  Magazine  1899,  avec  cartes, 
réductions  de  celles  de  l'Amirauté. 

(2)  Le  D'  Nansen  m'a  fait  savoir  (juin  1899)  qu'il  y  avait  lieu  de  faire  une 
importante  correction  aux  chiffres  de  sondages  habituellement  donnés,  entre  le 
Gro(>nland  et  le  Spitzberg.  Ainsi  la  soi-disant  «  Fosse  Suédoise  »  de  2,650  brasses, 
n'existerait  pas  en  réalité,  M.  le  professeur  Nathorst  n'ayant  relevé  en  1899  que 
l,GOO  brasses,  là  où  les  cartes  indiquent  la  «  Fosse  Suédoise»  »  Nansen  ne  croit 
pas  non  plus  que  le  profond  bassin  polaire  soit  une  continuation  immédiate  de 
l'Océan  norwégien,  attendu  que  les  conditions  hydrographiques  établissent  la 
probabilité  de  l'existence  d'une  ride,  alla<it  du  Spitzberg  au  N.-E.  du  Groenland. 


3l8  Vlll«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

essentiels  de  la  croûte  terrestre.  On  constate  en  effet  que  des 
modifications  considérables  ont  pu  se  produire  au  cours  des 
périodes  géologiques,  sur  la  bordui'e  des  grands  océans 
sans  affecter  d'une  façon  bien  profonde  ces  bassins  océani- 
ques eux-mêmes.  On  en  doit  conclure  que  la  croûte  terrestre 
nous  conserve  des  traits  fondamentaux  anciens,  dans  les 
grandes  profondeui's  océaniques,  et  dans  la  position  des 
principaux    plateaux   continentaux. 

Les  sondages  exécutés  au  sud  des  régions  atlantiques 
précédemment  considérées,  ont  appris  que  Tlslande  rattachée 
aux  îles  Feroe  et  Shetland  constituait  un  vaste  plateau  vol- 
canique sous-marin,  traversé  par  le  seul  canal  du  Lightning. 
entre  les  Feroe  et  les  Shetland.  C'est  au  S.-E.  de  ce  canal 
que  passe  la  pente  continentale  subocéanique,  bien  que  son 
inclinaison  ne  dépasse  pas  2  i/a**,  pour  se  continuer  par  le 
banc  «le  Vidal  à  la  crête  du  Porcupinc,  au  large  du  Con- 
naught.  Ces  données  permettent  de  discuter  sur  de  nou- 
velles bases,  l'ancienne  connexion  présumée  de  l'Europe 
avec  l'Islande  et  le  Groenland,  ainsi  que  les  vues  du  pro- 
fesseur Spencer  sur  le  soulèvement  épeii'ogénique  produit 
de    ce   côté   de  TAtlantique. 

La  région  atlantique  comprise  entre  l'Irlande  et  Ouessant 
a  été  également  soumise  à  des  mesures  hydrographiques  : 
elles  ont  établi  la  largeur  exagérée  du  plateau  continental 
submergé  dans  cet  intervalle,  et  l'inclinaison  rapidement 
croissante  de  la  pente  continentale  subocéanique,  à  mesure 
qu'on  approche  des  profondeurs  du  Golfe  de  Biscaye.  Cette 
pente  offre  d*assez  grandes  variations  locales,  elle  présente 
une  moyenne  de  6®  au  large  de  la  France  ;  la  fosse  du 
cap  Breton,  et  le  canal  qui  le  prolonge  vers  Bilbao  offrent 
de  grandes  profondeui's  :  ces  faits  ont  déjà  été  diversement 
interprétés  par  MM.  les  professeurs  Huil  et  Spencer.  Nos 
conclusions   personnelles   peuvent  être    résumées    comme   suit: 

I.  —  Les  véritables  limites  du  bassin  Atlantique  septen- 
trional ne  doivent  pas  être  cherchées,  dans  les  lignes  de 
nos  côtes  actuelles,  mais  bien  dans  la  pente  contineniaU 
subocéanique,  au  delà  du  bord  du  plateau  continental  sub- 
mergé. 

'2.  —  Ce  bord  du  plateau  continental  submergé  descend  à 
des  profondeurs  variables  de  80  à  î25o  brasses  ;  le  plus  grand 
écart     des     moyennes    coïncide    avec   le    massif   submergé,   si 


W.    H.    HUDLESTON  3l9 

irréçulier,  qui  longe  le  banc  du  Porcupine,  à  l'ouest  de 
rirlande.  En  général  ce  bord  correspond  assez  exactement 
avec  la  ligne  de  loo  brasses,  au  delà  de  laquelle  les  fonds 
océaniques  plongent  plus  ou  moins  rapidement,  en  descendant 
vers  les   profondeurs   abyssiques. 

3.  —  Le  parcours  de  la  pente  continentale  subocéanique 
est  continu,  et  plus  ou  moins  distinct  par  places  ;  on  le  suit 
au  N.  E.  jusqu'au  N.  du  Spitzberg,  où  il  se  dirige  E.  suivant 
la  mer  polaire  arctique. 

4.  —  La  pente  continentale  subocéanique  forme  la  limite 
naturelle  entre  les  aires  continentale  et  marine,  et  les  dépôts 
terrigènes;  semblent,  au  cours  des  temps  géologiques,  avoir  été 
confinés  en  deçà  de  cette  ligne,  soit  à  Test  du  parcours 
précité. 

5 .  Les  grands  mouvements  tectoniques,  répétés  aux  diverses 
époques,  présentent  leurs  principaux  alignements  suivant  cette 
pente  subocéanique.  Ces  mouvements  ont  déterminé  le  déve- 
loppement de  vastes  protubérances,  source  d'une  bonne  partie 
des  sédiments  accumulés  dans  les  dépressi(ms  géosynclinales 
conjuguées  ;  il  faut  donc  leur  attribuer  l'origine  des  grandes 
formations  terrigènes.  L'important  développement  des  roches 
schisto-cristaliines  primitives  dans  les  contrées  qui  bordent  le 
N.  de  l'Atlantique,  est  un  indice  de  l'existence  de  ces  anciennes 
protubérances. 

6.  La  ligne  de  pente  continentale  subocéanique,  quoique  bien 
déiinie  dans  la  vaste  région  considérée,  y  est  inégalement 
marquée,  manquant  en  certains  points,  ou  y  présentant  de 
profondes  déformations.  Ainsi  l'on  constate,  en  la  suivant 
progressivement  du  N.  au  S.,  qu'elle  est  d'abord  interrompue 
par  une  grande  concavité  à  l'entrée  de  la  mer  de  Behring.  On 
n'observe  plus,  dans  cette  partie,  de  côte  continentale  formée 
de  vieilles  roches  cristallines  ;  on  dit  qu'elles  sont  très  déve- 
loppées à  W.  du  Spitzberg,  mais  nous  ne  les  retrouvons 
qu'en  Norwège.  11  y  a  une  autre  grande  déviation  dans  la 
régularité  de  notre  ligne,  entre  la  Norwège  et  l'Ecosse,  et 
qui  correspond  à  l'entrée  de  la  mer  du  Nord.  Ces  deux 
vastes  baies  sont  l'une  et  l'autre  occupées  par  des  mers  peu 
profondes,  que  l'on  peut  regarder  comme  appartenant  aux 
aires  continentales  et  comme  ayant  partagé  leurs  vicissitudes. 
Il  est  même  probable  qu'à  certains  moments  de  Thistoire 
géologique,  elles  furent  les  voies  par  lesquelles  pénétrèrent  les 


3ao  \iu^  coNGRàs  géologique 

eaux  océaniques  pour  envahir  les  mers,  aujourd'hui  desséchées, 
dont  les  sédiments  forment  nos  continents. 

Si  Ton  néglige  la  Manche,  qui  pourrait  avoir  une  auliv 
origine,  la  déformation  suivante  de  la  ligne  de  pente  est, 
dans  la  baie  de  Biscaye,  bien  différente  des  deux  précédentes 
par  sa  grande  profondeur.  Nous  sommes  portés  à  y  voir  la 
route  qu'auraient  suivi  les  eaux  de  l'Océan  pour  entrer  dans 
la  Méditerranée,  bien  que  l'entrée  du  Golfe  soit  présentement 
comblée  par  les  dépôts  tertiaires.  Mais  cette  région  présente 
des  complications  particulières  dépendant  des  grands  mouve- 
ments tectoniques  qui  produisirent  la  chaîne  pyrénéo-canta- 
brique.  La  passe  de  Gibraltar  parait  un  accident  plus  récent, 
résultant  peut-être  simplement  de  dénudations  subaériennes: 
et  il  en  est  peut-être  de  même  de  la  fosse  du  cap   Breton. 

7 .  —  En  outre  des  déformations  précédentes ,  la  ligne  de 
pente  continentale  subocéanique  présente  encore  quelques  irré- 
gularités ,  dues  à  des  éruptions  basaltiques.  Elles  présentent 
alors  des  dépôts  terrigènes  du  côté  continental  de  la  pente, 
mais  on  n'en  trouve  plus  du  côté  opposé.  C'est  ce  dont  on 
voit  des  exemples  dans  la  Terre  François-Joseph  et  dans  les 
Hébrides. 

8.  —  Nous  manquons  malheureusement  d'éléments,  pour 
apprécier  les  différences  de  niveau,  produites  à  diverses 
époques,  sur  cette  bordure  atlantique.  Si  pour  ne  point  faire 
œuvre  d'imagination,  on  veut  s'en  tenir  aux  modifications  les 
plus  récentes,  on  constate  que  des  oscillations  de  5oo  bi-asses  à 
l'époque  tertiaire  ne  modifieraient  guèi'e  la  forme  des  grands 
fonds  ;  nous  n'avons  d'ailleurs  aucune  i*aison  de  penser  qu'il 
se  soit  produit  des  mouvements  de  cette  amplitude  pendant 
le  pliocène. 


■% 


321 


DES     INVESTIGATIONS     RECENTES     RELATIVES     AUX 

.\NCIENNES  VALLÉES  ENVAHIES  PAR  LA  MER 

ET    A    DIVERS    AUTRES   TRAITS    PHYSIQUES    DES    ILES 
BRITANNIQUES   ET   DE   l'OUEST   DE   l'eUROPE 

par  M.  Edward  HULL 


Les  remarquables  recherches  de  J.  W.  Spencer  (i),  sur  les 
rivages  orientaux  du  continent  américain  et  des  lies  des 
Indes  occidentales,  ont  appris  que  les  vallées  des  rivières 
actuelles  de  ces  régions  se  continuaient  sous  la  surface  de 
l'océan  atlantique,  jusqu'à  des  profondeurs  de  plusieurs  mille 
pieds,    et    qu'elles    y  débouchaient    sur    les  fonds   abyssiques. 

Ces  observations  m'ont  engagé  à  entreprendre  des  recherches 
analogues  sur  les  côtes  de  l'ouest  de  l'Europe  et  des  îles 
Britanniques,  et  les  résultats  ont  été  concordants.  Elles  sont 
naturellement  basées  sur  les  chiffres  de  sondes  relevés  sur  les 
cartes  de  Taniirauté.  Le  nombre  de  ces  chiffres  s'est  trouvé 
suilisant  pour  permettre  de  tracer  sur  la  carte  les  lignes  de 
contour  des  isobathes,  et  ces  lignes  donnent  d'une  façon 
exacte  la  figure  topographique  des  régions  sous-marines  voi- 
sines du  continent. 

Elles  permettent  d'y  reconnaître  les  traits  orographiques  fon- 
damentaux suivants  :  (i**)  Existence  d'une  terrasse  doucement 
inclinée,  de  la  côte  vers  le  large,  et  que  nous  désignerons 
sous  le  nom  de  plateforme  continentale.  (2°)  Grande  déclivité, 
ou  chute  brusque  correspondant  à  la  terminaison  de  la  plate- 
forme précédente,  où  les  fonds  s'abaissent  rapidement  à  5oo 
ou  600™.  (3*)  Présence,  à  la  surface  de  la  plateforme,  de  sillons  ou 
de  vallées,  qui  vont  déboucher  à  la  base  de  la  déclivité 
précitée,  dans  les  profondeurs  océaniques.  Ces  trois  zones, 
actuellement  submergées,  ont  appartenu  à  la  terre  ferme  ;  nous 
les   décrirons   successivement. 

(i)  La    Platejorme  continentale.  —    On    peut    suivre   cette 


(1)  Spencer:  Reconstruction   of    the  aulillean  coutinent  :   Bull.    GpoI.    Soc. 
America,   Vol.   VI.;  Geol.  Mag.  nov.  1898. 


il. 


3aa  VU1«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

terrasse  depuis  Rockall  (Lat.  67'  i-j  N.),  suivant  la  côte  W. 
d'Ecosse,  d'Irlande,  autour  du  golfe  de  Biscaye,  le  long  de 
la  côte  d'Espagne,  du  Portugal,  Gibraltar,  et  à  divers  inter- 
valles sur  la  côte  africaine,  jusqu'à  IVinbouchure  du  Congo. 
Son  bord  correspond  au  large  des  lies  Britanniques  avec  le 
contour  de  ôo™,  puis  vers  le  sud  avec  le  contour  de  100"»  : 
sa  largeur  varie  de  20  à  200  milles  et  sa  forme  conserve 
une  constante  relation  avec  celle  du  continent  voisin.  Elle 
montre  sa  largeur  minima  au  N.  de  F  Espagne.  On  a  relevé 
à  sa  surface  des  dépôts  de  vase,  sable  et  graviers,  notam- 
ment devant  l'embouchure   des  rivières. 

(ti)  La  grande  déclivité.  —  Nous  désignons  sous  ce  nom 
le  bord,  à  pente  raide,  correspondant  à  la  séparation  de  la 
plateforme  continentale  et  des  pi'ofondeurs  océaniques.  1^ 
hauteur  verticale  de  cette  pente,  de  son  sommet  à  sa  base, 
est  d'environ  5ooo  pieds  au  large  des  Iles  Britanniques,  et 
d'environ  (kkîo  pieds  au  large  du  Continent,  où  elle  descend  à 
71200  pieds  au-dessous  du  niveau  de  FOcéan.  La  pente  de  son 
profil  varie  considérablement  sur  ce  parcours  (i),  elle  dépend 
du  degré  de  résistance  des  roches  ou  couches  constituantes, 
qui  d'ailleurs  varient  parfois  sur  une  même  verticale.  L'esquisse 
suivante   indiquera  la  forme   générale  de  ce   proiil   sous-niarin. 

.JSuropr,  occultJtUtU. 

Stir^tce     de     l'ûcéoTi  PUUe/ôrm^  coniznjtntaZe 

-"fi 


I  T  r  I .  •  I  r  I  M 


Fig.  1.  —  Profil  du  contour  sousmario  à  l'ouest  de  l'Europe. 

(3)  Vallées  submergées.  —  La  preuve  que  la  plateforme 
continentale,  jusqu'au  pied  de  la  grande  déclivité,  c'est  à-dire 
jusqu'à  environ  «jSoo  mètres,  a  fait  autrefois  partie  du  continent 
émergé,  est  donnée  par  ce  fait  que  sa  surface  est  entauit-e 
et  ravinée  par  les  principales  rivières  qui  se  jettent  dans 
rAtlanti(iue  dans  cette  région.  Les  chenaux  de  ces  rivières 
sont  mis  en  évidence  par  le  tracé  des  courbes  de  niveau  à  la 
surface  de  la  plateforme,  et  on  les  suit  ainsi  jusqu'au  pied  même 
de  la   grande   déclivité.  Il  serait  hors  de  propos  de  décrire  ici 

(1;  La  pente  est  de  IG"  au  large  de  la  ihapelle  Bank^  et  de  36*  au  lanre  du 
C.  Turinana. 


KDWARD   HULL  3a3 

devant  le  congrès,  la  position,  la  nature  et  le  tracé  de  ces 
vallées  submergées  :  nous  rappellerons  seulement  (i)  que  les 
sondages  relevés  nous  ont  permis  de  faire  connaître  leur 
largeur,  leur  profondeur  et  la  pente  de  leur  lit,  et  nous 
passerons   directement  à  Texposé  des  principaux   résultats. 

(a)  Iles  Britanniques.  —  Les  rivières  des  lies  Britanniques 
n'ont,  il  est  vrai,  laissé  que  des  traces  bien  obscures  sur  la 
plateforme  sous-marine  voisine  (2),  mais  cette  apparente  exception 
doit  être  attribuée  au  remplissage  subséquent  de  ces  vallées 
submergées  par  les  matériaux  apportés  dans  cette  région,  à 
l'époque  glaciaire,  par  les  glaciers  descendus  des  montagnes 
voisines,  ou  par  les  icebergs  et  glaces  flottantes.  Et  on  peut 
encore  trouver  d'autres  agents  de  comblement  dans  l'apport 
actuel  des  rivières  elles-mêmes,  et  dans  la  désagrégation  des 
falaises.  Quelques-unes  de  ces  vallées  submergées  sont  cepen- 
dant très  clairement  indiquées,  notamment  l'ancienne  vallée 
de  la  Manche  :  on  la  suit  clairement  depuis  le  Pas-de-Calais 
jusqu'à  son  embouchure  dans  TAtlantique,  au  pied  de  la 
grande  déclivité.  Cette  grande  rivière  fossile  avait  comme 
aflluents,  d'une  part,  les  rivières  du  S.  de  l'Angleterre  et  du 
Pays  de  Galles,  d'autre  part  celles  qui  arrosent  le  N.  de  la 
France.  Son  parcours  est  indiqué  su»»  les  cartes  de  l'amirauté 
sous  le  nom  des  **  llurd  deeps  "  sur  une  longueur  de 
70  milles,  entre  les  îles  Anglo-Normandes  et  Tîle  de  Wight. 
Son  chenal  est  resté  libre,  grâce  aux  puissants  courants  de 
marée  qui  balaient  sans  cesse,  et  dans  les  deux  directions 
opposées,  le  canal  de  la  Manche.  Sa  largeur  atteignait 
4  milles,  et  sa  profondeur  3()0  pieds,  sous  le  niveau  de  la 
surface  de  la  plateforme  (3). 

Une  autre  vallée  submergée,  analogue  à  celle-ci,  se  trouve 
au  N.  de  la    mer   d'Irlande. 

(b)  France.  —  En  face  de  l'embouchure  de  la  Loire,  de  la 
Gironde,  de  l'Adour,  on  observe  des  dépressions  qui  continuent, 
en  mer,  le  lit  de  ces  rivières  :  ces  anciens  lits  fluviaux, 
actuellement  submergés,  se  poursuivent  d'une  façon  plus  ou 
moins    continue    à    la    surface    de    la   plateforme    continentale, 

(1)  Trans.  of  the  Victoria  Inslitute.  Vol.  XXX.  p.  305;  XXXI,  p.  267. 

(2)  i>Xif.  remarque  s'applique  également  à  la   mer  du   Nord,  encombrée    de 
sables,  j<raviers,  et  blocs  d'origin<*  glaciaire. 

(3)  Trans.  Victoria   Inst.  Vol.  XXXI,  p.  278. 


3^4  VIII*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

jusqu'au  pied  de  la  grande  déclivité  à  la  profondeur  de  looo 
à  2000  brasses.  Le  plus  remarquable  est  l'ancien  lit  de  l'Adour; 
on  le  suit  sans  interruption,  depuis  Feinbouchure  de  ce  fleuve 
dans  la  fosse  du  cap  Breton,  entre  des  rives  escarpées,  jus- 
qu'à 90  milles  au  large,  où  il  se  bifurque  en  arrivant  dans 
les  fonds  de  1000  brasses  :  sur  son  chemin  il  reçoit  de  part  et 
d'autre  des  aflluents.  La  vallée  de  l'Adour  montre  vraisem- 
blablement la  mieux  caractérisée  des  vallées  submergées  de  la 
côte  européenne  (i). 

(c)  Espagne  et  Portugal.  —  Les  cartes  mettent  clairement 
en  l'elief  les  vallées  submergées  qui  continuent  en  mer  les 
rivières  Caneira,  Arosa,  Lima,  Dourd,  Mondego,  Tage.  Le 
Douro  et  le  Caevoeiro  descendaient  jusqu'à  des  profondeurs 
de  i5oo  brasses,  sous  le  niveau  actuel  de  la  mer.  Le  grand 
canon  submergé  du  Tage  se  prolonge  en  mer  à  une  distance 
de  60  milles,  jusqu'aux  profondeurs  abyssiques;  ce  fleuve 
coulant  entre  des  murailles  abruptes,  formait  plusieurs  cas- 
cades, avec  une  pente  de  5ooo  pieds  sur  la  longueur  de  5 
à  6  milles,  enfin  il  se  bifurquait  à   son  extrémité  (2). 

Tels  sont  à  grands  traits  les  caractères  de  nos  vallées  de 
l'Europe  occidentale,  submergées  par  l'Atlantique.  Nous  ne 
connaissons  plus  actuellement  sur  le  continent  européen  de 
semblables  vallées,  si  ce  n'est  peut-être  en  quelques  points  des 
Alpes  ;  leurs  plus  proches  analogues  se  retrouvent  dans  les 
canons  du  Colorado,  en  Amérique. 

Dans  la  Méditerranée,  M.  Arturo  Issel  a  pu  retrouver 
également  le  cours   sous-marin   de  quelques  rivières. 

(4)  Côte  occidentale  d'Afrique,  —  Le  Continent  africain  t 
participé  au  grand  mouvement  d'élévation  qui  entraîna  l'ouesl 
de  r Europe  à  cette  période.  On  en  a  la  preuve  dans 
l'extension  sous-marine  de  la  vallée  du  Congo.  Le  Ht 
submergé  de  ce  fleuve  est  bien  marqué  sur  les  cartes  de 
sondes,  avec  une  longueur  de  4^  milles,  où  il  disparaît  à  la 
profondeur  de  1200  brasses.  C'est  un  canon  sous-marin  décou- 
vert par  M.  Stallibras,  en  sondant  pour  poser  des  câbles 
télégraphiques,  il    a    été   depuis    décrit  en    détail    (3).    Devant 

(1)  Ud  plan  de  la  vallée  submergée  de  l'Adour  a  été  publié,  à  l'écbeUe  de 
l'Amirauté,  dans  le  Geographical  Journal,  March.  1899. 

(2)  Ibid.,  p.  284. 

(3)  Trans.  Victoria  Inst.,  vol.  XXXII,  p.  147,  1900. 


J 


EDWARD   HULL  3a5 

îs  rivières  Orange,  et  le  Niger,  les  sondages  ne  sont  pas 
ssez  rapprochés  encore,  pour  qu'il  soit  possible  de  tracer  le 
Durs   de  la  partie   submergée   de  leur   lit. 

(5)  Age  géologique  où  les  vallées  submergées  ont  creusé  leur 
t.  —  Le  Professeur  Issel,  de  Gènes,  a  montré,  et  diverses 
onsidérations  confirment  son  opinion,  que  Tépoque  du  creu- 
ement  de  ces  vallées  est  très  récente,  ne  remontant  pas  au 
elà  de  la  fin  de  la  période  pliocène.  Il  semble  y  avoir  eu 
ers  cette  époque  un  grand  mouvement  élévatoire  du  sol,  qui 
Qecta  toutes  les  régions  orientales  du  bassin  de  TAtlantique  ; 
n  ne  sait  s'il  fut  exactement  contemporain  de  part  et  d'autre 
e  cet  océan.  Ce  fut  lors  du  mouvement  ascensionnel  de 
es  terres  que  la  plateforme  fut  abrasée  ;  la  grande  déclivité 
e  se  forma  que  plus  tard,  par  l'action  des  vagues  sur  son 
ord,  quand  le  mouvement  d'exhaussement  fut  arrêté.  C'est  à 
ette  même  période  que  les  eaux  de  ruissellement  creusèrent 
5urs  vallées  à  la  surface  de  la  plateforme,  et  que  ces 
Lvières  approfondirent  leur  lit  jusqu'au  niveau  de  base,  devant 
embouchure.  Enfin  plus  tard,  après  cette  longue  période  de 
epos,  il  se  produisit  un  moment  d'aflaissement,  qui  amena 
invasion  de  la  mer  et  la  submersion  de  la  plateforme  et  des 
allées  qui  la  sillonnaient. 

(6)  Conséquences  de  ces  faits  pour  Vépoque  glaciaire.  — 
►i  les  considérations  précédentes  sont  fondées,  il  semble  que 
exhaussement  du  sol  européen  que  l'on  vient  de  décrire 
ournisse  une  cause  suffisante  de  l'Époque  Glaciaire  post- 
iliocène.  Une  élévation,  en  effet,  de  6000  à  7000  pieds  au- 
[essus  du  niveau  actuel  de  l'océan,  amènerait  nécessairement 
le  nos  jours  un  climat  glaciaire  dans  nos  climats  tempérés, 
!t  rendrait  plus  froides  encore  les  zones  sub-arctiques.  Cette 
ause  des  froids  glaciaires  nous  paraît  d'ailleurs  en  étroite 
Lccordauce,   avec  les  principes  de   Lyell  (i). 

(1)  Ces  vues  ont  été  développées  par  moi  ailleurs  :  Trans.  Victoria  lost. 
cl.   XXXI,  p.   141. 


3a6 


MÉMOIRE    SUR    LE    DYNAMOMÉTAMORPHISME 
ET    LA    PIÉZOCRISTALLISATION 

par  M.  E.  WEINSCHENR 

L'un  des  problèmes  de  la  géologie,  qui  a  excité  Tintérél 
le  plus  constant  depuis  les  débuts  du  développement  de  cette 
science,  c'est  la  question  de  l'origine  des  schistes  cristallins. 
Depuis  que  Lyell  a  jeté  les  bases  d'une  géologie  scientificiue, 
presque  tous  les  géologues  ont  au  moins  eflleuré  cette  question. 

Dans  la  suite,  l'étude  des  schistes  cristallins  n'a  pas  perdu  de 
son  importimce  ;  elle  a  même  été,  en  1888,  l'objectif  principal  du 
Congrès  international  de  géologie,  réuni  à  Londres.  En  cotte 
occasion,  les  spécialistes  de  cette  époque  ont  exposé  et  soutenu 
d'une  manière  détaillée  leurs  opinions. 

Tandis  qu'au  début  on  a  exprimé  seulement  des  idées  pure- 
ment spéculatives  sur  l'origine  des  schistes  cristallins,  les  recher- 
ches se  sont  approfondies  de  plus  en  plus  depuis  que  le  microsco|)e 
s'est  introduit  dans  notre  science  et  depuis  que  la  pétrographie 
a  pris  corps.  Notamment  dans  ces  dernières  années,  nous  avons 
eu  l'occasion  d'enregistrer  une  série  de  travaux  importants  sur 
cette  question.  Ces  travaux  sont  dirigés  d'ailleurs,  en  général, 
dans  une  même  direction  ;  ils  ont  pour  but  d'explicjuer  tous  les 
phénomènes  que  nous  of lisent  les  schistes  cristallins  qui  doivent 
être  considérés  comme  résultant  de  transformations  dont  la 
cause  la   plus   importante  est  liée  aux  actions  orogéniques. 

Dans  les  travaux  pétrographiques  actuels,  la  théorie  du 
dynamométamorphisme    est    presque    seule    en    honneur. 

Cette  théorie  a  soulevé  seulement  de  timides  objections. 

Elle  a  été  émise  d'abord  par  Lossen  sous  le  nom  de  méta- 
morphisme de  dislocation,  puis  elle  a  été  largement  déve- 
loppée par  M.  Rosenbusch  et  son  école.  Ce  dernier  considère 
l'action  de  la  pression  comme  l'agent  principal  de  la  cristal- 
lin ité  et  de  la  schistosité  des  roches  cristallophylliennes. 
L'action  des  agents  chimiques  est  quelquefois,  également,  prise 
en  consi<lération  ou  bien  totalement  négligée. 

Il  est  regrettable  que  les  savants  qui  se  sont  appuyés  sur  la 
théorie  du  dynaniométamorphisme  ne  se  soient  pas  donné  la 
peine  de  définir,  avec  plus  <le  précision,  l'idée  qu'ils  se  font 
de   la   marche   des   transformations. 


B.    WBINSGHENK  3^7 

Ainsi,  on  fait  aujourd'hui  un  véritable  abus  du  mot  dynamo- 
nétamorphisme  que  Ton  applique  souvent  à  des  phénomènes 
rès  obscurs.  C'est  un  mot  qui  a  perdu  de  sa  signification 
;cientifique,  dont  on  se  sert  pour  expliquer,  sans  plus  de 
Létails,   les  phénomènes  les  plus  complexes. 

Les  anciens  géologues  voyaient,  dans  les  roches  désignées 
;ous  le  nom  de  schistes  cristallins,  les  premières  formations 
le  la  terre,  c'est-à-dire  le  soubassement  de  toutes  les  forma- 
ions  élastiques  ;  ils  les  ont  désignés  aussi  sous  le  nom  de 
errains  primitifs.  La  découverte  que  tous  les  schistes  cris- 
allins  n'ont  pas  cet  âge  ancien  —  ainsi  que  l'ont  démontré  les 
>bservations  stratigraphiques  ou  la  trouvaille  de  fossiles  —  a 
narqué  déjà  un  grand  progrès  et  permis  une  séparation  des 
«uches  les  plus  anciennes  de  celles  plus  récentes.  D'autres 
géologues  ont  admis  que  toutes  ces  formations  ont  une  origine 
nétamorphique  et  ils  ont  désigné,  d'une  manière  générale,  les 
schistes  cristallins   sous   le   nom  de   schistes  métamorphiques  * 

Un  autre  fait  qui  a  apporté  dans  cette  question  plus  de 
;larté  et  qui  doit  être  considéré  comme  le  plus  important 
•ésultat  des  recherches  faites  dans  ce  domaine,  a  été  mis  en 
umière  par  M.  Rosenhusch.  Ce  savant  a  montré,  par  une 
grande  série  de  déterminations  pétrographicjues  et  chimiques, 
[ue  les  formations  appelées  schistes  cristallins  comprennent 
leux  groupes  qui ,  en  général ,  peuvent  bien  se  séparer  l'un 
le  l'autre.  Le  premier  groupe  montre,  par  tous  ses  caractères 
îhimiques,  une  complète  analogie  avec  les  types  les  mieux 
îaractérisés  des  roches  de  consolidation  ;  le  deuxième  rap- 
pelle au  contraire  par  ces  mêmes  caractères  les  propriétés 
les  roches  sédimentaires.  Ainsi,  d'après  M.  Hosçnbusch,  les 
errains  primitifs  sont  formés  par  une  alternance  de  roches 
le  consolidation  et  de  sédiments  clasticpies  qui  ont  acquis, 
lous  l'action  du  dynamométamorphisme,  leurs  caractères  actuels, 
lies  deux  "  types  de  ce  savant  dérivent  donc  de  matériaux 
>rimordiaux   très    différents. 

Le  caractère  primitif  des  roches  schisto-cristallines  qui  déri- 
rent  des  roches  de  consolidation  est  d'être  cristallin  et  grenu  ; 
ious  rinfluence  des  actions  orogéniques  ces  roches  ont  subi 
l'abord  une  orientation  de  leurs  éléments  constituants.  A  cette 
iction   pouvait   s'ajouter   encore  des  actions  chimiques. 

Les  roches  du  second  type  étaient  des  roches  détritiques, 
structure    schisteuse  ;    et  le    rôle    des   forces    orogéniques   a 


3a8  Vlll'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

été   de  déterminer  la  cristallisation   de  la  roche  sans  effacer  sa 
structure. 

L'étude  géologique  des  différentes  régions  de  schistes  cris- 
tallins   justifie   les   idées    de    Téminent    pétrographe    allemand. 

Des  gneiss  de  composition  granitique,  des  amphibolites,  des 
éclogites,  des  schistes  verts  de  composition  dioritique,  gab- 
broïque  et  diabasique  se  trouvent,  en  de  nombreux  gise- 
ments, en  relation  directe  avec  les  roches  éruptives  corres- 
pondantes et  liées  à  ces  dernières  par  toutes  les  formes  de 
passage  ;  à  tel  point  qu'il  est  impossible  de  fixer  une  ligne 
de    démarcation  entre   les  faciès  éruptifs  et  les  faciès  schisteux. 

Les  roches  cristallines  du  deuxième  groupe  sont  aussi 
étroitement  liées  aux  roches  élastiques,  schistes  argileux, 
marnes,  calcaires,  grès,  etc.,  dont  elles  dérivent  et  il  est 
également  impossible  d'en  marquer  la  séparation. 

Enfin,  les  schistes  cristallins  du  premier  groupe  passent  par 
des  faciès  intermédiaires  aux  schistes  du  second  groupe,  fait  qui 
semble  au  premier  abord  contredire  les  opinions  de  M.  Rosen- 
busch.  Mais  une  étude  pétrographique  plus  détaillée  de  ces  for- 
mations montre,  en  général,  qu'il  s'agit  ici  d'un  mélange  méca- 
nique, de  roches,  dans  les  couches  les  plus  minces  desquelles  on 
trouve  une  variation  de  composition  minéralogique.  On  trouve 
souvent  très  visiblement  dans  ces  gisements,  que  deux  roches 
différentes  sont  intimement  liées  l'une  à  l'autre.  Une  de  ces 
roches,  de  la  composition  d'une  roche  éruptive,  a  pénétré 
entre  les  couches  d'une  roche  détritique  finement  schisteuse 
et  forme  avec  celle-ci  un  tout  d'apparence  homogène,  et  de 
composition  chimique,  intermédiaire  entre  la  roche  éruptive 
et  )a  roche»  élastique,  laquelle,  aussi,  est  géologiquement 
intermédiaire   entre  les  deux  sortes  de   formation. 

Ainsi,  nous  voyons  que  les  relations  stratigraphiques  et  les 
caracj;ères  chimiques  des  schistes  cristallins  justifient  complè- 
tement les  vues  de  M.  Rosenbusch,  sur  la  composition  pri- 
mordiale de  ces  roches.  De  plus,  les  recherches  pétrographi- 
ques  montrent  visiblement  que  la  plupart  des  caractères  de 
ces  schistes  ont  été  acquis  postérieurement,  autrement  dit  que 
ces  roches  sont  métamorphiques,  dans    le  sens  strict  du  mot. 

On  trouve  souvent,  par  exemple,  dans  des  amphibolites, 
ayant  la  composition  du  gabbro,  des  pseudomorphoses  d'augite 
en  hornblende,  de  plagioclase  en  zoïsite.  On  trouve  encore 
dans    les    schistes    du   second    groupe    de    nombreux    cristaux 


E.    WEINSCUENK  3!29 

intacts  non  altérés  mécaniquement  et  développés  dans  les 
schistes  sans  déformation  des  strates»  fait  qui  prouve  que  ces 
minéraux  se  sont  formés  dans  les  roches  cristallines,  posté- 
rieurement à  la  schistosité.  On  rencontre  encore,  dans  ces 
roches,  des  cailloux  qui  sont  bien  conservés  et  qui  indiquent 
leur  origine  élastique  primitive.  Enfin,  la  présence  de  fossiles, 
quoique  très  rare,  démontre  d'ailleurs  que  ces  formations 
dérivent  de  couches  sédimentaires  et  (jue,  dans  tous  les  cas, 
elles  n'étaient  pas,  au  début,   des  roches  cristallines. 

Les  roches  que  nous  appelons  schistes  cristallins  se 
trouvent  en  général  dans  des  régions  très  disloquées,  et 
souvent  forment  le  noyau  des  montagnes  plissées  par  les 
actions  orogéniques.  On  a  généralisé  l'observation  du  passage 
latéral  des  calcaires,  dans  un  massif  plissé,  à  des  calcaires 
cristallins  ;  on  en  a  déduit  que,  sous  laction  d'une  pression 
puissante,  il  peut  se  produire  des  déplacements  moléculaires 
d'où  résultent  des  roches  identiques  à  celles  des  zones  de 
contact  des  roches  éruptives.  On  a  admis  que  la  pression 
a  pu  transformer  une  roche  élastique  en  une  roche  cristal- 
line et  apporter,  dans  une  roche  éruptive,  des  modifications 
profondes  pouvant  masquer  complètement  ses  caractères  pri- 
mitifs. Comme  il  ne  s'agit  ici  que  de  réactions  réciproques 
des  éléments  constituants  sans  variation  chimique,  on  con- 
çoit la  séparation,  en  deux  groupes,  des  schistes  cristallins, 
déduite   de   la   considération  de   composition   chimique. 

De  môme,  les  transformations  dues  au  métamorphisme  de 
contact  ne  portent  pas,  en  général,  sur  le  caractère  chimique 
d'une  roche  :  elles  ont  ceci  de  commun  avec  les  transforma- 
tions dues  au  dynamométamorphisme. 

Enfin,  les  deux  sortes  de  métamorphisme  sont  caractérisées 
par  les  mêmes  faits,  à  savoir  que  la  schistosité  primitive  de 
la  roche  reste  intacte  et  que  les  couches  primitivement  dis- 
tinctes restent  nettement  distinctes. 

Néanmoins,  des  différences  capitales  distinguent  les  roches 
de  contact  des  schistes  cristallins  :  ces  diderences  s'expliquent 
par  la  tendance  qu'a  un  composé  chimique  quelconque  de 
DrendrCy  sous  des  pressions  énormes,  le  plus  petit  volume 
moléculaire  possible. 

Examinons  de  plus   près  quelques   exemples. 

Les  ((  gneiss  »  de  la  zone  centrale  des  Alpes  sont,  au  point 
de     vue    chimique    et  géologique,    des    formations   granitiques; 


33o  Vlll«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

mais  ils  se  distinguent  des  granités  normaux  par  des  diffé- 
rences de  composition  minéralogique  et  de  structure.  En 
général,  le  cœur  du  massif  a  une  structui*e  grenue  très  pro- 
noncée, tandis  que  la  zone  péripliérique  présente  les  éléments 
de  la  roche  alignés,  d'où  il  résulte,  s'il  y  a  abondance  de  la 
biotite,  des  roches  schisteuses,  dont  la  schistosité  est  pai'allèle 
aux  limites  du  massif.  De  nombreux  filons  d'aplite  percent 
ces  roches,  suivant  des  fentes  de  direction  quelconque  dans  le 
noyau  granitique;  mais,  dans  la  zone  périphérique,  ces  filons 
sont  disposés  parallèlement  à  la  schistosité,  d'où  résuite,  par 
places,   un  faciès  rubanné. 

La  structure  du  granité  normal  est  souvent  déjà  modifiée 
au  ccrur  de  sa  masse  :  les  micas  sont  froissés,  les  feldspaths 
brisés ,  et  le  ({uarz  montre  les  caractères  d'une  trituration 
interne  qui  a  réduit  un  même  cristal  en  un  agrégat  de  mor- 
ceaux anguleux.  Au  lieu  de  la  structure  porphyroïde,  si  fré- 
quente dans  le  granité,  on  rencontre  ici  la  structure  œillée, 
c'est-à-dire  que  les  grands  cristaux  de  feldspaths,  au  lieu  de 
présenter  à  leurs  extrémités  des  faces  cristallographiques. 
sont  eflllés,  ce  qui  leur  donne,  en  section  transvei'sale,  la  forme 
lenticulaire  d'un  œil.  Ce  faciès  œillé  se  monti'e  nettement 
dans  la  zone  périphéricjue.  tandis  que  dans  les  zones  plus 
centrales  on  n'observe  de  difl^érence,  avec  le  type  grenu, 
que   dans    l'alignement    possible   des  paillettes  de   mica. 

A  ces  modifications  de  structure  se  joignent  des  modifica- 
tions minéralogiques.  Le  granité  des  Alpes  centrales  offre  de 
nombreux  minéraux  qui  n'existent  pas  dans  les  autres  granités 
normaux  ou  du  moins  présentent  des  formes  différentes.  En 
particulier  le  plagioclase  est  rempli  d'inclusions  microlitiques 
variées  parmi  Icîsquelles  on  peut  mentionner  l'épidote,  la  cH- 
nozoïsite,  le  grenat,  le  mica,  la  sillimanite  ;  de  même,  la 
chlorite  accompagne  la  biotite.  Ces  minéraux  abondent  dans 
les  zones  schisteuses,  principalement  dans  les  régions  riches 
en   mica. 

Dans  la  théorie  du  dynamométamorphisme,  on  explique 
ces  faits  de  la  manière  suivante  :  la  roche  primitive  était 
un  granité  normal  de  composition  minéralogicjue  et  de  struc- 
ture typiques.  Ce  granité  était  intercalé  dans  les  schistes.  Il  a 
supporté,  à  de  très  grandes  profondeurs,  sous  les  actions 
orogéniques,  de  très  fortes  pressions.  Ces  pressions  ont  d'abord 
brisé  le  (piarz  qui  est  le  minéral  le   plus  cassant  de  la  roche; 


j 


E.    WEINSCHRNK  33l 

tandis  que  les  feldspaths,  moins  fragiles,  ont  subi  un  dépla- 
cement. Les  plus  grands  cristaux  ont  glissé  facilement  en  lais- 
sant derrière  eux  un  vide  qui  s'est  rempli  des  débris  les  plus 
menus  du  minéral  ;  ainsi  se  sont  formés  les  cristaux  à  pointes 
effilées  qui  caractérisent  la  structure  œillée  de  la  roche.  En 
même  temps,  les  paillettes  de  mica  de  la  zone  périphérique, 
où  la  pression  atteint  son  maximum,  ont  une  tendance  à 
s'aligner  normalement  à  la  direction  de  cette  pression.  C'est 
ainsi  (|ue  le  granité  se  transforme  en  gneiss.  Pendant  le  cours 
de  ces  actions  dynamiques  les  pressions  puissantes  font  subir 
à  chaque  élément  une  transformation  devant  aboutir  k  des 
minéraux  les  plus  denses  possible.  Ainsi,  par  exemple,  un  pla- 
gioclase  basique  donnera  un  plagioclase  acide,  qui  constituera 
la  masse  principale,  et  des  microlites  de  minéraux  plus  denses  : 
clinozoïsite,épidote,  etc.,  (jui  formeront  des  inclusions.  La  chlorite 
est  considérée   comme  résultant  d'une  altération  atmosphérique. 

Les  roches  basiques  sont  encore  plus  sensibles  à  l'action 
du  dynamométamorphisme  que  les  roches  relativement  riches 
en  silice  et  en  alcalis.  Ici  la  structure  et  la  composition  miné- 
ralogique  sont  tellement  modifiées  que  la  roche  primitive 
devient  méconnaissable.  Le  plagioclase  basique  donne  de  la 
saussunte,  le  pyroxène  donne  un  agrégat  de  hornblende-oura- 
lite;  quand  il  y  a  de  l'olivine,  celle-ci  se  transforme  en 
hornblende  ou  en  serpentine.  Quant  à  la  structure  primordiale, 
elle  devient  schisteuse  ;  c'est  ainsi  que  des  gabbros,  des  diabases 
et  des  porphyrites  donnent  des  amphibolites  et  des  schistes  verts. 

Dans  les  roches  élastiques  ont  lieu,  sous  l'influence  des 
forces  orogéniques,  entre  les  divers  éléments  constituants  réu- 
nis dans  la  roche,  des  réactions  réciproques,  toujours  avec  la 
tendance  d'aboutir  au  moindre  volume  possible.  Les  nouveaux 
minéraux  formés  sont  également  ici  ceux  de  plus  grande  den- 
sité ;  le  chloritoïde,  le  mica,  Tépidote,  la  zoïsite,  le  grenat 
appartiennent  à  ces  formations  secondaires  caractéristiques.  Ces 
réactions  se  poursuivent  autant  qu'il  reste  dans  la  roche  des 
él'Jments  qui  peuvent  réagir  réciproquement  Tun  sur  l'autre, 
c'est-à-dire  jusqu'à  ce  que  tous  les  éléments  élastiques  soient 
transformés  en  cristaux.  La  marne,  l'argile,  le  grès  peuvent 
ainsi  donner  un  micaschiste,  un  schiste  à  chloritoïde  ou  une 
autre   roche   schisteuse  et   cristalline   quelconque. 

Si  Ton  considère  séparément  les  hypothèses  nécessaires  à 
cette  interprétation  on  doit  constater,   d'abord,  qu'une  pression 


332  Vm"   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

qui    surpasse    la    limite    de    Télasticité    d*un     minéral    conduit 
nécessairement   à  sa  trituration  ;   le    broyage    mécanique   d^une 
roche,    dans  les  régions  plissées,  est  donc  un  phénomène  natu- 
rel.   Il   est  plus   difficile  d'interpréter  la  naissance  d'une   struc- 
ture schisteuse  dans  une  roche  compacte.  On  doit  alors  admet- 
tre que  les  paillettes  de  mica,  peu  résistantes,  ont  la  possibilité 
de  se  déplacer  et  de  se  tordre   entre  les  grains  non  plastiques 
de    quarz   et    de   feldspath    jusqu'à    ce   qu'elles     aient    pris  une 
direction  normale  à   la  pression.   En   ce  qui  concerne   la  modi- 
fication de  composition  minéralogique   du  granité  central  alpin 
il  n'est  pas  bien  facile  de  s'imaginer  comment  il  peut  se  faire 
qu'un    cristal    de    labrador    se    décompose,    sous    l'action    des 
forces  dynamiques,   de  manière   à  se  transformer  en  un   même 
cristal    d'oligoclase     avec    inclusions    microlitiques   de    zoîsite, 
d'épidote,   etc.    II   n'est    possible   de   supposer  ces    transforma- 
tions  que  dans  une  masse    liquide    ou    visqueuse    et  Ton  doit 
admettre  que  la  roche,  par  dynamométamorphisme,  est  devenue 
en    partie    liquide    soit    par    suite    de    la    haute     température 
développée  par  la  pi*ession,   soit  par  l'effet   même   de  la  pres- 
sion ;    puis,  pendant  la  disparition  lente   de  cette  pression,  la 
roche  a   pris   la   forme   sous   laquelle   elle    se   présente  aujour- 
d'hui à  nos  yeux.  Mais  la   température  qui  se   développe  sous 
l'influence  des  efforts  orogéniques  ne  peut  pas,  vu  l'action  lente 
de  ceux-ci,  être  suffisamment   élevée   pour  déterminer  la  li(|ué- 
faction    des    roches    siliceuses  ;    d'un    autre    côté    la     pression 
seule  ne  peut  pas  avoir,  si  considérable  soit-elle,    une  influence 
liquéfiante    sur  les    corps   qui    éprouvent,   en    passant  à  l'état 
liquide,  une   augmentation   de   volume  ;   et  pourtant   cette  dila- 
tation devrait  avant  tout  s'accomplir  avec  les  roches  siliceuses. 

En  ce  qui  concerne  la  transformation  des  roches  basiques 
en  amphibolites  et  schistes  verts,  c'est  encore  un  phénomène 
très  fréquent  que  la  formation  de  la  saussurite  aux  dépens 
du  plagioclase,  et  de  l'ouralite  aux  dépens  du  pyroxène, 
phénomènes  simultanés   ou   séparés   l'un  de   l'autre. 

Si,  en  admettant  la  théorie  du  dynamométamorpliisme.  on 
veut  conclure  de  la  présence  exclusive  de  telles  roches,  à 
l'action  effective  des  forces  orogéniques,  on  constate  que,  dans 
beaucoup  de  cas,  on  ne  trouve  pas  d'autres  traces  de  ces 
actions   dynamiques. 

De  plus,  je  voudrais  faire  remarquer,  à  ceux  qui  voient 
dans  l'ouralitisation    des  pyroxènes    un    phénomène    de  para- 


E.    WEINSCHENK  333 

morphose,  que  cette  transformation  ne  peut  être  attribuée  à 
la  pression,  car  la  hornblende  est  moins  dense  que  Taugite, 
c'est-à-dire  occupe  un  plus  grand  volume  ;  on  devrait 
s'attendre,  au  contraire,  au  phénomène  inverse.  D'autres 
pétrographes  lèvent  cette  dillieulté  en  considérant  la  quantité 
d'eau  que  renferment  la  plupart  des  hornblendes  :  la  horn- 
blende a  alors  un  volume  inférieur  à  celui  du  pyroxène 
augmenté  de  la  quantité  correspondante  d'eau.  Dans  la 
théorie  du  dynamométamorphisme  on  admet  que  cette  eau 
d*ouralitisation  est  empruntée  à  F  humidité  des  montagnes, 
laquelle  —  d'après  la  même  théorie  —  facilite  la  naissance 
des  nombreux  silicates  hydratés  si  caractéristiques  des  roches 
dynamométamorphiques. 

Les  faits  précédents,  encore  moins  que  pour  la  transfor- 
mation des  roches  éruptives,  se  prêtent  à  l'explication  de  la 
recristallisation  des  roches  élastiques  sous  l'influence  seule  de 
la  pression. 

La  base  expérimentale  de  cette  théorie  repose  en  première 
ligne  sur  les  expériences  bien  connues  de  M.  Spring,  qui 
réalisa  sous  de  fortes  pressions  une  série  de  réactions  chi- 
miques sur  des  corps  à  l'état  solide.  On  doit  remarquer  que 
ces  résultats  sont  mis  au  premier  plan  par  les  représentants 
du  dynamométamorphisme  quoique,  si  importants  pour  eux, 
ils  ne  donnent  pas  un  argument  à  lappui  des  phénomènes 
qu'on  suppose  dans  les  roches.  Il  est  vrai  qu'on  a  obtenu 
le  sulfure  de  cuivre  par  cette  méthode,  en  partant  du  soufre 
et  du  cuivre  métallique,  mais  on  sait  que  toutes  les  expé- 
riences tentées  avec  les  substances  qui  peuvent  se  trouver 
dans  les  roches  sont  restées  sans  succès.  En  partant  de  la  syn- 
thèse de  composés  aussi  simples  que  ceux  préparés  par  M.  Spring 
on  n'est  pas  autorisé  à  tirer  des  conclusions  sur  les  réactions 
les  plus  compliquées  de  la  nature,  alors  que  toutes  les  expé- 
riences relativement  simples,  tentées  dans  des  circonstances  ana- 
logues à  celles  de  la  nature,  ont  échoué.  Bien  même  qu'un  grand 
nombre  d'observations  paraissent  prouver,  spécialement  dans 
les  Alpes,  que  l'intensité  des  plissements  et  le  faciès  cristallin 
des  roches  sont  dans  un  rapport  direct,  on  observe,  d'un  autre 
côté,  que  des  roches,  qui  ne  montrent  aucune  trace  d'actions 
mécaniques,  ont  éprouvé  pourtant  une  recristallisation  très 
avancée. 

En   particulier,    il   est  à    noter  que   très   souvent  les  miné- 


3^4  Vm«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

raux  secondaires  des  roches  dont  le  faciès  cristallin  est  luis 
sur  le  compte  des  forces  orogéniques  ne  portent  pas  les  traces 
d'actions  mécaniques.  L'hypothèse  de  M.  Rosenhusch  que  les 
minéraux  ne  peuvent  Otre  triturés  par  les  mêmes  causes  que 
celles  qui  déterminent  leur  formation,  ne  doit  pas  être  regardée 
conmie  inébranlable  ;  il  n'y  a,  du  moins,  pas  de  raisons  d'ad- 
mettre, par  exemple,  (iu*un  grenat  formé  par  le  dynamométa- 
morphisme ne  peut  pas  être  brisé  comme  un  autre  cristal  du 
même   minéral,   formé  dans  d'autres  conditions. 

Si  Ton  regarde  •  ainsi  la  théorie  du  dynamométamorphisme 
dans  son  ensemble,  il  n'est  pas  douteux  qu'un  grand  nombre 
de  faits  montrent,  en  vérité,  dans  la  nature,  des  phénomènes 
conformes  à  ceux  que  cette  théorie  fait  prévoir.  Il  est  vrai,  en 
outre,  qu'aucune  des  théories  anciennes  n'a  contribué  à  éclairer 
la  question  des  schistes  cristallins  (en  particulier  de  ceux  des 
Alpes)  comme  celle-ci  ;  mais  pourtant  il  y  a  encore  à  faire  un 
grand  nombre  d'objections  relatives  anx  phénomènes  chimiques 
et  physiques  par  lesquels  on  doit  supposer  que  ces  transfor- 
mations se  sont  accomplies  :  la  théorie  du  dynamométamorphisme 
ne  paraît  pas  pouvoir  répondre,  d'une  manière  satisfaisante, 
à  ces  objections. 

Les  idées  modernes  que  M.  Rosenhusch  a  apportées  sur  la 
question  des  schistes  cristallins,  et  qui  ont  été  si  salutaires 
au  point  de  vue  de  la  connaissance  de  ces  roches  primitives, 
pourraient  atteindre  encore  une  plus  grande  importance  si 
l'on  essayait  de  s'allranchir  de  l'habitude  et  de  poursuivre 
ces  idées  jusque  dans  leurs  dernières   conséquences. 

Les  terrains  primitifs  sont  ccmstitués  par  des  roches  qui 
dérivent,  partie  des  roches  de  consolidation,  partie  des  roches 
élastiques.  Le  soubassement  du  gneiss  est  toujours  le  granité 
qui  passe,  à  la  partie  supérieure,  au  gneiss  sur  lequel  reposent 
des  roches  dérivées  de  sédiments,  ou  qui  représentent  un 
mélange  de  matériaux  granitiques  et  sédimentaires.  On  a 
riiabitude  de  regarder  les  couches  plus  inférieures  comme  les 
dIus  anciennes  forniîitions  et  d'attribuer  à  ce  soubassement 
granitique  un  lien  étroit  avec  la  première  croûte  terrestre. 
Et  pourtant,  de  nombreuses  observations,  surtout  dans  les 
Alpes,  impliquent  un  rapport  inverse  d'iige.  Ainsi,  par  exemple, 
on  trouve  dans  la  couverture  des  schistes  qui  entourent  les 
gneiss  granitiques  des  Alpes  centrales, de  nombreuses  apophyst»s. 
en  liions  ou   intercalées  dans  les  schistes,  qui,  par  leur   al>ou- 


B.    AVEINSCHENK  335 

dance,  produisent  Tapparence  d'une  vraie  brèche  de  contact  ; 
elles  percent  encore  les  schistes  environnants  sur  de  grandes 
distances,  même  jusqu'à  lo  kilom.  et  plus  du  contact  visible. 
Ce  gneiss  granitique  se  caractérise  déjà  comme  une  masse 
éniptive  indubitable,  qui  se  trouve  encore  entre  ses  salbandes 
primitives,  c'est-à-dire  en  contact  avec  les  roclies  au  milieu 
desquelles   il   s'est  consolidé. 

L'ancienne  hypothèse,  qui   admet   que  la  surface  de  sépara- 
tion du  gneiss  granitique  et  des  schistes  représente  une   surface 
d'abrasion  du   gneiss,  que   le    noyau  granitique    a    été   dénudé 
par  l'érosion   de   sa    couche   de    schistes  primitifs  et  que,   plus 
tard,    se   sont   déposées  les   roches    d'aujourd'hui,    est,    à   beau 
coup    de    points    de    vue,    insoutenable.    En    tous   cas,    chaque 
massif    puissant    de    la    zone    centrale    alpine    ollre    un   grand 
nombre  d'arguments  en  faveur    de    l'hypothèse   ([ue   les   gneiss 
granitiques    représentent  une  roche  plus  jeune,  qui  a  percé  les 
I3iémes   roches  qui  les  recouvrent  aujourd'hui. 

En    examinant  de   plus  près   le  faciès  des   schistes   qui   for- 
:Knent  la    couverture    du    noyau   granitique,    nous   trouvons   un 
passage    latéral    tout   à  fait   surprenant.  Ici  les   éclogites   et  les 
^mphibolites,  qui   passent  peu    à    peu  aux   schistes    chloriteux 
«l  calcaires,  couvrent  les  gneiss  granitiques  en  l'absence  presque 
«oniplète  des   micaschistes;   ailleui*s,   prédominent  les  roches  à 
type    gneissique,  riches   en   grenat,   staurotide,    disthène,    horn- 
blende,   etc.,   qui   alternent   avec  des    micaschistes    renfermant 
ces   mêmes   minéraux.   Ailleurs   encore,   se  montrent   des  mica- 
schistes graphiteux    à  grenat,   épidote,    quarz,    etc.    Enfin,   des 
pîiyllites  très  compactes,  riches   en  chloritoïde. 

Les  roches  de  la  couverture  du  granité  qui  se  trouvent 
dans  le  Zillerthal  et  le  massif  du  Saint-Gothard  manquent 
complètement  dans  le  massif  du  Gross  Vcnediger;  tandis  que 
les  formations  typiques  de  ce  dernier  massif  jouent  seulement 
on  rôle  secondaire   dans   les   deux   premiers. 

Dans  les  «  Niedereu  Tauern  »  les  phyllites  graphiteux  à 
chloritoïde  forment,  en  l'absence  des  roches  cristallines,  le 
toit  immédiat  du  gneiss  granitique  ;  de  même  en  d'autres 
endroits,  par  exemple  à  Sterzing,  au  pied  du  Brenner,  ou 
dans  la  vallée  de  Binu,  les  calcaires  et  les  dolomies  pren- 
nent une  disposition   semblable. 

Les  dislocations  géologiques  se  montrent  extrêmement  nettes 
à     la     limite     des     roches     intrusives     et     des     roches     plus 


336  vin"  CONGRÈS  géologique 

anciennes  qui    forment  leur    couverture.    Ici  nous  remarquons, 
ce  qui  d'ailleurs  n'est  pas  rare,    à   la  limite  des   roches  intni- 
sives,   des    ondulations  et    soulèvements    considérables    et,    par 
les  nombreuses  apophyses  des  matériaux   granitiques  qui  abon- 
•    dent  à   proximité,  les     relations  géologiques  deviennent  encore 
plus    compliquées.    En    nous    éloignant  du    contact  on   observe 
une    continuelle    décroissance    de    la    cristallinité    des    schistes 
enveloppants,  tout  à  lait  indépendante  de  la  roche  avoisinante, 
et  il  y   a  passage  à   des  formations  phylliteuses  dans  lesquelles 
la  structure   cristalline   n'est  pas  indiscutable. 

Les  faits  simples  cjue  nous  venons  de  décrire  à  propos 
des  schistes  cristallins  des  Alpes  se  compliquent  par  les  dis- 
locations et  autres  phénomènes  géotectoniques  ou  par  d'autres 
faits  ([ui  rendent,  sur  le  terrain,  l'observation  diflicile.  On 
constate,  en  de  nombreuses  régions,  qu'on  ne  trouve  pas  une 
seule  apophyse  de  granité  dans  les  schistes  environnants,  tan- 
dis qu'ailleurs,  au  contraire,  les  ramifications  se  développent  en 
formant  des  massifs  individualisés.  C'est  ainsi  que  dans  les 
niveaux  stratigraphiquement  élevés  on  voit  réapparaître  de 
puissantes  intercalations  de  gneiss,  etc.  On  remarque  encore 
très  souvent  l'absence  des  apophyses  même  là  où  se  trouvent  des 
massifs  intrusifs  indubitables,  inclus  dans  leur  zone  de  contact 

Si  l'on  est  amené  ainsi,  par  un  grand  nombre  de  phéno- 
mènes, à  admettre  que  les  gneiss  des  Alpes  centrales  repré- 
sentent des  masses  intrusives  qui  se  sont  consolidées  au 
milieu  des  schistes  dans  lesquels  nous  les  trouvons  aujou^ 
d'hui,  alors,  d'après  toutes  les  méthodes  de  la  géologie  pétro- 
graphique,  se  trouve  également  bien  justifiée  cette  conclusion 
que  ces  niasses  intrusives  ont  dû  exercer  une  action  méta- 
morphique sur  les  roches  environnantes. 

Même  d'après  M.  Rosenbusch,  la  structure  des  roches  drna- 
mométamorphiques  n'est  que  peu  différente  de  celle  des  roches 
de  contact.  Cependant  je  suis  porté  à  voir  une  diflërence  carac- 
téristique dans  l'absence  complète  des  schistes  tachetés  dans 
la  zone  alpine,  tandis  que  les  schistes  k  gerbes  de  hornblende, 
aussi  caractérisés,  ont  de  nombreux  représentants  dans  les 
Alpes.  Ces  roches  ont  ceci  de  commun,  avec  les  roches  de 
contact,  qu'avec  l'éloignement  des  salbandes,  elles  perdent  leur 
faciès  cristallin  ;  dans  les  roches  de  contact,  comme  dans 
celles  de  la  couverture  des  schistes  alpins,  la  structure  schis- 
teuse  primitive   se  conserve   très   bien  dans    les    roches   trans- 


E.    WBINSCHBNK  537 

formées  et,  malgré  l'intense  métamorphisme  de  la  roche  entière, 
pas  un  échange  ne  s'est  produit  de  couche  en  couche.  En 
outre,  la  composition  chimique  primitive  reste  inaltérée  dans 
les  deux  sortes  de  transformations,  à  l'exception  près,  peut-être, 
d'une  perte  d'eau  et  d'acide  carbonique  et  de  l'enrichissement 
en  tourmaline  et  autres  minéraux  analogues  qui  empruntent 
une  partie  de  leurs  éléments  chimiques  aux  agents  métamor- 
phiques de  contact.  Nous  trouvons  les  mêmes  phénomènes 
dans  la  couverture  cristalline  des  Alpes  ;  des  silicates  alumi- 
neux  hydratés  naissent  de  silicates  moins  hydratés  ;  de 
l'épidote,  du  grenat,  etc.,  se  développent  aux  dépens  des 
sédiments  calcaires,  et  la  tourmaline  est  également  répandue 
d'une  façon  extraordinaire. 

Une  différence  spécialement  caractéristique  entre  les  roches 
de  la  couverture  alpine  et  les  roches  de  contact  proprement 
dites  me  semble  résider  dans  la  fréquence  parmi  les  premières, 
des  schistes  calcaires  micacés  où  prédominent  le  quarz  et  la 
calcite  à  côté  du  mica.  Dans  les  roches  de  contact  normal, 
une  telle  association  de  minéraux  est  impossible  ;  une  com- 
position analogue  donnera  toujours  lieu  à  la  formation  de  la 
wollastonite.  Mais  dans  les  roches  alpines,  où  domine  la  ten- 
dance au  moindre  volume,  cette  transformation,  liée  à  une 
augmentation  de  volume  due  à  la  formation  d'acide  carbo- 
nique et  de  wollastonite,  est  impossible. 

Si  l'on  examine  de  plus  près  la  structure  des  roches  de 
la  couverture  on  reconnaît  souvent,  même  microscopiquement, 
des  plissements  intenses.  On  trouve  des  minéraux  isolés  en 
grands  cristaux  porphyroïdes  et  l'on  observe  que  les  lamelles 
de  mica,  les  aiguilles  de  tourmaline,  etc.,  ne  s'alignent  pas 
parallèlement  à  la  schistosité  de  la  roche;  au  .contraire,  ces 
minéraux  se  disposent  transversalement.  Sous  le  microscope 
on  découvre  une  trituration  extraordinaire  des  éléments  cons- 
tituants comme,  par  exemple,  dans  les  éclogites  du  Gross 
Venediger,  où  Ton  voit  seulement  de  petits  grains  laminés 
dans  les  traînées  de  débris  triturés;  mais,  en  d'autres  cas, 
on  ne   voit  pas  trace  de   déformations  mécaniques. 

Par  contre  le  microscope  nous  montre,  dans  une  roche  de 
la  couverture  alpine  qui  dérive  de  sédiments,  que  la  schis- 
tosité primitive,  avec  tous  ses  plis,  est  visiblement  marquée 
par  l'arrangement  de  quelques  minéraux  comme  le  graphite, 
les   paillettes  de  mica    et    de    petits   grains   de    quarz  ;    tandis 


'i'4 


3.38  VU1«   CONGHÈS   GÉOLOGIQUE 

que  les  autres  minéraux  constituants  de  la  roche  ne  montrent 
aucune  orientation.  Ces  premiers  se  continuent  sous  forme  de 
petites  inclusions  dans  tous  les  minéraux  constituants  et 
prouvent,  alors,  d'une  manière  évidente,  que  les  derniers  se 
sont  formés  d'abord  après  la  sédimentation  de  la:  roche,  et 
ti'ès  souvent  même  après  que  les  plissements  principaux  se 
sont  accomplis. 

On  observe  aussi  dans  les  schistes  graphiteux  du  Gross 
Venediger,  qui  montrent,  même  à  Tœil  nu,  des  plissements 
intenses,  de  grands  cristaux  d'ortbose  et  des  tablettes  de 
biotite,  de  longues  aiguilles  de  tourmaline,  orientées  d'une 
façon  quelconque  dans  la  roche.  Les  plissements  de  la  roche 
se  reconnaissent,  sous  le  microscope,  à  Tarrangement  du  gra- 
phite et  cet  alignement  se  poursuit,  sans  distinction,  dans 
tous  les  autres  minéraux  qui  ne  montrent  aucune  trace  de 
déformation  mécanique.  Ces  faits  se  retrouvent  identique- 
ment dans  les  roches  normales  de  contact  et  il  serait  très 
difficile  de  les  expliquer  par  le  simple  métamorphisme  dû  à 
la  dislocation.  On  doit  donc  admettre  que  Tinfluence  de  cris- 
tallisation des  actions  orogéniques  a  commencé  après  que  les 
plissements  étaient  accomplis  ;  les  nombreuses  aiguilles  de 
tourmaline,  par  exemple,  se  seraient  courbées  et  brisées  si,  pen- 
dant lem'  formation,  la  roche  avait  subi  des  dislocations  intenses. 

Ainsi  nous  constatons  premièrement,  que,  aussi  bien  le 
granité  des  Alpes  centrales  que  les  schistes  environnants,  nous 
fournissent  de  nombreux  faits  qui  correspondent  parfaitement 
avec  les  relations  que  nous  présentent  les  roches  iutinisives 
avec  leur  zone  de  contact  ;  tandis  que  les  diflërences  men- 
tionnées plus  haut  dans  les  deux  groupes  s'y  retrouvent.  Ces 
dilférences  sont,  au  total,  celles  qui  impliquent  comme  cause 
des  pressions  puissantes,  soit  qu'elles  se  reconnaissent  dans 
la  trituration  complète  des  éléments  de  la  roche,  soit  que 
leur  composition  minéral ogique  montre  un  caractère  diflérenl. 
Toutes  les  associations  minérales  des  roches  alpines  montrent 
comme  il  a  été  mentionné  déjà  plusieurs  fois,  la  tendance  de 
la   roche   d'occuper   le  plus  petit  volume  possible. 

Nous  avons  vu  qu'en  plusieurs  points  des  Alpes  on  trouve 
des  arguments  absolus  qui  prouvent  que  le  noyau  granitique 
est  plus  récent  que  les  schistes  environnants,  d'un  âge  déter- 
minable  avec  précision  seulement  dans  ceilains  cas.  Déjà  le 
faciès    si    variable    des    schistes    dans    les    dilTéi^entes    régions 


E.    WEINSCIIENK  SSq 

alpines  prouve  ([ue  ceux-ci  n'appartiennent  à  aucun  hori- 
zon géologique  bien  défini  :  ils  se  rattachent  à  des  forma- 
tions bien  différentes.  S*il  y  a  parmi  elles  des  formations 
très  anciennes  il  est  douteux  seulement  que  leur  âge  descende 
jusqu'au  Précambrien.  I^s  restes  de  fossiles  montrent  que  ces 
formations  sont  en  général  plus  récentes,  et  Ton  a  trouvé 
dans  les  schistes  à  chloritoïde  de  Styrie  des  restes  de  plantes 
carbonifères  indubitables  ;  en  de  nombreux  points  de  la  Suisse 
on  a  trouvé  dans  les  schistes  cristallins  des  fossiles  jurassiques. 

La  composition  chimique  des  systèmes  schisteux  sert  en 
outre  quelquefois  de  point  de  départ  pour  la  détermination 
de  leur  âge.  Par  exemple,  les  dépùts  puissants  des  qualités  des 
Alpes  cottiennes,  avec  leurs  intercalations  de  schistes  argileux  et 
nids  de  graphite,  semblent  provenir  de  grès  carbonifères.  Les 
dolomies  et  les  gypses,  avec  nombreux  minéraux  de  contact 
comme  on  les  trouve  en  plusieurs  endroits  de  la  Suisse,  font 
penser  au  Trias.  I^s  éclogites,  les  amphibolites  et  les  schistes 
verts  du  Gross  Venediger  qui  rappellent  par  leur  composition 
chimique  les  diabases  et  les  schalsteins,  send>lent  devoir  être  rap- 
portés à  des  dépt^ts  dévoniens. 

Bref,  si  les  granités  alpins  se  sont  consolidés  au  milieu  de  leur 
couverture  actuelle  de  schistes  —  ce  ([u'on  peut  démontrer  d'une 
manière  absolue  pour  plusieurs  massifs  —  alors  ils  sont  de  forma- 
tion relativement  jeune  parce  que  les  roches  schisteuses  de 
l'enveloppe  appartiennent  en  majeure  partie  à  des  formations 
géologiques  assez  récentes.  J'ai  déjà  dit,  d'autre  part,  que  l'exis- 
tence de  massifs  aussi  puissants  que  ceux  des  Alpes  centrales 
serait  impossible  sans  une  transformation  des  roches  environnantes 
due  au  métamorphisme  de  contact  et  que  la  structure  cristalline 
des  sédiments  transformés  et  l'altération  très  avancée  des 
roches  éruptives  plus  anciennes  (par  exemple  des  diabases), 
doivent  être  mis  sur  le  compte  du  métamorphisme  de  contact. 
Les  minéraux  secondaires  des  sédiments  métamorphisés  mon- 
trent très  souvent  (ju'ils  se  sont  formés  après  le  plissement 
principal,  que  l'action  métamorphique  du  granité ,  en  tous 
cas,  ne  s'est  pas  exercée   avant  la  période  de  plissement. 

Ainsi  se  montrent  des  relations  très  intéi*essantes  entre  le 
granité  central  et  le  soulèvement  des  Alpes.  Les  études  pétro- 
graphiques  et  géologi(jues  détaillées  de  tous  les  parties  de»  la 
question  mettent  en  lumière  une  relation  irréfutable  entre  ces 
plissements    montagneux    et    l'apparition    des    masses    graniti- 


340  VUI*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

ques.  Par  la  pression  exercée  pendant  les  plissements,  le 
magnia  fluide  s'est  élevé  de  la  profondeur  et  s'est  injecté 
entre  les  couches  des  diflërents  horizons  g^éolog^ques,  tandis 
que  des  mouvements  et  dislocations  colossales  accompagnaient 
le  phénomène  de  l'intrusion.  La  tension  n'était  pas  supprimée 
par  l'injection  du  magma  liquide  et  ce  magma  s'est  consolidé 
sous  la  pression  des  montagnes  qui   se  plissaient  encore. 

Les  caractères  que  nous  oflrent  les  gneiss  granitiques  des 
Alpes  centndcs  peuvent  s'expliquer  plus  simplement  et  sans 
difliculté  si  on  les  considère  comme  des  propriétés  primor- 
diales de  ces  roches  éruptives.  J'ai  désigné,  sous  le  nom 
général  de  piézocristallisation,  l'ensemble  des  phénomènes  qui 
se  sont  passés  pendant  la  consolidation  du  granité  central 
des  Alpes.  Au  lieu  des  nombreux  agents  hypothétiques 
qui  ont  été  invoqués  dans  la  théorie  du  dynamométamor- 
phisme, —  agents  qui  ne  sont  pas  susceptibles  de  contrôle, 
—  tout  s'explique  clairement  si  l'on  admet  que  la  solidifica- 
tion du  granité  s'est  faite  sous  une  grande  pression.  Du  fait 
qu'on  rencontre  dans  les  roches  éruptives  de  la  biotite  et  de 
la  hornblende  résorbées  il  faut  déduire  que,  dans  un  magma 
qui  renferme  de  l'eau,  peuvent  se  séparer,  sous  une  pression 
énorme,  des  minéraux  hydratés,  qui  ne  peuvent  plus  subsister 
à   la  même  température  sous   une  pression   normale. 

Nous  devons  nous  attendre,  dans  les  conditions  de  la  piéïo- 
cristallisation,  à  trouver  dans  la  roche  des  minéraux  consti- 
tuants, qui  n'existeraient  pas  primordialement  si  le  magma 
s'était  normalement  consolidé.  Ces  minéraux  peuvent  être 
hydratés,  mais  doivent  présenter,  surtout,  la  propriété  du 
moindre  volume  moléculaire.  Ainsi  se  sont  formés  l'épidote,  la 
clinozoïsite,  le  grenat,  la  chlorite  et  les  autres  minéraux 
accessoires  du  granité  alpin  central. 

La  consolidation  de  la  roche  a  commencé  avec  la  sépa- 
ration des  éléments  noirs  (biotite  et  hornblende).  Le  mica 
s'est  formé  d'abord  dans  la  masse  liquide.  A  ce  moment,  les 
pressions  orogéniques  ont  agi  sur  la  zone  périphérique  du 
magma  en  orientant  ce  minéral  normalement  à  la  pression.  Au 
sein  de  la  masse  visqueuse,  cette  faculté  d'orientation  a  été 
remplacée  par  une  tension  intériem^e  dirigée  dans  tous  les  sens. 

Ainsi  s'explique  la  zone  périphérique  schisteuse  qui  passe 
à  un  noyau  granitique.  Quand  il  s'est  tormé  de  gi*ands  cris- 
taux de    fcldspaths ,    les   paillettes   de    luica    se  sont  disposées 


E.    WEINSCHBNK  34l 

autour  de  lui,  ont  empêché  sa  croissance,  et  Tont  contraint 
à  prendre  la  forme  œillée.  A  un  état  plus  avancé  de  la  con- 
solidation le  magna  était  transformé  en  un  squelette  solide  dont 
les  espaces  interstitiels  étaient  remplis  par  le  résidu  liquide. 
Les  efforts  orogéniques  ont  amené  aussi  Técrasenient  de  ce 
squelette  cristallin  ;  les  foldspaths  se  sont  brisés,  les  micas  se 
sont  tordus.  Dans  les  parties  où  commençait  la  cristallisation 
du  dernier  élément,  le  quarz.  celui-ci  a  été  influencé  dans 
son  développement  par  ces  pressions  énormes.  C'est  ainsi 
que  les  cristaux  de  quarz  ont  quelquefois  donné  une  série  de 
prismes  non  parallèles  et  même  la  trituration  des  éléments 
composants  de  la  roche  ne  doit  pas  être  regardée,  dans  tous 
les  cas,  comme  une  influence  des  pressions  postérieures  à  sa 
consolidation. 

Pendant  ce   temps  les  minéralisateurs  à  haute     température 

se  sont  infiltrés  dans   les   sédiments,   déjà   fortement  plissés  et 

disloqués,    et   ont    commencé,    sous   Finfluence  de    la    pression 

élevée,    leur    action     métamorphique.    Cette    action   diflere    du 

métamorphisme    de    contact    normal    par    la    tendance    de    la 

i*oche  à  prendre  le  plus   petit  volume  possible  :   les  roches  de 

contact    piézométamorphiques    contiennent    toujours,     de    deux 

ruinéraux  dimorphes,    celui   qui   a  la   plus   grande   densité.  Ces 

associations  minérales  montrent  un   volume  extraordinairement 

x^duit. 

Ainsi,  on  peut  expliquer  d'une  manière  très  simple  par  la 
jDiézocristallisation  les  nombreux  caractères  des  roches  des 
-Alpes  centrales. 

Au  lieu  des  phénomènes  sans  contrôle,  que  la  théorie  du 
^ynamométamorphisme  est  obligée  d'invoquer,  nous  supposons 
^'autres  phénomènes  dont  Finfluence  importante  a  été  observée 
^zîlairement  en  de  nombreux  gisements,  tandis  qu'ailleurs,  dans 
Xe  cas  de  la  piézocristallisation,  leur  action  a  été  modifiée  par 
X'action  des   forces   orogéniques. 

Et  Ton  voit,  enfin,  que  les  roches  qui  ont  été  regardées, au  début, 
^:;onime  les  plus  anciennes,  se  montrent  comme  des  formations  qui 
^^^montent  à  des  époques  plus  récentes. 


342 


ESSAI    DE   NOMENCLATURE 
DES  ROCHES  MÉTAMORPHIQUES  DE  CONTACT 

par  M.  WUhelm  SALOION 


Les  modifications  produites  par  les  roches  de  profondeur, 
sur  les  terrains  encaissants,  suivant  leur  contact,  sont  intenses 
et  universellement  reconnues.  Les  noms  qui  ont  été  attribués 
aux  roches  ainsi  modifiées  sont  vagues,  peu  précis,  et  arbi- 
traires :  Knotenglimmei'schiefer,  Kalksilicatfels,  Grauwacken- 
hornfels,   etc. 

Les  roches  métamorphiques  de  contact  n'ont  pas,  il  est 
vrai,  d'existence  indépendante,  ne  correspondant  qu'à  des 
modifications  locales  d'autres  roches  préexistantes.  Cependant 
elles  présentent  de  remarquables  caractères  de  généralité  dans 
les  points  du  globe  les  plus  éloignés,  et  méritent  ainsi  d'être 
classées,  au  même  titre  que  les  gneiss  et  autres  roches 
schisto-cristallines. 

Les  noms  généralement  appliqués  jusqu'à  ce  jour  aux 
roches  de  contact  sont  arbitraires,  n'étant  établis  d'après 
aucun  principe  fixe.  Ainsi,  les  Kalksilicatfels  et  analogues, 
sont  définis  d'après  leur  composition  cbimique  ;  les  Andalu- 
sitglimmerfels  et  analogues,  d'après  leur  composition  minéra- 
logique.  Le  nom  à'Hornfels,  limité,  à  l'origine,  à  des  roches 
compactes,  cornées  à  l'œil  nu,  et  dépourvues  de  schistosité. 
a  été  depuis  étendu  à  nombre  d'autres,  à  gros  grains,  schis- 
teuses. 

Divers  principes  de  classification  se  trouvent,  par  le  fait, 
avoir  été  déjà  proposés,  mais  aucun  n'a  provoqué  de  tentative 
de  généralisation,  aucun  n'a  fourni  matière  à  une  nomenclature 
uniforme. 

Depuis  la  définition  de  Fournet,  du  métamorphisme  exo- 
morphe,  tous  les  travaux  faits  dans  les  divers  pays  sont 
arrivés  à  ce  résultat  concordant,  que  les  roches  métamorphiques 
de  contact  dessinent  des  auréoles  concentriques  autour  des 
massifs  intrusifs.  Partout  les  auréoles  externes  sont  moins 
profondément  métamorphisées  que  les  zones  internes  :  1^ 
exemples  c-hissiques  abondent,  et  il  serait  superflu  de  le? 
rai>peler.    Ou   peut  donc  distinguer  pour  les  roches  de  contact 


WILHELM   SALOMON  343 

exomorphe,  deux  auréoles  principales  :  Vune  interne,  où  les 
roches  sont  complètement  recristaliisées.  Vautre  externe,  où 
les  roches,  peu  modifiées,  laissent  aisément  reconnaître  leurs 
caractères  initiaux.  Entre  ces  deux  termes  extrêmes,  il  y  a 
naturellement  tous  les  passages. 

La  répartition  des  roches  de  contact  entre  ces  deux  auréoles, 
externe  et  interne,  nous  fournira  une  première  base  de  clas- 
sification naturelle  :  nous  traiterons  successivement  des  roches 
métamorphiques  de  ces  deux   groupes. 

Roches  de  contact  de  la  zone  externe.  —  Elles  sont 
caractérisées  d'une  manière  générale  parce  qu'elles  permettent 
de  reconnaître  la  nature  de  la  roche  initiale  qui  a  été  modifiée. 
Jusqu'ici,  ces  roches  ont  été  désignées  par  leur  nom  initial, 
accompagné  d'une  épithète  caractéristique,  comme  Knotenthon- 
schiefer,  Dipyrkalkstein,  Chiastolithschiefer,  etc.  Ces  noms 
sont  actuellement  trop  répandus  pour  qu  on  puisse  songer  à  les 
supprimer  ;  ils  présentent  cependant  cet  inconvénient  grave, 
qu'il  y  a  des  roches  analogues  en  dehors  des  contacts,  et  qu'il 
est  mauvais  de  désigner  par  un  même  nom  des  roches 
d'origines  diverses.  Pour  échapper  à  cet  inconvénient,  je  propose 
de  faire  précéder  du  mot  contact  les  noms  de  toutes  les 
roches  métamorphiques  de  contact  dé  la  zone  externe,  où  la 
roche  initiale  est  reconnaissable,  et  peu  modifiée  par  Faction 
de  contact.  Je  dirai  donc  Contactsandstein  (grès  modifiés  par 
contact),  pour  désigner  un  grès  de  la  zone  externe,  peu  modifié 
par  contact,  et  présentant  encore  les  caractères  typiques  des 
grès.  Je  considérerai  les  Knotenthonschlefer  et  les  Knotenglim- 
mersckiefer  comme  des  variétés  des  Contact thonschiefer  (schistes 
argileux  modifiés  par  contact);  j'appellerai  Contactphyllit  une 
roche  présentant  encore  nettement  l'aspect  des  phyllades,  et 
Andalasitcontactphyllit  un  phyllade  métamorphisé  contenant 
de  Tandalousite. 

Roches  de  contact  de  la  zone  interne.  —  Ces  roches 
sont  assez  unanimement  désignées  sous  le  nom  à'Hornfels,  Je 
propose  de  conserver  ce  nom  pour  les  roches  de  contact, 
complètement  recristallisées,  de  Tauréole  interne,  quand  elles 
sont  cornées,  et  indépendamment  de  la  grosseur  du  grain,  et 
de  dire  Schiefrige  Hornjelse,  quand  elles  sont  schisteuses  ; 
ou  dans  les  langues  latines,  pour  arriver  à  une  terminologie 
internationale  Cornubianite  (Homfels),  et  Lept^nolithe  (Schie- 
frige  Homfels). 


344  ^"*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Le  premier  principe  et  le  plus  important,  sur  lequel  sera 
basée  une  classification  systématique  de  ces  roches,  est  fourni 
par  la  considération  de  la  nature  originelle  de  la  ix)che 
métamorphisée. 

C'est  d'après  ce  principe,  qu'on  appelle  couramment  Grau- 
wackenhornfelse ,  Thonschieferhornfelse^  des  Hornfels,  formés 
aux   dépens   de  grauwackes,   de  schistes  argileux. 

Nous  proposerons,  dans  cet  ordre  d'idées,  et  pour  arriver 
à  une  expression  univoque,  cette  convention,  de  toujours 
placer  le  nom  de  la  roche  métamorphisée  aimnt  le  mot 
Hornfels  :  on  dirait  par  exemple  Gneisshornfels  et  non  Hornfels 
gneiss,  pour  un  Hornfels  qui  serait  formé  aux  dépens  d'un  Gneiss. 

Ce  premier  principe  n'est  pas  suflisant  pour  arriver  à  une 
classification  complète  :  divers  phyllades,  par  exemple,  donnent 
des  Hornfels  très  différents  par  leur  composition  minéralogique 
et  leur  structure,  et  il  importe  de  les  distinguer,  dans  un  bon 
système. 

D'ailleurs,  on  a  déjà  à  plusieurs  reprises  distingué  divers 
Hornfels  suivant  leur  composition  chimique  ;  et  celle-ci  vient 
ainsi  nous  fournir  un  second  principe  de  classification.  On  a 
distingué  en  effet,  d'après  leur  composition,  les  Kalksilicat horn- 
fels (cornubianites  calcaires)  et  les  KalksiUcatarmenhornfelse 
(cornubianites  pauvres  en  calcaire).  On  pourrait  aller  plus 
loin  dans  cette  voie,  et  distinguer  des  Magnesia-Thonerde- 
Silicathornfelse  pour  les  Hornfels  riches  en  cordiérite,  biotite, 
spinelle  :  comme  aussi  parmi  les  Kalksilicathornfelse,  celles 
assez  communes,  qui  contiennent  de  Talumine,  et  celles  plus 
rares,  qui  en  sont  dépourvues.  Mais  entre  ces  variétés,  il  y  a 
tous  les  passages,  et  il  n'y  a  pas  de  types  chimiquement  purs, 
définissables  par  un  mot. 

Un  dernier  principe,  plus  compréhensif  et  plus  pratique, 
pour  la  classification  des  Hornfels,  est  fourni  par  leur 
composition  minéralogique  :  elle  donne  la  base  la  plus  géné- 
rale et  la  plus  usitée,  celle  qui  parait  s'imposer  pour  l'avenir. 

D'après  ce  principe  il  est  facile  de  fixer  le  nom  des 
Hornfels,  composés  d'une  ou  deux  espèces  minérales  essen- 
tielles :  on  dira  ainsi  quariz-bioti te- Hornfels  ( Cornubianite 
quaraeuse  et  biotitique).  ou  Schiefriger'Andalusit'Biotit'HornfeU 
(Leptynolithe  andalousitique  et  biotitique)  sans  qu'il  y  ait  lieu 
de  définir  autrement,  ou  d'expliquer  ces  appellations.  Mais  il 
devient   plus  dillicile  d'arrêter   le   nom  des  Hornfels,  composés 


WILHBLM   SALOMON  34^ 

de  trois,  quatre  ou  un  plus  grand  nombre  d'espèces  minérales, 
en  proportions  sensiblement  égales. 

Souvent  dans  ce  cas,  on  a  désigné  ces  Hornfels  par  le 
nom  d'une  des  espèces  composantes,  choisie  arbitrairement, 
tantôt  à  cause  de  son  abondance  ou  de  sa  rareté,  tantôt  à 
cause  de  l'intérêt  spécial  qu'elle  présentait  pour  l'auteur.  Ainsi 
le  terme  Andalusithornfels  a  été  employé  indirteremment  pour 
des  Hornfels  à  proportions  égales  d'andalousite ,  quarz  et 
biotite,  et  pour  des  Hornfels  où  Tandalousite  est  beaucoup 
plus  rare  que  les  autres  éléments.  On  pourrait  en  dire 
autant  des    Cordierithornfels,  et   de   nombre  d'autres   hornfels. 

Je  propose,  pour  arriver  à  une  terminologie  univoque,  de 
rompre  avec  cet  usage,  et  d'appeler  n..  hornfels,  en  asso- 
ciant le  mot  Hornfels  à  celui  de  l'espèce  minérale  n....,  les 
seuls  hornfels  dont  cette  espèce  est  l'élément  essentiel. 
Quant  aux  autres  hornfels,  comprenant  trois  ou  plus  miné- 
raux composants  essentiels,  et  qui  constituent  des  masses 
importantes,  je  propose  de  leur  attribuer  des  noms  nouveaux. 
Et  pour  ne  pas  innover  inutilement,  j'assigne  à  ces  Hornfels, 
les  noms  des  roches  schisto-cristallines  normales,  qui  présentent 
la  même  composition  minéralogique,  en  faisant  précéder  ces 
noms  du   mot  Hornfels,    pour   les   distinguer. 

On  dira  ainsi  Hornfels  gneiss  (cornubianite  gneissique)  pour 
désigner  un  hornfels  formé  de  quarz,  mica,  feldspath  ;  et 
Hornfels- Cordieritgneiss  (cornubianite  gneissique  à  cordiérite) 
pour  un  hornfels  formé  de  cordiérite,  quarz,  mica,  feldspath 
en  proportions  à  peu  près  égales.  Et  parmi  ces  roches,  on  en 
distinguera  de   schisteuses   et  de   non  schisteuses. 

On  m'objectera  peut-être  que  les  roches  à  quarz,  mica, 
feldspath,  appelées  par  moi  Hornfels  gneiss,  ne  sont  pas  de 
Qrais  gneiss,  et  qu'on  ne  peut  leur  donner  ce  nom.  Mais, 
qu'est-ce  qu'un  vrai  gneiss  ?  Et  n'est-il  pas  certain  que  parmi 
les  gneiss  réputés  vrais,  on  comprend  des  roches  sédimen- 
taires  transformées  par  le  soi-disant  métamorphisme  régional,  et 
par  dynamométamorphisme  ?  Alors,  pourquoi  exclure  les  roches 
de  même  composition  minéralogique,  produites  sous  l'influence 
du  métamorphisme  de  contact  ?  D'ailleurs,  l'association  au 
mot  Hornfels  conserve  la  trace  de  leur  mode  d'origine  spécial. 

Dans  ce  système,  je  proposerai  comme  exemples,  les  noms 
suivants,  correspondant  aux  Hornfels  de  compositions  minéra- 
logiques   les  plus   répandues  : 


346  "V^ni®  CONGRÈS   GÉOLOGIQUB 

Homfels  formés  de  quai*z  et  mica  (Ramberg)  :  Quarz- 
glimmerhornfels,  quand  ils  nj  sont  pas  schisteux  ;  Homfels- 
glimmerschiefer,   quand   ils   sont  schisteux. 

Homfels  formés  de  quarz  et  feldspath  (Adamello)  :  Quarz- 
Feldspath- Homfels,  ou  Homfels-Leptynity  qui  peuvent  être 
schisteux  ou  non. 

Homfels  formés  de  quarz,  feldspath,  mica  (Monte- A  viole)  : 
H OFufels gneiss  schisteux   ou  non. 

Homfels  formés  de  mica  et  feldspath  (Val  Finale,  près 
Edoio)  :  Glimmer- Feldspath- Homfels  schisteux,  ou  non  schis- 
teux. Mais  ce  nom  est  trop  long,  et  de  plus  il  arrive  souvent 
qu'à  cette  combinaison  minérale,  vient  s'ajouter,  à  titre  de 
troisième  élément,  Tandalousite  ou  la  cordiérite.  Aussi  m'a-t-il 
paru  avantageux,  pour  généraliser,  de  désigner  ces  Homfels 
par  le  nom  local  à'Edolite,  et  de  les  appeler  Horrifels-EdoUte, 
HomfelS'A ndalusit-Edolite,   Homfels-CordieritEdolite,  etc. 

Hornfels  formés  de  mica  et  d'andalousite  (Torrente-Maso, 
Cima  d'Asta)  :  Andalusit  glimmer  homfels.  Je  les  désigne  pour 
les  mêmes  raisons  que  précédemment,  sous  le  nom  spécial 
à'Astite,   et  les  appelle  Hornfels- A  s  tite,   etc. 

Hornfels  formés  de  mica  et  cordiérite  (Monte  Aviolo)  : 
Cordieritglimmerhomfels,  et,  comme  dans  les  cas  précités. 
Aviolite,   et  Hornfels- AvioUte. 

Hornfels  formés  d'andalousite,  quarz,  mica  (Cima  d'Asta. 
Bono  en  Sardaigne,  Vosges).  J'appelle  les  variétés  schisteuses 
Homfels- Andalusit-  Glimmer  se  hie fer,  ou  Se  hiefriger- Hornfels- 
Quarz-Astite  ;  et  celles  qui  ne  sont  pas  schisteuses,  Hornfels- 
QuarzAstite. 

Homfels  formés  de  cordiérite,  quarz,  mica  (groupe  de 
r Adamello).  Quand  ils  ne  sont  pas  schisteux  :  Hornfels- 
Quarz-AiHolite  ;  quand  ils  sont  schisteux  :  Homfelscordierit- 
glimmerschiefer. 

Hornfels  formés  de  cordiérite,  feldspath  (Seeben,  près 
Klausen).  Le  nom  de  Cordierit- Feldspath- Hornfels  n'est  pas 
souvent  applicable,  en  raison  de  la  fréquence  de  minéraux 
étrangers  associés,  conmie  éléments  essentiels,  et  je  le  l'emplace 
par  celui  de  Hornfels- Seehenite . 

Hornfels  formés  de  quarz,  feldspath,  amphibole  (groupt* 
de  l'Adamello)  :  Homfels- A mphibol gneiss . 


%1 


COMPARAISON  DU  PORTLANDIEN  DE  RUSSIE 
AVEC  CELUI  DU  BOULONNAIS 

par  M.  A.  P.  PAVLOW 

L'examen  des  coupes  classiques  du  Jurassique  de  Boulogne 
que  j'ai  fait  il  y  a  deux  ans,  avec  le  savant  et  amical  con- 
cours de  MM.  Ed.  Pellat  et  Munier-Chalmas,  ainsi  que  les 
études  réitérées  des  belles  coupes  de  Gorodische  sur  la  Volga, 
m'ont  permis  de  constater  la  môme  succession  des  zones  d'am- 
monites dans  les  deux  contrées. 

Sur  la  Volga,  le  Portlandien  recouvre  le  Kiméridgien  à 
Hoplites  eudoxus,  pseudomutabilis,  Exogyra  virgula  et  débute 
par  une  assise  argileuse  (8™)  dans  la  partie  inférieure  de  laquelle 
(2°»)  on  trouve  des  restes  très  mal  conservés  d'une  grande  ammo- 
nite, à  tours  larges,  se  rapportant  probablement  au  groupe  de 
portlandicus  ;  dans  la  partie  moyenne  (4")  se  trouvent  plusieurs 
variétés  de  Perisph.  Bleicheri  et  vers  le  haut  commencent  à 
apparaître  les  représentants  de  Virg.  Qnenstedti  Rouil.  et  pec- 
tinatiis  Phil.  qui  se  retrouvent,  aussi,  dans  la  partie  supérieure. 
Cette  partie  supérieure  (a"")  m'a  fourni,  avec  plusieurs  formes  qui 
ne  sont  pas  encore  nomr.  ées,  plusieurs  ammonites,  communes 
à  la  zone  des  nodules  phosphatés  de  la  Tour  Croï,  près  Bou- 
logne, Virg.  Pallasi  d'Orb.  (non  Mich),  et  au  Kimmeridge 
Clay   du  Wiltshire. 

Cette  zone  est  représentée  à  Moscou  par  la  couche  infé- 
rieure des  phosphates  à  Virgatites  Pallasi,  Pavlowi,  Quenstedti, 
etc.,  reposant  immédiatement  sur  des  couches  à  Cardioceras 
aller  nans. 

Les  deux  zones  suivantes  du  Portlandien  de  la  Volga  sont 
déjà  bien  connues,  ce  sont  :  Z.  à  Virg,  virgalus,  sosia  et  autres 
Virgatites  typiques  et  Z.  à  Perisph.  giganieus,  Sow.,  tripUcatus 
Bl.  et  Nikitini  Mikh. 

La  succession  des  zones  d'Ammonites  dans  le  Portlandien 
de  Boulogne  est  la  môme.  Ce  sont  de  bas  en  haut  :  i)  Z.  à 
Sleph.  portlandiciim,  Z.  à  Per,  Bleicheri;  2)  Z.  à  Virg,  Pallasi 
(Rognons  phosphatés  de  la  Tour  Croï  avec  Am,  Pallasi,  Boi- 
dini,  Douvillei,  pectinatas,  etc.)  :  3)  zone  à  Virgatites  typiques 
(sosia,  apertus,  etc.),  représentée  par  les  marnes  et  calcaires  gris 


348 


V 


fl 


,.,.   n    -.-hisleusi  Hon.um 


tçuvenl  <*>.  -  • 


à  Astarte  Saemannt);   4)  Z.  à  Pi^v 

Dans  cette   dernière    zone  j'ai    hi 

échantillon  de   Periaph.    Nikitini. 

aux    couches    russes    et    françaisi 

non  décvites   encore  ;  ce   n'est    (-[uVn    ri>iii]mi;Li 

que   l'on  peut  s'en  assurer. 

A  la  lumière  des  faits  qui  viennent  d'être  i 
voir  que  l'étage  volgien  inférieur  des  géologues  in^-- 
partie  du  Porllandien.  Entre  cet  étage  et  le  Néocoi 
rieur  se  trouve,  en  Russie,  IVtage  aquilonicn.  renier 
faune  marine  particulière:  seulement  dans  la  zone  : 
de  cet  étage  {Z.  à  Hopl.  Riasanensix)  apparaiss^'nt 
Hoplites  du  type  tithonique  au  milieu  de  la  faune  friinc 
boréale.  S'il  faut,  suivant  la  déeisiun  du  présent  Ciingrè 
ner  un  nom  géographique  à  cet  clage,  on  pourrait  le  n 
étage  Khorochovien,  parce  que  Khorochovo.  prës  de  M 
est  l'endroit  le  plus  typique  pour  cet  étage  :  les  fossill 
Khorochovo  se  trouvent  dans  tous  les  musées  et  l'étaJ 
question  y  est  complet  et  riche  en  fossiles,  dans  presque 
les  zones. 

J'ajouterai  à  cette  communication  que  certaines  vari 
Per.  Ulmensis  du  u  Plattenkalk  »  allemand  et  le  Per 
byanus  Font,  du  Kiméridgien  supérieur  de  Crussoi  se 
guent  diilicilement  de  certaines  variétés  de  Per.  Bleicht 
Portlandicn  inférieur  du  Boulonnais.  Les  jeunes 
cette  espèce  ne  sont  pas  rares  dans  les  schistes  à  /. 
latissima   du   Yorkshire. 


Mqi1 


34» 

slques  moyens  qui  pourraient  contribuer 
^  l'élaboration  de  la  classification 
génétique  les  fossiles 

par  M.  A.  P.  PAVLOW 

wé  le  grand    épanouissement    que  les   idées  évolution- 
iit  pris  vers  la  fin  du   XIX®  siècle  et  malgré   le   rôle 

jouent  dans  nos  recherches  zoologiques  et  paléonto- 
y  la  classification  des  organismes  vivants  et  fossiles 
ii\|oiirs  fidèle  aux  termes  taxonomiques  qui  ont  pris 
e  à  une  autre  époque  du  développement  de  la  science, 
iflaence  d'idées  toutes  diflérentes.  On  peut  dire  que 
\  genre  et  espèce  employés  dans  le  sens  primitif  de 
présentent  dans    certains    cas  un    anachronisme,    com- 

à  celui  que  présente  l'emploi  de  Tancien  mot  Dilu- 
K>ur  désigner  des  dépôts,  qui  n  ont  rien  à  faire  avec 
;c.  Nous  rencontrons  ces  cas  en  étudiant  les  groupes 
les  plus  riches  en  formes,  tels  par  exemple  que  les 
tes,  les  bélemnites,  les  mammifères  et  c'est  principale- 
ans   ces    groupes    que   je    prendrai   des  exemples  pour 

les  idées  qui  viennent  d'être  exposées, 
it  que  la  théorie  de  l'évolution  eut  commencé  à  jouer 
dans  notre  science,  la  classification  des  ammonites,  la 
lion  de  leurs  formes,  en  genres  et  espèces,  présentait 
\  difficultés  considérables.  Ainsi,  par  exemple,  Quenstedt 
roir  indiqué  le  sens  du  mot  espèce,  ajoutait  :  «  On  peut 

que  les  individus  du  même  âge  ne  sont  pas  absolu- 
mblables  (gieich),  mais  qu'ils  ne  sont  que  ressemblants 
h).  (Test  pourquoi  nous  devons  remplacer  (dans  la  for- 
diqnant  Tentendement  de  l'espèce)  le  mot  semblable  par 
ressemblant,  mais  ainsi  on  ouvre  un  champ  très  vaste 
!  arbitre,  selon  qu'on  considère  la  ressemblance  dans  un 
^,  ou  restreint  ». 

les  savants  connaissent  les  excellentes  études  que 
ly  et  ensuite  Pictet  ont  publiées  pour  mettre  un  peu 
dans  les  subdivisions  du  vaste  groupe  d'ammonites.  On 
ilement  que,  de  18G0  à  1870,  une  nouvelle  direction 
tude  et  la  classification  des  ammonites  a  été  tracée 
rechercbes  de  MM.  Suess,  Waagen,  Zittel,  Mojsisovics 
layr.  On  sait  que  plusieurs  lignes  génétiques  ou  bran- 


3ôo  viu^  Congrès  géologique 

• 

ches  du  développement  ont  été  reconnues  dans  des  familles 
dillerentes  et  qu'on  a  essayé  d'établir  les  subdivisions  en 
genres  sur  d'autres  principes  que  ceux  qui  avaient  guidé  de 
Buch,  Quenstedt   et  d'Orbigny. 

Mais   malgré    tous    ces    e (Forts,    l'élaboration    de   la    classifi- 
cation génétique   des   êtres  que  la  paléontologie  doit  se  proposer 
d'établir  tôt    ou   tard,   progresse  très    lentement.   Notre  science 
demeure  toujours  dans  une  époque  de  transition,  où  l'on  se  sert 
de   vieux    termes    taxonomiques    comme    genre,    famille,    sous- 
ordre,  etc.,  c'est  à-dire  de    subdivisions  artificielles,  embrassant 
ordinairement  des   formes  hétérogènes,  pour  établir  une  classi- 
fication qui  doit  reconnaître  et  exprimer  la  valeur  des  rapports 
génétiques    des   formes,  au  moins    dans  la    même    mesure  que 
la  ressemblance   souvent  accidentelle   des   caractères  morpholo- 
giques.  Des  tentatives   ont  été  faites  pour  refondre  les  anciens 
termes  taxonomiques   et  y   introduire    l'élément    génétique,   en 
s'efTorçant    de   couvrir    l'un    par    l'autre  ;    mais    il    est    évident 
qu'elles  ne  peuvent  donner  rapidement  de  résultats  positifs  par 
suite    des    diilicultés    que    présente   la    définition    des   rapports 
génétiques  des  formes.   Pour  ces  motifs,   il  serait  peut-être  plus 
rationnel  de  conserver  pour  ces  tevmes   une  valeur  essentielle- 
ment   morphologique,    en    comprenant,   par    exemple,    sous  le 
nom  Genre,  la  réunion  des  formes  qui  se  ressemblent  morpho- 
logiquement, sans  approfondir  si  cette   ressemblance  est  due  à 
une  proche  parenté,  ou  si  elle  est  le  résultat  d'une  élaboration 
parallèle    des    mêmes    caractères     morphologiques,     dans    des 
groupes  différents,  plus   ou  moins  éloignés  par  leur  origine. 

Parallèlement  à  ces  termes  morphologiques  il  serait  utile 
d'employer  d'autres  termes  qui  rendraient  mieux  les  rapports  géné- 
tiques des  formes,  sans  beaucoup  s'occuper  de  ce  que  ces  termes, 
ne  correspondent  pas.  toujours  par  leur  étendue,  avec  les  termes 
morphologiques  usuels.  On  pourrait,  par  exemple,  appeler  Série 
génétique  ou  simplement  Série  (Formenreihe)  un  certain  nomhre 
de  formes  qui  proviennent  Tune  de  l'autre  ou  bien  désigner  comme 
Rameau  génétiijue  (Formenzweig)  l'ensemble  des  formes  présen- 
tant plusieurs  séries  rapprochées,  mais  plus  ou  moins  divergentes. 

Les  limites  du  Genre  morphologique  et  de  la  Série  ou  du 
Rameau  génétique  peuvent  dans  certains  cas  coïncider,  mais 
cette  coïncidence  accidentelle  ne  doit  pas  nous  engager  à 
établir  des  rapports  directs  entre  les  classifications  morpholo- 
gique et  génétique.  L'une  et  l'autre  doivent  avoir  leurs  termes 


A.    P.    PAVLOW  35l 

taxonoroiques  propres.  Ainsi  au  lieu  d'employer,  comme  cela 
a  été  proposé  par  Neumayr.  le  terme  Genre  pour  désigner  les 
formes  se  succédant  Tune  Tautre,  dans  une  même  direction 
de  modifications,  il  serait  préférable  de  se  servir,  pour  ce 
cas,  du  terme  Série  génétique.  On  se  servirait  du  terme 
File  génétique  ou  Ligne  génétique  (Stammfolge)  pour  désigner  la 
succession  de  plusieurs  séries  formant  une  chaîne  continue 
de  formes,  dont  la  diversité  totale  dépasse  ce  que  nous  sommes 
habitués  à  considérer  comme  un  genre.  On  pourrait  enfin 
se  servir  du  mot  Tronc  (Stamm,  Truncus)  pour  désigner  une 
succession  plus  continue  encore  de  formes,  montrant  dans  son 
ensemble   une  série  polymorphe   de  modifications  consécutives. 

Si  nous  avons,  comme  cela  arrive  le  plus  souvent,  plusieurs 
séries  divergentes  qui  aboutissent  à  des  formes  très  dilïérentes 
par  leurs  caractères  et  qui  ne  peuvent  pas,  au  point  de  vue 
morphologique,  être  réunies  dans  un  seul  et  même  genre,  nous 
pouvons  désigner  cette  disposition  sous  le  nom  de  branche 
fîlétique  (Stammzweig).  Dans  certains  cas  les  lignes  (ilétiqucs 
et  les  branches  de  la  classification  génétique  coïncideront  avec 
les  familles,  les  sous-ordres  et  même  les  ordres  de  la  classifi- 
cation  morphologique,    mais   il  n'en  sera  pas  toujours   ainsi. 

Si  nous  avons  aHaire  à  des  formes  intimement  reliées  entre 
elles  dans  les  différentes  directions  et  si  l'ignorance  de  leur 
succession  chronologique  ne  nous  permet  pas  de  définir  leurs 
véritables  rapports  gtuiétiques,  nous  pouvons  désigner  un  tel 
groupe  de  formes  par  le  terme  Génération  (Generatio,  yevéa, 
Sippschaft).  La  Génération  se  distinguerait  du  Genre  :  i)  pai' 
l'absence  totale  d'espèces  se  ressemblant  par  la  forme,  mais 
hétérogènes,  et  a)  par  le  fait  que  nous  pouvons  y  grouper  des 
formes  plus  diverses,  que  nous  ne  le  pouvions  dans  un  genre  ; 
mais  la  parenté  étroite  de  toutes  ces  formes  doit  être  certaine. 

Pour  les  subdivisions  plus  détaillées,  on  peut  se  servir  sans 
inconvénients  des  mots  espèce  et  variété  dans  les  deux  classi- 
fications, d'autant  plus  qu'ordinairement  il  est  très  difficile  de 
savoir  si  nous  avons  affaire  aux  variétés  contemporaines  ou 
bien   aux  mutations   successives. 

Passant  aux  moyens  pouvant  nous  guider  dans  la  défini- 
tion des  liens  génétiques  entre  les  différents  groupes,  je  vou- 
drais prémunir  contre  les  erreurs  qui  peuvent  être  facilement 
commises  sur  la  voie  ouverte  par  Wûrtemberger  et  poursuivie 
par  plusieurs  paléontologues.  Ces  savants  pensent  que  nous  avons 


552  VUl'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

dans  les  jeunes  âges  de  tel  ou  tel  fossile,  par  exemple  dans  les 
tours  internes  d'une  ammonite,  des  indications  sur  les  caractères 
de  leurs  ancêtres.  D'après  mes  observations  sur  les  différents 
groupes  d'ammonites,  les  caractères  ancestraux  affectent,  non  fias 
les  tours  internes  de  la  coquille,  mais  les  tours  externes,  qui 
caractérisent  l'époque  de  la  dégénérescence,  celle  qui  succède  à 
la  période  de  maturité.  I^s  jeunes  tours,  dans  un  grand  nombre 
de  cas  que  j'ai  étudiés,  montrent,  de  leur  cAté,  les  caractères  de 
formes  plus  récentes  ;  en  d'autres  termes,  ils  n'indiquent  pas  les 
caractères  des  aïeux,  mais  prédisent  les  caractères  de  la  postérité. 
Ainsi,  par  exemple,  les  tours  internes  de  Kepplerites  du  Callovion 
inférieur,  annoncent  les  caractères  des  descendants  de  ce  genre 
(Cosmoceras  du  groupe  Jason);  ce  n'est  donc  pas  là  une  phase 
atavique  mais  une  phase  prophétique.  Les  Cardioceras  de  la 
série  cordatus-alternans  présentent  un  autre  exemple,  ainsi  que 
plusieurs  formes   de  la  génération  des  Simbirskites. 

Les  mêmes  observations  peuvent  être  faites  sur  d'autres  grou- 
pes. Ainsi  sur  les  belemnites,  par  exemple,  kirghisensis,  RouH- 
leri,  russiensis.  ou  bien  spicularis,  Oweni,  absoluius  ;  ainsi  que 
sur  certains  gastéropodes,  par  exemple,  les  Turritelles  et  sur  les 
mammifères  tels  que  les  représentants  du  tronc  génétique  des 
Equidae,  chez  lesquels  les  dents  de  lait  sont  toujours  plus  compli- 
quées que  les  prémolaires  qui  les  remplacent,  et  qui  prédisent  les 
caractères  de  la  dentition  permanente  de  la  forme  plus  récente. 

Ce  phénomène  a  été  déjà  depuis  longtemps  indiqué  par  divers 
auteurs,  mais  il  n'a  pas  encore  attiré  toute  l'attention  qu'il  mérite. 
Sous  rinHuence  dominante  de  l'idée  du  parallélisme  entre  le  déve- 
loppement ontogéni(jue  et  phylogénique,  nous  sommes  souvent 
portés  à  chercher  les  caractères  des  ancêtres  dans  les  dents  de 
lait,  tout  comme  nous  les  cherchons  dans  les  tours  internes  des 
ammonites.  Mais  (inalement,  sous  l'influence  décisive  des  faits,  on 
sera  contraint  de  limiter  la  sphère  des  phénomènes  interprétés 
par  cette  théorie.  On  devra  reconnaître  (jue  plusieurs  organismes, 
après  avoir  passé  les  phases  (unbryonnaires  montrant  souvent  des 
caractères  ancestraux  traversent  encore  et  avant  d'enti'er  à  l'état 
de  maturité  une  phase  qui  peut  être  appelée  prophétique,  phase 
attestant  la  précession  des  caractères  morphologiques  de  la  sou- 
che. La  connaissance  de  cette  phase  et  l'étude  de  cet  intéressant 
phénomène  peut  avoir  une  grande  importance  dans  les  recher- 
ches sur   la  successicm   des    foi*mcs  organicjues  sur   la   terre. 


353 


DES  MÉTHODES  PRÉCISES  MISES  ACTUELLEMENT 

EN  ŒUVRE  DANS  L'ÉTUDE  DES  VERTÉBRÉS 

FOSSILES  DES  ÉTATS-UNIS  D'AMÉRIQUE 

par  M.  Henry  Falrfleld  OSBORN 

Planches    I-II 

La  paléontologie  des  Vertébrés  a  traversé  en  Amérique  une 
première  phase,  dont  les  pionniers  furent  Leidy,  Cope,  et 
Marsh.  Aujourd'hui,  que  les  Montagnes  Rocheuses  ont  été  explo- 
rées dans  toute  leur  étendue,  il  est  rare  d*y  découvrir  de  nou- 
veaux gisements,  ou  même  d'y  trouver  de  nouveaux  genres  ou 
de  nouvelles  espèces.  La  paléontologie  des  Vertébrés  est  ainsi 
entrée  chez  nous,  dans  une  phase  nouvelle,  moins  brillante 
dans  ses  résultats,    mais  plus  précise. 

L'étude  exige  de  nos  jours  plus  de  soin  et  plus  d'efforts, 
mais  les  résultats  sont  plus  complets,  plus  précis,  et  permet- 
tent d'arriver  parfois  à  la  notion  complète  des  formes  dispa- 
rues. Nous  pouvons  ainsi  élucider  des  confusions  de  la  nomen- 
clature, et  arriver  à  une  conception  plus  juste  et  plus  complète 
de  la  succession  de  la   vie    à  la    surface  de   notre   continent. 

On  a  d'abord  perfectionné  les  méthodes  de  recherche,  en 
les  étendant  à  des  régions  nouvelles  ;  on  a  ensuite  apporté 
plus  de  précision  et  de  soin  dans  la  récolte,  depuis  le  moment 
de  la  découverte  des  fossiles  jusqu'à  celui  du  classement  dans 
le  musée.  Deux  principes  ont  constamment  guidé  notre  tra- 
vail de  recherches. 

Le  premier  consiste  à  apporter  la  plus  grande  attention  à 
la  récolte  et  à  la  préparation  des  fossiles  :  c'est  la  partie  maté- 
rielle, qui  a  été  perfectionnée,  suivant  des  procédés  améri- 
cains. 

Le  second,  plus  scientifique,  réside  dans  la  précaution  indis- 
pensable, chaque  fois  qu'on  trouve  un  fossile,  de  relever  toutes 
les  relations  géographiques,  géologiques  et  biologiques  de  son 
gisement.  Il  n'est  nullement  indifférent  qu'un  fossile  se  trouve 
quelques  pieds  plus  haut  ou  plus  bas  dans  un  gisement  déter- 
miné, et  il  est  capital  de  noter  la  position  exacte  dans  laquelle 
les   diverses  parties  d'un   animal   ont  été   trouvées. 

On    peut  aflirmer  que  la  principale  cause  des  erreurs  com- 


-M. 


354  ^11^'    CONGKKS   GÉOLOGIQUE 

mises  dans  cette  branche  de  la  paléontologie  réside  dans  Toubii 
de  ces  principes  et  dans  la  négligence  apportée  aux  méthodes  de 
récolte  des  fossiles.  Les  établissements  qui  ont  le  plus  contribué 
à  perfectionner  ces  méthodes  sont  l'American  Muséum  of  Nalu- 
ral  History  et  le  Princeton  Muséum.  Les  homme»  qui  ont  rendu 
le  plus  de  services  dans  cette  voie  sont  les  explorateurs  bieu 
connus  MM.  Hatcher  et  Wortman,  et  leurs  élèves.  Les  princi- 
paux progrès  dans  le  montage  pour  les  musées,  sont  dus  ù 
M.   Hermann,  de   l'American  Muséum, 

11  nous  semble  opportun  pour  tous  ces  motifs  de  donner  au 
Congrès  un  aperçu  des  méthodes  que  nous  employons  vu 
Amérique  pour  récoller  et  conserver  nos  Vertébrés  fossiles, 
bien  que  quelques-unes  d'entre  elles  soient  déjà  familièi^es  à 
nos  conlrères  d'Europe. 

L  —  Méthodes  emploj'ées  sur  le  terrain 

(i)  Tout  débris  de  Vertébré  reçoit,  quand  on  le  découvre, 
un  numéro  provisoire,  ou  parfois,  quand  cela  se  peut,  un 
numéro  définitif,  qui  sera  son  numéro  de  musée:  il  porte  eu 
outre  le  nom  de  celui  qui  Ta  trouvé  et  la  date  de  l'embal- 
lage,  nombres  qui   sont   reportés  sur   le  journal    de  route. 

(2)  On  note  successivement  (a)  la  localité,  (b)  le  niveau  sti*a- 
tigraphique,  (c)  le  caractère  lithologique  de  la  roche  encaissante. 

(3)  On  prend  la  photographie,  ou  des  séries  de  photogiA- 
p'iies,  des  débris  en  place. 

II.  —  Méthodes  d'emballage 

Autant  (jue  faire  se  peut,  on  enlève  sur  le  terrain  les 
squelettes  avec  la  roche  encaissante,  et  on  expédie  le  tout  au 
musée,   en   un  ou  plusieui^s   blocs. 

Pour  arriver  k  ce  but,  on  met  au  jour,  dans  le  gisenieul 
même,  une  partie  de  la  surface  des  os,  et  on  les  passe,  à 
diverses  reprises,  à  la  gélatine.  On  colle  ensuite  sur  les  sur- 
faces ainsi  dégagées  un  papier  ou  une  lîne  mousseline.  Puis 
on  les  recouvre  de  lambeaux  de  toiles  plus  ou  moins  g^o^- 
sières,  trempées  dans  du  plâtre,  qui  consolide  le  tout  Ou 
noie  ensuite  graduelhunent  dans  des  lambeaux  plâtrés  analo- 
gues les  côtés  et  la  face  inférieure  des  blocs  que  l'on  dégagi' 
leutemeiit.  Quand  le  bloc  est  culin  isolé  et  consolidé,  on 
l'entoure   de   lattes  de»  bois    et   de   coi'dages.  On   arrive  ainsi  à 


J 


H.    F.    ObUOliN  '355 

einballer  en  caisses  et  à  transporter,  sans  avarie,  des  blocs 
(le  pieiTC  friable,  pesant  de  i5oo  à  2000  livres.  Cette  méthode 
est  précieuse  pour  les  ossements  friables,  ou  ceux  qui  sont 
très  fracturés  dans  les  jçisenients  d'argiles  fendillées.  On  a  pu 
ainsi  conserver  et  transporter  des  s<^ries  de  grandes  vertèbres 
de  Dinosauriens,  fendillées  en  tous   sens. 

On  prend  soin  en  outre  de  recueillir  et  de  conserver  tous 
les  débris  errants  qu'on  trouve  épars  autour  du  gisement. 
Worlman.  en  1891,  en  lavant  et  criblant  méthodiquement  les 
déblais  d'un  gisement,  est  arrivé  k  reconstituer  la  dentition 
complète  du   Palaeonictls  occident  ails. 

Grâce  à  ces  précautions,  4^,ot)0  livres  de  Dinosauriens  ont 
été  transportés  en  1898,  du  AVyoming  à  New- York,  sans 
qu'un  seul  fragment  fût  avarié  ou  perdu  en  route.  Il  nous 
sutlira  de  rappeler  le  squelette  du  Diplodocus,  qui  se  trouve 
monté  dans  «  l'American  Muséum  »,  pour  faire  voir  l'impor- 
tance qu'il  y  a  pour  le  naturaliste,  à  réunir  toutes  les  parties 
du  squelette  et  toutes  les   dents   éparses. 

III.  —  Méthode  de  classement  dans   le  musée. 

Le  premier  soin  dans  notre  musée  est  de  remplacer  le  n"  des 
échantillons  qui  arriven-t.  par  un  n"  de  collection,  ([ui  sera  défi- 
nitif. Ce  numéro  du  nmsée  est  reporté  sur  chaque  fragment  du 
tossile.  pour  éviter  autant  que  possible  les  mélanges  ou  confu- 
sions. Les  types  sont  mis  en  relief  par  un  diamant.  Tous  les 
échantillons  sont  dans  des  casiers  rangés  dans  des  vitrines,  et 
leurs  dimensions  sont  ordonnées  de  telle  façon  qu'on  puisse 
toujours  les  déplacer  et  les  classer  dans  les  vitrines.  Leur  ordre 
est  tel  qu'on  peut  de  suite  mettre  la  main  sur  l'échantillon 
cherché,  parmi  les  10.000  échantillons  de  vertébrés  que  con- 
tient le  musée.  Le  catalogue  est  fait  sur  fiches,  et  on  travaille 
à  un  catalogue  à  double  entrée,  l'un  classé  géologiquement, 
l'autre  zoologiquement. 

IV.  —  Méthodes   de  préparation. 

A.  Nettoyage  :  L'enduit  de  plAtras  et  de  tissus  qui  recouvre 
les  fossiles,  à  l'arriv/'e,  s'enlève  très  facilement,  (juand  on 
mouille  la  masse,  grâce  à  la  couche  de  papier  ou  de  mous- 
seline qui  isole  le  fossile.  Si  les  blocs  contenant  les  fossiles 
sont  fendus,  on  les  reolle  s>>lid(»nient,  de  favon  à  ce  que  le 
fossile,    quand   on    le   dégagera,  soit    encastré   dans    une   masse 


356  Vlll'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

solide.  Les  fossiles  sont  dégagés  à  coups  de  ciseau,  de 
burin,  d'aiguilles,  et  au  moyen  du  tour  de  dentiste.  Quand 
les  fossiles  sont  petits  et  la  roche  très  dure,  on  emploie  avec 
succès  le  tour  électrique  des  dentistes,  actionné  par  une 
dynamo  :  c'est  ainsi  qu'on  a  pu  dégager  les  fossiles  dans  la 
roche  concrétionuée   si   dure  de  Puerco. 

B.  Montage  :  Dans  le  système  de  montage  adopté,  toutes 
les  pièces  sont  toujours  démontables^  ou  au  moins  accessibles 
à  Tétude.  Quand  une  pièce  osseuse  est  restaurée  ou  raccommodée 
par  du  plâtre  teinté,  la  limite  de  la  portion  reconstruite  est 
toujours  indiquée  par  une  ligne  colorée.  Quand  un  os  a  dû 
être  reconstruit  en  entier,  il  porte  une  grosse  croix.  Quand 
un  os  d'un  squelette  est  emprunté  à  un  autre  individu,  on  le 
reconnaît  toujours  à  son  numéro  de  catalogue  différent.  Les 
os  isolés,  ou  sans  numéro  d'origine,  sont  marqués  d'un  zéro. 
Les  seuls  os  non  numérotés  sont  ceux  des  squelettes  où  tous 
les  os  proviennent   d'un    même  individu,    qui    a   son   numéro. 

On  s'efforce  de  donner  aux  pièces  montées  une  position 
naturelle.  On  y  arrive  par  l'examen  attentif  des  facettes  arti- 
culaires des  os  des  membres,  et  par  la  comparaison  avec  des 
photographies  instantanées  des  types  vivants   les  plus   voisins. 

Grâce  à  ces  précautions,  le  montage,  au  lieu  d'abîmer  les 
squelettes,   les  met  mieux  en  valeur. 

Le  montage  et  le  classement  des  Vertébrés  fossiles  sont 
défectueux  dans  un  grand  nombre  de  musées,  et  nous  avons 
voulu  signaler  combien  la  technique  des  Vertébrés  fossiles  était 
inférieure  aux  méthodes  usitées  dans  les  autres  branches  de  la 
paléontologie. 


j 


H.    F.   OSBORN  357 


CORRÉLATION 

DES  HORIZONS  DE  MAMMIFÈRES  TERTIAIRES 

EN    EUROPE    ET   EN    AMÉRIQUE 

par  M.  Henry  Fairfleld  OSBORN 

avec    i   tableau . 


Cette  question  a  déjà  été  traitée  par  nous,  à  deux  reprises, 
devant  l'Académie  des  Sciences  de  New-York  (i)  ;  et  nos  com- 
munications, accompagnées  par  une  3«  Édition  de  notre  Tableau 
provisoire  de  Corrélation  des  Horizons  d'Europe  et  d'Amérique, 
ont  été  publiées  en  juillet  1900.  Elles  seront  adressées  béné- 
volement à  tous  ceux,  géologues  ou  paléontologues,  qui  mani- 
festeront le  désir  de  coopérer  à  ces  essais  de  corrélation, 
d'une  si  haute  importance  pour  la  paléontologie,  la  géologie, 
la  zoologie  et  la  géographie. 

Nous  nous  proposons  de  continuer  ces  essais,  en  provoquant 
à  leur  sujet  la  critique  et  l'échange  des  idées,  jusqu'à  ce  que 
l'accord  s'établisse  sur  les  termes  à  retenir,  et  sur  les  corré- 
lations, que  la   paléontologie   peut  permettre. 

Nous  croyons  que  les  grands  progrès  du  XX*  siècle  porteront 
sur  une  compréhension  plus  exacte  et  plus  large  de  la  paléontolo- 
gie des  vertébrés,  car  on  ne  s'est  pas  inspiré  dans  cette  branche 
de  la  science  de  l'esprit  exact  qui  a  guidé  les  chimistes  et  les 
physiciens.  Nous  nous  bornerons  dans  cette  communication,  à 
énumérer  les  principes  qui  ont  servi  de  bases  à  nos  essais. 

I.  —  Les  corrélations  publiées  jusqu'à  ce  jour  sont  impar- 
faites et  réclament  une  révision. 


(1)  Corrélation  between  Tertiary  Mammal  Horizons  of  Europe  and  America,  an 
introduction  to  the  more  exact  study  of  Tertiary  Zoogeography.Preliminary  study 
with  third  Trial  Sheet.  Annals  N.  Y.  Acad.  Soi.  Vol.  XIII.  n"  1.  p.  1-72,  juil- 
let, 1900. 


358  vni«  CONGRÈS  géologique 

a.  —  Les  horizons  tertiaires  de  la  France  doivent  être 
choisis  pour  types  des  périodes  et  des  étages,  en  raison  des 
alternances  de  conditions  marines  et  d'eanx  douces  qu'on  y 
rencontre,  à  Tinverse  de  ce  qui  se  voit  dans  les  Montagnes 
Rocheuses  où  toute  cette  série  est .  d'eau  douce,  et  dans  l'Est 
des  États-Unis,  où  elle  est  marine. 

3.  —  Les  découvertes  récentes  tendent  chaque  jour  davan- 
tage à  réunir  l'Europe  et  les  États-Unis,  en  une  même  pro- 
vince zoogéographiqne  (holarctique).  à  Tépoque  tertiaire. 

4-  —  Les  critériums  qui  permettent  d'établir  le  synchronisme 
approximatif  des  couches  sont  : 

(a)  L'existence  de  genres  et  d'espèces  identiques  ou  voisines, 
de  part  et  d'autre. 

(b)  Le  même  degré  d'évolution  dans  les  détails  de  la  denti- 
tion ou  dans  les  caractères  fournis  par  le  pied. 

(c)  L'apparition  simultanée  dans  la  province  holarctique 
de  nouvelles  formes,  sans  ancêtres  régionaux  connus,  et  vrai- 
semblablement émigrés  de  l'Afrique  ou  de  l'Amérique  du 
Sud. 

(d)  La  prédominance  de  certains  types,  comme  par  exemple 
celle  des  Perissodactyles  dans  TEocène  moyen,  ou  celle  des 
Artiodactyles  dans  TOligoçène. 

5. —  Il  est  probable  que  le  synchronisme  des  périodes  (Eocène, 
Miocène,  Pliocène,  Pleistocène)  pourra  un  jour  être  établi  d'une 
façon  rigoureuse,  et  que  celui  des  étages  pourra  être  reconnu 
avec  assez  d'approximation  pour  que  l'on  remplace  les  noms  de 
Puerco,  Torrejan,  Wasatch,  etc.,  par  ceux  de  Montien,  Thané- 
tien,  Suessonien,  etc. 

G.  —  Il  importe  donc,  pour  pouvoir  tracer  les  migrations 
anciennes,  de  reconnaître  d'abord  les  parai lélismes  des  faunes  sur 
les  divers  continents.  Ils  permettraient  de  déterminer  où  les 
divers  types  ont  apparu,  et  de  distinguer  les  types  autochtones 
des  types  immigrés.  Le  problème  fondamental  de  la  zoogéographie 
e".t  de  rattacher  la  distribution  actuelle  des  formes  animales  à 
celle  des  formes  fossiles  et  d'arriver  ainsi  à  un  système  harmo- 
nieux qui  groupe  tous  les  faits. 


H.    F.    08B0RN  359 

7.  —  L'évolution  des  Vertébrés  est  régie  par  deux  lois  : 

Loi  de  la  radiation  adaptative 

(i)  Loi  de  la  radiation  adaptative^  d'après  laquelle  une 
r€»gion  isolée  donne  Tessor  à  une  faune  spéciale  din'érenciée,  si 
elle  est  sunisamment  étendue  et  offre  des  traits  suflisainment 
variés  dans  sa  topographie,  son  sol,  son  climat  et  sa  végétation. 

Loi    du    parallélisme,    de    la    convergence, 

ou  de  l*iiomoplasie 

(a)  Loi  du  parallélisme,  de  la  convergence,  ou  de  rhomo- 
plasie,  qui  détermine  la  formation  aux  dépens  de  souches  diffé- 
rentes, de  genres,  de  familles  et  d'ordres  analogues.  La  nature 
se  répète  par  conséquent,  mais  l'identité  n'existe  jamais  entre  ces 
produits  issus  de  racines  diverses.  C'est  ainsi  que  le  problème 
géologique  se  relie  à  la  paléontologie,  et  (jue  celle-ci  se  rattache 
à  la  zoologie,  à  la  zoogéographie,  de  telle  sorte  que  finalement 
on  se  trouve   toujours  devant  un  problème  biologique. 

Pour  conclure,  nous  dirons  qu'à  l'heure  actuelle,  on  doit 
considérer  comme  bien  près  d'être  établie  l'exactitude  des  cor- 
rélations entre  les  divisions  de  TEocène,  en  Europe  et  en 
Amérique,  et  que  celles  de  TOligoeène,  du  Miocène,  du  Plio- 
cène, du  Pleistocène,  ne  doivent  être  considérées  que  comme 
provisoires. 

Notre  troisième  épreuve  du  tableau  de  ces  corrélations, 
dont  nous  reproduisons  ici  le  résumé,  indiquera  l'état  actuel 
de  la  question.  Elle  est  très  perfectionnée  si  on  la  compare 
aux  i^*»  et  a®  épreuves,  précédemment  publiées:  j'ai  profité  pour 
l'établir  des  avis  motivés,  mais,  je  dois  le  dire,  non-unanimes, 
de  MM.  Gaudry,  Depéret,  Boule,  Zittel,  Schlosser,  Pohlig, 
M.  Pavlow,    Lydekker,   Forsyth  Major. 

Tableau  des  corrélations  tertiaires. 
Réédité  de  la  3^"  édition   (24  juillet  igoo) 


TABLEAU  DES  HORIZONS  STRATIGRAPHIQUES   TYPIQUE 

Dressé  par 
ifec  aMiUoM  et  cdrmtiMis  «e  ■-'   Vvie   Pirltw,  H.  In  Mi 

L'auteur  présente  au  Con^r^s  ce  tableau  dont  il  assume  personnellement  l'entière i 
tertiaires  d'Europe  et  d'Amérique.    C'est  la  troisième  épreuve,  revue  et  corrigée. 

Explication  des  abréviations  employées  dans  ce  tableau  :  M .  *»  Faciès  marin  ; 
d'eau  douce;  Ct    =»  Tufs  calcaires;  Lm.  —  Marnes  lacustres  :  Cv     —  Cavernes ;Lg 
italiques  ;  les  horizons  homotaxiques  en  caractères  romains;  les  horizons  complexes 


Pleistocène  supérieur 


Pleistocêne  moyen 


Pleistocène  inférieur 


Pliocène  supérieur 


Pliocène  moten 


Pliocène  inférieur 


Miocène  supérieur 


Miocène  moyen 


Miocène  inférieur 


Postglaciaire 


Glaciaire 


Préglaciaire 


Sicilien 

Astien 
Plaisancien 

Mcssinien 


Tortonien 


Helvélien 


Langhien 
(Burdigalienl 


Horizons  typiques  et  bomota: 


Dépôts  postglaciaires  du  Nord  de  11 
rAsie. 

Mio-pleistocène  supérieur 


M io -pleistocêne  . 
Mio-pleistocène  inférieur 


Forest  Bed$  du  Norfolk 
Malbattu,  Peyrolles. 


St.  Pre 


Val  (VÀrno  super.  ;  Olivola  ;  Ast< 
franca  ;  —  Sainzelies  :  Perrier  il 
Montpellier  super.  ;  Coupet  ;  Vialett 

—  Norwich   Crag   (Norfolk)  ;  Red 
folk)  ;  Kos  lAsia  Miner). 

Roussillon,  FI.  L.  :  Montpellier  ini 
gnan;  Meximieux  ;  Sables  de  Trè" 

Couches  sa  u  ma  très  à  congéries  ;  Coi 

Pikermi  (Grèce)  ;  Samos  ;  Maragha 
Mt.  Lébcron  (Vaucluse)  ;  Cucuron  ;F 

—  Belvédère  schotter  (Aulr.)  FL 
(liong.)  =  r^ncud,  Alcoi  (EspagM 
sheim  :  Sables  à  Dinotherium  sup.  ( 


\ 


Grive-Si-Alban  (Isère)  Kl.;  Molasse» 
St  Jean  de  Bournay  :  Cabrièrw:- 
(Wûrt  )  :  Gùnzburg.  Ries  (Nordiia 
gensgemûnd  (Bav  )  :  Molasse  sapéi 
douce,  Oeningen.  Elirff.  Kâpfnacli; 
à  Dinotherium  ;  ->  Monte  Bamboli 

Calcaires  de  Sansan  (Gers»  L..  ioféi 
Simorre.  Super  :  Calcaire  de  Mi 
Saint-Gaudens  (Haute  Garonne'  :  ' 
de  Styrie  ;  Eibiswald.  Wies,  G^ 
berg. 

Sables   de    rOr léonais    (Loire)  ;  S 
Royans  ;  —  Molasse  grise  d'eaa  <l 
sanne)  '  Eugelbalde  ;  Rappenflah;' 
berg,   Kckingen)  ;  —  Eggenbunc. 
telen  (Suisse)  ;  —  Bugti  Beds  (Si» 


<S    HOMOTAXIQUES    DE    L'EUROPE    ET    DES    ÉTATS-UNIS 

OSBOBN 

Ivl  f.  litUl,  lircelliB  Boalê,  B.  Lydekkêr,  lus  PoUi§,  G.  J.  Porsytli  lajer. 

essai  provisoire,  fourni  à  titre  documentaire  et  tendant  à  la  corrélation  des  horizons 
lent  publié  en  Amérique,  les  i"  Juillet  1897.  15  Avril  1898  et  24  Juillet  1900. 

—  Faciès  lacustre  ;  FI.  ^-  Faciès  duviatile  ;  Ml.  —  Marnes  d'e^u  douce  ;  CI.  =  Calcaires 
^ts  de  fissures  ;  R.  —  A rj^iles rouges.  —  l^.s  horizons  typiques  sont  indiijués  en  caractères 


OOMPLEXIiS 

Faunes  européennes  typiques 

Parallélisme  américain 
approximatif 

•                 *                 • 
•                  • 

Megaceros    Hiberniae,     Bos   taurus,    B.   lonjçi- 
frons,  B.  brachyceros,  Alces  palmatus,  Equus 
caballus. 

Elephas  primigenius,   Rhinocéros  antiquitatis, 
Rangifcr  tarandus,    Felis  spelaea,  Felis  par- 
dus,  Hyaena  spelaea,  Equus  caballus. 

Elephas  àntiquus.  Rhinocéros  Merckii. 

Hippopotamus,  Rhinocéros  Merckii,  Elephas  Iro 
gontherii,  Trogontherium,  Equus  caballus. 

Elephas  meridionalis,  Trogontherium. 

Eqaus  ou  Sheridan. 

•                  •                  • 

•                   • 
• 

Elephas    meridionalis,    Mastodon  arvernensis, 
M.  Borsoni,  Rhinocéros  etruscus,  Equus  Ste- 
nonis,  Bos  elatus.  Leptobos,  Sus,  Aulaxinuus, 
'anis,    Ursus,    Machaerodus,    Hyaena,    Felis, 
Vi verra,  Hystrix 

Mastodon  arvernensis  Tapirus,  Rhinocéros  lep- 
torliinus.   Ilipparion   crassum,    Hyaena rctos, 
Doliehopithecus.  Palaeoryx  Cordieri,IVboodon. 

Ilipparion   gracile.    Sus  erymanthius,  Antilope 
Massoni,     Tapirus     priscus,    Semnopithecus 
monspessulanus. 

Hippnrion    ararile.   Chalicotherium.    Mastodon 
longirostris,  Aceralhorium  incisivum,  Rhino- 
reros  Schhâermacheri,R.  Goldfu3si,Pliohyrax 
Kruppi. 

Upper  Loup  Fork 

• 

Rhinocéros  brachypus,    Macrotheri'um,  Anchi- 
therium,    Hyaenaretos.    Ursavus.  Oreopithe- 
cus    ^Bamboli),    Palaeomeryx.    Micromeryx, 
Listriodon,  Galecynus,  Machaerodus. 

Rhinocéros  sansaniensis,   R.  brachypus.  R    si- 
morrensis  ^Simorre).    Macrotherîum,  .\cera- 
tberium  telradactylum,  Plioplthecus. 

Brachiodus,    Elotherium,    Rhinoreros    aurelia- 
nen«tis.  Anchitherium  au  relia  nons«»,  Dinothe- 
rium    bavaricum,     Mastodon     angustidens. 
Aceratherium     platyodon.     Meta.xytherium, 
Ampbicyon. 

Loup  Fork 

Lower  Loup  Fork 
Upper  John  Day 

Oligocène  supérieur 


Oligocène  moyen 


OUGOCÈNE   INFÉRIEUR 


Aquitanien 


Stampien 


Infra-Tongrien 


EOCÈNE  supérieur' 


Ligurien 
(Priabonien) 


< 

CL 


Bartonien 


EoCÈNE   MOYEN 


Lutéticn 


EoCÈNE  INFÉRIEUR 


as 

as 

o 
en 

<e 

u 


Y  présien 
(Londinieu) 


Sparnacien 


\ 


I 

\ 


Horizons  typiques  et  ■omota: 


St-Gérand-le-Puy  (Allier)  L.  :  Gana 
Moissac;  Langy;  Cournon:  Puy-d« 
nos  lacustres  d'Auvcnrnei  :  <^J 
Beauce  (Orléans»  L  «  Lignites  d 
nosque  »  Ulm  (Eselsberg,  Ixkini 
Weissenau(Mainz.  )C1  :  —  Tuchors 

Sables  de  Fontainebleau  et  (Vtt 
Argiles  de  St-Hcnri  (Rhône); 
L.  ;  Selles-sur-Cher,  L.  :  VLlIel 
Sables  marins  d'Alzey  (Mainz.i  I 
sanne  (Rocliette)  Lg.  :  Lignites  < 
(Bav.);  «  Cadibona  (Piémont)  Lf( 

Marnes  et  Calcaires  de  Ronzon^ 
de  la  Brie,  L.  ;  Lobsann  (Alsace); 
ta!) 


Gypse  de  Montmartre  i Paris);  P 
Loiret  ;  Lignites  de  la  Débmjîe 
Lautrec  (Tarn);  St-HippolytedeCi 
-»  Bem bridge.  Osborn,  Headon  « 
■B  Limonite  de  Sigmaringen:  Fi 
Heidenheim  ;  Mauremoxt  ^ 

Grès  d^  Cesseras  (Hérault);  Calcair 
Ouen,  L.  Supér.  ;  Sables  de  i 
(Paris)  M  ,  Infér.  .  «=-  Barlon  Oaj 

Calcaire   grossier  supérieur.   FI. 
d'issel  (Aude)  ;  Apgenton  «Indre): 
moy.  et  infér     M.  ;  Argiles  a  ïïfm 
Agéiens)  ;  =  Bracklesham  (Anel? 
weiler  (Alsace). 

Sables  de  Cuise  la  Motte.  FI.  M  : 
Soissonnais  ;  -»  Lower  Bagshot  : 
London  Clay 

Lignites  du  SoissonfMis^  L.  Sop« 
Plastique  (Paris),  Conglomériit  d* 
FI.  Infér.  ;  —  Oldhaven,  Woolfrid 
Beds  (Angl.)- 


TU     A..         {  Conglomérat  de    Cerna  y  (Reims» 
Thanétien     \      gables  de  Rilly  ;  L.    Supér.,  Si 


Orthrocène 
(Hase  de  i'Eocènc) 


—  ici   (Cernaysien) 


Montien 


Supér.,  Sabli 
cheux,  M.  Infér.,  Glaucome  A 
(Aisne)  ;  —  Ttianet  Sands,  M. 

Calcaire  grossier  de  Motui  (Belc  i  ^ 
de  Heers,  Marnes  de  Meadon. 


Crétacé  supérieur. 


OOMPLKXES 


RITES  DU 

:t,  Fs. 


If  G  EN 

r  Fs. 


Faunes  européennes  typiques 


Schizotherium  priscum,  Diceralherlum    minu- 
luni,  Acerathorium  lemanense.  Protapirus 


Anthracotherium.  Diceratherlum  minutum. 


Halithorium  Schinzi. 


Palppotherium  médium,  Paloplothcrium,  mi- 
nus, Ronzotherium  vclaunum.  R.  Gaudryi, 
Elotborium,  Ancodus.  Gelocus,  Cainothcrium. 
Hysenodon.  Cynodon.  Pcratherlum. 

Odurcotherium,  R.  velaunum.  Schizotherium, 
Tapirulus,  Anchilophus,  Gelocus,  Diplobune, 
qucrcyi,  Nccpolemur. 


Palaeotherium  magnum,  P.  médium,  P.  cras- 
sum,  Paloplotherium  minus.  P.  anncctens, 
Anrliilophus.  Anoplotherium,  Dipiobuno.  O- 
boclioerus,  Adapis,  Pterodon.  Cynohyaenodon. 

Lophiodon  lautricensc. 


Lophiodon   cesserasicum ,    Cesserasictus    anti- 
quus. 


Lophiodon  parisiense,  L.  isselense,  Pachynolo- 
phus  Duvulii,  P.  parvulus,  Helalctes  iniermo 
dius,      Propalacotherium,     Tx»phiodochocrus 
(Reims).  Plesiadapis. 


Lophiodon   (?  Heptodon)   de  Cuise,  Hyracothe- 
rium  Icporinum.  Coryphodon  eocaenus. 


Coryphodon  Owenii.  C.  antiiracoideus.  Palaeo- 
nictis  gigantea,  Lophiodon  Larteti. 


Protoadapis.    Plcuraspidotherium.   Adapisorex. 
Arctocyon,  Hyaenodictis,  Neoplagiauliix. 


Parallélisme  américain 
approximatif 


John  Day 


White  River 


Dinta 


Lower  Bridger 


Wind  River 


Wasatch 


Torrejon 


Puerco 


3«4 


NOTE  SUR  LES 


PHÉNOMÈNES  VOLCANIQUES  TERTIAIRES 


DE   LA 


CHAINE    D'ABSAROKA 
(Wyoming) 


par  M.  Arnold  HAOUE 


La  Chaîne  d'Absaroka  est  située  dans  l'Etat  de  Wyoming; 
elle  fait  partie  des  Montagnes  Rocheuses  et  constitue  la  limite 
orientale  du  Parc  National  du  Yellowstonc.  Cette  chaîne  mesure 
une  longueur  de  plus  de  800  milles  anglais,  et  une  largeur 
de  5o  milles,  couvrant  une  superficie  de  4^00  milles  carrés 
et  constituant  une  masse  imposante  qui  s'élève  de  11.000  à 
12.000  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Ce  massif  mon- 
tagneux est  formé  presque  exclusivement  de  roches  tertiaires 
ignées,  où  dominent  les  brèches,  les  tufs  et  autres  matériaux 
projetés,  accumulés  sur  des  épaisseurs  de  plus  de  6000  pieds. 
Ces  brèches  volcaniques  ont  été  subséquemment  pénétrées  par 
des  intrusions   de   roches  cristallines  massives. 

Le  soubassement  de  ce  massif  montagneux  est  un  ancien 
plateau  érodé,  déblayé  par  des  actions  glaciaires,  et  creusé  de 
gorges  profondes. 

L'étude  de  cette  puissante  masse  de  matériaux  bréchiforraes 
présente  divers  phénomènes  spéciaux,  intéressants  pour  la 
géologie  des  volcans,  et  développés  en  bien  peu  de  points  sur 
une    aussi     vaste    échelle.   On    constate   d'abord  cp'ils  se  sont 


A.    UAGUE  365 

déposés  en  couches  horizontales  ou  peu  inclinées,  lentement 
superposées  les  unes  sur  les  autres.  Ils  sont  sortis  de  nom- 
breux trous  et  fissures,  plutôt  que  de  grand  cônes  indivi- 
dualisés, et  les  agents  atmosphériques  les  étalaient  et  les 
nivelaient  à  mesure.  L'époque  de  leur  venue  remonte  à  TÉocène 
supérieur,  et  elle  se  poursuivit  pendant  la  plus  grande  partie 
du  Miocène  :  la  preuve  en  a  été  faite  par  la  présence  de 
couches,  riches  en  empreintes  végétales  caractéristiques,  inter- 
stratifiées à  diveis  niveaux. 

On  a  pu  distinguer  six  périodes  successives  dans  la 
masse  des  matériaux  projetés  ;  elles  attestent  l'existence,  dans 
l'histoire  géologique  de  ces  montagnes,  d'autant  de  phases 
différentes,    que   Ton  observe  dans  l'ordre   suivant  : 

Brèche  acide,  brèche  basique  et  premières  coulées  basal- 
tiques. Il  y  eut  ensuite  une  seconde  série  de  brèches  acides, 
de  brèches  basiques,  et  d(*  nouvelles  coulées  basaltiques. 
Après  la  venue  de  ces  brèches,  le  massif  fut  pénétré  de  puis- 
santes venues  de  granité,  diorite  et  porphyre,  et  de  ces  réser- 
voirs furent  émis  dans  la  masse  même  des  brèches,  toute  une 
série  de  dykes.  sills  et  apophyses  diversiformes  de  rociies 
grenues.  Au  contact  de  ces  roches,  on  constate  des  phéno- 
mènes de    contact,    profonds  et  variés. 

Des  mouvements  orogéniques  furent  développés  dans  la 
région,  lors  de  l'intrusion  des  granités  et  diorites,  qui 
déterminèrent  l'élévation  en  masse  de  la  Chaîne  d'Absaroka. 
Us  présentent  ainsi  une  grande  amplitude  et  se  rattachent 
aux  grands  mouvements  de  l'écorce  qui  eurent  pour  résultat 
le  soulèvement  de  la  Cordillère   septentrionale. 


366 


DE  L'ÉTAT  ACTUEL  DES  RECHERCHES 
SUR    LES    VOLCANS    DE    L'ITALIE    CENTR.\LE 

par  M.  V.  8ABAT1NI 

L'Italie  à  bon  droit  est  devenue  la  terre  classique  du 
volcanisme,  mais  cet  honneur  lui  vient  surtout  de  ses  vol- 
cans plus  ou  moins  actifs,  tels  que  le  Vésuve,  les  Champs 
Phlégréens,  les  lies  Eoliennes,  TEtna.  Le  titre  serait  plus 
approprié  si  Ton  se  rappelait  combien  sont  nombreuses  en  Italie 
les  régions^  volcaniques  éteintes.  Mais  dans  la  science  c'est 
comme  dans  la  vie  :  celui  qui  fait  le  plus  de  bruit  attire  le 
plus  d'attention. 

En  nous  bornant  à  l'Italie  centi'ale,  on  sait  qu'elle  comprend 
un  grand  nombre  de  volcans  éteints,  rattachés  à  plusieurs 
centres,  et  entre  eux  il  y  en  a  huit  qui  sont  de  vrais  cratères-lacs. 
Tous  ceux  qui  ont  été  à  Home  connaissent  les  beaux  cratères-lacs 
d'Albano  et  de  Nenii.  Mais  peu  de  monde  connaît  l'extension 
de  cette  région  volcanique,  qui  va  de  Monte  Amiata  à  Ceprano 
sur  îi3o  kil.  à  peu  près  de  longueur,  et  des  derniers  contre- 
forts des  Appennins  à  la  mer  Tyrrénienne  sur  60  kil.  environ 
de  largeur.  La  surface  de  celte»  région  est  par  conséquent  de 
presque  14.000  kil.   carrés. 

On  peut  distinguer  les  centres  suivants  sui*  un  alignement 
S.E.-N.\t.  : 

Ernici, 

Monti  Laziali, 
Lago  di  Bracciano, 
Monti  Cimini, 
Lago  di  Bolsena, 
Monte  Amiata 

et  sur   un  alignement  à  l'ouest  du  précédent  : 

les  Monts  de  la  Tolfa  et  du  Sasso. 

Outre  les  volcans  qui  se  l'attachent  à  ces  centres,  il  y  a 
d'autres  volcans  et  régions  volcaniques  d'extension  et  d'impor- 
tance  m:>indi'e. 

Les   Ernici  sont  des  petites  bouches   volcaniques,   pai'semées 


V.    SABATJNl  36j 

lans  les  vallées  du  Sacco  et  de  TAmaseno,  et  sur  lesquels 
non  ami  et  collègue  M.  Viola  a  publié  une  notice  très  inté- 
•essante. 

Le  volcan  Latial,  ou  Monti  Laziali,  immédiatement  au  Nord 
les  Ernici,  est  constitué  par  un  double  édifice  tel  que  celui 
lu  Vésuve.  Il  y  a  en  elïet,  un  rempart  extérieur,  une  sorte  de 
)omma  plus  embrassante,  et  un  cône  intérieur.  Le  rempart  ex  te- 
neur est  conservé  sur  les  deux  tiers  de  son  parcours,  le  reste 
'tant  démoli.  Il  a  une  base  de  20  kil.  de  diamètre,  et  commence 
i  s'élever  sur  la  Cauipagne  romaine  environnante  à  une  hauteur 
•omprise  entre  100  et  ^50  ni.  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 
yd  partie  démolie  est  tournée  à  l'ouest  et  il  n  en  reste  que 
[uelques  lambeaux.  Sur  son  ancien  parcours  sont  creusés  les 
leux  cratères-lacs  d'Albano  ou  de  Castel  GandoHb  et  de  Nemi. 
Jn  troisième  cratère,  celui  d'Ariccia,  se  trouve  au  S.-W^.  des 
leux  précédents. 

L'entonnoir  de  Castel  Gandolfo  a  une  longueur  de  4  ^îl- 
comptés  à  la  partie  supérieure),  celui  de  Nemi  en  a  3,  et 
•elui  d'Ariccia  est  un  peu  plus  petit.  Le  point  le  plus  élevé 
lu  rempart  extérieur  est  à  939  m.  Le  cône  intérieur  s'élève  à 
p6  m.   et  est  terminé  par  un  cratère  démantelé  aussi  à  Touest. 

I/ordre  de  succession  que  j'ai  essayé  d'établir  est  le  suivant  : 

1 .  —  Rempart   extérieur. 

2.  —  Cône   intérieur. 

3.  —  Cratère  de  Nemi. 

4.  —  Cratère   de   Castel    Gandolfo. 

5.  —  Cratère  d'Ariccia. 

Beaucoup  de  cônes  adventiCs  sont  disséminés  autour  du  rem- 
part extérieur  et  dans  Tatrio   qui  le   sépare  du  cône  intérieur. 

I^  siège  de  l'activité  volcanique  s'est  déplacé  successivement 
lu  volcan  principal  vers  les  points  marqués  par  les  bouches  de 
"lemi,  de  Castel  Gandolfo  et  d'Ariccia,  c'est-à-dire  vers  le  S.-W.  : 
nsuite  il  a  continué  à  se  déplacer  encore  du  même  côté,  car 
n  y  trouve  des   fumerolles  actives  près  de  la  mer. 

L'ancien  Latium,  dont  les  confins,  au  nord-ouest,  sont  marqués 
lar  le  Tibre,  est  presqu'entièrement  couvert  pan  les  déjections 
u  Volcan   Latial. 

Au  nord  de  Rome,  on  trouve  la  région  Sabatine.  Son 
entre  est  dans  le  cratère  ([ui  contient  le  lac  de  Bracciano, 
ui  a  iGo  m.  de  prol'on<leur  et  5^*^^  4^  ^^  surface.  Son  fond 
e  trouve   à   4  "ï*  au-dessus  du   niveau   de   la  mer. 


368  V1II«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUH 

A  Test,  on  trouve  le  l)eau  cratère-lac  de  Martignano  de 
2  ^^-  59  de  surface.  Et  au-delà  dans  la  même  direction  sont 
les  cratères  de  Baccano.  de  Camporciano  et  de  Scrofano.  A 
Touest  du  lac  de  Bracciano  on  trouve  la  Solforata  de  Man- 
ziana.  région  blanchie  par  des  fumerolles  presque  éteintes  et 
au-delà  les  sources  chaudes  de  Stigliano.  Tous  ces  cratères 
et  ces  émanations  sont  sur  un  même  alignement  E.-W.  et  la 
partie  qui  est  encore  un  peu  active  (sources  et  fumerolles) 
est   aussi  du   côté   de  la   mer. 

Le  volcan  Cimino  est  constitué  par  un  grand  cône  dont 
le  sommet  atteint  io53  m.  C'est  ce  qu'on  appelle  le  Monte 
Cimino  ou  Mont  de  Soriano.  On  y  voit  un  petit  cratère 
terminal  ébréché  et  un  cratère  d'un  kilomètre  de  diamètre 
sur  le  flanc  méridional.  Beaucoup  de  cônes  adventifs  entourent 
ce  volcan  à  Touest,  au  nord  et  à  Test.  La  Pallanzana,  on 
Montagne  de  Viterbc,  à  Touest,  est  le  plus  grand  et  s'élève 
à   800  m.   à  peu  près. 

A  cinq  kilomètres  au  sud  de  Monte  Cimino  on  trouve  un 
grand  cratère-lac.  celui  de  Vico.  L'entonnoir  a  7  '^"'-  sur  6.5^""  : 
le  lac  a  l'j'^^'og  de  surface.  Son  niveau  est  à  607  m.  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  sa  profondeur  est  de  49"  ^« 
Dans  rintérieur  de  Tenceinte  du  lac  se  trouve  du  côté  nord 
le  Monte  Venere  (Mont  de  Vénus),  un  cône  qui  atteint  800  m. 
à  peu  près.  On  appelle  Monti  Cimini.  l'ensemble  du  Monte 
Cimino  et  des  hauteurs  qui  entourent  le  lac  de  Vico.  Ce 
dernier  cratère  a  débuté  après  la  formation  du  Monte  Cimino 
mais  les  dernières  éruptions  de  celui-ci  couvrent  les  produit*^ 
de   l'autre. 

Encore  plus  au  nord,  se  trouve  le  centre  de  Bolsena. 
Son  cratère  principal  est  rempli  par  le  lac  de  Bolsena. 
L'entonnoir  a  14  ^^-  sur  18  '''"•  à  peu  près  ;  le  lac  en  a  11 
sur  i3.  La  surface  de  ce  dernier  est  de  114*^*^- 53;  sa  pro- 
fondeur est  de  146  m.,  son  niveau  étant  à  3o5  ra.  au-dessus 
du  niveau   de   la   mer. 

A  l'ouest  du  cratère  de  Bolsena,  c'est-à-dire  aussi  du  côté  de 
la  mer,  on  trouve  celui  de  Latera  de  11  *^'"-  sur  9  i/îi  *^n>  et  qui 
est  plus    jeune-.  On   y   voit   encore   des  fumerolles  actives 

Les  cratères  du  Volcan  Latial  et  de  Vico  montrent  un 
alignement  S.E.-N.W.,  celui  de  Bolsena  un  alignement  S.-N.  On 
peut  déduire  que  tandis  que  les  centres  éruptifs  s'alignaient 
suivant  de  grandes  fractures,  dirigées,  grosso-modo,  S.E.-N.W.. 


V.    SABATIM  369 

Tactivité  volcanique  tout  entière  se  déplaçait  successivement,  sur 
des  fractures  secondaires  et  transversales,  du  côté  ouest,  c'est-à- 
dire  du  côté  de  la  mer.  C'est  un  fait  analogue  à  celui  qui 
a  été  mis  en  évidence  dans  les  volcans  de  l'Amérique 
centrale. 

La  région  qui  nous  occupe  possède  une  riche  bibliogra- 
phie de  plus  de  4^0  notes,  rédigées  par  200  géologu(»s  à 
peu  près,  depuis  Fouvrage  de  Kircher  :  Latium,  id  est  nova 
et  parallela  Latii,  tiim  veteris,  tiim  novi  descriptio.  Ams- 
terdam,   16^1. 

Mais  malheureusement  la  plupart  de  ces  publications  appar- 
tiennent à  r époque  où  les  études  volcaniques  étaient  très 
empiriques,  et  le  microscope  n'était  pas  employé.  Beaucoup 
d'autres  de  ces  publications  sont  plus  scientifiques,  surtout 
parmi  les  plus  récentes ,  mais  elles  se  rapportent  à  des 
extensions  très   limitées. 

L'exécution  du  premier  ouvrage  d'ensemble  a  été  décidé 
par  le  Comité  de  la  carte  géologique  italienne  en  1898,  et  de 
cet  ouvrage  j'ai  eu  l'honneur  d'être  chargé.  Le  premier 
volume  sur  le  Volcan  Latial  vient  de  paraître  il  y  a  quelques 
jours. 

J'ai  trouvé  au  cours  de  ce  travail,  beaucoup  de  questions  con- 
troversées, très  ardemment  agitées.  Je  ne  ferai  que  les  indiquer. 

i)  Tandis  que  les  tufs  incohérents  ou  peu  cohérents  étaient 
rapportés  sans  discussion  à  des  pluies  de  cendres,  les  tufs 
lithoïdes  au  contraire  donnaient  lieu  à  de  longues  discussions. 
Deux  écoles  étaient  et  sont  encore  en  présence.  La  première 
école  retient  que  ces  tufs  ont  été  émis  sous  forme  de  courants 
boueux  descendant  directement  des  cratères.  J'ai  discuté  dans 
mon  «  Volcan  Latial  »  les  arguments  sur  lesquels  on  s'appuyait. 
Mais,  le  fait  qu'on  retrouve  ces  tufs,  jusqu'à  des  hauteurs  de  5oo°» 
sur  les  monts  calcaires  des  environs,  est  suffisant  pour  porter 
un  grand  coup  à  cette  théorie,  qui  a  fait  couler  des  flots 
d'encre.  Un  auteur  a  avancé  que  les  monts  calcaires  des  envi- 
rons se  sont  soulevés  après  les  éruptions  quaternaires  des  vol- 
cans romains,  mais  rien  ne  prouve  cette  affirmation,  quoique 
ailleurs  en  Italie  nous  ayons  du  quaternaire  jusqu'à  1000™  de 
haut.  La  deuxième  école  admet  plus  justement  que  ces  mômes 
tufs  lithoïdes  sont  dus  à  des  pluies  de  cendres,  empâtées  par  les 
eaux  météoriques,  et  consolidées  grâce  à  la  petitesse  et  l'altéra- 
tion des  éléments,  etc. 


24. 


3^0  Vlll''   CONGRÈS  GÉOLOGIQUB 

îi)  Deux  hypothèses  inverses  ont  encore  été  émises  relati- 
vement à  ces  tufs  romains.  Sont-ils  marins  ou  terrestres?  Les 
fossiles  marins  qu'on  y  trouve  sont  en  petit  nombre  et  plus 
nombreux  sont  les  restes  d'organismes  terrestres.  Avant  la 
découverte  do  ces  fossiles,  on  admettait  que  les  émanations 
volcaniques  dans  la  mer  quaternaire,  où  les  tufs  et  les  laves  se 
déposaient,  avaient  empêché  le  développement  *  de  la  vie.  Les 
quelques  fossiles  marins  trouvés  ensuite  furent  considérés 
comme  confirmant  cette  loi.  Les  fossiles  terrestres  trouvés 
associés,  étaient  roulés  et  provenaient  des  terres  environnantes. 
Mais  quand  les  explorations  se  multiplièrent  on  dut  admettre 
qu'il  n'en  était  point  ainsi.  Les  coquilles  marines,  toujours 
rares,  provenaient,  comme  à  la  Somma,  des  marnes  sous- 
jacentes:  les  fossiles  terrestres  et  d'eau  douce,  toujours  plus 
nombreux,  étaient  bien  en  place.  C'est  ainsi  que  les  adeptes 
de  l'école  marine  ont  fini  presque  par  disparaître.  De  vrais 
tufs  marins  existent  près  des  côtes,  et  leurs  fossiles  ont  été 
étudiés  par  M.  Meli.  Mais  les  autres  formations  volcaniques 
constituent  bien  une  série  essentiellement  continentale  et  quater 
naire,  comme  cela  a  été  démontré  par  MM.  Glerici,  De  An^lis, 
Meli,  Tuccimei,  etc.  Ils  ont  publié  des  notes  nombreuses  sur 
la  faune  et  la  llore  des  tufs  romains  et  sur  celles  des  sédi- 
ments d'eau  douce  intercalés.  Ces  sédiments  sont  des  tripolis, 
des  marnes  et  des  travertins  qui  alternent  à  maintes  reprises 
avec  les  formations   volcaniques. 

Au-dessous  des  formations  volcaniques  on  trouve  des  sables 
et  des  argiles  pliocènes  sans  éléments  éruptifs.  Le  miocène  a 
été  plusieurs  fois  signalé,  mais  jusqu'à  présent,  du  moins, 
dans  les  lieux  explorés,  il  n'a  pas  résisté  aux  attaques  les 
plus  superficielles.  Quelques  lambeaux  de  grès  et  de  caleaire 
à  Niunmulites  striata  se  montrent  dans  les  environs  de  Viterbe. 
Des  formations  plus  anciennes  (secondaires)  commencent  à 
paraître  dans  les  montagnes  qui  limitent  la  formation  volca- 
nique, c'est-à-dire,  dans  les  Lepini  et  dans  les  premiers 
contreforts  des  Appennins. 

Sur  cette  plateforme  sédimentaire,  après  un  hiatus  plus 
ou  moins  long,  l'activité  volcanique  s'est  manifestée,  à  peu 
près  <*n  même  temps  dans  tous  les  centres,  dans  toute  1* 
région.  On  peut  dire  seulement  que  les  centres  au  Xoni  à( 
Home  se  sont  éteints  un  peu  avant,  tandis  que  le  Volcan 
Latial    ait   donné    ses    dernières    manifestations,   dans  les  pre- 


V.    SABATINI  3^1 

micrs  temps  de  Rome,  et  comme  un  écho  bien  aflaibli  du  passé. 

Dans  les  laves  des  volcans  de  Fltalie  centrale,  on  constate  une 
grande  variété.  A  partir  des  rétinites  andésitiques  à  enstatite 
de  la  Tolfa  à  67,61  ^/o  de  silice,  jusqu'à  la  Venanzite  à 
41,33  de  silice,  on  rencontre  beaucoup  de  types  acides  et 
basiques. 

Les  Ernici  et  le  Volcan  Latial  oftrent  des  leucitites  pré- 
dominantes et  des  leucotéphrites  exceptionnelles.  Il  y  a  des 
leucotéph rites  à  petites  leucites,  mais  quand  ces  cristaux 
dépassent  une  certaine  limite  de  grandeur  (i  ou  a  centimètres), 
on  est  sûr  d'avoir  affaire  à  une  leucotéphrite.  Cette  loi  paraît 
jusqu'à  présent  vérifiée  aussi  dans  les  autres  centres  volca- 
niques de  la  région. 

Les  leucotéphrites  erratiques  du  Tavolato,  sur  la  voie 
Appienne,  sont  classiques.  Elles  ont  des  leucites  de  grandes 
dimensions  (i  ou  a  centimètres),  haûyne  bleue  abondante,  gre- 
nat mélanite  jaune-sombre  dans  les  deux  temps. 

Les  laves  mél il i tiques  caractérisent  la  première  période 
du  Volcan  Latial,  c'est-à-dire  les  éruptions  du  cratère  le 
plus  externe.  La  mélilite  dans  ces  roches  est  en  plages  du 
second  temps,  également  développées  dans  tous  les  sens  et 
modelant  tous  les  éléments  du  premier  temps.  Rarement  elle 
est  en  microlithes  allongés,  à  enveloppe  dentelée,  et  plus  biré- 
fringents. C(?tte  forme  je  l'ai  retrouvée  pour  la  première  fois  à 
Montecompatri  et  au  lac  de  Nemi.  Plus  tard,  elle  a  été  retrouvée 
par  moi-même  à  S.  Venanzo,  sur  la  route  d'Orvieto  à  Peru- 
gia,  dans  la  roche  que  j'ai  appelée  venanzite,  et  à  laquelle 
M.  Rosenbusch  quelques  mois  après  a  donné  le  nom  d'eukto- 
lite,  peut  être  pour  ne  pas  avoir  reçu  ma  note  préliminaire  sur 
cette  lave,  que  je  lui  avais   envoyée. 

Mais  les  microlithes  mélilitiques  de  S.  Venanzo  différaient 
de  ceux  du  Volcan  Latial,  trouvés  non-seulement  à  Monte- 
compatri et  au  lac  de  Nemi,  mais  aussi  en  d'autres  localités. 
A  S.  Venanzo,  en  eft'ct,  ces  microlithes  avaient  une  double 
enveloppe.  Le  noyau  était  négatif,  la  première  enveloppe 
isotrope,  la  deuxième  était  positive.  Et  on  sait  comment  il  est 
rare  de  trouver  de  la  mélilite  positive  dans  les  produits 
naturels. 

La  mélilite  est  souvent  très  abondante  dans  les  laves  les 
plus  anciennes  du  Volcan  Latial  ;  elle  est  fréquemment  associée 
à  la  néphéline. 


3^3  VIIl^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Les  laves  qui  se  rattachent  au  centre  de  Bracciano  sont 
comme  les  précédentes  des  leucitites  avec  des  leucotéphrites 
exceptionnelles.  Au  contraire,  les  laves  des  Cimini  et  des 
Vulsini  présentent  une  certaine  variation.  Avec  des  roches 
basiques  telles  que  Jes  précédentes,  on  y  trouve  des  types 
acides,  où  à  la  leucite  s'associent  les  feldspaths,  ou  bien  des 
roches  à  feldspaths  et  a  mica  noir.  On  doit  à  M.  H.  AVas- 
hington  des  analyses  très  intéressantes  qui  donnent  une  pre- 
mière  approximation   sur  la   composition  de  ces  laves. 

Dans  toutes  les  laves  des  volcans  à  cratères  de  l'Italie 
centrale,  où  la  leucite  est  Télément  qui  domine,  on  ne  tronve 
pas  de  verre.  Au  contraire,  dans  tous  les  tufs  de  ces  volcans 
on  trouve  une  grande  quantité  de  ponces  en  lits  intercalés 
et  comme  éléments  disséminés  dans  la  masse  des  mêmes  tufs. 
A  la  Tolfa,  il  y  a  de  la  rétinite,  mais  dans  Tétat  de  nos  reche^ 
ches  on  ne  sait  pas  si  dans  cette  région  il  s'agit  de  volcans 
à  cratères. 

Deux  phénomènes  sont  à  remarquer  dans  les  laves  da 
Latium. 

D'abord  une  altération  immédiate  de  la  lave  normale,  com- 
pacte, noirâtre,  en  un  produit  huileux  verdàtre  ou  jaunâtre 
qu'on  appelle  sperone.  On  le  trouve  dans  les  alentours  des 
cratères,  commençant  à  apparaître  à  peu  de  distance  sous 
forme  de  noyaux  dans  la  lave  normale  ;  ensuite  ces  noyaux 
scf  font  toujours  plus  abondants,  et  enfin  sur  Tenceinte  des  cra- 
tères on  trouve  souvent  toute  la  masse  lavique  transformée  en 
sperone.  Cette  transformation  est  due  au  sodium  des  fumerolles 
les  plus  actives,  c'est-à-dire  de  celles  à  chlorures  volatiles.  Ce 
sodium  agissant  sur  le  magma,  pendant  sa  consolidation,  dans 
les  points  qui  sont  traversés  par  les  gaz,  produit  des  microli- 
thés  de  pyroxène,  qui  sont  de  raugite-aegyrine,  ou  de  Taegy- 
rine,  au  lieu  d'augite.  Les  grands  cristaux  de  pyroxène,  ao 
contraire,  étant  intratelluriques,  c'est-à-dire  déjà  formés  à  la 
sortie  de  la  lave,  appartiennent  à  Taugite.  parfois  bordée 
d'une  couche  de  pyroxène  sodique.  Dans  d'autres  cas.  c'est  le 
nucleus  de  ces  grands  cristaux  qui  est  sodique.  On  voit  que 
pour  ces  grands  cristaux  il  s'agit  d'une  altération  immédiate 
sur  la  masse  qui  est  déjà  formée.  Le  passage  de  la  roche 
normale,  noirAtre.  compacte  à  la  roche  poreuse,  est  graduel.  On 
le  voit  bien  dans  les  noyaux.  On  passe  par  une  couleur 
verdàtre    jusqu'à    la     couleur    jaune-miel   typique.    Quand  ces 


V.    SABATINI  373 

noyaux  sont  petits,  on  observe  seulement  la  couleur  verte. 
Le  microscope  montre  les  mêmes  passages  dans  la  couleur 
des  microlithes  de  pyroxène,  qu'entre  les  enveloppes  et  les  parties 
centrales  des  grands  cristaux  de  la  môme  substance.  Corréla- 
tivement l'angle  d'extinction  s'accentue  graduellement,  de  celui 
de   Taugite  (45^),  à  celui   de   Taegyrine  (85»). 

Le  grenat  jaune  paraît  quelquefois  dans  le  second  temps 
de  cette  altération.  Le  mica  aussi  s'y  développe  en  lamelles 
plus  étendues.  La  magnétite  se  concentre  en  un  petit  nombre 
de  grains  plus  gros,  avec  diminution  du  nombre  des  individus, 
la  néphéline  et  la  mélilite   disparaissent  presque. 

L'autre  phénomène  consiste  en  une  altération  médiate,  c'est 
la  leucite  qui  se  transforme  en  feldspath.  On  y  trouve  toute 
une  série  des  feldspaths  calco-sodiques.  Souvent  des  groupes 
de  leucites  sont  transformés  de  façon  à  paraître  des  fragments 
d'un  feldspath  unique.  On  y  voit  les  clivages,  les  mâcles  et 
même  l'extinction  ondulée  se  poui'suivre  d'une  ancienne  leucite 
à   l'autre. 

Les  coulées  de  ces  volcans  atteignent  souvent  10  km.  de 
longueur,  sur  2-3  km.  de  largeur  maxima.  L'épaisseur  de  ces 
laves  arrive  à  6-7-8  mètres,  quelquefois  à  12-1 5  et  jusqu'à 
20  m.,   comme   près  de  Bagnorea. 

Les  tufs  lithoïdes  arrivent  à  des  épaisseurs  de  beaucoup 
plus  grandes.  Les  vallées  de  Civita  Castellana  et  de  Barbarano 
montrent  des  ravins  de  5o-6o  m.  de  profondeur  complètement 
creusés  dans  ces  tufs. 

Le  tuf  lithoïde  au  sud  de  Rome  est  coloré  en  jaune,  très 
altéré,  très  ponceux.  Les  petites  ponces  y  sont  d'un  jaune 
plus  clair  que  la  masse  environnante.  Le  tuf  lithoïde  au  nord 
de  Rome  est  tout  différent.  Jaune  aussi,  il  est  plein  de 
grandes  scories  noires  ou  noirâtres,  très  altérées,  dans  lesquelles 
parfois  on  voit  quelques  leucites  blanches. 

La  structure  columnaire  apparaît  souvent  dans  les  laves 
romaines,  mais  rarement  elle  atteint  une  grande  régularité 
comme  dans  les  piètre  lanciate  de  Bolsena,  dans  la  falaise  vis- 
à-vis  du  Vetriolo  près  de  Bagnorea,  et  surtout  dans  le  torrent 
de  Romealla,  près  (Pastel  Giorgio.  C'est  la  structure  sphéroï- 
dale,  qui,  au  contraire,  est  très  fréquente.  Souvent  on  voit  un 
nucleus  de  i  m.  et  jusqu'à  2°a5o  de  lave  intacte,  dure,  à  enve- 
loppes nombreuses  presque  foliacées  de  lave  très  altérée.  Par- 
fois ces  enveloppes  sont  peroxydées  et  jaunies.  Dans  cette  alté- 


3^4  ^^n*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

ration,  il  y  a  tous  les  passages  jusqu'à  une  terre  jaunâtre, 
d'aspect  tuffacé,  et  dans  lequel  sont  parsemés  des  blocs  de 
lave  intacte,  les  nucleus.  On  dirait  des  blocs  erratiques,  si 
Ton  n'avait  pas  suivi  tous  les  passages  sur  les  parties  inter- 
calées et  altérées  en  terre  jaunâtre.  Après  avoir  constaté  ces 
passages,  à  Theure  qu'il  est,  je  ne  peux  pas  me  prononcer  si 
les  blocs  nombreux  parsemés  sur  les  flancs  du  Monte  Cimino 
représentent  des  coulées  discontinues,  ou  bien  des  coulées  ordi- 
naires altérées  comme  je  viens  de  le  dire.  Les  blocs  de  20-3o 
mètres  cubes  au  Mont  Cimino  sont  très  fréquents. 

Deux  écoles  ont  été  en  présence  à  propos  des  plus  grands 
lacs  romains.  Les  entonnoirs  de  Castel  Gandolfo,  de  Nenii. 
de  Bracciano  et  de  Bolsena,  sont-ils  de  vrais  cratères  ou  des 
effondrements?  On  a  discuté  moins  pour  les  deux  premiers 
que  pour  les  deux  autres.  On  voulait  y  voir  des  sortes  de 
dolines  volcaniques,  produites  par  les  cavités  souterraines  lais- 
sées par  les   immenses  déjections   venues  au  jour. 

Ponzi  et  d'autres,  qui  travaillaient  avec  beaucoup  de  bon 
sens,  admettaient  qu'il  s'agit  de  vrais  cratères  plus  ou  moins 
éboulés.  Mais  bientôt  vint  la  mode  de  renvei'ser  tout  ce  qu'ils 
avaient  fait.  Les  idées  les  plus  simples  furent  repoussées  : 
on  chercha  le  dilficile.  La  théorie  des  effondrements  fut 
adoptée  par  Vom  Rath  ;  mais  avec  beaucoup  de  circonspec- 
tion. Ses  disciples  dépassèrent  le  maître  ;  on  ne  s'occupa  pas 
de  voir  si  sur  la  terre  on  trouve  d'autres  exemples  sûrs  de  ces 
dolines  volcaniques  récentes  :  On  ne  voyait  pas  de  rempart 
cratérique,  ça   sullisait  pour  admettre  l'effondrement. 

J'ai  calculé  que  les  matériaux  issus  du  Volcan  Latial  ont 
un  volume  de  200  km.  cubes,  c'est-à-dire  qu'il  a  vomi  en  une 
longue  série  d'éruptions,  et  à  peu  de  chose  près,  la  même 
quantité  de  matériaux  que  le  Tambora  a  rejeté  en  une  seule 
fois  en  i8i5.  Les  entonnoirs  de  Castel  Gandolfo,  de  Nemi  el 
d'Ariccia,  de  moins  de  3  km.  cubes,  seraient  la  conséquence 
d'un  vide   de  200   km.  cubes.  C'est   absurde. 

L'étude  que  j'ai  poursuivie  depuis  quelques  années  dans  les 
environs  du  lac  de  Bolsena  a  élucidé  la  question.  Dans  le 
cratère  de  Latera,  accolé  au  pourtour  du  lac,  on  voit  quatre  cra- 
tères emboîtés,  à  peu  près  concentriques.  Dans  le  pourtour  du 
lac  de  Bolsena,  c'est  un  phénomène  de  même  nature,  avec 
cette  différence,  qu'ici  les  cratères  emboîtés  sont  plus  nom- 
breux. 


V.    SABATINI  3^5 

Tonte  une  série  de  vallées  concentriques  et  parallèles  aux 
bords  du  lac  se  trouvent  au  nord,  à  l'est  et  au  sud.  Ces 
vallées  sont  souvent  accompagnées  de  terrasses,  à  petit  rebord 
du  côté  du  lac  et  à  flanc  très  rapide  et  relevé  du  côté  opposé. 
Dans  la  formation  de  ces  terrasses  on  doit  faire  intervenir 
Faction  des  alluvions  :  mais  le  phénomène  de  cette  disposition 
régulière  doit  être  d'origine  volcanique.  L'érosion  ne  pourrait 
pas  en  eftet  atteindre  cette  grande  régularité.  11  est  à  remar- 
quer que  les  torrents  principaux  ne  suivent  pas  ces  vallées, 
mais  ils  les  traversent  ayant  une  disposition  radiale  par  rap- 
port au  lac.  Les  flancs  de  ces  vallées  représentent  par  consé- 
quent des  fragments  de  remparts  cratériques.  Quand  Taxe 
éruptif  se  déplaçait  d'un  côté,  il  détruisait  les  cratères  pré- 
cédents de  ce  même  côté  et  les  déjections  nouvelles  allaient 
remplir  les  atrios  compris  entre  les  remparts  plus  éloignés. 
Les  eaux  achevaient  de  sculpter  les  terrasses. 

A  l'ouest  du  lac  de  Bolséna  on  ne  trouve  plus  ce  phéno- 
mène, car  on  y  voit  creusé  le  grand  cratère  de  Latera,  qui 
a  détruit  tous  les  édifices  précédents,  en  en  constituant 
plusieurs  autres  concentriques.  Ils  sont  plus  complets  parce 
qu'ils  sont  plus  jeunes.  On  constate  moins  de  déplacement  de 
la  cheminée,  moins  d'éruptions,  moins  de  destruction  météo- 
rique, et  cela  permet  de  reconnaître  mieux  l'origine  du  der- 
nier creusement,  car  les  parties  de  l'édifice  volcanique  ont  été 
plus  conservées.  On  a  à  Latera  la  clef  de  la  formation  de  la 
dépression  de  Bolsena.  La  cavité  du  lac  est,  en  effet,  la 
résultante  de  tous  les  cratères  emboîtés  (crateri  a  sfoglié) 
qui  se  sont   formés   autour   de  son  emplacement  actuel. 

L'érosion  dans  cette  région  fait  des  progrès  très  rapides. 
Je  veux  rappeler  un  fait,  quoique  il  aflecte  principalement 
les  terrains  sédimentaires   de  la  même  région. 

Près  Bagnorea,  existe  une  vallée,  le  Cavon  grande  (la 
Grande  cavité).  L'érosion  a  enlevé  d'abord  les  laves  et  les 
tufs  de  la  surface,  puis  a  creusé  le  ravin  dans  les  argiles 
pliocènes  sous-jacentes  ;  les  éboulements  sont  alors  devenus 
très  fréquents,  comme  il  arrive  dans  toutes  les  régions  sem- 
blables des  environs.  C'est  ainsi  que  des  chenaux  très  étroits 
sont  restés  ouverts  dans  le  tuf  et  l'argile,  ou  seulement  dans 
l'argile.  Parfois  ces  chenaux  sont  réduits  à  une  largeur  de 
quelques  décimètres  en  haut,  ayant  la  longueur  de  plusieurs 
centaines   de   mètres.    11    y    en  a   d'autres   moins   réduits    dans 


3^6  VUl^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

leur  épaisseur  et  leur  longueur,  et  parfois  de  petites  villes  y 
ont  été  bâties.  Presque  tous  les  ans  des  éboulements  en 
réduisent  remplacement,  et  par  conséquent,  ces  villes  sont  con- 
damnées à  disparaître.  La  cause  du  phénomène  est  très 
simple.  Les  eaux  érodent  continuellement  l'argile  en  dessous, 
et  le  tuf  supérieur  manquant  de  base  doit  s*éboaler,  laissant 
des  falaises-  verticales.  Les  eaux  peuvent  aussi  accélérer  la 
destruction  en  filtrant  à  travers  le  tuf,  et  en  ramollissant  Fargile 
inférieure.  Dans  ce  cas,  des  éboulements  par  glissements  peu- 
vent se  produire.  Ce  phénomène  est  plus  rare,  mais  affecte 
des  parties  beaucoup  plus  étendues.  Les  éboulements  ordinai- 
res du  tuf  enlèvent  lo,  ao,  3o.ooo  tonnes  à  la  fois.  Le  Dôme 
d'Orvieto,  Tun  des  plus  beaux  monuments  du  monde,  est 
placé  dans  Tune  de  ces  villes,  et  le  jour  de  sa  destruction 
arrivera,   si  Ton  ne  sait  le  transporter  ailleurs. 

Mais  revenons  au  Capon  grande.  Cette  vallée  est  creusée 
dans  une  argile  bleue  sableuse,  d'âge  pliocène,  et  présente  un 
phénomène  connu,  mais  qui  n'atteint  en  aucune  localité  la 
même  beauté.  A  ce  phénomène  j'ai  donné  le  nom  de  vallées 
à  coulisses. 

En  effet,  on  voit  toute  une  série  de  coulisses  qui,  en  s'éle- 
vant  de  plusieurs  mètres  sur  l'argile  environnante,  font  le  tour, 
souvent  complet,  des  flancs  et  du  fond  de  la  vallée.  Ces  cou- 
lisses sont  ouvertes  dans  l'argile,  et  leur  existence  est  due 
probablement  à  ce  que  des  strates  parallèles  et  normales  -à  la 
vallée  avaient  une  consistance  un  peu  plus  grande  que  ïargile 
interposée.  Aussi  l'érosion  les  a-t-elle  respectées  plus  que  le 
reste. 


^7 


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ESSAI 
D'UNE   CLASSIFICATION   GENERALE 

DES  ROCHES 


par  M.  Federleo  SACCO 


En  cherchant  à  classer  les  productions  de  la  nature,  une 
des  plus  grandes  diflicultés  rencontrées  a  toujours  été  la  clas- 
sification des  roches;  il  ne  s*agit  pas,  en  effet,  dans  ce  cas, 
d'unités  bien  définies  et  peu  variables,  comme  les  espèces  bio- 
logiques ou  les  entités  chimiques  et  cristallines  des  minéraux, 
mais  au  contraire  d'associations  très  variables  de  minéraux 
différents,  présentant  entre  elles  une  infinité  de  passages,  non 
seulement  dans  la  constitution,  mais  dans  la  structure,  Tàge, 
le  mode  d'origine,   etc. 

Nous  voyons  ainsi  que  les  diflerents  auteurs,  d'après  leurs 
tendances  individuelles  et  leurs  différents  points  de  vue,  se 
sont  fondés  pour  établir  leur  classification  des  roches,  tantôt 
sur  la  structure,  tantôt  sur  le  mode  de  formation,  ou  bien  sur 
l'âge,  ou  sur  la  constitution  minéralogique,  ou  sur  le  degré 
d'acidité,   etc. 

Je  crois,  avant  tout,  en  raison  de  la  grande  variabilité  des 
roches  et  l'infinité  de  passages  qui  existent  entre  elles,  qu'on 
doit  dans  leur  classification,  se  limiter  à  distinguer  des  groupes 
ou  familles  principales  (dont  nous  pourrons  ensuite  étudier  les 
variations,   les  transformations,  etc.). 

Le  caractère  fondamental  d'une  classification  lithologique 
doit  être,  ce  me  semble,  la  composition  chimique  ;  ce  caractère 
est  plus  que  tout  autre,  en  relation  avec  les  conditions  origi- 
naires essentielles  de  formation  des  roches,  et  il  nous  porte  à 
des  groupements  assez  naturels,  indépendants,  ou  presque,  dç 


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p.  sAcco  3^9 

la  forme  minéralogique  qu'ont  pu  aflecter  les  éléments  chimi- 
ques. Par  conséquent,  la  composition  minéralogique  n'étant 
qu'une  fonction  secondaire  de  la  composition  chimique,  je  croîs 
qu'il  y  a  lieu  dans  les  classifications  lithologiques  d'en  tenir 
moins  compte  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici,  ou  même  seulement 
Tutiliser  dans  les  subdivisions  secondaires  des  diflerents  groupes. 
Quant  à  la  structure  et  au  mode  de  formation,  j'estime  qu'en 
raison  de  la  variabilité  de  la  première  dans  une  même  roche 
et  de  l'incertitude  d'interprétation  du  second,  ces  caractères  ne 
peuvent  être  utilisés  comme  bases  d'une  classification  générale. 
Plus  important  me  semble  le  caractère  tiré  de  l'âge,  qui  bien 
que  quelquefois  douteux  et  variable,  se  présente  dans  l'ensemble 
assez  constant  et  reconnaissable,  et  qui  a  en  outre  un  grand 
intérêt  pour  la  Géologie,  dont  la  Lithologie  est  une  partie 
intégrante. 

Ces  considérations  m'ont  amené  depuis  quelques  années  à 
proposer  pour  mou  cours  de  Géologie  à  l'Ecole  des  Ingénieurs 
de  Turin,  une  classification  lithologique  basée  sur  les  carac- 
tères chimiques  des  roches  ;  je  tiens  aussi  compte,  à  titre  subor- 
donné, de  l'âge  des  différentes  roches  et  fais  un  groupe  tout  à 
fait  séparé  des  roches  élastiques,  bien  que  celles-ci,  en  vertu 
du  phénomène  de  la  circulation  des  éléments  des  roches, 
reviennent  naturellement  aux   premières. 

Cette  classification  générale  me  semblant  naturelle,  simple 
et  claire,  du  moins  au  point  de  vue  didactique,  je  me  permets 
de   la   soumettre  au  jugement  de  cette  illustre   assemblée. 


38o 

SUR  LES  GLACIERS 

ET  LA  GÉOLOGIE  DES  TERRES  DECOUVERTES  PAR 

L'EXPÉDITION  ANTARCTIQUE  BELGE 

ET   SUR   LES   GLACES    DU    POLE   SUD 

(Coinmanication.  accompagnée  de  projection^  iuinineu!>es,  faite  à  la  Séance  du  Jeudi  iZ  auùt) 

par  M.  Henrrk  ARÇTOWS&I 

M.  Henryk  Ar<;towski,  membre  du  personnel  scientifique 
de  r Expédition  Antarctique  Belge,  fit  à  la  Séance  du  Jeudi  a3 
Août,  une  conférence  accompagnée  de  projections  lumineuses 
sur  les  résultats  de  cette  expédition  ;  il  exposa  et  discuta  suc- 
cessivement devant  le  Congrès,  les  questions  ci-dessous. 

Le  continent  antarctique,  à  propos  de  Thypothèse  de  Lotrthian 
Green  sur  la  forme  tétraédrique  de  la  terre.  Prolongement  pro- 
bable de  la  chaîne  des  Andes  vers  TE.,  sous  forme  de  dos  sous- 
marin,  dont  Tîle  des  Etats,  le  banc  de  Burdwood,  les  Shag  Rocks, 
la  Géorgie  méridionale,  le  groupe  des  Sandwich  et  celui  des 
Orkneys  ne  sont  que  des  proéminences.  Analogie  entre  les  terres 
situées  au  sud  du  Cap  Horn  et  l'extrémité  méridionale  de  TAmé- 
rique  du  Sud.  —  Résultats  des  sondages  effectués  suivant  une 
ligne  dirigée  N.  S.  depuis  Tlle  des  États  jusqu'aux  Shetlands 
méridionales.  Coupe  transversale  du  Grand  Canal  Antarctique  qui 
sépare  l'Amérique  des  tenues  australes.  Grandes  profondeurs,  au 
pied  de  la  chaîne  des  Andes.  —  Aspect  des  tronçons  d'une  grande 
chaîne  de  montagnes  qui  forme  la  partie  ouest  de  la  Terre  de 
Graham  et   la   région  des  terres  découvertes  par  l'Expédition. 

Nature  des  échantillons  géologiques  recueillis  aux  20  débar- 
quements effectués.  Les  roches  erratiques.  —  Morphologie  des 
terres  et  études  des  glaciers.  Diflerence  notable  entre  les  gla- 
ciers antarctiques,  les  glaciers  alpestres  et  ceux  du  Groenland. 

L'hypothèse  de  Croll  :  une  grande  «  calotte  de  glace  » 
recouvrant  tout  Fensemble  des  terres  du  pôle  sud.  l^s 
icebergs  antarctiques.  Leur  formation  et  les  différents  aspects 
qu'ils  présentent.  Les  grands  icebergs  tabulaires  sont  d'origine 
continentale.  Erreur  de  Heim  qui  suppose  qu'ils  sont  formés 
de  glace  de  mer.  —  Etude  de  la  glace  de  mer.  Les  mouve- 
ments de  la  banquise  antarctique,  les  pressions  et  le  mode  de 
formation  des  hummocks  de  glace.  La  neige  chassée  à  la 
surface  des  champs  de  glace  :  kymatologie  de  la  neige.  —  La 
géologie  sous-marine  :  sédiments  et  blocs  errati<|ae8. 


38i 


SUR  LE  MODE  D'EXPRESSION 

ET    DE    REPRÉSENTATION    DE    LA    DIRECTION 

ET  DE  L'INCLINAISON  DES  COUCHES 

par  M.  0.  TORW£R« 


«  Simplifier  une  science  c'est  la  rendre  plus  utile  »,  disait 
Napoléon  I®*".  Aussi  croyons-nous  ne  pas  devoir  négliger  les 
côtés  simples  des  questions,  et  pouvoir  afiirmer  la  nécessité  de 
simplifier,  d'uniformiser  la  technique,  à  mesure  des  progrès 
de  la  science,  pour  la  rendre  plus  accessible.  Nous  voudrions 
apporter  un  peu  plus  de  netteté  dans  un  sujet  peu  complexe, 
d'ailleurs. 

Il  a  trait  aux  moyens  d'exprimer  la  direction  et  l'incli- 
naison des  couches.  Ces  données  sont  actuellement  fournies 
des  façons  les  plus  diverses  et  les  plus  arbitraires,  ainsi  on 
voit  dans  des  mémoires  très  récents  :  «  Les  couches  sont 
dirigées  W.  3oo  N.  à  E.  So®  S.,  et  inclinent  de  aoo  vers  N. 
3o«  E.  ». 

Je  propose  que  l'on  n'indique  plus  dorénavant  que  l'incli- 
naison, et  non  la  direction  des  couches,  et  que  l'on  exprime 
de  plus  cette  donnée  en  degrés  de  la  circonférence  de  o  à  36o* 
suivant  une  forme  fractionnaire  dont  le  dénominateur  indi- 
querait le  sens  de  l'inclinaison,  et  le  numérateur  la  valeur.  Je 
propose    en    outre    que    la    représentation    graphique    de  cette 

donnée,  au  lieu  d'être  indiquée  par  le   signe  suivant     _! assez 

répandu,   soit    figurée  par  un  angle  à  côtés  inégaux    ^^ 

dont  le  plus  long  côté  correspondrait  sur  les  cartes  à  la 
direction  des  couches,  et  le  sommet  au  point  d'observation. 
11    serait    ainsi    aisé    de   comprendre    tant    sur    la    carte    que 

20" 
dans  le  texte,  le  sens  des  formules  suivantes ^=^  -0 — 

La  position  et  les  grandeurs  des  deux  côtés  inégaux  de 
l'angle  aideront  à  se  rappeler  la  position  respective  des 
données  placées  conventionnellement  en  numérateur  et  en 
dénominateur. 


38a  vui<>  CONGRÈS  géologique 

Quand  on  n'a  point  de  mesure  précise  à   indiquer,  on  peut 

roide 
noter  comme  suit  les  approximations  obtenues  ^^ 

Cette  méthode  se  recommande,  en  ce  qu'elle  est  inGniment 
plus  brève  et  plus  précise,  que  celles  antérieurement  employées. 
On  peut  l'appliquer  à  tous  les  cas,  et  représenter    même    les 

couches  horizontales  ^^     — ,  comme  aussi  les   couches 

OD 

verticales,    pour   lesquelles  il   y  aura  toujours    indécision,  sur 
le   sens  du  pendage,   ^^   -^ —   ou  ^-^ 


3o°  QIO" 

Il  importerait  de  rapporter  ces  chiffres  au  méridien  géogra- 
phique, car  si  on  préférait  les  rapporter  au  méridien  magnétique, 
on    serait    forcé    de    faire   suivre    l'indication    de    la  date   de 

QO' 

l'obsei-vation.  ^    -^r —     i5/5  looo. 

3oo 

Il  est  évident  que  la  direction  se  déduit  directement  de  l'incli- 
naison, en  ajoutant  ou  retranchant  90®.  ou  plutôt  (100  —  10) 
pour  faciliter  le   calcul   mental. 

D'une  manière  générale,  on  déduira  la  direction,  de  Tin- 
clinaison,  en  ajoutant  ou  retranchant  (100  —  10)  du  chiflfre  de 
Tinclinaison,  quand  celui-ci  se  trouve  dans  les  2«  ou  3« 
quadrants  de  la  boussole,  en  ajoutant  (100  —  10)  quand 
il  se  trouve  dans  le  i^^  quadrant,  et  en  retranchant  (100  —  10) 
quand  il   se  trouve   dans  le  4®  quadrant. 


383 


SUR 
LES  EAUX  SALINES 
DES   NAPPES    AQUIFÈRES 
DU   NORD  DE   LA   FRANCE 

par  M.  «OSSELET 


La  composition  chimique  des  eaux  que  Ton  puise  dans  le 
sol  a  une  grande  importance  industrielle,  car  certaines  eaux- 
doivent  à  leur  composition  de  ne  pouvoir  être  employées  dans 
telle  ou  telle  industrie.  Ainsi  les  eaux  alcalines,  qui  arrêtent 
la  fermentation,  ne  peuvent  pas  être  utilisées  par  les  brasseurs. 
On  peut  généralement  prévoir  la  composition  d'une  eau  d'après 
la  nature  lithologique  des  couches  qui  contiennent  la  nappe 
aquifère.  Ainsi  Ton  sait  que  la  craie  fournit  des  eaux  calcaires 
et  que  le  gypse  produit  des  eaux  séléniteuses. 

Mais  il  se  peut  que  Teau  soit  chargée  de  matières  salines, 
qui  ne  paraissent  pas  en  rapport  avec  les  roches  qu  elles  tra- 
versent, c'est  le  cas  pour  les  eaux  salines  que  Ton  rencontre 
dans  les  sondages  profonds  du  Nord  de  la  France. 

Beaucoup  de  ces  forages  donnent  de  Teau  sodique,  que  la 
soude  y  soit  à  l'état  de  chlorure  ou  de  carbonate.  Cependant 
tous  ces  forages  ne  traversent  que  du  calcaire,  de  la  craie  et  des 
sables  qui  ne   contiennent  pas  de  soude. 

La  présence  de  la  soude  parait  dépendre  de  la  profondeur 
d'où  vient  l'eau,  mais  pas  d'une  manière  absolue»  car  de  deux 
forages  voisins  et  également  profonds,  Tun  fournit  de  la  soude 
et  l'autre  n'en  produit  pas.  Cependant,  c'est  toujours  une  pen- 
sée qu'un  industriel  doit  avoir  présente  à  l'esprit,  quand  il 
entreprend  un  forage.  En  l'approfondissant  il  peut  craindre 
d'atteindre  de  l'eau  sodique. 

L'origine  de  la  soude  est  un  important  problème  géologique 


384  ^^11'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

et  industriel   pour  lequel  on  est  jusqu'à    présent    réduit  à  des 
hypothèses. 

i**  La  plus  simple  serait  de  faire  appel  à  un  dépôt  salifere 
triasique  qui  serait  situé  dans  le  voisinage.  Mais  les  nom- 
breux forages  qui  ont  été  faits  presque  partout  dans  la  région 
du  Nord  n'ont  jamais  rencontré  ce  terrain.  S'il  existe  des  dépôts 
de  cette  nature  dans  le  centre  du  bassin  de  Paris,  ils  sont  à 
une  grande  profondeur  et  on  ne  peut  pas  supposer  qu'il  y 
ait  communication  de  leurs  eaux   avec  celles  du  Nord. 

*i^  On  s'est  demandé  aussi  si  la  soude  ne  provenait  pas 
du  filtrage  des  eaux  de  pluie  à  travers  les  couches  supé- 
rieures. Mais  les  roches  que  l'on  rencontre  dans  le  Nord, 
au-dessus  des  nappes  aquifères  salifères,  ne  contiennent  pas 
de  soude.  Elles  renferment  peut-être  un  peu  de  feldspath 
altéré  ;  à  la  rigueur  on  pourrait  y  trouver  de  la  potasse, 
mais   pas  de  soude. 

3®  On  a  aussi  envisagé  l'hypothèse  de  restes  d'anciennes 
mers  géologiques  ayant  imprégné  soit  des  sédiments  contem- 
porains, soit  des  couches  plus  anciennes,  qu'elles  seraient 
venu  recouvrir.  Par  suite  de  l'absence  de  circulation  de  l'eau 
dans  les  couches  profondes,  les  sels  sodiques  y  seraient 
conservés  à  l'état  de  dissolution  ou  mieux  de  cristallisation  dans 
les  pores  de  la   roche. 

4<*  Enfin  on  a  émis  l'idée  que  ces  eaux  alcalines  proviennent 
de  la  mer  actuelle,  qu'elles  pénètrent  sous  l'influence  de  la 
pression,  dans  les  couches  perméables  qui  aflleurent  au  fond 
des  mers  et  se  propagent  ensuite  peu  à  peu  dans  la  nappe 
aquifère. 

Ces  deux  dernières  hypothèses,  tout  en  soulevant  des  objec- 
tions sérieuses,  paraissent  les  plus  probables. 

Il  serait  à  désirer  que  les  observations  se  multipliassent 
pour  éclaircir  une  question  aussi  importante  au  point  de  vue 
de   la  science  pure,  que  de   la  géologie  pratique. 

Le  problème  des  eaux  alcalines  des  forages  ne  peut  pas 
être  séparé  de  celui  des  eaux  alcalines  du  terrain  houiller. 
Depuis  longtemps  on  a  constaté  que  les  eaux  qui  sortent  des 
couches  houillères  du  Nord  de  la  France  et  de  la  Belgique 
sont  salées.  Elles  contiennent  de  la  soude  à  l'état  de  chlorure, 
de  carbonate   ou  de   sulfate. 


GOSSELET  585 

Le  chlorure  de  sodium  caractérise  les  eaux  propres  des 
terrains    houillers.  restées  indemnes  de  tout  mélange. 

Le  carbonate  de  soude  indique  un  mélange  de  ces  eaux 
avec  les  eaux  superficielles  qui  ont  traversé  la  craie  et  s'y 
sont   chargées  de  carbonate  de  soude. 

Quant  aux  eaux  'qui  contiennent  du  sulfate  de  soude,  on 
peut  les  expliquer  par  la  présence  à  la  base  de  l'étage 
Westphalien  d'une  assise  de  schistes  pyriteux  qui  ont  été 
exploités  aux  environs  de  Liège  pour  la  fabrication  de  Talun. 
Plusieurs  sources  qui  proviennent  de  ce  niveau  fournissent 
des  eaux  sulfureuses,  telles  que  celles  de  Saint-Amand  et  de 
Meurchin.  Par  conséquent  les  eaux  sulfatées  indiqueraient 
que  l'on  approche  de  la  base  du  terrain  houiller  exploitable, 
des  bancs  calcaires  qui  se  trouvent  à  la  partie  supérieure  des 
schistes  alunifères  ou  intercalés  dans  ces  schistes.  Or,  ces 
calcaires  plus  ou  moins  fendillés  contiennent  des  quantités 
d'eau  considérables.  Les  ingénieurs  ont  donc  intérêt  à  les 
éviter  et  même  à  n'en  pas  approcher.  Aussi  M.  Lafitte, 
ingénieur-directeur  des  travaux  du  fond  aux  mines  de  Lens, 
a  engagé  ses  collègues  à  veiller  lorsqu'ils  constateraient  que 
les   eaux  qui  sortent  des  roches  houillères  deviennent  sulfatées. 

Il  est  très  probable  que  l'origine  de  la  soude  dans  le 
terrain  houiller  est  la  même  que  celle  des  sondages.  On  ne 
peut  cependant  admettre  que  ce  serait  la  salure  naturelle  du 
terrain  houiller  qui  déterminerait  celle  des  eaux  de  forages, 
car  on  trouve  des  forages  alcalins  bien  en  dehors  du  bassin 
houiller  et  dans  des  points  où  les  eaux  de  ce  bassin  ne 
peuvent  parvenir. 


Ï5. 


386 


SUK   LA  CLASSIFICATION    DES  TERHALNS  TERTL\IRES 

DE  L'AQUITAINE 

par    M.     V.    RAULIK 

Entre  le  Plateau  Central  au  N.-E.  et  les  Pyrénées  au  S., 
formés  tous  deux  par  le  teiTain  primitif,  se  trouve  une  vaste 
plaine,  l'Aquitaine,  comprenant  les  bassins  de  la  Charente,  de 
la  Gironde  et  de  TAdour. 

Les  terrains  primaires,  secondaires  et  éocène  qui  y  ont  été 
dé])osés,  entrent  dans  la  composition  des  Pyrénées  :  mais  ils 
constituent  au  devant  du  Plateau  Central,  une  terrasse  dans 
laquelle,  à  l'exception  des  terrains  primaires,  ils  ne  sont  pas 
fortement  accidentés.  Les  terrains  miocène  et  pliocène,  qui  uni 
achevé  le  remplissante,  n'ont  guère  été  qu'émergés.  Les  terrains 
tertiaires  presque  tous  marins  dans  la  partie  occidentale,  sont 
mixtes  dans  la  partie  moyenne,  sur  le  méridien  d' Agen,  et  tous 
lacustres  dans  la  partie  orientale,  excepté  sur  les  pentes  pyré- 
néennes. 

Deux  travaux  d'ensemble  avaient  été  donnés  :  en  i8a4,  P*"* 
Ami  Boue,  qui  avait  reconnu  cinq  assises,  et  en  i834.  V^^ 
Dufrénoy,  qui  en  avait  établi  six,  réparties  dans  les  étages 
inférieur  (éocène),  moyen  (miocène)  et  supérieur  (pliocène). 
En  1849,  ^pi'^''  deux  années  de  professorat  à  Bordeaux  et  de 
nombreuses  excursions  dans  les  bassins  de  la  Charente  et  de  la 
Gironde,  j'avais  cru  devoir  en  établir  dix,  ce  qui  m'attira  une 
vive  critique  de  mon  collègue  Leymerie  à  Toulouse.  Dans  le 
demi-siècle  qui  a  suivi,  de  nondjreuses  études  de  détail  par 
divers  géologues  et  par  moi-même,  en  ont  encore  augmenté  le 
nombre,  et  apporté  des  modifications  à  mon  Essai,  tant  pour 
la  com[)osition  et  la  distribution  géographique  des  différentes 
assises,   que  pour  leur  assimilation  à  celles  du  bassin  de  Paris. 

Dans  le  tableau  suivant,  qui  résume  mes  vues  actuelles  sur 
le  bassin  tertiaire  du  Sud-Ouest  de  la  France,  j'ai  conservé 
aux  assises  les  dénominations  que  je  leur  avais  précédemment 
donnj'cs,  comme  aussi  celles  que  j'avais  adoptées  pour  les  dif- 
fércut<*s  assises  du  bassin  parisien  dans  la  légende  de  ma 
Carte  ^éogiwstlqav  du  plateau  tertiaire  parisien,  iS^fi  (Les 
nouvelles  dénominations  sont  indiquées  entre  parenthèses). 


EOGÈÏCB 

NéoqSne 

^ 

iLocéne 

Miocenii 

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388 


L'ENSEIGNEMENT  DE  LA  GÉOLOGIE  PRATIQUE 


par  M.  L.  DE  LAIIMY 


L'utilité  pratique  de  la  géologie  et  la  nécessité  d'en  vulga- 
riser les  connaissances  dans  le  public  ne  sont  pas  à  démon- 
trer ici  ;  mais  il  me  semble  que,  si  la  géologie  ne  tient  pas  dans 
renseignement  général  la  place  à  laquelle  elle  a  droit,  si  elle  reste 
à  peu  près  complètement  ignorée  même  des  hommes  instruits, 
c'est  un  peu  la  faute  de  ceux  qui  ont  mission  de  la  professer 
et  c'est  sur  ce  point  que  je  voudrais  présenter  quelques  brève> 
observations.  Mon  impression  est  que  Ton  commet  souvent,  pour 
la  géologie,  une  erreur  analogue  à  celle  qui  est  trop  fréquente 
pour  les  langues  vivantes  :  on  s'efforce  d'enseigner  les  finesses 
de  la  syntaxe,  les  subtilités  de  l'orthographe,  les  complications 
des  verbes  irréguliers  à  ceux  qui  désireraient  simplement  pou- 
voir se  faire  comprendre  tant  bien  que  mal  en  demandant 
une  chambre  à  l'hôtel  ou  un  repas  au  restaurant.  La  première 
science  d'un  professeur  devrait  être,  au  contraire,  de  p^opo^ 
tionner  l'eifort  exigé  de  son  élève  au  résultat  à  atteindre  et 
c'est  pourquoi  il  y  aurait  peut-être  lieu  d'organiser,  pour  la 
géologie,  à  côté  de  l'enseignement  scientifique,  méthodique  et 
complet,  qui  lui-même  est  indispensable  dans  nombre  d'appli- 
cations pratiques  et  qui  est  parfaitement  donné  dans  nos 
grandes  écoles,  un  enseignement  plus  modeste  et  plus  res- 
treint, destiné  au  moins  autant  à  faire  aimer  la  géologie, 
apprécier  et  comprendre  les  services  qu'elle  peut  rendre,  qu'à 
rendre  directement   ces    services  eux-mêmes. 

Depuis  quinze  ou  vingt  ans,  il  s'est  déjà  fait,  dans  ce  sens, 
un  mouvement  très  sérieux,  qui  ne  peut  manquer  d'aller  en 
s' accentuant.  11  suffit,  pour  s'en  rendre  compte,  de  comparer 
ce  qu'étaient,  il  y  a  vingt  ans,  les  publications  relatives  aux 
gîtes  métallifères,  aux  eaux  potables,  à  la  géologie  agricole, 
etc.,  avec  ce  qu'elles  sont  aujourd'hui.  En  France,  il  a  été 
créé,  à  l'Ecole  supérieure  des  mines,  un  enseignement  systé- 
matique de  géologie  appliquée  et  de  captage  des  sources  ther- 
males ;   en  Allemagne,   il    s'est  fondé    une    excellente  revue  de 


L.    DE   LAUNAY  38g 

géologie  pratique,  qui  a  groupé  déjà  les  renseignements  les 
plus  précieux  ;  en  Belgique,  la  Société  de  géologie  s'intitule, 
en  même  temps,  société  d'hydrologie  et  s'occupe,  en  effet,  active- 
ment des  questions  pratiques  ;  en  Amérique,  des  savants  très 
distingués,  mis  en  présence  d'un  champ  d'études  incompara- 
ble et  disposant  pour  les  recherches  scientifiques  de  ressources 
précieuses  que  l'Ancien  Monde  leur  envie,  accumulent  les  admi- 
rables monographies  que  nous  connaissons  tous.  La  science 
des  gites  métallifères  et  des  eaux  souterraines  est  maintenant 
soustraite  aux  seuls  praticiens,  qui  se  contentaient  autrefois 
de  quelques  observations  incomplètes  et  trop  vite  échafaudées 
en  théories  sur  un  champ  d'études  limité  :  à  mesure  que  des 
connaissances  plus  générales  se  répandent  chez  les  exploitants 
de  mines,  on  les  voit,  d'ailleurs,  eux-mêmes,  plus  soucieux  de 
comprendre  leur  gîte,  d'en  interpréter  les  lois  d'enrichis- 
sement, par  suite,  d'en  tirer  le  meilleur  parti  possible,  au 
lieu  de  se  jeter,  à  l'anglaise,  uniquement  sur  le  premier 
«  minerai  payant  »  découvert. 

Si  l'on  veut  pousser  plus  loin  dans  cet  ordre  d'idées  et 
obtenir  ce  résultat  important  (même  pour  la  géologie  scienti- 
fique) que  les  connaissances  géologiques  sortent  d'un  cercle 
très  étroit  de  spécialistes  pour  être  tout  au  moins  vaguement 
connues  par  l'ensemble  de  la  population,  il  faut,  je  crois,  —  dans 
l'enseignement  restreint,  que  j'envisage  seul  en  ce  moment  — 
commencer  par  une  réforme,  qui  paraîtra  sans  doute  bien 
révolutionnaire  à  plus  d'un,  mais  sans  laquelle  notre  science 
continuera  à  demeurer  un  simple  épouvantail  pour  tous  les 
candidats  aux  examens  :  c'est  de  faucher  la  broussaille  de 
noms  rébarbatifs  qui  en  hérissent  les  abords  ;  de  ne  pas 
continuer  à  la  réduire  (surtout  pour  ceux  qui  ne  doivent  pas 
en  pousser  loin  l'étude)  à  quelque  chose  qui  rappelle  trop 
les  listes  des  Pharaons  ou  le  jardin  des  racines  grecques  ; 
de  détruire,  dans  l'esprit  des  étudiants,  cette  idée  erronée 
que  toute  la  géologie  consiste  à  savoir  qu'après  le  Turonien 
vient  rEmschérien  et  après  celui  ci  l'Aturien,  avec  la  liste  des 
fossiles  correspondants  (dont  souvent  on  ne  sait  pas  même  la 
forme);  enfin,  de  mettre  les  commençants,  le  plus  tôt  possible, 
en  présence  de  quekjues  notions  vraiment  pratiques,  qui  peu- 
vent s'exposer  en  langage  vulgaire  sans  aucun  nom  technique  et 
que  tout  le  monde  peut  comprendre.  Plus  tard,  lorsqu'ils 
auront    pris   goût    à   la   Science    de    la  terre,    il   sera    toujours 


3^0  VIU«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

temps  de  leur  apprendre  qu'en  réalité  on  ne  peut  faire 
vraiment  de  bonne  géologie,  ni  pratique,  ni  théorique,  sans 
établir  des  coupes  précises  et  que  celles-ci  nécessitent  une 
connaissance  approfondie  de  tous  les  terrains,  de  tous  leurs 
rapports  tectoniques,  de  tous  leurs  fossiles,  etc.  Mais  autant 
dire  de  suite  à  un  maire  de  village,  qui  voudrait  se  rendre 
compte  s'il  est  plus  hygiénique  de  placer  un  cimetière  en 
amont  ou  en  aval  des  liabitations,  si  les  sources  sortant  d'un 
calcaire  sont  mieux  épurées  que  celles  émergeant  d'un  sable. 
ou  à  un  chercheur  de  mines,  qui,  ayant  trouvé  un  morceau 
de  galène,  se  demande  de  quel  côté  il  faut  fouiller  :  «  Monsieur, 
on  ne  peut  faire  de  bonne  géologie  sans  avoir  travaillé 
dix  ans  dans  un  laboratoire  et  sur  le  terrain ,  avec  un 
maître  expérimenté.  Si  vous  voulez  un  conseil  sérieux, 
adressez-vous  à  un  spécialiste,  ce  qui  vous  coûtera  quelques 
centaines  ou  quelques  milliers  de  francs  !  ».  Cela  peut  être 
vrai  souvent;  mais  on  avouera  que  tenir  un  pareil  lan- 
gage est  contribuer  directement  à  dégoûter  de  toute  géo- 
logie et  à  favoriser  un  empirisme  irrationnel,  qui,  par 
exemple,  en  matière  d'eau  potable,  a  donné  les  résultats 
dont  nous  soutirons  tous,  même  dans  une  ville  comme 
Paris. 

Les  spécialistes   d'une  science   quelconque  ont  toujours  une 
tendance     instinctive    à    considérer    que    cette     science   est   le 
centre  et  le   pivot  de  toutes  les   connaissances   humaines  :  au 
lieu  de  lui   laisser   sa   place  naturelle  et  souvent   modeste  dans 
la    culture   générale    de     l'esprit,    de    chercher    ses    tiliatious 
avec   les    autres    sciences,    pour    en    déduire    son   intérêt    tout 
relatif,   c'est   à  elle  seule    qu'ils   prétendent  tout   ramener  ;  ils 
agissent     comme     ces     conservateurs    d'une     petite      catégorie 
d'objets     dans     un     grand    musée,     qui     n'y     considèrent,    n'y 
connaissent  et  n'y   admirent  que  leur  vitrine  ;  s'ils  sont  profes- 
seurs  de  géologie,   ils   veulent    faire  de   tous   leurs   élèves  des 
géologues    professionnels  ;    ils    leur    enseignent  uniquement  la 
«  géologie  pour  la  géologie  »  :    au  lieu  de  leur  montrer  le  bâti- 
ment tout  construit,  débarrassé  de  ses  échafaudages  et  utilisable, 
c'est    sur    ces    échafaudages     seulement     qu'ils     appellent   leur 
attention  ;  les  édifier  devient  pour  eux,  non    le   moyen   mais  le 
but  ;     l'important  n'est   plus    d'établir   l'histoirt*    de  la  terre  et 
ses   rapports    avec    le    système   général    de  l'univers  ou,   pl**-^ 
pratiquement,  de  rechercher  et  découvrir  des  substances  utiles. 


L.    DE    LAUNAY  Sgi 

mais  simpItMnont  de  iléterininer  le  nom  d'un  fossile,  Tàge 
d'un  terrain  ou  Tallure  d'un  plissement.  Ils  font  penser  à 
ce  mot  de  Claude  Bernard,  auquel  on  soumettait  un  jour  une 
longue  monographie  sur  le  gymnote,  sans  aucune  espèce 
d'idée  générale  :  a  C'est  fort  bien,  dit-il  ;  mais  qu'aurait  fait 
l'auteur  si   le   gymnote  n'avait  pas   existé  ?  » 

Je  n'ai  aucunement  Tintention  de  critiquer  les  études  de 
détail  les  plus  spécialisées  et  j'estime,  au  contraire,  leur 
minutie  apparente  tout  à  fait  indispensable  pour  établir  peu  à 
peu  une  science,  dont  seuls  les  faits  bien  précis,  lentement 
accumidés.  constituent  l'ossature  solide  :  il  ne  s'agit  pas  de 
revenir  à  ces  vagues  et  liAtives  généralisations,  qui  ont  été 
trop  à  la  mode  autrefois  et  que  les  littérateurs  philosophes 
se  sont  trop  souvent  empressés  d'accepter  bouche  bée  pour 
en  faire  leur  évangile  scientifique.  Ce  que  je  demande,  c'est 
qu'on  distingue  mieux  entre  l'enseignement  destiné  à  former 
des  professionnels,  qui  consacreront  toute  leur  vie  à  une 
seule  science  et  qui  ont  besoin  d'en  étudier  à  fond  la 
grammaire  et  celui  qui  s'adresse  incidemment  à  des  hommes, 
seulement  désireux  d'en  connaître  les  conclusions  théoriques  ou 
prati(iues.  Un  l)on  sculpteur  doit  savoir  l'anatomie  pour 
établir  sa  statue  ;  mais  ceux  auxquels  il  la  montre,  n  ont  j>a8 
besoin  d'en   voir  le  squelette    ou  l'écorché. 

Ce  que  pourrait  élre,  sehm  moi.  cet  enseignement  primaire 
de  la  f(éologie  pratique,  j'ai  essayé  de  l'exposer  récemment 
dans  un  p(»tit  volume,  qui  porte  c(»  tilre  et  dont  je  vais 
seulem(»nt  ici  exposer  le  programme*,  c'est-à-dire  à  peu  près 
reproduire  la  table  des  matières  (i).  On  m'excusera  de  me  citer 
ainsi  moi-même,  puisque  je  viens  d'écrire  ce  livre  précisément 
pour   tenter  de   réaliser  l'idée   que  je  défends  en  ce   moment. 

Tout  d'abord  j'y  déduis  la  géologie,  son  but  pratique  et 
scientifique,  ses  moyens  d'action,  et  j'y  résuuK»,  en  évitant 
absolument  les  noms  techniques,  les  notions  de  géologie 
générale,  qui  me  [)araissent  les  plus  nécessaires  dans  l'usagi» 
courant.  C'est  ainsi  que  j'insiste  sur  les  caractères  extérieurs 
des  principaux  l(*rrains,  sur  l'usage  pratique  des  coupes  géolo- 
giques, sur  les  plissements,  luuiversements  et  failles,  sur  la 
nature  et  le   rôle  des    terrains    superficiels,    si   importants   pour 

(1)  (îi'oloj^ifî  pratiiiue  nt  p«'tit  dictionniiiro  tochni([u«^   d«^s  tiTinos  j^6)lo}iri(iue,s 
les  plus  usuels,  i  vol.  in- 12,  clioz  Armand  Colin,  Paris,  iOfX). 


3qi2  viu«  congrès  géologique 

Ta^culture  et  si  négligés  en  géologie  générale,  sur  les  modi- 
tications  subies  par  les  gîtes  métallifères  à  leurs  affleurements, 
c'e3t-à-dire  sur  les  changements  qu'on  doit  attendre  de  ces 
gisements,   quand,    les  abordant    à  la  surface,  on  s'y  enfonce. 

Puis   j'explique  comment  on  établit   et   comment  on   utilise 
une  carte  et  une  coupe  géologiques. 

J'envisage  alors  successivement  les  diverses  applications 
pratiques,  que  Ton  peut  faire  de  la  géologiç  :  à  Tart  de  l'ingé- 
nieur, à  l'agriculture,  à  la  recherche  et  au  captage  des  eaux, 
à  l'irrigation,  au  drainage,  à  l'évacuation  des  eaux  souillées 
et  à  l'hygiène  publique,  au  captage  des  sources  thermo-miné- 
rales, à  la  recherche  des  minerais,  combustibles  et  autres  subs- 
tances minérales,  enfin  à  l'étude  topographique  ou  géographique 
des  formes  des  terrains  et  je  termine  par  un  petit  dictionnaire 
technique  des  termes  géologiques  et  minéralogiques  les  plus 
usuels,  destiné  à  permettre  de  lire  les  ouvrages  de  géologie 
scientifique  et  d'y  chercher  un  renseignement  utile  sans  être 
arrêté   à  chaque   ligne  par  un  mot  incompréhensible. 

La  plus  grande  difficulté  d'une  telle  tentative  était  de  mettre 
à    la    portée    de    lecteurs    très    divers   et  peu  versés   dans   les 
études  scientifiques   les  résultats  pratiques  les  plus  récents  des 
recherches  géologiques;  j'estimerais  avoir  atteint   mon    but,  si 
j'avais  réussi    à    faire   connaître    et  apprécier    la    géologie  par 
quelques  personnes  de  plus  ;  en  tous  cas,  je    serais  heureux  si 
j'avais  convaincu  nos  confrères  de  l'avantage  qu'il  y  aurait,  pour 
la  géologie  elle-même,  à  créer,  à  côté  de  l'enseignement  supérieur 
si  développé   déjà  dans  nos   grandes  écoles  et  nos  facultés,  un 
autre  enseignement  plus   humble,  plus  modeste  et,  si  l'on  veut, 
plus   démocratique. 


393 


DES  PROGRÈS  DE  LA  PRODUCTION 
DES  PIERRES  PRÉCIEUSES  AUX  ÉTATS-UNIS 

par  M.  e.-P.  RUNZ 

La  présente  communication  sur  la  production  des  pierres 
précieuses  dans  les  États-Unis  n'a  pas  la  prétention  d'être  un 
rapport  statistique.  Son  but  est  d'attirer  l'attention  sur  ce  fait, 
que  la  recherche  des  pierres  précieuses  aux  États-Unis,  a 
eu  un  résultat  scientifique  réel,  amenant  un  accroissement  des 
notions  minéralogiques  et  géologiques,  et  que  ces  recherches 
ont  eu  aussi  une  influence  considérable  pour  la  connaissance 
géographique  du  pays.  Cela  n'a  jamais  été  mis  plus  clairement 
en  évidence  qu'en  ce  qui  concerne  la  trouvaille  du  diamant. 

En  1878,  la  production  de  pierres  précieuses  dans  les 
États-Unis  était  nulle,  d'après  les  statistiques.  En  1889,  une 
première  collection  de  pierres  précieuses  fut  faite  et  exposée  à 
l'Exposition  Universelle  de  Paris  ;  celte  collection  appartient 
actuellement  au  Musée  d'Histoire  naturelle  de  New-York,  grâce 
à  la  maison  Tifl'any,  de  New-York.  Dans  l'Exposition  Univer- 
selle actuelle,  on  peut  voir  au  Pavillon  de  l'Esplanade  des 
Invalides,  au  Palais  des  Mines  et  de  la  Métallurgie  et  à  la 
Section  Américaine,  des  collections  superbes,  composées  uni- 
quement de  pierres  précieuses  américaines  :  enfin  les  deux 
tiers  de  l'exposition  d'un  des  principaux  bijoutiers  connus, 
sont  formés   de  pierres  de  provenance  américaine. 

Ce  fut  en  cherchant  ces  pierres  qu'on  a  découvert  un  grand 
nombre  de  faits  intéressants  pour  la  science  et  le  pays,  et  ces 
découvertes  promettent  pour  l'avenir  de  nouveaux  butins  et  de 
nouveaux  enseignements  Ces  recherches  ont  été  résumées  et 
éclairées  par  la  publication  d'un  volume  intitulé  «  Gems  and 
Precious  Stones  of  North  America  »  ( —  New-York,  1892, 
368  pages,  9  tableaux  coloriés);  elles  ont  de  plus  été  guidées  par 
la  publication  de  Rapports  annuels  sur  le  sujet,  depuis  l'an 
i883  jusqu'à  nos  jours,  par  la  Division  des  Statistiques  Minières 
des  États-Unis,  sous  les  auspices  du  Docteur  David  T.  Day, 
du   Survey   Géologique. 

Nous  prendrons  comme  point  de  départ,  notre  province  la 
plus  septentrionale  et  le  minéral  qui  y  est  le  mieux  connu,  la 


394  Vllic   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tourmaline  ;  ce  fut  en  recherchant  cette  espèce  min^ralogiqne. 
dans  rÉtat  du  Maine,  que  l'on  y  a  découvert  les  topaze, 
beryllonite.  herdexite,  manganocolumbite,  et  une  foule  d'aalres 
minéraux  à  la  fois  rares  et  auparavant  inconnus.  Cette  rég^ion 
intéressante,  jusqu'alors  complètement  ignorée,  est  maintenaDt 
bien  connue  et  les  produits  de  ses  mines  ont  une  renommée 
universelle. 

La  recherche  des  diamants  et  d'autres  gemmes  nobles  dans 
la  Caroline  du  Nord  et  la  Géorgie  a  amené  la  trouvaille  de 
grenats,  de  saphirs,  de  béryls,  et  plus  récemment  de  rubis: 
en  ce  (jui  concerne  ces  derniers,  les  spécimens  découverts  jus- 
qu'ici, ne  sont  que  très  rarement  dépourvus  de  défauts,  ils  ont 
pourtant  une  grande  valeur  comme  spécimens  minéralogiques. 
Dans  les  sables  «aurifères  de  la  Caroline  du  Nord,  on  a  pu  dis- 
tinguer au  moins  soixante  diflerentes  espèces  de  minéraux, 
dans  les  recherches   d'or  et    de  diamant. 

Dans  le  Montana,  on  a  trouvé  le  saphyr,  et  dans  trois  gîtes 
différents,  le  corindon  :  ces  gîtes  sont  distincts  et  le  produit 
d'un  seul  sullirait  à  assurer  à  ce  gisement  la  plus  grande 
importance  financière  ;  de  leur  côté,  l'étude  cristallogi'aphique 
du  minéral,  autant  que  ses  associations  pétrographiques,  sont 
d'un   haut   intérêt  théorique. 

La  recherche  de  la  turquoise,  dans  le  Nord  du  Mexique,  a 
amené  la  découverte  de  gisements  absolument  inconuus.  et 
l'information  ainsi  obtenue  est  intéressante  au  point  de  vue 
archéologique,  puisqu'elle  démontre  que  ces  mines  ont  été 
exploitées  par  des  mineurs  préhistoriques.  Quant  aux  tn>u- 
vailles  de  diamants  dans  le  W'isconsin  et  dans  les  États-Unis, 
j'ai  eu  le  plaisir  de  soumettre  à  la  Société  Géologique,  une  carte 
montrant   les  vingt-quatre  gisements  actuellement  connus. 

Ce  sont  jusqu'ici  des  apparitions  sporadi([ues:  mais  elle*^  Si>nt 
d'un    intérêt   minéralogiquc  et  géologique   tellement    important, 
qu'un  corps  d(V  géologues  américains,  sous  les  auspices  du  Pro- 
fesseur   \V.    IL    Hobbs,    de    l'Université    de    W'isconsin.    s'est 
intéressé  à  leur  étude.    Une    mission   de    recherches    svstémali- 
ques  est    en   marche    actuellement,    suivant    la    bordure    dv   la 
moraine  du  Wisconsin.  De  nombreux   diamants   ont    été  décou- 
verts de  temps  à  autre,    qui    sont    restés    inconnus   et   ignorés, 
soit  dans  les   graviers,    soit    dans    les    fermes,    suivent    le  bord 
de  cette  moraine.   Ce   n'est   qu'en  faisant  de  la  publicité  autour 
des  trouvailles   signalées  dans  les  journaux,   qu'on    peut  aoqué- 


G. -F.    KUNZ  395 

rir  la  connaissance  des  pierres  qui  existent  et  encourager  la 
recherche  de  gemmes  nouvelles,  dans  le  pays.  Et  c'est  le  rap- 
prochement de  tous  ces  documents,  qui  permettra  de  trouver 
le  gisement  et  la  source  d'où  sont  venus  ces  diamants.  On 
croit  que  cet  endroit  doit  se  trouver  dans  la  région  encore 
vierge,  située  entre  le  Labrador  et  James  Bay. 

Pour  arriver  à  fixer  ces  points  intéressants,  on  devra  suivre 
plusieurs  voies  d'investigation.  D'abord,  il  faudra  chercher 
beaucoup  dans  les  régions  peu  connues,  au  sud  de  la  Baie 
d'Hudson  :  il  faudra,  en  outre,  étudier  la  grande  ligne  de 
moraines  s'étendant  à  l'est  du  Wisconsin,  c'est-à-dire  dans 
rOhio,  l'état  de  New- York  et  la  Pennsylvanie,  afin  de  voir  si 
on  peut  y  trouver  des  diamants  et  déterminer  l'aire  de  leur 
distribution  géographique.  Si  leur  dissémination  s'étend  encore 
plus  à  l'est  «  on  conclura  que  l'apex  doit  être  localisé  très 
près   du  Nevé   du   Labrador.  » 

C'est  à  la  recherche  des  diamants  en  Amérique,  que  la 
science  est  redevable  des  rapports  si  intéressants  de  Messieurs 
Diller  et  Lewis  sur  les   péri doti tes  du  Kentucky. 

En  1875,  l'extraction  annuelle  des  gemmes,  n'avait  pas 
atteint  une  valeur  de  plus  de  5o.ooo  francs,  aux  Etats-Unis; 
en  1889,  elle  a  fait  réaliser  une  valeur  de  plus  d'un  million  de 
francs. 

La  collection  faite  pour  l'Exposition  internationale  de  Paris, 
et  exposée  dans  la  section  américaine  du  Palais  des  Mines  a 
été  présentée,  ainsi  que  la  collection  exposée  en  1889,  au 
Musée  Américain  d'Histoire  Naturelle.  Ces  deux  collections 
seront  réunies  dans  un  nouveau  bâtiment,  dans  une  salle  spé- 
cialement consacrée  aux  collections  Tiffany-Mougan,  dont  la 
liste  et  le  catalogue  sont  attachés  au  rapport  que  nous  mettons 
à  la  disposition  des  membres  du  Congrès. 


396 


NOTICE  SUR  LA 

FORMATION  GÉOLOGIQUE  DE  LA  HOLLANDE 

ET  LE  DESSÈCHEMENT  DU  ZUYDERZÉE 

par  M.  «nlUanme-Jean-Cfeorires  VAN  DER  TEFR 


La  plus  grande  partie  du  sol  néerlandais  a  été  formé  pen- 
dant la  période  diluvienne.  A  cette  période  appartiennent  tous 
les  terrains  sablonneux  depuis  Groningue  et  Leuwarden  jusqu'à 
Anvers  et  Bruges,  qui  ne  sont  pas  des  dunes,  et  qui  constituent 
les  champs,  les  bois  et  les  bruyères. 

Le  sable  a  été  Tapport  principal  de  la  période  diluvienne 
aux  Pays-Bas  et  constitue  le  fond  de  tous  les  terrains  plats, 
qu'interrompent  cependant,  çà  et  là,  des  collines  où  se  mêlent 
au  sable,  des  silex,  des  graviers  et  de  l'argile.  Les  éléments 
constitutifs  des  terrains  diluviens  de  la  Néerlande  montrent 
clairement  qu'ils  n'ont  pas  été  formés  partout  de  la  même 
façon  et  les  différences  qu  on  y  constate,  prouvent  aussi  qne 
les  formations  sont  de  dates  différentes.  Il  est  difficile  cependant 
de  tracer  des  délimitations  précises,  et  le  mélange  des  élé- 
ments constitutifs  est  tel,  qu'on  ne  peut  se  prononcer  avec  la 
même   certitude  que  lorsqu'il   s'agit  d'autres   formations. 

Les  formations  diluviennes  des  contrées  du  nord,  de  l'est 
et  du  sud  se  sont  accumulées  dans  les  Pays-Bas  et  se  sont 
confondues  d'une    façon   à   peu   près  inextricable. 

Les  terrains  diluviens  occupent,  d'après  des  calculs  globaux. 
40,77  0/0  de  notre  sol  national  ;  ils  se  répartissent  comme 
suit  :  gravier  diluvien  10  Vo  ;  sable  diluvien  et  bancs  de  sable 
fluviaux    29  <>/o  ;   le  reste,   soit  i  0/0,    est  formé   de    loess. 

Nous  avons  dressé  une  carte  géologique  du  sol  néerlandais 
à  l'époque  diluvienne.  Nous  y  avons  distingué  les  terrains  dilu- 
viens Scandinaves,  qu'on  trouve  dans  les  provinces  de  Frise, 
de  Groningue  et  de  Drenthe  ;  les  terrains  diluviens  mixtes  de 
l'Overyssel  et  de  la  Gueldre  ;  les  terrains  diluviens  rhénans, 
depuis  Wesel  en  Allemagne  jusqu'à  Rhenen  dans  la  Gueldre: 
et  enfin  les  terrains  diluviens  apportés  par  la  Meuse  dans  le 
Brabant  septentrional  et  le  Limbourg. 


G.-J.-G.   VAN   DBR   VEUR  Sq"] 

Une  autre  carte,  que  nous  avons  Thonneur  de  présenter  au 
[Congrès,  donne  l'état  géologique  des  Pays-Bas  quelques  siècles 
ivant  l'ère   clirétienne. 

A  cette  époque  la  Hollande  et  la  Zélande  formaient  une 
agune  ;  ce  qui  est  teinté  en  vert  était  alors  mer,  la  teinte 
>rune  indique  les  marécages,  et  la  blanche  les  dunes,  ainsi 
pie  les  dépôts  argileux  de  la  mer  et  des  fleuves. 

Nous  devons  nous  représenter  les  provinces  maritimes  de 
a  Hollande  septentrionale  et  méridionale  et  de  la  Frise,  comme 
îouvertes  alors  par  une  mer  intérieure,  parfaitement  semblable 
i  celles  que  nous  trouvons  encore  dans  le  voisinage  des  rives 
le  la  Baltique  sous  le  nom   de   lagunes  ou   de    haft's. 

Elle  couvrait  une  partie  de  la  Flandre,  la  Zélande,  la  Hol- 
ande,  le  Zuyderzée,  et  les  terres  basses  jusqu'au  delà  de 
riambourg,  comprenant  les  bouches  de  TEscaut,  de  la  Meuse, 
lu  Rhin,  de  l'Ems,  du   Wéser  et  de   l'Elbe. 

Son  existence  est  si  peu  douteuse,  que  non  seulement 
lous  pouvons  en  suivre  les  limites  le  long  de  la  côte  et 
néme  en  déterminer  la  profondeur  ;  car  partout  où,  en 
?lélande,  en  Hollande,  à  Touest  de  Woerden,  et  dans  les 
«rrains  argileux  de  Groningue  et  de  la  Frise,  on  creuse  à 
>lus  de  cinq  mètres  de  profondeur,  on  trouve  le  lit  de  la 
ner  indiquée   par  du  sable  coquillier. 

Ce  qui  est  remarquable  c'est  que  les  coquilles  qu'on  y 
rouve  ne  sont  pas  celles  que  la  mer  du  Nord  dépose  en 
grande  quantité  sur  nos  plages,  mais  bien  celles  qui  sont 
)ropres  aux  fleuves  de  la  Zélande  et  au  Zuyderzée.  C'est  là 
me  preuve  évidente  qu'il  s'agissait  d'une  mer  intérieure,  en 
grande  partie  séparée  de  la  mer  du  Nord  par  des  dunes  et 
ilimentée  d'eau  douce  par  des  rivières. 

On  peut  alléguer  encore  en  faveur  de  notre  assertion 
'existence  de  dépôts  d'argile  laissés  sur  le  fond  de  cette  mer 
)ar  les  eaux  fluviales.  Tel  est  le  dépôt  horizontal  et  régulier 
L'argile,  qui  recouvre  le  sable  mélangé  de  coquilles,  des  ter- 
ains  desséchés  de  Schermer  et  du  lac  de  Harlem. 

D'autres  dépôts  d'argile  se  sont  formés  sous  l'action  du  flux 
t  du  reflux,  sur  des  bancs  plus  élevés  conmie  les  îles  Zélan- 
laises,  le  Drechterland,  Westergo  en  Frise  et  les  hautes  terres 
ie  Groningue.  A  moins  que  l'homme  n'intervienne,  les  bancs 
l'argile  ne  s'élèvent  à  cette  hauteur  que  lorsque  la  végétation 
e   produit  et  qu'il   y  pousse  des   joncs    et  des  roseaux.    C'est 


SgS  VIIl«   CONGRÈS  GEOLOGIQUE 

ce  que  nous  prouve  la  couche  tourbeuse  qu'on  trouve  en 
Zélande  au-dessous  du  niveau  de  la  mer  et  qui  est  bien  connue 
par  les  funestes  alTaissenients  de  digues  qu'elle  a  déterminés. 
Celte  tourbe  est  formée  du  résidu  des  végétaux,  qui  ont  pro- 
voqué les  premiers  dépôts   d'argile. 

Après  qu'une  ceinture  de  dunes  eut  entouré  la  mer  inté- 
rieure, que  r argile  se  fût  déposée  au  fond  des  assèchements 
de  la  Hollande,  que  se  furent  formées  les  hautes  couches 
d'argile  qui  plus  tard  s'étendirent  pour  constituer  les  îles  de 
la  Zélande  et  de  la  Hollande  méridionale  et  les  plaines  du 
Drechterland,  de  la  Frise  et  de  Groningue,  il  a  existé  un 
grand  lac  d'eau  douce  où  se  déversait  un  fleuve  considérable 
et  qui  couvrait  la  plus  grande  partie  du  Zuyderzée  autour  de 
Wieringen  et  à  l'est  de  Tcxel,  Vlieland,  Terschelling  et  Ame- 
land. 

H  est  impossible  d'indiquer  aujourd'hui  les  limites  de  ce 
lac,  mais  son  existence  est  prouvée  par  les  tourbières  et  les 
marais  que  ce  lac  a  formés  et  dont  nous  retrouvons  les  vestiges 
sous  forme  de  tourbe,  bois  de  bouleau,  de  saule,  et  de  frêne. 
Les  forêts  marécageuses  s'étendaient  d'Ameland  à  Rotterdam 
et  Gouda. 

Les  terrains  d'alluvion  occupent  la  proportion  suivante  du 
sol  néerlandais  : 

Tourbières,  hautes  tourbières,  tourbières  dessé- 
chés,   marais i8,58  o/o 

Dunes,  sables  mouvants,  anciens  sables  fluviaux, 
dunes   fluviales 5,86  <>/o 

Argile  de  mer,  de  rivière,  de  ruisseau,  ancienne 
argile   maritime  des  assèchements .       34,70  Vo 


Total  des  terrains   d'alluvion  . 59,14  Vo 


De  bonne  heure  les  habitants  de  la  Hollande  durent  songer 
à  protéger  les  côtes  contre  les  eaux  de  la  mer  en  renforçant 
les  dunes  et  en  élevant  des  digues,  tandis  qu'ils  attaquaient 
les  marais,  les  lacs  et  les  étangs  par  des  travaux  de  dessè- 
chement. Ce  travail  de  défense  et  d'exploitation  se  fît  d'abord 
par  petites  parcelles  que  l'on  entourait  de  digues  pour  empê- 
cher les  eaux  extérieures  de  les  envahir  et  pour  contenir  les 
eaux    intérieures. 


G. -4. -G.   VAN  DER   VEUR  •  S99 

Plus  tard,  au  quinzième  et  au  seizième  siècle,  après  que 
les  chapelets  hydrauliques  eurent  été  remplacés  par  les  machi- 
nes à  pompe,  ces  terrains,  appelés  polders,  s'étendirent  de 
plus  en  plus,  de  sorte  que  môme  avant  l'emploi  des  pompes 
à    vapeur  presque   toutes  les  tourbières  purent  être  endiguées. 

Puis  ce  fut  le  tour  des  lacs  et  des  étangs  :  on  s'attaqua 
d'abord  aux  plus  petits  et  aux  moins  profonds,  puis  aux  plus 
grands,   qui    payaient  moins   une    peine   plus  grande. 

C'est  ainsi  que  les  Hollandais  ont  conquis  sur  les  Ilots 
plus  de  60  "/„  de  leur   territoire. 

Nous  avons  tenté  de  représenter  sur  une  carte  la  constitu- 
tion géologique  du  fond  du  Zuyderzée  :  l'argile  (»st  indiquée  par 
une  teinte  vert  foncé  ;  l'argile  légère  par  une  teinte  vert  clair, 
le  sablon  et  le  mélange  de  sable  et  d'argile,  qui  forme  un 
terrain  très  fertile,  sont  marqués  par  une  teinte  d'un  vert  encore 
plus  clair;  le  sable  pur  est  teinté  de  rouge  et  les  terrains  tour- 
beux de   noir. 

Comment  s'est  formé  le  Zuyderzée? 

Dans  les  temps  historiques  il  est  mentionné  pour  la  pre- 
mière fois  par  Pomponius  Mêla,  ollîcier  romain,  appartenant 
à  la  légion  de  Drusus,  frère  de  Tibère,  et  qui  fut  un  des 
premiers   (jui    visitèrent  l'île  des  Bataves. 

Il  dit  dans  sa   Clwro graphie  (III,  îi). 

«  Le  Rhin  descend  des  Alpes  ...  .  après  avoir  parcouru 
un  espace  considérable  dans  un  lit  bien  déterminé  et  sans  se 
diviser  en  bras,  il  forme  près  de  la  mer  plusieui's  embran- 
chements dont  celui  de  gauche  porte  jusqu'à  son  embouchure 
le   nom   de  Uhin. 

»  Celui  de  droite  conserve  d'abord  la  môme  largeur  qu'avant 
la  bifurcation,  mais  bientcH  il  s'élargit  de  plus  en  plus,  fmissant 
par  ressembler,  non  plus  à  un  fleuve,  mais  à  un  vasU»  lac, 
qui  prend  le  nom  de  Flévo,  lorsqu'il  atteint  sa  plus  grande 
largeur  et  forme  une  île  du  môme  nom  ;  ensuite  le  fleuve 
redevient   plus   étroit   et   se  jette  dans   l'Océan.  » 

La  vaste  plaine  liquide,  dont  le  lac  Flevo  formait  le  centre, 
ne   s'est  pas  formé   en  une   fois,    mais    peu  à   peu. 

L'historien  hollandais  Wagenaer  raconte  qu'en  l'an  lo^o, 
après  un  été  très  chaud,  une  tempête  d'automne  s'éleva  et 
poussa  les  eaux  de  la  mer  au  loin  dans  l'intérieur.  Les  régions 
basses  de  la  Frise,  aux  environs  de  Stavoren  furent  complète- 
ment submergées.    L'eau  s'éleva   si   haut  dans   le  [)ays  d'Utrecht 


400  VUI'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

que  Ton  péchait   le  .  poisson  de  nier  dans   les   fossés  de   la  ville. 

Attribuer  à  cet  événement  la  formation  du  Zuvderzée  serait 
une  hypothèse  en  contradiction  avec  les  plus  anciennes  données 
historiques  que  nous  possédons  sur  notre  pays.  Ce  grand  (lux 
dont  parle  Wagenaer  n'a  probablement  fait  qu'élargir  les 
passes. 

En  l'an  i334,  la  Frise  souffrit  beaucoup  d'une  inondation 
qui  fit  également  des  dégâts  en  Hollande  et  en  Zélande.  Elle 
fut  produite  par  une  violente  tempête  qui  s'éleva  le  23  novem- 
bre ;  beaucoup  de  villages  furent  engloutis  et  il  périt  un  grand 
nombre   de   personnes. 

Il  n'est  fait  mention  que  de  quelques-unes  des  crues  d'eau 
qui  ont  ravagé  les  rives  du  Zuyderzée  ;  mais  l'opinion  géné- 
rale est  que  cette  mer  intérieure  a  été  formée  graduellement 
au  cours  du  moyen-âge,  alors  que  l'administration  centrale 
était  encore  très  faible,  que  chaque  district  avait  à  prendre 
soin  lui-même  de  ses  propres  digues,  que  le  particularisme 
battait  son  plein  et  qu'aucune  autorité  supérieure  ne  pouvait 
contraindre  les  provinces  à  prendre  les  mesures  nécessaires 
pour  défendre  leur  territoire  contre  l'invasion  des  eaux. 
C'est  ce  qui  nous  permet  de  nous  expliquer  de  la  manière 
la  plus  satisfaisante   comment    a  pu    se   former  le    Zuyderzée. 

Anciennement  l'espace  où  s'étend  aujourd'hui  le  Zuyderzée 
était  occupé  par  le  lac  Flevo  et  quelques  autres  lacs,  qui, 
par  l'ellet  des  crues  de  mer,  se  sont  réunis  et  ont  formé  peu 
à  peu  le  golfe  actuel.  Gela  s'accomplit  dans  le  cours  du 
12™®  et  du  i3™«  siècle;  toutefois  le  pays  qui  s'étendait  entre 
Medemblik,  Stavoren  et  Enkhuyzen  n'a  été  submergé  que  vers 
la  fin  du    i4™^  siècle. 

Depuis  i4oo  les  passes  qui  séparent  Texel  et  Wieringen 
sont  devenues  si  larges,  que  l'on  put  expédier  d'Amsterdam 
et  d'Enkhuizen  des  navires  beaucoup  plus  grands  que  par  le 
passé.  Vers  cette  époque  le  Zuyderzée  offrait  à  peu  près  sa 
configuration  actuelle. 

Après  avoir  exposé  les  origines  du  Zuyderzée,  je  parlerai 
de  ((  l'agrandissement  des  Pays-Bas  par  le  dessèchement  du 
Zuyderzée   ». 

Une  commission  d'État  a  été  chargée  d'examiner  s'il  conve- 
nait, dans  l'intérêt  du  pays,  d'entreprendre  le  dessèchement 
suivant  les  plans  proposés  par  la  Société  du  Zuyderzée,  et 
en  cas    d'affirmative,   de   quelle    manière    ces    plans  devraient 


G.-J.-G.    VAN   DBR   VEUR  4^1 

être  exécutés.  Cette  commission  a  repris  de  cette  Société,  le 
plan  de  barrage  du  Zuyderzée  au  moyen  d'une  digue,  partant 
de  l'écluse  d'Ewyk,  sur  la  côte  orientale  de  la  Hollande  sep- 
tentrionale, traversant  TAmsteldiep,  se  prolongeant  par  Tîle  de 
Wiéringen,  et  allant  de  sa  pointe  orientale,  en  droite  ligne, 
vers  le  village  de  Piaam  sur  la  côte  occidentale  de  la  Frise. 
Cette  digue  de  barrage  sera  longue  de  29.300  m.,  soit  environ 
5  heures  de  marche,  dans  des  eaux  d'une  profondeur  moyenne 
de  3°ûGo  et  présentant  une  coupe  verticale  de  106"^-  700  au- 
dessous  de  la  marée  basse. 

A  l'abri  de  cette  grande  digue,  quatre  grands  polders, 
entourés  de  digues,  seront  épuisés  et  mis  à  sec.  Le  polder  de 
Wieringen  ou  du  nord-ouest  comprenant  21.700  hect.  de  ter- 
rains fertiles,  sera  d'abord  asséché  ;  puis  le  polder  du  sud- 
est,  avec  une  superficie  de  98.900  hect.  de  terrains  argileux 
fertiles  ;  puis  le  polder  du  sud-ouest  ou  de  Hoorn,  avec 
27.820  hect.,  et  enfin,  le  polder  du  nord-est,  avec  environ 
48.900  hect.  de  terres  argileuses  lourdes  et  extrêmement  fer- 
tiles. Pour  obtenir  environ  200.000  hect.,  il  faudra  un  travail 
dont  la  durée  est  évaluée  à  33  ans  ;  mais  alors  aussi  le 
royaume  des  Pays-Bas  se  trouvera  agrandi  pacifiquement  d'une 
douzième  province,  au  moins  aussi  étendue  que  toute  la  Hol- 
lande  septentrionale. 

Par  le  barrage,  le  Zuyderzée,  qui  est  aujourd'hui  une  mer 
intérieure  salée,  deviendra  uu  lac  d'eau  douce  d'environ  i45.ooo 
hect.  de  superficie. 

L'estimation  de  la  faculté  productive,  ou.  ce  qui  revient  au 
môme,  de  la  qualité  des  terres  ainsi  obtenues,  ne  repose  pas 
sur  l'appréciation  subjective  de  certaines  personnes,  mais  est 
fondée  sur  un  minutieux  examen  géologique,  ainsi  que  sur  les 
données  scientifiques  fournies  par  MM.  les  professeurs  Van 
Bemmelen  et  Adolphe   Mayer. 

Pour  arriver  à  connaître  exactement  le  fond  du  Zuyderzée 
on  a  exécuté  1049  sondages,  en  général  à  une  profondeur  de 
2  à  3  mètres,  et  Ton  a  également  examiné  le  sous-sol.  Dans 
les  sondages  on  s'est  proposé  d'aller  à  une  profondeur  qui 
permit  de  formuler  un  jugement  décisif.  Là  seulement  où  la 
nature  du  terrain  n'était  pas  douteuse  et  où  n'apparaissait  aucun 
élément  défavorable  on  s'est  arrêté  à   une  profondeur  moindre. 

Dans  les  terrains  argileux  ([ui  seront  mis  à  sec,  les  matières 
nutritives   sont  en  quantité  si   considérable  que  non  seulement 


26. 


4o2  VIU'    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

les  cultures  épuisantes  seront  permises,  mais  même  indiquées 
jusqu'à  un  certain  point  ;  durant  les  vingt-cinq  premières  années 
les  terres  ne    pourront  être  fumées. 

Au  nombre  des  avantages  qui  résulteront  de  la  construction 
du  barrage,  il  ne  faut  pas  oublier  que  les  32o.ooo  m.  environ 
de  digues  actuellement  existant  sur  les  rives  du  Zuyderzée. 
ne  serviront  plus  à  l'avenir  que  comme  digues  intérieures  ;  ainsi 
la  côte  à  défendre  contre  la  mer  du  Nord  se  trouve  réduite 
par  là,  à  un  tiers  de  son  étendue. 

Que  ce  danger  et  ses  conséquences  ne  sont  pas  imaginaires, 
cela  nous  est  prouvé  par  les  inondations  qui  se  sont  produites 
le  long  du  Zuyderzée  à  la  suite  de  la  tempête  du  4  février 
1825,  qui  rompit  et  emporta  les  digues  sur  plusieurs  points. 
Les  dégâts  causés  par  ce  sinistre  aux  digues,  au  bétail, 
aux  bâtiments  et  à  Tagriculture  s'élevèrent  à  la  somme  de 
14.000.000  florins,  tandis  que  3^1  personnes  furent  noyées, 
dont  3o5  dans  la   province  d'Overyssel. 

Un  point  de  haute  importance,  est  la  hauteur  qu'il  convien- 
dra de  donner  à  la  digue,  pour  rendre  toute  submersion 
impossible.  En  fixant  la  hauteur  de  la  crête  on  a  tenu  compte, 
en  premier  lieu,  du  fait  que  la  mer  pourrait  s'élever  vers 
l'est  de  la  digue  à  une  hauteur  égale  à  celle  qui  a  été  cons- 
tatée à  Harlingen  dans  les  fortes  marées  ;  en  second  lieu,  d'une 
crue  possible  de  la  mer   pendant  les  tempêtes. 

La  plus  haute  marée  dont  la  commission  ait  eu  connais- 
sance, c'est  celle  qui  s'est  produite  en  décembre  i883  à  la 
digue  au  nord  du  Drechterland  à  Andyk.  La  marée  monta 
alors  à  2™3o  au-dessus  du  niveau  d'Amsterdam,  tandis  que 
les  vagues  arrivèrent  jusqu'à  la  crête  de  la  digue,  établie 
alors  à  5  m.  au-dessus  du  niveau  d'Amsterdam.  Pour  garantir 
la  digue  contre  des  crues  pareilles,  on  a  adopté  pour  la  digue 
de  barrage  luie  hauteur  moyenne  de  crête  de  5  m.  40  au-dessus 
du  nouveau  niveau  d'Amsterdam,  soit  5  m.  20  à  l'extrémité 
occidentale  et  5  m.  60   à  lextrémité   orientale. 

La  largeur  de  la  crête  sera  de  2™.  Le  talus  de  pierre  du 
côté  extérieur  devra  s'élever  à  4  "^  S<>  au-dessus  du  nouveau 
niveau  d'Amsterdam,  et  ne  pas  dépasser  l'inclination  de  quatre 
sur  un,  égale  à  celle  des  talus  de  pierre  de  la  digue  de  Frise, 
au  nord  de  Harlingen,  qui  résiste  depuis  plusieurs  années  à  la 
rupture   et  à   la   submersion. 

Sur  le   versant  intérieur   de  la  digue  il  sera  établi  un  cbe- 


I 


G.-J.-G.    VAN   DER    VEUR  ^o3 

m 

min  de  1er,  et  une  voie  carrossable,  tant  pour  relier  entre 
elles  la  Hollande  et  la  Frise,  que  pour  perniettre  le  transport, 
à  pied  d'œuvre,  des   matériaux  nécessaires  à   l'entretien. 

11  sera  nécessaire  de  former  une  lie  artilicielle  sur  les  bas- 
tbnds  du  Bréezand  dans  le  Zuyderzée,  entre  la  pointe  orien- 
tale de  Wieringen  et  le  village  de  Piaam  en  Frise,  pour  faciliter 
et  accélérer  la  construction  de  la  digue,  procurer  un  asile  sûr 
aux  ouvriers,  un  port  aux  navires  et  un  dépôt  pour  les  maté- 
riaux employés  à  la  construction.  Cette  lie  aura  au  nord  et 
au  sud  un  port  de  i5oo  m.  de  long  et  loo  m.  de  large.  Il 
deviendra  dès  lors  possible  d'avoir  toujours  les  matériaux  sous 
la  main. 

L'île  achevée,  et  TAmsteldiep  barré,  on  pourra  commencer 
la  construction  de  la  digue  des  deux  côtés  de  TUe,  à  partir  de 
la  côte  de  Hollande  et  celle  de  Frise,  pour  se  rejoindre  finale- 
ment au  milieu. 

Le  coût  de  la  digue  de  barrage  est  évalué  à  4o-5<^o.ooo 
ilorins  et  le  coût  total  de  Tentreprise  à  189.000.000  (lorins  : 
194.41^  hect.  seront  ainsi  gagnés  sur  la  mer. 

Lorsque  le  barrage  aura  réduit  le  Zuyderzée  aux  modestes 
proportions  du  lac  d'Yssel,  celui-ci  continuera  de  recevoir 
dans  rOveryssel,les  eaux  de  l'Yssel  et  du  Zwolschediep  ;  en  Frise 
celles  du  Linde,  du  Kuinre  et  du  Tjonger  ;  dans  la  province 
d'Utrecht  celles  de  TEem,  et  enfin  dans  la  Hollande  septen- 
trionale celles  du  Veclit. 

Ces  lleuves,  ces  rivières,  ainsi  que  les  ruisseaux  de  la 
Véluwe,  continueront  de  remplir  le  lit  formé  par  le  barrage  et 
si  Ton  ne  prenait  des  mesures  pour  permettre  Técoulement  des 
eaux,  celles-ci  finiraient  par  submerger  la  digue.  Pour  parer  à 
cet  inconvénient,  on  construira  au  travers  de  File  de  Wierin- 
gen un  canal  qui  conduira  les  eaux  excédentes  jusqu'à  une 
série  d'écluses  par  lesquelles  elles  se  déversei'ont  dans  la  mer 
du  Nord.  Ce  sera  le  plus  grand  ensemble  d'écluses  que  l'on  ait 
jamais  construit. 


4o4 


SUR  LES 

RÉCENTES    EXPLORATIONS    SOUTERRAINES 

ET  LES  PROGRÈS  DE  LA  SPÉLÉOLOGIE 

par  M.  E.  A.  HART£L 


L'étude  scientifique  de  cavités  naturelles  du  sol  (grottes, 
abîmes,  sources)  n'a  commencé  qu'en  1774»  loi'squ'Esper  eut 
établi  que  les  gros  ossements  des  cavernes  de  Franconie 
(Gaylenreutb)  appartenaient  à  des  espèces  animales  éteintes 
et  non  pas  à  des  géants  bumains.  Mais  longtemps  après  et 
jusqu'à  ces  dernières  années  subsistèrent,  au  sujet  des  grottes, 
une  foule  d'erreurs  et  de  préjugés.  Successivement  la  paléonto- 
logie, l'anthropologie,  la  zoologie,  s'aperçurent  que  les  cavernes 
leur  fourniraient  de  vastes  champs  d'observations  nouvelles. 
L'autrichien  Schmidl  en  i85o  fut  le  premier  à  se  ris(|uer  en 
barque  dans  les  rivières  souterraines  du  Karst  (Recca. 
Adelsberg,  Planina,  etc.)  et  à  en  dresser,  avec  l'ingénieur 
Rudolph,  de  bons  plans  topographiques. 

Il  n'y  a  guère  que  vingt  ans  que  ses  aventureuses  inves- 
tigations ont  été  reprises  sur  un  plan  d'ensemble  en  Autriche 
par  MM.  Ilanke,  Marinitsch,  Mûller,  Putick,  Hrasky.  Ballif. 
Kraus,  Ri<»del,  Kriz,  Fugger,  Siegmeth,  etc.  Plus  l'écemment 
encore  (1888),  j'ai  appliqué  avec  M.  Gaupillat,  pour  la  pre- 
mière fois,  l'usage  du  téléphone  ])ortatif  et  des  bateaux  démon- 
tables aux  explorations  souterraines,  et  inauguré  en  France 
la  visite  méthodique  des  gi'ands  abîmes  ou  puits  naturels  des 
régions  calcaires,  particulièrement  des  Causses.  Les  découverte^ 
ainsi  effectuées  et  étendues  jusqu'en  1900  sans  interruption, 
dans  les  différents  pays  d'Europe,  ont,  pour  ainsi  dii-e,  renou- 
velé de  fond  en  comble  la  science  des  cavernes^  la  Hohlen- 
kunde  des  Allemands  qui,  sous  le  nom  français  de  spéléologif^ 
tend  de  plus  en  plus  à  devenir  une  petite  branche  spéciale 
des  sciences  naturelles,  grâce  aux  résultats  inattendus  que  ses 
adeptes,  de  plus  en  plus  nombreux,   obtiennent  chaque  année, 


E.    A.    MARTEL  4^5 

particulièrement  dans  le  domaine  de  la  géologie  et  de  l'hydro- 
logie. 

C'est  pourqoui  il  m'a  paru  opportun  de  présenter  ici  un 
très  sommaire  tableau  des  principaux  de  ces  résultats,  les 
uns  réfutant  des  hypothèses  fausses  jusqu'alors  acceptées  comme 
vraies,  les  autres  confirmant  matériellement  des  théories  justes 
seulement  esquissées,  beaucoup  surtout  apportant  des  notions 
absolument  neuves. 

Topographiquement  d'abord,  on  a  réduit  bien  des  exagéra- 
tions :  la  grotte  de  Saint-Marcel  (Ardèche)  n'a  que  deux 
kilomètres  au  lieu  de  sept  d'étendue,  —  celle  du  Mammoth- 
Cave  (Kentucky.  Etats-Unis),  5o  ou  60  au  lieu  de  241»  — 
les  plus  creux  abîmes  connus  (Trebiè  Sai  m.  et  Kaôna-Jama 
3o5  m.,  dans  le  Karst  ;  Chourun-Martin  3io  m.  en  Dévoluy,  etc*), 
ne  dépassent  guère  3oo  mètres  de  profondeur,  au  lieu  des  kilo- 
mètres qu'on  leur  attribuait,  —  les  plus  vastes  cavernes  d'Europe 
sont  Adelsberg  (10  kilomètres)  en  Autriche,  Agtelek  (Hongrie), 
8  kilomètres  7,  Planina  (Autriche)  7  kilomètres  3,  Bramabiau 
(Gard)  G  kilomètres   3,   etc. 

Quatre  ouvrages  récents  ont  bien  mis  au  point  ce  que 
l'on  savait  des  cavernes  à  la  fin  du  19^   siècle  : 

CviJiô,   Das    Karst'Phdnomen,   in-8°,   Vienne,    1893. 
Martel,   Les  Abîmes,   in-4<^.    Paris,    1894. 
Kraus,   Hôhlenkunde,   in-8®.   Vienne,    1894. 
Martel,   La   Spéléologie^  in-i2°,   Paris,   1900. 

Voici  le  résumé  des  notions  corrigées,  confirmées  ou 
nouvelles  que  l'on  y  trouvera  sur  les  cavernes. 

Conformément  aux  idées  de  Schmerling,  Virlet  d'Aoust, 
Desnoyers,  Daubrée,  etc.,  les  cavités  naturelles  du  sol  ne  se 
rencontrent  en  principe  que  dans  les  formations  géologiques 
compactes  mais  fissurées,  —  et  les  principales  causes  de  leur 
formation  doivent  être  réduites  à  deux,  la  préexistence  des 
fissures  de  roches  (failles,  diaclases,  joints  de  stratification,  etc.) 
et  le  trai^ail  des  eaux  d'infiltration. 

Ce  travail  des  eaux  s'exerce  par  le  triple  eftet  de  la 
corrosion  (action  chimique),  de  V érosion  (action  mécanique)  et 
de  la  pression  hydrostatique  (mise  en  charge  sous  plusieurs 
atmosphères  de  pression,  dans  les  puits  naturels  ou  les  hautes 
diaclases  formant  réservoirs  naturels). 


4o8  Vllic   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

A  l'extérieur  des  sols  fissurés  les  eaux  souterraines  eflee- 
tuent  leur  sortie  en  des  points  d'énierfrence,  toujours  situés, 
bien  entendu,  à  un  niveau  inférieur  à  celui  des  points 
d'absorption. 

Ces  points  d'émergence  sont  tantôt  impénétrables  à  l'homuie. 
tantôt,  au  contraire,  ouverts  en  vastes  cavermîs,  où  Ton  a 
pu  plus  ou  moins  loin  remonter  le  lîl  de  Teau  à  l'intérieur 
du  sol  (pendant  7  kilomètres  à  la  grotte  de  Planina,  Autriche, 
d'où  rejaillit  la  rivière  souterraine  de  la  Piuka,  absorbée  par 
la  caverne  d'Adelsberg).  Nous  verrons  plus  loin  comment  et 
pourquoi  il  importe  de  ne  pas  considérer  ces  points  d'émer- 
gence comme  de  vraies  sources,  mais  comme  des  résurgences. 

Résumons  d'abord  l'hydrologie  souterraine  des  terrains 
fissurés  par  la  formule  suivante  : 

Les  eaux  dHnJiltration  j'  sont  absorbées  par  les  pertes, 
abîmes  et  menues  fissures  du  sol,  emmagasinées  dans  les 
cavernes,  et  rendues  ou  débitées  par  les  résurgences. 

Et  complétons  ensuite  cette  loi  générale  par  certaines  autrts 
données  plus  détaillées,    mais  non  moins  essentielles. 

L'origine  des  abîmes  ou  puits  naturels,  caractérisés  avant 
tout  par  leur  verticalité  souvent  absolue,  a  donné  lieu  aux 
plus  vives  controverses. 

Les  recherches  spéciales  dont  ils  ont  été  l'objet  depuis 
1888  ont  conduit  à  cette  conclusion,  —  que  tous  les  géolc^ues 
seront  tôt  ou  tard  contraints  d'adopter,  —  qu'il  faut  les 
considérer  en  principe  comme  de  colossales  marmites  de  géant 
formées  de  haut  en  bas  par  Vaction  chimique  et  mécanique 
d*eau.x  violemment  engouffrées  dans  de  grandes  diaclases  verti- 
cales. Mes  explorations  notamment  en  Irlande  et  en  Angle- 
terre, où  les  swallow-holes  absorbent  encoi'e  des  ruisseaux 
permanents  (à  la  différence  de  ceux,  à  sec,  des  Ckiusses  et  du 
Karst)  ne  permettent  plus   aucun  doute  à  cet  égard. 

Dans  les  régions  montagneuses,  les  moulins  des  anciens 
glaciers  peuvent,  d'après  MM.  Viglino  et  Plunkett,  avoir 
concouru  à  la  formation  des  abîmes  (Alpes  -  Maritimes  et 
Irlande,   par  exemple). 

La  théorie  des  orgues  géologiques  qui  fait  des  puit-^ 
naturels  des  entonnoirs  de  décalcification^  uniquement  tins  î\ 
la  corix)sion  chimique,  est,  sous  cette  forme  absolue,  inexade: 
il  faut,  pour  être  applicable,  qu'elle  laisse  (comme  dans  l(mle> 
les    cavernes)  à    Térosion  mécanique,   la  part  considérable  Jue 


E.    A.    MARTEL  4^ 

à  cette  dernière.  Dans  la  craie  cependant  elle  trouve  de  justes 
applications. 

Quant  à  la  théorie  gej'sérienne,  dans  laquelle  d'Omalius 
d'Halloy,  puis  MM.  Se.  Gras,  Bouvier,  Lenthéric,  etc.  consi- 
dèrent les  abîmes  comme  des  cheminées  d'éruption  geysériennes, 
d*éjaculations  argilo-sidérolitiques,  il  faut  Fabandonner  complè- 
tement. 

Celle  des  effondrements,  qui  voit  dans  les  puits  naturels 
des  allaissements  de  voûtes  de  cavernes  au-dessus  du  coui^s 
de  rivières  souterraines,  conserve  encore  beaucoup  de  partisans  : 
elle  se  justifie,  en  partie,  par  l'existence  de  certains  immenses 
gouffres  comme  à  Saint-Canzian  (Karst),  à  Padirac  (Lot),  aux 
cenotés  du  Yucatan  (Mexique),  et  aux  hoyos  de  Colombie,  qui 
sont  manifestement  des  dômes  crevés  de  grottes;  mais  les 
récentes  explorations  ont  établi  le  caractère  exceptionnel  de  ce 
mode  de  formation  qui  s'applique  certainement  à  moins  de  lo  «/o 
des  puits   naturels  actuellement  visités  ! 

Il  en  résulte  que  la  fameuse  théorie  du  Jalonnement^  d'api»ès 
laquelle  Tabbé  Paramelle  voyait  «  sous  chaque  rangée  de 
»  bétoires  (ou  gouffres)  un  cours  d'eau  permanent  ou  tempo- 
))  raire,  qui  les  a  nécessairement  produites  »  est  inexacte. 
L'expérience  l'a  formellement  prouvé. 

Environ  les  trois  quarts  des  abîmes  visités  n'ont  révélé 
aucune  rivière.  Très  rares  sont  ceux  situés  comme  Padirac, 
la  Coquillière  (Ardèche),  S.  Canzian  ou  la  Mazoclia  (Moravie) 
dans  l'axe  même  du  cours  d'eau  souterrain  ;  beaucoup,  au 
contraire,  de  ceux  qui  ont  mené  à  de  tels  courants  y  abou- 
tissent latéralement,  à  angles  plus  ou  moins  aigus,  par  des 
diaclases  greffées  sur  l'aqueduc  naturel  intérieur  et  indépen- 
dant de  celui-ci  (les Combettes,  Lot;  Rabanel,  Hérault;  Bétharram, 
Basses-Pyrénées).  Et  si,  en  dernière  analyse,  c'est  toujours  vers 
ces  aqueducs  de  drainage  que  les  abîmes  conduisent  les  eaux 
infiltrées,  à  travers  les  bouchons  de  débris  divers  ou  d'argile 
qui  ferment  leurs  fondis  aux  tentatives  de  pénétration  humaine, 
la  communication  n'a  réellement  lieu  que  par  des  tuy alliages 
étroits,  profonds,  contournés  et  divergeant  loin  de  l'orifice  même 
du  goufire  ;  caractères  restés  exclusifs   du   véritable  jalonnement. 

Comme  corollaire  de  ce  <[ui  précède  il  faut  admettre  aussi  que 
les  dépressicms  des  plateaux  calcaires,  classifiés,  par  les  Autri- 
chiens, sous  le  nom  de  dolines  du  Karst  (cloups  du  Quercy, 
sotchs  des  Causses,   etc.)  sans   qu'on   ait   pu   s'entendre    encore 


4lO  Vllie   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

sur  la  défînitioii  exacte  de  ce  terme,  sont  fort  loin  d'être 
toujoui*s  des  témoins  de  cavernes  sous-jacentes,  obstruées  par 
Teffondrement  de  leurs  voûtes  (Kraus,  Schmidl,  Tietze,  etc.); 
beaucoup  au  contraire  représentent  de  simples  points  d'absorp- 
tion, voire  d'ex-lacs  ou  étangs  à  ancien  écoulement  souterrain 
comblé,   colmatés  actuellement  par  les   appoints  extérieurs. 

A  cette  question  se  rattache  celle,  toujours  si  controversée, 
de  la  formation  des  canons  par  écrDulement  de  cavernes,  et 
des  vallées  inachevées  qui  doivent  leur  origine  tant  à  des 
causes  d'ordre  tectonique,  qu'aux  effets  d'une  infiltration 
subitement  arrêtée  ou  considérablement   diminuée. 

L'aspect  intérieur  des  rivières  souterraines  fournit  d'ailleurs 
toutes  les  preuves  de  cette  déchéance  de  l'infiltration.  Il 
montre  aussi  que  les  eaux  ont,  par  Teflet  de  la  pesanteur,  une 
invincible  tendance  à  s'enfoncer  de  plus  en  plus  bas  au  sein  des 
roches  fissurées,  jusqu'à  ce  qu'elles  soient  arrêtées  par  les  for- 
mations imperméables  qui  constituent  leur  niveau  de  base  ou 
hydrostatique,  et  qui  provoquent  leur  résurgence  (grottes  à 
étages  superposés  ;  faiblesse  du  ruisseau  actuel  par  rapport  au 
vide  produit  ;  plus  grande  dimension  des  étages  supérieurs 
représentant  les  anciens  lits). 

Dans  certaines  régions  cet  enfouissement  a  déjà  produit  des 
disparitions  de  sources  qui  ne  laissent  pas  que  d'être  inquié- 
tantes pour  un  avenir  plus  ou  moins  lointain. 

Ressemblant  d'une  manière  générale  au  cours  des  rivières 
aériennes,  celui  des  ruisseaux  souterrains  en  diflêre  cependant 
par  la  nature  des  trois  obstacles  spéciaux  qui  les  sèment: 
1°  les  rétrécissements  de  galerie  parfois  réduites  à  quelques 
centimètres  de  largeur  ;  2°  les  éboulements  intérieurs  formant 
complets  barrages  que  les  eaux  doivent  traverser  ou  contourner: 
3®  et  surtout  les  abaissements  de  plafonds,  où  la  roche  encais- 
sante est  de  toutes  parts  immergée,  en  voûtes  mouillantes  ou 
siphons  d'aqueducs. 

Plusieurs  géologues  ont  critiqué  l'emploi,  à  ce  propos,  du 
terme  de  siphon,  voulant,  comme  les  physiciens,  en  réserver 
l'application  au  véritable  siphon  de  laboratoire  où  le  tube 
en  U  se  trouve  à  la  partie  supérieure.  Théoriquement  ils  ont 
raison,  mais  pratiquement  personne  ne  méconnaît  que  les 
hydrauliciens  nomment  également  siphons  les  parties  d'aque- 
ducs établies  en  vases  communicants  pour  la  traversée  des 
vallées   ou  de  dépressions  à  franchir  entre  deux  points  élevés. 


B.    A.    MARTRL  4ll 

Comme  c'est  exactement  le  mécanisme  du  case  communicant, 
la  loi  de  l'équilibre  des  liquides,  qui  conduit  les  eaux  des 
rivières  souterraines  d'amont  en  aval  des  voûtes  mouillantes 
par  dessous  des  masses  de  rochei's  immergées  parfois  jusqu'à 
35  et  même  3o  mètres  de  profondeur  (tels  sont  les  chiffres 
considérables  donnés  par  la  sonde  aux  siphons  de  Vaucluse,  — 
Sauve,  Gard.  —  Creux-Billard,  Jura,  etc.),  on  ne  saurait  guère 
vraiment  exiger  la  proscription  du  terme  de  siphon  pour  les 
siphons  d'aqueducs  ou  siphons  renversés  des  canaux  naturels 
du  calcaire,  alors  qu'il  est  d'un  usage  consacré,  dans  des  con- 
ditions physiques  identiques,  pour  les  amenées  d'eau  telles  que  la 
Vanne  (siphons  de  la  vallée  de  l'Yonne,  de  Fontainebleau, 
etc.)  de  l'Avre  (siphon  de  St-Cloud),  etc.,  et  pour  certains 
collecteurs  d'égouts.  Pour  mettre  fln  à  cette  petite  dispute, 
je  proposerais  bien  d'appliquer  aux  voûtes  mouillantes  des 
cavernes,  le  spécial  mot  A'hypochéte  (passage  de  l'eau  par 
en  dessous,  de  Otto,  sous,  et  o/etoç,  conduit  d'eau)  :  mais  le 
maintien  du  terme  critiqué  me  paraît  encore  préférable  à 
la  création  d'un  bizarre  néologisme  de  plus.  D'ailleurs  il 
s'est  trouvé  sous  terre  de  vrais  siphons  de  laboratoire,  dans 
des  sources  temporaires ,  visités  en  temps  de  sécheresse 
(l'Ecluse,  Ardèche,  —  Aluech,  Aveyron,  —  Guiers,  —  Vif,  Isère, 
etc.,  etc.) 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  eaux  arrêtées  dans  les  cavernes  par 
ces  trois  sortes  d'obstacles  et  surtout  par  les  voûtes  mouillantes 
(qui  en  restreignent  le  débit,  parce  qu'elles  comportent  tou- 
jours une  diminution  dans  la  section  de  la  galerie),  s'accu- 
mulent en  amont  lors  des  crues  et  y  forment  ainsi  les  réserves 
des  sources   ou  plutôt  des  fontaines  du  calcaire. 

On  connaît  cependant  certains  exemples  de  rivières  souter- 
raines où  l'eau  absorbée  peut  être  suivie  d'un  bout  à  l'autre, 
sans  solution  de  continuité,  sans  siphons  interrupteurs,  Nam- 
Hin-Boune  (Laos,  sur  4  kilm.),  Poung  (Tonkin),  grotte  de  Dou- 
boca  (Serbie),  grotte  des  Echelles  (Savoie).  Mas  d'Azil  (Ariège), 
Bramabiau  (Gard),  etc.  Mais  ce  sont  là  des  faits  exceptionnels 
assez  rares. 

On  a  souvent  rencontré  sous  terre  des  siphons  désamorcés, 
en  des  moments  de  sécheresse,  où  leurs  voûtes  n'étaient  plus 
immergées,  par  suite  de  la  baisse  des  eaux  (Martel,  à  Marble  — 
Arch,  Irlande,  à  Han-sur-Lesse,  Belgique,  à  Pisino,  Autriche, etc.)  ; 
d'autres  ont  pu  être  tournés,  généralement  par  des  trop-pleins 


4 13  y  111^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

latéraux,  parfois  à  l'aide  de  travaux  artificiels  (MM.  Gérard, 
à  Couvin,  Belgique  :  Hrasky,  à  Vrsnica  ;  Garniole,  en  1887,  etc.)  ; 
M.  A.  Janet  a  même  eu  l'audace  de  plonger  sous  un  tel  obs- 
tacle et  d'émerger,  de  l'autre  côté,  dans  le  vaste  prolongement 
de  la  galerie  souterraine  (à  Tembut  de  S*-Lambert,  Alpes-Mari- 
times,   1895). 

C'est  en  amont  de  leurs  siphons  que  les  rivières  souterraines, 
après  les  pluies,  peuvent  se  mettre  en  pression  hydrostatique, 
sur  des  liauteurs  parfois  considérables  (70  met.  ou  plus  de  7 
atmosphères,  à  la  Foiba  de  Pisino,  Istrie,  le  i5  octobre  1896: 
et  même  plus  de  cent  mètres  dans  certains  abîmes  du  Kai^st. 
celui  de  Trebic  sur  la  Recca,  par  exemple);  ainsi  s'expliquent 
en  partie,  les  oscillations  de  niveau  des  émergences  telles  que 
Vaucluse,  la  Touvre,  la  Brème  (Doubs),  etc.,  etc.  Ces  sources 
dites  Vauclusiennes  (à  tort,  parce  que  Vaucluse  a  certains 
caractèi^es  spéciaux  qu'on  ne  rencontre  pas  ailleurs)  devraient 
être  nommées,  d'après  moi,  sources  siphonnantes  (abînies  i^erti- 
caux  érnissifs  de  Fournet). 

Ces  siphons  peuvent  avoir  une  origine  tectonique,  quand 
ils  sont  dus  à  des  plissements  locaux  de  couches  ou  à  de  lon- 
gues inflexions  de  strates  en  fond  de  bateau  ;  dans  ces  cas 
l'eau,  suivant  le  pendage  général,  remonte  forcément  par  un 
vase  comnmnicant,  si  les  strates  qui  l'enferment  sont  (comme 
pour  les  nappes  artésiennes)  tout  à  fait  imperméables  ou  com- 
pactes au  point  de  ne  lui  offrir  aucune  fissure  d'échappement 
vers  des  points  plus  bas.  Il  en  résulte  que,  comme  à  Vaucluse. 
au  Creux-Billard  (Jura),  à  l'Ouysse  et  au  Limon  (Lot),  à  Bou- 
nilloniie  (Isère),  à  Sauve  (Gard),  etc.,  les  sources  du  calcaire 
peuvent  ramener  les  eaux  d'un  niveau  inférieur  à  celui  même 
oii  elles  sourdent.  Enfin,  c'est  de  cette  manière  que  naissent 
souvent  à  de  grandes  profondeurs  les  sources  sous-lluviales. 
sous  lacustres  (Boubioz  d'Annecy)  et  sous-marines  (Méditerranée, 
etc.),  qui  sont  parfois  de  puissantes  rivièi'es. 

On  voit  combien  tout  ces  détails  contribuent  à  infirmer  la 
fausse  théorie  des  nappes   continues. 

Les  hygiénistes  ont  reconnu  et  les  récentes  explorations, 
ainsi  que  les  expériences  de  coloration  à  la  fluorescéine,  ont 
achevé  de  prouver  que  les  sources  du  calcaire  ne  sont  pas  de 
vraies  sources,  comme  celles  lillrées  dans  des  terrains  pennéa 
blés  par  imbibition  ;  il  est  avéré  maintenant  que,  par  les  fissures 
du  calcaire  et  de  la  craie,  les  eaux    d'infiltration   peuvent  véhi- 


E.    A.    MARTEL  4^^ 

culer  d'amont  en  aval  les  germes  des  plus  graves  maladies 
épidémiques,  notamment  la  lièvre  typhoïde.  C'est  pourquoi 
j'ai  proposé  de  retirer  aux  grosses  fontaines  du  calcaire  la 
privilégiée  qualification  de  source  et  de  les  nommer  des  résur^ 
gences  (réapparitions  d'eau),  terme  qui  implique  l'idée  d'un 
retour  a  la  surface  du  sol,  après  une  première  circulation  exté- 
rieure et  une  seconde  intérieure. 

J'ai  établi  aussi  que  les  sources  temporaires  ou  rémittentes^ 
qui  ne  jaillissent  qu'après  les  grosses  pluies,  sont  à  peu  près 
toutes  des  trop-pleins  de  sources  pérennes,  situées  plus  bas  et 
dans  le  voisinage. 

De  môme  le  lac  intermittent  de  Zirknitz  (Autriche)  est  le 
trop-plein  des  rivières  souterraines  qui  coulent  sous  son  lit, 
plus  ou  moins  abondamment  selon  la  précipitation  atmos- 
phérique. 

Les  pluies,  en  effet,  ont  une  action  directe  et  très  rapide 
sur  les  eaux  souterraines  des  cavités  naturelles  de  toutes  sortes, 
où  l'on  a  matériellement  observé  depuis  peu  d'années  l'exis- 
tence, la  fréquence  et  la  brusquerie  de  véritables  crues,  par- 
fois formidables  (Chevrot  à  Baume-les-Messieurs  i883,  Putick 
à  Planina  1887,  Gaupillat  à  la  Coquillicre  1892,  accidents  du 
Lur-Loch,  Styrie  en  1894  et  de  Jeurre,  Jura,  en  1899,  Martel 
à  Padirae,   1896,  etc.). 

Les  variations  du  régime  météorologique  se  font  donc  sentir 
très  rapidement,  contrairement  à  ce  que  l'on  a  longtemps 
enseigné,  sur  les  réservoirs  de  résurgences  ;  cela  achève 
d'expliquer  leurs  oscillations,  modérées  dans  une  forte  mesure 
par  Vaction  retardatrice  des  siphons  (v.  suprà),  —  et  aussi 
les  troubles  (argiles  boueuses)  constatés  parfois  dans  leurs 
eaux  (Yaucluse,  janvier  1896  ;  Saint-Chély-du-Tarn,  septembre 
i9oo,  lors  de  l'excursion  du  Congrès   géologique  international). 

Diverses  raisons  permettent  d'énoncer  que  les  grottes 
aujourd'hui  largement  ouvertes  d'où  sortent  encore  des  ruisseaux 
accessibles  à  l'homme  (la  Balme,  Isère  :  Bournillon,  Isère  ;  le 
Brudoux,  Drôme  ;  la  grotte  Sarrasine,  le  Lison,  la  Loue,  etc., 
Jura  ;  Sarre,  Basses-Pyrénées  ;  Han-sur-Lesse,  Belgique  ;  le  Peak, 
Angleterre  ;  Planina,  Carniole  ;  Rjéka,  Monténégro,  etc.),  ont 
été  pendant  un  temps  la  dernière  chambre-réservoir,  fermée 
vers  l'extérieur,  d'un  courant  souterrain  jadis  beaucoup  plus 
puissant  ;  et  que,  par  l'elfet  de  la  pression  hydrostatique 
surtout,   la    cloison   rocheuse    qui    la    séparait  jadis    du   dehors 


4l4  VlUe   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

a  fini  par    être  emportée   dans    une  sorte   irexpiosion    hydrau- 
lique qui  a  laissé  béante  la   grande   cavité   actuelle. 

On  a  pu  pénéter  en  effet,  soit  par  des  trop-pleins  à  sec, 
soit  par  1  étroit  canal  même  de  sortie  des  eaux,  dans  des 
grottes  à  orifice  extrêmement  resserré,  en  arrière  duquel  on 
a  presque  toujours  trouvé  un  vaste  dôme  que  les  eaux  de 
crue  remplissent  plus  ou  moins  ;  dans  ces  cas  il  est  avéré 
que  la   l)onde   du   réservoir  souterrain   n'a  pas  encore  sauté. 

Et  il  est  infiniment  probable  que  derrière  les  sources 
siphonnantes  (dites  Vauclusiennes),  où  Teau  remonte  de  plus  bas 
que  son  point  d'émergence,  la  dernière  caverne- réservoir  n*a 
pas  encore  éclaté  parce  que  le  mur  séparatif  final  reste  trop 
épais,  faute  d'approfondissement  suffisant  du  thalweg  extérieur 
voisin. 

Quand,  au  contraire,  les  approfondissements  de  thalwegs 
se  sont  peu  à  peu  accrus  jusqu'à  leur  niveau  actuel,  il  en 
est  résulté  des  conséquences  sur  lesquelles  j'ai  attiré  tout 
particulièrement  l'attention  :  j'ai  constaté  que,  dans  toutes 
les  formations  calcaires  de  l'Europe,  les  dépressions,  plus 
ou  moins  accentuées,  des  plateaux  possèdent  presque  toutes 
une  pente  générale  vers  les  vallées  environnantes  ;  elles  pré- 
sentent le  véritable  aspect  de  tlialwegs  atropfiiés,  même  de  fonds 
de  lacs  (bassina  fermés)  dépouillés  de  leui's  eaux  courantes 
ou  stagnantes  ;  or,  partout,  du  Péloponèse  à  l'Irlande  et  de  la 
Catalogne  aux  Carpathes,  on  rencontre  dans  ces  {^allées  dessé- 
chées (ou  même  inachevées),  des  ouvertures  de  goufircs  et  de 
points  d'absorption  (avens  ou  bétoires)  en  si  grand  nombre 
([u'ils  imposent  Ténoncé  de  la  loi  géologique  et  hydrolugique 
suivante  :  sous  l'influence  de  diverses  causes  (agrandissement 
des  fissures  sous-jacentes  du  sol,  drainage  de  plus  en  plus 
énergique  vers  les  thalwegs  principaux  s'approfondissant  gra- 
duellement, etc.),  il  s'est  produit  une  fuite  progressive  des 
eaux  dans  le  sous-sol  des  '  régions  calcaires.  On  assiste 
encore  à  la  production  du  pliénomène  dans  les  régions  humides 
de  l'Irlande,  du  Derbyshire,  et  de  Belgique  (calcaires  carboni- 
fères) ;  on  l'observe  bien  moins  souvent  dans  les  Causses  et  le 
Karst  (jurassique  et  crétacé),  au  climat  plus  sec  et  aux  roches 
peut-être  moins  dures.  Cependant  la  vallée  de  l'Alzou  à  Roca- 
madour(Lot),  en  offre  un  remarquable  exemple. 

Il   en    résulte    de   toute    évidence  que  de  tels  plateaux  cal- 
caires,  maintenant   vrais   paj^s  de  la  soif,  u*ont   pas   toujours 


E.    A.    MARTEL  4^^ 

eu  la  désolante  sécheresse  dont  ils  pâtissent  de  nos  jours,  — 
que  jadis  des  eaux  courantes  y  circulaient  en  rivières  ou  s'y  accu- 
mulaient en  lacs,  —  que  le  dessèchement  a  été  provoqué  plus 
ou  moins  rapidement,  à  la  suite  des  phénomènes  dynamiques, 
d'ordre  tectcmique,  qui  ont  ouvert*  aux  eaux  les  diaclases  et 
autres  cassm*es  du  sol,  —  qu'il  a  été,  en  maints  endroits, 
activé  par  le  creusement  plus  rapide  de  certains  thalwegs 
devenant  des  vallées  maîtresses  et  soutirant  par  les  cavernes- 
sources  étagées  sur  leurs  rives,  des  eaux  enfouies  sur  les  pla- 
teaux latéraux,  —  et  que  les  abîmes  et  autres  points  d'absorption, 
actuellement  à  sec,  doivent  bien  être  considérés  comme  les 
points  de  vidanges  d'anciens  fleuves,  lacs  et  peut-être  même 
de  mers. 

Les  phénomènes  contemporains  de  lacs  à  doubles  émissaires 
(superficiel  et  souterrain)  du  Jura  et  du  Karst,  les  moulins  de 
la  mer  d'Argostoli  (île  de  Géphalonie),  les  bassins  fermés 
(Kesselthâler)  à  ponors  et  Katavothres  de  Bosnie-Herzégovine  et 
de  Grèce,  les  rivières  souterraines  telles  que  la  Recca,  la 
Piuka  (Autriche),  Padirac  (Lot),  Bramabiau  (Gard),  etc.,  les 
captures  souterraines  du  Danube  par  le  Rhin  (source  de  TAach), 
près  Gonstance,  du  Doubs  par  la  Loue  (Jura),  de  la  Loire  par 
le  Loiret,  du  Bandiat  et  de  la  Tardoire  par  la  Touvre  (etc.), 
les  pi'olbndes  cluses  desséchées  comme  celle  si  remarquable  de 
la  Nes([ue,  qui  a  dû  être  l'ancien  écoulement  aérien  de  Vau- 
cluse,  etc. ,  sont  quelques-uns  des  faits  à  l'appui  des  propositions 
qui  précèdent. 

Les  preuves  abondent  donc  du  processus  qui,  dans  les 
pays  calcaires,  a  substitué  à  une  ancienne  circulation  siiperfl- 
cielle  très  développée  une  circulation  souterraine  actuelle  très 
restreinte.  C'est  la  loi,  fort  grave  pour  l'avenir,  de  l'enfouisse- 
ment constant  des  eaux  dans  Técorce  terrestre  et  du  lent  et 
inévitable  dessèchement  de   celle-ci  ! 

Il  faut  noter  que,  sous  les  glaciers,  existe  aussi  toute  une 
circulation  d'eaux  intérieures.  La  catastrophe  de  Saint-Gervais 
a  montré  combien  elle  serait  utile  à  étudier.  Malheureusement 
cette  étude  présente  des  dillicultés  et  dangers  tout  spéciaux 
qui  n'ont  pas  empêché  MM.  J.  Vallot  et  Fontaine  d'en  aborder 
l'ingrat  problème. 

La  météorologie  des  cavernes  a  fourni  à  la  géologie  trois 
notions  nouvelles. 

La  première  c'est  que  la  température  de  l'air   n'y  a  pas  du 


4l6  VIll*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tout  la  constance  qu'on  lui  prêtait  jadis  et  que  diverses 
circonstances,  généralement  d'ordre  topographique,  arrivent 
à  la  faire  varier  de  plusieurs  degrés,  non  seulement  suivant 
les  saisons,  mais  encore  d'un  point  à  l'autre  d'une  nième 
caverne. 

La  seconde  c'est  qu'il  en  est  de  même  pour  les  eaux  des 
cavernes,  et  que  par  suite  les  résurgences  (sources  du  calcaire) 
sont  fort  loin  de  présenter  toujours  une  température  égale  à 
la  moyenne  annuelh»  de  celle  du  lieu  où  elles  émergent.  (Le^ 
GiUardes  ilu  Dévoluy,  par  exemple,  sont  refroidies  de  plusieurs 
degrés,  comme  alimentées  par  les  néçés  souterrains  de  profonds 
chouruns), 

La  troisième  c'est  que  la  formation  des  glacières  naturelles, 
objet  de  si  longues  controverses  et  de  si  nombreuses  théories, 
a  pour  cause  principale  l'action  du  froid  hivernal,  et  pour 
causes  accessoires  par  ordre  d'importance,  les  quatre  suivantes: 
i»  foi*me  de  la  cavité  ;  2°  libre  accès  du  froid  ou  de  la  neige 
d'hiver  ;  3°  altitude  ;  4®  refroidissement  par  évaporation  due 
aux  courants  d'air. 

L'origine  de  l'acide  carbonique  n'est  expliquée  que  pour  les 
mofettes  des  grottes  des  teiM*ains  volcaniques  ;  dans  les  cavernes 
du  calcaire,  où  il  s*est  d'ailleurs  rencontré  fort  rarement  jusqu'à 
présent,  cett<»  origine  reste  assez  mystérieuse:  on  sait  seulement 
qu'on  a  parfois  pris  pour  de  l'acide  carbonique  des  gaz 
méphitiques  provenant  de  la  décomposition  de  matières  orga- 
niques englouties  (Katavothres  du  Péloponèse,  etc.).  Des  analyses 
d'air   pourraient   être  intéressantes  dans  ce  cas-là. 

La  relation  des  cavités  naturelles  avec  les  filons  métallifères 
a  déjà  occupé  nos  savants  collègues,  MM.  Lecornu  (plomb  du 
Derbyshire)  et  De  Launay  (Annales  des  mines,  août  1897).  Les 
pliosphorites   du  Quercy  se  rattachent  à  cet  ordre   d'idées. 

Dans  la  Blue-Jolm-Mine  (Derbyshire)  j'ai  pu  constater  que  ce 
célèbre  gisement  de  galène  et  de  fluorine  n  est  qii*un  extra- 
ordinaire labyrinthe  naturel  de  fissures,  un  réseau  d'aigris 
superposés  et  réunis  par  des  couloirs  plus  ou  moins  inclinés, 
et  absorbant  encore  de  nos  jours  un  ruisseau  extérieur  qu'on 
peut  suivre  jusqu'à  90  m.  de  profondeur,  pour  le  voir  se 
penlre  plus  bas  encore  dans  un  trou  absolument  impénéti'able. 
sans  qu'on  ait  réussi  encore  à  identifier  le  lieu  de  sa  résur- 
ffrnce. 

En  18912   M.   G.   Gaupillet  a   fait  la  très  curieuse  découverte 


R.    A.   MARTEL  4^7 

d'une  ancienne  mine  de  cuivre  y  d'âge  inconnu,  à  120  mètres 
de  profondeur,  dans  l'abîme  de  Bouche-Payrol,  près  Silvanès 
(Aveyron). 

Dans  le  Taurus  Cilicien  (Asie-Mineure),  à  Bulghar-Dagh, 
M.  Brisse  a  reconnu  que  des  gisements  de  plomb,  modifiés 
et  déplacés  par  la  circulation  de  véritables  rivières  souter- 
raines,  ont  fait  place   à    des  grottes  béantes,   etc.,   etc. 

Il  n'est  plus  contesté  maintenant  que  la  Terra  Rossa  du 
Karst,  Terre  rouge  des  cavernes,  soit  avant  tout  le  résidu  de 
la   décalcification  des  roches  calcaires. 

Sur  les  dépôts  de  carbonate  de  chaux  qui  forment  les 
stalactites  et  stalagmites  des  cavernes  et  les  tufs  des  résur- 
gences, il  n'y  a  guère  à  ajouter  à  ce  qu'on  sait  depuis 
longtemps,  si  ce  n'est  sur  le  mode  tout  spécial  de  formation 
des  gours  ou  barrages  de  stalagmite  dressés  en  travers  du 
cours  des  rivières  souterraines  par  suite  de  leurs  oscillations 
de  niveau  et  des  intermittences  de  leurs  flux  ;  et  aussi  sur  le 
danger  que  présentent  les  amas  de  tufs,  beaucoup  plus  Assurés 
et  moins  solides  qu'on  ne  le  pensait  jusqu'ici  (éboulements 
de  Saint-Pierre-Livron,  Lot,  en  1897,  de  la  Tullière,  Ain,  en 
ii^6,   etc.). 

Le  mode  de  remplissage  des  cavernes  doit  nous  arrêter  un 
instant  :  Je  suis  tout-à-fait  d'accord  avec  M.  Boule  pour  aban- 
donner les  idées  de  cataclysmes  et  d'inondations  diluviennes 
des  anciens,  et  pour  considérer  le  remplissage  comme  elFectué 
surtout  par  l'introduction  des  terres  superficielles  à  travers 
les  fissures  des  voûtes  de  grottes,  sous  l'influence  de  précipi- 
tations atmosphériques  plus  abondantes  qu'à  présent.  Il  pense 
qu'à  ces  deux  principes  généraux  il  faut  ajouter  les  détails 
suivants. 

Le  remplissage  s'opère  difl'éremment  suivant  la  nature  des 
cavités  et  ne  saurait  être  le  même  pour  les  abîmes  et  autres 
points  d'absorption,  que  pour  les  grottes  des  résurgences 
par  exemple.  Il  y  a  lieu,  en  réalité,  de  distinguer  et  de 
ranger  dans  l'ordre  d'importance  que  voici,  les  difl'érents 
facteurs  du  remplissage  des  cavernes. 

i"  Apports  extérieurs  (anciens  ou  contemporains)  par  les 
fissures  des   voûtes  ; 

2*  Eboulement  par  délitement  des  roches  encaissantes,  sous 
l'action  des  eaux   d'infiltration  ; 


il. 


4l8  VUV   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

3"  Effondrements  par  grandes  masses,  dus  surtout  aux 
rivières   souterraines  ; 

4**  Décalcification  produisant  la  terre  rouge  (entraînement  du 
carbonate  do  chaux  des  roches  encaissantes  par  les  eaux 
chargées  d'acide  carbonique  et  mise  en  liberté  de  leur  silicate 
d'alumine,  oxyde  de   fer,   etc.) 

5»  Obstruction   par  les  stalagmites  et  stalactites  ; 
6°  Entraînement    d'alluvions  extérieures   et  de    débris  oi-ga- 
niques  dans  les  abîmes  et  points  d'absorption  ; 

7"  Formation  de  tufs   au  débouché  des  résurgences; 

8o  Amoncellement  de  neiges  et  glaces  dans  les  puits  à  neige 
et  les  glacières  naturelles  ; 

9®  Amoncellement  des  ossements  d'animaux  (tombés  ou 
jetés,  vifs  ou  morts)  dans  les  abîmes  de  peu  de  largeur. 

Pour  savoir  si  ces  fonds  d'abîmes  ne  livreraient  pas, 
comme  je  le  suppose,  des  superpositions  de  carcasses  fossiles 
plus  anciennes  que  les  trouvailles  de  M.  F.  Regnault  dans 
les  oubliettes  de  Gai'gas,  etc.,  et  remontant  jusqu'aux  ûges  ter- 
tiaires, les  paléontologues  attendent  que  l'on  entreprenne  des 
fouilles,  ([ui  seraient  certes  longues  et  coûteuses,  dans  toute 
la  hauteur  des  talus  (Véboulis  des  fonds  de  gouffres,  qui 
(entre  5o  et  3oo  mètres  sous  terre)  peuvent  atteindi*e  et  dépasser 
cinquante  mètres   d'épaisseur. 

Les  travaux  pratiques  de  désobstructions  de  pertes,  dessè- 
chement de  marécages,  recherches  de  réservoirs  naturels  n'ont 
encore  été  entrepris  utilement  qu'en  Autriche,  Bosnie-Hei'zégo- 
vine  et  Grèce.  Ils  seraient  bien  opportuns  dans  diverses  loca- 
lités françaises. 

Tel  est  le  résumé,  très  sommaire,  de  ce  qu'il  convient  de 
corriger  ou  d'ajouter  pour  niettre  au  point,  en  ce  qui  concerne 
la  géologie  et  l'hydrologie,  les  notions  scientifiques  acquises 
sur  les  cavernes  à  la  clôture  du  xix®  siècle. 


4i9 


OBSERVATIONS  GÉOLOGIQUES 
SUR  LES  GROTTES  DE  LA  CURE  ET  DE  L  YONNE 

par    M.    A.    PARAT 

L'étude  des  cavernes  peut  fournir  à  la  géologie  de  nombreuses 
observations  ;  elle  a,  en  edet,  à  examiner  :  i®  les  diaclases  des 
terrains  calcaires,  leur  origine,  leur  transformation  en  galeries, 
par  la  corrosion  et  par  Férosion  ;  2°  le  creusement  des  val- 
lées dont  les  grottes  dépendent  et  le  régime  des  rivières  ; 
3°  les  anciens  dépôts  meubles  de  la  région  et  les  alluvions 
amenés  dans  les  cavités  ;  4®  ^^  faune  et  l'industrie  humaine 
des  époques  reculées,  enfouies  dans  le  remplissage.  Ce  sont  ces 
différentes  observations  que  j'ai  faites  dans  les  soixante  grottes 
que  j'ai  déjà  explorées,  en  tout  ou  en  partie,  sur  une  centaine 
que  possède  le  département  de  l'Yonne.  Le  but  principal  était 
sans  doute  la  recherche  des  documents  archéologiques,  mais 
la  géologie,  qui  doit  être  la  base  de  pareils  travaux,  ne  pou- 
vait être  oubliée  :  les  grottes  ont  toujours  été  déblayées  jusqu'au 
plancher  rocheux,  et  on  a  relevé  le  profil  des  planchers  et 
des  voûtes,  observant  et  notant  surtrmt  les  divers  remplissages 
et  tout  ce   (jui   p<>ut  intéresser   le   géologue  (i). 

C'est  dans  la  bordure  N.-W.  du  massif  granitique  du  Morvan, 
c'est-à-dire  à  l'extrême  limite  du  bassin  de  la  Seine,  au  S.-E., 
que  sont  groupées,  sur  une  petite  étendue,  prescpie  toutes  ces 
grottes.  KUes  sont  situées  un  peu  en  amont  du  confluent  de 
l'Yonne  et  de  la  Cure,  dans  les  escarpements  de  leurs  méan- 
dres encaissés. 

Les  premières,  en  partant  de  l'est,  se  trouvent  dans  la  vallée 
de  l'Armançon.  rivière  assez  considérable,  qui  se  réduit  considé- 
rablement au  niveau  de  la  grande  oolithe  ;  elles  sont  au  nombre 
de  deux.  Plus  loin,  le  Serein  a  de  nombreux  engouffrements  ;  il 
se  tarit  l'été  à  un  endroit  pour  reparaître  plus  bas  ;  il  y  a 
quatre  grottes  dans  sa  vallée.  Au-delà  commence  la  région  des 
alfaissements  qu'on  appelle  généralement  crois  quand  ils  sont 
secs,  et  soilles  quand    ils  gardent    l'eau.    Ces  fosses  atteignent 

(1)  La  nuticc  détaillée  des  Krottes  se  publie  depuis  1894.  daus  le  Bulletin^  de 
ta  Société  des  Sciences  de  VYonnc  (Auxcrre;  ;  la  oolioe  j,'énéraie  a  paru  dans  le 
Coiujres  international  d'.inthropoloyie^  1901,  Paris.  Masson. 


42K)  Vlll'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

jusqu'à  i5  mètres  de   profondeur  :    elles  sont  nombreuses  à  la 
partie  supérieure  de  la  grande  oolithe,  caractérisée  par  des  cail- 
lasses à   lits    de    silex    rubané.  En   avançant   vers  T Ouest,  ces 
cavités   s'élargissent  en  perdant    de    leur  profondeur;   mais  on 
trouve,    par  exception,    dans    les    calcaires    lithographiques  de 
Vermanton  une  fosse,    visible  sur  26  mètres,  qui   s'est  ouverte 
récemment  au  milieu  d'un  crot  évasé  de  5o  mètres  de  diamètre. 
On  arrive  à   la   Cure,    en    traversant  le    Vau-de-Bouche    où 
Ton   remarque   la   perte    du    ruisseau    et   la    présence    de    cinq 
grottes;  c'est  le  point  central  des  excavations  :  le  Corallien  est 
formé  d'un  massif  de  blocailles,    très    fissuré,  reposant  sur  la 
Grande  Oolithe,  avec  interposition  de  quelques  bancs  assimilés  à 
l'Argovien,  que  traversent  de  nombreuses  diaclases  ;  et  c'est  au 
niveau  de  ces  trois  étages  que  se  sont  formées  la   plupart  des 
cavités.  On  compte  une  trentaine  de  grottes  autour  d'une  anse, 
entre  Saint-Moré    et    Arcy,    elles   déterminent    le    passage    des 
eaux    de    la    rivière    à    travers  la  colline  ;  la  Cure    elle-même 
n'est  qu'un   filet  d'eau   l'été.    On   passe   enfin   à    la    vallée   de 
l'Yonne,  ouverte    dans   un    massif   coralligène,  riche  en  petites 
cavités,    où    se    perdent    la    plupart  des    ruisseaux   du  platean 
voisin,  tels  sont  les  rus  de  Vau-Donjon,  de  Tameron,  de  Brosses, 
de  Lichères. 

Ces  grottes  sont  des  galeries  droites,  horizontales,  dirigées 
S.-N.,  comme  les  diaclases  qui  sillonnent  le  terrain  ;  il  y  a 
parfois  des  coudes,  des  boucles,  ou  bien  la  galerie  est  accom- 
pagnée, sur  le  côté,  de  chambres  qui  l'élargissent  sans  en 
changer  l'aspect.  Les  unes  finissent  brusquement,  d'autres 
s'allongent  en  boyau;  les  Goulettes,  qui  dérivent  la  rivière  en 
partie,  ont  un  kilomètre  de  longueur,  la  Grande  grotte  d'Arcy 
mesure  876  mètres,  les  Fées,  i5o  mètres,  mais  la  dimension 
conmiune  est  de  10  à  20  mètres  ;  leur  largeur  est  le  plus  sou- 
vent de  a  à  6  mètres,  rarement  de  10  à  i5  et  par  exception 
35  mètres  au  niveau  des   chambres. 

Dans  le  récif  corallien,  les  grottes  sont  placées  sans  ordre,  à 
toutes  les  hauteurs  ;  mais  dans  les  calcaires  mieux  stratiûés. 
elles  sont  quelquefois  disposées  par  séries,  c'est-à-dire  dins  les 
mêmes  bancs,  ce  qui  n'empêche  pas  les  grottes  de  la  même 
série  d'être  situées  à  des  hauteurs  diflerentes,  quand  les  cou- 
ches s'inclinent,  comme  à  Saint-Moré,  de  l'Est  à  l'Ouest,  ou 
sont  découpées  par  des  failles,  ce  qui  étage  les  grottes  de  5o 
à   3o   mètres  dans  les   mêmes   bancs.  Par  suite  du   plongement 


A.    PARAT  421 

anormal  des  couches  au  N.-W.,  on  reconnaît  à  Arcy,  dans 
la  branche  d'aval,  la  même  série  de  grottes  quon  voit  à 
Saint-Moré  ;  mais  au  lieu  d'être  à  3o  mètres  au-dessus  de  la 
Cure,  on  les  trouve  au  niveau  même  de  la   vallée. 

Le  Creusement 

La  formation  des  grottes,  qui  résulte  de  l'agrandissement 
des  diaclases,  est  l'œuvre  des  eaux  agissant  par  corrosion  et 
par  érosion. 

Les  failles  ne  manquent  pas  dans  la  bordure  du  Morvan, 
et  l'on  en  trouve  deux  grandes  sur  la  mince  bande  de  lokil., 
qui  sépare  le  massif  granitique,  de  la  région  des  grottes.  La 
Cure,  dans  son  cours  moyen,  suit  elle-même  une  faille  qui 
accuse  une  dénivellation  de  100  mètres. 

Quelle  époque  faut-il  assigner  à  la  formation  de  toutes  ces 
cavités  ?  Ont-elles  un  rapport  étroit  avec  le  creusement  des 
vallées,  comme  il  est  naturel  de  le  croire  ?  Si  Ton  examine 
les  fosses  situées  sur  les  plateaux,  on  voit  qu'elles  sont  d'époques 
diftérentes  ;  ainsi  les  unes  sont  remplies  de  l'argile  sableuse 
de  l'éocène  et  conservent  Teau,  d'autres,  à  côté,  et  c'est  le  plus 
grand  nombre,  en  sont  dépourvues  et  sont  toujours  à  sec  :  ces 
dernières  seraient  donc  moins  anciennes  que  les  autres.  Mais 
comme  les  eaux  qui  opèrent  un  creusement  par  érosion  ((  ont 
besoin  d'être  attirées  en  contre-bas  par  le  vide  d'une  vallée  », 
il  s'en  suivrait  que  Tâge  des  grottes  serait  le  même  que  celui 
des  différents  thalwegs  que  la  rivière  a  parcourus.  Deux 
observations  me  paraissent  cependant  ici,  contredire  cette  con- 
clusion :  I'  On  voit  des  cours  d'eau  abandonner  leur  canal, 
régulièrement  tracé  jusqu'au  confluent,  et  se  frayer  un  passage 
sous  les  collines  bordières  ou  même  se  créer  un  autre  lit  sous 
leur  lit  normal,  au  sein  de  roches  résistantes  ;  2°  Les  alluvions 
fines  des  grottes,  sans  issue,  situées  à  5o  mètres,  comme  au 
niveau  de  la  vallée,  présentent  une  stratification  parfaitement 
réglée  ;  or,  *  si  les  dépôts  s'étaient  eflectués  au  fur  et  à  mesure 
de  l'élargissement  et  de  l'approfondissement  des  cavités,  les 
strates  montreraient  de  la  confusion  dans  tous  les  sens.  Cette 
dernière  observation  tendrait  à  indiquer  le  creusement  préalable 
de  ces  grottes,  à  celui  des  vallées  et  indépendamment  de  lui, 
au  moins  pour  la  plus  grande  part.  Le  voisinage  des  grandes 
failles  et  la  présence  de    failles  locales   sont  l'indice  de  profon- 


43a  Vni^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

des  cavités  d'une   grande  étendue,  et  les   eaux  pouvaient  troa- 
ver  là,  à  travers  les  diaclases,  leur  écoulement  naturel. 

Le  Remplissage 

Après  le  creusement  par  corrosion  est  venu  le  remplissage 
sous  différentes  formes  ;  mais  le  plus  important  et  le  plus 
caractéristique,  est  celui  qui  s'est  produit  par  Téboulis  des 
parois.  Jusqu'à  un  certain  moment,  les  eaux  courantes  et 
d'infiltration  amenaient  le  sable  et  l'argile  dans  des  galeries 
intactes,  aux  parois  polies  par  la  corrosion  ;  puis  les  éboulis 
ont  commencé  à  se  mêler  aux  alluvions  et  finalement  ont 
formé  seuls  le  remplissage.  Cette  transition  du  creusement 
par  corrosion,  au  l'emplissage  détritique,  est  l'indice  d'un 
changement  de  régime,  que  la  faune  pourrait  nous  faire 
connaître  si  les  fossiles,  des  grottes  n'étaient  pas  dus  aux  seuls 
apports  de  l'homme,  c'est-à-dire  incomplets.  On  peut  signaler 
dans  la  Grande  grotte  d'Arcy,  où  il  n'y  a  pas  trace  du  séjour 
des  primitifs,  la  découverte  de  Thippopotame  dans  le  limon 
de  rive,  tandis  que  les  autres  grottes  n'ont  fourni  que  des 
espèces  froides.  Quoi  qu'il  en  soit,  le  refroidissement  et  Tassè- 
chement  graduel  de  Tatmosphère  ont  dû  être  les  grands 
facteurs   de   ce  changement. 

Le  mode  de  remplissage  des  grottes  est  le  suivant,  par 
ordre  de  superposition  :  argile  résiduelle  ou  alluvions,  dépôts 
de  concrétions,  éboulis  des  parois  encaissantes  toujours 
mêlés  à  argile  jaune  des  dernières  alluvions  ou  du  sol 
supérieur,  argile  rouge-brun  des  plateaux,  sans  parler  des 
dépôts  accidentels  comme  les  ossements,  galets,  silex,  etc., 
apportés  par  l'homme.  Mais  les  grottes  n'ont  pas  toutes  la 
série  complète  de  ces  matériaux,  c'est  l'exception  :  quelques- 
unes  sont  restées  telles  que  le  creusement  les  a  faites  ;  d'autres 
montrent  le  limon  brun,  le  dernier  venu,  reposant  sur  le 
plancher  rocheux  ou  sui*  les  alluvions  ;  le  plus  grand  nombre 
possède  les   alluvions   et  les   éboulis. 

Le  premier  remplissage  est  la  couche  d*alluvions  rarement 
mêlée  de  quekjues  débris  des  parois,  ce  qui  prouve  que  le 
creusement  s'est  fait  presque  toujours  par  corrosion.  Ces 
alluvions  sont  des  cailloux  roulés  du  Morvan,  mêlés  de  sable 
granitique,  dans  les  grottes  situées  au  niveau  de  la  vallée  : 
ce  dépôt  souvent  bruni  par  le  manganèse  est  recouvert  d'une 
couche    d'argile    sableuse    gris-verdàtre,     et   d'une    autre   plûS 


A.    PARAT  4*^3 

épaisse  d'argile  jaune,  cette  dernière  est  seule  fossilifère  (les 
Fées,  le  Trilobite,  THyène,  le  Cheval).  Dans  les  grottes  basses 
fermées  (les  Fées)  et  dans  les  grottes  situées  de  3o  à  5o  mètres 
(la  Roche  Percée,  l'Homme,  le  Mammouth,  etc.),  les  alluvions 
sont  composées  de  sables  quarzeux  blancs  ou  jaunâtres, 
d'argile  blanche,  jaune,  rouge,  quelquefois  brune  par  suite  du 
manganèse  et  se  délitant  parfois  en  feuillets  ;  mais  la  plus 
grande  masse  est  formée  d'argile  sableuse,  et  dans  deux 
grottes,  à  3o  mètres,  le  sable  granitique  est  trouvé  inter- 
calé. L'argile  résiduelle,  qui  est  peu  considérable,  se  distingue 
de  l'argile  d'alluvion,  en  ce  qu'elle  n'est  pas  homogène  et 
toujours   sans  stratiOcation. 

Ces  sable  et  argile,  qu'on  trouve  sur  une  grande  épaisseur 
à  5o  mètres  (La  Roche-Percée),  et  de  même  à  2  mètres  (les 
Fées),  sont  des  dépôts  de  l'époque  tertiaire  éocène  (Sparnacien 
continental).  On  les  rencontre  encore  çà  et  là,  sur  la  bor- 
dure du  Morvan,  dans  des  fentes  ou  des  cuvettes,  associés 
ou  non  à  des  grès  sauvages  empâtant  parfois  des  silex 
crétacés.  Ces  grès,  qu'on  a  pris  autrefois  pour  des  roches 
erratiques,  faisaient  partie  des  couches  tertiaires  dont  les 
vestiges  ont  été  conservés  dans  les  grottes  et  dont  la  puis- 
sance nous  est  révélée  par  ce  fait,  que  leur  érosion  s'est 
prolongée  durant  toute  l'époque  du  creusement  de  la  vallée, 
puisqu'on  les  retrouve  à  tous  les  niveaux.  L'existence  de  cet 
épais  manteau  de  terres  fertiles  recouvrant  les  surfaces  arides 
des  plateaux  calcaires  a  contribué,  à  l'époque  quaternaire,  au 
développement  d'une  faune  qui  comprenait  en  même  temps 
l'éléphant,  le  rhinocéros,  le  bœuf,  le  cheval,  les  cerfs  du 
Canada  et  élaphe,  le  renne,  le  saïga,  le  bouquetin  dont  les 
débris  gisent   dans  le  remplissage   inférieur  des  grottes. 

Les  concrétions  de  calcite  forment  le  deuxième  dépôt  et 
semblent  postérieures  aux  dernières  alluvions.  Toute  une  grotte 
d'Arcy,  la  plus  grande,  est  tapissée  de  stalactites,  de  stalag- 
mites et  d'incrustations.  C'est  une  curiosité  de  la  Grande 
grotte  visitée  par  BufFon,  décrite  par  Daubenton  et  d'autres  et 
dont  M.  Vélain  a  dit  :  (c  c'est  un  sujet  complet  d'études  et. 
en  même  temps,  un  objet  de  curiosité  méritée  qu'on  ne  trouve 
peut-être  nulle  part  réunis  avec  autant  d'expression.  »  Ailleurs 
les  concrétions  sont  rares  ;  ainsi,  à  côté,  dans  la  longue  galerie 
des  Fées,  il  n'en  existe  pas.  Il  y  a  cependant  des  grottes 
aujourd'hui   très  sèches   et  qui    étaient    garnies   de   concrétions 


4^  VIII'  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

au  début  du  remplissage,  car  on  en  retrouve  les  débris  à  la 
base  des  éboulis  (rHomiue).  D'ailleurs  on  rencontre  de  ces 
traces  dans  presque  toutes  les  grottes,   au  niveau  inférieur. 

La  couche  d'éboulis  forme  le  remplissage  le  plus  général 
des  grottes;  il  atteint  jusqu'à  6  mètres  d'épaisseur,  mais  son 
maximum  est  à  Tentrée  et  souvent  Téboulis  se  limite  à  cette 
partie.  La  formation  des  éboulis,  dans  les  grottes,  est  généra 
lenient  lente  ;  parfois  elle  est  rapide  (la  Cabane),  où  il  s'est 
amoncelé  ^^bo  de  détritus  depuis  Tàge  du  bronze,  et  près  de 
3™5o  depuis  Tépoque  gallo-romaine  ;  le  toit  qui  s'est  reculé 
de  lo  mètres  finira  par  disparaître. 

Il  serait  donc  impossible,  d'après  de  telles  données,  d'éta- 
blir une  chronologie  de  ces  sortes  de  dépôts  ;  mais  à  en  juger 
par  la  conservation  parfaite  des  ossements  à  l'entrée  des 
grottes,  exposés  aux  alternatives  de  sécheresse  et  d'humidité, 
il  faudrait  admettre  pour  l'époque  quaternaire  un  remplissage 
tel  que  les  ossements  fussent  recouveits  assez  rapidement.  On 
peut  connaître,  grâce  aux  fossiles,  Tàge  i*elatif  de  ces  éboulis: 
les  uns  embrassent  toute  l'époque  des  cavernes  (les  Fées,  le 
Trilobite),  les  autres  sont  du  début  et  s'arrêtent  avec  le 
rhinocéros  (le  Mammouth).  D'autres  vont  plus  loin  et  finis- 
sent avec  l'ours  et  l'hyène  (l'Homme)  ;  enfin  il  en  est  qui  se 
sont  formés  à  la  fin  seulement  et  n'ont  que  le  renne  (le  trou 
de  la  Marmotte). 

Le  remplissage  d'éboulis  est  formé  par  une  masse  pier- 
reuse, mélangée  à  une  partie  terreuse  plus  ou  moins  abon- 
dante et  plus  ou  moins  grasse.  Dans  les  grottes  au  niveau  de 
la  vallée,  les  allnvions  limoneuses  et  même  sableuses  sont 
venues  longtemps  se  mêler  aux  détritus  ;  de  plus,  les  dia- 
clases,  dans  toutes  les  grottes,  ont  laissé  passer,  au  moyen 
des  eaux  d'infiltration,  l'argile  et  quelque  peu  de  sable  des 
couches  tertiaires.  Par  suit(î  du  tassement  se  produisant  dans 
une  terre  humide,  le  remplissage  détritique  a  formé  une 
sorte  de  blocage  solide  et  même  de  brèche  quand  la  calcite 
est  intervenue,  ce  qui  a  préservé  ces  couches  du  remaniement 
par  les  fouisseurs. 

I^  dernière  couche  de  remplissage  est  bien  différente  de 
la  précédente,  elle  contient  quelque  rares  pierres  en  forme 
de  dalles,  mais  elle  se  compose,  sur  20  à  80  c.  d'épaisseur, 
d'une  argile  grasse,  rouge-brun,  qui  se  sépare  toujours 
nettement    de    la    couche  jaune,    calcarifère    sous-jacente.    Elle 


A.    PARAT  4^^ 

• 

s*est  introduite,  du  dehors,  par  les  cheminées  ou  fissures 
où  on  la  trouve  encore  engagée  et  quelquefois  cimentée  par 
la  calcite  ;  elle  a  été  aussi  amenée,  dans  les  grottes  basses, 
sous  forme  d'alluvions.  C'est  la  même  argile  que  celle  qui 
se  voit  sur  les  plateaux,  dans  les  dépressions  des  pentes  ou 
sur  les  dernières  alluvions  anciennes.  Ce  limon  des  caver- 
nes, ((  identique  de  tous  points  avec  la  partie  rubéfiée  des 
plateaux  et  des  pentes  (i)  »  n'a  rempli  les  cavernes,  dans 
notre  région,  qu'au  retour  du  régime  humide  de  l'époque  des 
tourbières.  C'est  donc  là  un  produit  nouveau,  diflérent  du 
remplissage  quaternaire  des  grottes  qui  est  l'analogue  du 
loess  ;  et  sa  présence  indique  un  changement  de  régime  dont 
l'action  s'est  exercée  un  certain  temps  pendant  lequel  les 
grottes  n'ont  reçu  ni  le  remplissage,  ni  les  débris  accoutumés 
de  faune  et  d'industrie.  Aussi  voit-on  le  i^emplissage  jaune 
s'arrêter  après  la  faune  abondante  du  renne  et  du  cheval  et  la 
couche  brune  reprendre,  sans  transition,  avec  une  faune  d'es- 
pèces actuelles  et  même  domestiques  :  cochon,  mouton,  cerf, 
chevreuil,  etc.,  où  le  cheval  est  extrêmement  rare.  Il  y  aurait 
là,  avec  l'arrêt  plus  ou  moins  prolongé  du  remplissage,  une 
lacune  ou   hiatus   dans  l'occupation  de    riiomme. 

Cette  présence  de  l'homme  au  milieu  des  éboulis  ajoute  à 
l'intérêt  des  observations  ;  on  l'y  retrouve  à  toutes  les  hauteurs 
et  sans  interruption  dans  les  débris  de  ses  repas  et  de  son 
industrie.  Les  ossements,  en  effet,  à  part  ceux  des  repaires, 
où  ils  sont  entiers  ou  cassés  transversalement,  et  appartenant 
à  toutes  les  parties  du  squelette,  dénotent  l'apport  et  l'action 
de  riiomme.  Les  alluvions  caillouteuses  des  bas  niveaux  et  les 
dépôts  argilo-sableux  des  grottes  élevées  en  sont  totalement 
dépourvus;  partout  ailleurs,  .soit  dans  les  limons  de  rive,  soit 
dans  les  éboulis,  ils  sont  associés  aux  débris  de  l'industrie, 
ils  appartiennent  seulement  à  certaines  parties  du  squelette  de 
certains  animaux,  toujours  les  mêmes;  ainsi,  en  dehors  des 
repaires,  les  ossements  d'ours  et  d'hyène  font  presque  entiè- 
rement défaut,  quoique  les  dents  soient  abondantes  ;  enfin, 
les  ossements  sont  très  fragmentés  dans  leur  diaphyse,  longi- 
tudinalement,    et  sont  associés  à   de    nombreuses  dents  isolées- 

On  voit  qu'au  moment  de  la  première  occupation  des  grottes 
par  l'homme  primitif,  la  vallée  était  à  peu  de  chose  près  dans 

(1)    Traité  de   géolosrlp    par    A.  de    Lappareot,  4"  édition,  p.    1618    et    sui- 
vantes.   Paris,  MassoQ. 


4a6  VIll''  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Tétat  actuel  ;  il  commence  à  les  visiter  en  même  temps  que 
se  dépose,  jusqu'à  une  grande  hauteur,  le  limon  de  rive  jaune 
qui  succède  aux  alluvions  caillouteuses,  et  avant  que  se  pro- 
duise Téboulis  des  parois.  La  faune  complète  des  espèces  froides 
de  Fépoque  quaternaire  y  a  été  reconnue  ;  mais  la  décou- 
verte à  la  Grande  grotte  d'Arcy,  au  même  niveau  et  dans  les 
mêmes  limons  que  les  autres,  d'un  petit  hippopotame  que  M. 
Gaudry  rapporte  à  Vamphibius  (i)»  fait  penser  que  Tarrivée  des 
Primitifs  dans  ces  grottes  coïncide  avec  la  période  de  transition 
et  que  Thomme  des  cavernes  a  pu  connaître,  à  leur  déclin, 
les  derniers  .représentants  de  Tépoque  des  alluvions. 

La  Cure,  en  effet,  qui  a  encore  des  crues  de  4  mètres  au- 
dessus  de  Fétiage  (i836),  atteignait  un  niveau  plus  élevé  et 
devait  avoir  un  régime  plus  régulier;  ainsi  la  grotte  des 
Fées,  dont  le  plancher  est  à  5  mètres,  a  son  remplissage  infé- 
rieur, sur  I  mètre,  formé  de  limon  de  rive,  la  grotte  du  Tri- 
lobite,  à  côté,  montrait  dans  Téboulis  de  la  couche  magdalé- 
nienne, à  6  mètres  5o,  des  lits  de  sable  fin.  Ces  observations 
concernent  Tépoque  paléolithique  ;  Tépoque  suivante,  dite  néo- 
litique,  marque  un  retour  au  régime  humide,  et  les  grottes 
sont  inondées  de  nouveau  ;  aux  Fées,  la  couche  brune,  qui 
est  un  limon  de  rive,  s'élève  de  7  à  8  mètres  au-dessus  de 
Tétiage.  Pour  l'époque  romaine  il  y  a  de  même  un  repère 
qui  montre  la  Cure  laissant  à  5  m.  60  un  dépôt  de  cailloux  et 
de  sable  datés  par  des  médailles  du  IV«  siècle  et  de  la  pote- 
rie (la  Cabane). 

De  l'ensemble  des  observations  faites  sur  la  géologie,  la 
faune  et  le  mobilier,  on  pourrait  résumer  de  la  façon  suivante 
la  chronologie  relative  des  grottes  dans  le  bassin  de  la  Seine  : 

jére  Période,  —  Creusement  des  grottes  par  corrosion.  Les 
alluvions  de  sable  fin  et  de  limon  succèdent  aux  dépôts  cail- 
louteux et  s'élèvent  à  une  hauteur  considérable.  La  faune 
comprend  toutes  les  grandes  espèces  froides  de  l'époque  qua- 
ternaire et  peut-être  l'hippopotame,  ce  sont  :  les  grands  cerfs, 
le  rhinocéros,  l'ours,  l'hyène,  le  mammouth,  le  renne,  ce  der- 
nier rare.  Le  mobilier,  fourni  surtout  par  les  roches  des  envi- 
rons, est  du  type  moustérien,  toujours  associé  à  quelques 
amandes  plates  de  Saint-Acheul. 

2éme  Période.    —    Le    creusement    s'arrête,    le    remplissage 

(1)  La  détermination  des  espèces  a  été  faite  au  Muséum,  par  M.  Marcellin  Boiil^- 


A.    PARAT  4^7 

détritique  commence,  indice  d'un  refroidissement  prononcé  et 
d'une  humidité  intermittente  des  grottes,  produisant  des  alter- 
natives favorables  à  Téboulis.  Les  alluvions  fines  atteignent, 
au  début,  un  niveau  bien  supérieur  aux  plus  grandes  crues 
actuelles  et  s'intercalent  dans  les  détritus.  La  faune  comprend 
les  mêmes  espèces  qui  disparaissent  peu  à  peu,  à  l'exception 
du  renne  qui  se  propage  ;  le  saïga  et  le  renard  bleu  se  mon- 
trent. L'industrie  est,  à  la  base,  du  type  moustérien,  mais  la 
plus  grande  partie  est  du  type  magdalénien:  on  y  a  trouvé  des 
os  dessinés,   et  plus  haut  le  type  solutréen. 

jème  Période.  —  Le  remplissage  d'éboulis  continue,  mais 
borné  à  quelques  grottes  ;  dans  les  autres,  il  s'est  arrêté  après 
la  faune  de  l'ours  ou  du  mammouth.  Les  alluvions  n'inter- 
rompent plus  la  masse  des  éboulis,  mêlés  à  une  argile  maigre 
et  calcarifère.  La  faune  ne  compte  plus  que  le  renne,  le  che- 
val et  le  bœuf.  L'industrie  est  du  magdalénien,  sans  rien  de 
particulier. 

^éme  Période.  —  Le  remplissage  s'est  arrêté  partout,  indice 
d'un  régime  sec  et  froid.  La  faune  et  l'industrie  de  cette 
période  sont  inconnues,  en  l'absence  de  tout  remplissage.  Cette 
dernière  phase  se  déduit  :  i°  de  la  marche  normale  des  phéno- 
mènes de  l'époque  des  cavernes  ;  2«  de  l'apparition  brusque  de 
l'argile  rouge-brun,  au  dessus  de  la  couche  jaune  d'argile  maigre 
calcarifère,  dont  elle  se  sépare  nettement,  ce  qui  suppose  un 
arrêt  du  remplissage  quaternaire  représentant  du  loess,  et 
l'action  prolongée  de  causes  nouvelles  transformant  à  l'exté- 
rieur le  loess  en  limon  gras,  rubéfié  ;  3°  de  la  présence,  sans 
transition,  d'une  faune  toute  différente  de  l'ancienne  et  d'une 
industrie  sui-generis.  L'homme  et  les  derniers  animaux  de  la 
faune  quaternaire  auraient  émigré  ou  se  seraient  éteints  au 
début   de  cette  période. 

LISTE  DES  GROTTES  DU  DÉPARTEMENT  DE  L'YONNE 

Vallée  de  l'Yonne 

Druyes.   Grotte   de  Saint-Romain,    Gave   aux  Fées. 
Festigiiy.    Grotte   de  la  Dame    P  N-  (i). 
Chdtel-Censoir.  Grotte  des    Fées  O. 

(i)  P  veut   dire  paléolithique,   N  néolithique,    0    sans    résultats. 


4^8  Vlll«   CONGRES   GÉOLOGIQUE 

Merry-sur- Yonne.  La  Cabonde  N,  le  Four  O,  la  Cave  O,  une  sans 
nom;  12  grottes  au  Saussois,  une  N,  les  autres  O  ;  la  Roche-au- 
Loup  P   N  à  Ravereau  et   5  autres   grottes  (une  N). 

Brosses,  La  Roche-Creuse  O. 

Mailty-le-Château.   9  petites  grottes  O. 

Verlin.   Une    grotte  (dans   la  craie). 

Chaumont.  Une  grotte  (dans  la  craie). 

Vallée  de  la  Cure 

Foissjr-lèS'  Véselqy.    2  petites  grottes   dans   le  quarz   d'épanchement. 

Vézelay.    Une  glotte. 

Voutenay.    Le  Repaire   P  N,  la  Roche-au-Laurron   P  N. 

GiroUeS'leS' Forges,   3  grottes  N. 

Précy-le-Sec.  La-Roche-à-la-Grange   N,  la   Roche-à- l'Autel  O. 

Saint'Moré,  La  Roche-Moricard  N,  la  Roche-à- Vinaigre,  l'Abri  du 
Lavoir,  THogane  O.  le  crot  Cana,  le  Puits  0«  la  Marmotte  P  N, 
le  Crapaud  N,  le  Tisserand  O,  le  Tunnel  O,  la  Roche- Percée  N, 
la  Maison  N,  Nermont  N,  le  Couloir  O,  la  Cuiller  N,  les  Vipères  O, 
les  Blaireaux  P  N,  l'Homme  P  N,  le  Mammouth  P  N,  l'Enton- 
noir O,  la  Cabane  N. 

Arcy-sur-Cure ,  Les  Goulettes,  3  petits  abris  ou  grottes,  le  Grand- 
Abri  des  Fées,  le  Petit-Abri,  les  Fées  P  N,  le  Gouffre,  la 
ChambreHaute  O,  l'Ours  P  N,  le  Trilobite  P  N,  l'Hyène  P  N, 
le  Cheval  P  N,  la  Grande-Grotte,  les  Nomades,  les  Sapins,  le 
Chastenay. 

Vallée  du  Cousin 

Fontcuibert,    Une   petite  grotte   dans   le  quarz  d'épanchement. 
Vault-de-Lufcny,   Une   grotte. 

Vallée  du  Serein 

Marmeaux.  Une  grotte. 
Civry,  Une  grotte  à  \  illers-Touraois. 
Grimault,   La  Grande   Gueule  N,  une  autre. 
Poilly-sur-Serein,   Une   grotte. 


Vallée  de  l'Armançon 


Cry,  Le   Larry-Blanc. 
Fuliy.    Une   grotte. 


4a9 


SUR  LE  TERRAIN  JURASSIQUE  DE  MADAGASCAR 


par  M.   H.  DOUTILLÉ 


Les  connaissances  que  nous  possédons  sur  le  terrain  juras- 
sique de  Madagascar  se  complètent  peu  à  peu,  grâce  aux 
matériaux  rapportés  presque  chaque  année  par  les  explorateurs. 

Malheui*eusenient  l'importance  des  altérations  superficielles, 
la  nature  rainéralogique  des  dépôts  qui  souvent  sont  à  l'état 
de  sables  ou  d'argiles  et  surtout  le  manque  de  bonnes 
coupes  naturelles,  rendent  les  études  stratigraphiques  extrê- 
mement difficiles.  En  outre  les  couches  secondaires  sont 
généralement  très  peu  inclinées,  souvent  presqu'horizontales  et 
leurs  superpositions  sont  rarement  observables.  Aussi  les  explo- 
rateurs se  sont-ils  presque  toujours  bornés  à  recueillir  des  fos- 
siles. Quelques-uns  d'entr'eux,  cependant,  nous  ont  fourni  des 
renseignements  intéressants  sur  la  nature  des  couches  obser- 
vées, et  grâce  à  ces  indications,  il  nous  paraît  possible  dès 
maintenant  de  nous  faire  une  idée  de  Tallure  et  de  la  cons- 
titution des  couches  jurassiques  dans  la  grande  lie  africaine. 

C'est  M.  Grandidier  qui  a  signalé  le  premier  le  grand  déve- 
loppement des  couches  jurassiques  dans  la  région  Ouest  de 
Madagascar  et  les  premiers  fossiles  ont  été  étudiés  par  Fischer  (i); 
mais  c'est  à  tort  que  ce  naturaliste  a  signalé  des  espèces 
liasiques  ;  ce  premier  gisement  exploré  dans  la  région  du  Sud- 
Ouest  ne  comprenait  vraisemblablement  que  des  espèces 
bathoniennes  et  calloviennes. 

La  région  du  Nord-Ouest  a  été  explorée  ensuite  par  le 
Rev.  R.  Baron  (2),  qui  a  publié  ses  observations  en  1889  ;  les 
fossiles  qu'il  avait  recueillis  ont  été  étudiés  par  R.  B.  Newton 
en  1893  (3)  et  iSgS  (4). 

(i)  C.  R.  Ac.  se,  vol.  76,  1873,  p.  lit. 

(2)  Q.  J.  G.  S.,  vol.  45,  p.  305  ;  6  mars  1889. 

(3)  Q.  J.  G.  S  ,  vol.  45,  p.  334,  pi.  XIV. 
(4}  Ibid,  vol.  51,  p.  72,  pi.  II  et  III. 


43o  VUie  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Plus  récemment  M.  Villiaume  (i)  a  publié  un  essai  d'une 
coupe  transversale  dans  la  région  de  Morondava;  il  a  exploré 
ensuite  avec  beaucoup  de  soins  les  couches  charbonneuses 
signalées  depuis  longtemps  dans  la  région  de  Nossi-Bé  :  les 
résultats  des  dernières  recherches  ont  été  l'objet  de  deux  com- 
munications faites  à  l'Académie  des  Sciences  dans  sa  séance 
du  5  Juin  1900  (2).  Tout  dernièrement  nous  avons  encore  reçu 
un  nouvel  envoi  de  fossiles  de  la  même  région  provenant  d'une 
seconde  campagne   d'exploration. 

Enfin  M.  Boule  nous  a  fait  connaître  à  diverses  reprises 
les  récoltes  faites  par  divers  explorateurs  et  en  particulier  par 
M.  E.  Gautier,  chef  du  service  de  renseignement,  et  par 
M.    Bastard. 

Tous    ces    observateui's    sont   d'accord    pour    nous    indiquer 
que  les  roches  de  beaucoup  les  plus  répandues  dans  les  plaines 
à  l'Ouest  de  l'Imérina,  sont  les  grès  de  texture  et  de   couleurs 
variables,  le  plus  souvent  rouges,  mais  quelquefois  aussi  jaunes 
ou  blancs  ;    ils   sont   plus   ou   moins  mélangés    d'ai^iles  et  de 
schistes.     M.    Baron    avait    déjà    observé    que    ces    grès    sont 
presqu'horizontaux  et  présentent  parfois  des  formes  singulières, 
résultat  des   érosions  énergiques    auxquelles  ils   sont    soumis: 
ainsi  dans  la  région  du  Nord-Ouest  la  colline  d'Angoraony,  au 
S.-E.   d'Anorontsonga,  est  tellement  découpée  que   de  loin  elle 
rappelle  le  profil  d'une  vaste  cathédrale.  Ces  grès  sont  tout  aussi 
développés  dans  le  Sud-Ouest,  comme  le  montre  la  coupe  donnée 
par  M.  Villiaume,  et  dans  le  Nord  ils   forment  presqu' entière- 
ment l'île  de  Nossi-Bé  et  la  presqu'île  qui  s'étend  à  l'ouest  de  la 
baie  de  Passandava.  Les  couches  en  sont  toujours  peu  inclinées, 
de  5  à   8<>,   dit  M.   Villiaume,  et  elles  se   prolongent  bien  loin 
sous  la   mer    formant    une    sorte    de   plateau    sous  -  marin  qui 
s'étale   en  bordure  du  littoral.  Dans  cette   dernière   région,  ces 
grès  présentent  des  intercalations  de  scliistes  charbonneux  gris 
ou  noirâtres,  renfermant  une  faune  marine  qui  se  rattache  bien 
nettement  au  lias  supérieur  (Amm.  cf.  serpentinus^    Amm^  cf. 
melallarius,  Amm,   cf.  Dumortieri);  l'étude   de  la  flore  a  con- 
duit M.    Zeiller  à  des  conclusions  analogues  au  sujet  de  Tàge 
de  ces  couches. 

(1)  Bull.  Soc.  Geol.  Fr  ,  (3),  t.  XXVII,  p.  385.  19  juin  1895. 

(2)  Douvillé,  sur  les  fossiles  recueillis  par  M.  Villiaume  dans  les  roches  char 
bonneusp.s  de  la  région  de  Nossi  Bé.  —  Zeiller,  sur  les  végétaux  fossiles  recueillis 
dans  les  mêmes  couches. 


U.    DOUVILLÉ  4^1 

Il  résulte  de  ces  observations  qu'une  partie  tout  au  moins 
des  grès  inférieurs,  qui  jusqu'alors  avaient  été  rapprochés  de 
la  formation  triasique  du  Karoo,  appartient  en  réalité  au  Lias; 
la  présence  de  grands  moules  de  bivalves  signalés  par 
M.  Villiaume  dans  certains  grès  rouges  dans  les  environs  du 
Moroudava  rend  vraisemblable  Texistence  du  même  niveau  supé- 
rieur  dans  la   formation  gréseuse  du  Sud-Ouest. 

Dans  la  région  de  la  Zongoha  au  Sud  de  la  baie  de 
Passandava,  on  voit  affleurer  un  calcaire  noir  avec  Amm.  cf. 
serpentiniis ,  Ostrea  cf.  Beaumonti,  Eopecten.  Zeilleria  sar- 
thacensisy  Spiriferina,  n.  sp.,  qui  parait  occuper  un  niveau  un 
peu  plus  élevé  et  présente  déjà  des  affinités  bajociennes  ;  c'est 
vraisemblablement  la  partie  supérieure  du  Lias  supérieur.  C'est 
probablement  à  ce  même  niveau  qu'îippartient  le  calcaire  noir 
signalé  à  l'O.  d'Ankaramy  par  le  Rév.  Baron  et  dans  lequel 
M.  Newton  signalait  la  présence  de  Bh.  tetraedra  et  de 
Zeilleria  perforata  ;  cette  dernière  espèce  est  tellement  voi- 
sine de  Z.  sarlhacensis  que  les  deux  noms  s'appliquent  pro- 
bablement à  la  môme  forme.  C'est  donc  à  juste  titre  que 
M.  Newton  aurait  signalé  dès  1889  la  présence  du  Lias  dans  Tile 
de  Madagascar.  Ce  même  niveau  avec  .4mm.  cf.  serpentinas  (?), 
petit  échantillon  rappelant  les  formes  du  Lias  supérieur  de  la 
Perse,  Lima  cf.  punctata,  Astarte  cf.  suhtetragona,  Pecten  cf. 
Hedonia ,  nombreux  Gastropodes  à  rapprocher  des  genres 
Trochus,  Littorina  et  Pleurotomaria,  Bhynchonella  triplicata, 
SlomechinuSy  a  été  retrouvé  par  M.  Villiaume  dans  l'île  même 
de  Nossi-Bé  ;  la  roche  est  brun  foncé,  très  ferrugineuse  et  très 
dure  et  les  fossiles  y  sont  à  l'état  de  moules  d'une  conserva- 
tion  médiocre. 

Le  Spiriferina  cité  plus  haut  est  bien  identique  à  l'espèce 
qui  avait  été  signalée  dans  la  région  du  cap  Saint- Vincent  par 
M.  Boule  (i),  d'après  les  récoltes  de  M.  E.  Gautier;  il  y  est 
également  associé  à  des  Harpoceras  de  forme   liasique. 

A  rOuest  de  la  zone  des  calcaires  de  la  Zongoha,  entre  ceux- 
ci  et  les  terrains  cristallins  du  plateau  oriental,  M.  Villiaume 
ne  signale  que  des  grès  et  des  poudingues  ;  plus  au  nord 
Newton  indique  sur  le  rivage  oriental,  des  grès  rouges  et  la 
Bh,  plicatella,  entre  l'extrémité  Nord  du  massif  cristallin  et 
les  terrains   crétacés   de  Diego   Suai'ez. 

(1)  C.  R.  Somm.  S.  G.  Fr.  Séance  du  5  juin  1899,  p.  64. 


43a  viir'  CONGRÈS  géologique 

Vers  le  Sud  les  recherches  de  MM.    Baron  et  Newion  per- 
mettent de  compléter  progressivement  la  coupe  :  au  Sud  d'Anka- 
ramy,  entre  cette  localité  et  Andranosamonta  (i)  afHeureut  des 
argiles    à    septaria   et    à    bélemnites  appartenant    au  Callovien 
(Bel.  hastatus.  Bel.  sauvanausus,  Amm.  macrocephalus,  Amm, 
calloi>iensis)  ;    le    Per,    cf.    pol}'gyratiis,    indiquerait  peut-être 
Texistence  d'un   second    niveau   plus  élevé.   Au  Sud,    à  Andra- 
nosamonta et  en  se  rapprochant  du  bord  du   plateau   cristallin 
(3    milles  N.    of  Iraony),  M.   Newion   signale  des   fossiles  qu'il 
attribue   à  Toolithe  inférieure  :     Steneosaurus    Baroni,    Ostrea 
Sowerhyi,  Pholadomya  ambigua,  Ceromya  concentrica,  Lucina 
Bellona,   Astarte  angulata,  Trigonia  costata,  etc.    11  est  vrai- 
semblable que  ces  fossiles  proviennent  du  niveau  des  calcaires 
jaunâtres   qui   ont  été   signalés    par  M.  Boule   un   peu   plus  au 
Sud   à  Antsohihi  (expl.   Gautier).    Dans  cette  même  région  (2) 
MM.   Lydekker  et  Boule  signalent  la  présence  des  grands  Dino- 
sauriens  jurassiques  {Bothriospond)dus  madagascariensis). 

Les  mômes  calcaires  jaunes  sont  indiqués  plus  au  Sud,  à 
Belalitra,  par  MM.  Stanislas  Meunier  et  Boule  (Expl.    Gautier). 

En  continuant  à  suivre  la  même  direction  on  rencontre 
les  gisements  explorés  par  le  capitaine  de  Bouvié  près  d'Am- 
pandramahala,  Ambalia  et  Antanilmandy,  à  Touest  de  la 
vallée  de  la  Mahajamba.  Les  atlleurements  fossilifères  montrent 
des  argiles  à  Bélemnites  avec  septaria  souvent  très  volumi- 
neux et  renfermant  de  gros  Perisphinctes  que  M.  Munier- 
Chalmas  (3)  a  rapprochés  de  certaines  formes  portlandiennes 
de  Russie  et  du  Boulonnais,  et  du  P,  Beyrichi,  Futtei^er,  du 
Jurassique  supérieur  de  Mombassa  ;  il  signale  en  outre  un 
Aspidoceras  cf.  rogosnicense  et  des  Bélemnites  voisines 
du  B.  pislilliformis  ;  dans  les  argiles  (et  quelquefois  aussi 
dans  les  septaria)  on  rencontre  des  Ammonites  pyriteuses 
(Liinuloceras,  Neumayria,  Oppelia).  Du  même  gisement 
M.  Boule  (4)  cite  Haploceras  deplanaturn  et  Per.  trimeras,  iln 
Kimeridgien.  Enfin  nous  avons  reconnu  dans  les  mêmes 
couches    Ceroniy-a    excentrica    et    Disculina    tenuicosta   et  de 

(1)  s.  of  Aokaramy,  N.  oC  Anclranosamonta.  Andranosamonta  village,  landuu 
place. 

(2)  A  VV..  (le   la  baie  (h^  Narinda,  Mevarana  (ou  Maivarano),  lac  Anlsanikabé, 
près  d'Aosohihi. 

<3)  C.  R.  Somin.  S.  G.   Fr..  20  mars  iH99. 
(4)  Bull,  muséum,  1899,  p.   VM. 


H.    DOUVILLË  433 

nombreuses  Béleninites,  appartenant  aux  groupes  du  B.  Puzosi, 
et  présentant  du  côté  ventral,  au  dessus  de  la  pointe,  tantôt 
lin  aplatissement,  tantôt  un  large  sillon  ou  enfoncement. 
D'après  les  renseignements  manuscrits  qui  nous  ont  été  donnés 
par  le  capitaine  de  Bouvié  «  ces  couches  fossililères  sont 
adossées  du  côté  de  l'Ouest  à  la  chaîne  du  Bongo  Lava,  qui 
se  termine  de  ce  côté  par  une  longue  déchirure,  suite  de 
faille,    et  dont    le  sol   est  formé   d'argile    rouge   et    de  sable.  » 

Les  mêmes  argiles  à  gros  nodules  calcaires  se  prolongent 
au  sud  dans  le  bassin  de  la  Betsiboka,  où  M.  Baron  les  signale 
à  Ankoala  ;  les  fossiles  recueillis  dans  cette  localité  seraient 
d'après  M.  Newton  :  Nerita  Buvignieri,  Nerinea  cf.  Voltzi, 
Ostrea  gregarea,  Astarte  Baroni,  Rhynchonella  i^ariahilis, 
Rh.  plicatella,  tandis  que  vers  l'embouchure  de  la  rivière 
2  à  3  milles  au  Nord  et  i  à  2  milles  au  sud-  d'Ambohitrom- 
bikely,  M.  Baron  aurait  recueilli  Modiola  imbricaia,  Cjypri- 
cardia  rostrata.  C,  bathonica. 

Dans  toute  cette  région  les  argiles  jurassiques  renferment 
souvent  du  gypse  et  des  concrétions  pyriteuses  ;  celles-ci,  de 
même  que  les  Bélemnites.  sont  utilisées  par  les  indigènes  qui 
s'en  servent  en  guise  de  balles  de  fusil.  C'est  de  ces  -couches, 
déjà  signalées  par  M.  Baron,  dans  les  monts  Tsitondroïna  (au 
N.-O.  de  Suberbieville)  que  proviennent  les  ammonites  pyri- 
teuses recueillies  par  M.  Dorr  (i)  à  Marololo  (Perisphinctes, 
Oppelia  cf.  punctata,  cf.  hectica-nodosa)  et  dont  l'âge  oxfor- 
dien  paraît  certain. 

Vers  l'Ouest  s'étend  le  massif  liasique  exploré  par  M.  Gautier 
dans  la  région  du  cap  Saint-André,  de  telle  sorte  que  les 
couches  jurassiques  de  la  Betsiboka  paraissent  occuper  une 
dépression,  un  synclinal  entre  le  massif  cristallin  à  l'Est  et 
un  second  massif  de  terrains  liasique,  triasique  et  cristallo- 
phyllien  bien  développés  à  l'Ouest.  Dans  l'état  actuel  de  nos 
connaissances  il  est  impossible  de  savoir  si  ce  synclinal 
constitue  un  golfe  limité  vers  le  Sud,  comme  le  pense  M.  Boule, 
ou  si  au  contraire  la  bande  jurassique  se  prolonge  le  long  de  la 
bordure  du  plateau  oriental  pour  aller  rejoindre  les  formations 
jurassiques  du  Sud-Ouest,  comme  on  l'avait  supposé  jusqu'à 
présent.  Le  seul  fait  certain  c'est  que  le  synclinal  jurassique 
se  retrouve  dans  le  Sud  et  avec  des  caractères  analogues. 

(i)  Douvillé,  Bull.  S.  G.   Fr.  (3),  t.  XXVIII,  p.  385,  19  juin  1899. 


2« 


434  V1I1«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Les     renseignements     font    défaut    jusqu'au     Beniaraha    où 
M.    Boule    (i)    signale    une    Rhynclionelle    oxfordienne  et  une 
Rhynchonelle   bathonienne:   le    niveau  est  donc  encore  un  peu 
incertain.   Un  peu  plus    au    Sud  la  vallée  de   la  Morondava  a 
été  explorée    à    diverses    reprises   d'abord    par    M.  Grandidier, 
et    en  -dernier  lieu    par    M.    Villiauine.   C'est    de    cette    région 
que  proviennent    les  premiers    fossiles  jurassiques   étudiés  par 
M.    Fischer    (2)    et    retrouvés    ensuite    par    le    dernier    explo 
rateur  (3)  ;   nous  avons  indiqué  que   tous   ces   fossiles  viennent 
des  mêmes  couches  bathoniennes    ou   callo viennes  et  que  c'est 
à  tort  que  Fischer  avait  signalé    des   espèces    liasiques.  11  est 
probable  cependant  que  le  Lias  existe  dans  cette  région,  mais 
il  serait  représenté    par    la    partie    supérieure  des  grès  rouges 
très  développés  à   la  base  et  alternant  avec  des  couches  d'ai^i- 
lites  où  M.   Villiaume  à  recueilli  quelques  moules  de  Bivalves 
{Pecten,  Arca,  grandes  As  tarte)  ;  ces  couches  fortement  rubéiiées 
représentent  vraisemblablement  les  premières  assises  fossilifères 
de  la  région  de  Nossi-Bé. 

Au-dessus  affleurent  des  grès  calcaires  et  des  calcaires 
cristallins  avec  Trigonia  costata  et  Nerinea  bathonica^  repré- 
sentant le  Bajocien  et  le  Bathonien  ;  ils  sont  eux  -  mêmes 
surmontés  par  des  calcaires  jaunâtres  à  grosses  oolithes  extrême- 
ment fossilifères  par  places  {Phylloceras  Puschi,  Ph,  cf.  ZignoL 
Lj'toceras  Adelae,  Astarte  excavata,  Sphœra  niadagasca- 
riensis),  la  présence  du  Macrocephalites  macrocephahis,  cité 
par  M.  Boule,  indiquerait  que  ces  couches  appartiennent  au 
Callovien  inférieur,  plutôt  qu'au  Bathonien  supérieur.  C  est  de 
ce  môme  niveau  que  proviendraient  également  les  fossiles 
signalés  en  i889  par  M.  Newton,  comme  provenant  du  Sud- 
Ouest  de  Madagascar  :  Stephanoceras  Heru^eyi,  Nerinea  cf. 
Eudesi,  Sphaera  madagascariensis ,  Terebratula  maxillata, 
Rhj^nchonella    obsol-eta. 

D'après  la  coupe  de  M.  Villiaume,  ces  diverses  couches 
calcaires  occupent  un  synclinal  en  bordure  du  massif  oriental 
et  limité  à  l'Ouest  par  un  anticlinal  formé  par  un  relèvement 
des  grès  inférieurs. 

KnOn,   dans    le    bassin   du    Tsakondry,    à    TE.    de    TuUéar, 

(1)  Bull.  Muséum,  1895,  n»  5. 

(2)  C.  R.  Ae    Se  ,  1873.  p.   111. 

(3)  Bull.  S.  G.  France  (3),  t.  XXVII,  p.  335. 


H.    DOUVILLÉ  435 

M.  Boule  (i)  a  signalé  encore  les  mêmes  couches  callo viennes  avec 
Macr.  cl*,  rnacrocephalus,  et  un  niveau  plus  récent,  oxfordien, 
avec  Perisphinctes  Martel  H,  Ctenostreon  proboscideum.  Osirea 
Jlabelloides  (Marshi),  Terebratula  farcinala,  etc.  ;  ces  fossiles 
ont  été  recueillis  dans  un  calcaire  oolithique  très  ferrugineux,  res- 
semblant beaucoup  minéralogiquement  à  TOxfordien  des  Arden- 
nes.  Dans  toute  cette  région  méridionale,  les  calcaires  oolithiques 
remplaceraient  les  argiles  à  Bélemnites  et  à  septaria  du  Nord- 
Ouest,  mais  il  ne  faudrait  pas  conclure  de  ces  dillerences  de 
faciès,  que  ces  dépôts  ont  dû  se  former  dans  des  bassins 
différents  ;  en  réalité,  le  faciès  des  couches  du  Nord-Ouest  est 
un  faciès  pélagique,  tandis  que  celui  des  couches  du  Sud- 
Ouest  est  un  faciès  littoral.  La  seule  conclusion  qu  on  puisse 
en  tirer,  c'est  que  le  bras  de  mer  où  s'elïectuaient  ces  dépôts 
diminuait   de    profondeur  dans  la  direction  du   Sud. 

Dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances,  Tanticlinal  qui  limite 
à  l'Ouest  le  Jurassique  moyen  paraît  bien  continu  ;  il  corres- 
pond dans  la  région  centrale,  aux  crêtes  indiquées  sur  les 
cartes  sous  les  noms  de  Tsiandava  et  de  Bemaraha  ;  cette  der- 
nière se  prolonge  dans  la  direction  N.-S.  jusque  dans  la  région 
du  cap  Saint- André  et  de  là,  elle  s'infléchit  vers  le  Nord-Est 
pour  atteindre  le  plateau  gréseux  des  environs  de  Nossi-Bé.  Il 
est  assez  dillicile  de  savoir  à  quelle  époque  cet  anticlinal  s'est 
formé,  il  est  certainement  postérieur  au  Lias,  dont  les  couches 
le  constituent  en  grande  partie  ;  mais  de  ce  que  les  terrains 
jurassiques  moyens  et  supérieurs  marquent  sur  Tanticlinal 
lui-même,  et  ne  sont  pas  encore  connus  plus  à  l'Ouest,  il  ne  fau- 
drait pas  en  conclure  que  cet  axe  a  limité  de  ce  côté  la  mer 
jurassique  de  cette  époque;  les  affleurements  ne  sont  encore 
que  très  imparfaitement  connus,  et  les  dépôts  peuvent  avoir 
été  démantelés  par  les  érosions,  ou  être  cachés  par  des  couches 
plus    récentes. 

Quoi  qu'il  en  soit,  c'est  dans  la  direction  du  Nord,  comme 
l'a  très  bien  indiqué  Neumayr,  que  s'effectuait  la  communication 
.avec  la  grande  mer  jurassique.  Tandis  qu'à  l'époque  triasique 
le  bassin  dans  lequel  se  déposaient  les  grès  de  Karoo  couvrait 
une  grande  partie  de  l'Afrique  et  s'étendait  jusqu'au  pied  du 
massif  cristallin  de  l'Est  de  Madagascar,  c'est  seulement 
après  cette  période   et  à   l'époque   du   Lias  supérieur,  que  s'est 

(i)  Bull.  Muséum,  1899,  n»  3,  p.  130. 


436  ynn^  congrès  géologique 

dessiné   le   s>'nclinai    Sakalave    amenant  dans  cette    r^(ion  les 
eaux   marines  de  la  Thétys. 

Ce  synclinal  était  en  somme  assez  étroit  puisque  les  dép<Vls 
marins  de   cette   époque  n'ont  pas   encore  été  signalés  ni  dans 
le   territoire  allemand   de   l'Est  africain,   ni   en    Abyssinie.    II 
devait    suivre    la    dépression    encore    marquée    de    nos    jours 
dans  la  partie  Ouest  de  la  mer    des    Indes,   dans    le  prolonge- 
ment du   canal  de   Mozambique  ;    elle    contournait    ensuite    le 
massif  égj-pto-arabique   pour  atteindre  le   golfe   persique  et  la 
dépression  de  la  Mésopotamie  qui  lui  fait  suite.   Or,  au  N.  du 
golfe   persique   nous  retrouvons  précisément  en   Pei'se   dans  la 
région    de    Kirman    les    couches    charbonneuses    du   Lias   avec 
fossiles   marins  (i)  ;   ces  couches   se   prolongent    dans  le  Nord 
de  la  Perse  dans  TElbours  et  de  là  gagnent  l'Europe  en  suivant 
la  direction   du  Nord-Ouest.   Dans  l'Inde  péninsulaire,    on  ne 
connaît  encore   à   ce   niveau  que  des   couches  à  végétaux. 

Le  synclinal  amorcé  à  l'époque  liasique  s'est  élargi  aux 
époques  subséquentes  et  les  terrains  jurassiques  moyens  et  supé- 
rieurs sont  bien  développés  à  l'Ouest  dans  le  territoire 
allemand  de  l'Est  africain  et  en  Abyssinie,  et  à  l'Est  dans  la 
presqu'île  de  Cutch,  où  la  succession  des  assises  est  connue 
depuis  longtemps. 

Tous  les  paléontologues  qui  se  sont  occupés  des  faunes  de 
ces  diverses  régions,  ont  signalé  les  analogies  qu'elles  présen- 
tent avec  celles  de  Madagascar  ;  il  nous  suffira  de  citer  les  tra- 
vaux les  plus  récents,  ceux  de  M.  Futterer  (2)  et  de  M.  G.  MuUer  {% 
Nous  avons  indiqué  la  présence  de  la  Trigonia  pullus  en 
Abyssinie  avec  tout  un  cortège  de  formes  bathoniennes  ;  une 
faune  très  analogue  existe  dans  les  colonies  allemandes,  mais 
M.  G.  Muller  serait  plutôt  porté  à  l'attribuer  au  Jura  supé- 
rieur (Astartien)  d'après  l'étude  des  polypiers  (1.  c,  p.  i;). 
Mais  en  tout  cas  le  Bajocien  serait  représenté  par  des  calcaires 
durs  à  Rh,  senticosa,  et  le  Bathonien  par  des  grès  calcaires 
micacés,  gris  jaunâtres  avec  Pseudomonotis  echinata  et  par 
des  calcaires  gris   clair  à   Rh,    varians. 

Le    Kellovien    est    représenté    par    des    argiles    à    septaria 

(1)  Stahl  cite  dans  cette  région  des  Gryphea,  Goniomya  et  Pecten  da  lias 
(Petermans  Mitteilungen,  Ergânzungsheft,  d.  122,  1897). 

(2)  Bcitr.  zur  Kenntniss  der  Jura  in  Ost.  Africa  (Z.  D.  G.  G.,  vol.  46, 1814i. 

(3)  Versteiner  ungen  der  Jura  und  derKreide  (Deutscb.  Ost.  Africa,  vol.  Vil». 


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438  VIII*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

(comme  dans  le  N.  de  Madagascar)  avec  Rh.  varians,  Osfrea 
Marshi,  Pleuromj-a  cf.  peregrina^  Perisphinctes  cf.  piicatiiis: 
M.  Futterer  cite  à  ce  niveau  des  Macrocephalites,  la  faune  nVst 
pas  aussi  bien  caractérisée  qu'à  Madagascar.  Il  en  est  de  luérae 
pour  rOxfordien  qui  serait  représenté  d'après  les  indication»^ 
de  M.  Futterer  par  des  schistes  bleuâtres  avec  concrétions  pyri- 
teuses,  nombreuses  Ammonites  et  Bélemnites,  surmontés  par 
des  calcaires  compacts.  Les  espèces  paraissent  spéciales  à  ces 
couches  ;  il  faut  signaler  cependant  la  présence  du  Cidaris 
glandifera. 

Enfin  à  la  partie  supérie^ire  viennent  les  couches  de 
Mombassa,  où  M.  Futterer  cite  des  Ammonites  appartenant  à  la 
faune  Kimmeridienne  de  Tl^urope  et  de  Tlnde  {Asp.  longis- 
pinum.  Fer,  Pottingeri,  Oppelia  trach)^nota),  associées  à  des 
formes  plus  anciennes  (Per,  Pralairei)  et  à  des  formes 
nouvelles  (Per,  Beyrichi),  Ces  deux  dernières  dénominations 
correspondent  aux  espèces  les  plus  fréquentes  dans  les  septaria 
de  Ampandramahala  à  Madagascar.  Dans  les  mêmes  couches 
de  Mombassa,  Beyrich  avait  signalé  une  espèce  appartenant 
au  genre  Waagenin  si  caractéristique  du  Jura  supérieur  dans 
le  bassin  méditerranéen.  Ajoutons  que  nous  avons  signalé  des 
couches  de  môme  âge  en  Abyssinie  avec  AcrocidarLs  mobiiis 
et   Terebratula  subsella. 

En  résumé  Tanalog^e  des  couches  jurassiques  dans  ces 
diverses  régions,  Madagascar,  Afrique  Orientale,  Abyssinie, 
Cutch,  est  tellement  étroite  que  leur  parallélisme  n'est  pas 
douteux  ;  il  serait  facile  de  signaler  des  divergences  nombreuses 
dans  le  détail  des  listes  de  fossiles,  mais  elles  résultent  de  ee 
que  les  fossiles  sont  souvent  assez  mal  conservés,  peu  nombreux 
et  surtout  ont  été  étudiés  par  des  paléontologues  différents,  les 
mêmes  fossiles  ont  été  souvent  dilleremment  nommés.  En  loul 
cas.  jusqu'à  présent  les  couches  de  Madagascar  forment  une 
série  plus  complète  et  plus  riche  en  Ammonites,  comme  si 
le  synclinal  présentait  le  maximum  de  profondeur  sur  S4)n 
rivage  oriental,  au  pied  môme  du  massif  Madécasse.  Ije  tableau, 
page  précédente,    résume   la  succession  des  couches   observées. 


439 


LES  EXPLORATIONS   GÉOLOGIQUES  DE 
M.  J.  DE  MORGAN,  EN  PERSE 

par  M.  H.  DOUTILLË 


Depuis  Tannée  1889  M.  Jacques  de  Morgan  a  exécuté  en 
Perse  plusieurs  voyages  d'exploration,  d'abord  comme  chargé 
de  missions  scientifiques  par  le  ministère  de  l'Instruction 
publique,  puis  en  qualité  de  Directeur  du  service  des  Anti- 
quités. Dans  ces  différents  voyages,  il  a  relevé  des  coupes 
nombreuses  et  recueilli  un  nombre  considérable  'de  fossiles 
qu'il  a  déposés  à  l'École  des  mines. 

L'étude  des  Echinides  a  été  faite  d'abord  par  MM.  Gotteau 
et  Gauthier  et  à  la  suite  de  la  mort  du  premier  de  ces 
auteurs,  cette  étude  a  été  achevée  et  publiée  par  M.  Gauthier 
(i)  ;  de  nouveaux  matériaux  recueillis  dans  un  voyage  récent 
sont  actuellement  entre  les  mains  de  notre  savant  confrère  et 
feront  objet  d'un  mémoire  supplémentaire.  Je  me  suis  chargé 
moi-même  de  l'examen  des  autres  fossiles  et  ce  travail  serait 
probablement  terminé  aujourd'hui  si  des  nouveaux  envois  de 
M.  de  Morgan  n'avaient  pas  augmenté  considérablement  les 
matériaux  à  étudier.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  dès  maintenant 
possible  d'indiquer  sommairement  les  principaux  résultats 
des  explorations  effectuées    par   le   savant   archéologue  : 

Elles  sont  relatives  à  trois   régions  distincts  : 

i«  La  chaîne  de  l'Elbourz. 

2®  La  route  de  Kachan  à  Ispahan. 

3»  Le  pays  de    Baktyaris  et  le  Louristan,  entre  Ispahan  et  la 

frontière  turque. 

J'examinerai  successivement  ces  différentes  régions. 

(i)  Les  résultats  do  ces  oxplora lions  sont  publiées  par  le  minlstôpe  de  l'Ins- 
truction publique  sous  le  titre  de  :  Mission  scientifique  en  Perse  par  J.  de  Mor- 
gan Le  tome  !•',  études  géographiques,  a  paru  en  1S94  (Ernest  Leroux,  fkliteur). 
La  seconde  partie  du  tome  3',  comprenant  la  description  des  Echinides  fossiles, 
par  MM.  Cotteau  et  Gauthier,  a  été  publiée  en  1895 . 


44o  VIII'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

I.  —  Chaîne  de  lëlbourz 

M.  de  Morgan  a  relevé  la  coupe  de  la  région  du 
Demavend,  déjà  plusieui's  fois  explorée  (i)  ;  ses  observations 
viennent  confirmer  les  anciens  travaux  de  M.  Tietze  et  la  carte 
toute  récente  de  M.  Stahl,  mais  en  outre  il  a  découvert  de  nou- 
veaux fossiles,  qui  lui  ont  permis  de  préciser  et  de  compléter 
les  coupes  données  précédemment. 

Les  couches  inférieures  sont  toujours  l'eprésentées  par  le 
Calcaire  carbonifère  avec  lumachelles  de  Spirifer  striatus 
(Imam  Zada  Hachim)  ;  M.  de  Morgan  a  découvert  une  faune 
beaucoup  plus  riche  près  des  bords  de  la  Caspienne,  dans 
les  environs  de  Tunekaboun  (Khorremabad)  :  Productus  pustu- 
losus,  Pr.  semireticulaius,  Chonetes  papilionacea,  Orlhothetes 
crenistria,  Spirifer  striatus.   Sj'ringothyris  cuspidata. 

Au  dessus  de  ces  couches  plus  ou  moins  plissés  ou  redressées, 
vient  affleurer  le  terrain  jurassique  qui  débute  par  un  ensemble 
assez  puissant  de  grès  et  de  schistes  charbonneux  d'à^e 
liasique,  avec  intercalations  de  calcaires  marins  plus  ou  moins 
gi'éseux  :  ces  couches  ont  fourni  de  nombreuses  petites 
ammonites  du  groupe  du  Grammoceras  fallaciosnm^  la  Trig, 
striata  (ou  Roxame.  v.  d.  Borne)  et  enfin  un  exemplaire 
bien  typique  de  Ludmgia  Murchisonœ,  indiquant  que  ce  sys- 
tème de  couches  s'élève  jusqu'à  la  base  du  Bajocien.  Ce 
niveau  paraît  peu  difTérent  de  celui  dans  lequel  M.  Stahl  (lac. 
cit.,  p.  69)  cite   ÏAmm.  opalinus. 

Les  couches  à  fossiles  végétaux  dont  la  faune  a  été  étudiée 
par  M.  Schenk  (Bihl.  botanica,  1888)  et  par  M.  Krasser  (Sitzb. 
K.  K.  Ak.  Wien,  1892)  sont  peut-être  un  peu  inférieures  à  ce 
dernier  niveau,  mais  il  paraît  dilDcile  de  les  faille  descendre 
jusqu'à   rinfralias. 

Ce  même  faciès  des  couches  liasicfues  se  pi'olonge  à  TOuesl 
dans  les   environs  du  lac  d'Ourmiah  (2),   et    se  retrouve  dans 

(i)  1853.  Grcwin{?k,  die  ^oognostischeo  und  oro^o^phiscen  Verhaltniss<' der 
noerdlichen  Persiens,  St-P(^lersbourg,  avec  une  carie. 

1S78.  Tietze,  Volcan  Dcmavend  in  Persien,  Jahrb.  K.  K.  ge4»l.  RcichstiDst.. 
vol.  XXVin,  p.  169. 

\^M .  Stahl,  zur  géologie  von  Persien,  Petermann's  Mittoil.  ErtrânzuD^heft, 
n'.  122.  Ce  dernier  ouvrage,  accompagné  de  plusieurs  cartes  géolo^ques  a 
l'échelle   de  1.8M).00O,  a  paru  après  les  explorations  de  M.  de  Morgan. 

(2i  Weithofer.  Sitzb  K  K.  Akad  Wiss.  Wicn,  vol.  XCVIi!,  Dec  lî«>.  - 
G.  Von  Borne,  der  Jura  ani  Ostufer  des  Urmiasees,  thèse  passée  devant  ri-nivtT 
site  de  Halle.  1891 . 


H.    DOU VILLE  ^/Jl 

la  région  caucasique  ;  il  rappelle  tout  à  fait  celui  des  couches 
de  Steyerdorf  (Banat).  dans  lequel  le  faciès  gréseux  remonte 
également  jusqu'aux  couches  à  Liogryphea  Beaumonti,  c'est-à- 
dire  jusqu'à  la  limite  inférieure  du  Bajocien.  Il  faut  en  rapprocher 
également  les  couches  charbonneuses  de  Madagascar  où  Ton 
rencontre  une  faune  marine  à  peu  près  du  même  âge.  Du 
côté  de  TEst,  dans  l'Inde  et  au  Tonkin,  on  rencontre  égale- 
ment des  couches  charbonneuses  d'un  âge  analogue,  ou  un  peu 
plus  anciennes  ;  mais  dans  Tlnde  elles  ne  renferment  pas 
de  couclies  marines  ;  au  Tonkin,  il  a  été  rencontré  dans  la 
houille  même  un  échantillon  d'Ammonite  (?),  mais  il  est  indé- 
terminable et  plutôt  d'apparence  triasique.  Quoi  qu'il  en  soit, 
ces  couches  de  grès  et  schistes  ciiarbonneux  dont  l'âge  varie 
depuis  le  Trias  supérieur  jusqu'au  Lias  supérieur,  présentent 
une  extension  considérable  dans  toute  la  région  asiatique  et 
s'étendent  au  Sud  jusque  dans  l'Afrique  australe  et  au  Nord 
jusqu'au  Japon.  Dans  ce  dernier  pays,  la  série  parait  très  com- 
plète ;  on  y  a  signalé  un  niveau  inférieur,  avec  plantes  rhéti- 
ques  et  un  niveau  supérieur  liasique,  avec  couches  de  houilles 
et  intercalations  de  couches  marines  ;  la  faune  de  ces  couches 
(.4mm.  cf.  radians,  Amni,  cf.  Murchisonœ,  Amm.  cf.  opalinus) 
rappelle  d'une  manière  frappante  celles  des  couches  charbon- 
neuses de   Perse  et  de   Madagascar. 

Si  nous  revenons  maintenant  à  la  chaîne  de  l'Elbourz,  nous 
verrons  que  le  Callovien  paraît  indiqué  dans  les  récoltes  de 
M.  de  Morgan  par  des  Ammonites  du  groupe  du  P.  curvicosta^ 
formes  qui  existent  également  sur  les  bords  du  lac  d'Ourmiah, 
a^wîc  d'autres  espèces  calloviennes.  Mais  la  découverte  la  plus 
intéressante  est  celle  de  ïOppelia  canaliculata,  qui  indique 
la  présence  de  l'Oxfordien  supérieur  avec  un  faciès  analogue 
à  celui  qui  est  bien  connu  en  Europe.  Cet  échantillon  provient 
d'un  calcaire  compact,  grisâtre,  et  a  été  maliieureusement 
recueilli   dans   les  éboulis,  près  d'Amarat. 

La  partie  supérieure  de  la  formation  jurassique  est  repré- 
sentée par  des  calcaires  blancs  dans  lesquels  il  a  été  recueilli 
un  fragment  de  Perisphinctes  à  côtes  régulièrement  bifurquées 
et   rappelant   plutôt   les   formes  du   Jurassique   supérieur. 

Immédiatement  au-dessus  et  sans  séparation  nettement 
marquée,  ou  rencontre  d'autres  calcaires  compacts  tantôt 
jaunâtres,  et  tantôt  d'un  brun  noirâtre,  dans  lesquels  nous  avons 
reconnu  la  présence  de  Rudistes  et  d'Orbitolines  ;   ces   dernières 


44^  ^m*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

sont  presque  fondues  dans  la  pâte  de  la  roche  et  leurs 
caractères  n'apparaissent  bien  nettement  que  sur  les  surfaces 
polies  ou  mieux  encore  dans  les  plaques  minces  ;  elles  sont 
tantôt  plates,  tantôt  épaisses  et  très  fortement  convexes  comme 
à  Vinport.  Les  Rudistes  sont  représentés  par  des  RadioUtes 
bien  caractérisés,  à  Vahneh  et  dans  le  défilé  de  Bondé  Burida  ; 
dans  ce  dernier  gisement  la  section  rappelle  tout  à  fait  celle  du 
RadioUtes  Dadvidsoni  du  Vraconnien  du  Texas.  Les  Orbitolines 
avaient  été  signalées  précédemment  dans  le  centre  de  la  Perse, 
près  de  lesd,  par  M.  Grewingk  (sous  le  nom  de  Porospira)  et  par 
M.  Stahl  qui  les  indique  comme  associées  à  des  Requienies  (?); 
ce  dernier  auteur  les  signale  également  aux  «  Pyla^  Caspiœ  » 
au  S.-E.  de  Téliéran.  Il  semble  résulter  des  coupes  relevées 
par  M.  de  Morgan  que,  dans  la  région  de  TElbourz,  le  Vracon- 
nien, c'est-à-dire  l'Albien  supérieur,  succède  directement  au 
Jurassique.  Plus  au  Sud  nous  verrons  que  TAptien  est  au 
contraire   bien   représenté. 

II.   —   Route   de   Kachan  a   Ispahan. 

Les  récoltes  paléontologiques  faites  entre  Kohrud  et  Soh, 
fournissent  des  indications  bien  plus  complètes  que  celles  qui 
nous   ont  été   données  par   M.   Stahl. 

Les  calcaires  paléozoïques  de  la  base  ont  fourni  un  cei'tain 
nombre  de  fossiles  permiens,  parmi  lesquels  Eumetria  indica 
et  Spiriferina  cristaia  indiquent  un  faciès  analogue  à  celui 
de  rinde:  c'est  là  un  point  de  liaison  très  important  entre  le> 
gisements  du  Sait  Range  et  celui  de  Djoulfa. 

Au-dessus  près  de  Soli  la  présence  de  l'Aptien  est  indiquée 
par  V Acanthoceras  Martini,  L'Eocène  moyen  (Lutécien)a 
fourni  une  faune  très  riche  caractérisée  par  de  nombreuses 
Assilines  :  les  Mollusques  sont  représentés  par  une  très  grande 
Ovule  appartenant  au  groupe  des  Gisortia^  le  Vêlâtes  Schmiedeli. 
atteignant  également  une  grande  tiiille,  et  un  très  curieux 
Xenophora  qui  collectionne  exclusivement  les  Assilines;  pamii 
les  Echinides,  M.  Gauthier  a  reconnu  un  Conoclypus  et  un 
Echinolampas  paraissant  nouveaux  ;  enfin,  on  doit  signaler 
encore   plusieurs   crustacés   Brachyures. 

III.   —   Pays  des  Baktyaris  et  Louristax. 
C'est  la  partie  la  plus  intéressante  et  la  plus  nouvelle  des 


H.    DOUVILLÉ  443 

explorations  de  M.  de  Morgan;  on  ne  connaissait  en  eftet 
sur  cette  région  que  le  compte-rendu  du  voyage  de  Loftus 
publié  en  i855  (i).  Le  Louristan  est  l'ancien  pays  de  TElam 
et  M.  de  Morgan  a  pu  en  dresser  une  carte  topographique 
au   1/750.000   et  un  essai  de  carte   géologique. 

Dans  le  pays  des  Baktyaris,  il  a  retrouvé  à  Dopoulan 
(vallée  du  Kadsch  au  S.-O.  d'Ispahan)  le  gisement  de  ce 
singulier  Foraminifère  pour  lequel  Carpenter  et  Brady  (2) 
avaient  créé  le  genre  Loftusia.  Ce  fossile  était  considéré 
conmie  une  gigantesque  Alvéoline,  et  pour  cette  raison  attribué 
à  TEocène  ;  dans  leur  révision  des  espèces  d'Alvéolines  appar- 
tenant à  la  période  nummulitique,  MM.  Parker  et  Jones  (3)  indi- 
quent expressément  que  «  la  plus  grande  espèce  qu'ils  ont 
eu  occasion  de  voir  est  celle  qui  a  été  rapportée  de  Perse  par 
Loftus  et  qui  atteint  75™"^  de  longueur  sur  3^™°^  environ  de 
diamètre  ». 

Les  écliantillons  assez  nombreux  rapportés  par  M.  de  Morgan 
nous  ont  permis  de  reconnaître  que  les  analogies  avec  les 
Alvéolines  étaient  purement  extérieures  et  qu'il  s'agissait  en 
réalité  d'un  type  tout  dillérent.  Le  test  est  sableux  et  la  surface 
externe  de  chaque  tour  présente  le  réseau  caractéristique  de 
la  famille  des  Spirocyclinidés  de  M.  Munier-Ghalmas  (4)  ; 
cette  famille  comprend  les  genres  Orbitolina.  Dicyclina,  Cuneo- 
lina,  Spirocy'clina,  tous  genres  exclusivement  crétacés.  Le  genre 
Loftusia  qu'il  faut  ajouter  à  cette  liste  est  également  crétacé  ; 
il  a  été  en  effet  trouvé  associé  à  plusieurs  espèces  de  Rudistes 
appartenant  aux  genres  Radiolites  et  Biradiolites  et  paraissent 
indiquer  un  niveau  probablement  Santonien.  Du  reste  une 
deuxième  espèce  de  Loflusia  à  test  également  réticulé,  mais 
beaucoup  plus  mince,  a  été  trouvée  dans  le  Louristan  à  un 
niveau   plus   élevé,    dans  des  couches  d'âge  danien. 

Nous  pouvcms  signaler  encore  dans  la  môme  région  un 
curieux  Rudiste  à  valve  inférieure  conique,  à  valve  supérieure 
convexe,  la  charnière  rappelle  celle  des  Monopleura,  mais  elle 


(1)  Quart,  journ.  peol.  Soc. Vol.  XI,  part   3,  p.  247,  1"  août  1855.  (Séance  du 
21  juin  1854) 

(2Î)  Phil.  trans.,  Vol.  159,  p.  740.  Voir  aussi  la  note  de  la  page  285  dans  le  mé- 
moire de  Loftus  précité.  La  localité  indiquée  est  Kellapstun  Pass,  prés  Du  Pulun. 

(3)  Ann.  and  Mad    nat.  hist.,  1860,  p.  182. 

(4)  C.  R.  Sommaire  des  séances  de  la  S.  géol    de  France,  21  février  1887. 


444  ^m^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

■ 

est  dépourvue  de  ligament;    en   outre    la   région    périphérique 
présente  de  nombreux  canaux. 

Le  Louristan  entre  Disful  et  Kirmandschahan  a  été  explorée 
d'une  manière  très  suivie  et  à  deux  reprises  différentes  : 
M.  de  Morgan  a  reconnu  ainsi  que  toute  la  chaîne  du  Poucht 
é  Kouli  est  constituée  par  une  succession  de  synclinaux  et 
d'anticlinaux  parallèles  et  dirigés  du  Nord-Ouest  au  Sud-Est  (i). 

Les  couches  les  plus  anciennes  qui  apparaissent  au  sommet 
des  anticlinaux,  correspondent  à  TAptien  et  sont  caractérisées  par 
des  Ammonites  voisines  de  V Acanthoceras  Cornueli  et  d'assex 
nombreux  Echinides  (Hypsaster,  Epiaster,  etc.).  Au-dessus 
vient  le  Vraconnien  avec  Puzosia  Denisoni  et  Desmoceras 
Stoliczkai,  puis  le  Cénomanien,  très  nche  en  Ammonites  : 
Acanthoceras  laticlavium,  Ac.  Coulomb  Ac,  GentonL  Ac, 
Cunningtoni,  Ac,  rothomagense,  Ac.  sarthacense^  Turrilites 
costatus,   etc. 

L'ensemble  de  ces  deux  niveaux  reproduit  la  faune  du 
groupe   d'Ootatour  dans  Tlnde. 

Nous  n'avons  trouvé  aucune  indication  du  niveau  à  Rudisles 
du  pays  des  Baktyaris,  mais  par  contre  la  craie  supérieure 
présente  une  faune  d'une  richesse  extraordinaire  :  c'est  le 
niveau  à  Hemipneustes  dont  les  Echinides  ont  été  décrit^ 
par  MM.  Gotteau  et  Gauthier  :  Hemipneustes  persicns,  H. 
minor,  Iraniaster  Morgani,  /.  Douvillei,  Hemiaster  Xoemke, 
Opissaster  Morgani,  Pj^garostoma  Morgani,  Pseudocatopr- 
gus,  Echinobrlssas,  Pyrina  orientalis,  Evhinoconus  Doimllei 
Ilolaster  Morgani,  H.  iraniens.  Il  sepositus,  H.  proc/iVw, 
Holectypus.  Coptodiscus  Xoemitv,  Orthopsis  globosa,  0. 
Morgani,  Hemipedina,  Goniopj^gus  superbus,  Coptosoma. 
Cyphosoma,  Salenia.  Cidaris  persicus,  Gette  faune  d'un 
caractère  assez  particulier  a  des  aflinités  incontestables  avec  le> 
faunes  du  même  âge  en  Algérie,  mais  elle  s'en  distingue 
non  seulement  par  la  présence  de  certains  genres  spéciaux, 
tels  que  le  genre  Iraniaster,  et  aussi  par  l'absence  complète 
des  Echinocorj's  (déjà  très  rares  en  Algérie)  et  surtout  des 
Micraster.  Ges  echinides  sont  accompagnés  par  un  Spheno- 
discus  cf.  Ubaghsi  et  un  Turrilites  du  groupe  du  T.  polr- 
plaças  y   et   par     un    certain  nombre    de    Mollusques    de   faciès 

1)  J.  de  Morgan.   Mission  scientifique  en    Perse,  t.  I,  études  géographiques, 
pp.  r.  et  8.  ûg.  5,  6,  7et  b 


U.    DOUVILLÉ  44^ 

algérien  :  Neithea  tricostata,  N.  quadricostata,  N.  substria- 
tocostata,  Plicatula  hirsuta,  Spondyliis  hystrux,  Ostrea 
dichotoma.  O,  crenulimargo,  Exogyra  Matheroni,  Pycno- 
do  nia  vesiciilaris,  Biradiolites  Môrtoni,  Terebratula  Bros- 
sardi. 

Cette  faune  nous  parait  plutôt  inférieure  au  Maestrichtien 
proprement  dit,  Y  Hem,  persicus  étant  plus  voisin  des  H.  ieniii' 
porus  et  Cotteaui  que  des  H.  striaio-radialus,  pyrenaicus  et 
africanus. 

Les  couclies  k  Oursins  sont  surmontées  par  d'autres  assises 
également  très  fossilifères,  et  dont  la  faune  très  riche  en  Mol- 
lusques et  surtout  en  Gastropodes  (Volutilithes,  grands  Cerites, 
Mélaniens,  Nérites)  présente  déjà  un  faciès  tertiaire.  Mais  un 
certain  nombre  de  types  caractéristiques  montre  que  ce  niveau 
représente  en  réalité  le  Dauien  et  peut-être  une  partie  du 
Maestrichtien  :  certains  des  Mélaniens  doivent  être  rapprochés 
des  formes  du  Garuranien  ;  M.  de  Morgan  y  a  recueilli  ïOrbi- 
tolites  macropora  qui  est  une  espèce  caractéristique  de  Maes- 
tricht,  et  des  Cyclolites,  genre  essentiellement  crétacé  ;  c'est 
de  ce  niveau  que  provient  aussi  V Ornithaster  Douvillei,  décrit 
par  MM.  Cotteau  et  Gauthier,  et  ce  genre  est  exclusivement 
danien  :  enfin  il  faut  signaler  une  deuxième  espèce  de  Lo/lusia, 
à  laquelle  nous  avons  déjà  fait  allusion  et  qui  se  distingue  de 
celle  du  niveau  inférieur  par  sa  forme  beaucoup  plus  mince  et 
sa  taille  plus  petite  :  elle  dépasse  5o  mm.  de  longueur  pour 
un  diamètre  de  9  millini. 

Le  seul  échantillon  à'Hippurites  cornucopiœ  qui  ait  été 
recueilli  dans  cette  région,  n*a  malheureusement  pas  été  trouvé 
en  place  ;  il  est  bien  identique  aux  formes  qui,  en  Sicile  (au 
cap  Passaro),  sont  associées  à  V  Orbitoldes  papyracea  (gensacica); 
il  est  donc  probable  que  cette  espèce  provient  des  couches 
à  Cérites,  plutôt  que  des  couches  à  Oursins. 

Enfin  la  dernière  exploration  de  M.  de  Morgan  lui  a  permis 
de  recueillir  à  Mollah  Gawan,  sur  le  flanc  du  Sewankouh,  un 
certain  nouibre  d'Echinides  appartenant  à  TEocène  et  parmi 
lesquels  M.    Gautier   a  reconnu  les  formes   suivantes  : 

Schizaster  vicinalis,  Sch.  rimosus,  Ditremaster  nux.  Péri- 
cosmus  Nicaisei,  Linthia  sp.  n.,  Brissopsis  sp.  n.,  Euspa- 
tangus  sp.   n. 

Dans  cette  même  région,  Loftus  avait  signalé  la  présence 
des  couches  à  Nunnnulites  (TV.  perforata^  N.  complanaià)  avec 


446  VUI*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Assilines,  Orbitoïdes,  et  quelques  Echinides,  Conoclypeus  Fte- 
mingi,  Spatangus,   Hemiaster  (??)  et   Schisaster. 

Ces  couches  représentent  bien  certainement  le  niveau  que 
nous  avons  signalé  plus  haut  au  N.  d*Ispahan  ;  l'absence  d'As^^i- 
lines  dans  le  gisement  à  Ditremaster  nux  semble  montrer  que 
Ton  se  trouve  en  présence  d'une  assise  distincte,  sans  qu'on 
puisse  encore  déterminer  sa  position  par  i*apport  aux  couches 
précédentes. 

En  résumé  les  explorations  de  M,  J.  de  Morgan  ont 
augmenté  d'une  manière  notable  nos  connaissances  sur  la 
géologie  de  la  Perse  ;  les  points  suivants  sont  principalement 
à  signaler  : 

1°  Découverte  du  Calcaire  carbonifère  fossilifère  à  Tune- 
kaboun   (Khorremabad). 

2"  Découverte  dans  la  région  du  Demavend  de  l'Oxfonlien 
supérieur  à  O,  canaliculata,  du  Jura  supérieur  à  Perisphinctes 
et  de   TAlbien  supérieur  à    Orbitolines  et  à  RadioUtes. 

3«  Découverte  du  Permien  marin  et  de  l'Aptien  entre 
Kachan   et  Ispahan. 

4°  Dans  cette  même  région,  l'explorateur  a  recueilli  une 
faune   importante  que   Ton   peut  attribuer  au  Lutécien. 

5°  Dans  le  pays  des  Baktyaris,  découverte  d'une  faune  à 
Rudistes  associée  aux  Loftusia,  que  l'on  avait  jusqu'à  présent 
considérés  comme   appartenant  à  TEocène. 

r>o  Découverte  dans  les  montagnes  du  Louristan  de  deux 
niveaux  appartenant  à  la  craie  supérieure  et  d'une  richesse 
(extraordinaire,  les   couches  à  Oursins  et  les  couches  à  Cérites. 

Plusieurs  milliers  de  fossiles  ont  été  recueillis  dans  plus  Je 
dix  gisements  différents,  et  c'est  grâce  à  l'énergie  de  l'explorateur 
que  toutes  ces  richesses  paléontologiques  ont  pu  être  sauvées 
au  milieu  des  diilicultés  de  toutes  sortes,  résultant  de  l'absence 
totale  de  voies  de  conmiunication  et  de  l'hostilité  des  habitants. 


447 


MÉMOIRE 
SUR  L'HISTOIRE  GÉOLOGIQUE  DU  GRAPHITE 

par  M.  E.  WEINSCHENK 


De  nombreuses  théories  ont  été  émises  par  les  géologues 
sur  le  mode  de  formation  du  graphite.  Celle  qui  considère  les 
gisements  de  graphite  comme  fournissant  un  terme  extrême  des 
processus  de  carbonisation,  parait  à  priori,  d'autant  plus  vraisem- 
blable, que  Ton  observe  des  transformations  analogues,  depuis 
les  lignites  des  terrains  cénozoïques  pauvres  en  carbone,  aux 
anthracites  et  schungites  des  terrains  paléozoïques,  riches  en 
carbone.  Les  gisements  de  graphite  des  terrains  azoïques  les 
plus  anciens  représentent,  dans  cette  théorie,  les  veines  de  houille 
des  terrains  plus  récents  ;  et  on  voit  même  dans  la  présence 
de  ce  graphite  au  sein  de  ces  anciennes  couches,  la  preuve 
de  l'existence  de  la  vie  à  ces  époques  reculées,  alors  même 
qu'aucun  débris  organique  reconnaissable  ne  leur  est  trouvé 
associé . 

L'examen  attentif  du  graphite  de  divers  gisements  permet 
d'y  reconnaître  rapidement  diverses  variétés.  Tantôt  il  se 
présente  en  agrégats  cristallins  grossiers,  tantôt  en  une  fine 
poussière  noire,  qui  imprègne  les  roches,  et  ne  présente  aux 
plus  forts  grossissements,  aucun  caractère  de  cristallinité.  Les 
réactions  chimiques  de  ces  diverses  formes  ne  sont  pas  non  plus 
identiques,  aussi  distingue-t-on  assez  généralement  aujourd'hui 
plusieurs  états  du  graphite,  sous  les  noms  de  graphite,  graphU 
tite  et  graphitoïde. 

Le  nom  de  graphite,  proprement  dit,  est  limité  aux  variétés 
nettement  lamellaires,  foisonnant  en  masses  vermiculées,  quand 
elles  sont  imprégnées  d'acide  nitrique  et  chauffées.  On  appelle 
graphitite  la  forme  en  agrégats  compacts,  donnant  encore 
une  raie  brillante,  mais  ne  présentant  plus  à  l'œil  nu,  la 
disposition  lamellaire.  Le  graphitoïde  comprend  les  variétés 
les  plus  compactes,  sans  éclat,  à  raie  sombre  non  brillante, 
et  qui  brûlent  à  mie  température  moins  élevée  que  les  précé- 
dentes. Ce  graphitoïde  a  été  regardé  par  les  uns  comme  composé 


44^  VIU*"   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

de  carbone  pur,  amorphe,  par  d'autres,  coiunie  un  charbon 
riche  en  carbone,  et  contenant  de  T hydrogène  et  de  l'azote  en 
petites  quantités.  Entre  ces  trois  variétés  du  graphite,  on  trouve 
cependant  tous  les  passages,  et  on  ne  peut  les  considérer 
comme  des  espèces  minéralogiquos  distinctes.  Il  n'y  a  non 
plus  aucune  raison  pour  rechercher  dans  le  graphitoide  une 
combinaison  complexe  du  carbone  :  les  quantités  d'hydrogène 
et  d'azote  relevées  par  l'analyse  sont  trop  faibles  pour  per- 
mettre d'étayer  une  théorie,  et  leur  présence,  peut-être  en 
relation  avec  l'impureté  de  la  matière  analysée,  ne  saurait 
être  dosée  avec  certitude.  La  présence  de  l'azote  dans  divers 
graphites  ne  peut  être  considérée  comme  une  preuve  de  leor 
origine  organique,  car  on  trouve  cet  élément  dans  des  gra- 
phites d'origine  certainement  inorganique,  comme  aussi  dans 
beaucoup  d'autres   minéraux   et  roches. 

Les  propriétés  physiques  essentielles  des  diverses  variétés 
distinguées,  telles  que  la  conductibilité  thermique  et  électrique, 
le  poids  spécifique,  restant  constantes,  il  ne  semble  pas  que 
les  différences  basées  sur  des  caractères  suboi*donnés  tels 
que  l'éclat,  la  cassure,  la  compacité,  soient  suffisantes  pour 
distinguer  spécifiquement  les  graphite,  graphitite  et  graphitoide, 
mais  qu'il  convient  plutôt  d'y  voir  des  états  d'agrégation  ditle- 
rents  d'un   minéral   unique,    le   graphite. 

Pour  comprendre  la  nature  et  l'origine  géologique  du  gra- 
phite, j'ai  consacré  plusieurs  années  à  l'étude  des  gisements 
de  ce  minéral  et  de  ses  exploitations,  visitant  la  plupart 
d'entre  eux,  et  me  procurant  des  collections  d'échantillons 
des  autres.  Parmi  ces  derniers,  je  citerai  les  importants  gise- 
ments de  Geylan,  dont  j'ai  eu  à  ma  disposition  d'admirables 
séries,  réunies  sur  le  terrain  même  et  mises  à  ma  disposition 
par  M.  le  D^  Griinlin,  aide-naturaliste  attaché  aux  collections 
minéralogiques  de  Munich. 

L'étude  stratigraphique  suflirait  à  apprendre  que  le  graphite 
n'est  pas  toujours,  comme  on  f enseigne,  disposé  eu  couches 
interstratiiiés  dans  les  terrains  primitifs,  mais  qu'il  présente 
des  dispositions  très  variées.  Il  s'y  montre  tantôt  en  couches 
interslratifiées,  et  parfois  en  filons  transverses  très  nets  ;  on  le 
rencontre  souvent  en  lits  intercalés  dans  la  série  ancienne  des 
terrains  primitifs,  et  dans  d'autres  cas,  en  couches  régulières 
dans  des  formations  beaucoup  plus  récentes,  caractérisées  par 
des  fossiles  d'âges  variés.    Ainsi    un    premier  examen,   superli- 


E.    WR1N8CURNK  449 

ciel,  suffît  à  montrer  la  diversité  des  gisements  du  graphite, 
et  rimpossibilité  de  tirer  des  conclusions  générales  de  l'étude 
d'un  cas  isolé  ;  chaque  gisement  doit  être  étudié  en  lui-même, 
au  point  de  vue  stratigraphique  et  pétrographique,  pour  révéler 
les  conditions  de  son  mode  de    formation. 

Le  graphite  dans  certains  gisements  constitue  des  accumu- 
lations considérables.  Ainsi  les  exploitations  de  Bavière,  pour- 
suivies depuis  plusieurs  siècles,  n*ont  pas  sensiblement  appauvri 
les  gisements  ;  les  travaux  ont  fourni  à  Ceylan  3o.ooo  mcb. 
par  an,  depuis  des  dizaines  d'années,  sans  appauvrissement 
notable.  On  a  arrêté  récemment,  il  est  vrai,  l'exploitation  du 
graphite  à  Ceylan,  mais  pour  des  causes  spéciales,  locales 
ou  politiques  ;  et  on  pourra  lui  rendre,  quand  on  voudra,  son 
importance  passée.  11  y  a  cependant  quelques  gisements,  jadis 
célèbres,  et  justement  ceux  (|ui  ont  fourni  les  plus  beaux  échan- 
tillons du  minéral  qui  se  sont  appauvris  et  épuisés,  et  qui 
ne  sont  plus  exploités  :  tels  sont  celui  de  Borrowdale,  près 
Keswick  (Cumberland)  et  celui  des  monts  de  Batougol,  près 
Irkoutsk,  découvert   par   M.   Alibert. 

Dans  les  descriptions  qui  suivent,  nous  étudierons  succes- 
sivement les  divers  gisements  du  graphite»,  en  commen(;ant  par 
le  graphite  en  liions  tel  qu'on  Tobserve  à  Ceylan  et  dans  les 
deux  dernières  localités  citées  et  qui  nous  ollrira  les  types 
les  plus  beaux    et  les  plus  riches. 

Dans  les  liions  de  graphite,  on  observe  toujours  (excepté 
dans  le  Cumberiand)  que  les  lames,  pailles  ou  fibres  du  gra- 
phite sont  implanté(»s  normalement  aux  épontes  du  filon,  et  dis- 
posées parallèlement  entre  elles  ;  quand  on  trouve  dans  ces 
filons  des  fragments  de  roches  étrangères,  ce  qui  n'est  pas 
rare  à  Ceylan.  elles  sont  entourées  de  fibi*es  de  graphite  dispo- 
sées radiairement.  (i'est  le  gisement  où  le  graphite  présente  son 
maximum  de  pureté,  donnant  en  moyenne  95  à  98  %  de  carbone. 

A  Ceylan  le  graphite  se  trouve  normalement  à  Tétat  de 
très  grandes  lamelles  ;  on  constate  toutefois,  qu'en  divers  filons, 
soit  en  leur  centre,  soit  sur  leurs  salbandes.  il  est  déformé 
mécaniquement,  froissé,  plissé,  déchiré,  réduit  en  agrégats  de 
fines  petites  libres,  ou  en  masses  homogènes,  compactes,  rap- 
pelant celui  des  monts  de  Batougol.  On  a  là  une  indication  des 
conditions  de  formation,  si  souvent  discutées,  des  graphites 
massifs,  à  grains  lins,  fibreux,  d'aspect  ligneux.  Dans  le  (Cum- 
berland,   cependant,     le    graphite    en    fines     écailles     régulières 


45o  VUI*  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

ne  présente   pas   de    ces  structures   caractéristiques  des   filon<%. 

Le  gisement  du  graphite  dans  cette  région  paraît  en  relation 
avec  une  roche  éruptive,  porphyrique  (grûnsteinartiger  Porphyr): 
et  de  même  le  graphite  de  Sibérie  se  trouve  associé  à  une 
roche  d'origine  interne,  une  syénite  à  néphéline.  A  Ceylan, 
les  roches  avoisinantes  ressemblent  à  celles  de  la  région 
granuli tique  de  Saxe  :  et  c'est  peut-être  cette  idée  ancienne 
que  ces  roches  Taisaient  normalement  partie  du  terrain  primitif, 
qui  a  empêché,  plus  que  l'examen  de  ses  caractères  pi'opres, 
d'attril>uer  au  graphite  de  Ceylan  une  origine  interne.  La  por- 
tion centrale  de  Ceylan  est  formée  de  roches  bien  voisines  des 
granulites  de  Saxe,  et  Ton  en  trouve  même  les  principales 
variétés  ;  ces  roches  constituent  un  massif  central,  autour  duquel 
rayonnent  tous  les  filonnets  graphitiques.  D'ailleurs  la  ressem- 
blance des  roches  granulitiques  de  Ceylan  avec  celles  de  Saxe 
est  plutôt  superficielle  :  elles  se  distinguent  par  leur  structure 
grenue,  non  feuilletée,  vraiment  granulitique  et  non  gneissi- 
que,  et  par  suite  tout-à-fait  caractéristique  des  roches  grenues 
d'origine  interne.  Enfin,  on  a  trouvé  et  décrit  dans  ces  massifs 
de  granulite  de  Ceylan,  tous  les  minéraux  habituels  aux  zones 
métamorphiques  de  contact,  et  on  ne  saurait  ici  attribuer  leur 
origine  à  d'autres  agents  qu'à  ceux  du  métamorphisme  de 
contact.  On  en  peut  conclure,  ce  nous  semble,  à  l'origine 
intrusive  des  granulites   de  Ceylan. 

Le  massif  granulitique  de  Ceylan  est  un  lambeau  formé  de 
roches  intrusives,  et  détaché  du  continent  indien;  il  présente 
ses  plus  proches  équivalents  pétrographiques  dans  le  massif 
granulitique  de  la  Saxe.  Le  gisement  du  graphite  de  Ceylan 
est  en  filons  dans  ces  roches  granulitiques,  traversant  indif- 
féremment les  roches  à  quarz  et  orthose,  et  les  roches  sans 
feldspath,  telles  que  pyroxénites  et  péridotites,  qui  alternent 
entre  elles  :  ces  filons  sont  particulièrement  répandus  dans  U 
périphérie  du  massif.  Leurs  dimensions  varient  :  parfois  ils 
s'élargissent  en  grandes  poches,  remplies  de  graphite  pur. 
tantôt  ils  se  divisent  en  une  infinité  de  filonnets  minces,  péné- 
trant dans  la   roche  encaissante  en  tous  sens. 

Les  granulites  de  Ceylan  sont  des  roches  i*emarquablement 
fraîches,  à  altération  si  superficielle,  que  les  faces  de  clivages 
des  feldspath  s  montrent  encore  l'éclat  de  l'adulaire.  Elles 
ont  en  outre  échappé  à  l'influence  de  toutes  les  déformations 
mécaniques,     et    ne    montrent     ni    cataclases,     ni     apfAumces 


E.    WBINSCHENK  4^1 

analogues.  Ces  caractères  si  uniformes  ne  disparaissent  que 
sur  les  bords  des  filons  de  graphite,  ou  dans  les  blocs  rocheux 
qui  s'y  trouvent  enclavés.  Au  voisinage  du  grapiiite,  les 
roches  ont  perdu  leur  fraîcheur,  les  feldspaths,  notamment  les 
plagioclases,  sont  troubles  et  remplis  de  paillettes  secondaires 
et  d'agrégats  de  kaolin  et  de  nontronite  :  les  cristaux  sont 
brisés,  fendillés,  et  dans  les  fissures  ont  pénétré  des  écailles 
de  graphite,  des  aiguilles  de  rutile,  du  sphène.  Il  existe  donc, 
près  des  filons  de  graphite,  une  zone  de  contact  modifiée 
mécaniquement  et  métamorphisée  ;  elle  est  mince,  il  est  vrai, 
mais  générale  et  uniforme  et  strictement  limitée  au  voisinage 
du  graphite,  dont  elle  dépend  évidemment.  Le  rutile,  abondant 
dans  la  roche  modifiée,  au  contact,  est  toujours  aussi  le 
compagnon  le  plus   fidèle  du  graphite  dans  le  filon. 

Le  gisement  du  graphite  à  Passau,  en  Bavière,  est  différent 
de  celui  de  Ceylan  à  divers  points  de  vue;  mais  on  le  trouve 
de  même  en  masses  lenticulaires  et  en  nœuds  accumulés  dans 
une  roche  gneissique.  Ce  gneiss  de  Passau  est  une  roche  très 
disloquée  et  fendillée,  et  le  graphite,  en  lamelles  assez  grandes, 
s'y  trouve  disposé  suivant  les  fissures,  les  creux  des  grains 
cristallins,  les  plans  de  clivage  des  micas,  et  dans  les  inters- 
tices entre  les  autres  minéraux.  Il  n'est  chargé  de  graphite 
que  quand  il  se  trouve  au  contact  d'un  massif  de  granité  voi- 
sin ;  il  présente  alors  des  altérations  toutes  spéciales.  Le  felds- 
path des  gneiss  graphitiques  est  toujours  altéré,  transformé  en 
kaolin,  en  nontronite  et  autres  produits  secondaires  analogues. 
Le  graphite  dans  les  gneiss  est  toujours  accompagné  de  rutile  ; 
il  s'y  présente  parfois  en  filonnets  trans verses,  rappelant  la 
disposition  de  ceux  de  Ceylan. 

L'enrichissement  de  ces  gneiss  en  graphite,  se  fait  suivant 
les  feuillets  de  la  roche,  en  lentilles  ou  amandes  allongées, 
réunies  en  essaims,  et  séparées  par  des  délits  de  la  roche, 
dépourvus  de  graphite  ;  ces  lits  intercalés,  sans  graphite,  sont 
plus  frais  et  moins  disloqués  que  ceux  qui  sont  chargés  de 
graphite  :  leur  feldspath  n'est  ni  koaliné,  ni  épigénisé  en  non- 
tronite. Les  lits  chargés  de  graphite,  dont  les  proportions  arri- 
vent parfois  jusqu'à  70  Vo»  s'alignent  volontiers  en  traînées 
continues,  associées  à  des  lits  calcaires  métamorphisés,  qui  sont 
interstratifîés  parallèlement  :  on  trouve  souvent  alors  des  cris- 
taux de  graphite  enclavés  dans  ces  calcaires.  Le  gisement  du 
graphite  de  Passau  ne  permet   pas  de  le  considérer  comme  un 


45a  VIU^'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

élément  primaire  des  gneiss  ;  ses  paillettes  sont  toujours  disposées 
dans  des  fissures  ou  joints  de  la  roche,  et  celles-ci  sont  néces- 
sairement postérieures  à  sa  cristallisation.  De  plus,  les  gneiss 
qui  le  contiennent,  sont  toujours  si  généralement  décomposés,  que 
cette  altération  doit  être  en  relation  avec  la  genèse  de  ce  minéral. 

Le  graphite  du  Bohiner  Wald  présente  les  mêmes  conditions 
essentielles  que  celui  de  Passau.  à  part  qu'il  est  généralement 
plus  compact,  et  que  les  parties  gneissiques  chargées  de  gra- 
phite tendent  davantage  à  se  poursuivre  sous  forme  de  couches 
continues,  souvent  disposées  en  concordance  avec  des  bancs  de 
calcaire.  Enfin  les  formations  de  ce  massif  graphitique  ne  mon- 
trent pas  aussi  nettement  que  les  précédentes  leurs  connexions 
avec  une  grande  venue  de  granité  ;  elle  est  seulement  ivndue 
probable  par  Fexistence  de  nombreux  petits  culots  et  liions  de 
roches  granitiques  suivant  la  direction  des  alignements  graphi- 
tiques. Il  y  a  au  voisinage  une  région  granulitique.  Quelle  que 
soit  la  théorie  que  Ton  propose  pour  expliquer  la  formation 
des  gisements  de  graphite  de  Bohême,  elle  devra  expliquer  en 
même  temps  l'altération  profonde  et  générale  des  roches  qui 
accompagnent  le  graphite,  ici  comme  à  Passau  ;  elle  n'est  pas  com- 
préhensible dans  l'hypothèse  que  tout  le  carbone  se  serait  trouvé 
à  Tétat  primaire  dans   ces  roches,   avant  leur  métamorphisme. 

Les  produits  d'altération  des  roches  graphitiques,  comme 
aussi  leurs  produits  d'imprégnation,  minéraux  titanes,  etc., 
sont  les  mêmes  à  Passau,  en  Bohême,  et  à  Ceylan  ;  mais  leurs 
proportions  relatives  sont  plus  faibles  dans  ce  dernier  gisement 
Le  plus  répandu  de  ces  produits  d'altération  est  le  kaolin  : 
la  nonlroiiite,  silicate  ferrique  hydraté,  très  rare  ailleurs,  épi- 
génise  le  feldspath  de  ces  divers  gîtes  et  en  parait  caractéris- 
tique ;  il  faut  encore  citer,  dans  les  deux  gisements  de  Passau 
et  de  Bohème,  l'abondance  d'un  silicate  de  manganèse  suroxydé. 
Je  vois  dans  l'existence  constante  de  cette  altération  des  felds- 
paths  et  roches  feldspathiques,  en  combinaisons  riches  en 
peroxydes  des  métaux  lourds,  un  des  faits  les  plus  instructifs 
pour  l'intelligence  de  la  genèse  du  graphite;  elle  nous  montre, 
par  sa  généralité,  que,  malgré  les  différences  locales  des  trois 
gisements  étudiés,  ce  sont  les  mômes  processus  cliimiques,  ou 
des  processus  très  voisins,  qui  ont  toujours  présidé  à  la 
formation   du  graphite. 

On  a  observé,   dans  l'un   des    gisements    précédents,   que  U 
roclie,  entièrement  imprégnée  de  graphite,  est  en    même  temps 


B.    WEINSCHENK  4^3 

remplie  de  minéraux  produits  d'altération  ;  un  autre  gisement 
au  contraire  avait  montré  que  l'altération  des  minéraux  de  la 
roche  était  superficielle,  étant  limitée  aux  parois  des  fentes 
remplies  de  graphite  :  ces  apparences  opposées  s'expliquent 
par  les  diflerences  physiques  des  roches  encaissantes.  Dans  le 
premier  cas,  on  avait  affaire  à  des  roches  schisteuses,  fendil- 
lées, où  les  agents  graphitogènes  ont  pénétré  facilement;  dans 
le  second  cas,  on  avait  des  roches  compactes,  solides,  massives, 
qui  n'ont  laissé  filtrer  les  agents  chimiques  que  suivant  leurs 
fissures,  sans  les  admettre  à  leur  intérieur.  Le  gisement  du 
graphite  et  tous  ses  caractères  d'association  sont  unanimes  pour 
établir,  à  Ceylan  comme  sur  la  frontière  Bavaro-bohémienne, 
que  ce  minéral  est  de  formation  récente  dans  les  roches,  et 
qu'il  a  dû  y  pénétrer  par  voie  d'émanations  volatiles,  ou  de 
dissolutions  ;  ces  réactions,  à  en  juger  par  l'intensité  de  leur 
action,  sont  en  relation  avec  les  phénomènes  post- volcaniques 
qui  suivent  habituellement  les  venues  de  roches  intrusives. 

Quelle  fut  la  nature  des  réactifs  qui  présidèrent  à  la  for- 
mation des  gîtes  de  graphite  :  et  la  source  du  carbone  doit- 
elle  être  cherchée  dans  des  matières  organiques,  ou  dans  des 
émissions  profondes  d'origine  volcanique  ?  Une  première  hypo- 
thèse nous  montre  la  masse  en  fusion  traversant,  lors  de  son 
ascension,  d'importantes  masses  de  matières  organiques,  et  y 
déterminant  des  phénomènes  de  distillation  et  de  volatilisation, 
qui  auraient  provoqué  la  cristallisation  du  graphite.  Dans 
cette  hypothèse  il  y  aurait  un  grand  dégagement  d'hydrogène, 
production  de  combinaisons  hydrogénées  et  d'autres  gaz  réduc- 
teurs. Mais  l'observation  apprend,  tout  au  contraire,  que  le 
graphite  associé  dans  ses  gisements  au  fer  et  au  manganèse, 
présente  ces  substances  au  plus  haut  degré  d'oxydation,  bien 
loin  (fu'elles  soient  réduites,  comme  elles  l'eussent  été  dans 
les  conditions  de  notre  hypothèse.  Les  autres  altérations 
minérales  décrites  dans  les  roches  graphiques  sont  tout  aussi 
peu  compréhensibles,  quand  on  veut  rapporter  la  formation 
du  graphite  à    des  combinaisons   hydrogénées. 

Mais  il  existe  un  autre  groupe  de  combinaisons  du  carbone, 
non  encore  observé,  il  est  vrai,  dans  la  nature,  où  il  serait 
même  dillicilement  observable  en  raison  de  ses  propriétés, 
mais  qui  expliquerait  remarquablement  bien  toutes  les  parti- 
cularités observées  dans  les  gisements.  L'oxyde  de  carbone 
forme  avec  les  métaux   des  combinaisons  particulières,   volatiles, 


454  VIII''   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

très  peu  stables,  désignées  sous  le  nom  de  Carbon}'les,  qui. 
sous  les  moindres  modifications  des  conditions  physiques,  se 
séparent  en  oxydes  métalliques  et  en  graphite,  avec  dégagement 
d'acide  carbonique. Une  semblable  réaction  expliquerait  très  bien, 
d'après  nous,  toutes  les  particularités  observées  dans  les  g^be- 
inents  de  graphite  :  les  altérations  intenses  des  roches  seraient 
dues  à  Tabondance  de  Tacide  carbonique  mis  en  liberté  :  et 
Tabondance  des  peroxydes  des  métaux  lourds  épigéni5>ant  les 
silicates  de  roches  primitivement  pauvi*es  en  métaux  lourds  est 
produite  dans  cette  théorie,  par  la  décomposition  des  carbonyles. 

On  ne  peut  considérer  ces  combinaisons  carbonées  comme 
dérivant  de  la  réaction  souteri*aine  d'un  magma  en  fusion,  sur 
des  sédiments  riches  en  matière  organique  ;  mais  on  devra 
bien  plutôt  les  rapporter  au  magma  lui-même,  qui  les  aurait 
apportés  avec  lui  des  profondeui*8.  et  ainsi  le  graphite  aurait 
une   origine  purement  inorganique. 

L'association  habituelle  du  rutile  au  graphite,  dans  tous  ces 
gisements,  tend  à  indiquer,  dans  ces  réactions,  la  présence  do 
cyanogène,  si  porté  à  former  avec  le  titane  des  combinaisons 
volatiles  ;  elle  est  rendue  plus  probable  encore,  par  l'existence 
constatée  de  Tazote,  dans  le  graphite  des  filons  de  Ceylan.  Il 
s'en  faut  donc  de  beaucoup,  qu'on  puisse  voir  dans  la  teneur  en 
azote  du  graphite,  un  argument  péremptoire  en  faveur  de  son 
origine  oi^anique. 

Nous  passerons  maintenant  à  la  description  de  gisements 
de  graphite,  d'un  type  très  différent,  que  Ton  rencontre  dans 
les  Alpes  ;  nous  les  désignerons  sous  le  nom  de  gisements 
alpins,  bien  qu'ils  se  rencontrent  aussi  ailleurs.  Ils  rappellent 
ceux  de  Passau,  par  la  disposition  qu  y  aflecte  dans  la  roche 
le  graphite  exploitable,  en  lentilles  riches,  aplaties, et  en  veinules; 
mais  ils  s'en  distinguent  à  tous  les  autres  points  de  vue.  Le  graphite 
ne  se  montre  plus,  dans  ces  gisements,  associé  aux  rot-ihes 
altérées,  si  caractéristiques  des  gisements  précédents  :  il  y  est 
très  compact,  dépourvu  de  son  éclat  métallique  particulier,  et 
loin  d'être  limité  à  des  lentilles  riches,  on  le  trouve  aussi 
disséminé  dans  les  roches  encaissantes. 

Dans  les  Niederen-Tauern,  en  Styrie,  les  veines  du  gi*aphite 
se  trouvent  dans  des  phyllades  à  chloritoïde,  où  des  plantes 
carbonifères  caractéristiques  ont  été  trouvées  en  divers  points: 
leur  gisement  est  donc  bien  certainement  dans  des  couches 
carbonifères   métamor|)hisées.    Souvent    ces  veines   de   graphite 


E.    WEINSCHRNK  4^ 

permettent  même  de  reconnaître  la  structure  originelle  du 
charbon,  et  parfois  leur  aspect  mat,  leur  texture  meuble,  indi- 
quent les  altérationvS  mécaniques  subies.  La  masse  des  phylla- 
des  chloritoïdeux  voisins  contient  souvent  aussi  du  graphite, 
qui  est  enclavé  dans  les  minéraux  constituants,  sous  forme 
d'une  fine  poussière  cristalline  et  met  en  évidence  les  lits  ori- 
ginaires du  schiste  et  sa  structure  primitive. 

Dans  les  Alpes  Gottiennes,  les  gisements  de  graphite  présen- 
tent des  caractères  analogues,  ils  se  trouvent  associés  à  des 
quarzites  compacts,  grès  recristallisés,  au  lieu  de  phyllades  chlo- 
ritoïdeux :  on  y  reconnaît  encore  les  caractères  du  charbon, 
dont  dérive  ce  graphite.  11  en  est  de  môme  dans  les  Apennins, 
de  Ligurie,  où  on  peut  suivre  avec  netteté  le  passage  de 
l'anthracite  perrao-carbonifère  au  graphite. 

Dans  ces  gisements,  le  graphite  est,  sans  aucun  doute  possible, 
d'origine  organique,  et  formé  aux  dépens  de  la  houille  carbo- 
nifère ;  on  peut  seulement  discuter  ici  les  causes  de  cette 
transformation  du  charbon  en  graphite.  Dans  les  Alpes,  on 
rapporte  volontiers  toutes  les  transformations  au  dynamométa- 
morphisme ;  mais  dans  Tespèce,  cette  explication  prête  à  de 
graves  objections.  En  elFet,  des  actions  dynamiques  susceptibles 
de  déterminer  la  recristallisation  de  séries  stratigraphiques 
entières,  auraient  dû  laisser  des  traces  multiples  de  leur 
influence.  Et  on  comprend  diflicilement  dans  cette  hypothèse 
la  conservation  des  débris  végétaux  observés  ;  ainsi  les  im- 
pressions végétales  trouvées  dans  les  schistes  de  Styrie  ne 
sont  ni  déformées,  ni  arrachées,  les  quarzites  des  Alpes  cottien- 
nes  ne  montrent  guère  de  traces  d'écrasement  ou  de  brecciation. 
On  sait  cependant  combien  le  quarz  enregistre  fidèlement,  par 
ses  cassures,  la  trace  des  actions  mécaniques  subies.  Aussi,  je 
répugne  à  rapporter  la  cristallisation  d'un  sédiment,  à  une  action 
dynamométamorphique,  qui  n'aurait  point  laissé  de  traces  sur 
des  témoins  si  sensibles. 

Il  faut  chercher  une  autre  explication,  et  on  la  trouve  sur 
le  terrain  même.  On  trouve,  en  effet,  associée  à  tous  ces  gise- 
ments carbonifères  métaniorphisés,  une  sorte  de  gneiss,  roche 
feuilletée  d'aspect  porpliyrique,  à  contacts  aplitiques,  disposée 
en  bancs  interstratiliés,  et  avec  filons  d'aplite  transverses  ;  ces 
gneiss  sont  des  variétés  feuilletées  de  roches  granitiques  intru- 
sives.  rappelant,  par  tous  leurs  caractères,  les  granit(»s  des  mas- 
sifs centraux  alpins.  (I*est  d'ailleurs  au  voisinage  de  ces  granités 


456  VIU*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

gueissiques  que  les  roches  graphitiques  acquièrent  leur  plos 
grande  cristallinité,  quel  que  soit,  en  ces  points,  leur  état  de  défor- 
mation mécanique  ;  par  contre,  elles  perdent  leui*s  caractères 
cristallins,  en  s'éloignant  du  granité,  et,  arrivées  à  une  distance 
suflisante,  les  roches  les  plus  déformées  mécaniquement  ne  pré- 
sentent généralement  plus  aucun  caractère  de  cristallinité.  Dans 
ces  gisements,  il  faut  donc  attribuer  les  modifications  subies  par 
les  sédiments  carbonifères  au  contact  de  roches  gi*ani tiques  intru- 
sives,  par  suite  desquelles  les  schistes  auraient  été  transformés 
en  phyllades  à  chloritoïde,  les  grès  en  quarzites,  le  charbon 
en  graphite.  On  peut  rappeler  ici,  en  outre,  Fassociation  fn* 
quente  au  graphite,  dans  la  chaîne  des  Alpes,  tant  orientales 
qu'occidentales,  de  sortes  de  cokes  ;  la  présence  de  ces  produits, 
compréhensible  dans  T hypothèse  d'une  action  volcanique,  serait 
inintelligible  dans  le  cas  de  transformations  dynamo  métamor- 
phiques. Enfin  les  anthracites  qui  passent  au  graphite,  dans  les 
Apennins  de  Ligurie,  présentent  une  particularité  caractéris- 
tique du  métamorphisme  de  contact,  dans  ce  fait  qu'ils  écla- 
tent quand  on  vient  à  les  chauffer   même  modérément. 

Quand  donc  on  fait  une  révision  d'ensemble  des  caractères 
généraux  des  principaux  gisements  de  graphite,  on  est  d'abord 
frappé  de  constater  que  jamais  on  ne  voit  de  passage  graduel 
du  charbon  au  graphite,  comme  le  veut  la  théorie  du  méta- 
morphisme régional,  ou  des  transformations  lentes,  insensibles, 
séculaires.  On  observe  au  contraire,  dans  tous  les  gisements, 
où  le  graphite  dérive  du  charbon,  que  le  passage  enti'e  eux 
est  brusque  et  la  limite  franche,  comme  il  convient  au 
voisinage  d'un  massif  granitique  d'intrusion,  sous  rinllaence 
d'agents  métamorphiques  actifs   et  subtils. 

Si  les  arguments  donnés  plus  haut  en  faveur  de  la  nature 
granitique  des  roches  gneissiques  des  Alpes  ne  paraissaient 
pas  sulUsants,  je  rappellerais  leur  identité  avec  les  autres 
granités  des  Alpes  Centrales,  dont  l'origine  intinisive  est 
facile  à  reconnaître.  11  y  a  enfin  encore  une  auti'e  liaison  qui 
empêche  d'attribuer  les  modilications  de  ces  massifs  au  dyuaim)- 
métamorphisme,  agissant  sur  des  sédiments  déposés  sur  les 
gneiss  :  c'est  la  complexité  extrême  des  hypothèses  mécaniques 
auxquelles  il  faut  faire  appel  pour  les  expliquer,  tandis  que 
l'interprétation  est  des  plus  simples  dans  la  théorie  du  méta- 
morphisme de    contact. 

Non,    le    graphite   ne    constitue   pas   un   terme    final  de    la 


E.    WEINSCHBNK  4^7 

série  des  roches  formées  de  carbone,  série  continue  qui 
commencerait  au  lignite  pour  se  terminer  à  Tanthracite,  et  où  la 
teneur  en  carbone  irait  en  augmentant  graduellement  à  mesure 
que  Fàge  va  reculant.  Peut-être  l'enricliissement  graduel  en 
carbone  de  cette  série  va-t-il  jusqu'à  déterminer  la  formation 
de  roches  formées  de  carbone  pur ,  comme  la  schungite  ; 
mais  ce  terme  extrême  lui-même  est  encore  bien  différent 
du  graphite,  puisqu'il  reste  toujours  formé  de  carbone  amorphe 
à  propriétés  physiques  très  différentes,  et  dont  la  transfor- 
mation en  graphite  nécessiterait  l'intervention  d'actions  plus 
intenses  que  toutes  celles  subies  jusque   là. 

Ces  recherches  établissent  en  outre  que  Ton  ne  peut 
attribuer  une  origine  unique  à  tous  les  gisements  de  graphite, 
considérés  comme  des  transformations  de  couches  formées  de 
débris  organiques,  On  en  a  déjà  une  preuve  dans  la  dispo- 
sition de  nombre  de  ces  gisements  en  liions  dans  des  formations 
intrusives,  comme  par  (exemple,  ceux  de  Sibérie,  du  Cumber- 
land,  de  Ceylan  ;  on  peut  également  attribuer  une  semblable 
origine  interne  aux  graphites  en  lentilles  interstratifiées  dans 
les  roches  gneissiques  de  la  frontière  Bavaro-bohéme,  où  ce 
grapliite    représente   un   apport  relativement   récent. 

Aucun  des  gisements  du  graphite,  étudiés  dans  ce  mémoire, 
et  ce  sont  les  plus  importants  connus,  n'est  venu  apporter  de 
confirmation  à  celte  vue  si  généralement  répandue,  que  les  gise- 
ments de  graphite  sont  d'anciennes  veines  de  houille,  précurseurs 
des  terrains  houillers.  et  formées  de  débris  végétaux,  à  des 
époques  antérieures  à  toutes  celles  qui  nous  ont  fourni  des 
fossiles  déterminables.  Au  contraire,  tous  les  gisements  étudiés 
nous  apprennent,  ou  que  le  carbone  y  a  été  amené  par  des 
émanations  volcaniques,  ou  que,  provenant  de  substances 
organiques,  il  a  été  remis  en  mouvement  sous  l'influence 
d'actions  volcaniques  :  et  dans  ce  dernier  cas,  on  constate 
qu'il  est  de  formation  bien  plus  récente  que  les  premières 
couches  fossilifères  connues.  On  ne  trouve  donc  aucune  preuve, 
dans  l'étuele  minutieuse  des  gisements,  que  la  présence  du 
graphite  suffise  pour  faire  remonter  l'origine  de  la  vie  plus 
loin  dans  la  nuit  des  temps,  que  nous  ne  le  savons  positive- 
ment  par   la  découverte   de  formes  fossiles   authentiques. 


/;58 


CHARBONS   GÉLOSIQUES   ET  CHARBONS    HUMIQUES 

par  M.   C.  E|^.  BERTRAND 

Je  me  propose,  dans  cette  communication,  de  présenter  an 
bref  résumé  de  mes  recherches  sur  les  deux  types  de  chari>ons 
que  j'ai  le  plus  étudiés  dans  ces  dernières  années,  les  charbons 
gélosiques   et  les  charbons   humiques. 

Uétat  d'avancement  de  mes  observations  sur  les  autres  t}'pes 
de  combustibles  ne  me  permet  pas  d'en  parler  actuellement 
Les  essais  de  généralisation  qui  ont  été  tentés  me  paraissent 
prématurés.  Pendant  longtemps  encore  il  sera  nécessaire  de 
s'en  tenir  à  la  méthode  des  monographies  que  j'ai  adoptée. 
Les  monographies  permettent  seules  de  présenter  les  fail^ 
observés  avec  la  précision  nécessaire  pour  en  permettre  la 
vérification  et  le  contrôle. 

Bien  que  les  charbons  humiques  soient  le  fond  commun 
dans  lequel  se  différencient  les  autres  sortes  de  charbons,  je 
présenterai  pourtant  en  premier  lieu  les  charbons  gélosiques 
qui  sont  un  type  dérivé  et  ensuite  les  charbons  humiques  qui 
sont  la   manière  d'être  plus  générale. 

Charbons  gélosiques  et  charbons  humiques  ne  sont  pas 
seulement  des  variétés  de  combustibles  discernables  scientifi- 
quement, des  sortes  de  subtilités  de  classification.  Ces  noms 
répondent  à  des  variétés  de  combustibles  que  l'industrie 
minérale  reconnaît  et  distingue  depuis  longtemps.  Les  char- 
bons gélosiques  sont  les  bogheads,  les  charbons  humiques 
correspondent  aux  schistes   bitumineux. 

Je  rappellerai  que  les  premières  de  mes  études  sur  les 
charbons  ont  été  publiées  en  collaboration  avec  mon  excellent 
ami  M.   B.    Renault. 

A.  —  Les  charbons  gélosiques. 

Les  charbons  gélosiques  ou  bogheads  ont  comme  types 
classiques  : 

Le  Kérosène   shale  d'Australie 

Le  Boghead   d'Autun. 

La   Torbanite   d'Ecosse. 

Les  deux   premiers  ont  élé   très  étudiés,    La  Torbanite  n'est 


C.    EG.    BERTRAND  4^ 

connue  que  dans  ses  grands  traits,  sa  monographie  n*a  pas 
été  publiée. 

Pour  ces  trois   bogheads   il  a  été   reconnu  : 

i»  Qu'ils  résultent  de  Taccuinulation  d'algues  dans  une 
gelée  brune  humique  : 

2^  Que  la  gélose  des  algues  est  la  matière  dominante  de 
ces  formations.  Cette  gélose  leur  donne  leurs  caractéristiques 
principales.  On  peut  dire  dès  lors  que  les  appellations  :  bogheads, 
charbons   d'algues  et  charbons  gélosiques  sont  équivalentes  ; 

3"  Que  les  accumulations  d'algues  qui  ont  fourni  la  matière 
végétale  génératrice  des  bogheads  se  sont  faites  très  rapidement  ; 

4"  Que  la  fossilisation  de  la  masse  gélosique  s'est  faite  en 
présence  de   bitume. 

b^  11  a  été  constaté  de  plus  que,  dans  ce  milieu,  des  frag- 
ments végétaux  convenablement  altérés  donnent,  soit  des 
fusains,  soit  du  charbon  brillant  craquelé,  tel  que  celui  qu'on 
trouve  dans  les   houilles. 

Selon  la  méthode  que  j'ai  adoptée,  je  procéderai  par  l'expo- 
sition d'exemples  concrets.  Cette  méthode  permet  seule  la 
vérification   des   faits  indiqués. 

Le  Kérosène  Shale  d'Australie, 

Je  prendrai  comme  premier  exemple  le  Kérosène  shale  de 
Blackheath,  dans  lequel  les  algues  formatrices  de  la  roche  ne 
sont  pas   très  grosses. 

Une  coupe  verticale  de  ce  Blackheath  montre  des  algues 
en  forme  de  sac  creux  couchées  à  plat  dans  une  gelée  brune. 
Ces  sacs  sont  uftaissés  mais  non  écrasés.  Bien  que  très  nom- 
breux, les  thalles  ne  se  touchent  pas.  Chaque  thalle  possède 
une  seule  rangée  de  cellules.  Les  protoplastes  lacrymorphes 
tournent  leur  pointe  vers  l'extérieur.  Ces  protoplastes  sont 
colorés  par  localisation  élective  du  bitume.  La  localisation  de 
la  matière  colorante  s'est  exercée  ici  à  travers  la  paroi.  Ce 
qui  permet  cette  alUrmation,  c'est  que  les  organites  du  proto- 
plaste  sont  reconnaissables  par  les  intensités  différentes  de 
leurs  colorations.  On  écarte  ainsi  l'idée  de  matière  bitumi- 
neuse simplement  injectée  dans  des  cavités  précédemment 
occupées  par  des   protoplastes. 

La  gélose  des  parois  forme  des  couches  excentriques  beau- 
coup plus  épaisses  vers  l'intérieur  dans  les  thalles  âgés.  Cette 
gélose   présente   des  gravures    presque    parallèles   à   la   surface 


46o  YIII'    CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

des  couches.  L'intérieur  du  thalle  semble  une  cavité  qui  était 
peut-être  occupée  par  une  gelée  très  claire,  analogue  à  celle 
des  Cénobies  de  Volvox.  On  voit  souvent  dans  cette  cavité 
une  petite  quantité  d'une  matière  brun  rouge,  très  claii'e,  très 
peu  chargée»  de  corps  bactémides.  Elle  diflère  donc  assez  pro- 
fondément de  la  gelée  humique  où  sont  enfouis  les  thalles, 
pour  permettre  d'aflirmer  que  celle-ci  n'a  pas  pénétré  massi- 
vement dans  la  cayité   du   thalle   tant  que   celui-ci   était  intact. 

La  surface  des  gros  thalles  présente  de  fortes  invaginations 
résultant  du  développement  inégal  des  deux  faces  de  ses  cellules, 
le  fond  des  éléments  cellulaires  étant  plus  large  que  leur  face 
externe.  Plus  développée,  Falgue  se  lobait  et  ses  lobes  se  sépa- 
raient, le  thalle  se    disloquait. 

L'algue  du  Kérosène  shale  présente  un  fait  très  remar- 
quable qui  a  permis  d'assigner  sa  place  dans  la  Classification. 
Le  thalle  jeune  présente  autant  de  cellules  que  le  thalle  âgé. 
mais  ses  cellules  sont  très  petites.  Le  thalle  jeune  se  trans- 
forme donc  en  thalle  adulte  sans  multiplier  ses  éléments 
cellulaires.  Ce  caractère  ne  se  trouve  que  dans  les  Cénobiales. 
L'algue  fossile  était  donc  voisine  des  Volvocinées  et  des 
Hydrodictyées.  Elle  était  toujours  libre.  La  gélose  y  devenait 
très  abondante   dans  les  thalles  âgés. 

J'ai  dimné  à  l'algue  du  Kérosène  shale  le  nom  de  Reins- 
chia  aiistralis. 

Le  Blackheath  (i)  nous  présente  des  thalles  de  tout  âge.  C> 
sont  les  thalles  jeunes  qui  prédominent.  Le  Blackheath  en  contient 
IQ.544  P»i*  mm\  Parmi  ces  thalles  on  en  remarque  dont  la 
structure  est  plus  ou  moins  effacée.  Ces  thalles  que  je  qualitie 
de  gommeux  dénotent  un  léger  commencement  d'altération  : 
la  structure  cellulaire  s'efface,  les  cannelures  disparaissent  II 
n'y  a  pas,  ou  il  n'y  a  presque  pas  de  corps  bacté  ri  formes.  — 
Dans  un  état  d'altération  plus  avancé,  le  thalle  plus  fortement 
coloré  en  rouge-brun  présente  des  tubes  rameux  et  des  bulles 
qui  le  font  ressembler  à  une  goutte  résineuse.  J'ai  donné  à 
ce   faciès  des   thalles   le   nom   de   thalles  résinoïdes. 

Entre  les  thalles  il  y  a  des  spores  et  des  grains  de  pollen 
qui   se   présentent  sous  la  forme  de    minces  lamelles    orangées 


(1)  Par  abréviatiou  je  dirai  souvent  :  le  Blacktieatb,  le  Megalong  Vailej. 
le  Joadja  Creek  pour  le  Kérosène  shale  de  Blackheath,  de  Megaloog  Vallr} 
ou   d'une  autre  localité. 


C.    £G.    BERTRAND  4^1 

OU    rouge-bruii.     Les    premières   sont    plus   épaisses,    à   double 
contour.    Les   seconds   sont   pelliculaires. 

La  gelée  brune  fondamentale  se  présente  fortement  re tractée. 
Elle  est  très  char^çée  de  corpuscules  bactériformes,  coccoïdes 
et  bacilloïdes.  Elle  contient  de  nombreux  fragments  de  parois 
végétales  diversement  humiliés  et  par  suite  ayant  plus  ou  moins 
fortement  condensé  le  bitume.  Il  n'y  a  pas  de  parcelles  miné- 
rales élastiques,  pas  môme  une  lamelle  de  mica.  La  masse 
est  finement  injectée  par  le  bitume.  Dans  le  Blackhcath  même 
une  hésitation  est  possible  et  Ton  peut  se  demander  si  les 
(ilets  rouge-brun  que  je  rapporte  au  bitume  ne  sont  pas 
simplement  des  lames  végétales  modifiées  par  un  certain 
processus  d'altération.  On  pourrait  même  se  demander  si  ce 
ne  sont  pas  des  thalles  de  Reinschia,  plus  altérés  que  les 
thalles  résinoïdes  et  tombant  en  deliquium.  Ln  examen  très 
prolongé  montre  qu'on  ne  peut  relier^ ces  lames  et  ces  lilets 
rouge-brun  aux  thalles  résinoïdes.  De  plus,  dans  le  Megalong 
Valley,  où  ces  lames  sont  beaucoup  plus  développées  que 
dans  le  Blackheath,  elles  ont  bien  Tallure  d'une  substance  en 
fine  inliltration.  Les  lames  se  prolongent  par  des  fdets  fins 
qui  serpentent  dans  la  masse  et  ces  filets  se  relient  directe- 
m(»nt  entre  eux  en  formant  un  réseau.  Cet  aspect  est  celui 
que  prennent  les  injections  bitumineuses  dans  le  Joadja  Creek 
et  dans  le  Kérosène  shale  d'Hartley  lorsqu'on  s'éloigne  un 
peu  des  points  de  pénétration  massive.  A  ces  caractères  tirés 
du  faciès,  j'ajoute  que  je  n'ai  pas  observé  de  structure  orga- 
nique parenchyme,  bois  ou  liège,  dans  ces  lames  rouge-brun 
du   Blackheath   et   du   Megalong  Valley. 

Nous  avons  observé  ces  mêmes  particularités  dans  les 
bogheads  de   Mount  Victoria  et   de   Megalong   Valley. 

Dans  le  magnifique  Kérosène  shale  de  Joadja  Creek,  les 
Reinschia  sont  moins  nombreux  que  dans  le  Blackheath.  Il  y  en 
a  seulement  3, 200  par  mm%  mais  les  grands  Reinschia  adultes, 
cérébriformes,  sont  un  peu  plus  abondants.  Cette  très  légère 
variation  suflit  à  introduire  dans  la  masse  une  quantité  de 
gélose  qui  rend  cette  matière  prédominante  sur  tout  le  reste. 
Gelée  brune  fondamentale,  pollen,  jeunes  thalles  même  sont 
comme  dilués  dans  cette  masse  de  gélose.  Les  thalles  inter- 
viennent dans  la  masse  du  Joadja  Creek  pour  0.909.  La 
matière  gélosique  du  Joadja  (]reek  est  très  blanche.  Ses 
protoplastes   sont    faiblement   colorés.     Il   est    particulièrement 


46a  vur  coifGRàs  géologique 

facile  de  constater  sur  les  très  belles  coupes  du  Joadja  Creek 
les  cannelures  de  la  gélose  et  les  corps  bacté  ri  formes  qui  y 
sont  souvent  enfermés.  On  remarque  que  cannelures  et  corps 
bactériformes  sont  surtout  soulignés  et  visibles  à  la  face 
supérieure  de  la  préparation,  c'est-à-dire  sur  la  face  qui  a 
été  travaillée  la  dernière.  Cette  constatation  exige  donc  la 
plus  extrême  prudence  dans  l'interprétation  des  corps  bacté- 
riformes et  des  cannelures  qu'on  rapporterait  à  l'activité  bac- 
térienne. Il  faut  aussi  penser,  suivant  la  très  judicieuse  remarque 
de  M.  Marcus  Hartog,  à  Texistence  possible  de  fissures  de 
retrait  analogues  aux  fentes  perlithiques,  dans  une  gélose  à 
structure   concentrique. 

Si  grande  que  soit  Tintensité  de  l'intervention  des  thalles 
dans  le  Joadja  Creek,  ces  corps  ne  se  touchent  pas  directe- 
ment. Ils  sont  entourés  chacun  d'une  très  fine  lame  de  gelée 
fondamentale.  Cette  lam^  demeure  visible  sur  les  coupes  verti- 
cales, elle  échappe  presque  toujours  sur  les  coupes  horizontales. 

Il   est  particulièrement   facile  de    constater  la    présence  du 
bitume  dans   le  Joadja  Creek.   Le  bitume    y    a    pénétré   massi- 
vement,   et  des    points  de    pénétration    il    s'est    répandu  dans 
toute  la  couche.  Dans  une  coupe  verticale,  par    exemple,   j'ob- 
serve une  fente  horizontale  fermée  en  cul-de-sac.    Elle  contient 
un  bitume  tardif  fortement    contracté    comme    l'indiquent    les 
grandes    plages   de    quarz    de    remplissage    développées    après 
solidification    du  bitume.    Dans   cette    fissure     les   thalles    sont 
brisés,  fortement  raccornis,  colorés  d'une  façon   intense.  Qu'un 
thalle    se    soit    trouvé    non     directement    en     contact    avec  la 
matière    bitumineuse,   on    pourra    constater    qu'il    colorait    ses 
protoplastes  par  une  localisation   élective  du  bitume   ou  d'une 
partie  colorée  de   ce   bitume.    Sur   les   bords  de    la    fente,    on 
voit  que  le   bitume  pénètre  en  fine  infiltration  entre  les  thalles  : 
à   quelque  distance   on  trouve   ces  fines    lamelles   rouge  brun, 
ces    filets    que    j'ai    signalés    entre    les    thalles    incolores   non 
modifiés.  Ce  bitume  est  fortement    coloré,    insoluble    dans  le 
chloroforme,   comme  l'indique    le   montage    au   baume  mou.  H 
est   souvent    brisé     en    esquilles    dans    les    plages     où    il  est 
abondant.  Ces  plages  de  bitume  massif  sont   pauvres  en  corps 
bactériformes,     ceux     qu'on    y    voit   sont    sphémlaires    ou  en 
bâtonnets.  Bien  souvent  ces  derniers  contiennent   des   cristaux 
tardifs. 

Dans    le   gisement    principal    d'Htirtley     Vale    que    j'ai   pu 


C.    EG.    BERTRAND  4^ 

sonder  dans  toute  son  épaisseur,  grâce  à  M.  Etheridge  junior,  à 
M.  le  professeur  David  et  à  M.  l'ingénieur  W.  D.  Rock,  j'ai 
pu  relever   quelques   faits  complémentaires   intéressants. 

L'être  générateur  de  Faccumulation  gélosique  reste  le  même 
à  Hartley  et  à  Joadja  Creek.  Cet  être  est  toujours  le  Reins- 
chia  australis  directement  reconnaissable  à  la  structure  de  son 
thalle,   à   ses  protoplastes    lacryniorphes  et  à  ses  cénobies. 

La  pureté  des  bancs  du  boghead  dépend  de  la  quantité  de 
gélose  existante  et  par  suite  de  la  proportion  de  gi'os  thalles 
adultes   existant  dans  Tunité   de   volume. 

La  contraction  verticale  de  la  masse  a  réduit  sa  hauteur 
au  cinquième  de  sa  valeur  primitive.  La  couche  de  boghead 
mesurant  i.a5  de  hauteur,  on  en  déduit  que  la  hauteur  de  la 
couche  végétale  qui  lui  a  donné  naissance  n'a  pas  dépassé 
6™25.  La  contraction  verticale  dont  je  parle  s'entend  ici  par 
rapport  à  la  matière  gélosique  complètement  gonflée  d'eau 
présentant  une  consistance  comprise  entre  celle  du  Nostoc 
commune  bien  vivant  et  celle  du  Gleotinchia  natans  lorsqu'on 
le  retire  de  l'eau.  La  richesse  de  ces  algues  en  matières 
solides  est  alors  comprise  entre  o.oi5  et  o.o3o.  La  contraction 
en  volume  étant  elle-même  comprise  entre  i/i*j  et  i/q4  la 
matière  produite  par  le  seul  fait  de  la  contraction  due  à  une 
perte  d'eau  serait  une  gélose  titrant  de  0.180  à  0.7120  en 
matière  sèche.  Or  la  gélose  du  commerce  titre  0.785.  En 
admettant  donc  qu'il  n'y  ait  pas  eu  de  perte  de  carbone  par 
émission  d'anhydride  carbonique  et  de  formène,  ce  qui  est 
invraisemblable,  on  voit  que  la  contraction  de  la  matière 
gélosique  sous  le  volume  où  nous  la  trouvons  est  insuilisante 
pour  expliquer  la  richesse  du  boghead  d'Australie  en  hydro- 
carbures. Il  y  a  eu  nécessairement  enrichissement  de  la  masse 
en  carbone  et  même  en  hydrocarbures  par  apport  étranger. 
L'infiltration  bitumineuse  que  j'ai  constatée  nous  montre  la 
cause  immédiate  de  cet  enrichissement.  Ls^  matière  gélosique 
a  été  le  substratum  organisé  qui  a  retenu  et  localisé  les  divers 
éléments  du  bitume.  Quant  à  un  enrichissement  venant  de  la 
condensation  d'une  matière  gommeuse  tenue  en  suspension 
dans  la  gelée  brune  fondamentale,  il  n'y  a  rien,  dans  les  faits 
observés,  qui  justifie   cette  hypothèse. 

I^  mesure  de  la  contraction  du  Kérosène  shale  a  été 
obtenue  à  Hartley  avec  une  approximation  assez  grande  par 
l'examen   comparatif   de    l'état   des    thalles  dans  les  îlots  sili- 


464  VUl*-   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

ciliés  de  Flron  stone,  dans  \o  Casing  et  dans  le  Bogliead.  Les 
thalles  de  Tlron  stone  ont  été  conservés  à  peu  près  à  leur 
volume»  primitif  par  des  sphérolithes  de  calcédoine,  ceux  du 
Casing,  complètement  étalés,  non  attaissés,  sont  dans  une 
couche  argileuse  siliciliée  où  le  pollen  même  a  son  exine 
largement  distendue.  On  a  ainsi  assez  exactement  les  dimen- 
sions  originelles   des    thalles. 

La  pénétration  massive  du  bitume  est  aussi  nettement 
constatable  à  Hartley  que  dans  la  couche  de  Joadja  Creek. 
Il  s'agit  également  d'un  bitume  fortement  coloré,  très  i*étrai^ 
table,  qui  gagne  l'intérieur  de  la  masse  sous  forme  de  ti'ês 
fines  inliltrations,  lamelles,  et  iilets  qui  peuvent  enfermer  des 
lames  végétales,  bois,  liège,  ou  limbes  foliaires.  Ceux-ci  se  sont 
fortement  imbibées  ile  bitume,  si  bien  qu'il  est  parfois  dilG- 
cile  de  limiter  le  bitume  et  la  lame  végétale.  La  vérification 
de  cette  pénétration  bitumineuse  a  été  faite  sur  les  grands 
spécinuMis  du   Muséum  de   Paris   et   du   Musée   de   Bruxelles. 

La  grande  couche  du  Kérosène  sliale  d'Hartley  présente 
près  de  sa  base  une  grande  fente  horizontale  comblée  par 
une  argile  blanche  tardive.  Cette  argile  très  pure  qui  ne  prt»- 
sente  en  suspension,  en  dehors  d'esquilles  de  boghead  com- 
plètement formé  ni  menus  débris,  ni  spores,  ni  pollen,  jios- 
sède  de  nombreux  corps  bactériformes  presque  sti^atifiés.  Ces 
corps  scmt  transparents,  jaunâtres  par  réllexion,  sans  action 
sur  la  lumière  polarisée.  La  plupart  sont  cocciformes.  11  y  a 
des  groupements  en  diplocoques,  en  petites  chaînettes.  Il  y  a 
des  bâtonnets.  La  pyrite  souligne  quelques-uns  de  ces  corp"^. 
On  trouve  toutes  les  transitions  comme  grandeur,  connue 
forme,  comme  mode  de  grou|iement  entre  ces  corps  bactéri- 
formes et  c<»ux  que  j'ai  signalés  dans  la  gelée  fondamentale 
et  dans  les  gravures  ou  fissures  de  la  gélose.  Dans  cette  aiyile 
blanche,  les  corps  bactériformes  sont  considérés  comme  de> 
inclusions   inorganiques   par   les   minéralogistes. 

La  lin  du  boghead  d'Hartley  Vale  est  brusque.  Elle  se  fait 
en  moins  d'un  dixième  de  millimètre.  Au  boghead  succède, 
sous  le  nom  de  slaie  ou  couverte,  un  schiste  organique  forme 
des  mêmes  éléments  que  le  boghead  :  on  y  voit  encore  les 
Reinschia,  ces  derniers  sont  même  encoi'e  très  nombivux.  niais 
les  gix)s  thalles  adultes  chargés  de  gélose  y  sont  devenus  brus- 
quement très  rares.  C'est  celte  rareté  de  la  gélose  qui  entraîne 
la    disparition   des    caractères   propres  du   boghead. 


C.    EG.    BERTRAND  4^ 

Dans  ce  slate  nous  avons  une  roche  où  la  gelée  fonda- 
mentale est  devenue  la  matière  prédominante.  Elle  contient 
des  thalles,  des  spores,  du  pollen  en  grande  quantité  et 
beaucoup  de  menus  débris  végétaux.  Elle  contient  aussi  des 
lamelles,  des  pelotes  et  des  filets  de  bitume.  Parmi  les 
menus  débris  de  parois  végétales,  beaucoup  sont  noirs,  presque 
fusinitiés.  Les  autres  sont  bruns,  ces  derniers  ont  localisé 
électivement  le  bitume  en  donnant  des  puncticules  de  charbon 
brillant.  Les  corps  bactériformes  qui  chargent  la  gelée  sont 
très  abondants,  plus  faciles  à  observer  que  dans  le  boghead. 
Leur  observation  directe  ne  permet  pas  de  décider  si  on  est 
en  présence  d'inclusions  inoi^aniques  ou  si  on  a  affaire  à  des 
restes  d'organismes  figurés  comme  des  cellules  bactériennes. 
En  somme  ce  slate  est  une  roche  charbonneuse  caractérisée 
par  la  présence  de  la  gelée  fondamentale.  L'aspect  de  cette 
roche  est  un  schiste  foncé.  Elle  nous  fait  pressentir  la  liaison 
qui   unit   les   roches  schisteuses  aux  charbons. 

J'ai  spécifié  que  la  production  de  la  masse  gélosique  géné- 
ratrice des  amas  de  Kérosène  shale  s'était  opérée  très  rapide- 
ment et  d'une  manière  continue  pour  chaque  nappe.  On  ne  voit 
en  effet  aucune  trace  d'altération  des  thalles  dans  la  hauteur 
de  la  couche  et  il  n'y  a  non  plus  aucune  interruption  dans  le 
charbon.  L'absence  de  toute  modification  importante  dans  la 
hauteur  de  la  couche  indique  l'absence  complète  de  variations 
dans  les  conditions  de  la  sédimentation.  D'autre  part  la  conser- 
vation d'une  masse  si  facilement  altérable  implique  une  sorte 
de  fixation  rapide  comme  celle  que  nous  faisons  subir  à  nos 
objets  d'étude. 

Au  slate  d'Hartley  succède  une  sorte  de  schiste  gris  pâle 
très  argileux  dit  Casing,  qui  nous  présente  un  fait  très  remar- 
quable. La  gelée  brune  fondamentale  signalée  entre  les  thalles 
de  boghead  s'y  présente  non  contractée.  Dans  cette  région 
supérieure  les  thalles  de  Reinschia,  les  spores,  les  grains  de 
pollen,  sont  largement  étalés,  non  affaissés,  tels  que  nous  les 
re verrons  dans  les  nodules  silicifiés  du  boghead  d'Autun.  Les 
menus  débris  de  parois  végétales  posés  à  plat  sont  fragmentés 
par  le  retrait,  les  morceaux  écartés  restant  placés  en  ligne, 
leurs  petites  parcelles  tombent  à  la  dimension  des  corps  bac- 
tériformes et  même  au-dessous.  De  loin  en  loin  on  voit  une 
parcelle  de  mica.  Toute  cette  masse  est  chargée  de  silice  tardi- 
vement  individualisée.    11   y   quelques    gros    cristaux  de   quarz 


30. 


466  V1I1«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

tardif  et  une  foule  de  microcristaux  de  quarz.  Dans  la  cavité 
des  spores  il  y  a  généralement  des  micro-cristaux.  La  cavité 
des  thalles  de  Reinschia  est  occupée  par  de  grandes  plages 
de   quai*z.   Il  n*y   a  pas  de  sphérolithes  de  calcédoine. 

Dans  ces  régions  où  la  contraction  du  substratum  organique 
a  été  nulle  ou  extrêmement  faible,  la  gelée  brune  fondamentale 
se  présente  comme  im  coagulum  très  dilué,  chargé  d*un  grand 
nombre  de  corpuscules  bactériformes.  Il  a  englobé  les  thalles, 
les  spores,  les  grains  de  pollen  sans  pénétrer  dans  ceux  de 
ces  corps  qui  étaient  clos  ou  faiblement  entr  ouverts.  Ce  coa- 
gulum s'oppose  par  sa  consistance  à  la  chute  de  corps  légers. 
Dans  le  Doughboy  IIoUow,  par  exemple,  ce  coagulum  soutient 
des  poussières  formées  de  fragments  de  feldspath  tr ici  inique, 
certains  de  ces  microcristaux  ont  fait  partie  d'une  pâte  por- 
phyrique. 

Constatons  encore  que  dans  cette  gelée  brune  du  Casing, 
si  peu  contractée  et  par  suite  plus  facilement  lisible,  il  n'y  a 
nulle  part  indication  de  thalles  en  décomposition  et  en  liqué- 
faction par  un  travail  bactérien  ayant  eu  pour  eflet  do  trans- 
former une  gelée  gélosique  en  gelée  humique.  On  ne  voit 
pas  de  thalle  se  liquéfiant,  on  ne  voit  pas  non  plus  de  corps 
végétaux  altérés  subissant  un  sort  analogue.  On  ne  peut  donc 
dire  que  la  gelée  brune  résulte  de  Taltération  des  corps  qui 
y  sont  enfermés;  le^  faits  observés  ne  montrent  pas  l'indica- 
tion d*un  tel  travail. 

Les  indications  de  pénétrations  bitumineuses  observées  dans 
le  Casing  sont  très  faibles.  Ce  sont  de  petits  traits  rouge  brun 
à  structure  réticulée.  Certaines  de  ces  lames  coupent  la  strati- 
fication de  la  gelée  et  y  forment  des  arboi'escences.  En  quel- 
ques points  du  Casing,  des  lames  végétales  plus  épaisses,  daa< 
un  état  convenable  d'humification,  se  sont  fortement  imbibées 
de  bitume.  Elles  sont  contractées  comme  dans  le  boghead. 
Les  thalles  qui  sont  accidentellement  au  contact  de  ces  lames 
bituminisées  ont  donné  des  corps  jaunes  d'or  contractés, 
comme  ceux  du   boghead. 

Dans  le  I^erosene  shale  de  Doughboy  HoUow,  qui  pro- 
vient du  gisement  le  plus  septentrional  où  le  boghead  de  la 
Nouvelle  Galles  ait  été  reconnu,  Reinschia  australis  se  pré- 
sente accompagnée  d'une  autre  algue  qui  appartient  au  genre 
Pila.  Pila  est  encore  une  algue  libre,  ellipsoïde,  à  cavité 
centrale  et  à  structure  rayonnée.   Elle  diffère  de  Reinschia  par 


G.    BG.    BERTRAND  4^7 

ses  protoplastes  ellipsoïdes,  par  ses  petits  thalles  à  grandes 
cellules,  ce  qui  indique  T absence  de  Cénobies,  Les  lamelles 
moyennes  y  sont  extrêmement  accusées;  souvent,  elles  sont  la 
seule  trace  d'organisation  perceptible  qui  reste  des  Pilas.  Sur 
loo  thalles,  il  y  a  environ  9  Pila  et  91  Reinschia.  Les  Pilas 
sont  uniformément  répartis  dans  la   masse. 

Dans  le  Doughboy  Hollow,  il  y  a  des  poussières  feldspa- 
thiques  isolées  ou  en  nuages.  Il  y  a  même  des  lits  de  ces 
poussières  feldspathiques  qui  se  présentent  en  fragments  de 
cristaux  à  angles  vifs.  Ils  ont  été  soutenus  par  la  gelée  fon- 
damentale. 

L'infiltration  bitumineuse  de  la  masse  végéto-humique  s'est 
faite  très  inégalement.  Elle  est  si  faible  par  places  que  la 
région  est  dépourvue  de  lamelles  et  de  filets  rouge  brun 
amorphes.  La  gélose  des  algues  y  est  presque  incolore;  la 
structure  des  algues  est  alors  très  peu  visible,  bien  que  leur 
conservation  soit  pourtant  très  belle.  En  d'autres  points,  où 
la  pénétration  du  bitume  a  été  plus  abondante,  les  thalles 
montrent  leurs  protoplastes  colorés  par  action  élective  à  ti'a- 
vers  la  paroi  gélosique.  Dans  une  zone  où  les  lames  végé- 
tales accidenteles  étaient  plus  abondantes,  j'ai  trouvé  des  lames 
humiliées  fortement  imbibées  de  bitume,  et  certaines  étaient 
même  empâtées  dans  cette  matière.  Les  fusains  mêlés  à  ces 
lames  n'avaient  pas  subi  la  même  imbibition.  Les  corps  qui 
ont  retenu  le  bitume  sont  à  l'état  de  charbon  brillant  craquelé. 
Les  fusains  ont  souvent  leurs  parois  brisées  en  menus  frag- 
ments, rattachés  par  de  la  calcite.  Il  y  a  ainsi  une  région  où 
le  boghead  s'attache  à  une  lame  de  houille. 

Le  Kérosène  shale  a  été  reconnu  dans  un  territoire  qui 
couvre  4  degrés  en  latitude  et  2  degrés  en  longitude.  Il  s'y 
montre  toujours  à  l'état  de  lenticules,  dont  les  plus  épais  et 
les  plus  purs  sont  ceux  de  Hartley  et  de  Joadja  Creek,  près 
Mittagong. 

Si  Ton  essaie  maintenant  de  se  représenter  les  conditions 
de  la  formation  du  Kérosène  shale  de  la  Nouvelle  Galles,  on 
voit  que  l'accumulation  végétale  génératrice  de  la  matière 
gélosique  s'est  faite  dans  une  eau  brune  laissant  précipiter  sa 
matière  humique  au  temps  de  la  pollinisation.  Cette  eau  était 
d'une  tranquillité  absolue.  La  multiplication  rapide  des  algues 
est  le  phénomène  bien  connu  des  fleurs  (Teau.  Quelques  belles 
journées   au   temps    des    basses    eaux   ont    suili    à    permettre 


4^8  VI1I«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

cette  prolifération.  Les  algues  avec  le  pollen,  les  spores  et 
les  menus  débris  ilottants  ont  été  englobées  dans  le  coagulum 
donné  par  la  matière  humique  de  Teau  brune.  La  consistance 
de  cette  sorte  de  radeau  lui  permettait  de  soutenir  des 
poussières  feldspathiques.  Une  cause  minime  comme  un  temps 
plus  froid,  des  eaux  plus  abondantes,  ralentissait  la  produc- 
tion gélosique  et  amenait  la  descente  des  algues  sur  le  fond. 
La  précipitation  de  matière  brune  se  continuait,  englobant 
toujours  pollen,  spores  et  menus  débris.  L*algue  vivait  encore. 
A  la  préparation  toute  fortuite  d'un  charbon  gélosique  succé- 
dait la  reprise  régulière  du  phénomène  plus  général  de  la 
formation  d'un  schiste  organique  ou  d'un  charbon  humique. 
Les  thalles  adultes,  moins  nombreux,  ne  diluaient  plus  au 
même  degré  la  gelée  brune  fondamentale. 

A  Hartley  et  à  Joadja  Creek,  la  formation  s'est  faite  très 
rapidement  et  sans  interruption. 

Il  y  a  eu  fixation  de  la  masse  végéto-humique  en  son  état, 
car  elle   ne  montre  pas   de  traces  d'altérations. 

La  fossilisation  s'est  opérée  en  présence  de  bitume.  La 
présence  de  l'infiltration  bitumineuse  a  été  reconnue  ilirecle- 
ment.  Ce  bitume  transformé  n'est  plus  soluble  dans  les 
dissolvants  ordinaires  de  l'asphalte. 

Aucun  des  faits  relevés  n'indique  que  la  niasse  végéto- 
humique  du  Kérosène  shale  se  soit  transformée  ultérieurement 
à  son  dépôt  par  une  fermentation  bactérienne  ou  par  inter- 
vention de  diastases. 

Le  Boghead  d'Autun 

La  couche  principale  du  boghead  d'Autun  est  •  contenue 
dans  un  système  de  schistes  bitumineux  dont  les  deux  centres 
d'exploitation  sont  le  puits  de  Margenne  et  celui  des  Télot<. 
Ces  puits  sont  situés  dans  la  région  Noixl-Est  d'Autun.  '\\> 
sont  distants  l'un  de  l'autre  d'environ  6  kilomètres.  Le  si^e 
principal   est  aux  Télots. 

La  grande  couche  du  boghead   d'Autun  a  o"j5  d'épaisseur. 

On  constate  de  suite  que  le  phénomène  auquel  la  grande 
coucher  du  boghead  d'Autun  doit  sa  production  s'est  répété 
plusieurs  fois.  On  voit,  en  effet,  du  boghead  à  diverses 
hauteurs  dans  les  schistes,  soit  sous  forme  de  lenticules,  on 
de  points  isolés,  soit  sous  forme  de  minces  lits  assez  étendus  et 
assez  constants  pour  que  les  exploitants  les  aient    i*emarqués. 


C.    EG.    BERTRAND  4^ 

Ils  appellent  faux  bogheads  ces  lits  trop  minces,  inexploita- 
bles, tels  sont  le  faux  hoghead  d'en  haut  à  la  partie 
supérieure  du  système,  et  le  Jaux  boghead  d'en  bas,  placé 
avant  la  barre  blanche,  un  peu  au  dessus  de  la  grande  couche. 

Dans  ce  système  de  schistes  bitumineux,  il  est  quelques  lits 
très  réguliers  qui  servent  de  repère.  Ainsi  dans  le  schiste 
foncé,  inférieur  à  la  grande  couche  de  boghead,  M.  Tingénieur 
Cambray  a  reconnu,  presque  immédiatement  au  contact  du 
boghead,  un  petit  lit  chargé  de  Crustacés  ostracodes  :  les 
Nectotelson.  Un  peu  plus  bas.  dans  ce  même  schiste,  on  voit 
un  lit  très  remarquable  par  les  craquelm'cs  dont  il  est 
rempli.  Les  faces  de  ce  lit  sont  glissées  et  comme  vernissées, 
de  là  le  nom  de  Banc  ciré.  Un  peu  au  dessus  de  la  grande 
couche,  dans  le  schiste  gris  qui  la  recouvre,  il  existe  une 
bande  blanche,  ou  barre  blanche.  C'est  une  couche  de  rem- 
plissage tardif  qui  accompagne  le  boghead.  Elle  pénètre  dans 
la  lame  inférieure  de  schiste  gris  par.  d'innombrables  craque 
lures.  Malgré  les  caractères  accidentels  de  ces  deux  lits,  banc 
ciré  et  barre  blanche  sont  si  constants,  si  reconnaissables, 
qu'ils  fournissent  des  repères  très  commodes  pour  l'exploitation. 

Le  boghead  d'Autun  résulte  d'une  accumulation  d'algues 
gélosiques  du  genre  Pila  dans  une  gelée  brune  humique.  La 
fossilisation  s'est  opérée  en  présence   de   bitume. 

J'ai  déjà  fait  connaître  quelques  caractères  du  genre  Pila. 
(A*lui  d'Autun  est  le  Pila  bibractensis,  qui  a  servi  de  type 
pour  créer  et  défmir  le  genre  Pila.  C'est  une  algue  à  thalle 
libre,  en  ellipsoïde  irrégulier,  présentant  à  sa  surface  un  réseau 
très  accusé  dessiné  par  les  lamelles  moyennes.  La  structure 
du  Ihalle  est  rayonnée.  Ses  éléments  sont  placés  sur  un  rang, 
séparés  par  des  lamelles  moyennes  très  accusées,  sans  inter- 
position de  gelée  entre  les  cellules  voisines,  contrairement  au 
Botryococcites.  Ces  thalles  grandissaient  par  une  sorte  d'ac- 
croissement diffus.  Ils  ne  présentent  pas  d'invagination.  Ils 
étaient  ci'eux.  Ce  caractère  n'a  pas  été  reconnu  tout  d'abord. 
La  cavité  en  était  pcnit-étre  occupée  par  une  gelée  amorphe, 
beaucoup  moins  solide  (jue  les  parois  cellulaires  du  thalle. 
Sur  les  coupes  horizontales,  le  centre  des  grands  thalles  est 
occupé  par  une  matière  rouge  brun-clair,  sans  bactérioïdes. 
Sur  les  coupes  verticales,  la  cavité  centrale,  bien  peu  visible, 
est  indiquée  par  un  trait  rameux  comme  une  lamelle  moyenne 
plus   accusée.    Les   plus   petits   thalles    sont    formés    d'éléments 


470  V1U«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

presque  aussi  grands  que  les  gros  thalles.  Il  n'a  pas  encore 
été  reconnu  de  cénobies  chez  les  Pilas  ;  par  là  le  genre  Pila 
diffère  profondément  du  genre  Reinschia. 

La  gélose  des  Pilas  étant  plus  compacte  et  plus  rigide  que 
celle  des  Reinschias,  les  Pilas  sont,  toutes  choses  égales,  moins 
affaissés  que  les  Pilas.  Le  fait  est  surtout  sensible  lorsque  les 
deux  genres  sont  mêlés  dans  le  même  gisement,  comme  dans 
le  Kérosène  shale  de  Doughboy  Hollow. 

Le  protoplaste  des  Pilas,  ellipsoïde  ou  faiblement  ovoïde,  est 
placé  dans  Taxe  de  la  cellule,  tout  près  de  sa  surface.  11 
contient  un  très  gros  noyau  en  lenticule  très  épais.  Ce  carac- 
tère très  spécial  écarte  Pila  des  Cyanophycées  et  en  fait  un 
type  très  à  part  parmi  les  Algues.  Ces  indications  très  pré- 
cises sur  la  structure  cellulaire  des  Pilas  ont  été  fournies 
par  l'analyse  des  régions  silicifiées  du  boghead  et  des  schistes. 
Dans  les  parties  non  silicifiées  du  boghead,  les  protoplastes 
du  Pila,  très  peu  colorés,  sont  indiqués  par  un  dessin  d'une 
ténuité  extrême.  Ils  ne  sont  perceptibles  que  sur  les  très  bonnes 
coupes.  L'impossibilité  où  on  est  le  plus  souvent  de  saisir  celte 
image  donne  une  première  idée  du  genre  de  difficultés  qu'on 
doit  s'attendre  à  rencontrer  dans  la  lecture  de  charbons  plus 
complexes  et  plus  colorés  que  ces  bogheads   classiques. 

Les  protoplastes  des  Pilas  sont  colorés  en  brun  par  conden- 
sation élective  du  bitume  au  voisinage  des  fractures  silicifiées. 

La  structure  rayonnée  des  thalles  de  Pila  les  a  fait  consi- 
dérer comme  des  sphérocristaux  de  carbures  d'hydrogène  déve- 
loppés dans  une  masse  bitumineuse  ;  c'est  à  cause  de  cette 
interprétation,  présentée  par  des  minéralogistes  éminents,  que 
j'ai  dû  montrer  la  structure  cellulaire  des  éléments  du  Pila 
et  la  présence  d'un  protoplaste  qui  s'est  trouvé  nucléé  dans 
ces  éléments.  Il  y  a  bien  localisation  des  carbures  éclairants 
dans  le  corps  jaune  d'or  produit  par  la  fossilisation  de  la 
gélose  des  Pilas.  Ces  carbures  n'y  sont  pas  comme  un  cristal 
isolé,  mais  comme  imprégnant  un  substratum  organisé  qu'ils 
ont  enrichi  en  carbone  et  dont  la  contraction  s'est  trouvée 
limitée. 

Le  Pila  bibractensis  se  présente  par  thalles  isolés  et  par 
groupes  de  thalles  se  touchant  directement.  On  voit  des  pelotes 
de   thalles   au  milieu  des  thalles   isolés. 

La  grande  couche  d'Autun  débute  par  des  Pilas  isolés  et 
par  des  pelotes  de  Pilas.  Les  Pilas    sont    extrêmement  rares 


C.    EG.    BERTRAND  ^'Jl 

dans  le  schiste  sous-jacent,  ou  même  ils  y  manquent  totale- 
ment. Pila  bihractensis  est  pourtant  connu  dans  les  mêmes 
terrains  à  un  niveau  plus  inférieur.  On  a  trouvé  cette  espèce 
dans  les  schistes  d'Igornay,  qui  sont  plus  anciens  que  les 
schistes  à  Protritons   ou   schistes  du   banc  ciré. 

La  cessation  de  la  grande  couche  de  hoghead  est  brusque. 
Pila  pourtant  ne  disparait  pas  complètement.  On  le  trouve  à 
Tétat  de  thalles  isolés  dans  le  schiste  gris  qui  couvre  la 
grande  couche  et  on  le  voit  se  continuer  jusqu'à  la  partie 
supérieure  de  la  formation  schisteuse,  montrant  par  places 
des  zones  de  recrudescence.  Là  où  Talgue  est  devenue  plus 
nombreuse,  le  schiste  s'est  chargé  de  gélose,  il  s'est  fait  un 
point,  un  lenticule  ou  un  lit  de  boghead.  L'algue  génératrice 
du  boghead  a  donc  continué  d'exister  après  la  formation  de 
la  masse  végéto-humique  de  la  grande  couche  et  il  a  suffi 
(|u'elle  redevînt  abondante  pour  donner  une  nouvelle  forma- 
tion de  boghead.  C'est  donc  bien  l'intervention  de  la  matière 
gélosique   qui  apporte   au   boghead  sa   caractéristique. 

Les  Pila  forment  les  o.jSS  de  la  grande  couche  d'Autun. 
Il  y  a  q5o  thalles  par  mm\  La  couche  représente  un  empi- 
lement de  lOoo  à  1800  lits  de  thalles  dont  la  nappe  couvri- 
rait une  bande  de  7  kilomètres  de  longueur  sur  i5o  à  4^0 
mètres  de  largeur.  La  contraction  des  thalles  a  été  2,6  en 
hauteur,  1,0  en  longueur,  i,3  en  hauteur,  soit  environ  une 
i-éduction  de  volume  au  1/7  ou  une  gélose  titrant  de  o.io5 
à  0.210. 

La  gelée  brune  fondamentale  qui  sépare  les  Pilas  contient 
de  noud>reux  corpuscules  bactériformes,  de  nombreux  grains 
de  pollen  diiïicilement  visibles,  quelques  spores,  des  fragments 
de  parois  cellulaires  de  plantes.  On  y  voit  encore  des  frag- 
ments de  bois,  des  morceaux  de  feuilles,  des  coprolithes,  des 
écailles  de  poissons  ganoïdes.  Le  seul  élément  minéral  élas- 
tique est  constitué  par  des  lamelles  de  mica. 

Les  coprolitlies  du  boghead  sont  le  plus  souvent  entiers, 
quelques-uns  sont  étalés  ou  même  éparpillés.  Ce  sont  des 
coprolithes  de  reptiles  ichthyophages.  La  matière  coprolithique 
est  chargée   d'écaillés  ganoïdes. 

(iCS  coprolithes  sont  conservés  intacts.  Leur  forme  est  légè- 
rement alTaissée,  mais  l'agencement  intérieur  de  la  matière 
coprolithique  n'est  altéré  ni  dans  Tenroulement  de  la  lame 
en   cornet  ni   dans  la  matière  filée  et  empilée  qui  constitue  la 


47^  VUI*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

lame.  La  matière  muqueuse  et  agglutinante  du  coprolithe  est 
restreinte,  même  à  la  surface  de  la  lame.  Il  n'y  a  pas  eu  for- 
mation de  gaine  coprolithique  autour  des  eoprolithes.  La 
matière  même  du  coprolithe  consiste  en  granulations  rouge 
brun,  qui  se  détachent  sur  un  fond  plus  clair  et  d*une  teinte 
sensiblement  diilérente.  Les  granulations  sont  de  taille  variable, 
mais  très  petites;  il  nest  pas  possible,  sur  la  seule  forme  de 
ces  corps,  qui  paraissent  être  des  sphérules  pleins,  de  dire  si 
ce  sont  là  des  granulations  plasmiques  résiduaires,  des  cocci 
bactériens,  des  gouttelettes  graisseuses.  Ces  divers  corps  sont 
possibles,  mais  les  seuls  éléments  que  nous  ayons  pour  établir 
leur  détermination,  la  forme,  la  taille  et  la  coloration  ne 
permettent  pas  de  décider  l'une  ou  l'autre  de  ces  catégories  de 
restes  organiques.  Ils  nous  disent  toutefois  que,  dans  ce 
milieu  spécial,  les  granulations  organiques  et  le  mucus  qui 
les  entoure  sont  colorés  par  action  élective.  La  coloration  Je 
ce  qui  est  paroi  ossifiée  dans  les  écailles  ganoïdcs  conclut 
dans  le  même  sens.  L'émail  des  écailles  reste,  au  contraire, 
incolore  (i). 

Non  seulement  la  matière  du  coprolithe  s'est  teinte  par 
localisation  élective  du  bitume,  mais  on  trouve  dans  les  coprcn 
lithes  des  cavités  pleines  d'un  bitume  rouge  brun  homogène 
continu,  sans  granulations,  présentant  parfois  des  cristaux  tar- 
difs et  des  houppes  de  pyrite.  Le  bitume,  ainsi  libre  dans  les 
eoprolithes,  ne  sort  pas  en  traînées  dans  le  voisinage.  Il  y  a 
là  un  fait  de  localisation  bien  curieux.  Le  résultat  de  cette 
rétention  du  bitume  par  la  matière  coprolithique  est  un  enri- 
chissement de  la  matière  coprolithique  en  hydrocarbures  et  la 
formation  d'un  nodule  de  charbon  coprolithique.  Ces  nodules 
de  charbon  coprolitliicpie  tranchent  si  nettement  sur  le  charbon 
d'algues  enveloppant  qu'on  les  distingue  immédiatement  à  Tceil 


(1)  Je  dois  ajouter  que,  dans  dés  échaotillons  de  Margenne  récemment  pré- 
parés, un  coprolithe  montrait,  différenciés  sur  un  fond  ccracé  très  pâle,  qai 
représentait  le  mucus  intestinal,  des  bacilles  colorés  en  rouge  brun.  Os  bacille, 
très  gros,  en  bâtonnets,  4  à  6  (x  sur  1  (x  2,  à  bouts  arrondis,  régulièrement 
étranglés,  isolés  ou  placés  2  à  2,  étaient  accompagnés  de  nuages  de  cocci  ègak- 
menl  colorés,  très  petits,  de  0  \i  i.  Si  Ton  peut  hésiter  à  se  prononcer  sur  h 
nature  des  cocci,  la  nature  des  bacilles  n'est  pas  contestable.  Cet  exemple  nous 
montre  que,  dans  ce  milieu  spécial,  les  bacilles  sont  colorés  électivemenl,  comme 
les  autres  restes  organiques.  Un  autre  coprolithe  nous  a  présenté  les  moulages 
de  ses  bacilles  injectés  par  le  bitume. 


C.    BG.    BERTRAND  47^ 

nu.  Exposé  à  l'air  humide,  le  charbon  coprolithique  s'altère 
autrement  que   le  boghead. 

Les  coprolithes  n'altèrent  que  les  Pilas  qu'ils  touchent,  et 
cette  altération  se  traduit  par  une  localisation  intense  du 
bitume  dans  la  gélose.  La  gélose  devient  rouge  sang  foncé 
au  point  touché.  Même  dans  des  régions  où  les  coprolithes 
sont  éparpillés  et  où  les  points  de  contact  possibles  ont  été 
très  nombreux,  l'altération  n'atteint  que  les  thalles  immédia- 
tement contigus  aux  parcelles  coprolithiques.  Ainsi,  dans  ce 
milieu  si  éminemment  apte  à  subir  une  fermentation  putride 
par  suite  de  l'accumulation  des  matières  organiques  dont  cer- 
taines, comme  les  coprolithes,  sont  régulièrement  surchargées 
de  bactéries,  l'altération  ne  s'étendait  pas.  Ce  fait  indique 
qu'il  s'exerçait  dans  le  milieu  formateur  du  boghead  une  sorte 
de  fixation  conservant  les  corps  dans  l'état  où  ils  étaient 
englobés,  les  parcelles  organiques  restant  aptes  à  localiser  le 
bitume. 

Les  fragments  de  bois  du  boghead  sont  aussi  instructifs  que 
les  coprolithes.  Certains  sont  transformés  en  fusains;  d'autres 
sont  à  l'état  de  lames  rouge  brun  en  charbon  brillant  craquelé  ; 
d'autres  sont  siliciliés.  Plusieurs  fragments  de  bois,  un  peu 
volumineux,  m'ont  montré  simultanément  les  trois  transforma- 
tions. Dans  la  région  centrale,  la  moelle  et  le  bois,  immédiate- 
ment entourants,  ont  leurs  parois  gonllées,  dédoublées  ;  les  élé- 
ments sont  presque  isolés.  Cette  région  montre  tous  les  carac- 
tères d'une  pourriture  humide  poussée  très  loin.  La  présence 
de  bactéries  y  est  très  vraisemblable,  et  pourtant  les  corpus- 
cules bactériformes  y  sont  relativement  très  raréfiés.  Ils  ont 
toujours  cet  aspect  d'inclusions  incolores  qui  fait  hésiter  sur 
leur  nature.  Ceux  qui  sont  brunis  ne  sont,  le  plus  souvent, 
que  des  parcelles  de  la  membrane  altérée.  Cette  première 
région  est  siliciUée.  Il  est  particulièrement  facile  d'y  observer 
les  infiltrations  bitumineuses  et  même  de  grandes  poch(»s  à 
bitume.  Le  bitume  a  teinté  les  restes  de  parois  .  végétales 
dans  cette  région  silicifiée.  Dans  la  région  rouge  brun,  en 
charbon  brillant  craquelé,  les  parois  sont  continues,  épaisses, 
mais  affaissées,  fortement  plissées,  amenées  au  contact.  Dans 
la  région  fasinifiée,  les  parois  sont  plus  minces,  brun  noir 
ou  tout  à  fait  noires,  très  souvent  brisées  et  ellbudrées.  Ici 
comme  à  Doughboy  Hollow,  le  bitume  a  été  retenu  par  les 
parois    rouge    brun.    Il   n'*  pas   été    retenu    en    nature  par  les 


474  "^lU»   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

parties  fusinifiées.  On  constate  souvent  un  dépôt  jaune  d*or, 
amorphe,  transparent  et  sans  granulations  dans  les  cavités 
cellulaires  des  éléments  des  régions  rouge  brun  et  des  parties 
fusinifiées.  Ces  exemples  nous  montrent  qu'un  même  tissu 
végétal  comme  du  bois  a  pu  donner,  dans  ce  milieu,  des 
corps  aussi  différents  qu'une  masse  silicifiée,  du  charbon  bril- 
lant et  du  fusain,  uniquement  selon  que  son  degré  d'altéra- 
tion Ta  rendu  apte  à   se   charger  de  silice  ou  de  bitume. 

Les  corps  de  poissons  sont  réduits  à  des  amas  d'écaillés 
régulièrement  disposés.  Les  muscles,  les  viscères,  la  peau  et 
la  graisse  ont  disparu.  Entre  les  écailles  se  sont  développées  de 
grandes  plages  de  quarz  et  de  calcite.  On  y  voit  du  bitume 
libre  retenu  entre  les  écailles  comme  dans  les  cavités  des 
coprolithes.  le  bitume  ne  formant  pas  Tattache  d'un  réseau  qui 
se  répand  dans  la  masse   entourante. 

La  région  supérieure  du  boghead  d'Autun  présente  de  nom- 
breuses fractures  à  bords  silicifiés  ;  beaucoup  sont  verticales; 
il  en  résulte  des  nodules  siliceux  que  nous  étudions  un  peu 
plus   loin . 

Dans  le  schiste  qui  suit  le  boghead,  la  gelée  brune,  en 
continuation  directe  avec  celle  du  boghead,  forme  une  trame 
continue,  inégalement  condensée  et  réticulée.  Les  corps  qui  la 
chargent  sont  toujours  :  de  nombreux  corps  bactériformes 
incolores  ou  noirs,  selon  qu'ils  ont  ou  non  subi  Taction  de 
la  pyrite,  de  nombreux  grains  de  pollen,  de  spores,  de  menus 
fragments  de  parois  végétales.  Il  y  a  toujours  des  thalles  de 
Pila  qui  sont  isolés  pour  la  plupart.  On  y  voit  aussi  les 
mêmes  coprolithes,  des  os  posés  à  plat,  des  écailles  isolées, 
des  morceaux  de  bois,  et  comme  élément  minéral  élastique 
des  parcelles  de  mica.  Toute  la  masse  est  chargée  de  grands 
cristaux  de  calcite  tardive  et  d'une  foule  de  microcristaux  de 
la  même  roche.  On  ne  voit  pas  de  poches  à  bitume,  sauf  dans 
les  bois,  les  os.  les  points  silicifiés  et  les  fractures.  C'est  un 
fait  très  remarquable  que  l'opposition  de  cette  infiltration  bitu- 
mineuse qui  s'est  fait  sentir  à  travers  toute  la  masse,  et  peut-être 
à  diverses  reprises,  et  la  clarté  relative  de  la  teinte  des  schistes 
qui  ont  été  ainsi  travei'sés. 

Les  morceaux  de  bois,  les  coprolithes  et  les  écailles  sont 
conservés   dans   le   schiste  conune   dans   le   boghead. 

Les  os  sont  à  Tétat  de  corps  brun  clair,  brisés  par  le  retrait. 
Le   bitume    y    forme    des    masses    pleines    et  des  réseaux  qui 


ۥ    EG.    BERTRAND  47^ 

emplissent  les  cavernes  de  l'os  et  l'intervalle  des  os.  Il  semble 
bien  que  le  bitume  injecte  Tos  et  qu'il  a  remplacé  ti'ès  souvent 
les  ostéoplastes  dans  la  loge  des  cellules  osseuses.  La  masse 
plasmique  de  la  cellule  osseuse  et  ses  prolongements  seraient 
ainsi  remplacés  par  une  fine  injection  bitumineuse  au  lieu 
d'être  teintés  par  élection.  Les  grands  vides  laissés  par  le 
retrait  du  bitume  sont  comblés  par  de  grands  sphérocristaux 
de  calcédoine.  A  signaler  aussi  un  dépôt  de  calcédoine  micro- 
cristalline  qui  borde  la  surface  de  certains  os.  Les  muscles,  les 
viscères,  la  peau,  le  sang  et  la  graisse  ont  disparu.  Dans  ce 
milieu  de  matières  animales  en  décomposition  formé  d'un  cada- 
vre entier  ou  d'un  fragment  de  cadavre,  si  naturellement  chargé 
de  bactéries,  leur  existence  reste  tout  à  fait  incertaine,  on  ne 
voit  là  que  ces  formes  douteuses,  coccoïdes  et  plus  rarement 
bacilloïdes.  Ce  sont  des  microgranulations  incolores  entre  les  cris- 
taux de  calcédoine  et  y  produisant  l'effet  d'inclusions  inorga- 
niques. Ces  divers  faits  nous  commandent  donc  une  extrême 
prudence  quand  il  s'agit  d'apprécier  la  nature  des  corps  bac- 
tériformes  de  la  gelée  fondamentale.  Il  semble  que  le  premier 
fait  à  établir  dans  ces  études  est  toujours  que  les  corpuscules 
qu'on  regarde  comme  reste  d'organismes  figurés  sont  conservés 
comme  les  corps  organisés  d'une  nature  analogue  nettement 
reconnaissables  dans  la  préparation. 

Dans  le  schiste  inférieur  au  boghead  on  constate  la  même 
gelée  fondamentale  avec  ses  bactérioïdes,  des  grains  de  pollen, 
des  spores,  de  menus  débris.  Il  y  a  des  morceaux  de  limbes 
foliaires  et  des  fragments  de  bois  imprégnés  de  bitume. 
Les  thalles  de  Pila  y  sont  extrêmement  rares.  On  y  voit  de 
nombreux  os  à  l'état  de  corps  jaunes.  Ce  sont  souvent  des  os 
de  Protritons  isolés  ou  groupés  en  squelettes  entiers.  Même 
dans  ces  petits  corps  on  voit  le  bitume  imprégnant.  Dans  une 
préparation  qui  montre  une  mâchoire  de  Protriton  la  cavité 
basilaire  de  chaque  dent  est  ou  totalement  comblée,  ou 
partiellement  comblée  par  le  bitume.  Les  coprolithes,  très 
nombreux,  sont  souvent  étalés  et  épai'pillés,  colorés  et  conservés 
comme  ceux  du  boghead.  On  y  relève  encore  des  déchirures 
horizontales  de  la  gelée  comblées  par  un  exsudât  clair  qui 
ne  présente  guère  que  des  corps  bactériformes.  Les  bacilloïdes 
y  sont  souvent  dressés  ou  obliques.  La  masse  est  criblée  de 
gros  cristaux  de  calcite  et  d'une  foule  de  microcristaux  de 
la  même  substance. 


47^  VII1«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Tous  les  caractères  du  schiste  inférieur  se  retrouvent 
identiquement  dans  le  Banc  ciréy  mais  il  y  a  de  plus  de  très 
nombreuses  fractures.  Les  morceaux  ont  glissé  les  uns  sur 
les  autres.  Certains  sont  contournés,  plissés  de  toutes  les  ma- 
nières. Un  cropolithe  se  montre  coupé  en  deux  par  une  frac- 
ture, les  deux  parties  étant  plus  ou  moins  écartées  de  chaque 
côté  de  la  fracture.  Souvent  les  bords  de  ces  fractures  sont 
silicifiés  et  la  fracture  même  est  pleine  de  bitume  et  de 
cristaux  tardifs.  On  est  en  présence  d'une  gelée  rigide  coupée 
pas  de  nombreuses  fractures  dont  les  fragments  ont  glissé  les 
uns  sur  les  autres.  La  silicification  s'est  exercée  par  places  le 
long  des  fractures. 

Ni  dans  le  boghead,  ni  dans  les  schistes,  la  gelée  brune 
fondamentale  ne  se  montre  comme  étant  le  résultat  de  la  liqué- 
faction des  thalles  ou  de  leur  transformation  par  humification 
bactérienne . 

J'ai  signalé  de  nombreuses  fractures  à  la  l'égion  supérieure 
du  boghead  dans  les  schistes  qui  suivent  la  grande  couche  et 
dans  les  scliistes  inférieurs.  Un  grand  nombre  de  ces  fentes 
sont  verticales  ou  presque  verticales,  leurs  bords  sont  souvent 
silicifiés.  Il  en  résulte  des  nodules  siliceux  placés  de  champ 
ou  des  nodules  contournés  ;  ces  derniers  passent  à  des  pla- 
(|uettes  horizontales.  Ces  nodules  sont  fissurés.  Ijes  lits  des 
schistes  traversent  ces  nodules,  et  dans  le  boghead  les  lits  de 
Pila  les  traversent  également.  Dans  la  traversée  du  nodule  la 
gelée  est  étalée,  non  contractée.  Quand  il  y  a  des  Pilas,  chaque 
thalle  se  montre  isolé  dans  une  loge.  Des  ruptures  de  la 
gelée  fondamentale  réunissent  les  cavités  des  loges  qui  sont 
le    plus   centrales   dès  que   le  nodule   est  un   peu   gros. 

Dans  la  gelée  ainsi  étalée,  les  corps  bactérifornies  conser- 
vent leurs  mêmes  caractères  ;  ils  sont  seulement  un  peu  plus 
transparents.  Les  menus  débris  bien  isolés,  non  gonflés,  sont 
souvent  fracturés  en  segments,  demeurés  alignés.  Les  grains 
d<^  pollen  sont  très  visibles,  d'autant  plus  étalés  qu'on  approche 
du  centre  du  nodule.  L'exine  est  écartée  de  Tintine  dans  la 
région  supérieure  du  grain.  L*intine  reste  plissée  et  toujours 
attenante  à  la  partie  intérieure  du  grain.  Les  spores  sont  de 
même  plus  ou   moins  étalées  dans   une  logette    incolore. 

En  gagnant  de  la  périphérie  vers  la  fracture  médiane  de 
ces  nodules  silicifiés ,  on  voit  toutes  les  modifications  qu»* 
peuvent  présenter  les  thalles  de  Pila  entre  Tétat  de  contraction 


C.    EG.    BERTRAND  477 

que  nous  leur  voyons  dans  le  boghead  et  des  thalles  complè- 
tement disséqués  par  la  silice.  Près  de  la  périphérie  du  nodule. 
Pila  montre  ses  lamelles  primaires  rayonnantes,  et  dans  chaque 
case  du  thalle  un  ellipsoïde  brun  homogène  placé  près  de  la 
surface.  Des  coupes  tangentielles  du  thalle  montrent  les  mêmes 
points  bruns  occupant  le  centre  de  chacune  des  mailles  des- 
sinées par  le  réseau  des  lamelles  moyennes.  La  silice  est 
autour  des  Pilas,  entre  le  thalle  et  la  gelée  brune.  Quand  la 
siliciiication  du  thalle  est  plus  forte,  des  cristaux  de  silice  se 
sont  développés  dans  la  pelote  gélosique  ;  chaque  corps  brun 
du  Pila  se  montre  comme  un  protoplaste  isolé  dans  un 
cristal  de  silice  qui  le  sépare  de  son  enveloppe  de  gélose. 
Il  y  a  là  un  exemple  de  localisation  très  évidente.  Puis  toute 
la  gélose  se  montre  rejetée  en  lambeaux  à  la  périphérie  d'une 
masse  siliceuse  cristalline  qui  englobe  encore  les  protoplastes 
bien  étalés  présentant  chacun  leur  gros  noyau.  Ces  noyaux 
sont  parmi  les  plus  gros  que  je  connaisse  chez  les  algues. 
Conmie  état  de  siliciiication  encore  plus  avancé,  la  gélose 
forme  un  manteau  déchiré  près  de  la  sui'face  de  la  loge  thal- 
laire  ;  les  protoplastes  plus  ou  moins  abîmés  sont  placés  entre 
la  gélose  et  le  centre  ou  contre  la  gélose.  Le  centre  est  occupé 
par  un  gros  sphérocristal  de  calcédoine  granulée  par  de  très 
petits  corps  bactériformes  transparents  et  incolores  le  long  de 
ses  rayons.  Là  où  la  gelée  fondamentale  est  déchirée,  plusieurs 
masses  de  calcédoine  peuvent  confluer.  Dans  ces  nodules  où 
la  gelée  brune  est  si  facile  à  lire ,  il  n'y  a  pas  de  liaison 
entre  la  gelée  brune  et  la  gélose.  On  ne  peut  dire  que  la 
gélose  donne  la  gelée  fondamentale  en  s'humiiiant  ou  en  se 
liquéfiant  par  un  travail  bactérien.  Le  fait  est  rendu  bien 
évident  dans  les  régions  du  schiste  où  la  gelée  brune  se  pré- 
sente  sans   Pila. 

Les  nodules  siliceux  présentent  des  poches  à  bitume  et 
des  lignes  d'infiltration,  bitumineuses  très  nombreuses  et  très 
nettes . 

Les  parcelles  élastiques  de  mica  qui  chargent  la  gelée 
brune  se  retrouvent  dans  les  nodules  siliceux.  Ils  y  sont  posés 
à  plat  et  souvent  subdivisés  en  très  petits  cristaux  bacilli- 
formes . 

A  Autun  plus  encore  qu'en  Australie,  nous  constatons  une 
eau  brune  laissant  précipiter  sa  matière  humique  sous  forme 
d'une  gelée  qui  fait  prise.   A    un  certain   moment  il   y  a  pro- 


47^  VIII*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

duction  d'une  grande  quantité  de  fleurs  d'eau  gélosiques  dans 
un  temps  où  se  produisait  d'abondantes  pluies  de  pollen  de 
Cordaïtes.  Un  peu  plus  tard  et  très  brusquement  la  multiplica- 
tion des  algues  a  diminué  et  la  formation  schisteuse  a  repris 
son  cours.  La  bande  qui  contient  la  matière  gélosique  donne 
du  boghead.  Toute  la  niasse  s'est  fossilisée  en  présence  de 
bitume.  La  masse  encore  molle  a  présenté  de  nombreuses  frac- 
tures dont  les   bords  se  sont  silicifiés. 

La  présence  d'animaux  comme  les  Protritons,  les  Actinodons, 
indique    qu'il  s'agissait    de    formations   faites  dans  des   mares. 

L'analyse  sommaire  de  la  Torbanite  d'Ecosse  a  appris  que 
ce  boghead  était  aussi  un  charbon  d'algues  formé  dans  des 
conditions  analogues  à  celles  du  boghead  d'Autun. 

Je   conclus  pour  les  charbons  d'algues  : 

«  La  conservation  des  algues  gélosiques  dans  la  gelée 
brune,  en  présence  du  bitume,  est  un  mode  courant  de  fossi- 
lisation des  algues.  Il  a  produit  les  corps  jaunes  transparents 
à  cassure  vitreuse  d'un   grand  nombre  de  charbons. 

«  Des  accumulations  de  matières  végétales  se  sont  faites 
avec  une  rapidité  prodigieuse  sans  forêts  et  sans  transports, 
par  le  développement  dans  les  eaux  brunes  génératrices  du 
charbon  d'êtres  infiniment  petits  comparables  à  nos  fleurs 
d'eau.  Ces  petites  algues  ont  produit  sur  place  au  temps  des 
basses  eaux,  la  matière  gélosique  qui  prédomine  dans  ces 
charbons.  C'est  cette  gélose  qui  donne  aux  charbons  d'algues 
leurs  caractéristiques  :  aspect  satiné  et  capacité  de  rétention 
des  bitumes  éclairants.  La  matière  gélosique  est  la  matière 
essentielle   des  charbons  d'algues. 

«  Les  charbons  d'algues  ne  sont  qu'un  incident  au  cours 
de  la  formation  d'un  schiste  organique.  Tant  que  l'algue  se 
retrouve  dans  le  schiste,  l'incident  qui  a  produit  le  charbon 
d'algues  peut  se  répéter. 

«  Aucun  des  faits  observés  ne  nous  autorise  à  dire  que  la 
gelée  brune  dérive  directement  de  la  gélose  des  algues  par 
liquéfaction  ou  par  une  altération  humique,  ni  qu'elle  soit  on 
exsudât  venant  de   la  transformation  d'une  telle  masse. 

«  Vu  son  état  de  contraction  par  rapport  aux  thalles  gorgés 
d'eau,  l'algue  gélosique  n'a  pu  fournir  directement  la  totalité 
des    carbures    d'hydrogène    solidifiés    dans    les    bogheads.   La 


C.    BG.    BERTRAND  479 

seule  cause  d'enrichissement  reconnue  jusqu'ici  est  la  présence 
de  bitume  qui  a  pénétré  la  masse.  Dans  les  corps  gélosiques 
le  bitume  a  teinté,  par  localisation  élective,  les  protoplastes. 
La  gélose  transformée  en  corps  jaune  est  devenue  substratum 
de  carbures  éclairants.  Aucun  des  faits  relevés  ne  nous 
indique  que  cette  niasse  se  soit  transformée,  postérieurement 
à  son  dépôt  par  l'activité  de  bactéries  anthracigènes  spéciales 
—  ou  d'enzymes  —  et  qu'elle  ait  pris  les  caractères  propres 
du   boghead  sous  cette   influence. 

«  La  production  de  charbon  brillant  craquelé,  de  fusain 
et  d'autres  variétés  de  charbon  est  normale  dans  ce  milieu. 
Elle  dépend  de  la  nature  des  corps  enfouis  et  de  leur  état 
d'altération.  Elle  dépend  aussi  du  bitume  imprégnant.  Les 
tissus  végétaux  moyennement  humifiés  retiennent  le  bitume  et 
donnent  du  charbon  brillant  craquelé.  Les  tissus  végétaux 
plus  fortement  humifiés  n'ont  pas  retenu  le  bitume,  ils  sont 
à  Tétat  de  fusain.  Les  tissus  pourris,  non  humifiés.  ont  loca- 
lisé la  silice.  —  Les  os  et  les  coprolithes,  en  localisant  le 
bitume,  donnent  du  charbon  d'os  et  du  charbon  de  coprolithe. 

B.  —  Les  charbons  humiques. 

Les   charbons   humiques   ont  comme  types  : 

Le  brown  oil-shale  permo-carbonifère  de  Broxburn  en  Ecosse. 

Le   schiste   tertiaire  du  Bois  d'Asson,  Basses-Alpes. 

Le  schiste  crétacé  de  Ceara,   Brésil. 

Ces  charbons  humiques  sont  très  répandus.  Le  plus 
souvent  on  les  rencontre  sous  leur  forme  fortement  minéra- 
lisé à  l'état  de  schistes  bruns  ou  gris.  Ils  correspondent 
assez  exactement  à  ce  que  l'industrie  minérale  appelle  les 
schistes   bitumineux . 

J'applique  aux  schistes  bitumineux  l'appellation  de  char- 
bons humiques  tant  que  la  matière  organique  prédomine  sur 
la  matière  minérale  et  donne  à  la  roche  ses  caractéristiques 
essentielles.  Le  schiste  écossais  reste  à  mon  avis  un  charbon, 
bien  que  sa  charge  en  matières  minérales  atteigne  67.18  ^/o 
parce  que  les  matières  minérales  tardivement  individualisées 
sont  subordonnées  au  substratum    organique  qui  les  contient. 

Les  indications  que  j'ai  données  sur  les  charbons  humiques, 
celles  que  M.  Renault  y  a  ajoutées  de  son  côté  nous  per- 
mettent de  nous  faire  une  idée  assez  précise  de  ce  type  de 
charbons. 


48o  \UV   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Pour  les  trois  exemples   que  j'ai  cités  il  a   été  reconnu  : 

i^  Qu'ils  résultent  d'une  accumulation  de  gelée  brune.  A 
celle-ci  s'ajoute  comme  corps  accidentels  une  très  faible 
quantité  de  spores,  de  pollen,  de  menus  végétaux  liumiiiés. 
de  thalles  d'algues  gélosiques.  Aucun  de  ces  corps  accidentels 
n'intervient  )>our  plus  de  o.oo4  dans  la  masse  totale.  La 
gelée  brune  amorphe  avec  la  matière  minérale  qui  peut  y 
être  combinée  est  donc  la  matière  dominante  de  ces  forma- 
tions. 

a"  Que  ces  accumulations  de  gelée  brune  se  sont  faites  rapi- 
dement dans  des  périodes  tranquilles. 

3"  Que  la  fossilisation  de  la  gelée  brune  et  des  corps 
quelle  contient  s'est  opérée  en  présence  de  bitume,  rendant 
possible  la  production  de  fusains  et  de  lamelles  de  charbon 
brillant  dans   ce  milieu. 

Nous  avons  trouvé  ces  mômes  conditions  dans  la  forma- 
tion des  bogheads.  Dans  le  cas  des  bogheads  il  s'y  ajoutait 
une  condition  de  plus,  une  grande  abondance  d'algues  dont 
la  gélose  venait  diluer  le  charbon  humique  pour  en  faire  un 
charbon  gélosique.  De  même  il  suilit  que  la  charge  de  la 
gelée  brune  en  pi'oduits  stercoraires  augmente  un  peu  notable- 
ment pom*  domier  un  charbon  de  purin  au  lieu  d'un  charbon 
humique,  tel  est,  par  exemple,  le  schiste  bitumineux  de 
TAllier,  exploité  à   Buxières  et  à  Saint-Hilaire. 

Les  charbons  humiques  ont  une  très  grande  impoi^tance 
parce  qu'ils  nous  donnent  la  notion  de  charbons  amorphes, 
non  pas  nmdus  amorphes  parce  que  leur  organisation  a 
disparu  à  la  suite  d'une  trituration  intense  ou  par  un  état 
de  pourriture  très  avancé,  mais  amorphes  parce  que  le> 
corps  d'organismes  ligures  n'y  prennent  pas  directement  part. 
La  preuve  (pi'il  en  est  ainsi,  c'est  que  quand  un  organisme 
figuré  s'y  trouve  enfermé,  il  y  est  toujours  remarquablement 
conserve. 

Le  brown  oil-shale  d'Ecosse 

Le  brown  oil-shale  ou  schiste  ciré  d'Ecosse  vient  de  la 
région  de  Broxburn  à  l'est  de  Bathgate.  C'est  un  schiste  brun- 
clair  à  stratification  très  disloquée  comme  celle  du  Banc  ciré 
d'Autun.  Ce  schiste  se  brise  en  écailles  contournées  à  surface 
vernissée  d'où  l'appellation  de  Schiste  contourné  qui  lui  e>t 
souvent  appliquée. 


G.    EG.    BERTRAND  4^1 

Le  brown  oil-shale  est  une  aecuniulation  de  gelée  brune 
fortement  chargée  de  matières  minérales,  silice  et  alumine.  Une 
petite  partie  de  cette  matière  minérale  y  est  individualisée  à 
l'état  de  cristaux  tardifs  de  quarz,  l'autre  n'est  perceptible 
qu'à  l'état  de  microcristallisation  confuse  comme  celle  des 
argiles.  Il  y  a  union  intime  de  cette  partie  argileuse  et  de  la 
gelée  brune.  La  présence  de  la  matière  argileuse  ne  se  révèle 
optiquement  que  par  son  action   sur   la  lumière  polarisée. 

En  coupes  minces,  la  gelée  brune  se  présente  comme  une 
matière  amorphe»  transparente,  brun  clair,  chargée  de  corpus- 
cules bactériformes.  Elle  est  hétérogène,  zonée,  et  finement 
stratiiîée.  La  gelée  brune  que  nous  avons  vue  dans  les  schistes 
est  mêlée  ici  d'une  proportion  variable  d'une  matière  jaune 
d'or  ou  orangée  qui  faisait  prise  comme  la  gelée  brune,  et 
qui  acquérait  peu  à  peu  tous  ses  caractères,  c'est  de  la  gelée 
brune  à  un  état  d'humiiication  moins  avancé.  La  gelée  brune 
et  la  gelée  jaune  sont  déposées  en  lits.  On  passe  insensible- 
ment des  uns  aux  auti'es.  Les  zones  brunes  sont  plus  chargées 
de  corps  bactériformes  que  les  zones  orangées.  Les  parties 
rousses  sont  plus  fortement  chargées  de  cristaux  tardifs 
dressés,  alors  que  les  cristaux  plus  petits  tabulaires  sont 
couchés  horizontalement  dans  les  zones  jaunes.  La  charge 
microcristailine  est  un  peu  plus  forte  dans  les  parties  rousses. 
La  consistance  de  la  gelée  au  moment  du  dépôt  était  déjà 
forte,  les  menus  débris  de  parois  végétales  y  sont  incomplè- 
ment  atlaissées,  des  écailles  ganoïdcs  ne  s'y  enfonçaient  pas. 
La  consistance  de  la  gelée  fondamentale  était  plus  forte  dans 
les  lits  jaunes  que  dans   les  lits  roux. 

La  consistance  de  la  gelée  fondamentale  du  brown  oil- 
shale  a  été  particulièrement  forte,  car  lors  de  son  retrait  elle 
s'est  contractée  massivement.  Elle  ne  montre  nulle  part  une 
tendance  à  se  déchirer  en  réseau.  Par  contre,  elle  s'est  coupée 
par  de  grandes  fentes.  Les  morceaux  se  sont  déplacés.  Ils 
ont  glissé  les  uns  sur  les  autres  sans  s'érailer  ou  s'abîmer. 
Ce  travail  s'est  donc  fait  sous  l'eau.  La  plasticité  parfaite  de 
la  masse  lors  de  sa  déchirure  est  établie  par  des  lambeaux 
redressés,  plies  et  plissés  qu'on  trouve  enti*e  les  parties 
déplacées.  Macroscopiquement  le  brown  oil-shale  révèle  cette 
structure  fendillée  et  les  glissements  dont  il  a  été  le  siège 
en  montrant  sur  ses  tranches  verticales  dressées  à  l'émeri  une 
stratification  disloquée   comme   celle   du  Banc   ciré  des   schistes 


31. 


48a  VU1«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

d'Autun.  L'adhérence  de  la  gelée  aux  corps  qui  y  sont  englo- 
bés était  déjà  complète  lorsqu'elle  s'est  déchirée  sous  raction 
du  premier  retrait.  On  voit  des  thalles  et  des  spores  coupées 
en  deux  par  la  rupture  de  la  gelée,  dont  les  segments  sont 
écartés  par  le  glissement  des  masses  où  ils  sont  demeures 
adhérents.  Aucun  de  ces  objets  n'est  sorti  de  la  loge  où  il 
était  enfermé.  Aucun  d'eux  ne  s'y  est  tourné.  Ils  faisaient 
donc  corps  avec  la  gelée  entourante. 

Par  rapport  a  une  écaille  ganoïde  la  contraction  verticale 
de  la  gelée  brune  à  été  trouvée  de  2,5  ;  c'est-à-dire  qu  elle 
est  2.5  fois   plus  grande  que  celle  de   cette   écaille. 

Les  zones  jaunes  et  orangées  du  schiste  ciré  d*Ecosse  nous 
apprennent  cpie  certains  corps  jaunes  amorphes  dépendent  de 
la  gelée  fondamentale.  C'est  une  nouvelle  catégorie  de  corps 
jaunes  qui  s'ajoute  à  celles  cjue  nous  avons  relevées  dans  les 
charbons,  corps  jaunes  d'origine  gélosique,  corps  jaune  d'ori- 
gine cellulosi(iue  et  cutineuse,  corps  jaune  d'origine  osseuse, 
corps  jaunes  représentant  un  filtrat  bitumineux  dans  les 
lames  de  charbon    brillant  craquelé  et  dans  les  fusains. 

La    gelée  fondamentale    du    brown     oil-shale    contient    des 
corps  bactériformes   mais   en   très   faible  quantité,    eu    égard  à 
ce   que   présentent  les    autres   cliarbons.    Les    zones  jaunes  en 
contiennent   moins  que   les  zones  brunes  et  bien  qu'elles  soient 
manifestement  plus  riches  en  matière  organique  moins  humiliée, 
on   ne   voit  dans  ces   zones  jaunes  que  les  mêmes  bactérioïdes 
que  dans  les  zones  brunes.   L(*s   corps   bactériformes    sont   des 
sphérulcs   simples   ou  couplés,  et  des  bâtonnets   ou  bacilloïdes. 
L'aspect     des     coccoïdes    est    celui    des    spores    de    Bactéries. 
Les   corps   bacilloïdes  contiennent    souvent    des    iuicrocri>laux 
tardifs.    J'ai     trouvé    c(»s   corps    bactériformes    dans    un  grand 
état  de  pureté   sur  la  surface  nmcjucuse   d'une    algue    enfeimée 
dans  le   schiste    écossais.    Ces   corps    bactériformes  sont   forte- 
ment    individualisés     par    rapport    à    la    gelée    fondamentale. 
Us    s'en  séparent    par  la    taille.    On  les     retrouve   isolés  dans 
les   cristaux   tardifs.    Ils   .sont    souvent  incoloi*es,     d'autres  fois 
ils    paraissent    noirs   connut^  s'ils    étaient    occupés    par  un  tit^ 
petit  cristal  opaqu<'  de  pyrite.  Les  indices  ci-dessus  ne  permettent 
pas  d'établir  directement   la  natur(*  de  ces  corps  bactériformes. 
Je    ne  puis    dire   si    ce  sont   là   des  restes  d'organismes   haelé- 
riens.    Je  ne   puis  même  décider   si  co  sont  là   des   corpuseuK*s 
de    nature    organiijue    ou    des    inclusions   minérales.    J'ai   pré 


C.    EG.    BERTRAND  4^3 

soaté  ailleurs  (i)  la  série  des  divers  arguments  favorables 
à  Tune  et  à  l'autre  interprétation.  M.  B.  Renault  reconnaît 
des  corps  bactériens  dans  les  corps  analogues  de  la  gelée 
brune  des  schistes  d'Autun  et  d'une  foule  d'autres  charbons. 
Dans  son  récent  travail  sur  les  microorganismes  fossiles  le 
savant  paléontologiste  du  Muséuui  apporte  de  fort  beaux 
photogramnies  à  l'appui  de  son  interprétation.  Après  une  étude 
très  prolongée  d'excellentes  préparations  parfaitement  planes, 
non  rayées  et  non  ébranlées,  je  ne  puis  me  rallier  encore  à 
son  avis..  Ces  formes  simples  bactérioïdes  sont  réalisées  par 
les  faits  les  plus  différents,  bulles,  gouttelettes  (2),  précipités 
ferrugineux,  microcristaux,  inclusions  diverses.  11  est  facile 
d'en  prendre  des  images  photographiques  qui  ne  diffèrent  pas 
de  celle  des  coi'ps  bactériformes.  Ces  roches  sont  riches  en 
gaz  libres,  puis  il  semble  bien  que  dans  ce  milieu  un  orga- 
nisme plasmique  comme  une  bactérie  devrait  s'y  présenter 
coloré  éleclivemeiit  ou  bien  injecté  comme  les  autres  pro- 
toplastes.  Les  protoplastes  du  Zoogleïtes  elaverensis,  ceux 
des  Bacilles  copi'ophiles  présentent  cette  particularité  et  sont 
colorés  ou  injectés  suivant  les  cas.  Il  n'est  pas  jusqu'à  la 
manière  dont  les  corps  bactériformes  se  détachent  sur  le  fond 
qui  les  enveloppe  où  on  les  voit  agir  comme  des  corps 
résistants  qui  ne  me  semble  imposer  une  très  grande  réserve 
pour  l'interprétation  des  corps  bactériformes  de  la  gelée 
brune.  Les  bactérioïdes  font  partie  normalement  de  la  gelée 
brum*.  «Ils  paraissent  tombés  en  même  temps  qu'elle.  La 
gelée  brune  en  contient  toujours,  leur  abondance  relative  est 
un   caractère  ([ui   doit  toujours  être   relevé. 

Rien  n'indique  dans  la  gelée  brune  du  brown  oil-shale 
qu'elle  provienne  de  la  liquéfaction  des  thalles  d'algues  géla- 
tineuses. Rien  n'indique  non  plus  dans  l'étude  directe  de  cette 
gelée  qu'elle  provienne  d'un  suintement,  d'une  sorte  d'exsudat 
sorti  d'une  masse  végétale  en  fermentation  ou  de  la  trans- 
formation sur  place  d'une  matière  végétale  sous  une  action 
bactérienne  ou  diastasique.  D'après  la  manière  dont  elle 
englobe     les    spores,    les     menus   débris    et    les    corps    qui    la 


(i)  C.  Ek.  Bertrand,  lea  charbons  kumiques  et  les  charbons  de  purins.  — 
Noie  VI,   p.   «90.    —  Lille,  1898. 

(2)  En  particulier  gouttelettes  de  bitume  et  de  pétrole  dans  un  milieu 
très   faiblement  alcalinisé. 


484  VIll*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

chargent  il  me  semble  que  la  gelée  brune  était  contenue 
dans  Teau  génératrice  du  dépôt  qui  Tabandonnait  autour  des 
corps  qui  y  flottaient.  Elle  pénétrait  diilicilement  dans  les 
cavités    de   ces   corps. 

Les  corps  accidentels  (jui  chargent  la  gelée  du  brown 
oil-shale  sont  rares,  aucun  d'eux  n'intervient  pour  une  pro- 
portion supérieure  à  o,ooi  du  volume  total.  Il  y  a  des  spores 
variées,  du  pollen,  quelques  menus  débris  végétaux  très 
fragmentaires  colorés  en  brun  noir,  non  aflaissés,  dont  les 
cavités  sont  comblées  par  le  bitume.  Les  fleurs  d'eau  sont 
représentées  par  quelques  thalles  de  VEpipolaïa  Boiveri,  — 
Comme  débris  animaux  j'ai  trouvé  de  petites  écailles 
ganoïdes  et  un  petit  fragment  d'os.  —  Il  n'y  a  pas  de  parcelles 
minérales   élastiques. 

La  masse  du  brown  oil-shale  à  été  pénéti^ée  tardivement 
par  le  bitume.  Cette  pénétration  s'est  faite  par  une  sorte  de 
diflusion  générale  à  travers  la  gelée  fondamentale.  D'une 
part,  en  eflet,  le  bitume  ne  forme  pas  de  masses  libres 
injectées  dans  la  gelée  ou  placées  entre  ses  feuillets  et,  d'autre 
part,  on  voit  que  le  bitume  a  comblé  les  cavités  des  débris 
humiliés  noyés  dans  la  gelée  jaune  d'or.  On  voit  aussi  que  le 
bitume  comble  les  cavités  demeurées  ouvertes  enti'e  les  frag- 
ments déplacés  de  la  gelée.  Le  bitume  n'a  pas  été  modifié  par 
le  seul  fait  de  sa  filtration.  Il  s'agit  d'un  bitume  brun  pâle 
extrêmement  peu  condensé. 

A  la  gelée  brune  fondamentale,  matièi*e  essentiçUe  du 
brow^n  oil-shale,  s'est  donc  ajoutée  une  certaine  quantité  de 
bitume.  Il  y  a  eu  par  cela  même  enrichissement  de  la  gelée 
et  des  corps  organiques  qui  la  chargent  en  hydrocarbun's. 
L'enrichissement  a  été  faible,  le  bitume  était  peu  condensé 
et  il  n'y  avait  pas  de  corps  pouvant  le  retenir  un  peu  for- 
tement. 

La  stratification  régulière  et  zonée  de  la  gelée  brune 
nous  apprend  qu'elle  s'est  déposée  dans  un  milieu  parfaite- 
ment tranquille  à  l'époque  de  la  pollinisation.  Ses  corps 
accidentels  nous  ajoutent  que  les  conditions  de  sa  formation 
ne  dillërent  de  celles  des  bogheads  que  par  un  grand  aiïai- 
blisscMUcnt  de  l'intervention  gélosique.  La  rareté  des  matières 
animales  et  l'absence  d'ostracodes  indiquent  qu'elles  n'out 
pris  qu'une  part  insignifiante  à  la  production  de  la  gelé*? 
fondamentale. 


G.    EG.    BERTRAND  4^ 

Le  brown  oil-shale  est  donc  un  charbon  qui  s'est  formé 
dans  des  eaux  brunes  tranquilles  par  précipitation  de  leur 
matière  liumique  pendant  le  temps  des  basses  eaux  et  des 
pluies  de  pollen.  Celte  matière  humique  chargée  d'argile  a 
formé  gelée  autour  des  corps  flottants  dans  cette  eau.  Les 
Heurs  d'eau  étaient  peu  abondantes.  La  gelée  brune  s'est 
fossilisée  en  présence  du  bitume. 

Le  schiste  du  Bois  (T Assort, 

Le  schiste  dn  Bois  d'Asson  est  compris  dans  un  système 
lacustre  oligocène  qu'on  voit  affleurer  dans  la  vallée  du  Largue, 
Bassos-Alpes.  C'est  une  roche  marron,  feuilletée,  dont  la 
charge  en  matières  minérales  s'élève  à  62,79  p.  %.  Il  y  a 
39,15  p.  "/o  de  silice  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique. 
Une  grande  part  de  cette  silice  est  à  l'état  d'organites  figurés, 
valves  de   diatomées,   spicules  d'épongés. 

Le  schiste  du  Bois  d'Asson  est  une  accumulation  de  gelée 
brune  humiquo  qui  prédomine  optiquement  sur  la  matière 
minérale,  il  s'agit  donc  encore  d'un  charbon  humique.  La 
gelée  très  pAle,  presque  jaune,  a  fait  prise  comme  celle  du 
brown  oil-shale,  mais  sa  consistance  était  moins  forte.  Elle 
a  donc  pris  une  structure  réticulée,  à  l'image  des  gelées 
gélosiques  très  claires  titrant  moins  de  0,004.  En  quelques 
points  où  le  reticulum  a  cédé,  il  s'est  produit  des  déchirures 
comblées  de  suite  par  un  exsudât  dans  lequel  s'est  localisé 
plus  tard  la  matière  minérale.  Les  fentes  horizontales  placées 
entre  les  bancs  de  la  masse  schisteuse  ne  sont  que  les  fissures 
du  reticulum  tardivement  agrandies.  La  contraction  verticale 
de  la  gelée  déterminée  par  rapport  aux  spicules  fusiformes  et 
aux   disques   d'Orthosira  est   q,o. 

L'exsudat  qui  comble  les  déchirures  horizontales  de  la 
gelée  primitive  a  entraîné  les  diatomées  les  plus  légères,  les 
spicules  sphérulaires  les  plus  petits,  les  corps  bactérioïdes . 
Ceux-ci  sont  bien  isolés.  On  v  reconnaît  donc  immédiatement 
les  caractères  de  la  gelée  initiale,  c'est  une  portion  de  cette 
gelée  plus  diluée  qui  est  venue  emplir  ses  déchirures  tardives. 

Par  rapport  aux  charbons  ordinaires,  la  charge  de  la  gelée 
fondamentale  en  corps  bactériformes  est  très  faible.  Par  contre 
elle  paraît  très  forte  eu  égard  à  la  charge  de  cette  gelée  en 
menus  débris  vrgétaux  humifiés.  Sous  ce  rapport  le  schiste 
du  Bois  d'Asson  est  très  exceptionnel.  Ses  corps  bactériformes. 


486  VIll*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUB 

micrococcoïdes,  iiiacrococcoïdes,  baeilloïdes  sont  très  petit*. 
Les  baeilloïdes  sont  souvent  redressés,  tordus.  Les  baetérioîdes 
sont  particulièrement  nets,  bullaires,  et  très  régulièrement 
répartis  dans  Texsudat  (jui  a  comblé  les  déchirures  de  la 
gelée   fondamentale. 

Entre  la  gelée  fondamentale  du  schiste  permocarbonifere 
d'Ecosse  et  celle  de  ce  schiste  oligocène,  il  n'y  a  donc  comme 
différence  importante  que  la  structure  réticulée  de  cette  der- 
nière, correspondante  à  une  dilution  originelle  plus  grande. 
Cet  état  nous  intéresse  parce  que  c'est  le  début  de  la  struc- 
ture réticulaire  très  lâche  que  prend  la  gelée  fondamentale 
dans   les   schistes  organiques. 

Comme  corps  accidentels  la  gelée  fondamentale  du  schiste 
du  Bois  d'Asson  contient  des  grains  de  pt)llen,  quelques  spo- 
res, un  certain  nombre  de  thalles  d'une  algue  gélosique  (jue 
j'ai  décrite  sous  le  nom  de  Dotryococcites  Largae.  cjuchpies 
débris  humides,  restes  de  végétaux  et  lambeaux  chitineux 
d'origine  animale,  des  valves  couplées  de  diatomées  d'eau 
douce,  des  spicules  d'épongés,  des  fragments  de  corps  rési- 
neux. —  Les  grains  de  pollen,  les  spores,  les  thalles  de 
Dotryococcites  sont  à  l'état  de  corps  jaunes.  Nous  connaissons 
les  premiers,  nous  rencontrons  pour  la  première  fois  les  corps 
jaunes  d'origine  résineuse.  Ces  corps  sont  assez  rares  dans  le 
schiste  du  Bois  d'Asson,  on  en  voit  i  ou  q  exeniplaii'es  sur 
une  préparation   de   ^  à   3  centimètres  carrés. 

Il  y  a  i53(>  grains  de  pollen  par  millimètre  cube.  Ce^ 
organitcs  forment  o.oo3  du  vojume  de  la  roche.  Ils  sont  cou- 
chés à  plat  et  complètement  ailaissés.  Je  signalerai  un  lait 
très  remarquable  à  propos  de  ce  pollen,  fait  qui  me  paraît 
faire  ressortir  T extrême  réserve  avec  laquelle  on  doit  toujours 
procéder  dans  l'analyse  opti(pie  d(*s  charbons.  Sur  les  coupes 
verticales  d'épaisseur  moyenne,  les  grains  de  pollen  sont  très 
visibles,  par  contre  h^s  cou[)es  des  valves  des  diatomées  qui 
sont  pourtant  très  nombreuses  échappent  complètement,  à 
l'exception  des  coupes  des  grands  disques  d'Orthosira.  Quand 
les  coupes  sont  très  minces  on  ne  voit  que  les  diatomées  et 
pas  du  tout  les  grains  de  pollen.  Sur  les  coupes  horizontales 
les  gi'ains  de  pollen  échappent  complètement  à  Tobservation. 
les  diatomées  sont  très  visibles.  Os  faits  montrent  avec 
quelle  facilité  des  organismes  d'un  certain  volume,  à  parois 
bien  différenciées,  peuvent  nous  échapper,  qu'est-ce  donc  quand 


G.    KG.    BERTRAND  4^7 

il  s'agit  d'organismes  aussi  petits  que  des  bactéries  où 
Tenveloppe  diH'ère  moins  des  qualités  du  protoplaste  qu'elle 
recouvre. 

Il  y  a  224  thalles  de  Botryococcites  par  mm.'  dans  la 
partie  riche  du  schiste.  Ils  forment  les  o.oo4  du  volume  de  la 
roche  Botryococcites  avait  une  gelée  épaisse  interposée  entre 
les  cellules  voisines.  Les  thalles  sont  très  affaissées.  Les  pro- 
toplastcs  sont   très  fail)lement  colorés. 

Les  menus  débris  végétaux  sont  rares,  fortement  noircis. 
Il  y  a  des  spores  bicellulaires.  Les  fragments  chilineux  et 
cornes  d'origine  animale  sont  plus  fréquents  que  les  débris 
végétaux. 

Les  diatomées  sont  nombreuses,  ('ouchées  à  plat.  Les  deux 
valves  sont  réunies,  mais  écrasées  par  le  retrait  :  entre  les 
valves  est  une  gelée  claire  amorphe  pauvre  en  bactérioïdes, 
d'autres  fois  colorée  par  le  bitume.  Les  grands  disques 
d'Orthosira  comme  le  canal  des  spicules  sont  pleins  de  micro- 
cristaux de  quarz.  Il  s'agirait  donc  de  diatomées  mortes  ayant 
flotté,  englobées  ensuite  dans  la  gelée  fondamentale  lors  de 
sa  précipitation.  Ces  diatomées  ayant  leurs  deux  valves  ne 
peuvent  venir  de  loin.  Les  7  espèces  (|ue  j'ai  reconnues  se 
rapprochent  beaucoup  des  diatomées  d'eau  douce  actuelles.  La 
plus  visible  ressemble  au  Melosira  varians.  L'n  grand  Ortho- 
.sira  ti'ès  visible  à  cause  de  sa  grande  taille  et  de  ses  valves 
épaisses    rappelle   notre  Orthosira   arenaria. 

L<\s  spicules  d'épongés  sont  très  nombreux,  les  plus  fréquents 
sont  des  spicules  lourds  fusiformes  ou  en  navette  senddables 
à  ceux  du  parenchyme  de  la  Spon^illa  fliwiatilis.  Il  y  a 
aussi  d(»s  spicules  haltériformes  comme  ceux  de  l'assise  cellu- 
laire qui  borde  les  canaux  de  la  Spongille,  mais  plus  hérissés 
de  pointes,  ce  qui  dénote  au  moins  une  différence  spécifique. 
Il  y  a  de  très  nombreux  spicules  sphérulaires  qu'on  ne  con- 
naît pas  ilans  notre  éponge  «l'eau  douce.  Les  spicules  sont 
isolés,  on  ne  voit  rien  autour  d'eux  qu'on  puisse  rapporter  à 
l'éponge.  Les  spicules  fusiformes  et  haltériformes  sont  couchés 
à  plat.  Il  s'agit  de  spicules  libérés  et  flottés  tombés  dans 
une  gelée  ([ui   a    pu    les    arrêter  dans  leur  chute. 

Il   n'y  a   pas   de  parcelles   minérales   élastiques. 

Le  bitume  joue  un  riMe  iuq)ortant  dans  le  schiste  du  Bois 
d'Asson.  Il  s'y  manifeste  d'une  manière  très  spéciale.  En 
dehors    des   cavités    des   spicules   et   des    Orthosira    où   il    s'est 


488  YlW   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

ajouté  à  la  gelée  de  remplissage,  il  consiste  en  lames  minces 
ou  en  gouttelettes  rouge  brun  qu'il  ne  faut  pas  confondre 
avec  des  parenchymes  végétaux  hituminisés.  Les  gouttelettes 
sont  plus  ou  moins  affaissées,  la  gouttelette  se  prolongeant 
parfois  en  fils  ténus.  Les  lames  minces  ont  été  rapidement 
solidifiées.  Les  gouttes  se  sont  solidifiées  plus  ou  moins  vite 
de  la  surface  au  centre.  Beaucoup  contiennent  des  bulles,  qui 
sont  pour  la  plupart  affaissés  et  transformés  en  disques  plats 
lenticulaires.  Un  moindre  nombre  ont  leurs  bulles  centrales 
sphériques.  Lames  et  gouttelettes  ont  une  structure  iluidale 
qui  fait  écarter  la  notion  de  coprolithes.  11  n'y  a  pas  d'os 
d'écaillés,  de  fragments  végétaux.  11  n'y  a  ni  bactéries,  ni 
granulations  cellulaires.  S'agirait-il  de  gouttelettes  figeables  à 
la  manière  des  corps  gras,  gouttelettes  qui  auront  été  entraî- 
nées au  fond  en  même  temps  que  la  gelée  fondamentale  et 
qui  se  seraient  ultérieurement  chargées  de  bitume  par  action 
élective?  les  fils  et  les  lames  sont  plus  favorables  à  l'idée 
d'une  sorte  d'injection  faite  peu  après  la  coagulation.  Des 
masses  étendues  de  ce  corps  rouge  brun  placées  côte  à  côte 
ne  se  fusionnaient  pas  :  la  solidification  de  ce  bitume  s'est 
donc  faite  rapidement.  Le  bitume  n'englobe  ni  les  spicules. 
ni  les  diatomées,  ce  qui  parait  inconciliable  avec  la  notion 
de  gouttelettes  descendues  de  la  surface  en  même  temps  que 
les  autres  corps.  —  L'apparition  du  bitume  dans  la  gelée  est 
antérieure  à  la  formation  des  grandes  fentes  horizontales  qui 
sont  toujours  sans  bitume.  —  L<*s  masses  bitumineuses  ne 
contiennent  pas    de   corps  bactériformes. 

Il  y  a  420  gouttelettes  bitumineuses  par  mm^.  Elles  forment 
o.o36  du  volume  du  schiste.  —  La  contraction  des  gouttes  île 
bitume  a  été  plus  grande  que  celle  de  la  gelée  entourante. 
Elh»   en  est  séparée   par  de  grands   cristaux    tardifs. 

Cette  rapide  esquisse  du  schiste  du  Bois  d'Asson  ajoute  à 
la  notion  de  charbons  humi<iues  les  faits  suivants  :  —  La 
gelée  brune  de  consistance  plus  faible  tend  à  prendre  une 
structure  réticulaire.  —  Les  charbons  humiques  se  relient 
directement  aux  charbons  d'algues,  ils  se  sont  formés  dans 
les  mêmes  conditions,  l'intervention  gélosiquc  restant  faible 
ou  nulle.  Il  s'agit  d'une  formation  d'eau  douce.  Le  fait  était 
sujet  à  répétition  dans  un  système  de  couches  lacustres.  Le 
bitume  en  gouttelettes  figées  peut  intervenir  d'une  façon  tK*s 
appréciable.  La  liste  des  variétés    de   corps    jaunes    rencontrés 


G.    EG.    BERTRAND  4^ 

dans  les  charbons  s'est  accru  de  parcelles  résineuses.  Les 
conditions  de  formation  des  charbons  humiques  sont  très 
semblables  dans  les  temps  permocarbonifères  et  dans  les 
temps  tertiaires. 

Le   schiste  de   Ceara, 

Contrairement  au  brown  oil-shale  et  au  Schiste  du  Bois 
d'Asson,  le  schiste  de  Ceara  a  le  faciès  d'un  charbon  commer- 
cial. L'analyse  accuse  encore  ^0,6^  p*  0/0  de  matières  miné- 
rales, mais  sur  ce  nombre  près  de  22.40  p.  0/0  représentent  du 
carbonate  de  calcium  rassemblé  dans  des  oolithes.  Il  n'y 
aurait  donc  que  18. 2.5  p.  0/0  de  matières  minérales  réellement 
incorporés  à  la  substance  du  charbon.  Ainsi  quand  dans  une 
accumulation  de  gelée  humique  soumise  à  Timprégnation  bitu- 
mineuse la  charge  en  matières  minérales  reste  faible,  la  roche 
a  les  caractères  macroscopiques  d'un  charbon.  La  roche  de 
Ceara  ne  mérite  pas  le  nom  de  boghead  qu'on  lui  donne 
quelquefois,  la  gélose  n'intervient  pas  dans  sa  masse,  les  orga- 
nismes  gélosiques  y  sont   à   l'état   de  rareté. 

Le  schiste  de  Ceara  résulte  d'une  accumulation  de  gelée 
brune.  Celle-ci  a  une  structure  uniforme  dans  toute  sa  hauteur. 
Elle  est  finement  et  nettement  stratifiée.  Elle  est  à  un  état 
d'humification  avancé,  le  même  pour  toute  la  masse.  Elle  est  plus 
fortement  colorée  que  celle  du  schiste  du  Bois  d'Asson.  Elle 
n'a  pas  les  zones  jaunes  et  orangées  du  brown  oil-shale.  En  se 
déposant,  la  matière  humique  s'est  prise  en  une  gelée  très 
consistante,  les  lambeaux  végétaux  efiilochés  y  sont  bien  étalés 
et  largement  soutenus.  Les  coquilles  d'Ostracodes  ne  s*y  enfon- 
çaient pas.  La  gelée  n'a  pénétré  qu'à  l'embouchure  de  ces 
coquilles.  —  Cette  gelée  n'est  pas  réticulée.  —  Consistante 
comme  celle  du  brown  oil-shale  elle  s'est  coupée  par  des 
fentes  obliques  convergentes  et  très  localisées.  De  faibles 
déplacements  se  sont  produits.  La  plupart  de  ces  dislocations 
ne  sont  visibles  que  sur  les  coupes  minces.  La  gelée  brune 
formant  la  presque»  totalité  de  la  roche,  ce  charbon  nous 
montre  que  la  cassure  verticale  de  cette  gelée  est  normalement 
noire,  vitreuse  et  à  fissures  irrégulières.  Elle  est  moins  bril- 
lante que  celle  d<'s  masses  gélosiques.  Elle  ne  se  débite  pas 
en   prismes  comme   le  charbon    brillant  craquelé. 

La  chargea  de  la  gelée  fondamentale  en  corps  baclériformes 
est   très   faible.    Ce  sont    surtout    des  micrococcoïdes   de  tailles 


490  VIll*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

variables  o  a  2  à  o  jx  8  très  brillants.  Les  plus  gros  sont 
buUaires,  incolores,  et  passent  aux  macrococcoïdes.  Ils  sont 
groupés  en  amas  discoïdes  aplatis,  souvent  les  luierococcoïdes 
sont  entourés  d'un  cristal  de  calcite.  Il  v  a  des  amas  cris- 
tallins   zoogléi  formes.   Les   bacilloïdes   sont   rares. 

Les  corps  jaunes  sont  peu  nombr(*ux,  quelques  spores,  des 
grains  de  pollen  composés  tétraédriques,  comme  ceux  d»* 
Tordre  des  Bicornes.  Il  y  a  seulement  80  grains  de  pollen 
par  millimètre  cube.  Les  fleurs  d'eau  sont  seulement  indiquées 
par   une  algue   gélatineuse  rarissime. 

Les  débris  humifiés  y  sont  très  peu  abondants,  la  plupart 
sont  des  ]and>eaux  de  parois  cellulaires  effilochés,  noir-brun, 
très  altérés.  Il  y  a  quelques  fragments  chitineux  et  de  rares 
cuticules   animales. 

Ce  charbon  contient  de  petits  pelotons  aplatis  composés 
de  spores  et  de  filaments  mycéliens  d'une  Mucédinée.  Ce 
sont  des  amas  rouge  brun  assez  foncés  que  Ton  pourrait 
prendre  pour  de  petits  coprolithes  teintés  par  le  bitume  ou 
pour  des  gouttelettes  bitumineuses  comme  celles  du  Schiste 
du  Bois  d'Asson.  La  nature  de  ces  corps  n'est  facile  à  lire 
que  sur  les  confies  horizontales.  Ces  corps  sont  très  bien 
conservés.  Leurs  parois,  fortement  colorées,  ont  condensé  le 
bitum**.  Comme  ils  sont  assez  uniformément  répartis  dans  la 
masse,  la  présence  de  ces  [»elotons  de  Mucédinées  dénote  à 
la  fois  une  eau  génératrice  parfaitement  tranquille  et  parti- 
culièrement riche  en  matières   nutritives. 

Le  schiste  de  Ceara  cimtient  encore  de  nombreuses  coquil- 
les d'un  Crustacé  ostracode  voisin  des  Cypris.  Les  j>arties 
chitineuses  et  les  parties  molles  de  l'animal  ont  dispîiru.  U 
s'agit  de  co(juilles  flottées.  Elles  sont  réparties  à  travers 
toute  la  masse.  Elles  sont  couchées  sur  le  flanc,  rarement 
placées  d(*  champ,  avec  la  charnière  en  haut.  Les  valves 
sont  couplées,  les  valves  isolées  sont  extrêmement  rares.  La 
plupart  des  coquilles  ont  été  bi'isées  par  le  retrait.  Les  valves 
o[)posées  sont  en  effet  cassées,  rapprochées,  mais  elles  ne  se 
touclu»nt  pas,  ce  n'est  donc  pas  un  tassement  ou  une  pression 
verticale  qui  a  provoqué  l'eUondrement  des  co(iuilles.  Certains 
morceaux  de  cocpiillcs  ont  été  parfois  redressés  par  l'etron- 
d renient  :  ils  coupent  la  gelé<»  fondamentale.  On  voit  de 
nombreux  exenq)Ies  de  coquilles  oii  la  gelée  fondamentale 
nettement    cou[)ée    s'insinue    légèrement    entre   deux    morceaux 


C.    EG.    BERTKAND  49^ 

de  la  coquille  effondrée  laissant  la  coquille  non  remplie. 
Dans  les  co([uilles  demeurées  entières  la  calcite  s'est  localisée 
en  oolilhes  k  structure  radiée.  Los  longues  aiguilles  de  calcite 
s'appuient  par  une  extrémité  sur  la  coquille,  l'autre  s'avance 
vers  le  plan  de  symétrie  de  la  coquille.  Il  reste  un  vide  le 
long  du  bord  ventral  et  des  bords  antérieur  et  postérieur. 
Cet  espace  est  rempli  d'un  bitume  brun  clair  peu  condensé, 
le  même  qui  emplit  les  coquilles  effondrées.  Les  bactérioïdes 
sont  très  raréfiées  dans  cette  gelée  de  remplissage.  11  y  a 
des  corps  bactéri formes  dans  les  aiguilles  de  calcite  des 
oolithes   et   entre   celles-ci. 

Par  rapport  aux  coquilles  non  effondrées  la  contraction 
verticale  de  la  gelée  est  u.5.  La  contraction  horizontale  varie 
entre  i,3  et  1,5.  Dans  quelques  points  où  les  coquilles  étaient 
plus  nombreuses  et  où  il  s'est  fait  des  déchirures,  il  s'est 
[)roduit  (h'  très  grands  oolithes  (jui  ne  sont  plus  enfermés 
dans   les   coquilles. 

La  masse  organique  du  charbon  de  Ceara  a  subi  une 
imprégnation  bitumineuse  qui  l'a  enrichie  en  matières  hydro- 
carbonées. Le  bitume  est  arrivé  tout  formé.  11  a  pénétré  la 
masse  par  dillùsion.  C'est  un  bitume  brun  clair  peu  condensé. 
Il  a  été  plus  fortement  retenu  par  la  gelée  fondamentale 
que  dans  les  schistes  précédemment  étudiés.  L'intervention  du 
bitume  a  été  tardive.  Le  bitume  se  voit  isolé  dans  les  fentes 
horizontales  tardives  et  entre  les  valves  des  Ostracodes.  Le 
bitume  s'est  plus  fortement  contracté  que  la  gelée  fonda- 
mentale. 

Bien  qu'il  s'agisse  de  coquilles  d'Ostracodes  vidées  qui 
ont  flotté  à  la  surface  de  l'eau.  Comme  les  valves  sont 
demeurées  unies  deux  à  deux  je  conclus  que  si  un  transport 
post-mortem  a  eu  lieu,  il  a  été  extrêmement  faible.  C(»  qui 
revient  à  dire  que  les  Cypris  de  Ceara  ont  vécu  dans  la 
mare  où  s'amassait  la  matière  organique.  La  présence  de 
ces  Ostracodes  nous  indique  des  liqueurs  riches  en  matières 
nutritives  et  particulièrement  en  produits  animaux.  Les  Cypris 
prospèrent  en  été  dans  les  mares  dont  les  eaux  sont  brunies 
par  le  trop  plein  des  fosses  à  purin,  ils  y  deviennent  parfois 
si  nombreux  que  l'eau  de  ces  mares  paraît  colorée  en  rouge 
sang.  Ce  résultat,  rapproché  de  la  présence  des  Muccdinées, 
nous  donne  la  notion  :  d'une  gelée  humique  fondamentale 
se  déposant  dans  une   eau  brune   additionnée  d'une   proportion 


49^  VUl*    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

sensible  de  matières  animales.  La  gelée  fondamentale  très 
légèrement  modifiée  par  ce  lait,  a  retenu  plus  fortement  le 
hitnme.  I^s  conditions  locales  n'ayant  permis  qunne  faible 
minéralisation,  la  matière  nous  présente  le  faciès  type  des 
charbons  humiques  on  schistes  bitumineux.  Les  conditions 
géogéniques  du  schiste  bitumineux  crétacé  de  Ceara  restent 
les  mômes  que  celle  du  schiste  du  Bois  d'Asson  et  du 
hrown  oil-shale,  il  s'y  ajoute  comme  condition  nouvelle,  la 
présence  de  matières  animales  dans  l'eau  brune  génératrice 
du    dépùt. 

11  semble  que  dans  ce  milieu  chargé  de  matières  animales 
les  organismes  inférieurs  devaient  pulluler  comme  nous  le 
voyons  dans  les  marcs  à  Cvpris.  Nous  devrions  trouver, 
semble-l-il,  des  Infusoires  variés,  des  bactéries  diverees,  la 
conservation  des  objets  étant  ti*ès  belle.  J'ai  rechei'ché  tout 
spécialement  des  tracés  de  la  présence  de  ces  êtres  et  je 
n'ai  rien  vu  qui  établit  leur  existence.  Manquent-ils  réellement? 
Nous  échappent-ils  seulement  parce  qu'ils  sont  dans  un  milieu 
de  même  réfringence  où  leur  présence  n'est  pas  soulignée. 
Dans  le  premier  cas  nous  retrouvons  là  l'indice  d'un  milieu 
générateur  rendu  asepti(ju(»  et  fixateur.  Dans  le  second  nous 
touchons  du  doigt  l'extrême  diiïiculté  de  mettre  en  évidence 
les  organismes  inféri(»urs  sans  couche  cutinisée  dans  la  gelée 
brune  de  même  réfringence,  l'attribution  des  corps  bactéri- 
formes  à  des  restes  de  cellules  bactériennes  en  est  encore 
rendue  moins  vraisemblable  (i). 

Là  encore*  nous  ne  voyons  pas  que  la  gelée  brune  fonda- 
mentale dérive  d'une  li(piéfaction  d'algues  gélosiques  ou  de 
Texsudat  d'une   masse  végétale  en  fermentation. 

Je  conclus  pour  les  charbons  humiques  que  je  viens  d'étu- 
dier : 

((  L(»s  trois  charbons  humiques  analysés,  montrent  que  des 
temps  carbonifères  à  l'époque  oligocène,  la  formation  des 
roches  charbonneuses  par  accunmlation  de  gelée  brune  est  un 
phénomène  régulier,  qui  s'est  reproduit  avec  les   mêmes  carac- 


(1)  Lorsqu'on  préclpito  la  matière  humique  de  l'eau  d'une  mare  à  Cypris 
piir  uno  traco  de  sulfate  d'alumine  ou  par  une  laque  ferrique,  les  bactéries 
enfermées  dans  le  précipité  ^'élatineux  demeurent  facilement  rcconnaissabl**s 
dans  le  roagulum  contracté.  Il  en  est  de  même  de^  granules  d'urales  rpj<^ 
tés  par  les  Cypris,  mais  les  plus  petits  de  ces  granules  d'urates  peureot  être 
confondus  aveedes  endospores  bactériennes. 


C.    EG.    BERTRAND  49^ 

tères  essentiels.  La  notion  de  charbon  humique  n'est  pas  un 
fait  exceptionnel,  elle  répond  à  une  classe  de  charbons  où 
les  organismes  figurés  (à  part  peut-être  les  bactéries  ?  ?)  ne 
prennent   pas  directement  part  à  leur  formation. 

))  Les  charbons  liumiques  nous  présentent  la  notion  de 
charbons  amorphes,  la  matière  humique  abandonnant  sa  solu- 
tion aqueuse  à  l*état  de  coagulum  dont  les  ilocons  s'accroclient 
aux  corps   en  suspension  dans  Teau  et  les  entraînent  au   fond. 

»  Les  conditions  de  formation  des  charbons  humiques  sont 
des  eaux  brunes  tranquilles  laissant  précipiter  leur  matière 
humique  au  temps  des  basses  eaux,  alors  que  la  végétation 
voisine  produit  des  pluies  de  pollen.  Les  fleurs  d'eau  sont 
encore  peu  abondantes.  La  masse  se  fossilise  en  présence 
de  bitume.  L'infiltration  bitumineuse  Tenrichit  en  hydro- 
carbures. 

))  Dans  les  charbons  humiques  formés  de  gelée  brune  pure 
la  rétention  du  bitume  a  été  faible,  elle  est  un  peu  plus  forte 
là  où  cette  gelée  brune  parait  le  plus  fortement  humiflée.  — 
La  gelée  brune  parait  plus  apte  à  retenir  le  bitume  lorsqu'elle 
est  mêlée  de  produits  animaux.  La  rétention  du  bitume  par 
la  gelée  peut  être  mécanique  comme  dans  le  cas  du  bitume 
figeable  du  schiste  du  Bois  d'Asson.  La  rétention  se  fait  plus 
générablement  par  une  sorte  d'imbi])ition  de  la  masse.  La 
distillation  de  tels  charbons  donnera  d'autres  résultats  que 
celle  des  charbons  gélosiques.  La  localisation  des  carbures 
éclairants  s'y  fait  comme  dans  les  bogheads,  comme  on  le 
constate   sur  les  Botryococcites. 

»  En  général  les  charbons  humiques  ont  Taspect  «le  schistes 
parce  que  leur  gelée  fondamentale,  très  apte  à  se  combiner  avec 
l'argile,  a  pu  trouver  à  sa  disposition  une  quantité  de  cette 
matière.  Lorsque  les  conditions  locales  ont  été  telles  que 
cette  charge  demeurât  faible,  la  roche  formée  a  conservé  le 
faciès  d'un  charbon  à  cassure  noire  et  vitreuse.  » 

Dans  aucun  des  trois  exemples  étudiés,  la  gelée  brune 
n'apparaît  comme  résultant  d'une  liciuéfaction  d'algues  gélo- 
siques ou  comme  un  exsudât  sorti  d'une  masse  végétale  en 
fermentation.  D'autre  part,  ces  trois  charbons  humiques  ne 
montrent  pas  qu'ils  résultent  de  la  transformation  d'une  masse 
organique  in  situ  sous  l'action  d'un  travail  bactérien  ou 
diastasique  qui  leur  aurait  donné  peu  à  peu  leurs  qualités 
spéciales. 


494  VIlt«   CONGKÈS   GÉOLOGIQUE 

Le  brown  oil-sliale  réalise  le  charbon  humique  type.  Le 
schiste  du  Bois  d'Asson  montre  la  liaison  des  charbons  hu- 
miques  avec  les  charbons  d*algues.  Le  schiste  de  Ceara  par 
ses  Mucédinées  et  ses  Ostracodes  nous  a  appris  que  de^s 
matières  animales  pouvaient  s'ajouter  en  quantité  appréciable 
à  Feau  génératrice  de  la  gelée  brune.  Il  nous  a  appris  aussi 
((u'un  charbon   humique  a  normalement  le  faciès  d'un  charbon. 

G.  —  Les  charbons  de  purins. 

Le   Schiste  bitumineux  de  V Allier. 

Ce  que  j'ai  dit  des  charbons  humiques  permet  de  com- 
prendre les  charbons  de  purins,  qui  ont  comme  type  le 
schiste  bitumineux  de  TAllier,  exploité  à  Buxîères  les-Mines, 
à  St-Hihiire  et  dans  la  concession  des  Plamores.  I^  princi- 
pal  siège   est   le  puits   du   Méglin.    Ce   schiste  est   permien. 

Le  schiste  d(>  l'Allier  est  encore  de  la  gelée  brune  coagulée 
fossilisée  en  présence  d'un  bitume,  mjiis  Teau  brune  initiale 
étant  chargée  de  produits  stercoraires  en  tous  ses  points, 
était  semblable  à  un  purin  concentré.  La  gelée  brune  qu'elle 
a  laissé  précipiter,  se  montre  plus  fortement  humiliée.  Sa 
capacité  rétentrice  pour  le  bitume  a  été  très  augmentée.  Elle 
est  toujours  fortement  colorée  par  le  bitume.  Chaque  fois  que 
Teau  génératrice  se  diluait  suilisamment,  les  Ostracodes  appa- 
raissaient. 

La  gelée  fondamentale  a  fait  prise.  Les  parcelles  micacées, 
les  menus  débris  végétaux  très  humifiés,  les  coprolithes,  les 
écailles  et  les  os  tombés  des  coprolithes  ne  s'y  enfonçaient 
pas.  Ces  corps  y  sont  habituellement  couchés  à  plat  mais  on 
peut  voir  des  écailles  piquées  verticalement  ou  obliquement 
dans  la  gelée  et  maintenues  dans  cette  position  par  la  rigidité 
de   cette  matière. 

Lors  du  retrait  la  gelée  ne  s'est  pas  coupée  par  de  grandes 
fentes.  Cette  gelée  s'est  déchii'ée  irrégulièrement  en  un  reti- 
culnm.  \À\  on  ses  déchirures  sont  le  plus  étendues  il  y  a  un 
exsudât,  qui  se  montre  à  l'état  de  pureté  dans  les  grandes 
déchirures  horizontales,  la  minéralisation  de  celte  gelée  était 
forte,  il  s'y  est  individualisé  un  grand  nombre  de  cristaux 
tardifs. 

La  contraction  verticale  de  la  gelée  a  été  particulière- 
ment forte,  12  par  rapport  au  pollen  étalé  des  nodules  siliceux. 


C.    EG.    BERTRAND  49^ 

2  par  rapport  aux  coprolithcs,  4»^  P^>*  rapport  à  l'épaisseur 
totale   d'un   nodule   siliceux. 

La  gelée  brune  est  chargée  d'une  quantité  extraordinaire 
de  corps  bactérifornies,  niicrococcoïdes,  niacrococcoïdes  et 
bacilloïdes.  Ces  corps  sont  Imllaires,  à  contours  très  nets.  Ils 
se  détacthent  en  clair  sur  le  fond  coloré  ;  s'il  s'agit  là  des 
restes  de  cellules  bactériennes,  leur  conservation  est  toute 
diflérente  de  celle  des  bacilles  tîxés  dans  le  mucus  des 
coprolithes  et  de  celle  des  éléments  du  ZoogléUes  elm'crensis. 
Ce  dernier  est  placé  directement  à  côté  des  corps  bactérifornies 
dans  la  gelée  fondamentale. 

Les  plus  importants  des  corps  accidentels  du  schiste  de 
l'Ailier  sont  les  coprolithes.  Us  appartiennent  à  des  reptiles 
ichthyophages.  Les  coprolithes  sont  entiers  ou  éparpillés.  Ils 
ont  fortement  localisé  le  bitume,  et  comme  ceux  d'Autun  ils 
renferment  du  bitume  libre  entre  leurs  replis.  Ils  donnent 
des  nodules  d'un  charbon  noir  et  satiné  ([ui  tranche  sur  le 
fond  de  la  masse  entourante.  Ce  sont  là  des  masses  de 
charbon  d'origine  animale.  L'intervention  des  coprolithes  est 
donnée    par    les      nombres    suivants  coelïicient     horizontal 

0.096;  coelïicient  vertical  de  o.iGG  à  o.25o  ;  coelïicient  en 
volume  de  o.o36  à  0.0^5.  La  présence  de  plusieurs  gros 
coprolithes  en  un  point  change  ces  coellicients.  Les  nombreuses 
écailles  détachées  des  coprolithes  qu'on  trouve  isolées  à  tra- 
vers toute  la  gelée  montrent  (jue  la  matière  stercoraire  s'est 
répandue  abondamment  à  travers  toute  la  masse  mêlée  par 
ses  parties    les  plus  thiides  à  la  gelée  fondamentale. 

Ces  coprolithes  sont  conservés  dans  tous  leurs  détails  comme 
s'ils  avaient  été  saisis  par  un  liquide  fixateur.  On  y  voit  les 
résidus  alimentaires  filés  dans  le  mucus  intestinal.  Dans  un 
grand  nombre  de  ces  coprolithes  ce  mucus  montre  un  très 
beau  bacille  à  éléments  isolés  et  en  chaînettes.  Cette  bactérie 
est  colorée  en  brun  par  la  localisation  élective  du  bitume. 
Elle  se  détache  nettement  sur  le  fond  beaucoup  [)lus  clair  du 
mucus.  Protoplasme  et  parois  sont  colorés.  On  a  les  mêmes 
difïicultés  pour  distinguer  le  protoplasme  et  la  paroi  de  ce 
bacille  fossile  que  dans  nos  bactéries  actuelles  lors([u'elles 
sont  teintes  par  le  violet  de  gentiane.  Ces  faits  de  surcolo- 
ration des  bactéries  fixées  vivantes  s'accordent  avec  la  colora- 
tion brune  que  prennent  les  protoplastes  des  cellules  ordi- 
naires en   présence   du  bitume.    Comme    les   bactérioïdes  de    la 


496  Vlh*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

gelée  fondamentale  ne  présentent  pas  les  mêmes  caractères 
si  ce  sont  des  restes  de  bactéries  ils  ont  été  ilxés  à  un  état 
bien  différent  de  celui   des  bactéries,  des  coprolitlies. 

Les  parties  osseuses  des  écailles  sont  à  l'état  de  corps 
jaunes.  Les  niasses  protoplasmiques  des  cellules  osseuses  y 
sont  souvent  remplacées  par  le  bitume  et  cette  matière  injecte 
leurs  prolongements.  Les  plaques  d'émail  sont  incolores  souvent 
criblées  de  trous  avec  un  microcristal  de  pyrite  dans  chaque  trou. 

La  gelée  fondamentale  du  schiste  de  l'Allier  contient 
des  spores  et  de  nombreux  grains  de  pollen.  On  reconnaît 
deux  espèces  de  grains  dans  la  gelée  contractée.  Dans  les 
nodules  silicidés  de  la  grosse  couche,  qui  montrent  la  gelée 
non  contractée  et  le  pollen  complètement  étalé,  on  voit  quil 
y  a  trois  sortes  de  pollen  de  Cordaïtes  difféi'enciés  nettement 
par  leur  dimension.  11  y  a  en  moyenne  27,1200  grains  de  pollen 
par  mm'  du  schiste  de  la  couche  des  Têtes  de  Chats.  Dans 
certains  lits,  où  le  pollen  devient  prédominant,  ce  nombre 
s'élève  à  540.000  par  mm'.  On  a  des  iilets  de  charbon 
pollinique.  On  y  voit  des  sacs  polliniques  entiei's  pleins  de 
leurs  grains  de  pollen.  Les  pluies  de  pollen  étaient  si  abon- 
dantes que  Teau  de  la  mare  anthracigène  en  était  rendue 
laiteuse.  Il  semble  qu'un  tel  milieu  a  dû  renfermer  de  nom- 
breux Infusoires,  je  n'ai  pu  y  i-econnaître  qu'un  seul  être,  le 
ZoogleUes  elaverensis^  qui  a  vécu  dans  les  eaux  de  purin 
les  plus  concentrées.  L'aspect  des  Zoogleïtes  est  celui  d'une 
zooglée  bactérienne  à  cellules  sphériques  très  petites,  séparées 
par  une  gelée.  Les  protoplastes  des  Zoogleïtes  sont  colorés  en 
brun  éloctivement  et  se  détachent  sur  la  gelée  de  Têtre  qui 
est  beaucoup  plus  claire.  C'est  le  mode  de  conservation  des 
bacilles  du  mucus  intestinal.  11  contraste  avec  celui  des  corps 
bactériformes   bullaires,  avec  lesquels   ils   sont  mêlés. 

Il  y  a  de  nombreux  débris  fragmentaires  de  végétaux  à 
parois  fortement  altérées.  Certains  sont  à  l'état  de  fusains, 
d'autres  sont  à  l'état  de  charbon  brillant  craquelé,  on  voit 
de  grandes  plaques  de  ce  charbon  craquelé  dans  la  zone  gi'ê- 
seuse   qui    est  placée  au   milieu  de  ce   schiste. 

Quelques  points  de  la  zone  inférieure  du  schiste  de  l'Allier 
dans  le  lit  dit  la  Grosse  Couche  sont  silicifiés.  La  contraction 
y  est  nulle.  Dans  ces  nodules  et  près  de  ces  nodules  on  voit 
les  infiltrations  bitumineuses  et  les  réticulum  donnés  par  le 
retrait  du   bitume  libre. 


C.    BG.    BERTRAND  499 

La  masse  a  subi  une  imprégnation  bitumineuse  plus  intense 
que  celle  des  schistes  précédemment  étudiés.  Ce  bitume  se 
voit  libre  dans  les  cavités  des  coprolithes  et  des  os.  Il  y  est 
souvent  contracté  en  reticulum.  C'est  un  bitume  brun  noir 
fortement  coloré.  Il  a  pénétré  la  masse  par  une  diffusion 
générale.  Il  s  est  accumulé  spécialement  dans  les  coprolithes, 
dans  les  écailles,  dans  les  débi'is  végétaux  convenablement 
humiliés.  Il  a  teint  par  action  élective  les  protoplastes  bacté- 
riens,  ceux   du   /fooglcïtes,    et   la  gelée   fondamentale. 

Toute  la  masse  très  sulfurée  est  fortement  imprégnée  de 
pyrite. 

Le  phénomène  a  présenté  des  intensités  variables.  Les  lits 
de  charbon  de  purin  passent  à  des  zones  chargées  d'Ostracodes. 
Les  coprolithes  y  sont  moins  nombreux,  le  pollen  et  les 
menus  débris  sont  plus  dilués,  la  gelée  fondamentale  est  plus 
fortement  minéralisée  et  déchirée  en  un  réseau  très  fin.  Au 
niveau  des  grès  noirâtres  sont  arrivées  de  nombreuses  par- 
celles élastiques  et  des  fragments  végétaux  humiliés  qui  ont 
donné   du   charbon  brillant  craquelé,  sous  Tiniluence  du  bitume. 

Il   y  a  donc  des  charbons   de   purins. 

De  même  que  les  charbons  humiques  les  charbons  de  purins 
ne  sont  qu'un  incident  au  cours  de  la  formation  d'un  schiste 
organique.    L'incident  a   été  sujet  à    répétition. 

Les  conditions  géogéniques  spéciales  aux  charbons  de  purins 
se  bornent  à  l'adjonction  d'une  charge  plus  forte  de  matières 
stercoraires  à  Teau  brune  génératrice  du  charbon.  La  gelée 
fondamentale  ainsi  modifiée  retient  une  plus  grande  quantité 
de  bitume.  Il  en  résuUe  un  type  de  charbon  dont  les  carac- 
téidstiques  diffèrent  nettement  de  celles  des  charbons  humiques 
et   cela  par   addition  de  nouveaux  caractères. 

Dans  le  système  des  schistes  d'Autun  ceilaines  zones  plus 
chargées  en  coprolithes  appartiennent  au  même  type  de  char- 
bon  que  le  schiste   bitumineux  de   l'Allier. 


M. 


49B 


NOTE 

SUR    LA    FLORE    FOSSILE 

DU    TONKIN 


par  M.  R.  ZEILLER 


Pour  répondre  aa  désir  exprimé  par  notre  Secrétaire  géné- 
ral, je  viens  entretenir  très  brièvement  le  Congrès  des  études 
que  je  poursuis  depuis  plusieurs  années  sur  la  flore  fossile 
des  formations   charbonneuses  de  notre  colonie  du  Tonkin. 

A  la  fin  de  Tannée  188a,  j  ai  fait  connaître  (i)  les  plantes 
recueillies  tant  par  le  regretté  Edmond  Fuchs  que  par  ses 
collaborateurs,  dans  les  gisements  explorés  par  eux  au  voisi- 
nage de  la  baie  d'Along,  à  Hon-Gay  et  à  Ké-Bao,  et  j*ai 
montré  que  la  ilore  de  ces  gisements  se  composait,  partie 
d'espèces  identiques  à  celles  de  nos  couches  rhétiennes 
d'Europe,  partie  d'espèces  identiques,  les  unes  à  celles  des 
Lower  Gondwanas,  c'est-à-dire  du  Permotrias  de  l'Inde,  les 
autres  à  celles  de  1  étage  de  Rajmahal,  base  des  Upf^r 
Gondwanas,  c'est-à-dire  du  Lias  de  l'Inde.  J'avais  conclu  de 
là  à  l'attribution  de  ces  gisements  à  l'étage   rhétien. 

Les  récoltes  faites  un  peu  plus  tard,  sur  les  mêmes  points, 
par  M.   Jourdy(î2)  et  M.   Sarran  (3),  n'avaient  fait,  tout  en  me 

(1)  Examen  de  la  flore  fossile  des  couches  de  charbon  du  Tong-King  {Annale* 
des  Mineii.  8«  sér.,  t.  II,  p.  299-352,  pi.  X-XII),  1882. 

(2|  Note  sur  les  empreintes  végétales  recueillies  par  M.    Jourdy   au  Tookin 
fBuU.  Soc.  GéoL  Fr.,  t.  XIV,  p.  454-463,  pi.  XXIVXXV). 

(3)   Note  sur  les  empreintes  végétales  recueillies  par  M.  Sarran  dans  1(^ 
couches  de  combustible  du  Tonkin  (Ibid,,  XIV,  p.  575-581),  1886. 


R.    ZEILLER  499 

fournissant  de  nouvelles  espèces,  dont  quelques-unes  non 
encore  observées  ailleurs,  que  confirmer  ces  premières  con- 
clusions . 

Depuis  lors,  un  grand  nombre  d'échantillons  ont  été 
recueillis  dans  les  mines  ouvertes  sur  ces  gisements,  et  d'im- 
portants envois  ont  été  faits  à  F  Ecole  des  Mines  de  Paris, 
par  les  Ingénieurs  des  sociétés  minières  de  Ké-Bao,  de  Hon- 
Gay  et  en  dernier  lieu  par  la  Société  française  des  charbon- 
nages du  Tonkin,  à  qui  je  dois  une  série  considérable  d'em- 
preintes remarquables  à  la  fois  par  leur  grande  taille  et  par 
leur  parfaite  conservation.  Je  m'occupe  en  ce  moment  de  la 
préparation,  au  moyen  de  ces  riches  matériaux,  d'une 
monographie  détaillée,  qui  sera  publiée  par  le  Service  des 
Topographies  souterraines,  sous  les  auspices  du  Ministère  des 
Travaux  Publics  et  du  Ministère  des  Colonies,  et  qui  pourra, 
je  l'espère,  paraître  dans  quelques   mois. 

L'ordre  du  jour  est  trop  chargé  pour  je  puisse  entrer  dans 
le  détail  des  espèces  observées;  qu'il  me  suffise  de  dire  qu'à 
celles  que  j'avais  signalées  en  1882  s'en  sont  ajoutées  un  bon 
nombre  d'autres.  Fougères,  Equisétinées,  Cycadinées,  Salisbu- 
riées,  les  unes  appartenant  à  des  types  déjà  connus,  les  autres 
encore  inédites  ;  en  même  temps  Tétude  de  ces  nouveaux 
matériaux  m'a  conduit  à  rectifier  quati^e  ou  cinq  attributions 
établies  en  1882  sur  des  échantillons  insuffisamment  complets. 
Néanmoins,  je  ne  puis  que  répéter  aujourd'hui  ce  que  j'avais  dit 
dès  le  début  au  sujet  de  la  constitution  de  la  fiore,  qui  com- 
prend, avec  quelques  espèces  propres,  une  série  de  formes 
identiques  à  celles  des  couches  rhétiennes  d'Europe,  et  une 
série  de  formes  identiques  à  des  espèces  de  l'Inde  ou  de  l'Asie 
centrale  ;  les  unes  rencontrées  dans  les  Lower  Gondwanas, 
les  autres  dans  l'étage  de  Rajmahal,  ou  dans  la  chaîne  per- 
sane de  l'Elbours  dans  des  gisements  classés  d'abord  comme 
rhétiens  et  considérés   aujourd'hui   comme  liasiques. 

La  plupart  des  espèces  nouvelles  se  sont  montrées,  d'ailleurs, 
étroitement  alliées  à  des  espèces  déjà  connues,  soit  de  la 
flore  fossile  de  l'Inde,  soit  surtout  de  la  flore  rhétienne  ou 
liasique  de  l'Europe;  elles  semblent  tenir  dans  la  région  sud- 
asiatique  la  place  de  quelques-unes  de  ces  espèces  européennes, 
au  milieu  d'un  grand  nombre  de  formes  spécifiquement  iden- 
tiques de   part  et   d'autre. 

Un  seul  type  particulier  mérite  d'être  cité,  comme  différant 


500  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUB 

à  la  fois  des  formes  contemporaines  de  TEorope  aussi  bien 
que  de  Tlnde  :  c'est  un  genre  nouveau  d'Equisétinées  rappe- 
lant un  peu  nos  Annularia  paléozoiques  ;  je  ne  serais  pas 
surpris  que  ce  fût  cette  même  forme  qu'ait  observée  Scbenk 
dans  les  empreintes  rapportées  de  Lui-pa-kou,  dans  le  Hou- 
Nan,  par  M.  F.  von  Richthofen,  empreintes  dont  l'attribution 
au   Mouiller  me  parait  quelque   peu  sujette  à  contestation. 

L*attribution  au  Hhétien  des  dépôts  charbonneux  du  Tonkin 
semble  en  défmitive  de  mieux  en  mieux  confirmée  par  les  nouvelles 
récoltes  que  j'ai  reçues.  Aux  documents  paléobotaniques  est 
venu  d'ailleurs  s'ajouter  un  document  paléozoologique  qu'il  me 
parait  intéressant  de  signaler  :  M.  Sarran,  qui,  comme  la 
plupart  des  exploitants  locaux,  contestait  mes  conclusions 
i*elativement  à  Tàge  de  ces  dépôts  et  que  la  considération  do 
faciès  déterminait  à  les  rapporter  au  terrain  houiller  propre- 
ment dit,  m'a  envoyé,  à  la  fin  de  décembre  1899,  une  petite 
Ammonite  recueillie  par  lui  dans  une  des  couches  de  ses  exploi- 
tations de  Trang-Back  ;  la  mort,  qui  est  venue  le  frapper 
quelques  semaines  après,  n'a  pas  permis  à  M.  Sarran  de  faire, 
comme  il  en  manifestait  Tespoir,  d'autres  découvertes  de  même 
nature,  et  la  conservation  de  l'échantillon,  qui  n'est  qu'an 
moulage  par  le  charbon  du  vide  interne  de  la  coquille,  est 
malheureusement  trop  imparfaite  pour  qu'on  puisse  le  déter- 
miner avec  certitude  :  il  ne  semble  guère  douteux  cependant 
qu'on  ait  aflaii*e  là  à  une  forme  triasique,  plus  ou  moins  ana- 
logue aux  échantillons  de  Norites  signalés  à  Lang-Son  par 
MM.  Douvillé  et  Diener;  les  renseignements  fournis  par  la 
faune  sont  ainsi  d'accord,  a  bien  peu  près,  avec  ceux  qu'a 
fournis  Tétude  de  la  flore. 

En  dehors  des  gisements  du  Bas-Tonkin,  on  a  découvert 
il  y  a  quelques  années,  sur  le  haut  Fleuve  Rouge,  à 
Yen-Baï,  un  autre  gisement  de  combustible  fossile,  renfermant 
une  flore  toute  diflerente,  que  j'ai  signalée  en  iSgS  (i) 
comme  riche  en  feuilles  de  Dicotylédones.  J'ai  reçu  également 
depuis  lors,  de  M.  Beauverie  d'abord,  puis  de  M.  Sarran,  de 
nombreux  envois  de  ce  gisement  :  l'espèce  dominante  est  un 
Ficus,  assez  analogue,   ainsi  que  Tavais  indiqué,  au  Ficus  tUùf- 


(1)  Sur    des    empreintes    Tég<^tales     du   bassin    de     Yen-Bal     au     ToDkio 
(Bull.  Soc.    Géol.   fr.,  3«  Sér.,   t.  XXI,  p.  cxxxv-cxxxvi),  1893. 


R.    ZBILLER  50I 

Jolia  de  notre  Miocène  ;  j'y  ai  reconnu  en  outre  un  Saloinia^ 
rappelant  le  Salvinia  natans  actuel,  et  peut-être  plus  encore  le 
Sali>.  formosa  du  Miocène  d'Europe,  un  fragment  de  fronde 
flabelLée  de  Palmier,  des  feuilles  rubanées  de  Monocotylédones, 
et  des  feuilles  de  Dicotylédones  d'une  conservation  trop  impar- 
faite pour  pouvoir  être  sûrement  •déterminées,  mais  dont 
quelques-unes  cependant  ressemblent  fort  à  des  feuilles  de 
Dipterocarpus,  M.  L.  Laurent  a  figuré,  de  ce  même  gisement, 
une   feuille  qu'il  a  rapportée  au  genre  Litsœa  (i). 

A  ces  couches  de  combustible,  dont  l'âge  était  d'abord 
demeuré  incertain,  bien  qu'il  m'eût  paru  plus  vraisemblable- 
ment tertiaire  que  crétacé,  sont  associées  des  couches  argilo- 
schisteuses  renfermant  des  coquilles  d' Unio  et  des  calcaires  cris- 
tallins, presque  des  calcaires-marbres,  pétris  de  Paludines  ; 
MM.  Douvillé,  Munier-Chalmas  et  Vasseur  ont  reconnu  dans 
ces  Paludines,  que  la  nature  de  la  roche  ne  permet  de  dégager 
qu'avec  beaucoup  de  difficulté,  des  formes  très  analogues  à 
celles  du  Tertiaire  supérieur  européen.  Ici  aussi,  la  faune  est 
d'accord  avec  la  flore,  et  si  les  données  recueillies  sont  encore 
trop  peu  nombreuses  pour  permettre  une  conclusion  certaine, 
il  est  cependant  hors  de  doute  qu'on  a  affaire  là  à  une  for- 
mation tertiaire,  et  très  probablement  au  Tertiaire  moyen  ou 
supérieur. 


(1)  L.   Laurent,    Note   à  propos    de   quelques   plantes    fossiles    du  Tonkin 
{Annales  de  la   Faculté   des  Sciences  de   Marseille^  t.  X,  p.  145-151),  1900. 


5oa 


SUR  LA  TRANSFORMATION 
DES  VÉGÉTAUX  EN  COMBUSTIBLES  FOSSILES 

par  M.  L.  LEHIERE 

Essai  sur  le  rôle  des  ferments 

Il  ne  nous  paraît  plus  douteux  que  le  processus  de  formation  des 
combustibles  fossiles  ne  soit  microbien.  Cette  conception,  entre- 
vue par  M.  Van  Tieghem,  il  y  a  ving^  ans,  a  été  fortifiée  par 
les  travaux  de  M.  G.  Eg.  Bertrand  et  de  M.  B.  Renault,  et, 
en  dernier  lieu,  les  publications  de  M.  B.  Renault  dans  F  Indus- 
trie minérale  de  1899  ^^  ^9^^-»  ^^  permettent  plus  de  mettie  en 
doute  la  réalité  de  Tintervention  des  ferments  dans  la  genèse 
des  combustibles  minéraux. 

Dès  lors ,  Tassimilation  de  cette  fermentation  à  d'autres 
mieux  connues  ne  devait  pas  se  faire  attendre  :  c'est  ce  que 
j'ai  entrepris  de  faire  pour  la  fermentation  alcoolique. 

Les  réactions  du  malt  et  des  levures  sur  les  matières 
amylacées  dans  la  fabrication  des  alcools  neutres  m'ont  con- 
duit à  rechercher  tout  ce  que  Ton  connaît  aujourd'hui  de 
l'action  des  diastases  et  des  ferments  sur  la  cellulose.  De  là 
à  en  faire  une  application  à  la  formation  chimique  des  com- 
bustibles  minéraux,   il   n'y   a  qu'un  pas,    facile  à  franchir. 

Est-il  possible  d'assimiler  la  fabrication  de  l'alcool  à  la 
formation  de  la  houille  et  de  retrouver  dans  cette  dernière 
opération  accomplie  par  les  forces  naturelles,  les  mêmes  phases 
de  macération,  de  vie  microbienne  aérobie  et  anaréobie.  les 
mêmes  dégagements  de  gaz  et  finalement  un  enrichissement 
des  matières  premières  en  carbone,  phénomènes  que  Ton  repro- 
duit journellement  dans  l'industrie  ?  L'alcool  réuni  aux  pulpes 
et  aux  drèches   est-il   un  produit  comparable  à  la  houille? 

On  verra  plus  loin,  qu'il  y  a  analogie  complète  entre  U 
fermentation  alcoolique  et  la  fermentation  houillère  ;  mais  il  y 
a  en   outre  bien  d'autres   problèmes   à  résoudre. 

En  effet,  les  lois  stratigraphiques,  quelles  qu'elles  soient, 
qui  ont  présidé  à  l'entassement  des  végétaux   les   uns  sur  les 


L.    LEBnÈRB  5o3 

autres  et  à  leur  enfouissement,  n'ont  pas  eu  d'influence  sur 
les  modifications  ultérieures    qui  les  ont  atteints. 

C'est  une  autre  cause,  d'ordre  diiFérent,  et  dont  l'étude 
soulève  de  nombreuses  questions. 

1°  Ces  végétaux  enfouis  avaient-ils  déjà  subi  quelque  pré- 
paration  physique   ou  chimique  avant  leur  enfouissement  ? 

2<>  Et  après  leur  incorporation  aux  sédiments,  quelles  sont 
les  réactions   qui   se  sont  produites  dans  leur  masse  ? 

3^  A  la  faveur  de  quel  agent,  la  cellulose  sèche  contenant 
à  peine  5o  ^/o  de  carbone  arrive-t-elle  à  en  renfermer  jusqu'à 


0 


•> 


95  o/, 

4*^  Est-il  nécessaire  d'invoquer  l'intervention  d'un  agent 
extérieur,  ou  bien  les  végétaux  renferment-ils  en  eux-mêmes 
tous  les  éléments  de  leurs   transformations  diverses  ? 

5®  Quelle  est  la  nature  du  ciment  mystérieux  qui  relie  entre 
elles  les  parcelles  végétales,  pénètre  jusque  dans  leurs  pores 
et  souvent  constitue  toute   la  masse  ? 

6**  Pourquoi  y  a-t-il  des  anthracites,  des  houilles,  des  lignites 
et  des  tourbes  et  non  un  combustible  unique,  puisque  le  point 
de  départ  est  le  même  :  la  cellulose  toujours  identique  à  elle- 
même  ? 

7°  Pourquoi  des  variétés  telles  que  les  cannel  coals,  les 
bog-heads  et  les  schistes  bitumineux  ?  Peut-on  y  rattacher  les 
pétroles  et  les  asphaltes  ? 

8<*  Comment  se  sont  formés  le  grisou  et  l'acide  carbonique 
qui  accompagnent  si  souvent  les  couches  de  combustibles 
fossiles  ? 

9''  Comment  les  milieux  ambiants  ont-ils  acquis  l'antisepsie 
nécessaire  pour  la  conservation  des  tissus  végétaux  dans 
certains  cas  ? 

10°  Les  divers  combustibles  peuvent-ils  dans  leur  gisement, 
à  Tétat  fossile,  passer  de  l'un  à  l'autre  avec  le  temps  sans 
intervention  extérieure  ? 

11°  Enfin,  pourquoi  la  synthèse  de  la  houille  n'est-elle  pas 
encore   un  fait  accompli  ? 

La  présente  note  a  pour  but  de  'chercher  des  réponses 
plausibles  à  ces  diverses  questions,  c'est-à-dire  de  rechercher 
la  valeur  et  de  préciser  le  sens  des  expressions  vagues  dont 
on  se  sert  généralement  en  parlant  de  la  genèse  des  houilles  : 
macération,  bouillie  végétale,  eaux  brunes  chargées  de  matières 
humiques,  fermentations,  etc.  ;   ces  mots,  si  souvent  employés 


5ci4  VIU«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

sans  explication,  cachent  des  '  réactions  chaque  jour  mieai 
connues  et  à  la  faveur  desquelles  il  est  peut-être  déjà  possible 
de  soulever  un  coin  du  voile  qui  recouvre  encoi'e  les  circons- 
tances de  ce  phénomène. 

Exemples  de  végétaux  transformés 

En  faco  d'un  progi^amme  aussi  vaste,  il  est  nécessaire  Je 
subdiviser  la  question  ;  avant  de  ni'occuper  des  végétaux 
anciens,  il  m'est  indispensable  de  rappeler  certaines  trans- 
formations bien  connues. 

i^  Lorsqu'un  arbre  a  été  arraché  de  son  sol  de  végétation, 
chacun  sait  qu'il  ne  meurt  pas  aussitôt  et  qn*au  printemps  il 
pourrait  encore  donner  des  bourgeons  et  des  feuilles;  cela 
vient  de  ce  que  les  diastases  ou  ferments  so lubies  renfermés 
dans  ses  tissus  continuent  quelque  temps  leurs  rôles  avant  de 
s'altérer  et  favorisent  encore  la  circulation  des  matières  nutri- 
tives. Chacun  sait  aussi  que  si  cet  arbi*e  est  abandonné  en 
plein  air,  il  ne  tardera  pas  à  disparaître  sous  Faction  des 
ferments  vivants  toujours  abondamment  répandus  dans  l'at- 
mosphère :  il  y  a  deux  causes  d'action  qui  se  succèdent  :  l'une 
intérieure,  celle  des  ferments  solubles  :  l'autre  extérieui'e,  celle 
des  ferments  vivants  et  finalement  le  végétal  se  trouve  pres- 
que tout  entier  résolu  en  éléments  gazeux  dispersés  au  fur 
et  à  mesure  de  leur  formation  :  c'est  un  phénomène  d'oxy- 
dation ou  combustion  lente  ne  rencontrant  pas  d'obsUicle, 
tandis  que  dans  les  cas  suivants  il  se  produit  un  obstacle 
qui  est  l'eau  chargée  de  principes  antiseptiques  en  dissolution 
ou  produits  par  l'action  même  des  bactéries  sur  certaines 
parties  végétales  plus  faciles  à  attaquer  que  les  autres  : 
exemple,  l'action  du  Bacillus  amylohavter  dans  le  rcmissiige 
du  chanvre. 

2"  Vjn  ellet,  si  cet  arbn*  dont  je  viens  de  parler  est  placé 
dans  un  milieu  antiseptique,  c'est-à-dire  impropre  au  déveloj>- 
pement  des  microorganismes,  les  choses  se  passent  auti*enient. 
J'ai  vu  souvent,  aux  (environs  de  Cherbourg,  retirer  du  milieu 
des  sables  submergés  par  des  eaux  saumàtres,  des  pièces  de 
bois  considérables  mises  en  réserve  depuis  nombre  d'années 
(5o  à  loo  ans)  pour  les  b(*soins  des  constructions  navales  :  à 
part  la  couleur,  ces  bois  nt»  paraissent  pas  altérés  ;  cependant, 
on  constate  que  les  fibres  ligneuses   sont   devenues  plus  dures 


L.    LBMIÈRB  5o5 

mais  aussi  plus  cassantes  ;  elles  ont  peut-être  perdu  une  partie 
de  leur  résistance  à  la  flexion. 

Les  ferments  solubles  ont  pu  continuer  leur  rôle  quelque 
temps  après  l'immersion,  mais  Timbibition  du  sel  marin  n'a 
pas  taidé  à  les  dt^truire  de  même  que  les  ferments  vivants  qui 
avaient  pu  trouver  accès  :  dès  loi's,  les  tissus  végétaux  légè- 
rement  modifiés   sont  à  l'abri  de  toute  action   destructive. 

3**  Mais  on  trouve  aussi  dc^s  arbres  ensevelis  depuis  des 
siècles  dans  des  milieux  ne  présentant  pas  de  caractères  antisep- 
tiques spéciaux  et  servant  seulement  d'isolant  avec  l'atmosphère  ; 
c'est  un  cas  intermédiaire  entre  celui  des  arbres  abandonnés  en 
plein  air  à  la  surface  du  sol  et  celui  des  arbres  ensevelis  dans 
un  terrain  antisej)tique.  Quoiqmî  protégés  contres  les  agents 
atmosphériques  pai*  une  épaissse  couche  d'eau  ou  de  sédiments, 
ils  ont  subi  les  actions  des  deux  sortes  de  ferments  ;  nous  les 
retrouverons   à  l'état   de   lignite  ou  de  houille. 

D'une  manière  générale,  les  végétiiux  des  diverses  époques 
géologiques,  dans  ces  conditions,  se  sont  transformés  en  tourbe, 
lignite,  houille  ou  anthracite  sous  l'action  des  ferments  et  des 
antiseptiques  ;  ferments  solubles,  ferments  vivants  et  agents 
antiseptiques,  tels  sont  les  trois  facteurs  qui  ont  amené  la 
cellulose   à  l'état  de   combustible  fossih». 

D'où  viennent  ces  ferments  ?  comment  s'est  faite  cette 
action?  Pourquoi  les  végétaux  n'ont-ils  pas  disparu?  Pourquoi 
le  travail  bactérien  qui  a  tout  détruit  dans  le  premier  cas,  qui 
est  à  peine  esquissé  dans  le  second  cas,  s'est-il  trouvé  d'abord 
exalté,  puis  enrayé  dans  celui-ci?  C'est  ce  que  j'ai  déjà  fait 
entrevoir  ci-dessus  et  ce  que  je  continuerai  d'expliquer  dans  les 
paragraphes    suivants. 

4°  Supi)osons  que  le  distillateur  de  nos  jours,  au  lieu 
de  matériaux  de  choix  comme  les  grains  et  les  tubercules, 
introduise  dans  ses  a])pareils  des  végétaux  quelconques  et  qu'il 
les  soumetU?  au  même  traitement  chimique  et  microbien,  c'est- 
à-dire  à  l'action  des  diastases  et  des  levures.  On  sait  d'avance 
que  le  résultat  de  cette  opération  sera  un  dégagement  abondant 
de  gaz ,  et,  comme  résidu  asséché ,  un  magna  mucilagineux 
analogue  aux  drèches  de  brasserie,  de  couleur  brune  plus  ou 
moins  foncée  et  dans  lequel  les  feuilles  et  les  écorces  sont 
réduites  à  l'état  de  bouillie,  les  fibres  ligneuses  sont  altérées 
sous  l'action  des  ferments  :  il  y  a  eu  à  la  fois  modification 
physique    et  chimique. 


5o6  \UV  CONGRÈS  GÉOLOGIQUB 

Ces  phénomènes  lo,  a*,  3",  4**»  ^^s  uns  naturels,  les  autres 
expérimentaux,  sont-ils  de  nature  à  jeter  quelque  lumière  sur 
la  formation  naturelle  des  conil)ustibles  minéraux,  en  donnant 
Texplication  des  transformations  physiques  et  chimiques  néces- 
saires pour  passer  d'un  amas  de  végétaux  à  des  corps  qui  en 
sont  si  différents  d'aspect  et  de  composition  comme  les  houilles, 
les  lignites  et  les  tourbes? 

A  cette  question,  on  peut  répondre  aflirmativement,  mais 
à  la  condition  préalable  de  démontrer  Texistence  des  diastases 
libres  et  des  ferments  actifs  dans  toute  accumulation  végétale, 
à  toute  les  époques  géologiques,  et  surtout  de  faire  remarquer 
que  leur  action  transformatrice  était  alors,  par  Teffet  des  condi- 
tions climatériques,  surexcitée  à  Tégal  de  la  vie  végétative  : 
celle-ci  étant  toujours  une  conséquence   directe  de  celles-là. 

Des  diastases  ou  ferments  solubles  et  des  ferments  vivants 

Le  mot  diasfase  est  un  terme  général  employé  pour  désigner 
des  substances  organiques  très  importantes,  mais  encore  ma) 
connues.  On  les  appelle  aussi  ferments  solubles,  parce  que  leur 
action  est  souvent  concomitante  avec  celle  des  ferments  vivants 
dont  elles  sont  quelquefois  d'ailleurs  une  sécrétion. 

Ferments  solubles.  —  L'histoire  naturelle  des  végétaux  vas- 
culaires  nous  dévoile  à  chaque  instant  l'action  des  diastases, 
soit  pour  gélifier  les  celluloses,  solubiliser  les  matières  amyla- 
cées ou  saponifier  les  huiles  et  les  corps  gras.  Le  protoplasme 
des  cellules,  qui  est  le  même  pour  tous  les  êtres  vivants, 
renferme  les  éléments  des  diastases  ;  les  fructifications  et  les 
graines  en  sont  toujours  des  centres  abondants  de  production. 

On  peut  dire,  que  tout  amoncellement  de  végétaux  ren- 
ferme d'autant  plus  de  diastases  libres  qu'il  contient  plus  de 
fruits  et  de  graines  arrivés  à  maturité.  Je  ferai  l'application  de 
cette  remarque  à  chaque  époque  géologique  pour  en  tirer  des 
conséquences  importantes  qui  me  serviront  à  expliquer  les  dif- 
férentes sortes  de  combustibles  fossiles. 

Ferments  vivants.  —  Les  microorganismes,  toujours  abon- 
damment répandus  dans  l'air,  l'eau,  le  sol,  sont  particulière- 
ment adhérents  aux  végétaux  des  classes  plus  élevées.  Ils  ren- 
ferment également  dans  leur  protoplasme  les  éléments  des 
diastases  :  il  y  a  plus,  certains  d'entre  eux  agissent  comme  fe^ 
ments  vivants  sur  les  hydrates  de  carbone  en  contact,  et  celte 


L.    LEMIÈRB  «507 

action  ne  se  produit  qu'à  Taide  d'une  diastase  que  le  microor- 
ganisme  sécrète  lui-même  au  moment  011,  privé  d'air,  il  ne  peut 
vivre  qu'aux  dépens  du  milieu  ambiant  ;  alors  se  produit  le  phé- 
nomène de  la  fermentalion. 

L'origine  des  ferments  solubles  ou  vivants  dans  une  masse 
végétale  arrachée  de  son  sol,  n'a  donc  plus  besoin  d'être 
démontrée.  Quant  aux  conditions  physiques  de  leur  action  on 
sait  seulement  qu'une  lumière  trop  vive  ou  un  courant  élec- 
trique trop    fort  leur  sont  contraires. 

La  levure  de  bière  sèche  supporte  une  température  de 
100°  sans  périr.  Quant  au  rôle  de  la  pression,  on  sait  que  les 
pressions  excessives  retardent  simplement  l'action  microbienne. 

Ce  (fui  précède  nous  indique  que  les  ferments  vivants 
comme  les  ferments  solubles  agissent  par  un  principe  immé- 
diat qui  est  une  diastase.  Ces  diastases  sont-elles  identiques 
quelle  que  soit  leur  provenance  ?  Quel  est  exactement  le  rôle 
des  ferments  solubles  et  celui  des  ferments  vivants  ?  Je  ne 
saurais  le  dire  :  la  microbiologie  nous  apprend  seulement  qu'il 
n'est  point  d'action  diastasique  qui  ne  puisse  être  le  fait  d'un 
ou  de  plusieurs  microbes.  Les  diastases  sont  des  composés 
organiques,  connus  surtout  par  leurs  effets  sur  les  hydrates  de 
carbone:  ils  agissent,  en  les  rendant  solubles  et  par  suite  assi- 
milables. 

La  gélification  de  certaines  celluloses  à  l'état  ligneux  s'ob- 
tient par  l'action  prolongée  des  diastases  provenant  soit  des 
tissus   végétaux,    soit  de   la   sécrétion  des   microbes. 

En  réalité,  dans  la  nature,  une  très  faible  quantité  de  dias- 
tase peut  agir  sur  une  quantité  énorme  de  matière,  car  ici  le 
temps  devient  un  facteur  très  important. 

Assimilation  de  la  formation  de  la  houille 

A    LA    FABRICATION    DE   l'aLCOOL 

Les  paragraphes  précédents  indiquent  que  la  formation  des 
combustibles  fossiles  peut  être  attribuée  à  Faction  exercée  sur  la 
cellulose  par  les  ferments  solubles  et  les  ferments  vivants,  lorsque 
cette  action  est  limitée  par  l'intervention  d'un  agent  antiseptique. 

Avant  d'examiner  le  mode  de  formation  de  chaque  espèce  de 
combustible,  il  me  reste  à  signaler  en  faveur  de  cette  manière  de 
voir,  un  argument  important  tiré  de  l'assimilation  des  phases  de 
la  fabrication  de  T alcool  au  moyen  des  matières  amylacées  avec 
celles  que  Ton  connaît  de  la  formation  houillère. 


5o8 


VIU«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


Tableau  comparatif  du  processus  des  fermentations 


FERMENTATION  ALCOOLIQUE 

MATIÈRES 

Grains  et  tubercules  renfer- 
mant des  hydrates  de  carbone 
C™(HO)"  (amidon,  fécule,  cellulose) 
des  matières  azotées,  grasses  et 
diverses  et  des  sels  de  végéta- 
tion (azotates,  phosphates,  etc.) 
en   dissolution  dans  l'eau. 


FERMENTATION   HOUILLÈRE 
PREMIÈRES 

Végétaux  divers  renfermant  des» 
hydrates  de  carbone  C""  (HO)" 
(cellulose,  gomme,  résine,  chloro- 
phylle )  des  matières  azotées . 
grasses  et  des  sels  de  végéta- 
tion; en  outre  des  graines  et  dtfs 
fruits  renfermant  des  diasiases 
abondantes,  des  microorganisnies 
et  par  suite  des  ferments. 


MACERATION 


Par  la  cuisson  en  vase  clos,  on 
réduit  les  matières  premières  en 
une  bouillie  que  Ton  traite  par  le 
malt  :  Tamylase  (diastase  de  l'orge 
germée)  agit  en  quelques  heures 
sur  les  matières  amylacées  pour 
les  liquéfier  et  les  transformer  en 
glucose  ;  à  la  température  de  60^ 
environ  on  obtient  ainsi  le  moût 
glucosique  (sacchariflcation). 

FERMENTATION 

Introduite  dans  le  moût  gluco- 
sique, la  levure  de  bière,  qui  est 
une  bactérie,  commence  par  se 
développer  comme  ferment  aéro- 
bie dans  un  liquide  aéré  (levain). 
Ensuite  elle  devient  anaérobie  dans 
le  moût  et  attaque  le  glucose  qui 
se  trouve  décomposé  en  CO2  et  en 
alcool.  La  fermentation  s'arrête 
quand  il  n'y  a  plus  de  glucose  dans 
le  moût  ou  que  l'alcool  devient  en 
excès  et  rend  le  milieu  antiseptique. 


Les  diastases  contenues  dans 
les  fruits  et  les  graines  on  bien 
sécrétées  parles  microbes  agissent 
lentement  pour  transformer  les 
hydrates  de  carbone  en  nne  gelée 
humique  qui  est  la  base  fonda- 
mentale de  tous  les  combustibles 
fossiles  ;  la  quantité  de  diastase 
a  varié  avec  les  époques  géolo- 
giques. 

PROPREMENT   DITE 

Les  nombreux  ferments  apportés 
par  les  végétaux  prolifient  et  pol- 
lulent  (aérobies)  à  la  faveur  de 
la  macération  précédente.  Ensuite 
le  milieu  devenant  anaérobie,  ils 
dédoublent  les  hydrates  de  carbone 
en  gaz  (acide  carbonique  et  grisoo) 
et  en  hydrocarbures  qui  forment  le 
combustible  fossile.  La  fermenta- 
tion s'arrête  quand  par  suite  des 
hydrocarbures  produits,  le  milien 
devient  antiseptique. 


DISTILLATION 


Introduit    dans    les    appareils 
distillatoires,  le   moût  alcoolique 


A  la  température  des  cornues 
des  usines  à  gaz,  la  houille  donne 


L.    LBMIÈRE 


509 


donne  des  produits  divers:  l'alcool 
distillé  à  78",  au-dessous  et  au- 
dessus  de  cette  température  en 
recueille  des  bases  ammoniacales, 
des  acides  gras,  des  aldéhydes  et 
des  éthers. 


du  gaz  d'éclairage,dcs  eaux  ammo- 
niacales et  du  goudron  :  huiles 
légères,  huiles  lourdes  et  brai. 


RESIDUS 


Le  résidu  de  la  distillation  des 
combustibles  dans  les  cornues  des 
usines  à  gaz  et  du  coke. 


Les  résidus,  autrement  dit  les 
Hegmes,  sont  des  eaux  renfermant 
les  sels  de  végétation  et  de  la 
cellulose  sous  forme  de  pulpes  et 
de  brèches.  Celles-ci  carbonisées 
en  vase  clos  donneraient  pour 
résidu  tinal  du  coke. 


Dans  ce  tableau,  je  n'ai  inscrit  du  côté  de  la  fermentation 
alcoolique,  que  des  réactions  usitées  chaque  jour  dans  Tindus- 
trie  :  j'ajouterai  que  le  distillateur  peut  à  son  gré  modifier  la 
durée  des  périodes  de  vie  aérobie  ou  anacrobie,  suivant  qu'il 
veut  produire  en  majorité  de  la  levure  pressée  ou  de  ralcool. 
Bien  plus,  au  lieu  de  laire  travailler  comme  ferment  le  Saccha- 
roniyces  Pasforianus  ou  cerevisiœ  (levure  de  bière),  on  a 
trouvé  d'autres  microbes  qui  donnent  un  rendement  plus 
grand  en  alcool.  Enfin,  l'emploi  de  l'acide  fluorhydrique  dans 
l'acidification  des  moûts  a  permis  de  supprimer  encore  des 
pertes  de  fabrication  :  on  est  donc  complètement  maître  du 
phénomène. 

Du  côté  de  la  fermentation  houillère,  se  trouve  exposée  dans 
mon  tableau,  une  solution  du  grand  problème  de  la  transfor- 
mation des  végétaux  (*n  combustibles  fossiles. 

D'une  part,  l'étude  microscopique  des  combustibles,  réduits 
en  coupes  minces,  faite  par  M.  Renault,  ne  laisse  pas  de 
doute  sur  la  réalité  dune  action  dissolvante  exercée  par  les 
bactéries  sur  certaines  parties  tendres  des  végétaux  entassés 
les  uns   sur  les   autres  et  formant  la  matière  première. 

Les  matières  amylacées  qui  figurent  essentiellement  parmi 
les  matières  premières  de  la  fabrication  de  l'alcool  correspon- 
dent aux  parties  les  plus  altérables  des  végétaux  de  la  forma- 
tion houillère  :  dans  les  deux  cas,  il  y  a  eu  d'abord  préparation 
des  matières  premières,  c'est-à-dire  macération,  puis  fermenta- 
tion  caractérisée   par   un  dégagement  de   gaz. 

La  distillation  des   combustibles  et  celle  des  moûts  alcooli- 


5lO  VU1«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

ques  sont  également  bien  connues  dans  leurs  produits  el 
dans  leurs  résidus;  Talcool  qui  est  le  principal  produit  d'ua 
côté,  représente  Tagent  antiseptique   de   l'autre. 

D'autre  part,  nous  verrons  dans  l'étude  de  la  formation 
de  chaque  combustible  que  certaines  notions  très  simples  de 
botanique  et  de  géologie  permettent  d'établir  la  provenance 
et  le  rôle  des  ferments  solubles  ou  vivants  et  de  compléter  le 
parallélisme  des   phases  du  tableau    précédent. 

Loin  de  ma  pensée  la  prétention  de  vouloir  expliquer 
complètement  la  formation  des  combustibles  en  identifiant  les 
deux  phénomènes.  La  fermentation  houillère  réclame  d'autres 
diastases  et  d'autres  microbes:  il  y  a  seulement  entre  elle  et 
la  fermentiition  alcoolique  un  parallélisme  indéniable  dans 
l'ensemble   et  une  analogie   frappante  dans  les  détails. 

Cette  assimilation  qui,  je  tiens  à  le  faire  remarquer^  n'est 
point  une  conception  théorique,  mais  résulte  de  faits  essen- 
tiellement pratiques,  vient  s'ajouter  aux  exemples  que  j'ai 
cités  de  végétaux  transformés  de  diverses  manières  pour 
corroborer  l'explication  de  la  formation  des  combustibles 
fossiles  par  l'action  des  ferments  sur  la  cellulose,  et  pour 
fournir  une  suite  de  réponses  plausibles  aux  nonil>reuses  ques- 
tions posées  au  début  de  cette  étude  ;  elles  sont  en  ellet 
implicitement  contenues  dans  le  tableau  précédent. 

Je  me  propose  dans  les  paragraphes  suivants  de  voir,  dans 
chaque  cas,  si  la  suite  des  opérations  industrielles  peut  s'appli- 
quer à  la  formation  naturelle  des  combustibles,  en  faisant  remar- 
quer que  le  rôle  des  diastases,  c'est-à-dire  la  limitation  des  actions 
des  ferments  solubles  et  des  ferments  vivants  demeure  incer- 
tain :  ceux-ci  peuvent-ils  suppléer  à  l'absence  de  ceux-là,  c'est 
ce   que   l'on    ne   saurait  dire  exactement. 


Formation     des    houilles    proprement    dites    :     bog-heads. 
cannel-coals,  schistes  bitumineux,  pétroles,  asphaltes. 

Supposons  d'abord  un  amoncellement  de  végétaux  de 
l'époque  houillci'e  à  tissu  médullaire  très  développé,  goi^és 
de  sève,  aplatis  les  uns  sur  les  autres,  entreci*oisés  ilans 
toutes  les  directions,  entiissés  au  fond  de  l'eau  ou  recouverts 
d'un  commencement  de  sétliments  détritiques  encore  meubles. 
Une    pareille    masse    de    végétaux    renfermait    nécessairement 


L.    LEMIÈRE  5ll 

des  fructifications  et  des  graines  à  Tétat  de  maturité  et  par 
suite  des  diastases  en  abondance  provenant  surtout  des  pha- 
nérogames gymnospermes.  Je  ne  parle  point  des  gommes  et 
des  résines  ayant  pour  but  surtout  de  signaler  l'action  sur  la 
cellulose  :  cette  matière  étant  de  beaucoup  la  plus  abondante, 
toute  modification  qui  pourra  l'atteindre  devra  imprimer  au 
produit  final  un  caractère  prédominant. 

La  vie  végétale  à  T époque  houillère  était  caractérisée  par 
une  exubérance  qui  ne  connaissait  pas  d'arrêt,  puisqu'il  ny 
avait  pas  de  saisons.  Cette  absence  de  saisons  est  démontrée 
par  l'uniformité  des  plantes  houillères  trouvées  sur  toutes  les 
parties  du  globe,  et  l'uniformité  de  la  répartition  végétale 
implique  l'uniformité  de  température  :  la  régularité  d'une  tem- 
pérature chaude  et  humide  explique  bien  l'abondance  des  fer- 
ments de  toute  sorte  et  leur  égale  répartition  dans  une  masse 
de  végétaux  charriés  pêle-mêle  et  empruntés  à  toute  la  flore 
existante. 

Dans  un  pareil  milieu  imprégné  d'eaux  légèrement  acidifiées 
par  des  chlorures  et  des  fluorures,  l'action  des  ferments  en 
dissolution,  gélifiant  les  celluloses,  les  amenant  à  l'état  mucila- 
gineux,  devait  être  effective.  C'est  la  période  de  macération.  De 
plus,  ces  conditions  sont  essentiellement  favorables  au  déve- 
loppement des  végétaux  cellulaires  et  par  suite  des  ferments 
vivants. 

Il  y  a  des  raisons  de  croire  que  la  salure  des  mers  et 
des  grands  lacs  était  plus  faible  qu'aujourd'hui,  mais  à 
coup  sûr,  celle  des  lacs  peu  étendus  et  des  estuaires  était 
faible  ;  l'action  antiseptique  ne  venant  pas  du  milieu  ambiant 
ne  s'exerça  donc  pas  dès  le  début  de  la  formation  et  fut  plus 
tardive. 

On  peut  admettre  sans  erreur  qu'au  début  de  l'enfouissement, 
la  vie  végétative  ne  s'arrêta  pas  subitement  dans  les  plantes  et 
que  les  ferments  vivants  eux-mêmes,  à  la  faveur  de  l'air  dissous 
dans  l'eau,  purent  vivre  d'une  existence  aérobie  ;  ce  fut  le  moment 
de  leur  développement  maximum,  ils  pullulèrent  dans  toute  la 
masse  ;  mais  Tair  dissous  ou  entraîné  par  adhérence  aux  végétaux 
ne  tarda  pas  à  disparaître  totalement  ou  à  être  remplacé  par  de 
l'acide  carbonique  ;  dès  lors,  les  conditions  du  milieu  devenant 
anaérobies,  les  microorganismes,  en  vertu  de  leur  résistance 
à  l'asphyxie,  durent  vivre  aux  dépens  de  la  cellulose  rendue 
assimilable  par   les   diastases  ;  cette  période  est  celle  du  déga- 


5ia  VUI^   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

gemont  do  gaz  riches  on  O  et  H,  c'est-à-dire  de  la  fermenta- 
tion ayant  pour  conséquence  un  enrichissement  do  la  niasse  en 
carbone. 

Plus  tard  enfin,  les  conditions  du  milieu  favorables  d*abord  à 
la  vie  aérobie  des  rermonts.  puis  à  leur  vie  anaérohie,  devinrent 
impraticables,  mOme  aux  microorganismes,  par  suite  de  Tabon- 
dance  des  carbures  produits,  le  milieu  devenant  antiseptique. 
Toute  fermentation  s'arr«}to  d'elle-même  lentement,  soit  que  la 
proportion  des  produits  ne  soit  plus  compatible  avec  la  vie  de 
la  levure,  soit  que  celle-ci  ait  épuisé  toutes  les  matières  assimi- 
lables ou  bien  encore  <]ue  la  température  ait  dépassé  un  certain 
degré. 

Ce  moment  mar([ue  Tarrét  de  toute  modification  ultérieure, 
quel  que  soit  le  temps  écoulé,  s'il  ne  survient  aucune  cause 
extérieure  ;  mais  l'action  simultanée  des  ferments  solubles  et 
vivants  avait  désagrégé  les  tissus,  gélifié  la  cellulose  et  enrichi 
la  masse  en  hv<lrocarbures  et  en  carbone  libre  :  la  carbonisation 
était  faite,    mais  non   encore  la   houilliji cation. 

Pendant  les  actions  chimiques  et  microbiennes  ci-dessus 
décrites,  l'entassement  des  végétaux  était  en  même  temps 
soumis  à  une  certaine  pression  des  sédiments  supérieurs, 
pression  qui  avait  pour  effet  de  faire  pénétrer  intimement  la 
masse  par  les  diastases,  de  régulariser  la  stratification  d'abord 
grossière  et  d'achever  la  transformation   en   houille. 

La  grande  solubilité  des  diastases  et  Textréme  division  des 
ferments  expliquent  pourquoi  si  peu  de  tissus  ont  échappé  à 
leur  action,  qui  s'est  mémo  fait  sentir  sur  des  particules 
végétales  très  minces,  isolées  au  milieu  des  grès  et  des  schistes: 
ainsi  s'explique  la  formation  de  certaines  roches  remarquables 
difficiles   à  expliquer  autrement. 

Schistes  bitumineux,  Bog-hcads.  Cannel-coals 

Allons  plus  loin  encore  :  les  diastases,  en  excès  dans  le 
cas  des  phanérogames  gymnospermes  principalement,  devaient 
former  avec  la  cellulose  une  gelée  végétale  ti^op  abondante 
dans  certains  cas  pour  rester  empriscmnée  dans  la  masse. 
Comme  le  jus  du  raisin  sous  l'action  du  pressoir,  une  partie 
devait  quehpiefois  s'en  séparer  pour  s'écouler  ensuite  par  les 
points  de  moindre  résistance,  entraînant  avec  elle  des  parti- 
cules hétérogènes  <le  toute  nature,  et  pour  aller  s'épancher 
sur   les  couches  en   formation   en  aval,  sous  forme   de  bouillie 


L.    LEMièRE  5l3 

végétale  ou  à' eaux  brunes  chargées  de  matières  humiqnes; 
ces  eaux  visqueuses  allaient  ainsi  se  superposer  soit  à  des 
dépôts  de  végétaux,  soit  à  des  dépôts  sédinientaires  et  dans 
tous  les  cas  étaient  bien  disposées  pour  recevoir  et  englober 
dans  leur  niasse  tous  les  matériaux  en  suspension  dans  Teau. 
Ces  matières  elles-mêmes  organiques  ou  minérales  :  poissons, 
coprolilhes,  algues,  spores,  grains  de  pollen,  argiles  impal- 
pables, etc.,  n'étaient  pas  sans  action  sur  cette  gelée  fonda- 
mentale et  pouvaient  lui  communiquer  des  propriétés  nouvelles. 

Cette  manière  d'envisager  la  constitution  de  la  gelée  fonda- 
mentale n'est  pas  une  simple  hypothèse,  une  conception 
gratuite  et  dénuée  de  fondement,  car  les  contournements  si 
bizarres  que  Ton  trouve  dans  la  houille,  les  clivages  eux- 
mêmes  que  Ton  rencontre  à  chaque  instant,  même  dans  de 
petits  fragments,  impliquent  surtout  pour  la  gelée  fonda- 
mentale qui  est  ici  seule  en  cause,  un  état  pâteux  primitif  qui 
a  pu  aller  jusqu'à  la  production  de  coulées  sous  formes  de 
nappes  d'épanchement  au   fond   des  eaux   tranquilles. 

Indépendamment  des  sédiments  réguliers,  il  se  formait  dans 
les  aires  houillères,  une  sorte  de  colmatage  ou  de  limonage 
naturels  dont  les  éléments  étaient  amenés  par  les  courants 
d'eau  ou  par  les  vents.  C'est  à  eux  qu'il  faut  attribuer  la  for- 
mation des  boues  charbonneuses  solidifiées  que  l'on  trouve 
intercalées  parmi  les   bancs   de  houille. 

L'argile  devait  y  tenir  une  grande  place  et  son  action  sur 
la  gelée  pulpeuse  issue  des  masses  végétales  en  fermentation 
variait  suivant  que  cette  argile  avait  pris  l'état  colloïdal  ou 
avait  conservé  ses  propriétés  absorbantes  à  l'égard  des  matières 
organiques  liquéfiées.  Il  est  à  propos  de  faire  remarquer  ici 
que  les  argiles  impalpables  peuvent  rester  indéfiniment  en 
suspension  dans  l'eau  douce  tandis  qu'elles  sont  précipitées 
dans  l'eau  salée  :  cette  remarque  trouvera  son  application  plus 
tard,  quand  il  s'agira  de  comparer  la  composition  des  sédiments 
lacustres  avec  celle  des   sédiments  marins. 

Outre  les  poussières  argileuses  ou  arénacées ,  les  vents 
amenaient  à  la  surface  des  eaux  une  grande  quantité  de 
matières  végétales  légères  :  fleurs,  feuilles,  spores,  grains  de 
pollen  qui,  après  imbibition,  finissaient  par  gagner  le  fond  de 
l'eau  tranquille  et  s'incorporaient  à  la  gelée  fondamentale  de 
même  que  certains  microorganismes  tels  que  les  algues  et 
les  diatomées. 


:w 


5l4  VIU*"   CONGRÈS  GEOLOGIQUE 

Suivant  la  topographie  et  le  régime  des  vents  (l'une  localité, 
ces  accumulations  végétales  pouvaient  se  composer  de  certains 
organes  des  plantes  riveraines  de  préférence  aux  auti*es.  Ënûn, 
les  matières  englobées  par  la  gelée  pouvaient  être  exclusive- 
ment animales  :  cartilages  de  poissons,  écailles,  coprolithes, 
etc.,  ce  qui  explique  les  diflcrences  nettes  observées  enti'e  les 
bog-heads,  les  cannel-coals  et  les  schistes  bitumineux.  Ainsi, 
la  théorie  précédente  admet  les  injections  et  les  intei*cala- 
tions  qui  ont  été  décrites  d'une  manière  si  savante  et  si 
détaillée,  dans  ces  dernières  années,  par  les  belles  études  de 
plusieurs  savants  éminents,  botanistes  et  géologues. 

Dans  une  pareille  masse  formée  d'éléments  aussi  altéra- 
bles, les  actions  bactériennes  devaient  être  intenses,  aussi 
est-ce  dans  l'observation  microscopique  des  bog-heads  que 
M.  B.  Renault  a  aperçu  pour  la  première  fois  les  traces  de 
bactériacées  fossiles. 

Bitumes.  —  Parmi  les  inclusions  naturelles  découvertes  dans 
ces  variétés  de  combustibles  se  trouvent  les  bitumes  qui  sont 
aussi  un  produit  de  leur  distillation  industrielle.  Ces  bitumes 
dus  à  des  actions  microbiennes  si)éciales  se  trouvent  conden- 
sés sur  les  surfaces  de  retrait  des  clivages  ou  des  géodes. 
Quelquefois  leur  production  a  été  si  abondante  qu'ils  ont  pa 
s'épancher  sous  forme  de   larmes,  de   gouttes  ou  de   perles. 

Pétroles,  Asphaltes.  —  Connue  leur  densité  est  comprise 
entre  0,7  et  1,20  ils  devaient  tendre  à  se  séparer  de  la  masse 
pour  aller  se  déposer  ailleui's,  et  si  leur  formation  était 
active,  nous  trouvons  là,  sans  élévation  anormale  de  tempéra- 
ture, sans  distillation,  par  Teilet  seul  du  travail  bactérien  et 
de  la  dilférencc  de  densité,  un  mode  particulier  de  l'origine 
des  pétroles  et  des  asphaltes,  qui  se  trouvent  ainsi  rentrer 
dans  la  catégorie  générale  des   combustibles  fossiles. 

Formation  des  anthracites 

J'ai  parlé  des  houilles  avant  de  décrire  les  anthraeites 
parce  que  ceux-ci  peuvent  être  considérés  comme  une  variété 
des  premières,  variété  où  l'origine  végétale  est  bien  moins 
visible  ;  leur  structure  est  plus  homogène,  leur  densité  est  de 
2,00,  au  lieu  de  1,26;  malgré  cela,  ils  sont  plus  friables; 
la  composition  intime  est  donc  dill'érente,  bien  que  les  cir- 
constances de  la  formation  soient  les  mêmes. 


L.    LBMIÉRE  5l5 

On  trouve,  en  effet,  les  anthracites  surtout  à  la  base  du 
terrain  hou  Hier  ;  les  végétaux  qui  les  ont  formés  sont  surtout 
des  cryptof^ames  vascul aires  beaucoup  moins  riches  en  dias- 
tases  et  en  sécrétions  de  toute  sorte  que  les  végétaux  supé- 
rieurs ;  cependant,  ces  végétaux  plus  mous,  moins  Obreux, 
demandaient  un  travail  de  gélifîcation  moins  considérable  ; 
et  les  substances  transformatrices,  bien  réparties  dans  une 
masse  plus  compacte,  ontsuiïi  pour  la  carbonisation  complète  avec 
Taidc  du  temps.  La  carbonisation  a  été  plus  complète  qu'avec  la 
houille,  parce  que  l'antisepsie  est  intervenue  plus  tardivement. 
Les  végétaux  étaient  aussi  moins  chargés  primitivement  en  cen- 
dres, ainsi  s'explique  la  différence  de  constitution  entre  les 
anthracites  et  les  houilles.  Il  ne  parait  pas  y  avoir  eu  de  diffé- 
rence bien  grande  entre  la  fermentation  houillère  et  la  fer- 
mentiition  anthraciteuse,  sauf  que  celle-ci  a  été  peut-être  plus 
lente,    mais   sûrement  plus  complète. 

Comme  à  Tépoque  des  houilles,  la  salure  des  eaux  à 
l'époque  des  anthracites  était  faible  ;  il  ne  faut  donc  pas 
invoquer  leur  antisepsie  ;  pour  expliquer  Tarrêt  de  la  décom- 
position bactérienne,  il  faut  admettre  que  l'antisepsie  a  été 
pixxluite  par  ce  travail  lui-même.  Nous  verrons  à  propos  des 
tourbes  une  preuve  directe  que  les  eaux  ambiantes  acquièrent 
leur  propi'iété  antiseptique  par  l'acide  tannique  [)roduit  dans  la 
décomposition  bactéri(»nne. 

Certains  anthracites  ne  sont  que  des  houilles  métamorphi- 
sées  ;    elles   ne  trouvent  pas  place  dans  cette  étude. 

FOHMATION    DES    LIONTIES 

Les  lignites  renferment  en  moyenne  ^5  o/o  de  carbone,  la 
houille  et  les  anthracites  en  renferment  beaucoup  plus  ;  cepen- 
dant le  point  de  déi)art  est  le  même  :  la  cellulose  qui,  sèche, 
renferme  un  peu  moins  de  5o  o/o  de  carbone  ;  il  faut  donc  que 
les  agents  de  transformation  soient  différents  ou  aient  opéré  d'une 
manière  difl'érente. 

En  premier  lieu,  parmi  les  végétaux  qui  ont  formé  les  lignites, 
les  formes  actuelles  sont  en  majorité  ;  or,  celles-ci  renierment 
d'abondantes  diastases  <lans  leurs  fruits  et  dans  leurs  graines  ; 
il  semblerait  donc  que  la  gélifîcation  des  celluloses  aurait  dû 
être  com[)lète.  Il  n'en  est  rien,  la  structure  est  moins  homogène, 
\v  tissu  ligiu;nx  reste  apparent  en  beaucou[)  plus  de  points  que 


5l6  VIU«   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

dans  les  combustibles  précédents.  Cette  anomalie  qui  semble 
devoir  mettre  en  déroute  la  théorie  des  diastases,  en  est  à 
notre  sens,  une  confirmation  éclatante.  Il  ne  faut  pas  oublier,  en 
effet,  qu'un  intervalle  de  temps  énorme  nous  sépare  de  l'époque 
houillère,  et  qu'il  y  a  désormais  des  saisons  :  les  fructifications  et 
les  graines,  principales  sources  des  diastases.  sont  beaucoup  moins 
abondantes  et  moins  bien  réparties  qu'aux  époques  primitives: 
les  tissus  ligneux  sont  beaucoup  plus  développés  ;  enfin,  question 
importante  sur  laquelle  je  l'eviendrai  i)lus  loin,  les  microbes  sont- 
ils  les  mêmes? 

On  constate  dans  la  structure  et  la  composition  des  lignites 
beaucoup  plus  de  dillcrences  que  dans  celle  des  houilles  : 
les  causes  d'altération  ont  été  beaucoup  plus  variables  tout  en 
conservant  la  même  nature.  Il  y  a  de  gi^andes  différences  dans 
l'action  des  ferments  d'abord  et  dans  celle  des  antiseptiques 
ensuite.  Il  y  a  des  lignites  qui  se  sont  formés  dans  des  milieux 
nettement  antiseptiques,  tels  que  les  mers  actuelles  et  d*autrt*s 
dans  les  eaux  relativement  douces,  de  là  la  difféi^ence  de  conser- 
vation des  tissus  et  la  diflcrence  de  carbonisation. 

Formation  des  tourbes 

Les  tourbes  renferment  moins  de  carbone  que  les  lignites: 
le  mode  d'action  des  ferments  et  des  antiseptiques  a  donc 
encore  une  fois  varié  ;  les  végétaux  ne  sont  plus  les  mêmes. 
Leurs  éléments  sont  à  peine  comprimés  et  consistent  en  débris 
végétaux  plus  ou  moins  altérés,  que  l'éunit  une  substance  amor 
phe  ;  les  diastases  sont  réduites  à  celles  qui  sont  sécrétées  par 
les  ferments  vivants. 

Les  eaux  ambiantes  n'étaient  pas  ordinairement  chargées  de 
sels  antiseptiques  ;  cependant  on  a  des  preuves  directes  que 
les  tourbes  renferment  de  Tacide  tannique  qui  est  un  agent 
conservateur  des  substances  organiques  ;  il  provient  de  l'action 
bactérienne  et  se  manifeste  dès  son  début. 

Les  conditions  de  la  formation  des  tourbières  difi^rent  de 
celles  des  autres  combustibles  en  ce  que  la  transformation  des 
végétaux  se  fait  «  in  situ  »,  sur  le  lieu  et  dans  la  position  même 
deleui*  croissance  et  sous  les  eaux.  Cette  circonstance  qui  entraiDe 
une  certaine  uniformité  de  température,  les  rapproche  des 
conditions  houillères  dont  elles  s'éloignent  par  le  manque  de 
ferments  solubles  et  la  rapidité  de  T intervention  antiseptique. 


L.    LEMIÂRB  517 

Modifications  chimiques  de  la  cellulose 

Jiisqu*à  présent,  je  n'ai  fait  qu'effleurer  la  question  des 
modifications  de  composition  chimique  nécessaires  pour  passer 
de  Tétat  de  cellulose  organisée  à  celui  de  combustible  minéral. 
J'ai  montré  quelle  était  Torigine  du  ciment  qui  relie  entre 
elles  les  parcelles  végétales  et  qui  donne  aux  combustibles  miné- 
raux leur  aspect  amorphe.  J'ai  expliqué  ce  qu  il  fallait  entendre 
par  cette  bouillie  végétale,  ces  eaux  brunes  chargées  de  matières 
humiques,  cette  gelée  fondamentale  dont  on  trouve  partout  la 
trace.  J'en  ai  déduit  la  formation  des  cannel-coals,  des  bog- 
heads  et  des  schistes  4)itumineux.  Enfin  j'ai  expliqué  le  rôle 
capital  des  antiseptiques  provenant  du  milieu  ambiant  ou  •  de 
l'action  bactérienne  elle-même. 

Mais  ces  explications  sont  encore  insuffisantes  pour  expli- 
quer les  modifications  chimiques  constatées.  Comment,  en  effet, 
passer  de  la  cellulose  sèche  dont  la  teneur  en  carbone  n'atteint 
pas  5o  pour  cent,  à  celle  des  tourbes  (65  pour  cent),  à  celle 
des  lignites  (^5  pour  cent)  et  à  celle  des  houilles  et  des  anthra- 
cites (9o  et  95  pour  cent). 

On  explique  l'enrichissement  en  carbone  par  la  fermenta- 
tion, c'est-à-dire  par  l'action  des  microorganismes  sur  la  cellulose 
ou  la  gelée  fondamentale.  Les  microbes  pendant  leur  vie 
anaérobie,  résistant  à  l'asphyxie,  attaquent  la  matière  orga- 
nique et  en  provoquent  le  dédoublement  par  l'action  de  leur 
force  vitale  :  il  se  dégage  de  l'acide  carbonique  et  du  formène  ; 
il  y  a  élimination  de  l'oxygène  et  de  l'hydrogène,  et  comme 
résidu  il  reste  un  mélange  de  carbone  libre  et  de  produits 
carbures  qui  est  la  houille. 

Dans  le  laboratoire  on  a  pu  gélifier  la  cellulose  par  l'action 
prolongée  des  diastases,  mais  on  n'a  pas  pu  encore  la  carbo- 
niser par  l'action  des  microbes  connus. 

L'industrie  des  alcools  nous  présente  cependant  un  exemple 
d'enrichissement  en  carbone,  qui  vient  corroborer  l'assimilation  que 
j'ai  faite,  entre  cette  fabrication  et  la  formation  des  combustibles 
fossiles.  En  effet,  pour  faire  de  l'alcool,  on  part  d'une  matière 
amylacée  (amidon  ou  fécule),  renfermant  4^  pour  cent  de  car- 
bone: on  la  traite  par  le  malt  dont  la  partie  active  est  l'amy- 
lase,  une  des  diastases  de  l'orge  germée,  pour  former  du  glucose 
sur  lequel  on  fait  agir  ensuite  la  levure  de  bière.  Ce  ferment 
se  multiplie  d'abord  dans  sa  période  de  vie  aérobie  ;  puis,  dans 


5l8  VU1«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

sa  période  anaërobie,  il  dédouble  le  glucose,  en  acide  carbo- 
nique qui  se  dégage,  et  en  alcool  qui  reste  dans  le  uioût  :  or. 
Talcool  renferme  5»  pour  cent  de  carbone  ;  nous  sommes  encore 
loin  de  compte,  même  pour  la  tourbe  ;  mais  enfin,  il  se  produit 
une  action  dans  le  même  sens. 

La  cellulose  qui  a  formé  Tanthracite  renfermait  5o  pour 
cent  de  carbone,  Tanthracite  en  renferme  96.  L'enrichissement 
produit  par  le  microbe  inconnu  de  l'anthracite  est  45  pour  cent. 
Il  peut  donc  se  faire  que,  tôt  ou  tard,  on  arrive  à  trouver 
pour  chaque  combustible  les  conditions  du  travail  bactérien 
qui  ont  présidé  à  sa  formation.  Aucun  des  microbes  connus 
n*est  capable  d*une  pareille  transformation  de  la  cellulose. 

Conclusions 

Des  considérations  précédentes,  il  me  parait  logique  de  tirer 
les  conclusions  suivantes  : 

Les  facteurs  principaux  de  la  transformation  des  végétaux 
en  combustibles  fossiles  sont  :  les  ferments  soluhles,  les  fer- 
ments vivants  et  les  antiseptiques. 

Les  deux  premiers  sont  des  agents  de  transformation,  le 
troisième  est  un  agent  de  conservation  ;  les  ferments  soluhles 
ne  sont  peut-être  pas  indispensables  pour  obtenir  un  certain 
degré  de  carbonisation,  exemple  la  tourbe  ;  mais  quand  ils 
existent,  ils  développent  beaucoup  la  macération,  c'est-à-diit* 
la  formation  de  la  matière  fondamentiile  [)ulpeuse.  Les  fermenb» 
vivants  sont  les  agents  de  la  fermentation  et  par  suite  de  la 
carbonisation  :  enfin,  les  antiseptiques  sont  indis})ensables 
pour  limiter  la  transformation  en  gaz  et  sauver  de  la  des- 
truction  complète   une   partie   de  Taccumulation  végétale. 

A  Tépoque  des  anthracites,  les  ferments  vivants  ont  pro- 
duit le  maximum  d'elfet  reconnu,  puisque  le  carbone  atteint 
quelquefois  96  0/0  dans  le   combustible. 

A  r époque  des  houilles,  ce  sont  les  ferments  solubles  qui 
donnèrent  au  produit  son  caractère  prédominant  ;  c'est  à  Tabon- 
dance  de  la  gelée  végétale  que  Ton  doit  les  bog-heads,  les 
cannel-coals   et  les   bitumes  en  général. 

A  Tépoque  des  lignites,  il  y  a  des  variations  considérables 
dans  l'action  des  agents  ;  tantôt  l'un,  tantôt  l'autrt*  prédomine. 
L'antisepsie  du  milieu  ambiant  intervient  quelquefois,  comme 
dans  les  mers  actuelles,  pour  déterminer  la  formation  des  ligni- 
tes xyloïdes. 


L.    LEMIÈRB  5l9 

Enfin,  dans  la  formation  des  tourbières,  il  n'y  a  pas  appa- 
rence de  ferments  solubles  ;  il  y  a  abondance  de  ferments 
vivants,  mais  leur  action  est  rapidement  modifiée  par  Fanti- 
septique   qu'ils  produisent  eux-mêmes. 

Donc,  dans  le  cas  le  plus  général,  celui  des  houilles,  le 
processus  de  la  formation  des  combustibles  minéraux  est  dias- 
tasique  et  microbien  ;  c'est-à-dire  que  l'action  des  diastases 
correspond  à  la  «  macération  »  (sans  qu'il  soit  possible  de  dire 
si  ce  travail  appartient  exclusivement  aux  diastases  des  fer- 
ments solubles  ou  des  sécrétions  microbiennes)  et  que  l'action 
proprement  dite  des  microbes  correspond  à  la  «  fermentation  >>. 
Cette  période  se  divise  elle-même  en  deux,  correspondant  l'une 
à  la  vie  aérobie  pendant  laquelle  les  microbes  prolifient  et 
pullulent,  produisant  une  oxydation  générale  de  la  masse, 
l'autre  à  la  vie  anaérobie  pendant  laquelle  se  produit  le  dédou- 
blement de  la  cellulose  en  gaz  oxygénés  et  hydrogénés  qui  se 
dégagent  et  en  hydi'ocarbures  qui  finissent  par  arrêter  l'action 
bactérienne  elle-même  ;  le  dégagement  de  gaz  produit  un  enrichis- 
sement en  carbone  dans  le  résidu,  qui  est  le  combustible  fossile. 

Les  variétés  de  combustibles  s'expliquent  par  les  variétés 
de  sécrétions  végétales  et  surtout  par  l'abondance  plus  ou  moins 
grande  des  ferments  solubles  ou  vivants  et  quelquefois  dans 
les  lignites  par  l'antisepsie  plus  ou  moins  grande  du  milieu. 

Le  ciment,  autrement  dit  la  matière  pulpeuse  observée  dans 
tous   les   végétaux,   est   le   résultat  de    la  macération. 

Les  ferments  vivants,  arrivés  à  l'état  anaérobie,  ont  réagi 
sur  la  masse  de  végétaux  déjà  modifiés  par  l'action  des  fer- 
ments solubles  pour  les  dédoubler  en  gaz  qui  se  sont  dégagés 
à  travers  les  sédiments  du  toit  des  couches  et  en  hydrocarbures 
qui  ont  formé  la  houille.  Or,  les  matières  volatiles  que  ren- 
ferme un  charbon  dépendent  des  hydrocarbures;  elles  ne  sem- 
blent donc  nullement  liées  à  la  profondeur  ou  à  la  pression, 
mais  bien  à  la  nature  des  végétaux  et  des  microbes. 

Quant  aux  gaz  dégagés  (grisou  ou  acide  carbonique),  ils  dépen- 
dent également  des  sécrétions  végétales  et  surtout  des  microbes. 
Mais  on  comprend  que  rimi)erméabilité  plus  ou  moins  grande 
des  sédiments,  combinée  à  la  pression,  ait  pu  les  retenir  en 
plus  ou  moins  grande  quantité  dans  la  houille  ou  dans  le  toit 
des   couches    de  houille. 

Il  n'est  pas  nécessaire  que  les  végétaux  aient  subi,  avant 
leur  enfouissement,  aucune  action  physique  ou  chimique,  autres 


5aO  VIIl*"   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

que  celles  qui  ont  pu  se  produire  pendant  le  charriage,  puis- 
qu  ils  apportent  avec  eux  tous  les  éléments  nécessaires  à  leur 
transformation  ;  cependant  une  certaine  préparation  a  pu  avoir 
lieu  quelquefois.  La  formation  de  la  houille  n'est  pas  néces- 
sairement antérieure  à  son  enfouissement;  elle  a  ordinairement 
acquis  sa  composition  chimique  définitive  après  que  les  végé- 
taux ont  été,  suivant  l'expression  de  M.  de  Lapparent,  incorporés 
aux  sédiments. 

Il  n'est  pas  nécessaire  non  plus  de  faire  intervenir  aucun 
agent  extérieur  à  partir  du  moment  où  ils  se  sont  trouvés 
enfouis.  Gela  ne  veut  pas  dire  que  dans  certains  cas,  il  ne  se 
soit  pas  produit  des  influences  extérieures.  Ces  influences  ont 
même   été  démontrées  accidentellement. 

La  pression  n'a  pas  été  considérable  et  la  température  a  dû 
se  maintenir  aux  environs  de  Go^. 

Enfin,  chaque  combustible  est  arrivé  à  un  état  indéfiniment 
stationnaire  au  bout  d'un  certain  temps,  une  fois  les  diastases 
épuisées  et  les  microbes  éteints. 

Sauf  intervention  extérieure,  la  tourbe  arrivée  à  son  der- 
nier terme  restera  éternellement  de  la  tourbe:  les  lignites 
n'atteindront  jamais  l'état  de  houille,  ni  celle-ci  l'état  d'anthra- 
cites. De  l'état  végétal,  l'accumulation  de  végétaux  est  passée  à 
l'état  minéral  ;  le  temps  a  accompli  son  œuvre  et  cet  agent 
désormais  seul  en  présence  de  matières  inertes,  au  milieu  des 
autres  dépôts  sédimentaires  ne  peut  plus  exercer  sur  elles 
aucune   modification  en  dépit  de  son  immensité. 

En  résumé,  la  cause  de  la  transformation  des  végétaux  en 
combustibles  fossiles  demeure  la  même  à  toutes  les  époques, 
c'est  l'action  des  ferments  sur  la  cellulose  ;  son  essence  est 
invariable  ;  sa  modalité  seule  a  varié  à  travers  les  âges  et 
c'est  cette  modalité  qui  nous  a  donné  successivement  les  anthra- 
cites, les  houilles,  les  lignites  et  les  tourbes,  d'une  manière 
générale,  sauf  quelques  interversions  facilement  explicables 
d'ailleurs. 


5ai 


DU    BASSIN    DE    LA    LOIRE 

SUR   LES   TIGES   DEBOUT   ET   SOUCHES   ENRACINEES,    LES    FORÊTS 

ET    SOUS-SOLS   DE    VÉGÉTATION    FOSSILES,    ET   SUR    LE   MODE 

ET   LE  MÉCANISME   DE   FORMATION   DES   COUCHES 

DE   HOUILLE   DE   CE   BASSIN 

par    M.   C.   «RANO'EURY 


Des  bassins  houillers  isolés  et  indépendants  du  Centre  de 
la  France,  celui  de  la  Loire  est  certainement  le  plus  puissant 
et  probablement  aussi  le  plus  riche  en  houille.  Il  se  compose 
de  bas  en  haut  des  assises  et  étages  locaux  suivants  : 


Épaisseur 

Nombre 
DES  couches 

DE  HOUILLE 
EXPLOITABLE» 

Puissance 

TOTALE 
DU  CHARBON 

Brèches  de  base 

Faisceau    charbonneux    de 
Rive-de-Gier 

Grès  et  poudingucs  inter- 
médiaires stériles  .... 

Étajçc   productif  de    Saint- 
Étienne 

Série  d'Avaize  y  compris  la 
couche  des  Rochettes  .   . 

Poudingues   micacés    supé- 
rieurs  

Rothligende  ? 

Ensemble  .... 

4oo" 

lOO 

800 

900 

400 

5oo 
400 

3 

.  i5 
i3 

10"» 

30"» 
lO"" 

35oo™ 

3i 

5o"" 

Les  étages  inférieurs  n'occupent  qu'une  partie  de  la  surface 
du  bassin  houiller  ;  les  étages  supérieurs  sont  d'étendue  très 
restreinte.  Nulle  part  ils   ne   sont  tous  superposés. 

La  composition  lithologique  du  terrain  est  aussi  des  plus 
complexes. 


5a2  Vlll^  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

On  sait  que  par  ses  fossiles,  le  bassin  de  la  Loire  a  servi 
de  type  à  Tétage  dit  Stéphanien  (i). 

Les  arbres  enracinés  y  sont  nombreux  et  répandus,  les  sols 
de  végétation  fréquents. 

Si  les  arbres  et  souches  enracinés  avaient  réellement  poussé 
à  la  place  où  on  les  trouve,  ils  nous  donneraient  une  idée  des 
forêts  carboniiereg  productives  de  la  houille  (a),  quMls  l'epré- 
sentent  en  partie,  ce  qui  permettrait  de  conclure,  par  analo- 
gie, au  mode  de  formation  des  couches  de  charbon.  Ils  nous 
fixeraient  en  outre,  comme  on  verra,  par  voie  de  conséquences 
forcées,  sur  le  mécanisme  de  formation  du  bassin,  et  aideraient 
à  en  déterminer  la  structure  générale  encore  peu  connue. 

Il  y  a  ainsi  un  intérêt  de  premier  ordre  à  démontrer 
qu'ils  sont  à  l'endroit  natal,  et  c'est  pour  établir  ce  point  de 
fait,  pour  le  mettre  hors  de  doute,  qu'ont  été  dressées  et 
sont  exposées  douze  grandes  feuilles  de  dessins  représentant 
les  tiges  et  souches  enracinées  découvertes  depuis  plus  de 
lo  ans  dans   les  carrières  des  environs  de   Saint-Etienne. 

Sur  quelques  coupes  de  terrains  j'ai  indiqué  la  position 
des  forêts  fossiles,  et  distingué  par  des  couleui*s  différentes 
les  diverses  espèces  de  roches  dont  se  compose  le  bîissin 
houiller. 

Cela  dit,  je  vais  décrire   et  examiner  successivement  : 

I.  Les     tiges    debout    et     souches    enracinées     du    terrain 
houiller  ; 
II.  Les  forêts  et  sols  de   végétation  fossiles  ; 

III.  Leurs     rapports    avec    les     couches    de  houille,    et    le 

mode   de  formation  de   celles-ci  ; 

IV.  Leurs   rapports  avec    les    dépôts  houillère,    et  le  méca- 

nisme de  formation  du   bassin   de   la   Loire. 

V.   La  nature  et  l'arrangement  des  roches,  et    le  mode  de 
remplissage  de   ce   bassin. 

(1)  Los  genres  ot  espèces,  et  les  changements  verticaux  de  la  flore  fossile 
sont  ônumérés  dans  le  Livret-guide  du  Congrès. 

(2)  11  est  évident  que  sans  la  connaissance  de  cette  vi^gétation  ot  surtout  do 
milieu  où  elle  se  développait,  on  ne  saurait  se  faire  une  idée  clairo  et  nette  des 
conditions  de  formation  de  la  houille.  L'Association  britannique  pour  ravancement 
des  sciences  l'a  bien  compris  en  portant  k  l'ordre  du  jour  du  Congrès  de  Bradford 
en  septembre  dernier  «  The  condition,^  during  the  growth  ofthe  Coal-Mensurfi^  •. 
Mais  la  discussion  qui  a  suivi  entre  géologues  et  botanistes  n'a  pas  produit  les 
résultats  attendus 


c.  grand'eury  5a3 

1.   —   Tiges  debout  et  souches  enracinées 

DANS   le   terrain    HOUILLER 

Des  végétaux  enracinés,  je  ne  m'occuperai  que  des  plus 
communs,  de  ceux  cjui  par  cela  même  peuvent  le  mieux 
renseigner  sur  les  conditions  générales  de  formation  des 
couches  de  houille  et  du  bassin  houiller,  savoir  des  Stiginaria, 
des  Syringodendron,  des  Calamités  et  Calamodendron,  des 
Psaronius    (»t    Rhizoniopteris,   des   Cordailes, 

Des  Stigmaria 

On  sait  que  sous  forme  de  tiges  horizontales  traçantes, 
ces  fossiles  se  rencontrent  abondamment  dans  toutes  les 
roches,  et  dans  la   houille  elle-même. 

Je  les  ai  vues,  maintes  fois,  partant  de  nœuds  ou  bulbes, 
ramper  comme  des  coureuses  de  fond  de  marais,  sur  le  mur 
argileux  des  couches  de  houille,  attachés  au  sol  par  de 
nombreuses  racines  plongeantes,  et  pourvues  en  haut  d'appen- 
dices analogues  mais  sinueux,  emmêlés,  ayant  vraisembla- 
blement flotté  et  joué  le  rôle  de  feuilles,  car  ces  plantes 
sont  aquatiques.  I-.es  rhizomes  pénètrent  par  leur  extrémité 
libre  dans  le  sol  <le  végétation,  s'y  ramifient,  entourées 
d'appendices  radicaux  rayonnant  dans  tous  les  sens.  Cette 
partie  souterraine  et  les  racines  de  rhizomes  rampants  sont 
seules  conservées,   en  général. 

Les  racines  souterraines  se  sont  développées  différemment 
suivant  les  cas.  Dans  Targile  sableuse  et  perméable,  les 
racines  inférieures  sont  beaucoup  plus  longues  que  les  laté- 
rales et  surtout  que  les  supérieures.  Dans  les  schistes  feuilletés 
durs  ou  difficiles  à  traverser  par  des  racines,  elles  sont, 
au  contraire,  beaucoup  plus  longues  latéralement  que  par 
dessous  et  par  dessus,  tendant  à  se  mettre  toutes  dans  le 
plan  de  stratification.  Dans  les  schistes  charbonneux  cette 
disposition  est  très  accentuée  et  dans  la  houille  les  racines 
étalées  dans  le  plan  des  rhizomes,  constituent  des  éléments  de 
formation  autochtone. 

J'ai  bien  constaté  que  les  appendices  des  Stigmaria,  à 
une  distance  variable  des  rhizomes,  se  bifurquent  sous  un 
angle  de  5o"  à  120°  ;  les  branches  se  subdivisent  de  la  même 
manière,  à  plus  ou  moins  longs  intervalles,  diminuant  chaque 
fois  d'épaisseur   jusqu'à    n'être    plus    perceptibles    a    l'œil    iiu, 


5a4  Vlll*   CONGRÈS    GÉOLOGIQUE 

les  bifurcations  ne  s'opérant  ou  plutôt  ne  se  présentant  pas 
dans  le  même  plan,  d'où  est  résulté  un  entrecroisement 
inextricable  des  racines,  bien  connu  des  observateurs  et  qui 
ne  leur  laisse  aucun  doute  que  ces  végétaux  n'aient  poussé 
à  la  place  et  dans  la   position  où  on   les  trouve  actuellement. 

Des  Syringodendron  et  Stigmariopsis , 
des  troncs  debout  de  Sigillaires 

Dans  Tétat  normal,  les  tiges  debout  et  rompues  de  Sigil- 
laire  sont  tronconiques ,  évasées  à  la  base  où  elles  se 
prolongent  latéralement  par  de  grosses  racines  étalées,  courtes, 
ramifiées,  stigmaroïdes ,  les  extrémités  étant  pourvues  de 
radicelles  obliques.  Sur  sol  perméable,  la  souche  est  solide- 
ment fixée  par  quelques  racines  perpendiculairement  à  celles 
étalées  et  de  même  terminées  par  un  pinceau  de  radicelles. 
Sur  Targile  imperméable,  sur  les  couches  de  houille  notam- 
ment, les  tiges  sont  à  fond  plat  et  expalmées. 

Au  dessus  de  la  souche,  à  une  distance  variable,  la  base 
des  tiges  de  Sigillaires  est  ornée  de  glandes  simples  ou 
géminées,  auxquelles  ne  correspondent,  au  dehors  dans  la 
roche  où  elle  a   visiblement  poussé,  aucuns  appendices. 

Ainsi  représentés,  les  Syringodendrons  s'élèvent,  normale- 
ment à  la  stratification,  à  la  faible  hauteur  de  o°^5o  à 
I  mètre,  dépassant  rarement  deux  mètres.  Exceptionnellement 
Técorce  de  ces  tiges  porte  en  haut  des  cicatrices  foliaires  en 
face  de  glandes  analogues  à  celles  des  Syringodendron,  mais 
beaucoup  plus  petites.  Et  je  considère  comme  une  bonne  for- 
tune d'avoir  découvert  à  la  Grand'Combe,  un  Syringodendron 
debout  avec  des  feuilles  aériennes  encore  attachées  à  i  mètre  5o 
au-dessus  de  la  souche.  Dans  ce  cas  le  sol  où  la  tige  prend 
racines  s'est  vu,  durant  la  croissance  de  la  plante,  à  quelques 
mètres  seulement  de  profondeur  sous  Teau. 

11  est  bien  certain  en  effet  que  les  Syringodendrons  ont  vécu 
sur  place,  et  ce  qui  le  prouve  d'une  manière  toute  spéciale, 
c'est  que  les  racines  crampons  et  même  les  radicelles  traver- 
sent avec  la  roche  sous-jacente  les  feuilles  et  calamités  qui  y 
sont  stratifiées. 

Les  Sigillaires  sont  d'ailleurs  groupées  en  colonies,  comme 
les  tiges  de  plantes  qui  se  propagent  par  des  rhizomes 
souterrains.  Les  Syringodendrons  débutent  en  effet  sous  la 
forme  de  gros  tubercules  en  rapport  avec  des  rhizomes  vidés 


c.  gramd'eury  5a5 

et  par  cela  même  peu  apparents  mais  néanmoins  réels.  Un 
peu  plus  développés,  ces  tubercules  revêtent  l'aspect  d'oignons. 
Uétat  de   plein  développement  est  décrit  ci-dessus. 

Il  existe  un  autre  mode  de  gisement  des  Sigillaires  en 
place,  réduites  à  leurs  souches  non  plus  surnicmtées  de  tiges 
syringodendroïdes,  parfois  même  arasées  au-dessous  du  col- 
let. Ces  souches  encombrent  de  leurs  racines  certains  sols 
de  végétation  argileux.  Comme  il  n'y  a  pas  trace  d'éro- 
sion, force  est  d'admettre  que  les  tiges  correspondantes  ont 
poussé  leur  pied  dans  les  eaux  mortes,  hors  du  sol  de  fond, 
fixées  seulement  à  celui  ci  par  des  racines  de  Siigmariopsia. 
Et  c'est  ainsi  que  de  ces  arbres,  tombés  et  emportés  après 
leui»  mort,  il  n'est  resté  que  les  racines  qui,  lorsqu'elles  sont 
l'approchées,  sont  disposées  exactement  comme  celles  des  arbres 
qui   poussent  à   côté  les  uns  des   autres. 

Des   Calamités  et   Calamodendron 

Comme  on  le  voit  sur  les  tableaux  exposés,  les  Calamariées 
en  place  se  présentent  sous  des  formes  très  variées,  en 
rapport  avec  deux  modes  de  végétation,  tantôt  sur  les  aires 
de  dépôts  en  voie  d'accroissement,  tantôt  au  fond  des  marais. 
Aptes  à  avoir  pu  vivre  comme  leurs  analogues  vivants, 
dans  les  eaux  courantes  et  mortes,  elles  sont  des  plus 
répandues. 

Au  mur  de  la  î2^'  couche  au  Treuil,  se  trouvent  rassemblés, 
s'adaptant,  se  reliant  entre  eux,  tous  les  organes  du  Cata- 
mites  Suckowi,  comme  les  restes  d'une  plante  enfouis  dans 
la  vase  où  elle  a  poussé,  les  parties  aériennes  couchées  entre 
les  tiges  debout  et  au-dessus  des  rhizomes  représentant  avec 
les  racines  le  système  souterrain.  Les  rhizomes  naissant  de  la 
base  des  tiges  sont  traçants  ;  ils  se  relèvent  à  leur  extré- 
mité en  tiges  ascendantes  qui  passent  peu  à  peu  en  haut 
au  Cal,  Cistii,  De  la  base  des  tiges  verticales  et  de  leurs 
articulations  rayonnent  des  racines  horizontales  longues  de 
o"3o  à  o'^So,  et  des  joints  des  rhizomes  partent  des  racines 
également  étalées,  plus  courtes  ;  toutes  les  racines  sont  com- 
plètes, pourvues  de  leurs  radicelles,  et  dans  leur  position  de 
croissance,   on   pourra   s'en   rendre   compte. 

Dans  les  grès  et  schistes  alternants,  les  tiges  de  cette 
espèce,  issues  de  rhizomes  souterrains,  s'élèvent  normalement 
à  travei*s  les  bancs  de  roches  qu'elles    ont   troués.    Dans    les 


5a6  VIll®  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

argiles   les  rhizomes  sont  rampants,  les  tiges  traînent  à  la  sur- 
face, fixées  seulement  au  sol   par  quelques  racines   complètes. 

Ces  Calamités   sont  restées  petites  et  herbacées. 

Il  en  est  bien  dillerenmient  du  Cal,  cannaeformis  qui, 
susceptible  d'engendrer  du  bois  d'Arthropitus,  était  vivace  et 
ac([uérait   parfois  de  grandes   dimensions  en  hauteur. 

Les  tiges  d'un  même  individu  naissent  à  différentes  hauteurs, 
par  une  pointe  inférieure  cambi'ée,  de  rhizomes  souterrains 
ou  même  directement  de  tiges.  Parmi  les  tiges,  il  en  est  qui, 
avortées,  sont  restées  petites  et  herbacées,  parmi  les  autres 
plus  fortes,  maintenues  rigides  par  une  enveloppe  épaisse  de 
charbon  et  paraissant  avoir  pu  atteindre  une  hauteur  de  lo  à 
i5  mètres.  Rompues  en  haut,  elles  portent,  à  la  partie  supé- 
rieure seulement,  sur  des  articles  périodiquement  raccourcis, 
des  cicatrices  de  rameaux  tombés  et  aussi  de  feuilles  caduques. 
Elles  sont  enracinées  en   bas,  et  bien  en   place. 

Il  est  à  remarquer  que  les  tiges  vivaces  et  ligneuses 
sont  entourées  à  la  base  de  racines  adventives  tombantes, 
étalées,  formant  une  espèce  de  cùne  de  soutien,  et  par  laquelle 
ces  tiges  se  rendaient  indépendantes  des  rhizomes  et  pouvaient 
vivre  isolément. 

Or,  ces  racines  sont  très  nombreuses,  leurs  insterstices  sont 
occupés  par  des  argiles  alors  que  tout  autour  les  dépotai 
qu'elles  ont  influencés  sont  de  nature  gréseuse,  et,  ce  qui 
est  encore  plus  signiOcatif,  les  tiges  ainsi  entourées  de  racines 
penchent  souvent  dès  la  base  (ce  qui  a  fait  douter  à  tort 
qu'elles  sont  en  place).  Par  conséquent  leurs  racines  adventives 
se  sont  développées  librement  dans  Teau,  on  en  jugera  dans 
les  carrières. 

Les  extrémités  coniques,  dont  la  pointe  est  toujours 
tournée  en  bas,  des  tiges,  sont  fixées  au  sol  par  des  racines 
souterraines  très  rameuses.  Dans  les  schistes  argileux  qui 
ont  conservé  les  organes  les  plus  délicats,  ces  racines  sont 
en  possession  de  toutes  leurs  fibrilles  radicellaires  ;  ligneuses 
et  consistanti^s,  elles  ont  traversé,  en  poussant,  les  schistts 
et  les  empreintes  végétales  qui  y  sont  couchés  à  plat.  Elles 
sont   <lonc   bien   en  place. 

Sur  les  ai'giles,  au  fond  des  marais,  les  Arthropitus,  tout 
comme  les  Sigillaires,  ont  poussé  presque  tout  entier  dans 
l'eau  hors  du  sol  de  fond.  Et  comme  dans  ce  cas  après  la 
mort   de    la    plante,   ses  tiges   ont    été   détruites   ou  emportées. 


c.  grand'eury  52J 

il  n'en  est  souvent  resté  que  les  racines  souterraines.  Ces  racines 
en  place  dénotant  d'anciens  sols  de  végétation  sont  très 
communes,  on  les  trouve  implantées  dans  les  nerfs  de  la 
houille.  Les  Calamités  ont-elles  donc  pu  former  de  la  houille 
sur  place? 

Dans  des  conditions  analogues,  en  fait,  se  sont  formés  à 
Montramhert  des  schistes  charbonneux  composés  de  plusieurs 
générations  de  CaL  cannaejormis  entassés  et  enfouis  sur  place, 
à  l'état  de  tiges  et  racines  adventives  couchées,  de  rhizomes  et 
de  racines  souterraines  traversant  quelques-unes  des  tiges  le 
plus  bas   situées. 

Des  tiges,  stipes  et  rhizomes  de  fougères  enracinés. 

m 

Comme  bien  Ton  pense,  les  racines  de  fougères  sont  nom- 
breuses et  variées,  mais  appartenant  à  des  plantes  rhizoma- 
teuses  semi-aquatiques  comme  les  Calamariées,  on  les  trouve 
généralement  sans  tiges,   ni   stipes  attachés. 

Psaronius.  —  Cependant  sous  la  forme  de  Psaronius,  les  tiges 
de  fougères  sont  fréquentes  dans  les  forêts  fossiles,  entourées 
à  la  base  de  racines  adventives  innombrables  égales,  simples, 
formant  un  cône  de  végétation  par  lequel  ces  tiges  paraissent 
posées  sur  le  sol  ;  mais  elles  font  suite  à  des  rhizomes 
souterrains  ;  et  quelques-unes  de  leurs  racines  plongent  dans 
ce   sol. 

Comme  celles  des  Arthropitiis,  les  racines  adventives  des 
Psaronius  sont  emmêlées  à  l'extérieur,  les  tiges  avec  leurs 
racines  sont  souvent  inclinées  dès  la  base,  les  roches  chan- 
gent de  grains  et  les  dépôts  de  formes  d'un  côté  à  Tautre. 
D'où  il  suit  que  les  Psaronius  ont  aussi  poussé  à  peu  près 
entièrement  dans  l'eau,  au  fond  de  laquelle  s'étalaient  leurs 
racines. 

Aussi,  lorsque  ces  tiges  de  fougères  se  sont  développées 
sur  les  aires  de  dépôts,  ont-elles,  pour  continuer  à  vivre, 
émis  k  plusieurs  niveaux  des  racines  nouvelles  après  l'enva- 
sement des  anciennes.  C'est  ainsi  que  certains  Psaronius  sont 
entourés  de  plusieurs  cônes  de  racines  étages  ;  ces  racines 
pénétrant  dans  la  roche  sous-jacente,  relient,  comme  deux 
faits  concomitants,  la  végétation  sur  place  des  tiges  de  fou- 
gères au  dépôt    de   la    roche   encaissante. 

A  la  partie  supérieure  de  quelques  tiges  debout  de  Psaro- 
nius,   s'ébauchent  des  cicatrices  foliaires   discoidales  de   Pecop- 


5a8  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

teris.  Par  ces  cicatrices,  la  plupart  des  Psaronios  se  rapportent 
au  genre  P tychop teris ,  quelques-uns  cependant  appartiennent 
aux  Caulopteris  et  aux  Protopteris,  d'autres  s  éloignent  d'ailleurs 
beaucoup  du  type   habituel. 

Phthoropterls,  Rhizomopteris.  —  D'autre  part,  on  rencontre 
beaucoup  de  touffes  de  racines  souten*aines  ramifiées,  que 
leur  nature  me  fait  rapporter  à  des  fougères  herbacées,  maL<« 
dont  les   stipes  ont  presque   toujours   disparu. 

Parfois,  au  lieu  d'être  groupées  en  toufles.  des  racines 
analogues  sont  alignées  comme  celles  des  Stigmaria,  elles  me 
paraissent  dans  ce  cas  être  issues  de  rhizomes  de  fougères, 
qui,  ayant   rampé  à   découvert,  ont  aussi  disparu. 

Aulacopteris,  —  Avec  les  stipes  gigantesques  des  Névrop- 
téridées  gît  souvent  mélangé  un  important  chevelu  radicel- 
laire  que  je  suis  parvenu  à  leur  rattacher.  Ce  chevelu  dénote 
des  plantes  de  bas  fonds  très  humides,  sinon  des  plantes 
d'eau.  Il  résulte  de  la  subdivision  à  Tinfini  de  petits  i*ameaui 
inférieurs  probablement  submergés.  Les  stipes  eux-mêmes  sont 
enracinés  et  les  fougères  qu'ils  ont  portées,  à  défaut  de  fructi- 
fication, paraissent  s''être  propagées  et  multipliées  avec  profu- 
sion au  moyen  de  rhizomes  rampants  accrochés  au  sol  par 
des    griffes. 

Des  tiges  ligneuses   enracinées 

On  est  doublement  surpris  de  rencontrer  dans  les  forêt*? 
fossiles  de  nombreuses  tiges  ligneuses  enracinées  présentant 
les  formes  et  dispositions  de  plantes  variées.  La  plupart  se 
relient  aux   Cordai  tés. 

Mais  quelque  part  que  l'on  fasse  à  l'action  du  milieu  sur 
la  végétation,  les  tiges  ligneuses  enracinées,  révèlent  certaine- 
ment l'existence  de  plusieurs  genres,  car  dans  les  mêmes  cir 
constances  de  gisement  leurs  racines  principales  sont  tantôt 
étalés,  tantôt  plongeantes,  avec  ou  sans  pivot.  11  y  a  du  reste 
des  tiges,  à  racines  principales  étagées,  que  leur  structun* 
éloigne  des  Dadoxylon  ou  bois  de  Cordaïtes.  De  plus  les 
radicelles,  ou  sont  disposées  dans  un  même  plan,  serrées 
comme   les  dents  d'un  peigne,   ou  sont  diffuses. 

La  cohabitation  des  tiges  ligneuses  avec  les  Sigillaii*es  jwir 
exemple,  serait  de  nature  à  étonner  si  nous  ne  savions  que 
leur  analogue  vivant,  le  Taxodium  distichum^  ne  se  développe 
jamais  mieux  ni  plus  com])lètement  que  lorsque  son  pied  est 
maintenu  constanmient  sous  l'eau. 


c.  grand'bury  539 

Dans  les  schistes  fins,  les  racines  sont  entières  jusqu'aux 
radicelles  terminales  ;  ligneuses  et  consistantes,  elles  traversent 
nettement  la  roche  et  les  empreintes  végétales  stratifiées 
qu'elle  contient.  Les  tiges  ligneuses  enracinées  sont  donc 
bien  en   place. 

Or,  elles  sont  souvent  inclinées  ou  même  rompues  dès  la 
base,  et  tout  indique  que,  conmie  les  autres  tiges  debout, 
elles  ont  poussé  le  pied  dans  Teau,  hors  du  sol  de  fond,  sur 
lequel  rampaient  à  découvert  les  racines  principales.  C'est 
l)ourquoi  des  tiges  de  Cordaïtes,  il  n'est  souvent  resté  que  la 
souche  et  parfois  même  que  Textrémitc  des  racines  principales 
avec  les  racines  scîcondaires.  les  imes  et  les  autres  plus  ou 
moins  inclinées   et  ramifiées   dans   le   sol    de   végétation. 

Sur  sol  argih»ux,  les  racines  sont  étalées  et  la  souche 
ex])almée,  comme  celle  des  Syringodendrons,  mais  elles  sont 
entières   et  aussi  en  place. 

II.   —  Station    marécageuse  de  la  végétation  houillère. 
Forêts  et  sols   de  végétation   fossiles. 

De  cette»  descri])tion  rapide  des  plus  nombreuses  tiges 
enracinées  dans  le  terrain  houiller,  se  dégage  la  conclusion 
que  les  plantes  c^irbonifères  étaient  marécageuses  quoique 
arborescentes,  ayant  vécu,  comme  celles  qui  encombrent  le 
Dismal-swamp,  h»  [»ied  et  les  racines  adventives  dans  Feau, 
les   souches   et    rhizomes    rampant   sur   le    fond. 

Aucune  des  restaurations  faites  d<»  forêts  paléozoïques  ne 
tient  compte  de  ce  trait  de  mœurs  i)artagé  par  la  végétation 
presque   tout  entière. 

Par  leur  afiinité  botanique  et  grâce  au  mode  de  propaga- 
tion souterraine  du  plus  grand  nombre,  les  plantes  houillères 
pouvaient  vivre  ensemble,  soit  sur  les  aires  de  dépôts  en 
voie  d'accroissement,  soit  dans  les  eaux  mortes. 

De  ces  deux  stations  analogues  quoique  assez  difl'érentes, 
nous  sont  restées  les  forêts  fossiles  et  les  sols  de  végétation 
également  réjn'ésentés  en  grand  nombre,  sur  les  tableaux 
exposés  devant  le  Congrès. 

Des  forêts  fossiles 

Les  tiges  debout  ayant  poussé  sur  un  fond  exposé  aux 
atterrisse  me  nts,  forment  des  forêts  fossiles.  Celles-ci  sont 
simples  lorsque  les  troncs  d'arbres  dont  elles   sont  composées 


u. 


ô3o  VIII'  COMGHÈS  GÉOLOGIQUE 

prennent  racines  au  même  niveau.  Elles  sont  corai>osëes,  à 
sol  multiple,  lorsque  leui's  tiges  tronquées  naissent  à  différentes 
hauteurs  rapprochées. 

S'il   était  encore    besoin    de    j)rouver   que   les    tiges   enraci- 
nées sont    bien   en   place,  j'ajouterais,  par  surcroit  que  :  i^  les 
racines    des    arbn»s    voisins  passent  les  unes   entre    les   autres 
sans  se  déranger  mutuellement  :  2°  loi'sque  plusieurs  géiiéi*alions 
se  sont   succédé   sur    le    même    fond,   les    racines   des   souches 
supéri(»ures   pénètrent  en  tout   ou    en   partie   dans   les    souches 
inférieures  :  3"   les    schistes  sous-jacents  et    les    empreintes  de 
feuilles  et   de   minces    tiges    couchées    qu'ils    contiennent,   sont 
en    quelque    façon    cousus    ensemble   par    des    racines   qui   les 
ont    traversés  après   coup  ;   4'-   ^^  ^^^  rencontre  pour  ainsi  dire 
pas    de    débris     de     racines    souterraines    arrachées,    mutilées, 
transportées  et  stratifiées  avec  les  autres  organes    de    plantes: 
5°    l(*s    dépôts    où    se    dressent    les     foi'êts    fossiles     étant    de 
formation   pc'u  profonde,    sont  des   plus   irréguliei*s   comparati- 
vement  à   ceux    privés    de    racines  ;     (>"    souvent    enfin    gisent 
enfouis   au    pied   des  arbres  enracinés,    les    branches,    feuilles 
et  fructifications  qui  s'en  sont  détachées  durant  leur  croissance. 
Les    forêts   fossil(*s  n'ont  aucune   continuité,   elles  disparais- 
sent dans  certaines  d inactions,  souvent  même  elles  sont  réduites 
à  ties  bouquets  d'arbres,  n'ayant  pu   prendre  pied    que  sur  les 
bords  et   les  hauts-fonds  du  bassin  de  dépôts,  car  elles  avaient 
besoin  d'atteindre   Tair   pour   vivre   et  ])rospérer. 

Des  sols  de  végétation  Jossiles 

On  a  vu  qui»  les  arbres  des  forêts  fossiles,  poussant  dans 
les  eaux  mortes,  n'éUiit  fixés  au  sol  de  fond  que  par  quel- 
ques î'acines  souterraines.  Dans  ces  conditions  la  moindre 
cause  ilestructive  les  ont  fait  périr  et  disparaître,  ne  laissant 
à  la  place  que  les  racines  dans  le  sol  de  végétation.  Telle 
est  c(»rlainem(»nt  l'origine  des  sols  à  racines  tle  DaAvson.  Ils 
sont  aussi    iVéquenls  à   St-Elieime   qu'au  Canada. 

Les  racines  d'un  sol  de  végétation  sont  ligneuses  ou  her- 
bacées, ou  de  plusieui's  sortes,  groupées  individuelleuient, 
ench(»vêtrées  ou  espacées,  non   disséminées   et  bien   en  place. 

L'argile  de»  fond  (pi'ont  traversée  les  racines  a  éjuimYé 
]»ar  leur  végétation  «les  modifications  physiques  qui  en  (ont 
une  i-oche  à  part,  une  espèce  de  terreau  fossile,  que  les  géolo- 
gues anglais  désignent  sous  le  nom  d'Underclay.  A  St-Etienue. 


c.  grand'eury  53i 

ce  terreau  fossile  se  présente  non  seulement  au  mur,  mais 
aussi  dans  les  couches  de  houille  où  il  est  parfois  assez  chai*^ 
bonneux . 


111.   —    Rapport  des   tiges   debout,    soucues  et  racines 
en  place,  avec   la   houille,  et  mode  de  formation 

des  couches  de  charbon 

L41  question  de  la  formation  des  coudiustibles  fossiles 
divise   les   j^^éologues  phis    quv   jamais. 

Ce  cpii  les  préoccu[>e  surtout  c'est  de  savoir  si  la  houille 
s'est  formé<»    sur  place    ou   i)ar    transport. 

11  est  rationnel  d'interroj^^er  pour  cela  l'arrangtuut^nt  des 
débris  végcUaux  tlans  le  charbon,  les  forets  fossiles  et  sols  de 
végétation  en  contact  et  inclus,  la  station  des  forêts  carboni- 
fères.    l'état  du  bassin    de,  dépôt,  etc. 

Examinons  la   houille  à  ces  différents   points  de  vue. 

Et  d'abord  dans  le  charbon  qui,  connue  l'on  sait,  est  par- 
faitement stratifié,  les  feuilles,  stipes  et  tiges  sont  couchées  à 
plat  et  superposées  connue  les  feuillets  tl'un  livre,  ce  dont  on 
se  reml  parfaitement  couipte  lorsque,  ce  qui  arrivt^  souvent, 
le  charbon  passe  à  la  houille  schisteuse.  On  se  convainc  alors 
qu'elle  s'est  déposée  sous  l'eau.  On  ne  ]»arvi(mt  pas  en  tout 
cas  à  y  tlécouvrir  \v  moindre  indice  de  racines  ayant  traversé 
les    lames  cl    feuillets   )»arallèles   dont   elle   est  composée. 

Les  souches  et  racines  qui,  du  toit  ou  des  nerfs  intercalés, 
descendent  sur  le  charbon,  s'étalent  au-dessus,  s*y  ajoutant  s4l 
n'y  a  pas  interi)osition  d'argile,  mais  n  y  pénètrent  pas.  Le 
fait  est  constant  **t  me  parait  dû  à  cette  circonstance  que  la 
matière  végétale  s'étant  déposée  lentement  et  tassét»  au  fur  et 
à  mesure»,  s'c^st  opposée,  la  feruientation  aidant,  à  l'introduction 
des  racintîs  qui,  n'y  pouvant  vivre,  répugnaitmt  instinctivement 
de  s'v   enfoncer. 

Mais  s'il  n'y  a  pas  de  rapport  de  foruiation  comuiune  entre 
les  racines  en  plact»  et  le  chai'bon  stratifié  au-dessous  il  n'en 
est  jms  tout  à  fiiit  de  méuie  entre  les  souches  enracinées  et 
le  charbon  inunédiatemcnt  su|>erposé.  Souvent  leurs  racines 
principales  rampanlcs  font  corps  avec  le  charbon  formé  en 
partie  des  tiges  renversées  des  branch<'s  et  feuilles  tond>ées 
pn»sque  sur  place  des   mêmes  arbres   A  St-(^Jiamond.  [>ar  exem- 


53u  VIII®   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

pie,  la  connexion  est  frappante  entre  les  nerfs  traversés  des 
racines  de  Cordai  tes  ci  le  charbon  supérieur  formé  de  leurs 
tiges,  branches  et  feuilles.  Il  est  vrai  que  ce  charbon  est  mal 
stratifié,  tordu  connue  l'on  dit,  mais  il  est  inséparable  de 
celui  qui  le  recouvre  et  qui  est  formé  des  mêmes  parties  seu- 
lement déplacées  et  stratifiées. 

De  nombreuses  figures  représentent  ces  circonstances,  que 
depuis   quelques   années   je  m'eflbrce  de  bien  constater. 

Et  ce  qui  prouve  bien,  en  effet,  que  les  éléments  fîgun's 
de  la  houille  n'ont  pas  subi  un  long  transport,  c'est  que, 
identiques  de  tout  point  à  ceux  contenus  dans  les  schistes 
adjacents,  ils  sont  conservés  coumie  les  organes  de  plantes 
palustres  qui  tombent  à  Teau,  et  aucunement  comme  ceux 
des  plantes  de  terre  sèche  que  des  eaux  viendraient  à 
ramasser,  brasser  et   transporter  dans  un   lac. 

Il  y  a  ainsi  dans  certaines  couches  de  houille  des  indices 
de  formation  sur  place  ou  presque  sur   place. 

Cependant  les  forêts  fossiles,  le  plus  souvent  clair-semêes 
et  discontinues,  ne  sauraient  avoir  fourni  une  partie  notable 
de  la  matière  végétale  de  la  houille.  D'ailleurs  nombre  de 
couches  de  charbon  et  leurs  roches  encaissantes  sont  privées 
de   racines  en  place. 

On  peut  même  dire  que  la  majorité  des  substances  végé- 
tales  ayant  formé   la   houille  a  été   transportée. 

Mais,  toutes  les  houilles  ressemblent  à  celle  formée  à  peu 
près  sur  place  au  détriment  des  forêts  fossiles.  Les  niêiiies 
débris  se  retrouvent  partout,  accusant  une  seule  et  même 
station  des  plantes  carbonifères.  Les  tiges  et  racines  adven- 
tives  positivement  transportâmes  sont  identiques  aux  [)arties 
similaires  des  arbres  debout  enracinés.  Par  conséquent  les 
éléments  constitutifs  du  charbon  ont  été  empruntés  à  des 
forêts  marécageuses  faisant  sans  doute  suite  a  celles  qui 
s'installaient  provisoirement  dans  le  bassin  de  dépôt,  mais 
extra-lacustres,  permanentes,  au  pied  desquelles  s'élaboraient, 
comme  dans  les  toui'bicres,  Tlmums  ou  la  matière  fondamen- 
tale de  la  houille.  Le  bassin  de  dépôt  était  du  iH?ste  en  même 
temps  à  l'état  de  fond  de  marais,  le  mur  des  couches  de 
houille  rappelant  souvent  les  îirgiles  qui  sont  à  la  base  des 
tourbières.  Alors,  les  choses  se  passaient  comme  aujoiu^  hui, 
quoique  sur  une  autre  échelle  ;  les  débris  de  plantes  fossilt*s 
qui  tombaient  à  l'eau  aux  abords   des  marais  allaient  se  stra- 


c.  grand'eury  533 

tifier  dans  leurs  bus  fonds.  El  en  ellet  ce  que  je  sais  main- 
tenant de  la  végétation  subaquatique  des  forêts  primitives  m'a 
permis  de  discerner,  sur  le  bord  du  bassin,  des  veines  et 
(ilets  de  houille  crue  formés  sur  place,  correspondant  à  une 
|jetite  couche  de  bon   charbon  stratifié  sans  racines. 

J'avais  donc  bien  raison  de  dire  dans  une  de  mes  dernières 
coummnications  à  TAcadémie  des  Sciences  sur  le  même  objet, 
que  j'espérais  arriver  à  concilier  les  théories  apparemment  si 
opposées  de  la  formation  sur  place  et  par  transport,  en 
montrant  (|ue  certaines  couches  de  houille  sont  formées  par 
le  concours  des  doux  procédés  à  la  fois  connue  la  tourbe 
sous-aquatiqu(»   de  certains  marais. 

Mais  cela  expliqué,  il  faut  convenir  que  la  grande  masse 
de  la  houille  est  formée  exclusivement  de  sédiments   végétaux. 

L'on  ne  manquera  pas  de  poser  la  question  :  pourquoi  y 
a-t-il  si  peu  de  charbon  formé  sur  place  ?  La  réponse  est 
facile  :  les  marais  permanents  où  s'élaborait  la  tourbe 
primitive  ayant  été,  par  leur  position,  inaccessibles  aux  apports 
ties  sédiments  minéraux,  sont  restés  à  découvert  et  ont  par 
cela   même  disparu. 

J'ai  acquis  la  conviction,  dans  de  nombreux  voyages  au 
centre  de  l'Europe,  qu'il  en  a  été  de  môme  des  stipites, 
des  houilles  brunes  (Braunkohle)  et  des  lignites  :  il  ne  nous  est 
parvenu  en  sonnue  des  marais  tourbeux  des  différentes  époques 
géologiqu(»s,  que  leurs  parties  stratifiées  dans  les  bas-fonds, 
qui  ont  i)u  être  recouvertes  de  limon  et  [)ar  ce  moyen  protégées 
contre   la   destruction. 

Ce  que  ncms  voyons  se  produire  dans  le  monde  vivant  ne 
permet  pas,  en  tout  cas,  de  supposer  que  le  charbon  s'est 
déposé  au  fond  de  lacs  sous  les  eaux  mouvantes  qui  détrui- 
sent les  matières  végétales  accunmlées.  Les  recherches  de 
MM.  B.  Renault  et  C.  E.  Bertrand  sur  le  cannel  coal  et  la 
matières  fondamentale  de  la  houille  nous  invitent,  tout  au 
moins,  à  admettre  qu'elle  s'est  formée  dans  des  eaux  mortes 
ou   tranquilles  de  marais. 

Dans  ces  conditions  comportant  l'arrêt  de  la  sédimentation,  la 
houille  s'est  précipité  av«»c  l'extrême  lenteur  et  la  grande  exten- 
sion des  roches  rubané(*s.  Ses  joints  argileux  peuvent  corres- 
pondre à  de  longues  périodes  de  repos,  comme  en  témoigne  une 
de  mes  coupes.  La  concentration  des  forêts  fossiles  et  sols  de 
végétation  auprès   t»t   dans  les  couches   de   houille  dénote  pour 


534  VIII«   CONGRÈS   GÈOLOGIQUR 

les  puissîint«»s  couches  des  formations  de  1res  longues  dui*ées. 
Et  ce  qui  le  prouve  encore,  c'est  Tétat  de  décomposition  ivè< 
avancé  des  éléments  des  roches  de  l(»ur  toit,  les  nouvelles 
combinaisons  chimiques  (pii  y  ont  pris  naissance  et  leur 
imprégnation  charbonneuse,  manifestant  par  tout  cela  avoir 
attendu  très  longtemps  au  contact  des  marais  avant  d'iUn* 
transportées  et  déposées   sur   les   couches   de   houille. 

IV.   —    Rapports  des   forêts   fossii.es  avec   les    dépôts 

HOUILLERS,    et    MECANISME    DE    LA     FORMATION 
DU    BASSIN     DE    LA    LoiRE 

Dessinées  fidèlement  avec  le  plus  grand  soin,  les  circon- 
stances de  t(is(Mm»nts  des  liges  (Miracinées  démontrent  à  l'évi- 
dence  que  c<»s  tiges  ont  poussé  sur  place».  Par  suite  les  bancs 
de  niches  où  tdh»s  prennent  racines  se  sont  trouvés  pendant 
leur  dépôt,  à  (pielqiuvs  mètres  seulement  tle  profondeur  sous 
l'eau,   à    lo  ou    i5   mètres  tout  au   plus. 

Cela  étant  actpiis,  iorsfpie,  comme  au  Treuil,  à  Montraiii- 
bert,  etc..  on  v*>it,  à  intervalh^s  rapprochés  <(uoique  variables, 
des  forêts  fossih»s  se  succèd(»r  sur  des  épaiss(»urs  de  terrains 
de  5o  à  loo  mètres,  on  peut  être  c<»rtain  <pie  p(*n*lant  leur 
dépôt,  le  (Vmd    s'est  affaissé    lentement  de    la   même   hauteur. 

Lors([in»  comme  à  Beaubrun,  à  la  Cirand'Combe,  les  forets 
fossiles  sont  séparées  par  dt»s  séries  importantes  de  rochei^s 
en  bancs  réguliers  dépourvus  de  racines  <»ii  place,  il  est  à 
présumer  que  là  il  s'est  produit  dt»s  aflaissements  brusques  et 
notabl(»s  pendant  la  formation.  Par  contre  iicms  avons  vu 
qu'à  la  formation  de  chaque  couche*  de  houille  <rune  certaine 
importance»,  corr<»spond  uiu»  plus  ou  moins  longue  périmle  «le 
stabilité   du   sol. 

Et  ainsi  p(Midant  la  formation  d(»s  terrains  charbonneux 
où  se  dr(»sseiit  des  forêts  fossiles,  il  semble  bit»n  que  les 
dépôts  siî  soient  elléctués  à  une  faible  prolVmtleur  d'eau,  sur 
un  fond  mobile  soumis  à  des  aflaissements  continus,  lents  <»u 
brusques,    coupés   tie    repos. 

Mais  les  forêts  fossih»s  sont  distribuées  très  irrégulièi'ciuent 
tant   en    hauteur   (pi'en    surface. 

A  TerrcMioire  il  ne  s'en  trouve»  qu'auprès  de  la  couche  des 
Rochetle»  ;     il    ne    parait    pas    y    en     avoir    à     la     Roai'e,    à 


c.  grand'burv  535 

St-Genest-Lerpt,  *îi  Montsalson,  dans  des  assises  qui  en  pos- 
sèdent ailleurs.  Cependant  au  dessus  de  la  i*"**  couche  et 
dans  toute  répaisseur  du  faisceau  9*,  10®,  iv  et  I2«*  couches, 
il  y  a  presque  partout  des  tiges  enracinées.  Celles-ci  se  présen- 
tant ainsi  dans  toute  l'étendue  et  à  toutes  profondeurs,  de  la 
Malafolie  à  la  Chazotte,  au  Treuil  à  '3oo  mètres  de  profon- 
deur, à  Villehœuf  à  600,  force  est  d'admettre,  en  vertu  des 
prémisses,  (|ue  le  bassin  s'est  creusé  de  toute  son  épaisseur 
pendant  sa  formation.  Mais  la  profondeur  d'eau  était  très 
variable  dans  le  temps  et  dans  l'espace,  ici  plus  grande  que 
là,  toujours  peu  considérable  pendant  la  formation  du  charbon  : 
l'abaissement  était  toujours  inégal,  mais  à  peu  j)rès  propor- 
tionnel, les  couches  de  houille,  à  part  quelques  exceptions, 
étant  toult*s  plus  rapprochées  ou  plus  espacées  dans  un  dis- 
trict  que  dans  un  autre. 

Quant  aux  étages  stériles,  leur  formation  me  pai*ait  avoir 
été  précédée  de  véritables  effondrements  se  rattachant  à  des 
mouvements  orogéniques.  Il  n'y  a  évidennnent  qu'un  impor- 
tant mouvement  général  du  sol  qui  ait  pu  avoir  poui*  résultat 
la  substitution,  partout  en  même  temps,  aux  roches  feldspa- 
thiques  de  l'étage  de  Hive-de-Gier,  des  poudingues  bréchi- 
formes  (juarzo micacés  de  St-Chamond,  qui  constituent  le  substra- 
tum  des   couches  de  St-Etienne. 

Aussi  y  a-t-il  discordance  entî*e  ces  deux  sortes  de  dépôts 
de  provenances  diiVérentes,  et  indépendance  d'allure  de  Tétiige 
de  St-Etienne  par  rapport  h  Tétage  de  Rive-de-Gier,  qu'il 
déborde   de  beaucoup  à   l'ouest. 

Apres  la  formation  des  poudingues  de  St-Chamond,  les 
atlaissements  nécessaires  à  la  continuation  des  dépôts  se  pro- 
duisent de  ce  côté  et  en  même  temps  se  portent  vers  le 
sud  ou  les  dépôts  se  restreignent.  Et  tiindis  que  le  bassin  se 
creuse  de  plus  en  plus  vers  le  sud,  l'aile  no!*d,  comme  par 
un  effet  de  balancement,  s'exonde  et  se  détruit.  On  rencontre 
en  elfet  de  ce  côté  presque  partout  :  au  Cluzel,  au  Gros,  à 
Méons,  à  TEparre,  etc.,  des  brèches  de  schistes  argileux  et 
des  fragments  de  houille  remaniée,  provenant  de  l'aile  nord 
du  bassin. 

Le  témoin  le  plus  irrécusable  de  sa  surélévation  et  des- 
truction pendant  la  formation  est  fourni  ]>ar  le  démantèlement 
presque  complet  des  dépôts  siliceux  dv  St-Priest,  dont  les 
débris  peu  roulés  contribuent  à  former,  dans  une  large  mesure. 


536  Vlll'    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

les  poudingues  supérieurs  de  Tétage  de  Rive-de-Gier.  notam- 
nient  au  Maniquet,  à  la  Ghana,  et  surtout  à  Grand'Croix.  où 
les  calcédoines  remaniées  nous  ont  conservé  à  la  perfection  les 
débris  les  plus  délicats  d*un  grand   nombre  de    végétaux. 

Au  reste,  des  dislocations  contemporaines  des  dépôts  s'ac^îii- 
sent  par  de  nond)reuses   roches  éruptives  inter stratifiées. 

Sur  la  bordure  nord,  de  Landuzières  à  Montra ynaud.  le 
terrain  houiller  a  été  énergiquement  niétaniorphisé.  principa- 
lement à  Cizcron,  par  des  sources  silico-teldspathiques  qui.  à 
Saint-Priest.  ont  dcmiié  lieu  au  dépôt  de  bancs  épais  de  calcé- 
doine intercalés  dans  ce  terrain.  Je  rapporte  à  la  même 
cause  qui  a  ouvert  des  geysers,  l'émission  de  l'eurite  quarzi- 
fère  qui.  à  Grand'Croix,  forme  une  nappe  de  ao  mètres 
d'épaisseur  interstratifiée  à  aoo  mètres  au-dessus  de  la  gi'ande 
couche   de  Rive-de-Gier. 

Après  la  révolution  qui  a  précédé  la  formation  du  .»iubs- 
tratum  du  bassin  de  St-Ktienne  proprement  dit,  d'autres  sources 
et  d'autres  roches  éruptives  se  sont  fait  jour  par  des  cassures 
nouvelles  certidnement  en  rapport  avec  la  faille  du  Pilât  qui 
a  joué  durant  la  formation  de  ce  bassin.  C'est  en  tout  cas 
seulement  au  sud  du  bassin  que  les  dépôts  ont  été  rubéfiés 
à  différents  niveaux  par  des  sources  ferrugineuses,  et  que 
gisent  interstratifiés  un  grand  nombre  de  bancs  d'une  roche 
feldspathique  plus  au  moins  siliceuse,  dite  gore  blanc.  A  Patroa. 
au  Mont-ferré,  cette  roche,  indillcrente  à  la  nature  des  terrains 
encaissants,  est  semi-cristalline,  contenant  du  mica  brun  :  eu 
s'éloigna nt  du  bord  sud,  elle  passe  au  tuf  et  finalement  vers 
le  centre  du  bassin  à  des  argiles  brun  chocolat.  Au  contact  du 
gore  blanc,  les  grès  sont  quarzitifîés,  les  bois  silicifiés,  le 
charbon  raie   le   verre. 


V.   —    Nature  des   roches,   arrangement   des  dépôts 

ET    MODE    DE     REMPLISSAGE    DU     BASSIN     DE    IJL    LoiRE 

Naguère  encore  l'on  pensait  que  les  couches  de  houille 
sont  k  peu  près  parallèles  et  équidistantes.  on  les  classait  et 
déterminait  les  tailles  en  conséquence,  avec  une  exactitude 
qu'ont  confirmée  les  travaux  de  mine. 

Aujourd'hui  la  théorie  des  deltas  remet  tout  en  question. 
11  importe  de  savoir  si  elle  est  applicable  au  bassin  de  la  Loire. 


c.  grand'rury  537 

Les  arbres  debout  et  souches  enracinées  vont  nous  fournir 
d'utiles   indications   à   cet   égard. 

A  part  les  roches  d'origine  éruptive  dont  il  vient  d'être 
parlé,  et  un  petit  banc  de  calcschiste,  tout  le  bassin  houiller 
est  composé  de  sédiments  élastiques. 

Uap[)elons  que  ces  sédiments  sont  de  deux  natures  très  diffé- 
rentes, faciles  à  distinguer,  les  uns  j)rovenant  de  la  destruction 
du  granité,  les  autres  des  micaschites.  L(;s  prcsmiers  ont  formé 
des  grès  blancs  ([uarzo-feldspathiques  et  des  schistes  argileux 
délitables,  les  seconds  des  poudingues  verdàtres,  des  grès  gris 
quarzo-micacés,  et  des  s(;histes  séricileux  ou  micacés,  peu 
altérables.  Ils  n'ont  pas  encore  été  distingués  sur  les  coupes 
de  terrain,  et  cela  est  fort  regrettable,  car  à  St-Etienne  du 
moins,  la  distribution  des  richesses  liouillères  est  subordonnée 
à  celle  des  roches,  en  ce  sens  que  les  couches  de  charbon 
s'altèrent  et  disparaissent  dans  les  roch(»s  micacées.  C'est  ainsi 
qu'à  Test  de  St-Kti(»nne,  là  où  ces  roches  dominent,  le  bassin 
est  stérile.  J'ai  (*ssayé  sur  les  nombreuses  coupes  d'ensemble 
et  de  détail  présentées  à  l'appui  de  cette»  communication,  de 
les   distinguer    par   des   couleurs  différeiitt^s,  vert  et   rose-clair. 

A  l'exanu^n  de  ces  coupes  on  voit  que  l'étage  productif  de 
St-Etienne  est  formé  conjointement  de  roches  granitogènes 
et   micacées. 

Sur  la  coupe  par  Avaize  et  TEparre,  l'aile  sud-est,  à 
Terrenoire,  est  à  l'exclusion  de  la  butte  d' Avaize,  entièrement 
micacée,  tandis  qu'à  l'opposé,  au  Gros,  l'aile  nord  est  entiè- 
l'ement  feldspathiquc»  et   argileuse. 

Voici  comment  les  deux  espèces  de  roches  se  [)résentent 
les  uns  par   rapport  aux  autres  dans   l'intervalle. 

Et  d'abord  les  dépôts  granitiques  s'amincissent  vers  le  sud, 
les  grès  y  deviennent  plus  fins,  et  de  plus  et  cela  est  non 
moins  significatif,  les  tiges  enracinées  dans  ces  dépôts  pen- 
chent souvent  vers  le  sud  et  le  sud-est,  par  conséquent  les- 
dits  dépôts  sont  le  produit  de  cours  d'eau  ayant  débouché 
dans   le  bassin  au   nord   ou   au   N.-O..   d'une   part. 

Les  roches  micacées  augmentent  au  contraire  d'épaisseur 
et  de  grosseur  vtM's  le  sud,  les  tiges  fossih»s  qui  y  sont 
enracinées  p(»ncheut  au  nord  parfois  fortement,  par  suite  nul 
doute  que  ces  roches  généi'alement  grossières  n'aient  été 
apportées  par  des  cours  d'eau  plus  rapides  descendant  du 
sud,    d'autre  part. 


538  vni*  CONGRÈS  géologique 

Plusieurs  afHuents  de  sens  opposé  ont  ainsi  concouru  siuiul- 
tanément  au   remplissage  du  bassin  de  St-Etienne. 

Or,  sur  les  coupes  de  Patroa  à  Méons,  et  de  la  Béraudièn» 
à  Montmartre,  ou  verra  <iu'eii  avançant  les  uns  vers  les  autres, 
les  deux  soi'tes  de  dépôts  se  ramilient  pour  ainsi  dire  sans 
se  mélanger,  alternant  entre  eux  sous  la  forme  de  coins  si 
allongés  qu'ils  paraissent  concordants.  De  la  7®  à  la  8"  couche 
une  assise  de  roches  micacées  s'avance  du  sud  au  N.-O..  de 
I  à  î2  kilouiètres,  entre  des  roches  granitogènes.  Li»s  coupes 
montrent  d'ail lem's  que  les  couches  de  houille  passent  de  ces 
roches  occupant  l'aile  nord,  à  Taile  sud  dans  les  roches 
micacées,  en  conservant  assez  bien  leur  distance  et  parallélisme. 
Nulle  part  on  ne  voit  de  dépôts  convei'gents  comme  ceux 
des  deltas   lacustres  allant  à  la   rt»ncontre   les  uns   des   autres. 

Or,  dans  les  assises  et  coins  de  roches  différentes  alter- 
nants, sont  implantées  tantôt  dans  les  unes,  tantôt  dans  hs 
autres,  parfois  dans  les  deux  sorties  de  dépôts  superposés  à  la 
fois,  des  forêts  fossiles.  D'où  il  suit  que  dans  le  centime  du 
bassin  les  dépôts  se  sont  formés  à  peu  près  horizontalement 
à  peu  de  profondeur  «l'eau,  comuie  ailleui»s  du  reste.  Par  con- 
séquent ils  n'ont  pu  s'accumuler  dans  tout  le  bassin  de 
St-Etienne  sur  900  mètres  d'épaisseur  que  grAce  à  un  affais- 
sement égal   et  progressif  du  fond  de  vase. 

Pourtant  à  St-Etienne,  couune  ailleui^s,  plusieurs  cours  d'eau 
ont  contribué  ensemble  au  remplissage  du  bassin  mais  leui*s 
apports  respectifs  s'étalaient,  formant  des  deltas  aplatis  si  Ton 
peut  dire  ainsi,  tantôt  en  recul,  tantôt  en  avance  les  uns  par 
rapport  avec  les  autres.  C'est  ce  qui  explique  leur  alternance 
en  coins   entre  couches  tle  houille  parallèles. 


539 


ESSA I 

SUR  l'origine,  la  nature,  la  répartition 

DES    ÉLÉMENTS    DE    DESTRUCTION    DES    VOSGES, 
i>i;  versant  lorrain  et  des  régions  adjacentes 

DU      bassin     de     la     SAÔNE 

par  M.  BLEICHER 

Planche    III 

Des  recherches  poursuivies  pendant  phis  de  trente  années 
d<»s  deux  côtés  (K's  Vosges,  nous  permettent  aujourd'hui  dv  j)ré- 
suuier  et  de  présenttîr  sous  la  forme  d'une  carte  schémaiU/ue 
les  résultats  d'une  enquête  sui*  l'origine,  la  nature,  la  répai'ti- 
tion  des  éléuients,  Ja  destruction  des  Vosges  du  versant  lorrain 
et  des  régions  adjacentes  du  bassin  de  la  Saône.  C'est  en 
efïet,  jusqu'à  nouvel  ordre,  la  seule  manière  de  représenter 
cette  disj)ersion  irradiant  au  loin  les  uiatériaux  originaires 
de  cette»  chaîne,  aucune  carte,  quelque  détaillée  qu'elle  soit, 
ne  donnant,  ni  ne  pouvant  donner  leurs  limites  dans  les 
conditions  où  on  doit  étudier  forcément  ces  déchets,  c  est- 
ci  dire  en  tenant  compte  aussi  bien  des  cailloux  isolés  en 
nombre  suffisant,  mélangés  ou  non  à  des  produits  de  dénu- 
dation  sur  place,  que  des  puissants  dépôts  de  blocs,  de 
cailloux,   de  sable,   d'argile  et  de   marne. 

Quoi  qu'il  en  soit,  les  cartes  géologiques  à  grande  échelle 
des  départeuieuts  d(»  la  Lorraine  (ran<;aise,  de  la  Lorraine 
annexée  ont  servi  à  établir  cette  carte  schématique,  concur- 
remment avec  les  données  fournies  pour  le  bassin  de  la  Saône 
par  un  zélé  collaborateur,  M.  A.  Gasser,  de  Mantoche  (Haute- 
Saône).  Pour  une  grande  partie  du  plateau  lorrain,  et  pour 
une  |)ortion  du  bassin  di»  la  Saône  (environs  de  Gray),  ces 
renseigneuients  ont  été  complétés  par  des  recherches  person- 
nelles  faites   sur   le  terrain. 

Les  expressions  alhwion,  dilui\ium  ont  été  écaillées  parce 
que  dans  l'établissement  de  cette  carte,  il  a  été  tenu  compte 
de  tous  les  déchets  quelle  que  soit  leur  oi'igine  et  leur 
naturcî  première,  leur  altération  môme,  sous  la  réserve  qu'ils 
soient  sûrement  d'origine  vosgienne.  Ce  sont  donc  :  les  gros 
blocs  arrondis   de  grès  vosgien,    trouvés    récemment  à   la  cote 


Ô40  VIll"   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

417  sur  le  plateau  de  Haye,  par  M.  le  capitaine  du  génie 
Bois  ;  les  cailloux  pugilaires,  ou  de  petite  taille  qui  sont 
échelonnés  de  cette  hauteur  maximum  sur  les  flancs  des 
plateaux  jusqu'aux  terrasses  et  aux  grèves  du  fond  de  nos 
vallées  fluviales  :  les  grès,  sables,  marnes.  Tous  les  étages 
géologiques  de  la  chaîne  affleurant  sur  le  versant  lorrain,  y 
sont  représentés  par  des  échantillons  plus  ou  moins  facilement 
reconnaissahles,  par  suite  de  leur  origine  de  transport,  de 
ruissellement,  et  leurs  modifications  chimiques  souvent  tivs 
profondes.  Ce  sont  le  plus  souvent  des  roches  meubles,  sauf 
les  grès  siliceux,  micacés,  à  ciment  calcaire,  que  nous  venons 
de  découvrir  sur  h»  plateau  de  Haye  à  la  Fourasse  de  Malzéville 
près  de  Nancy. 

Au  point  de  vue  de  leur  âge,  on  peut  les  diviser  en  deux 
séries  :  dépôts  continentaux  anciens  répandus  sur  les  plateaux, 
les  flancs  des  vallées  se  présentant  ordinairement  démantelés, 
remaniés,  attribuables  connue  origine  première  aux  temps 
préquaternaires  :  dé[)ôts  généraleuient  fluviatih»s  cantonnés  dans 
le  fond  des  vallées,  jusqu'à  une  faible  hauteur  au-dessus  tle 
leur  thalweg,  attribuables  aux  tem|)s  quaternaires  et  post- 
quaternaires. 

H  est  bien  entendu  que  nous  n'avons  pas  la  prétention 
d'avoir  suivi  ces  déchets  vosgiens  anciens  et  plus  récent«i 
jusqu'à  la  limite  extrême  de  leur  dispersion.  Les  plus  anciens, 
sans  liaison  aucune  avec  la  topographie  actuelle,  débordent 
par  l'Aire  dans  le  bassin  de  la  Seine,  dans  le  bassin  de  la 
Saône  jusque  vers  Lyon  et  se  rencontrent  d'autre  part,  d'aprè< 
M.  Rutot,  dans  le  bassin  de  la  Meuse  inférieure  en  Belgique. 
Où  s*arrètent-ils  entraînés  ainsi  plus  ou  moins  loin  de  leur 
lieu  d'origine,  étapes  par  étapes  ?  Nul  ne  peut  le  dire. 
Quant  aux  dépôts  de  la  seconde  série,  surtout  les  plus 
récents,  ils  suivent  les  vallées  fluviales  actuelles  et  sont  le 
plus  souvent   en  concordance  avec  la  topographie   actuelle. 

D'ores  et  déjà,  les  dépôts  de  la  première  série  que  nous 
nous  sommes  eflbrcés  d'isoler,  de  séparer  de  ceux  de  la 
seconde,  auxquels  ils  se  mêlent  et  passent  trop  souvent, 
paraissent  avoir  une  grande  analogie  aux  points  de  vue  de  la 
nature  minéralogique,  de  Tallure  des  gisements,  avec  ceux  île 
la  vallée  du  Rhin  attribués  au  pliocène  par  les  géologues 
chargés  de  la  description  géologique  de  l'Alsace,  et  nous 
serions    tentés   d'y   ajouter    inutatis   mutandis^    les    formations 


BLEICHBR  541    . 

oligocènes  et  miocènes  si  nettement  détritiques  pour  la  plupart. 
Pour  établir  ce  parallélisme,  il  suflira  de  tenir  compte  de  la 
dilTé renée  qui  existe  entre  la  vallée  du  Rhin,  longue  dépres- 
sion régulière  remplie  peu  à  peu,  au  cours  des  temps,  par  les 
débris  des  Vosges  et  de  la  Forêt  noire,  plus  tard  par  ceux 
des  Alpes,  classés  par  ordre  d'ancienneté  de  bas  en  haut, 
et  le  plateau  lorrain  où,  seuls  les  déchets  vosgieiis  ont  pu 
pénétrer  et  se  sont  étalés  et  étendus  au  loin,  ne  trouvant  pas 
généralement  de  dépression  préparée  d'avance  pour  les  recevoir. 

La  répartition  des  déchets  vosgiens  attribuables  aux  temps 
préquaternaires,  la  seule  indiquée  sur  la  carte,  suggère  un 
certain  nombre  de  réflexions  et  amène  à  des  conclusions  que 
nous  résumons   dans   ce  qui  suit  : 

On  rencontre  des  blocs  arrondis,  des  cailloux,  des  grès, 
des  sables,  des  marnes  sableuses  d'origine  vosgienne  à  des 
altitudes  très  grandes  (417  m.),  i5o  m.  au  dessus  du  niveau 
des  vallées  de  la  Meurthe  et  de  la  Moselle,  à  plus  de 
100  kilomètres  à  vol  d'oiseau  de  l'axe  de  la  chaîne  des 
Vosges  (plateau  de  Haye),  des  blocs  anguleux  de  cailloux  de 
môme  origine  à  3o-4o  mètres  et  plus  au-dessus  du  niveau  de 
la   Saône   au  niveau  de   Grav. 

Nous  avons  tout  lieu  de  croire  que  ces  dépôts,  en  parti- 
culier ceux  du  plateau  de  Haye,  sont  très  anciens,  mais  qu'ils 
ont  été  remaniés  après  coup.  Hs  ne  peuvent  en  eft'et  corres- 
pondre qu'à  l'époque  reculée  où  le  plateau  lorrain  communi- 
quait librement  et  directement  avec  les  Vosges  ;  plus  tard 
mélangés  avec  les  produits  de  la  dénudation  locale,  et  précipités 
dans  les  lissures  ou  dépressions,  ils  contiennent  souvent  des 
fossiles  quaternaires. 

Au-dessous  de  cette  limite  extrême,  on  les  trouve  sur  les 
flancs  de  ce  même  plateau,  sous  Ibrme  d'amorces  de  terrasses, 
à  environ  5o  m.  au  dessus  du  thalweg  de  la  vallée  de  la 
Moselle  (Villey-le-Sec)  ;  les  terrasses  bien  développées  ne 
dépassent  guère  l'altitude  de  10-20  m.  au  dessus  de  ce  même 
niveau,  et  leurs  éléments  sont  échelonnés  sur  toutes  les  courbes 
de  niveau  intermédiaires  entre  ces  deux  cotes  descendant  jus- 
qu'aux grèves  actuelles. 

On  peut  les  suivre  des  Vosges  dans  les  bassins  de  la 
Meuse  (Beaumont  en  Argonne)  de  la  Saône  (environs  de  Gray). 

Tout  en  étant,  surtout  les  plus  élevés,  indépendants  des 
reliefs    actuels    du    sol,    ils    sont    cependant  orientés,    surtout 


54^  Vlll^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

pour  ceux  qui  sont  les  plus  riches  en  cailloux  vosgiens 
(voir  la  carte),  suivant  une  bande  de  terrain  qui  s'appuie  sur 
les  Hautes- Vosges,  et  se  termine  en  s'amincissant  vers  le 
bassin  inférieur  de   la    Meuse. 

C'est  dans  l'espace  limité  par  cette  bande  que  se  sont 
développés  les  i)récurseurs  des  cours  d'eaux  qui  ont  reçu  les 
noms  de  Meurthe,  Moselle,  Meuse,  Saône,  et  cette  direction  est 
celle  du  drainage  le  plus  anciennement  connu  des  matériaux 
vosgiens  vers  le  bassin  de  Paris.  Sa  puissance  et  son  ancienneté 
exi)liqueiit  la  dénudation  des  Hautes-Vosges  cristallines  décou- 
ronnées de  Grès  vosgien,  et  i)eut-être  même  de  formations  plus 
récentes  sur  leur  face  tournée  vers  les  bassins  de  la  Meurthe 
et  de  la  Moselle,  comme  sur  leur  front  méridional  tourné  vers 
le  bassin  de  la  Saône,  avec  cette  dilférence,  que  dans  cette 
région  la  bordure  de  Grès  bigarré  a  été  plus  fortement  atteinte 
que  le  Permien  et  les  roches  sous-jacentes. 

Tout  autres  sont  les  conditions  des  Basses- Vosges  gréseuses, 
qui-  n'ont  aucun  de  ces  grands  émissaires  précurseurs  de  la 
Meurthe,  de  la  Moselle,  de  la  Meuse,  de  la  Saône,  et  chez 
lesquelles  la  dénudation  rendue  moins  énergique  jiar  leur 
absence  s'est  arrêtée  au  Grès  vosgien,  d'où  la  comi>osition, 
sable,  marne  sableuse,  rares  cailloux  ch»  cpiarzite  des  dépôts 
de  ce  genre,  entre  elles  et  le  cours  moyen  de  la  Moselle,  de 
Pont-à-Mousson  vers  Thionville. 

C'est  donc  en  face  des  Hautes-Vosges  crisUillines  des  bassins 
de  la  Meurthe  et  de  la  Moselle  que  les  éléments  de  destruction 
vosgieime  préquaternaires  se  sont  surtout  accumulés,  ou  i)lutôt 
qu'il  en  est  resté  davantage.  Les  plus  anciens  d'entre  eux  mon- 
trent la  prédominance  des  déchets  du  Grès  vosgien,  sans  qu'il 
soit  permis  néanuioins  d'allirmer  que  le  granité  sous-jacent  en 
soit  absent.  Il  est,  ou  très  rare,  ou  réduit  à  Tétat  de  sable  par 
décomposition. 

Sur  leur  front  méridional  tourné  vers  le  bassin  de  la  Saône, 
le  Grès  bigarré  tlomine  et  Ivs  roches  pcM'ndennes  (grès  l'ouge. 
Grès  vosgien)  sont  assez  communes. 

Les  roches  quarzitiques,  sableuses,  mai*neuses,  résultat  de 
la  décomposition  du  Grès  vosgien  bigarré,  du  Muscheikalk 
même  dominent  ])r<»S(pie  à  l'exclusion  du  granité  dans  les 
bassins  de  la  Saar,  de  la  Blies,  de  la  Seille. 

La  carte  schématique  ci-jointe  donne  enfin  une  idée  des 
atterrissements    et    [)tu*    conséquent    de    l'état    de    nos    régions 


BLEICMEK  543 

exondées     aux     époques     préquaternaires ,     tertiaires    surtout. 

Le  plateau  lorrain,  primitivement  plus  élevé  qu'aujourd'hui, 
eomnmniquant  librement  et  de  plain-pied  avec  les  Vosges,  mais 
s'abaissant  peu  à  peu  par  dénudation  et  probablement  sous 
l'inlluence  d'autres  causes,  était  une  région  <le  ruissellement, 
de  charriage  sur  une  partie  <le  son  étendue,  sur  le  reste  de  sa 
surface  des  dépôts  se  sont  ellectués  aux  dépens  des  roches 
locah*s  usées  (»t  corrodées,  mais  l(>s  déchets  vosgiens  se  sont 
rapidement  irradiés  à  droite  et  à  gauche  de  cette  zontî  de 
drainage.  De  vrais  cours  d'eau  entraînaient  au  loin,  suivant  la 
pente  générale  N.  N.  O.  de  la  surface  du  plateau,  des  masses 
de  débris,  et  l'ancienneté  de  ce  charriage  nous  permet  de 
considérer  les  Vosges  comme  alim(»ntant  les  bassins  uuiritimes 
des  mei's  tertiaires  dans  cette  direction. 

C^et  état  de  chose  s*(»st  peu  à  peu  elïacé  sous  l'inlluence  de  la 
dénudation  et  des  mouvements  du  sol,  de  la  corrosion  superfi- 
cielle, et  nos  traînées  et  remplissages  de  cailloux  et  de  sables 
actuels  n'en  sont  que  l(*s  témoins  démantelés  et  mis  en  réserve 
dans  les  fissures  et  dépressions. 

La  flore  (*t  la  faune  de  cette  région  continentale  nous  sont 
encore  inconnues,  peut-être  par  suite  de  la  destruction  rapide 
de  tout  débris  organique  (*t  de  l'absence  de  bassins  de  réception 
d'une  certaine  étendue,  et  cette»  pauvreté  en  fossiles  se  retrouve 
dans   les    formations   homologues   de  la   vallée  du    Rhin. 

Le  plateau  lorrain  a  été  peu  à  peu,  à  travei's  les  périodes 
tertiaires  et  quaternaires,  amené  à  son  état  présent  par  la 
rupture  de  ses  comnmnications  directes  avec  les  Vosges,  et  le 
remplacement  du  drainage  par  le  sommet  des  plateaux  par  celui 
des  vallées  de  Ueuves  actuels  coulant  à  un  niveau  bien  inférieur. 

Il  a  été  surtout  question  jusqu'ici  des  déchets  vosgiens 
préquaternaires,  seuls  indiqués  sur  la  carte.  Il  faut  y  ajouter 
pour  donner  une  idée  complète  de  la  dénudation  sur  le  ver- 
sant lorrain  et  les  régions  adjacenU^s  du  bassin  de  la  Saône 
tous  ceux  qui,  par  leur  situation  et  leur  faune,  sont  nettement 
(piaternaires  ou  récents.  On  p(*ut  dire  d'eux  que,  suivant  les 
vallées  des  rivières  et  ne  s'en  écartant  pas,  ils  sont  caracté- 
risés par  Vabondance  et  le  bon  état  de  conservation  des  roches 
du  type  granitique,  contrastant  avec  la  rareté  et  l'altération 
de  ces  roches  dans  les  formations  préquaternaires,  des  niveaux 
plus  élevés,  et   par  une  fiiune  nettement  quaternaire  ou  récente. 


544 


DES  DERNIERS  MOUVEMENTS  DU  SOL 
DANS  LES  BASSINS  DE  LA  SEINE  ET  DE  LA  LOIRE 

par    M.    Gastave   D0LLFII8 

Planche    IV 


Létude  géologique  des  couches  qui  composent  les  bassins 
de  la  Loire  et  de  la  Seine  révèle  de  nombreux  mouvements 
du  sol.  Leur  intérêt  pour  nous  augmente  avec  leur  rappro- 
chement relatif  vers  Tépoque  actuelle.  Dans  les  pages  qui 
vont  suivre,  j'examinerai  les  perturbations  qui  se  sont  pro- 
duites au  cours  de  la  période  miocène,  pendant  laquelle  elles 
ont  été  tout  particulièrement  importantes  dans  notre  région, 
m'arrôtant  à  la  période  qui  a  immédiatement  précédé  la 
nôtre,  au  pliocène,  qui  n'a  plus  présenté  que  des  modifications 
de  valeur  secondaires 

Nous  examinerons  les  événements  qui  ont  accompagné  la 
lin  de  l'Oligocène,  en  prenant  pour  point  de  départ  le  grand 
dépôt  lacustre  désigné  sous  le  nom  de  Calcaire  de  Beauce, 
principal  faciès  de  TAquitanien  dans  T Europe  occidentale  et 
qui,  formé  à  une  altitude  vraisemblablement  uniforme,  permet 
d'apprécier  les  moindres  mouvements  du  sol  survenus  depuis 
son  dépôt.  Nous  verrons  les  foruiations  Burdigaliennes  dans 
leur  développement  et  leur  fin.  L'incursion  mai*ine  du  Falunien, 
s<m  recul  vers  l'ouest,  et  son  passage  au  Redonien  et  enlin 
la  situation  nouvelle  géographique,  hydrographique,  hypsomé- 
trique  si  ditlerente  entre  le  début  du  Miocène  et  sa  lin.  Le 
cadre  général  est   le  suivant  : 

Pliocène 
,  (  supérieur  —  Redonien  (Tortonien  (pars). 

Néogene  j  Miocène  )  moyen   —  Falunien  (Helvétien  (pars). 

/  inférieur  —  Burdigalien  (Langhien  (|>ars). 

Eogène     (     Oligocène     .     Aquitanien.    (Miocène  inférieur  de 
(pars)      (     supérieur     (        quelques  auteui-s). 


G.    DOLLFUS  545 

Étage  Aquitamen  (Mayer,   1867). 

En  attendant  tfu'une  monographie  des  couches  aquitaniennes 
tente  quelque  jeune  géologue,  nous  sommes  obligés  d'en 
résumer  les  conditions  principales.  Dans  le  bassin  de  Paris, 
le  Calcaire  de  Beauce  et  les  Meulières  de  Montmorency,  qui 
n'en  sont  qu'un  faciès  latéral,  occupent  une  étendue  très 
vaste  dont  les  limites  anciennes  réelles  nous  sont  complètement 
inconnues.  De  quelque  cùté  qu'on  se  dirige,  à  TEst,  au 
Nord,  à  rOuest  on  en  découvre  des  Ilots  sur  les  collines  les 
plus  élevées,  dans  une  situation  dominante  qui  ne  permet  de 
tracer  aucun  rivage,  les  berges  du  lac  demeurent  indéter- 
minées. Vers  le  sud,  le  Calcaire  de  Beauce  forme  une  nappe 
continue .  épaisse .  qui  passe  du  bassin  de  la  Seine  dans 
le  bassin  de  la  Loire  et  s'étend  souterrainement  jusqu'à 
Vierzon  et  Celles-sur-Cher,  elle  s'interrompt  en  ces  points 
pour  reprendre  au  delà  de  Saint-Pierre-le-Moutier  et  sur  une 
étendue  non  moins  vaste  en  Auvergne,  après  une  lacune 
d'une  centaine  de   kilomètres* 

Toute  la  région  située  au  nord  de  l^aris  offre  le  faciès  des 
meulières  et  l'épaisseur  du  dép(5t  reste  toujours  médiocre  ; 
il  ftiut  descendre  à  une  ligne  passant  par  Trappes,  Chevreuse, 
Arpajon,  la  Ferté-Alais,  La  Chapelle-la-Reine,  pour  voir  la 
masse  s'épaissir  et  le  faciès  calcaire  s'établir  franchement,  sur 
les  plateaux  ;  entre  Rambouillet  et  Etampes,  on  constate  sou- 
vent le  contact   de  la    Meulière   sur  le  Calcaire. 

Entre  Etampes  et  Orléans  l'épaisseur  est  au  maximum  et 
elle   atteint  70   mètres    au   moins. 

11  nous  paraît  impossible  de  séparer  le  Calcaire  de  l'Orléa- 
nais du  Calcaire  de  Beauce  ;  dans  le  Gàtinais  seulement  ces 
deux  niveaux  sont  séparés  par  une  assise  argileuse,  grume- 
leuse, verdàtre,  dite  Mollasse  du  Gàtinais.  Ce  dépôt  local, 
jusqu'ici  sans  fossiles,  n'atteint  ni  Etampes,  ni  Arthenay,  ni 
Montargis.  On  a  quelquefois  qualifié  le  Calcaire  de  l'Orléa- 
nais de  Calcaire  <ic  Beauce  à  Hélix,  parce  qu'en  effet  auprès 
d'Orléans  la  partie  supérieure  du  Calcaire  renferme  des 
Hélix  avec  assez  d'abondance  ;  mais  c'est  une  particularité 
purement  locale  ;  les  Hélix  sont  abondants  tout  aussi  bien  à 
la  base  du  Calcaire  de  Beauce  typique,  comme  à  Fontainebleau, 
à  Villeromain,  etc.  A  Etampes  même,  le  calcaire  de  l'Orléanais, 
bleuâtre,  est  particulièrement  riche  en  Lymnées  et  en  Planorbes 


35. 


546  VIU*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

de  grande  taille.  On  conçoit  d'ailleui*s  que  les  Hélix  nonl 
pas  vécu  en  place  sur  Timniense  lac  de  Beauce,  qu'ils  y  ont 
été  entraînés  par  des  rivières  afiluentes  et  se  sont  échoué> 
suivant  certaines  zones  déterminées  par  les  courants  qui 
régnaient   alors  dans  ce  lac. 

Je  rappellerai  enfin  que  la  l'aune  des  mammifères  découverte 
à  La  Ferté-Alais  par  MM.  Munier- Chaluias,  Goubert  et 
Tournouer,  tout  à  fait  à  la  base  du  Calcaire  de  Beauce.  est 
identique  à  celle  du  Calcaire  de  la  Limagne,  telle  qu'on  la 
recueille  aux  environs  de  Moulins  (Antliracotherium  magnum. 
Rhinocéros  (Acerotherium)  Brivatense,  Amphitragulus  elegans. 

Cette  faune  est  complètement  diiférente  de  celle  des  Sables 
de  rOrléanais  qui  ravinent  le  Calcaire  de  Beauce  dans  le 
Loiret  et  que   nous  examinerons   plus   loin. 

Donnons  un  coup  d'œil  à  cet  horizon  hors  du  bassin  de  Paris. 

Ouest.  —  Dans  les  environs  de  Rennes  les  couches  assi- 
milées au  Calcaire  de  Beauce  sont  extrêmement  réduites, 
elles  passent  inférieurement  à  l'Oligocène  marin  et  sont 
fortement  ravinées  au  sommet  par  le  poudingue  de  base  du 
Miocène  moyen.  Elles  me  paraissent  correspondre  au  niveau 
crOrmoy.  Altitude  :  4^  mètres.  Quelques  autres  lambeaux  sont 
connus  sur  la   feuille  de   Redon. 

Dans  le  Cotentin,  nous  avons  trouvé  récemment  la  preuve, 
dans  une  tranchée  à  Gourbesville,  que  le  Calcaire  d'eau  douce 
à  Ly muées,  à  Planorbes,  à  Potamides  et  à  Vivipara,  dont 
Tàge  aquitanien  avait  été,  il  y  a  longtemps  déjà,  contesté 
par  M.  Vasseur,  est  bien  situé  au-dessus  des  couches  à  Cor- 
bules  de  l'Oligocène  moyen  et  réellement  aquitanien  ;  il  est 
raviné  par  les  sables  rouges  du  Miocène  supérieur  (altitude  : 
24   mètres). 

Est.  —  En  Bourgogne,  à  la  gare  même  de  Dijon,  le 
Calcaire  à  Hélix  Ramondi,  d'aspect  assez  sensiblement  méri- 
dional^ avec  de  gros  cyclostomes  du  sous-genre  Otopoma,  est 
constitué  par  un  magnifique  poudingue  de  couleur  rose  renfe^ 
niant  des  blocs  gigantesques  de  Calcaire  jurassique  ;  il  est 
adossé  par  faille  à  un  massif  Bathonieu  puissant.  La  même 
formation  olfre  tlivers  autres  Ilots  blottis  le  long  de  la  coU* 
dijonnaise  et  la  flore  de  Brognon  décrite  par  de  Saporta  n'en 
est  qu'un  faciès  ;  là  encore  nous  n'avons  qu'une  idée  ti'ès 
imparfaite  de  l'étendue  réelle  des  lacs  aquitanieus  (altitude  : 
î25o   mètres). 


G.    DOLLFUS  547 

Je  ne  poursuivrai  pus  Texameu  des  dépôts  à  Hélix  Ramondi 
plus  loin  dans  Test.  On  en  connaît  dans  le  Jura,  la  plaine 
Suisse,  la  Bavière,  l'Italie,  la  vallée  moyenne  du  Rhin,  et 
M.  Sandberger  en  a  fait  un  tableau  remarquable  sous  la 
désignation  de  Miocène  inférieur.  Ils  sont  antérieurs  aux 
mouvements  alpins  du  Dauphiné  et  aux  soulèvements  du  Jura, 
d'autre  part  leur  dépôt  pai*ait  postérieur  au  soulèvement  de 
la  région  helvétique  des  Alpes,  restant  toujours  confinés  à 
leur  pied  (Mollasse  de  la  Rochette,  près  Liiusanne). 

Sud.  —  Je  laisserai  de  côté  la  question  de  l'extension 
du  calcaire  de  la  Limagne  vers  le  sud,  il  donne  la  main 
pal*  le  Cantal  aux  dépôts  du  bassin  de  la  Dordogne  et  du 
Tarn,  car  ces  régions  sont  trop  éloignées  du  cadre  spécial 
que  j'envisage  et  nécessiteraient  de  longs  développements  dont 
je  n'ai  d'ailleurs  qu'une  connaissance  personnelle  très  incom- 
plète, et  qui  sont  l'objet  des   études  actuelles  de  M.  P.  Giraud. 

Nord,  —  Pour  retrouver  vers  le  nord  des  couches  contem- 
poraines du  calcaire  du  Beauce,  il  faut  franchir  l'Ardenne, 
et  l'étude  du  bassin  de  Bonn-sur-le-Rhin  pc^rmet  de  classer 
dans  l'Aquitanien  de  vastes  dépôts  de  graviers  à  galets  rema- 
niés de  quarz  blanc,  des  grès  épars,  des  argiles  plus  ou  moins 
grasses  (ai*gile  d'Antienne),  des  grès  et  des  marnes  à  végétaux 
(jui  s'écludonnent  sur  le  revers  nord  du  toit  Ardennais. 
Nous  avons  vu  ces  couches  plongeant  au  Nord,  intercalées 
entre  l'argile  rnpelienne  du  Limbourg  <]ui  renferme  la  faune 
des  Sables  de  Fontainebleau  et  les  sables  et  grès  marins  du 
Rhin  inférieur  qui,  à  Dingden  et  au  Bolderberg,  contiennent 
une  faune  inarin(»   d'Age   Miocène  moyen  sans   aucun   doute. 

Nous  sommes  donc  fondés  à  dire  que  dans  l'Europe  occi- 
dentale la  période  aquitanienne  correspond  à  un  mouvement 
général  d(»  retrait  des  mers  Oligocènes,  à  une  vaste  étendue 
continentale  lacustre,  peu  accidentée.  C'est  seulement  dans  un 
petit  coin  du  bassin  de  la  Gironde  que  nous  découvrons  dans 
les  couches  de  Bazas  un  équivalent  marin.  Notre  Aquitanien 
propre,  notre  Calcaire  de  Beauce,  ne  nous  parait  correspondre 
(ju'à  l'Aquitanien  inférieur  de  M.  Fallot,  au  calcaire  blanc  de 
l'Agenais  et  nous  classons  déjà  dans  le  Miocène  inférieur  les 
couches  marines  à   Pyrula  Lainei   qui   le  surmontent. 

Ces  détails  exposés,  si  nous  examinons  l'altitude  actuelle 
de  ces  dépôts  lacustres,  nous  serons  surpris  des  mouvements 
généraux   qui    les   ont   affectés. 


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G.    DOLLFUS  549 

Voici,  en  elTet,  la  cote  de  base  du  Calcaire  de  Beauce  dans 
le  bassin  de  Paris,  du  Nord  au  Sud,  en  choisissant  des 
points  moyens,  situés  sur  la  ligne  axillaire  la  plus  basse 
du  bassin  de  Paris,  autant  que  possible  en  dehors  des  limites 
extrêmes  des  perturbations  locales  créées  par  le  passage  des 
plis  transversaux. 

Altitude  de  la  base  du  Calcaire  de  Beauce  : 

AI.TITUDfc 

Colline   de    Villers-Cotteret  ....  a5a  mètres 

»          »    Dammartin aoo  — 

»          »     Montmorency      ....  166  — 

Plateau  de  Châtillon  (Paris)      .      .      .  i5a  — 

»          »    Palaiseau i44  — 

»          »    Montlhérv i35  — 

Ghamarande 120  — 

Étampes  (faubourg  St-Pierre)    ...  98  — 

Méréville 85  — 

Orléans  (forage) 4^  — 

St-Viatre  (Sologne,  forage)  ....  o  —   . 

Nouan  (Sologne,  forage) 29  — 

Theillay  (Sologne,   Nord   de  Vierzon).  90  — 

La  coupe  ci-contre,  montrera  d'une  manière  frappante  cette 
disposition   générale. 

Ainsi  la  pente  régulière  au  sud  des  couches  passe  du 
bassin  de  la  Seine  dans  celui  de  la  Loire  par  une  continuité 
parfaite.  Il  importe  d'indiquer  que  les  renseignements  donnés 
sur  la  Sologne  ont  été  fournis  par  divers  forages  qui  n'ont 
pas  percé  entièrement  le  Calcaire  de  Beauce  et  nous  commettons 
peut-être  une  erreur  de  quelques  mètres  dans  l'altitude  que 
nous  indiquons  pour  sa  base,  mais  cette  erreur  est  très  faible 
et  n'a  aucune  influence  sur  le  sens  général  et  l'amplitude  de 
nos  informations. 

Au  sud  de  la  Sologne  le  Calcaire  de  Beauce  se  relève 
vivement,  il  apparaît  sous  la  forme  d'une  marne  blanche, 
peu  épaisse,  pincée  entre  l'argile  à  silex  de  la  craie,  à  la 
base,  et  les  sables  granitiques  de  la  Sologne,  au-dessus  ;  nous 
le  connaissons  maintenant  sur  une  étendue  transversale  assez 
grande,  d'après  les  travaux  de  M.  Gauchery  et  suivant  une  ligne 
Est-Ouest,  depuis  Neuvy-sur-Barangeon  (altitude  :   i38  mètres), 


55o  VIII''   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Theillay-le-Pai lieux  au  Nord  de  Vierzon  (altitude  :  loo  mètres). 
Romorantin  (altitude  :  71  mètres),  jusque  vers  Thenay  et 
Pontlevoy,  à  l'Ouest,  où  il  se  termine  à  Taltitude  de 
100  mètres.  Il  est  calcaire  à  Pontlevoy  et  renferme  Hélix 
Ramondi,  il  est  raviné  tantôt  par  les  sables  de  rOrléanai»^. 
tantôt  par  les   ialuns. 

Du  point  le  plus  extrême  à  Test,  il  faut  franchir  à  vol 
d'oiseau,  dans  la  direction  du  Sud -Est,  une  distance  de 
90  kilomètres  pour  atteindre  les  premiers  calcaires  de  la 
Limagne  qui  apparaissent  au  Sud  de  la  ride  transversale  de 
Saint-Pierre-le-Moutiers  vei\s  l'altitude  de  200  mètres,  suivant 
un  affleurement  oblique  de  Decize-sui^ Loire  à  Aubigny-«^ur- 
Allier.  Au  Sud  de  cette  ligne,  le  Calcaire  de  Beauce  plonge 
au  Sud  à  nouveau  ;  sa  base  devient  invisible  et  il  se  relève 
seulement  vers  Saint-Germain-des-Fossés,  où  il  monte  régu- 
lièrement au  Midi  en  escaladant  le  plateau  central,  faille, 
brisé,  elfondré,  s'appuyant  sur  toutes  sortes  de  roches  anciennes 
et  s'élevant  jusqu'à  une  altitude  qui  dépasse  actuellement  un 
millier  de   mètres. 

Le  Sancerrois  dépendait  du  Nivernais,  il  n'était  encore  ni 
surélevé,  ni  faille  :  toute  cette  région  ne  parait  pas  cependant 
avoir  été  couverte  par  le  lac  de  Beauce,  car  on  n'en  trouve 
aucune  trace,  elle  paraît  avoir  été  contournée  par  les  dépots 
aquitaniens. 

Si  nous  considérons  le  dépôt  de  Beauce  comme  déposé 
horizontalement  sur  une  vaste  surface  et  à  une  altitude  très 
peu  considérable,  ce  qui  est  appuyé  par  le  fait  de  la  présence 
assez  fréquente  de  quelques  espèces  iluvio-marines  comme  le 
Potamides  Lamareki,  nous  dégageons  immédiatement  celte 
conclusion  qu'il  s'est  soulevé  très  sensiblement  et  inégalement 
depuis  son  dépôt,  et  qu'il  s'est  soulevé  à  la  fois  au  Nord  et 
au  Sud,  du  côté  de  l'Ardenne  et  du  côté  du  Plateau  Central, 
la  région  intermédiaire  solognaise  étant  restée  sensiblement 
à  son  niveau  primitif  ou  ayant  subi  un  effondrement  mé<liocre. 
Le  soulèvement  ardennais  et  celui  du  plateau  central  se 
placent  ainsi  comme  contemporains  et  immédiatement  posté- 
rieurs aux  dépôts  du  calcaire  de  Beauce,  ils  sont,  d'autre 
part,  immédiatement  antérieurs  aux  dépôts  des  sables  de  la 
Sologne  et  de  l'Orléanais  qui  suivent  stratigraphiquement  le 
calcaire  de  Beauce  dans  le  temps,  et  ces  mouvements  se  trou- 
vent    étroitement    fixés.    C'est    une    transformation    rapide  et 


G.    DOLLFU8  55 1 

complète  d'une  gi*ande  partie  de  la  France.  Quand  le  Miocène 
commence,  tout  un  régime  haut,  montagneux,  remplace  brus- 
quement une  vaste  étendue  de  marécages  ;  des  sédiments  aréna- 
ces,  détritiques,  torrentiels,  prennent  la  place  des  boues  cal- 
caires, tranquilles  ;  une  faune  d'animaux  légers  et  coureurs 
remplace  les  lourds  pachydermes  aquatiques.  L'examen  des 
dépôts  subséquents  va  nous  montrer  d'autres  mouvements  qui 
aflecteront  le  Calcaire  de  Beauce,  mais  aucun  ne  présentera 
un  caractère  aussi   important. 

Etage   Burdigalien 

Je  désignerai  sous  le  nom  d'Etage  Burdigalien  ou  Miocène 
inférieur  la  série  suivante  de  couches  qui  s'observent  dans 
la  France  centrale  entre  le  Calcaire  de  Beauce  et  les  Faluns 
de  la  Touraine.  Ce  nom  créé  par  M.  Depéret  me  paraît  de 
beaucoup  préférable  à  celui  de  Langhien  (Pareto)  dont  on 
connaît  mal  la  position  stratigraphique  et  la  faune. 

5.  —  Sables  quarzeux   sans   fossiles,  de   la  Sologne. 
g       4-   —  Calcaire  de   Chitenay,   Chevenelles,   Montabuzard   à 
2  i  Hélix   Tristani  et  Anchitherium  aurelianense. 

^    1  3.   —  Marne    blanche  et   verte    de    l'Orléanais  à   nodules 
^   '  calcaires. 

§12.   —  Sables    quarzeux    de    l'Orléanais    à    Rhinocéros    et 
'S  f  Melania   aquitanica. 

I .  —  Marne  grise  et  verte  de  Chaverny,  argile  plastique 
du  sud  de  la   Sologne. 

Les  sables  quarzeux  ossifères  de  l'Orléanais  et  les  deux 
dépôts  marneux  qui  les  encadrent  n'occupent  qu'une  étendue 
restreinte  dans  le  Blaisois  et  l'Orléanais,  ils  sont,  au  point 
de  vue  minéralogique,  indisting^ables  des  sables  de  la  Sologne. 
On  peut  croire  même  que  c'est  simplement  par  suite  du  rôle 
protecteur  joué  par  les  marnes,  contre  les  infiltrations  des 
eaux  atmosphériques  chargées  d'acide  carbonique,  que  les 
sables  de  l'Orléanais  ont  pu  conserver  leurs  fossiles.  D'autre 
part  les  sables  de  la  Sologne  seraient  dépourvus  de  tout 
débris  organique  parce  qu'ils  n'ont  pas  eu  de  couverture 
imperméable  et  qu'ils  ont  été  lentement  traversés  par  les 
eaux    météoriques  sur  toute   leur  épaisseur. 

Les     marnes    et    calcaires    de     Chevenelles    renferment    la 


55a  VIII'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

même  faune  que  le  calcaire  de  Montabuzard  et  que  les 
marnes  de  Suèvre,  mais  dans  ces  deux  dernières  localités 
les  sables  de  l'Orléanais  manquent  et  les  calcaires  marneux 
reposent  directement  sur  le  Calcaire  de  Beauce,  tout  l'ensemble 
est  puissamment  raviné  par  les  sables  de  la  Sologne.  Dans 
la  région  de  Montargis  les  sables  de  la  Sologne  chaînés  de 
cailloux,  de  chailles  jurassiques  et  de  silex  crétacés  ravinent 
profondément  le  Calcaire  de  Beauce  et  entament  même  la 
craie  sénonienne.  On  comprend  d'après  ces  détails  slratigra- 
phiques  que  nous  considérions  les  sables  de  l'Orléanais  comme 
inséparables  des  sables  de  la  Sologne  et  que  nous  n'en 
fassions  qu'une  même  masse,  de  nature  et  d'étendue  facilement 
reconnaissable,  dont  nous  allons  examiner  les  conditions  hypso- 
métriques  actuelles. 

Les  sables  granitique?  touchent  la  mer  au  Havre,  à  Sainte- 
Adresse,  où  ils  reposent  à  loo  mètres  environ  d'altitude,  sur 
le  Cénomanien.  J'en  ai  étudié  des  lambeaux  isolés,  sur  le 
versant  de  la  Seine  de  tout  le  pays  de  Caux,  à  une  altitude 
voisine. 

Auprès  de  Rouen  ils  occupent  les  plateaux  entre  i3o  et 
i4o  mètres,  en  paquets  ou  dans  des  poches  sur  le  Sénonien, 
ils  suivent  la  direction  de  la  Seine  jusqu'à  Paris,  montrant  des 
dépôts  toujours  isolés  sur  les  plateaux  des  deux  rives  : 

Rive  droite,  —  Amfreville,  i3o  m.  ;  Bacqueville  i35  m.  : 
Les  Andelys,  i3o  m.  :  Tourny,   i4o  m.  ;    Bois  Gerôme,    i35  m. 

Ripe  gauche.  —  L'Essart  de  Rouvray,  120  m.  ;  Elbeuf. 
i3o  m.  ;  Vironvay,  i3o  m.  :  Heudebouville,  ï4o  m.  ;  Gaillon 
i4o  m.  ;  Vernon,  i35  m,  ;  Perdreauville,  i3o  m.  ;  Jumeauviile. 
i35  m.  ;  Les  Alluets,  170  m.  ;  Ville  d'Avray,  i4o  m.  ;  Chalil- 
lon,   i55  m. 

Ils  ne  s'éloignent  guère  de  la  Seine  sur  la  rive  droite  et. 
en  amont  de  Mantes,  ne  se  trouvent  plus  qu(î  sur  les  plateaux 
de  la  rive  gauche.  Mais  dans  Touest  leur  extension  est 
considérable,  on  les  connaît  sur  les  plateaux  de  la  Rille  à 
120  m.,  aux  environs  d'Évreux  (La  Madeleine  ï4o  m.),  à 
Couches,  i55  m.,  et  jusqu'au  pied  des  collines  du  Perche  à 
Breteuil   (170  m.)   et  vers  La  Ferté  Vidame  à  190  mètres. 

A  Paris,  ils  quittent  la  vallée  de  la  Seine  pour  se  diriger 
directement  au  sud  :  Orsav,  i55  m.  :  Dourdan  i65  m.: 
Lardy  i4'>  ui.  ;  Etampes,  i45  in.  ;  Méré ville  140  m.  ;  Outar 
ville,    i3o    m.  ;    Neuville-aux-Bois    i3o    m.  ;    Orléans,    120  in. 


G.    DOLLFUS  553 

Leur  extension  à  Test  jusqu'à  Montargis  est  équivalente  à 
leur  étendue  à  l'ouest,  jusqu'à  Châteaudun,  à  droite  et  à 
gauche  de   la  ligne  axillaire  que  nous  avons  cotée. 

Au  sud  d'Orléans,  ils  plongent  rapidement  pour  remplir  la 
cuvette  de  la  Sologne,  ils  contournent  le  Sancerrois,  suivant 
une  courbe  qui  monte  de  1^5  m.  à  Chatilion-sur-Loire,  à 
i85  m.  à  Nancay  ;  ils  pénétrèrent  au  sud,  en  suivant  la  vallée 
de  la  Loire,  en  couronnant  les  plateaux  riverains  de  gauche  : 
Beaulieu  174  "i-  î  Léré  176  m.  ;  BouUeret  178  m.  ;  St-Bouise 
i85  m.  ;  Cours  les  Barres  196  m.  ;  La  Guerche  sur  TAubois 
2o9  m.  ;  Mornay-sur-Alliei'  226  m.  ;  Le  Veurdre  228  m.  ;  s'éta- 
blissant  à  une  trentaine  de  mètres  au  dessus  du  val  de  la 
Loire  et  de  l'Allier,  donnant  la  main  au  granit  décomposé 
des   premiers   contreforts   du  plateau   central. 

Dans  l'Ouest,  les  sables  granitiques  s'avancent  jusqu'aux 
Faluns  et  cette  mer  s'est  appropriée  leurs  débris.  Us  se 
découvrent  encore  en  une  bande  sur  de  rivage  nord  par 
Vendôme,  Blois,  Ghàteau-Lavallière,  et  une  bande  sud  par 
Romorantin,  Valençay,  Buzençais ,  Mézières  en  B renne , 
Tournon-sur-Creuse,  se  reliant  à  des  dépiMs  analogues  décrits 
aux  environs  de  Poitiers.  Il  est  enfin  nécessaire  d'indiquer 
que  les  Sables  de  la  Sologne  sont  extrêmement  difficiles  à 
distinguer  des  Faluns  sableux  décalcifiés.  Nous  avons  fait 
constater  ce  point  important  aux  géologues  du  Congrès  géolo- 
gique (iDoo)  international  qui  oùt  bien  voulu  nous  accompagner 
en  Touraine, 

Il  n'y  a  plus  aucun  doute  aujourd'hui  sur  l'origine  et  la 
nature  de  ce  vaste  alluvionnement  qui,  parti  du  plateau  central, 
s'est  déversé  dans  la  Manche.  Sa  marche  au  nord  s'étend 
lorsque  la  dépression  de  la  Sologne  se  trouve  comblée  et 
elle  se  trouve  grandement  facilitée  par  la  faille  de  Sancerre 
en  particulier,  faille  qui  trace  dès  lors  le  régime  de  la 
Loire  future.  Le  déversement  dans  le  bassin  de  Paris  n'est 
pas  douteux,  mais  le  courant  n'y  poursuit  pas  sa  route 
jusqu'à  la  limite  nord  du  bassin,  il  est  arrêté  à  mi-chemin  par 
le  relèvement  de  la  formation  de  Beauce  vers  l'Ai  denne  et  il  se 
détourne,  à  la  hauteur  de  Paris,  vers  la  Manche,  en  esquis- 
sant déjà  le  cours  inférieur  de  la  Seine.  Ces  sables  grani- 
tiques ravinèrent  profondément  toute  la  région  nord-ouest  du 
bassin  de  Paris  ;  entre  la  Seine  et  l'Eure  on  constate  des 
arrachements  énormes,   toute  l'épaisseur  même  du  Tertiaire  est 


55^  VUI^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

enlevée  sur  la  surface  de  la  Seine  Inférieure,  et,  le  sillon  de 
Paris  à  la  mer  est  ainsi  préparé  par  la  violence  du  courant 
des  eaux  de  FAUier  avec  son  cortège  de  sables  du  plateau 
central. 

Les  événements  marqués  par  ce  déversement  naturel  avaient 
lieu  sur  une  surface  très  difTérente  de  la  surface  actuelle, 
à  une  altitude  très  faible  et  suivant  une  pente  régulière  :  les 
couches  du  bassin  de  Paris  n'étaient  point  encore  bien  plissées, 
les  faibles  ondulations  qu'elles  avaient  subies  s'étaient  trouvées 
comblées  et  arasées  pendant  les   périodes  suivantes. 

D'autre  part  il  n'y  a  aucune  tra;ce  de  débris  volcaniques 
dans  les  sables  granitiques  de  la  Sologne,  le  plateau  central 
était  bien  soulevé,  mais  aucune  éruption  n'en  avait  encore 
surélevé  la  surface.  Comme  la  Loire  actuelle  entraîne  des 
débris  basaltiques  bien  reconnaissables  sur  tout  son  cours, 
et  que  le  Diluvien  aux  environs  d'Orléans  contient  des 
fragments  volumineux  de  roches  volcaniques,  on  peut  être 
assuré  que  si  ces  roches  avaient  existé  en  Auvei^e  au 
moment  du  transport  des  sables  granitiques  de  la  Sologne, 
nous  en  trouverions,  sur  leur  passage,  des  débris  caractéris- 
tiques. Il  n'en  existe  pas  davantage  de  traces  dans  les  dépôts 
faluniens  marins,  ce  qui  reporte  au  Miocène  supérieur,  au 
plus  tôt,  la  première  apparition   du  vulcanisme    en   Auvergne. 

Décrivons  maintenant  l'événement  qui  a  mis  fin  à  l'allu- 
vionnement  granitique  dans  le  bassin  de  la  Seine- Allier  et  qui 
a  séparé  ce  bassin  en  deux  parties  pour  en  faire  celui  de 
Paris  et   celui  de  la   Loire. 

Étage  Falunien    d'Orbigny  (i85i) 

Je  ne  puis  me  résoudre  à  employer  le  nom  d'Helvétien 
pour  nos  faluns  de  la  Touraine  ;  ce  nom  d'étage  créé  par 
Mayer,  en  185^,  est  pour  moi  un  très  mauvais  type.  L'Helvé- 
tien  de  la  plaine  suisse  commence  dès  l'Aquitanien  et  il  se 
prolonge  dans  l'Oeningien,  c'est  une  longue  série  de  Mollasses 
dans  laquelle  les  subdivisions  sont  très  difficiles,  les  fossiles 
marins  sont  rares,  irrégulièrement  localisés  et  fort  mal 
conservés,  ce  n'est  un  type,  ni  au  point  de  vue  stratigraphique. 
ni  au  point  de  vue  paléontologique.  Le  nom  de  Falunien 
d'Orbigny  est  d'une  autre  valeur,  il  représente  une  faune 
typique,  superbe,    étroitement  limitée   au  point  de    vue  strati- 


G.    DOLLFUS  555 

graphique,  c'est  une  courte  invasion  de  la  mer  miocène 
moyenne  en  plein  continent,  les  sables  coquilliers  ravinent 
les  sables  de  la  Sologne,  le  calcaire  de  Beauce  ou  la  craie, 
ou  mt^me  dos  couches  plus  anciennes  jusqu'au  Précambrien. 
Ils  sont  ravinés  d'autre  part,  dans  une  région  seulement  de 
rOucst,  par  des  sables  rouges,  d'une  mer  d'une  toute  autre 
étendue,  renfermant  une  faune  miocène  supérieure  distincte,  à 
laquelle   nous   avons  donné  le  nom    d'Etage  Redonien. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  Falunien  vrai  comporte  deux  faciès 
dans  le  bassin  de  la  Loire  :  un  faciès  sableux  grossier  à 
gastéropodes  et  à  coquilles  roulées  innombrables,  en  lits  obli- 
ques, avec  des  débris  d'ordre  divers,  cailloux,  bois  flottés, 
ossements  de  mammifères,  ayant  son  type  à  Pontlevoy, 
Manlhelan,  Ferrières- l'Arçon,  type  dit  Pontilévien,  et  :  un 
faciès  marin  plus  profond,  calcaire,  à  débris  fins,  nombreux 
Bryozoaires,  Polypiers,  Kchinides,  Pectinida*,  souvent  endurci  ; 
faciès  qui  occupe»  longitudinalement  les  points  les  plus  profonds 
du  golfe  Falunien  et  qui  a  son  type  à  Savigné,  d'où  le  nom 
de  Savignien  donné  à  cet  aspect,  venant  de  Contres,  Sambin 
et   se  dirigeant    vers   Beaugé,    Rennes,    Dinan. 

L'ouverture  de  ce  golfe  profond  était  entre  Dinan  et  Dol, 
il  gagnait  Rennes  directement  au  sud  pour  épouser  ensuite 
obliquement  la  direction  du  grand  anticlinal  Précambrien 
central  de  la  Bretagne  et  de  l'Anjou.  C'est  évidemknent  à  la 
faveur  d  un  fléchissement,  d'un  effondrement  de  cette  clé  de 
voûte  que  la  mer  de  l'Ouest  s'est  avancée  jusqu'au  centre  du 
pays,   jusqu'à   Blois,    Loches   et  Chàtellerault. 

Je  grouperai  les  altitudes  actuelles  des  Faluns  comme  suit  : 

Entrée  du  Golfe.  —  Saint- Juvat,  Le  Quiou,  Saint- Judoce, 
12    à   20  mètres,  Trefumel,    20   à   4^   mètres. 

Ride  transversale,  —  Guitté,  Bécherel,  76  mètres;  Médréac, 
Landujan,    La   Chap(dle-du-Lou,    80   mètres  ;    Feins,    95    mètres. 

Environs  de  Rennes.  —  Saint  (irégoire,  35  à  4^  mètres  ; 
Saint-Jac(iues,  ^o  à  4»^  mètres  ;  Noëllel,  5o  mètres  ;  Noyant- 
la-Gravoyère,  60  mètres  ;  Chazé- Henry,  05  mètres;  Saint- 
Michel  et   Chanveaux,   66  mètres. 

Ilots  du  nord.  —  Noyant-Méon,  87  mètres  ;  Genneteil,  78 
mètres  ;  Auverse,  85  mètres  ;  Savigné,  92  mètres  ;  Rillé, 
88  mètres. 

Ilots   du  sud.    —   ligné,    65   mètres;    Aubigné,    70  mètres; 


556  Vlir   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Saint-Saturnin,   70    mètres  ;    Doué,    70    mètres  ;    Ambillon,    70 
mètres;   Noyant-la-Plaine,   78  mètres;  Gonnord,   80   mètres. 

Fond  du  bassin  sud,  —  Mirebeau,  110  mètres  ;  Chamizay. 
i34  mètres  ;  Paulmy,  ii4  mètres  ;  Manthelan,  108  mètres; 
Bossé,  112   mètres. 

Fond  du  bassin  est.  —  Pontlevoy,  108  mètres;  Soin^  de 
125  à  i34  mètres;  Contres,  120  mètres;  Ville-Baron  (Blois), 
106   mètres;   Oisly  (maximum  connu),   i38  mètres. 

Ces  altitudes  qui  sont  régulièrement  croissantes  vers  l'Est 
présentent  une  perturbation  importante,  c'est  celle,  à  l'entrée 
du  golfe,  de  l'accident  transversal  de  Gahard-Laval,  sur  lequel 
les  dépôts  faluniens  identiques  à  ceux  de  Dinan,  d'une  part  et 
de  Rennes  de  l'autre,  se  trouvent  portés  à  une  altitude 
exceptionnellement  élevée  et  contrastante,  plus  élevée  de  ^o  à 
5o  mètres  que  les  dépôts  latéraux.  Comme  il  est  impossible 
de  supposer  que  toutes  ces  couches  si  voisines  ne  se  sont 
pas  déposées  à  une  altitude  uniforme  et  sous  une  profondeur 
d'eau  égale,  nous  sommes  conduits  à  admettre  un  mouvement 
important  du  pli  de  Gahard  postérieurement  au  Miocène 
moyen.  Ce  vieux  synclinal  aurait  ainsi  rejoué  à  cette  époque 
relativement  récente  et  nous  pensons  qu'il  s'est  relevé  encore 
postérieurement  au  Miocène  supérieur  ;  c'est  la  seule  manière 
d'expliquer  les  cours  parallèles  et  contradictoires  de  la  Rance 
et  de  rille  qui  coupent  perpendiculairement  cet  accident. 
Cette  particularité  écartée,  nous  observons  que  les  couches 
des  Faluns  par  une  altitude  régulièrement  croissante  vers  l'Est, 
sont  à  leur  maximum  d'altitude  (138*"),  au  fond  du  golfe. 
Comme  elles  offrent  d'ailleurs  un  faciès  identique  entre  elles 
depuis  les  îlots  les  plus  occidentaux  et  que  leur  dépôt 
bathimé trique  original  a  jdh  être  identique  aussi  d'un  bout  à 
l'autre,  nous  pouvons  en  conclure  à  la  nécessité  d'un  relère- 
ment  de  i3o  à  i5o  mètres  au  moins  de  la  Sologne  et  de  la 
France  centrale  depuis  le  dépôt  des  Faluns. 

Nous  observons  en  môme  temps  que  ce  soulèvement  est  à 
peu  près  équivalent  au  soulèvement  au-dessus  de  la  mer  des 
sables  granitiques  dans  le  bassin  de  Paris  ;  et  nous  constatons 
aussi  que  la  mer  des  Faluns  n'a  pas  gagné  le  bassin  de 
Paris,  arrêtée  par  le  relèvement  du  Merlerault.  Nous  conce- 
vons l'époque  des  Faluns  comme  se  terminant  par  un  mouve- 
ment général  de  soulèvement  de  la  France  centrale  combiné 
avec    un   autre    de   plissement  dans  le  Bassin  de   Paris  entrai- 


G.    DOLLFU8  667 

nant  la  retraite  de  la  mer  vers  TOuest.  Elle  traçait  dans  son 
retrait  le  cours  inférieur  TAllier-Loire  et  créait  à  Técoulement 
des  eaux  une  nouvelle  voie  vers  TOuest,  dans  une  région  que 
les  eaux  n'auraient  jamais  pu  suivre,  sans  le  secours  de 
l'invasion   et  de   la    dénudation  marine. 

Dès  lors  Talluvionnement  granitique  cesse  dans  le  bassin 
de  Paris,  il  descend  à  la  mer  par  le  golfe  de  la  Loire 
maritime,  le  sol  se  plisse  et  les  sables  de  la  Sologne  parti- 
cipent à  ce  plissement  ;  tout  le  plateau  se  soulève  et  prend 
Taspect  et  l'altitude  que  nous  constatons  aujourd'hui  ;  le 
travail  de  sculpture  hydrographique  recommence  à  nouveau 
en  employant  grossièrement  les  lignes  principales  que  les 
mouvements  antérieurs   ont   préparées. 

Il  est  impossible  d'accepter  pour  ces  mouvements  les  idées 
de  Suess  qui  suppose  que  tout  s'est  passé  par  affaissements 
régionaux,  nous  ne  pouvons  admettre  que  tout  le  Calcaire  de 
Beauce  se  soit  déposé  dans  un  lac  situé  à  plus  de  mille 
mètres  d'altitude  comme  sont  situés  certains  de  ses  lambeaux 
en  Auvergne  :  et  Talternance  des  dépôts  marins  et  continen- 
taux, nous  oblige  à  croire  à  des  mouvements  alternatifs  de 
soulèvement  et  d'affaissement  d'ensemble,  sur  une  vaste  sur- 
face,  pour  toute   la   région  neustrienne. 

Étage   Redonien 

J'ai  été  amené  à  créer  l'an  passé  l'Etage  Redonien,  ou 
Miocène  supérieur,  pour  y  classer  des  sables  calcareux,  fossi- 
lifères, marins,  renfermant  une  faune  spéciale,  et  dont  il  ne 
nous  reste  plus  (jue  des  îlots  épars  en  Bretagne,  dans  l'Anjou, 
la  Vendée  et  le  Gotentin.  Nous  n'avons  pas  voulu  employer 
l'expression  de  Tortonien  parce  que  nous  considérons  ce  type 
comme  défectueux.  On  rencontre  à  Tortone  un  argile  peu  cal- 
caire, bleuâtre,  avec  nombreux  Pleurotomes,  comme  il  s'en 
forme  encore  dans  les  mers  profondes  et  (jui  se  retrouve 
identique  à  plusieurs  niveaux  aussi  bien  dans  le  Miocène 
inférieur  que  dans  le  Miocène  moyen  et  supérieur,  même  plus 
haut  encore,  ainsi  que  M.  G.  de  Stéphani  Ta  démontré.  Ge 
n'est  pas  un  étage,  c'est  un  laciès,  et  cette  localité  ne  pos- 
sède ni  les  caractères  stratigraphiques,  ni  les  preuves  paléon- 
tologiques  nécessaires  pour  désigner  une  des  grandes  étapes  de 
la  Géologie. 


558  VUl"   CONGRES  GEOLOGIQUE 

Hretag'ne.  —  Nous  plaçons  le  type  de  notre  éta^  à 
Rennes,  où  M.  Lebesconte  a  découvert  au  hameau  dWpigné 
(altitude  :  25  mètres)  des  sables  rougeâtres  bien  fossiiilëres. 
Ces  sables  descendent  jusqu'au  niveau  de  la  Vilaine  (à  i6 
mètres)  pour  remonter  au  Temple-ilu-Cerisier  et  à  la  Qian>- 
seyrie.  vers  40  mètres  (faltitude,  où  ils  reposent  sur  le> 
Faluns  Miocènes  typicjues  qu'ils  ravinent  nettement  et  ils  -^en 
distinguent  aussi  bien  par  leur  constitution  minéralogique  qae 
[)ar  leur   faune. 

Mayenne.  —  Nous  classons  à  ce  niveau  le  gîte  de  Beaulieu 
(  altitude  85     mètres  )     connu     depuis     longtemps     et    dont 

M.  Œhlert  a  bien  voulu  nous  communiquer  une  série  de 
fossiles  appartenant  au  Musée  de  I^val.  Ce  sont  des  sables 
argileux,  rouges,  reposai nt  directement  sur  les  schistes  pré- 
cambiîens. 

Anjou.  —  Au  nord  de  la  lx)ire  l'ancien  gisement  de 
Sceaux  (altitude  :  4»^  mètres)  repose  sur  les  scliistes  [»ivcaui- 
briens  dans  une  dépression  contiguë  à  celle  qui  renferme 
des  faluns  miocènes  typiques.  A  Thorigné  les  sables  i-edonien'^. 
mal  visibles  aujourd*hui,  sont  dans  une  position  culminante 
(5o  mètres)  recouverts  par  un  manteau  épais  de  sable  et 
graviers  d'âge  et  de  nature  encore  indéterminés.  A  Saint- 
Clément-de-la-Place,  le  gite  sur  le  granité,  à  Cyo  mèti-es,  est 
extrêmement  limité,  mais  il  a  fourni  une  faune  abondante 
à   M.   Dumas,   notre  savant   confrèi*e   de  Nantes. 

Loire-Inférieure.  —  Dans  la  région  <le  la  Loire-Inférieure, 
on  ne  trouve  pas  de  vrais  faluns  :  tous  les  gisements  signalé^ 
consistent  en  sable  et  graviers  rougeâtres  appartenant  au 
Miocène  supérieur  et  les  sables  rouges,  étendus,  fossililere'^ 
par  places,  signalés  par  M.  Davy,  de  Chateaubriand,  dans  la  forêt 
de  GAvre  sont  du  même  âge.  Nous  avons  pu  étudier  la  faune  «lu 
Loroux-Bottereau  (gîte  de  la  Dixmerie)  d'après  les  belles 
fouilles  nouvelles  de  MM.  L.  Bureau  et  Dumas,  de  Nantes,  et 
nous  avons  trouvé  une  faune  identique  a  celle  du  Redonien. 
<le  Bennes  et  de  Gourbesville  dans  le  Cotentiu.  Ces  dépôts  de 
la  Loire- Inférieure  se  relient  à  ceux  de  la  Vendée,  de 
Vieillevign(\  de  Montaigu,  explorés  par  le  docteur  Mignen,  de 
Palhiau,  Challans,  et  à  celui  de  I^  Chapelle- Hermier,  décou- 
vert par    M.    Wallerant. 

11  faut,  croyons-nous,  classer  encore,  comme  dépôts  de  la 
mèuie    mer,   des    sables     rouges    fort    étendus,     décalcifiés,   en 


G.    DOLLFUS  559 

a  mus,  sur  le  plateau  du  Bocage  vendéen.  L'Ouest  de  la 
Bretagne  parait  avoir  formé  alors  une  île,  on  n'y  connaît  pas 
de  dépots  analogues  et  la  communication  de  FOcéan  avec  la 
Manche  se  taisait  alors  directement  par  Rennes  et  l'IUe-et-Vilaine. 
Il  est  vraisenil>lable  que  cette  mer  r(»donienne  était  fort 
irrégulière,  quune  plaine  maritime  navait  pas  pu  encore 
s'établir,  que  de  nombreux  rochers,  de  nombreuses  îles, 
encombraient  les  communications.  Je  ne  crois  pas  cependant 
(jue  cette  formation  se  soit  déposée  dans  quelques  fjords, 
dans  des  golfes  plus  ou  moins  resserrés,  occupant  sensiblement 
remplacement  actuel  de  nos  vallées.  Nous  ne  nous  trouvons  pas 
en  présence  des  sédiments  argileux,  calmes  qui  caractérisent  ces 
défilés  profonds.  Je  ne  puis  admettre  l'hypothèse  des  tjords 
que  pour  le  Pliocène,  que  pour  les  dépôts  argileux  de  Redon 
ou  du  Bosq  d'Aubigny,  qui  contrastent  avec  les  dépôts  sableux 
et  graveleux  du  Redonien,  elle  est  inapplicable  encore  plus 
à  rÉocène  et  à  l'Oligocène,  de  la  même  région,  telle  que 
M.  Vasseur  l'a  préconisée,  il  y  a  longtemps  déjà.  Nous 
considérons  l'Eocène  et  l'Oligocène  de  l'Ouest  comme  ayant 
été  autrefois  fort  étendus  et  que  ces  mers  ne  nous  ont  laissé 
leurs  traces  que  dans  leurs  plis  synclinaux,  dans  leurs  clienaux 
marins  profonds,  car  les  belles  faunes  que  M.  Cossmann  est 
en  train  de  décrire  ne  sauraient  avoir  fait  partie  que  d'une 
mer  fort  vaste,  bien  ouverte,  occupant  un  niveau  élevé, 
(entraînant  la   submersion    de   toutes   les   terres  du  voisinage. 

La  distinction  des  sables  de  Rennes  et  des  Faluns  de  la 
Touraine  est  importante  au  point  de  vue  spécial  des  mouve- 
ments du  sol  qui  nous  occupent.  A  la  lin  du  Miocène 
moyen  la  mer  a  abandonné  le  Blaisois  et  la  Touraine,  elle 
s'est  reportée  au-delà  du  Loir  et  le  Miocène  supérieur  arrive 
dans  des  conditions  toutes  nouvelles.  Le  faciès  profond  Savi- 
gnéen  quitte  le  t(»rritoire  ;  la  région  de  la  Loire -Inférieure, 
la  Vendée  s'affaissent,  l'Océan  Atlantique  s'avance  directement 
en  Anjou,  la  communication  au  Nord  par  Dinan  et  Dol 
reste  ouverte,  car  la  faune  du  Cotentin  est  identique  à  celle 
de  Rennes  et  la  mer  du  Calvados  par  le  grand  Vey  commu- 
nique  directement   avec  la  baie  du  Mont  Saint-Michel. 

La  connaissance  de  ces  dépôts  reporte  à  la  lin  du  Mio- 
cène la  disparition  de  la  mer  de  la  Bretagne  et  de  la  vallée 
de  la  Loire,  elle  n'y  entrera  plus  au  Pliocène  qu'à  l'état 
d'estuaire   dans  quelques  larges  vallées,  jusqu'à  Redon,  jusqu*à 


56o  YUP  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Périers  par  exemple  ;  nous  arrivons  à  la  conclusion  que  le 
Miocène  se  termine  par  une  émersion  continentale  comme 
il  avait  commencé  ;  il  s'encadre  entre  deux  régressions,  très 
générales  dans  TEnrope  entière,  et  qui  peuvent  fournir  mi 
appui   sérieux  à   la  classification  générale. 

C'est  ce  relèvement  d'une  cinquantaine  de  mètres  s'ajou- 
tant  à  un  relèvement  moyen  un  peu  supérieur  du  Miocène 
moyen  qui  nous  conduit  à  la  courbe  de  no  à  lao  mètres 
qui  enclôt  les  dépôts  miocènes  tels  que  nous  les  connaissons 
.et  les  avons  figurés  sur  notre  Carte,  et  jusqu'au  soulèvement 
général   de   i3o   à  i5o  mètres  dont  nous  avons    parlé. 

L'état  de  choses  actuel  dans  le  bassin  de  Paris  semble 
donc  bien  avoir  pris  naissance  au  cours  du  Miocène  par  une 
série  d'événements  que  nous  avons  détaillés.  Depuis,  la  surface 
continentale  élevée  et  plissée  parait  n'avoir  subi  <|ue  des 
modifications  sculpturales  provoquées  par  la  marche  normale 
de  l'hydrographie. 

Au  Pliocène,  la  Seine  occupait  déjà  sensiblement  l'empla- 
cement actuel  comme  le  démontrent  les  hauts  graviers  que 
nous  avons  étudiés  sur  la  carte  géologique  de  Melun,  sur 
celles  de  Paris,  d'Evreux  et  de  Rouen  que  nous  avons  levées, 
elle  s'est  approfondie  sur  place  et  aucun  mouvement  spécial 
du  sol  ne  parait  être  intervenu  comme  ayant  modifié  la  posi- 
tion relative  de  ces   dépôts  continentaux. 

Pendant  la  durée  du  Pléistocène  la  mer  de  la  Manche 
s'est  considérablement  agrandie,  le  Pas-de-Calais  s'est  ouvert, 
le  volume  des  précipitations  atmosphériques  s'est  modifié  et 
le  régime  torrentiel  des  grands  cours  d'eau  a  pi*obableinent 
régné  jusqu'à  la  mer,  il  s'est  reculé  aujourd'hui  jusque  dans 
les  régions  montagneuses  ;  on  peut  signaler  quelques  mouve- 
ments du  sol  des  régions  côtières  et  diverses  intercalations 
de  dépôts  marins  et  fluviatiles,  diverses  submersions  et 
émersions  partielles.  Mais  ces  mouvements  ont  tous  été 
d'importance  secondaire  et  locaux  ;  il  n'entre  pas  dans  notre 
cadre   de   les   rappeler  ici. 


56i 


SUR  LE   SILURIEN   DE   BELGIQUE 
par  M.  C.  MALAISE 

Ce  travail  représente  Tétat  de  nos  connaissances  actuelles, 
sur  le  Système  Silurien  de  la  Belgique  et,  plus  spécialement, 
le  résultat  de  nos  recherches  dans  le  massif  du  Brabant  et  la 
bande  de  Sambre-et-Meuse.  C'est  le  résumé  et  la  coordination 
d'observations  faites  depuis  plus  de  quarante  années.  Cet  exposé 
me  paraît  d'autant  plus  utile,  que  la  constitution  du  Silurien 
de  Belgique  est  généralement  peu  connue  et  mal  interprétée 
des  géologues  étrangers. 

Le  Système  Silurien,  dans  sa  plus  large  acception,  compre- 
nant le  Silurien  inférieur  ou  étage  cambrien  ;  le  Moyen  ou 
étage  ordovicien,  et  le  Supérieur  ou  étage  gothlandien,  se 
trouve  au  sud  et  au   centre  de   la   Belgique. 

SILURIEN    DU   SUD    DE    LA    BELGIQUE 

Massifs  de  l'ArdeiNNe 

Le  Silurien  inféri(»ur  ou  Cambrien  du  sud  de  la  Belgique, 
ou  de  TArdenne  (Terrain  ardennais  de  Dumont),  constitue 
quatre  massifs  situés  aux  environs  de  Rocroy,  de  Stavelot,  de 
Givonne,  près  de  Sedan,  et  du  moulin  de  Serpont,  près  de 
Recogne  ;  les  deux  derniers  sont  peu  développés. 

Peu  de  fossiles  ont  été  signalés  en  Ardenne  et,  parmi  ceux 
qui  ont  une  réelle  valeur  paléontologiqne,  on  ne  peut  guère 
citer  que  Oldharnia  radiata  et  Oldhamia  antiqua,  trouvés 
dans  les  massifs  de  Rocroy  et  de  Stavelot,  dans  les  couches 
réputées  inférieures  ;  et  Dictyonenia  sociale  {D,  flabelliformis) 
dans  le  massif  de  Stavelot,  dans  des  couches  qui  occupent 
une  position   relativement  élevée  dans  le  Cambrien. 

J'ai  signalé  dans  le  même  massif  de  Stavelot  et  dans  des 
couches  supérieures  au  Dictyonema  sociale,  des  traces  de 
Lingulocaris  linguUvcomes,  J'ai  également  rencontré  des  traces 
de  Scolvthes,  dans  les  couches  noires  des  massifs  de  Stavelot 
et  de  Rocroy,  et  dans  ce  dernier,  Protospongia  fenestrata  à 
Laifour. 


36 


56a  \IW   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

On  a  aussi  signale  dans  le  Caïubrien  de  l'Ardenne  des 
fossiles,  dont  le  genre  seul  a  été  indiqué  et  d'auti^s  pour  les- 
quels on  a  lait  des  assimilations  qui  ne  j>araisseut  pas  jus- 
tifiées, et   dont   quelques-unes  sont   même   improbables. 

Le  Silurien  inférieur  oii  Cambrien  parait  exister  seul  en 
Ardenne,  où  il  est  entouré  et  recouvert  en  sti*atifieatioii,  géné- 
ralement discordante,  par  des  couches  que  Ton  considère 
comme   constituant   la  base  du  Dévonien  inférieur. 

^'oici  la  légende  du  Système  Cambrien  de  TArdeniie,  adoptée 
par  le  Conseil  de  «lirection  de  la  Commission  géologique  «le 
Belgique,    pour  la  carte  au  4o.ooo«. 

Ëtaye  salmien  (Sm). 

Salmien  supéiueur  (Smii), 
Snrj.  IMiylladcs  ottrélitifèrcs  (o),  manganésifèrcs  (lun),  oligisteux 
ou  oligistil'èrcs  (fe),  coticule  (c). 

Salmien  inferieuk  (Smi). 

Smj,   Quarzophyllades   et   phyllades,  Dictj'ogroptus  fJahelUformis 
(  Dwtyon ema  sociale) . 

£lage  revinîen  (Hv)* 
Hi\  Quarziles  gris  bleu  et  phyllades  noirs  de  Rcvin. 

Etage  devillîen  (A») 

DevILLIEN   supérieur    (J)\"J). 

J)k^!2.  Quarzitc  vert  et  phyllade  violet  ou  gris   verdAtre  «ie  Deville 
et  de  Fumay,  souvent  avec  magnétite.  Oldhamia. 

Devillîen  inférieur  (D\fi) 
Dvi .  Quantité  blanchâtre  ou  verdfttre  (Hourt). 


SILURIEN  DU  CENTRE  DE  LA  BELGIQUE 

L(»  Système  Silurien  forme,   dans   le   centre  de  la    He]gi<]ue. 
le  massif  du   Brabant   et  la  bande   de   Sainbre-et-Meuse. 

Massif  du  Bradant 

Dans  le  centre  d(^  la  Belgique,  principalement  dans  le 
Brabant,  le  système  silurien  forme  un  massif  d'une  certaine 
étendue,  dont,  la  plus  grande  longueur  est  de  cent  et  dix  kilo- 
mètres, avec  une  largeur  maxima  de  vingt-cinq  kilomètre?. 
Mais    il     est     recouvert    dans    la   plus    grande     partie   de    son 


c.  Malaise  563 

étendue  par  des  formations  plus  récentes,  secondaires,  ter- 
tiaires et  quaternaires  :  il  n'aflleure  guère  que  dans  les 
vallées  plus  ou  moins  profondes,  creusées  par  les  cours 
d'eau  :  lu  Senne,  la  Sennette,  la  Samme,  la  Dyle,  TOrneau, 
etc.,  et  leurs  aflluents.  C'est  Tancieu  massif  ardoisier  du 
Brabant  de  d'Omalius  d'Halloy  et  le  massif  rhénan  de  Dumont. 
Le  Système  Silurien  y  est  représenté,  par  le  Cambrien  au  nord, 
rOrdovicien  au  centre,  et  le  Gothlandien  au  sud,  au  voisinage 
du  Système  Dévbnien. 

La  vallée  de  l'Orneau,  de  Gembloux  à  Mazy,  par  Grand- 
Manil,  grâce  à  des  allleurements  convenables  où  des  exi)loitations 
de  pierres  ont  été  faites,  grâce  aussi  aux  tranchées  du  chemin 
de  fer  de  Gembloux  à  Taniines,  montre  une  bonne  coupe  de 
rOrdovicien  et  du  Gothlandien.  avec  leurs  différents  niveaux 
fossilifères,    à    l'exception  de   celui   à  Monograptus    colonus, 

M.  le  professeur  J.  Gosselet  avait  trouvé,  en  1860,  à 
Grand-Manil,  près  Gembloux,  dans  le  massif  du  Brabant,  et  à 
Fosse,  dans  la  bande  de  Sambre-et-Meuse,  des  espèces  fossiles 
caractéristiques  de  la  faune  seconde  silurienne  :  je  fis  des 
explorations  «lans  les  mêmes  massifs  ou  bandes,  et  trouvai  de 
nombreux  gisements  et  de  nouvelles  espèces  siluriennes.  On 
admit  alors  que  ces  formations,  qui  avaient  été  considérées 
par  A.  Dumont,  comme  appartenant  à  son  terrain  rhénan, 
c'est-à-dire  comme  Dévonien  inférieur,  devaient  être  rangées  dans 
le  Système  Silurien. 

Kn  18^3,  je  publiai  un  «  Mémoire  sur  le  Silurien  du  centre 
de  la  Belgiqm»  ».  Les  cinquante  -  deux  espèces  que  je  fis 
connaître  appartenaient  presque  toutes  à  la  faune  seconde,  au 
Caradoc  supérieur,  et  quelques-unes  au  Llandovery.  Je  consi- 
dérai alors  le  massif  du  Brabant  et  la  bande  de  Sambre-et- 
Meuse,  comme  appartenant   au    Silurien    Moyen  ou  Ordovicien. 

Ces  formations  ont  été  depuis  lors,  de  ma  part,  l'objet  de 
nombreuses  rech(*rches  qui  ont  fait  retrouver  dans  l'Ordovicien  et 
le  Gothlandien,  la  plupart  des  assises  et  des  niveaux  fossilifères, 
ou  graptolitiques,  reconnus  dans  les  Iles  Britanniques  et  la 
Scandinavie.  Cette  grande  analogie  justifie  Temploi  (|ue  je 
fais,  pour  désigner  les  assises,  des  noms  employés  dans  la 
région  classique  du  pays   de  Galles. 

En  1877,  j'ai  constaté  la  présence  de  Oldhamia  radiata  et 
Oldhamia  antiqiia  dans  différents  endroits  du  massif  du 
Brabant.  Comme  conséquence    de  cette  découverte,  j'ai  assimilé 


564  Vllie   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

la  partie  nord  du  dit  massif,  au  Silurien  inférieur  ou  Canibrien. 
Les  Oldhamia  ont  été  rencontrés  au  même  niveau  dans  des 
schistes  verdàtres  en  deux  points  éloignés  de  vingt  cinq  kilo- 
mètres, et  également  constatés  dans  des  schistes  supérieurs 
et  dans  des  scliistes  inférieurs  aux  premiers.  Quelles  que 
soient  les  idées  que  Ton  ait  sur  la  nature  des  Oldhamia^  ces 
traces  caractéristiques  n*ont  été  rencontrées  que  dans  les  cou- 
ches inférieures   du  Cambrien. 

Série  inférieure  ou  Cambrien 

On  trouve,  à  Blanmont,  des  Quarzites  verdàtres  et  gris 
bleuâtre,  devenant  roiigeâtres  ou  blanchâtres  par  altération. 
Traces  de  Oldhamia,  dans  les  joints  schisteux.  A  Tubize, 
Ph}'llades  gris-bleuâtre  ou  gris-verdâtre  aimantifères  :  quar- 
zites et  phy'llades  quarzifères,  avec  niagnétite,  passant  au 
quarzO'phyllade  et  au  psammite,  par  altération  :  Oldhamia 
radiata,  Oldhamia  antiqua. 

A.  Oisquercq,  terminant  le  Cambrien  ;  schistes  gris  ou 
bigarrés,  avec  traces  de  Oldhamia, 

SÉRIE    MOYENNE    OU    OrDOVICIEX 

A  la  base,  on  rencontre,  à  Mousty,  Phj'Uades  ou  schistes 
noirs  ou  graphiteux,  avec  phtanite.  En  l'absence  de  fossiles 
je  ne  sais   à  quoi  les   rapporter  :  Peut-être   à  l'Arenig  ? 

A  Villers-la-Ville  :  quarzoph)dlades  gris-bleuâtre  à  fucouies, 
grès  Jaunâtres,  grisâtres,  plus  ou  moins  pailletés,  passant  au 
psammite  par  altération. 

Les  fucoïdes  ont  été  rapportées  par  Kug.  Coemans  au 
genre  Licrophycus  et  nommé  L.  elongatus,  A  la  partie  supé- 
rieure, j'ai  trouvé  Lingula  sp,   —  Peut-être  Llandeilo  ? 

On  trouve  à  Gembloux,  dans  le  Caradoc  :  schiste  ou  phyl- 
lade  quarzeux,  plus  ou  moins  psammitique  et  pailleté,  bleuâtre, 
grisâtre,  ou  bigarré  des  deux  teintes, 

A  Grand-Manil,  schiste  ou  ph}'llade  quarzeux,  noirâtre  ou 
bleuâtre,  plus  ou  moins  pailleté  et  pyritifère. 

Ces  roches  contiennent  de  nombreux  fossiles  caractéristiques 
du  Caradoc  :  nous  en  donnons  ci-après  la  liste,  c'est  le  gîte 
le  plus  exploré.  La  plupart  des  espèces,  tout  au  moins  les 
caractéristiques,  se  retrouvent  au  même  niveau  à  Fauquez 
(Ittre),  à  Hennuyères  et  en  différents  points  aux  environs  de 
Rebecq. 


C.    MALAISE 


565 


Crustacés. 
Lichas  laxatus.  Me  Goy. 
Zethus  verrucosus,  Pand. 
Cheirurus  globosus,  Barr. 

—  juvenis.  Sait. 
Phacops  sp. 

Illœnus  Bowmanni,  Sali. 

—  Davisii^  Sali. 
Asaphus?  sp,  (hypostôine). 
Ilomalonotus  Omaliusi,  Mal. 
Ccdjrmene  incerta,  Barr. 
Ampjyx  nuduSy  Murch. 
Trinucleus  seticornis,  His. 
Beyrichia  complicata.  Sait. 
Primitia  {Beyrichia)  strangulata. 

Sait.  .sp. 

Céphalopodes 
Lituites  cornu-arietis,  Sow. 
Phragmoceras  sp, 
Cyrtoceras  sp, 
Gomphoceras  sp, 
Ortlioceras  attennatum  ?  Sow. 

—  belgicum,  Mal. 

—  buliatuni  ?  Sow. 

—  vagans.  Sait. 

—  vaginatum?  Schloih. 

Ptéropodes 
Hyolites  sp, 

—  sp. 
Tentaculites  anglicus.  Sali. 
Conularia  Sowerbyi,  Defr. 

Gastéropodes 
Baphistoma  lenticularis,  Sow. 
Uolopea  striatella.  Sow.  sp. 
Cjrclonema  crebristria,  Me  Goy. 
Bellerophon  acutus,  Sow. 

—  bilobatus,  Sow. 

—  carinatus,  Sow. 
Pleurotomaria  latifasciata,  Portl. 

Lamellibranches 

Orthonota  sp, 
Grammysia  9p. 
Cjrpricardia  sp. 
CucuUella  sp. 


Nucula  sp. 

Ctenodonta  sp. 

Cardiola  sp. 

Modiolopsis  orbicularis,  Sow. 

Myalina  sp. 

Avicula  sp. 

Brachiopodes 
Atrypa  marginalis,  Daim. 
Leptœna  sericea,  Sow. 
Strophomena  antiquata,  Sow. 

—  corrugatella,  Dav. 

—  euglypha.  Daim. 

—  imbrex^  Pand.,  var, 

semiglobosa. 

—  rhomboidalis,  Wilk. 

—  tenuistriata^  Sow. 
Orthis  Actoniœ,  Sow. 

—  biforata,  Sehloth.  sp. 

—  calUgramma,  Daim. 

—  flabellulum,  Sow. 

—  grandis,  Sow. 

—  hirnantensis.  Me  Goy. 

—  porcata^  Me  Goy. 

—  testudinaria.  Daim. 

—  vespertiliOy  Sow. 

Bryozoaires 

Betepora  sp. 

Ptilodyctia  complanata,  Me  Goy. 

Annélidrs 
Serpulites  longissimus,  Murch. 

Gystidées 
Sphœronites  stelluliferus.  Sait. 

Gkinoïdes 
Tiges  d*enerines. 

Hydroïdbs 
Clirnacograptus  coudât  us  ^  Lapw. 

—  styloideus,  Lapw. 

—  tubulif er  us, LB,pw. 

AnTHOZO  AIRES 

Petraia  elongata,  Phill. 

—      subdupUcatUy  Me  Goy. 
Heliolites  tubulatus,  Lonsd. 
-  favosus,  Me  Goy. 


566  VUI'  GONGRès  GÉOLOGIQUE 

Un  seul  gîte,  Fauquez  (Ittre),  nous  a  donné  quelques 
espèces  non   rencontrées  à  Grand-Manil  : 

Ling^la  aff.semig'ranulaiayMc Coy      Sphœronites  punctatiis,  Forbes. 

Echinosphœrites     (  Sphœronites  )      Favosites  gothlandica^  L.  sp. 
munitus,  Forbes. 

SÉRIE    SUPÉRIEURE    OU    GOTHLANDIEN 

On  trouve  à  Grand-Manil  au-dessus  des  roches  fossilifères, 
contenant  les  espèces  caractéristiques  du  Caradoc.  du  schiste 
grisâtre,  celluleux,  contenant  les  fossiles  du  Llandovery,  et 
en  même   temps  des  traces  d'une  porphyroïde. 

Crustacés  Ptéropodbs 

Lichas  sp.  Tentaculites  sp, 
Acidaspis  sp.  Gastéropodes 

Cromus  sp.  Euomphalm  trochostylus. 

détruis  sp.  Diverses  espèces  très  imparfaites. 
Amphion  sp. 

Sphœrexochus  miras,  Beyr.  Brachiopodes 

Cheiruriis  insignis,  Beyr.  Orthis  lata,  Sow. 

—        sp .  (têtes  et  hy postômes)      Divers  fragments  en  mauvais  étal. 

Phacops  Stokesii.  Milne-Edw.  Bryozoaires 

Illœnus  parvulnsy  Holm. 

—      sp, 

Trinucleus  sp.  Cystidées 

Turrilepas  sp.  Plaques  de  Sphœronites  sp. 

Céphalopodes  Crinoïdes 

Orthoceras  sp.  Tiges  d'encrines. 

A  un  niveau  plus  élevé,  des  schistes  noirâtres  avec  quar- 
zites^  renferment  des  graptolithes  caractéristiques  du  Llando- 
very   : 

Diplograptus  modestus,  Lapw. 

—  vesiculosus  ?  ^ich. 

Climaeograptus  uormaliSy  Lapw.  (Climacograptusscalaris,  L.  sp.  var.). 

—  rectangularis,  McCoy. 
Dimorphograptus  elongatus,  Lapw. 

—  Swanstoni,  Lapw. 

Monograptus  gre gariu s ,  Lapw .  (Monograptus  sagittarius,  His.). 

—  leptotheca,  Lapw. 

—  tenais,  Portl.  (Monograptus  discretus,  Nich.). 

Des  eurites  ou  rhyolithes  anciennes  apparaissent  au  milieu 
de  ces  schistes. 


Ptilodictya  scalpellum,  Lonsd. 


C.    MALAISE  567 

Ce  niveau  à  graptolithes  se  retrouve  également  à  Som- 
brefFe,   à   Nivelles,    à    Fauquez  (Ittre),    à  Cortil-Wodon,    etc. 

A  quelques  centaines  de  mètres  plus  au  sud,  on  observe 
des  schiste,  quarzite  stratoïde  et  psammite  feuilleté  avec  des 
graptolithes  du   niveau  de  Tarannon  ou  Llandovery  supérieur: 

Mono^raptus  bohemicus,  Barr.  Monograptus  proteuSy  Barr. 

—  f^alaensis  ?  LApw.  —  cf.  S edgwicki, }^or\\. 

—  cf.  personatus,  Tullb.  —  subconiciiSj  Tornq. 

—  priodon,  Bronn.  P rotOK'irgul aria  dichoto ma, Me Coy 

Près  de  la  poudrière,  abandonnée,  de  Corroy-le-ChAteau, 
des  schistes  ou  phyllades  gris-bleuâtre,  avec  traces  de  cal- 
cite  et  d'aragonite,  montrent  quelques  espèces  de  Wenlock  : 

Hetiolites   Geinitzianus,    Barr. 

Monoclimacis  (Monograptus)  vomerina,   Nich.  sp, 

A  Monstreux,  près  Nivelles,  des  schistes  ou  phyllades 
gris-bleuâtre  et  gris-noirâtre,  et  psammites,  contiennent  :  Mono- 
graptus colonus,  Barr.,   espèce  caractéristique  du  Ludlow. 


Bande  de  Sambre-et-Meuse 

Entre  les  massifs  siluriens  de  TArdenne  et  celui  du  Brabant. 
se  trouve  une  bande  étroite  de  Silurien,  la  bande  de  Sambre- 
et-Meuse  (uiassif  rhénan  du  Condroz  de  Dumont)  parallèle  à 
ces  deux  cours  d'eau.  Elle  divise,  comme  on  le  sait,  le  massif 
dévonien  et  carbonifère  belge,  en  deux  bassins,  celui  du 
nord  ou  de  Xamur  et  celui  du  sud  ou  de  Dinant.  Je  n'y  ai 
trouvé   que   TOrdovicien  et  le  Gothlandien. 

La  bande  de  Sambre-et-Meuse,  parallèle  d'abord  à  la  Meuse, 
puis  à  la  Sambre,  se  dirigeant  de  Test  à  l'ouest,  offre  son  extré- 
mité orientale  à  H(»rmalle  sous  Huy,  passe  à  Huy,  Naninne, 
Dave,  Fosse  ;  son  extrémité  occidentale  tinit  à  Champs- 
Borgniaux,  près  Acoz.  Elle  a  une  longueur  de  soixante-huit 
kilomètres  avec  une  largeur  d'environ  quatre  cent  mètres,  mais 
atteignant,  parfois,  douze  cents  mètres.  Elle  atlleure  presque 
partout  et  n'est  recouverte  que  de  ses  propres  débris. 

La  bande  de  Sambre-et-Meuse  est  intéressante  par  sa  cons- 
titution et  par  les  assises  fossilifères  qu'elle  recèle. 


568 


VIU«   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


SÉRIE   MOYENNE   OU   OrDOVICIEN 


L'assise  la  plus  inférieure  est  constituée  par  des  schistes 
noirs  satinés,  finement  micacés,  à  cornets  emboîtés  (cane- 
in-cone)  açec  bancs  de  quarzite  noirâtre  veiné  de  blanc. 
Nous  y  avons  trouvé  la  faune  de  TArenig,  entre  Huy  et 
Statte  et   à   Sart-Bernard,    près  Naninne. 

Accompagnant  les  graptolithes,  dont  nous  donnons  ici 
la  liste,  nous  avons  trouvé  Caryocaris  Wrightii  Sait,  et 
Œglina  binodosa.  Sait.,  parfois  Hyolites  sp.,  Lingula  sp., 
restes  de  drvei's  trilobites,  excréments  d'annélides.  fucoïdes. 


Phjrllograptus  angustifolius.  Hall. 

—  tjrpus.  Hall. 
Diplograptusfoliaceus  ?  Murch. 

—  pristiniformis.  Hall. 

—  (  Ciyptograp  tus)  tri- 

cornis,  Cfarr. 

Climacograptus  antennarius^  Hall. 

—  Scharenbergi^hsipw, 
Dickograptus  hexabrachj^atus^MsA. 

—  multiplex  ?  Nich. 

—  octobrachyatus.  Hall. 


Tetragraptus  bryonoides.  Hall. 

Trichogruptus  ?  sp, 

Didj-mog  rapt  luinden  tus  ^WslW.v^. 

nanuSy    Loven. 

—  Murchisonij  Beck. 

—  Nicholsoni,  Lapw. 

—  nitidus?  Hal\. 

—  pseudo-eiegansyi^^' 
Plunuygraptus  sp 
Thamnograptus  ?  sp. 


L'assise  suivante,  que  Ton  observe  au  Fond  d'Oxhe,  près 
Ombret,  est  formée  de  quarzite  noirâtre  micacé  et  de 
schiste  noir,  que  nous  rapportons  au  Llandeilo.  Nous  y 
avons  trouvé  les  fossiles   suivants   : 

Illœnus   sp.,  un  hypostôme  et  di-  Trinucleus  aff.  concentricus,  Eal., 

vers  fragments.  var.  favus. 

HomaLonotus    aff ,    bisulcatus  ,  Beyrictiia  compUcata,  Sait. 

Sait.  Orthoceras  sp. 

Calymene  sp,,  un  pygidium.  Orthis  redux,  Barr. 

Une  nouvelle  assise  surtout  riche  en  fossiles  aux  environs 
de  Fosse,  représentant  le  Caradoc,  est  constituée  par  des  schistes 
quarzeux  de  différentes  teintes,  avec  bancs  d^arkose,  nodule^^ 
et  bancs  quarzeux  et  ferrugineux.  Voici  la  très  riche  faune 
que  nous  y  avons  rencontrée   : 


C.    MALAISE 


569 


Crustacés 

Lichas  laxatus,  McCoy. 
Zethus  x^errucosuSy  Pand. 
Sphœrexochus  miras,  Beyr. 
Cheiruras  juvenis,  Sait. 
Dalmanites  conophthalmus.  Boeck. 
lUœnus  Bowmanni,  Sali. 

—  Davisii,  Sait. 
Homalonotus  Omaliiisi,  Mal. 
Calymene  incerta,  Barr. 
Trinucletis  seticornis,  His. 

Céphalopodes 
Orthoceras  belgicum,  Mal. 

Gastéropodes 
Haphistotna  lenticularis,  Sow. 

Brachiopodes 
Leptœna  sericea,  Sow . 

—  tenuicincta.  Me  Coy. 
Strophomena  rhomboldalis, Wi\ck. 
Orthis  Actoniœ,  Sow. 


Orthis  biforata,  Schloth,  sp. 

—  calligramma.  Daim.  * 

—  porcata.  Me  Coy. 

—  testudinaria.  Daim. 

—  vespertiliOy  Sow. 

Bryozoaires 

Ptilodyctia  dichotoma,  Portl. 

Glauconome  disticha,  Goldt*. 

Phyllopora  (Retepora)  Hisingeri, 

Me  Cov. 

Fenestella  M  Hier  i,  Lonsd. 

—        subantiqua,  <i*Orb. 

Cystidées 
Echinosphœrites  bal  tic  us  y  Eieh. 
Sphœrouiies  stelluliferus.  Sait. 

Crinoïdes 
Glyptocrinus  basalis.  Me  Coy. 
Tiges  d'enerines. 

AnTHOZO  AIRES 

Petraia  subduplicataj  Me  Coy. 


SÉRIE    SUPÉRIEURE     OU    GoTHLANDTEN 

Des  schistes  grisâtres,  calcschistes  avec  calcaire  et  limo- 
nite,  que  nous  rapportons  au  Llandovery.  renferment  une  faune 
assez  intéressante  à   St-Roch  (Fosse). 


Crustacés 

Sphœrexochus  rnirus,  Beyr. 
Phacops  Stokesii,  Milne-Edw. 
niœnus  aff.  par^^ulus,  Holm. 
Calymene  Blumenbachi,  Brongn. 

Céphalopodes 
Orthoceras  sp. 

Brachiopodes 

Atrypa  marginalis.  Daim. 
Meristella  suhundata.  Me  Coy. 
Leptœna  tenuicincta.  Me  Coy. 
—        transversalis.  Daim. 


Strophomena  corrugatella,  Dav. 

—  pecten,  L.  sp. 

—  rhomboidalis,  Wilck 
Orthis  biloba,  L. 

—  crispa ,  Me  Coy . 

—  insularis,  Eichw. 

Anthozoaires 

Halysites  catenularius,  L.  sp. 

Favosites  gothlandica,  L. 

—        multipora,  Sow. 

Petraia  bina,  Sow. 

Heliolites     (Propora)     tubulatus, 
Sow. 


Puis  viennent  des    schistes   avec    très   mauvaises    traces   de 
graptolithes,  eurites  et  rhyolithes  anciennes. 


Cornulites  serpulariua,  Schl. 


570  TUI*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Des  schistes,  calcschistes  et  calcaire  crinoido-lamellaire, 
véritable  petit-granite  silurien,  que  ron  observe  à  Cocriamont, 
contiennent  la  faune  de  Wenlock. 

Crustacés  MeristeUa  tumida^  Daim.  sp. 

Proetus  Stokesii,  Murch.  Leptœna  segmentum,  Ang. 

Phacnps  Stokesii,  Milne-Edw.  Strophomena  antiqtiata,  Sow. 
^,  — -  pecten.  L.  sp. 

CÉPHALOPODES  ,  ,     .,    i-     ^mr-i  1 

—  r/iofnooiaa/w,\Vilck. 

Orthoceras  ibex,  Sow.  ^;^^y^^  ^.-^^^^  L. 

-  '"^P-  -      EdgeUiana,  Ssdi. 

Ptéropodes  Discina  rnçata,  Sow. 

Tentacnlites  anglictis.  Schloth.  . 

^  Annblides 

Lamellibranches 
Cardiola  inierriipta,  Brod. 

Brachiopodes  Anthozoaires 

BhynchoneUa  horealis,  Sehloth.  Halysites  catenularius,  L.  sp. 

Atrypa  imbricata,  Sow.  Cœnites  sp. 

—  marginalis.  Daim.  Favosites  gothiandica,  L. 

—  reticularùt,  L.  sp.  —        Hisingeri,  Milne-Edw. 
Retzia  Salteri,  Dav.  Petraia  bina,  Sow. 
MeristeUa  crassay  Sow.  sp.  HelioUtes    (Propora)    tubnlaias. 

—  didynia^  Dav.  Sow. 

Les  schistes  et  les  psammites,  également  de  Tâge  de  Wenlock, 
montrent  à  Naninne,  une  faune,  surtout  graptolithique. 

Hetiolites  Geinitzianiut,  Barr.  MonoclimacLH        (  Monograptn»  ) 
Cyrtograptas  Murchisoni,  Carr.  vomerina,  Nich. 

Monograptiis  bohemicus,  Barr.  Orthoceras  aff.  attemiaium,  Sow. 

—  circinatns  ?  Tôrnq.  -  —  Çregarium.  Sow. 
A7teo/»i,  Barr.                         -  -  primœvuni,  Forbes 

—  priodon,  Bronn. 

On  trouve  à  Naninne,  dans  des  calcschistes  as^ec  nodules 
calcaires,  au  voisinage  des  scliistos  précédents  à  Monoclimacis 
(Monograptus)  vonierina  : 

Orthoceras   sp. 

Cardiola  interrupta,   Brod. 

Et  dans  djes  schistes  noirâtres  avec  les  mêmes  Monocli- 
macis (Florefle)  : 

Orthoceras  sp. 

Obolus  Davidsoni,  Sait,  var    transoersus. 


C.    MALAISE  571 

On  rencontre  à  Thimensart  (Sart-Saint-Laurent)  l'assise  de 
Wenlock,  représentée  par  des  schistes  et  psammites,  à 
Monograptns  colonus,  Barr.,  et  Orthoceras  mocktreense ,  Sow. 

Je  possède  actuellement  plus  de  deux  cents  espèces,  appar- 
tenant à  rOrdovicien  et  au  Gothlandien,  réparties  dans  le 
massif  du  Brabant    et   dans  la   bande  de  Sambre-et-Meuse. 

Dans  le  massif  du  Brabant,  le  Caradoc  m'a  fourni  soixante- 
dix-huit  espèces  pour  TOrdovicien.  Dans  le  Gothlandien,  j*ai 
trouvé,  et  rapporté  au  Llandovery,  vingt  espèces,  constituant 
un  niveau  à  trilobites  et  à  brachiopodes.  Il  est  surmonté  d'un 
niveau  avec  neuf  espèces  de  graptolithes  ;  au-dessus  se  trouve 
le  Llandovery  supérieur,  représenté  par  huit  espèces  de  grap- 
tolithes du  Tarannon.  J'ai  reconnu  enfin  le  niveau  de  Wenlock 
à  Monograptns  çomerinus  avec  deux  autres  espèces  de  grapto- 
lithes, et  le  niveau  de  Ludlow  avec  Monograptus  colonus, 

La  bande  de  Sambre-et-Meuse  m'a  donné  pour  TOrdovicien 
vingt-deux  espèces  dans  TArenig,  cinq  dans  le  Llandeilo  et 
trente-et-une  dans  le  Caradoc.  Dans  le  Gothlandien,  j'ai  récolté 
vingt  (»spèces  dans  le  llandovery,  vingt-sept  dans  le  Wenlock, 
j'y  ai  observé  un  niveau  à  Monograptns  vomerinus  avec  douze 
espèces   de   graptolithes,  et  le   Ludlow   avec  deux  espèces. 

On  a  reconnu  l'existence  de  différentes  roches  cristallines 
dans  le   Silurien  de  la  Belgique. 

Les  roches  cristallines  observées  dans  le  Cambrien  de  la 
vallée  de  la  Meuse,  dans  le  département  des  Ardennes,  n'ont 
pas  été,  jusqu'à  présent,  retrouvées  en  Belgique  dans  le  massif 
des   Ardennes. 

Dans  le  massif  du  Brabant,  des  diorites  ou  épidiorites  existent 
à  Lembecq,  Quenast,  Lessines,  Lexhy  (Hozémont).  Des  porphy- 
roïdes  ont  été  observées  à  Hennuyères,  Fauquez  (Ittre), 
Monstreux.  Grand-Manil.  Des  eurites  ou  rhyolithes  anciennes 
ont  été  exploitées  à  Grand-Manil,  Sombrelle,  Monstreux, 
Nivelles. 

Dans  la  bande  de  Sambre-et-Meuse,  on  a  trouvé  la  diorite 
aux  Tombes  (Faulx  Mozet),  Teurite  ou  rhyolithe  ancienne 
au  Piroy  (Malonne)  et  à  Neuville  -  sur  -  Meuse  :  j'ai  signalé 
l'existence  d'une  pôrphyroïde,   également  à  Neuville-sur-Meuse. 

Toutes  ces  roches  cristallines  ont  été  l'objet  des  recherches 
de   MM.  de   la  Vallée-Poussin   et  Renard. 


5^2 


LES    VOIES    NOUVELLES 

DE  LA 
GÉOLOGIE  BELGE 

par   M.    M.    MOVRLOK 


Il  semble  qu'à  notre  époque,  la  principale  manifestation 
du  mouvement  scientifique  en  géologie  réside  dans  les  ti*avaui 
de  levés,  exécutés  avec  plus  ou  moins  de  détails,  pour  la  con- 
fection de  cartes  du  sol  et  du  sous-sol,  dans  les  dillérent? 
pays  du  globe. 

C'est  ce  dont  la  France  nous  fournit  en  ce  moment  la 
meilleure  démonstration  à  l'occasion  de  la  VI II®  Session  du 
Congrès   International   de  géologie,   à   Paris. 

Combien  n'est-il  pas  digne  d'admiration  cet  élan  spontané 
de  tous  les  géologues  finançais,  conviant  leurs  collègues  île 
l'étranger  à  parcourir  les  principales  régions  dont  ils  ont 
eiléctué  les  levés  et  pour  lesquels  ils  ont  publié  de  remai-qua- 
bles  notices  itinéraires  qui.  réunies  en  un  superbe  volume, 
constituent  un  véritable  monument  élevé  à  la  science  française. 
Seulement  je  me  hâte  d'ajouter  que  lorsque  les  levés  exécutt'»^ 
pour  dresser  la  carte  géologique  d'un  pays  sont  terminés  uu 
sur  le  point  de  l'être  et  que  la  géologie  de  ce  pays  est  connue 
dans  ses  grandes  lignes,  il  ne  reste  plus,  à  proprement  pa^ 
1er,  qu'à  en  étudier  le  détail.  C'est  le  cas  pour  la  Belgique, 
dont  la  situation  exceptionnellement  favorable  où  la  place, 
d'une  part,  la  variété  et  l'importance  des  assises  de  son  soL 
et,  d'autre  part,  son  exiguïté  relative,  vont  nous  permettre 
d'avoir,  des  premiers,  terminé  les  levés  géologiques  qui  nous 
incombent. 

Or,  les  études  de  détails  qu'il  nous  restera  à  poursuivre  et 
dans  lesquelles  nos  successeurs  trouveront  encore  de  bien  amples 
moissons,  nous  sont  fournies  par  les  applications  de  la  géologie. 

Notre  collègue,   M.  Van  den   Broeck,  l'infatigable  Secrétaire 


M.    MOURLON  573 

général  de  la  Socitié  belge  de  Géologie,  que  j'ai  l'honneur  de 
présider  depuis  près  de  deux  ans,  vous  dira  ce  qui  a  déjà  été 
réalisé  par  noire  Société  dans  la  voie  des  applications. 

Il  ne  sera  peut-être  pas  inutile  que,  de  mon  coté,  je  vous 
retrace  les  mesures  prises  par  notre  Service  géologique  pour 
conjuguer  nos  ettbrts  dans  la  même  voie. 

Ce  service,  institué  par  arrêté  royal  du  16  décembre  1896, 
a  été  rattaché  à  l'Administration  des  Mines  et  par  un  autre  arrêté 
royal  du  21  juillet  1897,  je  me  suis  vu  appelé  à  Thonneur  de  le 
diriger. 

C'était  le  commencement  de  la  régularisation  d'une  institution 
qui,  en  idéalité,  Ibnctionnait  depuis  la  réorganisation  de  la  carte 
géologique  en  janvier  1890. 

Seulement,  avant  de  faire  des  propositions  pour  le  personnel 
dévoué  qui  a  tant  contribué  à  la  réussite  de  notre  œuvre  nationale, 
il  fallait  être  en  mesure  d'arrêter  un  programme  qui  répondit  à 
un  réel  besoin,  non  seulement  dans  le  présent,  mais  plus  encore 
dans  l'avenir. 

C'est  ce  programme  que  j'ai  eu  l'iionneur  de  présentera  M.  le 
Ministre  et  dont  Tapprobation  en  principe  ne  laisse  plus  de  préoc- 
cupation que  pour  la  régularisation  administrative  de  certaines 
dispositions   prises   spontanément  dans   l'intérêt  de  l'œuvre. 

Je  me  suis  borné  dans  les  développements  de  ce  pro- 
gramme aux  considérations  qui  ne  se  trouvaient  pas  déjà 
consignées  dans  mes  publications  antérieures  :  «  Sur  le  service 
géologique  de  Belgique  (i)  »  et  «  Sur  l'avenir  de  la  géologie 
en  Belgique  (2)  »,  ainsi  que  dans  le  discours  ((ue  je  prononçai 
dans  la  séance  publique,  et  en  ma  qualité  de  Directeur  de  la 
Classe  des  sciences  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  le  i5 
décembre  1894  et  qui  est  intitulé  :  «  Le  Service  de  la  Carte 
géologique  et   les  conséquences  de  sa  réorganisation  ». 

Dans  ces  différentes  publications,  je  ne  faisais,  pour  ainsi 
dire,  que  pressentir  les  résultats  qui,  aujourd'hui,  peuvent 
être  considérés   comme  un   fait  accompli. 

Il  y  a  près  de  dix  ans,  lorsque  le  Gouvernement  se  décida 
à  mettre  lin  aux  discussions,  parfois  très  irritantes,  qui  se 
produisaient  périodiquement,  tant  aux  chambres  législatives, 
qu'au  sein  de  nos  sociétés  scientifiques  et  dans  la  presse, 
pour   réclamei'   une    réorganisation   de  la   carte    géologique,   on 

(1)  Bull,  de  la  Soc.  Belge  de  Géologie,  t.  XII,  1898. 

(2)  Ann.  des  Mines  de  Belg.,  t.  II,  18d7. 


5^4  VUl'  CONGRàs  GEOLOGIQUE 

avait  simplement  en  vue  de  confier  l'exécution  de  celle-ci  au 
]>lus  gprand  nombre  de  géologues,  au  lieu  d'en  laisser  le 
monopole  exclusif  à  quehpies  fonctionnaires. 

Mais,  on  ne  se  doutait  certes  pas  alors  des  heureuses 
conséquences  que   devait  amener  la  nouvelle   organisation. 

Non  seulement  la  publication  de  la  carte  géologique,  bien 
accueilie  par  le  public,  suivit  son  cours  régulier  et  les  résultiils 
en  furent  i)roclamés  dans  les  concours  internatiomiux  des  expo- 
sitions d'Anvers,  de  Paris  (Exposition  du  Livre),  de  Bruxelles,  et 
aujourd'hui  encore  par  la  grande  Exposition  de  Paris,  qui,  toutes, 
lui  décernèrent  leurs  plus  hautes  distinctions,  mais  on  ne 
tarda  pas  à  s'apercevoir  (ju'elle  devait  être  considérée,  non  pas 
à  proiirement  parler,  comm(*  un  but  à  attiûndre,  mais  bien  plutôt 
comme  formant  le  point  de  départ  d'un  grand  mouvement 
économique   autant  que  scientifique. 

Et,  en  effet,  non  seulement  le  Service  géologique,  en  mettant 
à  la  disposition  du  public  tous  les  documents  se  rapportant  à 
chacune  des  planchettes  dont  se  comi)ose  la  carte  géologique 
du  jiays,  se  trouve  en  mesure  de  donner  des  solutions  pratiques 
aux  innombrables  questions  qui  lui  sont  journellement  posées, 
mais  il  en  retin»  lui-même  le  plus  souvent  d'importantes 
données  scientifiques. 

Celles-ci,  jointes  à  celles  recueillies  à  l'occasion  de  la  décou 
verte  de  nouveaux  alllcui'ements  résultant  des  grands  travaux  de 
ttîrrassement,  tels  que  ceux  nécessités  par  l'exécution  de  puit*^ 
artésiens,  de  tranchées  de  chemins  ch»  fer,  de  canaux  et,  en 
général,  de  projets  connue  ceux  du  Bocq  ainsi  que  de  Bruxelles 
et  de  Bruges  ])orts  de  mer,  perm(»ttent  de  tenir  la  carte  géolo- 
gique à  joui*,  absolument  comme  le  fait  l'Institut  cartographique 
militaire  pour  la  carte  topographique  du  pays. 

Notre  s(»rvice  devenant  ainsi  un  véi'itabh*  bureau  de  renseigne- 
ments i)our  tout  ce  qui  concerne  la  géologie  et  ses  applications, 
il  importait  de  pouvoir  y  réunir  le  plus  grand  nombre  possible 
de  documents. 

C\*st  ce  à  quoi  nous  sonunes  arrivés  d'une  part  k  l'aide 
des  échanges  de  notre  carte  géologique  avec  celles  de  l'étranger, 
et,  d'autre  part,  en  organisant  notre  bibliothèque  sur  un  nou- 
veau plan  et  en  en  dressant  le  catalogue  d'après  la  classifica- 
tion décimale,  en  publiant  sous  le  nom  de  a  Bibliographia 
geologica  »   le  répertoire  universel  des  travaux  géologiques. 

CiCtte    publication    nous   a    fait    entrer   en    relation    avec    les 


M.    MOURLON  5^5 

services  géologiques  de  tous  les  pays  et  parmi  les  6000  géolo- 
gues qui  ont  reçu  les  prospectus  de  notre  publication  ainsi  que 
des  notes  analytiques  de  nos  travaux,  dont  une  fort  importante, 
en  allemand,  et  signée  d'un  membre  du  Servic(»  géologique  de 
Berlin  (R.  Michaël  :  Die  geologische  Landesaufuahme  Belgiens), 
il  en  est  un  grand  nombre  qui  peuvent  être  considérés  comme 
étant  les  véritables  correspondants  de  notre  service  géologique 
belge. 

Non  seulement,  comme  la  plupart  des  autres  géologues,  ils 
enrichissent  notre  bibliothèque  de  leurs  publications,  mais  ils 
font,  en  outre,  le  meilleur  accueil  à  nos  demandes  de  rensei- 
gnements, voire  même  parfois  de  collaboration.  Ce  fut  le  cas, 
notamment,  pour  maints  de  nos  collègues  des  dillerents  ser- 
vices géologiques  qui,  dans  ces  derniers  temps,  se  mirent,  sur 
notre  simple  recommandation,  à  l'entière  disposition  de  ceux 
de  nos  compatriotes  qui  se  rendirent  dans  leurs  pays  respectifs 
pour  accomplir  les  missions  scientifiques  et  d'applications  qui 
leur  étaient  coniîées. 

Il  y  a  là  une  entente  et  un  échange  de  bons  procédés 
qui,  joints  aux  relations  purement  scientifiques  déjà  établies, 
peut   avoir  une   influence  des   plus  heureuses   dans  l'avenir. 

On  comprend  déjà,  par  ce  qui  précède,  combien  notre 
service  est  un  milieu  favorable  pour  former  des  praticiens 
destinés  à  devenir  des  géologues-conseils  capables  de  remplir 
les  missions  et  d'occuper  les  situations  pour  lesquelles  on 
s'adresse  de  plus  en  plus  audit  service.  Malheureusement 
jusque  dans  ces  derniers  temps,  nous  ne  pouvions  guère 
les  renseigner  que  parmi  ceux  des  collaborateurs  de  la  carte 
qui  se  trouvent  en  situation  d'accepter  ces  positions  le  plus 
souvent  à    l'étranger. 

Mais  je  suis  heureux  de  pouvoir  ajouter  que  l'appel  que 
nous  av<ms  fait  à  la  jeum*sse  universitaire  a  été  entendu  et 
déjà  un  certain  nombre  de  jeunes  gens  munis  d'un  diplôme 
d'Ingénieur  des  ndnes  ou  même  de  Docteur  en  sciences  miné- 
rales, se  sont  décidés  à  faire  à  notre  service,  un  stage  pour 
les  applications  de  la  géologie,  comme  un  grand  nombre  le 
font  maintenant  pour  les  applications  de  Télectricité,  à  l'Ins- 
titut Montefiore  à  Liège,  à  celui  de  Louvain  ou  dans  les 
instituts  correspondants  plus  importants  encore  en  France  et 
en  Allemagne.  Ce  sei*a  là  incontestablement  un  nouveau  débou- 
ché et  des   plus    importants,    pour    la    pléthore    de   notre    jeu- 


5^6  VII1«   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

nesse  universitaire,  et  ceux  qui,  ayant  les  aptitudes  nécessaires 
pour  embrasser  la  pratique  spéciale  de  la  géologie,  se  décide- 
ront à  suivre  les  travaux  de  notre  service,  pourront,  comim' 
certains  le  font,  avec  succès,  en  ce  moment,  partager  leur 
temps  entre  les  sections  de  stratigraphie  et  de  bibliographie 
qui  vont  être   passées   successivement  en  revue. 


Section  de   Stratigraphie 

La  section  de  stratigraphie  comprend  les  matériaux  réu- 
nis à  Toccasion  des  travaux  de  la  carte  géologique,  «le  la 
carte  agronomique,  de  Thydrologie  et  des  mines  et  destinés 
à  servir   : 

1°   De  pièces  justificatives   des  levés  : 

2'^  D'éléments  d'études  pour  les  travaux  en  cours  et  les 
progrès   à   réaliser  ultérieurement  : 

3^  De  consultations  pour  toutes  les  applications  de  la  géo- 
logie  relatives  au   sol   belge  ; 

4®  De  compléments  à  la  collection  des  matériaux  utiles 
commencés  à  Toccasion  de  l'Exposition  internationale  de 
Bruxelles  en  1897,  et  qui  ne  peut  manquer  d'être  rattaché  au 
Service  géologique  lorsque  celui-ci  pourra  disposer  de  locaux 
plus  étendus. 

Planchettes  de  levés.  —  Comme  le  stipule  l'article  i4  de 
l'arrêté  royal  du  3i  décembre  1889,  les  planchettes  de  levt- 
au  20.000®  sont  classées  à  mesure  de  leur  achèvement  de 
manière  à  pouvoir  être  mises  à  la  disposition  du  puhlic 
après   la   publication  des  feuilles  correspondantes  au  4<^.ooof. 

Collections.  —  Les  collections  de  roches  et  de  fossiles  m» 
rapportant  aux  travaux  de  levés  de  la  carte  sont  disposés 
sur  plus  de  cinq  (!(Mits  plateaux,  comprenant  chacun  eu 
moyenne  soixante-dix  échantillons,  ce  qui  en  porte,  dès  à  pré- 
sent, le  nombre  à  plus  de  trente-cinq  mille  :  mais  ce  dernier 
sera  considérablement  augmenté  lorsque  nous  serons  mis  en 
mesure  de  joindre  à  nos  collections  celles  de  l'ancien  service  de  la 
carte,  actuellement  sans  usage  au  Musée  d'Histoire  natun^lle  et 
qu'il  est  fort  regrettable  de  n'avoir  pu  utiliser  pour  la  confection 
de  la  carte. 

Tous  ces  échantillons,   bien  étiquetés,   sont  classés  par  plan- 


M.    MOUHLON  577 

chetles  de  levés  au  ao.ooo*^  et  dans  Tordre  des  numéros  des  notes 
de  voyances  auxquelles  ils  se  rapportent. 

Les  plateaux  sur  lesquels  reposent  les  dits  échantillons  se 
trouvent  dans  Tordre  des  numéros  du  tableau  d'assemblage  des 
•J2G  feuilles  de  la  carte  géologique  au  40'000^  et  portent  chacun 
sur  le  rebord,  des  étiquettes  renseignant  le  nom  des  auteurs  et 
celui  de  la  planchette,  ainsi  que  le  numéro  de  la  feuille  cor- 
respondante, lequel  se  trouve  aussi  reproduit  sur  le  meuble 
renfermant  les  plateaux. 

Notes  de  voyages.  —  A  chacune  des  432  planchettes  de  levés 
au  2o.ooo«  est  attribuée  une  farde  placée  sur  le  meuble  correspon- 
dant et  renfermant  les  notes  de  voyages.  Ces  notes  se  présentant 
le  plus  souvent  de  manière  que  Tauteur  seul  puisse  en  tirer  parti, 
le  Conseil  de  Direction  de  la  Carte  a,  sur  ma  proposition,  décidé 
qu'elles  seraient  transcrites  au  net,  sur  papier  demi-bristol,  et  que 
leurs  numéros  d'ordre  seraient  reportés  sur  un  20.000%  en  bistre, 
lequel  est  également  joint  aux  notes  de  voyages  dans  la  farde 
correspondante.  On  peut  dire  que  dans  ces  conditions  les  notes  de 
voyages  acquièrent  Timportance  d'une  véritable  publication  et 
sont  d'une  utilité  plus  grande  que  les  anciens  textes  expli- 
catifs, étant  donné  surtout  qu'il  est  toujours  loisible  à  chaque 
auteur  de  tirer  de  ses  notes  autant  de  mémoires  originaux 
qu'elles   le   comportent. 

Plusieurs  collaborateurs  et  moi-même  en  avons  du  reste 
largement   profité  dans   ces   derniers   temps. 

Tables  de  travail.  —  Des  tables  avec  microscopes,  chalu- 
meaux et  tous  autres  appareils  indispensables  pour  Tétude  des 
échantillons  de  roches  et  de  fossiles,  se  rapportant  aux  travaux 
du  service,  sont  mises  à  la  disposition  des  travailleurs  dont 
la  demande  d'admission   a    reçu  l'approbation    ministérielle. 

Sondages.  —  Les  sondages  pratiqués  à  Taide  d'appareils 
perfectionnés  dont  un  personnel  compétent  a  le  maniement 
journalier,  constituent  peut-être  la  principale  branche  de  l'acti- 
vité du  service.  Non  seulement  trois  équipes  comprenant  cinq 
hommes  chacune,  fonctionnent  en  ce  moment  pour  tous  les 
grands  travaux  d'utilité  publique,  réclamant  la  connaissance 
du  sol  et  du  |  sous-sol,  ce  qui  nous  procure  des  documents 
inestimables  pour  Tétude  de  nos  terrains,  mais  des  disposi- 
tions ministérielles  vont  être  prises  pour  que  les  agents  de 
l'État    que    la    chose    concerne,    nous    renseignent    dans     toute 


37. 


5^8  Vill«  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

retendue  du  pays,  sur  les  travaux  projetés    ou    en    voie    d'exé- 
cution, de  natui'c  à  justifier  Tintervention  du  géologue. 

Section  de  Bibliographie 

La  section  de  bibliographie  comprend  la  bibliothèque  el  le 
répertoire   international   des   sciences  géologiques. 

Bibliothèque,  —  En  dehors  des  périodiques  qui  deviennent 
de  plus  en  plus  nombreux,  les  volumes,  brochures  et  cartes, 
tant  de  ma  bibliothèque  personnelle  dont  j'ai  fait  al>aiidon  au 
Service  que  de  ceux  adressés  directement  à  ce  dernier,  sont 
inscrits  au  i*egistre  d'entrée  sous  665 1  numéros.  Il  est  à  rema^ 
quer  que  les  documents  analogues  de  la  bibliothèque  de  la 
Société  belge  de  géologie  qui  ont  été  réunis  aux  nôtres,  en 
doul)lent  prescfue   le  nombre. 

La  mise  en  ordre  définitive,  à  Taide  de  la  Classification 
décimale,  de  tous  ces  documents  de  la  bibliothèque,  et  la  publi- 
cation du  catalogue  dans  le  répertoire,  dont  il  sera  parlé  ci- 
après,   avance  rapidement. 

Répertoire  des  sciences  géologiques,  —  Ce  répertoire  dési- 
gné sous  le  nom  de  «  Bibliographia  geologica  »  comprend  deux 
séries  :  la  première  ou  série  A,  se  rapportant  aux  publica- 
tions antérieures  à  1896  (»t  la  seconde  ou  série  B.  renseignant 
tout   ce  qui   a   paru  à   partir  du    i®*"  janvier  1896. 

Ont   paru  jusqu'ici  : 

A)  Pour  la  première  série  (antérieure  à  189G)  :  le  tome  I 
(1899)  et   le   tome  II   (1900)  ;    le   tome  III  est  à  l'impression. 

B)  Pour  la  deuxième  série  (postérieure  à  1896),  le  tome  1 
(1897),  le  tome  II  (1899),  ^^  tome  III  (1900)  ;  le  tome  IV 
est  à  rimpression. 

La  ((  Bibliographia  geologica  »  a  re<;u  partout  un  excellent 
accueil,  et  les  plus  précieux  concoui'S  lui  sont  acquis,  dès  à 
présent,   en   tous   pays. 

Seulement,  en  dehors  du  fait  si  intéressant  de  nous  avoir 
fourni  les  meilleurs  correspondants  du  service  géologique, 
tant  sous  le  rapport  purement  scientifique  qu'au  point  de  vue 
des  applications  qui  occupent  une  si  large  place  dans  nos  tra- 
vaux, les  concours  dont  il  s'agit  sont  maintenant  nettement 
définis  et  fort  simplifiés.  Ils  consistent  à  nous  faire  connaître 
pour  chaque  région  : 


M.    MOURLON  579 

I**  Les  titres  des  périodiques,  qui  ne  se  trouvent  pas  déjà 
renseignés  dans  la  liste  que  nous  avons  publiée  au  nombre 
de  plus  de  treize  cents,  qui  sont  compulsés  pour  notre  publica- 
tion :  2°  les  litiges  des  ouvrages,  relativemenl  peu  nombreux, 
paraissant  séparément,  en  dehors  des  périodiques. 

Une»  heui-euse  innovation  nous  a  permis  d'appoi'ler  une 
grande  amélioration  à  réconomie  de  la  «  Bibliographia  geolo- 
gica  »,  et  les  deux  derniers  tomes,  dont  je  suis  heureux  de 
pouvoir  olï'rir  la  primeur  au  Congrès,  sont  les  i)remiers  à  en 
bénéficier. 

Elles  consistent  en  ce  que,  au  lieu  de  n'airecter  à  chaque 
titre  de  publication  qu'un  indice  bibliographique,  celui  qu'on 
peut  appeler  «  idéologique  »,  et  qui  résume  le  contenu  de  la 
publication,  nous  en  avons  renseigné  en  caractères  un  peu  plus 
gras,  un  second  se  rapportant  à  la  région  correspondante  et  qui 
est  l'indice  «  géographique  » . 

Cette  mesure,  en  nous  dispensant  de  reproduire  les  titres 
d'ouvrages  au  chapitre  de  la  «  géologie  régionale  »,  nous  per- 
met, pour  le  présent  volume,  comme  pour  tous  ceux  qui 
suivront,  et  qui  comprennent  chacun  3. 000  titres  de  publications, 
de  doubler  le  nombre  des  renseignements  bibliographiques  en 
le  portant  par  conséquent  à  6.000  par  volume. 

On  voit,  dès  lors,  l'importance  qu'est  appelé  à  prendre  ce 
travail  d'indexation  qui  ne  tend  à  rien  moins  qu'à  former  de 
véritabh»s  encyclopédistes,  et  combien  les  jeunes  gens  qui  suivent 
les  travaux  du  service  trouveront  de  plus  en  plus,  par  la  suite, 
une  occasion  dc^  s'instruire  et  de  se  tenir  au  courant  de  la 
littérature  géologique  en  consacrant,  chaque  jour,  quelques  heures 
à  ce  grand  travail  d'indexation  auquel  ils  seront  conviés  à 
prêter  leur  concours  en  échange  des  facilités  qui  leur  seront 
données  pour   se  perfectionner  dans  l'étude  de  la  stratigraphie. 

La  tendance  extra-utilitaire  de  notre  époque  pousse  la  jeu- 
nesse vers  les  carrières  considérées  comme  étant  les  plus  lucra- 
tives et  pour  le  plus  grand  nombre,  la  géologie,  en  dehors  des 
chaires  d'univei'sités  et  des  musées,  ne  conduit  à  rien. 

Eh  bien,  j'oserais  presque  allirmer  que  c'est  le  contraire 
qu'il  faudrait  dire  et  qu'aucun  de  nos  collègues  ayant  suivi  la 
marche  du  service  placé  sous  ma  direction  ne  me  démentira 
lorsque  je  constaterai  que  ce  ne  sont  ni  les  missions,  ni  les 
consultations,  ni  même  les  situations  qui  font  défaut,  mais  bien 


58o  VUl'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUR 

• 

ceux  qui  devraient  en  être  gratifiés,  c'est-à-dire  les  géologues 
vraiment  dignes  de  ce  nom,  les  géologues  stratigraphes  qui  ont 
fait  leur  apprentissage  sur  le  terrain,  considérant  la  nature 
comme  étant  leur  vrai  laboratoire  et  leur  principal  champ  d'action. 

Au  point  de  vue  qui  nous  occupe,  en  ce  moment,  je  ne  puis 
m'empècher  d'établir  un  rapprochement  entre  la  géologie  et 
Télectricité  qui  a  pris  un  si  merveilleux  développement  dans 
ces  derniers  temps.  Si,  à  l'époque  qui  n'est  pas  bien  éloignée 
de  nous,  oii  Ton  ne  connaissait  de  l'électricité  que  ce  que  nous 
en  enseignait  le  traité  classique  de  Ganot  et  où  Ton  ne  possé- 
dait point  encore  les  admirables  instituts  spéciaux  dont  il  a 
été  fait  mention  plus  haut,  si  à  ce  moment,  dis-je,  on  était 
venu  parler  des  carrières  qu'allait  ouvrir  à  la  jeunesse  univer- 
sitaire les  applications  de  Télectricité  poui*  les  communications 
téléphoniques,  la  traction  et  l'éclairage,  de  quel  scepticisme  cela 
n'eut^il  pas  été   accueilli? 

Et  cependant  on  sait  à  présent  que  les  instituts  en  question 
doivent  chaque  année,  faute  de  place,  refuser  un  grand  nombre 
d'élèves,  et  Ton  sait  aussi  Fimmense  développement  qu'ont  pris 
les  carrières  d'électriciens  et  combien  la  science  électrique 
réalise  en  ce  moment  de  vertigineux  progrès. 

Ne  peut^on  pas  se  demander  si  ce  qui  s'accomplit  ainsi  sous 
nos  yeux  depuis  quelques  années  dans  le  domaine  des  applica- 
tions d(î  l'électricité,  ne  peut  également  se  produire  dans  le 
champ,  pour  ainsi  dire  sans  limittN  des  applications  de  la 
géologie. 

Celle-ci  présente  sur  l'électricité  cet  innnense  avantage  de 
pouvoir  se  passer  d'installations  coûteuses,  la  nature  étant  son 
vrai  laboratoire  et  sa  seule  exigence  au  moins  pour  ce  qui  nous 
concerne  en  Belgique,  consistant  à  posséder  des  locaux  plus 
étendus  que  ceux  dont  dispose  actuellement  le  service  géo- 
logique. 

Le  sol  exploitable  de  notre  planète  est  immense  et  encore 
bien  peu  exploré  si  l'on  en  juge  par  ce  simple  fait  que  dans 
notre  petite  Belgique»,  qui  est  un  des  points  les  jdus  scrutés, 
il  a  sulli  de  quelques  son<lages  exécutés  à  l'occasion  des  levés 
de  la  carte  géologique  i)our  faire  la  lumière  sur  le  sous-S4»l 
resté  jusque-là  à  peu  près  complètement  inconnu,  de  la  plus 
grande  partie  de  la  région  campinoise,  sous-sol  qui  nous  rt^serve 
peut-être  encore  de  bien  impoi'tantes  surprises. 

Nos  différents  dépôts  du  sol  et  du  sous-sol,  dont   l'étude  est 


M.    MOURLON  58l 

déjà  poussée  dans  un  si  grand  détail,  donneront  lieu  de  plus 
en  plus,  par  la  suite,  à  des  résultats  scientifiques  qui  seront  en 
proportion  des  applications  qu'il  sera  possible  d'en  tirer. 

A  la  suite  d'une  communication  que  je  fis  à  la  séance  du  i5  mai 
dernier  à  la  Société  belge  de  Géologie,  dans  le  but  d'établir  que 
l'étude  des  applications  est  le  meilleur  adjuvant  du  progrès 
scientifique  en  géologie,  l'un  de  nos  collaborateurs  les  plus  distin- 
gués de  la  Carte  géologique,  notre  ami  M.  Rutot,  en  adhérant  à 
nos  conclusions,  ajoutait  :  «  Les  applications  de  la  géologie  sont 
essentiellement  des  études  de  détail  qui,  en  raison  des  intérêts 
multiples  qu'elles  mettent  en  jeu,  imposent  au  géologue  une 
responsabilité  autrement  importante  que  celle  de  la  constatation 
pure  et  simple  de  la  connaissance  approximative  d'une  superpo- 
sition stratigraphiquc» ....  Elles  ne  sont  donc,  en  réalité,  qu'un 
nouveau  mode  de  levé  aussi  détaillé  qu(^  i)ossible,  de  notre  terri- 
toire, ellectué  avec  des  moyens  autrement  puissants  que  ceux 
mis  en  œuvre  par  les  s«»rvices  gouvernementaux  et  ne  coûtant 
rien  aux  contribuables  ». 

«  Nul  moyen  d'action  en  faveur  de  la  science  pure  ne  peut  donc 
être  comparé  à  ceux  utilisés  pour  la  solution  des  questions  prati- 
ques, et  l'on  peut  dire  bien  haut,  sans  risquer  d'être  contredit, 
que  l'avenir  de  la  science  pure  est  entre  les  mains  de  l'application, 
qu'il  faut  multiplier  et  encourager  autant  que  possible.  C'est  à 
elle  seule  que  la  géologie  devra  désormais  ses  plus  belles 
conquêtes  ». 

Enfin,  dans  la  communication  précitée  du  i5  mai,  je  faisais 
remarquer  que  nou  seulement  il  ne  vient  plus  à  l'esprit  de 
personne  de  contester  la  grande  utilité  pratique  de  notre 
science,  mais  lorsqu'il  est  possible  de  la  mettre  en  doute  pour 
une  partie  spéciale,  c'est  que  l'étude  de  cette  partie  n'a  point 
encore   été   suffisamment   approfondie. 

D'où  la  conclusion  inéluctable  qu'en  s'occupant  des  appli- 
cations de  la  géf>logie,  on  est  tout  naturellement  amené  à  récla- 
mer de  celle-ci  tout  ce  qu'il  est  possible  d'en  tirer  par  l'étude  la 
plus  complète  de  ses  différentes  parties  et  à  l'aide  des  méthodes 
les   plus  perfectionnées. 

Je  citai  comme  exemple  de  cette  manière  de  voir  notre 
carte  agronomique  dont  l'exécution,  bien  qu'ayant  été  décidée 
par  les  Chambres  législatives  belges  dans  la  session  de  i892- 
1893 ,  ne  pourra  réellement  être  dressée  pratiquement,  de 
manière  à  rendre  les  services  qu'on  est  en  droit  d'en  attendre, 


58a  VIU®   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

que  lorsque  les  dépôts  superficiels  quaternaires  et  modernes  qui 
intéressent  plus  particulièrement  l'agriculture  auront  été  Tobjel 
d'études  encore  plus  approfondies.  La  mise  au  point  de 
la  légende  d'ensemble  du  quaternaire  belge  constituera,  au 
point  de  vue  scientifique,  l'une  des  bases  de  la  carte  agrono- 
mique, et  elle  ne  sera  possible  qu'après  étude  critique  et 
comparative  des  résultats  partiels  obtenus  séparément  par  les 
divers  exécutants  de  la  carte  travaillant  isolément  dans  des 
régions  différentes. 

Il  est  vraiment  surprenant  de  constater  combien  le  géo- 
logue qui  a  les  applications  en  vue,  apporte  plus  de  rigou- 
reuse exactitude  dans  ses  levés  de  carte,  qu'il  sait  devoir 
être  utilisées  pour  la  construction  de  travaux  gigantesques, 
tels  que  ceux  qui  viennent  d'être  décrétés  par  la  Législation 
dans  le  but  d'établir  une  voie  souterraine  avec  gare  au  centre 
de  Bruxelles  et  une  ligne  directe  reliant  cette  ville  à  celle 
de  Gand,  en  attendant  celle  non  moins  utile  et  désirable 
projetée   entre   la   capitale   et  notre   métropole  commerciale. 

J'ajouterai,  enfin,  que  l'étude  des  applications  de  la  géologie 
par  le  géologue  de  profession,  outre  qu'elle  permet  à  celui- 
ci  d'élargir  son  horizon  et  d'étendre  son  champ  d'action  au 
grand  bénéfice  de  la  science,  donne  le  plus  souvent  des  solu- 
tions fort  simples  aux  questions  en  apparence  les  plus  com- 
pliquées, et  qui,  par  suite  d'absence  de  compétence  suflisante. 
de  la  part  des  personnes  ou  des  commissions  chargées  de  les 
élucider,   ont  entraîné  souvent   de  véritables  désastres. 

A  ce  point  de  vue,  le  service  géologique  de  Belgique, 
tant  par  l'organe  des  membres  de  son  personnel  que  par  celui 
des  autres  collaborateurs  de  la  carte,  auxquels  de  nombreuses 
et  importantes  missions  et  consultations  ont  été  confiées  eu 
tous  pays  durant  ces  dernières  années,  pourrait,  s'il  n'était 
lié  par  le  secret  professionnel,  fournir  des  données  bien 
instructives  et  de  nature  à  justifier  la  sollicitude  du  gouver- 
nement pour  le  développement  des  études  géologiques  en 
Belgique. 

On  le  voit  par  ce  qui  précède,  nous  sommes  arrivés  en 
Belgique  à  ce  que  notre  chère  science  y  soit  en  honneur  et 
ce  n'est  pas  sans  quelque  fierté  de  géologue  que  nous  voyons 
s'élever  sur  nos  places  publiques  Icîs  statues  de  nos  maîtres  : 
celle  de  d'(3malias  d'Halloy  à  Namur  et  celle  d'André  Duiuont 
à  Liège. 


M.    MOURLON  583 

Nous  sommes  heureux  aussi  de  la  confiance  que  nous 
témoigne  le  Gouvernement  en  chargeant  le  service  géologique 
de  Tétude  scientifique  de  tous  ceux  de  ses  grands  travaux 
d'utilité  pul>lique  pour  lesquels  la  connaissance  du  sol  et  du 
sous-sol  est  indispensable  et  dont  on  appréciera  Fimportance 
lorsque  l'on  saura  que  lo  montant  de  la  dépense  qu'ils 
comportent  s'élève  en  ce  moment  à  plus  de  deux  cents  millions. 

En  agissant  comme  nous  Tavons  fait,  nous  croyons  avoir 
servi  les  intérêts  de  la  géologie,  non  seulement  en  Belgique, 
mais  même  en  tous  pays.  Aussi,  nos  visées  s'étendent-elles 
beaucoup  plus  loin  'encore,  et  en  présence  du  mouvement 
colonial  qui,  depuis  ([uelques  années,  a  pris  chez  nous, 
comme  un  peu  partout  ailleurs,  un  développement  qui  ne 
fera  que?  s'accentuer  par  la  suite  et  qui  réclame  le  concours 
d'un  si  grand  nombre  de  géologues  de  profession,  et  malheu- 
reusement le  plus  souvent  en  vain,  faute  de  préparation 
spéciale  suffisante,  je  me  demande  s'il  ne  me  serait  point 
permis  d'exprimer  un  vœu  devant  cette  assemblée,  aussi  remar- 
quable par  le  nombre  que  par  la  compétence  des  illustrations 
qui  la  composent. 

Ce  vceu  serait  de  voir  la  session  actuelle  du  Congrès 
International  de  Géologie  nous  donner  par  l'approbation  du 
programme  que  nous  nous  sommes  tracé  et  que  nous  nous 
efibrçons  de  réaliser,  la  consécration  qui  nous  est  si  néces- 
saire pour  inspirer  encore  davantage  la  confiance  en  haut 
lieu  et  pour  triompher  des  résistances  et  des  difficultés  qui  ne 
manquent  jamais  de  se  produire  lorsqu'on  entre  dans  des 
voies  nouvelles  ou  tout  au   moins    peu   explorées. 


584 


LA  GÉOLOGIE  APPLIQUÉE  ET  SON  ÉVOLUTION 
par  M.  Ernesl  TAN  DEN  BROECK. 


C'est  à  la  Société  géologique  de  France  que  nous  dovons 
la  notion  initiale  de  Tiniportance  et  de  l'utilité  des  études 
d'applications  géologiques,  et  voici   comment  : 

En  18129,  Constant  Prévost,  dont  le  rùle  et  dont  l'œuvre 
dans  révolution  de  la  Géologie  française  ont  été,  il  y  a  peu 
de  temps,  si  bien  mis  en  lumière  par  son  éminent  disciple 
M.  Gosselet,  Constant  Prévost,  dis-je,  venait  d'être  chargé 
du  Cours  de  Minéralogie  et  de  Géologie  à  TEcole  centrale  des 
Arts  et  Manufactures.  C'est  alors  qu'il  eut  l'idée,  exposée  tout 
d'abord  à  ses  amis  Jules  Desnoyers  et  Deshayes,  de  fonder, 
à  Paris,  une  Société  de  Géologie  ouverte  à  tous,  aux  débu- 
tants comme  aux   savants,   aux   maîtres  comme   aux  élèves. 

Cette  idée  fut  consacrée  dans  une  réunion  d'amis  et  d'adhé- 
rents, présidée  par  Ami  Boue,  Dans  cette  séance,  tenue  le 
17  mars  i83o,  fut  voté  le  règlement  de  la  nouvelle  Société, 
règlement  qui  a  servi  de  modèle  à  tant  d'autres  similaires  et 
cpii  montre  que  les  fondateurs  de  la  Société  avaient  en  vue, 
outre  les   progrès   de  la  Géologie,    ses  applications. 

Vivement  influencé  par  l'idée  des  avantages  matériels  que 
les  Arts  et  Manufactures  pouvaient  retirer  de  la  géologie  appli- 
quée, Constiint  Prévost  tent^  de  mettre  en  vedette,  d'une  manière 
peut-être  un  peu  trop  accentuée,  ce  côté  pratique  et  utilitaire 
de  la  Science  et,  si  on  l'avait  suivi  trop  à  la  lettre,  il  eût 
transformé  la  Société  naissante  en  ime  sorte  d'agence  scienti- 
fique commerciale,  se  chargeant  d'analyses  et  de  consultations, 
donnant  des  avis  motivés,  des  conseils,  rédigeant  des  instruc- 
tions, se  chargeant  de  rapports,  de  traductions,  communiquant 
des  documents  et  faisant  même  commerce  de  ses  doubles  : 
bref,  elle  fût  devenue  un  Oflice  technique  et  commercial,  où 
l'élément  scientifique  et  de  progrès  des  connaissances  risquait 
de  devenir  secondaire. 

Les  savants  qui  se  groupèrent  autour  de  Constant  Prévost 
comprirent  Técueil,  et,  dans  le  projet  définitif,  éliminèrent 
entièrement  le   côté  commercial. 


B.    VAN    DBN    BKOECK  585 

«  Néanmoins,  dit  M.  Gosselet,  dans  sa  belle  étude  sur 
Constant  Prévost,  ils  accédèrent  à  son  désir  d'indiquer  les 
applications  de  la  Géologie  parmi  les  buts  que  devaient  se 
proposer  les  études  de  la  nouvelle  Société.  » 

En  effet,  le  procès-verbal  de  la  première  séance  mentionne  que 
la  Société  «  aurait  pour  objet  de  contribuer  au  progrès  de  la  Géo- 
logie, et  de  favoriser,  spécialement  en  France,  l'application  de 
cette  science  aux    arts   industriels  et  à  TAgriculture.  » 

A  plusieurs  reprises,  Téminent  fondateur  de  la  Société 
insista  sur  l'importance  qu'il  y  avait  à  ne  pas  séparer  la 
science   appliquée  de   la  science  théorique. 

Dans  son  discours  du  25  avril  i83o,  présentant  la  jeune 
Société  au  roi  Louis-Philippe,  Constant  Prévost  insista  sur  la 
thèse  qui  lui  était  chère  et  exposa  nettement  les  avantages 
que  devaient  retirer  des  applications  de  la  Science  les  ingé- 
nieurs,   exploitants,   hydrographes   et  agriculteurs. 

Mais,  en  réalité,  les  temps  n'étaient  pas  venus  pour  la 
réalisation  de  ce  beau  programme  et  le  sagace  mais  trop  zélé 
précurseur  avançait  de    trois  quarts  de   siècle  ! 

Le  sol  de  la  France  est  si  varié  et  si  complexe  dans  sa 
vaste  étendue,  que  l'œuvre  de  son  étude  détaillée  est  encore 
loin  d'être  terminée  aujourd'hui.  Les  mystères  et  les  problèmes 
de  sa  géologie  commencent  seulement,  dans  certaines  régions, 
à    se  dévoiler  à   nos  yeux. 

Relativement  à  la  multiplicité  des  problèmes  que  la  science 
pure  doit  résoudre  tout  d'abord,  le  nombre  des  géologues  adon- 
nés à   ces  captivantes  études   a   été,   est  trop  minime  encore. 

La  cartographie  enfin  n'avait  eu,  pendant  longtemps,  à  leur 
ofïrir  que  des  canevas  non  en  rapport  avec  leurs  études  et  avec 
leui's  recherches  de  détail. 

Sans  de  bonnes  lumières  scientifiques  préalables,  le  domaine 
des  applications  devait  fatalement  rester  dans  fombre.  En  un 
mot,  il  fallait  s'occuper  de  construire  et  d'élever  le  phare  avant 
de  songer  à  lui  faire  éclairer  l'océan  étendu  des  applications, 
où  d'ailleurs  les  récifs  et  les  écueils  ne  manquent  pas  et  ont 
besoin  d'être  illuminés  de  très  haut  pour  parvenir  à  être  évités. 

Il  est  intéressant  de  constater  la  corrélation  qui  existe 
entre  le  degré  d'élaboration  du  progrès  géologique  régional  et 
la  phase  d'apparition  fructueuse  de  l'élément  spécial  constitué 
par   l'élude  des  applications  géologiques. 


586  VIII<^   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Où  voyons-nous  apparaître  le  plus  rapidement  les  pro^s 
de  nos  connaissances  géologiques  si  ce  n'est  dans  les  régions 
minières,  industrielles  et  agricoles,  c'est-à-dire  partout  où  la 
multiplicité  des  travaux  publics  et  privés,  des  exploitations 
minérales,  forages,  puits  artésiens,  établissement  de  voies  de 
communications  terrestres  et  fluviales,  partout  où  la  recherche 
de  phosphates,  d'eaux  industrielles  et  alimentaires  et  tant 
d'autres  travaux  intéressant  le  sol  et  le  sous-sol  donnent 
forcément  naissfince  à  un  réseau  serré  d'observations,  d'études, 
de  résultats  et  parfois  aussi  de  mécomptes,  de  fausses  recher- 
ches et  de  méprises  qui  amènent  peu  a  peu  l'Ingénieur.  TAr- 
chiteete,  l'Exploitant,  l'Hydrologue,  la  Municipalité,  et  le 
Cultivateur  à  s'adresser  —  assez  souvent  trop  tard  —  au 
géologue  :  c'est-à-dire  à  celui  qui,  bien  mieux  qu'eux  tous, 
est  à  même  de  prévoir,  d'indiquer  et  de  dissuader,  lorsqu'il 
s'agit  de  travaux  coûteux  ou  aléatoires,  dont  il  est  désirable 
de   pouvoir  évaluer  d'avance  les   chances  de  succès. 

Certes  la  Science  pure  n'est  pas  à  même  de  tout  prévoir, 
de  tout  indiquer  et,  elle  aussi,  doit  scrupuleusement  enregistrer 
ses  mécomptes  et  ses  insuccès  dans  le  domaine  des  applica- 
tions et  y  trouver,  par  cela  même,  d'utiles  leçons  pratiques 
pour  l'avenir.  Mais  à  quelles  sommes  fantastiques  n'arrive- 
rait-on pas  si  l'on  s'avisait  d'additionner  les  millions  engloutis 
dans  des  pays  industriels  comme  la  France  et  la  Belgique, 
par  les  fausses  recherches,  par  les  tentatives  vaines,  rien  que 
dans  les  domaines  des  recherches  minérales  et  des  travaux 
publics.  Et  de  cette  accumulation  de  millions  combien  n'eus- 
sent pas  été  sauvés  d'un  aveugle  anéantissement  si  l'on  s'était 
préalablement  adressé   à   la    Géologie! 

Je  disais  tout  à  l'heure  que  l'on  voyait  évoluer  rapidement 
le  progrès  des  connaissances  géologiques  dans  les  régions 
industrielles.  C'est  une  preuve  frappante  du  rôle  précieux  de 
l'application  —  qui  n'est  en  somme  que  de  l'étude  géologique 
locale  ou  régionale  détaillée  —  dans  les  progrès  des  connais- 
sances scientifiques. 

Un  exemple  topique  de  ceci  nous  est  fourni  par  le  riche 
département  du  Nord,  où  les  heureux  hasards  de  l'enseigne- 
ment ont  depuis  longtemps  conduit  un  disciple  fervent  de 
Constant  Prévost,  rapidement  devenu  à  son  tour  un  des  Maîtres 
dont  s'honore  la  France  :  M.  le  Professeur  Jules  Gosselet. 

Pénétré   de   la  grande  valeur  pratique  du   programme   utili- 


E.    VAN   DEN   BROECK  587 

taire  de  Constant  Prévost  il  eût,  dans  un  merveilleux  champ 
d'action,  des  plus  propices  à  Tépanouissement  complet  de  ce 
programme,  la  joie  de  pouvoir  le  réaliser  dans  ses  multiples 
voies. 

Mais  aussi  Tétat  des  connaissances  géologitjues  régionales 
de  cette  partie  de  la  France,  permettait,  déjà  4^  '*^^^  après  la 
tentative  forcément  vaine,  en  i83o,  de  Constant  Prévost, 
d'aborder  avec  fruit  dans  le  Nord  ce  programme  si  vaste  des 
applications  géologiques,  pour  lequel  une  bonne  partie  de  la 
France  n'était  pas  mûre  encore,  dans  l'évolution  do  ses  connais- 
sances géologiques. 

Ai-je  besoin  de  rappeler  ici  les  lumières  intenses  que  ces 
deux  phares  régionaux  élevés  par  M.  Gossolet:  son  Enseigne- 
ment  universitaire  et  sa  Société  Géologique  du  Nord,  ont 
répandues ,  sous  forme  d'applications  géologiques  de  toute 
espèce,  à  la  riche  contrée  industrielle  et  agricole  située  sous 
leur  bienfaisant  rayonnement.  La  Belgique  elle-même  en  a 
largement  profité  autant  que  de  l'œuvre  magistrale  et  purement 
géologique  du  savant  auteur   de   «  l'Ardenne  ». 

Non  seulement  nos  collègues  de  France,  de  Belgique  et  de 
tous  pays  apprécient  la  valeur  des  sei*vices  rendus  par  le 
Maître  et  ses  disciples,  mais  ils  savent  aussi  qu'il  y  a  là  de 
fructueux  exemples  (jui  s'étendront  internationalement  partout, 
conformément  aux  vues  et  aux  aspirations  du  sagace  fondateur 
de  la  Société  Géologique  de  France  et  cela  dès  que  la  phase 
primordiale  et  indispensable  du  progrès  géologique,  aura  régio- 
nalement,  dans  le  domaine  de  la  Science  pure,  accompli  son 
cycle  préliminaire  et  amené  la  géologie  dans  la  voie  de  l'étude 
du   détail. 

Déjà  sporadiquement  en  France,  on  voit  apparaître  dans 
les  régions  à  richesses  minérales  industrielles  ou  agricoles 
développées,  des  tendances  similaires  à  celles  qui  caractérisent 
l'œuvre  de  M.  Gosselet  dans  le  Nord.  Il  y  a  deux  ans.  les 
membres  de  la  Société  belge  de  Géologie,  en  excursion  en 
Lorraine,  y  ont  vu  à  l'œuvre  MM.  Bleicher,  Nicklès  et  leurs 
vaillants  collaborateurs,  s'avançant  rapidement  et  utilement 
dans  la   même   voie  féconde. 

L'écueil  à  éviter  est  celui  qui.  en  i83o,  s*opposa  à  l'exécu- 
tion et  à  l'épanouissement  des  vues  de  Constant  Prévost.  Il 
convient  de  ne  suivre  sérieusement  et  systématiquement  cette 
voie    des    applications     que    lorsque     l'étude    de    la    géologie 


588  Vllfc  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

détaillée  a  pu  commencer  à  succéder  normalement  aux  études 
préliminaires.  Celles-ci  doivent  cpnsei'ver  comme  objectif 
unique  et  rationnel  le  seul  progrès  scientifique  par  l'étude  de 
la  géologie   pure. 

S'il  est  ime  région,  modeste  dans  ses  dimensions  et  par 
conséquent  très  accessible  aux  investigations,  et  dont  le  sol. 
riche  et  varié  autant  que  productif  en  cléments  d'exploitations 
minérales;  s'il  est  une  région,  dis-je,  qui  a  été  l'objet,  depuis 
longtemps  déjà,  d'études  géologiques  approfondies,  en  mérae 
temps  que  d'innombrables  recherches  et  exploitations  minéndes 
et  industrielles,   c'est  bien  la  Belgique, 

Déjà  au  milieu  du  siècle  qui  vit  la  naissance  de  la  Science 
géologique  moderne,  notre  pays  et  nos  géologues  étaient  dotés, 
grâce  aux  travaux  préliminaires  et  cependant  déjà  synthétiques 
de  l'illustre  d'Omalius  d'Halloy,  et  surtout  grâce  à  la  décon- 
certante activité  et  au  coup  d'œil  génial  d'André  Dumont.  de 
deux  superbes  cartes  géologiques  du  pays,  à  l'échelle  du 
^^-xT.  :  l'une   consacrée  au    sol,    l'autre   au    sous-sol.   Ces  chefs- 


160.000 

d'œuvre,  datés  de  i85i,  sont  toujours  consultés  et  admirés  de 
nos  jours.  Ils  constituaient  un  progrès  scientifique  bien  en 
aisance  sur  l'état  des  connaissances  géologiques  dans  la 
plupart  des  contrées  d'Europe.  L'élan  fut  ainsi  donné  ;  pois, 
grâce  à  notre  superbe  canevas  de  cartographie  topographique 
au  20.000,  qui  depuis  longtemps  englobe  le  pays  entier,  nous 
en  sommes  arrivés,  depuis  1878,  et  sous  les  auspices  de  deux 
Services  géologiques  successifs,  à  élaborer  des  levés  géolo- 
giques à  l'échelle  de  ao.ooo,  d'abord  publiés  partiellement  à 
cette  échelle,  levés  presque  terminés  aujouinl'hui  pour  tout  le 
pays  et  dont  la  publication,  au  40  •  000,  englobant  les  données 
du  sol  avec  celles  du  sous- sol,  sera  achevée  avant  le  prochain 
Congrès   géologique  international. 

Faut-il  s'étonner  qu'avec  l'œuvre  des  précurseurs  rappelés 
plus  haut,  qu'avec  le  stimulant  exemple  de  l'Ecole  géologique 
de  Lille,  et  qu'avec  l'heureux  concours  de  circonstances  de  la 
perfection  de  notre  canevas  topographique  à  grande  échelle 
figurant,  mètre  par  mètre,  le  relief  de  notre  sol,  si  riche  et 
si  varié  dans  sa  constitution  géologique  et  dans  ses  produc- 
tions minérales;  faut-il  s'étonner,  dis-je,  que  la  Géologie  belge 
soit  rapidement  entrée  dans  la  phase  indiquée  et  prévue  par 
Constant  Prévost   comme   V épanouissement  naturel,    inévitable 


Ë.    VAN   OEN   BKOECK  5Sq 

même,  de  la  géologie  détaillée,  donnant  fraternellement  la 
main  à   la   géologie  appliquée. 

Depuis  1874  nous  avons  en  Belgique,  avec  siège  social  à 
Liège,  en  plein  pays  de  terrains  primaires,  une  Société  géo- 
logique de  Belgique,  s'occupant  très  activement  de  la  géologie 
de  la  liante  Belgique  et  de  ses  exploitations  minérales.  Sous 
cette  Ibrme,  elle  avait  eu  Toccasion  d'aborder  de  temps  à 
autre  des  problèmes  d'applications  géologiques  et  elle  Tavait 
fait  av(»c  succès,  sans  toutefois  prendre  position  dans  cette 
voie  comme  Société,  sauf  cependant  en  organisant  un  concours 
relatif  à  l'étude  des  gîtes  métallifères.  Le  terrain  liouiller,  le 
gisement  des  phosphates  de  la  Hesbaye,  les  eaux  minérales  et 
alimentaires,  y  ont  fourni  l'objet  d'intéressantes  recherches 
et  d'études  individuelles,  publiées  sous  les  auspices  de  la 
Société. 

Lorsqu'en  1887  un  très  minime  groupe  de  géologues  belges 
prit  la  décision  assez  hardie  de  fonder  à  Bruxelles,  au  centre 
du  bassin  tertiaire  de  la  moyenne  et  de  la  basse  Belgique, 
une  seconde  Société  géologique,  dont  les  adhérents  pouvaient 
paraître  assez  dilHciles  à  recruter,  le  problème  initial  qui  se 
posait  consistait  à  rechercher  une  direction  nouvelle,  inédite 
même,  comme  çoie  conductrice,  permettant  à  la  fois  d'évi- 
ter le  redoutable  problème  d'éventuelles  et  stériles  riva- 
lités, de  contribuer  aux  progrès  de  la  Science  et  de  l'étude 
le  nos  terrains,  surtout  post-primaires,  et  enfin  de  réunir 
des  adliérents  pouvant  s'intéresser  à  ses  travaux  et  par  consé- 
quent  les  utiliser. 

Chose  curieuse,  paradoxale  même,  c'est  en  tournant  nos 
yeux  vers  le  Sud,  c'est-à-dire  vers  nos  ainis  de  Lille,  que 
nous  constatâmes  que  c'était  du  «  Nord  »  que  devait  nous  venir 
la  lumière. 

L'exemple  de  la  Société  géologique  du  Nord  et  le  programme 
de  la  Faculté  des  Sciences  de  Lille  étaient  là  pour  nous 
montrer  la  voie,  et  le  rayonnement  du  phare  lillois  parvint 
jusqu'à  nous  pour  nous  montrer  que  dans  notre  champ  d'action, 
limité  et  quelque  peu  difficile,  il  n'y  avait  qu'une  voie  à 
suivre,  rationnelle  en  direction,  féconde  en  résultats,  tant 
pour  la  science  que  pour  nos  concitoyens.  La  situation  centrale 
de  notre  quartier  général  de  Bruxelles,  dans  les  plaines  et 
collines  de  la  basse  et  de  la  moyenne  Belgique,  dont  le  sol  est 
caractérisé   par   des  récurrences    régulières   de   dépôts    meubles 


ÔgO  VUie  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

OU  peu  rocheux,  perméables  et  imperméables,  enserrant  et 
distribuant  divei*senient  de  nombreuses  nappes  aqaiferes  ; 
rimportance  d'une  production  agrîeole  favorisée  par  d'épais 
limons  appelant  la  culture  intensive  :  la  nécessité  pour  les 
nombreuses  villes  et  agglomérations  du  pays  le  plus  peuplé 
d'Europe ,  d'avoir  des  eaux  alimentaires  abondantes  et  sai- 
nes :  Tépanouissenient  d'industries  de  toute  nature  réclamant 
d'énornu»s  atllux  d'eau  que  seul  pouvait  fournir  le  sous-sol  : 
tout  cela  nous  indiquait  combien,  dans  le  domaine  de  YHydro- 
logie  comme  dans  celui  de  Y  Agriculture,  le  rôle  pratique  et 
utilitaire  d'une  institution  géologique  telle  que  celle  que  nous 
voulions  fonder  pouvait  devenir  important,  bienfaisant  même 
pour  les  intérêts  économiques  de  nos  populations,  de  nos 
industries  et  de  notœ  agriculture.  Quant  aux  études  scientifi- 
ques provoquées  par  la  multiplicité  des  problèmes  locaux  que 
cette  direction  spéciale  faisait  forcément  prévoir,  on  pouvait 
en  espérer  les  meilleurs  résultats  pour  les  progrès  de  la 
science   qui    nous   est  chère. 

C'est  avec  cette  orientation  assez  spéciale  que  fut  ci'éée  la 
Société  belge  de  Géologie,  de  Paléontologie  et  d*H}'drologie, 
et  c'est  la  première,  je  pense,  dont  les  Statuts  accordent  aui 
applications  de  la  Science  une  part  qui  de  jour  en  jour 
parait  de  plus  en  plus  justifiée,  s'il  faut  en  ci'oire  le  succès 
croissant,  chez  nous,  comme  ailleuis,  des  adeptes  résolus  de 
cette  voie,  poursuivie  systématiquement  et  parallèlement  au 
progrès  et  à  l'avancement  de  la   Science  pure. 

Déjà,  de  toutes  parts,  nous  voyons,  en  Belgique,  s'étendre 
et  s'accroître  en  importance  les  voies  multiples  et  si  diverses 
des  a[)plications  géologiques.  Notre  vaillante  consœur  et  ainée, 
la  Société  géologique  de  Belgique,  vient  depuis  peu  d'entrer 
fructueusement  dans  la  même  voie  d'une  importance  spéciale 
à  donner  aux  applications  de  la  Géologie.  Elle  a  institué 
comme  nous  l'avions  fait  dès  nos  débuts,  en  1887.  d'inté- 
ressantes séances  spéciales  d'applications  et  nous  avons  vu 
avec  joie  qu'elle  aussi  se  dispose  à  faire  en  sorte  que  la 
Science  et  l'Industrie  retirent  de  précieux  fruits  de  ces  travaux 
spéciaux.  Je  n'en  citerai  comme  exemple  que  les  séances  de 
ce  genre  qui  viennent,  sous  l'impulsion  active  et  savante  de 
nos  amis  liégeois,  MM.  Lohest  et  Forir,  d'aborder  les  beaux 
problèmes  de  Vextension  de  nos  richesses  houillères  dans  la 
Hesbaye   orientale    et  dans   le   Limbourg,  ainsi   que    le  remar- 


B.    VAN   DEN   BROECK  69! 

quable    programme    d'études    fi)'drologiquei>    élaboré,     il    y    a 
])Oii   de  mois,    sous  rinlluence  des   mêmes   initiatives. 

Les  Unwersités  elles-mêmes  se  sont  émues  de  ce  mouvement 
nouveau  et,  après  une  première  manifestation,  saluée  avec 
plaisir  par  nos  géologues,  en  laveur  de  l'enseignement  si  utile 
de  la  Géographie  pliysique,  elles  ont  compris  (jue  des  débouchés 
d'avenir  tout  nouveaux  sont  prêts  à  surgir  en  faveur  des 
jeunes  gens  chez  qui  le  goût  des  sciences  géologiques  et 
minérales  était  jusqu'ici  contrarié  par  l'impossibilité  de  sortir 
des  limites,  trop  étroites  chez  nous,  de  la  seule  carrière  de 
l'Enseignement. 

L'expansion  coloniale  (jui  depuis  peu  fait  sortir  le  Belge 
de  son  territoire  trop  étroit,  à  l'exemple  de  ses  énergiques 
voisins  des  quatre  points  cardinaux,  qui  l'ont  précédé  dans 
cette  voie  ;  l'attractive  exploitation  scientifique,  minérale  et 
industrielle  que  tant  de  centres  d*outre-mer  oflrent  comme  but 
rénmnérateur  aux  uns;  le  perfectionnement  des  connaissances 
techniques  de  géologie  que  l'étude  et  l'exploration  de  nos 
propres  régions  pi'ésentent  comme  objectif  aux  autres  ;  tels 
sont  les  principaux  motifs  de  la  création,  qui  sera  sous  peu 
olliciellement  confirmée  par  le  Gouvernement,  du  diplôme 
(ï Inffénieur-géologue  qui  va  bientôt  être  décerné  ])ar  certaines 
de  nos  Universités,  comme  consécration  de  leurs  cours  de 
géologie  appliquée,  dont  nous  nous  réjouissons  de  voir  le 
brillant  succès  s'allirmer  de  jour  en  jour,  spécialement  à   Liège. 

Enfin,  le  Service  Géologique  de  Belgique,  installé  aux 
côtés  de  la  Commission  de  la  carte  géologique,  service  qui 
est  dirigé  par  M.  M.  Mourlon,  est  venu  depuis  peu  consacrer 
délinitivement  et  olliciellement  en  Belgique  la  démonstration 
du  rôle  important  qu'ont  peu  à  peu  pris  chez  nous  les  études 
d'applications  géologiques,  dont  la  Société  belge  de  géologie 
s'honore  d'avoir, /a /^ré'm/cve,  formulé  le  programme  systématique. 

Lors  de  la  dernièn»  séance  de  notre  4^  Section  du  Congrès 
notre  Président,  M.  Mourlon,  n'a  pu,  en  sa  qualité  de  direc- 
t(»ur  du  service,  exposer  que  très  incomplètement,  faute  de 
temps  disponible,  le  vaste  panorama  des  horizons  nouveaux 
qu'ouvre  la  voie  de  l'étude  des  applications  géologiques.  Le 
même  motif  et  le  désir  de  ne  pas  abuser  des  instants  et  de 
l'attention  de  mes  auditeurs  me  forcent  à  rappeler,  uniquement 
par  son  titre,  le  seul  point  qu'il  a  été  donné  à  M.  Mourlon 
de   développer. 


59^  Vlll«  CONGRÈS   GEOLOGIQUE 

Je  fais  ici  allusion  à  l'œuvre  qui  constitue  en  quelque 
sorte  le  platform  technique  et  la  base  luatérielle  du  succès 
des  travaux  d'application,  j'ai  nommé  la  Bibliographie  géolo- 
gique générale^  et  l'avenir  montrei'a,  après  les  tâtonnemcnU 
inévitables  de  la  première  heure,  quel  puissant  levier,  quel 
précieux  outil  de  travail,  on  est  en  droit  d'en  espérer,  tant 
dans  le  domaine  de  la  Science  pure  que  dans  celui  de  la 
Science   appliquée. 

Si  nos  géologues  individuellement,  si  nos  Sociétés  géologiques, 
nos  Universités,  la  Commission  de  la  Carte  géologique  et  la 
Science  géologique  sont  arrivés  en  Belgique,  à  faii'e  converger 
leurs  efforts  et  leurs  travaux  respectifs  vers  ce  noble  et 
glorieux  but  commun  de  faire  marcher  de  concert  les  progrès 
scientifiques  et  les  applications  de  la  géologie,  réalisant  ainsi 
les  vues  de  l'éminent  précurseur  qui  fonda,  avec  cette  espérance, 
la  belle  Société  géologique  de  France,  notre  ainée  et  notre 
modèle  à  tous,  on  le  doit  moins  au  mérite  de  ceux  qui  actuel- 
lement sont  à  même,  chez  nous,  de  diriger  fructueusement  ce 
mouvement  utilitaire,  sans  que  la  Science  pure  en  pâtisse,  ou 
en  prenne  ombrage,  qu'aux  circonstances  favoi*ables  énumért^s 
tantôt,  qui  ont  permis  d'aborder  très  rapidement,  en  Belgique, 
la  géologie  de  détail  et  les  problèmes  locaux   et   régionaux. 

Une  chose  a  frappé  vivement  mes  nombreux  confrères 
belges  qui,  soit  comme  membres  de  nos  deux  Sociétés  géo- 
logiques, soit  comme  membres  de  la  Commission  de  la  Carte 
ou  bien  alliliés  au  Service,  soit  enfin  comme  géologues-conseils 
d'administrations,  d'exploitants  où  d'industriels,  ont  eu  l'occa- 
sion à    titre    purement    personnel,    de  se   livrer  à    ces    études. 

Cette  chose  a  été,  en  peu  de  mots,  fort  bien  exposée  par 
mon  collègue  et  ami  M.  A.  Rutot  à  Tune  des  toutes  dernières 
séances  de   la  Société   belge   de   Géologie. 

Le  fait  si  justifié  qu'a  mis  en  lumière  M.  Rut(»t,  c'est  que 
les  études  spéciales  et  détaillées  auxquelles  donnent  forcé- 
ment lieu  les  recherches  provoquées  par  les  applications  géolo- 
giques contribuent  [)our  une  part  considérable,  et  bien  plus 
importanUî  en  tout  cas  qu'on  pouiTait  le  croire,  aux  progrès 
de  la  Science  pure.  Ces  études  spéciales  consistent  en  elfet 
dans  la  réunion  de  faits  précis  et  détaillés,  observés,  interprétés 
et  commentés  avec  l'esprit  critique  et  pondéré  auquel  donne 
fatalement  lieu  le  sentiment  de  la  responsabilité.  Des  centai- 
nes d'exemples,  des  plus  curieux,  des  plus  suggestifs,  pourraient 


E.    VAN  DEN   BROECK  59*3 

être  ici  fournis  à  Tappui  de  cette  allirination.  qui  n'est  que 
la  synthèse  Je  nombreuses  et  déjà  longues  expériences  person- 
nelles  de   beaucoup   d'entre  mes  compatriotes. 

On  en  pourrait  tirer  cette  conclusion  que,  même  en  des 
contrées  où  la  connaissance  du  détail  géologique  n'est  pas 
encore  à  la  hauteur  de  ce  qu'elle  est  dans  d'autres  régions 
plus  lavorisées.  il  y  aurait  intérêt,  au  seul  point  de  vue  du 
progrès  de  la  Science  pure,  à  poussin*  graduellement  les  géolo- 
gues et  les  Sociétés  géologiques  dans  la  voie,  non  exclusive 
bien   entendu,    des   applications. 

La  tâche  sera  plus  ardue  qu'ailleurs  assurément,  mais  en 
dehoi's  des  intérêts  matériels  en  jeu  et  dont  elle  n'a  cure,  la 
Science  pire  y  trouvera  l'avantage  de  voir  s'approcher  plus 
rapidement  qu'en  son  évolution  normale,  la  phase  d'une  con- 
naissance plus  approfondie,  plus  documentée^  de  la  géologie 
des  régions   considérées. 

Dans  une   notice  intitulée  :    A   propos  du  rôle    de  la   Géo- 
logie dans   les  travaux  d'intérêt  public  et  publiée  à  Bruxelles 
dans  notre  Bulletn,  en  décembre  1888,  soit  moins  de  deux  ans 
après  la  fondation  à  Bruxelles  de  la  Société  belge  de  Géologie, 
i  ai   déjà   pu   fournir,  après  ce   court   laps   de   temps,  une  nom- 
breuse série  de  faits,  parfois  saisissants,  mettant  bien    en   relief 
les  services  que  la  Géologie  peut  rendre  dans  l'exploitation  des 
richesses    minérales ,    dans   l'élaboration   des   projets   de    distri- 
bution    d'eau    potable,    de     recherches    d'eaux     souterraines     à 
propriétés  induslrielles,    de    constructions  d'édiiices,  de  creuse- 
ment   de  canaux,     dans   le    choix    de    tracés   de   voies    ferrées, 
de    tranchées,   barrages,  etc.,   dans  les  questions  d'emplacement 
et  de  devis  de  sondages,  d'emplacement  de  cimetières  et  enfin 
en   matière  de  travaux  publics  et  privés  de  toute  espèce. 

Craignant  d'abuser  dei  instants  et  de  l'attention  de  mes 
auditeurs,  je  me  bornerai  à  renvoyer  ceux  d'entre  eux  que  le 
détail  de  cet  exposé  intéresse  à  cette  note  de  1888,  publiée  dans 
le  tome  II  de  notre  Bulletin  bruxellois  (Pr.-Verb.,  pp.  3o3-3io). 
C'est  Y  Hydrologie  surtout  qui,  dans  nos  plaines  à  sous-sol 
non  rocheux,  ou  seulement  rocheux  en  profondeur,  a  pris 
une  grande  extension  comme  application  des  études  géologiques. 
Aussi  un  programme  complet  d'hydrologie  superficielle  et 
souterraine  a-t-il  été  élaboré  au  sein  de  la  Société  de  géologie, 
depuis  1888. 


H« 


5g4  '^^^^^  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Comme  exécution  de  ce  programme  nous  pouvons  signaler 
en  vedette  la  publication,  sous  ses  auspices  et  par  les  soins 
de  M.  A.  Lancaster,  de  la  belle  carte  pluviométrique  de  la 
Belgique^  jusqu'ici   sans   rivale  par  son  deg^é  d'élaboration. 

De  nombreuses  communes  de  Belgique  nous  doivent  d'avoir 
été  éclairées  sur  la  possibilité  et  sur  les  chances  de  succès  ou 
d'insuccès  de  projets  de  distribution  d'eau.  Nous  avons  accordé 
une  attention  spéciale  à  l'importante  question,  à  base  si 
essentiellement  géologique,  de  la  circulation  de  Feau  dans  les 
calcaires  et  de  la  contamination  éventuelle  des  sources  de 
ces  régions.  Les  puits  artésiens  qui  se  multiplient  de  toutes 
parts,  ont  mis  en  relief  les  mutuels  services  que  peuvent  se 
rendre  soudeurs  et  géologues  ;  enfin  l'expérience  acquise  nous 
a  mis  à  môme  de  formuler,  pour  le  plus  grand  bien  des  admi- 
nistrations communales  et  de  leurs  administrés,  comment  il 
faut  s'y  prendre  pour  aborder  rationnellement  et  d'après  des 
bases  vraiment  scientiliques,  l'élaboration  et  la  mise  sur  pied, 
souvent   si  fantaisistes,    des  projets   de  distribution  d'eau. 

Pour  finir,  je  mentionnerai  encore  quelques  têtes  de  chapitre> 
riches  chacun  en  faits,  en  données  et  en  exemples  de  toute  espèce  : 
telles  que  les  applications  de  la  Géologie  à  V Agriculture,  la 
recherche  des  phosphates ,  T étude  des  matériaux  de  construc- 
tion ;  exposé  qui,  à  lui  seul,  me  prendrait  au  moins  une 
heure  pour  être  fait  ici  au  complet  ;  l'étude  du  grisou  dans  ses 
rapports  éventuels  avec  les  phénomènes  de  la  Météorologie 
endogène,  etc.,   etc.  (i). 

(i|  Tout  récemment,  la  Société  belge  de  géologie  vient  d'entreprendre  une 
nouvelle  étude  dont  les  résultats  permettent  d'être  des  plus  intéressants.  Cest 
celle  des  «  Sables  boulants  »  qui  offre  en  ce  moment,  en  Belgique,  un  caractère 
de  vive  actualité  par  suite  de  grands  travaux  en  cours  ou  en  projet  et  dont 
l'exécution  devra  partiellement  s'effectuer  dans  les  terrains  dont  il  s'a^t.  Les 
communications  déjà  faites  à  la  Société  et  beaucoup  d'autres,  qui  sont  annoncer 
comme  prochaines,  promettent  une  ample  moisson  de  données  aussi  utiles  poor 
la  science  pure  que  pour  la  science  appliquée 

A  la  grande  surprise  de  beaucoup,  il  a  été  constaté  que  tout  était  à  faire 
dans  cette  voie  de  l'étude  scientifique  du  «  t>ouIant  n,  y  compris  la  bibliographie 
elle-même  de  la  question.  Définition,  caractères  du  sable  boulant,  différenciation 
éventuelle  de  ses  divers  types,  relations  avec  la  dynamique  aquifère  :  bref  le 
vaste  programme  qu'ouvre  cette  étude  constitue  iK)ur  ainsi  dire  un  terrain 
vierge,  surtout  en  Kurope,  où  sont  encore  peu  connues  les  récentes  recherchef 
américaines  sur  la  matière. 

Il  est  difficile  de  comprendre  un  tel  état  de  choses  lorsqu'on  songe  aux  nom- 
breux millions  qui  ont  été  engloutis,  dans  tant  de  pays,  par  ce  tonneau  des 
Danaides  qui  s'appelle  le  u  sable  boulant  )>. 

(Soie  ajoutée  pendant  l*impre^ion). 


E.    VAN   DEN   BROECK  5^ 

Bref,  on  le  voit,  le  domaine  de  la  Géologie  appliquée  est 
aussi  vaste  que  fécond.  C'est  en  France,  à  Paris,  que  ce 
programme  a  été  pour  la  première  fois  énoncé,  il  y  a  70  ans. 
C'est  dans  le  département  du  Nord  que,  depuis  3o  ans,  il  a 
été  appliqué  d'une  manière  systématique  et  persévérante.  C'est 
en  Belgique  enfin  que.  gràco  à  un  ensemble  de  circonstances 
favorables,  il  a  pu  s'épanouir  largement  et  s'étendre  à  de 
nouvelles  voies  encore,  qui  promettent  de  se  montrer  fructueuses 
au-delà  de  bien  des  espérances.  Nous  avons  vu  que  l'étude 
des  applications,  lorsqu'elle  est  entreprise  au  moment  opportun, 
c'est-à-dire  lorsque  la  géologie  régionale  est  entrée  dans  la 
pliase  des  études  et  des  levés  détaillés,  n'est  nullement  préju- 
diciable à  la  s(;ience  pure  et  à  ses  progrès.  Au  contraire,  c'est 
elle  surtout  qui,  dans  la  phase  d'épanouissement  des  études 
géologiques  détaillées,  constitue  à  son  tour  un  facteur  de  ce 
même  progrès.  Aussi  puis-je,  pour  terminer  cet  exposé,  me 
borner  à  répéter  simplement  le  titre  suggestif,  et  que  l'expé- 
rience a  montré  être  si  vrai,  d'une  des  dernières  communica- 
tions de  notre  Président  de  la  Société  belge  de  géologie, 
M.  Mourlon,  titre  qui  est  :  U étude  des  applications  est,  en 
géologie,  le  meilleur  adjudant  du  progrès  scientifique. 

Le  rôle  de  la   Géologie  dans  l'étude  rationnelle 
des  projets  de  drainage  en  eaux  potables 

Je  me  permettrai,  à  propos  du  rôle  si  capital,  et  cepen- 
dant si  mal  compris  ou  négligé  jusqu'ici,  de  la  Géologie  dans 
l'élaboration  des  projets  de  distribution  d'eau,  surtout  quand 
ils  sont  basés  sur  des  travaux  de  drainage  dans  le  sous-sol, 
de  rappeler  le  programme  de  ces  éludes  tel  que  je  le  formu- 
lais  dès    1890. 

Voici  comment  débutait  une  Note  intitulée  :  Les  sources 
de  Modave  et  le  projet  du  Hojyoux,  considérés  au  point  de 
vue  géologique  et  hydrologique,  note  publiée  dans  le  procès- 
verbal  de  la  séance  du  i5  juillet  i89o  de  la  Société  belge 
de  Géologie   (Bull.,    t.   IV,    Pr.-Verb.,  p.  180-191). 

«  L'étude  d'un  projet  de  drainage  ou  de  captation  d'eau 
comprend  des  points  de  vue  très  divers.  La  marche  rationnelle 
consiste  à  s'adresser  d'abord  à  la  Géologie,  qui  détermine  la 
structure  et  les  relations  générales  des  couches,  ainsi  que 
leurs  relations  avec  les  nappes  ou  ressources  aquifères  qu'elles 


5l^  VUie  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

contiennent,  qui  permet  de  dresser  des  coupes  rationnelles  des 
terrains,  de  déterminer  leurs  conditions  de  perméabilité  ou 
d'imperméabilité,  ainsi  que  les  diilicultés  qu'elles  ollriront  aui 
travaux  de  mine,  de  fouille,  de  construction,  etc.  Vient  ensuite 
VHxdrologie,  qui  précise  le  nivellement,  le  fractionnement  des 
nappes,  les  quantités  d'eau  disponibles,  le  débit  moyen,  avec 
les  minima.  La  Chimie  et  la  Bactériologie  doivent  intervenir 
ensuite,  pour  déterminer  la  composition  des  eaux  et  les  varia- 
tions qu'elles  peuvent  présenter  périodiquement,  leur  nocivité 
ou  leur  innocuité  au  point  de  vue   hygiénique. 

»  C'est  seulement  lorsque  ces  éléments  sont  acquis  que 
Yingénieur  devrait  entrer  en  ligne  pour  rechercher  les  conditions 
d'établissement  les  plus  favorables  et  les  mieux  appropriées 
aux  données  géologiques  et  hydrologiques.  Son  projet,  établi 
alors  sur  des  bases  sûres,  peut  être  livré  ensuite  aux  finan- 
ciers^ aux  autorités  compétentes  et  aux  conseils  juridiques. 
dont  le   rôle  est  tout   indiqué.  » 

J'ajoutai  encore  à  la  suite   de   cet  exposé  : 

«  11  est  regrettable  de  constater  que  c'est  généralement  la 
marche  inverse  qui  est  suivie.  Il  en  résulte  —  et  la  Société 
en  a  eu  des  exemples  frappants  sous  les  yeux  —  que  des 
auteurs  de  projet  ont  consacré  beaucoup  de  temps  et  d'argent 
à  élaborer  des  projets  dont  la  base  rationnelle  faisait  défaut, 
alors  que  la  marche  normale  indiquée  ci-dessus  leur  eût  permis 
de  modifier  leurs  projets  de  manière  à  les  rendre  admissibles 
et  aptes  à   faire  l'objet  d'un  examen  approfondi.  » 

Faisant  allusion  aux  nombreux  projets  que  des  administra- 
tions communales  et  provinciales  ont,  à  de  multiples  reprises, 
soumis  à  l'examen  critique  des  membres  de  la  Société  belge 
de  Géologie,  particulièrement  à  ses  adhérents  spécialistes  en 
matière  de  géologie,  d'hydrologie  et  de  chimie,  j'ajoutais  «  qu'au 
sein  de  la  Société  belge  de  Géologie,  il  ne  peut  être  question 
d'apprécier  la  valeur  pratique  d'un  projet  pris  dans  son  ensem- 
ble ))  et  je  signalais  que  «  seuls  les  points  de  vue  géologique, 
hydrologique  et  chimique  peuvent  faire  l'objet  de  nos  études.  » 

Je  terminais  l'exposé  de  cette  importante  question  d'intérêt 
général,  si  étroitement  en  rapport  avec  l'hygiène  et  la  santé 
publique,   en   disant  : 

<r  Certes  un  p^ojet  satislaisant  aux  desiderata  correspondant 
à  ces  trois  éléments  fondamentaux  peut  techniquement  et 
financièrement  n'être   pas    exécutable  ;  c'est  ce  qu'il  appartient 


E.    VAN   DEN   BROBGK  597 

éventuellement  aux  ingénieurs,  administrateurs  et  financiers 
de  vérifier  :  mais  l'étude  rationnelle,  telle  qu'elle  est  ici 
proposée,  aura  toujours  l'immense  avantage  d'éviter  de  sou- 
mettre à  de  longues  et  coûteuses  études  techniques,  à  la  dis- 
cussion publique  —  et  parfois  politique  —  ainsi  qu'au  choc 
d'intérêts  personnels  ou  administratifs  contradictoires,  des  pro- 
jets inexécutables,  auxquels  la   base  scientifique   ferait  défaut.  » 

Reproduisant  ces  considérations  dans  sa  brochure  jubilaire 
de  la  fondation  de  la  Société  belge  de  Géologie  (1887-1896), 
brochure  intitulée  :  A  quoi  peut  servir  une  Société  de  Géologie  ? 
M.   l'ingénieur  /.  Hans  dit   avec  raison  : 

«  Combien  de  difficultés  et  de  controverses  techniques, 
»  administratives  et  autres  pourraient  être  évitées,  combien  de 
»  frais  inutiles,  d'études  d'ingénieurs  pourraient  être  épargnés 
»  si  la  mise  sur  pied  des  projets  de  captation  et  de  distribu- 
»  tion  d'eau  étaient  plus  souvent  précédée  d'une  étude  spé- 
»  cialement  géologique  et  hydrologique  des  terrains  à  drainer 
»  et  des   ressources   aquifères   qu'ils  renferment  ». 

Cette  thèse  si  naturelle  et  si  justifiée  à  tous  égards,  que 
je  défendais  dès  1890,  fut  cependant  loin  de  rallier  tous  les 
suffrages,    même  au   sein  de   la   Société  belge  de  Géologie. 

Certes  elle  trouva  de  chauds  partisans  parmi  nos  ingénieurs 
les  plus  compétents  ;  mais  d'autres  y  trouvèrent  le  thème  de 
critiques  très  vives,  (jui  se  sont  renouvelées  à  plusieurs  i^eprises. 
Il  faut  n'y  voir  que  la  force  d'inertie  de  l'étemelle  routine, 
et  le  reflet  du  manque  de  connaissances  géologiques  d'auteurs 
de  projets,  ne  parvenant  pas  à  se  rendre  compte  de  l'impor- 
tance primordiale  de  la  donnée  géologique  (ju'un  spécialiste 
est  seul  à  même,  dans  certains  cas,  et  surtout  pour  ce  qui 
concerne  le  régime  aquifère  des  terrains  calcaires  fissurés, 
d'apprécier  comme   il   convient. 

Aussi,  est-ce  avec  un  sentiment  de  vive  satisfaction  que 
j'ai  vu  tout  récemment  le  Gom^ernement  Jrançais,  après  avoir 
pris  l'initiative  louable  de  faire  étudier  cette  (juestion  de  Télabo- 
ration  des  projets  d'eaux  alimentaires  par  une  Commission 
d'hommes  distingués  appartenant  aux  départements  ministériels 
de  la  guerre,  de  l'instruction  publique,  de  l'agriculture,  des 
travaux  publics  et  de  l'intérieur  (i),  adopter  et  faire  siennes  les 

(1)  Ministère  do  l'Intériour  et  des  Cultes.  Rapport  à  M.  le  Président  du  Conseil. 
Ministre  de  l'Intérieur  et  des  Cultes,  sur  l'instruction  des  projets  de  capta^e  et 
d'adduction  d'eaux,  sur  le  droit  d'usage,  l'acquisition  et  la  propriété  des  sources 
(Rapporteur  M.  Henri  MonodJ. 


598  VUI«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

conclusions  formelles  de  la  Commission.  La  thèse  formulée  par 
la  Commission  gouvernementale,  adoptée  ensuite  par  le  Prési- 
dent du  Conseil,  ministre  de  l'Intérieur  et  des  Cultes,  vient 
de  faire  l'objet  d'une  circulaire  gouvermentale  (i),  adressée, 
le  10  décembre  1900,  à  tous  les  préfets,  chaînés  de  faire 
appliquer  aux  36.170  communes  de  France,  l'exécution  des 
nouvelles  mesures  qui  viennent  d'être  prises. 

Lorsque  j'aurai  dit  que  le  but  de  ces  réglementations 
nouvelles,  dans  l'instruction  des  projets  d'eaux  alimentaires, 
consiste  à  faire  mettre  en  première  ligne  et  préalablement  à 
toute  autre  recherche  scientifique  ou  technique,  Vétude  géolo- 
gique^  confiée  à  un  spécialiste,  et  à  obtenir  qu'une  élaboration 
scientifique  complète  :  bactérioscopique,  chimique  et  hydrolo- 
gique s'adjoigne  à  la  donnée  géologique  pom*  précéder  le 
travail  technique  de  l'ingénieur,  j'am*ai  fait  comprendre  les 
motifs  de  ma  vive  satisfaction.  Cette  nouvelle  réglementation, 
qui,  après  certaines  formalités  administratives,  va  bientôt, 
sans  doute,  être  rendue  elfective  et  obligatoire  pour  toute  la 
France,  n'est  autre  chose  en  effet  que  la  stricte  application 
de  la  thèse  que  j'ai  exposée  et  défendue,  dès  1890,  conune 
constituant  la  seule  marche  rationnelle  permettant  d'établir  des 
projets  sur  des  bases  sûres  et  d'assurer  les  garanties  que 
réclament   les   intérêts    de    l'hygiène  et  de   la    santé  publiques. 

C'est  là  une  victoire  pour  la  Géologie  appliquée,  dont 
l'importance  est  appelée  à  ouvrir  bien  des  yeux,  il  faut 
l'espérer,  sur  les  innombrables  autres  avantages  que  l'on  est 
encore  en  droit  d'espérer  de  l'étude  des  multiples  applications 
de  la  Géologie. 


(1)  Circulaire  ministérielle  du  10  décembre  1900,  adressée  par  M.  le  Président 
du  Conseil,  ministre  de  l'Intérieur  et  des  Cultes,  à  tous  les  préfets  de  Franco 
(Direction  de  l'Assistance  et  de  l'hygiène  publiques;  4"'  bureau.  Hygiène  publi- 
que :  Instruction  des  projets  pour  l'alimentation  en  eau  des  Communes, 


5^9 


OBSERVATIONS  SUR  LA  STRUCTURE  INTIME 
DU   DILUVIUM  DE  LA   SEINE 

CONSKQUEXCES    GÉNÉRALES    SUR    LES    PHÉNOMÈNES    DILUVIENS 

par  M.  SUnIslas  »EII]\IER 

Planche   V 

Sous  une  apparence  très  spéciale  et  très  locale,  la  question 
que  je  me  propose  de  traiter  ici  en  quelques  pages  est  au 
contraire  des  plus  larges,  —  des  plus  autorisées  par  consé- 
quent à  figurer  parmi  les  sujets  dont  le  Congrès  international 
de  Géologie  doit  s'occuper.  Elle  conduit  en  ellet,  par  le  moyen 
d'un  examen  minutieux  de  la  structui'e  du  sol  de  sédimenta- 
tion lluviaire,  à  préciser  l'allure  des  cours  d'eau  pendant  tout 
le  temps  de  l'évolution  des  vallées  et  en  conséquence  à  jeter 
du  jour  sur  l'économie  générale  de  la  surface  du  sol  à 
travers    Timmensc   durée  des  temps  quaternaires. 

Je  n'ai  pas  à  rappeler  à  cette  occasion  que  l'opinion 
généralement  régnante  sur  la  période  dont  il  s'agit  a  été 
conclue  de  considérations  toutes  différentes  ;  mais  on  me 
permettra  de  souligner  le  caractère  très  particulier  de  la 
méthode  que  je  vais  adopter  et  qui  consiste  à  ne  laisser 
aucune  place  au  sentiment  personnel,  à  la  préférence  plus  ou 
moins  justifiée  qu'on  peut  se  sentir  par  telle  ou  telle  solu- 
tion définitive.  Il  s'agit  de  faire  à  peu  près  V histologie  du 
diluvium  de  la  Seine,  de  rechercher  quel  mécanisme  peut  la 
reproduire  sous  nos  yeux,  quelles  conditions  générales  elle 
sup[)ose,  et  d'en  conclure  le  régime  que  la  rivière  a  présenté 
depuis  les  temps  les   plus  reculés  jusqu'au  moment  présent. 

A  cette  occasion  une  première  remarque  s'impose  et  elle 
est  hi(»n  originale  :  c'est  que  si  on  a  beaucoup  écrit  et 
beaucoup  discuté  sur  le  diluvium  de  la  Seine,  on  ne  l'a 
pas  beaucoup  regardé  et  qu'à  son  égard  comme  dans  bien 
d'autres  occasions,  des  idées  préconçues  ont  empêché  les  obser- 
vateurs de  voir  correctement  les  faits.  Il  n'y  a  d'ailleurs 
aucune   fausse    honte    à    avoir  en   en    convenant   et,   pour    ma 


600  Vlll«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

part,  je  ne  fais  pas  de  difficulté  à  reconnaître  que  jusqu^à  ces 
dernières  années  la  structure  du  diluvium  de  la  Seine,  que 
je  croyais  avoir  étudiée  à  maintes  reprises  depuis  plus  de  trente 
ans,  m'avait  complètement  échappé.  J'ai  recueilli  dans  la 
même  direction  le  témoi^age  de  plus  d'un  géologie  très 
distingué  —  de  ceux  qui  ne  craignent  pas  d'avouer  leurs 
erreurs  parce  qu'elles  ne  tiennent  qu'à  la  nature  même  des 
choses  naturelles  et  au  caractère  si  généralement  trompeur 
des  apparences  qu'elles  nous   présentent. 

Je  pourrais  faire  ici  une  collection  de  citations  empruntées 
aux  auteurs  les  plus  renommés  et  qui,  malgré  leur  très  grand 
nombre  et  la  très  grande  diversité  de  leurs  signataires,  seraient 
absolument  unanimes  pour  attribuer  au  diluvium  de  la  Seine 
«  un  caractère  torrentiel  ».  Je  me  contenterai,  à  cause  de  sa 
date  toute  récente,  de  transcrire  celle-ci  :  «  Les  éléments 
siliceux  y  dominent  en  général  à  cause  de  leur  duœté,  et  des 
zones  de  cailloux  roulés,  indice  d'inondations  violentes n  v  aller- 
nent  souvent  avec  des  veines  de  sable  fin,  où  la  présence  de 
coquilles  fluviales  très  délicates  attestent  que  momentanément 
la  vitesse   de   la   rivière  était    assez  amortie  »  (i). 

Cette  opinion  si  généralement  admise  sur  le  diluvium  a 
une  origine  multiple  :  elle  tient  surtout  à  ceci  qu'on  a  été 
porté  à  attribuer  au  creusement  des  vallées  une  allure  très 
rapide  et  une  intensité  en  désaccord  avec  celle  des  phé- 
nomènes d'érosion  dont  ces  localités  sont  de  nos  jours  le 
théâtre.  Contraint  de  renfermer  dans  un  temps  très  court 
rénorme  travail  d'ablation  dont  la  vallée  de  la  Seine  est  le 
résultat,  on  a  dû  nécessairement  invoquer  le  concours  dVan 
torrentielle  sillonnant  le  sol  et  abandonnant  des  traînées  de 
maU'riaux   le  long  de  son  itinéraire. 

Toutefois  on  peut  s'étonner  que  cette  manière  de  voir  ait 
universellement  prévalu  et  y  voir  même  un  témoignage  en 
faveur  d'une  doctrine  toute  diflerente.  Car  il  eût  été  assez 
commode  de  faire  du  creusement  un  acte  subit  et  violent 
puis  du  remplissage  partiel  du  canal  une  fois  ouvert  le  pi*)- 
duit  des  phénomènes  tranquilles  de  tous  les  jours  :  dénuda- 
tion  et  sédimentation  pluviaire  et  fluviaire. 

Ou  peut  remarquer  a  cette  occasion  que  malgré  la  idéalité 
du    point  de  vue  tout  d'abord  indiqué,   Belgrand  et   ses  élèves 

(1)  De  Lapparenl.    Traité  de  Géologie,  4'   édition,  p.    160.},    1900. 


STANISLAS    MEUNIER  6oi 

ont  raisonné  quelquefois  comme  si  celte  distinction  s'était 
imposée  à  leur  esprit  :  autrement  on  ne  comprendrait  en 
aucune  façon  les  comparaisons  établies  par  le  célèbre  ingénieur 
entre  la  disposition  des  diluviums  et  celle  des  matériaux 
déposés   dans  les   égouts   par   les  eaux   de  chasse. 

Je  n'ai  du  reste  en  aucune  façon  le  projet  de  reprendre 
ici  la  discussion  d'une  doctrine  qui  a  certainement  fait  son 
temps  et  que  personne  ne  défendra  plus  d'ici  fort  peu  de 
temps.  Le  point  sur  lequel  je  désire  appeler  Tattention  et  qui 
va  nous  ramener  à  une  conception  très  satisfaisante  des  choses, 
est  selon   moi  beaucoup   plus    curieux     et   tout  à  fait   imprévu. 

C'est  qu'il  sulïit  d'étudier  soigneusement  et  impartialement 
la  structure  du  diluvium  pour  reconnaître  à  l'instant  l'inexac- 
titude de  toutes  les  théories  violentes  proposées  à  son  égard. 
Et  je  répète  que  ce  n'est  pas  un  mince  sujet  d'étonnement 
que  constater  qu'en  aucun  pays  du  monde  on  n'a  jusqu'à  présent 
soumis  le  diluvium  à  l'étude  par  laquelle  il  eût  fallu 
commencer,  c'est-à-dire  à  celle  de  sa  structure  et  de  sa 
composition   intimes. 

Cette  assertion  peut  paraître  extraordinaire  et  plus  d'un 
lecteur  sera  tenté  de  croire  que  j'exagère,  et  cependant 
comment  concevoir  les  propositions  rappelées  plus  haut  sur  le 
concours  d'eaux  violentes  et  tourbillonnantes  dans  la  constitu- 
tion  des   amas  de   matériaux   dont  il    s'agit  ? 

On  reconnaît  en  elfet,  en  regardant  avec  soin  le  diluvium 
de  la  Seine,  qu'au  lieu  d'être  une  collection  confuse  de  maté- 
riaux quelconques  mélangés  sans  ordre,  c'est  au  contraire  un 
véritable  tissu  d'une  délicatesse  extrême  où  chaque  grain 
pierreux  occupe  une  situation  strictement  réglée.  I^à  où  on 
s'attendait  à  trouver  cette  «  disposition  torrentielh»  »  si  souvent 
supposée  on    admire  une   histologie    véritable. 

Tout  d'abord,  et  pour  préciser,  il  importe  de  rappeler  qu'on 
la  connaît  bien  la  structure  des  dépôts  torrentiels  :  il  est  bien 
facile  de  Tétudier  dans  d'innombrables  localités  de  nos  montagnes 
où  les  torrents  laissent  l'été  leur  Ht  à  peu  près  desséché  et  elle 
est  d'autant  plus  facile  à  reconnaître  que  souvent  des  excavations 
y  sont  ouvertes  pour  l'extraction  des  sables  propres  aux  cons- 
tructions. Pour  ma  pari  j'en  ai  disséqué  dans  bien  des  pays 
et  spécialement  en  Suisse,  dans  le  canton  de  Vaud,  au-dessus 
de  Montreux  et  de  Vevey. 

Ce  qui  frappe   à  première  vue  c'est  le  mélange  de  blocs  de 


6oa  VIU«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

grosseurs  très  diverses,  parfois  énormes,  jetés  avec  un  appa- 
rent désordre  et  réunis  par  des  grains  beaucoup  plus  petits  et 
loéme  çà  et  là  par  de  la  boue.  En  faisant  plus  d'attention  on 
voit  que  même  dans  le  lit  du  torrent  le  triage,  c'est-à-dire 
Tordre,  tend  nettement  à  se  manifester;  seulement  il  n'a  pas 
eu  le  temps  d'être  complet.  Il  se  reconnaît  à  la  situation  des 
parties  les  moins  grosses  par  rapport  aux  autres  :  on  voit  que 
les  blocs,  quand  ils  se  sont  arrêtés,  se  sont  constitués  à  Tétai 
d'abri  pour  ce  qui  était  immédiatement  au  dessous  d'eux  dans 
le  courant  et  en  ont  ainsi  prévenu  Tenlèvement.  Si  l'eau  avait 
continué  de  couler  avec  la  même  allure,  mais  sans  apporter 
des  matériaux  nouveaux  jetés  pêle-mêle  dans  son  lit,  elle  aurait 
lavé  les  gros  morceaux  de  tout  ce  qui  était  plus  lég^r  et  auniit 
exactement  classé  les  débris.  Cette  étude  que  j'ai  poussée  très 
loin  parce  qu'elle  m'a  vivement  intéressé,  m'a  conduit  à  recon- 
naître, même  dans  les  cas  les  moins  favorables,  l'irrésistible 
tendance  de  Teau  en  mouvement  à  séparer  les  diverses  catégo- 
ries de  particules  minérales  au  contact  desquelles  elle   se  ment. 

Ceci  posé,  si  Ton  se  transporte  devant  un  front  de  taille 
d'exploitation  convenablement  choisi  de  diluvium  de  la  Seine, 
voici  ce  que  Ton  constate  : 

La  masse  du  diluvium  exploité  dans  la  très  grande  majorité 
des  grévières  des  environs  de  Paris  se  divise  en  trois  horizons 
superposés  :  le  plus  profond  est  formé  de  blocs  et  de  gros 
galets  dont  le  volume  a  presque  fatalement  inspiré  aux  pre- 
miers observateurs  Tidée  d'en  rattacher  le  dépôt  à  Taclion 
d'énergiques  agents  de  transport.  Le  niveau  moyen  est  composé 
de  sables,  de  graviers  et  de  galets  à  peu  près,  et  même 
parfois  tout  à  fait,  dépourvus  de  limon.  Et,  tandis  que  cet 
horizon  se  signale  par  l'absence  des  particules  lines.  le  niveaa 
supérieur  au  contraire  otlre  au  regard  une  proportion  plus  ou 
moins  considérable  de  substances  ai^leuses. 

Ces  trois  zones  ne  sont  pas  séparées  mutuellement  d'une 
manière  absolue  et  Ton  voit  parfois  des  passages  de  Tune 
à  T autre,  mais  cela  ne  retire  rien  à  leur  netteté  qui  les  fait 
distinguer  à  première  vue.  On  les  a  souvent  attribuées  à  un 
adoucissement  progressif,  dans  Tallure  de  coui*s  d'eau  qui, 
à  l'origine,  auraient  été  capables  de  charrier  de  gros  blocs«  plus 
tard  seulement  des  gi'aviei's  de  moyenne  grosseur  et  enfin 
des  sables  et  des  limons.  Mais  une  foule  d'observations  s'élèvent 
contre  cette  conception    qui   cependant  a  eu  beaucoup  de  par 


STANISLAS   MEUNIER  6o3 

tisans  et,  parmi  ces  observations,  il  faudra  faire  une  place 
tout  à  fait  à  part  à  celles  qui  ont  pour  objet  la  comparaison 
des  graviers  des  bas  niveaux  comme  ceux  de  Creteil,  avec 
celles  des  graviers  de  hauts  niveaux  comme  ceux  de  Bicôtre 
(Kremlin).  Bien  que  ce  dernier  dépôt  soit  certainement  de  cons- 
titution beaucoup  plus  ancienne  que  les  précédents,  la  struc- 
ture en  est  cependant  identique  avec  la  leur  et  Ton  ne  voit 
nulle  part  dans  son  économie  Tintervention  d'un  agent  spé- 
cialement énergique.  Ce  point  de  vue  est  d'une  éloquence 
décisive. 

11  résulte  de  mes  études  que  les  différences  constatées 
entre  les  trois  horizons  superposés  de  nos  graviers,  résultent 
avant  tout  des  différences  de  conditions  présentées  au  même 
moment  par  les  divers  points   d'une   vallée  donnée. 

En  effet,  pendant  que  dans  certains  points,  le  cours  d'eau 
déplace  des  matériaux,  dans  d'autres  points  qui  peuvent  être 
très  voisins  des  premiers,  les  matériaux  exondés  sont  soumis 
à  la  réaction  dos  eaux  d'infiltration  qui,  en  s'y  insinuant, 
introduisent  dans  leurs  interstices  les  limons  d'origine  atmos- 
phérique en  même  temps  qu'elles  en  modifient  la  structure 
primitive  plus  ou  moins   profondément. 

D'un  autre  côté,  le  ruissellement  des  eaux  sauvages  et 
surtout  les  épanchements  des  inondations,  en  édifiant  par 
colmatage  une  portion  de  la  terre  végétale,  édifient  au 
dessus  du  dépôt  réellement  fluviaire  un  revêlement  qui  peut 
acquérir  une  épaisseur  sensible  à  la  faveur  d'un  temps  sufli- 
sant.  Et  ici  le  fait  qu'il  importe  de  retenir  c'est  qu'il  peut 
toujours  se  constituer  à  un  même  moment,  dans  le  fond 
d'une  vallée,  deux  catégories  de  dépôts  :  i»  les  sables  et  graviers 
charriés  et  déposés  dans  le  lit  fluviaire  aux  endroits  A'eau 
i*ive  et  2°  les  liuions  épanchés  dans  les  régions  d'eau  morte 
et  aussi,  par  une  suite  nécessaire,  dans  les  terres  inondées 
temporairement  en   dehors  du  lit. 

Ajoutons  que  dans  les  points  d'une  vallée  que  le  déplace- 
ment des  méandres  a  laissés  intacts  depuis  longtemps,  le  terrain 
de  colmatage  peut  acquérir  une  épaisseur  relativement  très 
grande.  Il  s'accroît  à  chaque  inondation  par  un  mécanisme  qui 
rappelle  l'allure  des  alluvions  actuelles  de  la  vallée  du  Nil. 
Seulement,  aux  environs  de  Paris,  les  agents  de  production 
ne  sont  pas  tous  identiques  à  ceux  qui  interviennent  en 
Egypte  ;   au  lieu  du   Khamsin,  ou   vent  du  désert,   qui    apporte 


Go4  Vllie  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

des  pluies  périodiques  de  sable,  nous  avons  chez  nous  le 
déplacement  des  glaces  d'hiver  qui  charrient  des  nappes  entières 
de  limon,   de  graviers   et  même  des  galets  de   toutes  tailles. 

Des  trois  horizons  superposés  dont  se  compose  le  diln- 
vium  de  la  Seine,  il  y  en  a  un  qui  se  signale  immédiatement 
au  regard  par  sa  stnicture  remarquable,  en  même  temps  que 
par  la  valeur  industrielle  des  matériaux  qu'il  livre  à  l'exploi- 
tation. C'est  l'horizon  moyen,  que  nous  pouvons  appeler  le 
diUwinm  franc^  parce  qu'il  résulte  d'un  processus  exclusive- 
ment (luviaire  et  qu'il  possède,  avec  leur  maximum,  les  carac- 
tères diluviens. 

11  est  constitué,  par  un  contraste  aussi  complet  que  remar- 
quable avec  la  plupart  des  formations  sédimentaires,  par  iie< 
sortes  de  lentilles  ou  d'amandes  sableuses,  enchevêtrées  les  unes 
dans  les  autres  d'une  fa<;on  parfois  compliquée.  On  est  sur|»ri< 
de  reconnaître  que  dans  chacune  des  amandes  dont  il  s'a^t. 
les  éléments  sableux  sont  disposés  en  lits  parfaitement  tv^- 
liers.  plus  ou  moins  obliques  à  Thorizon.  purs  ou  presque  purs 
de  matière  limoneuse  et  toujours  nettement  parallèles  les  ans 
aux  autres. 

I^  dimension  des  lentilles,  comme  l'inclinaison  de  leurs 
lits  constitutifs,  varient  beaucoup  d'un  point  à  un  autre  et 
quelques-unes  sont  si  aplaties  qu  elles  (igurent  des  couches  pro- 
prement dites  et  cependant  leur  structure  est  toujours  la  même 
dans  toutes  les  régions  des  balastières.  quelle  que  soit  leur 
orientation  par  rapport  à  celle  de  la  vallée  :  ce  qui  veut 
dire  que  l'inclinaison  des  lits  constitutifs  de  lentilles  est  elle- 
même  variable  non  seulement  par  sa  valeur  angulaire  mai-^ 
par  sa  direction.  Il  arrive  qu'en  des  points  très  voisins,  voire 
sur  la  même  verticale,  le  plongement  de  ces  lits  est  mutuel- 
lement inverse,  c'est-à-dire  qu'une  lentille  à  feuillets  plongeant 
vers  la  droite  de  l'observateur  peut  être  au  voisinage,  ou  au 
dessus  ou  au-dessous,  d'une  lentille  dont  les  feuillets  plongent 
vers  la  gauche. 

Mais  le  point  essentiel  à  souligner,  et  sans  crainte  d^ 
répéter  la  même  assertion  fondamentale,  c'est  que  cette  varia- 
bilité s'associe  à  une  régularité  absolue  et  à  une  délicatesse* 
extrême  de   structure. 

Ajoutons  à  cette  occasion  que  dans  chaque  lentille,  les 
petits  lits  constitutifs  se  poursuivent  parfois  sur  des  longueurs 
de    plusieurs    mètres,    se     distinguant    les    uns    des   autres   par 


STANISLAS   MEUNIER  6o5 

de  très  faibles  variations  dans  la  grosseur  de  leurs  grains,  de 
telle  sorte  qu'on  les  compare  tout  naturellement  aux  lits  sableux 
composant  les   dunes. 

Cette  ressemblance  tient  à  ce  que  le  mode  de  formation  est 
le  même  dans  les  deux  cas,  substitution  faite  bien  entendu 
de  l'eau  courante  au  vent,  comme  véhicule  de  la  matière 
arénacée. 

Mais  si  la  structure  de  chaque  lentille  est  aisée  à 
expliquer,  il  semble  devoir  en  être  tout  autrement  de  celle 
du  terrain  tout  entier,  formé,  comme  on  vient  de  le  dire,  de 
lentilles  enchevêtrées  ;  et  ici,  la  comparaison  avec  les  dunes, 
si  exacte  tout  à   Theui^e,  ne  semble  pas   pouvoir  se  poursuivre. 

C'est  seulement  en  se  mettant  à  Técole  de  l'observation  des 
phénomènes  actuels  qu'on  trouve  la  clef  de  ce  problème  si 
longtemps  poursuivi,  et  sa  découverte  justifie  à  un  tel  point 
la  légitimité  de  la  doctrine  actualiste  qu'on  en  arrive  à 
poser  en  fait  qu'il  sullit  d'analyser  l'histologie  du  diluvium 
franc  pour  en  tirer  la  démonstration  complète  du  processus 
progressif  et  lent  du  creusement  tout  entier  des  vallées. 
Voilà    qui  mérite  évidemment    de   nous  arrêter   un  instant. 

La  conclusion  des  études  auxquelles  à  ce  point  de  vue 
j'ai  soumis  le  diluvium  de  la  Seine,  c'est  qu'il  représente 
une  série  très  longue  de  remaniements  succ(*ssifs,  opérés  dans  les 
mêmes  points  par  le  même  cours  d'eau  que  nous  avons  encore 
sous  les  yeux  et  qui,  suivant  les  moments,  est,  dans  la  même 
région,  animé    de  vitesses   très  différentes  les  unes  des  autres. 

Cette  variation  de  vitesse  avec  le  temps  sur  un  même 
point,  s'explique  d'ailleurs  tout  de  suite  par  l'observation 
contemporaine  de  variations  de  volume  des  cours  d'eau  d'un 
jour  à  l'autre  et  surtout  par  la  faculté  dont  jouissent  les 
rivières  de  déplacer   horizontalement   leurs   méandres. 

Il  résulte  en  eflet  de  ces  conditions  diverses  si  universel- 
lement constatées,  que  les  choses  se  passent,  dynamiquement 
parlant,  dans  un  point  fixe  de  la  rivière  qui  se  déplace, 
comme  si  ce  point,  au  contraire,  se  déplaçait  progressivement 
dans  le  lit  d'une  rivière  supposée  constante  dans  sa  situation 
et  dans  son  allure.  Il  est  évident  qu'à  ce  prix,  il  sera  tantùt 
le  théâtre  de  phénomènes  sédimentaires,  s'il  se  trouve  dans  les 
régions  relativement  tranquilles  de  la  rivière,  tantôt  de  phéno- 
mènes érosifs  s'il  est  dans  les  régions  rapides  —  et  avec  toutes 
les  intensités  relatives  possibles  dans  les  deux  cas  (fîg.  i). 


6o6  VUr   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Si  nous  supposons  d*abord  ce  point  dans  une  anse  con- 
vexe du  cours  d'eau  il  pourra  se  garnir  de  sédiments  en  lits 
plus  ou  moins  horizontaux  et  qui  s'ajouteront  les  uns  aux 
autres  tant  que  le  régime  ne  changera  pas  trop.  Le  lit  perdra 
progressivement  de  sa  profondeur  et  la  berge  pourra  même 
s'exonder  peu  à  peu  par  suite  du  recul  progressif  du  courant, 
en  conséquence  de  Tun  des  mille  incidents  de  la  diQagadon 
des  méandres.  Nous  reviendrons  tout  à  l'heure  sur  ce  qui 
advient  des  régions  exondées,  perdues  momentanément  par  la 
rivière  et  gagnées  par  la  terre  ferme;  pour  le  moment  suppo- 
sons que  nous  avons  choisi  une  région  placée  un  peu  plus  bas 
(par  rapport  au  fil  de  Teau)  et  où  la  sédimentation  n'admet 
que  des  matériaux  moins  fins  que  des  limons,  sableux  et 
comparables  à  ceux  que  nous  montraient  précédemment  nos 
coupes  de  graviers  quaternaires. 

Le  déplacement  des  méandres  a  pour  conséquence  de  changer 
très  progressivement  la  condition  dynamique  du  point  que 
nous  considérons  et  il  va  pouvoir  se  faire  que  les  filets  deau 
qui  le  traversent  soient  animés  d'une  vitesse  de  plus  en  plus 
rapide.  Alors,  non  seulement  la  sédimentation  cessera  de  s'y 
continuer,  mais  les  matériaux  déposés  à  cause  de  leur  dimension 
en  rapport  avec  la  vitesse  du  courant  qui  les  a  engendrés, 
seront  sollicités  au  déplacement.  En  d'autres  termes,  là  où  nous 
venons  de  voir  des  dépôts  se  constituer,  il  se  déclare  peu  à 
peu  un  phénomène  de  dénuda tion.  Celle-ci  pourra  en  certains 
cas  enlever  tout  ce  qui  s'était  déposé  tout  a  l'heure,  mais  il 
arrivera  bien  souvent  aussi  qu'une  portion  du  sédiment  échap- 
pera à  l'érosion,  durera  jusqu'à  ce  que  la  distance  aux  berges 
du  point  considéré  soit  telle  que  des  portions  relativement 
lentes  du  cours  s'y  établissent  et  alors  la  sousti*action  de 
matière   s'arr^^tera  (fig.  2). 

Cette  dénudation  progressive  sera  d'ailleurs  limitée  par  une 
surface  supérieure  des  masses  érodées  dont  la  forme  est  une 
représentation  exacte  de  l'état  dynamique  de  l'eau  en  chaque 
point  du  fond.  KUe  pourra  en  outre  être  recouverte  de  maté- 
riaux trop  lourds  pour  être  entraînés  et  qui,  pour  des  raisons 
que  nous  indiquerons  dans  un  instant,  se  seraient  trouvés  enve- 
loppés dans  le  dépôt  attaqué  :  et  cette  circonstance  lui  donnera 
une  apparence  très  caractéristique  et  qui  sera  en  même  temps 
très  significative.  Les  matériaux  volumineux  ou  lourds  dont 
il  s'agit  se  retrouveront  d'ordinaire  dans  la  masse  du  dép<H  non 


60, 


Co^8TlTUTlu^  progressive  du  Diluvium 


LéucDdi!  des  Bjjuree  scti^matiqui'K. 

Fijf .  i-  -~  Dùprtl  du  diluïium  a  sous  lp  ri^fciioe  iMimunUlre  propre  aus  anse» 
coDvciGS  des  cours  d'pau  : 

Fip.  i.  —  Érosion  du  dépAt  o  par  l'établissement  du  réfi''"'^  des  anses  runcaTcs, 
dc-termini-  par  le  dëplaeement  transversal  du  méiindre  ; 

FIff.  3.  —  DApAla  en  IIU  Inrlloès  du  diluvlum  b  sur  le  lambi'au  subsistant  de  la 
formiitioD  a; 

Flp.  *.  —  Érosion  de  h  et  d'une  petite  portion  de  a  ; 

Plg.  ».  —  D«p<lt  de  c  sur  les  résidas  de  b  et  de  i  ; 

FIg.  6.  —  Érosion  dea  dépite  précédents  par  le  retour  des  conditions  coocaTes. 


6o8  Vlli*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

encore  raviné  et  c'est  un  lait  qui  rend  leur  origine  tout  spécia- 
lement évidente. 

C'est  à  chaque  pas  que,  dans  les  portions  accessibles  du  lit 
des  rivières,  en  temps  de  très  basses  eaux,  on  voit  des  traces 
de  Térosion  cjuc  nous  décrivons  et  spécialement  dans  les 
rivières  qui  se  dessèchent  tout  à  fait  ;  par  des  sections  verti- 
cales à  la  brèche,  il  est  facile  de  voir  la  disposition  des  lits 
constitutifs  du  fond  et  de  constater  la  forme  de  l'érosion  que 
le  cours  d'eau  leur   a  inlligée. 

En  tout  cas  et  pour  en  revenir  à  l'histoii-e  de  notre  dilu- 
viuni  parisien  —  le  déplacement  horizontal  du  tleuve  continuant, 
et  avec  lui  le  déplacement  des  filets  d'eau  animés  de  diverses 
vitesses,  le  point  considéré  a  pu  se  ti'ouver  en  rapport  avec 
de  Teau  qui,  loin  de  continuer  l'œuvre  d'érosion  à  laquelle 
nous  venons  d'assister,  a,  au  contraire,  apporté  des  matériaux 
de  sédimentation.  C'est  toujours  péniblement,  à  bout  de  force, 
que  cette  sédimentation  se  réalise,  car  autrement  les  matériaux 
qui  se  déposent  iraient  plus  loin,  et  c'est  l'occasion  de  répéter 
qu'on  est  émerveillé,  et  cela  dans  toute  l'épaisseur  du  diluviuui 
de  la  Seine,  de  la  précision  des  séparations  réalisées  succes- 
sivement par  les  courants  d'eau. 

Alors,  la  surface  courbe  dont  nous  venons  de  voir  le 
mode  de  production  est  devenue  la  base  d'appui  d'un  système 
de  petits  lits  qui  n'ont  aucun  lien  de  direction  nécessaire  avec 
celle  des  petits  lits  de  l'origine.  Cette  fois  ils  peuvent  être 
obliques  (fig.  3),  c'est-à-dire  en  discordance  complète  avec  ce  qui 
reste  du  dépôt  a.  Leur  obliquité  varierait  d'ailleurs  avec  la 
direction  de  la  coupe  ;  dans  un  certain  sens  ils  pourraient 
être  horizontaux,  de  même  qu'à  la  rigueur  les  lits  du  dépôt  a 
pourraient  être  obliques  suivant  une  orientation  convenable- 
ment choisie. 

Ici  encore,  chaque  feuillet  du  dépôt  traduit  par  la  gi*osseur 
de  son  grain  l'énergie  mécanique  de  l'eau  qui  lui  a  donné 
naissance. 

Cependant  les  vicissitudes  locales  continuant  au  iur  et  à 
mesure  des  modilications  de  forme  du  fleuve  lui-même,  îles 
érosions  viemient  de  nouveau  attaquer  le  fond,  mordant  sur 
le  dépôt  à  la  production  duquel  nous  venons  d'assister  el 
parfois  même  jusqu'à  celui  qui  le  supporte  et  qui  de  nouveau 
peut  perdre   une   partie    de   sa  substance. 

La  ligure  4  ^^ons    montre  le    résultat  de  cette  noiwelle  cru- 


STANISLAS    MRUNIRK  609 

sion  et  la  forme  nouv^elle  du  lit  (luviatile  qui  lui  correspond. 
On  y  voit  la  surface  recouverte  encore  de  débris  grossiers 
correspondant  à  ce  que  le  courant  déniidateur  a  rencontré  dans 
le  sol  sous-iluviaire,  de  trop  pesant  pour  qu'il  remportât. 
Répétons  que  Ton  verra  dans  un  instant  comment  ces  maté- 
riaux sont  parvenus  là  où   ils   figurent. 

Tous  les  sédiments  (luviatiles  pouiTaient  ainsi  disparaître  dans 
le  point  considéré,  mais  il  arrive  aussi  qu'une  portion  continue 
à  en  subsister  et  alors,  par  le  retour  des  conditions  conve- 
nables, elle  sera  i*ecouverte  par  une  nouvelle  sédimentation.  Ce 
sera  le  dépôt  c  de  la  figure  5  en  lits  inclinés  un  peu  autre- 
ment que  ceux  de  la  formation  b.  Et  cette  sédimentation 
pourra  elle-même  être  plus  tard  dénudée,  comme  le  montre 
la  i\^,  6  dont  l'analogie  avec  la  figure  3  paraît  assez  carac- 
térisée pour  souligner  le  retour  des  conditions  identiques 
avec  un  fond  tout  autrement  constitué  que  la  première  fois 
puisqu'il  conserve  la  trace  d'une  série  de  phénomènes  qui  se 
sont  succédé  les  uns  aux  autres. 

ftlvidcmment  nous  pourrions  arrêter  là  cette  énumération 
de  réactions  alternatives.  Mais  on  trouvera  sans  doute  qu'il 
est  utile  pour  la  clarté  de  la  démonstration  de  montrer 
comment,  par  leur  continuation,  une  coupe  réelle  peut  ôlre 
expliquée  jusque  dans   ses  détails   les   plus   intimes. 

A  cet  égard  j'ai  choisi  une  grrvière  sise  au  Petit  Cré- 
teil  (Seine),  près  du  confluent  de  la  Marne  et  de  la  Seine, 
et  dont  un  observateur  très  distingué,  M.  Aug.  Dollot,  corres- 
pondant du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  a  bien  voulu  prendre 
pour  moi  l'excellente  photographie  reproduite  dans  la  planche 
jointe  à  la  présente  note  (Voir  PI.  V),  où  la  règle  verticale 
placée  au  premier  plan  mesure  a""  de  hauteur.  On  y  voit  bien 
les  lentilles  et  les  surfaces  onduleuses  qui  les  séparent  les 
unes  des  autres.  J'ai  atfecté  à  ces  lentilles,  à  partir  du  bas,  des 
lettres  qui  correspondent  à  celles  que  présentent  déjà  les 
figures  1  à  6  qui  viennent  d'être  décrites.  On  peut  juger,  par 
leur  moyen,  de  la  correspondance  déjà  réalisée  entre  les  acci- 
dents naturels  et  les  vicissitudes  que  nous  avons  rapportées.  Il 
est  facile  de  terminer  la  coupe   en  quelques   lignes. 

Pour  cela,  il  nous  faut,  après  la  disposition  présentée  par  la 
figure  G,  admettre  la  sédimentation  indiquée  par  la  figure  7  et 
qui  concerne  le  dépôt  d  en  lits  inclinés  à  peu  près  comme 
ceux    des  dépôts   précédents,   mais    formés    de     matériaux    plus 


39. 


GlO  VUI'   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

grossiers,  ce   <|ui  suppose   une   plus    grande    vitesse  dans    !'t»au 
génératrice  (fig.   7). 

Ce  dépôt  d  a  d'ailleurs  été  érodé  à  son  tour  et  a  perdu  une 
grande  partie  de  sa  substance  constituante.  Ce  qni  reste  est  comme 
pour  les  dépôts  précédents,  terminé  par  une  surface  eourbe 
toute  parsemée  de  pierrailles  constituant  des  résidus  de  lava^ 
(fig.  8).  Puis  s'est  établie  la  sédimentation  du  dépôt  e  qui.  par 
suite  de  Torientation  accidentelle  de  la  coupe,  montre  ses  feuil- 
lets avec  une  horizontalité  approximative  (fig.   9). 

Une  érosion  nouvelle  visible  sur  la  fig.  10  a  été  suivie  à 
son  tour  du  dépôt  (fig.  11);  le  sens  des  feuillets  de  ce  nou- 
veau est  précisément  inverse  de  celui  des  feuillets  constitutifs 
du  dépôt  d.  Enfin  Taddition  du  dépôt  g  (fig.  la)  est  venue 
compléter  la  série  observée,   l'eproduite  sur  la  planche  V. 

Cette  disposition  «  entrelacée  »  du  diluvium  franc,  loin 
comme  on  le  voit,  de  supposer  selon  le  sentiment  de  Belgrand, 
l'intervention  d'agents  ti*ès  violents,  serait  évidemment  toute 
brouillée  par  un   semblable   régime. 

Kt  comme  on  serait  sans  doute  peu  disposé  à  croire  sans 
pi*euve,  qu'un  observateur  spécialisé  dans  Tétude  du  diluvium 
ait  pu  formuler  une  semblable  opinion,  on  trouvera  légitime 
que  j'y  insiste  un  instant.  A  la  page  106  de  l'ouvrage  sur  La 
Seine,  l'auteur,  constatant  l'existence  des  lentilles  sableuses 
dans  la  balastière  Tarsieux,  à  Levallois,  ajoute  :  «  Ces  bancs 
sont  disposés  en  amandes  :  ils  ont  été  amenés  en  tnasse  et 
dans  une  seule  crue  par  des  eaux  qui  tourbillonnaient  aaioar 
d*un  axe  vertical.  J>  Un  peu  plus  loin,  Belgrand  ajonte  que 
«  cette  coupe  fait  voir  que  le  point  du  lit  du  fleuve  était 
le  centre  d'un  tourbillonnement  lorsque  se  sont  déposés  les 
amas  de   sables   et  de  gniviers. 

Du  reste,  l'auteur  parle  à  beaucoup  de  reprises  (par  exemple, 
p.  !244)  de  violents  tourbillons  qui,  en  même  temps,  auraient 
affouillé  le  sol  et  déposé  des  sables  limoneux.  Il  y  a  là  une 
assertion  qui  semble  essentiellement  contraire  à  robser>'ation 
journalière  :  si  un  courant  dénude,  il  ne  sédimente  pas  au 
même  point,  sauf,  en  laissant  sur  place,  comme  nous  Tavons 
déjà  vu,  des  résidus  d'érosion.  Il  y  a  contradiction  absolue 
entre  la  soustraction  de  matériaux  grossiers  et  l'apport  de 
matériaux  plus  fins.  A  chaque  instant  et  dans  chaque  point, 
la  grosseur  maxima  des  grains,  arrachée  par  le  courant  érosif. 
est    rigoureusement  réglée   par  la    vitesse    de  l'eau  ;    de  même 


STANISLAS  k 


DU  DiLuviuM  PB  LA  Seink  {Sulle). 


[>-KCi>de  de»  ligures  schématiques. 

FIK'  7.  —  D6pût  ilu  diluvium  il  !i  Ih  suit''  ilu  retour  ilang  l(>  pnlnt  considéré, 
du  régime  conveie; 

FIR.  H.  —  ËrosloQ  parllulle  du  dépOl  précédent  ; 

Pis.  9.  —  DépAt  de   llta  peu  obliques  du  diluvium  e  ; 

Fig.  10.  —  Érosion  de  e  qui  ajoute  une  nouvelle  n  lentille  a  sableuse  aux  len- 
tilles  dâ{à   formées  ; 

FIg.  11.  —   Dépât  de  1»  zune/; 

Wg.  12.  —  Addition  du  dép<\t  ij  qui  corapIMe  la  série  représentée  duos  la 
plaiKhe  phototypique  |PI,  V|. 


6l3  VUP  CONGKKS  GÉOLOGIQUE 

que,  dans  chaque  point  de  sédimentation,  le  volume  des  grains 
déposés  est  exactement  déterminé. 

Répétons  donc,  d*une  façon  de  plus  en  plus  formelle,  que 
la  disposition  lenticulaire  du  diluvium  témoigne  d*une  allure 
essentiellement  tranquille,  quoique  constamment  changeante. 
C'est  exactement  le  régime  qui  existe  dans  le  lit  de  toatt^ 
les  rivières  actuelles,  et  il  est  facile  de  le  constater,  en  temps 
de  basses  eaux  ou  de  sécheresse  dans  des  localités  convenable 
ment  choisies.  Les  petits  lits  inclinés  se  voient  parfaitement 
dans  les  excavations  faites  pour  recueillir  le  sable  actuel  et 
j'en  ai  relevé,  par  exemple,  dans  le  lit  desséché  de  TAlUer, 
aux  environs  de  Coudes  (Puy-de-Dôme),  qui  étaient  tout  à  fait 
identiques   pour  la  disposition   à  ceux  du  diluvium  de  la  Seine. 

Reste  à  dire  un  mot  des  blocs  relativement  gros  qui. 
comme  nous  Tavons  dit  et  comme  tous  le  monde  le  sait,  sont 
associés  à  la  masse  du  diluvium  franc.  L*observation  démontre 
avec  certitude  qu'ils  ont  été  amenés  autrement  que  par  Tinter- 
vention  de  leau  courante  agissant  seule. 

Bien  souvent  ils  représentent  des  résidus,  restés  à  peu  prt*s 
sur  place  de  la  dénudation  subie  par  le  sol  sous  TinQuence 
de  divers  agents  de  dégradation  et  les  éboulements  des  berges 
de  la  rivière  doivent  être  spécialement  mentionnés.  Mais 
fréquemment  aussi,  ils  ont  été  transportés,  ainsi  qu'on  l'a 
i*emarqué  bien  des  fois,  par  des  glaces  flottantes  et  nous 
pouvons  observer  le  phénomène  chaque  hiver,  toutes  les  fuis 
que  la  rivière  charrie,  suivant  l'expression  vulgaii*e.  En  outre, 
des  radeaux  naturels  constitués  par  les  arbres  arrachés  des 
rives  avec  leui's  racines  sont  également  des  agents  de  trans- 
port, sans  parler  des  hommes  qui,  depuis  le  commencement 
des  temps  quaternaires,  ont  dû  jeter  bien  des  piern*s  dans  la 
rivière,   comme  ils  continuent  de   le  faire  de   nos  joui's. 

On  est  très  frappé  de  la  situation  de  ces  blocs  de  toutes 
tailles  et  relativement  volumineux  comparés  aux  autres  élé- 
ments du  diluvium  et  j*ai  réuni  à  cet  égard  des  documents 
photographiciues  d'une  haute  signification.  D'habitude,  ils  sont 
placés  sur  des  ensembles  de  lits  minces  horizontaux  ou  obliques 
(]ui  n  ont  pas  été  notablement  modifiés  par  eux  et  cela  encore 
est  essentiellement  différent  de  l'état  des  choses  dans  les  tor> 
rents  où,  comme  nous  le  rappellions  tout  à  Theure.  les  gros 
blocs  sont  toujours  à  la  tête  de  traînées  de  matériaux  plus  lias, 
disposition  qui  s'explique  d  elle-même,   puisque    les    blocs   ont 


STANISLAS  MEUNIER  6l'3 

nécessairement  constitué    des    obstacles  au    voisinage  desquels 
Tallure  de  Teau   rapide  a  été    toute   particulière. 

Dans  nos  grévières,  la  présence  des  gros  blocs  de  toutes 
tailles,  concentrés  déjà,  comme  on  le  dit,  en  lits  qui  font  la 
base  des  lentilles  sableuses,  conduit  d'ailleurs  à  une  remarque 
très  imj)ortante  sur  la  structure  des  régions  inférieures  des 
amas  du  diluvium  de  la  Seine  ;  —  structure  sur  laquelle 
Belgrand  a  émis   une  opinion  si  insoutenable. 

Cet  auteur  constiile  en  effet  que  les  gros  galets,  les  blocs 
voluniiiVeux  de  toutes  natures  sont  volontiers  concentrés  dans 
«  le  gi^vier  du  fond  »  et  il  en  tire  des  conséquences  quant  à 
la  violence  spéciale  des  cours  d'eau  au  début  du  remplissagt^ 
de  la  vallée,  remplissage  qu'il  semble  toujours  porté  à  com- 
parer à  l'engorgement  d'un  égout  préalablement  creusé.  Frappé 
de  Tabondance  des  silex  taillés  de  main  d'homme  dans  cette 
zone,  il  arrive  à  formuler  {La  Seine,  p.  i54)  la  supposition 
des  deux  déluges  successifs.  «  En  effet,  ajoute-t-il,  les  eaux 
courantes  ne  rassemblent  jamais  les  objets  lourds  de  même 
origine,  elles  les  dispersent  ;  les  objets  légers,  ceux  qui  flot- 
tent sur  l'eau,  peuvent  atterrir  en  abondance  à  certains 
points  favorables,  mais  ceux  qui  sont  entraînés  en  roulant 
au  fond  avec  les  graviers,  sont  dispersés  comme  les  graviers 
eux-mêmes.  »  Sans  discuter  ces  assertions,  dont  il  serait  très 
facile  de  montrer  l'inexactitude,  nous  remarquerons  que  bien 
évidemment  ces  régions  macrolithiques  du  diluvium  de  la 
Seine  représentent  les  résidus  [)rogressivement  accumulés  de 
la  dénudation  successive  dont  nous  indiquions  tout  à  l'heure 
les   différentes   étapes. 

Petit  à  petit,  les  parties  relativement  fines  sont  emportées 
et  les  fragments  plus  pesants  subsistent  de  plus  en  plus  seuls 
et  descendent  progressivement,  constituant  de  haut  en  bas 
des  nappes  infralenticulaires  de  plus  en  plus  profondes.  Les 
progrès  de  ce  lavage  expliquent  la  liaison  si  intime  que  tout 
le  monde  a  constatée  entre  les  «  graviers  de  fond  »  et  le 
diluvium  franc  ou  «  sable  gras  ».  Ces  mêmes  progrès  mani- 
festent en  même  temps  la  tendance  à  la  concentration  dans 
les  lits  les  |)his  bas  de  tout  ce  qui  est  lourd  :  galets,  éclats 
d(î  roche,  haches  de  pierre,  gros  ossements,  etc.  Chaque  éro- 
sion du  dépôt  déjà  fait  et  qui  détermine  la  forme  inférieure 
d'une  lentille  future,  peut  laisser,  connue  trop  pesants  de 
certains    matériaux,  et  c'est  pour  cela   que   nous  avons  vu  des 


6l4  VIU«  CONGRÈS  GBOLOGIQUR 

surfaces  d'érosion  ainsi  revêtues  de  nappes  de  galets.  Dans 
le  cas  où  le  dépôt  a  été  raviné  totalement,  les  galets  seols 
peuvent  subsister  sur  le  fond.  Mais  jamais,  dans  aucune  cir- 
constance, le  courant  de  la  Seine  ne  semble  avoir  pu  charrier, 
comme  le  pensait   Belgrand,  les  gros  éléments  du   diluviuni. 

Nous  constatons  toujours  dans  les  cou]>es  offertes  à  notre 
examen  par  les  balastières,  que  les  zones  dont  on  vient  d'avoir 
la  description  sont  surmontées  d'une  épaisseur  plus  ou  moins 
grande  de  sables  et  de  graviers  qui  passent  par  le  haut  ii 
des  limons  sableux  ou  même  caillouteux  :  Belgrand  leur  a 
donné  le  nom  de  «  sables  de  débordement  »  qu'on  peut  leur 
conserver  à  la  rigueur,  quoique  le  mécanisme  du  débordement 
soit  loin  de  coïncider  exactement  avec  celui  que  supposait 
Fauteur. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  lits  supérieurs  ont  [>our  nous  un 
intérêt  très  spécial,  car  ils  constituent  au  propre,  la  terre 
végétale  des  plaines  d'alluvion  et  il  est  fort  utile  de  préciser 
leur  mode  de  formation.  A  cet  égard,  il  imi>orte  de  remar- 
quer que  les  portions  limoneuses  quoique  caillouteuses,  que 
recouvre  la  terre  arable,  se  soudent  par  en  bas  d'une  fav«Hi 
intime  avec  du  diluvium  dépourvu  de  la  structure  amygda- 
loîde  et  qui  semble  déjà  indiquer  un  régime  dillerent  de  f^lui 
qui   a  présidé   à   Taccumulation   de  notre   «  diluvium  franc  ». 

11  est  facile  de  s'expliquer  cette  circonstance  en  se  rt*por- 
tant  par  la  pensée  au  voisinage  du  fleuve,  sur  la  berge  con- 
vexe d'un  méandre  en  voie  de  déplacement.  Les  sabb^  viennent 
s'y  déposer  de  plus  en  plus  fins  à  mesure  que  la  ligne  «lo 
grande  vitesse  s'éloigne  et  les  limons  s'y  superposent  bientôt, 
constituant  une  avancée  progressive  de  la  terre  ferme  qui 
entoure  la  boucle  de  la  rivière.  Celle-ci  n'a  pas  renonce 
encore  à  la  venir  submerger  de  temps  en  temps  ;  à  chaque 
inondation  elle  s'y  épand,  mais  presque  sans  vitesse  et  s<*u- 
lement  capable,  bien  loin  de  l'éroder,  d'y  déposer  de  tine^ 
particules  limoneuses  :  c'est  le  «  terrain  de  colmatage  »  qui 
vient  se  superposer  à  la  nappe  de  sable  diluvien  correspon- 
dant au  dernier  régime   de  berge  convexe. 

Cette  nappe  de  colmatage  est  loin  d'être  homogène  :  elle 
contient,  et  parfois  en  abondance,  des  sables,  des  galets,  et 
même  des  blocs  de  roche  plus  ou  moins  volumineux.  Mais 
cette  particularité  s'explique  d'elle-même  par  le  rôle  des  glai^ 
flottantes    et    il    suflit    par    exemple  d'avoir    visité    la     plaine 


STANISLAS   MEUNIER  6l5 

(l'Alfort  dans  des  conditions  convenables,  c'est-à-dire,  lors  des 
inondations  d'hiver,  pour  y  avoir  observé,  au  moment  du 
dégel,  des  plaques  de  glace  paresseusement  charriées  dans  tous 
les  sens  et  éparpillant,  sur  tout  le  fond  inondé,  de  la  boue, 
des  sables,  des  pierrailles  de  toutes  natures,  qui  s'incorporent 
bientôt  dans  le  sol.  Alors  que  les  travaux  d'endigucment  et 
do  régulation  des  lits  n'entravaient  point  comme  aujourd'hui 
le  phénomène,  il  devait  se  développer  sur  une  échelle  consi- 
dérable qui  explique  bien  la  constitution  constatée  du  sol 
alluvionnaire. 

En  résumé,  on  voit  d'après  ce  qui  précède  que  le  dilu- 
vium  de  la  Seine  se  divise  de  lui-môme  en  trois  niveaux 
superposés  qui  ont  été  distingués  du  premier  coup  d'oeil  par 
tous  les  observateurs,  mais  qui,  contrairement  à  l'opinion  que 
ceux-ci  ont  généralement  défendue,  ne  supposent  quant  à  leur 
origine,  aucune  action  différente  par  sa  cause  ou  par  son 
intensité   de  celles  qui   interviennent  encore  sous  nos  yeux. 

Chacun  des  types  caractéristiques  de  ces  trois  niveaux 
continuent  à  se  produire  à  l'époque  présente  :  les  graviers 
de  fond,  dans  les  régions  d'érosion  active  au  milieu  du  lit, 
où  le  lavage  successif  des  matériaux  a  été  poussé  jusqu'à 
l'isolement  des  éléments  les  plus  gros  et  les  plus  pesants  ;  — 
les  amandes  sableuses,  limoneuses  ou  caillouteuses,  dans  les 
divers  points  du  lit  à  circulation  compatible  avec  la  sédimen- 
tation active  ;  —  les  nappes  limoneuses,  arénifères  et  caillou- 
teuses supérieures,  hors  du  lit,  dans  les  régions  accessibles 
aux   eaux   d'inondations. 

Ces  nappes  peuvent  du  reste,  à  la  faveur  du  déplacement 
des  méandres,  être  destinées  à  subir  les  lavages  décrits  plus 
haut,  qui  les  réduiront  à  l'état  de  dépôts  lenticulaires,  qui 
eux-mêmes  passeront  peu  à  peu  à  la  condition  de  gravier  de 
fond  par  une  véritable  évolution  tranquille  dont  l'allure  est 
bien  faite  pour  frapper  l'esprit. 

Et  l'on  pourrait  résumer  toute  celte  série  de  transformations 
successives  en  constatant  que  le  dépôt  du  diluvium  s'est  pour- 
suivi sans  interruption,  avec  la  même  allure,  pendant  tout  le 
temps  du  creusement  de  la  vallée,  durant  lequel  il  n'y  a 
nulle  place  pour  un  phénomène  violent.  D'un  côté  nous 
retrouvons  identiquement  la  même  structure  avec  les  mêmes 
dimensions  en  largeur  comme  en  épaisseur,  des  masses  isonsti- 
tuantes   dans  le   diluvium   des    «    hauts    niveaux    »    comme   au 


6l6  VUl*  CONGRES  GÉOLOGIQUE 

Kremlin  (Gentilly)  et  à  Montreuil,  —  dans  celui  des  «  bas 
niveaux  »  comme  au  Petit  Créteil  et  à  Grenelle  —  dans  les 
«  dépôts  actuels  »  de  la  rivière  ;  et  d'un  autre  côté,  nous 
constatons  la  liaison  intime  des  divers  niveaux  superposés  dans 
la  formation  diluvienne. 

A  ce  dernier  égard  Belgrand  (p.  io8)  l'emaixjue  à  propos 
d'une  sablière  de  Grenelle,  que  les  zones  de  sable  lin.  de 
gravier  et  de  gros  cailloux  y  alternent  de  haut  en  bas  de  la 
carrière  et  il  ajoute  qu'il  est  «  absolument  impossible  d'établir 
stratigraphiquement  la  limite  des  graviei's  de  fond  et  de  Pallu- 
vioîi,  limite  qui,  il  faut  bien  le  dire,  est  presque  toujours 
ineertaine  dans  les   sablières  de   Paris  ». 

(]omme  on  le  voit,  il  v  a  dans  toute  cette  iiitéressanlr 
histoire,  une  simplicité  et  une  continuité  qui  contrastent  sin- 
gulièrement avec  la  première  conclusion  d'observations  trop 
hâtives.  Là,  où  tout  d'al)ord  on  ne  voyait  que  des  témoignages 
de  coui'ants  monstrueux  par  leur  volume  et  par  leur  violence, 
nous  ne  trouvons  au  contraire  que  la  pi*euve  de  la  longue 
j)ersistance  du  régime  encore  en  vigueur  sous  nos  yeux.  A 
notre  sens,  l'analyse  attentive  de  la  structure  intime  du  dilu* 
vium  sufHt  à  elle  seule,  et  sans  le  secours  d'aucune  auliv 
considération,  pour  faire  repousser  toutes  les  hypothèses  dilu- 
viennes successivement  présentées,  même  avec  les  modification*^ 
par  lesquelles,  depuis  Belgrand,  on  a  essayé  tant  de  fois  de 
les  amender. 

L'histoire  de  la  sédimentation  lluviaire  est  une  de  celle*» 
où  la  légitimité  de  la  doctrine  actualiste  apparaît  avec  le 
plus  d'évidence. 


6i7 


ÉTUDE  STRATIGRAPHIQUE  ET  EXPÉRIMENTALE 
SUR  LA  SÉDIMENTATION  SOUTERRAINE 

par   M.  Stenislas  MEUNIER 


Pour  éviter  tout  malentendu  dans  un  sujet  où  déjà  quelques 
eonfusions  ont  été  eonimises,  il  convient  tout  d'abord  de  bien 
définir  la  question.  Sous  le  nom  de  Sédimentation  souterraine 
je  désigne  un  mode  spécial  de  constitution  de  couches  '  géo- 
logiques qui  a  passé  jusqu'ici  à  peu  près  inaperçu  et  qui 
joue  cependant,  en  certaines  conditions,  un  rôle  de  très  grande 
importance. 

Nous  pouvons  le  définir  en  disant  que  les  assises  auxquelles 
il  donne  naissance  sont  constituées  par  les  résidus  d'une 
dissolution  partielle  de  couches  préexistantes  soumises  sous  le 
sol  à  une  action   convenablement  corrosive. 

Pour  l'ordinaire,  ces  couches  préexistantes  sont  surtout 
calcaires  et  leur  résidu  n'a  qu'un  faibb*  volume  par  rapport 
au  leur  ;  l'agent  de  dissolution  est  l'eau  d'infiltration  prove- 
nant des  pluies  et  chargé,  en  conséquence,  d'acide  carbonique; 
—  mais  on  peut  rattacher  au  même  type  de  réaction,  quoique 
relativement  exceptionnelle,  l'attaque  partielle  des  matériaux 
différents  sous  des  influences   spéciales. 

Dans  l'immense  majorité  des  cas  le  phénomène  ne  peut 
prendre  naissance  que  dans  le  sol  des  régions  exondées,  conti- 
nentales ou  insulaires  :  les  fonds  de  mer  en  sont  exempts  et  dès 
lors  la  recherche  et  la  découverte  de"  certains  faciès  pourront 
être    facilitées  par  la   considération  des   faits  qui    vont   suivre. 

On  concevra  à  cette  occasion  mon  souci  de  bien  distinguer 
les  faits  que  je  vais  étudier  de  ceux  qui  sont  maintenant  connus 
comme  dérivant  de  l'action  dénudatrice  de  la  pluie  et  qui  ont 
produit  par  exemph»  la  latérite  des  i)ays  chauds  ou  l(*s  arènes 
granitiques  de  nos  régions  tempérées  ainsi  qu'une  série  de  for- 
mations qualifiées  souvent  iVéluviennes  et  qui  ne  présentent  en 
aucune  façon  l'allure  stratifiée,  même  (juand  elles  ont  une 
épaisseur  considérable . 

Au  contî*aire,    le  dépôt   des    résidus   (pii    nous    occupent   se 


6l8  VUl*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

fait  successivement  de  haut  en  bas,  c'est-à-dire  dans  le  sens 
inverse  des  sédimentations  ordinaires  ;  les  progrès  en  sont 
accompagnés  d^ailaissements  du  soi  ;  ils  s*accomplissent  avtM* 
une  régularité  qui  se  traduit  par  la  persistance  d'une  appa- 
rence  stratifiée  tout  à  fait  normale. 

Avant  d'insister  sur  ces  phénomènes  dont  il  va  être  bien 
facile  <lo  faire  ressortir  toute  Fimporlance ,  j'ajouterai  que 
leur  annonce  a  provoqué  quelque  i*ésistance  chez  plus  d'un 
géologue  :  —  mais  je  vais  montrer  que  les  objections  présentées 
se   résolvent  de   la  manière  la    plus   satisfaisante. 

Afin  d(*  fixer  les  idées,  je  décrirai  en  quelques  mots  une 
région  oii  le  phénomène  a  acquis  une  ampleur  sullisante  et 
où,  par  conséquent,  on  peut  observer  les  traits  les  plus  carac- 
téristiques <les  formations  de  sédimentation  souterraine.  Je 
choisirai  la  localité  de  Prépotin,  située  à  peu  de  distance  de 
Mortagne  (Orne),  où  j'ai  eu  Toccasion  de  poursuivre  {Mandant 
plusieurs   années   des  études  détaillées. 

En  nous  bornant  ici  aux  faits  les  plus  essentiels  il  suffira 
de  rappeler  que  la  région  dont  il  s'agit  est  considérée  comme 
crétacée  et  que  les  assises  turoniennes  y  sont  exploitées  en 
bien  des  points  comme  craies  de  différentes  qualités,  marneuse, 
sableuse,   micacée,  etc. 

Lii  coupe  ci-jointe  (fîg.  i)  fait  voir  comment  à  Pi'épotin 
la  colline  de  la  Bruyère  est,  sur  une  épaisseur  de  plus  de 
4  mètres,  composé  de  couches  fort  régulières  d'argile  recou- 
vrant des  couches  de  sables.  Il  convient  du  reste  d'ajouter 
que  cette  coupe  n'est  pas  visible  et  a  été  conclue  des  ivsultatii 
fournis  par  trois  puits  poussés  jusqu'à  i5  mètres  de  profon- 
deur avec  un  diamètre  de  i™5o  et  un  écai-teinent  l'éciproque 
de  60  à  80  mètres.  La  figure  montre  donc  comme  une  inte^ 
polation   raccordant  les   données  procurées  par  les  trois  puits. 

Au  dessous  de  la  terre  végétale,  se  présente  une  argple  à 
silex  ocreuse  et  très  impure,  exactement  semblable  à  celle 
qu'on  rencontre  dans  d'innombrables  localités  dont  le  sol  est 
constitué  par  la  craie  blanche.  C'est  l'argile  à  silex  de  Dreux, 
le  terrain  superficiel  de  la  craie,  et  tout  le  monde  est  d'ac- 
cord maintenant  pour  y  voir  un  résidu  de  la  décalcification 
subaérienne   des  couches    craveuses. 

A  Prépotin,  son  épaisseur  est  fort  variable  ;  tandis  qu'elle 
nian((ue  totalement  dans  le  puits  A,  elle  atteint  dans  le 
puits  B  une  épaisseur  de  4  mètres  et  ces  inégalités  s'expliquent 


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&JO  Vlil«   COXGRÈS  GÉOLOGIQUE 

tout  de  suite  comme  on  va  voir  par  rinelinaison  générale 
des  couches  qui  sont  restées  sensiblement  parallèles  entre 
elles.  Le  no  6  est  alFecté  à  cette  argile  à  silex  dans  la  coope. 
bien  qu*on  doive  la  regarder  comme  de  formation  plus  ancienne 
que  les  masses  sous-jacentes,  la  décalcification  de  la  roche 
d*oii  elle  dérive  ayant  eu  lieu  avant  celle  des  masses  situées 
plus  profondément.    Nous    allons  revenir  sur  ce  point  capital. 

Sous  Targile  à  silex. qui  vient  d*étre  mentionnée,  se  pré- 
sente une  autre  formation  qui  se  distingue  très  nettement  de 
la  précédente,  uiais  par  un  caractèi*e  dont  l'importance  absoloe 
est  évidemment  assez  faible  :  i>ar  sa  couleur.  C'est  en  effrt 
une  argile  blanchâtre  et  non  plus  une  argile  ocreuse  :  mais, 
à  cela  près,  elle  resseuible  à  la  couche  n^  6  d'une  façon  toot 
à  fait  intime.  C'est  la  même  composition  générale  et  le  même 
mélange  avec  des  rognons  siliceux  qui,  ici  comme  plus  haut, 
sont  épuisés,  e*est-à-dire  devenus  spongieux  par  la  dissolution 
d^me  partie  de  leur  substance  par  les  eaux  d'infiltration. 
Aussi  en  présence  d'une  semblable  identité  ne  saurait-on  se 
refuser  à  voir,  dans  cette  couche  n**  5,  un  produit  des  mêmes 
actions  qui  ont  déterminé  la  production  de  la  couche  m  6. 
C'est  évidemment  encore  une  assise  de  craie  qui  a  perdu  son 
calcaire,  qui  s'est  réduite  à  ses  seules  parties  insolubles  et 
qui,  étant  moins  ferrugineuse  que  la  craie  génératrice  de  la 
couche  n°  6,    a  donné  un   produit  moins   coloré. 

Mais  cette  constatation  a  déjà  de  quoi  contrarier  bien  des 
préjugés.  Cette  deuxième  argile  à  silex  atteint  trois  mètres 
d'épaisseur  et  les  dépasse  même  en  bien  des  points  et  elle 
est  réglée  comme  une  formation  normale,  de  sorte  qua 
l'examen  ordinaire  elle  se  présente  comme  plus  ancienne  que 
la  couche   n®  (>.   qui   repose  sur  elle. 

Et  cependant,  son  mode  de  génération  va  rigoureusement 
à  rencontre  de  cette  interprétation,  elle  n'a  pu  commencer  à 
prendre  naissance,  cela  est  évident,  qu'après  la  décalcification 
de  la  couche  supérieure  productrice  de  la  couche  n**  6  et  dès 
lors  cette  couche  n^  5  n'a  conmiencé  à  apparaître,  par  isole- 
ment progressif,  qu'après  la  complète  constitution  de  la  couche 
n''  6.  La  couche  n°  5,  quoique  plus  profonde,  est  plus  récente 
que  la  couche  n"  6;  elle  dérive  d'une  couche  de  craie  plus 
anci<»nnc  (pie  celle  qui  a  engendré  la  couche  n^  6  et  appar- 
tenant cependant  sans   doute   elle    aussi^   à   l'horizon  sénonien. 

Si    Ton   veut    bien    y     faire    attention,  on    reconnaîtra  que 


STANISLAS   MEUNIER  621 

cet  âge  divers  de  résidus  de  désagrégation  de  formations  stra- 
tifiées à  l'état  de  couches  parfaitement  réglées,  fait  coïncider 
le  processus  de  la  sédimentation  souterraine  avec  celui  de  la 
sédimentation  ordinaire.  Ces  argiles  isolées  en  profondeur  de 
la  craie  blanche  se  comportent  en  somme  comme  les  argiles 
que  la  mer  isole  des  falaises  crayeuses  et  va  sédimenter 
dans  son  bassin  à  uiw  distance  plus  ou  moins  grande»  de  la 
roche  qui  Ta  engendrée. 

Pour  en  revenir  à  Prcpotin,  constatons  qu'au-dessous  de  ces 
niveaux  argileux  qui  viennent  d'être  mentionnés,  commencent 
des   lits  sableux    dont  Texamen  est  encore  bien  plus  instructif. 

En  ellet,  ce  sont  d'abord  des  sables  quarzeux  qui,  en 
certains  points  (3  de  la  coupe)  sont  d'une  blancheur  parfaite 
et  se  présentent  comme  du  cristal  de  roche  en  poudre  plus 
ou  moins  mélangée  de  mica,  mais  qui,  en  d'autres  points 
comme  3  d  et  3  e  sont  plus  ou  moins  ferrugineux  et  même 
ailleurs  (3  b)  transformés  en  grès  ocracés  désignés  dans  le 
pays  sous  le   nom   de  Grignards, 

Ce  qui  leur  donne  un  intérêt  considérable,  c'est  que  parfois 
et  spécialement  en  3  c,  ils  sont  pétris  de  fossiles,  circonstance 
qui  réclame  que  nous  nous  y  arrêtions  un  instant.  Ces  fossi- 
les se  signalent  avant  tout  par  leur  apparence  corrodée  (jui 
n'empêche  d'ailleurs  en  aucune  façon  leur  détermination  spéci- 
fique :  ce  sont  des  tests  de  Grj'phœa  (Ostrea)  columba  de 
la  variété  gigas,  tout  à  fait  spéciale  à  certaines  couches 
turoniennes. 

En  le  regardant  de  plus  près,  on  reconnaît  que  ces  valves 
de  coquilles  sont  entièrement  silicifiées,  ce  qui  suppose  une 
modification  profonde  dans  leur  composition,  subie  depuis 
l'époque  de  leur  enfouissement.  Leur  surface  est  fréquemment 
toute  couverte  de  tubercules  aplatis,  à  couches  concentriques, 
(|ui  ont  été  décrits  souvent  sous  le  nom  à'Orbicules  et  qui 
manifestent  les  traits  essentiels  des  concrétions.  Souvent,  une 
valve  est  réduite  à  l'état  de  deux  plaques  siliceuses  corres- 
pondant aux  deux  surfaces  primitives,  interne  et  externe,  du 
test  et  comprenant  entre  elles  un  vide  qui  s'est  constitué 
souvent  à  l'état  de  véritable  géode  où  le  quarz  a  cristallisé. 
Quelquefois  dans  cet  intervalle  des  deux  épidermcs  silicifiés 
on  observe  comme  des  stalactites  et  des  stalagmites  en 
miniature  de  substance  quarzeuse  ayant  alors  une  apparence 
fort  singulière. 


633 


VIII-    COXr.llÈS    GRO LOGIQUE 


FlR.  2.  —  Test  d'Itwceramus  Curiei 

atlaquË  pur  l'acide  chlorhydrlque 

moDtraDt  les  coucrétloDS  ailiceugcs 

insolubles  dunt  11  est  rempli. 

t/i  de  la  grandeur  natarelle. 


Ces  particularités  ne  sont  d'ailleui-s  aucooement  ctrangèpes 
à  notre  sujet,  car  elles  concernent,  sans  doDt«  possible,  un 
chapitre  de  la  sédimentation  souterraine.  La  constitution  du 
(juarz  ])av  voie  de  concn^inn 
et  au  travei-s  des  étaiM-s  earac- 
lérisées  par  l'opate  et  la  calcé- 
doine est  un  phénomène  itoni 
l'importance  est  bien  plus 
[grande  peut-éti-e  qu'on  ne  le 
ti-oit  (ji- né  raie  ment.  En  eirct. 
CDUiuie  on  va  le  voir,  une  par- 
tie des  sables  dont  nous  allons 
parler  a  certainement  celte  ori- 
gine primitive  par  voie  de  eun- 
crt'tion  et  dnn  autre  eiHé,  lis 
grains  siliceux  et  quarzeui 
trouvés  dans  les  diverses 
variétés  de  roches  calcaii-es  ont 
quelquefois  jborni  un  appui 
apparent  et  que  nous  pouvons  contester  maintenant  à  la  théorie 
terrigène  de  leur  génération. 

Cette  remarque  s'applique  tout  spécialement  à  la  craie  qai 
maign-  sa  ressemblance  si 
remarquable  avec  les  dépAts 
actuels  des  abini  es  sous-nia  rins 
H  été  considérée  quelquefois 
comme  une  pi>oductioii  de  fai- 
ble profondeur  à  cause  des 
grains  de  quai-z  et  d'autres 
minéraux  que  les  acides  pei'- 
metlent  d'en  dégager.  Pour  le 
quai'z,  nous  voyons  qu'il  peut 
être  engendré  dans  l'épaisseur 
même  des  tests  de  coquilles  et 
je  pimrrais  donner  à  celte 
occasion  de  longs  développe- 
ments qui  m'ont  été  pntcurés 
par  l'examen  approfondi  de 
certains  fossiles  et  spécialement  des  coquilles  du  grand  Inocera- 
mus  Cavieri  et  de  l'Ananchftes  gibba.  J'ai  ti-ouvé  en  étudiant 
ces  fossiles  chiuiiqucmeiit  et  au   microscope  que   l'épaisseur  de 


Fijf.  3.  —  Test  à'AnanchyU*  gihhn, 
attaqué  pap  l'acide  chlorbfdrtqu  tt 
muatrant  les  coacrttiont  sillceusn 
duDt  II  eat  rempli. 

1/idc  la  grandeur  nHtarelle. 


9TAMIS[.AS  M  RU  MER 


6a3 


FiK.  4.—  Cojpo  mince  à  inneframe. 
talllé«  par.illëlFmcQt  aux  libres  et 
vue  au  mlcroscupc  avec  un  gros- 
sissement de  HOdlamétns 


leur  test  a  procuré  au  quiira  un  iniliru  spécialement  favorable 
à  sa  c-ODcrétion  et  que  la  structui-e  organique  est  intervenue  pour 
faciliter  inéguleiiient  la  production  minérale  dans  les  dilTérents 
points.  11  en  est  i-ésullé  que  des  rosettes  siliceuses  et  quarzeuses 
jalonnent  pour  ainsi  dire  dans  cer- 
tains cas  l'iinatomie  du  mollusque 
ou  de  l'oursin  et  c'est  ce  qu'on  peut 
mettre  en  évidence  d'une  fai.on  très 
clé};anle  en  attaquant  lesl'ossilcsavcc 
un  acide  étendu  (Voyez  les  lig.  a  et  3). 

La  relation  de  la  production  quar- 
zeuse  avec  l'histologie  des  Inocéra- 
mes  s'est  révélée  d'une  façon  spécia- 
lement frappante  dans  des  coupes 
minces,  taillées  les  unes  parallèle- 
ment et  les  autres  perpcndiculaiit-- 
ment  aux  libres  constitutives  des 
coquilles  et  oxaininces  dans  la 
lumière  polarisée  (Voyez  les  fig.  4 
et  5).  A  ce  titre  on  peut  dire  que 
l'origine  même  de  certaines  variétt^-s 
minéralogi(|ues  du  quarz  sur  les- 
quelles l'attention  a  clé  appelée  dans 
ces  dernières  années  est  en  défini- 
tive du  domaine  biologique  dérivant 
de  la  structure  de  produits  animaux. 

Dans  tous  les  cas  on  comprend 
très  bien  que  les  coquilles  très  par- 
tiellement siliciliées  subissant  dans 
!e  sol  des  actions  mécaniques  consé-  Pig,  5. 
cutives.  par  exemple,  aux  all'aisse- 
mcnls  locaux,  se  désagrègent,  se 
concassent ,  pour  prendre  mitiim- 
iiient  l'apparence  des  débrisd'lnocé- 
rames  dans  la  couche  de  ci-ale  dite 
i(  banc  des  Soies  »  dans  le  dépar- 
tement du  NonI,  qui  n'est  qu'un  acheminement 
tion  de  grains  ayant  l'apparence  arénacée  (i). 

(!)  J'ai  étudié  des  silicllicatloDS  dussl  remarquables  quoliiuc  iV&^e,  plus  récent 
dans  cerlalnea  coquilles  du  calcairt;  (grossier  (l>aDc  vert)  r(M;emmeat  recoupées 
par  un  sondage  dans  le  Parc  de  l'Ecole  d'Agriculture  do  Grignon. 


„.   -  -pe  de  la   fifçure 

précédente,  vue  dans  la  lumKrc 
polarisée  entre  les  niçois  croigéa. 
On  ï  voitque  la  portion  qui  parais- 
sait vide  diin!i  la  lumii'-rit  natu- 
relle, est  en  réalité  occupée  par 
dn  quarz  qui  a  épigénité  d'une 
manière  complète  le  test  de  la 
coquille.  —  Grossissement  de  NU 
diamètres. 

i  la    libéra- 


&2^  Vllie   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

Ajoutons  qu'à  Prépotin  et  malgré  son  apparence  stratifiée 
et  sa  richesse  en  fossiles,  la  formation  sableuse  qui  vient  d'être 
si  rapidement  décrite,  vient  se  ranger  à  son  toui*  dans  la  série 
des  masses  dont  Torigine  constitue  un  phénomène  de  sédi- 
mentation souteri'aine  :  elle  est  le  résidu  pur  et  simple  de  la 
décalcification  lente  d'une  épaisse  assise  de  craie  turonienne. 
dont  h»s  Ostrea  columha^  en  partie  silicifîées  avant  la  dissi»- 
lution  du  calcaire,  ont  en  conséquence  laissé  des  traces  non 
équivoques  de   leur  présence. 

Le  sable  quarzeux  lui-même,  par  le  mica  (ju'il  contient  en 
notable  proportion,  décèle  sa  descendance  de  la  craie  micacée 
.  si  fréquente  à  ce  niveau  dans  cette  région  de  la  France  et 
il  se  montre,  en  outre,  augmenté  de  débris  siliceux  et  quar- 
zeux concrétionnés  ou  cristallisés  dont  l'origine  et  le  mode 
de  formation  sont  éclairés,  comme  on  vient  de  le  voir,  par  les 
phénomènes  de  silicification  dont  l'épaisseur  du  test  des  mol- 
lusques a  été  le   théâtre. 

11  suflit  de  supposer  que  ces  tests,  extrêmement  friables, 
ont  été  brisés  par  les  tassements  du  sol  pour  comprendn», 
dans  le  niveau  qui  nous  occupe,  la  présence  d'innombrables 
grains  d'apparence  sableuse  et  qui  se  sont  pour  ainsi  dire 
constitués  sur  place  en  vertu  de  phénomènes  maintenant  bien 
connus. 

Le  sable  h  débris  d' Ostrea  columba  n'a  pu  se  former  comme 
ou  le  voit,  qu'après  l'isolement  déjà  réalisé  des  assises  argi- 
leuses superposées.  11  est  donc  géologiquement  plus  m'enl 
qu'elles  et  il  faut  d'autant  plus  y  insister  que  cette  consé- 
quence  a  provoqué   des   résistances  chez  quelques  naturalistes. 

On  a  dit  d'abord  que  l'argile  des  assises  4i  ^  ^t  ^">  étant 
imperméable,  l'attaque  des  craies  sous-jacentes  par  l'eau  d'in- 
filtration était  impossible  et  que,  par  conséquent,  toute  la  théorie 
sédimentaire  souterraine  était  fausse.  Mais  il  y  a  simplement 
là  une  assertion  inexacte  de  la  part  de  mes  contradicteurs  : 
l'ai^gile,  malgré  sa  réputation,  est  loin  d'être  absolument  imper- 
méable et  il  suflit  d'un  temps  plus  ou  moins  long  pour  que 
l'eau  la  traverse   sur   des  épaisseurs  illimitées. 

Je  me  suis  assuré  de  ce  fait  important  par  des  expériences 
spéciales  répétées  sur  des  variétés  très  diverses  de  roches 
argileuses  :  il  faudra  revenir  ailleurs  avec  détail  sur  ces  essais. 
Du  reste  les  sortes  d'argil(»s  qui  ont  été  citées  tout  à  l'heui-e 
au-dessus    des    sables    à    Ostrea  columba    sont    très    loin    de 


STANISLAS   MEUNIER  625 

compter  puriiii  les  plus  iiuperiiiéables,  et  la  présence  de 
rognons  siliceux,  de  même  que  celle  d'innombrables  grains 
sableux,  contribue   sans   doute  à   leur  grande  porosité  relative. 

Quant  aux  autres  objections  qui  m'ont  été  opposées  sur 
ces  mêmes  sujets,  j'en  réserve  la  réponse  pour  un  peu  plus 
loin,  voulant  avant  tout  terminer  la  description  de  la  coupe 
de    Prépotin. 

Au  dessous  des  sables  à  buitres,  on  trouve  Tassise  n^  '2 
de  la  ligure  i,  qui  a  fourni  quelques  tests  silicifiés,  parfaite- 
ment reconnaissables,  de  Vlnoceramus  problematicas,  c'est-à- 
dire  de  l'un  des  mollusques  les  plus  caractéristiques  de  la 
craie   marneuse. 

11  est  évident,  d'après  ce  que  nous  venons  de  voir,  que 
cette  nouvelle  assise  résulte  de  la  décalcification  lente  d'un 
massif  de  craie  turonienne  à  inocérames,  toute  pareille  à  celle 
qui  est  restée  intacte  dans  maintes  contrées  voisines  et  que 
cette  décalcification  n'a  pu  se  déclarer  et  se  poursuivre 
qu'aj)rès  la  dissolution  de  la  craie  superposée  et  qui  renfer- 
maient  les  restes   des  huîtres    précédemment   mentionnées. 

Donc  ce  sable  est,  considéré  comme  sable  isolé  et  stratifié 
à  part,  plus  récent  t|ue  les  masses  qui  le  recouvrent  et  qui 
se  sont  isolées  avant  lui  ;  conclusion  dont  la  répétition  indéfinie 
est    dans  fespèce   tout  à    fait  nécessaire. 

Au  dessous  des  lits  précédemment  énumérés  et  à  i5  m. 
au  dessous  de  la  surface  du  sol,  on  rencontre  dans  la  coupe 
de  l*répotin  des  sables  rouges  non  fossilifères  :  c'est  ce  que 
nous  trouvons  de  plus  récent  dans  le  pays  ;  ils  représentent 
les  produits  de  la  décalcification  progressive  de  couches  non 
déterminées  mais  qui  étaient  évidemment  plus  anciennes  que 
la   craie  à   /.  probleinaticus. 

Répétons  que  tous  ces  détails,  dans  lesquels  il  pourrait 
sembler  que  nous  avons  laissé  s'introduire  des  redites,  ne 
sont  pas  de  trop  certainement  dans  un  sujet  aussi  nouveau 
et  surtout  aussi  dissident  aux  idées  reçues  que  celui  qui 
nous  occupe  :  —  et  la  preuve  c'est  que  tout  récemment 
encore  on  a  opposé  aux  conclusions  auxquelles  il  conduit  les 
ol)jections  les   plus  imprévues  et  les  plus  violentes. 

Par  exemple,  un  géologue  belge  de  haute  valeiu'  est  allé 
jusqu'à  prétendre  que  des  matériaux  aussi  correctement  déposés 
les  uns  sur  les  autres  que  ceux  qui  viennent  d'être  énumérés, 
ne   résultent    pas    d'une  sédimentation  !     A     propos    d'un    cas 


40. 


626  VUI«  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

comparable  à  celui  de  Prépotin,  et  qui  concerne  une  localité 
où  la  craie  grise  est  surmontée  de  dépôts  tertiaires  (sables 
considérés  comme  landéniens)  il  a  écrit  :  »  En  supposant 
que  le  landénien  et  le  quaternaire  soient  d'anciens  sables 
calcareux  décalciOés,  on  devrait  se  borner  à  dire  que  le 
quaternaire  a  été  altéré  avant  le  landénien  et  le  landénien 
avant  la  craie  grise  ;  mais  Tordre  de  formation  de  dépôt  de 
sédimentation  de  ces  dernières  assises  est  bien  celui  qu'indique 
Tordre  de  superposition  de  bas  en  baut.  Si  leur  altération 
subséquente,  sous  Tinfluence  des  eaux  météoriques,  s'est  fait 
en  sens  inverse,  il  n*y  a  pas  lieu  d'introduire  ici  la  notion 
nouvelle  de  sédimentation  souterraine  avec  succession  de 
haut  en  bas.  Je  le  repète,  il  nj'  a  pas  là  sédimentation  : 
on  ne  peut  appeler  sédimentation  un  enlèvement  de  substance.  » 

Ce  sont  là  des  critiques  sans  base,  car  il  suffit  d*un 
instant  de  réflexion  pour  reconnaître  qu'il  n'y  a  aucune  ilifie- 
rence  essentielle  entre  le  cas  dont  il  s'agit  et  celui  de  sable 
siliceux  déposé  actuellement  par  la  mer  dans  une  foule  de 
localités,  où  personne  ne  songe  à  leur  contester  leur  disposition 
stratifiée. 

Ainsi,  à  Dieppe,  que  nous  pouvons  choisir  presque  au 
hasard,  au  pied  de  la  falaise  crayeuse,  le  sable  quarzeux  qui 
est  abandonné  par  le  flot  est  un  simple  résidu  de  la  craie 
soumise  à  une  «  altération  »  dont  Tartisan  est  la  mer  :  Ce 
sable  peut  être  regardé  comme  de  la  craie  décalcifiée.  Le 
déplacement  que  subit  ce  résidu  avant  son  dépôt  est  horizonta^L 
tandis  que  dans  le  cas  de  la  sédimentation  souterraine  il  est 
vertical,  mais  là  se  borne  la  différence  et,  dans  les  deux  cas 
il  y  a  dépôt  de  ce  résidu  sur  un  support  sous-jacent  et  par 
conséquent  sédimentation. 

Gomme  on  le  concevra  sans  peine,  il  m'a  paru  très  utile 
de  soumettre  le  résultat  de  mes  études  sur  la  sédimentation 
souterraine  au  contrôle  toujours  si  décisif  de  la  méthode 
expôrimentale  et  les  produits  que  j'en  ai  obtenus  m'ont  paru 
absolument  satisfaisants.  Je  me  bornerai  d'ailleurs  pour  ne 
pas  abuser  de  la  patience  du  lecteur  à  n'en  retenir  ici,  que 
ce  qui  est  directement  applicable  à  l'interprétation  des  faits 
précédents. 

Des  expériences  très  décisives  ont  été  réalisées  à  Taide  de 
l'appareil  représenté  dans  la  figure  6  ci-jointe  :  On  y  voit  une 
éprouvette  à    dessécher  dont    T étranglement  a    été  occupé  par 


STANISLAS   MEUNIEK 


ôa-: 


un  tampon  d'amiante  et  qui  a  revu  successivement  :  i^  une 
couche  A  d'un  mélange  gris  très  clair  de  carbonate  de  chaux 
précipité  et  de  fer  oxydulé  très  fin  ;  2°  une  couche  B  d'un 
mélange  de  carbonate  de  chaux  précipité  et  de  très  lins 
grains  de  quai*z  ;  3^  une  nouvelle  couche  C  du  mélange  à  fer 
oxydulé  qui  vient  d'être  indiqué  ;  4°  ^^  sal>le  quarzeux  D  jus- 
qu'au  goulot. 


Fig.  ().—  Reproduction  expérimentale  des  ptiénomcnes  de  la  sédimentation  souter- 
raine. A  gauche,  éprouvette  disposée  pour  l'expérience  et  contenant  des  lits 
superposés  A,  B,  C,  de  poussières  formées  d'une  petite  proportion  de  grains 
insolubles  et  d'un  grand  excès  de  cart>onale  de  chaux  précipité;  D,  recouvre- 
ment de  sable  inerte.  A  droite,  résultat  de  l'expérience  :  l'attaque  des  poussières 
il  l'aide  d'eau  faiblement  acidulée,  arrivant  au  travers  de  la  couche  inerte  D, 
en  a  réduit  les  couches  aux  minces  lits  a,  b,  r,  de  résidus  insolubles,  isolés  suc- 
cessivement de  haut  en  bas. 

La  colonne  de  substances  diverses  étant  ainsi  préparée, 
avec  les  précautions  nécessaires  et  par  exemple  en  n'opérant 
qu'avec  des  ingrédients  saturés  d'eau  et  en  conséquence  dépour- 
vue d'air  qui  gênerait  beaucoup,  on  l'arrose  avec  un  peu 
d'eau  aiguisée  du  i/3o  de  son  poids  d'acide  chlorhydrique. 
Au  bout  d'un  temps  convenable  on  voit  la  portion  supérieure 
du  mélange  indiqué  sous  le  signe  C  se  garnir  par  en  haut  d'un 
lin  liseré  noir  entièrement  composé  de  fer  oxydulé  débarrassé 
par  dissolution  du  carbonate  de  chaux  auquel  on  l'avait  mêlé. 
L'attaque  s'est  faite  si  doucement  qu'il  fallait  la  loupe  pour 
apercevoir  quelques  fines  bulles  d'acide  carbonique  se  déga- 
ger entre  les  grains  de  sable  supérieur.  Au  bout  de  cinq 
jours  la  couche  de  mélange  qui  avait  '2  centimètres  d'épaisseur 


< 


6^8  VlIP  CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

était  ontièreiucnt  réduite  à  uii  lit  de  a  millimètres  environ  de 
lier  oxydulé  parfuiteiuent  régulier  c  et  ayant  tout  à  lait  l'allure 
d'une  couche  qu'on  aurait  placée  dans  l'éprouvette  avant  de 
la  recouvrir  du  sable  S.  En  même  temps,  le  niveau  supérieur 
de  ce  dernier  sable  s'est  abaissé  de  i8  millimètres  sans  penln' 
son  horizontalité  et  a  maintenu  par  son  poids  la  régularité  du 
petit  lit  noir  de  magnétite. 

Si  l'on  continue  d'arroser  la  colonne  sableuse  avec  de  l'eau 
acidulée,  pour  remplacer  la  solution  de  chlorure  de  calcium 
qui  vient  se  réunir  dans  le  réservoir  inférieur  de  Téprouvotte 
et  qu'on  peut  évacuer  par  le  tube  de  l'ouvertui'e  latérale,  un 
voit  le  mélange  de  carbonate  de  chaux  et  de  sable  quarzeux 
auquel  nous  avons  attribué  le  signe  B  commencer  à  être 
attaqué    par  le   haut. 

Cette  attaque  est  rendue  sensible  par  l'apparition  d'un  très 
mince  lit  de  grains  cristallins  tranchant  fortement  sur  le  blanc 
mat  des  parties  restées  encore  intactes.  Progressivement  ce 
lit  va  en  s'épaississant  ;  mais  la  couche  qui  le  fournit  s'amin- 
cit bien  davantage  et  le  niveau  du  sable  D  descend  peu  à 
peu.  Bientôt,  les  3  centimètres  du  mélange  primitif  sont  réduits 
à  I  centimètre  environ  de  grains  quartzeux  marqué  b  sur  la 
figure  et  on  voit  le  mélange  A  qui  commence  à  s'attaquer 
lui-même  de  façon  à  se  limiter  par  le  petit  lit  noir  a  de  fer 
oxydulé. 

Cette  expérience  sullit  pour  montrer  comment  un  obser- 
vateur non  prévenu  pourrait  avoir  du  mode  de  production 
des  lits  superposés  dans  l'éprouvette  une  opinion  tout  à  fait 
inexacte. 

Il  penserait  certainement  que  l'épi'ouvette  a  reçu  les  lits 
qu'elle  contient  dans  un  ordre  de  succession  représenté  par  la 
série  ascendanU*  des  superpositions  ;  c'est-à-dire  a  tout  d'aboixl. 
puis  6,  puis  c,  et  enlin  1).  Tandis  que  l'ordi-e  d'ancienneté 
relative  de  ces  petites  couches  est  comme  on  vient  de  le 
constater  D,  c,  6  et  enlin  a  ;  ce  qui  est  tout  à  fait  différent 
et  comporte  des  conséquences  tout  autres,  quant  aux  vicissi- 
tudes de  régime  subies  successivement  par  le  point  sédinien- 
taire. 

De  semblables  expériences,  modifiées  convenablement,  imt 
permis  d'imiter  un  grand  nombre  de  formes  de  sédimenta- 
tions souterraines  et  par  exemple  la  production  de  certaines 
poches  remplies  de  substances  variées  telles  que  des  argiles,  des 


STANISLAS  UECMEH  639 

sablei«,  ou  des  inatôriaux  phosphatés.  L'appareil  représenté  dans 
la  figure  7  nionti-c  comment  en  certains  cas,  l'attaque  de  l'eau 
acidniée  agissait  nu  travers  de  sahie  dont  la  pennéahilité  n'est 
pas  la  inOnie  partout,  au  lieu  de  se  faire  sentir  «également  se 
porte  de  préférence  en  certains  puinis  plus  pennéaltles.  Ceux-ci 
s'excavent  aloi-s  et  le  coinraencement  de  l'action  est  une  raison 
sullisante  pour  qu'elle  se  continue  et  pour  qu'elle  s'accentue. 
Les  formes  pnses  par  ces  poches  sont  remarquablement  ana- 
logues a  relies  des  poches  naturelles.  C'est  connue  conséquence 
de  ces  expériences  que  se  sont  dégagées  des  notions  sur  l'ori- 
gine de  certains  amas  de  substances  exploitables  telles  que 
les  lits  de  rognons  phosphatés  (coquins  des  Antennes)  (i).  Les 
hone  beds  de  tous  les  âges  sont  bien  souvent  aussi  des  pro- 
duits comparables  :  les  sables  phosphates  qui  couronnent  la 
craie  et  remplissent  ses  poches,  bien  d'autres  formations  encore, 
sont  dans   le  même  cas, 


FiK-  7.  .—  RepruductloD  pxpérimentHlt!  des  pwlies  souterraines  remplies  de  phos- 
phate- ou  (l'iiutTR  subslaDcc.  s,  aabk  quHrzeux  ;  M,  mélange  de  carbonate  de 
chaux  prcripiti''  et  de  (çralDS  de  phosphate  île  oliau\,  TeposaDl  sur  un  lit  de 
gravicT  ;  P.  poche  produite  par  l'arrosage  du  <iable  â  l'aidp  d'eau  faiblement 
acldtlM^. 

Mais  il  est  une  conséquence  de  ces  études  beaucoup  plus 
importante  encore  au  point  de  vue  de  la  Géologie  générale  et 
que  je  tiens  à  signaler  en    un  mot.   C'est  la    notion   qui  peut 


ouvrage  intituli^:  la  (ifiiliigie 


63o  VIll*  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

résulter  de  Tobscrvation  des  sédiments  souterrains  en  ce  qui 
concerne   la  détermination  du  faciès  continental. 

Tout  le  monde  a  présent  à  la  mémoire  l'énei-gie  avei- 
laquelle  Constant  Prévost,  dans  un  mémoire  qui  en  son  temps 
fît  une  forte  impression  pai*mi  les  naturalistes,  insista  sur  ce 
fait  qu'aucune  couche  du  sol  ne  présenterait  des  preuves  du 
régime  continental,  interrompant  le  régime  marin  ou  lacustre, 
c'est-à-dire  aqueux.  L'illustre  promoteur  de  la  doctrine  des 
Causses  acluelles  énumère  les  traits  de  la  surface  aujourd'hui 
exondée  pour  montrer  qu'on  ne  les  observe  jamais  en  profon- 
deur :  ce  qui  d'ailleurs  pourrait  s'expliquer  parfois  par 
Vécroutemcnt  que  la  mer  fait  assez  ordinairement  subir  aux 
régions  continentales  qu'el.e   submerge. 

Or,  les  observations  précédentes  nous  montrent  que  le  régime 
continental  ne  se  borne  pas  à  donner  à  la  surface  du  sol  un 
caractère  particulier  :  il  imprime  souvent  au  sous-sol  et  suc- 
cessivement à  des  régions  de  plus  en  plus  profondes,  et  à 
l'aide  du  concours  des  eaux  météoriques  qui  s'y  infiltrent,  des 
traits  facilement  reconnaissables  et  dont  l'un  des  plus  frappant> 
est  la  décalcification. 

Par  conséquent,  si  Ton  retrouve  à  des  niveaux  quelconques 
des  assises  manifestant  les  effets  de  cette  soustraction  de  cal- 
caire avec  concentration  des  résidus  insolubles,  on  sera  auto- 
rise à  y  rechercher  des  indices  du  régime  continental  et  à  en 
faire  des  documents   utilisables   pour  la  paIéogéogi*aphie. 

Sans  insister  davantage  sur  ce  sujet  que  je  «ou mets  en 
ce  moment  à  une  étude  spéciale,  il  sera  permis  de  remarquer 
en  terminant  que  les  phénomènes  presque  occultes  de  la  dénu- 
dation  et  de  la  sédimentation*  souterraines  donneront  la  clé 
d'une  série  de  dispositions  stratigi*aphiquesqui,  jusqu'ici,  parais- 
sent  avoir  été  comprises  d'une  manière  très  incorrecte. 


63i 


SUR  LES  RECOUPEMENTS  ET  ETOILEMENTS  DE  PLIS 
OBSERVÉS  DANS  LES  ALPES-MARITIMES 

par  M.  Adrien  «iUÉBHARD 

Planche    VI . 


Origine  de  cette  étude.  —  C'est  témérité  grande  à  un  simple 
géologue  amateur,  transfuge  d'une  science  tout  autre,  d'oser 
venir  parler  d'un  pays  qui  a  déjà  fourni  à  tant  de  grands 
maîtres  tant  de  grands  exemples.  Si  néanmoins,  après  douze 
années,  à  peine  interrompues,  d'études  sur  place  presque  quo- 
tidiennes, dans  lesquelles  j'ai  essayé  d'apporter,  par  habitude 
professionnelle,  l'esprit  de  précision  méthodique  et  de  docu- 
mentation méticuleuse  des  sciences  physiques,  je  me  risque 
eniîn  à  signaler  à  l'attention  un  morceau  de  la  Provence 
qui  n'avait  pu  jamais  encore  être  étudié  avec  autant  de  détail, 
c'est  que,  stimulé  par  la  bienveillance  des  encouragements  les 
plus  autorisés,  il  m'a  paru  qu'à  côté  des  grandes  théories 
qui  ont,  dans  ces  dernières  années,  soulevé  tant  de  fructueux 
débats,  pouvaient  prendre  place,  dans  un  cadre  voisin,  mais 
distinct,  et  sans  prétention  aucune  à  la  généralisation,  des 
observations  plus  modestes,  faites  en  dehors  de  toute  autre 
école  que  celle  de  la  nature,  et  sans  autre  but,  comme  sans 
autre  guide,  que   la   recherche   de  la  vérité. 

Lorsque  je  me  trouvai  pour  la  première  fois,  le  marteau 
à  la  main,  en  face  du  bassin  crétacé  de  Saint- Vallier-de-Thiey 
(Alpes-Maritimes)  et  que  je  m'essayai  d'abord,  très  prosaïquement, 
à  en  délimiter  le  contour  jurassique,  ce  ne  fut  pas  sans  un 
certain  étonnement  que  je  trouvai  à  celui-ci  presque  exacte- 
ment la  forme  d'une  croix  (i),  due  au  recoupement  orthogonal 
de  deux  synclinaux  perpendiculaires,  l'un  principal,  dont  je 
devais,  plus  tard,  suivre  les  prolongements  fort  loin  vers 
Test  et  l'ouest,  l'autre  évidemment  secondaire,  qui  semblait 
s'arrêter  court,    soit  au   nord,  soit   au  sud. 

(I)  Voir  A.  F.  A.  S.,  XX  (1),  208  (1891)  et  XXllI  (2),  4(J9  (1894),  avec  carte  en 
couleurs  et  coupes  au  l/:30.000. 


632  VIII*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

Puis,  étudiant  en  détail  le  remplissage  de  chaque  branche, 
je  découvris  que  celle  du  nord  n  était  pas  simple .  mai< 
formée  par  la  juxtaposition  converfjjente  en  patte  d^oie  (on 
dirait  mieux  en  éventail,  si  ce  terme  n'avait  i-eçu  «léjà  une 
spécialisation  difTérente),  de  plusieui^s  petits  plis-failles,  s'irra- 
diant  tous  d'un  sommet  commun,  où  je  vis  encore,  ultérieu- 
rement,  passer  d'autres  plis,  plus  atténués,  du  Jurassi<|ue  seul. 

Ainsi  le  hasard,  à  mes  premiers  pas  sur  un  sol  plein 
d'énigmes,  à  ])eine  entr  ouvert  le  livre  indéchiffré  «l'une  nature 
mystérieuse,  m'offrait,  en  guise  de  préface,  longtenq)s  incom- 
prise, une  sorte  de  sommaire  condensé,  d'image  l'éduite  «Its 
deux  types  d'acc^i dents  tectoniques,  de  recoupement  cruciforme 
et  de  fasciation  palmaire,  dont  je  devais  peu  à  peu  itu- 
contrer  des  exemples  si  nombreux  et  si  importants  qu'à  la 
fin  je  irhésiterais  plus  à  les  présenter  connue  un  des  détails  les 
plus  originaux  de  Tensemble  cartographique  condensé  dans  la 
planche   au   1/80  000  qui  accompagne   cette  notice. 

Les  recoupements  S)^nclinaux.  —  Autrefois  j'avais  lu 
quelque  part  cette  aflirmation  d'un  maître  de  la  Tectonique  (i) 
que  «  les  plis  ne  paraissent  jamais  se  croiser  directement,  » 
Il  est  vrai  qu'il  s'agissait,  sans  doute,  en  respèce,  des  plis 
anticlinaux,  tandis  que  j'ai  été  amené,  de  mon  côté,  à 
considérer  toujours  de  préférence  le  pli  sj-nclinal,  dans  une 
région  où  l'axe  anticlinal  aérien  est  pi'esque  toujoui*s  disparu 
par  déversement,  étirement  ou  inipture,  tandis  que  la  traee 
visible  de  la  surface  axiale  synclinale  est,  au  contraire, 
terrestrement  jalonnée,  au  milieu  de  la  carcasse  jurassique, 
par  des  lambeaux  subsistants  de  terrains  plus  récents.  Et  il 
est  non  moins  vrai  que,  dans  toute  la  portion  de  pays  dont 
j'ai  à  parler,  ne  saurait  être  cité  un  exemple  bien  net  <le 
croisement  d'anticlinaux.  Mais  cela  tient  précisément  à  la 
prédominance  du   recoupement   des  synclinaux,   soit   entre  eux. 

—  ce  qui,  dans  certaines  régions'  comme  h*  sud-est  de  la 
curieuse  feuille  de  Caslellane,  et  bien  plus  «»ncore  que  ne  le 
montre  la  carte  publiée,  produit  le  curieux  effet  d'un  réticule 
compliqué  de  mailles  crétacées  enserrant,  U41es  les  boursou- 
flures  d'une  surface  chagrinée,   les  saillies  des  îlots  jurassiques 

—  soit  avec  les  anticlinaux,  qui.  tantôt  profondément  découjx'^s. 
semblent  perdre  leur  individualité  et  se  résoudn»  «»n   chapelets 

(Il  Heim.    Les  disloi'alions  de  l'Êcurco  lorrcsirc,  p.  81. 


A.    GUÉBHARD  63*3 

irréguliers  de  dômes  polygonaux,  tantôt,  au  contraire,  à 
peine  entamés  par  une  déflexion  que  ne  peut  révéler  qu'une 
observation  des  plus  minutieuses,  semblent  avoir  coupé  en 
deux  tronçons  indépendants  un  axe  synclinal,  en  réalité  par- 
faitement continu  de  part  et  d'autre  d'un  court  soubfesant 
vertical. 

Continuité  des  synclinaux.  —  La  continuité  des  synclinaux, 
malgré  les  petites  inflexions  verticales  ou  les  grandes  ondu- 
lations horizontales  de  leurs  axes,  la  persistance  prolongée 
de  leur  individualité  sur  de  très  grandes  étendues,  leur 
constant  eflbrt  à  trav(»rser  tous  les  obstacles,  voilà  ce  qui 
frappe  a  fortiori  dans  les  simples  croisements  de  synclinaux 
entre  eux. 

De  quelque  manière  que  se  tasse  la  renconti*e,  perpendi- 
culaire ou  oblique,  ou  même  tout  à  fait  latérale,  apparaît  la 
résistance  à  la  disparition  de  chacun  d'eux,  sa  vive  tendance  à 
l'au-delà.  Si  disproportionné  que  soit  l'un  des  deux  par 
rapport  à  l'autre,  il  est  tout  à  fait  exceptionnel  qu'il  se  laisse 
absorber  et  trouve  dans  sa  conjonction  sa  fin  :  tout  à  fait 
ordinaire,  au  contraire,  qu'il  marque  par  un  signe  visible, 
en  face  de  son  débouché,  sa  force  de  survie  et,  à  défaut  de 
son  passage,  au  moins  sa  tentative  de  passage  en  travers, 
sans  changement  notable   de  direction. 

Recoupement  orthogonal  et  recoupement  oblique.  —  Dans 
le  bassin  cruciforme  de  St-Vallier-de-Thiey,  où  le  recoupement 
se  fait  orthogonalement,  il  ne  saurait  y  avoir  de  comparaison, 
comme  importance,  entre  le  long  synclinal  fortement  déversé 
qui  s'étend  sur  des  dizaines  de  kilomètres,  soit  à  l'est,  soit 
à  l'ouest,  et  le  petit  pli  local  descendu  du  nord  :  celui-ci 
traverse  cependant  celui-là  et  la  courte  branche  sud  de  la 
croix  na  évidemment  pas  d'autre  raison  d'être  que  de  pro- 
longer le   mouvement  de  l'autre. 

Les  deux  synclinaux  plus  ou  moins  nord-sud,  qu'on  voit 
descendre  des  environs  d'EscragnoUes  (Fig.  i),  sont  évidemment 
d'ordre  secondaire  par  rapport  aux  grands  synclinaux  et  anti- 
clinaux qui  les  recoiq)ent  d'est  à  ouest  :  ils  n'en  continuent 
pas  moins,  imperturbés,  leur  chemin  par-dessus  les  uns  et  les 
autres. 

L'un  des  deux,  se  dirigeant  sur  Mons,  croise»,  au  lieu  dit 
les  Aubarèdes,  le  grand  synclinal  venu  de  St-Vallier  :  celui-ci, 
à  peine  dérangé,  n'en  continue  pas  moins  à  filer  par  la  tangente 


(VJO  vin»   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

L'accident  du  Camp  de  Lèbre  devait-il  donc  avoir  une 
signification  moindre,  et  ne  pas  se  rattacher  à  un  croisenienl 
complet?  On  a  vu  comme,  à  la  suite  de  recherches  nouvelles, 
j'en  avais  eu  la  conscience  nette,  et  comment,  même,  une  fuis 
retrouvé  le  fil  du  synclinal,  celui-ci  m'avait  mené  plus  loin  aa 
nord  pour  m'y  ouvrir,  sur  Clais.   des  perspectives  inattendues. 

Lambeaux  interfèrent  tels.  —  Mais  il  y  a  plus,  en  revenant 
à  la  traversée  même  du  Vallon  du  Fil,  —  cette  travei*sce  obli- 
que, exactement  à  4î^'*»  —  ^^  fouillant  le  plus  profond  du  vallon, 
on  peut  trouver  comme  la  signature  interférentielle  du  passage, 
la  preuve  matérielle  de  la  combinaison  additive  des  deux 
mouvements  de  dépression  ondulatoire,  au  point  exact  du 
croisement  axial  des  vagues  creuses,  sous  la  forme  de  grands 
hancs  sableux  de  Poudingue  supérieur,  allongés  de  biais  au 
travers  du  vallon,  dans  l'alignement  exact  des  lambeaux  en*- 
tacés  qui.  sur  les  deux  rives,  à  quelque  cent  mètres  haut  p4*r- 
chés,  confirment  l'existence  de  ce  pli,  surtout  révélée  par  les 
perturbations  de   son   passage   à  travers  un   autre. 

Et  il  n'y  a  pas  là  un  simple  fait  du  hasaixl  :  cela  est 
parce  que  cela  devait  être,  et  qu'il  n'est  pas  possible  que  se 
rencontrent  deux  axes  simples  de  dépression  sans  que  tendent 
à  s'ajouter  autour  du  point  commun,  les  forces  communes,  de 
manière  à  produire  une  fosse  où  auront  chance  de  se  con- 
server, au  ras  des  autres,  des  terrains  plus  récents.  Tel  est 
le  cas  de  Saint-Vallier-de-Thiey,  des  Aubarèdes,  et,  sur  la 
feuille  de  Castellane,  d'une  foule  de  lambeaux  qui,  exactement 
délimités,   justifient  mathématiquement   une   loi   mathématique. 

Jalons  synclinaux.  —  Lorsque,  au  lieu  de  synclinaux  à 
peu  près  réguliers  et  complets  de  leurs  deux  flancs,  il  s'agit 
de  plis  refermés  à  lèvres  primitivement  collées  et  étirées,  que 
tend  à  froncer  un  pli  transversal,  les  choses  peuvent  être  un 
peu  plus  compliquées,  mais  pour  aboutir  à  un  résultat  analogue. 

Au  fond  de  la  poche  tubulée,  à  section  en  losange  curvi- 
ligne, que  tend  à  former  la  fronce,  comme  quand  on  rappro- 
che» dcMix  mains  S(*rrant,  à  petite  distance,  un  pli  d'étoffe,  il  y 
a  chance  que  se  trouvent  enfermés,  même  après  obstructicm  du 
goulot,  et  po\ir  peu  que  leur  plasticité  s'y  prête,  des  frag- 
ments d(»  la  crr>i\te  supérieure,  qui,  renfoncés  jusqu'au  niveau 
de  la  première  couche  résistante  non  éprouvée  par  le  plisse- 
ment superficiel,  s'y  verront  ensuite  en  pseudo-contact  avec 
elle,    entourés    d'une    ceinture    à    peine    visible  •  des    niveaux 


A.    GUKBHARD  (Vi" 

iiilerinédiaires,  arasés  à  fond,  après  décolleiiient,  en  vertu  de 
leur   plus   grande   friabilité. 

C'est  ainsi,  du  moins,  qu'à  défaut  de  toute  autre  explica- 
tion coneiliable  avec  les  faits,  et  après  avoir  constaté  cette 
double  coïncitlence,  avec  de  grands  axes  synclinaux,  d'abord, 
puis  souvent  avec  de  petites  rides  transversales,  j'avais  essayé 
de  comprendre  les  nombreuses  taches  de  poudingue  tertiaire 
dont  les  alignements  en  plein  Jurassique  inférieur  n'avaient 
pu  faire  autrement  que  de  me  frapper  dès  m<»s  premières 
explorations  géologiques  (i)  à  cause  de  leur  haute*  signification 
interprétative,   comme  jalons  synclinaux. 

("est  parfois  presque  uniquement  par  leur  recherche  que, 
dans  certaines  régions,  comme  Textrème  angle  sud-ouest  de 
ma  carte,  a  pu  être  obtenue  une  notion  qu(dcont|ue  de  struc- 
ture à  travers  la  monotonie  de  plateaux  où  l'cril  cherche  en 
vain  l'accident  topographique  révélateur  des  vicissitudes  de 
Técorce  superficielle  disparue.  Mais  aussi,  quand,  de  l'un  de 
ces  lambeaux  à  peine  découvert,  on  est  conduit  presque 
fatalement  à  un  autre  :  (|uand,  de  l'un  des  cotés  de  la  gorge 
de  trois  cents  mètres  au  fond  de  laquelle  coule  la  Siagne, 
on  arrive  à  prévoir  à  coup  sur  Texistence  et  jusqu'à  la 
position  des  petites  taches  qu'à  peine,  sur  place,  révéleront 
quelt^ues  galets  roulés  de  silex  au  milieu  de  la  platitude  du 
Bathonien  horizontal,  quelle  confiance  nouvelh»  n'acquiert-on 
pas  dans  une  méthode  d'observation  qui,  sortie  invincible- 
ment des  faits,  arrive  à  en  faire  prév(>ir  d'autres,  par  un 
contrôle  i)er[)éluel   et  presqm»  infaillible  d'elle-même  ! 

Dans  le  coin  sud-est  de  la  carte,  des  pochettes  éparses  de 
labradorite,  lambeaux  de  la  grande  nappe  éruptiv«»  de  Biot- 
Villeneuve-Loubet,  viennent  ajouter  leurs  indications  à  celles 
des  lambeaux  plus  rares  du  poudingue,  et,  un  peu  plus  à 
l'ouest,  dans  le  grand  triangle  triasique  qui  a  pour  sommet 
le  coude  inférieur  de  la  rivière  du  Loup  et  pour  base  la 
bordure  de  la  carte,  le  rôle  est  repris  par  de  petits  fuseaux 
résiduels  de  calcain*  à   silex  bajocien. 

Et  partout,  pour  peu  qu'on  sache  s'astreindre  à  la  recher- 
che de  ces  infiniment  petits,  on  acquiert  par  eux  la  preuve 
de  la  persistance,  sur  des  longueui*s  insoupçonnées,  de  l'axe 
synclinal    et   la  compréhension   rationnelle  de    tous   les  détails 

(1)  A.  F.  A.  s.,  XXIII,  49^,  1894. 


038  VIII*'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

de  configuration   du  sol,  où  le  hasard   de  rérosion,  si  souvent 
invoqué,    ne  joue,   en  réalité  presque  aucun   rôle. 

Aires  synclinales  ou  anticlinales.  —  Arrive-t-on  ainsi  au 
bord  de  quelque  grande  dépression,  où  semble  devoir  se 
perdre  enfin,  comme  un  fleuve  à  la  mer,  le  synclinal  incident? 
S'agit-il  même  d'un  large  bassin,  bien  tourmenté,  comme 
celui  de  La  Colle,  au  remplissage  pliocène,  ou  celui  de  Vence, 
miocène,  qui  forment  le  coin  sud-est  de  la  Carte  ?  Eh  bien, 
pour  peu  qu'on  ait  silhouetté  strictement  leur  pourtour,  et 
relevé,  au  milieu,  les  crêtes  et  les  îles,  une  correspondance 
impf)ssible  à  ne  pas  remarquer  s'établit  d'un  bord  à  l'autre, 
de  cap  à  cap,  de  golfe  à  estuaire.  Par  dessous  la  mer  plio- 
cène  on  retrouve  tous  les  mouvements  antérieurs,  et  la 
vaste  aire  syncUnale,  pour  employer  Theureuse  expression  de 
M.  Léon  Bertrand,  n'est  qu'une  dé  flexion  transversale  est-ouest 
d'un  faisceau  serré  de  plis  parallèles  nord-sud...  c'est-à-diiv. 
une  fois  de  plus,  un  cix)isement.  non  plus  individuel,  mais 
fascial,  de  synclinaux  en  bande,  de  Sj'nclinal  Schaaren. 

Un  exemple,  en  quelque  sorte,  inversement  semblable,  est 
fourni  par  la  plus  haute  montagne  de  la  région,  le  massif  du 
Cheiron,  sur  la  limite  noi*d-est  de  la  carte,  au  pied  du  versant 
occidental  duquel  semblent  venir  mourir  en  autant  de  fioixis 
ellilés,  les  cinq  plis  parallèles  de  la  Vallée  des  Thorenc,  dont 
on  voit  le  large  ruban  régulier  représenté  par  une  étroite 
amorce  dans  l'angle  nord-ouest  de  mon  cadre.  Ce  faisceau,  en 
effet,  après  avoir  traversé  tout  droit  Faire  synclinale^  vérita- 
ble dépression,  du  Plan  du  Peiron,  d'un  seul  ensemble  se 
relève  en  aire  anticlinale^  de  iioo  mèti*es  à  près  de  1800,  sans 
que  ni  cette  grande  ondulation  verticale,  ni  les  recoupements 
horizontaux  de  petits  plis  perpendiculaires,  qui  font  de  cet 
ensemble  un  beau  type  de  pli  plissé...  et  replissé,  empêchent 
de  suivre  individuellement  chacun  des  axes  constituants,  au 
moyen  de  jalons  néocomiens,  d'abord,  sxxv  le  Titlionique,  et 
puis  pai'  la  variété  très  accentuée  des  pendages  à  travers 
rOxfordien  superbement  fossilifère  de  l'Hubac  (versant  nord) 
jusqu'à   Bezaudun. 

Mais  si,  dans  tout  ce  système,  semble  être  réalisée  géody- 
namiquement,  sur  de  grandes  étendues,  la  définition  euclidienne 
du  parallélisme  des  lignes  qui  se  suivent  et  ne  se  rencontrent 
pas,  une  apparence  différente  se  remarque  dans  la  grande 
vallée  voisine    qui    s'allonge    de  Caille    à  Gréolières,   où   deux 


A.    GUKBUARD  639 

synclinaux  cheminant  de  conserve  semblent  assez  souvent 
s'anastomoser  par  confluence  latérale  et  se  réduire  à  un  seul. 
D'ailleurs,  en  ce  qui  concerne  les  axes,  il  apparaît,  non  moins 
évidemment,  que  fusion  n'est  pas  confusion,  et  que  chaipe 
rapprochement  momentané,  dil  soit  à  rinflm»nce  d'un  pli  recou- 
pant, soit  à  une  simple  plongée  locale  de  Tanticlinal  séparatif, 
n'empêche  pas  celui-ci  de  reparaître  bientôt,  sur  la  même  ligne, 
pour  redisparaitre,  peut-être,  un  peu  plus  loin,  mais  assez  pour 
montrer  à  tous  les  yeux,  par  un  alignement  médian  de  dûmes 
étroits,  courts  ou  longs,  surgissant  en  cn^tes  jurassiques  au 
milieu  de  la  bande  crétacée,  comme  des  lies  au  milieu  d'un 
courant,  la  séparation  réelle,  la  persistante  indépendance*, 
l'individualité  toujours  renaissante  de  chacune  des  deux  branches, 
parfois   réunies,  jamais  unies. 

Comment  Jinissent  les  synclinaux,  —  Faut-il  donc  ci)nclure 
de  là,  et  de  tout  ce  que  nous  avons  dit  avec  tant  d'insis- 
tance sur  l'extension  lointaine  et  la  remaripiable  continuité 
des  axes  synclinaux  à  travers  tous  les  obstacles,  que  nous 
irions  jusipi'à  leur  attribuer  cette  autre  vertu  géométrique  de 
la  ligne,  qui  est.  si  elle  ne  se  referme  sur  elle-même,  de 
n'avoir  pas  de  bouts,  ou  de  les  avoir  à  l'infini  ?  Certes  je 
suis  en  droit  et  en  devoir  de  dire  que.  dans  Vintérieur  de 
mon  cadre  (je  souligjie,  en  les  répétant  ici.  ces  mots  dont  la 
restriction  formelle  s'applique  également  à  tout  ce  que  j'écris 
n'ayant  aucune  prétention  à  conclure  de  ce  que  j'ai  vu  à  ce  que 
je  n'ai  pas  vu.  ni  la  moindi'e  qualité  pour  tles  généralisations 
témérairenumt  lointaines),  dans  mon  cadre ,  donc ,  doublé 
d'une  surface  à  peu  près  égale  que  j'ai  pu  étudier  déjà  sur  son 
pourtour,  je  n'ai  presque  pas  souvenir  d'avoir  vu  jamais  un 
synclinal  tant  soit  peu  important  mourir  tout  doucettement 
de  sa  belle  mort,  sans  résurrection  ultérieur*?,  par  simple 
atténuation  progressive  et  disparition  finale  de  tout  creux. 
Peut-être  sera-ce  le  sort  de  quelques-uns  de  ceux  que  je  n'ai 
pu  encore  poursuivre  assez  loin.  Pour  h»s  autres,  nous  avons 
vu  que  la  confluence  deux  à  deux  n'était  ([ue  rarement  une 
raison  d'arrêt  :  reste  à  étudier  la  confluence  à  plusieurs, 
c'est-à-dire  la  fasciation  palmaire  ou  radiée,  la  patte  d'oie, 
ou  l'étoilement  complet. 

Centres  étoiles  de  plissement.  —  Dès  le  début  île  l'extension 
de  mes  recherches  à  quelque  distance  de  mon  cIocIhm»  de 
Saint- Vallier-de-Thiey,  j'avais  été  extrêmement  frappé  de   voir 


()4o  Vllie   CONGKÈS    GÉOLOGIQUE 

venir  converger  de  très  h>iii,  au  sud,  en  s«»  contournant,  j)our 
cela,  d'une  manière  caractérisée,  et  l'un,  même,  en  décriviinl 
tout  un  quart  de  cercle  autour  de  l'extrémité  périclinale  du 
large  dùine  entr'<mvert  coté  G(h>  sur  la  carte  d'Ktat-major.  un 
grand  nond)re  de  plis  qui,  tous,  semblaient  s'arrêter  net,  au 
pied  de  l'enceinte  préhistorique  de  Mauvans,  à  la  limite  des 
conununes  de  St-Vallier  et  S'-Cézaire,  contre  une  grande  ligne 
de  discontinuité  d't»st  à  ouest,  qui  semblait  leur  bander  le  pas- 
sage (i).  Depuis  lors,  j'ai  vu  se  diriger  vers  le  même  point,  ou 
son  proche  voisinage,  d'autres  plis,  du  plateau  supérieur,  les- 
(piels,  quoique  sans  correspondance  marquée  avec  les  précédents, 
complètent  un  exemple  curieux  de  plissement  étoile,  ivcouvraut 
le  plan  tout  entier  et  non  plus  seulement  deux  cadi*ans  comme 
je  Tavais  noté  d'abord,  ou  un  seul,  comme  me  l'avait  moiiti'é 
depuis  longtemps  le  petit  éventail  plan  de  S^-Vallier.  Et  plu^ 
j'étudiai  minutieusement,  sur  cette  donnée  une  lois  acqui>e. 
tous  les  détails  des  alentours,  plus  je  vis  peu  à  peu  se  ivsou- 
drc  toutes  les  complications  apparentes  du  terrain  et  se  rauieiuT 
à  des  tracés  de  plus  en  plus  simples,  se  fondiv  dans  une 
lumineuse  harmonie,  les  incohérences  les  plus  déconcertantes 
des  contours   relevés,  en    minute,   à    très  grande  échelle. 

Cependant  la  forme  contournée  des  rayons  de  l'étoile,  le 
manque  de  symétrie  de  leur  répartition  angulaire  et  le  carac- 
tère, enfin,  simplement  approximatif  de  leur  homocentricilé  ne 
pouvaient  me  permettre  de  prévoir  le  cas  d'une  régularité 
quasi-géométrique  qu'il  m'était  réservé  de  découvrir  dans  une 
région  voisine,  autour  d'un  point  depuis  longte^mps  connu  des 
touristes,  h»  Saut  du  Loup,  entre  les  communes  de  Gourmes 
et   de  Gourdou, 

L'ombilic  central,  —  Théoriquement,  ne  semble- t-il  pas 
évident  que  si  plusieurs  axes  synclinaux  viennent  se  croiser 
exactement  en  un  même  point,  on  doit  voir  là,  par  simple  som- 
mation de  toutes  les  forces  dépressives,  se  produire  une  fosse, 
non  plus  simplement  cruciale,  comme  dans  le  cas  de  deux  syn- 
clinaux seuls,  mais  en  ombilic  véritable,  entouré  d  une  cou- 
ronne de  petits  froncements  anticlinaux  remontants  ?  Rien  de 
pareil  n'est  observable  à  Mauvans  où,  dans  le  coutlit  incoor- 
donné  des   saillies   et  des   creux,  ce   sont  les  premières  qui,  le 

(1)  On  peut  voir  sur  lo  globe  (trogi  nique  de  M.  Saecu  (IHjn),  à  la  pointe 
NE.  lie  la  Sib«ric,  une  oonvergeneo  eurvilignc  très  analogue  «les  lignes  «li* 
((  zones  orogéniques  »  récentes. 


A.    GUÉBHARD  6^1 

plus  souvent.  Font  emporté  pour  déteriuiher  l'orographie  des 
lieux.  Tandis  qu'au  Saut  du  Loup,  au  point  exact  où  se 
l'ecoupent  à  angles  droits  deux  immenses  plis,  dont  Tun, 
sans  qu'on  aperçoive  ses  bouts,  traverse  avec  de  légères 
ondulations  toute  la  carte  en  longueur,  depuis  l'extrémité 
occidentale  de  TAudibergue  jusqu'à  la  combe  triasique  de 
Vescagne,  tandis  que  Tautre.  absolument  rectiligne,  venu 
d^encore  plus  loin  au  sud,  du  cap  d'Antibes  même,  après 
avoir  découpé  dans  les  barres  du  haut  pays  la  terrasse  de 
Gourmettes,  va  dessiner  encore  le  long  plateau  de  Cipières, 
pour  peu  que  l'on  restitue  par  la  pensée  les  parois  démolies 
du  vaste  cirque  de  Gourmes,  les  lianes  rompus  des  plis 
déversés  du  nord  de  Gourdon.  et  surtout  enfin  les  deux 
voûtes  triangulaires,  opposées  par  leure  pointes,  dont  la 
rivière  contiime  à  suivre,  après  eil'ondrement.  Taxe  anticlinal, 
on  aura  la  vision  nette  d'un  ombilic  géant  au  fond  duquel 
viennent  se  jeter  de  tous  eûtes  soit  les  larges  et  profondes 
ondulations  du  quadrant  nord-ouest,  soit  les  petits  plis  nom- 
breux et  serrés  du  quadrant  nord-est ,  soit  les  énormes 
discontinuités  de  toute   la   moitié  sud. 

Regarde-t-on,  simplement,  telles  que  les  a  faites  T inten- 
sité des  fractures  et  érosions,  les  parois  actuelles,  presque  à 
pic.  du  vaste  amphithéâtre  ?  on  y  lira,  gravés  en  creux  par 
les  ravinements,  dessinés  en  zig-zags  sur  les  crêtes,  ou  en 
arcades  sur  les  pentes,  tous  les  détails  de  cette  réunion  de 
plis  qui.  avec  la  seule  part  de  schématisation  que  commandent 
les  nécessités  du  dessin  et  que  légitiment  les  déductions  géo- 
métriques et  mécaniques  tirées  d'un  ensemble  de  points  de 
repère  relevés  sur  le  terrain,  rend  si  extraordinaire  le  coin  de 
carte  où  elle  a  été  pourtant  ligurée  sans  artifice,  en  asservis- 
sant  toujours  strictement  le  raisonnement  et  la  plume  aux 
données  de   l'observation. 

Si  Ton  trace  sur  le  papier  la  ligure  d'ensemble  de  la 
vingtaine  d'axes  synclinaux  qu'a  révélés  l'étude  de  tous  les 
plateaux  environnants,  on  obtient  une  étoile  véritable  à  centre 
unique  qui  rappelle  aussitôt  la  figure  des  lignes  de  fracture 
rayonnantes  produites  dans  une  pla([ue  rigide  par  un  choc 
central  (Fig.  i*).  Le  mode  de  divergence  et  de  répartition  des 
lignes,  la  courbure  de  quelques-unes  et  la  rectitude  des  autres, 
et  jusqu'aux  diflerences  apparentes  d'intensité,  tout  complète  une 
ressemblance,  qui,  tout  en  autorisant  un    rapprochement   natu- 


41 


64a 


VII1<  CONGRES  oéoLOGiQm 


rel  entre   les  champs  de  plis  rayonnes  et  les  champs  de  frac- 
tares  rayonnantes,  ne  saurait  impliquer  en  aucune  façon,  poar 
ceux-là,  ni  mfinae   pour   les  grandes  lignes  de  fractures  réell« 
qu'ils    comportent,    une 
genèse  identique. 

Mécanisme  de  pro- 
duction des  plis  radiai- 
res.  —  Évidemment,  ce 
n'est  point  à  une  force 
centrale  brusque  et  uni- 
que, agissant  suivant  ta 
verticale,  que  doit  son 
origine  le  centre  affaissé 
du  Saut-du-Loup.  Mais 
si,  réellement,  il  a  cuni' 
mencé  à  se  former  sons 
l'inflaence  du  croisement 
de  deux  plis  orthc^ 
nanx,  il  ne  saurait  être 
surprenant  qu'il  soit  de- 
venu le  point  de  couver 
geace  —  ou,  bien  plntâl, 
de  divei^ence  —  d'une 
foule  d'anti'es.  par  un 
mécanisme  que  nous 
pouvons,  pour  ainsi  dire, 
prendre  sur  le  fait,  à  un 
stade  moindre  d'évoln- 
tion.  en  un  point  curioui 
de  la  commune  de  Bro- 
vès  (Var).  où  viennent, 
près  du  lien  dit  Paresse. 
se  recouper  presque  à  angle  droit,  deux  synclinaux  de  moyenne 
importance. 

L'angle  nord-est  est  exactement  bissecté  d'abord  par.  nn 
synclinal  moindre,  puis  l'angle  de  4^°  lui-même  par  un  autre 
encore  plus  petit,  le  tout  représentant  tout  à  fait  bien,  en 
travers  du  ddme  anticlinal  peu  saillant,  limité  lui-même  en 
rectangle,  les  fronces  de  coin  d'un  coussin  mal  tendu,  c'est-â- 
dire  exactement  le  contraire  de  ce  que  nous  avons  déjà  vu 
sous  forme  de  crevure  près  des  pointes  d'un  bombement  gonfla 


CHEIBON  Mft'    — 

Loursetfouies»        1 

^--T^ 

-M. -^^---^ 

§ 

^Cgurmes 

j 

'don{/ 

/V^mjpf^es 

i^ 

m^\ 

FiR.  2.  —  Schéma  dea  axée  syncline 

de    la    ré^rm   du    Loup. 

Échelle  :  I/IS.OOO. 


À.    GUÉBHARD  6^3 

avec  excès.  Que  le  iiièine  mécanisme  se  répète  avec  précision 
à  Tintérieur  de  chaque  angle,  et  voilà  formée  une  étoile 
complète,   comme  au  Saut  du  Loup. 

Arrêt  brusque  d'un  faisceau  parallèle,  —  Mais  quelle  que 
soit  la  régularité  visible  des  phénomènes  de  la  nature  dès 
qu'on  en  dissèque  à  fond  le  mécanisme,  il  y  a  des  réactions 
naturelles,  des  perturbations  locales,  qui  en  compliquent  les 
manifestations.  S'il  était  un  pli  qui  semblât  par  sa  dii^ection 
devoir  aller  finir  au  centre  commun  de  tous  les  autres,  c'est 
assurément  celui  qui  descend  des  hauteurs  de  La  Malle,  sur 
le  village  de  Gourdon.  Pourquoi,  arrivé  au  niveau  de  celui- 
ci,  change-t-il  brusquement  sa  direction  de  sud-ouest  à  nord-est, 
pour  piquer  franchement  à  Test,  ce  qui  le  jette  obliquement 
par  dessus  plusieurs  autres,  d'abord  parallèles,  qu'il  traverse, 
pour  aller,  de  l'autre  côté  de  la  profonde  vallée  du  Loup,  mar- 
quer une  encoche  dans  un  des  synclinaux  miocènes  de  Gour- 
mettes ?  Pourquoi  l'anticlinal  qui  le  borde  au  nord  en  pli-faille 
et  qui,  jusque-là,  par  la  rupture  de  sa  tète  déversée,  laissait 
paraître  le  Bajocieu  ou  même  l'Infralias  de  sou  noyau  au-dessus 
du  Grétacé,  s'abaisse-t-il  tout  d'un  coup  en  voûte  oxfordienne 
régulière,  en  jetant  en  avant  une  nappe  dont  les  plissottcinents, 
remplis  par  les  bavures  du  Grétacé,  font  suite  à  d'autres  des- 
cendus du  col  de  l'Embarnier  et  semblent  bien  recouverts 
plutôt  que  recouvrants?  Autant  de  questions  qui  restent  à 
ivsoudre,  mais  qui  n'empêchent  pas  de  remarquer  le  rôle  d'arrêt 
que  joue  par  sa  déviation  un  pli  important  sur  quatre  autres 
qui  le  suivaient  parallèlement  dan&  son  mouvement  de  cour- 
bure, et  qui  se  voient  ainsi  barrer  net  le  chemin  de  la  grande 
convergence.  Pris  de  court,  ils  n'ont  même  plus  la  ressource  de 
se  dévier,  et  vont  tout  droit  se  noyer  dans  le  Grétacé  de 
Gourdon,  par  autant  de  petites  languettes,  dont  l'ensemble, 
exactement  relevé  sur  le  terrain,  donne,  sur  le  papier,  la 
curieuse  figure  en  dents  de  peigne,  que  nous  citons  moins  à 
cause  de  son  originalité  graphique  que  comme  exemple  à  noter 
d'un  mode  curieux  de  terminaison  d'un  faisceau  de  plis  atté- 
nués, par  butée  contre  un  autre  plus  important. 

Convergence  au  pied  d'une  barre.  —  Si  le  faisceau,  au 
lieu  de  conserver  son  parallélisme,  a  une  tendance  à  la  conver- 
gence au  pied  d'une  barre  formant  barrage,  on  obtient  la 
figure  en  patte  d'oie  que  réalisent  en  grand,  d'une  manière 
tout  à  fait   remarquable,   les  plis  de  la    région    d'Escragnolles. 


644  ^111'  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

J*ai  expliqué  ailleurs  (i)  comment  cette  constatation,  prcigres- 
sivement  amenée  ]>ar  Tétude  des  régions  circonToisînes.  a 
éclairci  sur  place  de  la  manière  la  plus  simple  tons  ]«s 
paradoxes  stratigraphiques  observables  autour  da  célèbre  gise- 
ment de  Gault  de  la  Collette  de  Clars,  placé  presque  eiac- 
tement  à  l'extrémité  de  l'une  des  interdigitations  anticlinalrs 
de  la  palme  svnclinale.  Plus  tard  j'ai  vu  se  résoudre  pre^^qof 
aussi  simplement  le  problème  des  apparitions  au  milieu  du 
bassin  de  coniluence  crétacé.  d'Iles  jurassiques  proéminente^, 
dans  lesquelles  il  faut  voir,  non  pas,  suivant  une  expLicati<tn 
facile  à  invoquer,  mais  inconciliable  avec  les  particnlantés  do 
terrain,  des  lames  ou  paquets  de  recouvrement  posés  sur  le 
Crétacé,  mais  bien  des  réapparitions  ondulatoires  per  ascensum 
d'axes  anticlinaux  près  du  point  de  butée,  provoquées  par  le 
défaut  d^homocentricité  rigoureuse  de  la  convergence  et  l'épar- 
pillement  sur  une  zone  assez  étendue  du  conflit  de  forces 
diverses   et   diversement  dirigées  (a). 

Dernièrement  enfin,  une  campagne  spécialement  faite  dans 
ce  but,  m'a  permis  de  démontrer  la  réalité  du  dédoublement  do 
synclinal  proprement  dit  d'Escragnolles,  à  partir  de  son  élar^ 
sèment,  et  la  nature  vraiment  anticlinale,  —  ni  tombée,  ni  char- 
riée, mais  réellement  suivie.  —  de  l'avant-cbalne  de  monticules 
qui  suit  parallèlement  la  courbure  de  l'anticlinal  septentrional, 
en  divisant  en  deux  le  synclinal  crétacé  et  ajoutant  ainsi  un 
rayon  de  plus  à  la  demi-étoile  de  plis  (3). 

Sans  doute  resterait-il  à  rechercher  sur  le  versant  nord  de 
TAudibergue.  en  plus  du  pli  bien  constaté  que  j'ai  déjà  relevé, 
si  d'autres  ne  viendraient  pas.  de  ce  cùté.  compléter  l'étoile 
entière.  Mais,  telle  qu'elle  est.  et  à  cause  de  ses  irrégularités 
mêmes,  la  convei^ence  palmaire  de  Qars  nous  otîre  plus  d'ensei- 
gnements peut-être  que  la  superbe  mais  trop  géométrique 
convei^ence  stellaire  du  Saut-du-Loup.  Par  son  détail,  elle  nous 
éclaire  sur  le  rôle  des  petits  accidents  anticlinaux,  et  par  Myn 
ensemble  elle  nous  conGrme  ce  mode  de  terminaison  des  hvh- 
clinaux  qui  consiste  à  se  confondi'e  en  se  heurtant  à  la  dis- 
continuité d'un   grand   anticlinal. 

TerminaUson  en  cascade.  —  Mais  si  cette  dernière  constat^*- 
tion  se  présente  ici  avec  un  caractère  tout  aussi  naturellement 

(1)  B.  S.  G.  F.  (3)  XXVII,  S6.  —  1899. 

(2}  A.  F.  A.  S.,  .\XXIX  :i90U). 

(3)  B.  S.  G.  F.  (3).  XXVIII.  910.  —  1900. 


A,    GUÉBHARD  645 

évident  qu'à  Gourdon,  parce  que  la  rencontre  se  fait  par  en 
en  bas,  au  pied  de  la  barre,  il  faut  avouer  que  c'est  d'une 
manière  assez  inattendue  qu'en  regardant  tout  le  haut  plateau 
qui  domine  au  nord-ouest  le  synclinal  de  Mons,  on  voit  s'arrêter 
net,  après  s'être  jetés  du  haut  de  la  barre,  comme  en  cas- 
cade, dans  ce  synclinal  inférieur,  tous  les  plis  dont  l'axe  vient 
recouper  celui-ci  à  angles  droits,  à  la  fois  dans  le  sens  ver- 
tical et  horizontal.  Chacun  marque  bien,  à  travers  la  barre, 
cette  véritable  chute,  par  un  accident  local,  mais  en  face,  c'est 
à  peine  si  la  nappe  inférieure  du  synclinal  largement  étalée 
accentue  par  une  vague  ondulation,  l'incidence  d'un  mouvement 
orthogone  épuisé  sur  place. 

Résumé  et  conclusion,   —   On  me  fera  sûrement  remarquer 
que  c*est  là  une  exception  caractérisée    à   la  règle  sur  laquelle 
j'ai  tant  insisté,   de  la  persistance   des  axes   à  travers  tous   les 
recoupeuients.    Certes,    opinerai-je  ;    mais    l'exception,    comme 
toujours,  confirme  la  règle,   et  d'ailleurs  je  n'ai  point  du   tout 
l'ambition  de  donner  ce  titre   à   la  simple  constatation  person- 
nelle, étroitement  restreinte  au  champ  de  mes  études,  de  ce  fait 
matériel,  que,  presque  toujours,  pour  peu  que  j'en  prisse  la  peine, 
j'ai  pu  suivre  presque  indéfiniment  un  axe  synclinal,   et  rare- 
ment en  apercevoir,  autrement  que  dans   les   cas    spécialement 
décrits,  la  vraie  fin.  Evidemment  tous  ces  plis  qu'on  voit  sor- 
tir du  cadre  de  la  carte  ont  un  aboutissement  quelque  part,  et 
il  est  probable  que  le   grand  massif  cristallin   en    doit  arrêter 
plus  d'un  de  ceux  qui  piquent  droit   au  sud.   Mais,  pour  beau- 
coup d'autres,  je  les  ai  vus    d'ores  et  déjà   s'élancer  assez   loin 
à  l'ouest,  poui»  aller  rejoindre,  en  continuité  certaine,  ceux  qui, 
à  l'autre  extrémité   de    la  feuille   de    Castellane,  remontent  au 
noixl  tout  le  long  de  la  Durance.  Presque  tous,  par  leurs  relais 
en   anses,    autour   de    points    de    recoupement  plus    ou    moins 
analogues  à  ceux  dont  nous  avons  pris  quelques-uns   en   exem- 
ple, font  mine  de  ne  point    du    tout   rester  en  arrière.  Certes, 
je  ne  voudrais  me  permettre  aucune  prévision  sur  les  régions 
que  je  n'ai  point  vues,  soit  à  l'est,  soit  à  l'ouest,   mais   on  ne 
saurait  m'empècher  d'exprimer  la  conviction  que   cette  analyse 
détaillée    d'un    fouillis,    en    apparence    inextricable,    autorisera 
sans  doute  un  jour  de  plus  vastes  synthèses,  et  l'espoir  qu'elle 
permettra  aux  maîtres  éminents  de  la  géologie  de  rattacher    à 
leurs   vues  d'ensemble  l'humble    effort   local   d'un  ami  désinté- 
ressé de  la  nature. 


646 


DU  RÔLE  DE  QUELQUES  BACTÉRIACÉES  FOSSILES 
AU  POINT  DE  VUE  GÉOLOGIQUE 

par  M.   B.  RENAULT 

Planches  VIMX. 

La  plupart  des  formes  de  Bactériacées  vivantes.  Microco- 
ques, Bacilles,  Streptocoques,  Streptothryx...  ont  été  retrouvées 
à  Tétat  fossile,  réparties  dans  les  différentes  assises  sédimentaii*es. 
récentes  ou  anciennes,  au  sein  de  tissus  animaux  et  végétanx. 
mais  seulement  lorsque  ces  tissus  ont  été  protégés  conti*e  une 
altération  complète  par  divers  modes  de  fossilisation.  Les 
Bactériacées  ne  se  rencontrent  dans  les  fragments  d'os,  de 
carapaces,  d'écaillés,  de  végétaux,  etc.,  que  lorsque  ces  dél>ris 
ont  été  pénétrés  d'une  substance  minéralisante  telle  que,  par 
exemple  :  silice,  phos[)liate  ou  carbonate  de  chaux,  etc.  On 
conçoit  facilement  que  toute  substance  demeurée  poreuse, 
exposée  pendant  quelque  temps  à  l'action  de  leau  et  de  l'air, 
a  dû  perdre  peu  à  peu  les  traces  des  microorganismes  qui  y 
étaient  accumulés.  On  est  donc  assuré  que  ceux  qu'on  observe 
dans  une  substance  imperméable  ont  été  emprisonnés  lors  de 
la  fossilisation  et  qu'ils  n'y  ont  pas  été  introduits,  depuis, 
accidentellement. 

Nous  avons  examiné  des  ossements  fossiles  (i)  dévoniens 
non  minéralisés  il  nous  a  été  impossible  de  trouver  aucune 
trace  de  Bactériacées  ;  des  restes  végétaux  presqu'aussi  anciens, 
pétrifiés  par  du  carbonate  de  chaux,  nous  ont  montré  au 
contraire  de  nombreux  Microcoques  moulés  et  conservés  par 
la  roche  calcaire.  Parmi  les  substances  qui  nous  ont  transmis 
le  plus  nettement  le  moulage,  quelquefois  l'enveloppe  plus  ou 
moins  altérée  des  Bactériacées,  on  peut  citer  le  phosphate  de 
chaux.  Les  coprolithes  des  schistes  permiens ,  houillei^.  et 
anthracifères,  nous  ont  fourni  de  nombreuses  espèces  de  Bacilles^ 
dont  quelques  formes  se  rapprochent    beaucoup    de    celles  qni 

(1)  Ctenacanihus  du    Dévonien  inférieur  obligeammeot   mis  k   ootrr   di>p»- 
sition  par  M.  OElilert,   auquel  nous  adressons   nos   vifs  remerciements. 


645 


provoquent  actuellement  la  carie  des  os  et  des  dents  ;  tes 
Bactéiiacées  disposées  en  chaînettes  ou  en  chapelets  occupent 
la  cavité,  les  canalicules,  des  cellules  osseuses,  ou  bien  sont 
réparties  dans   les  résidus   pétrifiés   de  la  digestion  (i). 

Bactériaci^es  conservées  par   la  silice 

La  silice  noua  a  conservé  fidèlement  un  j^rand  nombre  de 
ces  infiniment  petits  emprisonnés  dans  les  tissus  végétaux, 
nous  en  citerons  quelques  exemples. 

Sur  la  figure  i,  pi.  VII,  on  voit  les  restes  d'un  réseau 
polygonal  représentant  les  sections  des  cellules  d'une  moelle 
d'Arihropitus,  plante  du  terrain  houiller  supérieur  ;  à  l'intérieur 
des  mailles  du  réseau,  se  trouvent  des  masses  sphériques 
composées  d'un  amas  de  Microcoques,  on  zooglées  bactériennes. 
Dans  la  portion  de  moelle  _ 

représentée,  ces  cellules  sont 
réduites  à  leurs  membranes 
communes,  ces  minces  cloi- 
sons disparues,  les  zooglées 
devenaient  libres,  détermi- 
nant autour  d'elles  le  dépôt 
de  la  silice  sous  forme  d'ai-  ^ 
guilles  cristallines  (fig.  i,  a), 
les  sphérulithes  se  sont 
déposées  successivement  en 
même  temps  que  d'autres 
débris,  entre  autres,  des 
grains  de  pollen,  maïs  qui 
n'ont  pas  déterminé  autour 
d'eus  la  cristallisation  de  la 
silice  sous  forme  d'aiguilles. 

IjC  tout  a  été  cimenté  par  de  la  silice  amorphe  et  constitue 
actuellement  une  roche  dure'  et  compacte,  formant  des  bancs 
fragmentés  dans  les  gisements  permiens  des  Thélots,  Margenncs, 
près  Autun.  Les  zooglées  bactériennes  ont  donc  donné  naissance 
comme    beaucoup    d'autres    corps    solides    microscopiques    eu 

11)  Les  BaclË^HCées  coateaues  dans  les  écailles  et  les  os  sont  diUérenlee 
de  celles  contenues  dans  les  résidus  de  la  di^testloD.  Voir  Microorganigines 
dtt  combustibles  fossiles.  BulletiD  de  la  Société  de  l'Industrie  miniïrale,  1899- 
1900. 


—  Sphérolittaes   bactéiieDDes . 
Grossisse  méat   — r— 


648 


VIU*   CONGRÂS  GÉOLOGIQUE 


suspension  dans  des  eaux  minérales,  à  des  roches  de  naturr 
oolithique.  Nous  avons  suivi  tous  les  passages  de  la  zooglée 
renfermée  dans  la  cellule  végétale,  à  celle  incluse  dans  if 
sphérolithe  radié   de   la  roche  siliceuse. 

Ces  Bactériacées  ne  se  réunissaient  en  zooglées  qu  après 
avoir  détruit  complètement  les  parois  épaissies  des  vaisseaux 
et  des  cellules  ;  avant  cette  destruction,  elles  étaient  ré|>arties 
à  i>eu  ]>rès  uniformément  à  la  surface  interne.  Nous  donnons 
lîg.  a,  pi.  VII,  une  colonie  de  Bacillas  ozodeus  fixét*  à  la 
paroi  interne  d'un  sporange  de  Pecopteris  asterotheca  prove- 
nant    du    terrain    liouiller    de    Grand'Croix,     près   St-Etienne. 

Ce  Bacille  se  présente  sous  la 
forme  de  Bâtonnets,  longs  de 
4  à  5  UL,  à  membrane  très 
mince,  le  protoplasme  de  cou- 
leur foncée ,  se  divise  en 
masses  distinctes  qui  forment 
des  spores.  Ce  Bacille  ne  se 
A  rencontre  qu'à  l'intéi-ieur  des 
sporanges  de  Fougères. 

Le  Racillus  g^mphosoi- 
deus  (fig.  a),  se  trouve  égale- 
ment dans  les  f rue tiGca tiens 
de  Fougères  ;  il  mesure  5  a 
environ  de  longueur,  l'enve- 
loppe est  mince,  à  peine  dis- 
tincte, le  protoplasme  se  divise 
de  bonne  heure  en  masses 
irrégulières  destinées  peut-être, 
dans  certains  cas,  à  constituer  des  sj>ores  très  petites  mesu- 
rant o  îi  4.  L  une  d'elles  qui  est  à  l'exti-émité  prend  générale- 
ment aux  dépens  des  autres  un  dévelopi)ement  plus  considé- 
rable et  atteint  i  jjl  8  à  2  a  ;  le  Bacille  rappelle  sous  cette  forme 
le  Bacille  du  tétanos. 

Quelquefois  deux  spoiTs  se  développent  côte  à  côte,  a  tig.  q: 

ces   spoi-es  peuvent  germer  et  produire  une  Bactérie  bifurqut'-e. 

Une   troisième  espèce  de  Bacille  n'a   été   i-encontive   comme 

les  deux   précédentes  que  dans   les   sporanges  de   Fougères  et 

nullement  dans   les  tissus  avoisinants. 

C'est  le   Bacillas  Gramma,  fig.    3,    pi.   VU.  Les    bàtonnet^^ 
longs  de   4  a  environ  restent  généralement   groupés  par  deux. 


Fig.  2.  —  Bacillus  gompho*oideuii, 
pris  dans  un  sporange  de  Fougère  : 
a.  Bacille  terminé  par  deux  spores  ; 
ft,  Bacille  terminé  eu  tôtc  de  clou 

Gross.  :  — - 


M.    RENAULT  6^9 

trois  ou  quatre  ;  comme  ils  sont  repliés  sous  des  angles  varia- 
bles, ils  produisent  des  figures  rappelant  des  lettres  de  Talphabet, 
de  là  le  nom  spécifique  de  Gi'amrna,  Le  protoplasme  se  divise 
de  bonne  heure  en  sphérules  qui  deviennent  autant  de  s])ores 
mesurant  o  {i  5.  Cette  espèce  a  été  rencontrée  dans  les  silex 
permiens  d'Autûn  et  dans  les  silex  boni  11ers  de  Saint-Etienne. 
Nous  pouvons  considérer  ces  trois  espèces  comme  ayant  pour 
fonctions  spéciales  la  destruction  des  épidémies  résistants  et 
des   cuticules  des  fructifications  de  Fougères. 

Mais  avant  la  destruction  totiile  de  la  paroi  cellulaire,  des 
groupes  plus  ou  moins  importants  de  (cellules,  de  vaisseaux, 
quelquefois  même  d'organes,  se  séparaient  et  se  déposaient 
pêle-mêle,  de  sorte  que  les  magmas  fossilifères  des  environs 
d'Autun,  de  Saint- Hilaire,  de  Grand'  Croix,  etc.,  qui  représen- 
tent des  fragments  de  la  masse  pétrifiés  par  la  silice,  réduits 
en  plaques  minces ,  montrent  une  grande  variété  de  débris 
organiques  dont  l'aspect  rappelle  celui  qu'offre  un  peu  de 
tourbe  délayée  dans  l'eau,  et  montée  en  préparations.  Les  débris 
organiques  n'appartiennent  plus  aux  menues  genres  ni  souvent 
aux  mêmes  familles  de  plantes,  mais  l'état  de  division  est 
analogue  et  paraît  être  le  résultat,  de  part  et  d'autre,  d'une 
action  microbienne,  ayant  déterminé  la  destruction  des  numi- 
branes  communes  et   la  facile  désunion  des  divers  tissus. 

La  fig.  4»  pl-  ^Iï>  représente  un  petit  fragnu^nt  d'un  magma 
de  Grand'Croix  réduit  en  plaque  mince.  VjU  a,  on  aperçoit  un 
sporange  ouvert  détaché  d'une  pinnule  de  Pecopteris  asterotheca. 
En  b,  un  macrosporange  de  Sphenophyilnm  détaché  également 
de  son  sporangiophore,  mais  dont  il  a  entraîné  une  partie, 
l'ensemble  est  vu  sous  un  grossissement  de  aS  diam.  Entre  ces 
débris  à  structure  reconnaissable  il  s'en  trouve  beaucoup  d'autres 
complètement  désorganisés  et  amorphes,  d'aspect  nmcilagi- 
neux,  plus  ou  moins  colorés,  provenant  d'un  travail  microbien 
plus  complet.  Les  cuticules,  les  enveloppes  des  spores,  des 
grains  de  pollen,  les  cellules  de  l'épiderme,  du  liège,  résis- 
tent davantiige  que  les  autres  tissus.  Les  macrospores  dc^  Sphe- 
nophyUum  vues  sous  un  grossissenu^nt  de  200  diamètres,  fig.  6, 
pi.  Vil,  sont  arrondies  ou  polyédriques  (i),  leur  enveloppe 
examinée    avec    un    grossissement    suffisant    est    réticulée,    le 

H)  Cette  dernière  forme  provient  de  ce  que  les  macrosporos  étant  jeunes  et  en 
contact  dans  le  sporan;$o,  leur  pression  mutuelle  les  a  empi^ch('»e8  de  prendre  la 
forme  définitive  qui  est  sphérique  quand  elles  sont  à  maturité. 


65o 


TDi*  conqrAs  Géologique 


mfime  échantillon  renfermait  on  fragment  d'épi  de  Sphenn- 
phylium.  La  Sg.  5,  pi.  VII,  montre  une  portion  de  paroi  de 
microsporange  grossie  aoo  fois,  les  microspores  encore  réunies 
en  tétrades,  mesurent  a^  à  3o  [jl  de  diamètre,  tandis  que  les 
macrospores  citées  en  premier  lieu  atteignent  près  de  60  à 
60  !i.  Les  Sphenoph}'tlam  sont  des  Cryptogames  a  microt;- 
pores  et  à  macrospores,  c'est-à-dire   hétéroaporécs. 

L'exemple  que  nous  venons  de  rappeler,  entre  bien 
d'autres,  montre  qu'à  l'époque  de  la  houille  les  fraginenU 
de  plantes  divers,  réunis  dans  des  marais  ou  des  sortes  d« 
tourbières,  ont  pu  être  envahis  par  des  eaux  siliceust-s, 
pétrifiés  et  conservés  jusqu'à  nous  dons  l'état  où  ils  se 
trouvaient  au  moment  de  la  minéralisation.  Cet  étnt  accus« 
une  décomposition  souvent  très  avancée  due  au  travail 
microbien  dont  on  retrouve  les  auteurs  nombreux  et  varits 
sur  les  fragments  non  encore  détruits,  il  est  vraisemblahlf 
que  si  les  eaux  minéralisantes  n'étaient  pas  survenues  la 
destruction  aurait  été  complète. 


BOGHEADS 

a"  On  sait  que  les  Bogheads  sont  dus  à  l'accumulation  d'Algues 
d'eau  douce  au  fond  de  lac$ 
de  faible  superficie,  répar 
tis  depuis  le  Permien  jusqoe 
dans  le  Culm,  souvent  les 
genres  varient  avec  l'étage 
et  la  r^on,  de  sorte  que 
des  prépararations  faites 
dans  te  combustible  per- 
mettent de  reconnaître  s> 
provenance  exacte. 

Le  genre  Pila,  fig,  1  pl- 
VIH,  se  rencontre  princi- 
palement dans  l'hémisplière 
boréal. 

Le  Bogliead  d'Autun  es) 
formé  par  le  Pila  bibractea- 
sis  algues  spliériques  creu-** 
mesurant  en  moyenne  à  l'état  adulte  170  n  de  diamètre.  CetW 
forme  est  très   répandue    et    est   représentée  par    huit  ou  diï 


Kig.   3.    —   Koi^beud    Armadule. 

Pila  «ruiica  et  quelques  jeunes  Thylax. 

Gross.  :  210  diam. 


B.   RKMAULT 


Fig.  t.  —  Heimrliia  nuulrtilU. 

Graas  :  100  dium. 

I,  grand  IhallP  avec  uoe  InvaKlDatloa  ; 

b,  thalle  mofen  coup£ diamâtraloment. 


espèces  entre  autres  :  par  le  Pila  scotica,  fig.  3,  a  dont  les 
dimensions  linéaires  sont  moi- 
tié moindres  :  le  Pila  kentac- 
kiana,  fig.  5.  pi.  Vlll,  encore 
plus  petit  et  dont  le  diamètre 
atteint  à  peine  5o  \i.  :  par  le 
Pila  Karpinskj-i  b,  fig.  4-  pi- 
Vlll,  etc.,  qui  accompagne 
d'autres  Algues  dans  les  char- 
bons lignitoïdes  du  Culm  du 
Bassin  houîtler  de  Moscou. 

Dillérents  genres  sont  carac- 
téristiques pour  les  bogheads 
d'autres  régions,  les  bogheads 
australiens  et  du  sud  de  l'Afri- 
que qui  appartiennent  au  ter- 
rain pcrmien.  sont  constitués 
par  des  Aiguës  également  glo- 
buleuses, mais  de  plus  grandes 
dimensions,  les  thalles  moyens 
mesurent  aoo  u,  de  diamôtre,  les  grandes  thalles  plus  du  dou- 
ble. Comme  les  Pilas,  ces  Algues  fiottaient  à  la  surface  des 
eaux  soutenues  par  les  gaz 
qui  se  rassemblaient  dans 
Irur  cavité,  puis  tombaient 
après  leur  mort  au  fond 
du  lac. 

|ja  fig.  4  du  texte,  repré- 
sente une  coupe  faite  paral- 
lèlement aux  lits  de  strati- 
fication; quoique  les  thalles 
soient  aplatis  on  distingue 
la  rangée  de  cellules  qui 
composent  l'enveloppe,  la 
figure  5  se  rapporte  à  une 
section  perpendiculaire  aux 
strates. 

Certains   bogheads   an- 
glais se  reconnaissent  à  la 
présence  d'.\Jgues,  Thylax 
britannicux,  benucimp  plus  petiti'S,  dont  le  diam"tre  moyen  ne 


S.  —  Rtimchia 
Grogs.  :  100  t 
a,  très  Jeunes  tballea  ;  b,  grand  thalle  aplati, 
coupa  perpendiculalremeDt. 


(>5a  VUie   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

dépasse  guère  4^  jx,  elles  sont  sphériques,  a,  fîg.  3,  pi.  VIIL 
la  cavité  communique  avec  Textérieur  au  moyen  d*un  asseï 
grand  noml^re  d'ouvertures.  Au  milieu  des  thalles  adultes  od 
en  distingue  d*autres  beaucoup  plus  petits,  globuleux,  compo- 
sés de  quatre,  huit. . .  cellules,  le  Thylax  britannicus  associé 
au    Pila  scotica  distingue  le  boghead  Armadale    d* Angleterre. 

Nous  pourrions  multiplier  les  exemples,  montrant  que  les 
bogheads  se  montrent  partout  composés  de  l'accumulât  ion 
d'Algues  plus  ou  moins  altérées  sous  l'influence  d'une  macé- 
ration prolongée,  cette  macération  a  déterminé  l'apparition  et 
la  multiplication  d'un  nombre  infini  de  Bacténacées  que  Ton 
retrouve  dans  la  pulpe  des  parois  des  cellules  et  dans  la 
matière  de  couleur  brun  foncé  phytozyme  plus  altéi*ée  qui 
les  entoure,  cette  matière  provient  sans  doute,  eu  grande 
partie,  de  la  décomposition  des  Algies  et  des  menus  débris 
végétaux  entraînés  en  même  temps  au  fond  des  eaux  tran- 
quilles. Les  Bactériacées  sont  surtout  représentées  par  des 
Microcoques  mesurant  o,4  et  0,9  les  plus  petits  ayant 
porté  leur  action  sur  les  membranes  communes  et  les  plus 
gros  sur  jles  épaississements.  Ils  ont  été  désignés  sous  le 
nom  de  Micrococcus  petrolei. 

L'analyse  de  plusieurs  bogheads  conduit  à  la  formule 
approchée  C-  H',  la  transformation  de  la  cellulose  C*  H*®  0^ 
en  boghead  est  donc  le  résultat  d'une  déshydrogénation  par- 
tielle, accompagnée  d'une  désoxygénation  à  peu  près  complète. 
On  pourrait  exprimer  les  réactions  qui  se  sont  produites  par 
la  formule  suivante  : 

Ciî  U*'0  O^o  =  2  (C2  H^)  -h  5  CO^  -r  3  CH*  -f  a  H. 

Cle^ulo^e  Ikijfhead        A.  carbonique    H.  proUic&rlwné    Hydrogène 

Tous  les  corps  éliminés  sont  gazeux  et  se  dégagent  dans 
un  certain  nombre  de  fermentations  actuelles. 

Canxels  coals. 

Le  microscope  nous  a  appris  que  les  Bogheads  étaient  dus 
à  l'accumulation  d'Algues  diverses  plus  ou  moins  décomposées 
par  le  travail  microbien.  Soumis  à  la  même  méthode  d'obser- 
vation, les  Cannels  ont  montré  que  leur  constitution  était  due 
à  une  sélection  dilFérente  portant  non  plus  sur  des  Algues 
seulement,  mais  sur  des  fructifications  de  Lycopodiacées,  de 
Fougères,  microspores,  macrospores,  spores,  plus  rarement  sur 


des  spores  et  des  jrrains  de  pollen. 

Les  Al^en  sont  peu  nom- 
breuses dans  les  cannels.  elles 
ont  èti-  entrulnérs  rn  iii<>me 
temps  que  les  oignes  de, 
reproduction  que  nous  vencms 
de  citer,  et  n'ont  pas  vécu  à 
la  surface  d'eaux  trantpiilles 
recouvrant  les  lieux  mêmes  où 
on  exploite  les  couches  de 
cannels.  ciimnie  cela  est  arrivé 
pour  les  ,\lgues  qui  ont  pros- 
péré là  où  se  rencontrent  les 
bancs  de  hoghead. 

Nous  donnons  fig.  6  du 
texte,  une  coupe  faite  dans  un 
cannel  du  Kentucky  dans 
laquelle  «m  voit  un  nombre 
considérable  de  fructifications 
de  Crjjitogames.  les  unes 
angles  arrondis,  les  autres  a  peu  prè 
peuvent   être    considérées  comme 


pour  les  cannels    récents. 


FiR.e.- 


a,  Mlcrosp 


■I  CiiDGy  Crerk  |  Kpntuchy). 

.s.    :    ItJO  diam. 

lie  Lfcopodinée  li's  hiikIi^s 

int  arrondis. 


triangidaires.  Lu  plupart 
b's  inierospoi-cs.  provenant 
de  la  ilivision  de  téti-ades 
de  Lycopodinées.  nous 
avons  rencontré  Créquem- 
uient  de  ces  tétrades,  encore 
entièri's,  rappidant  celles  des 
Lé  p  idodi -nd  ives 

Les  maerospori!s  sont 
également  nombreuses,  et 
souvent  dans  réjmisseiir  des 
parois  on  découviv  des 
uiycéliuuis  de  champignons 
microscopi<|ues.  Presque 
tous  les  t'raguieuLs  contien- 
nent en  outre,  des  légions 
de    uiicr-oeoqucs. 

La  uiatitVe  fondaiiieutale, 
phytozyme,  n'en  laisse  voir 
que  diflicilement.   à   cause  de   son  opacité. 

On   sait  que  quelques  combustibles  de  terrains  plus  récents 


Fi((.  7.   —  CaoDd  de  CommcDlry. 

(iroas.  :  180  dlam. 

a,  )(ralD  ilc  pollpo  ;  b,  spores  de  Fougère. 


6S4 


■  CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 


(houiller  supérieur)  présentent  quelques  anido^ies  d'aspect  el 
de  propriétés  avec  les  cannels  du  terrain  houiller  uioven,  les 
)>réparations  de  ces  charbons 
montrent  la  présence  de  nom- 
breuses sportis  dp  Fiiugères, 
des  grains  de  [lollen  de  Cor- 
■daïtes.  Les  téti-atles  de  micros- 
pores  de  Lycopodinées  y  sont 
assez  rares,  et  nous  n'y  avons 
rencontré  aucune  Algue,  mais 
les  Bactériacées  y  sont  très 
nombreuses. 

Ijcs  Atgui-s  qui  accompa- 
gnent les  fructiliciitions  de 
Cryptogames  dans  les  cannels 
varient  suivant  les  régions,  le 
plus  souvent  ce  sont  des 
espèces  du  genre  Pila,  le  ean- 
ntd  Bryant,  par  exemple,  avec  de  nombreuses  macrosjiores  cl 
microspoi'cs,  contient  une  petite  quantité  de  Pila  scoiica  : 
celui  do  Téberga  (Espagne) 
avec  des  mici-uspores  de  i.épi- 
dodrendrées.  présente  des  Pila 
lasitanica. 

Mais  quelquefois  on  ob- 
serve d'autres  genres  mélan- 
gés en  petite  quantité  aux 
Pila  ;  dans  la  Cannel  Davis 
Creek  (Nouvelle  Virginie) 
entre  autres.  l'Algue  nouvelle 
appartient  au  genre  Ctadiaco- 
thaUus.  les  thalles,  au  lieu 
d'être  sphériques,  sont  apla- 
tis, discoïdes,  mesurent  8i  [t 
de  diamètrt;  et  se  composent 
de  plusieurs  rameaux  par-  [^  ihulle  s* 
tant  d'un  centre  eomnmn . 
ces  rameaux  sont  plusieurs  (ois  dichotomes.  Le  plus  souvent  le 
corps  de  r.\lgue.  lig,  Set  9 du  teste,  est  réduit  à  l'étal  de  pulpe, 
les  cellules  qui  le  formaient  sont  devenues  indislim'tes.  mais 
la   puli>e  amorphe  contient  un  nombi-e  considérable  de  micro- 


CladUteotkaUm  Wardi. 
Gtom.   :  ÏSO  dtam- 


fi.    RENAULT  655 

coques    visibles    sous    un    grossissement    de    600  diamètres. 
La    composition     de    quelques    cannels    conduit    aux    rap- 
ports   suivants     entre    le    carbone,    Thydrogène    et    Toxygène 

G  G 

-—-=  14,4»  7T  =  ïi     1^    cellulose    comme    on    le    sait    donne 

G  G 

—  =  7,2,    -p-  =  0,9,  il  y  a  eu  déshydrogénation  et  désoxygé- 

nation . 

Gomparativement  aux  bogheads,  les  cannels  renferment 
une  proportion  d'hydrogène  deux  fois  plus  faible  et  une 
quantité  d'oxygène  plus  grande,  puisque  les  bogheads  tendent 
vers  une    élimination    complète  de  cet  élément. 

La  présence  de  nombreuse  Bactériacées  indique  que  la  dispa- 
rition de  rhydrogène  et  de  Toxygène  à  dû  s'effectuer  sous 
l'influence  de  fermentations  microbiennes. 

Les  Bactériacées  existent  dans  les  tourbes  et  les  lignites, 
comme  Ta  montré  Tétude  d'un  grand  nombi*e  de  tourbières, 
et  de  charbons  lignitoïdes  tels  que  ceux  d'Advent-Bay  (Spitz- 
berg),  de  la  Zsily  (Transylvanie),  des  terrains  liasiques  du 
Turkestan,  de  Madagascar,  de  Tovarkowo,  des  mines  d'AJexan- 
di'ewski  (Russie),   etc. 

Les  charbons  lignitoïdes  de  Tovarkowo  et  d'Alex andrewski, 
pi'ouvent  que  les  lignites  se  sont  formés  aux  époques  les  plus 
anciennes  aussi  bien  que  la  houille,  et  quc^  la  transformation 
de  la  cellulose  en  ces  deux  espèces  de  combustibles  a  pu  être 
contemporaine,  mais  s'eflectuer  dans  des  milieux  différents, 
c'est  à  dire  pour  les  charbons  lignitoïdes  dans  des  marais, 
pour  la  houille,   en  eau  profonde. 

Le  milieu  parait  avoir  eu  plus  d'influence  que  la  nature 
des  oi^anes  végétaux.  En  effet,  le  combustible  de  Tovarkowo 
débarrassé  d'acide  ulmique  donne  les  rapports  : 

G  G 

celui  d'Alexandrewski  —  =  8,5  :  --^  =  5.  G'est   sensiblement  le 

xi  O 

même   rapport  que    fournit  l'analyse   des  cuticules   des  plantes 

G  G 

vivantes,  Agave,  Aloës,  Lierre  :   -=j-  :=  7,2  :  -     =  5,i. 

xl  O 

G'est  la  limite  que  semble  devoir  atteindre  dans  cei'tains 
marais,  l'élimination  de  l'hydrogène  et  de  l'oxygène  par  rapport 


(iS&  VIII'  coKGKès  GÉoi-OGiqUE 

au  carbone,  et  cepeiidant  la  composition  organographique  dis 
charbon»  d'Alexandrewski  rappelle  en  tous  points  celle  de* 
cannois  ;  ils  sont  formés  essentiellement  de  fructifications  dr 
Cryptogames  telles  que  des  muc-i'osjtores,  des  microsporos.  etr.. 
mélangées  à  des  Pila  Karpinskyi  b.  iig.  4-  pi-  VIII,  et  à  des 
CfadUtcothallnx  Keppenl.  Cette  espèce  d'AJgue  est  composée  ilc 
rameaux  plusieurs  fois  dichotoines  partant  d'une  souche  coui- 
mune  et  formant  une  toutle  à  peu  prés  hémisphérique  de  i4oa 
de  rayon. 

La  figure  lo  du  Urste,  représente  quelques-  thalles  aplatis,  la 
fig.  4,  pi.  VlII.un  ranieau 
détaché  plusieurs  fois  dicbo- 
tome.  chaqui!  rameau  est 
formé  de  cellules,  dont  les 
parois  ne  sont  plus  gu^n' 
visibles  que  grAcr  aux 
Micrncoques  (jui  les  occu- 
pent, les  Pilas  s<mt  égale- 
ment peuplés  de  corps  coc- 
coïdes  et  réduits  à  une  sorte 
de  pulpe  où  on  ne  tlistin- 
gue  plus  de  structure  : 
comme  on  le  voit,  les  élé- 
ments organiques  qui  ont 
Pig.lO.-Tballos  de  aadUcoiliaUu»  Keppmi.  d^nné  naissance  à  ces  char- 

«,  les  «n.P«ux.i.«  thalles  sont  écrasos.  ^"'"'  hgnitoides  sont  de 
même  nature  que  ceux  des 
cannais,  et  cependant  ces  deux  espèces  de  combustibles  oiit 
une  composition  chimique  très  différente  ;  particularité  due. 
comme  nous  le  croyons,  à  ce  que  les  Bactériacées  pouvaient, 
dans  des  eaux  peu  profondes,  emprunter  partiellement  l'oxygène 
dont  elles  avaient  besoin,  à  celui  qui  sature  les  couches  super- 
ficielles en  conliict  permanent  avec  l'atmosphère. 

Houille. 

Si  les  Boglieads  paraissent  dilTérenciés  par  la  prédomin^ince 
d'Algueii  diverses,  les  Caonels  par  l'accumulation  de  fructifica- 
tions de  Cryptogames  variés  mélangea  de  quelques  Algue» 
qui  ont  été  entraînées  et  se  sont  disposées  en  même  temps. 
les  Houilles    du    terrain   houiller  supérieur    semblent   résulter 


B.    RENAULT  65^ 

de  i*accamulation,  des  différents  organes  végétaux,  il  n'y  a 
pas  eu  une  sorte  de  sélection,  de  triage  dans  les  éléments 
organiques  qui  les  constituent.  Les  feuilles,  rameaux,  bois, 
écorce,  racines,  quelques  fructitications,  etc.,  ont  concouru  à 
sa  formation,  nos  préparations  justifient  la  théorie  de  M.  Fayol 
relative  au  transport  des  plantes,  amenées  pêle-mêle  dans  des 
lacs  ou  des  estuaires  et  enfouies  dans  des  eaux  profondes,  ces 
plantes,  comme  nous  le  verrons,  ont  pu  être  arrachées  des 
rives  et  entraînées  directement  dans  des  lacs,  ou  séjourner 
quelque  temps  dans  des  marais  avant  d'y  être   transportées. 

Dans  beaucoup  de  préparations  de  houille  Ta  Itération  des 
organes  est  assez  complète  pour  qu'il  soit  impossible  de 
reconnaître  les  tissus  et  d'en  établir  la  provenance,  la  fig.  6, 
pi.  V^III,  représente  une  section  faite  dans  un  caillou  de 
houille  de  Comraentry,  on  n'y  distingue  que  des  zones  ondulées 
entre  lesquelles  se  trouvent  des  colonies  de  Micrococcus 
Carbo  a.  ft,  Taspect  de  cette  houille  prouve  qu'à  un  ceiiain 
moment  elle  a  joui  d'une  certaine  plasticité  qui  a  permis 
aux  bandes  stratifiées  de  se  contourner  sous  l'influence  de 
pressions   latérales,   sans   être  brisée. 

D'autres  fois  la  déformation  a  été  moins  complète,  les  difï'é- 
rents  fragments  de  plantes,  quoique  encore  indéterminables, 
sont  moins  fusionnés,  leur  contour  est  souvent  distinct,  les 
uns  laissent  voir  à  leur  intériem*  des  Microcoques,  a,  c,  fig.  i, 
pi.  IX,  les  autres  des  bacilles  b  ;  beaucoup  n'ont  pas  une 
transparence  suflisante  pour  permettre  d'ai)ercevoir  les  Bac- 
tériacées  ;  ce  rapide  examen  permet  de  conclure  c[ue  les  frag- 
ments ont  été  envahis  par  ces  microorganismes  indépendamment 
les  uns  des  autres,  et  qu'ils  se  sont  déposés  déjà  infectés  et 
plus  ou   moins  altérés. 

Cette  déduction  est  d'ailleurs  confirmée  par  l'état  de  désor- 
ganisation fort  différent  qu'ils  présentent  dans  un  même  mor- 
ceau de  houille,  k  côté  de  débris  complètement  amorphes, 
il  en  est  d'autres  dans  lesquels  on  peut  distinguer  des  vestiges 
de  structure. 

L41  Éig.  II  du  texte  montre,  en  effet,  un  fragment  de 
feuille  coupé  perpendiculairement  au  limbe,  le  contour  de  la 
feuille  est  indiqué  par  la  cuticule  a.  qui  se  détache  sous  la 
forme  d'une  ligne  incolore,  immédiatement  au-dessous  se 
trouvent  les   cellules   à   parois  sclérifiées  de  l'épiderme    6. 

En  c  on   distingue   moins   nettement   les   cellules   du    méso- 


4i. 


VIII*  co>gk6s  géologique 


:-^:^" 


phylle.  I^  (îrossisseineiit  nVst  ptis  suflisant  pour  qui-  les  Mient- 
coques  soient  visibles,  ils  aiipai-aisseiit  sous  un  gi-ossisseniriit 
de  05o  diuiii..  j>niu-i|>u- 
leineiil  dans  l'épai-scur 
des  lueinlti'uiu's  l'oiiniiu- 
ues  qui  sont  iiicoliin'>. 
IjOs  l'i -agi lien ts  di-  lutU 
houillifiés  sont  ri-é<juenls. 
mieux  conservés  et  i)eii- 
vent  t>ttv  tivs  souvent 
rajiportés  à  leur  geiiiv 
fespeetif. 

La  lig.  13  du  teste 
^'présente  une  section 
ti-ansversale  iruii  I>ois  di- 
Caiomodendron  slriatnm 
de  Saint- Etienne.  la  par- 
tie inféneuiv  de  la  ligun' 
se  rapporti*  aux  liaiide< 
coins  ligneux,  la  partie 
!i     vaisseaux    ligneux.     \*'^ 


FIK-'H.  —  Pragroent  de  (euille  houlllifléf, 

liooltle  Je  Firmy,  Decazeville. 

Grow.  :  ISOdlam. 

a.  cuUcule  '  b,  cellules  eo  paliswilu  et  ^pl- 

ilerme  :  c,  cellules  du  mi'-sopliylle . 

pi-osenchyuiateuses  (|ui  scpaivnt  le 
supérieui-e,  un  peu  plus  claii-e.  ai 
divei-s  éléuients  du  bois  ont 
conservé  leur  disposition  en 
bandes  i-ayon  liantes  incli- 
nées de  gauelie  à  droite  sur 
lu  (igui-e.  Les  cellules  pru- 
setieliyniateuses  ont  pi-oduit 
les  bandes  de  houille  a . 
Ces  bandes  sont  sépaives 
l>ar  des  lignes  plus  claiifs 
repii'sentant  les  i-uyoïis  eel- 
luluii-es  ligneux,  les  Bactc- 
nacêes  sont  visibles  <laiis 
CCS  lignes  plus  claires  et 
Ibrinent  quelquefois  des 
aillas  b.  Ces  Mici-ocoques  fos- 
siles sont  incoloi'es  connue 
l'on  sait,  et  distincts  seule- 
ment    sous     un     éclaii-age 


Klg.   12.  —Coupe  transversale  d'un 

iiuuilliâé  de  CatamudeodroD, 

Gross.  :  1X0  dium. 

a,  huulll  e  praveniiiil  des  épaississt'mi'ab 

I).  lai'une  où  se  trouvent  des  colonies  d 

HIcrocoqucs . 


spécial  ;    les    baiido;^ 
scuients    des    cellules. 


montrent 


a.    provenant    «les    é|>aissis- 
égaleuieut    des     BactériaciVs 


B.    RENAULT  659 

quand  on  pai'vienl   à    leur  donntM'  une  transparence  suÉlisante. 

Un  examen  attentif  des  préparations  niontixî  que  les  Bacté- 
riacées  après  leur  pénétration  dans  les  celhdes  ont  transformé 
les  épaississements  en  houille  de  couleur  foncée  qui  remplit 
chacune  d'elles  sous  forme  de  cylindre  ;  elles  se  sont  arrêtées 
aux  mend^ranes  connuunes,  ou  bien  la  houille  de  ces  mem- 
branes est  incoloiv  et  forme  une  sorte  d'enveloppe  claire  qui 
limite  la  houille  provenant  des  épaississements;  c'est  à  cette 
particularité   (|ue  les   divers  tissus   peuv(»nt   être   reconnus. 

La  r(^mar([ue  sur  la  manière  d'opérer  des  Bactériacées  est 
d'ailleurs  confirmée  par  les  coupes  longitudinales  suivantes, 
la  fig.  3,  pi.  IX,  représenttî  une  section  d'un  fragment  de 
bois  houillitié  d'Arthropitus  major,  grossie  650  fois,  elle 
passe  à  la  fois  par  les  membranes  communes  a,  des  vaisseaux, 
et  les  cylindres  de  houille  b,  occupant  .Tintérieur  des  vais- 
seaux, comme  la  houille  a  joui  d'une  certaine  mollesse  pendant 
sa  formation,  il  est  annvé  assez  fréquemment  qu'une  légère 
pression  a  déterminé  la  ruptun»  des  enveloppes  formées  par 
les  membranes  moyennes  et  déterminé  la  réunion  et  le  mélange 
des  cylindres  de  houille  noire,  sous  forme  de  plages  obscures 
plus   ou   moins  étendues   fig.  3. 

Lorsque  la  section  est  dirigée  de  façon  à  comprendre, 
dans  la  préparation,  plusieurs  membranes  communes  comme 
dans  la  coupe  radiale  représentée  fig.  5,  pi.  IX,  le  nombre 
des  Microcoques  que  l'on  peut  découvrir  est  considérable,  ils 
occupent,  serrés,  souvent  en  cont^ict,  l'épaisseur  des  membranes 
moyennes.  Chaque  microcoque  se  détache  comme  une  sphérule 
blanche,  mesurant  o,  [jl  4  à  o,  u.  5  de  diamètitî,  entourée  de  la 
houille  noire  provenant  des  épaississements.  Le  nombre  des  Bac- 
tériacées est  tellement  grand  que  ceux  qui  sont  en  contiict 
forment  des  sortes  de  chaînettes  et  simulent  des  Streptocoques. 

Au  lieu  d'être  répartis  presqu'uniformément  dans  les  mem- 
branes connnunes.  il  peut  arriver  que  les  Microcoques  forment 
des  colonies  extrêmement  peuplées  au  uiilieu  de  la  houille 
des  épaissements  6,  fig.  12,  du  texte,  et  fig.  4*  P^-  I^  i  dans 
cette  dernière  figure  représentiint  un  bois  iï Arthropitus  houil- 
lifié,  .sous  un  grossissement  de  65o  diam..  on  voit  plusieurs 
colonies  de  Microcoques  ;  à  la  loupe  au  milieu  de  petites 
plages  noires  on  aperçoit  lacilement  les  Microcoques  inco- 
lores qui  les  ont  ])roduites  et  au  milieu  desqueUes  ils  sont 
en    quelque   sorte   restés    emprisonnés. 


660  vin''   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

L'absence  de  coloration  des  Microcoques  au  milieu  d'une 
substance  fortement  colorée  en  brun  foncé,  est  évidemment  un 
fait  remarquable  qui  prouve  qu'ils  ont  eu  un  rôie  plutôt  actif 
que   passif  dans  le  phénomène  de  la  houilliflcation. 

On  peut  se  demander  dans  quelles  ciivonstances  les  niicm- 
organismes  ont  envahi  en  aussi  grande  quantité  les  divei*s  frag- 
ments de  végétaux.  En  outre»  de  ceux  i^épandus  si  pi*ofusion  iians 
les  rivières  et  les  (leuves,  dont  la  teuipérature,  à  cette  époque, 
était  des  plus  favorable  et  facilitait  lem*  multiplication,  il  y  avait 
les  marais  littoi*aux  des  deltas  dans  lesquels  un  grand  nombre  de 
plantes  ont  séjourné;  ce  séjour  est  pi'ouvé  par  la  pivseiuM'  de 
nombreux  mycéliums  de  Champignons  qui  y  ont  vécu  et  fruc- 
tifié. Nous  donnons,  (ig.  5i,  pi.  IX.  une  coupe  longitudinale 
d'un  bois  houillifié,  dans  le  tissu  duquel  s'est  déveloi)pé  un 
mycélium  d'Hyphon\ycète,  c,  dont  les  i*ameaux  poi'tent  des 
conidies  6,  il  est  évident  que  ces  mycéliums  ne  se  sont  })as 
développés  dans  les  tissus  depuis  leur  houilliflcation.  mais, 
lorsque  les  fragments  de  bois  ont  séjourné  dans  un  milieu 
approprié  ;  or,  actuellement  les  bois  i»ecueillis  dans  les  marais, 
dans  les  tourbièi^es,  sont  fréquemment  envahis  pai'  des  Hj^pho- 
my cèles,  il  est  logique  d'attribuer  la  présence  de*  Champignons 
dans  les  bois  houillifiés,  à  leur  séjour  préalable  dans  des 
marais,  où  ils  ont  pu  être  infectés  j)ar  des  Champignons  et 
des  Bactériacées,  entraînés  ensuite  \i9LV  les  crues  et  les  inon- 
dations si  fréquentes  aux  é}>oques  primaires,  les  Bactériacées 
ont  continué  de  pi'ospérer  en  eau  profonde,  et  d'y  détenniner  une 
houilliflcation  plus  ou  moins  complète. 

L'analyse  d'une  houille  pure  provenant  d'un  bois  de  Cordaile 
ou  d'Arthropitus  conduit  sensiblement  à   la   formule  C'*  H*'  (), 

C  C 

le  rapport  Tx  =  J   et  le  rapport   —  =  15.  Pour   la  cellulose.  h»s 

C  C 

mêmes   rapports    sont  —  =.  0,9,  —  =  i  ,2. 

En  transformant  la  matière  végétale  en  houille,  les  Bacté- 
riacées lui  ont  fait  pei'di'e  les  4/5  de  sa  substance  primitive, 
peite  due  à  la  production  de  produits  gazeux  tels  que  acide 
carbonique,  hydrogène  protocarboné  et  eau  ;  le  cinquième  restant 
est  de  la  houille. 

On  pourrait  exprimer  à  peu  près  par  la  formule  suivante, 
la  nature  des   reactions  qui  se  sont  produites  : 


(Wi 


une    diminution    considérable    comprise    entre    les  - 


(C  H'«  OS  )*  =  3  (C°  n«  O)  +  i4  (C  H*  )  +  i6  C  O»  +  6  H»  O. 

OlIuluM'  Mouillr  H^lbuie  A.  «rbonique  Eiu 

I^  composé  solide  C^  H^  O  est  la  l'ormule  d'une  houille 
pure,  les  produits  gazeux  ou  liquides  ënumérés  se  forment 
dans  un  grand  nombre  de  fermentations  actuelles.  En  se 
transformant  en  houille  les  dilféreiits  tissus  végétaux  ont  subi 
suivitnt  leur  natun;  et  la  compression  éprouvée  ultérieurement, 

3o 

du  volume  primitif,  l^a  présence  do  ]>ruduits  gazeux  encore 
retenus  dans  la  houille  par  affinité  capillaire  et  sous  rinduence 
d'une  certaine  pression  est  rendue  malheureusement  trop  cer- 
taine par  les  accidents  qui  se  produisent  si  fréquemment 
dans  les  mines. 

Un  centimètre  cube  de  la  houille  de  la  Uoublc  (Puy-dc- 
Dânie),  par  exemple,  contient  6.94  cent,  cubes  de  gaz  com- 
posés de  g5,o4  de  méthane,  3,70  d'acide  carbonique  et  1.35 
d'azott^  1  une  partie  de  ces  gaz  se  dégagent  par  simple  pulvé- 
risation, une  autn>  par  diminution  de  pression,  une  troisième 
quand  on  chaulle  au-dessus  de  loo»  mais  bien  au-dessous, 
cependant,  de  la  températurt;  de  décomposition  du  charbon. 

Le  méthane  et  l'acide 
carbonique  sont  maintenus 
dans  ia  houille  non  seule- 
ment par  affinité  citpil- 
laire,  mais  occupent,  sous 
une  cerUtine  pression,  de 
nombreuses  vacuoles  qui 
y  sont  creusées,  les  fig.  6. 
pi.  IX,  et  i3  du  texte  mon- 
tnmtdespréjiaratinns  faiti-s 
dans  un  bois  d'Artkropi- 
lus,  on  voit  en  a  et  en  b 
des  Mici'ococcas  Carbo  iso- 
lés ou  disposés  en  chaî- 
nettes, en  b  ou  en  c  des 
BacUlas  Carbo,  et  va  et  là 
en  c  ou  en  d  par  exemple 
des  vacuoles,  les  unes  sphériques.  les  autres  elliptiques  ou 
plus  ou  moins  irrêgulières.  L'intérieur  do  ces  vacuoles  est 
transparent  et  ne  renferme   que  des  gaz;  ecux-ei   produits  [lors 


FiK.  13.  —  Houille  à-Arthropitus. 

Gross.  :  gOOdlam. 

,  b,  Baeillus  Carbo,  Micrococcus  Carbo. 


663         '  VIU*   CONGRÈS  GÉOLOGIQUE 

d<»  la  fermentation  pix)voquée  par  les  Hactériacées  que  l'on 
distingue  encore  dans  la  houille- qu'ils  ont  fonnée.  n'ont  pu  sr 
dégager  entièrement  à  cause  de  la  viscosité  de  la  niatièi'e.  et  ils 
sont  restés  emprisonnés  loi*s  de  sa  dessiccation.  On  uo  doit  pas 
s'étonner,  dès  lors,  que  la  pulvérisation  de  la  houille  mette  cii 
liberté  une  certaine  quantité  du  méthane  et  de  l'acide  carb(>- 
nique  contenus  dans  ces  cavités. 

Les  préparations  faites  dans  la  houille  ordinaii'e  laissent  bien 
discerner  également  de  nombivuses  vacuoh*s.  nuiis  elles  sont 
généi'alenu»nt  comprimées  et  tellement  ilélbrmées  (pi'oii  peu! 
hésiter  à  y  voir  des  poches  à  grisou  microscoi>iques.  La  houiUc 
des  troncs  ligneux  plus  conqiacte,  moins  aplatie,  plus  homogène. 
pernH*t,  au  contraiiv,  de  constat(*r  nettement  à  l'intérieur  des 
cellules  dont  on  devine  K»s  contours,  la  liouiHe  (|ui  les  ivuq>lit 
tenant  en  suspension  des  bulles  gazeuzes  et  des  Hactériacées. 

L'analogie  île  formation  existant  entre  la  houille  cl  h's 
composés  lignitoïdes,  analogie  poi-Umt  sur  la  désoxygénation  et 
la  déshydrogénation  de  la  cellulose  sous  Tinfluence  mici'obicnne. 
est  confirmée  par  Texamen  de  préjiarations  faites  dans  des  pétioles 
de  palmiere  de  Tétage  tongrien:  ici  ce  n'est  plus  de  la  houille 
qui  i*emplit  les  cellules,  mais  la  phytozymc  des  lignites  :  au 
milieu  de  la  substance  provenant  de  l'altération  des  parois, 
on  remarque  des  vacuoles  de  formes  variées,  incoloi'es.  conte- 
nant ou  ayant  contenu  des  produits  gazeux  issus  de  la  fermen- 
tation mici'obienne.  Dans  le  cas  présent,  il  semble  que  ce  sont 
des  Mici'ocoques  plutôt  que  des  Bacilles  ([ui  l'ont  ])rovo(|ué4'.  car 
on  distingue  dans  et  entre  les  bulles  gazeuses  un  nombit»  consi- 
dérable de  ces  oi*ganismes. 

L'allui'e  est  sensiblement  la  même,  ([u'on  l'observe  dans  les 
tourbes  de  notre  épotpie,  dans  les  lignites,  ou  que  ri)n  s'adi^e^^st* 
aux  combustibles  plus  anciens.  Le  travail  bactérien  a  pour  résul- 
tat de  part  et  d'autre,  la  déshydn)génation  et  la  désoxygénation. 

Le  tableau  suivant  (pie  nous  rappelons  conlirme  cette  déduction. 

C  C 

Pour  la  cellulose  et  ses  polvmèivs  :  — '  =    7.2  :  -;^  =    o.q. 

1     .  H         "^       O  ^ 

Tourbes  r^  =    9,8  :  -'  =    i  ,8. 

Lignites  —  =rz  iaA\  :  jz  =    3.<î. 

C  C 

Cannels  îj  '-=  i^-^  •  tt  =  1  ï-*^- 

H  O 


B.    RENAULT  663 

Houille  pure  ^  =  17,0;  —  =    7,2. 

C  C 

Anthracite  j^  ^=  3'j,o  :  -^  ^=  33, o. 

Le  terme  final,  s'il  était  atteint,  serait  la  production  du 
carbone. 

Dans  les  quel(|ues  lignes  qui  précèdent  nous  avons  exposé 
le  rôle  important  que  les  infiniment  ])etits  ont  joué  dans  la  for- 
mation de  quelques-unes  des  couches  du  globe,  où  on  les  rencontre 
en  abondance  : 

1°  en  déterminant  sous  forme  de  zooglées,  issues  de  la  décom- 
position de  plantes,  la  formation  de  roches  oolithi(|ues  siliceuses 
à  structure  cristalline  radiée. 

2°  en  provoquant  la  décomposition  partielle  des  végétaux 
dans  des  marais  ou  en  eau  profonde.  Dans  le  pi'emier  cas,  ils 
ont  contribué  à  la  formation  des  tourbds  des  lignités  et  des  char- 
bons lignitoides.  Dans  le  second  ce  sont  des  Bogheads,  des 
Houilh^s.  des  C.annels  et  des  Anthracites  (pii  se  sont  formés  ;  de 
part  et  d'autre,  il  y  eu  perte  d'oxygène  et  d'hydrogène  en  plus 
grande  proportion  (jue  de  carbone,  sous  forme  d'hydrogèiie 
j)roto-carb()né  et  d'acide  carbonique. 

3°  La  nature  des  végétaux  parait  avoir  vu  une  certaine  influence 
sur  la  tpialité  des  combustibles  produits. 

a.  —  Les  Hogheads  ont  été  formés  par  l'accumulation  d'Algues 
d'eau  douce  ; 

b.  —  les  (Manuels,  pai*  une  sorte  de  sélection  portant  sur 
des  fructifications  de  (Cryptogames  et  d'Algues  d'eau  douce, 
mais  ce  mélange  n'a  pas  fourni  nécessairement  un  produit 
identi([ue  :  dans  les  marais  ce  sont  des  Cannels  lignitoïtes  qui 
ont  pris  naissance  (Charbons  russes  de  Kourakino,  d'Alexan- 
cb*e\vski,  etc.);  en  eau  profonde,  au  contraiiv,  ce  sont  les  Cannels 
ordinaires  (cannels  anglais,  espagnols,  américains,  etc.),  qui  se 
sont  formés,  se    rapi)rochant  jilus  des  houilles  que  des  lignités. 

e.  —  Les  Houilles  résultent  de  l'assemblage  de  tous  les 
oi*ganes  des  plantes,  bois,  écorce,  feuilles,  fructifications  variées, 
etc..  leur  composition  dépend  de  l'altération  plus  ou  moins 
pi'ofonde  que  la  fennentation  mici*ol>ienne  leur  a  fait  subir  ; 
pour  certains  anthracitc^s  une  autre  intei'vention  a  (ui  lieu  :  celle 
de  divers  phénomènes  d(».  métamorphisme. 


664 


DES  GISEMENTS  DE  MINERAIS  DE  FER  OOLITHIQUES 
DE  L'ARRONDISSEMENT  DE  BRIEY  (  Meurthe  kt-Moselle) 

ET     DE     LEUR     MODE     DE     FORMATION 

par  M.  fieorures  ROLLAND 

Planche»  \  et  XI. 

J'ai  signalé  en  1898  (i)  la  découverte  de  l'extension  impré- 
vue des  gisements  de  mincirais  de  fer  oolithiques  qui  aftleu- 
renl  et  sont  depuis  longtemps  exploités  sur  une  grande  échelle 
dans  l'ancien  département  de  la  Moselle,  gisements  dont  le 
prolongement  souterrain  dans  l'arrondissement  de  Briey  et 
jusque  dans  la  Meuse  venait  d'être  constaté  par  de  nombreai 
sondages  d'exploration. 

Une  première  partie  de  ces  soudages  fut  exécutée  de 
188Q  à  1886  sur  les  conseils  de  M.  Genreau,  alors  Ingénieur 
en  Chef  des  Mines  à  Nancy  ;  la  seconde  série  principale 
date  de  189Q  et  se  termine  à  peine  à  ce  jour.  Au  total,  le 
nombre  des  sondages  exécutés  dans  l'arrondissement  de  Briev 
s'élève  actuellement  à  161. 

A  ma  communication  de  1898  à  l'Académie  des  Sciena's. 
était  jointe  une  première  carte  de  la  Topograpliie  souterraine 
des  gisements  de  minerais  de  fer  oolithiques  de  l'arrondisse- 
ment de  Briey,  réduction  de  celle  que  j'ai  dressée  pour  le 
service  de  la  Carte  géologique  détaillée  de  la  France,  et  qui  doit 
prochainement  paraître  sur  les  feuiUes  de  Metz  et  de  Long\vy. 

D'autre  part,  j'ai  fait  figurer  à  l'Exposition  Universelle  de 
1900  (classe  63)  un  plan  en  relief  ayant  pour  objet  de 
représenter  à  plus  grande  échelle  et  d'une  manière  parlante 
aux  yeux  ces  gisements  souterrains,  tant  au  point  de  vue 
géologique  qu'en  prévision  des  exploitations  pi-ojetées,  et  de 
bien  montrer  leur  allure,  leurs  pendages  et  leui*s  ondulations, 
leur  puissance  et  leurs  limites  d'exploitabilité,  les  accidents 
qu'ils  présentent,  leurs  aflleurements  à  la  surface  et  les  son- 
dages qui  les  ont  explorés  en  profondeur,  etc.  I^es  éléments 
de  ce  plan  en  relief  sont  les  mêmes  que  ceux  de  la  carte 
précitée,  et  j'y  ai  coordonné  d'une  manière  semblable,  mais 
avec    plus    de   détails,    les    indications   que    me    fournissaient. 

(1)  Comptes-rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  Paris,  t7  Janvier  18118. 


G.    liOLLAND  665 

d'une  part,  les  terrains  de  la  surface,  dont  j'avais  étudié  la 
géologie  pour  le  serviee  de  la  Carte,  et,  d'autre  part,  les 
coupes  des  sondages  de  recherches,  au  sujet  desquels  de 
nombreux  renseignements  m'ont  été  obligeamment  fournis  par 
les  ingénieurs  des  Mines  de  Nancy,  M.  Cousin  d'abord,  puis 
M.  Yillain,  ainsi  que  par  les   industriels. 

Depuis  lors.  M.  Villain,  dans  le  service  duquel  rentre 
l'arrondissement  de  Briey  et  qui  a  pu  étudier  d'une  manière 
particulièrement  complète  les  sondages  exécutés  dans  cette 
région,  a  fait,  le  27  juin  dernier,  devant  la  Société  Industrielle 
de  TEst,  une  conférence  très  documentée  sur  les  gisements  de 
minerais  de  fer  en  Meurthe-et-Moselle,  à  la  connaissance 
desquels  ses  travaux  apportent  une  importante  contribution. 
A  ce  propos,  il  a  développé  une  théorie  déjà  soutenue  par 
lui  pour  expliipier  le  mode  de  formation  des  minerais  de  fer 
oolithiques  de  Lorraine,    théorie  dite   des  failles-nourricières. 

Je  crois  intéressant  de  résumer  à  nouveau,  devant  le 
Congrès  géologique  international,  les  traits  caractéristiques  des 
nouveaux  gisements  dont  la  découverte  dans  l'arrondissement 
de  Briey  fut  un  véritable  événement  pour  la  métallurgie  fran- 
çaise, et  d'examiner  ensuite  ce  que,  dans  l'état  actuel  de  la 
science  et  avec  toutes  les  données  dont  on  dispose  ici.  Ton 
peut  induire  quant  a   leur  mode  de  formation. 

I.   —  Description  des  gisements 

On  me  permettra  de  me  référer  à   la  description  que  j'avais 
donnée   des   gisements  en  (juestion  dans   ma   communication    à 
l'Académie  des  Sciences,  et  il  me  sullira  d'ajouter  quelques  indi 
cations    complémentaires,    également  succinctes,    pour  mettre    à 
jour  mon  exposé. 

«  On  sait  que  la  formation  ferrugineuse  de  la  Lorraine  se 
))  place  en  haut  du  Lias  supérieur,  au  dessous  de  l'étage 
))  des  calcaires  du  Bajocien,  dont  elle  est  séï)arée  par  un 
»  petit  massif  de  Marnes  dites  micacées,  et  au  dessus  des 
))  Grès  et  Marnes   supraliasiques  avec   pyrites. 

»  Elle  afïleure  à  la  surface  suivant  une  large  zone,  qui 
))  s'étend  d'abord  de  l'Ouest  à  l'Est  au  travers  de  la  région  de 
»  Longwy,  ainsi  que  sur  la  bordure  limitrophe  de  la  Belgique 
»  et  dans  le  Luxembourg,  puis  qui,  tournant  à  angle  droit  et  se 
))  dirigeant  du  Nord  au  Sud,  règne  eu  Lorraine  annexée  le 
»  long  de  la  frontière  jusqu'au  delà  de  Metz,  et  se  retrouve 
»  plus  loin  dans  la  région   de   Nancy.   Les  couches  de  minerai 


ri66  VUr    CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

»  y  sont  exploitées  soit  au  moyen  de  galeries  ouvertes  à 
»  flanc  de  coteau,  soit  à  ciel  ouvert.  La  formation  offre  une 
»  allure  lenticulaire  ;  elle  varie,  tant  comme  puissance  totale 
»  que  comme  nombre  de  couches  et  composition.  Sa  pins 
)>  grande  puissance  se  renconti*e  entre  Hussig^y,  Villerupt. 
»  Ottange  et  Esch  ;  à  la  Côte  Rouge,  elle  atteint  37  mèti-es,  et 
»  Ton  [)eut  y  voir  cinq  couches,  toutes  exploitées,  représentant 
»  ensemble  i(>  mètres  de  minerai.  A  l'autre  extrémité  du  bas- 
»  sin  de  Longwy,  près  de  Gorcy.  elle  n'a  plus  que  4"*^^»  *^'**^ 
»  une  seule  couche.  Les  minerais  sont  siliceux  dans  TOuesl  de 
»  ce  bassin  et  calcariferes  dans  TEst. 

»  La  formation  ferrugineuse,  dont  les  alïleurements  forment 
»  ainsi  une  demi-ceinture  dans  le  Nord  et  à  TEst  de  Tarron- 
»  dissement  de  Briey,  plonge  vers  l'intérieur  avec  «n  pendage 
»  général  à  TOuest-Sud-Ouest  et  s'enfonce,  en  augmentant  de 
»  puissance,  à  des  profondeurs  croissantes  sous  le  Bajocien  et 
»  le  Bathonien.  Les  épaisseurs  de  terrains  superposés  appi*(>- 
»  client  de  3oo  mètres  vers  l'Ouest,  où  la  formation  pénètre 
»  dans  la  Meuse.  De  proche  en  proche,  les  sondages  ont 
»  démontré  son  extension  souterraine  sur  près  de  /\o  kiloiu. 
»  du  Nord  au  Sud  et  sur  7  à  24  kilomètres  de  l'Est  à  l'Ouest, 
»  La  superficie  totale  sous  laquelle  les  gisements  ont  été  jus- 
»  qu'ici  reconnus  exploitables  peut  être  évalué  à  54.000  hectares. 
»  J'ai   tracé  approximativement  sa   limite   à   l'Ouest  ». 

A  vrai  dire,  j'ai  été  large  dans  l'appréciation  de  ce  qui 
pouvait  être  considéré  comme,  un  jour  ou  l'autre,  exploitable. 
J'y  ai  classé  toute  région  qui  possède  au  moins  une  couche 
de  \^j^  d'épaisseur  avec  3o  pour  100  de  fer  (avec  quelque 
latitude  en  plus  ou  en  moins  suivant  les  proportions  de  chaui 
ou  de  silice).  Four  le  moment  et  en  l'état  actuel  de  l'art 
d'exploitiition  des  mines  et  des  procédés  de  la  métallurgie, 
les  régions  réellement  utilisables  ne  semblent  guère  atteindiT 
(|ue  le  chiffre,  déjà  fort  considérable,  de  4^-ooo  hectares,  et 
c'est  dans  ces  envinms,  en  effet,  que  se  tient  le  total  des 
superficies  aujourd'hui  concédées  (avec  un  reliquat  restant  à 
c(mcéder).  Néanmoins  j'ai  cru  intéi'cssant  de  maintenir  la  limite 
d'exploitabilité  telle  (jue  je  l'avais  conçue,  ne  fût-ce  qu'à  titre 
d'indication   éventuelle   pour   l'avenir. 

«  Elle  figure,  en  grand,  trois  promontoii'es  allongés  vers 
»  rOu(»st  vi  iv  Sud-Ouest.  Au  Nord,  c'est  l'ancien  bassin  de 
)»  Longwy^  où  existe  un  premier  groupe  de  concessions,  dont  une 


G.    ROLLAND  6O7 

»  grande  partie  des  minerais  a  déjà  été  extraite,  et  qui,  en  y 
»  adjoignant  quelques  concessions  récentes  au  Sud- Est,  représente 
»  10.622  hectares.  Au  centre  et  au  Sud,  c'est  le  nouveau  bassin 
»  de  Briey  (pi.  X  et  XI),  où  Ton  peut  distinguer  deux  régions. 
»  La  région  méridionale  de  Briey,  Gonilans,  Batilly,  est  dite 
»  parfois  bassin  de  VOrne  ;  elle  possède  un  second  groupe  de 
))  concessions,  accordées  à  la  suite  des  sondages  de  1882  à  1886 
»  et  comprenant  16.147  hectares;  on  y  trouve  déjà  deux  sièges 
»  d'extraction  par  puits,  à  Jœuf  (i)  et  près  d'Homécourt  (2) 
»  et  trois  autres  en  préparation  à  Auboué  (3),  Homécourt  (4)  et 
»  Moutiers  (5).  La  région  centrale  enfin,  que  j'appellerai  bassin 
»  d' entre- Moselle-et- Meuse  y  entièrement  nouvelle  et  découverte 
»  depuis  i892.  »  Celle-ci  s'étend,  d'une  part,  le  long  de  la  fron- 
tière d'Alsace- Lorraine.  d'Avril  à  Audun-le-Roman  et  au-delà,  et 
d'autre  part,  vers  TOuest-Sud-Ouest  sous  forme  d'un  promontoire 
allongé,  dont  l'axe  passe  aux  environs  de  Landres  et  qui  se 
termine  vers  Eton,  dans  la  Meuse,  par  une  sorte  de  cap  étroit. 

Le  troisième»  gp"ou()e  de  concessions  qui  viennent  d'être  insti- 
tuées dans  ce  bassin  central,  en  1899  et  1900,  offre  une  super- 
ficie de  i3.oio  hectares,  et  l'administration  des  Minés  considère 
qu'il  y  reste  encore  un  millier  d'hectares  à  concéder.  Un  sixième 
siège  d'extraction  s'y  trouve  en  préparation  à  Tucquegnieux  (()), 
et  d'autres  y  sont  d'ores  déjà  décidés  par  divers  concessionnaires. 

Quant  aux  trois  nouveaux  sièges  que  je»  citais  en  1898 
comme  en  voie  de  création  dans  le  bassin  de  l'Orne,  l(»s 
travaux   s'y   poursuivent   activement. 

Avant  peu  d'années,  les  exploitations  souterraines  du  bassin 
de  Briey  fourniront  sans  aucun  doute  des  quantités  considé- 
rables d'excellents   minerais   (h*   fer   à  l'industrie    française. 

«  Sous  le  bassin  de  Briey,  la  formation  présente  jus(|u'à  six 
))  couches  distinctes  de  minerai,  savoir,  de  haut  en  bas  :  deux 
»  couches  dites  rouges,  la  jaune,  la  grise,  la  noire  et  la  verte, 
»  Mais  habituellement  il  n  y  a  qu'une»  couche  rouge  ;  la  jaune 
»  peut  manquer,  et  souvent  la  verte  et  la  noire.  Il  ne  faut 
))  donc  compter  que  ,sur  quatre  couches  ou  mênie  trois,  d<»nt  une 
»  ou  deux  exploitables.  L«i  couche  grise»  est  la  plus  l'égulière  ; 
)>  normalement  c'est  la  plus  épaisse,   la  [)lus  riche,  la  meilh'ure 

(i)  MM.  de  Vcndel  r^l  C'«. 

(2)  Société  dft  Vezin-Aiilnoyo. 

(3)  Société  des  hauts-fourneaux  vX  fonderies  de  Pont-à-Mousson. 

(4)  Société  de  Vezin-Aulnoye. 

(5)  Société  inétallur^ique  de  (iorcy. 

(6)  Société  des  Aciéries  de  Longwy. 


668  Vlll*  CONGKÈS   GÉOLOGIQUE 

»  comme   qualité,   avec   gan^e  calcarifere  (sauf  vers  le  nord). 

»  La  puissance  totale  de  la  formation ,  y  compris  le  toit 
»  (en  sables  ou  calcaires  ferrugineux)  et  les  stériles  entre  les 
»  couches  de  mine,  varie  entre  19  à  53  mètres.  Quant  à  U 
»  couche  grise,  elle  a  i°^8o  à  9™6o  (i)  (épaisseur  uiaxima  vers 
»  Lîindres)  ;  elle  renferme  généralement  de  3o  à  4^  pour  100 
»  de  fer,  sur  2  à  4  niètres  (avec  3  à  i4  pour  100  de  chaux): 
»  on  y  rencontre  parfois  des  niveaux  plus  riches ,  mais  ce 
»  sont   des   exceptions.  » 

Sur  la  carte  jointe  à  ma  comnmnication  de  1898  à  l'Aca- 
démie  des  Sciences,  j'avais  choisi  le  mur  de  la  couche  grise 
j)our  iigurer  la  topographie  souterraine  du  gisement.  Depuis 
lors,  sur  la  carte  géologique  de  France  au  ^ôTô^*  (feuilles  de 
Metz  et  de  Longwy),  j'ai  jugé  préférable,  tout  bien  pesé,  de 
représenter  le  toit  de  la  formation  ferrugineuse  (au  dessous  des 
Marnes  micacées)  (2)  :  de  même  sur  mon  plan  en  relief  de 
l'Exposition  (échelle  du  ^^qq    P^ur  les  bases)  (a).  Mais   sur  les 

cartes  au  ^^^lû)'.  j<>îiil^î^  au  présent  mémoii-e  (pi.  X  et  \1),  j'ai 
dû  i*evenir  au  mur  de  la  couche  grise  (3).  eu  égard  à  l'étude 
(jui  va  suivre  concernant  là  genèse  des  minerais. 

A  l'inspection  de  ces  cartes  et  aussi  des  coupes  géologi- 
ques que  j'ai  dressées  (4),  on  jugera  bien  de  Tallure  de  la 
formation.  «  Non  seulement  celle-ci  est  lenticulaii-e,  mais,  loin 
»  d'être  plane,  elle  ollï'e  des  alternances  fort  intéressantes  de 
»  ploiements  synclinaux  et  anticlinaux  à  faible  courbure. 

»  De  distance  en  distance,  le  bassin  de  Briev  est  traverf^* 
»  par  d(*s  failles  importantes,  qui  se  poui'suivent  en  Lorraine 
»  annexée.  Leur  dii'ection  oscille  du  N  29°  E  au  N  52®  E... 
»  Les  failles  principales  sont  accompagnées  d'un  système 
»  parallèle  de  failles  secondaii'es  et  de  lignes  de  cassures.  Les 
»  terrains  sont  traversés,  en  outre,  par  un  second  système  de 
»  cassures  sensiblement  perpendiculaires.  Le  bassin  de  Briey 
»  se  trouve  ainsi  divisé  en  compartiments  plus  ou  moins 
»  grands  ;   certaines   parties   sont   littéralement   hachées.  » 

(1)  Chiffre  modifié  d'après  un  nouveau  sondage  près  de  Landres. 

(2)  Les  altitudes  y  sont  indiquées  au  moyen  de  courl>es  de  oiveau  éqaidts- 
tantes  de  10  mètres. 

(3»  Vu  leur  petite  éciielle,  les  courbes  de  niveau  n'y  sont  tracées  que  tous  les 
20  mètres. 

ii)  Sur  lîi  carte  jjéolo^'iqu»'  de  France  (feuille  de  L.ongwy),  on  trouvera  quatre 
irrandrs  coupes  ^^éolo^iques,  l'une  longitudinale  et  les  trois  autres  transversales, 
des  bassins  miniers  de  l'arrondisscmenl  de  Briey. 


G.    ROLLAND  669 

Je  citerai  les  failles  de  Crusnes  (  loo  mètres  de  rejet  un 
peu  au  Sud-Ouest  de  Crusnes  )  et  de  Bonvillers  (  75  mètres 
de  rejet  un  peu  au  Sud-Ouest  de  Mont  ),  la  faille  d'Audun- 
le-Roman,  la  faille  d'Avril  (60  mètres  de  rejet  un  peu  au 
Sud-Ouest  d'Avril),  la  faille  de  TOrne,  etc.  Comme  pour  tout 
ce  qui  concerne  cette  topographie  souterraine,  on  général,  les 
failles  ne  sont  représentées  sur  mes  cartes  que  dans  la  partie 
française.  Ainsi  on  n'y  voit  pas  la  faille  de  Fontoy,  en  Alsace- 
Lorraine  ;  d'ailleurs  celle-ci  «  meurt  à  la  fnmtière ,  mais 
»  sur  son  prolongement,  on  remanjiie  un  fond  de  bateau, 
»  passant  par  Tucquegnieux.  » 

«  Les  sondages  ont  rencontré  Teau  à  des  profondeurs  très 
»  variables  sous  la  surface  (o™6o  à  70  mètres).  Le  plus  sou- 
»  vent  son  niveau  est  resté  stationnaire.  Parfois  il  a  baissé. 
»  Plus  souvent  il  a  monté,  par  suite  de  la  rencontre  de  nappes 
»  ascendantes  (principalement  dans  la  formation).  A  signaler 
»  enfm  huit  sondages  et  un  puits  jaillissants,  situés  soit  vers 
»  l'aval  pendage  de  la  formation,    soit  à  proximité  de  failles.  » 

«  La  question  de  Tépuisement  des  eaux  ne  laisse  pas  que  do 
»  préoccuper  vivement  pour  les  futures  exploitations  du  bassin 
»  de  Briey.  Règle  générale,  le  giseuient  ferrugineux  est  plus  ou 
»  moins  aquifère.  Toutefois,  quand  on  poui'ra  choisir  dos  massifs 
))  de  terrain  non  disloqués,  on  aura  chance  de  ne  rencontn^r  que 
»  peu  d'eau  dans  les  travaux  ;  mais  des  mesures  devront  être 
»  prises  pour  faire  face  à  des  venues  d'eau  brusques  et  abon- 
»  dan  tes,  toujours  à  craindre  dans  des  terrains  aussi  fissurés  ». 

11.     —    iMoDE     DE     FORMATION 

Je  voudrais  maintenant,  sur  le  conseil  de  géologues  émi- 
nents,  MM.  Marcel  Bertrand,  de  Lapparent,  Munier-Chalmas, 
mettre  à  profit  les  éléments  exceptionnellement  nombreux 
d'appréciation  que  l'on  possède  au  sujet  des  régions  considérées, 
pour  voir  quelles  conclusions  l'on  peut  en  tirer  l'elativement 
au  mode  de  formation  de  ces  gisements  de  minerais  de  fer 
oolithiques   de  Lorraine   et  des  minerais   analogues. 

M.  F.  Villain,  ai-je  dit,  a  cherché  à  l'expliquer  par  la 
théorie  des  failles  nourricières.  Prenant  comme  exemple  la 
couche  grise,  il  admet  qu'au  moment  de  son  dépôt,  lo 
relief  du  fond  de  la  mer  liasique  aflectait  dt^à  une  confi- 
guration se  rapprochant  sensiblement  de  celle  que  nous 
trouvons  actuellement  au  mur  de  cette  couche.  Il  suppose 
que  des  sources  ferrugineuses,   où  le  fer  était   surtout  à  l'état 


670  Vlll'   CONGRÈS   GÉOLOGIQUE 

de  carbonate,  débouchaient  dans  le  fond  de  la  mer  en  cer- 
tains points  des  failles  (|ui  sillonnent  la  contrée  (le  carbonate 
de  fer  se  décomposant  ensuite  en  oxyde,  etc.).  D'où  formation 
de  dépôts  fei'rugineux,  d'allure  lenticulaire,  sinon  au  voisinage 
immédiat  des  sources,  du  moins  sur  les  parties  déclives  ou 
situées  en  contre-bas  des  points  d'émission  (avec  enrichisse- 
ment au  bas  des  pentes  rapides  et  appauvrissement  vei-s  les 
points  relativement  surélevés). 

Au  pi'cmier  abord,  cette  théorie  peut  paraître  séduisante  ; 
mais  elle  ne  cadre  guère  avec  les  idées  l'égnantes  en  géologie, 
où  le  mode  de  formation  geysérienne  est  peu  en  faveur  pour 
de  semblables  gisements  ferrugineux,  surtout  depuis  les  obser- 
vations de  M.  Munier-Chalmas  sur  les  bords  du  plateaa 
central.  D'une  manière  générale,  les  minerais  de  fer  oolit biques 
sont  considérés  comme  sédimentaires  et  contemporains  des 
couches  qui  les  renferment,  comme  des  formations  littorales 
dont  les  divers  matériaux  étaient  apportés  par  des  eaux 
continentales  dans  des  estuaii*es  maritimes  ;  leurs  oolilhes 
ferrugineuses  ont  dû  être  formées  (à  la  manière  des  oolitlies 
calcaires)  par  la  précipitation  du  carbonate  de  fer  se  trouvant 
en  dissolution  dans  les  eaux  marines  ;  les  sels  qui  leur  ont 
donné  naissance  provenaient  de  continents  voisins  et  résultaient 
soit  de  la  décomposition  de  pyrites  de  fer.  soit  de  la  décal- 
cification   de   calcaires   feri'ugineux. 

11  est  invraisendjlable  que  la  topographie  actuelle  de  ces 
couches  souterraines  représente  les  reliefs  du  fond  de  la  mer 
contemporaine  de  leur  dépôt  ;  elles  doivent  plutôt  séli-e 
déposées  horizontalement  ou  à  peu  près,  leui's  variations 
d'épaisseurs  s'expliquant  par  des  allaissements  locaux,  par 
des  mouvements  de  descente  plus  ra])idc  en  eertains  point> 
du  bassin,  ainsi  que  M.  Munier-Chalmas  l'a  montré  pour  le 
bassin  de  Paris  (i)  Les  plissements  synclinaux  et  anticlinaux  à 
faible  courbure  que  présente  actuellement  l'ensemble  de  la  forma- 
tion, sont  dus  à  des  modifications  d'équilibre  bien  postérieuns 
(à  des  pressions  dont  les  failles  ont  pu  être  les  coroUaii'es),  Les 
failles  qui  afiectent  ces  couches  de  minerais  du  Lias  supérieur 
de  Lorraine,  en  même  temps  que  le  Bajocien  et  le  Bathonien 
superposés,  sont  d'âge  sans  doute  tertiaire  et  en  tout  cas  post- 
jurassique. Elles  peuvent  avoir  joué  à  des  époques  successives. 

(I)  Sur  les  plissements  du  pays  de  Bray  {Comptes  rendus  de  rAcadcmte  des 
Sciences,  t.  CXXX.  p.  9j5). 


G.    ROLLAND  G^î 

mais  jamais  Ton  n*a  démoniré  strutigraphiquement  leur  préexis- 
tence  par  rapport  à  la  formation  des  minerais  (i). 

A  Tappui  de  sa  tlièse  cependant,  M.  Villain  donne  une 
série  d'arguments  basés  sur  la  répartition  d(»s  minerais.  Cer- 
tains exemples  cités  par  lui  semblent  a  priori  lui  donner  rai- 
son ;  mais  sa  démonstration  est  loin  d'être  générale,  et  Ton 
peut  lui  objecter  qu'il  fait  un  choix  quel([ue  peu  arbitraire 
entre  les  failles  qui  auraient  été  nourricières  ou  non. 

De  mon  côté,  je  me  suis  proposé,  suivant  l'avis  de  M.  Marcel 
Bertrand,  d'étudier  méthodiquement,  sans  hypothèse  préalalile, 
le  mode  de  distribution  des  minerais  de  fer  en  -question,  afin 
de  voir  s'il  s'en  dégage  vraiment  un  send)lant  de  loi.  A  cet 
elfel,  j'ai  considéré  spécialement  aussi  une  phase  déterminée,  la 
pnncipale,  dans  la  formation  de  TOolithe  feri'ugineuse  de 
Lorraine,  savoir  celle  qui  correspond  au  dépôt  de  la  couche 
grise.  Avec  les  renseignements  que  M.  Villain  lui-mùme  a  eu 
l'obligeance  de  me  communiquer,  j'ai  tenu  compte,  à  chaque 
sondage,  de  son  épaisseur  et  de  sa  ten(»ur  moyenne  en  fer,  et 
j'ai  pu  tracer  les  courbes  approximatives  d'égales  épaisseurs, 
d'égales  teneurs  et  d'égales  richesses  (en  entendant  par  richesse 
la  quantité  totale  de  fer  par  mètre  carré  sur  toute  l'épaisseur 
de  la  couche);  puis  j'ai  appliqué  successivement  ces  trois 
genres  de  courbes  sur  la  carte  où  figuraient  déjà  les  courbes 
d'altitudes  du  mur  de  la  couche,  ainsi  que  les  failles. 

J'ai  l'honneur  de  soumettre  en  réduction  au  (iOngrès  gi'olo- 
gique  international  deux  de  ces  cartes  comparatives  (pi.  X  et 
XI)  (i).  Or,  en  les  examinant,  on  n'aperçoit  nullement  que  ni 
ré[)aisseur,  ni  la  répai'tition  du  fer  olfrent  aucune  relation 
générale,  régulière,  ni  avec  la  topograpliie  souterraine,  ni 
avec  l'emplacement  des  faiUes. 

Ainsi,  par  exemple,  considérons  le  bassin  central  d'entre- 
Moselle-et-Meuse.  On  y  observe  bien,  entre  les  failles  d'Avril 
et  d'Audun-le-Roman,  une  augmentation  graduelh'  d'épaisseur 
et  de  richesse  qui  coïncide  avec  un  thalweg  souterr;ûn,  sur  le 
prolongement  de  la  faille  de  Fontoy.  Par  contre,  rien  de 
semblable  ne  se  constate  à  l'Ouest,  dans  la  région  des  plus 
grandes  épaisseurs  et  des  plus  fortes  teneurs  (épaisseur 
maxima,    9™6o,    à   Landres  ;    teneur   maxima,  4^  "/^,   à  Joudre- 

(i)  D'ailleurs,  m^me  si  elles   avalent   préexisté,    les   grandes    épaisseurs   de 
marnes  sous-jacentes   (Marnes  k  Pttsidonies,   Marnes  irisées)    n'eussent   «uére 
offert  des  conditions  favorables  pour  l'émission   et  la  circulation  d'importantes 
quantités  d'eaux  geysériennes. 


(^72  VIU*   CONGRÈS   GÉOLOGIQUK 

ville)  ;  on  y  voit  les  zones  de  plus  grande  épaisseur  chevaucher 
sur  un  pli  anticlinal  des  couches  ;  pourquoi  et  comnieut  les 
dépôts  ferrugineux  de  cette  remarquable  rég-ion  auraient-ils 
été  alimentés  par  la  faille  soit  disant  «  nourricière  »  de 
Bonvillers  ?  on  ne  s'en  rend  pas  compte.  A  cette  région  riche 
on  peut  opi)oser  la  région  pauvre  située  au  Nord-Est,  que  tra- 
vci*se  cependant  la  faille  encore  plus  importante   de    la  Crusne. 

Mais  les  cartes  comparatives  dont  il  s*agit  sont  assez  par- 
lantes aux  yeux  pour  qu'il  semble  inutile  d'entrer  dans  une  criti- 
que détaillée  à  leur  sujet,  et  il  est  évident  qu'aucune  loi,  iiiéine 
apparente,  ne  s  Vu  dégage.  Elles  n'en  sont  pas  moins  instructive^. 

Les  variations  d'épaisseur  montrent  que,  pendant  le  dépôt 
des  minerais,  il  s'est  formé  de  petites  cuvettes  synclinales 
aux  endroits  où  la  descente  du  bassin  était  pins  rapide,  et 
résulte  de  la  superposition  des  couches  que  la  topographie 
ancienne  était  complètement  différente  de  la  topographie 
actuelle.  D'autre  part,  les  zones  de  plus  grandes  richesses 
semblent,  règle  générale,  indépendantes  des  failles.  A  mon 
sens,  les  failles  recoupent,  sauf  exception,  d'une  manière  quel- 
conque les  gisements  ferrugineux  (soit  dit  sans  contester  que 
certaines  puissent  se  placer  en  bordure  de  bassins  locaux  de 
plus  grande  épaisseur,  abaissés  par  rapport  aux  régions  laté- 
rales). Je  crois  également  qu'en  principe,  et  sauf  preuve  du 
contraire,  les  couches  de  mincirais  de  la  foruiation,  quand 
elles  sont  recoupées  par  une  faille  avec  dénivellation,  se 
correspondent  sur  les  deux  lèvres  de  la  cassure  (sauf  phéno- 
mènes d'enrichissement  du  côté  abaissé,  sous  l'induence  de  la 
circulation  des  eaux  souterraines  drainées  par  celte  faille). 

Que  si  l'on  compare  Ifes  ctmrbes  d'épaisseur  et  de  teneur  en 
fer,  on  trouve  souvent  entre  elles  une  concordance  grossière, 
permettant  de  dire  alors  que  l'épaisseur  et  la  teneur  varient 
dans  le  ùiême  sens  d'une  région  à  l'autre.  Mais  ailleurs  on 
observe  l'inverse,  et  il  n'y  a  plus  de  relation  quand  on  entre 
dans  les  détails;  en  eflet,  les  oolithes  ferrugineuses  ayant  dû  être 
distribuées  par  des  courants  marins,  on  compi'end  que  de  légères 
variations  dans  l'intensité  de  ceux-ci  aient  amené  par  places 
une  plus  grande  quantité  de   matières  stériles   ou  inversement. 

Ma  conclusion  générale  est  que  ces  minerais  de  fer  oolithi- 
c[ues  sont  bien  de  nature  sédimentaire  et  d'origine  continentale. 

(1)  Lies  courbes  d'épaisseur  y  sont  tracées  de  mètre  eo  mètre. 

Les  courbes  de  richesse  indiquent  les  tonnes  de  fer  par  mètre  carré. 


>AUG  141920 


PLANCHES 


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vin*  Session      1900 


CARTE 

des  gisements  néofiènes 
^  du         ^ 

XORD-OIKST  DE  LA  FRANCE 

par 
frustîive   F.DOLLFUS 

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PLANCHE    V 


(irévièrt'  du  Petit  Créteil.  près  du  confluent  de  la  Marne  et  de  la  Seine. 
d*après  une  photogra|>hie  de  M.  Aug.  DoUot. 

Les  lettres  nfrectées  aux  formntioiis  lenticulaires  superposées,  à  limites 
onduleuses,  (fiii  constituent  ce  dépôt,  correspondent  à  celles  qui  sont  indî- 
qnées  sur  les  lif^urcs  théoriques  i  à  13  (p.  (nv^-€tii).  (.)ii  peut  juger,  par  ce 
moyen,  de  la  correspondance  rcninrquahle  rênlisée  entre  les  accidents  natu- 
rels, observés  au  Petit  Créteil,  et  les  vicissitudes  profrressives  représentées 
dans  les  li)(ures  sehéinu tiques,  construites  par  Tauteur. 


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CARTE  GEOLOGIQUE 


an  1  :  XOtlOO 


DU    SUD-OUEST    DU 


DKPARTKMKNT    DES    ALPES-MARmMKS 

pur 
M.    Adrien    OU&BHABD 


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An  Ebouli»  des  pentes. 

A»  Brèche  récente. 

a-  Allavions  modernes. 

6   Tuf. 

P^  Brèche  pliocène. 

P'  Foudingrue  du  Var. 

Pi  Fanchina  sableuse  de  Riot. 

Pi  Argile  de  La  Colle . 

m^  Conglomérat  impressionné. 

Argile  ligniteuse. 
À    Lal)radorite. 
m->  Marne  sableuse  de  Vence. 
m-  Calcaire    blanc    oolithique    à 
Pecten  restUutengis. 

Mollasse  à  P.  pf^pscabriujic, 

Congl.  hrécholdeà  P.  Tonrncdi. 
6  '  Calcaire  argilo-gréscux  à  peti- 
tes numm . ,  Hotu  L  spir. .  Orbit . 
aella,  Echinanthus  scuteHa. 

Marne  de  Castéou  d'Infer, 
e-  Grès  k  S  uni.  perforaia, 
eiii  Calcaire  et  silex  à  Joaci*. 

Sable  et  argile  bigarrés. 

Foudingue  supra-crétacé. 
c''-K'alc.  siliceux  à  O.  columba  rnaj. 

Cale,    argileux    a  ().  roUntiba 
minor  et  Orbitolina  concava. 

Marnes  à    piicatules    et   cale, 
glaiioonieux  rubigineux. 


CdHv  Gault  sableux. 

Calcaires  argileux  bar 
et  hauteriviens. 
js^  Calcaire  à  Nérinées. 

Cale,  blanc  récifal  A  AA. 

J"'  Calcaire  à  silex  virgnlii 

ji-3  Calcaire  gris  luameox 

insif^niH,  RK  irilobai 

Calcaire  à  Perùphina 

fasciculariê,  licior^  ei 

J-  Oxfordien    calcaire,    a 

dolomi tique,  glauconi 

à  silex. 

Ji   Callovien  calcaire  ou  i 

tique  en  plaquettes. 

Ji   Doloraie  tabulaire  minil 

Jii  Calcaire  ocreux  à  Rh.  dà 

Jiii  Calcaire  argileux  A  biva 

Jiv  Oolithe  bajocienne. 

Calcaire  ou  dolomic  A  ■ 

Jj"^  Dolomitisation     généra 

Jurassique  en  hauteui 

1  ^  Dolomic  à  délit  priamal 

il    Argile  et  calcaire  lama/ 

A  K'icula  coîi  toria . 
t"  -  Car  gueules  et  marnes  ba 
t- 1  Dolomic   blanche    à    f 
Marnes  vertes.  Lignite, 
ti    Mu.sclielkalk. 


Léwii(l(\ 

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p;  p'        1 J" 

Plincrnr  nup!'              'nUiiiiiiqur. 

Astirii-                 Kiiii^rHuiTi. 

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IMvrlii^..                   r^]|.,%-irll. 

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PLANCHE    VII 


Kig.  I.  '-  Furliuu  d'une  rtiche  sphérulilliique  dc6  ThéloU,  près  Autun, 
représentant  une  moelle  silicillée  dWrthropitaê  ;  on  distingue  le  réseau  poly- 
gonal hf  formé  par  les  membranes  primaires  des  cellules  et  les  zooglées 
microbiennes  sphériques  incluses,  a,  —  Gross.  :  200  diamètres. 

Pig.  2.  —  Colonie  <lc  Bacillus  ozodeuê,  o,  itarfaitenient  caractérisée  prisr 
à  la  surface  d*un  sporange  de  Fougère,  Pn-opetris  tisterotheca^  du  terrain 
bouiller  de  Orand*Croix,  —  (îross.:  300  diamètres. 

Fig.  3.  ^  Colonie  de  Bacillus  Gramma  prise  à  Tintérieur  d*un  sporange 
de  Pecopteria  euneura.  Les  spores  6,  ornées  de  piquants,  se  voient  très 
nettement,  elles  sont  entourées  (fun  grand  nombre  de  Bacilles  a,  réunis  en 
forme  de  v,  de  z,  d*u,  etc..  —  Gross.  :  300  diamètres. 

Fig.  4.  —  Coupe  faite  dans  un  magma  silieilié  de  Grand'Croix,  représen- 
tant une  portion  de  tourbe  houillère  en  a,  un  sporange  de  Pecopteris  oêtit' 
roiheca  ouvert;  en  ft,  un  macrosporange  de  Sphenophyllam ;  en  e,  des 
maerosi>ores,  et  divers  débris  n'ayant  consené  aucune  structure.  —  Grois. : 
25  diamètres. 

Fig.  5.  —  Portion  de  miorosporange  de  Sphennphjrllarn  vue  sous  le  même 
grossissement,  S(K)diam.;  en  /i,sont  des  amas  de  microspores,  elle  ne  mesurent 
que  87  ù  30  !x  de  diamètre,  les  umcrospores  «(ui  n'ont  pas  encore  atteint  leur 
grosseur  finale  mesurent  de  60  àSO;!,  plusieurs  de  ces  microspores  paraissent 
pluricellulaires,  comme  la  plupart  des  microspores  anciennes,  b,  cellules 
formant  la  paroi  du  ndcrosporange. 

Fig.  6.  —  Figure  plus  grossie  (200  dia m.),  représentant  des  niacrosporesde 
Sphenophylliimy  quelques-unes  montrent  leurs  trois  ligues  de  déhiscence, 
leur  enveloppe  est  munie  d'un  réseau  réticulé  très  net  a,  quand  on  Texamine 
avec  un  grossissement  suffisant,  ces  macrospores  sorties  d'nn  jeune  spo- 
range écrasé,  n'ont  pas  leur  grosseur  définitive. 


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PLANCHE    VIII 


Fig.  ].  —  Pila  bibraclenniB.  a,  .\Jgues  coastituant  le  boghead  d'Antan. 
Le»  cellules  sont  profondément  altérées,  la  conpe  passe  par  le  milieu  d*ui 
thalle,  on  voit  des  traînées  de  Mirrocoques  au  milieu  de  la  pulpe  provenant 
de  la  destruction  du  tissu  h,  c,  —  Gross.  :  GOD  diam.  Echamps,  près  Aatnn. 

Fig.  2.  —  Pila  bibractensis  de  la  même  localité.  La  désorganisation  est 
encore  plus  complète,  les  Bactériacées,  Micrococcas  petrolei,  sont  réunies 
en  colonie  au  lieu  d*occui>er  les  parois  communes,  comme  cela  arrive  fré- 
quemment. —  Gross.  :  600  diamètres. 

Pig.  3.  —  Thylax  britannicuM.  Algues  composant  le  boghead  *«gl«i< 
Armadale.  Autour  des  thalles  a,  représentant  Tétat  adulte,  s'en  trouvent 
d*autres  l>eaucoup  plus  petits  composés  de  quatre,  huiU...  cellules,  d'abord 
pleins,  mais  qui  en  grosisssant  se  creusent  d'une  cavité  communiquant  avec 
l'extérieur.  —  Gross.  :  250  diamètres. 

Fig.  4.  —  Cladiscothallaë  Keppeni  constituant,  a^ec  le  Pila  KarpinMkyi 
les  cannels  ligiiitoltes  du  culm  de  Kourakino  (Gonvememcnt  deToula)bLE 
thalle  a  n'est  pus  globuleux  mais  formé  ifune  série  de  branches  dicholoiBCS 
avec  un  grossissement  <lr  650  diam.,  on  distingue  de  nombreux  Bficroeoqnes 
répartis  dans  les  restes  <les  parois  des  cellules,  les  Pilas  6,  qui  les  aeoooH 
pagnent  sont  également  occupés  par  de  nombreux  Microcoques.  —  Gross.  : 
140  diamètres. 

Fig.  5.  —  Pila  Kpritackiana,  Algues  du  boghead  de  Beaver  Dam  de  l'Ohio 
(Kentucky).  Ces  Algues,  plus  ]>etites  que  le  Pila  bibractensiB,  Aoui  peuplées  de 
Microcoques,  elles  se  trouvent  quelquefois  associées  à  des  fragments  d'Algues? 
a,  hf  contenant  des  S|>ores.  —  Gross.  :  180  diamètres. 

Fig.  ().  ~  Section  verticale  faite  dans  un  fragment  de  houille  d'un  galet 
de  Gommentry  ;  de  nombreux  microcoques.  Microccocu»  CarbOp  occupent  les 
bandes  stratiliées,  a,  6,  qui  se  sont  contournées  sous  des  pressions  latéruki. 
—  Gros».  :  650  diamètres. 


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Ses*     1900 


BACTEKIACEES   PU  BOGMEAD  E  T  DU  CA  NNE.U  -  COK^. 


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PLANCHE    IX 


Fig.  i.  —  Coupe  transversale  de  houille  de  Pirmy,I>ecase ville  ;  les  débris 
végétaux  constituant  cette  houille  sont  désorganisés  et  forment  des  «lisni 
irrégulières,  certaines  de  ces  masses  plus  transparentes  contieniieiil  des 
microcoques  a  ou  des  bacilles  b.  —  Gross.  :  600  diamètres. 

Kig.  2.  >-  Coupe  longitudinale  faite  dans  un  bois  honillîfiéf  on  diitingf 
quelques  parois  des  vaisseaux  mal  conser\'ées,  en  c,  se  voit  un  thalle  de 
Champignon  qui  a  émis  un  mycélium  dont  quelques  branches  portent  des 
conidies,  b,  nous  Vavons  désigné  sous  le  nom  de  HjrphomjneeteB  êlephanÊtiMiM. 
En  df  on  découvre  une  autre  variété  de  conidies  disposées  en  ehapelet.  — 
Gross.  :  180  diamètres. 

Fig.  3.  —  Section  faite  dans  un  bois  houillifié  &Arthropitu»  nu^or  de 
Commentry,  en  a  la  coupe  passe  par  une  paroi  commune  de  deux  vaisseaux 
contigus,  on  y  remarque  de  nombreux  Biicroeoques  ;  en  b,  des  bandes  noires 
résultant  de  la  houilliûcation  des  épaississements  des  vaisseaux.  Quand  on 
par\'ient  à  rendre  ces  bandes  transparentes»  on  y  distingue  des  Bfieroeoqoes. 
—  Gross.  :  650  diamètres. 

Fig.  4.  —  Section  faite  dans  un  bois  houillifié  d^ArthropitoM  bUtritUm^  en 
voit  plusieurs  colonies  importantes  de  Mierococcaê  Carbo  ;  les  Baeilles 
eu  petit  nombre.  —  Gross.  :  650  diam.  a,  Microcoques  ;  b,  membrane 
mune  ;  c,  cylindre  de  houille. 

Fig.  5.  —  Coupe  faite  dans  un  caillou  de  houille,  passant,  dans  nn  bois 
houillifié,  par  quelques  membranes  communes  de  vaisseaux  et  montrant 
un  nombre  considérable  de  Micrococcus  Carbo.  Les  Microcoques  incolores 
sont  entourés  par  la  matière  brune  de  la  houille.  —  Gross.  :  650  diam.  a, 
Microcoques  ;  6,  restes  de  membranes  communes. 

Fig.  6.  —  Coupe  tangentielle  faite  dans  un  bois  d^Arthropitus  bUiriata  de 
Saint-Ëtieiine  ;  contre  les  parois  incolores  des  membranes  conununes  on 
distingue  en  a,  b,  des  Microcoques  ;  en  b,  et  en  c  des  Bacilles;  en  e,  d,  des 
vucuol<*s  n'iiferniant  des  }faz.  —  Gross.  :  <mO  diamètn^s. 


COITGRES   UEOI.OGIVUË  inTEBilATIONAL 
/111?  Se*t .    1900  Planche  IX 


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