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ACADÉMIE
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INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
ANNÉE 1874
QUATRIEME SERIE
TOME II
ACADEMIE
D E S
INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES
COMPTES RENIM S
DES
SÉANCES DE L'ANNE K 1 S 7 'i
QUATRIEME SÉRIE
TOME II
PARIS
IMPRIMERIE NATIONALE
M DCCC LXXV
IH-
COMPTES RENDI S DES SE VNCES
DE
L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1874.
COMPTES RENDIS DES SEANCES.
.I\NYIER-FKYR1ER-M\RS.
PRÉSIDENCE DE M. Jol'RDAI V.
SÉANCE Dl VENDREDI :> JANVIER.
L'ordre du jour appelle la nomination du président el du vice-
présidenl pour l'année i 87/t.
M.Jourdain, viCe--président, csl élu président
M. Mm i:v csl élu vice-président.
M. Jourdain, en prenant possession du r fauteuil, remercie
l'Académie de l'honneur qu'elle vienl de lui faire, honneur qu'il
veut rapporter tout entier à la bienveillance de la Compagnie,
tr L'Académie, continue-t-il , est désormais plus que jamais l'asile
des fortes études. C'esl vers elle que tournent les yeux ceux qui,
au milieu des préoccupations du temps présent, ne laissent pas
que d'attacher une grande importance aux questions littéraires.
Se dévouer au\ intérêts de l'Académie, c'est donc se dévouer à la
science. Cette pensée ajoute encore au prix de ses suffrages cl ;i
la responsabilité de celui qui les obtient. Pour mieux répondre
aux vues de l'Académie, il s'inspirera des sentiments qui la di-
11. 1
rigent. Il suivra la trace de ses devanciers; il se proposera surtoul
l'exemple du Président respecté, auprès duquel il a siégé pendant
un an au bureau, et qui a montré un zèle si éclairé, une fermeté
-i impartiale dans la direction de nos séances el <l<'s travaux de
nos commissions. Il croit se faire l'interprète de tous en lui volant
des remercîments au nom de l'Académie, n
M. HàURÉAD, Président sortant, exprime à son tour ses remer-
cîments à l'Académie pour l'honneur qu'elle lui fait encore au
moment où il quitte les fonctions dont elle avait bien voulu le
charger.
M. le Ministre de l'instruction publique, par une lettre en date
du 3o décembre 1873, demande que la Commission de l'École
(I Athènes veuille bien examiner s'il n'\ a pas lieu de modifier
l'article 3 du règlement du o, février 1859, qui n'autorise l'admis-
sion à cette École que des agrégés des classes supérieures ou des
docteurs es lettres.
Par une autre lettre. M. le Ministre de l'instruction publique
prie le Secrétaire perpétuel de vouloir bien inviter l'Académie à
s'occuper, dans lune de ses plus prochaines séances, de la dési-
gnation de <\cu\ candidats pour la chaire des langues et littéra-
tures d'origine germanique, vacante au Collège de France, par
suite du décès de M. IMiilarète Chasles.
M. le Ministre adresse en même temps la liste des présenta
tiuus du Collège de France, liste dont il est donné lecture à l'Aca
demie.
I. académie ajourne la mise à l'ordre du jour des présentations
qu'elle esl appelée à faire jusqu'à ce qu'elle ait reçu, selon l'an-
nonce qu'en lait M. le Ministre à l'Académie, le rapport du Col-
lège de France contenant l'exposé et l'appréciation des travaux
des candidats.
M. Tardieu écrit ;'i I académie pour résigner entre ses mains
le. fonctions de rédacteur de- comptes rendus de ses séances qu'il
remplissait depuis neuf ans. Il exprime sa profonde gratitude
pour toutes les marques de confiance et de bienveillance qu'à
l'occasion de ces mêmes fonctions elle n'a cessé de lui donner.
M. le Si'iu'r\n:i iici'i'mm écrira à M. Tardieu pour le renier-
— 3 —
cicr. au nom d»> 1 académie . du zèle qu'il ;i montré dans I accom •
plissemenl de celle tâche.
On procède au renouvellement des Commissions annuelles. Ces
Commissions, à la suite des scrutins successivement ouverts,
sonl ainsi composées :
Commission des travaux littéraires : MM. Naudet, Guigniaut,
Rfohl, Laboulaye, Egger, de Longpérier, Régnier, Hauréau.
Commission des antiquités nationales : MM. de Wailly, de
Saulcv, de Longpérier, Renier, Delisle, de Lasteyrie, Hauréau,
Desnovers.
J
Commission de l'École d'Athènes : MM. Brunet de Presle, Ros-
signol. Egger, Waddiugton, Tburot.
Commission administrative de l'Académie, avec délégation à la
Commission centrale de l'Institut : MM. Mohl, Brunet de Presle.
Le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie les mémoires cl
ouvrages envoyés pour les différents concours.
Ces ouvrages sont :
l'niir le prix du Budget : un mémoire sur les dialectes du Lan-
guedoc au moyen âge, portant pour épigraphe : Ane fer ni j'ust,c\c.
Pour le prix Bordin : un mémoire sur les vies des saints et les
collections de miracles pouvant fournir des documents sur l'histoire de
la (îaule sous les Mérovingiens , avec cette épigraphe : Partout où l'on
interrogera les monuments du passé, etc.
Pour le prix Brunet : deux mémoires, l'un sur la bibliographie
générale de la Gaule, par M. Ruelle; l'autre sur la bibliographie
méthodique et raisonnée des beaux-arts, par M. \inel.
Pour le même concours il a été adressé deux ouvrages et trois
mémoires sur la bibliographie savante de l'Orient.
Ces ouvrages ont, soit pour titres, soit pour épigraphes :
\ 1. Qui scit ubi sit scientia . hahenti est proximus (manuscrit).
N° a. Descripûones terra' sanctœ octo ex sœcuîo vin, \x, m ci
xv. Bibliographia geographica Paîestinœ. Bibliographia geographica
Palestine, ul> anno cet xxxui usque ml annum i/.. par M. Tilus
Tobler.
\ 3. Essai bibliographique sur lu Terre sainte, par M. Edouard
Cal ( manuscrit).
\ 'i . Bibliographie descriptive de la Terre sainte. Epigraphe:
Patience et longueur de temps (manuscrit).
Y .">. Manuscrits du fonds syriaque : ancien fonds, supplément
el fonds divers.
Pour le concours des Antiquités nationales, outre les ouvrages
envoyés dans le cours de l'année dernière, I académie a reçu :
Histoire du prieuré de la Magdeleine lez-Orléans, de Tordre de Fon
tevraud, par M. Ludovic de Vauzelles.
Histoire de X ancien évêchc-comté de Lisieux, par M. de Forme-
ville. (2 vol.)
Le Patriciat dans la cité de Metz, par M. Prost.
La Normandie à X étranger. — Documents inédits relatifs à Thistoire
de Vormandie, par M. de La Perrière.
Histoire desvicomtes et de lu vicomte de Limoges, par M. Marvaud.
| •» vol.)
Histoire de Foulques Serra, comte d \njou, par M. Alexandre de
Salies.
Inscriptions antiques de Vienne en Dauphiné, par M. .Minier.
1 a vol. avec planches.)
('.uli.it, II. Étude sur 1rs actes île ce y'/"', par M. I lysse Robert.
Ij 'l'uni ri ses tombeaux, par M. Garaven-Cachin. (2 vol.)
Sumismatique des corporations parisiennes d'après 1rs plombs histo-
riés, par M. Arthur Forgeais.
Dictionnaire historique, géographique ri biographique de Uuiur-ri-
Loire, par M. Célestin Port.
I.i théâtre de Vesonlio ri I, square archéologique de Besançon, par
M. \nj;. Castan.
'lographie du diocèse de <iuj>. par M. Joseph Roman.
/ // chapitre de X histoire de lu Guyenne pendant lu domination an
par M. Brissaud ( manuscril |.
-i \\i i: i)i VENDREDI g 1 \n\ 1ER.
Il est donné lecture de deux lettres par lesquelles MM. Bosserl
»>l Schœbel se portent pour candidats à la chaire de langues et
littératures d'origine germanique vacante au Collège de France
par suite du décès de M. Philarète Chasles.
Le rapport à l'appui des présentations du Collège de France,
annoncé par M. le Ministre dans une précédente lettre, n étant
pas encore parvenu à l'Institut, l'Académie ne peut mettre à
l'ordre du jour de vendredi prochain la désignation de deux can-
didats pour cette chaire.
M. di Waillï donne sa démission de membre de la Commis-
sion des Antiquités nationales, sa santé ne lui permettant pas de
remplir ces fonctions.
M. Dii'.iv. rapporteur de la Commission du prix Gobert, in-
forme l'Académie que deux ouvrages ont été adressés pour le
concours de 1876; le premier a pour titre: Ckambre des Comptes
de Paris. Pièces justificatives pour servir à l'histoire des premiers pré-
sidents | 1506-1791), par M. Boislisle; le second est intitulé : Les
Ecorcheurs sous Charles I //. Episodes de V histoire militaire de la
France au xv* siècle, par M. A. Tuetey.
M. I)iiru\ rappelle que les ouvrages en possession du prix el
auxquels les derniers devront être comparés sont, pour le pre-
mier prix: Abraham Duquesne, par M. Jal; pour le second prix :
Traités de paix et de commerce, etc. par M. de Mas-Latrie.
Il est procédé au scrutin pour la nomination des diverses Com-
missions de prix. Elles sont ainsi composées :
Prix ordinaire (Dialectes de la langue d'oc) : MM. I*. Paris,
de Wailly, Guessard, Thnrot.
Prix de numismatique : MM. de Saulcy, de Longpérier, Robert,
de la Saussave.
Piu\ Bordin (Vies <\c-* saiiiis de l'époque mérovingienne):
MM. Delisle, Hauréau, deRozièrc. Deloche.
Paix Bbunet (Bibliographie grecque, italique, celtique)
MM. L. Renier, Ravaisson, de Longpérier, Girard.
Prix Brunet (Bibliographie relative à l'Orient) : MM. de
Saulcy, Defrémery, Renan, Pavel de Courteille.
M. Th. H. Martin commence la seconde lecture de son Mémoire
sur la Prométhéide d'Eschyle.
M. Renan communique à l'Académie une Noie envoyée par
M. le général Faidherbe sur une inscription UbyqueK
SÉANCE Dl VENDREDr 1 6* JANVIER.
Il est donné lecture d'une lettre par laquelle M. le Ministre de
l'instruction publique adresse à l'Académie le rapport, certifié
par le Conseil d'administration du Collège de France, contenant
l'exposé et l'appréciation des travaux de MM. Bossertel Guillaume
Guizot, présentés comme premier et second candidat par l'as-
semblée des professeurs pour la chaire de langues et littératures
d'origine germanique.
\piès cette lecture, il est décidé que l'examen des litres et la
présentation, par l'Académie, de candidats à ladite chaire seront
mis à l'ordre du jour de la prochaine séance
M. Hanoteau, récemment élu correspondant, écrit à l'Acadér
mie pour la remercier de sa Domination.
M. de Sainte-Marie, par une lettre datée de Tunis, offre à
l'Académie de lui adresser cenl fac-similé environ <!<• dessins gra-
vés sur des tombeaux antiques de l'Herzégovine, tombeaux qu'il
attribue aux anciens Slaves, ('.cite lettre est renvoyée à M. de
Lasleyrie.
Sur la proposition (le M. le Président de la Commission de
l'École d'Athènes, l'Académie décide que MM. Ravaisson, de Long-
périer et L. Renier, qui ont pris part à la rédaction du pro-
gramme du cours d'archéologie récemment fondé a Home pour
les élèves de première annéede relie l'.cole. seront adjoints à celle
Commission pendant le cours de l'année 1 «S 7 6 .
L'ordre du jour appelle la nomination d'un membre de la Com-
\ • • 1 1 m après ius Commcnications , 11 I
mission des Antiquités nationales, en remplacement de M. de
Wailly, démissionnaire.
M. dk Rozière es! élu.
M. Milleb communique à l'Académie des observations sur des
Inscriptions grecques trouvées nouvellement en Egypte.
M. Egger achève la seconde lecture du Mémoire de M. H. Mar-
tin sur la Prométhéide d hschyle.
M. Heuzey termine la lecture de sa communication sur les
figures voilées '.
SÉANCE DU VENDREDI 2 3 JANVIER.
M. A. Saintonges, citoyen de Mayence, écrit à rAcadémie
pour lui annoncer l'invention d'une manière d'écrire intelligible
dans toutes les langues.
L'Académie se forme en comité secret pour la présentation de
deux candidats à la chaire des langues et littératures d'origine
germanique.
La séance étant redevenue publique, M. le Président donne
lecture de l'article 35 du règlement qui réserve aux seuls aca-
démiciens ordinaires le droit de vote.
Le scrutin est ouvert pour la nomination du premier candidat.
Il y a 35 votants; majorité, 18. M. Guillaume Guizot obtient
■2-1 voix; M. Bossert, i3. En conséquence M. Guillaume Guizot
est proclamé premier candidat.
On passe au vote pour le second candidat. Il y a 35 votants;
majorité, 1 8. M. Bossert obtient 3o voix; M. Em. Chasles, a;
M. Schœbel, 1 ; M. Grucker, 1. 11 y a un bulletin blanc.
M. Bossert est proclamé deuxième candidat.
Le résultat du scrutin sera transmis à M. le Ministre de l'ins-
truction publique.
M. de Loxgpériek commence la lecture d'une note fie M. Chabas
sur le nom égyptien du fer2.
' Voir aux (;<>\imi xiuatiors, m" II.
' \ mi .m\ Communications , n' III
— 8 —
M. Bertrand l'ail une conimunicalion sur le kestre :
Le xéalpos ou cestrosphendone esi une invention de la guerre
persique (guerre des Romains contre Persée, l 68 avanl .1. C).
Poij be nous le décrit très exactement. Il consistaîl en un fer de deux
palmes (om,i5ù) de long, dont la douille était égale en longueur
au fer proprement dit. A cette douille était adaptée une hampe
d'un spithame, soil o'".-»3i. de long, et d'un doigt, c'est-à-dire
(»'".<i i (), d'épaisseur. Au mili u du liai! étaient encastrées trois
ailes en bois très-courtes. On prenait une fronde à cordes iné-
gales, ou pour mieux dire à bras inégaux, el l'on déposait le trail
au milieu, de manière qu'il pûl se dégager facilement. Il en
résultait que, dans le mouvement de rotation, tant (jue les cordes
élaienl tendues, le trail restait en place. Mais dès qu'on làchail
une des cordes et i|iie Ton donnait ainsi l'impulsion, le Irait sé-
chappait de son lacet, partant avec la vitesse de la halle lancée
l>,-ir la fronde. Ce texte a toujours èiè mal compris. M. Bertrand
croit l'avoir interprété d'une manière satisfaisante. Il a fait exé-
cuter un cestre d'après ces données : l'essai a parfaitement réussi.
Celui qu'il présente à l'Académie est lancé facilement à soixante
et dix mètre-, el atteint quelquefois quatre-vingt-dix, ;i|uès s'être
élevé à une bauteur de trente à quarante mètres. L'auteur a constaté
que toutes les indications données par Polybe constituaient des
conditions absolument nécessaires à la bonne réussite de l'arme.
Il croit la question du cestre actuellement résolue.
M. I)el;iun;i\ commence la lecture d'un Mémoire sur quelque»
oraeles sibyllins,
M. Igounet adresse à I académie trois exemplaires dune Histoin
administrative des communes du midi de la France i i '" série. Sainte
Koy-de-Peyrolières, depuis i6i5 jusqu'à l'an kii de la Répu-
blique): commencement d'un travail <|uil destine aux concours
de l'Académie. Il lui sera répondu que ce travail sera, ^ d le dé-
sire, renvoyé au concours des luliquilcs nationales de 1^70.
SÉANCE l»i VENDREDI 3o JANVIER.
Le Secrétaire perpétuel lii son rapport su r les travaux des
Commissions de publications de l'Académie pendant le a" se-
mestre * I « * iS-.i '.
Le rapport sera imprimé et distribué.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance étant redevenue publique, M. de Longpérier lit une
Votice de M. Grivel sur Nemrod et les écritures cunéiformes2.
M. Delaunaj continue la lecture de son Mémoire sur quelques
oracles sibyllins.
M. Robiou lit une Note sur un case du musée de Naples.
SÉANCE Dl VENDREDI ô" FEVR1BR.
M. le Ministre de l'instruction publique écrit à l'Académie
en lui adressant les trois manuscrits de la bibliothèque de Tou-
louse quelle avait demandes pour la Commission chargée de
continuer la publication du recueil des historiens de France.
Ces manuscrits sont remis à M. L. Delisle.
M. Egger, à propos d'un Mémoire de M. Hue! sur les fortifica-
tions antiques d'Athènes donl il a eu, Tan dernier, à rendre compte
comme rapporteur de la Commission de l'Ecole française d'Athènes,
• •\|)osc et justifie devant l'Académie, dans une courte note, la
correction conjecturale qu'il croit pouvoir apporter au texte d'une
scholie grecque sur le Gorgias de Platon, texte important pour
déterminer la direction du mur appelé mur du milieu dans le sys-
tème <\<'^ défenses du Pirée3.
M. Jourdain lit un Mémoire sur la royauté <'( le droit populain
(T après 1rs écrivains île la scolastique,
1 Voir à la suite des Comhi tm mo.xs, Ippeudia n I
- Voir aux CoyauNicATioas, n' l\.
\ on .ui\ ( i.mmi \\i itioms , n' \ Il
— 10 —
Al. Delaunav achève >;i communication sur quelques oracles si-
byllins '.
Al. lîiil'iui! continue sa lecture sur un rase du musée de \aples.
SEANCE DU VENDREDI 10 FEVRIER.
Al. Bui net de Presle écrit à l'Académie, comme administrateur
adjoint de l'Ecole des Langues orientales vivantes, pour solliciter
en laveur de cette Ecole, établie enfin dans un hôtel «jui lui est
propre, le don de la collection des Historiens des croisades et des
\'>ticeset extraits des manuscrits depuis le tome \1V.
Al. Brunet de Presle, présent à la séance, ajoute quelques
considérations à l'appui de la demande, qui est renvoyée à la
Commission des travaux littéraires.
Al. Barthélémy Sa int-Hilaire, membre de l'Institut, a écrit au
Secrétaire perpétuel la lettre suivante :
Mon cher confrère,
.levons prie de vouloir I >i**n faire hommage à I académie des inscrip-
tions el belles-lettres de l'ouvrage de M. le !>' II. Schliemann sur les
antiquités troyennes. C'est l'édition allemande <|oi vient de pa-
raltre à Leipsick, et qui sera suivie de l'édition tram-aise , le mois pro-
chain, comme me l'annonce l'éditeur Al. F. \. Brockhaus. .1 aurais désiré
pouvoir présenter moi-même cet ouvrage à l'Académie , ainsi que je
j'avais promis à AI. le l)r II. Schliemann, quand, au mois de septembre
dernier, j'ai visité sa magnifique collection à Athènes. Mais je n'ai pu
aujourd'hui avoir cet honneur et ce plaisir, parce que le devoir politique
m'appelle à Versailles. Du reste, l'Académie connaît déjà par de nom-
breux témoignages la grande découverte de Al. le D' 11. Schliemann; je
ae puis que joindre l<- mien a tous ceux qui lui sont parvenus de tanl de
cotes. J'espère que la publication nouvelle lèvera tous les doutes qui
pourraient encore subsister dans quelques esprits. Pour moi . je suis pei
Buadé que c'est bien de la véritable Troie, de la Troie homérique que
M. le D II. Schliemann a retrouvé les débris elles cendres. La collection,
tiue j'ai vue tout entière, se compose de près de vm;;i mille pièces de
\ "Il "IV ' "M Ml Ml ll|ll>S, Il \
loutgeore; <'i comme elle peut être augmentée presque indéfiniment par
dea fouilles postérieures dirigées dans le même sens et avec le même
succès, c'esl là tout un champ nouveau, aussi vaste que certain, ouverl
aux études donl l'antiquité hellénique ne cessera jamais parmi nous d'être
l'objet inépuisable et toujours fécond.
Agréez, mon cher confrère, l'assurance de mon sincère dévouement,
el sovez assez bon pour offrir mon respectueux hommage à l'Académie.
Votre dévoué confrère,
Barthélémy Saint-Hilairb ,
Membre de l'Institut.
P. S. Au volume allemand des Antiquités troyennes est joint un atlas
de ->i8 photographies, «pie je vous transmets également.
M. Blondel, receveur des douanes à Wattrelos (Nord), adresse
à l'Académie un manuscrit de quelques pages intitulé : Mémoire
au sujet d'un travail constituant une science nouvelle, la Prosodie.
L'auteur, dans l'impossibilité de publier son livre, sollicite à ce
sujet la bienveillante intervention de l'Académie.
Il lui sera répondu que l'Académie ne peut intervenir en pa-
reille matière, et qu'il est dans ses usages de ne prononcer de ju-
gement (jue sur les mémoires envoyés à des concours.
M. Le Blant lit un Mémoire sur les martyrs chrétiens et les supplices
destructeurs du corps.
M. Jourdain continue la première lecture de son Mémoire sur
la royauté et le droit populaire d'après les écrivains de la scolasticjue.
L'Académie se forme en comité secret.
SÉANCE DU VENDREDI 20 FEVRIER.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie
la liste des élèves de l'École des chartes nommés archivistes pa-
léographes par arrêté en date du 5 février 187/1; ce sont :
MM. Morel-Falio (Alfred), Guilmolo (Gustave-Adolphe), Colin
(Isaac-Adolphe); et hors rang: M. Parfouru ( Ufred-Paul).
M. le chef d'ctat-major général, chef du cabinel de M. h' Mi-
nistre de la guerre , adresse à l'Académie, pour être soumis a son
appréciation, les notes et levés rapportés de Syrie par MM. Mieutlel
cl Derrien, officiers d'état-major envoyés dans re pays avec mis-
sion de lever la carte de la Terre sainte.
Ces travaux topographiques sont renvoyés à la Commission des
inscriptions sémitiques.
ftf.de Sainte-Marie envoie le fac-similé d'une inscription trouvée
par lui à la Marsa, au-dessus d'une fontaine.
M. .loi hdain termine la première lecture de son Mémoire sur
la royauté et le droit populaire d'après les écrivains ilr la scolastique.
M. Robiou achève la lecture de son travail sur un vase du musée
de Naples '.
M. Il('ii/.c\ communique à l'Académie des Recherches sur la pierre
sacrée à" Antipolis -.
M. Guignudt offre à l'Académie, de la part de M. Sorlin-Do-
rigny, élève <lu collège de Juilly, les empreintes de deux pierres
<|iii, transportées à Constantinople par des pèlerins venant «le la
Mecque, avaient été abandonnées à la douane. Ces pierres sont
maintenant déposées au musée de Sainte-Irène.
La première porte trois lignes de caractères bimya rites (ou sa-
béens) : c'est un fragment d'inscription incomplète de tous les
côtés. On \ distingue, après une portion de nom. ces mois: rret
ses fils. r La seconde, qui était en relief ci qui csl fort mutilée,
ne Lusse, dans l'empreinte, apercevoir que quelques caractères
3] W< i: Dl \ BNDRED1 •>' IK\ MER.
Par une lettre en date iln ■> 'i lévrier, M. le Ministre de I ins
truction publique accuse réception : 1" du Mémoire de M. Ruei,
ancien membre de I Ecole d Athènes, sur les longs murs <t les porta
(I Uhènes; •> de la uote des travaux de M. Ravel ru \sie uineun
pendant I année 1879-1873.
M. de Sainte-Marie adresse à I Vcadémie I estampage de quatre
insci iptions néo-puni mes.
\ "Il BU) I OMNI Mi M H>\- Il \ l.
\ "Il III \ • "MMI M( M |.i\ . Il \ Il I
— 13 —
M. Renan présente à I académie deux documents relatifs à la
célèbre insn i | > t J< » n d'Eryx, en Sicile. Celte inscription est perdue
depuis Longtemps. On ne la connaît que parla copie qu'en prit
Gordici . et qu'il inséra dans son histoire du mont En x , restée ma-
nuscrite. Torremuzza reproduisit colle copie, d'une manière Fort
inexacte, d'après le manuscrit de la bibliothèque de Païenne. Ge-
senius donna à son tour la copie de Torremuzxa , avec do nouvelles
inexactitudes. Aussi toutes les tentatives pour expliquer ce texte
important ont-elles été Frappées de stérilité. Grâce à M. Amari,
associé étranger de l'Académie, et à AI. Salinas, conservateur du
musée de Païenne, nous possédons niainlenanl : in un calque
exact de la copie de Gordici, telle qu'elle se trouve dans le ma-
nuscrit do Palerme; -.?0 un calque de la même copie, telle qu'elle
se trouve dans un autre manuscrit également autographe de l'ou-
vrage de Gordici, qui os! en la possession du P. Gastronovo, à
Moule San-Giuliano (l'ancienne Eryx ). Ces deux calques nous rap-
prochent beaucoup de l'original perdu, ol permettent dès à pré-
sent do voir au moins la nature de l'inscription. Ce n'est pas une
lamentation funèbre, comme l'ont cru Gesenius, Ebrard, Blau,
Weier, C'est une simple dédicace à \slarlé ( Vénus tyrienne), qua-
lifiée -force de vie,r formule tout analogue à celle qu'on Ni
dans l'inscription de Lapithos, en Chypre.
M. Dbrbnboi rg demande si le manuscrit donne l'inscripti m
comme fruste dans le haut; on pourrail alors chereber ce qui la
doit compléter.
M. Kknw eroit, en effet, qu'il peut manquer une ligne.
M. Renan présente aussi une collation de l'ouvrage De recupe-
ratiene terrée stmetee du P. Du Dois, faite au Vatican par M. l'abbé
Dochesnes, et envoyée par M. Dûment, directeur des études à la
seolion do l'Ecole d Uliènes qui réside à Homo. Dans le tome XXVI
de V Histoire littéraire de la France, on a exprimé la conjecture que
le manuscrit d'après lequel Bongars a publié ce curieux texte se
trouvait au Vatican. Cette conjecture se trouve vérifiée, ol la col-
lation de M. l'abbé Duchesnes permettra de corriger le texte, sou-
vent fautif, do Bongars.
M. Renan présente encore, de la part de M. le l)r Briau, des
— l'I —
copies de certains dessins, supposes hiéroglyphiques, qu'on
trouve ;iu\ Canaries.
M. Robiou continue la lecture de ses Becherches sur un vase du
musée de Naples.
M. Pau. in Paris lit une note sur un poëme inédit de Guil-
laume Machauit, intitulé : le Voir dit.
L'Académie se forme en comité secret.
M \M i: 1)1 VBNDREDl 6 H \its.
M. de Sainte-Marie écrit à l'Académie pour lui communiquer
une inscription inédite trouvée à Carthage.
M. Le Blant continue la lecture de son mémoire sur les mar-
tyr* chrétiens et les supplices destructeurs du corps,
M. Le i>l;inl demande l'autorisation de publier tout ou partir
de ce mémoire sans perdre le droit de le présenter pour le Re-
cueil de I académie.
Cette autorisation lui esl accordée.
M. Uexandre Bertrand esl admis à lire une note sur la dé-
couverte l'aile le 5 janvier 187/i à Thaigen, canton de Schaffouse
(Suisse), d'un dessin de renne gravé sur un os du même animal
recueilli dans la caverne dite de Kesserlqch. Ce dessin esl d une
telle perfection qu'au premier abord on pourrait avoir des doutes
sur son authenticité. M. Bertrand s'est rendu à Zurich pour \
recueillir tous les renseignements nécessaires à la solution de ce
petit problème archéologique. Il développe les raisons qui le
p0U8Senl a croire à l'authenticité de cet intéressant spécimen de
|'arl des premiers Iwihilanls de la daule, cl met BOUS les \eu\
de I académie plusieurs dessins h moulages de l'os gravé. M. Ber
trand ajoute que le fait eu question n'a plus rien d anomal après
la constatation de nombreux faits analogues, lanl dans les ca-
vernes du Périgord que dans celles des vallées des Pyrénées, et
notamment dans la caverne de Gourdan (Haute-Garonne).
15
SEANI i: Dl VENDREDI I 3 MARS.
M. V. Diiuv lit un travail sur la Première partie du règne £ Ha
drien.
M. Robiou continue la lecture de ses Beeherckes sur m vase du
musée de \ni>his.
M. Bréal commence la lecture d'un mémoire sur les Tables eu-
gubines.
SEANCE DI VENDREDI 20 MARS.
M. le Ministre de l'instruction publique écrit à l'Académie pour
lui (aire connaître qu'il a donné une mission archéologique à
MM. de Sainte-Marie et Héron de Villefosse.
L'Académie confie le soin de donner des instructions, pour
M. de Sainte-Marie, à la Commission des inscriptions sémitiques;
pour M. Héron de Villefosse, aune Commission composée de
MM. lia\aisson, de Longpérier, L. Renier et Defrémen.
M. le Ministre a adressé au Secrétaire perpétuel le dossier àrs
papiers de M. Nestor L'Hôte, en le priant de donner son avis sur
l'utilité qu'il y aurait à les publier.
Le Secrétaire perpétuel explique que ces papiers ne lui ont
été adressés que [»our être communiqués à l'Académie, dont le
Ministre désire avoir l'avis.
Le dossier est renvoyé à MM. Brunel de PYesle et Miller, qui
auront à prendre connaissance du rapport déjà l'ail par notre
confrère M. de Rougé sur ces documents.
Al. Bep.trand, président de l'Institut pour l'année 1876, invile
par lettre l'Académie à désigner un lecteur pour la représenter à
la séance trimestrielle fixée au mercredi 8 avril.
M. Dordi est désigné pour lire la communication qu'il a laite
à l'Académie sur la Première partie du règne (F Hadrien.
Un manuscrit vient d'être envoyé pour le concours Bordin de
1876 , sur cette question : Faire connaître les vies des saints, etc. Ce
manuscrit n'\ peut être admis pour deux raisons : 1" parce que le
— 16 —
concours esl fermé depuis le i" janvier; 2° parce que l'auleura
donné son nom. Comme il n\ a pas joint son adresse, le mé-
moire reste à sa disposition au secrélariat.
M. Di ri y écrit à M. le Président pour L'informer qu'un journal
important, en rendant compte de la séance <ln i3 mars, lui a
prêté des paroles qu'il n'a pas prononcées. J'ai bien dit, écrit-il,
que l'Académie montrait fort heureusement quels secours les
inscriptions et les médailles pouvaient fournir pour renouveler
l'histoire, mais je n'ai pas prétendu définir et délimiter celle
assistance. C'est «le mon travail sur Hadrien, et non drs éludes
d'autrui que j'ai parlé, en disant que, si les monuments épigra-
phiques m'avaient fourni d'importants détails pour l'histoire de
ce règne, ils n'avaient poinl changé le fond des choses.
M. de Saulcy, membre de la Commission des inscriptions sé-
mitiques, l'ail un rapport sur les noirs et levés qui ont été rap-
portés de Syrie par MM. Mieuliel et Derrien, officiers d'état-
major, envoyés dans ce pays avec mission de lever la carie de la
Terre sainte.
<le rapport sera transmis à M. le Ministre de la guerre avec
les papiers que M. le Minisire avait adressés à l'Académie.
M. I)i m ï continue sa lecture vo- le rhgne cFHadrien. A celle
occasion il met sous les yeux de l'Académie un livre qu il signale
comme le plus considérable qui ail été fait sur le mur d'Adrien,
au nord de l'Angleterre : The Roman Wall, <> description of Oie
mural barrier of the Sorih of England, l>\ Lhe Rev. .1. Collingwood
Bruce, 3' édition | 1867 |.
M. I!k\\\ informe l'Académie que M. le docteur Ueboud, déjà
bien connu de I Vcadémie par ses communications et publications
relatives aux inscriptions berbères (dites libyques), envoie à l'Aca-
démie le dessin très-exact de 5o inscriptions berbères nouvelles,
recueillies par lui dans 1rs nécropoles du cercle de Constantine,
de (inclina, de Souk-arras, de la Calle; de plus, ii'i estam-
pages Be rapportant à ces inscriptions <>n à des textes déjà connus;
enfin quelques nouvelles lectures de textes déjà publics et quel-
ques inscriptions latines. Les inscriptions berbères ne figurent
que dans l'appendice du Corpus inscriptionum snniticarum. Mais.
— 17 —
grâce à M. Reboud, cette partie du recueil sera sûremenl une
des plus riches en matériaux nouveaux. Le rapprochement de «-es
textes fera certainement disparaître la plupart dos doutes qui res-
tent encore sur ces monuments singuliers.
M. Rival continue la lecture de sa communication sur les
Tables eugubines.
SEANCE D( VENDREDI -2~ MARS.
M. Miller a la parole pour lire, on son nom et au nom de
M. Brunet de Presle, un rapport sur l'utilité qu'il y aurait à
publier les papiersdo M. Nestor L'Hôte, en réponse à la demande
faite à l'Académie par M. le Ministre' de l'instruction publique.
Les conclusions de ce rapport sont adoptées.
M. Rkwn donne lecture des instructions qu'il a rédigées, au
nom de la Commission des inscriptions sémitiques, pour diriger
les recherches de M. de Sainte-Marie sur les inscriptions puniques
de Carthage et des environs.
M. Léon Renier communique à l'Académie les instructions
qu'il a préparées, au nom de la Commission, pour la mission dont
M. Héron de Yillefosse vient d'être chargé par M. le Ministre de
l'instruction publique, en Tunisie et en Algérie.
Ces instructions sont approuvées par l'Académie, et seront trans-
mises à M. le Ministre de l'instruction publique.
Sur la proposition de M. L. Renier , l'Académie émet un vœu
pour que M. Héron de Yillefosse soit chargé de rapporter en
France, pour le musée du Louvre, trois monuments conservés à
Lambèse où ils sont exposés à beaucoup de chances de destruc-
tion : le tarif de douane, la tribune militaire, et une série de six
bustes impériaux.
ii.
— IS —
COMMUNICATIONS.
N° I.
DÉCOUVERTE D'UNE INSCRIPTION LIBYQL'E AUX CANARIES,
PAR LE GÉNÉRAL FAIDHERBE.
Le curé don Aquilino Padron de la cathédrale de Las Pal-
mas, chef-lieu de la grande Canarie, vient de faire une dé-
couverte très-intéressante , celle d'une inscription libyquo dans
l'île de Fer. Cela résulte d'une communication faite à la So-
ciété de géographie de Paris, par M. Berthelot, consul de
France à Sainte-Croix de Ténériffe.
Les deux cents inscriptions connues jusqu'à ce jour pro-
viennent de la contrée que les Romains appelaient Numidie ,
à l'exception de deux ou trois, qu'on a trouvées dans les autres
parties de l'Algérie ; aucune n'a encore été signalée au Maroc,
et voilà qu'on en découvre une dans la plus occidentale des
Canaries !
Au sud de Valverde, chef-lieu de l'île de Fer, près d'un
petit bois nommé dans le pays Pinos d'el Jttlun, le long d'un
sentier escarpé qui descend à la mer, on trouve une longue
coulée de laves basaltiques à surface lisse, de plus de /ioo mè-
tres de longueur, couverte de dessins, de caractères qui sem-
blent avoir été gravés au moyen d'une pointe assez obtuse.
Quelques parties ont été copiées et envoyées par don Aqui-
lino Padron. J'v ai reconnu, parmi une foule défigures qui ne
sont que de capricieux dessins ou peut-être des emblèmes,
une inscription libyque de deux lignes que voici :
I C ël ZI II
2 CO I
— 10 —
Les lettres ont environ 3 centimètres de longueur. L'ins-
cription est horizontale comme colle de Tugga et contraire-
ment aux épitaphes numidiques proprement dites, qui sont
écrites, comme on le sait, verticalement de bas en haut.
La situation de cette inscription dans les laves, et au milieu
d'une longue bande de dessins, ne permet pas de supposer
qu'elle soit une épitnphe. C'est une inscription dans le genre
des inscriptions rupestres du Sahara, rapportées par M. Du-
veyrier.
Par son ensemble, cette inscription paraît tenir le milieu
entre celle de Tugga et les épitaphes numidiques. Elle n'a
pas ces points nombreux qui caractérisent les textes rupestres
du Sahara et l'écriture actuelle des Touaregs.
Les dessins qui entourent l'inscription sont des ronds, des
spirales, etc.. . Certains d'entre eux pourraient passer pour
des lettres libyques isolées.
En 1862, le docteur Charles Fritzsch, de Francfort, a
trouvé sur une roche de la grotte de Belmaco, dans l'île de la
Palma (une des Canaries), des caractères semblables à ceux
qui entourent l'inscription de l'île de Fer et qui ont évidem-
ment la même origine.
N°IL
RECHERCHES SUR LE TYPE DE LA DEMETER VOILEE
DANS L'ART GREC.
§ I. Le monument qui sert de point de départ à cette étude
est une tête de femme voilée en marbre , fragment de statue
grecque, trouvé par l'auteur à Apollonie d'Epire et rapporté
par lui au Louvre. Ce qui rend tout d'abord la tête d'Apollonie
digne d'une attention particulière, c'est un caractère de gra-
vité douce et triste, qui s'écarte sous certains rapports de
9-
— •_>() —
I idt'';il païen. Ce caractère d'expression esl d'autant moins for-
tuit, <|ii<' le sculpteur, pour 1<' produire, ne s'esl pas contenté
d'incliner sous le voile la tête de sa statue : il a modifié les
proportions généralemeni suivies par les artistes grecs dans La
construction de la face. Ou remarque notamment que l'épais-
seur du menton a été diminuée de 2 douzièmes, ce <pii donne
au visage, avec une expression particulière de bonté, un ovale
plus large et un galbe plus malronal. Une légère dépression
des joues accuse même légèrement l'empreinte de la souffrance
physique. Les traits, où le caractère impersonnel de la beauté
est accentué par certains procédés archaïques (surtout dans
l'arrangement de la chevelure et dans le dessin des yeux et du
front), n'ont du reste rien d'individuel : ils constituent plu-
tôt une variante intéressante de l'idéal grec, et un type où
l'expression des affections de I àme tient une place inaccou-
tumée.
Les déesses voilées forment malheureusement,. dans les col-
lections de marbres grecs , \\i\<' des classes les moins étudiées
et qui se prêtent le plus difficilement aux déterminations pré-
cises. Cependant les caractères qui viennent d'être décrits ne
permettent pas plus de songer à la chasteté rigide d une Hes-
lia qu'à la tranquille fierté (Tune liera ou même à la sévé-
rité d'une Perséphone. Le temps d'épreuves et de persécution
que Latone avait traversé n'avait été qu'un accident de sa vie
divine. Il n'y a que Démêler dont le culte et la légende repo-
sent . comme donnée première, sur la grande et tragique image
d'une déesse en deuil. I)éjà . dans l'hj mue homérique, selon le
sens de l'expression xarcùtotidev xata\v(/.(xévTi , le voue était, sur-
tout sur l,i tête, un vêtement de douleur et le signe de la sombre
tristesse qu'elle cherchait à dérober aux regards des mortels.
Nous soyons que tout . dans sa légende comme dans ses mys-
tères, l'iidait à produire une \i\e compassion pour Les mal-
heurs de la déesse, épuisée par la fatigue el même amaigrie
— _>l —
((iivàBwaxt) par le jeûne et par le chagrin. On comprend que
l'art, qui était le puissant auxiliaire <l»' ces transformations de
la religion, ait pu se trouver entraîné exceptionnellement, dans
le développement du type de Démêler, à sacrifier quelque
chose de la forme au pathétique de l'expression.
Parmi les exemples de la belle époque grecque, qui auto-
risent à reconnaître Déméter dans uni' ligure simplement
voilée, il faut citer d'abord le célèbre vase Poniatowski, où
la déesse '-4 ainsi représentée à côté du cdiar de Triptolème.
Le musée Britannique possède surtout une statue assise de la
-même divinité . sans autre attribut <[ue le voile qui l'enveloppe:
aucun doute n'est possible, celte figure ayant été trouvée à
Cnide, par M. Ch. Newton, dans un téménos antique, qu'un
grand nombre d'inscriptions désignent comme consacré à
Déméter.
§ II. Cependant ce n'est ni dans les œuvres de la sculpture
ni <kns les peintures de vases, que ce type se présente par
séries assr/ nombreuses pour permettre d'en suivre le déve-
loppement. Dans les figurines de terre cuite, au contraire,
nu rencontre fréquemment des ligures voilées, dont on n'a
donné jusqu'ici aucune explication satislaisante. Et ce n est
pas seulement parmi les terres cuites de l'Italie méridionale,
qui appartiennent généralement à l'époque de la décadence de
Part et de la mythologie helléniques : on la retrouve aussi
parmi celles de la Grèce propre, avec des caractères de style
qui remontent aux beaux temps de l'art grec.
Mais ici se présente une question générale, qu'il est né-
cessaire de trancher avant de pouvoir se servir des figurines
d'argile pour commenter les monuments de la grande sculp-
ture. Quel est le véritable caractère attribué par les Grecs à
ces figurines trouvées surtout dans les tombeaux? ont-elles
quelque rapport avec les statues représentant les images des
dieux? L'ordre chronologique montrera mieux que toutes
9-J
les raisons à quelle classe de représentations appartiennent
ces offrandes funéraires.
Dans Les tombeaux grecs d'une époque reculée, on trouve
déjà des espèces de galettes ou de plaques de terre cuite,
munies d'une tète et de deux appendices latéraux, analogues
aux bras tronqués des hennés, coiffées le plus souvent du
polos ou du ralalhos cl décorées de traits au pinceau, qui indi-
quent sommairement les plis ondulés d'une tunique de femme*
Ce sont évidemment de petites idoles et principalement des
images de déesses, conclusion qui, dans sa généralité, est de
la première importance pour la présente étude.
Pendant la période proprement archaïque, les premiers
progrès de l'art donnent aux terres cuites des tombeaux des
formes [dus précises ; mais ils n'en modifient pas le caractère
religieux. Dans le nombre, on rencontre surtout beaucoup
de figures de femmes, assises sur des trônes, parmi lesquelles
on distingue une déesse voilée, les mains posées symétrique-
ment sur ses genoux et recouvertes par son voile.
Parmi les ouvrages de plastique recueillis dans les tom-
beaux grecs, aux approches du temps où fleurit le plus beau
style de l'art, il y a surtout une classe très-remarquable de
terres cuites funéraires : ce sont les bustes estampés mi les
ligures à mi-corps. Ces bustes, toujours tronqués à leur par-
tie inférieure et munis d'un trou de suspension qui servait à
les appliquer aux parois du tombeau, paraissaient sortir du
sol. De nombreux exemples, tiré-, des vases et des bas-reliefs,
prouvent qu'ils représentaient les divinités du momie souter-
rain, comme la Terre elle-même, Démêler. Coré, Dio-
oysos, etc. montrant la tête bors de leur empire et faisant
leur apparition divine.
Le musée du Louvre possède un remarquable buste de ce
genre, qui représente justement une déesse voilée , comparable
à la tétc d'Apollonie par la gravité religieuse de l'exprecsion.
— '26 —
Il provient de Thèbes, en Béotie, .-t le style, qu'un reste
d'archaïsme empreint d'une grâce sévère, ne doit |>as être de
beaucoup antérieur à l'époque de Phidias. Les deux mains
sont ramenées sur la poitrine, par un geste familier aux
déesses que les Grecs appelaient xovpoTpoÇoi ou nourrices ; l'une
touche légèrement le bord du voile et l'autre semble tenir un
objet très-menu , comme serait un grain de blé. Aucun nom
ne saurait mieux convenir aussi à cette belle ligure, que celui
de Déméter. Le culte de cette déesse avait, notamment en
Béotie, des formes locales très-antiques. D'après Pausanias la
Déméter Thesmophoros , qui était adorée dans l'acropole de
Thèbes et dont le temple passait pour l'ancien palais de
Cadmus, n'était visible qu'à mi-corps, oaov es <j1épva.\\\ avait
là une disposition d'un caractère symbolique, tout à fait ana-
logue à celle que présente la demi-figure de terre cuite trou-
vée dans la nécropole de la même ville.
De toute manière ce qu'il est important de constater, c'est que
les figurines des tombeaux de la période archaïque représen-
taient presque exclusivement des divinités : c'étaient de vérita-
bles idoles funéraires. Les exceptions que l'on pourra trouver à
cette règle ne sauraient avoir que la valeur de faits accidentels,
en face de la grande quantité des exemples contraires. Le mort,
parmi les objets dont il était muni dans sa nouvelle demeure,
avait avec lui ses dieux, placés là pour protéger ce qui restait
de lui, comme aussi pour acquitter la dette des vivants envers
les puissances des régions inférieures. C'étaient le plus sou-
vent les images mêmes des divinités dont on avait à se con-
cilier la redoutable influence, et parmi lesquelles il est natu-
rel de trouver Déméter, la souveraine à la fois terrible et
bienfaisante du monde souterrain. On peut disserter avec plus
ou moins de justesse sur la portée religieuse et morale d'un
pareil usage; mais le fait en lui-même est hors de doute.
S III. On arrive ainsi à l'époque où l'art, complètement
— n —
affranchi el libre de ses moyens, produit tout un peuple <li*
figurines élégantes el merveilleusement drapées, qui, pour la
plupart, n'offrent point un caractère mythologique évident
pour les yeux, lin des types communément répétés alors est
justement celui d'une jeune femme voilée, dont le voile masque
même souvent la bouche, et dont la grâee coquette n'exclut
pas d'ordinaire une expression visible de tristesse.
Il est vrai que beaucoup de personnes ne voient encore
dans toute celte classe de figurines que des études de mouve-
ment et de draperie, eréées par la fantaisie des artistes, l'ai
malheur «'elfe manière de comprendre l'art est opposée au
principe de l'art grec, qui, ayant à son service la légende la
plus riche et la plus variée, n'a que rarement obéi à une ins-
piration vague et capricieuse. Pour d'autres observateurs, ce
sont des représentations de la vie privée, des pleureuses, des
choéphores, des danseuses funéraires, formant comme un
cortège et une compagnie pour le mort, et remplaçant même
peut-être «les victimes humaines que le deuil fanatique des
temps primitifs sacrifiait dans le même !ml sur le tombeau.
< l'est l'usage latin des oscilla on masques expiatoires el des figu-
rines de la déesse Mania . usage qui peut aider sans doute a
expliquer, dans sa première origine, la signification des terres
cuites des tombeaux. Toutefois, chez les Grées, si elles ont
jamais été des images purement expiatoires, c*es1 dans un
état social très-ancien, puisque les figurines des tombeaux
archaïques sont, en général, nettement caractérisées comme
des représentations m\ thologiques.
Il est nécessaire de retrouver dans les tombeaux dune
époque pins moderne les mêmes images, transformées par 1rs
progrès d'un art qui a remplacé la gravité hiératique par la
recherche de l'élégance et de la grâce. C'est ce qui a lieu en
effet pour les figurines facilement reconnaissables du cycle
d'Aphrodite et de celui de Bacchus. I>es trois grands cultes
25
funéraires de la Grèce antique, reste relui de Démêler, le
plus ancien et le plus vraiment grec, auquel <>n ne peut faire
la place qui lui revient dans les terres mites des tombeaux,
sans lui attribuer la grande majorité des figures drapées que
l'on rejette parmi les incertaines.
.^ l\ . Les exemples suivants permettent d'établir sur ce
point une démonstration archéologique en règle.
i° Une figurine de l'île de Chypre, du cabinet de M. Eu-
gène l'iot. représente une femme voilée jusque sur la bouche,
assise solennellement sur un siège à haut dossier, ce qui la
met incontestablement sur le même rang que les divinités
assises du style archaïque.
ti° Un petit groupe de la collection Campana, au Louvre,
montre la figurine voilée, associée à une seconde figure cou-
ronnée de larges feuilles : il est bien difficile de ne pas recon-
naître dans ces deux femmes, qui se tiennent étroitement
embrassées, le groupe sacré de Déméter et de sa (die.
3° Une figurine grecque de Tanagre (musée du Louvre),
voilée aussi jusque sur la bouche, représente une vieille femme
d'une physionomie noble et fière, pressant sa poitrine de l'une
de ses mains, geste qui caractérise les déesses nourrices, et
qui doit faire connaître la Déméter Grm, errant sur la terre
sous la forme d'une femme âgée, d'une vieille nourrice, sui-
vant la description bien connue de l'hymne homérique.
k° Une figurine d'Athènes qui représente au contraire la
déesse qui relève son voile et qui se manifeste aux mortels
vous sa forme divine (musée du Louvre).
5° Une admirable figurine grecque de Tanagre (musée
du Louvre), assise sur un tabouret massif et s'enveloppanl
douloureusement la partie inférieure du visage dans son voile
redoré eu bleu, répondant de très-près à la description (pu-
fait l'hymne homérique de la Déméter affligée, assise sur le
tcjjxtoj' êSoi. avec le kmixvzov K>ù\j\iii>x.r\ le geste TzpOHaiécryejo
— -20 —
HxkvTnpiv. Ces) la déesse qui était adorée, notamment on
Béotie, sous le nom de Déméter Achœa (de a.x05-> douleur).
S V. C'est surtout dans les figures de ce genre que l'on
peut se rendre compte de la signification du voile et des res-
sources d'expression que les artistes grecs en avaient tirées.
La cnhjptva, qui n'est qu'une forme du châle ou péplos des
dames grecques, porté en voile sur la tète, avait par lui-même
un caractère nuptial et matronal. Dans quelques villes grecques
et notamment à Thèbes , en Béotie , les femmes ne se montraient
pas en public sans se masquer presque totalement la face,
comme le font encore les dames turques. Mais ordinairement
en Grèce l'usage du voile était plus libre. Les femmes devaient
sr voiler naturellement dans la saison rigoureuse, et cet ajus-
tement présente ainsi une première relation avec le type de la
déesse qui représentait la désolation de l'hiver. On se voilait
aussi dans la douleur. Mais il y a ici une distinction à faire :
la tête nue et rasée était pour les femmes grecques la tenue
rigoureuse du deuil, tandis que le geste de se voiler le visage
n'avait pas spécialement le caractère funéraire; il n'était que
l'expression instinctive de l'espèce de pudeur qui est naturelle
aux larmes. De cette observation, il résulte que les figurines
voilées ne sauraient représenter des pleureuses; mais cet ajus-
tement se prête sans difficulté à l'expression de la tristesse de
Déméter, L'arrangement traditionnel du voile sur la bouche,
traduction plastique très-heureuse du silence obstiné de la
déesse, a pu même par la suite désigner le caractère secret
et mystérieux de son culte.
En conséquence, il ne faut pas hésiter à reconnattre Dé-
méter même dans les nombreuses figurines debout , à la tête
inclinée SOUS le voile, cl dont l'attitude paraît parfois trahir
la fatigue d'une longue marche, bien que souvent l'exécution
I >;i i hop sommaire n'accuse pas ces caractères d'expression
avec toute l'intensité désirable. <hi ne doil même pas ■ gceptei
27
le cas où la tête voilée est surmontée du large chapeau que
les dames grecques portaient pour La promenade et pour le
voyage, et qui, jusque sur la scène tragique, désignait une
femme qui vient de faire une route longue et pénible.
S VI. D'autres figurines voilées représentent moins directe-
ment que les précédentes les faits de la légende de Déméter.
(l'est le cas, par exemple, pour celles qui portent à la main
une guirlande funéraire; mais cet attribut n'a rien de déplacé
dans les mains de la déesse qui présidait à la végétation, si
l'on admet surtout que, sous sa forme voilée, elle devenait
plus particulièrement la protectrice des tombeaux et des né-
cropoles. C'est probablement au même titre qu'une ligure
triste et voilée, jusqu'ici très-mal comprise, assiste à la scène
de la séparation de l'âme et du corps, sur les sarcophages qui
représentent l'allégorie de la destinée humaine sous la forme
du mythe de Prométhée.
Un exemple différent est celui où la figurine voilée exécute
une danse à laquelle ses amples draperies donnent quelque
chose de grave et de mystérieux. Mais de nombreux monu-
ments montrent cette danseuse voilée, d'abord souvent réunie
à une compagne exactement ajustée comme elle, parfois aussi
portant sous le voile une coiffure saillante qui semble indi-
quer la couronne d'épis, enfin appuyée même sur un génie
ailé (l'Eros mystique des vases peints ou l'enfant Ploutos ailé
de Philostrate). Elle ligure dans le groupe dansant des Heures,
où elle représente l'Heure de l'Hiver, forme secondaire de la
Déméter affligée. Sur un sarcophage gréco-étrusque du Louvre,
on la retrouve dans une réunion de divinités infernales, à
côté d'une seconde figure voilée tenant un épi. Lucien consi-
dère les danses mimiques comme un élément essentiel de la
représentation des mystères et particulièrement de ceux de
Déméter.
Le rapport plus ou moins direct qui existe entre la dan-
— 28 —
seuse voilée et le culte des Grandes Déesses esl (lune parfai-
tement conciliable avec la tradition antique.
Conclusion. — Ce sérail mai comprendre ['«esprit de ce
travail que de lui attribuer l'intention de retrouver Déméter
dans ion les les représentations de femmes voilées. Même dans
le cercle des sujets mythologiques , il faut réserver certains cas
où Perséphone se confond avec sa mère, et d'autres où Aphro-
dite, comme épouse et comme veuve d'Adonis, revêt des formes
analogues, par une confusion d'autant plus difficile à dissiper
que l'artiste semble l'avoir lui-même cherchée. Mais il reste
certain, d'un autre côté, que, parmi les figurés précédem-
ment citées, il s'en trouve beaucoup qui ne peuvent être ex-
pliquées d'une manière satisfaisante que par le mythe de Dé-
rtiéter.
Si l'on a souvent quelque peine à la reconnaître, c'est que
l'artiste a du respecter l'espèce d'incognito religieux dont se
couvre la déesse des Mystères, el employer à son égard un
symbolisme presque tout négatif. Il faut ajouter aussi que,
sous l'influence de l'école de Praxitèle, ce type, jadis si sé-
vère, a pris une grâce pathétique, que I art intime el familier
des modeleurs de Qgurines sVsi plu encore à exagérer.
Y III.
NOTE si R II NOM BGYPT11 N l»l l BR.
Les noms égyptiens de la plupart des métaux sont encore
controversés entre les égyptologues. Jusqu'à présent on sesl
contenté de traduire plusieurs de ces noms par l'idée géné-
rale mêlai, qui donne ordinairement un sens satisfaisant
Quelquefois cependant on s'est servi des mois fer el bronze
lorsque, par exemple, plusieurs métaux sont nommés dans un
même texte; m. us le plus souvent les traducteurs nonl pas
— 29 —
entendu décider la question de la valeur spéciale de ces
termes. G'esl ainsi que, dans le tableau des souffrances du
cultivateur, on a pu lire que : ses outils, qm .sont de métal,
s usent, quoique le groupe égyptien ail une acception propre
de fer, cuivre ou bronze.
Mais, à mesure que progresse la science du déchiffrement ,
on éprouve le besoin de serrer les textes de plus près. Aujour-
d'hui «pie certaine école désigne par le nom du fer et du
bronze de longues périodes chronologiques, il devient indis-
pensable de ne rien négliger de ce qui peut déterminer l'em-
ploi de ces métaux dans l'antiquité. Dans cet ordre de re-
cherches les écritures hiéroglyphiques peuvent seules fournir
Ans renseignements efficaces.
Les égyplologues se sont rendu compte de ce besoin de la
science. A une date à peu près contemporaine, plusieurs dis-
sertations importantes ont paru sur le sujet en question. Je
l'ai traité au point de vue spécial de l'antiquité historique dans
mon ouvrage intitulé : Etudes sur l'antiquité historique d'après les
sources égyptiennes et les monuments réputés préhistoriques, dont
la première édition a paru en 1872 '.
M. le Dr Lepsius a consacré à la question du nom des mé-
taux chez les Egyptiens un savant travail, qui a été inséré dans
le recueil de l'Académie des sciences de Berlin. M. le profes-
seur Diïmichen est l'auteur d'utiles observations, en addition
;i celles de son éminent compatriote. Enfin M. Devéria, mon
regretté ami et savant confrère, a inséré, dans les Mélanges
d'étfijptologie et d\issyriolo{rie fondés par M. de Rongé, un article
très- important sur le nom et les emplois du fer et de
l'acier.
Ces divers travaux, œuvres de sagacité <■( d'érudition, cons-
tatent (pie l'accord n'est encore établi, parmi les savants spé-
1 Un exemplaire de la seconde édition a été présenté à l'Académie dans sa
M'anco du 26 décembre 187.3.
— so —
d'aux. que sur un assez polit nombre de points. On est surtout
frappé des contradictions et des divergences qui s'y manifestent.
Il ne faut pas s'en étonner, car le sujet présente des difficultés
complexes.
On ne doit pas oublier, en effet, que les anciens Egyptiens
n'étaient, à proprement parler, ni métallurgistes ni minéra-
logistes. Etrangers aux données de la chimie et do la physique,
ils ne se servaient que de procédés empiriques. Il en résulte
que leur classement des substances minérales, dans les nom-
breuses énumérations qu'ils nous ont laissées, ne nous offre
pas une prise bien solide. Ajoutons encore qu'ils se laissent
presque toujours entraîner aux exagérations qui leur sont fa-
milières, par exemple en appelant or ce qui n'est que doré,
et ainsi de suite. C'est probablement pour ce motif qu'ils ont
désigné l'or au moins par quatre noms différents, ce qui a
donné à M. Lepsius l'idée que l'un de ces noms désignait spé-
cialement le mélange d'or et d'argent que les anciens ont
appelé eketrum. Ce point est un de ceux qu'il nous reste h
élucider.
De mémo le cuivre et les diverses espèces de bronze sont
désignés par différente groupes, le plus souvent réduits à leurs
déterminatifs , qui sont des espèces de creusets. Comme chacun
de ces creusets se rencontre en combinaison nvec des éléments
phonétiques variés, la question se complique considérablement.
Le nom du for est le plus controversé de tous. Ce qu'on peut
conclure de ce désaccord, c'est que personne n'a encore pro-
noncé le fiai lux!
{'ne preuve décisive consisterai! à signaler un objet de
métal sur Lequel serait inscrite l'indication «lu nom égyptien
du métal dont il est fabriqué. A défaut de mention inscrite
sur l'objet même, on pourrait se contenter d'un renseignement
précis, fourni par les textes à propos d'un objet dont l'iden-
tité- ne prêterait pas à contestation.
— 31 —
t.V.st un renseignement de ce genre que j'ai découvert en
■ c <{ui concerne le nom du fer.
Dans mon ouvrage ci-dessus rappelé. Etudes sur l'antiijuitr
historique, j'ai développé les considérations qui me portaient à
reconnaître le fer dans le métal que les Egyptiens appellent
J [ ^ #*e, ba ou baa. Je montrais que des textes ptolémaïques
citent plusieurs fois ce métal comme étant celui qu'on cm-
ployait pour les sculptures des temples, et je rappelais le rôle
mvthologique du fer, métal au moyen duquel Set, le principe
de la destruction, était dominé et vaincu.
M. Lepsius ne s'est pas occupé du baa; il considère ce
groupe comme désignant le métal en général. Mais ce mot est
trop souvent employé dans des phrases où d'autres métaux
sont nommés, pour qu'il soit possible de lui refuser une si-
gnification spéciale. Admettons provisoirement la valeur fer,
et nous traduirons naturellement les phrases suivantes :
fO Osiris, î\ i. . . , élève une tête de fer sur des membres
d'or.
« Ouvrir la bouche avec une spatule de fer et ensuite avec
un doigt d'or.
«Un temple sculpté avec le fer, embelli avec l'or.
« Quatre vases de fer à poignées d'argent.
«Tes chairs sont formées d'or, tes os de bronze, tes membres
de fer, » etc.
Il est évident que l'idée métal, au lieu de fer, est tout à fait
insuffisante dans ces phrases, où le baa est nettement diffé-
rencié de l'or, de l'argent et du bronze.
M. Devéria a apporté dans le débat des arguments de haute
valeur. Il avait, comme moi, remarqué la signification mytho-
logique du baa, et l'emploi de ce métal dans les cérémonies
des funérailles, pour vaincre Set ou la mort, et rendre la vie
au défunt en lui rouvrant la bouche et les yeux. On trouve
dans son Mémoire la liste des amulettes employés dans cette
32
cérémonie; qui s'appelait ^<=7> rl Xc.«L' "J'-r,) ''' "/>-"'
cest-à-dire ouverture de la bouche, ouverture desdeux yeux1.
I m lexte inédit «lu Louvre lui a fourni L'indication pré-
cieuse que celle opération se faisait avec divers instruments,
l'un desquels est de la forme d'une cuisse d'animal. Ce texte
explique que cet instrument doit être de baa; or les collections
du Louvre contiennent un objet de celte forme, qui est préci-
sément de fer.
Lu voici la figure de grandeur naturelle :
(le renseighemenl es! précis; à peine pourrait-on objecter
que le texte qui le donne est de basse époque, et qu'on n'a
encore rien trouvé de semblable aux temps pharaoniques.
M. Devéria cite encore un autre instrument usité* dans la
même opération mystique. C'est une petite «scia ou herminette
dont les textes nous font connaître le nom égyptien nou. Je le
représente ici également de grandeur naturelle. de face el de
profil :
_ ,
Voici la description qu'en a donnée mon savant confrère :
1 Le mol \/ signifie ouvrir, exactement comme le rerbe -V^ . "»» . <l'>ni
■ v '' ■ - l
il D'est qu'on synonyme. M. Derérie B'esl trompé en traduisant toucher.
- 33 —
eiLe manche esl d'ivoire; la lame, la douille, el la gou-
pille qui les retient, son! de fer ou d'acier. Le tout esl du
meilleur travail.
«Un autre exemplaire, dont le manche est de bois dur. a
perdu sa lame, mais conserve encore sa douille et sa goupille
de fer.
«Enfin, un manche isolé porte quelques traces d'oxyde de
1er qui ne peuvent laisser aucun doute sur la nature de la
lame, n
Les textes appellent plusieurs lois cet instrument le non
d'Anubis, c'est-à-dire du dieu qui préside habituellement aux
cérémonies de la momification et des funérailles: et ils le dé-
finissent comme servant à l'ouverture de la bouche et des veux.
M. Mariette-Bey a publié, dans son splendide volume des
touilles d'Abvdos. une scène qui représente la cérémonie de
l'ouverture de la bouche de Seli I. au moyen du non, que le
prêtre présente à la face du roi. La légende hiéroglyphique
dit : Ouverture de In bouche par le non d'Anubis (quatre fois) '.
M. Devéria ne cite aucun texte qui dise clairement que le
Le texte du Louvre, traduit par M. Devéria , explique aussi que l'ouverture
de la bouche devait être réitérée quatre fois.
u
iimi ilml être iiiil «in mêlai ban, comme la cuisse. Mais cette
notion ressorl nettement de quelques groupes rc[)roduits daus
son mémoire el donl il n'a pas saisi le sens. Pour les com-
prendre, ii esl nécessaire de se rap >eler que I un des titres
les pins ordinaires d Ainihis est * /T)r~]- c'est-à-dire : ce-
lui qui est dans la salle divine.
Or. le texte en question est un ordre adressé au prêtre
offieiani : 2KJL — J!\^V"!fT)A^- P™** '''/'■'■
comme le dieu iiiu est dans la salle divine fid. esl comme inubisu
le nou1. Conséquemment, prendre h fer, c'était absolumenl la
même chose que prendre le nou d Voulus. Les instruments
symboliques dont il s'agil étaient donc bien de fer.
Ces explications préliminaires étaienl indispensables pour
bien faire comprendre la portée de la petite déeouferte qu'il
me reste à signaler.
Les lisles d'offrandes funéraires, que nous possédons en
grand nombre, ne comprennent ordinairement, quelle que
Miit leur date, <pi«' des denrées alimentaires, des boissons, des
parfums el des collyres. Lorsque «les objets d'autre espèce
sonl offerts au défunt, ils sont disposés à pari el quelquefois
servenl d'ornementation aux parois extérieures des sarcophages
de pierre. On \ voil figurer alors des meubles, des vêtements,
des armes, des vases, des outils, etc. et aussi des bandelettes,
des sceptres ou insignes, des encensoirs, etc. etc. en un mol
des objets à l'usage de l'homme vivant, el des symboles ou
amulettes pour rendre el conserver la vie. Ce n'est «pie très-
rarement que celle classe de dons funéraires esl mêlée avec
l'offrande proprement dite.
Ce cas M présente toutefois dans une belle stèle du musée
de Leyde, récemment publiée par M. le D' Leemans2.
1 Fkraralivemenl ! -> n'esl que le t^-> avec l'entaille que cel outil a faite.
I eui ont souvent confondus dans les textes de basse époque.
/ \lonumenten . etc. III afd. k. \\i .i \u\
— 35 —
G esl la stèle funéraire d'un gardien du Irésor de Memphis,
nommé Merrimerri. Elle n'est pas datée par un cartouche,
mais elle présente tous les caractères <lc la bonne époque
pharaonique (de la wm à ta \\" dynastie).
Dans l'une des scènes de cel important monument on voit
le défunt debout devant quatre plateaux chargés d'offrandes;
au-dessus esl un tableau (|iii donne le détail des objets offerts.
11 n'y en a pas moins de soixante espèces, <'f entre autres des
vases et des sceptres ou insignes d'or. Je reproduis ci-après
los cinq articles <|tii ont directement trait à mon sujet :
r^ r^ r-V^ r^
A > ^ * * * * A Aa * A ft^^A Am - . ■» . m. M A* m ^.aaaA
p^ri^^^^r^ /TTTYTT^ /nTTfVir^ /WlflpnWl
J!
\
\
V s
J!
\ S
J!
s
JV JV -IV -IV .jV
(«Ht jJBx. JoHe JcHe JzBl
i'LÎ
t
w
— 36 —
La traduction de ces légendes ne présente aucune dilli-
rulté :
1. Nmi d'ivoire à lame de fer, selon son i '. Nou i.
2. Nou «le bois d'ouan ii lame de fer; son dodo Oerhakou. Nou i.
• !. Non d'ivoire à lame de fer; son nom Neter-ha. N<»u i.
'l. Non do bois do mer. à lame de fer; son nom Anubis. Non i.
5. Non d'ivoire ;i lame de Fer; son nom lève-main \ Nou 1 .
Des cinq instruments ainsi décrits, trois sonl à manche
d'ivoire et deux à manche do bois, mais la lame do ions est
du métal baa; leur description esl h parfaitemeni conforme
à celle que donne M. Devéria des trois nous du Louvre, que
les conditions d'identification que j'ai reconnues indispensables
meparaissenl convenable ni remplies. Nous devons conclure
on dernière analyse que le baa dos Kgvpiiens o.st bien le fer,
alors surtout que cette opinion a déjà été soutenue avec force,
on l'absence de prouves aussi décisives.
Expliquons en passanl que le signe du traîneau, lat. esl
une variante du groupe J'j^« On le trouve son von l employé
comme déterminatif du groupe phonétique, el aussi seul pour
exprimer le mol baa, comme dans le texte qui nous occupe.
L'absence du déterminatif des métaux ne fail pas pins diffi-
Culté <|iie celle dn délernil nalll de li\oire; limité par l'es-
pace, le scribe a supprimé Ions les signes facultatifs.
Deux des manches sonl de bois. I un de i^V ouan;
l'autre de - \. mer. D'après les déterminatifs on voil qu'il
s'agil de Ions durs. L'inscription d'Amonemheb, publiée par
M. Ebers, nous ;i appris qu'une localité située au nord du
Liban étail appelée du nom de l'arbre ouan. Le voyage d un
Egyptien parle aussi d'une essence forestière nommée- — ■ *£»
k. aoiin , qui se trouvait dans le Liban ;i\<'< le chêne et le
ijnilii' que ci premier moi n'avail pas de nom parliculier.
Ce nom semble provenir de la nécessite* | i 1'oflîr.ianl de lever la main
poui approi lui I ustensile 'I'' la l<4e du déftinl
— 'M —
cèdre. Pour des motifs qu'il sérail trop long de produire ici,
j'ai pensé que c'est le caroubier, au bois inaltérable, très-
recherché pour les travaux de marqueterie, el qui abonde
en Syrie.
Quant au bois de meri ou mer, c'était aussi une espèce re-
cherchée; Thothmès III en recueillait parmi les tributs qu'il
percevait en Usyrie. Les portes des naos portatifs el des cha-
pelles étaient fabriquées avec ce bois, qui recevait des garni-
tures de bronze. On l'utilisait aussi dans la charronnerie.
L'examen des naos conservés dans les musées, et surtout
des manches de nou, du Louvre, dont nous venons de parler,
fournirait peut-être des observations de nature à assurer
l'identification de ces bois avec entière certitude.
<;h;ilon-Mir-Saôiie, a5 novembre 187^.
V. Chabas.
Y IV.
NE.MIioit Kl LES BCR1TCRES CUNÉIFORMES.
Les inscriptions cunéiformes trouvées dans la Mésopota-
mie nous ont révélé les noms de plusieurs rois antiques ap-
partenant aux premières dynasties de l'empire de la Chaldée.
Mais aucun de ces noms n'a encore été identifié avec ceux qui
nous sont connus par la Bible ou par l'histoire profane.
Le nom même de Nemrod, le fondateur de la dynastie des
Couschites, n'a pas été reconnu sur les briques retirées des
ruines des villes où fut le commencement de sa domination.
C'est ce que constatait M. E. Scbrader, l'année dernière, dans
son savant ouvrage, Les écritures cunéiformes et l'Ancien Testa-
ment, pages 1 li et 17.
Gela ne paraîtra pas surprenant, si nous réfléchissons qu'à
l'époque où lurent écrites les plus anciennes inscriptions trou-
vées en Chaldée, Nemrod devait déjà appartenir aux temps
— ;{8 —
héroïques de son pays, comme Vssnr. le fondateur dejNinive,
qui, pas pins que le premier roi de Babylone, n'a laissé «les
monuments écrits de sa domination.
\u-si n'est-ce pas sur les briques déposées dans les fonda-
tions des temples et dos autres édifices dr l'ancienne Ghaldée
que l'on peut espérer de retrouver les traces du premier con-
quérant; il faut les chercher dans les légendes el dans la
mythologie des Babyloniens et des Chaldéens.
Dans l'Appendice, tiré à part, d'un article paru dans la
Ilcnic de la Suisse catholique, en août 1871, sous le titre Le plus
ancien dictionnaire, j'avais émis l'idée que le nom de IVemrod
se trouvait dans l'idéogramme *-*-| i"Z^ ^ï A'mar-ud, par le-
quel les textes cunéiformes expriment I»1 nom du dieu Méro-
dach, el qu'en conséquence celui-ci n'était autre que le fameux
Vmrod, mis au rang des dieux dans le panthéon assyro-
l>al>\ Ionien.
Ce qui nï-iait alors qu'une conjecture pour moi étanl de-
venu une conviction, je veux soumettre à l'appréciation el à
la critique de uns maîtres en assyrioîogie les considérations
sur lesquelles elle s appuie.
Le nom du dieu Mérodach (Martini, el uaruauk) est écril
de diverses manières dans les textes cunéiformes.
M. E. Vorris a recueilli et noté les suivantes, dans son Dic-
tionnaire assyrien, page 853.
r •— | <"Z^Z £] , phonétiquemenl imar-ud.
• — f riï— nif- • Varduk.
.i — f I- — Su.
/,•■ ^.j ^m. |/„. gU, etc.
Il faut \ ajouter
a — ï -wJ<M rT»" 4. Silik~mmlu-khi?
• ette dernière forme se rencontre dans des textes magiques
— 39 —
el mythologiques, en idiome accadien1, cités par M. F. Le-
normant dans son intéressante étude Lee science» occultes chez
1rs Chaldéens [Correspondant, octobre-novembre 1873).
M. Lenormani fail remarquer que I«*s textes iiiajjirju^s cités
n appartiennent pas à La religion primitive de la Ghaldée, ei
(jue quelques-uns paraissent être d'une époque relativement
récente. îussi l'expression Silik-mulvr-khi, qui est un titre <pia-
lificatif, plutôt qu'un nom dans le sens ordinaire, n'est pas la
l'orme la plus ancienne. Dans la version assyrienne de ces
textes, SiliL-miiln-Uti est rendu par la première notation
<^Z fcj Aiiiunul. Celle-ci apparaît, pour la première fois, dans
les inscriptions de Hanunourabi, dont l'existence, suivant les
assyriologues, remonterait à environ iJioo ans avant notre
ère. C'est aussi la seule que l'on rencontre dans rénumération
des dieux que les monarques de Babylone et de Ninive in-
voquent dans leurs inscriptions. 11 ne paraît donc pas douteux
quelle ne soit la plus ancienne et qu'elle ne couvre le nom
antique du dieu qui a été adoré, beaucoup plus lard, sous le
nom, étranger à la langue assyrienne, de Marduk ou Méro-
dacli.
Dans ces invocations, les noms dos autres dieux sont, le
plus souvent, écrits en idéogrammes, c'est-à-dire avec des
signes dont la prononciation syllabique donnait le nom du
dieu en langue accadien ne, mais que les bsyriens lisaient
dans leur langue. Unsi le nom du dieu \élu> est ordinairc-
mi'iit écrit »-] *H*»~I An-ak, en accadien, mais les Assyrien-
le lisaient Vabium dans leur langue.
Les syllabaires d'Assourbanipal et les variantes des textes
cunéiformes identiques OU parallèles nous ont l'ait connaître
les noms assyriens de ces dieux el nous ont permis de l(,k-
' ancienne langue de la Ghaldée, appartenant à la classe des langues agglm
»jiihIi\i> dont M. Lenormani •< donné, le premier, I bisl el la grammaire dans
ses Eludes ttccadientu
40 —
identifier avec ceux que nous connaissions par l'histoire sacrée
et profane, comme Oanès (Anuni). Assur, Bel, \ebo, Samas,
S in , etc.
L'idéogramme —-] CZ^. fc! imar-ud a pareillement été
identifié avec Mérodach par la lecture du nom de Mérodach-
baladan, qui est écrit Amar-uà-sena dans les inscriptions cu-
néiformes, et transcrit dans la Bible (Isaïe, xxxix, i ) par
pN,L,2 IjlNnD Mérodach baladan.
Mais Marduk = Mérodach n'esl pas un nom assyrien ni sé-
mitique, c'est un nom purement accadien, ;iinsi (|ue tous les
assyriologues doivent en convenir. Il devait donc aussi ré-
pondre à un nom, à une forme assyrienne renfermée dans
l'idéogramme [mar-ud <^ ^]1. C'est ce nom assyrien dont il
s'agit de rechercher la lecture, l'expression vocale. Pour la
trouver, il n'y a qu'à suivre le procédé philologique employé
pour découvrir les noms assyriens cachés sous une forme acca-
dienne ou idéographique, lorsqu'ils ne sont pas donnés direc-
tement par les syllabaires ou par les variantes. 11 consiste à
substituer aux signes dont se compose l'idéogramme les dif-
férentes valeurs syllabiques ou idéographiques qu'on sait leur
appartenir.
Ainsi, lorsqu'on eut découvert L'obélisque dit de \emrud,
mi avait de lionnes raisons de croire qu'il était de Salmanasar,
Quoique le nom du roi \ lût écrit Dimanubar vt?^ ^E] *t/L HK
Ou découvrit ensuite que le premier signe d\ pouvait se lire
;iussi snl et salim, et le dernier \usur; on eut donc le nom de
Salmanuussur (Salmanasar) au heu de Dimanubar.
' La lecture oparudpour amarud paratl avoirété usitée à côté de celle de Mé-
rodach. Dans le ranop de Ptolémée, If nom d'Evilmérodacli est rendu par
fUoaroudamou. Il peut se Iranscriri . en cunéiformes par (]] K, , ^| M"-
•ntini ml i.i, nia nvarudam comme nahadu nahndnm dans les inscriptions de
ViIhi. hodonosor.
— 'il —
Procédant de la iiiéme manière avec l'expression <^I^ M.
nous trouvons, au syllabaire n° i ô 6 d'Assourbanipal. que le
premier signe a la valeur syllabique accadienne de amar et le
sens général de luire, lumière; en assyrien buuru, correspon-
dant aux racines 1K3, "îna, 113, ma, ï"2. *»KS, ^nc , des ri if—
férenls idiomes sémitiques. Ce syllabaire est ainsi :
v . 56 tï ai- I <a i -4 Mrfr ^hl
a-mar bu - « - r«
Les Assyriens lui ont encore donné la valeur syllabique de
tsnr fins lumière).
Nous pouvons donc remplacer ce premier signe, non-seule-
ment par son équivalent générique, burû, mais encore par une
autre forme de ce verbe, par son participe nibru, qui est bril-
lant.
Nous savons aussi, par la tablette lexicographique 25,
II, 6i, que amant =* namaru (")1NJ) , luire, briller, synonyme
de buuru. En remplaçant <7w/r par ce second équivalent, on
obtient naniarn. namru et niniru.
La valeur ordinaire du second signe ^ï est wd, avec le sens
de clair, brillant (Tin), et par extension celle de jour et de
soleil. Il s'emploie aussi en assyrien dans le sens de clair, bril-
lant, et dans la même forme, ud . udû. Il n'est donc pas néces-
-aire de lui substituer une de ses autres valeurs (tam, par,
unrn . sa nuis , etc. I.
Par ces substitutions nous obtenons nibrud ou nimrud, au
lieu de amar-ud. Nibrud répond à la forme Nebrodes employée
par l'historien juif Flavius Josèphe, et Nimrud répond exacte-
ment au Nemrod ("noa) fie la Genèse, et il signifie la lumière
brillante, le splendide, l'illustre, et non le rebelle, comme l'ont
cru les commentateurs de la Bible.
Il est vrai que le signe ^[«ts'ajoute Fréquemment, dans les
textes en langue assyrienne, à un signe idéographique pour
— 42 —
en déterminer la véritable prononciation, soil comme cojn-
plémenl phonétique. Ainsi I»1 signe ■** kur, idéogramme de
nakar, se révolter, suivi du complémenl phonétique ut ■Ar £}.
se lit nakrut, la rébellion., les rebelles. Je no crois pas qu'il \
ail lieu d'appliquer cel usage orthographique assyrien à un
nom propre accadien ; mais lors même <|ue aous admettrions
la lecture \imrut ou Vibrut, qui sérail justifiée par l'emploi
de Sibrotes dans l'histoire d'Arménie de Moïse de Ko rêne, ou
n'aurait qu'une variante de plus de la forme Vemrod employée
par la Genèse.
\|irrs avoir établi que l'idéogramme <HZ M amarùd pou*-
vail (-lie lu Nimrud, en assyrien , oous avons à prouver que ce
nom esl synonyme de Martini,-, en accadien.
<
\iarduk es1 composé de deux mots on racines : maf <-l rfttÀ\
Mar= (mir) signifie , entre autres, lumière <-t jeune, beau .
brillant, vermeil; =miru (deiix), immiru(de npj), ntftw (de
"ïp i . fc/mrw 1 --in) , admu I D1N ) . tiifa ( on'1? i | voj . Inscript, nutaf.
II. A. vol. II, pi. 3o, I. 99 el suiv. el pi. 36, I. '17 el suiv.;
pi. 39, :»". I. 63]; I ru raar. Duk IZÏf* LJ. Ilî [grande
inscription d'Assournazirpal , col. II. '\ 1 , 5i], signifie avoir,
posséder; cela es( admis par tous les assyriologues.
\farduk, en accadien, signifie donc : possédant la beauté,
l'éclat, la splendeur, ou autrement, le beau, le brillant, le
splendide, comme Vitnrud en assyrien.
Ceci '"-1 confirmé par les variantes du nom de Nabonid,
qui esl écril :
— ' ^t^t ^fj*^'2 (M1 an-ak-mir (ou ;//"/•) rfu /. . m ace :
,.| .— T ^Vf ^ - rH TH »— /~I Âl**"^ ÏE.Â] Nabium nahid, en ass. :
par "H l'on voil que Wirduk s'échange avec naiud, éminent,
brillant, splendide 1 arabe iru ». (Voy. Diction, asayr. de Norris,
p. i66 cl tji'i 1 .
Dans les lableltes astronomiques, on plutôl astrologiques,
— sa —
trouvées à Nioi've, il est souvenl l'ail aiention de l'étoile de
Marduk, soit de Mnutul \<ZZ t]). Lee assyriologues modernes
l'ont identifiée avec la planète do Jupiter. Le nom de Nnnrud
ou de Mardvk, le brillant, donné à cet astre par les astronomes
assyriens, justifie l'identification des assyriologues eten mono'
temps corrobore mon interprétation. Chacun sait que Jupiter
est la plus brillante des planètes.
L'identification de Nemrod et de Mérodach étant justifiée
par l'analyse philologique de ces noms et par l'identité de
leur signification, il reste à examiner, comme contrôle, si les
qualifications données à Mérodach, dans les textes cunéi-
formes, correspondent à celles que la Genèse attribue à
Nemrotl.
La Genèse (cb. \- <s . <| • 10) dit :
- Et Cus engendra Nemrod, qui commença à être puissant
sur la terre: -
-Il Fut un fort chasseur devant Jéliova. De là est venu le
dicton : comme Nemrod, le fort chasseur devant Jéliova:
et le commencement de son règne fut Babel, Erek, Accad
et (laine.»
Dans les textes étudiés par M. F. Lenonnant, Les sciences
occultes clic: les Chaldéens, Silik-tnoulou-khi (Mérodach) est re-
gardé comme tils de Ea, roi des fleuves et des fluides, qu'on
a cru pouvoir identifier avec /Voua/», Noé. Suivant cette inter-
prétation, Mérodach sérail donc (ils de Noé. au lieu d'être son
arrière-petit-fils, Minant la Genèse.
Ailleurs. Mérodach est dit : fils d'Eridhu (de "ClfJ ■<£ ■
I rdhi), 61s du seigneur à'Eridhu; en accadien, de Ki-ga-ge.
h cz m t5= *m cm <JhI *=m* -m
Amar - ml far - sag Bili? Ki - ga - gc
c'est-à-dire Nimrud, lils aîné du seigneur tfUrdhi (-CJJ d).
55, Il . 64; 58, Il . 7A, 7.1.
— àâ —
La tablette 56, II. 38, dit que le seigneur de Ki-ga-ge, ou
d'Urdhi, avait six lils connut' Ctis, le père de NemroH.
Mérodach est qualifié de Rinwui, le vainqueur (de ]n),
dans les inscriptions (!<• Nabuchodonosor, ainsi que dans la
tablette 54, II. 53, qui l'appelle aussi /.sVm. le prince, l'éuii-
lient cl le combattant (de N"it', d'où Isra-el, luttant avec
Dieu).
M. Lenormant, dans son étude, cite un passage des textes
magiques qui dit de Mérodach : «Je suis celui qui marche
devant Ea — je suis le guerrier, lils aîné de Ea — son mes-
sager. »
Ce passage serait identique à celui de la Genèse : le fort
chasseur devant Jehova (•///), si les mots marchant et messager
(plus exactement courrier, en assyrien : Tur-sipri '•■ = rakou j ne
remplaçaient le fameux chasseur qui a donné heu à tant dex
plications embarrassées et à des versions si différentes.
Les Septante ont traduit par géant chasseur. «
ha \ ulgate / \ par loi! chasseur.
La version syriaque. ... / T?""»^? \ par géanl guerrier.
La version arabe \ / par géant terrible.
ha version chaldaïque. . par homme fort.
L'historien Josèphe, qui n'a lait que copier et commenter
la Bible, dai^ ses intiquités judaïques , appelle Nemrod violent
et audacieux; mais l'expression si caractéristique de chasseur
ne se trouve pas dans son livre. La Genèse ajoute que \fort
chasseur devant le Seigneur comme \emrod, est devenu une lo-
cution proverbiale. Cependant, cette locution ne se rencontre
pas ailleurs dans I" \iicien Testament , tandis que celle de niar-
i h ni devant le Seigneur \ est fréquente, ainsi que dans les
inscriptions assj riennes.
l' n présence de ces divergences, il est permis de se de-
mander si une erreur n'existerait pas dans le texte hébreu
!..
actuel, ou si vjhaa ne pourrait pas signifier autre chose qu'un
grand chasseur, ou un homme fort à la chasse. Mais en ad-
mettant même l'exactitude de cette version, il existe encore
assez d'analogie entre l'idée d'un guerrier marchant devant Ja
el un grand finisseur devant .lehova, entre un chasseur et un
courrier à cheral (33"i), pour que ces deux qualifications aieni
l»u être appliquées au même individu par les traditions chal-
déennes el hébraïques. Le parallélisme des deux passages
rites n'en est pas moins frappant.
La Bible dit ensuite (pie Nemrod commença par régner à
Babylone et dans trois autres villes ou territoires de la Chal-
dée; elle dit également qu'Assur partit de là et qu'il fonda
Ninive. — C'est pourquoi le prophète Michée (\, 6) appelle
l'Assviïe la terre d'Assur, et la Babylonie la terre de Nem-
rod.
La distinction entre le dieu Assure! Mérodach, l'un comme
dieu spécial des Issy riens, et le second comme dieu de Baby-
lone et de la Chaldée, est aussi clairement établie dans les
inscriptions cunéiformes.
Sur une tablette mythologique (5q, II, Ay j. on lit :
<H *tffi! £1 I H cr 1
i Dieu on roi) <lr Babylone \ferodach.
Comme nous L'avons dit (p. 3q), le nom de Mérodach
apparaît pour la première fois dans les textes du roi chaldéen
Hammourabi, et. dans leurs inscriptions, les autres rois de
Babylone invoquent toujours Mérodach comme leur maître,
la divinité suprême, le roi du ciel et de la terre, mais ils ne
parlent pas d'Assur.
Les monarques d'Assyrie , au contraire, reconnaissent Assur
pour le premier de leurs dieux: son idéogramme entre dans
la composition de leurs noms royaux, et ce n'est que depuis
Assournazirpal (environ neuf siècles a va ni notre ère) que l'on
— 46 —
trouve le nom <l«' Mérodach dans leurs inscriptions où il oc-
cupe toujours un rang inférieur, après les grands dieux Usur,
< )anès . \ini|i . etc.
Il \ a donc un accord parfail entre la Bible el 1rs inscrip-
tions cunéiformes sur les individualités d'Àssur el de Nemrod,
dans la première; d'Assur et de Mérodach, dans les der-
nières.
Celte distinction esl en opposition formelle avec l'opinion
de quelques commentateurs qui, par suite d'une fausse inler-
prétationl du mot Àssur, dans le texte h«'*l»r«Mi (Gen. \. 11),
ont cru que Nemrod ('tait aussi le fondateur de Ninive et <!<■
l'empire d'Assyrie '.
Il sérail possible d'entrer dans de plus longs développe-
ments sur le sens (les autres idéogrammes du nom de Nemrod
et sur ses attributions et ses qualifications dans le> textes cu-
néiformes'; mais il me semble que les considérations qui pré-
cèdent smit plus que suffisantes pour justifier ma llièse. à
savoir : que Mérodach n'était autre que le fameux Nemrod
mis au rang des dieux par les Chaldéens et les assyriens, e!
(Mie le nom de celui-ci. bien loin d'être inconnu ;m\ inscrip-
tions cunéiformes, s\ rencontre presque à toutes les pages2.
Fribourg, le iS décembre is-:;.
.Ins. (i|',|\ |;|..
1 On «oit, pai ces quelques aperças, que l'étude de la mythologie asByriennt!
pourrai! nous fournir de précieuses indications sur l'histoire primitive de Babj
lune ■•! tl«- N in i\ •■.
' J'ai reçu récemment , sans autre avis, un numéro du Bulletin de I uhénée
riental '!'• janviei février i s -^ ; ; . dans lequel se trouve on travail de M. Opperl
i tfemrod.
I ivanl orientaliste j condul ni tlement, el en lignanl | page ifto), qu'A
n'a jamais existé" un individu du non de letnrod.
Son argumentation repose sui celle supposition que tout tel <""»•< , au uombn
de plus de cent , du chapitre z de la Genèse . ne »onl que des pers incations « I « -
ii m apbiques el ethnographiques.
Malgré toutp l'autorité de M. Oppnrt, je np pense pa? rju'urip rntiqup împrtr-
'i7
V \.
SUR LES PARAGRAPHES 9 II' 'l Dl TROISIÈME LIVRE ET SDR
LE PROOEUU 1/ DES ORAI LES SIBYLLINS.
11 \ a, dans le troisième livre de la collection des oracles
sibyllins1, deux passages que M. Ch. Uexandre est parvenue
isoler d'une manière définitive et par dos considérations au-
jourd'hui généralement acceptées du monde savant. Ces iridr-
ceaux, formant les paragraphes 2 et 5 du troisième livre
sont les plus anciens de la collection; ils ont été écrits, sui-
vant M. Uexandre, vers l'an 169 avant l'ère chrétienne, par
des juifs alexandrins maniant bien la langue grecque et con-
naissant à fond les traditions et les mœurs helléniques.
M. Ferdinand Delaunaj présente dans son mémoire des
observations nouvelles sur la doctrine, les tendances, l'ori-
gine, la nature de ces oracles. Il s'attache à démontrer que.
loin d'être homogènes, de la mémo époque et de la même
main, les deux paragraphes en question contiennent l'un au
lialo puisse admettre ane conclusion si nettemenl opposée au sens naturel du
texte sa< ■
S'il n'a\;)it jamais existé d'individu du nom de Nemrod, ni (l'Assnr. il faudrait
dire aussi qa'Arphacsad, dont le nom se trouve au verset 22 , entre ceux de Elam,
\-iir. Lnd et \ram. n'a jamais existé non plus, bien quële chapitre XI (vers. 1 1
- Doua fasse connaître ses lils et ses descendants jusqu'à Ibrabam.
\ l'aflirmation de M. Oppert, on pont opposer non-seulement l'autorité de la
Bible, mais encore celte de la grande majorité de -''s interprètes qui oui vu, dans
la table généalogique de la Genèse, les noms des chefs de famille des descendants
de Noé, et qui ont admis, en même temps, que ces noms sont devenus cens des
contrées où ces chefs se sont d'abord fixés.
il ainsi que l'Ancien Testament appelle la Palestine, In terre d'Israël, lu
terre de Juda; comme Michée appelle l'Assyrie el la Babylonie, l« terre d*At»vrs
in terre de Vemred.
' Oracula nbyUina, lexlu ad codices manuscriplos reco/;nilo..., curante
C. Alexandre. •>. vol. gr. in-8°. Pans. Didot, i84i -j856. I ne nouvelle édi-
tion, plus compacte, «mi un seul volume, a "te publiée en 1869
h
— 48 —
moins quatre oracles ou Fragments d'oracle, l'autre un nombre
plus grand encore de fragments. Les motifs principaux allé-
gués pour justifier cette Fragmentation sont tirés des contra-
dictions et (1rs répétitions qui so constatent dans les divers
morceaux et surtout de la différence qu'ils supposent dans la
conception du règne messianique.
M. Delaunay reconnaît que chacun des paragraphes a son
caractère : le premier (le paragraphe 2) est historique; le se-
cond (le paragraphe 6), eschatologique. Cela n'affaiblit point
l'opinion suivant laquelle ces fragments, bien qu'analogues,
sont cependant distincts; mais cela prouve, ce qui est naturel,
(pie les compilateurs se sont préoccupés de juxtaposer les
oracles similaires, (l'était le moins qu'ils pussent faire.
Chaque fragment, ajoute M. Delaunay, isolé par nous, ap-
partient à un oracle, dont il nous offre tantôt le milieu, tan-
tôt le début, tantôt la fin, tantôt des parties diverses, disjecta
membra. En rapprochant ces éléments ('-pars, on peut, sans
trop de difficulté, reconstruire le type de l'oracle judéo-
alexandrin, demeuré intact el complet, à notre avis, dans le
texte du IV' livre.
Tout d'abord, l'oracle alléguait l'inspiration divine; sa
thèse était ou dogmatique | proclamation et définition de l'unité
du Très-Haut cl du Grand Roi), ou historique (combinaison
des diverses légendes el traditions des peuples el leur mise en
harmonie avec les destinées dirigeantes d'Israël), ou eschato-
logique (tableaux de la (in du monde, du châtiment des
gentils, de> victoires du Messie. Au jugement dernier, du
règne de Dieu); le plus souvent l'une (le ces llièses dominait
dans l'oracle: presque toujours elles s'v produisaient concur-
remment.
L'oracle était assez court; nous lui accordons au moins cin-
quante vers, an pins den\ cents. I n développement plus con-
sidérable lui aurait fait manquer son but; il devait s'apprendre,
— 49 —
se réciter, se copier aisément et vite. Un morceau de eenl ou
de cenl cinquante vers se gravait sans trop de difficulté dans
la mémoire <■( volait de bouche en bouche, (les conditions
étaient indispensables à remplir, quand l>ien même les ha-
biles auteurs de cette Littérature apocryphe n'auraient eu en vue
que de favoriser la circulation de leurs écrits; mais ils tenaient
par-dessus tout à leur assurer l'autorité des oracles authen-
tiques, et, pour cela, il fallait en imiter la forme et en suivre
les allures; les oracles érvthréens ne s'étaient jamais produits
en longs poëmes.
Le Proœmium, qui est en tête de la collection des livres si-
byllins, retrouvé dans les livres à Autolycus, de Théophile,
évêque d'Antioche, nous paraît se composer de trois fragments
similaires, tous presque exclusivement dogmatiques.
Le premier est compris dans les vers i-23; le second dans
les vers a3-6o; le troisième dans les vers 60-87.
M. Alexandre attribue le Proœmium à un sibylliste chré-
tien :
i° A cause de l'allusion à la doctrine de l'Esprit-Saint,
(pie les chrétiens judaisants, dit M. Alexandre1, distinguèrent
peu de la personne du Fils dans les premiers tomps de
l'Église:
2° A cause de la phraséologie suivante, qui semble copiée
sur quelques phrases du quatrième évangile :
17 TBAOLviaOs, fipoToi; HavcaffÔs , {tiratoi,
kai Xivere crxoTÎr)v vvxtos , (pcoTÙs hè ).io£<jds.
«Pourquoi errer ainsi, mortels? Arrêtez, insensés, qui tour-
noyez dans les ténèbres de la nuit noire. Quittez Ips ombres
de la nuit et recevez la lumière!"
1 Inlrod. adSibylHn. Orac. xx? et seqq. — Notre ad calcem, p. 363 et seqq.
de ta nouvelle édition de 1809.
11. h
— :>o —
3 " V cause du vers 28, où. en parlant du vrai Dieu, le
sinylliste s'écrie :
x Voilà qu'il s'est manifesté à tous dans sa justice; m (jette
manifestation n'est-elle pas une allusion à la prédication de
l'Evangile?
/i° A cause des derniers vers du Prôœmium, (jiii contiennent
sur le jugement dernier, sur le feu de ['enfer, sur l'éternité des
peines, sur le pain céleste qui doit servi!1 de nourriture aux
•'■lus dans les riants jardins du Paradis, une doctrine conforme
de ions points à celle des évangiles et de la tradition chré-
tienne.
Sans examiner à fond ces prétendues marques de christia-
nisme, il est possible de prouver qu'elles ont induit en erreur
M. Uexandre.
En ce qui touche l'Esprit-Saint, l'oracle dit : -Dieu... nui
a mis son doux Esprit en toutes choses, el en :i fait le guide
de Ion- les mortels. »
ovlt; -)/.vk\j fgvevfi iv â-nifji
KàTi9-:Tn, xftyrjTifpa fipoTÙv tsolvtw tirotïfaev.
Ce n'est pas ici le lieu de faire l'histoire du rôle joué dans
les doctrines juives et judéo-ale\andrinos par la première ma-
nifestation de Dieu, que le Targum d'Onkelos désigne par
\îemra, qu'Àrislobule nomme — o^/a (sagesse), que Philon
appelle, suivant les divers points de vue où il se place, tantôt
\.6yoi 1 \ erbe ), tantôt Ao-> txrj ^x,»/ i »""' rationnelle), tantôt
Il . l>pnl|. tantôt Sebs Soôiepo* (Dieu second). Nous
dirons seulement qu'avec le progrès du temps . sons l'influence
des allégories el des métaphores, cette manifestation divine
acquit une sorte de personnalité, devint une hypostase el prit
des aspects divers. Sans prétendre déterminer au piste à quel
— 51 —
point en étail venue l;i théorie de l'Esprit-Sainl chez les judéo-
alexandrins duranl tes cinquante ans qui précèdent l'ère chré-
tienne, on pciil affirmer qu'elle existai! chez eux, car ils l'ont
Formulée en termes absolument identiques à ceui qu'emploie
l'oracle en question.
«L'esprit de Dieu, dil Philon, \ isi t «■ les prophètes el les
remplit de sagesse; il inspirait Moïse, il descendit sur les
soixante et <li\ vieillards pour les rendre supérieurs au reste du
peuple.» Le même auteur ajoute que l'esprit, en se commu-
niquant à plusieurs, ne se divise point et ne s'épuise jamais ;
il lé compare à la flamme d'un foyer qui allume des torches
-ans éprouver de diminution. Comparaison curieuse, qui
semble pressentir ou rappeler le symbole que les Evangiles
attribuent à l'Esprit. Enfin, ce qui est péremptoire pour tran-
cher la difficulté, "-cet Esprit, dit encore Philon. est l'être
sage, divin, indivisible, qui remplit tout dans l'univers1.-'
A moins d'à. Im. lire le christianisme du philosophe, ce qui ne
peut faire question aujourd hui, on n'est nullement forcé d'ad-
inHliv le christianisme du sibylliste qui a écrit les vers S et
(i i\w Proœmium.
Il e\islr bien aussi une analogie d'expression entre le début
du quatrième Evangile et le passage de l'oracle qui montre les
idolâtres plongés dans l'ombre de la nuit, el qualifie de lu-
ntièrela connaissance du vrai Dieu. Mais le "quatrième Evangile
a-t-il inventé l'expression dont il s'agit? Non; les livres saints
représentent les gentils comme assis rimis l'ombre de la mort, et
une antithèse très-naturelle amène le mol lumière quand on
veut, dans cet ordre d'idées, désigner le changement qui ré-
sulte pour les idolâtres de leur conversion au vrai Dieu. (!■•
n'est donc ni la sibylle ni l'évangéliste qui ont les premiers
emplové cette phraséologie : elle était hébraïque avant d'être
1 É(t7( tô aoÇàv , to S-eJov, to isym^zov , tô iêiaipeTov , rà î<fle7ov, to Wfrrj
Si' 6/w êxTtSTrX-npvixivov. (F>p gigantïb.
52
alexandrine et de devenir chrétienne. Kl!»' n<' prouvé donc pas
le christianisme de ta siln Ile.
s Voilà qu'il s'est manifesté à tous dans sa justice: voici que
la douer lumière du soleil brille en liaul.w 11 est téméraire,
à notre avis, de voir dans ce passage une allusion certaine
à la prédication évangélique. Durant les trois siècles qui ont
précédé cette prédication, on sait que l'opinion s'était établie
chez les juifs palestiniens et alexandrins que le règne du Mes-
sie n'arriverait pas avant que se fût opérée la conversion
(\<-> gentils, avant que les idolâtres reconnussent le vrai Dieu
et envoyassent des offrandes au temple de Jérusalem. Mais
comment devait s'opérer cette conversion? Il y avait à cet
égard un double courant de légendes, les unes terribles et
implacables, les autres d'une conception plus noble et plus
généreuse. D'accord en cela avec la tradition prophétique la
plus répandue, les sibyllistes indiquent presque toujours les
châtiments de la période ultime comme les moyens dont Dieu
se servira puni' ouvrir les yeux des gentils. Au contraire.
l'école philosophique admet que c'esl le peuple juif qui, par
l'exemple die ses vçrtus el la prédication de -es vérités, sera
l'instrumenl providentiel de cette conversion. Cette même idée
se liiit jour au-si dans le livre d'IIénocli ; elle existait donc bien
avant la naissance de Jésus-Chiisl et la rédaction des Evan-
giles, bien qu'elle ne lût pas aussi communément acceptée
que l'opinion qui attribuai! la conversion des idolâtres aux
châtiments célestes.
Il esl donc parfaitement légitime d'admettre que I un des
auteurs du Procernium, ayant adopté la croyance qui faisait
dépendre l'arrivée du Messie de la manifestation universelle
du vrai Dieu, opérée par I" peuple saint disperse dans toutes
les nations, ;i pn croire à l'universalité de la manifestation de
Jéhovah, et, emporté par le désir el l'attente, considérant les
mille colonies juives éparses en ions lieux, a pu dire du '1res-
-
Haut ce que l'apôtre dira bientôt de l'Evangile: "Il a été
prêché par toute la terre. ■•
On ne saurait Le nier, le Proosmium nous parle du juge-
ment dernier, de la vie future, des peines et des récompenses
éternelles de cette vie, comme le ferait un écrit chrétien. Il
nous faut faire ici encore la même réponse : ces croyances ont
existé bien avant le christianisme. La preuve en est dans le
livre d'Hénoch, dans les témoignages concordants que Philon ,
Josèphe et l'auteur des Philosophumena nous ont laissés sur
les doctrines des Esséniens et des Thérapeutes. Le livre
d'Hénoch parle aussi des riants bosquets du paradis; un juif
alexandrin a pu parler de même, un siècle et demi avant
notre ère.
Il nous reste à examiner le point le plus grave de l'argu-
mentation de M. Alexandre; il on résultera, crovons-nous,
une preuve décisive contre l'origine supposée chrétienne du
Proœmiutn.
Le pain célçste. que mentionne le dernier vers,
±ztvvp.svoi jXvkùv ctpror an' ovpavoù àalepôsvTot
n'est-ce pas Jésus?
Quand on étudie le langage mystique, plein de métaphores
passionnées, que Philon emploie pour célébrer le pain de*
âmes, le pain du ciel, figuré par la manne et par cette pierre
d'où sortirent l'huile et le miel, on arrive à se persuader que
l'expression qui termine le Proœmium peut très-bien n'être pas
une allusion à l'eucharistie.
Voici, en effet, ce que Philon écrivait, plus de cent ans
avant la rédaction du quatrième évangile :
rNous sommes un composé d'âme et de corps. Le corps,
fait de terre, se nourrit d'aliments terrestres; l'âme, que Dieu
a formée avec l'éther1, doit user d'aliments divins, étbérés,
1 Aidépos êvTtv itio-n/ïniLi Srttov (liv. II <lf>s ÂUegoriei >lr In Loi . p. (i.| . édil
<\p Genève |
— .Vi —
célestes. L'Ecriture fail allusion à cola dans ce passage : Voici
que je nuis finispleuvoir des pains du ciel (Exod. xvi, /i). Ne vois-
in pas que les aliments de L'âme oe sont ni terrestres ni cor-
ruptibles, el que ce son! les paroles que Dieu l'ail tomber
comme une pluie de l'être sublime ei pur qu'il a nommé le
ciel l?w
La Bible, racontant les voyages et le séjour des Hébreux
dans le désert, dit qu'un matin, quand la rosée fut tombée,
ils aperçurent à la surface dn sol quelque chose comme du
givre, formé de grains blancs et ronds, pareils à ceux de la
graine de coriandre. «Comprenez-vous, ajoute Philon, qui
commente le livre saint on cet endroit . comprenez-vous quelle
est la nourriture de l'âme? (l'est le Verbe de Dieu, continu
de sa nature, semblable à la rosée, embrassant en cercle
toute l'âme et n\ laissant aucune partie privée de ses bien-
laits. Ce Verbe, toutefois, ne paraît point partout, mais seu-
lement dans les lieux déserts, c'est-à-dire dans les Ames vides
île passions et de vices2... Les âmes en qui descend le Verbe
ressentenl parfois A*^ douceurs mystérieuses, indéfinissables.
Quelle en esl la cause? Elles l'ignorent. Moïse nous l'apprend:
C'esl le pain, l'est la noinriliirr que Dieu a donnée à L'âme
m produisant sa Parole et son Verbe; car le pain qu'il nous
a donné à manger, c'est cette parole...9 Dieu Ta proclamé :
1 H ovj^ "p^s "Ti où ymvots xoej ZHrtpioïs tpiQzvti y ^v%i) , dsX' ois âv o Beos
ôpëprwy ''f)"ts, èx ttjs pzitpa'toM xi\ xaOïpàs Ç'Jvswf , <ir oùpetvàv xéx/vxev.
\ Lit. Il des lllégorie$, etc.)
1 Rapprochez ce passage de celui où Hénocli < i 1 f que le Mystérieux est la source
de sagesse où viennent B'abreuver seulement les Ames auxquelles Dieu ;i résolu de
dévoiler ia Becrets. \ <>iri le texte de Philon :
()ryT< rift -'-l'/vi tpo<piiv oh écrit} \.àyot Seov owe^iie, êotxùi ipôetp, xùxAy
•ariToei' Tzepici'/nÇrs , xti (tvàèv \iipos àpiè-to-^ov aînov èùv " <p*iv£T<xi êè où zshvtix-
/•■■j '■ \'.j'.( oSrof, iXX' ;V îpiiuov TsiO'ln' x*l tuutt&p. | //"</.)
Ovrdf itniv à iprot, >î tpotpii i\v êïwxcv o Beos t>7 ^XV < i^ponevé') xirrOvi
tvroO biifia mi tôt 'i-j-.'i-j \6yov Odrot j tp b»Aarot 6v SéSuxev fifiïv <f>a-
)cïv, t-'jti t" pfffta < fbid
l'homme lait a lima;;»' ne vit pas seulement de pain, mais
«le toute parole sortie de la bouche de Dieu.»
Tout commentaire affaiblirait la clarté de ces textes qui
nous montrent dans le pain céleste, réservé sur terre aux
âmes éprises de Dieu, promis après cette vae aux élus connue
la plus précieuse récompense et la plus ineffable des voluptés,
le Verbe de Dieu. Le vers sibyllin, qui fait allusion au pain
céleste des saints du paradis, a donc pu être écrit par un
juif alexandrin , sinon antérieur à Philon, du moins contem-
porain d> v(> philosophe; ce vers ne constitue pas la preuve du
.christianisme du sibvlliste.
En résumé, si l'on ne peut avec certitude fixer la date à
laquelle se rapportent les fragments divers du Proœmium, on
peut du moins soutenir qu'ils ne contiennent aucun indice
de nature à abaisser cette date en deçà de l'ère chrétienne.
Si les considérations que je viens de développer sont fon-
dées, dit en terminant M. Ferdinand Delaunay, il y aurait
lieu d'attribuer quelque valeur aux propositions suivantes :
i° Le texte de notre collection des oracles sibyllins ne re-
produit pas la l'orme authentique des oracles sortis du groupe
judéo-alexandrin. Ces oracles étaient courts, conformes, pour
la langue, le style, les proportions, aux antiques prophéties
qui circulaient depuis le vin' siècle sous le nom de la sib\lle
d'Erythrée, et qui étaient, en réalité, d'ares divers et de pro-
venances diverses.
a0 Notre collection contient, notamment dans le IIIe livre
et dans le Proœmium, des fragments considérables des oracles
judéo-alexandrins.
3° Il y aurait un travail de révision à opérer sur les par-
tics réputées les plus anciennes de la collection. Il consisterait
à isoler les fragments juxtaposés par les compilateurs du
vc siècle, à les répartir en deux catégories, la première anté-
rieure, la seconde postérieure à l'ère chrétienne. On réussi-
— 50 —
Fait peut-être ainsi à extraire des livres supposés chrétiens des
oracles d'origine hébraïque. On comprend dès lors l'impor-
tance «le cette recherche pour l'histoire du mouvement judéo-
alexandrin. L'entreprise est ardue; mais les résultats entrevus
sont de nature à payer largement les efforts tentés dans cette
direction.
Ferdinand Delainay.
N° VI.
APOLLON. DANS LA DOCTRINE DES MYSTÈRES.
Le point de départ de ce mémoire est l'étude d'un très-
beau vase du musée de Naples1, représentant un personnage
imberbe, à chevelure abondante, tenant une Ivre et couronné
de laurier, devant lequel se tient une femme armée d'une
lance, mais dont le costume et l'attitude n'ont d'ailleurs rien
de guerrier* et qui est accompagnée par Mercure.
Cette peinture a été étudiée avec grand soin par divers
maîtres de la science archéologique, mais sans qu'aucune
interprétation ait pu être défi nitivemenl adoptée: l'auteur fait
surtout remarquer les variations et les incertitudes de
Gerhard. Il pré-sente à son tour une interprétation nouvelle:
il voit, dans cette représentation, Apollon considéré comme
dieu d<'s mystères et accueillant aux enfers l'âme d'une Initiée,
que lui amène le dieu psychopompe. La nouveauté de ce
point de vue l'oblige à en développer les preuves par l'étude
dç tout un ensemble fie monuments.
M. Robiou examine en conséquence un certain nombre de
monuments réramographiques offranl une analogie plus ou
moins marquée avec le vase qu'il a d'abord décrit; il insiste
1 L'autour h Baisi cette occasion pour protester conio l'erreur qui lui attribue
!p premier volume <\p la publication intitulée ChêfHPwtmrt de l'art antique II a
. 'ment '■nmpf'S' '•" Itttt Hn flouxiome *>t Hn troisième volume.
— 57 —
mit la corrélation intime établie par ces peintures entre les
divinités de la lumière et le cycle de Bacchus-Pluton. La
doctrine qui résulte de leur rapprochement, c'est, d'une
part, que le dieu de Y harmonie est le juge des initiés, qui
ont aspiré à l'établir dans leur àme, de l'autre que l'arme
placée (Mitre leurs mains a une signification mystique, celle du
combat de la vie. La même conséquence résulte de la repré-
sentation où Apollon préside, avec Minerve et Bacchus, à l'a-
pothéose d'Hercule, vainqueur de tant d'épreuves et que des
monuments variés permettent de reconnaître comme le type
de l'initié. Ce paragraphe se termine par un essai d'interpré-
tation d'un vase découvert en Crète, il y a quelques années,
et que l'auteur du mémoire propose de compter parmi les
représentations mystiques.
Il s'arrête ensuite, avec détails, sur les représentations de
l'attribut de la lance ou javeline, figurant sur des vases entre
les mains d'un grand nombre de personnages , sans qu'il y
ait apparence de scènes guerrières. Il s'attache à prouver que
cet attribut, appartenant même à des femmes et à un enfant
et compris dans des représentations incontestablement funé-
raires, ne peut avoir qu'une signification mvslique, telle qu'il
l'a signalée au sujel de peintures déjà décrites par lui, et par-
ticulièrement du vase de Naples. Une partie des monuments
examinés dans ce paragraphe sont des vases 'inédits du musée
du Louvre. L'auteur a soin aussi de faire remarquer l'analogie
qui existe, dans ces représentations, entre l'emploi des armes,
offensives ou défensives, et celui des instruments de palestre.
M. Robiou a ensuite étudié des monuments céramogra-
phiques variés, desquels résulte le fait général du rapproche-
ment établi entre Apollon et le Bacchus infernal, soit qu'A-
pollon ligure, avec d'autres divinités célestes, dans un tableau
dont le centre est occupé par le dieu des enfers, soit que les sui-
vants ordinaires de Racrhus soient devenus le cortège d'Apollon,
— ;>8 —
.soil enfin que les deux divinités paraissent identifiées par l'at>-
tributioo Faite au souverain de l'Hadès, dans une composition
sûrement ni\ ^lî«[ii«ï , de La chevelure d'Apollon el dosa couronne
de laurier. Il insiste sur la représentation du (lambeau, (jui,
aux mains de la compagne du dieu, comme ailleurs aux mains
de Bacchus lui-même et dans les rites de son culte mystérieux
à Delphes, exprime manifestement l'idée de la renaissance,
c'est-à-dire de l'entrée dans la vie future promise aux initiés.
Des scènes monumentales ont d'ailleurs représenté, en divers
lieux de l'ancienne Grèce, celte association intime de Bacclius
et d'Apollon.
L'auteur étudie ensuite, en quelques pages, des travaux
publiés dans YArchaeologische Zeitung par MM. Gerhard et
VVeniger, sur les rapports établis par l'archéologie entre Bacr
ilius et Apollon. La conclusion est que ces rapports sont très-
inlinies. niais constamment établis dans le sens de l'anoblis-
sement de Bacchus el de son tinsse, el que, par conséquent,
ils se réfèrent à un Bacchus grave el mystérieux, celui qui lui
Confondu avec le dieu des enfers.
Enfin les dernières pages du mémoire onl pour objet le
rôle moral d ' \polhm sur la terre, comme dieu de la lus-
tration; L'auteur l'étudié, <i la suite de M. Bœtticher ef de
M. Millin. dans divers monuments figurés de l'Orestéide , el \\
conclut que L'action de ce dieu dans le séjour futur des inities
n'est que l'extension logique de celui que la tradition com-
mune lui attribuai) chez les Grecs.
ItOlilOl .
Y VII.
m»TI si h i\ PASSAGE M 3CHOLIASTE DE PLATON COlfCBRUAflT
il g l <»P. I IFICATIONS D'ATHEffl
Dan« le Rapport que | ;i\;us l'honneur de lire è I L( adémic .
— 59 —
en :s7». au nom Je la Commission de l'Ecole français*
d'Athènes, j'avais eu l'occasion de signaler (pages 1^ et i3)
an texte du scholiaste de Platon sur le Gorgias, texte fort in-
téressant pour l'histoire des fortifications antiques d'Athènes,
mais • ] 1 1 1 présente deux m ils visiblement altérés. Je me bor-
nais alors a constater cette altération. Lu rapport comme
celai dont j'étais chargé doit, avant tout, rendre compte des
jugements de la Commission compétente. C'est un travail ijui
doit rester impersonnel. Néanmoins, comme le rapporteur
trouve induit par son devoir même à examiner de plus
près que personne les mémoires soumis à la Commission,
vn étudiant avec attention quelques-uns des témoignages
relatifs aux longs murs et surtout à ce «mur du milieu » (to
Sià fxéaov 7s7%os),*)C cédai à la tentation bien naturelle d'es-
sayer une correction sur le passage du scholiaste de Platon
qui a toujours paru d'une grande importance pour la solution
du problème concernant ce mur (ht milieu. Mais je dus m'abs-
tenir d'insérer dans le Rapport ma conjecture sur ce sujet.
Aujourd'hui, l'Académie pourra me permettre d'y revenir et
de lui proposer mes doutes sur la leçon des mots controversés.
Parlant, cette l'ois, en mon propre nom. je le ferai avec moins
de confiance, mais ;uis>i avec une liberté que ne me laissaient
|>;is mes fonctions de rapporteur. Le texte en question se lit
^'iis aucun changement dans toutes les éditions que je con-
nais des scholies sur Platon, depuis L'édition princeps de Huhn-
Icenius jusqu'à celle qui vient de paraître dans le dernier
roiame du Platon de la Bibliothèque grecque-latine de
M. Firmin-Didol. Un exemplaire que je possède de l'édition
de Hulmkenius avec des notes et des leçons de manuscrits,
de la main de M. Boissonade, ne porte aucune variante sur
le- lignes dont nous avons à nous occuper et dont voici la
traduction littérale :
«Par mur du milieu l'auteur désigne celui qui existe encore
— 60 —
en Grèce (êv ÈXkdSt). Car Périclès a fait aussi à Munychie le
mur du milieu . qui d'un côté (c'est-à-dire au nord) se prolonge
vers le Pirée, et de l'autre (c'est-à-dire au midi) se prolonge
sur Phalère, afin que. si l'un des (lcn\ était renversé, l'autre
servît longtemps.» (le mur étail évidemment transversal aux
fourra murs <|ui reliaient Athènes à la mer. puisque, partant de
Munychie, il rattachait, dans sa direction du nord au sud,
le Pirée à Phalère; mais, de plus, il doublait probablement
une fortification antérieure établie dans la même direction
(ce serait la vieille enceinte de Munychie dont parle Strabon ) ,
puisque, suivant l'expression formelle de l'écrivain, quel qu'il
soit, auquel la scholie sur le Gorgias paraît empruntée, il
devait former une seconde ligne de défense, dans le cas où
une première Ifgne serait renversée. De toute manière, les
lieux que traversait ce mur ne peuvent avoir été désignés,
dans le texte original, aussi vaguement que par les deux mots
êv. ÈX/âSi. On attend" ici une désignation topographique et. non
pas une désignation géographique. Le texte est donc certaine*
ment corrompu.
Cela posé-, en recourant aux comparaisons, souvenl si pré-
cieuses pour la critique, entre 1rs formes successives de l'écri-
ture grecque, on peut d'abord . dans les caractères 6N6AAAAI ,
voir une altération de 6NOMAA6I, êv ôpaXef, qui serait lui-
même pour êv ôuctAîj (sous-eiilemlu yîj). Mais je ne trouve
aucun autre exemple de cette locution elliptique; d'antre part,
en Bongeanl à la confusion assez fréquente de l'a et de l'w1,
on est ((induit à corriger plus simplement êv êXoiSet, qui sera
devenu êv élvSt par un effet d'itacisme dans la dernière syl-
labe. Ev éluSeï, analogue à êv xaBap$ que nous offre déjà la
langue homérique, signifiera -dans une partie» ou «dans la
partie marécageuse n du sol entre le Pirée et Phalère, ce qui
1 Voir, sur tes deui causes d< celle altération, tes interprètes de Grégoire de
Corinthé, p 1 83, 816, 33o, -\<< 7A8, 7A9, éd. Schefei
— (il —
s'accorde très-bien avec plusieurs témoignages de L'antiquité
sur l'état de ces lieux. En effet, la partit» la |>lu> septentrio-
nale du Pirée s'appelait àkai et formait comme un marais salin.
(.l'est ce qu'attestent Xénophon [Helléniques, 11. 'i . § 3/i) et
Etienne de Byzance. L'idée de «plaine saline- se retrouve sous
le nom à'AXimSov que portait toute la plage de la baie de
Phalère, et qu'un texte de Xénophon (Helléniques, II, /j, § 3o)
étend jusqu'à la plaine voisine du Pirée. Plutarque, au cha-
pitre Mil de la Vie de Cimon, atteste que les «longs murs*
traversaient une plaine marécageuse et humide (ro-novs èXcôSeiç
xcti Sia€p6x,ovs) , ce qui nécessita beaucoup d'efforts pour en
assurer les fondations (yjxkixi zsoXkp «a< Ai'Oots finpéai tôv èXàv
tniecrOéincav). Cette plaine était d'ailleurs traversée par le Cé-
phise, ruisseau plutôt que fleuve, mais ruisseau mal encaissé
et sujet à des débordements qui entretenaient l'humidité dans
cette plaine (Strabon, IV i,§ a&).
J'ai cru devoir soumettre ces observations à des voyageurs
dont l'un, entre autres, avait observé récemment les lieux;
elles ont paru confirmées par leurs souvenirs. C'est ce qui
m'engage à les publier, sans méconnaître ce qu'elles ont de
conjectural, et sans oublier que les meilleures conjectures
\ aient rarement la leçon authentique d'un bon manuscrit.
Eggeb.
Y VIII.
I.A PIERRE SACRKF. D'ANTIPOLIS.
M. Léon Heuze\ communique- à l'Académie des observa-
tions nouvelles sur une inscription grecque, découverte au-
près d'Àntibes, en 186b, par M. le docteur Mougins de Ro-
quefort. Ce monument a déjà été publié, notamment dans
les Comptes rendus du Congrès scientifique de Nice et dans la
— 62 —
Bévue archéologique1. Le type de l'écriture, qui renferme quel-
ques Formes archaïques de l'ancien alphabet ionien, peut re-
monter au \p siècle avant nuire ère. On a donc là un des
vestiges les pins anciens et les plus curieux qui se soienl
encore retrouvés des colonies helléniques établies sur la côté
méridionale de la Gaule. Ge sont deux vers hexamètres <pii
peuvent se lire et se traduire connue il suit :
TEPTTiTf 'El/ UoEA^oEPATTjnLl '
XEi w 'I I :/\*PoA!V!!::
ToI^AEKATa^TH EIASIKYTTI [Z
XAPI^AI iTAÏÏoAofH
Tépuoov eifiï 3-eàs Q-epâiraw crep.vfjs A^poSrn/» ,
Tofs Se HXTiLa1-)')(T'X(ji Kv7rp<5 X*P'r àvra-Koholi].
.IrMiis Terpon, serviteur do l'auguste déesse Vplinulile.
Que Cyjpris récompense de s;i Faveur roux qui m'onl placé ici.
Mais cette traduction a besoin elle-même d'être expliquée,
et elle se prête à des interprétations différentes, itinsi I on
s'est cru généralement Forcé d'admettre que l'inscription Fai-
sait partie d'un piédestal et supposait l'existence d'un autre
monument, buste ou statue, représentant un prêtre d'Aphro-
dite ou quelque Fervenl sectateur de son culte, du nom de
Terpon. Mais, d'après l'examen que M. Ileuzev. dans un récent
voyage, a Fait de la pierre d'Antibes, cette hypothèse oe sau-
rait se concilier avec la nature et la forme du monument, el
d e>t nécessaire de chercher une autre explication. .
Le monumenl d'Antibes n'esl ni une plaque, ni une partie
de piédestal1; il ne porte aucune trace de scellement oi d en-
castrement. C'est une pierre naturelle, un galet roulé de grande
I ngrèi scientifique <lr Frottée, sesrioa tenue à Nice en 1866 (séance du
décembn Rrviu archéologique, nouvelle série, vol. W, [>. 36o
mai
— 63 —
dimension (65 centimètres mu 91 dans s.i plus grande lar-
geur), en serpentine ou en diorite d'un vert foncé, tiranl sur
le noir, et tout prouve qu'il avail déjà cette forme, lorsque
l'inscription \ ;i été gravée. M. Heuzey appuie ce qu'il avance
en présentant des coupes géométriques et un moulage «le la
pierre, qui lui ont été envoyés par M. Gazai), colonel d'artil-
lerie en retraite à lutines.
La pierre d'Àntibes est donc un monument isolé, qui doit
s'expliquer par lui-même et qui a été justement choisi par les
anciens, à cause de la forme que la nature lui avait donnée.
H es| difficile, dans ces conditions, de ne pas y reconnaître
une de ces pierres sacrées, auxquelles le paganisme primitif
prêtail «les vertus surnaturelles, et dans lesquelles il croyait
même souvent voir des images des dieux. Sans s'étendre ici
sur les anciens hHifles ou pierres sacrées do l'Orient, on sait
qio- les traces de ce fétichisme se retrouvaient dans les cultes
primitifs de L Grèce. Pausanias oit formellement que des
pierres non travaillées, àpyo\ ~klQoi. furent les plus anciennes
idoles adorées par les Hellènes. Il eu cite lui-même plusieurs
exemples, notamment les trois pierres. Tsè-içau. qui figuraient
les Grâces à Orchomènes, et le caillou sacré, ipybs "Xi'Ôos, qui
représentait l'Amour, dans le temple de ce dieu à Thespies1.
On remarquera que les deux exemples précédents se rap-
portent à des divinités du cycle d'Aphrodite. La pierre d'An-
tibes, consacrée à la même déesse par quelque li;ilulant de
l'ancienne ville grecque d'Antipolis, n'est donc point un objet
à part dans les usages helléniques. On peut croire que c'est
aussi une idole primitive, du même genre que le grossier lé-
ticlie de Thespies. Malgré ee qu'il y a d'inattendu dans une
pareille supposition. L'inscription, pour peu que l'on pèse
avec soin tous les tonnes, est loin d'y contredire.
1 Pansanins. VII. im, 'i : IX. wwm. i; IX. wvii. i: III. rtli , i; IX,
— fi'l —
La pierre se donne comme représentant un «serviteur d'A-
phrodite, Sepctircov AtypoSiTris." Cette expression pourrail sans
doute s'appliquer à un prêtre ou à quelque adorateur de la
déesse; mais, par une singulière coïncidence, les mêmes
termes, exactement, sont employés par Platon pour désigner
Erôs, le dieu de l'amour. C'est dans un passage du Banquet,
où l'auteur, se conformant à l'ancienne tradition hésiodique,
dit que l'Amour n'est pas le fils d'Aphrodite, mais qu'il s'est
attaché à elle comme suivant el comme serviteur: T>;s A<2>po-
oirris àxoXovÔos aai ^rspctTioûv yéyovsv b Y,pcosl.
Un autre indice qui a aussi sa gravité, c'est que le nom
do Terpon, bien qu'il ait l'apparence d'un nom d'homme de
forme assez usuelle, ne se trouve pas dans le Dictionnaire des
noms propres grecs. Les habitudes de la langue grecque s'op-
posent, d'un autre côté, à ce que l'on y voie le participe pré-
sent TÉpTiov, ovios , employé' comme qualificatif. Hypothèse
pour hypothèse, on peut donc le prendre pour un surnom
mythologique^ pour Tune de ces appellations locales, par les-
quelles les cités grecques désignaient parfois les dieux ou
le> génies qu'elles adoraient. Il esl certain que la nomencla-
ture mythologique présente un grand nombre de noms de
celle terminaison, soi! des surnoms divins, comme XYhov-rœv,
Wo\uSiyyL'jjv , k.fr&XXeav . X'mpiw . KvVkotto^Iojv , H£ù)v , soit
des noms de génies ou de divinités secondaires de la classe
'les Sai'ixoves . comme Tphù>v, Walaî^v . tkdûJP, \acrtojv . Ky-
ScÛdoJVi KvSvuiw . Lïplvv . Kva(iepîcoi> , Oiroittcov , Xdpcov, Aap-
pojv-, et, particulièrement dans le cycle d'Aphrodite, Uvy-
fxaiw . Yiyoov. Tu^wi». De même Tépirvv pourrait très-bien
être un surnom local du dieu Erôs ou tout au moins le nom
1 IM.ltoil , liiinijiirl . n, >o3 , C.
M. Brnnel de Preste m'a rappelé en outre le béroa Aifpw, qui donnait son
nom a une nV- ilos l,>;rins, rpllc rpn s';ippp||p anjount'hni Sainte-Marguerite, en
face d'An tibes (Strabon, p. i^F>).
— &5 —
d'un génie du iik'iiic groupe allégorique, proche parent
tYHiméros el de Pothos, ,i côté desquels il représenterait
particulièrement le Chartne, le Plaisir. La consécration d'une
image de ce genre explique (railleurs, beaucoup mieux que
celle d'un simple portrait, le caractère anonyme de l'offrande
el la reconnaissance réclamée de la déesse par les donateurs.
Il Faut ajouter que le culte d'Erôs étail populaire chez les
Ioniens de l'Asie M m cure, dont descendaient les Antipoli tains,
el que la ville ionienne de Parion possédait un sanctuaire de
ce dieu, presque aussi célèbre que celui de Thespies»
Quant au mot xaTaal ijaam , d est malheureusement assez
vague. D'après le sens que lui prêtaient justement les Grecs
d'Asie', il voulait dire «mettre en place." 11 indique seule-
ment qUe la pierre était placée probablement dans un sahc-
tuaire, non connue idole principale, niais plutôt comme
offrande à la divinité du lieu. On dépasse lésons du mot en
traduisant par «élever,» et surtout en supposant que la pierre
pourrait être un emblème phallique, d'après une opinion qui
a été émise. La dévotion aux pierres sacrées, même dans le
cuite des divinités féminines, offre la véritable explication du
monument, sans qu'il y ait lieu d'entrer dans un (oui autre
ordre de représentations,
Il est vrai que les Grecs, au \" siècle, au milieu du brillant
développement de louis arts, n'en ('(aient plus réduits à
adorer des pierres non travaillées. Mais ils n'en conservaient
pas moins à cette époque le culte des Fétiches informes, con-
sacrés par la tradition, et la superstition leur donnait encore
le p;is. comme images religieuses, sur les chefs-d'œuvre de
Praxitèle et de Lysippe. Cette longue fidélité aux vieux usages
s'explique surtout chez un peuple d'émigrés, comme les Grecs
du midi de la Gaule, séparés du centre de leur race el mis
' Galien . »ol. XII, p. an i, K.
ii.
— lii; —
en contact, sur ces mers lointaines, avec les marins de race
phénicienne, adonnés à des superstitions du même genre.
La découverte dont l'Honneur revient à M. le docteur
Mougins de Roquefort n'est donc pas seulemenl d'un grand
intérêt pour nos antiquités nationales : elle nous a rendu un
monumenl fort curieux et fort rare de l'ancien culte des 1 ï <*l—
Léon Heuzey.
APPENDICE.
RAPPORT Dl SECRETAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE l>i:s INSCRIPTIONS ET BELLES-
LETTRES si g LES Tli.W \l \ DES COMMISSIONS DE PI BL1CATION DE CETTE ACA-
DÉMIE PENDANT LE SECOND SEMESTRE DE iS-ji). l.i il. 3o JANVIER l8y'l.
Mi SSIBI RS -
Les travaux de l'Académie ont jusiili<' les espérances que je unis <w-
primais dans mon dernier rapport. Le lonie \\\ I de V Histoire littéraire
de la France, le II du \i\ siècle, comprenant la suite des chansons de
geste et les sermonnaires, a paru. Il en est de même du tome WNII,
•■ partie de m^ Mémoires, où se trouvent les mémoires de M. Egger
sur les Historiens officiels et les Panégyristes des princes 'fans l'antiquité
grecque; de M. Miller sur une Inscription agonistique de tarisse; de
\l. Huillard-Bréholles sur ['État politique de l'Italie depuis la paix de Cons-
tance jusqu'au milieu iln h' siècle (1 1 83- j 455 I; de M. Léopold Delisle
9ur les Ouvrages de Guillaume dt Vangis. Nous avons publié aussi la
•>* paçtte du tome \ Il des Mémoires présentés par divers savants, demi-
votume qui complète le Syllabaire assyrien de M. Joachim Menant. Nous
aurions encore publié la ■•' partie du inmc \ III du même recueil, si l'é-
loignemenl de notre correspondant . M. Rangabé, ancien ministre de Grèce
a Paris, n'avait retardé de quelques semaines la correction des épreuves
d<- son mémoire sur le Lauriura, qui en fait partie.
Les autres publications suivent régulièrement leur cours.
Le tome Wlll des Historiens de France, In première des grandes pu-
blications académiques, confiée à MM. de Wailiy, Delisle et Jourdain,
— <>7 —
H attend plus que sa Lubie , qui s'achève sous la tlircclion de \l. Jourdain.
La composition en esl terminée, el l'impression commence.
La Table chronologique des diplômes et fifres imprimés concernant llir.
iitirc de France, dite table de Bréquigny, continuée par notre confrère
M. Laboulaye, a \in;;i->i\ cahiers tires el dois à tirer. L'éditeur s'oc-
cupede l'année i3i3, <|ni ponrra être, livrée à l'imprimerie dans quelques
semaines.
M. Delisle poursuit, avec la collaboration do M. E. de Rozière. que
vous lui avez adjoint, la préparation des Chartes rt diplômes relatifs à
l'histoire de France, antérieurs à l'avènement de Philippe- Auguste, Dan6 le
dernier semestre, les pièces .intérieures ù 1 180, comprises dans les re-
gislres i>o il »•>."> 1I11 Trésor des chartes, ont été dépouillées.
Les trois séries des Historiens des croisades : occidentaux , grecs el
arabes, continuent leur marche |>;irallèle. Le tome IV des Historiens occi-
dentaux a soixante-cinq cahiers tirés, deux à tirer, deux en épreuves,
sans compter un certain nombre de placards. La fin du texte d'Albert
d'Ail, t>'\ie soigneusement collationné. en dernier lieu, sur le manuscrit
d'Oxford, par \IM. Ad. Régnier el Thurot, est remise h l'imprimerie et
devra suffire è 1 achèvement du volume.
\l. Miller, qui mène à lui seul, depuis la mort de M. Alexandre, les
deux volumes des Historien* grecs s est près d'achever le premier volume.
Il n'attendait, pour en compléter la préparation, (pie les photographies
des feuillets d'un manuscrit de l'hocas, photographies que nous avions
demandées à Home, et qui nous sont récemment arrivées. Il continue avec
le même zèle la publication du tome II. comprenant les Annotations
sur les texle publies dans le premier volume : trente-deux cahiers sont
tires el les deux suivants bons à tirer; le reste, composé ou prêt à l'être.
Toute la copie est à la disposition de l'imprimeur. *
Quant aux Historiens arabes , M\|. de Slane et Defrémerv. qui en ont
publié l'an dernier le premier volume. travaiHenl au deuxième, don!
l'impression est commencée.
La collection de nos Mémoires, dont un demi-volume vient de paraître,
ainsi que je l'ai dit. en a plusieurs sous presse : la première partie du
tome \W.qni sera suivie de la deuxième partie du tome XXVII. tontes
deux consacrées à l'histoire de l' Académie, selon l'usage de réservera
cette matière la moitié d'un volume sur une livraison de deux: et la pre-
mière partie du tome XXVIII, qui a déjà réuni tout son contingent de
mémoires et compté dix-huit feuilles tirées et sept à tirer. J'ajoute que
la table, qui doit paraître de dix en dix volumes, et qui . pour la seconde
."1 .
_ 68 —
dizaine. Forme ainsi le (unir \\ll. table dressée par M. Robion, a été
reçue par voire Commission des travaux littéraires et li\ rée à l'impression :
vingt-cinq placards oui été envoyés a l'auteur.
Le recueil < l*vs Soiices et extraits des manuscrits de lu Bibliothèque un
lionale et autres bibliothèques a quatre volumes en cours de publica-
lion :
i" Dans la partie orientale (i" partie (deux demi-volumes : le tome Wll
I i partie) comprenanl une notice tirée (celle de M. Wœpcke, 97 feuilles | ,
el une autre entièrement composée à l'imprimerie (celle de M. (îuvanh;
et le tome Wlll (i™ partir), qui sera consacré i<>ui entier à la traduction
faite par M. Leclerc du Lexique arabe de médecine (l'Uni Beithar. Huit
feuilles sont tirées el les six suivantes à tirer.
Dans la partie occidentale (a' partie), deux demi-volumes.: le
tome WIN i a" partie), qui compte aussi une notice tirée (celle do M. N
«le \Naill\ i . une en épreuves, relie de M. Ilauréau . et une autre renvoyée
à son auteur, M. Prou, pour une dernière révision; et le tome \\\
| a' partie) consacre' aux commentaires d Alexandre d Apbrodisias sur le
traite d iristote De sensu et sensièili, par M. Thurol : huit feuilles sont
tirées, treize autres à tirer; et la copie ne manque pas.
J'ai annoncé la publication du tome W\ I de Y Histoire littéraire ie la
France} le tome WNII est remisa l'imprimerie, el la plupart des notices
qui doivent former le tome WNIII ont été lues dans la Commission.
Les Œuvres île Borghesi . dont l'Académie a repris la publication,
commencée aux frais de l'ancienne lisie civile. Boni le seul ouvrage qui
n'ait p.i> avancé, par suite d'un changement apporté a la répartition des
matières entre les deux volumes <pii doivent le compléter. Aux deux dis-
sertations de Borghesi sur les fragments des Fastes eapitoUns découverts
au commencement de ce siècle , les éditeurs, MM. Léon Renier el Wad-
dington, avaient d'abord eu le projet de joindre, dans le IV volume,
le mémoire inédit de l'auteur sur la Bérie des préfets de Rome depuis
Auguste jusi|ir;i l'année où <•< nence l'ouvrage de l'anonyme De prœjèctis
iirbis i •'•">'! de notre ère)i Iprès mûre réflexion, ils se sont décidés à rem-
place! ce travail par un autre, également inédit, sur les consuls suffech
de date certaine. Ce travail Be trouverai! ainsi placé logiquement avant
la Bérie des notices snr les consuls tuffecù dont Borghesi n'est parvenu à
déterminer la date que d'une manière approximative, notices <pii doivent
commencer le tome \: et le mémoire sur les préfets de Home, au lieu
de Hoir le neuvième volume, finirait le dixième Malheureusement la co-
pie qui avait été faite, il \ a quelques , muées, du mémoire destiné au-
— 69
jouit! lui i ;ni lome 1\. ne s'est pas retrouvée. Il eu faul faire une autre,
el c'esl ce qui a relardé l'impression du volume commencé.
I ne publication nouvelle ne tardera pns ;i prendre rang parmi nos
collections les plus importantes : je veux parler de celle du Corpus in-
xcri/ittoittiui senuticarum que vous avez décidée par une résolution du
17 avril i8()-j et confiée aux soins d'une Commission composée de
MM. Mohl, de Saulcy, de Lougpérier, Renan, de Slane', Waddington,
de Vogué et Derenbourg. La Commission va passer de la période prépa-
ratoire à la rédaction définitive des notices consacrées à chaque inscrip-
tion. Ce travail, vu le temps déjà donné aux recherches préliminaires,
pourra, malgré son étendue, être conduit assez piompteinenl à bonne
lin; et ainsi, dans un de mes prochains rapports, j'aurai à vous annoncer
que limpression en a commence'. La France, qui a, en quelque sorte
initié l'Europe savante à l'étude des langues sémitiques par les leçons d'un
illustre maître, de notre ancien secrétaire perpétuel Silvestre de Sacy,
était «ligne de concevoir la pensée cl de poser la première pierre du mo-
nument qui \;i leur être consacré.
il. Wallon,
Secrétaire perpétuel.
— 7(1
U\ RES OFFERTS.
SEANCE ih \i:m>iii:di •> iaw ni:.
\l. de l.dvi.i'iiiubu offre, ;m nom dé M. Oppert, une brochure qui n
pour litre: La linguistique continuée cl les éludes ethnographiques. C'est un
discours prononce ;i l;i séance d'ouverture de I Athénée orienta), discours
mu M. ( Ipperl s esl surtout appliqué à prévenir le public contre les fausses
il\ mologies.
m \m;k ni VENDREDI <\ i \M fER.
Il est liiil Jiuiiiiii;ij;c îi l' Académie des ouvrages suivants :
Découvertes archéologiques finies à \ unes et dans te Gard pendant les
années 186g <i /.S'y;, par M. Eug. Germer-Durand ( 'i broch. in-8*).
/. \rt gaulois, par M. Hucher | a feuilles I.
M. Garcih i>t Tassï ofire en son nom :
Lu làhgue ei lu littérature hindouslanies en t8j3, revue annuelle qui
sert il»' leçon d'ouverture à son cours, à l'Ecole îles langues orientales
\ ivanles.
M. Egger présente, au nom <l<' l'auteur, M. Wéscher, un ouvrage in-
titulé :
Atorvvim) Bv%atvriov XvàTiAovs Hotnropot;. Dionysii Byzantii de Bos-
pori navigation '/»"■ supersunl, una cum supplément in géographes
grajeos minores aliisque ejusdem argumenti fragmentis, e cpdicibus mss.
edidil G. Wescher. Parisiis, e Typographeo publico, 187a, 1 vol. in-8
• h- wwi et 1.V1 pages.
Ce volume contient le recueil le plus complet des fragments connus
jusqu'à ce jour d'un texte géographique que I'. Gilles avait jadis trouvé
en Orient, va vtï Biècle, donl H avait fait ri publié une traduction la-
tine. M. Wescher a retrouvé, dans les papiers <l«' Minoïde Minas, plu-
sieurs pages 'lu texte original; il les publie pour la première luis en \
nnnl tonl ce qui en était déjà connu, >-\ plusieurs autres fragment*
!ii- de divers géographi ■ Ce \<iluiu<' forme donc un nouveau
npplémcnt îi la collection, sans cesse enrichie. 'I'' ce qu'on appelle les
petits géographes grecs, li se recommande par les recherches paléogra-
phkraes les plus minutieuses et par les soins scrupuleux de l'exécution
philologique. L'éditeur de la Poliorcéàqve des Crées (Paris, i8(>7) b'j
montre avec mi surcroît de précision dans l'emploi des procédés de la
critique. L'impression de ce livre ne l'ait pas moins d'honneur à I tmpri
merie nationale; peu d'ouvrages offraient pins de difficultés pour le bon
arrangement du texte et des notes, pour le parallélisme du grec et du
latin. Toutes ces difficultés sont ici heureusement vaincues, et le volume
• If M. Wescher se trouve ainsi digne d'être offerl en modèle à l'émulation
des typographes comme il l'est à l'émulation des philologues.
M. Alfred Mmky offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Antonio
Zannoni, un rapport intitulé : Sugli scavi délia Certosa (Bologne, 1871.
iii-V).
Dans ce travail, l'auteur fait connaître les nombreuses et intéressantes
antiquités <[ui ont été découvertes près de Bologne, au lieu dit lu Cer-
tosa. Ce sont des vestiges qui remontent, pour le plus grand nombre, à
l'ancienne époque étrusque et doivent être conséquemment rapportés à
FeUùna, vil!*1 étrusque dont la Bolorda latine occupait l'emplacement. C< -
antiquités viennent se placer à côté de celles qu'on a trouvées à Monte-
eglio. à Bagnarola, à \ illanova, à Marzabotto. Quatre groupes de sépul-
tures "ut été mis au jour à la Certosa, représentant un ensemble de
365 sépultures; dans les unes, les restes du mort ont été déposés après
avoir été brûlés: dans les autres, ils ont été simplement inhumés; chacun
des quatre groupes fournit des exemples de sépultures de l'un et de
l'autre rite. Les dépouilles incinérées des morts sont placées soit dan- d"-
vases en terre grossière ou dans des vases d argile décorés de figures.
soit dans des cistes; les restes de l'un de ces morts étaient déposés dans
un vase eu marbre, l'autre dans une situla ou seau de bronze. Ailleurs
les cendres ont été simplement déposées dans une fosse ou sous un tumu-
lus. Le nombre de cistes de bronze ainsi découverts s'élève à i4. Le
plus grand des vase- orné- de figures a 38 centimètres de haut. La situla
a la forme d'un cône tronqué: elle a 3-2 centimètres «le liant et présente
quatre zones ou registres de bas-reliefs. M. Zannoni en donne la des-
cription. Ils représentenl notamment une pompe militaire, un sacrifice
et une cérémonie religieuse.
La plupart de ces urnes ou vase- funéraires contenant les cendres du
mort n'étaient pas déposés dans on caveau, connue cela s'observe pour
la plus grande partie des sépulture- de i 'Êtrurie; ils étaient déposes sur la
terre nue. dan- nue simple fosse. Tel est leca- notamment pour la situla,
\
/ 1
(|iii était enfoncée dans la terre, recouverte seulement d'une légère enve-
loppe creuse de maçonnerie. Certains cistes, certains vases étaient recou-
verts d'un liuimliis. Avec les cendres (1rs morts on a çô et là recueilli
des fibules, des anneaux, «les colliers, des miroirs et jusqu'à des mor*
ceaux d'étoffe ou de toile enveloppant les os calcinés.
Les sépultures dans lesquelles l'inhumation a été pratiquée offrent .
comme celles qui ont été pratiquées après la crémation, trois catégories
distinctes :
i" Le squelette a ètè simplement déposé dans une fosse, avec quelques
vases ilo terre placés pics de lui, parfois avec quelques autres objets,
g Le squelette est entouré d'un grand nombre de vases unis ou peints,
d'objets en bronze et autres; la lusse est recouverte d'un lit de moellons;
le corps est le plus ordinairement enfermé dans un cercueil de l»ois rec-
tangulaire. La paroi de dois de ces lusses était recouverte d'une cons-
truction en pierres sèches. 3° Le squelette est toujours contenu dans un
cercueil de l»<)is rectangulaire où se sont également trouves grand nombre
de vases peints, de bronzes, de vases à parfums, en verre éraaillé , des
des el divers autres objets. Plusieurs lits de grosses pierres s'étendent au-
dessus de ce cercueil.
Pans les tombes de ces trois classes, on a déterré presque constam-
ment près de la dépouille du mort un grand vase à contenir du liquide
I amphore, cratère, célébé), un plus petit, an vase à verser (œnochoé),
Plusieurs des sépultures de la Certosa présentent le caractère dune
haute antiquité. M. Zannoni essaye d'assigner la date relative des divers
groupes; il Be livre ,:i ce Bujel . sur les développements de I art el de la ci-
vilisation étrusques, à des considérations fort intéressantes. \ la vBriéli
infinie de ces sépultures, !<■ Bavant italien reconnaît dans la nécropole de
la Certosa le cimetière de toute la population de l'antique Felsina, durant
des siècles. M. Zannoni admet que les sépultures où l'inhumation a été
pratiquée doivent appartenir, en général, à une période plus ancienne
i pie celle nll loll II a dèpi >»è <pie les celui l'es 1 1 II 1 1 nul . [1 adopte, d a près la
limplicité plus ou moins grande de la tombe, la nature des objets qui s'y
sont trouvés enfouis, une classification sur la valeur de laquelle on ne
saurait encore se prononcer définitivement, mais qui aide au moins à
étudier i es précieux vestiges.
Les fouilles de la Qertose -ont certainement de celles qui peuvent jeter
le plus de jour sur les antiquités de l'Italie moyenne et l'histoire de I art
étrusque.
\l. i>r l.oM.nr.u i; offre, au nom de M. d'Hervé) de Saint-Denis» deux
— i:\ —
traductions «lu San-tseu-king el de son commentaire, i Réponse à un ar-
ticle de le Revue critique, du 8 novembre 1873, broch. in-8°.)
SÉANCE Dl VENDREDI l(3 JANVIER.
\1. Mm bi présente, au nom de M. Vivien de Saint-Martin, un ou-
vrage intitulé : Histoire ie la géographie et des découvertes géographiques
depuis 1rs temps les ///(/.s- reculés jusqu'à nos jours (1 vol. gr. in-8" et
allas gr. in-f ). Ce n'esl pas seulement le tableau résumé de toutes les
découvertes géographiques faites depuis les temps les plus anciens jus-
qu'à nos jours, c'est encore un examen systématique des diverses ques-
tions soulevées par les progrès successifs de la géographie, examen IV» i I
avec autant de critique que d'érudition. Ce livre, du à un de nos plus
savants géographes que l'Académie a souvent couronné, est accom-
pagné d'un allas exécuté avec le plus grand soin et reproduisant les
cartes les plus célèbres entre celles qui marquent le mieux les phases
successives de la connaissance de notre globe.
Sont en outre oll'erts à I Académie :
Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Sangis, par M. L. Delisle.
(Tirage a pari du tome \\\ 11, a' partie, des Mémoires de l'Académie.)
Couronne poétique de lu Lorraine , recueil des morceaux écrits envers
sur des sujets lorrains, par M. G. de Dumast. correspondant de l'Aca-
démie ( 1 vol. in*8°).
Les premières civilisations , études d'histoire et d'archéologie (Archéo-
logie préhistorique; Egypte, Chaldée et Assyrie, Phénicie), par M. Fran-
çois Lenormant ( a vol. in-8°).
Recueil d'anciens (cites bas-latins, provençaux et français , accompagnés
de deux glossaires, par M. Paul Meyer. 1 t partie. Las-latin, provençal.)
La littérature allciuande au moyen âge el les origines de l'épopée germa-
nique.— Gœthc et Schiller; la littérature allemande à Ueimar ; la jeunesse
de Schiller; la vieillesse de Gœthe. — Gœthc, ses précurseurs et ses contem-
porains, Klopsloch, Lcssing, llerder, Wieland, Larater ; la jeunesse de
Gœthe. — Tristan et I seuil, poème de Godfril de Strasbourg, comparé à
d'autres poèmes sur le même sujet. — De Rodolpho Agricola Frisio littera-
1 uni in Gerinania restitutore (5 vol. ou broch. in-8 1. par M. Bossert.
SÉANCE Dl VENDREDI s3 JANVIER.
M. Igounel a offerl à I académie trois exemplaires d'une Histoire ad
— là —
ministratioe des communes du midi de lu France ( i1 série, Samle-Kov-de-
l'eyrolières , depuis i6i5 jusqu'à Tan \n de la République)»; commence-
ment d'un Lravail qu'il destine aux concours de l'Académie.
Ksi aussi adressé le torae \ Il du Corpus inscriptionum latinarutn de
Berlin.
M. le comte Hiant. dont l'Académie connaît les lra\aux sur les histo-
riens des croisades, offre à l'Académie la relation de mettre Thudée
de Naples sur la Ruine d'Acre et de la Terre sainte en t-xji (Magistri
Thadei Neapôlitani liystoria de desolacione et cooeulcacione civitalis
Uconensis cl toedus Terre sanote, in à. D. m.gc.xci.), relation qu'il a pu-
bliée pour la première fois d'après deux manuscrits, l'un du musée Bri-
Lannique, l'autre de la bibliothèque de Turin. Cet opuscule a été tiré à
.')Oo exemplaires, dont le i 36* est attribué à l'Académie.
M. Dosai offre ;i l'Académie, au nom du docteur A. Corlieu, une bro-
chure ayanl pour lilre : La mort des rois de France, depuis François l"
jusqu'à I" Révolution française {a vol. in-i>K
Gel opuscule tire son intérêt des recherches que l'auteur a faites dans
1rs procès-verbaux des médecins T déposés à la Bibliothèque nationale ci
.1 la bibliothèque de l'École de médecine. Il permet d'arriver à cette con-
clusion qne, dans les morts des princes, on a lait une pari beaucoup
trop large au poison, quand le plus Bouvent on n'aurait à signaler que
l'influence de l'hérédité pathologique ou des unions consanguines, unions
où les médecins voient une cuise de dégénérescence et d'éliolement.
\l. I.. Renier offre à l'Académie mie Étude sw l'inscription itinéraire de
Sahu-Chrisiophe (Morbihan), par M. Robert Mowal | broeb. in -8°). Cette
inscription était connue, mais on avait cru qu'elle é'tail entière; on n'avait
pas remarqué qu'elle était fruste et qu'il n'en existait qu'une moitié- de
haut en lias, en sorte que I on n'avait que la moitié' Ar- lignes. M. Mowal
l'a restituée avec une exactitude et une critique qui ne laissent rien a
désirer. L'inscription, grâce à lui. est aujourd'hui complète. C'est une
borne miliiaire qui marquait la distance du lieu on elle était placée à la
ville «le Oarioi'iium. capitale des Venètes de TArmorique sons les Ro-
mains.
SK\x< i: m \ KNDRBDI 3o I w\ 1ER.
Le Segri i ■■' pbrpéti i.i présente a I académie deux brochures de
M. de Saulcy, tirées de I' [nnuaire de la Société française de numismatitpu
ii d'archéologie; l'une est relative a deux inscriptions de Sayda, et l'autre
.1 i.i numismatiam de* iH>it nabalhécns de Filin.
/ .)
Il présente aussi un exemplaire du premier volume du Catalogue de la
bibliothèque privée de l'empire d'Autriche i in-V '), offert, par ordre de
S. M. l'empereur et roi , à l'Institut.
M. Sonuermans, conseillera la cour d'appel de Liège (Belgique),
aérasse à l'Académie un exemplaire du Journal des beaux-arts contenant
des extraits de la réponse qu'il se propose de faire à M. Rouler, au sujet
de l'article publié par ce dernier dans le Bulletin de l'Académie royale
de Belgique du mois d'août 1 Sy3.
M. Ravaissoh offre à l'Académie, an nom de M. Albert Dumont, un
exemplaire du discours que ce dernier vient de prononcer pour l'ou-
verture de son cours d'archéologie, à Rome.
M. (incMMT offre, au nom de M. Wescher, une notice de plusieurs
textes palimpsestes qui se rencontrent parmi les inscriptions grecques de
l'Egypte, notice extraite des Comptes rendus de l'Académie.
Sont en outre offerts :
L'Univers, leçons populaires de philosophie encyclopédique et parùcuUère-
meni d'astronomie . données dans les principales villes d'Italie, parM.Qtlirio
Kilopanti. professeur à l'université de Bologne(4 vol. in- 12).
Lettres à l'occasion des fêtes du centenaire de Louis-Antoine Muratori,
écrites à un homme illustre et publiées par la ville de Modem (broch.
gr. io-8').
SÉANCE 01 VENDREDI 6 FÉVRIER.
M. Jourdain, Président, présente à l'Académie, au nom de l'Adminis-
tration municipale de Bordeaux, deux volumes in-a8 intitulés :
I. Litre <lrs Bouillon*, Bordeaux. 1S67.
II. Registres de la. lunule, délibérations de îâoG *i ifiO(j , Bordeaux.
1 87a, in-V.
deux volumes se composent de documents tirés des archives mu-
nicipales de Bordeaux. L<' Livre des Bouillons, dont le nom vient des or-
nements ajoutés à la couverture du manuscrit, contient la plupart des
anciens privilèges de Bordeaux. On \ ajoinl destables très-amples, une
entre autres, où toutes les parties de l'administration de Bordeaux se
trouvent énumérées^ Les Registres' de la .lunule contiennent les actes des
maires de Bordeaux , de i'ioO à 1Ù09. Os deux ouvrages ne portent au-
cun nom d'auteur ou d'éditeur; mais 1 note que l'on trouve page xi.u
do Livre des Bouillons nous révèle les noms de ceux <pii mil concouru à
■ etle importante publication :
— 76 —
•la transcription du manuscrit .1 été faite par M. Arisle Ducaunriès-
Duval, adjoint à r archiviste de là ville. La ponctuation des textes, lu ré-
daction des sommaires et la collation des épreuves sont dues ù MM. Jules
lVIpit . vice-président de lu commission; Emile Brives-Cazes, secrétaire;
Arnaud Detcheverry, Emile Laltone, Reinhold Dezeimeris, LéoDrouyn,
le comte Alexis de Chasteignier, Antoine Virac, et tout particulièrement
ù M. 11. Barckausen. Les lettres ornées ont été dessinées sur bois pur
M. Léo Drouyn.
rr Quant i\u\ urines de la ville placées un frontispice de ce volume, elles
ont été dessinées pur M. le baron Jules de Verneilh-Puyraseau, qui a
bien voulu prêtera la commission son obligeant concours.»
I.e Secrétaire perpétuel présente ii l'Académie : 1° les deux Etudes
de notre Président, M. Jourdain, sur les commencements de l'économie po-
litique duns les écoles du moyen âgeeA sur l'éducation des femmes h la même
époque, études extraites du volume récemment publié des Mémoires de
I académie;
2° Une nouvelle édition for! augmentée d'un Mémoire de M. Ed. Le
Blànt, •<••'//■ les bourreaux du Christ, extrait de la Revue de l'arl chré-
tien.
M. Dii.isii offre, au nom de M. Michel Chevalier, membre de l'Aca-
démie «les sciences morales et politiques, un exemplaire de l'atlas in-
titulé : Diplômes carlovingiens conservés aux arc/tires départementales de
l'Aude (fonds de l'abbaye de Lagrasse). Reproduction photographique
par l'abbé Verguel (Carcassonne, aoûl i865).
•-l.es photographies de M. l'abbé Verguet, dit-il, quoiqu'elles soient un
peu trop réduites, donnent une idée fort exacte des cinq diplômes car-
lovingiens conservés u Carcassonne. Je demande la permission île don-
ner quelques renseignements sur chacune de ces cinq pièces.
■La première esi nu diplôme mutile Je Charlemague, publié dans le
Recueil des historiens ( V, 7 '\ 1 1 el reproduit en fac-similé dans la Paléo
graphie de Silvestre. Il est généralement classé a l'année 777 ou 778;
mais, d'après les récentes recherches de Sickel < icta regum ei im-
peratorum KaroUnorum, t. I, p. 63 el 979, d i65), il «loii rire rap-
porté an mois île juin «le l'année 8oO.
•I.a deuxième es! un diplôme de Louis le Débonnaire, du 1 '1 octobre
899 . publié dans le Recueil des historiens 1 \ 1 . 56 1 : a 367 de Sickel ).
•-I.a troisième est un diplôme de Charles le Chauve, du ao mai 8hh
également inséré dans le Recueil «les historiens i\lll 'i."»7 n' 1 557
de Brihmer).
i i
*La quatrième esl un diplôme accoi'dd par Charles le Chauve au fidèle
\iiioariiK. - La pièce photographiée nesl poinl de l'époque carlovin-
• ; it'ntM'. Les mots exempta hee est, tracés parle copiste au commencemenl
• If la première ligue, suffiraient pour montrer que c'est simplement une
copie. Ajoutons que la copie est peu ûdèle et qu'elle dérive d'un original
conservé à la Bibliothèque nationale, ms. lutin 8887, fol. 83. Cet origi-
nal est lui-même plus (pic suspect. Le texte en a été publié dans le lie-
en. 'i! des historiens |\III. 593; n" 1791 de Bôhmer, à la date du
a3 mai 86 '1 1.
-La dernière pièce de l'atlas est un diplôme de Charles le Chauve . qui
a <:ie publie dans le Recueil <fes historiens (VIII, 556, n" CLII; n° 1680
de Bôhmer). Ce n'est plus une simple copie, comme le document précé-
dent c'est certainement un exemplaire auquel on a voulu donner l'appa-
rence d'un original, quoiqu'il n'ail pas <lù être exécuté avant le xic siècle.
La fraude est facile à constater. Ni les caractères de l'écriture, ni l'ortho-
graphe ne conviennent au ixe siècle. Mais il y a pins : nous avons h la
Bibliothèque nationale (Chartes de Baluze, n" dSa) le véritable original
d'après lequel a été fabriqué le prétendu original des archive- d ■ (lar-
cassonne, et dont le texte a été publié dans le Recueil des historiens
(VIII, 556, n°CLl; n' 1679 de Bôhmer). En comparant les deux pièces.,
on se rend compte du mobile qui a déterminé la fabrication du faux di-
plôme. Le faussaire a notablement modifié et amplifié la désignation des
domaines que le roi concédait à son lidèle Isembertus. La comparaison
montre aussi la maladresse du faussaire qui n'a pas toujours su lire exac-
tement le texte original et qui, par exemple, à l'avant-dernière ligne du
diplôme, a écrit pro sua voluntate au lieu de pro sua utililate, leçon que
porte l'original de la Bibliothèque nationale et que demande le formu-
laire de l'époque.
•On voit que la publication de M. l'abbé Vergue! permet d'éclaircii-
quelques points intéressants de diplomatique carlovingienne. H esta dé-
sirer qu'il poursuive cette utile entreprise et qu'il reproduise parla pho-
tographie les plus anciens documents des archives du département de
l'Aude.*
Sont encore offerts à l'Académie :
Lu France, le Pape et l'Allemagne, par M. Louis Guilleberl (broeb,
iri-i
Sttnwtnwtique et antiquités de la dynastie des Sassanides en Perse, par
.M. I bornas 1 petit in-V }.
7 S
-i \ vi i m u:\nn i.Di i •> ik\ Rien.
I..' Ski i-.ktaii'.e perpétuel présente à I académie le dernier fascicule
îles Comptes rendus dé l'Académie pour iH-j'.).
il esl fait hommage, par M. Armand Parrot, de V Histoire es \otre~
Dame de Békuard ( br. in-8°).
M. d'Avezac offre à l'Académie, an nom de l'auteur, M. le comle
Hyacinthe de Charencey, un Mémoire intitulé: Dr quelques idées symbo-
liques se rattachant au nom des douze fils de Jacob, in-8° de leâ pages.
M. Lion Renier présente à l'Académie, Hë la pari de M. Ernest Des-
iardins, un travail intitulé : Desiderata <ltt Corpus inscripûonum lalinarum
tir f Académie de Berlin, t. III: le musée épigraphique de Peslh (Paris,
187/4, 33 pages in-fol.).
f M. Desjardins, dit-il , ayant l'ail à Pesth, en 1 S7 1 . nu séjour de quelque
durée, a pu étudier avec soin le musée de cette ville, qui esl très-riche
'■n antiquités romaines el surtoul en monuments épigraphiques. Il 0 des-
siné, d'après les originaux, (mis ces monuments; il en a rapporté d'ex-
cellents estampages et a pu ainsi composer, sur cette précieuse collée-
Lion . un ouvrage considérable <|ni a été publié aux frais du gouvernement
hongrois el a figuré à l'Exposition <le Vienne, mais qui, malheureuse-
ment, n'est pas encore livré au public. Cet ouvrage , d'ailleurs, a été
exécuté avec luxe; il forme un volume de '■'>■> feuilles el .">.> planches in-
folio, et il a été tiré à pelil nombre. M. Desjardins a donc cru faire une
chose utile en en extrayânl . pour les publier a pari . les inscriptions qui
ne figurenl pas dans le troisième volume du Corpus, ou qui \ <>ni été
reproduites d'après des copies inexactes; ces inscriptions sonl assez nom-
breuses, M. Vlommsen, éditeur de ce volume du Corpus, n'ayant pu
faire à Peslh un assez long séjour pour en explorer lui-môme complète-
ment le musée. C'est cel extrail que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie.
ir L' Académie sail quel immense service a été rendu à la science de l'an*
liquité classique par la publication du Corpusdes inscriptions grecques;
el cependant ce recueil esl aujourd'hui lellemenl incomplet, qu'il com-
prend à peine la moitié «les inscriptions grecques connues. Mais e esl la
précisément nn des résultats, et l'un «les résultats les pins heureux de
cette publication. Elle comprenait, lorsqu'elle a commencé, toutes les
inscriptions grecques connues, el -1 le nombre de celles-ci a plus que
doublé en nue vingtaine d'années, c'esl grâce a l'immense impulsion
qu'elle a donnée aux recherches qui ont pour objet la découverte et
— 7'.) —
l'élude de ces documents, lien sera de même, on n'en |»eul douter, il en
psi (lf|;i de même (le travail que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie en
«•si l.i preuve) <l«' la publication bien autrement considérable du Corpus
msaiptiotmm latinurvm, et ce ne«era pas le moindre des services rendus
par elle à la science. -
SÉARQK Dl \ IMM'.KDI 90 PEVBIER.
M. db S\i lci offreà I' académie VEssaiàe M. Wiener sur les institutions
politiques, religieuses, économiques et sociales de Tempire des Incas (m-0°).
Dans cel ouvrage, M. N\ iener se montre au- courant de tout ce qu'on
a écrit sur I" Amérique avant les découvertes des Espagnols. Rien de plus
attrayant et de plus, original que son livre. Indépendamment de la des-
cription du Pérou, de son histoire el des recherches sur ses origines, ou
\ verra une analvse complète des lois des Incas, et un chapitre sur la
déformation du crâne pratiquée d'une manière constante. Ce qui ressort
de cet ouvrage, c'esl qu'il y eut au Pérou une société de plusieurs mil-
lions <l*ànies livrée à un socialisme effroyable, abandonnée à la discrétion
des aventuriers qui étaient les compagnons de Pizarre.
Il es! fait hommage à l'Académie des ouvrages suivants :
Sur Forigine de la tradition des fourmis qui ramassent l'or, par M. Fré-
déric Schiern. Copenhague, 1873 (broch. in-8ô). (Edition danoise et
édition Française.)
Transactions of ïhe Society ojhiblical archœology, t. II. a* partie (in-8°).
Memoir of the comparative gràmmar of egyplian , coptic and ude, l»\
Hyde Clarke (broch. in-8").
Documeiiti di storia italiana :
I. Gouache c statuti délia ciltà di Viterbe, publicati ed illuslrati cla
[gnazio Ciampi (1 vol. in-4°).
II. Commissioni di Rinaldo degli Albizzi per il commune di Firenze
l^tonio terzo, 1 fi •?,()- i'i ?>'.)) (1 vol. in-6°).
St \M K 1)1 VENDREDI 27 FÉYniKR.
H est fait hommage à l'Académie des ouvrages suivants :
Disctuëion de quelques points de la biographie de Roger Bacon, par
M. Ch. Joobdair, membre de l'Académie. (Extrau «les Comptes rendus
de l'Académie.
The life and estons of IL T. Cokbrooke, bj lus son sir T. E. Cole-
brooke i 9 vol. in-8' ).
— 80 —
Miscellantous essays , l>\ II. T. Colebrooke ( i vol. m-N ').
M. Mmi:v offre h l'Académie, «In la partde M. Gerquand, inspecter»
d'académie, one dissertation intitulée : Etudes de mythologie grecque,
l lusse el Circé. Les Sirènes.
ir L'auteur, dit-il, a examiné, avec plus d'attention qu'on ne l'avait en«
core fait, le m\ Mk- de Circé : il considère Circé comme une déesse lu-
naire, et voit dans I lysse la personnification de phénomènes Be ratta-
chant à la marche du Soleil. Si les résultais du travail de M. Cerquand
ne sont pas complètement démontrés, il faut rendre justice à l'étendue
de sos recherches, el reconnaître qu'il a proposé dos rapprochements
ingénieux. »
M. l)i;s\ovEns offre à l'Académie de la part <lo l'auteur, M. Henri
Beaune, avocat général à la cour d'appel de Dijon, connu par plusieurs
travaux très-estimables sur l'histoire el l'archéologie de la Bourgogne, un
> nouveau mémoire intitulé : Les dépouilles de Charles le Téméraire h Berne,
rrCe mémoire, de A7 pages in-4°, dit M. Desnoyers, doit faire partie
de la collection publiée par la Commission départementale des antiquités
de la Cote-d'Or.
t? Bien n'est plus connu et n'a été pins souvent relaté dans l'histoire de
Suisse el de Bourgogne «pie la guerre si imprudemment entreprise en
1 Ï76, sur le plus léger prétexte en apparence, par le duc Charles contre
la ligue helvétique, dont les résultats (urenl si funestes à ce prince, et
qui se termina par les sanglantes défaites de Grançon el de Morat. Le
butin abandonné par l'armée bourguignonne sur les champs de bataille
lut immense en provisions de guerre, en mines de toutes sortes, en
trésors de bijoux et d'ornements des plus précieux, en vêtements des
plus riches étoffes, brodées d'or el de soie, en tapisseries à personnages
destinées à former plusieurs centaines de tentes pour le duc el les sei-
gneurs de Ba Buite et de son armée. Une estimation approximative el
parti. 'Ile. donner par un auteur contemporain , représenterait aujour-
d'hui une valeur de plus de io millions de florins. Malgré la dispersion
île la plu- grande partie de ces richesses, il n'est pas m Suisse rie
musée municipal ou de trésor d'église qui ne conserve précieusement
quelque épave de celte grande défaite; mais le mieux partagé est le
musée de la bibliothèque de Berne. C'est là qoe sont conservés, avec
d'autres objets précieux qui ne proviennenl pas des champs de bataille
de Grançon el de Morat, un triptyque d'or revêtu des plus délicates
peintures et dont M. Beaune a reproduit une photographie, d'autres
ornements d'autel, plusieurs bijoux précieux. el Biirtonl dix grandes
81 —
tapisseries ;• personnages des fabriques artésiennes ou flamandes, repré-
sentant, l'nne, des scènes religieuses, el le plus grand nombre., des scènes
bistoriques de l'antiquité romaine (vies de Trajanel de César), avec les
costumes du \\' siècle, exécutées d'après des tableaux de ce même siècle,
et dont le mouvement «les personnages et la parfaite conservation des
(issus el des couleurs excitent une admiration générale.
rrCe> objets <mt été fort souvent mentionnés, décrits, figures même
pour In plupart (entre autres les tapisseries, par M. Jubinal). Aussi
M. Beaune ne s'est-il point borné à éo reproduire une exacte description,
quoique (1rs plus complètes. Il s'est surtout attacbé à en éclaircir les ori-
gines, ii en apprécier le caractère et à discuter les opinions dont elles
ont été le sujet. Il recherche Boit dans les chroniques contemporaines,
soit dans les comptes de dépenses de la maison de Bourgogne, conservés
dans les archives de Dijon, soit dans les inventaires des joyaux de
Charles le Téméraire et d'autres ducs, publiés par M. Delaborde. les
traces des principaux objets conservés. Il discute les opinions antérieures
H ne les adopte qu'avec réserve, et après un sérieux examen.
irEn résumé, ce nouveau mémoire de \|. Beaune est intéressant et fort
digne d'estime. -
M. Brixf.t m Pelbsle présente a l'Académie une nouvelle publication
de M. Emile Legrand.
-M. Legrand a déjà publié une collection de monuments pour senir
à l'élude de la langue néo-hellénique. Le nouveau volume, qui cou
tient un Recueil de chansons populaires grecques publiées el traduites pour
la première fois, ouvre une nouvelle série et a une importance plus grande
que les précédents. Dans une introduction étendue. M. Legrand signale
les tentatives qui furent laites à plusieurs reprises, longtemps avant
Pauriel, pour publier des chants populaires grecs d,oni le mérite avait
fr,ippé les voyageurs.
rrLa GuiHetière, l'auteur de Lacédctnone ancienne et nowrlk , avait an-
noncé, en 167(5, un recueil qui n'a pas vu le jour. Le savant Huet .
dans un manuscrit inédit que possède M. Legrand et intitulé : Anstnad-
verswacs m hnguambarhuro-grœcam, mentionne un recueil de poésies po-
pulaires en grec vulgaire, formé par un jésuite du nom fie Xavier.
Peut-être ce manuscrit est-il encore enfoui dans quelque bibliothèque.
La plupart des pièces que M. Legrand publie aujourd'hui proviennent
d'un manuscrit que Busbecq. ambassadeur de l'empereur d'Autriche à
Gonstanlinople. avait rapporté d'Orient et déposé à la bibliothèque de
\ienne. où il porte le titre de Coder maunscriptus tliroloffirus frrœcus.
— 82 —
Personne n'eut l'idée de le consulter jusqu'à nos juins. M;us M. Salhas,
qui recherche dans toutes les bibliothèques des textes grecs du moyen
âge, m prit mie copie qu'il a communiquée à M. Legrand. Ces pièce-,,
toutes antérieures au \\i" siècle, quelques-unes beaucoup plus an-
ciennes, el celles qui feront l'objet (rime seconde publication et qui se
rapportent à des faits historiques du \" siècle, ont, indépendamment de
l'intérêt littéraire, une grande importance pour l'histoire de In longue
grecque, dont il était difficile jusqu'ici de suivre les transformations dans
les siècles antérieurs à la chute de l'empire grec. »
SÉANCE 1)1 VENDREDI 6 MARS 187/1.
-M. d'âvezac présente, à litre d'hommage respectueux, de là part de
M. Gabriel Gravier, de Rouen, une série d'ouvrages qui se recomman-
dent .'m linii accueil de l'Académie, tout à la fois par leur objet, l'éclair-
cissement et la glorification patriotique de certains faits généraux ou
particuliers de l'histoire des Normands, et par les conditions matérielles
île leur exécution typographique.
rLe premier en d;ile des quatre ouvrages présentés est un beau vo-
lume grand in-8°, de plus de 4oo pages, orné de planches el cartes,
intitulé : r Découvertes et établissements de Gavélier de la Salle, de
it Rouen, dans l'Amérique du Nord (lacs Ontario. Erié, Huron, Michi-
ifgan, vallées de l'Ohio et du Mississipi, el Texas).» (1870.)
-I h second volume, de même format et de beaucoup moindre étendue,
publié en 1871 sous le simple titre sCavélier de la Salle de Rouen ,» est
destiné à former, à la suite du premier, nu complément où le biographe
a recueilli divers documents qui avaient été pour lui introuvables ou
inaccessibles en France, et dont il a pu ressaisir des épaves dans des pn-
blications faites a l'étranger.
•In troisième \olmiie, dans le formai petit m- h" de lellière | fort
en OSage an\ \\i e| \\n' siècles, el particulièrement cher aujourd'hui
BOX amateurs raffinés), contient la réimpression textuelle d une série de
lettres publiées à Rouen en 1 7 •> H ei contenant la ir Relation d'un voyage
rrrle religieuses (Irsulines de Kouen a la \ou\e||e-Orlé;ins, il pour la fon-
dation d'un couvent de leur ordre. \1. Gravier a fait précéder ce docu-
ment d'une introduction assez étendue, sons ce titra : «■ Les Normands sur
rie Mississipi,'» datée de 1872, et qui rattache expressément à l'entre-
prise de la Salle les faits ultérieurs de la colonisation française de la
Louisiane.
— 83 —
irLe dernier ouvrage don! M. Gravier prie M. d Wezac de déposer un
exemplaire sur le bureau «le l'Académie est, connue le précédent, un
suit petit in-'i0 tellière, orné de plusieurs cartes ou planches, in-
titulé : Découverte de l'Amérique par ht Vormands au \' siècle, achevé
d'imprimer le 1 5 janvier 1S7/1.
irCe volume est. entre ceux que l'auteur présente eu un faisceau à
l'indulgenl accueil de l'Académie, le seul qui par sa date puisse aspirer
ii être compris dans le prochain concours des livres relatifs.aux antiquités
nationales; mais peut-être pourra-tril attirer après soi. connue de favo-
rables accessoires, les écrits antérieurs, que l'auteur, dans sa pensée
n'en a point séparés. -
Le Secrétaire perpétuel ollVe à I Académie :
i° Au nom de M. .\ w det. Secrétaire perpétuel honoraire, une lettre
à M. Le lilaut, membre de l'Académie des inscriptions, au sujet de sa
brochure intitulée : Recherches sur les bourreaux du Christ.
■> \n nom de \l. de \\ itte, associe étranger de l' Académie, un ex-
trait «le la Revue de numismatique, intitulé : Monnaies romaines de l'époque
impériale.
M. le Minisire de l'intérieur envoie à l'Académie un exemplaire de
La Kabylie et les coutumes kabyles, par MM. Hanoteau et Letourneux
(3 vol. in-8°), ouvrage dont l'Académie a déjà reçu l'hommage de la
part des auteur-.
Sont en outre offerts à l'Académie :
Recueil des ordonnances <lcs Pays-Bas autrichiens {'6" série, 1700-
171/1. tome ill. contenant les ordonnances du a janvier 17 il) au sg dé-
eembre 17-30 ) ; -2 exemplaires : 3 vol. in-l'ol.
Essai historique et pittoresque sur Saint-Bertrand de Comminges, par
M. Mord 11 \ol. in-8°).
Prise de Tournehem et de la Wontoire , épisode du 1 ri' siècle, par
M. de Monnecove.
Voie romaine ab Aquis Tarbellicis et routes qui venaient s'y souder, par
MM. Marie More] et Antoine Gantier (extrait du Journal de Saint-Gau-
dens 1.
M. de LoNGPSBiBB oifre .1 l'Académie, au nom de M. François Lenor-
uiaut, un ouvrage intitulé : La magie chez les Assyriens cl les origines
adiennes < 1 vol. in-8"). «Le déchiffrement, dit-il, des tablettes conser-
vées au musée Britannique dont MM. Rawlinson et Norris ont publié le
fac-similé a permis a l'auteur de se l'aire une idée assez exacte de la magie
conjoratoire des assyriens. Il donne les formules déprécatoires contre
— Sa —
les mauvais esprits, les sortilèges, les maladies. La traduction de la
partie assyrienne dn texte avail été faite par M. Opperl : M. Lenormanl
s'est attaché à expliquer la partie correspondante, rédigée dans la langui
qu'il nomme acoadienne. Il commente avec une remarquable perspica-<
cité les particularités extrêmement curieuses que révèlenl les textes ma-,
giqui - -
M. de Lqn6périkb offre en outre, de la part de M. Léon d'Hervey de
Saint-Denis :
i l n nouveau fascicule de sa traduction de ['Ethnographie des peuples
étrangers de Ma-touan-lin, contenant une portion du chapitre relatif au
Japon:
a" La seconde livraison du Si-sitmg^ki , on l'histoire du pavillon d oc-
cident, comédie en 16 actes, traduit par Stanislas Julien. Noire regretté
confrère avail imprimé le premier fascicule de cet ouvrage, dont
M. d'Hervey surveille maintenant la publication en se conformant stric-
tement au manuscrit complet laissé par son savant préd îeesseur,
«L'intérêt principal de celle traduction réside dans l'habileté avec
laquelle le savant sinologue a su expliquer une multitude d allusions
historiques el littéraires.»
si moi m \ 1 .\iUii.iu 1 3 y irs 1 87 h.
Il est fait hommage à I académie du Catalogue de la collection des mé-
dailles grecques, romaines et byzantines de Philippe Margaritès, d' Uhènes
11 vol. in* •
Sont en outre offerts les ouvrages suivants de M. Gacliard. de l'Aca-
démie royale des sciences, des lettres el des beaux-arts de Belgique :
1 Documents politiques et dipbmatiques sur la révolution belge de 1790
(1 vol. in-8
\ctes des étals généraux des Pays-Ban, \5n6-i58S. \olice chro-
nologique et analytique i a vol. in-8°).
:;' Don Carlo» et Philippe II | a vol. in B
h" Correspondance de Charles Quint et d' [drien I / i i vol. in
., /: imite el mort de Charles Quint au monastère de l uste. Lettres mé-
ditée publiées d'après les originaux conservés dans le» [rchives royale» d^
Simanca» i a vol. u>8°, avec une introduction I.
6 / / [rchives et à la Bibliothèque royale de }iuuich(i vol.
M, -S
- La vaplivih dt I \" cl h ■ de Madrid, élude historique
— 85 —
lue .1 la séance publique de la classe des lettres, le 1 1 mai i8<><> \ bruch.
in-8*).
8° Rapport à 1/. le Ministre de l'intériew sur les documents concernant
l'histoire de la Belgique qui existent dans les dépôts littéraires de Dijon et
de Paris i i vol. in-8°).
o° Rapport à 1/. le Ministre de l'intérieur sur différentes séries de docu-
ments concernant l'histoire de la Belgique qui sont conservés dans les ar-
rimes de l'ancienne Chambre de» comptes de Flandre, a Lille.
io° /.(( bibliothèque des princes Corsini,à Home (i vol. in-8).
1 1° Les archives du I atican 1 1 vol. in-8°).
12" Rapport à M. le Ministre de l'intérieur sur F administration des ar-
chives générales du royaume depuis i83i, et sur la situation de cet établis-
sement.
l3° La bibliothèque des princes Chigi, à Rome (broch. in-8°).
i A0 Notices des manuscrits concernant l'histoire de la Belgique qui
tient à la bibliothèque, à I ïenne ( i vol. in-8°).
i.) Lis monuments de la diplomatie vénitienne, considérés sous le
point «I»1 vue de l'histoire moderne en général, H de l'histoire de la Bel-
gique en particulier (broch. in-4°).
iG° Notice historique et descriptive des archives de la ville de Garni.
(broch. m- 'i ).
17° Notice historique et descriptive des archives de l'abbaye et princi-
pauté de Stavelot, conservées à Dusseldorf (broch. in-4°).
180 Votice historique sur la rédaction et la publication de la carte des
Pays-Bas autrichiens , par le général comte de Ferraris (broch. in-4").
ig" Recueil des ordonnances des Pays-Bas autrichiens (3e série, 1700-
179'' ; 3 vol. in-fol.).
M. Ravajsson offre à l'Académie une étude intitulée: Un musée à
créer, étude qui a paru récemment dans la Revue des Deux-Mondes. Le
musée donl il s'agit, el dont \l. Ravaisson a proposé le plan, accompa-
gné d'un important spécimen, il \ a déjà bien des années, esl un mu-
Bêe de plâtres, où l'on réunirait les reproductions des monuments de la
sculpture les plus beaux et les pins importants à tous égards qui sont
disséminés dans le monde entier. Ce musée, qui offrirait aux artistes
une réunion unique de tons les types dû premier ordre que le temps a
épargnés, purs des restaurations qui défigurent les originaux dans
toutes les collections, soi! de marbres et de bronzes, soit de plâtres,
mettrait en même temps au service de la science des éléments sûrs de
comparaisons fécondes el sérail la meilleure école d'archéologie. C'csl à
— 86 —
ce litre sui'toul que \l. Ravaisson appelle mu- la création qu'il propose
l'a tien lion cl l'intérêt de I' académie.
M. Nai'dkt présente une brochure de M. Ghabouillel, intitulée : Re-
cherches sur les origines du Cabinet des médailles, et particulièrement sur
le legs des collections de Gaston, duc d'Orléans, au roi Louis \IV.
M. de Longperier offre, de la part de M. Alex. Bertrand, un mémoire
intitulé : Les tumulus gaulois de la commune de Magny-Lambert fCéte-
d'Orj, extrait des Mémoires de lu Société des antiquaires de France,
i. XXXIV.
tr L'auteur, dit-il, a étudié avec soin les objets de diverses sortes <|ui
ont été recueillis dans ces tumulus; il les compare soigneusement aux
dépouilles des sépultures de diverses parties de l'Europe, el il conclut,
après être entré dans beaucoup de détails bien étudiés, <mi disant irqu'on
rrpeul regarder l.i civilisation des populations de Hallstatl | Autriche)
rr comme identique ;i celle de la Gôte-d'Or, à l'époque où ont été élevés
rrles tumulus de Magny.n Or, ces peuples de Hallstatl occupaient une
station sur la roule de l'Orient et de l'Occident, et les objets que le l»;i-
ron de Sacken ;i si bien étudiés dans leurs sépultures comptent parmi
les documents les plus importants de l'archéologie géographique.
irLe mémoire de M. Bertrand est rempli de constatations intéressantes
et d'observations i euves; il est de nature à faire faire des progrès ;i la
connaissance de cette histoire des peuples, qu'on pourrait appeler extra-
littéraire. -
M. l'u 1. 1 n Pabis fait hommage, de la part de \l. Taniize\ de la Roque.
dune édition des Lettres de Jean-Louis duc: de Balzac; \\ ajoute que,
dans celle correspondance, Balzac abandonne le grand style qui lui
avait donné tant d'admirateurs el qu'il écrivait avec tant de soin et d'é-
ludés; irmais il s'adresse, dit-il, à i\\\ ami passionné comme lui pour tout
qui touchait à l'antiquité, i el on devine que ses lettres doivent être
remplies d'allusions, de citations el de discussions de texte des auteurs
anciens. Personne n'était mieux préparé à commenter ces lettres, à en
lircir les passages obscurs, enlin a continuer les nombreuses discus-
sions de textes, que M. Tamizej de la Roque, déjà bien connu de I aca-
démie pour la sûreté de Ba critique.
-i INCI Dl I ENDREUI 20 11 ^RS.
M. le Phésiui m j ' i • -• 1 1 1 < • .i I académie quatre i qui oui été i u
\n\, - i i lixpohilion de \ ienne el qui présentent à la suite de molt
— 87 —
-, français et allemands, les mais correspondants de divers dialectes a\
l'Australie. Ils sont offerts ;i I' académie par les commissaires de la pro-
vince de Victoria (Auslralie) à l'Exposition de Vienne, par l'intermé-
diaire île M. E. Cortambert.
M. dr Sadlci offre, an nom de M. Schlumberger, an ouvrage inti-
tul.: : Des bractéates d'Allemagne. Considérations générales et classification
des types principaux (i vol. in-8°).
Ce livre traite de monnaies qui n'ont jamais été observées et qui
donnent tes renseignements les plus curieux.
M. L Renibb offre, an nom de l'auteur, M. de Rossi. associé étranger
de l' keadémie, un fascicule du Bulletin d'archéologie chilienne (a* sëri-1 .
d'année), et an Extrait des Annales de l'Institut archéologique de Rome
•(18731. contenant les Recherches archéologiques et topographiques faites
au mont \Umin et sur le territoire de Tusculuia.
SÉANCE Dl VENDREDI :> ~j M\Ks.
\1. i»k Sai i.cv offre à l'Académie, de la pari de M. le vicomte Jacques
de Rongé, le Mémoire sur l'origine égyptienne de l'alphabet phénicien, par
M. le vicomte Emmanuel de Rougé (Paris, Imprimerie nationale, 1876,
in-8°).
I. académie a gardé le souvenir de cel important mémoire, dont elle
avait entendu la lecture en 1869 et dont le manuscrit s'était égaré".
M. Jacques de Rougé, ayant eu le bonheur d'en retrouver la minute,
s'est empressé de le publier. Ainsi se trouvera réparée une perte qui
avait été un deuil véritable pour la science.
\I. Rr.w\ ollre à l'Académie, de la part de M. Girard de Rialle. un
Mémoire sur l'Asie centrale, son histoire et ses populations (broçh. in-8°).
L'Académie reçoit encore une brochure qui a pour titre : Elymologie
du nom propre Littré, et restitution d'un mot gaulois, par M. Robert
Mowai. (Extrait du tome II des Mémoires de la Société de linguistique.)
Ont été offerts :
Journal asiatique m lobre-novembre-décembre 1878).
Revue archéologique (décembre 1878. janvier, lévrier, mars 187V1.
Revue politique et littéraire (n° 26).
L'Art gaulois, par M. Hucber (feuilles i5 et 16).
Renie îles questions historiques (décembre 1878).
Revue africaine (novembre-décembre 1878).
Revue numismatique (nouvelle «Tir. t. \\ année 187'»).
— 88 —
Bulletin <lr l'œuvre des pèlerinages en Terre-Sainte( décembre 1873).
[nnales de philosophie chrétienne (novembre-décembre 1 878 , janvier
, 87 '1 1.
Revue de législation (janvier-février 187&).
Le Cabinet historique (octobne-novembre-décembre 1873).
Polybiblion, revue bibliographique universelle (I. I\ el X, janvier-
décembre 1 870).
Bulletin de lu Société des antiquaires de Picardie (année 1873).
Bibliothèque de l'École des Chartes (année 187:!. n" 34, 5' et (V li-
vraison).
Bulletin de la Société archéologique de l'Orléanais (2' et he Irimestre «le
»873).
Dépôl à la bibliothèque. — Les remercîmenls de l'Académie sont
adressés aux auteurs el donateurs.
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DE
L'ACADÉMIE DES nsCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES
PEND WT L'ANNÉE 1874.
COMPTES RENDIS DES SEVNCES.
IVRIL-MAl-JUIN
PRÉSIDENCE DE M. Jol liD \IY
SÉANCE DL MERCREDI 1 " \\ lilL.
Séance avancée à cause du vendredi saint.)
M. le Ministre de L'instruction publique adresse à l'Académie
la Relation des fouilles faites à Santorin par MM. Gorceix el Mermel ,
membres de l'Ecole française d'Athènes, el la prje de \<»ir s'il y ;i
lieu de la publier dans les Archives des \li.ssio7is.
Renvoi à la Commission de l'Ecole française d'Athènes.
M'" Riccio, veuve d'un antiquaire italien, dont le mari a publié
plusieurs ouvrages honoré? de récompenses académiques, adresse
;i l' Académie une lettre el une sorte de mémoire où il esl expose'
• pie M. Riccio était venu , il y a quelques années, à Pai i>. dans la
pensée d'offrir sa collection d'objets antiques à l'Empereur; qu'il
ne |nii le voir; qu'il esl morl depuis, laissant s;i veuve sans autre
ressource qu'une modeste pension. M'" Riccio, dans cette situa-
tion, voudrait vendre à la France la collection que son mari avait
eu l'intention de lui oflfrir;eHe s'adresse à cette lin à l'Académie,
- 90 —
croyant que cette acquisition, ton I en servant les intérêts de la
science, ne pourrait < | n « • faire honneur à la Compagnie.
Il lui sera répondu <|iie ! académie regrette de ne pouvoir
donner suite à ses vœux, n'ayant poini de fonds qu'elle puisse
consacrer à cel usage. M"" Riccio scia invitée à adresser s;1. <le-
mande à AI. le Ministre de l'instruction publique et des beaux-arts.
Le présidenl de la Société d'agriculture, commerce, sciences
el arts du dépaftemenl de la Marne, écril au Secrétaire perpétuel
pour lui demander si. dans les usages de l'Académie, quand un
mémoire jugé digne de récompense ne porte pas. comme le règle-
ment le prescrit, un pli cacheté contenant le nom de l'auteur,
une personne peut être admise à réclamer la récompensé en se
prétendant l'auteur du mémoire.
Il sera répondu que l'Académie n'a poini d'antécédents à cet,
égard, et que c'est à la Société à se décider selon les prescriptions
de son règlement el l'appréciation des circonstances.
M. Ed. Le Iîlant achève sa lecture sur les martyrs de l'extrême
Orient et les persécutions antiques1.
M. I)i ri \ continue sa communication surfe règne d'Hadrien.
M. Bréal continue sa lecture sur les Tables eugubines.
si \N< I 1)1 \ KMMIKIH I o A\ un.
\l. le Président prend la parole :
• I. académie, dit-il, connaît déjà l'événement funeste que j'ai
le triste et pénible devoir de lui notifier officiellement. Nous
avons perdu notre confrère M. Beulé. Lvant-bier une foule con-
sidérable 8e pressait dans l'église Saint- Germain -des-Prés au-
tour de snii cercueil, avant de L'accompagner à sa dernière de-
meure. Sur sa tombe, votre Président a essayé de se rendre I m-
terprète de notre douleur commune , de nos regrets unanimes,
«le ootre consternation à la nouvelle de ce coup de foudre, qui
i/enail déchirer si rapidement une vie précieuse honorée déjà
\ ..Il ,HIX I ioHMl Ml ITIONS Il I.
— 91 —
par de belles oeuvres par de nobles services rendus à la science,
à l'Académie, au pays tout entier. Ce n'es! pas aujourd'hui le
moment de raconter, même dans un récit sommaire, la brillante
carrière de M. Beulé; mais ces sentiments d'affliction profonde
et de sincère regrel que votre Président exprimait il y a deux jouis
dans le cimetière du Père-Lachaise, ii en renouvelle devant vous
l'expression, afin qu'elle soil consignée au procès-verbal de cette
séance, comme un fidèle et affectueux hommage rendu en votre
nom à un confrère éminenl que l'Académie était fière de compter
parmi ses membres, et qu'elle ne se consolera pas d'avoir perdu
si prématurément, d
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie :
i Quelques inscriptions relevées sur des monuments du
Cambodge par les soins du représentant du protectorat français
dan- ce pays. Il fait savoir que M. le Ministre de la marine a
exprimé le désir qu'il lui soit donné avis, le plus tôt possible, du
résultai de l'examen de ces pièces par l'Académie. Si elles sonl
dignes d'intérêt, d'autres pourraient être relevées encore et
adressées à la Compagnie.
(!es inscriptions sont renvoyées à une Commission composée
de MM. (larcin de Tassy. Mohl , Ad. Régnier et Dulaurier.
2° L ne série de dessins exécutés par M. Burnouf, représentant
des fragments de vases, des idoles et d'autres objets qui onl été
trouvés à Mycènes par suite des touilles récemment opérées sous
la direction de M. Schliemann,
r
Renvoi à la Commission de l'Ecole française d'Athènes.
M. Germain Cornille adresse à l'Académie un extrait des pro
cès-verbaux de la Société des études historiques, contenant le pro-
gramme abrégé du voyage qu'il va entreprendre dans les Etats-
l nis de l'Amérique du Nord (montagnes Moelleuses).
M. Jourdain. Président, commence la seconde lecture de ^>\>
mémoire sur la royauté cl le droit populaire d'après les écrivains de la
SColasttijin .
M. Bréal continue sa lecture sur les Tables eugubines.
— 92 —
SEANCE l»i \ ENDRED1 I 7 WUIl..
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à I Vcadémie
•iii double estampage <!<• l'inscription phénicienne conservée au
111 1 1 -« :» • de Marseille, contenant le tarif des redevances pour les sacri
î, estampage qui ;i\;iil été demandé par la Commission des
inscriptions sémitiques, à laquelle il esl remis séance tenante.
M. Jourdain, Président, continue la seconde lecture de son
mémoire sur la royauté et le droit populaire d'après les écrivains <lr
la scolastique.
M. DE LoNGPERIER roliilll unique . Jlli nom (le M. Cluibiis, COr
respondanl ;i Chalon-sur-Saône, une unie sur des romans
ég ptiens tirés, l'un duo papyrus de la collection Harris (British
Muséum), l'autre d'un papyrus «lu musée <le Turin. Le conte du
Prince prédestiné a été traduil par M. C. W. Goodwin; l'autre,
[épisode du Jardin des fleurs, ;i été traduil par M. Chabas, d'après
\e fac-similé publié par MM. Pleyte el Rossi. \ ce sujet, M. Chabas
rappelle le Humait des deux frères donl on doil la traduction à la
sagacité éminente de M. de Rougé, el le Roman de Selnan que
\l. Brugsch ;i fail connaître. Le nouveau f'rairmenl mérite <le
prendre place parmi les rares débris échappés au naufrage de la
littérature de l'antique Egypte '.
M. Ernesl Desjardins lil une notice sur les balles de fronde de la
République*.
wi.i: in \ 1 RDRED1 •> '1 w RIL.
Des lettres d'invitation pour la première assemblée générale de
\S-'\ tenue par la Société de géographie ^<»ni déposées sur le
bureau de l' académie.
\l. Jourdain, Président, achève la seconde lecture de son mé-
ii ,ui\ i louai RicATiOHs, 11 II
m 1 ommi m< itious 11 III.
93
moire -\\\ lu royauté et le <ln»t populaire d'après les ■ - de la
scolastique.
M. Jourdain demande à l'Académie el obtient l'autorisation
de publier en toul ou «mi partie ce mémoire, sans perdre le droil
île le faire accepter pour le Recueil des m - de V Académie,
M. Bréal achève sa lecture sur les Tables eugubines.
SE kN< E I»i \ MDRED1 l" MAI.
M. le Ministre de l'instruction publique transmet à l'Académie
l'extrait suivant d'une lettre de M. Burnouf, directeur de l'Ecole
d'Athènes, sur des fouilles qui sonl en cours d'exécution on
irece :
M. Lebègue, membre de l'Ecole, que je chargeai des fouilles de Délos,
mit an jour le temple primitif d'Apollon, c'est-à-dire un des plus impor-
tants sanctuaires de l'antiquité.
Pour résoudre le problème d'astronomie dont les données m'avaient
conduit ii proposer le déblayement de ce sanctuaire, j'allai moi-même
retrouver M. Lebègue; je m'arrêtai quelques jours à Syra, lie qui était
•mi relation av© el où des recherches étaient à faire.
Oblige de revenir à Athènes pour la construction de l'Ecole, je priai
M. Chalet, consul de France à Syra, homme intelligent el instruit, de
faire pour moi, dans le sud de l'île, des investigations dont je lui donnai
le programme. Il mit au jour, au lieu dit Phinica, une fort belle mo-
saïque, et reconnu! l'existence dune caverne probablement consacrée.
au lieu même que je lui avais signalé par induction*, en face du temple Je
Délos et snr le même parallèle géographique. Nous nous préparions à
poursuivre cette recherche intéressante, lorsqu'un arrêté du gouverne
ment de M. Deligeorges interdit toute fouille archéologique snr tout lé
territoire du royaume.
L'année \*-'-\ s'étanl écoulée, je crus devoir profiter dune circons-
tance unique, celle des Touilles privée-, qui venaient d'être faites à
Tanagre, pour acheter un à on d< - provenant de cette localité, el
pour en former une collection à l'Ecole. C'est la série à peu près com-
plète des vases dits arijballes, el qui portent les dessins les plus iutéi
sants. J'en enverrai dans quelque temps l'album à l'Académie.
Le gouvernemenl de M Delij étant loml obtenu
— 9à — -
cilement du nouveau MinisUe de l'instruction publique l'autorisation de
travailler au déblayemenl de l'Acropole d'Athènes.
Lundi prochain je commence ce travail d'une importance majeure par
le bastion Y E. dit irbastion d'Odyssée.» Comme il est aisé de s'en
rendre compte par la grande carte que j'ai remise à l'Académie, colins-
lion renferme la Clepsydre et f'escalier de Pan, qui était nne des deux
voies d'accession de la citadelle, .l'ai dressé le plan de ces constructions
souterraines afin de diriger le travail avec toute la certitude désirable.
Le travail de déblayemenl de l'entrée de l' acropole durera assez long
temps; commençant au bastion d'Odyssée, il s'étendra vers le sud. ter-
minera l'œuvre inachevée de M. Beulé, el atteindra, si l'argent ne l'ail
pas défaul . la grande tour d' iLcciaiuoli . qui cache aile des Propj lées
• •I (|ui esi condamnée depuis longtemps.
\l. le Ministre adresse aussi a I académie, pour être transmis à
la Commission des inscriptions sémitiques, un dossier compre-
nant, en doubles exemplaires , i->'i estampages de stèles néo-pu-
niques qui proviennent de la mission en Tunisie de M. de
Sainle-Marie.
M. Grassel d'Orcel a adressé à l'Académie dès sciences un
Dictionnaire télégraphique chiffré par la méthode des radicaux tri-
littéraux sémitiques, dictionnaire qu'il croit propre à introduire
une langue télégraphique internationale, impérieusement récla-
mée, dit-il, par toutes les nations de l'extrême Orient. L'Académie
des sciences a cru devoir communiquer la lettre et le dictionnaire
à I académie îles inscriptions.
M. Molil lit un rapport, au nom de la Commission chargée de
répondre au Ministre de l'instruction publique ;» propos des m-
criptions «lu Cambodge, transmises par le Ministre de la marine.
Le rappoi i sera adresse, au nom de l' académie . a M. le Ministre.
avec plusieurs exemplaires des instructions rédigées par la <a>m-
mission des inscriptions sémitiques pour guider les voyageurs
dans Festampage des inscriptions '.
M. de l.oM.n liii.i; présente à l'Académie un de ces vases cy-
priotes réputés les plus anciens spécimens de l'ail du potier : c est
• I i qui a clc publié pai M le Ministre de In marine dans le Journal
,ffù ,,/ ,| eproduil en appendice à In mite des Comimiii étions.
- 95 —
une amphore à panse ovoïde allongée, munie latcralcmenl de
deux anses très-simples, terminée par un col court*, large cl droit,
[M>rt;mi ;i l'extérieur les traits d'une tête humaine.
«L'Académie, dit M. de Longpérier, a, plusieurs lois déjà,
entendu parler des rases d'argile recueillis par M. Schliemann
dans ses fouilles dTAsie Mineure, et efle connaît la singulière
théorie suivant laquelle bon nombre de ces vases seraient décorés
(l'un masque de chouette grossièremenl modelé. Je me suis élevé
contre cette opinion , qui me paraît en contradiction avec les mo-
auments que dous connaissons dans les collections publiques el
particulières. Notre confrère M. P. Paris a signalé <!<•> vases de
terre, trouvés en Champagne dans des sépultures ou se rencon-
traient des armes de pierre polie, et (Joui le col portail un masque
humain. M. le professeur Berendt, de Kœnigsberg, a publié un
recueil de vases semblables, découverts dans les environs de
Dantzig.
"L'Académie a sous les yeux un vase cypriote qui va figurer à
l'exposition <lu palais do Corps législatif. C'est un travail d'une
très-haute antiquité; le col du vase est, comme on voit, décoré
d'un masque humain, mec oreilles humaines; ce dernier détail
apparaît égalemenl dans les rases delà collection Schliemann,
nous le savons maintenant par les photographies. x
M. de Longpérier affirme qu'il n"\ a rien, sur aucun des monu-
ments (|ni viennent d'être énuméres, qu'on puisse considère)
connue l'image d une chouette.
-Je n'aurais pas apporté, dit-il. ce w,\\ échantillon de Tari
cypriote, si l'illusion de M. Schliemann n'intéressai! que Pexplica
lion de vases au sujet desquels le» véritables archéologues, tant
en France qu'en Allemagne, ne se sonl pas trompés. Mais on a
essayé d'altérer le 9ens donné par la philologie a d anciens texte-,
el i\ est lion de montrer sur quels arguments fragiles on s'étail
appuyé. L'erreur de M. Schliemann lient a cequ'il Dépossède pas
une connaissance suffisante des monuments recueillis antérieure
meiii à -es trouvaille- I ne étud< comparative offre toujours le
moyen le plus sur de dissiper les illusions «pie lad initie I ap|
ciafion de- monument- isolés
— 96 —
M. Perrol lit un mémoire relatif à des inscriptions trouvées sur
les bords de la nier Votre.
M. Barrisse lit un mémoire sur les deua Columbo, en France et
en Italie.
Le li. P. Verdière lit un mémoire sur Leptis, pairie de Sepùme
S ère, de la brandir punique des Bassiens.
SÉANCE DU VENDREDI 8 MAI.
M. le Ministre de L'instruction publique écril àl'Académie pour
l'inviter, conformémenl aux décrets de i85a el de 187^, à
s'occuper, dans rime de ses plus prochaines séances, de la dési-
gnation do doux candidat-, à la chaire ^ langues el Littératures
chinois,- el tartare-mantehoue , vacante au Collège de France par
suite du décès de M. Stanislas Julien.
A cette lettre se trouvent joints :
1" La liste nominative des membres qui ont pris part au scrutin
au Collège de France;
20 L'indication du nombre de voix acquisesau candidat unique;
3° Le rapport certifié par le conseil d'administration el conte-
uaiii L'exposé el l'appréciation des travaux du candidat.
i; académie décide que la discussion des titres des candidats el
L'élection, s'il \ a lieu, seront portées à l'ordre du jour de la pro-
chaine séance.
M. le secrétaire général de La Commission des monuments
historiques du Pas-de-Calais écril à l'Académie el lui envoie le
prospectus d'un Dictionnaire historique et archéologique du département
du Pas-de-Calais, pour lequel il sollicite sa souscription.
M. le Présider! rappelle qu'un mois s'esl écoulé depuis la morl
de M. Beulé, el il invite l'Académie à décider, selon Le règlement,
- il \ a Lieu a le remplacer.
I. \c. demie, consultée, décide au scrutin qu il s a lieu, et, par
un second vote à main levée, elle Gxe au vendredi ■>•> le jour
de l'exposition des iihes ,\,^ candidats.
L'Académie c forme en comité >ecrel poui la lecture du rap
— 97 —
port de la Commission chargée de jugei le coucours du prix
Gobert.
La séance redevient publique.
M. MiLi.Ki; la il connaître à l'Académie qu'il a reçu ce malin
même des estampages d'inscriptions grecques envoyées par M. Da-
ninos, employé au ministère des affaires étrangères en Egypte.
irUne grande inscription chrétienne, dit-il, provient du Caire.
Elle rappelle un peu pour le formulaire celle dont j'ai entretenu
dernièrement l'Académie et qui ne présentait aucune difficulté.
Celle-ci es| très-difficile, non-seulement en raison des nombreuses
fautes d'orthographe, mai- aussi à cause des mois illisibles et de
certains signes paléographiques qui sont tout à l'ail nouveaux.
-D'autres inscriptions ont été trouvées dans l'ancienne Arsinoe.
<a' sont des listes de noms propres intéressant l'onomatologie
ico-égyptienne. I n nom nouveau : <1>iaoivtiv. . . , incomplet à
la lin. est évidemment une Batterie à l'adresse d'Adrien <lans la
personne d'Antinous. Les noms propres commençant par Çi\o<
sont assez rares. On peut citer (biAsvpnrt$tis et tyiAoucoxpciTtis. •-
M. RàVAissoN met -uns les yeux de l'Académie une photogra-
phie qui a été envoyée de Naples à M. Tairai; elle reproduit une
statue de marbre <!<• 90 centimètres de hauteur, trouvée l'année
dernière à Pompéi, et qui représente Vénus. Cette Vénus est
diadémée, demi-nue. la partie inférieure du corps enveloppée
d'un manteau dont un pan revient sur le bras gauche. Elle lient
une pomme dans la main gauche et -appuie sur une statuette
d'ancien style qui semble représenter 1 .lunbn. La tête et les
mains de la Vénus sont des restaurations antiques. La statue et
la statuette sont peintes de diverses couleurs. La Vénus a sur la
tète un bandeau blanc : c'est le marbre à nu. Se> cheveux sont
peints en jaune, ainsi que la pomme; ses yeux en noir, si ce n'est
peut-être en un bleu devenu noir. Sa draperie et celle de la petite
Junon sont peintes en jaune au dehors, en vert clair au dedans.
Les parties nues de la Vénus paraissent avoir été peintes en «ou
leur de chair. (Test là un exemple très-curieux et le plus complet
peut-être qui existe de sculpture polychrome.
M. Ravaisson soumet aussi à l'Académie des photographies
— 98 —
représentant, sous trois aspects différents, un groupe inédit en
marbre, de grandeur demi-nature, < ] i j i se trouve à l;i villa Bor-
ghèse ri où l'un \oil une Vénus, tout à fait semblable pour l'atti-
tude, le costume el le jet «les draperies, à la Vénus de Milo,
groupée avec un Mars nu, qui est placé à sa gauche. Elle foule
du pied gauche i\<>* armes. Elle est d'ailleurs dans l'attitude
même que M. llavaissoti a proposée pour la Vénus de Milo.
A la droite de la \ ênus esl mi imour. Sur le monumenl circu-
laire en marbre du musée Ar* antiques autour duquel sont ran-
gés les bustes des douze dieux . on \oii Mars et Vénus pareillement
réunis par l'Amour.
Dans le groupe de la villa Borghèse, les têtes èl les liras de la
\(:nus et du Mars et la plus grande partie de l'Amour sont des
restaurations. In dessin joint aux photographies, «'l exécuté avec
-niii par un membre de noire Ecole archéologique à Rome,
M. Gollignon, représente le groupe, abstraction laite des restau
rations.
A cette occasion . M. Hnvaisson annonce à l'Académie la puldi
cation prochaine dé documents authentiques et inédits relatifs à
la découverte de la Vénus de Milo el à son histoire, <pii rectifie-
ront les assertions produites récemment mi r ce sujet par MM. \ ica rd
et Jules Ferry, el qui établiront définitivement que la célèbre
statue était, lorsqu'on l'a trouvée, dans le même étal où elle est
arrivée au Louvre.
Al. Perrol achève la lecture de son mémoire relatif à<&< inscrip-
tion* trouvée» sur les bords de \a mer Votre1.
Le Si:i i;i':i \n:i; PBRPÉTUEL signale, parmi les Ouvrages déposés
-m le bureau, trois exemplaires du •>" volume du Cariulaire <l<-
F abbaye de Flines, ouvrage dont le r volume est envoyé au con
cours des antiquités nationale» . et dont la suite a , sans nul doute,
la même destination. Il sera renvoyé à la Commission.
1 \ ou ,iu\ COMII Mi V I |m\v . H t\ .
99 —
SEANCE lu \ ENDREDI l .) MAI.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie
avec une note de M. de Sainte-Marie, destinée à la Commission
des inscriptions sémitiques, les estampages, en double, de dix-
huit stèles néo-phéniciennes découvertes, autour de l'enceinte de
Byrsa par M. de Touzan, gardien de la chapelle de Saint-
Louis.
Renvoi à la Commission.
L académie se forme en comité secrel pour la discussion des
titres des candidats à la chaire des langues el littératures chinoise
el tartare-mantehoue , el pour la discussion des conclusions du
rapport de la Commission du prix Goberl.
La séance rede^ ienl publique.
On procède au vote pour désigner un candidat à la chaire va-
cante au Collège de France.
Il y a 3a membres inscrits et 28 votants.
Majorité absolue : î 5.
M. d'Hervej de Saint-Denis, candidat unique , obtient 22 suf-
frages. Il y a 6 bulletins blancs.
En conséquence, M. d'Hervej de Saint-Denis est proclamé can-
didat de l'Académie des inscriptions et belles-lettres.
Le procès-verbal de I' Vradémie sera transmis à M. le Ministre
de l'instruction publique.
On passe ensuite au scrutin sur le prix Gobert.
Les membres libres de l'Académie élan! admis à prendre part
au vote, il y a 3q membres inscrits.
Sur 37 suffrages exprimés, M. de Boislisle obtient 36 voix
pour le premier prix, el M. Tuetey 36 [tour le second. En consé-
quence, le premier prix Goberl est décerné à M. de Boislisle
pour I ouvrage intitulé : Chambre des comptes de Paris, pièces justi-
ftrtitirrs pour servir à V histoire des premiers présidents fi5o6-ij()i),
1 vol. in-/i";et le second prix à M. Tuetej pour l'ouvrage intitulé :
Les Ecorcheurs sous Charles '//. a vol. in— 8
M. db W Aii.n commence la première lecture d'un mémoire
— KM) —
sur le Romant, ou Chronique en langue vulgaire dont Joinville a re-
produit plusieurs passages.
M. Harrisse achève la lecture de son mémoire sur les deux Co
lumbo, en France <t en Italie.
Le II. P. Verdière continue la lecture de son mémoire sur la
ville de Leptis.
M. Félix Pasquier adresse à l'Académie, pour le concours des
antiquités nationales de i 875 . un opuscule in-8°, intitulé : Grands
jours de Poitiers, de ih't'i à t63â.
Renvoi à la future Commission.
SEANCE m VENDREDI 22 M M.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à \\. le Sei
taire perpétuel la lettre suivante :
M. Boroouf vienl de m'adresser les deux croquis ci-joints . représentant
un fragment de statue trouvé dans le déblayemenl «lu bastion d'Odyssée
faisant partie '1rs fortitica lions avancées de l'Acropole d'Athènes. La
statue, qui avait seulement de 55 à 60 centimètres de haut, représente
une \ 'unis deuù-nue. Elle est . dit M. Burnouf, d'une très-bonne époque .
d'un travail excellent, et se rapproche beaucoup de celle de Milo. Si
l'Académie en désirait une reproduction en plâtre, pour le musée du
Louvre, M. Burnouf la ferait facilement exécuter e1 l'expédierait à
M. Ravai son; mais le musée devrait prendre la dépens» à sa chai
Quant au déblayemenl en lui-même, voici où il en est aujourd'hui
I. académie sait que le bastion d'Odyssée comprit et enferme bous terre
l'escalier de P< 1 lit Clepsydre. Celle-ci se présente aujourd'hui
sous la forme <\ uw puits dont la margelle est dans une chapelle byzan
line, a 1 1 mètres sous hue. Ce puits ;i lui même une profondeur de
70 depuis le bas de la margelle ju iqu'à l'eau . et uni profondeur d eau
de \l. l'ingénieur Piat, architecte de la nouvelle Ecole, a bien
voulu descendre dans ce puits en se faisant suspendre h une nn-Ar. et il
un croquis. La margelle repose 3ur une partie étroite cons
truite en grandes pierres de taille, dont la distance intérieure va aussitôt
m 1 h. 1 mu : un peu plus bas est un étranglement , au de-sons duquel le
puits devient très-spacieux; puis on arrive .1 la surfaa de l'eau. Dans
— loi _
celte [tarde large se trouve une grande entaille quadrangulaire qui s en
fonce sous le rocher de I acropole.
Dans la voûte de la chapelle byzantine, les Grecs de ce siècle ouvri-
rent nu trou circulaire au-dessus duquel il.- construisirent un tube en
maçonnerie, terminé lui-même par une margelle à s;i partie supérieure.
D'une margelle à l'autre il \ a quatre mètres et demi de dislance verti-
cale. La margelle supérieure esl sous une voûte dans laquelle on descend
par un escalier de <» ".."» 'i de hauteur verticale. Tous les \ iil<> entre ces
iliers, ces voûtes, ces tubes el les murs extérieurs du bastion furent
remplis par de la terre el des décombres provenanl de I' acropole, et par des
massif- de maçoi ri»-. Quant à l'escalierde Pan, <|ui règne au-dessous de
loutre mas-if. il fui lui-même voûté depuis son entrée supérieure jusqu'à la
chapelle où esl la Clepsydre.
M. Burnouf a d'abord enlevé toutes les terres de remblai dans l'inté-
rieur du bastion, et mis à nu le dos- des voûtes et les massifs de ma-
çonnerie. Ensuite il a commencé la démolition de l'escalier contemporain.
Quoique cette bâtisse ne date que de 1821, elle est très-dure, el comme
elle devient très-épaisse, il l'enlèvera avec la poudre ou la dynamite,
prudemmenl employées. Mais il n'a pas voulu se décider à employer ce
moyen avant de s'être assuré, par un travail à la main, que la maçon-
nerie ne renferme aucune antiquité.
L" académie, qui s'intéresse à ce travail, ensuivra aisément le progrès
sur le grand plan de l'Acropole remis, fan dernier, entre ses mains. Pro-
chainement M. Burnouf aura l'honneur de lui envoyer un plan du bastion
sur une plus grande échelle. La Clepsydre se trouve au pied du mur
septentrional du bastion, presque au-dessous de sa guérite d'angle. Il se
propose de percer ce mur. droit en face du [mil-, de façon qu'on cuire
de plain-pied dans la chapelle. Ensuite il fera à i . ur une tranchée
au moyen de laquelle on arrivera au niveau de l'eau; de cette manière
on pourra étudier, sans danger el sous la lumière du ciel, les canaux
antiques qui conduisaient les eau\ de la Clepsydre dans la ville, el par-
ticule rement dans l'horloge d'Andronicos. Enfin il percera des ouvertures
dans la voûte «le l'escalier de Pan qui, étant éclairé, redeviendra l'une
des deux montées de l'Acropole.
Je joins aux deux croquis ci-dessus mentionnés copie d'une inscrip-
tion trouvée dans le bastion d'Odyssée le •• '1 avril dernier.
Igréez, etc.
! e Ministre de l'Instruction publique et des Cultes
né : Dl Foi HTor.
— 102 —
\l Liagre écril au Secrétaire perpétuel pour lui annoncer que,
dans la séance générale annuelle du ."> mai courant, l1 Académie
royale des sciences, des lettres el des beaux-arts de Belgique l'a
élu Secrétaire perpétue) en remplacemenl de M. Quételet.
M. Fauvel, avocat à la Cour d'appel de Paris, adresse à l'Aca-
démie le programme d'une Société de linguistique dont il lui sou-
mel le projet.
M. le Président l'ail connaître à l'Académie qu'il a reçu de
M. François Gras un essai sur les systèmes métriques linéaires de
l'antiquité à laide d'une mesure nouvelle, le nulle des Pyramides,
mémoire sur lequel l'auteur sollicite le jugement de I Académie.
il lui sera répondu que l'Académie ne prononce de jugement que
sur les mémoires envoyés à ses concours.
Le Secrétaire perpbti el donne Lecture de trois lettres de can-
didature adressées à l'Académie par MM. Oppert, Hëuzey el
Havel.
L'Académie se forme en comité secrel pour examiner les titres
des candidats à la place d'académicien titulaire laissée vacante par
le décès de Al. Beulé.
La séance rede> ienl publique.
Le I!. P. Verdière continue la lecture de son mémoire sur la
ville de Leptis.
M. Révilloul commence la lecture d un mémoire sur le concile de
Sicée d'après les textes coptes.
JÉANI I m \ I Milll.UI -h, M M.
M. le Ministre adresse à I académie, pour être remis à la Com-
mission des inscriptions sémitiques, oeuf estampages, eu doubles
exemplaires , d'inscriptions phéniciennes réunies parle I». Fenv,
pasteur protestanl <\\\ rite anglican . établi à Tunis, el qui lui sonl
envoyés par M. de Sainte-Marie, chargé dune mission en
Tunisie.
\l. le Ministre de I instruction publique adresse, en outre, une
lettre accompagnée de deux photographies, lettre par laquelle
— 103 —
\| Glermonl Gaimeau l'informe qu'il ;i récemment découvert
dans les environs de Jérusalem, une lête en marbre qu'il croil
être celle de la statue de l'empereur Adrien, placée dans I ancien
temple de Jérusalem '.
M. de Vogué adresse an Présidenl de l'Académie une lettre re-
lative aux débats <|ni se sont agités dans ces derniers temps sur
la découverte de la \ émis de Mil*»'2.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance redevienl publique.
Le Président donne lecture <\v± articles du règlement relatifs à
l'élection des membres ordinaires.
( >n procède à l'élection.
Il y a 38 membres ordinaires inscrits et 38 votants. Ma-
jorité. 20.
Au premier tour de scrutin. M. Heuzey obtient il» suffrages;
M. Oppert, l 'i: M. Havet, 8.
An second tour de scrutin. M. Heuzey obtient 2 2 suffrages;
M. < appert, l 'i ; M. Havet, a.
En conséquence, M. Heuzey est proclamé membre ordinaire
en remplacement de M. Beulé. Sou élection sera soumise à l'ap-
probation du Présidenl de la République.
M. Thurot, au nom de la Commission chargée de décerner le
prix du Budget, lit le rapport suivant :
L'Académie avait remis au concours, pour le prix ordinaire, la question
suivante : Etude sur 1rs dialectes dt la langue d'oc tfli moyen âge.
Un sent mémoire a été présenté. L'auteur n'a pas eu [e temps de com-
pléter son travail; il a pu traiter de la partie la plus importante, à
savoir : des vo\ elles, des diplilhongues et des consonnes c , g, I . d, p; il
na pas eu le temps de traiter des autres consonnes. Il a rassemblé beaucoup
de textes de chartes, la plupart inédits: mais il u'a pas pu marquer sufli-
saminent les divisions géographiques les plus générales de la langue
d'oc . et les centres des principaux dialectes. Cependant , dans la partie qu'il
a traitée, il ,-i fait preuve de qualités scientifiques tellement distinguées.
\ où aui Commi mcATions , n° V.
1 \ oir am Commuhications a" \ I.
— IO'i —
que la Commission .1 été unanime à lui décerner le prix, en l'invitant à
compléter un travail, déjà très-avancé, dans le sens que nous indiquons.
L académie donne acte à la Commission des conclusions de son
rapport.
En conséquence, le prix esl décerné au mémoire n" 1, dont
railleur esl M. Paul Meyer, professeur a l'Ecole des chartes.
M. de Waillï achève la première lecture de son mémoire sur
le Romant, on chronique ru langue vulgaire dont .ffii»vitl< a reproduit
plusieurs passages '.
Esl envoyé an concours du prix Fould . année 1 875 . un ouvrage
intitulé : Etudes sur V architecture égyptienne, |>ar M. le comte du
Barrj do Menai ( 1 vol. in-8
-1 \m 1 l>i \ ENDRED1 ."i II in.
Le Secrétaire perpétuel donne lecture de la lettre suivante que
lui a adressée M. le Ministre de l'instruction publique :
rr Monsieur le Secrétaire perpétuel, pour faire suite a mes pré-
cédentes communications, j'ai l'honneur de vous adresser l'extrail
ci-après d'une lettre de M. Eugène Burnouf, relative aux fouilles
en cours d'exécution a Uhènes :
Le nasiiun d'Odyssée, où dos ouvriei - travaillent en ce moment, esl
mé de deux ;;n» murs donl l'un s'appuie an min- d'un bastion antique
qui esl en avant de la Pinacothèque, et l'autre s'appuie au rocher.
Le quadrilatère ainsi dessiné esl rempli : 1 par un escalier moderne
débouchant presque an milieu du bastion el descendant à -i\ mètres de
profondeur : ■• par l'escalier île l'an . qui descend par une pente beaucoup
plus rapide el aboutit, mais pins lias, an même point que l'autre, dans
l'angle saillant du bastion; 3 enfin, par de lu maçonnerie qui occupe
tous les vides laissés par les voûtes des escaliers.
Quand j'ai entrepris , il \ a quatre semaines, de découvrir l'escalier
d<' Pan et la Clepsydre, mil oe savait de quoi était formé le bastion
d'Odj éi "n le croj lit rempli de terres el de décombres. En réalité,
\ mi ,iii\ CoUVI ÎHCATWM 11 \ I I I
105 —
il an massif de maçonnerie d'une extrême dureté où les coins « 1* - fei
du démolisseur s'usent en quelques jours.
Cepeudanl . j'ai déjà atteint la profondeur de 5 mètres et i ejeté au dehors
plusieurs centaines il»' mètres cubes de pierres et de mortier. La hauteur
totale jusqu'au puits de la Clepsydre étanl de i<> mètres environ, la
moitié du travail intérieur parait laite Mais, comme l< rocher est en
pente . l'espace où nous opérons diminue à mesure que oous descendons.
Au fond, nous ne trouverons plus qjie les murs de la chapelle et quelques
remplissages.
Dans celle dernière, j'ai commence à percer une ouverture pour
sortir du bastion et évacuer par là les matériaux. Mais j'ai dû y renoncer
pour le moment, afin d'éviter les écoulements d'un remplissage de terre
qui se trouve entre la chapelle et le mur.
Le rocher de l'Acropole, mis à nu par la démolition, présente un
aspect tout à l'ait inattendu. C'est une caverne peu profonde, toute sem-
blable à celle qui porte !<• nom de grotte de Pan. Lu avant d'elle, le rocher
en pente offre des gradins taillés en façon d'étagère, qui sont manifes-
tement un travail antique. Jusqu'il présent, tout porle à croire que celte
grotte était On aura donc bientôt à examiner laquelle des deux
doit être qualifiée de grotte de Pan. Nous savons qu'en effet il v avait
en cet endroit deux cavernes consacrées à des divinités.
Au point où en est notre travail, je crois pouvoir assurer que les
résultats en seront importants et modifieront les idées que l'on s'est faites
touchant les abords de l'Acropole d'Athènes. Si les fonds me le per-
mettent, je pousserai le déblayement jusque devant l'aile droite des Pro-
pylées et le Pergos de la \ ictoîre aptère. Selon toute apparence, nous y
trouverons la preuve que l'Acropole n'était accessible que par deux
montées fort étroites et que le grand escalier de marbre, dégagé par
M. Beulé, fui une idée peut-être romaine et probablement byzantine,
ir Pour le Ministre de l'instruction publique, etc.
"Le Directeur de l'Enseignement supérieur,
«Signé : du Mbsml.»
Le Secrétaire perpéti bl, en achevant celle lecture, exprime le
regret que M. Beulé ue soil plu- là pour répondre à la dernière
observation.
M. de Waillï commence la deuxième lecture de son mémoire
sur le Romani ou chronique en langue vulgaire dont Joinville a reproduit
plusieurs passa;
M. 8
— 106 —
M. Diriy lit un fragment d'un chapitre sur Marc-Aurèle.
M. Ravaisson donne lecture à l'Académie d'une lettre par
laquelle M. de Vogué lui annonce qu'il envoie à l'Académie le
premier rapport de M. Brest retrouvé dans les archives du consu-
lat de Smyrne, rapport dans lequel il est dit en toutes lettres que
les bras de la Vénus de Milo , lorsqu'elle fut découverte , étaient cassés.
SEANCE DU VENDREDI 12 JIIV
M. le .Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie
copie du décret du Président de la République approuvant l'élec-
tion de M. Heuzey.
Le Secrétaire perpétuel donne lecture du décret, puis il intro-
duit M. Heuzey et le présente à l'Académie.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie
deux lettres qui lui ont été envoyées par M. de Sainte-xMarie,
chargé dune mission en Tunisie. La première est relative à un
ouvrage publié récemment en Europe sur les inscriptions puniques
et néo-phéniciennes de Cartilage, et intitulé : Piuiische Sleine; la
seconde contient la copie de quatre inscriptions romaines dé-
couvertes près de Kcf.
A ce sujet, M. Léon Renier annonce que M. de Sainte-Marie
avant acquis la marbre sur lequel il avait signalé une double dé-
dicace, l'une en L'honneur de Marc-Aurèle avant son avènement,
l'autre en l'honneur de Constantin , l'a généreusement offert au
Gouvernement. Cet intéressant monument arrivera sans doute
bientôt à Paris.
M. le Ministre adresse B.USBJ à l'Académie sept photographies
d'inscriptions et d'objets que lui a adressées de Jérusalem
M. Clermont-Ganneau . avec la note ci-après, datée de Jérusalem .
98 mai 1 N- '1 :
Imitation de la stèle prohibitive du temple, exécutée par on Arabe
le Jérusalem. C'est un curieux Bpécimen du Bavoir-faire hiérosolymitain
■ 11 matière de fausses antiquités, dont j*1 parle dans ma troisième lettre
a I ithetueum, relative a la céramique pseudo-moabite.
107
l.a stèle est surmontée d'une tète en pierre très-mutilée, de style bar-
bare, mais intéressante, provenant d'une fouille sous leMehkémé.
a° Groupe d'objets funéraires chrétiens, provenant de l'ouverture d'un
caveau sépulcral à lîeit-Djâla (près de Bethléem): verreries émaillées,
alabastra et terres cuites. Lampes à inscription: THC 060TOKOY et
<t>OJC (prob. <1>(jl)C XY <DAIN6I riACIN); croix de diverses formes,
notamment du t\pe dit latin j, que j'ai fréquemment constaté ici sui-
des monuments incontestablement grecs.
\u bas, quelques objets de bronze: anneau, bracelet, boucle, etc.
3° Cippe funéraire en marbre trouvé dans les fondations de l'hospice
autrichien; Burmonté d'une couronne de feuillage:
ATIMHT6
XPHCTE KAI
AAYne
X6P6 KAACOC
ZHCAC 6TH
NE
L'épitaphede cel Atimètos, mort à cinquante-cinq ans , rappelle tout à
fait les épilaphes t\[t même genre recueillies en Phénicie et en Chypre:
mêmes formule-, mêmes particularités orthographiques, même disposi-
tion monumentale.
k° Dalle peinte à fresque. Même provenance. Femme voilée couchée,
ou plutôt étendue et accoudée sur un lit de repos. Au-dessous un esca-
beau. Encadrement de (leurs. Dans le champ, au-dessus, inscription éga-
lement peinte:
EAAPA
XPHCTE KAI A
AYnE XAIPE
Formule funéraire identique à la précédente, mais plus correcte. Mo-
nument très-curieux au point de vue de l'histoire de l'art à Jérusalem.
Peut-être faut-il voir dans le nom purement hellénique de Klara l'équiva-
lent de quelque nom sémitique.
5" Groupe d'objets provenant de fouilles dans la nécropole de Wady-
Yasoul (près de Jérusalem) : lampe à inscription; autres lampes et fioles
en terre cuite; vase avec le signe (\ En bas. objets en pierre extraits
d'une vaste caverne du mont Sion.
Grand ossuaire en pierre avec inscription hébraïque de deux lignes,
8.
— 108 —
gravée dans un cartouche. Ce dernier monument est <lo la plus grande
valeur pour l'archéologie el l'épigraphie juives.
6 el 7 Grand vaseà libations, en terre cuite, trouvé en fouillant des
cavernes à l'intérieur <lo Jérusalem. Couvert de sculptures surmoulées en
relief, <le style gréco-romain: quinze personnages , un Mercure, un Bac-
chus(?), des divinités féminines; attributs religieux divers: vase, autels
chargés d'offrandes, portiques, feuilles, etc. Dans chaque anse est mé-
nagée une cavité où, de chaque côté, viennent boire deux serpents. Au-
dessous di'iix masques de Gorgone.
Ce vase extraordinaire est du plus haut intérêt esthétique et mytholo-
gique; c'est la première découverte de ce genre qui ait jamais été faite à
Jérusalem, complètement stérile jusqu'ici sous le rapport artistique. Ce
vase b été trouvé accompagné de fragments appartenant à d'autres vases
semblables, ce qui parait indiquer qu'il a été fabriqué à Jérusalem plutôt
qu'importé.
AI. de Nogïié, ambassadeur de France à Constantinople , écrit
à l'Académie pour compléter les renseignements qu'il a donnés
dans une Lettre précédente sur la découverte de la Vénus de Alilo.
Il lui adresse copie d'une lettre de AI. Dauriac, commandant de
la Bonite, et de M. Brest, Lettres écrites, L'une trois jours, l'autre
quatre jours après la découverte, el qui parlent de L'état de la
statue quand elle fut trouvée l.
AI. Ch. Robert lit un mémoire sur la Défaite des Impériaux sous
1rs murs à\ \i< i: en i~>~>< .
\. académie 8e forme en comité secret pour entendre le rapport
de AI. Renan sur le prix Brune! [Bibliographie stimule de V Orient).
La Commission n'a pas décerné le prix; «'Ile en a partagé la
valeur (3,ooo francs) en deux récompenses égales : l'une accordée
a M. Schwab, auteur du mémoire inscril sous le n° i; l'autre à
M. Gat, auteur du mémoire inscril sou- le d° 3.
-i \\. i Dl VENDREDI 1 <) Il IX.
Le Commissaire général du Congrès international des sciences
1 Voii m MCATIONS. n Vil.
— 109 —
géographiques écrit à l'Académie pour lui faire connaître que ce
congrès se tiendra à Paris au printemps de l'année 187O, et il
invite la Compagnie à donner son concours à celle réunion savante.
Un imprimé contenanHfes questions qui doivent être discutées
esl déposé sur le bureau.
M. Mohl lit les conclusions «le la Commission du prix Volney :
La Commission, dit-il, avail annoncé, pour le concours de 1876,
qu'elle accorderait nu prix consistant en un»' médaille d'or de la valeur
de i,5oo francs à l'ouvrage de philologie comparée qui loi en paraîtrait
le plus digne parmi ceux qui lui seraient adres-i;>.
. Cinq ouvrages imprimés ou manuscrit oui été envoyés au concours:
N° I. i° Dm C dans les langues romanes. 20 Loi des finales en espagnol,
par M. Charles Joret. Paris, 187/1 el ^72, in-6".
N° II. i° Lettres assyriologiques ,. seconde série; Eludes accadiennes
(t. 1". trois parties). 20 Les sciences occultes en Asie. La magie chez les
Chaldéens et les origines accadiennes , par M. François Lenormant, in-8°,
187a.
N 111. Origines, langues, dialectes et littératures des populations de
l'archipel indien . par M. Louis de Baker. Paris. 187'». in-8°.
N° IV. Principes comparés de la prononciation de lu langue anglaise arec
ceux des autres langues, par M. le 0' .1. M. Rabbinovvicz , in-8°.
N° \ . Mélanges d'épigraphie el d'archéologie sémitiques . par M. Joseph
Halévy, in-8°.
La Commission, après avoir examine ces cinq ouvrages, estime qu'il
n \ a pa-; lien de décerner le prix; elle accorde comme encouragement la
somme il.' 800 francs à M. Joret, auteur du d° 1, cl autant à .M. Joseph
Halévy, auteur du n' \ .
La Commission décernera, en 1870. une médaille de i,5oo francs .1
l'ouvrage 'le philologie comparée qui lui en paraîtra le [dus digne parmi
ceux qui lui auront été ou lui seront adressés.
Il faudra que les travaux dont il s'agit aienl été entrepris à peu près
dansles mêmes vues que ceux dont les langues romanes el germaniqu<
ont été l'objet depuis quelques années. L'analyse comparée de deux
idiomes, et celle dune famille entière de langues, seront également ad-
mises au concours.
Mais la Commission ne peut trop recommander aux concurrents d en
— I 1 0 —
risager sous le point de vue comparatif et historique les idiomes qu'ils
auront choisis, el de ne passe borner à l'analyse logique, ou à ce qu'on
appelle la Grammaire générale.
L'Académie procède au choix d'un lecteur pour la prochaine
séance trimestrielle des cinq Académies. M. Duruy est désigné
pour lire un morceau sur Mare-Aurèîe.
M. de Waii.lv achève la deuxième lecture de son mémoire sur
le Romant ou chronique en langue vulgaire dont Joinville a reproduit
plusieurs passages.
M. de Waiily demande el obtient l'autorisation d'imprimer
son mémoire sans perdre le droit de le présenter pour le Recueil
des Mémoires de l'Académie.
Esl adressé à l'Académie, pour le concours des Antiquités na-
tionales de 1875 :
Sanctuaire de Votre-Dame de la Romenguière à I illepinle , par
M. l'abbé ABtre ('1 exempl. Ln-80;'Carcassonne, 1868).
M. de Longpkrieb lit une noie sur un vase de bronze trouvé
dans la Sienne, aux cm irons de Cou tances :
•• M. Quesoault , ancien sous-préfet de Coutauces, a chargé noire
avant confrère M. Léopold Delisle de mettre sous lès yeux des
membres de l'Académie Irois photographies représentant, sous
divers aspects, un vase de bronze trouvé dans la Sienne, sur le
territoire de la commune d'1 rville ( arrondissement de Coutances) ,
cl qui a été acquis pour le musée de Coutances par les soins de
M. Quesnault. Le poids de ce rase esl d'environ 1 kilogramme,
-.1 contenance de 1 I il ce ci demi ; sa longueur, \ conquis le manche,
de 3i centimètres; sa hauteur de 10, son diamètre de 18. C'est
an nom de M. Delisle que je présente ces photographies à I aca-
démie, en ajoutanl quelques remarques sur l'objet dont la décou-
verte nous esl ainsi obligeamment signalée.
itLe vase de bronze trouvé près d'Urviile esl un ustensile culi-
naire, nue casserole, pour rappeler par son nom. Cette casserole
esl exécutée avec un très-grand soin. s;) forme est très-élégante;
unis ^'~ détails sont exécutés avec une Gnesse remarquable. Le
nanche, large el mince, porte l'estampille du fabricant PVDES'F
Pudetu, avec amusvara sur VE,fecitl). Le num de Pudens se
trouve imprimé sur des vases de terre rouge, recueillis dans les
Gaules et dans la Graade-Bretagae.
-Le fond du vase présente sur sa face extérieure une .série de
filets circulaires concentriques d'un si grand relief qu'ils sonl
presque cylindriques; cesfdets oui éié pris dans la niasse du me'tal
tondu et ont été exécutés à l'aide du tour. Ce ne sont pas là des
ornements, placés sur une parti.- du vase où leur présence n'est
nullement nécessaire. Mais les sillons profonds qui les séparent
avaient pour utilité de diminuer considérablement le poids de
l'ustensile sans diminuer sa force de résistance, qui profitait de
toute l'épaisseur des filets ménagés en relief, et, d'ailleurs, fort
rapprochés les uns des autres.
ffll serait possible aussi, quoique à cet égard on ne doive rien
affirmer, que les anciens, qui ont fait empiriquement tant de dé-
couvertes scientifiques, aient reconnu que l'accroissement de sur-
face produit par le développement de ces petits cylindres aidait
à l'absorption d'une plus grande quantité de chaleur dans un
temps donné; en d'autres termes, hâtait réchauffement du liquide
ou des corps placés dans le vase lorsqu'il était sur le feu.
(rQuoi qu'il en soil, ces filets se retrouvent dans d'autres casse-
roles exactement semblables pour la forme à celle dont nous avons
l'image sous les yeux.
-La découverte de ce vase dans les environs de Coutances ne
suffit pas pour lui attribuer une origine septentrionale. Cette re-
marque s'appuie sur des observations antérieures. J'ai pu, en 1867,
classer dans la galerie de l'histoire du travail, à l'Exposition
universelle, deux casseroles semblables qui, toutes deux, portaient
une même estampille contenant le nom du fabricant DRACCIVSF.
Or, l'un de ces ustensiles avait été trouvé à Villeurbanne (Isère).
l'autre à Corseul ( Cdtes-du-Nord )-. Ces vases, recueillis sur des
1 Vov. le travail intitulé : lh l'anousvara dans la numismatique gauloite (Revue
numismatique, i^6'i, l. IX, p. 333 et sui\
M. R.Mowat, ayant In un compte rendu de celte communication, avertit
postérieurement l'auteur des recherches qu'il a faites sur la provenance du poêlon
de Dracciu*, conservé au musée de Renne:., avec mention de Corseul. Le vase
— 112 —
points si distants, indiquent nécessairement que 1rs produits du
bronzier Draccius étaient transportés par le commerce, soit do
nord au midi, soit du midi au nord. I! pouvait en être de même
pour les produits du fabricant Pudens. Il faut ajouter, comme
détail intéressant, que les casseroles recueillies près d'Urville et
à Villeurbanne ont été étamées à 1 intérieur; procédé d'invention
gauloise, au dire de Pline, qui cite à ce sujet la \ille d'Alise et
1rs Bituriges (xxxiv, 18). Il se pourrait que Pudens et Draccius
aient travaillé dans le centre de la Gaule. n
M. de LongpÉbieb lit encore une note de M. Louis Descliamps
de Pas, correspondant de l'Académie à Saint-Omer, relative à la
découverte de trois pierres sépulcrales sur l'emplacement de l'an-
cienne abbaye d'Andres f Pas-de-Calais
«Cette abbaye, située près de Guines, a joui d'une certaine ré-
putation, grâce surtout à la chronique qui porte son nom, conte-
uanl I histoire des comtes de Guines, chronique qui ne dépasse
point Tannée 1 334 et qu'il ne faut pas confondre avec la chro-
nique d ordres, si souvent citée par les historiens. Détruit au
commencement du me siècle pendant la guerre di - anglais, ce
monastère ne se rehva pas d" ses ruines et il n'en peste aucun
vestige extérieur. Des fouilles partielles ont fait mettre au jour
trois tombes dont M. Deschamps donne une description détaillée.
Ces tombes se composaient d'un cercueil de bois sur lequel était
posée une grande dalle de pierre portant, gravées en ereux, la
figure et l'épiiaphe du moi l. Sur la première on lit quatre vers
léonins, que nous reproduisons en caractères courants:
Hicjacel m tumba, simplex velut uoacolumba,
I) tidinus juvenis, c patii de quoque lenis,
Vi mortis stratus, de Balinghem quoque natus,
Divinum Qamen buic requiem del. kmen.
ir C'est-à-dire : -Ici repose dan- la tombe le jeune Baudouin.
rr H avait la simplicité de la colombe; il était chaste, patient et doux.
1 èbrecolli il de Robien , et peut avoir été trouve
i Brel is '|n l« • i % • préciser davantage
— 113 —
•• La puissance de la morl l'a abattu. Il était né de Balinghem. Que
rr l'esprit divin lui donne le repos! Amen. a
-l ne seconde inscription, tracée au-dessus de la tête du jeune
homme, indique que Baudoin de Balinghem était mort le jour
de saint Biaise, en 1 ••7.'). La seconde dalle représente un chevalier
revêtu d'une coite de mailles, morl le lendemain de la Saint-Gré-
goire, en 127G. Son épitaphe, également en vers léonins, qua-
lifie d'illustre guerrier [miles famosus) ce personnage, sur lequel
les chroniques du xm" siècle sont pourtant absolument muettes.
ir Quant à la troisième tombe, clic renfermait les restes de Mar-
guerite de Nielles, morte en 1276. Six vers léonins, formant
épitaphe, contiennent un pompeux éloge de cette femme. La chro-
nique de Lambert d'Ardres mentionne plusieurs personnages de
sa famille; la seigneurie de Nielles-lez-Andres dépendait de la
châtellenie de Guines. La partie de l'inscription qui contenait la
date du i\<>r'r< de Marguerite esl rédigée en français.
wLes trois tombes étaient placées l'une à côté de 1 autre, pro-
bablement dans l'enceinte d'une même chapelle. On a retrouvé
dans le même emplacement divers fragments d'autres dalles tu-
mulaires dont l'un pourrait appartenir à la sépulture de la mère
de Baudoin de Balinghem. Le sol de l'église d'Àndres était pavé
de briques entaillées, noires ou avec figures jaunes sur fond rouge.
Les principaux sujets que représentent ces briques sont : la Heur
de lis, le chien courant, un chevalier armé du bouclier el de l'c-
pée et avant des pieds de chèvre. Des fouilles, pratiquées régu-
lièrement dans le sol du monastère d'Andres, feraient bien pro-
bablement découvrir d'autres monuments intéressants.»
L'Académie se forme en comité secret.
SÉANCE JJL VENDREDI 26 Jl I v.
M. le Ministre de l'instruction publique écrit à l'Académie pour
lui communiquer plusieurs estampages d'inscriptions sémitiques
envoyés de Tunis par M. de Sainte-Marie.
Il es! donné lecture d'une lettre par laquelle M. de Sainte-
— \\h —
Mari*? informe le Secrétaire perpétue] que, parmi les objets qu il
destine au musée du Louvre, il croit devoir signaler une ins-
cription romaine trouvée à Zaghouan et dont il vient de faire
l'acquisition. Il compte en envoyer un estampage à l'Académie
par le prochain courrier.
Le Secrétaire perpétuel rappelle à l'Académie que M. le Mi-
nistre de l'instruction publique, par une lettre en date du 5 juin,
a demandé si 1 n\ avait pas lieu de faire séjournera Paris, après
leur admission, pendant un certain temps, les élèves de TEcole
d'Athènes, afin qu'ils pussent y étudier : 1" la paléographie grecque;
2° le grec moderne; 3° le turc.
La Commission de l'Ecole d'Athènes, à qui la question a été
renvoyée, en a délibéré el a pris les conclusions qui se trouvent
résumées dans l'extrait suivant du procès-verbal :
-La Commission a été d'avis que, dans le programme d'examen
arrêté le 3 o janvier 1876 et soumis à l'approbation de AL le Mi-
nistre, il y avait lieu d'ajouter à 3° d'épigraphie le mot de paléo-
graphie et de mentionner que, dans l'épreuve orale, les candidats
devraient lire un texte manuscrit. La Commission pense que les
épreuves ainsi définies sont suffisantes pour que les élèves admis
soieni en étal de partir dès le mois d'octobre, s;ms être assujettis
à un stage de trois mois. 1
L académie adopte ces conclusions. Le Secrétaire perpétuel
les transmettra à M. le Ministre.
Le lî. P. Verdière continue sa lecture sur la VUle de Leptu.
M. Vivien de Saint-Martin lit un mémoire sur le véritable em-
placement il' ii où
I. académie se forme en comité secret.
— 115 —
COMMI NICATIONS.
V I.
LES MARTYRS DR L'EXTRÊME ORIENT ET LES PERSÉC1 MOINS ANTIQUES.
Le séminaire des Missions étrangères possède un sanctuaire
(pli rappelle lis plus vénérables galeries des catacombes de
Rome. Là sont déposés, en grand nombre, les ossements, les
instruments de supplice des martyrs de L'extrême Orient. Les
traits de ressemblance entre ces saints et ceux des anciens
jours sont, nombreux et souvent on retrouve, cbcz les chrétiens
de la Chine, de l'Indo-Chine et du Japon, des actes, des pa-
roles qui rappellent les temps des persécutions romaines. '
Ce n'est pas qu'un parallèle absolu puisse s'établir ici.
L'Orient se distingue, comme toujours, par un rallinement
de cruauté inconnu aux plus méchants de nos contrées. La
haine contre les chrétiens s'y manifeste aussi par des calom-
nies que les Romains n'avaient pas imaginées. Ces imputations
mensongères, dont parlent souvent 1rs \c|c> des nou\rau\ saints.
6gurent dans des libelles obscènes impossibles à publier en
français, et dont M. Edmond Le Blant ne peut donner que
quelques courts extraits.
Sur le plus grand nombre de points, les calomnies inventées
par 1 » • n Orientaux sont les mêmes qui se produisirent chez les
persécuteurs des premiers siècles de notre ère; les chrétiens
sont, comme autrefois, accusés d'être des magiciens, de sa-
voir, parleurs maléfices, se rendre insensibles aux torture-.
de détourner les femmes, de causer, par leur impiété, les
malheurs publics, de commettre des actes abominables dans
leurs réunions religieuses. Comme les anciens païens, les
Orientaux s'inquiètent des paroles de l'oraison dominicale :
Que mire règne arrive ! Ile pensent que ces mots sont L'annonce
— 1 1 6 —
d'un envahissement de leur pays par une race étrangère;
comme eu\, Ils fabriquent et exposent des crucifix grotesques
où lf Christ est représenté d'une façon outrageante.
La foule des chrétiens suit pas à pas la voie qu'ont tracée
les fidèles des anciens âges. Comme eux, et malgré le péril,
ils assistent les saints au lieu du supplice, recueillent leur
sang, leurs vêtements, leurs instruments de supplice (puis
placent dans leurs tombes, achètent au prix de l'or les procès-
verbaux de leur martyre et rendent grâce à Dieu de leur mort
héroïque. Les paroles, les actes des saints d'autrefois repa-
raissent chez les nouveaux soldats de Dieu. Les prisons reten-
tissent de chants sacrés et sont sanctifiées par un jeûne volon-
taire. Une femme, dépouillée de ses vêtements sur l'ordre
brutal du mandarin, trouve, pour lui reprocher son acte d'infa-
mie, les mots jetés autrefois par sainte Tlieonilla au procon-
sul. Ceux auxquels les bourreaux répètent <|",' '«' Christ esl
impuissant à secourir ses fidèles répondent . comme aux temps
antiques, que le Seigneur les assiste en leur donnant la cons-
tance et la force de souffrir. Wec saint Denys d'Alexandrie,
s, uni Cyprien, ces hommes sans* peur proclament que la sen-
tence qui les condamne est pour eux un titre de gloire.
Les missionnaires qui prient le Seigneur de leur donner le
courage des anciens martyrs ont à subir des épreuves inconnues
aux vieux héros de la foi. Souvent, pour sauver les chrétien*
(l'une contrée menacée <l»' persécution, l'évêque ordonne à
l'un deses prêtres d'aller se livrer aux mandarins. Nul n'hé-
site devant ce sacrifice.
Idolâtres et chrétiens subissent l'ascendant de ces hommes
sai^ crainte. Les tableaux peints par les indigènes et représen-
tant les supplices des martj rs montrenl les bourreaux s'ouvrant
une blessure pour s'inoculer le courage en versant dans leur
propre chair quelques gouttes d'un sang généreux. I n Irait re-
marquablc de ces peinturée témoig acore, sous une autre
forme, du respect inspiré dans ces contrées lointaines par l'é-
nergie des soldats de Dieu. Tandis que les malheureux apos-
tats \ figurent devenus tout d'un coup petits et difformes dès
qu'ils ont foulé aux pieds la croix, le martyr est représenté
d'une taille supérieure à celle des hommes qui t'entourent, et
déchiré par des bourreaux qui semblent de misérables pyg-
mées s'acharnant sur le corps d'un géant impassible.
Edmond Le Blant.
\" II.
DEUX NOUVEAUX CONTES ÉGYPTIENS.
Nous n'avons connu, jusqu'à ces derniers temps, qu'un seul
ouvrage d'imagination provenant de l'Egypte pharaonique:
c'est le Conte des deux frères, que M. de Bougé a déchiffré sur
lepapyrusde M'" d'Orbiney, aujourd'hui propriété du musée
Britannique '. Ce papj ras, qui constitue pour les égyptologues
la plus exacte des grammaires et le {dus incontestable des vo-
cabulaires, a épargné aux investigateurs des écritures égvp-
tiennes au moins dix années de tâtonnements. Grâce au grand
nombre de citations dont il a été l'objet, et aux diverses tra-
ductions qui en ont été faites, ce texte est devenu presque po-
pulaire: les singulières et merveilleuses aventures de Baïta et
de son épouse perverse sont connues dune partie considérable
du public lettré.
Le conte non moins merveilleux que M. le docteur Brugsch
a lu dans un papyrus démotique du musée de Boulaq, et que
ce savant a appelé le Roman de Setnau, offre moins d'intérêt, à
raison de sa date beaucoup plus récente. D'ailleurs, la tra-
duction publiée par M. Brugsch est confuse dans plusieurs
passages. Il est à désirer que ce savant, qui n'a pas de rival
1 Voy. le travail de M. de Rougé dans 1 Rev. arch. IV année, 1802 , p. 385.
— us —
dans la connaissance du démotique, soumette le Lex.te à de
nouvelles investigations.
L'année dernière, en compulsant les papyrus hiératiques
<lu musée de Turin, publiés par MM. Pleyte et Rossi, j'ai dé-
couvert les débris d'un troisième petit roman. Malheureuse-
ment, les fragments conservés de ce papyrus ne contiennent
ni le commencement ni la lin de la composition, et sont eux-
mêmes criblés de lacunes. J'ai hésité à signaler au monde sa-
vant ma petite découverte. Mais, aujourd'hui, elle trouvera
tout naturellement sa place à la suite d'une notice sur une
quatrième œuvre d'imagination qui vient d'être signalée.
l'.r nouveau conte égyptien a été reconnu sur l'un des pa-
pyrus hiératiques de la collection Harris, acquise récemment
par le musée Britannique, et non encore livrée à La publicité.
Cette découverte est duc à M. Q. W. Goodwin, l'un (\vs rares
égyptologues dont il soit possible d'accepter les traductions
sans contrôle. Ce savant a communiqué à La Société d'archéo-
logie biblique de Londres un compte rendu du petit roman.
\ oici la traduction de ce compte rendu :
I i: CONTE Dl l'i;i\< E PR^DBSI IM..
1 le curieux roman, qui malheureusement n'est pas entier, raconte
comment certain roi égyptien, à la suite de ferventes prières, obtint un
Gis ilmii les sepl Hathors ( les Parques | pronostiquèrent qu'il mourrait de
l'une de ces trois morts : par an crocodile, par nu serpent, ou par un
chien.
Pour préserver son lils. le mi le renferme dsns une chambre luxueu-
sement meublée, et I entoure «le nombreux serviteurs . auxquels il est m-
terdil de lui parler de I existence de ces trois espèces il animaux*
I a jour, le prince séquestré aperçoit un Égyptien allant îi la chasse
lé de Bon chien. Aussitôt il désire posséder un animal sem
Miilile. L'expression de ce désir est cause que Ba destinée lui esi révélée.
Mais, ■•' force d'obsessions, il obtient de son père la liberté d'agir ■<
guise, en lui (lis.mi qu'il est inutile de chercher à échapper à -eu destin.
Ensuite il décide le roi .1 le laisser partir et courir le monde; puis.
— 119 —
profitas! de la permission ^ il entreprend seul le voyage de Naharan [la
Mésopotamie), en se faisant passer pour le 61s d'un cavalier égyptien
fuyant la cruauté d'une belle-mère.
-
Arrivé à la cour du roi du pays, il fréquente les courtisans. Ceux-ci
lui apprennenl les singulières circonstances dans lesquelles se trouve la
lille du roi. qui est enfermée dans une tour, et ne |»<'iil être délivrée que
par Tamaiit qui réussira à escalader la fenêtre de sa prison. Tous les
princes de Naharan ont tenté l'entreprise et tous ont échoué; mais le jeune
Egyptien, donl la bonne tournure gagne le cœur de la princesse, réussit
à opérer sa délivrance.
Le roi de Naharan refuse cependant de la donner en mariage à un fu-
gitif inconnu. Mais la princesse menace de recourir au suicide, et le roi
consent à l'union des deux amants.
Bientôt après, le prince part avec son épouse pour visiter l'Egypte.
A l'entrée d'un temple où il allait faire son adoration, il est attaqué par
un crocodile sacré, qu'il repousse, et par un géant, dont il est victorieux.
Fatigué par ces luttes, il rentre à sa demeure pour prendre quelque re-
pos, tandis que son épouse veille près de lui. A cet instant un serpent
sort d'un trou et cherche à le piquer pendant son sommeil ; mais la prin-
cesse fait boire au reptile une drogue enivrante et, lorsque l'animal dan-
gereux esl ivre, elle le noie dans son bain.
En s' éveillant, le prince, de concert avec sa femme, offre aux dieux
desactionsde grâces pour avoir été délivrédedeux des morts qui lui avaient
été- prédites.
Il sort ensuite pour se promener, et, de nouveau, fait la rencontre
d'un géant et d un crocodile, qui l'avertissent de son inévitable destin. Il
n'y fait nulle attention.
Deux mois après, le prince sort, emmenant son chien avec lui
Ici s'arrête !<• papyrus. Nous no connaîtrons jamais la fin
de l'histoire, à moins qu'un heureux hasard ne fasse retrouver
le reste du manuscrit.
Ce conte est comparable, ainsi que M. Goodwin en a fait
l'observation , à certaines légendes du moyen âge. On n'y
trouve pas. comme dans le Conte des deux frères et clans le Ro-
man de Setttaa, de traits rappelant forcément la doctrine égyp-
tienne. Mais, aussi bien que ces deux compositions, il est d'un
style simple, le récit v est bien suivi; aussi l'on y recueillera
— 120 —
une ample moisson de renseignements lexicographiques et
grammaticaux, Lels que les textes mythologiques n'en peuvenl
jamais fournir. La prompte publication du texte hiératique
sera conséquemmenl un grand service rendu à la science.
Le fragment que j'ai reconnu sur l'un des papyrus hiéra-
tiques de Turin D'offre pas les mêmes avantages; non pas que
le style en soit beaucoup moins simple, mais, dans son élal de
mutilation , le texte \ esl trop souvenl interrompu pour qu'on
puisse v puiser avec certitude suffisante des observations gram-
maticales. On y trouve cependant quelques expressions remar-
quables, dignes d'être enregistrées dans tous les index.
Tel qu'il a (''lé- reproduit par M. Pleyte, ce texte couvre les
planches 79, 80, 81 et 82 de la publication entreprise par
cet égyptologue zélé. Mais, ainsi qu'il nous l'explique lui-
même, ces planches ont été recomposées par lui au moyen du
groupement de vingt-deux fragments qui étaienl collés pêle-
mêle sur les cartons du musée1. Dans ce travail épineux, le
savanl néerlandais a montré une grande perspicacité; toutefois
l'étude approfondie que j'ai faite du texte me porte à classer
les planches dans un ordre différent. La planche <s-< esl la pre-
mière el précède la planche -<) que suivent régulièrement les
11 80 el * t. De plus . les premier, fragments verticaux placés à
droite des pages 80 el 81 me paraissenl appartenir à d'autres
parties du texte. Quatre autres petits fragments détachés, que
m'a communiqués M. lîo.ssi. son! toul à fail inutilisables.
La portion du texte que comprend le papyrusainsi ordonné
forme un épisode auquel je donnerai le dire A' Episode du Jar-
/lin des fleurs.
Le héros de l'aventure esl un grand personnage qui porte.
entre autres titres, celui de .-* V \X ^Jiaouù, ou général d'ar-
mée. J'ai constaté ailleurs l'importance des fonctions du haouti2;
Pleyle I ' t papyrus hiératiques de Turin , sommaires , p. 118.
Recherches sw de la dix neuvième dynasti □
— 121 —
des princes en onl été investis à L'époque ilc^ Ramessides, el
notre papyrus, qui esl d'une très-belle écriture, date précisé-
ment de cette époque. Notre héros appartenait probablement
à la famille royale;car, d'après une mention du texte, il était
• ■il relation de parenté avec la régente jj J J (hon-t).
Ce prince raconte lis aventures qui lui sont arrivées dans
un jardin magnifique, où il avait été entraîné par une de ces
messagères d'amour dont les imitatrices infestent encore au-
jourd'hui les grandes villes modernes. La description de ce lieu
de délices rappelle celle des Bateaux des jleurs , lieux consacrés
en Chine aux ('bats des riches débauchés. De même qu'au Cé-
leste Empire, les courtisanes égyptiennes se donnaient entre
Iles le nom de sœurs.
L'existence de ce genre de provocation dès les temps pharao-
niques pouvait être supposée. Elle est démontrée aujourd'hui,
suit par notre petit roman, soit par les recommandations que
l'ait à ce propos le livre des Maximes du scribe Ani, dont j'ai
entrepris la traduction littérale analytique1. Les mêmes abus
étaient connus chez les Hébreux, ainsi qu'on le voit dans l'his-
toire du patriarche Juda. On peut lire au Livre des Proverbes
de Salomon un énergique tableau des agissements de la cour-
tisane.
Ces explications préliminaires étaient indispensables pour
nous introduire ,/, médias res. J'avertis que j'ai du suppléer
quelques mots el même quelques phrases pour lier les parties
du texte interrompues par les lacune-.
L'ÉPISODE DD JARDIN DES FLEURS.
Elle me conduisit ma main dans sa main, "\niis allâmes dans
son jardin pour causer. Elle m'y fit goûter du miel, qui était excellent.
Ses joncs étaient verdoyants, ses arbrisseaux couverts de fleurs; il y avait
' Journnl FEgyptologie, publié 'liez J. Dejossieu, ;'< Chalon-sur-Saône
II- n
— 122 —
des groseilles el des cerises' plus rouges que le rubis; ses perséasen ma-
turité ressemblaient à «lu bronze; son bosquet étail de la couleur du mé-
tal Nashem . ses nennt comme les noix de coco qu'on apporte dépouillées;
son ombrage était Irais et aéré; le repos voluptueux \ était facile.
Lorsqu'elle me rencontra, la fille <ln préposé aux vergers l'avait envoyée
• ■u messagère, r Viens chez moi. m'avait-elle dit; demeure un jour dans
la chambre d'une jeune fille qui est. à moi; le jardin est en son jour: il \
a terrasse el boudoir. »
Ici se termine la première page à laquelle il manque une
ligne. L'entremetteuse s'adresse à la plus séduisante des Pbry-
nés de l'endroil :
«•Les nobles hommes sont joyeux, ravis à ta vue; laisse-les venir à ta
demeure portanl leurs précieux joyaux. Ecoute! ils viennent avec leurs
richesses; ils apportent la boisson haq pour toutes tes compagnes, toute
espèce de pains pour les repas, des gâteaux Irais de la veille et du jour,
et tous les excellents fruits des parlas joyeuses. Viens! lais un jour de
bonheur, i
|)u premier au troisième jour, elle se tint assis* sous t'ombrage. Son
khenmès étail à sa droite; il avail amené son domestique] r exécuter tous
ses ordres. La cave à la bière lui mise sens dessus dessous pour ipi elle
a enivrât à son gré ainsi que son frère . La servante étail une sieur dans
ses rendez-vous. -\l<>i. dit-elle, j'ai des entrailles cachées pour ue pas
dire ce que je vois. \ iensl -
\in>i lim'i lu deuxième page; le texte est coupé par une
ligne qui manque en tête de la page suivante, de laquelle a
disparu en outre le commencement de toutes les autres
lignes.
Le noble Egj ptien a entendu les protestations de discrétion
de la jeune Femme.
I i. H' nt • 1 ■ ■ moins ihs fruits roog< -: l'identiûcation des espèces est ilitfirile ,-'i
établir dans la majorité des
i e mot »eul dire maStri . gérant.
L mol /" i ble pris ici 'lui- loi repli pie certains poètes latins ont don-
■ /i.ih i .-i mémi ■> toror.
— 123 —
Mors l'entremetteuse rient mettre ;i profil les bonnes dis-
dons qu'elle lui suppos
r Fais-lui présent d'un collier de lapis avec des lis - tulipes; ap-
rte les Beurs de lali- cesse, des liqueurs, des parfums. Qu'il y en ait
pour toutes les i - '. Fais on jour <L- bonheur!»
- irtis du feuillage, do tien réservé. Les femmes m'aperçurent et
dirent : rrVoyes-le - irtir vr imenl !-
Elle avait à la bouche one figue de sycomore. Son jardinier vint lui
parler :<rFais attention! c'est le livre de la Régente; tu es donc compa-
rable à l'an - sise! S'il n'y a pas de serviteurs, moi, je serai le
domestique qui servira celui que tu as captivé, t
Elle se lit placer dans son pavillon du bosquet. Efle ne m'offrit pas un
Eade breuvage à boire; ce oe fat pas de l'eau qu'on puise à la rivière que
j'empli- mes entrai
On eut l'idée de plaisanter en disant : -Il ne faut pas boire!- Par ma
\ie! ô ma bien-aimée, amène-moi près de toi. La 6gue de sycomore. . .
■i à la fin de la troisième page qui a toutes
lignes inférieures; la suivante est complète par le haut, mais
il v manque le commenc ornent de toutes les lignes. Toutefois
la lacune est peu considérable. Les premiers signes de la qua-
trième page lai-rut deviner le groupe signifiant m
qui nous suggère la liaison suivante :
*La ligue d lore que ta bouche a goûtée, laisse-la-moi manger. -
Tels furent rue> plaisirs dans le pavillon du bosquet J'yrestaiseu tout
temps. Elle était avec moi comme une sœur avec st»n frèi
D'as Aient; il- -'enivraient de vin et de moût; iU s'enivraient
de \in de palmier et de la liqueur parfumée appelée kéaû.
Toute idée ■!•• dépari -était éloigné- de moi dans ce jardin; j'y pass
douzp ii i ■ -
Mais je m'apemn qu'on me trompait. Alors je jetai la tulipe, celle qu-
ia veille j'avais dans ma chambre'. Moi qui -ni- un grand chef mili-
taire .il- me regardent comme un second. S'il- recommencent a
agir ainsi, je ne le leur tairai point.
1 Cette tulipe a dû être mentionnée dans quelques-unes des partie- 'Ltruites
du texte.
La l.i' une i ontenail in un*1 •'•niinK;rali"ii de tr
— 124 —
\ l'entrevue suivante, je lui «lis : irLe crime esl découvert. Je subis le
châtimenl de ton amour. Que l<' dieu Toum »
Ici s'arrête définitivemenl notre texte. L'Egyptien mécon-
tent semble charger le dieu Toum du soin de le venger. Nous
ne pouvons, du reste, rien prévoir quanl à la suite du roman.
qui se continuait au moins encore sur une page et peut-être
sur plusieurs. Mais, tout mutilé qu'il est. ['Episode du Jardin
des fleurs peut avoir sa place parmi les rares débris échappés
an naufrage de la littérature de l'antique Egypte.
Le Coni<- dis deux frères, le Roman de Setnau et l'Episode du
Jardin des fleurs nous montrent que les entraînements de l'amour
fournissaient aux temps pharaoniques aussi bien que de nos
jours I"' principal élément <l intérêl des œuvres d'imagination.
L'un des papyrus hiératiques recueillis par M. Mariette-Be}
pour le musée de Boulaq (lcn°'i3 de la publication) con-
tenait aussi une histoire d'amour qui, par quelques passages,
rappelle l'épisode du Jardin des lleurs. M \ est question d'un
homme pris comme dans un filet, abordé par une femme qui le fait
entrer dans une maison, où il vit quelque temps comme un mari avec
su femme.
Malheureusement ce texte est déplorablemenl mutilé, il
n'en reste que dix-sept fragments dont rien n'indique le clas-
sement. On \ distingue cependant «pie l'histoire était fort ac-
cidentée: ivresse, bons repas, riches vêtements, trahisons,
rixes, vols, aveux, etc. Mais ces mentions Isolées ne nous
renseignent pas suffisamment pour qu'il soit possible même
de proposer un titre pour ces nouveaux débris de la littérature
j ptienne.
I'. Chabas.
— 125 —
N° III.
LES BALLES DE FRONDE DE LA BÉPUBLIQUE.
L'étude que nous avons laite des balles d'Ascoli, apparte-
nant à MM. lîollin et Feuardent, nous a permis de constater.
dans la série des monuments analogues du Corpus inscriptio-
num latmarum de Berlin (I, p. 188-10/1, n*" 6&2-716, el
p. 55o-56o, n05 1 5o 7-1 5 3 G) , des omissions si nombreuses,
des erreurs si graves, une telle négligence, et, pour tout
dire, en un mot. nous avons trouvé si bien fondée la défiance
que M. Mommsen avait de lui-même et de ceux qui s'étaient
occupés avant lui de cette étude, caveo mihi aliisque, que nous
n'hésitons pas à déclarer que cette série est à refaire en entier:
il n est peut-être pas en effet un seul de ces monuments
qui ait été publié exactement, comme on va s'en convaincre
bientôt.
Une observation préalable suffirait presque à le démontrer.
M M. De Minicis, qui a consacré un ouvrage spécial à l'étude
des glandes \ ni M. Tomassetti, auteur d'un article sur cette
matière dans le Bullettino ( 1 872 , p. 1 26-1 28), ni M. Momm-
sen, quia publié les deux séries de balles de fronde dans le
Corpus, ni aucun de ceux qui l'ont précédé ou suivi, n'ont
remarqué que ces monuments étaient tous, ou presque tous.
palimpsestes, el portaient deux, trois et quelquefois jusqu'à
quatre inscriptions différentes. On comprendra sans peine que
les balles de fronde empruntent à cette circonstance un inté-
rêt tout nouveau, car on n'a pas seulement deux, trois ou
quatre textes épigraphiques de plu- qu'on ne le pensait, on a
1 Suite antiche ghiande ntissili c suite l«ro ùcrtztom, dissertazione letla alla
Poutificia Acracl. roni. <li arch. .'i nov. 1 83ç) (t. I\ . iMh . el tirage â part, Borna,
is'i(), 71 p. in-i et ;■• pi. faisant une a" édition à cause dos modifications qui
l'auteur \ .1 introduites; voy. par exemple, la note 3 de la page 53).
— 126 —
des légendes (!«• provenances très-différentes. Lorsque, dans
la guerre sociale, les Italiotes, par exemple , lancent une balle
aux Romains, «'11*1 porte d'abord une inscription italique; les
Romains se servent, à leur tour, de ce même projectile avec
une surfrappe nommant le chef ou le corps militaire qui l'a
employé; nous avons ainsi des balles qui ont servi trois et
quatre fois avec les surfrappes < 1 « • s villes, des armées et des
i ;amps opposés les uns aux autres dans la lutte. Nous savons
que, dans les jpierres de la République, l'emploi de la fronde
était très-répandu ; I»' nombre ih'< projectiles de plomb qui
jonchaient le champ de bataille après l'action devait donc
être considérable; leur volume était très-supérieur à celui de
nos balles de fusil, et leur forme oléoïde s'opposait à ce
qu'elles se perdissenl aussi souvent dans la terre; enfin le mé-
tal de plomb étaîl plus rare alors qu'aujourd'hui; toutes
circonstances expliquent avec quel soin on devait les recueil-
lir pour les employer de nouveau, comme on faisail des flè-
ches et des javelots. Nous en possédons même qui ont été
mises en usage dans des guerres très-différentes el quelqu
fois à cinquante années d'intervalle, comme, par exemple,
noire n' ni.'i qui porte comme dernière frappe : L XI
DIVOM IVLIV. légende évidemment postérieure à la mort
de < lésar, et contemporaine de la guerre de Pérouse de l'an ho :
• •I . roi lune frappe antérieure, encore très-visible :>• innnrr •>
C. Paapi, C. ( /il.), nom. m caractères samnites, du fameux
chel di - confédérés, un des deux consuls italiotes, le célèbre
C. Papius \futilu8, l'âme de la guerre sociale de Tan qo-88.
Remarquons même, pour qu'il n'y ail aucun doute sur l'iden-
tification du personnage mentionné sur la balle d'Ascoli avec
celin des textes classiques, que c'est exactement dans la même
forme et avec les mêmes lettres que s<ui nom figure sur les
monnaies de la guerre sociale.
uvenl les balles fondues el frappées d'avance poui une
— 127 —
irre n'étaient pas toutes employées pour cette destination,
el formaient une réserve de munitions qu'on utilisait dans
d'autres circonstances. C'esl ainsi que nous rencontrons, sous
les murs d'Ascoli, des légendes qui semblent s'appliquer aux
circonstances du siège de Pérouse.
Il ost indubitable pour nous que presque toutes les balles
de (ronde qui ont été publiées dans différents recueils doivent
présenter un intérêt analogue, c'est-à-dire qu'elles doivent
.■Ire palimpsestes comme les nôtres. Il conviendrait donc d'exa-
miner ces monuments avec le plus grand soin sur les origi-
naux, afin de les publier de nouveau.
Disons d'abord que l'unité certaine de provenance de nos
cent onze balles de fronde et l'ancienneté des légendes qu'elles
présentent nous permettent de continuer et de compléter les
faits historiques consignés dans les textes classiques. Tous
- monii Qls sont incontestablement de l'époque républi-
caine cl doivent, selon toute vraisemblance, se rapporter aux
guerres accomplies dans la Péninsule entre les années 90
et '10 avant J. C. En outre, il est nécessaire de circonscrire
3 guerres au Picenum el même aux événements militaires
qui eurent pour théâtre le territoire d' isculum.
Les inscriptions que nous livrent ces monuments peuvent
se répartir en trois séries, auxquelles correspondent les trois
guerres coBnuessous le nom de Guerre soeiale, de 664 à 666
de Rome (90-88 av. J. G.), Guerre tervile, de 681 à G83
(70-71 ). Guerre civile dite de Pérouse, \ compris ses suites,
de l'an 7 1 '1 ( 60 av. J. C).
Il est vrai que- la cité d' Uculum ne figure cbez les écrivains
classiques que dans la première de ces trois guerres, où elle
joua, comme on sait, un rôle considérable, et que, pour les
deux antres, le Picenum seulement se trouve mentionné, sans
que la lutte ait été en quelque sorte localisée sur un point dé-
terminé, d'après les documents écrits qui nous ont été cou-
— li>S —
serves; c'est une première lacune qu'il nous es! permis de
combler aujourd'hui, car, après l'étude des monuments que
nous publions, il paraîtra ('vident pour tous que le territoire
d' Isculum a été, pendant rcs deux guerres, le théâtre de
lottes ardentes, d'abord entre les armées consulaires et les
bandes de Spartacos, et, trente-deux ans plus tard, entre les
partisans d'Antoine et les troupes d'Octave, après la prise de
Pérouse.
Nous pouvons donc grouper nos monuments de la manière
suivante :
Les 80 premiers appartiennent aux sièges à'Asculum et
aux combats livrés sons ses murs pendant la guerre sociale;
Les i) suivants se rapportent à la guerre deSpartacus;
Les a a derniers sont relatifs à la guerre civile de l'an 'io.
I. On se rappelle que c'est Asculum qui, en 90, donna le
signal de la guerre sociale en massacrant le proconsul Q. Ser-
vilius et les Romains qui se trouvaient dans ses murs1. ('.•>(
tout près de cette ville que (in. Pompeius lut battu et con-
traint de s'enfermer dans Firmum, restée fidèle à la cause de
Rome2. Après la défaite de Scato, Gn. Pompeius assiégea de
nouveau Asculum*, essuya un second échec par la ruse des
assiégés '. el serra de plus près la place par des lignes de cir-
convallation 6. T'est alors que Judacilius, qui tenait la cam-
pagne au dehors, \o\anl la situation de cette ville presque
désespérée, tenta un effort héroïque, força les lignes île
Pompée et pénétra dans la place pour s'j défendre encore et
lui rappeler les devoirs du patriotisme, par l'exemple du sa-
crifice, en se donnanl la mort; «aussitôt qu'il eut rendu le
îpp /; 1 1. :s8.
1 /./. ib. 1 T - 'j . , : Oros. \
\|iji. />'. e. I 5o ; Oi
l'i ..m. Stratag III. kvii
1
1 •_>'.) —
dernier soupir, ses soldats allumèrenl le bûcher qui, en un
instant, dévora l<' plus brave des Asculans ei Les dieux de
sa patrie 1. » Cn. Pompée, maître tVAsculum en ruines, mas-
sacra le peu de ses défenseurs trouvés vivants ei en âge de
porter les armes, puis emmena captifs les enfants et les
femmes pour figurer à Rome dans son triomphe 2.
Les 80 balles de fronde que nous rapportons à ce célèbre
épisode, un des plus importants de la guerre sociale, nous
ont paru devoir former quatre groupes:
i° Les noms des peuples qui figurent dans les inscriptions
de ces balles sont les suivants : Italia ou Itali, Roma ou Ro-
main, les deux grandes nations, les deux armées ou les deux
capitales rivales; puis les peuples qui ont pris part à cette
grande lutte : les Samnites, \esApidi, les Umbri ou Ombri?, les
Vestiiti, les Piccntcs, les Marsi ou les Marudnif, les Pcligni ,
les Campant?, les Japigii?, ce qui prouverait que les débris de
toutes les années ilaliotes se réunirent, ou du moins envoyè-
renl des renforts dans le Picenum pour y soutenir les der-
niers efforts des confédérés, et secourir Judacihus dans Ascu-
lum agonisante, dernier espoir de la patrie italienne. Après
les peuples, on peut placer les noms des cités plus ou moins
voisines lYAsculum. C'est d'abord Firmum (Fermo). restée fi-
dèle aux Romains: Aujina , ville des \ estins; (lamars ou Came-
rinum (Gamerino), ville d'Ombrie, très-voisine àAscuîum,
Auximwn (Osimo). ville du Picenum; Perusia (Pérouse)?;
Ariminum (Rimini)?; Sena Gallica (Sinigaglia), ville gauloise;
Acsis (Iesi), située sur l'Esino; Pisaurum (Pesaro), ville d'Om-
brie maritime; Hadria (Atri), ville du Picenum, voisine d'/l.s-
culum; Scntinum, en Ombrie
20 Les chefs dont nous rencontrons les noms .sur les balles
l'Ascoli sont d'abord, sur un grand nombre d'entre elles
1 Mériméi G ■•■ 9; cf. Àpp. B.i I '1 v
• Plin // \ \ Il m i\ aliat un 1; \ul Gell W u
— 130 —
C. Papius Muhliis, ('•cnl ainsi C. Paapi C. toujours en carac-
tères samnites ; c'étail l'un des deux consuls des confédérés.
Ce nom. dans sa tonne ei avec les lettres <iti|n u n l(;«>s à l'i-
diome national du Samnium, devail être une sorte de mol
de ralliement pour tous les Italiens; on ne comprendrai! pas,
sans cela, et la fréquence de cette légende dans un pays
où ce personnage ne semble pas avoir exercé de commande-
ment effectif, et. d'autre pari, l'emploi exclusif de lettres
samnites, spécialement pour ce nom, lorsque, sur les mêmes
balles et dans la même légende, nous voyons employés les
caractères latins. Ce o'esl pas non pi us une date consulaire
italiote, puisqu'il n \ a sur les monuments qu'un seul des
deux consuls de mentionné. La lecture, sur d'autres balles.
du nom (Te Q. (Pompaedius) Silo, l'autre consul italiote. esl
malheureusement douteuse; il n'en esl pas de même pour le
fameux Telmnus Ponttns, le vaincu de la Porte Colline, donl
le cognomen se lit distinctement , en dernière frappe , sur notre
n° 5o; nous rencontrons également le nom !/<//;. que aoas
3ommes tenté d'identifier avec Decius \fagius, ce Campanien,
ancêtre de Velleius Paterculus, qui mil au service de Rome
une légion entière levée à ses frais. Nous avons aussi un prae
tor Campanorum. — Quanl aux chefs d'origine romaine, ils
-nui plus uombreux. Nous lisons d'abord le nom Au consul de
l'an ()o. /,. Julius Caesar, qui figure sm- une balle avec le litre
de pro consule, laquelle esl datée par conséquent de l'année
qui suivit son consulat ; puis L. I alerius, sans doute le L. Va-
h nus Missnhi qui exerça un commandement dans la guerre
sociale; viennent ensuite des chefs donl les noms ne Boni pas
connus par les textes classiques, sauf Pùo, qui est peut-être
le père du consul de l'an 58, et qui, en ce cas, serait le même
que mentionne Cicéron comme ayant fabriqué des armes pen-
dant la guerre ociale1.
I !
— 131 —
3 Pour les corps militaires, les balles de fronde d'Ascoli
nous donnent de précieuses indications. Nous savons mainte-
nant les numéros des légions qui figurèrent, tant dans l'année
confédérée que dans l'armée romaine.
h° Outre les légendes géographiques, historiques et mili-
laires qui se rencontrent sur les balles tfAsculum, on y voit
figurer des formules , donl quelques-unes étaient déjà connues
d'autre part : Marti, Mars ultor; T M R; operor, mot dont la
lecture ae présente aucun doute, ce qui permet de corriger
la prétendue légende OriTERGA(avec lettres liées), c'est-à-dire
Opitergium, reproduite par le Corpus1 d'après De Minicis2, et
qui ne nous parait plus avoir aucun fondement.
Quant au mot feri. il est si souvent employé sur les balles
de fronde de toute provenance que nous n'avons pas à nous
\ arrêter. C'esl la formule la plus usitée; remploi en était
tellement répandu qu'on la laissait subsister dans les sur-
frappes en changeant seulement le nom de I ennemi auquel
était renvoyé le projectile : FERI )( ITALew, KOMAnos. etc.
Nous avons aussi FRICA )( T OMB. Fricai Ombros, ce qui
permet d'expliquer nos légendes FRIP1ŒN. FRIC ROM, et
dans De Minicis: FRI-PICI, FRI | TOMR. La formule si
connue: Pde cul uni ou ad culum, suivie du nom de l'ennemi
au génitif, se rencontre aussi avec la variante du verbe à la
première personne : c'est le projectile lui-même qui est censé
parler, y to culum Mamiliî.
II. La seconde série de balles de fronde d'Ascoli comprend
celles qui se rapportent à la guerre servile, dont un épisode
important eut lieu dans le Picenum3, sans que les lieux mêmes
des combats qui signalèrent cette partie de la lutte de Spartacus
ot de -es i 20.000 esclaves armés «outre les légions consulaires
1. 1. 7io.
2 PL II. M
\h B .1, 117
— 132 —
aienl été nulle pari mentionnés. Appien chi seulemenl qui
1rs deux consuls, qui son! ceux de Tan -•>, L. Gellius Popli-
cola el Gn. Cornejius Lentulus Glodianus1, lu mil battus une
seconde fois dans le Picenum par Spartacus. Florus, moins
explicite encore, se contente de dire que la rencontre des
baudes avec les armées consulaires eut lien dans l'Apennin2.
Les halles d'Ascbli nous permettent peut-être de localiser cette
double victoire de Spartacus.
Il est indubitable, en effet, que la légende bien connue :
Pcristis servi! déjà publiée3, se rapporte à la guerre servile.
Nous croyons lire sur une de nos balles le nom de Spartacus?
Les légions qui figurent sur ces monuments sont la IIIe?, la Ve,
la XIIIe, qui avait déjà combattu dans ce pays pendant la
guerre sociale , laXV%el une légion consulaire dont le numéro
n'est plus lisible. Nous avons renfermé dans ce même chapitre
les balles portant FABRICIVS FECIT. parce qu'au revers d'une
de ces Légendes on lit [pjmïsfos] [s]er»t.
III. JNous avons groupé dans la dernière série les balles
de (ronde relatives à La guerre civile de Tan io, entre Octave
el L. \nloiiiiis. guerre dite de Pérouse, à cause du siège mé-
morable de cette ville-, mais Pérouse ne fui pas cependant le
théâtre unique des événements militaires de celte année. Si
1rs deux principaux chefs du parti d'Antoine, qui étail alors
••m Orient, sont L. Intonius el Fulvie, el s'ils n'onl figuré ni
l'un m l'autre dans la campagne du Picenum el de l'Ombrie,
il ne l'iini p;is oublier qu'après La réduction de Pérouse il \
avait encore dans le nord de l'Italie treize légions sous le com-
mandemenl des hommes Les plus dévoués à Antoine, L. Asimus,
Plancus, Crassus, Ueius4; que FufiusCalenus, autre lie utenanl
Voy. VEpil I Lit». \< M
Page s; éd ■ >. Jahn.
De Min p. 13 ' I / I 641 el •
tpp b.c. i
— i:;;{ —
du triumvir, commandai! en outre une armée dans les \I|h>
ri qu'il s'était réuni ;vi Ventîdius eo Cisalpine1. Nous savons
ru outre que les deux légions de Plancus furent contraintes
par Igrippa de poser les armes, à Camars ou Camarinum
(Camerino), ville d'Ombrie, très-voisine d'Asculum. Ce ne fut
qu'après diverses rencontres, dont les points géographiques
n'ont pas été précisés par les écrivains classiques, que les
chefs, estimanl <jue la cause était perdue, en Italie du moins,
s'embarquèrent à Ravenne2. On remarquera que Ventidius,
qui devait bientôt se couvrir de gloire dans la guerre qu'il fit
aux Parthes en Syrie3, était précisément Asculan, et qu'il dut
avoir pour premier soin d'exciter sa ville natale à se déclarer
pour Antoine Tout le pays situé au delà de l'Apennin dut
être, pendant comme après le siège de Pérouse, le foyer de la
résistance à Octave. Nous savons même que Bononia( Bologne)
était tfin Antoninorum clientela4.» Octave avait combattu en
personne en Ombrie5, et, lorsqu'il avait été rappelé à Rome, il
avait laissé m ce pays Q. Salvidienus Rufus pour y tenir la
campagne et \ achever la soumission des Sentinates, en Ombrie".
Il est à croire qu'après la prise et le terrible châtiment de Pe-
rmise, Asculum, la ville de Ventidius, fut une de celles que
Dion Cassius dit avoir été prises par les partisans d'Octave7;
malheureusement, il n'en nomme aucune: .mais les balles
(I Iscoli réparent cet oubli, pour cette dernière ville du
moi h-.
Le dernier acte de la guerre civile de l'an 'io dans le Pi-
cenum paraît même avoir eu une importance que les écrivains
1 Dio Cass. XLVIII, 10.
il. ib. 5«>.
lui. Gdl. XV. iv. 3; Plin. //. A. \llu.iv. atia» ilii, i
1 Sn.t. Oct. 1 -.
1 Dio Cass. XLVIII, i3.
H. ».
• XLVIII, i5
— 134 —
nous nui Mi, il l,i il connaître. En effet, nous apprenons par Les
légendes de neuf de nos balles de Fronde que, parmi les
soldats qui prirenl pari à ee dernier acte de la guerre de Pé-
rouse, figurèrenl ceux de Q. Labienus, (ils du célèbre lieu-
tenant de César dans la guerre des Gaules, devenu Pompéien,
comme on sait, dans la première guerre civile ef mort en
Espagne en 451. Q. Labienus, son Gis, d'abord partisan de
Cassius e1 de Brutus, s'était lait confier, après la bataille de
Philippes, par le roi des Partbes Orodes, une armée avec
laquelle il avail soumis une partie de la Syrie et de l'Asie Mi-
neure. Il avail pris alors le titre fastueux de Parthicus, el plus
tard celui d'tmperator2, titres confirmés par les monnaies qu'il
lit frapper à son effigie3; et, comme \\ se trouvait opposé à
Antoine en Orient, iln est pas douteux qu'il ait soutenu la cause
d'Octave en Italie, el qu'il lui ait envoyé du secours pendanl
la guerre de Pérouse. Les légendes <pii se lisent sur les balles
d'Âscoli lui donnenl ce même cognomen personnel de Parthicus,
pris d'ailleurs ici par ce personnage dans un sens contraire à
relui que pre crivail l'usage romain. Il n'avait d'abord ajouté
i ce cognomen que le titre de praètor. I ne seule balle lui
attribue le titre d'ùnperator, comme la monnaie du cabinel de
I* rance.
Dem autres balles nous rappellenl l'insulte, déjà coni
des soldats d'Antoine à Octave : petaculutn Octaviani; celte lé-
gende esl parfaitement lisible sur nos balles, el Ton remar
quera l'emploi de la première personne peto el non pete. Les
projectiles portant cette inscription ne devaienl pas être rares.
el nous croyons que certaines légendes mal déchiffrées douent
être ramenées à cette lecture. Le Corpus nous en offre un
exemple entre autres qui mérite d'être signalé. On lit dans ce
kpp. /; r. II. .
Ipp l: ■ 65 i33; Plul Inton. 18 33 : Dio < us. MA III ta
( iohen \l"l ■ ru p. 'tH-ltg.
— 135 —
recueil ' : LVM . dont l'explication sérail . d'après De Vlinicis,
3SVU1
Vt{egio} \ (aj Nl(acedonica) Trasemenum*. \ou> croyons, d'après
une frappante analogie dans la disposition des Lettres, qu'il
faut restituer et lire ainsi cette légende : LVM \cu]lun>
NVIAV±
[Oc]toi?am. Tout le monde sait que les légions ne reçurent des
noms el des surnoms qu'à partir d'Auguste, el M. Mommsen.
au lieu de reproduire l'explication de De Minicis. aurait pu
s'en tenir à l'observation qu'il avait jointe au n" 660: sperti-
nentque omnino [egionum agnomina ad aetatem nuilto pos-
teriorcm. •• Trasemenvm ue veul rien dire, il n'y a pas de ville
dunomde Trasimène; et, si l'on fait de ce mot imaginaire un
surnom honorifique de légion romaine, on conviendra qu'il
eût été bien mal choisi.
Donnons en terminant les inscriptions des deux halles les
plus curieuses de la trouvaille d'Ascoli. On lit sur la pre-
mière :
INE MASA MABVR légendes illisibles.
On lit dans le Corpus I. L. (I, n° £>&"])* à propos de la
balle de fronde portant la légende LVFVIASIA ; «Dodwelliani
catalogi auctorem maie excepisse INE MASA, indc Minicium
hallucinantem effecisse «nenwwanotamus, netraern talia postea
morentur. » Or, la halle d'Ascoli que nous puhlions ne laissi
aucune incertitude sur la lecture INE MASA; c'est donc une
légende très-différente de celle avec laquelle M. Mommsen
voudrait la confondre. Mà&x ou fxcicra est un mot grec il
est vrai; mais ce n'est pas le seul qui ait été employé dans
le langage vulgaire: ajoutons que c'était le mot consacré
pour exprimer les approvisionnements de farine ou de pain
1 T. I, D'ôgA.
! P. '«7. n 5o.
— 136 —
dans les \ill<^ de la Grande-Grèce, en Italie1; \Sjine masa
signifierai! •■ sans farine, ^m^ pain, - et l'on comprend comment,
dans une \ille assiégée cl pressée par la lamine, un traître a
pu, à l'aide d'une balle de fronde, avertir l'ennemi de l'ex-
trémité à laquelle on se trouvait et que l'on cachait avec soin;
nous avons des exemples forl remarquables de pareils avertis-
sements donnés aux assiégeants par les halles de fronde.
César, assiégeant Aligna en Espagne, reçut avis du moment
favorable pour donner l'assaut : raglans missa est inscripta :
quo die âd oppidum capienoNim accédèrent, etc.2» Le même
moyen fut employé à Uliènes assiégée par Sylla : ibs<t<to7s ex
(jloav£$ov TgS7ï0i)](/.évQis êypdtyovTes de) to yiyv6[xsvov, es tous
Pcàfiaiovs ijÇlsaav àiio o-ÇevSovii>3. Nous croyons même que
cette forme hybride et inusitée «me masa a pu être adoptée
avec intention par le traître ou l'espion afin qu'elle demeurai
énigmatique pour la plupart, et ne fut même bien comprise
que par celui qui l'attendait et en avait la clef.
\ oici l'autre :
i ESVREIS a HG
ET ME II ITAL L bV1
ELAS
i Esureis \ et me [c\elas. — 2 \lc\<j | //(") liul(nrum) )(
L. Suc — Cette balle a dû servir deux luis à cinquante
ans d'intervalle, la plus ancienne inscription concernant la
■ uerre sociale , et la seconde, c'est-à-dire la plus apparente,
se rapportant à l'époque delà guerre de Pérouse. La légende,
qu'on peut traduire : Tuas faim et tu mêle caches, sert, pour
ainsi dire, de complément historique et d'explication à la pré-
cédente: Vous sommes sans pa m. — Cette légende est d ailleurs
Diod m, 10.
- iiiii /; //.
kpp /:. \iithrid ;>.
37
connue1; plusieurs balles avec cette inscription ont été trouvées
à Pérouse, et il faut convenir que le sens de cette légende se
rapporte facilement à la fameuses/âmes Perusina, au soin que
L. Antomus prit de cacher sa détresse aux assiégeants-, et enfin
au grand usage qui fut fait de la fronde pendant ce siège3:
cependant nos balles proviennent indubitablement d'Ascoli.
Or, les textes classiques qui parlent du siège d\\ seul uni de l'an
8o, avant J. (1. ne disent pas que les assiégés aient souffert
de la disette; d'autre part, la forme des lettres de nos légende-
ne permet pas de les faire reculer de cinquante ans, surtout
quand la même formule se rencontre précisément à Pérouse,
et se trouve par conséquent datée de l'an A 1-/10. La seule ex-
plication qui concilie tout consiste à supposer que ces balles
appartiennent bien au siège de Pérouse, qu'elles ont été
frappées à cette occasion, et qu'elles auront été emportées
comme munitions de campagne par les légions Octaviennes
qui, après la réduction de Pérouse, poursuivirent dans le Pi-
cenum et sous les murs d'Asculum les partisans d'Antoine.
Ernest Desjardins.
N° IV.
SUR QUELQUES INSCRIPTIONS INEDITES DES COTES DE LA MER NOIRE.
I.
La première partie du travail de M. Perrot est consacrée à
l'étude d'un recueil manuscrit d'inscriptions formé, il y a
peu d'années, en isie Mineure, par M. Eusèbc Galmiche,
inspecteur des eaux et forêts 4. 11 se compose de vingt textes
1 De Min. p. 62, pi. II. n« 'tq; C. 1. L. I, n" 692; Ri(schl, pi. IX, n° 37.
3 App. B. c. V, 35.
1 Id. ib. V, 36.
4 Ces inscriptions avaient été communiquées par M. Galmiche à la Société
— 138 —
grecs qui appartiennent tous à la partie orientale de l'an-
cienne Bithynie, au pays situé sur la rive droite du San-
garios.
De ces vingt textes, M. Perrot en retrouve quatorze soit dans
le Corpus inscriptionum grœcarum, soit dans les Inschrtften ans
Bithynien de M. Mordlmann, soit enfin dans son propre ou-
vrage, Y Exploration archéologique de la Calatie et de la Bithynie.
Des six qui paraissent n'avoir point encore été publiés, trois
sont de courts fragments dont il n'y a rien à tirer. Restenl
donc trois inscriptions inédites. Elles sont d'un intérêt très-
inégal. La première est funéraire, la seconde votive, en l'hon-
neur d'Asclépios et d'Hygie; l'une et L'autre présentent quel-
ques particularités qui méritent d'être notées. La troisième,
copiée à Amastra, L'ancienne Amastris, est digne d'une sérieuse
attention et, à elle seule, nous apprend plusieurs faits nou-
veaux, importants pour l'histoire des provinces orientales. Elle
est ainsi conçue :
KyaOij tv-/_i}'
II jSouA)) Kii b Sr/pio» ^celpLYjtrev
A(t)Àov) Kajx/Àtoi» Vaioxj viàv KXovcrlov-
(telva ITpôxAor tùv l\ovràp'/_ijv wxi
\eoÇ6ipyi}v xai viùv t>)s Xécrëou
TspwTevovTOL tùv èirap^eitàv
TsifT)]s àperï}* '/à?lv' àvé&lrjaev
A(oûxjos) AtXios Aovxivàs ràr> éavrov
<piXov inrèp (pvXijs Awcniovpl<xùos.
nui», I imor.iiinndc in lionne l'uriiinr. Le sénat et le peuple ont honoré
\ulii> Csecilius Proclus, de la tribu Clustumina, Pontarque, Lesbarque,
fils de Lesbos . le premier des pro\ inciaun , pour toutes ses vertus. Cette
statue de son ami, Lucius E3in- l.iirnnns l'a élevée nu nom de In Irilin
Diosronri.i».
d'agriculture, sciences et arts d^ la Haute Saône. Celle-ci les a adressées au
Comité des travaui historiques, qui lésa remises à M. Léon Renier. C'est M. Re-
nier qui a bien voulu confier ces textes à M. Perrot, qui avait jadis parcouru la
région dont ils proviennent.
— 139 —
Voici les principales particularités que M. Perrol signale
dans cette inscription :
i° \. Gaecilius Proclus es! un provincial, qui a reçu le
droit de cité. Or, il nous fournit le second exemple connu
d'un provincial, d'un Grec, inscrit dans la tribu Clustumina.
A une exception près, on n'avait encore relové la mention de la
tribu Clustumina que sur des monuments <jn i concernaient
des citoyens domiciliés en Italie.
a0 Âmastra occupant le site même de l'ancienne Amastris.
qui était le chef-lieu de la moitié orientale de la province
bilhvno-ponlique, il n'y a point à douter que ce ne soient le
sénat et le peuple d'Amastris qui aient honoré Gaecilius de ce
public témoignage de leur estime. Le titre de Wovzdpyjns, que
porte ici Gaecilius, nous était déjà connu par les inscrip-
tions: en le rapprochant de celui (Yàp^ispevs tov Yiovzov, on
avait déjà affirmé, pour cette partie de la vaste province
appelée Bithynia et Pontus, Bithvnia Pontus, L'existence d'une
fédération provinciale analogue à ce xotviv RiOuvîas, qui avait
son centre à Nicomédie et dont le nom se trouve sur de nom-
breuses médailles, à partir du règne d'Adrien: mais la ligne
suivante nous révèle une autre association du même genre,
une autre unité- historique et géographique se perpétuant de
même sous la domination romaine. L'ile de Lesbos faisait
partie de la province d'Asie. Le titre de Aea€ap%ïis . qui se
rencontre ici pour la première fois, rapproché des monnaies
impériales grecques frappées au n° siècle au nom du Koivbv
Aeo-Stcovy nous permet d'ajouter une nouvelle diète provin-
ciale à la liste que M. Joachiin Marquardt, dans un article
de YEphemeris Epigra phica (t. I, p. «on-ji'i], a récemment
dressée de ces congrès.
3° Le titre de vîos Ttjs \éa€ov est aussi nouveau. M. Perrot
l'explique par les nombreux exemples de litres analogues que
M. Waddington a relevés sur les marbres de l'Asie Mineure:
10 .
— 140 —
mais il se sépare de lui à propos du sens qu'il convient d'attri-
buer à cette formule; il ne veut y voir qu'un simple titre
honorifique, et s'appuie, pour défendre sou Interprétation . sur
cri le phrase d'Apulée (Metamorph. IV, ch. xxvi) : « Speciosus
adolescens, inter suos principalis, quem filium publicum mu-
nis sibi civitas cooptavit. »
h° La formule «rp&rreuaw tûv êirap%ei£v. que l'on peut rap-
procher d'expressions analogues, mais non tout à fait sem-
blables, qui se rencontrent chez les auteurs et sur les marbres,
paraît aussi une nouveauté épigraphique.
5° Les inscriptions nous ont fourni les noms d'un certain
nombre de tribus des cités de la province bilhyno-pontique;
on n'en possédait pas encore pour Amastris. Le nom de la
tribu Dioscourias vient probablement des relations commer-
ciales entretenues par Amastris avec la ville de Dioscouris, en
Colchide.
La forme des lettres, autant que l'on peut en juger par la
copie, L'absence de ligature, la présence de l'iota ascrit, la
correction de l'orthographe, la rédaction même de ce texte,
tous ces indices réunis conduisent M. Perrol à faire remonter
cette inscription jusque vers la fin du ic' siècle de notre ère.
II.
La seconde partie du mémoire est consacrée à trois textes
grecs qui ont été transcrits et communiqués au ministère
des affaires étrangères par le consulal <!»■ France à Galatz.
Ils proviennent de la ville de Tomis , célèbre par l'exil d'Ovide.
On en avait longtemps en vain cherché L'emplacement; des
découvertes qui remontent à une vingtaine d'années environ
ont montré que la ville de Kustendjé, par <»ii passenl Nuis Les
voyageurs qui se rendent à Constantinople en suivant la voie
du Danube, occupe le promontoire même sur lequel s'élevail
autrefois Tonus.
— 141 —
De ces textes, il eh est un qui a déjà été public par M. Des-
jardins; les deux autres paraissent inédits. En voici le texte
el la traduction :
ti (SouÀ)) xctï b hrjp.os
t>;> fx>;T pou oXecos
lôpscos làcratav A-
ppixxvà[v] ywoLixci
Ki/j/tou ispacrapé-
vrçv fierpj S-sèôv
3-t»)aT£pa r(a«ou) lAiov À-
ÇpixoLvoïi Û7repêa-
Àopsvrçv ràs ispà I-
ai»T>7â xai S7wxo<xp>7-
(Txaav tj)v S-stiv àra-
Ôij[xz<jtv xptcréois
TSJfjtJ/s X*Plv-
Sons l'invocation de la bonne fortune. Hommage du sénat et du peuple
«le la métropole Tomis à Sossia Africana, femme de Quietus, prêtresse
de la mère des dieux, tille de G. Ilius Africanus; elle s'est montrée supé-
rieure à toutes les prêtresses qui l'avaient précédée et elle a fait hommage
it la (léesso d'offrandes en or.
[Àyxdfr Tvx.9 '
ft (3ovXi) xai b hjtxos
Tijs ixrjrpOTrôXsoJs
Tôfiews Ai^pjxa-]
vbv Kvrjrov alpy.-
Tevaip.evov èvho-
Zws xai iyoptvoiiii-
eainrt èirifiavùs
xaï inrspëaXXôfxevov
tous Tspb £œ[u]toO Tet[Xïj[s
yipiv, àvialrjtjév
ts rbv àyhpiivra £6<t-
viz k@flix(civà) rj yvvrj aÔTOÛ.
Sous l'invocation de la ltojm<' fortone. Hommage du sénat et du peuple
— 142 —
de ta métropole l'omis à. . . Alrkanus Quieius, pour ses brillants ser-
\icos militaires, pppr la distinction avec laquelle il a rempli les fondions
d'agoranome , pour s'être montré supérieur à tons ses prédécesseurs. Sa
femme, Sossia \lricana, a élevé la statue.
Toul le commencement de celte seconde inscription, qui
manque sur la copie, se restitue aisément d'après la pre-
mière; les deux statues, les dvu\ piédestaux , les deux ins-
criptions se faisaient pendant. Après avoir servi, peut-être
dans la légion XI Pia Fidelis, qui fut longtemps cantonnée
sur cette frontière, Quielus était arrive' à quelque grade de
sous-officier; [mis il s'était retiré à Tomis et y avait rempli
les fonctions à'agoranome ou de surveillant du marché. Ces
inscriptions, où abondenl les ligatures et dont l'orthographe
laisse à désirer, doivenl être au plus toi du second siècle de
notre ère.
M. IVrrot profite de l'occasion que lui offrent ces deux
textes inédits de Tomis pour en faire connaître d'autres de la
même provenance qui, quoique publiés depuis plusieurs an-
nées en Grèce, ne paraissent pas être arrivés jusqu'en Occi-
dent. (Test le savant épigraphiste athénien, M. Et. kouma-
noudis, qui les a édités dans la Nea HavSwpa du rr juin i 868.
(les monumentsi qui avaient été envoyés de Kustendjé à la
Société archéologique d'Athènes, sont au nombre de dix-huit,
dont trois seulement des fragments sans importance. Restent
quinze textes, dont dix, un latin et neuf grecs, paraissent
tout à fait inédits el ne se retrouvenl point ailleurs. Il n'en
esl aucun que l'on puisse faire remonter avec certitude au
delà «le la conquête romaine; presque i<>us contiennent ou
des noms propres on des allusions à l'empire qui permettent
de les assigner sans hésitation au temps pu Tonus faisait
partie de la province <le Messie. En rapprochant ces textes
de ceux qui se trouvent dans les inscriptions latines de Tonus
que contient le tome III du Corpus inscriptionum lattnarwn,
— 143 —
on arrive des maintenant à réunir des données assez précises
sur L'histoire de cette cité longtemps oubliée et sur l'organi-
sation du groupe de cités grecques dont elle était la capitale.
L'origine ionienne de T'omis, attestée par Ovide, est con-
firmée par une inscription de cette ville qu'a publiée M. E.
Desjardins, inscription qui doit être antérieure à la création
de la province romaine de Mœsie. C'est une stèle élevée par
la tribu des Argadeis en l'honneur de son phylarque. Or c'est
là le nom d'une des quatre tribus ioniennes primitives qui
existèrent à Athènes jusqu'à Clisthènes, et dont on a retrouvé
des traces dans différentes villes de l'Ionie , ainsi qu'à Cyzique,
colonie de Milet.
Les cités grecques, fondées par les Milésiens sur cette
cote, en pleine barbarie, avaient formé, pour mieux résister
à l'ennemi qui les pressait de toutes parts, une confédéra-
tion dont l'histoire intérieure nous est inconnue, mais que
nous trouvons désignée dans une inscription sous ce nom :
ih koivov 7J7» \izvi(vnô\zvs. Ce fut sans doute avec joie que
ces villes se virent protégées par les armes et la diplomatie
de Home, à partir du règne d'Auguste, contre les Scythes et
les Sarmates; mais, alors même qu'elles furent entrées dans
la province de Mœsie, elles gardèrent leur constitution, leurs
mœurs et leur langue, et l'ancienne confédération des villes
grecques de la côte continua de subsister, sous le titre de to
koivov vJàv ÈWtivw. A la tête de cette confédération étaient
placés de grands dignitaires dont l'un parait avoir porté le
titre (Yâp%w tov koivov tôw ËXXv'vcûv, et l'autre celui de Pon-
tarque, qui ne s'était encore rencontré que sur la côte d'Asie.
C'est un nouveau koivov, qui manque, comme celui de Lesbos.
à la liste de Marquardt. Cette ligue, dont le congrès se réu-
nissait à Tomis, qualifiée de iirripô-noAis tov YIovtov, ne devait
pas comprendre toutes les villes de la Mœsie inférieure; mais
elle formait, au sein de la province, un groupe spécial et
— l.'iï —
restreint, héritier direct de l'ancienne Pentapole milésienne.
Tomis, (|iii. du temps de l'indépendance, avait été, à ce qu'il
semble, primée par Odessus, avait pris, sous l'empire, une
situation prépondérante; elle était devenue le port le plus
fréquenté, le principal entrepôt du commerce de ces régions.
Ces inscriptions contiennent encore quelques autres parti-
cularités curieuses. Ainsi, dans deux de ces textes, au lieu de
tou Ev&ivov Ugvtov, on rencontre cette désignation, unique
jusqu'ici. ?ov EvwvfjLov HÔvtov. C'est, selon toute apparence,
l'invention prétentieuse de quelque bel esprit local, qui a
voulu montrer qu'il connaissait l'origine et le sens d'EvÇsivos,
de cette épithèle donnée par antiphrase à une mer redoutée
des marins. Le titre iïsvTîoauxpyys, que l'on avait déjà relevé
à Smyrne et que n'a point encore admis la dernière édition
du Thésaurus, se retrouve ici : il doit s'agir d'une sorte
d'échanson public de la cité.
Les deux principales inscriptions de ML Koumanoudis, celles
qui sont consacrées aux pontarques Priscus Annianus et Aure-
lius Priscus Isidore, nous montrent ces personnages, en même
temps crue magistrats et grands prêtres de la confédération et
de Tomis, sénateurs aussi cl primats d'une autre ville qui est
appelée ici <I>Àa€/a véa^Xis. Dans la seconde de ces inscrip-
tions, cette seconde ville est qualifiée, par rapport à \urelius
Priscus Isidore, (\'dvTÎ7rarpt5, terme qui n'avait pas encore
été rencontré, mais (pu ne peut signifier qu'une chose, sa
seconde patrie. D'après différents milices, M. Perrot inclinerait
à croire que dans cette (I>Àa£/a via. tsôï.is, sur laquelle nous
n'avons aucun renseignement, il convienl de reconnaître la
ville de "\.i\i. Celle-ci, située près de l'endroit où est aujour-
d'hui Sisto\ , était devenue, au m' siècle de noire ère, la
principale station militaire de la contrée; rien n'empêche de
croire qu'elle ail été fondée ^>ns le dernier Flavien, au temps
<\r la guerre de Domitien contre Décébale. ci (pic dans le
— [45 —
grec officie] du pays elle ait alors reçu el conservé le litre de
tla nouvelle ville llavienne. r> Dans la bouche des légionnaires,
qui parlaient latin, ce titre pompeux se serait abrégé en Novœ,
sous-entendu tabernœ ou canabœ, et ce nom, plus populaire,
aurait fini par prévaloir dans l'usage général. Quant au l'ait
de ces relations particulières entre Tomis et la cité llavienne,
il s'expliquerait aisément; ces riches négociants maritimes,
entre les mains de qui passaient la plupart des marchandises
qui descendaient ou remontaient le fleuve, auraient pris part
à la fondation de la cité naissante en y établissant un comp-
toir.
Ce qui résulte de l'étude de ces inscriptions, c'est que
Tomis, sous l'empire, était restée une cité toute grecque;
c'est aussi qu'il y a'unc analogie frappante, et qui n'avait point
encore été soupçonnée, entre l'organisation de ces cités grec-
ques de la Mœsie, avec leur xotvbv ÈWrfvav, et la constitution
des villes grecques de la province de la Bithynie et du Pont,
avec leur xoivov -zûv èv ISetOvviot. ÉÀXrçWv , leur xotvbv HÔvtov.
Sur la côte européenne et sur la côte asiatique du Pont-
Euxin, nous trouvons une ^rpoitoXis tov ÏÏovtov et un Ilor-
zâpxvs. De part et d'autre, mêmes titres de magistrats, mêmes
noms de fonctions.
M. Perrot termine son mémoire par detf réflexions géné-
rales sur l'organisation que Home avait donnée aux provinces
orientales, sur la Liberté qu'elle leur laissait et le profit que
tiraient de celte sage politique tout à la fois le gouvernement
central et les diverses populations de l'empire. Voici comment
il résume ces observations : ce Aujourd'hui, en France, tous les
habitants du territoire, de quelque manière et à quelque
moment qu'ils soient entrés dans l'unité française, ont mêmes
droits civils et politiques; au contraire, dans l'empire romain
du premier el du second siècle, le plein droit de bourgeoisie
n'était encore, en dehors <\r l'Italie et surtout dans les pro-
— 1/iG —
vinces orientales, qu'une exception, que le privilège d'un
petit nombre d'individus; les provinciaux étaient encore, au
point de vue juridique et politique, dans une condition infé-
rieure. II semble pourtant qu'il y eut alors dans les différentes
contrées de l'empire plus de vie locale et provinciale qu'il
n'y en a aujourd'hui, hors de Paris, dans nos départements,
que cette vie fût plus intense et plus variée, qu'elle suffit
mieux à provoquer et à satisfaire l'ambition de millions
d'hommes, à tenir en haleine leur activité. C'est à cette con-
clusion, tout étrange qu'elle paraisse, que conduit l'étude
des monuments épigraphiques en si grand nombre que nous
a laissés pour cette époque l'Orient hellénisé, l'ensemble des
provinces de langue grecque, et le témoignage en est con-
firmé par les inductions que l'on peut tirer de toute une litté-
rature bien riche encore et bien diversement féconde. Pour
d'au lies régions de l'empire romain, pour la Gaule par
exemple, on arrive par les mêmes recherches aux mêmes ré-
sultats. ••
N° V.
LA TÊTE M: l.\ STATUE D'ADRIEN PLACÉE l< \ns LE TEMPLE
DE n'i'.i SALEM.
Un ànier de Jérusalem qui lait métier de transporter des
pierres du dehors pour les constructions de la ville avait ra-
massé, il \ a quelques mois, parmi les blocs éboulés dune
muraille en pierres sèches, nue tête de statue de marbre, de
grandeur naturelle, qui est probablement un débris historique
du plus haut intérêt.
.le me suis fait indiquer mu- le terrain, par l'auteur même
de la trouvaille qui n'en soupçonnait guère I importance, 1 en-
droit où elle ;i\;ui été faite. C'est sur le bord de l'ancienne route
de Naplouse. à ufte trentaine de mètres au aord du Tombeau
— 147 —
dm Huis ( Q'boûr es-salatin ). el à quelques minutes île la porte
de Damas.
La tète, qui fut apportée à un efïendi de la ville, est celle
d'un personnage viril, à la barbe courte et frisée, aux cheveux
abondants dont les mèches épaisses recouvrent une partie du
Iront. Elle porte une couronne de laurier dont les deux
branches viennent se rattacher à un grand médaillon (quelque
gemme) où est gravé très-distinctement, en camée, un aigle,
Minbole de la puissance souveraine.
La face, surtout vue sous certains aspects, a une expression
de dureté assez caractérisée: les yeux, dont les prunelles sont
indiquées par le sculpteur, regardent en haut. Le bout du
nez est cassé et quelques régions de la figure, notamment le
sourcil droit , ont souffert. Toute la partie postérieure de la t^te
a élé brisée très-anciennement.
Le style de la sculpture est tout à fait romain; le tra\ail
<■->( loin d'être irréprochable, mais l'ensemble de la tète a un
air imposant d'un grand efl'et.
Nous avons là, à n'en pas douter, un portrait et non un type
banal. La mutilation du nez, quoique assez légère, rend, au
premier abord, la physionomie et, partant, l'identité du per-
sonnage assez difficile à reconnaître. N'ayant pas ici les éléments
iconographiques nécessaires pour résoudre cette question,
j'hésitai quelque temps entre plusieurs hypothèses qui se pré-
sentèrent successivement à mon esprit. Après mûre réflexion,
j'en suis revenu à ma première impression, et je pense qu'on
ne peut guère voir dans celte tète autre chose que celle de
L'empereur Adrien. C'est également l'opinion d'un homme
très-instruit qui a eu l'occasion d'examiner ce morceau, l'ar-
chimandrite de la mission russe à Jérusalem; je crois qu'elle
sera admise en Europe par les savants compétents et tous ceux
(iui sont en mesure de la soumettre à une vérification, impos-
sible ici.
— 148 —
La trouvaille, à Jérusalem, d'un Fragment de statue de
l'empereur Adrien est assurément une chose intéressante; elle
pourrait cependant n'être qu'une simple curiosité, si des cir-
constances particulières n'en venaient faire une découverte
d'u ne véritable valeur historique.
Tout le monde connaît la dernière el terrible insurrection
des Juifs sous le commandement de Barcocébas (le fils de
l'Etoile) dont Adrien eut tant de peine à triompher. Après cette
victoire, chèrement achetée, qui bitfa du monde politique le
nom des Juifs, Adrien réédifia Jérusalem détruite par Titus, et
la transforma en colonie romaine, en l'appelant de son nom
hliu Capitolma. Parmi les nombreux monuments dont il
orna la cité nouvelle, Dion Cassius mentionne le temple de
Jupiter Gapitolin élevé sur l'emplacement de l'ancien sanctuaire
juif. Quelques auteurs pensent même que c'est l'érection pro-
jetée du naos païen qui fut la cause déterminante et non la
conséquence de cette suprême protestation de la nationalité
juive, si impitoyablement réprimée.
Quoi qu'il en soit, il est hors de doute qu'Adrien plaça ou
laissa placer sa propre statue dans le temple de Jupiter Ca-
pilolin. En effet, le pèlerin anonyme qui, parti de Bordeaux
en 333, vint visiter Jérusalem, el dont nous possédons les notes
de voyage, remarqua encore sur l'emplacement de l'ancien
temple deux statues à* idrien. Saint Jérôme, qui connaissait
aussi ces lieux de visu, dit dans son commentaire sur Isaïc :
«Là où étaient autrefois le temple ci le culte de Dieu, sont
placées aujourd'hui la Btatue d'Adrien et l'idole de Jupiter»
(Hadriam statua ei -Ions idolumcollocatum est). Il paraîtrait même
que cette statue du Fondateur d' Elia Capitolina ''lait une statue
équestre, car le même saint Jérôme, dans son commentaire sur
s, uni Matthieu . parle •• de la statue équestre d \dncn (rtjucsiris
statua) qui, jusqu'à ce jour, s'élève sur remplacement même du
Haint des -omis ••
— 149 —
On peut se demander si le pieux, mais peu instruit pèlerin
de Bordeaux qui parle de deux statues d'Adrien n'a pas. par
hasard, pris pour une seconde statue du même empereur ce
que saint Jérôme désigne comme l'idole de Jupiter, c'est-à-dire
justement la statue du dieu auquel était dédié le temple.
Toutefois, quelques critiques paraissent admettre qu'il y
avait réellement deux statues d'Adrien, le représentant l'une
à cheval, l'autre à pied1.
Une autre opinion tendrait à reconnaître, dans les deux
statues du pèlerin, une statue d'Adrien et une autre d'Antonin
le Pieux, son fils adoptif et successeur. D'après cette théorie
on aurait peut-être même, dans l'inscription latine encastrée
dans le mur du Harâm, la dédicace gravée sur le piédestal de
cette dernière statue2.
Ce n'est pas le lieu ni le moment de discuter pour savoir
quelle est la plus satisfaisante de ces conjectures; quelle que
soit celle qu'on adopte, il est absolument hors de doute,
d'après les textes que je viens de citer, que le temple de Ju-
piter Capitolin, construit sur l'emplacement du temple juif,
contenait au moins une statue de l'empereur Adrien, proba-
blement à cheval. La nature militaire des événements qui avaient
immédiatement précédé et peut-être déterminé la fondation
de la nouvelle colonie romaine expliquent fort naturellement
l'emploi de la statue équestre, représentant Tcmpereur sous
l'aspect d'un guerrier victorieux.
Cette statue était encore intacte jusqu'à la fin du ivc siècle;
1 On peut, à ce propos, rapprocher du dire du pèlerin de Bordeaux deux pas-
sages d'un auteur dont les descriptions seraient difficilement suspectées d'inexac-
titude. Pausanias nous montre, en même temps, dans le Céramique d'Athènes et
formant une espèce de groupe à part, la statue de Jupiter Eleutherios et celle
d'Adrien (BaaiÀeOs ASpioLvôs) (I, m, 2). Dans un autre endroit (I, wiii, 6) il
rapporte qu'avant d'arriver au temple de Jupiter Olympien on trouve deux statue*
d'Adrien de marhre de Thasos, et deux autres de pierre d'Egypte.
1 hnp.Cœta. Tito AElio Hadriano Intonino Aug. Pio PP. Pontifia Auguri décréta
decuriomtm.
— 150 —
mais il est «'«vident qu'en admettant même que le prestige <|in
s'attacha jusqu'aux dernière jours à la majesté' impériale ail
pu la protéger encore plus longtemps contre la main des
chrétiens, elle ne dut guère échapper au vandalisme des
Perses de Chosrbès et à la vengeance des Juifs leurs alliés. En
tout cas, elle disparut inévitablement à l'arrivée des Arahes
musulmans, et ses débris qui profanaient la Sakkta, le roc
sacré, furent probablement transportés loin du sanctuaire pu-
rifié, et déposés hors la ville, pêle-mêle avec les ordures dont
Omar trouva le lieu saint couvert1.
Etrange ironie du sort! Jetée sur l'ancienne voie publique, la
lare contre terre, cette tête superbe et triomphante du Vainqueur
de Barcocébas. du rénovateur de Jérusalem, du divin Adrien,
ce front lauré et orné de l'aigle impériale a été foulé au\
pieds, depuis plus de douze siècles, par tous ceux, grands et
petits, qui sont entrés dans la ville sainte. Et ce n'est qu'après
la longue ignominie de cette insulte séculaire «pie, pour
dernier outrage, ce chef mutilé, aux regards toujours ailiers,
a été ramassé par un pauvre Aiiier cl empilé par lui dans la
même confie avec les plus vulgaires moellons! Si Jehovah avait
encore un prophète, quelquelsaïe nouveau ne manquerait pas
de montrer dans cette triste destinée une expiation méritée,
un (bâtiment du dieu jaloux vengeant sa maison profanée.
(lu. Clermont-Ganni M .
Iprès la lecture de cette lettre, M. 'I'' Longpérier présente les obser-
vations suivantes : -Il eûl été, en effet . piquanl , an moment on la lecture
de notre savant confrère, M. Duruy, vient d'attirer de nouveau l'atten-
tion 'lu public -ni- les voyages h les actes politiques d'Adrien, de
Bignalei .< Jérusalem une image de cet empereur. Mais j'ai le regret de
Le cbroniqueui arabe de Jérusalem . Moudjir '■*! din (p. 997 du texte de
llnnlnq ), parl>' dos images qui se trouvaient dans le Barftm à l'arrivée d'( >mar, el
rite 1 ce propos d eer où il est question de ttatuee de marbre (Douma).
— 151 —
nt' | onvoir apporter, à l'appui »le l'opinion émise par M. Glennont-Gan-
neau. le témoignage des monuments connus. Les statues, les bustes, les
médailles nous ont rendu familière l'image d'Adrien, et celte image
difiére considérablement de celle qui vient d'être retrouvée. Dans le nou-
veau marbre, nous observons, et M. Gainieau a très-exactement remar-
qué, une chevelure épaisse qui cache les oreilles et tombe sur le cou, un
nez très-aqiiilin. une expression de dureté dans le regard, qui ne se rap-
portent point du tout au type d' Ldrien. Si M. Ganneau avait eu à sa dis-
position les éléments iconographiques qui, comme il le dit lui-même,
lui font, en ce momenl . défaut , il aurait renoncé sans doute à l'identifi-
cation séduisante qu'il propose.
* Autant qu'on en peut juger par une photographie, la tète de marbre
semble appartenir à une époque postérieure au règne d'Adrien. Nous
n'irons pas jusqu'à la faire descendre au temps de Julien, quoiqu'elle
présente avec la physionomie de cet empereur une certaine analogie; car
l'art du temps de Julien nous est connu, non-seulement par la numis-
matique, mais encore par les deux statues de cet empereur qui existent
l'une au Louvre, et l'autre au musée des Thermes.
«r Adrien a. assez souvent, la tête ceinte d'une couronne de laurier. Mais
cette couronne est formée d'un simple et véritable rameau, un souvenir
héréditaire de la couronue décernée à César. Dans le marbre de Jérusalem,
nous voyons une lourde couronne ornée au centre d'un camée. Il s'agit
évidemment d'une couronne de métal, et pour en trouver une semblable
sur la tête des empereurs il faut descendre au temps de Constantin et
<\o Julien. Cependant nous pourrions reconnaître là un ornement sacer-
dotal. Les .irchéologues compareront cette couronne d'orfèvrerie, ornée
d'un camée, à celle qui décore la tète de Lucius Larlius Anthus, cisto-
phore du temple de Bellone, dont l'image a été trouvée eu 1729 à Rome,
au Monte-Mario. Francesco Gori nous en a conservé la gravure, en
publiant le recueil d'inscriptions de Giovanbattisla Doni (page i35,
pi. VIII).
t Les couronnes sacerdotales, ornements liturgiques, sont plus riches
que la couronne impériale; il ne faut pas s'en étonner. L'appareil sacer-
dotal avait besoin d'un certain éclat extérieur dont pouvait et devait même
se passer le chef de la république. De nos jours encore ou voit les>uissc-,
de cathédrales porter des épaulettes enrichies d'agréments que ne pré-
sente pas l'épaulette de nos généraux d'armées.
rrPour n'être pas le portrait d'Adrien, la tête iconographique trouvée
à Jérusalem n'en est pas moins un monument très-important, eu égard
— 152 —
Burtout à la rareté des sculptures provenant de cette ville. Lorsqu'un
moulage du marbre sera parvenu à Paris, les archéologues pourronl
l'étudier d'une manière plus rigoureuse, et lui assigner sa place exacte
dans la science.»
N° VI.
LETTRE DE M. DE VOGUÉ SUR LA DECOUVERTE DE I.A VENTS DE MII.O.
Péra, u mai 187/i.
Monsieur le Président et cher confrère,
Depuis qu'une polémique nouvelle s'esl engagée au sujet
de la Vénus de Milo et de l'état dans lequel elle a été décou-
verte, on a eu recours à moi de divers côtés pour savoir si les
archives de l'ambassade de France à (lonslantinople ne ren-
fermeraienl pas la solution du problème qui divise les archéo-
logues. L;i première invitation m'a été faite par Al. Iiavel .
l'habile et heureux explorateur des ruines de Milet; pendant
que je me livrais aux recherches qu'il m'avait indiquées, notre
confrère M. Ravaisson a eu la même pensée; d'autres appels
m'ont été adressés depuis. Pour répondre en une fois aux
questions qui m'onl été ainsi posées, je viens réclamer votre
obligeant intermédiaire : l'Académie voudra bien, j'espère,
accueillir favorablement cette communication el se charger
elle-même de produire au débal les renseignements qui lui
paraîtront de nature à l'élucider.
La correspondance de l'ambassade avec le consulat général
de Smyrne el l'agence consulaire de Alilo pendant les années
1890-91-99 renferme un certain nombre de dépêches rela-
tives à la célèbre statue, mais les contestations nées de la
découverte el les réclamations qui l'ont suivie j tiennent plus
de plaie que les détails archéologiques. Par une fatalité re-
grettable, La pièce principale, le premier rapport de M. Brest,
me manque : je le fais rechercher à Smyme, mais sans grand
— 153 —
>ii Je le retrouver les archives I»' ce consulat général
ayant, plus encor< que les nôtres, souffert des incendies, des
déplacements, de toutes les causes qui compromettent d'ordi-
naire la conservation des collections formées dans les postes
diplomatiques ou consulaires.
Quoi qu'il en soit , j'ai réuni un certain nombre de faits <jui
pourront ne pas être inutiles au débat, et je vais rapidement
les résumer.
C'esl le 8 avril 1820 (et non en février) que la statue fut
découverte par un paysan <jui piochait son champ. M. Brest
tut le premier informé de la trouvaille; il s'aboucha avec le
paysan et négocia l'acquisition de la Vénus; le paysan s'en-
r;i à ne la céder qu'à M. Brest.
Celui-ci s'empressa d'avertir le consul général de Smyrneet
lui «proposa de faire acheter le marbre pour compte du Gou-
vernement, n M. David, '-n'osant prendre sur lui une pareille
dépense,» en écrivil à l'ambassadeur, le marquis de Rivière,
! lui demanda -s'il voulait prendre sur lui de faire cette
h-, punition pour le Musée royal. r Les communications à cette
époque étaient longues et difficiles entre les îles de l'Archipel :
c'esl I'' a5 avril seulement que M. David communiquait à
l'ambassade les informations qu'il avait reçues: sa lettre ne
put arriver à Constantinople avant les premiers jours de mai.
M. de Rivière prit rapidement s. m parti et, le â3 du même
mois, la goélette V Estafette } portant son mandataire. M. de
Marcellus, mouillait en rade de Milo.
Six semaines à peine s'étaient écoulées depuis le jour de la
découverte; cet intervalle, bien courl pour l'époque, avait
néanmoins suffi pour qu'une intrigue lui nouée. Un prêtre
grec. Oikonomos Ver;;hi, voulant conquérir par le don de la
statue les bonnes grâces de Mourouzi, h' drogman de l'arse-
nal, avait circonvenu le propriétaire du trésor, l'avait menacé.
effravé, et avait fini par vaincre sa résistance. Quand M. de
h. 1 1
— 154 —
Vlarcelliif arriva à Milo la Vénus avait échappé à M. Bresl el
;i\;nl été vendue 718 piastres à Oikonomos. Par quels moyens
!\l. de Marcellus parvint-il à faire casser ce marché el à faire
triompher les droits qu'il tenait des promesses antérieurement
faites à notre vice-consul? Les archives de l'ambassade sont
muettes sur ce point : elles laissent complètement dans l'ombre
l'épisode du combal rapporté dans les mémoires de Dumonl
d'I rville et la uature des & obstacles divers v que M. de Mar-
cellus eu! à écarter : elles constatent seulement que la statue
fui cédée par une vente régulière, vente précédée par de la-
borieuses négociations. «C'est avec beaucoup de peine crue
M. de Marcellus a obtenu que la statue lui lut vendue ,» écrit
M. le baron des Rotours, commandant d'un des vaisseaux du
roi, à la date du 20 mai. Les agents de cette transaction
lurent deux des primats de l'île, Pétrakj Tatarakis et l'archi-
mandrite i^yrr. La somme payée fut de 836 piastres, dont
718 remboursées à Oikonomos Verghi, et 118 représen-
tant le> dépenses laites par les primats pour transporter la
statue du lieu où elle avait été trouvée jusqu'à la Marine.
Pour cette somme de 836 piastres du temps ou 55o francs
environ de notre monnaie, M. de Marcellus acheta non-seu-
lement la Vénus, mais les trois Hermès et l'enfant découverts
avec elle.
Le 36 mai, l'Estafette mettait à la voile avec son précieux
fardeau.
Tmis jours après arrivait en rade de M1I0 la corvette an-
glaise la llmirhiii I ".' ! . venant de Malle pour acheter |;i statue.
Oikonomos Verghi s'étail hâté de taire connaître au drog-
man de I arsenal I insuccès de ses propres démarches; il s'étail
même nus en route pour Constantinople , lorsqu'il apprit .1
Syra que Mourouzi venail faire une tournée dans [es lies. Il
l'attendit : le drogman - était fail précéder par un officier chargé
d< levei sin l'île de M1I0 une première contribution de
!
— 155 —
a, ooo piastres: de faux rapports lui avaient fail noire que
M. de Marcellus avail donné 9,000 piastres aux primats. Se
trouvant bientôt lui-même à Siphante, il manda auprès do lui
les deux principaux négociateurs, l'archimandrite et Pétrakj
Tatarakis. Ces deux primats furenl l'objet des plus mauvais
traitements; on leur arracha, en les menaçant de leur faire
trancher la tête, un certificat portant que la statue, aussitôt
découverte, ;t\;ii( été destinée au drogman; s allégation de la
plus grande fausseté, écrit M. Brest, car dès l'instant qu'elle
l'ut trouvée, je fus le premier à être informé et le premier à
traiter avec le particulier pour en faire l'achat." Déplus on
leur extorqua de L'argent; la somme totale qui fut ainsi, à plu-
sieurs reprises, arrachée aux primats, fut de 7.100 piastres.
M. Brest, témoin «les souffrances el des humiliations im-
is à ces infortunés, s'empressa de prévenir M. de Rivière
et de réel; r sa protection pour ces hommes, victimes «de
leur attachemenl et de leur amour pour la nation française.»
Il lit plu-. : il se mit personnellement à Là recherche de AI.de
Marcellus et le rejoignit à Smyrne ; une entrevue eut lieu
entre M. David, M. de Marcellus et M. Brest : M. David l'a
racontée en termes ému v M. de Marcellus \ prit l'engagement
de faire rembourser, d'une manière ou de l'autre, aux pri-
mats de Milo, les avances dont la Vénus aurait été l'occasion.
L'excellent vice-consul, joyeux de celle bonne nouvelle, s'em-
pressa de la faire tenir par un pilote de passage à M " Brest,
cette vaillante femme dont l'amiral Jurien de la Gravière a ré-
cemmenl l'ait connaître l'indomptable énergie; M"" Brest, sur
la foi dos assurances reçues, s'empressa de donner à Tataraty
el ;i L'archimandrite un à-compte de 1,763 piastres.
De retour à Constantinople, M. de Marcellus, fidèle à sa
promesse, intéressa M. de Rivière au sorl des primats : l'am-
bassadeur obtint de la Porte un bouyourouldou ordonnant la
restitution de l'argenl indûment perçu. M. de Rivière en porta
1 1 .
.Ml
lui-méinc !<• Lexle à Mil" le i 5 novembn 1820, lorsqu'il
loucha dans cette lie en retournanl en France.
Les dispositions du bouyourouldou, est-il besoin de le dire?
ne furenl jamais exécutées'; les efforts (l«s deux chargés d'af-
faires, MM. de Viella el de Beaurepaire, échouèrenl devanl
l'inertie de l'administration ottomane. L'insurrection grecque
survinl : les habitants de Milo refusèrent le tribut; Mourouzi
fut mis à mort. La Sublime Porte put se croire libérée de toul
engagement; mais ni M. Brest ni les primats n'étaient rentrés
dans leurs déboursés : ce l'ut M. le duc de Rivière qui les in-
demnisa: il acquitta la dette (|ue le pays avail contractée
envers eux l<' jour où le Musée national avail reçu de l'ain-
bassadeur le chef-d'œuvre conquis par leurs soins.
Tel est le récil que me fournil une série de pièces parfai-
tement concordantes dont les originaux sont sous mes yeux.
Quant aux détails archéologiques, ceux <|ni nous intéressent
\ raiment . toute cette correspondant e est assez pauvre; la pièce
principale, l<i premier rapport de M. Brest, l'ail défaut; les
quelques renseignements que nous avons trouvés sonl ('pars
dans trois lettres dont je vous envoie !»• texte, laissant aux dé-
fenseurs des deux systè s en présence à y chercher des argu-
ments. Ceux qui soutiennent que la statue a été découverte
avec ses deux bras intacts s'empareront du mot de M. Dauriac:
«Vénus recevanl \a pomme. » Beslera à déterminer la part que
l'induction peut avoir eue dans la rédaction de cette phrase et
à examiner si !<• fait de la découverte, auprès de la statue,
d'une main brisée tenant une pomme, n'a pas suffi à I inspirer.
Lès autres, avec plus d<- force, suivant moi, pourronl s'ap-
puyer sur la lettre de M. Brest et soutenir que si les bras
avaient été brisés et perdus pendant le transporl de la statue
ou dans un combat sur la plage, M. Brest n'aurait pas eu à
faire des fouilles dans la niche pour les retrouver.
I n fait surtout me paraît ressortir de ces documents, cesl
— I ;> / —
que les deux poi lions le la statue n'onl pas été simultanémenl
exhumées. Dans la première lettre, celle du •>•"> avril, il esl
«lit expressément « j m ■ le buste seul ;i été mis au jour, el pour-
tant les fouilles avaient déjà été poussées assez loin poui
amener la découverte d'un desHermès el de la statue (reniant.
La partie inférieure de la Vénus ne fut trouvée que plus tard,
el une lettre du '.] i mai signale d'une manière toute particu-
lière la valeur de cette seconde trouvaille. S'il est vrai que les
deux blocs aient été rencontrés assez distants l'un de l'autre
pour qu'uu certain intervalle de temps se soil écoulé entre la
découverte du premier et celle du second, que devient ce récit
d'une statue debout sur son socle, au tond d'une niche, con-
templée par ses heureux inventeurs dans l'harmonie majes-
tueuse de ses formes intactes et de son installation originale:
N \ a-t-il pas lieu de douter, non de la bonne foi des narra-
teurs. Dieu m'en garde, mais de la fidélité de souvenirs
traversés par le cours des années, le bruit des controversi
1 1 nvahissemenl inévitable de la légende ? Ils sont bien ran -
je crois pouvoir l'assurer, les exemples de statues anliqu -
trouvées intactes à leur place primitive, ayant échappé, au
fond d'une niche Lutélaire, à l'acti >n du temps et des hommes,
el demeurant inviolable; quand touts' cr niait autour d'elles
non dans une catastrophe subite, comme celbs d'Hcrculanum ,
mais par I effel d'une destj uclion asseis l( nte pour transforme]
en un champ labourable le monument qu'elles contribuaient
.1 orner. S'est-on d'ailleurs bien rendu compte de la valeur
du mol niche, employé par les premier- témoins pour désigner
le lieu de la découverte ? Faut-il le prendre dans son sens
architectural, ou l'entendr d'un enfoncemenl plus ou moins
naturel, dans lequel plusieurs statues provenant d'un temple
voisin auraient été déposées ou jetées pêle-mêle? Les exëmpli
sonl nombreux d'enfouissements semblable* accompli: à I
poque du triomphe du christianisme soil par les chrétien
— 158 —
pour faire disparaître des ulules, soii par les derniers païens
pour soustraire à la profanation L'objet de leur vénération
attardée. Une étude des lieux pourrait seule nous éclairer sur
«•'•s détails el offrir les éléments de la solution définitive <lu
problème. Je ne saurais l'entreprendre aujourd'hui, el je
cède la parole aux documents écrits qu'il m'a été possible «le
retrouver.
Veuillez agréer, Monsieur le Président el cher confrère,
l'assurance de mes sentiments distingués el dévoués.
Vog i \: .
Smyrne, le •>■"> avril 1 820
A M. US MARQUIS DE BJ\ 1ERE.
Monseigneur.
M. le eoininaniianl Dauriac m'écrit <le Milo le 1 1 que. trois jours au-
paravant, il a été trouvé dans cette lie, par un paysan quipiochail dans
son champ, une statue il'1 marbre blanc, représentant Vénus recevanl
la pomme; elle esl «le grandeur plus que naturelle: ou n'a dans ce rao-
menl que le 1 >i 1 -> 1 1 ■ jusqu'à la ceinture. Gel officier esl allé la voir : la
tête lui a paru bien conservée, ainsi que la chevelure. M. le commandant
de l'Estafette l'a vue aussi el ;i trouvé l<- torse bien modelé : il pourra
donner plus de détails ,:i Voire Excellence, "n ;i «lit nu paysan que la
découverte qu il avait faite était d'une grande valeur. Il \ a des personnes
assure M. Dauriac, qui lui en oui déjà offert mille piastres. M. Brest a
obtenu des primats que la statue ne soi) pas vendue jusqu'à nouvel
onlrc Voyez, Monseigneur, si vous voulez prendre sur vous de faire
cette acquisition pour le Musée royal. Usera beau pour Votre Excellence
d avoir enrichi ce grand dépôt des ails.
Ji' la piie. etc. etc.
Signe : I.. David.
P. S. Je reçois une lettre de M. Brest : il annonce que I'- même paysan
.1 trouvé deux autres statues. L'une représente le dieu Terme H l'autre
un jeune enfant. Il me fait observer que les opinions ^oni partagées : que
quelques-uns de nos officiers oui trouvé que ces statues n'étaient pas
d'un grand prix : que quelques autres les 1 1 dées comme de beaux
lu» I opinion He nof marin ni peut pas faire autorité bui
— 159 —
«clic matière; il nous faudrait le coup d'œil d'un artiste el qous n'en
avons point à Smyr d ce moment. Les primais, m'écril M. Brest,
veulent qu'ilsoitfait présent de cette statue au drogman près du capi tan-
pacha. Notre agent consulaire a obtenu qu'il n'en serait point disposé
avant qu'il leur eût fait connaître la décision qu ii provoque, et il me
propose de faire acheter ce marbre pour compte du Gouvernement. Je
n'use prendre sur moi nue pareille dépense; je vous prie, Monseigneur,
«le me donner vos ordres le plus tel possible.
N. Ii. En marge de cette dépêche, on lit de la main de M. de Rivière :
r?La Btalue est en fort mauvais état, elle pourra être restaurée; j'ai
chargé M. le vicomte de Marcellus de racheter, il s'est acquitté de celle
commission et doit la rapporter sur l'Estafette.»
Smyi ne, le -'s i mai i v
Monseigneur,
J'ai reçu ce malin une lettre 'le M. le baron des Rotours : elle est
datée en rade de Saine-- le 39. [| arrivait de Salonique el d'Athènes où
il avait été très-bien reçu. -I allais entrer à Milo, ajoute-t-il, quand j'ai
trouvé l' Estafette qui en sortait. M. de Marcellus, qui ['emplit à bord de
cet aviso nue mission importante, avait aussi celle d'acheter la statue
trouvée dans l'île il \ a deux mois. C'est avec beaucoup de peine qu'il
esl parveun à obtenir qu'elle lui fut vendue. Je doute que j'eusse obtenu
le même succès, malgré les sacrifices (pie j'étais résolu de faire. Ce qui
rend cette acquisition pins importante que nous ne pensions, c'est que
la partie qui \ manque a été retrouvée. M. de Marcellus assure que le
travail en esl parfait et qu'elle ne peut manquer de tenir uni' place dis-
tinguée parmi les chefs-d'œuvre de l'art qui ornent encore notre Musée.
Quant a mon sentiment là-dessus, je ne puis vous le dire, la statue
étant encaissée et placée dans la cale de l'Estafette.*
Je vous félicite, Monseigneur, d'avoir saisi cette occasion d'augmenter
les richesses de notre beau musée. Mon fils, qui esl sur la corvette, me
parle aussi d'une statue d'enfant et de trois Termes trouvés en même
temps que la Vénus et livrés aussi à votre envoyé. C'est une véritable
fortune et qui fera plus d'honneur à Votre Excellence que les marbres du
Parthénon n'en ont l'ait à lord Elgin.
Je prie \ otre Excellence d'agi éei etc. el
c.
é : I David.
— 160 —
Il i e \ ICOM i i DE '■ IEL1 \ i il mii.i: H" il i \n; i s
Milo, le 26 novembre 1 8
Monsieur le Chargé d'affaires
Je prends la liberté de vous écrire ta présente pour vous accompagner
deux lettres que S. E. M. le marquis de Rivière m'a remisesàson passage
dans l'île pour vous, Monsieur. Il est parti ta i ."> pour su destination.
Son Excellence m'a laissé des ordres pour faire des recherches pour
trouver les bras et autres débris de la statue, mais pour cela faire il ae
mil urgent d'obtenir un bouljourdhj qui dous permît de faire des fouilles
à nus frais, car, dans ta même niche où elle a été trouvée, il y a lieu
«I espérer que l'on doit trouver d'autres objets
J'ai l'honneur d'être, etc.
Signé : Louis Brest.
\ Ml
Thérapie . a5 mai 1 87/i.
Monsieur le Présidenl el cher confrère .
Pour faire suite à mu communication <iu q courant, j'ai
l'honneur de vous faire savoir que j'ai enfin retrouvé la pre-
mière lettre écrite par M. Brest, quatre joun après la décou-
verte de la Vénus de Milo. L'original est conservé dans les
archives du consulat général deSmyrne; le titulaire actuel de
ce poste, M. de Burggraff, n eu l'obligeance de m'en envoyer
une copie que je m'empresse «ta vous transmettre, en suppri-
mant les passages relatifs à des affaire! I< rvici absolumenl
étrangères à la découverte de la statue. Ce document tranche
définitivement le débat, car il constate que la Vénus a été
trouvée avei m bran cassés II résuit» lomeni de celle cor-
pondanci qu< In main tenant une / lécouverte
- 161 —
dans la nielle en même temps que le torse, e( qu'elle a ét<
considérée, soit par M. Brest, -"il par les officiers de marine ,
comme provenanl de la statue : c'est cette coïncidence qui les
a conduits les un- et les autres à baptiser la statue du nom de
Vénus recevant la pomme. \in^i se trouve confirmée la conjec-
ture que j'avais émise dans ma lettre précédente.
La première partie du problèi si donc résolue, celle qui
concernait l'état matériel «lu marbre au momenl de son exhu-
mation, et je suis heureux d'avoirpu vous fournira cet égard
des informations concluantes. Quant à la seconde partie, celle
qui touche à la pose primitive des bras, sa solution n'est pas
donnée par les documents : la correspondance constate seule-
ment la découverte, près de la statue, des débris d'un bras
terminant par une main qui tient une |> ne; «'Ile ne
prouve pas que ces fragments, trouvés au milieu d'autres frag-
ments antiques, appartinssent à la Vénus; mais cette question
défait peul être élucidée par un examen comparatif du marbre
et <lu style de la sculpture, s'il est vrai que cette main et ces
débris soient encore conservés dans les magasins <lu Louvre.
Cette recherche toute technique, combinée avec l'étude des
données archéologiques fournies par la comparaison de la
statue avec les monuments ou groupes que l'antiquité nous a
laissés, peut seule conduire à la découvertc^de la vérité. Les
archives onl aujourd'hui donné, j" crois, toul ce qra elles pou-
vaient donner, et ce côté de la question me paraît ('puis/'. La
seule pièce qui nous manquât, la première lettre écrite par
M. Brest au marquis de Rivière, vienl d'être publiée par M. de
Marcellus. Elle est datée du 26 mai i8ao. Dans sa corn
pondance ultérieure, M. Brest mentionne plusieurs lois cett<
lettre du 26 mai <|ui est la base de toutes ses réclamations et
ijui parait bien être la première qu'il ait directement adressé»
à l'ambassade. Jusque-là il n'avait correspondu qu'avec le
■ilat général de Smyrne, el son premiei rapport envoyé
1
— 162 —
à M. David «•>( celui <l(int je vous communique aujourd'hui la
copie.
Pour compléter le dossier de la Vénus de Milo, je vous
adresse aussi nu extrait de La lettre écrite à M. David par
M. Dauriac, commandant de la Bonite, et qui est mentionnée
dans le rapporl du -j5 avril, dont copie était annexée à ma
précédente communication. L'original est conservé dans les
archives du consulat généra] de Smyrne.
Veuillez agréer, Monsieur le Président ei cher confrère,
l'assurance <\'- mes sentiments distingués et dévoués.
Vogué.
Rade de Milo, à bord de ta Bonite, le 11 avril 1820
A H. DAVID, COHSOl m'.\u:\I. IH ll'.wil 1 SMYftNB.
Monsieur Da> ni ,
Je vous annonce avec plaisir que nous sommes arrivés en ce port
depuis bier matin, 9 heures, après avoir été devanl Samos
Il a été trouvé il \ a trois jours, par un paysan qui piochait dans
-un champ, une statue de marbre blanc représentant Vénus recevant la
pomme de Paris ; elle esl de grandeur plus que naturelle; on n'a dans
ce momenl que le buste jusqu'à la ceinture ; j'ai <;l<; l;i voir: la tête m'a
paru bien conservée, ainsi que la chevelure; le boni d'un des seins es1
cassé. On a dil an paysan que la découverte qu'il .1 faite était d'une
grande valeur et il le croit maintenant, car il \ .1 des personnes qui lui
en uni déjà offert mille pia tri M. Bn -1 voudrait bien l'acheter pour
le Musée royal, mais il ae peut pas faire une avance aussi forte, n'en
ayant pas les moyens et oe sachant pas si l'objet les vaut et si le Gou
vernement lui rembourserait es débours; il a, malgré cela, obtenu des
primats que la statue ne soit pas vendue jusqu'i vel ordre. Il m'a
demandé quelques conseils au Bujel de cette Btatue : je ne puis lui en
donner, sonnaissant rien à la chose; il aurait fallu ici M. Iluyni
mais il n est plus h Sm\ rne.
Veuillez etc.
n, : Dauhiai
pilaini de h 6gat< 1 ommandanl la BontU
— U)3 —
Milo, le i a avril 1820.
11 nCE-CONSOJ m; PEAlfCB A MILO \ H. D.WID, CONSUL GÉNÉRAI
DE FRANCE A SMYRNE.
[e vous dirai, Monsieur le Consul général, qu'un paysan
rient de trouver, dans an champ ii lui appartenant, trois statues en
marbre, représentant l'une une Vénus tenant la pomme de discorde dans
une main: elle est un peu mutilée, les bras sont cassés, et partagée en
deux pièces par la ceinture : cria ne manque pas cependant «pie d'être
un bon ouvrage; l'autre représente le dieu Ternie, et la troisième est un
jeune enfant Les opinions sont cependant très-partagées , car il y a de
messieurs 1rs officiers qui l'ont observée, [qui] disent que ce D'est pas
iiud'cliose. et d'autres au contraire disent que c'est un fort bel ouvrage.
Les habitants, c'est-à-dire les primats, veulent qu'il en soit fait cadeau
au drogman près du capitan-pacha : j'ai obtenu qu'il u'en soit rien l'ail
jusqu'à ce que je leur donne une décision; si vous désiriez que je l'achète
pour le compte du Gouvernement, je vous prie de me donner vos
ordres.
Il nous est sans douté connu. Monsieur le Consul général , que depuis
quelque temps je lais faire des fouilles des antiquités; j'ai été assez heu-
reux . j'ai même fait parvenir au Musée plusieurs choses. J'ai dernière-
ment trouvé une urne d'une grandissime grandeur ci tus-bien conservée :
ces messieurs l'ont estimée à i,5oo piastres; mon intention est de l'en-
voyer au Muséum a Paris, mais je voudrais que ce tut par une voie
sûre; je vous la ferai passer, si vous le jugez à propos, et vous en ferez
ce que vous croirez convenable. J'aurais beaucoup à vous parler sur
toutes ces choses-la . mais il faudrait que j'eusse l'honneur de conférer
avec uni-. Monsieur !<■ Consul général.
J'ai l'honneur d'être, etc.
Signé : Koiis Brest.
M. Ravaisson, à la suite de cette communication , présente à l'Académie
des moulages, qu'il vient de faire exécuter, du fragment de bras el de la
main qui ont élé trouves en i8ao avec la Vénus de Milo, et qui sont
maintenant exposés an Louvre, dan- une vitrine spéciale auprès de la
statue.
— 164 —
H explique que ces fragments étant du même marbre ou à très-peu
près que la Vénus, el offrant les mêmes proportions, il esl probable
qu'ils lui onl appartenu; mais que, d'autre part, l'infériorité de travail
qu'ils présentent ne permet guère de 1rs attribuer au même auteur que
la célèbre statue et doit plutôt les faire considérer comme uw restaura
tion; mais cette restauration a ilù s'éloigner peu de la conception origi-
nale.
Et en effet, en examinant très attentivement ces fragments, leur forme
el celle des cassures, '\l. Ravaisson arrive à la conviction qu'ils ne peu-
vent s'expliquer que dans l'hypothèse où ils appartenaient à un bras et
une main que Vénus appuyait sur un personnage placé à sa gauche.
Vénus ne montrait pas de la main gauche ';l< vée une pomme; dans cette
hypothèse, étanl données la forme qu'affecte le fragment debras, laquelle
exige une flexion prononcée de l'avant-bras, et la disposition delà main
elle-même, qui ne retient la pomme qu'avec les deux derniers doigts
aiuVs du pouce, on n'arrive qu'à une attitude forcée, disgracieuse, im-
possible. Toul s'explique au contraire d'une manière très-simple, si Ion
admet que le restaurateur antique de la Vénus lui a donné un liras qui
revient s'appuyer sur l'épaule gauche du Mars placé à côté d'elle, et une
main qui tient négligemment une pomme, tandis que l'action principale
est celle de la main droite qui s'approche de Mars.
Loin donc que la présence des fragments dont il agit • oppose à I li\ -
pothèse qne la Vénus de Milo <:iaii groupée avec un Mars, ilssout plutôt
nue preuve de plus ajoutée à tant d'autres, que telle était lac position
primitive.
Mil.
i.l. ROM w i ni CUHONIQI i l M LANG1 1 \ 1 LGAllU
i i ih|\\ M. ||. \ KEI'RODl II PU S1EI Us PASSAI
M Natalis de Waillj se propose d'examiner quel élail c(
romani quelle dat< il faul lui i| i r, en quoi la réda<
tion qu'il contenait iui le règne de sainl Louis différai! des
rédaction» analogue qui l'avaienl précédée el de celles qui
l,i suivirent enfin de détermine) le degré de confiance qu'il
mérite . not imi enl en ce nui ci nci i ne le i<'\,<' 'I" En ri
— 165 —
leuieots de ainl Louis. Fous ces p.oinl ml été traités pai
M. Viollel dan- un travail communiqué l'an dernier à l'Aca
demie, à l'occasion de la découverte fait/3 par ce savant d'un
mplaire il is Chroniques de Saint-Denis contenant un texte
des Enseignements identique à celui de Joinville. M. de
VVaillj confirmera l'opinion de M. Viollet sur les trois pre-
miers points, mais il la combattra sur le quatrième.
Le manuscrit a6i5 du fonds français, découvert par
M. Viollet, contient tout ce que Joinville a emprunté à un
ramant, sauf un chapitre relatif à la réforme de la prévôté de
Paris. Il eu faut conclure que ce chapitre n'avait pas encore
été ajouté aux Chroniques «I»' Saint-Denis quand lui arrêtée
la rédaction du ms. a6i5, rédaction qui est antérieure à la
canonisation de saint Louis, prononcée en 1207, quoique la
copie du volume qui la contient soit de l'an 1 3 1 h au plus
tôt. La rédaction était antérieure à l'an 1297, puisqu'elle ne
donne pas à Louis l\ le titre de saint. \ cette preuve, donnée
par M. Viollet, s'en ajoute une autre, c'est que cette même
action ne contient pas les additions laites à la première
édition de la Chronique latine de Guillaume deNangis, quoi-
qu'elle modifie en \>\u> d'un point la traduction primitive de
la Vie de saint Louis, écrite en latin par ce même auteur. La
rédaction du ms. 261a est donc un texte intermédiaire entre
la traduction primitive qu'elle a modifiée el la seconde édition
de la Chronique latine dont elle ne reproduit pas les chan-
gements.
l)e> faits qui viennent d'être exposés, M. de VVaillv lire là
conclusion suivante : -I! résulte, dit-il, de différents moyens
de contrôle appliqués au texte contenu dan- le m-. 26 1 5 . que
ce texti constitue une édition des Chroniques de Saint-Denis
dont la partie la (dus récente a été rédigée sous |,. règne de
Philippe le Bel, avant la canonisation de saint Louis, et dans
laquelle on retrouve, à l'exception du chapitre relatif à la
— I(>(. —
prévôté de Paris, lous les emprunts faits par Joinville au
romani d'où il a tiré le récil de ce <|ii il n'avait personnellement
ni vu. ni ouï. Il en résulte encore <|ti<' la partie litigieuse des
Enseignements de saint Louis, qui est comprise dans cette
édition antérieure à l'an 1297, existait plusieurs années
avant la publication de l'histoire de Joinville. et que la thèse
du P. Cros, tendant à prouver que cette partie litigieuse était
le résultai d'une fraude pratiquée entre les années 1809 et
1. ').")<>. se trouve ruinée de fond en comble par la découverte
de ML \ iollct. L'ancienne rédaction d^s Chroniques de Saint-
Denis dont j'avais affirmé l'existence n'est plus désormais
une hypothèse ou une probabilité; c'esl un l'ait positif et
incontestable, qui met en pleine lumière l'autbenticité du
livre de Joinville et la vanité du système imaginé par son dé-
tracteur. »
M. de Waillj estime, en outre, qu'on peut désormais se
servir de cette rédaction comme d'un jalon pour déterminer
l'ordre dans lequel se sonl succédé celles «pu l'ont précédée
on suivie. S'appuyanl sur des Faits démontrés depuis longtemps
par M. Paris, et ajoutant de nouvelles considérations à son
propre mémoire sur l'origine des Chroniques de Saint-Denis,
il détermine ainsi la Bérie des plus anciennes éditions de ce
grand-recueil historique :
1 En l 27 6, édition amplifiée de la Chronique due à un
ménestrel du comte de Poitiers, édition dans laquelle on
trouve pour la première fois, de 1060 à 1 •>•>.">. un texte dé-
veloppé et analogue à relui des grandes Chroniques.
aa Vers l a85 , édition attribuée pour la première fois à
l'abbayi de Saint-Denis, et contenant un texte développé
depuis li ^ origines de la monarchie jusqu'en 1 9 2 3.
\\ani 1297. texte du ms. a6i5 s'étendanl jusqu'en
i-.s.;,. et contenant, pour les règnes de Louis l\ et de
Philippe III . uni rédaction nouvelle de la traduction primitive
— 167 —
des Vies de ces deux nus écrites en latin, après ia85, par
Guillaume de Nangis.
Avant iooô. même texte augmenté «lu chapitre de la
prévôté de Paris.
5° \ if de saint Louis qui a été insérée après coup dans le
manuscrit «le la bibliothèque de Sainte-Geneviève pour y
remplacer une rédaction française de Primat.
Examinant deplusprès la rédaction contenue dans lems. 2 6 i .">
• •H ce qui concernele règne de saint Louis. M.deW aillj rappelle
qu'on ne peut hésiter, après les preuves données par M. Viol-
let, à la considérer, d'une part, comme plus récente que la
traduction primitive de la Vie latine écrite par Guillaume de
Nangis au commencement du règne de Philippe le Bel; de
l'autre, comme plus ancienne que la Vie correspondante
ajoutée après coup an manuscrit de la bibliothèque Sainte-
Geneviève, '•( maintenue comme texte définitif dans les der-
nière- édiiinns des Chroniques de Saint-Denis. Il s'attache
ensuite à prouver que les modifications introduites dans le
texte intermédiaire du ms. a6i5 se rattachent à l'exécution
d'un plan qui était arrêté à l'avance, et qui s'est poursui\i
dans les texte- pins récents. L'œuvre de Guillaume de Nangis
offrait, dans plusieurs passages . soit un caractère hagiologiqui
qui a paru trop prononcé et qu'on a voulu atténuer, soit des
phrases déclamatoires ou des longueurs qu'on s'est proposé
d'abréger on de supprimer. On a voulu changer la forme de la
pensée sans en altérer le fond, et ramener le texte au ton et
au stylo «pie comporte naturellement une œuvre historique.
D'un autre côté, on \ a lait un assez grand nombre d'additions
qui donnent au récit plus d'intérêt et de variété. M. deWailly
signale particulièrement des passages qui concernent la reine
Blanche comme des pages vraiment originales, fournissant de
curieux échantillons «le notre vieille prose française, et bien
faciles à distinguer, dans les Chroniques de Saint-Denis au
— 168 —
milieu de ces traductions qui se traînent si péniblement dans
l'ornière de la phrase latine.
arrivé à la question sur laquelle il se trouve en désaccord
avec AI. Viollet, celle de l'authenticité des Enseignements,
M. de Waillj fait remarquer que son savant contradicteur,
(mil en montrant l'importance du manuscrit où il .1 décou-
vert le texte de ce document, augmenté des passages liti-
gieux reproduits par Joinville, n'a pu tirer de sa découverte
un M'iil argumenl nouveau à l'appui de sa tlièse. Ce n'est
pourtanl pas une chose indifférente que de -avoir en quel
lieu . en quel temps , par qui el comment ces passages onl été
introduits dans !<■ texte des Enseignements. Or, comme
M. Viollet a prouvé que l'addition s'est faite à l'abbaye de
Saint-Denis el avanl l'année 1 297, M. de Wailly tire de cette
! »uble circonstance des présomptions nouvelles en faveur «le
son opinion. L'abbaye de Saint-Denis avant une sorte <lr mis-
11 officielle pour exécuter un grand recueil historique, la
présomption esl qu'elle ne devait pas servir d'abri à un faus-
aire. Les travaux de rédaction ayant été poussés avec une
grande activité de ia85 à 12975 ce faussaire n'aurait trouvé
alors ni un temps convenable pour pratiquer sa fraude, ni
surtout un moyen sûr pour la dissimuler. En effet, ces tra-
vaux ne s'exécutaient pas à l'aventure, mais il \ avait un plan
arrêté, des tâches données, un contrôle exercé; l'introduction
des pa litigieux n'a donc pu passer inaperçue : ajoutés
dan- le texte intermédiaire el maintenus, plus lard, dans le
i xte définitif, \\^ <»ni été -,,111111- à plusieurs examens succes-
sifs comme les autres passag - fort nombreux, où l'on c ms-
tate que la traduction 1 1 imitive de la \ ie latine de Guillaume
de \an;;is a été modifiée a vanl cl après 1 297, par des addi-
tions, des retranchements ou des variantes. Comment admettre
que toutes ces corrections soienl 1 en . excepté celles qui
*■ rapportent aux Enseignements de sainl Loui
— [69 —
M. <!<• Waillj montre ensuite que ses anciennes objections
contre la thèse de M. Vioilel ont conservé toute leur force, il
avait dit el il maintient que le passage relatif aux ménagements
qu il convenait de garder avec les communes et les bonnes
villes, afin d'j trouver au besoin un appui contre la noblesse,
était on conseil politique qui avait du être retranché du texte
des Enseignements produit pour l'enquête sur la canonisation
de samt Louis, attendu que la plus \ ulgaire prudence obligeait
à le tenir secret. On a cru réfuter cette objection en disant
que ce passage avail été publié avant la canonisation, et pré-
cisément dans le texte le plus populaire, le plus répandu,
lui des Grandes Chroniques de Saint-Denis. Or cette réponse
porte complètement à faux. D'une part M. Vioilel confondla
rédaction d'un texte avec sa publicité; <lo l'autre, il assimile un
livre en langue vulgaire à un livre populaire. Ce qui est parfai-
tement établi dans son mémoire, c'est que le texte du manus-
crit a6i5 a été rédigé avanl 1297; mais la question de la
publicité, qui est toute différente, n'y ost même pas abordée.
<>n sait bien que Joinville a connu ce texte, au temps où il
ccupail d'écrire son livre, c'est-à-dire en i3o5. D'autres
que lui en ont-ils eu communication à une date antérieure ?
C'esl ce qu'on n'a aucun droil d'affirmer. En soi la chose n'est
pas impossible, mais la preuve manque. Quanta la popularité
de ce même texte, e||(> n'esl même pas vraisemblable. A en
juger par le manuscrit 26 1 à dont il occupe la première moitié,
,-f' livre, qu'on se figure -1 populaire et si répandu, aurait
pesé environ quatre kilogrammes. In tel ouvrage, qui ne
pouvait facilement se mettre en circulation, coûtait d'ailleurs
beaucoup trop cher pour n'être pas d'une grande rareté.
Quand M. Viollet ajoute qu'il considère en bloc •• connue des
's populaires et de vulgarisation les Chroniques de Saint-
Denis,- il trahit lui-même par le rapprochement de ces deux
mots la confusion qui s'est opérée dans son esprit.
I -2
— 170 —
M. \ ii il lil s'est donc la il illusion sur la portée de sa réponse :
rien ne prouve que le texte du manuscrit a6i5 ait eu de la
publicité avant l'année 1397, el toul porte à croire qu'il n'a
jamais pu être un texte populaire. On doil se borner à penser
qu'il ;i trouvé ac< es chez de riches personnages el dans quelques
maisons religieuses. Ce uni eût assuré la diffusion de la \ ie de
lainl Louis contenue dans le manuscrit :>(n.>. c'eûl été ce
que nous appelons aujourd hui un tirage à pari. Or, on ne
connaît pas un seul manuscrit qui renferme ce récit sous
forme de copie isolée dans un format un peu portatif. Au
contraire, il existe au moins trois exemplaires de la traduction
primitive du texte de Guillaume de Nangis, quoique cette
traduction ait été supplantée par celle du manuscrit a6i5.Ce
qui est surtout à remarquer, c est que, parmi les nombreux
manuscrits qui renfermenl les Enseignements «le saint Louis
à l'étal de pièce isolée, on n'en signale pas un seul qui repro-
duise le texte du manuscrit s6i5. Donc le conseil secret
de politique n'a pas été ébruité : donc le texte rédigé avant
i->()-. loin de devenir populaire, n'a jamais eu qu'un très-
petit nombre < !<" lecteurs.
••.!<• le demande maintenant •wf*- toute confiance, <lil M. «le
Wailly, est-il probable qu'il se s<ut trouvé dans l'abbaye de
Saint-Denis un moine assez dévoué aux communes pour pro-
pager ses opinions par un Faux, assez hardi pour les dissimu-
ler SOUS la forme d un conseil de saint Louis à son fils . assez.
babile pour trompi r la surveillance qu on exerçait sur ses tra-
vaux ? Qu'est-ce qu^ toute ■<■• hypothèses, sinon des invrai-
semblances accumulées les unes sur Ic^ autres? \ quoi bon
c< tte fraude ? Qui voulait-on tromper, toul le monde en géné-
ral . "ii le roi en particulier' I 1 - questions étaient posées dan
mon précédent mémoire; pourquoi n\ a-t-on pas répondu,
sinon parce qu on na pas trouvé de réponse suffisants a \
l'aii •• " •■
Iprès < i \ < < 1 1 justifié l'authenticité du passage relatif ;iii\
ommuues, M. de Waillj montre qu'il n'y a pas d'objection
sérieuse à élever contre d'autres phrases d'un intérêt tout à
lait secondaire, tjui ni- se rapportent qu'à des détails de
simple administration. A quoi hou fabriquer de faux enseigne-
ments pour recommander de maintenir les bonnes coutumes,
d'abaisser les mauvaises et de ne pas lever de tailles sans
grande nécessité? Qui a pu imaginer que saint Louis pensât
le contraire, et quelle uécessité de mentir pour lui faire dire
des vérités qui n'apprenaient rien à personne? Voilà pourtant,
avec le passage relatif au\ communes et aux bonnes villes,
lesprétendues interpolations qui auraient été pratiquées dans
le texte du manuscrit :>li 1 5.
Tous ers passages sont donc authentiques, et il n'est pas
difficile de s'expliquer pourquoi on a pu les retrouver à l'ab-
baye de Saint-Denis. Le texte complet des Enseignements \
avait pu /-Ire apporté par un personnage qui fut eu position
«le le connaître et de le garder par devers lui : ce personnage,
c est l'abbé Mathieu de Vendôme , successivement choisi comme
régeni par saint Loin- el par Philippe le Hardi. Il avait pu
en celte (piaillé', non-seulemcnl donner son avis sur les pas-
sages qu'il était nécessaire ou loisible de soustraire à la pu-
blicité de l'enquête, mais encore être chargé de veiller à
I exécution de la mesure qui avail été définitivement arrêtée.
II est donc nature] que Geoffroy de Beaulieu ait dû commu-
niquer la minute de son abrégé à relui que Guillaume de
Nangis appelle le principal conseiller du royaume, et lui obéii
••il faisant ensuite les retranchements convenables. Lue copie
• h- cette minute aurait pu se conserver à l'abbaye de Saint-
Denis, et fournir tous les passages qui ont été rétablis dans
le texte du manuscrit a6i5. Mais il est plus vraisemblable
que, pour opérer cette restitution, on a eu recours au texte
complet des Enseignements. Or, il esl arrivé' que là, comme
a .
ailleurs, hi rédaction contenue dans Le manuscril 2bi5 est
restée assez voisine de la traduction primitive du lexte latin
de Guillaume de Nangis. L'abrégé de Geoffroy de Beaulieu,
inséré dans cette traduction, n'a pas été soumis à une correc-
tion de détails, mais seulemenl augmenté d'un petit nombre
d'additions qui durenl être inscrites entre les lignes ou â la
marge de l'exemplaire servanl de brouillon au nouveau ré-
dacteur. Quant au rédacteur du texte définitif, qui se donne
généralement plus de liberté que celui du texte intermédiaire,
il ne s'est pas fait scrupule de modifier la forme de l'abrégé
quand il pouvait reproduire plus fidèlement celle du texte
original. I)<> là les variantes plus nombreuses et plus accen-
tuées qui caractérisent la rédaction contenue dans le manus-
crit de la bibliotbèque Sainte-Geneviève.
Telles sont le.s explications que M. de Waillj propose
comme pouvant rendre compte des données de ce problème
historique et littéraire. S'il s'en présente d'autres qui soienl
meilleures, il e>i prêt à les accepter, pourvu qu'elles se con-
cilient avec sa conclusion principale, qui est de repousser ab-
solument l'hypothèse d une interpolation frauduleuse pratiquée
(Luis le texte des Enseignements de saint Louis.
•• M;iis je m' veux pas, dil-d. terminer ce mémoire par une
parole de contradiction adressée à un savant dont je ne cesse
pas d'estimer les travaux, alors même que je me crois obligé
de les critiquer. J'ai-besoin de le remercier de m'être venu en
aide contre un autre adversaire qu'il a, suis le combattre,
réduit à l'impuissance, en prouvant que le livre de Joinville,
quelle que son' i issue de celle controverse, doit être mis hors
de «anse et restera l'abri de tout soupçon. .1 ai besoin surtout
de le féliciter d avoir éclairé dune vive lumière une question
d'histoire littéraire plus obscure et plus difficile à résoudn
-Il <si dé nrmais certain, grâce à M. Viollet, qu'avant
1397 "H ;i\;ui traduit à l'abbaye de Saint-Denis et réuni en
— 173 —
corps d'ouvrage une longue série de textes historiques com-
prenant les annales de la monarchie française, depuis son
origine jusqu'à la mort de Philippe le Hardi. L'exécution de
ce grand travail se partage donc entre L'administration de
Mathieu de Vendôme (de ia58 à ia86) et celle de Renaud
Giffarl (de 1 986 à i3o4). Le premier, mêlé comme régent à
la pratique des affaires el mis en contact avec toutes les
.lasses de la société, esl bien digne d'avoir compris qu'une
histoire écrite en langue vulgaire devail être appropriée par le
fond '-i parla forme de ses récits aux nouveaux lecteurs qu'elle
était destinée à instruire et à intéresser. Ayant connu de près
saint Louis, il esl naturel qu'il ait voulu lui susciter des liis-
loriens au sein de son monastère, et l'on peut croire qu'il lit
choix de Primai el de Guillaume de Nangis pour reprendre
l'œuvre interrompue «le (iilon de Reims. Le savant travail de
M. Delisle permettrait même de supposer que ces deux moines.
obéissant chacun aux ordres de leur abbé, étaient, à l'insu
l'un de l'autre, occupés à écrire la même histoire. Quoi qu'il
en suit, le récil du règne de saint Louis ne cessa pas d'être,
pour ainsi dire, mis au concours jusqu'à ce que <h'> change-
ments successifs l'eussent amené à la forme qui fut définitive-
ment adoptée. On ne saurait douter que Renaud Giffart n'ait
pris une part importante à la surveillance de ces travaux his-
toriquesei à L'exécution des plans de son devancier. Voilà pour-
quoi, sur la miniature du manuscril de la bibliothèque Sainte-
Geneviève, le personnage principal après le roi, ce n'est pas
Primat agenouillé pour présenter son travail, c'est l'abbé de
Saint-Denis, revêtu de ses habits pontificaux, la mitre en
tête, le bâton pastoral dans la main gauche, et la main droite
('■tendue vers le livrequi vient d'être achevé. Ce n'est pas non
plus Primat, c'est l'abbé qui, en son nom et au nom des
moines dont il est accompagné, offre au jeune roi l'œuvre
commune de sou monastère, et 1 exhorte à profiter des enset
7'.
gnemeiils contenus dans ce livre, en imitant les bons princes
el en fuyant l'exemple «les mauvais. Il ne faul pas \oir dans
ce dessin une œuvre d'imagination . mais le commentaire eyact
et \iviinl de la pajje d'histoire littéraire que nous ;i révélée la
découverte <l»' .M. \ iollet. ••
APPENDICE.
RAPPOR1 --ri; LES INSCRIPTIONS CAMBODGIENNES ADRESSEES \ l MMiKMll
LE •> IVRIL 1 87^.
Messieurs.
M. I amiral de Dompierre d'Hornoy, Ministre de la marine <•! des
colonies, a envoyé a I' académie sepl grandes inscriptions cambodgiennes
dont deux en estampages el cinq en copies, écrites en caractères cam-
bodgiens modernes, d il demande I avis de l' académie pour savoir s'il
doit faire exécuter le même travail sur les autres inscriptions qui se
trouvent sur les anciens monuments <\i\ Cambodge.
' 1 - monuments, surtout ceux d Ingkor, -nui des merveilles de gran-
deur el de richesse architecturale; ils ont l'ail l'admiration des voyageurs
cliiiniis an mu siècle el fonl la nôtre depuis que Mouchol les a retrouvés,
il \ .1 une dizai ('années. Leur ensemble fournil la preuve irrécusable
de l'existence prolongée d'un puissanl empire, mais nous n'avons encore
que des iwliraiidii» l<»rl vagues sur la dynastie sous laquelle ils ont été
construits; nous ne pouvons pas leur assigner de dates précises; nous ne
nous expliquons «pas encore le mélange de mythologie brahmanique el
bouddhiste que nous offrent les bas-reliefs qui en couvrenl les murs. Tous
ces problèmes ne peuvent trouver leur solution que par l'étude des nom-
breuses inscriptions gravées sur les monuments. Celte étude n'a jusqu'à
présent fait que <\f faillies progrès, et ces progrès cependant nous
donnent la certitude que les difficultés de l'interprétation de ces textes
ne résisteront pas longtemps aux méthodes philologiques de notre temps.
M. Janneau était parvenu à en déchiffrer l'écriture el à s'assurer que les
textes n'élaienl \>-^ en pâli, comme on étail porté h le supposer, mais
en ancien cambodgien dialecte aujourd hui à peu près inintelligible
que w 1 1 prématuréi l'a empèchi d'éludiei Un prAtri bouddhiste a
17."» —
donné a M. Garuier une Lraduction approximative de quelques fragments
o!e ces inscriptions, h les copies eu caractères modernes que M. le Mi-
nistre bous ;i envoyées montrent <pi il \ h des hommes du pays qui
paraissent pouvoir lire, sinon comprendre, ces anciens tes
Quand on possédera la collection complète des inscriptions, ei quand
on aura à sa disposition les ouvrages anciens de la littérature cambod-
gienne dont M. damier l'ail mention, la solution du problème sem
proche el certaine.
L'importance <le ces inscriptions n'est donc pas douteuse, et la pre-
mière chose à Paire est de s'en procurer des représentations absolument
exactes pour pouvoir les livrer à l'examen des savants el pour les sous-
Lraire à tout jamais aux chances de destruction qui menacent tous les
monuments anciens. Mais, pour obtenir des reproductions qui puissent
servira une publication, il faut des méthodes plus rigoureuses que celles
qui ont été employées pour les sept inscriptions que M' le Ministre nous
;i communiquées, et qui sont en partie copiées en caractères cambodgiens
modernes, en partie prises par empreintes sur papier. Or, les copias, ou
plutôt les transcriptions en d'autres caractères, seront des auxiliaires
ntili^ pour la lecture des textes, mais ne peuvent jamais remplacer
eeui-ei. C'est parfaitement évident, et il serait inutile d'j insister.
Quant aux empreintes que nous avons reçues, elles laissent beaucoup
à désirer. On a enduit d'une couleur noire la surface <l»' La pierre, et on
v u applique un papier tres-miiice [tour faire ressortir l'écriture en blanc
-ur un l'oml noir: mai.- la couleur est entrée dans le creux «les lettres, et
il eu est résulte des empreintes extrêmement brouillées. Quelques spéci-
mens d'inscriptions d1 Vngkor que M. Garnier a insérés dans sou ouvrage,
et lies empreintes qui se trouvent en différentes mains à Paris, prouvent
qu'on peut obtenir par cette manière <l<> empreintes parfaitement nettes
quand on s \ prend bien et quand la surface parfaitement lisse de la
pierre le facilite. Mais il nous parait plus sur de se servir de la méthode
que recommande notre Commission des inscriptions sémitiques et qui
consiste dans les empreintes sur papier blanc QOD collé, et nais vous
proposons de joindre h ce rapport quelques exemplaires de la pnbhca
lion de cette Commission pour que M. le Ministre puisse les envoyer*
Saïgotm.
Votre Commission propose en conséquence à l'Académie d'adi
\1. le liinistre des remercunents pour l'intérêt éclairé qu'il a montré
pour les recherches historiques eu Cochinchine, et de le prier de faire
reproduire toutes les inscriptions en caractères anciens qui se trouvent
— 176 —
sur les monuments, dans toutes les parties de la colonie et du Cambodge.
La meilleure reproduction sciait par le moulage en |>l;Uiv. el Ton devrait
y procéder partout où les eirconstances le permettent. Là où le moulage
De sérail pas praticable, il faudrait faire :
i Une photographie en plusieurs exemplaires;
■?." \ oe empreinte aussi soigneusement faite que possible sur papier
blanc oon collé, et, s'il se peut, en double on en triple;
3° Une transcription en caractères modernes cambodgiens telle que
celles que nous avons sous dos yeux, si l'on trouve an bomme du pays
pour la faire:
*\° Enfin indiquer avec précision la localité du m< menl et la place
exacte que l'inscription \ occupe.
La réunion de ces matériaux pour chaque inscription permettrait d'en
publier des reproductions fidèles.
Si les circonstances s'j prêtaient, il serait très-désirable qu'on pûl
obtenir des reproductions semblables <\r* inscriptions qui se trouvent
sur des monuments de la même espèce situés dans le Cambodge siamois.
Nuiis savons par M. Gamier que ces monuments sont très-exposés à être
détruits par les Siamois, et il importerait de sauver an moins les inscrip-
tions qui doivent compléter les données fournies par les monuments sin
territoire français.
Ce point nous amène à une dernière re<- maodation que votre Com-
mission désire adresser avec les plus vives instances à l'attention bien
veillante de M. le Ministre : elle a pour objet la conservation de ces mer-
veilleux monuments que la fortune a nus dans la possession ou sous la
protection de la France. Toul conspue perpétuellement, et en tout pays,
contre les monuments en pierre taillée qui ne sont pas protégés par un
maître. Partout les indigènes les emploient pour leurs masures, les ingé
meurs civils el militaires les démolissent pour leurs roules, leurs barrages
el leurs fortifications, les architectes v trouvent des carrières de maté
riaux toul façonnés, el les curieux el les pourvoyeurs des musées euro-
péens les mutilent el les dégradent pour déposer quelques fragments
dans leurs collections. Ces dévastations onl duré trop longtemps el Boni
allées si loin que l'opinion publique a fini par se révolter contre elles, et
l'Académie a certainement applaudi M. de Fourtou, Ministre de lin-
traction publique, lorsqu'il a annoncé dans une occasion solennelle.
pi il négociai I avec des gouvernements étrangers pour arrêter des pro
cédés barbares ou intéresse-, quj oui déjà défiguré ou fait disparaftn
tanl de monuments anliqut -
— 177 —
aujourd'hui le moulage en plâtre et la photographie suffisent aux
besoins de la science -;ms amener aucune dégradation, el nous sommes
convaincus que M. le Ministre de la marine partagera l'opinion de l'Aca-
démie, que l'honneur tic la Fiance est intéressé à la conservation des
monuments du Cambodge, et qu'il les protégera en les déclarant monu-
ments historiques, et en donnant les ordres les |>lu-> sévères >\>' ne les
laisser entamer par personne el sous aucun prétexte.
Le rapporteur de la Commission .
.Il LES MnlIL.
— 178 —
LIVRES OFFERTS.
SB&NI E Dl MERCREDI 1rr AVRIL.
(Séance avancée à cause «lu Vendredi saint.)
Sont offerts à l'Académie:
Principe universel du mouvement et des actions île In matière résultant de
la découverte de celte loi générale : la force vive se transmet mieux cidre
corps semblables qu'entre corps différents , et applications a la matière comme
à la vie, par M. Trémaux (broch. in-8°).
M. le Président dit que l'auteur, présent à la séance , aurait voulu ex-
poser lui-même a l'Académie les conclusions de son ouvrage, ce que 1rs
usages de I académie n'ont point permis de lui accorder.
M. Renan présente à l'Académie des fragments syriaques des Homélies
de saint (j/rille il' ilexandrie, publiés par M. \Y. Wright, et complétant
l'édition donnée de ces homélies par M. Payne Smith (broch. in-'i°).
I es fragments sonl extraits de divers débris de manuscrits syriaques
tirés des couvents de Nitrée, que l'on a cru souvent épuisés, et qui ne
cessent 1 1< •; i n 1 1 1< >i 1 1-- de rendre encore des textes intéressants.
M. liiH.MMT. Secrétaire perpétuel honoraire, offre à l'Académie in
Sainte Bible, Ancien Testament; traduction nouvelle d'après le texte hébreu.
vol. in-8'.)
L'église de Genève ;i publié successivement en i588, puis en i8o5,
des traductions complètes des livres saints; aujourd'hui la compagnie
des pasteurs de la même église, voulant donner une traduction i<mi ;t fait
neuve, Faite sur les textes sacrés, en a confié le soin à l'homme le plus
éprouvé qu'elle <'ùi dans son sein, M. Louis Segond, docteur en théo
logie. Cette traduction nouvelle avail été précédée, à unan seulement de
distance, d'une version dn Nouveau Testament, par un membre delà
même société, M. le professeur Ottremare. M. Guigniaul n'a pas reçu
encore cette traduction, <■! attend qu'il I ;iii pour présenter des observa-
lions d'ensemble Bur ces travaux importants, qui onl d'ailleurs, dit-il,
dans les disciples <!<• M. de Sacj . membre de I académie, des apprécia-
t < ■ 1 1 r g | > f ■ ■ - autorisés,
\l ru I.MM.i'i'i.iM nffrp .1 l'Académie, ■<" nom d< M. François Lenor-
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niant, un deuxième fascicul< de l'ouvrage autographié qui a pour litre:
Choix de textes cunéiformes inédits ou incomplètement publiés jusqu'à ce
jour.
-Kn tête "!-• ce fascicule, dit-il, se trouve une liste des derniers rois
«le Saze pendant le vui'el tout le vu' siècle avanl notre ère : ces princes
sont au nombre de dix-neuf.
irPuis la copie des inscriptions siiziennes, et enfin diverses inscriptions
des rois d'Our appartenant à l'époque primitive, el des mis de Karrak
du \m\ siècle, époque très-reculée si on la rapproche de nos dont
historiques occidentales, mais contemporaine des époques égyptiennes
parfaitemenl reconnues, grâce aux monuments.
-La publication de M. IV. Lenormanl es! destinée à mettre entre les
mains des philologues une série de textes qui les aidera dans leurs
travaux. Les litres placés en lête de chaque article fournissent déjà une
idée du contenu ou «le l'âge destextes.j
SÉANCE DU VENDREDI 10 AVRIL.
Le Secrétaire perpêtdei présente a l'Académie, au nom de M. Bar-
i]i>:lein\ Saint-Hilaire, di l'Académie des sciences morales ef politiques,
la traduction qu'il avait annoncée du rapport sur les ïntiquités troyennes
de M. le docteur H. Scbliemann, traduction faite par notre savant corres-
pondant, M. Rangabé. 1 n riche et bel allas, compose d'illustrations et
de photographies, est joint, comme la première lois, à cet ouvragé.
Les remerciments de l'Académie seront adressés à M. Barthélémy
Saint-Hilaire. avec prière de le- transmettre a M. le docteur Scbliemann
et a M. Kangahé.
Le Sb< ci', i ■ vii:k PEBPETCEL offre encore à [' \c,idemiè :
Sainte Cécile ei la société romaine (1 vol. in-'r). ouvrage publié pai
\l. F. Didot. membre libre de l'Académie, avec ce luxe intelligent el
vraiment scientifique que l'on avait pu apprécier déjà dan- sa belle édi-
tion de Joinïil/c , due aux soins de M. de WailK.
11. A. Mur.v présente à l'Académie, au nom de M. Héron de Ville-
», une brochure m-V. intitulée: Des mesures en usage en Brie aux
vin' et i/i" siècles.
M. Héron de \ illefosse a cherche à éclaircir la question assez obscure
des mesures en usage dans quelques li<u\ de la France, el il l'a l'ail
d'après des documents inédits.
M. Eggef présente égalemenl :
— ISO —
i \n nom de M. Adolphe Espagne, une brochure m-'i" ayant pour
titre : Proverbes et dictons populaires recueillis à Aspiran, petit travail
intéressant pour la connaissance des mœurs et de la langue de cette
contrée;
Votice de quelques inscriptions grecques observées dans diverses col-
lections, par M. Robert Mowal (in-8°).
Les inscriptions ont pou d'importance, mais elles smil relevées avec
une exactitude, ei expliquées avec une méthode qu'on ne saurait trop
louer.
SEANCE Ml VENDREDI 1 7 AVRIL.
Le Secrétaire perpétdel présente a l'Académie une Dissertation en rou-
main sur un vase d'argile portant le nom de Décébale, découvert à Blbis,
en France, Noie archéologique par M. Odobesco, membre de la Société
académique roumaine el «lu Comité, archéologique de Bucharesl (Bucha-
rest, 1 <s 7 - ► - in-f°, avec une image chromolithographique).
M. m'Avkzac [) résente un fascicule intitulé : Archivio storico lotnbardo,
giomale délia Società storica lombarda , e bollettino délia consulta archeo-
logica del musc,) storico artistico di Milano (mars 187/1 , in-l
rr L'Italie, dit-il, une aujourd'hui, ne peut cependant effacer le sou-
venir des anciennes autonomies entre lesquelles son histoire était partagée.
lum ne faut-il point s'étonner de voir des Bociétés historiques spéciales
s'organiser dans les vieilles capitales où persistent les traditions el sont
accumulées les archives.
t Outre l'intérêt du culte îles gloires domestiques, les esprits élevés
aiment à espérer, des études de ce genre, nue direction noble et féconde
a donner à l'activité de la jeunesse des classes distinguées. A ce pointde
vue se sont placés des hommes d'élite qui, réunis autour du célèbre his-
torien César Canin, mil récemment organisé à Milan une Société histo-
,,- lombarde, qui aura tout d'abord à sa portée le riche trésor des
archives d'Etat, ouvert aux recherches Bérieuses avec une admirable
libéralité , aidée de l'expérience de l'éminent directeur el aussi de quelques
familiers de ces richesses séculaires, tels quele comti Porro, le marquis
d'Adda,etc. On projette une ir Bibliothèque historique* où les documents
se réuniront par volumes; on commence dès à présent nue Bévue tri-
mestrielle, et le premiei cahier en est déjà offert à l'appréciation <\>\
monde érndil el lettré, sous le titre que j'ai indiqué plus haut.
I n me faisant envoi de ce premier fascicule l< lavant éditeur exprime
— 181 —
le vœu mie le Recueil --"il avanl toul jugé digne il un bienveillant accueil
de la pari de l'Institut de France, auquel il me prie de le présenter en
-m nom. Pour satisfaire convenablemenl a ce désir, il m'a semblé que
l'hommage devait s'adresser à la fois à deux de uns Académies, d'une
pari ;i celle à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir, et qui range l'érudition
historique approfondie parmi les plus sérieux objets de son programme;
d'autre part, à celle des Sciences morales el politiques, où M. Candi se
trouve inscrit lui-même parmi les correspondants de la section d'Histoire
• el philosophique. Toutes deux paraissent devoir trouver un
■ aux publications de la Société nouvellement fondée à Milan:
utes deux ne peuvenl manquer de les accueillir favorablement.»
M. Dblisle offre à 1 académie, de la pari de M. Jules Loir, un fragment
inédit de lu 1 ie de Louis I // préparée par Suger \ exlrail de la Bibliothèque
«le l'École des chartes, t. \\\l-
-On savait . dit M. Delisle,par un témoignage «lu xu siècle que Sugei
avait entrepris de composer une vie de Louis \ll. mais on n'avait jus-
qu'à présent trouvé aucun vestige de cet ouvrage. \l. Jules Lair, en
recueillanl les matériaux d'une édition critique de l'Histoire dés ducs de
Normandie par Guillaume de Jomiég s, a remarqué dans un manuscrit
du xii' siècle, venu de Saint-Germain-des-Prés, le commencement d'une
vie de Louis \II. qu'il a sans hésitation attribuée à Suger. Le fragment
contient en effel plusieurs particularités qui ne peuvenl convenir qu'au
•lui' abbé de Saint-Denis, et l'attribution proposée est toul aussi in-
contestable que si le nom de l'auteur étail expressément indiqué dans le
ie\te.
•r Le manuscrit d'où M. Lair a tin' ce précieux fragment est un recueil
de notes el d'extraits qu'un chroniqueur de la fin du,\u siècle avait jetés
pêle-mêle sur des cahiers, el dont 11 comptait se servir pour rédiger une
de ces compilations historiques comme le n^^f de Philippe-Auguste en
vit naître plusieurs. La confusion de ce recueil de notes explique l'oubli
dans lequel le fragment de la vie de Louis \ Il esl resté m longtemps. En
effel . ce recueil a été fréquemment consulté depuis le xvii* siècle: les dif-
férents éditeurs des œuvres de Suger s'en sonl même servis pour établir
le texte de la vie de Louis le Gros ; mais personne n'avait songé à le sou-
mettre à une analyse détaillée el rigoui I est ce <|u"a entrepris
M. Lair, et il a été récompensé de s;i peine par une des puis intéressantes
découvertes qui aienl étd faites de nos jours dans le domaine de la litté-
rature historique du \u siècle.
ri.e morceau qu ii vienl d'exhumer esl une des plus belles pages de
e
r
— 18"2 —
Suger. I! nous Eail connaître, pour les commencements du règne de
Louis VU, trois événements considérables, donl il n'existait aucune raen
lion dans les doci nts publiés jusqu'à présent. On ) remarque surtoul
le récil très-dramatiq l'une insurrection communale à Poitiers, récil
.jiii fori -a désormais l'un des plus curieux chapitres de l'histoire des
origines municipales dans les provinces de l'puesl de la France.
it L'exactitude des renseignements nouveaux Fournis par le fragment
que M. Lair vient de publier était suffisammenl garantie par le nom mêmr
de Suger; mais, par une heureuse coïncidence, plusieurs île ces rensei
gnements viennent d'être pleinement confirmés parmi texte «In xn' siècle,
un gistré dans !•• carlulaire il.' l'abbaye il'1 Talmonl que M. de la Bou-
etière vienl de publier pour la Société des antiquaires de I < >uest.
tLe travail de M. Lair apporte donc un notable supplément aux an-
ciennes éditions de Suger el comble une lacune dans dos annales <lu
\u siècle.»
M. I'ii.wn présente au nom «le M. Maurice Vernes deux volumes in-8°,
intitulés, l'un ; Histoire îles idées messianiques depuis Alexandre jusqu'à
/'empereur Hadrien; If second: Le peuple d'Israël et ses espérances rcla-
tives ù son avenir, depuis les origines jusqu'à l'époque persane (V siècle
avant .1. (',. ; essai historique).
■\l. Vernes, ajoute M. Kenan. esl un élève instniii «le M. Golani. Il
discute avec critique l'époque de la composition des ouvrages qui, i«'ls
que I*' livre d'Hénochet les livres pseudo-sibyllins, marquent le progrès
delà croyance au Messie, depuis l'époque où elle prend quelque préci-
sion jusqu'à la révolte de Barkokeba, qui signale a peu près sa disj>;i-
rition. -
sKANOK DU VENDREDI 2fl IVHIL.
\l. Trûbner, libraire-éditeur à Londres, adresse a l'Académie les W<
langes de Colebrooke, avec la vie de l'auteur, el l'ouvrage sanscrit, en
: Wataparisksha, donl M. Muir, correspondanl de I académie, lui
iil annoncé le prochain envoi.
Sniil offerts m nuire :
Ortografia de lu lengua castellana . reducida » »»" wla régla , par l>. \ in-
. ente Puyalsde la Bastida | broch. in i
Monnaies gauloises des Séquanes, par M. \ Castan (broch. in-4" ,
\|. m i.i.m.im un i; offre «le la pari de l'auteur, M. Léon d'Hervey, un
nouveau Fascicule 'le 5o pages de la traduction de l'Ethnographie des
peuples étrangers, de Via touan-lin.
— 183 —
i <• cahier considérable contient la lin du chapitre relatif au Japon el
la chronologie des souverains de ce pays, depuis les temps fabuleux jus-
qu'au \nir siècle de notre ère.
Puis le commencement du chapitre relatif au royaume de Kao-kiu-li,
donl le nom, abrégé plus tard en Kao-li, el prononcé Koraï suivant le
mode japonais , est devenu pour nous (im-ée.
Dans un appendice le savanl traducteur expose diverses remarques
au sujel ili' l'histoire du Japon. Il (ail observerque les Chinois, qui avaient
une littérature longtemps avant (|iie les Japonais eussent pratiqué l'écri-
ture, fournissenl des détails que ces derniers n'ont pas connus en ce qui
touche leur propre pays.
M. Ed. Lb Blant présente l'année 187;} dn Bulletin d'archéologie chré-
tienne, de M. de Rossi traduit par le chanoine Martigny. Ce n'es! pas
seuiemenl une traduction que donne M. l'abbé Martignv dans cette édi-
tion française; il y joint des notices très-utiles pour expliquer aux per-
sonnes peu versées dans l'archéologie certains termes, certaines questions
qui pourraient les embarrasser, (i'esl ainsi que nous rencontrons, dans
la série des fascicules déposés par M. Le Blant. des noies savantes et pré-
cises -1 ii- les arenaria et les cryptée arenarùe, si souvent nommés dans
l'histoire des catacombes; sur un nom mystique de l'Eucharistie (Ta
kyaBàv : sur le titre de primicerius ; sur l'époque où fut figuré pour la
première fois I»- crucifix. Il y a là, à côté de la traduction, une œuvre
de vulgarisation éminemment utile à qui veut connaître les origines «lu
christianisme.
M. d'Avezac dépose sur le bureau de l'Académie deus tirages à pari
un l'on rond compte de plusieurs de ses travaux :
// tibro (h Ferdinando Colombo .
Bibltografia : h' Ivezac, La mappemonde du vttï Siècle de Saint-Béat de
Liébana. Paris, Ghallamel aine, 1870.
SÉANCE 1)1 VENDREDI 1 "' MAI.
Le Secrétaire perpéti;i:i. présente le fascicule des Comptes rendus de
l'Académie (1" trimestre de 1 876 ).
M. L. Delisle offre à l'Académie un opuscule de M. Tamizev de Lar-
roque intitulé : Lettres médites du cardinal d'Armagnac.
irLe cardinal Georges d' Armagnac, dit-il. a joué au wi >iècle un rôle
considérable dans les négociations diplomatiques el dans l'administration
du midi delà France. Il est connu parle zèle qu'il mit à protéger les sa-
— 184 —
vants, à faire venir en France des manuscrits el des marbres il Italie, et
à Favoriser les publications de textes anciens. Sa vie n'a cependant jamais
été l'obiel d'un travail critique et approfondi. M. Tamize\ de Larroque
a donc été bien inspiré en recueillant et «m discutant les témoignages qui
peuvenl servira restituer la biographie d'un «les plus illustres prélats du
xvi* siècle. A sa dissertation il a joint le texte de quarante-six lettres du
cardinal , et l'analyse d'un certain nombre de pièces de moindre intérêt,
documents, fort curieux en eux-mêmes, sont accompagnés de com-
mentaires qui en rendent la lecture facile el en augmentent la valeur. Le
seul regret qu'on éprouve, c'est que l'éditeur o'ail pu faire entrer dans
sa publication soixante-deux lettres (\u cardinal d'Armagnac, que M. le
comte de la Ferrière a signalées dans les collections de Saint-Pétersbourg, i
SÉANCE ni' \ BNDRED1 8 MAI.
Sont offerts :
Les livraisons 8oê, Si' et 8a" de l'ouvrage «le M. Philippe Le Bas,
continué par M. Waddington, membre de l'Académie, intitulé: Voyagi
archéologique ru Grèce et en Asie Mineure , fait par ordre du Gouvernement
français pendant les maires i8ù3 et /S////. et 'publié sous les auspices du
Ministère de l'instruction publique.
L'Islamisme d'après le Coran, l'enseignement doctrinal et la pratique,
par M. Garcin «le Tassj . membre «le l'Académie ( 3e édition, 1 vol. in- 8°).
Etudes sur l'éloquence attique: Lysias , Hypéride , Démostkènes, par
M. .Iules Girard, membre de l'Académie (1 vol. in-8°).
Sote sur le suis il' une formule de quelques diplômes militaires i Extrait de
la Revue de l'instruction publique), par M. J. Roulez.
Le Secrétaire perpétuel offre en (mire à l'Académie, au nom de
l'auteur, M. J. Maissiat, un volume qui a pour titré : Annibal en Gaule.
L'auteur a fait une < tude approfondie «le la fameuse campagne qui com-
mence la seconde guerre punique II discute en particulier les textes si
diversement interprétés qui ont rapport au passage des Mpes, el Be pro
nonce pour le col du monl Genis. Plusieurs cartes, où l'itinéraire du gé-
néral carthaginois est marqué avec le plus grand soin , aident (électeur à
mieux suivre sa démonstration. Les conclusions générales jointes à cet
ouvrage prouvent que l'auteur n'a pas borné ses recherches a ces débuts
de la guerre d' Uinibal, el qu'il pourrait justifler ce qu'il «lil de son génie
militaire, dans nu récil où celte guerre entière bi rail exposer.
\|. I'.i.i m i m lia si i offre à I académie «le la pari de l'auteur, M. Y
— |s;, —
Saripolos, professeur à I l niversité d Athènes, le 1" volume de la -j' édi-
tion de son Traité de droit constitutionnel, en gTec 1 in-8° \, M. Saripolos,
docteur en droit de la Faculté de Paris, n'a jamais oublié les leçons qu'il
,1 reçues, dans sa jeunesse, de plusieurs membres de l'Académie, et s'esl
l'ail un devoir de faire hommage à l'Institut des nombreux ouvrages qu'il a
publies, notamment de s.>n livre Sur le droit des mitions en paix ei en
guerre . précédé d'une étude historique.
La première édition de son traité de droil constitutionnel date de plus
de vingt ans; dans l'intervalle M. Saripolos, devenu député el rapporteui
de la constitution < j m 1 régit aujourd'hui la Grèce, <i eu la satisfaction de
faire prévaloir la plupart des principes qu'il avait soutenus comme pro-
jeur, et qu'il reproduit avec la mêjne conviction dans cette édition
nouvelle; il doil v joindre les discoiu*s qu'il a prononcés dans la discus-
sion de la constitution grecque, dont ils loi nient en quelque sorte le
commentaire.
M. I.. Piknikr offre à l'Académie, au nom de M. Ernest Desjardins, un
ouvrage dont il a, dit-il, déjà eu occasion de dire quelques mots, en en
présentant on extrait dans la séance du 1 •'! février dernier.
Cet ouvrage est intitulé: Monuments épigraphiques du muse, national
hongrois } dessinés et expliqués par Ern. Desjardins, publiés par ordre de
M. le Ministre des mites ,■( de l'instruction publique du royaume de
Hongrie, et par les -..ins de dom Floris Romer 1 Bude-Pest, 1873, 1 vol.
in-fol. de 35 feuilles et 55 planches .
itCe volume, ajoute \l. L. Renier, a figuré à l'exposition universelle de
Vienne. L'exemplaire que j'ai l'honneur d'offrir à l'Académie est le seul
qui soit parvenu jusqu ici à Paris, le Gouvernement hongrois ne \ouiani
pas que le texte français de cet ouvrage soit publié avant que la traduc-
tion en langue hongroise, qu'il en fait faire et qui s'imprime actuellement ,
puisse être livrée an public.
-J'ai déjà dit à l'Académie dans quelles circonstances cet ouvrage a été
composé. W. Desjardins avant eu l'occasion de passer quelques mois à
Pest, après le siège de Paris, en 1871, s'j livra naturellement à une
élude approfondie du musée de cette ville, l'un des pins riches de l'Europe
en antiquités de toute espèce. I^.s directeurs de cet établissement eurent
ainsi I occasion d'apprécier son talent comme dessinateur et sa science
comme épigraphiste, el ils eurent la bonne pensée de le prier de se char-
ger de la composition de ce travail, par lequel ils voulaient inaugurer
la publication des Acta Muxei nationalis Hungarici, ordonnée par leur Gou-
vernement.
— 186 —
\l. Desjardins se mil résolument à l'œuvre; il employa tout le temps
de son séjour ;i Pesl à mesurer, à estamper, i« dessiner el à étudier sur
place tous les monuments du musée qui portent des inscriptions, el quand
il revinl à Paris il avait entre les mains tous les matériaux de sou travail.
Son premier soin lui de mettre au ne! ses dessins él «le les envoyer à
IVsi. où ils devaient être gravés; puis il rédigea le texte descriptif el
explicatif qui devait les accompagner. Ce texte, je l'ai déjà dit, rempli!
35 feuilles ou i4o pages in-folio. H ne laisse rien à désirer, ni sous le rap-
port de l'exactitude dès transcriptions, ni sous celui delà sûreté des res
litutions et de la science des explications. Quant aux planches, mes sa-
vants confrères pourront, en les parcourant, juger de leur beauté el de
leur mérite.
•Ko résumé, dit en terminant M. I.. Renier, je ne crains pas de
l'affirmer, ce livre est le plus beau recueil d'inscriptions latines publié
jusqu'ici par un Français, el je puis ajouter qu'il n'en a pas été publié
jusqu'ici de plus savant.»
M. I'm i.i n l'un- présente, an nom de VI. Louis Paris, le l I d'un
ouvrage intitulé : L'impôt du sang ou la noblesse de France sur les champs
de bataille i in-8" }.
irCelivre, dit-il, esl la reproduction exacted'un manuscrit aujourd'hui
détruit, el que le directeur du Cabinet historique avait eu l'heureuse
idée de transcrire avant l'incendiede la bibliothèque <lu Louvre. Le ma
uuscril était l'œuvre de François d'Hozier, l'avant-dernier membre de
la grande famille de nos généalogistes à titre d'office. M. il Hozi
adopté pour son immense travail un titre que I éditeur n'a pas cru devoii
conserver: Les /, marques du militaire français. Il a préféré
comme pins simple, el même plus exact, celui-ci : L'impôt i On
doit trouver dans ce bvre le nom de tous 1rs officiers français, gens di
qualité, nobles, anoblis roturiers, qui sont morts sur les champs de ba
taille, dn su siècle à la lin du i\ m .
irLe jour de leur mort, le feu où il-- payèrent à leur pays ce que l'édi
leur appelle Yimpôt du ont ici très-exactement recueillis. L'éditeui
a ajouté de courtes h sobres notices sur les familles auxquelles les \i<-
timea de la guerre appartenaient Cet ouvrage, qui touche de si prèf
à tous les bonf inuvenirs français ne formera pas moins de buil \"
lum<
4DRRD1 I i MAI.
M ' m Rozii ; iffi ! i* adé ■ nn< m o
— 187 —
chure in-8\ intitulée : Cours d'histoire des législations comparées. Leçon
d'ouverture (8 décembre 1873 . Ge discours esl la substance des lirons
«fii il a consacrées à la législation «les Gaulois. La doctrine qu'il a pro-
fessée se résume en une phrase : -Si l'ancienne civilisation de la Gaule,
absorbée |>;ir la civilisation supérieure de Rome <■! transformée par le
christianisme, q a exercé aucune influence sur la formation du droit
(rançais. c'esl ii notre origine gantoise que nous devons la meilleure port
de nos instincts, de a >- aptitudes, de nos passions et do nos vertus.*
S ml encore offerts ;
/.(/ stèle égyptienne du musée de Hennés. Lettre "dressée à M. le com-
mandant Mowat, par M. Maspero (broch. in-8°).
Die BerUner Akademie und die Wissenschaft. Prû/ung logischer Unler-
suehungen, par M. Schlôtel 1 in-8°).
M. L Renier offre à l'Académie, au nom de M. Ern. Desjardins, un
travail qui a été en partie communiqué à I" Académie dans une de ses
dernières séances : Desiderata du Corpus inscriptionum latinarum de
I Icadémiede Berlin 1 t. I). Votice pouvant servir de deuxième supplément.
Les balles de fronde de la Bépublique. Guerre sociale. Guerre servile.
(In-fol.
SÉANCE DD VENDREDI 9 1 MAI.
Le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie la deuxième partie du
tome VIII des Mémoires présentés par divers savants , et il annonce que la
première partie du tome XXVIII des Mémoires de l'Académie est aussi au
momont de paraître.
Sont en outre oll'erts :
\hmorie storiclie agrigentine , per l'aw. Giusepp'e l'icône (in-i°).
Cession de la cille et de l'Etat d'Avignon ou pape Clément VI , par
Jeanne I de tapies, par M. de Baumefort (in-8°).
Notes pour servir à l'histoire de la commune de Yandenesse (Nièvre), re-
cueillies par M. Guéneau i l»r. in-8°l
\l. Léon Renier offre a l'Académie, au nom de M. Léon Heuzey, la
onzième livraison du grand ouvrage dans lequel sont exposés les résultats
de sa Mission archéologique en Macédoine.
rr Dans cette livraison. M. Heuzey nous fait connaître les résultats de ses
recherches sur le territoire de la colonie de Dium, dont il a rapporté
plusieurs inscriptions, deux inscriptions latines notamment: ce sont les
premières que l'on ait trouvées dans cette localité
i3.
— [88 —
rrLes ruines de l'ancienne Thessalonique lui ont fourni un plus grand
nombre de ces monuments, donl plusieurs étant datés lui ont permis
d'étudier el de fixer, d'une manièreplus rigoureuse qu'on ae l'avail l'ail
jusqu'ici, lepoinl de dépari des deux ère* usitées en Macédoine.
-\ ienl ensuite l'exploration de ['Elimiotide, une «les parties les moins
connues de la Macédoine, ei ou M. Ileu/.<'\ .1 découvert les ruines de
l'ancienne ieane, aujourd'hui Kaliani. Un curieux bas-relief trouvé dans
rriic région , et qui est représenté pi. 22 , d'après un dessin de M. Daumet,
.1 fourni h M. ileu/e\ l'occasion d'une étude intéressante sur le costume
■ les anciens Macédoniens.
-M. Ilcuzcx expose ensuite les résultats de ses recherches dans la Ly-
cestide m la Pélagonie, autres contrées «le la Macédoine, jusqu'ici
à peu près inconnues. Il \ a découvert les ruines de Stobi, l'une des
villes les plus célèbres de cette contrée, à l'époque romaine, el dont ce-
pendant un n'était pas encore parvenu a déterminer l'emplacement
M. Heuzej v a copié un assez grand nombre d'inscriptions qui lui ont
permis <le nous faire connaître l'organisation el la constitution des eivitates
de celle région. Cette partie de son travail a déjà été publiée dans la
Revue archéologique, el j'ai eu l'occasion d'en signaler à l'Académie
le. résultats importants pour l'histoire de l'administration des provinces
romaines.
■■M. Ileu/.e\ la reproduit ici avec de nouveaux et très-utiles dévelop-
pements.
rr Enfin, ajoute M. L. Renier, on doil signaler encore a la lin «le celle
livraison quelques inscriptions de bornes milliaires, relevées sur le par-
cours de la via Egnatia.
irLa douzième livraison, qui terminera l'ouvrage est sous presse el pa-
raîtra dans peu de temps. Elle contiendra un travail approfondi sur I ini-
portante ville de Dyrrachium. -
si' \m 1 ni \ 1 NDRBD1 20 M il.
SipiiI offerts à I académie :
The Chronology <>l the Bible, connepted with conlemporaneous éventa tu
thehistory of Bobylonians, \ssyrians, and Egyptien», par M. E. de Bunsen
(1 vol m s
Cinquantième anniversaire de I" Société des antiquaires de Normandie.
Séance publique du 1 décembrt i8j3. Rapport de M. E. Chatel, secré-
1 • de la S ■<< lirocli. in 8
189 —
SEANCE l'i \ BNDREDI •' Jl IN.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie, de la
part <ln Gouvernement belge, deux exemplaires du tome 11 «lu Recueil
des coutumes <ln /»"/v et comté il' Hainaut, par .M. Ch. Faider i \\\-h°).
Le Sm i;i i lire perpétuel présente à l'Académie, au nom de M. Emile
Mglave, un ouvrage intitulé : i'1/"" du ministère public et théorie des
droits d'ordre public m matière civile {-i vol. in-8 i.
M. Km. Uglave n'esl pas seulemenl un docteur ri un agrégé des Fa-
cultés de droit : c'est un archiviste paléographe ; on retrouve, sur le
point spécial de droit qu'il traite dan» son livre, les qualités d'un cri-
tique formé aux recherches savantes.
Le Secrétaire pbbpéti i.i. présente encore a l'Académie, au nom de la
i ni ission impériale archéologique de Saint-Pétersbourg . la ■>: livraison
de l'important recueil des Antiquités de /« Scythie (en français |, avec allas
grand in-folio, H <i livraisons du Bulletin et des Mémoires de l'université
impériale de Kasan (eu russe) | 1873, in-8
M. I.i un Reniée offre a l'Académie, au nom de M. Ernest Desjardins,
la \?' livraison de son édition de la Table de Peutinger.
(r Cette livraison, dit-il. comprend la carte.de redressement de la
Gaule et sept feuilles grand in-folio à dois colonnes, c'est-à-dire l'équi-
valent d'une centaine de |>a<;vs in-8" de texte ou de commentaire sur la
partie de la table qui est relative à l'Italie méridionale.
••M. Desjardins a reproduit dans ce commentaire, non-seulement l'in-
dication, mais le texte même des passages des ailleurs anciens relatifs
.iu\ localités mentionnées dans la Table. C 3ges, méthodiquement
classés ••! savamment discutés, lui ont fourni un grand nombre d'iden-
tifications nouvelles, auxquelles personne n'avait pensé jusqu'ici. Il a pu
ainsi débrouiller le réseau des routes, rétablir leur., vraies directions,
suppléer lis lacunes et redresser les erreurs du manuscrit original, qui
sont surtout nombreuses dans l'Italie méridionale, la partie la plus in-
correcte de ce manuscrit. <lc manuscrit avait été d'ailleurs fort mal dé-
chiffré. Personne n'j avait remarqué, dans la partie dont il s'agit, un
certain nombre de lignes rouges, un M; Desjardins a reconnu les
limites des regiones dans lesquelles l'Italie lui divisée depuis les règn<
d'Antonio et >\f Marc-Aurèle. On \ vil en \m certain nombre d'endroits
If- lettres GO seules ou surmontées d'une barre horizontale. On avait
vu dans ces lettres l'abréviation du mol colonia, explication inadmis-
— 190 —
sible el qui esl presque toujours contredite par 1 histoire. M. Desjardins
y ii reconnu l'abréviation «lu mol compendium. Enfin, i! ;i le premier
donné la véritable éducation d'un certain nombre de vignettes, qu'on
v remarque égalemenl et qui ont une grande importance pour l'his-
loire el pour l'archéologie. Telles sont celle de Ravenne, qui repré-
sente l'église de Saint-Vitale (du temps de Justinien); celle de Saint-
Pierre de Hume, qui représente la première chapelle construite sur La
catacombe où axaient été déposées les reliques du prince des apôtres et
qui fut transformée en basilique par Constantin; celle du Portas Claudii
el Trajanij avec son môle: celle de Centum Gelke, etc.
tr Enfin, on a toujours soin, dans les traités de géographie moderne.
quand on décrit une localité, de nous eu faire connaître la condition
politique, de nous apprendre, par exemple lorsqu'il s'agil d'une localité
Française, si cette localité est un -impie hameau, ou une commune, ou
un chef-lieu de canton, d'arrondissemenl ou de département C'est ce
que, dans son Commentaire sur la Table de Peulinger, M. Desjardins a
fait pour l'empire romain tout entier; el il l'a l'ail en citant . pour chaque
localité, ses autorités, c'est-à-dire les textes des inscriptions antiques
qui nous font savoir sj la localité dont il B'agil était un simple pagus ou
viens, une civilas, un municipe ou une entame, qui nous apprennent
dans quelle tribu ses habitants étaient inscrits, comment étail composée
son administration, quelles divinités y étaient surtout adorées, quels
olléges religieux ou industriels on \ trouvait. C'est là, je ne crains pas
de le duc ajoute M. L. Renier, la partie la plus neuve du travail de
M. Desjardins . el ce n'esl pas celle qui lui a coûté le moins de recherches
et qui a exigé le moins de préparation. «
M. Ravaisson offre à l'Académie, s unie M. Courajod, un volume
intitulé : l'École royale des élevés protégés (in-81 |. Ce livre offre un ta
1,1. au intéressant, tracé d'après des documents inédits, de l'enseignement
de l'art du dessin au ivm' siècle.
M. Paulin Paris présente, au nom de M. le marquis de Lothian, le
roman de Fïoriantet Florete. crGel ancien poëine français, que l'on croyait
perdu, dit-il. a été retrouvé par M. Francisque Michel dans un manus-
crit de l'ancienne Battle ibbey d'Edimbourg, (les! publié aujourd'hui
par nuire savant correspondant bous les auspices de feu le marquis de
Lothian el de son frère el héritier Williams Schomberg, marquis de Lo-
thian. H ■! été tiré au nombre de cenl exemplaires pour les membres du
club Rorburghe.
■ i h. p. ni trop louer la belle exécution de >-■ précieu* volume Pexac
<•
— 191 —
titude de la transcription, commune à la plupart de- innombrables pu-
blications de M. Michel, mais surtout remarquable dans celle-ci.
-La préface oIVre une analyse très-exacte de cet agréable poème, et l'é-
dileur la l'ail suivre de unies nombreuses, remplies de curieux rappro-
chements, <|ui supposent d'énormes recherches. Peut-être ces noies au-
raient-elles été mieux distribuées à la suit'' de chacun des vers qu'elles
éclairent d'une nouvelle lumière. On aurait ainsi encore mieux appré
leur utilité el leur importance.
rUn conserve dans notre Bibliothèque nationale deux romans en prose
du même nom, écrits au w" siècle et qui sont la traduction assez mau-
vaise du poème. M. Francisque Michel rapporte la composition de ce
peëiue an milieu du \i\ siècle, et il renvoie au beau fac-similé de la
première page pourjustiûer ou contester cette attribution. Le fac-similé
me porterait à croire la date on peu plus ancienne, c'est-à-dire de 1 3 1 5
à i3ao. Le style du trouvère rappelle d'ailleurs bien mieux le xm* siècle
que le \i\ . Quoi qu'il en soit, la date présumée du manuscrit décidera
san- doute la Commission de l'Histoire littéraire de la France à l'aire en-
trer la notice du poème, sinon dans le volume en voie de publication,
au moins dans celui qui suivra immédiatement. n
M. E. I!kw\ offre à l'Académie, au nom de M. Ferdinand Delaunay,
un volume intitulé : Moines et sibylles dans l'antiquité judéo-grecque \ in-8°).
--.M. Delaunay, dit-il . s'est proposé dans ce volume de traiter la ques-
tion des Esséniens et des Thérapeutes el celle de la littérature sibylline.
H le fait avec beaucoup d'instruction et de jugement. L'authenticité du
traité de la Vie contemplative de Philon a été révoquée en doute. M. De-
launay réfute fort bien les objections (pion a soulevées et établit avec
solidité que cet important traité, base de ce que nous savons sur les
Thérapeutes, est bien de Philon; il relève les singulières analogies de la
vie des Esséniens el des Thérapeutes avec celle des premiers chrétiens;
il repousse cependant l'idée, souvent émise, que les Thérapeutes aient
été chrétiens. La traduction qu'il donne du traité de la I ie contemplative
est faite avec soin; le texte a été revu sur les manuscrits.
*Le problème des vers sibyllins juifs et chrétiens, quoique ayant éle
discuté d Une manière approfondie par MM. Ch. Alexandre, Reuss,
Ewald. renferme encore beaucoup d'obscurités; M. Delauna\ croit que,
dan- le travail que les critiques ont fait pour distinguer les petits poèmes
d'époques diverses qu'on a cousus ensemble afin déformer la collection
sibylline actuelle, ils n'ont pas poussé la division assez loin. Les modi-
fications qui s'opérèrent avec le temps dans l'idée messianique des Juifs,
— L92 —
l,i différence du prophétisme en Palestine el à Alexandrie, l'origine des
idées du logos sonl des poinls que l'auteur examine avec justesse el me-
sure. La difficile question du livre d'Hénocb esl touchée; M. Delaunaj
montre au moins qu'on se hasarde beaucoup quand on se prononce avec
assurance sur l'époque 01 i été écrites les parties <|tii composenl ce
livre singulier.
rtOn oe peu! que louer la modération el l'amour de la vérité donl I au-
teur fail preuve dans loul le livre. Autrefois, on expliquail à peu près
uniquement les origines du christianisme par l'essepisme; l'école de
théologie rationnelle, t|iii. de nos jours, s'esl développi p Allemagne,
a presque négligé ce facteur du christianisme naissant. Il \ a san6 doute
.1 en tenir compte, quoique les relations Au fondateur du christianisme
el de ses disciples immédiats avec le monde essénien resteul fort problé
maliques.»
M. Renan présente en outre .
i Chants populaires de la basse Bretagne, par M. Luzel (t. II. iu
recueil fait avec une rare sobriété el une méthode excellente, donl le
premier volume obtinl une récompense aux concours de I académie.
Maçoudi, les Prairies d'or; traduction par M. Barbier de Mcynard
(VIII* vol. in-8°), grand ouvrage, donl I;' publication esl peut-être le
principal titre d'honneur des lettres orientales françaises de notre temps.
G'esl la Société asiatique qui fail les frais <l«- la publication.
i im.i, ni v i NDREDJ 1 2 M IN.
Le Secrétaire perpétoei présente à l'Académie le to Wll. ir' par-
tie, du Recueil des noua i et extraits des manu I" Bibliothèque na-
I in linlr m '|
Sonl en outre offerts :
mncipes de la langue suédoise , méritoire critique, par Jean Ev. iiyl-
qvisl i en médois i; Stockholm . in-8°.
/ portique du roi Utale à Uhènes, par I.-L. Ussing (broch. in 'i '.
en suédois, avec planches i.
Uiêtory of thc coinagr oféjynicuse, par Barclaj V. Head (m-l
Mémoire sur quelques inscription» inédites des côtes de la mer Voire,
par M. George Perrol broch. in-8 . extrail de la Revue archéologique).
Recueil des lois et instructions qui régissent le service (ministère de Un-
hives départementales, communales et hospitalières, bibliothèques
idministratives) ; in
— i1.»:; —
\|. m. \\ Min offre n I académie, de la pari de l'auteur, M. Adolphe
Mussalia, un Wémotresut les dialectes de l'Italie du \ord au rv' siècle. Les
juge* les plus compétents onl reconnu l'importance <l<' ce travail, où les
problèmes <le philologie les plus difficiles ont été résolus à force de science
.■t cl >l un livre <pii esl digne à tous égards de la liante ré-
putation de l'auteur, el qu'on doit compter au nombre de ses meilleurs
litres scientifiques.
M. de LoM.i'i r,ni; offre à l'Académie, de la part de \l. Ghabas, une
brochure intitulée : Les silex de I olgu (Saône-et-Loire) . Rapport à la So~
d' histoire et d'archéologie de Chalon-sur-Saône i in-&°).
rapport, dit-il , est destiné à l'aire connaître une découverte sin-
gulière de quatorze lames de silex, longues de a3 à 35 centimètres,
minces comme des armes de fer. Ces silex . qui offrent le plus grand rap-
port avec le type Scandinave, étaient réunis en faisceau à une petite pro-
fondeur. La reproduction en a été faite avec un très-grand soin, aux frais
île la Société deChaloo, qui a consacré à la publication la somme qu'elle
avait reçue en prix au concours des Sociétés savantes, en sorte qu'on peut
dire que cette Société s'est montrée deux lois digne de la récompense
qui lui a été accordée. M. Chabas a su, comme ,:i son ordinaire, donner
un très-grand intérêt à son travail.»
NCK 1)1 \F.NDREDI 1 <| .11 "IV.
Le Sbcbbtairb «rpétubl offre au nom de M. Hauréau, membre de
I académie . le tome Vil de ['Histoire littéraire d>i [laine i in-8° |.
ir L'Académie, dit-il, connaît tout !c mérite de ce savant ouvrage, qui
est arrive ,'i sa a édition. Ce volume contient un grand nombre èe notices
dont la pins considérable concerne Gervais Le Barbier, sieur de Francourt,
une des victimes de la Sainl-Barlhélemy. Il \ a dans cette notice beau-
coup <le détails nouveaux, tires de registres manuscrits, sur la propa-
ide active «les calvinistes dans le Maine et la bosse Normandie, durant
le.s années qui précédèrent le massacre de Paris. Quelques poètes obscurs,
Hardouin Lebourdays, Guillaume Ledoyen, Toussaint Leroy, affronta
M. Hauréau l'occasion île faire de curieuses citations. \\ec Rolland Le-
vayer. sieur «le Boutignj . li lisserle sur les choses de la politique au
temps de Colbert; avec Nicolas L'Herminier, sur la philosophie profesî
dans l'école «le Paris, au commencement du \\m siècle, i
M. le Prbsibbrt présente à l'Académie denx ouvrages de M. Charles
Fierville, censeur des études au Ivcée de Coûtants
— 194 —
Le premier est intitulé: Le cardinal Jean Jouffroy et son loups (îàia-
tânS), i vol. in-tt°. "Le cardinal Jouffiroy, dit M. Jourdain, a été un des
personnages les plus considérables du w siècle Tour à lour («lève des
universités de Bâle el de i'avie, professeur de droil dans cette dernière
ville, moine de l'abbaye de Luxeuil . évêque d'Arras, évêque d' Ubi , car-
dinal. Jean Jouffroj a été mêlé aux pins grandes affaires politiques et
religieuses de son temps. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, dans les
États duquel il était né, el pins tard Louis XI, à la personne duquel il
avait lini par s'attacher, l'ont employé à plusieurs missions importantes.
Cependant jamais il n'avait été jusqu'à ce jour l'objet d'une étude sé-
rieuse. Le travail de M. Fierville comblera cette lacune. L'auteur a com-
pulsé avec soin tous les documents contemporains; il ne s'est pas borné
aux sources imprimées, il a puisé largemenl aux sources manuscrites.
Sun livre se termine par un certain nombre de pièces inédites tirées de
la Bibliothèque nationale et des bibliothèques de Carcassonne et de Sens. •■
Le second ouvrage de M. Fierville «pie M. le Président présente à l'Aca-
démie es! intitulé : De Quintilianeis codicibus el prœcipue de codice Carcas-
8onensi disquisitio. «C'est, dit-il. une étude très-savante dos manuscrits
que l'on possède du grand ouvrage de Quintilien sur l'art oratoire. Mais
M. Fierville ne se borne pas aux manuscrits connus : il a eu la bonne
fortune de découvrir, dans la bibliothèque de Carcassonne , un manuscril
qui parait avoir échappé jusqu'ici aux recherches des philologues. Ce
manuscrit esl du sv" siècle; le manuscril plus ancien qui a servi de mo-
dèle au copiste pénible bien appartenir à la même famille que les manus-
crits qui ont élé jusqu'ici consultés avec le plus de linit . et qui paraissent
les meilleurs. Cette circonstance donne un prix toul particulier au tra-
vail de M. Fierville. Ce travail l'ail le plus grand honneur à l'érudition el
au talent de I auteur: il est un symptôme heureux du développement (pie
les études philosophiques vont prendre dans l'Université, i — Les ouvrages
que M. Jourdain vient de présenter à l'Académie avaient été soumis par
\l. Fierville a la Faculté des lettres de Rennes, el ont mérité à l' auteur
le titre de docteur es lettres.
\l. Mai w\ . en l'absence de M. Miller, présente à I académie : Les Co-
lombo de France et d'Italie, [munir marina du u' siècle, r'/di r^oa, par
\l. IL riarrisse (in-8' . VI. Maun rappelle que l'Académie a entendu la
lecture de , ei ouvra;;. •. Elle a pu juger par elle même de l'intérêt qu d
offre, Bans qu il soit nécessaire d'en signaler autremenl les mérites.
M. Thoroi foil hommage à I académie de 9a publication intitulée :
I /. i on I ' ' la* adjamiliareg, notice sur vn manuscrit du m' siècle i hi-
— 195 —
bliothèqiie de l'Ecole des hautes études . 17* fascicule, \Syh m* 'n,
ne connaissail jusqu'ici, <lii M.Tburot, qu'un manuscril ancien <!f cette
partie de la correspondance de Gicéron, le manuscril du si' siècle qui
,i\;iit été retrouvé par Pétrarque à Verceilel qui esl conservé aujourd'hui
1 Plorence. Tous lès éditeurs admettaient que les autres manuscrits déri-
vaient de celui-là. Mais le manuscril 688 de la bibliothèque <!<• Tours
que M. Léopold Delisle avail déjà examiné el reconnu comme é'tanl bien
• lu \n esl ime copie <lu même original que le manuscril de
Florence, indépendante de celui-ci, donl elle améliore authentiquemenl
le texte en un grand nombre de pi Malheureusement le manuscril
de Tours esl incomplet; il manque le IIe livre et ton! le reste de la
■correspondance ;i partir de la (in du \ Il livre Néanmoins, la collation
qui .1 été Faite avec beaucoup de soin par M. Châtelain , élève de l'Ecole
hautes études, rend un important service au lexte de Gicéron : aucune
amélioration réelle n'esl indifférente, quand il s'agil des ouvrages d'un
inssi grand auteur.
M. Defb£mbri offre à l'Académie, au nom de la Famille de feu
M. Ganssin de Perceval, un travail lai-si; manuscrit parce regrettable
int, ''I qui ;i paru dans le Journal asiatique , numéros de novembr
décembre 1873. Ce travail a pourtitre: Voticesanecdotiques sur les prin-
cipaux musiciens arabes des trois premiers siècles 'de l'islamisme.
Il comprend dix-huil notices, donl plusieurs sont fort étendues, etqui
présentent toutes des particularités fort intéressantes, soil pour l'histoire
<|h la poésie arabe, - il pour la connaissance des mœurs el de la société
musulman* dans les premiers temps du califat. De ces dix-huil notices
plusieurs concernent des chanteuses . el ce ne snni pas les moins piquantes,
routes, sauf la dernière, sont consacrées à des personnages appartenant
aux deux premiers siècles de l'hégire ( vu el \ m siècles de notre èi
La dix-huitième seule a pour sujel un musicien du m' siècle de l'hégire;
»re la majeure partie de la vie de cel artisti Ishâl al-Maucelj . s'était -
elle écoulée dans !>■ siècle précédent. -M. Gaussin de Perceval a dû clon
parce long el curieux article un travail que l'affaiblissement il»- sa vu<
iip lui permettait plus de poursuivre. Mais tel <|u il esl ce dernier ouvra»
le notre savant et excellent confrère ne peut manquer de fixer l'attention
des amis de la littérature el de I histoire orientales, el de faire honneur
a la mémoire de l'auteui vaniMahomi
Sont encore offerts .1 I académie
/ I ■ nus de \filo . xpvès des
documents inédits , pai Jean Ucard 1 in-
196 —
Grammam pâlie. Esquisse d'une phonétique et d'une morphologie de la
langue pâlie, par J. Minayef, professeur h l'université de Saint-Péters-
bourg, traduite du russe par M. Stanislas Guyard, répétiteur à l'Ecole
pratique «les hautes »:iu<l<'s i in-8°).
Détnocharès ou une fausse étymologie du mot mouchard. Mémoire lu à
une séance publique de la Société des Antiquaires de Picardie , par l'abbé
Gorblet I broch. in-8 i.
SÉANCE D( VENDREDI 26 JUN.
Le Secrétaire pbrpetoel présente à l'Académie les ouvrages suivants :
Les Enseignements de saint Louis à son fis. — Réponse à \f. \atalis
de Wailly et observations /mur servir à l'histoire critique des grandes chro-
niques de France et du texte de Joinville, par M. Paul Viollet. [Extrait
de la Bibliothèque de l'Ecole des chartes, in-8
/' rirs et documents concernant la constitution légale de V Imprimerie na-
tionale. (Paris . Imprimerie nationale . in-8°. I
Etudes historiques et philosophiques sur les civilisations européenne, ro-
maine, grecque des populations primitives de V imérique septentrionale, par
Louis Faliès (2 vol. in-8°).
M. le Président présentée I académie les premier el deuxième fascicules
iln tome II de la deuxième édition de {'Histoire des arts industriels au
moyen âgt età l'époque de la Renaissance, par M. Jules Labarte, membre
de I académie 1 in- 'ri. Cette nouvelle édition esl consacrée presque toul
entière à l'histoire de l'émaillerie.
Les usages ne permettenl pas à \l. le Président de dire loul ce <pi'il
pense de ce Bavanl el bel ouvrage; mais I' académie en connaît I»- mérite :
plie l'a prouvé en appelant l'auteur dans son sein.
Smii encore offerts :
Tabula codicum manuscriptorumprœlergrœcos et orientales m bibhotheca
palatine I indobonensi asservatorum 1 publié par l'Académie impériale de
\ ienne, vol. VI, in
Mémoires de l'Académù impériale des sciences dt Vienne. Classt île plu
losophie et d'histoire i en allemand | 1 •'••' vol. in- V I.
Fontes rerum [ustriacarum < •>' série, -'<~' vol. in-c
Comptes rendus des de V Icadémie des sciences de I ienne. Classe
,ti philosophii et d'histoire < <'n allemand) (octobre-décembre i<s7'.>
w.l.; janvier-juillet 1 873 7.'!' el 7V vol. in
Archives pour l'histoin d' lutriche (en allemand (5o' vol. in-8' >.
COMPTES REND1 S DES SEANCES
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1874.
— . — — — -=^~
GO M P T i: S R K N I) US DES SÉANC E S.
JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE.
PRÉSIDENCE DE M. JOURDAIN.
•' \v 1 M VENDREDI •"> Jl ll.I.KT.
M. Ii' Ministre de l'instruction publique Iransmel a l'Académie
la lettre de M. de Sainte-Marie contenanl la copie de l'inscription
dont il a été parlé dans la dernière se'ance.
M. Viriel d'Aousl écrit à AI. le Secrétaire perpétuel à propos
des communications laites récemment à l'Académie sur la Vénus
de Milo. Il rappelle l'entrevue qu'il eut avec M. Brest peu de
temps après la découverte de la statue, el ajoute à ces souvenirs
de voyage plusieurs observations sur le marbre de la Vénus el le
marbre différenl qui a servi à l'aire le (ragmenl de bras retrouvé,
connue aussi sur les divers marbres statuaires que Ton trouve
dans les iles de la Grèce.
Le K. P. Verdière achève la lecture de son mémoire sur lu
cille dr Leptis '.
\ oir aux Commi vu »im<,<. n" I
— 198 —
M. de Longpérier donne lecture de la lettre suivante que lui a
adressée M. Antoine de Villefosse, parti en mission avec les ins-
tructions de l'Académie.
Milafa . 16 juin.
Vous aurez sans doute reçu avant cette lettre une photographie que
j'ai fait l'aire à votre intention. Klle représente, si je oe me trompe, la
tête <l Adrien et c'esl a torl qu'on a inscrit sur le socle le nom de Sep-
time Sévère. Cette tête a été trouvée à Tébossa, près du temple de Mi-
nerve. Le reste de vêtement qui se voit autour du cou indique quelle a
fail partie d'une statue ou d'un buste. Sans être d'une exécution irré-
prochable elle m'a paru être fort au-dessus de ce qu'on trouve d'ordi-
naire en Ugérie, et j'ai pensé qu'il \ aurail un certain intérêt à la
reproduire.
En parcourant le Journal officiel pendant les quelques heures que j'ai
passées à Constantine, j'ai vu qu'on s'occupait d'Adrien a l'Académie;
ce serait donc un documenta ajoutera ceux que l'on possède. Le nez est
de plâtre; il a été refait par nu officier du fp;nie; et le socle avec son
inscription est l'œuvre de quelque sous-oflicier.
\pn's colle lecture, M. de Longpérier ajoute :
«Le buste est on effel remarquablement exécuté. Le nez, mo-
derne, on altère légèrement le caractère. Cependant, on peul
reconnaître qu'il ne représente nullemenl Idrien, pas plus du
reste que Septime Sévère, dont les images sont nombreuses et
bien connue^. Ce buste esl certainemenl une œuvre du temps
d'Antonin le Pieux. Il est très-probable même qu'il représente cel
empereur, donl les traits onl été reproduits, nu pou loin A<< Rome,
avec quelques-unes de ces petites divergences donl les portraits
de souverains modernes offrent de très-nombreux i iempl<
• ' ependant, comme à toutes les époques, certains personnages
.s,, scni appliqués, on profitant i\<' quelques ressemblances natu-
relles, à -e donner l'aspect très-frappanl des souverains dont ils
étaient les contemporains, on pourrait soutenir, avec quelque
vraisemblance, que le buste de Tébessa représente un grand
ic donnai re d'Afrique qui affectait de ressembler à l'empereur
\ni,,nin le Pieux. L'absence de couronne de laurier pourrai!
vir danrnmenl en laveur de ce ème, niai- il ne faudrait
— 199 —
pas oublier que les Antonins, tanl dans leurs statues que sur la
monnaie publique, onl été représentes la tête Due, sans cou-
ronne.
- \insi . en peu de semaines, ia lecture de M. Duru\ sur le règne
d'Adrien a procuré à l'Académie l'envoi de photographies inté-
ressantes de Jérusalem el de Constantine. »
M. Vivien de Saint-Martin achève la lecture de son Mémoire
sur ['Won <F Homère, Yllium des Romains*.
M. Revillout continue sa lecture sur le Concile de Nicée d'après
les textes < optes.
Sur une observation de M. Egger, M. Revillout dit que le sym-
bole de Nicée, Itd qu'on le trouve dans les actes, ne comprend
que la première partie du symbole introduit dans la messe sous
le nom de symbole de Nicée ctse termine à ces mots : -Ksi monté
aux cieux, et nous croyons au Saint-Esprit. s
Le symbole tel qu'il est dans la messe est postérieur dans son
ensemble au concile de Nicée, el antérieur au concile de Cons-
tantinople appelé deuxième concile œcuménique.
SEANCE DL VENDREDI 10 JUILLET.
Le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie la première
partie du tome XXVIII de ses Mémoires, volume qui contient des
mémoires de MM. Jourdain. Ldmond Le Blanl . Y de Wailly,
Th. 11. Martin et F. de Lasteyrie.
M. L. Reniée présente à l'Académie l'estampage d'une inscrip-
tion découverte par M. de Villefosse, dans le cimetière Israélite
de la ville du Kef (l'ancienne Sicca Veneria de l'Afrique procon-
sulaire). Cette inscription est grecque, à L'exception de la pre-
mière ligne qui esl formée des initiales des trois mots latins Dits
Manibus sacrum; en voici le texte:
\ .■•! .m-, I.ihimi KICiTIONS, ri If.
16.
— 200 —
D M S
r- niNNION ioy
ITON BOYAEY
THN AMAZTPI
ANONNOMIKoN
IYNKA0EAPON
M • OYAHIOYAPA
BIANOYANOYn
A <D PI KHZ ZHIAN
TA ETH Kl
NEIKHOOPOX
0 OPEnTOZ
- est-à-dire
Consacré aux Dieux Mânes; ;i Caius Pinnius Justus, sénateur d'Amas
Lris, jurisconsulte, assesseur de Marcus I Ipius Lrabianus, proconsul
d'Afrique, morl à l'âge de 37 ans, \icephore, son esclave (verna),
-•On s;iii que, dans l'empire romain, les gouverneurs <l<*s pro-
\ inces joignaient ;i leurs fonctions administratives des attributions
judiciaires très-étendues. Ils \ rendaient la justice en dernier
ressort, comme le faisaient les préteurs à Rome, H avaient, de
même que ceux-ci . un conseil ou tribunal d'après les ;n i^ duquel
ils prononçaient leurs décisions. Cette inscription nous fait con-
naître un des membres du conseil du proconsul d'Afrique. Mais
"ii se demande pourquoi ce personnage ;i été choisi parmi les
dateurs d une ville de Paphlagonie, qui devait avoir bien peu
de rapports avec l'Afrique.
•■ ! ne inscription trouvée dans celle même ville d'Amastris, et
qui ;i été publiée dans le Corpus inscriptionum graecarum , n° 4i5i,
nous donne l'explication de ce fait. Cette inscription, qui a été
vée eu 1 iîfi de notre ère, se lisail sur le piédestal d'une statue
élevée à / Ipius [rabianus, qui avail déjà été consul el venail d'être
nommé gouverneur de la Palestine. <>n peul en conclure que ce
personnage <:i.iii originaire de celle ville, el l'on s'explique alors
comment il avail pu en tirer un de ses assesseurs. I ne conséquence
plus importante qu'on est en droit de tirer de ces faits, c'esl que
assp des gouvprneurs de province étaient nommés par eux.
201 —
itOnne savaitpasqu'f/?p««j4rflAtantMeû1 été procoDsul d'Afrique.
L'inscription de Sicca,qui nous l'apprend, comble ainsi une lacune
dans la liste de ces magistrats, el de l'inscription d'Amastris on
peul conclure que le personnage donl il s'agil exerça ces hautes
fonctions vers l'an ià6 de notre ère.n
.\l. Renan lit une lettre dp \i. Clermont-Ganneau, rendaul
compte de ses dernières découvertes, surtoul épigraphiques, el
en particulier de la découverte qu'il a faite, près de l'endroit où
il plaçait par conjecture le sile de l'anlique Gézer, (l'une inscrip-
tion ainsi conçue :
aakio -m onn
M. Clermont-Ganneau lit la partie hébraïque tu mnn limite
de ( el \ voit l'indication soil tic la limite de la ville i';\i
tique de refuge, soit plutôt la détermination de ôSbs traSQirov,
l'espace qu'il étail permis de parcourir le jour du sabbat. Les
cinq lettres grecques restenl une énigme. L'inscription parait de
l'époque asmonéenne ou de l'époque hérodienne.
M. Debenboi rg ne croil pas non plus qu'à l'époque de cette
inscription il pûl être question encore de ville de relu;;!'.
M. Eogeb dit qu'un certain nombre <le textes pourraient être
rapprochés de cette inscription : des opo* qui étaient établis dans
le port d'Athènes, des 6 pot hypothécaires, des &pot sacrés; on
pourrait trouver aussi des opot T£(xévov5, limites du lieu sacré où
se terminait le droit d'asile.
M. Revillout continue la lecture de son mémoire sur le Concile
de Nicée diaprés les textes contes.
M. Joseph llaléw commence la lecture d'observations critiques
sur les pr( tendus Touraniens de la Babylonie.
SEANCE DU YKNDHKDI ly JUILLET.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie
les manuscrits 98, 196 el 3ûg de la bibliothèque de Toulouse,
— 202 —
demandés pour la Commission chargée de continuer la publication
du Recueil des historiens <lo France.
"\1. le Ministre transmet à l'Académie, delà part de M. Albert
Dumonl . directeur de la succursale de l'Ecole d Athènes à Rome,
un mémoire de M. Mûntz sur les Mosaïques chrétiennes d'Italû
Renvoi à la Commission de l'Ecole d'Athènes.
M. le Ministre adresse a L'Académie la copie de la lettre ci-
jointe de M. Emile Burnouf, relative aux fouilles en cours d'exé-
cution à Athènes :
Monsieur le Minisln
Le déblayement dans l'intérieur du bastion d'Odyssée est entièrement
terminé. L'escalier de Pan est à ciel ouvert sur toute la longueur comprise
dans ce bastion. J'ai démoli la voûte qui le couvraitet la paroi adossée au
rocher de I' acropole. De l'autre paroi, je n'ai laissé que ce qui tient à la
maçonnerie du bastion; j'ai enlevé toutes les parties qui u'étaient qu un
revêtement. On peut maintenant parcourir librement cinquante el uni
marches de l'escalier et se rendre compte de sa disposition dans lesan-
fractuosités du rocher.
Comme je l'ai signalé dans une précédente lettre, le bastion d ( Idyssée
s'appuie, au sud, coude le mur d'un bastion antique, situé juste au-des
sous de la Pinacothèque et du piédestal d'Agrippa. Ce bastion est plus
ancien que le piédestal, puisqu'il passe au-deasous el lui sert de point
d'appui. L'escalier de Pan traverse le mur de ce bastion antique à l'en-
droil de sa jonction avec le rocher : c'est là une des entrées vraies et au-
thentiques de l'Acropole; elle consiste en un simple trou laisse dans un
mur, ei n'a rien d'analogue au prétendu escalier monumental déblayé
par feu M. Beulé.
Quand non- aurons les fonds nécessaires, nous rechercherons l'autre
montée qui passait au point opposé, sous le bastion de la \ i< toire Aptère.
S'il était possible de disposer de i6à 30,000 lianes, toute la partie an-
térieure de l'Acropole, qui est de beaucoup lapins intéressante pour
l'histoire . reparaîtrait au jour.
Le travail étant terminée l'intérieur du bastion d'Odyssée, j'ai porté
mes ouvriers à l'extérieur, au pied de ce môme bastion, droit au-des
ie la grotte de Pan. Là, <\r\t\ recherche-, complémentaires me restent à
exécuter: 1 je dois examiner si l'escalier ne se continue pas audehors,
el .j| je continue, je dois en poursuivre le déblayemenl jusqu à sa pre ■
— 203 —
mière marche; aDje dois rendre accessible la source Clepsydre, el décou-
vrir, s'il existe encore, l'appareil distributeur des eaux qui portait pro-
prement le iiDin de k/£\£/u5pa.
Ces travaux ne seront, je l'espère, ni Innjjs ni coûteux, cl n'absor-
beront pas plus de 5oo IVancs. Conduisant moi-même les travaux avec de
simples ouvriers et n'ayant recours à personne pour les plans et les des-
sins, j'arrive au dernier d<';;iv possible d'économie.
A mesure < j n<- 1rs travaux s'exécutent . je tinsse les plans et je fais des
dessins exacts de l'étal des lieux. Jeu ai déjà un certain nombre que je
transmettrai (mis ensemble à l'Académie. Ils seront accompagnés des
dessins de plusieurs objets de sculpture el des estampages des inscriptions
qui ont été trouvées ou qui le seront dans le cours du déblayement. . . .
M. de Sainte-Marie adresse à L'Académie l'estampage qu'il
avail précédemment annoncé, d'une inscription romaine trouvée
à Zaghouan, ainsi que l'estampage d'une inscription de même
nature conservée à la maison du consulat de France, à la
.M ai sa.
M. L. l(KMi:n. après en avoir pris connaissance, dit que les
inscriptions dont il s'agit sont inédiles, et il en donne la lecture
suivante :
INSCRIPTION DE ZAGHOTJAN.
MEGATIAE-VICTORIAE
CONIVGI • INCOM
PARABILI • L • STLA
NIVS • CRESCEN3
FL • P • P - POSVIT
L-D-DD
MegatiaeVictoriae,coniugiincomparabili, L(ucius) Stlanius Crescens,
il amen) p(er)p(etnus), posuit l(oco) d(ato) d(ecurionum) d(ecreto).
« Cette inscription ne nous fait pas connaître le nom antique
de la ville de Zagbouan , mais elle prouve du moins que cetle
ville était une colonie ou un municipe. L'Académie sait que c'est à
Zagbouan que commence le grand aqueduc qui fournissait l'eau
à Carlhage.
— 204 —
l\-< l'.ll'l [ON DE LA H USA.
MANIBVS • SACRVM
RVFRIVS • D • F • OVF ■ ADI VTOR
MEDIOLANI ■ MIL • COH • XIII
VRB • ) • PVBLILI ■ MIL • AN . XV
VI XIT • ANNIS ■ XXXX-
HIC-S1TVS-EST
CVRA • T • NEP1 ■ VELOCIS
HEREDIS-EIVS
lu-dessous de cette inscription un luist" en bas-relief, dans une couronne de
ïeiiill.i
Manibus Sacrum.
. . . .Rufrius, l> ecimi) I" ilius), ' >uf(entina tribu), Adjutor, Mediolàni
mil(es) coh(ortis) sin l rb(anae), centuria Publicii, mil(itavit) an(nis) sv,
\i.\il annis xxxx. Hic situs est. Cura T(iti) Nepii Velocis, berediseius.
rr Cette Inscription est, od le voit, l'épitaphe d'un soldai de la
xme cohorte urbaine, originaire <!»' Milan, el décédé en Afrique
après quinze années de service, plusieurs années par conséquent
avant d'avoir obtenu son congé. «
M. L. Renier annonce ensuite à I académie que la Commission
des missions scientifiques el littéraires, «pii a tenu séance la
veille i 6 juillet, ;i m communication « I « * documents adressés à
M. le Ministre de l'instruction publique, par M. l'abbé Duchesne,
élève <!'■ l'Ecole pratique des hautes études, en mission à Rome.
Ces documents consistenl en près de cenl quarante inscriptions
grecques inédites, donl la démolition des remparts de Salonique
a amené la découverte , el qui ont été copiées avec beaucoup de
soin par M. Duchesne, el en un certaii mbre de fragments
copiés dans les manuscrits du monl Alhos. Ces fragments formenl
un ensemble de plus, de cenl vingl pages in-'r el sonl accompa-
gnés de fat des manuscrits «I où il- sonl tirés.
Enfin . à ces documents esl joinl un long el intéressant nié
moi i-e de M. Bayet, sur des monuments de Satonique apparie
liant à l'époque byzantine, mémoire <] n i est accompagné de pho
Lographies des monuments qui \ sonl décrits.
A la >n it<- de <•<■! (<■ communication, M. Miller rappelle qu'il \
a ili\ ans, quand il est allé à Salonique, il a t'ait le tour de la
ville et a pu constater les nombreuses inscriptions el les fragments
de sculptures qui > \ trouvaient enchâssés. Il s'était entendu avec
le consul de France pour faire en sorte que la France reçût sa
part de ces restes antiques, lorsque la démolition des murailles,
donl il étail déjà question, les rendrai! disponibles. Mais les
choses ne vont pas vite en Turquie , et c'est seulemenl aujourd'hui
que l'opération, décidée alors, commence à s'effectuer.
M. Derenboi.ro t'ait une communicatiou sur tes inscriptions
phéniciennes <>ù il est question de la statue de Malacba'al1.
SÉANCE DD AKNDREDI ik JUILLET.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse à l'Académie
un mémoire de M. Collignon, membre de l'Ecole d'Athènes, inti-
tulé : Catalogue raisonné ei explication théorique des monuments grecs
vt romains qui représentent Psyché.
Ce mémoire est renvoyé à la Commission de l'Ecole d'Athènes.
M. le Ministre annonce en même t«Mii|)-> le prochain envoi d'un
mémoire de M. Blocb . également de l'École d1 Athènes, qui a pour
titre : Becherche8 sur le texte, la date et le sens de la loi Ovinia.
M. de Longpérier, raj ij >< t il i ■ 1 1 r de la Commission des antiquités
nationales, fait connaître les décisions de celle Commission sur
le concour.- de cette année.
La Commission, dit-il, dans sa séance d'aujourd'hui a décerné :
J.a première médaille à l'ouvrage inscrit sons le n" -. Les inscriptions
antiques et du moyen âge de I ienne (en Dauphiné), reproduites en fac-
similé par M. Aflmer ■> vol. in-8". avec atlas).
\ "Il aux COMHI M< ITIOSS il III.
206 —
La deuxième médaille à l'ouvrage inscrit sous le n" 36. Architeetun
romane du midi de la France par M. Henri Revoil ( 3 vol. in-folio).
La troisième médaille à l'ouvrage inscrit sous le n° 10. Dictionnaire
historiqu raphique et biographique de Maine-et-Loire, par M. Cétes-
lin Port il vol. in-8°).
La Commission a aussi décerné des mentions honorables aux ouvrages
inscrits sous les numéros ci-après :
V 3o. Les anciennes bibliothèques de Paris, églises, monastères, etc.,
par M. Alfred Franklin (3 vol. in-4°).
V ai. Topographie historique du département de l'Ain, par M. Guigue
< i vol. iu-'i°).
N° <). Le théâtre de Vesontioet le square archéologique de Besançon, par
M. Auguste Gastao l broch. in-8°).
.V 5. Histoire de l'ancien écèclté-comté de Lisieux, par M. de Forme-
lle i a vol. in-8°).
N° 19. I. La première expédition de Jeanne d'Arc, Blois, Crécy, Or-
léans, 21, 28, 29 avril iâ29 ( 1 vol in-8°). II. La salle des thèse* de l'U-
niversité d'Orléans (1 vol. in-8°), par M. Boucher de Molandon.
V 3. Calixte 11. Étude sur les actes de ce pape, par M. Ulysse Robert
1 vol. in-8°).
Le Président, au nom de l'Académie, donne acte à la Commis-
sion des conclusions de son rapport.
\i. m Longpérier l'ail la communication suivante :
••.l'ai reçu aujourd'hui même une lettre de M. Antoine de Ville
fosse, datée de Constantine, le l8 juillet, e1 accompagnée de
photographies représentai un objel antique d'un si haut intérêt
que je crois devoir en faire à l'Académie communication immé-
diate.
rrVoici d'abord la lettre: «Permettez-moi de vous adresser la
ir photographie d'un monument don! la provenance el le caractère
(toffrenl un intérêl toul particulier.il a été découvert à Carthage
rtdans les citernes de la Sfalqâ, el appartient à M. \ illedou, vice-
■rconsul de France à Sousa (Tunisie). C'est un masque de terre
ircuite peint en rouge. La couleur esl enlevée en quelques endroits,
ffce qui permet d'en constater l'épaisseur; elle s'écaille facile-
irment. Les cheveux, qui retombenl en larges nattes le long du
tcou, Boni peints en noir ainsi que les sourcils. Les oreille-
— 207 —
ees chacune de six trous, trois ou haut, trois en bas.
* Ils servaient probablement à suspendre des pendants ou d'autres
irornements.il n'en était pas de même des autres trous, beaucoup
••plus grands, qu'on observe autour «lu masque et qui sont au
ir nombre de sepl : trois à la partie supérieure de la tête, un au-
cr dessus el un au-dessous de chaque oreille; ils étaient destinés
-à fixer le masque. 11 me semble <|u"il faul \ \<>ir un masque
t funéraire plutôt que l'image d'une divinité; en tous cas, le ca-
itractèrede la figure est très-particulier et se rapproche beaucoup
tedes types du tombeau corinthien dont \<»us ave/ donné une si
rr excellente reproduction dans voire Musée Napoléon III. La hau-
trteur de cette terre cuite esl de om,i9 et la plus grande largeur
ftest de om,i3; ce ne sont pas tout à fait les dimensions de la
"ligure humaine. La photographie ci-jointe a été faite par mon
rr compagnon de voyage, M. de Laurière.w
- Les mesures indiquées par \I. de Villefosse me paraissent cons-
tituer un obstacle assez grave à la classification de cette terre cuite
parmi les masques funéraires, genre de monuments, du reste,
très-connus dans les collections d'antiquités, mais dont les dimen-
sions sont ordinairement plus grandes. Si Ton déduit, en effet,
la hauteur du cou des om,io donnés, il resterait à peine o'".i 5 pour
la portion qui aurait du servir à recouvrir la tète du mort: et celte
dimension est insuffisante. D'un autre coté, nous connaissons des
masques soit en métal, soit en terre cuite, qui représentent des
divinités.
crMais ce qui est incontestable, c'est que nous nous trouvons,
pour la première lois, en présence d'un monument de ronde-bosse
appartenant à l'art carthaginois de la haute antiquité. Quelques
petites images gravées en tête de stèles d'une époque relativement
récente ne pouvaient nous en donner une idée. Comme il élaii
facile de le prévoir, du reste, ce spécimen de l'art carthaginois
offre tous les caractères de l'art phénicien des hautes époques.
Nous comparons d'abord ce masque aux têtes que les pierres gra-
vées phéniciennes et juives nous présentent , dans des proportions
presque microscopiques, mais cependant très-appréciables. Le
rapprochement s'établit encore mieux avec celles des grande
_ 208 —
sculptures cypriotes que, dans le classemenl de ces monuments,
nous avons attribuées à la période phénicienne, précédant les pé-
riodes ou l'influence des ,\ss\ riens, dv* K(<;-\ piiens ei des Grecs
s'est l'ail tour à tour sentir dans l'art de celle lie de Cypre, con-
quise ou colonisée par tanl de peuples.
«Je mets ici en regard de la photographie exécutée par M. de
Laurière relies de <1*mix sculptures n priotes recueillies par M. Ces-
nola. On pourrai! trouver dés analogues encore plus marqués;
je prends ce que j'ai sous la main. Ouanl à la coloration du vi-
sage en rouge, elle existe non pas seulement dans les figures du
grand tombeau corinthien de Ceri, que M. de Villefosse rappelle
si justement . mais encore dans d'autres sculptures de travail asia-
tique. Je me contente de rappeler ici celle curieuse tête peinte
en rouge avec chevelure noire que notre regretté confrère Charles
Texier avait achetée près d'Edesse en Mésopotamie, non loin de
la rive gauche de l'Euphrate, qu'il avail donnée à Berger de \i-
vrey, el qui, léguée à mon excellent ami Brunet de Presle, a été
donnée finalement par lui au musée du Louvre en 186 U. Je l'ai pu-
bliée dans le Musée Sapolêon Jl I . pi. \ 1. 1 a simple masque de terre
cuite m- peut pas donner i idée complète de l'art carthaginois,
si ou l'envisage isolément; mais si nous le comparons aux terres
cuites delà Phénicie, nous reconnaîtrons une analogie , nue simi-
litude de travail qui nous suffira, pour attribuer aux monuments
(le pierre, de marbre, de liroii/.c exécutes ;'i < !;i ri luijre . le shle des
monuments de même matière que les Sémites nous uni laiss
Voilà pourquoi l'envoi de M. Villefosse esl si curieux el si ins-
tructif. Lorsqu'on fouillera la Tunisie, on y découvrira bien
d autres monuments carthaginois des anciennes époques; nuis
aujourd'hui que ces conquêtes scientifiques ne Boni pas encore
réalisées, nous ne pouvons nous défendre, à la vuedecel échan
tillon précurseur, d'éprouver une satisfaction comparable à celle
que nous inspirèrent les premiers dessins de Botta envoyés de
Vfossoui .1 \l. \folil , et dans lesquels il nous lui possible d'entre
\oir l'art niui\ ite. ••
M. Revilloul continue la lecture de son mémoire sur le Concilt
de Xû i , ,1 après les U des copt
— 209 —
M. Josepb Halévj continue la lecture d'observations critiques
sur les prétendus Touraniem Babylonie.
SI W I. Dl \ I.NDHF.DI 3 L JUILLET.
M. le Ministre de l'instruction publique adresse a l'Académie
trois estampages envoyés de Tunisie par M. de Sainte-Marie. Deux
de ces estampages représentent des inscriptions acquises au Kef;
le troisième est celui de l'inscription romaine annoncée par
M. de Sainte-Marie dans une précédente lettre.
Le Secrétaibe perpÉtdel donne lecture de son rapport semes-
triel sur les travaux de l'Académie. Ce l'apport sera imprime'1.
Le SfiCBÉTàiRE perpétuel a reçu de M. Virlel d'Aoust une note
intitulée : Description topographique et archéologique tic la Troade,
note dont il donne lecture à l'Académie2.
M. Renan présente, de la part de M. Amari, membre étranger
de l'Académie, les photographies de deux nouvelles inscriptions
puniques provenant de Carlhage, inscriptions qui lui ont été
communiquées par M. Polizzi, bibliothécaire de Trapani. Elles
présentent la dédicace ordinaire à Tanith et Baal-Hammon , dont
on possède déjà de nombreux exemplaires.
M. Revillout continue la lecture de son mémoire sur le Concile
de Sicée d'après les textes coptes.
Sont envoyés pour le concours (\fs antiquités nationales de
7 5 :
î Renart le \ouvel, roman satirique composé au zme siècle, par
Jacquemars Gielée de Lille, précédé d'une introduction historique
el illustré d'un fac-similé d'après le manuscrit La Vallière de la
Bibliothèque nationale, par M.Jules Moudov ( i vol. in-S°).
tice sur le rm, .salai et V administration consulaire d? iurittac,
par M. Camille Rivain ( i vol. in-8°).
Revilloul continue, au nom de M. Halévy, la lecture d'ob
servations critiques sur les prétendus Touraniens tir la Babylonie.
\ oir à la suite des GoHMunicATio -
\ oir ani Comfirnn itioks. n° IV.
:.'](»
SE IlHCE Dl VENDREDI 7 AOI 1.
M. le Ministre de l'instruction publique envoie à l'Académie
un mémoire de M. Bloch , membre de l'Ecole Française d'Athènes,
intitulé : Recherches sur le texte, la date et les dispositions de la loi
dite Ovinia tribunicia.
M. li' Ministre transmel encoreà l'Académie une lettre adressée
nu Secrétaire perpétuel par M. \. Dumont, sur les travaux des
membres de la succursale de l'Ecole d'Athènes, à Home, ainsi
qu'une note, égalemenl de M. \. Dumont. sur la mission scien-
tifique en Orienl de MM. l'abbé Duchesne el Bayet.
Renvoi à la Commission de l'Ecole d'Athènes.
M. de Longpérier, au nom de la Commission du prix de nu-
mismatique, donne lecture du rapporl suivant :
Il a été déposé, pour le concours de numismatique, un seul ouvragi .
H esl intitulé :
\umismatique des corporations parisiennes, métiers, etc., d'après les
plombs historiés trouvés <t<nis lu Seine et recueillis par iirthur Forgeais
| 1 vol. in-8°, 187/1)-
Ce volume n'est pas dépourvu d'intérêt; mais il reproduit les <loru-
menls déjà publiés par le même auteurdans plusieurs ouvrages, Dotam-
menl dans bcs \Ureaua des corporations de métiers i 1863) el dans ses
Variétés numismatiques 1 1866), ouvrages pour lesquels M. Forgeais a
reçu la seconde médaille du concours des antiquités de la France, 'le
cernée le 5 •nuit 1 864.
En conséquence, la Commission a pensé, a l'unanimité qu'il n'y
avait pas lieu de décerner le prix en 1 -s 7 'i .
Le montant du prix sera reporté au concours de 1875.
L'Académie donne acte a la Commission des conclusions de
[mii I sur le prix de relie année: j] sera Statué plus laid sur
la valeur du prix à décerner l'an prochain.
M. Maii. Me communique a I académie la découverte * f î j il a
m iik-ti 1 faite a Karnak : c'est un pylône qui s,, trouvail caché
par une m; de dél ombl 1
i , pylône peut être considi mme étant celui «pie Thout-
— 211 —
mes III lit élever en souvenir de ses victoires, car chacun des
nombreux personnages gravés sur ee monument porte sur la poi-
trine un écusson qui montre qu'on a voulu ainsi représenter les
peuples vaincus par Thouthmès et les localités dont il s'était em-
paré. Ce qui fait l'importance de cette découverte, ce sont ces
inscriptions nombreuses qui permettent de retrouverles noms de
628 localités appartenant à la Palestine, à la Syrie, à la Mésopo-
tamie,au paysdePount, au To-riuter,à l'Ethiopie et à la Nubie1.
L'Académie, après avoir entendu la communication de M. Ma-
riette, considérant le> importants résultais des recherches opérées
par ordre <l" S. \. le Khédive, décide, sur la proposition de son
bureau, que l'expression de sa reconnaissance pour tant de grands
services rendus aux sciences de l'antiquité sera transmise à S. A.
le Khédive par le Secrétaire perpétuel, et consignée au procès-
verbal.
M. Dklochf.. au nom de la Commission du prix Bordin (année
1 87/1), fait le rapport suivant :
La question proposée était : Faire connaître les vies des saints et les
collections de miracles publiées ou inédites qui peuvent fournir des documents
pour l'histoire de la Gaule sous les Mérovingiens. Déterminer à quelles
dates elles ont été composées.
I 11 seul ouvrage a été envoyé au concours; il est l'ait sans méthode
et sans critique, par un auteur qui n'est évidemment point préparé à
des travaux d'érudition; il s'est borné à traduire par extraits ou à ana-
lyser les vies publiées par les Bollandistes; il ne recourt jamais aux ma-
nuscrits, ne contrôle jamais le degré d'exactitude du récit. Il accepte
comme sincères des diplômes notoirement faux ou fortement interpolés,
et il en fait la base de son étude. Parfois il reproduit des vies composées
par des modernes, par Mariana, Benschenius, etc. fm résumé, le travail
présenté ne répond point au programme et ne fournit aucune lumière,
aucun renseignement utile pour l'histoire de la période mérovingienne.
La Commission est donc d'avis, à l'unanimité, qu'il n'y a point lieu
d'accorder cette année le prix Bordin.
L'Académie donne acte à la Commis-ion di conclusions de
1 rapport.
' Voir aux Communications, h \.
2 1 2
M. Mjllkr explique el restitue une inscription grecque décou
nie à Kars el-Kébir (l'ancien Oppidum novum du Maroc), ius-
cription communiquée par M. Tissot, noire ministre plénipoten-
tiaire.
M. de Longpéribb a la parole pour une communication relative
à des inscriptions antiques trouvées à Chalon-sur-Saône :
•Noire savanl correspondant, M. Chabas, m'a signalé, dit-il,
la découverte de deux inscriptions qui oui été trouvées dans la
ville qu'il habite. Voici dans quelles circonstances :
••Les travaux exécutés pour les besoins de la distribution d'eau
oui l'ail retrouver, près de la place de Beaune, toul le système
de pavage de la porte et des abords de l'antique cité. Les ornières
creusées dans les <: mes dalles qui formenl ce pavage ont ai-
tiré vivemenl la curiosité des habitants de Chalon. Ce pavage est,
du reste, étudié par M. .1. Chevrier, vice-président de la Société
d'histoire el d'archéologie: ce savanl a relevé sur deux des grands
blocs de pierre, jetés fort heureusemenl la face en dessous, les
inscriptions que voici :
AVG SACR
DEO MER.CV
RIO
SEX . OR.GIVS
SVAVIS
D .S . P . D
L . D . EX . D . PAG
AVG . SACR
DEO
HERCVLI
SEX . ORGIVS
SVAVIS
D . S . P D
L . D . EX . D . PAG
ttLa lecture de ces inscriptions intéressantes n'offre pas de dif-
liciili
-M. Chevrier a cherché diverses interprétations pour la der-
nière ligne, el la première qu'il présente loco <l<iu> r.r dono paga-
norutn, lui parail avoir d roi I a la préférence. Mais il faut se rap
pelei que la formule locus dattu décréta paganorum ;i été adopté*
— 213 —
par Hagenbuch, Orelli, Henzen, expliquant une inscription de
Dijon publiée au \\\\" siècle par Reinesius.
I . O . M
ET FOR.TVNAE R.EDVCI
L . D . D . PA
-M. Mommsen explique la formule D . PAG . S, qui se voit au
lias d'une inscription de Sessante (royaume de Naples), par de
pagi sententia; AI. de Boissieu a publié aussi une inscription de
Lyon qui offre la formule L . DD . PAGI COND (Locus datas
decrelo pa°i Condati).
(rLes deux inscriptions de Chalon-sur-Saône appartenant,
comme celles de Dijon et de Lyon, à la province Lyonnaise, pré-
sentent une formule qui vienl à l'appui de l'opinion émise par
les savants interprètes que j'ai cités; puisqu'au lieu de la syllabe
PA. qu'on voyait dans l'inscription de Dijon, on trouve PAG, ce
qui ne permet plus d'hésiter entre la leçon de Reinesius, Decreto
patrum, et celle qu'Henzen a enregistrée en dernier lieu, Decreto
paganorum.
irQuel était ce lieu donné par les habitants du pagus? Ce n'était
vraisemblablement pas la très-petite place occupée par les deux
stèles. Il s'agissait probablement d'une palestre ou de quelque
enceinte consacrée à des luttes, et ceci expliquerait la double dé-
dicace à Mercure et à Hercule1. Il sera peut-être tort difficile de
déterminer en quel endroil avaient été primitivement dressées et
consacrées les deux stèles. Mais les antiquaires i\u pays découvri-
ront peut-être aussi quelques restes de constructions dont les
dispositions pourraient s'accorder avec l'idée d'une palestre que
font naître les textes géminés recueillis dans le pavage antique
de Chalon.Ti
M. Rbnam communique à l'Académie un nouvel envoi de
M. Clermont-Ganneau, comprenant deux nouvelles inscriptions
1 Hercule et Mercure sont tes dieux des palestres, des gymnases, de tous les
lieux de lutte et de concoure
"• i5
— 214 —
hébraïques des environs de Gézer. L'une n'est que la reproduc-
tion presque lettre pour lettre de l'inscription déjà communiquée
vendredi dernier. Dans la lettre lue à la dernière séance, M. Cler-
mont-Ganneau exprimai! la pensée que, si L'inscription découverte
par lui était réellement une indication de limite, on en trouve-
rait uni1 répétition sur l'une des autres roules sortant de la ville.
Cette conjecture s'est véri6ée. A i5o mètres de la première dé-
couverte, M. Ganneau a trouvé un nouveau texte tout semblable,
sauf que, dans la partie grecque, au lieu de Alkio, il \ a Alkion.
Il n'y a donc plus guère de doute sur l'objet qu on s'est proposé
dansées inscriptions singulières.
La troisième inscription découverte par M. Ganneau, non loin
des deux autre-, se compose de quatre lettres. YL Ganneau hésite
sur la lecture. Il ne croit pas que ce soit une limite; elle est hors
de l'alignement. M. Renan inclinerait à choisir la lecture \etofa,
nom de ville connu tt et non encore identifié.?) C est à M. Ganneau
à voir sur place si celte lecture peut être maintenue. Il serait, pos-
sible que le mol limite de eût été omis.
M. Ganneau présente en outre la photographie d'un fragment
de vase en terre cuite découvert dans la caverne de la Via àoh~
rusa, et presque identique à celui qui a été transmis à l'Académie
par M. de Wallevillc.
MB w i: Dl \ BNDRED1 1 'l \orr.
M. le Mini-ire de l'instruction publique transmet à l'Aca-
démie les épreuves photographiées d'un mémoire de M. Cleiv
mont-Ganneau sur la Terre-Sainte, avec la reproduction d'un
fragment de pierre tombale où l'on \i»it l'image d'un évéque croisé
de Palestine, contemporain de Bainl Louis. M. de Longpérier en
rendra compte dans une prochaine séance.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance rede> ient publique.
M. Révilloul continue la lecture de son mémoire sur le Concile de
Sirée rf après les texte* coptes
— 215 —
M. Ihlrw continue el achève ses observations critiques sur les
prétendus Tourameru dé In Babylonie l.
SB&NCE DU VENDREDI SI AOl'T.
M. li> Ministre de l'instruction publique adresse à L'Académie
trois fascicules faisant suite au mémoire de MM. Duchesne et
Bayet, membres de l'Ecole d'Athènes. Ce sont :
in Charte du monastère de Barlaam aux Météores (un fac-similé);
2° Documents inédits ayant rapport aux relations du monastère de
Palmos avec les puissances d'Occident.
3° Note sur quelques manuscrits de la bibliothèque du monastère de
Patmos (cinq fac-similé).
M. le Ministre de l'instruction publique l'ait connaître à l'Aca-
démie qu il résulte d'une correspondance échangée entre le Gou-
vernement belge et M. le Ministre des affaires étrangères de
France, que le manuscrit de Bruxelles, coté 10707, et contenant
les GtUnùs Parisiensis gesta christicolarum, est rentré, par suite de
nombreuses détériorations qu'il a subies-, dans la catégorie de
ceui dont le prêt au dehors ne saurait être autorisé.
Ce manuscrit avait été demandé en communication au nom de
la Commission chargée de publier les Historiens occidentaux des
croisades.
M. Robiou lit un second mémoire sur Apollon dans la doctrine
des mystères.
M. Chodzkiewicz lit un mémoire sur l'interprétation du cen-
tième vers de la comédie d" Aristophane intitulée : Les Acharniens.
M. Revillout continue la lecture de son mémoire sur le Concile
de Nicée (Caprès les textes copi
• i m] CoKMI 1ICJ IWNS, li \ I.
10
216
SÉANCE m \ BNDBEDI 9.8 AOÎ I
I. académie se forme eu comité secret.
La séance redevient publique.
\I. Robiou achève la lecture <le son second mémoire sm
ipolîondans la doctrine des mystères1.
SÉANCE DU VENDREDI h SEPTEMBRE.
M. Chodzkiewicz achève la lecture fie son mémoire sur l'in-
terprétation iln centième vers «le la comédie d'Aristophane inli-
lulée : Les Achamiens -.
M. Egger demande à l'Académie la permission <le rappeler
que M. Francis Meunier, peu de mois avanl sa mort, avait In à
la Société philologique, une restauration ancienne de ce même
vers d'Aristophane. Le mémoire de M. .Meunier n'a |»as été
ici vé dans ses papiers.
M. Guérin commence la lecture d'un mémoire sur la Géogra-
phie de V ancienne Palestine , contenant la description de l<i ville de
Beisan, jadis Beth-Chéan <m Scythopolis,
I," académie se Forme en comité secret.
SÉANCE Dl VENDREDI l 1 SEPTEMBRE.
M. le Ministre <le l'instruction publique envoie la seconde
partie «In mémoire <le M. Mùntz sur les Mosaïques italiennes <ln
m au 1 1 siècle.
Renvoi à la Commission de I Ecole il Athènes.
M. de Sainte-Marie envoie de Tunis l'empreinte de vingl ins-
criptions el fragments de stèles phénicie s trouvés dans une
\ (.11 BUS I '.MVII M. Ml' i\-. Il \ | |.
\ nu iil\ < loMMI KICATI i \ Il I.
— 217 —
fouille que M. de Sainte-Marie a pratiquée ;'i Carthage, au bas
de la colonne de Byrsa, entre le temple de Bal et le théâtre.
Renvoi à la Commission des inscriptions sémitiques.
M. .1. Catafago écrit de Londres pour annoncer <[ti i 1 a décou-
vert la date symbolique de la fondatiou des temples du Soleil de
Balltoc et <le Palmyre.
M. dk Longpbbier, au nom de M. Clermont-Ganneau , lit une
notice sur un fragment de pierre tombale, contemporaine de
saint Louis, trouvée à Jafifa, dont il a été question à l'une des
précédentes séances. M. de Longpérier ajoute quelques observa-
tions à la notice de M. Clermont-Ganneau1.
M. L'abbé J. Corblet adresse à L'Académie, pour le prochain
concours des antiquités de la France, le tome IV d'un ouvrage
intitulé : Hagiographie du diocèse d'Amiens.
M. Guérin acbève la lecture destin mémoire sur la Géographie
de T ancienne I '(destine, contenant la description de le ville de Beisan,
jadis Beth-Chéan ou Scythopolis. Il l'ait une communication sur le
fleuve et la vallée du Jourdain -.
SÉANCE Df VENDREDI l8 SEPTEMBRE.
M. le Président donne lecture à l'Académie d'une lettre ainsi
conçue:
Yal-Rielier, dimaivchc , i3 septembre i ^ 7 'i .
Monsieur le Président .
J'ai la douleur de vous annoncer la mort de mon père, qui s'esl éteint
sans souffrances hier soir à 7 heures 1/2. Dans un écrit signé île lui et
daté du 26 mai de cette année, j'ai trouvé 1rs instructions suivant
Désirant être enseveli dans le cimetière de Saint-Ouen-le-Pin,je ne <
qu'aucune invitation soit adressée pour mes funérailles , ni aucun discours
prononcé .sur ma tombe; je charge mes enfants de communiquer simplement
ma mort à l'Institut.
1 Voir aux Communications, 11 !\.
\ oii ans Cornu sicatioss. . \ el XI.
— 218 —
J*ai tenu. Monsieur le Président, à accomplir celle volonté de nain
père ru \inis l;i faisant connaître sans retard, et en vous priant de la
faire connaître à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en même
temps «pie le coup cruel dont nous venons d'être frappés.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'assurance de ma plus haute
considération.
Signé : Guillaume (!i izot.
M. le Président continue en ces termes :
rr Cette lettre porte à la connaissance officielle de l'Académie
une douloureuse nouvelle qu'elle avail tristemenl pressentie de-
puis plusieurs semaines, et dont clic est déjà instruite par la lec-
ture des feuilles publiques.
•Les intentions si formellement exprimées par M. Guizot
ne permettaient pas qu'aucune uùx s'élevât sur sa tombe et
% in l rappeler les services qu'il avail rendus à la science el au
pays. Toutefois, votre président n'aurait pas cru répondre aux
sentiments unanimes de l'Académie, s'il ne s'était pas rendu au
\ al-l!i( lier, pour accompagner les restes mortels de noire con-
frère jusqu'à sa dernière demeure. L'allluence qui se pressait dans
le cimetière de Saint-Ouen-le-Pin témoignait plus haut que ne
l'auraient l'ail les plus éloquentes paroles la grandeur de la perte
qui \ieni de frappé? la France, el les profonds regrets que celle
perle fait éprouver au pays tout entier. Ce deuil national estaussi
pour l'Académie un deuil domestique. M. Guizot était une de nos
gloires; qous étions Gers de le posséder dans nos rangs; quelque
chose de l'éclal <|ui s'attachait à son uom nous semblait rejaillir
•m nous. Un jour, je l'espère, noire Secrétaire perpétuel racon-
tera cette carrière de près d'un siècle, si noblement partagée entre
le culte des Lettres el le> plus liaules fonctions de I Etat. Mais, dès
aujourd'hui, un premier hommage doil être rendu à cette grande
mémoire. J'ai l'honneur de proposera l'Académie que l'expres-
sion deses regrets unanimes soil consignée au procès-verbal de
cette séance, el transmise à la famille de M. Guizot par les soins
de notre Secrétaire perpétuel. n
M Edmond I." Biant e»\ désigné pour lire, à la prochaine
— 219 —
séance trimestrielle, sa notice sur les martyrs chrétiens et les sup-
plices destructeurs du corps.
M. II. Mabtin lii en première leeture un mémoire sur la eos-
tsmgraphie populaire après V époque d' Homère cl d'Hésiode.
M. Guéri n continue sa communication sur la voilée du Jourdain.
11 répond aux observations <|ui lui soûl présentées par MM. Hrunet
de Presle, Maury, Derenbourg e1 de \\;iilly.
A l'occasion du atalogue descriptif du musée Fol à Genève,
M. Eomobd Le Blahi entretient L'Académie d'une marque de fa-
brique inscrite sur une lampe de celte collection1.
SÉANCE DU VENDREDI 2 5 SEPTEMBRE.
M. de Sainte-Marie, à la date du 1 5 septembre, annonce l'envoi
de dix-neuf inscriptions et fragments d'inscriptions néo-puniques
récemment découvertes par lui à Gartbage, de deux inscriptions de
Landeina, et d'un marbre écusson provenant de Bizerte. A la lettre
de M. de Sainte-Marie est jointe la photographie de l'inscription
de Landeina, qui a été brisée dans le transport.
M. H. Tauxier, capitaine au 7/1°, à Evreux, envoie à l'Académie
un mémoire manuscrit, dans lequel il s'attache à démontrer, con-
trairement à l'opinion de M. Roudaire, que les témoignages d'Hé-
rodoh et de Scyiax , relatifs à un débouché des lacs du Djerid dans
la mer, sont dépourvus de toute valeur.
M. César Daiy, architecte du Gouvernement, directeur de la
/- vue générale de l'architecture, annonce l'ouverture d'une souscrip-
tion pour la continuation des fouilles entreprises à l'Acropole
d'Athènes, par M. Emile Burnouf.
Le mémoire de M. Le Blant, qui avait été désigné pour être lu
à la séance trimestrielle de l'Institut, venant d'être publié dans la
l'x-rue archéologique, l'Académie procède au choix d'un nouveau
lecteur pour celle séance. M. Charles Robert est désigné pour lire
sa notice sur une médaille relative au siège de Metz.
' Voir flUxCoUMUNICATIOKS. Il' \ll.
— '2'20 —
M. Il i:\hi Martin do une une deuxième lecture de son mémoire
sur la cosmographie populaire après V époque d'Homère et d'Hésiode.
M. Siméon Luce lit en communication un mémoire intitulé :
Négociations des A h;; lais avec le roi de Navarre pend a al la révolution
parisienne tl<] i358.
M. Le Blant communique la noie suivante sur un monument
qu'il a récemment examiné à Nyon, en Suisse :
• Puisque j'ai parlé d'un ôbjel que je viens de voir dans un voyage
en Suisse, l'Académie me permettra de placer sous ses yeux la
photographie d'un monument d'art romain inédit qui se trouve à
\\oii. Le recueil le plus autorisé «les inscriptions helvétiques \
mentionne un marbre consacré à un flamen Àugustalis C. LVC-
CONIVS TETRJCVS, el signale, par ces mois places en tête de la
copie, Protome viri, la présence d'un buste que l'on pourrait croire
appartenir au monument. Il y a là deux points à rectifier. Sur
L'inscription que je suis allé voir, inscription qui esl dans la rue
el appuyée au mur extérieur d'un temple protestant, un buste esl
en ellet posé, mais, comme le montre la photographie, il n'a rien
de commun avec la légende lapidaire, et de plus, le Protome viri
est un beau buste de femme.»
221
COMMUNICATIONS.
N° I.
éMIGRATIOfl DES CHANANÉENS CHASSÏS J>E PALESTINE EN AFRIQUE
ET PARTICULIEREMENT À 1.EPT1S OU EN TRIPOLITAINE.
I. / ne vue d'histoire générale dirige nos recherches sur ce sujet
restreint et sur quelques études monographiques au sujet de Leptis.
Septimc Sévère et Caracalla, originaires de cette \ille, en ont
gardé ie caractère, les mœurs et le culte. D'autre part les
Bassiens d'Emèse, Phéniciens (tô ysvos Qotvicraa., à-no Èfiécrou
èv Qoivixri) (Hérodien. \ ). s'allièrent à cette branche punique
de leur dynastie, en la personne de Julia Domna, épouse et
mère de ces princes, grand'tante maternelle d'Elagabale et
d Alexandre Sévère: el cette union tendait aussi à réunir étroi-
tement le génie des deux branches d'une même race comme
ces deui branches d'une même famille, l'ait qu'on remarque
surtout dans l'alliance du dieu Elagale avec Céleste , déesse
de Carthage. L'unité singulière de ces deux rameaux puni-
ques et phéniciens paraît dès les temps les plus reculés, sur-
tout par L'exemple de l'entente séculaire, qui règne entre Tyr
el Garthage, républiques que leur commerce* étendu à tout
le monde antique, aurait dû mille fois diviser, tandis qu'elles
ne semblent former que comme une seule maison commer-
çante, l'immense entrepôt principal de L'antiquité. La race de
Uianaan conserve quelque chose de ce rôle universel dans
l'empire romain et dans l'Église, au commencement du
111e siècle, de 198 à •>.'>.">. époque où nous concentrons plus
en particulier notre étude. C'est le temps de Tertullien, de
l'école établie à Béryte par le Phénicien Papinien et Ulpien
de l\i. d<' la plus violente el la plus perfide des persécutions
599
qui eûl encore été dirigée contre la foi par cette race phéni-
cienne, et de la transformation chrétienne du même peuple,
au commencement tic la grande Kjjlisc d'Afrique", quand elle
recevait •■ les prémices <lc l'Esprit. »
Outre cet intérêt <lc monographie au point de vue de
l'histoire générale, Leptis ou, avec plus de latitude, la Tripo-
litaine en offre un autre par sa physionomie originale très-
antique, et dont les linéaments n'avaient pas encore disparu au
xi° siècle du moyen Age.
II. Abordons la discussion des textes sur son origine proprement
chananéenne par les plus connus, le texte qu'on attribue à Eusèbe et
^inscription rapportée par Procope. Le premier (Chron.gr. liv. 1)
prouverait directement la fondation de Tripoli par les Cha-
nanéens fugitifs. M ; i i s Scaliger l'a tiré du Syncelle, qui in-
sère dans la chronique d'Eusèbe des textes postérieurs à ce
dernier historien. Il faut donc établir l'émigration chananéenne
indirectement, mais plus sûrement, par l'inscription de Pro-
cope (Bell. Vandal. Il, 10): témoignage recommandé sans
discussion par la commission de l'Académie, en 1 833-i 835.
Malgré les fautes de détail que l'on peut reprocher au récit
de Procope, son témoignage même, <pii est oculaire, se re-
commande par la véracité et la science. L'inscription, en par-
ticulier, présente d'abord des preuves intrinsèques. 1" A la vérité,
un ne peut, avec M. Munie, tirer un argument de l'impos-
sihihté ou était Procope de connaître, d'après les livres saints,
l'hébraïsme iirb 'apocrû-nov, qu'il reproduit. L'auteur byzantin
paraît avoir été catholique, el les Septante même lui auraient
d'ailleurs révélé cette forme hébraïque, au moins dans L'An-
cien Testament. Il reste de cette preuve l'observation du style
phénicien dans la langue. ■•" Le style de l'architecture phéni-
cienne est aussi observé dans les deux stèles, de tradition
imposée. Enfin cette fuite, dont le terme est marqué aui
dernières bornes du monde, répond au psaume Easurgat et
— 223 —
dissipentur, répété sur Le JourdaiD dans la même langue :
harmonie à indiquer en passant, plutôt que preuve rigoureuse.
Passons à àespreuves extrinsèques plus scientifiques, et à La
réponse aux objections : i° à la négation de Mannertsur tout
le récit et sur l'émigration chananéenne. Nous lui opposons la
gravité des témoins, tant colle de Procope «pie celle des auteurs
qui l'appuient, mais principalement l'invraisemblance de sa
propre thèse contre Les migrations chananéennes en Afrique,
qui sont au contraire très-conformes à l'histoire de la colo-
nisation phénicienne, et de l'élément agricole de la population
libyphénicienne, nécessairement venu de la vallée du Jour-
dain. La voie de mer était naturelle et semble rappelée par
Le mythe d'Antée; mais Pémigration dont parle Procope aurait
m heu, d'après lui. par L'Egypte. Cette difficulté est levée par
la simultanéité do la domination des Hvcsos.
Procope s'accorde avec les aurions historiens, dans ses
témoignages, quelquefois peu vraisemblables de primo abord,
mais autorisés ensuite par la science et féconds pour le pro-
grès historique, \insi pour l'origine phénicienne des Maures,
on explique ce qui ne serait d'ailleurs qu'exagéré dans son
eïposé. D'après \rnobe le jeune, c'est à l'intérieur el surtout
du côté de Tripoli qu'on parlait le phénicien. Procope n'in-
dique l'élément chananéen que comme notable dans la po-
pulation mauresque. Pomponius Mêla donne une attestation
locale sur l'existence de cet élément jusqu'à Tanger.
Les modernes adhèrent d'ailleurs très-généralement à l'au-
thenticité de l'inscription, bien que la critique des moins ré-
cents ne soit pas autant à mettre en ligne de compte, comme
quelquefois arriérée. On a commencé de nos jours à confirmer
ce témoignage avec une méthode plus sûre et des preuves
plus fortes. L'Académie appuie aussi les éloges donnés à Pro-
cope. dès l'antiquité. La grande raison donnée à l'émigration
agricole (h\ temps de ïosue* a été empruntée heureusement a
— Tl'\ —
Movers par M. Lenormant. Ljoutonsque la tribu chananéenne
des tisuaBal ou Lewâtah, près de Tripoli, — K tSdfirt , — Cad-
mus, etc. sont là aillant de souvenirs chananéens auprès de
Leptis. Od s'j glorifiai! de ces origines ;ProcOpe put cire amené
par la ((inversion des Mauri pacati, sur la frontière, à rap-
procher, comme eux, les souvenirs bibliques de ces traditions
et d'autres qu'on verra.
Gesenius rejette l'inscription par des motifs aussi mal
fondés «pie ceux des commentateurs de Mannert, quoiqu'ils
aient Ions raison de ne pas prendre Tigisis pour Tanger.
MM. Marcus el Duesbergne tirent qu'un argument négatif du
silence des anciens ailleurs chrétiens, en particulier de saint
JLugustin, sur le monument épigraphique d'une ville qu'ils
connaissaient. Les détails topographiques mêmes, que donnent
les commentateurs de Mannert. font ressortir la singulière
précision de ceux que fournit Procopo.
On élève une dernière difficulté sur son inscription à
pmpos dumot'iVflw, qui, n'étant pas hébreu, ne serait pas
phénicien. Mais il y a lieu d'y faire plusieurs réponses par
l'autorité de différentes versions, par celle même de l'Ecclé-
siastique, écrit originairement en hébreu. Peut-être était-ce
la forme chananéenne, recueillie par les Septante sur le lieu
de l'ancien séjour des Sémites d'Egypte ou du passage des
Chananéens. G'esl encore la variante d'une chronique très-
ancienne (235, monumenl que nous produirons après l'ins-
cription traduite par Moyse de Khoren). Enfin l'omission du
nom généalogique par L'auteur arménien qu'on va examiner
autoriserait au besoin à croire que le mot Save n'appartenait
pas non plus à PrOCOpe, niais anrail passé d'une olose dans
son récit.
III. L'inscription des colonnes, traduite en arménien et assez
temblable à celle <!<• Proeope, nexistait-eUe pas avant lui, et ne
irnit-elle vas des documents nouveaux? Moyse de Khoren, dis-
— "225 —
torien grave el abondamment renseigné, n'a pu d'ailleurs
subir dans son texte d'interpolations de passages entiers.
Movers croii supposé celui de l'inscription; mais il ne le connaît
qu'imparfaitement ei ne Tapas examiné. Il faut d'abord com-
parer les deux versions de Le \ aillant avec l'original, dans
['Histoire d'Arménie, el avec d'autres passages que renferme
cette histoire sur les Chananéens. Ces textes expliquent l'ad-
dition du mot nos princes à l'inscription, et marquent les
rapports des arméniens avec les Chananéens d'Afrique : rela-
tions que l'on peut (Tailleurs induire d'un passage de Salluste
(Bclliun Jugurthin. c. xix, w), éclairé par la langue armé-
nienne, ainsi que [tour le nom des Maures, tiré des Mèdes :
- En arménien Mède se dit Mar, et de Mar à Maure il n'y a pas
loin - | Le Vaillant de FI.). Les traducteursde Moyse de khoren
indiquent, malgré une défiance mal fondée, le lieu important
du débarquement, icras, nom qui se rapporte, ce semble, à
celui des Acrikis ou Al'rikis, Chananéens voisins de Tripoli.
La traduction des Mekhitaristes marque expressément cette
descente en Inique et non pas simplement une navigation le
long de ses côtes, avant d'arriver à Tharsis, pays qui, d'après
plusieurs savants, désignerait alors Cartilage. De là, et d'après
les preuves déjà données, nous concluons à une première
station en Tripolitaine.
Mais il faut établir au préalable l'identité de Carthage avec
Tharsis à cette époque. L<'s motifs que Quatremère apporte en
faveur de Sofalah, sur la côte orientale d'Afrique, nulitent
plutôt pour l'identité avec Carthage, qui exerçait le monopole
du commerce et de l'Afrique et du inonde ancien : solution
plus satisfaisante pour expliquer la provenance de certaines
denrées de Tharsis. Carthage ne fleurit ainsi, à la vérité, que
plus d'un siècle après Salomon, quand se continuaient encore
les voyages de Tharsis. qui pouvaient alors se diriger surtout
vers l'Espagne ; mais auparavant la ville punique put en être le
— 226 —
but principal. Les célèbres voyages de trois années, dont on ne
se rendrail pas compte autrement, en aucune supposition,
s'étendaient sans doute, après avoir visité Carthage, aux pays
qui produisaient les denrées dont cette cité faisait le trafic.
Ce nom de Tharsis était relatif à l'étendue de la navigation
commerciale des Phéniciens et des connaissances géogra-
phiques que les Juifs avaient seulement par ce peuple. Il dé-
signe,non primitivement une ville1, mais une contrée éloignée,
riche et, remarquent les érudits allemands, toujours située à
l'occident, dernier caractère qui fit que ce nom s'appliqua dé-
finitivement à l'Espagne, mais (jui exclut l'interprétation de
Sofalah. Quatremère joint d'ailleurs son autorité' à celle i\<>*
écrivains qui se déclarent pour l'identification, à un temps
très-antique, de Tharsis avec Tunis, c'est-à-dire avec Car-
thage; car Candie', à deux lieues de Tunis, était comme son
port; c'était la colonie de Sidon la plus ancienne, avec Ilip-
pone, sur toute la côte d'Afrique, et alors la plus florissante,
bien avant de porter le nom de Carthage OU de la ville neuve
des T\ riens. L'est de Tharsis désigne donc l'esl de Carthage.
Une conclusion plus générale sur l'ensemble du témoi-
gnage de Moyse de Khoren, c'esi qu'il don les indications
importantes el ne manque point d'autorité. Nous ue tranchons
pas cependant, sur 1rs inscriptions mêmes, la question d'au-
thenticité d'une manière absolue, ni par conséquent . à l'égard
de l'inscription rapportée par Procope, La question de priorité.
I > ■ i reste, ce dernier texte a seul influé sur la chaîne de la tra-
dition historique, L'arménien restant ignoré.
I\. Document très-antique d'une chronique pascale. Ce docu-
ment, bien plus ancien même que la chronique d'Eusèbe, es1
cité en '•">•> par une chronique anonyme , jointe aux œuvres
de saint Hippolyte, mais distincte de son canon pascal : il esl
Erreui combattue également par le» auteurs les plus récents de France el
r Allemagne
— 227 —
attribué à Héron, martyr que !<• sainl évêque de Porto avait
converti, et il paraît authentique à la généralité des savants.
Il désigne le peuple particulier des Afn comme frère des
Phéniciens, montre les Chananéens fugitifs dans les îles Ba-
léares et attribue aux Jébuséens la fondation de Cadix: der-
nier point (|ui confirme avec précision la mention particulière
de cette tribu par Procope.
V. Traditions éparses. Des traditions de différentes sources
achèvent notre démonstration.
i° Les traditions chrétiennes, consignées dans les chrono-
graphes. Pins précis que l'Ecriture sainte et que les Pères
«pii désignent l'Afrique comme la terre des fils de Chanaan,
ils font formellement de ses habitants les frères des Phé-
niciens.
a0 Le> traditions juives. La Ghémare de Jérusalem men-
tionne spécialement, comme Procope, les Gergéséens parmi
les réfugiés de Babyione: c'est une tribu croyant à Dieu et cé-
dant aux propositions pacifiques de Josué. Il y a dans les
livres saints des souvenirs de ces offres et delà dispersion. Le
Talmud de Jérusalem rappelle la demande des Chananéens
d'Afrique au grand Alexandre, pour relever leur nation.
3° Les traditions africaines. Les Berbers prétendaient des-
cendre des Màhzig; mais ils parlaient une autre langue que
les Phéniciens. Les Zeiriles-Zénates se croyaient fils d'Amalec,
allié de Chanaan. Les Gergéséens convertis paraissent s'être
Fondus avec les Acrikis et avaient pour cité Gergis, sur la
petite Swte. Omettons les rapports de Tripoli avec Ammonium,
grande oasis, toute chananéenne, intermédiaire, entre ce pays
et les Sémites d'Egypte.
k° Les traditions arabes sont surtout représentées par Ibn
kaldun et par Léon l'Africain, qui identifient les Berbères
eux-mêmes avec les Chananéens.
En terminant, nous nous rattachons aux principaux motifs
— 228 —
tirés d'une colonisation tout agricole de L'Afrique, nécessai-
rement due aux réfugiés du bas Chanaan. Les témoignages de
grands auteurs, sacrés ou profanes, confirment ce caractère
Le P. Verdière.
N° IL
L'ILION D'HOMÈRE, L'ILIUM DES ROMAINS,
l'Ali \I. VIVIEN DE SAINT-MARTIN.
Les fouilles heureuses exécutées dans la plaine troyerine par
un récent explorateur, viennenl de fournir aux archéologues
de nombreux objels d'étude d'un puissant intérêt; aux yeux
du voyageur, les résultats extrêmement remarquables de ces
fouilles sont une confirmation éclatante de la croyance an-
cienne qui identifiait Yllimn novum avec le site do la Troie
homérique. Mais, en dehors des laits archéologiques, il y a
ici une question toute géographique qui ne s'est pas suffisam-
men1 imposée, à ce qu'il semble, à l'attention du nouvel explo-
rateur. En présence de l'opinion qu'il adopte, el qui déjà
plus d'une lois a été combattue, il a paru nécessaire de re-
prendre la question à fond, d'en scruter lous les éléments
anciens H actuels, sans autre préoccupation que la vérité
scientifique, el de préparer ainsi ce que l'auteur appelle un
verdict définitif sur cette controverse plus de vingt fois sécu-
laire.
C'esl l'objet que s'est proposé M. \i\ien de Saint-Mari i u
dans le Mémoire qu'il a lu en communication à l'Académie,
dans les deux séances du 36 juin el du 3 juillet.
L'auteur, envisageant la question au poinl de vue purement
géographique, s'esl particulièrement attaché aux preuves el
aux inductions géographiques. Homère est ici l'autorité lon-
damentale; les indications que l'Iliade renferme sur la posi-
229
lion de la capitale de Priam et sur les conditions topogra-
phiqaes de la plaine troyenne sont tout d'abord ce qu'il
importe de réunir, car c'esl sur ces indications que reposent
uniquement toutes les recherches ultérieures.
Celles qui se rapportent aux <l<'u\ rivières de la Troade, le
Siiiiuïs ei leScamandre, sont surtoul d'une importance capi-
tale; la question de l'emplacement de Troie s'y rattache d'un
manière intime. Homère les décrit en quelques traits d'une
jueur, d'une justesse el d'une vérité saisissantes, quand on
les rapproche des données qui nous sont actuellement four-
nies sur la topographie de la Troade, tant par les descriptions
des voyageurs que par la carte excellente due à la coopération
<lu lieutenant Spratt, de la marine britannique, et du docteur
Forchhammer. LeSimoïs est une rivière au cours torrentueux,
< I ni descend dos pentes de l'Ida et < jui vient baigner le pied de
la hauteur escarpée que couronne l'acropole troyenne, avant
d'aller se jeter dans PHellespont, tout près de la mer Egée; I"
Scamandre, an contraire, se forme d'une double source, an
pied même de la hauteur sur laquelle Troie est assise, et, au
temps d Homère, il allait se réunir au Snnoïs. entre Troie et
la mer. Telles sont les conditions bien définies auxquelles doit
satisfaire la solution du problème du site de Troie.
Or, dans la Troade tout entière, un seul emplacement, un
seul, satisfait à ces conditions, en même temps qu'il répond à
toutes les autres : c'est le plateau de Bounarhachi.
Le Mémoire suit pas à pas, depuis la haute antiquité
jusqu'à nos jours, cette histoire du site de Troie.
La ville de Priam, détruite par les Grecs d'Againemnon,
ne lut jamais relevée; mais quelques siècles plus tard, quatre
ou cinq siècles peut-être, une nouvelle ville lut fondée un
peu plus bas dans la plaine, beaucoup plus près de l'Helles-
pont, et cette ville reprit le nom de la vieille cité' troyenne
illustrée par les chants d'Homère. L'antiquité tout entière ;i
il. : >'<
— 230 —
mi, en effet, à l'identité de I llmn homérique et de la nou-
velle [lion. Les premières objections sortirent de L'école cri-
tique d'Alexandrie \ un siècle après l'époque d'Alexandre. IL
s'ensuivit une polémique don t le Mémoire suit 1rs phases, et
nue l'on a vue se reproduire de nos jours. La nouvelle [lion,
Yllium recens, est représentée par le site ruiné qui a reçu des
Turcs Le nom d'Hissarlik, «les Châteaux.»
Les critiques alexandrins, e1 Démélrius de Scepsis qui re-
prit leurs objections, étaient parfaitement dans le vrai, cl ils
le prouvaient par de bonnes raisons; là où ils faiblirent, c'est
quand ils essayèrent de retrouver la véritable Troie de Priam.
Eux non pins n'ont pas connu l'ilion hofaérique, dont le véri-
table site n'a été retrouvé que de nos jours, à la lin du der-
nier siècle, (l'est à L,e Chevalier qu'appartient L'honneur de
cette découverte.
Le Mémoire en rappelle Les incidents. Il signale les explo-
rations ultérieures <pii ont confirmé, en la complétant, la«dé-
couverte de Le Chevalier. Il montre que le plateau de Bou-
narbachi, loin d'être, comme M. Schliemann et d'autres font
dit, absolument vide de toute trace d'habitation humaine,
■ le. même aujourd'hui, des vestiges très-remarquables d'un
caractère antique.
M. \ ivien de Saint-Martin résume ainsi les conclusions de
son Mémoire :
•• M. Schliemann u n ndu à la lumière les restes d'une ville
fort ancienne, mais cette ville n'est pas La ville de Priam. (l'est
la ville plusieurs fois détruite el rétablie des Eoliens, des Ly-
diens, de Lysimaque, de Sylla, d'Augu te el des Césars; ce
n'est pas la cité troyenne détruite par les Grecs d Vgamemnon,
et qui ne fut jamais relevée. Les fouilles de M. Schliemann,
en un mot, apportent d'abondants el précieux matériaux à
l'étude archéologique: elles ne touchent d'aucun côté à la
question [éographiqne. ••
— 231 —
Y III.
i\ STATUE DE MALACBAAL DANS L'ÉPIGRAPBIE PHÉNICIENNE,
PAB M. DBBENBOURG.
M. Jules Euting publia, en 1871, dans le recueil des
Mémoires de V Académie impériale de Saint-Pétersbourg, w\" série,
lome XVII, ud certain nombre d'inscriptions carthaginois
qu'il avait lui-même copiées à Tunis. Quelques pierres sont de-
venues la propriété de M. Euting, qui les avail apportées à
Tubingue, d'où elles l'ont suivi aujourd'hui à Strasbourg. Le
travail de M. Euting, i[ui porte le titre de Punische Steine, n'a
pas obtenu l'attention qu'il méritait. Je m'attacherai, dans
cette notice, à traiter deux de ces inscriptions, à cause de
leur propre importance el à cause de la lumière qu'elles ré-
pandent sur trois autres inscriptions déjà connues el qui, sans
nouveau secours, n'onl pu être comprises.
La première de ces deux inscriptions se trouvait, lors du
air de M. Euting à Tunis, dans la maison du Rév. Fenner,
• •t a passé depuis entre les mains d'un Anglais, qu'on suppose
être M. G. Wood, of Galey-Hall, Otley, Yorkshire. Elle esj
conçue m ces termes :
ne -n: uw ^asbo M»
fs njnS niib *]xœ p chtu
-Statue (ou stèle) de Malacba'al, que consacra MUrtanétim, iils de
Schesef. a DameTannil de Pnê-Ba'al, el .'> Seigneur BaJal Hammon, parée
qu'ils nul entendu sa \ oix. -
1Vous ne nous arrêtons pas au nouveau nom propre *]2œ,
qui. dans le même mémoire de M. Euting. a les deux corol-
laires de ::•::>'•:.• et de risse;, exactemenl comme tin. Diznx et
16.
ncnN. Ne nous arrêtons |»;is davantage au surnom ordinaire
de Tannil . hvz) m . pour lequel M. Opperl , déjà en i 867 ', ;i
proposé devant I Académie l'explication de Wpôawnov &eoû. nom
(rime localité de Garthage, explication qui depuis a été donnée
également . H indépendamment de M. Opperl , par M. Halévy 2.
Le fait qui seul fixe relie fois mon attention est celui de la
statue <le Malacbaal , offerte par un homme pieux aux deux di-
vinités de Carthage. Le monument, un peu mutilé à la troi-
sième ligne de l'inscription, est heureusement fort bien con-
servé en haut, el présente au-dessus de l'inscription une per-
sonne portant un jeune enfant sur le bras gauche, tandis que
le liras droil esl élevé el serré contre la poitrine. Le dessin que
lions ;i\ons devanl nous est d'une exécution grossière. M. Eu-
lin;; pense que la grande figure représente une femme! Dans
<c cas l'enfant serait le Malacba^al de l'inscription. Mais l'of-
franl de notre inscription était aussi un homme. Watanelim est .
il 1 si vrai , un nom port*' par les hommes aussi bien que par 1rs
femmes; mais ici le nom esl suivi de p. lils! Qu'est-ce que <■>•
Maiacba'al dont la statue est consacrée à Tannil ri à Baal
liiiiiiiiion . ou pi acre dans leur temple? Voici un autre exemple
d'une statue de Malacba'al. Elle a été trouvée à Hadrametum
(Suse), ni appartienl aujourd'hui à M. Villedor, qui habite la
Golletta. En voici le texte :
s'i'Mi'!ii l'.,i .il llmnmon. slnlue imi slèle) de Mnlncha'ol d \/wis
' ''7 ■ I1- " ' 7 ■
!/• ppigraphic ii rl'nrchi'nlnfrip, Paris, is~'i. p. \'\ «•! Biiiv.
233
qui- cousacra bValschillek , (ils d'Azruba'al, lils (l<- Mallur', parce qu'il a
entendu sa voix. Bénis-le! -
La figure qui surmontait cette pierre manque; il est donc
impossible de la comparer avec «'elle du monumenl précédent.
La divinité à laquelle Ba'alschillek consacra la statue est cette
fois Ba'al Hammon seul, sans la divinité femelle Tannit, qui
est nommée sur la première inscription. .Mais nous ne dou-
terons plus que Malacba'al ne soit le nom d'un dieu, dont la
statue .1 été placée dans le temple de BaJal Hammon. Le groupe
ziïx désignera dans ce cas, comme dans les cas analogues,
une localité où le dieu était adoré, peut-être le port d'Azins,
en Libye, situé, selon Hérodote (IV, 1 5 7 ) «sur le continent,
■ •n face de Platée, et qui enferme de deux côtés de belles col-
lines, au pied desquelles coule une rivière à travers le vallon ".
Cette proposition, que MalacbaaJ est bien le nom de la
divinité, se confirme par l'inscription première de Tharros (en
Sardaigne), publiée d'abord par M. de Malt/an, et expliquée
ensuite par le professeur Lévy, de Breslau; car, d'après les
données fournies par les deux monuments précédents, nous
11 hésitons pas à lire :
C'est le nom du potier 1 "lSPîl ). qui figure sur l'épitapbe de Marsala, repro-
duit par un faussaire sur le petit taureau de Païenne. Comment Schrôder(Z)te
phôniziiche Sprache , p. a5a 1 a-t-il pu suivre l'opinion d'Ugdulena, et voir dans
notre mol le dieu Mithra? Que ite scienc dépensée parle savant italien et le
savant allemand pour expliquer un faux évident '.
\11us connaissons déjà l'rosopon ; nous venons tout à 1 heure le Malacba'alde
l'Ile. Sut une inscription dont il sera fait mention dans l<; compte rendu de la séance
du -j octobre, il est question du Ba'al Hammon A'Altûniros. Un Ba'al Hammon
'le Guelma (ST/DpD pour j'tT^pu i se trouve peut être surl'inscr. néop. n°LXxvn.
( Comp. Won. ïxvii , ]. 3 , où une femme de Guelma est nommée PCi^D?'?.)
— 234 —
Dy?N p
(fStatae ( on stèle i 'l<' Malacba'al de l'Ile pour Seigneur Ba'al rlammon
que donna Ores, lils de LabiJ, lils Je Eli'am, parce qu'il a entendu sa
oix. Bénis-le ! -
(l'est l'jilin;; (|iii propose 1;) lecture <!•■ \v. r- Ile, » mol qui dé-
signerait ! iie de Sardaigne. Mais la statue de Malacba'al esl ici
de nouveau donnée à Ba'al Hamnion seul, comme sur le mo-
numenl d'Adrumète.
Une ancienne inscription, très-connue el interprétée <l<
bien des façons, la troisième <lr Malle nous fournil un <|iia-
trième exemple <1<- la statue d<' Malacba'al. Car voici la ma
nière don! il faudra la lire :
■ :\\' hy*
lh en: d
x jon '^v
v*:- : p
Statue (on stèle) de Malacba'al que plaça Vahoum h BaJal Hammoi
•h pierre parce qu'il a entendu toutes ses paroles.»!
Nous passons sous silence les différentes explications, tentées
ur ce monument, depuis Hamaker <■! Gesenius, jusqu'au
moment où une nouvelle copie, très-exacte, prise à Malte pai
\l. de Maltzan , ;i soulevé une discussion récente entre
M. Schlottmann el feu M. Lévy, de Breslau. Nous pensons que
le nom de I offranl <loil être In Vahoum, nom biblique <|ni se
rencontre encore ailleurs sur les monuments phéniciens. C étail
— 235 —
peut-être le noni du statuaire; la statue, il esl vrai, qui avait
surmonte noire pierre, ne s'esl pas retrouvée. La célébrité de x
l'artiste le dispensai! peut-être d'ajouter, derrière son nom,
celui de son pè ! de son grand-père. Du reste, le graveur
a composé son inscription de six lignes, renfermant chacune
six lettres, el ce jeu l'a obligé d'être sobre el concis. Nous
prenons Di avec uân, pour Dto avec wn, moi très-usité en
hébreu dans le sens de •• placer, «'-lever un monument. » Il serait
.•mure possible que dï soit de la racine géminée DDT,sima-
giner, » ce qui pouvail très-bien se dire de Nahoum, s il avait
conçu l'idée de son œuvre. 11 se pourrait encore qu'à la place
du zaïn qui termine la ligne a, il fallût mettre un © : on
aurait alors le verbe nt\ «placer,» comme en bébreu. C'est
cette dernière lettre qu'on voit sur Melit. IV, qui a tant d'ana-
logie avec la noire, el sur laquelle nous reviendrons tout à
l'heure. Pour le mol px, -en pierre,» on a proposé la lecture
pK, «seigneur.» On aurait alors : sBa'al Hammon, le Sei-
gneur;» seulement cette postposilion du titre esl insolite.
Quoi qu'il en soit, voilà quatre slalues de Malacba'al con-
sacrées à Ha'al Hammon, deux à Carthage, une en Sardaigne
et une sur l'île de Malte. La divinité de Malacha'al esl connue
sur des monuments nombreux de Palmyre. La bilingue du
musée Gapitolin (Lajard, Mémoires de l'Académie, vol. \\.
p. ;iô el siiiv.) lui donne pour équivalent en latin. Sol sanctis-
simus. Movers la compare au Dionysos grec, qui. selon le rap-
port des anciens, vienl de la Libye, el lorsque nous lisons dans
Diodore (III, 73) que Dionysos, selon la tradition des Libyens,
était le fils du dieu Ammon, qui lui a été enlevé d'abord et
que le père retrouve après bien des efforts, nous ne verrons
rien que de naturel dans celte consécration d'une statue de
Malacbaal à hVal Hammon, ou dans un temple de Ba'al
Hammon.
"Nous re\ iendrons une autre fois sur la divinité de Malacba al,
— 236 —
qui parait identique avec le Môlek de la Bible. Je veux seu-
Lemenl aujourd'hui faire observer qu'en dehors «le la statue
de ce dieu , doni nous avons ainsi, connue je viens de le dire,
quatre exemples, nous possédons encore un exemple <l<- la
statue d'une autre divinité, mentionnée dans une inscription
phénicienne. C'est l'inscription connue comme la quatrième
maltaise. Nous sommes encore réduits pour ce monument à
une détestable copie, et selon M. ftfaltzan, la personne qui, à
Malte, possède nuire pierre, lui a refusé l'estampage qu'il en
demandait. Il faut espérer que la commissi lu Corpus sera
plus heureuse. En attendant, nous n'hésitons pas à lire les
trois premières lignes :
rStatae (ou stèle) de Malacasar, que plaça Azruba'al.»
A côté de la statue de Dionysos, nous aurions donc celle
d'Osiris. Malheureusement, nous ignorons dans le temple de
quel < I i • - 1 1 cette statue a été élevée; c'esl ce que devaienl con-
tenir les lignes suivantes, <|ui sonl forl mal dessinées.
\ IV.
DESCRIPTION rOPOGBAPHIQOl il IRCHBOLOGIQUJ DJ LA TROAD1
PAB M. VIBLBT D'ÀOl ST.
\|u'rs avoir parcouru, en Troade, la vallée du Simoïs,
fleuve <|u<' l'on désigne indifféremment aujourd'hui sous le
nom de Wendéreh^Sou et sous celui très-significatif de Simose;
celle de Thimbrek-Déré; parcouru les collines célèbres de CaU\
zolonè e! du Retranchement d'Hercule; reconnu les sources du
_»:>:
Scamandre <»n Xanthe, el les cours ancien el nouveau decette
rivière devenue fleuve; visité l'emplace nt de l'ancienne
ville de Priam ou llium vêtus, <<*1 ni à'Àlexandria Troas ou
lliitni novum, que les Turcs désignenl sous les noms à'Hissarhk
ou à'Eski-Stamboul (Vieux-Stamboul), je n'ai jamais compris
que des personnes ayant parcouru les lieux aient pu admettre
un instant, eu présence des descriptions si précises des récits
d'Homère, qiillium novum occupait remplacement à' llium vêtus.
Il est résulté pour moi. depuis longtemps, île cei examen
attentif, d'un côté, que, si Homère n'était pas né Troyen, il
avait nécessairement été étudier la topographie de* lieux qu'il
décrit d'une manière si exacte, si minutieuse, dan-; ses im-
mortels cliants de ['Iliade, et que si, de l'autre. Démétrius de
Scepsis, d'après lequel a écrit Strabon, était m'' en Troade, il
n'avait certainement pas visité les champs témoins dv< laineux
combats des Grecs el desTroyens, puisqu'il confond le Simoïs
avec le Scamandre, qu'il lait descendre de l'Ida.
Ce n'est donc pas sans surprise «pie j'avais vu des archéo-
logues distingués comme .MM. Schliemann et Nieolaïdès vou-
loir retrouver, dans les ruines d'Hissarlik, l'emplacement de
l'ancienne llion? Lussi est-ce avec un vrai plaisir que j'ai vu
M. Vivien de Saint-Martin, avec son (aient d'investigation or-
inaire, venir reprendre devant l'Académie la thèse de Le Che-
valier, et démontrer par une foule de raisonnements judicieux,
appuyés sur les faits historiques et les découvertes récentes
de l'architecte Mauduit, du docteur Hahn, etc., que la Troie des
Troyen» était bien située sur le mamelon appelé Balidagh, cir-
conscrit au nord et à l'est par une courbe du Simoïs. à l'ouest
par la colline moins élevée sur laquelle esl situé- le petit vil-
lage de Bounar-Bashi, et enfin, au sud, par I Erinéos, colline
un peu cintrée, espèce de contre-forl du mamelon principal
sur lequel existait, à n'en pouvoir douter aujourd'hui, l'an-
cienne capitale de |;i Phrygie.
<
— 238 —
J'ai pensé, en conséquence, qu'une description topogra
phique exacte de la vallée troyenne aiderait à confirmer en-
core nii<'ii\ l'opinion soutenue par Le Chevalier et par M. Vi-
vien de Saint-Martin. Seulemenl il n'esl nullement nécessaire,
pour répondre à certaines objections d'ailleurs mal fondées, de
recourir, comme l'a fail le savanl géographe, à une extension
de la plaine de Troie. parce qu'elle esl loin d'être aussi éten-
due <|u'on l'a généralement supposé.
Le village de Bounar-Bashi n'est, en effet, éloigné du
poinl le plus rapproché de la côte, dans la baie <!<• Bashika,
ou débouche 1»' nouveau Scamandre, que de 6' V, «'I le ma-
melon troyen que de 7 2", qui correspondent, vers le io" de-
gré de latitude nord, à des distances de seulemenl 9, 486 et
io,435 mètres, c'est-à-dire à environ 9 1/2 et 10 1 /a kilo-
mètres. L'embouchure du Simoïs, ou ptutôt la plage où était
atterrie la flotte grecque, n'esl qu'à 1 '1 1/2 kilomètres au
nord-nord-ouest <l<' Bounar-Bashi.
Si le sol de la Troade avail pu s'étendre par la formation
d'un delta, comme cela se voit pour beaucoup de fleuves, le
Simoïs, débouchanl à l'entrée même du détroit de I Helles-
pont, ou son rétrécissement lui laisse tout au plus deux
milles marins de largeur, ce détroit en aurait été obstrué,
tandis que le couranl très-prononcé <pii existe de la Propon-
lide \ri-N ITlelli'spont, •'! de celui-ci vers la mer Egée, agis-
s;in(. par le détroit, comme une immense écluse de chasse, en-
trai instamment au loin Ions les détritus que le fleuve
torrentiel de l'Ida, [eSimose, charrie vers -on embouchure,
en sorte que si les rivages de la Troade avaient du éprouver,
depuis les temps historiques, quelques changements notables,
e'eût été bien plutôl par des ébréêhements de côtes que par
des accroissements de dépôts allu\ tens.
L'étendue de la plaine de Troie proprement dite, dont le
débouché •-m la mei Egée n'a guère que a kilomètres de
— 239 —
largeur, est toul au plus, dans sa | » l u > grande étendue, de i& ki
lomètres, avec une largeur seroi-ovalaire qui ne va pas jusqu'à
A kilomètres. Si l'on en excepte la partie nord-ouest, qui
regarde l'Hellespont, la vallée troyenne est presque entière-
ment circonscrite par des collines qui vonl s'élevant graduelle-
ment de la plaine jusqu'à dos hauteurs très-notables. Du
côté nord-est, ''II»' est bornée par le fleuve el la colline Cal-
licoloné, qui longe sa rive droite.
\ l'ouest, c'est la petite chaîne de collines dite le Retranche-
ment d'Hercule, ou les dieux favorables aux (>vrr> tenaient con-
seil, qui la limite. Du promontoire Sigée, ou cap des Janis-
saires, elle s'étend, en forme de l'alaise le long de la mer, jus-
qu'à la pointe de koum-Bouroum (cap de Troie), qui limite au
nord la baie de Bashika. Ces collines, qui atteignent jusqu'à
près de aoo pieds au-dessus du niveau de la mer, appartien-
nent, comme une partie de l'Ile deTténédos, à un terrain ter-
naire récent. Elles sont toutes couvertes de ruines : c'est là que
-,■ trouve le tumulus de Pénéléus et à sa base septentrionale
s'élèvent, non loin de l'Hellespont et du village grec deYeny-
Shehi'. <leu\ autres beaux tumulus que les Grecs appellent Dio-
Tépé (les doux tombeaux), lesquels passent pour être les tom-
beaux d5 \rlnllr et de Pat rode : à quelque distance de ceux-ci il
en existe un troisième qui passe pour être relui d' Antiloque.
Les collines situées au sud de la plaine.' que contourne au-
jourd'hui le nouveau Scamandre, forment, avec la colline de
Troie, le prolongement ouest- nord-ouest de l'un des contre^
forts . coupé par le Simoïs. de la chaîne de l'Ida. Elles sup-
portent le tombeau d' Esyétès, qui passait déjà pour Irès-an-
cien du temps des Troyens; situé à peu près a égale distance
des deux camps, ii est aujourd'hui appelé par les l'un s / ijeck-
Tépé, nom emprunté au village voisin d'I djeck-Kueui. Sa
hauteur est d'environ 60 à 70 pieds au-dessus du sol, et il
est de plus, par s;( position, fort élevé, car on l'aperçoit d<
-- 240 —
très-loin en mer. (les collines son! constituées par dos rul-
caires gris de Fumée, très- compactes, parfois subsaccharoïdes,
de la Formation crayeuse. C'esl de ces calcaires que surgissenl
1rs deux sources principales <ln Scamandre. L'une d'elles, celle
qui esl située le plus au sud-ouest de Bounar-Bashi , dite Source
Froide, a accusé une température de i3 degrés, el la seconde,
plus voisine du village, dite la Source Chaude, bien qu'elle ne
soil plus qu'à peine liède, a l'ail monter le thermomètre entre
i 6 et i 7 degrés centigrades. La température de celte .source
:i «lu être autrefois plus élevée, ce qu'explique I»1 voisina
d'une roche ignée, du basalte, qui a surgi à Bounar-Bashi
même, à travers les calcaires. On aperçoil aussi cette roche
plutonique de l'autre côté du Simoïs, vers Ak-Kueui, For-
mant de> montagnes prismatiques, etentin nous l'avons encore
retrouvée dans l'île de Lesbos, sur l'emplacement même de
la ville de Mih lène.
Le nom de Bounar-Bashi, <|in provient évidemment du voi-
sinage des sources d\\ Scamandre, signifie tête des eaux ou
source mère; «'est une expression générique qui s'applique en
Turquie à toutes les sources abondantes; ce nom répond par
conséquent aux Képhalovrtsis de la Grèce.
La colline de Troie, qui porte aujourd'hui le nom très-peu
poétique de Balidagh, ne s'élève guère à plus de 100 ou
iao meiies au-dessus du niveau de la mer: aussi est-ce
parce que Vapoléon I", appréciant à Sainte-Hélène l;i guerre
de Troie, n'avail pas bien pu se rendre compte de la topo-
graphie du pays, qu'il se demandai! comment la flotté grecque
;i\;iii pu se cacher à Ténédos, lie si rapprochée, Bans «pie les
Troyens, du haut de leurs remparts, eussent aperçu les mais
des vaisseaux. C'est précisément ce rapprochement qui Faisait
que, masqués par les collines intermédiaires, ils ne pouvaient
les apercevoir, attendu «pic si du poinl le plus élevé situé à
l"cs| du mamelon, poinl où devait se trouver l'acropole de
— 241 —
Pèrgama, on peul facilement apercevoir les Mes d'Imbros, de
Samothrace et de Lemnos, beaucoup [>1 lis éloignées, on ne
peul apercevoir que les points culminants de Ténédos, île
cependanl forl élevi
C'est vers la partie nord du Balidagfa que se trouvent, à des
distances assez rapprochées, trois tumulus, dont l'un, cou-
vert il'- pierres, passe pour être le tombeau d'Hector; il étail
renfermé dans l'enceinte de la ville, tandis qu'un autre, situé
;'i l'extérieur, étail considéré comme le tombeau de la coura-
geuse Myrinne. Du côté de l'ouest et du sud-ouest, la colline
descend en pentes assez douces, mais les côtés qui plongent
vers le Simoïs sont, au contraire, très-abrupts, et ce n'est
que par des escaliers taillés dans le roc que les filles de Troie
pouvaient descendre au fleuve.
\ l\ si de la colline de Bounar-Bashi, où devaient se
trouve!' les faubourgs de la grande ville1, en allant vers le Si-
moïs '•! l'ancien lit du Scamandre, près d(^ ruines d'un ancien
pont, étail placé le tombeau à'Ilus, aujourd'hui très-déprimé,
où Hector se rendait pour conférer avec les alliés, campés de
l'autre ml,' du fleuve, dans la vallée du Tbvmbria. Le Thros-
wos, ou tombeau commun des Grecs, était situé sur l'autre rive
du Scamandre. à une lieue de la mer. Le camp des (irecs de-
vait s'étendre le long du Simoïs jusque vers ce point, tandis
que le camp commun des Troyens el de leurs alliés devait
s'étendre du Scamandre aux murs de la ville, en sorte (pie. a
vrai dire, les deux armées belligérantes n'étaient guère sépa-
rées que par cette rivière, ce qui permet d'expliquer facilement
ces retours ofl'ensifs et défensits des deux armées, obligées de
la passer et de la repasser fréquemment.
Au nord de Troie s'étendait, le loue de la rive droite du
Simoïs. la belle colline de Callicoloné, sur laquelle les dieux
prolecteurs de la ville s'assemblaient, et d'où Mais s'élançait
comme un tourlnllon vers Pergama, pour exciter les habitants
m combat. Celte colline, assea élevée el à pentes rapides du
côté du fleuve, sépare 1rs deux vallées du Simoïs el du Thym-
bria (Thimbrek-Déré) , dans laquelle les alliés avaient leui
:amp principal, vers les villages à'Halléléli-Kueui et de 77m//-
brek-Kvjeui. lu chemin conduit encore de ce dernier à Bou-
nar-Basbi, par la colline Callicoloné.
Le Thimbrek-Sou , pins heureux que son voisin le Wendéreh-
Sou, ayant conservé 9on unique nom ancien, ne suffit-il pas
seul, par sa position relative, pour établir d'une manière in-
contestable les faits géographiques relatés dans ['Iliade? D'ail-
leurs, la fausse application du nom de Mendéreh-Sou au Si-
mose ou Siruoïs n'a rien <|ui doive surprendre, car la plupart
des noms anciens, ignorés des générations actuelles, ne leur
ayanl été appris que par les voyageurs, il n\ a donc rien
d'étonnant à ce qu'ils en aienl fait quelquefois une fausse
application.
OÙ trouver à Alexandrie- Troas, ville située sur la côte de
ia mer Egée, à 28 ou "xt kilomètres au sud de I Hellespont,
le Sinioïs descendant . comme le Granique et l'Asopus, du mont
Cotylus ou Ida. el déversanl cependant ses eaux dans l'Hell
pont? Où trouver le Thymbria voisin? <m trouver le Sca-
mandre, avec ses sources chaudes el froides, s'échappant des
cbers, non loin des portes Scéeê, et portant leurs can\ au
Simoïs? Où Lrouver la colline Callicoloné el celle du Retran-
chement d'Hercule? Où trouver enfin, dan- une ville située
en plaine, comme Eski-Stamboul , cette éminence éloignée m
qui supportait la grande cité troyenne?
suffit-il pas de poser ces simples questions pour démon-
trer la parfaite inanité de imites les hypothèses imaginées
pour déplacer l'ancienne \ill<' d'Ilion? Comme si ce n'était pas
ore assez qu'elle ail été entièrement détruite par lee
2/J3 —
\ V.
SDB INF. DBCOUVBBTE RECEMMENT FAITE A k\r.Mk.
PAH M. Al G. MARIETTF..
J'ai pu, cet hiver, mener à bonne lin une entreprise dont
j'avais conçu l'idée depuis longtemps. \n(;ui( <pi" cela m'a
été possible sans entrer dans des opérations trop considérables,
j'ai déblayé tous les temples de Thèbes, j'en ai levé le plan,
c( sur chacun de ces plans j'ai marqué l'époque par une
couleur différente. L'histoire de la construction de Thèbes
saute ainsi en quelque sorte aux yeux, cl il ne faut pas <1<-
longues rech irches pour Paire la part qui revient à chaque roi
et à chaque dynastie dans l'édification de la plus illustre des
capitales de i Egj pte.
^l en étudiant ainsi Thèbes, pas à pasel la pioche en
m. un. que je me suis trouvé à karnak en présence d'un
pylône donl on ne savail jusqu'alors la date qu'approxima-
tivement, enseveli qu'il était sous une véritable colline de
décombres '.
Je n'ai pas à rendre compte ici des travaux de déblayement
auquel le pylône fut soumis, ni de la manière dont ces travaux
mit été exécutés. M;ii> il n'es! pas aussi indifférent d'annoncer
• pu- les résultats obtenus ont été1 dignes d'attention, et que
les textes dont le déblayement du pylône a procuré la décou-
\ 'ite dépassent en importance tout ce que je pouvais espérer.
1 Ce pylône ne figure, avec ses véritables dimensions, ni dans le plan publié
par l^s auteurs do grand ouvrage de la Commission française d'Egypte (Deacr.
de l Eg. '. . vol. III, pi. i6), ni dans le plan de M. Lepshis (Denkm. I, 7.*}).
Pococke en a plutôt soupçonné que reconnu l'existence (voyei I description oj
ihe Etui iiml tome other countrie» , par Richard Pnrock*', Lundi*-, i 7 'j - > . i- I-
page 1
— -J'i'l —
IVI est, '-H deux mois, l'historique de la découverte que
j'annonce à l'Académie el qui \;i faire l'objel îles développe-
ments dans lesquels je lui demande la permission d'entrer.
On doii considérer le pylône dont il vient d'être question
comme un monumenl élevé à la gloire de Thoutmès HI.Thout-
mes III avait fait de I Egypte la première nation du monde. Il
avait porté ses armes victorieuses en Palestine, en Syrie, en
Mésopotamie, dans le pays de Poun, dans le To-Nuter, dans
l'Ethiopie , dans la Libye. En souvenir de ces conquêtes, Thout-
mès III ordonna la construction àThèbes d'un pylône qui, avec
ses deux hautes lions, sa grande porte centrale el ses tableaux
héroïques de bataille, peut être considéré comme un véritable
arc de triomphe.
La décoration de ce pylône vaut la peine d'être étudiée.
Thoutmès II! \ est quatre fois représenté dan- des propor-
tions colossales. De la main gauche, il saisit parles cheveux un
poupe de captifs agenouillés. De la main droite, il lève le
pesanl cimeterre avec lequel il esl censé leur trancher la tête.
Devant lui, un Dieu se présente amenant, liés par les bras et
par le cou, plusieurs centaines de personnages à longues barbes.
Toul I intérêl de la découverte dont j'ai l'honneur d'entre-
tenir l'Académie est dans ces personnages. Ou les prendrait,
à première vue. pour des prisonniers de guerre amenés à
Thèbes par Thoutmès III comme trophée «l«' ses victoires. Mais
on écusson attaché sur la poitrine de chacun deux montre
qu'on ;i ainsi représenté toul à la l«us les peuples vaincus par
Thoutmès el les localités dont d s'était emparé. En somme,
autant de personnages enchaînés par les l>r;is el par le cou,
autant de noms géographiques. Le déblayemenl du pylône esl
donc une opération qui a donné des résultats sur l'importance
[lesquels | appuie avec raison,
Le chiffre précis d''s noms géographiques que le pylône
nous livre montre d'ailleurs «pi il n\ h rien d'exagéré dans
245
cette appréciation. Primitivement, Les noms géographiques
devaient être au nombre de plus de douze cents. Mais le
pylône a souffert, et beaucoup de noms ont disparu, ou sont
illisibles. lïiin autre côté, en étudiant avec un peu de soin ces
longues listes géographiques, on s'aperçoit, en premier lieu,
qu'on a affaire à deux séries, l'une comprenant les peuples
du nord, l'autre comprenant les peuples du sud: en second
lieu, que chacune de ces deux séries esl reproduite deux l'ois.
L'éblouissemenl que fait naître tout d'abord la vue de cette
innombrable liste de peuples vaincus «esse doue bientôt, et
en définitive, en \ mettanl de l'ordre, on arrive à voir que
nous possédons comme résultai général un total de 35o, loca-
lités du nord, de 269 localités du midi, ce qui représente
une s m" de 628 noms géographiques. Tel est le bilan de
la fortune nouvelle dont ces fouilles de Thèbes viennent
d'enrichir la science. Peut-être, pour compléter ce bilan sans
sortir de Karnak et du règne de Thoutmès, conviendrait-il
d'ajouter à ces 62$ noms les •'•')«> noms que., il \ a une douzaine
d'années, j'ai découvert sur un autre pylône de Thèbes, que
j'appellerai le petit pylône. Mais je vais avoir l'occasion de
l'aire remarquer que cette liste n'est qu'une autre édition
abrégée d< la grande liste du pylône principal, et je n'ai par
conséquent pas ;i m'en occuper ici.
J'ai essayé, dans ce premier et rapide inventaire, de donner
11 1 1 • ■ idée générale de la découverte qui vient d'être faite à
karnak. Je vais maintenant serrer d'un peu plus près la ques-
tion et fournir successivement sur les deux listes des peuples
du sud et des peuples du nord les renseignements que je
crois propres à nous en faire comprendre la composition.
La première liste se rapporte aux pays du sud.
On vient de voir que nous en possédons trois exemplaires.
Le premier, qui est le plus complet, occupe la lace nord-
ouest >\u pylône principal, et nous met entre les mains la
— 246 —
série complète des 26g noms annoncés loul .1 l'heure. Le
second est gravé sur la face sud-esl du même pylône; il
compte 1 ili noms, qui sont 1rs 1 1 (> premiers nome de la
série précédente. Ces mêmes 1 1 6 noms, avec une seule omis-
sion que je signalerai bientôt . formenl le troisième exemplaire,
qui appartient au pelil pylône. En d'autres termes, nous pos-
sédons deux listes des peuples du sud: une de 26g noms;
une seconde de 1 16, cette dernière extraite de l'autre et re-
produite deux fois.
La liste des peuples du sud, étudiée compara tivemenl dans
se.« trois exemplaires, se décompose en quatre parties i qui
sont :
1" Kousch, ou, comme l'appelle un de nus textes, Kousch l>i
mauvaise. On ne se rendra bien compte de la portée des listes
ographiques de Karnak que si l'on se rappelle qu'elles ont
une origine historique, nullernenl etlinoonipliique. Le rédac-
teur des listes n'a p;is voulu, en effet, nous présenter un
énéral des localités comprises dans le pays de Kousch .
mais nommer seulement celles de ces localités <pii avaient été
conquises par Thoutmès. On ne s'étonnera donc pas de voir
que nous ne sortions ici ni de l'Ethiopie, ni de l'Afrique. La
liste comprend h- noms: le premier (n° 1) est iduUs; le
dernier (n' kn\ est Pa-mu, le fleuve. Quant aux i5 noms
intermédiaires, on peut conjecturer, autant que le permet le
petit nombre de ceux qu'on réussit ■, identifier, que nous
avons ici pour centre le futur royaume d'Axum el que notre
liste ne se rneul pas dans un cercle beaucoup plus étendu que
ce qui se rapporte dans l'inscription d'Àdulis nu continent
africain. C'est ;iinsi que nous trouvons :
1 oum lui-mêim joua la forme it-ljoum \ n \-< «le Karnal |;
\in !;i forme Uahmaô 1 n" 3 :
(iabnla s<>us i.-i forme Kouloubou 1 n 1 .">
Irtj/n si. 11- l,i l«u me ' hin ""■' n 9 '1
247
Samine sous la forme Djaoumen n 35
ItMtné sous la forme In-en-naâ ^u S6).
Les fi(/:i. que Bruce appelle les [gaazi, s\ reconnaissenl
dans notre Katja in" ai ). qui pourrait être aussi ['Avé-gada
du Tigré actuel. LesAn-betou Na-bet(n° 37) sont peut-être
1rs ancêtres des Nou&'<Jbi, connus par l'inscription <ln roi Silco,
Les Tangentes de l'inscription d'Adulis sont les peuples du Taka
de karnak 1 n° 10); enfin on retrouvera dans les Beljas{ n i
- Bicharis . j i_i i occupent une si grande place dans l'histoire
a l'époque romaine vms le nom de Blemmyes, et sous le nom
-li' Beajas à l'époque arabe.
En somme, l'étude comparée des '17 noms géographiques
'If Kousch oe mène pas a de grands résultats. On doit noter
cependant comme un fait digne de remarque qu'à peu près
ton- les noms abyssiniens de l'inscription d'Adulis se retrouvent
dans If- listes de Thoutmès. A deux mille ans de distance, I'1
conquérant axoumite se vante ainsi des mêmes victoires et
opare des mêmes villes que le glorieux fondateur du pylône
de Karnak.
2° Le pays de Potm. Avec la deuxième partie de la liste des
contrées du sud. on arrive au pays de Poun. 60 noms sonl
cités, y compris Poun lui-même. M. Brugsch, qu'il faut toujours
nommer quand il s'agit de géographie ancienne étudiée par les
monuments hiéroglyphiques , regarde les habitants du j>a\s do
Poun comme des Kouschites et les place dans l'Yémen, opi-
nion qui est aujourd'hui unanimement adoptée dans la science.
\\«M- Kousch el Poun, nous aurions ainsi des Kouschites
peuplant à la ho- Les deux rivages de la mer Rouge, ce qui
est conforme à toutes les données reçues, puisque L'ethnogra-
phie de la Bible elle-même place des kouschites à côté des
enfant- de Sem sur \o sol de l'Arabie méridionale, et qu'à
chaque pas nous voyons dans les géographes grecs l'Yémen
ri l'Abyssinie confondus. Mais cette opinion, si séduisante
17-
— US —
qu'elle soil . devons-nous l'accepter comme définitive? Quand
M. Brugsch écrivait su Géographie, je n'avais pas encore trouvé
1rs bas-reliefs historiques de Derr-el-Bahari, <|iii nous mon-
Irenl des soldats égyptiens du temps des Thoutmès en ex-
ploration dans le pays de Poun. Les Ao noms géographiques
du pylône de Karnak n'étaienl pas non plus connus. Quel se-
cours nouveau ces découvertes nous apportent-elles? Le pays
de Poun de Derr-el-Bahari csl par excellence le pins des par-
fums ; on v trouve de I or, de l'ébène ; on on rapporte de grands
singes cynocéphales, des panthères, des girafes.
Les habitants sont à peau basanée, au nez saillant, aux
cheveux tantôl ondulés, tantôl roides el droits ; parmi eux se
rencontrenl des individus qu'un texte cité par M. Brugsch
appelle les nègres de Poun. Ce tableau convienl peut-être à
l'Yémen; mais ne conviendrait-il pas plutôt à la contrée afri-
caine <|iii est ronimr le prolongement de l'Abyssinie, que Pline
appelle Barbarica regio el <|ui se termine précisément parle Pro-
montoire des iromates. \uis! on comprendrail comment l<' rédac-
teur de la 1 isi «• a nus ;'i la suite l'un de ! autre el sous la même
rubrique Kousch la mauvaise el le pays de Poun: ainsi sérail
justifiée la présence de nègres au milieu d'une population <|ni
n'appartient pas à cette race; ainsi pourrait apparaître parmi
les animaux amenés du pays de Poun la girafe, qui esl un
ruminant exclusivement africain. Notons enfin <|u<' les listes de
k;irn;il\ et les autorités classiques comme Irtémidore, Ptolémée,
Pline, l'auteur du Périple de la mer Erythrée, se rapprochent
par plus de points de contact communs qu au premier abord
on ne serait tenté de le croire. Le nom principal delà contrée,
[milites, la ville des Walites, l'AtaX/ri/s de Ptolémée H «lu
Périple, se retrouve en effel dans YAouhal des lislrs (n° 55);
\mmessou m 5o) est le Djizireh-Mescha des cartes. Hebou
ou Hobou (n" ") esl certainement le Ko&) êfiitéptov de
Ptoléméo et le llh<il><> des modernes. On trouve au n" 67 (\*'
— 249 —
k;irn;ik un nom écril [b, avec le veau pour déterminatif pho-
nétique. Mais je ne doute pas qu'il n'\ ail ici une erreur de
lapicide, el qu'à la place du veau il ue faille ^éléphant, qui se
prononce également 1/». Or nous aurions ainsi dans le n° Gy
de karnak. ŒXé<pas opos d'Artémidore, iE/J^as éatpùmifuov
du Périple el de Ptolémée. Enfin les deuxMouv«5bo, quePtolé-
mée place dans le voisinage l'iin de l'antre, ont pour correspon-
dants dans les listes les nM hj el 58, qui se lisent Memtou el
Uhouinii. Il if\ ,i donc pas à bésiter, et je pense qu'en définitive
nous possédons une somme suffisante d'arguments pour être
.ml- 'lis,', à regarder le pays de Poun, non comme ITémen,
mais comme la partie du continent africain qui s'étend du
détroit de Bab-el-Mandeb au cap Guardafui. Ainsi s'établira
l'accord entre les bas-reliefs de Derr-el-Bahari et la contrée à
laquelle ils appartiennent. Nous \ verrons, d'un côté, la Thuri-
feraou la Cinnamomifera regio des anciens et le cap des Aromates ;
mais nous j verrons, del'autre, le pays d'où l'Egypte exporte
des arbres à essences odoriférantes, où elle s'approvisionne
de gomme, de résine et d'encens «comparable à la rosée
divine. »
3° La Libye. G'esl la troisième partie de la liste des pays du
sud. \ ingt-neuf noms sont cités. La Libye, dit Hérodote, était
habitée par deux nations indigènes : au sud les Ethiopiens, au
nord les Libyens. C'est sans doute à la région éthiopienne de la
Libye que se rapporte la troisième partie de la liste de Karnak,
placée, comme nous le voyons i<i. à la suitede Kouschet de
Poun. A la Libye du nord appartiendront lesMaschouasch, les
ki'hak- et le.s autres peuples à peau blanche et au teint clair
qui vivent sur les côtes de la Méditerranée. La Libye du sud
sera le domaine des peuples qui possédaient les vingt-neuf
localités conquises par Thoutmès. En quelle partie de l'Afrique
ces vingt-neuf localités étaient-elles situées? Les cartes mo-
dernes pas plus que les écrivains de la tradition classique ne
— 250 —
nous foumissenl malheureusement aucun indice qui nous le
fasse reconnaître.
h" Quanl à la quatrième partie de i;i liste despays du sud
î'avoueque jusqu'à présent je n'y vois pas autre chose qu'une
autre série de noms complètement nouveaux. Un des exemplaires
des listes porte comme titre : Réunion des nattons du midi, des
peuples de Nubie et de Khent-en-mefer. Cette quatrième partie
est-elle une énumération de ces peuples, et, bien que nous
n'y trouvions aucun des noms déjà connus de la Nubie, aurons-
nous -,\ suivre avec «'Ile les bords du \ii supérieur? Ces! ce que
je ne saurais dire.
En résumé, des 269 noms géographiques qui formenl l'en-
semble de la partie des listes de K;irnak comprise sous le titre
de Contrées du sud, il en esl '17 qui appartiennent à Kousch la
mauvaise et à ce qu'on appelle l'Abyssinie, ko qui nous trans-
portent dans le pays de Poun, lequel esl le pays des Somât,
an qui sont à la Libye éthiopienne, t5-3 qui peut-être
représentent «les parties inexplorées de la haute Nubie et du
Soudan.
La liste des pays du nord a pour nous plus d'intérêt. Comme
la liste des pays «lu sud. elle se présente en trois exemplaires
qui varient peu. Nous venons <l«' voir que la liste des pays du
su I comprend quatre parties*, deux parties seulement compo-
senl la lisle des |»;i\s du nord.
La première partie forme un total de 1 1 u noms géogra-
phiques^ la seconde un total de •- '\ o . «e qui revient aUX ■">.><)
m. ois géographiques des pays du nord qtfe j'ai annoncés plus
haut.
La première partie ;> pour titre général un texte qui, dans
son édition la plus complète, doit êtretraduit ainsi : •• Liste des
pays du Haut-Ruten que S. M. ;> enfermés dans la ville de
Mégiddo la misérable, e1 dont S. M. ;i emmené les enfants
romne captifs vivants ;• la forteresse de Souhen, à rhèbes, lors
— 251 —
de su première expédition victorieuse, conformément àl'ordre
de son père bnmon qui l'a guidé (le roi) dans les bons
chemins." Nous n'avons donc pas à bésiter sur l'époque
des événements en souvenir desquels la liste dont nous
nous occupons a été dressée : ces événements remontent
au règne de Thoutmès 111 et à la première campagne de ce
prince. Nous n'avons pas à bésiter non plus sur le nom de la
contrée où uous allons nous trouver : cette contrée n'est peut-
être pas Le Haut-Ruten loui entier dont Thoutmès peuf
n'avoir occupé qu'une partie; mais elle lui appartient certai-
nement.
Jusqu'ici la première série de la liste des pays du nord
offre tout au inoins l'avantage de la clarté; j'éprouve un cer-
tain plaisir à ajouter que la clarté n'est pas moins grande
quand on chereheà retrouver le pays auquel le nom de Haut-
Ruten s'applique. Un simple coup d'œil suffit en effet. Nous
.nous devant nous, exactement rappelés par leurs noms hiéro-
glyphiques, le lac Meioiu. Damas, Mégiddo, Kdrehi. Abila,
kana, Aschtaroth , Kinnéreth, Jaffa, Henganiru, Migdol,
Guérar. Beyroul esl tout à l'ait au nord: Rehoboth est tout à
fait au sud. Nous nous arrêtons à l'ouest aux rivages de la Mé-
diterranée; à l'est nous franchissons de quelques pas seule-
ment le Jourdain. Le doute n'esi donc pas possible. Si ces
limites ne sont pas exactement celles que le-cliapilre \ de la
Genèse assigne à la terre de Ghanaan, on voit que tout au
moins les iiq noms nous conduisent au centre même et
au cœur de ce pays célèbre.
Ainsi, à L'avantage de se laisser facilement saisir comme
époque, la liste des j t 9 peuples joint relui de se laisser
facilement saisir comme détermination géographique. En
définitive, ces lia noms ne sont autre chose qu'un ta-
bleau synoptique de la Terre promise, deux cent soixante
ans a\ anl I exode.
— 252 —
Maintenait dans quel ordre ces i ig noms sont-iis ran-
gés, et d'abord y a-t-il un ordre; en d'autres ternies,
n'avons-nous à tirer de la liste des i i <) noms qu'une série
de noms géographiques rangés au hasard et plus ou moins
aisémenl retrouvés dans le texte hébreu de la Bible? Lors
de la découverte du premier exemplaire de la liste, faite il
\ a mu1 douzaine d'années, M. de Rougé, sur ma demande,
avait présenté à l'Académie le résumé de son travail sur ce
précieux document. Mais la liste découverte il y a une douzaine
d'années était à chaque instant coupée par des lacunes, puis-
que .')<j noms lui manquaient, et M. de Rougé n'avail même
pas tenté de trouver l'ordre dans lequel les Lig villes se
présentent sur la muraille de Karnak. Aujourd'hui que les
listes sont au complet et sans lacunes, cette intéressante con-
frontation est-elle possible? Je me hâte de répondre par l'af-
firmative.
En effet, si l'on pose sur la carte de la Palestine les
ng noms tels que les listes de Karnak nous les mon-
trent, on s'aperçoit que ces noms sont géographiquemenl par-
tagés en six groupes.
Kadesch et Mégiddo (n01 i et •> ) appartiennent au premier
groupe. Ceci esl à proprement parler le titre ou l'enseigne de
la liste. Quel que Boit l'emplacement de la Kadesch ici men-
tionnée, c'est dans celte ville que les princes ligués contre
l'Egypte se sont assemblés. C'est à Mégiddo qu'eut lieu la
bataille qui a décidé du sort de la campagne.
Le deuxième groupe comprend les numéros 3 à n. Nous
sommes ici dans le sud de la Palestine et nous embrassons
une ligne circulaire dont Jérusalem ( qui n'est cépendanl pas
citée) pourrait «'Ire regardée comme le centre. Le tracé que
nous avons sons 1rs yeux montre que ce deuxième groupe
commence •i\-" Haï <■! Gaih { w"" ."> et 'i ). p;issr par une loca-
lité inconnue que le texte égyptien nomme [ïn-Scliou in" .» j.
— 253 —
atteinl Beth-Tappuah | n° 6), se trouve à Bar-mai et à Kamata
- et 8) en présence de deux autres localités donl les cor-
respondants m' sont pas sur les cartes, et se termine à Jouta,
Libna et Kiriat-Sensennah ('n'15 9, 10 et 11). Des aeuf loca-
lités comprises dans l<- deuxième groupe, six noms sont dom
connus, et il ae reste plus à trouver que Aïn-Schou, Ba-maï et
Kamata, qu'il faut chercher au sud de la Palestine etdansun
rayon qui ne s'éloigne pas trop de Gath, de Beth-Tappuah et
de Jouta.
Le troisième nous transporte sans transition à Mérom,
~l-à-dire tout à l'ait au nord. Sept noms sont cités. Les
cinq premiers sonl : 19, Maroma (Mérom); i3, Tameskou
I Damas): 1 '\ . Atara ( Edrehi, \Spa de Ptolémée): 10, Aoubil
(Abila); 16, Hamtu (i'Hammath du lac Tihériade). Les deux
derniers, AJcttua, ou Kaïtua (n° 17), et Schemana-ou (n° 18)
n'iiiit pas de correspondants dans la Bible. Mais tous deux se
retrouvent dans des localités voisines, situées à peu de distance
au sud de Damas. L'une est la Kétibeh des cartes modernes.
Les mêmes cartes nous donnent l'autre sous la forme Suna-
min, Sulamen, Suneimenah, nom dans lequel on reconnaît
sans peine la Schemana-ou des textes hiéroglyphiques et la
'EafiovMs de Ptolémée.
Le point de départ du quatrième groupe est Beyrout et le
bord de la mer. Le tracé devient cette fois pîus compliqué, et
il serait difficile de le suivre pas à p;is sans entrer dans des
détails qui me feraient sortir du cadre que je me suis tracé-.
De Beyrout la ligne descend vers le si1(|, circule à travers les
\illes principales de la Galilée, et se termine au Jourdain.
Elle touche d'abord Madon, Beten, Rotin. Jeron, à l'occident
<\\\ lac Tihériade. Elle passe ensuite à l'orient, s'arrête à \sch-
taroth-Karnaïm , à Raphon, pour remonter de là au nord où
elle rencontre Laïsch, l'ancien nom de Dan, et Hatzor. I n
nouveau détour la ramène enfin mie autre fois sur le territoire
— 254 —
qui m'I'm plus tard occupe par les tribus tl'Aser, de Zabuion
et de Vephtali, el Kennereth, Schunem, Mischéal, Vkzih,
Tabanaq, Ibleham. Acco (Saint -Jean d'Acre), kalamen qui
I avoisine, Beth-Schemès , sont successivemenl cités. Des trente-
quatre villes dont se compose notre quatrième groupe, dix-
luiil trouvent ainsi leur identification. Quant aux villes que le
même tracé atteint, et dont nous ne réussissons pas à recon-
naître l'emplacement, ee sont : ai, Sarona. 11 s'agii certaine-
ment de Lascharon, ville chananéenne , dont Josué mit le roi
• •h fuite. Saint Jérôme dit: Bex Saronis. 29, Toubi. On ne
peul s'empêcher de rapprocher ce nom de la Terre de T.ob et
de la <~)a££a de Ptolémée. Mais ce district est trop éloigné
vers l'est pour que nous puissions songer à lui donner sa place
ici. -.iU. Aêchna. On connaît une Ama qui appartient à la tribu
de Juda. Une autre Aschnahesi indiquée par les caries à quel-
ques milles au nord de Jérusalem. Je ne crois pas que notre
quatrième groupe s'étende jusqu'à ces contrées méridionales.
•>..), Wasakha, UOnornasticon cite Massica, Wasek, Wasechana,
mais sans renseignements <pii puissent nous guider sur l'em-
piacemenl de ces localités. 3o, Makuta. C'est exactement l'or-
thographe de Wakéda, la ville royale chananéenne, célèbre
par la victoire de Josué. Mais Wakéda est trop au sud. el
puisque nous sommes ici, avec tachtaroth-Karnaïm el naphon,
mu h' territoire de Manassé, peut-être faudrait-il voir dans
Makuta la forme égyptienne de la Map^J^ ou de la Ma^a^i'.
citée parEusèbe. 33, Pahur, localité sur laquelle je ne saurais
fournir aucun renseignement. 35, Schemana, nuire ville in-
connue. 3o, [tamem, peut-être [dama, delà tribu de Veph-
tali, citée par Josué avec Kinnéreth. 07. Kasouna, évidem-
ment la Kischion, qui, lors du partage de la terre de Ghanaan ,
échul à la tribu d'Issachar; mais od ne sail rien du site de
cette ville, ii, Kabasouna, localité sans mention biblique
certaine: Kilù<m,i \ correspondrai! assez bien, i/i, Kentouarnu;
255
').">. Er-ta-arka, noms tout à tait nouveaux. 'iG. iïna; peul-
êlre la Nai'v, célèbre par le miracle de Jésus-Christ, 48, Bm-
Kadesch; 5o, />'""• ou />W: 5a, Anjichertu. Ce nom se trouve
dans le catalogue des villes chananéennes sous la forme Ana-
charath. Le renseignement fourni par le livre de Josué, qui
place cette ville dans la tribu dlssachar, n'est pas assez précis
pour cru' inuchertu figure à sa place sur notre carte. Dix-huit
noms Facilement reconnaissantes, seize noms crue mois ne sa-
vons exactement ou placer, forment donc l'ensemble de notre
quatrième groupe.
Le cinquième groupe nous l'ait traverser le Jourdain, où
nous trouvons les deux Ephron sous la forme Aper (n03 53 et
j'ii: Heschbon, nommée Keschbou par la liste de karnak
(n° 55); Tasourot ou Atsourot, qui est Alaroth (n° 56); Aschou-
schkhen ou Schaouschkeii , qui est .SÏ/<o/< ( n° 58); Rinama, qui est
Beth-Nimra (n° û<, : Jtwja, qui est Jahzer (n° Go). Les loca-
lités encore inconnues à chercher sur la rive orientale du
Jourdain et de la mer Morte sont : \rhbm in" ô- ) et Maa-
kliasn ( n" Gi).
Le sixième groupe est au sud de la Palestine ce que le
quatrième est au nord. Cette lois encore, c'est un porl de mer
qui est le point de départ. Le tracé commence en effet à Jaffa.
Quarante-deux ooms appartiennent a ce groupe. L'identifica-
tion de vingt-deux d'entre eux est assurée. G» sont :&s,Ipou, la
ville de Juppé: G 'i . Lauten, la ville de Lod; 65, iounâou, la
ville d'Onu: G-. Smiku . qui correspond àSocho; 68, Ihwta,
qui correspond à llijim: 69, Kibja, Kebjina, qu'un retrouve
dans Hésib: 70. Kanatu, les jardins, le Hen-ganim de la
Bible: 71 . Makatal, le Mi-dal des cartes: 76, flaftto, qui est
\dida: 78. Ichapil, qui est Scapbir; 7 9 , Lakadja , Tsiklagen
vertu d'une de ces métathèses dont nos listes (dirent des exemples
si multipliés; 80, Kérar, dans lequel on reconnaît sans efforts
le duérar cTAbimelek: 81, Harem-w ou Har-ur, Haronei'
— 256 —
83, Vumaana, métathèse pour Maona, Maon; 85, Waramam.
On pourrai! attribuer ce nom à Mérom, si cette localité n'était
,as située beaucoup trop au nord. Peut-être s'agit-il <lc
Miiiniv. ville effectivement très-ancienne de la Judée. 86, Ini,
m 1///. I;i llajin située aux environs de Rehoboth; 87, Rch-
bon; 89, Hikluhim; 96, Wakarput; 95, iàina; 96, Kerema;
100, Jaritou, qui sonl Rehoboth, Higlon, Beth-Markaboth ,
Hanau, Beth-Kerem, Jatira. Les vingt noms à chercher dans
le sud de la Palestine sonl : 63, Kentu; 66, [puken (Aphek),
non loin do la nier. 7:!. Apten; 7.'). Scheptouna; 7 V Tiaï;
75, Naon; 77, //"/•: 82, Rebaou, dans la région<lon1 Migdol
el Guérar sonl le centre; 84, Samana; 88, 4&ara; 90, 4<w-
/^//.- (, 1 . [outara; 92, lottèa/ (une autre Avila); 9 3 , JSuewtote ,
entre Rehoboth, Higlon el Beth-Markaboth; 97, Bafr4; 98,
Tapounna; 99, une troisième lèt/a; 101, Har-Kar', 102,
Iakebar; io3, Kapouta, autour de Juttira.
Ivec le septième el dernier groupe, nous parlons du nord
el pour la première lois nous traversons la Samarie, mais en
côtoyanl la rive occidentale du Jourdain. Seize villes sonl
nommées, qui sonl : io'i. Kesultoth [Katjuta)\ lo5, Rabbith
[Rabaiu)\ i07,Beth-Hinuk( [amouk)\ lo8, Tsartan (Surota)
lo.,. Beeroth (Itoarota); lio, Schilô(Zfe^-Sc/wr); ni,Beth-
;iliu||i( Hcl-anhi): i i •">. 1 1 en-';ailiin ( \ïii-llmni<w ): i l i,Guibba
| Kabaou); 1 1 ... Thilla ( 7)'erer) ; 1 16, Ziph [Tjajta)\ 1 17. Be-
rakhah {Rerakna); \ 19, Akmes ( \îtschmas), toutes identifiées ;
el 10C. \Iakrotu; 1 ia,Kharkatu; 118, Boum.. , pour lesquels
M l'iint chercher dans la topographie de la Judée un corres-
pondant.
Telle esl la liste des 119 noms de la première partie des
pays du nord. J'en ai retrouvé el placé sur la carte 7.). Il en
reste, par conséquent, hh sur lesquels toutes les hypothèses
on! permise-,. Ci rtes, ce dernier chiffre estencore très-élevé.
Mais nous devons penser que la liste de Karnak dressée el
— •_>:> 7 —
arrangé i comme elle l'est . nous offre des ressources <|ni doivent
nous aider à diminuer de jour en jour nos non-vàieurs. On
trouve, <mi effet, dans cette liste des éléments de précision et
de mutuelle confrontation avec lesquels il esl impossible de
ne pas compter. Telle ville dont autremenl nous ne soupçon-
nerions même pas la place, nous savons par noire liste,
non-seulemenl s'il Tant la mettre au sud ou au nord de la Pa-
lestine, à l'orient ou à l'occident du Jourdain, mais s'il faut
l'attribuer au voisinage de telle on telle autre localité déjà
connue. La liste des peuples du nord de Karnak devient ainsi
une sorte de dictionnaire géographique, où l'on ne cherchera
pas les noms dans leur ordre alphabétique, mais où l'ordre
(graphique parai! avoir été rigoureusement observé. De là
son importance exceptionnelle, qui s'accroît en raison directe
des services qu'elle peul rendre à l'étude de la géographie
biblique.
I ne dernière question reste a résoudre. Pourquoi ces sept
coupures et dans quel intention les a-t-on faites ! Avant la con-
quête de Josué, la terre de Chanaan était divisée en un certain
nombre de petites principautés, et les annales de Thoutmès,
qui nous montrent les peuples alliés contre l'Egypte depuis Elusa
«jusqu'au* extrémités du monde, » loin de contredire cette
donnée, la confirment. Les six coupures (je mets de côté ka-
desch et Mégiddo) représenteraient-elles six Mes Etats confé-
dérés? Aurions-nous ici quelque chose rumine le Jéboussi,
l'Amori, le Guirgaschi, le llivi. l'Arki, le Sini? Mais si cette
hypothèse était admise, il faudrait expliquer pourquoi les,
lignes de noire tracé se pénètrent, et donnent ainsi dfn\
maîtres à la fois au même pays. Ce n'est donc pas à un motif
graphique que le rédacteur de la liste a obéi eu pratiquant
les -i \ coupures. Ce motif serait-il plutôt historique? Il n'j
avait pas longtemps que la fameuse régente, sœur des l'Iiout-
niès. «'-lait morte, et Thoutmès III était seul sur le trône. \
— 258 —
ce moment divers peuples, qui occupent I \sie occidentale, se
Liguent contre l'Egypte. Thouthmès marche contre eux et les
bat à Mégiddo, où toutes leurs forci s étaient réunies. Là s'arrête
la partie historique dos Annales gravées sur les murailles du
sanctuaire. Mais les listes gravées sur le pylône semblent nous
permettre d'aller au delà. 11 fallail satisfaire à la volonté d'Am-
mon et ramener à Thèbes des prisonniers pour être immolés
devant le dieu. En style moins poétique, il fallait faire pro-
duire à la victoire de Mégiddo Ions ses fruits et occuper toutes
les places de la confédération. L'ordre dans lequel ces places
• mi été successivement prises est-il l'ordre dans lequel ''Iles
sont rangées sur le pylône de Karaak? Dans cette hypothèse,
six corps d'armée, ou six détachements auraient été employés
aces diverses expéditions? Le premier rayonna autour de Jé-
rusalem, sans cependant entrer dans la ville sainte. Le second
partit du lac Mérom el s'empara de toutes les villes situées aux
environs, jusqu'à Damas. Sans qu'il soit nécessaire de sup-
poser que les Bottes égyptiennes Murent aborder à Beyroul el
.1 J.illa. on peut montrer le troisième et le cinquième corps
d'armée faisant d ces deux villes leur base d'opération, et vi-
sitanl le nord el le sud de la Palestine. Le quatrième corps
franchit le Jourdain, el s'étend sur la rive gauche de ce fleuve
et les bords orientaux de la mer Morte. Le sixième corps enfin
complète l'œuvre et relie le nord au sud par une marche qui
lui lail côtoyer la rive droite du Jourdain. Les listes du pj lône
de karnak seraient ainsi la continuation des récits historiques
du sanctuaire, puisqu'on eu déduirait la marche de l'armée
de Tliouimès après la victoire de Mégiddo. Lee confédérés
sont en fuite, leurs chefs probablement prisonniers ou tués.
Thoutmès s'empare successivement de leurs villes. La Galilée
au nord, la Judée au sud sont la proie du vainqueur. Cepen-
dant, chose remarquable, l'armée égyptienne ne pénètre pas
dans la Samarie. et nous ne la voyons en aucune circonstance
— 259 —
Franchir la chaîne de montagnes <|in sert de contre-forl au boni
occidental de !;i mer Morte. Mais cette interprétation histo-
rique de ia liste des i i q peuples s'appuie-t-elle sur une base
assez solide pour que nous puissions l'adopter comme défini-
tive? Je ne saurais le dire; en tous cas, ce qui est certain,
c'est qu'après avoir plan' en tête Kadesch et Mégiddo comme
une sorte de titre du document qu'il allait produire. le rédac-
teur de la liste a reçu de six mains six listes différentes qu'il a
mises bout à bout pour en former le précieux ensemble que je
viens d'essayer de faire connaître à l'Académie.
C'est aux i iq noms de la première partie de la liste des
peuples du nord que nous devons ces résultats aussi importants
qu'imprévus. Que vont nous dire maintenant les a/to autres
noms qui composent la deuxième partie? ÎNous n'avons qu'un
seul exemplaire de cette deuxième partie, et par la place qu'il
occupe on peut le considérer comme ajouté après coup à la
liste des ni) villes. Nous ne sommes donc plus limités par
le titre général <lu document qui nous oblige à ne sortir, ni
du Haut-Ruten, ni delà première campagne de Thoutmès.
Mais où allons-nous? La première campagne de Thoutmès,
entreprise en l'an 22 de son règne, a été suivie de treize autres
campagnes qui nous font arriver jusqu'à l'an ào. Est-ce à une
de ces campagnes que se rapporte la liste des 2/10 villes?
Rien m* s'y oppose. La liste fait quelques retours dans la
terre de Chanaan , mais . en général . on se trouve plutôt en pré-
sence de noms propres araméens, et des synonymies s'éta-
blissent assez fréquemment entre les noms de la liste et ceux
que les inscriptions cunéiformes ont fait retrouver. Voilà ce
qu'à première vue la liste des 2rio noms nous révèle, et rien
ne prouve que quand la liste sera publiée el suffisamment
étudiée, nous n'\ recueillerons pas une ample moisson de faits
nouveaux à ajouter à cciw que la liste des 1 1 <) peuples nous
a fleja revêtes.
— 260 —
En résumé, si nous jetons un coup d'œil d'ensemble sur
les résultats donl la découverte de karnak vient d'enrichir le
domaine <l<' la science, nous voyons que plus de 600 noms
géographiques, remontanl à l'époque de Thoutmès III. sont
maintenant en notre possession; que ces 600 noms se par-
tagent en deux listes, et que ces deux listes comprennent une
énumération de localités appartenant au sud et au nord de
l'Egypte; que les villes du sud nous font passer de l'Abyssinie
à la terre des \\ ailles, pour nous conduire de là en Libye el
dans les régions du haut Nil; qu'avec les villes du nord nous
\isilons le futur théâtre dos exploits de Josué pour pénétrer
dans des contrées asiatiques que l'état de uns études ne nous
permet pas encore d'identifier, mais où sans aucun doute
plus d'une conquête nouvelle nous attend.
L'Académie applaudira sans doute avec empressement à
cette entrée en scène de documents scientifiques aussi nou-
veaux qu'intéressants. Quelque périple inconnu signé de l'un
des grands noms de la géographie ancienne nous .serai! rendu,
que Ton ne devrait pas plus s'en réjouir que de la découverte
des listes de Karnak, qui sont d'origine royale, el qui re-
montent sans altération de copiste jusqu'au xvn siècle avanl
noire ère. \ ce titre, S. \. le vice-roi, sans l'aide duquel les
fouilles de Karnak n'auraient pu être entreprises, a droit à
toute la gratitude des amis de la science. Pour moi, loin
d'épuiser le sujet, je me suis donné pour lâche de ne pas
dépasser les limites d'une simple annonce un peu détaillée.
Comme Moïse, je me suis placé sur la montagne, et j'ai
ntré de loin à l'Académie la Terre promise. Mais je n \
suis point entré.
\l 1.. \l kRIETTE,
— 201 —
N° VI.
Nie. Ils PSEUDO-TOUR ANIEN S DE LA MÉSOPOTAMIE,
1' \R M. .F. HALÉYY.
Il convienl de rappeler que cette étude avait trois parties
principales. Dans la première partie, M. Halévy a examiné
les ressemblances linguistiques signalées par la plupart des
ass\ riologues entre la prétendue langue accadienne et les dia-
lectes ougro-finnois; il concluait en soutenanl que la phoné-
tique de l'accadien diffère totalement de celle des idiomes
ouralo-altaïques. que la grammaire et le vocabulaire des Tou-
raniens et ceun des populations d'Accad sont diamétralement
opposés.
Dans la seconde partie, il recherchail les traces de l'exis-
tence en Mésopotamie d une race non sémitique, conquise par
dis envahisseurs qui auraient plus tard Fondé le second em-
pire babylonien. Il conciliait en disant que les plus antiques
œuvres d'art découvertes en Chaldée ont la physionomie et !«■
cachet du génie des Sémites; (pie les noms géographiques du
sud de la Mésopotamie n'ont gardé aucune trace d'un peuple
non sémitique: qu'enfin les traditions rapportées par les au-
teurs sacrés et profanes et par les documents originaux sont
contraires à la conjecture suivant laquelle le premier empire
de Bahyionie aurait été fondé par une autre race nue les As-
syro-Babyloniens proprement dits.
Dans la troisième partie, il a étudié les caractères propres
de l'idiome accadien et cherché à en tirer la démonstration
de ci- lait . (pic les textes qui le contiennent sont purement figu-
ratifs. Les arguments invoqués à l'appui de celte thèse sont
du ressort de la grammaire et du vocabulaire. Les principaux
sont :
i° Le principe de I accadien. qui consiste à renforcer l'ao
ii. 18
— 262 —
tion par la répétition du radical, est tout à fait conforme au
i'vnie des langues sémitiques. 2° Il n'est pas rare de voir en
accadien un signe remplacé par un autre signe possédant une
valeur idéographique analogue, et différant seulement par
l'articulation phonétique. o*° Ce phénomène s'observe notam-
ment à propos de la désinence qui caractérise le pluriel dans
les noms. h° La seule articulation, relative aux noms de
nombre accadiens, qui soit hors de contestation, est me (cent),
d'origine manifestement sémitique. 5° La manière dont sont
formés les pronoms indique le caractère figuratif de l'accadien :
ainsi, par exemple, le pronom démonstratif bi ne change pas
.m pluriel, parce que le monogramme qui l'écrit exprime l'idée
collectai' de double; les pronoms personnels ont chacun plu-
sieurs types différents, qui présentent des épithètes élogieuses
ou humiliantes, lesquelles, attribuées aux personnes, rem-
placent les vrais pronoms de la langue parlée. Le pronom ré-
fléchi est im (gloire), calqué sur l'assyrien. Le pronom relatif
sa (pour les choses) s'écrit comme en assyrien, et les acca-
distes le prononcent à tort gar, afin d'effacer l'affinité qui se
révèle ici avec force. 6° Le peu qu'on sait du verbe accadien
nous le montre affectant les modifications du verbe assyrien;
il a le même nombre de temps et de voix; l'accadien possède
de vraies voix verbales, pareilles à celles qui sont propres aux
langue- sémitiques; bien pins, certaines ambiguïtés de l'assy-
rien sonl servilement reproduites par des expressions corres-
pondantes en accadien. Si, en quelques particularités, le verbe
accadien s'est tracé une voie différente, cela tient aux diffi-
cultés ttées de l'incorporation des suffixes-régimes usités dans
la langue vivante et que les scribes ne pouvaient négliger dans
l'écriture figurative. Du reste, celte écriture, avant revêtu de
bonne beure un caractère sacré, n'a pu manquer d'être cul-
tivée avec soin et indépendamment de la langue parlée; le
sacerdoce babylonien a du même considérer les articulations
— 263 —
du système figuratif comme la langue uVs dieux b1 des esprits.
\ui-i s'explique aisément la loi d'euphonie qui préside au grou-
pement des signes pour les pronoms et les prépositions, loi
qui a égard à la terminaison du mot précédent. 7° L'accadien
emploie beaucoup de prépositions calquées sur l'assyrien; l'au-
teur cite quatre exemples de ce fait. 8° L'accadien emploie,
en outre, la copulative assyrienne ua. En accadien, l'adverbe
se forme soil au moyen de la préposition qui signifie dans,
soit par l'adjonction du suffixe de la troisième personne, comme
en assyrien. 90 Pour ce qui concerne le vocabulaire, quand
on examine les textes présumés accadiens. on voit que chaque
expression assyrienne a un ou plusieurs équivalents dans
l'idiome en question, non-seulement pour les conceptions
d'une nature générale, mais aussi pour les noms propres de
dieux, d'hommes, de pays, de villes, de montagnes et de
fleuves. Il y a de nombreux exemples relatifs aux noms propres.
et il conclut qu'une telle nomenclature, si différente et si com-
plète à la fois, constitue, dans l'hypothèse de l'accadisme, un
phénomène des plus (''(ranges : les peuples les plus fiers de
leur nationalité n'ont pas cru nécessaire; en effet, de créer
des termes indigènes pour tous les noms propres ou géogra-
phiques qui sont venus a leur connaissance; pareille préten-
tion e| pareille tache n'ont réussi ni aux Chinois, ni aux Égyp-
tiens, ni aux puristes et patriotiques Magyars de nos jours.
Tous ont été forcés d'accepter un grand nombre de noms
étrangers, qu'ils prononcent plus ou moins exactement, selon
la nature de leur langue. En admettant que les Accadiens
n'aient pas échappé à cette règle, et si leurs documents four-
nirent une désignation particulière pour chaque nom étranger,
h ''st-ce p;|s une preuve manifeste que ces documents consti-
tuent une série de textes idéographiques, s'adressant seule-
ment aux yeuj 'l n'ayant jamais formé une langue parlée?
L'ensemble de ces résultats autorise à conclure que la théo-
18.
— 264 —
rie qui attribue aux Touraniens l'invention de l'écriture cunéi-
forme el l'origine de la civilisation assyro-babylonienne est
une hypothèse gratuite <|iii n'esl pas sans danger pour le pro-
grès (Ifs études historiques relatives à l'Asie antérieure.
N° Vil.
Al'oi.l.ox l>ANS LA DOCTRINE DES MYSTÈRES,
PAR M. FtOBIOU.
M. Robiou se propose, dans ce Mémoire, de rechercher les
contre-épreuves que les textes anciens peuvent fournir à l'in-
terprétation des monuments figurés dans lesquels il a reconnu
le rôle d'Apollon accueillant aux enfers les âmes des initiés.
(I expose d'abord un passage très-explicite de Plutarque sur
l'objel des mystères dionysiaques; il constate, d'après le même
écrivain, le rapprochement intime entre Apollon et Bacchus
d;ms la doctrine des mystères, et il cite les termes spiritua-
listes dans lesquels Plutarque exprime sa propre pensée sur
le personnage même d' Ipollon.
Puis railleur du Mémoire aborde les hymnes orphiques,
en ayant soin de protester qu'il n'a point à rechercher ici l'ori-
gine '•! l'antiquité de ces poésies -. il lui suffit que les doctrines
exprimées par elles fussent répandues an temps où furent
peints les vases «le la basse Italie dont il a l'ail usage.
Tes liMimes donnent de nombreux détails sur la nature el
l'action du Bacchus des mystères, dieu panthée, au rôle phy-
sique el inoral, présidanl à la vie el à la mort, au s< neil
el an réveil de lanature. Il y est fait, même avec insistance,
des allusions expresses au colle du Bacchus delphique.
Mais ces liMimes ne sont pas moins explicites sur le person-
nage d" Vnollon . célébré avec des attributions toutes semblables
plies que l'auteur lui attribue d'après les monuments céra-
— -2G5 —
mographiques. Apollon, en effet, j reçoit l'épithète de Mem-
phite, c'est-à-dire qu'il \ esl assimilé, en «ji ic l « j 1 1 e mesure, à
s irapis, autrement dit à l'Osiris infernal, considéré depuis long-
temps comme identique au Bacchus des mystères. Le symbole
cosmique de la lyre d'Apollon joue ici le même rôle que dans
les monuments figurés, objets du précédenl mémoire. Apollon
est, pour les orphiques comme pour les peintres des vases
mystiques, le dieu de l'harmonie physique et morale du monde:
enfin il intervient, mais par voie de supplication, pour pré-
server les mystes dans l'autre vie; et, en effet, les vases ne
lui attribuent en général, dans les enfers, qu'un rôle subor-
donné, quoique analogue à celui de Bacchus-Hadès.
I /auteur aborde ensuite des détails épars dans la mytho-
logie populaire de différentes localités de la Grèce, et qui
tantôt constatent un rapprochement mystérieux, mais certain,
entre Apollon et Bacchus. fait développé par M. Petersen dans
son opuscule sur les fêtes de Delphes, tantôt indiquent, pour
Apollon lui-même, un rôle physique ou moral de divinité de
la vie et de la mort.
Enfin, dans un appendice joint à ce Mémoire, M. Robiou
cherche une autre contre-épreuve à ses conclusions dans l'élude
du culte de Mithra, divinité des Perses que les sectateurs
romains de ses mystères assimilaient au Soleil. Il signale d'à-
bord, dans les documents antiques du mazdéisme, les premiers
linéaments de celte figure, beaucoup plus affirmée et plus im-
portante dans le Mihir-Yasht des temps postérieurs, où déjà
il revêt des traits qui préparent son assimilation complète à
l'Apollon des mvstères, dans son rôle de dieu solaire. Sans être
pourtant le soleil lui-même. Mithra est un dieu présidant à la
pureté des âmes et, comme l'Apollon des orphiques, pourvu
presque du rang suprême. Divers textes gréco-romains de
I époque du syncrétisme montrent, d'ailleurs, le rôle de Mithra
comme de plus en plus semblable à celui de l'Apollon des
— 266 —
orphiques, lorsque sod culte s'étend bors des limites de l'an-
cien Iran.
Mais, parmi les témoignages les plus nombreux et les plus
significatifs à cet égard, il faut compter, en première ligne,
les monuments épigraphiques et figurés. L'étude de ces mo-
numents constate que, transporté en Europe, le culte de Mitnra
\ fut celui d'un dieu à la fois solaire el infernal, ou plutôt élv-
séen, en plein accord avec l'Apollon des orphiques. La repré-
sentation même de la femme armée, recevant de Milhra des
fruits, symbole de vie, se présente sur un monument dont
les détails montrent clairement qu'il représente des images
mystiques et spécialement l'initié pourvu du grade de soldai
connu déjà pour appartenir à ces mystères, et dont le sens
était sans doute celui qui est attribué, dans le Mémoire pré-
cédent, au symbole de la lance. Il est donc permis de con-
clure (jue. si le dieu oriental identifié avec Apollon reçoit en
Europe, dans les mystères auquel il préside, les attributions
reconnues plus haut à l'Apollon des mystères, c'est que ee-
lui-ci les possédait.
N° Mil.
SUE m: CHWIÉME vi:i;s DE M COMKDIK. D'ARISTOPHANE INTITULIÎK
KLBS ACFIARMKNS. " PAS M. LADISLAS t.HOh/KIi:\\ It.Z.
L'auteur commence par rappeler que, il y ;i un siècle, \n-
qm'iii-Dupenon rendiiii compte à l'Académie des inscriptions
de s;i merveilleuse découverte des litres ifi Zend-Avesta, et
ouvrait de nouveaux horizons ;m\ connaissances humaines, en
révélanl en même temps l'existence du sanskrit et des Véda»;
à ce propos : M. Cliod/lieuiez l'ail observer que cet énnnenl
philologue ne négligeait aucune smtrce d'information que lui
présentait b littérature ancie \ En effelr, parmi les testei
— 267 —
qui l'occupèrent plus particulièrement, il en est un sur lequel
il se complut à exercer sa sagacité et dont il croyait avoir pé-
nétré le sens mystérieux : il s'agit du passage en question
d'Aristophane.
Ânquetil se trompait pourtant, mais uniquement parce que
le moyen indispensable pour résoudre le problème lui faisait
défaut. A cette époque, en effet, la vraie langue de l'ancienne
Perse était encore inconnue, et ses éléments ne devaient être
mis au jour que cinquante ans plus tard, d'abord par la dé-
couverte de Grottefend, par le déchiffrement des inscriptions
cunéiformes de Bohistan et de Persépolis, et ensuite par les
travaux considérables et les efforts accumulés de plusieurs sa-
vants philologues.
Quoi qu'il en soit, Anquetil fut le premier à reconnaître
et à déclarer (et en cela il ne se trompait pas) que le passage
d'Aristophane n'était point de l'invention du poète, mais bien
une phrase en vraie langue de l'ancienne Perse. Cette phrase,
le comique athénien l'a placée dans la bouche d'un person-
nage qui représente, dans la comédie, l'ambassadeur supposé
du grand roi près la république athénienne, el qu'il appelle
Pseudartabas. Ce vocable même contient un nom, le nom
d'Artabas, général persan, battu, vingt-cinq ans avant cette
époque, sur les côtes de Chypre, par Cimon, fils de Wi\-
tiade, et par conséquent très-connu à Athènes.
M. Chodzkiewicz discute ensuite la question si controversée,
à savoir : si la langue des Achéménides était une langue
parlée en Perse à l'époque d'Aristophane. 11 est convaincu,
pour son compte, qu'elle y fut parfaitement en usage; il en
donne plusieurs preuves, et termine par L'affirmation que la
langue perse était, sans aucun doute, connue et comprise à
Athènes en l'an /12b avant J. C. du moins par les Grecs
lettrés. Il est donc plus que probable qu'un écrivain tel
qu'Aristophane devait L'entendre.
— 268 —
Après Anquetil, dit L'auteur, M. Jules Opperl a été le pre-
mier à contester l*opinion conlraire à ces conclusions. Il n'a
pas hésité à admettre que ce texte pouvait être rétabli, et <pie
le véritable sens pouvait être restitué à celle phrase d'Aristo-
phane. Aussi, d'accord avec \lberl Mûller1, M. Oppert a vu,
dans les deux premiers mois de la phrase d'Aristophane : Jar-
iaman Exarx, le nom «lu grand roi. Lrtaxercès Longue-main ,
qui régnait dans ce temps sur la Perse. Mais M. Opperl s'est
arrêté là. M. Ghodzkiewicz va plus loin. Pour cela, il expose
d'abord rapidement le sujet de la pièce d'Aristophane et la
situation politique qui lui a donné uaissance. Il indique com-
menl les désastres de la guerre du Péloponèse avaient fini
par soulever le parti delà paix, et comment ils mirent la plume
à la main d'Aristophane pour combattre les partisans de la
guerre à outrance.
Cet exposé terminé, M. Ghodzkiewicz constate l'état du
texte en question dans Les divers manuscrits, et, après mure
discussion, il donne la préférence à la leçon de Dindorf, suivie
par L'édition Didol. Voici celle leçon:
iAPTA.MÀN ÉXAPX' ANAIT122ÔNA1 SÀTPA.
Toutefois, il ne L'adopte qu'en y introduisant de légères
corrections qui donnent la forme suivante :
lh \l!ï\M \\ \\i;\\ NIPISTANA1 SATRA.
Sur le point d'entamer l'analyse définitive , l'auteur se pose
I elle double question : \-t-il le droil (le faire des riiirerl Ions?
Sur quoi repose ce droit? Il répond que tous les manuscrits
d Aristophane, et parmi eux celui de Ravenne, ae remontent
1ère au delà du ni siècle de notre ère. L'ancienne Langue
persane étail donc à relie époque parfaitement inconnue,
M h II' i Irutùphanit icharnerueê; Hanovre, i863, in
— 269 —
el Le petil texte en discussion incompréhensible pour les co-
pistes. Dès lors, les erreurs devenaient faciles el presque iné-
vitables. M. Chodzkiewicz fait remarquer, en outre , que la sé-
paration des mois dans les manuscrits les pins anciens
D'existé presque point, et, par conséquent, La coupure du
texte, pour obtenir une séparation rationnelle des mots, lui
parait être de plein droit. Elle a eu lieu pour le texte grec,
dit-il: elle doit avoir lieu pour le texte persan.
Si la transcription qui sera proposée n'a pas été adoptée par
Aristophane, c'est que, d'après les règles phonétiques de la
langue grecque, elle aurait été incorrecte et surtout contraire
à la mesure du vers dont le poète s'était servi dans les Achar-
niens. Le poète comique a donc modifié légèrement le texte
persan tel qu'il a été rétahli par Dindorft' et qui, probable-
ment, est le seul vrai. Le savant helléniste dont on vient de
citer le nom dit très-judicieusement, à propos du mille et
unième vers des Tkesmopkories : ^Le licteur scythe parle
d'une manière barbare, mais les barbarismes appartiennent
aux personnages, les vers appartiennent au poëte. et tout en
eux doit être conforme aux lois de la métrique. Les choses
ne se passent pas autrement chez nous : si le poëte introduit
sur la scène un villageois ou un étranger, il lui attribue un
langage plein de locutions vineuses ou de barbarismes, mais
il n'observe pas moins les règles du rli\ llime* o;xotOTéAevTOv. n
Appliquant les principes de la plus sage critique philolo-
gique au passage qu'il étudie, M. Chodzkiewicz conclut qu'il
avait le droit : i° de séparer les mots placés, dans les copies
manuscrites aussi bien que dans l'original, à la suite les uns
des autres, sans intervalles; 2° d'établir ces coupures de ma-
nière à rendre conforme aux lois du vocabulaire et de la gram-
maire perses les m<>ls qui; les éditeurs du texte imprimé ont
rétablis et disposés d'après les lois de la métrique grecque,
sans se soutier de la langue perse, qui leur était inconnue:
— 270 —
3° d<' s'affranchir de la prosodie grecque el de la césure du
vers, en restituant à ce vois la signification qu'il a en langue
perse.
L'auteur énumère ensuite et s'applique à justifier les chan-
gements qu'il a faits.
Il a écrit Hy au lieu de /, rétablissant l'A aspiré qui masque
au grec, où il est remplacé pat l'esprit rude. Il a supprimé,
au contraire, Ye du mot exarx, qui n'a été admis <jue pour
satisfaire L'euphonie, si chère aux oreilles grecques, et pour
rendre le vers plus harmonieux. La modification qui résulte
de l'addition de Ye doit être, suivant M. (diodzkieu i<z. attri-
buée à Aristophane; M. Silvestre de Sacy a très-bien expliqué
[Mémoire sur les monuments et les inscriptions tir Kirmansshah)
cette admission de la voyelle au commencement de ce mot,
-mi étudiant les variations introduites dans la prononciation
du nom ctKhsyarsa». Gel illustre philologue fait remarquer
précisément que «les Hébreux ont mis un alel'au commence-
ment de ce vocable, pour la même raison qu'Aristophane a
écrit Exarxttn, el que Théopompe a écrit Eœairaann an lieu
de Sa ira peu. r>
M. Ghodakiewicz détache l'alpha (\u mot mamsswm et le
restitue an morf exarx, et il lui rend ainsi sa forme réelle de
roa. Cette lettre n'aurait été déplacée que par les seoliastes
el les éditeurs postérieurs! à I époque d'Aristophane. llréiahhi
1'/. en place de \'<i, dans le préfixe /m du verbe aapissotnà) par
cette raison <j it"î«-î le renforcement de Fi en " pouvait avoir
lieu en grec comme dans tontes les langues slaves. La pré"
sence de o. au lieu «le a, dans la s\ Halte io (lu mène verbe,
si elle n'est point Le fait des copistes qui onl cherché à imiter
la forme grecque par la terminaison semai, est peut-être même
plus régulière en langue perso que la transcription modem
éet aseyriologues. ESl parce que les textes persans ne donnent
que la forme nipisiniu, ne serait-il pas prudent m s eu rap-
porter ici, de préférence, à lu finesse d'oreille d'Aristophane,
plutôt qu'à la règle tirée de cette observation de oos contem-
porains, que la voyelleo n'a pas été retrouvée dans les textes
cunéiformes persans? M. Ghodzkiewicz substitue enfin un tau
second sigma de uapmonai, et fait remarquer <[ue rien n'a été
plus facile, à cause de la liaison du sigma et du tau, que
d'arriver à cette confusion et à celte assimilation des deux ca-
ractères juxtaposés.
L'auteur transcrit alors en écriture cunéiforme le texte ainsi
restitué :
<=< . k- \ îïï • ET • =M • -li! • b< \
//. '/. a. r. t. m. n.
«H • << • X*- • m • £ï • << • m \
hit. .s-. y, a. /'. .v. a.
£< • h • ^ • n • << • -M • t< . n • K- \
V. i, />. i. s. t. n. i. y.
«n . << • r \
kit. s. Ir.
et le lit d'après le système des interprètes les plus autorisés.
11 arrive ainsi à la phrase suivante : Hija. artaman. Ksayârsà.
iiipistiuttuij. hhsatfti . phrase parfaitement persane et qui signifie :
rLui, le magnanime forcés, écrire à votre seigneurie (gou-
\ernement ) '! » C'est une interrogation directe, dit
.M. Ghodzkiewicz, et telle que l'ancien persan l'affectionnait,
sans aucune particule interrogative. L'inscription du tombeau
de Darius, à jNaqs-i-Puistam . en fournit un exemple frap-
pant1 : «Ne sais-tu donc pas que les lances des guerriers per-
sans atteignent de loin?» M. Chodzkiewicz donne ensuite l'ana-
1 Dan? I" passage -I" la i" colonne, lignes 13
272
lyse grammaticale de lousles mots persans qui composent le
vers d'Aristophane, en s'appuyant sur les textes cunéiformes
el en indiquant leurs équivalents dans plusieurs langues slaves.
Cette analyse n'ésl pas la partie la moins curieuse de son tra-
vail; elle révèle une multitude d'analogies entre 1 idiome
perse et les dialectes slaves, analogies de vocabulaire ef de
grammaire qui groupenl m un faisceau étroitement uni l'an-
cien perse et les langues en question.
La fin du Mémoire est consacrée à l'examen des transcrip-
tions et des traductions proposées, pour ce vers, par divers
orientalistes et hellénistes. Anquetil s'est trompé; il ne pou-
vait en être autrement, car ce qu'il prenait pour le perse, le
parsi, n'est qu'un dialecte qui en est au moins aussi éloigné
que l'est le nouveau perse du zend. Pour que la traduction de
ce vers devînt possible, il Fallait que le déchiffrement des ins-
criptions cunéiformes de Bohistan et de Persépolis fût ac-
compli, et que la vraie langue des Achéménides lut retrouvée
au moins en partie. Une autre cuise d'erreur pour Anquetil,
c'est qu'il croyait voir, dans le vers qui suit les mots persans,
l'interprétatioD de ces derniers. Mais, en réalité, on ne saurait
voir une série de déductions rigoureuses dans ce dialogue vif,
mordant, spirituel, et où les questions ne sont posées que
pour provoquer des coq-à-l'âne extraordinaires. M. Chodzkie-
«117 mentionne, pour la réfuter victorieusement en quelques
mois, l'interprétation ou plutôl la substitution bizarre de
M. Droysen, qui jouit en ce moment d'une grande réputation
comme l'un des coryphées (\u système historique en laveur en
VHemagne, lequel consiste à prouver que la race latine n'a
rien produil de bon et qu'elle doit céder la place à la race
saxonne.
— 273 —
N° l\.
TOMBE ET PORTRAIT D'DN ÉVÊQDE CROISÉ DE PALESTINE,
CONTEMPORAIN DE SAINT LOUIS.
PAU M. C I.ER. MON T-G ANNE \ I .
L'époque des croisades ne fait pas exception au milieu de
notre extrême pénurie épigraphique qui parait être décidé-
ment le caractère propre de la Palestine Les traces écrites de
la domination occidentale en Terre sainte sont de la plus
grande rareté; depuis des années que je fais la chasse aux ins-
criptions sur ce terrain ingrat, je n'ai rencontré que cinq ou
six textes appartenant à cette période , et encore étaient-ils pour
la plupart à l'état fragmentaire.
Ce luit semble, au premier abord, d'autant plus singulier,
qu'il s'agit de temps relativement peu éloignés de nous; et que
le passage des Occidentaux, quoique bien rapide, a laissé une
empreinte extraordinairement large et profonde sur l'architec-
ture de la Palestine. J'ai établi ailleurs les règles techniques
et invariables qui nous mettent à même, à première inspec-
tion et sans erreur possible, de déterminer une pierre quel-
conque taillée par les croisés. L'application de cette loi beaucoup
plus sûre que l'observation si délicate et d'ailleurs si contestée
des styles et qui permet de diagnostiquer, non-seulement des
ensembles de monuments, mais leurs éléments, de chiffrer,
pour ainsi dire, les matériaux mêmes mis en œuvre par les
mains occidentales, a démontré le prodigieux mouvement de
construction qui eut lieu durant celte période si brève.
Il est donc naturel de croire que les hommes qui ont su
faire de la pierre un pareil emploi n'ont pas négligé de lui
confier le soin de conserver le souvenir écrit de faits mémo-
rables.
Cette absence presque totale d'inscriptions médiaevales eu-
— 27/i —
ropéennes ne peul s'expliquer que par une réaction Impitoyable
contre tout ce qui pouvait rappeler une conquête odieuse aux
musulmans et un joug impatiemment supporté parles chrétiens
orientaux eux-mêmes. Ainsi la découverte d'un texte des croi-,
sades, même mutilé, sur le sol qui en a été l'objet et le té-
moin, est-il toujours une bonne fortune pour la science. Dans
notre dernière excursion à Jaffa, j'en ;ii recueilli deux. Le
premier (dessin de M. A. Lecomte, n° 48), gravé en magni-
fiques et grandes lelln-s véritablement lapidaires sur un beau
bloc de marbre blanc (0,77X0,27X0,15), se compose de
deux lignes dont il ne reste que le milieu et dos traces (Tune
troisième ligne :
GR : AVCVSTVS : 10
[domin] IICG : mCRRnRSIO[»/'*j
TI
J'ai mis entre crochets les restitutions qui tùê semblent pro-
bables. Je crois que celle de anno dominiee mcwnatiomi sera
admise Bans difficultés, (lotte manière de dater de Va» de l'incar*-
nation du Seigneur el l'orthographe dominiee, se retrouvent jus-
tement dans nombre de chartes du royaume de Jérusalem re-
montanl aux si*e1 ut siècles. (E. de Rozière, Cartulairê du
Saint-Sépulcre, passim.) L'aspect paléographique des lettres,
notammenl celui du T, tend , si j'ai bonne mémoire, à rattacher
égalemenl cette inscription au xn' siècle.
La seconde inscription que j'ai rapportée de Jaffa (dessin
de M. A. Lecomte, n" 4û) est beaucoup plus intéressante,
d'abord parce qu'elle accompagne an monument iconogra-
phique très-curieux, el ensuite parce qu'elle offre une plus
grande précision chronologique. Elle provienl d'un wély mu-
sulman appelé Schéikh \fourâde\ situé à environ vingt minutes
ouest-nord-ouest de Jaffa. Ce précieux morceau (ce n'est qu un
fragment) consiste en une dalle de n&arbre blanc mesurant
— 275 —
tctueUemeni 0^,70 de longueur sur o"\55 de hauteur et
(»'",(..") seulement d'épaisseur. Ce fragment est lui-même brisé
en deux parties qui se joignent très-exactement.
On v voit, gravé au trait, un personnage posé de. face, à la
barbe courte, coille de la mitre et tenant à gauche la crosse
épiscopale. La position de la crosse, tournée à sénestre, indique
suffisamment que nous avons affaire à un évêque et non à un
abbé crosse et mitre.
La tête ef les épaules sont entourées d'un trilobé reposant
sur une çolonnette à chapiteau. Dans L'écoinçon de droite du
trilobé est représenté un ange thuriféraire nimbé et ailé qui
encense la tête de l'évêque.
Ce détail est d'un mouvement excellent. Le dessin général
est d'une sûreté et d'une fermeté remarquables. 11 rappelle à
première vue le style du xmc siècle et tout, comme on va le
voir, s'accorde à justifier cette impression. Nous avons là évi-
demment une de ces plates-tombes gravées qui étaient placées
;hi r;is du sol et qui sont si nombreuses à cotte époque.
Je croirais volontiers que la dalle était non-seulement gravée,
mais incrustée : le trait profond et étroit à bords verticaux
était probablement destiné à recevoir une matière dure et co-
lorée.
On remarque, en outre, sur la mitre et la crosse des trous
profonds où pouvaient bien être enchâssés des émaux et des
verreries simulant des pierres précieuses. La mitre est légère-
ment plus haute que celles que nous montrent les monuments
du \iic siècle. Le bâton pastoral se termine par une tête d'a-
nimal. Il devait être tenu de la main gauche. La main droite
( qui a disparu) pouvait être, comme dans les monuments si-
milaires, occupé*- à bénir. 11 ne reste de relie dalle, qui devait
représenter l'évêque en pied, qu'un morceau comprenant la
moitié gauche de la figure du personnage jusqu'à la naissance
des épaules. Tout autour courait une inscription latine en
— 27B —
lettres médisevales , formant encadrement. 11 n'en reste plus que
quelques mots que j'examinerai tout à l'heure. La face posté-
rieure de cette dalle ;i reçu ultérieurement une inscription
arabe dont voici le texte et la traduction1 :
^jJi Jlçr^iJI JLxj AX5i Jt^JuLt!
yv53AjJj xaaw ,»Uaw ^^ vXj <*M I <^^7j (j t-^» ' (j-J *
(tAu nom du Dieu clément et miséricordieux.
Certes construit (on restaure) les mosquées de Dieu qui croit on Dion
el au jour de la résurrection, qui fait In prière, el qui donne l'aumône,
«•i qui ne craint que Dieu. Peut-être que ceux-là seronl (an nombre do
ceux qui suivent le bon chemin). La construction de cette mosquée bénie
a été ordonnée par le pauvre devant Dion très-haut, l'omir Djemàl e<l
Din fils d'Ischac . que Dieu l'ail dans sa miséricorde. L'an -:\i\.~
Cette inscription opisthographe , <loni la première partie est
empruntée à la 0/ sourate <lu Coran (verset 18), <I î '<■ «lu >'<'-
pentir, esl disposée <l«- telle Façon qu'elle montre que la <l;illo
tombale était déjà dépecée en cinq <»u six morceaux en l'an
1 Le texte de l'inscription diffère <'n quelques points de la I a coranique :
ïj£s»yJ\ 3lj ï^A-Ul -Ul^
Note de l'éditeur.)
— '111 —
y3(i de l'hégire, correspondanl à l'an 1 3 3 5-t 3 3 G de aotre
ère. On a alors coupé dans la dalle primitive une plaque à peu
près carrée, au revers de laquelle on a gravé l'inscription
arabe. Cette plaque a elle-même subi plus lard une légère
mutilation qui a enlevé l'angle gauche inférieur, avec une partie
de la face et de la poitrine, d'un côté, et, de l'autre côté, les
premiers mots des dernières lignes arabes.
Nous connaissons par un historien et .aussi par une inscrip-
tion authentique de Béibars, conservée à Ranileh, la date
exacte de l'expulsion définitive des Francs de Jatïa. C'est suivant
Guillaume de Tyr, le 7 mars 1268 (en redjeb GG6, suivant
les musulmans ' ). Notre monument ne saurait donc a priori des-
cendre au-dessous de cette limite minima, qui nous ramène
encore en plein \iue siècle.
Nous pouvons arriver, maintenant que nous avons circons-
crit la région historique où il convient de la placer, à l'inter-
prétation de l'inscription ou plutôt du fragment d'inscription
latine qui courait autour de la dalle.
Je la lis, avec les restitutions entre crochets :
[ anno millesinijo : ce0 quiqhugesimo octavo in festo Sanctorum
0[inniuin]l
Si nous éprouvons le regret d'avoir perdu la* partie du texte
qui donnait le nom de l'évèque, nous avons au moins la satis-
faction de posséder presque en entier celle qui contenait proba-
blement la date de sa mort. Le jour est spécifié par in festo Sanc-
torum. Il semble que le mot suivant commençait par un 0 ou
par un C. Dans le premier cas, Omnium serait assez indiqué;
ce serait la Toussaint.
Les mots précédents contiennent l'année. Il est impossible
1 Suivant Abou '1-Féda, la seconde dizaine du mois de djomada (27 février
au 9 mars). [Historiens des croisades, Orientaux, tome I, p. i5a.)
11. 19
— 78 —
de méconnaître quinquagesimo en dépit de l'irrégularité ortho-
graphique.
La date est donc 1208, vraisemblablement le jour de la
T<)iis>aint. Le texte est malheureusement trop tronqué pour nous
renseigner sur l'identité de notre personnage. En l'absence de
cette indication, trois hypothèses sont possibles : i° cette dalle
a pu être, comme tant d'autres matériaux de construction,
transportée à Jaffa d'une autre ville voisine siège d'un évêché,
par exemple d'Acre: 20 elle peut avoir recouvert les restes du
titulaire d'un autre évêché, mort à Jaffa pendanl l'occupation
Franque; 3° elle peut appartenir à un évoque de Jaffa même.
Dans les deux premiers cas, toute conjecture pour arriver à
deviner la vérité serait sans fondements. Nous n'avons que
deux éléments positifs de solution : c'est la date du décès et la
qualité du défunt. Ils sont insuffisants, du moins avec les
sources dont je puis disposer ici. J'ai, en effet, vainement
cherché dans YOfiens christianus de Lequien et les Familles
d'outre-mer de Ducange, le nom d'un évêque, archevêque, abbé
ou prieur latin de Palestine, mort en ia58. La troisième hy-
pothèse qui . jusqu'à preuve du contraire, demeure la plus pro-
bable, mérite «pion s'j arrête quelques instants, d'autant plus
qu'elle soulève en passant une question historique assez cu-
rieuse, celle de savoir s'il y a eu, oui ou non, un évêché de
Jaffa pendanl les croisades. Avant l'arrivée des Francs, Joppé,
centre important el lieu signalé à la vénération par le séjour
traditionnel de saint Pierre ( [et. aposl. cap. \. \. 5) était
un siège épiscopal; nous le savons positivement el connaissons
même les noms de quelques-uns de ses évêques : Fidus, Theo-
dotus . Elias, Sergius.
Sous les croisés, elle paraît . au moins au début . avoir perdu
ce rang, car elle m- figure pas dans les listes des évêchés
latins, telles qu'elles sont conservées dans (es documents du
mps. Jacques de Vitry, évêque d tare en iai6, dit exprès-
— -27(.) —
sémenl dans son Histoire de Jérusalem (p. ô.~>) que l;i ville de
Jaffa n'a pns d'évêque, mais relève immédiatement d\\ prieur
et des chanoines du Saint-Sépulcre. Il ajoute que c'est au>si
le cas de Naplouse, qui esl sans évêque (episcopo caret) , et ap-
partient à l'abbaye du Tetnplum Domini. il l'ail remarquera ce
propos que beaucoup d'autres cités de la Palestine, anciens
sièges d'évêchés grecs et syriens, se trouvent dans la même
situation ei ont été. pour cause de nécessité, réunis par les
Francs à d'autres évêchés.
Mais Lequien dit que néanmoins on rencontre, postérieu-
rement à Jacques de Vitry, la mention d'évêques, et il cite un
passage de Micli. Anf. Baudrand (Géogr. t. I, p. 027, col. 1)
mi il est écrit que Joppé, ville de la Palestine première, était
autrefois un évêché dépendant de l'archevêché de Gésarée. Il
faut avouer que cet autrefois (olim) est assez vague.
Les évêques latins de Jaffa signalés par Lequien sont :
r Guy de Nimars, mort en 12 53.
Un évêque au nom inconnu, qui se rendit en 1973 au
concile de Lyon ( 1 27/1).
3° Jean de Saint-Martin, mort le a3 décembre iSnli.
Je ne puis rien dire du troisième n'ayant pas ici les textes
invoqués par Lequien et ne pouvant contrôler ses conclusions.
Je me bornerai à constater, en restant strictement au point
de vue de notre monument, qu'il ne peut, pas plus que lo
second, être identique avec notre personnage, puisqu'ils vivaient
l'un en 137/1, l'autrG en 1273, et que, d'ailleurs , Jaffa étant
retombée pour toujours au pouvoir des musulmans en 1268,
toute combinaison postérieure à cette dernière date est inad-
missible.
Reste Guy de Nimars, mort en 1253; notre évêque étant
mort en 1208, il y a incompatibilité chronologique. Toute-
lois, il ne faut pas oublier que YEstoire de Eraeles empereor, à
laquelle Lequien emprunte ce fait, contient, en matière de
«9-
— 280 —
dates, de graves erreurs, et qu'il a pu se produire dans les
manuscrits de faciles confusions entre les chiffres romains
MCCLVI1I et MCCLIII.
Mais il y a contre cette identification une objection plus sé-
rieuse qui, du même coup, met en question l'existence même
d'un évêché latin de Jaffa.
Le passage de YEstoire de Eracles est celui-ci : «A. MCCLIII
moururent li rois Henry de Chipre et l'evesque de Jaffa Guy
de Nimars. » Or un manuscrit donne la variante Baffe pour
Jajfa, ce qui désignerait Baphe ou Paphos en Chypre, et plus
du tout Jaffa. M. G. Rey, dans son édition des Familles cloutrc-
mer, a adopté cette variante et admis que Guy de Nimars,
qu'il nomme Mimars et fait mourir en ia52 au lieu de 1 2 53 ,
était évoque de Paphos.
Je crois devoir signaler un autre passage de cette même
Estoire où la forme Baphe se lit avec la variante Jaffa (ch. 36) :
«Li maréchaus [de Chypre] manda à Baphe pour ses
galères. »
La même erreur a pu se produire pour le second évêque
latin de Jaffa enregistré par Lequien, toujours d'après la
même autorité, et mentionné également à propos de Chypre.
Voilà notre évêché latin de Jaffa, dont l'existence avait été
déduite de celle de ces évêques, fort compromis, surtout si
Ton se rappelle le passage si catégorique de Jacques de Vitry.
Cependant, en face de ces arguments négatifs, il faut
placer un document officiel, une lettre du pape Alexandre III,
adressée à Pierre, prieur du Saint-Sépulcre (Cartul. p. 991,
2qa), et d'où il résulte clairement :
i° Que le roi Amaury et son homonyme, le patriarche de
Jérusalem, avaient enlevé au pouvoir du Saint-Sépulcre l'église
de Jaffa, en lui restituant son ancienne dignité de cathédrale,
qu'elle avait perdue par suite de la violence de l'occupation
des païens :
— 281 —
2° Que li- pape, maigre la protestation du prieur, croit de
son devoir apostolique de maintenir cette restitution, tout en
conseillant quelque compensation en échange.
L'épiscopat de Jaffa était donc rétabli de fait. L'église cathé-
drale ne pouvait être que l'église de Saint-Pierre. Quant à la
compensation, il se pourrait qu'elle eut consisté dans l'église
de Saint-Nicolas concédée au prieur Pierre par le roi Amaury
en 1 1 G8.
J'avoue qu'il me semble difficile de concilier ces faits avec
l'assertion de Jacques de Vitry, qui ne devait pas les ignorer.
Quoi qu'il en soit, ils paraissent suffisants pour permettre de
croire à l'existence d'évéques latins de Jaiïa, et dans ce cas, à
la découverte de la tombe et du portrait de l'un d'eux.
De toute façon la date certaine de 12 58 nous reporte à six
années seulement après l'arrivée de Louis IX à Jaffa, à douze
années avant la mort du saint roi (25 août 1270), et nous
fait remonter au bailliage de Jean d'Ibelin. comte de Jaffa.
dix ans avant la prise définitive de celle ville par le sultan
lu'ibars.
Si cette dalle appartient réellement à un évêque de Jaffa,
il est bien supposable qu'elle devait être originairement dans
l'église métropolitaine de Saint-Pierre. Cette église, construite
sur l'emplacement traditionnel de la résurrection de Dorcas
ou Tabitha. figure fréquemment dans le Cartulaire du Saint-
Sépulcre, p. 19, 25, 3o, 37, 43, 65, /19, 69, 71 , 100,
1 00, etc.
Une fois même (p. 71), dans l'acte de donation du pa-
triarche Ebremar, il est question du cimetière qui en dépendait,
r ccclesiam Sancli Pétri majorcm, qua? est apud Joppen, cum
cimiterio ccclesiœ pertinente ••
On dirait que cette église, à en juger par l'expression apud
Joppen, était à l'extérieur de la ville. C'était le cas pour une
autre église de Jaffa, celle de Saint-Nicolas, qui est dite, dans
— 282 —
l'acte de donation d'Amaury, être située mi dehors des murs el
au nord (Cnrtul. du S. Sép. p. 289).
Ces églises ne doivent pas être confondues avec celle que
saint Louis lil construire pour les cordeliers pendant son séjour
à Jaffa, et qui comptait dix autels, non plus qu'avec celle
que possédaient les Hospitaliers à l'intérieur même de la ville
(//< corpore civitalis).
Bien que quelques auteurs admettent que l'église de Saint-
Pierre était au sud de Jaffa, on pourrait peut-être supposer
que le wély de Schéikh Mourâd, d'où notre dalle provient et
où s'élevait probablement la mosquée édifiée par l'émir Djemal
ed-Din, en i335-i336, a succédé à cette église de Saint-
Pierre, et que, par conséquent, notre monument n'a pour
ainsi dire pas changé de place.
Cette substitution d'un sanctuaire musulman à un sanc-
tuaire chrétien est, on le sait, tout à fait dans les habitudes
orientales, et ce ne serait pas le moindre intérêt de ce précieux
fragment s'il nous avait permis incidemment de retrouver le
lieu exact de cette église, consacrant un des plus anciens sou-
venirs du christianisme. Je me hâte toutefois d'ajouter que
cette conclusion esl possible, mais n'est pas nécessaire.
Après la lecture de la communication de M. Clermont-Ganneau, M. de
Longp£rier a présenté les observations suivantes :
«On est en droit de penser « | n<* M. Clermont-Ganneau s'est laissé en-
Iraver dans su recherche par une donnée inexacte.
(t Lorsqu'il «lit : irLa position de la crosse tournée à sénestre indique
rr suffisamment que nous avons affaire à un évoque el oon à un abbé
» crosse el mitre, 1 il fait allusion à un système qui, dans cette forme
absolue . esl trop moderne.
-Il existe, sans doute, un très-grand nombre de monuments qui re-
présentenl des abbés tenant leur crosse de la main droite, sans qu'on
puisse observer de règle relativement au sens dans lequel est tournée la
volute. En général, l'évéque «luit tenir sa crosse de la main gauebe, afin
de conserver la droite libre pour la bénédiction. Maison trouve parfois
— 283 —
sur des sceaux, la ligure d'un évêque tenant sa crosse de la main droite
(Raimond, évêque de Fréjusen iai5, Lantelme, évêque <le Valence en
u86), et d'antre part, il existe un certain nombre de monuments
représentant des abbés tenant une crosse de la main gauche. Par
exemple, on trouvera, au musée de Cluny, la dalle gravée qui recouvrait
la tombe de Simon de Gillans, abbé de l'île Barbe, mort en i34q; ce
personnage est représenté mitre, avec sa crosse à gaucbe, la volute
tournée en dehors, comme dans le dessin de M. Ganneau. L'inscription,
très-bien conservée, qui entoure cette ligure ne laisse aucun doute sur la
qualité du fonctionnaire ecclésiastique. Si l'on examine la série des sceaux
(les abbés de Saint-Berlin, on trouvera, en 1126, l'abbé Jean II; en
I ia5, Jean de Griboval, munis d'une crosse à gaucbe. Sur les sceaux
généraux de la même abbaye, le saint abbé fondateur est figuré tenant
sa crosse tantôt d'une main, tantôt de l'autre. Les sceaux des abbés de
Saint-Victor de Marseille, Etienne (en î 355) et Guillaume (en i486),
montrent encore ces personnages tenant une crosse de la main gaucbe.
II en est de même de quelques sceaux des abbés de Silvacane (1398),
de Lure | 1 196), de Saint-Michel de la Cluse (1266), de Sainl-Maur
de Forcalquier (ia3o), etc. 11 serait peu utile de prolonger la citation
de ces exemples. 11 suffit de dire qu'au temps où a été gravée la pierre
recueillie par M. Ganneau, c'est-à-dire en is58, un abbé pouvait être
représenté tenant sa crosse à gauche.
rCe n'est donc pas seulement dans les listes épiscopales qu'il convient
de chercber le nom du dignitaire ecclésiastique, mort en 1^58, dont le
monument vient d'être découvert. Ce n'est pas non plus seulement aux
listes orientales qu'il faut recourir; un évêque ou un abbé mitre, accom-
pagnant uni' armée de croisés, ou venu en pèlerinage, peut avoir ter-
miné ses jours en Palestine, sans avoir occupé un siège appartenant à
cette contrée. Le champ des recbercbes est donc phis vaste que M. Gan-
neau ne l'avait supposé, et l'insuccès des premières tentatives d'identifi-
cation ne doit pas décourager l'intelligent explorateur de la Terre sainte."
\ X.
SUR LA M Eli MORTE,
P\R M. V. GO BRIN.
M. Guérin commence par indiquer les divers noms qu'elles
— 28/i —
portés et qui proviennent tous des différentes particularités qui
la distinguent. Il retrace ensuite les principaux caractères qu'elle
présente; puis il essaye de résoudre, en conciliant à la fois
les données de la Bible et celles de la géologie, plusieurs pro-
blèmes d'un grand intérêt qui se posent comme d'eux-mêmes
devant l'esprit, en presen.ee de cette mer célèbre.
1° La mer Morte préexistait-elle à la terrible catastropbe
qui a amené la destruction des villes coupables de la Penta-
pole, et servait-elle alors, comme maintenant, de grand ré-
servoir aux eaux du Jourdain et des autres rivières qui y abou-
tissent? Oui. répond M. Guérin, mais seulement dans sa partie
septentrionale où la sonde accuse, en quelques endroits, une
profondeur d'au moins 35o mètres; non. dans sa partie mé-
ridionale qui n'est plus qu'une véritable lagune, dont la pro-
fondeur la plus grande ne dépasse pas (S mèlres.
<î° Où était située la vallée de Siddim, mentionnée dans la
Bible comme le lieu où combattirent les cinq rois de la Pcn-
tapoîe contre les quatre rois qui étaient venus les attaquer et
où, après leur défaite, les rois de Sodome et de Gomorrhe
tombèrent en fuyant dans dvs puits de bitume?
Précisément, ajoute M. Guérin, dans la lagune susdite, à
l'extrémité sud-ouesl de laquelle s'élève le Djebel Esdoum, dont
le nom a conservé Gdèlement jusqu'à nos jours celui de l'an-
tique Sodome, l'une des principales villes de la Penlapole
maudite.
N° XI.
h !. i.\ \ M.l.l'i; DO JOURDAIN .
PAR M. \ . <;i HUN.
La source la pins élevée (\u Jourdain, près de Hasbeya, est
située à ."><>.'$ mètres au-dessus delà Méditerranée, sa seconde
SOUrce de BanîaS a nue altitude de 383 mètres, et celle de
— 285 —
Tell el-Kadhy, qui est la plus basse, domine encore néanmoins la
Méditerranée de 1 85 mètres. A son embouchure clans la mer
Morte, le niveau de ce même fleuve est à 3 o, 2 mètres au-
dessous de La Méditerranée. Ainsi, depuis les trois points d'où
il sort, jusqu'à celui où il aboutit au grand lac qui l'engloutit,
il descend continuellement par une pente souvent très-ac-
centuée et dans un lit dont la partie la plus basse présente
une différence de niveau de 9 5 5 mètres avec la partie la plus
haute. Les eaux du Jourdain sont poissonneuses, mais aucun
pécheur n'y jette maintenant ses filets, aucune barque ne les
sillonne non plus. Le fleuve se replie sans cesse sur lui-même,
roulant ses flots troubles tantôt sur un fond vaseux, tantôt sur
un lit hérissé de rochers et de gros blocs au milieu desquels
il se précipite en bouillonnant, et qui forment autant d'écueils
plus ou moins redoutables.
Ligne de démarcation toute naturelle entre la zone orien-
tale et la zone occidentale de la Palestine, il les séparait pro-
londément, et ce n'est qu'à de rares intervalles qu'on pouvait
et qu'on peut encore passer d'une rive à l'autre en traversant
des gués où l'on ne doit toutefois se hasarder qu'au moment
des basses eaux. Plusieurs ponts permettaient, en outre, de
le franchir plus sûrement. Trois seuls sont encore debout.
La dépression de plus en plus profonde de la longue vallée
où il serpente fait que le climat de celle-ci , principalement
dans sa partie méridionale, est extrêmement chaud, et que
toutes les plantes des tropiques pourraient y prospérer à l'envi,
si elle n'était point livrée au brigandage des Bédouins.
M. Guérin parle ensuite de Jéricho et des trois sites diffé-
rents que cette ville a tour à tour occupés.
Enfin, il indique l'emplacement véritable do Gilgal où les
Hébreux. campèrent après avoir franchi le Jourdain et où ils
furent circoncis au moyen de couteaux en pierre, ainsi que
l'attestent les Livres saints. Or, au Tdl Djeldjoul qui a conservé
— 286 —
le imm légèremenl ;» 1 1 <'-im' de Giigal, en latin Gedgcd, dans
['Onomasticon d'Eusèbe TàkycSX , d'où l'arabe Djeldjoul, on re-
trouve encore maintenant, ('pars sur le sol, un certain nombre
de petits couteaux en silex, les uns à moitié brisés, les autres
presque intacts, et complètement semblables pour la forme à
ceux qu'on désigne vulgairement sous le nom de couteaux en
pierre préhistoriques.
Des couteaux analogues ont été également découverts en
1870, dans le tombeau que M. Guérin avait signalé en 1 863
sur les flancs septentrionaux d'une colline voisine de Tibneh,
jadis Thimna, comme étant celui de Josué. Or, un passage
du Livre de Josué, dans la version des Septante, nous apprend
que les Israélites ensevelirent dans le tombeau de ce grand
homme une partie des couteaux en pierre avec lesquels il
avait rirconcis les enfants d'Israël à Giigal. Cette découverte
est donc une preuve nouvelle à l'appui de la conjecture qu'avait
autrefois ('mise M. Guérin, relativement à ce tombeau remar-
quable, sur lequel, en 1 8 G 5 , il avait lu déjà un mémoire a
l'Institut.
N° XII.
!,l CATALOGUE DD MUSEE FOL,
COMMUNICATION PAB M. EDMOND LE lil.AXT.
\ l'occasion de la publication dn catalogue du musée Fol,
de Genève, M. Le Blani entretient l'Académie d'une marque
de fabrique imprimée sur une lampe de terre cuite appar-
tenant a celte collection.
La belle collection d'objets d'art offerte, dit-il, à sa ville
natale par un Genevois, M. Loi. a été formée par ce dernier
dans des voyages ;'< Rome et dans quelques villes de l'Italie.
Le peu d'instants qu'il m'a été donné do passer dans ce musée
né;! fait voir des marbres, des terres cuites de premier ordre .
— -287 —
types d'une riche ornementation intelligemment rassemblés
nonr aider au développement des arts industriels <>n Suisse.
La première partie du catalogue nouvellement publiée, et que
M. Fol a l'honneur d'offrir à l'Académie, est consacrée à la
partie antique des objets exposés. Dressé avec soin et orné de
jolis dessins par l'habile crayon de M. Hammann, ce cata-
logue reproduit, en même temps qu'un choix d'objets inté-
ressants, les marques de fabrique que portent plusieurs d'entre
eux, et ces nombreuses illustrations lui donnent une utilité
particulière. Un seul trait permettra d'en juger.
L'une des lampes chrétiennes antiques les plus connues
présente en relief, au milieu d'une couronne de pampres et
de raisins, l'image du bon Pasteur portant la brebis sur ses
épaules. Des exemplaires de cette pièce, évidemment repro-
duite à grand nombre, ont été souvent trouvés aux catacombes
et dans d'autres lieux de Rome ou de ses environs, et notre
éminent confrère, M. de Rossi , en a récemment rencontré un
dans les ruines d'une antique maison d'Ostie. Sous cette lampe
sont imprimées en une seule ligne les lettres
ANNISER
marque de fabrique qui donne au génitif le nom d'ANNIus
SEKcitnms, ou SEKpianus, SEKcnus, SEKvandus. Elle est d'une
pâle plus dne, et, au point de vue artistique, d'un style fort
supérieur à celui du plus grand nombre des lampes chré-
tiennes. M. de Rossi qui le constate, pour établir l'ancienneté
de cette nièce, fait d'ailleurs observer que les restes retrouvés
avec elle dans la maison d'Ostie nous reportent au 11e et au
iiic siècle, et qu'aucun d'entre eux ne saurait être attribué
au ive l.
J'ajouterai, pour ma part, qu'il est une autre marque de
l'antiquité de cet objet .huis la forme de sa queue percée
1 De Rossi, BuUettmo </< archeologia cristiana, 1870, p. 79, 60, 83, etc.
— 288 —
transversalement, détail qui appartient d'une façon presque
exclusive aux lampes de l'époque païenne. Sauf un nombre de
pièces fort restreint et faciles à compter, les lampes chrétiennes
présentent, en effet, parmi d'autres caractères spéciaux, une
queue non forée, large à sa base, s'amincissant par le bout
et se terminant en arête comme une sorte de proue1. Ce
n'est là qu'une affaire de changement dans les modèles adoptés
par les fabricants des différentes époques, mais cette diversité
de forme doit être notée, car elle accuse une inégalité d'âge
entre les types anciens. Faute de s'être avisé de ce point tout
matériel, on a cru trouver dans une lampe à croix gemmée,
oubliée à Pompéi par quelque explorateur du vc siècle, la
preuve qu'avant l'an 70, les fidèles représentaient ouvertement
la croix2. C'est là une erreur que condamne l'ensemble des
monuments chrétiens et contre laquelle la forme matérielle de
la lampe de Pompéi aurait du mettre en garde3.
Celle d'Annius, qui se termine par la queue forée particu-
lière aux vieux types, me semble pouvoir encore par ce détail
être classée, comme un très-petit nombre d'autres, parmi les
plus anciens produits de l'art chrétien.
Ine pièce intéressante du musée Fol vient me continuer
dans cette pensée.
On ne connaissait jusqu'à cette heure, comme le constate
M. de Rossi. d'autres produits marqués du cachet ANNISER
1 Un type de celte forme, inédit et précieux parce qu'il offre, par une rare
exception , un élément de date, cxislenu musée du Collège romain. C'eal nue lampe
de len rouge, à queue pleine el pincée par le bout, portant le monogramme
gemmé T avec l'A cl Vit). Autour sont des empreintes répétées d'une monnaie
de 1 li ! -■■ II. L'empereur vu de face avec casque et bouclier. Légende :
DN THEODOSIVS PF AVG. — Bf Victoire ailée debout, s'appuyant
sur une lourde croix. Légende : VOT. XX. VICTORIA.
2 Cavedoni, Ragguaglio à nenti délie arti crittiane, p. '16, n. 3o.
5 Gepctil monument esl figuré dans les Anliehità d'Ercolano, t. VIII, tav. i6,
Bg. 1. (Cf. p - 1
— 289 —
«|iie la lampe au type du bon Pasteur1. La diligence de
M. Fol à faire reproduire les marques des fabricants an-
tiques met sous nos yeux un autre objet revêtu de ce timbre.
C'est une belle lampe à double lumignon (n° 679 du cata-
logue), au centre de laquelle se détache en relief une tête de
Baccbus dans une couronne de lierre. Les anneaux de la
double anse placée à l'arrière portaient chacun un buste sor-
tant d'une fleur épanouie, comme nous le voyons pour un
Sérapis qui surmonte l'anse d'une pièce de même nature2.
Ces deux bustes sont brisés, mais la comparaison de l'objet
qui nous occupe avec de nombreuses lampes païennes permet
de penser qu'ils figuraient Isis et Sérapis dont le culte fut si
répandu à Home au temps du Haut-Empire3. Le style, à
l'examen duquel il faut d'ailleurs s'attacher tout d'abord, dé-
montre d'une manière absolue que la pièce est d'époque
païenne, car on chercherait vainement, après l'avènement de
Constantin, des lignes semblables et une telle élégance. La
lampe au bon Pasteur, sortie de la même officine que celle
du musée Fol, et dont un exemplaire, je le répète, a été
trouvé à Ostie, au milieu de débris antiques, est donc sensi-
blement antérieure au triomphe de l'Eglise, et le sujet qu'elle
représente ne s'oppose en rien à ce qu'on l'attribue à un temps
vers l'an 210, fort ancien, car un double passage de Tertul-
lien établit que l'image du bon Pasteur était* répandue chez
les fidèles \
Tout en attestant l'antiquité de la marque ANNISER, la
lampe du musée Fol nous met en présence d'un fait que rien
1 Bullet. archeoî. crist. 1870, p. 83.
2 Bellori, Lucerne antiche, parte H, tav. 20.
J Le Louvre et la Bibliothèque nationale possèdent des lampes dont les anneaux
sont ornés de figures d1Isis et de Sérapis. (Voir encore Passeri , Lucernœ flctiles ,
t. III, p. 101 , io3, lab. lxxi, lxxii; Bellori, Lucerne antiche, parte II, tav. 90
et 3i.)
4 De pudicitia , c. vu et x.
— 290 —
ne nous permetlail encore de soupçonner; c'esl ceiui (l'une offi-
cine romaine fabricant en pleine époque païenne , et peut-être
en même temps, dos produits à figures d'idoles et des objets
de h pe chrétien. Comment devons-nous nous l'expliquer? Faut-
il admettre que, dans un temps où l'initiation était ouverte à
tous, où les doctrines, les livres du nouveau culte étaient si
bien connus des idolâtres1, il y ait pu pour eux avoir méprise
sur le sens, le caractère chrétien de la ligure du bon Pasteur2,
et que de nombreuses reproductions avaient pu dès lors être
librement faites et répandues? Devons-nous voir plutôt, dans
le fait constaté, une marque nouvelle de la tolérance accordée
auï fidèles lorsque rien ne venait déchaîner une persécution'.'
Ce sont là des questions <pii réclament l'examen. Qu'il me
suffise de constater ici ce fait nouveau, que le timbre ANNISER
se rencontre à la fois sur des objets chrétiens et païens, et que
le style de ces derniers permet d'en faire remonter la date à
niio époque de beaucoup antérieure au iv° siècle.
APPENDICE.
BAPPOBT !>r SECRÉTAIRE PI BPBT1 El DE L'A( '.kiMii DES IN» BIPTIONS l'.T BELLES
LETTRES, m R LES TBA> \i I DES COMMISSIONS DE PUBLICATION DE CETTE ACA-
DEMIE PENDANT LE PBEMIEB SEMESTRE DE ls7&, I.U LE 3o JUILLET 1876.
Ml -si 11 B8:
L'Académie des inscriptions el belles-lettres poursuit avec activité la
tâche qui lui est dévolue. Le semestre qui vient de s'écouler ;i vu pa-
raître trois volumes nouveaux, le tome WYIII. 1 ' partie, des Mémoires
de V [cademie, le Lomé \ III. a' partie, des Mémoiresdes «avants étrangers,
1 Voir, 'iitrr- autres, Terlult. Apol. \X\I : «Litteras nostras, quas neque ipsi
Bupprimimas el plerique casusad extraneoa transferuut,» el la polémique de Geise
mi le détail des livres saints.
Voir, aa sujet di • atations analogues des païens , Raoul Rochelle, \té-
moire* de l'ActuL nteription», t. Mil. p. 10
— 291 —
el le tome XXII, i" partie, des Votices et extraits des manuscrits, Plu-
sieurs: tomes de ces Iroia collections marchent vers leur achèvement. Le
lome XX11 des Mémoires de l'Acad auprenant la table des dix vo-
lumes précédents, est il la veille de se terminer; le tome XXV, r'partie,
consacré .1 l'histoire de l'Académie, est moins près de la un, mais le
tome XXVIII, a* partie, qui donne la suite des mémoires, esl déjà com-
mencé, et la matière ne lui manquera pas. Des mémoires sont aussi
remis pour le tome 1\ àesSavants étrangers. Quanl aux Notices etextraits
des manuscrits, dans la section orientale, le tome XXIII, i'c partie, con-
tenant le Lexique arabe de médecine d'Ibn-Beïthar, a vingt-deux feuilles
tirées ou à tirer el de nombreux placards à mettre en pages; dans la
section occidentale, le tome XXIV, •.»." partie, va recevoir son complément
par l'envoi à l'imprimerie du mémoire revu de M. Prou, sur la Chiroba-
liste d'Héron d'Alexandrie; le tome XXV, 1° partie, où M. Thurot publie
les Commentaires d'Alexandre d'Aphradisias sur le traité d'Aristote De
sensu et sensibiU , esl arrivé à sa vingt-septième feuille.
Nu- grandes publications suivent leurs cours sans arrêt. Le lome \X11I
des Historiens de France, publié par MM. de Wailly, Delisle et Jourdain,
est, comme je vous le disais déjà dans mon dernier rapport, entièrement
imprimé. On en est, non pas à la rédaction, mais à l'impression des
tables. Soixante-douze placards sont composés : ce qui en ajourne la mise
en pages el le tirage, c'est le soin extrême que lés auteurs veulent ap-
porter à la correction de leur œuvre. L'index géographique de ce volume.
combiné avec ceux des tomes XXI el XXII, formera un dictionnaire déjà
fort étendu de la topographie de la France au xm0 siècle. On ne saurait
plaindre d'un retard qui n'a d'autre cause que la recberebe de l'exac-
titude la plus rigourei,
Dans la collection des Historiens des Croisades, le, tome IV des ffts-
toriens occidentaux, comprenant déjà Baudrj el Guibert de Notent,
B'achèvera avec le texte d'Albert d'Aix, donl dix livres sont imprimés;
les deux derniers n'attendent qu'une dernière révision de ïapparatus des
variantes. MM. \d. Régnier et Thurot, qui s'en occupent, espèrent ar-
river bientôt au terme de ce travail.
Les Historiens grecs se continuent sous la direction de M. Miller: le
tome Ier a soixante-quatorze cahiers tirés; un ou deux encore, et il est
fini. Le tome II en a quarante-trois, et le reste de la copie esl préparé.
MM. de Slane et Defrémery se partagent la préparation du tome 11
des Historiens arabes. Pour hâter l'achèvement de l'ouvrage, la Commis-
sion des travaux littéraires a décidé que chacune des deux parties aurait
292
une pagination différente. La partie de M. Defrémery compte déjà sepl ca-
hiers tirés; celle de M. de Slanc, dont le manuscrit est prêt, va pouvoir
être livrée à l'impression saus attendre l'achèvement de la première, et
l'on peut espérer que toutes deux arriveront à leur terme à peo près en
même temps.
La Table chronologique des diplômes et chartes concernant l'histoire de-
France, dite Table de Bréquigny, continuée par notre confrère M. Labou-
laye, a eu trois cahiers nouveaux tirés. La copie de l'année i3i4. qui
sera la dernière, est en préparation.
Pour les Chartes et diplômes relatifs à l'histoire de France antérieure à
Philippe Auguste, dont s'occupent MM. Delisle et de Rozière, la collection
des copies s'est accrue des pièces que M. Luce, auxiliaire de l'Académie,
a relevées et transcrites dans les registres CXXX-CXXXIV du Trésor des
chartes.
La Commission de l'Histoire littéraire de la France continue avec zèle
l'œuvre des Bénédictins; toute la copie du tome XWJI est prête; vingt-
deux feuilles sont tirées, dix en épreuves. Ce volume, qui se composera
d'un grand nombre de notices particulières sur des écrivains morts de
1 an 1 .'! 1 o à l'an i3i3, sera terminé par un travail étendu de M. Renan
sur les Rabbins français au mi* siècle.
Les OEuvrcs de Borghcsi, dont huit volumes ont paru, n'ont reçu
encore aucun complément , mais la moitié du tome IX. est imprimée : c'est
la réimpression de la célèbre dissertation de Borghesi sur les nouveaux
fragments des fastes Capitolins.
Quant au Corpus inscriplionum semiticarum, je ne puis pas encore
vous annoncer l'envoi du premier fascicule à l'imprimerie, mais la Com-
mission presse son travail. Le dossier de chaque inscription est mainte-
nant constitué; la bibliographie de chaque texte est dressée et rapportée
à son dossier; (nus les estampages, moulages, monuments originaux que
possède la Commission, classes, numérotés, mis en rapport avec les dos-
siers; et tous les jours de nouveaux estampages d'inscriptions recueillies
•■il Afrique viennent enrichir la collection des matériaux qu'elle a déjà
réunis.
II. WALLON.
Secrétaire perpétuel.
— 293 —
U\ RES OFFERTS.
\NCE DU VENDREDI 3 JUILLET.
Il e>i offerl à l'Académie une brochure intitulée: Soinf remarks npon
roman militari/ signttcvlafound in Britain, b\ 11. Cb. Goote.
Sont offerts, par M. Eggbr, de la part des auteurs :
i°. Deu\ thèses récemment soutenues à la Faculté des lettres, par
l'abbé Tougard : Quid ad profanas mores dignoscendos augendaque lexica
conjerant Acta sanetorum grœea Bollandiana ... — De l'histoire profane
dans les actes grecs des Bollandistes. Extraits grecs , traduction française,
notes, avec les fragments laissés inédits par les Bollandistes ( -j vol. in-8°).
Cette dernière, surtout intéressante par de nombreuses additions aux
plus complets lexiques de la grécité du second ordre; toutes deux méri-
toires par un dépouillement laborieux de textes peu lus, et dont les liel-
lénÏBtes n'avaient pas tiré jusqu'ici tout le prolit désirable.
2° Discours sur l'Ebromagus de saint Paulin, par M. A. Dezeimeris,
savant bordelais, à qui l'on doit déjà des travaux de littérature et d'archéo-
logie méridionales , tous remarquables par l'érudition et par un esprit de
sévère critique.
3° Nouveaux principes de la prononciation anglaise dans ses rapports
avec les langues française , allemande, etc. (i volume in-8"), par le
Dr Rabbinowicz , auteur d'une grammaire latine, d'une grammaire hé-
braïque (rédigée en allemand, traduite en français par Mullel) et d'un
mémoire sur la législation talmudique, dont M. Franck a naguère rendu
compte dans le Journal îles Savants. Tout en espérant que cet ouvrage
sera utile aux étudiants, M. Egger ne se permet de le recommander à
I Académie qu'après \ avoir reconnu, avec des juges compétents, un ca-
ractère vraiment scientifique.
6° De la part de M. Bréal, le tome V et dernier de la Grammaire com-
parée des langues indo-européennes , de Fr. IJopp. traduction française.
Ce tome contient les tables traduites et mises en rapport avec la traduc-
tion française par feu M. Fr. Meunier, à qui la Commission du prix Volney
accordait, en 1873, un honorable encouragement.
M. Egger croit pouvoir saisir cette occasion pour rendre, devant TAca-
11. 20
— 294 —
demie, un bo tu mage d'affectueux regrets .1 ce savanl linguiste, dont !<•>
travaux, interrompus le 11 mars dernier par une mort subite, auronl
fait faire de notables progrès à quelques parties de la science. Il annonce,
• ■H même temps, que le mémoire manuscrit de \l. Meunier, que distingua
l'an dernier la Commission académique, esl en ce moment sous presse à
I Imprimerie nationale, grâce â un vote favorable de la Commission des
impressions gratuites.
5 Le quatrième fascicule du tome II des Mémoires de la Société de
linguistique.
M Ëgger est prié de transmettre aux auteurs les remercîments de
l'Académie.
SE \m l lu \ ENDREDl 1 0 Jl ILLET.
Est offert :
ippendice alla dissertazi -// [braxas , studio archeologico , di Bar-
zilai (feuille in-fi
M. Naodet, Secrétaire perpétuel honoraire, offre à l'Académie, au nom
de notre confrère , M. V.Duruy, qui est absent, le quatrième volume de
son Histoire romaine, comprenant l'histoire de l'Empire-, depuis Néron
jusqu'au dernier des intonins.
M. le Secrétaire perpétuel honoraire aurait beaucoup à dire sur les
mérites de ce livre, si l'usage de l'Académie n'était pas de s'abstenir de
tout éloge envers un confrère.
M. Derbnbodrg fait hommage, de la part de M. Nutt, bibliothécaire à
la bibliothèque Bodléienne d'Oxford, de deux ouvrages in-8°, publiés
l'un en 1870, l'autre en 187/»; le premier renferme deux traités de gram
maire hébraïque, composés en arabe par Ji. Jehuda Haggondj, de Fetz, et
traduits en hébreu par R. Moses Gikatilia , de Cordoue, et un imité sur la
ponctuation hébraïque, également par Haggondj.
I!. .1. Haggondj, qui vivail au \ siècle a Cordoue, a été surnommé le
premier grammairien, parce qu'il fixait le premier la trilittéralité des ra-
cines hébraïques et le rôle que jouent . dans un grand nombre de racines,
les consonnes faibles destinées à disparaître dans certaines formes des
noms et des verbes. M. Derenbourg entre ensuite dans des détails sur les
rapports entre les linguistes hébreux et arabes, et montre que les haines
uai .îles ont empêché assez longtemps les savants juifs de cherchei
dans la langue arabe de- termes de comparaison.
I e second volume porte le litre de / Us d'un Targum samari
— 295 —
tain, publie d'après un manuscrit de la bibliothèque Bodléienne, précédé
d'uni' introduction contenant une esquisse de l'histoire de la littérature
el du dogme samaritains. L'intérêt principal de cette publication est dans
le fragment du Targum ( ou version araméenne) qui va de Levit. xxv, 2 G.
jusqu à Nombres, \\\\ 1 , 9.
A la suite de cette présentation, M. Derenbourg fait de vive voix un
résumé il'1 l'histoire de la secte samaritaine.
M. I'1 Président offre à l'Académie, au nom de M. de Chaignolles, la
seconde édition in-8° d'un livre intitulé : La mort, élude philosophique et
chrétienne à l'usage des gens du monde (livre écrit dans une pensée toute
spirilualiste), et une brochure faite par le même auteur pour réfuter la
critique dont ce livre avait été l'objet dans la Bibliographie catholique.
SÉANCE Dl VENDREDI 1~ JUILLET.
Le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie, au nom de M. Edmond
Le Biant, une brochure intitulée : Lepellelier de Saint-Fargeau et son
meurtrier, documents inédits (in-8°).
M. dbLongpérier offre, au nom de l'auteur, M. William Burns, un
ouvrage intitulé :
The Scottish war of indépendance ; its antécédents and ejj'ecls (la Guerre
de l'indépendance en Ecosse, ses causes et ses effets, Glasgow, îSy'i.
2 gros vol. in-8°). Il s'agit, dit-il. des guerres de la fin du xiue siècle et
du commencement du xiv siècle, dans lesquelles figuraient d'une façon à
la fois si héroïque et si poétique John Baliol , W. Wallace , et Robert Bruce.
M. Burns a lait précéder son récit d'un long travail sur l'Ecosse et les
Ecossais, qui est rempli de considérations intéressantes et de faits ins-
tructifs.
Cet ouvrage, auquel notre savant correspondant M. Francisque Michel
a contribué pour une large part, en fournissant de nombreux textes piiisé>
dans les manuscrits et les ouvrages les plus rares sur ce sujet, s'est pro-
duit à l'occasion de l'érection, à Stirling. d'un monument à la mémoire
de William Wallace, ou plutôt est du au même mouvement d'opinion.
Sur quelques points, M. Fr. Michel n'est pas tout à fait d'accord avec
son collaborateur; par exemple, lorsqu'il s'agit de la proportion du
norse el du gaélic dans la formation de la langue écossaise.
Mais il résulte du travail commun, dont le litre vient d'être indiqué,
un ensemble digne de toute l'attention des corps savants, et un livre
très-attrayant pour le commun des lecteurs.
20 .
— 296 —
\1. L Reniée présente à l'Académie, au nom de M. Chabouillet, un
opuscule <[iii ;i pour litre : Le diptyque consulaire de Saint-Junicn (in-8°).
Ce curieui diptyque esl conservé en entier, mais en <I<mi\ parties,
doni l'une à la Bibliothèque nationale, l'autre à Limoges. M. Chabouillet
a parcouru à celte occasion Ions les travaux faits sur lis diphques con-
serves en France ou à l'étranger; sa dissertation est un résumé complet
et très-bien l'ait de ces études.
SCE DU VBNDRBDl 2Û JUILLET.
Sont offerts à l'Académie :
Archives municipales de Bordeaux. Bordeaux vers 1 'i~x> , description to-
pographique, par M. Léo Drouyn (Bordeaux, 187^1 , in-/i").
Correspondance inédite du prince François de Saxe, connu en
France sous le nom de comte de Lusace, précédée d'une notice sur sa vie,
par M. Arsène Thévenot (1 vol. in-8°).
La place d'Homère dans l'histoire, par M. Gladstone (brochure
in-8°).
M. de L0N6PBRIBB offre, de la part de M. d'Hervey de Saint-Denis,
une nouvelle livraison de sa traduction de l'ouvrage intitulé: Atsuwr
(insu (brochure in-8°).
M. I'aiun I'aius offre, de la part de M. Jules Houdoy, un ouvrage in-
titulé: Renart le Nouvel, roman satirique composé an znî siècle par Jacque-
mara Giéléede Lille, précédé d'une introduction historique et illustré d'un
fac-similé d'après le manuscril de La \ allière, de la Bibliothèque nationale
(t vol. in-û0).
SJîANl 1; m \ BNDBEDI 3 I JUILLET.
M. de \\ \iii.v offre à 1 Académie le tirage à pari des Eclaircissements
qu'il a ajoutés à la seconde édition de V Histoire de la conquête de Corn-
taniinoplc jmr I ille-Hordouin (in-/f). trCes Eclaircissements, dit-il,
portenl sur plnsieurs questions d'histoire, de [[ranima in* H ilarcliéologie,
ilnni la solution prépare le lecteur à mieux apprécier la véracité de notre
premier historien el à mieux comprendre ses récits. La partie historique
et la partie grammaticale de ces Eclaircissements a fourni le Bujel de
plusieurs lectures que j'ai eu l'honneur de faire devant IWradémiV. Quant
,:i la partie archéologique, j'1 l'ai entreprise après ra'ètre assuré le con-
cours de M. Quicherat, le savant directeur de notre École des chartes, ••!
— L>(.»7 —
celui de M. Demay, doni le crayon habile esl dirige par la critique la plus
intelligente. -
M. de l.oM.i'i.iuni offre à r Académie, de la part de l'auteur, M. Joachira
Menant, juge an tribunal civil île Rouen, un volume intitulé : Annales
des rois d' Assyrie, traduites et mises '« ordre sur le texte assyrien (grand
in-8 ).
irCes annales, dit M. de Longpérier, sont empruntées aux inscriptions
de toute Borte qui oui été découvertes dans les pillais de l'Assyrie, faut
celles qui ont un caractère monumental, que celles qui. tracées en texte
très-lin sur les tablettes de terre cuite, représentent des feuillets de
livres.
irM. Menant, parfaitement au courant de tout ce qui a été publié tant
m France ( |u'en Angleterre, a réuni et coordonne' les renseignements his-
toriques du xvm" au vin* siècle avant notre ère, et présente ainsi des
annales assyriennes tout à fait conformes aux croyances nationales, etré-
digéesdans la forme orientale. »
M. L. Dblisle offre à l'Académie, au nom de M. Albert Babeau, un
ouvrage intitulé : Histoire de Troyes pendant la Révolution (2 vol. in-8°).
<rCe livre, ajoute M. Delisle. se rapporte à une époque qui est en dehors
des travaux habituels de l'Académie; mais il mérite cependant de lui
être présenté, car c'esl un travail d'érudition, qui a été exécuté' avec
beaucoup de critique et d'après des pièces d'archives. L'auteur s'est
formé à l'école de notre correspondant M. d'Arbois de Jubainville.
«C'est encore à un disciple de M. d'Arbois de Jubainville, à M. Thé-
venol, que nous devons un volume déposé sur le bureau de l'Académie,
dans la dernière séance. L'analyse des papiers du prince François-
Xavier, duc de Saxe, offrait de nombreuses difficultés, que M.Thévenot
a surmontées avec succès. Le livre qu'il en a tiré abonde en renseigne-
ments sur l'histoire des trente années qui ont précédé la Révolution. 1
M. le Ministre plénipotentiaire de S. M. le roi d'Italie transmet à
l'Académie, au nom de S. E. le Ministre de l'instruction publique, un
exemplaire du premier volume d'un ouvrage intitulé : / diphmi greci ed
arabidi SiciUa, publicati nelteslo originale, tradotti ed illustrait, par Sal-
valore Cusa, professeur à l'Université de Païenne.
Est encore offert :
Rapport sur l'état actuel de la philologie des langues romanes , par
M. Paul Meyer(broch. in-80).
— 298
SEANCE DU VENDREDI 7 AOUT.
M. L. Delislb offre à l'Académie, au nom de M. Combier, président
du tribunal de Laon, une Éluda sur le bailliage de Vermandois. crM. Com-
bier, dit-il, qui avait précédemment publié un inventaire des archives
du greffe de Laon, a voulu mettre en œuvre une portion des pièces con-
servées dans ce dépôt. Il s'est principalement occupé du présidial, et a
donné des détails intéressants sur 1rs usages judiciaires du xvi" et du
xvn0 siècle. Il a tracé un piquant tableau de la société de Laon au
xviii* siècle, et a fait connaître des documents précieux pour l'histoire
des Etals généraux d'Orléans, de Blois et de Paris. -
Le Secrétaire perpétuel présente le bulletin des Comptes rendus des
séances de l'Académie (avril, mai et juin 187^1, in-8°).
Sont encore offerts:
Scritti inediti di Francesco Petrarca, publiés et illustrés par Altilio
Horlis (grand in-8°).
Catalogo délie opère di Francesco Petrarca esistcnli nella pclrarchesca
rosselliana di Trieste, parle même (grand in-4°).
Piechcrchcs sur les pierres mystérieuses , talismaniqucs et merveilleuses du
Vivarais et du Dauphiné , par M. Henry Vaschalde (broch. in-8°).
Instruction sur le renouvellement de rie, par dom Jean Mabillon, reli-
gieux de la congrégation de Saint-Maur (broch. in-8°). L'éditeur de cet
intéressant opuscule esl M. le docteur de Bouis.
Boletim architeclonico e de archcologia du real associaçâo dos archilcclos
e archeologos portuguezes (n° 1, in-4°).
SÉANCE DU VENDREDI 1 k AOUT.
Sonl offerts ;■ l'Académie :
Juhilec chronicon : a valedictory address delivred on tltc occasion oj reti-
; from the chair qflhe medico-chirurgical Society, par P. I). Handyside
(in-4').
Question grammaticale. Positivisme (broch. anonyme in-V).
SÉANCE DU VENDREDI 2 1 AOUT.
Es) offert •' I académie :
L'impâl <lu sang, par M. Louis l'an- (tomel. 2' partir, in-H°)
— 299
-I vNCE DU VENDREDI 28 AOUT.
Le Secrétaire perpétuel offre au nom de l'auteur, M. Germain, cor-
respondanf de l'Académie, un ouvrage intitule : Pierre Gariel, savieetses
travaux . 1 584- 1 6j 5 (1 vol. in-4°).
M. Germain, qui s'occupe d'une histoire de l'Université de Montpellier,
ne néglige pas de recueillir en passant les éléments «le monographies du
plus grand intérêt. Il en donne une nouvelle preuve dans cette curieuse
biographie.
Sont encore ofl'erts :
Etudes historiques sur Moissac , par M. Lagrèze-Fossat ( tome III , in-8°).
Coutumes du pays cl duché de Brabant. Quartier d'Anvers, par M. G.
de Longe (tome IV, in-8°).
Archivo liera Idico-genealogico contendo noticias hislorico-heraldicas , ge-
nealogias e duas mi! quatrocentas cincanla e duas cartas de brazâo d' armas,
das jamilias que cm Portugal as requereram c obtiveram e a expticaçâo dos
mesmas Jamilias cm un indice heraldico, par Visconde de Sanches de
Baena (parties I et II, in-8°).
SÉANCE DU VENDREDI U SEPTEMBRE.
0
La direction du Musée national de Hongrie envoie à l'Académie un
exemplaire des Monuments épigraphiques du Musée national hongrois,
d< >sinés et expliqués par M. Ernest Desjardins, publiés par ordre de
M. le Ministre des cultes et de l'instruction publique de Hongrie, et par
les soins de dom Floris Romer ( Buda-Pest, 1878. ûHolio).
M. L. Renier, dans une précédente séance, a appelé l'attention de
l'Académie sur cette importante publication.
Est encore offert :
Fragment inédit de Grosley et un mot encore sur les mémoires de l'aca-
démie de Troyes, par M. L. Pigeotle (broch. in-8°).
Cet opuscule contient d'intéressants détails sur les travaux, de Grosley,
qui fut, comme l'on sait, membre de l'ancienne Académie des inscrip-
tions.
M. de Longpérier, au nom de MM. Reginald Stuart Poole et Herbert
Grueber, fait hommage du Catalogue des médaillons romains du Musée
Britannique (1 vol. in-T orné de 66 planches contenant 200 médaillons).
— 300 —
-M. Poole, conservateur «lu Cabinet des médailles de Londres,
adresse, dit-il, à l'Académie un nouveau volume appartenanl à la série
de catalogues qu'il fail exécuter avec tant de zèle. Celui-ci a été rédigé,
sous sa direction, par M. Herbert Grueber, attaché à son département.
rrOn y trouvera, sobrement, mais très-complètement décrits, les nom-
breux médaillons que possède le Musée, depuis Domitien, en l'an 85 de
notre ère, jusqu'à Priscus Attalus, au commencement du v° siècle. Le
volume se termine par des tables très-détailléesdans lesquelles on trouve
l'indication de tous les types que représentent ces monuments, et la liste
de tous les litres, impératoriat, consulat, puissance tribunitienne,
surnoms provenant des victoires, Germanicus, Dacicus, Britannicus,
Arabicus, etc., que les empereurs ont successivement portés. Cette der-
nière lahle sera utile , non-seulement aux numismatistes , qu'elle aidera à
classer leurs monnaies, mais encore aux épigraphisles , qui y trouveront
la date des qualifications de chaque empereur, ce qui peut leur fournir
le moyen déclasser des textes mutilés, incomplets.
tfL' Académie sait que les médaillons romains sont ce que nous appelons
des médailles, et que leur grande dimension a permis d'y retracer des types
développés, mythologiques ou historiques , plus beaux, plus riches en li-
gures que les types des monnaies ordinaires. Je puis annoncer à l'Aca-
démie que l'infatigable M. l'oole prépare d'autres volumes que nous rece-
vrons bientôt et qui ne seront pas moins intéressants que ceux dont nous
lui devons déjà l'envoi. »
M. le Président offre à l'Académie, de la part de M. Th. Ducrocq,
professeur de droit administratif à la Faculté de droit de Poitiers, un
mémoire sur Le Trésor de Vernon (monnaies romaines consulaires et
monnaies gauloises) (Poitiers, 187/i, in-8").
-Il \ a quelques mois, dit-il, un important trésor de monnaies ro-
maines consulaires et de monnaies gauloises fut découvert par an
ouvrier du pays, sur le territoire de la commune de Vernon, à 19 kilo-
mèlres de Poitiers. La plus grande partie de ces monnaies a été acquise
par la maison Feuardenl el Rollin, moins deux cent quatre pièces en ar-
gent, savoir: cent deuj monnaies consulaires el cent deux gauloises,
provenant . les ânes de la première trouvaille, les autres d'une découverte
ultérieure;ee lot esl devenu la possession de M. Ducrocq. La plus ancienne
datede la première guerre punique; les plus récentes sonl de l'année
709 de la fondation de Rome. Parmi les monnaies gauloises , trente-huit
appartiennent aux Sëqoanes, vingt-neuf aux Éduens, neuf aux Ibtu-
rigea etc. M. Ducrocq donne du reste le catalogue des pièces qui sont
— 301 —
veues enrichir m collection. Le Mémoire dont il adresse un exemplaire
à l'Académie ne sera pas sans intérêt pour elle.»
SÉANCE UL' VENDREDI 1 1 SEPTEMBRE.
Sont offerts à l'Académie:
Mémoire sur Joinville et les Enseignements de saint Louis à son fils , par
M. Y* de Wailly (extrait do t. XXVIII des Mémoires de l'Académie).
Gazette des Beaux-Arts (n° du 1" septembre 1876). Ce numéro est
envoyé à l'Académie par M.Desbordes-Varmore, qui y a inséré un article
sur la coupe de la toge romaine , telle que Talma l'avait conçue.
L'Âmbone délia catledrale di Diano. Deserizzione ed illustrazione di Ste-
phano Macchiavoli (Napoli, 1876, in-8°).
TpajouSj'a pa>(taîxâ. Neugriechische VoUcslieder mit Einleitung, Com-
menta)- und Glossar, von Dr A. Luber (Salzburg, br. in-8°).
M. Delisle offre à l'Académie l'ouvrage du P. Fedele da Fanna. inti-
tulé : Ratio novœ coUectionis operum omnium sire editorum sire anecdo-
torum Seraphici ceci, doetoris S. Bonaventurœ , proxime in lueem edendœ
1 Turin. 1S7',. i,i-8°).
er L'auteur de ce rapport, dit-il, le R. P. Fedele da Fanna a parcouru
la plupart des bibliothèques de l'Europe pour y examiner les manuscrits
des ouvrages de saint Bonaventure ou attribués à saint Bonaventure.
Les résultats de celle exploration seront considérables, à en juger par
I aperçu qui nous en est aujourd'hui donné.
rLa future édition des oeuvres de saint Bonaventure sera débarrassée
de plusieurs traités qui ont été indûment attribués au docteur Sérapbique,
notamment d'un commentaire sur les psaumes, que le P. Fedele da
Fanna a restitué à son véritable auteur, Michel de Gorbeil, doyen de
Meaux et archevêque de Sens. En retour, elle s'enrichira de textes nou-
veaux, parfaitement authentiques, et dont plusieurs sont fort importants
pour notre histoire littéraire. Ainsi un manuscrit d'Italie fournira près
de trois cents sermons ou canevas de sermons, dont les rubriques, dès à
présent publiées, sont de nature à vivement piquer noire curiosité. En
effet, la plupart de ces sermons ont été prêches en France, presque lous
par saint Bonaventure, beaucoup à Paris ou aux environs (Saint-An-
toine, \incennes, Saint-Denis, Sàint-Gloud), en présence de saint Louis,
de sa famille ou de son conseil, du roi de Navarre et de l'Université;
d'autres à Arles, à Arras, à Carcassonne, à la Chartreuse, à Cluni. à
Lyon, à Màcon. à Marseille, à Ifeaux, à Montpellier, à Narbonne. à
— 30-2 —
Orléans, à Reims, à Rouen, à Sens, à Toulouse, à Tours et h Vienne.
Dans cette collection, comme aussi dans celle d'un manuscrit d'Angers,
non encore signalé, autour de saint Bonavenlure on trouve groupés
un grand nombre de prédicateurs, dont les noms méritent d'être re-
cueillis.
frLe programme que vient de nous donner le R. P. Fedele da Fanna
est rempli de notions neuves et instructives. C'est un gage que la future
édition des œuvres de saint Bonavenlure répondra à l'attente des sa-
vants et épuisera un sujet délicat et dillicile, sur lequel la critique s'est
exercée bien des fois depuis le xvie siècle.»
SÉANCE DU VENDREDI l8 SEPTEMBRE.
Est offert à l'Académie :
Bolclim architeclonico e de archcologia da real associaçào dos architectes
et arclieologos portuguezes (n° 9. , in-4°).
M. Garcin de Tassy offre à l'Académie un volume La langue et la
littérature hindoustanies de 1800 à 1869. Ce volume est le recueil des
discours que M. Garcin de Tassy prononce annuellement à l'ouverture
du cours qu'il profosse à l'École des langues orientales. La suite de ces
discours est une véritable histoire de la culture littéraire dans ITIin-
doustan durant une période de vingl années. Quelques-uns étaient de-
venu- très-rares h à peu près introuvables, (i'i'si un des motifs qui oui
poussé l'auteur à faire réimprimer la collection tout entière; elle remet
en circulation un ensemble de documents que les orientalistes qui dési-
raient les consulter ne parvenaient pus facilement ;'i se procurer.
M. de Longperieh offre en son nom à l'Académie une brochure in-8°,
intitulée :
Observations sur quelques objets antiques figurés dans les livres chinois
et japonais , présentées au premier congres des orientalistes à propos de
l'exposition des collections rappariées île l'extrême Orient pur M. Henri
Cernuschi.
Dans ce mémoire, M. «le Longpérier explique pourquoi l'archéologie
chinoise et japonaise n'esl pas plus avancée, el fait un appel aux orien-
talistes pour leur demander la traduction des textes indispensables aui
études archéologiques.
Son! offerts ;i I académie :
De la pari de M. Waulers, donl l'Académie connaîl déjà la Table des
— 303 —
charl.es et diplômes concernant L'histoire de la Belgique | i vol. in-'i ),
les ouvrages suivants dont il est l'auteur :
Histoire des environs de Bruxelles, i855- 1 s,",- | ;', vul. in-8 ).
Leduc Jean l" et le Brabant sous le règne de ce prince (îaôj-i&gâ)
d.i-80).
Titien-! Bouts ou de Harlem et ses /ils ( in-8°).
Nouvelles éludes sur la géographie ancienne de la Belgique (in-12).
De l'origine ei des premiers développements des libertés communales en
Belgique, dans le nord de la France, etc. Preuves (18G9, in-8°).
Hugues van der Goes. Sa vie et ses (encres (in-8°).
Géographie et histoire des communes belges (1873, 2 vol. grand in-8u,
en collaboration avec M. J. Tarlier, volumes consacrés aux commîmes
de l'arrondissement de Nivelles, — plus un fascicule, relatif à la ville
de Tirlemonf . 187/4).
Sont encore offerts :
Notice sur les faïences (le Diruta, par \i. Charles Gasati (broeb. in-8°).
Dictons et sobriquets populaires du Vivarais, par M. Henri Vaschalde
Catalogue descriptif du musée Fol, a Genève; 1" partie.
M. de Lohgpérieb dépose sur le bureau, «le la part de MM. Didier,
éditeurs, et de M. Ferdinand Delaunay, la table des dix années (1860-
1869) de la nouvelle série de la Bévue archéologique ^in-80).
rr Cette série . dit-il, se compose de vingt volumes de mémoires que
(ons vous connaissez, et qu'il est indispensable de consulter lorsqu'on
s'occupe de quelque sujet d'antiquité. Mais l'abondance des matériaux
rend maintenant les recherches fort longues, et MM. Didier ont voulu
nous fournir une bonne table qui \ inl à notre secours. Ijs se sont adressés,
non pas à un vulgaire fabricant d'index, mais à un savant qui put si-
gnaler avec intelligence les noms et les eboses qu'il nous importe de
retrouver. M. Ferdinand Delaunaj s'esl acquitté de celle lâcbe avec
habileté, et non- devons de nouveaux remercîments, en cette occasion, à
I écrivain qui rend compte de^ travaux de I' académie au Journal officiel,
avec nue si attentive persévérance.»
Sont en outre offerts :
Bulletin d'archéologie chrétienne {•>: série 1876 , n 1 et -2 . in-8°).
Bulletin de l'œuvre des pèlerinages en Terre sainte (avril et aoul 187^
in-8
Bulletin de I" Société historique et archéologique du Périgord 1 tome I
1" livraison, iu-8").
— 304 —
Bulletin des séances de la Société centrale d'agriculture de Fiance (juin
;'i, io-8°).
Renie africaine ( mars-juin 187^, in-8°).
Revue de législation (inai-aoùt 187&, in-8°).
Revue archéologique (juillet-septembre 1876, in-8°).
Revue des questions historiques (juillet 1 87 A , in-8°).
Berne bibliographique universelle (septembre 187 4, in-8°).
Bévue bibliographique de philologie et d'histoire (juillet-senlemlnv 187 V
in-8°).
Annales de philosophie chrétienne (avril-juillet 187/1, in-8°).
Archives des missions scientifiques cl littéraires (3e série, lome II , i"li-
\ raison, in-8°).
Bibliothèque de l'Ecole des Chartes (3e livraison, 187/1, in-8°).
Journal asiatique (avril-juin 187/1, in-8°).
Le Cabinet historique. Revue mensuelle (avril-juin 187/1, >n~8°)-
Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province
de Constantine (VIe volume de la •>' série, 187/1, in-8°).
Société académique des sciences, arts, belles-lettres, agriculture et in-
dustrie de Saint-Quentin (3° série, tome XI, travaux de juillet 187-2 à
jnillel 1873, in-8).
Cosmos, de Guido Cora 1 volume II. {parties a el 3).
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DF.
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1874.
COMPTES RENDUS DES SEANCES.
OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE.
PRÉSIDENCE DE M. JOURDAIN.
SEANCE DL VENDREDI -J OCTOBRE.
\i. le Président de la Société de géographie adresse à l'Acadé-
mie de nouvelles pièces concernanl le Congrès des sciences géo-
graphiques <|ui doit se réunir à Paris le 3i niai;s 1870, et l'ex-
position «loni il sera accompagné.
A l'occasion du procès-verbal, le Sécréta ibe perpétuel l'ail ob-
server qu'il sérail regrettable que les détails si intéressants don-
nes par M. Edm. Le Dlant, en offrant à l'Académie le Catalogue
descriptif du musée Fol à Genève, fussent rejetés dans les comptes
rendus des .ouvrages offerts. C'esl une véritable communication
enrichie d'un grand nombre de notes, il exprime le vœu que
M. Edm. Le Blanl lui donne la forme d'une communication, el
que celte forme soit de même suivie en pareil cas : les comptes
rendus d'ouvrages se renfermant désormais dans les limites
qu'une présentation <\u livre comporte. De celle façon, ces
développements occuperont une place convenable el dans l<
cour- de nos séances el dans la publication do nos comptes
rendus.
!\1. le Président adhère, à ces observations.
M. Derenboorg dit, à propos de l'inscription trouvée à Lan
deina el envoyée par M. de Sainte-Marie :
-I oe des deux inscriptions envoyées à l'Académie par notre
infatigable drpgman du consulat de Tunis osl néopunique el se
compose de liuil lignes admirablement tracées. Il sera l'ail com-
munication ultérieurement de ce monument; aujourd'hui il im-
porte de faire connaître à l'Académie un l'ail assez important.
Exceptionnellement, noire monument mentionne immédiatement
après l'introduction habituelle : Au seigneur Ba'al Hammon, l'en
droit où existai! le temple de Ba'al Hammon, où la consécration
du monument a été faite; on ajoute : de Altiburos. Or cette ville
ligure sur la Table de Peulinger sous le nom tfÀltubros, el I i
frica christiana connaîl quatre évêques qui fonl suivre leurs noms
de celui d1 Utobrinus ou Altibrinus. La situation exacte de ce siège
cpiscopal étant encore inconnue, puisque la Table el l'Itinéraire
d'Antonin ne le désignent que comme situé entre Carthage el
' irta, il serait intéressant de connaître d'une manière précise la
situation de Landcina, où, selon la lettre de M. de Sainte-Marie
la pierre a été trouvée. <>n aurait donc Suivi une couluine assez
ordinaire, et établi l'église chrétienne là même où auparavant il
\ avait eu un temple païen célèbre. Il est probable qu'en conti-
nuant les fouilles à cet endroit, on rencontrera également des
inscriptions latines relatives à l'église d Mtiburos; ■•
\i. Ernesl Desjardins, qui a précédemment fait une commu-
nication relative à îles balles de fronde recueillies sons les murs
d'Ascoli, en fait une autre sur des balles semblables trouvées
dans le lit du Tronto.
(.es balles présentent les mêmes caractères que celles dont
M. Desjardins a déjà fail la description; elles ajoutent quelques
noms nouveaux on de peuples, on de villes, ou surtout dechefs,
dans les trois divisions de guerres (servile, sociale ou civile) aux
quelles elles se doivent rapporte) ,
— 307 —
M. Révillout continue la lecture de ><hi mémoire sur le Con-
cile de Vicée d'après les textes coptes.
M. Guérin achève sa communication sur I" Vallée du Jourdain^
SEANCE l" \ l'MUilDl i| OCTOBRI .
M. le Minisire de l'instruction publique écril à l'Académie
pour lui rappeler que, M. L. Delisle étant appelé aux (onctions
d'administrateur <le la Bibliothèque nationale, il esl nécessaire
de pourvoir à son remplacement comme membre du Conseil de
perfectionnement de l'Ecole des chartes, ses nouvelles fonctions
l'appelant de, droit à faire partie du Conseil de l'Ecole.
M. le Ministre invite en conséquence l'Académie à désigner,
en exécution de l'article <> de l'ordonnance royale du 01 dé-
cembre 18/16, un de ses membres pour remplir la vacance dont
il s'agit.
M. de Sainte-Marie adresse à l'Académie l'estampage d'une
inscription carthaginoise (vœu à Ba'al-Hammpn et à Tanith). Cel
estampage est renvoyé à la Commission «les inscriptions sémi-
tiques.
L'Académie désigne pour la représenter à la séance publique
des cinq Académies M. Miller, qui v lira son mémoire sur un
Poème grec du xn' siècle.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance redevienl publique.
Son! nommés membres de la Commission chargée de proposer
les sujets du prix ordinaire el du prix Bordin : MM. Brunet de
Presle, Léon Renier, L. Delisle, Hauréau, Deloche el <!<■ Rozière.
M. le capitaine Tauxier lit un mémoire sur l'authenticité, la
date et l'origine de l'ouvrage géographique qui nous esl parvenu
-dus le liln* de Périple d'Hannon
Voir aux Commumcatioss, n' Kl du 3* trimestre.
\ oir aux Commi mi itioks , n I.
•-! 1
— 308
SÉANCE DC VENDREDI l6 OCTOBRE.
il est procédé au scrutin pour nommer un membre i\u Con-
seil de perfectionnement de l'École des chartes en remplacement
de M. Delisle, qui désormais fait partie de ce conseil ni qualité
d'administrateur général de la Bibliothèque nationale. M. de Ro-
zière obtient la majorité des suffrages.
M. le Minisire de l'instruction publique sera informé de celle
élection.
L'Académie nomme une Commission chargée d'arrêter le pro-
gramme du prix Brunet. Sont désignés pour en faire partie :
MM. de Wailly, Desnoyers, Tliurol et Deloche.
M. IUvaisson communique une réponse de M. Scbliemann au
mémoire que M. Vivien de Saint-Martin a lu devant l'Académie
sur ïlUum homérique.
M. Gaston Paris commence la lecture d'un travail intitulé : Le
Conte du trésor du roi Bhampsimte, étude de mythographie comparée.
SÉANCE DO VENDREDI 23 OCTOBRE.
M. le Ministre de l'instruction publique transmet à l'Académie
un extrail du procès-verbal de la séance tenue le 7 octobre cou-
,;,,,! par la Société académique du Var. Celle pièce est relative à
la Vénus de Mil»».
Renvoi à la Commission de l'École d'Athènes.
M. Castan écrit à l'Académie pour lui soumettre ses litres à
Qne place de correspondant. Sa lettre et la liste de ses titres se-
POn1 renvoyées à la commission qui sera uommée.
M. de Sainte-Marie adresse à I académie, peur faire Buite aux
inscriptions romaines trouvées déjà par lui à Tachlidja, une no-
tice contenant toutes les autres inscriptions romaines trouvées
jusqu'à ce jour en Bosnie el en Herzégovine.
Cette uotice el l'estampage qui l'accompagne sonl remis à
M. Léon Reniei
— 309 —
\l. le Secrétaire perpétuel de l'Académie royale de Bruxelles
adresse à l'Académie une circulaire qui invite ses membres à
prendre pari à une souscription ouverte en vue d'élever à Bruxelles
un monument à la mémoire de M. Ad. Quételet, ancien secré-
taire perpétuel.
M. Bichler écrit à l'Académie pour l'informer que, dans un ca-
talogue de pierres gravées qu'il lui a précédemment adressé, se
trouve un talisman qu'il a, croit-il, compris par erreur parmi
les pierres à inscriptions grecques. H ajoute qu'il a en sa posses-
sion trois anciennes pierres gravées à inscriptions, dont il tient
l'empreinte à la disposition de l'Académie.
M. le Président fait connaître qu'un mois s'est^coulé depuis la
mort de M. Guizot, et il lit les articles du règlement relatifs au
remplacement des membres ordinaires.
L'Académie, consultée, décide, au scrutin, qu'il y a lieu de
pourvoir à la place vacante.
Par un second rote, elle renvoie au premier vendredi de dé-
cembre l'exposition des titres des candidats.
Sur la proposition du Secrétaire perpétuel, l'Académie fixe au
dernier \cmlredi de novembre le jour de la séance publique an-
nuelle.
M. L. Delisle donne lecture d'une note sur quelques manus-
crits de la bibliothèque d'Auxerre.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance redevient publique.
M. le Président mel aux voix la rédaction nouvelle de la ques-
tion relative aux Vies des Saints , question qui avait été proposée
[»our le concours Bordin de cette année, et qui doit être remise
au concours pour l'année 1 877.
Cette rédaction esl adoptée flans la forme suivante :
Discuter V authenticité, déterminer la date <i apprécier la valeur des
textes hagiographiques qui se rapportent à l'histoire de la Gaule sous
Chois I .
M. le Président rappelle les énoncés des trois questions propo-
ïées pour le prix ordinaire de 1877 :
ï. Recueillir ei expliquer, pour la période cotnprist entn l'avéne-
— 31 Q
ment de Pépin le BreJ et la mort de Philippe I . les inscriptions qui
peuvent intéresser Thi&tovre de France.
II. Exposer V organisation administrative de V empire byzantin, de-
puis la fondation de Constantinople jusqu'à la prise de cette ville par
les Franc*, en IQOÙ.
III. Rechercher l'état de la population, de l'agriculture, du com-
merce et de l'industrie dans l'empire byzantin, depuis la fondation de
Constantinople jusqu'à la prise de cette ville par les Francs, en i$où.
L académie adopte la première question.
Pour li« prix Bordiu, la Commission propose les trois ques-
tions suivantes :
I. Faire Vhistoire grammaticale de la langue grecque, depuis les
temps homériques jusqu'à la conquête de la Grèce par les Romains,
II. Exposer Véconomie politique de l'Egypte depuis In complète dt
ce paijs par les Romains jusqu'à la conquête arabe.
III. Faire I histoire grammaticale de la langue latin* depuis !<■
temps de Cicéron inclusivement jusqu'à la fut du m' siècle.
\. académie adopte la deuxième question.
-i kNi i Di \ BNDRED1 '■<<> OCTOBRE.
M. !" chevalier Nigra, ministre d'Italie en France, écrit à PA-
iidémic <|n à l'occasion du cinquième centenaire de la mori de
Pétrarque, le Ministère de l'instruction publique d'Italie a l'an
publier un volume contenant l'indication *\e> manuscrits des
œuvres du poëte existant dans les bibliothèques gouvernemen-
tales du royaume. Il ajoute qu'à celle même occasion le minis-
tère a fait frapper une médaille commémorative. Il transmet à
l académie, au nom du ministère royal, un exemplaire du -
lumc et de la médaille.
Le-, remerciements rie I Vcadémie seront adressés à M. le che
,aliei Nigra
\l. Boulai i< crit à I \. adémie poui »e poi Lei audidal à la
i i pai la iinii i de \|. Guizol
— :;il —
\i \ . . daus une lettre adre à la Compagnie, expose
idées >ui I âge des rilea tailL s
L'Académie se fora a comité secret.
La séance redevienl publique.
Lecture esl donnée des trois questions proposées pour le |>n\
lirunet. L'Académie choisil La suivante :
Fane la bibliographie de celles des œuvres écrites au moyen âgt en
- français ou provençaux qui ont été publiées depuis Vorigim a<
l'imprimerie; indiquer les manuscrits où elles se trouvent.
- mémoires devront être déposés avant le ior janvier 1877.
M. Miller annonce à l'Académie qu'il a reçu de M. Daninosd<
nombreux estampages d'inscriptions donl il rendra compte plus tard
M. Brlnet de Puesle lil une note sur la photographie de feuil
ld> manuscrits communiqués par M. L. Delisle. Ces feuillets
dit-il, avaient été signalés comme étant une ébauche du Guide dt
la conversation entre un chevalier liane et un Grec. Cet opuscule,
quoique imparfait, a quelque valeur pour l'histoire de la langui
hellénique; il présente diverses particularités relatives à l'emploi
fréquent des diminutifs et à des aéologismes se rapportant à l'arl
militaire. Les fautes d'orthographe qu'on \ cemarque nous ren-
seignent sur la prononciation des Grecs à cette époque, pronon-
ciation qui suivait les mêmes règles qu'aujourd'hui.
Un membre de l'Académie ayant demandé en Algérie des ren-
seignement! sur 1rs travaux de fortification exécutés par les Ro-
mains dans la Mauritanie et la Numidie, M. Mac Carthy, direc-
teur de la bibliothèque et du musée d'Alger, a répondu par 1 envoi
d'une carte manuscrite indiquant les localités où se trouvent des
ruines romaines, el à laquelle il a donné' le titre de Lignes de dé
fente dans la Mauritanie et lu Vumidie à V époque des Antonins.
M. Dobuv, au nom de M. Mac Carthy. fait hommage de cette
carte à L'Académie, en exprimant le vœu qu'il soit donné suite à
cet utile travail par un mémoire explicatif.
M. Guériu fait une nouvelle communication sui son Explora-
tion géographique i ologiqut de la Palestine1.
Voil aUÏ ' OMMI NU LT103S m II
— 312 —
SÉANCE 1)1 VENDREDI 0 NOVEMBRE.
.M. le Ministre de l'instruction publique adresse à L'Académie :
1" la copie d'une inscription do Carthage relative à l'offrande i\o<
prémices. Cette inscription, dit-il, destinée à la bibliothèque du
Corpus inscriptionum semiticarunij est transcrite d'un travail publié
dans le Journal asiatique, en lévrier 187 '1 , par le Révérend Phé-
ner, qui vient de mourir à Tunis; 90 un mémoire de M. E. Bur-
nouf, directeur de l'Ecole française d'Athènes, relatif aux courbes
qui s'observent dans les édifices publics, et qui, signalées par
tous les architectes depuis le temps île M. Pennethorne, n'ont
pas reçu jusqu'à présent d'explication suffisante.
Ce mémoire est renvové à la Commission de l'Ecole d'Athènes.
il
M. de Sainte-Marie transmet à l'Académie trente^quatre es-
tampages en double de trente-quatre inscriptions puniques dé-
couvertes par lui, du a3 au 2G octobre, à Cartilage* contre l'an
cien forum et à trente pas environ de la via Cœlestis, en face du
rivage de la mer.
M. de Sainte-Marie prie L'Académie île lui faire obtenir un
crédit supérieur en 1 S -7 5 ; il est en mesure, dit-il) d'enrichir le
Corpus inscriptionum à peu de frais. Il annonce en outre un pro-
chain envoi de plusieurs exemplaires photographiques <!«' I ins-
cription de Landeina.
Renvoi à la Commission t\r> inscriptions sémitiques-
M. Brmakow, photographe, adresse à L'Académie quarante-
cinq épreuves photographiques, en la priant de les accepter
comme échantillons d'inscriptions el d'anciens monuments de
I taie Mineure el du Caucase. Il se met a la disposition de l'Aca-
démie pour la prochaine excursion qu'il se propose de faire du
côté de l'Arménie turque.
L'Académie, sur la proposition de M. le Président* renvoie
uiieii de ce- photographies el des propositions de M. Brmakow
,1 nue commission composée de MM. de Longpérier, L». Renier el
Miller.
I académie se i"i m< en 1 "unie jecrel
— 313 —
La séance redevient publique.
M. Ravaissom communique une nouvelle lettre de M. Schlie-
niaiiii -uc le nom dé } Xauxôhrts donné à Minerve el sur les vases
à tête de chouette trouvés dans la couche supérieure des ruines
préhistoriques d'Hissarlik '.
M. Thoiin adresse à i académie, pour le concours des antiqui-
tés nationales, un ouvrage intitule : Etudes sur l'architecture reli-
gieute de / [gênais du i au 1 1 / siècle, suivies d'une notice sur tes sé-
pulturee du moyen âge (Àgen et Paris, iS-'j, i vol. in-8°).
M. Ern. Desjardins donne lecture d'un extrait de son travail
xiir la Table de Pevtinger.
SÉANCE l>r VENDREDI l3 NOVEMBRE.
M. l'abbé \udré adresse à l'Académie, pour le concours des
antiquités nationales, quatre exemplaires de son étude sur les
commune* du département de Vaucluse de i556 àijSy. Lagnes (Avi-
gnon, i 's_ 'i . i vol. in-18).
Renvoi à la Commission des antiquités nationales.
L'Académie désigne M. Ch. Robert pour lire à la séance pu-
blique son mémoire sur une Médaille commémorative de la défense
de Met: en î-Jôû.
M. Mii.lki; lit en communication une note sur une collection
d'estampages reproduisant les inscriptions ampboriques, et qu'il
a reçue sans lettres d'envoi. Il croit qu'il s'agit des anses d am-
phores conservées au musée d'Alexandrie, et que l'envoi a été
fait, comme les précédents, par M. Daninos, attaché au minis-
tère des affaires étrangères en Egypte.
M. Dorut lit un mémoire sur la formation des deux classes de
citoyens romains désignés dans 1rs Pandectes sous les noms d'Iin-
nesttores el à'kumilioreSé
M. dation Paris achève la lecture de son mémoire sur Le Conte
du trésor du rot Bhampsinite, élude de mythographde comparée.
\ Oir HI1X CoMMI RICATIONS, M III .
— :m —
SBANCI in VENDREDI 20 NOVEMBRE.
\l François Gras écrit au Secrétaire perpétuel pour l informer
< 1 4 1 " i I destine au concours des Antiquités nationales les deux mé
moires précédemment envoyés par lui, relatifs aux Systèmes mé-
triques linéaires de l'antiquité à l'aide d'une mesure nouvelle; le mille
îles l'i/nniiiiles.
Renvoi à la Commission îles antiquités nationales.
M. James Fergusson envoie pour le concours du |»ii\ Fouid uu
ouvrage intitulé : A History of architecture in ail countries, /nuit ili<
earliest limes to Ûe présent day (Londres , 1874, •» vol. in-8?).
Renvoi à la prochaine Commission.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance redevienl publique.
M. de Longpérier présente, au nom de M. Sorlin-Dorigny,
iin| empreintes d'inscriptions himyaritiques conservées comme
les inscriptions de même nature dont les estampages oui élé pré
sentes antérieurement, dans le musée de Sainte-Irène, à Gonstan
tinople.
SEANCl PUBLIQUE ANNUELLE in VENDREDI ■>.- NOVBMBBB '.
ORDRE DES LECTI RES.
1 Discours de M. le Présidenl annonçant les prix décernés eu
t8jâ ii 1rs sujets de prix proposés;
■>." Notice historique sur la Vie et les travaux île \l. Charles Ma
;imi. membre de l'Académie, par M. Wallon, Secrétaire perpé
In.-I;
Médaille commémoralm /!<■ la défense rfi \ïcti en t55s pai
M IV Charles Robert, membre de I académie.
' Voir à l \ 1 1 ■ 1 . 1- 1 • t h I
— 315 —
SÉANCE Dl VENDREDI k DECEMBRE.
\l. le Ministre de l'instruction publique adresse à I ^cadémû
rampliation du décret du 26 novembre 187/1 qui modifie l'orga
aisatiou do l'Ecole française d'Athènes.
.M. le Ministre adresse en outre cinquante estampages d'ins-
criptions puniques trouvées à Carthage par M. de Sainte-Marie.
Ces estampages (n08 101-1 5o) fout suite à la série précédemment
envoyée à L'Académie.
M. Vivien de Saint-Martin écrit à l'Académie que, pour mettre
dans' le plus grand jour possible une question importante à plu-
sieurs égards, il prend le parti de faire imprimer son mémoire
sur la Troie homérique, dont il se propose d'offrir un exemplaire
à la Compagnie.
Le Secrétaire perpétuel donne lecture des lettres (((•candida-
ture à la place vacante par suite du décès de M. Guizot, lettres
adressées par MM. Michel Bre'al, Boularic, Ernest Desjardins.
\. Guérin, flacon Paris el Georges Perrot.
Sont envoyés à I" académie :
1" Pour le concours du prix ordinaire sur le sujet relatif à
['histoire »/'• In lutte entre les écoles philosophiques et les écoles théo-
togiques sous les Abassides, un manuscrit portant pour épigraphe :
I tclrir fortune sapienùa.
•>" l'ouï- le concours <\c^ Antiquités nationales, deux volumes
intitulés :
I. Inventaire analytique des archives communales (FAmboise, lûai-
/ y 'S'jry , suivi de documents inédits relatifs à T histoire de In ville, pai
M. l'abbé C. Chevalier (Tours, 1*76, in-8°).
II. Jean Ir Houx i-t li \ au de Vire a In /lu du ïvi siècle, par
M. Armand Gasté (Caen, i87&,in-8°).
Renvoi aux futures Commissions.
I. académie se forme en comité secret.
— ,) I II
51 \\i i: m \ ENDREDI 1 l DECEMBRE.
M. le Ministre de l'instruction publique adressée l'Académie,
pour être transmis à la Commission des inscriptions sémitiques,
cinquante estampages envoyés par M. de Sainte-Marie el portant
les iil" 1 5i à 200.
M. le Minisire fait savoir en même temps que le musée du
Louvre n'a aucune place disponible pour recevoir un nouvel
envoi de stèles de M. de Sainte-Marie, et qu'en outre il n'existe
au Ministère aucun crédit pour en acquitter les frais de transport.
M pense qu'il sérail convenable d'engager provisoirement M. de
Sainte-Marie à les déposer au consulat de France à Tunis.
M. Dumas, secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences,
écrit à M. le Président, en le [triant d'inviter l'Académie à dési-
gner un lecteur pour la représenter dans la séance trimestrielle
que tiendra l'Institut le mercredi <> janvier 1876.
M. Gaston Paris écrit à M. le Président pour l'informer qu'il
relire sa candidature à la place devenue vacante par suite du (\rri^
de M. Guizot.
M. L. Delisle remet sur le bureau , pour être renvoyés à la ville
de Toulouse, les trois manuscrits de Bernard Gui, empruntés à
la bibliothèque de celle ville pour le Recueil des historiens (le
France.
Sonl adressés à l'Académie pour le concours de- antiquités
nationales de 1875, par M. l'abbé Ledain :
Lettres ri notices d'archéologie, de numismatique, de topographie
gallo-romaine ri d'histoire | Metz, 1869, in-8°).
Par M. Joseph Denais :
1 Monographie </<■ Votre-Dame de Beaufort-en-Valiée , église et pa-
roisse < Paris, Vngers, 1 <s7 '1 . in -8e I;
•>" llistoirr <lr I Hôtel-Dieu de Beaufort-en-Vallée (iàiu-1810)
Paris, \n;;<'i s, in -8
M Gustave Schlegel adresse, pour le concours Stanislas Ju-
lien de i's7->. un ouvrage intitulé : Vranographû chinois* , 1" el
— 317 -
> partie (la Haye el Leyde, 1875, ■• vol. ui-8°)s avec un Atlas
céleste finnois et yi-cr d'après le Tien-youen-cli-li.
L'Académie se forme en comité secret.
La séance redevienl publique.
M. Clermont- Ganneau mel sous les yeux de l'Académie un
vase en terre cuite orné de figures et de dessins imprimés par
estampage. Ce vase, <|ui est de l'époque romaine, a été trouvé
dans une grotte en Palestine; il avait été brisé par un effondre-
ment de If ira in; on a pu en retrouver toutes les pièces et les ré-
tablir dans leur ancien état.
SÉANCE DU VENDREDI l8 DECEMBRE.
A propos du procès-verbal, M. Ravaisson revient sur la lettre
de M. I"' Ministre de l'instruction publique relative aux stèles
que M. de Sainte-Marie se propose d'envoyer à Paris, et il dit
que si le Ministère n'a pas de tonds pour payer ie transport de
tous les objets qu'on pourrait envoyer, le musée du Louvre a tou-
jours de la place pour les recevoir. Il serait à craindre que la
fausse interprétation donnée à la lettre de M. le Ministre, d'après
le> comptes rendus des journaux, n'empêchât des envois dont le
Louvre pourrait s'enrichir.
M. le Ministre de l'instruction publique transmet à l'Académie
les copies de deux lettres, l'une de M. le Président de la Société
académique du Var, l'autre de M. Aicard, propriétaire du ma-
nuscrit de M. Mallerer sur la Vénus de Milo. Ces messieurs, dit-
il , exposent qu'ils n osent confier aux hasards d'un envoi parla
poste ledit manuscrit, dont M. le Ministre leur avait demandé
communication pour l'Académie.
Le Secrétaire perpétuel dit que l'Académie aurait reçu volon-
tiers les rapports dont il vient d'être question, mais qu'elle ne les
avait pas demandés.
M. \. Guérin informe par lettre M. le Président qu'il retire sa
candidature à la place laissée vacante par le décès de M. Guizot.
M. de Sainte-Marie écrit au Secrétaire perpétuel el lui adresse
— 318 — -
pour la Commission des inscriptions sémitiques le second exem
plaire des estampages n i5i à aoo dos inscriptions trouvées à
Cartaage. Il annonce en outre renvoi d'estampages de même
nature allant jusqu'au n" 3oo. AI. de Sainte-Marie l'ail suivre sa
lettre de remarques relatives à plusieurs de ces inscriptions.
Sonl envoyés pour le concours ^i^ antiquités nationales :
Vie ili' sdiui Honorât, fondateur de Lérins n évêque d'Arles. Ori-
es chrétiennes de Provence, par AL l'abbé* Louis Pierrugues
; Paris. 187a, in-8°).
Contes populaires recueillis en A;>t<'ii<iis. par M. Jean-François
Blade. Traduction française el texte agenais sni\is de notes com-
paratives, par Al. Reinhaid Kôhler (Paris, 187/i, in-8
Chants populaire de In basse Bretagne , recueillis el traduits pai
M. l'.-M. Luzel (tome II, Lorient, 187/1, in-8°).
L'Académie se l'orme en comité secret.
La séance redevient publique.
L'Académie procède à l'élection d'un membre ordinaire en
remplacement de M. Cuizot.
Al. le Président rappelle les noms <\r^ candidats qui restent
en présence; ce sonl : M\l. Boutaric, Michel Bréal, Ernest \)c*~
jardins el Georges Perrot. Il lit les articles du règlemenl relatifs à
l'élection d'un membre ordinaire.
Il v a 37 membres ordinaires présents. Le scrutin esl ouvert.
Nombre des votants, 07; majorité, 19.
\u premier tour Al. Penoi obtient 1 -> suffrages; M. Desjar
dins.io; M. Boutaric, 9; M. Bréal, 5; M. Guérin, 1.
\11cun candidat n"a\anl obtenu la pluralité absolue des siil-
es . on procède à un nouveau scrutin.
\ oiaui-. ■<- : majorité, 1 9.
M. Perrot obtient 1 8 suffrages; VLDesjardins,io;M.Boutaric,9.
«in procède à un troisième tour de scrutin.
Nombre de votants, 36 : majorité, 1 9.
M. Perrot obtient s5 suffrages; M. Desjardins, 9 : AL Boutaric •'
En conséquence, M. Georges Perrol esl proclamé élu membre
ordinaire. Son élection sera soumise à l'approbation de \l. le
Pi ésidenl de la République.
— 319 —
L académie se forme en comité secret
I ;i séance redevient publique.
Le Secrétaire pbrpétuei donne connaissance des titres des mé
moires lu> dans le dernier semestre devanl l'Académie.
(les mémoires ayant déjà été lus en public ou imprimés,
l'Académie décide qu'aucune lecture oe sera proposée pour la
prochaine séance trimestrielle de l'Institut.
Le Secrétaire perpétuel donne lecture de la lisie des corres-
pondants. Il en résulte que l'Académie n'a perdu aucun de ses
correspondants celte année et qu'il n'y a pas lieu de dresser une
li>ie de candidats.
M. I! w usson communique à l'Académie une lettre de M. Schlie
mann, où il maintienl l'identification d'Hissarlik et de Troie,
prend aetedes concessions que lui oui faites deux de ses contra-
dicteurs, Al. Stark, de Heidelberg, et M. Conze, de Vienne, el
refuse toute valeur aux relevés de M. Mauduit, qui a pris, dit-il,
les n -i< - di' Gergis p ■ L'enceinte de Pergame.
M. Ravaisson ajoute quelques explications sur les vases repré-
sentanl une tête de chouette, trouvés à Hissarhk, la chouette étant
l'image symbolique de Pallas, protectrice de la Pergame troycnne.
Quant à l'emplacement de Troie, il cite un passage d'Homère
commenté par Platon. Homère (Iliade. W, 9. 1 5-2 1 7) dit : «Dar-
danus fonda Dardanie; car la ville sacrée d'Ilion n'était pas encore
fondée dans In plaine.- Kl Platon . dans le troisième Livre des Lois,
dit que les hommes enrayés par le déluge habitèrent.d'abord desca-
vernes au haut des montagnes. Lorsqu'ils commencèrent, ils se
bâtirent des demeures sur les pentes et au pied des montagnes.
1 à celle penode ipie répond la fondation de Dardanie. Plus
rassurés encore ils bâtirent des villes au milieu dés plaines l'er-
liles, sur des collines de médiocre hauteur, au-dessous même des
fleuves qui descendaient i\<'> montagnes voisines. C'est ainsi que
le petit-fils de Dardanus, Il us, construisit II ion. Dans une quatrième
ei dernière époque on s'enhardit jusqu'à venir habiter le bord des
lleu\ es. Ie> rivages de la mer et même des lies. Un site comme celui
de Balidagh, au-dessus de Bounarbachi, sur une roche escarpée
au pied de l'Ida, peut avoir été celui d'une Dardanie, mais Troie
• >
20
a dû occuper au milieu de la plaine une situation semblable à
celle d'Hissarlik. \ l'opinion de Platon , conforme au témoignage
d'Homère, on peut, sans doute, joindre celle d'Aristote. En effet,
lorsque Alexandre, au début de son expédition, voulu! visiter
Troie et y sacrifier à Minerve Ilienne, ce fut à Hissarlik qu'il \inl
les chercher. El on peut conjecturer avec vraisemblance qu'il
suivi! en cela non-seulement la tradition universelle, mais l'opi-
nion du plus savanl des (irecs, son précepteur el son ami. Aris-
toto avail fait une étude toute spéciale d'Homère. Vlexandre, de
son côté, avail revisé avec des hommes du métier le texte de
l'Iliade, qu'il portail partout avec lui. H avait du conférer bien des
lois avec le Stagyrite des questions relatives à la situation el à
l'histoire de Troie.
M. Robert Mowat, commandant au t oe régiment d'artillerie , lit
une noie sur lu [rotule achéenne à trois lanières.
SÉANCE 1)1 MERCREDI a3 DECEMBRE.
Sonl envoyés pour le concours des antiquités nationales :
Histoire des institutions de I [uvergne, contenant un essai historique
sur le droit public et privé de cette province, par \l. II. -F. Rivière
l Paris, 187/i, a vol. in-8°).
Inscriptions céramiques gallo-romaines découvertes à iulun, suivies
îles inscriptions sur errre. hmtiie, plomb et schiste île la même époque .
trouvées au même Heu, par M. Harold de Fontenay.
Les sires de Voyers. Le maréchal de Soyers, Mile Y de Soyers, porte
oriflamme, grand bouteiller de France, iaai-i35o; les émules de
Joigny, les sires de \iaisy, de Villehardouin, etc. (d'après des docu-
ments Inédits), par M. Em. IViii 1 Vuxerre, 187Û, in-8°).
Histoire de f abbaye de Flines, par M. l'abbé Hautcœur (Pans.
Lille, Douai , Bruxelles, 1 <S;A . in- :
l.tuili sur lis comtes <i vicomtes de Limoges antérieurs a Van 1000,
par M. Roberl de Lasteyrie 1 18' fascicule de la Bibliothèque îles
hautes études; l'aiis. 1876, in-<S°).
— 3-21 —
M. Jourdain hi nu mémoire sur les ouvrages de \icolas Oresvn
contre Tastronomie.
M. Durdi achève la seconde lecture de son mémoire sur lit
jbrmation historique des deux classes de citoyens romains désignés
dans les Pandectes suas les noms tfhonestiores et tfhumiliores.
M. de Sainte-Marie adresse à l'Académie, par l'intermédiaire
du Ministère de l'instruction publique, la photographie d'une
statue antique de marbre blanc, découverte à Cartbage. Colle
statue représente une femme debout, vêtue d'une tunique taiaire
finement piissée, que recouvre en partie une stoia ou péplustrès-
babilemenl drapée. Les deux avant-bras el le pied droit ont été
luises.
M. dk Longpbribb présente à ce sujel quelques observations.
-La statue trouvée à Carthage, dit-il, n'appartient pas à l'ail
des anciens temps. Elle doil avoir été exécutée, à la fin du pre-
mier siècle ou au commencemenl du second, en d'autres tenues,
sous le règne de Trajan. On peut considérer comme certain que
le visage de cette statue (alors même que des symboles aujour-
d liui détruits, aussi bien que les bras, auxquels ils pouvaient être
adhérents, lui eussent donné un caractère religieux) est celui
d une femme de la famille impériale. La main gauche pouvait
tenir une patère, l;i droite un serpent, ce qui eût constitué nue
Salas Augusta.
-Plolina. femme de Trajan. el Marciana, sœur de cel empe-
reur, avaient adopté la mode (\i's hautes coiffures en spongia,
comme celle qu'on voit ici. Mais nous ne retrouvons pas dans la
tête carthaginoise les traits bien accusés de ces deux femmes telles
que les bustes antiques el les médailles nous les foui connaître.
I u rapprochement avec les figures de Matidia, fille de Marciana
el nièce de Trajan, serait plus heureux; mais c'est peut-être avec
Sabina, fille de Matidia, que la ressemblance pourrait le mieux
s'établir, en raison de la longueur du visage. <>n aurait alors pro-
bablement, dans ce cas, une statue exécutée vers l'an 100 de
notre ère, époque à laquelle Sabina épousa Idrien. Plus lard.
comme nous le montrent les monnaies, Sabina changea de coif-
fure, et inaugura un nouvel arrangement de chevelure, qui lut
u.
— 322 —
continué par Domitia Lucilla, mère de Marc-Aurèle, et par
d'autres princesses <ln second siècle. Une photographie <lu profil
de l;i xlaïue de Carthage nouseûl fourni un renseignement beau-
coup pins efficace; car la forme de la partie postérieure de la
coiffure permettrait certainement de trancher la question (pie nous
sommes contraint de poser avec certaines réserves. ■"
SÉANCE DL MERCREDI 3o DECEMBRE.
Le Secrétaire perpétuel donne lecture d'un décret de M. le
Présidenl de la République en datedu 97 décembre, qui approuve
l'élection de M. Georges Perrot, en remplacement de M. Guizot.
Le Secrétaire perpétuel introduit M. Perrot et le présente au
Président, qui l'invite à prendre place parmi ses confrères.
M. Leblanc, bibliothécaire et conservateur du musée de Vienne
| Isère), fait part à l'Académie de la découverte qui a été faite à
Vienne , derrière les bâtiments de l'ancien séminaire, aujourd'hui
la manutention militaire, de fragments d'une statue romaine en
bronze el de deux inscriptions. Quand les de'bris de ces inscrip-
tions auroni été remis en place. M. Leblanc se propose d'en
envoyer copie à I académie.
Sont envoyés :
Pour le concours Goberl :
Histoire des troubles religieux de Valenciennes , i56o-i56j, par
M. Ch. Paillard (I" vol. Paris, Valenciennes. Bruxelles, 1876,
in-8
Considérations sur les causes générales des troubles des Pays-Bas au
1 1 /' silrlr. par le même (Paris. Bruxelles, la lla\e. 1X7/1. in-8°).
Pour le concours La Fons-Mélicocq
Topographie ecclésiastique du département de Seine-et-Oise , accom-
pagnée (Tune carte <lu diocèse de Versailles indiquant les divisions ecclé-
tiastiques anciennes, par M. Dutilleux (Versailles, 187A, in-N").
Pour le concours de numismatique ( Mlier de Hauteroche) :
Vart gaulois, >>u les Gaulois d'après leurs médailles (2* partie).
par M. Bug. Hucher (Paris, le Mans, 1873, in-'ri.
— 323 —
l'ourle concours des antiquités nationales:
Souvelies études archéologiques sur l'arrondissement de Coutanees;
la ouïe de Coutanees en 1770, par M. Quénaull (broch. in-8°).
pr in réunion de Lyon à la France; Etude historique d'après les
documents originaux, par M. Pierre Bonnassieux (Paris, Lyon,
1876, in-8
Choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, publiés
a* après les originaux conservés h la bibliothèque de Grenoble et aux
archives de V Isère, par M. l'abbé C.-V.-F, Chevalier (Montbéliard,
Lyon, i's7'i- in-8°).
I /sites pastorales et ordinations des évêques de Grenoble de lu mai-
son de Chissè ( i/r-tr1" siècles), publiées d'après les registres origi-
naux, par le même (Montbéliard, Lyon, 187/1, in-8°).
Chroniques de Saint-Martial de Limoges, publiées d'après les ma-
misirits originaux pour lu Société de l'histoire de France, par M. Duplès -
\;;irr ( Paris, 187/1, '"-80)-
Les anciens /touillés îles paroisses incorporées au diocèse de Troues
en 1801, par M. l~-il>I><* Ch. Lalore (Troyes, 1870, in-8°).
Les fêtes chômées dans le diocèse de Troyes, depuis Vorigine du
christianisme jusqu'en 1802, parle même (Troyes, 1869, in-8").
Chartes de l'abbaye de Mores (Aube), par le même (Troyes,
1^-3,111-8°).
Les frères mineurs ou cordeUers de Troyes, par le même (Troyes,
1869,' broc!.. ia-8°).
OpXatien, deuxième évêque de Troyes, et les conciles de Colonne et
de Sardique. Éclaircissement historique , \nu le iiièni<'*(Ti'>\cs, 1868,
broch. in-8°).
Reciacus, les Rieeys 1 Aube), suivi d'un éclaircissement géographique
sur Pauliucus (Cote-d, Or ^,par le même (Troyes, 1872, br. in-8°).
Documents sur V abbaye de Notre- Dame-aux-Nonnains de Troyes,
par le même (Troyes, 187/1, in-8°).
Documents pour servir à la généalogie des anciens seigneurs de
Trainel, par le même (Troyes, 1872, in-8°).
(.ariulain- de Vahbaye de Boulancourt, de l'ancien diocèse de Troyes,
aujourd'hui du département de la I faute-Marne . par le même (Troves,
1869, in-8").
— .VJ'i —
Collection des principaux cartulaires du diocèse de Troyes. Tome I.
Cartulaire die V abbaye de Saint-Loup de Troyes, par M. l'abbé Ch. La-
Ion- (Paris, 1875, in-S").
Les synodes du diocèse de Troyes, par le même (Troyes, 18G7,
broch. in-8°).
Le Trésor de Clairvaux du ni' au zvm' siècle, par le mémo
(Paris, 1875, in-8°).
[nnales du diocèse de Soissons, par M. l'abbé Pécheur (tome III,
Soissons, 1 875. iu-8°).
Armorique et Bretagne , origines armorico-bretonnes , ouvrage accom-
pagné de documents rares et inédits, par M. le docteur Halléguen
(tome II, 2e pailic . Histoire littéraire; Paris, 187/1, in-8").
Histoire administrative des communes du Midi. \" •>. Vlsle-Jour-
dain, ses seigneurs et ses comtes, par Al. [gounei (manuscrit).
[ntiquités gallo-romaines du Haut-Rhin, par Al. Cestre (manus-
crit Cl caries ).
\I. Hadréau lil une communication sur quelques maîtres du m'
siècle.
M. dk Longpérier lit une note de AI. Chabas intitulée: Hebrœo-
Egyptiaca.
L'auteur établit quelques rapprochements entre les maximes
des Égyptiens el celles îles Hébreux, licite, pa r exemple , la on-
zième maxime du scribe \ni :
Le sanctuaire de Dieu, ce qui le profane, ce sont les éclats bruyants;
prie-le humblemenl el avec un cœur aimanl donl toutes les paroles sont
secrètes; il fera tes affaires; il prêtera l'oreille n les paroles, il accueil-
lera tes oblations.
El il la rapproche de plusieurs préceptes de YEccUsiaste (v, 1 ) et
de I Ecclésiastique (xxxv , 5), el des préceptes de l'Evangile (Mallh.
vi, 6, 7, ,s i . nus en -cène dans la parabole du Pharisien el du
publicai 11 ( Luc, xviii, 10 ei siii\ . ).
M. l'un m 1 m Prbsle laii une communication sur deux ins-
otiotu '■' ■ nu j I/1/0.
\l. fiuérin fail une communication sur les ruines de Phasaélis,
[rchelaïs et du muni Sarthaba.
— 325 —
GOMMl NICATIONS.
N° I.
LES DEl \ ÉDITIONS l»i PERIPLE D'HANNON ,
PAR LE CAPITAINE TAl MER.
Lf> anciens racontaient que les Carthaginois, au moment de
Leur. plus grande puissance, avaient désiré connaître les côtes
occidentales de la terre, et qu'ils avaient envoyé au delà des
colonnes deux chefs d'escadre nommés Hannon et Himilcon,
ivec la mission, pour le premier, d'explorer la côte extérieure
de Libye; pour le second, la côte extérieure <!e l'Europe. Ou
ajoutait qu'à leur retour ces deux chefs avaienl rédigé les re-
lations de leurs \u\ âges et 1rs avaient déposées dans un temple
• le leur pairie; c'est là, suivant quelques modernes, qu'un
érudit grec en aurait pris connaissance, les aurait traduites
dans sa langue el les aurait fait connaître à ses concitoyens.
\\. Tauxier traite cette légende de fable et prétend que <•■•-,
récits, dans leur forme première, sont l'œuvre d'un faussaire
grec du 1" siècle avanl notre ère, et ne sont d'ailleurs qu'une
mauvaise compilation géographique des opinions de celle
époque.
Un! d'abord ces relations n'étaienl pas connues des Grecs
avant l'époque de Sylla; il n'esl pas vrai qu'Aristote les ail
mentionnées : le Livre <!'■* Merveilles, où le périple d'Hannon
est cii,'.. est une œuvre composite, dont le premier auteur esl
peut-être \ristote, mais qui contient eu grande partie des ré-
cils dus à des auteurs plus modernes. On peul affirmer même
• pie du temps d'Antigone de Caryste, c'est-à-dire un siècle
après Aristote, le passage où il est question du périple d'Han-
non ne figurait pas encore dan- le Livre tirs Merveilles. Le pie
— 32(5 —
mier auteur qui ail parlé du périple il Hannon lui uu faussaire
qui composa une relation imaginaire des voyages d'Eudoxe de
Cyzique, et qui <'ut pour copiste Cornélius Nepos.
Mais, dira-t-on, si le périple n'a été connu des Grecs qu'à
celte époque tardive, c'est qu'il esl resté jusque-là enseveli
dans les annales carthaginoises, relie conjecture serait per-
mise si l'examen attentif «lu périple d'Hannon ne fournissail
pour ainsi dire à chaque pas la preuve que cet opuscule ne
saurait être l'œuvre d'un amiral phénicien.
En effet, le périple ne révèle nulle pari Les pensées, le ton,
le style d'un général d'armée, d'un fondateur de colonies; il
ne décèle que des préoccupations géographiques; la plupart
des indications sont mensongères, ce qui montre que l'auteur
du périple n'a pas même pris pari à ce prétendu voyage;
M. Tauxier relève plus de douze de ces erreurs; la distance
exagérée comptée entre les colonnes el lecap Soloeïs ( Spartel) :
la dislance énorme de trente et quelques jours marquée entre
le cap Soloeïs et le Liuis. qui n'en est qu'à deux jours, l'omis-
sion du grand déserl d'Afrique, la mention d'hommes de
formes diverses, la description du lac aux trois lies, des iles
concentriques, <\<' la côte enflammée, des ruisseaux de feu par-
fumé, etc.
L'auteur du périple n'esl pas un Phénicien; car le style,
les idées, les opinions, les préjugés, toul en lui esl purement
>c; il n*\ a pas nu fait, un détail, une erreur dans le pé-
riple d'Hannon et dans le périple d'Himilcon son congénère,
qui n'aient leur origine dans les ouvrages antérieurs à Posi-
doniiis. le plus souvent dans les livres d'Ephoreet d Hérodote
el jusque dans les poèmes d'Homère et d'Hésiode M. Tauxier
apporte une vingtaine d exemples à I appui de ce qui! avance.
el en conclut que le périple d'Hannon, bien loin d'être l'œuvre
d'un amiral carthaginois, n'est pas même celle de l'un de
srs compagnons de voyage, pas même celle d'un Phénicien
— 3l>7 —
quelconque ayaul visité l'Océan; c'esl luul simplement une
mauvaise compilation géographique due à un Grec ignorant
du premier siècle avant notre ère.
M. Tauxier explique ensuite par quelle série d'aventures
le périple nous est parvenu, après avoir été mutilé, altéré,
arrangé par un chrétien «lu Bas-Empire. Il montre d'abord
que les auteurs anciens, postérieurs au périple et qui lonl
cité, n'en reproduisent pas le texte, tel que nous le possédons.
Ou a voulu expliquer cela en imaginant deux relations paral-
lèles ri toutefois anciennes; la vérité est que Nepos, .Mêla et
Pline n'eut connu le périple que par l'intermédiaire de ce
faussaire qui a falsifié les aventures d'Eudoxe, et qui a bien
pu aussi altérer la relation dont il se servait. Mais cette cir-
constance ne suffit pas, selon M. Tauxier. à expliquer toutes les
divergences nbservées entre les citation- anciennes du texte
du périple et le texte que nous possédons. 11 s'attache à dé-
montrer tout d'abord que notre rédaction du périple n'est
I >,!-> I.i rédaction ancienne. Le faux Eudoxe en effet nous mon-
trait Ha n non donnant à la Libye la forme d'un trapèze dont
la côte méridionale, commençant à la corne d'Occident, allait
rejoindre l;i nier Arabique. C'était d'ailleurs l'opinion courante
au i'r siècle avant notre ère. Cependant notre édition actuelle.
après la corne d'Occident, veut que la côte se continue au
midi. La preuve que l'ancienne rédaction donnait a la Libye
l.i forme trapézoïde et qu'en cela Eudoxe l'a fidèlement re-
produite, c'esl que le périple assigne pour terme à la naviga-
tion d'Hannon la corne du Midi, localité que ton! le monde
connaissait alors pour être le point de rencontre des mers
d'Ethiopie et d'Arabie. Voici une autre preuve que, dans la
rédaction ancienne, la côte libyque après la corne d'Occident
tournait à l'est : le périple actuel lui-même a conservé |a dé-
signation d'une côte enflammée longue de sept jours, qui est
évidemment la côte méridionale affleurant In zone toi ride.
— 328 —
.M. ïauxier montre encore qu'il existait dans l'ancienne édi-
tion une mention de trente jours de distance, une mention
des Pans et des Satyres; une autre des Gorgones: une autre
de l'Atlas, qui n'existent plus dans la nouvelle, e1 recherche
ensuite pour quelles raisons l'auteur de notre édition a altéré
le périple original. S'il prolonge la côte libyque vers le midi
après la corne d'Occident, cela provient sans doute de ce que,
au temps où il écrivait, le système géographique admis était
celui de Ptolémée. Noire rédacteur était donc postérieur au
règne <l Intonin. S'il change en golfes les caps de la corne
d'Occident <'l du Midi, c'esl pour d'autres raisons 1)111 nous
ramènent au siècle de Constantin. Si enfin la nouvelle édition
supprime toute mention des Pans, dos Satyres, de l'Atlas et
des Gorgones, cette suppression nous révèle la main d'un de
ces chrétiens qui se donnaient la tâche d'élaguer des ouvrages
qu'ils rencontraient tout ce qui pouvait donner des armes à la
religion vaincue, Cette circonstance nous reporte après le
règne du grand Théodose, momenl où le christianisme l'em-
porta définitivement sur le paganisme. Enfin le style plat,
lourd, embarrassé de noire édition, montre qu'elle n'esl pas
l'œuvre d'un écrivain do profession. M. Tauxier en conclut
que la deuxième édition du périple est due à un chrétien by-
zantin du temps de Théodose, et probablement à quelque
étudiant, qui aura reçu, pour son devoir du jour, la lâche de
ramener l'ancien périple aux idées géographiques et religieuses
du temps.
itrairemenl à l'opinion que les Phéniciens n'avaient pas connu le dieu
Neptune, M. Dbrenbodrg rappelle que, dans le traité des Carthaginois
.i\«'i- Philippe, roi de Macédoine, Uotrefocov est expressément nommé, et
il ajoute <|n il Berail étonnant qu'un peuple navigateur comme l<'s Phé-
niciens 11 eût point de dieu de la mer.
M. le capitaine rauxier répond, sur le premier point, que chaque
1 1< mi | île. dans ce traité pouvait invoquer 6es dieux à lui, et que ntxreltcov
— 3-29 —
n\ figurait que comme dieu des Macédoniens; sur le second point, qu'il
sérail possible que les Phéuiciensn eussent pas d'aulre dieu delà mer que
Vïelcart, dieu du commerce el de la navigation.
M. Derenbourg <lii que Melcarl n'esl pas désigné << »ru m< • dieu de la
navigation; il engage M. Tauxier à renoncer à une assertion qui , n'étant
pas Buffisammen! fondée, pourrait ôter <lr la valeur à l'exposition très-
intéressante qu il ;i faite.
V II.
COMMUN!) ITION s| R LES RI INES DE LA MONTAGNE DE LA QUARANTAINE j
D! CHATEAl DE IiOCII ET DE LA VILLE DE NAARAH,
PAR M. \ . GUERIN.
\l. Guérin, dans une communication faite à l'Académie des
inscriptions el belles-lettres, décrit les ruines qui couronnent
le sommel de la montagne dite de la Quarantaine, non loin de
Jéricho. Ces ruines sont celles d'une ancienne forteresse com-
plètement renversée, mais dont les contours et les arasements
demi-circulaires sonl encore très-reconnaissables ; vers l'est,
cette enceinte avait pour défense naturelle l'escarpement même
delà montagne; ailleurs elle était protégée |>ar un fossé creusé
dans le roc. .Ne serait-ce pas là, dit M. Guérin. l'une des deux
citadelles que signale Strabon sous les noms de Threœ et de
Taurus comme étant situées près de Jéricho et avant été dé-
truites par Pompée?
M. Guérin décrit ensuite les ruines qui avoisinenl l'Ain ed
Douk et qui lui paraissent répondre, à cause de leur voisinage
de Jéricho el du nom que porte encore maintenant la source
précédente, à L'emplacement du château de Doch, en grec
Aàtx, où Ptolémée, 61s d'Abobus, qui l'avait lait construire,
non loin de Jéricho , attira traîtreusement Simon Macchabée,
son beau-père, el les deux fils de celui-ci, Mathathias et Juda,
el oii il les immola tous 1rs trois ;i son ambition, au milieu
delà joie d'un festin, en les faisant tomber sous les coups das-
— 330 —
sassins apostés,l'an 1 35 avant J. C. Le même château, témoin
de cet horrible crime, est mentionné par Josèphe sons le nom
de Dagon.
M. Guérin termine sa communication par la description
des ruines de Samieh, qui lui semblent être celles de Naarah
ou Saarathn, la \eara de Josèphe, mentionnée dans Le livre
de Josué comme étant située sur la limite méridionale de la
tribu d'Ephraïm. Nous lisons dans Josèphe que Le prince Ar-
chélaûs, fils d'Hérode, amena, au moyen d'un aqueduc, dans
la plaine du Jourdain, pour en arroser les plantations de pal-
miers, la moitié de l'eau qui fertilisait le territoire de Neara.
Or au Kharbet es-Samieh coule une source très-abondante , qui
jadis, après avoir arrosé La vallée de Samieh, était amenée
par un canal dans la plaine du Jourdain. La chambre voûtée
qui renferme cette source, et les vestiges de L'édifice orné de
colonnes monolithes qui l'avoisinait, datent peut-être de
l'époque d'Archéiaûs.
Y III.
BXTRAIT ici M mi lia. DE H. sr.iu.im \\\ » M. RAVÀ1SSOH
Uhènes, 9 a octobre 1 s- 1.
Minerve esl appelée y\ax>xc#nis par Homère, parce qu'elle
ni jadis une tête de chouette; Junon, fcow-nis. parce qu'elle
eul jadis une tête de vache.
Vous trouvez dans Ovide | M<:i<nn. V, 33o), que dans le
uombal «1rs dieux el des géants, lorsque les dieux se chan-
gent «'H ;iinrn;iii\ . Junon prit la forme de la vache blanche.
Vous trouvez La tête de la vache sur les monnaies de Samos,
célèbre par le plus ancien temple de Junon ( Mionnel . Descript.
1rs nn'il. anl. pi. LXI, 6), ainsi que sur des médailles de la
c
— 331 —
colonie samienne de Vlessène i Vlillingen, [ne. coins oj ;;rcek
ciiir.s. pi. ii.i"). Tan! dans le nom de la colline Eù'£o«x près
\\\paùov. à côté de Mycènes, que dans celui tic l'île Eu£o<a.
semble se cacher le nom de vache. Selon Pausanias(lX, 3 , 'i |
on sacrifiait des vaches blanches à Junon. Selon Hérodote (1,
.'ii ). la prêtresse de Junon se rendait au temple sur un char
attelé de deux taureaux blancs, lo, fille d'Inachus, fut changée
par Junon en nue vache blanche | Ipollod. II, i. 3). ïo était
aussi prêtresse de Junon (iEschyl. Suppl. 20,9 ). Même le nom de
Mvxifveu doit dériver de yLvadco et se référer aux mugissements
des vaches sacrées de Junon. Dans les sondages que j'ai faits
à Mycènes en trente-quatre endroits jusqu'au sol vierge, j'ai
trouvé plusieurs petites vaches de (erre cuite que j'ai données
ici au musée du Varvakeion, et qui ne peuvent représenter que
l'animal sacré de Junon. Tout concourt à prouver que Junon
fioéoiris a eu jadis une tête de vache, mais que. la civilisation
avant avancé, on lui a donne une tête de femme et on a fait de
sa tête de vache son animal sacré . sa vache. Mais cette métamor-
phose doit nécessairement avoir eu lieu avant la construction
des murailles cvclonéennes de Mycènes; car même les idoles
que j'ai trouvées sur le sol vierge n'ont qu'une tète humaine
très-comprimée et couverte d'un haut polos. De la même ma-
nière, Alhéno avait à Troie une tête de chouette, qu'elle a
conservée bien des siècles après la destntetion dé la ville,
pane qu'on trouve des vases à tètes de chouette jusqu'à la
couciie supérieure des ruines préhistoriques. Elle aussi a reçu
plus tard une tète de femme; mais sa tête de chouette primi-
tive a engendré son oiseau sacré, la chouette, que vous trouvez
sur les monnaies de Sigée ei d'Athènes, de deux villes célè-
bres par leur culte de Minerve, et dont la première était en
outre le port de ITlion homérique. La métamorphose de la
tête de chouette de Minerve peut avoir eu lieu, comme celle
de la tête de Junon, des siècles avanl Homère. Néanmoins les
— 332 —
épithètes de ces deux déesses, épithètes consacrées par l'habi-
tude, ont été conservées pendant un grand nombre <lo siècles.
Lorsque vous verrez les vases à tête de chouette, vous verrez
combien se trompent ceux qui n'y voient rien do la chouette.
La tête de chouette est reconnue aujourd'hui même par mes
adversaires allemands les plus décidés, comme par exemple
M. Stark, à Heidelberg; ils admettenl même que ce sont des
idoles de Minerve; mais ils n'admettent pas encore que c'esl
la } Aa.uxùTîiï d'Homère.
\ s» i» i: ni> i c i: n° i.
SEANCE PUBLIQUE ANNUELLE
l>l \ i \l>i;i.M "7 NOVEMBRE I 87 'l .
DISC <H l>,S I) 0 1 \ ERÏI RE
m.
M. .MU RDAIN,
PRÉSIDENT DE 1." n\| 1: ! S; '1.
VIessu I RS,
I h grand poëte de l'antiquité a dépeinl en vers immortels
l.i sérénité du sage qui, des cimes élevées ou sa raison el la
science l'onl transporté, contemple d'un <eil tranquille les agi-
tations des hommes, l'ardeur de leurs convoitises, la lutte
acharnée de leurs passions el de leurs intérêts, la vanité des
satisfactions «pi ils obtiennent; et, pour toul dire, les soucis
el les misères de la condition humaine ici-bas. Mais ce sage
de l.m ter. ,1 qui la vue «lu malheur qui ne l'atteinl pas pro-
111 •■ une jouissam c égoïste, rsi-il donc le véritable sage? Vous
333
ne le croyez pas, Messieurs. \ vos yeux, la vraie sagesse est
compatissante; mêlée à la vie des hommes, elle n'est indiffé-
rente à rien <l«' ce qui les touche, el ne se défend pas de céder
aux émotions que ressentent les honnêtes gens. Quand la pa-
trie est accablée et humiliée, celui qui passe pour être sage
ne mériterait pas ce nom si, dans le fond <!<■ sa retraite, il ne
partageait pas l'affliction <!<■ tous les bons citoyens; et quelle
ne doit pas être sa consolation lorsque «les jours meilleurs com-
mencenl à luire el qu'il voit le pays retrouver peu à peu dans
les ressources inépuisables de son sol, de son travail et de son
génie le gage certain et comme les prémices d'une nouvelle
ère de prospérité!
Cependant la science consiste dans le culte désintéressé du
vrai, et son devoir est d'en poursuivre la recherche malgré
les malheurs publics et au milieu des préoccupations les plus
douloureuses du patriotisme attristé. Elle ne méconnaît pas
pmir cela ses devoirs sociaux; elle ne les sacrifie pas aux sé-
ductions d'une curiosité frivole; loin de là. elle contribue elle-
même à sauver le pays et à relever sa fortune en arrachant li-
âmes à des soucis vulgaires et en les tournant vers ces nobles
.'•tudes dont la vertu vivifiante assure aux nations qui les cul-
tivent la \ictoire sur les champs de bataille en même temps
• pie la suprématie dans les arts de la paix.
Aussi que nul ne s'étonne si les désastres de la France
n'ont pas interrompu l'œuvre de ses académies et si autour
de celles-ci on a vu se grouper, même dans les plus mauvais
jours, une phalange intrépide de travailleurs amis des lettres.
Nous sommes, pour notre part, dans la sphère des «'tudes his-
toriques et philologiques, les témoins en quelque sorte officiels
de ce labeur incessant et fécond. Cette année encore, nous
avons eu à récompenser un grand nombre de travaux impor-
tants sur les sujet- les plus divers. Que si quelques-unes des
questions que nous avions proposées n'ont pas été traitées ou
— 334 —
n'ont reçu < ju • ■ des réponses insuffisantes, nous devons recon
naître que ees questions présentaient d<' sérieuses difficultés
et qu'elles exigeaient des recherches prolongées pour lesquelles
Le temps a peut-être manqué aux concurrents.
Pour sujet du prix ordinaire, l'Académie avait indiqué,
drs l 868 , et prorogé jusqu'en 187a une Etude sur les dialectes
de la langue doc au moyen âge. Le prix a été décerné à M. Paul
Meyer, professeur à I Ecole des chartes, pour un mémoire riche
de faits el d'aperçus auquel nous avons à peine le courage de
reprocher (Frire incomplet en quelques points. L'auteur pos-
sède si bien sa matière, il e\|>ose les transformations de la
langue latine et son influence sur la langue d'or avec une éru-
dition si profonde et si judicieuse, qu'on se prend à regretter
qu'il n'ait pas poussé ses investigations plus avant, de manière
à pouvoir indiquer avec plus de précision les différents dia-
lectesque la langue d'oc comprenait el à marquer les limites
des contrées où ces dialectes étaient parlés. Les éléments d'une
solution définitive, telle qui- l'Académie lavait espérée, ne
sauraient se trouver que dans l'examen comparatif des anciens
patois. Mais ers patois, que sont-ils devenus? et quelle pa-
tience ne faut-il pas pour en recueillir les débris épars dans
les vieux diplômes! Quelque laborieuse que fût cette lâche,
elle n'était pas au-dessus du dévouement de M. Paul Meyer,
et nous ne désespérons pas «pi il ne se décide à la remplir. Il
complétera ainsi, de la manière la plus oeuve et la plus utile,
un travail déjà très-solide, et qui, tel qinl est, nous a paru
mériter les suffrages des juges les plus sévères.
C'est le devoir, c'est aussi l'usage constant de L'Académie,
d encourager, autant que possible également, toutes les brandies
de I érudition. Ce motif L'avait engagée à proposer pour sujets
de prix, après | étude sur la langue d'oc, trois questions d'un
genre bien différent : ['Histoire de la lutte entre les noirs philo-
sojmtques el les écoles théologiques sous les Abassides; )? Histoire
— 335 —
de la piraterie dans 1rs pays méditerranéens depuis les temps les plus
reculés jusqu'à la fin dit règne de Constantin le Grand; ^Organi-
sation et les attributions du sénat romain sous la république et sous
l'empire jusqu'à lu mort de Théodose. Ces dois concours restent
ouverts : les deux premiers seront rlos le 3i décembre pro-
chain, le dernier, le 3i décembre 187Ô. L'Académie pro-
pose dès aujourd'hui, comme nouveau sujet de prix, la ques-
tion suivante : Recueillir et expliquer, pour lu période comprise
in ire l' avènement de Pépin le Bref et lu mort de Philippe Ier, les
inscriptions qui peuvent intéresser l'histoire de France. Le prix sera
décerne', s'il y a lieu, en 1877; les mémoires devront être
déposés avant le ter janvier de cette même année.
L'élude de nos antiquités nationales continue à être cultivée
avec autant d'ardeur que de succès. Comment s'étonner de la
laveur qu'elle obtient quand on songe aux richesses encore
inexplorées que recèle ou qui couvrent en si grand nombre
le sol de la France?
L Vcadémie a reçu pour le concours de cette année trente-
six ouvrages dont quelques-uns sont des œuvres du plus haut
prix. La première de nos médailles a été décernée à M. Allmer
pour l'excellent recueil qu'il a intitulé : Inscriptions antiques
et du moyen dire île Vienne en Dauphiné. 11 serait difficile de citer
un ouvrage d'épi graphie qui répondit mieux que ce beau livre
aux conditions que la matière exige : fidélité scrupuleuse dans
la transcription des textes, exactitude dans la traduction, sa-
gacité dans le commentaire, indications bibliographiques at-
testant une connaissance profonde des ouvrages antérieurs
•air le même sujet. Dix années ont été employées par M. All-
mer à recueillir, dans plusieurs de nos départements et dans
le canton de Genève, les monuments qu'il se proposait de dé-
chiffrer, trop souvent il a du disputer ceux qui n'étaient pas
encore publiés à la pioche des ouvriers, qui menaçait de les
anéantir. Aux inscriptions qui remontent à la république ro-
— 336 —
maine ou à L'époque des empereurs, l'auteur a joint de lumi-
n fuses dissertations sur l'administration romaine, la hiérar-
chie militaire, les Fonctions sacerdotales et sur les routes de la
contrée qui fut autrefois le pays «1rs àllobroges. Les inscrip-
tions relatives au moyen âge el à la Renaissance devaient être
expliquées dans le même système; mais ce soin avait été laiss'é
par M. Allmer à M. Mfred de Terrebasse, qui venait de s'en
acquitter avec talenl lorsqu'il a été enlevé prématurémenl aux
espérances de l'érudition française.
C'est également à une œuvre consacrée, comme celle de
M. Allmer, à des études d'archéologie nationale, c'esl à I' Ir-
chitecture romane du midi de In France, par M. Henri Révoil,
que noire seconde médaille a élé attribuée. L'ouvrage ne
contienl pas moins de deux cent vingt-deux planches in-folio,
dans Lesquelles sont fidèlement reproduits d'innombrables dé-
tails d'architecture ou vues d'ensemble. Soumettre chaque
monument à l'analyse la plus rigoureuse, et, s'il est permis
de le dire, à une sorte d'anatoraie; faire la pari des restau-
rations qu'il a subies, des compléments qu'il a reçus: assigner
s;i date après avoir démêlé et l'ornementation el le plan primi-
tifs sous les accessoires (pu sont venus successivement les mo-
difier; recueillir de celte manière, sur l'architecture du midi
de la France antérieure au \m siècle, des notions plus exactes
que celles qu'un possédai! jusqu'ici; arriver, autant que p<>s-
sible, sur les points essentiels, à des conclusions qui aient
l'évidence d'une démonstration mathématique : tel est le bul
que M. Révoil a poursuivi et en partie atteint avec les con-
naissances spéciales d'un architecte expérimenté, le crayon
fidèle d'un dessinateur habile, la sagacité d'un archéologue
judicieux. Ses études paléographiques Lussent, il est vrai, à
désirer; plus complètes, elles lm eussent permis de retrouver
avec exactitude la dite des caractères tracés sur quelques mo-
numents; mais. ;i part ce léger défaut dans une œuvre aussi
— S37 —
considérable, le travail de M. Révoil restera comme un des
meilleurs el des plus décisifs (|u<' l'archéologie du moyen âge
;iil produits. C'est un témoignage que l'Académie se plaît à
rendre au consciencieux et éminenl artiste.
L'archéologie proprement dite, <|iii fait l'objet des deux
ouvrages précédents, u'est pas la partie principale du Dic-
tionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-
Loire, par M. Célestin Port, ;ui<|iiel nous avons décerné la
troisième médaille; mais ce dictionnaire se recommandait sous
d'autres rapports à vos suffrages, domine une de vos com-
missions vous le rappelait Tannée dernière, il est le fruit de
vingt ans d'un labeur assidu, et il se distingue par l'abondance
des documents, par l'exactitude des noms et des dates, par
l'étendue et la précision des indications bibliographiques. On
\ trouve non-seulemenl le nom des villes et des villages,
mais la liste des anciens fiefs, celle des seigneurs, des abbés,
des curés et des maires, un grand nombre d'épitaphes, la des-
cription des monuments, des sceaux et des œuvres de pein-
ture et de sculpture. Bien que l'ouvrage ne soit pas encore
terminé', les fascicules qui nous ont été soumis complètent un
volume de huit cents pages à deux colonnes. La Commission
des Antiquités nationales a pensé (pie ce volume était à lui
seul un titre assez considérable pour mériterdès aujourd'hui
une des médailles dont elle dispose. En la décernant à M. Cé-
lestin Port, elle se félicite de pouvoir témoigner, plus complè-
tement qu'elle n'avait pu le faire jusqu'ici, sa profonde estime
pour le savoir et la persévérance d'un érudit laborieux, qui a
déjà ligure avec honneur dans trois de nos concours.
Le grand nombre des ouvrages recommandables qui étaient
soumis cette année à notre approbation ne nous a pas per-
mis d'attribuer à chacun d'eux une récompense qui répondît
entièrement aux efforts et au mérite de leurs auteurs. Ainsi,
ne pouvant accorder nue médaille au mémoire de M. Prost
m.
— 338 _
sur le Patriciai dans la cille, de \hl:. non pins qu'au Recueil de
pièces pour faire suite au eartulaire de l'Yonne, par M. Quantin,
nous nous contentons de rappeler que, dans un concours pré-
cédent, ces savants distingués, à qui l'érudition <loil do si
utiles travaux, avaient occupé le premier rang, d'où nous
n'avons pas voulu les faire déchoir.
La première de nos montions honorables est décernée à
l'ouvrage de M. Alfred Franklin, intitulé Recherches sur les an-
ciennes bibliothèques de Paris, ouvrage en trois volumes in-/j°,
donl les deux premiers onl été mentionnés en 1878, et qui,
tous trois réunis, auraient sans doute remporté une médaille
dans un concours moins riche que le concours actuel.
\liu de ne pas abuser de l'attention bienveillante de l'au-
ditoire en insistant sur chacun des ouvrages distingués par la
Commission des antiquités nationales, et (pie le rapport de
notre savant confrère ML de Longpérier fait si bien connaître,
nous nous bornons à dire que la seconde mention honorable
a été accordée à M. G. Guigne pour sa Topographie historique
du département de l'Ain; la troisième, à M. A. Castàn, pour
son mémoire sur le Théâtrede Vesunùo ri le square archéologiqut
de Besançon; la quatrième, à M. de Formeville, pour son His-
toirede l'ancien évêché-comté de Lisieux; la cinquième, à M. Bou-
cher de Molandon, pour deux mémoires : l'un sur la Première
expédition de Jeanne d'Arc, l'autre sur la Salle des thèses de
l'université d'Orléans; la sixième, à M. I lysse Robert, pour sou
Etude sur les actes <l< Calixte II.
Outre les récompenses qu'elle accorde aux mémoires sur
les antiquités de la France, l'Académie dispose aujourd'hui
de deux prix de numismatique. Parmi les ouvrages mii lui
oui été adressés, aucun ne lui a pain mériter le prix de im-
mismatique ariciei pour lequel un concours annuel est ou-
vert, en vertu de la fondation de M. Allier de Bauteroche.
L<- prix de numismatique du moyen âge a été institué depuis
— 339 —
peu par M'" \feuve Ducbaiais, en mémoire d'un iils ravi pré-
maturément à l'affection maternelle. Ce prix, quiesi biennal,
sera décerné pour la première fois en 1876; il perpétuera
dans l'estime publique le nom d'un savant modeste, auquel
la science des médailles doil de bons travaux trop lui inter-
rompus par la morl.
S'il fallait mesurer la valeur d'un concours au nombre des
concurrents, nous aurions à regretter <pic deux ouvrages seu-
lement fusse ni venus disputer cette année les prix fondés si
libéralement par M. le baron Gobert. Hâtons-nous d'ajouter
que, par les lumières nouvelles qu'ils répandent sur des par-
ties peu connues de notre bistoire, ces deux ouvrages étaienl
tout à lait dignes l'un et l'autre des suffrages de l'Académie.
La Chambre des comptes de Paris , une des plus anciennes
et des meilleures institutions de la monarchie, gardienne fidèle
du domaine et de la fortune de l'Etat, appelée par la nature
de ses attributions à intervenir dans les plus grandes affaires
du pavs, méritait sans doute de trouver un historien qui fît
connaître a\<'« quelque détail, d'après des titres authentiques,
son organisation, sa compétence, lès services qu'elle a ren-
dus, les magistrats éminents qu'elle a produits, Dans l'ou-
\rage qu'il a soumis au jugement de l'Académie, M. de Bois-
lisle n'avait pas la prétention d'embrasser cette tâche dans
toute son étendue. Le titre de cel ouvrage n'annonçait même
qu'un simple recueil de Pièces justificative? pour servir à l'histoire
<l>s premiers présidents. Lu tel recueil offrait par lui-même le
plus haut intérêt: car il comblait le vide qu'a laissé dans noire
histoire nationale la destruction de la plus grande partie des
archives de la Chambre des comptes, anéanties en 1787 par
un terrible incendie. Pour réparer cette perte immense, il a
fallu a M. de Boislisle non pas seulement de laborieuses re-
cherche- à la Bibliothèque et aux Virhives nationales, mais
la générosité d'une famille dont les ancêtres avaient occupé
— 340 —
avec honneur, de génération en génération, depuis le règne
de Louis \1I jusqu'en '7<)i, la charge de premier président
de la Chambre, <'t qui, ayant conservé dans ses archives par-
ticulières, avec d'autres papiers importants, une correspon-
dance poursuivie sans interruption durant trois siècles, ne s'est
pas contentée (rouvrir libéralement ce trésor, mais a voulu
que les richesses qu'il renfermait fussenl publiées en un splen-
dide volume, sous ses auspices et à ses Irais. Grâces en soient
rendues à M. le marquis de Nicolaï au nom de l'Académie el
de tous les amis des éludes historiques. Mais M. de Boislisle
ne s'est point borné à rassembler, en suivant avec rigueur
Tordre chronologique, environ un millier de précieux docu-
ments; il v a joint, sous ce titre modeste de Notice prélimi-
naire, une introduction qui n'occupe pas moins de 1A12 pages
in-4° imprimées en petit texte, et qui contient le tableau ins-
tructif, animé, intéressant de la composition, des prérogatives
et de la vie intérieure de cette haute et intègre magistrature,
à qui le contrôle de la fortune et des dépenses publiques était
confié. Il est permis d'espérer que l'auteur, encouragé par nos
suffrages, voudra poursuivre nue œuvre si bien commencée,
et que, après nous avoir fait connaître l'organisation de la
Chambre des comptes duranl les trois derniers siècles, il écrira
une histoire complète do cotte illustre compagnie. Quelle que
soit, flans la suite, la direction qu'il donne à ses travaux,
l'Académie a reconnu, dans l'ouvrage qui lui était soumis,
l'alliance trop rare de qualités qu'elle apprécie, la nouveauté
des matériaux el l'habileté de la mise en œuvre. Elle a, en
conséquence, décerné à M. de Boislisle le premier des prix
fondés par M. le baron Gobert.
I.'- second prix est accordé' è l'ouvrage qui a pour titre :
Les Écorcheurs sous ('.hurles Vif. épisodes de l'histoire militaire de
ii France au w siècle, et pour auteur M. Tuetey, archiviste
aux Archive- nationales. Cet ouvrage a moins d'importance par
— .T'il —
son sujet que celui de M. iif Boislisie, el la rédaction laisse
trop souvent à désirer, sinon quant à l'exactitude, du moins
au point de vue du style. Et cependant c'est un livre qui a
coûté à son auteur d'immenses recherches, non-seulement
dans les bibliothèques et dans les archives de la France, mais
dans celles des pays voisins. Il abonde en détails nouveaux
et curieux, en documents qui permettent de prendre sur le
vif la physionomie des personnages et des événements. Jamais
les cruautés commises par les Ecorcheurs, les relations de
Charles Vil avec les princes allemands, la campagne du dau-
phin, qui lut plus tard Louis XI, contre les Suisses, et beaucoup
d'autres laits intéressants pour l'histoire du xv' siècle n'avaient
été racontés avec une fidélité plus scrupuleuse, d'après des
textes plus authentiques et plus patiemment recueillis. Ce sont
là. sans contredit, de précieuses qualités qui devaient frapper
I académie et obtenir son approbation.
L'Académie oe saurait se féliciter au même degré des ré-
sultats du concours pour le prix Bordin. Sur l'une des ques-
tions qu'elle avait proposées, un mémoire insuffisant, sur
l'autre un mémoire tardivement présenté : ce sont là les seuls
envois qu'elle ait reçus. Elle propose de nouveau pour sujet
de prix l'étude des saints de l'époque mérovingienne, mais en
modifiant de la manière suivante la position de la question :
Discuter F authenticité, déterminer la date et apprécier la valeur des
textes hagiographiques <jui se rapportent à l'histoire de la Gaule
sous Clovis. V Vcadémie conserve l'espoir d'obtenir un mémoire
digne de ses suffrages sur YHistoire <l<'s Ismaéliens et des mou-
vements sectaires </ui s 1/ rattachent dans le sein de l'islamisme. En-
fin, indépendamment des questions qu'elle a choisies pour
ses concours de 18- T> et de 1876, elle indique pour sujet
du prix à décerner en 1 N y 7 la question suivant!- : Exposer
l'économie politique de l'Egypte depuis la conquête de ce /un/s par
les Romains jusqu'à la conquête arabe.
— 342 —
Deux nouveaux concours <[ue la libéralité du plus savant
de nus bibliographes, M. Brunet, avait permis à l'Académie
d'ouvrir étaieni à juger celte année. Le sujet du premier étail
un ouvrage de bibliographie savante relatif à la littérature ou
à l'archéologie de l'antiquité grecque, latine, italique ou cel-
tique. L'Académie a reçu deux ouvrages qui témoignent d'une
profonde érudition chez leurs auteurs, mais qui tous deux
sont inachevés!. Sans décerner le prix, elle accorde une mé-
daille de 1,000 francs à M. Emile Huelle, pour un manuscrit
intitulé : Bibliographie générale de la (mule. Elle a cru égale-
ment ne pas devoir décerner le prix dans le second concours
qui avait pour objel l'Orient, mais qui laissait aux concur-
rents la faculté de choisir, parmi les brandies diverses des
études orientales, celle dont ils voudraient écrire la biblio-
graphie. Deux médailles de i,5oo francs chacune ont été at-
tribuées à M. Schwab pour son manuscrit portant pour épi-
graphe : Qui sctt ubi sii scientia, kabenti est proximus, cl à
M. Gat pour son Essai bibliographique sur la Terre sainte.
Pour terminer ce tableau des concours ouverts par l'Aca-
démie, nous devons rappeler qu'elle décernera pour la pre-
mière fois, en 1875, les prix fondés par M. Louis Pould pour
une Histoire fies arts ila dessin araat i'rrnlrs: par M. de la
Fons-Mélicocq , en faveur du meilleur ouvrage sur ['Histoire
det antiquités de la Picardie cl de Vile -de- France; par noire
regretté confrère M. Stanislas Julien, en faveur du meilleui
ouvrage relatif à la Chine. Sera décerné pour la première lois.
■ •n 1876, le prix lundi' par M'" Delalande, veuve Gué-
rineau, en laveur de l'ouvrage jugé le meilleur par 1 académie.
Il me reste, Messieurs, à vous parler dune institution
placée sous vos auspices, de cette valeureuse Ecole d'Athènes
qui. d'année eu année, a justifié toutes vos espérances pai
d'importantes découvertes donl vous comptez aujourd'hui
lans vos rangs plusieurs anciens membres el qui ans cess<
— 3A3 —
renouvelée dans son personnel, mais constante dans son espnl
el dansses traditions . promet à L'érudition française une longue
suite d'archéologues distingués. Ses travaux se sont trouvés
interrompus, durant la dernière année, par la construction
des nouveaux bâtiments qu'elle doit habiter. Mais dans l'in-
tervalle, grâce à l'initiative d'un Ministre que l'Institut de
France s'honore de posséder dans son sein, commençait a
s'élever, dirai-je une succursale de l'institution créée naguère
par M. de Salvandy, ou une école nouvelle? l'École archéo-
logique de Rome, destinée à recevoir les membres de l'Ecole
d'Athènes pendant une année, avant leur départ définitif pour
la Grèce. Si, en effet, l'antiquité grecque offre une ample
matière à nos recherches, que dire de l'antiquité latine? Combien
l'Italie n'otlie-L-elle |»as de monuments <jui seront éternelle-
ment dignes de nuire admiration et de nos éludes! Dans les
musées, dans les bibliothèques, quelle abondance d'inscrip-
tions à déchiffrer, de statues, de vases* de mosaïques à dé-
crire, de manuscrits à coliationner ! M. Albert Dumont, à < | ui
le Gouvernement avait confié le soin d'initier à ces utiles tra-
vaux les nouveaux membres de l'Ecole d'Athènes, avait figuré
lui-même dans les ranys de leurs aines; il avait Longtemps
parcouru la Grèce, el rapporté de ses voyages les matériaux
de savants ouvrages qui lui ont mérité le litre de docteur es
lettres et l'un des prix de l'Académie. Son active impulsion,
son dévouement éclairé |>ar uni- expérience précoce, ont
permis que l'Ecole de Rome donnât l\^>~ la première année des
résultats qu'on n'aurait pas osé attendre. Vous en avez suivi
avec intérêt le tableau dans le rapport de outre éminenl con-
frère M. Emile Egger. Je vous renvoie à ce tidèle témoi-
gnage, rendu par le plus compétent des juges aux efforts di
nos jeunes érudits. Je me borne à de rapides indications qui
vous permettront de mesurer l'espace déjà parcouru en quelques
mois.
— :\'th —
M. Blocb, agrégé des classes supérieures des lettres, chez
qui se l'ait remarquer une véritable prédilection (tour les an-
tiquités romaines, a composé un mémoire considérable sur le
texte, la date et les dispositions de la loi Ovinia tribunicia,
relative à la nomination des sénateurs. M. Collignon, se pla-
çant sur un terrain commun aux deux antiquités classiques,
a étudié, d'après les monuments figurés, la fable d'Eros et de
Psyché: le fruit do celle laborieuse étude, conduite avec
autant de goût que de savon1, a été un double catalogue d'en-
viron deux cents monuments, tels que statues, bas-reliefs,
pierres gravées, el des principales œuvres consacrées à ce
mythe célèbre. M. Mùntz, collaborateur apprécié des innales
de Fart français, appliquant à la recherche des mosaïques
chrétiennes de l'Italie son ardeur et son expérience, a recueilli
soixante mosaïques du ivc au i\° siècle, qui fourniront à la
critique ses plus surs éléments pour reconstituer l'histoire de
cet art dans l'Occident latin. M. Bnvol. déjà familiarisé par
un séjour d'une année en Italie avec les recherches d'érudi-
tion, ei M. l'abbé Duchesne, nouvellement adjoint à l'Ecole
de Rome, onl été détachés, par ordre de M. le Minisire de
l'Instruction publique, pour aller remplir, au mont Athos,
une mission qui s'est étendue à Thessalonique et à quelques
Iles de l'Archipel, el qui leur ;i fourni un certain nombre
d'inscriptions H de scolies pour l'interprétation des écrivains
grecs. M. Bavet, en outre. ;i utilisé son séjour à Salonique
pour recueillir les m;i lériaux de plusieurs mémoires sur une
ancienne église de cette ville, el sur diverses questions qui se
rattachent à l'étude de ce monument. Ainsi la philologie.
l'histoire, la science des antiquités. \ compris les antiquités
du moyen Age, onl profité à des degrés divers de l'établisse-
ment de l'Ecole <ir Rome. Cette Ecole esl déjà plus qu'une
promesse; c'esl une institution vivante el féconde, qui, dès
son début, ;< prouvé par ses neuvres quelle saurait continuer
sur Le soi de l'Italie les traditions savantes de notre nation et
perpétuer, même «*n face d'une concurrence redoutable, sa
itime renommée.
Cette noble ardeur qui pousse vers la science el les lettres
tant d'esprits généreux, les espérances qu'elle l'ait concevoir,
les fruits qu'elle a déjà portés, ce sont là autant de motifs de
confiance pour le |»avs, autant de consolations nécessaires à
l'Académie pour adoucir la rigueur dos pertes affligeantes qui
viennent de jour en jour la frapper. L'année qui s'achève, en
particulier, aura été signalée par des deuils dont le souvenir
gravé dans nos cœurs no saurait s'en cflacer de longtemps. Il
\ a neuf mois, après de brillants servicos rendus à la science
et à l'État, M. Beulé vous était enlevé dans la force de l'âge
et du talent, par un coup dont la soudaineté accroît l'amer-
tume Il v a trois mois bientôt, s'éteignail en la personne de
M. Guizol une des lumières de l'érudition el des lettres fran-
çaises : car ce titre est le seul qu'en ce moment il me soit
permis de considérer parmi tant d'autres que notre illustre
confrère pouvait offrir au respect, à la reconnaissance, disons
mieux, à l'admiration du pays. Quatre-vingt-six ans passés
pour la plupart dans l'agitation des affaires publiques n'avaient
ni refroidi chez M. (iuizot la passion de l'étude, ni altéré la
sûreté de son jugement, ni appesanti sa plume. Sa verte
vieillesse, non moins active que les belles aimées de sa ma-
turité, se préparait, dans le silence de la retraite et au milieu
des joies du lover domestique , à enrichir d'un nouveau chef-
d'œuvre notre littérature historique. Dieu n'a pas permis que
ce chef-d'œuvre fût achevé. Il a jugé, dans sa miséricordieuse
sages>e. qu'après une si longue carrière, après tant de travaux
et de si cruelles épreuves, l'âme de notre vénéré confrère était
mûre pour d'autres joies que celles de la terre, et il l'a rappelée
à lui. Cette mort a laissé dans nos rangs un vide qui. hélas!
était facile à prévoir, mais dont chacun de nous mesure avec
— 346 —
tristesse l'étendue. Qui nous rendra ce solide savoir, puisé
aux sources mêmes, cette baute impartialité, cette protonde
intelligence des faits et des institutions que Montesquieu aurait
admirées, cette parole grave et puissante qui élevait et agran-
dissait tous les sujets? Avec l'exemple de sa vie, si noblement
partagée entre le culte des lettres et les plus liantes fonctions
du gouvernement. M. Guizot nous lègue du inoins comme
héritage des œuvres <|ui ne périront pas, et qui, après avoir
contribué à nous instruire ei à nous charnier, serviront d'âge
en âge de modèles à nos successeurs.
.11 GE.MKNT DES CONCOUKS.
PRIX OI'.DINAIUK.
I, académie avait prorogé à l'année 187/i le sujet de prix suivant,
qu'elle avait antérieurement proposé pour I année 1879 :
Etude sur les dialectes de la langue d'oc au moyen âge, en \ ajoutant ce
programme :
<r Les concurrents s'attacheront à déterminer les caractères de deux au
moins de ces dialectes, d'après les documents existants, et surtout
d'après les textes diplomatiques dont l'âge et le pays sont exactement
connus, n
I. Loadémk décerne le prix à M. Paul \lr.u:n. professeur à L'École des
chartes.
L'Académie avait en outre proposé, pour l'année 1 's7 '1 , le sujet suivant :
Rechercher, d'après les documents, tant byzantins quorientaux, l'histoire
des guerres que les empereurs d'Orient eurent à soutenir contre Us khalifes et
1rs autres princes musulmans de V Isie occidentale, depuis I" mort d ll<
radius jusqu'à l'avènement d' [lexis Comnène{ 6ùi à 1081 deJ. £).
I. académie recommandait aux concurrents "<■■ uepas négliger ce qui
concerne les relations diplomatiques entre les deux partis, et d'eclatrcir,
autant qu'il sera possible , les difficultés géographiques queprésente la marche
des armées à travers V [su \fineuri
\11n1n mémoire n'ayant été rlépo I Lcadémie rel tte question
dn concours
— ;;'.:
VNTlylHTES DE LA FRANCE.
I. académie décerne :
La première médaille à M. Ali.mer, pour son ouvrage intitulé : Les
inscriptions antiques et du moyen âge de Vienne en Dauphiné , reproduites
en fae-simile. Vienne, îSy'i. -j vol. in-8°.
La deuxième médaille à M. Henry Révoil, pour son ouvrage intitulé :
Architecture romane du midi de la France. Paris, 1873, 3 vol. in— foi .
La troisième médaille à M. Célestin Port, pour son Dictionnaire histo-
rique, géographique et biographique de Maine-et-Loire. Paris cl Angers
187.T, 1 vol. in-8°.
Des mentions honorables sont accordées :
i° A M. \lfred Franklin, [tour son ouvrage sur les anciennes biblio-
thèques de Paris, églises, monastères, etc. Paris, 1873, 1 vol. in-l".
a" A M. C. Gligie. pour sa Topographie historique du département de
l'Mu. Trévoux, 1873, 1 vol. in-4°.
\ M. A. Castan, pour son ouvrage sur le. Théâtre de Vesontio et le
square archéologique de Besançon. Broch. in-8°.
4° A M. de Fobmbvillb, pour son Histoire de l'ancien évêché-comté dr
Lisieu.r. Lisieux, 1 s 7 : ; . ■> vol. iu-8°.
5° A M. Boucheb de Molandon, pour ses deux ouvrages intitulés :
I. La première expédition de Jeanne d'Arc : Blois, Crécy, Orléans, 27,
:>8, ■><) avril îâag. Orléans, 1873, 1 vol. in-8°.
II. La salle des thèses de l'université d'Orléans. Orléans, 187a, 1 vol.
in-8°.
6° A. M. Ulysse Robert, pour son ouvrage intitulé : Caluie II. Elude
sur les actes de ce pape. Paris et Lyon. 187 4 . 1 vol; ni-IS0.
PRIA DE NUMISMATIQUE.
Le prix de numismatique, fondé par M. Allier de Haoteroche, n'a
pas été décerné cette année.
PRIX FONDES PAR LE BARON COBEBT
POir. LE MAVAIL Lt PLUS 5AVAN1 I. i LE PLUS PROFOND SI R L'HISTOIBE PL FRANCE
F.T Lt^ ÉTUDES QUI S'1 RATTACHENT.
i académie décerne le premiei prix à M. dl Boislislb, poui son
— US —
ouvrage intitulé : Chambre des comptes de Paris. Pièces justificatives pour
servir à l'histoire des premiers présidents, i5o6-iy<)i. Nogent-le-llotrou.
i S 7,*}, 1 vol. in-4°.
Le second prix à M. Tuetev, pour son ouvrage intitulé : Les Faucheurs
sous Charles \ 11. Episodes de, l'histoire militaire de la France au xv' siècle.
Montbéliard, 187/i, 9. vol. in-8°.
PRIX FONDE PAR M. B0RD1N.
L'Académie avait prorogé à L'année îK-y'i la question suivante :
Faire connaître les I içs des saints cl les collections de miracles publiées
on inédites //ai peuvent fournir des documents pour l'histoire de la Gaule
sans lis Mérovingiens.
Déterminer à quelles dates elles ont été composées.
Le prix n'a pas été décerné | voir page 35a).
L'Académie avait en outre proposé pour l'année 187/1 le sujet suivant :
I. Faire l'histoire des Ismaéliens et des mouvements sectaires qui s'y
rattachent dans le sein de /islamisme.
\11r11n mémoire n'ayant été déposé. l'Académie remel ce sujet au
concours pour l'année 1877 1 voir page 35a ).
IMilV IIRIWET.
M. Bhi mt. par son testament en date du 1 '1 novembre 1867, a fondé
un prix triennal de trois mille francs pour un ouvrage de bibliographie
sunnite que V [endémie îles inscriptions, ijiii eu choisira elle-mèuie le sujet,
jugera le plus digne de cette récompense.
Ce prix, qui devait être décerné pour la première l'ois en 1871, a été
prorogé à I année 1 87 k.
Deux prix se trouvaient, en conséquence, disponibles pour cette der-
nière année.
I. académie, se proposant d'appliquer successivement la Fondation
Brunel aux diverses branches de l'érudition, avait décidé que ces prix
seraient décernés :
1 \n meilleur ouvrage de bibliographie savante relatif à l'antiquité
grecque, italique ou celtique (archéologie, histoire el littérature);
\n meilleur ouvrage de bibliographie savante relatif ^ l'Orient,
langue» littératures, archéologie, histoire, géographie, voyages, etc.
— 349 —
Étaient admis a ces deux c »urs :
i Les ouvrages manuscrits ou imprimés depuis 1871 inclusivement;
2° Les ouvrages manuscrits ou publiés de 1871 à 187.'!. et non-seule-
ment les ouvrages généraux, mais encore les monographies, comme
sersil par exemple une Bibliographie des documents qui se rapportent à la
géographie de la Terre sainte depuis le n' siècle jusqu'à nos jours.
I. académie ne décerne pas de prix cette année.
Pour la première question, elle accorde une médaille de mille francs
à M. Km. Ruelle, pour son ouvrage manuscrit intitulé: Bibliographie
,, raie de la Gaule.
Pour la seconde question, elle accorde deux médailles de quinze
cents francs chacune; l'une à M. Schwab, pour son ouvrage manuscrit
portant pour épigraphe : Qui scil ubi sit scientia, Italien ti est proximus;
l'autre à M. Gat, pour son ouvrage manuscrit intitulé : Essai bibliogra-
phique sur la Terre sainte.
ANNONCE DES CONCOURS
DONT LES TERMES EXPIRENT EN 1876, 1876 ET 1876.
PRIX ORDINAIRE DE L'ACADEMIE.
L'Académie a prorogé à l'année 1875 le sujet de prix suivant :
Faire l'histoire de la lutte entre les écoles philosophiques et les écoles théo-
logiques sous les Abassides ; montrer celte lutte commençant dès les premiers
temps de l'islamisme avec les Motazélites, se continuant entre les Aschariles
et les philosophes et se terminant par la victoire complète rie la théologie mu-
sulmane. Exposer 1rs méthodes dont se servaient les deux écoles et la ma-
nière dont les théologiens ont emprunté les procédés de leurs adversaires.
Montrer l'influence que le soufisme a exercée à plusieurs reprises sur ces
luttes ; mettre en lumière les circonstances principales qui ont pu contribuer
à la ruine de la philosophie dans le khalifat d'Orient.
Les mémoires devront (Mre déposés au secrétariat de l'Institut le
3i décembre 187 '1.
L'Académie rappelle qu'elle a prorogé les sujets suivants :
i° Pour le concours de 1876 :
Histoire de lit piraterie dans les pays méditerranéens depuis les temps les
/dus anciens jusqu'à la fin du règne de Constantin le Grand.
— 350 —
-i° Pour le concours de 1876 ;
Faire commît >•<• . d'après les auteurs et les monuments, la composition, le
mode de recrutement et les attributions du sénat romain sons la république ci
tous l'empire jusqu'à h mort de Théodose.
Les mémoires devront être déposés au secrétariat <le l'Institut, pour
la première question, le 3i décembre 187/1; et pour la seconde, le
3i décembre 187 5.
I, \(ii(|iiiiie propose en outre, pour l'année 1877. le sujet suivant :
llrrncil/ir cl crp/it/nir, pour la période comprise entre l'arenemenf de
Pépin le Bref et la mon de Philippe 1", les inscriptions qui peuvent intéresser
l'histoire de France.
Les mémoires devront être déposés au secrétariat de l'Institut le
3 1 décembre 187G.
Chacun de ces prix est de la valeur de deux mille, francs.
ANTIQUITES DE LA FRANCE.
Trois médailles de la valeur de cinq cents francs chacune seront <!<•-
rriïiéi's ;ni\ meilleurs ouvrages manuscrits ou publiés dans le coins des
années 187.3 et 187Û sur les Antiquités de la France, <pii auront été
déposés au secrétariat de I Institut avant le 1" janvier 1876. — Les 011-
vrages de numismatique ne sont pas admis à ce concours.
PRIX DE M.UIStlATH.H I .
I. Le prix annuel de numismatique Fondé par M. Allier de Haote-
roche sera décerné en 1875 au meilleur ouvrage de numismatique qui
aura été publié depuis le mois de janvier 187A. Ce concours est ouvert
.1 1 * » 1 1 — les ouvrages de numismatique ancienne.
II. Le prix biennal de numismatique fondé par M"" veuve Duchalajs
sera décerné, pour la première fois, en 1876, au meilleur ouvrage «le
numismatique du moyen âge qui aura été publié depuis !<• mois de jan-
vier 1 873.
Chacun de ces prix est de la valeur de quatre centsjrancs.
Les ouvrages devront être déposés au secrélarial de l'Institut, pour le
prix \ 1 1 11 11 di Hadtbrochb. le 3i décembre 187^, et, pour le prix Do-
1 11 ilaib, le 3 1 décembre 1 875.
— 351 —
l'KI\ H>XI>KS CVR II i:\R11X UtBF.RT.
Pour l'année 1875, l'Académie s'occupera, à dater du 1" janvier, do
l'examen des ouvrages qui auront paru depuis le 1" janvier 1876, el
.pu pourront concourir aux prix annuels fondés par le. baron Gobert. En
léguant à I académie des inscriptions et belles-lettres la moitié du capital
provenant de tous ses biens, après l'acquittement des frais el des legs
particuliers indiques dans son testament, le fondateur a demandé rrque
les oeuf dixièmes de l'intérêt de cette moitié fussent proposés en prix
annuel pour le travail le plus savant et le plus profond sur l'histoire de
France et les éludes qui s'y rattachent, et l'autre dixième pour celui dont
le mérite en approchera le plus; déclarant vouloir, en outre, que les
ouvrages couronnés continuent à recevoir, chaque année, leur prix
jusqu'à ce qu'un ouvrage meilleur le leur enlève, et ajoutant qu'il ne
pourra êtra présenté à ce concours que des ouvrages nouveaux."
Tous les volumes d'un ouvrage en cours de publication qui n'ont
|Kiiiit encore été présentés au prix Gobert seront admis à concourir, si
le dernier volume remplit toutes les conditions exigées par le pro-
gramma du concours.
Sont admis à ce concours les ouvrages composés par des écrivains
étrangers à la France.
Sont exclus de ce concours les ouvrages des membres ordinaires ou
libres el des associés étrangers de l'Académie des inscriptions et belles-
lettres.
I." académie rappelle aux concurrents que, pour répondre aux inten-
tions du baron Gobert, qui a voulu récompenser les ouvrages les plus
savants et les plus profonds sur l'histoire de France e*t les études qui s'y
rattachent, ils doivent choisir des sujets qui n'aient pas encore été suffi-
samment éclairés ou approfondis par la science. Telle serait une histoire
de province où l'on s'attacherait à prendre pour modèle la méthode et
l'érudition de dom Vaissète : l'Île-de-France, la Picardie, etc., attendent
encore un travail savant et profond. L'érudition trouverait aussi une
mine féconde à exploiter si elle concentrait ses recherches sur un règne
important : il n'est pas besoin de proposer ici d'autre exemple que la
Vie df saint Louis, par Le Nain de Tillomnnt. Enfin, un bon diction-
naire historique et critique de l'ancienne langue française serait un ou-
vrage d'une haute utilité, s'il rappelait le monument élevé par Du (lange
dans sou Glossaire de In latinité (lu moyen âge.
— 352 —
lont eu donnant ces indications, l'Académie réserve expressémenl
aux concurrents leur pleine et entière liberté. Elle a voulu seulement ap-
peler leur attention sur quelques-uns des sujets qui pourraient être
éclairés ou approfondis par de sérieuses recherches; elle veul faire de
mieux en mieux comprendre <| u*- la baute récompense Instituée par le
baron Gobert est réservée à ceux qui agrandissent le domaine de la
science en pénétrant dans des voies encore inexplorées.
Six exemplaires de chacun dos ouvrages présentés à ce concours do-
vront être déposés au secrétariat de l'Institut (délibération du 27 mars
18/10) avant le i" janvier i8j5, et ne seront pas rendus.
PRIX IÎOKDIN.
M. Rordin, notaire, voulant contribuer aux propres des lettres, de*
sciences et des arts, a fondé par son testament des prix annuels qui son!
décernés par chacune des cinq académies de l'Institut.
L'Académie rappelle qu'elle avait prorogé à l'année 187A le sujet sui-
vant :
Faire connaître les I tes des saints cl les collections tir miracles publiées
nu inédites qui peuvent fournir des documents pour l'histoire de lu Gaule
tous les Mérovingiens.
Déterminer à quelles <lutes elles ont été composées.
Le prix n'ayant pas été décerné, I Lcadémie remet la question nu con-
cours pour Tannée 1877, en la modifiant ainsi qu'il suit:
Discuter l'authenticité, déterminer lu date et apprécier In valeur des
textes liagiographiques qui se rapportent ii l'histoire de I" Gaule sous ('lo-
ris I .
Lea mémoires devrontêtre déposée au secrétariat de l'Institut le 3i dé-
cembre 1 876.
L'Académie avait proposé, pour le concours de 187&, le sujet sui-
vant :
Faire l'histoire des Ismaéliens ri dis mouvements nectaires qui s'y rat-
tachent dans h sein de l'islamisme.
\ mtiti mémoire n'ayant été déposé, I Lcadémie remet cette question
.m concours pour l'année 1 877.
Les mémoires de> roui être déposés au secrétariat de l'institut le '.\ 1 dé-
cembre 1876.
I, académie rappelle qu'elle a prorogé a l'année 1 876 le sujet suivant :
l'imli philologique et critique du texte des œuvres de Sidoine ApolUnam
— 353 -
L'Académie, en remettant <■■• 9ujel au concours, a signalé à l'atten
lion des concurrents, sans prétendre exclure les autres questions qui \
-.nui renfermées, divers points particuliers el importants, tels que l'exa-
men des manuscrits el des éditions de Sidoine, I histoire de son texte,
la chronologie de ses œuvres, la langue de l'auteur, i;i place qu'il a oc-
cupée dans -"ii temps el < 1 <i 1 1 s ceux qui l'onl suivi.
Les mémoires devront être déposés au secrétariat de l'Institut le •"> i dé-
cembre 187Û.
1/ académie rappelle qu'elle a proposé les sujets suivants :
1 Pour le concours de 1 875 :
Recueillir le* noms des dieux mentionnés dans les inscriptions babylo-
niennes ci assyriennes, tracées sur les statues, bas-reliefs des palais, cy-
lindres, amulettes, etc. el tâcher d'arriver à constituer, par le rapproche-
ment de ces t<:i 1rs . un panthéon assyrien.
Les mémoires devront être déposés au secrétarial de l'Institut le3i dé-
cembre 1 Sy'i.
a Pour le concours il'' i 876 :
Faire l'histoire de la Syrie depuis la conquête musulmane jusqu'à la
chute des Oméiades, eu s' appliquant surtout à la discussion îles questions
géographiques et numismaliques qui s'y rattachent.
Les mémoires de\ ront être déposés au secrétarial de I Institut If i! 1 dé-
cembre 1 875.
L'Académie propose en outre, pour le concours de l'année 1 87 7. le
sujet suivant :
Exposer l'économie politique de l'Egypte depuis la conquête de ce pays
par les Romains jusqu'à la conquête arabe.
Les mémoires devront être déposés au secrétarial de l'Institut le 3i dé-
cembre 1 876. ,
Chacun de ces prix est de la valeur il»1 trois mille francs.
paix loi is poi u».
I.'- prix de la fondation de .M. Louis Foold, pour l'Histoire des mis
du dessin jusqu'au siècle de Périclès, sera décerné, s'il y a lieu, en 1 S 7 r» .
L'auteur de celte fondation, amateur distingué îles arts de l'anti-
quité, a voulu engager les savants a en éclairer l'histoire dans sa partie
la plus reculée et la moins connue.
Il a mis ii la disposition de I Icadémie des inscriptions et belles-lettres
une somme de vingt mille francs, pour «Mre donnée en prix à l'auteui
11. ;> '1
35 h —
ou aux auteurs de la meilleure Histoire des arts du (h-ssm leur origine,
leurs progrès, leur transmission chez les différents peuples de l'antiquité
jusqu'au siècle de Périclès.
Par les arts du dessin il faut entendre la sculpture, la peinture, lagra-
ure, l'architecture, ainsi que les arts industriels dans leurs rapports arec
les /"•' mi
Les concurrents, tout en s'appuyant sans cesse sur les textes, devront
apporter le glus grand soin à l'examen des œuvres d'art de toute uature
que les peuples de l'ancien monde nous ont laissées, et s'efforcer d'en
préciser les caractères el les détails, soit à l'aide de dessins, de calques
nu de photographies, soit par une description fidèle qui témoigne d'une
('•Inde approfondie du shle particulier à chaque nation et à chaque
époque.
Les ouvrages envoyés au concours seronl jugés par une commission
composée de cinq membres: trois de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres, un de celle des sciences, un de celle des beaux-arts.
Le jugement sera proclamé dans la séance publique annuelle de I \-
cadémie des inscriptions el belles-lettres de l'année 1S70.
A défaut d'ouvrages ayanl rempli toutes les conditions du jW
gramme, il pourra être accordé un accessit de la valeur «les intérêts de
là som le vingt mille Francs pendant les trois années.
Le concourssera ensuite prorogé, s'il 3 alieu, par périodes triennales.
Tous les savants français e1 étrangers, excepté les membres regnicoles
di- l'Institut . sonl admis au concours.
PRIX LA PONS-M^LICOCQ.
Le pn\ triennal de dix-huit cents francs, fondé par M. 01 la Fons-Mé-
., ,, ,„ faveur du meillew ouvragi sur l'histoire et les antiquités de la
l'iea, die et de l'Ile-de-France . Paris non compris ) . sera décerné en i N;;>
L'Académie choisira entre les ouvrages m; scrits ou imprimés en
,s-;; h 187/i, qui lui auront été adressés avant le ."> 1 décembre 187Û.
PRIX BRDNET.
\\ Bbunet, par boii testament en date du 1 '1 uovembre 1867, a
fondé un prix triennal de trois mille [runes pour un ouvrage de biblio-
vante que l' [cadémie des inscriptions, qui en choisira elle-même
,,, /, jugera le plus digne de cette récompense.
L'Académie 1 proposant d'appliquer mccessivemenl ce prix aux di
— 355 —
renés branches de l'érudition, met au concours, pour l'année 1877, le
sujet suivant:
Faire la bibliographie de celles de» œuvre* écrites au moyen âge, en
vers français ou provençaux, qui «ni été publiées depuis l'origine de l'impri-
merie. Indiquer en mitre les- manuscrits où elles se trouvent.
Tous les ouvrages manuscrits ou imprimés depuis 187A inclusive-
ment seronl admis au concours el devront être déposés au secrétariat de
r Institut le :'>i décembre 1 876.
PRIX STANISLAS II LIEN.
Par son testament olographe, en date du 26 octobre 187-2, M. Sta-
nislas Julien, membre de l'Institut, a légué à l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres une renie de quinze cents francs pour fonder un
prix annuel en faveur du meilleur ouvrage relatif à la (.lune.
Ce prix sera décerné pour la première fois en 1870.
Les ouvrages devront être déposés en double exemplaire, au secréta-
riat de l'Institut, le 3i décembre 187/1.
PRIS DELALANDE-GI BRINEAI .
W Delalande. veuve Guérineau, par son testament en date du
1 fi mars 1 879 . a légué à 1" académie des inscriptions et belles-lettres une
somme de vingt mille ïvanc* (réduite à dix mille cinq francs) dont les
intérêts doivent être donnés en prix tous les deux ans. au nom de Dela-
lande-Guérineau, à la personne qui aura composé l'ouvrage jugé le
meilleur par l'Académie.
Ce prix, dont la valeur esl de mille francs , sera décerné, pour la pre-
mière fois, en 1876.
Les ouvrages destinés au concours devront être déposés, en double
exemplaire, au secrétariat de l'Institut avant le 3i décembre 1875.
CONDITIONS GÉNÉR \LES
DBS CONCOURS.
Les ouvi n\ différents concours ouverts par l'Académie
devront parvenir francs de port el brochés , au secrétariat de l'Institut,
avant le i,r janvier de l'année où le prix doit être décerné.
— 356 —
deux qui seronl desl - aux concours pour lesquels les ouvrages im-
primés ne sont poinl admis devronl être écrits en français on en latin.
Ils porleronl uneépigraphe ou devise répétée dans un billel cacheté qui
conti Ira le nom de l'auteur. Les concurrents sont prévenus que tous
ceux qui se l'eraienl connaître seront exclus du concours: leur attention
la plus sérieuse esl appelée sur cette disposition.
L'Académie ne rend aucun des ouvrages imprimés on manuscrits uni
onl été soumis ;i son examen; les auteurs des manuscrits ont la liberté
d'en faire prendre des copies au secrétariat de l'Institut.
ÉCOLE Kl! WCUSK D'ATHÈNES.
QUESTIONS PROPOSÉES POOB LES TRAVAUX DE L'ECOLE D'ATHÈNES.
I. Exposer, d'après les traditions locales ou poétiques, les récits «les
historiens el des géographes , les do les fournies par les lexicographes
ri les scoli;i>irs. les iiiscri |»t ions . soil déjà connues, soit récemment dé-
couvertes el qui pourraienl l'être encore dans des explorations bien di-
rigées, enfin par les médailles el les mont nls de Tari .surtout, les
peintures de vases, la propagation du culte mystérieux d'Eleusis dans
les différentes parties de la Grèce et dans ses colonies; en signaler les
modifications diverses, les alliances avec d'autres cultes plus ou moins
analognes; en apprécier, autant qu'il esl possible, l'influence religieuse
et morale selon les temps et les lieux.
Cette question esl mainte comme n'ayanl point été réellement
traitée.
il , Étudier la condition de la Grèce sous la domination romaine.
,n recueillant et en classant les inscriptions latines, grecques et bi-
lingues qui peuvent jeter du jour sur celle époque;
Dresser, d'après les auteurs anciens el les monuments, nue liste
des magistrats romains qui, sous divers titres, onl commandé successi-
vement dan- li tiré
Rechercher 1rs traces des caractères particuliers que les colonies
mm; g en Grèce onl pu laisser dans les moins et le langage des habi-
[anls des contrite i\ plies furent établies.
357
III. Étude sur l'établissement du christianisme eu Grèce el parliculiè
remenl dans I" U tique :
i° Faire connattre l'emplacement des églises; indiquer leur vocable;
rechercher quelles son! celles qui paraissent avoir été élevées sur les
ruines de temples anciens, el signaler toul ce qui, dans les fêtes ou les
usages locaux, peut se rattacher à des traditions de l'antiquité;
9 Compléter <'i rectifier, d'après les inscriptions chrétiennes, les di
plônies el les historiens byzantins, les parties de \' Orient chrislianus de
Lequien qui se rapportenl à des métropoles de la (irèce.
Cette question reste au programme, n'ayant poini été complétemenl
traitée.
l\ . Étudier les variétés de la prononciation dans lus diverses parties
de la Grèce et les rapports qu'elle i»<'iil conserver avec les anciens dia
lecles.
Indiquer les contrées où L'itacisme, el particulièrement la confusion
de l'Il ft de l'T avec 1*1 , n'a pas entièrement prévalu. Montrer les altéra-
tions que les changements de la pn rciation ont amenées dans la
langue parlée, el présenter quelques aperçus sur les moyens de faire
cesser le désaccord entre la prononciation usitée dans une partie des
écoles de l'Occident el celle des Grecs modernes.
\. Choisir el interpréter un ou plusieurs chapitres de Slrabon ou
de Pausanias, sur lesquels les dernières découvertes archéologiques
jettent le plus de lumières nouvelles.
\ 1. Faire une reconnaissance aussi complète qu'il sera possible des
constructions dites péiasgiques, en Épire et en Sdbanie, el déterminer
ce que l'étude de ces monuments ajoute aux notions antérieurement
acquises sur le même sujet.
VIL Traduire en français et commenter quelques chapitres choisis
dans VOnomasticon de Julius Pollux, surtout parmi ceux qui peuvent
être utilement comparés avec les chapitres corresp lanlsdes Epfir/vev-
fiara, Interprelamenta, ouvrage bilingue récemment publié, sons le nom
du même Pollux, par M. Boucherie, dans le tome Wlll des Notices et
Extrait» des Manuscrits.
\ III. Visiter tes ruines considérables qui existent au 6ud de Cyzique,
au delà du lac de Manyas I [phnitis des anciens), sur une montagne
;iu pied de laquelle se trouve le village moderne de Manyas. Ces ruines,
situées dans une contrée fort peu connue, sont probablement celles de
Pœmanenus i, lloj(jLar>/ro<: » , où l'on admirait un célèbre temple d'Escu-
lape dont parle le rhéteur Aristide, l. [, p. 5g6. Hamilton (Researches
in Asia Munir, vol. IL p. iç>8) donne une description sommaire de ces
ruines, qu'il n'eul pas le temps d'explorer. Pœmanenus, avec une. ma-
gnifique église dédiée à saint Michel (serait-ce l'ancien temple d'Escu-
lape? ) . existait encore au xm* siècle: il en est question dans Nicétas (iho-
niate, dans Anne Gomnène (p. 639 15 et C, p. 46i 15 de l'édition du
Louvre) et dans George Acropolile (p. 3i , ligne 9; p. 87, 1. 21;
p. 39, I. 8, de l'édition de Bonn). — Donner une description détaillée
de ces ruines , avec un plan, et recueillir les inscriptions de toutes les
époques qui peuvent s'y trouver.
IX. Réunir, analyser et apprécier les mémoires et documents publiés
dans les recueils épigraphiques et dans les diverses feuilles périodiques
de 1 Oiient. qui peuvent servir à l'histoire des dialectes grecs.
\. Sur le Pirée. — Faire l'histoire critique du Pirée, d'après les
monuments, les inscriptions et les auteurs anciens; rechercher en quelle
mesure le Pirée formait une municipalité distincte de celle d'Athènes,
et si le dialecte attaque s'y était altéré autant que le laisse croire le té-
moignage de Yénoplion.
Consulter, entre autres, les Dissertations de Curtius ( 1 84a) et d'Ul-
richs 1 iS'i.'î 1.
X.I. Etude historique et lopographique sur le temple d'Apollon Gar-
iiéen. près de Messène, sur le culte et sur les mystères d'Andanie,
d'après l'importante inscription trouvée, en 1 8 i> ( ( , à Constantini, <pii
contient le programme des rites à observer dans les mystères.
Voir le journal grec le <I>tÀÔ7rx7pi> du 39 novembre 1 858 et
du ■> janvier i85g; les Comptes voulus de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, année 1859, 1. III. p. 31 \dù Mysterienmschrifi aus An-
dania, von Hermann Sauppe, Gottingen, 1860; \. Maury, Histoire des
religions de lu Grèce, t. III. additions, p. 'i*r'-
\ll. Exposer la constitution i\u clergé grec aux divers degrés de sa Iné-
rarcl la rapprocher de la hiérarchie latine; indiquer les noms grecs de
chacun des membres du clergé dans les paroisses et les couvents, leurs
attributions spéciales nommer el décrire tous les objets qui sont a
— 359 —
l'usage de i Eglise, qu on emploie au service des autels vêtements sa-
cerdotaux, vases sacrés, diptyques, etc.; en faire la nomenclature el le
vocabulaire; en un mot, établir une sorte de lexique du culte grec
avec quelques souvenirs du culte païen, dans la mesure que le sujet
comporte.
Consulter sur cette matière l'opuscule d Edw. de Murall Loin, h der
morgentiuuUschen Kirehe{ Leipzig, i 83
Mil. Questions permanentes el qu'on ne saurai I trop recommander
aux membres de l'Ecole.
["enir l'Académie constamment au courant de tontes les découvertes
épigraphiques <|ui se font en Grèce el qui sont signalées dans les journaux
grecs. Envoyer à l'Académie des copies, surtout des estampages el îles
photographies, des inscriptions découvertes, en les contrôlant, autant
qu il sera possible, par l'examen attentif des monuments originaux.
La Commission de l'Académie désire que le plan d'Athènes, jadis
dressé par M. Emile Burnouf, amélioré par lui à plusieurs reprises el
dont la publication, sous sa dernière forme, est attendue, reste au pro-
gramme «1rs études de l'Ecole, [>otir être sans om piété. Il esl •
lement recommandé aux membres de l'Ecole de reprendre les exemples
de plusieurs de leurs devanciers, et surtout de MM. Wescher et Fon-
çait, en se tenanl au courant des découvertes archéologiques faites à
Athènes el dans d'autres parties delà (irèce, en \ concourant selon la
mesure de leurs moyens, el eu transmettant régulièrement, dans des
rapports adresses à \I. le Ministre de l'Instruction publique, par l'inti
médiaire de M. le directeur, les principaux résultats de leurs informa-
lions et île leurs recherches.
DÉLIVRANCE DES BREVETS
D*ARCHI\ ISTES PALEOGRAPHES.
En exécution de l'arrêté de M. le Ministre de l'Instruction publique,
rendu en i833, e statuant que les noms des élèves de l'Ecole des
chartes qui, à la tin de leurs études, ont obtenu des brevets d'archivistes
paléographes, devront Aire proclamés dans la séance publique de l'Aca-
démie des inscriptions el belles-lettres qui suivra leur promotion
I. académie déclare que les élèves de l'Ecole des chartes qui ont été
— 360 —
nommés archivistes 'paléographes pour L'année 187&, eu vertu tic la lisle
dressée par le conseil de perfectionnement <le cette Ecole, snni :
MM. Morel-Fàtio I Alfred ».
• h n.MiiTo i Gustave Adolphe 1.
Gohn (Isaac-'Adolphe |.
Ksi nommé archiviste paléographe hors rang :
M. Parfoi nui ( Mfred-Paul).
NOTICE
si i: LA VIE ET LES TRAVAUX DE M. CHARLES MAGNIN.
MEMBRE ORDIN Ulii: DE l. \<: \l)K \l II-: .
PAR M. II. WALLON,
SECRETAIRE Pl'.wi'n i I
M 1 : s s 1 1; 1 i;s .
Si j avais cédé à un premier mouvement, à un sentiraenl
partagé par vous tous après If coup qui ;i le plus récemment
frappe notre académie, j'aurais ajourné d'un an la notice que
je rédigeais pour vous parler de l'homme illustre donl trois
classes de l'institul et l'Institut tout entier ont à déplorer la
perte. M. Guizot, en effet, occupai! un rang éminenl dans
noire Compagnie, comme dans (on tes celles où il avait élé ap-
pelé .i prendre place. Les autres avaient honoré en lui le grand
orateur, le penseur profond qui avail porté dans l'étude des ré-
volutions du passé la pénétration du moraliste et l'expérience
«lu politique; l'homme d'Etal élevé si haul par son talent
connue par son caractère, qu il est resté supérieur ;m\ revers
de la fortune. Vous l'aviez élu plus spécialement pour ces le-
çons savantes et lumineuses sur les origines et les progrès de
la civilisation en France et en Europe, qui ont mis en plein
puir la constitution de la société au moyen âge '•! préparé le
— 361 —
grands travaux dont cette période importante il»- notre histoire
,i été L'objet après lui. Mais il eût été téméraire d'improviser
.mi quelque sorte sur un si grand sujet, et d'ailleurs l'usage
nous commande de céder le pas à une autre académie. Je
me borne donc à me faire, dans cette solennité, l'interprète
de vus regrets unanimes, et vous me permettrez <l \ ajouter,
au litre de la chaire d'histoire moderne de la Faculté des lettres
de Paris, un hommage particulier à l'homme dont le nom lui
restera inséparablement attaché.
Ce deuil n'est pas le seul qui ait affligé cette année notre
compagnie. Quelques mois auparavant nous avions perdu,
dans des circonstances qui font un bien pénible contraste, un
de nos plus jeunes el de uns plus brillants confrères. Parvenu
presque dès le début de sa carrière aux plus grands honneurs
dont disposent les belles-lettres el les beaux-arts, heureux
en tout et digne de l'être, il était entré dans la politique en
des jours douloureux: il avait, lui aussi, touché au pouvoir;
il s'en était volontairement retiré, et, au moment où il nous
disait qu'il nous était rendu, il nous était ravi par un coup
soudain, foudroyant. .Pour lui, l'éloge n'est plus n l'aire, il v
a peu de jours, Ernest Beulé a reçu dans cette enceinte, au
nom de l'Académie des beaux-arts, l'hommage «pie tant de
lois il \ avait lui-même rendu aux autres par des notices ou
il nous Taisait admirer l'étendue et la variété* de ses connais-
sances, la souplesse et la grâce de sa parole. Notre Académie
s'associe aux témoignages d'affection <■! de regrets que l'Aca-
démie des beaux-arts lui a rendus, el elle adresse par ma
bouche des remerctmenls au nouveau secrétaire perpétuel, qui
les a si éloquemment exprimés.
Celui dont je me propose de vous entretenir aujourd'hui,
moins connu du monde et n'ayant jamais cherché à l'être,
avait su se faire apprécier et aimer dans le cercle étroit on -.1
vie s'écoula douce et paisible. En prenant pour sujet de ma
— 362 —
«
notice ia vie et les travaux de M. Charles Magnin, j étais sûr
de rencontrer vos sympathies. Je n'avais à redouter qu'une
chose, c'est de tromper votre attente en ne reproduisant pas
cette fine el aimable figure sous les traits <|iii en sont restés
dans \olre mémoire. Si le secrétaire perpétuel n'avait le pri-
vilège de rendre ce dernier hommage à ses confrères, com-
bien n'y en a-t-il point parmi vous qui eussent été mieux
préparés à s'acquitter de ce devoir envers M. Magnin 1 Je vois
sur ces bancs, dans le vénérable dm en de notre Académie.
I ancien professeur de rhétorique sons lequel il remportait au
concours général un succès éclatant, plein de promesses. Je
vois des hommes qui, entrés dans la même carrière, ont vécu
avec lui dans des relations de dois les jours. Je n'ai connu
M. Magnin que par la bienveillance de son accueil, par l'em-
pressement qu'il mettait, conservateur de notre grande biblio-
thèque, à seconder de son érudition ceux qui venaient puiser
aux trésors dont il avait la garde; par l'aménité de son com-
merce dans nf>s réunions hebdomadaires, par la sérénité inal-
térable dont il lit preuve au milieu A><<. souffrances quand l<'
mal ipn mous l'enleva ne qous permettait plus de le voir que
sur son lit de douleur. C'en était assez, pour ('prouver le désir
de retracer la suite de ses travaux et de sa vie. Dans ce cadre
où je l'aurai replacé, chacun de vous -aura le faire revivre par
-i'» propres souvenirs.
Charles Magnin naquil a Paris le 'i oovembre 170,0'. Sun
père, Jean Magnin, originaire de Salins en Franche-Comté,
avait él rétaire du marquis de Paulmj (fils du marquis
d'Argenson), amateur éclairé des lettres, qui avait réuni a
l'Arsenal, dont il était gouverneur, une bibliothèque d'une in-
comparable richesse. Cette bibliothèque, le marquis de Paulmj
l'avait cédée (1780) au comte d Artois en s'en réservant la
— 363 —
jouissance jusqu'à sa mort, et, quand il mourut ( 1787), Jean
Magnin \ garda les fonctions qu'il y remplissait. Le comte
d' Ijrtois en avail donné la direction supérieure à Claude-Mann
Saugrain, son lecteur ordinaire, le dernier représentant d'une
Famille de libraires dont le chef avait été imprimeur-libraire
de Henri l\. lorsqu'il n'était encore que roi de .Navarre. Le
voisinage de la Bastille et le nom du comte d'Artois faillirent
être funestes à la bibliothèque dans la journée du i4 juillet
1789. Elle ne fut sauvée du pillage que par la présence d'es-
prit de Saugrain. Il y resta (il l'avait bien mérité) comme
conservateur, et Jean Magnin avec lui. Bientôt un nouveau
lien tes unit l'un à l'autre : Jean Magnin épousa la lille aînée
de Saugrain. Il mourut en 179^, son tils Charles ayant cinq
ans environ.
L'enfanl suivit sa more à Nantes, où un second mariage
l'avait fixée. Mais c'est à Paris qu'il vint faire ses études. Il \
avait son grand-père maternel, qu'il perdit en i8o5; il \ avait
sa grand'mère, qu'il entoura, jusqu'à la fin, des soins les
plus assidus et les plus tendres1, et deux sœurs de sa mère,
qui ne cessèrent de lui montrera lui-même le plus grand dé-
vouement : l'une, mariée à Claude Ruelle; l'autre, qui avait
épousé le plus jeune des deux frères de Bure-, nom vénéré
dans la librairie. Les principes religieux qu'il reçut dans cette
' «Combien il" lois, dit Saint'*- lïeuve, en ces années d'ardeur et <lo zèle, à
la veille ou au Lendemain de quelque publication de uns amis les | les, ne
suis-je pas allé trouver le soir \I. Magnin dans cette petite rue Serpente, où il
était alors! Il habitait juste en face des frères de Bure, ses parents, <•! dans la
même maison que sa grand'mère, M"' Saugrain. Chaque Fois, vers neuf heures
du soir, il me laissait un moment pour aller assister au coucher de sa grand'mère,
à laquelle il consacra jusqu'à la fin les soins les plus respectueux et les plus tendre .
Quand il allait dans 1" monde, il ne sortait qu'après lui avoir rendu ces derniers
devoirs de la journée et lui avoir donné le bonsoir filial , et il n'avait pas moins
de trente-cinq ans alors. « i Nouveaux Lundis , t. V, p. 'i53.) — Ces détails m'ont
été confirmés par an parent de M. Magnin.
'- M. Magnin a publié Bur son oncle M. J. de Hure une note biographique dans
le feuilleton du Journ il de In librairit du 17 juillet "s'i7
— 364 —
respectable Famille laissèrent en lui une i m pression que la
vie <J ii monde effaça pour un temps, mais qui reparut plus
tard approfondie par le travail de la raison.
Ce l'ut à l'institution Pitre-Chevalier, puis au collège Sainte
Barhc <|uc le jeune Charles Magnin entra en quittant sa
mère. Il suivit les cours du lycée Napoléon cl reçut des leçons
de grec de Victor Le Clerc. Il étail dans la fiasse de M. Naudet
quand il remporta en 1812, étanl nouveau, le premier prix
de discours français au concours général1. C'était le moment
où commençaient les grands désastres et la prodigieuse eon-
sommation d'hommes de l'Empire. La conscription n'attendait
même plus qu'on eût vingt ans. et le prix de discours français
n'avait p;is le privilège d'en exempter. Mais la complexion
délicate du jeune lauréat le fit juger impropre au service;
voilà comment il échappa au fléau <pu moissonna sa généra-
tion.
La Bibliothèque du roi, qui allait bientôt recommencer le
second cycle de ses changements de nom ( nous en sommes au
troisième) avait en au moins la bonne fortune de garder pour
conservateur un homme qui \ était, à titre d'employé, de-
puis 178/1, le -avant et excellent Van Praët2. Van Praët étail
l'ami intime, '-t. autant que ses occupations le lui permet-
taient, l'hôte de campagne des frères de Bure, dont l'un, je
l'ai dit. était devenu l'oncle de Charles Wagnin. Il lit entrer
le jeune Charles, presque au sortir du collège, à la Biblio-
thèque | 9 » mars 1 S 1 .'1 ).
Le noviciat de la Bibliothèque n'était pas de nature à sa-
tisfaire beaucoup les goûts littéraires du brillant rhétpricien.
Il s'agiss;ut mi de donner des livres au public ou de travailler
hi 1 .m jde Zi nobie •> turéiien.
Premier écrivain attaché au dépôt des livres eu 1 786 ; garde par intérim
en 179A; conservateur en 1790. M. Magnin a prononcé à ses funérailles un dis
cours qui .1 été inséré au \îonileui 'lu i" février 1837. Il lui ;i consacré une no
lice que l'on peul lire au lom< l.\\\ III il"' l.i Biographù universelle.
— 36ô —
dans les salles l>;issr-> à la rédaction du catalogue. Ce travail.
dont il s'acquittait en conscience, lui laissait pourtant quelques
loisirs pour des études personnelles. La Bibliothèque n'aurait
pas été une pépinière d'érudits et <!<• lettrés s'il n'en eût été
ainsi. Charles Magnin s'essaya dans les concours de l'Académie
française. En 181 5, il disputa le prix de poésie sur les Der-
niers moments du chevalier Bayard, et obtint l'accessit1. En i8ao,
son Entretien sur ï Eloquence n'ont encore qu'une simple men-
tion '-. Par la mise en scène de ce morceau 3 et par tout le dé-
veloppement de la pensée comme par le style, on voit qu'il
subit, qu'il accepte, qu'il tient à bonneur l'influence de Rous-
seau . - du Platon des temps modernes : » k Rousseau . si calom-
nié pendant sa vie et poursuivi encore au delà par des éloges
et des honneurs pires que des outrages, r, La déclamation de
son jeune Polonais (l'un des deux interlocuteurs) contre les
maux dont l'éloquence est la source est du Rousseau répon-
dant à la question : Le progrès des sciences et /les arts a-t-il con-
tribuéà corrompre ou à épurer les mœurs? Le langage du vieillard
qui redresse les arguments du jeune homme est du Rousseau
comme le jeune concurrent l'a conçu et goûté :
ô Rousseau, Rousseau! toi dont tout le génie fut dans lu conscience
et toute l'éloquence dans l'âme, à toi seul il appartenait de jeter quelque
lumière sur cette étonnante l'acuité qui se lie au mystère de l'union de
deux natures et de l'action incompréhensible de l'une *sur l'autre *.
1 Le prix fui partagé entre \l Dufresnoy, et Alexandre Soumet. Charles Ma-
;;um avilit eu l'idée assez singulière de placer sa tirade dans la bouche de Bayard
lui-même. C'était un peu long pour un mourant.
» La question était : «Déterminer et comparer te genre d'éloquence el tes qua-
lités morales de. l'orateur du barreau et de l'orateur de la triliune.- Le prix fut
remporte par M. Delamalle, ancien conseiller de l'Université et du conseil royal
de l'Instruction publique, conseiller d'État. Son mémoire esl un traité en règle
sur la matière.
s L'entreti.'ii a heu dans l'île des Peupliers, auprès du tombeau de Rousseau.
(Entretien sur l'Eloquence, p. 3.)
' Entretien sur l'Eloquence, p. 33.
— 366 —
Je n'ai cité ce passage que pour donner une idée du style
don! M. Miijjnin ne tarda point à se guérir. La déclamation
était contraire à sa nature. En i 8 a /» , il écrivait une comédie
en trois actes el en prose, intitulée : Racine, ou la Troisième
représentation des Plaideurs. La pièce, reçue à correction le
2 août 182/i, fut reçue définitivement le 20 octobre suivant
i't jouée à l'Odéon le 1/1 février i8:>(i. Le jeune auteur, sa-
gemenl conseillé par Andrieux, l'avait réduite à un acte: et
le sujet n'en comportait pas plus. Mais le triomphe et la chute
de la cabale qui avait voulu faire tomber la pièce de Racine
étaient matière de comédie, et quelques scènes ingénieusement
trouvées, vivement conduites1, pouvaient faire rire encore
rt'iw «pu avaient ri aux Plaideurs. Cela méritait mieux qu'un
Mircès d'estime et une douzaine de représentations2.
Cette petite comédie est le premier indice du goùl de Ch.
Magnin pour l'art dramatique. 11 en ébaucha quelques autres3:
s'il renonça à les produire sur la scène, ce n'est pas qu'il eût
rompu avec le théâtre, c'est qu'il se sentait plutôt appelé à
s en occuper d'une autre façon.
Le journal le (il<d>r avait été fondé en 182/i et réunissait,
mis la direction de M. Dubois el l'inspiration toute spéciale
de MM. de Broglie, Guizot, de Barante, nue brillante pha-
lange de jeunes écrivains, hommes d'Etal de l'avenir :
MM. Thiers. Jouffroy, Duchâtel, de Rémusa t. Vitet, Duver-
personnages qui se plaignaient d'être joués pris pour les acteurs qui les
jouonl . el . .1 la fin . la rencontre «les uns el des autres dans la maison de Racine, à
la confusion d< - premiers quand la pièce dont ils voulaient obtenir la suppression
par arrêt vient de triompher. dans une troisième représentation à la cour.
Le manuscrit de la pi les deux formes m'a été communiqué par l'ad
ministration de la \ il !»• de Salins. Il y en ••> eu un c pte rendu médiocrement
bienveillant dans I" Journal de» Débat» du samedi 18 mars 1 s 6. tl auteur, \
lii on en : rminant, ;i été nomm ■ avec une faveur qu'il ne < !<>i t regarder que
comme un encouragi monl 1 mieux ri ujels el aborder la véritable corné
iragi
1 M fi [uelqties |"'in ères d |ui Boni • inédites,
— 367 —
trier de Hauranne. Charles Magnin, dont la plupart avaieni
su apprécier le caractère el le talent, fui admis à \ écrire
C <'M\.
Deux grands < J < ; 1 > ; 1 1 s défrayaient alors la polémique de la
presse : le débat politique, la lutte du libéralisme contre les
résistances de la Restauration, el le débat littéraire, qui, <'n
ce temps de généreux enthousiasme, m* passionnait pas moins
(es esprits, je veux parler de la querelle des classiques et des
romantiques. Le Globe avait |>ris position dans le camp des
idées libérales et se trouvait du mémo coup disposé à com-
battre ce <]ui, en littérature comme en politique, paraissait
tenir de l'ancien régime. Charles Magnin , enrôlé parmi les
littérateurs, lit sa première campagne contre les classiques
par deux articles : l'un, sur le Philippe-Auguste, poème hé-
roïque en douze chants, de M. Parseval-Grandmaison lm, l'autre,
jur les Œuvres de Luce de Lancival2. Une épopée, quelle for-
midable machine de guerre! quelle réplique foudroyante à
ceux qui accusaient d'impuissance la vieille école! Los clas-
siques chantaient victoire, et ils inscrivaient au Temple de
Mémoire, comme ils disaient, le nom du vainqueur au-dessus
même du nom de son héros :
Sans lo Tasse, qui, sur la terre,
Saurait Godefro\ de Bouillon.'
Henri doit sa gloire à \ oltaire,
Philippe-Auguste à Grandmaison.
Charles Magnin veut sauver l'auteur du ridicule auquel l'ex-
pose celle aveugle conspiration de l'amitié. Il rend hommage
à son caractère el à son mérite, mais il demande qu'on lui
abandonne le système, qu'on cesse d'affubler du costume grec
le moyen Age3. Il pousse l'irrévérence jusqu'à rapprocher le
1 Globe du h février 1890.
- Globe des 16 septembre et 5 <irlol>re 1826.
-Du ;i renoncé dans les sciences aux problèmes insolubles, à la recherche de
— 368 —
Philippe-Auguste de la Philippine de Guillaume le Breton el à
préférer, à quelques égards, la Philippide1. Mais il ne veul
poinl passer pour barbare el se plaît à reconnaître, en termi-
nant . que - le mérite d'une diction harmonieuse et flexible pla-
cera Philippe- iuguste à la suite de la Henriade, à une distance
tort grande, mais cependant encore fort honorable 2. v
Il se croit tenu à moins de ménagements à l'égard des
œuvres de Luce de Lancival, contre lequel un ami maladroit
avait si imprudemment réveillé la critique en lin conférant les
honneurs postbumes d'une édition complète :
On d' est pas, dit-il, médiocrement surpris après avoir lu ces deuji
volumes si vides d'idées, quoique si pleins de prose el devers, de la
haute réputation qu'obtint il y a quinze ans cel écrivain, un des cory-
phées <le li oiversitë impériale et l'un des principaux représentants de
In littérature sous l'Empire. On se demande les motifs des nombreux en-
couragements el de la protection tonte spéciale dont, l'honora l'empereur.
Mais nu moment de réllexion suffi! pour dissiper la surprise. En sa qua-
lité de despote, Bonaparte haïssait la pensée à l'égal de I insurrection.
Il voulait en conserver le monopole pour ses bulletins, ses proclamations
et -en Moniteur. Dans la Dation, dans les corps constitués par lui. dans
la chaire même, il ne souffrail pas que la parole I Vit autre chose qu'un
vain bruil ei toul au plus, dans les grands jours, nue des Fanfares de la
la quadrature <l rcle, par i temple. Ne serait-il pas temps d'agi i de même en
littérature el de cesser de vouloii reproduire le moyen âge sans B'écarter <l<^
formes grecques? Il esl résulté de ce malheureux entêtement une foule 'le mons
truosilés historiques el poétiques plus ou moins étranges. La faute i<i n'esl poinl
aux règles. L'épopée acte beaucoup moins i menlée par la législation scolas-
Lique uue la poésii dramatique. Le temps, les lieux, l'ordonnance, le nombre
des chants, presque tout, dans le poëme épique, esl laissé à la discrétion du
poète; et, cependant, qoiib ne voyons presqui personn 'écarter de la routine ;
''■i|ni semblerait prouver que la tyrannie des règles n'est pas, dans le genre dra-
matique lui-même, le plus grand obstacle à l'originalité, el que, si nous ne soi'
guère «lu cercle convenu, c'est que Pin dncl imilalif est une- des lois cons
tantes el c< aunes de l'esprit humain, tandis que lo génie qui innove esl une
iception. i Caust ation* , t. I, p il
( .m-.. s . | . | . li. ! SI',- 1 S> .
\h,i\.
— 369 —
victoire. La phraséologie sonore et vide de M. Luce de Lancival conve-
nait merveilleusement à ses vues. Voilà comment il aimait la parole :
assez élégante pour n'être pas sans quelque charme, trop dépourvue de
portée pour être jamais une puissance .
Si le Philippe-Auguste de Parseval-Grandmaison avait amené
le jeune critique à parler de l'épopée, ce n'est pas à propos
des tragédies de Luce <!<• Lancival qu'il pouvait croire op-
portun d'entrer dans le débat sur l'art théâtral, agité entre les
classiques et les romantiques. Une occasion plus intéressante
allait s'offrir à lui.
On ouvrait un théâtre anglaisa Paris. On allait représenter,
non plus en imitation, niais en original, les draines de Shaks-
peare, du grand poëte que Voltaire traitait sans façon de
-maître Gilles» et de bateleur, mais en qui les romantiques
saluaient le corvpbée de l'art nouveau. La tragédie pouvait-elle
se passer des trois unités? Le comique pouvait-il se mêler au
tragique, sans en détruire l'effet ou perdre lui-même toute
sa vertu? On Fallait voir. M. Magnin. chargé de rendre compte
de ces représentations dans lo Globe, se félicite de l'enseigne-
ment qu'on en devra tirer. Dans un premier article sous l'orme
de lettre adressée à l'éditeur de* son journal , il raconte ses
premières impressions et celles qu'il a recueillies soit du pu-
blic dans la salle, soit des critiques au lover : c'est comme
une première vue de la lutte qui allait s'engager dès le len-
demain entre les feuilletons des deux camps-.
Cette suite de représentations l'amène plus d'une fois à par-
ler de Shakspeare lui-même, et il montre dans son appré-
ciation une indépendance de jugement vraiment supérieure à
toute question d'école3.
'• Causeries i'l méditations, I. II, p. 67.
- Globe, 18 septembre 1827, t. 1, p. 62. De 1820 a 1 8 2 'j , il s'était livré
avec ardeur à l'étude des langues modernes avec nu de ses meilleurs collègues el
amis, te savant et regretté Louis Dubeux.
3 Globe du >ô septembre 1807: Causeries et méditations, I. 11. p. 87-89
— 370 —
Mais le théâtre anglais lui-lnême nous donnait-il bien
Shakspeare? M. Magnin montre dans plusieurs articles com-
ni les classiques voisins de son époque ont conspiré contre
lui par les altérations qn ils lui oui fail subir : non pas certes
de mauvaise foi H pour assurer à leur parti un triomphe plus
facile sur le poëte ainsi mutilé, mais dans l'intention de le
pendre meilleur. Othello, Hamlet, Roméo et Juliette ont subi des
retranchements déplorables. Le Roi Lear a eu un sort pins
triste encore; car on lui a infligé non-seulement dos suppres-
sions, mais des additions, et Richard III n'a pas été plus
épargné '.
Cette profanation ne pourrait s'excuser <pie par la nécessité
de corrections indiscutables. Mais les remanieurs ont raremenl
la main heureuse, et M. Magnin l'a montré d'une manière
saisissante en plusieurs passages2.
hn reste, il reconnaît que (ont n'est pas à blâmer sans
réserve dans ces arrangements; qu'on devait vouloir main-
tenir Shakspeare au théâtre; qu'il fallait donc l'accommoder
un peu aux nécessités du temps :
longs drames, dit-il, qui plaisaient tant à nos aïeux du ivi* siècle,
m' -nui plus en proportion avec les goûts légers de la génération pré-
sente. Ces comédies, d'une si grande dimension h d'an travail si achevé,
ressemblent a ces vastes armures de la même époque que Ton dirait
faites pour des géants par les fées. Les curieux recueillent dans leurs
cabinets ces nobles reliques; mais l'usage en serait accablant pour noire
faiblesse. Le mal n'est donc pas, si l'on veut employer les diamants de
Shakspeare, île le- remonter à la mode actuelle, mais «le s'v prendre
avec trop peu 'le discernement. Le mal est île supprimer les beautés les
plus éclatantes, telles que la scène de la romance dans Othello, et d'a-
jouter îles pierres fausses, telles que l'amour de Gordélia pour Edgar
dan- le liai l.i ,u. [Globe du 8 août i8ag; Causeries, t. II. p. a68.)
lu i i janviei et du 16 février 1828; Causeries, t. II, p. 167 et 179-
Globeân i6févriei et du 17 mai i8a8; Causerie», t. II, p. ift-jet 910.
371 —
L'admiration sincère de M. Magnin pour Shakspeare ne
l'ail pas d'ailleurs qu'il ne voie rien hors de lui. Il né demande
pas qu'on se traîne sur ses traces. Il comprend la différence
des pays el des temps. !>•■ Shakspeare il ne voudrait voir re-
naître que !<• génie :
< )n iinus aurail mal compris, continue-l-il , si l'on supposait que parce
que nous admirons en antiquaire le rlobl ■ el large drame de Shaks-
peare, oous pensons qu'il le faille imposer de force au temps actuel ma
l'importer sur notre scène. Loin de là : ce qui se passe en Angleterre
nous prouve que cette forme, plus épique que dramatique, avec ses libertés
et son ;uii|>leur. telle enfin qu'elle nous charme à la lecture. ;i fait son
temps au théâtre . aussi bien que le drame serré el laborieusement rétréci
des poètes du vm' siècle. La forme qui convient au drame de notre
temps, si notre temps esl assee artiste pour se créer un drame, n'est
p;i> encore trouvée. La trouvera-t-on? On peut l'espérer. Si ce que Ton
publie un peu prématurément de Marion Delorme est vrai , bientôt un
notable essai en ce genre nous sera soumis, i Globe, 8 aoûl 1839; Cau-
series .t.ll. p. 268-370
Ceci était écril en 1 899. Harion Delorme Q a été représentée
qu'en i .8 3 1 . M. Magnin ne nous a point appris que son idéal
ait été réalisé.
Le théâtre anglais à Paris ne donnait pas seulement les
drame-, de Shakspeare; il représenta plusieurs pièces d'Ot-
wav, de Sheridan, de Knowles, de JNicolas Rowé : c'était pour
M. Magnin autant d'occasions d'exercer sa critique sur ces
divers auteurs et aussi de traiter les questions générales de
l'art dramatique dont ils lui offraient différents modèles. Une
œuvre de ce genre, quelque parfaite qu'elle soit, n'a de succès
que si elle est bien rendue. I 0 bon acteur est le meilleur in-
terprète du poêle, et M. Magnin eut plus d'une fois à le cons-
tater dans cette revu< du théâtre anglais à Paris :
Le jeu d'un grand acteur, dit-il après la clôture de la première sai-
son, est aussi un commentaire; c'est même le plus clair, le plus animé,
le plus frappant que l'on puisse consulter. L'acteur n'en est pas réduit à
a . » .
372 —
confier à une feuille muette son opinion pâle ri glacée; il la colore, la
vivifie, la soumet an\ impressions du parterre, ot le silence on rémotion
de l'assemblée décide aussitôt de sa \;ileur. (Globe, iq juillet 1828;
Causeries, t. 11. p. 9^9.)
Le commentaire <lu grand acteur a tant d'autorité, qu'en
une circonstance M. Magnin, convaincu par le jeu de Kean,
n'hésite pas à revenir sur L'appréciation d'un caractère lel que
lui-même l'avait conçu d'abord : celui de Sbvlock dans le Mar-
chand de Venise. Mais plus communément, c'est lui qui, par
sa grande intelligence du théâtre de Shakspeare, se trouve
en mesure de redresser le jeu des acteurs : et c'est ce qui fait
l'intérêt encore présent de ces articles. M. Magnin ne s'est pas
contenté de retracer les impressions fugitives de la soirée sur
un public qui passe; il a fait, sans l'idée de professer et sous
l'inspiration du moment, un cours de critique littéraire jus-
lilié par l'exemple du jour. Ce sont des leçons dont les inter-
prètes du théâtre, en tout temps, pourront tirer le plus grand
profit1. Même pour ce qu'il y avait d'essentiellement éphé-
mère dans la représentation, on peut, signaler des eboses dignes
de rester. Je veux parler des portraits des acteurs : de Kemble.
de Kean, de Macready, et en particulier des jeunes femmes
qui rendaient vivantes les femmes de Shakspeare. L'art a
cherché plus d'une fois à replacer sons nos \eil\ ces ligures
si gracieuses, si touchantes d'Ophélia, de Cordélia, de Ju-
liette, de Desdémona. M. Magnin lésa vues, et il lésa repro-
1 «Elle peint, dit-il de l'actrice <|m représentait Juliette, elle peint on ne peut
mieux l'amour qui B'empare de tout elle-même, sans combat, Bans réflexion, Bans
résistance; mais ne donne t-elle pas à cet entraînement une expression un peu
forte ''i <|nr|c|iii' clidsr de irop prononcer Ce premier amour d'une jeune fille,
tel que l'a peint Shakspeare, a quelque chose de si poétique qu'il faudrait,
ce is semble, que l'actrice l'entourât d'un peu plus d'indécision et de vague,
afin de laissera chacun le plaisir de le révéra son gré.» [Globe, 39 septembre
; Causerie* . 1. Il . p. 76. | Il \ a in plus que de la critique littéraire : c'est
le cœur humain révélé avec une délicatesse d'expression digne de la pureté du
Renlimenl.
duites, non pas avec cette physionomie et ce geste dont le
dessin, si vive qu'en puisse être l'expression, ne saisit le mou-
vement <|ti<' pour l'immobiliser, mais dan- toute la mobilité
«1rs sentiments, dans toutes les phases de la passion du draine
qui \il en elles et par elles. On a oublié les charmantes figures
de miss Smithson et de miss Foot;mais les portraits que M. Ma-
• • r i i m en a retracés dans leurs différents rôles exciteront tou-
jours le plus vif intérêt l.
M. Vfagnin n'a pas seulement traité du théâtre anglais dans
le Globe. Il s'\ occupait aussi de la scène française, et c'était
là qu'il pouvait voir à l'œuvre les deux systèmes qui s'en dis-
putaient la domination. Dans une suite d'articles échelonnés
de 18a h à i Soo. articles qu'il n'a pas réunis comme les antres
dan- ses Causeries et méditations* et qu'il se proposait de re-
prendre pour les soumettre à une vue d'ensemble après la
clôture du débat, il passe en revue les différentes pièces.
tragédies, comédies, draines, à mesure qu'on les produit de-
vant le public. Vins ne pouvons songer à les énumérer. Si-
gnalons entre beaucoup d'autres : le Mariage d'argent, de
Scribe, comédie de caractère à propos de laquelle il regrette
que l'auteur n'en ait pas l'ait plutôt une de ces comédies-vau-
devilles qu'il faisait si bien; le Henri III d'Alexandre Dumas.
qui lui arrache ce cri : r Dieu soit loué! voilà un drame qui
n'est imité ni de Cooper ni de \\ aller Scott; w*et pour conclu-
sion : r Quand on est si profondément ému, tout est par-
donné;» Christine à Fontainebleau, de Frédéric Soulié : il donne
à son article cette épigraphe peu flatteuse tirée des pensées
de Christine : kI ne méchante comédie est une grande mor-
tification 3. »
1 Voyez en particulier le Globe dos :> , l3 el 30 octobre 1827; Causeries,
t. II, p. <)•"> , 96, 1 1 a-i 1 h . 125.
roi. in-8°, Paris, i843. — Voyez la préface, p. xi.
Le premier compte rendu qu'il ail -i;;nc a pour sujet l'Enfant trouvé, comédie
pn trois actes d^ MM. Mazères el Picard (<H"hr, 1 fi décembre 182/1); viennent
— 374 —
Sainte-Beuve, dans une do deux notices qu'il a consacrées
à M. Magnin1, nous apprend que, vers 1898, uni' légère
division s étant produite dans l'école critique du Globe. - M. Ma-
gnin lut un de ceux qui se montrèrent le plus disposés à coni-
prendre ri à aider les poëtes s;ms leur rien céder pourtant de
ses droits comme juge. Il se laissa, continue-t-il, mettre très
ru fait du procédé, des intentions et du faire de l'école de
MM. Hugo, de Vigny, et, (oulen réservanl son indépendance,
il se plaçait pour l'examen des œuvres au point de vue des au-
teurs. Il leur appliquait les règles el les principes d'après les-
quels ils avaient désiré être jugés eux-mêmes.»
M. Magnin applaudit à l'essai tenté par Alfred de Vignj de
nous rendre Shakspeare au naturel dans le More de I ciusc.
«Enfin, dit-il, voilà ce que non- avions tant désiré. Voilà une
ensuite, après un assez tous intervalle : Louis \l i> Péronne, comédie eu cinq
actes eten prose, imi t*;.- de Walter Scolt, par M. Mely-Janin (ai lévrier i 8*j 7 )■..
Lambert Simnel, ou le Mannequin politique, par MM. Picard et Empis (ao mars);
la reprise de Roméo el Juliette, de Ducis (a 1 juin); le» Guelfes et les Gibeline, tra-
gédie de M. krnaull père (1/1 juillet); Chacun de son côté, comédie de M. Ma-
zères (3o janvier 1828); la Princesse [urélie, comédie en cinq actes el en vers
de Casimir Dèlavïgne ( 1 2 mars); le Dernier jour de Missolonghi, de M. Ozanneaux
7 mai); Roméo et Juliette, de Frédéric Soulié 1 1 '1 juin): l'Ecole de la Jeunesse,
ou le Sage de vingt ans (6 août); Marie de Brabant, drame historique de M. \n
celui (26 novembre); l'Espion, drame en cinq actes el en prose, par MM. An-
celot el Mazères. — - Pour qui n'a pas lu l'ouvrage de Cooper, difr-il â ce propos,
celui de MM. Ancelol ël Mazères aura un grand intérêt. Mais, quand on connail
l'original, mieux vaul s rêver que de l'aller voir rapetissé, amoindri et rendu
invraisemblable» (17 décembre). — Jjancaslre, par M. d'Espagnj ('1 février
■ 829); le Complot de famille, ou le Temps passé, d'Alex. Duval (16 mai )• Chru
fine de Suède, par Braull '1" juillet); Catherine de Médicinaux États de Blois,
par Lucien Arnaud (5 septembre); Clovis, tragédie en cinq actes, parNépomu-
cène Leroercier (i3 janvier i83o); Gustave-Adolphe, tragédie en cinq actes,
|p;ir Lucien trnaull (27 janvier); — el les pièces que j'ai citées dans le texte.
\bt, 8 décembre 1827, 1 '1 Février el 17 octobre 1829.) Mais il \ a nne doute
un beaucoup plus grand nombre de comptes rendus qu'il n a pas signés. s> - w
licles sur le théâtre anglais . qu'il a recueillis dans ses Causeries et méditations,
ont pas signés poui toute la série d< 1 E
1 \ / uni lit I. V, H.
— 37.") —
première pièce de Shakspeare, non plus imitée, défigurée,
travestie, mais fidèlement traduite1. » Il applaudi! surtout à
l'avénemenl du drame nouveau avec Hernani. Ce lut lui qui
chanta lu victoire dans un entrefilet inséré au Globe du lende-
main i 26 février i83o). Au moment <»ù il écrit, la salle ap-
plaudit encore. Ce n'est qu'éblouissement , enivrement; il re-
nonce à juger pour ce soir2. Le surlendemain, après la se-
conde représentation, il ne juge pas encore; nouvel entrefilet
où quelques défauts >onl avoués, mais que île mérites les
recouvrent!
Excès de forcée! de grandeur, proportions colossales, confusion du
roman vulgaire et du fantastique le plus idéal; style épique e( lyrique
du «-«»I'»iê- . quelquefois le |>lus riche et le plus harmonieux , et quelque
(bis mêle el heurté; mots «le cœur el de génie jetés on images étincc
tantes ou échappant l < • 1 1 1 vifs de simplicité; puis des recherches, « 1**^
affectations, des redites, des plaisanteries, les unes de mauvais goût, les
autres rudes et gauches, voilà certes matière à discussion. | Globe, 28 lé
vrier 1 s."">.
Le 1* mars, il reprend la plume du critique; mais il est
encore sous l'empire de l'émotion, que dis-je! de la commo-
tion produite par le drame de V. Hugo, sla plus forte com-
1 Globe, 38 octobre 1 8ag.
•Nous sortons d'£/ernam, et lu public enthousiasmé applaudit encore. Celle
grande >'t poétique composition a tenu au delà des espérances et des craintes de
ramifié el d<' l'em ie. Ébloui '!<• tant de beautés, enivré d'une poésie si vive <4 si
nouvelle, nous ne hasarderons pas ce soir un jugement; il nous faut recueillit
nos émotions et rassembler nos pensées. Nous ne voulons aujourd'hui qu'annon-
cer le triomphe de M. Victor Hugo. Hernani a obtenu un su 1 es compte) , un suc-
mérité. Grandeur el profondeur de pensée, | sie lyrique admirablement mê-
lée au drame, intérêt un peu romanesque, mais vif et pressant, vers som<nl de
facture cornélienne, le public a tout senti, tout écouté, tout applaudi. Il a indi-
qué' au poêle avec une justesse extrême quelques coupures nécessaires. Mais
l'œuvre est si pleine, si riche, que M. Victor Hugo peut élaguer quelques acces-
soires san- craindre d'appauvrir l'ensemble. ^ Suivent tes compliments pour les
acteurs, pour la mise en scène. ( Globe, 36 févrû 1 1 s>".)
— 376 —
motion dont nous ayons eu l'exemple;» et, connue il l'avoue,
- la main » lui «tremble. »
Ce drame, dit-il, va changer la face de nos discussions, porter le
jour sin- des points de critique plus avances et opérer la dissolution pro-
chaine des anciens partis littéraires. En effet, écoulez dans les foyers,
causez dans les cercles, lisez les journaux : plus un mot des querelles
de forme, des unités de lieu, de temps, d'action, du mélange des Ions.
Ces questions sont ('puisées, dépassées. C'étaient préfaces indispensables.
Nous sommes arrivés au livre : l'œuvre est commencée; elle est sous nos
yeux. Il s'agit aujourd'hui d'en jouir, et, s'il se peut, de la juger.
Et se plaçant, comme disait Sainte-Beuve, au point de vue
do son auteur pour le juger, il récuse toute comparaison avec
le draine tel qu'il avait été conçu par nos grands tragiques.
Corneille, Racine, Voltaire, agissaient vivement sur les facul-
tés maîtresses : l'esprit, le cœur, la raison. Victor Hugo s'a-
dresse à une antre l'acuité : l'imagination '.
Il ne faut pas croire que cette voie, où Ml. Magnin s'était
engagé m discutant de l'art théâtral, l'ait conduit à une ap-
probation aveugle de toutes 1rs innovations de l'école. M. Ma-
gnin, ainsi (pie le dit spirituellement Sainte-Beuve, «avait
mis des qualités d'écrivain classique au service de la cause
romantique2. » Mais, connue il ne les abdiquait point pour
lui-même, il ne supportait pas non plus qu'on les heurtât
violemment en matière de versification ni de style. Il n'ap-
prouve pas qu'en haine de la césure fixe de l'alexandrin on
aille, par l'abus des enjambements, retomber dans une mo-
notonie d'une autre sorte. Molière et La Fontaine lui pa-
raissent avoir montré comment on peut se conformer à la
règle sans s'\ asservir, s'en ('carter sans lui porter défi. S il
n'admel pas davantage que dans l'ode la strophe doive mar-
quer une limite fatale au développement de la pensée; s'il
Glohe, i " mara i 83o.
\ouveattj Lundit . I. V, p. 'i '17-
'■
— 377 -•
admire Victor Hugo laissant, dans la Marche turque, le Ilot
de son inspiration déborder et se répandre librement de
strophe en strophe jusqu'au terme de l'ode, il est bien loin
de rompre toutes les digues1. Il comprend la sagesse qui fit
jadis imposer le> règles à une poésie encore sans discipline;
il apprécie les qualités fortes et solides qu'elles ont données
au vers français; il souhaite que la poésie, tout en s'émanci-
panl. les garde, «•( il craindrait surtout que. par une sorte
de réaction, à la tyrannie du passé elle ne substituât, comme
il arrive souvent dans les révolutions, une tyrannie d'une
autre sorte, ramenant les poètes sous le joug dont ils se
croyaient affranchis. On peut être rassuré, du reste, sur ses
tendances romantiques, lorsque l'on voit que les poètes et les
•n-nains qu'il goûte le plus sont, avec Victor Hugo dans ses
premiers ouvrages, Mérimée, «le chef le plus brillant et le
plus heureux, disait-il, qui ait conduit au feu l'avant-garde
romantique,» - le Mazeppa d'une armée dont M. \ ictor Hugo
est le Charles MI,» — comparaison qui exprime plus d'ad-
miration pour l'homme que de confiance dans son triomphe2;
— avec Mérimée. Alfred de Vigny, le chantre d'Eloa, Sainte-
Beuve (n'oublions pas que rémunération est antérieure à
i83o ) : tous noms accueillis, consacrés par l'Académie fran-
çaise. Le jugement si droit, si mesuré de M. Magnin; le
goût si pur. si scrupuleux dont il fait preuve dans ces ar-
ticles: son éloignement pour tout néologisme; sa vieille habi-
tude de la langue que le xvuc et le xviue siècle ont parlée,
pouvaient donner l'assurance que. s'il louait la nouvelle école
pour l'essor qu'elle voulait rendre au génie littéraire, il ne la
suivrait jamais dans ses écarts3.
1 - Qu'est-ce que l'esthétique?» ( Globe du 7 octobre et du 1 v novembre 1 829 ;
Causeries , t. 1 . p. 84.)
2 Globe, ::."> avril ijt 'io mai iSjçi . ~ Une Chronique du lemps de Charles XII ;••
Causeries . t. [, p. -2 '18.
' Voyez sos arlHos sur Lu nr . In poésies et le» pensées f\c Joseph Delormt
— 378 —
.1 ;n groupé les articles écrits par M. Magnin sur le théâtre
dans le Globe. Il v aborda plus d'un autre suie! de littérature
française ou étrangère; il ayail aussi, par plusieurs articles,
témoigné de sa vieille prédilection pour Virgile1 <it d(> son
goût pour l'antiquité. Il avait esquissé <'n traits rapides l'his-
toire do la numismatique, dans un article sur un ouvrage de
Mionnet2; il traitait la question homérique, lorsqu'éclata la
révolution do Juillet.
II.
Si M. Magnin, appelé à écrire dans le Globe, n'y avait
[»ris part qu'aux débats littéraires, il n'était pas resté indiffé-
rent aux débats politiques agités en même temps dans ce
journal. A cet égard, ses liaisons d'écrivain et ses amitiés,
son penchant naturel aussi sans doute, l'avaient entraîné
dans une voie tout autre qu'on ne l'eût attendu de ses rela-
tions de famille.
Propriétaire pour une part dans le journal où il écrivait .
[Globe, 36 mars 182g), sur 1rs Poèmes d'Alfred de Vigny (ai oclolirc 189g
Causeries ,1.1. p. ao5 el sa5.
1 Etudes grecques sur I irgile, par M. Eichboff (G/o&e, 97 décembre i8a5);
Khi li a sur Virgile, par M.Tïssol (17 juin 1S2I'»).
> Delà rareté el du prix des médailles romaines [Globe, ■> mars 18285 Cause-
. I. I, |i. i5o). — Signalons encore dans le Globe quelques articles qu'il a
signés sur des divers sujets : L'Honnête homme, <>n le Niais, roman de Picard
(3o avril i8a5 i; Sainte-Périne , souvenirs contemporains ( 37 mai 18a 6); lu-Kiao-
h',ou Les Deua cousines, traduit du chinois par \!>"l Rémusat .trois articles fort élu
diés l 33 décembre 1826, 27 janvier el 39 février 1827 ); Résumé de l'histoire
littéraire il" Portugal, par M. Ferd. Denis 1 ii> ci 38 juin , -m juillet et 39 no-
vembre 1837 r-. De lu Grise suivant l'opinion il" collège et il'1 l<i Grèce véritable, à
propos 'l'un poëme de W . Efaygarth - 37 août 1 837 ). Il y ril , non sans raison , de
eetu qui prendraient volontiers les noms des lieux consacrés aiu Muscs ou à ipol
Ion comme des & uonymes poétiques; qui regardent le Pinde, le Parnasse el l'Hé
licon comme une même chose [le Parnasse, montagne fabuleuse à lai/iit'lli' on
donne aussi le nom de Pinde et d'Hélicon), el qui fonl couler les sources sacrées de
importe quelle m Ion le besoin de la mesure ou de. l.i rime. Nos col
1 ont plus I n 'l'ail. m prendn de leçons du poète anglais
— 379 —
il signa, le 9 mars 1827, avec MM. Dubois, Guizot, Duchà-
lel, de Rémusat, Vitet, la déclaration qu'ils étaienl décidés à
ni point se retirer devanl les entraves donl les menaçait la
censure, nouvellement rétablie sur les écrits périodiques, et,
dans le mouvement électoral de cette année, il coopéra à la
fondation de la société Aide-toi, le ciel (aidera, société formée
pour défendre la liberté des élections, et d'où il se retira
avec ses amis drs que le but propos»'1 l'ut atteint par la nomi-
nation de la Chambre nouvelle1.
La révolution de 1 800 répondait a ses vœux: elle ne le sa-
tisfit même pas. Tandis que la plupart de ses amis politiques
se rangeaient autour du gouvernement qu'ils avaient contri-
bué à établir. M. Magnin resta dans l'opposition. 11 laissa ses
anciens collaborateurs du Globe entrer dans lé ministère ou
dans les assemblées publiques el s'attacha à Armand Garrel;
il quitta lui-même le Globe, dont la direction passait de
M. Dubois à Pierre Leroux-, et il écrivit dans le National. 11
en adopta les idées jusqu'à un point dont peuvent s'étonner
ceux qui ne l'ont connu que plus tard. Les écrivains restés au
National après la révolution de i83o voulaient rendre le gou-
vernement solidaire de toutes les révolutions qui avaient
éclaté' en Europe à la suite des journées de Juillet. Il y avait
quelque chose de vrai dans leur manière de voir. .Mais, parce
que la révolution avait renversé le trône de Charles X, fal-
lait-il lancer la France dans toutes les aventures que le
contre-coup de cel événemenl avait pu faire tenter an dehors?
Le prince qui avait accepté la couronne ne le croyait pas: il
croyait que son premier devoir était de servir les intérêts de
son pays. Or, si l'opposition voulait la guerre, les intérêts de
la France réclamaient la paix. Le gouvernement voulut donc
La Chambre élue les 17 el :»'i novembre 1897, qui so rôunil le 5 février
is. •
a Le 1 A aoul l83< L< Globt allait devenir saint-simonien.
380 —
lu paix, non la paix à (oui prix, connue on le disait jadis : il
I»' monda en {fardant l'Algérie, malgré le mauvais vouloir de
l'Angleterre; eD faisant pour la Belgique le siège d'Anvers,
malgré les menaces de la Prusse; en occupant Ancône pour
répondre aux provocations de l'Autriche en Italie. Il voulait
la paix avec le maintien de son droit et le respect du droit des
autres. Et ces hommes du National, les amis d'Armand Car-
tel, quand ils sont devenus, à leur tour, par une autre révo-
lution, maîtres du pouvoir, qu'ont-ils proclamé, qu'ont-ils
fait au milieu des nouvelles secousses de l'Europe? La paix.
Mais en iS3i, contre leurs alliés de la veille étahlis dans les
conseils du gouvernement, ils réclamaient la guerre, ei
M. Magnin la demandait avec eux. Dans un article du 2 mai
1 S3i , sur la Renaissance de la liberté en Italie, de Sismondi, il
se sépare des puhlicistes qui réduisaient la guerre au droit de
défense, et il salue en elle un des instruments de la civilisa-
tion1, il proclame son admiration pour ries grands génies
qui niellent de temps à autre la main aux affaires humaines
et semhlent tenir de la Providence la mission d'ordonner le
globe mit un meilleur plan, » et déclare que . pour les peuples
«qui n'onl pas atteint leurs frontières naturelles, le premier
besoin est d'entrer en possession de ces limites;» que celui
du bien-être et de la dignité au dedans ne vient qu'après. Il
'■-i inutile d'ajouter qu'il adoptait toutes les vues de Sismondi
sur I Italie: mais il u'estime pas qu'elles puissent être de si-
tôt comprises du pouvoir :
Il m \ .1 jiliis d'espoir que dans l'avenir. Ce n'es! pas de la main du
gouvernement actuel que sortiront des Etats indépendants, «les répu-
bliques, ni même des royautés républicaines; mais peut-être un jour
■ - \\.ini et depuis Télémaque, on a beaucoup dédamé contre la guerre. Les
publii isi.-s oui réduit avec plus ou moins de rigorisme l<- droit de guerre au droit
de défense. Ce n'est que de nos jours qu'un philosophe, cherchant à rendre rai-
son de l'enthousiasme populaire qui ^st attaché dans tous les iem|>s à la mé
— ;'»M —
d'autres circonstances perniettront-eUes a la France d'entrer «lai)-, nue
politique moins égoïste; peul-être :raindrons-nous pas tqujours de
combattre pour l'affranchissement de nos voisins. (Causeries, t. I,
p. 437.)
Il revient sur ces idées avec plus d'amertume encore dans
un article sur les Voyages historiques et littéraires en Italie, pen-
dant les années 1826, 1837 et 1828, de M. Valéri (ier juin
1 83 1 ). L<> livre lui paraît venir bien mal à propos, quand
l'Italie est livrée - par notre égoïste diplomatie au fer de l'Au-
triche. - Mais, ajoute-t-il, «viennent des circonstances qui
nous permettent de visiter l'Italie sans avoir à rougir de la
conduite de notre gouvernement, et un bon guide ne nous
manquera plus1.» Et ce n'est pas seulement à propos de
livres sur l'Italie qu'il exprime ces idées belliqueuses : les
sympathies pour l'Italie étaient universelles, même parmi
ceux qui ne croyaient pas pouvoir jeter la France dans une
guerre européenne pour les satisfaire; c'est aussi dans un ar-
ticle spécial où il en fait la loi de toute révolution; en telle
sorte que, la raison de guerre n'existàt-t-elle point, il lau-
drait l'inventer. L'article inséré au National du 16 mars 1 83 1
a pour titre : Comment une dynastie se fonde.
De toutes les manières de fonder une dynastie, la guerre est, sans
contredit, la plus eflicace. On citerait difficilement un seul chef de race
rovale qui n'ait été un roi guerrier. Pourquoi? C'est qû" un changement
de dynastie n'est jamais un simple changement de personnes; c'est la dé-
faite d'un vieux principe et l'avènement d'un nouveau. Toujours, après
une déposition populaire, il \ a dissension civile et nécessité d'une
guerre étrangère. Une nouvelle royauté ne peut s'étahlir qu'à la condi-
tion de comprimer la minorité du dedans et de faire triompher le nou-
veau principe au dehors.
moire des Charlemagne , des Frédéric et des Napoléon, a proclamé la guerre un
des instruments de la civilisation, une des conditions malheureuses, mais néces-
saires, des progrès des sociétés.- : Catueries, t. I, p. /128. )
1 National ia 1" juin tS.'Ji: Catueries, f. t. p. '11 3.
_ 382 —
Et, après avoir cité l'exemple de Guillaume III à la suite
le la révolution de 1688, il ajoute :
Il n'y a rien de tel que le canon pour l'aire dos rois. Si j'avais Phon-
iinir d'être précepteur de prince, je répéterais tous les soirs à mon élève:
^Les balles ennemies sont la sainte ampoule1. «
Hélas! ce n'est pas plus un sacre qu'un baptême! Vous
vouliez dire comment une dynastie se fonde; c'est bien aussi
comme cola qu'elle se tue, laissant après elle, ce qui es! plus
grave, le pays sanglant et mutilé!
M. Magnin resta au National jusque vers la lin de i83a.
Après les journées de juin, comme la justice recherchait Ar-
mand Carrel, contre lequel il \ avait mandai d'amener, il vint
à la rédaction du journal prendre sa place II donna encore
au National quelques articles littéraires'2; niais ces tristes
journées le dégoûtèrent sans doute de la politique militante à
laquelle il était près de se laisser aller, et d'autres soins Tab-
laient rattacher plus étroitement à ses premières éludes. Le
1 l\ novembre 1 83 ï , il fut nommé conservateur des imprimés
de la Bibliothèque royale. I n biographe insinue que ce fut
pour le gouvernement un moyen de le ramener à lui: c'esl
faire injure à M. Magnin el au gouvernement. M. Magnin
était employé à la Bibliothèque depuis vingl ans3. En lui
donnant cet avancement, M. Guizot ue faisait que justice, el
ML Magnin n'avait à fane et ne faisait le sacrifice «rancune de
-es amitiés, d'aucune de ses convictions. J'en ai pour preuve
l'hommage public qu'il rendait plus tard à Armand Carrel
( auseriet, l. I . p. ioç).
L'Homme sans nom . i pisode de 1 793 ■ par Baliancfae | la politique \ gronde
encore 18 juillet i83a 1; Histoire du C.nclr il, craie, drame traduit <lu chinois
■'- aoôl i83a
kide le a 5 mars i8i3,aux appointements de 1,800 francs; troisième em-
ployé, 1 mars l8i5| 1,000 francs); deuxième employé, a3 décembre i8a4
1,600 francs : premiei employé, 1" juin i83i (9,600 fram s
— 383 —
dans nu article sur Augustin Thierry, en t84i '.J'en ai pour
preuve encore la place qu'il lii à ces articles dans lesdeus vo-
lumes Formés d'un choix de ses Feuilletons (i8/i3).
Les articles insérés par M. Mfagnin dans le Globe et dans h
\ntional pouvaient faire voir à quel point il était initié à (a
littérature étrangère, [lavait traité du théâtre anglais el de la lit-
térature espagnole, et montré â cette occasion «jifil ne connais-
sail pas inniiis les chefs-d'œuvre de l'Allemagne H de l'Italie.
Il a'esl donc pas étonnant qu'en 18.V1 M. Fauriel, voulant
s.- faire suppléer dans le murs de littérature étrangère inau-
guréparltri à la Faculté des lettres, se soit adressé à M.Magnin2.
M. Magnin avait dan- ses nombreuses études une matière
de cours admirablement propre à captiver le public : le
théâtre. C'est en effet le sujet qu'il choisit; mais ses leçons
ae devaient avoir rien de commun avec les spirituels et bril-
lants articles 011 il avait passé en revue les différentes pièces
représentées sur la scène anglaise à Paris. Il prit le théâtre,
non avec Shakspeare, Lope deVega ou Galderon; il le prit
dans ses origines, et toute son année fut consacrée à l'anti-
quité. Son sujet était donc à peine entamé, et M. Fauriel ne
paraissait pas disposé à remonter dans sa chaire. Mais M. Ma-
gnin n'était pas docteur ni disposé à changer, pour le deve-
nir. Tordre de se> études: aux improvisations de la chaire, il
préférait le silence du cabinet et les facilités 'qu'il offre aux
compositions érudites. Il laissa donc sans regret la suppléance
1 Revue des Deux Mondes, l" mai i8fil, et Causeries, t. I, p. 690. — Il ne
se montra pas le moins vif dans la lutte soutenue par le conservatoire de la Biblio-
thèque contre l'ordonnance de i83g, qui faisait passer la direction de ce grand
établissement entre les mains d'un administrateur généra] : mais ici il se confond
avec les autres dans les lettres signées des noms de tous. (Voyez les Lettres des
conservateurs delà Bibliothèque royale sur l'ordonnance du 92 février iK3o,, re-
lative à cet établissement; Paris, 1 83g.)
- Il avait déjà suppléé I.-J. tmpère dans la conférence de littérature étrangère
à l'Ecole normale, i83t-i83a.
— 384 —
de M. Fauriel et se mil à compléter ses leçons pour en faire
comme le préambule de L'histoire qu'il avail en vue, et dont
il publia le premier volume en 1 838 : Histoire du génie dra-
matique, depuis lé ier jusqu'au xvie siècle, précédée d'une intro-
duction contenant des études sur les origines du théâtre an-
tique. C'est le principal titre littéraire de M. Magnin; il
convient donc de nous y arrêter un peu plus.
[II.
Dans sa préface, qui n'est au Ire chose «pie la leçon d'ou-
verture de son cours à la Sorbonne. M. Magnin part de ce
principe : que le génie dramatique est un des instincts de
l'espril humain; qu'il n'a donc pu jamais lui faire défaut, et
qu'à toute époque on doit en retrouver les manifestations
plus ou moins prononcées. L'antiquité a eu un théâtre qui a
lini avec l'empire romain; les temps modernes ont un théâtre
qui a commencé au xvie siècle. Quelles ont été dans l'inter-
valle les manifestations du génie dramatique? C'est ce qu'il
s'agit «le mettre en lumière.
Pour le mieux découvrir, l'auteur s'est demandé <|uollcs
sont, les principales formes du théâtre aujourd'hui; il trouve
l'Opéra, le Théâtre-Français, les théâtres des boulevards, et.
il \ signale trois types distincts : l'Opéra, avec ses traditions
mythologiques ••! ses féeries, ses chants ei ses danses, lui re-
présente le drame hiératique; le Théâtre-Français, dont les
sociétaires se sonl appelés jadis «messieurs les comédiens or-
dinaires du roi.- le drame aristocratique, et les théâtres des
boulevards le drame populaire. Ces trois caractères paraissent
indiquer autanl de sources différentes; il annonce qu'il les re-
trouvera au moyen âge, et, pour mieux établir qu'elles sont dans
la nature des choses. J les recherche jusque dans l'antiquité.
On voit quels sont les procédés de sa critique. Il ne pari
— 38."> —
point de l'antiquité pour descendre aux dernières évolutions
de l'art théâtral. Il prend le théâtre tel qu'il le voit aujour-
d'hui; il y reconnaît trois caractères; il v soupçonne trois ori-
gines. et, pour voir si ce n'est pas un fail primordial, lié au
développement de l'humanité elle-même, il se propose (l'on
découvrir la trace dès les premiers temps de la civilisation.
dette marche du connu à l'inconnu est légitime; mais le
saut est grand d'une extrémité de la civilisation à l'autre, et
il v a péril à chercher dans un si vaste champ la vérification
d'une idée préconçue.
Le péril est d'autant plus grand que l'objet de la recherche
est moins nettement défini.
Qu'est-ce que le drame et à quel signe le reconnaître?
Est-ce un dialogue/ Mais un monologue peut être un drame
admirable, témoin la Magicienne de Théocrite; et un dialogue
peut n'avoir rien de dramatique, témoin les dialogues de Pla-
ton et de Lucien. M. Maguin est donc amené à définir le
drame -tout ouvrage où le poêle, mettant de côté sa person-
nalité, parle et agit, ou fait agir et parler des acteurs au
nom de personnages fictifs, dans le but d'exciter la curiosité
et la sympathie d'un auditoire» (p. i3).
Avec c< tte définition, on comprend qu'il ait rejeté la dis-
tinction absolue de la poésie en trois genres : épique, lyrique
et dramatique. Il trouve le drame dans I'ép8pée; il le trouve
dans Homère, non pas seulement dans son poëme tel que
nous le lisons, mais dans la manière dont il était chanté par
les rapsodes': il le trouve dans la poésie lyrique. Il en si-
gnale le germe dans les chants, sinon dans la monnaie, au
moins dans les chants nmœbées ou alternatifs, d'où est sortie
1 II se demande s'ils le chantaient isolement ou plusieurs à la fois, et ne pa-
rait pas éloigné de prendre dans ce sens le passage <>ù il est dit qu'Hipparque
réunit des rapsodes et leur fit chanter leurs morceaux eu se relayant sans inter-
ruption, ;£ faoAityeas ètyeZùï | p. 17).
il. a 0
— 386 —
l'églogue. Il le Lrouve dans les danses : danses sérieuses imi-
lanf les poses les plus nobles: danses comiques contrefaisanl
en les allures de la bête ou les ridicules de l'homme. Il le
lrouve plus marqué dans l'union du chant et de la danse,
dans les chœurs cycliques menés par les Pélasges autour des
victimes humaines qu'ils immolaient. Il le trouve surtout dans
les chœurs dithyrambiques du culte de Bacchus, aux fureurs
meurtrières, et il montre comment se iil le passage du chant
dithyrambique, déjà humanisé par Orphée, par Musée, au
'lueur tragique deThespis, el du chœur tragique deThespis
à la tragédie d'Eschyle '.
Dans ces fêtes, quand le chœur se reposait, il arrivait
qu'un des assistants, le premier venu, improvisait quelque
monodie. Thespis lut le premier qui prépara et écrivit, dit-
on. ces morceaux accessoires dans un mètre différent de celui
des chœurs; il substitua un acteur véritable à l'improvisateur
improvisé'. IMirv nichiis ( el il est difficile «le croire que Thes-
pis ne l'ait pas fait aussi) associa plus directement les chœurs
aux sujets des épisodes. Enfin Eschyle dégagea la tragédie de
ses langes lyriques. A l'acteur unique et aux monodies iso-
lées il substitua des duos amœbées (plus lard, à I exemple de
Sophocle, des dialogues à trois) qui se succédaient en scènes
liées l'une à l'autre ei marchant vers un dénoûment. Ce dé-
noùiiien! rappelait le caractère originaire d(^ sacrifices au-
lour desquels ces chœurs sanglants s'étaient formés. Une vic-
time humaine était immolée : îgamemnon . Clj temnestre, etc.
Seulement l'immolation ne se taisait point comme on s'est
plu à le faire depuis, sous les \eux des -pecl.ileurs.
Voilà l'origine de la tragédie. Pour la comédie, M. Magnin
■ Les premiers chœurs dionysiaques étaient tout ;'i la louange «I*1 Bacchus;
dans quelques contrées, chei les Doriens, surtoul à Sicyone, on y joignit l'éloge
d'autres dieux on béros : choeurs héroïques nommés tragiques lorsqu'un bouc
ij ot en devinl I*1 prix
— 3S7 —
en a signalé les premiers commencements dans c< s danses
grotesques imitant ou les allures de la bête ou les travers des
hommes : les premiers devinrent les drames satyriquès; les
autre-, ces parades promenées sur des chariots de bourg en
bourg (xù)(iri$6v) qui, vers la 53e olympiade, obtinrent un
prix aussi dans le bourg d'icarie. La comédie étail instituée.
Cette intéressante étude sur les origines de la tragédie, de
la comédie et du drame satyrique, qui fait le premier cha-
pitre «le l'introduction de M. Magnin, l'achemine à Ja dé-
monstration <|ii il s'esi principalement proposée, à savoir: que,
daiis l'antiquité comme au\ temps modernes, le drame a eu
trois sonnes : hiératique, aristocratique , populaire.
I. Source hiératique. Les mystères institués par le sacerdoce
dans l'intention de travailler à civiliser les pennies et d'en re-
tenir le secret : mystères de Samothrace, mystères phrygiens,
mystères de Bacchus avec des scènes dramatiques dans les
cérémonies oè l'on conviait les initiés1. On a vu comment la
tragédie était née des chœurs dionysiaques: la tragédie trôna
1 En Samothrace, la morl du plus jeune des Cabires, Cadmillus; en Phrygie,
on Phénicie, un jeune enfant mis à mortel rappelé à la vie; à Eleusis, dans les
petits mystères, le passage de la \ic sauvage à la vie civilisée, et, quand on eut
reçu le mythe égyptien d'Osiris, le passage do cette vie à une vie nouvelle au
sein des champs Élysées ou du Tartare; dans les mystères île Bacchus, les théo-
gonies ou représentations de la naissance du dieu, les iogttcchies on processions
triomphales. Le rite de la créonomie ou partage entre les initiés des viandes di\
sacrifice, que chacun mangeait crues, rappelait ces fêles de cannibales dont Or-
phée avait tiré les Grecs :
Victn fœdo deterruit Orpheus.
t
Enfin, quand les mystères dionysiaques eurent été reçus à Eleusis, quand le
nom d'Iacchus fut joint à celui des Deux «liesses, aux pompes extérieures de la
fête, qui se prolongeait, non pins pendant cinq jours, comme aux Eleusînies
primitives, mais pendant neuf jours, se joignirent aussi, même pour les grands
mystères i on le peut supposer), ces représentations dramatiques qui étaient sur-
tout dans l'esprit du culte de Bacchus : la fable du jeune laccbus déchiré par les
Titans, rendu à la vie par Cérès; le mariage mystique de Bacchus et fie Cérès.
; flistoirr il» Thmtre, eh. ri, p. 72 et sni\.
36.
— 388 -L-
donc tonl naturellement au temple de Bacchus, el elle entra
aussi dans le temple d'Eleusis quand les mystères dionysiaques
eurent été réunis à ceux des Deu\ déesses.
II. Source populaire Indépendamment des grands jeux :
jeux Olympiques, Néméens, Pythiens, Isthmiques, jeux con-
sacrés à des exercices corporels, où chacun était admis à dis-
puter le prix de la force ou de l'adresse, le peuple prenait
part aux spectacles dans les pompes des Eleusinies et des fêtes
particulières aux diverses républiques (les Panathénées, etc.).
Il v eut sa part sur le théâtre dans les chœurs, dont le recru-
tement était à la charge du chorége. A ces jeux, à ces chœurs
(qui sont moins une source nouvelle du drame qu'un con-
cours prêté par les citoyens à des représentations précédem-
ment instituées), M. Magnin joint d'autres exercices d'un
ordre inférieur, où interviennent aussi des acteurs populaires :
chanteurs et danseurs ambulants, ventriloques, joueurs de
gobelets et danseurs de corde, bouffons et autres, qui finirent
par faire une sorte de corporation ou de confrérie sous le
nom Partisans de Bacchus. Il y joint même les combats de
cailles ou de coqs et les exhibitions de paons. Il y range, avec
plus de raison, au point de vue du drame, les tînmes, soit
improvisés, soi! écrits, petites pièces où l'on se donnait toutes
les licences; les parodies (les Grenouilles d'Aristophane en sont
le tvpe le plus élevé); les sillcs, petits poèmes mordants, et
le drame satyrique dont nous avons parlé.
III. Source aristocratique. Si le peuple avait ses représenta-
tions, les grands durenl aussi en vouloir pour eux-mêmes,
et M. Magnin signale deux circonstances où elles se produi-
sirent : l«'s Funérailles el les banquets.
Pour les Funérailles, immolation de prisonniers aux temps
homériques; Combats de gladiateurs en Ktrurie; aux temps
des républiques, chanteurs ef pleureuses, et sous la royauté
— 389 —
macédonienne, au milieu dune pompe insensée, tragédies,
qui, grâce à radoucissement des mœurs, tenaient la place de
plus sanglants sacrifices.
Dans les banquets, chants et danses, tours d'adresse et de
force : aux temps homériques, le chantre Phémius à Ithaque,
Démodocus dans l'île des Phéaciens; aux temps postérieurs,
les odes de Pindare; aux temps macédoniens, les tragédies,
comédies, danses, mimes, prodigués dans les circonstances
solennelles à la cour des rois.
On voit déjà, sans aller plus loin, quelle extension a prise
dans l'exécution le plan que M. Magnin s'était tracé. Il se
proposait d'écrire l'histoire du génie dramatique; mais le
drame, si large qu'en ait été sa définition, se trouve singu-
lièrement dépassé. Les processions des mystères d'Eleusis ou
des Panathénées, les grands jeux de la Grèce, encore bien
moins les danses des acrobates ou les tours des joueurs de go-
belets, sans parler des combats de coqs, ou de cailles et des
exhibitions de paons, n'ont rien de commun avec le drame;
et, quant aux origines du théâtre, des trois sources il en est
une que, pour ma part, je n'hésiterais pas à retrancher. Je
retrouve la source hiératique dans les scènes figurées au sein
des mystères, dans la manière dont la tragédie est sortie des
chœurs où l'on chantait Bacchus; je retrouve la source popu-
laire dans les danses et les chants rustiques, parmi lesquels
est née la comédie et le drame satyrique. Pour ce qui est de
la source aristocratique, elle n'est qu'un dérivé des deux
autres : l'aristocratie ne produit rien, elle emprunte; elle ne
fait qu'ouvrir un lit plus large, ou, pour mieux dire, des ca-
naux plus nombreux, aux sources où elle puise les sujets de
ses amusements.
Ces observations seront, je pense, confirmées si, de la
Grèce, nous suivons M. Magnin à Rome. Ici même, il faut de
grands efforts pour tirer de la source hiératique ce qu'elle
— ;um> —
doit fournir, sous pein<e <!<■ mettre le système en allant. La
relisrion romaine, M. Maenin le reconnaît, était fort peu noé-
tique. Les prêtres cherchaient leurs moyens d'action sur le
peuple, non point tanl dans les spectacles propres à captiver
les esprits, que dans l'ai! de la divination et des augures* Le
chant, la danse ne fureat pas étrangers au culte; on en re-
trouve la trace dans les rites de plusieurs collèges sacrés : les
Luperques, les frères Arvales, et surtout les Saliens. Mais ces
collèges, même celui des Vestales, n'avaient point à propre-
ment parler de mystères1, et Ton n'en Ujouve pas davantage
dans la constitution religieuse de Numa. Les entrevues de
Niiina avec la nymphe Égérie n'étaient pas un mystère, mais
une fiction; l'art fulgural qu'il force Picus et Faunus à lui
apprendre, ce n'étail pas non plus un mystère, mais un se-
cret. Le culte des Lares était une croyance qui ne se I induisit
jamais que par de feintes apparitions ou des fantômes. Le
dieu Cousus, dont l'image était enterrée dans le cir-que, pou-
vait être un dieu caché (.canditus), une image des divinités
souterraines; ce n'étail pas un dieu mystérieux. Quant aux
initiations, la plus certaine est celle des enfants au cuite des
trois déesses Édusa,, Rotina et Cuba, ce qui revient à dire en
français qu'on leur apprenait à manger, à boire et à dormir :
initiation mystérieuse sans doute, mais qui, dans tous les cas.
n'avait rien de bien dramatique. Los mystères.* en Italie.
furent surtout d'origine étrangère. Plusieurs devinrent ro-
mains, comme les mystères, de la Bonne Déesse, les mystères
de Cérès; quelques-uns, sans être adoptés, lurent tolérés a
\u\ ides de mai, les Vestales, en grande pompe, et assistées d'une troupe
de prêtres, précipitaient dans tes flots du Tibre, du haul du ponl Sublieius,
trente simulacres <l" vieillards faits 'I- bois el il" innés; ces manoequips s'appe-
laient argéem. e C'était, continue M. Mag , la représentation adoucie el dpve-
n ummémoralive'de la tragédie réelle qui s'était jouée probablement dans le
Latium, m i«'in|i- "H le vieu« culte de Saturne et de DU demandail des uetîmes
— 391 —
Kouie, comme les mystères d'Isis; d autres furenl proscrits,
les Bacchanales.
Le drame n'esi donc poinl sorti à Rome <l<'s solennités re
ligieuses. Les fêtes qui ont un caractère religieux, les jeux
Séculaires, les jeux \pollinaires, nous montrent des chœurs
de jeunes gens et de jeunes filles, des chants et des danses,
aucune action proprement dite. Les fêtes des jeunes garçons
et des jeunes filles (qumquatries) , les fêtes des divers métiers,
des esclaves, des servantes, que M. Magnin ;i examinées Cu-
rieusement, ne nous o firent guère le draine sous une forme
[dus sensible. L'instinct mimique s'y donne libre carrière. On
\ pressent la comédie; mais on reste à la limite, même dans
ies l'êtes commémorât! ves. A la fête des ancillœ, par exemple,
qui rappelait un acte de dévouement des femmes esclaves pre-
nant la place de leurs maîtresses pour les sauver du déshon-
neur, tout se réduisait à la permission donnée à ces femmes
de se montrer parées du vêtement des matrones. Les fêtes où
le peuple intervenait comme acteur étaient d'ailleurs, M. Ma-
gnin le constate, beaucoup moins nombreuses que dans la
Grèce. Les jeux de Rome sont les exercices militaires :
II.!' tibi erunt arles.
L'amphithéâtre, le cirque seront généralement abandonnés
à des esclaves ou à des lutteurs de profession. En l'ail d'in-
fluence religieuse, on ne peut citer que les jeux scéniques
(hidt scenicï) introduits d'Etrurie à Rome à l'occasion d'une
peste; jeux purement mimiques destinés à apaiser la colère des
dieux et qui devaient surtout avoir pour effet de satisfaire la
sensualité des hommes. (Test ce qui lit leur succès.
Si la source hiératique paraît n'avoir rien donné au drame
chez les Romains, au moins la source populaire ne lui a-t-elle
point fait défaut. Ce n'est pas la tragédie que l'on en doit at-
tendre, mais la comédie. Les chants fescennins, aux vers libres
— 392 —
à tous égards, trouvèrent à Home, dès qu'ils y turent intro-
duits, une telle faveur (|iie la loi des Douze Tables dut en ré-
primer la licence. Tout en gardant le fond de son caractère,
la comédie naissante ne tarderait point à se transformer.
M. Magnin y signale trois influences :
i° L'influence indigène dans les saturœ, pièces farcies, où
la musique et la danse se mêlaient au dialogue: qui, pendant
cent vingt ans, composèrent les jeux scéniques des Romains
et ne finirent comme drame que pour se continuer dans la
satire;
s° L'influence étrusque dans les alellanes. importées de
Campanie à Home, qui supplantèrent les saturœ comme étant
moins grossières, et se maintinrent en face de La comédie
grecque comme répondant mieux au génie romain;
3° L'influence grecque avec le drame introduit par Livius
Andronicus, cultivé par Nœvius, par Ennius, tant tragédie que
comédie; mais la tragédie ne put se développer à Home, et
M. Magnin en montre la raison : c'est que Rome n'avait pas
eu <es mystères qui préparaient le peuple aux grandes repré-
sentations; c'est qu'elle n'avait pas eu comme la Grèce une
épopée nationale qui , depuis plusieurs siècles, mit. pour ainsi
dire, en scènes et rendît populaires de grands noms, des ca-
ractères héroïques, lussi les tragédies togatœ, c'est-à-dire dont
le sujel étaii romain, ne réussirent pas mieux que les autres.
Quant à la comédie, bien qu'imitée de la Grèce, elle aurait
pu prendre un caractère national. Elle trouvait dans le génie
romain et dans les instincts de la démocratie (\r> éléments
de succès; mais L'aristocratie la tenait en bride : le châtiment
infligé 'i Nfaevius lui ôla son essor. Elle dut se réduire aux al-
lures de la nouvelle comédie «les Grecs : comédie de mœurs,
a laquelle le génie de Plaute sul d'ailleurs imprimer nu ca-
ractère vraiment romain.
\\fc les ntellanes . qui lui étaient de\ enues propres . le théâtre
— 393 —
romain, d'origine toute populaire, eut aussi ses mimes; et je
ut' parle plus ici de ces hommes, de ces femmes dont l'exhi-
bition flattait les sens les plus grossiers des Romains, mais
de petites pièces écrites, représentées quelquefois par ceux qui
1rs composaient, et dont le fond, nonobstant quelques beaux
fragments qui en ont été conservés, avait aussi un caractère
généralement obscène.
Le théâtre à Rome est donc surtout un théâtre populaire.
La source hiératique, de l'aveu de M. Magnin, lui fait à peu
près défaul : j'oserais dire complètement défaut: et, quant à
la source aristocratique, je ne pourrais que redire ce que j'en
disais pour la Grèce. L'aristocratie romaine n'a rien créé; elle
ne fait qu'emprunter pour ses plaisirs ce qu'elle trouve établi
en fait de spectacles: seulement, comme elle porte le luxe à
un point qui n'avait pas encore été égalé, elle outre au même
degré dans les banquets, dans les cérémonies funèbres, ce qu'il
\ avait déjà de sensuel el de barbare dans les usages du peuple
romain. On lui peut rapporter, par exemple, l'importation à
Rome et l'extension des combats de gladiateurs.
Si le système de M. .Magnin sur la triple source du drame
dans l'antiquité comme aux temps modernes donne prise à la
critique, ce qui ne peut être qu'un objet d'éloge, «'est la vaste
érudition qui a présidé à son ouvrage; et l'on ne saurait re-
procher à l'autour d'en avoir excédé le cadre^quand on voit
que sa manière de procéder nous a valu tant de renseigne-
ments curieux. Oubliez qu'il s'agit du théâtre moderne; chan-
ges le titre el les divisions du livre; prenez ce qui s'y nomme
l'introduction pour le corps de l'ouvrage en y joignant comme
complément ce qui v forme le premier chapitre de l'histoire
annoncée, c'est-à-dire la période du i" au iv" siècle de l'ère
chrétienne, et vous aurez un excellent travail, non pas préci-
sément l'histoire du drame antique, mais, dans un sens plus
général, l'histoire des spectacles dan- l'antiquité; histoire qui
— :i9/i —
pourra servir d'introduction à l'histoire du théâtre moderne;
Dans celte forme1, l'ouvrage est complet, et, à ce litre, il res-
tera.
1/ académie des inscriptions et belles-lettres en a jugé ;iinsi;
car, à peine le premier volume avait-il paru, que, sans en at-
tendre la suite annoncée, elle élut M. Magnin comme membre
ordinaire, le 3o novembre 1 838 , en remplacement de M. Sib
\estre de Sacy.
La suite n'a point paru. Peut-être M. Magnin n'a-t-il même
imprimé le premier volume (pie pour donner au public un
aperçu de ses idées et à L'Académie une pièce probante de son
érudition. Cela fait, il ne voulait plus sans cloute offrir aux
lecteurs que l'ensemble de son travail; or, avec le plan qu'il
en avait conçu et avec les bases qu'il en avait posées, L'œuvre
était immense. M. Magnin n'a pas pu l'achever. Mais on peut
dire qu il n'a pas cessé d'y travailler, et la preuve en est dans
1rs noies nombreuses dont la ville de Salins, instituée sa léga-
taire, est en possession aujourd'hui; la preuve en est aussi
dans le plus grand nombre des morceaux qu'il a publiés de-
puis i'l don! il me reste à parler.
I\.
Tout <'ii poursuivanl son travail, M. Magnin a l'ait paraître
nue œuvre dramatique d'un caractère forl curieux. Il a publie,
après une nouvelle collation d'un manuscrit presque contem-
porain, ei Lraduil 'm français le Théâtre de Hrotsvitha, reli-
gieuse du monastère <\<' Gandersheim, en Saxe, (pu, dans la
seconde moitié du x' siècle, composai outre diverses pièces
de vers, si\ comédies en prose latine. Ce n'esl pas mie conti-
nuation «lu théâtre ancien : il \ a un abîme entre les repré-
sentation» scéniques de l'empire el le dramecomme il reparaîl
dans ces pièces; '-i ce n'esl pas le commencement du théâtre
— 395 —
nouveau, il a'est pas né ainsi; ou, si l'on \eut, c'est encore
le théâtre ancien par la forme Imitée de Térence; c'est déjà Le
théâtre nom ''au par le fond emprunte à la légende. La pieuse
nonne, formée dans sa retraite par l'étude des auteurs profanes
et des hagiographes chrétiens, a pris dos premiers l'idée de
sa composition, et de son éducation chrétienne, la censée qui
l'inspire. Son hut est d'exalter et d<' prêcher la chastetés. Elle
a voulu, dit-elle elle-même, substituer d'édiiiantes histoires de
vierges chrétiennes aux déportements des femmes païennes.
«Or, dit M. Magnin dans sa préface, pour montrer ces \ic-
Loires féminines dans tout leur éclat, il était nécessaire que
ces vertus de femmes lussent exposées aux plus grands périls.
De là un choix de légendes, toutes au fond très-édiliantes et
très-morales, mais qui roulent la plupart sur des aventures
propres à alarmer un peu la modestie. Il est juste d'ajouter,
continue l'éditeur, que, si les sujets traités par Hrotsvitha sonl
pris ordinairement dans un ordre de faits et d'idées qui
semblent inquiétants [jour la pudeur, la plume de la discrète
religieuse demeure toujours aussi chaste et aussi réservée que
ses intentions sont candides et irréprochables* » M. Magnin fait
ressortir avec art ce ipie cette œuvre, fort grossière par la
langue comme par la composition si on la compare à ses mo-
dèles, a cependant de nouveau dans l'expression de sentiments
que le théâtre ancien n'a pas connus: et l'éloge qu'il fait de
son auteur a reçu la confirmation du critique éminent <|ui a
rendu compte de cette publication dans le Journal des Savants1 .
Vussi m'est— il permis de n \ pas insister davantage.
Ce qu'il y a de singulier dans cette œuvre au point de vue
du théâtre, ce n'est pas l'étude et l'imitation de Térence par
une rem me dans un cornent, c'est la représentation de ces
pièces au sein d'une communauté religieuse: car M. Magnin
1 Jmn uni rlr* Savant t , oclobn i 16 article <\< M. Palin.
— 396 —
a établi, par le caractère de l'une d'elles au moins, qu'elles
étaient faites pour la représentation. C'est toujours une œuvre
exclusivement littéraire et une œuvre isolée. Elle ne forme point
un anneau dans la suite des représentations théâtrales; mais
elle témoigne du goût persistant du théâtre et fait pressentir
qu'il recouvrera un jour l'empire qu'il a perdu.
Cet empire persistant du théâtre était le principal objet du
livre auquel M. Magnin travaillait; et, en attendant qu'il pût
en produire la démonstration, il eut plus d'une occasion d'ex-
poser sur ce vaste sujet ses idées au public.
Deux grands recueils, célèbres à des titres divers, reçurent
ses communications : la Revue des Deux Mondes et le Journal
des Savants.
Il avait écrit dans la Revue des Deux Mondes presque dès
son origine, en i83i. et surtout depuis que lui-même avait
cessé de collaborer au National en i83a. Il fut élu auteur au
Journal des Savants en 18601. De iS32 à 18/10, il est donc
tout entier à la Revue des Deux Mondes; de 18/10 à i852, il
m' partage entre les deux recueils: de 1 853 à 1863, il se ré-
serve uniquement au Journal dis Sarants'2.
Indiquons rapidement l'ordre de ses travaux dans ces trois
périodes presque décennales des trente dernières années d'une
vie si laborieuse.
Dans la première période, il reprend avec la Revue des
D,u.i- )b„id<s la suite des ('Indes <|u"il avait commencées avec
le Globe, mais en leur donnant un développement qu'un
feuilleton de journal ne comportait pas. Il \ lit preuve de la
variété «le *-'■•> connaissances et de la flexibilité de son talent
1 Le 3 3 juillet, en remplacement de D.mnoii.
1 II m laii ail pus i|m- de donner une p;«rt î.- de son temps et do prêter le con-
courade son érudition au Comité des travaui historiques, donl il fui membre rie
1 - et membre h< raire depuis. La Revue de* Société* icvoante* loi a
payé -<"i tribu! d'étogt érie, 1. VIII, nrioho i^ri-j . p. 'ifi'i).
— 397 —
par plusieurs articles fort remarqués sur la littérature française
ou étrangère, la poésie ou les beaux-arts : la Vie du Camoëns,
un des travaux les plus considérables sur l'histoire du grand
poète portugais (i5 avril 183s)1; la Statue de la reine \/mt-
rlulilr (i5 juillet i832), étude d'un caractère fort neuf alors
sur l'art au moyen âge; Y Ahasvérus et le Prométhée d'Edgar
Quinet (ior décembre 1 83 3 et 10 mai 1 838 ); les Rayons et
les Ombres, de Victor Hugo (1" juin 18&0). En rendant
compte de X Ahasvérus, il regrettait qu'une «œuvre aussi poé-
tique dans la pensée fût privée du sceau indestructible du
vers.» Après avoir lu le Prométhée, il est d'avis que l'auteur
fera bien de revenir à la prose, où d'ailleurs il est passé
maître.
Mais c'est surtout l'art théâtral qui fait l'objet de ses études.
Il avait donné en 1 83 5 un chapitre sur la comédie au ive siècle
qui marque le terme où le premier volume de son histoire
du théâtre s'arrêta. Il revient sur plusieurs chapitres antérieurs
de cette histoire pour donner quelques explications ou y joindre
quelques accessoires curieux : Le Drame hiératique et le Drame
populaire en Grèce (io mars 1 838) : Le Drame aristocratique
(icr avril); La Mise en scène chez les anciens, sujet qu'il déve-
loppa en plusieurs articles à des points de vue divers2. Joi-
gnez-y une étude critique sur les Tragiques grecs de M. Patin
(i5 mai 18/12), livre qui lui offrait l'occasion de contrôler
lui-même, à la lumière de la science la plus ('prouvée en cette
matière, les idées qu'il avait émises dans Y Introduction de son
ouvrage.
Dans la période suivante, il laisse à la Revue des Deux
1 II a republic cette vie comme introduction aux Lusiades du Camoëns, tra-
duction de M. Mitlié, revue, corrigée et annotée par son collègue et ami Louis
Dubeux, en 18/11 .
3 Présentation et réception des pièces; Comité de lecture, censure dramatique
( 1 " septembre 1 839 ) ; Les Acteurs ( i 5 avril 1 84o) ; Los Affiches , annonces . hillets
de spectacle (i" novembre iK.io).
— 308 —
Mondes ce qui s'adresse à ee qu'on appelle le grand public '
et reporte au Journal des Savants, où il vient d'être élu. ce qui
n'a d'at Irait que pour un nombre plus restreint de lecteurs,
pour le petit public que nous sommes avec quelques amis de
l'érudition et de la science.
Suivons-le d'abord à la Revue des Deux Mondes.
La tragédie classique venait de prendre une éclatante re-
vanche sur les succès du drame nouveau . par la vérité et la vie
que M"1 Racbel rendait aux grandes créations de Corneille e!
de Racine. M. Magniû n'avait jamais mal parlé de ce théâtre:
il ne s'était jamais plaint (pic des imitations malhabiles qui
l'axaient fait dégénérer. Il en salue donc la résurrection dans
M"' Racbel. un poëte. comme il l'appelait, «le poêle inspiré
.■I . -i disait-il dans sa rancune contre les pâles imitateurs, « le
seul poëte qu'ait produit jusqu'ici la réaction classique2.»
Mais le drame nouveau et une tentative nouvelle! de tra-
gédie classique s'étaient retrouvés en présence par la mise en
scène en une même année des BurgravèS de Victor Hugo et de
la Lucrèce de Ponsard. M. Magnin était par là mis en demeure
de reviser les jugements qu'il avail prononcés à l'occasion de
la querelle des deux partis en d'autres circonstances.
1 En i84o (i5 décembre), il avait rendu compte de la réception '!<■ M. Flou-
rens ■> l'Académie française. En t8Ai (i5juin), il rend compte de celle de
M. Victor Hugo, sous ce titre : In duel politique, réception de tf. Victor lluiçoi'i
l'Académie française. ajoutez le Vaujragi de Sepvheda, poème de Corte Real
ui siècle :'r aoul i8hh)\ le» Breton», par Brizeux (i" aoûl i845); —
Roland, ou In Chevalerie, par M. Delécluze (i5 .juin 18A6); la Chevalerie en
Etpagne et le Romancero i" aoûl 18Û7); Tealro celette ( l<"- Comédiens on
par-icli-. ■ : Commencement» <lr lu comédie itaUennt <■>, France ( 1 •"> décembre 1 K'17 ).
- Voyez aes articles sur la Reprise du Gd (i" février 1 84a la Reprise de
,1,0, Sancht i' Wagon 1 1" mars i86û I. Voyez aussi la Reprise <r<h-cstr (i5 dé-
cembre i- i5 u et, pour la Comédie, />"» .In,,,, nu Théâtre-Français (1* Irvrinr
iShn ). Dans un article intitulé : Quelques pages A ajoutera Vhistoircde MoUtre^W
publie cenl cinquante vers mat aroniques qui se rencontrent en pins dans une an-
cienne édition (exemplaire probablement unique) de la Cérémomedu Halitdè'imd-
frinuurw" juillet 18Â6). La plupart de ces articles ont été tirés =i part.
— &99 —
On l'a vu, des nouveau* classiques il n'avait jamais attaqué
que la prétention de continuer un théâtre <[ii ils rabaissaient
au niveau d'une imitation impuissante. «Continuer les grands
maîtres. disait-il, c'est innover à son tour.» Ces! à ee titre
qu'il avait prôné Victor Hugo dans Hemani; c'est à ce titre
qu'il le soutient encore dans les Burgrnvcs. Il avoue que le
drame des romantiques ou «le drame nouveaux n'a pas en-
tièrement répondu à l'attente de la critique. Il ne dissimule
pas ses déceptions. Il déclare «tune partie des réformateurs
théoriciens (évidemment il est du nombre) peu satisfaits de
n'avoir canonné la tirade que pour revoir la tirade debout et
grandissante, de n'avoir proscrit les aparté et les monologues
que pour voir reparaître les aparté' et s'allonger indéfiniment
les monologues, de n'avoir prêché le respect de l'histoire que
pour voir les plus grandes figures historiques déplorablement
grossies ou rapetissées suivant les besoins de l'optique théâ-
trale1.* Quant à la pièce dont il rendait compte, il y signa-
lait des vers qu'il était impossible de lire, disait-il, «sans se
rappeler les chœurs d'Eschyle. v Elle lui paraissait ce «que
M. Hugo avait tenté jusque-là sur la scène de plus grave, de
plus élevé. 11 y a incontestablement, continuait-il , progrès
dans l'inspiration, progrès dans l'expression2.*
Il était pourtant obligé de reconnaître que le nouveau
drame n'avait eu qu'un succès «de réflexion3,* et il avait à
onstater le succès d'enthousiasme obtenu par la pièce qui,
peu de mois après, s'était produite au théâtre dans un esprit
de réaction contre le drame romantique. Le public qui avait,
acclamé Hemani venait d'assurer un triomphe non moins écla-
tant à la Lucrèce de Ponsard. Ce grand revirement de l'opi-
nion l'amène à s'arrêter sur la situation du théâtre en France.
1 Hevup des Deux Mondea . i 5 mars 1 8 'i3 , p. i o55.
- Ibid. p. 1 o ('>.">.
; Dans son article sur In Lho-pcp <Ip Ponsard, ibid. i" juin is'i^, p. ■y^s.
C
— 400 -
- La tragédie de Lucrèce est-elle le drame depuis si longtemps
attendu, le drame du xixe siècle1?» Il se demande quelles sont
les causes de sou succès. La création de caractères, l'invention
d'incidents? Non. La peinture fidèle du temps où la scène
nous reporte? Pas davantage. La versification, le style? Nou-
velle occasion de critique. Ce qui a fait le succès de la pièce,
selon M. Magnin, ce n'est point sa beauté propre, ce sont les
défauts qui blessent le public dans la plupart des drames de
l'école opposée2. On voit quelle sympathie il garde pour elle
sans la vouloir flatter, et avec quel regret il lui voit céder la
place à d'autres. Cette fidélité de M. Magnin à la cause ro-
mantique a été signalée avec une légère pointe d'ironie par un
de ceux qu'il s'était plu à prôner comme un des premiers de
la nouvelle école, et qui, à ce titre, aurait pu lui tenir un
peu plus compte de cet honorable sentiment :
Il est a remarquer, dit Sainte-Beuve dans ses Nouveaux Lundis,
combien M. Magnin, qu'il avait peut-être fallu un peu enhardir et pousser
d'abord, demeura ensuite fidèle aux impressions de cette forme de drame
où l'imagination et la fantaisie jouaient un si grand rôle et s'accordaient
pins d'exagérations en tous sens que la libre française, bêlas I n'en pou-
vait porter. Les années et les épreuves successives, loin de le désabuser,
ne firent que le confirmer dans son premier jugement. . . Très-peu ro-
mantique de sa nature propre, M. Magnin se Imma l'être beaucoup en
l'ait et par accident, lucuo critique dans cette ligne ne peut se vanter
d'être plus conséquent avec lui-même. Il avait baptisé le drame nouveau
dans limai ni: il lui donnait encore le dernier sacrement dans les Bur-
graoeè .
1 Revue des Deux Mondée, i" juin i843,p. 738.
ïbid. p. 7 'i i .'i 7'k). Il a fait tirer à part ces deux articles.
-1 \ouveaua Lundi», p. 155, 156. Il «lit encore : ((Quant au drame moderne
etadi dernières productions de l'école romantique au théâtre, l'interruption de
quelques années l'avait évidemment arriéré un peu; il en est encore à l'admira-
tion, quand !<• public en est arrivé à la fatigue. Il ressemblait à un homme qui
aurait laissé la lecture d'un livre à une certaine page et qui le rouvrirait assez
longtemps après, juste ê Pendrait où il avait mis le signet. M. Magnin reprenait
_ 501 —
La Revue des Deux Mondes publia encore dé M. Magnin un
travail plus étendu et plus suivi. En attendant L'achèvement
de son Histoire du théâtre moderne, il en voulut détacher un
chapitre qui l'Ai comme la petite pièce à côté «le la grande;
car c'est encore une histoire du théâtre, d'un théâtre au petit
pied : XHistoire des Marionnettes1. Dût-on l'accuser de pédan-
tisme dans sifications, il veut retrouver pour ces petits
acteurs les trois grandes divisions qu'il a marquées dans l'his-
toire du drame. «C'est qu'en effet, dit-il, l'humble domaine
des marionnettes esl comme une sorte de microcosme théâtral
dans lequel se concentre et se reflète en raccourci l'histoire
du draine entier, et où l'œil de la critique peut embrasser, avec
une netteté parfaite , l'ensemble des lois qui règlent la marche
du génie dramatique universel2.»
On aura donc les marionnettes hiératiques, aristocratiques
et populaires. L'auteur nous fait remonter encore aux temps
les pins reculés, aux plus \ieu\ cultes de l'Egypte, de la Grèce
et de Rome, à Jupiter Ammon, à Dédale et à l'école d'Egine,
aux statues fatidiques, aux lectisternes et aux images (h^ dieux
détournanl la tête des mets qu'on leur offrait. L'idole mobile
esl pour lui uiu- marionnette, et tout n'y est pas jouet d'en-
fant. 11 nous montre en Grèce et en Italie les marionnettes in-
troduites à la fin des banquets, el même plus tard succédant
sur la scène aux acteurs : faisant à Athènes leurs ébats jusque
sur le théâtre de Bacchus; à Rome, empruntant leurs costumes
et quelquefois prêtant leurs personnages aux atellanes. Mais
il serait trop long, quelque agrément qu'il nous y offre, de
sa lecture à un feuillet où le public n'était déjà plus. Sa montre retardait. 11 ne sut
pas crier holà! hardiment ei faire entendre à propos le signal d'arrêt, comme
c'est le propre des Boileau, des Johnson, de tous les fermes cl vigoureux n-ili-
ipues.'? [Nouveaux Lundis, p. 466.)
1 Revue des Dnix V 5 juin, i" aoùl el i5 septembre i85o; i"juin
i 85 i : rr mars i s*>:'. Il -'n lit un tirage à part qui constitue la ; r édition.
- Histoire des Marionnettes, a édition, p. y.
n. 27
— 402 —
refaire avec lui ce curieux voyage à travers les siècles et les
pays; car il suit ses petits personnages dans tous les temps,
antiquité, moyen âge, temps modernes; il les retrouve dans
tous les pays de même humeur, sous des traits différents , imi-
tant, parodiant le théâtre, frondant même les puissances : ré-
volutionnaires (c'est un peu du tempérament, de Polichinelle),
aristocrates aussi et comptant des victimes au moins parmi
ceux qui b-s taisaient mouvoir : témoin ce couple de bateleurs
qui partagèrent aux (larmes la prison du prince de Montbazon ,
de l'amiral de Hohau. du général Alexandre de Beauharnais, el
périrent, l'homme et la femme, sur Péchafaud, — le g Iher-
midor, le jour de la chute de Robespierre! — parce qu'une
de leurs poupées, jouant Charlotte Corda y. avait crié : A bas
M a rat!
J'ai dit que depuis 1860 M. Mngnin se partageait entre la
Revue des Deux Mondes et le Journal des Savants. Le .loin-nul des
S/iranis devail être l'objet de ses préférences. Tout en gardant
1 sa critique les mêmes allures, il pouvait y produire, comme
dans leur lieu naturel, les fruits de son érudition, sans avoir
rien à craindre de son public, ni de son directeur. Il pouvait
v développer ses idées en la forme qui convenait le mieux à
modestie, non sous un titre qui fut sien, mais pour ainsi
dire sous le couvert des autres et connue derrière le livre dont
il rendait compte au lecteur.
Ici encore on pourrait faire un partage : d'un côté, les ar-
ticles relatifs à divers sujets d'érudition1, de l'autre ceux qui
1 II commence par trois articles sur les Estienne, à propos des Annale» de l'im-
primerie </'".- Entienne, ou Histoire <!■ la famille <l<* Estienne et '/<■ leurs éditions, par
Inteim kugnsle Renonard (novembre i84o, janvier el mare 18/11). On a vn par
quelles raisons de laraille il devail B'inléi isser aui grands noms de la librairie fran-
I.11 Chronique de la découverte et <l>' la conquête de lu Guinée, écrite |>;ir
Gomèa Éanès 'l" tzurara . publiée parle vicomte deCarreira, avec une introduc
tion du vicomte de Santarem (juillet *'i décembre 18A1). - Poésie* populo
latines antérieure* "»/ r/i* siècle recueillie? pai Édélesfand du Wéril (janvier, mai
— 403 —
tiennent à l'histoire du théâtre. 11 j traite du drame chrétien
sous une forme imitée de l'antiquité en parlant d'une publi-
cation intéressante de Dùbner. ChrisUu paiiens1 . Il signale les
premiers essais du drame nouveau en analysant les Drames
liturgiques du moyen âge de M. E. de Goussemaker2 ; il le re-
trouve avec la triple origine, qu'il a cherchée si loin, hiératique,
aristocratique et populaire, dans le Théâtre français au moyen
■<jr, publié par MM. Monmerqué cl Francisque Michel3. Il en
suit les premiers développements au xtv et au XVe siècle dans
une étude sur la farce de Maître Pierre Patelin, et dans une
suite d'articles sur le Théâtre français avant Corneille'1, où il
distingue, avec une remarquable justesse d'observation et une
rare sagacité de critique, ce qui doit se rapporter aux ménes-
trels, aux clercs de la basoche, ou aux Enfants sans souci : jeux
ou dits, farces et soties, dont l'origine restait indécise5.
Les nombreux articles qu'il avait publiés jadis sur le théâtre
.•t mai is'i'i i. — Barztu-Breiz, chants populaires de la Bretagne, recueillis et
publiés par Th. Hersart de la Villemarqué ( mars et août 1 8/17 ). — Poésies popu-
[aires latines du moyen âge, 2e recueil de M. Edélestand du Méril (janvier 1 848).
— Le Ménager de Paris , traite de morale et d'économie domestique composé vers
t393 par un Parisien pour l'éducation de sa femme, publié parla Société des
bibliophiles français (novembre i848). — Collection des portes champenois anté-
rieurs h a 1 1 1 siècle , par Prosper Tarbé (juillet et août 1 85 1). — La Chanson de
Roland, publiée par M. Génin (septembre el décembre j85a . mars 1 853). —
Lu Satire en France au moyen âge, par C. Lenient (octobre 1859). Il y a eu
des tirages à part du plus grand nombre de ces articles.
1 Christus paiiens, Ezechielis et christianorum poetarum reliquiœ dramaticoe
umal des Savante, aoûl 18/18, janvier 18/19).
Iliid. mai el septembre 1860 et août 1861.
Notamment le Miracle de saint Nicolas, de Jean Bodei : le Mariage Adam, ou
la Feuillie et le Jeu de Robin et Marion, d'Adam de la Halle (janvier, février, août,
septembre et octobre 1 816 ) : le icr hiératique, le a' démocratique, le 3e aristo-
cratique. On pourrait contester ces qualifications.
* Journal des Savants, décembre i855, janvier el février i856.
5 Ancien Théâtre-français , ou Collection des ouvrages dramatiques les plus remar-
quables depuis les mystères jusqu'à Corneille 'Paul Jannet, 186/1-1857, 10 vol.
in-18). | Journal des Savants, avril, mai ft juillet 1 858. )
37.
-- 40/i —
anglais dans le Globe pouvaient donner l'assurance qu'il ne
négligerai! pas davantage le tbéâtre étranger. En i843, il
rendait compte d'un livre où l'on avait voulu voir le proto-
type de la comédie espagnole, la Célestine1 : curieux article
on. tout en déterminant le vrai caractère de cette œuvre si
vantée d'un autour inconnu, il trouve l'occasion de maintenir
sa doctrine, à savoir, que le théâtre espagnol dérive, comme
tous les théâtres européens, des trois sources hiératique, aris-
tocratique et populaire2. En i844, la traduction des chefs-
d'œuvre de ce théâtre par M. Damas-Hinard le conduisait à
l'examiner en lui-même dans les œuvres de Lope de Vega . de
(laideron, et de montrer à quel point il connaissait les poètes
et savait goûter leurs ouvrages3. Dans ses éludes antérieures,
il s'était occupé du théâtre portugais : c'est même à ce propos
qu'il avait constaté pour la première l'ois l'affinité du drame
et des cérémonies religieuses, du théâtre et de l'église4. En
i84a, il avait étendu ses recherches jusqu'en Chine. M. Bazin
avant publié, sous le titre de Théâtre chinois, un choix de
pièces composées sous les empereurs mongols, el traduit un
drame intitulé le Pipaki, ou Histoire du luth, M. Magnin pro-
fitai! de la circonstance pour remonter plus haut dans l'his-
toire du théâtre en Chine. I! i veut taire loyalement la contre-
épreuve du système (jii'il avait soutenu sur les trois sources
du drame en tout temps el en tout pays. Il \ trouve le drame
aristocratique dans les fêtes des grands , el le dr; populaire
Lai •> . Iragi-comédie de Galixte el Mélibée, traduite de l'espagnol,
annotée et précédée d'un essai historique par M. Germonddela Vigne.
il le fait dériver: r de certaines cérémonies et représentations liturgiques
devenues peu à peu laïques el transformées avec le temps on autos; a" des è\
gueselpoétit liées récitées ou chantées dans les galas royaux ou princiers;
; des parade* ou jongleries populaires, exécutées tes jours de foire dans les carre-
let les marchés, i Journal de» Savante, avril 18^
' nov< ml'i e i - '■ 'i el novembre t 845.
* Globe An a8 juin 183*3 I Méditation» , t. M, p. loâetsun
— 105 —
ne manque jamais. Quanl au drame hiératique, lu religion
«les Chinois lui offre le chant cl la danse, qui en sont les prin-
cipaux éléments; mais il avoue que jusqu'ici on n'a pas acquis
la preuve que le draine s'en soit dégagé, et l'on peut conce-
voir, à son avis, qu'il n'y ait reçu que de faibles développe-
ments, le culte public, depuis des siècles, n'existant pour
ainsi dire pas dans la Chine1.
V.
J'ai dit que, depuis la fin de i83a, M. Magnin s'était re-
tiré du National et de la vie politique. Il eut pourtant encore
ou on lui suggéra la pensée d'j rentier à l'époque des élec-
tions générales qui suivirent la chute du cabinet de M. Thiers
et L'avénement du dernier ministère de M. Guizot. Il se pré-
senta aux suffrages des électeurs de Poligny, un des arrondis-
sements du Jura, en concurrence avec M. Pouillet, notre
ancien confrère de l'Académie des sciences. Dans sa profession
de foi, après avoir rappelé la ligne politique qu'il avait suivie
de iM-î'i à i83a et la vie toute littéraire où depuis lors il
s'était renfermé, il exposait ses idées sur la situation, et l'atti-
tude qu'il complaît prendre. Il acceptait le gouvernement
établi et n'approuvait ni l'hostilité systématique, ni la cons-
tante et béate soumission à toutes les volontés du pouvoir. Il
s'élevait contre le spectacle qu'avaient offert les deux dernières
législatures: •• Des portefeuilles pris, perdus, repris d'assaut;
I s plus .scandaleux revirements de systèmes; les plus tristes
rivalités de personnes; les bancs de la Chambre divisés en une
foule de petites coteries, foyers d'animosités et d'intrigues;
l'anarchie en un mot dans le sanctuaire législatif.» Quant à
lui, il voulait une opposition qui put être «une force pour le
■ Journal des Savant» , mai el octobre 1 84 a, janvier 18 4 3*
— 406 —
gouvernement,» «des avertissements adressés au besoin, smi
aux partis, soit aux ministres;)} c'est-à-dire <juc, faisant le
procès à tout le monde, il se mettait en dehors des partis; ce
n'était pas le moyen d'entrer dans la Chambre : il échoua.
Il s'en consola facilement dans la poursuite de ses travaux.
Et vraiment, quand on se le rappelle tel qu'on le voyait tous
les jours, assis devant sa table, une table couverte de papiers
et de livres, dans la solitude que la Bibliothèque ménageait
encore alors au conservateur des imprimés au fond de la salle
des Globes, on se demande ce qu'il serait allé faire dans l'agi-
tation d'une assemblée législative, même sous le roi Louis-
Philippe. Dans tous les cas, assurément ce n'est pas lui qui
aurait provoqué la révolution de 1 848 , ni donné son appro-
bation au coup d'Etat du a décembre. 11 n'avail jamais été par-
tisan des coups d'Etat et avait perdu le goût des révolutions.
Un changement plus considérable s'était produit dans sa
manière de voir sur une question qui se place au-dessus de
tous les systèmes politiques. En i 853, se trouvant à Salins,
il avait éprouvé les premières atteintes du mal qui devait plus
lard l'emporter, un mal cruel qui vient si souvent punir l'homme
d'études d'avoir réduit son corpsà une vie trop sédentaire. Il en
fut attaqué >i vivement que l'on put craindre un danger pro-
chain. l);ms ces douloureuses circonstances, il reçut au sein
de la famille qui l'avait accueilli les soins les plus attentifs, et
il v eu cul aussi pour son âme. Des paroles amies réveillèrent
dans sou cœur des sentiments qui n\ avaient jamais été en-
tièrement étouffés. Rendu pour un temps à la santé, il revint
sur ces impressions; il appliqua aux grands problèmes de la
vie humaine cet esprit critique et ce ferme jugement qu'il
.i\;iit portés dans de moindres questions pendanl le cours de sa
carrière, et il fut ramené à la foi par la raison.
Cette conversion put modifier l'attitude , le langage de quel
ques personnes à smi égard; elle le laissa dans les mem<
— 407 —
termes envers le:, autres. Pour s'j maintenir, il souhaitait
qu'on ne le contredît point : ^Je n'afficherai point mon chris-
tianisme, disait-il, et autant que possible j'éviterai d'en par-
ler, mais aussi je n'en rougirai pas,» el il tint parole, ajoute
Sainte-Beuve1. Mais aussi, quand on l'interrogeait, il n'en-
tendait point garder sa lumière sous le boisseau. Il l'a prouvé
dans uni' lettre écrite en 1 855 à une personne qui voulait sa-
voir de lui les causes de sa résolution, désirant s'éclairer elle-
méme.
Dans cette Lettre, qui n'a pas encore été rendue publique,
M. IVfagnin se manifeste tout entier à celui qui lui donne celle
preuve de confiance; et, pour le mieux éclairer sur le chemin
qu'il a fait, il lui marque le point d'où il est parti lui-même.
Son éducation a été chrétienne, et, quand le commerce du
monde l'eut entraîné hors de la foi, il a su s'arrêter sur cette
pente et rester déiste el spirilualiste. Il raconte comment, long-
temps distrait des questions religieuses, il v avait été ramené
dans l'automne de 1 853 et s'était promis de ne pas quitter le
monde, .s il le pouvait, sans résoudre, dans la mesure de ses
forces, le problème le plus important de tous. Fort de ce
double principe : l'existence de l'âme et l'existence de Dieu, il
a examiné tour à tour les religions et les phiiosophies. Dans les
religions il n'a vu que panthéisme, excepté chez les Juifs; mais
la religion des Juifs lui a semblé ~ plutôt le rituel provisoire
d'un petit peuple que la religion destinée à («'direction suprême
du genre humain. •• Dans les phiiosophies, c'était encore au fond
le panthéisme, excepté chez Descartes; mais la philosophie de
Descartes ne lui donnait que ce qu'il tenait pour assuré. Dieu
et l'âme: «noble croyance, assez forte pour les temps calmes,
mais impuissante contre les tourmentes des passions violentes el
contre l'assaut des grandes douleurs. » Que devait-il faire? S'en
tenir à cette ombre de religion «qu'on appelle, dit-il, la rcli-
Nouveaux Lundi*, t. Y. p, '17a.
— 408 —
gion naturelle, bien qu'en réalité elle laisse sans satisfaction
les plus profonds besoins de la nature humaine?» adopter la
profession de foi <lu Vicaire savoyard, c'est-à-dire le christia-
nisme moins ses éléments divins, cç le christianisme sans ce
qui oblige et commande, sans ce qui relève et console? » ou
bien, laissant «le christianisme amoindri et mutilé de Jean-
Jacques, embrasser le christianisme complet, le christianisme
de saint Paul, de saint Augustin, de Bossuet?» — «Mon
choix, dit-il, n'aurait pas été un moment douteux, n'eût été
cette terrible pierre d'achoppement : les mystères.»
Mais est-ce dans le christianisme seul qu'il \ a (\r^ mys-
tères? II passe en revue les principales branches des Connais-
sances humaines, el montre que partout, dans l'ordre phy-
sique comme dans l'ordre métaphysique, l'homme se heurte à
des mystères ; qu'il est à lui-même un mystère. Il va pourtant
cette différence: les mystères de la nature se manifestent au
moins par des faits sensibles; et les premiers principes des
métaphysiciens et desgéomètres, tout en dépassant notre intel-
ligence, s'imposent encore à nos esprits par l'impossibilité de
les rejeter. Les mystères religieux n'ont pour se faire admettre
qu'une autorité, une autorité, ii est vrai. <jui dépasse infini-
ment toutes les autres, si elle est n-munue : la parole de Dieu,
la révélation. La révélation est-elle recevable? Tout est là. et
l'argumentation de M. Magnin tend à prouver que dans l'ordre
historique elle s'impose elle-môme à nous par «deux grands
faits sensibles, éclatants, reconnus de tous, qui occupent une
place immense dans l'histoire des hommes et. dans celle des
idées : l'apparition de l'Evangile et la perpétuité du gouverne-
ment de l'Eglise.
i" L'apparition de l'Evangile, dont la lumière a Lut pâlir
toute autre lumière; de l'Evangile quin'a d'antécédents nulle
part, dont les révélations sont en opposition directe avec les
idées et les mœurs du peuple au milieu duquel d a pain.
— 409 —
L'établissement el la perpétuité du gouvernement de
l'Eglise, malgré toutes les raisons qui devaient rendre l'une et
l'autre chose impossibles : gouvernement qui s'esl institué de
l'aveu même des princes, à qui il ôte leurs plus anciennes el
leurs plus chères prérogatives, et qui dure malgré tant de
schismes, tant d'hérésies . tant de passions et d'intérêts conjurés
(•nuire lui: ijui dure malgré les accidents mêmes de la fragi-
lité humaine chez 1rs dépositaires de ce pouvoir:
De cette impossibilité d'expliquer par des raisons naturelles ces deux
grands phénomènes historiques, dit-il, je crois pouvoir légitimement
conclure la divinité de l'Evangile, et la sainte et surhumaine autorité de
I Eglise. En ra'inclinant ainsi devant le mystère de la révélation, qui <m-
traîne à sa suit.- la soumission aux autres mystères, je ne crois pas plus
humilier mon intelligence cjue lorsque, dans l'ordre physique ou mathé-
matique, j'adhère à telle ou telle vérité qui surpasse la portée de ma raison.
El il finit en exprimant à son correspondant le vœu que ces
considérations, si elles ne le persuadent pas, ramènent à des
réflexions où il trouvera par lui-même plus de raison de se
convaincre :.
Son espérance ne fut pas trompée; avant de mourir il eut
la consolation de voir son ami revenu aux vérités qu'il lui avait
rappelées.
Depuis qu'il avait reçu les premiers avertissements de la
maladie, il avait resserré le cercle de ses (nivaux. Il se réduit
au nécessaire. \ partir de t853, il cesse d'écrire dans la Revue
des Deux Mondes; i! se réserve (Mit entier pour le Journal dos
S mnts. Il n était point lié à l'égard de la I Irrite ; il était obligé
envers le Journal à lui fournir plusieurs articles par an; el
rien ne pouvait l'arrêter dans l'accomplissemenl d'un devoir.
\ eût-il pas mieux valu qu'il mil à profit ces dernières années
pour terminer l'histoire dont il n'avait donné que l'introduction
1 On trouvera celte lelln reproduite tout entière à la lin de celte nolici
— .'ilO —
au public? et ïe Journal des Savants n'est-il pas eu quelque
sorte responsable de l'inachèvement du livre qu'on attendait
de son érudition? Si l'on considère l'ensemble des articles pu-
bliés par M. Magnin, on est fondé à dire, au contraire, que
c'esl au Journal des Savants que l'on doit do connaître, partiel-
lement au moins, ses idées sur les principales époques de cette
histoire. Il aurait pu accumuler quelques notes de plus: il au-
rait gardé ses lumineux aperçus pour lui-même, s il n'avait
eu cette occasion de les exposer au public.
En 1 Sbi ,1e mal dont il n'avait pas cessé de souffrir depuis
1 853 prit un redoublement d'intensité. II dut garder la cham-
bre, ne plus venir à vos séances hebdomadaires, se séparer de
la Bibliothèque : c'était pour lui se séparer du monde, renon-
cer à la meilleure partie de sa vie. Il se soumit à la nécessité
et se prépara au dernier sacrifice avec cette résignation calme
qu'il devait à ses sentiments de chrétien. Ceux qui l'ont, vu
dans celle dernière année (et <pii d'entre nous s'est privé de
cette consolation?) savent quelle force d'âme il gardail au
milieu des douleurs les plus continues, et avec quelle douceur
il en attendait la lin. 11 ne cessai! pas d'ailleurs de travailler:
le travail était comme le mouvement naturel de sa pensée. Il
s'appliquail aux choses <pu l'avaient le plus intéressé dans ses
('■ludes. ù l'histoire du théâtre. Il achevait de mettre la der-
nière main (singulier contras e entre l'occupation de son esprit
et les souffrances «le son corps!) à la deuxième édition de sa
gracieuse et sémillante Histoire des marionnettes; il préparait
pour le Journal des Savants un dernier article sur le.s Drames
liturgiques au moyen âge, dont je parlais tout à l'heure. L His-
toire des marionnettes parut avant sa mort : j'en liens un
exemplaire de lui avec une dédicace de son écriture où Ion
voit que déjà sa main tremble; l'article promis sur les Drames
liturgiques est resté inachevé. Charles Magnin mourut le 8 ■<•-
tobre i 86a
— 'lll —
11 avait été comme chevalier de la Légion d'honneur en
i 833 . officier en iSkn.
Avant de mourir il avait institué pour légataire universelle
la ville di1 Saline, ou son père était né, où il voulait que son
corps reposai. La ville reconnaissante a gardé pieusement sa
mémoire, et je lui dois un témoignage public pour l'empres-
sement qu'elle a montréà mettre à ma disposition tout ce qui
pouvait m'aider dans la tâche dont je m'acquitte aujourd'hui.
M. Magnin a occupé un rang éminent et il retiendra une
place d'honneur dans l'étude de l'antiquité et de l'histoire lit-
téraire. Formé d'abord à la critique théâtrale, qui veut une
décision nette et prompte, il y avait acquis une rapidité de
coup d'œil qui jamais ne mit en défaut la sûreté de son juge-
ment. Il avait pris aussi dans l'étude attentive des passions et
des caractères que le théâtre produit sur la scène une habitude
des grands mohiles de la vie, une connaissance du cœur hu-
main qui se manifestait sans effort dans ses observations et
faisait de ces pages légères, où il n'avait point la prétention
d'enseigner, les meilleures leçons d'esthétique. Et quand il
passa des feuilletons du Globe et du National aux cahiers de la
Revue des Deux Mondes et du Journal des Savants, à ces mêmes
qualités d'un esprit fin et pénétrant il put joindre celles d'une
érudition déjà mûre, qui ne p. -niait rien de sa solidité pour
se parer des grâces d'un style élégant et souple. M. Magnin
n'était pas un de ces critiques qui puisent leur science dans le
livre dont ils ont à rendre compte ( ce qui ne les empêche pas
de le déchirer à belles dents). 11 n'abordait que les .sujets sur
lesquels sa science était déjà faite, et il y apportait avec ses ap-
préciations ingénieuses une si riche moisson d'informations
que ses articles devenaient le complément nécessaire du livre
dont il avait l'ail l'examen. Il n'avait rien de commun (ai-jc
besoin d<- le dire? ) avec ceux qui ne songent qu'à se faire valoir
— 412 —
aux dépens d'autrui, croyant faire acte de supériorité à I égard
du public en mettant sous leurs pieds le livre dont ils se font
les juges. Sa critique était celle d'un homme qui se sent ca-
pable de faire lui-môme une œuvre de longue haleine, qui en
a fait une . qui a senti les difficultés de la tâche et se trouve par
là prédisposé à l'indulgence. Même quand il se sent atteint,
blessé dans les études qui lui sont chères, s'd rencontre par
exemple quelque jeune écrivain qui lui semble faire fi de l'éru-
dition comme d'un bagage embarrassant pour un littérateur,
sa polémique légèrement excitée ne cesse pas d'être courtoise.
On retrouve alors dans l'érudit le vif et pétillant critique du
Globe; il se fail un jeu de désarçonner son adversaire sans lui
faire d'ailleurs d'autre mal, et se croit assez vengé en lui lai-
sanl voir qu'on peul devenir savant sans cesser «l'avoir de
l'esprit.
Son indulgence du reste ne sacrifiait aucun principe. Il
tenait par-dessus tout aux lois du bon goût et du bon sens: il
s'efforçait d'y ramener les auteurs qui méritaient qu'on tra-
vaillât à les corriger, et ses remontrances portaient la marque
d'un intérêt auquel on ne pouvait se méprendre. Mais il était
surtout content de n'avoir qu'à louer et à admirer; heureuse
disposition qu'on ne trouve |>;is au même degré dans toutes les
notices dont il a été l'objet lui-même!
Ainsi le critique ingénieux et délicat était en même temps
un cœur généreux et bon. Dans le cours d nue carrière si
igue et si bien remplie, et dans la pratique d'un art qui
est sau aux prises avec la susceptibilité humaine en ce
qu'elle a de (dus sensible, il a su ne jamais l'irriter. Sa cri-
tique ainsi contenue courait le risque de faire moins d'impres-
sion sur les esprits, mais elle était assurée de laisser aussi
moins de ressentiment dans les cœurs. N'ayant jamais volon-
tairement blesse personne, d a pu dans ses derniers jours gai
der <•<• qui bu étaifle plus cher, comme savant et comme rhré-
— 413 -
lien, la paix; el son nom n'éveillera jamais que ()«'- souvenirs
aimables el des regrets affectueux.
M. Magnin ;i été remplacé par M. de Slane, le 5 dé-
cembre i 86 a .
kPPENDICE.
LETTRE DE M. CHARLES MAGNIN \ M. \.
i
i- désirez, Monsieur, savoir par quelles suites de déductions lo-
giques j'ai été conduit à passer d'une respectueuse admiration pour l;i
beauté morale «lu christianisme à une ferme croyance en ses dogme
i ne réponse complète à celte question exigerai! des explications trop
étendues. Je me bornerai en ce moment à vous indiquer le simple tracé
de la route quej ai 9uivie. .le n'espère pas, je vous l'avoue, que les pen-
- qui ont amené ma conviction produisent sur votre esprit le même
'. ({ne sur le mien. A plusieurs reprises, elles s'étaient présentées à
moi , et n'avaient laissé après elles qu'une trace superficielle et fugitive. Je
crois même qu'une tout autre route aurait pu me conduire au même
résultat. La soumission en ces matières dépend beaucoup moins, vous le
savez, de la force des arguments que dune certaine disposition intérieure
qu'il ne nous appartient pas de nous donner, mois dont nous devons nous
empresser de profiter quand nous la ressentons. Si donc les motifs qui
m'ont décidé ne vous persuadent pas aujourd'hui, il est possible qu'ils
nt ultérieurement sur vous une impression plus efficace. Peut-être
aussi vous mettront-ils sur la voir d'autres pensées^qui, nées de vos
propres réflexions, auront bien plus de chances de vous convaincre; car
nous croyons surtout aux idées produites par le mouvement naturel de
notre esprit . ou que nous nous sommes appropriées par une intime médi
lalion.
\\anl de commencer avec vous cette sorte de course psychologique,
je crois d'abord utile de fixer exactement le point de départ.
1 La bibliothèque de Salins possède une copie de «clic lettre, de la main de
Vï. Magnin lui-même. L'original m'a été communiqué par la personneà qui elle a
crite el i|ui m'a autorisé à la publier. J'ai tiré du premier texte quelque
• i red ons pour le second.
— 'll.'l —
Mon éducation a été chrétienne; ce n'est qu'après mon entrée dans le
monde «[ik1 je fus atteinl do la maladie du siècle, de la contagion du ra-
tionalisme. Cependant je m'arrêtai sur cette pente. Je demeurai toujours
déiste et spirituàhste. J'eus beau entendre autour de moi les derniers en-
cyclopédistes et les nouveaux adeptes de la raison pure affirmer que Dieu
n'existe pas, ou (ce qui n'est que la môme proposition sous une autre
formule) que Dieu et le monde et, subsidiairement, l'Ame et le corps sont
identiques, je persistai à trouver cette monstrueuse confusion beaucoup
plus difficile à admettre, et même à concevoir, que la vulgaire croyance
en l'action créatrice cl providentielle d'une cause première et toute-puis-
sante, ff véritable lumière qui éclaire tout homme venant au monde.» Je
note ces points résistants et demeurés debout au milieu des ruines de
mes anciennes croyances, parce que ce sont les premiers degrés qui m'ont
>ervi à remonter d'où j'étais descendu.
Cependant, jusqu'à cg> dernières années, je n'avais donné aux ques-
tions religieuses qu'une attention très-partagée. Ce n'est que dans l'au-
tomne de 1 853 que, retenu seul et souffrant loin de Paris, je me pro-
mis de ne point quitter ce monde, si je pouvais, sans avoir résolu, dans
la mesure de mes forces, le plus important de tous les problèmes qui
puissent préoccuper un être raisonnable, le problème de la vérité reli-
gieuse.
Je cherchai d'abord en toute conscience si, en dehors du christianisme.
je pourrais trouver, eu repassant mes souvenirs, une philosophie ou une
religion à laquelle il me lût permis d'adhérer sans restriction ni réserve.
Je me demandai si je pouvais, par exemple, adopter pour Bymbole défi-
nitif et pour règle intellectuelle et morale un des grands systèmes philo-
sophiques de l'antiquité, Pépicuréisme, le pyrrbonisme, le platonisme,
le stoïcisme? Évidemment non. Ma raison trouvait-elle plus d'éléments
de certitude dans une des religions du monde antique ou oriental, dans
le brahmanisme, dans le bouddhisme, dans le druidisme, dans l'hellé-
nisme? Toutes ces religions ont pour hase le panthéisme, que repoussent,
un., je l'ai dit, mes plus intimes convictions. Le judaïsme Beul m'of-
frait le déisme élevé à la hauteur d'un dogme; mais l'ensemble de la loi
juive, avec )< - prescriptions exclusives et locales, me semblait plutôt le
rituel provisoire don petit peuple (pie la religion destinée à la direction
suprême du gençe humain. Je ue négligeai pas non plus l'examen des sys-
tèmes plus laborieusement construits el prétendus plus profonds des méta-
physiciens modernes; mais qu'ai-je découverl au fond de leurs arcanes?
i lue non-, .'ii- lignent les philosophies qui tour à tour onl régné en Aile-
'l 1 .")
magne, le spinosisme, le kantisme, l'hégélianisme? Toujours el unique-
ment ridenlitë de Dieu el du momie. c'est-a-dire le panthéisme el sesinfi-
variélés , depuis l'idéalisme transcendantal de Fichte jusqu'à lin perna-
Luralisme de Scheliing. Seul . notre viens cartésianisme me donnail entière
satisfaction sur les deux grands principes places dans mon for intérieur
au-dessus de toute controverse, Dieu H l'âme; mais il ne me conduisait
guère au delà.
\insi. après ces longs circuits, je me trouvais revenu à mon point de
départ, en face du pur déisme, dont j'appréciais, sans doute, la subli-
mité spéculative, mais dont je n'ignorais pas non plus toute l'insuffisance
pratique : noble croyance, en effet, assez forte peut-être dans les temps
calmes, mais impuissante contre les tourmentes des passions violentes el
contre l'assaut des grandes douleurs.
Klais-je. hélas! condamné à m'en tenir à celte ombre de religion
qu'on appelle la religion naturelle, bien qu'en réalité elle laisse sans satis-
faction les plus profonds besoins de la nature humaine? Devais-je, en
■ -poir de cause, accepter pour la plus haute et la plus complète expres-
sion de la vérité religieuse l'indécise et inconséquente profession dejbiâu
I icaire savoyard , c'est-à-dire le christianisme moins ses éléments divins,
moins les sacrements, moins le culte, en un mol le christianisme sans ce
qui oblige et commande, sans ce qui relève el console?
J'avais parcouru dans toutes ses parties le champ des investigations
le temps étail venu de conclure, et je n'avais à choisir qu'entre le chris-
tianisme amoindri et mutilé de Jean-Jacques Rousseau, et le christia-
nisme complet, le christianisme de saint Paul, de saint Augustin et de
Bossnet. Mon choix n'aurait pas été' un moment douteux, n'eut été celte
terrible pierre d'achoppement : la grande, l'éternelle objection des mys-
tères.
Je demeurai quelque temps dans une pénible perplexité; enfin je me
décidai à affronter résolument celte formidable question. Peut-être après
tout n'était-ce qu'un épouvantai! qui s'évanouirait à la clarté d'un examen
attentif. Et d'abord est-il bien sûr que notre superbe raison ne se courbe
devant aucun mystère? Je crois fermement en Dieu . et cependant la toute-
puissance et la toute-bonté divine n'ouvrent-elles pas des abîmes où ne
peut pénétrer notre intelligence? Gomment concilier l'omnipotence et
l'ommsagesse du Créateur avec les maux répandus a profusion dans ses
œuvres? Que le mal moral soit une inévitable conséquence de la liberté
humaine, je le conçois; mais il y a des maux qui ne viennent point de
cette source. Puis-je imputer n l'homme les tremblements de terre, les
— ilG —
inondations, la ciguë, la hyène, la vipère? Ce sont là, quoi qu'en dise
Leibniz, d'étranges présents que non-, ;i faits la toute-puissance divine.
Kl cependant je n'hésite pas à tenir pour deux vérités également certaines,
quoique incompatibles, l'existence du mal et la suprême bonté de Dieu.
\insi. sans craindre de blesser le sons commun , j'admets deux notions
qui s'excluent, tranchons le mot, je crois l'impossible. Dans un autre
ordre de faits, j'admets mathématiquement, avec les géomètres, que la
moindre partie de l'étendue est divisible à l'infini . el physiquemenl je suis
obligé de reconnaître, avec les chimistes, l'indivisibilité des atomes. La
notion de l'infini, <le l'éternité, de l'espace, en un mol toutes les idées
nécessaires s'imposent d'elles-mêmes à notre entendement quoiqu'elles
échappent à toute démonstration scientiGque. Si nous tournons les yeux
u ■ oous-mêmes, il n'y a pas une de nos fonctions organiques (la géné-
ration, la nutrition, la vision, la vie et la mort elles-mêmes) qui ne soi!
pour nous un impénétrable mystère. Il sérail impossible de croire a priori
que quelques poignées de grain jetées sur un champ doivenl se changer
en moisson ou que cet insecte <|tii rampe sur une feuille va se filer un
tombeau <l où il sortira, non plus chenille, mais papillon. On fera remar-
quer, je le sais, que si. dans l'ordre des faits naturels, les causes se dé-
robent à notre intelligence, les phénomènes du moins soûl patents, sen-
sibles, palpables : je touche le grain et l'épi; je vois l'insecte ourdir sa
soyeuse enveloppe et en sortir métamorphosé ; je puis même, en creusant
un peu la terr i où en ouvrant la chrysalide . Buivre pas à pas la marche
de ces merveilleuses transformations. Il n'en est pas de même des ra> stères
chrétiens. La Trinité, l'Incarnation, la Transsubstantiation sont inacces-
sibles à la lois à noire intelligi nce et a nos sens. ll> ne s imposent pas
i plus à notre entendement comme les premiers principes des méta-
physiciens et des géomètres. L'homme ne connaît les mystères religieux
que par l'enseignement de l'Eglise. Et de quelles preuves celle-ci appuie-
t-elle ses assertions? d'une seule, mais de la plus imposante de toutes,
de la* parole même de Dieu, Cependant cette parole irréfragable, la Rêvé
in, comme on l'appelle, c'eat-à-dire Dieu parlant aux hommes autre-
ment que dans leur conscience , est un fait de l'ordre surnaturel, une
vérité '!<• foi . un mystère, en un mol . <|m ne diffère des autres mystères
que par son importance logique, car, une lois admis, il entraîne la sou-
mission a tout ce que I Église enseigne, lussi la vérité de la Révélation
elle le point capital, la clef de voûte du christianisme, la ques-
tion suprême el décisive sur laquelle il importe de concentrer toutes les
lotre attention. Voyons donc si, en dehors de la foi, nous
— '.17 —
pouvons trouver pour croire à la Révélation des motifs plausibles el ra-
tionnels.
Ce qui permel aux esprits les pins fermes, disions-nous tout à l'heure,
de s'incliner sans répugnance devanl les mystères de l'ordre naturel,
! que ceux-ci, 1 »i •*n qu'incompréhensibles dans leurs causes, sont vi-
sibles et tangibles dans leurs effets. Eh bien, il on est, si je ne me trompe,
précisément ainsi du mystère de la Révélation. Bien loin «le manquer
d'une base solide el réelle, ce mystère repose sur deux grands faits sen-
sibles, éclatants, reconnus de tous, sur deux laits qui occupent une
• ■ immense dans l'histoire des hommes el dans celle des idées.
I n certain jour la lumière de l'Evangile s'est levée sur le monde, elle
a l'ait pâlir aussitôt toute antre lumière, et elle n'a été elle-même surpassée
pat' aucune autre. Ceux qui nient la divinité du christianisme sont expres-
sémeni tenus d'expliquer par des causes humaines cette supériorité de la
doctrine évangélique sur tout ce qui l'a précédée et sur tout ce qui l'a
suh ie. < e o'esl pas tout : il faut encore qu'ils rendent humainement raison
d'un second phénomène, pareillement sans analogue dans les annales du
monde. ;i savoir: l'établissement et la perpétuité du gouvernement de
l'Eglise, pouvoir tout immatériel, qui, sans posséder aucune des condi-
tions de force el de durée . a surmonté pourtant les innombrables obstacles
qu'il a rencontres soit dans son sein, soit au dehors. Que si la marche
ordinaire des choses humaines ne suffit pas pour expliquer cette double
merveille, nous serons autorisés à voir dans ces deux grands faits une
manifestation directe de la suprême sagesse, et a proclamer l'Évangile
divin et l'autorité de l'Eglise sainte et surhumaine; nous pourrons, en
un mot, croire le mystère de la Révélation, sans que notre raison ait à
réclamer.
\ ous donc, qui refusez d'admettre la divinité de l'Évangile, avez-
vous ;i nous fournir une explication naturelle de la merveilleuse appa-
rition dans un coin de l'Empire romain de celle doctrine inattendue.
inouïe, sans précédents, sans préparation, qui est venue tout à coup
renouveler la face de la terre et changer les bases de la famille et des
institutions? H y a deux choses également admirables dans l'Évangile:
les préceptes et le précepteur, la vie de Jésus et ses paroles. Chicanez
tant <pie vous voudrez, contestez les textes, supposez des fraudes, des
interpolations, des omissions : soutenez même, avec Strauss, que les récits
des Evangélistes ne - ont qu'un tissu de légendes, d'allégories, de mvlhes:
vous conviendrez toujours que les allégories, les légendes, les mythes
ne naissent point du néant. D'où ceux-ci sont-ils venus? De l'imagina-
— il 8 —
lion populaire, dites-vous; mais le peuple ne mel dans ses créations
[jue les idées et les sentiments qui lui soni habituels : 1rs héros de ses
légendes, il les crée à son image. Or, reconnaissons-nous le moindre
trail «lu caractère hébreu, si dur. si inexorable, dans la charitable para-
bole du Samaritain ou dans le miséricordieux récil de la Femme adul-
tère? Peut-on raisonnablemenl supposer (pie des imaginations juives
s,' soienl complu à inventer le mythe étrange de leur Messie, lils de
David, né dans une étable et mori sur un.' croix, toul exprès apparem-
ment pour blesser la plus chère el la plus indestructible espérance de la
nation juive? Non. il est sans exemple que les légendes populaires
prennent le contre-pied îles opinions du peuple où elles naissent. Vous
direz peut-être , comme une autre école l'a avancé, que la doctrine de
Jésus-Christ est l'oeuvre collective el successive A'ww secte de réforma-
teurs anonymes qui ont abrité derrière un nom fictif les périlleuses
nouveautés qu'ils voulaient répandre; mais le sang si généreusement
versé pour leur foi par les apôtres réfute assez celle lâche hypothèse.
L'originalité même du langage, sa justesse et sa profondeur, sa forme
interrogative et parabolique, établissent invinciblement la personnalité
du Christ. Comparez les diverses parties du Nouveau Testament : saint
Luc et saint Jean, quand ils parlent en leur nom. approchent-ils de la
sublime sérénité empreinte dans les paroles de leur divin maître? La
véhémente et rude éloquence de saint Paul a-t-elle la moindre ressem-
blance avec la douce el magistrale autorité des prédications du Sauveur?
Enûn, si l'Evangile n'esl pas de source divine, montrez-nous ses ori-
gines terrestres* l><>ù ses auteurs, quels qu'ils soient, oui ils tiré* cette
surprenante nouveauté? Ce n'est certainement pas de la Judée. Serait-ce
d'Alexandrie, d'Athènes ou de Rome? Nous savons tout ce qui se di-
sait, toul ce qui se faisait alors dans ces métropoles du monde païen.
Indiquez-nous de grâce, parmi \"^ contemporains de Tibère, le mora-
liste capable de composer le sermon sur la montagne. Vous aurez beau
interroger les plus illustres représentants de l'Académie, «lu Lycée ou
du Portique; vous aurez beau faire appel à tous les sphinx de la sa-
e orientale; vous aurez beau même réunir toutes les vérités éparses
dans l'Ancien Testament, vous ne parviendrez jamais ;ï faire jaillir de
ces sources, si riches qu'elles soient, ni le divin précepte «le I humilité,
ni l'amour des ennemis, m la notion de l'égalité el de la fraternité hu
maines, ni le type de la pureté toul a la fois maternelle et virginale. Je
n'insiste pas : pour toul esprit bien fait, l'Evangile porte en soi la
preuve éclatante de sa céleste origine,
— U9 —
Le doigt de Dieu n'esl pas moins visible dans Y établissement el réton-
iliiiIi' stabilité «lu gouvernemenl de l'Eglise.
En effet, peut-on concevoir, en ne sortant pas du cercle des proba-
bilités humaines, que les empereurs, maîtres absolus du monde, aienl
abdiqué volontairement leurs anciennes, quedis-je, louis divines préro-
gatives, el déposé, sans combat, la plus belle moitié de leur puissance
(>nirc les mains de quelques pieux el pauvres vieillards? Conçoit-on que
Ions les envahisseurs barbares aienl successivement imité cette étrange
et débonnaire abnégation, et que. plus tard, regrettanl leurs impré-
voyantes concessions, ils n'aient pu parvenir, après des luttes sécu-
laires, a ressaisir celte part de leur souveraineté mutilée? Certes, cet
incroyable triomphe de la pensée sur la force n'est pas <le l'ordre na-
turel. La durée de ce gouvernement, qui, depuis les apôtres, a con-
servé son principe el sa forme en ce qu'ils avaient d'essentiel, est, on
peut le dire, un miracle perpétuel; oui. un miracle: je maintiens le
mot, tant qu'en ne m'aura pas montré une autre école philosophique
ou un autre gouvernement qui, comme la papauté, compte dix-huit
siècles d'existence, el cela malgré plusieurs schismes, malgré une mul-
titude d'hérésies, malgré les luttes les plus acharnées et. ce qui était un
bien plus grand péril, malgré les fautes humaines commises par
quelques-une de ses chefs et de ses ministres.
De cette impossibilité d'expliquer par des raisons naturelles ces deux
grands phénomènes historiques , je crois pouvoir légitimement conclure
la divinité de l'Évangile et la sainte et surhumaine autorité de l'Eglise.
En m'inclinanl ainsi devant le mystère de la Révélation, qui entraîne à sa
suite la soumission aux autres mystères, je ne crois pas plus humilier
mon intelligence que lorsque, dans l'ordre physique ou mathématique,
j'adhère a telle ou telle vérité qui surpasse la portée de ma raison.
D'ailleurs, je me hâte de le reconnaître, l'indépendance de la pensée et
ce qu'on appelle le libre examen n'ont que bien peu à perdre à la sou-
mission aux dogmes. L'Église, dans sa sagesse, n'a promulgué qu'un
très-petit nombre d'articles de foi. La liste de ces questions supérieures
et réservées, si on la dressait avec une discrète exactitude, serait Irès-
courte. Il est vrai qu'a certaines époques la théologie (qui n'esl en réa-
lilé qu'une science humaine, et à ce tilre faillible comme toules les
autres), poussée par des passions d'école on par des intérêts séculiers.
a commis "u inspiré des actes d'une déplorable intolérance; mais ces
temps sont loin de nous. Aujourd'hui, la liberté scientifique et la cause
du progrès n'ont rien a redouter du christianisme; Une sa;;e piété a ré
— 420 —
sumé dans un judicieux axiome la charte, si je puis ainsi m' exprimer,
des droits et des devoirs il»' l'esprit humain : in certis uni/as, in dubiis
liberlas, in omnibus earitas. La science et l;i raison peuvent accepter ce
partage; il est juste et il suffit à tous les besoins intellectuels.
Je sens. Monsieur, mieux que personne, tout ce qui manque à cet
exposé; mais j'ai voulu vous adresser une lettre, el non nu livre. Celle-ci
dépasse de beaucoup les limites où j'aurais voulu la renfermer. Si ce-
pendant les considérations qu'elle contient ne parviennent pas à vous
convaincre, je vous prie de ne pas vous décourager. Vous trouverez
aisément n'es guides plus experts que moi. D'ailleurs, comme je vous le
disais m commençant , les arguments les plus décisifs, vous les trou-
verez surtout en vous-même.
(-11. \Iac\i\.
Paris, ag avri] 1 855
MEDAILLES COMMEMOÏÏATIVES
Dl
IV DÉFENSE DE METZ EN 1552.
ÉTUDE
PAIî M. P. CHARLES ROBERT,
HBMBBl Dl p "'' ID1 Mil
Messiei rs,
La défense de Metz, en i .">~>a. eut an immense retentisse-
ment el lut célébrée, à la manière antique, par 'les médailles
représentant, les unes Henri II. les autres François de Lor-
raine. On sait que le roi avaii grand air el que le due de (iuise
portail sur son visage l'empreinte de ses nobles sentiments.
De tels modèles étaienl dignes des artistes de la Renaissance.
Cependanl toutes les médailles commémoratives du siège de
— 421 —
i55a n'ont pas ht même valeur artistique : les unes plates,
sans effet, semblent forgées dans l'atelier monétaire de Metz,
qui avait déjà une certaine activité au moment où cette ville
rentra, avec les Trois-Evêchés, dans le giron- de la vieille
Gaule; les autres, de grand diamètre et remarquables par des
reliefs nettement accusés, sont évidemment sorties des puis-
santes machines que le menuisier Aubrv Olivier venait d'ins-
taller à Paris, dans le palais des Étuves1.
Les pièces frappées au type du roi, pour rappeler soit la
délivrance de Metz, en janvier i 553 , soit l'ensemble dea évé
nements heureux de l'année i55a, offrent diverses variétés2,
auxquelles on a cru récemment pouvoir ajouter le type sui-
vant connu par un dessin du graveur Sébastien Leclerc :
Ce n'est pas une composition du temps, mais une simple
Lubrj Olivier ne lut confirmé que le 3 mars i553 dans la charge de maître
et conducteur des engins delà monnaie; mais le moulin dout il était l'inventeur
avait été installé dès les premiers jours de Tannée.
! Voir, dans les Mémoire» de l'Académie de Metz, I. \WIII. |(. 33i, i85i-
. ma première Klud.. sur les souvenirs numismatiques du siège de >55a.
i22
fantaisii due, selon toute apparence, au célèbre artiste mes-
sin.
Quel (ju'il soit, l'auteur <l<.' cette composition, en datant
de l 553 la levée du siège, ;i fait une application rétroactive
du cpmpul moderne, adopté seulement par Charles IX en
i ,")li'i. Sous Henri II l'année commençait à Pâques, et le mois
de janvier, qui vit la retraite des Impériaux, appartenait en-
coreà l'année \ 55a. Ce dernier millésime se lii exclusivement
sur les médailles authentiques.
La pièce suivante, de moyen module et uV médiocre style,
est fort rare :
Elli i onsa< re au rli la déf( n une in 1 1 iption au
— 423 —
dessous de laquelle esl gravé l'écusson de la cité, parti d'ar-
genl et de sable. Sur une variété de cette médaille dont le re-
vers esl beaucoup mieux gravé le nom du peuple, ugdioh[atri-
« isl , esl substitué à celui (!<■ la wlle :
Les médailles au nom du duc de Guise ne présentenl que
deux types.
La première porte, d'un côté, la couronne de gramim
c'est-à-dire la couronne obsidionale, avec la légende : Fran-
cisco A LOTHAR[lNG]A] DVC1 GVISIAE PARI FRAn[cIAe] DECr[eTo] KXLlt-
cit[vs], et, dans le champ, en sepl lignes : orsebv[atos] metiw
bt franTciae] procerbs «.uiolo v ihp[eratore] et germ[anis] OBS1
d[ertirv£ I.
Le revers exprime pour le vainqueur le vœu suivant : mars
52/j
DEDIT GRAlfINBAM PBRGB REDDBT REGIAS BIEROSOl[yMAe] ET SIC1l[iàe]
TVORVM PROAVODVM ORNAMENTA h[eNRIC|] 11 fJrANCORVm] Il j KOlsj
lvssv. On j)eut croire, d'après cette inscription tracée par
ordre du roi, que la cour, en io5q, souhaitait franchement
à la maison d'Anjou la problématique restauration que tenta
un siècle plus tard, seul et sans appui, un autre Guise, de-
venu chef de l'éphémère république improvisée par Masa-
niello.
La seconde médaille est exclusivement relative au siège de
Metz.
Au droit, sous la légende, frahciscvs dvx gvisivs, le duc de
Guise apparaît en buste; il porte une armure de combat sans
aucun ornement: sa tête est nue. ses cheveux courts, sa barbe
pointue.
\u revei - . la cité de Metz en perspective : sur les remparts,
un guerrier plus grand que nature, debout et armé de toutes
pièces; en arrière et accourant vers lui, une troupe de lances;
dans la campagne, des cavaliers en marche el des chevaux
'.-->:>
échappés; en légende, snr une banderole Bottante, la date du
,■ el les mots : h r< riBi mbta.
.Mais quel esl le moment que l'artiste a choisi? L'étude des
opérations du siège, si profondément intéressante, va uous
apprendre.
Le principal historien des événements militaires qui s'ac-
complirenl alors. Bertrand de Salignac1, est presque toujours
d'une grande précision; homme de guerre et écrivain, il raconte
avec simplicité et d'une manière saisissante des faits auxquels
il a pris part2; mais, s'il peint en maître la figure du duc de
Guise, -*il décrit les sorties de chaque jour, les saillies comme
1 Bertrand de Salignac, marquis de Fénelon , plus t.nil ambassadeur dn roi
auprès de la reine Elisabeth, combattait dans les sorties de ta garnison. François
(leRubulin «lit en parlant de lui : «Comme beaucoup de gentils esprits d'hommes
qui \ estoienl présens cl plusieurs lois se sont trouvez aui meslées et après, delà
mesme main iju ils avoienl combattu escrivoienl les faiets dignes de mémoire;
entre lesquels je puis nmer Salignac, gentilhomme «le noslre temps, de mé-
ritée réputation tant aux armes qu'aux lettres, lequel on a tellement bien et selon
la vérité eserit, qu'il n'estoit presque besoin^ en parler davantage, ny en at-
teindre autre chose.» (François de Rabutin, Commentaire» sur Icfaii de» dernière»
guerre», collection Michaud el Poujoulat, t. VII, p. 636, col. -j.)
- Le Siège de \jri: en i .5 5 -j . à Paris, «lez Cliailo- Estienne, imprimeur du
roi. VfW.lÛ.
— 'r>(\ —
on disait alors, s'il u oublie rien des coups de lance donnés,
<li's convois enlevés et des prisonniers faits dans ces escar-
mouches, on la valeur d<-s défenseurs suppléait à leur nombre
et où l'imprévu de l'attaque tenait incessamment l'ennemi
sur pied1, il est moins explicite lorsqu'il s'agit des travaux de
l'ingénieur et de la marche générale du siège. Le Brief discours
du siège de Met: en Lorraine'2, les Ephémérides du siège et saillycs
de Metz 3 et la Chronique de Jean Carion, continuée par Mé-
lanchthon \ traitent la question au même point de vue, mais
avec moins de sûreté et sans développements. Des lettres, écrites
de Thionville ou du camp devant Metz par des personnages
de la suite de Charles-Quint et par l'empereur lui-même
existent heureusemenl aux archives de Simancas et contiennent
des renseignements précieux, qui, je crois, n'ont pas été uti-
lisés jusqu'à ce jour pour l'élude du siège.
Ces diverses sources d'information se contrôlent et se com-
plètent. Le plan, joint à l'édition originale de Salignac, est bon
aussi à consulter, quoique le mélange de la perspective et de la
projection le rende parfois confus, tandis que le mépris absolu
des distances j cause d'étranges erreurs. Je donne ici, réduit
au tiers, ce plan, dont j'ai, faute d'espace, abrégé la légende.
1 c Les saillies que ceux de dedens fonl tous les jours, Hz les fout gala n terrien I
comme gens <|ni entendent le mestier, el ne se soucienl point beaucoup des
nostn s, car ilz viengnenl tous les jours jusques ;'i nus tranchies.r | Lettre éci il<' I"
• i Dovembre i 55a parle sieur de Boussu, qui commandait le contingent des
Pays-Bas; cf. Gachard, Retraite el mort '/<■ Charlet-Quinl mi monastère de Yusle;
inlrcp.hu lion , p. 28, nul'' 1 .)
Lyon, Payen H Rollel . in-o . i 553.
Pai Y. L. sieur des Chagnatz, Boldat en la compagnie 'In capitaine Vogue
demar.
• \\ ittemberg, i
documenta, qui proviennent de l'ancienne chancellerie impériale, <>nt
été transcrits en 1 853 par M. Gautier, colonel du génie, alors commandant en
ml l'école de Guadalajara , h traduits par M le générât d'artillerie «lo Boblaye.
publication est dw> â \l. Chabert, qui leur a donné place à la suite d'une
iprcssion de l'œuvre de Salignnr (in 'i Metz Rousseau-Pallez, 1861
— 427 —
a MoeeHe. — b Seflie. — c Colline de Helle-Croix. — D Porte Sainte-Barb
e Parte des Allemands. — F Porte Mazelle. — g Porte Saint-Thiébaut. - — h Porte
Champenèze avec son château en avant. — i Tour d'Enfer; en arrière, deux plati
forme? pour artillerie; en avant une brèche. — K Porte aux Mores* en avant, le pon!
mit la Moselle, en tète duquel la garnison vint escarmoucber avec le margrave Albert
de Brandebourg. — l Porte et ravelin du Pontiffroy. — M Village de Magny el pont
sur lequel les Impériaux passèrenl la Seille lorsqu'ils changèrent de point d'attaque.
— n L'abbaye de Saint-Arnonld et son bourg; au milieu, le chemin traversant la
plaine du Sablon el rejoignant la porte Cbampenèze. — o Camp de la reine Marie. —
p Batteries dirigées contre le fronl nord-est. — Q Château de la Horgne, servant de
io;;i> a l'empereur; à droite et en avant, le camp des Espagnols el des Italiens; à
gauche, celui des Allemands. — R Développement des premières tranchées, avec l>;it-
teries en arriére: à gauche, les cavaliers de tranchée établis de chaque côté du chemin
qui va de l'abbaye de Saint-Arnonld à la porte Champenèze. — s Tranchées et ira-
vaux exécutes après l'ai ruée de l'emperi ur: a gaoche et en avant les gabionnades et
les cavaliers amies de canons; la tranchée la pins voisine do fossé laisse voir le der-
nier cavalier élevé contre la tour d'Enfer. — t Camp et batteries du margrave Albert.
— V Tours îles Ligniers el des Vassieux ruinée- el brèche de ia courtine. — x Ordre-
pour défendre la brèche. — z Village de Moulins el pool <a»r la Moselle par lequel le»
Impériaux batti retraite sur Thionville
i28 —
Henri II ;i\;iit occupé les places de Metz, de Toul el de
Verdun au commencement de iôâ->. en vertu il"' son traité
secret avec les princes protestants, ligués eux-mêmes contre
Charles-Quint1. Mais l'empereur, qui avait failli être surpris
à Inspruck par leur chef, Maurice de Saxe, céda à leurs exi-
gences et les détacha de l'alliance française; seul, Albert <lc
Brandebourg, margrave de Culembach2, resta en apparence
l'allié du roi de France, tout en se réservant, comme l'éta-
blissent les documents espagnols3, de jeter ses vieilles bandes
là où l'on saurait les paver le plus cher.
Charles-Quint, à peu près sûr de l'Allemagne, avait encore
de grandes affaires en Italie-, il les négligea, décidé qu'il était
à porter toute sa puissance contre Henri IL ei convoqua les
lucres de ses vastes Etats; mais, dissimulant encore, il parla
d'aller au secours de son frère contre 1rs Turcs. Ce ne fut
qu'après avoir « assemblé ses gens el l'ait sa niasse à Munich4»
qu'il démasqua ses projets. Il résolu! d'entrer eu France par
les Trois-Evêchés , pendant que l'armée des Pays-Bas opérerait
dans le nord du royaume, et c'est à Met/ qu'il réserva les
premiers coups5.
Au sujet des négociations qui amenèrent ce traité el îles événements qui le
précédèrent '■! le suivirent, voir dans la Revue dei Deux Mandée, décembre 1870,
['article publié par M. Charles Giraud ^ ce titre : Lu France etlei princes al-
letnand» «" tvi siècle; les Trois-Evêchés ei le siège de Metz m i55a.
1 Ubert, surnommé le Belliqueux, rAlcibiade ou le Jeune, neveu du pre-
mier duc de Prusse, klbert, margrave de Bereith, était en même temps arrière
cousin de Joacbim II. qui occupai! alors le trône électoral de Brandebourg. Ses
cruautés le firent mettre dans la suite au ban de l'empire.
1 l /><» uments espagnol», p. 1 1 fi. Lettre de Linux Orejuela à Gonzalve Pm : .
taire de Philippe, et, p. 1 •■•'>. Lettre duù novembre , sans Buscription ni si-
gnature.
' Rapport en date du 17 août, adressé de Venise au roi | Mémoires-journaux
du dm de Guise, collection Michaud el Poujoulat, 1. VI, p. 7 V)-
Dès le mois d'avril i55a, au moment même où le roi, après avoir placé
Metz bous son protectorat, continuait Ba roule vers V Allemagne, on agita au con-
eil d( n [on< di P ' il n< conviendrait pas d'envoyer sans délai , contre
— 429 —
Le roi, lors de s<m séjour à Metz, au mois d'avril, avail
confié au comte de Gonnor le gouvernement de la place el
lui ;i\ail donné Tordre de la mettre en état; mais peu de tra-
vaux avaienl été exécutés, peu de mesures avaient été prises,
lorsqu'il ne lut plus permis de se tromper sur les projets de
Charles-Quint.
François de Guise lui nommé lieutenant général du roi
dans les Trois-Evêchés ; il étaii désigné à la fois par ses hautes
vertus militaires et par sa qualité de frère du cardinal de
Lorraine, qui administrait l'évêché il'1 Metz el pouvait lui
fournir des secours '. C'est le 17 août que Guise se jeta dans
la place, où vinrent bientôt le joindre l'élite de la noblesse
française et des hommes babiles dans l'art de la guerre2.
Le lieutenant général du roi pourvut à tout dès son arri-
vée. La munition possédant à peine deux mille huit cents
cartes d.' bit-, les maires des villages reçurent l'ordre d'envoyer
à Metz. 011 ils eu seraient pavés, tout ce qu'on requerrait des
récoltes lorsqu'elles seraient faites. Mais comme à une cer-
taine distance de la ville les routes étaient menacées par les
coureurs de la garnison allemande de Thionville, M. de Ne-
mours, le vidame de Chartres, le comte de la Rochefoucauld
et d'autres se chargèrent en personne, avec des chevau-lé-
gers, de protéger les convois et d'assurer le ravitaillement de
la place. La ville approvisionnée, on commença, comme on
disait alors, le dégât dans la campagne; mais cette rigueur
rode place, toutes les forces du Luxembourg. L'entreprise eût été alors relative-
ment facile; on n'osa la tenler. ( Délibération» de lu renie de Hongrie, du ag avril
i55a , Archives du royaume île Belgique, papiers d'Etat, lettre» des teigneur»,
l. IV, fol. 398.)
' H y avait longtemps, an wi' siècle, que l'évèque n'exerrail plus aucune si i-
jneurie temporelle sur la cite de Welz: mais il avait conservé dans l'évêché
quelques pelit< > places, où il jouissait encore de certains droits régaliens, tels que
relui de frapper monnaie.
2 Pierre Strozzi , chevalier de l'ordre, les seigneurs de Saint-Remv. d'Ortoliie
le Popincourt et Camille Marin, qui fut tué par un boulet.
— 430 —
répugnai! au lieutenant général du roi, et on laissa dans bon
nombre de fermes le vin, le blé e1 les fourrages qui s'j trou-
vaient encore; « n conserva toutefois l'état, afin de les pou-
voir détruire à t'approche de l'ennemi. Les récits du temps
louent fort cette mesure, qui ajournait la ruine des habitants.
Ici, cependant, une remarque instructive est à faire : on
avail cru que ce retard sérail sans danger ei qu'on aurai! le
temps d'exécuter le plan arrêté et de brûler ou de noyer,
avanl l'arrivée de l'ennemi, tout ce qui pourrait lui servir.
On s'était abusé, car une lettre écrite, le 22 octobre, «lu
quartier général de l'empereur, déclare que «l'ennemi n'a
rien brûlé de bien important el que les fourrages abondent '. »
Or, en ce temps de mauvaises routes, où les armées ne \i-
vaienl guère <|ue sur le pays, on comprend qu'il eût fallu
avanl tout ôter à l'ennemi les ressources locales; mais Guise
avait été fidèle aux instincts français. Pendant qu'on donnait
;i Metz, imprudemment peut-être, cet exemple d'humanité, le
■Mintc de Rœux, qui avait, à la tête des forces de l'empereur,
envahi l'Artois et la Picardie, y faisait le vide avec une sau-
vage régularité et incendiail sept cents villages.
Kn même temps que la ville de Metz s'approvisionnait, les
habitants, autres que les ecclésiastiques jugés indispensables
m service du culte el i|ifun certain nombre de marchands,
d'artisans ou de manœuvres pouvant être utiles pendant le
siège, lurent prévenus par le magistrat qu'ils auraient à quit-
ter la ville au premier ordre; ils se hâtèrent d envoyer au de-
hors leurs meubles el leurs e|]e|s. OU les coillîèreill. sur in-
ventaires, aus seigneurs de Piépape et de Saint-Bélin . ordonnés
ommissaires a toutes les munitions. Les canons, dont la cité
était si frère, au dire de ses historiens, étaient éventés : ils
urenl refondus; la poudre étail vieille : on en fabriqua de
Document* « tpagnol* , p. 1 90 el 191
— 431 —
nouvelle; les constructions qui encombraienl !<••> fossés el s'a-
dossaient ;m\ murailles gênaient la défense : elles lurent im-
pitoyablement abattues . sans que les habitants fissent entendre
aucune plainte. Au dehors, on rasa des bourgs entiers pour
priver les assiégeants de tout ceuverl el pour permettre à
l'artillerie de la place de voir el de balayer les abords: on
sapa ei on étançonna les colonnes et les piliers des édifices,
afin de les taire tomber au premier ordre. L'église de la cé-
lèbre abbaye royale de Saint-Arnould, vaste el élevée, pou-
vail servir de plate-forme aux canons ennemis; sa ruine lui
consommée, dès que le clergé eut transféré processionnelle-
nient à Met/ les reliques des grands saints de la vieille Aus-
trasie et les corps d'Hildegarde, de son (Ils Louis le Débon-
naire et do plusieurs Carlovingiens. Derrière les châsses
marchèrent le due de Guise et vingt-trois princes, la tête nue
et la torche au |>oin;,r, puis le maître-échevin , les Treize e1
les autres officiers de la cité en costume de cérémonie.
Cependant les remparts et les cavaliers en terre, dont
quelques-uns avaient été commencés par le comte de Gonnor,
lurent activement élevés, surtout \ers l'est, en face des routes
«pie devait suivre l'ennemi, (l'est ainsi qu'un grand terrasse-
ment intérieur, qui portait encore naguère le nom de retran-
ckemeni de Guise, l'ut établi en arrière de la porte Sainte-
Barbe, entre la Moselle el le second bras do Ja Seille.
La garnison était pou nombreuse; on ignore quel était
exactement son effectif au début du siège. Les Bénédictins,
ailleurs de l'histoire de Metz, ne l'évaluaient qu'à sept ou
huit cents chevaux et cinq mille fantassins. Salignac dit que
-la cavalerie ne fit monstre que do quatre cent quarante-
quatre chevaux et qu'ensemble les trois compagnies d hommes
d'armes ''(oient loin alors de leur nombre total de neuf-
vingts;)! quant aux autres corps réguliers, qui consistaient
principalement en vingt-trois enseignes de gens de pied, il ne
— 132 —
leur donne euère <pie (|ii;itre nulle cinq cents hommes. Le récit
d'Ambroise Paré confirme ce dernier chiffre. En outre, on con-
serva douze cents des nombreux pionniers employés aux terras-
sements pendant les deux mois <[ui s'écoulèrent entre l'arrivée
du duc de Guise et celle de l'armée ennemie. Les documents
espagnols évaluent le nombre des défenseurs de la place, tantôl
à huit mille hommes, y compris quinze cents lances1, tantôl
à dix mille fantassins avec mille chevaux2; ces dernières éva-
luations sont évidemment exagérées. Les forces françaises,
quelles qu'elles fussent au juste, semblaient doue insuffi-
santes; mais elles se doublaient par une bonne discipline el
comptaient, au dire même des écrivains étrangers, les
hommes de guerre les plus habiles.
L'année qui se réunissait pour attaquer Metz était, au
contraire, de beaucoup la plus considérable des armées qui
furent mises en ligne au xvie siècle. On ne saur ail cependant
accepter le nombre de deux cent mille hommes auquel l'a lait
mouler la petite chronique écrite à Metz, au couvent des (lé-
lestins3, ni peut-être même celui de cent vingt mille indiqué
par Ambroise Paré4; mais les chiffres de soixante mille fan-
tassins, de sept mille pionniers el de plusieurs milliers de
.chevaux qu'accusent les documents espagnols, après la j<mr-
lum di' l'armée du margrave Albert, sont assurément trop
faibles. Bertrand de Salignac, lorsqu'il énumère les corps des
diverses nations qui formaient l'armée ennemie, ne donne
leur effectif total m au début ni à la lin du siège.
L'avant-garde de Charles-Quint, partie de Deux-Ponts, se
présenta le i q octobre devant la place et s'installa sur le pla-
1 Francisco de Erarso.qui lui plu*- lard secrétaire d'Étal (!<■ Philippe tl (Do-
cumenta espagnol» , \< i a8 ).
2 Lettre du '/ septembre (sans signa lu re . ibid. p. is
Ihsi. bénéd, de Meti . t. III . p. Vi-
Voyagea Meli . dans le OEuvres complètes n" Ambroise Paré | Paris, i 6i 'i .
|p. i io •
— 133 —
i.'au de Grimont. Quelques jours après, le contingent des
Pays-Bas étant arrivé à son tour. et la grosse artillerie, venue
par la Moselle, ayanl été mise à (erre, le duc d'Albe, qui com-
mandait en chef, ouvrit les opérations. Les hauteurs de la Belle-
Croix, situées à l'est et tout près de la place, s'offraient naturel-
lement à l'ennemi: elles furent occupées, malgré les efforts
d'une sortie, reçurent quelques canons et envoyèrent des bou-
lets contre la porte Sainte-Barbe et les murailles voisines.
Cette position élevée semblait permettre de diriger sur Metz
et sur ses défenseurs un tir plongeant auquel ils auraient dif-
ficilement résisté: cependant le duc d'Albe renonça à la con-
server, et. le 2 novembre, laissant au camp de Grimont ou de
la reine Marie quatre régiments et trois mille chevaux, qui y
restèrent jusqu'à la fin du siège, il alla passer de vive force
la Seille avec le gros de l'armée et installa son camp au Sa-
blon. plaine ondulée qui s'étend entre cette rivière et le haut
de la Moselle, au sud de la place.
Ce changement de position étonna les défenseurs et les ha-
bitants restés dans la ville. La petite chronique des Célestins
n'hésite même pas à incriminer les intentions du lieutenant
de Charles-Quint: quant à Salignac. sans justifier le mouve-
ment, il reconnaît que la place, grâce aux récents travaux de
la défense, était devenue très-forte du côté de l'est.
L'examen des lieux permet d'assigner ait mouvement de
l'armée ennemie deux motifs également impérieux. Le pre-
mier était la différence du terrain : sur le plateau de Grimont
et à la Belle-Croix, le sol. de nature argileuse, devient im-
praticable après quelques jours de mauvais temps, et, selon
les récits espagnols, l'automne de tô5:> fui très-pluvieux; au
contraire, le sol perméable de la plaine du Sablon promet-
tait une installation moins mauvaise pour les camps et des
tranchées qui ne seraient pas noyées. Le second motif était
essentiellement technique : la place, à l'est, en face des hau-
ii. 29
— àSh —
teurs de la Belle-Croix, était doublement protégée par la
Seille, qui baignait ses murs et qui formait en outre, à l'in-
térieur, à une certaine distance de l'enceinte, une large cou-
pure. Or les eaux de cette rivière, qui a peu de pente, gros-
sissent considérablement à la fin de l'année; les Impériaux
auraient eu. par conséquent, aux derniers instants du siège,
des passages de fossés bien dilliciles à tenter. Quant à la par-
tie de l'enceinte qui s'étendait jusqu'à la Moselle, si elle ne
présentait qu'un fossé plein d'eau, formé par la jonction des
deux branches de la Seille. elle était renforcée à l'intérieur
par le puissant retranchement dont j'ai parlé plus haut. Au
nord et au nord-ouest, deux larges bras de la Moselle ren-
daient les attaques plus dilliciles encore. Au contraire, le
grand ouvrage rectangulaire en saillie qui défendait la ville
au sud-ouest, en face du Sablon. c'avait point d'eau dans ses
fossés et ne se composait encore que des vieilles murailles
sans remparts. Le nouveau point d'attaque était donc indi-
qué. Il ne faut pas oublier qu'à cette époque on ne pouvait
pas détruire les villes par le bombardement; l'artillerie, qui
usait parfois encore de boulets de marbre, n'était pas assez
puissante. Quant à affamer lentement les garnisons, on n'y
songeait pas. tant les traditions de la chevalerie étaienl vi-
vantes; aussi l'assaut était-il le but unique, et, si l'on faisait
d'-s tranchées, si l'on montait des batteries, c'était pour ap-
procher de la place, pour faire brèche et bàler le moment de
la lutte corps à corps, (les conditions, dans lesquelles se lai-
saii la guerre au wf siècle, étaient, il faut le reconnaître, fa-
vorables au génie français.
Quoi qu'il en soit, le nouveau point d'attaque avant été
choisi, les tranchées s'étendirent rapidement des bords de la
Seille au chemin qui conduisait de l'abbaye de Saint-Arnould
à la porte Champenèze , etdépassèrenl même ce chemin; elles
enveloppaient ainsi, d'un côté, le liane sud-est du grand ou-
— &3S —
vrage rectangulaire. de l'autre, la partie de sa longue face
qui s'étendait jusqu'au château de la porte Champenèze. Pour
l);ttlre ce château, deux cavaliers en terre et en gabions furent.
élevés à droite et à gauche du chemin dont il vient d'être
question. Le q novembre, l'ennemi démasqua ses batteries,
lança sur la ville une volée de boulets, et commença ensuite
contre les murailles un tir régulier. L'artillerie de la place
répondit sain grand succès et ne fit guère que briser quelques
affûts. Tout d'abord la porte Champenèze et les murs voisins
furent entamés, et le duc de Guise, qui se tenait dans la
fausse braie pour observer l'effet des projectiles ennemis,
faillit être enseveli sous les décombres. Le 17 novembre, la
brèche s'ouvrit, mais le bas des murailles n'avait pas été at-
teint et l'assaut était impossible.
C'est vers la même époque que le margrave Albert de
Brandebourg, qui se trouvait alors à Marsal, ne pouvant ob-
tenir du roi les sommes énormes qu'il prétendait lui être
dues, renonça à la conduite ambiguë qu'il tenait depuis quel-
que temps, etfit ouvertement des propositions à Charles-Quint.
L'empereur avait contracté un emprunt en Italie et trouvait
des ressources dans les galions des Indes et dans le crédit des
Pays-Bas : il pouvait donc traiter, et il traita avec le mar-
grave , tout en montrant un vif chagrin l d'avoir à donner la
main à un prince qui l'avait si profondément offensé et qui
venait tout récemment de ravager sans pitié les électorats
ecclésiastiques. Albert changea donc l'écharpe blanche pour
l'écharpe rouge et débuta par un coup heureux. Il délit en
effet, auprès de Saint- ÏNicolas, deux mille chevaux envoyés par
le roi pour entraver sa marche. Descendant ensuite les vallées
1 Voir la lettre de François de Era.-o à Philippe, écrite de Thionville, le
16 novembre 1 552 (Documents espagnols, p. 129), et la lettre du sieur de Bous-n
à la reine Marie, en date du 9. 1 novembre (Gachard, Retraite et mort de Charles-
Quint au monastère île 1 u*te . t. I, p. 95, note a).
*9-
— A36 —
de la Meurthe et de la Moselle, il arriva devanl Metz avec trois
mille cavaliers, quinze mille fantassins et quarante canons, et
s'installa en face de la Moselle, tant dans la plaine du ban
Saint-Martin que sur les premières pentes du mont Saint-
Quentin. Cette position avantageuse complétait l'investisse-
ment de la place; le margrave la conserva jusqu'à la fin, se bor-
nant à escarmoucher contre les sorties journalières et à tirer
sur la ville, sans entreprendre aucune attaque régulière.
Cependant Charles-Quint, surmontant les douleurs de la
goutte qui l'avait arrêté à Thionville, rejoignit l'armée le
18 novembre et occupa le château de la Horgne, autour du-
quel s'étendaient les camps. Monté sur un cheval turc aux
douces allures, il reconnut la place avec le duc d'Albe, et,
jugeant que les tranchées avaient trop de développement, il
porta les attaques vers la gauche et les concentra sur la mu-
raille qui réunissait le château de la porte Champenèze à la
tour d'Enfer, el sur ces deux ouvrages. La porte avait déjà été
battue : il restail à achever sa ruine, mais il fallait surtout
renverser la tour d'Enfer, qui donnait dans le fossé des feux
de flanc redoutables. Le terrain ainsi choisi étail un peu plus
élevé et ne présentait pus an même degré l'inconvénient géné-
ral signait' plus haut; aussi les ingénieurs italiens espéraient-
ils que l'artillerie atteindrait enfin le pied des murs. Les tra-
\ ailleurs reprirent donc la sape el poussèrent rapidement les
cheminements. Lu puissant cavalier l'ut élevé en face de la
lour d'Enfer el armé <l<- canons qui devaient contre-battre le
lias de-ce! important ouvrage, d'où partaient les feux rasants.
En même temps, un commença des mines destinées à renver-
ser ce que le canon épargnerait. Ce plan, très-bien conçu,
ressort nettemenl des documents espagnols. On ne se dissi-
mulait pas, dans l'entourage du duc de Guise, qu'une brèche
praticable finirait par être ouverte, et que l'empereur, dispo-
sant de forces immenses, pourrait renouveler ses colonnes
— 437 —
d'assaut et accabler la défense par le nombre. Mais l'approche
du danger ne lit que surexciter le courage de la garnison. La
construction d'un rempart en terre el en charpente, entre-
prise depuis peu en arrière de la muraille, fut poussée jour
ef nuit avec ardeur: on veilla à la sûreté de la tour d'Enfer,
dont les voûtes inférieures furent étançonnées, et l'on ouvrit
des écoutes pour saisir le bruit du mineur ennemi. En outre,
une plate-forme à canons fut éditiée sur le liane en retour
faisant face à la Moselle, et augmenta le tir de la défense.
Enfin deux compagnies d'hommes d'armes s'établirent, prêtes
à tout, auprès du général en chef, dont le logis touchait au
point menacé.
Le 3 <i novembre, après une visite de Charles-Quint aux
tranchées, le feu recommença, et treize cent quarante-trois
coups de canon entamèrent le mur en trois endroits; les jouis
suivants, le tir en brèche avant continué, la tour d'Enfer
s 'entrouvrit sur une largeur de vingt pieds, et deux tours
voisines, celle des Vassicux et celle des Ligniers, situées sur
la grande face, furent entièrement ruinées et entraînèrent un
pan de muraille qui s'écroula avec fracas. Lu cri immense
s'éleva du camp des Impériaux; mais, lorsque la poussière se
lut dissipée, on aperçut derrière la courtine renversée le rem-
part en terre qui avait surgi comme par enchantement. Il
fallut recommencer l'œuvre du canon. La- tour d'Enfer, qui
tenait encore, devint le principal objectif; les cheminements,
sous la protection du cavalier, atteignirent bientôt les fossés
et permirent de les couronner par une tranchée qui reçut
deux canons et un grand nombre d'arquebusiers. On était
alors si près les uns des autres (pion s'entendait parler. Enfin
la tour d'Enfer et les travaux de la défense qui s\ rattachaient
tombèrent à leur tour, et les Impériaux eurent devant eux
une large brèche de quatre-vingt-dix pas qui sollicitait l'assaut.
Le 7 décembre, au point du jour, les tambours ennemis
— 438 —
battirent sur toute la ligne, et les piques scintillant au-dessus
du parapet des tranchées dénoncèrent de longues colonnes
d'attaque se rapprochant de la place. Guise se précipite au
sommet de la brèche, suivi de son frère, du prince de Bour-
bon, du duc de Nemours, d'Horace Farnèse, des Montmo-
rency, du vidame de Chartres, du comte de Martigues et de
tous ceux qui, servant directement sous sa cornette, avaient
le privilège de partager avec lui le poste d'honneur.
C'est ce moment suprême qu'a choisi le graveur. Au pre-
mier plan, dans la campagne, l'armée ennemie1: devant elle
la ville vue à vol d'oiseau; d'un côté la tour d'Enfer et les
tours voisines; de l'autre la porte Champenèze, la porte Saint-
Thiébault et la porte Mazelle, auprès de laquelle une sorte
de ruban trace le cours de la Seille; à l'horizon la Belle-
Croix; entre la tour d'Enfer et la tour voisine, François de
Lorraine, debout, armé de toutes pièces, défie l'ennemi et
semble lancer à Charles-Quint l'apostrophe que reproduit la
légende: ii.ec tibi meta2!
La brèche, que protégeait la fière contenance des Français,
ne fut point tentée, et Metz eut la gloire d'arrêter la fortune
du grand empereur.
Charles-Quint cependant ne s'avoua pas vaincu. Pendant
les jours qui suivirent, tantôt il fit tonner son artillerie, tan-
tôt il commanda l'assaut; mais ce fut en vain : les boulets
' L'iirlistc, tout en montrant sur la brèche le duc de Guise et ses compagnons
déâant l'ennemi et on marquant ainsi le point saillant du siège sur lequel in-
tislenl tons les récits, ne s'est pas attaché à rendre l'aspect de l'armée as-
ante. Les chevaux libres qu'il s'est plu à représenter ('■(aient sans doute
dans sa pensée la formule artistique de la déroute que la journée du 7 décembre
faisait déjà pi
nom latin de Metz était Mettu; au wi rièele on employa aussi Meta ou
Stetœ. L'apostrophe du duc de Guise renferme un jeu de mots dans le f;oùt du
temps. Elle est reproduite dans un distique composé pour une fête à laquelle
ta François 'I" Lorraine après son retour à Pari- (Cf. Œuvres d'Esuenne
Pasquier, t. Il: Lettre», p. in i't guiv 1
— \M) —
avaient fait leur œuvre, et ses soldats ne voulaient OU tt€
pouvaient plus l'aire la leur. C'est ainsi que finit cette formi-
dable entreprise dont on devail tout al tendre. Le soixante-
cinquième jour de l'arrivée du duc d'Albe, et le quarante-
cinquième de l'ouverture du feu, à bout de courage et d'es-
poir, si l'on en croit Vieilleville. reniant Dieu, accusant les
hommes et prêt à dire adieu au monde ', Uiarles-Ouint se
décida à ordonner la retraite. Le ao décembre, il avait écrit
à son fils une lettre fort étudiée'- dans laquelle il n'avouait
nullement l'importance de son désastre et insistait sur la né-
cessité d'aller secourir Hesdin dont il ignorait encore la capi-
tulation récente. Enfin, le 1er janvier, il partit pour Bruxelles.
Les Brabançons du camp de Grimont gagnèrent directement
la route de Luxembourg; l'armée du duc d'Albe, quoique dé-
moralisée par sa déroute et épuisée par les souffrances d'un
campement en mauvaise saison , se reforma tant bien que mal
à Moulins, passa sur la rive gauche de la Moselle, embarqua
son artillerie et, prenant la voie de terre, s'achemina vers
Thionville, sa cavalerie et son artillerie à l'arrière -garde.
Quant aux bandes du margrave Albert, plus aguerries, venues
plus tard et n'ayant pas pris au siège une partaussi active, elles
avaient moins souffert; elles restèrent dans leurs positions pour
proléger la retraite et ne levèrent le camp que le 9 janvier.
Le roi, dont les principales forces étaient dans le nord,
n'avait pris aucune mesure pour inquiéter les généraux enne-
mis pendant leur retraite 3. Le duc de Guise et les grands
1 Vincent Carloix, Mémoires du maréchal de Vieilleville, t. lt, p. 658.
'* Documents espagnols* , p. 1 30,-1 45 .
3 Le duc de Nevers, qui était à \ aucouleurs, d'où il interceptait les convois
expédiés de Franclie-Comté à l'armée des Impériaux, \int à Metz avec une partie
de sa compagnie le G janvier; il assista à m scannniidn- eoiilre les troupes du
margrave et repartit le lendemain. Le maréchal de Saint-André, qui avait, pgfl
dant la durée du siège, couvert la place de Verdun et lait une pointe liomeuse
jusqu'à Onvelotfe et fWerienlles, cnlra pRak'inpnl à Metz avec une troupe àf
— A/iO —
seigneurs volontaires chargèrent bien, avec leur audace habi-
tuelle la queue des colonnes, mais on n'obtint et l'on ne
pouvait obtenir aucun résultat sérieux contre des masses en-
core profondes1. Cependant, si Charles-Quint et le margrave
ne laissèrent que peu de canons ou de prisonniers aux mains
des Français, ils leur léguèrent de nombreux malades, qui
furent habilement soignés, sinon par les chirurgiens et bar-
biers de Metz qui, pendant la durée du siège, avaient été
assez malheureux dans leurs essais pour être accusés d'empoi-
sonner les remèdes, du moins par Ambroisc Paré, qui, vers la
lin de décembre 2, avait pénétré dans la place à l'aide d'un
capitaine italien gagné à prix d'or.
L'ennemi parti, la noblesse française quitta Metz, où elle
laissait plus d'un mort, et le duc de Guise regagna la cour,
accueilli sur son passage aux sons des cloches et aux accla-
mations du peuple. Quant à la petite garnison, à peu près
pourvue, bien installée dans une ville à moitié déserte, elle
avait échappé aux épidémies qui dévoraient d'ordinaire, en
ces temps, les villes assiégées. Ses rangs cependant n'avaient
pas laissé «pie de s'éclaircir à la garde des remparts et dans
les escarmouches. On lit, dit Salignac, la monstre aux gens
de guerre qui restaient, tant de pied que de cheval, avec
payement de tout le temps qu'ils avaient servi, et, sur la per-
mission expresse du roi. on ne leur précompta pas le prix
• les vivres qu'ils avaieni reçus. Henri II adressa de sa main
gendarmes •! de cavaliers, mais seulement après te départ des derniers cn-
ll.'lllis.
1 D'après quelques récits français, le triste état dans lequel s<: trouvaient les
Impériaux battant en retraite aurait désarmé le bras de Unis.' et de ses com-
pagnons. Mais l'armée de Charles-Quint se rendait en Flandre, d'où elle devait
reprendre l'offensive; il '"-i difficile de croire que la j;arnis<m <\<- \l soit
abstenue par un simple sentiment de pitié <Je faire mettre bas les armes à des
corps qu'elle aurait pu couperet faire prisonniers.
I tire de Henri II au dur de Guise; voy. Mémoires-journaux du dur (h
Guùe dans la rnlleriion Michaud et Ponjoulat, f. Vf, p. i/i3, i" entonna.
— !\!x\ —
à chaque capitaine une lettre de félicitations, et le duc de
(Juise obtint diverses récompenses pour ceux qui s'étaient le
plus distingués.
APPENDICE W II-
RAPPORT
P4IT AD NOM DE LA COMMISSION DES ANTIQUITES DE LA FRANCE, SUH LES
OUVRAGES ENVOYÉS AU CONCOURS DE L'ANNEE 187/1, PAR M. A. DU
l-ONCl'ÉRIER.
Messieurs,
Dans les rapports qu'elles vous présentent annuellement, vos commis-
sions (1rs Antiquités de la France s'efforcent d'atteindre un double but.
Au devoir do vous rendre compte des travaux qui sont renvoyés, par
vous. à leur examen s'ajoute l'obligation non moins importante de four-
nir aux travailleurs, suivant une constante tradition, des indications re-
latives aux besoins de la science, aux exigences de l'érudition critique,
telle que le progrès des temps la constitue.
Naturellement, cette partie de nos rapports, qui tient quelque peu
du programme, doit en avoir la monotonie périodique, en même temps
que l'utilité. Rappeler à ceux qui s'occupent d'histoire qu'il leur faul
se montrer de plus en plus sévères dans le choix des autorités dont ils
invoquent le témoignage, à mesure que les éléments d'information
deviennent plus abondants et se présentent sous une forme plus épu-
rée; leur dire qu'il ne snflil pas de citer de bons documents, mais qu'il
est nécessaire de n'en point altérer le caractère et la portée lorsqu'on
les met en œuvre; avertir ceux qu'attire la philologie des dangers que
présentent les méthodes incomplètes ou même I absence de méthode;
conseiller aux interprètes des monuments (igurés de subordonner les ex-
plications ou les classifications qu'ils produisent à des vérifications
comparatives et. autant que possible, à l'examen de séries bien ordon-
nées; tel est le soin qui incombe à vos commissions. Mais de telles re-
— 442 —
commandations ne peuvent être laites sans occasionner des redites, au
sujet desquelles le rapporteur est contraint d'invoquer votre indulgence.
Lorsqu'un écrivain laborieux a pris part à plusieurs de nos concours,
il est certain que ses premiers ouvrages viennent en aide au succès de
travaux plus récents, ("est là un genre d'influence que vos commissions
subissent très-volontiers; il leur arrive, lorsqu'elles sont dans la néces-
sité de faire un choix entre des productions égales en mérite, de se déci-
der en laveur de celles dont les auteurs ont déjà, par des services rendus
à la science, acquis de* droits à votre approbation et à vos encourage
ments. Il est donc toujours tenu grand compte de la persévérance dans
les fortes études; règle équitable dont l'Académie réclamerait à coup sur
(application si vos commissions, Messieurs, pouvaient l'oublier; et que
néanmoins il n'est pas inutile de mentionner ici pour l'édification des
personnes studieuses qui lisent nos rapports, et qui, n'assistant pas à
nos délibérations, n'en attendent pas moins avec intérêt, parfois avec
anxiété, l'expression de vos opinions scientifiques.
La première médaille a été décernée à un ouvrage qui réunit toutes
les conditions que vous nous entendez souvent énumérer. L'auteur du
grand recueil intitulé : Inscriptions antiques de Vienne en Dauphiné, a d'a-
bord fait la collection très-correcte des textes épigraphiques de la ville
et du territoire de la colonie dont elle était la capitale; soit en copiant ces
textes sur les monuments originaux, opération qui exige bien souvent
de persistantes révisions, soit en recherchant, pour les mono ments au-
jourd'hui perdus ou anéantis, les meilleures copies conservées par «les
ouvrages imprimés ou manuscrits. Il faliail encore, dans ce dernier cas,
comparer les diverses leçons, et eu tirer le sens wai ou du moins le plus
probable.
M. Mimer n'aurait-il eu qu'à relever dans les musées des inscriptions
soigneusement classées, n'aurait-il eu qu'à faire le dépouillement d'ou-
vrages rédigés par des épigraphistes éclairés, que sa lâche n'en eut pas
moin-, été Forl méritoire. Mais, mi est en droit de le dire, le savant que
nous avons unanimement proclamé digne de la première récompense
avait a surmonter une Foule de difficultés (dont un lecteur pourrai) bien
m- pas mesurer l'étendue parer que l'auteur a modesleraenl négligé d'en
présenter le tableau), difficultés qui ne pouvaient être vaincues que par
cette persévérance inébranlable qu'inspire un profond amour de la
science. \1. Lllmera dû, le crayon à la main, parcourir nombre de lois
plusieurs départements française! un canton Buisse, c'est-à-dire lesdio
- de Vienne de Grenoble et de Genève, composant le pays des bo
— UiZ —
tiques Allubroges; il a dû s'enquérir, de village en village, du sort des
monuments publies jadis plus ou moins fidèlement . les découvrir là où
ils se cachent; chercher dans chaque fouille nouvelle, parmi d'informes
débris et jusque sous le marteau de l'ouvrier, des pierres écrites aux-
quelles il allait conférer une valeur archéologique. Que de soins, que
d'efforts incessants I
Dix années de la vie de M. Mimeront été employées à ce travail pré-
paratoire. Les copies qu'il a faites .les textes épigraphiques, avec un vé-
ritable talent d'artiste, et qu'il contrôlait à l'aide d'empreintes prises par
lui-même, ne se limitent pas aux monuments de l'antiquité; sa collection
descend jusqu'au m* siècle.
Ces textes nous sont donnés sous quatre formes. D'abord enfac-sinule
réduits, dans un atlas de cent soixante planches, puis en copies épigra-
phiques , suivies d'une transcription en toutes lettres et d'une traduction
française.
L'auteur s'est donc astreint, avec une parfaite bonne foi. à exposer
tout ce qu'il a vu . tout ce qu'il supplée; et le commentaire développé qui
vient après ses traductions montre ce qu'il pense des textes et ce qu il a
su tirer de leur étude. Dans ce système, où la sincérité met en relief une
connaissance approfondie de la matière, aucune place n'est laissée aux
équivoques, disons-le. aux échappatoires : l'auteur se livre tout entier,
et il n'a qu à v gagner. Un autre mérite encore que nous nous garde-
rons bien de passer sous siience : chaque article contient une bibliogra-
phie très-complète du monument décrit. M. Allmer n'a pas la prétention
de ne publier que des documents inédits, et le lecteur est d'autant plus
porté à donner une confiante attention au commentaire placé sous ses
veux qu'il sait d'avance que l'auteur a connu l'opinion de ses prédéces-
seurs et ne s'en écarte que pour proposer des corrections, des interpré-
tations nécessaires.
Après avoir établi les textes et les avoir traduits. M. Minier avait à
les classer. Voici quel est le plan de l'ouvrage, qui, du reste, n'est point
encore terminé, puisque deux volumes seulement ont été renvoyés à notre
examen. Nous ne faisons usage du troisième, imprimé depuis la clôture
du concours, qu'a titre de renseignement.
M. Allmer met au premier rang les inscriptions publiques antérieures
aux empereurs (il s'agit d'inscriptions de Home mentionnant les Allo-
broges), et celles qui sont relatives aux empereurs et à des personnes de
leur famille. C'est là que se trouve une riche série de colonnes milliaires
qui justifient un exnn-sut sur les roules antiques parcourant Ip territoire
Wi
de la colonie. Les chapitres suivants comprennent les tondions civiles
supérieures et inférieures, les militaires. Dans cette dernière classe ont
été admises les inscriptions où paraissent les noms de personnages ori-
ginaires de la province de Vienne dont les monuments ont été retrouvés
6oit à l'étranger, soit en d'autres provinces des Gaules. Là encore nous
rencontrons un excursus contenant l'histoire de toutes les légions ro-
maines rappelées par les inscriptions. Viennent ensuite les textes muni-
cipaux, où l'on voit ligurer les patrons de la colonie, les décurions, les
duumvirs, les conservateurs du domaine, les trésoriers, les édiles, les
questeurs. De l'examen critique de tous ces textes, M. Alliner tire des
aperçus remarquables sur l'origine de la colonie qu'il croit fictive, c'est-
à-dire mm municipe gratifié du titre et des prérogatives de colonie sans
avoir reçu de colons; en un mot, la cité des Allobroges assimilée à des
colons romains. r> Un chapitre est consacré aux pontifes, augures, lia-
mines et autres fonctionnaires sacerdotaux. C'est, jusqu'à présent, ce qui
constitue la part faite à la religion des Viennois; car les inscriptions re-
latives aux divinités sont presque toutes classées dans les catégories que
détermine l'état civil des consécraleurs. Dans les parties de l'ouvrage que
nous ne possédons pas encore, M. Minier nous donnera sans doute m
résumé i|<' toutes les épigraphes renfermant les noms des dieux généraux
et locaux dont le cullr était <mi vigueur chez les peuples de la Viennoise
Nous savons déjà qu'il a réservé une place aux marques de fabrique em-
preintes sur des vases et des ustensiles d'argile ou de métal, et qu'il a
catalogué- les inscriptions fausses.
Dans ses excursus comme dans les commentaires particuliers qui ac-
compagnent les inscriptions, M. Allmer fait preuve de connaissances so-
lides en ce qui touche l'administration romaine, la hiérarchie militaire,
la géographie. Il esl au courant des progrès de la science, el il contribue
i ces progrès. Sun recueil est le plus considérable el le plus avancé en
doctrine qni ail été publié pour les inscriptions de la Gaule. Ainsi que
nous l'a\ons constaté plus haut, M. Mimer avait compris dans son allas
les inscriptions «lu moyen âge el de la renaissance qui occupent cin-
quante-huil planches, Mais de cette catégorie, très-abondante en docu-
ments paléographiques el historiques, il n'a pas entrepris l'explication.
Klle esl due à un lavant fort distingué, M. Llfred de Terrebasse, «pie de
longs travaux sur les cartulaires dauphinois avaient admirablement pré-
paré pour mu' «riivro <lc Cet Ordre.
M. Ufred dé Terrebasse, morl le 18 décembre 1871, a laissé deiu
volumes imprimés, tout remplis de notices attestant une érudition aussi
— 445 —
s. un. ,]u variée. Il avait. afin de ne pas scinder la publication, afin de
n'en pas altérer l'unité, attendu pour mettre ces volumes au jour que la
tàclir de M. AllmtT Eut terminée. Les ouvrages des deux épigraphistes
goal . fil effet, intimement li«:s l'un à l'autre par la forme comme par la
valeur et par le sujet: et nous devions consigner ici la circonstance dou-
loureusequi, enlevant à nos concours un excellent ouvrage, nous a pri-
vés d'adresser à l'un des deux collaborateurs une part d'éloges bien légitime.
C'est encore à une grande collection de documents, rentrant tout h fait
dans les conditions du concours, qu'a été attribuée la seconde médaille.
L'œuvre intitulée: Architecture romane du Midi de la France, dessinée, me-
surée, décrite, par Henri Révoil. est bien, comme ce titre l'annonce, d'un
seul auteur qui a relevé lui-môme l'immense série de vues d'ensemble,
de détails d'architecture que contiennent deux cent vingt-deux planches
in-folio; qui a étudié sur place la coupe, la taille, la sculpture des pierres,
< t qui résume ses observations dans un texte sobre et remarquablement
précis. Cette publication est incontestablement une des plus importantes
et des plus belles qui aient été laites sur les antiquités monumentales de
la France. Nos provinces méridionales sont particulièrement riches en
édifices antérieurs au xnie siècle, et. parmi ceux-là, il en existe qu'on peut
classer aux ix\ x'. \f siècles, non pas sans difficulté, toutefois, parce que
la transformation des styles a été assez lente dans le Midi, et que c'est
par des nuances qu'il en faut distinguer les phases. L'habitude qu'avaient
les architectes méridionaux, de s'inspirer directement des monuments an-
tiques encore debout dans la contrée, produisait dans leurs œuvres des
répétitions, des ressemblances qu'on ne doit pas confondre avec des rap-
ports occasionnés parla communauté d'âge. Aussi M. Révoil ne s'en tient-
il pas aux aspects généraux; il s'attache à observer les caractères les
mieux tranchés qu'offrent certains genres de constructions , certains détails
de l'ornementation; il dégage, par une étude longuement poursuivie,
quelques portions d'édifices des réfections, des compléments de diverses
dates qui les entourent, et il fait ensuite part au public des résultats de
son enquête, conduite avec une expérience indéniable. Malgré la nouveauté
ou la précision plus grande de ces résultats. M. Révoil ne prétend pas à
la priorité sur tous les points. Loin de là, il cite fréquemment les opinions
de Mérimée, de Charles Lenormant. de M. \ iollet-le-Duc, et d'autres
archéologues qui ont étudié avant lui les édifices de la France méridionale;
il invoque leur témoignage, et aime à s'abriter derrière leur autorité.
Mais son intervention personnelle se manifeste par des remarques qui
sont du domaine de l'architecte, de l'homme à qui depuis longtemps l'en-
— 446 —
tretien et la restauration d'un groupe considérable d'antiques édifices sont
confiés, et qui a, il est permis de le dire, pénétré au cœur même de
son sujet. Pour apprécier exactement un mode de construction , il n'est
rien de tel que d'avoir ou à déposer et à réédifier des parties de monu-
ments à l'exécution primitive desquelles ce mode avait présidé. C'est à
l'archéologie ce que l'anatomie est à la science médicale.
Si l'on veut se rendre un compte exact de la méthode adoptée par
M. H. Réveil, il convient de lire d'abord son Appendice, mémoire qui
recèle la doctrine de l'éminent artiste. Après avoir discuté brièvement
l'âge qu'on peut historiquement attribuer à diverses parties de la cathé-
drale d'Aix , qu'il croit antérieures à l'an i ooo , M. Révoil indique les carac-
tères de l'appareil de ces constructions, et continue son étude comparative
par l'examen de Saint-Reslitut, de la Drôme. Il fait grand usage des mar-
ques de tâcherons qu'il a relevées sur les pierres taillées, et c'est là qu'on
rencontre matière à discussions intéressantes. Si l'auteur est dans le vrai.
si les pierres de Saint-Restitat se rattachent étroitement à celles d'Aix qui
pourraient être historiquement et paléograpliiquement attribuées au temps
des Carlovingiens.il est évident que l'église de Saint-Restilut trouve son
classement chronologique. Le même raisonnement s'applique à des cons-
tructions de Cavaillon, de Tarascon, etc. Tout en rendant justice à la
conscience dont l'auteur a fait continuellement preuve dans l'exposé de
ses opinions, la Commission est obligée défaire quelques réserves au sujet
de ses études paléographiques, qui ne lui ont pas toujours semblé à la
hauteur de son talent d'artiste. C'est ainsi, pour ne citer qu'an exemple,
qu'avant à s'occuper des lettres que les tâcherons gravaient sur la pierre.
il reproduit une opinion ancienne suivant laquelle <ron n'aurait pour
point de comparaison que des lettres tracées avec la plume ou le pinceau
sur des manuscrits,'! tandis qu'il aurait pu. a son grand avantage, uti-
liser de beaux spécimens épigraphiques et les légendes des monnaies de
Pépin, de Garloman, de Charlemagne, qui contiennent des caractères
semblables h ceui dont ii chefebe la date. Toutefois, n'oublions pas que
M. Henri Révoil n'a point entendu précisément nOUS adresser un ouvrage
d'érudition. Les éléments d'étude qu'il nous procure sont d'un très-grand
prix. Les suites de planches concernant Saint-Gilles (Gard), l'abbaye de
Montmajour, Saint-Trophime d'Arles, l'église de Thor (Vauchise), frap-
pent tout d'abord par leur richesse; mais d'autres dessins en très-grand
nombre, lires d'édifices peu connus, ne sont pas inférieurs en utilité. Voire
Commission Messieurs, souhaité vivement qtw M. Révoil trouve des
imitateurs dans plusieurs autres régions (le notre pav-.
— 447 —
Bile regrette de ne pouvoir conserver parmi les ouvrages admis au
concours un livre reeommandable: l'An de bâtir chez les liomains, par
\1. Aug. Choisv. Ce traite général ne se rattachait pas d'une manière
spéciale à l'archéologie de la Gaule. M. Choisv a trouve', à Rome
et dans les autres provinces de l'empire romain, des monuments qui lui
ont paru plus propres que ceux de la Gaule à la démonstration de ses
théories. La Commission, tout en reconnaissant le mérite do livre qui a
été exposé ailleurs avec soin et compétence1, se borne à taire observer
qu'il n'a pas été conçu en vue des antiquités nationales.
Quant a la troisième médaille, vous ne serez nullement surpris, Mes-
sieurs, en apprenant que nous l'avons décernée à l'un des vétérans de vos
concours, à M. Gélestin Port, pour son Dictionnaire historique, géogra-
phique et biographique de Maine-et-Loire. Ce livre, disait le rapport
de 1 873 . ne le cède, en qualité, à aucun de ceux qui viennent d'être cou-
ronnés. Fruit de vingt années d'un travail assidu, il se recommande par
l'abondance des renseignements de tout genre qui y sont consignés,
l'exactitude des noms et des dates . l'étendue et la précision des indications
bibliographiques. Nous n'avons rien à changer à cette appréciation; les
nouveaux fascicules que vous nous avez renvoyés sont tout à l'ait dignes
des premiers. Le livre est loin encore d'être parvenu à son terme, puis-
qu'un premier volume de huit cents pages à deux colonnes ne comprend
que les noms rangés sous trois lettres de l'alphabet (le tiers de l'ouvrage
suivant les prévisions de l'auteur); mais il est suffisamment avancé main-
tenant pour que nous puissions évaluer les immenses recherches qu'il a
exigées, la critique, l'impartialité avec lesquelles les matériaux sont dis-
posés, l'utilité des renseignements qui y sont accumulés sans confusion,
sous mu' forme brève, et cependant toujours fort claire. La substance des
riches archives de Maine-et-Loire et des autres dépôts angevins est passée
tout entière dans ce livre. M. Célestin Port a mis à profit son expérience
de bibliophile ; il serait bien difficile de découvrir nous ne dirons pas un
livre, mais une brochure, un pamphlet, un placard relatif à l'Anjou ou
à un Angevin qui ait échappé à sa mémoire.
Le Dictionnaire, comme son titre le promet, est à la fois historique,
géographique et biographique. On y trouve non-seulement le nom des
villes et des villages, ce qui est indispensable, élémentaire, mais encore
celui des anciens fiefs, des fermes, des lieux-dits; toutes les fois que les
documents l'ont permis, la succession datée des formes de ces noms; la
1 Journal de* Savants, avril 187'). article de M. Beulé.
— 448 —
liste des seigneurs et des possesseurs, des abbés, des curés, «les inaires.
Dans les articles biographiques, les dates sont très-abondantes, les écrits
relevés avec soin, les épitaphes intéressantes données in extenso. Les édi-
fices sont dépeints avec ce savoir dont Y Itinéraire de Paris à A/ren avait
déjà fourni des gages; les œuvres de sculpture, de gravure, les sceaux
sont bien indiqués ou décrits. Enfin on trouve la mention des produits
naturels et des industries. Sans être, et cela se conçoit aisément, de la
dimension du chapitre consacré à Angers, qui ne forme pas moins de
cent soixante colonnes, les articles concernant les villes offrent des déve-
loppements remarquables.
La Commission, à deux reprises, a été mise à même d'apprécier ce
grand travail , pour lequel M. Célestin Port s'est préparé de longue main,
et qu'il poursuit courageusement. On a pu dire avec justice que l'ouvrage
est à la fois sobre et abondant. Il serait complet si M. Port avait fait à
l'épigrapliie antique la petite place à laquelle elle a droit, et qui lui sera
sans doute réservée à l'article Inscriptions.
Dans trois concours précédents, le savant archiviste de Maine-et-Loire
comptait de bons ouvrages relatifs à sa province ; son Inventaire analy-
tique des archives anciennes de la mairie d'Angers, son édition du livre de
Péan de la T tuilerie: Description de la ville d'Angers, son Cartnlairc de
l'Hàtel-Dicu. Le souvenir de ces envois s'ajoute à l'estime qu'assure à
l'auteur la publication du Dictionnaire historique dont nous venons de
parler.
M. \iiguste Prost, à qui. en 1866, l'Académie a décerné une de ses
médailles pour ses Etudes sur l'histoire de Metz, vous a adressé cette année
un mémoire considérable intitulé: Le Patriciat dans la cite de Metz: il y
lait revivre une question souvent débattue, mais où il a su introduire
l'ordre et la lumière. Il s'agit de l'origine, de la constitution et de l'his-
toire de ce qu'on nommait, à Metz, les Paraiges ( Paraticiini . Parenlela) ,
ei du rôle que ces associations ont joué, pendant le moyen âge, dans le
gouvernement de la cité. Le mémoire est divisé en deux parties. Dans la
première, M. Prost définit la nature de l'institution , en montre, d'après
les documents, les limites chronologiques; ce chapitre embrasse les cinq
premiers paraiges; c'est un résumé très-méthodique, très-bien ordonné,
des travaux antérieurs, parmi lesquels l'auteur choisi! avec discernement
ce qui lui parait conforme à La vérité historique.
Dans la seconde partir, il étudie Bpécialemenl la formation du sixième
paraige el détermine avec une rare sagacité son origine, Bon caractère el
ses rapports avec le^, cinq antres, Il démontre la transformation de la
— 449 —
communauté urbaine en paraige du commun, G'esl un résultat qui appar-
liciii en propre à l'auteur et, en dehors du mérite général de l'œuvre, qui
se recommande aussi bien par la sagesse et la netteté du plan que par
l'intérêt des détails, c'est la lecture des paragraphes consacres au sixième
paraige qui a le plus particulièrement frappé la Commission. Si elle avait
pu disposer d'une quatrième médaille, elle l'eût décernée au mémoire de
M. Prost; mais n'ayant pas reconnu que ce mémoire dûl être préféré à
I un de ceux qui étaient l'objet d'une récompense de cet ordre, elle n'a
pas cru devoir attribuer à M. Prost nue distinction inférieure à celle dont
précédemment I académie l'avait jugé digne.
\ini> avons été guidés par les mêmes considérations once qui touche
le Recueil de pièces pour faire suite nu Cartulaire général de l'Yonne, publié
par. M. Max Quantin. Le Cartulaire, pour lequel M. Quanlin obtenait la
deuxième de nos médailles au concours de 18G1, contient les chartes
antérieures au xin" siècle, aujourd'hui le même archiviste nous donne,
en un volume d'une justiBcation plus compacte, la collection des pièces
du xin* siècle qui sont relatives à l'histoire des territoires formant le dé-
partement de l'Yonne. Il en a textuellement reproduit 7 '1-2, et analysé
environ &00. soit dans les notes, soil dans l'appendice. Le choix a été judi-
cieusement t'ait, beaucoup d'actes publiés par M. Quantin n'ont pas seu-
lement un intérêt local : un très-grand nombre sont émanés des mis de
France et des grands feudataires, ecclésiastiques ou laïques, dont l'auto-
rité s'exerçail dans les pays de Sens et d'Auxerre. Les recherches de
\I. Quantin ont porté sur tous les dépôts ou il y avait chance de rencon-
trer des documents rentrant dans le cadre qu'il s'était tracé; les teste-
ront généralement bons, les dates exactes, les noies substantielles et ins-
tructives; la topographie a été traitée avec un soin spécial. L'auteur a
t'ait graver les plus curieux d'entre les sceaux appendus aux actes de sa
collection; l'introduction offre un résumé très-intéressfnt des principales
notions historiques qui se dégagent des textes originaux. Il est certain
que |c Recueil de \1. Quantin occupera dans votre opinion un rang égal
a celui que vous avez assigne a son Cartulaire.
C'est pour la troisième fois que l'ouvrage de M. Alfred Franklin, Les
anciennes bibliothèques de Péris, se présentait dans nos concours.
En 1869 et 1878. vos commissions avaient déjà constaté le mérite de
l'auteur et la persévérance avec laquelle il poursuivait l'achèvement d'un
travail considérable; le rapport de 1873 l'atteste; cependant ce témoi-
gnage était accompagné de quelques réserves. Le troisième volume que
nous venons d'examiner est supérieur aux deux premiers. Il se compose
11. 3o
s
— 450 —
de deux parties qui demeurent distinctes. La première (3 19 pages) est
due à M. Franklin seul; la seconde, préparée par le même écrivain, a
e'té achevée, sous la direction de M. L Tisserand, secrétaire de la com-
mission des travaux historiques à l'Hôtel de Ville, par MM. Bonnardot
et Adam. La vue affaiblie de M. Franklin ne lui avait pas permis de com-
pléter ses recherches, et il s'est trouvé obligé d'avoir recours à l'interven-
tion bienveillante de collaborateurs qui, du reste, se sont conformés au
plan adopté.
La première partie de ce troisième volume comprend quinze biblio-
thèques parisiennes, parmi lesquelles apparaissent au premier rang celles
du collège Mazarin et de l'Hôtel de Ville. Les pièces citées sont bien
choisies. 11 s'agit principalement d'une de nos plus précieuses biblio-
thèques, celle du collège Mazarin, qui a passé par tant d'épreuves du-
rant nos troubles civils, et dont l'histoire Irès-étudiée est. racontée par
M. Franklin avec beaucoup d'art et de passion. Le récit a des dimensions
considérables, et l'on peut dire qu'il constitue, au sein de l'ouvrage gé-
néral, un livre d'une lecture attachante. Les erreurs signalées dans les
deux premiers volumes se rencontraient presque toutes dans les notes bi-
bliographiques. Nous n'avons pas à relever, dans la première partie du
tome troisième, de fautes semblables. L'auteur avait déjà, en i<Si)o. pu-
blié un premier travail sur la bibliothèque Mazarine, et il parait évident
qu'il a profilé des articles relatifs à cet établissement scientifique qui ont
été imprimés depuis celte époque. Cependant il ne semble pas avoir
exactement saisi les motifs de l'opposition de l'Université à I exécution
des volontés testamentaires de Mazarin, opposition qui tint surtout à ce
que lis classes du nouveau collège devaient être gratuites. Ces! à tort,
aussi qu'il suppose qu'aucune loi spéciale un prononcé la suppression de
l'Université, car un décret de la Convention, du 10 septembre 179,3,
ordonne qu à dater du i5 novembre suivant les collèges de plein exer-
cice, les facultés de théologie, des sciences et des arts cesseront d'exister.
Néanmoins, en matière d'histoire , l'érudition de M. Franklin est ordi-
oairemenl -.rue: il sait où sont les documents instructifs; il est habile à
les interroger, el même à les discuter, el se tient en garde contre les
anecdotes de mauvais aloi. Nous ne reviendrons sur les belles conditions
matérielles du livre, dont il a été amplement tenu compte dans un rap-
port précédent . que pour signaler les vignettes topographiques extraites,
avec beaucoup d a-propos, des grands plans de Diicerceau , de Jaillot,
rie Gomboust, de Lacaille, de Jouvin de Rochefort, de Bretez. L'inser-
tion de ces vignettes aidera phi-, tard le lecteur, lorsque les souvenirs
— 451 —
du vieux Paris que nous avons vu détruire seront éteints, à mieux coin
prendre les relations des bibliothèques avec la ville. L'ouvrage de longue
baleine qui a pour titre Les anciennes bibliothèques de Paris est mainte-
nant terminé. Après en avoir parfois critiqué les détails, la Commission
l'a considère dans son ensemble et décerne à l'auteur la première men-
tion honorable.
La seconde mention est accordée a M. M.-G. Guigue, ancien élève de
l'Ecole des chartes, pour sa Topographie historique du département de
l'Ain, ouvrage dans lequel i! présente une nomenclature des localités
qui rappelle jusqu'aux simples hameaux, aux petit-; fiefs, aux moindres
chapelles. A la suite de chaque nom. il a consigné des indications histo-
riques et archéologiques contenant beaucoup de faits, et résultant soit
d'observations personnelles de l'auteur, soit du vaste dépouillement qu'il
a entrepris, non-seulement dans les livres imprimés, mais plus encore
dans les manuscrits des archives. L'introduction dans laquelle il résume
l'histoire topographique des provinces de Bresse, Bugey, Combes, Val-
romey, pays de Gex et Franc-Lyonnais, est bien ordonnée. On y trouve
une série de cent vingt inscriptions latines antiques qui, à la vérité, ne
sont accompagnées d'aucune explication, et que. dans l'intérêt de l'au-
teur, il ne faut point comparer aux/ac-«'»it/eépigraphiques de M. Allmer;
([liant aux inscriptions du moyen âge, M. Guigue les rapporte à l'ar-
ticle des localités auxquelles elles appartiennent,. On regrette qu'il se
borne à mentionner, à la fin de chaque paragraphe, les ouvrages et le
documents qu'il a consultés, qu'il a extraits avec précision, sans toute-
fois fournir des renvois suffisamment complets; quelques chiffres de plus
eussent considérablement accru l'utilité de son grand travail . en per-
mettant au lecteur de remonter, sans entreprendre des recherches assez
compliquées, à l'origine des principales assertions du laborieux histo-
rien.
Le nom de M. Auguste Castan vous est familier. Messieurs; le savant
bibliothécaire de Besançon se rappelle assez fréquemment à voire sou-
venir par l'envoi d ingénieux mémoires qui lui ont assuré une juste ré-
putation. De ce nombre est la dissertai ion sur le Théâtre antique de Ve-
sontio, qui nous a paru digne de la troisième mention honorable.
Longtemps on a cru à Besançon, sur la foi d'une légende del'évêque
saint Maximin , assez récente d'ailleurs , que le site de l'église de Sainl-Jean-
Baptiste déterminait à la fois l'emplacement du Forum, et du Capitale
qui devait l'avoisiner. Des substructions antiques, observées sur ce
point, prêtaient un appui à ce système. Mais des fouilles exécutée*
3o.
s
— 452 —
-îi 1H70, et étudiées avec beaucoup de sagacité par M. Gaslan, ont
amené cet archéologue à croire et à démontrer que le terrain de l'église
de Saint-Jean avait été occupé par un théâtre, fort différent de l'amphi-
théâtre construit en dehors de la ville. Des portions de gradins , de grands
soubassements, des colonnes qui ont pu être rétablies, divers débris de
sculpture et d'architecture, recueillis dans les fouilles et convenablement
rapproches, ont conféré à l'opinion émise par 1\1. Castan un degré de
vraisemblance capable de satisfaire et de convaincre les antiquaires expé-
rimentés. De bons dessins mis sens les yeux du lecteur plaident éloquem-
menl en faveur du système nouveau. Les excavations conduites par
M. Castan offraient d'assez grandes difficultés, puisqu'il a fallu les pra-
tiquer parmi des maisons habitées qui rendaient impossible un déblave-
ment général à ciel ouvert. M. Gaslan lit creuser des cheminements sou-
terrains qui ne lui procuraient que dt^ aperçus fractionnés. .Mais son
intelligence suppléait à ce que ce mode d'enquête présente de défectueux.
Plus heureux que les arènes de Lutèce, qui n'ont revu un instant la lu-
mière que pour être vouées à une prompte destruction, le théâtre de Ve-
sontio a été protégé' par le bon goût des habitants de la ville, sollicité
par un chaleureux appel de M. Castan. Un square «rr/iéo/o^V/J/c, établi
sur les terrains de la place Saint-Jean, réunit des monuments de divers
âges aux huit colonnes du théâtre, érigées sur leurs bases primitives.
faits intéressants ont droit ,:i toute l'attention d<^ amis de la science,
'.'est à un livre d'histoire proprement dite qu'est départie la quatrième
mention. L'ouvrage de M. de Formeville, conseiller honoraire a la cour
d'appel de Caen . se compose de deux volumes, dont le premier n'est
présenté par l'auteur que comme une introduction à YHistoiredes évéques
de LisieuXj rédigée au siècle dernier par Noël Deshays, cure de Cam-
pigny. Le tome II' contient, en effet, le texte même de cette his-
toire, que l'éditeur a fait suivre d'une intéressante étude -mi- les hugue-
nots et la Saint-Barthélémy à Lisieux, et enfin sur le rôle attribué à
l'évêque Jean le Heimuyer dans les événements «le cette époque. On y
trouve encore un inventaire des pièces que possédaient, an tv* siècle,
les archives de la cathédrale.
I a Commission n'avait pas à s'enquérir du plus on moins de critique
oël Deshays. Son manuscrit avait attiré l'attention de notre regretté
confrère Auguste le Prévost; mais le cure de Gampigny n'était pas de
l'école des Bénédictins.
Moufl avons fait porter notre examen sur le premier volume, qui se
divise en tr"is sériions : topographie bénéficiaire, spiritualité, tempora-
— &53 —
lité. Sauf une intéressante description de I» cathédrale, la première Be<
lion oe contient que dos nouilles, des listes «le bénéfices, des tables de
noms de lieux. L'idée des deux autres grandes divisions est ingénieuse et
ne manque pas de justesse, puisque les évêques-comtes de Lisieux réu-
nissaient les deux pouvoirs, spirituel el temporel. M. de Formeviile passe
en revue tout ce qui relevait de ces pouvoirs : l'organisation ecclésias-
iique du diocèse, le personnel, depuis le plus haut dignitaire jusqu'au
moindre subalterne, indiquant les droits, les prérogatives cl le mode de
nomination de chacun. Puis il consacre plusieurs chapitres à la liturgie,
aux écoles, aux rapports avec le pape et le pouvoir royal. A la tempora-
lité se rattachent les institutions militaires, féodales , judiciaires , commu-
nales. Un chapitre traite des arts et métiers, des corporations, des con-
fréries, des jurandes. L'enseignement, l'histoire des écoles offrent des
détails curieux et exacts.
On ne saurait imaginer un travail plus approfondi sur la constitution
d'une grande église avant l'époque de la Révolution française. Toutefois,
l'ouvrage laisse a désirer sous le rapporl de la composition. Les faits y
sont plutôt juxtaposés que reliés. Ce défaut n'altère pas sans doute les
solides qualités de la publication, mais il explique le rang que nous lui
avon^ assigné dans l'ordre fie nos mentions.
Il existe à Orléans, près de la modeste demeure où vécut et mourut
Pothier, un vieil édifice, engagé dans sa longueurentre les habitations voi-
sines . édifice qu'on appelle habituellement la Sa/le des thèses de l'Université.
L'architecture en est assez remarquable pour qu'il ail été classé parmi
les monuments historiques. L'édifice se compose d'une salle unique, sé-
parer en deux nefs, comme la grande salle des États de Blois, par d'élé-
gants et -villes piliers qui soutiennent une voûte en ogives, dont les re-
tombées s'appuient suc douze consoles sculptées en haut-relief, représen-
tant des docteurs de l'antiquité el du moyen âge, tels que les concevait
l'art du w' siècle. Cependant, il \ a peu d'années, l'origine de celte
construction, son histoire, sa destination même étaient imparfaitement
connues, et c'est M. Boucher de Molandon qui est arrivé le premier, sur
ces différents points, à des conclusions aussi précises que certaines. Deux
actes authentiques, l'un du 5 février l'ni, retrouvé dans l'élude d'un
notaire d'Orléans, l'autre du 9.0 avril de la même année, découvert dans
les archives départementales du Loiret, lui ont permis d'établir que l'an-
tique édifice était -la librairie ou bibliothèque dans laquelle étaient dé-
posés autrefois les manuscrits el les livres de l'Université, M qui servait
en même temps à ses actes publics et à ses assemblée
— 4 5/i —
il ressort, en outre, que l'établissement de la salle des Thèses remonte
au commencement du xv* siècle, et qu'à cette époque, pour déblayer le
terrain où elle devait s'élever; selon toute apparence en remplacement
de constructions plus anciennes, il avait été fait acquisition, par l'Uni-
versité, de divers bâtiments et dépendances qu'elle se proposait d'abattre.
M. de Molandon présente habilement ces résultats intéressants pour
l'histoire de nos antiquités nationales; il ajoute à l'utilité de sa décou-
verte en rappelant avec opportunité ce (pie fut jadis la célèbre université
dont celte salle, échappée jusqu'ici au marteau des démolisseurs, évoque
le souvenir et semble attester la grandeur passée; cependant l'existence
de la salle des Thèses est, dit-on, menacée; il aurait été question de la
sacrifier à quelques travaux d'édilité, et M. Boucher de Molandon nous
t'ait part de ses alarmes à ce sujet. Sans doute, sa voix aura été entendue,
mais votre Commission tenait à lui donner son assentiment, à le se-
conder, s'il en est besoin.
En i36o, Edouard III, après avoir envahi la France, octroyait des
lettres de sauvegarde à l'Université d'Orléans. Alors qu'il ne subsiste plus
de cette glorieuse institution qu'un monument unique, nous demandons
pour lui, à une municipalité nationale, de nouvelles lettres de sauvegarde
que son patriotisme ne refusera pas.
L'envoi de M. de Molandon comprenait deux écrits auxquels s'applique
en commun notre cinquième mention honorable. Le second mémoire
n'est pas moins reeomniandalile que le précédent. Il ne présente pas.
comme le litre pourrait le faire supposer, le récit général des événements
qui onl précédé la délivrance d'Orléans, ni une répétition superflue de
faits déjà connus. Dans le volume intitulé La première expédition de
Jeanne d'Arc, l'auteur discute quelques points encore controversés, par
exemple, la question de Bavoir si l'investissement d'Orléans «'lait complet
au moment où Jeanne survinl pour secourir la ville assiégée.
Le convoi de ravitaillement qu'elle amenait de Blois pénétra-t-il dans
la cité par la voie de terre à travers les bastilles ennemies, ou bien par
bateaux, en descendant des îles voisines de Chécy aux fossés de la porte
de Bourgogne, ainsi, du reste, que plusieurs écrivains considérables l'a-
vaienl admis? Sur le premier point, M. de Molandon se prononce pour
l'affirmative, et Bon principal motif réside dans la découverte récente
il un ouvrage militaire à 3 kilomètres el demi d'Orléans, entre les deux
roui. 's principales qui convergent vers l'un de ses faubourgs, en remon
tant dans la direct de la forêt; c'est-à-dire en cette région où jus-
qu ici I investissement ne paraissait pas avoir été complété par Ibs An
'i 5 5
<;l;u>. M. de MolamJun a recueilli aux archives municipales an grand
nombre de documents établissant que les blés apportés de Blois étaient
entrés sur des chalands dans les fossés de la pute de Bourgogne ali-
mentés par la Loire. Ces documents, sans doute, n'étaient pas inconnus,
et notre savant correspondant M. Mantellier les avait sous les yeux lors-
qu'ii écrivail sa relation du siège d'Orléans, dans laquelle il adopte la
même conclusion. Cependant M. Bouclier de Molandon a le mérite de
les avoir mis pleinement en lumière et d'avoir rehaussé l'utilité du ser-
vice rendu par l'héroïne à la ville bloquée plus étroitement qu'on n'avait
pu le présumer.
Calixte II . études sur les actes de ce pape, tel est le titre de l'ouvrage
auquel est acquise notre sixième mention. En i858, la Bibliothèque de
l'Btoiedes chartes a publié un mémoire de notre savant confrère M. Léo-
pold Delisle sur les Actes d'Innocent III. C'est à limitation et sur le plan
de ce mémoire que M. Ulysse Robert a composé son travail. Fidèle jus-
qu'au scrupule à son modèle, il lait successivement connaître, dans une
étude préliminaire, l'organisation de la chancellerie pontificale sous Ca-
lixte H, les recueils qui renferment les actes de ce pape, à défaut du re-
gistre, aujourd'hui perdu, où il les faisait inscrire; les formules, sous-
criptions et dates que ces actes présentent, l'itinéraire de Calixte d'après
Ba correspondance; renseignements d'une grande utilité pour discuter,
accepter ou rejeter l'authenticité de certaines pièces. Il indique enfin les
particularités paléographiques qu'on peut relever dans les bulles origi-
nales qui nous sont parvenues. Tout ce travail témoigne d'une érudition
judicieuse et d'une consciencieuse application. La seconde partie renferma
le catalogue des actes. Jaffé l'avait déjà donné; mais en profitant, comme
c'était son droit, du travail de son devancier, M. Robert l'a complété par
l'indication de quatre-vingt-six actes intéressant nos églises, nos monas-
tères. Toutes les pièces qui avaient échappé à l'auteur du Ilegesta Pon-
tijicum sont reproduites intégralement dans la troisième partie du mé-
moire. On ne s'étonnera pas de voir, dans un concours dont les antiquités
de la France sont le constant objet, admettre un mémoire destiné à faire
ressortir les qualités d'homme politique et d'administrateur qui firent
de Calixte II une des plus grandes figures du xn* siècle. Guy de Bour-
gogne, pendant plus de trente ans archevêque de Vienne, appartenait
par sa naissance à la Franche-Comté comme Gerberl à l'Auvergne. C'est
un pape français dont l'histoire se trouve éclaircie par les savantes inves-
tigations de M. Ulysse Robert.
— 456 —
Iris Sont, Messieurs, les ouvrages auxquels un règlement rigoureux
mus permettra de décerner des encouragements publics assurément bien
gagnés. Mais cependant la Commission ;i tenu à vous signaler le mérite
.l'un mémoire manuscrit de M. Brissaud, professeur au lycée Charle-
magne, sur l'administration anglaise et le mouvement commercial dans le
Bordelais.
Produit d'une étude patiente des <1<mi\ registres principaux conservés
aux archives de la Gironde connus sous le litre de Livre des Mouillons
et Livre de la Jurade, que M. Brissaud avait compulsés avant qu'une ex-
cellente édition en lut donnée par les soins d'une commission bordelaise,
le mémoire, disons mieux, le livre qui vous a été adressé, offre un ta-
bleau animé, parfois un peu passionné, du développement des institu-
tions municipales dans la < iuienne. M. Brissaud possède îles qualités de
véritable historien; lorsqu'il aura remanié quelques payes où se sont
glissées, touchanl les origines de la commune de Bordeaux, des erreurs
causées par une méprise qui lui fait attribuer au roi Henri II (117.'!)
une charte accordée en réalité par Henri III (ia/i5), son livre vous re-
viendra vraisemblablement imprimé et dégagé des imperfections qui
nous ont fait ajourner un témoignage plus complet de notre approbation.
tarés cette analyse détaillée, mais cependant comte an ère de nos
consciences, nous \eiions, Messieurs, vous demander pour l'ensemble
de nos décisions une ratification qui doit leur donner force définitive.
Non-, sommes heureux d'avoir à vous le déclarer, le concours do iSjh
marquera, non p;is seulement par le nombre et la variété des questions
traitées, mais, ce qui vaut mieux encore, par d'incontestables progrès
en érudition et en méthode.
Le# membres de In Commission des antiquités de lu France.
F. de Sai lcy, I-. Renier, Lbop. Dblislb, Ki;iu>. de Las-
■rr.vr.n: , J. DesnOYBBS, B. II\ii;i':\u, E06. DE R.OZIBBJB,
A. de Longpj£rieb, rapporteur.
I. académie, après avoir entendu la lecture de ce rapport, en a adopté
oncl usions.
lifié roiifnrnir
/.. Secrétaire perpétuel,
II. \\ 41 I OV
T.)/
\I»I»EN Dl CE T 111
RAPPORT
FAIT AU .NOM DE LA COMMISSION DE L'ECOLE FRANÇAISE D'ATHÈiNES, SUR
3 TRAVAUX DES MEMBRES DE CETTE ECOLE ( PREMIERE ANNÉE, SÉ*-
JOLII A ROME, 1 M 7 .">-l 87^1 ) , PAR M. EGGER.
Messieurs ,
Le titre seul du rapport que j'ai l'honneur de vous lire au nom de votre
Commission de l'Ecole française d'Athènes1 vous indique un changement
considérable et heureux que l'administration de l'instruction publique
vient d'accomplir dans le régime de cet établissement.
D - la création de 1 Ecole, il avait paru bon d'autoriser les jeunes hu-
manistes sortis des rangs de l'Université pour achever leur éducation en
Grèce à parcourir d'abord l'Italie, à y séjourner pendant quelques se-
maines, même pendant quelques mois. Le séjour de Home surtout, une
exeursion, même rapide, à travers la \ille éternelle, ses monuments,
ses incomparables musées, semblait une introduction naturelle à l'étude
des antiquités grecques. Mais depuis longtemps on remarquait linsulli-
sance d'uni' préparation si sommaire, sans programme déterminé, sans
direction. Il semblait aussi que l'antiquité romaine méritait d'être étudiée
pour elle-même dans son propre domaine. D'ailleurs les musées et les
monuments de l'art, en Italie, ne méritent pas seuls d'être visités; les
bibliothèques italiennes recèlent bien des trésors inédits; elles offrent
pour la critique des textes anciens bien des ressources qui ne manquent
certes pas à nos bibliothèques nationales de France, surtout à celle de
Paris, mais qui, on ne sait comment se l'expliquer, ne provoquent pas
assez souvent parmi nous des vocations de philologues. En général, la
philologie, seule hase solide de toutes les études sur l'antiquité, ne
tenait pas assez de place dans les travaux de l'Ecole d'Athènes. Vos Coin
Les membres <l" la Commission .sont, cette année, MM. Ravaisson, Brunet
de l'resle, Ilossifjuol , I^gger, de Lonfmprier. F,. Henier, Thnrot , et in- membre?
composant le bureau de P Académie.
— 458 —
mimions, dans leurs rapports annuels et dans la rédaction de leurs pro-
grammes, invitaient sans cesse les jeunes envoyés de la France en Grèce
à s'occuper de grammaire savante, à collationner des manuscrits impor-
tants, à rechercher les textes inédits. Dans ces dernières années seule-
ment . vos conseils, à cet égard , avaient pu se faire quelquefois écouler.
De ces réflexions et de ces regrets naquit et se forma . particulièrement
sous l'inspiration de deux de nos confrères, MM. Uavaisson et Renier,
la pensée d'allonger et de régulariser le séjour en Italie «les futurs
membres de l'École française. Notre Compagnie fut invitée d'office à s'en
occuper; c'est avec son concours et à la suite de ses délibérations qu'un
décret en date du 25 mars 1873 constitua, près de notre antique et il-
lustre Académie de Rome, une École de philologues et d'antiquaires qui
bientôt, sous la direction d'un maître encore jeune, mais déjà signalé à
feslime publique par de notables succès, devaient préluder, par une
année de travaux sur le sol romain, à leurs études ultérieures sur le sol
hellénique. Le programme de ces travaux fut immédiatement rédigé,
vous le savez, par l'un de nous1, et, avec votre approbation, transmis
à l'autorité, qui en décida sans retard l'application dans l'Ecole destinée
sans douie à s'appeler désormais Ecole de Rome et d'Athènes.
Une circonstance particulière donnait au nouvel établissement le mé-
rite d'une certaine opportunité. Lé directeur actuel de l'Ecole Française
à \l henes. M. Emile Burnouf, avait à surveiller la construction entre-
prise par la France d'un édifice national pour notre Ecole, qui jusqu ici
vivail à l'état de simple locataire dans la cité de Périclès. Cette période
d'une transition laborieuse n'admettait guère la présence de nos jeunes
recrues, \insi. pendant que M. Burnouf se partageai! entre deux solli-
citudes, la préparation du local destiné à ses futurs élevés el la continua-
imn de ses propres recherches, donl vous connaisse/ les heureux résul-
tats,M. llbèrl Dumont, docteur es lettres, lauréat de noire académie,
envoyé à Rome avec le litre de sous-directeur, inaugurait", en parfait
accord de vues el de dévouement avec son ancien maître, le cours des
.•ludes d'érudition auxquelles se livrèrent sans relard les trois membres
de sa jeune École, MM. Bloch, Collignon el Bayet. Deux membres ad-
joints. MM. l'abbé Duchesne et Mùntz, étaienl venus, chacun avec le
titre d ■ mission spéciale, élargir la studieuse réunion : M. 1 abbé Du-
chesne, habile paléographe, formé parles leçons de l'Ecole pratique des
\ eê Compte» rendu» des séances de l'Académie , 1873, p. 109.
' Voir s.. h discotm d'ouverture dans la Revue archéologique de 1870.
— 459 —
hautes études et qui avait déjà rendu plus d un service à des membres
de notre Compagnie par des collations de manuscrits grecs et latins:
\1. Muni/., attaché depuis quelques années par vocation à des recherches
sur l'histoire de l'art . Cette petite famille est déjà pourvue à Rome d'une
assez riche bibliothèque, grâce aux soins actifs de son chef et aux libé-
ralités de l'État. Elle a. pour ses débuts, très-bien réussi à se concilier
l'estime et l'utile concours de la société savante au milieu de laquelle la
confianee de l'Etat l'appelait à vivre, et elle a fait le meilleur emploi du
temps qui lui était accordé. Chaque membre devait adresser au ministre
un mémoire avant la lin de l'année, et l'on sait qu'à Rome la saison la-
borieuse ne peut guère dépasser le mois de juin, surtout pour des Fran-
çais peu aguerris aux chaleurs de ce climat. Chacun d'eux s'est trouvé
prêt. à l'heure convenue, sinon avec un mémoire qui puisse être dès
aujourd'hui livré au public, du moins avec un ou plusieurs recueils mé-
thodiques de documents qui sont le fruit de travaux consciencieux el qui
apportent à la connaissance de l'antiquité classique et du moyen âge
d'excellents matériaux. La variété des sujets traités par nos pensionnaires
est fort grande, si grande même qu'elle a exigé le concours actif de tous
les membres d'une Commission nombreuse, et que le rapporteur de cette
Commission est heureux de pouvoir se borner le plus souvent à trans-
crire ici les jugements de ses confrères sur chacun des manuscrits con-
liés à leur examen et à leur compétence particulière.
M. Bloch, agrégé des classes supérieures des lettres, s'est unique-
ment attaché à des éludes d'antiquité romaine, pour lesquelles il semble
avoir une véritable prédilection, et il a choisi pour sujet trie texte, la
date et les dispositions de la loi Ovinia tribunician sur la nomination des
sénateurs. Ce recrutement du sénat romain, qui, depuis l'expulsion des
cuis, avait été remis aux consuls el aux tribuni militares censulari potes-
tate, fut. à partir d'une certaine époque, confié flux censeurs sur la
proposition du tribun Ovinius. C'est ce que nous apprend l'unique el
précieux témoignage du grammairien Festus *, dont le texte, fort court
et altéré sur quelques points, a su>cité mainte controverse entre les éru-
dits. M. Bloch étudie avec soin toutes les explications et les conjectures
dont ce texte est devenu le sujet; il arrive à Je restituer d'une manière
qui semble répondre aux exigences de la critique, et il en lire toutes
' Il esl connu des antiquaires et des amateurs par de sérieux articles publiés
dans la Gazette des Beaux-Art» et dans la Revue archéologique.
■ P. 'i'u>.-il. Otfr. Mniler (p. 56 et 64 de l'édition originale de Rome, 1 58 »)
_ .'iGO —
les déductions légitimes sur les principales dispositions de la loi Ovinia;
puis il parvient à démontrer que Indite loi a dû être portée entre 388
et 611 île Home (366 et 3û/i avant J. G.). Dans la deuxième partie de
son mémoire, il complète, à l'aide des antres témoignages épars chez
les anciens, celui du lexique de Festus, pour déterminer quels étaient,
dans les derniers siècles de la république romaine, les règlements rela-
tifs à la composition du sénat et à ses délibérations. Cette longue étude
(elle ne représente guère moins de 200 pages in-8°) nous a paru faire
honneur au savoir et au talent précoces de M. Bloch. S'il persiste dans
ses préférences pour l'histoire de Home, il aura peut-être besoin de re-
venir en Italie. Mais à Athènes, où il est déjà rendu en ce moment avec
M. Collignon , il aura retrouvé bien des monuments de l'antiquité ro-
maine, surtout pour les temps de l'empire, et il se sera facilement con-
vaincu que les devoirs d'helléniste attachés à son nouveau titre peuvent
se concilier avec les recherches pour lesquelles il a bien justifié sa pré-
dilection.
En examinant, surtout d'après les monuments figurés, la fable d'Éros
et de Psyché. M. Collignon se plaçait de lui-même sur un terrain com-
mun aux deux antiquités classiques, et il y apportait, outre de justes
connaissances littéraires, une habileté de dessinateur, (pie nous souhai-
terons toujours de voir associée au savoir philologique chez nos jeunes
pensionnaires. Les musées et les ouvrages descriptifs lui ont offert la
matière d'une moisson, vraiment neuve par son abondance même, de
documents pour éclairer un mythe sur lequel, en dehors du gracieux
récil 'I Lpulée, les anciens 1 s nui laissé trop peu de témoignages; el
ers monuments, il a pu les apprécier, les classer, en artiste non moins
qu'en philologue. Son travail se divise en deux parties : 1 catalogue
purement descriptif d'environ deux cents monuments, tels que statues,
bas-reliefs, pierres gravées, qui paraissent se répartir entre le m" siècle
avant J. Cet le \ de l'ère chrétienne, catalogue auquel sonl jointes, en
trop petit nombre, des photographies de quelques monuments qui per
mettent de contrôler sur îles exemples choisis la justesse ordinaire de ses
observations sur les autres originaux ou dessins que nous n'avons pas
-nu, les yeux; 9 catalogue raisonné où les principales œuvres d'art re-
latives au mythe en question Boni i-augérs. autant qu'il a été possible,
par ordre chronologique, el interprétées soit d'après leur rapport avec
rares textes des auteurs anciens , soit d'après le sens qu elles pré
tentent plus ou moins clairement s l'observateur antiquaire. C'est Burtoul
dans cette seconde partie que M. Collignon s montra les hpureiues qua
— 'lf)l —
lités de son esprit par l'analyse ingénieuse des sentiments et des idées
qu'exprimait cette conception poétique des épreuves réservées à l'âme,
que personnifie Psyché, m punition de ses égarements; quoique le sens
moral de la légende se trouve souvent obscurci par les fantaisies popu-
laires ou par la fantaisie personnelle des artistes, il se laisse pourtant
suivre assez sûremenl à travers ces transformations et ces détours. L'au-
teur s'efforce avec raison de dégager le fonds primitif et pur de ce qu'on
est convenu d'appeler, trop ambitieusement peut-être, le mythe de l'Amour
et de Psyché; il B'efforce d'en distinguer les formés essentielles des formes
secondaires et capricieuses. Nous n oserons pas dire qu'il y ait complé-
lemeuf réussi. Personne n'avait jusqu'à ce jour observé pour cela un aussi
grand nombre de monuments; mais il ne semble pas avoir rassemblé
pour les éclairer tous les témoignages que peut fournir la lecture des
auteurs grecs et latins. Il y a. par exemple, dans la Lettre de consolation
écrite par Plularque à sa femme (chapitre \) un témoignage important,
qui lui a échappe, sur la doctrine des mystères dionysiaques concernant
les destinées de lame après la mort. M. Collignon s est d'ailleurs abstenu
(ce qui, pour un début en ces études fort délicates, est une preuve de
prudence) de rechercher la part que les idées égyptiennes et orientales
doivent avoir eue dans le développement de la table hellénique d'Éros et
de Psyché. Le style de son mémoire est excellent et tel qu'on pouvait
l'attendre d'un esprit formé par la meilleure éducation classique. Le tra-
vail devra être sans doute remanié en vue de limpression; quelques
pages du premier catalogue y l'ont double emploi avec les descriptions
comprises dans la seconde partie; en les abrégeant, l'auteur fera place à
des additions nécessaires. Sa méthode aussi pourra gagner un surcroît
de précision et de fermeté. Mais, dès aujourd'hui, on peut le louer d'un
succès qui donne plus que des espérances.
M. Bayet, déjà familiarisé avec les antiquités romaines par une année
de séjour en Italie (1872-1873) et M. l'abbé Duchesne. plus récemment
arrivé à Home, mais avec un talent fort exercé de philologue et de paléo-
graphe, avaient à peine mis la main aux travaux de leur choix quand
l'occasion leur a été offerte de se dévouer à une mission imprévue, où
leur zèle s'est employé avec honneur pour eux, avec un réel profit pour
la science.
Parmi les papiers laissés par feu Charles Ulondel, qui mourait si tris-
tement l'an dernier sans achever son édition de Macarios Magnes,
M. Foucart avait remarqué, et il avait signalé à M. Pierron, le savant
éditeur d'Homère, quelques scolies provenant d'un manuscrit qui por-
— 462 —
tait I indice d'un couvent de l'Athos. M. Pierron reconnut bientôt dans
ces scolies quelques notes de critiques alexandrins relatives à des vers
d'Homère qui manquent dans le célèbre manuscrit de Venise publié en
1788 par d'Ansse de Villoison. Cette remarque enllamnia d'une curiosité
bien naturelle et d'une espérance trop vive peut-être le récent éditeur de
l'Iliade. Neuf cent trente-cinq vers, avec les scolies correspondantes, ont
disparu du célèbre Codex Mareianus. Quel bonbeur si la bibliotbèque
conventuelle de Vatopédi pouvait nous offrir un manuscrit de la même
famille que celui de Saint-Marc, et si une pareille lacune pouvait être
comblée dans l'incomparable commentaire qui nous fait si intimement
connaître le travail d Aristarque et de son école sur le texte d'Homère!
Certes, il v avait peu de chance pour qu'un tel trésor eut échappé aux
précédents explorateurs, surtout au dernier et au plus habile, à notre
éminent helléniste Emmanuel Miller. Mais enfin l'art des recherches s
ses trahisons, les moines grecs ont leurs accès de défiance et de jalousie.
L'aventure d'une exploration nouvelle méritait d'être tentée, même sur
ilr si courts indices. Une note enthousiaste et pourtant discrète sur le
point capital, c'est-à-dire sur le lieu du dépôt, avait averti le public '.
L'autorité ministérielle fut aussitôt saisie d'une demande en forme, à
l'effel d'envoyer sans retard à Vatopédi un paléographe exercé. L'autorité
répondit avec empressement ;i cel appel. M. Albert Dumont présenta et
fit agréer pour la mission M. l'abbé Duchesne. qui parti! aussitôt, accom-
pagné de son jeune collègue M. Bayet. Les deux voyageurs, quoique fort
bien accueillis au monastère, n'y ont pas. hélas 1 trouvé le trésor que
rêvait l'ardeur savante de M. Pierron; ils n'ont trouvé qu nu manuscrit
du w' siècle, confusément annoté, mais annoté, en quelques parties du
moins, d'après nu recueil d'anciennes scolies analogues à celles duMor-
cianus. M. l'abbé Duchesne y a recueilli mie trentaine de pages qui pour-
ront remplir des lacunes du fameux scoliaste de Venise, car files ne
figurent pas plus dans l'édition do ces scolies donnée par Imm. Mekkor.
en i8a5, que dans l'édition ftrincépji de Villoison. Seulement, il convien-
dra île ne 1rs p.is imprimer avant de dépouiller soigneusement les recueils
tels que les \iiirihiln in-crra . de Cramer et de lî.iclmi.inn . postérieurs au
travail île Bekker, et qui contiennent tant dénotes, de toute provenance.
iur le, poèmes homériques. An reste, nos deux explorateurs ne se sont
\..ir VIfutruclion publique «lu 1 5 janvier 187&. La note que M. Pierron pu
bliail dam 1 1 numéro avait été lue. quelques jours auparavant, au comité <le l'As-
sociaUon pour l'encouragement des études grecques en France,
— 'ni;; —
[»;is bornés a l'objet spécial de leur mission. L'abbé Duchesne, nne fois
installé au couvent de Vatopédi, n'a pas manqué l'occasion d'y collation-
imt quelques très-vieux manuscrits des livres saints, manuscrits déjà
signalés, mais don! la collation plus exacte ne sera pas sans profit pour
la critique, lui outre, de concert avec son collègue, il a étudié les pein-
tures et les sculptures «les couvents de l'Atbos. Il y a relevé avec soin les
in-.riipti.Hi-. chrétiennes qui permettent d'en fixer la date, jusqu'ici incer-
taine. Leur voyage île retour n'a pas été moins fructueux. Ils ont fait
à Salonique et dans les environs un séjour assez long pour y copier,
souvent même pour y estomper un grand nombre d'inscriptions récem-
ment découvertes par suite de démolitions qui, faites sans doute pour
nue tout autre fin, serviront, grâce à celte visite opportune, à sauver
pour l'histoire ancienne de celte contrée environ cent cinquante textes
rraphiques. Parmi ces textes plusieurs sont datés, plusieurs sont d'une
certaine étendue. Le travail que l'abbé Duchesne leur a consacré, et
qu'il nous a soumis, n'est encore qu'une ébauche; mais nous le savons
en bonnes main-, i il nous avons lieu d'espérer qu'il viendra utilement
accroître l'épigraphie île la Thessalie et de la Macédoine jusqu'à présent
si pauvre, malgré les heureuses découvertes de M. Heuzey et de M. Miller.
Parmi tant d'acquisitions nous devons au moins signaler : 1° une ins-
cription de la ville de Spartolos, constatant une cession de territoire par
le roi Cassandre; 2° cinq stèles de Larissa contenant des actes d'affran-
chissement analogues à ceux qu'a recueillis M. Heuzey; ',)" le fragment
d'un registre agonistique analogue sa texte plus complet et plus intéres-
sant que M. Miller commentait et publiait naguère dans les Mémoires de
notre Compagnie; h" une stèle d'Olynthe, qui nous offre une dédicace
aux dieux Cabires; 5° l'épitaphe, en trois jolis distiques, d'un athlète
mort à douze ans; 6° plusieurs épitaphes mentionnant des corporations
industrielles, comme celle des teinturiers en pourpre, isop(p\jpoÇi<poi.
S étant . déplus, assuré d'utiles correspondances avec les pays qu'il venait
de parcourir, l'abbé Duchesne a déjà reçu, depuis son retour en France,
quelques inscriptions, parmi lesquelles un long décret fie la ville de Lété
en Macédoine et de fan 117 avant J. C, qui enrichiront d'additions
notables son recueil épigraphique. En redescendant vers l'Italie, 1 infati-
gable voyageur s'est arrêté pendant quelques semaines à Patmos; il y a
visité, après bien d'autres, mais non sans nouveau profit, les archives et
la riche bibliothèque du couvent de Saint-Jean ; il en rapporte trente-deux
documents pour servir à l'histoire du monastère pendant le moyen âge;
en outre, des extraits et des far-simile de plusieurs manuscrits où il
— 164 —
espère recueillir encore quelques pages inédites de littérature classique.
Parmi les extraits dont on peut dès aujourd'hui apprécier la valeur se
trouvent quelques pages d'un traité grec de métrologie dont on avait déjà
des fragments, mais anonymes, et dont l'auteur, d'après une indication,
heureusement relevée par M. Durhesne. doit être Jules l'Africain. En-
fin notre paléographe a noué avec un savant Hellène, .M. Sakkelion,
auteur d'un hon catalogue des manuscrits de Patmos, des relations qui
l'autorisaient à nous promettre de donner prochainement un recueil de
scolies inédites sur Thucydide, sur les discours de Démoslhène et sur
ceux d'Eschine, dont il rapporte avec lui des échantillons. Voilà, nous
pouvons le dire avec assurance, une mission bien remplie, voilà des tra-
vaux qui méritent nos plus sympathiques encouragements1.
De son côté. M. Bayet n'a pas moins utilisé son séjour a Salonique,
car il y a rassemblé les matériaux du mémoire, ou plutôt des mémoires
qu'il nous a soumis sur Xambon d'une ancienne église de celte ville et sur
diverses questions d'art chrétien qui se rattachent à l'élude de ce mo-
nument.
L'ambon de Thessalonique avait jadis attiré l'attention de M. Heuzey
dans son voyage en Macédoine; mais ce savant voyageur n'avait pu le
comprendre dans le plan de sa publication. Nous pouvons aujourd'hui
l'apprécier d'après les photographies qui accompagnent le mémoire de
\l. Bayet; il <'st malheureusement divisé en deux parties placées, l'une
dans l'église de Saint-Georges, l'antre dans celle de Sainld'anléléénion.
L'auteur nous en donne une description minutieuse qui lui permet d'en
restituer l'unité el la forme primitive. Les sculptures qui décorent ce mo
miment représentent la Vierge, les mages el les bergers venus pour ado-
rer l'Enfant divin. Pour en déterminer la date, puisqu'elle ne nous esl
donné.- par aucune inscription, par aucun témoignage des annalistes
grecs de l'Orient, il esl naturel d'en comparer les ornements avec, ceui
A un an- de Constantin encore debout a Salonique, comparaison qui l'ail
voir flans l'ambon des caractères d'un arl plus dégénéré. M. Bayel en
conclut que ce dernier monumenl ne peul être reporté plus haut que la
lin du n' siècle de notre ère. L'opinion des juges les plus compétents en
cette matière incline ;) le Hure descendre plus lias; il a surtout paru éion-
1 Voir, jmir plu', de détail Bur la mission île MM. Ducbesneef Bayet, le Rapport
de M. Albert Dtunonl nu Ministre de l'Instruction publique, inséré nu Journal
officiel au 3 i juillet 187a, Rapport que la Bevtu archéologique à réimprimé, avec
Biquet addition! inléreuanles, dam son cabiei d'août de la même année.
— 465 —
nant qu'une œuvre (Tari gui contient tant de ligures ait pu échapper aux
structions qui suivirent, an rai" siècle, l'édit iconoclaste de Léon
risanrien. Mais ces réserves ne diminuent en rien l'intérêt et L'importance
des recherches auxquelles l'antenr s'esl livré pour tronverle sons |>ln> on
moins symbolique dis scèoes représentées sur les laces de l'ambon.
M. Bayet déploie, sur ce problème, une érudition abondante, une grande
connaissance d< s Pères de l'Eglise et de Phistoire des premiers siècles du
christianisme, kuxnombreux et instructifs rapprochements qu'il sait faire
entre les sculptures de l'ambon et la représentation nés mêmes sujets dans
les peintures des catacombes romaines, on reconnaît le disciple déjà sa-
vant du maître par excellence en archéologie chrétienne, du comman-
deur do Rossi. Mais il est une qualité du maître que le disciple n'imite
pas assez : nous voulons dire la prudence et la sobriété dans l'interpré-
tation des symboles. Rien n'est séduisant pour la sagacité d'un jeune
esprit comme de s'exercer à ce genre d'explications; mais ce n'est pas
pour lui le pins sûr moyen de faire avancer la science. Recueillir et classer
faits ou inconnus ou mal observés est une tâche modeste, mais qui
peut suffire à l'honneur des premières années dans une vie d'antiquaire.
\nssi bien, c'est précisément le mérite que nous aimons à reconnaître
dans la troisième partie du mémoire de M. bayet, où il a catalogué les
représentations des mages éparses sur des monuments de l'art chré-
tien. C'est le mérite encore de sa trNote sur quelques monuments figu-
qui portent des dates, pour servir à l'histoire de fart byzantin. -
\I. Bayet connaît donc la bonne méthode; il ne s'agit pour lui que de
la suivre plus constamment et de ne pas courir trop vile aux conclusions
dans des r< cherches qui ont par elles-mêmes bien assez d'intérêt pour
satisfaire la curiosité- des vrais juges, assez de mérite pour lui assurer
d'honorables suffrages,
M. Miîntz. dont il nous reste à juger le travail ^sur les mosaïques
chrétiennes de l'Italie d'après les monuments originaux et les documents
inédits. i apportait à Rome une grande passion pour l'histoire de l'art et
l'expérience de la publicité savante, où il s'est déjà plusieurs fois exercé.
C'est un collaborateur apprécié de divi rs< s revues scientifiques, et en par-
ticulier des Archives de l'art français que dirige M. Anatole de Montai-
glon. et il s'occupe d'un ouvrage sur l'art français en Italie et sur les
artistes nos compatriotes qui ont séjourné dans ce pays. Mais, comme
membre de l'Ecole de Rome, il devait se vouer plus spécialement a
l'archéologie. Les conseils de M. Dumont ont dirigé ses études sur les
mosaïques chrétiennes du moyen âge: il en a poursuivi la recherche, la
ii. 3i
— ribCi —
description et l'explication avec nue ardeur dont témoigne un recueil de
deux cenl soixante-cinq pages. I>e bien habiles maîtres lui avaieoi ou
vert la voie entre autres M. L, Vitet, par ses beaux articles du Journal
des Savants, réimprimés dans le recueil de ses œuvres; M. J. Labarte
dans -un Histoire des Arts industriel*, dont la seconde édition s'achève
sous nos yeux; le commandeur de Rossi dans ses diverset mémorables
travaux sur les origines de Pari chrétien, el surtout dans le beau recueil
des mosaïquesde Rome, qui esl en voie de publication. M. Mûntz s'ins
pire de leur exemple el se dirige par leur excellente méthode. Il observe
par lui-même toul ce qui peut être observé; il recueille les témoignages
qui éclairent l'observation , qui aident à restituer la forme primitive des
monuments altérés par le temps el par la main des hommes, à on fixer
la date, à en déterminer les caractères. Soixante mosaïques du iv" au
ix* siècle forment, on deux fascicules, un ensemble plein d'intérêt, où la
critique trouve les plus sûrs éléments pour reconstituer l'histoire de cet arl
dans l'Occident latin. On n'avail pas jusqu'ici recueilli à cette fin un si
grand nombre de descriptions el de documente.» Le je antiquaire n'en
tire pas encore des conclusions qui seeaieni prématurées dans l'état actuel
le la science: maison voit qu'il les a préparées déjà par de consciencieux
efforts. Une fois complété, c me il va l'être dans une deuxième anné
d'explorations, son travail devra être comparé avec ceux de ses collègues
sur les mosaïques de I '< Irient. De ces comparaisons sortira sans doute une
lumière sur les points demeurés obscurs d'une histoire si difficile.
Dès aujourd'hui, le manuscril présenté à voire Commission lui a paru
are d'un espril sagaceel ferme, d'un savoir déjà mûr*. 1 n spécimen
publié récemment par M. Mûntz dans la Revue archéologique, sur la mo
jaïque de sainte Praxède, donne aux connaisseurs la meilleure idée de
l'ouvrage qu'il nous promet. \ pari deux ou trois exceptions1, l'antiquité
classique avait été jusqu'ici l'objet presque unique des travaux de l'École
d'Athènes; le moyen âge, par les travaux de \1M. Duchesne, Bayet el
Mûntz, entre Tort I11un11sn11.nl dan- le cadre de ses études, dont le
champ élargi offrira désormais aux aptitudes les plus diverses des occa-
sions de se produire.
Messieurs, si, comme le disait, dan- une occasion récente, le préai-
1 F.d. Le Barbier, Saint Ci etlan i couvents grecs au if siècle
I \nnin;;nn.l. Venise et k Bat-Empire; Histoire de» relations de
I i. ire d'Orient depuù la ftndalim de la république jusqu'à la prt
\rchirssdes Vissions seieahjùpws et littAwreêt i 367/'
— 167 —
dent de notre Compagnie, les institutions scientifiques reçoivent des ser
vices qu'elles rendent leur consécration déûnitive. nous pouvons lenir
pour consacrée la modeste institution créée parle décret du •>."> mars 1 S 7 ' •
L'épreuve d'une année si bien remplie lui esl toute favorable. L'Académie
comme l'administration supérieure de l'enseignement, comme, pour sa
part. l'École pratique des hautes études, applaudiront aux premiers essais
dont nous venons île vous présenter les résultais. Ces résultats sont dus
à un concours de zèles et de talents <[ui servira d'exemple pour l'avenir.
Le sous-directeur, M. Albert Dûment, y aura contribué d'une manièn
décisive par la souplesse de son esprit, formé depuis longtemps aux études
les plus divers.^, par la fermeté conciliante de son caractère , par la con-
liance. on peut dire amicale, qu'il a su inspirer aux jeunes humanistes
et antiquaires que l'État plaçait sous sa direction. Tout cela est d'excellent
augure pour l'année qui va s'ouvrir. Deux agrégés de l'Université vien-
nent de subir avec succès, selon l'ancien programme, l'examen d'admis-
sion, ils .seront accompagnés en Italie par M. Mi'inlz et par une recrue
d'adjoints dont le litre va être, s'il ne l'est déjà; régularisé par un dé-
cret. A partir de 1870. seront appliqués pour l'examen d'admission les
règlements sur lesquels nous avions naguère encore à délibérer, et qui.
en élargissant les cadres de la candidature, laissent un champ plus libre
aux vocations spéciales, mais en même temps, exigent d'elles une prépa-
ration plus précise. Il nous semble donc. Messieurs, que l'année, comme
m dit. aura été bonne pour l'intéressante École sur laquelle vous exercez
■ ■Ire patronage. Les vœux exprimés dans notre dernier Kapport sont
aujourd'hui réalisés ou sont tout près de l'être. Les trois membres de
l'Kcole qui entrent dans leur seconde année vont jouir des dépenses et des
efforts accomplis pour leur assurer dans Athènes un établissement digne
de la France. Leurs successeurs en Italie, avec le concours de nouveaux
adjoints, tiendront, nous en avons l'assurance, à se montrer dignes dos
encouragements dont les entourent la sollicitude do l'Etat et celle de l'Aca-
démie.
3i
— 468 —
UV H F s OFFERTS.
SEANCE m \ I.NDHF.1H 2 OCTOBRE.
i 5b< rétaire perpétuel présente ;> l'Académie l'Annuaire de lu Société
éludes japonaises, chinoises, tartares et indo-chinoises, publié par
MM. Emile Bnrnoufel tmamura Warau (1873, in-8°).
Si kNCl m VENDREDI Q OCTOBRE.
Le Secrétaire perpèti ei présente à i académie, an nom flo M. Rouiez,
membre de l'Académie royale de Belgique :
1" Rapports sur trois mémoires envoyés aux concours des années 1810,
iS--> et i8j4 , en réponse à la question suivante : Od demande un essai
mi- la vie fi le règne de Septime-Sévère broch. \\\-^
Sur la carrière administrative et militaire d'un légat propréteur de la
Germanie inférieure :
Sur une inscription latine relative à un attentai contre la vie de l'em-
pereur Septime-Sévère ei de lafamille impériale.
M. de Longpérier offre fi l'Académie, au nom de M. François Lenor-
manl, la première partie du tome 11 de ses Etudes accadtennes (in-a°).
M. Lenormant y publie des textes im:<lii< « pi i onl beaucoup d'intérêt,
SÉANCE DU VENDREDI 1 <> OCTOBRE.
le Président présente on volume de M. de Saulcy, membre de
l'Académie, intitulé: Sept siècles de l'histoire judaïque, depuis la prise de
Jérusalem par Vabuchodonosor, jusqu'à lu prise de Bettir pur les Romains
(in-1 .
Il offre en outre :
i Grammar ofthe arabic language, translatedjrom the germon qf Cas-
pari, par M. W. Wrighl l •■" édition, in-8°).
,l. L. \ ail lu nage, en son nom. d'une MoHee sur l'origine des
archives du • des affaires étrangères (extrait de la Bibliothèque de
l'École des chartes, in-8 .Les documents publiés dans cette notice |>rou-
(|ii, ces archives n ont pas été fondées vers i 7 1 <> par l<: marquis d(
— S 69 —
Torcj Elles existent depuii >ut l'oeuvre du marquis de Croissy,
qui fut secondé dans son entreprise par Nii - lément, l'un des gardes
de la bibliothèque du Roi.
M. \lkiw:i> VI ad ri offre, au nom de M. Gaultier de Glaubry, les su
premières années du recueil intitulé : Les missions catholiques, bulletin
hebdomadaire illustré de l'œuvre de la propagation de la foi. irC'est, dit-il,
dd recueil qui n'intéresse pas seulement ceux qui veulent suivre le pro-
grès des missions catholiques, mais encore i"ti> les amis de la géogra-
phie, à raison des détails accompagnés de planches et de cartes qu'il ren-
ferme sur des contrées et des populations encore imparfaitement connues.
Mais ce qui doit surtout attirer sur ce journal l'attention de l'Académie,
sont les renseignements qu'on \ trouve sur des idiomes jusqu'à pré-
sent à peine <:ti h 1 i.-s des Européens. Par exemple dans le tome \ (année
1872), on rencontre un essai de grammaire de la langue crise, c'est-à-
diiv l'idiome des Crées ou Ois, u les tribus indiennes du nord-ouest
de l'Amérique septentrionale. Cet aperçu grammatical est dû à Mg' Fa-
raud, évéque d'Anémour. Ailleurs ce sont des notices non moins inté-
Dyances relij de diverses populations barbares,
par exemple sur celles des noirs de la côte orientale d'Afrique. En6n je
signalerai comme intéressant particulièrement l'ethnologi des au
P. Petitot. de la congrégation des obi a ts de Marie Immaculée, sur les
tribus indiennes du nord du nouveau monde et en particulier sur celles
qui appartiennent au groupe dit 1/ is r année du journal,
autrement dit Ghippewayenne, et qui nous l'ait connaître la distri-
bution actuelle des diverses tribus de ce groupe et leurs croyances reli-
gieuses. D
SÉANCE DU VENDREDI 2 3 OCTOBRE.
Le Secrétaire pebpbtoel présente à l'Académie les ouvrages suivants:
/ llotmaii r le guerre serrili in Sicilia, par Isidoro la Lumia (Turin.
in-8
[bulcassis : son œuvre pour lu première fois reconstituée, par M. le
docteur Leclerc | broch. in--
M. Lababte offre à l'Académie, de la part des auteurs, un volume
in-'i° intitulé : Collection Basilewsky ; Catalogue raisonné précédé d'un essai
sur les arts industriels du r*r au in siècle, par \1\1. Darcel et Basilewskv.
-La collection de M. Basilewsky, dit-il, est composée de spécimens nom
breux, offrant nue série non interrompue de tout ce que les arts indus-
triels mit produit de plus merveilleux depuis les lampe- dp terre et de
— 470 —
bronze de l'antiquité chrétienne recueillies dans les catacombes jusqu'aux
plus éclatantes manifestations de la Renaissance.
r-M. Basilewsky n est pas seulement un amateur, c'est un connaisseur
très-fin et hvs-iTiidil; aussi est-ce la science et non le caprice qui a pré-
sidé aux choix qu'il a faits; rien ne l'a arrête, ni la fatigue des voyages,
ni les prix exagérés, quand il s'est agi de réunir à sa collection dés objets
intéressants à quelque titre que ce soit. Cette collection présente donc un
sujet très-sérieux d'étude.
rrPour rendre celte étude plus facile et plus attrayante aux visiteurs et
pour perpétuer au prolit de la science archéologique les enseignements
qu'offrent les précieux objets qu'il a réunis, M. Basilewsky a pensé qu'il
était nécessaire d'en présenter un catalogue raisonné, qui serait précédé
d'une étude historique des différentes applications de l'art aux produits
industriels. Ce tableau de la marche de l'art à travers les âges est tracé
sous quatre divisions principales : l'époque des catacombes, l'époque by-
zantine, dans laquelle est compris l'art carolingien, le moyen âge et la
Renaissance. Les objets sont également classés sous ces quatre divisions.
irPour faire ce grand travail. M. Basilewsky s'est adjoint M. Darcel,
autrefois conservateur au musée du Louvre, aujourd'hui directeur de la
manufacture des Gobelins, à qui revient une très-grande part dans la
rédaction du livre.
•M. Basilewsky n'a d'ailleurs rien épargné pour faire de son catalogue
un très-beau livre; imprimé par Jouausl avec beaucoup de soin dans le
tonnât grand in-/i\ il renferme î)o planches, la plupart en couleur, qui
toutes ont pour base le transport sur pierre d'une épreuve photogra-
phique. Elles représentent donc avec une Gdélité scrupuleuse les princi-
paux monuments de la collection.»
M. Eggeb offre à l'Académie, au nom de M. Reinhold Dezeimeris, une
Note sur l'auteur du Querolus. «M. Dezeimeris, dit-il. paraît cire sur la
voie de la découverte du nom de cel auteurdepuis si longtemps cherche*.
Sa no!, isl plutôt un programme de la démonstration quela démonstra-
tion même. M. Dezeimeris le propose d'établir que l'auteur du Querolus
est un iimi d'Ausone, nommé Axius Pauius. C'est le nom d'Axius qui
l'aura fait confondre avec Plaute, qui portail aussi le nom d'Accius.»
VI. Eggcr offre en outre à l'Académie un petit volume de \1. Edouard
■n-. intitulé : Les originel et l'époque païenne de l'histoire des Hongrois
m - 3 \. C'est l'introduction d'une histoire en deux volumec que
\i Saj ius prépare une sorti d'essai où l'on peut déjà recounaUri fera
pi ninte d'une ci ilique ti es roûj i
— 471 —
Enfin \I. Egger offre h I académie le i ' el le 3' volume d une tradtu
don italienne- des dialogues de Platon, par M. bîugenio Ferrai, traductioD
(|iii aura ti volumes (in-8°). L'anteur esl déjà connu par d'autres Ira
ductions où il montre une grande connaissance de la langue grecque.
Ou peut donc accueillir avec confiance l'œuvre qu'il a entreprise el
qu'il mènera à bonne fin.
SÉANCE in VENDREDI 3o OCTOBRE.
Le Secrétaire pmpbtoel présente à l'Académie les ouvrages suivants :
La vierge de Carondelet, par M. \. Gastan ( Besançon, 187/i, broch.
in-8").
Probabilités d'un voyage du roi saint Louis à Besançon en is5g. Lettre
à \[. L. Dclisle , membre de l'Institut, par le même ( broch. in-8°).
ReUquie celliche raccoltc du Constantino Nigra, Il manoscritto irlandese
diS. G allô (Florence, Turin, Home, 187-2, in-&°).
Glosste hibernieœ veteres codicis Tauriuensis. edidit Constantinus Migra
1 Paris, 1869, in-88).
Catalogue des ouvrages composant la bibliothèque de la Société d'agri-
culture, sciences et arts du département de la Haute- Saône, par M. le
commandant Noirot (Vesoul, 187/i.in-cN .
Recueil des publications de la Société nationale havraise d'études diverses .
de la 3g' année, 1875 (le Havre, 187a, in-8
\l. L Delisle oflre à l'Académie, <le la par! de M. «le Watteville.
les rapports adressés à M. le Ministre de l'instruction publique sur la
publication des documents inédits de l'histoire de France (Paris. 1876,
in-b'J). Il signale l'intérêt de cette grande publication, et parle des me
sures prises par l'administration pour la continuer.
M. Dkk m:\ir.i\v offre au nom de l'auteur, M. d'Avezac,que l'état de sa
saule retient encore éloigné «le l'Académie, un travail sur la rose des
vents (Rome, 187a, broch. in-tt"). Ce travail esl une lettre adressée à
un savant italien . qui l'a fait insérer dans le recueil de la Sociélé de
igraphie de Rome, en \ ajoutant un court avant-propos, sous forme
de lettre à M. Correnti, président de celle association. Dans son mémoin
M. d'Avezac s'est surtout attaché à éclaircir certains points concernant
le nombre des vents dont la rose s'esl composée a diverses époques de
l'antiquité et du moyen âge. Il a été amené par son sujet à relever plu-
ie-, erreurs commises par deua savants qui oui tous deux appartenait
I académie l'un à titre démembre, l'autre à titre de correspondant, Gos
— 47.2 —
-••lin et le vicomte de Sanlarem. Le travail de notre confrère, ayant été
livré à I impression sans que l'auteur eu vit une seule épreuve et dans
un pays étranger, présente un grand nombre de fautes typographiques,
dont les principales ont été corrigées à la main par M. d'Avezac lui-
même dans l'exemplaire offert à l'Académie.
SÉANCE 1)1 VENDREDI G NOVEMBRE.
Le Secrétaire perpétuel offre, au nom de M. L. Delisle, le tome 11 et
dernier de la Chronique de Robert de Torigni, abbé du Mont-Saini-Miclu-t ,
suivie de divers opuscules historiques de cet auteur et de plusieurs religieux
de celte abbaye ( Rouen , 1 873 . in-8" ).
La Chronique de Robert de Torigni est l'une des relations originales
les [>lus complètes qui nous soient parvenues sur les événements de
i histoire de Normandie et d'Angleterre, pendant la seconde moitié du
xiic siècle. L'auteur, abbé du Vlont-Saint-Michel et familier du roi
Henri 11. a été généralement très-bien informé, el son ouvrage a obtenu
au moyen âge un succès attesté par le nombre des copies qui en sont
conservées dans diverses bibliothèques de France, d'Angleterre et d'Italie.
La nouvelle édition est conforme au manuscrit-original déposé à la bi-
bliothèque d'Avranches. Les variantes et interpolations fournies par les
autres manuscrits ont été relevées avec soin el classées avec méthode. A
la chronique sont joints plusieurs opuscules historiques de Robert de
Torigni. Les textes sont accompagnés d'un commentaire perpétuel, qui
a pour objet de fixer la chronologie, de déterminer les lieux et les per-
sonnes dont il esi question el de comparer le témoignage de Roberl avec
'■'•lui des autres chroniqueurs contemporains.
M. Defremery présente, au nom de l'auteur, ancien officier de notre
armer d'Afrique, maintenanl établi pomme colon à Moustapha supé-
rieur, près d'Alger, un volume intitulé :
Relation de l'expédition de Charles-Quint contre Alger, par .Nicolas Du-
rand de Villegaignon, suivie de la traduction du texte latin, par Pierre
iold. publiées avec avant-propos, notice biographique, noirs et appendice,
par H. D. de Grammont (Paris el Uger, 1874, gr. in-
-Dans ce volume, dit-il, M. de Grammont a réuni deux opuscules
extrêmement rares el même presque introuvables : la relation latine de
l'expédition m malheureuse entreprise contre Uger par Charles V, en
octobre i.-'m. relation écrite par un des témoin- oculaires de la cam
pagne, Nicolat Durand de Villegaignon, el la traduction français) de ce
— 473 —
précieux morceau d'histoire par un contemporain, Pierre Tolet. méde
cîn de Lyon. On peut regretter qu'au lieu île réimprimer cette traduc-
tion, dont le senl mérite esl la rareté et qui fourmille d'inexactitudes et
de contre-sens, presque toujours relevés m noie parle soigneux et sa-
vant éditeur, celui-ci n'ait pas préféré en donner une nouvelle, qu'il
était parfaitement capable de faire. Nous n'aurions certainement pas vu
dans le volume de M. de Grammont l'expression rtltali, qui omni ex
ffltalia exacti fueiunt- (p. 34), rendue (p. 60) par rrdes Italiens...,
trlesqudz fuient contrainctz de toutes les cytés,» au lieu de trassem-
fblés. liivs de toute l'Italie.»
if M. de Grammont a fait précéder le récit de ViHegaignon d'une no-
tice biographique sur ce personnage, notice faite avec beaucoup de soin
et extrêmement intéressante. Il a ajouté à la relation de l'expédition un
certain nombre de notes, dont plusieurs fort développées; il s'est surtout
attaché à éclaircir la chronologie des faits rapportés par son auteur. En-
lin . il a clos sa belle publication par un appendice où il a reproduit les
témoignages de plusieurs auteurs arabes et européens touchant la cam-
pagne entreprise par Charles-Quint. Par ce nouveau travail, M. de
Grammont a justilié les espérances qu'avait inspirées aux amis de l'his-
toire algérienne son curieux opuscule sur l'ouvrage arabe traduit par
Venture de Paradis et si bien publié par M. Ferdinand Denis et feu
Sander Rang.»
M. !.. Delisle offre à l'Académie le dernier fascicule de la Bibliogra-
phie des sciences médicales, par M. l'an! y ( Paris, îSy/i, gr. in-8°).
Cet ouvrage original est fait avec beaucoup de conscience; son cadre
comprend des parties importantes, telles que la topographie médicale,
qui n'avaient pas encore été traitées.
Sont encore olferts :
Clieiitit.se. Recherches historiques, archéologiquesjt généalogiques, par
M. Aug. Moulié (V partie: châtellenie, baronnie, duché» (Rambouil-
let, 1876, 1 vol. in-8°).
Journal of the North-China brandi of the royal Asiatic Society { new sé-
ries, nJ VIII; Shang-haï, 1874, in-8°).
SÉANCE DU VENDREDI l3 NOVEMBRE.
M. L Renier offre, au nom de M. Ernest Desjardins, la «4* livraison
. de l'édition de la Table de Peutinger.
«Cette livraison . dit-il . contient la fin du dépouillement des renseigne
: i
menés épigraphtques et nutnismatiques, <i des témoignages des anciens
en ce qui concerne les noms géographiques de l'Italie; le même dépouil-
lement pour les noms géographiques de la Sicile; enfin , le commence-
ment de la géographie physique des provinces orientales de l'empire.
Dans les deux cartes de redressement, Ions les noms et toutes les routes
de l'Italie qui figurent sur le document original onL été remis à leur
rraie place quand il a été possible de les identifier. Des lettres noires dé-
signent les noms anciens; des lettres rouges indiquent les noms rao-
deraes correspondant».
f La partie consacrée à l'Italie présentait le plus de difficultés pour ce
redressement, surtout en ce qui concerne la région méridionale. Il a fallu
donner aux signes subsistants les noms qui devaient s'y appliquer et qui
avait-ut été omis ou qui avaient disparu sous les additions successives;
il a fallu en outre relier les tronçons de route que l'incorrection du des-
sin original avait isolés.
rrLe dépouillement des documents épigrapbiques a fourni une si ricin.'
moisson pour la géographie administrative de la péninsule, qu'eu l'a-
joutanl à celui des textes classiques il constitue un ensemble égal, sinon
supérieur, à celui que fournira le reste du monde romain. Là gisait la
tâche fi plus longue et la plus épineuse de cette œuvre. On a du recoin
mencer le dépouillement des textes classiques fait par M. Mannerl et par
Forbiger; quanta celui des inscriptions, dc> monnaies et des médailles .
d n'avait jamais été fait dune manière sérieuse.
r-En résumé, ajoute M. L. Renier, c'est le travail le plus considérable
qui ait été publié jusqu à ce jour sur la géographie comparée du monde
romain. -
M. Pavet de Coorteille ollVe.au nom de ML de Ujfalvv, la Bévue de
philologie et d'ethnographie (t. I. octobre-décembre 1S7/1 , in-S").
rrCe cahier, dit-il, renferme, entre autres documents intéressants,
une élude comparée des langues ougro-ftnnoises, c'csl à-dire d<^ langues
finnoises de l'-ouest, telles que le finnois-suomien, le lapon, l'esthonien
le livonien, etc.; — des langues finnoises de l'est : le permien, levotiafe
et le zyrénien; — des langues bulgares; le mordvine et le tchérémisse
— des langues ougriennes : le magyar, l'ostiak et le vogoule.
• L'auteur, dans cette première partie de s. m travail, a cherché a éta
blir, à laide de tableaux comparatifs, la loi de la mutation des cou
onnes qui existe dans ces langues loi organique et philologique neci
aire poui lire ell<
i mi m ihier r< nl< 1 m lislr intére lante de mots em
— 175 —
prontés aux différents dialectes de l'Abyssinie, et que M. tialévj a ra
cueillis lui-môme duranl son voyage dans cette partie de I JLbique.fi
SB&RCB DU VENDREDI 20 NOVEMBRE.
M. Bhunr un I'resle offre à l'Académie, au nom de M. Georges Per-
rot, un mémoire sur l'Enlèvement d'Orithye par Borée, d'après uu vase
grec du musée du Louvre.
M. Brune! de Preste présente ce mémoire comme une des publications
de la Société pour l'encouragement des études grecques. Celte société
sait combien l'étude des monuments li;;aiiés peut servir à l'intelligence
des lestes; c'esl pourquoi elle a compris l'étude des monuments parmi
ses publications, et elle y a admis le mémoire de M. Perrot comme un
de ceux qui peuvent le mieux montrer l'utilité de l'association de l'ar-
chéologie et de la philologie.
M. Vhdet, secrétaire perpétuel honoraire, offre, au nom de M. Ern.
Desjardios, un nouveau fascicule des Desiderata du Corpus inseriptio-
uum latiuaruin de l'Académie de Berlin, contenant un supplément à la
\otice sur les balles de fronde de la république.
L'Académie n'a pas oublié avec quel intérêt ellea entendu le premiej
mémoire lu par M. Desjardins sur ce sujet. De nouvelles découvertes
I oui amené a y donner un supplément; il y signale divers incidents qui
se rapportent à la guerre servile, à la guerre sociale et à la guerre ci-
vile. Les frondeurs étaient comme les tirailleurs de nos armées; mais la
fabrication de leurs balles n'était pas aussi abondante que chez dous. Un
ramassait les projectiles pour s'en servir en d'autres circonstances.
M. Naudel relève dans le mémoire de M. Desjardins qu'une balle lancée
par un Samnite de l'armée de Caïus Papius, l'an 664-646 de Home, a
élé lancée par une main romaine a cinquante ans (^'intervalle, comme le
montre la frappe nouvelle qu'elle a reçue. Des savants avaient déjà re-
marqué les empreintes de ces balles; aucun n'avait songé à en tira
parti. C'est M. Desjardins qui, le premier, a montré tout ce qu'elles pou-
vaient fournir à l'histoire des guerres de Rome en Italie, (le troisième fas-
cicule gare suivi de plusieurs autres qui serviront, avec les précédents
d appendice au 111* volume «lii Corpus inecriptionum latinarumde Berlin.
.M. Mait.v présente à l'Académie la troisième édition de l'Introduction
raie à l'histoire ce, par \I. Duruv (in-8°).
ire confrère, dit-il a désiré que je lui d'intermédiaire
pour offrir ! :adémic l'ouvrage que j'ai l'honneur de déposer sur le
— 'i / b —
bureau. Il a pensé que celui des membres de notre Compagnie <|ui s'est
naguère occupé des questions abordées dons son livre serait le pins apte
à vous signaler l'intérêt qu'elles ont pour nos études. L'usage s'opposeà
ce que je vous dise quelle estime mérite cette Introduction générale à
l'histoire de France: l'accueil que lui a fait le public témoigne d'ailleurs
suffisamment de la valeur du livre. Je me bornerai donc à vous rappeler
quel eu est l'objet.
«■Il y a des corrélations manifestes entre la constitution physique d'un
pays, son sol? son climat, et l'état moral et, par suite, les destinées de
ses habitants; entre sa topographie et son histoire. C'est ce qu'a surtout
fait voir l'école géographique de Garl Ritter, que notre Académie s'ho-
nore d'avoir inscrit jadis parmi ses associés étrangers. M. Duru\ a entre-
pris, dans son Introduction, de mettre en relief cette vérité pour notre
patrie.
rll expose en quelques pages, d'après la géologie, l'histoire «le la
formation de noire sol; puis, d'une manière moins succincte, en décrit
la surface, et. dans une troisième partie, indique les régions naturelles
et ce qu'il appelle les régions historiques, après quoi il esquisse la géo
graphie inorale de la France.
-de livre, rempli d'aperçus ingénieux el intéressants, est un de
qui montrent le mieux à combien de sciences l'histoire peut emprunter
de lumières; que tout \ trouve sa place et son Utilité, depuis les dén-
uées générales tirées des lois du monde physique el nierai jusqu'aux
faits les plus particuliers que l'exacte et laborieuse patience ^\''> érudits
découvre, que la critique discute el que raconte l'écrivain.»
M. I!i;\ \x (dire ;
i Vu nom lie \\. de Sainte-Marie, un volume Intitulé : Les SI
méridionaux} leur origine el leur établissement dans l'ancienne lllyrie ('l'a-
ris. ,,s7'i. in-8°).
L'auteur, que l'Académie connaît par les nombreuses inscriptions
qu'il fournil a la Commission des inscriptions sémitiques, montre dans
ce petil livre qu'il s'esi tenu au couranl des travaux relatifs à ce sujet.
On en peu) louer la méthode; c'est nu livre bien l'ail.
" \u nom de M. Sautayra, un ouvrage intitulé: Droit musulman. Du
itatut personnel et des successions (Paris, 1873, 9 vol, in-.S").
I..i matière) est traitée dam l'ordre du cède civil. \1. Sautayra s est
oa ce travail M. Eug. Cherbonneau ; ou peiil croire que, par
cette coopération, le sujet, qui est d'une grande importance aura été
épui
— .'ni
SRANC1 l' v l NDREDI U DÉCEMBRE
M. Th. Il Martin, membre de l'Académie, adresse un extrait du Bul-
letin <le bibliographie et d'histoire des sciences mathématiques et physiques,
lyanl pour titre : Sur l'époque et l'auteur du prétendu X\ ' livre des Elé-
ment* d'EucKde. Lettre de .17. Th. II. Martin, membre de l'Institut, à
I). B. Boncompagni.
Sonl offerts à l'Académie :
The Transactions of the royal Irish Academy (vol. \\l\. Antiquities.
— Dublin, is7'i. in-8°)-
Proceedings of the royal frislt Academy (vol. 1. série a, n0> 6 et 7 ,
-.il. \. —Dublin. 1870-187.3. in-8°).
Sitzungsberichte der philosophisch-philologischen und historischen Classe
der Académie der Wissenschaften :u Mùnchen (vol. I, II, III, M. Mùn-
cheii . 187a el 187 '1. in-8°).
Ganelon, étude historique, par M. Cœuret (extrait de L'Investigateur,
journal des études historiques). Paris, 1874, broch. in-8°.
M. de Longprrieb offre à l'Académie, de la part de M. AmbroiseFir-
niin Didot, un volume in-V intitulé : Jésus-Christ, par Louis Veuillot,
avec une étude sur l'Art chrétien, par E. Cartier: ouvrage contenant
0 gravures exécutées par Huyot, père el fils-, et 16 chromolithogra-
phies d'après les monuments de l'art, depuis les catacombes jusqu'à
nos jours.
■Ire savant confrère, dit M. de Longpérier, a désire' qu'un exem-
plaire d'une importante publication faite par sa maison fût ollerl à
l'Académie. Le livre comprend on texte dû a on écrivain éminent; mais
je n'ai quelque compétence que pour parler de la question d'art, et je
dirai que c'est aussi la question d'art que j'envisage ici. L'ouvrage , exé-
cuté sous l'intelligente direction de M. I). Dumoulin, contient une suite
de près de 9.00 figures, eu noir ou coloriées, représentant des composi-
tions, des images, des monuments relatifs à l'histoire de Jésus-Chrisl
ou au christianisme. Ces figures reproduisent des œuvres remarquables
à divers titres, les unes à cause de leur antiquité ou de leur valeur ico-
nographique, d'autres parce qu'elles ont été inspirées, par les souvenirs
du Christ, à de grands maîtres anciens et modernes. Il est curieux, par
exemple, de voir comment les mêmes sujets ont été interprétés par des
artistes aussi différents par l'âge que par la nationalité. — Le volume
contient encore un Mémoire sw l'Art chrétien dû a mon ami M. hlienne
— 478 —
Cartier fils il»' l'un des fondateurs de la Revue numismatique, et habilf
artiste autant qu'antiquaire érudit. Cartier a profité de l'occasion qui
s'offrait à lui pour présenter une série de dessins du plus grand intérêt.
— M. Dumoulin a l'ail un très-heureux usage de la photogravure el de la
chromolithographie pour donner la physionomie d'anciennes peintures, de
gravures précieuses, de vignettes de manuscrits. On rencontre dans sa
collection les noms de maîtres tels qu'Orcagna, Giotto. Masaccio, Pé-
rugin, Michel-Ange, Raphaël, Fra Angelico, Rembrandt, Jean Cousin.
M. Dumoulin a pu mettre à contribution les magniliqucs collections de
M. Didot, el nous devons lui savoir gré délivrer au public des documents
très-précieux puisés dans une bibliothèque justement célèbre.»
M. Miller offre au nom de l'auteur, M. GesareCantù, letirage à pari.
d'un article important, publié dans X Archiv'w storico Lombardo , sur un
mémoire de M. Henry Barrisse, lu dernièrement à l'Académie, et qui a
pour litre Les Colombo de France cl d'Italie.
•Le travail de M. Gantù, dit M. Miller, contient une série de docu-
ment nouveaux qui complètent et confirment pleinement les assertions
m critique américain, et démontrent définitivement que Christophe Co-
ib n'a point figuré dans le fameux combat naval d'août 1/176. Le ca-
pitaine de la Palhvicina ne s'appelait pas Colombo, comme on l'a encore
dernièrement répété. 1! se nommait l'aulo Centile. Ce fait ressort de demi
dépèches, l'une de Antonio Loredan, amiral de la flotte vénitienne,
' autre écrite et signée par le capitaine génois lui-même.'»
M. IUnw offre au nom de M. Polizzi, bibliothécaire de ht ville de
Trapani (Sicile), une brochure intitulée : Su un rc<rvsto poligrajb dei
secoïi xn et xr (Trapani, )•<-'.'> in-8 ,
SÉANCE DO VENDREDI 1 1 DECEMBRE.
Le Secrétaire perpétuel présente a l'Académie le tome Wll de ses
Mémoires, comprenant la table alphabétique des matières contenues
dans les volumes \ll ;i \\l. table dont ta rédaction avait été confiée .:<
M. Robiou.
[1 présente *m outre :
Otldo tupplemenlO allô rucrolta drllr antirhtssimr iscrtztoni itahrlir ,
per cura di Iriodante Fabreltt (Rome, Turin. Florence. iHy4, i vol
m-VM.
Délie torri gentihzù dt Bologna, itudj de! conte Giovanni Godarzini
ignc i vol. in 8
— 479 —
LHctiuttHoifi les anliquitt jues et romaine» d'après les texte* et les
Paria tSy'i. :>* fosckule) i ^PO-AST) in-4
I, Bibliograph musica . 1 ."> numéro, contenant ane aotice de ieuat
manuscrits neumaùques et un traite inconnu des tons du plain-chant, par
M. Cl.. Ruelle.
M. \mi;i" Maori offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M. Louis
Rousselet, un livre intitulé : L'Inde des Rajahs, voyage dans I ]nde cen-
et dans les présidences de Bombay et du Bengale (Paris, 187&,
I Vo|. III- 'l
Lie magnifique publication, dit-il, enrichie de 6 cartes et illustrée
de -'>i- gravures sur bois dessinées par nos meilleurs artistes, est assu-
rément l'ouvrage le plus important qu'on ait consacré chez nous à l'IIin-
loustan depuis le voyage de l'infortuné \ictor Jacquemont. M. Louis
Rousselet, qui quittait la France [tour Bombay en juin i8G3, a visité
durant un laps d'< plus de cinq années la partie septentrionale et centrale
de la presqu'île gangétique el en particulier certains cantons que les
Européens n'explorent guère; il a aussi poussé jusqu'au sud de la pres-
qu'île, dont il a touché en divers points le littoral, et même, une fois,
un des districts intérieure.
irLes Français, qui ne se rendent que bien rarement dans I Hindous-
lan, ne connaissent cette intéressante contrée que par les ouvrages an-
glais; mais la majorité de ceux que l'on consulte a-vec le plus de fruit ont
déjà vieilli et ne présentent plus le tableau de l'état actuel du pays.
M. Louis Rousselet, qui est un observateur aussi intrépide qu'inlelli-
il . a voulu faire profiter ses compatriotes de l'importante exploration
ipion lui doit, et la relation de son voyage, consignée dans l'ouvrage que
j'offre de s;i part à l'Académie, a l'avantage, non-seulement de nous
donner une idée plus exacte et plus actuelle de l'état il'1 PHindoustan,
mais encore de présenter les faits à un point de vue auquel ne sauraient
se placer des voyageurs anglais. M. Rousselet juge les hommes et les
choses avec l'indépendance et la liberté d'esprit d'un explorateur tout à
fait désintéressé dans le spectacle qu'il a eu sous les yeux. C'est là surtout
ce qui recommande la relation de fauteur ; elle contribuera, je l'espère,
à répandre parmi nous le goût des éludes géographiques et ethnolo-
giques.
trCertains chapitres, notamment ceux qui se rapportent au pays des
Bhils, au Rajpoutana, au pays des Jats, à celui de Gounds, au Bhopal,
méritent particulièrement l'attention des amis de la science. Je n'expri-
merai qu'un regret, surtout au nom des études que notre Compagnie
— '|80 —
encourage spécialement, cesl que la partie archéologique n'occupe ilans
ce bel ouvrage presque aucune place ainsi que l'auteur le confesse lui-
même.
wLe luxe, je dirais volontiers la profusion, si je ne craignais qu'on ne
donnât à mon expression un sens défavorable, déployé ilans les planches
du livre, prouve que ce n'est pas la partie figurée qui eût pu faire défaut
aux descriptions que nous eussions désiré voir associées à tant d'intéres-
sants renseignements.
rQuoi qu'il en soit, je crois que l'Académie ne peut que remercier
M. Louis llousselet de son livre, et surtout du dévouement courageux
dont il a fait preuve en accomplissant ce long et pénible voyage, dont la
géographie, l'ethnographie et l'histoire feront leur profit.»
M. Kknan présentée l'Académie l'opuscule de M. Arsène Darmesteter,
intitulé : Deux élégies du Vatican (Nogent-le-Rofrou, tNy'i, in-8°). <rCes
deux é'Iégies. dit-il, sont relatives ù un auto-da-fé qui eut lieu àTroyes
le 27 avril 1288. L'une est en hébreu rabbinique, l'autre en français
transcrit en caractères hébreux. Ces curieux textes ont été relevés dans
la bibliothèque du Vatican par M. Neubauer, chargé d'une mission en
Italie en vue de la notice sur les rabbins de la lin du au* et du commen-
cement du \i\" siècle. M. Neubauer en confia la publication à M. Dar-
mesteter, romaniste très-exercé el qui a déjà consacré de longs travaux à
la recherche des éléments français contenus dans les tosaphistes et en
particulier dans Raschi. L'élégie française est très-belle: outre son in-
térêl historique, elle offre une rare importance philologique et ;i sug-
géré .1 M. Darmesteter des observations de langue dont les romanistes
nui le plus grand cas. -
SÉANCE 1)1' VENDnr.M I 8 DÉCEMBRE.
Sonl offerts à l' académie :
Littérature et histoire, par M. E. Littré, membre de l'Institut (Paris,
1 vol. in-8° |.
Observations sur l'histoire de la littérature espagnole, par M. Vmador
de los Rios Paris, i8y.">. broch. in-8'
ii \\< 1, m MERCHEDJ 23 Dl • 1 MBBB.
Sonl offerts ;i l'Académie :
Yotice bibliographique, de M. le baron de Witte associé étranger de
1 académie | Bruxelles 1876, broch. in-12 I.
— 481 —
Histoire de i V Châteavroux, par M. le docteur Fauconneau-Du-
fresne (tome Pr. Châteauroux, 1873, in-8°).
kbl)VlÏ0V GU-)-)01'l>l* TSSptohlHUV H1TÔL hftïJvlaV èxhllÔ(l£VOV CTVfi-
Trpa^cnioÀ/à'r "koylcov \ tomes l el 1!. Itbènes, 187^, in-8°).
SAyoswrr'ivxokiiv t»» àxoih)!j.j.iKvscni-} xhjTOV èxÇccvtjdsis èvrfjj vaxà
a)7Tpo77o/£Ci'» ii~ ù A. A(ou>;Sot/5 Ki»pjaxoû (Athènes, 1 8yi , in-8°).
ixÇawrjdels <jtto toû -srptn-at'sws toù è#rtxoO TzivsTtHjlvp-iov ,
K. lla-aûp>;}077'cj/uv Athènes, 1 Syi! . in-8°).
Ao)o>- bUÇKûVTjôeis tiji1 x^'oxT&'êpioti 1 »S 7 .' > >;p£par tj)s è-niaiipov
èyx(i&io'ûva-su>s wv véû>v àoyùv ioh èOvtxo'j ■^■xvsttktIv^Iov vtto toû
•nrpa'î/r ■zsç>'jtzv-:v? K.. IlaTrapp^OTroû/ot; ( Athènes, 1876, in-8°).
Ta xa-ra r>;r Ay'-xp'jTiveiiv toû èdvixov T2ivz.-Kio1-iip.lov viré EùÔvpiov
Kiolopyii -ZJprjTivzw; (Athènes. 187.'). in-8°).
Ta «ara Tqv KïtiBzGiv tov $-sp.e).iov XiGov toû ZzTTKziov (Athènes,
187'j. in-8 .
Kpiais toO Rovtoivzîov -srojrç-nxoù a}«i>os toû 1876 (Athènes, 187/i ,
in-8°).
Y\pzx-zixi tv5 èv kôijvais àpyjxio'f.o-) ixïjs sraip/a? (Athènes, 1873,
in-8°).
kpyjtio'/o*) ixy è<pi]pepis èxhthopièv)) iiro irjs èv Adijvxis àpyjtioXoyi-
xfjs "jioiîî, hz-xzvy rys pafftXoûfS xn^epv^Gews (Athènes, 187'!.
in-'i°).
K})pa(?a xiTa-£^irTa sis t>)v (Soti).>)v -nrepi tï;s inzodéasois rav sx-
éo/âStoi» xai axwpiwv XoLvpiov, 1872-1873, in-/i°.
M. AH". Mu t.y offre à l'Académie, de la part de M. Louis de Backer,
un volume intitulé : L'Archipel indien. Origines, langues, littératures,
religions , morale , droit public ri prier des populations.
M. J. Desnotsrs offre, au nom de M. Aymard, un volume intitulé :
Antiquités préhistoriques , gauloises et romaines du 'Chcylonnet (Haute-
Loire) (lePuy. 1874. 1 vol. iij-8").
-Le mémoire que M. Aymard, archiviste du département de la Haute-
Loire, président de la Société académique et conservateur du musée du
Puv, m'a chargé, dit-ii, d'offrir à l'Académie, ne contient pas seulement
la description très-dét aillée de quelques <»lijets antiques de différents
épocpies . épées de hronze. instruments de pierre taillée ou polie, pote-
ries et même objets en fer, découverts fortuitement et entassés un peu
confusément dans une colline des environs de Polignac.
v L'auteur a -"i;[neusement distingué, autant que possible, leur position
relative , les différentes époques auxquelles ils paraissent se rapporter et
11. 3 9
— 482 —
les causes probables de leur enfouissement successif. 11 a cherché à ex-
pliquer les mélanges si fréquentsen un même lieu de vestiges de différents
âges H de différents états de civilisation. M. \ymard a saisi cette occa-
sion de rappeler les plus importantes découvertes archéologiques qu'il a
faites dans le Velay, depuis uombre d'années, et dont les produits ont
enrichi le musée du Pny. un des plus intéressants musées départemen-
taux. 11 analyse ;mssi les plus intéressantes notices qu'il a publiées sur les
antiquités et sur la géographie ancienne du Velay. ' l'esl dans l'une d'elles
qu'il a démontré l'accord des anciennes limites du territoire ou pagus
gaulois des Velhvi avec celles du diocèse du Puy, concordance dont on
trouve tant d'exemples dans l'étude de la topographie ecclésiastique de la
France au moyen âge.
-\I. Ivmard s'est aussi dans ce mémoire livré, avec de longs dévelop-
pements, à des considérations plus générales sur les périodes si obscures
et si incertaines encore qui ont précédé l'occupation de la Gaule parles
Romains, en ayant soin d'exposer les opinions diverses émises sur ces
difficiles questions. -
M. Pavetde CoDRTEii.LEoiïre, au nom de M. Barhier de Meynanl. une
brochure intitulée : Le Setd himyarite; recherches sur la rie et les œuvres
d'un poêle hérétique du uc siècle de l'hégire ( Paris. 187/4, in-8°).
ffGe petit travail, ou l'auteur a l'ait, preuve do beaucoup de sagacité et
d'érudition, nous donne, dit-il, des déiails intéressants sur les divisions
religieuses qui ont partagé dès l'origine les sectateurs de l'islamisme. Il v
question surtoul des Keïsanites, l'une des cinq grandes Fractions des
chiites ou partisans d'Ali. M. Barbier de Meynard a insérédans ce mé-
moire de nombreuses pièces de vers empruntées au Kitâb-al-agâni et
dont il a donné un'- traduction aussi fidèle qu'élégante.»
SÉANCE m MERCREDI 3û DECEMBRB.
M. le Président offre au nom do M. Garcin de Tassy, membre de
I académie, un écrit intitulé : La langue cl la littérature hinduustanies en
- '/ 1 Paris, 187O, in-8
rL'Académie, dii-il, n'ignore pas que depuis vrogtrcinq ans M. Gar-
cin de r îsj a l'habitude de tracer annuellement le tableau dos mouve-
ments les plus récents de la lang 1 de la littérature hindonatames. \
l'origine, ce tableau fournil quelques pages seulement et était la leçon
d'ouverture du cours que notre savant confrère professe a l'Ecole des
langues orientales, l'on a peu il a pris dos proposions plus considéra-
— i83 —
blés; il occupe aujourd'hui »i6 pages; c'esl presque un livre. Sans pré-
tendre m'écarter de nos usages qui ne nous permettent | » « » — de louer pu-
bliquement l'ouvraged'nn confrère . je ne saurais me dispenser il»' signaler
ii l'Académie la variété des points de vue sous lesquels M. Garcin de
Tassy a . comme toujours, envisagé le sujet La lutte < [u i s'esl engag
sur le soi il<' l'Hindoustan entre deux dialectes, le dialecte l rdu et le
dialecte Hindi qui l'a dépossédé dans la langue officielle, mais contre
lequel !•' dialecte Urdu a vu s'élever en sa faveur de nombreuses pro-
testations; les efforts tentés par quelques esprits généreux pour raviver
le génie poétique et pour donner à ses œuvres plus d'élévation el plus
de moralité; les travaux des Sociétés littéraires, plus nombreuses qu'on
ne pense dans la presqu'île du Gange; la situation tics écoles et 1<' déve-
loppement <li' l'instruction publique; le dévouement <■( les œuvres des
missionnaires; le réveil du fanatisme musulman et les conversions que
la foi de Mahomet a obtenues en 187Û, même parmi les familles chré-
tiennes : voilà quelques-uns des points que notre savant confrère a traités
d'après les journaux de l'Inde, ou d'après des documents authentiques
émanés, soit des autorités, suif des écrivains du \>^\>- (-est dire assez
l'intérêt qui s'attache à la nouvelle publication de notre confrère, «-t les
motifs qui nous ont porté, non pas à la louer, mais, si je l'ose dire,
à en donner devant l'Académie une simple table de matières. «
Sont encore offerts :
Journal asiatique (juillet-septembre 1 S7 '1 . in-8°).
Bibliothèque de l'École des chartes V livraison, 187/1, in-8' ,
Revue des questions historiques (octobre 187/1, in-8°).
Revue de législation (septembre-décembre i8-j'i. in-8°).
Proceedings of ihe Societ;/ of antiquaires of Lowlon > juin 1 87.3 . — jan-
vier 187 '1 .
Bulletin d'archéologie chrétienne (2' série, 5' année, n" 3. in-8 .
Précis analytique des travaux de l'Académie des sciences, belles-lettres et
arts de Rouen pendant l'année i8ja-i8jo in-8
Bulletin de la Société d'agriculture . sciences et art* du département de la
Haute-Saône 1 .'!' série, n° 5, 1876, iu-
Bulletins de li Société des antiquaires de l'Ouest (1", a" et 3" trimestre
187Z1, in-8 .
Mémoires de la Société nationale d'agriculture . sciences et arls d'An-
gers (tomes \\ I et MU. 1873, in-8°).
Bulletins de la Société des antiquaires de Picardie (année 1876,
in-8°).
3a.
— 484 —
L'Investigateur, Journal de la Société des études historiques (avril-
juillet-août-novembre 1 87/i ).
Revue archéolog iq ne ^octobre-décembre 187/1, in- 8°).
Revue africaine | juillet-août 187 4, in-8°).
Bulletin de la Société archéologique cl historique de l'Orléanais (tome VI,
i'ret a* trimestre 187/1, in-8°).
Bulletin de l'Institut archéologique liégeois ( tome XI l . 1 " livraison . in-8" ).
Les Missions catholiques. Bulletin hebdomadaire illustré de l'œuvre de
la propagation de la foi (n°* 280-289).
Revue bibliographique de philologie et d'histoire ( novembre 187/1. in-8° ).
Annales de philosophie chrétienne (septembre 187 A, in-8° ).
Mémoire dp l'Académie de Stanislas (1873, k' série, tome VI, in-8°).
Le Cabinet historique (187/1. '"-8°)-
TABLE DES MATIÈRES
Dl Dl.l MÊME \»>l.l Ml. DE LA Ql ATRIEME SERIE.
Abbassules , p. 33i, 3^9.
Abulcassis : son œuvre reconstituée ,
p. 46g.
Académie des inscriptions ( Rapports
sur les publications de 1'), p. 9. I
309, 290.
académie de Berlin, Corpus inscrip-
tiottum latinarum, p. 7'). 7S.
académie impériale de Vienne; publi-
cations diverses, p. 196.
académie royale de Belgique, p. 468.
Acadùrme* Etude» 1 . par François Le-
normant, p. '168.
Adrien | L'empereur), p. i5, 16, 198.
Aitiiiil. \«\. Venu» de Milo, p. 98,
1 95, 317.
Alglau-, Action du ministère public, etc.
p. 189.
Allrner, p. aoô, 335, 3 '1 7 , 44a.
Amaii. Inscription» puniques, p. 309.
André, Les eonunune» du département
de Vaucluse, p. 3i3.
Angkor (Inscriptions d"), p. 17*1, 176.
Annales de l'Institut archéologique de
Rome, p. 87. — de philosophie chré-
tienne, p. 88, 3 o'i. 184.
Annibal en Gaule , p. 1
Annuaire de la Société des études japo-
naises , etc. p. '168.
Antipoli», p. ia, 61.
Antiquité* de la France. Renouvellement
delà Commission , p. 3. — Rapport de
M. de Longpérier sur le concours de
187/1, p. 20") , '1 '1 1 . — Récompen^'s
décernées, p. 335-338, 367, 35i . —
Ouvrages adressés pour le concours
de 1875, p. 3i3-3i8, 330,323.
— de la Picardie et de l'Ile-de-
France , sujet du prix Lafons-Méli-
cocq, p. 3 '12, 355. — préhûto-
riqn • . "///"(.ses- et romaines du Clieij
lonnet, p. '181; — de la Scythie
p. 189: — troyennes, p. 10, 179.
Apollon. Son temple à Délos, p. g3; —
dans la doctrine des mystères , p. 56,
•■ 1 5 , 9 16 - a64-a66.
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Archipel indien. Origines, etc. p. 48l.
Archives pour l'histoire de l'Autriche , etc.
p. 196. — des missions scientifiques
et littéraires, p. 3o4. — du Minis-
tère des affaires étrangères, p. 468.
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p. 359.
Aristophane (Interprétation du 100' vers
des Achamielis d' ) , p. 21 5.
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Art» industriels an moyen âge . rtc.r>. 1 96.
Arts du dessin avant Péri dès , sujet du
prix Fould, p. 34a, 353, 354.
Asie centrale, son histoire et ses popula-
tion» . p. B7.
Mineure, monuments, photogra-
phies, p. 3i -.
Astre (l'abbé). Sanctuaire de Notre-Dame
de la Romenguière à \ illepinte , p. 1 1 o.
kdrjvaïov a'jyypnppa tsspioSixov. Athè-
nes, 1874, p. 48i.
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Athènes (École d'), décrets, rap- Auxerre (Manuscrits d'), p. 3og.
ports, etc. p. 2, 3, 6, il/», l>io, Avez ac(D'), lettre sur la rose des vents,
'■> i .">. 343 , 356, i')^. p. .'i-y i .
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Bopp. Grammaire comparée, traduction
Bréal, p. a.g3.
Bordin 1 l'ii\ 1. Commission, p. 5. —
Rapport de M. Deloche,p. 211. —
Sujets proposés ou prorogés, p. 807,
1. 3io, 34 1, 348, 35'.! , 353.
Bosnie. Inscriptions romaines, p. 008*
Bossert, candidal à la chaire de langues
'■I de littératures d'origine germa-
nique, [i. 5, f>. 7. — Ouvrages di-
vers, p. 7:1.
Boucher de Molandon. Mention hono-
rable aux Antiquités de la France,
p. ao6,
Bouis, p. 298.
Boutaric, candidal à la place de M- Gui-
zot. p. ■'< 1 u , ;') 1 .'
Bractéates d' Ulemagne, p. N7.
— 487 —
Bréat. Lis Table» eugubtnes, p. i5, 17,
ai. — Grammaire ( leBopp,
trad. p. ag3. — Candidat à la place
de H. (iuizol , p. 3 1 .">.
Brest. Voy. Vt nu» </<■ \ld<> . p. 1 06 .
108, 160, î »'>.'!.
Brian. Copies de dessins, supposés hié-
roglyphiques, des Canaries, p. i'i.
Branel (Prix). Commissions, p. .").('>.
— Rapport de M. Renan, p. 108.
— Décision de la Commission, Aid.
— Commissioii pour le programme
de i 870 . p. 3o8. — Question propo-
sée, p. •'• 1 1. — Récompenses décer-
nées pour 187 '1 , p. 3 1 a . 3 18 . 356.
I!r,i net de Pkesle. membre de diverses
commission--, p. '■> . '■'><>-. — Obser-
vationsen présentant divers ouvrages,
p. i84, 3i 1, 3s4 , -rj 7 5 .
#<///emuî d'archéologie chrétienne, p. 87,
i83, 3o3, 'i83; — de la Société
d'agriculture de France, p. 3o4; —
de la Haute-Saône, p. 183; — des
antiquaires de I'i lues) . p. 483 ; —
de Picardie . p. 88 . 183 : — de
l'Orléanais, p. 88, 184; — du Péri-
gord, p. 3o3; — de l'Institut ar-
chéologique liégeois, p. 486; — de
l'œuvre des pèlerina lo3.
Bunsen. Chronology of the Bible, vie.
p. 188.
Bnrnonf. Dessins de fragments de vases
trouves a Mycènes, p. 91 . — Fouilles
de Di'los. de Tanagre et de l'acro-
pole d'Athènes, p. 93, 9Û, 100,
101, îoi, io5, 202. — Mémoire
sur les courbes dans les édifices pu-
Mies, p. 3l ■!.
Burns. Scottùh war of indépendance,
p. 295.
c
Cabinet historique, p. 88, 3o4, 484.
Cambodge. Monuments, inscriptions,
p. 91, 94, 174.
Cantù. Archivio storico Lombarde-,
p. 180. — Note sur les deux Co-
iiimbo, p. 478.
Carthage. Inscriptions puniques et néo-
phéniciennes, p. 106, 209, >i6.
— Masque de terre cuite, photo-
graphies, p. ao6, 308. — Statue
découverte par M. de Sainte-Marie,
p. 3ai.
Cartttlaire île l'abbaye de FI i nés , p. 98.
Casati. Faïences de Ihvnla. p. 3o3.
Caslan. Monnaies gauloises des Sequanes ,
p. 182. — Mention honorable, kn-
liquités de la France, p. 3o6, 338,
347, 15 1 .
Cat. .Médaille au concours Brunet,
p. 108, 34a, J'ig.
Catafago. Date symbolique de la fonda
tion des temples du Soleil de Balbec
et de Palmyre, p. a 1 7.
Catalogue de la bibliothèque pà> I'
l'empire d'Autriche, p. 7.»; — de
lu collection des médailles de Ph
Margaritès d'Athènes, p. 8i; —
.es monuments <pii représentent
Psyché , p. ao5 ; — du musée Foi , à
Genève, p. 3jp3, 3o5; — de la bi-
bliothèque de la Société d'agricul-
ture, elc.de la Haute-Saône . p. I71 :
— de, la collection Basilewsky,
p. '169.
Caucase. Monuments, photographies.
p. 3 I :>.
Caussin de Perceval. Notices anecdoti-
ques sur les principaux musiciens
arabes des tmis premiers siècles de
l'islamisme, p. 195.
Cavélier de la Salle (Découvertes et éta-
blissements de), p. v
— 488 —
Cernuschi. Collections rapportées de
l'extrême < tient , p. 3oa.
Gerquaad. Ulysse et Gircé; les Sirènes,
p. 80.
Cestre. Antiquités gallo-romaines du
Haut-Rhin 1 manuscrit |, p. 32,4.
Cbabas. Noie sur le nom égyptien <ln
fer, p. 7. 28-37; — sur des romans
égyptiens, p. 92, 1 1 7-1 a '1. — Les
silex de Volgu (Saône -et -Loire),
p. 193. — Inscriptions antiques
trouvées à Chalon-sur-Saône,
p. 2 1 2 , a 1 3. — llebrcro- Egyptiaca ,
p. 320.
Chabouillet. Origines du cabinet des
médailles, «'le. p. 86. — Le diptyqut
consulaire de Saint-Junien , p. 296.
Cbaignolles. La mort, étude philosophi-
que, y. 29.5.
Chalet. Mosaïque de Syra . p. 93.
Chalon-sur-Saône. Inscriptions, p. 2 1 2,
2 1 3.
Chambre des comptes </'• Paris; /
justificatives, par M. do BoisKsle,
p. (.19. 339, 348.
.s't/i.s populaires grecques, publiées
par Legrand, p.
Charencey. Idées symboliques se ratta-
chant au ""m dis douze fils de Jacob ,
p.78.
Charles-Quint contre Alger, p. .'172.
Charles le Téméraire. Ses dépouilles à
Berne, p. ;v".
Chatel. Cinquantième anniversaire <l<' lu
Société des antiquaires de Normandie,
p. .
Chevalier. Inventaire analytique des ar-
chives communales a" Imboist . 1 '/:-/-
tj8a, p. 3i5.
1 ihevalier I. abbé . Documi nls histori-
ques inédits dam l< Dauphins , p. ■■
— l ationsdes
rvéques <l<- Grenobh <!• I<i innitnn de
Chissé, p. '■'■
Chevreuse. Recherches historiques, etc.
P. ',::;.
Chevrier. Interprétation d'inscriptions
antiques do Chalon-sur-Saône,
p. 2 I '.!.
Chine. I'ii\ Slanislas-Jnhen au meil-
leur ouvrage sur la Chine , p. 3^i 2 ,
355.
Chodzkiewicz. Mémoire sur l'intcrpré-
talion du centième vers des Achar-
niens d'Aristophane, p. 210, 216,
266, 272.
Christ. Sur les hourreaux du Christ,
Kdm. Le Blant . p. 76.
Ciampi. Documenti di storia katiana,
]'• !'.)■
Cicéron. Epistolœ adfamUiares, ms. du
su' siècle . p. 1 9 '1.
Clarke. Comparative grammar of egyp-
tian , coptic iniil ude, p. 79.
Clermont-Ganneau. Lettres, pliolojjra-
phies, découverte d'une tête <mi mar-
bre supposée de l'empereur Adrien,
p. îoi, 106, ift6-i5a. — Inscrip-
tion près de l'antique Gézer, p. 201.
— Nouvelles inscriptions hébraïques
des environs de ' îézer, p. 9 1 3. —
Photographie d'un Fragment de
vase en ti rre cuite découvert dans
la caverne de la I ia dolorosa, p. 21 '1,
317. — Epreuves photographiées
d'un mémoire sur la terre saint'',
et reproduction d'un fragment de
pierre tombale, p. aifl, 217. —
Communication sur la tombe et le
portrait d'un evéque croisé de Pales-
Cohn, archiviste paléographe, p. 36o.
Colebrooke. The lifeand essays ofti. T.
1 iebrooht, p. 711. \Iiscellaneous es-
says, p. 80. — Mélangée, p. 189
Collège de Fran< e, candidal 1 a la chaire
des Langues el littératures don/jine
germanique, p- 7. Chairs \amnle
— 489 —
des langues el littératures chinoise et
laitare-maDtchoue, p. 96. Présen-
tation de M. d'Hervé) de Saint-De-
ux-, p. 99.
Collignon. Monument» grec» et romains
qui représentent Ptyché, p. ao5, 3 1 1,
Ù60.
Columbo en Fronce et en Italie p. 96,
100, A
Combier. Le baUliage de Vermandois,
!'• »98-
Comité secret, p. 97, 10a, 108,307,
B09, 3n, 3 1 :\ . 3iA, 3i5, .'{17,
018, ■!i<|.
Commission administrative de l'Acadé-
mie, p. 3; — d^s Antiquités de la
France, ibid.; — de l'Ecole d'Athè-
nes, ibid. : —des travaux littéraires,
ibid.; — du prix de numismatique,
p. ...
Commune» du midi de la France 1 Hist.
administratif de» . p. 7 '1.
Compte» rendus de F Icademie, p. 7
i83, 998; — des séances de l'A-
cadémie des sciences de Viennt .
p. 196.
Concours. .Mémoires envoyés, p. 3, 1 .
1 ">. Conditions générales, p. 355.
Coote. Roman mUitary signaeula found
lit Pu itilin . |i. :>.(|'!.
Corhlel. Démocharèt ou une fausse etij-
mologie du mot mouchard, p. 196.
— Hagiographie du diocèse d'Amiens,
p. 317.
Corlieu. La mort des roi» de France, de-
puis François l" jusqu'à la Révolution
française, p. 7 i.
Cornille. Programme d'un voyage dans
les États-Unis de l'Amérique du Nord,
p. 91.
Corpus inscriptionum latinarum. Voy.
Académie de Berlin, p. 7 '1-78.
Cosmographie populaire après l'époque
d'Homère et d'Hésiode, par Th. H.
Martin , p. 219, \io.
Cosmos de <iuido Cora, p. oui.
Courajod. L Ecole royale des élève* pro-
tégés,?. 190.
1)
Daninos. Inscriptions grecques d'E-
gypte, p. 97. — Inscriptions ampho-
riques . p. 3i 1, ■'> 1 3.
Darmesteter. Deux élégie» du Vatican,
V- ''"
Dauriac. Voy. Vénus de MUo.
David. Voy. Vénus de MUo.
Dkfrkmehy, membre de la Commission
«lu prix Brunet, p. 6. — Observa-
tions en présentant, divers ouvrages,
p. 190, i72.
Deialande-Guérineau. Fondation d'un
prix, p. 3a:j, 3JJ.
Delaunay. Sur quelques oracles sibyl-
lins, p. 8, m, i-j-ôti. — Moines
et sibylles dans l'antiquité judeo-
grecque, p. 191. — Table de la
Revue archéologique (1860-1869),
p. 3o3.
Dr.usLE, memhre de diverses commis-
sions, p. 3 , 5 , 307. — Observations
en présentant Jivei souvrages,p. 1 1 o,
1 M, i83, 297. 298, 3oi. — Mé-
moire sur les ouvrages de Guillaume
de \angis, p. 7.'!; — sur quelques
manuscrits de la bibliothèque d'Au-
rre, p. .'109, 3ii; — sur l'origine
des irchive» du Ministère des affaires
étrangères, p. 'i(>8. — Chroniques de
Robert de Thorigni , abbé du Mont-
Saint-Michel, suivie di- divers opus-
cules historiques de cet auteur et de
plusieurs religieux de coite abbaye,
p. 472.
490 —
Dblocbb, membre de diverses commis-
sions, p. 5, 307, 3o8. — Rapport
sur le concours Bordin, p. an.
Délos ( Fouilles à ), p. g3.
Déiurt, r voilée dans l'art grec i Type de
la), Heuzey, p. 7, 19.
Dcn^n's. Monographie de Notre-Dame de
Beaufort- en- Vallée. — Histoire de
l'Hôtel-Dieu de Beaufort- en-Vallée ,
p. 3l6.
Dbrbnbourg. Observations à propos
d'ouvrages et de communications,
p. 301, m|'i, :!oG, 3a8. — Com-
mimication sur les Inscriptions phé-
nicienne» on il est question de la statue
de Malacba'al, p. ao5, 23i-:î36.
Derrien. Notes et levés rapportés de Sy-
rie, p. is, 16.
Desbordes- Valmore. Coupe de la toge
romaine telle que Taltna l'avaù con-
çue, p. 3ot.
Deschamps de l';is. Pierres sépulcrales
découvertes sur Remplace o\ de
l'ani tenue abbaye d1 ladres | Pas-de-
Calais 1, p. 11 a.
Desjardins. Desiderata du Corpus ins
criptionum latinarum de l'Acadi
de Berlin. -- Le Musée épigraphique
de Pesth, p. 78. — Notice sur les
balles de fronde de la République ap-
partenant à MM. Rollin el Feuar-
deot. Balles palimpsestes; inscrip-
tions pouvant se rapporter à la
n sociale, à la guerre servile el à
la guerre civile dite de Pérouse, p. ga,
1 •.">-! 37, 187, ia5. Balles de
fronde trouvées dans le lit du Tronlo,
p. 3o6. — Monuments épigraphiques
iln musét national hongrois, |>. is-">,
,•). — 1 • >' el 1 'r livraisons de
dition de la Table de Peutiiuj
p. 1 g . ..i.;. '1-.;. _ t landidal à
l.i place de M. Guizol p. ■'< 1 5.
Dbshoti i. membre de diverses 1 om
missions, p. 3, 3o8. — Observations
sur un ouvrage . p. /)8i.
Dezeimeris. Discours sur l'Ebromagus
de sainl Paulin, p. ag3. — Note
sur l'auteur du Querolus, p. /17c
Dialectes de la langue d'or au moyen
«;;v, sujet du prix ordinaire, |>. 5.
— Rapport de M. Thurot, p. io3.
— Prix décerné, p. îoà, 334, 346.
Dictionnaire télégraphique chiffré, par
M. Grasset d'Orcet, p. q4; — his-
torique et archéologique du départe-
ment du Pas-de-Calais, p. <)(>; —
des antiquités grecques et romaines,
p. 379.
AtofÂiîSris K'jptdKOi. Discours, p. /181.
iuovvoi'jv buÇavriov AvawAous ftocrnô-
pov, p. 70.
Diplômes carlovingiens conservés aux ar-
chives départementales île l'Aude
p. 76.
Djérid ( Débouchés des lacs du) dans la
mer, p. a 19.
Droit musulman , p. Ù76.
Drouyn. irchives municipales de Bor-
deaux; Bordeaux vers 1 ï5o . |>. 296.
Durlialais 1 M"" \') l'onde un prix bien
ual de numismatique; époque du
concours, p. 33g . 35o.
Duchesne. Inscriptions grecques dé-
couvei tes à Salonique el fragments
copiés dans les manuscrits du mont
Athos, p. soi . 9i5, 161. — Mis
sion scientifique en < (rient, p. 2 10.
Ducrocq. Le Trésor de Vernon, p. 3oo.
Di 1. m r.n-.ii, membre de la Commis-
sion des inscriptions du Cambodge
p. 91.
Dumast. Couronne poétique de la Lor
raine; recueil des morceaux cents en
n r sur des sujets lorrains , p. 7,'?.
Dumonl | Mb.). Dis» ours d'ouwrture du
, .un .1 archéologie à Rome , p. 7->-
Envoi : Mémoire de M Muni/
— 'i91 —
l>. 909. — Lettre sur Les travaux des
membres de l'Ecole d'Athènes, à
Rome, p. 910. — Note sur la mis-
sion ea Orient de MM. l'abbé Du-
ehesne ri Baye! . Urid.
Duplès-Agier. Chroniques de Saint-
Martial de Limoges, p. !j3.
I)i m y i \ ictor . rapporteur de la Com-
mission du prix Gobert, j>. .">. —
Lecture «tir la première partie dn
règne d'Hadrien , p. 1 5 , 1 6. — Dési-
gné poor faire cette lecture à la
ance trimestrielle, ibid. Frag-
ment d'un chapitre *ur Marc-Aurèle,
p. 106. — Désigné pour Le lire à la
séance trimestrielle, p. i i". — //'•*
toire romaine ( 'i' volume), p. agit.
— Sur la formation de deux classes
de citoyens romains désignés dans
les Pandectes sous les noms i'Hones-
tiores el i'Humiliores, p. 3i3, 3ai.
— Introduction générale à l'histoire
de France, p. 'i ~'i.
Dulilleux. Topographie ecclésiastique du
département de Seine-et-Oise , p. 3aa.
E
Economie politique dans les croies du
moyen âge. Voy. Jochdaih.
Ecorcheurs sous Charles I //. Voy. Tue-
tey.
Education des femmes au moyen due.
\o\. .loi RDAIM.
Kgukh. Membre de diverses commis-
sions, p. 3. — Sur un passage du
scoliaste de Platon concernant 1rs
fortifications d'Athènes, p. 9, 58, 61.
— Observations sur des communi-
cations et des ouvrages, p. -joi. uni.
bq3, '170. /171. — Rapport sur
l'École d'Athènes, p. \~>-. (167.
XaSùiv xtxi (TKupioov Aotyp/ov, 187U-
1873, p. 48i.
| 1 du I atican | Deux I . p. 48o.
Eloquence attique : Lysias . Hypéride , Dé-
mosthènes, par Jules Girard, p. i3A.
Ermakow. Photographies de monuments
et d'inscriptions de l'Asie Mineure el
du Caucase, p. .'iia.
Eryx. Inscription, p. i3.
Espagne | M. i : Proverbes et dictons po-
pulaires recueillis à Aspiran, p. 180.
Euclide 1 Epoque 1 1 auteur du prétendu
X.V li\re des Eléments d'), p. 677.
Euting. Inscriptions carthaginoises, Tu-
nis, p. SOI .
Faider. Recueil des coutumes du pays et
comte du Hainaul , p. 1 Sg,
Faidherbe. Note sur une inscription
libyque découverte dans l'Ile de Fer.
Rapport de cette inscription avec des
inscriptions rupeslres du Sahara .
p. 6, 18, 19.
Fauvel. Programme d'une société de
linguistique, p. los.
Fedele da Fanna. Ratio novœ colleetionit
operum omnium S. Bonaventurœ,
p. 001 .
Fsr i Nom égyptien du ). Voy. Cha-
bas.
Fergusson.A History of architecture, etc.
p. ■> 1 '1.
Ferry. Voy. Vénus de Milo, p. 98.
r'iuv. Estampages d'inscriptions phéni-
ciennes, p. 10a.
Fialès. Etudes sur les populations pri
— 492
natives </»■ l'Amérique septentrionale,
p. 196.
Fierville. Le cardinal Jean Joujfroij et
son temps. — De i/uinliliuneis codici-
bus et preeetpue de codice Carcasso-
tiensi, p. i()'i.
Filopanti. L'Univers, leçons populaires
(!'■ philosophie encyclopédique etpar-
ticulièremant d'astronomie, p. 70.
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Fontes rerum Austriacarum, p. 196.
Forgeais. A umismatique des corporation*
■parisiennes, etc. p. 210.
Formeville. Mention honorable aux An-
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3/47, Ubi.
Fould (Sujel du prix), p. 3/i2,353,
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fourmis qui ramassent l'or, p. 79.
France. — France (La), le Pape et
l'Allemagne, par Guillehert, p. 77.
— Introduction générale à l'histoire
de France, p. /175. — Publication des
documents inédits de l'histoire de
Frimer , p. /171.
Franklin. Mention honorable aux Anti-
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347, ','..,.
Fronde achéenne à trois lanières,
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Ganelon , étude historique, par Cœuret ,
p. '177.
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Gasté. Jean h II ua et U \uu de Vire à
lu Jin du .1 1 / siècle, p. 3 1 5.
Gaule 1. 1 1 jous Glovis. Discuter l'au-
thenticité ,^elc. . des textes hagiogra-
phiques qui s'j rapportent . sujet du
pi i\ Bordin . p, iht. 35a.
té de . p. 3o5. Dé-
. ouvertes géographiques, voy. \ ivien
de Saint-Martin . p. - :;. Congrès in-
ternational des » iem ■ - géographi
ques, p 1 09.
Germain. Pierre Gariel, sa vie et ses
travaux, p. 299.
Germer-Durand. Découvertes archéolo-
giques faites à Mines et dans le Gard,
p. 70.
• îézer i Inscription de u p. aoi, ■ 1 3.
Gikatilia. Traduction îles Traités de
grammaire hébraïque el d'un Traité
sur la ponctuation hébraïque, par
Jehuda Haggondj . p. 39A.
Girabd. Membre de la Commission <lu
prix Brune t, p. ■>. Etudes surl'élo-
qut nce attique, [>. t84.
Girard «le Rjalle. Mémoire sur l'Asie
centrale , p. 87.
Gladstone. /." place d'Homère dans
l'histoire , p. 296.
Glossœ hibernicœ veteres codicis Tauri-
nensis . p. '17 1 .
1 m lui 1 1 l'ri\ 1 décernée, p. 99, 33g,
36d, '!'iS, 35t. — Ouvrages admis
.-u . oncours, p.
1 u m. lui u. Traduction du conte égyptien
du Prina prédestiné, \>. 9a, 117-
_ 193 —
Gorceix. Fouilleafattes à S et du mont Sarthaba
Grammar, Manoir of the comparative
mar, p. 79. — Of the arabie
language . p. il
Grammont. Relation de l'expédition de
Charles Qui,. t contre Alger, par \
la» Durand de VMegaignon, etr.
p. 67a
Gras. Essai sur les systèmes métri-
ques linéaires de l'antiquité, p. 109,
3i '..
Grasset d'Orcet. Dictionnaire télégra-
phique chijfrr, p. g i.
p. 3a/i. —
Candidat à la place de M. Guizot,
p, •"> i5, 317.
Guessard. Membre de la Commission
ilu prix ordinaire, p. 5.
Guido Cora. Cosmos, p. -!o6.
Guichiadt. Membre de la Commission
des travaux littéraires, p. 3. — Pré-
sentation d'ouvrage, p. 178.
Guigne Mention honorable aux Auti-
qnîtés de la Franco, p. 206, 338,
.'! '17. 'l.")i .
Guillaume de Yangù, voy. Delislk.
Gravier. Découvertes et établissements GuUJebert. La France, le Pape et l'Ai-
dé Cavélier de la Salle, de Rouen, lemagne, p. 77.
archiviste - paléographe ,
dans I' Imérique du Mord . etr.,
p. 83.
Grivel. Notice sur Nemrod et le.* rrn-
tures cunéiformes, p. q, 37-66.
Grueber. des médaillons ro-
mains du Musée Britannique, p. ag
Guéneau. Notes pour servir à Vhistoirt 'hizot (F. >. membre de l'Académie.
Guilmoto ,
p. 36o.
Guizol (Guillaume). Candidat à la
chaire de langues et littératures d'o-
rigine germanique, p. 6; — élu
premier candidat, p. 7.
de la couwxuw de I andeni
p. 187
Guérin. Géographie de l'ancienne Pa-
lestine, etc. p. 216, 217. — Com-
munication sur la mer Worl : sur
le fleuve et la vallée du Jourdain ,
p. 219, a83, 386, 307. — explo-
ration géographique et archéologique
de la Palestine, p. 3i 1 , 3ag. — Sur
les mines de Phasaéhs, d'Ârch
Sa mort annoncer par une lettre de
M. Guillaume Guizot, son fils; pa-
roles prononcées à ce sujet par M. le
lent, p. "17. — L"Acad<;mie
décide qu'il y a lieu à pourvoir à son
remplacement, p. 309. — Election de
\1. Georges Perrot qui le remplace.
p. 3 il
Guyard. Traduction de la Grammaire
pâlir de MinayeF, p. 1 96.
[I
Hadrien. Voy. Adrien.
Hagenhuch. Explication de la formule
L-DDPAdans les inscriptions,
p. 2l3.
Haggondj (Jehuda). Traités de gram-
maire hébraïque; Traité sur la ponc-
tuation hébraïque, p. 29/1.
Halévy. Récompeiw au concours Vol-
ney, p. 109. — Observations cri-
tiques sur les prétendus Touraniens
de la Babylonie, p. aoi, 209, ai5,
961, 9Ô4. — Examen des ressem-
blances linguistiques entre la pré-
tendue langue acadienne et les dia-
lectes ongro-Cnnois; recherche des
(races de l'existence en Mésopotamie
d'une race non sémitique, p. 361.
— Caractères propres de l'idiome
— V.)'i
acadien, p. nôa. — Que les textes
qui le contiennent sont purement fi-
guratifs, p. 2Ô3 . 'li'l.
Balléguen, Armorique ei Bretagne,
p. 3a 'i.
Handyside, Jubilee Chronicon, p. ->o,8.
Hannon (Le Périple d'), p. 307, 3a5.
[1. 73. Ethnographie des peuples
étrangers, de Ma-touan-lin, p. 8/1,
1 8a . 296. Si-siang-ki, p. S!\.—
Présenté comme candidat à la chaire
des langues et littératures chinoise
cl tartare-mantchoue vacante au Col-
lège de France, p. 99.
Hanoteau. Lettre, p. 6. — La Kabijlie Herzégovine. Inscriptions romaines.
et les coutumes kabyles, p. 83.
Harold de Fonlenav, Inscriptions céra-
miques gallo-romaines découvertes à
Autan, p. 320.
Barrisse. Mémoire : Les deux Colutnbo
en France et eu Italie, p. 96, 100,
i.l'i.
Il m 1,1 w . Nommé membre de diverses
commissions, p. 3, 5, 3" 7. -
p. 3o8.
llii/.Kï. Communication sur le type de
la Démêler voilée dans l'art j;rec,
p. 7, 19, ->o-2'S. — Recherches sur
la pierre sacrée d' intipolis, p. 1 2 .
(i 1-66. — Résultats de sa mission ar-
chéologique en Macédoine, p. 187. —
ndidat à la place de M. Beulé,
p. 1 o-.!. — Élu , p. 1 o3 , 1 06.
toire littéraire du Maine, p. 193. — Bindoustanies (Langue el littérature),
Sur quelques maîtres du mi' siècle p. 711. 3oa, &02.
Histoire judaïque depuis la prise de Jé-
rusalem jicr Nabuchodonosor jusqu'à
la prise de Bettir par les Humains
Sept siècles de V), p. /168. — His-
toire romaine . ']<■ M.Duruy, p. agâ.
Honestiores <i Humiliores. Voy. Dohuy.
// ngrois (Origines de l'histoire des),
!>• ''7"-
Uni :i>. Scritti inediti di Francesco Pe-
Irarca, \>. 398. — Catalogo délie
opère di Francesco Petrarca esistentt
nella pelrarchesca rossetiiana di
le. dad.
Il loy. Édit. de Ilenart le Nouvel,
p. 20g ■ 296.
Bûcher. L'Art gaulois, p. 7". 87,
3a a.
(mémoire), p. 3a6.
Hautcœur, Histoire de V abbaye de Flincs ,
p. 320.
Bavet, candidat à la place de M. Beulc,
p. 102.
Senzen. Explication de la formule L-
D-D-PA dans les inscriptions,
p. a 1 ■'!.
Hérodote, texte invoqué sur un débou-
ché des lacs du Djerid dans la mer,
p. 219.
Béron de Villefosse. Mission archéolo-
gique, p. «5, 17. Des mesures en
usagi en Brie aux au' et .1/1' siè-
cles . p. 1 79.
Hervej de Saint-Denys. Traduction du
San-tseu-king el de son commentaire,
I
Igonnet. Histoire administrative des
communes du Midi (!'■ lu France,
j,. S . 7 'i. — /.' ' ilinn . ses sci-
<nii urs ei manuscrit ' .
Uion d'Homèrt , llmm des Humains. M4
moire <\<- M- \ ivien de Saiul-Mar
lui, p. 199, aa8. — Réponse de
M. Schliemann . p. ■"■
Imprimerie nationale 1 Textes el dm u
— 495 —
ments concernant la constitution lé-
gale de l' i. |>. i «>*"»_
lncas Essai sur les institutions poli-
tiques, etc. de l'empire de» . p. 79.
Inde de* rajahs, p. bna.
Inscription* : lybique 1 général Fai-
dherbe), p. <>, 18; -- berbères (le
Dr Reboud |, p. 1 6; — itinéraire de
Saint-Christophe | Morbihan w li. Mo-
wal 1. [>. ;'i : — de Sayda 1 M. de
il> v 1, p. -\ : — des bords de la
mer Noire (G. Perrot i, p. 96, 98 .
j 87 : — grecque de Kef 1 II. de \ il-
lefosse); observations de M. L. Re-
nier, p. 106,19g; — hébraïques
près de Gézer 1 ClermonMianneau),
p. 901, ai3; — romaines de Kef,
de Zaghonan, de la Maisa, de Tacb-
lidja eh Bosnie el en Herzégovine
(Sainte-Marie I; observations de M.L.
Renier, p. 1 1 1 . ao3, 3o8 : - de
Gartbage | Sainte-Mario), p. 12, 1 \.
qI\ , 99, io° . 1 1 ■"> . 1 1 '1 , 1 97. 2 16,
219, 3o6, '.i<>-, 3 ia , S'i5, 3i 6,
.•{17: — de Carthage (R. P. Phé-
ner), p. 3ia; — grecques de Salo-
niquo (l'abbé Duchesne), p. 206;
— puniques (Amari), p. 309; —
grecque do Kars-el-Kébir (Tissot);
observations de M. Miller, p. aia;
— latines de Chalon-sur-Saône ( Cha-
bas): observations de M. de Longpé
rier. |>. ■']■>.; — himyarites du mu-
de Sainte-Irène, à Cônstantinople
Sorlin-Dorigny), p. 3i&. — Su-
jets de concours, prix ordinaire :
Recueillir et expliquer les inscriptions
qui peuvent intéresser l'histoire de
France, p. 335, 35o. — Prix Bor-
din : Recueillir les noms des dieux
mentionnes dans les inscriptions baby-
loniennes et assyriennes, etc. p. 353.
— Ouvrages : Inscriptions antiques et
du moyen âge de Vienne, en Dau-
phmé ( Allmer), p. 2o5, 335, Z1/12.
— Iscrizioni italiclie (Fabrelti),
p. 678.
Instruction publique (M. le Ministre
de I" i. Communications, p. 6,9,11,
i5, 17. 89, 91, 93, 94, 96, 99-
io'i, io(">, n3, 197, 3o5, -!09,
210, ai 4, tu"). 216, .'{(.7, 3o8,
3 13, 3 Hi , 3 1 7. .')■! 1 . 322. — Dé-
cret modifiant l'organisation de l'É-
cole d'Athènes, p. 3i 5.
Investigateur, j L' - , journal de la société
des études historiques, p. h8h.
Islamisme d'après le Coran [ L' ) , p. 1 8/1.
Ismaéliens et des mouvements sectaires
qui s'y rattarhent dans le sein de l'is-
lamisme (Histoire des), sujet du prix
Bord in , p. 3'i 1 . 348 . 35a.
Jacob 1 liée* symbolique* se rattachant
aux noms des douze Jils de) , p. ~*.
Jésus-Christ, publication de MM. Fir-
min Didol , p. '177.
Joret. Récompense au concours Volney,
p. 109.
JoiiiD.uN. Klu président; sou discours
en prenant possession du fauteuil,
p. 1 ; — lit un Mémoire sur la royauté
et le droit populaire d'après les écri-
vains de la scolastique , p. 9 , 11,12,
91 . — Sur les commencements dr l'é-
conomie politique dans les écoles du
moyen âgt et sur Véducation des
femmes à la même époque, p. 7G. —
Sur quelques points dr la biographie
de Roger Bacon, p. 79. — Sur les
ouvrages de Nicolas Oresme contre
l'astronomie , p. 3ai. — Observa-
tions en présentant divers ouvrages.
— 496 —
p , ,y, ) '|S-.. — Discours en séance Journal asiatique, p. 87, 3o/i, A83.
publique sur les prix décernés et les Journal of thc North China, p. 673.
sujets de prix proposés, p. 3i4, Jurade (Registres delà), délibération»
de 1Ù0G à tâog, p. 75.
k
Kabylie et coutumes kabyles, p. 83.
Karnak (Découverte d'un pylône à),
p. 210, a&3-a6o.
Kars-el-Kébir (Inscription grecque de),
p. 21 2.
Kef (Inscriptions de), p. 106, 199.
Kestre (Communication sur le), par
M. Alex. Bertrand, p. 8.
Khédive (Bemercîmenls de Y Académie
à S. A. le), p. 21 1 .
Koumanoudis. Inscriptions qu'il a pu
bliées, p. lis.
Ko/tis toû liooT civaiov Tzonrtixov ayS-
vos TO\J 1 874 , p. h%\.
LabARTE. Histoire des arts industriels au
moyen âge et à l'époque <!<• lu [lenats-
sance, p. i<|6. — Observations sur
la collection Basilewsky, p, 46g.
Labouuyb , membre de la Commission
des travaux littéraires, p. 3.
Lafbns-Méticocq (Prix). Ouvrage en-
voyé au concours, p. 3aa. — Sujet
du prix . 3 1 ' • 35 1.
Lagrèze-Fossat, Etudes historiques sur
Moissai . |>. 99g.
Lair, Fragment inédit de la rie de
Louis VU préparée par Suger, p. 181.
Lalore (L'abbé). Ouvrages divers,
p. ■ '1.
Landeina. Inscription néo-punique,
p. 3o5.
I » rirais, membre de la Commission
des antiquités nationales, p. 3.
Lasteyi ie l Robert <\<- 1, Etude sur 1rs
comtes et vicomtes de Limoges anté
rieurs à Van tooo . p. 3
Laurière. Photographie d'un masque de
terre cuite découvert à Carthage,
p. 907.
l'Ii. ). I oyage animal, en Grèi e
et 01 Asie Mineure , p. il
Lebègue. Chargé «les fouilles de l)<los ;
ruines où il signale le temple primi-
tif d'Apollon . p. 93.
Leblanc. Fragments d'une statue ro-
maine en bronze découverts à Vienne,
p. 822.
Le BlahT ( Edm. ). Mémoire sur les mar-
tyrs chrétiens et les supplices destruc-
teurs du corp*. p. 11. 1/1; — sur
1rs bourreaux du Christ, p. 7<">: —
sur 1rs martyrs de l\ ctréme Orient et
les persécutions antiques, p. 90 . 1 1 .>,
117. — Observations à propos du
Bulletin d'archéologie chrétienne,
p. 1 83. — Communication sur une
marque de fabrique inscrite sur une
lampe de la collection du musée Fol,
à Genève, p. 219, 386-àgo. —
Photographie, monument d'art ro-
main, Nyon, [p. aao. Lepelletier
• h et ton meurtrier,
documents inédits . p. ag5.
Ledain. Lettres et notices d'archéolo-
1 te. p. •'! 1 6.
Legrand. Recueil de chansons populaires
{pies , p. 8 I .
I enormanl | Fr. >. Les premières civilt
— v.r
.■ùiimns. étude» d'hisioin <i d'archéa
fogie, p. 7.'!. — La iinny. chez le»
Assyrien» ei le» • accadiennes,
p. 83. — Choix de textes cunéiforme»
inédits ou incomplètement publiés jus-
qu'à ce jour, p. 1 7g. — Etude» m
dieimcs . p. 168.
Leptis, patrie <l> Septiine Sévère, mé-
moire «In li- I'. Verdière, p. 96,
le-.', 116, 1 (17. •■■• 1
Liagre, uom secrétaire perpétuel de
rAcadémie royale de Belgique,
|). 102.
Linguistique comparée , etc. p. 7".
Littérature allemande nu moyen âge et
les ortgine» de l'épopée germanique
1 La), Gœthe ei Schiller, etc. p. 7.'»:
— espagnole, p. 4 80.
Littrk. Littérature et histoire, p. ft8o.
Littré (Etymologie du nom propre),
P- VT-
Longé. Coutume» du pays et duché de
Brabant, quartier d'Anvers, p. :>;i<j.
Lorgpéhier, membre (!'• diverses com-
missions, p. 3,5,6,3ia. — Noie
sur des romans égyptiens, p. 9a,
1 1 7-1 ■'.'>.
\ ase 1 ypriole descrip
tion el observations, p. 95. - Vase
de bronze trouvé dans la Sienne,
p. 110. — Pierres sépulcrales de
l'ancienne abbaye d' indres, p. 1 1 a.
( observations relatives à des com
munications el à des ouvrages
]>. 1 .m. 1 89 . ig3, 1 98, a 17, ■■
".h- -M)7- 399' '':;• — Masque
de terre cuite, Cartbage, p. 20G-
208. — Inscriptions ;uiti(jnes trou-
vées à Chalon-sur-Saône, p. 212,
2 1 3. — Rapport sur le concours de
numismatique, p. 210; — sur le
concours des Antiquités de la France,
p. 2o5 , A/l1 .
Lorraine (Couronne poétique de la),
p. 73.
Louis Vil ( Fragment inédit de la vie de)
préparée par Suger, p. 181.
Luber. Ipz^ovèii pvpzixx, p. 3oi.
I.iic'l'. Négociations des Anglais avec le
roi de Navarre pendant la révolution
parisienne île i358 , p. 220.
Luzel. Chants populaires de lo basse
Bretagne, p. 1 <)2, '.Uk.
M
Mabillon. Instruction sur le renouvelle-
ment de vie, p. 398.
Mac Carthy. Carte jigurani les lignes
île défense dans la Mauritanie et I"
Nutnidie à l'époque des Antonin» .
p. 3 1 1 .
Maccbiavoli. L'Ambone délia cattedrale
di Diano, p. 3oi .
Maçoudi, les Prairies d'or. Trud. de
Barbier de Meynard, p. 192.
Magic chez les Issyriens , etc. p. 83.
Màghin (Charles), membre del'Acad.'-
mie (Notice historique sue ht oie ei
les travaux de) , [t. .'i 1 '1, 36o. —
Naissance de Charles Magnin en
1 793 . p. 0(12 ; — son arrivée à Pa-
ris, sa famille, ses études, p. '.iG'6-,
— entre à la Bibliothèque du roi,
p. ;;r,'i: — obtient des récompenses
aux concoursde poésie el d'éloquence
de l'Académie française, p. -'iliô; —
fait jouer â L'Odéon une comédie in-
lilulée : Racine, oula troisiémerepré-
u ntation <l< » Plaideurs ; son goût pour
l'art dramatique, p. 366; — entre
au journal le Globe; polémique de la
presse à cette époque; Bes articles
sur Parse\al-Giandmaison et Lnce
de Lancival, p. 3 (î 7 . — Critique
théâtrale, etc. sous le titre : Cause-
33
— Î9S —
rit a 1 1 méditation» , p. 368. — Théâtre
anglaisa Paris, p. 36g. — Critique
* 1 1 1 Mariage d'argent, de Scribe;
il' Hernani , de Victor Hugo, ]>. .'{-.*>.
Opinion rl<; Sainle-Beuve surCli.
Vfagoin, p. 37-'i. -- Charles Magnin
prend part à la politique, p. 378; —
signe, en 1 8 a 7, une déclaration contre
la censure et coopère à la fondation
de la Société Aide-lui . le ciel t'aidera ,
ji. 379; — reste dans l'opposition
après i83o; s'attache â VrmandCar-
rel; quitte le Globe et entre au Na-
tional, ibid. : — se prononce pour la
guerre: son article : Comment une
dynastie se/onde, p. 38 1 ; — nommé,
•■ri i832, conservateur des imprimés
de la Bibliothèque rmale, p. 38:!;
— supplée M. Faurieldans le cours
de littérature étrangère de la Fa-
tuité des lettres; prend le théâtre
pour sujet; abandonne ce cours,
p. 383; — publie, en 1 838 , le
premier volume de son Histoire du
génie dramatique depuis le iri jusqu'au
tri' siècle; préface de cel ouvrage,
p. 3S'i.- Sources du drame: hiéra-
tique, aristocratique, populaire,
p. 387, 388. — Caractères princi-
paux du théâtre chea les Grecs el les
Romains, p. 38g-3g3. — Nommé,
'•n 1 838 , membre ordinaire <ie
1 académie des inscriptions et belles-
lettres, p. .'ii|'i : — publie le Th aire
de Eirotsvitha; caractère de cette
œuvre, p. '■'<<) '1 : -a collaboration
a lu H* vue des Deux Mondes el au
Journal des Sa\ antt . p. 3g6. Il
lait paraître dans la Revue des
l>, a 1 Mmuli \ plusieurs articles sur
la littérature française <>u élran
gère : la I n de Cnmoëns : la sta
tue de la reine \antchilde; l'Ahas-
véru* d'Edgoi Quinel . elc. p. .-f»^ ;
— \ publie l'Histoire des marion
nettes, p.Aoj . — Ses articles au Journal
desSavantSyf. ioa. i° Sujets divers
d'érudition : Les Exilante , Chronique
de lu découverte el <lr la conquête d
la Guinée, etc. etc. •>" Histoire du
théâtre : Christus patient ; Draines li-
turgiques du moyen âge, etc. etc.; la
Célestine, tragi-comédie, p. boa .
ho'\. — Premières atteintes de la
maladie, p. 606. — Retour de Ch.
Magnin à la foi religieuse; sa lettre
sur les motifs qui l'ont déterminé,
p. '106; — meurt en 1862, laissanl
inachevée son Histoire du génie dra-
matique, p. '1 1 0. — Considérations sur
son esprit, son érudition et les traits
dominants de son caractère, p. '11 a.
Texte desa lettre sur les motifs de
sa conversion, p. '1 1 3.
Maine | Histoire littéraire du ), p. ig3.
Maisa. Inscription romaine, p. ao3.
Maissiat. innibal en Gaule, p. 18/1.
Marc-Aurèle 1 Lecture sur), p. 106.
Margarilès. Catalogue de la collectiondes
médailles grecques , romaines et byzan-
tines . p. 84.
Mariette. Découverte faite à Karnakd'un
pylône élevé par Tlioutmès III en
souvenir de ses victoires. — Inscrip-
tions nombreuses qui permettent de
retrouver les noms de 628 localités
apparie 11,1 ni à la Palestine, à la S\
rie, à la Mésopotamie, au pays de
Pount, au To-niiter, à l'Ethiopie et
à la Nuliie. p. 210, a63-36o.
Martigny. Traduction du Bulletin d'ar-
chéologie chrétienne , p. 1 83.
Martin (Th. H.). Mémoires: Promé-
théide d'Eschyle, p. 6. — Cosmogra-
phie populaire après l'époque d'Ho
mère et d'Hésiode, p. a 1 g j 220 ;
époque el auteur du prétendu iv' livri
îles Eléments d'Euclidt . p. '177.
— 499 —
Martyr» chrétien» el ht supplices destruc-
teur» du corps. Mémoire de M. Edm.
Le Blant, p. n. — Martyrs de
l'extrême Orient et les persécution»
antique» . p. go . 1 1 '1-1 1 7.
Maspero. La stèle égyptienne du musée
de Bennes . p. 187.
Masque de terre cuite découvert à Car-
tilage, ]). ao6-ao8.
Mataparisksha, ouvrage sanscrit, en
M'I'S. [). l83.
Ma-touan-lin. Ethnographie des peuple*
étranger» . p. 84, 1 s-- . 296.
Matterer. Voy. Vénus deMïlo.
Mauritanie ( Lignes de défense» dans la),
carte, p. 3 1 1 .
Mu in. élu vice-président, p. 1. —
Observations sur divers ou\ rages,
p. 669, '17."'. I79.
Médailles (Cabinet dos); ses origines,
p. 86.
tire» présenté» par disert savants
étrangers à l'Académie, p. 187; —
de l'Université impériale de husan,
p. 1 89 ; — de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres, p. 199, ^78;
— de l'Académie impériale des sciences
de Vienne, p. 19G; — de la Société
de linguistique, p. 29'! ; — de la So-
ciété nationale d'agriculture, sciences
et arts d'Angers . p. /i83 ; — de l'Aca-
démie de Stanislas , ]>. 584.
Menant. Annales des rois d'Assyrie,
P- »97-
Mermet. Relation des fouilles faites à
Santorin, p. 89.
M'-tz (Siège A><) en i55a; notice de
M. Cli. Robert, p. 108. 319, 3i4,
339.
Meunier. Restauration du centième vers
des ^c/iamîp/isd'Aristophane, p. 2 1 6.
Meyer. Recueil d'anciens textes bas-la-
tins, etc. p. 7.'!: — obtient le |iri\
ordinaire, p. io4, 334, 346. —
Rapport sur l'état actuel de la phi-
lologie des langues romanes , p. 307
Micbel (Francisque), éditeur de Flo-
riantet Florete, p. 190. -Collabo-
ration à l'ouvrage The Scottish war
ofindependence, p. 2 <).">.
Mieullet. Notes et levés rapportés de
Syrie, p. 19,1 6.
Miller. Inscriptions trouvées en Egypte
par M. Daninos, p. 7. 97, 3n, 3i3.
- Rapport sur les papiers de Nestor
L'Hôte, p. 17. - Observations di-
verses, p. 3o5, ^78; — explique et
restitue une inscription grecque dé-
couverte à Kars-el-Kébir, p. 212. —
Désigné pour lire en séance publique,
p. 3o-. — Membre d'une commis-
sion , p. 3 12.
Milo. Inscriptions découvertes à Milo ,
Brunet de Presle, p. 3a4. — (Venus
de). Voy. Vénus.
Minayef. Grammaire pâlie , p. 196.
Miscellaneous essays, par Colebrooke.
p. 80. .
Missions catholiques, bulletin hebdoma-
daire, p. '169, 484.
Moiii, , membre de diverses commis-
sions , p. 3 , 9 1 , 1 09. — Rapport sui-
tes inscriptions découvertes au Cam-
bodge, p. g4, i7'i, 177.
Mommsen. Explication de la formule
D. PAG. S,*p. 2i3.
Monnecove. Prise de Tournehem et de
la Montoire, épisode du in' siècle,
p. -
Monuments épigraphiques du Musée na-
tional hongrois , E. Desjardins , p. 1 s ."> .
Morel. Essai historique et pittoresque
sur Saint-Bertrand de Comminges,
p. 83.
Morel et Gautier. Voie romaine ab
Aquis Tarbellicis. p. 83.
Morel-Fatio, archiviste paléographe,
p. 36o.
33.
— 500
Morl des rois de Fiance depuis Fran-
çois I" , etc. \ oy. Coiiieu.
Mosaïques chrétiennes d'Italie. Voyez
Munlz.
Mowaf. Etude sur l'inscription itinéraire
de Saint- Christophe (Morbihan),'
p. 7/1. — Etymologie du nom propre
Litlré, et restitution d'un mot gaulois,
p. 87. — Notice sur quelques inscrip-
tions grecques observées dans diverses
collections, p. 180. — Sur la fronde
achéenne à trois lanières, p. 320.
Munlz. Mosaïques chrétiennes d'Italie,
p. 203 , 21G, 3Ult , ifu>.
Muratori (Lettres à l'occasion des fêtes
du centenaire de Louis-Antoine),
p. 75.
Musée épigraphique de Pesth (Le), Des-
jardins, p. 78.
Musée à créer (Un), p. 85.
Musée Fol, p. 219, 286-290.
Mussafia. Les dialectes de l'Italie du
bordait xv' siècle, p. 193.
Mytho'ogie grecque t Etudes de) , p. 80.
\
Naudbt, membre de la Commission des
travaux littéraires, p. 3. — Lettre à
M. Edm. Le Blanlsur les Bourreaux
du Christ, p. 82. — Observations,
p.475.
Nemrod et les écritures cunéiformes,
p. 9,37.
Nestor l'Hôte. Ses papiers, p. i5, 17.
Neumatiques (Manuscrits). Voy. Ruelle.
Vicéi (.nunle de), d'après les textes
coptes, mémoire dn M. Réviliout,
j). 1 02.
Nirjra (Le chevalier). Volume relalil
au\ manuscrits des œuvres de 1V;-
tranjiif <•( m«:daill<' rommi'inoraliw,
p. 3 1 " .
Nîmes (Découverte» arckéol. à), p. 70.
Sormand» sur le \fississipi(Le»),^.Ss,
Sotices et extraits des manuscrits de la
Bibliothèque nationale (tome XXII,
iro partie), p. 192.
Notre-Dame de Béhuard 1 Histoire de,,
p. 78.
Numismatique. Nomination de la Com-
mission du prix de numismatique,
p. 5. — Rapport de M. de Longpé-
rier sur le concours de 187/1; con-
clusions adoptées par l'Académie,
p. :> 1 o , 338 ,3/17. — Ouvrages pour
le concours de 187U . p. 3a-.!. — -Prix
fondé par M"" Ducbalais, p. 33g,
35i. Ouvrages: Numismatique des
rois nabathéens de Petra, par M. de
Saulcy, p. 7-'i,— - '■' Antiquités de la
dynastie de» Sassanides, par M. Tho-
mas, p. 77.
\11ll. Livres offerts . p. •_• <i i.
0
Odobesco. Vase d'argile portant le nom Ordinaire (Prix/ de l'Académie. Com-
• Di aie, p. 1 80.
Illl*->|l>ll ,
Mémoires adressés,
Oppert. /." linguistique comparée ei les p. 3i5. Récompenses, sujets propo-
études ethnographiques, p. 70.- -Can ses ou prorogés, p. 10A, 307, 309,
didalâ la place de M. Beulé, p. ioa. iio, 334, 335, 346, 369.
Oracle» sibyllins (Mémoire sur quel- Orelli. Explication delà formule L.D.
ques) ■. Delaunay, p. v. '17. D.I'A dans les inscriptions, p. ai 3.
— 501 —
Qreuae. Ouvrage* de Nicoh Oresme- eon- Ottremare. Verrion du Nouveau Testa-
tre l'astronomie , p. 3a t . vient, p. 178.
Orithye /Enlèvement d')t par Borée, Ovinia tribunicia (Loi), p. a 10.
p. Û75.
Paillard ( Ch. ). Troubles religieux de
1 alenciermet. Troubles des Pays-Bas
au m' siècle , p. 3a2.
Palimpsestes en Egypte, p. -5.
Paimyre (Temple du Soleil de),
p. 017.
îla.Kippwyopo-jXo'j Xoyos, p. 48l.
Parfourou , archiviste paléographe ,
p. 36o.
Paris (Gaston). Le conte du trésor du
roi Rhampsmite , p. 3o8, 3i3. —
Candidat à la place de M. Guizot,
p. 3i 5, 3i6.
Paris (Louis). L'impôt du sang, ou la
noblesse de France sur les champs de
batadle, p. 186, 998.
Paris (Paulin), membre de la Com-
mission du prix ordinaire, p. 5. —
Poèmes : Le voir dit , p. 1 '1 . — Pré-
sente le roman de Floriant et
Flore! e, p. 1911.
Parrot. Histoire de Notre-Dame de
Béhuard , p. 78.
Pasquier. Grands jours de Poitiers,
de i45û (i i63ù, p. 100.
Pavet de Coohteille. Membre de la
Commission du prix Brunel, p. 5.
— Observations, p. hyli.
Pays-Bas. Publications, p. 83, S'i, 85.
Pécheur. Annales du diocèse de Sois-
sons, p. 39 'l.
Périple d'Hannon. Tauxier, p. 007,
3 3 5.
Perrot (Georges). Inscriptions trouvées
sur les bords de la mer \01re , p. 96,
98, 1.37-1 '16, 192. — Enlèvement
d' Orithye par Borec , mémoire,
p. 67"). — Candidat à la place de
M. Guizot, p.3t5,3i8, 3-22.
Petit. Les sires de Noyers, etc. p. 32 0.
Pétrarque. Centenaire, médaille com-
mémorative: manuscrits, p. 3 10.
Phéner. Inscription de Carthage,
p. 3 la.
Phénicien (Alphabet), p. 87.
Picone. Memorie storiche agrigentuu-,
p. .87.
Pierrugucs. Vie de saint Honorât,
p. 3i8.
Pigeotte. Fragment inédit de Grosley,etc.
p. 299.
Piraterie dans les pays méditerranéens
depuis les temps les plus reculés
Histoire de la), sujet du prix ordi-
naire, p. 33S , 3 '19.
Platon (Passage du scoliaste de) sur
les fortifications d'Athènes, p. 58.
— Traduction de ses Dialogues,
p. 071.
Pleyte. Fac-similé du conte égyptien :
L'épisode du Jardin des Fleurs , p. 92,
1 1
/'
1 3 1.
Polizzi. Inscriptions puniques, p. 20g.
Polybiblion. Revue bibliogr. , p. 88.
Poole. Catalogue des médaillons romains
du Musée Britannique, p. 29g.
Port (Célestin ). Médaille aux Antiquités
de la France, p. 206, 337, 3/17,
Positivisme. Question grammaticale,
p. 298.
IlpaxT/xà Tris êv kdrfvats àpyatoXoyixfjs
èiaipicts , p. 48 1.
Précis analytique des travaux de l'Aca-
50i>
demie des sciences . etc. de Rouen .
p. '.8:?.
Proceedings of the royal irish Aca-
demy, Dublin, p. '177. — Of the
Society of antiquaries of London .
p. i83.
Protnéthéide d'Eschyle. Mémoin
M. Tli.-H. Martin, p. G, 7.
(10
Prqst. Rappel de médailles, Antiquités
de la France, p. 338, H8.
Puniiche Steine. Inscriptions puniques
de Carthage, p. 106.
Puyals de la Bastida. Ortografia de la
lengua castellana, rcducida a una
sola régla , p. 18a.
Pylône de Karnak, p. •.>. 10, b63, 260.
Q
Quanlin. Happe! de médaille, Auli- la Sienne, p. il 0. — Nouvelles étude»
quités de la France, p. o38 , 3^17. archéologiques sur l'aiTondissement de
.'1 jjn, Coutances , p. •î-23.
Quesnault. Vase de bronze trouvé dans Qurniius (Note sur Tanteur du), p. 4 70.
n
Rabbinowicz. Principes de la pronon-
ciation anglaise, p. 293.
Rangabé. Traduction des antiquités
Iroyennes de M. Schliemann , p. 17;).
Rapport semestriel sur les travaux de
t' Icadémie, p. t'.ocj, 390.
Ravaisson. Membre de diverses com-
missions, p. .">, G. — In muser .1
créer, p, 85. — Pholograpbie d'une
statu ■ de Vénus trouvée à Pom
l>. i. Voy. I énus de Milo. ■ Vllium
liomérique, p. 3o8. — Lettres de
\l. Scblieraann, p. -!i 3, 3 19, 33o.
— Stèles de M. de Sainte-Marie .
p. 317.
Reboud. Inscriptions berbères , p. 1 6.
Recueil d'anciens textes bas-latins , pro-
vençaux el français, p. 73; — de
chansons populaires grecques^ p. 81;
— des coutumes du Hainaul, p. 1
— des lois et instructions qui régis-
Ministère de l'inté-
rieur , p. 1 9a ; — des notices 1 ' me
moins de la 5 archéologique •'•
lu province de Constantin* - p. 3oi ;
des publications de lu Soi iélè na
tionale havraise d'études diverses de la
3g' minée , 187a , p. '171 •
Récupération» terrm sanctœ ( De • .
R. P. Dubois, p. i3.
Regesto poligrafo <lei secoli .1/1 et xr.
Polizzi . p. '17N.
Régnier. Membre de la Commission
des travaux littéraires, p. 3; — des
inscriptions du Cambodge, p. 91.
Reliquie celtiche raccolte da Constantino
Nigra, p. '171.
Renan. M. •min.' de la Commission
Brunet, p. 6. — Inscription d'Eryx,
p. i3. De récupérations terres
sanctœ, ibid.— Instructions à M. de
Sainte Marie, p. 1 7.
Renier. Membre de diverses commis-
sions, p. 3, ;"), G, :;<>7. 3ia. - Ins-
tructions à M. Héron de Villefosse,
p. 1 7. - Marbre offert par M. 'de
Sainte-Marie, p. 106. RapportBurle
prixB et, p. 108. -Observations
sur divers ouvrages, p. 18a , i85 .
187, 189, 396, '17.';, /17G, 48o. —
Inscriptions du K.ef, p. 199; — de
Zaghouan el de la Maisa, p. -!o3;
503 —
— deSaloniqne, manuscrits du mont
ttbos, p. g o3 , aoà. - Photogra-
phies d'inscriptions puniques, p. 909.
— Inscriptions de Gezer, p. 301.
Renne de Tbaïgen . p. 1 1.
RévillouL Concile de Nicée d'après les
textes copies, p. ioa, 1991 301,
SON . 9 ;i. 9 l 'l . SI •>. -'07.
Revoit. Médaille aux Antiquités de la
France, p. 806, 336, '■'-'>' • 3Ù5.
Revue africaine, p. 87, 3o4, 68û ; —
archéologique, p. 87, 3o3, 3o'i,
iû; — bibliographique de philo-
logie et d'histoire, p. 3oa, '186; —
bibliographique universelle, p. 3o/i :
— de législation , p. 88 , 3o'i , 'iS.'î ;
— numismatique, p. 83, 87 ; — de
philologie el d'ethnographie, p. '17 A ;
— politique et littéraire, p. 87; —
des questions historiques, p, 87,
3o4, Ù83.
iiiant. Thadée de Naplet, Ruine d'Acre
et de la Terre sainte en taûl, p. 7/1.
Riccio. Lettre, p. 89, 90.
Rivain. Consulat et administration cnn-
sulaire d'Aurillac, p. 309.
Rivière. Histoire des institutions de
l'Auvergne , etc. p. 3ao.
Robert de Torigni , abbé du Mont-Saint-
Michel | Chronique de), p. .'472.
Ruelle. Récompense au concours Rru-
uet, p. 3 'ii! , 36g.
Rydqvist. Principes de In langue suédoise.
p. 199.
Robert (Cb.). Membre de la Commis-
sion de numismatique, p. 5. — I
tture, p. 1 08 , 21 g, 3 1 h : lit en séance
publique une étude intitulée : Mé-
daille» commémorative» de ladéfensede
Metz en i55a , p. 3ift , .'120; variétés
des pièce- frappées au type du roi à
celle époque: médailles au nom du
duc de Guise, p. liai; Rertrand de
Salignac, historien du siège de Metz
p. Vjj; plan Je la ville, p. /127;
Charles-Quint entre en Fiance par
les Trois-E vêchés , p. '128; François
de Guise entre dans Metz et rappro-
visionne, p. '1211; la ville est mise en
état complet de défense; effectif res-
treint de la garnison , p. 43i; effectif
important de Tannée assiégeante,
p. &3a; le duc d'Albe, commandant
en chef l'armée ennemie, ouvre les
opérations; il abandonne sa première
position, passe la Seille, et installe
son camp au Sablon, p. 133; motifs
du changement dans le plan d'at-
taque, ibid. ; la brèche est ouverte,
p. hîh ; le margrave Albert de Rran-
debourg, après avoir abandonné le
roi de France, vient compléter l'in-
vestissement de la ville, p. A35; ar-
rivée de Charles-Qnint devant Metz;
les assiégés achèvent leurs défenses;
les assiégeants font tomber la tour
d'Enfer, p. '137; la contenance des
Français empêche l'ennemi de tenter
l'assaut, p'. 638; Charles-Quint or-
donne la retraite, p. ft3o; la noblesse
française quitte Metz, el le duc de
Guise regagne la cour, p. '4/10.
Robert ( Ulysse). Mention honorable aux
Antiquités de la France, p. 206.
338, 3'i7, 455.
Robiou. Note sur*un vase du musée de
Naples. Apollon dans la doctrine des
Mystères, p. 9, 10, ta, i4, i5,56,
58. — Second mémoire sur Apol-
lon dans la doctrine des Mystères,
p. ai5, 21/1 . 366.
Romani c le guerre serviU in Sicitia .
J. la Lumia, p. '169.
Rômer. Monuments épigraphiques dit
Musée national hongrois, p. 299.
Rose des vents, p. A 7 1 .
Rossi (De). Bulletin d'archéologie chré-
tienne, p. 87, 1 83.
— 5()/i —
Rossignol. Membre de la Commission Rousselet. L'Inde des Rajah», ip. -'179.
de l'Ecole d'Athènes, p. 3. Royauté (La) et le droit populaire d'a-
Roudaire. Sur les témoignages d'Héro- près les écrivain» de la scolastique,
dote et de Scvlax relatifs au débouché p. 91 .
des lacs du Djerid dans la mer, Rozibbe (E. de). Membre de diverses
p. an). commissions, p. 5, 7, 307. —
Rolgk (Emmanuel de). Origine égyp- Leçon d'ouverture au Collège de
tienne de l'alphabet phénicien, p. «7. France, p. 307. — Ecole des chartes,
Roulez. Formule de quelques diplômes p. 3o8.
militaires, p. 186.
Saint-Bertrand de Comminges, p. 83.
Saint Louis à Besançon, p. &71 .
Sainte Cécile et la société romaine , édil.
Didot, p. 179.
Sainte-Marie. Dessins, tombeaux de
L'Herzégovine, p. 6. — Inscription de
Marsa , p. 1 3 , là. — Mission archéo-
logique, p. i5, 17--- Inscriptions
puniques et stèles, p. 12, 9/1,99,
103, ll3, 11 A, .1 97, :>■ 1<), :>- 19,
006 , 307, 3 1 a , 3 1 5 , 3 1 6 , -U-.
Marbre offert, inscriptions ro-
maines, p. 106, 110, iilt, ao3,
209. 3o8. Stal lécouverte à
Carthage, p. 3si. — Ouvrage : Les
Slave» méridionaux; leur origine et
leur établissement dans l'Illyrie,
p. 'i;'..
Saintonges. Manière d'écrire dans toutes
les langues, p. 7.
Salonique. Inscriptions grecques,
p. 20 h. — Miiini nis de l'époque
byzantine, p. ao5.
Salvatore Cusa. / diplorm gréa ed arabi
di Sicilia , p. •''17.
Sa i-tseu-E ing | Traducti lu I, p. 78.
Saripolos. Traité de droit constitution
:■' I . p.
^*i lct 1 De), membre de diverses com-
missions, p. •'<. 5, 6.— Rapport sur
ote» el levés rappoi l< deSyi ie pai
MM. Mieullel et Derrien, p. 16.—
Inscriptions de Sayda ; numismatique
des rois nabathéens de Vitra , p. 7/1.
— Sept siècles de l'histoire judaïque
depuis là prise de Jérusalem par Na-
buchodonosor jusqu'à la prise de Bettir
par les Romains, p. 468.
Sauss li e ( De la) , membre de la Corn
mission de numismatique, p. 5.
Sautayra. Droit musulman. Iht statut
personnel et des successions , p. '176.
Scavi délia Certo*o,p. 71.
Schiern. Origine de la tradition des
fourmis qui ramassent l'or, p. 79.
Schlegel. I ranographie chinoise , p. 3i6.
Schliemann. AntiquiU 1 troyennes^. 10.
Fouilles ;i Myi ènes, p. 91 . -
Vases d'argile, p. 96. — Rapport sur
I.- antiquités Lroyennes, p. 179. —
L'Rium homérique, p. -'""s- — Nom
île ■) Aavxô>ir<$ donné à Minerve; \.i-' s
à tête de chouette; Hissarlik, p. 3i3.
;> 1 y . 33o-33a.
Schiotel. Die Berliner Usademie und die
Wissenschaft. Prûfung logischer lu
tersuchungen . p. 1 87.
Schlumberger. Dm bractéate» </<■ l'Alle-
magne. Considération» générale» et
classification des types principaux,
P- 87.
Schœbel candidat a la chaire de lan
_ 505 —
eues el littératures d'origine germa- Silex taillés, p. 3i
nique, p. 0,7.
Schuermans. Exemplaire du Journal dei
Beaux- iris , p. -.">.
Schwab, médaille au concours Brunet,
p. 108, 3ia , 3^9.
Scottish war ofindependence, its antécé-
dent» and effects The . p. :>i).">.
Scylax. Texte relatif au débouché des
Si-siang-ki\ Traduction du), p. 84.
Sitzungsberichte der philoiophisch-philo-
logischen und historischen (.lasse der
Ikademieder Wissenschqften zu Miïn-
chen . p. '177.
Slaves méridionaux : leur origine et leur
établissement dans Vaurienne Illyrie
(Les), p. A 76.
lacs du Djérid dans là mer, p. 219- Société académique des sciences, etc. de
Séance publique annuelle de l'Acadé-
rnie; Discours de M. le Présidenl
sur les prix décernés et les sujets de
pnx proposés. — Notice historique
sur la Vie et les travaux de M. Ch.
Magnin , par M. H. Wallon. — Mé-
daille commémorative de la défense de
Metz en l55a, par M. Ch. Robert,
p. 3l 4-33a.
Séance trimestrielle de l'Institut, p. i5,
110, 919, 3 1 (i.
Segond. Traduction <T l'Ancien Testa-
ment , p. 178.
Seid himyarite, p. 48a.
Sénat romain sous lu république et sous
i'emjiire, etc. 1 Organisation et attri-
butions du); sujet du prix ordinaire,
p. 335, 35o.
Sidoine Apollinaire I Elude philologique
et critique du texte des œuvres de .
sujet fin prix Bordin, p. 35a.
Saint-Quentin, p. 3oi ; — du Var,
p. 008, «ii-; — d'agriculture , etc.
de la Marne; lettre du Président,
p. 90.
Sorlin-Dorigny. Empreintes do deux
pierres venant de la Mecque, p. 1 2 ;
— d'inscriptions himyarites conser-
vées dans le musée de Sainte-Irène,
à Conslanlinople, p. 3l 'i.
Stanislas Julien (Ouvrage pour le con-
cours), p. 3i6. — Sujet du prix,
p. 34a, 355.
Stèles néo-puniques, p. 9^ ; — phéni-
ciennes, p. a 16.
Storia italiana , p. 79.
Syrie (Notes et levés rapportés de), par
MM. Mieullel el l>errien,p. 12: —
faire l'histoire de la Syrie depuis la
conquête musulmane jusqu'à la chute
des Oméiades; sujet du prix Bordin,
p. 353.
Tableaiu présentant à la suite de mots
anglais, français et allemands, les
mots correspondants de divers dia-
lectea de l'Australie, p. 86.
Tables eugubines , p. i5 , g 1 ; — de Peu-
tinger, p. 189, 3l3, '17.3.
Tabulœ codicum manuscriplorum prœler
grœcos . etc. , p. 1 96.
Tachlidja ( Inscriptions romaines de 1 .
p. 3o8.
Tamizey de la Roque. Lettres de Jean-
Louis due: de Balzac, p. 86. —
Lettres inédites du cardinal d'Arma-
gnac, p. 1 83.
Tanagre (Vases arvballes de), p. 93,
Tardieu résigne ses fonctions de rédac-
teur des Comptes rendus de l'Acadé-
mie, p. 2.
Tauxier. Sur les témoignages d'Héro-
dale et do Scylax relatifs à un dé-
— 506 —
bouché ilfs lacs du Djérid dans la Tissot. Inscription grecque de Kara fi-
ni.!', p. 2 19. — Communication sur le
Périple d'Hannon, p. #07, i5-j.">,
3a8.
Temples du Soleil de Balbcr et de Pal-
myre . ]>. 9 1 7.
Terre sainte (Mémoire sur la), p. 21 A.
Thévenot. Correspondance médite du
comte de Lusace , p. 296.
Tholin. L'Architecture religieuse de l'Age-
Kébir, p. 212.
Tougard (L'abbé). Thèses : i° Quidad
profane* mores dignoseendos augenda-
que lexica conférant Acta Sanctorum
greeca Bollandiana; a0 De l'histoire
profane dans les actes grecs des Bol-
la n dis tes, p. 293.
Toulouse. Manuscrits de la bibliothèque
de la ville, p. 901 , 3 1 6.
nais du .\' au xvi' siècle, etc. p. 3i3. Tournehem 1 Prise de). Voy. Monnecove.
Thomas. Numismatique et antiquités de Touzan. Stèles néo-phéniciennes à
la dynastie des Sassanides eu Perse, Byrsa, p. 99.
p. 77. Travaux littéraires (Commission di - .
Thoutmès UI. Pylône élevé en souvenir p. 3.
de ses victoires, découvert à Karnak Transactions qf the royal irish Academy,
par M. Mariette, p. 210, a43 Dublin, p. '177.
260. Trémaux. Principe universel, etc.
Thu-.oï . membre de diverses commis-
p. 178.
sions, p. 3, 5 , 3o8. — Rapport sur Troie homérique, p. 1 1 '1 , 3 1 ■>•
le prix ordinaire, p. îo.'i. — Gicé- Trûbner. Mélanges de Colebrooke; Wc
ron : Epistolœ ad famiUares; Notice taparisksha, p. 182.
sur un manuscrit du .m' siècle, Tueley. Second prix Gobert, [>. 99,
p. m,'i. 3/io, 3A8.
u
Univers (L')s \>. 75. -- Ussing. Le portique du roi Altale à Athènes, p. 192.
Vascbalde. Pierres mystérieuses, lalis-
maniques ei merveilleuses du 1 aurais
et du Dauphiné, p. 398. — Dictons
et sobriquets populaires du Vivar.au,
p. 3o3.
\ ase du musée de Naples, |>. g :
aryballes trouvés à Tanagre, p. g3;
— cypriote, p. 9/1; — de bronze, de
< outam es, p. 1 1 0.
Vénus de Mil". Diverses communica-
tions ■! 1 '• sujet - p. 98, 1 o3, 1 "ij ■
1 o.s , 1 60 .197 I17. y oy. nK
\ m.l t
\ erdière. Mémoire sur Leptis , patrie de
S ptime Sévère, <!*■ la branche punique
des Bassiens , p. 90' , 1 02 , 1 1 h , 1 97,
2 2 1-928.
\ erguet. Photographie de Diplôme» car-
lovingiens conservés aux archives dé-
partementales de V \ndr. a. 76.
\ ernes. Histoire des idées messianiques
ilip.ns llexandre jusqu'à l'empereur
Hadrien. Le peuple d'Israël et ses
espérances relatives à son avenir, de-
puis les origines jusqu'à l'époque per
sane. |i. 1
— 507 —
V'euillot. Jésus-Chrisl , p. '177.
Saints de l'époque mérovingienne,
sujet du prii Bordin; rapport de
M. Deloche, p. ai 1 . 3 '\^ . 35a. —
Nouvelle rédaction . p. .'{09.
■«• de Carondelet. Voy. Gaston,
i«. '171.
Villefosse 1 I I.-ron de). Photographie
d'un buste supposé d1 Adrien , p. 1 98.
— Inscription grecque du Kef, p. 1 99.
— Lettres et photographies, p. 206-
ao8.
villedou. Masque de terre cuite décou-
vert à Carthage, p. 206.
I iUe-Hardonin 1 Eclaircissements ajoutés
à l'Histoire de la conquête de Constan-
tin: p, 396.
Viollel. Sur un exemplaire des chro-
niques de Saint-Denis, contenant un
texte des En» ignements identique à
celui de Joinville, p. i65. — Les
Enseignements de saint Louis àsonjils.
Réponse à M. Natalis de Wailly,elc.
p. 196.
\ îrlet d'Àoust. Lettre sur la Vénus de
Milu, p. 197. — Description topo-
graphique el archéologique de la
Troade,Tp. -.209, a36-a&a-
Vivien de Saint-Martin. Histoire dr la
géographie et des découvertes géo-
graphiques depuis les temps les plus
reculés jusqu'à nos jours , p. ^3. —
Sur le véritable emplacement de
Troie, p. 1 1 4 . — Sur Y II ion d'Ho-
mère et Yllium des Romains, p. 199,
228-230. — Réponse de M. Schlie-
mannà ce sujet, p. 3o8. — Mémoire
sur la Troie homérique , p. .'il 5.
\ isconde de Sanches de Baena. Ar-
chiva heraldico - genealogico , etc.
Voci 1 il): . I. élire relative à la dé-
couverte de la Vénus de Milo; date
de celte découverte; achat par
M. Brest; correspondance à ce sujet
entre MM. David <■( de Rivière; en-
voi de M. de Marccll us à Milo;
achat définitif de la statue pour le
compte du gouvernement français;
arrivée de la corvette anglaise venant
de Malte pour procéder à l'achat ;
mauvais traitements dont les primats
sont l'objet; indemnités données à
ces derniers par M. de Rivière: faits
ressortant des documents originaux :
lettre de M. David à M. le marquis
de Rivière; lettre de M. Rrest à M. de
Viella, p. io3, i5a-t6o. — Rap-
port de M. Brest sur la Vénus de
Milo. p. 106. — Nouveaux rensei-
gnements sur la découverte de la
Vénus dé Milo; lettre de M.Brest
constatant que la Vénus a été trou-
vée avec les bras cassés . qu'elle
avait dû tenir une pomme; lettre de
MM. Dauriac et Louis Brest à M. Da-
vid, consul général; M. Ravaisson
présente des moulages de fragments
de bras et de la main trouvés en
même temps que la statue; sa con-
jecture, p. 108, tGo-iG'i.
Voie romaine ab Aquis Tarbellicis et
roules qui reliaient s'y souder, p. 83.
Voirait (Le), poëme, p. 11.
Volnev (Conclusions de la Commission
du prix ), p. 1 09.
Voyage archéologique en Grèce et en Asie
Mineure. Voy. p. 1 86.
w
Waddington, membre de la Commis-
sion de l'École d'Athènes, p. 3. —
Voyage archéologique en Grèce et en
[su Mua h, 1 . 1 te, p. ;
— 508
\\ mua (Dk), membre de diverses
commissions, |>. 3, 5 . 3o8. \Lé
moire sur le Romani ou chronique en
langue vulgaire dont Joinvilk a repro-
duit plusieurs passages; examine
quel élail ce romani: quelle dale il
faut lui assigner; en quoi la rédac-
tion des chroniques de Saint-Denis
qu'il contenait différait des rédactions
analogues; confiance qu'il mérite,
notamment en ce qui concerne le
texte îles Enseignements de saini
Louis: discute, adopte ou redresse
les opinions de M. Viollel sur ce su-
jet , p. i oo, i oà . i o5 ,110, iG.'i-
i ~!\. — Observations : Mémoire sur
les dialectes de l'Italie du Nord au
u' siècle, Mussafia, p. î <)•'<. — His-
toire de la conquête de Constantinopl
par Ville -Hardouin; observations,
p. M)!'». - Mémoire sur Jniuvillc et
les Enseignements de saini Louis à son
fils, p. .'fui .
Wallon. S. P. Rapport sur les pu
hlicalions de l'Académie, p. 66,209,
390. — Observations en présentanl
divers ouvrages, etc. p. 189, i(>3.
.">o5; — lit en séance publique une
Notice sur la rie et les travaux de
M. Charles Magnin, p. 3ift, 36o-
4,3 O.
Watteville. Sur la publication des docu
ments médit* de l'histoire de Fronce,
p. 671.
Wauters. Ouvrages divers, p. 3o3.
Wescbec. Ouvrages divers, p. 70.
7 5.
Wiener; Essai sur les institutions poli
tiques, religieuses, économiques et jo
ciales de l'empire des Inças, p. 79.
Witti: (Db). Votiçe bibliographique,
p. '180.
Wright. Fragments syriaques des Ho
mélies de saint Cyrille d'Alexandrie s
p. .78.
Zaghouan. Inscription romaine, p. ni, Zànnoni. Suglt tcavt délia Cerlosa,
3o3. p. 71
CORRECTIONS.
Page t3, ligne 10 au lieu de Syrienne, lisez 1 érycim
page 80, lignes a3 el -17, au lieu de Grançon, lisez : Granson.
i,,'i. ligne i3 au lieu de W. Eugène Burnouf, lisez : M. Emile Burnouj
l'.i.r, ..,,(.. ligne 18 . au lieu de itsume Gusa (br. in-8°), lise/. : L'ethnographie
de» npupb ■ ri , de Via touan-lin.
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162
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Académie des inscriptions
et belles-lettres, Paris
Comptes rendus des séances
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