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Full text of "Comptes rendus des séances"

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ACADÉMIE 


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INSCRIPTIONS  ET  BELLES-LETTRES 

ANNÉE  1874 


QUATRIEME  SERIE 

TOME   II 


ACADEMIE 


D  E  S 


INSCRIPTIONS  ET  BELLES-LETTRES 


COMPTES   RENIM S 


DES 


SÉANCES   DE    L'ANNE  K    1  S  7  'i 


QUATRIEME  SÉRIE 
TOME  II 


PARIS 


IMPRIMERIE   NATIONALE 


M    DCCC   LXXV 


IH- 


COMPTES   RENDI S   DES  SE VNCES 


DE 


L'ACADEMIE  DES  INSCRIPTIONS 

ET  BELLES-LETTRES 
PENDANT    L'ANNÉE    1874. 


COMPTES   RENDIS   DES   SEANCES. 
.I\NYIER-FKYR1ER-M\RS. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  Jol'RDAI  V. 


SÉANCE    Dl     VENDREDI    :>    JANVIER. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  du  président  el  du  vice- 
présidenl  pour  l'année  i  87/t. 

M.Jourdain,  viCe--président,  csl  élu  président 

M.  Mm  i:v  csl  élu  vice-président. 

M.  Jourdain,  en  prenant  possession  du  r  fauteuil,  remercie 
l'Académie  de  l'honneur  qu'elle  vienl  de  lui  faire,  honneur  qu'il 
veut  rapporter  tout  entier  à  la  bienveillance  de  la  Compagnie, 
tr L'Académie,  continue-t-il ,  est  désormais  plus  que  jamais  l'asile 
des  fortes  études.  C'esl  vers  elle  que  tournent  les  yeux  ceux  qui, 
au  milieu  des  préoccupations  du  temps  présent,  ne  laissent  pas 
que  d'attacher  une  grande  importance  aux  questions  littéraires. 
Se  dévouer  au\  intérêts  de  l'Académie,  c'est  donc  se  dévouer  à  la 
science.  Cette  pensée  ajoute  encore  au  prix  de  ses  suffrages  cl  ;i 
la  responsabilité  de  celui  qui  les  obtient.  Pour  mieux  répondre 
aux  vues  de  l'Académie,  il  s'inspirera  des  sentiments  qui  la  di- 

11.  1 


rigent.  Il  suivra  la  trace  de  ses  devanciers;  il  se  proposera  surtoul 
l'exemple  du  Président  respecté,  auprès  duquel  il  a  siégé  pendant 
un  an  au  bureau,  et  qui  a  montré  un  zèle  si  éclairé,  une  fermeté 
-i  impartiale  dans  la  direction  de  nos  séances  el  <l<'s  travaux  de 
nos  commissions.  Il  croit  se  faire  l'interprète  de  tous  en  lui  volant 
des  remercîments  au  nom  de  l'Académie,  n 

M.  HàURÉAD,  Président  sortant,  exprime  à  son  tour  ses  remer- 
cîments à  l'Académie  pour  l'honneur  qu'elle  lui  fait  encore  au 
moment  où  il  quitte  les  fonctions  dont  elle  avait  bien  voulu  le 
charger. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  par  une  lettre  en  date 
du  3o  décembre  1873,  demande  que  la  Commission  de  l'École 
(I  Athènes  veuille  bien  examiner  s'il  n'\  a  pas  lieu  de  modifier 
l'article  3  du  règlement  du  o,  février  1859,  qui  n'autorise  l'admis- 
sion à  cette  École  que  des  agrégés  des  classes  supérieures  ou  des 
docteurs  es  lettres. 

Par  une  autre  lettre.  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique 
prie  le  Secrétaire  perpétuel  de  vouloir  bien  inviter  l'Académie  à 
s'occuper,  dans  lune  de  ses  plus  prochaines  séances,  de  la  dési- 
gnation de  <\cu\  candidats  pour  la  chaire  des  langues  et  littéra- 
tures d'origine  germanique,  vacante  au  Collège  de  France,  par 
suite  du  décès  de  M.  IMiilarète  Chasles. 

M.  le    Ministre  adresse  en    même   temps    la    liste  des  présenta 

tiuus  du  Collège  de  France,  liste  dont  il  est  donné  lecture  à  l'Aca 

demie. 

I.  académie  ajourne  la  mise  à  l'ordre  du  jour  des  présentations 
qu'elle  esl  appelée  à  faire  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  reçu,  selon  l'an- 
nonce qu'en  lait  M.  le  Ministre  à  l'Académie,  le  rapport  du  Col- 
lège de  France  contenant  l'exposé  et  l'appréciation  des  travaux 
des  candidats. 

M.  Tardieu  écrit  ;'i  I  académie  pour  résigner  entre  ses  mains 
le.  fonctions  de  rédacteur  de-  comptes  rendus  de  ses  séances  qu'il 
remplissait  depuis  neuf  ans.  Il  exprime  sa  profonde  gratitude 
pour  toutes  les  marques  de  confiance  et  de  bienveillance  qu'à 

l'occasion  de  ces  mêmes  fonctions  elle  n'a  cessé  de  lui  donner. 
M.  le  Si'iu'r\n:i    iici'i'mm    écrira  à   M.  Tardieu  pour  le  renier- 


—  3  — 

cicr.  au  nom  d»>  1  académie .  du  zèle  qu'il  ;i  montré  dans  I  accom  • 
plissemenl  de  celle  tâche. 

On  procède  au  renouvellement  des  Commissions  annuelles.  Ces 
Commissions,  à  la  suite  des  scrutins  successivement  ouverts, 
sonl  ainsi  composées  : 

Commission  des  travaux  littéraires  :  MM.  Naudet,  Guigniaut, 
Rfohl,  Laboulaye,  Egger,  de  Longpérier,  Régnier,  Hauréau. 

Commission  des  antiquités  nationales  :  MM.  de  Wailly,  de 
Saulcv,  de  Longpérier,  Renier,  Delisle,  de  Lasteyrie,  Hauréau, 
Desnovers. 

J 

Commission  de  l'École  d'Athènes  :  MM.  Brunet  de  Presle,  Ros- 
signol. Egger,  Waddiugton,  Tburot. 

Commission  administrative  de  l'Académie,  avec  délégation  à  la 
Commission  centrale  de  l'Institut  :  MM.  Mohl,  Brunet  de  Presle. 

Le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  les  mémoires  cl 
ouvrages  envoyés  pour  les  différents  concours. 
Ces  ouvrages  sont  : 

l'niir  le  prix  du  Budget  :  un  mémoire  sur  les  dialectes  du  Lan- 
guedoc au  moyen  âge,  portant  pour  épigraphe  :  Ane  fer  ni  j'ust,c\c. 

Pour  le  prix  Bordin  :  un  mémoire  sur  les  vies  des  saints  et  les 
collections  de  miracles  pouvant  fournir  des  documents  sur  l'histoire  de 

la  (îaule  sous  les  Mérovingiens ,  avec  cette  épigraphe  :  Partout  où  l'on 
interrogera  les  monuments  du  passé,  etc. 

Pour  le  prix  Brunet  :  deux  mémoires,  l'un  sur  la  bibliographie 
générale  de  la  Gaule,  par  M.  Ruelle;  l'autre  sur  la  bibliographie 

méthodique  et  raisonnée  des  beaux-arts,  par  M.  \inel. 

Pour  le  même  concours  il  a  été  adressé  deux  ouvrages  et  trois 
mémoires  sur  la  bibliographie  savante  de  l'Orient. 

Ces  ouvrages  ont,  soit  pour  titres,  soit  pour  épigraphes  : 

\     1.   Qui  scit  ubi  sit  scientia  .  hahenti  est  proximus  (manuscrit). 

N°  a.  Descripûones  terra'  sanctœ  octo  ex  sœcuîo  vin,  \x,  m  ci 
xv.  Bibliographia  geographica   Paîestinœ.   Bibliographia  geographica 


Palestine,  ul>  anno  cet  xxxui  usque  ml  annum  i/..  par  M.  Tilus 
Tobler. 

\  3.  Essai  bibliographique  sur  lu  Terre  sainte,  par  M.  Edouard 
Cal  (  manuscrit). 

\  'i .  Bibliographie  descriptive  de  la  Terre  sainte.  Epigraphe: 
Patience  et  longueur  de  temps  (manuscrit). 

Y  .">.  Manuscrits  du  fonds  syriaque  :  ancien  fonds,  supplément 
el  fonds  divers. 

Pour  le  concours  des  Antiquités  nationales,  outre  les  ouvrages 
envoyés  dans  le  cours  de  l'année  dernière,  I  académie  a  reçu  : 

Histoire  du  prieuré  de  la  Magdeleine  lez-Orléans,  de  Tordre  de  Fon 
tevraud,  par  M.  Ludovic  de  Vauzelles. 

Histoire  de  X ancien  évêchc-comté  de  Lisieux,  par  M.  de  Forme- 
ville.  (2  vol.) 

Le  Patriciat  dans  la  cité  de  Metz,  par  M.  Prost. 

La  Normandie  à  X étranger. —  Documents  inédits  relatifs  à  Thistoire 
de  Vormandie,  par  M.  de  La  Perrière. 

Histoire  desvicomtes  et  de  lu  vicomte  de  Limoges,  par  M.  Marvaud. 
|  •»  vol.) 

Histoire  de  Foulques  Serra,  comte  d  \njou,  par  M.  Alexandre  de 
Salies. 

Inscriptions  antiques  de  Vienne  en  Dauphiné,  par  M.  .Minier. 
1  a  vol.  avec  planches.) 

('.uli.it,  II.  Étude  sur  1rs  actes  île  ce  y'/"',  par  M.   I  lysse  Robert. 

Ij   'l'uni  ri  ses  tombeaux,  par  M.  Garaven-Cachin.  (2  vol.) 

Sumismatique  des  corporations  parisiennes  d'après  1rs  plombs  histo- 
riés, par  M.  Arthur  Forgeais. 

Dictionnaire  historique,  géographique  ri  biographique  de  Uuiur-ri- 
Loire,  par  M.  Célestin  Port. 

I.i  théâtre  de  Vesonlio  ri  I,  square  archéologique  de  Besançon,  par 
M.   \nj;.  Castan. 

'lographie  du  diocèse  de  <iuj>.  par  M.  Joseph  Roman. 

/ //  chapitre  de  X histoire  de  lu  Guyenne  pendant  lu  domination  an 
par  M.  Brissaud  (  manuscril  |. 


-i  \\i  i:  i)i    VENDREDI  g  1  \n\  1ER. 

Il  est  donné  lecture  de  deux  lettres  par  lesquelles  MM.  Bosserl 
»>l  Schœbel  se  portent  pour  candidats  à  la  chaire  de  langues  et 
littératures  d'origine  germanique  vacante  au  Collège  de  France 
par  suite  du  décès  de  M.  Philarète  Chasles. 

Le  rapport  à  l'appui  des  présentations  du  Collège  de  France, 
annoncé  par  M.  le  Ministre  dans  une  précédente  lettre,  n  étant 
pas  encore  parvenu  à  l'Institut,  l'Académie  ne  peut  mettre  à 
l'ordre  du  jour  de  vendredi  prochain  la  désignation  de  deux  can- 
didats pour  cette  chaire. 

M.  di  Waillï  donne  sa  démission  de  membre  de  la  Commis- 
sion des  Antiquités  nationales,  sa  santé  ne  lui  permettant  pas  de 
remplir  ces  fonctions. 

M.  Dii'.iv.  rapporteur  de  la  Commission  du  prix  Gobert,  in- 
forme l'Académie  que  deux  ouvrages  ont  été  adressés  pour  le 
concours  de  1876;  le  premier  a  pour  titre:  Ckambre  des  Comptes 
de  Paris.  Pièces  justificatives  pour  servir  à  l'histoire  des  premiers  pré- 
sidents |  1506-1791),  par  M.  Boislisle;  le  second  est  intitulé  :  Les 
Ecorcheurs  sous  Charles  I  //.  Episodes  de  V histoire  militaire  de  la 
France  au  xv*  siècle,  par  M.  A.  Tuetey. 

M.  I)iiru\  rappelle  que  les  ouvrages  en  possession  du  prix  el 
auxquels  les  derniers  devront  être  comparés  sont,  pour  le  pre- 
mier prix:  Abraham  Duquesne,  par  M.  Jal;  pour  le  second  prix  : 
Traités  de  paix  et  de  commerce,  etc.  par  M.  de  Mas-Latrie. 

Il  est  procédé  au  scrutin  pour  la  nomination  des  diverses  Com- 
missions de  prix.  Elles  sont  ainsi  composées  : 

Prix  ordinaire  (Dialectes  de  la  langue  d'oc)  :  MM.  I*.  Paris, 
de  Wailly,  Guessard,  Thnrot. 

Prix  de  numismatique  :  MM.  de  Saulcy,  de  Longpérier,  Robert, 
de  la  Saussave. 

Piu\  Bordin  (Vies  <\c-*  saiiiis  de  l'époque  mérovingienne): 
MM.  Delisle,  Hauréau,  deRozièrc.  Deloche. 

Paix    Bbunet  (Bibliographie    grecque,    italique,    celtique) 
MM.  L.  Renier,  Ravaisson,  de  Longpérier,  Girard. 


Prix  Brunet  (Bibliographie  relative  à  l'Orient)  :  MM.  de 
Saulcy,  Defrémery,  Renan,  Pavel  de  Courteille. 

M.  Th.  H.  Martin  commence  la  seconde  lecture  de  son  Mémoire 
sur  la  Prométhéide  d'Eschyle. 

M.  Renan  communique  à  l'Académie  une  Noie  envoyée  par 
M.  le  général  Faidherbe  sur  une  inscription  UbyqueK 


SÉANCE  Dl  VENDREDr  1  6*  JANVIER. 

Il  est  donné  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  M.  le  Ministre  de 
l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie  le  rapport,  certifié 
par  le  Conseil  d'administration  du  Collège  de  France,  contenant 
l'exposé  et  l'appréciation  des  travaux  de  MM.  Bossertel  Guillaume 
Guizot,  présentés  comme  premier  et  second  candidat  par  l'as- 
semblée  des  professeurs  pour  la  chaire  de  langues  et  littératures 
d'origine  germanique. 

\piès  cette  lecture,  il  est  décidé  que  l'examen  des  litres  et  la 
présentation,  par  l'Académie,  de  candidats  à  ladite  chaire  seront 
mis  à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine  séance 

M.  Hanoteau,  récemment  élu  correspondant,  écrit  à  l'Acadér 
mie  pour  la  remercier  de  sa  Domination. 

M.  de  Sainte-Marie,  par  une  lettre  datée  de  Tunis,  offre  à 
l'Académie  de  lui  adresser  cenl  fac-similé  environ  <!<•  dessins  gra- 
vés sur  des  tombeaux  antiques  de  l'Herzégovine,  tombeaux  qu'il 
attribue  aux  anciens  Slaves,  ('.cite  lettre  est  renvoyée  à  M.  de 
Lasleyrie. 

Sur  la  proposition  (le  M.  le  Président  de  la  Commission  de 
l'École  d'Athènes,  l'Académie  décide  que  MM.  Ravaisson,  de  Long- 
périer  et  L.  Renier,  qui  ont  pris  part  à  la  rédaction  du  pro- 
gramme du  cours  d'archéologie  récemment  fondé  a  Home  pour 

les  élèves  de  première  annéede  relie  l'.cole.  seront   adjoints  à  celle 

Commission  pendant  le  cours  de  l'année  1  «S  7  6 . 

L'ordre  du  jour  appelle  la  nomination  d'un  membre  de  la  Com- 

\  •  •  1 1  m  après  ius  Commcnications  ,  11    I 


mission  des  Antiquités  nationales,  en  remplacement  de  M.  de 
Wailly,  démissionnaire. 

M.  dk  Rozière  es!  élu. 

M.  Milleb  communique  à  l'Académie  des  observations  sur  des 
Inscriptions  grecques  trouvées  nouvellement  en  Egypte. 

M.  Egger  achève  la  seconde  lecture  du  Mémoire  de  M.  H.  Mar- 
tin sur  la  Prométhéide  d  hschyle. 

M.  Heuzey  termine  la  lecture  de  sa  communication  sur  les 
figures  voilées  '. 

SÉANCE   DU    VENDREDI    2  3    JANVIER. 

M.  A.  Saintonges,  citoyen  de  Mayence,  écrit  à  rAcadémie 
pour  lui  annoncer  l'invention  d'une  manière  d'écrire  intelligible 
dans  toutes  les  langues. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret  pour  la  présentation  de 
deux  candidats  à  la  chaire  des  langues  et  littératures  d'origine 
germanique. 

La  séance  étant  redevenue  publique,  M.  le  Président  donne 
lecture  de  l'article  35  du  règlement  qui  réserve  aux  seuls  aca- 
démiciens ordinaires  le  droit  de  vote. 

Le  scrutin  est  ouvert  pour  la  nomination  du  premier  candidat. 
Il  y  a  35  votants;  majorité,  18.  M.  Guillaume  Guizot  obtient 
■2-1  voix;  M.  Bossert,  i3.  En  conséquence  M.  Guillaume  Guizot 
est  proclamé  premier  candidat. 

On  passe  au  vote  pour  le  second  candidat.  Il  y  a  35  votants; 
majorité,  1 8.  M.  Bossert  obtient  3o  voix;  M.  Em.  Chasles,  a; 
M.  Schœbel,  1  ;  M.  Grucker,  1.  11  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Bossert  est  proclamé  deuxième  candidat. 

Le  résultat  du  scrutin  sera  transmis  à  M.  le  Ministre  de  l'ins- 
truction  publique. 

M.  de  Loxgpériek  commence  la  lecture  d'une  note  fie  M.  Chabas 
sur  le  nom  égyptien  du  fer2. 

'   Voir  aux  (;<>\imi  xiuatiors,  m"  II. 
'  \  mi  .m\  Communications  ,  n'  III 


—    8    — 

M.  Bertrand  l'ail  une  conimunicalion  sur  le  kestre  : 

Le  xéalpos  ou  cestrosphendone  esi  une  invention  de  la  guerre 
persique  (guerre  des  Romains  contre  Persée,  l 68  avanl  .1.  C). 
Poij  be  nous  le  décrit  très  exactement.  Il  consistaîl  en  un  fer  de  deux 
palmes  (om,i5ù)  de  long,  dont  la  douille  était  égale  en  longueur 
au  fer  proprement  dit.  A  cette  douille  était  adaptée  une  hampe 
d'un  spithame,  soil  o'".-»3i.  de  long,  et  d'un  doigt,  c'est-à-dire 
(»'".<i  i  (),  d'épaisseur.  Au  mili  u  du  liai!  étaient  encastrées  trois 
ailes  en  bois  très-courtes.  On  prenait  une  fronde  à  cordes  iné- 
gales, ou  pour  mieux  dire  à  bras  inégaux,  el  l'on  déposait  le  trail 
au  milieu,  de  manière  qu'il  pûl  se  dégager  facilement.  Il  en 
résultait  que,  dans  le  mouvement  de  rotation,  tant  (jue  les  cordes 
élaienl  tendues,  le  trail  restait  en  place.  Mais  dès  qu'on  làchail 
une  des  cordes  et  i|iie  Ton  donnait  ainsi  l'impulsion,  le  Irait  sé- 
chappait  de  son  lacet,  partant  avec  la  vitesse  de  la  halle  lancée 
l>,-ir  la  fronde.  Ce  texte  a  toujours  èiè  mal  compris.  M.  Bertrand 
croit  l'avoir  interprété  d'une  manière  satisfaisante.  Il  a  fait  exé- 
cuter un  cestre  d'après  ces  données  :  l'essai  a  parfaitement  réussi. 
Celui  qu'il  présente  à  l'Académie  est  lancé  facilement  à  soixante 
et  dix  mètre-,  el  atteint  quelquefois  quatre-vingt-dix,  ;i|uès  s'être 
élevé  à  une  bauteur  de  trente  à  quarante  mètres.  L'auteur  a  constaté 
que  toutes  les  indications  données  par  Polybe  constituaient  des 
conditions  absolument  nécessaires  à  la  bonne  réussite  de  l'arme. 
Il  croit  la  question  du  cestre  actuellement  résolue. 

M.  I)el;iun;i\  commence  la  lecture  d'un  Mémoire  sur  quelque» 
oraeles  sibyllins, 

M.  Igounet  adresse  à  I  académie  trois  exemplaires  dune  Histoin 
administrative  des  communes  du  midi  de  la  France  i  i  '"  série.  Sainte 
Koy-de-Peyrolières,  depuis  i6i5  jusqu'à  l'an  kii  de  la  Répu- 
blique): commencement  d'un  travail  <|uil  destine  aux  concours 
de  l'Académie.  Il  lui  sera  répondu  que  ce  travail  sera,  ^  d  le  dé- 
sire, renvoyé  au  concours  des  luliquilcs  nationales  de  1^70. 


SÉANCE    l»i     VENDREDI    3o    JANVIER. 

Le  Secrétaire  perpétuel  lii  son  rapport  su r  les  travaux  des 
Commissions  de  publications  de  l'Académie  pendant  le  a"  se- 
mestre *  I  «  *  iS-.i  '. 

Le  rapport  sera  imprimé  et  distribué. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  étant  redevenue  publique,  M.  de  Longpérier  lit  une 
Votice  de  M.  Grivel  sur  Nemrod  et  les  écritures  cunéiformes2. 

M.  Delaunaj  continue  la  lecture  de  son  Mémoire  sur  quelques 
oracles  sibyllins. 

M.  Robiou  lit  une  Note  sur  un  case  du  musée  de  Naples. 


SÉANCE  Dl  VENDREDI  ô"  FEVR1BR. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction   publique  écrit  à  l'Académie 

en  lui  adressant  les  trois  manuscrits  de  la  bibliothèque  de  Tou- 
louse quelle  avait  demandes  pour  la  Commission  chargée  de 
continuer  la  publication  du  recueil  des  historiens  de  France. 

Ces  manuscrits  sont  remis  à  M.  L.  Delisle. 

M.  Egger,  à  propos  d'un  Mémoire  de  M.  Hue!  sur  les  fortifica- 
tions antiques  d'Athènes  donl  il  a  eu,  Tan  dernier,  à  rendre  compte 
comme  rapporteur  de  la  Commission  de  l'Ecole  française  d'Athènes, 
•  •\|)osc  et  justifie  devant  l'Académie,  dans  une  courte  note,  la 
correction  conjecturale  qu'il  croit  pouvoir  apporter  au  texte  d'une 
scholie  grecque  sur  le  Gorgias  de  Platon,  texte  important  pour 
déterminer  la  direction  du  mur  appelé  mur  du  milieu  dans  le  sys- 
tème <\<'^  défenses  du  Pirée3. 

M.  Jourdain  lit  un  Mémoire  sur  la  royauté  <'(  le  droit  populain 
(T après  1rs  écrivains  île  la  scolastique, 

1  Voir  à  la  suite  des  Comhi  tm  mo.xs,  Ippeudia   n   I 
-  Voir  aux  CoyauNicATioas,  n'  l\. 

\  on  .ui\  (  i.mmi  \\i  itioms  ,  n'   \  Il 


—  10  — 
Al.  Delaunav  achève  >;i  communication  sur  quelques  oracles  si- 
byllins '. 

Al.  lîiil'iui!  continue  sa  lecture  sur  un  rase  du  musée  de  \aples. 


SEANCE  DU  VENDREDI    10    FEVRIER. 

Al.  Bui  net  de  Presle  écrit  à  l'Académie,  comme  administrateur 
adjoint  de  l'Ecole  des  Langues  orientales  vivantes,  pour  solliciter 
en  laveur  de  cette  Ecole,  établie  enfin  dans  un  hôtel  «jui  lui  est 
propre,  le  don  de  la  collection  des  Historiens  des  croisades  et  des 
\'>ticeset  extraits  des  manuscrits  depuis  le  tome  \1V. 

Al.  Brunet  de  Presle,  présent  à  la  séance,  ajoute  quelques 
considérations  à  l'appui  de  la  demande,  qui  est  renvoyée  à  la 
Commission  des  travaux  littéraires. 

Al.  Barthélémy  Sa int-Hilaire,  membre  de  l'Institut,  a  écrit  au 
Secrétaire  perpétuel  la  lettre  suivante  : 

Mon  cher  confrère, 

.levons  prie  de  vouloir  I >i**n  faire  hommage  à  I  académie  des  inscrip- 
tions el  belles-lettres  de  l'ouvrage  de  M.  le  !>'  II.  Schliemann  sur  les 
antiquités  troyennes.  C'est  l'édition  allemande  <|oi  vient  de  pa- 
raltre  à  Leipsick,  et  qui  sera  suivie  de  l'édition  tram-aise ,  le  mois  pro- 
chain, comme  me  l'annonce  l'éditeur  Al.  F.  \.  Brockhaus.  .1  aurais  désiré 
pouvoir  présenter  moi-même  cet  ouvrage  à  l'Académie ,  ainsi  que  je 
j'avais  promis  à  AI.  le  l)r  II.  Schliemann,  quand,  au  mois  de  septembre 
dernier,  j'ai  visité  sa  magnifique  collection  à  Athènes.  Mais  je  n'ai  pu 
aujourd'hui  avoir  cet  honneur  et  ce  plaisir,  parce  que  le  devoir  politique 
m'appelle  à  Versailles.  Du  reste,  l'Académie  connaît  déjà  par  de  nom- 
breux témoignages  la  grande  découverte  de  Al.  le  D'  11.  Schliemann;  je 
ae  puis  que  joindre  l<-  mien  a  tous  ceux  qui  lui  sont  parvenus  de  tanl  de 
cotes.  J'espère  que  la  publication  nouvelle  lèvera  tous  les  doutes  qui 
pourraient  encore  subsister  dans  quelques  esprits.  Pour  moi .  je  suis  pei 
Buadé  que  c'est  bien  de  la  véritable  Troie,  de  la  Troie  homérique  que 
M.  le  D  II.  Schliemann  a  retrouvé  les  débris  elles  cendres.  La  collection, 
tiue  j'ai  vue  tout  entière,  se  compose  de  près  de  vm;;i  mille  pièces  de 

\  "Il      "IV    '    "M  Ml   Ml    ll|ll>S,    Il       \ 


loutgeore;  <'i  comme  elle  peut  être  augmentée  presque  indéfiniment  par 
dea  fouilles  postérieures  dirigées  dans  le  même  sens  et  avec  le  même 
succès,  c'esl  là  tout  un  champ  nouveau,  aussi  vaste  que  certain,  ouverl 
aux  études  donl  l'antiquité  hellénique  ne  cessera  jamais  parmi  nous  d'être 
l'objet  inépuisable  et  toujours  fécond. 

Agréez,  mon  cher  confrère,  l'assurance  de  mon  sincère  dévouement, 
el  sovez  assez  bon  pour  offrir  mon  respectueux  hommage  à  l'Académie. 
Votre  dévoué  confrère, 

Barthélémy  Saint-Hilairb  , 
Membre  de  l'Institut. 

P.  S.  Au  volume  allemand  des  Antiquités  troyennes  est  joint  un  atlas 
de  ->i8  photographies,  «pie  je  vous  transmets  également. 

M.  Blondel,  receveur  des  douanes  à  Wattrelos  (Nord),  adresse 
à  l'Académie  un  manuscrit  de  quelques  pages  intitulé  :  Mémoire 
au  sujet  d'un  travail  constituant  une  science  nouvelle,  la  Prosodie. 
L'auteur,  dans  l'impossibilité  de  publier  son  livre,  sollicite  à  ce 
sujet  la  bienveillante  intervention  de  l'Académie. 

Il  lui  sera  répondu  que  l'Académie  ne  peut  intervenir  en  pa- 
reille matière,  et  qu'il  est  dans  ses  usages  de  ne  prononcer  de  ju- 
gement (jue  sur  les  mémoires  envoyés  à  des  concours. 

M.  Le  Blant  lit  un  Mémoire  sur  les  martyrs  chrétiens  et  les  supplices 
destructeurs  du  corps. 

M.  Jourdain  continue  la  première  lecture  de  son  Mémoire  sur 
la  royauté  et  le  droit  populaire  d'après  les  écrivains  de  la  scolasticjue. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


SÉANCE  DU   VENDREDI  20  FEVRIER. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
la  liste  des  élèves  de  l'École  des  chartes  nommés  archivistes  pa- 
léographes par  arrêté  en  date  du  5  février  187/1;  ce  sont  : 

MM.  Morel-Falio  (Alfred),  Guilmolo (Gustave-Adolphe),  Colin 
(Isaac-Adolphe);  et  hors  rang:  M.  Parfouru  (  Ufred-Paul). 

M.  le  chef  d'ctat-major  général,  chef  du  cabinel  de  M.  h'  Mi- 
nistre de  la  guerre ,  adresse  à  l'Académie,  pour  être  soumis  a  son 


appréciation,  les  notes  et  levés  rapportés  de  Syrie  par  MM.  Mieutlel 
cl  Derrien,  officiers  d'état-major  envoyés  dans  re  pays  avec  mis- 
sion de  lever  la  carte  de  la  Terre  sainte. 

Ces  travaux  topographiques  sont  renvoyés  à  la  Commission  des 
inscriptions  sémitiques. 

ftf.de  Sainte-Marie  envoie  le  fac-similé  d'une  inscription  trouvée 
par  lui  à  la  Marsa,  au-dessus  d'une  fontaine. 

M.  .loi  hdain  termine  la  première  lecture  de  son  Mémoire  sur 
la  royauté  et  le  droit  populaire  d'après  les  écrivains  ilr  la  scolastique. 

M.  Robiou  achève  la  lecture  de  son  travail  sur  un  vase  du  musée 
de  Naples  '. 

M.  Il('ii/.c\  communique  à  l'Académie  des  Recherches  sur  la  pierre 
sacrée  à" Antipolis  -. 

M.  Guignudt  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Sorlin-Do- 
rigny,  élève  <lu  collège  de  Juilly,  les  empreintes  de  deux  pierres 
<|iii,  transportées  à  Constantinople  par  des  pèlerins  venant  «le  la 
Mecque,  avaient  été  abandonnées  à  la  douane.  Ces  pierres  sont 
maintenant  déposées  au  musée  de  Sainte-Irène. 

La  première  porte  trois  lignes  de  caractères  bimya rites  (ou  sa- 
béens)  :  c'est  un  fragment  d'inscription  incomplète  de  tous  les 
côtés.  On  \  distingue,  après  une  portion  de  nom.  ces  mois:  rret 
ses  fils. r  La  seconde,  qui  était  en  relief  ci  qui  csl  fort  mutilée, 
ne  Lusse,  dans  l'empreinte,  apercevoir  que  quelques  caractères 


3]  W<  i:   Dl     \  BNDRED1    •>'    IK\  MER. 


Par  une  lettre  en  date  iln  ■> 'i  lévrier,  M.  le  Ministre  de  I  ins 
truction  publique  accuse  réception  :   1"  du  Mémoire  de  M.  Ruei, 
ancien  membre  de  I  Ecole  d  Athènes,  sur  les  longs  murs  <t  les  porta 
(I  Uhènes;  •>    de  la  uote  des  travaux  de  M.  Ravel  ru    \sie  uineun 
pendant  I  année  1879-1873. 

M.  de  Sainte-Marie  adresse  à  I  Vcadémie  I  estampage  de  quatre 
insci iptions  néo-puni  mes. 

\  "Il  BU)   I  OMNI  Mi  M  H>\-     Il    \  l. 

\  "Il       III  \    •    "MMI    M(    M  |.i\      .     Il       \    Il  I 


—   13  — 

M.  Renan  présente  à  I  académie  deux  documents  relatifs  à  la 
célèbre  insn  i | > t J< » n  d'Eryx,  en  Sicile.  Celte  inscription  est  perdue 
depuis  Longtemps.  On  ne  la  connaît  que  parla  copie  qu'en  prit 
Gordici .  et  qu'il  inséra  dans  son  histoire  du  mont  En  x ,  restée  ma- 
nuscrite. Torremuzza  reproduisit  colle  copie,  d'une  manière  Fort 
inexacte,  d'après  le  manuscrit  de  la  bibliothèque  de  Païenne.  Ge- 
senius  donna  à  son  tour  la  copie  de  Torremuzxa ,  avec  do  nouvelles 
inexactitudes.  Aussi  toutes  les  tentatives  pour  expliquer  ce  texte 
important  ont-elles  été  Frappées  de  stérilité.  Grâce  à  M.  Amari, 
associé  étranger  de  l'Académie,  et  à  AI.  Salinas,  conservateur  du 
musée  de  Païenne,  nous  possédons  niainlenanl  :  in  un  calque 
exact  de  la  copie  de  Gordici,  telle  qu'elle  se  trouve  dans  le  ma- 
nuscrit do  Palerme;  -.?0  un  calque  de  la  même  copie,  telle  qu'elle 
se  trouve  dans  un  autre  manuscrit  également  autographe  de  l'ou- 
vrage de  Gordici,  qui  os!  en  la  possession  du  P.  Gastronovo,  à 
Moule  San-Giuliano  (l'ancienne  Eryx ).  Ces  deux  calques  nous  rap- 
prochent beaucoup  de  l'original  perdu,  ol  permettent  dès  à  pré- 
sent do  voir  au  moins  la  nature  de  l'inscription.  Ce  n'est  pas  une 
lamentation  funèbre,  comme  l'ont  cru  Gesenius,  Ebrard,  Blau, 
Weier,  C'est  une  simple  dédicace  à  \slarlé  ( Vénus  tyrienne),  qua- 
lifiée -force  de  vie,r  formule  tout  analogue  à  celle  qu'on  Ni 
dans  l'inscription  de  Lapithos,  en  Chypre. 

M.  Dbrbnboi  rg  demande  si  le  manuscrit  donne  l'inscripti  m 
comme  fruste  dans  le  haut;  on  pourrail  alors  chereber  ce  qui  la 
doit  compléter. 

M.  Kknw  eroit,  en  effet,  qu'il  peut  manquer  une  ligne. 

M.  Renan  présente  aussi  une  collation  de  l'ouvrage  De  recupe- 
ratiene  terrée  stmetee  du  P.  Du  Dois,  faite  au  Vatican  par  M.  l'abbé 
Dochesnes,  et  envoyée  par  M.  Dûment,  directeur  des  études  à  la 
seolion  do  l'Ecole  d  Uliènes  qui  réside  à  Homo.  Dans  le  tome  XXVI 
de  V Histoire  littéraire  de  la  France,  on  a  exprimé  la  conjecture  que 
le  manuscrit  d'après  lequel  Bongars  a  publié  ce  curieux  texte  se 
trouvait  au  Vatican.  Cette  conjecture  se  trouve  vérifiée,  ol  la  col- 
lation de  M.  l'abbé  Duchesnes  permettra  de  corriger  le  texte,  sou- 
vent fautif,  do  Bongars. 

M.  Renan  présente  encore,  de  la  part  de  M.  le  l)r  Briau,  des 


—  l'I  — 

copies  de  certains  dessins,  supposes  hiéroglyphiques,  qu'on 
trouve  ;iu\  Canaries. 

M.  Robiou  continue  la  lecture  de  ses  Becherches  sur  un  vase  du 
musée  de  Naples. 

M.  Pau. in  Paris  lit  une  note  sur  un  poëme  inédit  de  Guil- 
laume Machauit,  intitulé  :  le  Voir  dit. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


M  \M  i:   1)1    VBNDREDl   6    H  \its. 

M.  de  Sainte-Marie  écrit  à  l'Académie  pour  lui  communiquer 
une  inscription  inédite  trouvée  à  Carthage. 

M.  Le  Blant  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  les  mar- 
tyr* chrétiens  et  les  supplices  destructeurs  du  corps, 

M.  Le  i>l;inl  demande  l'autorisation  de  publier  tout  ou  partir 
de  ce  mémoire  sans  perdre  le  droit  de  le  présenter  pour  le  Re- 
cueil de  I  académie. 

Cette  autorisation  lui  esl  accordée. 

M.  Uexandre  Bertrand  esl  admis  à  lire  une  note  sur  la  dé- 
couverte l'aile  le  5  janvier  187/i  à  Thaigen,  canton  de  Schaffouse 
(Suisse),  d'un  dessin  de  renne  gravé  sur  un  os  du  même  animal 
recueilli  dans  la  caverne  dite  de  Kesserlqch.  Ce  dessin  esl  d  une 
telle  perfection  qu'au  premier  abord  on  pourrait  avoir  des  doutes 

sur  son   authenticité.  M.    Bertrand    s'est  rendu    à   Zurich    pour  \ 

recueillir  tous  les  renseignements  nécessaires  à  la  solution  de  ce 
petit  problème  archéologique.   Il  développe  les  raisons  qui  le 

p0U8Senl  a  croire  à  l'authenticité  de  cet  intéressant  spécimen  de 
|'arl    des  premiers    Iwihilanls  de  la  daule,   cl    met    BOUS    les   \eu\ 

de  I  académie  plusieurs  dessins  h  moulages  de  l'os  gravé.  M.  Ber 
trand  ajoute  que  le  fait  eu  question  n'a  plus  rien  d  anomal  après 
la  constatation  de  nombreux  faits  analogues,  lanl  dans  les  ca- 
vernes du  Périgord  que  dans  celles  des  vallées  des  Pyrénées,  et 
notamment  dans  la  caverne  de  Gourdan  (Haute-Garonne). 


15 


SEANI  i:   Dl    VENDREDI    I  3   MARS. 


M.  V.  Diiuv  lit  un  travail  sur  la  Première  partie  du  règne  £  Ha 

drien. 

M.  Robiou  continue  la  lecture  de  ses  Beeherckes  sur  m  vase  du 

musée  de  \ni>his. 

M.  Bréal  commence  la  lecture  d'un  mémoire  sur  les  Tables  eu- 
gubines. 

SEANCE    DI     VENDREDI    20    MARS. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  écrit  à  l'Académie  pour 
lui  (aire  connaître  qu'il  a  donné  une  mission  archéologique  à 
MM.  de  Sainte-Marie  et  Héron  de  Villefosse. 

L'Académie  confie  le  soin  de  donner  des  instructions,  pour 
M.  de  Sainte-Marie,  à  la  Commission  des  inscriptions  sémitiques; 
pour  M.  Héron  de  Villefosse,  aune  Commission  composée  de 
MM.  lia\aisson,  de  Longpérier,  L.  Renier  et  Defrémen. 

M.  le  Ministre  a  adressé  au  Secrétaire  perpétuel  le  dossier  àrs 
papiers  de  M.  Nestor  L'Hôte,  en  le  priant  de  donner  son  avis  sur 
l'utilité  qu'il  y  aurait  à  les  publier. 

Le  Secrétaire  perpétuel  explique  que  ces  papiers  ne  lui  ont 
été  adressés  que  [»our  être  communiqués  à  l'Académie,  dont  le 
Ministre  désire  avoir  l'avis. 

Le  dossier  est  renvoyé  à  MM.  Brunel  de  PYesle  et  Miller,  qui 
auront  à  prendre  connaissance  du  rapport  déjà  l'ail  par  notre 
confrère  M.  de  Rougé  sur  ces  documents. 

Al.  Bep.trand,  président  de  l'Institut  pour  l'année  1876,  invile 
par  lettre  l'Académie  à  désigner  un  lecteur  pour  la  représenter  à 
la  séance  trimestrielle  fixée  au  mercredi  8  avril. 

M.  Dordi  est  désigné  pour  lire  la  communication  qu'il  a  laite 
à  l'Académie  sur  la  Première  partie  du  règne  (F Hadrien. 

Un  manuscrit  vient  d'être  envoyé  pour  le  concours  Bordin  de 
1876  ,  sur  cette  question  :  Faire  connaître  les  vies  des  saints,  etc.  Ce 
manuscrit  n'\    peut  être  admis  pour  deux  raisons  :  1"  parce  que  le 


—  16  — 

concours  esl  fermé  depuis  le  i"  janvier;  2°  parce  que  l'auleura 
donné  son  nom.  Comme  il  n\  a  pas  joint  son  adresse,  le  mé- 
moire reste  à  sa  disposition  au  secrélariat. 

M.  Di  ri  y  écrit  à  M.  le  Président  pour  L'informer  qu'un  journal 
important,  en  rendant  compte  de  la  séance  <ln  i3  mars,  lui  a 
prêté  des  paroles  qu'il  n'a  pas  prononcées.  J'ai  bien  dit,  écrit-il, 
que  l'Académie  montrait  fort  heureusement  quels  secours  les 
inscriptions  et  les  médailles  pouvaient  fournir  pour  renouveler 
l'histoire,  mais  je  n'ai  pas  prétendu  définir  et  délimiter  celle 
assistance.  C'est  «le  mon  travail  sur  Hadrien,  et  non  drs  éludes 
d'autrui  que  j'ai  parlé,  en  disant  que,  si  les  monuments  épigra- 
phiques  m'avaient  fourni  d'importants  détails  pour  l'histoire  de 
ce  règne,  ils  n'avaient  poinl  changé  le  fond  des  choses. 

M.  de  Saulcy,  membre  de  la  Commission  des  inscriptions  sé- 
mitiques, l'ail  un  rapport  sur  les  noirs  et  levés  qui  ont  été  rap- 
portés de  Syrie  par  MM.  Mieuliel  et  Derrien,  officiers  d'état- 
major,  envoyés  dans  ce  pays  avec  mission  de  lever  la  carie  de  la 
Terre  sainte. 

<le  rapport  sera  transmis  à  M.  le  Ministre  de  la  guerre  avec 
les  papiers  que  M.  le  Minisire  avait  adressés  à  l'Académie. 

M.  I)i  m  ï  continue  sa  lecture  vo-  le  rhgne  cFHadrien.  A  celle 
occasion  il  met  sous  les  yeux  de  l'Académie  un  livre  qu  il  signale 
comme  le  plus  considérable  qui  ail  été  fait  sur  le  mur  d'Adrien, 
au  nord  de  l'Angleterre  :  The  Roman  Wall,  <>  description  of  Oie 
mural  barrier  of  the  Sorih  of  England,  l>\  Lhe  Rev.  .1.  Collingwood 
Bruce,  3'  édition  |  1867  |. 

M.  I!k\\\  informe  l'Académie  que  M.  le  docteur  Ueboud,  déjà 
bien  connu  de  I  Vcadémie  par  ses  communications  et  publications 
relatives  aux  inscriptions  berbères  (dites  libyques),  envoie  à  l'Aca- 
démie le  dessin  très-exact  de  5o  inscriptions  berbères  nouvelles, 
recueillies  par  lui  dans  1rs  nécropoles  du  cercle  de  Constantine, 
de  (inclina,  de  Souk-arras,  de  la  Calle;  de  plus,  ii'i  estam- 
pages Be  rapportant  à  ces  inscriptions  <>n  à  des  textes  déjà  connus; 
enfin  quelques  nouvelles  lectures  de  textes  déjà  publics  et  quel- 
ques inscriptions  latines.  Les  inscriptions  berbères  ne  figurent 
que  dans  l'appendice  du  Corpus  inscriptionum  snniticarum.  Mais. 


—    17   — 

grâce  à  M.  Reboud,  cette  partie  du  recueil  sera  sûremenl  une 
des  plus  riches  en  matériaux  nouveaux.  Le  rapprochement  de  «-es 
textes  fera  certainement  disparaître  la  plupart  dos  doutes  qui  res- 
tent encore  sur  ces  monuments  singuliers. 

M.  Rival  continue  la  lecture  de  sa  communication  sur  les 
Tables  eugubines. 

SEANCE    D(     VENDREDI     -2~    MARS. 

M.  Miller  a  la  parole  pour  lire,  on  son  nom  et  au  nom  de 
M.  Brunet  de  Presle,  un  rapport  sur  l'utilité  qu'il  y  aurait  à 
publier  les  papiersdo  M.  Nestor  L'Hôte,  en  réponse  à  la  demande 
faite  à   l'Académie  par  M.  le  Ministre'  de  l'instruction  publique. 

Les  conclusions  de  ce  rapport  sont  adoptées. 

M.  Rkwn  donne  lecture  des  instructions  qu'il  a  rédigées,  au 
nom  de  la  Commission  des  inscriptions  sémitiques,  pour  diriger 
les  recherches  de  M.  de  Sainte-Marie  sur  les  inscriptions  puniques 
de  Carthage  et  des  environs. 

M.  Léon  Renier  communique  à  l'Académie  les  instructions 
qu'il  a  préparées,  au  nom  de  la  Commission,  pour  la  mission  dont 
M.  Héron  de  Yillefosse  vient  d'être  chargé  par  M.  le  Ministre  de 
l'instruction  publique,  en  Tunisie  et  en  Algérie. 

Ces  instructions  sont  approuvées  par  l'Académie,  et  seront  trans- 
mises à  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique. 

Sur  la  proposition  de  M.  L.  Renier  ,  l'Académie  émet  un  vœu 
pour  que  M.  Héron  de  Yillefosse  soit  chargé  de  rapporter  en 
France,  pour  le  musée  du  Louvre,  trois  monuments  conservés  à 
Lambèse  où  ils  sont  exposés  à  beaucoup  de  chances  de  destruc- 
tion :  le  tarif  de  douane,  la  tribune  militaire,  et  une  série  de  six 
bustes  impériaux. 


ii. 


—    IS  — 
COMMUNICATIONS. 

N°  I. 

DÉCOUVERTE  D'UNE  INSCRIPTION   LIBYQL'E   AUX   CANARIES, 
PAR   LE  GÉNÉRAL  FAIDHERBE. 

Le  curé  don  Aquilino  Padron  de  la  cathédrale  de  Las  Pal- 
mas,  chef-lieu  de  la  grande  Canarie,  vient  de  faire  une  dé- 
couverte très-intéressante ,  celle  d'une  inscription  libyquo  dans 
l'île  de  Fer.  Cela  résulte  d'une  communication  faite  à  la  So- 
ciété de  géographie  de  Paris,  par  M.  Berthelot,  consul  de 
France  à  Sainte-Croix  de  Ténériffe. 

Les  deux  cents  inscriptions  connues  jusqu'à  ce  jour  pro- 
viennent de  la  contrée  que  les  Romains  appelaient  Numidie , 
à  l'exception  de  deux  ou  trois,  qu'on  a  trouvées  dans  les  autres 
parties  de  l'Algérie  ;  aucune  n'a  encore  été  signalée  au  Maroc, 
et  voilà  qu'on  en  découvre  une  dans  la  plus  occidentale  des 
Canaries  ! 

Au  sud  de  Valverde,  chef-lieu  de  l'île  de  Fer,  près  d'un 
petit  bois  nommé  dans  le  pays  Pinos  d'el  Jttlun,  le  long  d'un 
sentier  escarpé  qui  descend  à  la  mer,  on  trouve  une  longue 
coulée  de  laves  basaltiques  à  surface  lisse,  de  plus  de  /ioo  mè- 
tres de  longueur,  couverte  de  dessins,  de  caractères  qui  sem- 
blent avoir  été  gravés  au  moyen  d'une  pointe  assez  obtuse. 
Quelques  parties  ont  été  copiées  et  envoyées  par  don  Aqui- 
lino Padron.  J'v  ai  reconnu,  parmi  une  foule  défigures  qui  ne 
sont  que  de  capricieux  dessins  ou  peut-être  des  emblèmes, 
une  inscription  libyque  de  deux  lignes  que  voici  : 


I  C   ël  ZI  II 
2  CO  I 


—   10  — 

Les  lettres  ont  environ  3  centimètres  de  longueur.  L'ins- 
cription est  horizontale  comme  colle  de  Tugga  et  contraire- 
ment aux  épitaphes  numidiques  proprement  dites,  qui  sont 
écrites,  comme  on  le  sait,  verticalement  de  bas  en  haut. 

La  situation  de  cette  inscription  dans  les  laves,  et  au  milieu 
d'une  longue  bande  de  dessins,  ne  permet  pas  de  supposer 
qu'elle  soit  une  épitnphe.  C'est  une  inscription  dans  le  genre 
des  inscriptions  rupestres  du  Sahara,  rapportées  par  M.  Du- 
veyrier. 

Par  son  ensemble,  cette  inscription  paraît  tenir  le  milieu 
entre  celle  de  Tugga  et  les  épitaphes  numidiques.  Elle  n'a 
pas  ces  points  nombreux  qui  caractérisent  les  textes  rupestres 
du  Sahara  et  l'écriture  actuelle  des  Touaregs. 

Les  dessins  qui  entourent  l'inscription  sont  des  ronds,  des 
spirales,  etc..  .  Certains  d'entre  eux  pourraient  passer  pour 
des  lettres  libyques  isolées. 

En  1862,  le  docteur  Charles  Fritzsch,  de  Francfort,  a 
trouvé  sur  une  roche  de  la  grotte  de  Belmaco,  dans  l'île  de  la 
Palma  (une  des  Canaries),  des  caractères  semblables  à  ceux 
qui  entourent  l'inscription  de  l'île  de  Fer  et  qui  ont  évidem- 
ment la  même  origine. 

N°IL 

RECHERCHES  SUR   LE  TYPE   DE   LA  DEMETER    VOILEE 
DANS  L'ART  GREC. 

§  I.  Le  monument  qui  sert  de  point  de  départ  à  cette  étude 
est  une  tête  de  femme  voilée  en  marbre ,  fragment  de  statue 
grecque,  trouvé  par  l'auteur  à  Apollonie  d'Epire  et  rapporté 
par  lui  au  Louvre.  Ce  qui  rend  tout  d'abord  la  tête  d'Apollonie 
digne  d'une  attention  particulière,  c'est  un  caractère  de  gra- 
vité douce  et    triste,  qui  s'écarte  sous  certains  rapports  de 

9- 


—  •_>()  — 

I  idt'';il  païen.  Ce  caractère  d'expression  esl  d'autant  moins  for- 
tuit, <|ii<'  le  sculpteur,  pour  1<'  produire,  ne  s'esl  pas  contenté 
d'incliner  sous  le  voile  la  tête  de  sa  statue  :  il  a  modifié  les 
proportions  généralemeni  suivies  par  les  artistes  grecs  dans  La 
construction  de  la  face.  Ou  remarque  notamment  que  l'épais- 
seur du  menton  a  été  diminuée  de  2  douzièmes,  ce  <pii  donne 
au  visage,  avec  une  expression  particulière  de  bonté,  un  ovale 
plus  large  et  un  galbe  plus  malronal.  Une  légère  dépression 
des  joues  accuse  même  légèrement  l'empreinte  de  la  souffrance 
physique.  Les  traits,  où  le  caractère  impersonnel  de  la  beauté 
est  accentué  par  certains  procédés  archaïques  (surtout  dans 
l'arrangement  de  la  chevelure  et  dans  le  dessin  des  yeux  et  du 
front),  n'ont  du  reste  rien  d'individuel  :  ils  constituent  plu- 
tôt une  variante  intéressante  de  l'idéal  grec,  et  un  type  où 
l'expression  des  affections  de  I  àme  tient  une  place  inaccou- 
tumée. 

Les  déesses  voilées  forment  malheureusement,. dans  les  col- 
lections de  marbres  grecs ,  \\i\<'  des  classes  les  moins  étudiées 
et  qui  se  prêtent  le  plus  difficilement  aux  déterminations  pré- 
cises. Cependant  les  caractères  qui  viennent  d'être  décrits  ne 
permettent  pas  plus  de  songer  à  la  chasteté  rigide  d  une  Hes- 
lia  qu'à  la  tranquille  fierté  (Tune  liera  ou  même  à  la  sévé- 
rité d'une  Perséphone.  Le  temps  d'épreuves  et  de  persécution 
que  Latone  avait  traversé  n'avait  été  qu'un  accident  de  sa  vie 
divine.  Il  n'y  a  que  Démêler  dont  le  culte  et  la  légende  repo- 
sent .  comme  donnée  première,  sur  la  grande  et  tragique  image 
d'une  déesse  en  deuil.  I)éjà .  dans  l'hj  mue  homérique,  selon  le 
sens  de  l'expression  xarcùtotidev xata\v(/.(xévTi ,  le  voue  était,  sur- 
tout sur  l,i  tête,  un  vêtement  de  douleur  et  le  signe  de  la  sombre 
tristesse  qu'elle  cherchait  à  dérober  aux  regards  des  mortels. 
Nous  soyons  que  tout .  dans  sa  légende  comme  dans  ses  mys- 
tères, l'iidait  à  produire  une  \i\e  compassion  pour  Les  mal- 
heurs de  la  déesse,  épuisée  par  la  fatigue  el  même  amaigrie 


—  _>l  — 

((iivàBwaxt)  par  le  jeûne  et  par  le  chagrin.  On  comprend  que 
l'art,  qui  était  le  puissant  auxiliaire  <l»'  ces  transformations  de 
la  religion,  ait  pu  se  trouver  entraîné  exceptionnellement,  dans 
le  développement  du  type  de  Démêler,  à  sacrifier  quelque 
chose  de  la  forme  au  pathétique  de  l'expression. 

Parmi  les  exemples  de  la  belle  époque  grecque,  qui  auto- 
risent à  reconnaître  Déméter  dans  uni'  ligure  simplement 
voilée,  il  faut  citer  d'abord  le  célèbre  vase  Poniatowski,  où 
la  déesse  '-4  ainsi  représentée  à  côté  du  cdiar  de  Triptolème. 
Le  musée  Britannique  possède  surtout  une  statue  assise  de  la 
-même  divinité  .  sans  autre  attribut  <[ue  le  voile  qui  l'enveloppe: 
aucun  doute  n'est  possible,  celte  figure  ayant  été  trouvée  à 
Cnide,  par  M.  Ch.  Newton,  dans  un  téménos  antique,  qu'un 
grand  nombre  d'inscriptions  désignent  comme  consacré  à 
Déméter. 

§  II.  Cependant  ce  n'est  ni  dans  les  œuvres  de  la  sculpture 
ni  <kns  les  peintures  de  vases,  que  ce  type  se  présente  par 
séries  assr/  nombreuses  pour  permettre  d'en  suivre  le  déve- 
loppement. Dans  les  figurines  de  terre  cuite,  au  contraire, 
nu  rencontre  fréquemment  des  ligures  voilées,  dont  on  n'a 
donné  jusqu'ici  aucune  explication  satislaisante.  Et  ce  n  est 
pas  seulement  parmi  les  terres  cuites  de  l'Italie  méridionale, 
qui  appartiennent  généralement  à  l'époque  de  la  décadence  de 
Part  et  de  la  mythologie  helléniques  :  on  la  retrouve  aussi 
parmi  celles  de  la  Grèce  propre,  avec  des  caractères  de  style 
qui  remontent  aux  beaux  temps  de  l'art  grec. 

Mais  ici  se  présente  une  question  générale,  qu'il  est  né- 
cessaire de  trancher  avant  de  pouvoir  se  servir  des  figurines 
d'argile  pour  commenter  les  monuments  de  la  grande  sculp- 
ture. Quel  est  le  véritable  caractère  attribué  par  les  Grecs  à 
ces  figurines  trouvées  surtout  dans  les  tombeaux?  ont-elles 
quelque  rapport  avec  les  statues  représentant  les  images  des 
dieux?   L'ordre  chronologique   montrera   mieux    que    toutes 


9-J 


les  raisons  à  quelle  classe  de  représentations  appartiennent 
ces  offrandes  funéraires. 

Dans  Les  tombeaux  grecs  d'une  époque  reculée,  on  trouve 
déjà  des  espèces  de  galettes  ou  de  plaques  de  terre  cuite, 
munies  d'une  tète  et  de  deux  appendices  latéraux,  analogues 
aux  bras  tronqués  des  hennés,  coiffées  le  plus  souvent  du 
polos  ou  du  ralalhos  cl  décorées  de  traits  au  pinceau,  qui  indi- 
quent sommairement  les  plis  ondulés  d'une  tunique  de  femme* 
Ce  sont  évidemment  de  petites  idoles  et  principalement  des 
images  de  déesses,  conclusion  qui,  dans  sa  généralité,  est  de 
la  première  importance  pour  la  présente  étude. 

Pendant  la  période  proprement  archaïque,  les  premiers 
progrès  de  l'art  donnent  aux  terres  cuites  des  tombeaux  des 
formes  [dus  précises  ;  mais  ils  n'en  modifient  pas  le  caractère 
religieux.  Dans  le  nombre,  on  rencontre  surtout  beaucoup 
de  figures  de  femmes,  assises  sur  des  trônes,  parmi  lesquelles 
on  distingue  une  déesse  voilée,  les  mains  posées  symétrique- 
ment sur  ses  genoux  et  recouvertes  par  son  voile. 

Parmi  les  ouvrages  de  plastique  recueillis  dans  les  tom- 
beaux grecs,  aux  approches  du  temps  où  fleurit  le  plus  beau 
style  de  l'art,  il  y  a  surtout  une  classe  très-remarquable  de 
terres  cuites  funéraires  :  ce  sont  les  bustes  estampés  mi  les 
ligures  à  mi-corps.  Ces  bustes,  toujours  tronqués  à  leur  par- 
tie inférieure  et  munis  d'un  trou  de  suspension  qui  servait  à 
les  appliquer  aux  parois  du  tombeau,  paraissaient  sortir  du 
sol.  De  nombreux  exemples,  tiré-,  des  vases  et  des  bas-reliefs, 
prouvent  qu'ils  représentaient  les  divinités  du  momie  souter- 
rain, comme  la  Terre  elle-même,  Démêler.  Coré,  Dio- 
oysos,  etc.  montrant  la  tête  bors  de  leur  empire  et  faisant 
leur  apparition  divine. 

Le  musée  du  Louvre  possède  un  remarquable  buste  de  ce 
genre,  qui  représente  justement  une  déesse  voilée ,  comparable 
à  la  tétc  d'Apollonie  par  la  gravité  religieuse  de  l'exprecsion. 


—  '26  — 

Il  provient  de  Thèbes,  en  Béotie,  .-t  le  style,  qu'un  reste 
d'archaïsme  empreint  d'une  grâce  sévère,  ne  doit  |>as  être  de 
beaucoup  antérieur  à  l'époque  de  Phidias.  Les  deux  mains 
sont  ramenées  sur  la  poitrine,  par  un  geste  familier  aux 
déesses  que  les  Grecs  appelaient  xovpoTpoÇoi  ou  nourrices  ;  l'une 
touche  légèrement  le  bord  du  voile  et  l'autre  semble  tenir  un 
objet  très-menu ,  comme  serait  un  grain  de  blé.  Aucun  nom 
ne  saurait  mieux  convenir  aussi  à  cette  belle  ligure,  que  celui 
de  Déméter.  Le  culte  de  cette  déesse  avait,  notamment  en 
Béotie,  des  formes  locales  très-antiques.  D'après  Pausanias  la 
Déméter  Thesmophoros ,  qui  était  adorée  dans  l'acropole  de 
Thèbes  et  dont  le  temple  passait  pour  l'ancien  palais  de 
Cadmus,  n'était  visible  qu'à  mi-corps,  oaov  es  <j1épva.\\\  avait 
là  une  disposition  d'un  caractère  symbolique,  tout  à  fait  ana- 
logue à  celle  que  présente  la  demi-figure  de  terre  cuite  trou- 
vée dans  la  nécropole  de  la  même  ville. 

De  toute  manière  ce  qu'il  est  important  de  constater,  c'est  que 
les  figurines  des  tombeaux  de  la  période  archaïque  représen- 
taient presque  exclusivement  des  divinités  :  c'étaient  de  vérita- 
bles idoles  funéraires.  Les  exceptions  que  l'on  pourra  trouver  à 
cette  règle  ne  sauraient  avoir  que  la  valeur  de  faits  accidentels, 
en  face  de  la  grande  quantité  des  exemples  contraires.  Le  mort, 
parmi  les  objets  dont  il  était  muni  dans  sa  nouvelle  demeure, 
avait  avec  lui  ses  dieux,  placés  là  pour  protéger  ce  qui  restait 
de  lui,  comme  aussi  pour  acquitter  la  dette  des  vivants  envers 
les  puissances  des  régions  inférieures.  C'étaient  le  plus  sou- 
vent les  images  mêmes  des  divinités  dont  on  avait  à  se  con- 
cilier la  redoutable  influence,  et  parmi  lesquelles  il  est  natu- 
rel de  trouver  Déméter,  la  souveraine  à  la  fois  terrible  et 
bienfaisante  du  monde  souterrain.  On  peut  disserter  avec  plus 
ou  moins  de  justesse  sur  la  portée  religieuse  et  morale  d'un 
pareil  usage;  mais  le  fait  en  lui-même  est  hors  de  doute. 

S  III.   On  arrive  ainsi  à  l'époque  où  l'art,  complètement 


—  n  — 

affranchi  el  libre  de  ses  moyens,  produit  tout  un  peuple  <li* 
figurines  élégantes  el  merveilleusement  drapées,  qui,  pour  la 
plupart,  n'offrent  point  un  caractère  mythologique  évident 
pour  les  yeux,  lin  des  types  communément  répétés  alors  est 
justement  celui  d'une  jeune  femme  voilée,  dont  le  voile  masque 
même  souvent  la  bouche,  et  dont  la  grâee  coquette  n'exclut 
pas  d'ordinaire  une  expression  visible  de  tristesse. 

Il  est  vrai  que  beaucoup  de  personnes  ne  voient  encore 
dans  toute  celte  classe  de  figurines  que  des  études  de  mouve- 
ment et  de  draperie,  eréées  par  la  fantaisie  des  artistes,  l'ai 
malheur  «'elfe  manière  de  comprendre  l'art  est  opposée  au 
principe  de  l'art  grec,  qui,  ayant  à  son  service  la  légende  la 
plus  riche  et  la  plus  variée,  n'a  que  rarement  obéi  à  une  ins- 
piration vague  et  capricieuse.  Pour  d'autres  observateurs,  ce 
sont  des  représentations  de  la  vie  privée,  des  pleureuses,  des 
choéphores,  des  danseuses  funéraires,  formant  comme  un 
cortège  et  une  compagnie  pour  le  mort,  et  remplaçant  même 
peut-être  «les  victimes  humaines  que  le  deuil  fanatique  des 
temps  primitifs  sacrifiait  dans  le  même  !ml  sur  le  tombeau. 
<  l'est  l'usage  latin  des  oscilla  on  masques  expiatoires  el  des  figu- 
rines de  la  déesse  Mania .  usage  qui  peut  aider  sans  doute  a 
expliquer,  dans  sa  première  origine,  la  signification  des  terres 
cuites  des  tombeaux.  Toutefois,  chez  les  Grées,  si  elles  ont 
jamais  été  des  images  purement  expiatoires,  c*es1  dans  un 
état  social  très-ancien,  puisque  les  figurines  des  tombeaux 
archaïques  sont,  en  général,  nettement  caractérisées  comme 
des  représentations  m\  thologiques. 

Il  est  nécessaire  de  retrouver  dans  les  tombeaux  dune 
époque  pins  moderne  les  mêmes  images,  transformées  par  1rs 
progrès  d'un  art  qui  a  remplacé  la  gravité  hiératique  par  la 
recherche  de  l'élégance  et  de  la  grâce.  C'est  ce  qui  a  lieu  en 
effet  pour  les  figurines  facilement  reconnaissables  du  cycle 
d'Aphrodite  et  de  celui  de  Bacchus.  I>es  trois  grands  cultes 


25 


funéraires  de  la  Grèce  antique,   reste  relui  de  Démêler,  le 

plus  ancien  et  le  plus  vraiment  grec,  auquel  <>n  ne  peut  faire 
la  place  qui  lui  revient  dans  les  terres  mites  des  tombeaux, 
sans  lui  attribuer  la  grande  majorité  des  figures  drapées  que 

l'on  rejette  parmi  les  incertaines. 

.^  l\ .  Les  exemples  suivants  permettent  d'établir  sur  ce 
point  une  démonstration  archéologique  en  règle. 

i°  Une  figurine  de  l'île  de  Chypre,  du  cabinet  de  M.  Eu- 
gène l'iot.  représente  une  femme  voilée  jusque  sur  la  bouche, 
assise  solennellement  sur  un  siège  à  haut  dossier,  ce  qui  la 
met  incontestablement  sur  le  même  rang  que  les  divinités 
assises  du  style  archaïque. 

ti°  Un  petit  groupe  de  la  collection  Campana,  au  Louvre, 
montre  la  figurine  voilée,  associée  à  une  seconde  figure  cou- 
ronnée de  larges  feuilles  :  il  est  bien  difficile  de  ne  pas  recon- 
naître dans  ces  deux  femmes,  qui  se  tiennent  étroitement 
embrassées,  le  groupe  sacré  de  Déméter  et  de  sa  (die. 

3°  Une  figurine  grecque  de  Tanagre  (musée  du  Louvre), 
voilée  aussi  jusque  sur  la  bouche,  représente  une  vieille  femme 
d'une  physionomie  noble  et  fière,  pressant  sa  poitrine  de  l'une 
de  ses  mains,  geste  qui  caractérise  les  déesses  nourrices,  et 
qui  doit  faire  connaître  la  Déméter  Grm,  errant  sur  la  terre 
sous  la  forme  d'une  femme  âgée,  d'une  vieille  nourrice,  sui- 
vant la  description  bien  connue  de  l'hymne  homérique. 

k°  Une  figurine  d'Athènes  qui  représente  au  contraire  la 
déesse  qui  relève  son  voile  et  qui  se  manifeste  aux  mortels 
vous  sa  forme  divine  (musée  du  Louvre). 

5°  Une  admirable  figurine  grecque  de  Tanagre  (musée 
du  Louvre),  assise  sur  un  tabouret  massif  et  s'enveloppanl 
douloureusement  la  partie  inférieure  du  visage  dans  son  voile 
redoré  eu  bleu,  répondant  de  très-près  à  la  description  (pu- 
fait  l'hymne  homérique  de  la  Déméter  affligée,  assise  sur  le 
tcjjxtoj'  êSoi.  avec  le  kmixvzov  K>ù\j\iii>x.r\  le  geste  TzpOHaiécryejo 


—  -20   — 

HxkvTnpiv.  Ces)  la  déesse  qui  était  adorée,    notamment  on 
Béotie,  sous  le  nom  de  Déméter  Achœa  (de  a.x05->  douleur). 

S  V.  C'est  surtout  dans  les  figures  de  ce  genre  que  l'on 
peut  se  rendre  compte  de  la  signification  du  voile  et  des  res- 
sources d'expression  que  les  artistes  grecs  en  avaient  tirées. 

La  cnhjptva,  qui  n'est  qu'une  forme  du  châle  ou  péplos  des 
dames  grecques,  porté  en  voile  sur  la  tète,  avait  par  lui-même 
un  caractère  nuptial  et  matronal.  Dans  quelques  villes  grecques 
et  notamment  à  Thèbes ,  en  Béotie ,  les  femmes  ne  se  montraient 
pas  en  public  sans  se  masquer  presque  totalement  la  face, 
comme  le  font  encore  les  dames  turques.  Mais  ordinairement 
en  Grèce  l'usage  du  voile  était  plus  libre.  Les  femmes  devaient 
sr  voiler  naturellement  dans  la  saison  rigoureuse,  et  cet  ajus- 
tement présente  ainsi  une  première  relation  avec  le  type  de  la 
déesse  qui  représentait  la  désolation  de  l'hiver.  On  se  voilait 
aussi  dans  la  douleur.  Mais  il  y  a  ici  une  distinction  à  faire  : 
la  tête  nue  et  rasée  était  pour  les  femmes  grecques  la  tenue 
rigoureuse  du  deuil,  tandis  que  le  geste  de  se  voiler  le  visage 
n'avait  pas  spécialement  le  caractère  funéraire;  il  n'était  que 
l'expression  instinctive  de  l'espèce  de  pudeur  qui  est  naturelle 
aux  larmes.  De  cette  observation,  il  résulte  que  les  figurines 
voilées  ne  sauraient  représenter  des  pleureuses;  mais  cet  ajus- 
tement se  prête  sans  difficulté  à  l'expression  de  la  tristesse  de 
Déméter,  L'arrangement  traditionnel  du  voile  sur  la  bouche, 
traduction  plastique  très-heureuse  du  silence  obstiné  de  la 
déesse,  a  pu  même  par  la  suite  désigner  le  caractère  secret 
et  mystérieux  de  son  culte. 

En  conséquence,  il  ne  faut  pas  hésiter  à  reconnattre  Dé- 
méter même  dans  les  nombreuses  figurines  debout ,  à  la  tête 
inclinée  SOUS  le  voile,  cl  dont  l'attitude  paraît  parfois  trahir 
la  fatigue  d'une  longue  marche,  bien  que  souvent  l'exécution 
I >;i i  hop  sommaire  n'accuse  pas  ces  caractères  d'expression 
avec  toute  l'intensité  désirable.  <hi  ne  doil  même  pas  ■  gceptei 


27 


le  cas  où  la  tête  voilée  est  surmontée  du  large  chapeau  que 
les  dames  grecques  portaient  pour  La  promenade  et  pour  le 
voyage,  et  qui,  jusque  sur  la  scène  tragique,  désignait  une 
femme  qui  vient  de  faire  une  route  longue  et  pénible. 

S  VI.  D'autres  figurines  voilées  représentent  moins  directe- 
ment que  les  précédentes  les  faits  de  la  légende  de  Déméter. 
(l'est  le  cas,  par  exemple,  pour  celles  qui  portent  à  la  main 
une  guirlande  funéraire;  mais  cet  attribut  n'a  rien  de  déplacé 
dans  les  mains  de  la  déesse  qui  présidait  à  la  végétation,  si 
l'on  admet  surtout  que,  sous  sa  forme  voilée,  elle  devenait 
plus  particulièrement  la  protectrice  des  tombeaux  et  des  né- 
cropoles. C'est  probablement  au  même  titre  qu'une  ligure 
triste  et  voilée,  jusqu'ici  très-mal  comprise,  assiste  à  la  scène 
de  la  séparation  de  l'âme  et  du  corps,  sur  les  sarcophages  qui 
représentent  l'allégorie  de  la  destinée  humaine  sous  la  forme 
du  mythe  de  Prométhée. 

Un  exemple  différent  est  celui  où  la  figurine  voilée  exécute 
une  danse  à  laquelle  ses  amples  draperies  donnent  quelque 
chose  de  grave  et  de  mystérieux.  Mais  de  nombreux  monu- 
ments montrent  cette  danseuse  voilée,  d'abord  souvent  réunie 
à  une  compagne  exactement  ajustée  comme  elle,  parfois  aussi 
portant  sous  le  voile  une  coiffure  saillante  qui  semble  indi- 
quer la  couronne  d'épis,  enfin  appuyée  même  sur  un  génie 
ailé  (l'Eros  mystique  des  vases  peints  ou  l'enfant  Ploutos  ailé 
de  Philostrate).  Elle  ligure  dans  le  groupe  dansant  des  Heures, 
où  elle  représente  l'Heure  de  l'Hiver,  forme  secondaire  de  la 
Déméter  affligée.  Sur  un  sarcophage  gréco-étrusque  du  Louvre, 
on  la  retrouve  dans  une  réunion  de  divinités  infernales,  à 
côté  d'une  seconde  figure  voilée  tenant  un  épi.  Lucien  consi- 
dère les  danses  mimiques  comme  un  élément  essentiel  de  la 
représentation  des  mystères  et  particulièrement  de  ceux  de 
Déméter. 

Le  rapport  plus  ou  moins  direct  qui  existe  entre  la  dan- 


—  28  — 

seuse  voilée  et  le  culte  des  Grandes  Déesses  esl  (lune  parfai- 
tement conciliable  avec  la  tradition  antique. 

Conclusion.  —  Ce  sérail  mai  comprendre  ['«esprit  de  ce 
travail  que  de  lui  attribuer  l'intention  de  retrouver  Déméter 
dans  ion  les  les  représentations  de  femmes  voilées.  Même  dans 
le  cercle  des  sujets  mythologiques ,  il  faut  réserver  certains  cas 
où  Perséphone  se  confond  avec  sa  mère,  et  d'autres  où  Aphro- 
dite, comme  épouse  et  comme  veuve  d'Adonis,  revêt  des  formes 
analogues,  par  une  confusion  d'autant  plus  difficile  à  dissiper 
que  l'artiste  semble  l'avoir  lui-même  cherchée.  Mais  il  reste 
certain,  d'un  autre  côté,  que,  parmi  les  figurés  précédem- 
ment citées,  il  s'en  trouve  beaucoup  qui  ne  peuvent  être  ex- 
pliquées d'une  manière  satisfaisante  que  par  le  mythe  de  Dé- 
rtiéter. 

Si  l'on  a  souvent  quelque  peine  à  la  reconnaître,  c'est  que 
l'artiste  a  du  respecter  l'espèce  d'incognito  religieux  dont  se 
couvre  la  déesse  des  Mystères,  el  employer  à  son  égard  un 
symbolisme  presque  tout  négatif.  Il  faut  ajouter  aussi  que, 
sous  l'influence  de  l'école  de  Praxitèle,  ce  type,  jadis  si  sé- 
vère, a  pris  une  grâce  pathétique,  que  I  art  intime  el  familier 
des  modeleurs  de  Qgurines  sVsi  plu  encore  à  exagérer. 

Y    III. 

NOTE   si  R  II     NOM    BGYPT11  N   l»l     l  BR. 

Les  noms  égyptiens  de  la  plupart  des  métaux  sont  encore 
controversés  entre  les  égyptologues.  Jusqu'à  présent  on  sesl 
contenté  de  traduire  plusieurs  de  ces  noms  par  l'idée  géné- 
rale mêlai,  qui  donne  ordinairement  un  sens  satisfaisant 
Quelquefois  cependant  on  s'est  servi  des  mois  fer  el  bronze 
lorsque,  par  exemple,  plusieurs  métaux  sont  nommés  dans  un 
même  texte;  m. us  le  plus  souvent  les  traducteurs  nonl  pas 


—  29  — 

entendu  décider  la  question  de  la  valeur  spéciale  de  ces 
termes.  G'esl  ainsi  que,  dans  le  tableau  des  souffrances  du 
cultivateur,  on  a  pu  lire  que  :  ses  outils,  qm  .sont  de  métal, 
s  usent,  quoique  le  groupe  égyptien  ail  une  acception  propre 
de  fer,  cuivre  ou  bronze. 

Mais,  à  mesure  que  progresse  la  science  du  déchiffrement , 
on  éprouve  le  besoin  de  serrer  les  textes  de  plus  près.  Aujour- 
d'hui «pie  certaine  école  désigne  par  le  nom  du  fer  et  du 
bronze  de  longues  périodes  chronologiques,  il  devient  indis- 
pensable de  ne  rien  négliger  de  ce  qui  peut  déterminer  l'em- 
ploi de  ces  métaux  dans  l'antiquité.  Dans  cet  ordre  de  re- 
cherches les  écritures  hiéroglyphiques  peuvent  seules  fournir 
Ans  renseignements  efficaces. 

Les  égyplologues  se  sont  rendu  compte  de  ce  besoin  de  la 
science.  A  une  date  à  peu  près  contemporaine,  plusieurs  dis- 
sertations importantes  ont  paru  sur  le  sujet  en  question.  Je 
l'ai  traité  au  point  de  vue  spécial  de  l'antiquité  historique  dans 
mon  ouvrage  intitulé  :  Etudes  sur  l'antiquité  historique  d'après  les 
sources  égyptiennes  et  les  monuments  réputés  préhistoriques,  dont 
la  première  édition  a  paru  en  1872  '. 

M.  le  Dr  Lepsius  a  consacré  à  la  question  du  nom  des  mé- 
taux chez  les  Egyptiens  un  savant  travail,  qui  a  été  inséré  dans 
le  recueil  de  l'Académie  des  sciences  de  Berlin.  M.  le  profes- 
seur Diïmichen  est  l'auteur  d'utiles  observations,  en  addition 
;i  celles  de  son  éminent  compatriote.  Enfin  M.  Devéria,  mon 
regretté  ami  et  savant  confrère,  a  inséré,  dans  les  Mélanges 
d'étfijptologie  et  d\issyriolo{rie  fondés  par  M.  de  Rongé,  un  article 
très- important  sur  le  nom  et  les  emplois  du  fer  et  de 
l'acier. 

Ces  divers  travaux,  œuvres  de  sagacité  <■(  d'érudition,  cons- 
tatent (pie  l'accord  n'est  encore  établi,  parmi  les  savants  spé- 

1  Un  exemplaire  de  la  seconde  édition  a  été  présenté  à  l'Académie  dans  sa 
M'anco  du  26  décembre  187.3. 


—  so  — 

d'aux.  que  sur  un  assez  polit  nombre  de  points.  On  est  surtout 
frappé  des  contradictions  et  des  divergences  qui  s'y  manifestent. 
Il  ne  faut  pas  s'en  étonner,  car  le  sujet  présente  des  difficultés 
complexes. 

On  ne  doit  pas  oublier,  en  effet,  que  les  anciens  Egyptiens 
n'étaient,  à  proprement  parler,  ni  métallurgistes  ni  minéra- 
logistes. Etrangers  aux  données  de  la  chimie  et  do  la  physique, 
ils  ne  se  servaient  que  de  procédés  empiriques.  Il  en  résulte 
que  leur  classement  des  substances  minérales,  dans  les  nom- 
breuses énumérations  qu'ils  nous  ont  laissées,  ne  nous  offre 
pas  une  prise  bien  solide.  Ajoutons  encore  qu'ils  se  laissent 
presque  toujours  entraîner  aux  exagérations  qui  leur  sont  fa- 
milières, par  exemple  en  appelant  or  ce  qui  n'est  que  doré, 
et  ainsi  de  suite.  C'est  probablement  pour  ce  motif  qu'ils  ont 
désigné  l'or  au  moins  par  quatre  noms  différents,  ce  qui  a 
donné  à  M.  Lepsius  l'idée  que  l'un  de  ces  noms  désignait  spé- 
cialement le  mélange  d'or  et  d'argent  que  les  anciens  ont 
appelé  eketrum.  Ce  point  est  un  de  ceux  qu'il  nous  reste  h 
élucider. 

De  mémo  le  cuivre  et  les  diverses  espèces  de  bronze  sont 
désignés  par  différente  groupes,  le  plus  souvent  réduits  à  leurs 
déterminatifs ,  qui  sont  des  espèces  de  creusets.  Comme  chacun 
de  ces  creusets  se  rencontre  en  combinaison  nvec  des  éléments 
phonétiques  variés, la  question  se  complique  considérablement. 
Le  nom  du  for  est  le  plus  controversé  de  tous.  Ce  qu'on  peut 
conclure  de  ce  désaccord,  c'est  que  personne  n'a  encore  pro- 
noncé le  fiai  lux! 

{'ne  preuve  décisive  consisterai!  à  signaler  un  objet  de 
métal  sur  Lequel  serait  inscrite  l'indication  «lu  nom  égyptien 
du  métal  dont  il  est  fabriqué.  A  défaut  de  mention  inscrite 
sur  l'objet  même,  on  pourrait  se  contenter  d'un  renseignement 
précis,  fourni  par  les  textes  à  propos  d'un  objet  dont  l'iden- 
tité- ne  prêterait  pas  à  contestation. 


—  31   — 

t.V.st  un  renseignement  de  ce  genre  que  j'ai  découvert  en 
■  c  <{ui  concerne  le  nom  du  fer. 

Dans  mon  ouvrage  ci-dessus  rappelé.  Etudes  sur  l'antiijuitr 
historique,  j'ai  développé  les  considérations  qui  me  portaient  à 
reconnaître  le  fer  dans  le  métal  que  les  Egyptiens  appellent 
J  [  ^  #*e,  ba  ou  baa.  Je  montrais  que  des  textes  ptolémaïques 
citent  plusieurs  fois  ce  métal  comme  étant  celui  qu'on  cm- 
ployait  pour  les  sculptures  des  temples,  et  je  rappelais  le  rôle 
mvthologique  du  fer,  métal  au  moyen  duquel  Set,  le  principe 
de  la  destruction,  était  dominé  et  vaincu. 

M.  Lepsius  ne  s'est  pas  occupé  du  baa;  il  considère  ce 
groupe  comme  désignant  le  métal  en  général.  Mais  ce  mot  est 
trop  souvent  employé  dans  des  phrases  où  d'autres  métaux 
sont  nommés,  pour  qu'il  soit  possible  de  lui  refuser  une  si- 
gnification spéciale.  Admettons  provisoirement  la  valeur  fer, 
et  nous  traduirons  naturellement  les  phrases  suivantes  : 

fO  Osiris,  î\ i.  .  . ,  élève  une  tête  de  fer  sur  des  membres 
d'or. 

«  Ouvrir  la  bouche  avec  une  spatule  de  fer  et  ensuite  avec 
un  doigt  d'or. 

«Un  temple  sculpté  avec  le  fer,  embelli  avec  l'or. 

«  Quatre  vases  de  fer  à  poignées  d'argent. 

«Tes  chairs  sont  formées  d'or,  tes  os  de  bronze,  tes  membres 
de  fer,  »  etc. 

Il  est  évident  que  l'idée  métal,  au  lieu  de  fer,  est  tout  à  fait 
insuffisante  dans  ces  phrases,  où  le  baa  est  nettement  diffé- 
rencié de  l'or,  de  l'argent  et  du  bronze. 

M.  Devéria  a  apporté  dans  le  débat  des  arguments  de  haute 
valeur.  Il  avait,  comme  moi,  remarqué  la  signification  mytho- 
logique du  baa,  et  l'emploi  de  ce  métal  dans  les  cérémonies 
des  funérailles,  pour  vaincre  Set  ou  la  mort,  et  rendre  la  vie 
au  défunt  en  lui  rouvrant  la  bouche  et  les  yeux.  On  trouve 
dans  son  Mémoire  la  liste  des  amulettes  employés  dans  cette 


32 


cérémonie;  qui  s'appelait  ^<=7>  rl  Xc.«L'  "J'-r,)  '''  "/>-"' 
cest-à-dire  ouverture  de  la  bouche,  ouverture  desdeux  yeux1. 

I  m  lexte  inédit  «lu  Louvre  lui  a  fourni  L'indication  pré- 
cieuse que  celle  opération  se  faisait  avec  divers  instruments, 
l'un  desquels  est  de  la  forme  d'une  cuisse  d'animal.  Ce  texte 
explique  que  cet  instrument  doit  être  de  baa;  or  les  collections 
du  Louvre  contiennent  un  objet  de  celte  forme,  qui  est  préci- 
sément de  fer. 

Lu  voici  la  figure  de  grandeur  naturelle  : 


(le  renseighemenl  es!  précis;  à  peine  pourrait-on  objecter 
que  le  texte  qui  le  donne  est  de  basse  époque,  et  qu'on  n'a 
encore  rien  trouvé  de  semblable  aux  temps  pharaoniques. 

M.  Devéria  cite  encore  un  autre  instrument  usité*  dans  la 
même  opération  mystique.  C'est  une  petite  «scia  ou  herminette 
dont  les  textes  nous  font  connaître  le  nom  égyptien  nou.  Je  le 
représente  ici  également  de  grandeur  naturelle.  de  face  el  de 
profil  : 


_  , 


Voici  la  description  qu'en  a  donnée  mon  savant  confrère  : 

1   Le  mol  \/  signifie  ouvrir,  exactement  comme  le  rerbe  -V^         .  "»» .  <l'>ni 

■       v         ''  ■ -      l 

il  D'est  qu'on  synonyme.  M.  Derérie  B'esl  trompé  en  traduisant  toucher. 


-    33  — 

eiLe  manche  esl  d'ivoire;  la  lame,  la  douille,  el  la  gou- 
pille qui  les  retient,  son!  de  fer  ou  d'acier.  Le  tout  esl  du 
meilleur  travail. 

«Un  autre  exemplaire,  dont  le  manche  est  de  bois  dur.  a 
perdu  sa  lame,  mais  conserve  encore  sa  douille  et  sa  goupille 
de  fer. 

«Enfin,  un  manche  isolé  porte  quelques  traces  d'oxyde  de 
1er  qui  ne  peuvent  laisser  aucun  doute  sur  la  nature  de  la 
lame,  n 

Les  textes  appellent  plusieurs  lois  cet  instrument  le  non 
d'Anubis,  c'est-à-dire  du  dieu  qui  préside  habituellement  aux 
cérémonies  de  la  momification  et  des  funérailles:  et  ils  le  dé- 
finissent comme  servant  à  l'ouverture  de  la  bouche  et  des  veux. 

M.  Mariette-Bey  a  publié,  dans  son  splendide  volume  des 
touilles  d'Abvdos.  une  scène  qui  représente  la  cérémonie  de 
l'ouverture  de  la  bouche  de  Seli  I.  au  moyen  du  non,  que  le 
prêtre  présente  à  la  face  du  roi.  La  légende  hiéroglyphique 
dit  :  Ouverture  de  In  bouche  par  le  non  d'Anubis  (quatre  fois)  '. 


M.  Devéria  ne  cite  aucun  texte  qui  dise  clairement  que  le 

Le  texte  du  Louvre,  traduit  par  M.  Devéria ,  explique  aussi  que  l'ouverture 
de  la  bouche  devait  être  réitérée  quatre  fois. 


u 


iimi  ilml  être  iiiil  «in  mêlai  ban,  comme  la  cuisse.  Mais  cette 
notion  ressorl  nettement  de  quelques  groupes  rc[)roduits  daus 
son  mémoire  el  donl  il  n'a  pas  saisi  le  sens.  Pour  les  com- 
prendre, ii  esl  nécessaire  de  se  rap  >eler  que  I  un  des  titres 
les  pins  ordinaires  d  Ainihis  est  *  /T)r~]-  c'est-à-dire  :  ce- 
lui qui  est  dans  la  salle  divine. 

Or.  le  texte  en  question  est  un  ordre  adressé  au  prêtre 

offieiani  :  2KJL  —  J!\^V"!fT)A^-  P™**  '''/'■'■ 
comme  le  dieu  iiiu  est  dans  la  salle  divine  fid.  esl  comme   inubisu 

le  nou1.  Conséquemment,  prendre  h  fer,  c'était  absolumenl  la 

même  chose   que  prendre  le  nou  d  Voulus.    Les  instruments 

symboliques  dont  il  s'agil  étaient  donc  bien  de  fer. 

Ces  explications  préliminaires  étaienl  indispensables  pour 
bien  faire  comprendre  la  portée  de  la  petite  déeouferte  qu'il 
me  reste  à  signaler. 

Les  lisles  d'offrandes  funéraires,  que  nous  possédons  en 
grand  nombre,  ne  comprennent  ordinairement,  quelle  que 
Miit  leur  date,  <pi«'  des  denrées  alimentaires,  des  boissons,  des 
parfums  el  des  collyres.  Lorsque  «les  objets  d'autre  espèce 
sonl  offerts  au  défunt,  ils  sont  disposés  à  pari  el  quelquefois 
servenl  d'ornementation  aux  parois  extérieures  des  sarcophages 
de  pierre.  On  \  voil  figurer  alors  des  meubles,  des  vêtements, 
des  armes,  des  vases,  des  outils,  etc.  et  aussi  des  bandelettes, 
des  sceptres  ou  insignes,  des  encensoirs,  etc.  etc.  en  un  mol 
des  objets  à  l'usage  de  l'homme  vivant,  el  des  symboles  ou 
amulettes  pour  rendre  el  conserver  la  vie.  Ce  n'est  «pie  très- 
rarement  que  celle  classe  de  dons  funéraires  esl  mêlée  avec 
l'offrande  proprement  dite. 

Ce  cas  M  présente  toutefois  dans  une  belle  stèle  du  musée 
de  Leyde,  récemment  publiée  par  M.  le  D'  Leemans2. 

1   Fkraralivemenl   !    ->  n'esl  que  le  t^->  avec  l'entaille  que  cel  outil  a  faite. 
I        eui  ont  souvent  confondus  dans  les  textes  de  basse  époque. 

/  \lonumenten .  etc.  III  afd.  k.  \\i  .i  \u\ 


—  35  — 

G  esl  la  stèle  funéraire  d'un  gardien  du  Irésor  de  Memphis, 
nommé  Merrimerri.  Elle  n'est  pas  datée  par  un  cartouche, 
mais  elle  présente  tous  les  caractères  <lc  la  bonne  époque 
pharaonique  (de  la  wm   à  ta  \\"  dynastie). 

Dans  l'une  des  scènes  de  cel  important  monument  on  voit 
le  défunt  debout  devant  quatre  plateaux  chargés  d'offrandes; 
au-dessus  esl  un  tableau  (|iii  donne  le  détail  des  objets  offerts. 
11  n'y  en  a  pas  moins  de  soixante  espèces,  <'f  entre  autres  des 
vases  et  des  sceptres  ou  insignes  d'or.  Je  reproduis  ci-après 
los  cinq  articles  <|tii  ont  directement  trait  à  mon  sujet  : 


r^     r^     r-V^      r^ 

A  >  ^  *  *  *  *  A  Aa  *  A  ft^^A  Am  -  .  ■»  .  m.  M  A*  m  ^.aaaA 

p^ri^^^^r^  /TTTYTT^  /nTTfVir^  /WlflpnWl 


J! 
\ 


\ 


V     s 


J! 

\      S 


J! 

s 


JV    JV    -IV    -IV    .jV 

(«Ht    jJBx.   JoHe    JcHe    JzBl 


i'LÎ 


t 

w 


—   36   — 

La  traduction  de  ces  légendes  ne  présente  aucune  dilli- 
rulté  : 

1.  Nmi  d'ivoire  à  lame  de  fer,  selon  son  i '.  Nou  i. 

2.  Nou  «le  bois  d'ouan  ii  lame  de  fer;  son  dodo  Oerhakou.  Nou  i. 
•  !.  Non  d'ivoire  à  lame  de  fer;  son  nom  Neter-ha.  N<»u  i. 

'l.   Non  do  bois  do  mer.  à  lame  de  fer;  son  nom  Anubis.  Non  i. 
5.   Non  d'ivoire  ;i  lame  de  Fer;  son  nom  lève-main  \  Nou  1  . 

Des  cinq  instruments  ainsi  décrits,  trois  sonl  à  manche 
d'ivoire  et  deux  à  manche  do  bois,  mais  la  lame  do  ions  est 
du  métal  baa;  leur  description  esl  h  parfaitemeni  conforme 
à  celle  que  donne  M.  Devéria  des  trois  nous  du  Louvre,  que 
les  conditions  d'identification  que  j'ai  reconnues  indispensables 

meparaissenl  convenable ni  remplies.  Nous  devons  conclure 

on  dernière  analyse  que  le  baa  dos  Kgvpiiens  o.st  bien  le  fer, 
alors  surtout  que  cette  opinion  a  déjà  été  soutenue  avec  force, 
on  l'absence  de  prouves  aussi  décisives. 

Expliquons  en  passanl  que  le  signe  du  traîneau,  lat.  esl 
une  variante  du  groupe  J'j^«  On  le  trouve  son  von  l  employé 
comme  déterminatif  du  groupe  phonétique,  el  aussi  seul  pour 
exprimer  le  mol  baa,  comme  dans  le  texte  qui  nous  occupe. 
L'absence  du  déterminatif  des  métaux  ne  fail   pas  pins  diffi- 

Culté  <|iie  celle  dn  délernil  nalll  de  li\oire;  limité  par  l'es- 
pace, le  scribe  a  supprimé  Ions  les  signes  facultatifs. 

Deux  des  manches  sonl  de  bois.  I  un  de  i^V  ouan; 
l'autre  de  -  \.  mer.  D'après  les  déterminatifs  on  voil  qu'il 
s'agil  de  Ions  durs.  L'inscription  d'Amonemheb,  publiée  par 
M.  Ebers,  nous  ;i  appris  qu'une  localité  située  au  nord  du 
Liban  étail  appelée  du  nom  de  l'arbre  ouan.  Le  voyage  d  un 
Egyptien  parle  aussi  d'une  essence  forestière  nommée- — ■  *£» 

k.  aoiin ,  qui  se  trouvait  dans  le  Liban  ;i\<'<  le  chêne  et  le 

ijnilii'  que  ci  premier  moi  n'avail  pas  de  nom  parliculier. 

Ce  nom  semble  provenir  de  la  nécessite*  | i  1'oflîr.ianl  de  lever  la  main 

poui  approi  lui  I  ustensile  'I''  la  l<4e  du  déftinl 


—  'M    — 

cèdre.  Pour  des  motifs  qu'il  sérail  trop  long  de  produire  ici, 
j'ai  pensé  que  c'est  le  caroubier,  au  bois  inaltérable,  très- 
recherché  pour  les  travaux  de  marqueterie,  el  qui  abonde 
en  Syrie. 

Quant  au  bois  de  meri  ou  mer,  c'était  aussi  une  espèce  re- 
cherchée; Thothmès  III  en  recueillait  parmi  les  tributs  qu'il 
percevait  en  Usyrie.  Les  portes  des  naos  portatifs  el  des  cha- 
pelles étaient  fabriquées  avec  ce  bois,  qui  recevait  des  garni- 
tures de  bronze.  On  l'utilisait  aussi  dans  la  charronnerie. 

L'examen  des  naos  conservés  dans  les  musées,  et  surtout 
des  manches  de  nou,  du  Louvre,  dont  nous  venons  de  parler, 
fournirait  peut-être  des  observations  de  nature  à  assurer 
l'identification  de  ces  bois  avec  entière  certitude. 

<;h;ilon-Mir-Saôiie,  a5  novembre  187^. 

V.  Chabas. 

Y  IV. 

NE.MIioit  Kl     LES   BCR1TCRES   CUNÉIFORMES. 

Les  inscriptions  cunéiformes  trouvées  dans  la  Mésopota- 
mie nous  ont  révélé  les  noms  de  plusieurs  rois  antiques  ap- 
partenant aux  premières  dynasties  de  l'empire  de  la  Chaldée. 
Mais  aucun  de  ces  noms  n'a  encore  été  identifié  avec  ceux  qui 
nous  sont  connus  par  la  Bible  ou  par  l'histoire  profane. 

Le  nom  même  de  Nemrod,  le  fondateur  de  la  dynastie  des 
Couschites,  n'a  pas  été  reconnu  sur  les  briques  retirées  des 
ruines  des  villes  où  fut  le  commencement  de  sa  domination. 
C'est  ce  que  constatait  M.  E.  Scbrader,  l'année  dernière,  dans 
son  savant  ouvrage,  Les  écritures  cunéiformes  et  l'Ancien  Testa- 
ment, pages  1  li  et    17. 

Gela  ne  paraîtra  pas  surprenant,  si  nous  réfléchissons  qu'à 
l'époque  où  lurent  écrites  les  plus  anciennes  inscriptions  trou- 
vées en  Chaldée,  Nemrod  devait   déjà   appartenir  aux  temps 


—  ;{8  — 

héroïques  de  son  pays,  comme  Vssnr.  le  fondateur  dejNinive, 
qui,  pas  pins  que  le  premier  roi  de  Babylone,  n'a  laissé  «les 
monuments  écrits  de  sa  domination. 

\u-si  n'est-ce  pas  sur  les  briques  déposées  dans  les  fonda- 
tions des  temples  et  dos  autres  édifices  dr  l'ancienne  Ghaldée 
que  l'on  peut  espérer  de  retrouver  les  traces  du  premier  con- 
quérant; il  faut  les  chercher  dans  les  légendes  el  dans  la 
mythologie  des  Babyloniens  et  des  Chaldéens. 

Dans  l'Appendice,  tiré  à  part,  d'un  article  paru  dans  la 
Ilcnic  de  la  Suisse  catholique,  en  août  1871,  sous  le  titre  Le  plus 
ancien  dictionnaire,  j'avais  émis  l'idée  que  le  nom  de  IVemrod 
se  trouvait  dans  l'idéogramme  *-*-|  i"Z^  ^ï  A'mar-ud,  par  le- 
quel  les  textes  cunéiformes  expriment  I»1  nom  du  dieu  Méro- 
dach,  el  qu'en  conséquence  celui-ci  n'était  autre  que  le  fameux 
Vmrod,  mis  au  rang  des  dieux  dans  le  panthéon  assyro- 
l>al>\  Ionien. 

Ce  qui  nï-iait  alors  qu'une  conjecture  pour  moi  étanl  de- 
venu une  conviction,  je  veux  soumettre  à  l'appréciation  el  à 
la  critique  de  uns  maîtres  en  assyrioîogie  les  considérations 
sur  lesquelles  elle  s  appuie. 

Le  nom  du  dieu  Mérodach  (Martini,  el  uaruauk)  est  écril 
de  diverses  manières  dans  les  textes  cunéiformes. 

M.  E.  Vorris  a  recueilli  et  noté  les  suivantes,  dans  son  Dic- 
tionnaire assyrien,  page  853. 

r  •— |  <"Z^Z  £] ,  phonétiquemenl   imar-ud. 

•    —  f  riï—  nif-  •  Varduk. 

.i    — f  I-  —  Su. 

/,•■  ^.j  ^m.  |/„.  gU,  etc. 

Il  faut  \  ajouter 
a    —  ï  -wJ<M  rT»"  4. Silik~mmlu-khi? 

•  ette  dernière  forme  se  rencontre  dans  des  textes  magiques 


—  39  — 
el  mythologiques,  en  idiome  accadien1,  cités  par  M.  F.  Le- 
normant  dans  son  intéressante  étude  Lee  science»  occultes  chez 
1rs  Chaldéens  [Correspondant,  octobre-novembre  1873). 

M.  Lenormani  fail  remarquer  que  I«*s  textes  iiiajjirju^s  cités 
n appartiennent  pas  à  La  religion  primitive  de  la  Ghaldée,  ei 
(jue  quelques-uns  paraissent  être  d'une  époque  relativement 
récente.  îussi  l'expression  Silik-mulvr-khi,  qui  est  un  titre  <pia- 
lificatif,  plutôt  qu'un  nom  dans  le  sens  ordinaire,  n'est  pas  la 
l'orme  la  plus  ancienne.  Dans  la  version  assyrienne  de  ces 
textes,  SiliL-miiln-Uti  est  rendu  par  la  première  notation 
<^Z  fcj  Aiiiunul.  Celle-ci apparaît,  pour  la  première  fois,  dans 
les  inscriptions  de  Hanunourabi,  dont  l'existence,  suivant  les 
assyriologues,  remonterait  à  environ  iJioo  ans  avant  notre 
ère.  C'est  aussi  la  seule  que  l'on  rencontre  dans  rénumération 
des  dieux  que  les  monarques  de  Babylone  et  de  Ninive  in- 
voquent  dans  leurs  inscriptions.  11  ne  paraît  donc  pas  douteux 
quelle  ne  soit  la  plus  ancienne  et  qu'elle  ne  couvre  le  nom 
antique  du  dieu  qui  a  été  adoré,  beaucoup  plus  lard,  sous  le 
nom,  étranger  à  la  langue  assyrienne,  de  Marduk  ou  Méro- 
dacli. 

Dans  ces  invocations,  les  noms  dos  autres  dieux  sont,  le 
plus  souvent,  écrits  en  idéogrammes,  c'est-à-dire  avec  des 
signes  dont  la  prononciation  syllabique  donnait  le  nom  du 
dieu  en  langue  accadien  ne,  mais  que  les  bsyriens  lisaient 
dans  leur  langue.  Unsi  le  nom  du  dieu  \élu>  est  ordinairc- 
mi'iit  écrit  »-]  *H*»~I  An-ak,  en  accadien,  mais  les  Assyrien- 
le  lisaient   Vabium  dans  leur  langue. 

Les  syllabaires  d'Assourbanipal  et  les  variantes  des  textes 
cunéiformes  identiques  OU  parallèles  nous  ont  l'ait  connaître 
les  noms  assyriens  de  ces  dieux  el  nous  ont  permis  de  l(,k- 

'    ancienne  langue  de  la  Ghaldée,  appartenant  à  la  classe  des  langues  agglm 

»jiihIi\i>  dont  M.  Lenormani  •<  donné,  le  premier,  I  bisl el  la  grammaire  dans 

ses  Eludes  ttccadientu 


40  — 

identifier  avec  ceux  que  nous  connaissions  par  l'histoire  sacrée 
et  profane,  comme  Oanès  (Anuni).  Assur,  Bel,  \ebo,  Samas, 
S  in ,  etc. 

L'idéogramme  —-]  CZ^.  fc!  imar-ud  a  pareillement  été 
identifié  avec  Mérodach  par  la  lecture  du  nom  de  Mérodach- 
baladan,  qui  est  écrit  Amar-uà-sena  dans  les  inscriptions  cu- 
néiformes, et  transcrit  dans  la  Bible  (Isaïe,  xxxix,  i  )  par 

pN,L,2  IjlNnD  Mérodach  baladan. 

Mais  Marduk  =  Mérodach  n'esl  pas  un  nom  assyrien  ni  sé- 
mitique, c'est  un  nom  purement  accadien,  ;iinsi  (|ue  tous  les 
assyriologues  doivent  en  convenir.  Il  devait  donc  aussi  ré- 
pondre  à  un  nom,  à  une  forme  assyrienne  renfermée  dans 
l'idéogramme  [mar-ud <^  ^]1.  C'est  ce  nom  assyrien  dont  il 
s'agit  de  rechercher  la  lecture,  l'expression  vocale.  Pour  la 
trouver,  il  n'y  a  qu'à  suivre  le  procédé  philologique  employé 
pour  découvrir  les  noms  assyriens  cachés  sous  une  forme  acca- 
dienne  ou  idéographique,  lorsqu'ils  ne  sont  pas  donnés  direc- 
tement par  les  syllabaires  ou  par  les  variantes.  11  consiste  à 
substituer  aux  signes  dont  se  compose  l'idéogramme  les  dif- 
férentes valeurs  syllabiques  ou  idéographiques  qu'on  sait  leur 
appartenir. 

Ainsi,  lorsqu'on  eut  découvert  L'obélisque  dit  de  \emrud, 
mi  avait  de  lionnes  raisons  de  croire  qu'il  était  de  Salmanasar, 
Quoique  le  nom  du  roi  \  lût  écrit  Dimanubar  vt?^  ^E]  *t/L  HK 
Ou  découvrit  ensuite  que  le  premier  signe  d\  pouvait  se  lire 
;iussi  snl  et  salim,  et  le  dernier  \usur;  on  eut  donc  le  nom  de 
Salmanuussur  (Salmanasar)  au  heu  de  Dimanubar. 


'  La  lecture  oparudpour  amarud  paratl  avoirété  usitée  à  côté  de  celle  de  Mé- 
rodach. Dans   le  ranop   de   Ptolémée,  If   nom    d'Evilmérodacli    est  rendu  par 

fUoaroudamou.  Il  peut  se  Iranscriri  .  en  cunéiformes     par  (]]  K, ,  ^|  M"- 

•ntini  ml  i.i,      nia  nvarudam  comme  nahadu     nahndnm  dans  les  inscriptions  de 
ViIhi.  hodonosor. 


—  'il  — 

Procédant  de  la  iiiéme  manière  avec  l'expression  <^I^  M. 
nous  trouvons,  au  syllabaire  n°  i  ô 6  d'Assourbanipal.  que  le 
premier  signe  a  la  valeur  syllabique  accadienne  de  amar  et  le 
sens  général  de  luire,  lumière;  en  assyrien  buuru,  correspon- 
dant aux  racines  1K3,  "îna,  113,  ma,  ï"2.  *»KS,  ^nc ,  des  ri  if— 
férenls  idiomes  sémitiques.  Ce  syllabaire  est  ainsi  : 

v  .  56  tï  ai-  I  <a  i  -4  Mrfr  ^hl 

a-mar  bu  -  «  -  r« 

Les  Assyriens  lui  ont  encore  donné  la  valeur  syllabique  de 
tsnr  fins  lumière). 

Nous  pouvons  donc  remplacer  ce  premier  signe,  non-seule- 
ment par  son  équivalent  générique,  burû,  mais  encore  par  une 
autre  forme  de  ce  verbe,  par  son  participe  nibru,  qui  est  bril- 
lant. 

Nous  savons  aussi,  par  la  tablette  lexicographique  25, 
II,  6i,  que  amant  =* namaru  (")1NJ) ,  luire,  briller,  synonyme 
de  buuru.  En  remplaçant  <7w/r  par  ce  second  équivalent, on 
obtient  naniarn.  namru  et  niniru. 

La  valeur  ordinaire  du  second  signe  ^ï  est  wd,  avec  le  sens 
de  clair,  brillant  (Tin),  et  par  extension  celle  de  jour  et  de 
soleil.  Il  s'emploie  aussi  en  assyrien  dans  le  sens  de  clair,  bril- 
lant, et  dans  la  même  forme,  ud .  udû.  Il  n'est  donc  pas  néces- 
-aire  de  lui  substituer  une  de  ses  autres  valeurs  (tam,  par, 
unrn .  sa  nuis ,  etc.  I. 

Par  ces  substitutions  nous  obtenons  nibrud  ou  nimrud,  au 
lieu  de  amar-ud.  Nibrud  répond  à  la  forme  Nebrodes  employée 
par  l'historien  juif  Flavius  Josèphe,  et  Nimrud  répond  exacte- 
ment au  Nemrod  ("noa)  fie  la  Genèse,  et  il  signifie  la  lumière 
brillante,  le  splendide,  l'illustre,  et  non  le  rebelle,  comme  l'ont 
cru  les  commentateurs  de  la  Bible. 

Il  est  vrai  que  le  signe  ^[«ts'ajoute  Fréquemment,  dans  les 
textes  en  langue  assyrienne,  à   un  signe  idéographique  pour 


—  42  — 

en  déterminer  la  véritable  prononciation,  soil  comme  cojn- 
plémenl  phonétique.  Ainsi  I»1  signe  ■**  kur,  idéogramme  de 
nakar,  se  révolter,  suivi  du  complémenl  phonétique  ut  ■Ar  £}. 
se  lit  nakrut,  la  rébellion.,  les  rebelles.  Je  no  crois  pas  qu'il  \ 
ail  lieu  d'appliquer  cel  usage  orthographique  assyrien  à  un 
nom  propre  accadien  ;  mais  lors  même  <|ue  aous  admettrions 
la  lecture  \imrut  ou  Vibrut,  qui  sérail  justifiée  par  l'emploi 
de  Sibrotes  dans  l'histoire  d'Arménie  de  Moïse  de  Ko  rêne,  ou 
n'aurait  qu'une  variante  de  plus  de  la  forme  Vemrod  employée 
par  la  Genèse. 

\|irrs  avoir  établi  que  l'idéogramme  <HZ  M  amarùd  pou*- 
vail  (-lie  lu  Nimrud,  en  assyrien ,  oous  avons  à  prouver  que  ce 
nom  esl  synonyme  de  Martini,-,  en  accadien. 

< 

\iarduk  es1  composé  de  deux  mots  on  racines  :  maf  <-l  rfttÀ\ 

Mar=  (mir) signifie ,  entre  autres,  lumière  <-t  jeune,  beau  . 
brillant,  vermeil;  =miru  (deiix),  immiru(de  npj),  ntftw  (de 
"ïp  i .  fc/mrw 1  --in) ,  admu  I  D1N  ) .  tiifa  (  on'1?  i  |  voj .  Inscript,  nutaf. 
II.  A.  vol.  II,  pi.  3o,  I.  99  el  suiv.  el  pi.  36,  I.  '17  el  suiv.; 
pi.  39,  :»".  I.  63];  I  ru  raar.  Duk  IZÏf*  LJ.  Ilî  [grande 
inscription  d'Assournazirpal ,  col.  II.  '\  1 ,  5i],  signifie  avoir, 
posséder;  cela  es(  admis  par  tous  les  assyriologues. 

\farduk,  en  accadien,  signifie  donc  :  possédant  la  beauté, 
l'éclat,  la  splendeur,  ou  autrement,  le  beau,  le  brillant,  le 
splendide,  comme  Vitnrud  en  assyrien. 

Ceci  '"-1  confirmé  par  les  variantes  du  nom  de  Nabonid, 
qui  esl  écril  : 

—  '  ^t^t  ^fj*^'2    (M1  an-ak-mir  (ou  ;//"/•)  rfu  /. .  m  ace  : 

,.|  .— T  ^Vf  ^  -  rH  TH  »— /~I  Âl**"^  ÏE.Â]  Nabium  nahid,  en  ass.  : 

par  "H  l'on  voil  que  Wirduk  s'échange  avec  naiud,  éminent, 
brillant,  splendide  1  arabe iru  ».  (Voy.  Diction,  asayr.  de  Norris, 
p.  i66  cl  tji'i  1 . 

Dans  les  lableltes  astronomiques,  on  plutôl  astrologiques, 


—  sa  — 

trouvées  à  Nioi've,  il  est  souvenl  l'ail  aiention  de  l'étoile  de 
Marduk,  soit  de  Mnutul  \<ZZ  t]).  Lee  assyriologues  modernes 
l'ont  identifiée  avec  la  planète  do  Jupiter.  Le  nom  de  Nnnrud 
ou  de  Mardvk,  le  brillant,  donné  à  cet  astre  par  les  astronomes 
assyriens,  justifie  l'identification  des  assyriologues  eten  mono' 
temps  corrobore  mon  interprétation.  Chacun  sait  que  Jupiter 
est  la  plus  brillante  des  planètes. 

L'identification  de  Nemrod  et  de  Mérodach  étant  justifiée 
par  l'analyse  philologique  de  ces  noms  et  par  l'identité  de 
leur  signification,  il  reste  à  examiner,  comme  contrôle,  si  les 
qualifications  données  à  Mérodach,  dans  les  textes  cunéi- 
formes, correspondent  à  celles  que  la  Genèse  attribue  à 
Nemrotl. 

La  Genèse  (cb.  \-  <s .  <|  •   10)  dit  : 

-  Et  Cus  engendra  Nemrod,  qui  commença  à  être  puissant 
sur  la  terre: - 

-Il  Fut  un  fort  chasseur  devant  Jéliova.  De  là  est  venu  le 
dicton  :  comme  Nemrod,  le  fort  chasseur  devant  Jéliova: 
et  le  commencement  de  son  règne  fut  Babel,  Erek,  Accad 
et  (laine.» 

Dans  les  textes  étudiés  par  M.  F.  Lenonnant,  Les  sciences 
occultes  clic:  les  Chaldéens,  Silik-tnoulou-khi  (Mérodach)  est  re- 
gardé comme  tils  de  Ea,  roi  des  fleuves  et  des  fluides,  qu'on 
a  cru  pouvoir  identifier  avec  /Voua/»,  Noé.  Suivant  cette  inter- 
prétation,  Mérodach  sérail  donc  (ils  de  Noé.  au  lieu  d'être  son 
arrière-petit-fils,  Minant  la  Genèse. 

Ailleurs.  Mérodach  est  dit  :  fils  d'Eridhu  (de  "ClfJ  ■<£  ■ 
I  rdhi),  61s  du  seigneur  à'Eridhu;  en  accadien,  de  Ki-ga-ge. 

h  cz  m  t5=  *m  cm  <JhI  *=m*  -m 

Amar  -  ml        far  -  sag  Bili?     Ki  -  ga  -  gc 

c'est-à-dire  Nimrud,  lils  aîné  du  seigneur  tfUrdhi  (-CJJ  d). 
55,  Il .  64;  58,  Il .  7A,  7.1. 


—  àâ  — 

La  tablette  56,  II.  38,  dit  que  le  seigneur  de  Ki-ga-ge,  ou 
d'Urdhi,  avait  six  lils  connut'  Ctis,  le  père  de  NemroH. 

Mérodach  est  qualifié  de  Rinwui,  le  vainqueur  (de  ]n), 
dans  les  inscriptions  (!<•  Nabuchodonosor,  ainsi  que  dans  la 
tablette  54,  II.  53,  qui  l'appelle  aussi  /.sVm.  le  prince,  l'éuii- 
lient  cl  le  combattant  (de  N"it',  d'où  Isra-el,  luttant  avec 
Dieu). 

M.  Lenormant,  dans  son  étude,  cite  un  passage  des  textes 
magiques  qui  dit  de  Mérodach  :  «Je  suis  celui  qui  marche 
devant  Ea  —  je  suis  le  guerrier,  lils  aîné  de  Ea  — son  mes- 
sager.  » 

Ce  passage  serait  identique  à  celui   de  la  Genèse  :  le  fort 
chasseur  devant  Jehova  (•///),  si  les   mots  marchant  et  messager 
(plus  exactement  courrier,  en  assyrien  :  Tur-sipri '•■  =  rakou j  ne 
remplaçaient  le  fameux  chasseur  qui  a  donné  heu  à  tant  dex 
plications  embarrassées  et  à  des  versions  si  différentes. 

Les  Septante  ont  traduit  par  géant  chasseur. « 

ha  \  ulgate /  \   par  loi!  chasseur. 

La  version  syriaque.  ...    /  T?""»^?  \  par  géanl  guerrier. 

La  version  arabe \  /  par  géant  terrible. 

ha  version  chaldaïque.  .  par  homme  fort. 

L'historien  Josèphe,  qui  n'a  lait  que  copier  et  commenter 
la  Bible,  dai^  ses  intiquités  judaïques ,  appelle  Nemrod  violent 
et  audacieux;  mais  l'expression  si  caractéristique  de  chasseur 
ne  se  trouve  pas  dans  son  livre.  La  Genèse  ajoute  que  \fort 
chasseur  devant  le  Seigneur  comme  \emrod,  est  devenu  une  lo- 
cution proverbiale.  Cependant,  cette  locution  ne  se  rencontre 

pas  ailleurs  dans  I"  \iicien  Testament ,  tandis  que  celle  de  niar- 

i  h  ni  devant  le  Seigneur  \   est   fréquente,  ainsi   que  dans  les 
inscriptions  assj  riennes. 

l' n  présence  de  ces  divergences,  il  est  permis  de  se  de- 
mander si  une  erreur  n'existerait   pas  dans  le  texte  hébreu 


!.. 


actuel,  ou  si  vjhaa  ne  pourrait  pas  signifier  autre  chose  qu'un 
grand  chasseur,  ou  un  homme  fort  à  la  chasse.  Mais  en  ad- 
mettant même  l'exactitude  de  cette  version,  il  existe  encore 
assez  d'analogie  entre  l'idée  d'un  guerrier  marchant  devant  Ja 

el  un  grand  finisseur  devant  .lehova,  entre  un  chasseur  et  un 
courrier  à  cheral  (33"i),  pour  que  ces  deux  qualifications  aieni 
l»u  être  appliquées  au  même  individu  par  les  traditions  chal- 
déennes  el  hébraïques.  Le  parallélisme  des  deux  passages 
rites  n'en  est  pas  moins  frappant. 

La  Bible  dit  ensuite  (pie  Nemrod  commença  par  régner  à 
Babylone  et  dans  trois  autres  villes  ou  territoires  de  la  Chal- 
dée;  elle  dit  également  qu'Assur  partit  de  là  et  qu'il  fonda 
Ninive.  —  C'est  pourquoi  le  prophète  Michée  (\,  6)  appelle 
l'Assviïe  la  terre  d'Assur,  et  la  Babylonie  la  terre  de  Nem- 
rod. 

La  distinction  entre  le  dieu  Assure!  Mérodach,  l'un  comme 
dieu  spécial  des  Issy  riens,  et  le  second  comme  dieu  de  Baby- 
lone et  de  la  Chaldée,  est  aussi  clairement  établie  dans  les 
inscriptions  cunéiformes. 

Sur  une  tablette  mythologique  (5q,  II,  Ay      j.  on  lit  : 

<H  *tffi!  £1  I  H  cr  1 

i  Dieu  on  roi)      <lr  Babylone  \ferodach. 

Comme  nous  L'avons  dit  (p.  3q),  le  nom  de  Mérodach 
apparaît  pour  la  première  fois  dans  les  textes  du  roi  chaldéen 
Hammourabi,  et.  dans  leurs  inscriptions,  les  autres  rois  de 
Babylone  invoquent  toujours  Mérodach  comme  leur  maître, 
la  divinité  suprême,  le  roi  du  ciel  et  de  la  terre,  mais  ils  ne 
parlent  pas  d'Assur. 

Les  monarques  d'Assyrie ,  au  contraire,  reconnaissent  Assur 
pour  le  premier  de  leurs  dieux:  son  idéogramme  entre  dans 
la  composition  de  leurs  noms  royaux,  et  ce  n'est  que  depuis 
Assournazirpal  (environ  neuf  siècles  a  va  ni  notre  ère)  que  l'on 


—  46  — 

trouve  le  nom  <l«'  Mérodach  dans  leurs  inscriptions  où  il  oc- 
cupe toujours  un  rang  inférieur,  après  les  grands  dieux  Usur, 
< )anès .  \ini|i .  etc. 

Il  \  a  donc  un  accord  parfail  entre  la  Bible  el  1rs  inscrip- 
tions cunéiformes  sur  les  individualités  d'Àssur  el  de  Nemrod, 
dans  la  première;  d'Assur  et  de  Mérodach,  dans  les  der- 
nières. 

Celte  distinction  esl  en  opposition  formelle  avec  l'opinion 
de  quelques  commentateurs  qui,  par  suite  d'une  fausse  inler- 
prétationl  du  mot  Àssur,  dans  le  texte  h«'*l»r«Mi  (Gen.  \.  11), 
ont  cru  que  Nemrod  ('tait  aussi  le  fondateur  de  Ninive  et  <!<■ 
l'empire  d'Assyrie  '. 

Il  sérail  possible  d'entrer  dans  de  plus  longs  développe- 
ments sur  le  sens  (les  autres  idéogrammes  du  nom  de  Nemrod 
et  sur  ses  attributions  et  ses  qualifications  dans  le>  textes  cu- 
néiformes'; mais  il  me  semble  que  les  considérations  qui  pré- 
cèdent smit  plus  que  suffisantes  pour  justifier  ma  llièse.  à 
savoir  :  que  Mérodach  n'était  autre  que  le  fameux  Nemrod 
mis  au  rang  des  dieux  par  les  Chaldéens  et  les  assyriens,  e! 
(Mie  le  nom  de  celui-ci.  bien  loin  d'être  inconnu  ;m\  inscrip- 
tions cunéiformes,  s\  rencontre  presque  à  toutes  les  pages2. 

Fribourg,  le  iS  décembre  is-:;. 

.Ins.    (i|',|\  |;|.. 


1  On  «oit,  pai  ces  quelques  aperças,  que  l'étude  de  la  mythologie  asByriennt! 
pourrai!  nous  fournir  de  précieuses  indications  sur  l'histoire  primitive  de  Babj 
lune  ■•!  tl«-  N in i\ •■. 

'  J'ai  reçu  récemment ,  sans  autre  avis,  un  numéro  du  Bulletin  de  I  uhénée 
riental  '!'•  janviei  février  i  s  -^  ;  ; .  dans  lequel  se  trouve  on  travail  de  M.  Opperl 

i   tfemrod. 

I       ivanl  orientaliste  j  condul  ni  tlement,  el  en lignanl  |  page  ifto),  qu'A 

n'a  jamais  existé"  un  individu  du  non  de  letnrod. 

Son  argumentation  repose  sui  celle  supposition  que  tout  tel  <""»•< ,  au  uombn 

de  plus  de  cent ,  du  chapitre  z  de  la  Genèse .  ne  »onl  que  des  pers incations  «  I  «  - 

ii  m  apbiques  el  ethnographiques. 

Malgré  toutp  l'autorité  de  M.  Oppnrt,  je  np  pense  pa?  rju'urip  rntiqup  împrtr- 


'i7 


V  \. 

SUR    LES    PARAGRAPHES    9    II'    'l    Dl    TROISIÈME    LIVRE   ET    SDR 
LE  PROOEUU  1/    DES  ORAI  LES  SIBYLLINS. 

11  \  a,  dans  le  troisième  livre  de  la  collection  des  oracles 
sibyllins1,  deux  passages  que  M.  Ch.  Uexandre  est  parvenue 
isoler  d'une  manière  définitive  et  par  dos  considérations  au- 
jourd'hui généralement  acceptées  du  monde  savant.  Ces  iridr- 
ceaux,  formant  les  paragraphes  2  et  5  du  troisième  livre 
sont  les  plus  anciens  de  la  collection;  ils  ont  été  écrits,  sui- 
vant M.  Uexandre,  vers  l'an  169  avant  l'ère  chrétienne,  par 
des  juifs  alexandrins  maniant  bien  la  langue  grecque  et  con- 
naissant à  fond  les  traditions  et  les  mœurs  helléniques. 

M.  Ferdinand  Delaunaj  présente  dans  son  mémoire  des 
observations  nouvelles  sur  la  doctrine,  les  tendances,  l'ori- 
gine, la  nature  de  ces  oracles.  Il  s'attache  à  démontrer  que. 
loin  d'être  homogènes,  de  la  mémo  époque  et  de  la  même 
main,   les  deux  paragraphes  en  question  contiennent  l'un  au 

lialo  puisse  admettre  ane  conclusion  si  nettemenl  opposée  au  sens  naturel  du 
texte  sa<  ■ 

S'il  n'a\;)it  jamais  existé  d'individu  du  nom  de  Nemrod,  ni  (l'Assnr.  il  faudrait 
dire  aussi  qa'Arphacsad,  dont  le  nom  se  trouve  au  verset  22  ,  entre  ceux  de  Elam, 
\-iir.  Lnd  et  \ram.  n'a  jamais  existé  non  plus,  bien  quële  chapitre XI  (vers.  1  1 
-  Doua  fasse  connaître  ses  lils  et  ses  descendants  jusqu'à  Ibrabam. 
\  l'aflirmation de  M.  Oppert,  on  pont  opposer  non-seulement  l'autorité  de  la 
Bible,  mais  encore  celte  de  la  grande  majorité  de  -''s  interprètes  qui  oui  vu,  dans 
la  table  généalogique  de  la  Genèse,  les  noms  des  chefs  de  famille  des  descendants 
de  Noé,  et  qui  ont  admis,  en  même  temps,  que  ces  noms  sont  devenus  cens  des 
contrées  où  ces  chefs  se  sont  d'abord  fixés. 

il  ainsi  que  l'Ancien  Testament  appelle  la  Palestine,  In  terre  d'Israël,  lu 
terre  de  Juda;  comme  Michée  appelle  l'Assyrie  el  la  Babylonie,  l«  terre  d*At»vrs 
in  terre  de  Vemred. 

'  Oracula  nbyUina,  lexlu  ad  codices  manuscriplos  reco/;nilo...,  curante 
C.  Alexandre.  •>.  vol.  gr.  in-8°.  Pans.  Didot,  i84i  -j856.  I  ne  nouvelle  édi- 
tion, plus  compacte,  «mi  un  seul  volume,  a  "te  publiée  en  1869 


h 


—  48  — 

moins  quatre  oracles  ou  Fragments  d'oracle,  l'autre  un  nombre 
plus  grand  encore  de  fragments.  Les  motifs  principaux  allé- 
gués pour  justifier  cette  Fragmentation  sont  tirés  des  contra- 
dictions et  (1rs  répétitions  qui  so  constatent  dans  les  divers 
morceaux  et  surtout  de  la  différence  qu'ils  supposent  dans  la 
conception  du  règne  messianique. 

M.  Delaunay  reconnaît  que  chacun  des  paragraphes  a  son 
caractère  :  le  premier  (le  paragraphe  2)  est  historique;  le  se- 
cond (le  paragraphe  6),  eschatologique.  Cela  n'affaiblit  point 
l'opinion  suivant  laquelle  ces  fragments,  bien  qu'analogues, 
sont  cependant  distincts;  mais  cela  prouve,  ce  qui  est  naturel, 
(pie  les  compilateurs  se  sont  préoccupés  de  juxtaposer  les 
oracles  similaires,  (l'était  le  moins  qu'ils  pussent  faire. 

Chaque  fragment,  ajoute  M.  Delaunay,  isolé  par  nous,  ap- 
partient à  un  oracle,  dont  il  nous  offre  tantôt  le  milieu,  tan- 
tôt le  début,  tantôt  la  fin,  tantôt  des  parties  diverses,  disjecta 
membra.  En  rapprochant  ces  éléments  ('-pars,  on  peut,  sans 
trop  de  difficulté,  reconstruire  le  type  de  l'oracle  judéo- 
alexandrin,  demeuré  intact  el  complet,  à  notre  avis,  dans  le 
texte  du  IV'  livre. 

Tout  d'abord,  l'oracle  alléguait  l'inspiration  divine;  sa 
thèse  était  ou  dogmatique  |  proclamation  et  définition  de  l'unité 
du  Très-Haut  cl  du  Grand  Roi),  ou  historique  (combinaison 
des  diverses  légendes  el  traditions  des  peuples  el  leur  mise  en 
harmonie  avec  les  destinées  dirigeantes  d'Israël),  ou  eschato- 
logique  (tableaux  de  la  (in  du  monde,  du  châtiment  des 
gentils,  de>  victoires  du  Messie.  Au  jugement  dernier,  du 
règne  de  Dieu);  le  plus  souvent  l'une  (le  ces  llièses  dominait 
dans  l'oracle:  presque  toujours  elles  s'v  produisaient  concur- 
remment. 

L'oracle  était  assez  court;  nous  lui  accordons  au  moins  cin- 
quante vers,  an  pins  den\  cents.  I  n  développement  plus  con- 
sidérable lui  aurait  fait  manquer  son  but;  il  devait  s'apprendre, 


—  49  — 

se  réciter,  se  copier  aisément  et  vite.  Un  morceau  de  eenl  ou 
de  cenl  cinquante  vers  se  gravait  sans  trop  de  difficulté  dans 
la  mémoire  <■(  volait  de  bouche  en  bouche,  (les  conditions 
étaient  indispensables  à  remplir,  quand  l>ien  même  les  ha- 
biles auteurs  de  cette  Littérature  apocryphe  n'auraient  eu  en  vue 
que  de  favoriser  la  circulation  de  leurs  écrits;  mais  ils  tenaient 
par-dessus  tout  à  leur  assurer  l'autorité  des  oracles  authen- 
tiques, et,  pour  cela,  il  fallait  en  imiter  la  forme  et  en  suivre 
les  allures;  les  oracles  érvthréens  ne  s'étaient  jamais  produits 
en  longs  poëmes. 

Le  Proœmium,  qui  est  en  tête  de  la  collection  des  livres  si- 
byllins, retrouvé  dans  les  livres  à  Autolycus,  de  Théophile, 
évêque  d'Antioche,  nous  paraît  se  composer  de  trois  fragments 
similaires,  tous  presque  exclusivement  dogmatiques. 

Le  premier  est  compris  dans  les  vers  i-23;  le  second  dans 
les  vers  a3-6o;  le  troisième  dans  les  vers  60-87. 

M.  Alexandre  attribue  le  Proœmium  à  un  sibylliste  chré- 
tien : 

i°  A  cause  de  l'allusion  à  la  doctrine  de  l'Esprit-Saint, 
(pie  les  chrétiens  judaisants,  dit  M.  Alexandre1,  distinguèrent 
peu  de  la  personne  du  Fils  dans  les  premiers  tomps  de 
l'Église: 

2°  A  cause  de  la  phraséologie  suivante,  qui  semble  copiée 
sur  quelques  phrases  du  quatrième  évangile  : 

17  TBAOLviaOs,  fipoToi;  HavcaffÔs ,  {tiratoi, 

kai  Xivere  crxoTÎr)v  vvxtos ,  (pcoTÙs  hè  ).io£<jds. 

«Pourquoi  errer  ainsi,  mortels?  Arrêtez,  insensés,  qui  tour- 
noyez dans  les  ténèbres  de  la  nuit  noire.  Quittez  Ips  ombres 
de  la  nuit  et  recevez  la  lumière!" 

1   Inlrod.  adSibylHn.  Orac.  xx?  et  seqq.  —    Notre  ad  calcem,  p.  363  et  seqq. 
de  ta  nouvelle  édition  de  1809. 

11.  h 


—  :>o  — 

3 "  V  cause  du  vers  28,  où.  en  parlant  du  vrai  Dieu,  le 
sinylliste  s'écrie  : 

x  Voilà  qu'il  s'est  manifesté  à  tous  dans  sa  justice;  m  (jette 
manifestation  n'est-elle  pas  une  allusion  à  la  prédication  de 
l'Evangile? 

/i°  A  cause  des  derniers  vers  du  Prôœmium,  (jiii  contiennent 
sur  le  jugement  dernier,  sur  le  feu  de  ['enfer,  sur  l'éternité  des 
peines,  sur  le  pain  céleste  qui  doit  servi!1  de  nourriture  aux 
•'■lus  dans  les  riants  jardins  du  Paradis,  une  doctrine  conforme 
de  ions  points  à  celle  des  évangiles  et  de  la  tradition  chré- 
tienne. 

Sans  examiner  à  fond  ces  prétendues  marques  de  christia- 
nisme, il  est  possible  de  prouver  qu'elles  ont  induit  en  erreur 
M.   Uexandre. 

En  ce  qui  touche  l'Esprit-Saint,  l'oracle  dit  :  -Dieu...  nui 
a  mis  son  doux  Esprit  en  toutes  choses,  el  en  :i  fait  le  guide 
de  Ion-  les  mortels.  » 

ovlt;  -)/.vk\j  fgvevfi  iv  â-nifji 

KàTi9-:Tn,  xftyrjTifpa  fipoTÙv  tsolvtw  tirotïfaev. 

Ce  n'est  pas  ici  le  lieu  de  faire  l'histoire  du  rôle  joué  dans 
les  doctrines  juives  et  judéo-ale\andrinos  par  la  première  ma- 
nifestation  de  Dieu,  que  le  Targum   d'Onkelos  désigne  par 

\îemra,  qu'Àrislobule  nomme  —  o^/a  (sagesse),  que  Philon 
appelle,  suivant  les  divers  points  de  vue  où  il  se  place,  tantôt 

\.6yoi  1  \  erbe  ),  tantôt  Ao->  txrj  ^x,»/  i  »""'  rationnelle),  tantôt 
Il  .  l>pnl|.    tantôt   Sebs   Soôiepo*  (Dieu    second).    Nous 

dirons  seulement  qu'avec  le  progrès  du  temps .  sons  l'influence 
des  allégories  el  des  métaphores,  cette  manifestation  divine 
acquit  une  sorte  de  personnalité,  devint  une  hypostase  el  prit 
des  aspects  divers.  Sans  prétendre  déterminer  au  piste  à  quel 


—  51   — 

point  en  étail  venue  l;i  théorie  de  l'Esprit-Sainl  chez  les  judéo- 
alexandrins  duranl  tes  cinquante  ans  qui  précèdent  l'ère  chré- 
tienne, on  pciil  affirmer  qu'elle  existai!  chez  eux,  car  ils  l'ont 
Formulée  en  termes  absolument  identiques  à  ceui  qu'emploie 
l'oracle  en  question. 

«L'esprit  de  Dieu,  dil  Philon,  \ isi t «■  les  prophètes  el  les 
remplit  de  sagesse;  il  inspirait  Moïse,  il  descendit  sur  les 
soixante  et  <li\  vieillards  pour  les  rendre  supérieurs  au  reste  du 
peuple.»  Le  même  auteur  ajoute  que  l'esprit,  en  se  commu- 
niquant à  plusieurs,  ne  se  divise  point  et  ne  s'épuise  jamais  ; 
il  lé  compare  à  la  flamme  d'un  foyer  qui  allume  des  torches 
-ans  éprouver  de  diminution.  Comparaison  curieuse,  qui 
semble  pressentir  ou  rappeler  le  symbole  que  les  Evangiles 
attribuent  à  l'Esprit.  Enfin,  ce  qui  est  péremptoire  pour  tran- 
cher la  difficulté,  "-cet  Esprit,  dit  encore  Philon.  est  l'être 
sage,  divin,  indivisible,  qui  remplit  tout  dans  l'univers1.-' 
A  moins  d'à. Im.  lire  le  christianisme  du  philosophe,  ce  qui  ne 
peut  faire  question  aujourd  hui,  on  n'est  nullement  forcé  d'ad- 
inHliv  le  christianisme  du  sibylliste  qui  a  écrit  les  vers  S  et 
(i  i\w  Proœmium. 

Il  e\islr  bien  aussi  une  analogie  d'expression  entre  le  début 
du  quatrième  Evangile  et  le  passage  de  l'oracle  qui  montre  les 
idolâtres  plongés  dans  l'ombre  de  la  nuit,  el  qualifie  de  lu- 
ntièrela  connaissance  du  vrai  Dieu.  Mais  le  "quatrième  Evangile 
a-t-il  inventé  l'expression  dont  il  s'agit?  Non;  les  livres  saints 
représentent  les  gentils  comme  assis  rimis  l'ombre  de  la  mort,  et 
une  antithèse  très-naturelle  amène  le  mol  lumière  quand  on 
veut,  dans  cet  ordre  d'idées,  désigner  le  changement  qui  ré- 
sulte pour  les  idolâtres  de  leur  conversion  au  vrai  Dieu.  (!■• 
n'est  donc  ni  la  sibylle  ni  l'évangéliste  qui  ont  les  premiers 
emplové  cette  phraséologie  :  elle  était  hébraïque  avant  d'être 

1    É(t7(  tô  aoÇàv ,  to  S-eJov,  to  isym^zov  ,  tô  iêiaipeTov ,  rà  î<fle7ov,  to  Wfrrj 
Si'  6/w  êxTtSTrX-npvixivov.  (F>p  gigantïb. 


52 


alexandrine  et  de  devenir  chrétienne.  Kl!»'  n<'  prouvé  donc  pas 
le  christianisme  de  ta  siln  Ile. 

s  Voilà  qu'il  s'est  manifesté  à  tous  dans  sa  justice:  voici  que 
la  douer  lumière  du  soleil  brille  en  liaul.w  11  est  téméraire, 
à  notre  avis,  de  voir  dans  ce  passage  une  allusion  certaine 
à  la  prédication  évangélique.  Durant  les  trois  siècles  qui  ont 
précédé  cette  prédication,  on  sait  que  l'opinion  s'était  établie 
chez  les  juifs  palestiniens  et  alexandrins  que  le  règne  du  Mes- 
sie n'arriverait  pas  avant  que  se  fût  opérée  la  conversion 
(\<->  gentils,  avant  que  les  idolâtres  reconnussent  le  vrai  Dieu 
et  envoyassent  des  offrandes  au  temple  de  Jérusalem.  Mais 
comment  devait  s'opérer  cette  conversion?  Il  y  avait  à  cet 
égard  un  double  courant  de  légendes,  les  unes  terribles  et 
implacables,  les  autres  d'une  conception  plus  noble  et  plus 
généreuse.  D'accord  en  cela  avec  la  tradition  prophétique  la 
plus  répandue,  les  sibyllistes  indiquent  presque  toujours  les 
châtiments  de  la  période  ultime  comme  les  moyens  dont  Dieu 
se  servira  puni'  ouvrir  les  yeux  des  gentils.  Au  contraire. 
l'école  philosophique  admet  que  c'esl  le  peuple  juif  qui,  par 
l'exemple  die  ses  vçrtus  el  la  prédication  de  -es  vérités,  sera 
l'instrumenl  providentiel  de  cette  conversion.  Cette  même  idée 
se  liiit  jour  au-si  dans  le  livre  d'IIénocli  ;  elle  existait  donc  bien 
avant  la  naissance  de  Jésus-Chiisl  et  la  rédaction  des  Evan- 
giles,  bien  qu'elle  ne  lût  pas  aussi  communément  acceptée 
que  l'opinion  qui  attribuai!  la  conversion  des  idolâtres  aux 
châtiments  célestes. 

Il  esl  donc  parfaitement  légitime  d'admettre  que  I  un  des 
auteurs  du  Procernium,  ayant  adopté  la  croyance  qui  faisait 
dépendre  l'arrivée  du  Messie  de  la  manifestation  universelle 
du  vrai  Dieu,  opérée  par  I"  peuple  saint  disperse  dans  toutes 
les  nations,  ;i  pn  croire  à  l'universalité  de  la  manifestation  de 
Jéhovah,  et,  emporté  par  le  désir  el  l'attente,  considérant  les 
mille  colonies  juives  éparses  en  ions  lieux,  a  pu  dire  du  '1res- 


- 

Haut  ce  que  l'apôtre  dira   bientôt   de   l'Evangile:  "Il  a  été 
prêché  par  toute  la  terre.  ■• 

On  ne  saurait  Le  nier,  le  Proosmium  nous  parle  du  juge- 
ment dernier,  de  la  vie  future,  des  peines  et  des  récompenses 
éternelles  de  cette  vie,  comme  le  ferait  un  écrit  chrétien.  Il 
nous  faut  faire  ici  encore  la  même  réponse  :  ces  croyances  ont 
existé  bien  avant  le  christianisme.  La  preuve  en  est  dans  le 
livre  d'Hénoch,  dans  les  témoignages  concordants  que  Philon  , 
Josèphe  et  l'auteur  des  Philosophumena  nous  ont  laissés  sur 
les  doctrines  des  Esséniens  et  des  Thérapeutes.  Le  livre 
d'Hénoch  parle  aussi  des  riants  bosquets  du  paradis;  un  juif 
alexandrin  a  pu  parler  de  même,  un  siècle  et  demi  avant 
notre  ère. 

Il  nous  reste  à  examiner  le  point  le  plus  grave  de  l'argu- 
mentation de  M.  Alexandre;  il  on  résultera,  crovons-nous, 
une  preuve  décisive  contre  l'origine  supposée  chrétienne  du 
Proœmiutn. 

Le  pain  célçste.  que  mentionne  le  dernier  vers, 
±ztvvp.svoi  jXvkùv  ctpror  an'  ovpavoù  àalepôsvTot 
n'est-ce  pas  Jésus? 

Quand  on  étudie  le  langage  mystique,  plein  de  métaphores 
passionnées,  que  Philon  emploie  pour  célébrer  le  pain  de* 
âmes,  le  pain  du  ciel,  figuré  par  la  manne  et  par  cette  pierre 
d'où  sortirent  l'huile  et  le  miel,  on  arrive  à  se  persuader  que 
l'expression  qui  termine  le  Proœmium  peut  très-bien  n'être  pas 
une  allusion  à  l'eucharistie. 

Voici,  en  effet,  ce  que  Philon  écrivait,  plus  de  cent  ans 
avant  la  rédaction  du  quatrième  évangile  : 

rNous  sommes  un  composé  d'âme  et  de  corps.  Le  corps, 
fait  de  terre,  se  nourrit  d'aliments  terrestres;  l'âme,  que  Dieu 
a  formée  avec  l'éther1,   doit    user  d'aliments  divins,   étbérés, 

1    Aidépos  êvTtv  itio-n/ïniLi  Srttov  (liv.  II  <lf>s  ÂUegoriei  >lr  In  Loi .  p.  (i.|  .  édil 
<\p  Genève  | 


—  .Vi   — 

célestes.  L'Ecriture  fail  allusion  à  cola  dans  ce  passage  :  Voici 
que  je  nuis  finispleuvoir  des  pains  du  ciel  (Exod.  xvi,  /i).  Ne  vois- 
in pas  que  les  aliments  de  L'âme  oe  sont  ni  terrestres  ni  cor- 
ruptibles, el  que  ce  son!  les  paroles  que  Dieu  l'ail  tomber 
comme  une  pluie  de  l'être  sublime  ei   pur  qu'il  a  nommé  le 

ciel  l?w 

La  Bible,  racontant  les  voyages  et  le  séjour  des  Hébreux 
dans  le  désert,  dit  qu'un  matin,  quand  la  rosée  fut  tombée, 
ils  aperçurent  à  la  surface  dn  sol  quelque  chose  comme  du 
givre,  formé  de  grains  blancs  et  ronds,  pareils  à  ceux  de  la 
graine  de  coriandre.  «Comprenez-vous,  ajoute  Philon,  qui 
commente  le  livre  saint  on  cet  endroit .  comprenez-vous  quelle 
est  la  nourriture  de  l'âme?  (l'est  le  Verbe  de  Dieu,  continu 
de  sa  nature,  semblable  à  la  rosée,  embrassant  en  cercle 
toute  l'âme  et  n\  laissant  aucune  partie  privée  de  ses  bien- 
laits.  Ce  Verbe,  toutefois,  ne  paraît  point  partout,  mais  seu- 
lement dans  les  lieux  déserts,  c'est-à-dire  dans  les  Ames  vides 
île  passions  et  de  vices2...  Les  âmes  en  qui  descend  le  Verbe 
ressentenl  parfois  A*^  douceurs  mystérieuses,  indéfinissables. 
Quelle  en  esl  la  cause?  Elles  l'ignorent.  Moïse  nous  l'apprend: 
C'esl  le  pain,  l'est  la  noinriliirr  que  Dieu  a  donnée  à  L'âme 
m  produisant  sa  Parole  et  son  Verbe;  car  le  pain  qu'il  nous 
a  donné  à  manger,  c'est  cette  parole...9  Dieu  Ta  proclamé  : 

1  H  ovj^  "p^s  "Ti  où ymvots xoej  ZHrtpioïs  tpiQzvti  y  ^v%i) ,  dsX'  ois  âv  o  Beos 
ôpëprwy  ''f)"ts,   èx  ttjs  pzitpa'toM  xi\  xaOïpàs  Ç'Jvswf ,  <ir  oùpetvàv  xéx/vxev. 

\  Lit.  Il  des  lllégorie$,  etc.) 

1  Rapprochez  ce  passage  de  celui  où  Hénocli  <  i  1  f  que  le  Mystérieux  est  la  source 
de  sagesse  où  viennent  B'abreuver  seulement  les  Ames  auxquelles  Dieu  ;i  résolu  de 
dévoiler  ia  Becrets.  \  <>iri  le  texte  de  Philon  : 

()ryT<  rift  -'-l'/vi  tpo<piiv  oh  écrit}  \.àyot  Seov  owe^iie,  êotxùi  ipôetp,  xùxAy 
•ariToei'  Tzepici'/nÇrs  ,  xti  (tvàèv  \iipos  àpiè-to-^ov  aînov  èùv  "  <p*iv£T<xi  êè  où  zshvtix- 
/•■■j  '■  \'.j'.(  oSrof,  iXX'  ;V  îpiiuov  TsiO'ln'  x*l  tuutt&p.  |  //"</.) 

Ovrdf  itniv  à  iprot,  >î  tpotpii  i\v  êïwxcv  o  Beos  t>7  ^XV  <  i^ponevé')  xirrOvi 
tvroO  biifia  mi  tôt  'i-j-.'i-j  \6yov  Odrot  j  tp  b»Aarot   6v  SéSuxev  fifiïv  <f>a- 
)cïv,  t-'jti  t"  pfffta   <  fbid 


l'homme  lait  a  lima;;»'  ne  vit  pas  seulement  de  pain,  mais 
«le  toute  parole  sortie  de  la  bouche  de  Dieu.» 

Tout  commentaire  affaiblirait  la  clarté  de  ces  textes  qui 
nous  montrent  dans  le  pain  céleste,  réservé  sur  terre  aux 
âmes  éprises  de  Dieu,  promis  après  cette  vae  aux  élus  connue 
la  plus  précieuse  récompense  et  la  plus  ineffable  des  voluptés, 
le  Verbe  de  Dieu.  Le  vers  sibyllin,  qui  fait  allusion  au  pain 
céleste  des  saints  du  paradis,  a  donc  pu  être  écrit  par  un 
juif  alexandrin ,  sinon  antérieur  à  Philon,  du  moins  contem- 
porain d>  v(>  philosophe;  ce  vers  ne  constitue  pas  la  preuve  du 
.christianisme  du  sibvlliste. 

En  résumé,  si  l'on  ne  peut  avec  certitude  fixer  la  date  à 
laquelle  se  rapportent  les  fragments  divers  du  Proœmium,  on 
peut  du  moins  soutenir  qu'ils  ne  contiennent  aucun  indice 
de  nature  à  abaisser  cette  date  en  deçà  de  l'ère  chrétienne. 

Si  les  considérations  que  je  viens  de  développer  sont  fon- 
dées, dit  en  terminant  M.  Ferdinand  Delaunay,  il  y  aurait 
lieu  d'attribuer  quelque  valeur  aux  propositions  suivantes  : 

i°  Le  texte  de  notre  collection  des  oracles  sibyllins  ne  re- 
produit pas  la  l'orme  authentique  des  oracles  sortis  du  groupe 
judéo-alexandrin.  Ces  oracles  étaient  courts,  conformes,  pour 
la  langue,  le  style,  les  proportions,  aux  antiques  prophéties 
qui  circulaient  depuis  le  vin'  siècle  sous  le  nom  de  la  sib\lle 
d'Erythrée,  et  qui  étaient,  en  réalité,  d'ares  divers  et  de  pro- 
venances  diverses. 

a0  Notre  collection  contient,  notamment  dans  le  IIIe  livre 
et  dans  le  Proœmium,  des  fragments  considérables  des  oracles 
judéo-alexandrins. 

3°  Il  y  aurait  un  travail  de  révision  à  opérer  sur  les  par- 
tics  réputées  les  plus  anciennes  de  la  collection.  Il  consisterait 
à  isoler  les  fragments  juxtaposés  par  les  compilateurs  du 
vc  siècle,  à  les  répartir  en  deux  catégories,  la  première  anté- 
rieure, la  seconde  postérieure  à  l'ère  chrétienne.  On  réussi- 


—  50  — 

Fait  peut-être  ainsi  à  extraire  des  livres  supposés  chrétiens  des 
oracles  d'origine  hébraïque.  On  comprend  dès  lors  l'impor- 
tance «le  cette  recherche  pour  l'histoire  du  mouvement  judéo- 
alexandrin.  L'entreprise  est  ardue;  mais  les  résultats  entrevus 
sont  de  nature  à  payer  largement  les  efforts  tentés  dans  cette 
direction. 

Ferdinand  Delainay. 

N°  VI. 

APOLLON.  DANS  LA  DOCTRINE  DES  MYSTÈRES. 

Le  point  de  départ  de  ce  mémoire  est  l'étude  d'un  très- 
beau  vase  du  musée  de  Naples1,  représentant  un  personnage 
imberbe,  à  chevelure  abondante,  tenant  une  Ivre  et  couronné 
de  laurier,  devant  lequel  se  tient  une  femme  armée  d'une 
lance,  mais  dont  le  costume  et  l'attitude  n'ont  d'ailleurs  rien 
de  guerrier*  et  qui  est  accompagnée  par  Mercure. 

Cette  peinture  a  été  étudiée  avec  grand  soin  par  divers 
maîtres  de  la  science  archéologique,  mais  sans  qu'aucune 
interprétation  ait  pu  être  défi  nitivemenl  adoptée:  l'auteur  fait 
surtout  remarquer  les  variations  et  les  incertitudes  de 
Gerhard.  Il  pré-sente  à  son  tour  une  interprétation  nouvelle: 
il  voit,  dans  cette  représentation,  Apollon  considéré  comme 
dieu  d<'s  mystères  et  accueillant  aux  enfers  l'âme  d'une  Initiée, 
que  lui  amène  le  dieu  psychopompe.  La  nouveauté  de  ce 
point  de  vue  l'oblige  à  en  développer  les  preuves  par  l'étude 
dç  tout  un  ensemble  fie  monuments. 

M.  Robiou  examine  en  conséquence  un  certain  nombre  de 
monuments  réramographiques  offranl  une  analogie  plus  ou 
moins  marquée  avec  le  vase  qu'il  a  d'abord  décrit;  il  insiste 

1  L'autour  h  Baisi  cette  occasion  pour  protester  conio  l'erreur  qui  lui  attribue 
!p  premier  volume  <\p  la  publication  intitulée    ChêfHPwtmrt  de  l'art  antique  II  a 
.  'ment  '■nmpf'S'   '•"  Itttt  Hn  flouxiome  *>t  Hn  troisième  volume. 


—  57  — 

mit  la  corrélation  intime  établie  par  ces  peintures  entre  les 
divinités  de  la  lumière  et  le   cycle  de  Bacchus-Pluton.  La 

doctrine  qui  résulte  de  leur  rapprochement,  c'est,  d'une 
part,  que  le  dieu  de  Y  harmonie  est  le  juge  des  initiés,  qui 
ont  aspiré  à  l'établir  dans  leur  àme,  de  l'autre  que  l'arme 
placée  (Mitre  leurs  mains  a  une  signification  mystique,  celle  du 
combat  de  la  vie.  La  même  conséquence  résulte  de  la  repré- 
sentation où  Apollon  préside,  avec  Minerve  et  Bacchus,  à  l'a- 
pothéose d'Hercule,  vainqueur  de  tant  d'épreuves  et  que  des 
monuments  variés  permettent  de  reconnaître  comme  le  type 
de  l'initié.  Ce  paragraphe  se  termine  par  un  essai  d'interpré- 
tation d'un  vase  découvert  en  Crète,  il  y  a  quelques  années, 
et  que  l'auteur  du  mémoire  propose  de  compter  parmi  les 
représentations  mystiques. 

Il  s'arrête  ensuite,  avec  détails,  sur  les  représentations  de 
l'attribut  de  la  lance  ou  javeline,  figurant  sur  des  vases  entre 
les  mains  d'un  grand  nombre  de  personnages ,  sans  qu'il  y 
ait  apparence  de  scènes  guerrières.  Il  s'attache  à  prouver  que 
cet  attribut,  appartenant  même  à  des  femmes  et  à  un  enfant 
et  compris  dans  des  représentations  incontestablement  funé- 
raires, ne  peut  avoir  qu'une  signification  mvslique,  telle  qu'il 
l'a  signalée  au  sujel  de  peintures  déjà  décrites  par  lui,  et  par- 
ticulièrement du  vase  de  Naples.  Une  partie  des  monuments 
examinés  dans  ce  paragraphe  sont  des  vases  'inédits  du  musée 
du  Louvre.  L'auteur  a  soin  aussi  de  faire  remarquer  l'analogie 
qui  existe,  dans  ces  représentations,  entre  l'emploi  des  armes, 
offensives  ou  défensives,  et  celui  des  instruments  de  palestre. 

M.  Robiou  a  ensuite  étudié  des  monuments  céramogra- 
phiques  variés,  desquels  résulte  le  fait  général  du  rapproche- 
ment établi  entre  Apollon  et  le  Bacchus  infernal,  soit  qu'A- 
pollon ligure,  avec  d'autres  divinités  célestes,  dans  un  tableau 
dont  le  centre  est  occupé  par  le  dieu  des  enfers,  soit  que  les  sui- 
vants ordinaires  de  Racrhus  soient  devenus  le  cortège  d'Apollon, 


—  ;>8  — 

.soil  enfin  que  les  deux  divinités  paraissent  identifiées  par  l'at>- 
tributioo  Faite  au  souverain  de  l'Hadès,  dans  une  composition 
sûrement  ni\  ^lî«[ii«ï ,  de  La  chevelure  d'Apollon  el  dosa  couronne 

de  laurier.  Il  insiste  sur  la  représentation  du  (lambeau,  (jui, 
aux  mains  de  la  compagne  du  dieu,  comme  ailleurs  aux  mains 
de  Bacchus  lui-même  et  dans  les  rites  de  son  culte  mystérieux 
à  Delphes,  exprime  manifestement  l'idée  de  la  renaissance, 
c'est-à-dire  de  l'entrée  dans  la  vie  future  promise  aux  initiés. 
Des  scènes  monumentales  ont  d'ailleurs  représenté,  en  divers 
lieux  de  l'ancienne  Grèce,  celte  association  intime  de  Bacclius 
et  d'Apollon. 

L'auteur  étudie  ensuite,  en  quelques  pages,  des  travaux 
publiés  dans  YArchaeologische  Zeitung  par  MM.  Gerhard  et 
VVeniger,  sur  les  rapports  établis  par  l'archéologie  entre  Bacr 
ilius  et  Apollon.  La  conclusion  est  que  ces  rapports  sont  très- 
inlinies.  niais  constamment  établis  dans  le  sens  de  l'anoblis- 
sement de  Bacchus  el  de  son  tinsse,  el  que,  par  conséquent, 
ils  se  réfèrent  à  un  Bacchus  grave  el  mystérieux,  celui  qui  lui 

Confondu  avec    le  dieu   des  enfers. 

Enfin  les  dernières  pages  du  mémoire  onl  pour  objet  le 
rôle  moral  d '  \polhm  sur  la  terre,  comme  dieu  de  la  lus- 
tration;  L'auteur  l'étudié,  <i  la  suite  de  M.  Bœtticher  ef  de 
M.  Millin.  dans  divers  monuments  figurés  de  l'Orestéide ,  el  \\ 
conclut  que  L'action  de  ce  dieu  dans  le  séjour  futur  des  inities 
n'est  que  l'extension  logique  de  celui  que  la  tradition  com- 
mune lui  attribuai)  chez  les  Grecs. 

ItOlilOl  . 

Y  VII. 

m»TI    si  h    i\    PASSAGE   M     3CHOLIASTE   DE   PLATON    COlfCBRUAflT 
il  g   l  <»P.  I  IFICATIONS    D'ATHEffl 

Dan«  le  Rapport  que  |  ;i\;us  l'honneur  de  lire  è  I  L(  adémic . 


—  59  — 

en  :s7».  au  nom  Je  la  Commission  de  l'Ecole  français* 
d'Athènes,  j'avais  eu  l'occasion  de  signaler  (pages  1^  et  i3) 
an  texte  du  scholiaste  de  Platon  sur  le  Gorgias,  texte  fort  in- 
téressant pour  l'histoire  des  fortifications  antiques  d'Athènes, 
mais  •  ] 1 1 1  présente  deux  m  ils  visiblement  altérés.  Je  me  bor- 
nais alors  a  constater  cette  altération.  Lu  rapport  comme 
celai  dont  j'étais  chargé  doit,  avant  tout,  rendre  compte  des 
jugements  de  la  Commission  compétente.  C'est  un  travail  ijui 
doit    rester   impersonnel.  Néanmoins,  comme   le  rapporteur 

trouve  induit  par  son  devoir  même  à  examiner  de  plus 
près  que  personne  les  mémoires  soumis  à  la  Commission, 
vn  étudiant  avec  attention  quelques-uns  des  témoignages 
relatifs  aux  longs  murs  et  surtout  à  ce  «mur  du  milieu  »  (to 
Sià  fxéaov  7s7%os),*)C  cédai  à  la  tentation  bien  naturelle  d'es- 
sayer une  correction  sur  le  passage  du  scholiaste  de  Platon 
qui  a  toujours  paru  d'une  grande  importance  pour  la  solution 
du  problème  concernant  ce  mur  (ht  milieu.  Mais  je  dus  m'abs- 
tenir  d'insérer  dans  le  Rapport  ma  conjecture  sur  ce  sujet. 
Aujourd'hui,  l'Académie  pourra  me  permettre  d'y  revenir  et 
de  lui  proposer  mes  doutes  sur  la  leçon  des  mots  controversés. 
Parlant,  cette  l'ois,  en  mon  propre  nom.  je  le  ferai  avec  moins 
de  confiance,  mais  ;uis>i  avec  une  liberté  que  ne  me  laissaient 
|>;is  mes  fonctions  de  rapporteur.  Le  texte  en  question  se  lit 
^'iis  aucun  changement  dans  toutes  les  éditions  que  je  con- 
nais des  scholies  sur  Platon,  depuis  L'édition princeps de  Huhn- 
Icenius  jusqu'à  celle  qui  vient  de  paraître  dans  le  dernier 
roiame  du  Platon  de  la  Bibliothèque  grecque-latine  de 
M.  Firmin-Didol.  Un  exemplaire  que  je  possède  de  l'édition 
de  Hulmkenius  avec  des  notes  et  des  leçons  de  manuscrits, 
de  la  main  de  M.  Boissonade,  ne  porte  aucune  variante  sur 
le-  lignes  dont  nous  avons  à  nous  occuper  et  dont  voici  la 
traduction  littérale  : 

«Par  mur  du  milieu  l'auteur  désigne  celui  qui  existe  encore 


—  60  — 

en  Grèce  (êv  ÈXkdSt).  Car  Périclès  a  fait  aussi  à  Munychie  le 
mur  du  milieu .  qui  d'un  côté  (c'est-à-dire  au  nord)  se  prolonge 
vers  le  Pirée,  et  de  l'autre  (c'est-à-dire  au  midi)  se  prolonge 
sur  Phalère,  afin  que.  si  l'un  des  (lcn\  était  renversé,  l'autre 
servît  longtemps.»  (le  mur  étail  évidemment  transversal  aux 
fourra  murs  <|ui  reliaient  Athènes  à  la  mer.  puisque,  partant  de 
Munychie,  il  rattachait,  dans  sa  direction  du  nord  au  sud, 
le  Pirée  à  Phalère;  mais,  de  plus,  il  doublait  probablement 
une  fortification  antérieure  établie  dans  la  même  direction 
(ce  serait  la  vieille  enceinte  de  Munychie  dont  parle Strabon ) , 
puisque,  suivant  l'expression  formelle  de  l'écrivain,  quel  qu'il 
soit,  auquel  la  scholie  sur  le  Gorgias  paraît  empruntée,  il 
devait  former  une  seconde  ligne  de  défense,  dans  le  cas  où 
une  première  Ifgne  serait  renversée.  De  toute  manière,  les 
lieux  que  traversait  ce  mur  ne  peuvent  avoir  été  désignés, 
dans  le  texte  original,  aussi  vaguement  que  par  les  deux  mots 
êv.  ÈX/âSi.  On  attend"  ici  une  désignation  topographique  et.  non 
pas  une  désignation  géographique.  Le  texte  est  donc  certaine* 
ment  corrompu. 

Cela  posé-,  en  recourant  aux  comparaisons,  souvenl  si  pré- 
cieuses  pour  la  critique,  entre  1rs  formes  successives  de  l'écri- 
ture grecque,  on  peut  d'abord .  dans  les  caractères  6N6AAAAI , 
voir  une  altération  de  6NOMAA6I,  êv  ôpaXef,  qui  serait  lui- 
même  pour  êv  ôuctAîj  (sous-eiilemlu  yîj).  Mais  je  ne  trouve 
aucun  autre  exemple  de  cette  locution  elliptique;  d'antre  part, 
en  Bongeanl  à  la  confusion  assez  fréquente  de  l'a  et  de  l'w1, 
on  est  ((induit  à  corriger  plus  simplement  êv  êXoiSet,  qui  sera 
devenu  êv  élvSt  par  un  effet  d'itacisme  dans  la  dernière  syl- 
labe. Ev  éluSeï,  analogue  à  êv  xaBap$  que  nous  offre  déjà  la 
langue  homérique,  signifiera  -dans  une  partie»  ou  «dans  la 
partie  marécageuse n  du  sol  entre  le  Pirée  et  Phalère,  ce  qui 

1    Voir,  sur  tes  deui  causes  d<   celle  altération,  tes  interprètes  de  Grégoire  de 
Corinthé,  p   1 83,  816,  33o,  -\<<    7A8,  7A9,  éd.  Schefei 


—  (il  — 

s'accorde  très-bien  avec  plusieurs  témoignages  de  L'antiquité 
sur  l'état  de  ces  lieux.  En  effet,  la  partit»  la  |>lu>  septentrio- 
nale du  Pirée  s'appelait àkai et  formait  comme  un  marais  salin. 
(.l'est  ce  qu'attestent  Xénophon  [Helléniques,  11.  'i .  §  3/i)  et 
Etienne  de  Byzance.  L'idée  de  «plaine  saline-  se  retrouve  sous 
le  nom  à'AXimSov  que  portait  toute  la  plage  de  la  baie  de 
Phalère,  et  qu'un  texte  de  Xénophon  (Helléniques,  II,  /j,  §  3o) 
étend  jusqu'à  la  plaine  voisine  du  Pirée.  Plutarque,  au  cha- 
pitre Mil  de  la  Vie  de  Cimon,  atteste  que  les  «longs  murs* 
traversaient  une  plaine  marécageuse  et  humide  (ro-novs  èXcôSeiç 
xcti  Sia€p6x,ovs) ,  ce  qui  nécessita  beaucoup  d'efforts  pour  en 
assurer  les  fondations  (yjxkixi  zsoXkp  «a<  Ai'Oots  finpéai  tôv  èXàv 
tniecrOéincav).  Cette  plaine  était  d'ailleurs  traversée  par  le  Cé- 
phise,  ruisseau  plutôt  que  fleuve,  mais  ruisseau  mal  encaissé 
et  sujet  à  des  débordements  qui  entretenaient  l'humidité  dans 
cette  plaine  (Strabon,  IV  i,§  a&). 

J'ai  cru  devoir  soumettre  ces  observations  à  des  voyageurs 
dont  l'un,  entre  autres,  avait  observé  récemment  les  lieux; 
elles  ont  paru  confirmées  par  leurs  souvenirs.  C'est  ce  qui 
m'engage  à  les  publier,  sans  méconnaître  ce  qu'elles  ont  de 
conjectural,  et  sans  oublier  que  les  meilleures  conjectures 
\ aient  rarement  la  leçon  authentique  d'un  bon  manuscrit. 

Eggeb. 
Y  VIII. 

I.A    PIERRE  SACRKF.  D'ANTIPOLIS. 

M.  Léon  Heuze\  communique- à  l'Académie  des  observa- 
tions nouvelles  sur  une  inscription  grecque,  découverte  au- 
près d'Àntibes,  en  186b,  par  M.  le  docteur  Mougins  de  Ro- 
quefort. Ce  monument  a  déjà  été  publié,  notamment  dans 
les  Comptes  rendus  du    Congrès  scientifique  de  Nice  et  dans  la 


—  62  — 

Bévue  archéologique1.  Le  type  de  l'écriture,  qui  renferme  quel- 
ques Formes  archaïques  de  l'ancien  alphabet  ionien,  peut  re- 
monter au  \p  siècle  avant  nuire  ère.  On  a  donc  là  un  des 
vestiges  les  pins  anciens  et  les  plus  curieux  qui  se  soienl 
encore  retrouvés  des  colonies  helléniques  établies  sur  la  côté 
méridionale  de  la  Gaule.  Ge  sont  deux  vers  hexamètres  <pii 
peuvent  se  lire  et  se  traduire  connue  il  suit  : 

TEPTTiTf  'El/  UoEA^oEPATTjnLl  ' 
XEi  w  'I  I  :/\*PoA!V!!:: 
ToI^AEKATa^TH  EIASIKYTTI  [Z 
XAPI^AI  iTAÏÏoAofH 

Tépuoov  eifiï  3-eàs  Q-epâiraw  crep.vfjs  A^poSrn/» , 
Tofs  Se  HXTiLa1-)')(T'X(ji  Kv7rp<5  X*P'r  àvra-Koholi]. 

.IrMiis  Terpon,  serviteur  do  l'auguste  déesse  Vplinulile. 

Que  Cyjpris  récompense  de  s;i  Faveur  roux  qui  m'onl  placé  ici. 

Mais  cette  traduction  a  besoin  elle-même  d'être  expliquée, 
et  elle  se  prête  à  des  interprétations  différentes,  itinsi  I  on 
s'est  cru  généralement  Forcé  d'admettre  que  l'inscription  Fai- 
sait partie  d'un  piédestal  et  supposait  l'existence  d'un  autre 
monument,  buste  ou  statue,  représentant  un  prêtre  d'Aphro- 
dite ou  quelque  Fervenl  sectateur  de  son  culte,  du  nom  de 
Terpon.  Mais,  d'après  l'examen  que  M.  Ileuzev.  dans  un  récent 
voyage,  a  Fait  de  la  pierre  d'Antibes,  cette  hypothèse  oe  sau- 
rait se  concilier  avec  la  nature  et  la  forme  du  monument,  el 
d  e>t  nécessaire  de  chercher  une  autre  explication.  . 

Le  monumenl  d'Antibes  n'esl  ni  une  plaque,  ni  une  partie 
de  piédestal1;  il  ne  porte  aucune  trace  de  scellement  oi  d  en- 
castrement. C'est  une  pierre  naturelle,  un  galet  roulé  de  grande 

I    ngrèi  scientifique  <lr  Frottée,  sesrioa   tenue  à   Nice  en   1866  (séance  du 
décembn  Rrviu    archéologique,   nouvelle     série,    vol.    W,    [>.    36o 

mai 


—  63  — 
dimension  (65  centimètres  mu  91  dans  s.i  plus  grande  lar- 
geur), en  serpentine  ou  en  diorite  d'un  vert  foncé,  tiranl  sur 
le  noir,  et  tout  prouve  qu'il  avail  déjà  cette  forme,  lorsque 
l'inscription  \  ;i  été  gravée.  M.  Heuzey  appuie  ce  qu'il  avance 
en  présentant  des  coupes  géométriques  et  un  moulage  «le  la 
pierre,  qui  lui  ont  été  envoyés  par  M.  Gazai),  colonel  d'artil- 
lerie en  retraite  à   lutines. 

La  pierre  d'Àntibes  est  donc  un  monument  isolé,  qui  doit 
s'expliquer  par  lui-même  et  qui  a  été  justement  choisi  par  les 
anciens,  à  cause  de  la  forme  que  la  nature  lui  avait  donnée. 
H  es|  difficile,  dans  ces  conditions,  de  ne  pas  y  reconnaître 
une  de  ces  pierres  sacrées,  auxquelles  le  paganisme  primitif 
prêtail  «les  vertus  surnaturelles,  et  dans  lesquelles  il  croyait 
même  souvent  voir  des  images  des  dieux.  Sans  s'étendre  ici 
sur  les  anciens  hHifles  ou  pierres  sacrées  do  l'Orient,  on  sait 
qio-  les  traces  de  ce  fétichisme  se  retrouvaient  dans  les  cultes 
primitifs  de  L  Grèce.  Pausanias  oit  formellement  que  des 
pierres  non  travaillées,  àpyo\  ~klQoi.  furent  les  plus  anciennes 
idoles  adorées  par  les  Hellènes.  Il  eu  cite  lui-même  plusieurs 
exemples,  notamment  les  trois  pierres.  Tsè-içau.  qui  figuraient 
les  Grâces  à  Orchomènes,  et  le  caillou  sacré,  ipybs  "Xi'Ôos,  qui 
représentait  l'Amour,  dans  le  temple  de  ce  dieu  à  Thespies1. 

On  remarquera  que  les  deux  exemples  précédents  se  rap- 
portent à  des  divinités  du  cycle  d'Aphrodite.  La  pierre  d'An- 
tibes, consacrée  à  la  même  déesse  par  quelque  li;ilulant  de 
l'ancienne  ville  grecque  d'Antipolis,  n'est  donc  point  un  objet 
à  part  dans  les  usages  helléniques.  On  peut  croire  que  c'est 
aussi  une  idole  primitive,  du  même  genre  que  le  grossier  lé- 
ticlie  de  Thespies.  Malgré  ee  qu'il  y  a  d'inattendu  dans  une 
pareille  supposition.  L'inscription,  pour  peu  que  l'on  pèse 
avec  soin  tous  les  tonnes,  est  loin  d'y  contredire. 

1   Pansanins.   VII.   im,    'i  :  IX.   wwm.    i;    IX.    wvii.   i:   III.    rtli ,    i;   IX, 


—  fi'l  — 

La  pierre  se  donne  comme  représentant  un  «serviteur  d'A- 
phrodite, Sepctircov  AtypoSiTris."  Cette  expression  pourrail  sans 
doute  s'appliquer  à  un  prêtre  ou  à  quelque  adorateur  de  la 
déesse;  mais,  par  une  singulière  coïncidence,  les  mêmes 
termes,  exactement,  sont  employés  par  Platon  pour  désigner 
Erôs,  le  dieu  de  l'amour.  C'est  dans  un  passage  du  Banquet, 
où  l'auteur,  se  conformant  à  l'ancienne  tradition  hésiodique, 
dit  que  l'Amour  n'est  pas  le  fils  d'Aphrodite,  mais  qu'il  s'est 
attaché  à  elle  comme  suivant  el  comme  serviteur:  T>;s  A<2>po- 
oirris  àxoXovÔos  aai  ^rspctTioûv  yéyovsv  b  Y,pcosl. 

Un  autre  indice  qui  a  aussi  sa  gravité,  c'est  que  le  nom 
do  Terpon,  bien  qu'il  ait  l'apparence  d'un  nom  d'homme  de 
forme  assez  usuelle,  ne  se  trouve  pas  dans  le  Dictionnaire  des 
noms  propres  grecs.  Les  habitudes  de  la  langue  grecque  s'op- 
posent, d'un  autre  côté,  à  ce  que  l'on  y  voie  le  participe  pré- 
sent TÉpTiov,  ovios ,  employé'  comme  qualificatif.  Hypothèse 
pour  hypothèse,  on  peut  donc  le  prendre  pour  un  surnom 
mythologique^  pour  Tune  de  ces  appellations  locales,  par  les- 
quelles les  cités  grecques  désignaient  parfois  les  dieux  ou 
le>  génies  qu'elles  adoraient.  Il  esl  certain  que  la  nomencla- 
ture mythologique  présente  un  grand  nombre  de  noms  de 
celle  terminaison,  soi!  des  surnoms  divins,  comme  XYhov-rœv, 
Wo\uSiyyL'jjv ,  k.fr&XXeav .  X'mpiw .  KvVkotto^Iojv  ,  H£ù)v  ,  soit 
des  noms  de  génies  ou  de  divinités  secondaires  de  la  classe 
'les  Sai'ixoves .  comme  Tphù>v,  Walaî^v .  tkdûJP,  \acrtojv .  Ky- 
ScÛdoJVi  KvSvuiw .  Lïplvv .  Kva(iepîcoi> ,  Oiroittcov ,  Xdpcov,  Aap- 

pojv-,  et,  particulièrement  dans  le  cycle  d'Aphrodite,  Uvy- 
fxaiw .  Yiyoov.  Tu^wi».  De  même  Tépirvv  pourrait  très-bien 
être  un  surnom  local  du  dieu  Erôs  ou  tout  au  moins  le  nom 


1     IM.ltoil  ,    liiinijiirl  .   n,   >o3 ,    C. 

M.  Brnnel  de  Preste  m'a  rappelé  en  outre  le  béroa  Aifpw,  qui  donnait  son 

nom  a  une  nV-  ilos  l,>;rins,  rpllc  rpn  s';ippp||p  anjount'hni  Sainte-Marguerite,  en 

face  d'An tibes  (Strabon,  p.  i^F>). 


—  &5  — 

d'un  génie  du  iik'iiic  groupe  allégorique,  proche  parent 
tYHiméros  el  de  Pothos,  ,i  côté  desquels  il  représenterait 
particulièrement  le  Chartne,  le  Plaisir.  La  consécration  d'une 
image  de  ce  genre  explique  (railleurs,  beaucoup  mieux  que 
celle  d'un  simple  portrait,  le  caractère  anonyme  de  l'offrande 
el  la  reconnaissance  réclamée  de  la  déesse  par  les  donateurs. 
Il  Faut  ajouter  que  le  culte  d'Erôs  étail  populaire  chez  les 
Ioniens  de  l'Asie  M  m  cure,  dont  descendaient  les  Antipoli  tains, 
el  que  la  ville  ionienne  de  Parion  possédait  un  sanctuaire  de 
ce  dieu,  presque  aussi  célèbre  que  celui  de  Thespies» 

Quant  au  mot  xaTaal ijaam ,  d  est  malheureusement  assez 
vague.  D'après  le  sens  que  lui  prêtaient  justement  les  Grecs 
d'Asie',  il  voulait  dire  «mettre  en  place."  11  indique  seule- 
ment qUe  la  pierre  était  placée  probablement  dans  un  sahc- 
tuaire,  non  connue  idole  principale,  niais  plutôt  comme 
offrande  à  la  divinité  du  lieu.  On  dépasse  lésons  du  mot  en 
traduisant  par  «élever,»  et  surtout  en  supposant  que  la  pierre 
pourrait  être  un  emblème  phallique,  d'après  une  opinion  qui 
a  été  émise.  La  dévotion  aux  pierres  sacrées,  même  dans  le 
cuite  des  divinités  féminines,  offre  la  véritable  explication  du 
monument,  sans  qu'il  y  ait  lieu  d'entrer  dans  un  (oui  autre 
ordre  de  représentations, 

Il  est  vrai  que  les  Grecs,  au  \"  siècle,  au  milieu  du  brillant 
développement  de  louis  arts,  n'en  ('(aient  plus  réduits  à 
adorer  des  pierres  non  travaillées.  Mais  ils  n'en  conservaient 
pas  moins  à  cette  époque  le  culte  des  Fétiches  informes,  con- 
sacrés par  la  tradition,  et  la  superstition  leur  donnait  encore 
le  p;is.  comme  images  religieuses,  sur  les  chefs-d'œuvre  de 
Praxitèle  et  de  Lysippe.  Cette  longue  fidélité  aux  vieux  usages 
s'explique  surtout  chez  un  peuple  d'émigrés,  comme  les  Grecs 
du  midi  de  la  Gaule,   séparés  du  centre  de  leur  race  el   mis 

'   Galien  .  »ol.  XII,  p.  an  i,  K. 
ii. 


—  lii;  — 

en  contact,  sur  ces  mers  lointaines,  avec  les  marins  de  race 
phénicienne,  adonnés  à  des  superstitions  du  même  genre. 

La  découverte  dont  l'Honneur  revient  à  M.  le  docteur 
Mougins  de  Roquefort  n'est  donc  pas  seulemenl  d'un  grand 
intérêt  pour  nos  antiquités  nationales  :  elle  nous  a  rendu  un 
monumenl  fort  curieux  et  fort  rare  de  l'ancien  culte  des  1  ï <*l— 

Léon   Heuzey. 


APPENDICE. 

RAPPORT  Dl  SECRETAIRE  PERPÉTUEL  DE  L'ACADÉMIE  l>i:s  INSCRIPTIONS  ET  BELLES- 
LETTRES  si  g  LES  Tli.W  \l  \  DES  COMMISSIONS  DE  PI  BL1CATION  DE  CETTE  ACA- 
DÉMIE PENDANT   LE  SECOND  SEMESTRE  DE    iS-ji).  l.i    il.  3o  JANVIER   l8y'l. 

Mi  SSIBI  RS  - 

Les  travaux  de  l'Académie  ont  jusiili<'  les  espérances  que  je  unis  <w- 
primais  dans  mon  dernier  rapport.  Le  lonie  \\\  I  de  V Histoire  littéraire 
de  la  France,  le  II  du  \i\  siècle,  comprenant  la  suite  des  chansons  de 
geste  et  les  sermonnaires,  a  paru.  Il  en  est  de  même  du  tome  WNII, 
•■  partie  de  m^  Mémoires,  où  se  trouvent  les  mémoires  de  M.  Egger 
sur  les  Historiens  officiels  et  les  Panégyristes  des  princes  'fans  l'antiquité 
grecque;  de  M.  Miller  sur  une  Inscription  agonistique  de  tarisse;  de 
\l.  Huillard-Bréholles  sur  ['État  politique  de  l'Italie  depuis  la  paix  de  Cons- 
tance jusqu'au  milieu  iln  h'  siècle  (1 1 83- j  455  I;  de  M.  Léopold  Delisle 
9ur  les  Ouvrages  de  Guillaume  dt  Vangis.  Nous  avons  publié  aussi  la 
•>*  paçtte  du  tome  \  Il  des  Mémoires  présentés  par  divers  savants,  demi- 
votume  qui  complète  le  Syllabaire  assyrien  de  M.  Joachim  Menant.  Nous 
aurions  encore  publié  la  ■•'  partie  du  inmc  \  III  du  même  recueil,  si  l'é- 
loignemenl  de  notre  correspondant .  M.  Rangabé,  ancien  ministre  de  Grèce 
a  Paris,  n'avait  retardé  de  quelques  semaines  la  correction  des  épreuves 
d<- son  mémoire  sur  le  Lauriura,  qui  en  fait  partie. 

Les  autres  publications  suivent  régulièrement  leur  cours. 

Le  tome  Wlll  des  Historiens  de  France,  In  première  des  grandes  pu- 
blications académiques,  confiée  à  MM.  de  Wailiy,  Delisle  et  Jourdain, 


—   <>7    — 

H  attend  plus  que  sa  Lubie  ,  qui  s'achève  sous  la  tlircclion  de  \l.  Jourdain. 
La  composition  en  esl  terminée,  el  l'impression  commence. 

La  Table  chronologique  des  diplômes  et  fifres  imprimés  concernant  llir. 
iitirc  de  France,  dite  table  de  Bréquigny,  continuée  par  notre  confrère 
M.  Laboulaye,  a  \in;;i->i\  cahiers  tires  el  dois  à  tirer.  L'éditeur  s'oc- 
cupede  l'année  i3i3,  <|ni  ponrra  être,  livrée  à  l'imprimerie  dans  quelques 
semaines. 

M.  Delisle  poursuit,  avec  la  collaboration  do  M.  E.  de  Rozière.  que 
vous  lui  avez  adjoint,  la  préparation  des  Chartes  rt  diplômes  relatifs  à 
l'histoire  de  France,  antérieurs  à  l'avènement  de  Philippe- Auguste,  Dan6  le 
dernier  semestre,  les  pièces  .intérieures  ù  1  180,  comprises  dans  les  re- 
gislres  i>o  il  »•>.">  1I11  Trésor  des  chartes,  ont  été  dépouillées. 

Les  trois  séries  des  Historiens  des  croisades  :  occidentaux ,  grecs  el 
arabes,  continuent  leur  marche  |>;irallèle.  Le  tome  IV  des  Historiens  occi- 
dentaux a  soixante-cinq  cahiers  tirés,  deux  à  tirer,  deux  en  épreuves, 
sans  compter  un  certain  nombre  de  placards.  La  fin  du  texte  d'Albert 
d'Ail,  t>'\ie  soigneusement  collationné.  en  dernier  lieu,  sur  le  manuscrit 
d'Oxford,  par  \IM.  Ad.  Régnier  el  Thurot,  est  remise  h  l'imprimerie  et 
devra  suffire  è  1  achèvement  du  volume. 

\l.  Miller,  qui  mène  à  lui  seul,  depuis  la  mort  de  M.  Alexandre,  les 
deux  volumes  des  Historien*  grecs  s  est  près  d'achever  le  premier  volume. 
Il  n'attendait,  pour  en  compléter  la  préparation,  (pie  les  photographies 
des  feuillets  d'un  manuscrit  de  l'hocas,  photographies  que  nous  avions 
demandées  à  Home,  et  qui  nous  sont  récemment  arrivées.  Il  continue  avec 
le  même  zèle  la  publication  du  tome  II.  comprenant  les  Annotations 
sur  les  texle  publies  dans  le  premier  volume  :  trente-deux  cahiers  sont 
tires  el  les  deux  suivants  bons  à  tirer;  le  reste,  composé  ou  prêt  à  l'être. 
Toute  la  copie  est  à  la  disposition  de  l'imprimeur.  * 

Quant  aux  Historiens  arabes ,  M\|.  de  Slane  et  Defrémerv.  qui  en  ont 
publié  l'an  dernier  le  premier  volume.  travaiHenl  au  deuxième,  don! 
l'impression  est  commencée. 

La  collection  de  nos  Mémoires,  dont  un  demi-volume  vient  de  paraître, 
ainsi  que  je  l'ai  dit.  en  a  plusieurs  sous  presse  :  la  première  partie  du 
tome  \W.qni  sera  suivie  de  la  deuxième  partie  du  tome  XXVII.  tontes 
deux  consacrées  à  l'histoire  de  l' Académie, selon  l'usage  de  réservera 
cette  matière  la  moitié  d'un  volume  sur  une  livraison  de  deux:  et  la  pre- 
mière partie  du  tome  XXVIII,  qui  a  déjà  réuni  tout  son  contingent  de 
mémoires  et  compté  dix-huit  feuilles  tirées  et  sept  à  tirer.  J'ajoute  que 
la  table,  qui  doit  paraître  de  dix  en  dix  volumes,  et  qui .  pour  la  seconde 

."1 . 


_  68  — 

dizaine.  Forme  ainsi  le  (unir  \\ll.  table  dressée  par  M.  Robion,  a  été 
reçue  par  voire  Commission  des  travaux  littéraires  et  li\  rée  à  l'impression  : 
vingt-cinq  placards  oui  été  envoyés  a  l'auteur. 

Le  recueil  < l*vs  Soiices  et  extraits  des  manuscrits  de  lu  Bibliothèque  un 
lionale  et  autres  bibliothèques  a  quatre  volumes  en  cours  de  publica- 
lion  : 

i"  Dans  la  partie  orientale  (i"  partie  (deux  demi-volumes  :  le  tome  Wll 
I  i  partie)  comprenanl  une  notice  tirée  (celle  de  M.  Wœpcke,  97  feuilles  | , 
el  une  autre  entièrement  composée  à  l'imprimerie  (celle  de  M.  (îuvanh; 
et  le  tome  Wlll  (i™  partir),  qui  sera  consacré  i<>ui  entier  à  la  traduction 
faite  par  M.  Leclerc  du  Lexique  arabe  de  médecine  (l'Uni  Beithar.  Huit 
feuilles  sont  tirées  el  les  six  suivantes  à  tirer. 

Dans  la  partie  occidentale  (a'  partie),  deux  demi-volumes.:  le 
tome  WIN  i  a"  partie),  qui  compte  aussi  une  notice  tirée  (celle  do  M.  N 
«le  \Naill\  i .  une  en  épreuves,  relie  de  M.  Ilauréau .  et  une  autre  renvoyée 
à  son  auteur,  M.  Prou,  pour  une  dernière  révision;  et  le  tome  \\\ 
|  a'  partie)  consacre'  aux  commentaires  d  Alexandre  d  Apbrodisias  sur  le 
traite  d  iristote  De  sensu  et  sensièili,  par  M.  Thurol  :  huit  feuilles  sont 
tirées,  treize  autres  à  tirer;  et  la  copie  ne  manque  pas. 

J'ai  annoncé  la  publication  du  tome  W\  I  de  Y  Histoire  littéraire  ie  la 
France}  le  tome  WNII  est  remisa  l'imprimerie,  el  la  plupart  des  notices 
qui  doivent  former  le  tome  WNIII  ont  été  lues  dans  la  Commission. 

Les  Œuvres  île  Borghesi .  dont  l'Académie  a  repris  la  publication, 
commencée  aux  frais  de  l'ancienne  lisie  civile.  Boni  le  seul  ouvrage  qui 
n'ait  p.i>  avancé,  par  suite  d'un  changement  apporté  a  la  répartition  des 
matières  entre  les  deux  volumes  <pii  doivent  le  compléter.  Aux  deux  dis- 
sertations de  Borghesi  sur  les  fragments  des  Fastes  eapitoUns  découverts 
au  commencement  de  ce  siècle ,  les  éditeurs,  MM.  Léon  Renier  el  Wad- 
dington,  avaient  d'abord  eu  le  projet  de  joindre,  dans  le  IV  volume, 
le  mémoire  inédit  de  l'auteur  sur  la  Bérie  des  préfets  de  Rome  depuis 

Auguste  jusi|ir;i  l'année  où  <•< nence  l'ouvrage  de  l'anonyme  De prœjèctis 

iirbis  i  •'•">'!  de  notre  ère)i  Iprès  mûre  réflexion,  ils  se  sont  décidés  à  rem- 
place! ce  travail  par  un  autre,  également  inédit,  sur  les  consuls  suffech 
de  date  certaine.  Ce  travail  Be  trouverai!  ainsi  placé  logiquement  avant 
la  Bérie  des  notices  snr  les  consuls  tuffecù  dont  Borghesi  n'est  parvenu  à 
déterminer  la  date  que  d'une  manière  approximative,  notices  <pii  doivent 
commencer  le  tome  \:  et  le  mémoire  sur  les  préfets  de  Home,  au  lieu 
de  Hoir  le  neuvième  volume,  finirait  le  dixième  Malheureusement  la  co- 
pie qui  avait  été  faite,  il  \  a  quelques  , muées,  du  mémoire  destiné  au- 


—  69 

jouit!  lui i  ;ni  lome  1\.  ne  s'est  pas  retrouvée.  Il  eu  faul  faire  une  autre, 
el  c'esl  ce  qui  a  relardé  l'impression  du  volume  commencé. 

I  ne  publication  nouvelle  ne  tardera  pns  ;i  prendre  rang  parmi  nos 
collections  les  plus  importantes  :  je  veux  parler  de  celle  du  Corpus  in- 

xcri/ittoittiui  senuticarum  que  vous  avez  décidée  par  une  résolution  du 
17  avril  i8()-j  et  confiée  aux  soins  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Mohl,  de  Saulcy,  de  Lougpérier,  Renan,  de  Slane',  Waddington, 
de  Vogué  et  Derenbourg.  La  Commission  va  passer  de  la  période  prépa- 
ratoire à  la  rédaction  définitive  des  notices  consacrées  à  chaque  inscrip- 
tion. Ce  travail,  vu  le  temps  déjà  donné  aux  recherches  préliminaires, 
pourra,  malgré  son  étendue,  être  conduit  assez  piompteinenl  à  bonne 
lin;  et  ainsi,  dans  un  de  mes  prochains  rapports,  j'aurai  à  vous  annoncer 
que  limpression  en  a  commence'.  La  France,  qui  a,  en  quelque  sorte 
initié  l'Europe  savante  à  l'étude  des  langues  sémitiques  par  les  leçons  d'un 
illustre  maître,  de  notre  ancien  secrétaire  perpétuel  Silvestre  de  Sacy, 
était  «ligne  de  concevoir  la  pensée  cl  de  poser  la  première  pierre  du  mo- 
nument qui  \;i  leur  être  consacré. 

il.  Wallon, 
Secrétaire  perpétuel. 


—   7(1 


U\  RES  OFFERTS. 


SEANCE  ih    \i:m>iii:di  •>  iaw  ni:. 


\l.  de  l.dvi.i'iiiubu  offre,  ;m  nom  dé  M.  Oppert,  une  brochure  qui  n 
pour  litre:  La  linguistique  continuée  cl  les  éludes  ethnographiques.  C'est  un 
discours  prononce  ;i  l;i  séance  d'ouverture  de  I  Athénée  orienta),  discours 
mu  M.  (  Ipperl  s  esl  surtout  appliqué  à  prévenir  le  public  contre  les  fausses 


il\  mologies. 


m  \m;k  ni    VENDREDI    <\    i  \M  fER. 

Il  est  liiil  Jiuiiiiii;ij;c  îi  l' Académie  des  ouvrages  suivants  : 

Découvertes  archéologiques  finies  à  \  unes  et  dans  te  Gard  pendant  les 
années  186g  <i  /.S'y;,  par  M.  Eug.  Germer-Durand  (  'i  broch.  in-8*). 

/.   \rt gaulois,  par  M.  Hucher  |  a  feuilles  I. 

M.  Garcih  i>t  Tassï  ofire  en  son  nom  : 

Lu  làhgue  ei  lu  littérature  hindouslanies  en  t8j3,  revue  annuelle  qui 
sert  il»'  leçon  d'ouverture  à  son  cours,  à  l'Ecole  îles  langues  orientales 
\  ivanles. 

M.  Egger  présente,  au  nom  <l<'  l'auteur,  M.  Wéscher,  un  ouvrage  in- 
titulé : 

Atorvvim)  Bv%atvriov  XvàTiAovs  Hotnropot;.  Dionysii  Byzantii  de  Bos- 
pori  navigation  '/»"■  supersunl,   una  cum  supplément  in  géographes 
grajeos  minores aliisque ejusdem argumenti  fragmentis,  e  cpdicibus  mss. 
edidil  G.  Wescher.  Parisiis,  e  Typographeo  publico,  187a,  1  vol.  in-8 
•  h-  wwi  et  1.V1  pages. 

Ce  volume  contient  le  recueil  le  plus  complet  des  fragments  connus 
jusqu'à  ce  jour  d'un  texte  géographique  que  I'.  Gilles  avait  jadis  trouvé 
en  Orient,  va  vtï  Biècle,  donl  H  avait  fait  ri  publié  une  traduction  la- 
tine. M.  Wescher  a  retrouvé,  dans  les  papiers  <l«'  Minoïde  Minas,  plu- 
sieurs pages  'lu  texte  original;  il  les  publie  pour  la  première  luis  en  \ 
nnnl  tonl  ce  qui  en  était  déjà  connu,  >-\  plusieurs  autres  fragment* 
!ii-  de  divers  géographi  ■   Ce  \<iluiu<'  forme  donc  un  nouveau 

npplémcnt  îi  la  collection,  sans  cesse  enrichie.  'I''  ce  qu'on  appelle  les 


petits  géographes  grecs,  li  se  recommande  par  les  recherches  paléogra- 

phkraes  les  plus  minutieuses  et  par  les  soins  scrupuleux  de  l'exécution 
philologique.  L'éditeur  de  la  Poliorcéàqve  des  Crées  (Paris,  i8(>7)  b'j 
montre  avec  mi  surcroît  de  précision  dans  l'emploi  des  procédés  de  la 
critique.  L'impression  de  ce  livre  ne  l'ait  pas  moins  d'honneur  à  I  tmpri 
merie  nationale;  peu  d'ouvrages  offraient  pins  de  difficultés  pour  le  bon 
arrangement  du  texte  et  des  notes,  pour  le  parallélisme  du  grec  et  du 
latin.  Toutes  ces  difficultés  sont  ici  heureusement  vaincues,  et  le  volume 
•  If  M.  Wescher  se  trouve  ainsi  digne  d'être  offerl  en  modèle  à  l'émulation 
des  typographes  comme  il  l'est  à  l'émulation  des  philologues. 

M.  Alfred  Mmky  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Antonio 
Zannoni,  un  rapport  intitulé  :  Sugli  scavi  délia  Certosa  (Bologne,  1871. 
iii-V). 

Dans  ce  travail,  l'auteur  fait  connaître  les  nombreuses  et  intéressantes 
antiquités  <[ui  ont  été  découvertes  près  de  Bologne,  au  lieu  dit  lu  Cer- 
tosa. Ce  sont  des  vestiges  qui  remontent,  pour  le  plus  grand  nombre,  à 
l'ancienne  époque  étrusque  et  doivent  être  conséquemment  rapportés  à 
FeUùna,  vil!*1  étrusque  dont  la  Bolorda  latine  occupait  l'emplacement.  C<  - 
antiquités  viennent  se  placer  à  côté  de  celles  qu'on  a  trouvées  à  Monte- 
eglio.  à  Bagnarola,  à  \  illanova,  à  Marzabotto.  Quatre  groupes  de  sépul- 
tures "ut  été  mis  au  jour  à  la  Certosa,  représentant  un  ensemble  de 
365  sépultures;  dans  les  unes,  les  restes  du  mort  ont  été  déposés  après 
avoir  été  brûlés:  dans  les  autres,  ils  ont  été  simplement  inhumés;  chacun 
des  quatre  groupes  fournit  des  exemples  de  sépultures  de  l'un  et  de 
l'autre  rite.  Les  dépouilles  incinérées  des  morts  sont  placées  soit  dan-  d"- 
vases  en  terre  grossière  ou  dans  des  vases  d  argile  décorés  de  figures. 
soit  dans  des  cistes;  les  restes  de  l'un  de  ces  morts  étaient  déposés  dans 
un  vase  eu  marbre,  l'autre  dans  une  situla  ou  seau  de  bronze.  Ailleurs 
les  cendres  ont  été  simplement  déposées  dans  une  fosse  ou  sous  un  tumu- 
lus.  Le  nombre  de  cistes  de  bronze  ainsi  découverts  s'élève  à  i4.  Le 
plus  grand  des  vase-  orné- de  figures  a  38  centimètres  de  haut.  La  situla 
a  la  forme  d'un  cône  tronqué:  elle  a  3-2  centimètres  «le  liant  et  présente 
quatre  zones  ou  registres  de  bas-reliefs.  M.  Zannoni  en  donne  la  des- 
cription. Ils  représentenl  notamment  une  pompe  militaire,  un  sacrifice 
et  une  cérémonie  religieuse. 

La  plupart  de  ces  urnes  ou  vase-  funéraires  contenant  les  cendres  du 
mort  n'étaient  pas  déposés  dans  on  caveau,  connue  cela  s'observe  pour 
la  plus  grande  partie  des  sépulture-  de  i  'Êtrurie;  ils  étaient  déposes  sur  la 
terre  nue.  dan-  nue  simple  fosse.  Tel  est  leca-  notamment  pour  la  situla, 


\ 


/ 1 


(|iii  était  enfoncée  dans  la  terre,  recouverte  seulement  d'une  légère  enve- 
loppe creuse  de  maçonnerie.  Certains  cistes,  certains  vases  étaient  recou- 
verts d'un  liuimliis.  Avec  les  cendres  (1rs  morts  on  a  çô  et  là  recueilli 
des  fibules,  des  anneaux,  «les  colliers,  des  miroirs  et  jusqu'à  des  mor* 
ceaux  d'étoffe  ou  de  toile  enveloppant  les  os  calcinés. 

Les  sépultures  dans  lesquelles  l'inhumation  a  été  pratiquée  offrent . 
comme  celles  qui  ont  été  pratiquées  après  la  crémation,  trois  catégories 
distinctes  : 

i"  Le  squelette  a  ètè  simplement  déposé  dans  une  fosse,  avec  quelques 
vases  ilo  terre  placés  pics  de  lui,  parfois  avec  quelques  autres  objets, 
g  Le  squelette  est  entouré  d'un  grand  nombre  de  vases  unis  ou  peints, 
d'objets  en  bronze  et  autres;  la  lusse  est  recouverte  d'un  lit  de  moellons; 
le  corps  est  le  plus  ordinairement  enfermé  dans  un  cercueil  de  l»ois  rec- 
tangulaire. La  paroi  de  dois  de  ces  lusses  était  recouverte  d'une  cons- 
truction  en  pierres  sèches.  3°  Le  squelette  est  toujours  contenu  dans  un 
cercueil  de  l»<)is  rectangulaire  où  se  sont  également  trouves  grand  nombre 
de  vases  peints,  de  bronzes,  de  vases  à  parfums,  en  verre éraaillé ,  des 
des  el  divers  autres  objets.  Plusieurs  lits  de  grosses  pierres  s'étendent  au- 
dessus  de  ce  cercueil. 

Pans  les  tombes  de  ces  trois  classes,  on  a  déterré  presque  constam- 
ment près  de  la  dépouille  du  mort  un  grand  vase  à  contenir  du  liquide 
I  amphore,  cratère,  célébé),  un  plus  petit,  an  vase  à  verser  (œnochoé), 

Plusieurs  des  sépultures  de  la  Certosa  présentent  le  caractère  dune 
haute  antiquité.  M.  Zannoni  essaye  d'assigner  la  date  relative  des  divers 
groupes;  il  Be  livre  ,:i  ce  Bujel .  sur  les  développements  de  I  art  el  de  la  ci- 
vilisation étrusques,  à  des  considérations  fort  intéressantes.  \  la  vBriéli 
infinie  de  ces  sépultures,  !<■  Bavant  italien  reconnaît  dans  la  nécropole  de 
la  Certosa  le  cimetière  de  toute  la  population  de  l'antique  Felsina,  durant 
des  siècles.  M.  Zannoni  admet  que  les  sépultures  où  l'inhumation  a  été 
pratiquée  doivent  appartenir,  en  général,  à  une  période  plus  ancienne 

i  pie  celle  nll  loll  II  a   dèpi  >»è  <pie  les  celui  l'es  1 1  II  1 1  nul .   [1  adopte,  d  a  près   la 

limplicité  plus  ou  moins  grande  de  la  tombe,  la  nature  des  objets  qui  s'y 
sont  trouvés  enfouis,  une  classification  sur  la  valeur  de  laquelle  on  ne 
saurait  encore  se  prononcer  définitivement,  mais  qui  aide  au  moins  à 
étudier  i  es  précieux  vestiges. 

Les  fouilles  de  la  Qertose  -ont  certainement  de  celles  qui  peuvent  jeter 
le  plus  de  jour  sur  les  antiquités  de  l'Italie  moyenne  et  l'histoire  de  I  art 
étrusque. 

\l.  i>r  l.oM.nr.u  i;  offre,  au  nom  de  M.  d'Hervé)  de  Saint-Denis»  deux 


—  i:\  — 

traductions  «lu  San-tseu-king  el  de  son  commentaire,  i  Réponse  à  un  ar- 
ticle de  le  Revue  critique,  du  8  novembre  1873,  broch.  in-8°.) 

SÉANCE  Dl    VENDREDI    l(3   JANVIER. 

\1.  Mm  bi  présente,  au  nom  de  M.  Vivien  de  Saint-Martin,  un  ou- 
vrage intitulé  :  Histoire  ie  la  géographie  et  des  découvertes  géographiques 

depuis  1rs  temps  les  ///(/.s-  reculés  jusqu'à  nos  jours  (1  vol.  gr.  in-8"  et 
allas  gr.  in-f  ).  Ce  n'esl  pas  seulement  le  tableau  résumé  de  toutes  les 
découvertes  géographiques  faites  depuis  les  temps  les  plus  anciens  jus- 
qu'à nos  jours,  c'est  encore  un  examen  systématique  des  diverses  ques- 
tions soulevées  par  les  progrès  successifs  de  la  géographie,  examen  IV» i I 
avec  autant  de  critique  que  d'érudition.  Ce  livre,  du  à  un  de  nos  plus 
savants  géographes  que  l'Académie  a  souvent  couronné,  est  accom- 
pagné d'un  allas  exécuté  avec  le  plus  grand  soin  et  reproduisant  les 
cartes  les  plus  célèbres  entre  celles  qui  marquent  le  mieux  les  phases 
successives  de  la  connaissance  de  notre  globe. 

Sont  en  outre  oll'erts  à  I  Académie  : 

Mémoire  sur  les  ouvrages  de  Guillaume  de  Sangis,  par  M.  L.  Delisle. 
(Tirage  a  pari  du  tome  \\\  11,  a'  partie,  des  Mémoires  de  l'Académie.) 

Couronne  poétique  de  lu  Lorraine ,  recueil  des  morceaux  écrits  envers 
sur  des  sujets  lorrains,  par  M.  G.  de  Dumast.  correspondant  de  l'Aca- 
démie (  1  vol.  in*8°). 

Les  premières  civilisations ,  études  d'histoire  et  d'archéologie  (Archéo- 
logie préhistorique;  Egypte,  Chaldée  et  Assyrie,  Phénicie),  par  M.  Fran- 
çois Lenormant  (  a  vol.  in-8°). 

Recueil  d'anciens  (cites  bas-latins,  provençaux  et  français ,  accompagnés 
de  deux  glossaires,  par  M.  Paul  Meyer.  1  t     partie.  Las-latin,  provençal.) 

La  littérature  allciuande  au  moyen  âge  el  les  origines  de  l'épopée  germa- 
nique.—  Gœthc  et  Schiller;  la  littérature  allemande  à  Ueimar  ;  la  jeunesse 
de  Schiller;  la  vieillesse  de  Gœthe.  —  Gœthc,  ses  précurseurs  et  ses  contem- 
porains, Klopsloch,  Lcssing,  llerder,  Wieland,  Larater  ;  la  jeunesse  de 
Gœthe.  —  Tristan  et  I seuil,  poème  de  Godfril  de  Strasbourg,  comparé  à 
d'autres  poèmes  sur  le  même  sujet.  —  De  Rodolpho  Agricola  Frisio  littera- 
1  uni  in  Gerinania  restitutore  (5  vol.  ou  broch.  in-8  1.  par  M.  Bossert. 

SÉANCE   Dl    VENDREDI   s3   JANVIER. 

M.  Igounel  a  offerl  à  I  académie  trois  exemplaires  d'une  Histoire  ad 


—  là  — 

ministratioe  des  communes  du  midi  de  lu  France  (  i1  série,  Samle-Kov-de- 
l'eyrolières ,  depuis  i6i5  jusqu'à  Tan  \n  de  la  République)»;  commence- 
ment d'un  Lravail  qu'il  destine  aux  concours  de  l'Académie. 

Ksi  aussi  adressé  le  torae  \  Il  du  Corpus  inscriptionum  latinarutn  de 
Berlin. 

M.  le  comte  Hiant.  dont  l'Académie  connaît  les  lra\aux  sur  les  histo- 
riens des  croisades,  offre  à  l'Académie  la  relation  de  mettre  Thudée 
de  Naples  sur  la  Ruine  d'Acre  et  de  la  Terre  sainte  en  t-xji  (Magistri 
Thadei  Neapôlitani  liystoria  de  desolacione  et  cooeulcacione  civitalis 
Uconensis  cl  toedus  Terre  sanote,  in  à.  D.  m.gc.xci.),  relation  qu'il  a  pu- 
bliée  pour  la  première  fois  d'après  deux  manuscrits,  l'un  du  musée  Bri- 
Lannique,  l'autre  de  la  bibliothèque  de  Turin.  Cet  opuscule  a  été  tiré  à 
.')Oo  exemplaires,  dont  le  i 36*  est  attribué  à  l'Académie. 

M.  Dosai  offre  ;i  l'Académie,  au  nom  du  docteur  A.  Corlieu,  une  bro- 
chure ayanl  pour  lilre  :  La  mort  des  rois  de  France,  depuis  François  l" 
jusqu'à  I"  Révolution  française  {a  vol.  in-i>K 

Gel  opuscule  tire  son  intérêt  des  recherches  que  l'auteur  a  faites  dans 
1rs  procès-verbaux  des  médecins T  déposés  à  la  Bibliothèque  nationale  ci 
.1  la  bibliothèque  de  l'École  de  médecine.  Il  permet  d'arriver  à  cette  con- 
clusion qne,  dans  les  morts  des  princes,  on  a  lait  une  pari  beaucoup 
trop  large  au  poison,  quand  le  plus  Bouvent  on  n'aurait  à  signaler  que 
l'influence  de  l'hérédité  pathologique  ou  des  unions  consanguines,  unions 
où  les  médecins  voient  une  cuise  de  dégénérescence  et  d'éliolement. 

\l.  I..  Renier  offre  à  l'Académie  mie  Étude  sw  l'inscription  itinéraire  de 
Sahu-Chrisiophe  (Morbihan),  par  M.  Robert  Mowal  |  broeb.  in -8°).  Cette 
inscription  était  connue,  mais  on  avait  cru  qu'elle  é'tail  entière;  on  n'avait 
pas  remarqué  qu'elle  était  fruste  et  qu'il  n'en  existait  qu'une  moitié-  de 

haut  en  lias,  en  sorte  que  I  on  n'avait  que  la  moitié'  Ar-  lignes.  M.  Mowal 
l'a  restituée  avec  une  exactitude  et  une  critique  qui  ne  laissent  rien  a 
désirer.  L'inscription,  grâce  à  lui.  est  aujourd'hui  complète.  C'est  une 
borne  miliiaire qui  marquait  la  distance  du  lieu  on  elle  était  placée  à  la 
ville  «le  Oarioi'iium.  capitale  des  Venètes  de  TArmorique  sons  les  Ro- 
mains. 

SK\x<  i:  m     \  KNDRBDI    3o    I  w\  1ER. 

Le  Segri  i  ■■'  pbrpéti  i.i  présente  a  I  académie  deux  brochures  de 
M.  de  Saulcy,  tirées  de  I'  [nnuaire  de  la  Société  française  de  numismatitpu 
ii  d'archéologie;  l'une  est  relative  a  deux  inscriptions  de  Sayda,  et  l'autre 
.1  i.i  numismatiam  de*  iH>it  nabalhécns  de  Filin. 


/ .) 


Il  présente  aussi  un  exemplaire  du  premier  volume  du  Catalogue  de  la 
bibliothèque  privée  de  l'empire  d'Autriche  i  in-V '),  offert,  par  ordre  de 
S.  M.  l'empereur  et  roi ,  à  l'Institut. 

M.  Sonuermans,  conseillera  la  cour  d'appel  de  Liège  (Belgique), 
aérasse  à  l'Académie  un  exemplaire  du  Journal  des  beaux-arts  contenant 
des  extraits  de  la  réponse  qu'il  se  propose  de  faire  à  M.  Rouler,  au  sujet 
de  l'article  publié  par  ce  dernier  dans  le  Bulletin  de  l'Académie  royale 
de  Belgique  du  mois  d'août  1  Sy3. 

M.  Ravaissoh  offre  à  l'Académie,  an  nom  de  M.  Albert  Dumont,  un 
exemplaire  du  discours  que  ce  dernier  vient  de  prononcer  pour  l'ou- 
verture  de  son  cours  d'archéologie,  à  Rome. 

M.  (incMMT  offre,  au  nom  de  M.  Wescher,  une  notice  de  plusieurs 
textes  palimpsestes  qui  se  rencontrent  parmi  les  inscriptions  grecques  de 
l'Egypte,  notice  extraite  des  Comptes  rendus  de  l'Académie. 

Sont  en  outre  offerts  : 

L'Univers,  leçons  populaires  de  philosophie  encyclopédique  et  parùcuUère- 
meni  d'astronomie  .  données  dans  les  principales  villes  d'Italie,  parM.Qtlirio 
Kilopanti.  professeur  à  l'université  de  Bologne(4  vol.  in- 12). 

Lettres  à  l'occasion  des  fêtes  du  centenaire  de  Louis-Antoine  Muratori, 
écrites  à  un  homme  illustre  et  publiées  par  la  ville  de  Modem  (broch. 
gr.  io-8'). 

SÉANCE  01     VENDREDI  6    FÉVRIER. 

M.  Jourdain,  Président,  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  l'Adminis- 
tration municipale  de  Bordeaux,  deux  volumes  in-a8  intitulés  : 

I.  Litre  <lrs  Bouillon*,  Bordeaux.  1S67. 

II.  Registres  de  la. lunule,  délibérations  de  îâoG  *i  ifiO(j ,  Bordeaux. 
1  87a,  in-V. 

deux  volumes  se  composent  de  documents  tirés  des  archives  mu- 
nicipales de  Bordeaux.  L<'  Livre  des  Bouillons,  dont  le  nom  vient  des  or- 
nements ajoutés  à  la  couverture  du  manuscrit,  contient  la  plupart  des 
anciens  privilèges  de  Bordeaux.  On  \  ajoinl  destables  très-amples,  une 
entre  autres,  où  toutes  les  parties  de  l'administration  de  Bordeaux  se 
trouvent  énumérées^  Les  Registres' de  la  .lunule  contiennent  les  actes  des 
maires  de  Bordeaux ,  de  i'ioO  à  1Ù09.  Os  deux  ouvrages  ne  portent  au- 
cun nom  d'auteur  ou  d'éditeur;  mais  1 note  que  l'on  trouve  page  xi.u 

do  Livre  des  Bouillons  nous  révèle  les  noms  de  ceux  <pii  mil  concouru  à 
■  etle  importante  publication  : 


—  76  — 

•la  transcription  du  manuscrit  .1  été  faite  par  M.  Arisle  Ducaunriès- 
Duval,  adjoint  à  r archiviste  de  là  ville.  La  ponctuation  des  textes,  lu  ré- 
daction des  sommaires  et  la  collation  des  épreuves  sont  dues  ù  MM.  Jules 
lVIpit .  vice-président  de  lu  commission;  Emile Brives-Cazes,  secrétaire; 
Arnaud  Detcheverry,  Emile  Laltone,  Reinhold  Dezeimeris,  LéoDrouyn, 
le  comte  Alexis  de  Chasteignier,  Antoine  Virac,  et  tout  particulièrement 
ù  M.  11.  Barckausen.  Les  lettres  ornées  ont  été  dessinées  sur  bois  pur 
M.  Léo  Drouyn. 

rr Quant  i\u\  urines  de  la  ville  placées  un  frontispice  de  ce  volume,  elles 
ont  été  dessinées  pur  M.  le  baron  Jules  de  Verneilh-Puyraseau,  qui  a 
bien  voulu  prêtera  la  commission  son  obligeant  concours.» 

I.e  Secrétaire  perpétuel  présente  ii  l'Académie  :  1°  les  deux  Etudes 
de  notre  Président,  M.  Jourdain,  sur  les  commencements  de  l'économie  po- 
litique duns  les  écoles  du  moyen  âgeeA  sur  l'éducation  des  femmes  h  la  même 
époque,  études  extraites  du  volume  récemment  publié  des  Mémoires  de 
I  académie; 

2°  Une  nouvelle  édition  for!  augmentée  d'un  Mémoire  de  M.  Ed.  Le 
Blànt,  •<••'//■  les  bourreaux  du  Christ,  extrait  de  la  Revue  de  l'arl  chré- 
tien. 

M.  Dii.isii  offre,  au  nom  de  M.  Michel  Chevalier,  membre  de  l'Aca- 
démie «les  sciences  morales  et  politiques,  un  exemplaire  de  l'atlas  in- 
titulé :  Diplômes  carlovingiens  conservés  aux  arc/tires  départementales  de 
l'Aude  (fonds  de  l'abbaye  de  Lagrasse).  Reproduction  photographique 
par  l'abbé  Verguel  (Carcassonne,  aoûl  i865). 

•-l.es  photographies  de  M.  l'abbé  Verguet,  dit-il,  quoiqu'elles  soient  un 
peu  trop  réduites,  donnent  une  idée  fort  exacte  des  cinq  diplômes  car- 
lovingiens conservés  u  Carcassonne.  Je  demande  la  permission  île  don- 
ner quelques  renseignements  sur  chacune  de  ces  cinq  pièces. 

■La  première  esi  nu  diplôme  mutile  Je  Charlemague,  publié  dans  le 
Recueil  des  historiens  (  V,  7  '\  1 1  el  reproduit  en  fac-similé  dans  la  Paléo 
graphie  de  Silvestre.  Il  est  généralement  classé  a  l'année  777  ou  778; 
mais,  d'après  les  récentes  recherches  de  Sickel  <  icta  regum  ei  im- 
peratorum  KaroUnorum,  t.  I,  p.  63  el  979,  d  i65),  il  «loii  rire  rap- 
porté an  mois  île  juin  «le  l'année  8oO. 

•I.a  deuxième  es!  un  diplôme  de  Louis  le  Débonnaire,  du  1  '1  octobre 
899 .  publié  dans  le  Recueil  des  historiens  1  \  1 .  56 1  :  a   367  de  Sickel  ). 

•-I.a  troisième  est  un  diplôme  de  Charles  le  Chauve,  du  ao  mai  8hh 
également  inséré  dans  le  Recueil  «les  historiens  i\lll    'i."»7     n'   1 557 
de  Brihmer). 


i  i 


*La  quatrième  esl  un  diplôme  accoi'dd  par  Charles  le  Chauve  au  fidèle 
\iiioariiK. -  La  pièce  photographiée  nesl  poinl  de  l'époque  carlovin- 

•  ;  it'ntM'.  Les  mots  exempta  hee  est,  tracés  parle  copiste  au  commencemenl 

•  If  la  première  ligue,  suffiraient  pour  montrer  que  c'est  simplement  une 
copie.  Ajoutons  que  la  copie  est  peu  ûdèle  et  qu'elle  dérive  d'un  original 
conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  ms.  lutin  8887,  fol.  83.  Cet  origi- 
nal est  lui-même  plus  (pic  suspect.  Le  texte  en  a  été  publié  dans  le  lie- 
en. 'i!  des  historiens  |\III.  593;  n"  1791  de  Bôhmer,  à  la  date  du 
a3  mai  86  '1  1. 

-La  dernière  pièce  de  l'atlas  est  un  diplôme  de  Charles  le  Chauve .  qui 
a  <:ie  publie  dans  le  Recueil  <fes  historiens  (VIII,  556,  n"  CLII;  n°  1680 
de  Bôhmer).  Ce  n'est  plus  une  simple  copie,  comme  le  document  précé- 
dent c'est  certainement  un  exemplaire  auquel  on  a  voulu  donner  l'appa- 
rence d'un  original,  quoiqu'il  n'ail  pas  <lù  être  exécuté  avant  le  xic  siècle. 
La  fraude  est  facile  à  constater.  Ni  les  caractères  de  l'écriture,  ni  l'ortho- 
graphe ne  conviennent  au  ixe  siècle.  Mais  il  y  a  pins  :  nous  avons  h  la 
Bibliothèque  nationale  (Chartes  de  Baluze,  n"  dSa)  le  véritable  original 
d'après  lequel  a  été  fabriqué  le  prétendu  original  des  archive-  d  ■  (lar- 
cassonne,  et  dont  le  texte  a  été  publié  dans  le  Recueil  des  historiens 
(VIII,  556,  n°CLl;  n'  1679  de  Bôhmer).  En  comparant  les  deux  pièces., 
on  se  rend  compte  du  mobile  qui  a  déterminé  la  fabrication  du  faux  di- 
plôme. Le  faussaire  a  notablement  modifié  et  amplifié  la  désignation  des 
domaines  que  le  roi  concédait  à  son  lidèle  Isembertus.  La  comparaison 
montre  aussi  la  maladresse  du  faussaire  qui  n'a  pas  toujours  su  lire  exac- 
tement le  texte  original  et  qui,  par  exemple,  à  l'avant-dernière  ligne  du 
diplôme,  a  écrit pro  sua  voluntate  au  lieu  de  pro  sua  utililate,  leçon  que 
porte  l'original  de  la  Bibliothèque  nationale  et  que  demande  le  formu- 
laire de  l'époque. 

•On  voit  que  la  publication  de  M.  l'abbé  Vergue!  permet  d'éclaircii- 
quelques  points  intéressants  de  diplomatique  carlovingienne.  H  esta  dé- 
sirer qu'il  poursuive  cette  utile  entreprise  et  qu'il  reproduise  parla  pho- 
tographie les  plus  anciens  documents  des  archives  du  département  de 
l'Aude.* 

Sont  encore  offerts  à  l'Académie  : 

Lu  France,  le  Pape  et  l'Allemagne,  par  M.  Louis  Guilleberl  (broeb, 
iri-i 

Sttnwtnwtique  et  antiquités  de  la  dynastie  des  Sassanides  en  Perse,  par 
.M.  I bornas  1  petit  in-V  }. 


7  S 


-i  \ vi  i    m    u:\nn i.Di    i  •>   ik\ Rien. 


I..'  Ski  i-.ktaii'.e  perpétuel  présente  à  I  académie  le  dernier  fascicule 
îles  Comptes  rendus  dé  l'Académie  pour  iH-j'.). 

il  esl  fait  hommage,  par  M.  Armand  Parrot,  de  V Histoire  es  \otre~ 
Dame  de  Békuard  (  br.  in-8°). 

M.  d'Avezac  offre  à  l'Académie,  an  nom  de  l'auteur,  M.  le  comle 
Hyacinthe  de Charencey,  un  Mémoire  intitulé:  Dr  quelques  idées  symbo- 
liques se  rattachant  au  nom  des  douze  fils  de  Jacob,  in-8°  de  leâ  pages. 

M.  Lion  Renier  présente  à  l'Académie,  Hë  la  pari  de  M.  Ernest  Des- 
iardins,  un  travail  intitulé  :  Desiderata  <ltt  Corpus  inscripûonum  lalinarum 
tir  f Académie  de  Berlin,  t.  III:  le  musée  épigraphique  de  Peslh  (Paris, 
187/4,  33  pages  in-fol.). 

f  M.  Desjardins,  dit-il ,  ayant  l'ail  à  Pesth,  en  1 S7 1 .  nu  séjour  de  quelque 
durée,  a  pu  étudier  avec  soin  le  musée  de  cette  ville,  qui  esl  très-riche 
'■n  antiquités  romaines  el  surtoul  en  monuments  épigraphiques.  Il  0  des- 
siné, d'après  les  originaux,  (mis  ces  monuments;  il  en  a  rapporté  d'ex- 
cellents estampages  et  a  pu  ainsi  composer,  sur  cette  précieuse  collée- 
Lion  .  un  ouvrage  considérable  <|ni  a  été  publié  aux  frais  du  gouvernement 
hongrois  el  a  figuré  à  l'Exposition  <le  Vienne,  mais  qui,  malheureuse- 
ment, n'est  pas  encore  livré  au  public.  Cet  ouvrage ,  d'ailleurs,  a  été 
exécuté  avec  luxe;  il  forme  un  volume  de  '■'>■>  feuilles  el  .">.>  planches  in- 
folio,  et  il  a  été  tiré  à  pelil  nombre.  M.  Desjardins  a  donc  cru  faire  une 
chose  utile  en  en  extrayânl .  pour  les  publier  a  pari .  les  inscriptions  qui 
ne  figurenl  pas  dans  le  troisième  volume  du  Corpus,  ou  qui  \  <>ni  été 
reproduites  d'après  des  copies  inexactes;  ces  inscriptions  sonl  assez  nom- 
breuses,  M.  Vlommsen,  éditeur  de  ce  volume  du  Corpus,  n'ayant  pu 
faire  à  Peslh  un  assez  long  séjour  pour  en  explorer  lui-môme  complète- 
ment le  musée.  C'est  cel  extrail  que  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie. 

ir  L' Académie  sail  quel  immense  service  a  été  rendu  à  la  science  de  l'an* 
liquité  classique  par  la  publication  du  Corpusdes  inscriptions  grecques; 
el  cependant  ce  recueil  esl  aujourd'hui  lellemenl  incomplet,  qu'il  com- 
prend à  peine  la  moitié  «les  inscriptions  grecques  connues.  Mais  e  esl  la 
précisément  nn  des  résultats,  et  l'un  «les  résultats  les  pins  heureux  de 
cette  publication.  Elle  comprenait,  lorsqu'elle  a  commencé,  toutes  les 
inscriptions  grecques  connues,  el  -1  le  nombre  de  celles-ci  a  plus  que 
doublé  en  nue  vingtaine  d'années,  c'esl  grâce  a  l'immense  impulsion 
qu'elle  a  donnée  aux   recherches  qui  ont  pour  objet  la  découverte  et 


—  7'.)  — 

l'élude  de  ces  documents,  lien  sera  de  même,  on  n'en  |»eul  douter,  il  en 
psi  (lf|;i  de  même  (le  travail  que  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  en 
«•si  l.i  preuve)  <l«'  la  publication  bien  autrement  considérable  du  Corpus 
msaiptiotmm  latinurvm,  et  ce  ne«era  pas  le  moindre  des  services  rendus 
par  elle  à  la  science.  - 

SÉARQK    Dl     \  IMM'.KDI     90     PEVBIER. 

M.  db  S\i  lci  offreà  I'  académie  VEssaiàe  M.  Wiener  sur  les  institutions 
politiques,  religieuses,  économiques  et  sociales  de  Tempire  des  Incas (m-0°). 

Dans  cel  ouvrage,  M.  N\  iener  se  montre  au- courant  de  tout  ce  qu'on 
a  écrit  sur  I"  Amérique  avant  les  découvertes  des  Espagnols.  Rien  de  plus 
attrayant  et  de  plus,  original  que  son  livre.  Indépendamment  de  la  des- 
cription du  Pérou,  de  son  histoire  el  des  recherches  sur  ses  origines,  ou 
\  verra  une  analvse  complète  des  lois  des  Incas,  et  un  chapitre  sur  la 
déformation  du  crâne  pratiquée  d'une  manière  constante.  Ce  qui  ressort 
de  cet  ouvrage,  c'esl  qu'il  y  eut  au  Pérou  une  société  de  plusieurs  mil- 
lions <l*ànies  livrée  à  un  socialisme  effroyable,  abandonnée  à  la  discrétion 
des  aventuriers  qui  étaient  les  compagnons  de  Pizarre. 

Il  es!  fait  hommage  à  l'Académie  des  ouvrages  suivants  : 

Sur  Forigine  de  la  tradition  des  fourmis  qui  ramassent  l'or,  par  M.  Fré- 
déric Schiern.  Copenhague,  1873  (broch.  in-8ô).  (Edition  danoise  et 
édition  Française.) 

Transactions  of  ïhe  Society  ojhiblical  archœology,  t.  II.  a*  partie  (in-8°). 

Memoir  of  the  comparative  gràmmar  of  egyplian ,  coptic  and  ude,  l»\ 
Hyde  Clarke  (broch.  in-8"). 

Documeiiti  di  storia  italiana  : 

I.  Gouache  c  statuti  délia  ciltà  di  Viterbe,  publicati  ed  illuslrati  cla 
[gnazio  Ciampi  (1  vol.  in-4°). 

II.  Commissioni  di  Rinaldo  degli  Albizzi  per  il  commune  di  Firenze 
l^tonio  terzo,  1  fi •?,()- i'i ?>'.))  (1  vol.  in-6°). 

St  \M  K     1)1     VENDREDI     27     FÉYniKR. 

H  est  fait  hommage  à  l'Académie  des  ouvrages  suivants  : 

Disctuëion  de  quelques  points  de  la  biographie  de  Roger  Bacon,  par 

M.  Ch.  Joobdair,  membre  de  l'Académie.  (Extrau  «les  Comptes  rendus 

de  l'Académie. 

The  life  and  estons  of  IL  T.  Cokbrooke,  bj   lus  son  sir  T.  E.  Cole- 

brooke  i  9  vol.  in-8'  ). 


—  80  — 

Miscellantous  essays ,  l>\   II.  T.  Colebrooke  (  i  vol.  m-N '). 

M.  Mmi:v  offre  h  l'Académie,  «In  la  partde  M.  Gerquand,  inspecter» 
d'académie,  one  dissertation  intitulée  :  Etudes  de  mythologie  grecque, 
l  lusse  el  Circé.  Les  Sirènes. 

ir L'auteur,  dit-il,  a  examiné,  avec  plus  d'attention  qu'on  ne  l'avait  en« 
core  fait,  le  m\  Mk-  de  Circé  :  il  considère  Circé  comme  une  déesse  lu- 
naire, et  voit  dans  I  lysse  la  personnification  de  phénomènes  Be  ratta- 
chant à  la  marche  du  Soleil.  Si  les  résultais  du  travail  de  M.  Cerquand 
ne  sont  pas  complètement  démontrés,  il  faut  rendre  justice  à  l'étendue 
de  sos  recherches,  el  reconnaître  qu'il  a  proposé  dos  rapprochements 
ingénieux.  » 

M.  l)i;s\ovEns  offre  à  l'Académie  de  la  part  <lo  l'auteur,  M.  Henri 

Beaune,  avocat  général  à  la  cour  d'appel  de  Dijon,  connu  par  plusieurs 

travaux  très-estimables  sur  l'histoire  el  l'archéologie  de  la  Bourgogne,  un 

> nouveau  mémoire  intitulé  :  Les  dépouilles  de  Charles  le  Téméraire  h  Berne, 

rrCe  mémoire,  de  A7  pages  in-4°,  dit  M.  Desnoyers,  doit  faire  partie 
de  la  collection  publiée  par  la  Commission  départementale  des  antiquités 
de  la  Cote-d'Or. 

t?  Bien  n'est  plus  connu  et  n'a  été  pins  souvent  relaté  dans  l'histoire  de 
Suisse  el  de  Bourgogne  «pie  la  guerre  si  imprudemment  entreprise  en 
1  Ï76,  sur  le  plus  léger  prétexte  en  apparence,  par  le  duc  Charles  contre 
la  ligue  helvétique,  dont  les  résultats  (urenl  si  funestes  à  ce  prince,  et 
qui  se  termina  par  les  sanglantes  défaites  de  Grançon  el  de  Morat.  Le 
butin  abandonné  par  l'armée  bourguignonne  sur  les  champs  de  bataille 
lut  immense  en  provisions  de  guerre,  en  mines  de  toutes  sortes,  en 
trésors  de  bijoux  et  d'ornements  des  plus  précieux,  en  vêtements  des 
plus  riches  étoffes,  brodées  d'or  el  de  soie,  en  tapisseries  à  personnages 
destinées  à  former  plusieurs  centaines  de  tentes  pour  le  duc  el  les  sei- 
gneurs de  Ba  Buite  et  de  son  armée.  Une  estimation  approximative  el 
parti. 'Ile.  donner  par  un  auteur  contemporain ,  représenterait  aujour- 
d'hui une  valeur  de  plus  de  io  millions  de  florins.  Malgré  la  dispersion 
île  la  plu-  grande  partie  de  ces  richesses,  il  n'est  pas  m  Suisse  rie 
musée  municipal  ou  de  trésor  d'église  qui  ne  conserve  précieusement 
quelque  épave  de  celte  grande  défaite;  mais  le  mieux  partagé  est  le 
musée  de  la  bibliothèque  de  Berne.  C'est  là  qoe  sont  conservés,  avec 
d'autres  objets  précieux  qui  ne  proviennenl  pas  des  champs  de  bataille 
de  Grançon  el  de  Morat,  un  triptyque  d'or  revêtu  des  plus  délicates 
peintures  et  dont  M.  Beaune  a  reproduit  une  photographie,  d'autres 
ornements  d'autel,   plusieurs  bijoux   précieux.   el  Biirtonl  dix  grandes 


81    — 

tapisseries  ;•  personnages  des  fabriques  artésiennes  ou  flamandes,  repré- 
sentant, l'nne,  des  scènes  religieuses,  el  le  plus  grand  nombre.,  des  scènes 
bistoriques  de  l'antiquité  romaine  (vies  de  Trajanel  de  César),  avec  les 
costumes  du  \\'  siècle,  exécutées  d'après  des  tableaux  de  ce  même  siècle, 
et  dont  le  mouvement  «les  personnages  et  la  parfaite  conservation  des 
(issus  el  des  couleurs  excitent  une  admiration  générale. 

rrCe>  objets  <mt  été  fort  souvent  mentionnés,  décrits,  figures  même 
pour  In  plupart  (entre  autres  les  tapisseries,  par  M.  Jubinal).  Aussi 
M.  Beaune  ne  s'est-il  point  borné  à  éo  reproduire  une  exacte  description, 
quoique  (1rs  plus  complètes.  Il  s'est  surtout  attacbé  à  en  éclaircir  les  ori- 
gines,  ii  en  apprécier  le  caractère  et  à  discuter  les  opinions  dont  elles 
ont  été  le  sujet.  Il  recherche  Boit  dans  les  chroniques  contemporaines, 
soit  dans  les  comptes  de  dépenses  de  la  maison  de  Bourgogne,  conservés 
dans  les  archives  de  Dijon,  soit  dans  les  inventaires  des  joyaux  de 
Charles  le  Téméraire  et  d'autres  ducs,  publiés  par  M.  Delaborde.  les 
traces  des  principaux  objets  conservés.  Il  discute  les  opinions  antérieures 
H  ne  les  adopte  qu'avec  réserve,  et  après  un  sérieux  examen. 

irEn  résumé,  ce  nouveau  mémoire  de  \|.  Beaune  est  intéressant  et  fort 
digne  d'estime.  - 

M.  Brixf.t  m  Pelbsle  présente  a  l'Académie  une  nouvelle  publication 
de  M.  Emile  Legrand. 

-M.  Legrand  a  déjà  publié  une  collection  de  monuments  pour  senir 
à  l'élude  de  la  langue  néo-hellénique.  Le  nouveau  volume,  qui  cou 
tient  un  Recueil  de  chansons  populaires  grecques  publiées  el  traduites  pour 
la  première  fois,  ouvre  une  nouvelle  série  et  a  une  importance  plus  grande 
que  les  précédents.  Dans  une  introduction  étendue.  M.  Legrand  signale 
les  tentatives  qui  furent  laites  à  plusieurs  reprises,  longtemps  avant 
Pauriel,  pour  publier  des  chants  populaires  grecs  d,oni  le  mérite  avait 
fr,ippé  les  voyageurs. 

rrLa  GuiHetière,  l'auteur  de  Lacédctnone  ancienne  et  nowrlk ,  avait  an- 
noncé, en  167(5,  un  recueil  qui  n'a  pas  vu  le  jour.  Le  savant  Huet . 
dans  un  manuscrit  inédit  que  possède  M.  Legrand  et  intitulé  :  Anstnad- 
verswacs  m  hnguambarhuro-grœcam,  mentionne  un  recueil  de  poésies  po- 
pulaires en  grec  vulgaire,  formé  par  un  jésuite  du  nom  fie  Xavier. 
Peut-être  ce  manuscrit  est-il  encore  enfoui  dans  quelque  bibliothèque. 
La  plupart  des  pièces  que  M.  Legrand  publie  aujourd'hui  proviennent 
d'un  manuscrit  que  Busbecq.  ambassadeur  de  l'empereur  d'Autriche  à 
Gonstanlinople.  avait  rapporté  d'Orient  et  déposé  à  la  bibliothèque  de 
\ienne.    où    il  porte  le  titre  de  Coder  maunscriptus   tliroloffirus  frrœcus. 


—  82  — 

Personne  n'eut  l'idée  de  le  consulter  jusqu'à  nos  juins.  M;us  M.  Salhas, 
qui  recherche  dans  toutes  les  bibliothèques  des  textes  grecs  du  moyen 
âge,  m  prit  mie  copie  qu'il  a  communiquée  à  M.  Legrand.  Ces  pièce-,, 
toutes  antérieures  au  \\i"  siècle,  quelques-unes  beaucoup  plus  an- 
ciennes,  el  celles  qui  feront  l'objet  (rime  seconde  publication  et  qui  se 
rapportent  à  des  faits  historiques  du  \"  siècle,  ont,  indépendamment  de 
l'intérêt  littéraire,  une  grande  importance  pour  l'histoire  de  In  longue 
grecque,  dont  il  était  difficile  jusqu'ici  de  suivre  les  transformations  dans 
les  siècles  antérieurs  à  la  chute  de  l'empire  grec.  » 

SÉANCE   1)1    VENDREDI    6    MARS    187/1. 

-M.  d'âvezac  présente,  à  litre  d'hommage  respectueux,  de  là  part  de 
M.  Gabriel  Gravier,  de  Rouen,  une  série  d'ouvrages  qui  se  recomman- 
dent .'m  linii  accueil  de  l'Académie,  tout  à  la  fois  par  leur  objet,  l'éclair- 
cissement et  la  glorification  patriotique  de  certains  faits  généraux  ou 
particuliers  de  l'histoire  des  Normands,  et  par  les  conditions  matérielles 
île  leur  exécution  typographique. 

rLe  premier  en  d;ile  des  quatre  ouvrages  présentés  est  un  beau  vo- 
lume grand  in-8°,  de  plus  de  4oo  pages,  orné  de  planches  el  cartes, 
intitulé  :  r  Découvertes  et  établissements  de  Gavélier  de  la  Salle,  de 
it Rouen,  dans  l'Amérique  du  Nord  (lacs  Ontario.  Erié,  Huron,  Michi- 
ifgan,  vallées  de  l'Ohio  et  du  Mississipi,  el  Texas).»  (1870.) 

-I  h  second  volume,  de  même  format  et  de  beaucoup  moindre  étendue, 
publié  en  1871  sous  le  simple  titre  sCavélier  de  la  Salle  de  Rouen ,»  est 
destiné  à  former,  à  la  suite  du  premier,  nu  complément  où  le  biographe 
a  recueilli  divers  documents  qui  avaient  été  pour  lui  introuvables  ou 
inaccessibles  en  France,  et  dont  il  a  pu  ressaisir  des  épaves  dans  des  pn- 
blications  faites  a  l'étranger. 

•In  troisième  \olmiie,  dans  le  formai  petit  m-  h"  de  lellière  |  fort 
en  OSage  an\  \\i  e|  \\n'  siècles,  el  particulièrement  cher  aujourd'hui 
BOX  amateurs  raffinés),  contient  la  réimpression  textuelle  d  une  série  de 

lettres  publiées  à  Rouen  en  1 7 •> H  ei  contenant  la  ir Relation  d'un  voyage 

rrrle  religieuses  (Irsulines  de  Kouen  a  la  \ou\e||e-Orlé;ins, il  pour  la  fon- 
dation d'un  couvent  de  leur  ordre.  \1.  Gravier  a  fait  précéder  ce  docu- 
ment d'une  introduction  assez  étendue,  sons  ce  titra  :  «■  Les  Normands  sur 
rie  Mississipi,'»  datée  de  1872,  et  qui  rattache  expressément  à  l'entre- 
prise de  la  Salle  les  faits  ultérieurs  de  la  colonisation  française  de  la 
Louisiane. 


—  83  — 

irLe  dernier  ouvrage  don!  M.  Gravier  prie  M.  d  Wezac  de  déposer  un 
exemplaire  sur  le  bureau  «le  l'Académie  est,  connue  le  précédent,  un 

suit  petit  in-'i0  tellière,  orné  de  plusieurs  cartes  ou  planches,  in- 
titulé :  Découverte  de  l'Amérique  par  ht  Vormands  au  \'  siècle,  achevé 
d'imprimer  le  1 5  janvier  1S7/1. 

irCe  volume  est.  entre  ceux  que  l'auteur  présente  eu  un  faisceau  à 
l'indulgenl  accueil  de  l'Académie,  le  seul  qui  par  sa  date  puisse  aspirer 
ii  être  compris  dans  le  prochain  concours  des  livres  relatifs.aux  antiquités 
nationales;  mais  peut-être  pourra-tril  attirer  après  soi.  connue  de  favo- 
rables accessoires,  les  écrits  antérieurs,  que  l'auteur,  dans  sa  pensée 
n'en  a  point  séparés.  - 

Le  Secrétaire  perpétuel  ollVe  à  I  Académie  : 

i°  Au  nom  de  M.  .\  w  det.  Secrétaire  perpétuel  honoraire,  une  lettre 
à  M.  Le  lilaut,  membre  de  l'Académie  des  inscriptions,  au  sujet  de  sa 
brochure  intitulée  :  Recherches  sur  les  bourreaux  du  Christ. 

■>  \n  nom  de  \l.  de  \\  itte,  associe  étranger  de  l' Académie,  un  ex- 
trait «le  la  Revue  de  numismatique,  intitulé  :  Monnaies  romaines  de  l'époque 
impériale. 

M.  le  Minisire  de  l'intérieur  envoie  à  l'Académie  un  exemplaire  de 
La  Kabylie  et  les  coutumes  kabyles,  par  MM.  Hanoteau  et  Letourneux 
(3  vol.  in-8°),  ouvrage  dont  l'Académie  a  déjà  reçu  l'hommage  de  la 

part  des  auteur-. 

Sont  en  outre  offerts  à  l'Académie  : 

Recueil  des  ordonnances  <lcs  Pays-Bas  autrichiens  {'6"  série,  1700- 
171/1.  tome  ill.  contenant  les  ordonnances  du  a  janvier  17  il)  au  sg  dé- 
eembre  17-30  ) ;   -2  exemplaires  :   3  vol.  in-l'ol. 

Essai  historique  et  pittoresque  sur  Saint-Bertrand  de  Comminges,  par 
M.  Mord  11  \ol.  in-8°). 

Prise  de  Tournehem  et  de  la  Wontoire ,  épisode  du  1  ri'  siècle,  par 
M.  de  Monnecove. 

Voie  romaine  ab  Aquis  Tarbellicis  et  routes  qui  venaient  s'y  souder,  par 
MM.  Marie  More]  et  Antoine  Gantier  (extrait  du  Journal  de  Saint-Gau- 
dens  1. 

M.  de  LoNGPSBiBB  oifre  .1  l'Académie,  au  nom  de  M.  François  Lenor- 
uiaut,  un  ouvrage  intitulé  :  La  magie  chez  les  Assyriens  cl  les  origines 

adiennes  <  1  vol.  in-8").  «Le  déchiffrement,  dit-il,  des  tablettes  conser- 
vées au  musée  Britannique  dont  MM.  Rawlinson  et  Norris  ont  publié  le 
fac-similé  a  permis  a  l'auteur  de  se  l'aire  une  idée  assez  exacte  de  la  magie 
conjoratoire  des    assyriens.   Il  donne  les  formules  déprécatoires  contre 


—  Sa  — 

les  mauvais  esprits,  les  sortilèges,  les  maladies.  La  traduction  de  la 
partie  assyrienne  dn  texte  avail  été  faite  par  M.  Opperl  :  M.  Lenormanl 
s'est  attaché  à  expliquer  la  partie  correspondante,  rédigée  dans  la  langui 
qu'il  nomme  acoadienne.  Il  commente  avec  une  remarquable  perspica-< 
cité  les  particularités  extrêmement  curieuses  que  révèlenl  les  textes  ma-, 
giqui  -  - 

M.  de  Lqn6périkb  offre  en  outre,  de  la  part  de  M.  Léon  d'Hervey  de 
Saint-Denis  : 

i  l  n  nouveau  fascicule  de  sa  traduction  de  ['Ethnographie  des  peuples 
étrangers  de  Ma-touan-lin,  contenant  une  portion  du  chapitre  relatif  au 

Japon: 

a"  La  seconde  livraison  du  Si-sitmg^ki ,  on  l'histoire  du  pavillon  d  oc- 
cident, comédie  en  16  actes,  traduit  par  Stanislas  Julien.  Noire  regretté 
confrère  avail  imprimé  le  premier  fascicule  de  cet  ouvrage,  dont 
M.  d'Hervey  surveille  maintenant  la  publication  en  se  conformant  stric- 
tement au  manuscrit  complet  laissé  par  son  savant  préd  îeesseur, 

«L'intérêt  principal  de  celle  traduction  réside  dans  l'habileté  avec 
laquelle  le  savant  sinologue  a  su  expliquer  une  multitude  d  allusions 
historiques  el  littéraires.» 

si  moi  m   \  1  .\iUii.iu  1  3  y  irs  1  87  h. 

Il  est  fait  hommage  à  I  académie  du  Catalogue  de  la  collection  des  mé- 
dailles grecques,  romaines  et  byzantines  de  Philippe  Margaritès,  d'  Uhènes 
11   vol.  in*     • 

Sont  en  outre  offerts  les  ouvrages  suivants  de  M.  Gacliard.  de  l'Aca- 
démie royale  des  sciences,  des  lettres  el  des  beaux-arts  de  Belgique  : 

1  Documents  politiques  et  dipbmatiques  sur  la  révolution  belge  de  1790 
(1  vol.  in-8 

\ctes  des  étals  généraux  des  Pays-Ban,  \5n6-i58S.  \olice  chro- 
nologique et  analytique  i  a  vol.  in-8°). 

:;'   Don  Carlo»  et  Philippe  II  |  a  vol.  in  B 

h"  Correspondance  de  Charles  Quint  et  d'  [drien  I  /  i  i  vol.  in 

.,  /:  imite  el  mort  de  Charles  Quint  au  monastère  de  l  uste.  Lettres  mé- 
ditée publiées  d'après  les  originaux  conservés  dans  le»  [rchives  royale»  d^ 
Simanca»  i  a  vol.  u>8°,  avec  une  introduction  I. 

6    /  /    [rchives  et  à  la  Bibliothèque  royale  de  }iuuich(i  vol. 

M, -S 

-     La  vaplivih  dt  I  \"  cl  h         ■  de  Madrid,  élude  historique 


—  85  — 

lue  .1  la  séance  publique  de  la  classe  des  lettres,  le  1 1  mai  i8<><>  \  bruch. 
in-8*). 

8°  Rapport  à  1/.  le  Ministre  de  l'intériew  sur  les  documents  concernant 
l'histoire  de  la  Belgique  qui  existent  dans  les  dépôts  littéraires  de  Dijon  et 
de  Paris  i  i   vol.  in-8°). 

o°  Rapport  à  1/.  le  Ministre  de  l'intérieur  sur  différentes  séries  de  docu- 
ments concernant  l'histoire  de  la  Belgique  qui  sont  conservés  dans  les  ar- 
rimes de  l'ancienne  Chambre  de» comptes  de  Flandre,  a  Lille. 

io°  /.((  bibliothèque  des  princes  Corsini,à  Home  (i  vol.  in-8). 

1 1°  Les  archives  du  I  atican  1 1  vol.  in-8°). 

12"  Rapport  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  sur  F  administration  des  ar- 
chives générales  du  royaume  depuis i83i,  et  sur  la  situation  de  cet  établis- 
sement. 

l3°  La  bibliothèque  des  princes  Chigi,  à  Rome  (broch.  in-8°). 

i  A0  Notices  des   manuscrits  concernant  l'histoire  de  la    Belgique    qui 

tient  à  la  bibliothèque,  à  I  ïenne  (  i  vol.  in-8°). 

i.)  Lis  monuments  de  la  diplomatie  vénitienne,  considérés  sous  le 
point  «I»1  vue  de  l'histoire  moderne  en  général,  H  de  l'histoire  de  la  Bel- 
gique en  particulier  (broch.  in-4°). 

iG°  Notice  historique  et  descriptive  des  archives  de  la  ville  de  Garni. 
(broch.  m- 'i  ). 

17°  Notice  historique  et  descriptive  des  archives  de  l'abbaye  et  princi- 
pauté de  Stavelot,  conservées  à  Dusseldorf  (broch.  in-4°). 

180  Votice  historique  sur  la  rédaction  et  la  publication  de  la  carte  des 
Pays-Bas  autrichiens ,  par  le  général  comte  de  Ferraris  (broch.  in-4"). 

ig"  Recueil  des  ordonnances  des  Pays-Bas  autrichiens  (3e  série,  1700- 
179''  ;  3  vol.  in-fol.). 

M.  Ravajsson  offre  à  l'Académie  une  étude  intitulée:  Un  musée  à 
créer,  étude  qui  a  paru  récemment  dans  la  Revue  des  Deux-Mondes.  Le 
musée  donl  il  s'agit,  el  dont  \l.  Ravaisson  a  proposé  le  plan,  accompa- 
gné d'un  important  spécimen,  il  \  a  déjà  bien  des  années,  esl  un  mu- 
Bêe  de  plâtres,  où  l'on  réunirait  les  reproductions  des  monuments  de  la 
sculpture  les  plus  beaux  et  les  pins  importants  à  tous  égards  qui  sont 
disséminés  dans  le  monde  entier.  Ce  musée,  qui  offrirait  aux  artistes 
une  réunion  unique  de  tons  les  types  dû  premier  ordre  que  le  temps  a 
épargnés,  purs  des  restaurations  qui  défigurent  les  originaux  dans 
toutes  les  collections,  soi!  de  marbres  et  de  bronzes,  soit  de  plâtres, 
mettrait  en  même  temps  au  service  de  la  science  des  éléments  sûrs  de 
comparaisons  fécondes  el  sérail  la  meilleure  école  d'archéologie.  C'csl  à 


—  86  — 

ce  litre  sui'toul  que  \l.  Ravaisson  appelle  mu-  la  création  qu'il  propose 
l'a  tien  lion  cl  l'intérêt  de  I'  académie. 

M.  Nai'dkt  présente  une  brochure  de  M.  Ghabouillel,  intitulée  :  Re- 
cherches sur  les  origines  du  Cabinet  des  médailles,  et  particulièrement  sur 
le  legs  des  collections  de  Gaston,  duc  d'Orléans,  au  roi  Louis  \IV. 

M.  de  Longperier  offre,  de  la  part  de  M.  Alex.  Bertrand,  un  mémoire 
intitulé  :  Les  tumulus  gaulois  de  la  commune  de  Magny-Lambert  fCéte- 
d'Orj,  extrait  des  Mémoires  de  lu  Société  des  antiquaires  de  France, 
i.  XXXIV. 

tr L'auteur,  dit-il,  a  étudié  avec  soin  les  objets  de  diverses  sortes  <|ui 
ont  été  recueillis  dans  ces  tumulus;  il  les  compare  soigneusement  aux 
dépouilles  des  sépultures  de  diverses  parties  de  l'Europe,  el  il  conclut, 
après  être  entré  dans  beaucoup  de  détails  bien  étudiés,  <mi  disant  irqu'on 
rrpeul  regarder  l.i  civilisation  des  populations  de  Hallstatl  |  Autriche) 
rr comme  identique  ;i  celle  de  la  Gôte-d'Or,  à  l'époque  où  ont  été  élevés 
rrles  tumulus  de  Magny.n  Or,  ces  peuples  de  Hallstatl  occupaient  une 
station  sur  la  roule  de  l'Orient  et  de  l'Occident,  et  les  objets  que  le  l»;i- 
ron  de  Sacken  ;i  si  bien  étudiés  dans  leurs  sépultures  comptent  parmi 
les  documents  les  plus  importants  de  l'archéologie  géographique. 

irLe  mémoire  de  M.  Bertrand  est  rempli  de  constatations  intéressantes 
et  d'observations  i  euves;  il  est  de  nature  à  faire  faire  des  progrès  ;i  la 
connaissance  de  cette  histoire  des  peuples,  qu'on  pourrait  appeler  extra- 
littéraire.  - 

M.  l'u  1. 1 n  Pabis  fait  hommage,  de  la  part  de  \l.  Taniize\  de  la  Roque. 
dune  édition  des  Lettres  de  Jean-Louis  duc:  de  Balzac;  \\  ajoute  que, 
dans  celle  correspondance,  Balzac  abandonne  le  grand  style  qui  lui 
avait  donné  tant  d'admirateurs  el  qu'il  écrivait  avec  tant  de  soin  et  d'é- 
ludés; irmais  il  s'adresse,  dit-il,  à  i\\\  ami  passionné  comme  lui  pour  tout 

qui  touchait  à  l'antiquité, i  el  on  devine  que  ses  lettres  doivent  être 
remplies  d'allusions,  de  citations  el  de  discussions  de  texte  des  auteurs 
anciens.  Personne  n'était  mieux  préparé  à  commenter  ces  lettres,  à  en 

lircir  les  passages  obscurs,  enlin  a  continuer  les  nombreuses  discus- 
sions de  textes,  que  M.  Tamizej  de  la  Roque,  déjà  bien  connu  de  I  aca- 
démie pour  la  sûreté  de  Ba  critique. 

-i  INCI    Dl    I  ENDREUI    20   11  ^RS. 

M.  le  Phésiui  m  j ' i •  -•  1 1 1 < •  .i  I  académie  quatre  i  qui  oui  été  i  u 

\n\,  -  i  i  lixpohilion  de  \  ienne    el  qui  présentent   à  la  suite  de  molt 


—  87  — 

-,  français  et  allemands,  les  mais  correspondants  de  divers  dialectes  a\ 
l'Australie.  Ils  sont  offerts  ;i  I'  académie  par  les  commissaires  de  la  pro- 
vince de  Victoria  (Auslralie)  à  l'Exposition  de  Vienne,  par  l'intermé- 
diaire île  M.  E.  Cortambert. 

M.  dr  Sadlci  offre,  an  nom  de  M.  Schlumberger,  an  ouvrage  inti- 
tul.:  :  Des  bractéates d'Allemagne.  Considérations  générales  et  classification 
des  types  principaux  (i  vol.  in-8°). 

Ce  livre  traite  de  monnaies  qui  n'ont  jamais  été  observées  et  qui 
donnent  tes  renseignements  les  plus  curieux. 

M.  L  Renibb  offre,  an  nom  de  l'auteur,  M.  de  Rossi.  associé  étranger 
de  l' keadémie,  un  fascicule  du  Bulletin  d'archéologie  chilienne  (a*  sëri-1 . 
d'année),  et  an  Extrait  des  Annales  de  l'Institut  archéologique  de  Rome 
•(18731.  contenant  les  Recherches  archéologiques  et  topographiques  faites 
au  mont    \Umin  et  sur  le  territoire  de  Tusculuia. 

SÉANCE  Dl     VENDREDI    :>  ~j    M\Ks. 

\1.  i»k  Sai  i.cv  offre  à  l'Académie,  de  la  pari  de  M.  le  vicomte  Jacques 
de  Rongé,  le  Mémoire  sur  l'origine  égyptienne  de  l'alphabet  phénicien,  par 
M.  le  vicomte  Emmanuel  de  Rougé  (Paris,  Imprimerie  nationale,  1876, 

in-8°). 

I.  académie  a  gardé  le  souvenir  de  cel  important  mémoire,  dont  elle 
avait  entendu  la  lecture  en  1869  et  dont  le  manuscrit  s'était  égaré". 
M.  Jacques  de  Rougé,  ayant  eu  le  bonheur  d'en  retrouver  la  minute, 
s'est  empressé  de  le  publier.  Ainsi  se  trouvera  réparée  une  perte  qui 
avait  été  un  deuil  véritable  pour  la  science. 

\I.  Rr.w\  ollre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Girard  de  Rialle.  un 
Mémoire  sur  l'Asie  centrale,  son  histoire  et  ses  populations  (broçh.  in-8°). 

L'Académie  reçoit  encore  une  brochure  qui  a  pour  titre  :  Elymologie 
du  nom  propre  Littré,  et  restitution  d'un  mot  gaulois,  par  M.  Robert 
Mowai.  (Extrait  du  tome  II  des  Mémoires  de  la  Société  de  linguistique.) 

Ont  été  offerts  : 

Journal  asiatique     m  lobre-novembre-décembre  1878). 

Revue  archéologique  (décembre  1878.  janvier,  lévrier,  mars  187V1. 

Revue  politique  et  littéraire  (n°  26). 

L'Art  gaulois,  par  M.  Hucber  (feuilles  i5  et  16). 

Renie  îles  questions  historiques  (décembre  1878). 

Revue  africaine  (novembre-décembre  1878). 

Revue  numismatique  (nouvelle  «Tir.  t.  \\    année  187'»). 


—  88  — 

Bulletin  <lr  l'œuvre  des  pèlerinages  en  Terre-Sainte( décembre  1873). 
[nnales  de  philosophie  chrétienne  (novembre-décembre  1 878 ,  janvier 

,  87  '1  1. 

Revue  de  législation  (janvier-février  187&). 

Le  Cabinet  historique  (octobne-novembre-décembre  1873). 

Polybiblion,  revue  bibliographique  universelle  (I.  I\  el  X,  janvier- 
décembre  1  870). 

Bulletin  de  lu  Société  des  antiquaires  de  Picardie  (année  1873). 

Bibliothèque  de  l'École  des  Chartes  (année  187:!.  n"  34,  5'  et  (V  li- 
vraison). 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  l'Orléanais  (2'  et  he  Irimestre  «le 
»873). 

Dépôl  à  la  bibliothèque.  —  Les  remercîmenls  de  l'Académie  sont 
adressés  aux  auteurs  el  donateurs. 


COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES 


DE 


L'ACADÉMIE  DES  nsCRIPTIONS 

ET  BELLES-LETTRES 
PEND  WT    L'ANNÉE    1874. 


COMPTES    RENDIS    DES   SEVNCES. 
IVRIL-MAl-JUIN 


PRÉSIDENCE  DE  M.  Jol  liD  \IY 


SÉANCE   DL    MERCREDI     1  "     \\  lilL. 

Séance  avancée  à  cause  du  vendredi  saint.) 

M.  le  Ministre  de  L'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
la  Relation  des  fouilles  faites  à  Santorin  par  MM.  Gorceix  el  Mermel , 
membres  de  l'Ecole  française  d'Athènes,  el  la  prje  de  \<»ir  s'il  y  ;i 
lieu  de  la  publier  dans  les  Archives  des  \li.ssio7is. 

Renvoi  à  la  Commission  de  l'Ecole  française  d'Athènes. 

M'"  Riccio,  veuve  d'un  antiquaire  italien,  dont  le  mari  a  publié 
plusieurs  ouvrages  honoré?  de  récompenses  académiques,  adresse 
;i  l' Académie  une  lettre  el  une  sorte  de  mémoire  où  il  esl  expose' 
•  pie  M.  Riccio  était  venu ,  il  y  a  quelques  années,  à  Pai  i>.  dans  la 
pensée  d'offrir  sa  collection  d'objets  antiques  à  l'Empereur;  qu'il 
ne  |nii  le  voir;  qu'il  esl  morl  depuis,  laissant  s;i  veuve  sans  autre 
ressource  qu'une  modeste  pension.  M'"  Riccio,  dans  cette  situa- 
tion, voudrait  vendre  à  la  France  la  collection  que  son  mari  avait 
eu  l'intention  de  lui  oflfrir;eHe  s'adresse  à  cette  lin  à  l'Académie, 


-    90  — 

croyant  que  cette  acquisition,  ton I  en  servant    les  intérêts  de  la 
science,  ne  pourrait  < |  n « •  faire  honneur  à  la  Compagnie. 

Il  lui  sera  répondu  <|iie  !  académie  regrette  de  ne  pouvoir 
donner  suite  à  ses  vœux,  n'ayant  poini  de  fonds  qu'elle  puisse 
consacrer  à  cel  usage.  M""  Riccio  scia  invitée  à  adresser  s;1.  <le- 
mande  à  AI.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  et  des  beaux-arts. 

Le  présidenl  de  la  Société  d'agriculture,  commerce,  sciences 
el  arts  du  dépaftemenl  de  la  Marne,  écril  au  Secrétaire  perpétuel 
pour  lui  demander  si.  dans  les  usages  de  l'Académie,  quand  un 
mémoire  jugé  digne  de  récompense  ne  porte  pas.  comme  le  règle- 
ment le  prescrit,  un  pli  cacheté  contenant  le  nom  de  l'auteur, 
une  personne  peut  être  admise  à  réclamer  la  récompensé  en  se 
prétendant  l'auteur  du  mémoire. 

Il  sera  répondu  que  l'Académie  n'a  poini  d'antécédents  à  cet, 
égard,  et  que  c'est  à  la  Société  à  se  décider  selon  les  prescriptions 
de  son  règlement  el  l'appréciation  des  circonstances. 

M.  Ed.  Le  Iîlant  achève  sa  lecture  sur  les  martyrs  de  l'extrême 
Orient  et  les  persécutions  antiques1. 

M.  I)i  ri  \  continue  sa  communication  surfe  règne  d'Hadrien. 

M.  Bréal  continue  sa  lecture  sur  les  Tables  eugubines. 


si   \N<  I     1)1      \  KMMIKIH     I  o    A\  un. 


\l.  le  Président  prend  la  parole  : 

•  I.  académie,  dit-il,  connaît  déjà  l'événement  funeste  que  j'ai 
le  triste  et  pénible  devoir  de  lui  notifier  officiellement.  Nous 
avons  perdu  notre  confrère  M.  Beulé.  Lvant-bier  une  foule  con- 
sidérable 8e  pressait  dans  l'église  Saint- Germain -des-Prés  au- 
tour de  snii  cercueil,  avant  de  L'accompagner  à  sa  dernière  de- 
meure. Sur  sa  tombe,  votre  Président  a  essayé  de  se  rendre  I  m- 
terprète  de  notre  douleur  commune ,  de  nos  regrets  unanimes, 
«le  ootre  consternation  à  la  nouvelle  de  ce  coup  de  foudre,  qui 
i/enail  déchirer  si   rapidement  une   vie  précieuse    honorée  déjà 

\  ..Il    ,HIX    I  ioHMl  Ml   ITIONS      Il     I. 


—  91   — 

par  de  belles  oeuvres  par  de  nobles  services  rendus  à  la  science, 
à  l'Académie,  au  pays  tout  entier.  Ce  n'es!  pas  aujourd'hui  le 
moment  de  raconter,  même  dans  un  récit  sommaire,  la  brillante 
carrière  de  M.  Beulé;  mais  ces  sentiments  d'affliction  profonde 
et  de  sincère  regrel  que  votre  Président  exprimait  il  y  a  deux  jouis 
dans  le  cimetière  du  Père-Lachaise,  ii  en  renouvelle  devant  vous 
l'expression,  afin  qu'elle  soil  consignée  au  procès-verbal  de  cette 
séance,  comme  un  fidèle  et  affectueux  hommage  rendu  en  votre 
nom  à  un  confrère  éminenl  que  l'Académie  était  fière  de  compter 
parmi  ses  membres,  et  qu'elle  ne  se  consolera  pas  d'avoir  perdu 
si  prématurément,  d 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie  : 

i     Quelques   inscriptions    relevées   sur   des    monuments   du 

Cambodge  par  les  soins  du  représentant  du  protectorat  français 

dan-  ce  pays.  Il  fait  savoir  que  M.  le  Ministre  de  la  marine  a 
exprimé  le  désir  qu'il  lui  soit  donné  avis,  le  plus  tôt  possible,  du 
résultai  de  l'examen  de  ces  pièces  par  l'Académie.  Si  elles  sonl 
dignes  d'intérêt,  d'autres  pourraient  être  relevées  encore  et 
adressées  à  la  Compagnie. 

(!es  inscriptions  sont  renvoyées  à  une  Commission  composée 
de  MM.  (larcin  de  Tassy.  Mohl ,  Ad.  Régnier  et  Dulaurier. 

2°  L  ne  série  de  dessins  exécutés  par  M.  Burnouf,  représentant 
des  fragments  de  vases,  des  idoles  et  d'autres  objets  qui  onl  été 
trouvés  à  Mycènes  par  suite  des  touilles  récemment  opérées  sous 
la  direction  de  M.  Schliemann, 

r 

Renvoi  à  la  Commission  de  l'Ecole  française  d'Athènes. 

M.  Germain  Cornille  adresse  à  l'Académie  un  extrait  des  pro 
cès-verbaux  de  la  Société  des  études  historiques,  contenant  le  pro- 
gramme abrégé  du  voyage  qu'il  va  entreprendre  dans  les  Etats- 
l  nis  de  l'Amérique  du  Nord  (montagnes  Moelleuses). 

M.  Jourdain.  Président,  commence  la  seconde  lecture  de  ^>\> 
mémoire  sur  la  royauté  cl  le  droit  populaire  d'après  les  écrivains  de  la 
SColasttijin  . 

M.  Bréal  continue  sa  lecture  sur  les  Tables  eugubines. 


—  92  — 


SEANCE  l»i     \  ENDRED1    I  7    WUIl.. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  I  Vcadémie 
•iii  double  estampage  <!<•  l'inscription  phénicienne  conservée  au 
111 1 1  -« :»  •  de  Marseille,  contenant  le  tarif  des  redevances  pour  les  sacri 

î,  estampage  qui  ;i\;iil  été  demandé  par  la  Commission  des 
inscriptions  sémitiques,  à  laquelle  il  esl  remis  séance  tenante. 

M.  Jourdain,  Président,  continue  la  seconde  lecture  de  son 
mémoire  sur  la  royauté  et  le  droit  populaire  d'après  les  écrivains  <lr 
la  scolastique. 

M.    DE    LoNGPERIER   roliilll  unique .   Jlli    nom   (le    M.    Cluibiis,  COr 

respondanl  ;i  Chalon-sur-Saône,  une  unie  sur  des  romans 
ég  ptiens  tirés,  l'un  duo  papyrus  de  la  collection  Harris  (British 
Muséum),  l'autre  d'un  papyrus  «lu  musée  <le  Turin.  Le  conte  du 
Prince  prédestiné  a  été  traduil  par  M.  C.  W.  Goodwin;  l'autre, 
[épisode  du  Jardin  des  fleurs,  ;i  été  traduil  par  M.  Chabas,  d'après 
\e fac-similé  publié  par  MM.  Pleyte  el  Rossi.  \  ce  sujet,  M.  Chabas 
rappelle  le  Humait  des  deux  frères  donl  on  doil  la  traduction  à  la 
sagacité  éminente  de  M.  de  Rougé,  el  le  Roman  de  Selnan  que 
\l.  Brugsch  ;i  fail  connaître.  Le  nouveau  f'rairmenl  mérite  <le 
prendre  place  parmi  les  rares  débris  échappés  au  naufrage  de  la 
littérature  de  l'antique  Egypte  '. 

M.  Ernesl  Desjardins lil  une  notice  sur  les  balles  de  fronde  de  la 
République*. 


wi.i:   in     \  1  RDRED1    •>  '1    w  RIL. 

Des  lettres  d'invitation  pour  la  première  assemblée  générale  de 
\S-'\  tenue  par  la  Société  de  géographie  ^<»ni  déposées  sur  le 
bureau  de  l' académie. 

\l.  Jourdain,  Président,  achève  la  seconde  lecture  de  son  mé- 


ii  ,ui\  i louai  RicATiOHs,  11    II 
m  1  ommi  m<  itious    11    III. 


93 

moire  -\\\  lu  royauté  et  le  <ln»t  populaire  d'après  les  ■  -  de  la 

scolastique. 

M.  Jourdain  demande  à  l'Académie  el  obtient  l'autorisation 
de  publier  en  toul  ou  «mi  partie  ce  mémoire,  sans  perdre  le  droil 
île  le  faire  accepter  pour  le  Recueil  des  m  -  de  V Académie, 

M.  Bréal  achève  sa  lecture  sur  les  Tables  eugubines. 


SE  kN<  E    I»i     \  MDRED1    l"    MAI. 


M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  transmet  à  l'Académie 
l'extrait  suivant  d'une  lettre  de  M.  Burnouf,  directeur  de  l'Ecole 
d'Athènes,  sur  des   fouilles  qui  sonl   en   cours  d'exécution    on 
irece  : 

M.  Lebègue,  membre  de  l'Ecole,  que  je  chargeai  des  fouilles  de  Délos, 
mit  an  jour  le  temple  primitif  d'Apollon,  c'est-à-dire  un  des  plus  impor- 
tants sanctuaires  de  l'antiquité. 

Pour  résoudre  le  problème  d'astronomie  dont  les  données  m'avaient 
conduit  ii  proposer  le  déblayement  de  ce  sanctuaire,  j'allai  moi-même 
retrouver  M.  Lebègue;  je  m'arrêtai  quelques  jours  à  Syra,  lie  qui  était 
•mi  relation  av©  el  où  des  recherches  étaient  à  faire. 

Oblige  de  revenir  à  Athènes  pour  la  construction  de  l'Ecole,  je  priai 
M.  Chalet,  consul  de  France  à  Syra,  homme  intelligent  el  instruit,  de 
faire  pour  moi,  dans  le  sud  de  l'île,  des  investigations  dont  je  lui  donnai 
le  programme.  Il  mit  au  jour,  au  lieu  dit  Phinica,  une  fort  belle  mo- 
saïque, et  reconnu!  l'existence  dune  caverne  probablement  consacrée. 
au  lieu  même  que  je  lui  avais  signalé  par  induction*,  en  face  du  temple  Je 
Délos  et  snr  le  même  parallèle  géographique.  Nous  nous  préparions  à 
poursuivre  cette  recherche  intéressante,  lorsqu'un  arrêté  du  gouverne 
ment  de  M.  Deligeorges  interdit  toute  fouille  archéologique  snr  tout  lé 
territoire  du  royaume. 

L'année  \*-'-\  s'étanl  écoulée,  je  crus  devoir  profiter  dune  circons- 
tance unique,  celle  des  Touilles  privée-,  qui  venaient  d'être  faites  à 
Tanagre,  pour  acheter  un  à  on  d<  -  provenant  de  cette  localité,  el 

pour  en  former  une  collection  à  l'Ecole.  C'est  la  série  à  peu  près  com- 
plète des  vases  dits  arijballes,  el  qui  portent  les  dessins  les  plus  iutéi 
sants.  J'en  enverrai  dans  quelque  temps  l'album  à  l'Académie. 

Le  gouvernemenl  de   M     Delij  étant   loml  obtenu 


—  9à  — - 

cilement  du  nouveau  MinisUe  de  l'instruction  publique  l'autorisation  de 
travailler  au  déblayemenl  de  l'Acropole  d'Athènes. 

Lundi  prochain  je  commence  ce  travail  d'une  importance  majeure  par 
le  bastion  Y  E.  dit  irbastion  d'Odyssée.»  Comme  il  est  aisé  de  s'en 
rendre  compte  par  la  grande  carte  que  j'ai  remise  à  l'Académie,  colins- 
lion  renferme  la  Clepsydre  et  f'escalier  de  Pan,  qui  était  nne  des  deux 
voies  d'accession  de  la  citadelle,  .l'ai  dressé  le  plan  de  ces  constructions 
souterraines  afin  de  diriger  le  travail  avec  toute  la  certitude  désirable. 

Le  travail  de déblayemenl  de  l'entrée  de  l' acropole  durera  assez  long 
temps;  commençant  au  bastion  d'Odyssée,  il  s'étendra  vers  le  sud.  ter- 
minera l'œuvre  inachevée  de  M.  Beulé,  el  atteindra,  si  l'argent  ne  l'ail 

pas  défaul .  la  grande  tour  d' iLcciaiuoli .  qui  cache aile  des  Propj  lées 

•  •I  (|ui  esi  condamnée  depuis  longtemps. 

\l.  le  Ministre  adresse  aussi  a  I  académie,  pour  être  transmis  à 
la  Commission  des  inscriptions  sémitiques,  un  dossier  compre- 
nant, en  doubles  exemplaires ,  i->'i  estampages  de  stèles  néo-pu- 
niques qui    proviennent   de   la   mission   en   Tunisie   de   M.   de 

Sainle-Marie. 

M.  Grassel  d'Orcel  a  adressé  à  l'Académie  dès  sciences  un 
Dictionnaire  télégraphique  chiffré  par  la  méthode  des  radicaux  tri- 
littéraux  sémitiques,  dictionnaire  qu'il  croit  propre  à  introduire 
une  langue  télégraphique  internationale,  impérieusement  récla- 
mée, dit-il,  par  toutes  les  nations  de  l'extrême  Orient.  L'Académie 
des  sciences  a  cru  devoir  communiquer  la  lettre  et  le  dictionnaire 
à  I  académie  îles  inscriptions. 

M.  Molil  lit  un  rapport,  au  nom  de  la  Commission  chargée  de 
répondre  au  Ministre  de  l'instruction  publique  ;»  propos  des  m- 
criptions  «lu  Cambodge,  transmises  par  le  Ministre  de  la  marine. 
Le  rappoi  i  sera  adresse,  au  nom  de  l' académie .  a  M.  le  Ministre. 
avec  plusieurs  exemplaires  des  instructions  rédigées  par  la  <a>m- 
mission  des  inscriptions  sémitiques  pour  guider  les  voyageurs 
dans  Festampage  des  inscriptions  '. 

M.  de  l.oM.n  liii.i;  présente  à  l'Académie  un  de  ces  vases  cy- 
priotes réputés  les  plus  anciens  spécimens  de  l'ail  du  potier  :  c  est 

•        I       i    qui  a  clc  publié  pai  M   le  Ministre  de  In  marine  dans  le  Journal 
,ffù  ,,/  ,|  eproduil  en  appendice  à  In  mite  des  Comimiii  étions. 


-    95  — 

une  amphore  à  panse  ovoïde  allongée,  munie  latcralcmenl  de 
deux  anses  très-simples,  terminée  par  un  col  court*,  large  cl  droit, 
[M>rt;mi  ;i  l'extérieur  les  traits  d'une  tête  humaine. 

«L'Académie,  dit  M.  de  Longpérier,  a,  plusieurs  lois  déjà, 
entendu  parler  des  rases  d'argile  recueillis  par  M.  Schliemann 
dans  ses  fouilles  dTAsie  Mineure,  et  efle  connaît  la  singulière 
théorie  suivant  laquelle  bon  nombre  de  ces  vases  seraient  décorés 
(l'un  masque  de  chouette  grossièremenl  modelé.  Je  me  suis  élevé 
contre  cette  opinion ,  qui  me  paraît  en  contradiction  avec  les  mo- 
auments  que  dous  connaissons  dans  les  collections  publiques  el 
particulières.  Notre  confrère  M.  P.  Paris  a  signalé  <!<•>  vases  de 
terre,  trouvés  en  Champagne  dans  des  sépultures  ou  se  rencon- 
traient des  armes  de  pierre  polie,  et  (Joui  le  col  portail  un  masque 
humain.  M.  le  professeur  Berendt,  de  Kœnigsberg,  a  publié  un 
recueil  de  vases  semblables,  découverts  dans  les  environs  de 
Dantzig. 

"L'Académie  a  sous  les  yeux  un  vase  cypriote  qui  va  figurer  à 
l'exposition  <lu  palais  do  Corps  législatif.  C'est  un  travail  d'une 
très-haute  antiquité;  le  col  du  vase  est,  comme  on  voit,  décoré 
d'un  masque  humain,  mec  oreilles  humaines;  ce  dernier  détail 
apparaît  égalemenl  dans  les  rases  delà  collection  Schliemann, 
nous  le  savons  maintenant  par  les  photographies. x 

M.  de  Longpérier  affirme  qu'il  n"\  a  rien,  sur  aucun  des  monu- 
ments (|ni  viennent  d'être  énuméres,  qu'on  puisse  considère) 
connue  l'image  d  une  chouette. 

-Je  n'aurais  pas  apporté,  dit-il.  ce  w,\\  échantillon  de  Tari 
cypriote,  si  l'illusion  de  M. Schliemann  n'intéressai!  que  Pexplica 
lion  de  vases  au  sujet  desquels  le»  véritables  archéologues,  tant 
en  France  qu'en  Allemagne,  ne  se  sonl  pas  trompés.  Mais  on  a 
essayé  d'altérer  le  9ens  donné  par  la  philologie  a  d  anciens  texte-, 
el  i\  est  lion  de  montrer  sur  quels  arguments  fragiles  on  s'étail 
appuyé.  L'erreur  de  M.  Schliemann  lient  a  cequ'il  Dépossède  pas 
une  connaissance  suffisante  des  monuments  recueillis  antérieure 
meiii  à  -es  trouvaille-    I  ne  étud<    comparative  offre  toujours  le 
moyen  le  plus  sur  de  dissiper  les  illusions  «pie  lad  initie  I  ap| 
ciafion  de-  monument-  isolés 


—  96  — 

M.  Perrol  lit  un  mémoire  relatif  à  des  inscriptions  trouvées  sur 
les  bords  de  la  nier  Votre. 

M.  Barrisse  lit  un  mémoire  sur  les  deua  Columbo,  en  France  et 
en  Italie. 

Le  li.  P.  Verdière  lit  un  mémoire  sur  Leptis,  pairie  de  Sepùme 
S    ère,  de  la  brandir  punique  des  Bassiens. 


SÉANCE   DU   VENDREDI    8    MAI. 

M.  le  Ministre  de  L'instruction  publique  écril  àl'Académie  pour 
l'inviter,  conformémenl  aux  décrets  de  i85a  el  de  187^,  à 
s'occuper,  dans  rime  de  ses  plus  prochaines  séances,  de  la  dési- 
gnation do  doux  candidat-,  à  la  chaire  ^  langues  el  Littératures 
chinois,-  el  tartare-mantehoue ,  vacante  au  Collège  de  France  par 
suite  du  décès  de  M.  Stanislas  Julien. 

A  cette  lettre  se  trouvent  joints  : 

1"  La  liste  nominative  des  membres  qui  ont  pris  part  au  scrutin 
au  Collège  de  France; 

20  L'indication  du  nombre  de  voix  acquisesau  candidat  unique; 

3°  Le  rapport  certifié  par  le  conseil  d'administration  el  conte- 
uaiii  L'exposé  el  l'appréciation  des  travaux  du  candidat. 

i;  académie  décide  que  la  discussion  des  titres  des  candidats  el 
L'élection,  s'il  \  a  lieu,  seront  portées  à  l'ordre  du  jour  de  la  pro- 
chaine séance. 

M.  le  secrétaire  général  de  La  Commission  des  monuments 
historiques  du  Pas-de-Calais  écril  à  l'Académie  el  lui  envoie  le 
prospectus  d'un  Dictionnaire  historique  et  archéologique  du  département 
du  Pas-de-Calais,  pour  lequel  il  sollicite  sa  souscription. 

M.  le  Présider!  rappelle  qu'un  mois  s'esl  écoulé  depuis  la  morl 
de  M.  Beulé,  el  il  invite  l'Académie  à  décider,  selon  Le  règlement, 
-  il  \  a  Lieu  a  le  remplacer. 

I.  \c. demie,  consultée,  décide  au  scrutin  qu  il  s  a  lieu,  et,  par 
un  second  vote  à  main  levée,  elle  Gxe  au  vendredi  ■>•>  le  jour 
de  l'exposition  des  iihes  ,\,^  candidats. 

L'Académie    c  forme  en  comité  >ecrel  poui  la  lecture  du  rap 


—  97  — 

port   de  la   Commission   chargée  de  jugei    le  coucours  du  prix 
Gobert. 

La  séance  redevient  publique. 

M.  MiLi.Ki;  la  il  connaître  à  l'Académie  qu'il  a  reçu  ce  malin 
même  des  estampages  d'inscriptions  grecques  envoyées  par  M.  Da- 
ninos, employé  au  ministère  des  affaires  étrangères  en  Egypte. 

irUne  grande  inscription  chrétienne,  dit-il,  provient  du  Caire. 
Elle  rappelle  un  peu  pour  le  formulaire  celle  dont  j'ai  entretenu 
dernièrement  l'Académie  et  qui  ne  présentait  aucune  difficulté. 
Celle-ci  es|  très-difficile,  non-seulement  en  raison  des  nombreuses 
fautes  d'orthographe,  mai-  aussi  à  cause  des  mois  illisibles  et  de 
certains  signes  paléographiques  qui  sont  tout  à  l'ail  nouveaux. 

-D'autres  inscriptions  ont  été  trouvées  dans  l'ancienne  Arsinoe. 
<a'  sont  des  listes  de  noms    propres  intéressant  l'onomatologie 

ico-égyptienne.  I  n  nom  nouveau  :  <1>iaoivtiv.  .  .  ,  incomplet  à 
la  lin.  est  évidemment  une  Batterie  à  l'adresse  d'Adrien  <lans  la 
personne  d'Antinous.  Les  noms  propres  commençant  par  Çi\o< 
sont  assez  rares.  On  peut  citer  (biAsvpnrt$tis  et  tyiAoucoxpciTtis.  •- 

M.  RàVAissoN  met  -uns  les  yeux  de  l'Académie  une  photogra- 
phie qui  a  été  envoyée  de  Naples  à  M.  Tairai;  elle  reproduit  une 
statue  de  marbre  <!<•  90  centimètres  de  hauteur,  trouvée  l'année 
dernière  à  Pompéi,  et  qui  représente  Vénus.  Cette  Vénus  est 
diadémée,  demi-nue.  la  partie  inférieure  du  corps  enveloppée 
d'un  manteau  dont  un  pan  revient  sur  le  bras  gauche.  Elle  lient 
une  pomme  dans  la  main  gauche  et  -appuie  sur  une  statuette 

d'ancien  style  qui  semble  représenter  1 .lunbn.  La  tête  et  les 

mains  de  la  Vénus  sont  des  restaurations  antiques.  La  statue  et 
la  statuette  sont  peintes  de  diverses  couleurs.  La  Vénus  a  sur  la 
tète  un  bandeau  blanc  :  c'est  le  marbre  à  nu.  Se>  cheveux  sont 
peints  en  jaune,  ainsi  que  la  pomme;  ses  yeux  en  noir,  si  ce  n'est 
peut-être  en  un  bleu  devenu  noir.  Sa  draperie  et  celle  de  la  petite 
Junon  sont  peintes  en  jaune  au  dehors,  en  vert  clair  au  dedans. 
Les  parties  nues  de  la  Vénus  paraissent  avoir  été  peintes  en  «ou 
leur  de  chair.  (Test  là  un  exemple  très-curieux  et  le  plus  complet 
peut-être  qui  existe  de  sculpture  polychrome. 

M.   Ravaisson   soumet  aussi   à    l'Académie  des   photographies 


—  98  — 

représentant,  sous  trois  aspects  différents,  un  groupe  inédit  en 
marbre,  de  grandeur  demi-nature,  < ] i j i  se  trouve  à  l;i  villa  Bor- 
ghèse  ri  où  l'un  \oil  une  Vénus,  tout  à  fait  semblable  pour  l'atti- 
tude, le  costume  el  le  jet  «les  draperies,  à  la  Vénus  de  Milo, 
groupée  avec  un  Mars  nu,  qui  est  placé  à  sa  gauche.  Elle  foule 
du  pied  gauche  i\<>*  armes.  Elle  est  d'ailleurs  dans  l'attitude 
même  que  M.  llavaissoti  a  proposée  pour  la  Vénus  de  Milo. 

A  la  droite  de  la  \  ênus  esl  mi  imour.  Sur  le  monumenl  circu- 
laire en  marbre  du  musée  Ar*  antiques  autour  duquel  sont  ran- 
gés les  bustes  des  douze  dieux .  on  \oii  Mars  et  Vénus  pareillement 
réunis  par  l'Amour. 

Dans  le  groupe  de  la  villa  Borghèse,  les  têtes  èl  les  liras  de  la 
\(:nus  et  du  Mars  et  la  plus  grande  partie  de  l'Amour  sont  des 
restaurations.  In  dessin  joint  aux  photographies,  «'l  exécuté  avec 
-niii  par  un  membre  de  noire  Ecole  archéologique  à  Rome, 
M.  Gollignon,  représente  le  groupe,  abstraction  laite  des  restau 
rations. 

A  cette  occasion .  M.  Hnvaisson  annonce  à  l'Académie  la  puldi 
cation  prochaine  dé  documents  authentiques  et  inédits  relatifs  à 
la  découverte  de  la  Vénus  de  Milo  el  à  son  histoire,  <pii  rectifie- 
ront les  assertions  produites  récemment  mi r  ce  sujet  par  MM.  \  ica rd 

et  Jules  Ferry,  el  qui  établiront  définitivement  que  la  célèbre 
statue  était,  lorsqu'on  l'a  trouvée,  dans  le  même  étal  où  elle  est 
arrivée  au  Louvre. 

Al.  Perrol  achève  la  lecture  de  son  mémoire  relatif  à<&<  inscrip- 
tion* trouvée»  sur  les  bords  de  \a  mer  Votre1. 

Le   Si:i  i;i':i  \n:i;    PBRPÉTUEL    signale,   parmi   les    Ouvrages  déposés 

-m    le  bureau,  trois  exemplaires  du  •>"  volume  du  Cariulaire  <l<- 
F  abbaye  de  Flines,  ouvrage  dont  le  r    volume  est  envoyé  au  con 
cours  des  antiquités  nationale» .  et  dont  la  suite  a ,  sans  nul  doute, 
la  même  destination.  Il  sera  renvoyé  à  la  Commission. 

1    \  ou    ,iu\   COMII  Mi  V  I  |m\v  .    H     t\ . 


99  — 


SEANCE    lu     \  ENDREDI    l  .)    MAI. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
avec  une  note  de  M.  de  Sainte-Marie,  destinée  à  la  Commission 
des  inscriptions  sémitiques,  les  estampages,  en  double,  de  dix- 
huit  stèles  néo-phéniciennes  découvertes,  autour  de  l'enceinte  de 
Byrsa  par  M.  de  Touzan,  gardien  de  la  chapelle  de  Saint- 
Louis. 

Renvoi  à  la  Commission. 

L  académie  se  forme  en  comité  secrel  pour  la  discussion  des 
titres  des  candidats  à  la  chaire  des  langues  el  littératures  chinoise 
el  tartare-mantehoue ,  el  pour  la  discussion  des  conclusions  du 
rapport  de  la  Commission  du  prix  Goberl. 

La  séance  rede^  ienl  publique. 

On  procède  au  vote  pour  désigner  un  candidat  à  la  chaire  va- 
cante au  Collège  de  France. 

Il  y  a  3a  membres  inscrits  et  28  votants. 

Majorité  absolue  :  î  5. 

M.  d'Hervej  de  Saint-Denis,  candidat  unique ,  obtient  22  suf- 
frages. Il  y  a  6  bulletins  blancs. 

En  conséquence,  M.  d'Hervej  de  Saint-Denis  est  proclamé  can- 
didat de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres. 

Le  procès-verbal  de  I'  Vradémie  sera  transmis  à  M.  le  Ministre 
de  l'instruction  publique. 

On  passe  ensuite  au  scrutin  sur  le  prix  Gobert. 

Les  membres  libres  de  l'Académie  élan!  admis  à  prendre  part 
au  vote,  il  y  a  3q  membres  inscrits. 

Sur  37  suffrages  exprimés,  M.  de  Boislisle  obtient  36  voix 
pour  le  premier  prix,  el  M.  Tuetey  36  [tour  le  second.  En  consé- 
quence, le  premier  prix  Goberl  est  décerné  à  M.  de  Boislisle 
pour  I  ouvrage  intitulé  :  Chambre  des  comptes  de  Paris,  pièces  justi- 
ftrtitirrs  pour  servir  à  V histoire  des  premiers  présidents  fi5o6-ij()i), 
1  vol.  in-/i";et  le  second  prix  à  M.  Tuetej  pour  l'ouvrage  intitulé  : 
Les Ecorcheurs  sous  Charles  '//.  a  vol.  in— 8 

M.  db  W  Aii.n   commence  la  première  lecture  d'un   mémoire 


—    KM)    — 

sur  le  Romant,  ou   Chronique  en  langue  vulgaire  dont  Joinville  a  re- 
produit plusieurs  passages. 

M.  Harrisse  achève  la  lecture  de  son  mémoire  sur  les  deux  Co 
lumbo,  en  France  <t  en  Italie. 

Le  II.  P.  Verdière  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  la 
ville  de  Leptis. 

M.  Félix  Pasquier  adresse  à  l'Académie,  pour  le  concours  des 
antiquités  nationales  de  i  875  .  un  opuscule  in-8°,  intitulé  :  Grands 
jours  de  Poitiers,  de  ih't'i  à  t63â. 

Renvoi  à  la  future  Commission. 


SEANCE   m     VENDREDI    22    M  M. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  \\.  le  Sei 
taire  perpétuel  la  lettre  suivante  : 

M.  Boroouf  vienl  de  m'adresser  les  deux  croquis  ci-joints  .  représentant 
un  fragment  de  statue  trouvé  dans  le  déblayemenl  «lu  bastion  d'Odyssée 
faisant  partie  '1rs  fortitica lions  avancées  de  l'Acropole  d'Athènes.  La 
statue,  qui  avait  seulement  de  55  à  60  centimètres  de  haut,  représente 
une  \  'unis  deuù-nue.  Elle  est .  dit  M.  Burnouf,  d'une  très-bonne  époque . 
d'un  travail  excellent,  et  se  rapproche  beaucoup  de  celle  de  Milo.  Si 
l'Académie  en  désirait  une  reproduction  en  plâtre,  pour  le  musée  du 
Louvre,  M.  Burnouf  la  ferait  facilement  exécuter  e1  l'expédierait  à 
M.  Ravai  son;  mais  le  musée  devrait  prendre  la  dépens»  à  sa  chai 

Quant  au  déblayemenl  en  lui-même,  voici  où  il  en  est  aujourd'hui 
I.  académie  sait  que  le  bastion  d'Odyssée  comprit  et  enferme  bous  terre 

l'escalier  de   P< 1    lit  Clepsydre.    Celle-ci  se  présente  aujourd'hui 

sous  la  forme  <\  uw  puits  dont  la  margelle  est  dans  une  chapelle  byzan 
line,  a  1  1  mètres  sous  hue.  Ce  puits  ;i  lui  même  une  profondeur  de 
70  depuis  le  bas  de  la  margelle  ju  iqu'à  l'eau  .  et  uni  profondeur  d  eau 
de  \l.   l'ingénieur  Piat,  architecte  de  la  nouvelle  Ecole,  a  bien 

voulu  descendre  dans  ce  puits  en  se  faisant  suspendre  h  une  nn-Ar.  et  il 
un  croquis.  La  margelle  repose  3ur  une  partie  étroite  cons 
truite  en  grandes  pierres  de  taille,  dont  la  distance  intérieure  va  aussitôt 
m  1  h. 1     mu  :  un  peu  plus  bas  est  un  étranglement ,  au  de-sons  duquel  le 
puits  devient  très-spacieux;  puis  on  arrive  .1  la  surfaa    de  l'eau.  Dans 


—    loi    _ 

celte  [tarde  large  se  trouve  une  grande  entaille  quadrangulaire  qui  s  en 
fonce  sous  le  rocher  de  I  acropole. 

Dans  la  voûte  de  la  chapelle  byzantine,  les  Grecs  de  ce  siècle  ouvri- 
rent nu  trou  circulaire  au-dessus  duquel  il.-  construisirent  un  tube  en 
maçonnerie,  terminé  lui-même  par  une  margelle  à  s;i  partie  supérieure. 
D'une  margelle  à  l'autre  il  \  a  quatre  mètres  et  demi  de  dislance  verti- 
cale. La  margelle  supérieure  esl  sous  une  voûte  dans  laquelle  on  descend 
par  un  escalier  de  <»  ".."»  'i  de  hauteur  verticale.  Tous  les  \  iil<>  entre  ces 

iliers,  ces  voûtes,  ces  tubes  el  les  murs  extérieurs  du  bastion  furent 
remplis  par  de  la  terre  el  des  décombres  provenanl  de  I'  acropole,  et  par  des 

massif-  de  maçoi ri»-.  Quant  à  l'escalierde  Pan,  <|ui  règne  au-dessous  de 

loutre  mas-if.  il  fui  lui-même  voûté  depuis  son  entrée  supérieure  jusqu'à  la 
chapelle  où  esl  la  Clepsydre. 

M.  Burnouf  a  d'abord  enlevé  toutes  les  terres  de  remblai  dans  l'inté- 
rieur du  bastion,  et  mis  à  nu  le  dos-  des  voûtes  et  les  massifs  de  ma- 
çonnerie. Ensuite  il  a  commencé  la  démolition  de  l'escalier  contemporain. 
Quoique  cette  bâtisse  ne  date  que  de  1821,  elle  est  très-dure,  el  comme 
elle  devient  très-épaisse,  il  l'enlèvera  avec  la  poudre  ou  la  dynamite, 
prudemmenl  employées.  Mais  il  n'a  pas  voulu  se  décider  à  employer  ce 
moyen  avant  de  s'être  assuré,  par  un  travail  à  la  main,  que  la  maçon- 
nerie ne  renferme  aucune  antiquité. 

L"  académie,  qui  s'intéresse  à  ce  travail,  ensuivra  aisément  le  progrès 
sur  le  grand  plan  de  l'Acropole  remis,  fan  dernier,  entre  ses  mains.  Pro- 
chainement M.  Burnouf  aura  l'honneur  de  lui  envoyer  un  plan  du  bastion 
sur  une  plus  grande  échelle.  La  Clepsydre  se  trouve  au  pied  du  mur 
septentrional  du  bastion,  presque  au-dessous  de  sa  guérite  d'angle.  Il  se 
propose  de  percer  ce  mur.  droit  en  face  du  [mil-,  de  façon  qu'on  cuire 
de  plain-pied  dans  la  chapelle.  Ensuite  il  fera  à  i  .  ur  une  tranchée 
au  moyen  de  laquelle  on  arrivera  au  niveau  de  l'eau;  de  cette  manière 
on  pourra  étudier,  sans  danger  el  sous  la  lumière  du  ciel,  les  canaux 
antiques  qui  conduisaient  les  eau\  de  la  Clepsydre  dans  la  ville,  el  par- 
ticule rement  dans  l'horloge  d'Andronicos.  Enfin  il  percera  des  ouvertures 
dans  la  voûte  «le  l'escalier  de  Pan  qui,  étant  éclairé,  redeviendra  l'une 
des  deux  montées  de  l'Acropole. 

Je  joins  aux  deux  croquis  ci-dessus  mentionnés  copie  d'une  inscrip- 
tion trouvée  dans  le  bastion  d'Odyssée  le  ••  '1  avril  dernier. 


Igréez,  etc. 


!  e  Ministre  de  l'Instruction  publique  et  des  Cultes 


né  :   Dl    Foi  HTor. 


—   102  — 

\l  Liagre  écril  au  Secrétaire  perpétuel  pour  lui  annoncer  que, 
dans  la  séance  générale  annuelle  du  .">  mai  courant,  l1  Académie 
royale  des  sciences,  des  lettres  el  des  beaux-arts  de  Belgique  l'a 
élu  Secrétaire  perpétue)  en  remplacemenl  de  M.  Quételet. 

M.  Fauvel,  avocat  à  la  Cour  d'appel  de  Paris,  adresse  à  l'Aca- 
démie le  programme  d'une  Société  de  linguistique  dont  il  lui  sou- 
mel  le  projet. 

M.  le  Président  l'ail  connaître  à  l'Académie  qu'il  a  reçu  de 
M.  François  Gras  un  essai  sur  les  systèmes  métriques  linéaires  de 
l'antiquité  à  laide  d'une  mesure  nouvelle,  le  nulle  des  Pyramides, 
mémoire  sur  lequel  l'auteur  sollicite  le  jugement  de  I  Académie. 
il  lui  sera  répondu  que  l'Académie  ne  prononce  de  jugement  que 
sur  les  mémoires  envoyés  à  ses  concours. 

Le  Secrétaire  perpbti  el  donne  Lecture  de  trois  lettres  de  can- 
didature adressées  à  l'Académie  par  MM.  Oppert,  Hëuzey  el 
Havel. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secrel  pour  examiner  les  titres 
des  candidats  à  la  place  d'académicien  titulaire  laissée  vacante  par 
le  décès  de  Al.  Beulé. 

La  séance  rede>  ienl  publique. 

Le  I!.  P.  Verdière  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  la 
ville  de  Leptis. 

M.  Révilloul  commence  la  lecture  d  un  mémoire  sur  le  concile  de 
Sicée  d'après  les  textes  coptes. 


JÉANI  I     m     \  I  Milll.UI    -h,   M  M. 

M.  le  Ministre  adresse  à  I  académie,  pour  être  remis  à  la  Com- 
mission des  inscriptions  sémitiques,  oeuf  estampages,  eu  doubles 
exemplaires ,  d'inscriptions  phéniciennes  réunies  parle  I».  Fenv, 
pasteur  protestanl  <\\\  rite  anglican .  établi  à  Tunis,  el  qui  lui  sonl 
envoyés  par  M.  de  Sainte-Marie,  chargé  dune  mission  en 
Tunisie. 

\l.  le  Ministre  de  I  instruction  publique  adresse,  en  outre,  une 
lettre   accompagnée  de  deux  photographies,  lettre  par  laquelle 


—   103  — 

\|    Glermonl  Gaimeau   l'informe  qu'il  ;i   récemment  découvert 
dans  les  environs  de  Jérusalem,  une  lête  en  marbre  qu'il  croil 
être  celle  de  la  statue  de  l'empereur  Adrien,  placée  dans  I  ancien 
temple  de  Jérusalem  '. 

M.  de  Vogué  adresse  an  Présidenl  de  l'Académie  une  lettre  re- 
lative aux  débats  <|ni  se  sont  agités  dans  ces  derniers  temps  sur 
la  découverte  de  la  \  émis  de  Mil*»'2. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  redevienl  publique. 

Le  Président  donne  lecture  <\v±  articles  du  règlement  relatifs  à 
l'élection  des  membres  ordinaires. 

(  >n  procède  à  l'élection. 

Il  y  a  38  membres  ordinaires  inscrits  et  38  votants.  Ma- 
jorité. 20. 

Au  premier  tour  de  scrutin.  M.  Heuzey  obtient  il»  suffrages; 
M.  Oppert,  l 'i:  M.  Havet,  8. 

An  second  tour  de  scrutin.  M.  Heuzey  obtient  2  2  suffrages; 
M.  <  appert,  l 'i  ;  M.  Havet,  a. 

En  conséquence,  M.  Heuzey  est  proclamé  membre  ordinaire 
en  remplacement  de  M.  Beulé.  Sou  élection  sera  soumise  à  l'ap- 
probation du  Présidenl  de  la  République. 

M.  Thurot,  au  nom  de  la  Commission  chargée  de  décerner  le 
prix  du  Budget,  lit  le  rapport  suivant  : 

L'Académie  avait  remis  au  concours,  pour  le  prix  ordinaire,  la  question 
suivante  :  Etude  sur  1rs  dialectes  dt  la  langue  d'oc  tfli  moyen  âge. 

Un  sent  mémoire  a  été  présenté.  L'auteur  n'a  pas  eu  [e  temps  de  com- 
pléter son  travail;  il  a  pu  traiter  de  la  partie  la  plus  importante,  à 
savoir  :  des  vo\  elles,  des  diplilhongues  et  des  consonnes  c ,  g,  I .  d,  p;  il 
na  pas  eu  le  temps  de  traiter  des  autres  consonnes.  Il  a  rassemblé  beaucoup 
de  textes  de  chartes,  la  plupart  inédits:  mais  il  u'a  pas  pu  marquer  sufli- 
saminent  les  divisions  géographiques  les  plus  générales  de  la  langue 
d'oc .  et  les  centres  des  principaux  dialectes.  Cependant ,  dans  la  partie  qu'il 
a  traitée,  il  ,-i  fait  preuve  de  qualités  scientifiques  tellement  distinguées. 


\  où  aui  Commi  mcATions ,  n°  V. 
1   \  oir  am  Commuhications    a"  \  I. 


—    IO'i    — 

que  la  Commission  .1  été  unanime  à  lui  décerner  le  prix,  en  l'invitant  à 
compléter  un  travail,  déjà  très-avancé,  dans  le  sens  que  nous  indiquons. 

L  académie  donne  acte  à  la  Commission  des  conclusions  de  son 
rapport. 

En  conséquence,  le  prix  esl  décerné  au  mémoire  n"  1,  dont 
railleur  esl  M.  Paul  Meyer,  professeur  a  l'Ecole  des  chartes. 

M.  de  Waillï  achève  la  première  lecture  de  son  mémoire  sur 
le  Romant,  on  chronique  ru  langue  vulgaire  dont  .ffii»vitl<  a  reproduit 
plusieurs  passages  '. 

Esl  envoyé  an  concours  du  prix  Fould .  année  1  875  .  un  ouvrage 
intitulé  :  Etudes  sur  V architecture  égyptienne,  |>ar  M.  le  comte  du 
Barrj  do  Menai  (  1  vol.  in-8 


-1  \m  1    l>i     \  ENDRED1    ."i    II  in. 

Le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  que 
lui  a  adressée  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  : 

rr Monsieur  le  Secrétaire  perpétuel,  pour  faire  suite  a  mes  pré- 
cédentes communications,  j'ai  l'honneur  de  vous  adresser  l'extrail 
ci-après  d'une  lettre  de  M.  Eugène  Burnouf,  relative  aux  fouilles 
en  cours  d'exécution  a  Uhènes  : 

Le  nasiiun  d'Odyssée,  où  dos  ouvriei  -  travaillent  en  ce  moment,  esl 
mé  de  deux  ;;n»  murs  donl  l'un  s'appuie  an  min-  d'un  bastion  antique 
qui  esl  en  avant  de  la  Pinacothèque,  et  l'autre  s'appuie  au  rocher. 

Le  quadrilatère  ainsi  dessiné  esl  rempli  :  1  par  un  escalier  moderne 
débouchant  presque  an  milieu  du  bastion  el  descendant  à  -i\  mètres  de 
profondeur  :  ■•   par  l'escalier  île  l'an .  qui  descend  par  une  pente  beaucoup 

plus  rapide  el  aboutit,  mais  pins  lias,  an   même  point  que  l'autre,  dans 

l'angle  saillant  du  bastion;  3    enfin,  par  de  lu  maçonnerie  qui  occupe 
tous  les  vides  laissés  par  les  voûtes  des  escaliers. 

Quand  j'ai  entrepris ,  il  \  a  quatre  semaines,  de  découvrir  l'escalier 
d<'  Pan  et  la  Clepsydre,  mil  oe  savait  de  quoi  était  formé  le  bastion 
d'Odj    éi     "n  le  croj  lit  rempli  de  terres  el  de  décombres.  En  réalité, 

\  mi    ,iii\    CoUVI  ÎHCATWM       11      \  I  I  I 


105  — 

il  an  massif  de  maçonnerie  d'une  extrême  dureté  où  les  coins  «  1*  -  fei 
du  démolisseur  s'usent  en  quelques  jours. 

Cepeudanl .  j'ai  déjà  atteint  la  profondeur  de  5  mètres  et  i  ejeté  au  dehors 
plusieurs  centaines  il»'  mètres  cubes  de  pierres  et  de  mortier.  La  hauteur 
totale  jusqu'au  puits  de  la  Clepsydre  étanl  de  i<>  mètres  environ,  la 
moitié  du  travail  intérieur  parait  laite  Mais,  comme  l<  rocher  est  en 
pente  .  l'espace  où  nous  opérons  diminue  à  mesure  que  oous  descendons. 
Au  fond,  nous  ne  trouverons  plus  qjie  les  murs  de  la  chapelle  et  quelques 
remplissages. 

Dans  celle  dernière,  j'ai  commence  à  percer  une  ouverture  pour 
sortir  du  bastion  et  évacuer  par  là  les  matériaux.  Mais  j'ai  dû  y  renoncer 
pour  le  moment,  afin  d'éviter  les  écoulements  d'un  remplissage  de  terre 
qui  se  trouve  entre  la  chapelle  et  le  mur. 

Le  rocher  de  l'Acropole,  mis  à  nu  par  la  démolition,  présente  un 
aspect  tout  à  l'ait  inattendu.  C'est  une  caverne  peu  profonde,  toute  sem- 
blable à  celle  qui  porte  !<•  nom  de  grotte  de  Pan.  Lu  avant  d'elle,  le  rocher 
en  pente  offre  des  gradins  taillés  en  façon  d'étagère,  qui  sont  manifes- 
tement un  travail  antique.  Jusqu'il  présent,  tout  porle  à  croire  que  celte 
grotte  était  On  aura  donc  bientôt  à  examiner  laquelle  des  deux 

doit  être  qualifiée  de  grotte  de  Pan.  Nous  savons  qu'en  effet  il  v  avait 
en  cet  endroit  deux  cavernes  consacrées  à  des  divinités. 

Au  point  où  en  est  notre  travail,  je  crois  pouvoir  assurer  que  les 
résultats  en  seront  importants  et  modifieront  les  idées  que  l'on  s'est  faites 
touchant  les  abords  de  l'Acropole  d'Athènes.  Si  les  fonds  me  le  per- 
mettent, je  pousserai  le  déblayement  jusque  devant  l'aile  droite  des  Pro- 
pylées et  le  Pergos  de  la  \  ictoîre  aptère.  Selon  toute  apparence,  nous  y 
trouverons  la  preuve  que  l'Acropole  n'était   accessible   que  par  deux 
montées  fort  étroites  et  que  le  grand  escalier  de  marbre,   dégagé  par 
M.  Beulé,  fui  une  idée  peut-être  romaine  et  probablement  byzantine, 
ir Pour  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  etc. 
"Le  Directeur  de  l'Enseignement  supérieur, 
«Signé  :  du  Mbsml.» 

Le  Secrétaire  perpéti  bl,  en  achevant  celle  lecture,  exprime  le 
regret  que  M.  Beulé  ue  soil  plu-  là  pour  répondre  à  la  dernière 
observation. 

M.  de  Waillï  commence  la  deuxième  lecture  de  son  mémoire 
sur  le  Romani  ou  chronique  en  langue  vulgaire  dont  Joinville  a  reproduit 
plusieurs  passa; 

M.  8 


—   106  — 

M.  Diriy  lit  un  fragment  d'un  chapitre  sur  Marc-Aurèle. 

M.  Ravaisson  donne  lecture  à  l'Académie  d'une  lettre  par 
laquelle  M.  de  Vogué  lui  annonce  qu'il  envoie  à  l'Académie  le 
premier  rapport  de  M.  Brest  retrouvé  dans  les  archives  du  consu- 
lat de  Smyrne,  rapport  dans  lequel  il  est  dit  en  toutes  lettres  que 
les  bras  de  la  Vénus  de  Milo ,  lorsqu'elle  fut  découverte ,  étaient  cassés. 


SEANCE   DU   VENDREDI    12    JIIV 

M.  le  .Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
copie  du  décret  du  Président  de  la  République  approuvant  l'élec- 
tion de  M.  Heuzey. 

Le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  du  décret,  puis  il  intro- 
duit M.  Heuzey  et  le  présente  à  l'Académie. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
deux  lettres  qui  lui  ont  été  envoyées  par  M.  de  Sainte-xMarie, 
chargé  dune  mission  en  Tunisie.  La  première  est  relative  à  un 
ouvrage  publié  récemment  en  Europe  sur  les  inscriptions  puniques 
et  néo-phéniciennes  de  Cartilage,  et  intitulé  :  Piuiische  Sleine;  la 
seconde  contient  la  copie  de  quatre  inscriptions  romaines  dé- 
couvertes près  de  Kcf. 

A  ce  sujet,  M.  Léon  Renier  annonce  que  M.  de  Sainte-Marie 
avant  acquis  la  marbre  sur  lequel  il  avait  signalé  une  double  dé- 
dicace, l'une  en  L'honneur  de Marc-Aurèle  avant  son  avènement, 
l'autre  en  l'honneur  de  Constantin ,  l'a  généreusement  offert  au 
Gouvernement.  Cet  intéressant  monument  arrivera  sans  doute 
bientôt  à  Paris. 

M.  le  Ministre  adresse  B.USBJ  à  l'Académie  sept  photographies 
d'inscriptions  et  d'objets  que  lui  a  adressées  de  Jérusalem 
M.  Clermont-Ganneau .  avec  la  note  ci-après,  datée  de  Jérusalem . 

98  mai   1  N-  '1  : 


Imitation  de  la  stèle  prohibitive  du  temple,  exécutée  par  on  Arabe 
le  Jérusalem.  C'est  un  curieux  Bpécimen  du  Bavoir-faire  hiérosolymitain 
■  11  matière  de  fausses  antiquités,  dont  j*1  parle  dans  ma  troisième  lettre 
a  I  ithetueum,  relative  a  la  céramique  pseudo-moabite. 


107 

l.a  stèle  est  surmontée  d'une  tète  en  pierre  très-mutilée,  de  style  bar- 
bare, mais  intéressante,  provenant  d'une  fouille  sous  leMehkémé. 

a°  Groupe  d'objets  funéraires  chrétiens,  provenant  de  l'ouverture  d'un 
caveau  sépulcral  à  lîeit-Djâla  (près  de  Bethléem):  verreries  émaillées, 
alabastra  et  terres  cuites.  Lampes  à  inscription:  THC  060TOKOY  et 
<t>OJC  (prob.  <1>(jl)C  XY  <DAIN6I  riACIN);  croix  de  diverses  formes, 
notamment  du  t\pe  dit  latin  j,  que  j'ai  fréquemment  constaté  ici  sui- 
des monuments  incontestablement  grecs. 

\u  bas,  quelques  objets  de  bronze:  anneau,  bracelet,  boucle,  etc. 

3°  Cippe  funéraire  en  marbre  trouvé  dans  les  fondations  de  l'hospice 
autrichien;  Burmonté  d'une  couronne  de  feuillage: 

ATIMHT6 
XPHCTE  KAI 
AAYne 

X6P6  KAACOC 
ZHCAC  6TH 
NE 

L'épitaphede  cel  Atimètos,  mort  à  cinquante-cinq  ans ,  rappelle  tout  à 
fait  les  épilaphes  t\[t  même  genre  recueillies  en  Phénicie  et  en  Chypre: 
mêmes  formule-,  mêmes  particularités  orthographiques,  même  disposi- 
tion monumentale. 

k°  Dalle  peinte  à  fresque.  Même  provenance.  Femme  voilée  couchée, 
ou  plutôt  étendue  et  accoudée  sur  un  lit  de  repos.  Au-dessous  un  esca- 
beau.  Encadrement  de  (leurs.  Dans  le  champ,  au-dessus,  inscription  éga- 
lement peinte: 

EAAPA 

XPHCTE  KAI    A 
AYnE  XAIPE 

Formule  funéraire  identique  à  la  précédente,  mais  plus  correcte.  Mo- 
nument très-curieux  au  point  de  vue  de  l'histoire  de  l'art  à  Jérusalem. 
Peut-être  faut-il  voir  dans  le  nom  purement  hellénique  de  Klara  l'équiva- 
lent de  quelque  nom  sémitique. 

5"  Groupe  d'objets  provenant  de  fouilles  dans  la  nécropole  de  Wady- 
Yasoul  (près  de  Jérusalem)  :  lampe  à  inscription;  autres  lampes  et  fioles 
en  terre  cuite;  vase  avec  le  signe  (\  En  bas.  objets  en  pierre  extraits 
d'une  vaste  caverne  du  mont  Sion. 

Grand  ossuaire  en  pierre  avec  inscription  hébraïque  de  deux  lignes, 

8. 


—    108   — 

gravée  dans  un  cartouche.  Ce  dernier  monument  est  <lo  la  plus  grande 
valeur  pour  l'archéologie  el  l'épigraphie  juives. 

6  el  7  Grand  vaseà  libations,  en  terre  cuite,  trouvé  en  fouillant  des 
cavernes  à  l'intérieur  <lo  Jérusalem.  Couvert  de  sculptures  surmoulées  en 
relief,  <le  style  gréco-romain:  quinze  personnages ,  un  Mercure,  un  Bac- 
chus(?),  des  divinités  féminines;  attributs  religieux  divers:  vase,  autels 
chargés  d'offrandes,  portiques,  feuilles,  etc.  Dans  chaque  anse  est  mé- 
nagée une  cavité  où,  de  chaque  côté,  viennent  boire  deux  serpents.  Au- 
dessous  di'iix  masques  de  Gorgone. 

Ce  vase  extraordinaire  est  du  plus  haut  intérêt  esthétique  et  mytholo- 
gique; c'est  la  première  découverte  de  ce  genre  qui  ait  jamais  été  faite  à 
Jérusalem,  complètement  stérile  jusqu'ici  sous  le  rapport  artistique.  Ce 
vase  b  été  trouvé  accompagné  de  fragments  appartenant  à  d'autres  vases 
semblables,  ce  qui  parait  indiquer  qu'il  a  été  fabriqué  à  Jérusalem  plutôt 
qu'importé. 

AI.  de  Nogïié,  ambassadeur  de  France  à  Constantinople ,  écrit 
à  l'Académie  pour  compléter  les  renseignements  qu'il  a  donnés 
dans  une  Lettre  précédente  sur  la  découverte  de  la  Vénus  de  Alilo. 
Il  lui  adresse  copie  d'une  lettre  de  AI.  Dauriac,  commandant  de 
la  Bonite,  et  de  M.  Brest,  Lettres  écrites,  L'une  trois  jours,  l'autre 
quatre  jours  après  la  découverte,  el  qui  parlent  de  L'état  de  la 
statue  quand  elle  fut  trouvée  l. 

AI.  Ch.  Robert  lit  un  mémoire  sur  la  Défaite  des  Impériaux  sous 
1rs  murs  à\   \i< i:  en  i~>~>< . 

\.  académie  8e  forme  en  comité  secret  pour  entendre  le  rapport 
de  AI.  Renan  sur  le  prix  Brune!  [Bibliographie  stimule  de  V Orient). 

La  Commission  n'a  pas  décerné  le  prix;  «'Ile  en  a  partagé  la 
valeur  (3,ooo  francs)  en  deux  récompenses  égales  :  l'une  accordée 
a  M.  Schwab,  auteur  du  mémoire  inscril  sous  le  n°  i;  l'autre  à 
M.  Gat,  auteur  du  mémoire  inscril  sou-  le  d°  3. 


-i  \\.  i    Dl     VENDREDI    1  <)   Il  IX. 

Le  Commissaire  général  du  Congrès  international  des  sciences 

1    Voii  m  MCATIONS.  n    Vil. 


—   109  — 

géographiques  écrit  à  l'Académie  pour  lui  faire  connaître  que  ce 
congrès  se  tiendra  à  Paris  au  printemps  de  l'année  187O,  et  il 
invite  la  Compagnie  à  donner  son  concours  à  celle  réunion  savante. 
Un  imprimé  contenanHfes  questions  qui  doivent  être  discutées 
esl  déposé  sur  le  bureau. 

M.  Mohl  lit  les  conclusions  «le  la  Commission  du  prix  Volney  : 

La  Commission,  dit-il,  avail  annoncé,  pour  le  concours  de  1876, 

qu'elle  accorderait  nu  prix  consistant  en  un»'  médaille  d'or  de  la  valeur 

de  i,5oo  francs  à  l'ouvrage  de  philologie  comparée  qui  loi  en  paraîtrait 

le  plus  digne  parmi  ceux  qui  lui  seraient  adres-i;>. 

.  Cinq  ouvrages  imprimés  ou  manuscrit  oui  été  envoyés  au  concours: 

N°  I.  i°  Dm  C  dans  les  langues  romanes.  20  Loi  des  finales  en  espagnol, 
par  M.  Charles  Joret.  Paris,  187/1  el  ^72,  in-6". 

N°  II.  i°  Lettres  assyriologiques ,. seconde  série;  Eludes  accadiennes 
(t.  1".  trois  parties).  20  Les  sciences  occultes  en  Asie.  La  magie  chez  les 
Chaldéens  et  les  origines  accadiennes ,  par  M.  François  Lenormant,  in-8°, 
187a. 

N    111.   Origines,  langues,  dialectes  et  littératures  des  populations  de 

l'archipel  indien .  par  M.  Louis  de  Baker.  Paris.  187'».  in-8°. 

N°  IV.  Principes  comparés  de  la  prononciation  de  lu  langue  anglaise  arec 
ceux  des  autres  langues,  par  M.  le  0'  .1.  M.  Rabbinovvicz ,  in-8°. 

N°  \  .  Mélanges  d'épigraphie  el  d'archéologie  sémitiques .  par  M.  Joseph 
Halévy,  in-8°. 

La  Commission,  après  avoir  examine  ces  cinq  ouvrages,  estime  qu'il 
n  \  a  pa-;  lien  de  décerner  le  prix;  elle  accorde  comme  encouragement  la 
somme  il.'  800  francs  à  M.  Joret,  auteur  du  d°  1,  cl  autant  à  .M.  Joseph 
Halévy,  auteur  du  n'  \  . 

La  Commission  décernera,  en  1870.  une  médaille  de  i,5oo  francs  .1 
l'ouvrage  'le  philologie  comparée  qui  lui  en  paraîtra  le  [dus  digne  parmi 
ceux  qui  lui  auront  été  ou  lui  seront  adressés. 

Il  faudra  que  les  travaux  dont  il  s'agit  aienl  été  entrepris  à  peu  près 
dansles  mêmes  vues  que  ceux  dont  les  langues  romanes  el  germaniqu< 
ont  été  l'objet  depuis  quelques  années.   L'analyse  comparée  de  deux 
idiomes,  et  celle  dune  famille  entière  de  langues,  seront  également  ad- 
mises au  concours. 

Mais  la  Commission  ne  peut  trop  recommander  aux  concurrents  d  en 


—    I  1  0  — 

risager  sous  le  point  de  vue  comparatif  et  historique  les  idiomes  qu'ils 
auront  choisis,  el  de  ne  passe  borner  à  l'analyse  logique,  ou  à  ce  qu'on 
appelle  la  Grammaire  générale. 

L'Académie  procède  au  choix  d'un  lecteur  pour  la  prochaine 
séance  trimestrielle  des  cinq  Académies.  M.  Duruy  est  désigné 
pour  lire  un  morceau  sur  Mare-Aurèîe. 

M.  de  Waii.lv  achève  la  deuxième  lecture  de  son  mémoire  sur 
le  Romant  ou  chronique  en  langue  vulgaire  dont  Joinville  a  reproduit 
plusieurs  passages. 

M.  de  Waiily  demande  el  obtient  l'autorisation  d'imprimer 
son  mémoire  sans  perdre  le  droit  de  le  présenter  pour  le  Recueil 
des  Mémoires  de  l'Académie. 

Esl  adressé  à  l'Académie,  pour  le  concours  des  Antiquités  na- 
tionales de  1875  : 

Sanctuaire  de  Votre-Dame  de  la  Romenguière  à  I  illepinle ,  par 
M.  l'abbé  ABtre  ('1  exempl.  Ln-80;'Carcassonne,  1868). 

M.  de  Longpkrieb  lit  une  noie  sur  un  vase  de  bronze  trouvé 
dans  la  Sienne,  aux  cm  irons  de  Cou  tances  : 

••  M.  Quesoault ,  ancien  sous-préfet  de  Coutauces,  a  chargé  noire 
avant  confrère  M.  Léopold  Delisle  de  mettre  sous  lès  yeux  des 
membres  de  l'Académie  Irois  photographies  représentant,  sous 
divers  aspects,  un  vase  de  bronze  trouvé  dans  la  Sienne,  sur  le 
territoire  de  la  commune  d'1  rville  (  arrondissement  de  Coutances) , 
cl  qui  a  été  acquis  pour  le  musée  de  Coutances  par  les  soins  de 
M.  Quesnault.  Le  poids  de  ce  rase  esl  d'environ  1  kilogramme, 
-.1  contenance  de  1  I  il  ce  ci  demi  ;  sa  longueur,  \  conquis  le  manche, 
de  3i  centimètres;  sa  hauteur  de  10,  son  diamètre  de  18.  C'est 
an  nom  de  M.  Delisle  que  je  présente  ces  photographies  à  I  aca- 
démie, en  ajoutanl  quelques  remarques  sur  l'objet  dont  la  décou- 
verte nous  esl  ainsi  obligeamment  signalée. 

itLe  vase  de  bronze  trouvé  près  d'Urviile  esl  un  ustensile  culi- 
naire, nue  casserole,  pour  rappeler  par  son  nom.  Cette  casserole 
esl  exécutée  avec  un  très-grand  soin.  s;)  forme  est  très-élégante; 
unis  ^'~  détails  sont  exécutés  avec  une  Gnesse  remarquable.  Le 
nanche,  large  el  mince,  porte  l'estampille  du  fabricant  PVDES'F 


Pudetu,  avec  amusvara  sur  VE,fecitl).  Le  num  de  Pudens  se 
trouve  imprimé  sur  des  vases  de  terre  rouge,  recueillis  dans  les 
Gaules  et  dans  la  Graade-Bretagae. 

-Le  fond  du  vase  présente  sur  sa  face  extérieure  une  .série  de 
filets  circulaires  concentriques  d'un  si  grand  relief  qu'ils  sonl 
presque  cylindriques;  cesfdets  oui  éié  pris  dans  la  niasse  du  me'tal 
tondu  et  ont  été  exécutés  à  l'aide  du  tour.  Ce  ne  sont  pas  là  des 
ornements,  placés  sur  une  parti.-  du  vase  où  leur  présence  n'est 
nullement  nécessaire.  Mais  les  sillons  profonds  qui  les  séparent 
avaient  pour  utilité  de  diminuer  considérablement  le  poids  de 
l'ustensile  sans  diminuer  sa  force  de  résistance,  qui  profitait  de 
toute  l'épaisseur  des  filets  ménagés  en  relief,  et,  d'ailleurs,  fort 
rapprochés  les  uns  des  autres. 

ffll  serait  possible  aussi,  quoique  à  cet  égard  on  ne  doive  rien 
affirmer,  que  les  anciens,  qui  ont  fait  empiriquement  tant  de  dé- 
couvertes scientifiques,  aient  reconnu  que  l'accroissement  de  sur- 
face produit  par  le  développement  de  ces  petits  cylindres  aidait 
à  l'absorption  d'une  plus  grande  quantité  de  chaleur  dans  un 
temps  donné;  en  d'autres  termes,  hâtait  réchauffement  du  liquide 
ou  des  corps  placés  dans  le  vase  lorsqu'il  était  sur  le  feu. 

(rQuoi  qu'il  en  soil,  ces  filets  se  retrouvent  dans  d'autres  casse- 
roles exactement  semblables  pour  la  forme  à  celle  dont  nous  avons 
l'image  sous  les  yeux. 

-La  découverte  de  ce  vase  dans  les  environs  de  Coutances  ne 
suffit  pas  pour  lui  attribuer  une  origine  septentrionale.  Cette  re- 
marque s'appuie  sur  des  observations  antérieures.  J'ai  pu,  en  1867, 
classer  dans  la  galerie  de  l'histoire  du  travail,  à  l'Exposition 
universelle,  deux  casseroles  semblables  qui,  toutes  deux,  portaient 
une  même  estampille  contenant  le  nom  du  fabricant  DRACCIVSF. 
Or,  l'un  de  ces  ustensiles  avait  été  trouvé  à  Villeurbanne  (Isère). 
l'autre  à  Corseul  (  Cdtes-du-Nord  )-.  Ces  vases,  recueillis  sur  des 

1  Vov.  le  travail  intitulé  :  lh  l'anousvara  dans  la  numismatique gauloite  (Revue 
numismatique,  i^6'i,  l.  IX,  p.  333  et  sui\ 

M.  R.Mowat,  ayant  In  un  compte  rendu  de  celte  communication,  avertit 
postérieurement  l'auteur  des  recherches  qu'il  a  faites  sur  la  provenance  du  poêlon 
de  Dracciu*,  conservé  au  musée  de  Renne:.,  avec  mention  de  Corseul.  Le  vase 


—   112  — 

points  si  distants,  indiquent  nécessairement  que  1rs  produits  du 
bronzier  Draccius  étaient  transportés  par  le  commerce,  soit  do 
nord  au  midi,  soit  du  midi  au  nord.  I!  pouvait  en  être  de  même 
pour  les  produits  du  fabricant  Pudens.  Il  faut  ajouter,  comme 
détail  intéressant,  que  les  casseroles  recueillies  près  d'Urville  et 
à  Villeurbanne  ont  été  étamées  à  1  intérieur;  procédé  d'invention 
gauloise,  au  dire  de  Pline,  qui  cite  à  ce  sujet  la  \ille  d'Alise  et 
1rs  Bituriges  (xxxiv,  18).  Il  se  pourrait  que  Pudens  et  Draccius 
aient  travaillé  dans  le  centre  de  la  Gaule. n 

M.  de  LongpÉbieb  lit  encore  une  note  de  M.  Louis  Descliamps 
de  Pas,  correspondant  de  l'Académie  à  Saint-Omer,  relative  à  la 
découverte  de  trois  pierres  sépulcrales  sur  l'emplacement  de  l'an- 
cienne abbaye  d'Andres  f  Pas-de-Calais 

«Cette  abbaye,  située  près  de  Guines,  a  joui  d'une  certaine  ré- 
putation, grâce  surtout  à  la  chronique  qui  porte  son  nom,  conte- 
uanl  I  histoire  des  comtes  de  Guines,  chronique  qui  ne  dépasse 
point  Tannée  1 334  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  chro- 
nique d  ordres,  si  souvent  citée  par  les  historiens.  Détruit  au 
commencement  du  me  siècle  pendant  la  guerre  di  -  anglais,  ce 
monastère  ne  se  rehva  pas  d"  ses  ruines  et  il  n'en  peste  aucun 
vestige  extérieur.  Des  fouilles  partielles  ont  fait  mettre  au  jour 
trois  tombes  dont  M.  Deschamps  donne  une  description  détaillée. 
Ces  tombes  se  composaient  d'un  cercueil  de  bois  sur  lequel  était 
posée  une  grande  dalle  de  pierre  portant,  gravées  en  ereux,  la 
figure  et  l'épiiaphe  du  moi  l.  Sur  la  première  on  lit  quatre  vers 
léonins,  que  nous  reproduisons  en  caractères  courants: 

Hicjacel  m  tumba,  simplex  velut  uoacolumba, 
I)  tidinus  juvenis,  c  patii  de    quoque  lenis, 

Vi  mortis  stratus,  de  Balinghem  quoque  natus, 
Divinum  Qamen  buic  requiem  del.  kmen. 

ir C'est-à-dire  :  -Ici  repose  dan-  la  tombe  le  jeune  Baudouin. 
rr  H  avait  la  simplicité  de  la  colombe;  il  était  chaste,  patient  et  doux. 

1           èbrecolli  il  de  Robien ,  et  peut  avoir  été  trouve 

i  Brel  is  '|n l« •  i % •  préciser  davantage 


—    113  — 

••  La  puissance  de  la  morl  l'a  abattu.  Il  était  né  de  Balinghem.  Que 
rr l'esprit  divin  lui  donne  le  repos!  Amen. a 

-l  ne  seconde  inscription,  tracée  au-dessus  de  la  tête  du  jeune 
homme,  indique  que  Baudoin  de  Balinghem  était  mort  le  jour 
de  saint  Biaise,  en  1  ••7.').  La  seconde  dalle  représente  un  chevalier 
revêtu  d'une  coite  de  mailles,  morl  le  lendemain  de  la  Saint-Gré- 
goire, en  127G.  Son  épitaphe,  également  en  vers  léonins,  qua- 
lifie d'illustre  guerrier  [miles  famosus)  ce  personnage,  sur  lequel 
les  chroniques  du  xm"  siècle  sont  pourtant  absolument  muettes. 

ir Quant  à  la  troisième  tombe,  clic  renfermait  les  restes  de  Mar- 
guerite de  Nielles,  morte  en  1276.  Six  vers  léonins,  formant 
épitaphe,  contiennent  un  pompeux  éloge  de  cette  femme.  La  chro- 
nique de  Lambert  d'Ardres  mentionne  plusieurs  personnages  de 
sa  famille;  la  seigneurie  de  Nielles-lez-Andres  dépendait  de  la 
châtellenie  de  Guines.  La  partie  de  l'inscription  qui  contenait  la 
date  du  i\<>r'r<  de  Marguerite  esl  rédigée  en  français. 

wLes  trois  tombes  étaient  placées  l'une  à  côté  de  1  autre,  pro- 
bablement dans  l'enceinte  d'une  même  chapelle.  On  a  retrouvé 
dans  le  même  emplacement  divers  fragments  d'autres  dalles  tu- 
mulaires  dont  l'un  pourrait  appartenir  à  la  sépulture  de  la  mère 
de  Baudoin  de  Balinghem.  Le  sol  de  l'église  d'Àndres  était  pavé 
de  briques  entaillées,  noires  ou  avec  figures  jaunes  sur  fond  rouge. 
Les  principaux  sujets  que  représentent  ces  briques  sont  :  la  Heur 
de  lis,  le  chien  courant,  un  chevalier  armé  du  bouclier  el  de  l'c- 
pée  et  avant  des  pieds  de  chèvre.  Des  fouilles,  pratiquées  régu- 
lièrement dans  le  sol  du  monastère  d'Andres,  feraient  bien  pro- 
bablement découvrir  d'autres  monuments  intéressants.» 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 


SÉANCE  JJL   VENDREDI    26  Jl  I v. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  écrit  à  l'Académie  pour 
lui  communiquer  plusieurs  estampages  d'inscriptions  sémitiques 
envoyés  de  Tunis  par  M.  de  Sainte-Marie. 

Il  es!  donné   lecture  d'une  lettre  par  laquelle  M.  de  Sainte- 


—   \\h  — 

Mari*?  informe  le  Secrétaire  perpétue]  que,  parmi  les  objets  qu  il 
destine  au  musée  du  Louvre,  il  croit  devoir  signaler  une  ins- 
cription romaine  trouvée  à  Zaghouan  et  dont  il  vient  de  faire 
l'acquisition.  Il  compte  en  envoyer  un  estampage  à  l'Académie 

par  le  prochain  courrier. 

Le  Secrétaire  perpétuel  rappelle  à  l'Académie  que  M.  le  Mi- 
nistre de  l'instruction  publique,  par  une  lettre  en  date  du  5  juin, 
a  demandé  si  1  n\  avait  pas  lieu  de  faire  séjournera  Paris,  après 
leur  admission,  pendant  un  certain  temps,  les  élèves  de  TEcole 
d'Athènes,  afin  qu'ils  pussent  y  étudier  :  1"  la  paléographie  grecque; 
2°  le  grec  moderne;  3°  le  turc. 

La  Commission  de  l'Ecole  d'Athènes,  à  qui  la  question  a  été 
renvoyée,  en  a  délibéré  el  a  pris  les  conclusions  qui  se  trouvent 
résumées  dans  l'extrait  suivant  du  procès-verbal  : 

-La  Commission  a  été  d'avis  que,  dans  le  programme  d'examen 
arrêté  le  3 o  janvier  1876  et  soumis  à  l'approbation  de  AL  le  Mi- 
nistre, il  y  avait  lieu  d'ajouter  à  3°  d'épigraphie  le  mot  de  paléo- 
graphie et  de  mentionner  que,  dans  l'épreuve  orale,  les  candidats 
devraient  lire  un  texte  manuscrit.  La  Commission  pense  que  les 

épreuves  ainsi  définies  sont  suffisantes  pour  que  les  élèves  admis 

soieni  en  étal  de  partir  dès  le  mois  d'octobre,  s;ms  être  assujettis 
à  un  stage  de  trois  mois.  1 

L  académie  adopte  ces  conclusions.  Le  Secrétaire  perpétuel 
les  transmettra  à  M.  le  Ministre. 

Le  lî.  P.  Verdière  continue  sa  lecture  sur  la  VUle  de  Leptu. 

M.  Vivien  de  Saint-Martin  lit  un  mémoire  sur  le  véritable  em- 
placement il'    ii  où 

I.  académie  se  forme  en  comité  secret. 


—  115  — 

COMMI  NICATIONS. 

V  I. 

LES   MARTYRS   DR   L'EXTRÊME  ORIENT  ET  LES  PERSÉC1  MOINS  ANTIQUES. 

Le  séminaire  des  Missions  étrangères  possède  un  sanctuaire 
(pli  rappelle  lis  plus  vénérables  galeries  des  catacombes  de 
Rome.  Là  sont  déposés,  en  grand  nombre,  les  ossements,  les 
instruments  de  supplice  des  martyrs  de  L'extrême  Orient.  Les 
traits  de  ressemblance  entre  ces  saints  et  ceux  des  anciens 
jours  sont,  nombreux  et  souvent  on  retrouve,  cbcz  les  chrétiens 
de  la  Chine,  de  l'Indo-Chine  et  du  Japon,  des  actes,  des  pa- 
roles qui  rappellent  les  temps  des  persécutions  romaines.  ' 

Ce  n'est  pas  qu'un  parallèle  absolu  puisse  s'établir  ici. 
L'Orient  se  distingue,  comme  toujours,  par  un  rallinement 
de  cruauté  inconnu  aux  plus  méchants  de  nos  contrées.  La 
haine  contre  les  chrétiens  s'y  manifeste  aussi  par  des  calom- 
nies que  les  Romains  n'avaient  pas  imaginées.  Ces  imputations 
mensongères, dont  parlent  souvent  1rs  \c|c>  des  nou\rau\  saints. 
6gurent  dans  des  libelles  obscènes  impossibles  à  publier  en 
français,  et  dont  M.  Edmond  Le  Blant  ne  peut  donner  que 
quelques  courts  extraits. 

Sur  le  plus  grand  nombre  de  points,  les  calomnies  inventées 
par  1  » •  n  Orientaux  sont  les  mêmes  qui  se  produisirent  chez  les 
persécuteurs  des  premiers  siècles  de  notre  ère;  les  chrétiens 
sont,  comme  autrefois,  accusés  d'être  des  magiciens,  de  sa- 
voir, parleurs  maléfices,  se  rendre  insensibles  aux  torture-. 
de  détourner  les  femmes,  de  causer,  par  leur  impiété,  les 
malheurs  publics,  de  commettre  des  actes  abominables  dans 
leurs  réunions  religieuses.  Comme  les  anciens  païens,  les 
Orientaux  s'inquiètent  des  paroles  de  l'oraison  dominicale  : 
Que  mire  règne  arrive  !  Ile  pensent  que  ces  mots  sont  L'annonce 


—   1  1 6  — 

d'un  envahissement  de  leur  pays  par  une  race  étrangère; 
comme  eu\,  Ils  fabriquent  et  exposent  des  crucifix  grotesques 
où  lf  Christ  est  représenté  d'une  façon  outrageante. 

La  foule  des  chrétiens  suit  pas  à  pas  la  voie  qu'ont  tracée 
les  fidèles  des  anciens  âges.  Comme  eux,  et  malgré  le  péril, 
ils  assistent  les  saints  au  lieu  du  supplice,  recueillent  leur 
sang,  leurs  vêtements,  leurs  instruments  de  supplice  (puis 
placent  dans  leurs  tombes,  achètent  au  prix  de  l'or  les  procès- 
verbaux  de  leur  martyre  et  rendent  grâce  à  Dieu  de  leur  mort 
héroïque.  Les  paroles,  les  actes  des  saints  d'autrefois  repa- 
raissent chez  les  nouveaux  soldats  de  Dieu.  Les  prisons  reten- 
tissent de  chants  sacrés  et  sont  sanctifiées  par  un  jeûne  volon- 
taire. Une  femme,  dépouillée  de  ses  vêtements  sur  l'ordre 
brutal  du  mandarin,  trouve,  pour  lui  reprocher  son  acte  d'infa- 
mie, les  mots  jetés  autrefois  par  sainte  Tlieonilla  au  procon- 
sul. Ceux  auxquels  les  bourreaux  répètent  <|",'  '«'  Christ  esl 
impuissant  à  secourir  ses  fidèles  répondent .  comme  aux  temps 
antiques,  que  le  Seigneur  les  assiste  en  leur  donnant  la  cons- 
tance et  la  force  de  souffrir.  Wec  saint  Denys  d'Alexandrie, 
s, uni  Cyprien,  ces  hommes  sans*  peur  proclament  que  la  sen- 
tence qui  les  condamne  est  pour  eux  un  titre  de  gloire. 

Les  missionnaires  qui  prient  le  Seigneur  de  leur  donner  le 
courage  des  anciens  martyrs  ont  à  subir  des  épreuves  inconnues 
aux  vieux  héros  de  la  foi.  Souvent,  pour  sauver  les  chrétien* 
(l'une  contrée  menacée  <l»'  persécution,  l'évêque  ordonne  à 
l'un  deses  prêtres  d'aller  se  livrer  aux  mandarins.  Nul  n'hé- 
site devant  ce  sacrifice. 

Idolâtres  et  chrétiens  subissent  l'ascendant  de  ces  hommes 
sai^  crainte.  Les  tableaux  peints  par  les  indigènes  et  représen- 
tant les  supplices  des  martj  rs  montrenl  les  bourreaux  s'ouvrant 
une  blessure  pour  s'inoculer  le  courage  en  versant  dans  leur 
propre  chair  quelques  gouttes  d'un  sang  généreux.  I  n  Irait  re- 
marquablc  de  ces  peinturée  témoig acore,  sous  une  autre 


forme,  du  respect  inspiré  dans  ces  contrées  lointaines  par  l'é- 
nergie des  soldats  de  Dieu.  Tandis  que  les  malheureux  apos- 
tats \  figurent  devenus  tout  d'un  coup  petits  et  difformes  dès 
qu'ils  ont  foulé  aux  pieds  la  croix,  le  martyr  est  représenté 
d'une  taille  supérieure  à  celle  des  hommes  qui  t'entourent,  et 
déchiré  par  des  bourreaux  qui  semblent  de  misérables  pyg- 
mées  s'acharnant  sur  le  corps  d'un  géant  impassible. 

Edmond  Le  Blant. 

\"   II. 

DEUX  NOUVEAUX  CONTES  ÉGYPTIENS. 

Nous  n'avons  connu,  jusqu'à  ces  derniers  temps,  qu'un  seul 
ouvrage  d'imagination  provenant  de  l'Egypte  pharaonique: 
c'est  le  Conte  des  deux  frères,  que  M.  de  Bougé  a  déchiffré  sur 
lepapyrusde  M'"  d'Orbiney,  aujourd'hui  propriété  du  musée 
Britannique  '.  Ce  papj  ras,  qui  constitue  pour  les  égyptologues 
la  plus  exacte  des  grammaires  et  le  {dus  incontestable  des  vo- 
cabulaires, a  épargné  aux  investigateurs  des  écritures  égvp- 
tiennes  au  moins  dix  années  de  tâtonnements.  Grâce  au  grand 
nombre  de  citations  dont  il  a  été  l'objet,  et  aux  diverses  tra- 
ductions qui  en  ont  été  faites,  ce  texte  est  devenu  presque  po- 
pulaire: les  singulières  et  merveilleuses  aventures  de  Baïta  et 
de  son  épouse  perverse  sont  connues  dune  partie  considérable 
du  public  lettré. 

Le  conte  non  moins  merveilleux  que  M.  le  docteur  Brugsch 
a  lu  dans  un  papyrus  démotique  du  musée  de  Boulaq,  et  que 
ce  savant  a  appelé  le  Roman  de  Setnau,  offre  moins  d'intérêt,  à 
raison  de  sa  date  beaucoup  plus  récente.  D'ailleurs,  la  tra- 
duction publiée  par  M.  Brugsch  est  confuse  dans  plusieurs 
passages.  Il  est  à  désirer  que  ce  savant,  qui  n'a  pas  de  rival 

1   Voy.  le  travail  de  M.  de  Rougé  dans  1    Rev.  arch.  IV  année,  1802  ,  p.  385. 


—  us  — 

dans  la  connaissance  du  démotique,  soumette  le  Lex.te  à  de 
nouvelles  investigations. 

L'année  dernière,  en  compulsant  les  papyrus  hiératiques 
<lu  musée  de  Turin,  publiés  par  MM.  Pleyte  et  Rossi,  j'ai  dé- 
couvert les  débris  d'un  troisième  petit  roman.  Malheureuse- 
ment, les  fragments  conservés  de  ce  papyrus  ne  contiennent 
ni  le  commencement  ni  la  lin  de  la  composition,  et  sont  eux- 
mêmes  criblés  de  lacunes.  J'ai  hésité  à  signaler  au  monde  sa- 
vant ma  petite  découverte.  Mais,  aujourd'hui,  elle  trouvera 
tout  naturellement  sa  place  à  la  suite  d'une  notice  sur  une 
quatrième  œuvre  d'imagination  qui  vient  d'être  signalée. 

l'.r  nouveau  conte  égyptien  a  été  reconnu  sur  l'un  des  pa- 
pyrus hiératiques  de  la  collection  Harris,  acquise  récemment 
par  le  musée  Britannique,  et  non  encore  livrée  à  La  publicité. 
Cette  découverte  est  duc  à  M.  Q.  W.  Goodwin,  l'un  (\vs  rares 
égyptologues  dont  il  soit  possible  d'accepter  les  traductions 
sans  contrôle.  Ce  savant  a  communiqué  à  La  Société  d'archéo- 
logie biblique  de  Londres  un  compte  rendu  du  petit  roman. 
\  oici  la  traduction  de  ce  compte  rendu  : 

I  i:  CONTE   Dl     l'i;i\<  E  PR^DBSI  IM.. 

1  le  curieux  roman,  qui  malheureusement  n'est  pas  entier,  raconte 
comment  certain  roi  égyptien,  à  la  suite  de  ferventes  prières,  obtint  un 
Gis  ilmii  les  sepl  Hathors  (  les  Parques  |  pronostiquèrent  qu'il  mourrait  de 
l'une  de  ces  trois  morts  :  par  an  crocodile,  par  nu  serpent,  ou  par  un 
chien. 

Pour  préserver  son  lils.  le  mi  le  renferme  dsns  une  chambre  luxueu- 
sement meublée,  et  I  entoure  «le  nombreux  serviteurs  .  auxquels  il  est  m- 
terdil  de  lui  parler  de  I  existence  de  ces  trois  espèces  il  animaux* 

I  a  jour,  le  prince  séquestré  aperçoit  un  Égyptien  allant  îi  la  chasse 
lé  de  Bon  chien.  Aussitôt  il  désire  posséder  un  animal  sem 
Miilile.  L'expression  de  ce  désir  est  cause  que  Ba  destinée  lui  esi  révélée. 
Mais,  ■•'  force  d'obsessions,  il  obtient  de  son  père  la   liberté  d'agir  ■< 
guise,  en  lui  (lis.mi  qu'il  est  inutile  de  chercher  à  échapper  à  -eu  destin. 

Ensuite  il  décide  le  roi  .1  le  laisser  partir  et  courir  le  monde;  puis. 


—   119  — 

profitas!  de  la  permission  ^  il  entreprend  seul  le  voyage  de  Naharan  [la 
Mésopotamie),  en  se  faisant  passer  pour  le  61s  d'un  cavalier  égyptien 
fuyant  la  cruauté  d'une  belle-mère. 

- 

Arrivé  à  la  cour  du  roi  du  pays,  il  fréquente  les  courtisans.  Ceux-ci 
lui  apprennenl  les  singulières  circonstances  dans  lesquelles  se  trouve  la 
lille  du  roi.  qui  est  enfermée  dans  une  tour,  et  ne  |»<'iil  être  délivrée  que 
par  Tamaiit  qui  réussira  à  escalader  la  fenêtre  de  sa  prison.  Tous  les 
princes  de  Naharan  ont  tenté  l'entreprise  et  tous  ont  échoué;  mais  le  jeune 
Egyptien,  donl  la  bonne  tournure  gagne  le  cœur  de  la  princesse,  réussit 
à  opérer  sa  délivrance. 

Le  roi  de  Naharan  refuse  cependant  de  la  donner  en  mariage  à  un  fu- 
gitif inconnu.  Mais  la  princesse  menace  de  recourir  au  suicide,  et  le  roi 
consent  à  l'union  des  deux  amants. 

Bientôt  après,  le  prince  part  avec  son  épouse  pour  visiter  l'Egypte. 
A  l'entrée  d'un  temple  où  il  allait  faire  son  adoration,  il  est  attaqué  par 
un  crocodile  sacré,  qu'il  repousse,  et  par  un  géant,  dont  il  est  victorieux. 
Fatigué  par  ces  luttes,  il  rentre  à  sa  demeure  pour  prendre  quelque  re- 
pos, tandis  que  son  épouse  veille  près  de  lui.  A  cet  instant  un  serpent 
sort  d'un  trou  et  cherche  à  le  piquer  pendant  son  sommeil  ;  mais  la  prin- 
cesse fait  boire  au  reptile  une  drogue  enivrante  et,  lorsque  l'animal  dan- 
gereux esl  ivre,  elle  le  noie  dans  son  bain. 

En  s' éveillant,  le  prince,  de  concert  avec  sa  femme,  offre  aux  dieux 
desactionsde  grâces  pour  avoir  été  délivrédedeux  des  morts  qui  lui  avaient 
été-  prédites. 

Il  sort  ensuite  pour  se  promener,  et,  de  nouveau,  fait  la  rencontre 
d'un  géant  et  d  un  crocodile,  qui  l'avertissent  de  son  inévitable  destin.  Il 
n'y  fait  nulle  attention. 

Deux  mois  après,  le  prince  sort,  emmenant  son  chien  avec  lui 

Ici  s'arrête  !<•  papyrus.  Nous  no  connaîtrons  jamais  la  fin 
de  l'histoire,  à  moins  qu'un  heureux  hasard  ne  fasse  retrouver 
le  reste  du  manuscrit. 

Ce  conte  est  comparable,  ainsi  que  M.  Goodwin  en  a  fait 
l'observation ,  à  certaines  légendes  du  moyen  âge.  On  n'y 
trouve  pas.  comme  dans  le  Conte  des  deux  frères  et  clans  le  Ro- 
man de  Setttaa,  de  traits  rappelant  forcément  la  doctrine  égyp- 
tienne. Mais,  aussi  bien  que  ces  deux  compositions,  il  est  d'un 
style  simple,  le  récit  v  est  bien  suivi;  aussi  l'on  y  recueillera 


—   120  — 

une  ample  moisson  de  renseignements  lexicographiques  et 
grammaticaux,  Lels  que  les  textes  mythologiques  n'en  peuvenl 
jamais  fournir.  La  prompte  publication  du  texte  hiératique 
sera  conséquemmenl  un  grand  service  rendu  à  la  science. 

Le  fragment  que  j'ai  reconnu  sur  l'un  des  papyrus  hiéra- 
tiques de  Turin  D'offre  pas  les  mêmes  avantages;  non  pas  que 
le  style  en  soit  beaucoup  moins  simple,  mais,  dans  son  élal  de 
mutilation ,  le  texte  \  esl  trop  souvenl  interrompu  pour  qu'on 
puisse  v  puiser  avec  certitude  suffisante  des  observations  gram- 
maticales. On  y  trouve  cependant  quelques  expressions  remar- 
quables, dignes  d'être  enregistrées  dans  tous  les  index. 

Tel  qu'il  a  (''lé-  reproduit  par  M.  Pleyte,  ce  texte  couvre  les 
planches  79,  80,  81  et  82  de  la  publication  entreprise  par 
cet  égyptologue  zélé.  Mais,  ainsi  qu'il  nous  l'explique  lui- 
même,  ces  planches  ont  été  recomposées  par  lui  au  moyen  du 
groupement  de  vingt-deux  fragments  qui  étaienl  collés  pêle- 
mêle  sur  les  cartons  du  musée1.  Dans  ce  travail  épineux,  le 
savanl  néerlandais  a  montré  une  grande  perspicacité;  toutefois 
l'étude  approfondie  que  j'ai  faite  du  texte  me  porte  à  classer 
les  planches  dans  un  ordre  différent.  La  planche  <s-<  esl  la  pre- 
mière el  précède  la  planche  -<)  que  suivent  régulièrement  les 
11  80  el  *  t. De  plus .  les  premier,  fragments  verticaux  placés  à 
droite  des  pages  80  el  81  me  paraissenl  appartenir  à  d'autres 
parties  du  texte.  Quatre  autres  petits  fragments  détachés,  que 
m'a  communiqués  M.  lîo.ssi.  son!  toul  à  fail  inutilisables. 

La  portion  du  texte  que  comprend  le  papyrusainsi  ordonné 
forme  un  épisode  auquel  je  donnerai  le  dire  A' Episode  du  Jar- 
/lin  des  fleurs. 

Le  héros  de  l'aventure  esl  un  grand  personnage  qui  porte. 
entre  autres  titres,  celui  de  .-*  V  \X  ^Jiaouù,  ou  général  d'ar- 
mée. J'ai  constaté  ailleurs  l'importance  des  fonctions  du  haouti2; 

Pleyle    I  '   t  papyrus  hiératiques  de  Turin ,  sommaires ,  p.  118. 

Recherches  sw  de  la  dix  neuvième  dynasti    □ 


—   121  — 

des  princes  en  onl  été  investis  à  L'époque  ilc^  Ramessides,  el 
notre  papyrus,  qui  esl  d'une  très-belle  écriture,  date  précisé- 
ment de  cette  époque.  Notre  héros  appartenait  probablement 
à  la  famille  royale;car,  d'après  une  mention  du  texte,  il  était 
•  ■il  relation  de  parenté  avec  la  régente  jj  J  J  (hon-t). 

Ce  prince  raconte  lis  aventures  qui  lui  sont  arrivées  dans 
un  jardin  magnifique,  où  il  avait  été  entraîné  par  une  de  ces 
messagères  d'amour  dont  les  imitatrices  infestent  encore  au- 
jourd'hui les  grandes  villes  modernes.  La  description  de  ce  lieu 
de  délices  rappelle  celle  des  Bateaux  des  jleurs ,  lieux  consacrés 
en  Chine  aux  ('bats  des  riches  débauchés.  De  même  qu'au  Cé- 
leste Empire,  les  courtisanes  égyptiennes  se  donnaient  entre 
Iles  le  nom  de  sœurs. 

L'existence  de  ce  genre  de  provocation  dès  les  temps  pharao- 
niques pouvait  être  supposée.  Elle  est  démontrée  aujourd'hui, 
suit  par  notre  petit  roman,  soit  par  les  recommandations  que 
l'ait  à  ce  propos  le  livre  des  Maximes  du  scribe  Ani,  dont  j'ai 
entrepris  la  traduction  littérale  analytique1.  Les  mêmes  abus 
étaient  connus  chez  les  Hébreux,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  l'his- 
toire du  patriarche  Juda.  On  peut  lire  au  Livre  des  Proverbes 
de  Salomon  un  énergique  tableau  des  agissements  de  la  cour- 
tisane. 

Ces  explications  préliminaires  étaient  indispensables  pour 
nous  introduire  ,/,  médias  res.  J'avertis  que  j'ai  du  suppléer 
quelques  mots  el  même  quelques  phrases  pour  lier  les  parties 
du  texte  interrompues  par  les  lacune-. 

L'ÉPISODE  DD  JARDIN  DES  FLEURS. 

Elle  me  conduisit  ma  main  dans  sa  main,  "\niis  allâmes  dans 

son  jardin  pour  causer.  Elle  m'y  fit  goûter  du  miel,  qui  était  excellent. 
Ses  joncs  étaient  verdoyants,  ses  arbrisseaux  couverts  de  fleurs;  il  y  avait 

'  Journnl  FEgyptologie,  publié  'liez  J.  Dejossieu,  ;'<  Chalon-sur-Saône 

II-  n 


—   122  — 

des  groseilles  el  des  cerises'  plus  rouges  que  le  rubis;  ses  perséasen  ma- 
turité ressemblaient  à  «lu  bronze;  son  bosquet  étail  de  la  couleur  du  mé- 
tal Nashem .  ses  nennt  comme  les  noix  de  coco  qu'on  apporte  dépouillées; 
son  ombrage  était  Irais  et  aéré;  le  repos  voluptueux  \  était  facile. 

Lorsqu'elle  me  rencontra,  la  fille  <ln  préposé  aux  vergers  l'avait  envoyée 
•  ■u  messagère,  r Viens  chez  moi.  m'avait-elle  dit;  demeure  un  jour  dans 
la  chambre  d'une  jeune  fille  qui  est.  à  moi;  le  jardin  est  en  son  jour:  il  \ 
a  terrasse  el  boudoir.  » 

Ici  se  termine  la  première  page  à  laquelle  il  manque  une 
ligne.  L'entremetteuse  s'adresse  à  la  plus  séduisante  des  Pbry- 
nés  de  l'endroil  : 

«•Les  nobles  hommes  sont  joyeux,  ravis  à  ta  vue;  laisse-les  venir  à  ta 
demeure  portanl  leurs  précieux  joyaux.  Ecoute!  ils  viennent  avec  leurs 
richesses;  ils  apportent  la  boisson  haq  pour  toutes  tes  compagnes,  toute 
espèce  de  pains  pour  les  repas,  des  gâteaux  Irais  de  la  veille  et  du  jour, 
et  tous  les  excellents  fruits  des  parlas  joyeuses.  Viens!  lais  un  jour  de 
bonheur,  i 

|)u  premier  au  troisième  jour,  elle  se  tint  assis*  sous  t'ombrage.  Son 
khenmès   étail  à  sa  droite;  il  avail  amené  son  domestique] r  exécuter  tous 

ses  ordres.   La  cave  à  la  bière  lui   mise  sens  dessus  dessous  pour  ipi  elle 

a  enivrât  à  son  gré  ainsi  que  son  frère  .  La  servante  étail  une  sieur  dans 
ses  rendez-vous.    -\l<>i.  dit-elle,  j'ai  des  entrailles  cachées  pour  ue  pas 

dire  ce  que  je  vois.  \  iensl  - 

\in>i  lim'i  lu  deuxième  page;  le  texte  est  coupé  par  une 
ligne  qui  manque  en  tête  de  la  page  suivante,  de  laquelle  a 
disparu  en  outre  le  commencement  de  toutes  les  autres 
lignes. 

Le  noble  Egj  ptien  a  entendu  les  protestations  de  discrétion 
de  la  jeune  Femme. 


I     i.  H'  nt  •  1  ■  ■  moins  ihs  fruits  roog<  -:  l'identiûcation  des  espèces  est  ilitfirile  ,-'i 
établir  dans  la  majorité  des 

i  e  mot  »eul  dire  maStri  .  gérant. 

L  mol  /"  i ble  pris  ici  'lui-  loi  repli pie  certains  poètes  latins  ont  don- 

■  /i.ih  i  .-i  mémi  ■>  toror. 


—   123  — 

Mors  l'entremetteuse  rient  mettre  ;i  profil  les  bonnes  dis- 
dons qu'elle  lui  suppos 

r  Fais-lui  présent  d'un  collier  de  lapis  avec  des  lis  -  tulipes;  ap- 

rte  les  Beurs  de  lali-  cesse,  des  liqueurs,  des  parfums.  Qu'il  y  en  ait 
pour  toutes  les  i  -  '.  Fais  on  jour  <L-  bonheur!» 

-  irtis  du  feuillage,  do  tien  réservé.  Les  femmes  m'aperçurent  et 
dirent  :  rrVoyes-le  -  irtir  vr  imenl  !- 

Elle  avait  à  la  bouche  one  figue  de  sycomore.  Son  jardinier  vint  lui 
parler  :<rFais  attention!  c'est  le  livre  de  la  Régente;  tu  es  donc  compa- 
rable à  l'an  -  sise!  S'il  n'y  a  pas  de  serviteurs,  moi,  je  serai  le 
domestique  qui  servira  celui  que  tu  as  captivé,  t 

Elle  se  lit  placer  dans  son  pavillon  du  bosquet.  Efle  ne  m'offrit  pas  un 
Eade  breuvage  à  boire;  ce  oe  fat  pas  de  l'eau  qu'on  puise  à  la  rivière  que 
j'empli-  mes  entrai 

On  eut  l'idée  de  plaisanter  en  disant  :  -Il  ne  faut  pas  boire!-  Par  ma 
\ie!  ô  ma  bien-aimée,  amène-moi  près  de  toi.  La  6gue  de  sycomore.  .  . 

■i  à  la  fin  de  la  troisième  page  qui  a  toutes 
lignes  inférieures;  la  suivante  est  complète  par  le  haut,  mais 
il  v  manque  le  commenc  ornent  de  toutes  les  lignes.  Toutefois 
la  lacune  est  peu  considérable.  Les  premiers  signes  de  la  qua- 
trième page  lai-rut  deviner  le  groupe  signifiant  m 
qui  nous  suggère  la  liaison  suivante  : 

*La  ligue  d  lore  que  ta  bouche  a  goûtée,  laisse-la-moi  manger.  - 

Tels  furent  rue>  plaisirs  dans  le  pavillon  du  bosquet  J'yrestaiseu  tout 
temps.  Elle  était  avec  moi  comme  une  sœur  avec  st»n  frèi 

D'as  Aient;  il-  -'enivraient  de  vin  et  de  moût;  iU  s'enivraient 

de  \in  de  palmier  et  de  la  liqueur  parfumée  appelée  kéaû. 

Toute  idée  ■!••  dépari  -était  éloigné-  de  moi  dans  ce  jardin;  j'y  pass 

douzp  ii  i  ■   - 

Mais  je  m'apemn  qu'on  me  trompait.  Alors  je  jetai  la  tulipe,  celle  qu- 
ia veille  j'avais  dans  ma  chambre'.  Moi  qui  -ni-  un  grand  chef  mili- 
taire     .il-  me  regardent  comme  un  second.  S'il-  recommencent  a 

agir  ainsi,  je  ne  le  leur  tairai  point. 

1  Cette  tulipe  a  dû  être  mentionnée  dans  quelques-unes  des  partie-  'Ltruites 
du  texte. 

La  l.i'  une  i  ontenail  in  un*1  •'•niinK;rali"ii  de  tr 


—  124  — 

\  l'entrevue  suivante,  je  lui  «lis  :  irLe  crime  esl  découvert.  Je  subis  le 
châtimenl  de  ton  amour.  Que  l<'  dieu  Toum » 

Ici  s'arrête  définitivemenl  notre  texte.  L'Egyptien  mécon- 
tent semble  charger  le  dieu  Toum  du  soin  de  le  venger.  Nous 
ne  pouvons,  du  reste,  rien  prévoir  quanl  à  la  suite  du  roman. 
qui  se  continuait  au  moins  encore  sur  une  page  et  peut-être 
sur  plusieurs.  Mais,  tout  mutilé  qu'il  est.  ['Episode  du  Jardin 
des  fleurs  peut  avoir  sa  place  parmi  les  rares  débris  échappés 
an  naufrage  de  la  littérature  de  l'antique  Egypte. 

Le  Coni<-  dis  deux  frères,  le  Roman  de  Setnau  et  l'Episode  du 
Jardin  des  fleurs  nous  montrent  que  les  entraînements  de  l'amour 
fournissaient  aux  temps  pharaoniques  aussi  bien  que  de  nos 
jours  I"'  principal  élément  <l  intérêl  des  œuvres  d'imagination. 
L'un  des  papyrus  hiératiques  recueillis  par  M.  Mariette-Be} 
pour  le  musée  de  Boulaq  (lcn°'i3  de  la  publication)  con- 
tenait aussi  une  histoire  d'amour  qui,  par  quelques  passages, 
rappelle  l'épisode  du  Jardin  des  lleurs.  M  \  est  question  d'un 
homme  pris  comme  dans  un  filet,  abordé  par  une  femme  qui  le  fait 
entrer  dans  une  maison,  où  il  vit  quelque  temps  comme  un  mari  avec 
su  femme. 

Malheureusement  ce  texte  est  déplorablemenl  mutilé,  il 
n'en  reste  que  dix-sept  fragments  dont  rien  n'indique  le  clas- 
sement. On  \  distingue  cependant  «pie  l'histoire  était  fort  ac- 
cidentée: ivresse,  bons  repas,  riches  vêtements,  trahisons, 
rixes,  vols,  aveux,  etc.  Mais  ces  mentions  Isolées  ne  nous 
renseignent  pas  suffisamment  pour  qu'il  soit  possible  même 
de  proposer  un  titre  pour  ces  nouveaux  débris  de  la  littérature 

j  ptienne. 

I'.  Chabas. 


—   125  — 
N°  III. 

LES    BALLES    DE    FRONDE    DE    LA    BÉPUBLIQUE. 

L'étude  que  nous  avons  laite  des  balles  d'Ascoli,  apparte- 
nant à  MM.  lîollin  et  Feuardent,  nous  a  permis  de  constater. 
dans  la  série  des  monuments  analogues  du  Corpus  inscriptio- 
num  latmarum  de  Berlin  (I,  p.  188-10/1,  n*"  6&2-716,  el 
p.  55o-56o,  n05 1  5o 7-1  5 3 G) ,  des  omissions  si  nombreuses, 
des  erreurs  si  graves,  une  telle  négligence,  et,  pour  tout 
dire,  en  un  mot.  nous  avons  trouvé  si  bien  fondée  la  défiance 
que  M.  Mommsen  avait  de  lui-même  et  de  ceux  qui  s'étaient 
occupés  avant  lui  de  cette  étude,  caveo  mihi  aliisque,  que  nous 
n'hésitons  pas  à  déclarer  que  cette  série  est  à  refaire  en  entier: 
il  n  est  peut-être  pas  en  effet  un  seul  de  ces  monuments 
qui  ait  été  publié  exactement,  comme  on  va  s'en  convaincre 
bientôt. 

Une  observation  préalable  suffirait  presque  à  le  démontrer. 
M  M.  De  Minicis,  qui  a  consacré  un  ouvrage  spécial  à  l'étude 
des  glandes \  ni  M.  Tomassetti,  auteur  d'un  article  sur  cette 
matière  dans  le  Bullettino  (  1  872  ,  p.  1  26-1  28),  ni  M.  Momm- 
sen, quia  publié  les  deux  séries  de  balles  de  fronde  dans  le 
Corpus,  ni  aucun  de  ceux  qui  l'ont  précédé  ou  suivi,  n'ont 
remarqué  que  ces  monuments  étaient  tous,  ou  presque  tous. 
palimpsestes,  el  portaient  deux,  trois  et  quelquefois  jusqu'à 
quatre  inscriptions  différentes.  On  comprendra  sans  peine  que 
les  balles  de  fronde  empruntent  à  cette  circonstance  un  inté- 
rêt tout  nouveau,  car  on  n'a  pas  seulement  deux,  trois  ou 
quatre  textes  épigraphiques  de  plu-  qu'on  ne  le  pensait,  on  a 

1  Suite  antiche  ghiande  ntissili  c  suite  l«ro  ùcrtztom,  dissertazione  letla  alla 
Poutificia  Acracl.  roni.  <li  arch.  .'i  nov.  1 83ç)  (t.  I\  .  iMh  .  el  tirage  â  part, Borna, 
is'i(),  71  p.  in-i  et  ;■•  pi.  faisant  une  a"  édition  à  cause  dos  modifications  qui 
l'auteur  \  .1  introduites;  voy.  par  exemple,  la  note  3  de  la  page  53). 


—  126  — 

des  légendes  (!«•  provenances  très-différentes.  Lorsque,  dans 
la  guerre  sociale,  les  Italiotes,  par  exemple ,  lancent  une  balle 
aux  Romains,  «'11*1  porte  d'abord  une  inscription  italique;  les 
Romains  se  servent,  à  leur  tour,  de  ce  même  projectile  avec 
une  surfrappe  nommant  le  chef  ou  le  corps  militaire  qui  l'a 
employé;  nous  avons  ainsi  des  balles  qui  ont  servi  trois  et 
quatre  fois  avec  les  surfrappes  <  1  « •  s  villes,  des  armées  et  des 
i ;amps  opposés  les  uns  aux  autres  dans  la  lutte.  Nous  savons 
que,  dans  les  jpierres  de  la  République,  l'emploi  de  la  fronde 
était  très-répandu  ;  I»'  nombre  ih'<  projectiles  de  plomb  qui 
jonchaient  le  champ  de  bataille  après  l'action  devait  donc 
être  considérable;  leur  volume  était  très-supérieur  à  celui  de 
nos  balles  de  fusil,  et  leur  forme  oléoïde  s'opposait  à  ce 
qu'elles  se  perdissenl  aussi  souvent  dans  la  terre;  enfin  le  mé- 
tal de  plomb  étaîl  plus  rare  alors  qu'aujourd'hui;  toutes 
circonstances  expliquent  avec  quel  soin  on  devait  les  recueil- 
lir  pour  les  employer  de  nouveau,  comme  on  faisail  des  flè- 
ches et  des  javelots.  Nous  en  possédons  même  qui  ont  été 
mises  en  usage  dans  des  guerres  très-différentes  el  quelqu 
fois  à  cinquante  années  d'intervalle,  comme,  par  exemple, 
noire  n'  ni.'i  qui  porte  comme  dernière  frappe  :  L  XI 
DIVOM  IVLIV.  légende  évidemment  postérieure  à  la  mort 
de  <  lésar,  et  contemporaine  de  la  guerre  de  Pérouse  de  l'an  ho  : 
•  •I .  roi  lune  frappe  antérieure,  encore  très-visible  :>•  innnrr  •> 
C.  Paapi,  C.  (  /il.),  nom.  m  caractères  samnites,  du  fameux 
chel  di  -  confédérés,  un  des  deux  consuls  italiotes,  le  célèbre 
C.  Papius  \futilu8,  l'âme  de  la  guerre  sociale  de  Tan  qo-88. 
Remarquons  même,  pour  qu'il  n'y  ail  aucun  doute  sur  l'iden- 
tification du  personnage  mentionné  sur  la  balle  d'Ascoli  avec 
celin  des  textes  classiques,  que  c'est  exactement  dans  la  même 
forme  et  avec  les  mêmes  lettres  que  s<ui  nom  figure  sur  les 
monnaies  de  la  guerre  sociale. 

uvenl  les  balles  fondues  el  frappées  d'avance  poui  une 


—  127  — 

irre  n'étaient  pas  toutes  employées  pour  cette  destination, 
el  formaient  une  réserve  de  munitions  qu'on  utilisait  dans 
d'autres  circonstances.  C'esl  ainsi  que  nous  rencontrons,  sous 
les  murs  d'Ascoli,  des  légendes  qui  semblent  s'appliquer  aux 

circonstances  du  siège  de  Pérouse. 

Il  ost  indubitable  pour  nous  que  presque  toutes  les  balles 
de  (ronde  qui  ont  été  publiées  dans  différents  recueils  doivent 
présenter  un  intérêt  analogue,  c'est-à-dire  qu'elles  doivent 
.■Ire  palimpsestes  comme  les  nôtres.  Il  conviendrait  donc  d'exa- 
miner ces  monuments  avec  le  plus  grand  soin  sur  les  origi- 
naux, afin  de  les  publier  de  nouveau. 

Disons  d'abord  que  l'unité  certaine  de  provenance  de  nos 
cent  onze  balles  de  fronde  et  l'ancienneté  des  légendes  qu'elles 
présentent  nous  permettent  de  continuer  et  de  compléter  les 
faits  historiques  consignés  dans  les  textes  classiques.  Tous 
-  monii Qls  sont  incontestablement  de  l'époque  républi- 
caine cl  doivent,  selon  toute  vraisemblance,  se  rapporter  aux 
guerres  accomplies  dans  la  Péninsule  entre  les  années  90 
et  '10  avant  J.  C.  En  outre,  il  est  nécessaire  de  circonscrire 
3  guerres  au  Picenum  el  même  aux  événements  militaires 
qui  eurent  pour  théâtre  le  territoire  d'  isculum. 

Les  inscriptions  que  nous  livrent  ces  monuments  peuvent 
se  répartir  en  trois  séries,  auxquelles  correspondent  les  trois 
guerres  coBnuessous  le  nom  de  Guerre  soeiale,  de  664  à  666 
de  Rome  (90-88  av.  J.  G.),  Guerre  tervile,  de  681  à  G83 
(70-71  ).  Guerre  civile  dite  de  Pérouse,  \  compris  ses  suites, 
de  l'an  7  1  '1  (  60  av.  J.  C). 

Il  est  vrai  que-  la  cité  d'  Uculum  ne  figure  cbez  les  écrivains 
classiques  que  dans  la  première  de  ces  trois  guerres,  où  elle 
joua,  comme  on  sait,  un  rôle  considérable,  et  que,  pour  les 
deux  antres,  le  Picenum  seulement  se  trouve  mentionné,  sans 
que  la  lutte  ait  été  en  quelque  sorte  localisée  sur  un  point  dé- 
terminé, d'après  les  documents  écrits  qui  nous  ont  été  cou- 


—   li>S  — 

serves;  c'est  une  première  lacune  qu'il  nous  es!  permis  de 
combler  aujourd'hui,  car,  après  l'étude  des  monuments  que 
nous  publions,  il  paraîtra  ('vident  pour  tous  que  le  territoire 
d'  Isculum  a  été,  pendant  rcs  deux  guerres,  le  théâtre  de 
lottes  ardentes,  d'abord  entre  les  armées  consulaires  et  les 
bandes  de  Spartacos,  et,  trente-deux  ans  plus  tard,  entre  les 
partisans  d'Antoine  et  les  troupes  d'Octave,  après  la  prise  de 
Pérouse. 

Nous  pouvons  donc  grouper  nos  monuments  de  la  manière 
suivante  : 

Les  80  premiers  appartiennent  aux  sièges  à'Asculum  et 
aux  combats  livrés  sons  ses  murs  pendant  la  guerre  sociale; 

Les  i)  suivants  se  rapportent  à  la  guerre  deSpartacus; 

Les  a  a  derniers  sont  relatifs  à  la  guerre  civile  de  l'an  'io. 

I.  On  se  rappelle  que  c'est  Asculum  qui,  en  90,  donna  le 
signal  de  la  guerre  sociale  en  massacrant  le  proconsul  Q.  Ser- 
vilius  et  les  Romains  qui  se  trouvaient  dans  ses  murs1.  ('.•>( 
tout  près  de  cette  ville  que  (in.  Pompeius  lut  battu  et  con- 
traint de  s'enfermer  dans  Firmum,  restée  fidèle  à  la  cause  de 
Rome2.  Après  la  défaite  de  Scato,  Gn.  Pompeius  assiégea  de 
nouveau  Asculum*,  essuya  un  second  échec  par  la  ruse  des 
assiégés  '.  el  serra  de  plus  près  la  place  par  des  lignes  de  cir- 
convallation 6.  T'est  alors  que  Judacilius,  qui  tenait  la  cam- 
pagne au  dehors,  \o\anl  la  situation  de  cette  ville  presque 
désespérée,  tenta  un  effort  héroïque,  força  les  lignes  île 
Pompée  et  pénétra  dans  la  place  pour  s'j  défendre  encore  et 
lui  rappeler  les  devoirs  du  patriotisme,  par  l'exemple  du  sa- 
crifice, en  se  donnanl  la  mort;  «aussitôt  qu'il  eut  rendu  le 


îpp  /;  1    1.  :s8. 
1  /./.  ib.   1 T  -  'j  . ,  :  Oros.  \ 
\|iji.  />'.  e.  I    5o  ;  Oi 
l'i ..m.  Stratag    III.  kvii 

1 


1  •_>'.)  — 

dernier  soupir,  ses  soldats  allumèrenl  le  bûcher  qui,  en  un 
instant,  dévora  l<'  plus  brave  des  Asculans  ei  Les  dieux  de 
sa  patrie 1.  »  Cn.  Pompée,  maître  tVAsculum  en  ruines,  mas- 
sacra le  peu  de  ses  défenseurs  trouvés  vivants  ei  en  âge  de 
porter  les  armes,  puis  emmena  captifs  les  enfants  et  les 
femmes  pour  figurer  à  Rome  dans  son  triomphe  2. 

Les  80  balles  de  fronde  que  nous  rapportons  à  ce  célèbre 
épisode,  un  des  plus  importants  de  la  guerre  sociale,  nous 
ont  paru  devoir  former  quatre  groupes: 

i°  Les  noms  des  peuples  qui  figurent  dans  les  inscriptions 
de  ces  balles  sont  les  suivants  :  Italia  ou  Itali,  Roma  ou  Ro- 
main, les  deux  grandes  nations,  les  deux  armées  ou  les  deux 
capitales  rivales;  puis  les  peuples  qui  ont  pris  part  à  cette 
grande  lutte  :  les  Samnites,  \esApidi,  les  Umbri  ou  Ombri?,  les 
Vestiiti,  les  Piccntcs,  les  Marsi  ou  les  Marudnif,  les  Pcligni , 
les  Campant?,  les  Japigii?,  ce  qui  prouverait  que  les  débris  de 
toutes  les  années  ilaliotes  se  réunirent,  ou  du  moins  envoyè- 
renl  des  renforts  dans  le  Picenum  pour  y  soutenir  les  der- 
niers efforts  des  confédérés,  et  secourir  Judacihus  dans  Ascu- 
lum  agonisante,  dernier  espoir  de  la  patrie  italienne.  Après 
les  peuples,  on  peut  placer  les  noms  des  cités  plus  ou  moins 
voisines  lYAsculum.  C'est  d'abord  Firmum  (Fermo).  restée  fi- 
dèle aux  Romains:  Aujina  ,  ville  des  \  estins;  (lamars  ou  Came- 
rinum  (Gamerino),  ville  d'Ombrie,  très-voisine  àAscuîum, 
Auximwn  (Osimo).  ville  du  Picenum;  Perusia  (Pérouse)?; 
Ariminum  (Rimini)?;  Sena  Gallica  (Sinigaglia),  ville  gauloise; 
Acsis  (Iesi),  située  sur  l'Esino;  Pisaurum  (Pesaro),  ville  d'Om- 
brie maritime;  Hadria  (Atri),  ville  du  Picenum,  voisine  d'/l.s- 
culum;  Scntinum,  en  Ombrie 

20  Les  chefs  dont  nous  rencontrons  les  noms  .sur  les  balles 
l'Ascoli   sont  d'abord,   sur  un  grand  nombre  d'entre   elles 


1    Mériméi     G ■•■  9;  cf.  Àpp.  B.i    I    '1 v 

•    Plin    //    \    \  Il  m  i\     aliat  un     1;   \ul    Gell    W    u 


—  130  — 

C.  Papius  Muhliis,  ('•cnl  ainsi  C.  Paapi  C.  toujours  en  carac- 
tères samnites  ;  c'étail  l'un  des  deux  consuls  des  confédérés. 
Ce  nom.  dans  sa  tonne  ei  avec  les  lettres  <iti|n  u  n  l(;«>s  à  l'i- 
diome national  du  Samnium,  devail  être  une  sorte  de  mol 
de  ralliement  pour  tous  les  Italiens;  on  ne  comprendrai!  pas, 
sans  cela,  et  la  fréquence  de  cette  légende  dans  un  pays 
où  ce  personnage  ne  semble  pas  avoir  exercé  de  commande- 
ment effectif,  et.  d'autre  pari,  l'emploi  exclusif  de  lettres 
samnites,  spécialement  pour  ce  nom,  lorsque,  sur  les  mêmes 
balles  et  dans  la  même  légende,  nous  voyons  employés  les 
caractères  latins.  Ce  o'esl  pas  non  pi  us  une  date  consulaire 
italiote,  puisqu'il  n  \  a  sur  les  monuments  qu'un  seul  des 
deux  consuls  de  mentionné.  La  lecture,  sur  d'autres  balles. 
du  nom  (Te  Q.  (Pompaedius)  Silo,  l'autre  consul  italiote.  esl 
malheureusement  douteuse;  il  n'en  esl  pas  de  même  pour  le 
fameux  Telmnus  Ponttns,  le  vaincu  de  la  Porte  Colline,  donl 
le  cognomen  se  lit  distinctement ,  en  dernière  frappe  ,  sur  notre 
n°  5o;  nous  rencontrons  également  le  nom  !/<//;.  que  aoas 
3ommes  tenté  d'identifier  avec  Decius  \fagius,  ce  Campanien, 
ancêtre  de  Velleius  Paterculus,  qui  mil  au  service  de  Rome 
une  légion  entière  levée  à  ses  frais.  Nous  avons  aussi  un  prae 
tor  Campanorum.  —  Quanl  aux  chefs  d'origine  romaine,  ils 
-nui  plus  uombreux.  Nous  lisons  d'abord  le  nom  Au  consul  de 
l'an  ()o.  /,.  Julius  Caesar,  qui  figure  sm-  une  balle  avec  le  litre 
de  pro  consule,  laquelle  esl  datée  par  conséquent  de  l'année 
qui  suivit  son  consulat  ;  puis  L.  I  alerius,  sans  doute  le  L.  Va- 
h  nus  Missnhi  qui  exerça  un  commandement  dans  la  guerre 
sociale;  viennent  ensuite  des  chefs  donl  les  noms  ne  Boni  pas 
connus  par  les  textes  classiques,  sauf  Pùo,  qui  est  peut-être 
le  père  du  consul  de  l'an  58,  et  qui,  en  ce  cas,  serait  le  même 
que  mentionne  Cicéron  comme  ayant  fabriqué  des  armes  pen- 
dant la  guerre  ociale1. 
I   ! 


—  131  — 

3  Pour  les  corps  militaires,  les  balles  de  fronde  d'Ascoli 
nous  donnent  de  précieuses  indications.  Nous  savons  mainte- 
nant les  numéros  des  légions  qui  figurèrent,  tant  dans  l'année 
confédérée  que  dans  l'armée  romaine. 

h°  Outre  les  légendes  géographiques,  historiques  et  mili- 
laires  qui  se  rencontrent  sur  les  balles  tfAsculum,  on  y  voit 
figurer  des  formules ,  donl  quelques-unes  étaient  déjà  connues 
d'autre  part  :  Marti,  Mars  ultor;  T  M  R;  operor,  mot  dont  la 
lecture  ae  présente  aucun  doute,  ce  qui  permet  de  corriger 
la  prétendue  légende  OriTERGA(avec  lettres  liées),  c'est-à-dire 
Opitergium,  reproduite  par  le  Corpus1  d'après  De  Minicis2,  et 
qui  ne  nous  parait  plus  avoir  aucun  fondement. 

Quant  au  mot  feri.  il  est  si  souvent  employé  sur  les  balles 
de  fronde  de  toute  provenance  que  nous  n'avons  pas  à  nous 
\  arrêter.  C'esl  la  formule  la  plus  usitée;  remploi  en  était 
tellement  répandu  qu'on  la  laissait  subsister  dans  les  sur- 
frappes en  changeant  seulement  le  nom  de  I  ennemi  auquel 
était  renvoyé  le  projectile  :  FERI  )(  ITALew,  KOMAnos.  etc. 
Nous  avons  aussi  FRICA  )(  T  OMB.  Fricai  Ombros,  ce  qui 
permet  d'expliquer  nos  légendes  FRIP1ŒN.  FRIC  ROM,  et 
dans  De  Minicis:  FRI-PICI,  FRI  |  TOMR.  La  formule  si 
connue:  Pde  cul  uni  ou  ad  culum,  suivie  du  nom  de  l'ennemi 
au  génitif,  se  rencontre  aussi  avec  la  variante  du  verbe  à  la 
première  personne  :  c'est  le  projectile  lui-même  qui  est  censé 
parler,  y  to  culum  Mamiliî. 

II.  La  seconde  série  de  balles  de  fronde  d'Ascoli  comprend 
celles  qui  se  rapportent  à  la  guerre  servile,  dont  un  épisode 
important  eut  lieu  dans  le  Picenum3,  sans  que  les  lieux  mêmes 
des  combats  qui  signalèrent  cette  partie  de  la  lutte  de  Spartacus 
ot  de  -es  i  20.000  esclaves  armés  «outre  les  légions  consulaires 

1. 1.  7io. 

2  PL  II.  M 
\h    B    .1,  117 


—   132  — 

aienl  été  nulle  pari  mentionnés.  Appien  chi  seulemenl  qui 
1rs  deux  consuls,  qui  son!  ceux  de  Tan  -•>,  L.  Gellius  Popli- 
cola  el  Gn.  Cornejius  Lentulus  Glodianus1,  lu  mil  battus  une 
seconde  fois  dans  le  Picenum  par  Spartacus.  Florus,  moins 
explicite  encore,  se  contente  de  dire  que  la  rencontre  des 
baudes  avec  les  armées  consulaires  eut  lien  dans  l'Apennin2. 
Les  halles  d'Ascbli  nous  permettent  peut-être  de  localiser  cette 
double  victoire  de  Spartacus. 

Il  est  indubitable,  en  effet,  que  la  légende  bien  connue  : 
Pcristis  servi!  déjà  publiée3,  se  rapporte  à  la  guerre  servile. 
Nous  croyons  lire  sur  une  de  nos  balles  le  nom  de  Spartacus? 
Les  légions  qui  figurent  sur  ces  monuments  sont  la  IIIe?,  la  Ve, 
la  XIIIe,  qui  avait  déjà  combattu  dans  ce  pays  pendant  la 
guerre  sociale ,  laXV%el  une  légion  consulaire  dont  le  numéro 
n'est  plus  lisible.  Nous  avons  renfermé  dans  ce  même  chapitre 
les  balles  portant  FABRICIVS  FECIT.  parce  qu'au  revers  d'une 
de  ces  Légendes  on  lit  [pjmïsfos] [s]er»t. 

III.  JNous  avons  groupé  dans  la  dernière  série  les  balles 
de  (ronde  relatives  à  La  guerre  civile  de  Tan  io,  entre  Octave 
el  L.  \nloiiiiis.  guerre  dite  de  Pérouse,  à  cause  du  siège  mé- 
morable de  cette  ville-,  mais  Pérouse  ne  fui  pas  cependant  le 
théâtre  unique  des  événements  militaires  de  celte  année.  Si 
1rs  deux  principaux  chefs  du  parti  d'Antoine,  qui  étail  alors 
••m  Orient,  sont  L.  Intonius  el  Fulvie,  el  s'ils  n'onl  figuré  ni 
l'un  m  l'autre  dans  la  campagne  du  Picenum  el  de  l'Ombrie, 
il  ne  l'iini  p;is  oublier  qu'après  La  réduction  de  Pérouse  il  \ 
avait  encore  dans  le  nord  de  l'Italie  treize  légions  sous  le  com- 
mandemenl  des  hommes  Les  plus  dévoués  à  Antoine,  L.  Asimus, 
Plancus,  Crassus,  Ueius4;  que  FufiusCalenus,  autre  lie utenanl 

Voy.  VEpil    I   Lit».  \<  M 

Page  s;   éd  ■ >.  Jahn. 

De  Min   p.   13    '    I  /    I    641   el  • 

tpp  b.c.  i 


—  i:;;{  — 

du  triumvir,  commandai!  en  outre  une  armée  dans  les  \I|h> 
ri  qu'il  s'était  réuni  ;vi  Ventîdius  eo  Cisalpine1.  Nous  savons 
ru  outre  que  les  deux  légions  de  Plancus  furent  contraintes 
par  Igrippa  de  poser  les  armes,  à  Camars  ou  Camarinum 
(Camerino),  ville  d'Ombrie,  très-voisine  d'Asculum.  Ce  ne  fut 
qu'après  diverses  rencontres,  dont  les  points  géographiques 
n'ont  pas  été  précisés  par  les  écrivains  classiques,  que  les 
chefs,  estimanl  <jue  la  cause  était  perdue,  en  Italie  du  moins, 
s'embarquèrent  à  Ravenne2.  On  remarquera  que  Ventidius, 
qui  devait  bientôt  se  couvrir  de  gloire  dans  la  guerre  qu'il  fit 
aux  Parthes  en  Syrie3,  était  précisément  Asculan,  et  qu'il  dut 
avoir  pour  premier  soin  d'exciter  sa  ville  natale  à  se  déclarer 
pour  Antoine  Tout  le  pays  situé  au  delà  de  l'Apennin  dut 
être,  pendant  comme  après  le  siège  de  Pérouse,  le  foyer  de  la 
résistance  à  Octave.  Nous  savons  même  que  Bononia( Bologne) 
était  tfin  Antoninorum  clientela4.»  Octave  avait  combattu  en 
personne  en  Ombrie5,  et,  lorsqu'il  avait  été  rappelé  à  Rome,  il 
avait  laissé  m  ce  pays  Q.  Salvidienus  Rufus  pour  y  tenir  la 
campagne  et  \  achever  la  soumission  des  Sentinates,  en  Ombrie". 
Il  est  à  croire  qu'après  la  prise  et  le  terrible  châtiment  de  Pe- 
rmise, Asculum,  la  ville  de  Ventidius,  fut  une  de  celles  que 
Dion  Cassius  dit  avoir  été  prises  par  les  partisans  d'Octave7; 
malheureusement,  il  n'en  nomme  aucune:  .mais  les  balles 
(I  Iscoli  réparent  cet  oubli,  pour  cette  dernière  ville  du 
moi  h-. 

Le  dernier  acte  de  la  guerre  civile  de  l'an  'io  dans  le  Pi- 
cenum  paraît  même  avoir  eu  une  importance  que  les  écrivains 

1   Dio  Cass.  XLVIII,  10. 

il.  ib.  5«>. 

lui.  Gdl.  XV.  iv.  3;  Plin.  //.  A.  \llu.iv.  atia»  ilii,  i 
1  Sn.t.  Oct.  1  -. 
1  Dio  Cass.  XLVIII,  i3. 

H.  ». 

•  XLVIII,  i5 


—  134  — 

nous  nui  Mi, il  l,i il  connaître.  En  effet,  nous  apprenons  par  Les 
légendes  de  neuf  de  nos  balles  de  Fronde  que,  parmi  les 
soldats  qui  prirenl  pari  à  ee  dernier  acte  de  la  guerre  de  Pé- 
rouse,  figurèrenl  ceux  de  Q.  Labienus,  (ils  du  célèbre  lieu- 
tenant de  César  dans  la  guerre  des  Gaules,  devenu  Pompéien, 
comme  on  sait,  dans  la  première  guerre  civile  ef  mort  en 
Espagne  en  451.  Q.  Labienus,  son  Gis,  d'abord  partisan  de 
Cassius  e1  de  Brutus,  s'était  lait  confier,  après  la  bataille  de 
Philippes,  par  le  roi  des  Partbes  Orodes,  une  armée  avec 
laquelle  il  avail  soumis  une  partie  de  la  Syrie  et  de  l'Asie  Mi- 
neure. Il  avail  pris  alors  le  titre  fastueux  de  Parthicus,  el  plus 
tard  celui  d'tmperator2,  titres  confirmés  par  les  monnaies  qu'il 
lit  frapper  à  son  effigie3;  et,  comme  \\  se  trouvait  opposé  à 
Antoine  en  Orient,  iln  est  pas  douteux  qu'il  ait  soutenu  la  cause 
d'Octave  en  Italie,  el  qu'il  lui  ait  envoyé  du  secours  pendanl 
la  guerre  de  Pérouse.  Les  légendes  <pii  se  lisent  sur  les  balles 
d'Âscoli  lui  donnenl  ce  même  cognomen  personnel  de  Parthicus, 
pris  d'ailleurs  ici  par  ce  personnage  dans  un  sens  contraire  à 
relui  que  pre  crivail  l'usage  romain.  Il  n'avait  d'abord  ajouté 
i  ce  cognomen  que  le  titre  de  praètor.  I  ne  seule  balle  lui 
attribue  le  titre  d'ùnperator,  comme  la  monnaie  du  cabinel  de 
I*  rance. 

Dem  autres  balles  nous  rappellenl  l'insulte,  déjà  coni 

des  soldats  d'Antoine  à  Octave  :  petaculutn  Octaviani;  celte  lé- 
gende esl  parfaitement  lisible  sur  nos  balles,  el  Ton  remar 
quera  l'emploi  de  la  première  personne  peto  el  non  pete.  Les 
projectiles  portant  cette  inscription  ne  devaienl  pas  être  rares. 
el  nous  croyons  que  certaines  légendes  mal  déchiffrées  douent 
être  ramenées  à  cette  lecture.  Le  Corpus  nous  en  offre  un 
exemple  entre  autres  qui  mérite  d'être  signalé.  On  lit  dans  ce 

kpp.  /;  r.  II.  . 

Ipp  l:   ■    65  i33;  Plul     Inton.  18  33  :  Dio  <  us.  MA  III    ta 

(  iohen     \l"l    ■  ru    p.  'tH-ltg. 


—  135  — 

recueil  '  :       LVM .  dont  l'explication  sérail .  d'après  De  Vlinicis, 

3SVU1 
Vt{egio}  \ (aj  Nl(acedonica)  Trasemenum*.  \ou>  croyons,  d'après 

une  frappante  analogie  dans  la  disposition  des  Lettres,  qu'il 

faut  restituer  et  lire  ainsi  cette  légende  :         LVM         \cu]lun> 

NVIAV± 
[Oc]toi?am.  Tout  le  monde  sait  que  les  légions  ne  reçurent  des 

noms  el  des  surnoms  qu'à  partir  d'Auguste,  el  M.  Mommsen. 
au  lieu  de  reproduire  l'explication  de  De  Minicis.  aurait  pu 
s'en  tenir  à  l'observation  qu'il  avait  jointe  au  n"  660:  sperti- 
nentque  omnino  [egionum  agnomina  ad  aetatem  nuilto  pos- 
teriorcm.  ••  Trasemenvm  ue  veul  rien  dire,  il  n'y  a  pas  de  ville 
dunomde  Trasimène;  et,  si  l'on  fait  de  ce  mot  imaginaire  un 
surnom  honorifique  de  légion  romaine,  on  conviendra  qu'il 
eût  été  bien  mal  choisi. 

Donnons  en  terminant  les  inscriptions  des  deux  halles  les 
plus  curieuses  de  la  trouvaille  d'Ascoli.  On  lit  sur  la  pre- 
mière : 

INE  MASA  MABVR  légendes  illisibles. 

On  lit  dans  le  Corpus  I.  L.  (I,  n°  £>&"])*  à  propos  de  la 
balle  de  fronde  portant  la  légende  LVFVIASIA  ;  «Dodwelliani 
catalogi  auctorem  maie  excepisse  INE  MASA,  indc  Minicium 
hallucinantem  effecisse  «nenwwanotamus,  netraern  talia  postea 
morentur. »  Or,  la  halle  d'Ascoli  que  nous  puhlions  ne  laissi 
aucune  incertitude  sur  la  lecture  INE  MASA;  c'est  donc  une 
légende  très-différente  de  celle  avec  laquelle  M.  Mommsen 
voudrait  la  confondre.  Mà&x  ou  fxcicra  est  un  mot  grec  il 
est  vrai;  mais  ce  n'est  pas  le  seul  qui  ait  été  employé  dans 
le  langage  vulgaire:  ajoutons  que  c'était  le  mot  consacré 
pour  exprimer  les  approvisionnements  de  farine  ou  de  pain 

1  T.  I,  D'ôgA. 

!  P.  '«7.  n  5o. 


—   136  — 

dans  les  \ill<^  de  la  Grande-Grèce,  en  Italie1;  \Sjine  masa 
signifierai!  •■  sans  farine,  ^m^  pain,  -  et  l'on  comprend  comment, 
dans  une  \ille  assiégée  cl  pressée  par  la  lamine,  un  traître  a 
pu,  à  l'aide  d'une  balle  de  fronde,  avertir  l'ennemi  de  l'ex- 
trémité à  laquelle  on  se  trouvait  et  que  l'on  cachait  avec  soin; 
nous  avons  des  exemples  forl  remarquables  de  pareils  avertis- 
sements donnés  aux  assiégeants  par  les  halles  de  fronde. 
César,  assiégeant  Aligna  en  Espagne,  reçut  avis  du  moment 
favorable  pour  donner  l'assaut  :  raglans  missa  est  inscripta  : 
quo  die  âd  oppidum  capienoNim  accédèrent,  etc.2»  Le  même 
moyen  fut  employé  à  Uliènes  assiégée  par  Sylla  :  ibs<t<to7s  ex 
(jloav£$ov  TgS7ï0i)](/.évQis  êypdtyovTes  de)  to  yiyv6[xsvov,  es  tous 
Pcàfiaiovs  ijÇlsaav  àiio  o-ÇevSovii>3.  Nous  croyons  même  que 
cette  forme  hybride  et  inusitée  «me  masa  a  pu  être  adoptée 
avec  intention  par  le  traître  ou  l'espion  afin  qu'elle  demeurai 
énigmatique  pour  la  plupart,  et  ne  fut  même  bien  comprise 
que  par  celui  qui  l'attendait  et  en  avait  la  clef. 
\  oici  l'autre  : 

i    ESVREIS  a     HG 

ET  ME  II   ITAL  L  bV1 

ELAS 

i    Esureis  \  et   me  [c\elas.   —   2    \lc\<j  |  //(")  liul(nrum)  )( 

L.  Suc — Cette  balle  a  dû  servir  deux  luis  à  cinquante 

ans  d'intervalle,  la  plus  ancienne  inscription  concernant  la 
■  uerre  sociale ,  et  la  seconde,  c'est-à-dire  la  plus  apparente, 
se  rapportant  à  l'époque  delà  guerre  de  Pérouse.  La  légende, 
qu'on  peut  traduire  :  Tuas  faim  et  tu  mêle  caches,  sert,  pour 
ainsi  dire,  de  complément  historique  et  d'explication  à  la  pré- 
cédente: Vous  sommes  sans  pa m.  —  Cette  légende  est  d ailleurs 

Diod  m,  10. 

-  iiiii  /;  //. 
kpp   /:.  \iithrid    ;>. 


37 


connue1;  plusieurs  balles  avec  cette  inscription  ont  été  trouvées 
à  Pérouse,  et  il  faut  convenir  que  le  sens  de  cette  légende  se 
rapporte  facilement  à  la  fameuses/âmes  Perusina,  au  soin  que 
L.  Antomus  prit  de  cacher  sa  détresse  aux  assiégeants-,  et  enfin 
au  grand  usage  qui  fut  fait  de  la  fronde  pendant  ce  siège3: 
cependant  nos  balles  proviennent  indubitablement  d'Ascoli. 
Or,  les  textes  classiques  qui  parlent  du  siège  d\\  seul  uni  de  l'an 
8o,  avant  J.  (1.  ne  disent  pas  que  les  assiégés  aient  souffert 
de  la  disette;  d'autre  part,  la  forme  des  lettres  de  nos  légende- 
ne  permet  pas  de  les  faire  reculer  de  cinquante  ans,  surtout 
quand  la  même  formule  se  rencontre  précisément  à  Pérouse, 
et  se  trouve  par  conséquent  datée  de  l'an  A 1-/10.  La  seule  ex- 
plication qui  concilie  tout  consiste  à  supposer  que  ces  balles 
appartiennent  bien  au  siège  de  Pérouse,  qu'elles  ont  été 
frappées  à  cette  occasion,  et  qu'elles  auront  été  emportées 
comme  munitions  de  campagne  par  les  légions  Octaviennes 
qui,  après  la  réduction  de  Pérouse,  poursuivirent  dans  le  Pi- 
cenum  et  sous  les  murs  d'Asculum  les  partisans  d'Antoine. 

Ernest  Desjardins. 

N°  IV. 

SUR  QUELQUES    INSCRIPTIONS  INEDITES  DES  COTES  DE   LA   MER  NOIRE. 

I. 

La  première  partie  du  travail  de  M.  Perrot  est  consacrée  à 
l'étude  d'un  recueil  manuscrit  d'inscriptions  formé,  il  y  a 
peu  d'années,  en  isie  Mineure,  par  M.  Eusèbc  Galmiche, 
inspecteur  des  eaux  et  forêts  4.  11  se  compose  de  vingt  textes 

1   De  Min.  p.  62,  pi.  II.  n«  'tq;  C.  1.  L.  I,  n"  692;  Ri(schl,  pi.  IX,  n°  37. 

3  App.  B.  c.  V,  35. 
1  Id.  ib.  V,  36. 

4  Ces  inscriptions  avaient  été  communiquées   par  M.  Galmiche  à  la  Société 


—   138  — 

grecs  qui  appartiennent  tous  à  la  partie  orientale  de  l'an- 
cienne  Bithynie,   au  pays  situé  sur  la  rive  droite  du   San- 

garios. 

De  ces  vingt  textes,  M.  Perrot  en  retrouve  quatorze  soit  dans 
le  Corpus  inscriptionum  grœcarum,  soit  dans  les  Inschrtften  ans 
Bithynien  de  M.  Mordlmann,  soit  enfin  dans  son  propre  ou- 
vrage, Y  Exploration  archéologique  de  la  Calatie  et  de  la  Bithynie. 
Des  six  qui  paraissent  n'avoir  point  encore  été  publiés,  trois 
sont  de  courts  fragments  dont  il  n'y  a  rien  à  tirer.  Restenl 
donc  trois  inscriptions  inédites.  Elles  sont  d'un  intérêt  très- 
inégal.  La  première  est  funéraire,  la  seconde  votive,  en  l'hon- 
neur d'Asclépios  et  d'Hygie;  l'une  et  L'autre  présentent  quel- 
ques particularités  qui  méritent  d'être  notées.  La  troisième, 
copiée  à  Amastra,  L'ancienne  Amastris,  est  digne  d'une  sérieuse 
attention  et,  à  elle  seule,  nous  apprend  plusieurs  faits  nou- 
veaux, importants  pour  l'histoire  des  provinces  orientales.  Elle 
est  ainsi  conçue  : 

KyaOij  tv-/_i}' 

II  jSouA))  Kii  b  Sr/pio»  ^celpLYjtrev 
A(t)Àov)  Kajx/Àtoi»  Vaioxj  viàv  KXovcrlov- 
(telva  ITpôxAor  tùv  l\ovràp'/_ijv  wxi 
\eoÇ6ipyi}v  xai  viùv  t>)s  Xécrëou 
TspwTevovTOL  tùv  èirap^eitàv 
TsifT)]s  àperï}*  '/à?lv'  àvé&lrjaev 
A(oûxjos)  AtXios  Aovxivàs  ràr>  éavrov 
<piXov  inrèp  (pvXijs  Awcniovpl<xùos. 

nui»,  I  imor.iiinndc  in  lionne  l'uriiinr.  Le  sénat  et  le  peuple  ont  honoré 
\ulii>  Csecilius  Proclus,  de  la  tribu  Clustumina,  Pontarque,  Lesbarque, 
fils  de  Lesbos .  le  premier  des  pro\  inciaun  ,  pour  toutes  ses  vertus.  Cette 

statue  de  son  ami,  Lucius  E3in-  l.iirnnns  l'a  élevée  nu  nom  de  In  Irilin 
Diosronri.i». 

d'agriculture,  sciences  et  arts  d^  la  Haute  Saône.  Celle-ci  les  a  adressées  au 
Comité  des  travaui  historiques,  qui  lésa  remises  à  M.  Léon  Renier.  C'est  M.  Re- 
nier qui  a  bien  voulu  confier  ces  textes  à  M.  Perrot,  qui  avait  jadis  parcouru  la 
région  dont  ils  proviennent. 


—  139  — 

Voici  les  principales  particularités  que  M.  Perrol  signale 
dans  cette  inscription  : 

i°  \.  Gaecilius  Proclus  es!  un  provincial,  qui  a  reçu  le 
droit  de  cité.  Or,  il  nous  fournit  le  second  exemple  connu 
d'un  provincial,  d'un  Grec,  inscrit  dans  la  tribu  Clustumina. 
A  une  exception  près,  on  n'avait  encore  relové  la  mention  de  la 
tribu  Clustumina  que  sur  des  monuments  <jn i  concernaient 
des  citoyens  domiciliés  en  Italie. 

a0  Âmastra  occupant  le  site  même  de  l'ancienne  Amastris. 
qui  était  le  chef-lieu  de  la  moitié  orientale  de  la  province 
bilhvno-ponlique,  il  n'y  a  point  à  douter  que  ce  ne  soient  le 
sénat  et  le  peuple  d'Amastris  qui  aient  honoré  Gaecilius  de  ce 
public  témoignage  de  leur  estime.  Le  titre  de  Wovzdpyjns,  que 
porte  ici  Gaecilius,  nous  était  déjà  connu  par  les  inscrip- 
tions: en  le  rapprochant  de  celui  (Yàp^ispevs  tov  Yiovzov,  on 
avait  déjà  affirmé,  pour  cette  partie  de  la  vaste  province 
appelée  Bithynia  et  Pontus,  Bithvnia  Pontus,  L'existence  d'une 
fédération  provinciale  analogue  à  ce  xotviv  RiOuvîas,  qui  avait 
son  centre  à  Nicomédie  et  dont  le  nom  se  trouve  sur  de  nom- 
breuses médailles,  à  partir  du  règne  d'Adrien:  mais  la  ligne 
suivante  nous  révèle  une  autre  association  du  même  genre, 
une  autre  unité-  historique  et  géographique  se  perpétuant  de 
même  sous  la  domination  romaine.  L'ile  de  Lesbos  faisait 
partie  de  la  province  d'Asie.  Le  titre  de  Aea€ap%ïis .  qui  se 
rencontre  ici  pour  la  première  fois,  rapproché  des  monnaies 
impériales  grecques  frappées  au  n°  siècle  au  nom  du  Koivbv 
Aeo-Stcovy  nous  permet  d'ajouter  une  nouvelle  diète  provin- 
ciale à  la  liste  que  M.  Joachiin  Marquardt,  dans  un  article 
de  YEphemeris  Epigra  phica  (t.  I,  p.  «on-ji'i],  a  récemment 
dressée  de  ces  congrès. 

3°  Le  titre  de  vîos  Ttjs  \éa€ov  est  aussi  nouveau.  M.  Perrot 
l'explique  par  les  nombreux  exemples  de  litres  analogues  que 
M.  Waddington  a  relevés  sur  les  marbres  de  l'Asie  Mineure: 

10  . 


—   140  — 

mais  il  se  sépare  de  lui  à  propos  du  sens  qu'il  convient  d'attri- 
buer à  cette  formule;  il  ne  veut  y  voir  qu'un  simple  titre 
honorifique,  et  s'appuie,  pour  défendre  sou  Interprétation .  sur 
cri  le  phrase  d'Apulée  (Metamorph.  IV,  ch.  xxvi)  :  «  Speciosus 
adolescens,  inter  suos  principalis,  quem  filium  publicum  mu- 
nis sibi  civitas  cooptavit.  » 

h°  La  formule  «rp&rreuaw  tûv  êirap%ei£v.  que  l'on  peut  rap- 
procher d'expressions  analogues,  mais  non  tout  à  fait  sem- 
blables, qui  se  rencontrent  chez  les  auteurs  et  sur  les  marbres, 
paraît  aussi  une  nouveauté  épigraphique. 

5°  Les  inscriptions  nous  ont  fourni  les  noms  d'un  certain 
nombre  de  tribus  des  cités  de  la  province  bilhyno-pontique; 
on  n'en  possédait  pas  encore  pour  Amastris.  Le  nom  de  la 
tribu  Dioscourias  vient  probablement  des  relations  commer- 
ciales entretenues  par  Amastris  avec  la  ville  de  Dioscouris,  en 
Colchide. 

La  forme  des  lettres,  autant  que  l'on  peut  en  juger  par  la 
copie,  L'absence  de  ligature,  la  présence  de  l'iota  ascrit,  la 
correction  de  l'orthographe,  la  rédaction  même  de  ce  texte, 
tous  ces  indices  réunis  conduisent  M.  Perrol  à  faire  remonter 
cette  inscription  jusque  vers  la  fin  du  ic'  siècle  de  notre  ère. 

II. 

La  seconde  partie  du  mémoire  est  consacrée  à  trois  textes 
grecs  qui  ont  été  transcrits  et  communiqués  au  ministère 
des  affaires  étrangères  par  le  consulal  <!»■  France  à  Galatz. 
Ils  proviennent  de  la  ville  de  Tomis , célèbre  par  l'exil  d'Ovide. 
On  en  avait  longtemps  en  vain  cherché  L'emplacement;  des 
découvertes  qui  remontent  à  une  vingtaine  d'années  environ 
ont  montré  que  la  ville  de  Kustendjé,  par  <»ii  passenl  Nuis  Les 
voyageurs  qui  se  rendent  à  Constantinople  en  suivant  la  voie 
du  Danube,  occupe  le  promontoire  même  sur  lequel  s'élevail 

autrefois  Tonus. 


—   141  — 

De  ces  textes,  il  eh  est  un  qui  a  déjà  été  public  par  M.  Des- 
jardins;  les  deux  autres  paraissent  inédits.  En  voici  le  texte 
el  la  traduction  : 

ti  (SouÀ))  xctï  b  hrjp.os 
t>;>  fx>;T pou oXecos 
lôpscos  làcratav  A- 
ppixxvà[v]  ywoLixci 
Ki/j/tou  ispacrapé- 
vrçv  fierpj  S-sèôv 
3-t»)aT£pa  r(a«ou)  lAiov  À- 
ÇpixoLvoïi  Û7repêa- 
Àopsvrçv  ràs  ispà  I- 
ai»T>7â  xai  S7wxo<xp>7- 
(Txaav  tj)v  S-stiv  àra- 
Ôij[xz<jtv  xptcréois 
TSJfjtJ/s  X*Plv- 

Sons  l'invocation  de  la  bonne  fortune.  Hommage  du  sénat  et  du  peuple 
«le  la  métropole  Tomis  à  Sossia  Africana,  femme  de  Quietus,  prêtresse 
de  la  mère  des  dieux,  tille  de  G.  Ilius  Africanus;  elle  s'est  montrée  supé- 
rieure à  toutes  les  prêtresses  qui  l'avaient  précédée  et  elle  a  fait  hommage 
it  la  (léesso  d'offrandes  en  or. 

[Àyxdfr  Tvx.9  ' 

ft  (3ovXi)  xai  b  hjtxos 

Tijs  ixrjrpOTrôXsoJs 

Tôfiews  Ai^pjxa-] 

vbv  Kvrjrov  alpy.- 

Tevaip.evov  èvho- 

Zws  xai  iyoptvoiiii- 

eainrt  èirifiavùs 

xaï  inrspëaXXôfxevov 

tous  Tspb  £œ[u]toO  Tet[Xïj[s 

yipiv,  àvialrjtjév 

ts  rbv  àyhpiivra  £6<t- 

viz  k@flix(civà)  rj  yvvrj  aÔTOÛ. 

Sous  l'invocation  de  la  ltojm<'  fortone.  Hommage  du  sénat  et  du  peuple 


—   142  — 

de  ta  métropole  l'omis  à.  .  .  Alrkanus  Quieius,  pour  ses  brillants  ser- 
\icos  militaires,  pppr  la  distinction  avec  laquelle  il  a  rempli  les  fondions 
d'agoranome ,  pour  s'être  montré  supérieur  à  tons  ses  prédécesseurs.  Sa 
femme,  Sossia  \lricana,  a  élevé  la  statue. 

Toul  le  commencement  de  celte  seconde  inscription,  qui 
manque  sur  la  copie,  se  restitue  aisément  d'après  la  pre- 
mière; les  deux  statues,  les  dvu\  piédestaux ,  les  deux  ins- 
criptions se  faisaient  pendant.  Après  avoir  servi,  peut-être 
dans  la  légion  XI  Pia  Fidelis,  qui  fut  longtemps  cantonnée 
sur  cette  frontière,  Quielus  était  arrive'  à  quelque  grade  de 
sous-officier;  [mis  il  s'était  retiré  à  Tomis  et  y  avait  rempli 
les  fonctions  à'agoranome  ou  de  surveillant  du  marché.  Ces 
inscriptions,  où  abondenl  les  ligatures  et  dont  l'orthographe 
laisse  à  désirer,  doivenl  être  au  plus  toi  du  second  siècle  de 
notre  ère. 

M.  IVrrot  profite  de  l'occasion  que  lui  offrent  ces  deux 
textes  inédits  de  Tomis  pour  en  faire  connaître  d'autres  de  la 
même  provenance  qui,  quoique  publiés  depuis  plusieurs  an- 
nées en  Grèce,  ne  paraissent  pas  être  arrivés  jusqu'en  Occi- 
dent. (Test  le  savant  épigraphiste  athénien,  M.  Et.  kouma- 
noudis,  qui  les  a  édités  dans  la  Nea  HavSwpa  du  rr  juin  i  868. 
(les  monumentsi  qui  avaient  été  envoyés  de  Kustendjé  à  la 
Société  archéologique  d'Athènes,  sont  au  nombre  de  dix-huit, 
dont  trois  seulement  des  fragments  sans  importance.  Restent 
quinze  textes,  dont  dix,  un  latin  et  neuf  grecs,  paraissent 
tout  à  fait  inédits  el  ne  se  retrouvenl  point  ailleurs.  Il  n'en 
esl  aucun  que  l'on  puisse  faire  remonter  avec  certitude  au 
delà  «le  la  conquête  romaine;  presque  i<>us  contiennent  ou 
des  noms  propres  on  des  allusions  à  l'empire  qui  permettent 
de  les  assigner  sans  hésitation  au  temps  pu  Tonus  faisait 
partie  de  la  province  <le  Messie.  En  rapprochant  ces  textes 
de  ceux  qui  se  trouvent  dans  les  inscriptions  latines  de  Tonus 
que  contient  le  tome  III   du  Corpus  inscriptionum  lattnarwn, 


—  143  — 

on  arrive  des  maintenant  à  réunir  des  données  assez  précises 
sur  L'histoire  de  cette  cité  longtemps  oubliée  et  sur  l'organi- 
sation du  groupe  de  cités  grecques  dont  elle  était  la  capitale. 

L'origine  ionienne  de  T'omis,  attestée  par  Ovide,  est  con- 
firmée par  une  inscription  de  cette  ville  qu'a  publiée  M.  E. 
Desjardins,  inscription  qui  doit  être  antérieure  à  la  création 
de  la  province  romaine  de  Mœsie.  C'est  une  stèle  élevée  par 
la  tribu  des  Argadeis  en  l'honneur  de  son  phylarque.  Or  c'est 
là  le  nom  d'une  des  quatre  tribus  ioniennes  primitives  qui 
existèrent  à  Athènes  jusqu'à  Clisthènes,  et  dont  on  a  retrouvé 
des  traces  dans  différentes  villes  de  l'Ionie ,  ainsi  qu'à  Cyzique, 
colonie  de  Milet. 

Les  cités  grecques,  fondées  par  les  Milésiens  sur  cette 
cote,  en  pleine  barbarie,  avaient  formé,  pour  mieux  résister 
à  l'ennemi  qui  les  pressait  de  toutes  parts,  une  confédéra- 
tion dont  l'histoire  intérieure  nous  est  inconnue,  mais  que 
nous  trouvons  désignée  dans  une  inscription  sous  ce  nom  : 
ih  koivov  7J7»  \izvi(vnô\zvs.  Ce  fut  sans  doute  avec  joie  que 
ces  villes  se  virent  protégées  par  les  armes  et  la  diplomatie 
de  Home,  à  partir  du  règne  d'Auguste,  contre  les  Scythes  et 
les  Sarmates;  mais,  alors  même  qu'elles  furent  entrées  dans 
la  province  de  Mœsie,  elles  gardèrent  leur  constitution,  leurs 
mœurs  et  leur  langue,  et  l'ancienne  confédération  des  villes 
grecques  de  la  côte  continua  de  subsister,  sous  le  titre  de  to 
koivov  vJàv  ÈWtivw.  A  la  tête  de  cette  confédération  étaient 
placés  de  grands  dignitaires  dont  l'un  parait  avoir  porté  le 
titre  (Yâp%w  tov  koivov  tôw  ËXXv'vcûv,  et  l'autre  celui  de  Pon- 
tarque,  qui  ne  s'était  encore  rencontré  que  sur  la  côte  d'Asie. 
C'est  un  nouveau  koivov,  qui  manque,  comme  celui  de  Lesbos. 
à  la  liste  de  Marquardt.  Cette  ligue,  dont  le  congrès  se  réu- 
nissait à  Tomis,  qualifiée  de  iirripô-noAis  tov  YIovtov,  ne  devait 
pas  comprendre  toutes  les  villes  de  la  Mœsie  inférieure;  mais 
elle  formait,   au  sein  de  la  province,    un  groupe  spécial   et 


—    l.'iï   — 

restreint,  héritier  direct  de  l'ancienne  Pentapole  milésienne. 
Tomis,  (|iii.  du  temps  de  l'indépendance,  avait  été,  à  ce  qu'il 
semble,  primée  par  Odessus,  avait  pris,  sous  l'empire,  une 
situation  prépondérante;  elle  était  devenue  le  port  le  plus 
fréquenté,  le  principal  entrepôt  du  commerce  de  ces  régions. 

Ces  inscriptions  contiennent  encore  quelques  autres  parti- 
cularités curieuses.  Ainsi,  dans  deux  de  ces  textes,  au  lieu  de 
tou  Ev&ivov  Ugvtov,  on  rencontre  cette  désignation,  unique 
jusqu'ici.  ?ov  EvwvfjLov  HÔvtov.  C'est,  selon  toute  apparence, 
l'invention  prétentieuse  de  quelque  bel  esprit  local,  qui  a 
voulu  montrer  qu'il  connaissait  l'origine  et  le  sens  d'EvÇsivos, 
de  cette  épithèle  donnée  par  antiphrase  à  une  mer  redoutée 
des  marins.  Le  titre  iïsvTîoauxpyys,  que  l'on  avait  déjà  relevé 
à  Smyrne  et  que  n'a  point  encore  admis  la  dernière  édition 
du  Thésaurus,  se  retrouve  ici  :  il  doit  s'agir  d'une  sorte 
d'échanson  public  de  la  cité. 

Les  deux  principales  inscriptions  de  ML  Koumanoudis,  celles 
qui  sont  consacrées  aux  pontarques  Priscus  Annianus  et  Aure- 
lius  Priscus  Isidore,  nous  montrent  ces  personnages,  en  même 
temps  crue  magistrats  et  grands  prêtres  de  la  confédération  et 
de  Tomis,  sénateurs  aussi  cl  primats  d'une  autre  ville  qui  est 
appelée  ici  <I>Àa€/a  véa^Xis.  Dans  la  seconde  de  ces  inscrip- 
tions, cette  seconde  ville  est  qualifiée,  par  rapport  à  \urelius 
Priscus  Isidore,  (\'dvTÎ7rarpt5,  terme  qui  n'avait  pas  encore 
été  rencontré,  mais  (pu  ne  peut  signifier  qu'une  chose,  sa 
seconde  patrie.  D'après  différents  milices,  M.  Perrot  inclinerait 
à  croire  que  dans  cette  (I>Àa£/a  via.  tsôï.is,  sur  laquelle  nous 
n'avons  aucun  renseignement,  il  convienl  de  reconnaître  la 
ville  de  "\.i\i.  Celle-ci,  située  près  de  l'endroit  où  est  aujour- 
d'hui Sisto\  ,  était  devenue,  au  m'  siècle  de  noire  ère,  la 
principale  station  militaire  de  la  contrée;  rien  n'empêche  de 
croire  qu'elle  ail  été  fondée  ^>ns  le  dernier  Flavien,  au  temps 
<\r  la  guerre  de  Domitien  contre  Décébale.  ci  (pic  dans  le 


—  [45  — 

grec  officie]  du  pays  elle  ait  alors  reçu  el  conservé  le  litre  de 
tla  nouvelle  ville  llavienne.  r>  Dans  la  bouche  des  légionnaires, 
qui  parlaient  latin,  ce  titre  pompeux  se  serait  abrégé  en  Novœ, 
sous-entendu  tabernœ  ou  canabœ,  et  ce  nom,  plus  populaire, 
aurait  fini  par  prévaloir  dans  l'usage  général.  Quant  au  l'ait 
de  ces  relations  particulières  entre  Tomis  et  la  cité  llavienne, 
il  s'expliquerait  aisément;  ces  riches  négociants  maritimes, 
entre  les  mains  de  qui  passaient  la  plupart  des  marchandises 
qui  descendaient  ou  remontaient  le  fleuve,  auraient  pris  part 
à  la  fondation  de  la  cité  naissante  en  y  établissant  un  comp- 
toir. 

Ce  qui  résulte  de  l'étude  de  ces  inscriptions,  c'est  que 
Tomis,  sous  l'empire,  était  restée  une  cité  toute  grecque; 
c'est  aussi  qu'il  y  a'unc  analogie  frappante,  et  qui  n'avait  point 
encore  été  soupçonnée,  entre  l'organisation  de  ces  cités  grec- 
ques de  la  Mœsie,  avec  leur  xotvbv  ÈWrfvav,  et  la  constitution 
des  villes  grecques  de  la  province  de  la  Bithynie  et  du  Pont, 
avec  leur  xoivov  -zûv  èv  ISetOvviot.  ÉÀXrçWv ,  leur  xotvbv  HÔvtov. 
Sur  la  côte  européenne  et  sur  la  côte  asiatique  du  Pont- 
Euxin,  nous  trouvons  une  ^rpoitoXis  tov  ÏÏovtov  et  un  Ilor- 
zâpxvs.  De  part  et  d'autre,  mêmes  titres  de  magistrats,  mêmes 
noms  de  fonctions. 

M.  Perrot  termine  son  mémoire  par  detf  réflexions  géné- 
rales sur  l'organisation  que  Home  avait  donnée  aux  provinces 
orientales,  sur  la  Liberté  qu'elle  leur  laissait  et  le  profit  que 
tiraient  de  celte  sage  politique  tout  à  la  fois  le  gouvernement 
central  et  les  diverses  populations  de  l'empire.  Voici  comment 
il  résume  ces  observations  :  ce  Aujourd'hui,  en  France,  tous  les 
habitants  du  territoire,  de  quelque  manière  et  à  quelque 
moment  qu'ils  soient  entrés  dans  l'unité  française,  ont  mêmes 
droits  civils  et  politiques;  au  contraire,  dans  l'empire  romain 
du  premier  el  du  second  siècle,  le  plein  droit  de  bourgeoisie 
n'était  encore,  en  dehors  <\r  l'Italie  et  surtout  dans  les  pro- 


—   1/iG  — 

vinces  orientales,  qu'une  exception,  que  le  privilège  d'un 

petit  nombre  d'individus;  les  provinciaux  étaient  encore,  au 
point  de  vue  juridique  et  politique,  dans  une  condition  infé- 
rieure. II  semble  pourtant  qu'il  y  eut  alors  dans  les  différentes 
contrées  de  l'empire  plus  de  vie  locale  et  provinciale  qu'il 
n'y  en  a  aujourd'hui,  hors  de  Paris,  dans  nos  départements, 
que  cette  vie  fût  plus  intense  et  plus  variée,  qu'elle  suffit 
mieux  à  provoquer  et  à  satisfaire  l'ambition  de  millions 
d'hommes,  à  tenir  en  haleine  leur  activité.  C'est  à  cette  con- 
clusion, tout  étrange  qu'elle  paraisse,  que  conduit  l'étude 
des  monuments  épigraphiques  en  si  grand  nombre  que  nous 
a  laissés  pour  cette  époque  l'Orient  hellénisé,  l'ensemble  des 
provinces  de  langue  grecque,  et  le  témoignage  en  est  con- 
firmé par  les  inductions  que  l'on  peut  tirer  de  toute  une  litté- 
rature bien  riche  encore  et  bien  diversement  féconde.  Pour 
d'au  lies  régions  de  l'empire  romain,  pour  la  Gaule  par 
exemple,  on  arrive  par  les  mêmes  recherches  aux  mêmes  ré- 
sultats. •• 

N°  V. 

LA  TÊTE   M:   l.\   STATUE  D'ADRIEN   PLACÉE   l<  \ns  LE  TEMPLE 

DE  n'i'.i  SALEM. 

Un  ànier  de  Jérusalem  qui  lait  métier  de  transporter  des 
pierres  du  dehors  pour  les  constructions  de  la  ville  avait  ra- 
massé, il  \  a  quelques  mois,  parmi  les  blocs  éboulés  dune 
muraille  en  pierres  sèches,  nue  tête  de  statue  de  marbre,  de 
grandeur  naturelle,  qui  est  probablement  un  débris  historique 
du  plus  haut  intérêt. 

.le  me  suis  fait  indiquer  mu- le  terrain,  par  l'auteur  même 
de  la  trouvaille  qui  n'en  soupçonnait  guère  I  importance,  1  en- 
droit où  elle  ;i\;ui  été  faite.  C'est  sur  le  bord  de  l'ancienne  route 
de  Naplouse.  à  ufte  trentaine  de  mètres  au  aord  du  Tombeau 


—   147  — 
dm  Huis  (  Q'boûr  es-salatin  ).  el  à  quelques  minutes  île  la  porte 
de  Damas. 

La  tète,  qui  fut  apportée  à  un  efïendi  de  la  ville,  est  celle 
d'un  personnage  viril,  à  la  barbe  courte  et  frisée,  aux  cheveux 
abondants  dont  les  mèches  épaisses  recouvrent  une  partie  du 
Iront.  Elle  porte  une  couronne  de  laurier  dont  les  deux 
branches  viennent  se  rattacher  à  un  grand  médaillon  (quelque 
gemme)  où  est  gravé  très-distinctement,  en  camée,  un  aigle, 
Minbole  de  la  puissance  souveraine. 

La  face,  surtout  vue  sous  certains  aspects,  a  une  expression 
de  dureté  assez  caractérisée:  les  yeux,  dont  les  prunelles  sont 
indiquées  par  le  sculpteur,  regardent  en  haut.  Le  bout  du 
nez  est  cassé  et  quelques  régions  de  la  figure,  notamment  le 
sourcil  droit ,  ont  souffert.  Toute  la  partie  postérieure  de  la  t^te 
a  élé  brisée  très-anciennement. 

Le  style  de  la  sculpture  est  tout  à  fait  romain;  le  tra\ail 
<■->(  loin  d'être  irréprochable,  mais  l'ensemble  de  la  tète  a  un 
air  imposant  d'un  grand  efl'et. 

Nous  avons  là,  à  n'en  pas  douter,  un  portrait  et  non  un  type 
banal.  La  mutilation  du  nez,  quoique  assez  légère,  rend,  au 
premier  abord,  la  physionomie  et,  partant,  l'identité  du  per- 
sonnage assez  difficile  à  reconnaître.  N'ayant  pas  ici  les  éléments 
iconographiques  nécessaires  pour  résoudre  cette  question, 
j'hésitai  quelque  temps  entre  plusieurs  hypothèses  qui  se  pré- 
sentèrent successivement  à  mon  esprit.  Après  mûre  réflexion, 
j'en  suis  revenu  à  ma  première  impression,  et  je  pense  qu'on 
ne  peut  guère  voir  dans  celte  tète  autre  chose  que  celle  de 
L'empereur  Adrien.  C'est  également  l'opinion  d'un  homme 
très-instruit  qui  a  eu  l'occasion  d'examiner  ce  morceau,  l'ar- 
chimandrite de  la  mission  russe  à  Jérusalem;  je  crois  qu'elle 
sera  admise  en  Europe  par  les  savants  compétents  et  tous  ceux 
(iui  sont  en  mesure  de  la  soumettre  à  une  vérification,  impos- 
sible ici. 


—  148  — 

La  trouvaille,   à  Jérusalem,  d'un  Fragment  de  statue  de 

l'empereur  Adrien  est  assurément  une  chose  intéressante;  elle 
pourrait  cependant  n'être  qu'une  simple  curiosité,  si  des  cir- 
constances particulières  n'en  venaient  faire  une  découverte 
d'u  ne  véritable  valeur  historique. 

Tout  le  monde  connaît  la  dernière  el  terrible  insurrection 
des  Juifs  sous  le  commandement  de  Barcocébas  (le  fils  de 
l'Etoile)  dont  Adrien  eut  tant  de  peine  à  triompher.  Après  cette 
victoire,  chèrement  achetée,  qui  bitfa  du  monde  politique  le 
nom  des  Juifs,  Adrien  réédifia  Jérusalem  détruite  par  Titus,  et 
la  transforma  en  colonie  romaine,  en  l'appelant  de  son  nom 
hliu  Capitolma.  Parmi  les  nombreux  monuments  dont  il 
orna  la  cité  nouvelle,  Dion  Cassius  mentionne  le  temple  de 
Jupiter  Gapitolin  élevé  sur  l'emplacement  de  l'ancien  sanctuaire 
juif.  Quelques  auteurs  pensent  même  que  c'est  l'érection  pro- 
jetée du  naos  païen  qui  fut  la  cause  déterminante  et  non  la 
conséquence  de  cette  suprême  protestation  de  la  nationalité 
juive,  si  impitoyablement  réprimée. 

Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  hors  de  doute  qu'Adrien  plaça  ou 
laissa  placer  sa  propre  statue  dans  le  temple  de  Jupiter  Ca- 
pilolin.  En  effet,  le  pèlerin  anonyme  qui,  parti  de  Bordeaux 
en  333,  vint  visiter  Jérusalem,  el  dont  nous  possédons  les  notes 
de  voyage,  remarqua  encore  sur  l'emplacement  de  l'ancien 
temple  deux  statues  à*  idrien.  Saint  Jérôme,  qui  connaissait 
aussi  ces  lieux  de  visu,  dit  dans  son  commentaire  sur  Isaïc  : 
«Là  où  étaient  autrefois  le  temple  ci  le  culte  de  Dieu,  sont 
placées  aujourd'hui  la  Btatue  d'Adrien  et  l'idole  de  Jupiter» 
(Hadriam  statua  ei  -Ions  idolumcollocatum  est).  Il  paraîtrait  même 
que  cette  statue  du  Fondateur  d'  Elia  Capitolina  ''lait  une  statue 
équestre,  car  le  même  saint  Jérôme,  dans  son  commentaire  sur 
s, uni  Matthieu .  parle  ••  de  la  statue  équestre  d  \dncn  (rtjucsiris 
statua)  qui,  jusqu'à  ce  jour,  s'élève  sur  remplacement  même  du 
Haint  des  -omis  •• 


—  149  — 

On  peut  se  demander  si  le  pieux,  mais  peu  instruit  pèlerin 
de  Bordeaux  qui  parle  de  deux  statues  d'Adrien  n'a  pas.  par 
hasard,  pris  pour  une  seconde  statue  du  même  empereur  ce 
que  saint  Jérôme  désigne  comme  l'idole  de  Jupiter,  c'est-à-dire 
justement  la  statue  du  dieu  auquel  était  dédié  le  temple. 

Toutefois,  quelques  critiques  paraissent  admettre  qu'il  y 
avait  réellement  deux  statues  d'Adrien,  le  représentant  l'une 
à  cheval,  l'autre  à  pied1. 

Une  autre  opinion  tendrait  à  reconnaître,  dans  les  deux 
statues  du  pèlerin,  une  statue  d'Adrien  et  une  autre d'Antonin 
le  Pieux,  son  fils  adoptif  et  successeur.  D'après  cette  théorie 
on  aurait  peut-être  même,  dans  l'inscription  latine  encastrée 
dans  le  mur  du  Harâm,  la  dédicace  gravée  sur  le  piédestal  de 
cette  dernière  statue2. 

Ce  n'est  pas  le  lieu  ni  le  moment  de  discuter  pour  savoir 
quelle  est  la  plus  satisfaisante  de  ces  conjectures;  quelle  que 
soit  celle  qu'on  adopte,  il  est  absolument  hors  de  doute, 
d'après  les  textes  que  je  viens  de  citer,  que  le  temple  de  Ju- 
piter Capitolin,  construit  sur  l'emplacement  du  temple  juif, 
contenait  au  moins  une  statue  de  l'empereur  Adrien,  proba- 
blement à  cheval.  La  nature  militaire  des  événements  qui  avaient 
immédiatement  précédé  et  peut-être  déterminé  la  fondation 
de  la  nouvelle  colonie  romaine  expliquent  fort  naturellement 
l'emploi  de  la  statue  équestre,  représentant Tcmpereur  sous 
l'aspect  d'un  guerrier  victorieux. 

Cette  statue  était  encore  intacte  jusqu'à  la  fin  du  ivc  siècle; 

1  On  peut,  à  ce  propos,  rapprocher  du  dire  du  pèlerin  de  Bordeaux  deux  pas- 
sages d'un  auteur  dont  les  descriptions  seraient  difficilement  suspectées  d'inexac- 
titude. Pausanias  nous  montre,  en  même  temps,  dans  le  Céramique  d'Athènes  et 
formant  une  espèce  de  groupe  à  part,  la  statue  de  Jupiter  Eleutherios  et  celle 
d'Adrien  (BaaiÀeOs  ASpioLvôs)  (I,  m,  2).  Dans  un  autre  endroit  (I,  wiii,  6)  il 
rapporte  qu'avant  d'arriver  au  temple  de  Jupiter  Olympien  on  trouve  deux  statue* 
d'Adrien  de  marhre  de  Thasos,  et  deux  autres  de  pierre  d'Egypte. 

1  hnp.Cœta.  Tito  AElio  Hadriano  Intonino  Aug.  Pio  PP.  Pontifia  Auguri  décréta 
decuriomtm. 


—   150  — 

mais  il  est  «'«vident  qu'en  admettant  même  que  le  prestige  <|in 
s'attacha  jusqu'aux  dernière  jours  à  la  majesté'  impériale  ail 
pu  la  protéger  encore  plus  longtemps  contre  la  main  des 
chrétiens,  elle  ne  dut  guère  échapper  au  vandalisme  des 
Perses  de  Chosrbès  et  à  la  vengeance  des  Juifs  leurs  alliés.  En 
tout  cas,  elle  disparut  inévitablement  à  l'arrivée  des  Arahes 
musulmans,  et  ses  débris  qui  profanaient  la  Sakkta,  le  roc 
sacré,  furent  probablement  transportés  loin  du  sanctuaire  pu- 
rifié, et  déposés  hors  la  ville,  pêle-mêle  avec  les  ordures  dont 
Omar  trouva  le  lieu  saint  couvert1. 

Etrange  ironie  du  sort!  Jetée  sur  l'ancienne  voie  publique,  la 
lare  contre  terre,  cette  tête  superbe  et  triomphante  du  Vainqueur 
de  Barcocébas.  du  rénovateur  de  Jérusalem,  du  divin  Adrien, 
ce  front  lauré  et  orné  de  l'aigle  impériale  a  été  foulé  au\ 
pieds,  depuis  plus  de  douze  siècles,  par  tous  ceux,  grands  et 
petits,  qui  sont  entrés  dans  la  ville  sainte.  Et  ce  n'est  qu'après 
la  longue  ignominie  de  cette  insulte  séculaire  «pie,  pour 
dernier  outrage,  ce  chef  mutilé,  aux  regards  toujours  ailiers, 
a  été  ramassé  par  un  pauvre  Aiiier  cl  empilé  par  lui  dans  la 
même  confie  avec  les  plus  vulgaires  moellons!  Si  Jehovah  avait 
encore  un  prophète,  quelquelsaïe  nouveau  ne  manquerait  pas 

de  montrer  dans  cette  triste  destinée  une    expiation    méritée, 
un  (bâtiment  du  dieu  jaloux  vengeant  sa  maison  profanée. 

(lu.  Clermont-Ganni  M  . 

Iprès  la  lecture  de  cette  lettre,  M.  'I''  Longpérier  présente  les  obser- 
vations suivantes  :  -Il  eûl  été,  en  effet .  piquanl ,  an  moment  on  la  lecture 
de  notre  savant  confrère,  M.  Duruy,  vient  d'attirer  de  nouveau  l'atten- 
tion 'lu  public  -ni-  les  voyages  h  les  actes  politiques  d'Adrien,  de 
Bignalei  .<  Jérusalem  une  image  de  cet  empereur.  Mais  j'ai  le  regret  de 

Le  cbroniqueui  arabe  de  Jérusalem .  Moudjir  '■*!  din  (p.  997  du  texte  de 
llnnlnq  ),  parl>'  dos  images  qui  se  trouvaient  dans  le  Barftm  à  l'arrivée  d'(  >mar,  el 
rite  1  ce  propos  d     eer    où  il  est  question  de  ttatuee  de  marbre  (Douma). 


—  151  — 

nt'  |  onvoir  apporter,  à  l'appui  »le  l'opinion  émise  par  M.  Glennont-Gan- 

neau.  le  témoignage  des  monuments  connus.  Les  statues,  les  bustes,  les 
médailles  nous  ont  rendu  familière  l'image  d'Adrien,  et  celte  image 
difiére  considérablement  de  celle  qui  vient  d'être  retrouvée.  Dans  le  nou- 
veau marbre,  nous  observons,  et  M.  Gainieau  a  très-exactement  remar- 
qué, une  chevelure  épaisse  qui  cache  les  oreilles  et  tombe  sur  le  cou,  un 
nez  très-aqiiilin.  une  expression  de  dureté  dans  le  regard,  qui  ne  se  rap- 
portent point  du  tout  au  type  d'  Ldrien.  Si  M.  Ganneau  avait  eu  à  sa  dis- 
position les  éléments  iconographiques  qui,  comme  il  le  dit  lui-même, 
lui  font,  en  ce  momenl .  défaut ,  il  aurait  renoncé  sans  doute  à  l'identifi- 
cation séduisante  qu'il  propose. 

*  Autant  qu'on  en  peut  juger  par  une  photographie,  la  tète  de  marbre 
semble  appartenir  à  une  époque  postérieure  au  règne  d'Adrien.  Nous 
n'irons  pas  jusqu'à  la  faire  descendre  au  temps  de  Julien,  quoiqu'elle 
présente  avec  la  physionomie  de  cet  empereur  une  certaine  analogie;  car 
l'art  du  temps  de  Julien  nous  est  connu,  non-seulement  par  la  numis- 
matique, mais  encore  par  les  deux  statues  de  cet  empereur  qui  existent 
l'une  au  Louvre,  et  l'autre  au  musée  des  Thermes. 

«r  Adrien  a.  assez  souvent,  la  tête  ceinte  d'une  couronne  de  laurier.  Mais 
cette  couronne  est  formée  d'un  simple  et  véritable  rameau,  un  souvenir 
héréditaire  de  la  couronue  décernée  à  César.  Dans  le  marbre  de  Jérusalem, 
nous  voyons  une  lourde  couronne  ornée  au  centre  d'un  camée.  Il  s'agit 
évidemment  d'une  couronne  de  métal,  et  pour  en  trouver  une  semblable 
sur  la  tête  des  empereurs  il  faut  descendre  au  temps  de  Constantin  et 
<\o  Julien.  Cependant  nous  pourrions  reconnaître  là  un  ornement  sacer- 
dotal. Les  .irchéologues  compareront  cette  couronne  d'orfèvrerie,  ornée 
d'un  camée,  à  celle  qui  décore  la  tète  de  Lucius  Larlius  Anthus,  cisto- 
phore  du  temple  de  Bellone,  dont  l'image  a  été  trouvée  eu  1729  à  Rome, 
au  Monte-Mario.  Francesco  Gori  nous  en  a  conservé  la  gravure,  en 
publiant  le  recueil  d'inscriptions  de  Giovanbattisla  Doni  (page  i35, 
pi.  VIII). 

t Les  couronnes  sacerdotales,  ornements  liturgiques,  sont  plus  riches 
que  la  couronne  impériale;  il  ne  faut  pas  s'en  étonner.  L'appareil  sacer- 
dotal avait  besoin  d'un  certain  éclat  extérieur  dont  pouvait  et  devait  même 
se  passer  le  chef  de  la  république.  De  nos  jours  encore  ou  voit  les>uissc-, 
de  cathédrales  porter  des  épaulettes  enrichies  d'agréments  que  ne  pré- 
sente pas  l'épaulette  de  nos  généraux  d'armées. 

rrPour  n'être  pas  le  portrait  d'Adrien,  la  tête  iconographique  trouvée 
à  Jérusalem  n'en  est  pas  moins  un  monument  très-important,  eu  égard 


—   152  — 

Burtout  à  la  rareté  des  sculptures  provenant  de  cette  ville.  Lorsqu'un 
moulage  du  marbre  sera  parvenu  à  Paris,  les  archéologues  pourronl 
l'étudier  d'une  manière  plus  rigoureuse,  et  lui  assigner  sa  place  exacte 
dans  la  science.» 


N°  VI. 

LETTRE  DE  M.  DE  VOGUÉ  SUR  LA  DECOUVERTE  DE  I.A  VENTS  DE  MII.O. 

Péra,  u  mai  187/i. 
Monsieur  le  Président  et  cher  confrère, 

Depuis  qu'une  polémique  nouvelle  s'esl  engagée  au  sujet 
de  la  Vénus  de  Milo  et  de  l'état  dans  lequel  elle  a  été  décou- 
verte, on  a  eu  recours  à  moi  de  divers  côtés  pour  savoir  si  les 
archives  de  l'ambassade  de  France  à  (lonslantinople  ne  ren- 
fermeraienl  pas  la  solution  du  problème  qui  divise  les  archéo- 
logues. L;i  première  invitation  m'a  été  faite  par  Al.  Iiavel . 
l'habile  et  heureux  explorateur  des  ruines  de  Milet;  pendant 
que  je  me  livrais  aux  recherches  qu'il  m'avait  indiquées,  notre 
confrère  M.  Ravaisson  a  eu  la  même  pensée;  d'autres  appels 
m'ont  été  adressés  depuis.  Pour  répondre  en  une  fois  aux 
questions  qui  m'onl  été  ainsi  posées,  je  viens  réclamer  votre 
obligeant  intermédiaire  :  l'Académie  voudra  bien,  j'espère, 
accueillir  favorablement  cette  communication  el  se  charger 
elle-même  de  produire  au  débal  les  renseignements  qui  lui 
paraîtront  de  nature  à  l'élucider. 

La  correspondance  de  l'ambassade  avec  le  consulat  général 
de  Smyrne  el  l'agence  consulaire  de  Alilo  pendant  les  années 
1890-91-99  renferme  un  certain  nombre  de  dépêches  rela- 
tives à  la  célèbre  statue,  mais  les  contestations  nées  de  la 
découverte  el  les  réclamations  qui  l'ont  suivie  j  tiennent  plus 
de  plaie  que  les  détails  archéologiques.  Par  une  fatalité  re- 
grettable, La  pièce  principale,  le  premier  rapport  de  M. Brest, 
me  manque  :  je  le  fais  rechercher  à  Smyme,  mais  sans  grand 


—  153  — 

>ii  Je  le  retrouver  les  archives  I»'  ce  consulat  général 
ayant,  plus  encor<  que  les  nôtres,  souffert  des  incendies,  des 
déplacements,  de  toutes  les  causes  qui  compromettent  d'ordi- 
naire la  conservation  des  collections  formées  dans  les  postes 
diplomatiques  ou  consulaires. 

Quoi  qu'il  en  soit ,  j'ai  réuni  un  certain  nombre  de  faits  <jui 
pourront  ne  pas  être  inutiles  au  débat,  et  je  vais  rapidement 
les  résumer. 

C'esl  le  8  avril  1820  (et  non  en  février)  que  la  statue  fut 
découverte  par  un  paysan  <jui  piochait  son  champ.  M.  Brest 
tut  le  premier  informé  de  la  trouvaille;  il  s'aboucha  avec  le 
paysan  et  négocia  l'acquisition  de  la  Vénus;  le  paysan  s'en- 

r;i  à  ne  la  céder  qu'à  M.  Brest. 

Celui-ci  s'empressa  d'avertir  le  consul  général  de  Smyrneet 
lui  «proposa  de  faire  acheter  le  marbre  pour  compte  du  Gou- 
vernement, n  M.  David,  '-n'osant  prendre  sur  lui  une  pareille 
dépense,»  en  écrivil  à  l'ambassadeur,  le  marquis  de  Rivière, 
!  lui  demanda  -s'il  voulait  prendre  sur  lui  de  faire  cette 
h-, punition  pour  le  Musée  royal. r  Les  communications  à  cette 
époque  étaient  longues  et  difficiles  entre  les  îles  de  l'Archipel  : 
c'esl  I''  a5  avril  seulement  que  M.  David  communiquait  à 
l'ambassade  les  informations  qu'il  avait  reçues:  sa  lettre  ne 
put  arriver  à  Constantinople  avant  les  premiers  jours  de  mai. 
M.  de  Rivière  prit  rapidement  s. m  parti  et,  le  â3  du  même 
mois,  la  goélette  V Estafette }  portant  son  mandataire.  M.  de 
Marcellus,  mouillait  en  rade  de  Milo. 

Six  semaines  à  peine  s'étaient  écoulées  depuis  le  jour  de  la 
découverte;  cet  intervalle,  bien  courl  pour  l'époque,  avait 
néanmoins  suffi  pour  qu'une  intrigue  lui  nouée.  Un  prêtre 
grec.  Oikonomos  Ver;;hi,  voulant  conquérir  par  le  don  de  la 
statue  les  bonnes  grâces  de  Mourouzi,  h'  drogman  de  l'arse- 
nal, avait  circonvenu  le  propriétaire  du  trésor,  l'avait  menacé. 
effravé,  et  avait  fini  par  vaincre  sa  résistance.  Quand  M.  de 
h.  1 1 


—   154  — 

Vlarcelliif  arriva  à  Milo  la  Vénus  avait  échappé  à  M.  Bresl  el 
;i\;nl  été  vendue  718  piastres  à  Oikonomos.  Par  quels  moyens 
!\l.  de  Marcellus  parvint-il  à  faire  casser  ce  marché  el  à  faire 
triompher  les  droits  qu'il  tenait  des  promesses  antérieurement 
faites  à  notre  vice-consul?  Les  archives  de  l'ambassade  sont 
muettes  sur  ce  point  :  elles  laissent  complètement  dans  l'ombre 
l'épisode  du  combal  rapporté  dans  les  mémoires  de  Dumonl 
d'I  rville  et  la  uature  des  & obstacles  divers v  que  M.  de  Mar- 
cellus eu!  à  écarter  :  elles  constatent  seulement  que  la  statue 
fui  cédée  par  une  vente  régulière,  vente  précédée  par  de  la- 
borieuses négociations.  «C'est  avec  beaucoup  de  peine  crue 
M.  de  Marcellus  a  obtenu  que  la  statue  lui  lut  vendue ,» écrit 
M.  le  baron  des  Rotours,  commandant  d'un  des  vaisseaux  du 
roi,  à  la  date  du  20  mai.  Les  agents  de  cette  transaction 
lurent  deux  des  primats  de  l'île,  Pétrakj  Tatarakis  et  l'archi- 
mandrite i^yrr.  La  somme  payée  fut  de  836  piastres,  dont 
718  remboursées  à  Oikonomos  Verghi,  et  118  représen- 
tant le>  dépenses  laites  par  les  primats  pour  transporter  la 
statue  du  lieu  où  elle  avait  été  trouvée  jusqu'à  la  Marine. 
Pour  cette  somme  de  836  piastres  du  temps  ou  55o  francs 
environ  de  notre  monnaie,  M.  de  Marcellus  acheta  non-seu- 
lement la  Vénus,  mais  les  trois  Hermès  et  l'enfant  découverts 
avec  elle. 

Le  36  mai,  l'Estafette  mettait  à  la  voile  avec  son  précieux 
fardeau. 

Tmis  jours  après  arrivait  en  rade  de  M1I0  la  corvette  an- 
glaise la  llmirhiii  I  ".'  ! .   venant   de  Malle  pour  acheter  |;i  statue. 

Oikonomos  Verghi  s'étail  hâté  de  taire  connaître  au  drog- 
man  de  I  arsenal  I  insuccès  de  ses  propres  démarches;  il  s'étail 
même  nus  en  route  pour  Constantinople ,  lorsqu'il  apprit  .1 
Syra  que  Mourouzi  venail  faire  une  tournée  dans  [es  lies.  Il 
l'attendit  :  le  drogman  -  était  fail  précéder  par  un  officier  chargé 
d<    levei    sin    l'île   de    M1I0    une    première    contribution    de 


! 


—   155  — 

a, ooo  piastres:  de  faux  rapports  lui  avaient  fail  noire  que 
M.  de  Marcellus  avail  donné  9,000  piastres  aux  primats.  Se 
trouvant  bientôt  lui-même  à  Siphante,  il  manda  auprès  do  lui 
les  deux  principaux  négociateurs,  l'archimandrite  et  Pétrakj 
Tatarakis.  Ces  deux  primats  furenl  l'objet  des  plus  mauvais 
traitements;  on  leur  arracha,  en  les  menaçant  de  leur  faire 
trancher  la  tête,  un  certificat  portant  que  la  statue,  aussitôt 
découverte,  ;t\;ii(  été  destinée  au  drogman;  s  allégation  de  la 
plus  grande  fausseté,  écrit  M.  Brest,  car  dès  l'instant  qu'elle 
l'ut  trouvée,  je  fus  le  premier  à  être  informé  et  le  premier  à 
traiter  avec  le  particulier  pour  en  faire  l'achat."  Déplus  on 
leur  extorqua  de  L'argent;  la  somme  totale  qui  fut  ainsi,  à  plu- 
sieurs reprises,  arrachée  aux  primats,  fut  de  7.100  piastres. 

M.  Brest,  témoin  «les  souffrances  el  des  humiliations  im- 
is  à  ces  infortunés,  s'empressa  de  prévenir  M.  de  Rivière 

et  de  réel; r  sa  protection  pour  ces  hommes,  victimes  «de 

leur  attachemenl  et  de  leur  amour  pour  la  nation  française.» 
Il  lit  plu-.  :  il  se  mit  personnellement  à  Là  recherche  de  AI.de 
Marcellus  et  le  rejoignit  à  Smyrne  ;  une  entrevue  eut  lieu 
entre  M.  David,  M.  de  Marcellus  et  M.  Brest  :  M.  David  l'a 
racontée  en  termes  ému v  M.  de  Marcellus  \  prit  l'engagement 
de  faire  rembourser,  d'une  manière  ou  de  l'autre,  aux  pri- 
mats de  Milo,  les  avances  dont  la  Vénus  aurait  été  l'occasion. 
L'excellent  vice-consul,  joyeux  de  celle  bonne  nouvelle,  s'em- 
pressa de  la  faire  tenir  par  un  pilote  de  passage  à  M  "  Brest, 
cette  vaillante  femme  dont  l'amiral  Jurien  de  la  Gravière  a  ré- 
cemmenl  l'ait  connaître  l'indomptable  énergie;  M""  Brest, sur 
la  foi  dos  assurances  reçues,  s'empressa  de  donner  à  Tataraty 
el  ;i  L'archimandrite  un  à-compte  de  1,763  piastres. 

De  retour  à  Constantinople,  M.  de  Marcellus,  fidèle  à  sa 
promesse,  intéressa  M.  de  Rivière  au  sorl  des  primats  :  l'am- 
bassadeur obtint  de  la  Porte  un  bouyourouldou  ordonnant  la 
restitution  de  l'argenl  indûment  perçu.  M.  de  Rivière  en  porta 

1 1 . 


.Ml 


lui-méinc  !<•  Lexle  à   Mil"     le  i  5  novembn    1820,    lorsqu'il 
loucha  dans  cette  lie  en  retournanl  en  France. 

Les  dispositions  du  bouyourouldou,  est-il  besoin  de  le  dire? 
ne  furenl  jamais  exécutées';  les  efforts  (l«s  deux  chargés  d'af- 
faires, MM.  de  Viella  el  de  Beaurepaire,  échouèrenl  devanl 
l'inertie  de  l'administration  ottomane.  L'insurrection  grecque 
survinl  :  les  habitants  de  Milo  refusèrent  le  tribut;  Mourouzi 
fut  mis  à  mort.  La  Sublime  Porte  put  se  croire  libérée  de  toul 
engagement;  mais  ni  M.  Brest  ni  les  primats  n'étaient  rentrés 
dans  leurs  déboursés  :  ce  l'ut  M.  le  duc  de  Rivière  qui  les  in- 
demnisa: il  acquitta  la  dette  (|ue  le  pays  avail  contractée 
envers  eux  l<'  jour  où  le  Musée  national  avail  reçu  de  l'ain- 
bassadeur  le  chef-d'œuvre  conquis  par  leurs  soins. 

Tel  est  le  récil  que  me  fournil  une  série  de  pièces  parfai- 
tement concordantes  dont  les  originaux  sont  sous  mes  yeux. 
Quant  aux  détails  archéologiques,  ceux  <|ni  nous  intéressent 
\  raiment .  toute  cette  correspondant  e  est  assez  pauvre;  la  pièce 
principale,  l<i  premier  rapport  de  M.  Brest,  l'ail  défaut;  les 
quelques  renseignements  que  nous  avons  trouvés  sonl  ('pars 
dans  trois  lettres  dont  je  vous  envoie  !»•  texte,  laissant  aux  dé- 
fenseurs des  deux  systè s  en  présence  à  y  chercher  des  argu- 
ments. Ceux  qui  soutiennent  que  la  statue  a  été  découverte 
avec  ses  deux  bras  intacts  s'empareront  du  mot  de  M.  Dauriac: 
«Vénus  recevanl  \a  pomme.  »  Beslera  à  déterminer  la  part  que 
l'induction  peut  avoir  eue  dans  la  rédaction  de  cette  phrase  et 
à  examiner  si  !<•  fait  de  la  découverte,  auprès  de  la  statue, 
d'une  main  brisée  tenant  une  pomme,  n'a  pas  suffi  à  I  inspirer. 
Lès  autres,  avec  plus  d<-  force,  suivant  moi,  pourronl  s'ap- 
puyer  sur  la  lettre  de  M.  Brest  et  soutenir  que  si  les  bras 
avaient  été  brisés  et  perdus  pendant  le  transporl  de  la  statue 
ou  dans  un  combat  sur  la  plage,  M.  Brest  n'aurait  pas  eu  à 
faire  des  fouilles  dans  la  niche  pour  les  retrouver. 

I  n  fait  surtout  me  paraît  ressortir  de  ces  documents,  cesl 


—    I  ;>  /    — 

que  les  deux  poi  lions  le  la  statue  n'onl  pas  été  simultanémenl 
exhumées.  Dans  la  première  lettre,  celle  du  •>•">  avril,  il  esl 
«lit  expressément  « j m ■  le  buste  seul  ;i  été  mis  au  jour,  el  pour- 
tant les  fouilles  avaient  déjà  été  poussées  assez  loin  poui 
amener  la  découverte  d'un  desHermès  el  de  la  statue  (reniant. 
La  partie  inférieure  de  la  Vénus  ne  fut  trouvée  que  plus  tard, 
el  une  lettre  du  '.]  i  mai  signale  d'une  manière  toute  particu- 
lière la  valeur  de  cette  seconde  trouvaille.  S'il  est  vrai  que  les 
deux  blocs  aient  été  rencontrés  assez  distants  l'un  de  l'autre 
pour  qu'uu  certain  intervalle  de  temps  se  soil  écoulé  entre  la 
découverte  du  premier  et  celle  du  second,  que  devient  ce  récit 
d'une  statue  debout  sur  son  socle,  au  tond  d'une  niche,  con- 
templée par  ses  heureux  inventeurs  dans  l'harmonie  majes- 
tueuse de  ses  formes  intactes  et  de  son  installation  originale: 
N  \  a-t-il  pas  lieu  de  douter,  non  de  la  bonne  foi  des  narra- 
teurs. Dieu  m'en  garde,  mais  de  la  fidélité  de  souvenirs 
traversés  par  le  cours  des  années,  le  bruit  des  controversi 
1 1  nvahissemenl  inévitable  de  la  légende  ?  Ils  sont  bien  ran  - 
je  crois  pouvoir  l'assurer,  les  exemples  de  statues  anliqu  - 
trouvées  intactes  à  leur  place  primitive,  ayant  échappé,  au 
fond  d'une  niche  Lutélaire,  à  l'acti  >n  du  temps  et  des  hommes, 
el  demeurant  inviolable;  quand  touts'  cr  niait  autour  d'elles 
non  dans  une  catastrophe  subite,  comme  celbs  d'Hcrculanum , 
mais  par  I  effel  d'une  destj  uclion  asseis  l(  nte  pour  transforme] 
en  un  champ  labourable  le  monument  qu'elles  contribuaient 
.1  orner.  S'est-on  d'ailleurs  bien  rendu  compte  de  la  valeur 
du  mol  niche,  employé  par  les  premier-  témoins  pour  désigner 
le  lieu  de  la  découverte  ?  Faut-il  le  prendre  dans  son  sens 
architectural,  ou  l'entendr  d'un  enfoncemenl  plus  ou  moins 
naturel,  dans  lequel  plusieurs  statues  provenant  d'un  temple 
voisin  auraient  été  déposées  ou  jetées  pêle-mêle?  Les  exëmpli 
sonl  nombreux  d'enfouissements  semblable*  accompli:  à  I 
poque  du  triomphe  du  christianisme    soil   par  les  chrétien 


—  158  — 

pour  faire  disparaître  des  ulules,  soii  par  les  derniers  païens 
pour  soustraire  à  la  profanation  L'objet  de  leur  vénération 
attardée.  Une  étude  des  lieux  pourrait  seule  nous  éclairer  sur 
«•'•s  détails  el  offrir  les  éléments  de  la  solution  définitive  <lu 
problème.  Je  ne  saurais  l'entreprendre  aujourd'hui,  el  je 
cède  la  parole  aux  documents  écrits  qu'il  m'a  été  possible  «le 
retrouver. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président  el  cher  confrère, 
l'assurance  de  mes  sentiments  distingués  el  dévoués. 

Vog i  \: . 
Smyrne,  le  •>■">  avril  1 820 

A  M.   US  MARQUIS  DE  BJ\  1ERE. 

Monseigneur. 

M.  le  eoininaniianl  Dauriac  m'écrit  <le  Milo  le  1 1  que.  trois  jours  au- 
paravant, il  a  été  trouvé  dans  cette  lie,  par  un  paysan  quipiochail  dans 
son  champ,  une  statue  il'1  marbre  blanc,  représentant  Vénus  recevanl 
la  pomme;  elle  esl  «le  grandeur  plus  que  naturelle:  ou  n'a  dans  ce  rao- 
menl  que  le  1  >i  1  ->  1 1  ■  jusqu'à  la  ceinture.  Gel  officier  esl  allé  la  voir  :  la 
tête  lui  a  paru  bien  conservée,  ainsi  que  la  chevelure.  M.  le  commandant 
de  l'Estafette  l'a  vue  aussi  el  ;i  trouvé  l<-  torse  bien  modelé  :  il  pourra 
donner  plus  de  détails  ,:i  Voire  Excellence,  "n  ;i  «lit  nu  paysan  que  la 
découverte  qu  il  avait  faite  était  d'une  grande  valeur.  Il  \  a  des  personnes 
assure  M.  Dauriac,  qui  lui  en  oui  déjà  offert  mille  piastres.  M.  Brest  a 
obtenu  des  primats  que  la  statue  ne  soi)  pas  vendue  jusqu'à  nouvel 
onlrc  Voyez,  Monseigneur,  si  vous  voulez  prendre  sur  vous  de  faire 
cette  acquisition  pour  le  Musée  royal.  Usera  beau  pour  Votre  Excellence 
d  avoir  enrichi  ce  grand  dépôt  des  ails. 

Ji'  la  piie.  etc.  etc. 

Signe  :  I..  David. 

P.  S.  Je  reçois  une  lettre  de  M.  Brest  :  il  annonce  que  I'-  même  paysan 
.1  trouvé  deux  autres  statues.  L'une  représente  le  dieu  Terme  H  l'autre 
un  jeune  enfant.  Il  me  fait  observer  que  les  opinions  ^oni  partagées  :  que 
quelques-uns  de  nos  officiers  oui  trouvé  que  ces  statues  n'étaient  pas 
d'un  grand  prix  :  que  quelques  autres  les  1  1  dées  comme  de  beaux 

lu»  I  opinion  He  nof  marin    ni    peut  pas  faire  autorité  bui 


—  159  — 

«clic  matière;  il  nous  faudrait  le  coup  d'œil  d'un  artiste    el  qous  n'en 

avons  point  à  Smyr d  ce  moment.  Les  primais,  m'écril  M.  Brest, 

veulent  qu'ilsoitfait  présent  de  cette  statue  au  drogman  près  du  capi tan- 
pacha.  Notre  agent  consulaire  a  obtenu  qu'il  n'en  serait  point  disposé 
avant  qu'il  leur  eût  fait  connaître  la  décision  qu  ii  provoque,  et  il  me 
propose  de  faire  acheter  ce  marbre  pour  compte  du  Gouvernement.  Je 
n'use  prendre  sur  moi  nue  pareille  dépense;  je  vous  prie,  Monseigneur, 
«le  me  donner  vos  ordres  le  plus  tel  possible. 

N.  Ii.  En  marge  de  cette  dépêche,  on  lit  de  la  main  de  M.  de  Rivière  : 
r?La  Btalue  est  en  fort  mauvais  état,  elle  pourra  être  restaurée;  j'ai 
chargé  M.  le  vicomte  de  Marcellus  de  racheter,  il  s'est  acquitté  de  celle 
commission  et  doit  la  rapporter  sur  l'Estafette.» 

Smyi  ne,  le  -'s  i  mai  i v 
Monseigneur, 

J'ai  reçu  ce  malin  une  lettre  'le  M.  le  baron  des  Rotours  :  elle  est 
datée  en  rade  de  Saine--  le  39.  [|  arrivait  de  Salonique  el  d'Athènes  où 
il  avait  été  très-bien  reçu.  -I  allais  entrer  à  Milo,  ajoute-t-il,  quand  j'ai 
trouvé  l' Estafette  qui  en  sortait.  M.  de  Marcellus,  qui  ['emplit  à  bord  de 
cet  aviso  nue  mission  importante,  avait  aussi  celle  d'acheter  la  statue 
trouvée  dans  l'île  il  \  a  deux  mois.  C'est  avec  beaucoup  de  peine  qu'il 
esl  parveun  à  obtenir  qu'elle  lui  fut  vendue.  Je  doute  que  j'eusse  obtenu 
le  même  succès,  malgré  les  sacrifices  (pie  j'étais  résolu  de  faire.  Ce  qui 
rend  cette  acquisition  pins  importante  que  nous  ne  pensions,  c'est  que 
la  partie  qui  \  manque  a  été  retrouvée.  M.  de  Marcellus  assure  que  le 
travail  en  esl  parfait  et  qu'elle  ne  peut  manquer  de  tenir  uni'  place  dis- 
tinguée parmi  les  chefs-d'œuvre  de  l'art  qui  ornent  encore  notre  Musée. 
Quant  a  mon  sentiment  là-dessus,  je  ne  puis  vous  le  dire,  la  statue 
étant  encaissée  et  placée  dans  la  cale  de  l'Estafette.* 

Je  vous  félicite,  Monseigneur,  d'avoir  saisi  cette  occasion  d'augmenter 
les  richesses  de  notre  beau  musée.  Mon  fils,  qui  esl  sur  la  corvette,  me 
parle  aussi  d'une  statue  d'enfant  et  de  trois  Termes  trouvés  en  même 
temps  que  la  Vénus  et  livrés  aussi  à  votre  envoyé.  C'est  une  véritable 
fortune  et  qui  fera  plus  d'honneur  à  Votre  Excellence  que  les  marbres  du 
Parthénon  n'en  ont  l'ait  à  lord  Elgin. 


Je  prie  \  otre  Excellence  d'agi  éei    etc.  el 


c. 


é  :  I     David. 


—   160  — 

Il     i  e  \  ICOM  i  i    DE   '■  IEL1  \    i  il  mii.i:  H"  il  i  \n;  i  s 

Milo,  le  26  novembre  1 8 
Monsieur  le  Chargé  d'affaires 

Je  prends  la  liberté  de  vous  écrire  ta  présente  pour  vous  accompagner 
deux  lettres  que  S.  E.  M.  le  marquis  de  Rivière  m'a  remisesàson  passage 
dans  l'île  pour  vous,  Monsieur.  Il  est  parti  ta  i  .">  pour  su  destination. 


Son  Excellence  m'a  laissé  des  ordres  pour  faire  des  recherches  pour 
trouver  les  bras  et  autres  débris  de  la  statue,  mais  pour  cela  faire  il  ae 
mil  urgent  d'obtenir  un  bouljourdhj  qui  dous  permît  de  faire  des  fouilles 
à  nus  frais,  car,  dans  ta  même  niche  où  elle  a  été  trouvée,  il  y  a  lieu 
«I  espérer  que  l'on  doit  trouver  d'autres  objets 


J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 


Signé  :  Louis  Brest. 


\    Ml 

Thérapie  .  a5  mai  1  87/i. 

Monsieur  le  Présidenl  el  cher  confrère . 

Pour  faire  suite  à  mu  communication  <iu  q  courant,  j'ai 
l'honneur  de  vous  faire  savoir  que  j'ai  enfin  retrouvé  la  pre- 
mière lettre  écrite  par  M.  Brest,  quatre  joun  après  la  décou- 
verte de  la  Vénus  de  Milo.  L'original  est  conservé  dans  les 
archives  du  consulat  général  deSmyrne;  le  titulaire  actuel  de 
ce  poste,  M.  de  Burggraff,  n  eu  l'obligeance  de  m'en  envoyer 
une  copie  que  je  m'empresse  «ta  vous  transmettre,  en  suppri- 
mant les  passages  relatifs  à  des  affaire!  I<  rvici  absolumenl 
étrangères  à  la  découverte  de  la  statue.  Ce  document  tranche 
définitivement  le  débat,  car  il  constate  que  la  Vénus  a  été 
trouvée  avei   m  bran  cassés    II  résuit»         lomeni  de  celle  cor- 

pondanci    qu<    In   main   tenant  une  /  lécouverte 


-  161  — 
dans  la  nielle  en  même  temps  que  le  torse,  e(  qu'elle  a  ét< 
considérée,  soit  par  M.  Brest,  -"il  par  les  officiers  de  marine , 
comme  provenanl  de  la  statue  :  c'est  cette  coïncidence  qui  les 
a  conduits  les  un-  et  les  autres  à  baptiser  la  statue  du  nom  de 
Vénus  recevant  la  pomme.  \in^i  se  trouve  confirmée  la  conjec- 
ture que  j'avais  émise  dans  ma  lettre  précédente. 

La  première  partie  du  problèi si  donc  résolue,  celle  qui 

concernait  l'état  matériel  «lu  marbre  au  momenl  de  son  exhu- 
mation, et  je  suis  heureux  d'avoirpu  vous  fournira  cet  égard 
des  informations  concluantes.  Quant  à  la  seconde  partie,  celle 
qui  touche  à  la  pose  primitive  des  bras,  sa  solution  n'est  pas 
donnée  par  les  documents  :  la  correspondance  constate  seule- 
ment la  découverte,  près  de  la  statue,  des  débris  d'un  bras 

terminant   par  une  main  qui    tient  une   |> ne;  «'Ile  ne 

prouve  pas  que  ces  fragments,  trouvés  au  milieu  d'autres  frag- 
ments antiques,  appartinssent  à  la  Vénus;  mais  cette  question 
défait  peul  être  élucidée  par  un  examen  comparatif  du  marbre 
et  <lu  style  de  la  sculpture,  s'il  est  vrai  que  cette  main  et  ces 
débris  soient  encore  conservés  dans  les  magasins  <lu  Louvre. 
Cette  recherche  toute  technique,  combinée  avec  l'étude  des 
données  archéologiques  fournies  par  la  comparaison  de  la 
statue  avec  les  monuments  ou  groupes  que  l'antiquité  nous  a 
laissés,  peut  seule  conduire  à  la  découvertc^de  la  vérité.  Les 
archives  onl  aujourd'hui  donné,  j"  crois,  toul  ce  qra  elles  pou- 
vaient donner,  et  ce  côté  de  la  question  me  paraît  ('puis/'.  La 
seule  pièce  qui  nous  manquât,  la  première  lettre  écrite  par 
M.  Brest  au  marquis  de  Rivière,  vienl  d'être  publiée  par  M.  de 
Marcellus.  Elle  est  datée  du  26  mai  i8ao.  Dans  sa  corn 
pondance  ultérieure,  M.  Brest  mentionne  plusieurs  lois  cett< 
lettre  du  26  mai  <|ui  est  la  base  de  toutes  ses  réclamations  et 
ijui  parait  bien  être  la  première  qu'il  ait  directement  adressé» 
à  l'ambassade.  Jusque-là  il  n'avait  correspondu  qu'avec  le 
■ilat  général   de  Smyrne,  el  son  premiei  rapport  envoyé 


1 


—  162  — 
à  M.  David  «•>(  celui  <l(int  je  vous  communique  aujourd'hui  la 
copie. 

Pour  compléter  le  dossier  de  la  Vénus  de  Milo,  je  vous 
adresse  aussi  nu  extrait  de  La  lettre  écrite  à  M.  David  par 
M.  Dauriac,  commandant  de  la  Bonite,  et  qui  est  mentionnée 
dans  le  rapporl  du  -j5  avril,  dont  copie  était  annexée  à  ma 
précédente  communication.  L'original  est  conservé  dans  les 
archives  du  consulat  généra]  de  Smyrne. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président  ei  cher  confrère, 
l'assurance  <\'-  mes  sentiments  distingués  et  dévoués. 

Vogué. 
Rade  de  Milo,  à  bord  de  ta  Bonite,  le  11  avril  1820 

A    H.    DAVID,    COHSOl     m'.\u:\I.    IH     ll'.wil      1    SMYftNB. 

Monsieur  Da>  ni , 

Je  vous  annonce  avec  plaisir  que  nous  sommes  arrivés  en  ce  port 
depuis  bier  matin,  9  heures,  après  avoir  été  devanl  Samos 

Il  a  été  trouvé  il  \  a  trois  jours,  par  un  paysan  qui  piochait  dans 
-un  champ,  une  statue  de  marbre  blanc  représentant  Vénus  recevant  la 
pomme  de  Paris  ;  elle  esl  de  grandeur  plus  que  naturelle;  on  n'a  dans 
ce  momenl  que  le  buste  jusqu'à  la  ceinture  ;  j'ai  <;l<;  l;i  voir:  la  tête  m'a 
paru  bien  conservée,  ainsi  que  la  chevelure;  le  boni  d'un  des  seins  es1 
cassé.  On  a  dil  an  paysan  que  la  découverte  qu'il  .1  faite  était  d'une 
grande  valeur  et  il  le  croit  maintenant,  car  il  \  .1  des  personnes  qui  lui 
en  uni  déjà  offert  mille  pia  tri  M.  Bn  -1  voudrait  bien  l'acheter  pour 
le  Musée  royal,  mais  il  ae  peut  pas  faire  une  avance  aussi  forte,  n'en 
ayant  pas  les  moyens  et  oe  sachant  pas  si  l'objet  les  vaut  et  si  le  Gou 
vernement  lui  rembourserait    es  débours;  il  a,  malgré  cela,  obtenu  des 

primats  que  la  statue  ne  soit  pas  vendue  jusqu'i vel  ordre.  Il  m'a 

demandé  quelques  conseils  au  Bujel  de  cette  Btatue  :  je  ne  puis  lui  en 

donner,  sonnaissant  rien  à  la  chose;   il  aurait  fallu  ici  M.  Iluyni 

mais  il  n  est  plus  h  Sm\  rne. 

Veuillez    etc. 

n,  :  Dauhiai 
pilaini   de  h  6gat<  1  ommandanl  la  BontU 


—    U)3  — 


Milo,  le  i  a  avril  1820. 

11     nCE-CONSOJ     m;    PEAlfCB    A    MILO     \    H.    D.WID,  CONSUL   GÉNÉRAI 
DE    FRANCE    A    SMYRNE. 

[e  vous  dirai,  Monsieur  le  Consul  général,  qu'un  paysan 

rient  de  trouver,  dans  an  champ  ii  lui  appartenant,  trois  statues  en 
marbre,  représentant  l'une  une  Vénus  tenant  la  pomme  de  discorde  dans 
une  main:  elle  est  un  peu  mutilée,  les  bras  sont  cassés,  et  partagée  en 
deux  pièces  par  la  ceinture  :  cria  ne  manque  pas  cependant  «pie  d'être 
un  bon  ouvrage;  l'autre  représente  le  dieu  Ternie,  et  la  troisième  est  un 
jeune  enfant  Les  opinions  sont  cependant  très-partagées ,  car  il  y  a  de 
messieurs  1rs  officiers  qui  l'ont  observée,  [qui]  disent  que  ce  D'est  pas 
iiud'cliose.  et  d'autres  au  contraire  disent  que  c'est  un  fort  bel  ouvrage. 
Les  habitants,  c'est-à-dire  les  primats,  veulent  qu'il  en  soit  fait  cadeau 
au  drogman  près  du  capitan-pacha  :  j'ai  obtenu  qu'il  u'en  soit  rien  l'ail 
jusqu'à  ce  que  je  leur  donne  une  décision;  si  vous  désiriez  que  je  l'achète 
pour  le  compte  du  Gouvernement,  je  vous  prie  de  me  donner  vos 
ordres. 

Il  nous  est  sans  douté  connu.  Monsieur  le  Consul  général ,  que  depuis 
quelque  temps  je  lais  faire  des  fouilles  des  antiquités;  j'ai  été  assez  heu- 
reux .  j'ai  même  fait  parvenir  au  Musée  plusieurs  choses.  J'ai  dernière- 
ment trouvé  une  urne  d'une  grandissime  grandeur  ci  tus-bien  conservée  : 
ces  messieurs  l'ont  estimée  à  i,5oo  piastres;  mon  intention  est  de  l'en- 
voyer au  Muséum  a  Paris,  mais  je  voudrais  que  ce  tut  par  une  voie 
sûre;  je  vous  la  ferai  passer,  si  vous  le  jugez  à  propos,  et  vous  en  ferez 
ce  que  vous  croirez  convenable.  J'aurais  beaucoup  à  vous  parler  sur 
toutes  ces  choses-la .  mais  il  faudrait  que  j'eusse  l'honneur  de  conférer 
avec  uni-.  Monsieur  !<■  Consul  général. 

J'ai  l'honneur  d'être,  etc. 

Signé  :  Koiis  Brest. 

M.  Ravaisson,  à  la  suite  de  cette  communication ,  présente  à  l'Académie 
des  moulages,  qu'il  vient  de  faire  exécuter,  du  fragment  de  bras  el  de  la 
main  qui  ont  élé  trouves  en  i8ao  avec  la  Vénus  de  Milo,  et  qui  sont 
maintenant  exposés  an  Louvre,  dan-  une  vitrine  spéciale  auprès  de  la 
statue. 


—   164  — 

H  explique  que  ces  fragments  étant  du  même  marbre  ou  à  très-peu 
près  que  la  Vénus,  el  offrant  les  mêmes  proportions,  il  esl  probable 
qu'ils  lui  onl  appartenu;  mais  que,  d'autre  part,  l'infériorité  de  travail 
qu'ils  présentent  ne  permet  guère  de  1rs  attribuer  au  même  auteur  que 
la  célèbre  statue  et  doit  plutôt  les  faire  considérer  comme  uw  restaura 
tion;  mais  cette  restauration  a  ilù  s'éloigner  peu  de  la  conception  origi- 
nale. 

Et  en  effet,  en  examinant  très  attentivement  ces  fragments,  leur  forme 
el  celle  des  cassures,  '\l.  Ravaisson  arrive  à  la  conviction  qu'ils  ne  peu- 
vent s'expliquer  que  dans  l'hypothèse  où  ils  appartenaient  à  un  bras  et 
une  main  que  Vénus   appuyait  sur  un  personnage  placé  à  sa  gauche. 
Vénus  ne  montrait  pas  de  la  main  gauche  ';l<  vée  une  pomme;  dans  cette 
hypothèse,  étanl  données  la  forme  qu'affecte  le  fragment  debras,  laquelle 
exige  une  flexion  prononcée  de  l'avant-bras,  et  la  disposition  delà  main 
elle-même,  qui  ne  retient  la  pomme  qu'avec  les  deux  derniers  doigts 
aiuVs  du  pouce,  on  n'arrive  qu'à  une  attitude  forcée,  disgracieuse,  im- 
possible. Toul  s'explique  au  contraire  d'une  manière  très-simple,  si  Ion 
admet  que  le  restaurateur  antique  de  la  Vénus  lui  a  donné  un  liras  qui 
revient  s'appuyer  sur  l'épaule  gauche  du  Mars  placé  à  côté  d'elle,  et  une 
main  qui  tient  négligemment  une  pomme,  tandis  que  l'action  principale 
est  celle  de  la  main  droite  qui  s'approche  de  Mars. 

Loin  donc  que  la  présence  des  fragments  dont  il    agit  •  oppose  à  I  li\  - 
pothèse  qne  la  Vénus  de  Milo  <:iaii  groupée  avec  un  Mars,  ilssout  plutôt 

nue  preuve  de  plus  ajoutée  à  tant  d'autres,  que  telle  était  lac position 

primitive. 


Mil. 

i.l.   ROM  w  i    ni     CUHONIQI  i    l  M   LANG1  1    \  1  LGAllU 
i  i     ih|\\  M. ||.     \    KEI'RODl  II     PU  S1EI  Us    PASSAI 

M    Natalis  de  Waillj   se  propose  d'examiner  quel  élail  c( 
romani    quelle  dat<    il  faul   lui        i|  i    r,   en  quoi  la  réda< 
tion  qu'il  contenait   iui  le  règne  de  sainl   Louis  différai!  des 
rédaction»  analogue    qui  l'avaienl  précédée  el  de  celles  qui 
l,i  suivirent    enfin  de  détermine)   le  degré  de  confiance  qu'il 
mérite .  not  imi  enl  en  ce  nui  ci  nci  i  ne  le  i<'\,<'  'I"     En  ri 


—  165  — 

leuieots  de    ainl  Louis.   Fous  ces  p.oinl     ml  été  traités  pai 
M.  Viollel  dan-  un  travail  communiqué  l'an  dernier  à  l'Aca 
demie,  à  l'occasion  de  la  découverte  fait/3  par  ce  savant  d'un 

mplaire  il  is  Chroniques  de  Saint-Denis  contenant  un  texte 
des  Enseignements  identique  à  celui  de  Joinville.  M.  de 
VVaillj  confirmera  l'opinion  de  M.  Viollet  sur  les  trois  pre- 
miers  points,  mais  il  la  combattra  sur  le  quatrième. 

Le  manuscrit  a6i5  du  fonds  français,  découvert  par 
M.  Viollet,  contient  tout  ce  que  Joinville  a  emprunté  à  un 
ramant,  sauf  un  chapitre  relatif  à  la  réforme  de  la  prévôté  de 
Paris.  Il  eu  faut  conclure  que  ce  chapitre  n'avait  pas  encore 
été  ajouté  aux  Chroniques  «I»'  Saint-Denis  quand  lui  arrêtée 
la  rédaction  du  ms.  a6i5,  rédaction  qui  est  antérieure  à  la 
canonisation  de  saint  Louis,  prononcée  en  1207,  quoique  la 
copie  du  volume  qui  la  contient  soit  de  l'an  1  3  1  h  au  plus 
tôt.  La  rédaction  était  antérieure  à  l'an  1297,  puisqu'elle  ne 
donne  pas  à  Louis  l\  le  titre  de  saint.  \  cette  preuve,  donnée 
par  M.  Viollet,  s'en  ajoute  une  autre,   c'est  que  cette  même 

action  ne  contient  pas  les  additions  laites  à  la  première 
édition  de  la  Chronique  latine  de  Guillaume  deNangis,  quoi- 
qu'elle modifie  en  \>\u>  d'un  point  la  traduction  primitive  de 
la  Vie  de  saint  Louis,  écrite  en  latin  par  ce  même  auteur.  La 
rédaction  du  ms.  261a  est  donc  un  texte  intermédiaire  entre 
la  traduction  primitive  qu'elle  a  modifiée  el  la  seconde  édition 
de  la  Chronique  latine  dont  elle  ne  reproduit  pas  les  chan- 
gements. 

l)e>  faits  qui  viennent  d'être  exposés,  M.  de  VVaillv  lire  là 
conclusion  suivante  :  -I!  résulte,  dit-il,  de  différents  moyens 
de  contrôle  appliqués  au  texte  contenu  dan-  le  m-.  26  1  5  .  que 
ce  texti  constitue  une  édition  des  Chroniques  de  Saint-Denis 
dont  la  partie  la  (dus  récente  a  été  rédigée  sous  |,.  règne  de 
Philippe  le  Bel,  avant  la  canonisation  de  saint  Louis,  et  dans 
laquelle  on   retrouve,  à   l'exception   du  chapitre   relatif  à  la 


—  I(>(.  — 

prévôté  de  Paris,  lous  les  emprunts  faits  par  Joinville  au 
romani  d'où  il  a  tiré  le  récil  de  ce  <|ii  il  n'avait  personnellement 
ni  vu.  ni  ouï.  Il  en  résulte  encore  <|ti<'  la  partie  litigieuse  des 
Enseignements  de  saint  Louis,  qui  est  comprise  dans  cette 
édition  antérieure  à  l'an  1297,  existait  plusieurs  années 
avant  la  publication  de  l'histoire  de  Joinville.  et  que  la  thèse 
du  P.  Cros,  tendant  à  prouver  que  cette  partie  litigieuse  était 
le  résultai  d'une  fraude  pratiquée  entre  les  années  1809  et 
1. ').")<>.  se  trouve  ruinée  de  fond  en  comble  par  la  découverte 
de  ML  \  iollct.  L'ancienne  rédaction  d^s  Chroniques  de  Saint- 
Denis  dont  j'avais  affirmé  l'existence  n'est  plus  désormais 
une  hypothèse  ou  une  probabilité;  c'esl  un  l'ait  positif  et 
incontestable,  qui  met  en  pleine  lumière  l'autbenticité  du 
livre  de  Joinville  et  la  vanité  du  système  imaginé  par  son  dé- 
tracteur. » 

M.  de  Waillj  estime,  en  outre,  qu'on  peut  désormais  se 
servir  de  cette  rédaction  comme  d'un  jalon  pour  déterminer 
l'ordre  dans  lequel  se  sonl  succédé  celles  «pu  l'ont  précédée 
on  suivie.  S'appuyanl  sur  des  Faits  démontrés  depuis  longtemps 
par  M.  Paris,  et  ajoutant  de  nouvelles  considérations  à  son 
propre  mémoire  sur  l'origine  des  Chroniques  de  Saint-Denis, 
il  détermine  ainsi  la  Bérie  des  plus  anciennes  éditions  de  ce 
grand-recueil  historique  : 

1  En  l 27 6,  édition  amplifiée  de  la  Chronique  due  à  un 
ménestrel  du  comte  de  Poitiers,  édition  dans  laquelle  on 
trouve  pour  la  première  fois,  de  1060  à  1  •>•>.">.  un  texte  dé- 
veloppé et  analogue  à  relui  des  grandes  Chroniques. 

aa  Vers  l a85 ,  édition  attribuée  pour  la  première  fois  à 
l'abbayi  de  Saint-Denis,  et  contenant  un  texte  développé 
depuis  li ^  origines  de  la  monarchie  jusqu'en  1  9  2  3. 

\\ani  1297.  texte  du  ms.  a6i5  s'étendanl  jusqu'en 
i-.s.;,.  et  contenant,  pour  les  règnes  de  Louis  l\  et  de 
Philippe  III .  uni  rédaction  nouvelle  de  la  traduction  primitive 


—   167  — 

des  Vies  de  ces  deux  nus  écrites  en  latin,  après  ia85,  par 
Guillaume  de  Nangis. 

Avant  iooô.   même  texte  augmenté  «lu  chapitre  de  la 
prévôté  de  Paris. 

5°  \  if  de  saint  Louis  qui  a  été  insérée  après  coup  dans  le 
manuscrit  «le  la  bibliothèque  de  Sainte-Geneviève  pour  y 
remplacer  une  rédaction  française  de  Primat. 

Examinant  deplusprès  la  rédaction  contenue  dans  lems.  2  6  i  ."> 
•  •H  ce  qui  concernele  règne  de  saint  Louis.  M.deW  aillj  rappelle 
qu'on  ne  peut  hésiter,  après  les  preuves  données  par  M.  Viol- 
let,  à  la  considérer,  d'une  part,  comme  plus  récente  que  la 
traduction  primitive  de  la  Vie  latine  écrite  par  Guillaume  de 
Nangis  au  commencement  du  règne  de  Philippe  le  Bel;  de 
l'autre,  comme  plus  ancienne  que  la  Vie  correspondante 
ajoutée  après  coup  an  manuscrit  de  la  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève,  '•(  maintenue  comme  texte  définitif  dans  les  der- 
nière- édiiinns  des  Chroniques  de  Saint-Denis.  Il  s'attache 
ensuite  à  prouver  que  les  modifications  introduites  dans  le 
texte  intermédiaire  du  ms.  a6i5  se  rattachent  à  l'exécution 
d'un  plan  qui  était  arrêté  à  l'avance,  et  qui  s'est  poursui\i 
dans  les  texte-  pins  récents.  L'œuvre  de  Guillaume  de  Nangis 
offrait,  dans  plusieurs  passages  .  soit  un  caractère  hagiologiqui 
qui  a  paru  trop  prononcé  et  qu'on  a  voulu  atténuer,  soit  des 
phrases  déclamatoires  ou  des  longueurs  qu'on  s'est  proposé 
d'abréger  on  de  supprimer.  On  a  voulu  changer  la  forme  de  la 
pensée  sans  en  altérer  le  fond,  et  ramener  le  texte  au  ton  et 
au  stylo  «pie  comporte  naturellement  une  œuvre  historique. 
D'un  autre  côté,  on  \  a  lait  un  assez  grand  nombre  d'additions 
qui  donnent  au  récit  plus  d'intérêt  et  de  variété.  M.  deWailly 
signale  particulièrement  des  passages  qui  concernent  la  reine 
Blanche  comme  des  pages  vraiment  originales,  fournissant  de 
curieux  échantillons  «le  notre  vieille  prose  française,  et  bien 
faciles  à  distinguer,  dans  les  Chroniques  de  Saint-Denis    au 


—   168  — 

milieu  de  ces  traductions  qui  se  traînent  si  péniblement  dans 
l'ornière  de  la  phrase  latine. 

arrivé  à  la  question  sur  laquelle  il  se  trouve  en  désaccord 
avec  AI.  Viollet,  celle  de  l'authenticité  des  Enseignements, 
M.  de  Waillj  fait  remarquer  que  son  savant  contradicteur, 
(mil  en  montrant  l'importance  du  manuscrit  où  il  .1  décou- 
vert le  texte  de  ce  document,  augmenté  des  passages  liti- 
gieux reproduits  par  Joinville,  n'a  pu  tirer  de  sa  découverte 
un  M'iil  argumenl  nouveau  à  l'appui  de  sa  tlièse.  Ce  n'est 
pourtanl  pas  une  chose  indifférente  que  de  -avoir  en  quel 
lieu  .  en  quel  temps ,  par  qui  el  comment  ces  passages  onl  été 
introduits  dans  !<■  texte  des  Enseignements.  Or,  comme 
M.  Viollet  a  prouvé  que  l'addition  s'est  faite  à  l'abbaye  de 
Saint-Denis  el  avanl  l'année  1  297,  M.  de  Wailly  tire  de  cette 

!  »uble  circonstance  des  présomptions  nouvelles  en  faveur  «le 

son  opinion.  L'abbaye  de  Saint-Denis  avant  une  sorte  <lr  mis- 

11  officielle  pour  exécuter  un  grand  recueil   historique,  la 

présomption  esl  qu'elle  ne  devait  pas  servir  d'abri  à  un  faus- 

aire.  Les  travaux  de  rédaction  ayant  été  poussés  avec  une 
grande  activité  de  ia85  à  12975  ce  faussaire  n'aurait  trouvé 
alors  ni  un  temps  convenable  pour  pratiquer  sa  fraude,  ni 
surtout  un  moyen  sûr  pour  la  dissimuler.  En  effet,  ces  tra- 
vaux ne  s'exécutaient  pas  à  l'aventure,  mais  il  \  avait  un  plan 
arrêté,  des  tâches  données,  un  contrôle  exercé;  l'introduction 
des  pa  litigieux  n'a  donc  pu  passer  inaperçue  :  ajoutés 

dan-  le  texte  intermédiaire  el  maintenus,  plus  lard,  dans  le 
i  xte  définitif,  \\^  <»ni  été  -,,111111-  à  plusieurs  examens  succes- 
sifs comme  les  autres  passag  -  fort  nombreux,  où  l'on  c  ms- 
tate  que  la  traduction  1  1  imitive  de  la  \  ie  latine  de  Guillaume 
de  \an;;is  a  été  modifiée  a vanl  cl  après  1  297,  par  des  addi- 
tions, des  retranchements  ou  des  variantes.  Comment  admettre 
que  toutes  ces  corrections  soienl  1  en  .  excepté  celles  qui 
*■  rapportent  aux  Enseignements  de  sainl  Loui 


—   [69  — 

M.  <!<•  Waillj  montre  ensuite  que  ses  anciennes  objections 
contre  la  thèse  de  M.  Vioilel  ont  conservé  toute  leur  force,  il 
avait  dit  el  il  maintient  que  le  passage  relatif  aux  ménagements 
qu  il  convenait  de  garder  avec  les  communes  et  les  bonnes 
villes,  afin  d'j  trouver  au  besoin  un  appui  contre  la  noblesse, 
était  on  conseil  politique  qui  avait  du  être  retranché  du  texte 
des  Enseignements  produit  pour  l'enquête  sur  la  canonisation 
de  samt  Louis,  attendu  que  la  plus  \  ulgaire  prudence  obligeait 
à  le  tenir   secret.   On  a  cru  réfuter  cette  objection  en  disant 
que  ce  passage  avail  été  publié  avant  la  canonisation,  et  pré- 
cisément dans  le  texte  le  plus  populaire,   le  plus   répandu, 
lui  des  Grandes  Chroniques  de  Saint-Denis.  Or  cette  réponse 
porte  complètement  à  faux.  D'une  part  M.  Vioilel  confondla 
rédaction  d'un  texte  avec  sa  publicité;  <lo  l'autre,  il  assimile  un 
livre  en  langue  vulgaire  à  un  livre  populaire.  Ce  qui  est  parfai- 
tement établi  dans  son  mémoire,  c'est  que  le  texte  du  manus- 
crit a6i5  a  été  rédigé  avanl   1297;  mais  la  question  de  la 
publicité,  qui  est  toute  différente,  n'y  ost  même  pas  abordée. 
<>n  sait  bien  que  Joinville  a  connu  ce  texte,  au  temps  où  il 
ccupail   d'écrire  son  livre,   c'est-à-dire  en  i3o5.  D'autres 
que  lui  en  ont-ils  eu  communication  à  une  date  antérieure  ? 
C'esl  ce  qu'on  n'a  aucun  droil  d'affirmer.  En  soi  la  chose  n'est 
pas  impossible,  mais  la  preuve  manque.  Quanta  la  popularité 
de  ce  même  texte,  e||(>  n'esl  même  pas  vraisemblable.  A  en 
juger  par  le  manuscrit  26  1  à  dont  il  occupe  la  première  moitié, 
,-f'  livre,  qu'on  se  figure  -1  populaire  et  si    répandu,  aurait 
pesé  environ   quatre   kilogrammes.   In   tel   ouvrage,  qui  ne 
pouvait  facilement  se  mettre  en  circulation,  coûtait  d'ailleurs 
beaucoup  trop  cher   pour    n'être  pas  d'une   grande   rareté. 
Quand  M.  Viollet ajoute  qu'il  considère  en  bloc  ••  connue  des 

's  populaires  et  de  vulgarisation  les  Chroniques  de  Saint- 
Denis,-  il  trahit  lui-même  par  le  rapprochement  de  ces  deux 
mots  la  confusion  qui  s'est  opérée  dans  son  esprit. 


I  -2 


—    170  — 

M.  \  ii  il  lil  s'est  donc  la  il  illusion  sur  la  portée  de  sa  réponse  : 
rien  ne  prouve  que  le  texte  du  manuscrit  a6i5  ait  eu  de  la 
publicité  avant  l'année  1397,  el  toul  porte  à  croire  qu'il  n'a 
jamais  pu  être  un  texte  populaire.  On  doil  se  borner  à  penser 
qu'il  ;i  trouvé  ac<  es  chez  de  riches  personnages  el  dans  quelques 
maisons  religieuses.  Ce  uni  eût  assuré  la  diffusion  de  la  \  ie  de 
lainl  Louis  contenue  dans  le  manuscrit  :>(n.>.  c'eûl  été  ce 
que  nous  appelons  aujourd  hui  un  tirage  à  pari.  Or,  on  ne 
connaît  pas  un  seul  manuscrit  qui  renferme  ce  récit  sous 
forme  de  copie  isolée  dans  un  format  un  peu  portatif.  Au 
contraire,  il  existe  au  moins  trois  exemplaires  de  la  traduction 
primitive  du  texte  de  Guillaume  de  Nangis,  quoique  cette 
traduction  ait  été  supplantée  par  celle  du  manuscrit  a6i5.Ce 
qui  est  surtout  à  remarquer,  c  est  que,  parmi  les  nombreux 
manuscrits  qui  renfermenl  les  Enseignements  «le  saint  Louis 
à  l'étal  de  pièce  isolée,  on  n'en  signale  pas  un  seul  qui  repro- 
duise le  texte  du  manuscrit  s6i5.  Donc  le  conseil  secret 
de  politique  n'a  pas  été  ébruité  :  donc  le  texte  rédigé  avant 
i->()-.  loin  de  devenir  populaire,  n'a  jamais  eu  qu'un  très- 
petit  nombre  < !<"  lecteurs. 

••.!<•  le  demande  maintenant  •wf*-  toute  confiance,  <lil  M.  «le 
Wailly,  est-il  probable  qu'il  se  s<ut  trouvé  dans  l'abbaye  de 
Saint-Denis  un  moine  assez  dévoué  aux  communes  pour  pro- 
pager ses  opinions  par  un  Faux,  assez  hardi  pour  les  dissimu- 
ler SOUS  la  forme  d  un  conseil  de  saint   Louis  à   son  fils  .    assez. 

babile  pour  trompi  r  la  surveillance  qu  on  exerçait  sur  ses  tra- 
vaux ?  Qu'est-ce  qu^  toute  ■<■•  hypothèses,  sinon  des  invrai- 
semblances accumulées  les  unes  sur  Ic^  autres?  \  quoi  bon 
c<  tte  fraude  ?  Qui  voulait-on  tromper,  toul  le  monde  en  géné- 
ral .  "ii  le  roi  en  particulier'  I  1  -  questions  étaient  posées  dan 
mon  précédent  mémoire;  pourquoi  n\  a-t-on  pas  répondu, 
sinon  parce  qu  on  na  pas  trouvé  de  réponse  suffisants  a  \ 
l'aii  ••  "  •■ 


Iprès  < i \  < < 1 1  justifié  l'authenticité  du  passage  relatif  ;iii\ 
ommuues,  M.  de  Waillj  montre  qu'il  n'y  a  pas  d'objection 
sérieuse  à  élever  contre  d'autres  phrases  d'un  intérêt  tout  à 
lait  secondaire,  tjui  ni-  se  rapportent  qu'à  des  détails  de 
simple  administration.  A  quoi  hou  fabriquer  de  faux  enseigne- 
ments pour  recommander  de  maintenir  les  bonnes  coutumes, 
d'abaisser  les  mauvaises  et  de  ne  pas  lever  de  tailles  sans 
grande  nécessité?  Qui  a  pu  imaginer  que  saint  Louis  pensât 
le  contraire,  et  quelle  uécessité  de  mentir  pour  lui  faire  dire 
des  vérités  qui  n'apprenaient  rien  à  personne?  Voilà  pourtant, 
avec  le  passage  relatif  au\  communes  et  aux  bonnes  villes, 
lesprétendues  interpolations  qui  auraient  été  pratiquées  dans 
le  texte  du  manuscrit  :>li  1  5. 

Tous  ers  passages  sont  donc  authentiques,  et  il  n'est  pas 
difficile  de  s'expliquer  pourquoi  on  a  pu  les  retrouver  à  l'ab- 
baye de  Saint-Denis.  Le  texte  complet  des  Enseignements  \ 
avait  pu  /-Ire  apporté  par  un  personnage  qui  fut  eu  position 
«le  le  connaître  et  de  le  garder  par  devers  lui  :  ce  personnage, 
c  est  l'abbé  Mathieu  de  Vendôme  ,  successivement  choisi  comme 
régeni  par  saint  Loin-  el  par  Philippe  le  Hardi.  Il  avait  pu 
en  celte  (piaillé',  non-seulemcnl  donner  son  avis  sur  les  pas- 
sages qu'il  était  nécessaire  ou  loisible  de  soustraire  à  la  pu- 
blicité  de  l'enquête,    mais  encore  être  chargé  de  veiller  à 

I  exécution  de  la  mesure  qui  avail  été  définitivement  arrêtée. 

II  est  donc  nature]  que  Geoffroy  de  Beaulieu  ait  dû  commu- 
niquer la  minute  de  son  abrégé  à  relui  que  Guillaume  de 
Nangis  appelle  le  principal  conseiller  du  royaume,  et  lui  obéii 
••il  faisant  ensuite  les  retranchements  convenables.  Lue  copie 
•  h-  cette  minute  aurait  pu  se  conserver  à  l'abbaye  de  Saint- 
Denis,  et  fournir  tous  les  passages  qui  ont  été  rétablis  dans 
le  texte  du  manuscrit  a6i5.  Mais  il  est  plus  vraisemblable 
que,  pour  opérer  cette  restitution,  on  a  eu  recours  au  texte 
complet  des  Enseignements.  Or,  il  esl  arrivé'  que  là,  comme 


a  . 


ailleurs,  hi  rédaction  contenue  dans  Le  manuscril  2bi5  est 
restée  assez  voisine  de  la  traduction  primitive  du  lexte  latin 
de  Guillaume  de  Nangis.  L'abrégé  de  Geoffroy  de  Beaulieu, 
inséré  dans  cette  traduction,  n'a  pas  été  soumis  à  une  correc- 
tion de  détails,  mais  seulemenl  augmenté  d'un  petit  nombre 
d'additions  qui  durenl  être  inscrites  entre  les  lignes  ou  â  la 
marge  de  l'exemplaire  servanl  de  brouillon  au  nouveau  ré- 
dacteur. Quant  au  rédacteur  du  texte  définitif,  qui  se  donne 
généralement  plus  de  liberté  que  celui  du  texte  intermédiaire, 
il  ne  s'est  pas  fait  scrupule  de  modifier  la  forme  de  l'abrégé 
quand  il  pouvait  reproduire  plus  fidèlement  celle  du  texte 
original.  I)<>  là  les  variantes  plus  nombreuses  et  plus  accen- 
tuées qui  caractérisent  la  rédaction  contenue  dans  le  manus- 
crit de  la  bibliotbèque  Sainte-Geneviève. 

Telles  sont  le.s  explications  que  M.  de  Waillj  propose 
comme  pouvant  rendre  compte  des  données  de  ce  problème 
historique  et  littéraire.  S'il  s'en  présente  d'autres  qui  soienl 
meilleures,  il  e>i  prêt  à  les  accepter,  pourvu  qu'elles  se  con- 
cilient avec  sa  conclusion  principale,  qui  est  de  repousser  ab- 
solument l'hypothèse  d  une  interpolation  frauduleuse  pratiquée 
(Luis  le  texte  des  Enseignements  de  saint  Louis. 

••  M;iis  je  m'  veux  pas,  dil-d.  terminer  ce  mémoire  par  une 
parole  de  contradiction  adressée  à  un  savant  dont  je  ne  cesse 
pas  d'estimer  les  travaux,  alors  même  que  je  me  crois  obligé 
de  les  critiquer.  J'ai-besoin  de  le  remercier  de  m'être  venu  en 
aide  contre  un  autre  adversaire  qu'il  a,  suis  le  combattre, 
réduit  à  l'impuissance,  en  prouvant  que  le  livre  de  Joinville, 
quelle  que  son'  i  issue  de  celle  controverse,  doit  être  mis  hors 
de  «anse  et  restera  l'abri  de  tout  soupçon.  .1  ai  besoin  surtout 
de  le  féliciter  d  avoir  éclairé  dune  vive  lumière  une  question 
d'histoire  littéraire  plus  obscure  et  plus  difficile  à  résoudn 

-Il   <si   dé  nrmais  certain,  grâce    à   M.  Viollet,   qu'avant 
1397  "H  ;i\;ui  traduit  à  l'abbaye  de  Saint-Denis  et  réuni  en 


—   173   — 

corps  d'ouvrage  une  longue  série  de  textes  historiques  com- 
prenant les  annales  de  la  monarchie  française,  depuis  son 
origine  jusqu'à  la  mort  de  Philippe  le  Hardi.  L'exécution  de 
ce  grand  travail  se  partage  donc  entre  L'administration  de 
Mathieu  de  Vendôme  (de  ia58  à  ia86)  et  celle  de  Renaud 
Giffarl  (de  1 986  à  i3o4).  Le  premier, mêlé  comme  régent  à 
la  pratique  des  affaires  el  mis  en  contact  avec  toutes  les 
.lasses  de  la  société,  esl  bien  digne  d'avoir  compris  qu'une 
histoire  écrite  en  langue  vulgaire  devail  être  appropriée  par  le 
fond  '-i  parla  forme  de  ses  récits  aux  nouveaux  lecteurs  qu'elle 
était  destinée  à  instruire  et  à  intéresser.  Ayant  connu  de  près 
saint  Louis,  il  esl  naturel  qu'il  ait  voulu  lui  susciter  des  liis- 
loriens  au  sein  de  son  monastère,  et  l'on  peut  croire  qu'il  lit 
choix  de  Primai  el  de  Guillaume  de  Nangis  pour  reprendre 
l'œuvre  interrompue  «le  (iilon  de  Reims.  Le  savant  travail  de 
M.  Delisle  permettrait  même  de  supposer  que  ces  deux  moines. 
obéissant  chacun  aux  ordres  de  leur  abbé,  étaient,  à  l'insu 
l'un  de  l'autre,  occupés  à  écrire  la  même  histoire.  Quoi  qu'il 
en  suit,  le  récil  du  règne  de  saint  Louis  ne  cessa  pas  d'être, 
pour  ainsi  dire,  mis  au  concours  jusqu'à  ce  que  <h'>  change- 
ments successifs  l'eussent  amené  à  la  forme  qui  fut  définitive- 
ment adoptée.  On  ne  saurait  douter  que  Renaud  Giffart  n'ait 
pris  une  part  importante  à  la  surveillance  de  ces  travaux  his- 
toriquesei  à  L'exécution  des  plans  de  son  devancier.  Voilà  pour- 
quoi, sur  la  miniature  du  manuscril  de  la  bibliothèque  Sainte- 
Geneviève,  le  personnage  principal  après  le  roi,  ce  n'est  pas 
Primat  agenouillé  pour  présenter  son  travail,  c'est  l'abbé  de 
Saint-Denis,  revêtu  de  ses  habits  pontificaux,  la  mitre  en 
tête,  le  bâton  pastoral  dans  la  main  gauche,  et  la  main  droite 
('■tendue  vers  le  livrequi  vient  d'être  achevé.  Ce  n'est  pas  non 
plus  Primat,  c'est  l'abbé  qui,  en  son  nom  et  au  nom  des 
moines  dont  il  est  accompagné,  offre  au  jeune  roi  l'œuvre 
commune  de  sou  monastère,  et  1  exhorte  à  profiter  des  enset 


7'. 


gnemeiils  contenus  dans  ce  livre,  en  imitant  les  bons  princes 
el  en  fuyant  l'exemple  «les  mauvais.  Il  ne  faul  pas  \oir  dans 
ce  dessin  une  œuvre  d'imagination  .  mais  le  commentaire  eyact 
et  \iviinl  de  la  pajje  d'histoire  littéraire  que  nous  ;i  révélée  la 
découverte  <l»'  .M.  \  iollet.  •• 


APPENDICE. 

RAPPOR1    --ri;   LES  INSCRIPTIONS  CAMBODGIENNES    ADRESSEES    \  l MMiKMll 

LE   •>    IVRIL  1  87^. 

Messieurs. 

M.  I  amiral  de  Dompierre  d'Hornoy,  Ministre  de  la  marine  <•!  des 
colonies,  a  envoyé  a  I'  académie  sepl  grandes  inscriptions  cambodgiennes 
dont  deux  en  estampages  el  cinq  en  copies,  écrites  en  caractères  cam- 
bodgiens modernes,  d  il  demande  I  avis  de  l' académie  pour  savoir  s'il 
doit  faire  exécuter  le  même  travail  sur  les  autres  inscriptions  qui  se 
trouvent  sur  les  anciens  monuments  <\i\  Cambodge. 

'  1  -  monuments,  surtout  ceux  d  Ingkor,  -nui  des  merveilles  de  gran- 
deur el  de  richesse  architecturale;  ils  ont  l'ail  l'admiration  des  voyageurs 
cliiiniis  an  mu  siècle  el  fonl  la  nôtre  depuis  que  Mouchol  les  a  retrouvés, 

il  \  .1  une  dizai ('années.  Leur  ensemble  fournil  la  preuve  irrécusable 

de  l'existence  prolongée  d'un  puissanl  empire,  mais  nous  n'avons  encore 
que  des  iwliraiidii»  l<»rl  vagues  sur  la  dynastie  sous  laquelle  ils  ont  été 
construits;  nous  ne  pouvons  pas  leur  assigner  de  dates  précises;  nous  ne 
nous  expliquons  «pas  encore  le  mélange  de  mythologie  brahmanique  el 
bouddhiste  que  nous  offrent  les  bas-reliefs  qui  en  couvrenl  les  murs.  Tous 
ces  problèmes  ne  peuvent  trouver  leur  solution  que  par  l'étude  des  nom- 
breuses inscriptions  gravées  sur  les  monuments.  Celte  étude  n'a  jusqu'à 
présent  fait  que  <\f  faillies  progrès,  et  ces  progrès  cependant  nous 
donnent  la  certitude  que  les  difficultés  de  l'interprétation  de  ces  textes 
ne  résisteront  pas  longtemps  aux  méthodes  philologiques  de  notre  temps. 
M.  Janneau  était  parvenu  à  en  déchiffrer  l'écriture  el  à  s'assurer  que  les 
textes  n'élaienl  \>-^  en  pâli,  comme  on  étail  porté  h  le  supposer,  mais 
en  ancien  cambodgien  dialecte  aujourd  hui  à  peu  près  inintelligible 
que  w  1 1  prématuréi    l'a  empèchi  d'éludiei    Un  prAtri   bouddhiste  a 


17."»   — 

donné  a  M.  Garuier  une  Lraduction  approximative  de  quelques  fragments 
o!e  ces  inscriptions,  h  les  copies  eu  caractères  modernes  que  M.  le  Mi- 
nistre bous  ;i  envoyées  montrent  <pi  il  \  h  des  hommes  du  pays  qui 
paraissent  pouvoir  lire,  sinon  comprendre,  ces  anciens  tes 

Quand  on  possédera  la  collection  complète  des  inscriptions,  ei  quand 
on  aura  à  sa  disposition  les  ouvrages  anciens  de  la  littérature  cambod- 
gienne dont  M.  damier  l'ail  mention,  la  solution  du  problème  sem 
proche  el  certaine. 

L'importance  <le  ces  inscriptions  n'est  donc  pas  douteuse,  et  la  pre- 
mière chose  à  Paire  est  de  s'en  procurer  des  représentations  absolument 
exactes  pour  pouvoir  les  livrer  à  l'examen  des  savants  el  pour  les  sous- 
Lraire  à  tout  jamais  aux  chances  de  destruction  qui  menacent  tous  les 
monuments  anciens.  Mais,  pour  obtenir  des  reproductions  qui  puissent 
servira  une  publication,  il  faut  des  méthodes  plus  rigoureuses  que  celles 
qui  ont  été  employées  pour  les  sept  inscriptions  que  M'  le  Ministre  nous 
;i  communiquées,  et  qui  sont  en  partie  copiées  en  caractères  cambodgiens 
modernes,  en  partie  prises  par  empreintes  sur  papier.  Or, les  copias,  ou 
plutôt  les  transcriptions  en  d'autres  caractères,  seront  des  auxiliaires 
ntili^  pour  la  lecture  des  textes,  mais  ne  peuvent  jamais  remplacer 
eeui-ei.  C'est  parfaitement  évident,  et  il  serait  inutile  d'j  insister. 

Quant  aux  empreintes  que  nous  avons  reçues,  elles  laissent  beaucoup 
à  désirer.  On  a  enduit  d'une  couleur  noire  la  surface  <l»'  La  pierre,  et  on 
v  u  applique  un  papier  tres-miiice  [tour  faire  ressortir  l'écriture  en  blanc 
-ur  un  l'oml  noir:  mai.-  la  couleur  est  entrée  dans  le  creux  «les  lettres,  et 
il  eu  est  résulte  des  empreintes  extrêmement  brouillées.  Quelques  spéci- 
mens d'inscriptions  d1 Vngkor  que  M.  Garnier  a  insérés  dans  sou  ouvrage, 
et  lies  empreintes  qui  se  trouvent  en  différentes  mains  à  Paris,  prouvent 
qu'on  peut  obtenir  par  cette  manière  <l<>  empreintes  parfaitement  nettes 
quand  on  s \  prend  bien  et  quand  la  surface  parfaitement  lisse  de  la 
pierre  le  facilite.  Mais  il  nous  parait  plus  sur  de  se  servir  de  la  méthode 
que  recommande  notre  Commission  des  inscriptions  sémitiques  et  qui 
consiste  dans  les  empreintes  sur  papier  blanc  QOD  collé,  et  nais  vous 
proposons  de  joindre  h  ce  rapport  quelques  exemplaires  de  la  pnbhca 
lion  de  cette  Commission  pour  que  M.  le  Ministre  puisse  les  envoyer* 
Saïgotm. 

Votre  Commission  propose  en  conséquence  à  l'Académie  d'adi 
\1.  le  liinistre  des  remercunents  pour  l'intérêt  éclairé  qu'il  a  montré 
pour  les  recherches  historiques  eu  Cochinchine,  et  de  le  prier  de  faire 
reproduire  toutes  les  inscriptions  en  caractères  anciens  qui  se  trouvent 


—   176  — 

sur  les  monuments,  dans  toutes  les  parties  de  la  colonie  et  du  Cambodge. 
La  meilleure  reproduction  sciait  par  le  moulage  en  |>l;Uiv.  el  Ton  devrait 
y  procéder  partout  où  les  eirconstances  le  permettent.  Là  où  le  moulage 
De  sérail  pas  praticable,  il  faudrait  faire  : 

i     Une  photographie  en  plusieurs  exemplaires; 

■?."  \  oe  empreinte  aussi  soigneusement  faite  que  possible  sur  papier 
blanc  oon  collé,  et,  s'il  se  peut,  en  double  on  en  triple; 

3°  Une  transcription  en  caractères  modernes  cambodgiens  telle  que 
celles  que  nous  avons  sous  dos  yeux,  si  l'on  trouve  an  bomme  du  pays 

pour  la  faire: 

*\°  Enfin  indiquer  avec  précision  la  localité  du  m< menl  et  la  place 

exacte  que  l'inscription  \  occupe. 

La  réunion  de  ces  matériaux  pour  chaque  inscription  permettrait  d'en 
publier  des  reproductions  fidèles. 

Si  les  circonstances  s'j  prêtaient,  il  serait  très-désirable  qu'on  pûl 
obtenir  des  reproductions  semblables  <\r*  inscriptions  qui  se  trouvent 
sur  des  monuments  de  la  même  espèce  situés  dans  le  Cambodge  siamois. 
Nuiis  savons  par  M.  Gamier  que  ces  monuments  sont  très-exposés  à  être 
détruits  par  les  Siamois,  et  il  importerait  de  sauver  an  moins  les  inscrip- 
tions qui  doivent  compléter  les  données  fournies  par  les  monuments  sin 
territoire  français. 

Ce  point  nous  amène  à  une  dernière  re<- maodation  que  votre  Com- 
mission   désire    adresser  avec  les   plus  vives  instances  à  l'attention  bien 
veillante  de  M.  le  Ministre  :  elle  a  pour  objet  la  conservation  de  ces  mer- 
veilleux monuments  que  la  fortune  a  nus  dans  la  possession   ou  sous  la 

protection  de  la  France.  Toul  conspue  perpétuellement,  et  en  tout  pays, 
contre  les  monuments  en  pierre  taillée  qui  ne  sont  pas  protégés  par  un 
maître.  Partout  les  indigènes  les  emploient  pour  leurs  masures,  les  ingé 

meurs  civils  el  militaires  les  démolissent  pour  leurs  roules,  leurs  barrages 

el  leurs  fortifications,  les  architectes  v  trouvent  des  carrières  de  maté 
riaux  toul  façonnés,  el  les  curieux  el  les  pourvoyeurs  des  musées  euro- 
péens les  mutilent  el  les  dégradent  pour  déposer  quelques  fragments 
dans  leurs  collections.  Ces  dévastations  onl  duré  trop  longtemps  el  Boni 
allées  si  loin  que  l'opinion  publique  a  fini  par  se  révolter  contre  elles,  et 
l'Académie  a  certainement  applaudi  M.  de  Fourtou,  Ministre  de  lin- 
traction  publique,  lorsqu'il  a  annoncé    dans  une  occasion  solennelle. 
pi  il  négociai I  avec  des  gouvernements  étrangers  pour  arrêter  des  pro 
cédés   barbares  ou  intéresse-,  quj  oui  déjà  défiguré  ou  fait  disparaftn 
tanl  de  monuments  anliqut  - 


—    177   — 

aujourd'hui  le  moulage  en  plâtre  et  la  photographie  suffisent  aux 
besoins  de  la  science  -;ms  amener  aucune  dégradation,  el  nous  sommes 
convaincus  que  M.  le  Ministre  de  la  marine  partagera  l'opinion  de  l'Aca- 
démie, que  l'honneur  tic  la  Fiance  est  intéressé  à  la  conservation  des 
monuments  du  Cambodge,  et  qu'il  les  protégera  en  les  déclarant  monu- 
ments historiques,  et  en  donnant  les  ordres  les  |>lu->  sévères  >\>'  ne  les 
laisser  entamer  par  personne  el  sous  aucun  prétexte. 

Le  rapporteur  de  la  Commission  . 

.Il  LES    MnlIL. 


—  178  — 


LIVRES  OFFERTS. 


SB&NI  E    Dl     MERCREDI    1rr    AVRIL. 

(Séance  avancée  à  cause  «lu  Vendredi  saint.) 
Sont  offerts  à  l'Académie: 

Principe  universel  du  mouvement  et  des  actions  île  In  matière  résultant  de 
la  découverte  de  celte  loi  générale  :  la  force  vive  se  transmet  mieux  cidre 
corps  semblables  qu'entre  corps  différents ,  et  applications  a  la  matière  comme 
à  la  vie,  par  M.  Trémaux  (broch.  in-8°). 

M.  le  Président  dit  que  l'auteur,  présent  à  la  séance ,  aurait  voulu  ex- 
poser  lui-même  a  l'Académie  les  conclusions  de  son  ouvrage,  ce  que  1rs 
usages  de  I  académie  n'ont  point  permis  de  lui  accorder. 

M.  Renan  présente  à  l'Académie  des  fragments  syriaques  des  Homélies 
de  saint  (j/rille  il'  ilexandrie,  publiés  par  M.  \Y.  Wright,  et  complétant 
l'édition  donnée  de  ces  homélies  par  M.  Payne  Smith  (broch.  in-'i°). 
I  es  fragments  sonl  extraits  de  divers  débris  de  manuscrits  syriaques 
tirés  des  couvents  de  Nitrée,  que  l'on  a  cru  souvent  épuisés,  et  qui  ne 
cessent  1 1< •; i n 1 1 1< >i 1 1--  de  rendre  encore  des  textes  intéressants. 

M.  liiH.MMT.  Secrétaire  perpétuel  honoraire,  offre  à  l'Académie  in 
Sainte  Bible,  Ancien  Testament;  traduction  nouvelle  d'après  le  texte  hébreu. 
vol.  in-8'.) 

L'église  de  Genève  ;i  publié  successivement  en  i588,  puis  en  i8o5, 
des  traductions  complètes  des  livres  saints;  aujourd'hui  la  compagnie 
des  pasteurs  de  la  même  église,  voulant  donner  une  traduction  i<mi  ;t  fait 
neuve,  Faite  sur  les  textes  sacrés,  en  a  confié  le  soin  à  l'homme  le  plus 
éprouvé  qu'elle  <'ùi  dans  son  sein,  M.  Louis  Segond,  docteur  en  théo 
logie.  Cette  traduction  nouvelle  avail  été  précédée, à  unan  seulement  de 
distance,  d'une  version  dn  Nouveau  Testament,  par  un  membre  delà 
même  société,  M.  le  professeur  Ottremare.  M.  Guigniaul  n'a  pas  reçu 
encore  cette  traduction,  <■!  attend  qu'il  I  ;iii  pour  présenter  des  observa- 
lions  d'ensemble  Bur  ces  travaux  importants,  qui  onl  d'ailleurs,  dit-il, 
dans  les  disciples  <!<•  M.  de  Sacj  .  membre  de  I  académie,  des  apprécia- 
t  <  ■  1 1  r  g  |  >  f  ■  ■  -  autorisés, 

\l    ru  I.MM.i'i'i.iM  nffrp  .1  l'Académie,  ■<"  nom  d<   M.  François  Lenor- 


—   179  — 

niant,  un  deuxième  fascicul<  de  l'ouvrage  autographié  qui  a  pour  litre: 
Choix  de  textes  cunéiformes  inédits  ou  incomplètement  publiés  jusqu'à  ce 

jour. 

-Kn  tête  "!-•  ce  fascicule,  dit-il,  se  trouve  une  liste  des  derniers  rois 
«le  Saze  pendant  le  vui'el  tout  le  vu'  siècle  avanl  notre  ère  :  ces  princes 
sont  au  nombre  de  dix-neuf. 

irPuis  la  copie  des  inscriptions  siiziennes,  et  enfin  diverses  inscriptions 
des  rois  d'Our  appartenant  à  l'époque  primitive,  el  des  mis  de  Karrak 
du  \m\  siècle,  époque  très-reculée    si  on  la  rapproche  de  nos  dont 
historiques  occidentales,  mais  contemporaine  des  époques  égyptiennes 
parfaitemenl  reconnues,  grâce  aux  monuments. 

-La  publication  de  M.  IV.  Lenormanl  es!  destinée  à  mettre  entre  les 
mains  des  philologues  une  série  de  textes  qui  les  aidera  dans  leurs 
travaux.  Les  litres  placés  en  lête  de  chaque  article  fournissent  déjà  une 
idée  du  contenu  ou  «le  l'âge  destextes.j 

SÉANCE   DU    VENDREDI    10    AVRIL. 

Le  Secrétaire  perpêtdei  présente  a  l'Académie,  au  nom  de  M.  Bar- 
i]i>:lein\  Saint-Hilaire,  di  l'Académie  des  sciences  morales  ef  politiques, 
la  traduction  qu'il  avait  annoncée  du  rapport  sur  les  ïntiquités  troyennes 
de  M.  le  docteur  H.  Scbliemann,  traduction  faite  par  notre  savant  corres- 
pondant, M.  Rangabé.  1  n  riche  et  bel  allas,  compose  d'illustrations  et 
de  photographies,  est  joint,  comme  la  première  lois,  à  cet  ouvragé. 

Les  remerciments  de  l'Académie  seront  adressés  à  M.  Barthélémy 
Saint-Hilaire.  avec  prière  de  le-  transmettre  a  M.  le  docteur  Scbliemann 
et  a  M.  Kangahé. 

Le  Sb<  ci',  i ■  vii:k  PEBPETCEL  offre  encore  à  ['  \c,idemiè  : 

Sainte  Cécile  ei  la  société  romaine  (1  vol.  in-'r).  ouvrage  publié  pai 
\l.  F.  Didot.  membre  libre  de  l'Académie,  avec  ce  luxe  intelligent  el 
vraiment  scientifique  que  l'on  avait  pu  apprécier  déjà  dan-  sa  belle  édi- 
tion de  Joinïil/c ,  due  aux  soins  de  M.  de  WailK. 

11.  A.  Mur.v  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Héron  de  Ville- 

»,  une  brochure  m-V.  intitulée:  Des  mesures  en  usage  en  Brie  aux 
vin'  et  i/i"  siècles. 

M.  Héron  de  \  illefosse  a  cherche  à  éclaircir  la  question  assez  obscure 
des  mesures  en  usage  dans  quelques  li<u\  de  la  France,  el  il  l'a  l'ail 
d'après  des  documents  inédits. 

M.  Eggef  présente  égalemenl  : 


—    ISO   — 

i  \n  nom  de  M.  Adolphe  Espagne,  une  brochure  m-'i"  ayant  pour 
titre  :  Proverbes  et  dictons  populaires  recueillis  à  Aspiran,  petit  travail 
intéressant  pour  la  connaissance  des  mœurs  et  de  la  langue  de  cette 
contrée; 

Votice  de  quelques  inscriptions  grecques  observées  dans  diverses  col- 
lections,  par  M.  Robert  Mowal  (in-8°). 

Les  inscriptions  ont  pou  d'importance,  mais  elles  smil  relevées  avec 
une  exactitude,  ei  expliquées  avec  une  méthode  qu'on  ne  saurait  trop 
louer. 


SEANCE    Ml    VENDREDI    1  7    AVRIL. 

Le  Secrétaire perpétdel  présente  a  l'Académie  une  Dissertation  en  rou- 
main sur  un  vase  d'argile  portant  le  nom  de  Décébale,  découvert  à  Blbis, 
en  France,  Noie  archéologique  par  M.  Odobesco,  membre  de  la  Société 
académique  roumaine  el  «lu  Comité,  archéologique  de  Bucharesl  (Bucha- 
rest,  1  <s 7 - ►  -  in-f°,  avec  une  image  chromolithographique). 

M.  m'Avkzac  [) résente  un  fascicule  intitulé  :  Archivio  storico  lotnbardo, 
giomale  délia  Società  storica  lombarda  ,  e  bollettino  délia  consulta  archeo- 
logica  del  musc,)  storico  artistico  di  Milano  (mars  187/1 ,  in-l 

rr L'Italie,  dit-il,  une  aujourd'hui,  ne  peut  cependant  effacer  le  sou- 
venir des  anciennes  autonomies  entre  lesquelles  son  histoire  était  partagée. 
lum  ne  faut-il  point  s'étonner  de  voir  des  Bociétés  historiques  spéciales 
s'organiser  dans  les  vieilles  capitales  où  persistent  les  traditions  el  sont 
accumulées  les  archives. 

t Outre  l'intérêt  du  culte  îles  gloires  domestiques,  les  esprits  élevés 
aiment  à  espérer,  des  études  de  ce  genre,  nue  direction  noble  et  féconde 
a  donner  à  l'activité  de  la  jeunesse  des  classes  distinguées.  A  ce  pointde 
vue  se  sont  placés  des  hommes  d'élite  qui,  réunis  autour  du  célèbre  his- 
torien César  Canin,  mil  récemment  organisé  à  Milan  une  Société  histo- 

,,-  lombarde,  qui  aura  tout  d'abord  à  sa  portée  le  riche  trésor  des 
archives  d'Etat,  ouvert  aux  recherches  Bérieuses  avec  une  admirable 
libéralité ,  aidée  de  l'expérience  de  l'éminent  directeur  el  aussi  de  quelques 
familiers  de  ces  richesses  séculaires,  tels  quele  comti  Porro,  le  marquis 
d'Adda,etc.  On  projette  une  ir  Bibliothèque  historique*  où  les  documents 
se  réuniront  par  volumes;  on  commence  dès  à  présent  nue  Bévue  tri- 
mestrielle, et  le  premiei  cahier  en  est  déjà  offert  à  l'appréciation  <\>\ 
monde  érndil  el  lettré,  sous  le  titre  que  j'ai  indiqué  plus  haut. 

I  n  me  faisant  envoi  de  ce  premier  fascicule   l<   lavant  éditeur  exprime 


—  181  — 

le  vœu  mie  le  Recueil  --"il  avanl  toul  jugé  digne  il  un  bienveillant  accueil 

de  la  pari  de  l'Institut  de  France,  auquel  il  me  prie  de  le  présenter  en 

-m  nom.  Pour  satisfaire  convenablemenl  a  ce  désir,  il  m'a  semblé  que 

l'hommage  devait  s'adresser  à  la  fois  à  deux  de  uns  Académies,  d'une 

pari  ;i  celle  à  laquelle  j'ai  l'honneur  d'appartenir,  et  qui  range  l'érudition 

historique  approfondie  parmi  les  plus  sérieux  objets  de  son  programme; 

d'autre  part,  à  celle  des  Sciences  morales  el  politiques,  où  M.  Candi  se 

trouve  inscrit  lui-même  parmi  les  correspondants  de  la  section  d'Histoire 

•  el  philosophique.  Toutes  deux  paraissent  devoir  trouver  un 

■  aux  publications  de  la  Société  nouvellement  fondée  à  Milan: 

utes  deux  ne  peuvenl  manquer  de  les  accueillir  favorablement.» 

M.  Dblisle  offre  à  1  académie,  de  la  pari  de  M.  Jules  Loir,  un  fragment 
inédit  de  lu  1  ie  de  Louis  I  //  préparée  par  Suger  \  exlrail  de  la  Bibliothèque 
«le  l'École  des  chartes,  t.  \\\l- 

-On  savait .  dit  M.  Delisle,par  un  témoignage  «lu  xu  siècle  que  Sugei 
avait  entrepris  de  composer  une  vie  de  Louis  \ll.  mais  on  n'avait  jus- 
qu'à présent  trouvé  aucun  vestige  de  cet  ouvrage.  \l.  Jules  Lair,  en 
recueillanl  les  matériaux  d'une  édition  critique  de  l'Histoire  dés  ducs  de 
Normandie  par  Guillaume  de  Jomiég  s,  a  remarqué  dans  un  manuscrit 
du  xii'  siècle,  venu  de  Saint-Germain-des-Prés,  le  commencement  d'une 
vie  de  Louis  \II.  qu'il  a  sans  hésitation  attribuée  à  Suger.  Le  fragment 
contient  en  effel  plusieurs  particularités  qui  ne  peuvenl  convenir  qu'au 

•lui'  abbé  de  Saint-Denis,  et  l'attribution  proposée  est  toul  aussi  in- 
contestable que  si  le  nom  de  l'auteur  étail  expressément  indiqué  dans  le 
ie\te. 

•r Le  manuscrit  d'où  M.  Lair  a  tin' ce  précieux  fragment  est  un  recueil 
de  notes  el  d'extraits  qu'un  chroniqueur  de  la  fin  du,\u  siècle  avait  jetés 
pêle-mêle  sur  des  cahiers,  el  dont  11  comptait  se  servir  pour  rédiger  une 
de  ces  compilations  historiques  comme  le  n^^f  de  Philippe-Auguste  en 
vit  naître  plusieurs.  La  confusion  de  ce  recueil  de  notes  explique  l'oubli 
dans  lequel  le  fragment  de  la  vie  de  Louis  \  Il  esl  resté  m  longtemps.  En 
effel .  ce  recueil  a  été  fréquemment  consulté  depuis  le  xvii*  siècle:  les  dif- 
férents éditeurs  des  œuvres  de  Suger  s'en  sonl  même  servis  pour  établir 
le  texte  de  la  vie  de  Louis  le  Gros  ;  mais  personne  n'avait  songé  à  le  sou- 
mettre à  une  analyse  détaillée  el  rigoui  I  est  ce  <|u"a  entrepris 
M.  Lair,  et  il  a  été  récompensé  de  s;i  peine  par  une  des  puis  intéressantes 
découvertes  qui  aienl  étd  faites  de  nos  jours  dans  le  domaine  de  la  litté- 
rature historique  du  \u  siècle. 

ri.e  morceau  qu  ii  vienl  d'exhumer  esl  une  des  plus  belles  pages  de 


e 

r 


—  18"2  — 

Suger.  I!  nous  Eail  connaître,  pour  les  commencements  du  règne  de 
Louis  VU,  trois  événements  considérables,  donl  il  n'existait  aucune  raen 

lion  dans  les  doci nts  publiés  jusqu'à  présent.  On  )  remarque  surtoul 

le  récil  très-dramatiq l'une  insurrection  communale  à  Poitiers,  récil 

.jiii  fori -a  désormais  l'un  des  plus  curieux  chapitres  de  l'histoire  des 

origines  municipales  dans  les  provinces  de  l'puesl  de  la  France. 

it L'exactitude  des  renseignements  nouveaux  Fournis  par  le  fragment 
que  M.  Lair  vient  de  publier  était  suffisammenl  garantie  par  le  nom  mêmr 
de  Suger;  mais,  par  une  heureuse  coïncidence,  plusieurs  île  ces  rensei 
gnements  viennent  d'être  pleinement  confirmés  parmi  texte  «In  xn'  siècle, 
un  gistré  dans  !••  carlulaire  il.'  l'abbaye  il'1  Talmonl  que  M.  de  la  Bou- 
etière  vienl  de  publier  pour  la  Société  des  antiquaires  de  I  <  >uest. 

tLe  travail  de  M.  Lair  apporte  donc  un  notable  supplément  aux  an- 
ciennes éditions  de  Suger  el  comble  une  lacune  dans  dos  annales  <lu 
\u  siècle.» 

M.  I'ii.wn  présente  au  nom  «le  M.  Maurice  Vernes  deux  volumes in-8°, 
intitulés,  l'un  ;  Histoire  îles  idées  messianiques  depuis  Alexandre  jusqu'à 
/'empereur  Hadrien;  If  second:  Le  peuple  d'Israël  et  ses  espérances  rcla- 
tives  ù  son  avenir,  depuis  les  origines  jusqu'à  l'époque  persane  (V  siècle 
avant  .1.  (',.  ;  essai  historique). 

■\l.  Vernes,  ajoute  M.  Kenan.  esl  un  élève  instniii  «le  M.  Golani.  Il 
discute  avec  critique  l'époque  de  la  composition  des  ouvrages  qui,  i«'ls 
que  I*'  livre  d'Hénochet  les  livres  pseudo-sibyllins,  marquent  le  progrès 
delà  croyance  au  Messie,  depuis  l'époque  où  elle  prend  quelque  préci- 
sion jusqu'à  la  révolte  de  Barkokeba,  qui  signale  a  peu  près  sa  disj>;i- 
rition.  - 

sKANOK    DU     VENDREDI     2fl      IVHIL. 

\l.  Trûbner,  libraire-éditeur  à  Londres,  adresse  a  l'Académie  les  W< 
langes  de  Colebrooke,  avec  la  vie  de  l'auteur,  el  l'ouvrage  sanscrit,  en 
:    Wataparisksha,  donl  M.  Muir,  correspondanl  de  I  académie,  lui 
iil  annoncé  le  prochain  envoi. 

Sniil  offerts  m  nuire  : 

Ortografia  de  lu  lengua castellana  .  reducida  »  »»"  wla  régla  ,  par  l>.  \  in- 

.  ente  Puyalsde  la  Bastida  |  broch.  in   i 

Monnaies  gauloises  des  Séquanes,  par  M.  \   Castan  (broch.  in-4"  , 
\|.  m   i.i.m.im un  i;  offre  «le  la  pari  de  l'auteur,  M.  Léon  d'Hervey,  un 

nouveau  Fascicule  'le  5o  pages  de  la  traduction  de  l'Ethnographie  des 

peuples  étrangers,  de  Via  touan-lin. 


—   183  — 

i  <•  cahier  considérable  contient  la  lin  du  chapitre  relatif  au  Japon  el 
la  chronologie  des  souverains  de  ce  pays,  depuis  les  temps  fabuleux  jus- 
qu'au \nir  siècle  de  notre  ère. 

Puis  le  commencement  du  chapitre  relatif  au  royaume  de  Kao-kiu-li, 
donl  le  nom,  abrégé  plus  tard  en  Kao-li,  el  prononcé  Koraï  suivant  le 
mode  japonais ,  est  devenu  pour  nous  (im-ée. 

Dans  un  appendice  le  savanl  traducteur  expose  diverses  remarques 
au  sujel  ili'  l'histoire  du  Japon.  Il  (ail  observerque  les  Chinois,  qui  avaient 
une  littérature  longtemps  avant  (|iie  les  Japonais  eussent  pratiqué  l'écri- 
ture, fournissenl  des  détails  que  ces  derniers  n'ont  pas  connus  en  ce  qui 
touche  leur  propre  pays. 

M.  Ed.  Lb  Blant  présente  l'année  187;}  dn  Bulletin  d'archéologie  chré- 
tienne, de  M.  de  Rossi  traduit  par  le  chanoine  Martigny.  Ce  n'es!  pas 
seuiemenl  une  traduction  que  donne  M.  l'abbé  Martignv  dans  cette  édi- 
tion française;  il  y  joint  des  notices  très-utiles  pour  expliquer  aux  per- 
sonnes peu  versées  dans  l'archéologie  certains  termes,  certaines  questions 
qui  pourraient  les  embarrasser,  (i'esl  ainsi  que  nous  rencontrons,  dans 
la  série  des  fascicules  déposés  par  M.  Le  Blant.  des  noies  savantes  et  pré- 
cises -1  ii-  les  arenaria  et  les  cryptée  arenarùe,  si  souvent  nommés  dans 
l'histoire  des  catacombes;  sur  un  nom  mystique  de  l'Eucharistie  (Ta 
kyaBàv  :  sur  le  titre  de  primicerius ;  sur  l'époque  où  fut  figuré  pour  la 
première  fois  I»-  crucifix.  Il  y  a  là,  à  côté  de  la  traduction,  une  œuvre 
de  vulgarisation  éminemment  utile  à  qui  veut  connaître  les  origines  «lu 
christianisme. 

M.  d'Avezac  dépose  sur  le  bureau  de  l'Académie  deus  tirages  à  pari 
un  l'on  rond  compte  de  plusieurs  de  ses  travaux  : 

//  tibro  (h  Ferdinando  Colombo  . 

Bibltografia  :  h'  Ivezac,  La  mappemonde  du  vttï  Siècle  de  Saint-Béat  de 
Liébana.  Paris,  Ghallamel  aine,  1870. 

SÉANCE   1)1    VENDREDI    1  "'    MAI. 

Le  Secrétaire  perpéti;i:i.  présente  le  fascicule  des  Comptes  rendus  de 
l'Académie  (1"  trimestre  de  1 876 ). 

M.  L.  Delisle  offre  à  l'Académie  un  opuscule  de  M.  Tamizev  de  Lar- 
roque  intitulé  :  Lettres  médites  du  cardinal  d'Armagnac. 

irLe  cardinal  Georges  d' Armagnac,  dit-il.  a  joué  au  wi  >iècle  un  rôle 
considérable  dans  les  négociations  diplomatiques  el  dans  l'administration 
du  midi  delà  France.  Il  est  connu  parle  zèle  qu'il  mit  à  protéger  les  sa- 


—   184  — 

vants,  à  faire  venir  en  France  des  manuscrits  el  des  marbres  il  Italie,  et 
à  Favoriser  les  publications  de  textes  anciens.  Sa  vie  n'a  cependant  jamais 
été  l'obiel  d'un  travail  critique  et  approfondi.  M.  Tamize\  de  Larroque 
a  donc  été  bien  inspiré  en  recueillant  et  «m  discutant  les  témoignages  qui 
peuvenl  servira  restituer  la  biographie  d'un  «les  plus  illustres  prélats  du 
xvi*  siècle.  A  sa  dissertation  il  a  joint  le  texte  de  quarante-six  lettres  du 
cardinal ,  et  l'analyse  d'un  certain  nombre  de  pièces  de  moindre  intérêt, 
documents,  fort  curieux  en  eux-mêmes,  sont  accompagnés  de  com- 
mentaires qui  en  rendent  la  lecture  facile  el  en  augmentent  la  valeur.  Le 
seul  regret  qu'on  éprouve,  c'est  que  l'éditeur  o'ail  pu  faire  entrer  dans 
sa  publication  soixante-deux  lettres  (\u  cardinal  d'Armagnac,  que  M.  le 
comte  de  la  Ferrière  a  signalées  dans  les  collections  de  Saint-Pétersbourg,  i 

SÉANCE  ni'   \  BNDRED1    8   MAI. 

Sont  offerts  : 

Les  livraisons  8oê,  Si'  et  8a" de  l'ouvrage  «le  M.  Philippe  Le  Bas, 

continué  par  M.  Waddington,  membre  de  l'Académie,  intitulé:  Voyagi 

archéologique  ru  Grèce  et  en  Asie  Mineure ,  fait  par  ordre  du  Gouvernement 

français  pendant  les  maires  i8ù3  et  /S////.  et  'publié  sous  les  auspices  du 

Ministère  de  l'instruction  publique. 

L'Islamisme  d'après  le  Coran,  l'enseignement  doctrinal  et  la  pratique, 
par  M.  Garcin  «le  Tassj .  membre  «le  l'Académie  ( 3e édition,  1  vol. in- 8°). 

Etudes  sur  l'éloquence  attique:   Lysias ,  Hypéride ,   Démostkènes,  par 
M.  .Iules  Girard,  membre  de  l'Académie  (1  vol.  in-8°). 

Sote  sur  le  suis  il' une  formule  de  quelques  diplômes  militaires  i  Extrait  de 
la  Revue  de  l'instruction  publique),  par  M.  J.  Roulez. 

Le  Secrétaire  perpétuel  offre  en  (mire  à  l'Académie,  au  nom  de 
l'auteur,  M.  J.  Maissiat,  un  volume  qui  a  pour  titré  :  Annibal  en  Gaule. 
L'auteur  a  fait  une  <  tude  approfondie  «le  la  fameuse  campagne  qui  com- 
mence  la  seconde  guerre  punique  II  discute  en  particulier  les  textes  si 
diversement  interprétés  qui  ont  rapport  au  passage  des  Mpes,  el  Be  pro 
nonce  pour  le  col  du  monl  Genis.  Plusieurs  cartes,  où  l'itinéraire  du  gé- 
néral carthaginois  est  marqué  avec  le  plus  grand  soin ,  aident  (électeur  à 
mieux  suivre  sa  démonstration.  Les  conclusions  générales  jointes  à  cet 
ouvrage  prouvent  que  l'auteur  n'a  pas  borné  ses  recherches  a  ces  débuts 
de  la  guerre  d'  Uinibal,  el  qu'il  pourrait  justifler  ce  qu'il  «lil  de  son  génie 
militaire,  dans  nu  récil  où  celte  guerre  entière  bi  rail  exposer. 

\|.  I'.i.i  m  i   m   lia  si  i  offre  à  I  académie  «le  la  pari  de  l'auteur,  M.  Y 


—   |s;,  — 

Saripolos,  professeur  à  I  l  niversité  d  Athènes,  le  1"  volume  de  la  -j'  édi- 
tion de  son  Traité  de  droit  constitutionnel,  en  gTec  1  in-8°  \,  M.  Saripolos, 
docteur  en  droit  de  la  Faculté  de  Paris,  n'a  jamais  oublié  les  leçons  qu'il 
,1  reçues,  dans  sa  jeunesse,  de  plusieurs  membres  de  l'Académie,  et s'esl 
l'ail  un  devoir  de  faire  hommage  à  l'Institut  des  nombreux  ouvrages  qu'il  a 
publies,  notamment  de  s.>n  livre  Sur  le  droit  des  mitions  en  paix  ei  en 
guerre .  précédé  d'une  étude  historique. 

La  première  édition  de  son  traité  de  droil  constitutionnel  date  de  plus 
de  vingt  ans;  dans  l'intervalle  M.  Saripolos,  devenu  député  el  rapporteui 
de  la  constitution  < j m  1  régit  aujourd'hui  la  Grèce,  <i  eu  la  satisfaction  de 
faire  prévaloir  la  plupart  des  principes  qu'il  avait  soutenus  comme  pro- 

jeur,  et  qu'il  reproduit  avec  la  mêjne  conviction  dans  cette  édition 
nouvelle;  il  doil  v  joindre  les  discoiu*s  qu'il  a  prononcés  dans  la  discus- 
sion de  la  constitution  grecque,  dont  ils  loi  nient  en  quelque  sorte  le 
commentaire. 

M.  I..  Piknikr  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Ernest  Desjardins,  un 
ouvrage  dont  il  a,  dit-il,  déjà  eu  occasion  de  dire  quelques  mots,  en  en 
présentant  on  extrait  dans  la  séance  du  1  •'!  février  dernier. 

Cet  ouvrage  est  intitulé:  Monuments  épigraphiques  du  muse,  national 
hongrois }  dessinés  et  expliqués  par  Ern.  Desjardins,  publiés  par  ordre  de 
M.  le  Ministre  des  mites  ,■(  de  l'instruction  publique  du  royaume  de 
Hongrie,  et  par  les  -..ins  de  dom  Floris  Romer  1  Bude-Pest,  1873,  1  vol. 
in-fol.  de  35  feuilles  et  55  planches  . 

itCe  volume,  ajoute  \l.  L.  Renier, a  figuré  à  l'exposition  universelle  de 
Vienne.  L'exemplaire  que  j'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  est  le  seul 
qui  soit  parvenu  jusqu  ici  à  Paris,  le  Gouvernement  hongrois  ne  \ouiani 
pas  que  le  texte  français  de  cet  ouvrage  soit  publié  avant  que  la  traduc- 
tion en  langue  hongroise,  qu'il  en  fait  faire  et  qui  s'imprime  actuellement , 
puisse  être  livrée  an  public. 

-J'ai  déjà  dit  à  l'Académie  dans  quelles  circonstances  cet  ouvrage  a  été 
composé.  W.  Desjardins  avant  eu  l'occasion  de  passer  quelques  mois  à 
Pest,  après  le  siège  de  Paris,  en  1871,  s'j  livra  naturellement  à  une 
élude  approfondie  du  musée  de  cette  ville,  l'un  des  pins  riches  de  l'Europe 
en  antiquités  de  toute  espèce.  I^.s  directeurs  de  cet  établissement  eurent 
ainsi  I  occasion  d'apprécier  son  talent  comme  dessinateur  et  sa  science 
comme  épigraphiste,  el  ils  eurent  la  bonne  pensée  de  le  prier  de  se  char- 
ger de  la  composition  de  ce  travail,  par  lequel  ils  voulaient  inaugurer 
la  publication  des  Acta  Muxei  nationalis  Hungarici,  ordonnée  par  leur  Gou- 
vernement. 


—   186  — 

\l.  Desjardins  se  mil  résolument  à  l'œuvre;  il  employa  tout  le  temps 
de  son  séjour  ;i  Pesl  à  mesurer,  à  estamper,  i«  dessiner  el  à  étudier  sur 
place  tous  les  monuments  du  musée  qui  portent  des  inscriptions,  el  quand 
il  revinl  à  Paris  il  avait  entre  les  mains  tous  les  matériaux  de  sou  travail. 
Son  premier  soin  lui  de  mettre  au  ne!  ses  dessins  él  «le  les  envoyer  à 
IVsi.  où  ils  devaient  être  gravés;  puis  il  rédigea  le  texte  descriptif  el 
explicatif  qui  devait  les  accompagner.  Ce  texte,  je  l'ai  déjà  dit,  rempli! 
35  feuilles  ou  i4o  pages  in-folio.  H  ne  laisse  rien  à  désirer,  ni  sous  le  rap- 
port de  l'exactitude  dès  transcriptions,  ni  sous  celui  delà  sûreté  des  res 
litutions  et  de  la  science  des  explications.  Quant  aux  planches,  mes  sa- 
vants confrères  pourront,  en  les  parcourant,  juger  de  leur  beauté  el  de 
leur  mérite. 

•Ko  résumé,  dit  en  terminant  M.  I..  Renier,  je  ne  crains  pas  de 
l'affirmer,  ce  livre  est  le  plus  beau  recueil  d'inscriptions  latines  publié 
jusqu'ici  par  un  Français,  el  je  puis  ajouter  qu'il  n'en  a  pas  été  publié 
jusqu'ici  de  plus  savant.» 

M.  I'm  i.i n  l'un-  présente,  an  nom  de  VI.  Louis  Paris,  le  l I    d'un 

ouvrage  intitulé  :  L'impôt  du  sang  ou  la  noblesse  de  France  sur  les  champs 
de  bataille  i  in-8" }. 

irCelivre,  dit-il,  esl  la  reproduction  exacted'un  manuscrit  aujourd'hui 
détruit,  el  que  le  directeur  du  Cabinet  historique  avait  eu  l'heureuse 
idée  de  transcrire  avant  l'incendiede  la  bibliothèque  <lu  Louvre.  Le  ma 
uuscril  était  l'œuvre  de  François  d'Hozier,  l'avant-dernier  membre  de 
la  grande  famille  de  nos  généalogistes  à  titre  d'office.  M.  il  Hozi 
adopté  pour  son  immense  travail  un  titre  que  I  éditeur  n'a  pas  cru  devoii 
conserver:    Les   /,  marques   du   militaire  français.   Il   a  préféré 

comme  pins  simple,  el  même  plus  exact,  celui-ci  :  L'impôt  i  On 

doit  trouver  dans  ce  bvre  le  nom  de  tous  1rs  officiers  français,  gens  di 
qualité,  nobles,  anoblis  roturiers,  qui  sont  morts  sur  les  champs  de  ba 
taille,  dn  su   siècle  à  la  lin  du  i\  m  . 

irLe  jour  de  leur  mort,  le  feu  où  il--  payèrent  à  leur  pays  ce  que  l'édi 
leur  appelle  Yimpôt  du  ont  ici  très-exactement  recueillis.  L'éditeui 

a  ajouté  de  courtes  h  sobres  notices  sur  les  familles  auxquelles  les  \i<- 
timea  de  la  guerre  appartenaient    Cet   ouvrage,  qui  touche  de  si  prèf 
à  tous  les  bonf    inuvenirs  français    ne   formera  pas  moins  de  buil  \" 
lum< 

4DRRD1     I  i    MAI. 

M    '  m    Rozii    ;     iffi  !  i*  adé ■    nn<    m  o 


—  187  — 

chure  in-8\  intitulée  :  Cours  d'histoire  des  législations  comparées.  Leçon 
d'ouverture  (8  décembre  1873  .  Ge  discours  esl  la  substance  des  lirons 
«fii  il  a  consacrées  à  la  législation  «les  Gaulois.  La  doctrine  qu'il  a  pro- 
fessée se  résume  en  une  phrase  :  -Si  l'ancienne  civilisation  de  la  Gaule, 
absorbée  |>;ir  la  civilisation  supérieure  de  Rome  <■!  transformée  par  le 
christianisme,  q  a  exercé  aucune  influence  sur  la  formation  du  droit 
(rançais.  c'esl  ii  notre  origine  gantoise  que  nous  devons  la  meilleure  port 
de  nos  instincts,  de  a  >-  aptitudes,  de  nos  passions  et  do  nos  vertus.* 

S  ml  encore  offerts  ; 

/.(/  stèle  égyptienne  du  musée  de  Hennés.  Lettre  "dressée  à  M.  le  com- 
mandant Mowat,  par  M.  Maspero  (broch.  in-8°). 

Die  BerUner  Akademie  und  die  Wissenschaft.  Prû/ung  logischer  Unler- 
suehungen,  par  M.  Schlôtel  1  in-8°). 

M.  L  Renier  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Ern.  Desjardins,  un 
travail  qui  a  été  en  partie  communiqué  à  I" Académie  dans  une  de  ses 
dernières  séances  :  Desiderata  du  Corpus  inscriptionum  latinarum  de 
I  Icadémiede  Berlin  1  t.  I).  Votice  pouvant  servir  de  deuxième  supplément. 
Les  balles  de  fronde  de  la  Bépublique.  Guerre  sociale.  Guerre  servile. 
(In-fol. 

SÉANCE   DD    VENDREDI  9 1  MAI. 

Le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  la  deuxième  partie  du 
tome  VIII  des  Mémoires  présentés  par  divers  savants ,  et  il  annonce  que  la 
première  partie  du  tome  XXVIII  des  Mémoires  de  l'Académie  est  aussi  au 
momont  de  paraître. 

Sont  en  outre  oll'erts  : 

\hmorie  storiclie  agrigentine ,  per  l'aw.  Giusepp'e  l'icône  (in-i°). 

Cession  de  la  cille  et  de  l'Etat  d'Avignon  ou  pape  Clément  VI ,  par 
Jeanne  I  de  tapies,  par  M.  de  Baumefort  (in-8°). 

Notes  pour  servir  à  l'histoire  de  la  commune  de  Yandenesse  (Nièvre),  re- 
cueillies par  M.  Guéneau  i  l»r.  in-8°l 

\l.  Léon  Renier  offre  a  l'Académie,  au  nom  de  M.  Léon  Heuzey,  la 
onzième  livraison  du  grand  ouvrage  dans  lequel  sont  exposés  les  résultats 
de  sa  Mission  archéologique  en  Macédoine. 

rr  Dans  cette  livraison.  M.  Heuzey  nous  fait  connaître  les  résultats  de  ses 
recherches  sur  le  territoire  de  la  colonie  de  Dium,  dont  il  a  rapporté 
plusieurs  inscriptions,  deux  inscriptions  latines  notamment:  ce  sont  les 
premières  que  l'on  ait  trouvées  dans  cette  localité 

i3. 


—   [88  — 

rrLes  ruines  de  l'ancienne  Thessalonique  lui  ont  fourni  un  plus  grand 
nombre  de  ces  monuments,  donl  plusieurs  étant  datés  lui  ont  permis 
d'étudier  el  de  fixer,  d'une  manièreplus  rigoureuse  qu'on  ae  l'avail  l'ail 
jusqu'ici,  lepoinl  de  dépari  des  deux  ère* usitées  en  Macédoine. 

-\  ienl  ensuite  l'exploration  de  ['Elimiotide,  une  «les  parties  les  moins 
connues  de  la  Macédoine,  ei  ou  M.  Ileu/.<'\  .1  découvert  les  ruines  de 
l'ancienne  ieane,  aujourd'hui  Kaliani.  Un  curieux  bas-relief  trouvé  dans 
rriic  région ,  et  qui  est  représenté  pi.  22 ,  d'après  un  dessin  de  M.  Daumet, 
.1  fourni  h  M.  ileu/e\  l'occasion  d'une  étude  intéressante  sur  le  costume 
■  les  anciens  Macédoniens. 

-M.  Ilcuzcx  expose  ensuite  les  résultats  de  ses  recherches  dans  la  Ly- 
cestide  m  la  Pélagonie,  autres  contrées  «le  la  Macédoine,  jusqu'ici 
à  peu  près  inconnues.  Il  \  a  découvert  les  ruines  de  Stobi,  l'une  des 
villes  les  plus  célèbres  de  cette  contrée,  à  l'époque  romaine,  el  dont  ce- 
pendant un  n'était  pas  encore  parvenu  a  déterminer  l'emplacement 
M.  Heuzej  v  a  copié  un  assez  grand  nombre  d'inscriptions  qui  lui  ont 
permis  <le  nous  faire  connaître  l'organisation  el  la  constitution  des  eivitates 
de  celle  région.  Cette  partie  de  son  travail  a  déjà  été  publiée  dans  la 
Revue  archéologique,  el  j'ai  eu  l'occasion  d'en  signaler  à  l'Académie 
le.  résultats  importants  pour  l'histoire  de  l'administration  des  provinces 
romaines. 

■■M.  Ileu/.e\  la  reproduit  ici  avec  de  nouveaux  et  très-utiles  dévelop- 
pements. 

rr Enfin,  ajoute  M.  L.  Renier,  on  doil  signaler  encore  a  la  lin  «le  celle 
livraison  quelques  inscriptions  de  bornes  milliaires,  relevées  sur  le  par- 
cours de  la  via  Egnatia. 

irLa  douzième  livraison,  qui  terminera  l'ouvrage  est  sous  presse  el  pa- 
raîtra dans  peu  de  temps.  Elle  contiendra  un  travail  approfondi  sur  I  ini- 
portante  ville  de  Dyrrachium.  - 

si'  \m  1    ni     \  1  NDRBD1    20    M  il. 

SipiiI  offerts  à  I  académie  : 

The  Chronology  <>l  the  Bible,  connepted  with  conlemporaneous  éventa  tu 
thehistory  of  Bobylonians,  \ssyrians,  and  Egyptien»,  par  M.  E.  de  Bunsen 
(1  vol  m  s 

Cinquantième  anniversaire  de  I"  Société  des  antiquaires  de  Normandie. 
Séance  publique  du  1  décembrt  i8j3.  Rapport  de  M.  E.  Chatel,  secré- 
1 •  de  la  S ■<<     lirocli.  in  8 


189  — 


SEANCE  l'i     \  BNDREDI    •'    Jl  IN. 


M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie,  de  la 
part  <ln  Gouvernement  belge,  deux  exemplaires  du  tome  11  «lu  Recueil 
des  coutumes  <ln  /»"/v  et  comté  il'  Hainaut,  par  .M.  Ch.  Faider  i  \\\-h°). 

Le  Sm  i;i  i  lire  perpétuel  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Emile 
Mglave,  un  ouvrage  intitulé  :  i'1/""  du  ministère  public  et  théorie  des 
droits  d'ordre  public  m  matière  civile  {-i  vol.  in-8   i. 

M.  Km.  Uglave  n'esl  pas  seulemenl  un  docteur  ri  un  agrégé  des  Fa- 
cultés de  droit  :  c'est  un  archiviste  paléographe  ;  on  retrouve,  sur  le 
point  spécial  de  droit  qu'il  traite  dan»  son  livre,  les  qualités  d'un  cri- 
tique formé  aux  recherches  savantes. 

Le  Secrétaire  pbbpéti  i.i.  présente  encore  a  l'Académie,  au  nom  de  la 

i  ni ission  impériale  archéologique  de  Saint-Pétersbourg  .  la  ■>:  livraison 

de  l'important  recueil  des  Antiquités  de  /«  Scythie  (en  français  |,  avec  allas 
grand  in-folio,  H  <i  livraisons  du  Bulletin  et  des  Mémoires  de  l'université 
impériale  de  Kasan  (eu  russe)  |  1873,  in-8 

M.  I.i  un  Reniée  offre  a  l'Académie,  au  nom  de  M.  Ernest  Desjardins, 
la  \?'  livraison  de  son  édition  de  la  Table  de  Peutinger. 

(r Cette  livraison,  dit-il.  comprend  la  carte.de  redressement  de  la 
Gaule  et  sept  feuilles  grand  in-folio  à  dois  colonnes,  c'est-à-dire  l'équi- 
valent d'une  centaine  de  |>a<;vs  in-8"  de  texte  ou  de  commentaire  sur  la 
partie  de  la  table  qui  est  relative  à  l'Italie  méridionale. 

••M.  Desjardins  a  reproduit  dans  ce  commentaire,  non-seulement  l'in- 
dication, mais  le  texte  même  des  passages  des  ailleurs  anciens  relatifs 
.iu\  localités  mentionnées  dans  la  Table.  C  3ges,  méthodiquement 

classés  ••!  savamment  discutés,  lui  ont  fourni  un  grand  nombre  d'iden- 
tifications nouvelles,  auxquelles  personne  n'avait  pensé  jusqu'ici.  Il  a  pu 
ainsi  débrouiller  le  réseau  des  routes,  rétablir  leur.,  vraies  directions, 
suppléer  lis  lacunes  et  redresser  les  erreurs  du  manuscrit  original,  qui 
sont  surtout  nombreuses  dans  l'Italie  méridionale,  la  partie  la  plus  in- 
correcte de  ce  manuscrit.  <lc  manuscrit  avait  été  d'ailleurs  fort  mal  dé- 
chiffré. Personne  n'j  avait  remarqué,  dans  la  partie  dont  il  s'agit,  un 
certain  nombre  de  lignes  rouges,  un  M;  Desjardins  a  reconnu  les 
limites  des  regiones  dans  lesquelles  l'Italie  lui  divisée  depuis  les  règn< 
d'Antonio  et  >\f  Marc-Aurèle.  On  \  vil  en  \m  certain  nombre  d'endroits 
If-  lettres  GO  seules  ou  surmontées  d'une  barre  horizontale.  On  avait 
vu  dans  ces  lettres  l'abréviation  du  mol  colonia,  explication  inadmis- 


—    190    — 

sible  el  qui  esl  presque  toujours  contredite  par  1  histoire.  M.  Desjardins 
y  ii  reconnu  l'abréviation  «lu  mol  compendium.  Enfin,  i!  ;i  le  premier 
donné  la  véritable  éducation  d'un  certain  nombre  de  vignettes,  qu'on 
v  remarque  égalemenl  et  qui  ont  une  grande  importance  pour  l'his- 
loire  el  pour  l'archéologie.  Telles  sont  celle  de  Ravenne,  qui  repré- 
sente  l'église  de  Saint-Vitale  (du  temps  de  Justinien);  celle  de  Saint- 
Pierre  de  Hume,  qui  représente  la  première  chapelle  construite  sur  La 
catacombe  où  axaient  été  déposées  les  reliques  du  prince  des  apôtres  et 
qui  fut  transformée  en  basilique  par  Constantin;  celle  du  Portas  Claudii 
el  Trajanij  avec  son  môle:  celle  de  Centum  Gelke,  etc. 

tr Enfin,  on  a  toujours  soin,  dans  les  traités  de  géographie  moderne. 
quand  on  décrit  une  localité,  de  nous  eu  faire  connaître  la  condition 
politique,  de  nous  apprendre,  par  exemple  lorsqu'il  s'agil  d'une  localité 
Française,  si  cette  localité  est  un  -impie  hameau,  ou  une  commune,  ou 
un  chef-lieu  de  canton,  d'arrondissemenl  ou  de  département  C'est  ce 
que,  dans  son  Commentaire  sur  la  Table  de  Peulinger,  M.  Desjardins  a 
fait  pour  l'empire  romain  tout  entier;  el  il  l'a  l'ail  en  citant .  pour  chaque 
localité,  ses  autorités,  c'est-à-dire  les  textes  des  inscriptions  antiques 
qui  nous  font  savoir  sj  la  localité  dont  il  B'agil  était  un  simple  pagus  ou 
viens,  une  civilas,  un  municipe  ou  une  entame,  qui  nous  apprennent 
dans  quelle  tribu  ses  habitants  étaient  inscrits,  comment  étail  composée 
son  administration,  quelles  divinités  y  étaient  surtout  adorées,  quels 
olléges  religieux  ou  industriels  on  \  trouvait.  C'est  là,  je  ne  crains  pas 
de  le  duc  ajoute  M.  L.  Renier,  la  partie  la  plus  neuve  du  travail  de 
M.  Desjardins .  el  ce  n'esl  pas  celle  qui  lui  a  coûté  le  moins  de  recherches 
et  qui  a  exigé  le  moins  de  préparation.  « 

M.  Ravaisson  offre  à  l'Académie,  s unie  M.  Courajod,  un  volume 

intitulé  :  l'École  royale  des  élevés  protégés  (in-81  |.  Ce  livre  offre  un  ta 
1,1.  au  intéressant,  tracé  d'après  des  documents  inédits,  de  l'enseignement 
de  l'art  du  dessin  au  ivm'  siècle. 

M.  Paulin  Paris  présente,  au  nom  de  M.  le  marquis  de  Lothian,  le 
roman  de  Fïoriantet  Florete.  crGel  ancien  poëine  français,  que  l'on  croyait 
perdu,  dit-il.  a  été  retrouvé  par  M.  Francisque  Michel  dans  un  manus- 
crit de  l'ancienne  Battle  ibbey  d'Edimbourg,  (les!  publié  aujourd'hui 
par  nuire  savant  correspondant  bous  les  auspices  de  feu  le  marquis  de 
Lothian  el  de  son  frère  el  héritier  Williams  Schomberg,  marquis  de  Lo- 
thian. H  ■!  été  tiré  au  nombre  de  cenl  exemplaires  pour  les  membres  du 
club  Rorburghe. 

■  i  h.  p.  ni  trop  louer  la  belle  exécution  de  >-■  précieu*  volume   Pexac 


<• 


—   191  — 

titude  de  la  transcription,  commune  à  la  plupart  de-  innombrables  pu- 
blications de  M.  Michel,  mais  surtout  remarquable  dans  celle-ci. 

-La  préface  oIVre  une  analyse  très-exacte  de  cet  agréable  poème,  et  l'é- 
dileur  la  l'ail  suivre  de  unies  nombreuses,  remplies  de  curieux  rappro- 
chements, <|ui  supposent  d'énormes  recherches.  Peut-être  ces  noies  au- 
raient-elles  été  mieux  distribuées  à  la  suit''  de  chacun  des  vers  qu'elles 
éclairent  d'une  nouvelle  lumière.  On  aurait  ainsi  encore  mieux  appré 
leur  utilité  el  leur  importance. 

rUn  conserve  dans  notre  Bibliothèque  nationale  deux  romans  en  prose 
du  même  nom,  écrits  au  w"  siècle  et  qui  sont  la  traduction  assez  mau- 
vaise du  poème.  M.  Francisque  Michel  rapporte  la  composition  de  ce 
peëiue  an  milieu  du  \i\  siècle,  et  il  renvoie  au  beau  fac-similé  de  la 
première  page  pourjustiûer  ou  contester  cette  attribution.  Le  fac-similé 
me  porterait  à  croire  la  date  on  peu  plus  ancienne,  c'est-à-dire  de  1 3 1 5 
à  i3ao.  Le  style  du  trouvère  rappelle  d'ailleurs  bien  mieux  le  xm*  siècle 
que  le  \i\  .  Quoi  qu'il  en  soit,  la  date  présumée  du  manuscrit  décidera 
san-  doute  la  Commission  de  l'Histoire  littéraire  de  la  France  à  l'aire  en- 
trer la  notice  du  poème,  sinon  dans  le  volume  en  voie  de  publication, 
au  moins  dans  celui  qui  suivra  immédiatement. n 

M.  E.  I!kw\  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Ferdinand  Delaunay, 
un  volume  intitulé  :  Moines  et  sibylles  dans  l'antiquité  judéo-grecque  \  in-8°). 

--.M.  Delaunay,  dit-il .  s'est  proposé  dans  ce  volume  de  traiter  la  ques- 
tion des  Esséniens  et  des  Thérapeutes  el  celle  de  la  littérature  sibylline. 
H  le  fait  avec  beaucoup  d'instruction  et  de  jugement.  L'authenticité  du 
traité  de  la  Vie  contemplative  de  Philon  a  été  révoquée  en  doute.  M.  De- 
launay réfute  fort  bien  les  objections  (pion  a  soulevées  et  établit  avec 
solidité  que  cet  important  traité,  base  de  ce  que  nous  savons  sur  les 
Thérapeutes,  est  bien  de  Philon;  il  relève  les  singulières  analogies  de  la 
vie  des  Esséniens  el  des  Thérapeutes  avec  celle  des  premiers  chrétiens; 
il  repousse  cependant  l'idée,  souvent  émise,  que  les  Thérapeutes  aient 
été  chrétiens.  La  traduction  qu'il  donne  du  traité  de  la  I  ie  contemplative 
est  faite  avec  soin;  le  texte  a  été  revu  sur  les  manuscrits. 

*Le  problème  des  vers  sibyllins  juifs  et  chrétiens,  quoique  ayant  éle 
discuté  d Une  manière  approfondie  par  MM.  Ch.  Alexandre,  Reuss, 
Ewald.  renferme  encore  beaucoup  d'obscurités;  M.  Delauna\  croit  que, 
dan-  le  travail  que  les  critiques  ont  fait  pour  distinguer  les  petits  poèmes 
d'époques  diverses  qu'on  a  cousus  ensemble  afin  déformer  la  collection 
sibylline  actuelle,  ils  n'ont  pas  poussé  la  division  assez  loin.  Les  modi- 
fications qui  s'opérèrent  avec  le  temps  dans  l'idée  messianique  des  Juifs, 


—     L92  — 

l,i  différence  du  prophétisme  en  Palestine  el  à  Alexandrie,  l'origine  des 
idées  du  logos  sonl  des  poinls  que  l'auteur  examine  avec  justesse  el  me- 
sure. La  difficile  question  du  livre  d'Hénocb  esl  touchée;  M.  Delaunaj 
montre  au  moins  qu'on  se  hasarde  beaucoup  quand  on  se  prononce  avec 

assurance  sur  l'époque  01 i  été  écrites  les  parties  <|tii  composenl  ce 

livre  singulier. 

rtOn  oe  peu!  que  louer  la  modération  el  l'amour  de  la  vérité  donl  I  au- 
teur fail  preuve  dans  loul  le  livre.  Autrefois,  on  expliquail  à  peu  près 
uniquement   les  origines  du  christianisme  par  l'essepisme;   l'école  de 

théologie  rationnelle,  t|iii.  de  nos  jours,  s'esl  développi p  Allemagne, 

a  presque  négligé  ce  facteur  du  christianisme  naissant.  Il  \  a  san6  doute 
.1  en  tenir  compte,  quoique  les  relations  Au  fondateur  du  christianisme 
el  de  ses  disciples  immédiats  avec  le  monde  essénien  resteul  fort  problé 
maliques.» 

M.  Renan  présente  en  outre  . 

i     Chants  populaires  de  la  basse  Bretagne,  par  M.  Luzel  (t.  II.  iu 
recueil  fait  avec  une  rare  sobriété  el  une  méthode  excellente,  donl  le 
premier  volume  obtinl  une  récompense  aux  concours  de  I  académie. 

Maçoudi,  les  Prairies  d'or;  traduction  par  M.  Barbier  de  Mcynard 
(VIII*  vol.  in-8°),  grand  ouvrage,  donl  I;'  publication  esl  peut-être  le 
principal  titre  d'honneur  des  lettres  orientales  françaises  de  notre  temps. 
G'esl  la  Société  asiatique  qui  fail  les  frais  <l«-  la  publication. 

i   im.i,   ni     v  i  NDREDJ    1  2    M  IN. 

Le  Secrétaire  perpétoei  présente  à  l'Académie  le  to Wll.  ir'  par- 
tie, du  Recueil  des  noua  i  et  extraits  des  manu              I"  Bibliothèque  na- 

I  in linlr       m     '| 

Sonl  en  outre  offerts  : 

mncipes  de  la  langue  suédoise ,  méritoire  critique,  par  Jean  Ev.  iiyl- 
qvisl  i  en  médois  i;  Stockholm .  in-8°. 

/     portique  du  roi    Utale  à    Uhènes,  par  I.-L.   Ussing  (broch.  in   'i  '. 
en  suédois,  avec  planches  i. 

Uiêtory  of  thc  coinagr  oféjynicuse,  par  Barclaj  V.  Head  (m-l 
Mémoire  sur  quelques  inscription»  inédites  des  côtes  de  la  mer    Voire, 
par  M.  George  Perrol    broch.  in-8  .  extrail  de  la  Revue  archéologique). 
Recueil  des  lois  et  instructions  qui  régissent  le  service  (ministère  de  Un- 
hives  départementales,  communales  et  hospitalières,  bibliothèques 
idministratives)  ;  in 


—   i1.»:;  — 

\|.  m.  \\  Min  offre  n  I  académie,  de  la  pari  de  l'auteur,  M.  Adolphe 
Mussalia,  un  Wémotresut  les  dialectes  de  l'Italie  du  \ord  au  rv' siècle.  Les 
juge*  les  plus  compétents  onl  reconnu  l'importance  <l<'  ce  travail,  où  les 
problèmes  <le  philologie  les  plus  difficiles  ont  été  résolus  à  force  de  science 
.■t  cl  >l  un  livre  <pii  esl  digne  à  tous  égards  de  la  liante  ré- 

putation de  l'auteur,  el  qu'on  doit  compter  au  nombre  de  ses  meilleurs 
litres  scientifiques. 

M.  de  LoM.i'i  r,ni;  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  \l.  Ghabas,  une 
brochure  intitulée  :  Les  silex  de  I  olgu  (Saône-et-Loire)  .  Rapport  à  la  So~ 
d' histoire  et  d'archéologie  de  Chalon-sur-Saône  i  in-&°). 

rapport,  dit-il ,  est  destiné  à  l'aire  connaître  une  découverte  sin- 
gulière de  quatorze  lames  de  silex,  longues  de  a3  à  35  centimètres, 
minces  comme  des  armes  de  fer.  Ces  silex  .  qui  offrent  le  plus  grand  rap- 
port avec  le  type  Scandinave, étaient  réunis  en  faisceau  à  une  petite  pro- 
fondeur. La  reproduction  en  a  été  faite  avec  un  très-grand  soin,  aux  frais 
île  la  Société  deChaloo,  qui  a  consacré  à  la  publication  la  somme  qu'elle 
avait  reçue  en  prix  au  concours  des  Sociétés  savantes,  en  sorte  qu'on  peut 
dire  que  cette  Société  s'est  montrée  deux  lois  digne  de  la  récompense 
qui  lui  a  été  accordée.  M.  Chabas  a  su,  comme  ,:i  son  ordinaire,  donner 
un  très-grand  intérêt  à  son  travail.» 


NCK    1)1     \F.NDREDI    1  <|    .11  "IV. 

Le  Sbcbbtairb  «rpétubl  offre  au  nom  de  M.  Hauréau,  membre  de 
I  académie  .  le  tome  Vil  de  ['Histoire  littéraire  d>i  [laine  i  in-8°  |. 

ir L'Académie,  dit-il,  connaît  tout  !c  mérite  de  ce  savant  ouvrage,  qui 
est  arrive  ,'i  sa  a  édition.  Ce  volume  contient  un  grand  nombre  èe  notices 
dont  la  pins  considérable  concerne  Gervais  Le  Barbier,  sieur  de  Francourt, 
une  des  victimes  de  la  Sainl-Barlhélemy.  Il  \  a  dans  cette  notice  beau- 
coup <le  détails  nouveaux,  tires  de  registres  manuscrits,  sur  la  propa- 

ide  active  «les  calvinistes  dans  le  Maine  et  la  bosse  Normandie,  durant 
le.s  années  qui  précédèrent  le  massacre  de  Paris.  Quelques  poètes  obscurs, 
Hardouin  Lebourdays,  Guillaume  Ledoyen,  Toussaint  Leroy,  affronta 
M.  Hauréau  l'occasion  île  faire  de  curieuses  citations.  \\ec  Rolland  Le- 
vayer.  sieur  «le  Boutignj  .  li  lisserle  sur  les  choses  de  la  politique  au 
temps  de  Colbert;  avec  Nicolas  L'Herminier,  sur  la  philosophie  profesî 
dans  l'école  «le  Paris,  au  commencement  du  \\m   siècle,  i 

M.  le  Prbsibbrt  présente  à  l'Académie  denx  ouvrages  de  M.  Charles 
Fierville,  censeur  des  études  au  Ivcée  de  Coûtants 


—   194  — 

Le  premier  est  intitulé:  Le  cardinal  Jean  Jouffroy  et  son  loups  (îàia- 
tânS),  i  vol.  in-tt°.  "Le  cardinal  Jouffiroy,  dit  M.  Jourdain,  a  été  un  des 
personnages  les  plus  considérables  du  w  siècle  Tour  à  lour  («lève  des 
universités  de  Bâle  el  de  i'avie,  professeur  de  droil  dans  cette  dernière 
ville,  moine  de  l'abbaye  de  Luxeuil .  évêque  d'Arras,  évêque  d'  Ubi ,  car- 
dinal. Jean  Jouffroj  a  été  mêlé  aux  pins  grandes  affaires  politiques  et 
religieuses  de  son  temps.  Philippe  le  Bon,  duc  de  Bourgogne,  dans  les 
États  duquel  il  était  né,  el  pins  tard  Louis  XI, à  la  personne  duquel  il 
avait  lini  par  s'attacher,  l'ont  employé  à  plusieurs  missions  importantes. 
Cependant  jamais  il  n'avait  été  jusqu'à  ce  jour  l'objet  d'une  étude  sé- 
rieuse. Le  travail  de  M.  Fierville  comblera  cette  lacune.  L'auteur  a  com- 
pulsé avec  soin  tous  les  documents  contemporains;  il  ne  s'est  pas  borné 
aux  sources  imprimées,  il  a  puisé  largemenl  aux  sources  manuscrites. 
Sun  livre  se  termine  par  un  certain  nombre  de  pièces  inédites  tirées  de 
la  Bibliothèque  nationale  et  des  bibliothèques  de  Carcassonne  et  de  Sens.  •■ 

Le  second  ouvrage  de  M.  Fierville  «pie  M.  le  Président  présente  à  l'Aca- 
démie es!  intitulé  :  De  Quintilianeis  codicibus  el  prœcipue  de  codice  Carcas- 
8onensi  disquisitio.  «C'est,  dit-il.  une  étude  très-savante  dos  manuscrits 
que  l'on  possède  du  grand  ouvrage  de  Quintilien  sur  l'art  oratoire.  Mais 
M.  Fierville  ne  se  borne  pas  aux  manuscrits  connus  :  il  a  eu  la  bonne 
fortune  de  découvrir,  dans  la  bibliothèque  de  Carcassonne ,  un  manuscril 
qui  parait  avoir  échappé  jusqu'ici  aux  recherches  des  philologues.  Ce 
manuscrit  esl  du  sv"  siècle;  le  manuscril  plus  ancien  qui  a  servi  de  mo- 
dèle au  copiste  pénible  bien  appartenir  à  la  même  famille  que  les  manus- 
crits qui  ont  élé  jusqu'ici  consultés  avec  le  plus  de  linit  .  et  qui  paraissent 
les  meilleurs.  Cette  circonstance  donne  un  prix  toul  particulier  au  tra- 
vail de  M.  Fierville.  Ce  travail  l'ail  le  plus  grand  honneur  à  l'érudition  el 
au  talent  de  I  auteur:  il  est  un  symptôme  heureux  du  développement  (pie 
les  études  philosophiques  vont  prendre  dans  l'Université,  i  —  Les  ouvrages 
que  M.  Jourdain  vient  de  présenter  à  l'Académie  avaient  été  soumis  par 
\l.  Fierville  a  la  Faculté  des  lettres  de  Rennes,  el  ont  mérité  à  l' auteur 
le  titre  de  docteur  es  lettres. 

\l.  Mai  w\  .  en  l'absence  de  M.  Miller,  présente  à  I  académie  :  Les  Co- 
lombo de  France  et  d'Italie,  [munir  marina  du  u'  siècle,  r'/di  r^oa,  par 
\l.  IL  riarrisse  (in-8'  .  VI.  Maun  rappelle  que  l'Académie  a  entendu  la 
lecture  de  ,  ei  ouvra;;. •.  Elle  a  pu  juger  par  elle  même  de  l'intérêt  qu  d 
offre,  Bans  qu  il  soit  nécessaire  d'en  signaler  autremenl  les  mérites. 

M.  Thoroi  foil  hommage  à  I  académie  de  9a  publication  intitulée  : 
I  /.  i  on     I    '  '  la*  adjamiliareg,  notice  sur  vn  manuscrit  du  m'  siècle  i  hi- 


—   195  — 

bliothèqiie  de  l'Ecole  des  hautes  études .  17*  fascicule,  \Syh  m*  'n, 
ne  connaissail  jusqu'ici,  <lii  M.Tburot,  qu'un  manuscril  ancien  <!f  cette 
partie  de  la  correspondance  de  Gicéron,  le  manuscril  du  si'  siècle  qui 
,i\;iit  été  retrouvé  par  Pétrarque  à  Verceilel  qui  esl  conservé  aujourd'hui 
1  Plorence.  Tous  lès  éditeurs  admettaient  que  les  autres  manuscrits  déri- 
vaient de  celui-là.  Mais  le  manuscril  688  de  la  bibliothèque  <!<•  Tours 
que  M.  Léopold  Delisle  avail  déjà  examiné  el  reconnu  comme  é'tanl  bien 
•  lu  \n  esl   ime  copie  <lu  même  original  que  le  manuscril  de 

Florence,  indépendante  de  celui-ci,  donl  elle  améliore  authentiquemenl 
le  texte  en  un  grand  nombre  de  pi  Malheureusement  le  manuscril 

de  Tours  esl  incomplet;  il  manque  le  IIe  livre  et  ton!  le  reste  de  la 
■correspondance  ;i  partir  de  la  (in  du  \  Il  livre  Néanmoins,  la  collation 
qui  .1  été  Faite  avec  beaucoup  de  soin  par  M.  Châtelain ,  élève  de  l'Ecole 
hautes  études,  rend  un  important  service  au  lexte  de  Gicéron  :  aucune 
amélioration  réelle  n'esl  indifférente,  quand  il  s'agil  des  ouvrages  d'un 
inssi  grand  auteur. 

M.    Defb£mbri    offre  à   l'Académie,  au   nom   de   la  Famille   de  feu 
M.  Ganssin  de  Perceval,  un  travail  lai-si;  manuscrit  parce  regrettable 

int,  ''I  qui  ;i  paru  dans  le  Journal  asiatique ,  numéros  de  novembr 
décembre  1873.  Ce  travail  a  pourtitre:   Voticesanecdotiques  sur  les  prin- 
cipaux musiciens  arabes  des  trois  premiers  siècles  'de  l'islamisme. 

Il  comprend  dix-huil  notices,  donl  plusieurs  sont  fort  étendues,  etqui 
présentent  toutes  des  particularités  fort  intéressantes,  soil  pour  l'histoire 
<|h  la  poésie  arabe,  -  il  pour  la  connaissance  des  mœurs  el  de  la  société 
musulman*  dans  les  premiers  temps  du  califat.  De  ces  dix-huil  notices 
plusieurs  concernent  des  chanteuses .  el  ce  ne  snni  pas  les  moins  piquantes, 
routes,  sauf  la  dernière,  sont  consacrées  à  des  personnages  appartenant 
aux  deux  premiers  siècles  de  l'hégire  (  vu   el  \  m   siècles  de  notre  èi 
La  dix-huitième  seule  a  pour  sujel  un  musicien  du  m'  siècle  de  l'hégire; 
»re  la  majeure  partie  de  la  vie  de  cel  artisti     Ishâl  al-Maucelj .  s'était  - 
elle  écoulée  dans  !>■  siècle  précédent.  -M.  Gaussin  de  Perceval  a  dû  clon 
parce  long  el  curieux  article  un  travail  que  l'affaiblissement  il»-  sa  vu< 
iip  lui  permettait  plus  de  poursuivre.  Mais    tel  <|u  il  esl  ce  dernier  ouvra» 
le  notre  savant  et  excellent  confrère  ne  peut  manquer  de  fixer  l'attention 
des  amis  de  la  littérature  el  de  I  histoire  orientales,  el  de  faire  honneur 
a  la  mémoire  de  l'auteui  vaniMahomi 

Sont  encore  offerts  .1  I  académie 

/     I  ■  nus  de  \filo  .  xpvès  des 

documents  inédits ,  pai  Jean  Ucard  1  in- 


196  — 

Grammam  pâlie.  Esquisse  d'une  phonétique  et  d'une  morphologie  de  la 
langue  pâlie,  par  J.  Minayef,  professeur  h  l'université  de  Saint-Péters- 
bourg, traduite  du  russe  par  M.  Stanislas  Guyard,  répétiteur  à  l'Ecole 
pratique  «les  hautes  »:iu<l<'s  i  in-8°). 

Détnocharès  ou  une  fausse  étymologie  du  mot  mouchard.  Mémoire  lu  à 
une  séance  publique  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Picardie ,  par  l'abbé 
Gorblet  I  broch.  in-8  i. 

SÉANCE  D(     VENDREDI    26   JUN. 

Le  Secrétaire  pbrpetoel  présente  à  l'Académie  les  ouvrages  suivants  : 

Les  Enseignements  de  saint  Louis  à  son  fis.  —  Réponse  à  \f.  \atalis 
de  Wailly  et  observations  /mur  servir  à  l'histoire  critique  des  grandes  chro- 
niques de  France  et  du  texte  de  Joinville,  par  M.  Paul  Viollet.  [Extrait 
de  la  Bibliothèque  de  l'Ecole  des  chartes,  in-8 

/'  rirs  et  documents  concernant  la  constitution  légale  de  V Imprimerie  na- 
tionale. (Paris .  Imprimerie  nationale .  in-8°. I 

Etudes  historiques  et  philosophiques  sur  les  civilisations  européenne,  ro- 
maine, grecque  des  populations  primitives  de  V  imérique  septentrionale,  par 
Louis  Faliès  (2  vol.  in-8°). 

M.  le  Président  présentée  I  académie  les  premier el  deuxième  fascicules 
iln  tome  II  de  la  deuxième  édition  de  {'Histoire  des  arts  industriels  au 
moyen âgt  età  l'époque  de  la  Renaissance,  par  M.  Jules  Labarte,  membre 
de  I  académie  1  in- 'ri.  Cette  nouvelle  édition  esl  consacrée  presque  toul 
entière  à  l'histoire  de  l'émaillerie. 

Les  usages  ne  permettenl  pas  à  \l.  le  Président  de  dire  loul  ce  <pi'il 
pense  de  ce  Bavanl  el  bel  ouvrage;  mais  I'  académie  en  connaît  I»-  mérite  : 
plie  l'a  prouvé  en  appelant  l'auteur  dans  son  sein. 

Smii  encore  offerts  : 

Tabula  codicum  manuscriptorumprœlergrœcos  et  orientales  m  bibhotheca 
palatine  I  indobonensi  asservatorum  1  publié  par  l'Académie  impériale  de 
\  ienne,  vol.  VI,  in 

Mémoires  de  l'Académù  impériale  des  sciences  dt   Vienne.  Classt  île  plu 
losophie  et  d'histoire  i  en  allemand  |  1  •'••'  vol.  in-  V  I. 

Fontes  rerum   [ustriacarum  <  •>'  série,  -'<~'  vol.  in-c 

Comptes  rendus  des  de  V  Icadémie  des  sciences  de  I  ienne.  Classe 

,ti   philosophii    et  d'histoire  <  <'n    allemand)  (octobre-décembre    i<s7'.> 
w.l.;  janvier-juillet  1  873    7.'!'  el  7V    vol.  in 

Archives  pour  l'histoin  d'  lutriche  (en  allemand    (5o'  vol.  in-8'  >. 


COMPTES   REND1 S   DES  SEANCES 

L'ACADÉMIE  DES  INSCRIPTIONS 

ET  BELLES-LETTRES 
PENDANT    L'ANNÉE    1874. 

— . — — —  -=^~ 

GO  M  P  T  i:  S   R  K  N I)  US   DES   SÉANC  E  S. 
JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  JOURDAIN. 


•'  \v  1     M     VENDREDI    •">    Jl  ll.I.KT. 

M.  Ii'  Ministre  de  l'instruction  publique  Iransmel  a  l'Académie 
la  lettre  de  M.  de  Sainte-Marie  contenanl  la  copie  de  l'inscription 
dont  il  a  été  parlé  dans  la  dernière  se'ance. 

M.  Viriel  d'Aousl  écrit  à  AI.  le  Secrétaire  perpétuel  à  propos 
des  communications  laites  récemment  à  l'Académie  sur  la  Vénus 
de  Milo.  Il  rappelle  l'entrevue  qu'il  eut  avec  M.  Brest  peu  de 
temps  après  la  découverte  de  la  statue,  el  ajoute  à  ces  souvenirs 
de  voyage  plusieurs  observations  sur  le  marbre  de  la  Vénus  el  le 
marbre  différenl  qui  a  servi  à  l'aire  le  (ragmenl  de  bras  retrouvé, 
connue  aussi  sur  les  divers  marbres  statuaires  que  Ton  trouve 
dans  les  iles  de  la  Grèce. 

Le  K.  P.  Verdière  achève  la  lecture  de  son  mémoire  sur  lu 
cille  dr  Leptis  '. 

\ oir  aux  Commi  vu  »im<,<.  n"  I 


—  198  — 

M.  de  Longpérier  donne  lecture  de  la  lettre  suivante  que  lui  a 
adressée  M.  Antoine  de  Villefosse,  parti  en  mission  avec  les  ins- 
tructions de  l'Académie. 

Milafa .  16  juin. 

Vous  aurez  sans  doute  reçu  avant  cette  lettre  une  photographie  que 
j'ai  fait  l'aire  à  votre  intention.  Klle  représente,  si  je  oe  me  trompe,  la 
tête  <l  Adrien  et  c'esl  a  torl  qu'on  a  inscrit  sur  le  socle  le  nom  de  Sep- 
time Sévère.  Cette  tête  a  été  trouvée  à  Tébossa,  près  du  temple  de  Mi- 
nerve. Le  reste  de  vêtement  qui  se  voit  autour  du  cou  indique  quelle  a 
fail  partie  d'une  statue  ou  d'un  buste.  Sans  être  d'une  exécution  irré- 
prochable elle  m'a  paru  être  fort  au-dessus  de  ce  qu'on  trouve  d'ordi- 
naire en  Ugérie,  et  j'ai  pensé  qu'il  \  aurail  un  certain  intérêt  à  la 
reproduire. 

En  parcourant  le  Journal  officiel  pendant  les  quelques  heures  que  j'ai 
passées  à  Constantine,  j'ai  vu  qu'on  s'occupait  d'Adrien  a  l'Académie; 
ce  serait  donc  un  documenta  ajoutera  ceux  que  l'on  possède.  Le  nez  est 
de  plâtre;  il  a  été  refait  par  nu  officier  du  fp;nie;  et  le  socle  avec  son 
inscription  est  l'œuvre  de  quelque  sous-oflicier. 

\pn's  colle  lecture,  M.  de  Longpérier  ajoute  : 

«Le  buste  est  on  effel  remarquablement  exécuté.  Le  nez,  mo- 
derne, on  altère  légèrement  le  caractère.  Cependant,  on  peul 
reconnaître  qu'il  ne  représente  nullemenl  Idrien,  pas  plus  du 
reste  que  Septime  Sévère,  dont  les  images  sont  nombreuses  et 
bien  connue^.  Ce  buste  esl  certainemenl  une  œuvre  du  temps 
d'Antonin  le  Pieux.  Il  est  très-probable  même  qu'il  représente  cel 
empereur,  donl  les  traits  onl  été  reproduits,  nu  pou  loin  A<<  Rome, 
avec  quelques-unes  de  ces  petites  divergences  donl  les  portraits 
de  souverains  modernes  offrent  de  très-nombreux  i  iempl< 

•  '  ependant,  comme  à  toutes  les  époques,  certains  personnages 
.s,,  scni  appliqués,  on  profitant  i\<'  quelques  ressemblances  natu- 
relles, à  -e  donner  l'aspect  très-frappanl  des  souverains  dont  ils 
étaient  les  contemporains,  on  pourrait  soutenir,  avec  quelque 
vraisemblance,   que  le  buste  de  Tébessa  représente    un  grand 

ic donnai re  d'Afrique  qui  affectait  de  ressembler  à  l'empereur 
\ni,,nin  le  Pieux.    L'absence   de  couronne    de    laurier  pourrai! 

vir  danrnmenl  en  laveur  de  ce         ème,   niai-  il  ne  faudrait 


—  199  — 

pas  oublier  que  les  Antonins,  tanl  dans  leurs  statues  que  sur  la 
monnaie  publique,  onl  été  représentes  la  tête  Due,  sans  cou- 
ronne. 

-  \insi .  en  peu  de  semaines,  ia  lecture  de  M.  Duru\  sur  le  règne 
d'Adrien  a  procuré  à  l'Académie  l'envoi  de  photographies  inté- 
ressantes de  Jérusalem  el  de  Constantine.  » 

M.  Vivien  de  Saint-Martin  achève  la  lecture  de  son  Mémoire 
sur  ['Won  <F Homère,  Yllium  des  Romains*. 

M.  Revillout  continue  sa  lecture  sur  le  Concile  de  Nicée  d'après 
les  textes  <  optes. 

Sur  une  observation  de  M.  Egger,  M.  Revillout  dit  que  le  sym- 
bole de  Nicée,  Itd  qu'on  le  trouve  dans  les  actes,  ne  comprend 
que  la  première  partie  du  symbole  introduit  dans  la  messe  sous 
le  nom  de  symbole  de  Nicée  ctse  termine  à  ces  mots  :  -Ksi  monté 
aux  cieux,  et  nous  croyons  au  Saint-Esprit. s 

Le  symbole  tel  qu'il  est  dans  la  messe  est  postérieur  dans  son 
ensemble  au  concile  de  Nicée,  el  antérieur  au  concile  de  Cons- 
tantinople  appelé  deuxième  concile  œcuménique. 


SEANCE  DL   VENDREDI    10  JUILLET. 


Le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  la  première 
partie  du  tome  XXVIII  de  ses  Mémoires,  volume  qui  contient  des 
mémoires  de  MM.  Jourdain.  Ldmond  Le  Blanl .  Y  de  Wailly, 
Th.  11.  Martin  et  F.  de  Lasteyrie. 

M.  L.  Reniée  présente  à  l'Académie  l'estampage  d'une  inscrip- 
tion découverte  par  M.  de  Villefosse,  dans  le  cimetière  Israélite 
de  la  ville  du  Kef  (l'ancienne  Sicca  Veneria  de  l'Afrique  procon- 
sulaire).  Cette  inscription  est  grecque,  à  L'exception  de  la  pre- 
mière  ligne  qui  esl  formée  des  initiales  des  trois  mots  latins  Dits 
Manibus  sacrum;  en  voici  le  texte: 


\  .■•!    .m-,   I.ihimi  KICiTIONS,   ri     If. 

16. 


—  200  — 

D  M  S 

r-  niNNION  ioy 
ITON  BOYAEY 
THN  AMAZTPI 
ANONNOMIKoN 
IYNKA0EAPON 
M • OYAHIOYAPA 
BIANOYANOYn 
A <D PI  KHZ  ZHIAN 
TA  ETH  Kl 
NEIKHOOPOX 
0        OPEnTOZ 


-  est-à-dire 


Consacré  aux  Dieux  Mânes;  ;i  Caius  Pinnius  Justus,  sénateur  d'Amas 
Lris,  jurisconsulte,  assesseur  de  Marcus  I  Ipius    Lrabianus,  proconsul 
d'Afrique,  morl  à  l'âge  de  37  ans,  \icephore,  son  esclave  (verna), 

-•On  s;iii  que,  dans  l'empire  romain,  les  gouverneurs  <l<*s  pro- 
\  inces  joignaient  ;i  leurs  fonctions  administratives  des  attributions 
judiciaires  très-étendues.  Ils  \  rendaient  la  justice  en  dernier 
ressort,  comme  le  faisaient  les  préteurs  à  Rome,  H  avaient,  de 
même  que  ceux-ci .  un  conseil  ou  tribunal  d'après  les  ;n  i^  duquel 
ils  prononçaient  leurs  décisions.  Cette  inscription  nous  fait  con- 
naître un  des  membres  du  conseil  du  proconsul  d'Afrique.  Mais 
"ii  se  demande  pourquoi  ce  personnage  ;i  été  choisi  parmi  les 
dateurs  d  une  ville  de  Paphlagonie,  qui  devait  avoir  bien  peu 
de  rapports  avec  l'Afrique. 

•■  !  ne  inscription  trouvée  dans  celle  même  ville  d'Amastris,  et 
qui  ;i  été  publiée  dans  le  Corpus  inscriptionum  graecarum ,  n°  4i5i, 
nous  donne  l'explication  de  ce  fait.  Cette  inscription,  qui  a  été 

vée  eu  1  iîfi  de  notre  ère,  se  lisail  sur  le  piédestal  d'une  statue 
élevée  à  /  Ipius  [rabianus,  qui  avail  déjà  été  consul  el  venail  d'être 
nommé  gouverneur  de  la  Palestine.  <>n  peul  en  conclure  que  ce 
personnage  <:i.iii  originaire  de  celle  ville,  el  l'on  s'explique  alors 
comment  il  avail  pu  en  tirer  un  de  ses  assesseurs.  I  ne  conséquence 
plus  importante  qu'on  est  en  droit  de  tirer  de  ces  faits,  c'esl  que 
assp  des  gouvprneurs  de  province  étaient  nommés  par  eux. 


201  — 

itOnne  savaitpasqu'f/?p««j4rflAtantMeû1  été  procoDsul  d'Afrique. 
L'inscription  de  Sicca,qui  nous  l'apprend,  comble  ainsi  une  lacune 
dans  la  liste  de  ces  magistrats,  el  de  l'inscription  d'Amastris  on 
peul  conclure  que  le  personnage  donl  il  s'agil  exerça  ces  hautes 
fonctions  vers  l'an   ià6  de  notre  ère.n 

.\l.  Renan  lit  une  lettre  dp  \i.  Clermont-Ganneau,  rendaul 
compte  de  ses  dernières  découvertes,  surtoul  épigraphiques,  el 
en  particulier  de  la  découverte  qu'il  a  faite,  près  de  l'endroit  où 
il  plaçait  par  conjecture  le  sile  de  l'anlique  Gézer,  (l'une  inscrip- 
tion ainsi  conçue  : 

aakio  -m  onn 

M.  Clermont-Ganneau  lit  la  partie  hébraïque  tu  mnn  limite 
de  (  el   \    voit  l'indication  soil  tic  la  limite  de  la  ville  i';\i 

tique  de  refuge,  soit  plutôt  la  détermination  de  ôSbs  traSQirov, 
l'espace  qu'il  étail  permis  de  parcourir  le  jour  du  sabbat.  Les 
cinq  lettres  grecques  restenl  une  énigme.  L'inscription  parait  de 
l'époque  asmonéenne  ou  de  l'époque  hérodienne. 

M.  Debenboi  rg  ne  croil  pas  non  plus  qu'à  l'époque  de  cette 
inscription  il  pûl  être  question  encore  de  ville  de  relu;;!'. 

M.  Eogeb  dit  qu'un  certain  nombre  <le  textes  pourraient  être 
rapprochés  de  cette  inscription  :  des  opo*  qui  étaient  établis  dans 
le  port  d'Athènes,  des  6 pot  hypothécaires,  des  &pot  sacrés;  on 
pourrait  trouver  aussi  des  opot  T£(xévov5,  limites  du  lieu  sacré  où 
se  terminait  le  droit  d'asile. 

M.  Revillout  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  le  Concile 
de  Nicée  diaprés  les  textes  contes. 

M.  Joseph  llaléw  commence  la  lecture  d'observations  critiques 
sur  les  pr(  tendus  Touraniens  de  la  Babylonie. 


SEANCE  DU  YKNDHKDI    ly    JUILLET. 


M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
les  manuscrits  98,  196  el   3ûg  de  la  bibliothèque  de  Toulouse, 


—  202  — 

demandés  pour  la  Commission  chargée  de  continuer  la  publication 
du  Recueil  des  historiens  <lo  France. 

"\1.  le  Ministre  transmet  à  l'Académie,  delà  part  de  M.  Albert 
Dumonl .  directeur  de  la  succursale  de  l'Ecole  d  Athènes  à  Rome, 
un   mémoire  de  M.  Mûntz  sur   les  Mosaïques  chrétiennes  d'Italû 
Renvoi  à  la  Commission  de  l'Ecole  d'Athènes. 

M.  le  Ministre  adresse  a  L'Académie  la  copie  de  la  lettre  ci- 
jointe  de  M.  Emile  Burnouf,  relative  aux  fouilles  en  cours  d'exé- 
cution à  Athènes  : 

Monsieur  le  Minisln 

Le  déblayement  dans  l'intérieur  du  bastion  d'Odyssée  est  entièrement 
terminé.  L'escalier  de  Pan  est  à  ciel  ouvert  sur  toute  la  longueur  comprise 
dans  ce  bastion.  J'ai  démoli  la  voûte  qui  le  couvraitet  la  paroi  adossée  au 
rocher  de  I'  acropole.  De  l'autre  paroi,  je  n'ai  laissé  que  ce  qui  tient  à  la 
maçonnerie  du  bastion;  j'ai  enlevé  toutes  les  parties  qui  u'étaient  qu  un 
revêtement.  On  peut  maintenant  parcourir  librement  cinquante  el  uni 
marches  de  l'escalier  et  se  rendre  compte  de  sa  disposition  dans  lesan- 
fractuosités  du  rocher. 

Comme  je  l'ai  signalé  dans  une  précédente  lettre,  le  bastion  d  (  Idyssée 
s'appuie,  au  sud,  coude  le  mur  d'un  bastion  antique,  situé  juste  au-des 
sous  de  la  Pinacothèque  et  du  piédestal  d'Agrippa.  Ce  bastion  est  plus 
ancien  que  le  piédestal,  puisqu'il  passe  au-deasous  el  lui  sert  de  point 
d'appui.  L'escalier  de  Pan  traverse  le  mur  de  ce  bastion  antique  à  l'en- 
droil  de  sa  jonction  avec  le  rocher  :  c'est  là  une  des  entrées  vraies  et  au- 
thentiques de  l'Acropole;  elle  consiste  en  un  simple  trou  laisse  dans  un 
mur,  ei  n'a  rien  d'analogue  au  prétendu  escalier  monumental  déblayé 
par  feu  M.  Beulé. 

Quand  non-  aurons  les  fonds  nécessaires,  nous  rechercherons  l'autre 
montée  qui  passait  au  point  opposé,  sous  le  bastion  de  la  \  i<  toire  Aptère. 
S'il  était  possible  de  disposer  de  i6à  30,000  lianes,  toute  la  partie  an- 
térieure de  l'Acropole,  qui  est  de  beaucoup  lapins  intéressante  pour 
l'histoire .  reparaîtrait  au  jour. 

Le  travail  étant  terminée  l'intérieur  du  bastion  d'Odyssée,  j'ai  porté 
mes  ouvriers  à  l'extérieur,  au  pied  de  ce  môme  bastion,  droit  au-des 
ie  la  grotte  de  Pan.  Là,  <\r\t\  recherche-,  complémentaires  me  restent  à 
exécuter:  1    je  dois  examiner  si  l'escalier  ne  se  continue  pas  audehors, 
el    .j|  je  continue,  je  dois  en  poursuivre  le  déblayemenl  jusqu  à  sa  pre  ■ 


—  203  — 

mière  marche;  aDje  dois  rendre  accessible  la  source  Clepsydre,  el  décou- 
vrir, s'il  existe  encore,  l'appareil  distributeur  des  eaux  qui  portait  pro- 
prement le  iiDin  de  k/£\£/u5pa. 

Ces  travaux  ne  seront,  je  l'espère,  ni  Innjjs  ni  coûteux,  cl  n'absor- 
beront pas  plus  de  5oo  IVancs.  Conduisant  moi-même  les  travaux  avec  de 
simples  ouvriers  et  n'ayant  recours  à  personne  pour  les  plans  et  les  des- 
sins, j'arrive  au  dernier  d<';;iv  possible  d'économie. 

A  mesure  < j n<-  1rs  travaux  s'exécutent .  je  tinsse  les  plans  et  je  fais  des 
dessins  exacts  de  l'étal  des  lieux.  Jeu  ai  déjà  un  certain  nombre  que  je 
transmettrai  (mis  ensemble  à  l'Académie.  Ils  seront  accompagnés  des 
dessins  de  plusieurs  objets  de  sculpture  el  des  estampages  des  inscriptions 
qui  ont  été  trouvées  ou  qui  le  seront  dans  le  cours  du  déblayement. .  .  . 

M.  de  Sainte-Marie  adresse  à  L'Académie  l'estampage  qu'il 
avail  précédemment  annoncé,  d'une  inscription  romaine  trouvée 
à  Zaghouan,  ainsi  que  l'estampage  d'une  inscription  de  même 
nature  conservée  à  la  maison  du  consulat  de  France,  à  la 
.M  ai  sa. 

M.  L.  l(KMi:n.  après  en  avoir  pris  connaissance,  dit  que  les 
inscriptions  dont  il  s'agit  sont  inédiles,  et  il  en  donne  la  lecture 
suivante  : 

INSCRIPTION    DE  ZAGHOTJAN. 

MEGATIAE-VICTORIAE 
CONIVGI    •    INCOM 
PARABILI  •  L  •  STLA 
NIVS    •    CRESCEN3 
FL   •   P   •   P  -   POSVIT 
L-D-DD 

MegatiaeVictoriae,coniugiincomparabili,  L(ucius)  Stlanius  Crescens, 
il  amen)  p(er)p(etnus),  posuit  l(oco)  d(ato)  d(ecurionum)  d(ecreto). 

«  Cette  inscription  ne  nous  fait  pas  connaître  le  nom  antique 
de  la  ville  de  Zagbouan ,  mais  elle  prouve  du  moins  que  cetle 
ville  était  une  colonie  ou  un  municipe.  L'Académie  sait  que  c'est  à 
Zagbouan  que  commence  le  grand  aqueduc  qui  fournissait  l'eau 
à  Carlhage. 


—  204  — 


l\-<  l'.ll'l  [ON    DE  LA   H  USA. 

MANIBVS    •    SACRVM 

RVFRIVS  •  D  •  F  •  OVF  ■  ADI VTOR 
MEDIOLANI  ■  MIL  •  COH  •  XIII 
VRB  •  )  •  PVBLILI  ■  MIL  •  AN  .  XV 
VI  XIT    •    ANNIS    ■    XXXX- 

HIC-S1TVS-EST 

CVRA   •  T   •  NEP1   ■   VELOCIS 

HEREDIS-EIVS 

lu-dessous  de  cette  inscription   un   luist"   en  bas-relief,  dans  une  couronne  de 

ïeiiill.i 

Manibus  Sacrum. 

.  .  .  .Rufrius,  l>  ecimi)  I"  ilius),  '  >uf(entina  tribu),  Adjutor,  Mediolàni 
mil(es)  coh(ortis)  sin  l  rb(anae),  centuria  Publicii,  mil(itavit)  an(nis)  sv, 
\i.\il  annis  xxxx.  Hic  situs  est.  Cura  T(iti)  Nepii  Velocis,  berediseius. 

rr Cette  Inscription  est,  od  le  voit,  l'épitaphe  d'un  soldai  de  la 
xme  cohorte  urbaine,  originaire  <!»'  Milan,  el  décédé  en  Afrique 
après  quinze  années  de  service,  plusieurs  années  par  conséquent 
avant  d'avoir  obtenu  son  congé.  « 

M.  L.  Renier  annonce  ensuite  à  I  académie  que  la  Commission 
des  missions  scientifiques  el  littéraires,  «pii  a  tenu  séance  la 
veille  i  6  juillet,  ;i  m  communication  «  I  «  *  documents  adressés  à 
M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  par  M.  l'abbé  Duchesne, 
élève  <!'■  l'Ecole  pratique  des  hautes  études,  en  mission  à  Rome. 

Ces  documents  consistenl  en  près  de  cenl  quarante  inscriptions 
grecques  inédites,  donl  la  démolition  des  remparts  de  Salonique 
a  amené  la  découverte ,  el  qui  ont  été  copiées  avec  beaucoup  de 

soin  par  M.  Duchesne,   el  en  un  certaii mbre  de  fragments 

copiés  dans  les  manuscrits  du  monl  Alhos.  Ces  fragments  formenl 
un  ensemble  de  plus, de  cenl  vingl  pages  in-'r  el  sonl  accompa- 
gnés de  fat  des  manuscrits  «I  où  il-  sonl  tirés. 

Enfin  .  à  ces  documents  esl  joinl  un  long  el  intéressant  nié 


moi i-e  de  M.  Bayet,  sur  des  monuments  de  Satonique  apparie 
liant  à  l'époque  byzantine,  mémoire  <] n i  est  accompagné  de  pho 
Lographies  des  monuments  qui  \  sonl  décrits. 

A  la  >n it<-  de  <•<■! (<■  communication,  M.  Miller  rappelle  qu'il  \ 
a  ili\  ans,  quand  il  est  allé  à  Salonique,  il  a  t'ait  le  tour  de  la 
ville  et  a  pu  constater  les  nombreuses  inscriptions  el  les  fragments 
de  sculptures  qui  >  \  trouvaient  enchâssés.  Il  s'était  entendu  avec 
le  consul  de  France  pour  faire  en  sorte  que  la  France  reçût  sa 
part  de  ces  restes  antiques,  lorsque  la  démolition  des  murailles, 
donl  il  étail  déjà  question,  les  rendrai!  disponibles.  Mais  les 
choses  ne  vont  pas  vite  en  Turquie ,  et  c'est  seulemenl  aujourd'hui 
que  l'opération,  décidée  alors,  commence  à  s'effectuer. 

M.  Derenboi.ro  t'ait  une  communicatiou  sur  tes  inscriptions 
phéniciennes  <>ù  il  est  question  de  la  statue  de  Malacba'al1. 


SÉANCE    DD   AKNDREDI    ik   JUILLET. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  l'Académie 
un  mémoire  de  M.  Collignon,  membre  de  l'Ecole  d'Athènes,  inti- 
tulé  :  Catalogue  raisonné  ei  explication  théorique  des  monuments  grecs 
vt  romains  qui  représentent  Psyché. 

Ce  mémoire  est  renvoyé  à  la  Commission  de  l'Ecole  d'Athènes. 

M.  le  Ministre  annonce  en  même  t«Mii|)->  le  prochain  envoi  d'un 
mémoire  de  M.  Blocb .  également  de  l'École  d1  Athènes,  qui  a  pour 
titre  :  Becherche8  sur  le  texte,  la  date  et  le  sens  de  la  loi  Ovinia. 

M.  de  Longpérier,  raj ij >< t il i ■  1 1 r  de  la  Commission  des  antiquités 
nationales,  fait  connaître  les  décisions  de  celle  Commission  sur 
le  concour.-  de  cette  année. 

La  Commission,  dit-il,  dans  sa  séance  d'aujourd'hui  a  décerné  : 
J.a  première  médaille  à  l'ouvrage  inscrit  sons  le  n"  -.  Les  inscriptions 
antiques  et  du  moyen  âge  de   I  ienne  (en  Dauphiné),   reproduites  en  fac- 
similé  par  M.  Aflmer    ■>  vol.  in-8".  avec  atlas). 

\  "Il    aux   COMHI  M<  ITIOSS     il    III. 


206  — 

La  deuxième  médaille  à  l'ouvrage  inscrit  sous  le  n"  36.  Architeetun 
romane  du  midi  de  la  France  par  M.  Henri  Revoil  (  3  vol.  in-folio). 

La  troisième  médaille  à  l'ouvrage  inscrit  sous  le  n°  10.  Dictionnaire 
historiqu  raphique  et  biographique  de  Maine-et-Loire,  par  M.  Cétes- 

lin  Port  il  vol.  in-8°). 

La  Commission  a  aussi  décerné  des  mentions  honorables  aux  ouvrages 
inscrits  sous  les  numéros  ci-après  : 

V  3o.  Les  anciennes  bibliothèques  de  Paris,  églises,  monastères,  etc., 
par  M.  Alfred  Franklin  (3  vol.  in-4°). 

V  ai.  Topographie  historique  du  département  de  l'Ain,  par  M.  Guigue 
<  i  vol.  iu-'i°). 

N°  <).  Le  théâtre  de  Vesontioet  le  square  archéologique  de  Besançon,  par 
M.  Auguste  Gastao   l  broch.  in-8°). 

.V  5.  Histoire  de  l'ancien  écèclté-comté  de  Lisieux,  par  M.  de  Forme- 
lle i  a  vol.  in-8°). 

N°  19.  I.  La  première  expédition  de  Jeanne  d'Arc,  Blois,  Crécy,  Or- 
léans, 21,  28,  29  avril  iâ29  (  1  vol  in-8°).  II.  La  salle  des  thèse*  de  l'U- 
niversité d'Orléans  (1  vol.  in-8°),  par  M.  Boucher  de  Molandon. 

V  3.  Calixte  11.  Étude  sur  les  actes  de  ce  pape,  par  M.  Ulysse  Robert 
1  vol.  in-8°). 

Le  Président,  au  nom  de  l'Académie,  donne  acte  à  la  Commis- 
sion des  conclusions  de  son  rapport. 

\i.  m  Longpérier  l'ail  la  communication  suivante  : 

••.l'ai  reçu  aujourd'hui  même  une  lettre  de  M.  Antoine  de  Ville 
fosse,  datée  de  Constantine,  le  l8  juillet,  e1  accompagnée  de 
photographies  représentai  un  objel  antique  d'un  si  haut  intérêt 
que  je  crois  devoir  en  faire  à  l'Académie  communication  immé- 
diate. 

rrVoici  d'abord  la  lettre:  «Permettez-moi  de  vous  adresser  la 
ir photographie  d'un  monument  don!  la  provenance  el  le  caractère 
(toffrenl  un  intérêl  toul  particulier.il  a  été  découvert  à  Carthage 
rtdans  les  citernes  de  la  Sfalqâ,  el  appartient  à  M.  \  illedou,  vice- 
■rconsul  de  France  à  Sousa  (Tunisie).  C'est  un  masque  de  terre 
ircuite  peint  en  rouge.  La  couleur  esl  enlevée  en  quelques  endroits, 
ffce  qui  permet  d'en  constater  l'épaisseur;  elle  s'écaille  facile- 
irment.  Les  cheveux,  qui  retombenl  en  larges  nattes  le  long  du 
tcou,   Boni   peints  en   noir  ainsi   que   les  sourcils.  Les  oreille- 


—  207  — 

ees  chacune  de  six  trous,  trois  ou  haut,  trois  en  bas. 
*  Ils  servaient  probablement  à  suspendre  des  pendants  ou  d'autres 
irornements.il  n'en  était  pas  de  même  des  autres  trous,  beaucoup 
••plus  grands,  qu'on  observe  autour  «lu  masque  et  qui  sont  au 
ir  nombre  de  sepl  :  trois  à  la  partie  supérieure  de  la  tête,  un  au- 
cr dessus  el  un  au-dessous  de  chaque  oreille;  ils  étaient  destinés 
-à  fixer  le  masque.  11  me  semble  <|u"il  faul  \  \<>ir  un  masque 
t funéraire  plutôt  que  l'image  d'une  divinité;  en  tous  cas,  le  ca- 
itractèrede  la  figure  est  très-particulier  et  se  rapproche  beaucoup 
tedes  types  du  tombeau  corinthien  dont  \<»us  ave/  donné  une  si 
rr excellente  reproduction  dans  voire  Musée  Napoléon  III.  La  hau- 
trteur  de  cette  terre  cuite  esl  de  om,i9  et  la  plus  grande  largeur 
ftest  de  om,i3;  ce  ne  sont  pas  tout  à  fait  les  dimensions  de  la 
"ligure  humaine.  La  photographie  ci-jointe  a  été  faite  par  mon 
rr  compagnon  de  voyage,  M.  de  Laurière.w 

-  Les  mesures  indiquées  par  \I.  de  Villefosse  me  paraissent  cons- 
tituer un  obstacle  assez  grave  à  la  classification  de  cette  terre  cuite 
parmi  les  masques  funéraires,  genre  de  monuments,  du  reste, 
très-connus  dans  les  collections  d'antiquités,  mais  dont  les  dimen- 
sions sont  ordinairement  plus  grandes.  Si  Ton  déduit,  en  effet, 
la  hauteur  du  cou  des  om,io  donnés,  il  resterait  à  peine  o'".i  5  pour 
la  portion  qui  aurait  du  servir  à  recouvrir  la  tète  du  mort:  et  celte 
dimension  est  insuffisante.  D'un  autre  coté,  nous  connaissons  des 
masques  soit  en  métal,  soit  en  terre  cuite,  qui  représentent  des 
divinités. 

crMais  ce  qui  est  incontestable,  c'est  que  nous  nous  trouvons, 
pour  la  première  lois,  en  présence  d'un  monument  de  ronde-bosse 
appartenant  à  l'art  carthaginois  de  la  haute  antiquité.  Quelques 
petites  images  gravées  en  tête  de  stèles  d'une  époque  relativement 
récente  ne  pouvaient  nous  en  donner  une  idée.  Comme  il  élaii 
facile  de  le  prévoir,  du  reste,  ce  spécimen  de  l'art  carthaginois 
offre  tous  les  caractères  de  l'art  phénicien  des  hautes  époques. 
Nous  comparons  d'abord  ce  masque  aux  têtes  que  les  pierres  gra- 
vées phéniciennes  et  juives  nous  présentent ,  dans  des  proportions 
presque  microscopiques,  mais  cependant  très-appréciables.  Le 
rapprochement    s'établit  encore  mieux   avec    celles   des  grande 


_  208  — 

sculptures  cypriotes  que,  dans  le  classemenl  de  ces  monuments, 
nous  avons  attribuées  à  la  période  phénicienne,  précédant  les  pé- 
riodes ou  l'influence  des  ,\ss\  riens,  dv*  K(<;-\  piiens  ei  des  Grecs 
s'est  l'ail  tour  à  tour  sentir  dans  l'art  de  celle  lie  de  Cypre,  con- 
quise ou  colonisée  par  tanl  de  peuples. 

«Je  mets  ici  en  regard  de  la  photographie  exécutée  par  M.  de 
Laurière  relies  de  <1*mix  sculptures  n  priotes  recueillies  par  M.  Ces- 
nola.  On  pourrai!  trouver  dés  analogues  encore  plus  marqués; 
je  prends  ce  que  j'ai  sous  la  main.  Ouanl  à  la  coloration  du  vi- 
sage en  rouge,  elle  existe  non  pas  seulement  dans  les  figures  du 
grand  tombeau  corinthien  de  Ceri,  que  M.  de  Villefosse  rappelle 
si  justement .  mais  encore  dans  d'autres  sculptures  de  travail  asia- 
tique. Je  me  contente  de  rappeler  ici  celle  curieuse  tête  peinte 
en  rouge  avec  chevelure  noire  que  notre  regretté  confrère  Charles 
Texier  avait  achetée  près  d'Edesse  en  Mésopotamie,  non  loin  de 
la  rive  gauche  de  l'Euphrate,  qu'il  avail  donnée  à  Berger  de  \i- 
vrey,  el  qui,  léguée  à  mon  excellent  ami  Brunet  de  Presle,  a  été 
donnée  finalement  par  lui  au  musée  du  Louvre  en  186  U.  Je  l'ai  pu- 
bliée dans  le  Musée  Sapolêon  Jl  I .  pi.  \  1. 1  a  simple  masque  de  terre 

cuite  m- peut  pas  donner  i idée  complète  de  l'art  carthaginois, 

si  ou  l'envisage  isolément;  mais  si  nous  le  comparons  aux  terres 
cuites  delà  Phénicie,  nous  reconnaîtrons  une  analogie ,  nue  simi- 
litude de  travail  qui  nous  suffira,  pour  attribuer  aux  monuments 

(le   pierre,  de  marbre,    de   liroii/.c  exécutes  ;'i  <  !;i  ri  luijre  .  le  shle  des 

monuments  de  même  matière  que  les  Sémites  nous  uni   laiss 
Voilà  pourquoi   l'envoi  de  M.  Villefosse  esl  si  curieux  el  si  ins- 
tructif.  Lorsqu'on    fouillera    la   Tunisie,  on   y  découvrira  bien 
d  autres  monuments  carthaginois  des  anciennes  époques;    nuis 
aujourd'hui  que  ces  conquêtes  scientifiques  ne  Boni  pas  encore 
réalisées,  nous  ne  pouvons  nous  défendre,  à  la  vuedecel  échan 
tillon  précurseur,  d'éprouver  une  satisfaction  comparable  à  celle 
que  nous  inspirèrent   les   premiers  dessins  de  Botta  envoyés  de 
Vfossoui  .1  \l.  \folil ,  et  dans  lesquels  il  nous  lui  possible  d'entre 
\oir  l'art  niui\ ite.  •• 

M.  Revilloul  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  le  Concilt 
de   Xû  i ,  ,1  après  les  U  des  copt 


—  209  — 

M.  Josepb  Halévj  continue  la  lecture  d'observations  critiques 
sur  les  prétendus  Touraniem  Babylonie. 


SI  W  I.    Dl     \  I.NDHF.DI   3  L    JUILLET. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  a  l'Académie 
trois  estampages  envoyés  de  Tunisie  par  M.  de  Sainte-Marie.  Deux 
de  ces  estampages  représentent  des  inscriptions  acquises  au  Kef; 
le  troisième  est  celui  de  l'inscription  romaine  annoncée  par 
M.  de  Sainte-Marie  dans  une  précédente  lettre. 

Le  Secrétaibe  perpÉtdel  donne  lecture  de  son  rapport  semes- 
triel  sur  les  travaux  de  l'Académie.  Ce  l'apport  sera  imprime'1. 

Le  SfiCBÉTàiRE  perpétuel  a  reçu  de  M.  Virlel  d'Aoust  une  note 
intitulée  :  Description  topographique  et  archéologique  tic  la  Troade, 
note  dont  il  donne  lecture  à  l'Académie2. 

M.  Renan  présente,  de  la  part  de  M.  Amari,  membre  étranger 
de  l'Académie,  les  photographies  de  deux  nouvelles  inscriptions 
puniques  provenant  de  Carlhage,  inscriptions  qui  lui  ont  été 
communiquées  par  M.  Polizzi,  bibliothécaire  de  Trapani.  Elles 
présentent  la  dédicace  ordinaire  à  Tanith  et  Baal-Hammon  ,  dont 
on  possède  déjà  de  nombreux  exemplaires. 

M.  Revillout  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  le  Concile 
de  Sicée  d'après  les  textes  coptes. 

Sont  envoyés  pour  le  concours  (\fs    antiquités  nationales  de 

7  5  : 

î  Renart  le  \ouvel,  roman  satirique  composé  au  zme  siècle,  par 
Jacquemars  Gielée  de  Lille,  précédé  d'une  introduction  historique 
el  illustré  d'un  fac-similé  d'après  le  manuscrit  La  Vallière  de  la 
Bibliothèque  nationale,  par  M.Jules  Moudov  (  i   vol.  in-S°). 

tice  sur  le  rm, .salai  et  V administration  consulaire  d?  iurittac, 
par  M.  Camille  Rivain  (  i  vol.  in-8°). 

Revilloul  continue,  au  nom  de  M.  Halévy,  la  lecture  d'ob 
servations  critiques  sur  les  prétendus  Touraniens  tir  la  Babylonie. 

\  oir  à  la  suite  des  GoHMunicATio  - 
\  oir  ani  Comfirnn  itioks.  n°  IV. 


:.'](» 


SE  IlHCE   Dl    VENDREDI  7    AOI  1. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  envoie  à  l'Académie 
un  mémoire  de  M.  Bloch ,  membre  de  l'Ecole  Française  d'Athènes, 
intitulé  :  Recherches  sur  le  texte,  la  date  et  les  dispositions  de  la  loi 
dite  Ovinia  tribunicia. 

M.  li'  Ministre  transmel  encoreà  l'Académie  une  lettre  adressée 
nu  Secrétaire  perpétuel  par  M.  \.  Dumont,  sur  les  travaux  des 
membres  de  la  succursale  de  l'Ecole  d'Athènes,  à  Home,  ainsi 
qu'une  note,  égalemenl  de  M.  \.  Dumont.  sur  la  mission  scien- 
tifique en  Orienl  de  MM.  l'abbé  Duchesne  el  Bayet. 

Renvoi  à  la  Commission  de  l'Ecole  d'Athènes. 

M.  de  Longpérier,  au  nom  de  la  Commission  du  prix  de  nu- 
mismatique, donne  lecture  du  rapporl  suivant  : 

Il  a  été  déposé,  pour  le  concours  de  numismatique,  un  seul  ouvragi . 
H  esl  intitulé  : 

\umismatique  des  corporations  parisiennes,  métiers,  etc.,  d'après  les 
plombs  historiés  trouvés  <t<nis  lu  Seine  et  recueillis  par  iirthur  Forgeais 
|  1  vol.  in-8°,  187/1)- 

Ce  volume  n'est  pas  dépourvu  d'intérêt;  mais  il  reproduit  les  <loru- 
menls  déjà  publiés  par  le  même  auteurdans  plusieurs  ouvrages,  Dotam- 
menl  dans  bcs  \Ureaua  des  corporations  de  métiers  i  1863)  el  dans  ses 
Variétés  numismatiques  1  1866),  ouvrages  pour  lesquels  M.  Forgeais  a 
reçu  la  seconde  médaille  du  concours  des  antiquités  de  la  France,  'le 
cernée  le  5  •nuit  1 864. 

En  conséquence,  la  Commission  a  pensé,  a  l'unanimité  qu'il  n'y 
avait  pas  lieu  de  décerner  le  prix  en  1  -s 7 'i . 

Le  montant  du  prix  sera  reporté  au  concours  de  1875. 

L'Académie  donne  acte  a  la  Commission  des  conclusions  de 

[mii  I   sur  le  prix  de  relie  année:   j]  sera  Statué  plus  laid  sur 

la  valeur  du  prix  à  décerner  l'an  prochain. 

M.  Maii.  Me  communique  a  I  académie  la  découverte  * f î j  il   a 
m iik-ti  1  faite  a  Karnak  :  c'est  un  pylône  qui  s,,  trouvail  caché 

par  une  m; de  dél  ombl  1 

i  ,   pylône  peut  être  considi  mme  étant  celui  «pie  Thout- 


—  211  — 

mes  III  lit  élever  en  souvenir  de  ses  victoires,  car  chacun  des 
nombreux  personnages  gravés  sur  ee  monument  porte  sur  la  poi- 
trine un  écusson  qui  montre  qu'on  a  voulu  ainsi  représenter  les 
peuples  vaincus  par  Thouthmès  et  les  localités  dont  il  s'était  em- 
paré. Ce  qui  fait  l'importance  de  cette  découverte,  ce  sont  ces 
inscriptions  nombreuses  qui  permettent  de  retrouverles  noms  de 
628  localités  appartenant  à  la  Palestine,  à  la  Syrie,  à  la  Mésopo- 
tamie,au  paysdePount,  au  To-riuter,à  l'Ethiopie  et  à  la  Nubie1. 

L'Académie,  après  avoir  entendu  la  communication  de  M.  Ma- 
riette, considérant  le>  importants  résultais  des  recherches  opérées 
par  ordre  <l"  S.  \.  le  Khédive,  décide,  sur  la  proposition  de  son 
bureau,  que  l'expression  de  sa  reconnaissance  pour  tant  de  grands 
services  rendus  aux  sciences  de  l'antiquité  sera  transmise  à  S.  A. 
le  Khédive  par  le  Secrétaire  perpétuel,  et  consignée  au  procès- 
verbal. 

M.  Dklochf..  au  nom  de  la  Commission  du  prix  Bordin  (année 
1  87/1),  fait  le  rapport  suivant  : 

La  question  proposée  était  :  Faire  connaître  les  vies  des  saints  et  les 
collections  de  miracles  publiées  ou  inédites  qui  peuvent  fournir  des  documents 
pour  l'histoire  de  la  Gaule  sous  les  Mérovingiens.  Déterminer  à  quelles 
dates  elles  ont  été  composées. 

I  11  seul  ouvrage  a  été  envoyé  au  concours;  il  est  l'ait  sans  méthode 
et  sans  critique,  par  un  auteur  qui  n'est  évidemment  point  préparé  à 
des  travaux  d'érudition;  il  s'est  borné  à  traduire  par  extraits  ou  à  ana- 
lyser  les  vies  publiées  par  les  Bollandistes;  il  ne  recourt  jamais  aux  ma- 
nuscrits, ne  contrôle  jamais  le  degré  d'exactitude  du  récit.  Il  accepte 
comme  sincères  des  diplômes  notoirement  faux  ou  fortement  interpolés, 
et  il  en  fait  la  base  de  son  étude.  Parfois  il  reproduit  des  vies  composées 
par  des  modernes,  par  Mariana,  Benschenius,  etc.  fm  résumé,  le  travail 
présenté  ne  répond  point  au  programme  et  ne  fournit  aucune  lumière, 
aucun  renseignement  utile  pour  l'histoire  de  la  période  mérovingienne. 

La  Commission  est  donc  d'avis,  à  l'unanimité,  qu'il  n'y  a  point  lieu 
d'accorder  cette  année  le  prix  Bordin. 

L'Académie  donne  acte  à  la  Commis-ion  di     conclusions  de 

1  rapport. 

'  Voir  aux  Communications,  h   \. 


2 1 2  

M.  Mjllkr  explique  el  restitue  une  inscription  grecque  décou 
nie  à  Kars  el-Kébir  (l'ancien  Oppidum  novum  du  Maroc),  ius- 
cription  communiquée  par  M.  Tissot,  noire  ministre  plénipoten- 
tiaire. 

M.  de  Longpéribb  a  la  parole  pour  une  communication  relative 
à  des  inscriptions  antiques  trouvées  à  Chalon-sur-Saône  : 

•Noire  savanl  correspondant,  M.  Chabas,  m'a  signalé,  dit-il, 
la  découverte  de  deux  inscriptions  qui  oui  été  trouvées  dans  la 
ville  qu'il  habite.  Voici  dans  quelles  circonstances  : 

••Les  travaux  exécutés  pour  les  besoins  de  la  distribution  d'eau 
oui  l'ail  retrouver,  près  de  la  place  de  Beaune,  toul  le  système 
de  pavage  de  la  porte  et  des  abords  de  l'antique  cité.  Les  ornières 

creusées  dans  les  <: mes  dalles  qui  formenl  ce  pavage  ont  ai- 

tiré  vivemenl  la  curiosité  des  habitants  de  Chalon.  Ce  pavage  est, 
du  reste,  étudié  par  M.  .1.  Chevrier,  vice-président  de  la  Société 
d'histoire  el  d'archéologie:  ce  savanl  a  relevé  sur  deux  des  grands 
blocs  de  pierre,  jetés  fort  heureusemenl  la  face  en  dessous,  les 
inscriptions  que  voici  : 


AVG  SACR 
DEO   MER.CV 

RIO 

SEX  .  OR.GIVS 

SVAVIS 

D  .S  .  P  .  D 

L  .  D  .  EX  .  D  .  PAG 


AVG . SACR 

DEO 

HERCVLI 

SEX  .  ORGIVS 

SVAVIS 

D  .  S  .  P     D 

L  .  D  .  EX  .  D  .  PAG 


ttLa  lecture  de  ces  inscriptions  intéressantes  n'offre  pas  de  dif- 
liciili 

-M.  Chevrier  a  cherché  diverses  interprétations  pour  la  der- 
nière ligne,  el  la  première  qu'il  présente  loco  <l<iu>  r.r  dono  paga- 
norutn,  lui  parail  avoir  d  roi  I  a  la  préférence.  Mais  il  faut  se  rap 
pelei   que  la  formule  locus  dattu  décréta  paganorum  ;i  été  adopté* 


—  213  — 

par  Hagenbuch,  Orelli,  Henzen,  expliquant  une  inscription  de 
Dijon  publiée  au  \\\\"  siècle  par  Reinesius. 

I  .  O  .  M 
ET  FOR.TVNAE  R.EDVCI 


L  .  D  .  D  .  PA 


-M.  Mommsen  explique  la  formule  D  .  PAG  .  S,  qui  se  voit  au 
lias  d'une  inscription  de  Sessante  (royaume  de  Naples),  par  de 
pagi  sententia;  AI.  de  Boissieu  a  publié  aussi  une  inscription  de 
Lyon  qui  offre  la  formule  L  .  DD  .  PAGI  COND  (Locus  datas 
decrelo  pa°i  Condati). 

(rLes  deux  inscriptions  de  Chalon-sur-Saône  appartenant, 
comme  celles  de  Dijon  et  de  Lyon,  à  la  province  Lyonnaise,  pré- 
sentent une  formule  qui  vienl  à  l'appui  de  l'opinion  émise  par 
les  savants  interprètes  que  j'ai  cités;  puisqu'au  lieu  de  la  syllabe 
PA.  qu'on  voyait  dans  l'inscription  de  Dijon,  on  trouve  PAG,  ce 
qui  ne  permet  plus  d'hésiter  entre  la  leçon  de  Reinesius,  Decreto 
patrum,  et  celle  qu'Henzen  a  enregistrée  en  dernier  lieu,  Decreto 
paganorum. 

irQuel  était  ce  lieu  donné  par  les  habitants  du pagus?  Ce  n'était 
vraisemblablement  pas  la  très-petite  place  occupée  par  les  deux 
stèles.  Il  s'agissait  probablement  d'une  palestre  ou  de  quelque 
enceinte  consacrée  à  des  luttes,  et  ceci  expliquerait  la  double  dé- 
dicace à  Mercure  et  à  Hercule1.  Il  sera  peut-être  tort  difficile  de 
déterminer  en  quel  endroil  avaient  été  primitivement  dressées  et 
consacrées  les  deux  stèles.  Mais  les  antiquaires  i\u  pays  découvri- 
ront peut-être  aussi  quelques  restes  de  constructions  dont  les 
dispositions  pourraient  s'accorder  avec  l'idée  d'une  palestre  que 
font  naître  les  textes  géminés  recueillis  dans  le  pavage  antique 
de  Chalon.Ti 

M.  Rbnam  communique  à  l'Académie  un  nouvel  envoi  de 
M.  Clermont-Ganneau,  comprenant  deux  nouvelles  inscriptions 

1  Hercule  et  Mercure  sont  tes  dieux  des  palestres,  des  gymnases,  de  tous  les 
lieux  de  lutte  et  de  concoure 

"•  i5 


—  214  — 

hébraïques  des  environs  de  Gézer.  L'une  n'est  que  la  reproduc- 
tion presque  lettre  pour  lettre  de  l'inscription  déjà  communiquée 
vendredi  dernier.  Dans  la  lettre  lue  à  la  dernière  séance,  M.  Cler- 
mont-Ganneau  exprimai!  la  pensée  que,  si  L'inscription  découverte 
par  lui  était  réellement  une  indication  de  limite,  on  en  trouve- 
rait uni1  répétition  sur  l'une  des  autres  roules  sortant  de  la  ville. 
Cette  conjecture  s'est  véri6ée.  A  i5o  mètres  de  la  première  dé- 
couverte, M.  Ganneau  a  trouvé  un  nouveau  texte  tout  semblable, 
sauf  que,  dans  la  partie  grecque,  au  lieu  de  Alkio,  il  \  a  Alkion. 
Il  n'y  a  donc  plus  guère  de  doute  sur  l'objet  qu  on  s'est  proposé 
dansées  inscriptions  singulières. 

La  troisième  inscription  découverte  par  M.  Ganneau,  non  loin 
des  deux  autre-,  se  compose  de  quatre  lettres.  YL  Ganneau  hésite 
sur  la  lecture.  Il  ne  croit  pas  que  ce  soit  une  limite;  elle  est  hors 
de  l'alignement.  M.  Renan  inclinerait  à  choisir  la  lecture  \etofa, 
nom  de  ville  connu  tt et  non  encore  identifié.?)  C  est  à  M.  Ganneau 
à  voir  sur  place  si  celte  lecture  peut  être  maintenue.  Il  serait,  pos- 
sible que  le  mol  limite  de  eût  été  omis. 

M.  Ganneau  présente  en  outre  la  photographie  d'un  fragment 
de  vase  en  terre  cuite  découvert  dans  la  caverne  de  la  Via  àoh~ 
rusa,  et  presque  identique  à  celui  qui  a  été  transmis  à  l'Académie 

par  M.  de  Wallevillc. 


MB  w  i:    Dl     \  BNDRED1    1  'l     \orr. 

M.  le  Mini-ire  de  l'instruction  publique  transmet  à  l'Aca- 
démie les  épreuves  photographiées  d'un  mémoire  de  M.  Cleiv 
mont-Ganneau  sur  la  Terre-Sainte,  avec  la  reproduction  d'un 
fragment  de  pierre  tombale  où  l'on  \i»it  l'image  d'un  évéque  croisé 
de  Palestine,  contemporain  de  Bainl  Louis.  M.  de  Longpérier  en 
rendra  compte  dans  une  prochaine  séance. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  rede>  ient  publique. 

M.  Révilloul  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  le  Concile  de 
Sirée  rf  après  les  texte*  coptes 


—  215  — 

M.  Ihlrw  continue  el  achève  ses  observations  critiques  sur  les 
prétendus  Tourameru  dé  In  Babylonie  l. 


SB&NCE  DU  VENDREDI   SI    AOl'T. 

M.  li>  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  L'Académie 

trois  fascicules  faisant  suite  au  mémoire  de  MM.  Duchesne  et 
Bayet,  membres  de  l'Ecole  d'Athènes.  Ce  sont  : 

in   Charte  du  monastère  de  Barlaam  aux  Météores  (un fac-similé); 

2°  Documents  inédits  ayant  rapport  aux  relations  du  monastère  de 
Palmos  avec  les  puissances  d'Occident. 

3°  Note  sur  quelques  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  monastère  de 
Patmos  (cinq  fac-similé). 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  l'ait  connaître  à  l'Aca- 
démie qu  il  résulte  d'une  correspondance  échangée  entre  le  Gou- 
vernement belge  et  M.  le  Ministre  des  affaires  étrangères  de 
France,  que  le  manuscrit  de  Bruxelles,  coté  10707,  et  contenant 
les  GtUnùs  Parisiensis  gesta  christicolarum,  est  rentré,  par  suite  de 
nombreuses  détériorations  qu'il  a  subies-,  dans  la  catégorie  de 
ceui  dont  le  prêt  au  dehors  ne  saurait  être  autorisé. 

Ce  manuscrit  avait  été  demandé  en  communication  au  nom  de 
la  Commission  chargée  de  publier  les  Historiens  occidentaux  des 
croisades. 

M.  Robiou  lit  un  second  mémoire  sur  Apollon  dans  la  doctrine 
des  mystères. 

M.  Chodzkiewicz  lit  un  mémoire  sur  l'interprétation  du  cen- 
tième vers  de  la  comédie  d"  Aristophane  intitulée  :  Les  Acharniens. 

M.  Revillout  continue  la  lecture  de  son  mémoire  sur  le  Concile 
de  Nicée  (Caprès  les  textes  copi 

•  i      m]    CoKMI  1ICJ  IWNS,   li     \  I. 


10 


216 


SÉANCE  m    \  BNDBEDI   9.8  AOÎ  I 


I.  académie  se  forme  eu  comité  secret. 
La  séance  redevient  publique. 

\I.   Robiou  achève  la    lecture   <le  son   second    mémoire   sm 
ipolîondans  la  doctrine  des  mystères1. 


SÉANCE  DU    VENDREDI  h   SEPTEMBRE. 

M.  Chodzkiewicz  achève  la  lecture  fie  son  mémoire  sur  l'in- 
terprétation iln  centième  vers  «le  la  comédie  d'Aristophane  inli- 
lulée  :  Les  Achamiens  -. 

M.  Egger  demande  à  l'Académie  la  permission  <le  rappeler 
que  M.  Francis  Meunier,  peu  de  mois  avanl  sa  mort,  avait  In  à 
la  Société  philologique,  une  restauration  ancienne  de  ce  même 
vers  d'Aristophane.  Le  mémoire  de  M.  .Meunier  n'a  |»as  été 
ici vé  dans  ses  papiers. 

M.  Guérin  commence  la  lecture  d'un  mémoire  sur  la  Géogra- 
phie de  V ancienne  Palestine ,  contenant  la  description  de  l<i  ville  de 
Beisan,  jadis  Beth-Chéan  <m  Scythopolis, 

I,"  académie  se  Forme  en  comité  secret. 


SÉANCE  Dl     VENDREDI    l  1    SEPTEMBRE. 

M.  le  Ministre  <le  l'instruction  publique  envoie  la  seconde 
partie  «In  mémoire  <le  M.  Mùntz  sur  les  Mosaïques  italiennes  <ln 
m    au  1 1    siècle. 

Renvoi  à  la  Commission  de  I  Ecole  il  Athènes. 

M.  de  Sainte-Marie  envoie  de  Tunis  l'empreinte  de  vingl  ins- 
criptions el  fragments  de  stèles  phénicie s  trouvés  dans  une 


\  (.11    BUS    I    '.MVII   M.    Ml'  i\-.    Il       \  |  |. 

\  nu     iil\   <  loMMI  KICATI  i     \  Il  I. 


—  217  — 

fouille  que  M.  de  Sainte-Marie  a  pratiquée  ;'i  Carthage,  au  bas 
de  la  colonne  de  Byrsa,  entre  le  temple  de  Bal  et  le  théâtre. 

Renvoi  à  la  Commission  des  inscriptions  sémitiques. 

M.  .1.  Catafago  écrit  de  Londres  pour  annoncer  <[ti  i  1  a  décou- 
vert la  date  symbolique  de  la  fondatiou  des  temples  du  Soleil  de 
Balltoc  et  <le  Palmyre. 

M.  dk  Longpbbier,  au  nom  de  M.  Clermont-Ganneau ,  lit  une 
notice  sur  un  fragment  de  pierre  tombale,  contemporaine  de 
saint  Louis,  trouvée  à  Jafifa,  dont  il  a  été  question  à  l'une  des 
précédentes  séances.  M.  de  Longpérier  ajoute  quelques  observa- 
tions à  la  notice  de  M.  Clermont-Ganneau1. 

M.  L'abbé  J.  Corblet  adresse  à  L'Académie,  pour  le  prochain 
concours  des  antiquités  de  la  France,  le  tome  IV  d'un  ouvrage 
intitulé  :  Hagiographie  du  diocèse  d'Amiens. 

M.  Guérin  acbève  la  lecture  destin  mémoire  sur  la  Géographie 
de  T ancienne  I '(destine,  contenant  la  description  de  le  ville  de  Beisan, 
jadis  Beth-Chéan  ou  Scythopolis.  Il  l'ait  une  communication  sur  le 
fleuve  et  la  vallée  du  Jourdain  -. 


SÉANCE   Df   VENDREDI   l8   SEPTEMBRE. 

M.  le  Président  donne  lecture  à  l'Académie  d'une  lettre  ainsi 
conçue: 

Yal-Rielier,  dimaivchc  ,  i3  septembre  i  ^ 7  'i . 

Monsieur  le  Président . 

J'ai  la  douleur  de  vous  annoncer  la  mort  de  mon  père,  qui  s'esl  éteint 
sans  souffrances  hier  soir  à  7  heures  1/2.  Dans  un  écrit  signé  île  lui  et 
daté  du  26  mai  de  cette  année,  j'ai  trouvé  1rs  instructions  suivant 

Désirant  être  enseveli  dans  le  cimetière  de  Saint-Ouen-le-Pin,je  ne  < 
qu'aucune  invitation  soit  adressée  pour  mes  funérailles ,  ni  aucun  discours 
prononcé  .sur  ma  tombe;  je  charge  mes  enfants  de  communiquer  simplement 
ma  mort  à  l'Institut. 

1   Voir  aux  Communications,  11    !\. 
\  oii  ans  Cornu  sicatioss.    .    \  el  XI. 


—  218  — 

J*ai  tenu.  Monsieur  le  Président,  à  accomplir  celle  volonté  de  nain 
père  ru  \inis  l;i  faisant  connaître  sans  retard,  et  en  vous  priant  de  la 
faire  connaître  à  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles-Lettres  en  même 
temps  «pie  le  coup  cruel  dont  nous  venons  d'être  frappés. 

Veuillez  agréer,  Monsieur  le  Président,  l'assurance  de  ma  plus  haute 
considération. 

Signé  :  Guillaume  (!i  izot. 

M.  le  Président  continue  en  ces  termes  : 

rr Cette  lettre  porte  à  la  connaissance  officielle  de  l'Académie 
une  douloureuse  nouvelle  qu'elle  avail  tristemenl  pressentie  de- 
puis plusieurs  semaines,  et  dont  clic  est  déjà  instruite  par  la  lec- 
ture des  feuilles  publiques. 

•Les  intentions  si  formellement  exprimées  par  M.  Guizot 
ne  permettaient  pas  qu'aucune  uùx  s'élevât  sur  sa  tombe  et 
%  in l  rappeler  les  services  qu'il  avail  rendus  à  la  science  el  au 
pays.  Toutefois,  votre  président  n'aurait  pas  cru  répondre  aux 
sentiments  unanimes  de  l'Académie,  s'il  ne  s'était  pas  rendu  au 
\  al-l!i(  lier,  pour  accompagner  les  restes  mortels  de  noire  con- 
frère jusqu'à  sa  dernière  demeure.  L'allluence  qui  se  pressait  dans 
le  cimetière  de  Saint-Ouen-le-Pin  témoignait  plus  haut  que  ne 
l'auraient  l'ail  les  plus  éloquentes  paroles  la  grandeur  de  la  perte 
qui  \ieni  de  frappé?  la  France,  el  les  profonds  regrets  que  celle 
perle  fait  éprouver  au  pays  tout  entier.  Ce  deuil  national  estaussi 
pour  l'Académie  un  deuil  domestique.  M.  Guizot  était  une  de  nos 
gloires;  qous  étions  Gers  de  le  posséder  dans  nos  rangs;  quelque 
chose  de  l'éclal  <|ui  s'attachait  à  son  uom  nous  semblait  rejaillir 
•m  nous.  Un  jour,  je  l'espère,  noire  Secrétaire  perpétuel  racon- 
tera cette  carrière  de  près  d'un  siècle,  si  noblement  partagée  entre 

le  culte  des  Lettres  el  le>  plus  liaules  fonctions  de  I  Etat.  Mais,  dès 

aujourd'hui,  un  premier  hommage  doil  être  rendu  à  cette  grande 
mémoire.  J'ai  l'honneur  de  proposera  l'Académie  que  l'expres- 
sion deses  regrets  unanimes  soil  consignée  au  procès-verbal  de 
cette  séance,  el  transmise  à  la  famille  de  M.  Guizot  par  les  soins 
de  notre  Secrétaire  perpétuel. n 

M     Edmond  I."  Biant  e»\   désigné  pour  lire,  à  la  prochaine 


—  219  — 

séance  trimestrielle,  sa  notice  sur  les  martyrs  chrétiens  et  les  sup- 
plices destructeurs  du  corps. 

M.  II.  Mabtin  lii  en  première  leeture  un  mémoire  sur  la  eos- 
tsmgraphie  populaire  après  V époque  d' Homère  cl  d'Hésiode. 

M.  Guéri n  continue  sa  communication  sur  la  voilée  du  Jourdain. 
11  répond  aux  observations  <|ui  lui  soûl  présentées  par  MM.  Hrunet 
de  Presle,  Maury,  Derenbourg  e1  de  \\;iilly. 

A  l'occasion  du  atalogue  descriptif  du  musée  Fol  à  Genève, 
M.  Eomobd  Le  Blahi  entretient  L'Académie  d'une  marque  de  fa- 
brique inscrite  sur  une  lampe  de  celte  collection1. 


SÉANCE    DU    VENDREDI     2  5    SEPTEMBRE. 

M.  de  Sainte-Marie,  à  la  date  du  1  5  septembre,  annonce  l'envoi 
de  dix-neuf  inscriptions  et  fragments  d'inscriptions  néo-puniques 
récemment  découvertes  par  lui  à  Gartbage,  de  deux  inscriptions  de 
Landeina,  et  d'un  marbre  écusson  provenant  de  Bizerte.  A  la  lettre 
de  M.  de  Sainte-Marie  est  jointe  la  photographie  de  l'inscription 
de  Landeina,  qui  a  été  brisée  dans  le  transport. 

M.  H.  Tauxier,  capitaine  au  7/1°,  à  Evreux,  envoie  à  l'Académie 
un  mémoire  manuscrit,  dans  lequel  il  s'attache  à  démontrer,  con- 
trairement à  l'opinion  de  M.  Roudaire,  que  les  témoignages  d'Hé- 
rodoh  et  de  Scyiax ,  relatifs  à  un  débouché  des  lacs  du  Djerid  dans 
la  mer,  sont  dépourvus  de  toute  valeur. 

M.  César  Daiy,  architecte  du  Gouvernement,  directeur  de  la 
/-  vue  générale  de  l'architecture,  annonce  l'ouverture  d'une  souscrip- 
tion pour  la  continuation  des  fouilles  entreprises  à  l'Acropole 
d'Athènes,  par  M.  Emile  Burnouf. 

Le  mémoire  de  M.  Le  Blant,  qui  avait  été  désigné  pour  être  lu 
à  la  séance  trimestrielle  de  l'Institut,  venant  d'être  publié  dans  la 
l'x-rue  archéologique,  l'Académie  procède  au  choix  d'un  nouveau 
lecteur  pour  celle  séance.  M.  Charles  Robert  est  désigné  pour  lire 
sa  notice  sur  une  médaille  relative  au  siège  de  Metz. 

'     Voir  flUxCoUMUNICATIOKS.   Il'   \ll. 


—  '2'20  — 

M.  Il  i:\hi  Martin  do  une  une  deuxième  lecture  de  son  mémoire 
sur  la  cosmographie  populaire  après  V époque  d'Homère  et  d'Hésiode. 

M.  Siméon  Luce  lit  en  communication  un  mémoire  intitulé  : 
Négociations  des  A  h;;  lais  avec  le  roi  de  Navarre  pend  a  al  la  révolution 
parisienne  tl<]  i358. 

M.  Le  Blant  communique  la  noie  suivante  sur  un  monument 
qu'il  a  récemment  examiné  à  Nyon,  en  Suisse  : 

•  Puisque  j'ai  parlé  d'un  ôbjel  que  je  viens  de  voir  dans  un  voyage 
en  Suisse,  l'Académie  me  permettra  de  placer  sous  ses  yeux  la 
photographie  d'un  monument  d'art  romain  inédit  qui  se  trouve  à 
\\oii.  Le  recueil  le  plus  autorisé  «les  inscriptions  helvétiques  \ 
mentionne  un  marbre  consacré  à  un  flamen  Àugustalis  C.  LVC- 
CONIVS  TETRJCVS,  el  signale,  par  ces  mois  places  en  tête  de  la 
copie, Protome  viri,  la  présence  d'un  buste  que  l'on  pourrait  croire 
appartenir  au  monument.  Il  y  a  là  deux  points  à  rectifier.  Sur 
L'inscription  que  je  suis  allé  voir,  inscription  qui  esl  dans  la  rue 
el  appuyée  au  mur  extérieur  d'un  temple  protestant,  un  buste  esl 
en  ellet  posé,  mais,  comme  le  montre  la  photographie,  il  n'a  rien 
de  commun  avec  la  légende  lapidaire,  et  de  plus,  le  Protome  viri 
est  un  beau  buste  de  femme.» 


221   

COMMUNICATIONS. 

N°  I. 

éMIGRATIOfl    DES  CHANANÉENS  CHASSÏS  J>E  PALESTINE  EN  AFRIQUE 
ET   PARTICULIEREMENT  À  1.EPT1S  OU  EN  TRIPOLITAINE. 

I.    /  ne  vue  d'histoire  générale  dirige  nos  recherches  sur  ce  sujet 
restreint  et  sur  quelques  études  monographiques  au  sujet  de  Leptis. 

Septimc  Sévère  et  Caracalla,  originaires  de  cette  \ille,  en  ont 
gardé  ie  caractère,  les  mœurs  et  le  culte.  D'autre  part  les 
Bassiens  d'Emèse,  Phéniciens  (tô  ysvos  Qotvicraa.,  à-no  Èfiécrou 
èv  Qoivixri)  (Hérodien.  \  ).  s'allièrent  à  cette  branche  punique 
de  leur  dynastie,  en  la  personne  de  Julia  Domna,  épouse  et 
mère  de  ces  princes,  grand'tante  maternelle  d'Elagabale  et 
d  Alexandre  Sévère:  el  cette  union  tendait  aussi  à  réunir  étroi- 
tement le  génie  des  deux  branches  d'une  même  race  comme 
ces  deui  branches  d'une  même  famille,  l'ait  qu'on  remarque 
surtout  dans  l'alliance  du  dieu  Elagale  avec  Céleste ,  déesse 
de  Carthage.  L'unité  singulière  de  ces  deux  rameaux  puni- 
ques et  phéniciens  paraît  dès  les  temps  les  plus  reculés,  sur- 
tout par  L'exemple  de  l'entente  séculaire,  qui  règne  entre  Tyr 
el  Garthage,  républiques  que  leur  commerce*  étendu  à  tout 
le  monde  antique,  aurait  dû  mille  fois  diviser,  tandis  qu'elles 
ne  semblent  former  que  comme  une  seule  maison  commer- 
çante, l'immense  entrepôt  principal  de  L'antiquité.  La  race  de 
Uianaan  conserve  quelque  chose  de  ce  rôle  universel  dans 
l'empire  romain  et  dans  l'Église,  au  commencement  du 
111e  siècle,  de  198  à  •>.'>.">.  époque  où  nous  concentrons  plus 
en  particulier  notre  étude.  C'est  le  temps  de  Tertullien,  de 
l'école  établie  à  Béryte  par  le  Phénicien  Papinien  et  Ulpien 
de  l\i.  d<'  la  plus  violente  el  la  plus  perfide  des  persécutions 


599    


qui  eûl  encore  été  dirigée  contre  la  foi  par  cette  race  phéni- 
cienne, et  de  la  transformation  chrétienne  du  même  peuple, 
au  commencement  tic  la  grande  Kjjlisc  d'Afrique",  quand  elle 
recevait  •■  les  prémices  <lc  l'Esprit.  » 

Outre  cet  intérêt  <lc  monographie  au  point  de  vue  de 
l'histoire  générale,  Leptis  ou,  avec  plus  de  latitude,  la  Tripo- 
litaine  en  offre  un  autre  par  sa  physionomie  originale  très- 
antique,  et  dont  les  linéaments  n'avaient  pas  encore  disparu  au 
xi°  siècle  du  moyen  Age. 

II.  Abordons  la  discussion  des  textes  sur  son  origine  proprement 
chananéenne  par  les  plus  connus,  le  texte  qu'on  attribue  à  Eusèbe  et 
^inscription  rapportée  par  Procope.  Le  premier  (Chron.gr.  liv.  1) 
prouverait  directement  la  fondation  de  Tripoli  par  les  Cha- 
nanéens  fugitifs.  M  ; i  i s  Scaliger  l'a  tiré  du  Syncelle,  qui  in- 
sère dans  la  chronique  d'Eusèbe  des  textes  postérieurs  à  ce 
dernier  historien.  Il  faut  donc  établir  l'émigration  chananéenne 
indirectement,  mais  plus  sûrement,  par  l'inscription  de  Pro- 
cope (Bell.  Vandal.  Il,  10):  témoignage  recommandé  sans 
discussion  par  la  commission  de  l'Académie,  en  1 833-i 835. 

Malgré  les  fautes  de  détail  que  l'on  peut  reprocher  au  récit 
de  Procope,  son  témoignage  même,  <pii  est  oculaire,  se  re- 
commande par  la  véracité  et  la  science.  L'inscription,  en  par- 
ticulier, présente  d'abord  des  preuves  intrinsèques.  1"  A  la  vérité, 
un  ne  peut,  avec  M.  Munie,  tirer  un  argument  de  l'impos- 
sihihté  ou  était  Procope  de  connaître,  d'après  les  livres  saints, 
l'hébraïsme  iirb  'apocrû-nov,  qu'il  reproduit.  L'auteur  byzantin 
paraît  avoir  été  catholique,  el  les  Septante  même  lui  auraient 
d'ailleurs  révélé  cette  forme  hébraïque,  au  moins  dans  L'An- 
cien Testament.  Il  reste  de  cette  preuve  l'observation  du  style 
phénicien  dans  la  langue.  ■•"  Le  style  de  l'architecture  phéni- 
cienne est  aussi  observé  dans  les  deux  stèles,  de  tradition 
imposée.  Enfin  cette  fuite,  dont  le  terme  est  marqué  aui 
dernières   bornes  du  monde,  répond  au  psaume  Easurgat  et 


—  223  — 
dissipentur,   répété   sur   Le   JourdaiD   dans  la   même  langue  : 
harmonie  à  indiquer  en  passant,  plutôt  que  preuve  rigoureuse. 
Passons  à  àespreuves  extrinsèques  plus  scientifiques,  et  à  La 

réponse  aux  objections  :  i°  à  la  négation  de  Mannertsur  tout 
le  récit  et  sur  l'émigration  chananéenne.  Nous  lui  opposons  la 
gravité  des  témoins,  tant  colle  de  Procope  «pie  celle  des  auteurs 
qui  l'appuient,  mais  principalement  l'invraisemblance  de  sa 
propre  thèse  contre  Les  migrations  chananéennes  en  Afrique, 
qui  sont  au  contraire  très-conformes  à  l'histoire  de  la  colo- 
nisation phénicienne,  et  de  l'élément  agricole  de  la  population 
libyphénicienne,  nécessairement  venu  de  la  vallée  du  Jour- 
dain. La  voie  de  mer  était  naturelle  et  semble  rappelée  par 
Le  mythe  d'Antée;  mais  Pémigration  dont  parle  Procope  aurait 
m  heu,  d'après  lui.  par  L'Egypte.  Cette  difficulté  est  levée  par 
la  simultanéité  do  la  domination  des  Hvcsos. 

Procope  s'accorde  avec  les  aurions  historiens,  dans  ses 
témoignages,  quelquefois  peu  vraisemblables  de  primo  abord, 
mais  autorisés  ensuite  par  la  science  et  féconds  pour  le  pro- 
grès historique,  \insi  pour  l'origine  phénicienne  des  Maures, 
on  explique  ce  qui  ne  serait  d'ailleurs  qu'exagéré  dans  son 
eïposé.  D'après  \rnobe  le  jeune,  c'est  à  l'intérieur  el  surtout 
du  côté  de  Tripoli  qu'on  parlait  le  phénicien.  Procope  n'in- 
dique l'élément  chananéen  que  comme  notable  dans  la  po- 
pulation mauresque.  Pomponius  Mêla  donne  une  attestation 
locale  sur  l'existence  de  cet  élément  jusqu'à  Tanger. 

Les  modernes  adhèrent  d'ailleurs  très-généralement  à  l'au- 
thenticité de  l'inscription,  bien  que  la  critique  des  moins  ré- 
cents ne  soit  pas  autant  à  mettre  en  ligne  de  compte,  comme 
quelquefois  arriérée.  On  a  commencé  de  nos  jours  à  confirmer 
ce  témoignage  avec  une  méthode  plus  sûre  et  des  preuves 
plus  fortes.  L'Académie  appuie  aussi  les  éloges  donnés  à  Pro- 
cope. dès  l'antiquité.  La  grande  raison  donnée  à  l'émigration 
agricole  (h\  temps  de  ïosue*  a  été  empruntée  heureusement  a 


—  Tl'\  — 

Movers  par  M.  Lenormant.  Ljoutonsque  la  tribu  chananéenne 
des  tisuaBal  ou  Lewâtah,  près  de  Tripoli,  —  K tSdfirt , —  Cad- 
mus,  etc.  sont  là  aillant  de  souvenirs  chananéens  auprès  de 
Leptis.  Od  s'j  glorifiai!  de  ces  origines ;ProcOpe  put  cire  amené 
par  la  ((inversion  des  Mauri  pacati,  sur  la  frontière,  à  rap- 
procher, comme  eux,  les  souvenirs  bibliques  de  ces  traditions 
et  d'autres  qu'on  verra. 

Gesenius  rejette  l'inscription  par  des  motifs  aussi  mal 
fondés  «pie  ceux  des  commentateurs  de  Mannert,  quoiqu'ils 
aient  Ions  raison  de  ne  pas  prendre  Tigisis  pour  Tanger. 
MM.  Marcus  el  Duesbergne  tirent  qu'un  argument  négatif  du 
silence  des  anciens  ailleurs  chrétiens,  en  particulier  de  saint 
JLugustin,  sur  le  monument  épigraphique  d'une  ville  qu'ils 
connaissaient.  Les  détails  topographiques  mêmes,  que  donnent 
les  commentateurs  de  Mannert.  font  ressortir  la  singulière 
précision  de  ceux  que  fournit  Procopo. 

On  élève  une  dernière  difficulté  sur  son  inscription  à 
pmpos  dumot'iVflw,  qui,  n'étant  pas  hébreu,  ne  serait  pas 
phénicien.  Mais  il  y  a  lieu  d'y  faire  plusieurs  réponses  par 
l'autorité  de  différentes  versions,  par  celle  même  de  l'Ecclé- 
siastique, écrit  originairement  en  hébreu.  Peut-être  était-ce 
la  forme  chananéenne,  recueillie  par  les  Septante  sur  le  lieu 
de  l'ancien  séjour  des  Sémites  d'Egypte  ou  du  passage  des 
Chananéens.  G'esl  encore  la  variante  d'une  chronique  très- 
ancienne  (235,  monumenl  que  nous  produirons  après  l'ins- 
cription traduite  par  Moyse  de  Khoren).  Enfin  l'omission  du 
nom  généalogique  par  L'auteur  arménien  qu'on  va  examiner 
autoriserait  au  besoin  à  croire  que  le  mot  Save  n'appartenait 

pas   non    plus   à   PrOCOpe,  niais  anrail   passé  d'une  olose  dans 

son  récit. 

III.   L'inscription  des  colonnes,   traduite  en  arménien   et  assez 

temblable  à  celle  <!<•  Proeope,  nexistait-eUe  pas  avant  lui,  et  ne 

irnit-elle  vas  des  documents  nouveaux?  Moyse  de  Khoren,  dis- 


—  "225  — 

torien  grave  el  abondamment  renseigné,  n'a  pu  d'ailleurs 
subir  dans  son  texte  d'interpolations  de  passages  entiers. 
Movers  croii  supposé  celui  de  l'inscription;  mais  il  ne  le  connaît 
qu'imparfaitement  ei  ne  Tapas  examiné.  Il  faut  d'abord  com- 
parer les  deux  versions  de  Le  \  aillant  avec  l'original,  dans 
['Histoire  d'Arménie,  el  avec  d'autres  passages  que  renferme 
cette  histoire  sur  les  Chananéens.  Ces  textes  expliquent  l'ad- 
dition du  mot  nos  princes  à  l'inscription,  et  marquent  les 
rapports  des  arméniens  avec  les  Chananéens  d'Afrique  :  rela- 
tions que  l'on  peut  (Tailleurs  induire  d'un  passage  de  Salluste 
(Bclliun  Jugurthin.  c.  xix,  w),  éclairé  par  la  langue  armé- 
nienne, ainsi  que  [tour  le  nom  des  Maures,  tiré  des  Mèdes  : 
-  En  arménien  Mède  se  dit  Mar,  et  de  Mar  à  Maure  il  n'y  a  pas 
loin  -  |  Le  Vaillant  de  FI.).  Les  traducteursde  Moyse  de  khoren 
indiquent,  malgré  une  défiance  mal  fondée,  le  lieu  important 
du  débarquement,  icras,  nom  qui  se  rapporte,  ce  semble,  à 
celui  des  Acrikis  ou  Al'rikis,  Chananéens  voisins  de  Tripoli. 
La  traduction  des  Mekhitaristes  marque  expressément  cette 
descente  en  Inique  et  non  pas  simplement  une  navigation  le 
long  de  ses  côtes,  avant  d'arriver  à  Tharsis,  pays  qui,  d'après 
plusieurs  savants,  désignerait  alors  Cartilage.  De  là,  et  d'après 
les  preuves  déjà  données,  nous  concluons  à  une  première 
station  en  Tripolitaine. 

Mais  il  faut  établir  au  préalable  l'identité  de  Carthage  avec 
Tharsis  à  cette  époque.  L<'s  motifs  que  Quatremère  apporte  en 
faveur  de  Sofalah,  sur  la  côte  orientale  d'Afrique,  nulitent 
plutôt  pour  l'identité  avec  Carthage,  qui  exerçait  le  monopole 
du  commerce  et  de  l'Afrique  et  du  inonde  ancien  :  solution 
plus  satisfaisante  pour  expliquer  la  provenance  de  certaines 
denrées  de  Tharsis.  Carthage  ne  fleurit  ainsi,  à  la  vérité,  que 
plus  d'un  siècle  après  Salomon,  quand  se  continuaient  encore 
les  voyages  de  Tharsis.  qui  pouvaient  alors  se  diriger  surtout 
vers  l'Espagne  ;  mais  auparavant  la  ville  punique  put  en  être  le 


—  226  — 

but  principal.  Les  célèbres  voyages  de  trois  années,  dont  on  ne 
se  rendrail  pas  compte  autrement,  en  aucune  supposition, 
s'étendaient  sans  doute,  après  avoir  visité  Carthage,  aux  pays 
qui  produisaient  les  denrées  dont  cette  cité  faisait  le  trafic. 

Ce  nom  de  Tharsis  était  relatif  à  l'étendue  de  la  navigation 
commerciale  des  Phéniciens  et  des  connaissances  géogra- 
phiques que  les  Juifs  avaient  seulement  par  ce  peuple.  Il  dé- 
signe,non  primitivement  une  ville1,  mais  une  contrée  éloignée, 
riche  et,  remarquent  les  érudits  allemands,  toujours  située  à 
l'occident,  dernier  caractère  qui  fit  que  ce  nom  s'appliqua  dé- 
finitivement à  l'Espagne,  mais  (jui  exclut  l'interprétation  de 
Sofalah.  Quatremère  joint  d'ailleurs  son  autorité'  à  celle  i\<>* 
écrivains  qui  se  déclarent  pour  l'identification,  à  un  temps 
très-antique,  de  Tharsis  avec  Tunis,  c'est-à-dire  avec  Car- 
thage; car  Candie',  à  deux  lieues  de  Tunis,  était  comme  son 
port;  c'était  la  colonie  de  Sidon  la  plus  ancienne,  avec  Ilip- 
pone,  sur  toute  la  côte  d'Afrique,  et  alors  la  plus  florissante, 
bien  avant  de  porter  le  nom  de  Carthage  OU  de  la  ville  neuve 
des  T\  riens.  L'est  de  Tharsis  désigne  donc  l'esl  de  Carthage. 

Une  conclusion  plus  générale  sur  l'ensemble  du  témoi- 
gnage de  Moyse  de  Khoren,  c'esi  qu'il  don les  indications 

importantes  el  ne  manque  point  d'autorité.  Nous  ue  tranchons 
pas  cependant,  sur  1rs  inscriptions  mêmes,  la  question  d'au- 
thenticité d'une  manière  absolue,  ni  par  conséquent .  à  l'égard 
de  l'inscription  rapportée  par  Procope,  La  question  de  priorité. 
I  > ■  i  reste,  ce  dernier  texte  a  seul  influé  sur  la  chaîne  de  la  tra- 
dition historique,  L'arménien  restant  ignoré. 

I\.  Document  très-antique  d'une  chronique  pascale.  Ce  docu- 
ment, bien  plus  ancien  même  que  la  chronique  d'Eusèbe,  es1 
cité  en  '•">•>  par  une  chronique  anonyme ,  jointe  aux  œuvres 
de  saint  Hippolyte,  mais  distincte  de  son  canon  pascal  :  il  esl 

Erreui  combattue  également  par  le»  auteurs  les  plus  récents  de  France  el 
r  Allemagne 


—  227  — 

attribué  à  Héron,  martyr  que  !<•  sainl  évêque  de  Porto  avait 
converti,  et  il  paraît  authentique  à  la  généralité  des  savants. 
Il   désigne  le  peuple  particulier  des  Afn  comme    frère  des 

Phéniciens,  montre  les  Chananéens  fugitifs  dans  les  îles  Ba- 
léares et  attribue  aux  Jébuséens  la  fondation  de  Cadix:  der- 
nier point  (|ui  confirme  avec  précision  la  mention  particulière 
de  cette  tribu  par  Procope. 

V.  Traditions  éparses.  Des  traditions  de  différentes  sources 
achèvent  notre  démonstration. 

i°  Les  traditions  chrétiennes,  consignées  dans  les  chrono- 
graphes.  Pins  précis  que  l'Ecriture  sainte  et  que  les  Pères 
«pii  désignent  l'Afrique  comme  la  terre  des  fils  de  Chanaan, 
ils  font  formellement  de  ses  habitants  les  frères  des  Phé- 
niciens. 

a0  Le>  traditions  juives.  La  Ghémare  de  Jérusalem  men- 
tionne spécialement,  comme  Procope,  les  Gergéséens  parmi 
les  réfugiés  de  Babyione:  c'est  une  tribu  croyant  à  Dieu  et  cé- 
dant aux  propositions  pacifiques  de  Josué.  Il  y  a  dans  les 
livres  saints  des  souvenirs  de  ces  offres  et  delà  dispersion.  Le 
Talmud  de  Jérusalem  rappelle  la  demande  des  Chananéens 
d'Afrique  au  grand  Alexandre,  pour  relever  leur  nation. 

3°  Les  traditions  africaines.  Les  Berbers  prétendaient  des- 
cendre des  Màhzig;  mais  ils  parlaient  une  autre  langue  que 
les  Phéniciens.  Les  Zeiriles-Zénates  se  croyaient  fils  d'Amalec, 
allié  de  Chanaan.  Les  Gergéséens  convertis  paraissent  s'être 
Fondus  avec  les  Acrikis  et  avaient  pour  cité  Gergis,  sur  la 
petite  Swte.  Omettons  les  rapports  de  Tripoli  avec  Ammonium, 
grande  oasis,  toute  chananéenne,  intermédiaire,  entre  ce  pays 
et  les  Sémites  d'Egypte. 

k°  Les  traditions  arabes  sont  surtout  représentées  par  Ibn 
kaldun  et  par  Léon  l'Africain,  qui  identifient  les  Berbères 
eux-mêmes  avec  les  Chananéens. 

En  terminant,  nous  nous  rattachons  aux  principaux  motifs 


—  228  — 

tirés  d'une  colonisation  tout  agricole  de  L'Afrique,  nécessai- 
rement due  aux  réfugiés  du  bas  Chanaan.  Les  témoignages  de 
grands  auteurs,  sacrés  ou  profanes,  confirment  ce  caractère 

Le  P.  Verdière. 
N°  IL 

L'ILION    D'HOMÈRE,    L'ILIUM    DES    ROMAINS, 
l'Ali    \I.  VIVIEN   DE  SAINT-MARTIN. 

Les  fouilles  heureuses  exécutées  dans  la  plaine  troyerine  par 
un  récent  explorateur,  viennenl  de  fournir  aux  archéologues 
de  nombreux  objels  d'étude  d'un  puissant  intérêt;  aux  yeux 
du  voyageur,  les  résultats  extrêmement  remarquables  de  ces 
fouilles  sont  une  confirmation  éclatante  de  la  croyance  an- 
cienne  qui  identifiait  Yllimn  novum  avec  le  site  do  la  Troie 
homérique.  Mais,  en  dehors  des  laits  archéologiques,  il  y  a 
ici  une  question  toute  géographique  qui  ne  s'est  pas  suffisam- 
men1  imposée,  à  ce  qu'il  semble,  à  l'attention  du  nouvel  explo- 
rateur.  En  présence  de  l'opinion  qu'il  adopte,  el  qui  déjà 
plus  d'une  lois  a  été  combattue,  il  a  paru  nécessaire  de  re- 
prendre la  question  à  fond,  d'en  scruter  lous  les  éléments 
anciens  H  actuels,  sans  autre  préoccupation  que  la  vérité 
scientifique,  el  de  préparer  ainsi  ce  que  l'auteur  appelle  un 
verdict  définitif  sur  cette  controverse  plus  de  vingt  fois  sécu- 
laire. 

C'esl    l'objet    que    s'est    proposé  M.   \i\ien   de   Saint-Mari  i  u 

dans  le  Mémoire  qu'il  a  lu  en  communication  à  l'Académie, 
dans  les  deux  séances  du  36  juin  el  du  3  juillet. 

L'auteur,  envisageant  la  question  au  poinl  de  vue  purement 
géographique,  s'esl  particulièrement  attaché  aux  preuves  el 
aux  inductions  géographiques.  Homère  est  ici  l'autorité  lon- 
damentale;  les  indications  que  l'Iliade  renferme  sur  la  posi- 


229  

lion  de  la  capitale  de  Priam  et  sur  les  conditions  topogra- 
phiqaes  de  la  plaine  troyenne  sont  tout  d'abord  ce  qu'il 
importe  de  réunir,  car  c'esl  sur  ces  indications  que  reposent 
uniquement  toutes  les  recherches  ultérieures. 

Celles  qui  se  rapportent  aux  <l<'u\  rivières  de  la  Troade,  le 
Siiiiuïs  ei  leScamandre,  sont  surtoul  d'une  importance  capi- 
tale; la  question  de  l'emplacement  de  Troie  s'y  rattache  d'un 
manière  intime.  Homère  les  décrit  en  quelques  traits  d'une 

jueur,  d'une  justesse  el  d'une  vérité  saisissantes,  quand  on 
les  rapproche  des  données  qui  nous  sont  actuellement  four- 
nies sur  la  topographie  de  la  Troade,  tant  par  les  descriptions 
des  voyageurs  que  par  la  carte  excellente  due  à  la  coopération 
<lu  lieutenant  Spratt,  de  la  marine  britannique,  et  du  docteur 
Forchhammer.  LeSimoïs  est  une  rivière  au  cours  torrentueux, 
< I ni  descend  dos  pentes  de  l'Ida  et  < jui  vient  baigner  le  pied  de 
la  hauteur  escarpée  que  couronne  l'acropole  troyenne,  avant 
d'aller  se  jeter  dans  PHellespont,  tout  près  de  la  mer  Egée;  I" 
Scamandre,  an  contraire,  se  forme  d'une  double  source,  an 
pied  même  de  la  hauteur  sur  laquelle  Troie  est  assise,  et,  au 
temps  d  Homère,  il  allait  se  réunir  au  Snnoïs.  entre  Troie  et 
la  mer.  Telles  sont  les  conditions  bien  définies  auxquelles  doit 
satisfaire  la  solution  du  problème  du  site  de  Troie. 

Or, dans  la  Troade  tout  entière,  un  seul  emplacement,  un 
seul,  satisfait  à  ces  conditions,  en  même  temps  qu'il  répond  à 
toutes  les  autres  :  c'est  le  plateau  de  Bounarhachi. 

Le  Mémoire  suit  pas  à  pas,  depuis  la  haute  antiquité 
jusqu'à  nos  jours,  cette  histoire  du  site  de  Troie. 

La  ville  de  Priam,  détruite  par  les  Grecs  d'Againemnon, 
ne  lut  jamais  relevée;  mais  quelques  siècles  plus  tard,  quatre 
ou  cinq  siècles  peut-être,  une  nouvelle  ville  lut  fondée  un 
peu  plus  bas  dans  la  plaine,  beaucoup  plus  près  de  l'Helles- 
pont,  et  cette  ville  reprit  le  nom  de  la  vieille  cité'  troyenne 
illustrée  par  les  chants  d'Homère.   L'antiquité  tout  entière  ;i 

il.  :  >'< 


—  230  — 

mi,  en  effet,  à  l'identité  de  I  llmn  homérique  et  de  la  nou- 
velle [lion.  Les  premières  objections  sortirent  de  L'école  cri- 
tique d'Alexandrie  \  un  siècle  après  l'époque  d'Alexandre.  IL 
s'ensuivit  une  polémique  don t  le  Mémoire  suit  1rs  phases,  et 
nue  l'on  a  vue  se  reproduire  de  nos  jours.  La  nouvelle  [lion, 
Yllium  recens,  est  représentée  par  le  site  ruiné  qui  a  reçu  des 
Turcs  Le  nom  d'Hissarlik,  «les  Châteaux.» 

Les  critiques  alexandrins,  e1  Démélrius  de  Scepsis  qui  re- 
prit leurs  objections,  étaient  parfaitement  dans  le  vrai,  cl  ils 
le  prouvaient  par  de  bonnes  raisons;  là  où  ils  faiblirent,  c'est 
quand  ils  essayèrent  de  retrouver  la  véritable  Troie  de  Priam. 
Eux  non  pins  n'ont  pas  connu  l'ilion  hofaérique,  dont  le  véri- 
table site  n'a  été  retrouvé  que  de  nos  jours,  à  la  lin  du  der- 
nier siècle,  (l'est  à  L,e  Chevalier  qu'appartient  L'honneur  de 
cette  découverte. 

Le  Mémoire  en  rappelle  Les  incidents.  Il  signale  les  explo- 
rations ultérieures  <pii  ont  confirmé,  en  la  complétant,  la«dé- 
couverte  de  Le  Chevalier.  Il  montre  que  le  plateau  de  Bou- 
narbachi,  loin  d'être,  comme  M.  Schliemann  et  d'autres  font 
dit,  absolument    vide  de  toute   trace  d'habitation  humaine, 

■  le.  même  aujourd'hui,  des  vestiges  très-remarquables  d'un 
caractère  antique. 

M.  \  ivien  de  Saint-Martin  résume  ainsi  les  conclusions  de 
son  Mémoire  : 

••  M.  Schliemann  u  n  ndu  à  la  lumière  les  restes  d'une  ville 
fort  ancienne,  mais  cette  ville  n'est  pas  La  ville  de  Priam.  (l'est 
la  ville  plusieurs  fois  détruite  el  rétablie  des  Eoliens,  des  Ly- 
diens,  de  Lysimaque,  de  Sylla,  d'Augu  te  el  des  Césars;  ce 
n'est  pas  la  cité  troyenne  détruite  par  les  Grecs  d  Vgamemnon, 
et  qui  ne  fut  jamais  relevée.  Les  fouilles  de  M.  Schliemann, 
en  un  mot,  apportent  d'abondants  el  précieux  matériaux  à 
l'étude  archéologique:  elles  ne  touchent  d'aucun  côté  à  la 
question   [éographiqne.  •• 


—  231   — 
Y  III. 

i\   STATUE  DE  MALACBAAL   DANS   L'ÉPIGRAPBIE   PHÉNICIENNE, 
PAB  M.   DBBENBOURG. 

M.  Jules  Euting  publia,  en  1871,  dans  le  recueil  des 
Mémoires  de  V Académie  impériale  de  Saint-Pétersbourg,  w\"  série, 
lome  XVII,  ud  certain  nombre  d'inscriptions  carthaginois 
qu'il  avait  lui-même  copiées  à  Tunis.  Quelques  pierres  sont  de- 
venues la  propriété  de  M.  Euting,  qui  les  avail  apportées  à 
Tubingue,  d'où  elles  l'ont  suivi  aujourd'hui  à  Strasbourg.  Le 
travail  de  M.  Euting,  i[ui  porte  le  titre  de  Punische  Steine,  n'a 
pas  obtenu  l'attention  qu'il  méritait.  Je  m'attacherai,  dans 
cette  notice,  à  traiter  deux  de  ces  inscriptions,  à  cause  de 
leur  propre  importance  el  à  cause  de  la  lumière  qu'elles  ré- 
pandent sur  trois  autres  inscriptions  déjà  connues  el  qui,  sans 

nouveau  secours,  n'onl  pu  être  comprises. 

La  première  de  ces  deux  inscriptions  se  trouvait,  lors  du 

air  de  M.  Euting  à  Tunis,  dans  la  maison  du  Rév.  Fenner, 
•  •t  a  passé  depuis  entre  les  mains  d'un  Anglais,  qu'on  suppose 
être  M.  G.  Wood,  of  Galey-Hall,  Otley,  Yorkshire.  Elle  esj 

conçue  m   ces  termes  : 

ne  -n:  uw  ^asbo  M» 
fs  njnS  niib  *]xœ  p  chtu 

-Statue  (ou  stèle)  de  Malacba'al,  que  consacra  MUrtanétim,  iils  de 
Schesef.  a  DameTannil  de  Pnê-Ba'al,  el  .'>  Seigneur  BaJal  Hammon,  parée 
qu'ils  nul  entendu  sa  \  oix.  - 

1Vous  ne  nous  arrêtons  pas  au  nouveau  nom  propre  *]2œ, 
qui.  dans  le  même  mémoire  de  M.  Euting.  a  les  deux  corol- 
laires de  ::•::>'•:.•  et  de  risse;,  exactemenl  comme  tin.  Diznx  et 

16. 


ncnN.  Ne  nous  arrêtons  |»;is  davantage  au  surnom  ordinaire 
de  Tannil .  hvz)  m .  pour  lequel  M.  Opperl ,  déjà  en  i  867  ',  ;i 
proposé  devant  I  Académie  l'explication  de  Wpôawnov  &eoû.  nom 
(rime  localité  de  Garthage,  explication  qui  depuis  a  été  donnée 
également .  H  indépendamment  de  M.  Opperl ,  par  M.  Halévy 2. 
Le  fait  qui  seul  fixe  relie  fois  mon  attention  est  celui  de  la 
statue  <le  Malacbaal ,  offerte  par  un  homme  pieux  aux  deux  di- 
vinités de  Carthage.  Le  monument,  un  peu  mutilé  à  la  troi- 
sième ligne  de  l'inscription,  est  heureusement  fort  bien  con- 
servé en  haut,  el  présente  au-dessus  de  l'inscription  une  per- 
sonne portant  un  jeune  enfant  sur  le  bras  gauche,  tandis  que 
le  liras  droil  esl  élevé  el  serré  contre  la  poitrine.  Le  dessin  que 
lions  ;i\ons  devanl  nous  est  d'une  exécution  grossière.  M.  Eu- 
lin;;  pense  que  la  grande  figure  représente  une  femme!  Dans 
<c  cas  l'enfant  serait  le  Malacba^al  de  l'inscription.  Mais  l'of- 
franl  de  notre  inscription  était  aussi  un  homme.  Watanelim  est . 
il  1  si  vrai ,  un  nom  port*'  par  les  hommes  aussi  bien  que  par  1rs 
femmes;  mais  ici  le  nom  esl  suivi  de  p.  lils!  Qu'est-ce  que  <■>• 
Maiacba'al  dont  la  statue  est  consacrée  à  Tannil  ri  à  Baal 
liiiiiiiiion  .  ou  pi  acre  dans  leur  temple?  Voici  un  autre  exemple 
d'une  statue  de  Malacba'al.  Elle  a  été  trouvée  à  Hadrametum 
(Suse),  ni  appartienl  aujourd'hui  à  M.  Villedor,  qui  habite  la 
Golletta.  En  voici  le  texte  : 

s'i'Mi'!ii    l'.,i  .il  llmnmon.  slnlue  imi   slèle)  de  Mnlncha'ol  d  \/wis 


'  ''7 ■  I1-  "  '  7  ■ 

!/•  ppigraphic  ii  rl'nrchi'nlnfrip,  Paris,   is~'i.  p.  \'\  «•!  Biiiv. 


233 


qui-  cousacra  bValschillek ,  (ils  d'Azruba'al,  lils  (l<-  Mallur',  parce  qu'il  a 
entendu  sa  voix.  Bénis-le!  - 

La  figure  qui  surmontait  cette  pierre  manque;  il  est  donc 
impossible  de  la  comparer  avec  «'elle  du  monumenl  précédent. 
La  divinité  à  laquelle  Ba'alschillek  consacra  la  statue  est  cette 
fois  Ba'al  Hammon  seul,  sans  la  divinité  femelle  Tannit,  qui 
est  nommée  sur  la  première  inscription.  .Mais  nous  ne  dou- 
terons plus  que  Malacba'al  ne  soit  le  nom  d'un  dieu,  dont  la 
statue  .1  été  placée  dans  le  temple  de  BaJal  Hammon.  Le  groupe 
ziïx  désignera  dans  ce  cas,  comme  dans  les  cas  analogues, 
une  localité  où  le  dieu  était  adoré,  peut-être  le  port  d'Azins, 
en  Libye,  situé,  selon  Hérodote  (IV,  1  5 7 )  «sur le  continent, 
■  •n  face  de  Platée,  et  qui  enferme  de  deux  côtés  de  belles  col- 
lines, au  pied  desquelles  coule  une  rivière  à  travers  le  vallon ". 

Cette  proposition,  que  MalacbaaJ  est  bien  le  nom  de  la 
divinité,  se  confirme  par  l'inscription  première  de  Tharros  (en 
Sardaigne),  publiée  d'abord  par  M.  de  Malt/an,  et  expliquée 
ensuite  par  le  professeur  Lévy,  de  Breslau;  car,  d'après  les 
données  fournies  par  les  deux  monuments  précédents,  nous 
11  hésitons  pas  à  lire  : 

C'est  le  nom  du  potier  1  "lSPîl  ).  qui  figure  sur  l'épitapbe  de  Marsala,  repro- 
duit par  un  faussaire  sur  le  petit  taureau  de  Païenne.  Comment  Schrôder(Z)te 
phôniziiche  Sprache ,  p.  a5a  1  a-t-il  pu  suivre  l'opinion  d'Ugdulena,  et  voir  dans 
notre  mol  le  dieu  Mithra?  Que  ite  scienc  dépensée  parle  savant  italien  et  le 
savant  allemand  pour  expliquer  un  faux  évident  '. 

\11us  connaissons  déjà  l'rosopon  ;  nous  venons  tout  à  1  heure  le  Malacba'alde 
l'Ile. Sut  une  inscription  dont  il  sera  fait  mention  dans  l<;  compte  rendu  de  la  séance 
du  -j  octobre,  il  est  question  du  Ba'al  Hammon  A'Altûniros.  Un  Ba'al  Hammon 
'le  Guelma  (ST/DpD  pour  j'tT^pu  i se  trouve  peut  être  surl'inscr. néop. n°LXxvn. 
(  Comp.  Won.  ïxvii ,  ].  3 ,  où  une  femme  de  Guelma  est  nommée  PCi^D?'?.) 


—  234  — 

Dy?N  p 

(fStatae  (  on  stèle  i  'l<'  Malacba'al  de  l'Ile  pour  Seigneur  Ba'al  rlammon 
que  donna  Ores,  lils  de  LabiJ,  lils  Je  Eli'am,  parce  qu'il  a  entendu  sa 
oix.  Bénis-le  !  - 

(l'est  l'jilin;;  (|iii  propose  1;)  lecture  <!•■  \v.  r-  Ile,  »  mol  qui  dé- 
signerait !  iie  de  Sardaigne.  Mais  la  statue  de  Malacba'al  esl  ici 
de  nouveau  donnée  à  Ba'al  Hamnion  seul,  comme  sur  le  mo- 
numenl  d'Adrumète. 

Une  ancienne   inscription,  très-connue  el  interprétée   <l< 
bien  des  façons,  la  troisième  <lr  Malle  nous  fournil  un  <|iia- 
trième  exemple  <1<-  la  statue  d<'  Malacba'al.  Car  voici  la   ma 
nière  don!  il  faudra  la  lire  : 

■  :\\'  hy* 
lh  en:  d 
x  jon  '^v 
v*:-  :  p 

Statue  (on  stèle)  de  Malacba'al  que  plaça  Vahoum  h  BaJal  Hammoi 
•h  pierre    parce  qu'il  a  entendu  toutes  ses  paroles.»! 

Nous  passons  sous  silence  les  différentes  explications,  tentées 
ur  ce  monument,  depuis  Hamaker  <■!  Gesenius,  jusqu'au 
moment  où  une  nouvelle  copie,  très-exacte,  prise  à  Malte  pai 
\l.  de  Maltzan ,  ;i  soulevé  une  discussion  récente  entre 
M.  Schlottmann  el  feu  M.  Lévy,  de  Breslau.  Nous  pensons  que 
le  nom  de  I  offranl  <loil  être  In  Vahoum,  nom  biblique  <|ni  se 
rencontre  encore  ailleurs  sur  les  monuments  phéniciens.  C  étail 


—  235  — 

peut-être  le  noni  du  statuaire;  la  statue,  il  esl  vrai,  qui  avait 
surmonte  noire  pierre,  ne  s'esl  pas  retrouvée.  La  célébrité  de  x 
l'artiste  le  dispensai!  peut-être  d'ajouter,  derrière  son  nom, 

celui  de  son  pè !  de  son  grand-père.  Du  reste,  le  graveur 

a  composé  son  inscription  de  six  lignes,  renfermant  chacune 
six  lettres,  el  ce  jeu  l'a  obligé  d'être  sobre  el  concis.  Nous 
prenons  Di  avec  uân,  pour  Dto  avec  wn,  moi  très-usité  en 
hébreu  dans  le  sens  de  ••  placer,  «'-lever  un  monument.  »  Il  serait 
.•mure  possible  que  dï  soit  de  la  racine  géminée  DDT,sima- 
giner, »  ce  qui  pouvail  très-bien  se  dire  de  Nahoum,  s  il  avait 
conçu  l'idée  de  son  œuvre.  11  se  pourrait  encore  qu'à  la  place 
du  zaïn  qui  termine  la  ligne  a,  il  fallût  mettre  un  © :  on 
aurait  alors  le  verbe  nt\  «placer,»  comme  en  bébreu.  C'est 
cette  dernière  lettre  qu'on  voit  sur  Melit.  IV,  qui  a  tant  d'ana- 
logie avec  la  noire,  el  sur  laquelle  nous  reviendrons  tout  à 
l'heure.  Pour  le  mol  px,  -en  pierre,»  on  a  proposé  la  lecture 
pK,  «seigneur.»  On  aurait  alors  :  sBa'al  Hammon,  le  Sei- 
gneur;» seulement  cette  postposilion  du  titre  esl  insolite. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voilà  quatre  slalues  de  Malacba'al  con- 
sacrées à  Ha'al  Hammon,  deux  à  Carthage,  une  en  Sardaigne 
et  une  sur  l'île  de  Malte.  La  divinité  de  Malacha'al  esl  connue 
sur  des  monuments  nombreux  de  Palmyre.  La  bilingue  du 
musée  Gapitolin  (Lajard,  Mémoires  de  l'Académie,  vol.  \\. 
p.  ;iô  el  siiiv.)  lui  donne  pour  équivalent  en  latin.  Sol  sanctis- 
simus.  Movers  la  compare  au  Dionysos  grec,  qui.  selon  le  rap- 
port des  anciens,  vienl  de  la  Libye,  el  lorsque  nous  lisons  dans 
Diodore  (III,  73)  que  Dionysos,  selon  la  tradition  des  Libyens, 
était  le  fils  du  dieu  Ammon,  qui  lui  a  été  enlevé  d'abord  et 
que  le  père  retrouve  après  bien  des  efforts,  nous  ne  verrons 
rien  que  de  naturel  dans  celte  consécration  d'une  statue  de 
Malacbaal  à  hVal  Hammon,  ou  dans  un  temple  de  Ba'al 
Hammon. 

"Nous  re\  iendrons  une  autre  fois  sur  la  divinité  de  Malacba  al, 


—  236  — 

qui  parait  identique  avec  le  Môlek  de  la  Bible.  Je  veux  seu- 
Lemenl  aujourd'hui  faire  observer  qu'en  dehors  «le  la  statue 
de  ce  dieu ,  doni  nous  avons  ainsi,  connue  je  viens  de  le  dire, 
quatre  exemples,  nous  possédons  encore  un  exemple  <l<-  la 
statue  d'une  autre  divinité,  mentionnée  dans  une  inscription 
phénicienne.  C'est  l'inscription  connue  comme  la  quatrième 
maltaise.  Nous  sommes  encore  réduits  pour  ce  monument  à 
une  détestable  copie,  et  selon  M.  ftfaltzan,  la  personne  qui,  à 
Malte,  possède  nuire  pierre,  lui  a  refusé  l'estampage  qu'il  en 

demandait.  Il  faut  espérer  que  la  commissi lu  Corpus  sera 

plus  heureuse.  En  attendant,  nous  n'hésitons  pas  à  lire  les 
trois  premières  lignes  : 

rStatae  (ou  stèle)  de  Malacasar,  que  plaça  Azruba'al.» 

A  côté  de  la  statue  de  Dionysos,  nous  aurions  donc  celle 
d'Osiris.  Malheureusement,  nous  ignorons  dans  le  temple  de 
quel  < I i •  - 1 1  cette  statue  a  été  élevée;  c'esl  ce  que  devaienl  con- 
tenir les  lignes  suivantes,  <|ui  sonl  forl  mal  dessinées. 


\    IV. 

DESCRIPTION    rOPOGBAPHIQOl     il    IRCHBOLOGIQUJ    DJ    LA  TROAD1 
PAB  M.   VIBLBT    D'ÀOl  ST. 

\|u'rs  avoir  parcouru,  en  Troade,  la  vallée  du   Simoïs, 
fleuve  <|u<'   l'on  désigne  indifféremment  aujourd'hui  sous  le 
nom  de   Wendéreh^Sou  et  sous  celui  très-significatif  de  Simose; 
celle  de  Thimbrek-Déré;  parcouru  les  collines  célèbres  de  CaU\ 
zolonè  e!  du   Retranchement  d'Hercule;  reconnu   les  sources  du 


_»:>: 


Scamandre  <»n  Xanthe,  el  les  cours  ancien  el  nouveau  decette 

rivière   devenue  fleuve;    visité   l'emplace nt   de   l'ancienne 

ville  de  Priam  ou  llium  vêtus,  <<*1  ni  à'Àlexandria  Troas  ou 
lliitni  novum,  que  les  Turcs  désignenl  sous  les  noms  à'Hissarhk 
ou  à'Eski-Stamboul  (Vieux-Stamboul),  je  n'ai  jamais  compris 
que  des  personnes  ayant  parcouru  les  lieux  aient  pu  admettre 
un  instant,  eu  présence  des  descriptions  si  précises  des  récits 
d'Homère,  qiillium  novum  occupait  remplacement  à' llium  vêtus. 

Il  est  résulté  pour  moi.  depuis  longtemps,  île  cei  examen 
attentif,  d'un  côté,  que,  si  Homère  n'était  pas  né  Troyen,  il 
avait  nécessairement  été  étudier  la  topographie  de*  lieux  qu'il 
décrit  d'une  manière  si  exacte,  si  minutieuse,  dan-;  ses  im- 
mortels cliants  de  ['Iliade,  et  que  si,  de  l'autre.  Démétrius  de 
Scepsis,  d'après  lequel  a  écrit  Strabon,  était  m''  en  Troade,  il 
n'avait  certainement  pas  visité  les  champs  témoins  dv<  laineux 
combats  des  Grecs  el  desTroyens,  puisqu'il  confond  le  Simoïs 
avec  le  Scamandre,  qu'il  lait  descendre  de  l'Ida. 

Ce  n'est  donc  pas  sans  surprise  «pie  j'avais  vu  des  archéo- 
logues distingués  comme  .MM.  Schliemann  et  Nieolaïdès  vou- 
loir retrouver,  dans  les  ruines  d'Hissarlik,  l'emplacement  de 
l'ancienne  llion?  Lussi  est-ce  avec  un  vrai  plaisir  que  j'ai  vu 
M.  Vivien  de  Saint-Martin,  avec  son  (aient  d'investigation  or- 
inaire,  venir  reprendre  devant  l'Académie  la  thèse  de  Le  Che- 
valier, et  démontrer  par  une  foule  de  raisonnements  judicieux, 
appuyés  sur  les  faits  historiques  et  les  découvertes  récentes 
de  l'architecte  Mauduit,  du  docteur Hahn,  etc., que  la  Troie  des 
Troyen»  était  bien  située  sur  le  mamelon  appelé  Balidagh,  cir- 
conscrit au  nord  et  à  l'est  par  une  courbe  du  Simoïs.  à  l'ouest 
par  la  colline  moins  élevée  sur  laquelle  esl  situé-  le  petit  vil- 
lage de  Bounar-Bashi,  et  enfin,  au  sud,  par  I  Erinéos,  colline 
un  peu  cintrée,  espèce  de  contre-forl  du  mamelon  principal 
sur  lequel  existait,  à  n'en  pouvoir  douter  aujourd'hui,  l'an- 
cienne capitale  de  |;i  Phrygie. 


< 


—  238  — 

J'ai  pensé,  en  conséquence,  qu'une  description  topogra 
phique  exacte  de  la  vallée  troyenne  aiderait  à  confirmer  en- 
core nii<'ii\  l'opinion  soutenue  par  Le  Chevalier  et  par  M.  Vi- 
vien de  Saint-Martin. Seulemenl  il  n'esl  nullement  nécessaire, 
pour  répondre  à  certaines  objections  d'ailleurs  mal  fondées,  de 
recourir,  comme  l'a  fail  le  savanl  géographe,  à  une  extension 
de  la  plaine  de  Troie. parce  qu'elle  esl  loin  d'être  aussi  éten- 
due <|u'on  l'a  généralement  supposé. 

Le  village  de  Bounar-Bashi  n'est,  en  effet,  éloigné  du 
poinl  le  plus  rapproché  de  la  côte,  dans  la  baie  <!<•  Bashika, 
ou  débouche  1»'  nouveau  Scamandre,  que  de  6'  V,  «'I  le  ma- 
melon troyen  que  de  7  2",  qui  correspondent,  vers  le  io"  de- 
gré de  latitude  nord,  à  des  distances  de  seulemenl  9, 486  et 
io,435  mètres,  c'est-à-dire  à  environ  9  1/2  et  10  1 /a  kilo- 
mètres. L'embouchure  du  Simoïs,  ou  ptutôt  la  plage  où  était 
atterrie  la  flotte  grecque,  n'esl  qu'à  1 '1  1/2  kilomètres  au 
nord-nord-ouest  <l<'  Bounar-Bashi. 

Si  le  sol  de  la  Troade  avail  pu  s'étendre  par  la  formation 
d'un  delta,  comme  cela  se  voit  pour  beaucoup  de  fleuves,  le 
Simoïs,  débouchanl  à  l'entrée  même  du  détroit  de  I  Helles- 
pont,  ou  son  rétrécissement  lui  laisse  tout  au  plus  deux 
milles  marins  de  largeur,  ce  détroit  en  aurait  été  obstrué, 
tandis  que  le  couranl  très-prononcé  <pii  existe  de  la  Propon- 
lide  \ri-N  ITlelli'spont,  •'!  de  celui-ci  vers  la  mer  Egée,  agis- 
s;in(.  par  le  détroit,  comme  une  immense  écluse  de  chasse,  en- 
trai  instamment  au  loin  Ions  les  détritus  que  le  fleuve 

torrentiel  de  l'Ida,  [eSimose,  charrie  vers  -on  embouchure, 
en  sorte  que  si  les  rivages  de  la  Troade  avaient  du  éprouver, 
depuis  les  temps  historiques,  quelques  changements  notables, 
e'eût  été  bien  plutôl  par  des  ébréêhements  de  côtes  que  par 
des  accroissements  de  dépôts  allu\  tens. 

L'étendue  de  la  plaine  de  Troie  proprement  dite,  dont  le 
débouché  •-m  la    mei    Egée  n'a   guère  que  a    kilomètres  de 


—  239  — 
largeur,  est  toul  au  plus,  dans  sa  |  »  l  u  >  grande  étendue,  de  i&  ki 
lomètres,  avec  une  largeur  seroi-ovalaire  qui  ne  va  pas  jusqu'à 
A  kilomètres.  Si  l'on  en  excepte  la  partie  nord-ouest,  qui 
regarde  l'Hellespont,  la  vallée  troyenne  est  presque  entière- 
ment circonscrite  par  des  collines  qui  vonl  s'élevant  graduelle- 
ment de  la  plaine  jusqu'à  dos  hauteurs  très-notables.  Du 
côté  nord-est,  ''II»'  est  bornée  par  le  fleuve  el  la  colline  Cal- 
licoloné,  qui  longe  sa  rive  droite. 

\  l'ouest,  c'est  la  petite  chaîne  de  collines  dite  le  Retranche- 
ment d'Hercule,  ou  les  dieux  favorables  aux  (>vrr>  tenaient  con- 
seil, qui  la  limite.  Du  promontoire  Sigée,  ou  cap  des  Janis- 
saires, elle  s'étend,  en  forme  de  l'alaise  le  long  de  la  mer,  jus- 
qu'à la  pointe  de  koum-Bouroum  (cap de  Troie),  qui  limite  au 
nord  la  baie  de  Bashika.  Ces  collines,  qui  atteignent  jusqu'à 
près  de  aoo  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  appartien- 
nent, comme  une  partie  de  l'Ile  deTténédos,  à  un  terrain  ter- 
naire récent.  Elles  sont  toutes  couvertes  de  ruines  :  c'est  là  que 
-,■  trouve  le  tumulus  de  Pénéléus  et  à  sa  base  septentrionale 
s'élèvent,  non  loin  de  l'Hellespont  et  du  village  grec  deYeny- 
Shehi'.  <leu\  autres  beaux  tumulus  que  les  Grecs  appellent  Dio- 
Tépé  (les  doux  tombeaux),  lesquels  passent  pour  être  les  tom- 
beaux d5  \rlnllr  et  de  Pat rode  :  à  quelque  distance  de  ceux-ci  il 
en  existe  un  troisième  qui  passe  pour  être  relui  d' Antiloque. 

Les  collines  situées  au  sud  de  la  plaine.'  que  contourne  au- 
jourd'hui le  nouveau  Scamandre,  forment, avec  la  colline  de 
Troie,  le  prolongement  ouest- nord-ouest  de  l'un  des  contre^ 
forts .  coupé  par  le  Simoïs.  de  la  chaîne  de  l'Ida.  Elles  sup- 
portent le  tombeau  d'  Esyétès,  qui  passait  déjà  pour  Irès-an- 
cien  du  temps  des  Troyens;  situé  à  peu  près  a  égale  distance 
des  deux  camps,  ii  est  aujourd'hui  appelé  par  les  l'un  s  /  ijeck- 
Tépé,  nom  emprunté  au  village  voisin  d'I  djeck-Kueui.  Sa 
hauteur  est  d'environ  60  à  70  pieds  au-dessus  du  sol,  et  il 
est  de  plus,  par  s;(  position,  fort  élevé,  car  on  l'aperçoit  d< 


--  240  — 

très-loin  en  mer.  (les  collines  son!  constituées  par  dos  rul- 
caires  gris  de  Fumée,  très- compactes,  parfois  subsaccharoïdes, 
de  la  Formation  crayeuse.  C'esl  de  ces  calcaires  que  surgissenl 
1rs  deux  sources  principales  <ln  Scamandre.  L'une  d'elles,  celle 
qui  esl  située  le  plus  au  sud-ouest  de  Bounar-Bashi ,  dite  Source 
Froide,  a  accusé  une  température  de  i3  degrés,  el  la  seconde, 
plus  voisine  du  village,  dite  la  Source  Chaude,  bien  qu'elle  ne 
soil  plus  qu'à  peine  liède,  a  l'ail  monter  le  thermomètre  entre 
i  6  et  i  7  degrés  centigrades.  La  température  de  celte  .source 
:i  «lu  être  autrefois  plus  élevée,  ce  qu'explique  I»1  voisina 
d'une  roche  ignée,  du  basalte,  qui  a  surgi  à  Bounar-Bashi 
même,  à  travers  les  calcaires.  On  aperçoil  aussi  cette  roche 
plutonique  de  l'autre  côté  du  Simoïs,  vers  Ak-Kueui,  For- 
mant de>  montagnes  prismatiques,  etentin  nous  l'avons  encore 
retrouvée  dans  l'île  de  Lesbos,  sur  l'emplacement  même  de 
la  ville  de  Mih  lène. 

Le  nom  de  Bounar-Bashi,  <|in  provient  évidemment  du  voi- 
sinage des  sources  d\\  Scamandre,  signifie  tête  des  eaux  ou 
source  mère;  «'est  une  expression  générique  qui  s'applique  en 
Turquie  à  toutes  les  sources  abondantes;  ce  nom  répond  par 
conséquent  aux  Képhalovrtsis  de  la  Grèce. 

La  colline  de  Troie,  qui  porte  aujourd'hui  le  nom  très-peu 
poétique  de  Balidagh,  ne  s'élève  guère  à  plus  de  100  ou 
iao  meiies  au-dessus  du  niveau  de  la  mer:  aussi  est-ce 
parce  que  Vapoléon  I",  appréciant  à  Sainte-Hélène  l;i  guerre 
de  Troie,  n'avail  pas  bien  pu  se  rendre  compte  de  la  topo- 
graphie du  pays,  qu'il  se  demandai!  comment  la  flotté  grecque 
;i\;iii  pu  se  cacher  à  Ténédos,  lie  si  rapprochée,  Bans  «pie  les 
Troyens,  du  haut  de  leurs  remparts,  eussent  aperçu  les  mais 
des  vaisseaux.  C'est  précisément  ce  rapprochement  qui  Faisait 
que,  masqués  par  les  collines  intermédiaires,  ils  ne  pouvaient 
les  apercevoir,  attendu  «pic  si  du  poinl  le  plus  élevé  situé  à 
l"cs|  du  mamelon,   poinl  où  devait  se  trouver   l'acropole  de 


—  241   — 

Pèrgama,  on  peul  facilement  apercevoir  les  Mes  d'Imbros,  de 
Samothrace  et  de  Lemnos,  beaucoup  [>1  lis  éloignées,  on  ne 
peul  apercevoir  que  les  points  culminants  de  Ténédos,  île 
cependanl  forl  élevi 

C'est  vers  la  partie  nord  du  Balidagfa  que  se  trouvent,  à  des 
distances  assez  rapprochées,  trois  tumulus,  dont  l'un,  cou- 
vert  il'-  pierres,  passe  pour  être  le  tombeau  d'Hector;  il  étail 
renfermé  dans  l'enceinte  de  la  ville,  tandis  qu'un  autre,  situé 
;'i  l'extérieur,  étail  considéré  comme  le  tombeau  de  la  coura- 
geuse Myrinne.  Du  côté  de  l'ouest  et  du  sud-ouest,  la  colline 
descend  en  pentes  assez  douces,  mais  les  côtés  qui  plongent 
vers  le  Simoïs  sont,  au  contraire,  très-abrupts,  et  ce  n'est 
que  par  des  escaliers  taillés  dans  le  roc  que  les  filles  de  Troie 
pouvaient  descendre  au  fleuve. 

\  l\ si  de  la  colline  de  Bounar-Bashi,  où  devaient  se 

trouve!'  les  faubourgs  de  la  grande  ville1,  en  allant  vers  le  Si- 
moïs '•!  l'ancien  lit  du  Scamandre,  près  d(^  ruines  d'un  ancien 
pont,  étail  placé  le  tombeau  à'Ilus,  aujourd'hui  très-déprimé, 
où  Hector  se  rendait  pour  conférer  avec  les  alliés,  campés  de 
l'autre  ml,'  du  fleuve,  dans  la  vallée  du  Tbvmbria.  Le  Thros- 
wos,  ou  tombeau  commun  des  Grecs,  était  situé  sur  l'autre  rive 
du  Scamandre.  à  une  lieue  de  la  mer.  Le  camp  des  (irecs  de- 
vait s'étendre  le  long  du  Simoïs  jusque  vers  ce  point,  tandis 
que  le  camp  commun  des  Troyens  el  de  leurs  alliés  devait 
s'étendre  du  Scamandre  aux  murs  de  la  ville,  en  sorte  (pie.  a 
vrai  dire,  les  deux  armées  belligérantes  n'étaient  guère  sépa- 
rées que  par  cette  rivière,  ce  qui  permet  d'expliquer  facilement 
ces  retours  ofl'ensifs  et  défensits  des  deux  armées,  obligées  de 
la  passer  et  de  la  repasser  fréquemment. 

Au  nord  de  Troie  s'étendait,  le  loue  de  la  rive  droite  du 
Simoïs.  la  belle  colline  de  Callicoloné,  sur  laquelle  les  dieux 
prolecteurs  de  la  ville  s'assemblaient,  et  d'où  Mais  s'élançait 
comme  un  tourlnllon  vers  Pergama,  pour  exciter  les  habitants 


m  combat.  Celte  colline,  assea  élevée  el  à  pentes  rapides  du 
côté  du  fleuve,  sépare  1rs  deux  vallées  du  Simoïs  el  du  Thym- 
bria  (Thimbrek-Déré) ,  dans  laquelle  les  alliés  avaient  leui 
:amp  principal,  vers  les  villages  à'Halléléli-Kueui  et  de  77m//- 
brek-Kvjeui.  lu  chemin  conduit  encore  de  ce  dernier  à  Bou- 
nar-Basbi,  par  la  colline  Callicoloné. 

Le  Thimbrek-Sou ,  pins  heureux  que  son  voisin  le  Wendéreh- 
Sou,  ayant  conservé  9on  unique  nom  ancien,  ne  suffit-il  pas 
seul,  par  sa  position  relative,  pour  établir  d'une  manière  in- 
contestable  les  faits  géographiques  relatés  dans  ['Iliade?  D'ail- 
leurs, la  fausse  application  du  nom  de  Mendéreh-Sou  au  Si- 
mose  ou  Siruoïs  n'a  rien  <|ui  doive  surprendre,  car  la  plupart 
des  noms  anciens,  ignorés  des  générations  actuelles,  ne  leur 
ayanl  été  appris  que  par  les  voyageurs,  il  n\  a  donc  rien 
d'étonnant  à  ce  qu'ils  en  aienl  fait  quelquefois  une  fausse 
application. 

OÙ  trouver  à  Alexandrie- Troas,  ville  située  sur  la  côte  de 
ia  mer  Egée,  à  28  ou  "xt  kilomètres  au  sud  de  I  Hellespont, 
le  Sinioïs  descendant .  comme  le  Granique  et  l'Asopus,  du  mont 
Cotylus  ou  Ida.  el  déversanl  cependant  ses  eaux  dans  l'Hell 
pont?  Où  trouver  le  Thymbria  voisin?  <m  trouver  le  Sca- 
mandre,  avec  ses  sources  chaudes  el  froides,  s'échappant  des 

cbers,    non   loin  des  portes  Scéeê,  et    portant  leurs  can\   au 
Simoïs?  Où  Lrouver  la  colline  Callicoloné  el  celle  du  Retran- 
chement d'Hercule?  Où  trouver  enfin,  dan-  une  ville  située 
en  plaine,  comme  Eski-Stamboul ,  cette  éminence  éloignée  m 
qui  supportait  la  grande  cité  troyenne? 
suffit-il  pas  de  poser  ces  simples  questions  pour  démon- 
trer la  parfaite   inanité  de   imites  les  hypothèses  imaginées 
pour  déplacer  l'ancienne  \ill<'  d'Ilion?  Comme  si  ce  n'était  pas 
ore    assez    qu'elle   ail    été    entièrement   détruite   par  lee 


2/J3  — 


\  V. 

SDB    INF.   DBCOUVBBTE   RECEMMENT   FAITE  A   k\r.Mk. 
PAH   M.   Al  G.    MARIETTF.. 

J'ai  pu,  cet  hiver,  mener  à  bonne  lin  une  entreprise  dont 
j'avais  conçu  l'idée  depuis  longtemps.  \n(;ui(  <pi"  cela  m'a 
été  possible  sans  entrer  dans  des  opérations  trop  considérables, 
j'ai  déblayé  tous  les  temples  de  Thèbes,  j'en  ai  levé  le  plan, 
c(  sur  chacun  de  ces  plans  j'ai  marqué  l'époque  par  une 
couleur  différente.  L'histoire  de  la  construction  de  Thèbes 
saute  ainsi  en  quelque  sorte  aux  yeux,  cl  il  ne  faut  pas  <1<- 
longues  rech  irches  pour  Paire  la  part  qui  revient  à  chaque  roi 
et  à  chaque  dynastie  dans  l'édification  de  la  plus  illustre  des 
capitales  de  i  Egj  pte. 

^l  en  étudiant  ainsi  Thèbes,  pas  à  pasel  la  pioche  en 
m. un.  que  je  me  suis  trouvé  à  karnak  en  présence  d'un 
pylône  donl  on  ne  savail  jusqu'alors  la  date  qu'approxima- 
tivement,  enseveli  qu'il  était  sous  une  véritable  colline  de 
décombres  '. 

Je  n'ai  pas  à  rendre  compte  ici  des  travaux  de  déblayement 
auquel  le  pylône  fut  soumis,  ni  de  la  manière  dont  ces  travaux 
mit  été  exécutés.  M;ii>  il  n'es!  pas  aussi  indifférent  d'annoncer 
•  pu-  les  résultats  obtenus  ont  été1  dignes  d'attention,  et  que 
les  textes  dont  le  déblayement  du  pylône  a  procuré  la  décou- 
\  'ite  dépassent  en  importance  tout  ce  que  je  pouvais  espérer. 

1  Ce  pylône  ne  figure,  avec  ses  véritables  dimensions,  ni  dans  le  plan  publié 
par  l^s  auteurs  do  grand  ouvrage  de  la  Commission  française  d'Egypte  (Deacr. 
de  l  Eg.  '. .  vol.  III,  pi.  i6),  ni  dans  le  plan  de  M.  Lepshis  (Denkm.  I,  7.*}). 
Pococke  en  a  plutôt  soupçonné  que  reconnu  l'existence  (voyei  I  description  oj 
ihe  Etui  iiml  tome  other  countrie» ,  par  Richard  Pnrock*',  Lundi*-,  i  7 'j - > .  i-  I- 
page  1 


—  -J'i'l  — 

IVI  est,  '-H  deux  mois,  l'historique  de  la  découverte  que 
j'annonce  à  l'Académie  el  qui  \;i  faire  l'objel  îles  développe- 
ments dans  lesquels  je  lui  demande  la  permission  d'entrer. 

On  doii  considérer  le  pylône  dont  il  vient  d'être  question 
comme  un  monumenl  élevé  à  la  gloire  de  Thoutmès  HI.Thout- 
mes  III  avait  fait  de  I  Egypte  la  première  nation  du  monde.  Il 
avait  porté  ses  armes  victorieuses  en  Palestine,  en  Syrie,  en 
Mésopotamie,  dans  le  pays  de  Poun,  dans  le  To-Nuter,  dans 
l'Ethiopie , dans  la  Libye.  En  souvenir  de  ces  conquêtes, Thout- 
mès III  ordonna  la  construction  àThèbes  d'un  pylône  qui,  avec 
ses  deux  hautes  lions,  sa  grande  porte  centrale  el  ses  tableaux 
héroïques  de  bataille,  peut  être  considéré  comme  un  véritable 
arc  de  triomphe. 

La  décoration  de  ce  pylône  vaut  la  peine  d'être  étudiée. 
Thoutmès  II!  \  est  quatre  fois  représenté  dan-  des  propor- 
tions colossales.  De  la  main  gauche,  il  saisit  parles  cheveux  un 
poupe  de  captifs  agenouillés.  De  la  main  droite,  il  lève  le 
pesanl  cimeterre  avec  lequel  il  esl  censé  leur  trancher  la  tête. 
Devant  lui,  un  Dieu  se  présente  amenant,  liés  par  les  bras  et 
par  le  cou,  plusieurs  centaines  de  personnages  à  longues  barbes. 

Toul  I  intérêl  de  la  découverte  dont  j'ai  l'honneur  d'entre- 
tenir l'Académie  est  dans  ces  personnages.  Ou  les  prendrait, 
à  première  vue.  pour  des  prisonniers  de  guerre  amenés  à 
Thèbes  par  Thoutmès  III  comme  trophée  «l«'  ses  victoires.  Mais 
on  écusson  attaché  sur  la  poitrine  de  chacun  deux  montre 
qu'on  ;i  ainsi  représenté  toul  à  la  l«us  les  peuples  vaincus  par 
Thoutmès  el  les  localités  dont  d  s'était  emparé.  En  somme, 
autant  de  personnages  enchaînés  par  les  l>r;is  el  par  le  cou, 
autant  de  noms  géographiques.  Le  déblayemenl  du  pylône  esl 
donc  une  opération  qui  a  donné  des  résultats  sur  l'importance 
[lesquels  |  appuie  avec  raison, 

Le  chiffre  précis  d''s  noms  géographiques  que  le  pylône 
nous  livre  montre  d'ailleurs  «pi  il   n\    h   rien  d'exagéré  dans 


245 


cette  appréciation.  Primitivement,  Les  noms  géographiques 
devaient  être  au  nombre  de  plus  de  douze  cents.  Mais  le 
pylône  a  souffert,  et  beaucoup  de  noms  ont  disparu,  ou  sont 
illisibles.  lïiin  autre  côté,  en  étudiant  avec  un  peu  de  soin  ces 
longues  listes  géographiques,  on  s'aperçoit,  en  premier  lieu, 
qu'on  a  affaire  à  deux  séries,  l'une  comprenant  les  peuples 
du  nord,  l'autre  comprenant  les  peuples  du  sud:  en  second 
lieu,  que  chacune  de  ces  deux  séries  esl  reproduite  deux  l'ois. 
L'éblouissemenl  que  fait  naître  tout  d'abord  la  vue  de  cette 
innombrable  liste  de  peuples  vaincus  «esse  doue  bientôt,  et 
en  définitive,  en  \  mettanl  de  l'ordre,  on  arrive  à  voir  que 
nous  possédons  comme  résultai  général  un  total  de  35o,  loca- 
lités du  nord,  de  269   localités  du  midi,  ce  qui  représente 

une  s m"  de  628  noms  géographiques.  Tel  est  le  bilan  de 

la  fortune  nouvelle  dont  ces  fouilles  de  Thèbes  viennent 
d'enrichir  la  science.  Peut-être,  pour  compléter  ce  bilan  sans 
sortir  de  Karnak  et  du  règne  de  Thoutmès,  conviendrait-il 
d'ajouter  à  ces  62$  noms  les  •'•')«>  noms  que.,  il  \  a  une  douzaine 
d'années,  j'ai  découvert  sur  un  autre  pylône  de  Thèbes,  que 
j'appellerai  le  petit  pylône.  Mais  je  vais  avoir  l'occasion  de 
l'aire  remarquer  que  cette  liste  n'est  qu'une  autre  édition 
abrégée  d<  la  grande  liste  du  pylône  principal,  et  je  n'ai  par 
conséquent  pas  ;i  m'en  occuper  ici. 

J'ai  essayé,  dans  ce  premier  et  rapide  inventaire,  de  donner 
11 1 1  •  ■  idée  générale  de  la  découverte  qui  vient  d'être  faite  à 
karnak.  Je  vais  maintenant  serrer  d'un  peu  plus  près  la  ques- 
tion et  fournir  successivement  sur  les  deux  listes  des  peuples 
du  sud  et  des  peuples  du  nord  les  renseignements  que  je 
crois  propres  à  nous  en  faire  comprendre  la  composition. 

La  première  liste  se  rapporte  aux  pays  du  sud. 

On  vient  de  voir  que  nous  en  possédons  trois  exemplaires. 
Le  premier,  qui  est  le  plus  complet,  occupe  la  lace  nord- 
ouest   >\u  pylône  principal,  et    nous  met  entre  les   mains  la 


—  246  — 

série  complète  des  26g  noms  annoncés  loul  .1  l'heure.  Le 
second  est  gravé  sur  la  face  sud-esl  du  même  pylône;  il 
compte  1  ili  noms,  qui  sont  1rs  1  1  (>  premiers  nome  de  la 
série  précédente.  Ces  mêmes  1  1  6  noms,  avec  une  seule  omis- 
sion que  je  signalerai  bientôt .  formenl  le  troisième  exemplaire, 
qui  appartient  au  pelil  pylône.  En  d'autres  termes,  nous  pos- 
sédons deux  listes  des  peuples  du  sud:  une  de  26g  noms; 
une  seconde  de  1  16,  cette  dernière  extraite  de  l'autre  et  re- 
produite deux  fois. 

La  liste  des  peuples  du  sud,  étudiée  compara tivemenl  dans 
se.«  trois  exemplaires,  se  décompose  en  quatre  parties  i  qui 
sont  : 

1"  Kousch,  ou,  comme  l'appelle  un  de  nus  textes,  Kousch  l>i 
mauvaise.  On  ne  se  rendra  bien  compte  de  la  portée  des  listes 

ographiques  de  Karnak  que  si  l'on  se  rappelle  qu'elles  ont 
une  origine  historique,  nullernenl  etlinoonipliique.  Le  rédac- 
teur des  listes  n'a  p;is  voulu,  en  effet,  nous  présenter  un 
énéral  des  localités  comprises  dans  le  pays  de  Kousch . 
mais  nommer  seulement  celles  de  ces  localités  <pii  avaient  été 
conquises  par  Thoutmès.  On  ne  s'étonnera  donc  pas  de  voir 
que  nous  ne  sortions  ici  ni  de  l'Ethiopie,  ni  de  l'Afrique.  La 
liste  comprend  h-  noms:  le  premier  (n°  1)  est  iduUs;  le 
dernier  (n'  kn\  est  Pa-mu,  le  fleuve.  Quant  aux  i5  noms 
intermédiaires,  on  peut  conjecturer,  autant  que  le  permet  le 
petit  nombre  de  ceux  qu'on  réussit  ■,  identifier,  que  nous 
avons  ici  pour  centre  le  futur  royaume  d'Axum  el  que  notre 
liste  ne  se  rneul  pas  dans  un  cercle  beaucoup  plus  étendu  que 
ce  qui  se  rapporte  dans  l'inscription  d'Àdulis  nu  continent 
africain.  C'est  ;iinsi  que  nous  trouvons  : 

1   oum  lui-mêim   joua  la  forme   it-ljoum  \  n  \-<  «le  Karnal  |; 
\in  !;i  forme   Uahmaô  1  n"  3  : 

(iabnla  s<>us  i.-i  forme  Kouloubou  1  n    1  ."> 

Irtj/n  si. 11-  l,i  l«u  me  '  hin  ""■'     n    9  '1 


247 


Samine  sous  la  forme  Djaoumen    n    35 
ItMtné  sous  la  forme   In-en-naâ  ^u   S6). 

Les  fi(/:i.  que  Bruce  appelle  les  [gaazi,  s\  reconnaissenl 
dans  notre  Katja  in"  ai  ).  qui  pourrait  être  aussi  ['Avé-gada 
du  Tigré  actuel.  LesAn-betou  Na-bet(n°  37)  sont  peut-être 
1rs  ancêtres  des  Nou&'<Jbi,  connus  par  l'inscription  <ln  roi  Silco, 
Les  Tangentes  de  l'inscription  d'Adulis  sont  les  peuples  du  Taka 
de  karnak  1  n°  10);  enfin  on  retrouvera  dans  les  Beljas{  n   i 

-  Bicharis  .  j  i_i  i  occupent  une  si  grande  place  dans  l'histoire 
a  l'époque  romaine  vms  le  nom  de  Blemmyes,  et  sous  le  nom 
-li'  Beajas  à  l'époque  arabe. 

En  somme,  l'étude  comparée  des  '17  noms  géographiques 
'If  Kousch  oe  mène  pas  a  de  grands  résultats.  On  doit  noter 
cependant  comme  un  fait  digne  de  remarque  qu'à  peu  près 
ton-  les  noms  abyssiniens  de  l'inscription  d'Adulis  se  retrouvent 
dans  If-  listes  de  Thoutmès.  A  deux  mille  ans  de  distance,  I'1 
conquérant    axoumite  se  vante  ainsi  des  mêmes  victoires   et 

opare  des  mêmes  villes  que  le  glorieux  fondateur  du  pylône 
de  Karnak. 

2°  Le  pays  de  Potm.  Avec  la  deuxième  partie  de  la  liste  des 
contrées  du  sud.  on  arrive  au  pays  de  Poun.  60  noms  sonl 
cités,  y  compris  Poun  lui-même.  M.  Brugsch,  qu'il  faut  toujours 
nommer  quand  il  s'agit  de  géographie  ancienne  étudiée  par  les 
monuments  hiéroglyphiques ,  regarde  les  habitants  du  j>a\s  do 
Poun  comme  des  Kouschites  et  les  place  dans  l'Yémen,  opi- 
nion qui  est  aujourd'hui  unanimement  adoptée  dans  la  science. 
\\«M-  Kousch  el  Poun,  nous  aurions  ainsi  des  Kouschites 
peuplant  à  la  ho-  Les  deux  rivages  de  la  mer  Rouge,  ce  qui 
est  conforme  à  toutes  les  données  reçues,  puisque  L'ethnogra- 
phie de  la  Bible  elle-même  place  des  kouschites  à  côté  des 
enfant-  de  Sem  sur  \o  sol  de  l'Arabie  méridionale,  et  qu'à 
chaque  pas  nous  voyons  dans  les  géographes  grecs  l'Yémen 
ri  l'Abyssinie  confondus.    Mais  cette   opinion,  si  séduisante 

17- 


—  US  — 

qu'elle  soil  .  devons-nous  l'accepter  comme  définitive?  Quand 
M.  Brugsch  écrivait  su  Géographie,  je  n'avais  pas  encore  trouvé 
1rs  bas-reliefs  historiques  de  Derr-el-Bahari,  <|iii  nous  mon- 
Irenl  des  soldats  égyptiens  du  temps  des  Thoutmès  en  ex- 
ploration dans  le  pays  de  Poun.  Les  Ao  noms  géographiques 
du  pylône  de  Karnak  n'étaienl  pas  non  plus  connus.  Quel  se- 
cours nouveau  ces  découvertes  nous  apportent-elles?  Le  pays 
de  Poun  de  Derr-el-Bahari  csl  par  excellence  le  pins  des  par- 
fums ;  on  v  trouve  de  I  or,  de  l'ébène  ;  on  on  rapporte  de  grands 
singes  cynocéphales,  des  panthères,  des  girafes. 

Les  habitants  sont  à  peau  basanée,  au  nez  saillant,  aux 
cheveux  tantôl  ondulés,  tantôl  roides  el  droits  ;  parmi  eux  se 
rencontrenl  des  individus  qu'un  texte  cité  par  M.  Brugsch 
appelle  les  nègres  de  Poun.  Ce  tableau  convienl  peut-être  à 
l'Yémen;  mais  ne  conviendrait-il  pas  plutôt  à  la  contrée  afri- 
caine <|iii  est  ronimr  le  prolongement  de  l'Abyssinie,  que  Pline 
appelle  Barbarica  regio  el  <|ui  se  termine  précisément  parle  Pro- 
montoire des  iromates.  \uis!  on  comprendrail  comment  l<'  rédac- 
teur de  la  1  isi «•  a  nus  ;'i  la  suite  l'un  de  !  autre  el  sous  la  même 
rubrique  Kousch  la  mauvaise  el  le  pays  de  Poun:  ainsi  sérail 
justifiée  la  présence  de  nègres  au  milieu  d'une  population  <|ni 
n'appartient  pas  à  cette  race;  ainsi  pourrait  apparaître  parmi 
les  animaux  amenés  du  pays  de  Poun  la  girafe,  qui  esl  un 
ruminant  exclusivement  africain.  Notons  enfin  <|u<'  les  listes  de 
k;irn;il\  et  les  autorités  classiques  comme  Irtémidore,  Ptolémée, 
Pline,  l'auteur  du  Périple  de  la  mer  Erythrée,  se  rapprochent 
par  plus  de  points  de  contact  communs  qu  au  premier  abord 
on  ne  serait  tenté  de  le  croire.  Le  nom  principal  delà  contrée, 

[milites,  la  ville  des  Walites,  l'AtaX/ri/s  de  Ptolémée  H  «lu 
Périple,  se  retrouve  en  effel  dans  YAouhal  des  lislrs  (n°  55); 

\mmessou  m  5o)  est  le  Djizireh-Mescha  des  cartes.  Hebou 
ou  Hobou  (n"  ")  esl  certainement  le  Ko&)  êfiitéptov  de 
Ptoléméo  et  le   llh<il><>  des   modernes.  On  trouve  au  n"  67  (\*' 


—  249  — 

k;irn;ik  un  nom  écril  [b,  avec  le  veau  pour  déterminatif  pho- 
nétique. Mais  je  ne  doute  pas  qu'il  n'\  ail  ici  une  erreur  de 
lapicide,  el  qu'à  la  place  du  veau  il  ue  faille  ^éléphant,  qui  se 
prononce  également  1/».  Or  nous  aurions  ainsi  dans  le  n°  Gy 
de  karnak.  ŒXé<pas  opos  d'Artémidore,  iE/J^as  éatpùmifuov 
du  Périple  el  de  Ptolémée.  Enfin  les  deuxMouv«5bo,  quePtolé- 
mée  place  dans  le  voisinage  l'iin  de  l'antre,  ont  pour  correspon- 
dants dans  les  listes  les  nM  hj  el  58,  qui  se  lisent  Memtou  el 
Uhouinii.  Il  if\  ,i  donc  pas  à  bésiter,  et  je  pense  qu'en  définitive 
nous  possédons  une  somme  suffisante  d'arguments  pour  être 
.ml- 'lis,',  à  regarder  le  pays  de  Poun,  non  comme  ITémen, 
mais  comme  la  partie  du  continent  africain  qui  s'étend  du 
détroit  de  Bab-el-Mandeb  au  cap  Guardafui.  Ainsi  s'établira 
l'accord  entre  les  bas-reliefs  de  Derr-el-Bahari  et  la  contrée  à 
laquelle  ils  appartiennent.  Nous  \  verrons,  d'un  côté,  la  Thuri- 
feraou  la  Cinnamomifera  regio  des  anciens  et  le  cap  des  Aromates  ; 
mais  nous  j  verrons,  del'autre,  le  pays  d'où  l'Egypte  exporte 
des  arbres  à  essences  odoriférantes,  où  elle  s'approvisionne 
de  gomme,  de  résine  et  d'encens  «comparable  à  la  rosée 
divine.  » 

3°  La  Libye.  G'esl  la  troisième  partie  de  la  liste  des  pays  du 
sud.  \  ingt-neuf  noms  sont  cités.  La  Libye,  dit  Hérodote,  était 
habitée  par  deux  nations  indigènes  :  au  sud  les  Ethiopiens,  au 
nord  les  Libyens.  C'est  sans  doute  à  la  région  éthiopienne  de  la 
Libye  que  se  rapporte  la  troisième  partie  de  la  liste  de  Karnak, 
placée,  comme  nous  le  voyons  i<i.  à  la  suitede  Kouschet  de 
Poun.  A  la  Libye  du  nord  appartiendront  lesMaschouasch,  les 
ki'hak-  et  le.s  autres  peuples  à  peau  blanche  et  au  teint  clair 
qui  vivent  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée.  La  Libye  du  sud 
sera  le  domaine  des  peuples  qui  possédaient  les  vingt-neuf 
localités  conquises  par  Thoutmès.  En  quelle  partie  de  l'Afrique 
ces  vingt-neuf  localités  étaient-elles  situées?  Les  cartes  mo- 
dernes pas  plus  que  les  écrivains  de  la  tradition  classique  ne 


—  250  — 

nous  foumissenl  malheureusement  aucun  indice  qui  nous  le 
fasse  reconnaître. 

h"  Quanl  à  la  quatrième  partie  de  i;i  liste  despays  du  sud 
î'avoueque  jusqu'à  présent  je  n'y  vois  pas  autre  chose  qu'une 
autre  série  de  noms  complètement  nouveaux.  Un  des  exemplaires 
des  listes  porte  comme  titre  :  Réunion  des  nattons  du  midi,  des 
peuples  de  Nubie  et  de  Khent-en-mefer.  Cette  quatrième  partie 
est-elle  une  énumération  de  ces  peuples,  et,  bien  que  nous 
n'y  trouvions  aucun  des  noms  déjà  connus  de  la  Nubie,  aurons- 
nous  -,\  suivre  avec  «'Ile  les  bords  du  \ii  supérieur?  Ces!  ce  que 
je  ne  saurais  dire. 

En  résumé,  des  269  noms  géographiques  qui  formenl  l'en- 
semble de  la  partie  des  listes  de  K;irnak  comprise  sous  le  titre 
de  Contrées  du  sud,  il  en  esl  '17  qui  appartiennent  à  Kousch  la 
mauvaise  et  à  ce  qu'on  appelle  l'Abyssinie,  ko  qui  nous  trans- 
portent dans  le  pays  de  Poun,  lequel  esl  le  pays  des  Somât, 
an  qui  sont  à  la  Libye  éthiopienne,  t5-3  qui  peut-être 
représentent  «les  parties  inexplorées  de  la  haute  Nubie  et  du 
Soudan. 

La  liste  des  pays  du  nord  a  pour  nous  plus  d'intérêt.  Comme 
la  liste  des  pays  «lu  sud.  elle  se  présente  en  trois  exemplaires 
qui  varient  peu.  Nous  venons  <l«'  voir  que  la  liste  des  pays  du 
su  I  comprend  quatre  parties*,  deux  parties  seulement  compo- 
senl  la  lisle  des  |»;i\s  du  nord. 

La  première  partie  forme  un  total  de  1  1  u  noms  géogra- 
phiques^   la   seconde  un   total   de    •-  '\  o  .  «e  qui   revient  aUX  ■">.><) 

m. ois  géographiques  des  pays  du  nord  qtfe  j'ai  annoncés  plus 
haut. 

La  première  partie  ;>  pour  titre  général  un  texte  qui,  dans 
son  édition  la  plus  complète,  doit  êtretraduit  ainsi  :  ••  Liste  des 
pays  du  Haut-Ruten  que  S.  M.  ;>  enfermés  dans  la  ville  de 
Mégiddo  la  misérable,  e1  dont  S.  M.  ;i  emmené  les  enfants 
romne  captifs  vivants  ;•  la  forteresse  de Souhen,  à  rhèbes,  lors 


—  251  — 
de  su  première  expédition  victorieuse,  conformément  àl'ordre 
de  son  père  bnmon  qui  l'a  guidé  (le  roi)  dans  les  bons 
chemins."  Nous  n'avons  donc  pas  à  bésiter  sur  l'époque 
des  événements  en  souvenir  desquels  la  liste  dont  nous 
nous  occupons  a  été  dressée  :  ces  événements  remontent 
au  règne  de  Thoutmès  111  et  à  la  première  campagne  de  ce 
prince.  Nous  n'avons  pas  à  bésiter  non  plus  sur  le  nom  de  la 
contrée  où  uous  allons  nous  trouver  :  cette  contrée  n'est  peut- 
être  pas  Le  Haut-Ruten  loui  entier  dont  Thoutmès  peuf 
n'avoir  occupé  qu'une  partie;  mais  elle  lui  appartient  certai- 
nement. 

Jusqu'ici  la  première  série  de  la  liste  des  pays  du  nord 
offre  tout  au  inoins  l'avantage  de  la  clarté;  j'éprouve  un  cer- 
tain plaisir  à  ajouter  que  la  clarté  n'est  pas  moins  grande 
quand  on  chereheà  retrouver  le  pays  auquel  le  nom  de  Haut- 
Ruten  s'applique.  Un  simple  coup  d'œil  suffit  en  effet.  Nous 
.nous  devant  nous,  exactement  rappelés  par  leurs  noms  hiéro- 
glyphiques, le  lac  Meioiu.  Damas,  Mégiddo,  Kdrehi.  Abila, 
kana,  Aschtaroth ,  Kinnéreth,  Jaffa,  Henganiru,  Migdol, 
Guérar.  Beyroul  esl  tout  à  l'ait  au  nord:  Rehoboth  est  tout  à 
fait  au  sud.  Nous  nous  arrêtons  à  l'ouest  aux  rivages  de  la  Mé- 
diterranée; à  l'est  nous  franchissons  de  quelques  pas  seule- 
ment le  Jourdain.  Le  doute  n'esi  donc  pas  possible.  Si  ces 
limites  ne  sont  pas  exactement  celles  que  le-cliapilre  \  de  la 
Genèse  assigne  à  la  terre  de  Ghanaan,  on  voit  que  tout  au 
moins  les  iiq  noms  nous  conduisent  au  centre  même  et 
au  cœur  de  ce  pays  célèbre. 

Ainsi,  à  L'avantage  de  se  laisser  facilement  saisir  comme 
époque,  la  liste  des  j  t  9  peuples  joint  relui  de  se  laisser 
facilement  saisir  comme  détermination  géographique.  En 
définitive,  ces  lia  noms  ne  sont  autre  chose  qu'un  ta- 
bleau synoptique  de  la  Terre  promise,  deux  cent  soixante 
ans  a\  anl  I  exode. 


—  252  — 

Maintenait  dans  quel  ordre  ces  i  ig  noms  sont-iis  ran- 
gés, et  d'abord  y  a-t-il  un  ordre;  en  d'autres  ternies, 
n'avons-nous  à  tirer  de  la  liste  des  i  i  <)  noms  qu'une  série 
de  noms  géographiques  rangés  au  hasard  et  plus  ou  moins 
aisémenl  retrouvés  dans  le  texte  hébreu  de  la  Bible?  Lors 
de  la  découverte  du  premier  exemplaire  de  la  liste,  faite  il 
\  a  mu1  douzaine  d'années,  M.  de  Rougé,  sur  ma  demande, 
avait  présenté  à  l'Académie  le  résumé  de  son  travail  sur  ce 
précieux  document.  Mais  la  liste  découverte  il  y  a  une  douzaine 
d'années  était  à  chaque  instant  coupée  par  des  lacunes,  puis- 
que .')<j  noms  lui  manquaient,  et  M.  de  Rougé  n'avail  même 
pas  tenté  de  trouver  l'ordre  dans  lequel  les  Lig  villes  se 
présentent  sur  la  muraille  de  Karnak.  Aujourd'hui  que  les 
listes  sont  au  complet  et  sans  lacunes,  cette  intéressante  con- 
frontation est-elle  possible?  Je  me  hâte  de  répondre  par  l'af- 
firmative. 

En  effet,  si  l'on  pose  sur  la  carte  de  la  Palestine  les 
ng  noms  tels  que  les  listes  de  Karnak  nous  les  mon- 
trent, on  s'aperçoit  que  ces  noms  sont  géographiquemenl  par- 
tagés en  six  groupes. 

Kadesch  et  Mégiddo  (n01  i  et  •>  )  appartiennent  au  premier 
groupe.  Ceci  esl  à  proprement  parler  le  titre  ou  l'enseigne  de 
la  liste.  Quel  que  Boit  l'emplacement  de  la  Kadesch  ici  men- 
tionnée, c'est  dans  celte  ville  que  les  princes  ligués  contre 
l'Egypte  se  sont  assemblés.  C'est  à  Mégiddo  qu'eut  lieu  la 
bataille  qui  a  décidé  du  sort  de  la  campagne. 

Le  deuxième  groupe  comprend  les  numéros  3  à  n.  Nous 
sommes  ici  dans  le  sud  de  la  Palestine  et  nous  embrassons 
une  ligne  circulaire  dont  Jérusalem  (  qui  n'est  cépendanl  pas 
citée)  pourrait  «'Ire  regardée  comme  le  centre.  Le  tracé  que 
nous  avons  sons  1rs  yeux  montre  que  ce  deuxième  groupe 
commence  •i\-"  Haï  <■!  Gaih  {  w""  .">  et  'i  ).  p;issr  par  une  loca- 
lité inconnue  que  le  texte  égyptien  nomme    [ïn-Scliou  in"  .»  j. 


—  253  — 

atteinl  Beth-Tappuah  |  n°  6),  se  trouve  à  Bar-mai  et  à  Kamata 
-  et  8)  en  présence  de  deux  autres  localités  donl  les  cor- 
respondants m'  sont  pas  sur  les  cartes,  et  se  termine  à  Jouta, 
Libna  et  Kiriat-Sensennah  ('n'15  9,  10  et  11).  Des  aeuf  loca- 
lités comprises  dans  l<-  deuxième  groupe,  six  noms  sont  dom 
connus,  et  il  ae  reste  plus  à  trouver  que  Aïn-Schou,  Ba-maï  et 
Kamata,  qu'il  faut  chercher  au  sud  de  la  Palestine  etdansun 
rayon  qui  ne  s'éloigne  pas  trop  de  Gath,  de  Beth-Tappuah  et 
de  Jouta. 

Le  troisième  nous  transporte  sans  transition  à  Mérom, 
~l-à-dire  tout  à  l'ait  au  nord.  Sept  noms  sont  cités.  Les 
cinq  premiers  sonl  :  19,  Maroma  (Mérom);  i3,  Tameskou 
I  Damas):  1  '\ .  Atara  (  Edrehi,  \Spa  de  Ptolémée):  10,  Aoubil 
(Abila);  16,  Hamtu  (i'Hammath  du  lac  Tihériade).  Les  deux 
derniers,  AJcttua,  ou  Kaïtua  (n°  17),  et  Schemana-ou  (n°  18) 
n'iiiit  pas  de  correspondants  dans  la  Bible.  Mais  tous  deux  se 
retrouvent  dans  des  localités  voisines,  situées  à  peu  de  distance 
au  sud  de  Damas.  L'une  est  la  Kétibeh  des  cartes  modernes. 
Les  mêmes  cartes  nous  donnent  l'autre  sous  la  forme  Suna- 
min,  Sulamen,  Suneimenah,  nom  dans  lequel  on  reconnaît 
sans  peine  la  Schemana-ou  des  textes  hiéroglyphiques  et  la 
'EafiovMs  de  Ptolémée. 

Le  point  de  départ  du  quatrième  groupe  est  Beyrout  et  le 
bord  de  la  mer.  Le  tracé  devient  cette  fois  pîus  compliqué,  et 
il  serait  difficile  de  le  suivre  pas  à  p;is  sans  entrer  dans  des 
détails  qui  me  feraient  sortir  du  cadre  que  je  me  suis  tracé-. 
De  Beyrout  la  ligne  descend  vers  le  si1(|,  circule  à  travers  les 
\illes  principales  de  la  Galilée,  et  se  termine  au  Jourdain. 
Elle  touche  d'abord  Madon,  Beten,  Rotin.  Jeron,  à  l'occident 
<\\\  lac  Tihériade.  Elle  passe  ensuite  à  l'orient,  s'arrête  à  \sch- 
taroth-Karnaïm ,  à  Raphon,  pour  remonter  de  là  au  nord  où 
elle  rencontre  Laïsch,  l'ancien  nom  de  Dan,  et  Hatzor.  I  n 
nouveau  détour  la  ramène  enfin  mie  autre  fois  sur  le  territoire 


—  254  — 

qui  m'I'm  plus  tard  occupe  par  les  tribus  tl'Aser,  de  Zabuion 
et  de  Vephtali,  el  Kennereth,  Schunem,  Mischéal,  Vkzih, 
Tabanaq,  Ibleham.  Acco  (Saint -Jean  d'Acre),  kalamen  qui 
I  avoisine,  Beth-Schemès ,  sont  successivemenl  cités.  Des  trente- 
quatre  villes  dont  se  compose  notre  quatrième  groupe,  dix- 
luiil  trouvent  ainsi  leur  identification.  Quant  aux  villes  que  le 
même  tracé  atteint,  et  dont  nous  ne  réussissons  pas  à  recon- 
naître l'emplacement,  ee  sont  :  ai,  Sarona.  11  s'agii  certaine- 
ment de  Lascharon,  ville  chananéenne ,  dont Josué  mit  le  roi 
•  •h  fuite.  Saint  Jérôme  dit:  Bex  Saronis.  29,  Toubi.  On  ne 
peul  s'empêcher  de  rapprocher  ce  nom  de  la  Terre  de  T.ob  et 
de  la  <~)a££a  de  Ptolémée.  Mais  ce  district  est  trop  éloigné 
vers  l'est  pour  que  nous  puissions  songer  à  lui  donner  sa  place 
ici.  -.iU.  Aêchna.  On  connaît  une  Ama  qui  appartient  à  la  tribu 
de  Juda.  Une  autre  Aschnahesi  indiquée  par  les  caries  à  quel- 
ques milles  au  nord  de  Jérusalem.  Je  ne  crois  pas  que  notre 
quatrième  groupe  s'étende  jusqu'à  ces  contrées  méridionales. 
•>..),  Wasakha,  UOnornasticon  cite  Massica,  Wasek,  Wasechana, 
mais  sans  renseignements  <pii  puissent  nous  guider  sur  l'em- 
piacemenl  de  ces  localités.  3o,  Makuta.  C'est  exactement  l'or- 
thographe de  Wakéda,  la  ville  royale  chananéenne,  célèbre 
par  la  victoire  de  Josué.  Mais  Wakéda  est  trop  au  sud.  el 
puisque  nous  sommes  ici,  avec  tachtaroth-Karnaïm  el  naphon, 
mu  h'  territoire  de  Manassé,  peut-être  faudrait-il  voir  dans 
Makuta  la  forme  égyptienne  de  la  Map^J^  ou  de  la  Ma^a^i'. 
citée  parEusèbe.  33,  Pahur,  localité  sur  laquelle  je  ne  saurais 
fournir  aucun  renseignement.  35,  Schemana,  nuire  ville  in- 
connue. 3o,  [tamem,  peut-être  [dama,  delà  tribu  de  Veph- 
tali,  citée  par  Josué  avec  Kinnéreth.  07.  Kasouna,  évidem- 
ment la  Kischion,  qui,  lors  du  partage  de  la  terre  de  Ghanaan , 
échul  à  la  tribu  d'Issachar;  mais  od  ne  sail  rien  du  site  de 
cette  ville,  ii,  Kabasouna,  localité  sans  mention  biblique 
certaine:  Kilù<m,i  \  correspondrai!  assez  bien,   i/i,  Kentouarnu; 


255 


').">.  Er-ta-arka,  noms  tout  à  tait  nouveaux.  'iG.  iïna;  peul- 
êlre  la  Nai'v,  célèbre  par  le  miracle  de  Jésus-Christ,  48,  Bm- 
Kadesch;  5o,  />'""•  ou  />W:  5a,  Anjichertu.  Ce  nom  se  trouve 
dans  le  catalogue  des  villes  chananéennes  sous  la  forme  Ana- 
charath.  Le  renseignement  fourni  par  le  livre  de  Josué,  qui 
place  cette  ville  dans  la  tribu  dlssachar,  n'est  pas  assez  précis 
pour  cru'  inuchertu  figure  à  sa  place  sur  notre  carte.  Dix-huit 
noms  Facilement  reconnaissantes,  seize  noms  crue  mois  ne  sa- 
vons exactement  ou  placer,  forment  donc  l'ensemble  de  notre 
quatrième  groupe. 

Le  cinquième  groupe  nous  l'ait  traverser  le  Jourdain,  où 
nous  trouvons  les  deux  Ephron  sous  la  forme  Aper  (n03  53  et 
j'ii:  Heschbon,  nommée  Keschbou  par  la  liste  de  karnak 
(n°  55);  Tasourot  ou  Atsourot,  qui  est  Alaroth  (n°  56);  Aschou- 
schkhen  ou  Schaouschkeii ,  qui  est  .SÏ/<o/<  (  n°  58);  Rinama,  qui  est 
Beth-Nimra  (n°  û<,  :  Jtwja,  qui  est  Jahzer  (n°  Go).  Les  loca- 
lités encore  inconnues  à  chercher  sur  la  rive  orientale  du 
Jourdain  et  de  la  mer  Morte  sont  :  \rhbm  in"  ô- )  et  Maa- 
kliasn  (  n"   Gi). 

Le  sixième  groupe  est  au  sud  de  la  Palestine  ce  que  le 
quatrième  est  au  nord.  Cette  lois  encore,  c'est  un  porl  de  mer 
qui  est  le  point  de  départ.  Le  tracé  commence  en  effet  à  Jaffa. 
Quarante-deux  ooms  appartiennent  a  ce  groupe.  L'identifica- 
tion de  vingt-deux  d'entre  eux  est  assurée.  G»  sont  :&s,Ipou,  la 
ville  de  Juppé:  G  'i .  Lauten,  la  ville  de  Lod;  65,  iounâou,  la 
ville  d'Onu:  G-.  Smiku .  qui  correspond  àSocho;  68,  Ihwta, 
qui  correspond  à  llijim:  69,  Kibja,  Kebjina,  qu'un  retrouve 
dans  Hésib:  70.  Kanatu,  les  jardins,  le  Hen-ganim  de  la 
Bible:  71  .  Makatal,  le  Mi-dal  des  cartes:  76,  flaftto,  qui  est 
\dida:  78.  Ichapil,  qui  est  Scapbir;  7 9 , Lakadja ,  Tsiklagen 
vertu  d'une  de  ces  métathèses  dont  nos  listes  (dirent  des  exemples 
si  multipliés;  80,  Kérar,  dans  lequel  on  reconnaît  sans  efforts 
le  duérar   cTAbimelek:   81,    Harem-w  ou  Har-ur,   Haronei' 


—  256  — 

83,  Vumaana,  métathèse  pour  Maona,  Maon;  85,  Waramam. 
On  pourrai!  attribuer  ce  nom  à  Mérom,  si  cette  localité  n'était 
,as  située  beaucoup  trop  au  nord.  Peut-être  s'agit-il  <lc 
Miiiniv.  ville  effectivement  très-ancienne  de  la  Judée.  86,  Ini, 
m  1///.  I;i  llajin  située  aux  environs  de  Rehoboth;  87,  Rch- 
bon;  89,  Hikluhim;  96,  Wakarput;  95,  iàina;  96,  Kerema; 
100,  Jaritou,  qui  sonl  Rehoboth,  Higlon,  Beth-Markaboth , 
Hanau,  Beth-Kerem,  Jatira.  Les  vingt  noms  à  chercher  dans 
le  sud  de  la  Palestine  sonl  :  63,  Kentu;  66,  [puken  (Aphek), 
non  loin  do  la  nier.  7:!.  Apten;  7.').  Scheptouna;  7  V  Tiaï; 
75,  Naon;  77,  //"/•:  82,  Rebaou,  dans  la  région<lon1  Migdol 
el  Guérar  sonl  le  centre;  84,  Samana;  88,  4&ara;  90,  4<w- 
/^//.-  (,  1  .  [outara;  92,  lottèa/ (une  autre  Avila);  9 3 ,  JSuewtote , 
entre  Rehoboth,  Higlon  el  Beth-Markaboth;  97,  Bafr4;  98, 
Tapounna;  99,  une  troisième  lèt/a;  101,  Har-Kar',  102, 
Iakebar;  io3,  Kapouta,  autour  de  Juttira. 

Ivec  le  septième  el  dernier  groupe,  nous  parlons  du  nord 
el  pour  la  première  lois  nous  traversons  la  Samarie,  mais  en 
côtoyanl  la  rive  occidentale  du  Jourdain.  Seize  villes  sonl 
nommées,  qui  sonl  :  io'i.  Kesultoth  [Katjuta)\  lo5,  Rabbith 
[Rabaiu)\  i07,Beth-Hinuk(  [amouk)\  lo8,  Tsartan  (Surota) 
lo.,.  Beeroth  (Itoarota);  lio,  Schilô(Zfe^-Sc/wr);  ni,Beth- 

;iliu||i(  Hcl-anhi):  i  i  •">.  1 1  en-';ailiin    (    \ïii-llmni<w  ):   i  l  i,Guibba 

|  Kabaou);  1  1 ...  Thilla ( 7)'erer) ;  1  16,  Ziph  [Tjajta)\  1  17.  Be- 
rakhah  {Rerakna);  \  19,  Akmes  (  \îtschmas),  toutes  identifiées  ; 
el  10C.  \Iakrotu;  1  ia,Kharkatu;  118,  Boum..  ,  pour  lesquels 
M  l'iint  chercher  dans  la  topographie  de  la  Judée  un  corres- 
pondant. 

Telle  esl  la  liste  des  119  noms  de  la  première  partie  des 
pays  du  nord.  J'en  ai  retrouvé  el  placé  sur  la  carte  7.).  Il  en 
reste,  par  conséquent,   hh  sur  lesquels  toutes  les  hypothèses 

on!  permise-,.  Ci  rtes,  ce  dernier  chiffre  estencore  très-élevé. 

Mais  nous  devons  penser  que  la  liste  de  Karnak    dressée  el 


—  •_>:>  7  — 

arrangé  i  comme  elle  l'est .  nous  offre  des  ressources  <|ni  doivent 
nous  aider  à  diminuer  de  jour  en  jour  nos  non-vàieurs.  On 
trouve,  <mi  effet,  dans  cette  liste  des  éléments  de  précision  et 
de  mutuelle  confrontation  avec  lesquels  il  esl  impossible  de 
ne  pas  compter.  Telle  ville  dont  autremenl  nous  ne  soupçon- 
nerions même  pas  la  place,  nous  savons  par  noire  liste, 
non-seulemenl  s'il  Tant  la  mettre  au  sud  ou  au  nord  de  la  Pa- 
lestine, à  l'orient  ou  à  l'occident  du  Jourdain,  mais  s'il  faut 
l'attribuer  au  voisinage  de  telle  on  telle  autre  localité  déjà 
connue.  La  liste  des  peuples  du  nord  de  Karnak  devient  ainsi 
une  sorte  de  dictionnaire  géographique,  où  l'on  ne  cherchera 
pas  les  noms  dans  leur  ordre  alphabétique,  mais  où  l'ordre 
(graphique  parai!  avoir  été  rigoureusement  observé.  De  là 
son  importance  exceptionnelle,  qui  s'accroît  en  raison  directe 
des  services  qu'elle  peul  rendre  à  l'étude  de  la  géographie 

biblique. 

I  ne  dernière  question  reste  a  résoudre.  Pourquoi  ces  sept 
coupures  et  dans  quel  intention  les  a-t-on  faites  !  Avant  la  con- 
quête de  Josué,  la  terre  de  Chanaan  était  divisée  en  un  certain 
nombre  de  petites  principautés,  et  les  annales  de  Thoutmès, 
qui  nous  montrent  les  peuples  alliés  contre  l'Egypte  depuis  Elusa 
«jusqu'au*  extrémités  du  monde, »  loin  de  contredire  cette 
donnée,  la  confirment.  Les  six  coupures  (je  mets  de  côté  ka- 
desch  et  Mégiddo)  représenteraient-elles  six  Mes  Etats  confé- 
dérés? Aurions-nous  ici  quelque  chose  rumine  le  Jéboussi, 
l'Amori,  le  Guirgaschi,  le  llivi.  l'Arki,  le  Sini?  Mais  si  cette 
hypothèse  était  admise,  il  faudrait  expliquer  pourquoi  les, 
lignes  de  noire  tracé  se  pénètrent,  et  donnent  ainsi  dfn\ 
maîtres  à  la  fois  au  même  pays.  Ce  n'est  donc  pas  à  un  motif 

graphique  que  le  rédacteur  de  la  liste  a  obéi  eu  pratiquant 
les -i \  coupures.  Ce  motif  serait-il  plutôt  historique?  Il  n'j 
avait  pas  longtemps  que  la  fameuse  régente,  sœur  des  l'Iiout- 
niès.  «'-lait   morte,  et  Thoutmès  III   était  seul  sur  le  trône.    \ 


—  258  — 

ce  moment  divers  peuples,  qui  occupent  I  \sie  occidentale,  se 
Liguent  contre  l'Egypte.  Thouthmès  marche  contre  eux  et  les 
bat  à  Mégiddo,  où  toutes  leurs  forci  s  étaient  réunies.  Là  s'arrête 
la  partie  historique  dos  Annales  gravées  sur  les  murailles  du 
sanctuaire.  Mais  les  listes  gravées  sur  le  pylône  semblent  nous 
permettre  d'aller  au  delà.  11  fallail  satisfaire  à  la  volonté  d'Am- 
mon  et  ramener  à  Thèbes  des  prisonniers  pour  être  immolés 
devant  le  dieu.  En  style  moins  poétique,  il  fallait  faire  pro- 
duire à  la  victoire  de  Mégiddo  Ions  ses  fruits  et  occuper  toutes 
les  places  de  la  confédération.  L'ordre  dans  lequel  ces  places 
•  mi  été  successivement  prises  est-il  l'ordre  dans  lequel  ''Iles 
sont  rangées  sur  le  pylône  de  Karaak?  Dans  cette  hypothèse, 
six  corps  d'armée,  ou  six  détachements  auraient  été  employés 
aces  diverses  expéditions?  Le  premier  rayonna  autour  de  Jé- 
rusalem, sans  cependant  entrer  dans  la  ville  sainte.  Le  second 
partit  du  lac  Mérom  el  s'empara  de  toutes  les  villes  situées  aux 
environs,  jusqu'à  Damas.  Sans  qu'il  soit   nécessaire  de  sup- 
poser que  les  Bottes  égyptiennes  Murent  aborder  à  Beyroul  el 
.1  J.illa.  on  peut  montrer  le  troisième  et  le  cinquième  corps 
d'armée  faisant  d    ces  deux  villes  leur  base  d'opération,  et  vi- 
sitanl  le  nord  el   le  sud  de  la  Palestine.  Le  quatrième  corps 
franchit  le  Jourdain,  el  s'étend  sur  la  rive  gauche  de  ce  fleuve 
et  les  bords  orientaux  de  la  mer  Morte.  Le  sixième  corps  enfin 
complète  l'œuvre  et  relie  le  nord  au  sud  par  une  marche  qui 
lui  lail  côtoyer  la  rive  droite  du  Jourdain.  Les  listes  du  pj  lône 
de  karnak  seraient  ainsi  la  continuation  des  récits  historiques 
du   sanctuaire,  puisqu'on  eu  déduirait  la  marche  de  l'armée 
de  Tliouimès  après  la  victoire  de   Mégiddo.   Lee  confédérés 
sont  en  fuite,  leurs  chefs  probablement  prisonniers  ou  tués. 
Thoutmès  s'empare  successivement  de  leurs  villes.  La   Galilée 
au  nord,  la  Judée  au  sud  sont  la  proie  du  vainqueur.  Cepen- 
dant, chose  remarquable,  l'armée  égyptienne  ne  pénètre  pas 
dans  la  Samarie.  et  nous  ne  la  voyons  en  aucune  circonstance 


—  259  — 

Franchir  la  chaîne  de  montagnes  <|in  sert  de  contre-forl  au  boni 
occidental  de  !;i  mer  Morte.  Mais  cette  interprétation  histo- 
rique de  ia  liste  des  i  i  q  peuples  s'appuie-t-elle  sur  une  base 
assez  solide  pour  que  nous  puissions  l'adopter  comme  défini- 
tive? Je  ne  saurais  le  dire;  en  tous  cas,  ce  qui  est  certain, 
c'est  qu'après  avoir  plan'  en  tête  Kadesch  et  Mégiddo  comme 
une  sorte  de  titre  du  document  qu'il  allait  produire.  le  rédac- 
teur de  la  liste  a  reçu  de  six  mains  six  listes  différentes  qu'il  a 
mises  bout  à  bout  pour  en  former  le  précieux  ensemble  que  je 
viens  d'essayer  de  faire  connaître  à  l'Académie. 

C'est  aux  i  iq  noms  de  la  première  partie  de  la  liste  des 
peuples  du  nord  que  nous  devons  ces  résultats  aussi  importants 
qu'imprévus.  Que  vont  nous  dire  maintenant  les  a/to  autres 
noms  qui  composent  la  deuxième  partie?  ÎNous  n'avons  qu'un 
seul  exemplaire  de  cette  deuxième  partie,  et  par  la  place  qu'il 
occupe  on  peut  le  considérer  comme  ajouté  après  coup  à  la 
liste  des  ni)  villes.  Nous  ne  sommes  donc  plus  limités  par 
le  titre  général  <lu  document  qui  nous  oblige  à  ne  sortir,  ni 
du  Haut-Ruten,  ni  delà  première  campagne  de  Thoutmès. 
Mais  où  allons-nous?  La  première  campagne  de  Thoutmès, 
entreprise  en  l'an  22  de  son  règne,  a  été  suivie  de  treize  autres 
campagnes  qui  nous  font  arriver  jusqu'à  l'an  ào.  Est-ce  à  une 
de  ces  campagnes  que  se  rapporte  la  liste  des  2/10  villes? 
Rien  m*  s'y  oppose.  La  liste  fait  quelques  retours  dans  la 
terre  de  Chanaan  ,  mais .  en  général .  on  se  trouve  plutôt  en  pré- 
sence de  noms  propres  araméens,  et  des  synonymies  s'éta- 
blissent assez  fréquemment  entre  les  noms  de  la  liste  et  ceux 
que  les  inscriptions  cunéiformes  ont  fait  retrouver.  Voilà  ce 
qu'à  première  vue  la  liste  des  2rio  noms  nous  révèle,  et  rien 
ne  prouve  que  quand  la  liste  sera  publiée  el  suffisamment 
étudiée,  nous  n'\  recueillerons  pas  une  ample  moisson  de  faits 
nouveaux  à  ajouter  à  cciw  que  la  liste  des  1  1  <)  peuples  nous 
a  fleja  revêtes. 


—  260  — 

En  résumé,  si  nous  jetons  un  coup  d'œil  d'ensemble  sur 
les  résultats  donl  la  découverte  de  karnak  vient  d'enrichir  le 
domaine  <l<'  la  science,  nous  voyons  que  plus  de  600  noms 
géographiques,  remontanl  à  l'époque  de  Thoutmès  III.  sont 
maintenant  en  notre  possession;  que  ces  600  noms  se  par- 
tagent en  deux  listes,  et  que  ces  deux  listes  comprennent  une 
énumération  de  localités  appartenant  au  sud  et  au  nord  de 
l'Egypte;  que  les  villes  du  sud  nous  font  passer  de  l'Abyssinie 
à  la  terre  des  \\ ailles,  pour  nous  conduire  de  là  en  Libye  el 
dans  les  régions  du  haut  Nil;  qu'avec  les  villes  du  nord  nous 
\isilons  le  futur  théâtre  dos  exploits  de  Josué  pour  pénétrer 
dans  des  contrées  asiatiques  que  l'état  de  uns  études  ne  nous 
permet  pas  encore  d'identifier,  mais  où  sans  aucun  doute 
plus  d'une  conquête  nouvelle  nous  attend. 

L'Académie  applaudira  sans  doute  avec  empressement  à 
cette  entrée  en  scène  de  documents  scientifiques  aussi  nou- 
veaux qu'intéressants.  Quelque  périple  inconnu  signé  de  l'un 
des  grands  noms  de  la  géographie  ancienne  nous  .serai!  rendu, 
que  Ton  ne  devrait  pas  plus  s'en  réjouir  que  de  la  découverte 
des  listes  de  Karnak,  qui  sont  d'origine  royale,  el  qui  re- 
montent sans  altération  de  copiste  jusqu'au  xvn  siècle  avanl 
noire  ère.  \  ce  titre,  S.  \.  le  vice-roi,  sans  l'aide  duquel  les 
fouilles  de  Karnak  n'auraient  pu  être  entreprises,  a  droit  à 
toute  la  gratitude  des  amis  de  la  science.  Pour  moi,  loin 
d'épuiser  le  sujet,  je  me  suis  donné  pour  lâche  de  ne  pas 
dépasser  les  limites  d'une  simple  annonce  un  peu  détaillée. 
Comme  Moïse,  je  me  suis  placé  sur  la  montagne,  et  j'ai 
ntré  de  loin  à  l'Académie  la  Terre  promise.  Mais  je  n  \ 
suis  point  entré. 

\l  1..    \l  kRIETTE, 


—  201    — 
N°  VI. 

Nie.   Ils   PSEUDO-TOUR  ANIEN  S   DE  LA    MÉSOPOTAMIE, 
1'  \R    M.    .F.    HALÉYY. 

Il  convienl  de  rappeler  que  cette  étude  avait  trois  parties 
principales.  Dans  la  première  partie,  M.  Halévy  a  examiné 
les  ressemblances  linguistiques  signalées  par  la  plupart  des 
ass\  riologues  entre  la  prétendue  langue  accadienne  et  les  dia- 
lectes ougro-finnois;  il  concluait  en  soutenanl  que  la  phoné- 
tique de  l'accadien  diffère  totalement  de  celle  des  idiomes 
ouralo-altaïques.  que  la  grammaire  et  le  vocabulaire  des  Tou- 
raniens  et  ceun  des  populations  d'Accad  sont  diamétralement 
opposés. 

Dans  la  seconde  partie,  il  recherchail  les  traces  de  l'exis- 
tence en  Mésopotamie  d  une  race  non  sémitique,  conquise  par 
dis  envahisseurs  qui  auraient  plus  tard  Fondé  le  second  em- 
pire babylonien.  Il  conciliait  en  disant  que  les  plus  antiques 
œuvres  d'art  découvertes  en  Chaldée  ont  la  physionomie  et  !«■ 
cachet  du  génie  des  Sémites;  (pie  les  noms  géographiques  du 
sud  de  la  Mésopotamie  n'ont  gardé  aucune  trace  d'un  peuple 
non  sémitique:  qu'enfin  les  traditions  rapportées  par  les  au- 
teurs sacrés  et  profanes  et  par  les  documents  originaux  sont 
contraires  à  la  conjecture  suivant  laquelle  le  premier  empire 
de  Bahyionie  aurait  été  fondé  par  une  autre  race  nue  les  As- 
syro-Babyloniens  proprement  dits. 

Dans  la  troisième  partie,  il  a  étudié  les  caractères  propres 
de  l'idiome  accadien  et  cherché  à  en  tirer  la  démonstration 
de  ci-  lait .  (pic  les  textes  qui  le  contiennent  sont  purement  figu- 
ratifs. Les  arguments  invoqués  à  l'appui  de  celte  thèse  sont 
du  ressort  de  la  grammaire  et  du  vocabulaire.  Les  principaux 
sont  : 

i°  Le  principe  de  I  accadien.  qui  consiste  à  renforcer  l'ao 
ii.  18 


—  262  — 

tion  par  la  répétition  du  radical,  est  tout  à  fait  conforme  au 
i'vnie  des  langues  sémitiques.   2°  Il  n'est  pas  rare  de  voir  en 
accadien  un  signe  remplacé  par  un  autre  signe  possédant  une 
valeur  idéographique  analogue,  et  différant   seulement    par 
l'articulation  phonétique.  o*°  Ce  phénomène  s'observe  notam- 
ment à  propos  de  la  désinence  qui  caractérise  le  pluriel  dans 
les  noms.   h°  La  seule  articulation,   relative  aux   noms  de 
nombre  accadiens,  qui  soit  hors  de  contestation,  est  me  (cent), 
d'origine  manifestement  sémitique.  5°  La  manière  dont  sont 
formés  les  pronoms  indique  le  caractère  figuratif  de  l'accadien  : 
ainsi,  par  exemple,  le  pronom  démonstratif  bi  ne  change  pas 
.m  pluriel,  parce  que  le  monogramme  qui  l'écrit  exprime  l'idée 
collectai'  de  double;  les  pronoms  personnels  ont  chacun  plu- 
sieurs types  différents,  qui  présentent  des  épithètes  élogieuses 
ou   humiliantes,  lesquelles,  attribuées  aux  personnes,  rem- 
placent les  vrais  pronoms  de  la  langue  parlée.  Le  pronom  ré- 
fléchi est  im  (gloire),  calqué  sur  l'assyrien.  Le  pronom  relatif 
sa  (pour  les  choses)  s'écrit  comme  en  assyrien,  et  les  acca- 
distes  le  prononcent  à  tort  gar,  afin  d'effacer  l'affinité  qui  se 
révèle  ici  avec  force.  6°  Le  peu  qu'on  sait  du  verbe  accadien 
nous  le  montre  affectant  les  modifications  du  verbe  assyrien; 
il  a  le  même  nombre  de  temps  et  de  voix;  l'accadien  possède 
de  vraies  voix  verbales,  pareilles  à  celles  qui  sont  propres  aux 
langue-  sémitiques;  bien  pins,  certaines  ambiguïtés  de  l'assy- 
rien sonl  servilement  reproduites  par  des  expressions  corres- 
pondantes en  accadien.  Si,  en  quelques  particularités,  le  verbe 
accadien   s'est    tracé  une   voie   différente,  cela    tient   aux   diffi- 
cultés ttées  de  l'incorporation  des  suffixes-régimes  usités  dans 
la  langue  vivante  et  que  les  scribes  ne  pouvaient  négliger  dans 
l'écriture  figurative.  Du  reste,  celte  écriture,  avant  revêtu  de 
bonne  beure  un  caractère  sacré,  n'a  pu  manquer  d'être  cul- 
tivée avec  soin  et  indépendamment  de  la  langue  parlée;  le 
sacerdoce  babylonien  a  du  même  considérer  les  articulations 


—  263  — 

du  système  figuratif  comme  la  langue  uVs  dieux  b1  des  esprits. 
\ui-i  s'explique  aisément  la  loi  d'euphonie  qui  préside  au  grou- 
pement  des  signes  pour  les  pronoms  et  les  prépositions,  loi 

qui  a  égard  à  la  terminaison  du  mot  précédent.  7°  L'accadien 
emploie  beaucoup  de  prépositions  calquées  sur  l'assyrien;  l'au- 
teur cite  quatre  exemples  de  ce  fait.  8°  L'accadien  emploie, 
en  outre,  la  copulative  assyrienne  ua.  En  accadien,  l'adverbe 
se  forme  soil  au  moyen  de  la  préposition  qui  signifie  dans, 
soit  par  l'adjonction  du  suffixe  de  la  troisième  personne,  comme 
en  assyrien.  90  Pour  ce  qui  concerne  le  vocabulaire,  quand 
on  examine  les  textes  présumés  accadiens.  on  voit  que  chaque 
expression   assyrienne   a    un   ou    plusieurs   équivalents   dans 
l'idiome   en   question,   non-seulement  pour  les   conceptions 
d'une  nature  générale,  mais  aussi  pour  les  noms  propres  de 
dieux,  d'hommes,  de  pays,  de  villes,  de  montagnes  et  de 
fleuves.  Il  y  a  de  nombreux  exemples  relatifs  aux  noms  propres. 
et  il  conclut  qu'une  telle  nomenclature,  si  différente  et  si  com- 
plète à  la  fois,  constitue,  dans  l'hypothèse  de  l'accadisme,  un 
phénomène  des  plus  (''(ranges  :  les  peuples  les  plus  fiers  de 
leur  nationalité  n'ont  pas  cru  nécessaire;  en  effet,  de  créer 
des  termes  indigènes  pour  tous  les  noms  propres  ou  géogra- 
phiques qui  sont  venus  a  leur  connaissance;  pareille  préten- 
tion e|  pareille  tache  n'ont  réussi  ni  aux  Chinois,  ni  aux  Égyp- 
tiens, ni  aux  puristes  et  patriotiques  Magyars  de  nos  jours. 
Tous  ont  été   forcés  d'accepter  un  grand  nombre  de  noms 
étrangers,  qu'ils  prononcent  plus  ou  moins  exactement,  selon 
la  nature  de  leur  langue.  En   admettant   que  les  Accadiens 
n'aient  pas  échappé  à  cette  règle,  et  si  leurs  documents  four- 
nirent une  désignation  particulière  pour  chaque  nom  étranger, 
h  ''st-ce  p;|s  une  preuve  manifeste  que  ces  documents  consti- 
tuent une  série  de  textes  idéographiques,  s'adressant  seule- 
ment aux  yeuj  'l  n'ayant  jamais  formé  une  langue  parlée? 
L'ensemble  de  ces  résultats  autorise  à  conclure  que  la  théo- 

18. 


—  264  — 

rie  qui  attribue  aux  Touraniens  l'invention  de  l'écriture  cunéi- 
forme el  l'origine  de  la  civilisation  assyro-babylonienne  est 
une  hypothèse  gratuite  <|iii  n'esl  pas  sans  danger  pour  le  pro- 
grès (Ifs  études  historiques  relatives  à  l'Asie  antérieure. 

N°  Vil. 

Al'oi.l.ox    l>ANS   LA   DOCTRINE   DES    MYSTÈRES, 
PAR   M.  FtOBIOU. 

M.  Robiou  se  propose,  dans  ce  Mémoire,  de  rechercher  les 
contre-épreuves  que  les  textes  anciens  peuvent  fournir  à  l'in- 
terprétation des  monuments  figurés  dans  lesquels  il  a  reconnu 
le  rôle  d'Apollon  accueillant  aux  enfers  les  âmes  des  initiés. 
(I  expose  d'abord  un  passage  très-explicite  de  Plutarque  sur 
l'objel  des  mystères  dionysiaques;  il  constate,  d'après  le  même 
écrivain,  le  rapprochement  intime  entre  Apollon  et  Bacchus 
d;ms  la  doctrine  des  mystères,  et  il  cite  les  termes  spiritua- 
listes  dans  lesquels  Plutarque  exprime  sa  propre  pensée  sur 
le  personnage  même  d' Ipollon. 

Puis  railleur  du  Mémoire  aborde  les  hymnes  orphiques, 
en  ayant  soin  de  protester  qu'il  n'a  point  à  rechercher  ici  l'ori- 
gine '•!  l'antiquité  de  ces  poésies  -.  il  lui  suffit  que  les  doctrines 
exprimées  par  elles  fussent  répandues  an  temps  où  furent 
peints  les  vases  «le  la  basse  Italie  dont  il  a  l'ail  usage. 

Tes  liMimes  donnent  de  nombreux  détails  sur  la  nature  el 
l'action  du  Bacchus  des  mystères,  dieu  panthée,  au  rôle  phy- 
sique el   inoral,  présidanl  à  la  vie   el   à    la  mort,  au  s< neil 

el  an  réveil  de  lanature.  Il  y  est  fait,  même  avec  insistance, 
des  allusions  expresses  au  colle  du  Bacchus  delphique. 

Mais  ces  liMimes  ne  sont  pas  moins  explicites  sur  le  person- 
nage d"  Vnollon .  célébré  avec  des  attributions  toutes  semblables 

plies  que  l'auteur  lui  attribue  d'après  les  monuments  céra- 


—  -2G5  — 

mographiques.  Apollon,  en  effet,  j  reçoit  l'épithète  de  Mem- 
phite,  c'est-à-dire  qu'il  \  esl  assimilé,  en  «ji  ic  l  «  j  1 1  e  mesure,  à 
s  irapis,  autrement  dit  à  l'Osiris  infernal,  considéré  depuis  long- 
temps comme  identique  au  Bacchus  des  mystères.  Le  symbole 
cosmique  de  la  lyre  d'Apollon  joue  ici  le  même  rôle  que  dans 
les  monuments  figurés,  objets  du  précédenl  mémoire.  Apollon 
est,  pour  les  orphiques  comme  pour  les  peintres  des  vases 
mystiques,  le  dieu  de  l'harmonie  physique  et  morale  du  monde: 
enfin  il  intervient,  mais  par  voie  de  supplication,  pour  pré- 
server les  mystes  dans  l'autre  vie;  et,  en  effet,  les  vases  ne 
lui  attribuent  en  général,  dans  les  enfers,  qu'un  rôle  subor- 
donné, quoique  analogue  à  celui  de  Bacchus-Hadès. 

I /auteur  aborde  ensuite  des  détails  épars  dans  la  mytho- 
logie populaire  de  différentes  localités  de  la  Grèce,  et  qui 
tantôt  constatent  un  rapprochement  mystérieux,  mais  certain, 
entre  Apollon  et  Bacchus.  fait  développé  par  M.  Petersen  dans 
son  opuscule  sur  les  fêtes  de  Delphes,  tantôt  indiquent,  pour 
Apollon  lui-même,  un  rôle  physique  ou  moral  de  divinité  de 
la  vie  et  de  la  mort. 

Enfin,  dans  un  appendice  joint  à  ce  Mémoire,  M.  Robiou 
cherche  une  autre  contre-épreuve  à  ses  conclusions  dans  l'élude 
du  culte  de  Mithra,  divinité  des  Perses  que  les  sectateurs 
romains  de  ses  mystères  assimilaient  au  Soleil.  Il  signale  d'à- 
bord,  dans  les  documents  antiques  du  mazdéisme,  les  premiers 
linéaments  de  celte  figure,  beaucoup  plus  affirmée  et  plus  im- 
portante dans  le  Mihir-Yasht  des  temps  postérieurs,  où  déjà 
il  revêt  des  traits  qui  préparent  son  assimilation  complète  à 
l'Apollon  des  mvstères,  dans  son  rôle  de  dieu  solaire.  Sans  être 
pourtant  le  soleil  lui-même.  Mithra  est  un  dieu  présidant  à  la 
pureté  des  âmes  et,  comme  l'Apollon  des  orphiques,  pourvu 
presque  du  rang  suprême.  Divers  textes  gréco-romains  de 
I  époque  du  syncrétisme  montrent,  d'ailleurs,  le  rôle  de  Mithra 
comme  de  plus  en  plus  semblable  à  celui  de  l'Apollon  des 


—  266  — 

orphiques,  lorsque  sod  culte  s'étend  bors  des  limites  de  l'an- 
cien Iran. 

Mais,  parmi  les  témoignages  les  plus  nombreux  et  les  plus 
significatifs  à  cet  égard,  il  faut  compter,  en  première  ligne, 
les  monuments  épigraphiques  et  figurés.  L'étude  de  ces  mo- 
numents constate  que,  transporté  en  Europe,  le  culte  de  Mitnra 
\  fut  celui  d'un  dieu  à  la  fois  solaire  el  infernal,  ou  plutôt  élv- 
séen,  en  plein  accord  avec  l'Apollon  des  orphiques.  La  repré- 
sentation même  de  la  femme  armée,  recevant  de  Milhra  des 
fruits,  symbole  de  vie,  se  présente  sur  un  monument  dont 
les  détails  montrent  clairement  qu'il  représente  des  images 
mystiques  et  spécialement  l'initié  pourvu  du  grade  de  soldai 
connu  déjà  pour  appartenir  à  ces  mystères,  et  dont  le  sens 
était  sans  doute  celui  qui  est  attribué,  dans  le  Mémoire  pré- 
cédent, au  symbole  de  la  lance.  Il  est  donc  permis  de  con- 
clure (jue.  si  le  dieu  oriental  identifié  avec  Apollon  reçoit  en 
Europe,  dans  les  mystères  auquel  il  préside,  les  attributions 
reconnues  plus  haut  à  l'Apollon  des  mystères,  c'est  que  ee- 
lui-ci  les  possédait. 

N°  Mil. 

SUE     m:     CHWIÉME     vi:i;s     DE     M    COMKDIK.     D'ARISTOPHANE     INTITULIÎK 
KLBS  ACFIARMKNS.  "    PAS   M.   LADISLAS  t.HOh/KIi:\\  It.Z. 

L'auteur  commence  par  rappeler  que,  il  y  ;i  un  siècle,  \n- 
qm'iii-Dupenon  rendiiii  compte  à  l'Académie  des  inscriptions 
de  s;i   merveilleuse  découverte  des   litres  ifi  Zend-Avesta,  et 

ouvrait  de  nouveaux  horizons  ;m\  connaissances  humaines,  en 
révélanl  en  même  temps  l'existence  du  sanskrit  et  des  Véda»; 

à  ce  propos :  M.  Cliod/lieuiez  l'ail  observer  que  cet  énnnenl 
philologue  ne  négligeait  aucune  smtrce  d'information  que  lui 
présentait  b  littérature  ancie \   En  effelr,   parmi  les  testei 


—  267  — 

qui  l'occupèrent  plus  particulièrement,  il  en  est  un  sur  lequel 

il  se  complut  à  exercer  sa  sagacité  et  dont  il  croyait  avoir  pé- 
nétré le  sens  mystérieux  :  il  s'agit  du  passage  en  question 
d'Aristophane. 

Ânquetil  se  trompait  pourtant,  mais  uniquement  parce  que 
le  moyen  indispensable  pour  résoudre  le  problème  lui  faisait 
défaut.  A  cette  époque,  en  effet,  la  vraie  langue  de  l'ancienne 
Perse  était  encore  inconnue,  et  ses  éléments  ne  devaient  être 
mis  au  jour  que  cinquante  ans  plus  tard,  d'abord  par  la  dé- 
couverte de  Grottefend,  par  le  déchiffrement  des  inscriptions 
cunéiformes  de  Bohistan  et  de  Persépolis,  et  ensuite  par  les 
travaux  considérables  et  les  efforts  accumulés  de  plusieurs  sa- 
vants philologues. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Anquetil  fut  le  premier  à  reconnaître 
et  à  déclarer  (et  en  cela  il  ne  se  trompait  pas)  que  le  passage 
d'Aristophane  n'était  point  de  l'invention  du  poète,  mais  bien 
une  phrase  en  vraie  langue  de  l'ancienne  Perse.  Cette  phrase, 
le  comique  athénien  l'a  placée  dans  la  bouche  d'un  person- 
nage qui  représente,  dans  la  comédie,  l'ambassadeur  supposé 
du  grand  roi  près  la  république  athénienne,  el  qu'il  appelle 
Pseudartabas.  Ce  vocable  même  contient  un  nom,  le  nom 
d'Artabas,  général  persan,  battu,  vingt-cinq  ans  avant  cette 
époque,  sur  les  côtes  de  Chypre,  par  Cimon,  fils  de  Wi\- 
tiade,  et  par  conséquent  très-connu  à  Athènes. 

M.  Chodzkiewicz discute  ensuite  la  question  si  controversée, 
à  savoir  :  si  la  langue  des  Achéménides  était  une  langue 
parlée  en  Perse  à  l'époque  d'Aristophane.  11  est  convaincu, 
pour  son  compte,  qu'elle  y  fut  parfaitement  en  usage;  il  en 
donne  plusieurs  preuves,  et  termine  par  L'affirmation  que  la 
langue  perse  était,  sans  aucun  doute,  connue  et  comprise  à 
Athènes  en  l'an  /12b  avant  J.  C.  du  moins  par  les  Grecs 
lettrés.  Il  est  donc  plus  que  probable  qu'un  écrivain  tel 
qu'Aristophane  devait  L'entendre. 


—  268  — 

Après  Anquetil,  dit  L'auteur,  M.  Jules  Opperl  a  été  le  pre- 
mier à  contester  l*opinion  conlraire  à  ces  conclusions.  Il  n'a 
pas  hésité  à  admettre  que  ce  texte  pouvait  être  rétabli,  et  <pie 
le  véritable  sens  pouvait  être  restitué  à  celle  phrase  d'Aristo- 
phane. Aussi,  d'accord  avec  \lberl  Mûller1,  M.  Oppert  a  vu, 
dans  les  deux  premiers  mois  de  la  phrase  d'Aristophane  :  Jar- 
iaman  Exarx,  le  nom  «lu  grand  roi.  Lrtaxercès  Longue-main , 
qui  régnait  dans  ce  temps  sur  la  Perse.  Mais  M.  Opperl  s'est 
arrêté  là.  M.  Ghodzkiewicz  va  plus  loin.  Pour  cela,  il  expose 
d'abord  rapidement  le  sujet  de  la  pièce  d'Aristophane  et  la 
situation  politique  qui  lui  a  donné  uaissance.  Il  indique  com- 
menl  les  désastres  de  la  guerre  du  Péloponèse  avaient  fini 
par  soulever  le  parti  delà  paix,  et  comment  ils  mirent  la  plume 
à  la  main  d'Aristophane  pour  combattre  les  partisans  de  la 
guerre  à  outrance. 

Cet  exposé  terminé,  M.  Ghodzkiewicz  constate  l'état  du 
texte  en  question  dans  Les  divers  manuscrits,  et,  après  mure 
discussion,  il  donne  la  préférence  à  la  leçon  de  Dindorf,  suivie 
par  L'édition  Didol.  Voici  celle  leçon: 

iAPTA.MÀN  ÉXAPX'  ANAIT122ÔNA1   SÀTPA. 

Toutefois,  il  ne  L'adopte  qu'en  y  introduisant  de  légères 
corrections  qui  donnent  la  forme  suivante  : 

lh    \l!ï\M  \\  \\i;\\  NIPISTANA1  SATRA. 
Sur  le  point  d'entamer  l'analyse  définitive ,  l'auteur  se  pose 

I  elle  double   question  :    \-t-il  le   droil    (le  faire   des  riiirerl  Ions? 

Sur  quoi  repose  ce  droit?  Il  répond  que  tous  les  manuscrits 

d  Aristophane,  et  parmi  eux  celui  de  Ravenne,  ae  remontent 

1ère  au  delà  du  ni  siècle  de  notre  ère.   L'ancienne  Langue 

persane  étail  donc   à  relie   époque  parfaitement   inconnue, 

M  h  II'  i     Irutùphanit    icharnerueê;  Hanovre,  i863,  in 


—  269  — 

el  Le  petil  texte  en  discussion  incompréhensible  pour  les  co- 
pistes. Dès  lors,  les  erreurs  devenaient  faciles  el  presque  iné- 
vitables. M.  Chodzkiewicz  fait  remarquer,  en  outre ,  que  la  sé- 
paration des  mois  dans  les  manuscrits  les  pins  anciens 
D'existé  presque  point,  et,  par  conséquent,  La  coupure  du 
texte,  pour  obtenir  une  séparation  rationnelle  des  mots,  lui 
parait  être  de  plein  droit.  Elle  a  eu  lieu  pour  le  texte  grec, 
dit-il:  elle  doit  avoir  lieu  pour  le  texte  persan. 

Si  la  transcription  qui  sera  proposée  n'a  pas  été  adoptée  par 
Aristophane,  c'est  que,  d'après  les  règles  phonétiques  de  la 
langue  grecque,  elle  aurait  été  incorrecte  et  surtout  contraire 
à  la  mesure  du  vers  dont  le  poète  s'était  servi  dans  les  Achar- 
niens.  Le  poète  comique  a  donc  modifié  légèrement  le  texte 
persan  tel  qu'il  a  été  rétahli  par  Dindorft'  et  qui,  probable- 
ment, est  le  seul  vrai.  Le  savant  helléniste  dont  on  vient  de 
citer  le  nom  dit  très-judicieusement,  à  propos  du  mille  et 
unième  vers  des  Tkesmopkories  :  ^Le  licteur  scythe  parle 
d'une  manière  barbare,  mais  les  barbarismes  appartiennent 
aux  personnages,  les  vers  appartiennent  au  poëte.  et  tout  en 
eux  doit  être  conforme  aux  lois  de  la  métrique.  Les  choses 
ne  se  passent  pas  autrement  chez  nous  :  si  le  poëte  introduit 
sur  la  scène  un  villageois  ou  un  étranger,  il  lui  attribue  un 
langage  plein  de  locutions  vineuses  ou  de  barbarismes,  mais 
il  n'observe  pas  moins  les  règles  du  rli\  llime*  o;xotOTéAevTOv.  n 

Appliquant  les  principes  de  la  plus  sage  critique  philolo- 
gique au  passage  qu'il  étudie,  M.  Chodzkiewicz  conclut  qu'il 
avait  le  droit  :  i°  de  séparer  les  mots  placés,  dans  les  copies 
manuscrites  aussi  bien  que  dans  l'original,  à  la  suite  les  uns 
des  autres,  sans  intervalles;  2°  d'établir  ces  coupures  de  ma- 
nière à  rendre  conforme  aux  lois  du  vocabulaire  et  de  la  gram- 
maire perses  les  m<>ls  qui;  les  éditeurs  du  texte  imprimé  ont 
rétablis  et  disposés  d'après  les  lois  de  la  métrique  grecque, 
sans  se  soutier  de  la   langue  perse,  qui  leur  était  inconnue: 


—  270  — 

3°  d<'  s'affranchir  de  la  prosodie  grecque  el  de  la  césure  du 
vers,  en  restituant  à  ce  vois  la  signification  qu'il  a  en  langue 
perse. 

L'auteur  énumère  ensuite  et  s'applique  à  justifier  les  chan- 
gements qu'il  a  faits. 

Il  a  écrit  Hy  au  lieu  de  /,  rétablissant  l'A  aspiré  qui  masque 
au  grec,  où  il  est  remplacé  pat  l'esprit  rude.  Il  a  supprimé, 
au  contraire,  Ye  du  mot  exarx,  qui  n'a  été  admis  <jue  pour 
satisfaire  L'euphonie,  si  chère  aux  oreilles  grecques,  et  pour 
rendre  le  vers  plus  harmonieux.  La  modification  qui  résulte 
de  l'addition  de  Ye  doit  être,  suivant  M.  (diodzkieu  i<z.  attri- 
buée à  Aristophane;  M.  Silvestre  de  Sacy  a  très-bien  expliqué 
[Mémoire  sur  les  monuments  et  les  inscriptions  tir  Kirmansshah) 
cette  admission  de  la  voyelle  au  commencement  de  ce  mot, 
-mi  étudiant  les  variations  introduites  dans  la  prononciation 
du  nom  ctKhsyarsa».  Gel  illustre  philologue  fait  remarquer 
précisément  que  «les  Hébreux  ont  mis  un  alel'au  commence- 
ment de  ce  vocable,  pour  la  même  raison  qu'Aristophane  a 
écrit  Exarxttn,  el  que  Théopompe  a  écrit  Eœairaann  an  lieu 
de  Sa  ira peu.  r> 

M.  Ghodakiewicz  détache  l'alpha  (\u  mot  mamsswm  et  le 
restitue  an  morf  exarx,  et  il  lui  rend  ainsi  sa  forme  réelle  de 

roa.  Cette  lettre  n'aurait  été  déplacée  que  par  les  seoliastes 
el  les  éditeurs  postérieurs! à  I  époque  d'Aristophane.  llréiahhi 
1'/.  en  place  de  \'<i,  dans  le  préfixe  /m  du  verbe  aapissotnà)  par 
cette  raison  <j it"î«-î  le  renforcement  de  Fi  en  "  pouvait  avoir 
lieu  en  grec  comme  dans  tontes  les  langues  slaves.  La  pré" 
sence  de  o.  au  lieu  «le  a,  dans  la  s\ Halte  io  (lu  mène  verbe, 
si  elle  n'est  point  Le  fait  des  copistes  qui  onl  cherché  à  imiter 
la  forme  grecque  par  la  terminaison  semai,  est  peut-être  même 
plus  régulière  en  langue  perso  que  la  transcription  modem 
éet  aseyriologues.  ESl  parce  que  les  textes  persans  ne  donnent 
que  la  forme  nipisiniu,  ne  serait-il  pas  prudent  m  s  eu  rap- 


porter  ici,  de  préférence,  à  lu  finesse  d'oreille  d'Aristophane, 
plutôt  qu'à  la  règle  tirée  de  cette  observation  de  oos  contem- 
porains, que  la  voyelleo  n'a  pas  été  retrouvée  dans  les  textes 
cunéiformes  persans?  M.  Ghodzkiewicz  substitue  enfin  un  tau 
second  sigma  de  uapmonai,  et  fait  remarquer  <[ue  rien  n'a  été 
plus  facile,  à  cause  de  la  liaison  du  sigma  et  du  tau,  que 
d'arriver  à  cette  confusion  et  à  celte  assimilation  des  deux  ca- 
ractères juxtaposés. 

L'auteur  transcrit  alors  en  écriture  cunéiforme  le  texte  ainsi 
restitué  : 

<=<  .  k-  \  îïï  •  ET  •  =M  •  -li!  •  b<  \ 

//.  '/.  a.  r.  t.  m.  n. 

«H  •  <<  •  X*-  •  m  •  £ï  •  <<  •  m  \ 

hit.  .s-.  y,  a.  /'.  .v.  a. 

£<  •  h  •  ^  •  n  •  <<  •  -M  •  t<  .  n  •  K-  \ 

V.  i,         />.         i.  s.  t.  n.  i.  y. 

«n  .  <<  •  r  \ 

kit.  s.         Ir. 

et  le  lit  d'après  le  système  des  interprètes  les  plus  autorisés. 
11  arrive  ainsi  à  la  phrase  suivante  :  Hija.  artaman.  Ksayârsà. 
iiipistiuttuij.  hhsatfti .  phrase  parfaitement  persane  et  qui  signifie  : 
rLui,  le  magnanime  forcés,  écrire  à  votre  seigneurie  (gou- 

\ernement  )  '! »     C'est    une     interrogation     directe,     dit 

.M.  Ghodzkiewicz,  et  telle  que  l'ancien  persan  l'affectionnait, 
sans  aucune  particule  interrogative.  L'inscription  du  tombeau 
de  Darius,  à  jNaqs-i-Puistam .  en  fournit  un  exemple  frap- 
pant1 :  «Ne  sais-tu  donc  pas  que  les  lances  des  guerriers  per- 
sans atteignent  de  loin?»  M.  Chodzkiewicz  donne  ensuite l'ana- 

1  Dan?  I"  passage  -I"  la  i"  colonne,  lignes  13 


272   

lyse  grammaticale  de  lousles  mots  persans  qui  composent  le 
vers  d'Aristophane,  en  s'appuyant  sur  les  textes  cunéiformes 
el  en  indiquant  leurs  équivalents  dans  plusieurs  langues  slaves. 
Cette  analyse  n'ésl  pas  la  partie  la  moins  curieuse  de  son  tra- 
vail; elle  révèle  une  multitude  d'analogies  entre  1  idiome 
perse  et  les  dialectes  slaves,  analogies  de  vocabulaire  ef  de 
grammaire  qui  groupenl  m  un  faisceau  étroitement  uni  l'an- 
cien perse  et  les  langues  en  question. 

La  fin  du  Mémoire  est  consacrée  à  l'examen  des  transcrip- 
tions et  des  traductions  proposées,  pour  ce  vers,  par  divers 
orientalistes  et  hellénistes.  Anquetil  s'est  trompé;  il  ne  pou- 
vait en  être  autrement,  car  ce  qu'il  prenait  pour  le  perse,  le 
parsi,  n'est  qu'un  dialecte  qui  en  est  au  moins  aussi  éloigné 
que  l'est  le  nouveau  perse  du  zend.  Pour  que  la  traduction  de 
ce  vers  devînt  possible,  il  Fallait  que  le  déchiffrement  des  ins- 
criptions cunéiformes  de  Bohistan  et  de  Persépolis  fût  ac- 
compli, et  que  la  vraie  langue  des  Achéménides  lut  retrouvée 
au  moins  en  partie.  Une  autre  cuise  d'erreur  pour  Anquetil, 
c'est  qu'il  croyait  voir,  dans  le  vers  qui  suit  les  mots  persans, 
l'interprétatioD  de  ces  derniers.  Mais,  en  réalité,  on  ne  saurait 
voir  une  série  de  déductions  rigoureuses  dans  ce  dialogue  vif, 
mordant,  spirituel,  et  où  les  questions  ne  sont  posées  que 
pour  provoquer  des  coq-à-l'âne  extraordinaires.  M.  Chodzkie- 
«117  mentionne,  pour  la  réfuter  victorieusement  en  quelques 
mois,  l'interprétation  ou  plutôl  la  substitution  bizarre  de 
M.  Droysen,  qui  jouit  en  ce  moment  d'une  grande  réputation 
comme  l'un  des  coryphées  (\u  système  historique  en  laveur  en 
VHemagne,    lequel   consiste  à   prouver  que  la   race  latine    n'a 

rien  produil  de  bon  et  qu'elle  doit  céder  la  place  à  la   race 
saxonne. 


—  273  — 

N°  l\. 

TOMBE   ET  PORTRAIT   D'DN   ÉVÊQDE  CROISÉ  DE  PALESTINE, 
CONTEMPORAIN  DE  SAINT  LOUIS. 

PAU    M.    C  I.ER. MON  T-G  ANNE  \  I  . 

L'époque  des  croisades  ne  fait  pas  exception  au  milieu  de 
notre  extrême  pénurie  épigraphique  qui  parait  être  décidé- 
ment le  caractère  propre  de  la  Palestine  Les  traces  écrites  de 
la  domination  occidentale  en  Terre  sainte  sont  de  la  plus 
grande  rareté;  depuis  des  années  que  je  fais  la  chasse  aux  ins- 
criptions sur  ce  terrain  ingrat,  je  n'ai  rencontré  que  cinq  ou 
six  textes  appartenant  à  cette  période ,  et  encore  étaient-ils  pour 
la  plupart  à  l'état  fragmentaire. 

Ce  luit  semble,  au  premier  abord,  d'autant  plus  singulier, 
qu'il  s'agit  de  temps  relativement  peu  éloignés  de  nous;  et  que 
le  passage  des  Occidentaux,  quoique  bien  rapide,  a  laissé  une 
empreinte  extraordinairement  large  et  profonde  sur  l'architec- 
ture de  la  Palestine.  J'ai  établi  ailleurs  les  règles  techniques 
et  invariables  qui  nous  mettent  à  même,  à  première  inspec- 
tion et  sans  erreur  possible,  de  déterminer  une  pierre  quel- 
conque taillée  par  les  croisés.  L'application  de  cette  loi  beaucoup 
plus  sûre  que  l'observation  si  délicate  et  d'ailleurs  si  contestée 
des  styles  et  qui  permet  de  diagnostiquer,  non-seulement  des 
ensembles  de  monuments,  mais  leurs  éléments,  de  chiffrer, 
pour  ainsi  dire,  les  matériaux  mêmes  mis  en  œuvre  par  les 
mains  occidentales,  a  démontré  le  prodigieux  mouvement  de 
construction  qui  eut  lieu  durant  celte  période  si  brève. 

Il  est  donc  naturel  de  croire  que  les  hommes  qui  ont  su 
faire  de  la  pierre  un  pareil  emploi  n'ont  pas  négligé  de  lui 
confier  le  soin  de  conserver  le  souvenir  écrit  de  faits  mémo- 
rables. 

Cette  absence  presque  totale  d'inscriptions  médiaevales  eu- 


—  27/i   — 

ropéennes  ne  peul  s'expliquer  que  par  une  réaction  Impitoyable 
contre  tout  ce  qui  pouvait  rappeler  une  conquête  odieuse  aux 
musulmans  et  un  joug  impatiemment  supporté  parles  chrétiens 
orientaux  eux-mêmes.  Ainsi  la  découverte  d'un  texte  des  croi-, 
sades,  même  mutilé,  sur  le  sol  qui  en  a  été  l'objet  et  le  té- 
moin, est-il  toujours  une  bonne  fortune  pour  la  science.  Dans 
notre  dernière  excursion  à  Jaffa,  j'en  ;ii  recueilli  deux.  Le 
premier  (dessin  de  M.  A.  Lecomte,  n°  48),  gravé  en  magni- 
fiques et  grandes  lelln-s  véritablement  lapidaires  sur  un  beau 
bloc  de  marbre  blanc  (0,77X0,27X0,15),  se  compose  de 
deux  lignes  dont  il  ne  reste  que  le  milieu  et  dos  traces  (Tune 
troisième  ligne  : 

GR  :  AVCVSTVS  :  10 

[domin] IICG  :  mCRRnRSIO[»/'*j 
TI 

J'ai  mis  entre  crochets  les  restitutions  qui  tùê  semblent  pro- 
bables. Je  crois  que  celle  de  anno  dominiee  mcwnatiomi  sera 
admise  Bans  difficultés,  (lotte  manière  de  dater  de  Va»  de  l'incar*- 
nation  du  Seigneur  el  l'orthographe  dominiee,  se  retrouvent  jus- 
tement  dans  nombre  de  chartes  du  royaume  de  Jérusalem  re- 
montanl  aux  si*e1  ut  siècles.  (E.  de  Rozière,  Cartulairê  du 
Saint-Sépulcre,  passim.)  L'aspect  paléographique  des  lettres, 
notammenl  celui  du  T,  tend ,  si  j'ai  bonne  mémoire,  à  rattacher 
égalemenl  cette  inscription  au  xn'  siècle. 

La  seconde  inscription  que  j'ai  rapportée  de  Jaffa  (dessin 
de  M.  A.  Lecomte,  n"  4û)  est  beaucoup  plus  intéressante, 
d'abord  parce  qu'elle  accompagne  an  monument  iconogra- 
phique très-curieux,  el  ensuite  parce  qu'elle  offre  une  plus 
grande  précision  chronologique.  Elle  provienl  d'un  wély  mu- 
sulman appelé  Schéikh  \fourâde\  situé  à  environ  vingt  minutes 
ouest-nord-ouest  de  Jaffa.  Ce  précieux  morceau  (ce  n'est  qu un 
fragment)  consiste  en  une  dalle  de  n&arbre  blanc  mesurant 


—  275  — 

tctueUemeni  0^,70  de  longueur  sur  o"\55  de  hauteur  et 
(»'",(..")  seulement  d'épaisseur.  Ce  fragment  est  lui-même  brisé 
en  deux  parties  qui  se  joignent  très-exactement. 

On  v  voit,  gravé  au  trait, un  personnage  posé  de. face,  à  la 

barbe  courte,  coille  de  la  mitre  et  tenant  à  gauche  la  crosse 
épiscopale.  La  position  de  la  crosse,  tournée  à  sénestre,  indique 
suffisamment  que  nous  avons  affaire  à  un  évêque  et  non  à  un 
abbé  crosse  et  mitre. 

La  tête  ef  les  épaules  sont  entourées  d'un  trilobé  reposant 
sur  une  çolonnette  à  chapiteau.  Dans  L'écoinçon  de  droite  du 
trilobé  est  représenté  un  ange  thuriféraire  nimbé  et  ailé  qui 
encense  la  tête  de  l'évêque. 

Ce  détail  est  d'un  mouvement  excellent.  Le  dessin  général 
est  d'une  sûreté  et  d'une  fermeté  remarquables.  11  rappelle  à 
première  vue  le  style  du  xmc  siècle  et  tout,  comme  on  va  le 
voir,  s'accorde  à  justifier  cette  impression.  Nous  avons  là  évi- 
demment une  de  ces  plates-tombes  gravées  qui  étaient  placées 
;hi  r;is  du  sol  et  qui  sont  si  nombreuses  à  cotte  époque. 

Je  croirais  volontiers  que  la  dalle  était  non-seulement  gravée, 
mais  incrustée  :  le  trait  profond  et  étroit  à  bords  verticaux 
était  probablement  destiné  à  recevoir  une  matière  dure  et  co- 
lorée. 

On  remarque,  en  outre,  sur  la  mitre  et  la  crosse  des  trous 
profonds  où  pouvaient  bien  être  enchâssés  des  émaux  et  des 
verreries  simulant  des  pierres  précieuses.  La  mitre  est  légère- 
ment plus  haute  que  celles  que  nous  montrent  les  monuments 
du  \iic  siècle.  Le  bâton  pastoral  se  termine  par  une  tête  d'a- 
nimal. Il  devait  être  tenu  de  la  main  gauche.  La  main  droite 
(  qui  a  disparu)  pouvait  être,  comme  dans  les  monuments  si- 
milaires, occupé*-  à  bénir.  11  ne  reste  de  relie  dalle,  qui  devait 
représenter  l'évêque  en  pied,  qu'un  morceau  comprenant  la 
moitié  gauche  de  la  figure  du  personnage  jusqu'à  la  naissance 
des  épaules.   Tout    autour   courait    une   inscription    latine  en 


—  27B  — 

lettres  médisevales ,  formant  encadrement.  11  n'en  reste  plus  que 
quelques  mots  que  j'examinerai  tout  à  l'heure.  La  face  posté- 
rieure de  cette  dalle  ;i  reçu  ultérieurement  une  inscription 
arabe  dont  voici  le  texte  et  la  traduction1  : 

^jJi  Jlçr^iJI  JLxj  AX5i  Jt^JuLt!  

yv53AjJj  xaaw  ,»Uaw  ^^  vXj  <*M  I  <^^7j  (j  t-^»  '   (j-J  *   

(tAu  nom  du  Dieu  clément  et  miséricordieux. 

Certes  construit  (on  restaure)  les  mosquées  de  Dieu  qui  croit  on  Dion 
el  au  jour  de  la  résurrection,  qui  fait  In  prière,  el  qui  donne  l'aumône, 
«•i  qui  ne  craint  que  Dieu.  Peut-être  que  ceux-là  seronl  (an  nombre  do 
ceux  qui  suivent  le  bon  chemin).  La  construction  de  cette  mosquée  bénie 
a  été  ordonnée  par  le  pauvre  devant  Dion  très-haut,  l'omir  Djemàl  e<l 
Din fils  d'Ischac .  que  Dieu  l'ail  dans  sa  miséricorde.  L'an  -:\i\.~ 

Cette  inscription  opisthographe ,  <loni  la  première  partie  est 
empruntée  à  la  0/  sourate  <lu  Coran  (verset  18),  <I î '<■  «lu  >'<'- 
pentir,  esl  disposée  <l«-  telle  Façon  qu'elle  montre  que  la  <l;illo 
tombale  était  déjà  dépecée  en  cinq  <»u  six  morceaux  en  l'an 

1  Le  texte  de  l'inscription  diffère  <'n  quelques  points  de  la  I a  coranique  : 

ïj£s»yJ\  3lj  ï^A-Ul  -Ul^ 

Note  de  l'éditeur.) 


—  '111  — 

y3(i  de  l'hégire,  correspondanl  à  l'an  1  3 3 5-t 3 3 G  de  aotre 
ère.  On  a  alors  coupé  dans  la  dalle  primitive  une  plaque  à  peu 
près  carrée,  au  revers  de  laquelle  on  a  gravé  l'inscription 
arabe.  Cette  plaque  a  elle-même  subi  plus  lard  une  légère 
mutilation  qui  a  enlevé  l'angle  gauche  inférieur,  avec  une  partie 
de  la  face  et  de  la  poitrine,  d'un  côté,  et,  de  l'autre  côté,  les 
premiers  mots  des  dernières  lignes  arabes. 

Nous  connaissons  par  un  historien  et  .aussi  par  une  inscrip- 
tion authentique  de  Béibars,  conservée  à  Ranileh,  la  date 
exacte  de  l'expulsion  définitive  des  Francs  de  Jatïa.  C'est  suivant 
Guillaume  de  Tyr,  le  7  mars  1268  (en  redjeb  GG6,  suivant 
les  musulmans  '  ).  Notre  monument  ne  saurait  donc  a  priori  des- 
cendre au-dessous  de  cette  limite  minima,  qui  nous  ramène 
encore  en  plein  \iue  siècle. 

Nous  pouvons  arriver,  maintenant  que  nous  avons  circons- 
crit la  région  historique  où  il  convient  de  la  placer,  à  l'inter- 
prétation de  l'inscription  ou  plutôt  du  fragment  d'inscription 
latine  qui  courait  autour  de  la  dalle. 

Je  la  lis,  avec  les  restitutions  entre  crochets  : 

[ anno  millesinijo  :  ce0  quiqhugesimo  octavo  in  festo  Sanctorum 

0[inniuin]l 

Si  nous  éprouvons  le  regret  d'avoir  perdu  la*  partie  du  texte 
qui  donnait  le  nom  de  l'évèque,  nous  avons  au  moins  la  satis- 
faction de  posséder  presque  en  entier  celle  qui  contenait  proba- 
blement la  date  de  sa  mort.  Le  jour  est  spécifié  par  in  festo  Sanc- 
torum. Il  semble  que  le  mot  suivant  commençait  par  un  0  ou 
par  un  C.  Dans  le  premier  cas,  Omnium  serait  assez  indiqué; 
ce  serait  la  Toussaint. 

Les  mots  précédents  contiennent  l'année.  Il  est  impossible 

1  Suivant  Abou  '1-Féda,  la  seconde  dizaine  du  mois  de  djomada  (27  février 
au  9  mars).  [Historiens  des  croisades,  Orientaux,  tome  I,  p.  i5a.) 

11.  19 


—     78   — 

de  méconnaître  quinquagesimo  en  dépit  de  l'irrégularité  ortho- 
graphique. 

La  date  est  donc  1208,  vraisemblablement  le  jour  de  la 
T<)iis>aint.  Le  texte  est  malheureusement  trop  tronqué  pour  nous 
renseigner  sur  l'identité  de  notre  personnage.  En  l'absence  de 
cette  indication,  trois  hypothèses  sont  possibles  :  i°  cette  dalle 
a  pu  être,  comme  tant  d'autres  matériaux  de  construction, 
transportée  à  Jaffa  d'une  autre  ville  voisine  siège  d'un  évêché, 
par  exemple  d'Acre:  20  elle  peut  avoir  recouvert  les  restes  du 
titulaire  d'un  autre  évêché,  mort  à  Jaffa  pendanl  l'occupation 
Franque;  3°  elle  peut  appartenir  à  un  évoque  de  Jaffa  même. 
Dans  les  deux  premiers  cas,  toute  conjecture  pour  arriver  à 
deviner  la  vérité  serait  sans  fondements.  Nous  n'avons  que 
deux  éléments  positifs  de  solution  :  c'est  la  date  du  décès  et  la 
qualité  du  défunt.  Ils  sont  insuffisants,  du  moins  avec  les 
sources  dont  je  puis  disposer  ici.  J'ai,  en  effet,  vainement 
cherché  dans  YOfiens  christianus  de  Lequien  et  les  Familles 
d'outre-mer  de  Ducange,  le  nom  d'un  évêque,  archevêque,  abbé 
ou  prieur  latin  de  Palestine,  mort  en  ia58.  La  troisième  hy- 
pothèse qui .  jusqu'à  preuve  du  contraire,  demeure  la  plus  pro- 
bable, mérite  «pion  s'j  arrête  quelques  instants,  d'autant  plus 
qu'elle  soulève  en  passant  une  question  historique  assez  cu- 
rieuse, celle  de  savoir  s'il  y  a  eu,  oui  ou  non,  un  évêché  de 
Jaffa  pendanl  les  croisades.  Avant  l'arrivée  des  Francs,  Joppé, 
centre  important  el  lieu  signalé  à  la  vénération  par  le  séjour 
traditionnel  de  saint  Pierre  (  [et.  aposl.  cap.  \.  \.  5)  était 
un  siège  épiscopal;  nous  le  savons  positivement  el  connaissons 
même  les  noms  de  quelques-uns  de  ses  évêques  :  Fidus,  Theo- 
dotus .  Elias,  Sergius. 

Sous  les  croisés,  elle  paraît .  au  moins  au  début .  avoir  perdu 
ce  rang,  car  elle  m-  figure  pas  dans  les  listes  des  évêchés 
latins,  telles  qu'elles  sont  conservées  dans  (es  documents  du 

mps.  Jacques  de  Vitry,  évêque  d  tare  en  iai6,  dit  exprès- 


—  -27(.)  — 

sémenl  dans  son  Histoire  de  Jérusalem  (p.  ô.~>)  que  l;i  ville  de 
Jaffa  n'a  pns  d'évêque,  mais  relève  immédiatement  d\\  prieur 
et  des  chanoines  du  Saint-Sépulcre.  Il  ajoute  que  c'est  au>si 
le  cas  de  Naplouse,  qui  esl  sans  évêque  (episcopo caret) ,  et  ap- 
partient à  l'abbaye  du  Tetnplum  Domini.  il  l'ail  remarquera  ce 
propos  que  beaucoup  d'autres  cités  de  la  Palestine,  anciens 
sièges  d'évêchés  grecs  et  syriens,  se  trouvent  dans  la  même 
situation  ei  ont  été.  pour  cause  de  nécessité,  réunis  par  les 
Francs  à  d'autres  évêchés. 

Mais  Lequien  dit  que  néanmoins  on  rencontre,  postérieu- 
rement à  Jacques  de  Vitry,  la  mention  d'évêques,  et  il  cite  un 
passage  de  Micli.  Anf.  Baudrand  (Géogr.  t.  I,  p.  027,  col.  1) 
mi  il  est  écrit  que  Joppé,  ville  de  la  Palestine  première,  était 
autrefois  un  évêché  dépendant  de  l'archevêché  de  Gésarée.  Il 
faut  avouer  que  cet  autrefois  (olim)  est  assez  vague. 

Les  évêques  latins  de  Jaffa  signalés  par  Lequien  sont  : 

r  Guy  de  Nimars,  mort  en  12  53. 

Un  évêque  au  nom  inconnu,  qui  se  rendit  en  1973  au 
concile  de  Lyon  (  1  27/1). 

3°  Jean  de  Saint-Martin,  mort  le  a3  décembre  iSnli. 

Je  ne  puis  rien  dire  du  troisième  n'ayant  pas  ici  les  textes 
invoqués  par  Lequien  et  ne  pouvant  contrôler  ses  conclusions. 
Je  me  bornerai  à  constater,  en  restant  strictement  au  point 
de  vue  de  notre  monument,  qu'il  ne  peut,  pas  plus  que  lo 
second,  être  identique  avec  notre  personnage,  puisqu'ils  vivaient 
l'un  en  137/1,  l'autrG  en  1273,  et  que,  d'ailleurs ,  Jaffa  étant 
retombée  pour  toujours  au  pouvoir  des  musulmans  en  1268, 
toute  combinaison  postérieure  à  cette  dernière  date  est  inad- 
missible. 

Reste  Guy  de  Nimars,  mort  en  1253;  notre  évêque  étant 
mort  en  1208,  il  y  a  incompatibilité  chronologique.  Toute- 
lois,  il  ne  faut  pas  oublier  que  YEstoire  de  Eraeles  empereor,  à 
laquelle   Lequien  emprunte  ce  fait,   contient,  en  matière  de 

«9- 


—  280  — 

dates,  de  graves  erreurs,  et  qu'il  a  pu  se  produire  dans  les 
manuscrits  de  faciles  confusions  entre  les  chiffres  romains 
MCCLVI1I  et  MCCLIII. 

Mais  il  y  a  contre  cette  identification  une  objection  plus  sé- 
rieuse qui,  du  même  coup,  met  en  question  l'existence  même 
d'un  évêché  latin  de  Jaffa. 

Le  passage  de  YEstoire  de  Eracles  est  celui-ci  :  «A.  MCCLIII 
moururent  li  rois  Henry  de  Chipre  et  l'evesque  de  Jaffa  Guy 
de  Nimars.  »  Or  un  manuscrit  donne  la  variante  Baffe  pour 
Jajfa,  ce  qui  désignerait  Baphe  ou  Paphos  en  Chypre,  et  plus 
du  tout  Jaffa.  M.  G.  Rey,  dans  son  édition  des  Familles  cloutrc- 
mer,  a  adopté  cette  variante  et  admis  que  Guy  de  Nimars, 
qu'il  nomme  Mimars  et  fait  mourir  en  ia52  au  lieu  de  1 2  53  , 
était  évoque  de  Paphos. 

Je  crois  devoir  signaler  un  autre  passage  de  cette  même 
Estoire  où  la  forme  Baphe  se  lit  avec  la  variante  Jaffa  (ch.  36)  : 

«Li  maréchaus  [de  Chypre] manda  à  Baphe  pour  ses 

galères.  » 

La  même  erreur  a  pu  se  produire  pour  le  second  évêque 
latin  de  Jaffa  enregistré  par  Lequien,  toujours  d'après  la 
même  autorité,  et  mentionné  également  à  propos  de  Chypre. 

Voilà  notre  évêché  latin  de  Jaffa,  dont  l'existence  avait  été 
déduite  de  celle  de  ces  évêques,  fort  compromis,  surtout  si 
Ton  se  rappelle  le  passage  si  catégorique  de  Jacques  de  Vitry. 

Cependant,  en  face  de  ces  arguments  négatifs,  il  faut 
placer  un  document  officiel,  une  lettre  du  pape  Alexandre  III, 
adressée  à  Pierre,  prieur  du  Saint-Sépulcre  (Cartul.  p.  991, 
2qa),  et  d'où  il  résulte  clairement  : 

i°  Que  le  roi  Amaury  et  son  homonyme,  le  patriarche  de 
Jérusalem,  avaient  enlevé  au  pouvoir  du  Saint-Sépulcre  l'église 
de  Jaffa,  en  lui  restituant  son  ancienne  dignité  de  cathédrale, 
qu'elle  avait  perdue  par  suite  de  la  violence  de  l'occupation 
des  païens  : 


—  281   — 

2°  Que  li-  pape,  maigre  la  protestation  du  prieur,  croit  de 
son  devoir  apostolique  de  maintenir  cette  restitution,  tout  en 
conseillant  quelque  compensation  en  échange. 

L'épiscopat  de  Jaffa  était  donc  rétabli  de  fait.  L'église  cathé- 
drale ne  pouvait  être  que  l'église  de  Saint-Pierre.  Quant  à  la 
compensation,  il  se  pourrait  qu'elle  eut  consisté  dans  l'église 
de  Saint-Nicolas  concédée  au  prieur  Pierre  par  le  roi  Amaury 
en  1 1 G8. 

J'avoue  qu'il  me  semble  difficile  de  concilier  ces  faits  avec 
l'assertion  de  Jacques  de  Vitry,  qui  ne  devait  pas  les  ignorer. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ils  paraissent  suffisants  pour  permettre  de 
croire  à  l'existence  d'évéques  latins  de  Jaiïa,  et  dans  ce  cas,  à 
la  découverte  de  la  tombe  et  du  portrait  de  l'un  d'eux. 

De  toute  façon  la  date  certaine  de  12 58  nous  reporte  à  six 
années  seulement  après  l'arrivée  de  Louis  IX  à  Jaffa,  à  douze 
années  avant  la  mort  du  saint  roi  (25  août  1270),  et  nous 
fait  remonter  au  bailliage  de  Jean  d'Ibelin.  comte  de  Jaffa. 
dix  ans  avant  la  prise  définitive  de  celle  ville  par  le  sultan 
lu'ibars. 

Si  cette  dalle  appartient  réellement  à  un  évêque  de  Jaffa, 
il  est  bien  supposable  qu'elle  devait  être  originairement  dans 
l'église  métropolitaine  de  Saint-Pierre.  Cette  église,  construite 
sur  l'emplacement  traditionnel  de  la  résurrection  de  Dorcas 
ou  Tabitha.  figure  fréquemment  dans  le  Cartulaire  du  Saint- 
Sépulcre,  p.  19,  25,  3o,  37,  43,  65,  /19,  69,  71 ,  100, 
1  00,  etc. 

Une  fois  même  (p.  71),  dans  l'acte  de  donation  du  pa- 
triarche Ebremar,  il  est  question  du  cimetière  qui  en  dépendait, 
r  ccclesiam  Sancli  Pétri  majorcm,  qua?  est  apud  Joppen,  cum 
cimiterio  ccclesiœ  pertinente  •• 

On  dirait  que  cette  église,  à  en  juger  par  l'expression  apud 
Joppen,  était  à  l'extérieur  de  la  ville.  C'était  le  cas  pour  une 
autre  église  de  Jaffa,  celle  de  Saint-Nicolas,  qui  est  dite,  dans 


—   282  — 

l'acte  de  donation  d'Amaury,  être  située  mi  dehors  des  murs  el 
au  nord  (Cnrtul.  du  S.  Sép.  p.  289). 

Ces  églises  ne  doivent  pas  être  confondues  avec  celle  que 
saint  Louis  lil  construire  pour  les  cordeliers  pendant  son  séjour 
à  Jaffa,  et  qui  comptait  dix  autels,  non  plus  qu'avec  celle 
que  possédaient  les  Hospitaliers  à  l'intérieur  même  de  la  ville 
(//<  corpore  civitalis). 

Bien  que  quelques  auteurs  admettent  que  l'église  de  Saint- 
Pierre  était  au  sud  de  Jaffa,  on  pourrait  peut-être  supposer 
que  le  wély  de  Schéikh  Mourâd,  d'où  notre  dalle  provient  et 
où  s'élevait  probablement  la  mosquée  édifiée  par  l'émir  Djemal 
ed-Din,  en  i335-i336,  a  succédé  à  cette  église  de  Saint- 
Pierre,  et  que,  par  conséquent,  notre  monument  n'a  pour 
ainsi  dire  pas  changé  de  place. 

Cette  substitution  d'un  sanctuaire  musulman  à  un  sanc- 
tuaire chrétien  est,  on  le  sait,  tout  à  fait  dans  les  habitudes 
orientales,  et  ce  ne  serait  pas  le  moindre  intérêt  de  ce  précieux 
fragment  s'il  nous  avait  permis  incidemment  de  retrouver  le 
lieu  exact  de  cette  église,  consacrant  un  des  plus  anciens  sou- 
venirs  du  christianisme.  Je  me  hâte  toutefois  d'ajouter  que 
cette  conclusion  esl  possible,  mais  n'est  pas  nécessaire. 

Après  la  lecture  de  la  communication  de  M.  Clermont-Ganneau,  M.  de 
Longp£rier  a  présenté  les  observations  suivantes  : 

«On  est  en  droit  de  penser  « | n<*  M.  Clermont-Ganneau  s'est  laissé  en- 
Iraver  dans  su  recherche  par  une  donnée  inexacte. 

(t Lorsqu'il  «lit  :  irLa  position  de  la  crosse  tournée  à  sénestre  indique 
rr suffisamment  que  nous  avons  affaire  à  un  évoque  el  oon  à  un  abbé 
»  crosse  el  mitre, 1  il  fait  allusion  à  un  système  qui,  dans  cette  forme 
absolue .  esl  trop  moderne. 

-Il  existe,  sans  doute,  un  très-grand  nombre  de  monuments  qui  re- 
présentenl  des  abbés  tenant  leur  crosse  de  la  main  droite,  sans  qu'on 
puisse  observer  de  règle  relativement  au  sens  dans  lequel  est  tournée  la 
volute.  En  général,  l'évéque  «luit  tenir  sa  crosse  de  la  main  gauebe,  afin 
de  conserver  la  droite  libre  pour  la  bénédiction.  Maison  trouve  parfois 


—  283  — 

sur  des  sceaux,  la  ligure  d'un  évêque  tenant  sa  crosse  de  la  main  droite 
(Raimond,  évêque  de  Fréjusen  iai5,  Lantelme,  évêque  <le  Valence  en 
u86),  et  d'antre  part,  il  existe  un  certain  nombre  de  monuments 
représentant  des  abbés  tenant  une  crosse  de  la  main  gauche.  Par 
exemple,  on  trouvera,  au  musée  de  Cluny,  la  dalle  gravée  qui  recouvrait 
la  tombe  de  Simon  de  Gillans,  abbé  de  l'île  Barbe,  mort  en  i34q;  ce 
personnage  est  représenté  mitre,  avec  sa  crosse  à  gaucbe,  la  volute 
tournée  en  dehors,  comme  dans  le  dessin  de  M.  Ganneau.  L'inscription, 
très-bien  conservée,  qui  entoure  cette  ligure  ne  laisse  aucun  doute  sur  la 
qualité  du  fonctionnaire  ecclésiastique.  Si  l'on  examine  la  série  des  sceaux 
(les  abbés  de  Saint-Berlin,  on   trouvera,  en  1126,  l'abbé  Jean  II;  en 

I  ia5,  Jean  de  Griboval,  munis  d'une  crosse  à  gaucbe.  Sur  les  sceaux 
généraux  de  la  même  abbaye,  le  saint  abbé  fondateur  est  figuré  tenant 
sa  crosse  tantôt  d'une  main,  tantôt  de  l'autre.  Les  sceaux  des  abbés  de 
Saint-Victor  de  Marseille,  Etienne  (en  î 355)  et  Guillaume  (en  i486), 
montrent  encore  ces  personnages  tenant  une  crosse  de  la  main  gaucbe. 

II  en  est  de  même  de  quelques  sceaux  des  abbés  de  Silvacane  (1398), 
de  Lure  |  1  196),  de  Saint-Michel  de  la  Cluse  (1266),  de  Sainl-Maur 
de  Forcalquier  (ia3o),  etc.  11  serait  peu  utile  de  prolonger  la  citation 
de  ces  exemples.  11  suffit  de  dire  qu'au  temps  où  a  été  gravée  la  pierre 
recueillie  par  M.  Ganneau,  c'est-à-dire  en  is58,  un  abbé  pouvait  être 
représenté  tenant  sa  crosse  à  gauche. 

rCe  n'est  donc  pas  seulement  dans  les  listes  épiscopales  qu'il  convient 
de  chercber  le  nom  du  dignitaire  ecclésiastique,  mort  en  1^58,  dont  le 
monument  vient  d'être  découvert.  Ce  n'est  pas  non  plus  seulement  aux 
listes  orientales  qu'il  faut  recourir;  un  évêque  ou  un  abbé  mitre,  accom- 
pagnant uni'  armée  de  croisés,  ou  venu  en  pèlerinage,  peut  avoir  ter- 
miné ses  jours  en  Palestine,  sans  avoir  occupé  un  siège  appartenant  à 
cette  contrée.  Le  champ  des  recbercbes  est  donc  phis  vaste  que  M.  Gan- 
neau ne  l'avait  supposé,  et  l'insuccès  des  premières  tentatives  d'identifi- 
cation ne  doit  pas  décourager  l'intelligent  explorateur  de  la  Terre  sainte." 


\   X. 

SUR   LA   M  Eli    MORTE, 
P\R  M.  V.  GO  BRIN. 

M.  Guérin  commence  par  indiquer  les  divers  noms  qu'elles 


—  28/i  — 

portés  et  qui  proviennent  tous  des  différentes  particularités  qui 
la  distinguent.  Il  retrace  ensuite  les  principaux  caractères  qu'elle 
présente;  puis  il  essaye  de  résoudre,  en  conciliant  à  la  fois 
les  données  de  la  Bible  et  celles  de  la  géologie,  plusieurs  pro- 
blèmes d'un  grand  intérêt  qui  se  posent  comme  d'eux-mêmes 
devant  l'esprit,  en  presen.ee  de  cette  mer  célèbre. 

1°  La  mer  Morte  préexistait-elle  à  la  terrible  catastropbe 
qui  a  amené  la  destruction  des  villes  coupables  de  la  Penta- 
pole,  et  servait-elle  alors,  comme  maintenant,  de  grand  ré- 
servoir aux  eaux  du  Jourdain  et  des  autres  rivières  qui  y  abou- 
tissent? Oui.  répond  M.  Guérin,  mais  seulement  dans  sa  partie 
septentrionale  où  la  sonde  accuse,  en  quelques  endroits,  une 
profondeur  d'au  moins  35o  mètres;  non.  dans  sa  partie  mé- 
ridionale qui  n'est  plus  qu'une  véritable  lagune,  dont  la  pro- 
fondeur la  plus  grande  ne  dépasse  pas  (S  mèlres. 

<î°  Où  était  située  la  vallée  de  Siddim,  mentionnée  dans  la 
Bible  comme  le  lieu  où  combattirent  les  cinq  rois  de  la  Pcn- 
tapoîe  contre  les  quatre  rois  qui  étaient  venus  les  attaquer  et 
où,  après  leur  défaite,  les  rois  de  Sodome  et  de  Gomorrhe 
tombèrent  en  fuyant  dans  dvs  puits  de  bitume? 

Précisément,  ajoute  M.  Guérin,  dans  la  lagune  susdite,  à 
l'extrémité  sud-ouesl  de  laquelle  s'élève  le  Djebel Esdoum,  dont 
le  nom  a  conservé  Gdèlement  jusqu'à  nos  jours  celui  de  l'an- 
tique Sodome,  l'une  des  principales  villes  de  la  Penlapole 
maudite. 

N°  XI. 

h  !.    i.\    \  M.l.l'i;  DO  JOURDAIN  . 
PAR    M.  \  .  <;i  HUN. 

La  source  la  pins  élevée  (\u  Jourdain,  près  de  Hasbeya,  est 
située  à  ."><>.'$  mètres  au-dessus  delà  Méditerranée,  sa  seconde 

SOUrce   de    BanîaS   a    nue    altitude   de    383    mètres,    et    celle   de 


—  285  — 

Tell  el-Kadhy,  qui  est  la  plus  basse,  domine  encore  néanmoins  la 
Méditerranée  de  1 85  mètres.  A  son  embouchure  clans  la  mer 
Morte,  le  niveau  de  ce  même  fleuve  est  à  3 o, 2  mètres  au- 
dessous  de  La  Méditerranée.  Ainsi,  depuis  les  trois  points  d'où 
il  sort,  jusqu'à  celui  où  il  aboutit  au  grand  lac  qui  l'engloutit, 
il  descend  continuellement  par  une  pente  souvent  très-ac- 
centuée et  dans  un  lit  dont  la  partie  la  plus  basse  présente 
une  différence  de  niveau  de  9 5 5  mètres  avec  la  partie  la  plus 
haute.  Les  eaux  du  Jourdain  sont  poissonneuses,  mais  aucun 
pécheur  n'y  jette  maintenant  ses  filets,  aucune  barque  ne  les 
sillonne  non  plus.  Le  fleuve  se  replie  sans  cesse  sur  lui-même, 
roulant  ses  flots  troubles  tantôt  sur  un  fond  vaseux,  tantôt  sur 
un  lit  hérissé  de  rochers  et  de  gros  blocs  au  milieu  desquels 
il  se  précipite  en  bouillonnant,  et  qui  forment  autant  d'écueils 
plus  ou  moins  redoutables. 

Ligne  de  démarcation  toute  naturelle  entre  la  zone  orien- 
tale et  la  zone  occidentale  de  la  Palestine,  il  les  séparait  pro- 
londément,  et  ce  n'est  qu'à  de  rares  intervalles  qu'on  pouvait 
et  qu'on  peut  encore  passer  d'une  rive  à  l'autre  en  traversant 
des  gués  où  l'on  ne  doit  toutefois  se  hasarder  qu'au  moment 
des  basses  eaux.  Plusieurs  ponts  permettaient,  en  outre,  de 
le  franchir  plus  sûrement.  Trois  seuls  sont  encore  debout. 

La  dépression  de  plus  en  plus  profonde  de  la  longue  vallée 
où  il  serpente  fait  que  le  climat  de  celle-ci ,  principalement 
dans  sa  partie  méridionale,  est  extrêmement  chaud,  et  que 
toutes  les  plantes  des  tropiques  pourraient  y  prospérer  à  l'envi, 
si  elle  n'était  point  livrée  au  brigandage  des  Bédouins. 

M.  Guérin  parle  ensuite  de  Jéricho  et  des  trois  sites  diffé- 
rents que  cette  ville  a  tour  à  tour  occupés. 

Enfin,  il  indique  l'emplacement  véritable  do  Gilgal  où  les 
Hébreux. campèrent  après  avoir  franchi  le  Jourdain  et  où  ils 
furent  circoncis  au  moyen  de  couteaux  en  pierre,  ainsi  que 
l'attestent  les  Livres  saints.  Or,  au  Tdl  Djeldjoul  qui  a  conservé 


—  286  — 

le  imm  légèremenl  ;» 1 1 <'-im'  de  Giigal,  en  latin  Gedgcd,  dans 
['Onomasticon  d'Eusèbe  TàkycSX ,  d'où  l'arabe  Djeldjoul,  on  re- 
trouve encore  maintenant,  ('pars  sur  le  sol,  un  certain  nombre 
de  petits  couteaux  en  silex,  les  uns  à  moitié  brisés,  les  autres 
presque  intacts,  et  complètement  semblables  pour  la  forme  à 
ceux  qu'on  désigne  vulgairement  sous  le  nom  de  couteaux  en 
pierre  préhistoriques. 

Des  couteaux  analogues  ont  été  également  découverts  en 
1870,  dans  le  tombeau  que  M.  Guérin  avait  signalé  en  1  863 
sur  les  flancs  septentrionaux  d'une  colline  voisine  de  Tibneh, 
jadis  Thimna,  comme  étant  celui  de  Josué.  Or,  un  passage 
du  Livre  de  Josué,  dans  la  version  des  Septante,  nous  apprend 
que  les  Israélites  ensevelirent  dans  le  tombeau  de  ce  grand 
homme  une  partie  des  couteaux  en  pierre  avec  lesquels  il 
avait  rirconcis  les  enfants  d'Israël  à  Giigal.  Cette  découverte 
est  donc  une  preuve  nouvelle  à  l'appui  de  la  conjecture  qu'avait 
autrefois  ('mise  M.  Guérin,  relativement  à  ce  tombeau  remar- 
quable, sur  lequel,  en  1 8 G 5 ,  il  avait  lu  déjà  un  mémoire  a 
l'Institut. 

N°  XII. 

!,l     CATALOGUE    DD     MUSEE    FOL, 
COMMUNICATION   PAB    M.   EDMOND  LE   lil.AXT. 

\  l'occasion  de  la  publication  dn  catalogue  du  musée  Fol, 
de  Genève,  M.  Le  Blani  entretient  l'Académie  d'une  marque 
de  fabrique  imprimée  sur  une  lampe  de  terre  cuite  appar- 
tenant a  celte  collection. 

La  belle  collection  d'objets  d'art  offerte,  dit-il,  à  sa  ville 
natale  par  un  Genevois,  M.  Loi.  a  été  formée  par  ce  dernier 
dans  des  voyages  ;'<  Rome  et  dans  quelques  villes  de  l'Italie. 
Le  peu  d'instants  qu'il  m'a  été  donné  do  passer  dans  ce  musée 
né;!  fait  voir  des  marbres,  des  terres  cuites  de  premier  ordre . 


—  -287  — 

types  d'une  riche  ornementation  intelligemment  rassemblés 
nonr  aider  au  développement  des  arts  industriels  <>n  Suisse. 
La  première  partie  du  catalogue  nouvellement  publiée,  et  que 
M.  Fol  a  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie,  est  consacrée  à  la 
partie  antique  des  objets  exposés.  Dressé  avec  soin  et  orné  de 
jolis  dessins  par  l'habile  crayon  de  M.  Hammann,  ce  cata- 
logue reproduit,  en  même  temps  qu'un  choix  d'objets  inté- 
ressants,  les  marques  de  fabrique  que  portent  plusieurs  d'entre 
eux,  et  ces  nombreuses  illustrations  lui  donnent  une  utilité 
particulière.  Un  seul  trait  permettra  d'en  juger. 

L'une  des  lampes  chrétiennes  antiques  les  plus  connues 
présente  en  relief,  au  milieu  d'une  couronne  de  pampres  et 
de  raisins,  l'image  du  bon  Pasteur  portant  la  brebis  sur  ses 
épaules.  Des  exemplaires  de  cette  pièce,  évidemment  repro- 
duite à  grand  nombre,  ont  été  souvent  trouvés  aux  catacombes 
et  dans  d'autres  lieux  de  Rome  ou  de  ses  environs,  et  notre 
éminent  confrère,  M.  de  Rossi ,  en  a  récemment  rencontré  un 
dans  les  ruines  d'une  antique  maison  d'Ostie.  Sous  cette  lampe 
sont  imprimées  en  une  seule  ligne  les  lettres 

ANNISER 

marque  de  fabrique  qui  donne  au  génitif  le  nom  d'ANNIus 
SEKcitnms,  ou  SEKpianus,  SEKcnus,  SEKvandus.  Elle  est  d'une 
pâle  plus  dne,  et,  au  point  de  vue  artistique,  d'un  style  fort 
supérieur  à  celui  du  plus  grand  nombre  des  lampes  chré- 
tiennes. M.  de  Rossi  qui  le  constate,  pour  établir  l'ancienneté 
de  cette  nièce,  fait  d'ailleurs  observer  que  les  restes  retrouvés 
avec  elle  dans  la  maison  d'Ostie  nous  reportent  au  11e  et  au 
iiic  siècle,  et  qu'aucun  d'entre  eux  ne  saurait  être  attribué 
au  ive  l. 

J'ajouterai,  pour  ma  part,  qu'il  est  une  autre  marque  de 
l'antiquité   de  cet  objet  .huis   la  forme  de  sa   queue  percée 

1  De  Rossi,  BuUettmo  </<  archeologia  cristiana,  1870,  p.  79,  60,  83, etc. 


—  288  — 

transversalement,  détail  qui  appartient  d'une  façon  presque 
exclusive  aux  lampes  de  l'époque  païenne.  Sauf  un  nombre  de 
pièces  fort  restreint  et  faciles  à  compter,  les  lampes  chrétiennes 
présentent,  en  effet,  parmi  d'autres  caractères  spéciaux,  une 
queue  non  forée,  large  à  sa  base,  s'amincissant  par  le  bout 
et  se  terminant  en  arête  comme  une  sorte  de  proue1.  Ce 
n'est  là  qu'une  affaire  de  changement  dans  les  modèles  adoptés 
par  les  fabricants  des  différentes  époques,  mais  cette  diversité 
de  forme  doit  être  notée,  car  elle  accuse  une  inégalité  d'âge 
entre  les  types  anciens.  Faute  de  s'être  avisé  de  ce  point  tout 
matériel,  on  a  cru  trouver  dans  une  lampe  à  croix  gemmée, 
oubliée  à  Pompéi  par  quelque  explorateur  du  vc  siècle,  la 
preuve  qu'avant  l'an  70,  les  fidèles  représentaient  ouvertement 
la  croix2.  C'est  là  une  erreur  que  condamne  l'ensemble  des 
monuments  chrétiens  et  contre  laquelle  la  forme  matérielle  de 
la  lampe  de  Pompéi  aurait  du  mettre  en  garde3. 

Celle  d'Annius,  qui  se  termine  par  la  queue  forée  particu- 
lière aux  vieux  types,  me  semble  pouvoir  encore  par  ce  détail 
être  classée,  comme  un  très-petit  nombre  d'autres,  parmi  les 
plus  anciens  produits  de  l'art  chrétien. 

Ine  pièce  intéressante  du  musée  Fol  vient  me  continuer 
dans  cette  pensée. 

On  ne  connaissait  jusqu'à  cette  heure,  comme  le  constate 
M.  de  Rossi.  d'autres  produits  marqués  du  cachet  ANNISER 


1  Un  type  de  celte  forme,  inédit  et  précieux  parce  qu'il  offre,  par  une  rare 
exception ,  un  élément  de  date,  cxislenu  musée  du  Collège  romain.  C'eal  nue  lampe 
de  len    rouge,  à  queue  pleine  el  pincée  par  le  bout,  portant  le  monogramme 

gemmé  T  avec  l'A  cl  Vit).  Autour  sont  des  empreintes  répétées  d'une  monnaie 
de  1  li  !  -■■  II.  L'empereur  vu  de  face  avec  casque  et  bouclier.  Légende  : 
DN  THEODOSIVS  PF  AVG.  —  Bf  Victoire  ailée  debout,  s'appuyant 
sur  une  lourde  croix.  Légende  :  VOT.  XX.  VICTORIA. 

2  Cavedoni,  Ragguaglio  à  nenti  délie  arti  crittiane,  p.  '16,  n.  3o. 

5  Gepctil  monument  esl  figuré  dans  les  Anliehità  d'Ercolano,  t.  VIII,  tav.  i6, 
Bg.  1.  (Cf.  p   - 1 


—  289  — 

«|iie  la  lampe   au  type   du    bon   Pasteur1.  La  diligence  de 

M.  Fol  à  faire  reproduire  les  marques  des  fabricants  an- 
tiques met  sous  nos  yeux  un  autre  objet  revêtu  de  ce  timbre. 
C'est  une  belle  lampe  à  double  lumignon  (n°  679  du  cata- 
logue), au  centre  de  laquelle  se  détache  en  relief  une  tête  de 
Baccbus  dans  une  couronne  de  lierre.  Les  anneaux  de  la 
double  anse  placée  à  l'arrière  portaient  chacun  un  buste  sor- 
tant d'une  fleur  épanouie,  comme  nous  le  voyons  pour  un 
Sérapis  qui  surmonte  l'anse  d'une  pièce  de  même  nature2. 
Ces  deux  bustes  sont  brisés,  mais  la  comparaison  de  l'objet 
qui  nous  occupe  avec  de  nombreuses  lampes  païennes  permet 
de  penser  qu'ils  figuraient  Isis  et  Sérapis  dont  le  culte  fut  si 
répandu  à  Home  au  temps  du  Haut-Empire3.  Le  style,  à 
l'examen  duquel  il  faut  d'ailleurs  s'attacher  tout  d'abord,  dé- 
montre d'une  manière  absolue  que  la  pièce  est  d'époque 
païenne,  car  on  chercherait  vainement,  après  l'avènement  de 
Constantin,  des  lignes  semblables  et  une  telle  élégance.  La 
lampe  au  bon  Pasteur,  sortie  de  la  même  officine  que  celle 
du  musée  Fol,  et  dont  un  exemplaire,  je  le  répète,  a  été 
trouvé  à  Ostie,  au  milieu  de  débris  antiques,  est  donc  sensi- 
blement  antérieure  au  triomphe  de  l'Eglise,  et  le  sujet  qu'elle 
représente  ne  s'oppose  en  rien  à  ce  qu'on  l'attribue  à  un  temps 
vers  l'an  210,  fort  ancien,  car  un  double  passage  de  Tertul- 
lien  établit  que  l'image  du  bon  Pasteur  était*  répandue  chez 
les  fidèles  \ 

Tout  en  attestant  l'antiquité  de  la  marque  ANNISER,  la 
lampe  du  musée  Fol  nous  met  en  présence  d'un  fait  que  rien 

1  Bullet.  archeoî.  crist.  1870,  p.  83. 

2  Bellori,  Lucerne  antiche,  parte  H,  tav.  20. 

J  Le  Louvre  et  la  Bibliothèque  nationale  possèdent  des  lampes  dont  les  anneaux 
sont  ornés  de  figures  d1Isis  et  de  Sérapis.  (Voir  encore  Passeri ,  Lucernœ  flctiles , 
t.  III,  p.  101  ,  io3,  lab.  lxxi,  lxxii;  Bellori,  Lucerne  antiche,  parte  II,  tav.  90 
et  3i.) 

4  De  pudicitia ,  c.  vu  et  x. 


—  290  — 

ne  nous  permetlail  encore  de  soupçonner;  c'esl  ceiui  (l'une  offi- 
cine  romaine  fabricant  en  pleine  époque  païenne ,  et  peut-être 
en  même  temps,  dos  produits  à  figures  d'idoles  et  des  objets 
de  h  pe chrétien. Comment  devons-nous  nous  l'expliquer?  Faut- 
il  admettre  que,  dans  un  temps  où  l'initiation  était  ouverte  à 
tous,  où  les  doctrines,  les  livres  du  nouveau  culte  étaient  si 
bien  connus  des  idolâtres1,  il  y  ait  pu  pour  eux  avoir  méprise 
sur  le  sens,  le  caractère  chrétien  de  la  ligure  du  bon  Pasteur2, 
et  que  de  nombreuses  reproductions  avaient  pu  dès  lors  être 
librement  faites  et  répandues?  Devons-nous  voir  plutôt,  dans 
le  fait  constaté,  une  marque  nouvelle  de  la  tolérance  accordée 
auï  fidèles  lorsque  rien  ne  venait  déchaîner  une  persécution'.' 
Ce  sont  là  des  questions  <pii  réclament  l'examen.  Qu'il  me 
suffise  de  constater  ici  ce  fait  nouveau,  que  le  timbre  ANNISER 
se  rencontre  à  la  fois  sur  des  objets  chrétiens  et  païens,  et  que 
le  style  de  ces  derniers  permet  d'en  faire  remonter  la  date  à 
niio  époque  de  beaucoup  antérieure  au  iv°  siècle. 


APPENDICE. 

BAPPOBT  !>r  SECRÉTAIRE  PI  BPBT1  El  DE   L'A(  '.kiMii    DES  IN»  BIPTIONS  l'.T  BELLES 
LETTRES,   m  R   LES  TBA>  \i  I    DES  COMMISSIONS   DE  PUBLICATION   DE  CETTE  ACA- 
DEMIE   PENDANT   LE   PBEMIEB  SEMESTRE  DE    ls7&,  I.U  LE  3o  JUILLET  1876. 

Ml  -si  11  B8: 

L'Académie  des  inscriptions  el  belles-lettres  poursuit  avec  activité  la 
tâche  qui  lui  est  dévolue.  Le  semestre  qui  vient  de  s'écouler  ;i  vu  pa- 
raître trois  volumes  nouveaux,  le  tome  WYIII.  1  '  partie,  des  Mémoires 
de  V  [cademie,  le  Lomé  \  III.  a'  partie,  des  Mémoiresdes  «avants étrangers, 

1  Voir,  'iitrr-  autres,  Terlult.  Apol.  \X\I  :  «Litteras  nostras,  quas  neque  ipsi 
Bupprimimas  el  plerique  casusad  extraneoa  transferuut,»  el  la  polémique  de  Geise 
mi  le  détail  des  livres  saints. 

Voir,  aa  sujet  di    •  atations  analogues  des  païens ,  Raoul  Rochelle,   \té- 

moire*  de l'ActuL  nteription»,  t.  Mil.  p.   10 


—  291    — 

el  le  tome  XXII,  i"  partie,  des  Votices  et  extraits  des  manuscrits,  Plu- 
sieurs: tomes  de  ces  Iroia  collections  marchent  vers  leur  achèvement.  Le 
lome  XX11  des  Mémoires  de  l'Acad  auprenant  la  table  des  dix  vo- 

lumes précédents,  est  il  la  veille  de  se  terminer;  le  tome  XXV,  r'partie, 
consacré  .1  l'histoire  de  l'Académie,  est  moins  près  de  la  un,  mais  le 
tome  XXVIII,  a*  partie,  qui  donne  la  suite  des  mémoires,  esl  déjà  com- 
mencé, et  la  matière  ne  lui  manquera  pas.  Des  mémoires  sont  aussi 
remis  pour  le  tome  1\  àesSavants  étrangers.  Quanl  aux  Notices  etextraits 
des  manuscrits,  dans  la  section  orientale,  le  tome  XXIII,  i'c  partie,  con- 
tenant le  Lexique  arabe  de  médecine  d'Ibn-Beïthar,  a  vingt-deux  feuilles 
tirées  ou  à  tirer  el  de  nombreux  placards  à  mettre  en  pages;  dans  la 
section  occidentale,  le  tome  XXIV,  •.»."  partie,  va  recevoir  son  complément 
par  l'envoi  à  l'imprimerie  du  mémoire  revu  de  M.  Prou,  sur  la  Chiroba- 
liste  d'Héron  d'Alexandrie;  le  tome  XXV,  1°  partie,  où  M.  Thurot  publie 
les  Commentaires  d'Alexandre  d'Aphradisias  sur  le  traité  d'Aristote  De 
sensu  et  sensibiU ,  esl  arrivé  à  sa  vingt-septième  feuille. 

Nu-  grandes  publications  suivent  leurs  cours  sans  arrêt.  Le  lome  \X11I 
des  Historiens  de  France,  publié  par  MM.  de  Wailly,  Delisle  et  Jourdain, 
est,  comme  je  vous  le  disais  déjà  dans  mon  dernier  rapport,  entièrement 
imprimé.  On  en  est,  non  pas  à  la  rédaction,  mais  à  l'impression  des 
tables.  Soixante-douze  placards  sont  composés  :  ce  qui  en  ajourne  la  mise 
en  pages  el  le  tirage,  c'est  le  soin  extrême  que  lés  auteurs  veulent  ap- 
porter à  la  correction  de  leur  œuvre.  L'index  géographique  de  ce  volume. 
combiné  avec  ceux  des  tomes  XXI  el  XXII,  formera  un  dictionnaire  déjà 
fort  étendu  de  la  topographie  de  la  France  au  xm0  siècle.  On  ne  saurait 

plaindre  d'un  retard  qui  n'a  d'autre  cause  que  la  recberebe  de  l'exac- 
titude la  plus  rigourei, 

Dans  la  collection  des  Historiens  des  Croisades,  le,  tome  IV  des  ffts- 
toriens  occidentaux,  comprenant  déjà  Baudrj  el  Guibert  de  Notent, 
B'achèvera  avec  le  texte  d'Albert  d'Aix,  donl  dix  livres  sont  imprimés; 
les  deux  derniers  n'attendent  qu'une  dernière  révision  de  ïapparatus  des 
variantes.  MM.  \d.  Régnier  et  Thurot,  qui  s'en  occupent,  espèrent  ar- 
river bientôt  au  terme  de  ce  travail. 

Les  Historiens  grecs  se  continuent  sous  la  direction  de  M.  Miller:  le 
tome  Ier  a  soixante-quatorze  cahiers  tirés;  un  ou  deux  encore,  et  il  est 
fini.  Le  tome  II  en  a  quarante-trois,  et  le  reste  de  la  copie  esl  préparé. 

MM.  de  Slane  et  Defrémery  se  partagent  la  préparation  du  tome  11 
des  Historiens  arabes.  Pour  hâter  l'achèvement  de  l'ouvrage,  la  Commis- 
sion des  travaux  littéraires  a  décidé  que  chacune  des  deux  parties  aurait 


292  

une  pagination  différente.  La  partie  de  M.  Defrémery compte  déjà  sepl  ca- 
hiers  tirés;  celle  de  M.  de  Slanc,  dont  le  manuscrit  est  prêt,  va  pouvoir 
être  livrée  à  l'impression  saus  attendre  l'achèvement  de  la  première,  et 
l'on  peut  espérer  que  toutes  deux  arriveront  à  leur  terme  à  peo  près  en 
même  temps. 

La  Table  chronologique  des  diplômes  et  chartes  concernant  l'histoire  de- 
France,  dite  Table  de  Bréquigny,  continuée  par  notre  confrère  M.  Labou- 
laye,  a  eu  trois  cahiers  nouveaux  tirés.  La  copie  de  l'année  i3i4.  qui 
sera  la  dernière,  est  en  préparation. 

Pour  les  Chartes  et  diplômes  relatifs  à  l'histoire  de  France  antérieure  à 
Philippe  Auguste,  dont  s'occupent  MM.  Delisle  et  de  Rozière,  la  collection 
des  copies  s'est  accrue  des  pièces  que  M.  Luce,  auxiliaire  de  l'Académie, 
a  relevées  et  transcrites  dans  les  registres  CXXX-CXXXIV  du  Trésor  des 
chartes. 

La  Commission  de  l'Histoire  littéraire  de  la  France  continue  avec  zèle 
l'œuvre  des  Bénédictins;  toute  la  copie  du  tome  XWJI  est  prête;  vingt- 
deux  feuilles  sont  tirées,  dix  en  épreuves.  Ce  volume,  qui  se  composera 
d'un  grand  nombre  de  notices  particulières  sur  des  écrivains  morts  de 
1  an  1 .'!  1  o  à  l'an  i3i3,  sera  terminé  par  un  travail  étendu  de  M.  Renan 
sur  les  Rabbins  français  au  mi*  siècle. 

Les  OEuvrcs  de  Borghcsi,  dont  huit  volumes  ont  paru,  n'ont  reçu 
encore  aucun  complément ,  mais  la  moitié  du  tome  IX.  est  imprimée  :  c'est 
la  réimpression  de  la  célèbre  dissertation  de  Borghesi  sur  les  nouveaux 
fragments  des  fastes  Capitolins. 

Quant  au  Corpus  inscriplionum  semiticarum,  je  ne  puis  pas  encore 
vous  annoncer  l'envoi  du  premier  fascicule  à  l'imprimerie,  mais  la  Com- 
mission  presse  son  travail.  Le  dossier  de  chaque  inscription  est  mainte- 
nant constitué;  la  bibliographie  de  chaque  texte  est  dressée  et  rapportée 
à  son  dossier;  (nus  les  estampages,  moulages,  monuments  originaux  que 
possède  la  Commission,  classes,  numérotés,  mis  en  rapport  avec  les  dos- 
siers; et  tous  les  jours  de  nouveaux  estampages  d'inscriptions  recueillies 
•■il  Afrique  viennent  enrichir  la  collection  des  matériaux  qu'elle  a  déjà 
réunis. 

II.  WALLON. 

Secrétaire  perpétuel. 


—  293  — 


U\  RES  OFFERTS. 


\NCE    DU    VENDREDI   3  JUILLET. 

Il  e>i  offerl  à  l'Académie  une  brochure  intitulée:  Soinf  remarks  npon 
roman  militari/  signttcvlafound  in  Britain,  b\  11.  Cb.  Goote. 

Sont  offerts,  par  M.  Eggbr,  de  la  part  des  auteurs  : 

i°.  Deu\  thèses  récemment  soutenues  à  la  Faculté  des  lettres,  par 
l'abbé  Tougard  :  Quid  ad  profanas  mores  dignoscendos  augendaque  lexica 
conjerant  Acta  sanetorum  grœea  Bollandiana  ...  —  De  l'histoire  profane 
dans  les  actes  grecs  des  Bollandistes.  Extraits  grecs ,  traduction  française, 
notes,  avec  les  fragments  laissés  inédits  par  les  Bollandistes  ( -j  vol.  in-8°). 
Cette  dernière,  surtout  intéressante  par  de  nombreuses  additions  aux 
plus  complets  lexiques  de  la  grécité  du  second  ordre;  toutes  deux  méri- 
toires par  un  dépouillement  laborieux  de  textes  peu  lus,  et  dont  les  liel- 
lénÏBtes  n'avaient  pas  tiré  jusqu'ici  tout  le  prolit  désirable. 

2°  Discours  sur  l'Ebromagus  de  saint  Paulin,  par  M.  A.  Dezeimeris, 
savant  bordelais,  à  qui  l'on  doit  déjà  des  travaux  de  littérature  et  d'archéo- 
logie méridionales  ,  tous  remarquables  par  l'érudition  et  par  un  esprit  de 
sévère  critique. 

3°  Nouveaux  principes  de  la  prononciation  anglaise  dans  ses  rapports 
avec  les  langues  française ,  allemande,  etc.  (i  volume  in-8"),  par  le 
Dr  Rabbinowicz ,  auteur  d'une  grammaire  latine,  d'une  grammaire  hé- 
braïque (rédigée  en  allemand,  traduite  en  français  par  Mullel)  et  d'un 
mémoire  sur  la  législation  talmudique,  dont  M.  Franck  a  naguère  rendu 
compte  dans  le  Journal  îles  Savants.  Tout  en  espérant  que  cet  ouvrage 
sera  utile  aux  étudiants,  M.  Egger  ne  se  permet  de  le  recommander  à 
I  Académie  qu'après  \  avoir  reconnu,  avec  des  juges  compétents,  un  ca- 
ractère vraiment  scientifique. 

6°  De  la  part  de  M.  Bréal,  le  tome  V  et  dernier  de  la  Grammaire  com- 
parée des  langues  indo-européennes ,  de  Fr.  IJopp.  traduction  française. 
Ce  tome  contient  les  tables  traduites  et  mises  en  rapport  avec  la  traduc- 
tion française  par  feu  M.  Fr.  Meunier,  à  qui  la  Commission  du  prix  Volney 
accordait,  en  1873,  un  honorable  encouragement. 

M.  Egger  croit  pouvoir  saisir  cette  occasion  pour  rendre,  devant  TAca- 

11.  20 


—  294  — 

demie,  un  bo  tu  mage  d'affectueux  regrets  .1  ce  savanl  linguiste,  dont  !<•> 
travaux,  interrompus  le  11  mars  dernier  par  une  mort  subite,  auronl 
fait  faire  de  notables  progrès  à  quelques  parties  de  la  science.  Il  annonce, 
•  ■H  même  temps, que  le  mémoire  manuscrit  de  \l.  Meunier,  que  distingua 
l'an  dernier  la  Commission  académique,  esl  en  ce  moment  sous  presse  à 
I  Imprimerie  nationale,  grâce  â  un  vote  favorable  de  la  Commission  des 
impressions  gratuites. 

5  Le  quatrième  fascicule  du  tome  II  des  Mémoires  de  la  Société  de 
linguistique. 

M  Ëgger  est  prié  de  transmettre  aux  auteurs  les  remercîments  de 
l'Académie. 


SE  \m  l     lu     \  ENDREDl    1  0    Jl  ILLET. 

Est  offert  : 

ippendice  alla  dissertazi  -//  [braxas ,  studio  archeologico ,  di  Bar- 

zilai  (feuille  in-fi 

M.  Naodet,  Secrétaire  perpétuel  honoraire,  offre  à  l'Académie,  au  nom 
de  notre  confrère ,  M.  V.Duruy,  qui  est  absent,  le  quatrième  volume  de 
son  Histoire  romaine,  comprenant  l'histoire  de  l'Empire-,  depuis  Néron 
jusqu'au  dernier  des  intonins. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  honoraire  aurait  beaucoup  à  dire  sur  les 
mérites  de  ce  livre,  si  l'usage  de  l'Académie  n'était  pas  de  s'abstenir  de 
tout  éloge  envers  un  confrère. 

M.  Derbnbodrg  fait  hommage,  de  la  part  de  M.  Nutt,  bibliothécaire  à 
la   bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford,  de  deux  ouvrages  in-8°,  publiés 
l'un  en  1870,  l'autre  en  187/»;  le  premier  renferme  deux  traités  de  gram 
maire  hébraïque,  composés  en  arabe  par  Ji.  Jehuda  Haggondj,  de  Fetz,  et 
traduits  en  hébreu  par  R.  Moses  Gikatilia ,  de  Cordoue,  et  un  imité  sur  la 
ponctuation  hébraïque,  également  par  Haggondj. 

I!.  .1.  Haggondj,  qui  vivail  au  \  siècle  a  Cordoue,  a  été  surnommé  le 
premier  grammairien,  parce  qu'il  fixait  le  premier  la  trilittéralité  des  ra- 
cines hébraïques  et  le  rôle  que  jouent .  dans  un  grand  nombre  de  racines, 
les  consonnes  faibles  destinées  à  disparaître  dans  certaines  formes  des 
noms  et  des  verbes.  M.  Derenbourg  entre  ensuite  dans  des  détails  sur  les 
rapports  entre  les  linguistes  hébreux  et  arabes,  et  montre  que  les  haines 

uai .îles  ont  empêché  assez  longtemps  les  savants  juifs  de   cherchei 

dans  la  langue  arabe  de-  termes  de  comparaison. 

I  e  second  volume  porte  le  litre  de     /  Us  d'un  Targum  samari 


—  295  — 

tain,  publie  d'après  un  manuscrit  de  la  bibliothèque  Bodléienne,  précédé 
d'uni'  introduction  contenant  une  esquisse  de  l'histoire  de  la  littérature 
el  du  dogme  samaritains.  L'intérêt  principal  de  cette  publication  est  dans 
le  fragment  du  Targum  (  ou  version  araméenne)  qui  va  de  Levit.  xxv,  2  G. 
jusqu  à  Nombres,  \\\\  1 ,  9. 

A  la  suite  de  cette  présentation,  M.  Derenbourg  fait  de  vive  voix  un 
résumé  il'1  l'histoire  de  la  secte  samaritaine. 

M.  I'1  Président  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  de  Chaignolles,  la 
seconde  édition  in-8°  d'un  livre  intitulé  :  La  mort,  élude  philosophique  et 
chrétienne  à  l'usage  des  gens  du  monde  (livre  écrit  dans  une  pensée  toute 
spirilualiste),  et  une  brochure  faite  par  le  même  auteur  pour  réfuter  la 
critique  dont  ce  livre  avait  été  l'objet  dans  la  Bibliographie  catholique. 

SÉANCE   Dl    VENDREDI    1~  JUILLET. 

Le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Edmond 
Le  Biant,  une  brochure  intitulée  :  Lepellelier  de  Saint-Fargeau  et  son 
meurtrier,  documents  inédits  (in-8°). 

M.  dbLongpérier  offre,  au  nom  de  l'auteur,  M.  William  Burns,  un 
ouvrage  intitulé  : 

The  Scottish  war  of  indépendance  ;  its  antécédents  and  ejj'ecls  (la  Guerre 
de  l'indépendance  en  Ecosse,  ses  causes  et  ses  effets,  Glasgow,  îSy'i. 
2  gros  vol.  in-8°).  Il  s'agit,  dit-il.  des  guerres  de  la  fin  du  xiue  siècle  et 
du  commencement  du  xiv  siècle,  dans  lesquelles  figuraient  d'une  façon  à 
la  fois  si  héroïque  et  si  poétique  John  Baliol ,  W.  Wallace ,  et  Robert  Bruce. 
M.  Burns  a  lait  précéder  son  récit  d'un  long  travail  sur  l'Ecosse  et  les 
Ecossais,  qui  est  rempli  de  considérations  intéressantes  et  de  faits  ins- 
tructifs. 

Cet  ouvrage,  auquel  notre  savant  correspondant  M.  Francisque  Michel 
a  contribué  pour  une  large  part,  en  fournissant  de  nombreux  textes  piiisé> 
dans  les  manuscrits  et  les  ouvrages  les  plus  rares  sur  ce  sujet,  s'est  pro- 
duit à  l'occasion  de  l'érection,  à  Stirling.  d'un  monument  à  la  mémoire 
de  William  Wallace,  ou  plutôt  est  du  au  même  mouvement  d'opinion. 

Sur  quelques  points,  M.  Fr.  Michel  n'est  pas  tout  à  fait  d'accord  avec 
son  collaborateur;  par  exemple,  lorsqu'il  s'agit  de  la  proportion  du 
norse  el  du  gaélic  dans  la  formation  de  la  langue  écossaise. 

Mais  il  résulte  du  travail  commun,  dont  le  litre  vient  d'être  indiqué, 
un  ensemble  digne  de  toute  l'attention  des  corps  savants,  et  un  livre 
très-attrayant  pour  le  commun  des  lecteurs. 

20 . 


—  296  — 

\1.  L  Reniée  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Chabouillet,  un 

opuscule  <[iii  ;i  pour  litre  :  Le  diptyque  consulaire  de  Saint-Junicn  (in-8°). 
Ce  curieui  diptyque  esl  conservé  en  entier,  mais  en  <I<mi\  parties, 
doni  l'une  à  la  Bibliothèque  nationale,  l'autre  à  Limoges.  M.  Chabouillet 
a  parcouru  à  celte  occasion  Ions  les  travaux  faits  sur  lis  diphques  con- 
serves en  France  ou  à  l'étranger;  sa  dissertation  est  un  résumé  complet 
et  très-bien  l'ait  de  ces  études. 

SCE   DU    VBNDRBDl   2Û   JUILLET. 

Sont  offerts  à  l'Académie  : 

Archives  municipales  de  Bordeaux.  Bordeaux  vers  1  'i~x> ,  description  to- 
pographique,  par  M.  Léo  Drouyn  (Bordeaux,  187^1 ,  in-/i"). 

Correspondance  inédite  du  prince  François  de  Saxe,  connu  en 

France  sous  le  nom  de  comte  de  Lusace,  précédée  d'une  notice  sur  sa  vie, 
par  M.  Arsène Thévenot  (1  vol.  in-8°). 

La  place  d'Homère  dans  l'histoire,  par  M.  Gladstone  (brochure 
in-8°). 

M.  de  L0N6PBRIBB  offre,  de  la  part  de  M.  d'Hervey  de  Saint-Denis, 
une  nouvelle  livraison  de  sa  traduction  de  l'ouvrage  intitulé:  Atsuwr 
(insu  (brochure  in-8°). 

M.  I'aiun  I'aius  offre,  de  la  part  de  M.  Jules  Houdoy,  un  ouvrage  in- 
titulé: Renart  le  Nouvel,  roman  satirique  composé  an  znî  siècle  par  Jacque- 
mara  Giéléede  Lille,  précédé  d'une  introduction  historique  et  illustré  d'un 
fac-similé  d'après  le  manuscril  de  La  \  allière,  de  la  Bibliothèque  nationale 
(t  vol.  in-û0). 

SJîANl  1;  m    \  BNDBEDI  3  I    JUILLET. 

M.  de  \\  \iii.v  offre  à  1  Académie  le  tirage  à  pari  des  Eclaircissements 
qu'il  a  ajoutés  à  la  seconde  édition  de  V Histoire  de  la  conquête  de  Corn- 
taniinoplc  jmr  I  ille-Hordouin  (in-/f).  trCes  Eclaircissements,  dit-il, 
portenl  sur  plnsieurs  questions  d'histoire,  de  [[ranima  in*  H  ilarcliéologie, 
ilnni  la  solution  prépare  le  lecteur  à  mieux  apprécier  la  véracité  de  notre 
premier  historien  el  à  mieux  comprendre  ses  récits.  La  partie  historique 
et  la  partie  grammaticale  de  ces  Eclaircissements  a  fourni  le  Bujel  de 
plusieurs  lectures  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  devant  IWradémiV.  Quant 
,:i  la  partie  archéologique,  j'1  l'ai  entreprise  après  ra'ètre  assuré  le  con- 
cours de  M.  Quicherat,  le  savant  directeur  de  notre  École  des  chartes,  ••! 


—    L>(.»7    — 

celui  de  M.  Demay,  doni  le  crayon  habile  esl  dirige  par  la  critique  la  plus 
intelligente.  - 

M.  de  l.oM.i'i.iuni  offre  à  r  Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  Joachira 
Menant,  juge  an  tribunal  civil  île  Rouen,  un  volume  intitulé  :  Annales 

des  rois  d' Assyrie,  traduites  et  mises  '«  ordre  sur  le  texte  assyrien  (grand 
in-8  ). 

irCes  annales,  dit  M.  de  Longpérier,  sont  empruntées  aux  inscriptions 
de  toute  Borte  qui  oui  été  découvertes  dans  les  pillais  de  l'Assyrie,  faut 
celles  qui  ont  un  caractère  monumental,  que  celles  qui.  tracées  en  texte 
très-lin  sur  les  tablettes  de  terre  cuite,  représentent  des  feuillets  de 
livres. 

irM.  Menant,  parfaitement  au  courant  de  tout  ce  qui  a  été  publié  tant 
m  France  (  |u'en  Angleterre,  a  réuni  et  coordonne'  les  renseignements  his- 
toriques du  xvm"  au  vin*  siècle  avant  notre  ère,  et  présente  ainsi  des 
annales  assyriennes  tout  à  fait  conformes  aux  croyances  nationales,  etré- 
digéesdans  la  forme  orientale.  » 

M.  L.  Dblisle  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Albert  Babeau,  un 
ouvrage  intitulé  :  Histoire  de  Troyes  pendant  la  Révolution  (2  vol.  in-8°). 

<rCe  livre,  ajoute  M.  Delisle.  se  rapporte  à  une  époque  qui  est  en  dehors 
des  travaux  habituels  de  l'Académie;  mais  il  mérite  cependant  de  lui 
être  présenté,  car  c'esl  un  travail  d'érudition,  qui  a  été  exécuté'  avec 
beaucoup  de  critique  et  d'après  des  pièces  d'archives.  L'auteur  s'est 
formé  à  l'école  de  notre  correspondant  M.  d'Arbois  de  Jubainville. 

«C'est  encore  à  un  disciple  de  M.  d'Arbois  de  Jubainville,  à  M.  Thé- 
venol,  que  nous  devons  un  volume  déposé  sur  le  bureau  de  l'Académie, 
dans  la  dernière  séance.  L'analyse  des  papiers  du  prince  François- 
Xavier,  duc  de  Saxe,  offrait  de  nombreuses  difficultés,  que  M.Thévenot 
a  surmontées  avec  succès.  Le  livre  qu'il  en  a  tiré  abonde  en  renseigne- 
ments sur  l'histoire  des  trente  années  qui  ont  précédé  la  Révolution.  1 

M.  le  Ministre  plénipotentiaire  de  S.  M.  le  roi  d'Italie  transmet  à 
l'Académie,  au  nom  de  S.  E.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  un 
exemplaire  du  premier  volume  d'un  ouvrage  intitulé  :  /  diphmi greci  ed 
arabidi SiciUa,  publicati  nelteslo originale,  tradotti  ed  illustrait,  par  Sal- 
valore  Cusa,  professeur  à  l'Université  de  Païenne. 

Est  encore  offert  : 

Rapport  sur  l'état  actuel  de  la  philologie  des  langues  romanes ,  par 
M.  Paul  Meyer(broch.  in-80). 


—  298 


SEANCE    DU    VENDREDI   7    AOUT. 

M.  L.  Delislb  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Combier,  président 
du  tribunal  de  Laon,  une  Éluda  sur  le  bailliage  de  Vermandois.  crM.  Com- 
bier,  dit-il,  qui  avait  précédemment  publié  un  inventaire  des  archives 
du  greffe  de  Laon,  a  voulu  mettre  en  œuvre  une  portion  des  pièces  con- 
servées dans  ce  dépôt.  Il  s'est  principalement  occupé  du  présidial,  et  a 
donné  des  détails  intéressants  sur  1rs  usages  judiciaires  du  xvi"  et  du 
xvn0  siècle.  Il  a  tracé  un  piquant  tableau  de  la  société  de  Laon  au 
xviii*  siècle,  et  a  fait  connaître  des  documents  précieux  pour  l'histoire 
des  Etals  généraux  d'Orléans,  de  Blois  et  de  Paris.  - 

Le  Secrétaire  perpétuel  présente  le  bulletin  des  Comptes  rendus  des 
séances  de  l'Académie  (avril,  mai  et  juin  187^1,  in-8°). 

Sont  encore  offerts: 

Scritti  inediti  di  Francesco  Petrarca,  publiés  et  illustrés  par  Altilio 
Horlis  (grand  in-8°). 

Catalogo  délie  opère  di  Francesco  Petrarca  esistcnli  nella  pclrarchesca 
rosselliana di  Trieste,  parle  même  (grand  in-4°). 

Piechcrchcs  sur  les  pierres  mystérieuses ,  talismaniqucs  et  merveilleuses  du 
Vivarais  et  du  Dauphiné ,  par  M.  Henry  Vaschalde  (broch.  in-8°). 

Instruction  sur  le  renouvellement  de  rie,  par  dom  Jean  Mabillon,  reli- 
gieux de  la  congrégation  de  Saint-Maur  (broch.  in-8°).  L'éditeur  de  cet 
intéressant  opuscule  esl  M.  le  docteur  de  Bouis. 

Boletim  architeclonico  e  de  archcologia  du  real  associaçâo  dos  archilcclos 
e  archeologos  portuguezes  (n°  1,  in-4°). 

SÉANCE   DU  VENDREDI    1  k    AOUT. 

Sonl  offerts  ;■  l'Académie  : 

Juhilec  chronicon  :  a  valedictory  address  delivred  on  tltc  occasion  oj  reti- 
;  from  the  chair  qflhe  medico-chirurgical  Society,  par  P.  I).  Handyside 
(in-4'). 

Question  grammaticale.  Positivisme  (broch.  anonyme  in-V). 

SÉANCE  DU   VENDREDI    2  1    AOUT. 

Es)  offert  •'  I  académie  : 

L'impâl  <lu  sang,  par  M.  Louis  l'an-  (tomel.  2'  partir,  in-H°) 


—  299 


-I  vNCE  DU   VENDREDI    28    AOUT. 


Le  Secrétaire  perpétuel  offre  au  nom  de  l'auteur,  M.  Germain,  cor- 
respondanf  de  l'Académie,  un  ouvrage  intitule  :  Pierre  Gariel,  savieetses 
travaux .  1 584- 1 6j  5  (1  vol.  in-4°). 

M.  Germain,  qui  s'occupe  d'une  histoire  de  l'Université  de  Montpellier, 
ne  néglige  pas  de  recueillir  en  passant  les  éléments  «le  monographies  du 
plus  grand  intérêt.  Il  en  donne  une  nouvelle  preuve  dans  cette  curieuse 
biographie. 

Sont  encore  ofl'erts  : 

Etudes  historiques  sur  Moissac ,  par  M.  Lagrèze-Fossat  (  tome  III ,  in-8°). 

Coutumes  du  pays  cl  duché  de  Brabant.  Quartier  d'Anvers,  par  M.  G. 
de  Longe  (tome  IV,  in-8°). 

Archivo  liera  Idico-genealogico  contendo  noticias  hislorico-heraldicas ,  ge- 
nealogias  e  duas  mi!  quatrocentas  cincanla  e  duas  cartas  de  brazâo  d' armas, 
das  jamilias  que  cm  Portugal  as  requereram  c  obtiveram  e  a  expticaçâo  dos 
mesmas  Jamilias  cm  un  indice  heraldico,  par  Visconde  de  Sanches  de 
Baena  (parties  I  et  II,  in-8°). 

SÉANCE  DU  VENDREDI    U  SEPTEMBRE. 

0 

La  direction  du  Musée  national  de  Hongrie  envoie  à  l'Académie  un 
exemplaire  des  Monuments  épigraphiques  du  Musée  national  hongrois, 
d<  >sinés  et  expliqués  par  M.  Ernest  Desjardins,  publiés  par  ordre  de 
M.  le  Ministre  des  cultes  et  de  l'instruction  publique  de  Hongrie,  et  par 
les  soins  de  dom  Floris  Romer  (  Buda-Pest,  1878.  ûHolio). 

M.  L.  Renier,  dans  une  précédente  séance,  a  appelé  l'attention  de 
l'Académie  sur  cette  importante  publication. 

Est  encore  offert  : 

Fragment  inédit  de  Grosley  et  un  mot  encore  sur  les  mémoires  de  l'aca- 
démie de  Troyes,  par  M.  L.  Pigeotle  (broch.  in-8°). 

Cet  opuscule  contient  d'intéressants  détails  sur  les  travaux,  de  Grosley, 
qui  fut,  comme  l'on  sait,  membre  de  l'ancienne  Académie  des  inscrip- 
tions. 

M.  de  Longpérier,  au  nom  de  MM.  Reginald  Stuart  Poole  et  Herbert 
Grueber,  fait  hommage  du  Catalogue  des  médaillons  romains  du  Musée 
Britannique  (1  vol.  in-T  orné  de  66  planches  contenant  200  médaillons). 


—  300  — 

-M.  Poole,  conservateur  «lu  Cabinet  des  médailles  de  Londres, 
adresse,  dit-il,  à  l'Académie  un  nouveau  volume  appartenanl  à  la  série 
de  catalogues  qu'il  fail  exécuter  avec  tant  de  zèle.  Celui-ci  a  été  rédigé, 
sous  sa  direction,  par  M.  Herbert  Grueber,  attaché  à  son  département. 

rrOn  y  trouvera,  sobrement,  mais  très-complètement  décrits,  les  nom- 
breux médaillons  que  possède  le  Musée,  depuis  Domitien,  en  l'an  85  de 
notre  ère,  jusqu'à  Priscus  Attalus,  au  commencement  du  v°  siècle.  Le 
volume  se  termine  par  des  tables  très-détailléesdans  lesquelles  on  trouve 
l'indication  de  tous  les  types  que  représentent  ces  monuments,  et  la  liste 
de  tous  les  litres,  impératoriat,  consulat,  puissance  tribunitienne, 
surnoms  provenant  des  victoires,  Germanicus,  Dacicus,  Britannicus, 
Arabicus, etc.,  que  les  empereurs  ont  successivement  portés.  Cette  der- 
nière lahle  sera  utile ,  non-seulement  aux numismatistes ,  qu'elle  aidera  à 
classer  leurs  monnaies,  mais  encore  aux  épigraphisles ,  qui  y  trouveront 
la  date  des  qualifications  de  chaque  empereur,  ce  qui  peut  leur  fournir 
le  moyen  déclasser  des  textes  mutilés,  incomplets. 

tfL' Académie  sait  que  les  médaillons  romains  sont  ce  que  nous  appelons 
des  médailles,  et  que  leur  grande  dimension  a  permis  d'y  retracer  des  types 
développés,  mythologiques  ou  historiques ,  plus  beaux,  plus  riches  en  li- 
gures que  les  types  des  monnaies  ordinaires.  Je  puis  annoncer  à  l'Aca- 
démie que  l'infatigable  M.  l'oole  prépare  d'autres  volumes  que  nous  rece- 
vrons bientôt  et  qui  ne  seront  pas  moins  intéressants  que  ceux  dont  nous 
lui  devons  déjà  l'envoi. » 

M.  le  Président  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Th.  Ducrocq, 
professeur  de  droit  administratif  à  la  Faculté  de  droit  de  Poitiers,  un 
mémoire  sur  Le  Trésor  de  Vernon  (monnaies  romaines  consulaires  et 
monnaies  gauloises)  (Poitiers,  187/i,  in-8"). 

-Il  \  a  quelques  mois,  dit-il,  un  important  trésor  de  monnaies  ro- 
maines consulaires  et  de  monnaies  gauloises  fut  découvert  par  an 
ouvrier  du  pays,  sur  le  territoire  de  la  commune  de  Vernon,  à  19  kilo- 
mèlres  de  Poitiers.  La  plus  grande  partie  de  ces  monnaies  a  été  acquise 
par  la  maison  Feuardenl  el  Rollin,  moins  deux  cent  quatre  pièces  en  ar- 
gent, savoir:  cent  deuj  monnaies  consulaires  el  cent  deux  gauloises, 
provenant .  les  ânes  de  la  première  trouvaille,  les  autres  d'une  découverte 
ultérieure;ee  lot  esl  devenu  la  possession  de  M.  Ducrocq.  La  plus  ancienne 
datede  la  première  guerre  punique;  les  plus  récentes  sonl  de  l'année 
709  de  la  fondation  de  Rome.  Parmi  les  monnaies  gauloises ,  trente-huit 
appartiennent  aux  Sëqoanes,  vingt-neuf  aux  Éduens,  neuf  aux  Ibtu- 
rigea    etc.  M.  Ducrocq  donne  du  reste  le  catalogue  des  pièces  qui  sont 


—  301   — 

veues  enrichir  m  collection.  Le  Mémoire  dont  il  adresse  un  exemplaire 

à  l'Académie  ne  sera  pas  sans  intérêt  pour  elle.» 

SÉANCE  UL'    VENDREDI    1  1    SEPTEMBRE. 

Sont  offerts  à  l'Académie: 

Mémoire  sur  Joinville  et  les  Enseignements  de  saint  Louis  à  son  fils ,  par 
M.  Y*  de  Wailly  (extrait  do  t.  XXVIII  des  Mémoires  de  l'Académie). 

Gazette  des  Beaux-Arts  (n°  du  1"  septembre  1876).  Ce  numéro  est 
envoyé  à  l'Académie  par  M.Desbordes-Varmore,  qui  y  a  inséré  un  article 
sur  la  coupe  de  la  toge  romaine ,  telle  que  Talma  l'avait  conçue. 

L'Âmbone  délia  catledrale  di  Diano.  Deserizzione  ed  illustrazione  di  Ste- 
phano  Macchiavoli  (Napoli,  1876,  in-8°). 

TpajouSj'a  pa>(taîxâ.  Neugriechische  VoUcslieder  mit  Einleitung,  Com- 
menta)- und  Glossar,  von  Dr  A.  Luber  (Salzburg,  br.  in-8°). 

M.  Delisle  offre  à  l'Académie  l'ouvrage  du  P.  Fedele  da  Fanna.  inti- 
tulé :  Ratio  novœ  coUectionis  operum  omnium  sire  editorum  sire  anecdo- 
torum  Seraphici  ceci,  doetoris  S.  Bonaventurœ ,  proxime  in  lueem  edendœ 
1  Turin.  1S7',.  i,i-8°). 

er L'auteur  de  ce  rapport,  dit-il,  le  R.  P.  Fedele  da  Fanna  a  parcouru 
la  plupart  des  bibliothèques  de  l'Europe  pour  y  examiner  les  manuscrits 
des  ouvrages  de  saint  Bonaventure  ou  attribués  à  saint  Bonaventure. 
Les  résultats  de  celle  exploration  seront  considérables,  à  en  juger  par 
I  aperçu  qui  nous  en  est  aujourd'hui  donné. 

rLa  future  édition  des  oeuvres  de  saint  Bonaventure  sera  débarrassée 
de  plusieurs  traités  qui  ont  été  indûment  attribués  au  docteur  Sérapbique, 
notamment  d'un  commentaire  sur  les  psaumes,  que  le  P.  Fedele  da 
Fanna  a  restitué  à  son  véritable  auteur,  Michel  de  Gorbeil,  doyen  de 
Meaux  et  archevêque  de  Sens.  En  retour,  elle  s'enrichira  de  textes  nou- 
veaux, parfaitement  authentiques,  et  dont  plusieurs  sont  fort  importants 
pour  notre  histoire  littéraire.  Ainsi  un  manuscrit  d'Italie  fournira  près 
de  trois  cents  sermons  ou  canevas  de  sermons,  dont  les  rubriques, dès  à 
présent  publiées,  sont  de  nature  à  vivement  piquer  noire  curiosité.  En 
effet,  la  plupart  de  ces  sermons  ont  été  prêches  en  France,  presque  lous 
par  saint  Bonaventure,  beaucoup  à  Paris  ou  aux  environs  (Saint-An- 
toine, \incennes,  Saint-Denis,  Sàint-Gloud),  en  présence  de  saint  Louis, 
de  sa  famille  ou  de  son  conseil,  du  roi  de  Navarre  et  de  l'Université; 
d'autres  à  Arles,  à  Arras,  à  Carcassonne,  à  la  Chartreuse,  à  Cluni.  à 
Lyon,  à   Màcon.  à  Marseille,  à  Ifeaux,  à  Montpellier,  à  Narbonne.  à 


—  30-2  — 

Orléans,  à  Reims,  à  Rouen,  à  Sens,  à  Toulouse,  à  Tours  et  h  Vienne. 
Dans  cette  collection,  comme  aussi  dans  celle  d'un  manuscrit  d'Angers, 
non  encore  signalé,  autour  de  saint  Bonavenlure  on  trouve  groupés 
un  grand  nombre  de  prédicateurs,  dont  les  noms  méritent  d'être  re- 
cueillis. 

frLe  programme  que  vient  de  nous  donner  le  R.  P.  Fedele  da  Fanna 
est  rempli  de  notions  neuves  et  instructives.  C'est  un  gage  que  la  future 
édition  des  œuvres  de  saint  Bonavenlure  répondra  à  l'attente  des  sa- 
vants et  épuisera  un  sujet  délicat  et  dillicile,  sur  lequel  la  critique  s'est 
exercée  bien  des  fois  depuis  le  xvie siècle.» 

SÉANCE   DU   VENDREDI   l8  SEPTEMBRE. 

Est  offert  à  l'Académie  : 

Bolclim  architeclonico  e  de  archcologia  da  real  associaçào  dos  architectes 
et  arclieologos  portuguezes  (n°  9. ,  in-4°). 

M.  Garcin  de  Tassy  offre  à  l'Académie  un  volume  La  langue  et  la 
littérature  hindoustanies  de  1800  à  1869.  Ce  volume  est  le  recueil  des 
discours  que  M.  Garcin  de  Tassy  prononce  annuellement  à  l'ouverture 
du  cours  qu'il  profosse  à  l'École  des  langues  orientales.  La  suite  de  ces 
discours  est  une  véritable  histoire  de  la  culture  littéraire  dans  ITIin- 
doustan  durant  une  période  de  vingl  années.  Quelques-uns  étaient  de- 
venu- très-rares  h  à  peu  près  introuvables,  (i'i'si  un  des  motifs  qui  oui 
poussé  l'auteur  à  faire  réimprimer  la  collection  tout  entière;  elle  remet 
en  circulation  un  ensemble  de  documents  que  les  orientalistes  qui  dési- 
raient les  consulter  ne  parvenaient  pus  facilement  ;'i  se  procurer. 

M.  de  Longperieh  offre  en  son  nom  à  l'Académie  une  brochure  in-8°, 
intitulée  : 

Observations  sur  quelques  objets  antiques  figurés  dans  les  livres  chinois 
et  japonais ,  présentées  au  premier  congres  des  orientalistes  à  propos  de 
l'exposition  des  collections  rappariées  île  l'extrême  Orient  pur  M.  Henri 
Cernuschi. 

Dans  ce  mémoire,  M.  «le  Longpérier  explique  pourquoi  l'archéologie 
chinoise  et  japonaise  n'esl  pas  plus  avancée,  el  fait  un  appel  aux  orien- 
talistes pour  leur  demander  la  traduction  des  textes  indispensables  aui 
études  archéologiques. 

Son!  offerts  ;i  I  académie  : 

De  la  pari  de  M.  Waulers,  donl  l'Académie  connaîl  déjà  la  Table  des 


—  303  — 

charl.es  et  diplômes  concernant  L'histoire  de  la  Belgique  |  i  vol.  in-'i  ), 
les  ouvrages  suivants  dont  il  est  l'auteur  : 

Histoire  des  environs  de  Bruxelles,  i855- 1  s,",-  |  ;',  vul.  in-8  ). 

Leduc  Jean  l"  et  le  Brabant  sous  le  règne  de  ce  prince  (îaôj-i&gâ) 
d.i-80). 

Titien-!  Bouts  ou  de  Harlem  et  ses  /ils  (  in-8°). 

Nouvelles  éludes  sur  la  géographie  ancienne  de  la  Belgique  (in-12). 

De  l'origine  ei  des  premiers  développements  des  libertés  communales  en 
Belgique,  dans  le  nord  de  la  France,  etc.  Preuves  (18G9,  in-8°). 

Hugues  van  der  Goes.  Sa  vie  et  ses  (encres  (in-8°). 

Géographie  et  histoire  des  communes  belges  (1873,  2  vol.  grand  in-8u, 
en  collaboration  avec  M.  J.  Tarlier,  volumes  consacrés  aux  commîmes 
de  l'arrondissement  de  Nivelles,  —  plus  un  fascicule,  relatif  à  la  ville 
de  Tirlemonf .  187/4). 

Sont  encore  offerts  : 

Notice  sur  les  faïences  (le  Diruta,  par  \i.  Charles  Gasati  (broeb.  in-8°). 

Dictons  et  sobriquets  populaires  du  Vivarais,   par  M.  Henri  Vaschalde 

Catalogue  descriptif  du  musée  Fol,  a  Genève;  1"  partie. 

M.  de  Lohgpérieb  dépose  sur  le  bureau,  «le  la  part  de  MM.  Didier, 
éditeurs,  et  de  M.  Ferdinand  Delaunay,  la  table  des  dix  années  (1860- 
1869)  de  la  nouvelle  série  de  la  Bévue  archéologique  ^in-80). 

rr Cette  série .  dit-il,  se  compose  de  vingt  volumes  de  mémoires  que 
(ons  vous  connaissez,  et  qu'il  est  indispensable  de  consulter  lorsqu'on 
s'occupe  de  quelque  sujet  d'antiquité.  Mais  l'abondance  des  matériaux 
rend  maintenant  les  recherches  fort  longues,  et  MM.  Didier  ont  voulu 
nous  fournir  une  bonne  table  qui  \  inl  à  notre  secours.  Ijs  se  sont  adressés, 
non  pas  à  un  vulgaire  fabricant  d'index,  mais  à  un  savant  qui  put  si- 
gnaler avec  intelligence  les  noms  et  les  eboses  qu'il  nous  importe  de 
retrouver.  M.  Ferdinand  Delaunaj  s'esl  acquitté  de  celle  lâcbe  avec 
habileté, et  non-  devons  de  nouveaux  remercîments,  en  cette  occasion, à 
I  écrivain  qui  rend  compte  de^  travaux  de  I'  académie  au  Journal  officiel, 
avec  nue  si  attentive  persévérance.» 

Sont  en  outre  offerts  : 

Bulletin  d'archéologie  chrétienne  {•>:  série     1876 ,  n     1   et  -2  .  in-8°). 

Bulletin  de  l'œuvre  des  pèlerinages  en  Terre  sainte  (avril  et  aoul  187^ 
in-8 

Bulletin  de  I"  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord  1  tome  I 
1"  livraison,  iu-8"). 


—  304   — 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  centrale  d'agriculture  de  Fiance  (juin 

;'i,  io-8°). 

Renie  africaine  ( mars-juin  187^,  in-8°). 

Revue  de  législation  (inai-aoùt  187&,  in-8°). 

Revue  archéologique  (juillet-septembre  1876,  in-8°). 

Revue  des  questions  historiques  (juillet  1 87 A ,  in-8°). 

Berne  bibliographique  universelle  (septembre  187 4,  in-8°). 

Bévue  bibliographique  de  philologie  et  d'histoire  (juillet-senlemlnv  187  V 

in-8°). 

Annales  de  philosophie  chrétienne  (avril-juillet  187/1,  in-8°). 

Archives  des  missions  scientifiques  cl  littéraires  (3e  série,  lome  II  ,  i"li- 
\ raison,  in-8°). 

Bibliothèque  de  l'Ecole  des  Chartes  (3e  livraison,  187/1,  in-8°). 

Journal  asiatique  (avril-juin  187/1,  in-8°). 

Le  Cabinet  historique.  Revue  mensuelle  (avril-juin  187/1,  >n~8°)- 

Recueil  des  notices  et  mémoires  de  la  Société  archéologique  de  la  province 
de  Constantine  (VIe  volume  de  la  •>'  série,  187/1,  in-8°). 

Société  académique  des  sciences,  arts,  belles-lettres,  agriculture  et  in- 
dustrie de  Saint-Quentin  (3°  série,  tome  XI,  travaux  de  juillet  187-2  à 
jnillel  1873,  in-8). 

Cosmos,  de  Guido  Cora  1  volume  II.  {parties  a  el  3). 


COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 


DF. 


L'ACADÉMIE  DES  INSCRIPTIONS 

ET  BELLES-LETTRES 
PENDANT    L'ANNÉE    1874. 


COMPTES  RENDUS  DES   SEANCES. 
OCTOBRE-NOVEMBRE-DÉCEMBRE. 


PRÉSIDENCE  DE  M.  JOURDAIN. 


SEANCE  DL    VENDREDI    -J    OCTOBRE. 

\i.  le  Président  de  la  Société  de  géographie  adresse  à  l'Acadé- 
mie de  nouvelles  pièces  concernanl  le  Congrès  des  sciences  géo- 
graphiques <|ui  doit  se  réunir  à  Paris  le  3i  niai;s  1870,  et  l'ex- 
position «loni  il  sera  accompagné. 

A  l'occasion  du  procès-verbal,  le  Sécréta ibe  perpétuel  l'ail  ob- 
server qu'il  sérail  regrettable  que  les  détails  si  intéressants  don- 
nes par  M.  Edm.  Le  Dlant,  en  offrant  à  l'Académie  le  Catalogue 
descriptif  du  musée  Fol  à  Genève,  fussent  rejetés  dans  les  comptes 
rendus  des  .ouvrages  offerts.  C'esl  une  véritable  communication 
enrichie  d'un  grand  nombre  de  notes,  il  exprime  le  vœu  que 
M.  Edm.  Le  Blanl  lui  donne  la  forme  d'une  communication,  el 
que  celte  forme  soit  de  même  suivie  en  pareil  cas  :  les  comptes 
rendus  d'ouvrages  se  renfermant  désormais  dans  les  limites 
qu'une    présentation    <\u    livre    comporte.    De    celle  façon,  ces 


développements  occuperont  une  place  convenable  el  dans  l< 
cour-  de  nos  séances  el  dans  la  publication  do  nos  comptes 
rendus. 

!\1.  le  Président  adhère,  à  ces  observations. 

M.  Derenboorg  dit,  à  propos  de  l'inscription  trouvée  à  Lan 
deina  el  envoyée  par  M.  de  Sainte-Marie  : 

-I  oe  des  deux  inscriptions  envoyées  à  l'Académie  par  notre 
infatigable  drpgman  du  consulat  de  Tunis  osl  néopunique  el  se 
compose  de  liuil  lignes  admirablement  tracées.  Il  sera  l'ail  com- 
munication ultérieurement  de  ce  monument;  aujourd'hui  il  im- 
porte  de  faire  connaître  à  l'Académie  un  l'ail  assez  important. 
Exceptionnellement,  noire  monument  mentionne  immédiatement 
après  l'introduction  habituelle  :  Au  seigneur  Ba'al  Hammon,  l'en 
droit  où  existai!  le  temple  de  Ba'al  Hammon,  où  la  consécration 
du  monument  a  été  faite;  on  ajoute  :  de  Altiburos.  Or  cette  ville 
ligure  sur  la  Table  de  Peulinger  sous  le  nom  tfÀltubros,  el  I  i 
frica  christiana  connaîl  quatre  évêques  qui  fonl  suivre  leurs  noms 
de  celui  d1  Utobrinus  ou  Altibrinus.  La  situation  exacte  de  ce  siège 
cpiscopal  étant  encore  inconnue,  puisque  la  Table  el  l'Itinéraire 
d'Antonin  ne  le  désignent  que  comme  situé  entre  Carthage  el 
'  irta,  il  serait  intéressant  de  connaître  d'une  manière  précise  la 
situation  de  Landcina,  où,  selon  la  lettre  de  M.  de  Sainte-Marie 

la   pierre  a   été    trouvée.  <>n  aurait  donc  Suivi   une  couluine  assez 

ordinaire,  et  établi  l'église  chrétienne  là  même  où  auparavant  il 
\  avait  eu  un  temple  païen  célèbre.  Il  est  probable  qu'en  conti- 
nuant les  fouilles  à  cet  endroit,  on  rencontrera  également  des 
inscriptions  latines  relatives  à  l'église  d  Mtiburos;  ■• 

\i.  Ernesl  Desjardins,  qui  a  précédemment  fait  une  commu- 
nication relative  à  îles  balles  de  fronde  recueillies  sons  les  murs 
d'Ascoli,  en  fait  une  autre  sur  des  balles  semblables  trouvées 
dans  le  lit  du  Tronto. 

(.es   balles    présentent   les  mêmes  caractères  que  celles  dont 
M.  Desjardins  a  déjà  fail   la  description;  elles  ajoutent  quelques 
noms  nouveaux  on  de  peuples,  on  de  villes,  ou  surtout  dechefs, 
dans  les  trois  divisions  de  guerres  (servile,  sociale  ou  civile)  aux 
quelles  elles  se  doivent  rapporte) , 


—   307   — 

M.  Révillout  continue  la  lecture  de  ><hi  mémoire  sur  le  Con- 
cile de  Vicée  d'après  les  textes  coptes. 

M.  Guérin  achève  sa  communication  sur  I"  Vallée  du  Jourdain^ 


SEANCE  l"    \  l'MUilDl   i|    OCTOBRI  . 

M.  le  Minisire  de  l'instruction  publique  écril  à  l'Académie 
pour  lui  rappeler  que,  M.  L.  Delisle  étant  appelé  aux  (onctions 
d'administrateur  <le  la  Bibliothèque  nationale,  il  esl  nécessaire 
de  pourvoir  à  son  remplacement  comme  membre  du  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'Ecole  des  chartes,  ses  nouvelles  fonctions 
l'appelant  de,  droit  à  faire  partie  du  Conseil  de  l'Ecole. 

M.  le  Ministre  invite  en  conséquence  l'Académie  à  désigner, 
en  exécution  de  l'article  <>  de  l'ordonnance  royale  du  01  dé- 
cembre 18/16,  un  de  ses  membres  pour  remplir  la  vacance  dont 
il  s'agit. 

M.  de  Sainte-Marie  adresse  à  l'Académie  l'estampage  d'une 
inscription  carthaginoise  (vœu  à  Ba'al-Hammpn  et  à  Tanith).  Cel 
estampage  est  renvoyé  à  la  Commission  «les  inscriptions  sémi- 
tiques. 

L'Académie  désigne  pour  la  représenter  à  la  séance  publique 
des  cinq  Académies  M.  Miller,  qui  v  lira  son  mémoire  sur  un 
Poème  grec  du  xn'  siècle. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  redevienl  publique. 

Son!  nommés  membres  de  la  Commission  chargée  de  proposer 
les  sujets  du  prix  ordinaire  el  du  prix  Bordin  :  MM.  Brunet  de 
Presle,  Léon  Renier,  L.  Delisle,  Hauréau,  Deloche  el  <!<■  Rozière. 

M.  le  capitaine  Tauxier  lit  un  mémoire  sur  l'authenticité,  la 
date  et  l'origine  de  l'ouvrage  géographique  qui  nous  esl  parvenu 
-dus  le  liln*  de  Périple  d'Hannon 

Voir  aux  Commumcatioss,  n'  Kl  du  3*  trimestre. 
\  oir  aux  Commi  mi  itioks  ,  n    I. 


•-!  1 


—  308 


SÉANCE  DC  VENDREDI    l6    OCTOBRE. 


il  est  procédé  au  scrutin  pour  nommer  un  membre  i\u  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'École  des  chartes  en  remplacement 
de  M.  Delisle,  qui  désormais  fait  partie  de  ce  conseil  ni  qualité 
d'administrateur  général  de  la  Bibliothèque  nationale.  M.  de  Ro- 
zière  obtient  la  majorité  des  suffrages. 

M.  le  Minisire  de  l'instruction  publique  sera  informé  de  celle 
élection. 

L'Académie  nomme  une  Commission  chargée  d'arrêter  le  pro- 
gramme du  prix  Brunet.  Sont  désignés  pour  en  faire  partie  : 
MM.  de  Wailly,  Desnoyers,  Tliurol  et  Deloche. 

M.  IUvaisson  communique  une  réponse  de  M.  Scbliemann  au 
mémoire  que  M.  Vivien  de  Saint-Martin  a  lu  devant  l'Académie 
sur  ïlUum  homérique. 

M.  Gaston  Paris  commence  la  lecture  d'un  travail  intitulé  :  Le 
Conte  du  trésor  du  roi  Bhampsimte,  étude  de  mythographie  comparée. 


SÉANCE  DO  VENDREDI  23  OCTOBRE. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  transmet  à  l'Académie 
un  extrail  du  procès-verbal  de  la  séance  tenue  le  7  octobre  cou- 
,;,,,!  par  la  Société  académique  du  Var.  Celle  pièce  est  relative  à 
la  Vénus  de  Mil»». 

Renvoi  à  la  Commission  de  l'École  d'Athènes. 

M.  Castan  écrit  à  l'Académie  pour  lui  soumettre  ses  litres  à 
Qne  place  de  correspondant.  Sa  lettre  et  la  liste  de  ses  titres  se- 
POn1  renvoyées  à  la  commission  qui  sera  uommée. 

M.  de  Sainte-Marie  adresse  à  I  académie,  peur  faire  Buite  aux 
inscriptions  romaines  trouvées  déjà  par  lui  à  Tachlidja,  une  no- 
tice contenant  toutes  les  autres  inscriptions  romaines  trouvées 
jusqu'à  ce  jour  en  Bosnie  el  en  Herzégovine. 

Cette  uotice  el  l'estampage  qui  l'accompagne  sonl  remis  à 
M.  Léon  Reniei 


—  309  — 

\l.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  royale  de  Bruxelles 
adresse  à  l'Académie  une  circulaire  qui  invite  ses  membres  à 
prendre  pari  à  une  souscription  ouverte  en  vue  d'élever  à  Bruxelles 
un  monument  à  la  mémoire  de  M.  Ad.  Quételet,  ancien  secré- 
taire  perpétuel. 

M.  Bichler  écrit  à  l'Académie  pour  l'informer  que,  dans  un  ca- 
talogue de  pierres  gravées  qu'il  lui  a  précédemment  adressé,  se 
trouve  un  talisman  qu'il  a,  croit-il,  compris  par  erreur  parmi 
les  pierres  à  inscriptions  grecques.  H  ajoute  qu'il  a  en  sa  posses- 
sion trois  anciennes  pierres  gravées  à  inscriptions,  dont  il  tient 
l'empreinte  à  la  disposition  de  l'Académie. 

M.  le  Président  fait  connaître  qu'un  mois  s'est^coulé  depuis  la 
mort  de  M.  Guizot,  et  il  lit  les  articles  du  règlement  relatifs  au 
remplacement  des  membres  ordinaires. 

L'Académie,  consultée,  décide,  au  scrutin,  qu'il  y  a  lieu  de 
pourvoir  à  la  place  vacante. 

Par  un  second  rote,  elle  renvoie  au  premier  vendredi  de  dé- 
cembre l'exposition  des  titres  des  candidats. 

Sur  la  proposition  du  Secrétaire  perpétuel,  l'Académie  fixe  au 
dernier  \cmlredi  de  novembre  le  jour  de  la  séance  publique  an- 
nuelle. 

M.  L.  Delisle  donne  lecture  d'une  note  sur  quelques  manus- 
crits de  la  bibliothèque  d'Auxerre. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  redevient  publique. 

M.  le  Président  mel  aux  voix  la  rédaction  nouvelle  de  la  ques- 
tion relative  aux  Vies  des  Saints ,  question  qui  avait  été  proposée 
[»our  le  concours  Bordin  de  cette  année,  et  qui  doit  être  remise 
au  concours  pour  l'année  1  877. 

Cette  rédaction  esl  adoptée  flans  la  forme  suivante  : 

Discuter  V authenticité,  déterminer  la  date  <i  apprécier  la  valeur  des 
textes  hagiographiques  qui  se  rapportent  à  l'histoire  de  la  Gaule  sous 
Chois  I  . 

M.  le  Président  rappelle  les  énoncés  des  trois  questions  propo- 
ïées  pour  le  prix  ordinaire  de  1877  : 

ï.   Recueillir  ei  expliquer,  pour  la  période  cotnprist    entn    l'avéne- 


—  31  Q 

ment  de  Pépin  le  BreJ  et  la  mort  de  Philippe  I  .  les  inscriptions  qui 
peuvent  intéresser  Thi&tovre  de  France. 

II.  Exposer  V organisation  administrative  de  V empire  byzantin,  de- 
puis la  fondation  de  Constantinople  jusqu'à  la  prise  de  cette  ville  par 
les  Franc*,  en  IQOÙ. 

III.  Rechercher  l'état  de  la  population,  de  l'agriculture,  du  com- 
merce et  de  l'industrie  dans  l'empire  byzantin,  depuis  la  fondation  de 
Constantinople  jusqu'à  la  prise  de  cette  ville  par  les  Francs,  en  i$où. 

L  académie  adopte  la  première  question. 
Pour  li«  prix  Bordiu,  la  Commission  propose  les  trois  ques- 
tions  suivantes  : 

I.  Faire  Vhistoire  grammaticale  de  la  langue  grecque,  depuis  les 
temps  homériques  jusqu'à  la  conquête  de  la  Grèce  par  les  Romains, 

II.  Exposer  Véconomie  politique  de  l'Egypte  depuis  In  complète  dt 
ce  paijs  par  les  Romains  jusqu'à  la  conquête  arabe. 

III.  Faire  I histoire  grammaticale  de  la  langue  latin*  depuis  !<■ 
temps  de  Cicéron  inclusivement  jusqu'à  la  fut  du  m'  siècle. 

\.  académie  adopte  la  deuxième  question. 


-i  kNi  i    Di    \  BNDRED1    '■<<>  OCTOBRE. 

M.  !"  chevalier  Nigra,  ministre  d'Italie  en  France,  écrit  à  PA- 
iidémic  <|n  à  l'occasion  du  cinquième  centenaire  de  la  mori  de 
Pétrarque,  le  Ministère  de  l'instruction  publique  d'Italie  a  l'an 
publier  un  volume  contenant  l'indication  *\e>  manuscrits  des 
œuvres  du  poëte  existant  dans  les  bibliothèques  gouvernemen- 
tales du  royaume.  Il  ajoute  qu'à  celle  même  occasion  le  minis- 
tère a  fait  frapper  une  médaille  commémorative.  Il  transmet  à 
l  académie,  au  nom  du  ministère  royal,  un  exemplaire  du  - 
lumc  et  de  la  médaille. 

Le-,  remerciements  rie  I  Vcadémie  seront  adressés  à  M.  le  che 
,aliei   Nigra 

\l.  Boulai  i<     crit  à  I  \.  adémie  poui    »e  poi  Lei     audidal  à  la 
i  i  pai  la  iinii  i  de  \|.  Guizol 


—  :;il    — 

\i    \    .  .    daus  une  lettre  adre à  la  Compagnie,  expose 

idées  >ui  I  âge  des  rilea  tailL  s 

L'Académie  se  fora a  comité  secret. 

La  séance  redevienl  publique. 

Lecture  esl  donnée  des  trois  questions  proposées  pour  le  |>n\ 
lirunet.  L'Académie  choisil  La  suivante  : 

Fane  la  bibliographie  de  celles  des  œuvres  écrites  au  moyen  âgt  en 

-  français  ou  provençaux  qui  ont  été  publiées  depuis  Vorigim  a< 
l'imprimerie;  indiquer  les  manuscrits  où  elles  se  trouvent. 

-  mémoires  devront  être  déposés  avant  le  ior  janvier  1877. 

M.  Miller  annonce  à  l'Académie  qu'il  a  reçu  de  M.  Daninosd< 
nombreux  estampages  d'inscriptions  donl  il  rendra  compte  plus  tard 

M.  Brlnet  de  Puesle  lil  une  note  sur  la  photographie  de  feuil 
ld>  manuscrits  communiqués   par  M.  L.  Delisle.  Ces  feuillets 
dit-il,  avaient  été  signalés  comme  étant  une  ébauche  du  Guide  dt 
la  conversation  entre  un  chevalier  liane  et  un  Grec.  Cet  opuscule, 
quoique  imparfait,  a  quelque  valeur  pour  l'histoire  de  la  langui 
hellénique;  il  présente  diverses  particularités  relatives  à  l'emploi 
fréquent  des  diminutifs  et  à  des  aéologismes  se  rapportant  à  l'arl 
militaire.  Les  fautes  d'orthographe  qu'on  \  cemarque  nous  ren- 
seignent sur  la  prononciation  des  Grecs  à  cette  époque,  pronon- 
ciation qui  suivait  les  mêmes  règles  qu'aujourd'hui. 

Un  membre  de  l'Académie  ayant  demandé  en  Algérie  des  ren- 
seignement! sur  1rs  travaux  de  fortification  exécutés  par  les  Ro- 
mains dans  la  Mauritanie  et  la  Numidie,  M.  Mac  Carthy,  direc- 
teur de  la  bibliothèque  et  du  musée  d'Alger,  a  répondu  par  1  envoi 
d'une  carte  manuscrite  indiquant  les  localités  où  se  trouvent  des 
ruines  romaines,  el  à  laquelle  il  a  donné'  le  titre  de  Lignes  de  dé 
fente  dans  la  Mauritanie  et  lu  Vumidie  à  V époque  des  Antonins. 

M.  Dobuv,  au  nom  de  M.  Mac  Carthy.  fait  hommage  de  cette 
carte  à  L'Académie,  en  exprimant  le  vœu  qu'il  soit  donné  suite  à 
cet  utile  travail  par  un  mémoire  explicatif. 

M.  Guériu  fait  une  nouvelle  communication  sui  son  Explora- 
tion géographique  i  ologiqut  de  la  Palestine1. 

Voil   aUÏ   '  OMMI  NU  LT103S     m    II 


—  312  — 

SÉANCE  1)1  VENDREDI  0  NOVEMBRE. 

.M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  L'Académie  : 
1"  la  copie  d'une  inscription  do  Carthage  relative  à  l'offrande  i\o< 
prémices.  Cette  inscription,  dit-il,  destinée  à  la  bibliothèque  du 
Corpus  inscriptionum  semiticarunij  est  transcrite  d'un  travail  publié 
dans  le  Journal  asiatique,  en  lévrier  187  '1 ,  par  le  Révérend  Phé- 
ner,  qui  vient  de  mourir  à  Tunis;  90  un  mémoire  de  M.  E.  Bur- 
nouf,  directeur  de  l'Ecole  française  d'Athènes,  relatif  aux  courbes 
qui  s'observent  dans  les  édifices  publics,  et  qui,  signalées  par 
tous  les  architectes  depuis  le  temps  île  M.  Pennethorne,  n'ont 
pas  reçu  jusqu'à  présent  d'explication  suffisante. 

Ce  mémoire  est  renvové  à  la  Commission  de  l'Ecole  d'Athènes. 

il 

M.  de  Sainte-Marie  transmet  à  l'Académie  trente^quatre  es- 
tampages en  double  de  trente-quatre  inscriptions  puniques  dé- 
couvertes par  lui,  du  a3  au  2G  octobre,  à  Cartilage*  contre  l'an 
cien  forum  et  à  trente  pas  environ  de  la  via  Cœlestis,  en  face  du 
rivage  de  la  mer. 

M.  de  Sainte-Marie  prie  L'Académie  île  lui  faire  obtenir  un 
crédit  supérieur  en  1 S -7 5 ;  il  est  en  mesure,  dit-il)  d'enrichir  le 
Corpus  inscriptionum  à  peu  de  frais.  Il  annonce  en  outre  un  pro- 
chain envoi  de  plusieurs  exemplaires  photographiques  <!«'  I  ins- 
cription  de  Landeina. 

Renvoi  à  la  Commission  t\r>  inscriptions  sémitiques- 

M.  Brmakow,  photographe,  adresse  à  L'Académie  quarante- 
cinq  épreuves  photographiques,  en  la  priant  de  les  accepter 
comme  échantillons  d'inscriptions  el  d'anciens  monuments  de 
I  taie  Mineure  el  du  Caucase.  Il  se  met  a  la  disposition  de  l'Aca- 
démie pour  la  prochaine  excursion  qu'il  se  propose  de  faire  du 
côté  de  l'Arménie  turque. 

L'Académie,  sur  la   proposition  de  M.  le  Président*  renvoie 
uiieii  de  ce-  photographies  el  des  propositions  de  M.  Brmakow 
,1  nue  commission  composée  de  MM.  de  Longpérier,  L».  Renier  el 
Miller. 

I   académie  se  i"i  m<  en  1  "unie  jecrel 


—  313  — 

La  séance  redevient  publique. 

M.  Ravaissom  communique  une  nouvelle  lettre  de  M.  Schlie- 

niaiiii  -uc  le  nom  dé  }  Xauxôhrts  donné  à  Minerve  el  sur  les  vases 
à  tête  de  chouette  trouvés  dans  la  couche  supérieure  des  ruines 
préhistoriques  d'Hissarlik  '. 

M.  Thoiin  adresse  à  i  académie,  pour  le  concours  des  antiqui- 
tés nationales,  un  ouvrage  intitule  :  Etudes  sur  l'architecture  reli- 
gieute  de  /  [gênais  du  i  au  1 1  /  siècle,  suivies  d'une  notice  sur  tes  sé- 
pulturee  du  moyen  âge  (Àgen  et  Paris,  iS-'j,  i  vol.  in-8°). 

M.  Ern.  Desjardins  donne  lecture  d'un  extrait  de  son  travail 
xiir  la  Table  de  Pevtinger. 


SÉANCE   l>r  VENDREDI  l3   NOVEMBRE. 

M.  l'abbé  \udré  adresse  à  l'Académie,  pour  le  concours  des 
antiquités  nationales,  quatre  exemplaires  de  son  étude  sur  les 
commune*  du  département  de  Vaucluse  de  i556  àijSy.  Lagnes  (Avi- 
gnon, i  's_  'i .   i  vol.  in-18). 

Renvoi  à  la  Commission  des  antiquités  nationales. 

L'Académie  désigne  M.  Ch.  Robert  pour  lire  à  la  séance  pu- 
blique son  mémoire  sur  une  Médaille  commémorative  de  la  défense 
de  Met:  en  î-Jôû. 

M.  Mii.lki;  lit  en  communication  une  note  sur  une  collection 
d'estampages  reproduisant  les  inscriptions  ampboriques,  et  qu'il 
a  reçue  sans  lettres  d'envoi.  Il  croit  qu'il  s'agit  des  anses  d am- 
phores conservées  au  musée  d'Alexandrie,  et  que  l'envoi  a  été 
fait,  comme  les  précédents,  par  M.  Daninos,  attaché  au  minis- 
tère des  affaires  étrangères  en  Egypte. 

M.  Dorut  lit  un  mémoire  sur  la  formation  des  deux  classes  de 
citoyens  romains  désignés  dans  1rs  Pandectes  sous  les  noms  d'Iin- 
nesttores  el  à'kumilioreSé 

M.  dation  Paris  achève  la  lecture  de  son  mémoire  sur  Le  Conte 
du  trésor  du  rot  Bhampsinite,  élude  de  mythographde  comparée. 

\  Oir  HI1X   CoMMI  RICATIONS,   M     III . 


—  :m  — 


SBANCI  in  VENDREDI  20  NOVEMBRE. 

\l    François  Gras  écrit  au  Secrétaire  perpétuel  pour  l  informer 
< 1 4 1 " i I  destine  au  concours  des  Antiquités  nationales  les  deux  mé 
moires  précédemment  envoyés  par  lui,  relatifs  aux  Systèmes  mé- 
triques linéaires  de  l'antiquité  à  l'aide  d'une  mesure  nouvelle;  le  mille 

îles  l'i/nniiiiles. 

Renvoi  à  la  Commission  îles  antiquités  nationales. 

M.  James  Fergusson  envoie  pour  le  concours  du  |»ii\  Fouid  uu 
ouvrage  intitulé  :  A  History  of  architecture  in  ail  countries,  /nuit  ili< 
earliest  limes  to  Ûe présent  day  (Londres ,  1874,  •»  vol.  in-8?). 

Renvoi  à  la  prochaine  Commission. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  redevienl  publique. 

M.  de  Longpérier   présente,   au  nom  de  M.  Sorlin-Dorigny, 
iin|  empreintes  d'inscriptions  himyaritiques  conservées  comme 
les  inscriptions  de  même  nature  dont  les  estampages  oui  élé  pré 
sentes  antérieurement,  dans  le  musée  de  Sainte-Irène,  à  Gonstan 
tinople. 


SEANCl    PUBLIQUE   ANNUELLE   in    VENDREDI    ■>.-    NOVBMBBB '. 

ORDRE  DES  LECTI  RES. 

1     Discours  de  M.  le  Présidenl  annonçant  les  prix  décernés  eu 
t8jâ  ii  1rs  sujets  de  prix  proposés; 

■>."   Notice  historique  sur  la  Vie  et  les  travaux  île  \l.  Charles  Ma 
;imi.  membre  de  l'Académie,  par  M.  Wallon,  Secrétaire  perpé 

In.-I; 

Médaille  commémoralm   /!<■  la  défense  rfi     \ïcti  en  t55s    pai 
M    IV  Charles  Robert,  membre  de  I  académie. 

'   Voir  à  l  \  1 1  ■  1  . 1- 1  •  t    h   I 


—  315  — 

SÉANCE  Dl  VENDREDI  k   DECEMBRE. 

\l.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adresse  à  I  ^cadémû 
rampliation  du  décret  du  26  novembre  187/1  qui  modifie  l'orga 
aisatiou  do  l'Ecole  française  d'Athènes. 

.M.  le  Ministre  adresse  en  outre  cinquante  estampages  d'ins- 
criptions puniques  trouvées  à  Carthage  par  M.  de  Sainte-Marie. 
Ces  estampages  (n08  101-1  5o)  fout  suite  à  la  série  précédemment 
envoyée  à  L'Académie. 

M.  Vivien  de  Saint-Martin  écrit  à  l'Académie  que,  pour  mettre 
dans' le  plus  grand  jour  possible  une  question  importante  à  plu- 
sieurs égards,  il  prend  le  parti  de  faire  imprimer  son  mémoire 
sur  la  Troie  homérique,  dont  il  se  propose  d'offrir  un  exemplaire 
à  la  Compagnie. 

Le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  des  lettres  (((•candida- 
ture à  la  place  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Guizot,  lettres 
adressées  par  MM.  Michel  Bre'al,  Boularic,  Ernest  Desjardins. 
\.  Guérin,  flacon  Paris  el  Georges Perrot. 

Sont  envoyés  à  I"  académie  : 

1"  Pour  le  concours  du  prix  ordinaire  sur  le  sujet  relatif  à 
['histoire  »/'•  In  lutte  entre  les  écoles  philosophiques  et  les  écoles  théo- 
togiques  sous  les  Abassides,  un  manuscrit  portant  pour  épigraphe  : 
I  tclrir  fortune  sapienùa. 

•>"  l'ouï-  le  concours  <\c^  Antiquités  nationales,  deux  volumes 
intitulés  : 

I.  Inventaire  analytique  des  archives  communales  (FAmboise,  lûai- 
/  y 'S'jry ,  suivi  de  documents  inédits  relatifs  à  T histoire  de  In  ville,  pai 
M.  l'abbé  C.  Chevalier  (Tours,  1*76,  in-8°). 

II.  Jean  Ir  Houx  i-t  li  \  au  de  Vire  a  In  /lu  du  ïvi  siècle,  par 
M.  Armand  Gasté  (Caen,  i87&,in-8°). 

Renvoi  aux  futures  Commissions. 

I.  académie  se  forme  en  comité  secret. 


—    ,)  I  II 


51  \\i  i:    m     \  ENDREDI  1   l   DECEMBRE. 


M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  adressée  l'Académie, 
pour  être  transmis  à  la  Commission  des  inscriptions  sémitiques, 
cinquante  estampages  envoyés  par  M.  de  Sainte-Marie  el  portant 
les  iil"  1 5i  à  200. 

M.  le  Minisire  fait  savoir  en  même  temps  que  le  musée  du 
Louvre  n'a  aucune  place  disponible  pour  recevoir  un  nouvel 
envoi  de  stèles  de  M.  de  Sainte-Marie,  et  qu'en  outre  il  n'existe 
au  Ministère  aucun  crédit  pour  en  acquitter  les  frais  de  transport. 
M  pense  qu'il  sérail  convenable  d'engager  provisoirement  M.  de 
Sainte-Marie  à  les  déposer  au  consulat  de  France  à  Tunis. 

M.  Dumas,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  des  sciences, 
écrit  à  M.  le  Président,  en  le  [triant  d'inviter  l'Académie  à  dési- 
gner un  lecteur  pour  la  représenter  dans  la  séance  trimestrielle 
que  tiendra  l'Institut  le  mercredi  <>  janvier  1876. 

M.  Gaston  Paris  écrit  à  M.  le  Président  pour  l'informer  qu'il 

relire  sa  candidature  à  la  place  devenue  vacante  par  suite  du  (\rri^ 

de  M.  Guizot. 

M.  L.  Delisle  remet  sur  le  bureau ,  pour  être  renvoyés  à  la  ville 
de  Toulouse,  les  trois  manuscrits  de  Bernard  Gui,  empruntés  à 

la  bibliothèque   de  celle   ville   pour  le  Recueil    des   historiens  (le 

France. 

Sonl  adressés  à  l'Académie  pour  le  concours  de-  antiquités 
nationales  de  1875,  par  M.  l'abbé  Ledain  : 

Lettres  ri  notices  d'archéologie,  de  numismatique,  de  topographie 
gallo-romaine  ri  d'histoire  |  Metz,   1869,  in-8°). 

Par  M.  Joseph   Denais  : 

1  Monographie  </<■  Votre-Dame  de  Beaufort-en-Valiée ,  église  et  pa- 
roisse  <  Paris,  Vngers,  1  <s7  '1 .  in  -8e  I; 

•>"  llistoirr  <lr  I  Hôtel-Dieu  de  Beaufort-en-Vallée  (iàiu-1810) 
Paris,  \n;;<'i  s,  in  -8 

M  Gustave  Schlegel  adresse,  pour  le  concours  Stanislas  Ju- 
lien de  i's7->.   un  ouvrage  intitulé  :  Vranographû  chinois*  ,  1"  el 


—  317  - 

>  partie  (la  Haye  el  Leyde,  1875,  ■•  vol.  ui-8°)s  avec  un  Atlas 
céleste  finnois  et  yi-cr  d'après  le  Tien-youen-cli-li. 

L'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  redevienl  publique. 

M.  Clermont- Ganneau  mel  sous  les  yeux  de  l'Académie  un 
vase  en  terre  cuite  orné  de  figures  et  de  dessins  imprimés  par 
estampage.  Ce  vase,  <|ui  est  de  l'époque  romaine,  a  été  trouvé 
dans  une  grotte  en  Palestine;  il  avait  été  brisé  par  un  effondre- 
ment de  If  ira  in;  on  a  pu  en  retrouver  toutes  les  pièces  et  les  ré- 
tablir dans  leur  ancien  état. 


SÉANCE  DU   VENDREDI   l8   DECEMBRE. 

A  propos  du  procès-verbal,  M.  Ravaisson  revient  sur  la  lettre 
de  M.  I"'  Ministre  de  l'instruction  publique  relative  aux  stèles 
que  M.  de  Sainte-Marie  se  propose  d'envoyer  à  Paris,  et  il  dit 
que  si  le  Ministère  n'a  pas  de  tonds  pour  payer  ie  transport  de 
tous  les  objets  qu'on  pourrait  envoyer,  le  musée  du  Louvre  a  tou- 
jours de  la  place  pour  les  recevoir.  Il  serait  à  craindre  que  la 
fausse  interprétation  donnée  à  la  lettre  de  M.  le  Ministre,  d'après 
le>  comptes  rendus  des  journaux,  n'empêchât  des  envois  dont  le 
Louvre  pourrait  s'enrichir. 

M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  transmet  à  l'Académie 
les  copies  de  deux  lettres,  l'une  de  M.  le  Président  de  la  Société 
académique  du  Var,  l'autre  de  M.  Aicard,  propriétaire  du  ma- 
nuscrit de  M.  Mallerer  sur  la  Vénus  de  Milo.  Ces  messieurs,  dit- 
il ,  exposent  qu'ils  n  osent  confier  aux  hasards  d'un  envoi  parla 
poste  ledit  manuscrit,  dont  M.  le  Ministre  leur  avait  demandé 
communication  pour  l'Académie. 

Le  Secrétaire  perpétuel  dit  que  l'Académie  aurait  reçu  volon- 
tiers les  rapports  dont  il  vient  d'être  question,  mais  qu'elle  ne  les 
avait  pas  demandés. 

M.  \.  Guérin  informe  par  lettre  M.  le  Président  qu'il  retire  sa 
candidature  à  la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Guizot. 

M.  de  Sainte-Marie  écrit  au  Secrétaire  perpétuel  el  lui  adresse 


—  318  — - 

pour  la  Commission  des  inscriptions  sémitiques  le  second  exem 
plaire  des  estampages  n     i5i   à  aoo  dos  inscriptions  trouvées  à 
Cartaage.  Il  annonce  en   outre   renvoi  d'estampages  de   même 
nature  allant  jusqu'au  n"  3oo.  AI.  de  Sainte-Marie  l'ail  suivre  sa 
lettre  de  remarques  relatives  à  plusieurs  de  ces  inscriptions. 

Sonl  envoyés  pour  le  concours  ^i^  antiquités  nationales  : 

Vie  ili'  sdiui  Honorât,  fondateur  de  Lérins  n  évêque  d'Arles.  Ori- 

es  chrétiennes  de  Provence,  par  AL  l'abbé*  Louis  Pierrugues 
;  Paris.   187a,  in-8°). 

Contes  populaires  recueillis  en  A;>t<'ii<iis.  par  M.  Jean-François 
Blade.  Traduction  française  el  texte  agenais  sni\is  de  notes  com- 
paratives, par  Al.  Reinhaid  Kôhler  (Paris,  187/i,  in-8 

Chants  populaire  de  In  basse  Bretagne ,  recueillis  el  traduits  pai 
M.  l'.-M.  Luzel  (tome  II,  Lorient,  187/1,  in-8°). 

L'Académie  se  l'orme  en  comité  secret. 

La  séance  redevient  publique. 

L'Académie  procède  à  l'élection  d'un  membre  ordinaire  en 
remplacement  de  M.  Cuizot. 

Al.  le  Président  rappelle  les  noms  <\r^  candidats  qui  restent 
en  présence;  ce  sonl  :  M\l.  Boutaric,  Michel  Bréal,  Ernest  \)c*~ 
jardins  el  Georges  Perrot.  Il  lit  les  articles  du  règlemenl  relatifs  à 
l'élection  d'un  membre  ordinaire. 

Il  v  a  37  membres  ordinaires  présents.  Le  scrutin  esl  ouvert. 

Nombre  des  votants,  07;  majorité,  19. 

\u  premier  tour  Al.  Penoi  obtient  1 ->  suffrages;  M.  Desjar 
dins.io;  M.  Boutaric,  9;  M.  Bréal,  5;  M.  Guérin,  1. 

\11cun  candidat   n"a\anl  obtenu    la   pluralité  absolue  des  siil- 
es .  on  procède  à  un  nouveau  scrutin. 

\ oiaui-.  ■<- :  majorité,  1  9. 

M.  Perrot  obtient  1  8 suffrages;  VLDesjardins,io;M.Boutaric,9. 

«in  procède  à  un  troisième  tour  de  scrutin. 

Nombre  de  votants,  36  :  majorité,  1  9. 

M.  Perrot  obtient  s5  suffrages;  M.  Desjardins,  9  :  AL  Boutaric   •' 

En  conséquence,  M.  Georges  Perrol  esl  proclamé  élu  membre 
ordinaire.  Son  élection  sera  soumise  à  l'approbation  de  \l.  le 
Pi ésidenl  de  la  République. 


—  319  — 

L  académie  se  forme  en  comité  secret 

I  ;i  séance  redevient  publique. 

Le  Secrétaire  pbrpétuei  donne  connaissance  des  titres  des  mé 
moires  lu>  dans  le  dernier  semestre  devanl  l'Académie. 

(les  mémoires  ayant  déjà  été  lus  en  public  ou  imprimés, 
l'Académie  décide  qu'aucune  lecture  oe  sera  proposée  pour  la 
prochaine  séance  trimestrielle  de  l'Institut. 

Le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  de  la  lisie  des  corres- 
pondants. Il  en  résulte  que  l'Académie  n'a  perdu  aucun  de  ses 
correspondants  celte  année  et  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  dresser  une 
li>ie  de  candidats. 

M.  I!  w  usson  communique  à  l'Académie  une  lettre  de  M.  Schlie 
mann,  où  il  maintienl  l'identification  d'Hissarlik  et  de  Troie, 
prend  aetedes  concessions  que  lui  oui  faites  deux  de  ses  contra- 
dicteurs, Al.  Stark,  de  Heidelberg,  et  M.  Conze,  de  Vienne,  el 
refuse  toute  valeur  aux  relevés  de  M.  Mauduit,  qui  a  pris,  dit-il, 
les  n  -i<  -  di'  Gergis  p ■  L'enceinte  de  Pergame. 

M.  Ravaisson  ajoute  quelques  explications  sur  les  vases  repré- 
sentanl  une  tête  de  chouette,  trouvés  à  Hissarhk,  la  chouette  étant 
l'image  symbolique  de  Pallas,  protectrice  de  la  Pergame  troycnne. 
Quant  à  l'emplacement  de  Troie,  il  cite  un  passage  d'Homère 
commenté  par  Platon.  Homère  (Iliade. W,  9. 1 5-2 1  7)  dit  :  «Dar- 
danus  fonda  Dardanie;  car  la  ville  sacrée  d'Ilion  n'était  pas  encore 
fondée  dans  In  plaine.-  Kl  Platon  .  dans  le  troisième  Livre  des  Lois, 
dit  que  les  hommes  enrayés  par  le  déluge  habitèrent.d'abord  desca- 
vernes  au  haut  des  montagnes.  Lorsqu'ils  commencèrent,  ils  se 
bâtirent  des  demeures  sur  les  pentes  et  au  pied  des  montagnes. 
1  à  celle  penode  ipie  répond  la  fondation  de  Dardanie.  Plus 
rassurés  encore  ils  bâtirent  des  villes  au  milieu  dés  plaines  l'er- 
liles,  sur  des  collines  de  médiocre  hauteur,  au-dessous  même  des 
fleuves  qui  descendaient  i\<'>  montagnes  voisines.  C'est  ainsi  que 
le  petit-fils  de  Dardanus,  Il  us,  construisit  II  ion.  Dans  une  quatrième 
ei  dernière  époque  on  s'enhardit  jusqu'à  venir  habiter  le  bord  des 
lleu\ es.  Ie>  rivages  de  la  mer  et  même  des  lies.  Un  site  comme  celui 
de  Balidagh,  au-dessus  de  Bounarbachi,  sur  une  roche  escarpée 
au  pied  de  l'Ida,  peut  avoir  été  celui  d'une  Dardanie,  mais  Troie 


•  > 


20 


a  dû  occuper  au  milieu  de  la  plaine  une  situation  semblable  à 
celle  d'Hissarlik.  \  l'opinion  de  Platon ,  conforme  au  témoignage 
d'Homère,  on  peut,  sans  doute,  joindre  celle  d'Aristote.  En  effet, 
lorsque  Alexandre,  au  début  de  son  expédition,  voulu!  visiter 
Troie  et  y  sacrifier  à  Minerve  Ilienne,  ce  fut  à  Hissarlik  qu'il  \inl 
les  chercher.  El  on  peut  conjecturer  avec  vraisemblance  qu'il 
suivi!  en  cela  non-seulement  la  tradition  universelle,  mais  l'opi- 
nion du  plus  savanl  des  (irecs,  son  précepteur  el  son  ami.  Aris- 
toto  avail  fait  une  étude  toute  spéciale  d'Homère.  Vlexandre,  de 
son  côté,  avail  revisé  avec  des  hommes  du  métier  le  texte  de 
l'Iliade,  qu'il  portail  partout  avec  lui.  H  avait  du  conférer  bien  des 
lois  avec  le  Stagyrite  des  questions  relatives  à  la  situation  el  à 
l'histoire  de  Troie. 

M.  Robert  Mowat,  commandant  au  t  oe  régiment  d'artillerie ,  lit 
une  noie  sur  lu  [rotule  achéenne  à  trois  lanières. 


SÉANCE   1)1    MERCREDI    a3   DECEMBRE. 

Sonl  envoyés  pour  le  concours  des  antiquités  nationales  : 

Histoire  des  institutions  de  I  [uvergne,  contenant  un  essai  historique 
sur  le  droit  public  et  privé  de  cette  province,  par  \l.  II. -F.  Rivière 
l  Paris,  187/i,  a  vol.  in-8°). 

Inscriptions  céramiques  gallo-romaines  découvertes  à    iulun,  suivies 

îles  inscriptions  sur  errre.  hmtiie,  plomb  et  schiste  île  la  même  époque . 

trouvées  au  même  Heu,  par  M.  Harold  de  Fontenay. 

Les  sires  de  Voyers.  Le  maréchal  de  Soyers,  Mile  Y  de  Soyers, porte 
oriflamme,  grand   bouteiller  de  France,  iaai-i35o;   les  émules  de 
Joigny,  les  sires  de  \iaisy,  de  Villehardouin,  etc.  (d'après  des  docu- 
ments Inédits), par  M.  Em.  IViii  1  Vuxerre,  187Û,  in-8°). 

Histoire  de  f abbaye  de  Flines,  par  M.  l'abbé  Hautcœur  (Pans. 
Lille,  Douai ,  Bruxelles,  1  <S;A  .  in-  : 

l.tuili  sur  lis  comtes  <i  vicomtes  de  Limoges  antérieurs  a  Van  1000, 
par  M.  Roberl  de  Lasteyrie  1  18'  fascicule  de  la  Bibliothèque  îles 
hautes  études;  l'aiis.  1876,  in-<S°). 


—  3-21   — 

M.  Jourdain  hi  nu  mémoire  sur  les  ouvrages  de  \icolas  Oresvn 
contre  Tastronomie. 

M.  Durdi  achève  la  seconde  lecture  de  son  mémoire  sur  lit 
jbrmation  historique  des  deux  classes  de  citoyens  romains  désignés 
dans  les  Pandectes  suas  les  noms  tfhonestiores  et  tfhumiliores. 

M.  de  Sainte-Marie  adresse  à  l'Académie,  par  l'intermédiaire 
du  Ministère  de  l'instruction  publique,  la  photographie  d'une 
statue  antique  de  marbre  blanc,  découverte  à  Cartbage.  Colle 
statue  représente  une  femme  debout,  vêtue  d'une  tunique  taiaire 
finement  piissée,  que  recouvre  en  partie  une  stoia  ou  péplustrès- 
babilemenl  drapée.  Les  deux  avant-bras  el  le  pied  droit  ont  été 
luises. 

M.  dk  Longpbribb  présente  à  ce  sujel  quelques  observations. 

-La  statue  trouvée  à  Carthage,  dit-il,  n'appartient  pas  à  l'ail 
des  anciens  temps.  Elle  doil  avoir  été  exécutée,  à  la  fin  du  pre- 
mier siècle  ou  au  commencemenl  du  second,  en  d'autres  tenues, 
sous  le  règne  de  Trajan.  On  peut  considérer  comme  certain  que 
le  visage  de  cette  statue  (alors  même  que  des  symboles  aujour- 
d  liui  détruits,  aussi  bien  que  les  bras,  auxquels  ils  pouvaient  être 
adhérents,  lui  eussent  donné  un  caractère  religieux)  est  celui 
d  une  femme  de  la  famille  impériale.  La  main  gauche  pouvait 
tenir  une  patère,  l;i  droite  un  serpent,  ce  qui  eût  constitué  nue 
Salas  Augusta. 

-Plolina.  femme  de  Trajan.  el  Marciana,  sœur  de  cel  empe- 
reur, avaient  adopté  la  mode  (\i's  hautes  coiffures  en  spongia, 
comme  celle  qu'on  voit  ici.  Mais  nous  ne  retrouvons  pas  dans  la 
tête  carthaginoise  les  traits  bien  accusés  de  ces  deux  femmes  telles 
que  les  bustes  antiques  el  les  médailles  nous  les  foui  connaître. 
I  u  rapprochement  avec  les  figures  de  Matidia,  fille  de  Marciana 
el  nièce  de  Trajan,  serait  plus  heureux;  mais  c'est  peut-être  avec 
Sabina,  fille  de  Matidia,  que  la  ressemblance  pourrait  le  mieux 
s'établir,  en  raison  de  la  longueur  du  visage.  <>n  aurait  alors  pro- 
bablement, dans  ce  cas,  une  statue  exécutée  vers  l'an  100  de 
notre  ère,  époque  à  laquelle  Sabina  épousa  Idrien.  Plus  lard. 
comme  nous  le  montrent  les  monnaies,  Sabina  changea  de  coif- 
fure, et  inaugura  un  nouvel  arrangement  de  chevelure,  qui  lut 


u. 


—  322  — 

continué   par   Domitia  Lucilla,  mère   de   Marc-Aurèle,   et   par 

d'autres  princesses  <ln  second  siècle.  Une  photographie  <lu  profil 
de  l;i  xlaïue  de  Carthage  nouseûl  fourni  un  renseignement  beau- 
coup pins  efficace;  car  la  forme  de  la  partie  postérieure  de  la 
coiffure  permettrait  certainement  de  trancher  la  question  (pie  nous 
sommes  contraint  de  poser  avec  certaines  réserves.  ■" 


SÉANCE   DL    MERCREDI   3o    DECEMBRE. 

Le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'un  décret  de  M.  le 
Présidenl  de  la  République  en  datedu  97  décembre,  qui  approuve 
l'élection  de  M.  Georges  Perrot,  en  remplacement  de  M.  Guizot. 

Le  Secrétaire  perpétuel  introduit  M.  Perrot  et  le  présente  au 
Président,  qui  l'invite  à  prendre  place  parmi  ses  confrères. 

M.  Leblanc,  bibliothécaire  et  conservateur  du  musée  de  Vienne 
|  Isère),  fait  part  à  l'Académie  de  la  découverte  qui  a  été  faite  à 
Vienne ,  derrière  les  bâtiments  de  l'ancien  séminaire,  aujourd'hui 
la  manutention  militaire,  de  fragments  d'une  statue  romaine  en 
bronze  el  de  deux  inscriptions.  Quand  les  de'bris  de  ces  inscrip- 
tions auroni  été  remis  en  place.  M.  Leblanc  se  propose  d'en 
envoyer  copie  à  I  académie. 

Sont  envoyés  : 

Pour  le  concours  Goberl  : 

Histoire  des  troubles  religieux  de  Valenciennes ,  i56o-i56j,  par 
M.  Ch.    Paillard    (I"    vol.   Paris,  Valenciennes.   Bruxelles,    1876, 

in-8 

Considérations  sur  les  causes  générales  des  troubles  des  Pays-Bas  au 

1  1  /'  silrlr.  par  le   même  (Paris.  Bruxelles,  la  lla\e.  1X7/1.  in-8°). 

Pour  le  concours  La  Fons-Mélicocq 

Topographie  ecclésiastique  du  département  de  Seine-et-Oise ,  accom- 
pagnée (Tune  carte  <lu  diocèse  de  Versailles  indiquant  les  divisions  ecclé- 
tiastiques  anciennes,  par  M.  Dutilleux  (Versailles,  187A,  in-N"). 

Pour  le  concours  de  numismatique  (  Mlier  de  Hauteroche)  : 

Vart  gaulois,  >>u  les  Gaulois  d'après  leurs  médailles  (2*  partie). 
par  M.  Bug.  Hucher  (Paris,  le  Mans,  1873,  in-'ri. 


—  323  — 

l'ourle  concours  des  antiquités  nationales: 

Souvelies  études  archéologiques  sur  l'arrondissement  de  Coutanees; 
la  ouïe  de  Coutanees  en  1770,  par  M.  Quénaull   (broch.  in-8°). 

pr  in  réunion  de  Lyon  à  la  France;  Etude  historique  d'après  les 
documents  originaux,  par  M.  Pierre  Bonnassieux  (Paris,  Lyon, 
1876,  in-8 

Choix  de  documents  historiques  inédits  sur  le  Dauphiné,  publiés 
a* après  les  originaux  conservés  h  la  bibliothèque  de  Grenoble  et  aux 
archives  de  V Isère,  par  M.  l'abbé  C.-V.-F,  Chevalier  (Montbéliard, 
Lyon,  i's7'i-  in-8°). 

I  /sites  pastorales  et  ordinations  des  évêques  de  Grenoble  de  lu  mai- 
son de  Chissè  (  i/r-tr1"  siècles),  publiées  d'après  les  registres  origi- 
naux, par  le  même  (Montbéliard,  Lyon,  187/1,  in-8°). 

Chroniques  de  Saint-Martial  de  Limoges,  publiées  d'après  les  ma- 
misirits  originaux  pour  lu  Société  de  l'histoire  de  France,  par  M.  Duplès  - 
\;;irr  (  Paris,  187/1,  '"-80)- 

Les  anciens  /touillés  îles  paroisses  incorporées  au  diocèse  de  Troues 
en  1801,  par  M.  l~-il>I><*  Ch.  Lalore  (Troyes,  1870,  in-8°). 

Les  fêtes  chômées  dans  le  diocèse  de  Troyes,  depuis  Vorigine  du 
christianisme  jusqu'en  1802,  parle  même  (Troyes,  1869,  in-8"). 

Chartes  de  l'abbaye  de  Mores  (Aube),  par  le  même  (Troyes, 
1^-3,111-8°). 

Les  frères  mineurs  ou  cordeUers  de  Troyes,  par  le  même  (Troyes, 
1869,'  broc!..  ia-8°). 

OpXatien,  deuxième  évêque  de  Troyes,  et  les  conciles  de  Colonne  et 
de  Sardique.  Éclaircissement  historique ,  \nu  le  iiièni<'*(Ti'>\cs,  1868, 
broch.  in-8°). 

Reciacus,  les  Rieeys  1  Aube),  suivi  d'un  éclaircissement  géographique 
sur  Pauliucus  (Cote-d, Or ^,par  le  même  (Troyes,  1872,  br.  in-8°). 

Documents  sur  V abbaye  de  Notre- Dame-aux-Nonnains  de  Troyes, 
par  le  même  (Troyes,  187/1,  in-8°). 

Documents  pour  servir  à  la  généalogie  des  anciens  seigneurs  de 
Trainel,  par  le  même  (Troyes,  1872,  in-8°). 

(.ariulain-  de  Vahbaye  de  Boulancourt,  de  l'ancien  diocèse  de  Troyes, 
aujourd'hui  du  département  de  la  I faute-Marne .  par  le  même  (Troves, 
1869,  in-8"). 


—   .VJ'i   — 

Collection  des  principaux  cartulaires  du  diocèse  de  Troyes.  Tome  I. 
Cartulaire  die  V  abbaye  de  Saint-Loup  de  Troyes,  par  M.  l'abbé  Ch.  La- 
Ion-  (Paris,  1875,  in-S"). 

Les  synodes  du  diocèse  de  Troyes,  par  le  même  (Troyes,  18G7, 
broch.  in-8°). 

Le  Trésor  de  Clairvaux  du  ni'  au  zvm'  siècle,  par  le  mémo 
(Paris,  1875,  in-8°). 

[nnales  du  diocèse  de  Soissons,  par  M.  l'abbé  Pécheur  (tome  III, 
Soissons,  1  875.  iu-8°). 

Armorique  et  Bretagne  ,  origines  armorico-bretonnes ,  ouvrage  accom- 
pagné de  documents  rares  et  inédits,  par  M.  le  docteur  Halléguen 
(tome  II,  2e  pailic .  Histoire  littéraire;  Paris,  187/1,  in-8"). 

Histoire  administrative  des  communes  du  Midi.  \"  •>.  Vlsle-Jour- 
dain,  ses  seigneurs  et  ses  comtes,  par  Al.  [gounei  (manuscrit). 

[ntiquités  gallo-romaines  du  Haut-Rhin,  par  Al.  Cestre  (manus- 
crit Cl  caries  ). 

\I.  Hadréau  lil  une  communication  sur  quelques  maîtres  du  m' 
siècle. 

M.  dk  Longpérier  lit  une  note  de  AI.  Chabas  intitulée:  Hebrœo- 
Egyptiaca. 

L'auteur  établit  quelques  rapprochements  entre  les  maximes 

des    Égyptiens   el   celles  îles  Hébreux,    licite,    pa  r  exemple ,    la    on- 
zième maxime  du   scribe    \ni  : 

Le  sanctuaire  de  Dieu,  ce  qui  le  profane,  ce  sont  les  éclats  bruyants; 
prie-le  humblemenl  el  avec  un  cœur  aimanl  donl  toutes  les  paroles  sont 
secrètes;  il  fera  tes  affaires;  il  prêtera  l'oreille  n  les  paroles,  il  accueil- 
lera tes  oblations. 

El  il  la  rapproche  de  plusieurs  préceptes  de  YEccUsiaste  (v,  1  )  et 
de  I  Ecclésiastique  (xxxv ,  5),  el  des  préceptes  de  l'Evangile  (Mallh. 
vi,  6,  7,  ,s  i .  nus  en  -cène  dans  la  parabole  du  Pharisien  el  du 
publicai  11  (  Luc,  xviii,  10  ei  siii\ .  ). 

M.   l'un  m  1    m    Prbsle   laii    une   communication  sur  deux  ins- 

otiotu  '■'  ■  nu  j   I/1/0. 

\l.  fiuérin  fail  une  communication  sur  les  ruines  de  Phasaélis, 

[rchelaïs  et  du  muni  Sarthaba. 


—  325  — 

GOMMl  NICATIONS. 

N°  I. 

LES    DEl  \    ÉDITIONS    l»i     PERIPLE    D'HANNON , 
PAR    LE   CAPITAINE    TAl  MER. 

Lf>  anciens  racontaient  que  les  Carthaginois,  au  moment  de 
Leur. plus  grande  puissance,  avaient  désiré  connaître  les  côtes 
occidentales  de  la  terre,  et  qu'ils  avaient  envoyé  au  delà  des 
colonnes  deux  chefs  d'escadre  nommés  Hannon  et  Himilcon, 
ivec  la  mission,  pour  le  premier,  d'explorer  la  côte  extérieure 
de  Libye;  pour  le  second,  la  côte  extérieure  <!e  l'Europe.  Ou 
ajoutait  qu'à  leur  retour  ces  deux  chefs  avaienl  rédigé  les  re- 
lations de  leurs  \u\  âges  et  1rs  avaient  déposées  dans  un  temple 

•  le  leur  pairie;  c'est  là,  suivant  quelques  modernes,  qu'un 
érudit  grec  en  aurait  pris  connaissance,  les  aurait  traduites 
dans  sa  langue  el  les  aurait  fait  connaître  à  ses  concitoyens. 
\\.  Tauxier  traite  cette  légende  de  fable  et  prétend  que  <•■•-, 
récits,  dans  leur  forme  première,  sont  l'œuvre  d'un  faussaire 
grec  du  1"  siècle  avanl  notre  ère,  et  ne  sont  d'ailleurs  qu'une 
mauvaise  compilation  géographique  des  opinions  de  celle 
époque. 

Un!  d'abord  ces  relations  n'étaienl  pas  connues  des  Grecs 
avant  l'époque  de  Sylla;  il  n'esl  pas  vrai  qu'Aristote  les  ail 
mentionnées  :  le  Livre  <!'■*  Merveilles,  où  le  périple  d'Hannon 
est  cii,'..  est  une  œuvre  composite,  dont  le  premier  auteur  esl 
peut-être  \ristote,  mais  qui  contient  eu  grande  partie  des  ré- 
cils  dus  à  des  auteurs  plus  modernes.  On  peul  affirmer  même 

•  pie  du  temps  d'Antigone  de  Caryste,  c'est-à-dire  un  siècle 
après  Aristote,  le  passage  où  il  est  question  du  périple  d'Han- 
non ne  figurait  pas  encore  dan-  le  Livre  tirs  Merveilles.  Le  pie 


—  32(5  — 

mier  auteur  qui  ail  parlé  du  périple  il  Hannon  lui  uu  faussaire 
qui  composa  une  relation  imaginaire  des  voyages  d'Eudoxe  de 
Cyzique,  et  qui  <'ut  pour  copiste  Cornélius  Nepos. 

Mais,  dira-t-on,  si  le  périple  n'a  été  connu  des  Grecs  qu'à 
celte  époque  tardive,  c'est  qu'il  esl  resté  jusque-là  enseveli 
dans  les  annales  carthaginoises,  relie  conjecture  serait  per- 
mise si  l'examen  attentif  «lu  périple  d'Hannon  ne  fournissail 
pour  ainsi  dire  à  chaque  pas  la  preuve  que  cet  opuscule  ne 
saurait  être  l'œuvre  d'un  amiral  phénicien. 

En  effet,  le  périple  ne  révèle  nulle  pari  Les  pensées,  le  ton, 
le  style  d'un  général  d'armée,  d'un  fondateur  de  colonies;  il 
ne  décèle  que  des  préoccupations  géographiques;  la  plupart 
des  indications  sont  mensongères,  ce  qui  montre  que  l'auteur 
du  périple  n'a  pas  même  pris  pari  à  ce  prétendu  voyage; 
M.  Tauxier  relève  plus  de  douze  de  ces  erreurs;  la  distance 
exagérée  comptée  entre  les  colonnes  el  lecap  Soloeïs  (  Spartel)  : 
la  dislance  énorme  de  trente  et  quelques  jours  marquée  entre 
le  cap  Soloeïs  et  le  Liuis.  qui  n'en  est  qu'à  deux  jours,  l'omis- 
sion du  grand  déserl  d'Afrique,  la  mention  d'hommes  de 
formes  diverses,  la  description  du  lac  aux  trois  lies,  des  iles 
concentriques,  <\<'  la  côte  enflammée,  des  ruisseaux  de  feu  par- 
fumé, etc. 

L'auteur  du  périple  n'esl  pas  un  Phénicien;  car  le  style, 
les  idées,  les  opinions,  les  préjugés,  toul  en  lui  esl  purement 

>c;  il  n*\  a  pas  nu  fait,  un  détail,  une  erreur  dans  le  pé- 
riple  d'Hannon  et  dans  le  périple  d'Himilcon  son  congénère, 
qui  n'aient  leur  origine  dans  les  ouvrages  antérieurs  à  Posi- 
doniiis.  le  plus  souvent  dans  les  livres  d'Ephoreet  d  Hérodote 
el  jusque  dans  les  poèmes  d'Homère  et  d'Hésiode  M.  Tauxier 
apporte  une  vingtaine  d  exemples  à  I  appui  de  ce  qui!  avance. 
el  en  conclut  que  le  périple  d'Hannon,  bien  loin  d'être  l'œuvre 
d'un  amiral  carthaginois,  n'est  pas  même  celle  de  l'un  de 
srs  compagnons  de  voyage,  pas  même  celle  d'un  Phénicien 


—  3l>7  — 

quelconque  ayaul  visité  l'Océan;  c'esl  luul  simplement  une 
mauvaise  compilation  géographique  due  à  un  Grec  ignorant 
du  premier  siècle  avant  notre  ère. 

M.  Tauxier  explique  ensuite  par  quelle  série  d'aventures 
le  périple  nous  est  parvenu,  après  avoir  été  mutilé,  altéré, 
arrangé  par  un  chrétien  «lu  Bas-Empire.  Il  montre  d'abord 
que  les  auteurs  anciens,  postérieurs  au  périple  et  qui  lonl 
cité,  n'en  reproduisent  pas  le  texte,  tel  que  nous  le  possédons. 
Ou  a  voulu  expliquer  cela  en  imaginant  deux  relations  paral- 
lèles ri  toutefois  anciennes;  la  vérité  est  que  Nepos,  .Mêla  et 
Pline  n'eut  connu  le  périple  que  par  l'intermédiaire  de  ce 
faussaire  qui  a  falsifié  les  aventures  d'Eudoxe,  et  qui  a  bien 
pu  aussi  altérer  la  relation  dont  il  se  servait.  Mais  cette  cir- 
constance ne  suffit  pas,  selon  M.  Tauxier.  à  expliquer  toutes  les 
divergences  nbservées  entre  les  citation-  anciennes  du  texte 
du  périple  et  le  texte  que  nous  possédons.  11  s'attache  à  dé- 
montrer tout  d'abord  que  notre  rédaction  du  périple  n'est 
I >,!->  I.i  rédaction  ancienne.  Le  faux  Eudoxe  en  effet  nous  mon- 
trait Ha n non  donnant  à  la  Libye  la  forme  d'un  trapèze  dont 
la  côte  méridionale,  commençant  à  la  corne  d'Occident,  allait 
rejoindre  l;i  nier  Arabique.  C'était  d'ailleurs  l'opinion  courante 
au  i'r  siècle  avant  notre  ère.  Cependant  notre  édition  actuelle. 
après  la  corne  d'Occident,  veut  que  la  côte  se  continue  au 
midi.  La  preuve  que  l'ancienne  rédaction  donnait  a  la  Libye 
l.i  forme  trapézoïde  et  qu'en  cela  Eudoxe  l'a  fidèlement  re- 
produite, c'esl  que  le  périple  assigne  pour  terme  à  la  naviga- 
tion d'Hannon  la  corne  du  Midi,  localité  que  ton!  le  monde 
connaissait  alors  pour  être  le  point  de  rencontre  des  mers 
d'Ethiopie  et  d'Arabie.  Voici  une  autre  preuve  que,  dans  la 
rédaction  ancienne,  la  côte  libyque  après  la  corne  d'Occident 
tournait  à  l'est  :  le  périple  actuel  lui-même  a  conservé  |a  dé- 
signation d'une  côte  enflammée  longue  de  sept  jours,  qui  est 
évidemment  la  côte  méridionale  affleurant  In  zone  toi  ride. 


—  328  — 

.M.  ïauxier  montre  encore  qu'il  existait  dans  l'ancienne  édi- 
tion  une  mention  de  trente  jours  de  distance,  une  mention 
des  Pans  et  des  Satyres;  une  autre  des  Gorgones:  une  autre 
de  l'Atlas,  qui  n'existent  plus  dans  la  nouvelle,  e1  recherche 
ensuite  pour  quelles  raisons  l'auteur  de  notre  édition  a  altéré 
le  périple  original.  S'il  prolonge  la  côte  libyque  vers  le  midi 
après  la  corne  d'Occident,  cela  provient  sans  doute  de  ce  que, 
au  temps  où  il  écrivait,  le  système  géographique  admis  était 
celui  de  Ptolémée.  Noire  rédacteur  était  donc  postérieur  au 
règne  <l  Intonin.  S'il  change  en  golfes  les  caps  de  la  corne 
d'Occident  <'l  du  Midi,  c'esl  pour  d'autres  raisons  1)111  nous 
ramènent  au  siècle  de  Constantin.  Si  enfin  la  nouvelle  édition 
supprime  toute  mention  des  Pans,  dos  Satyres,  de  l'Atlas  et 
des  Gorgones,  cette  suppression  nous  révèle  la  main  d'un  de 
ces  chrétiens  qui  se  donnaient  la  tâche  d'élaguer  des  ouvrages 
qu'ils  rencontraient  tout  ce  qui  pouvait  donner  des  armes  à  la 
religion  vaincue,  Cette  circonstance  nous  reporte  après  le 
règne  du  grand  Théodose,  momenl  où  le  christianisme  l'em- 
porta définitivement  sur  le  paganisme.  Enfin  le  style  plat, 
lourd,  embarrassé  de  noire  édition,  montre  qu'elle  n'esl  pas 
l'œuvre  d'un  écrivain  do  profession.  M.  Tauxier  en  conclut 
que  la  deuxième  édition  du  périple  est  due  à  un  chrétien  by- 
zantin du  temps  de  Théodose,  et  probablement  à  quelque 
étudiant,  qui  aura  reçu,  pour  son  devoir  du  jour,  la  lâche  de 
ramener  l'ancien  périple  aux  idées  géographiques  et  religieuses 
du  temps. 

itrairemenl  à  l'opinion  que  les  Phéniciens  n'avaient  pas  connu  le  dieu 
Neptune,  M.  Dbrenbodrg  rappelle  que,  dans  le  traité  des  Carthaginois 
.i\«'i-  Philippe,  roi  de  Macédoine,  Uotrefocov  est  expressément  nommé,  et 
il  ajoute  <|n  il  Berail  étonnant  qu'un  peuple  navigateur  comme  l<'s  Phé- 
niciens 11  eût  point  de  dieu  de  la  mer. 

M.  le  capitaine  rauxier  répond,  sur  le  premier  point,  que  chaque 
1 1<  mi  |  île.  dans  ce  traité    pouvait  invoquer  6es  dieux  à  lui,  et  que  ntxreltcov 


—  3-29  — 

n\  figurait  que  comme  dieu  des  Macédoniens;  sur  le  second  point,  qu'il 
sérail  possible  que  les  Phéuiciensn  eussent  pas  d'aulre  dieu  delà  mer  que 
Vïelcart,  dieu  du  commerce  el  de  la  navigation. 

M.  Derenbourg  <lii  que  Melcarl  n'esl  pas  désigné  << »ru m< •  dieu  de  la 
navigation;  il  engage  M.  Tauxier  à  renoncer  à  une  assertion  qui ,  n'étant 
pas  Buffisammen!  fondée,  pourrait  ôter  <lr  la  valeur  à  l'exposition  très- 
intéressante  qu  il  ;i  faite. 

V    II. 

COMMUN!)  ITION    s|  R   LES    RI  INES  DE  LA  MONTAGNE   DE  LA  QUARANTAINE  j 
D!    CHATEAl    DE   IiOCII    ET  DE   LA  VILLE  DE  NAARAH, 

PAR    M.    \  .    GUERIN. 

\l.  Guérin,  dans  une  communication  faite  à  l'Académie  des 
inscriptions  el  belles-lettres,  décrit  les  ruines  qui  couronnent 
le  sommel  de  la  montagne  dite  de  la  Quarantaine,  non  loin  de 
Jéricho.  Ces  ruines  sont  celles  d'une  ancienne  forteresse  com- 
plètement renversée,  mais  dont  les  contours  et  les  arasements 
demi-circulaires  sonl  encore  très-reconnaissables  ;  vers  l'est, 
cette  enceinte  avait  pour  défense  naturelle  l'escarpement  même 
delà  montagne;  ailleurs  elle  était  protégée  |>ar  un  fossé  creusé 
dans  le  roc.  .Ne  serait-ce  pas  là,  dit  M.  Guérin.  l'une  des  deux 
citadelles  que  signale  Strabon  sous  les  noms  de  Threœ  et  de 
Taurus  comme  étant  situées  près  de  Jéricho  et  avant  été  dé- 
truites  par  Pompée? 

M.  Guérin  décrit  ensuite  les  ruines  qui  avoisinenl  l'Ain  ed 
Douk  et  qui  lui  paraissent  répondre,  à  cause  de  leur  voisinage 
de  Jéricho  el  du  nom  que  porte  encore  maintenant  la  source 
précédente,  à  L'emplacement  du  château  de  Doch,  en  grec 
Aàtx,  où  Ptolémée,  61s  d'Abobus,  qui  l'avait  lait  construire, 
non  loin  de  Jéricho ,  attira  traîtreusement  Simon  Macchabée, 
son  beau-père,  el  les  deux  fils  de  celui-ci,  Mathathias  et  Juda, 
el  oii  il  les  immola  tous  1rs  trois  ;i  son  ambition,  au  milieu 
delà  joie  d'un  festin,  en  les  faisant  tomber  sous  les  coups  das- 


—  330  — 

sassins  apostés,l'an  1 35  avant  J.  C.  Le  même  château,  témoin 

de  cet  horrible  crime,  est  mentionné  par  Josèphe  sons  le  nom 
de  Dagon. 

M.  Guérin  termine  sa  communication  par  la  description 
des  ruines  de  Samieh,  qui  lui  semblent  être  celles  de  Naarah 
ou  Saarathn,  la  \eara  de  Josèphe,  mentionnée  dans  Le  livre 
de  Josué  comme  étant  située  sur  la  limite  méridionale  de  la 
tribu  d'Ephraïm.  Nous  lisons  dans  Josèphe  que  Le  prince  Ar- 
chélaûs,  fils  d'Hérode,  amena,  au  moyen  d'un  aqueduc,  dans 
la  plaine  du  Jourdain,  pour  en  arroser  les  plantations  de  pal- 
miers, la  moitié  de  l'eau  qui  fertilisait  le  territoire  de  Neara. 
Or  au  Kharbet es-Samieh  coule  une  source  très-abondante ,  qui 
jadis,  après  avoir  arrosé  La  vallée  de  Samieh,  était  amenée 
par  un  canal  dans  la  plaine  du  Jourdain.  La  chambre  voûtée 
qui  renferme  cette  source,  et  les  vestiges  de  L'édifice  orné  de 
colonnes  monolithes  qui  l'avoisinait,  datent  peut-être  de 
l'époque  d'Archéiaûs. 


Y    III. 

BXTRAIT   ici  M    mi  lia.  DE  H.   sr.iu.im  \\\    »    M.   RAVÀ1SSOH 

Uhènes,  9 a  octobre  1  s-  1. 

Minerve  esl  appelée  y\ax>xc#nis  par  Homère,  parce  qu'elle 
ni  jadis  une  tête  de  chouette;  Junon,  fcow-nis.  parce  qu'elle 

eul  jadis  une  tête  de  vache. 

Vous  trouvez  dans  Ovide  |  M<:i<nn.  V,  33o),  que  dans  le 

uombal  «1rs  dieux   el  des  géants,  lorsque  les  dieux  se  chan- 
gent «'H  ;iinrn;iii\ .  Junon  prit  la  forme  de  la  vache  blanche. 

Vous  trouvez  La  tête  de  la  vache  sur  les  monnaies  de  Samos, 

célèbre  par  le  plus  ancien  temple  de  Junon  (  Mionnel .  Descript. 

1rs  nn'il.  anl.  pi.  LXI,  6),  ainsi  que  sur  des  médailles  de  la 


c 


—  331   — 

colonie  samienne  de  Vlessène  i  Vlillingen,  [ne.  coins  oj  ;;rcek 
ciiir.s.  pi.  ii.i").  Tan!  dans  le  nom  de  la  colline  Eù'£o«x  près 
\\\paùov.  à  côté  de  Mycènes,  que  dans  celui  tic  l'île  Eu£o<a. 
semble  se  cacher  le  nom  de  vache.  Selon  Pausanias(lX,  3 ,  'i  | 
on  sacrifiait  des  vaches  blanches  à  Junon.  Selon  Hérodote  (1, 
.'ii  ).  la  prêtresse  de  Junon  se  rendait  au  temple  sur  un  char 
attelé  de  deux  taureaux  blancs,  lo,  fille  d'Inachus,  fut  changée 
par  Junon  en  nue  vache  blanche  |  Ipollod.  II,  i.  3).  ïo  était 
aussi  prêtresse  de  Junon (iEschyl.  Suppl.  20,9  ).  Même  le  nom  de 
Mvxifveu  doit  dériver  de  yLvadco  et  se  référer  aux  mugissements 
des  vaches  sacrées  de  Junon.  Dans  les  sondages  que  j'ai  faits 
à  Mycènes  en  trente-quatre  endroits  jusqu'au  sol  vierge,  j'ai 
trouvé  plusieurs  petites  vaches  de  (erre  cuite  que  j'ai  données 
ici  au  musée  du  Varvakeion,  et  qui  ne  peuvent  représenter  que 
l'animal  sacré  de  Junon.  Tout  concourt  à  prouver  que  Junon 
fioéoiris  a  eu  jadis  une  tête  de  vache,  mais  que.  la  civilisation 
avant  avancé,  on  lui  a  donne  une  tête  de  femme  et  on  a  fait  de 
sa  tête  de  vache  son  animal  sacré  .  sa  vache.  Mais  cette  métamor- 
phose doit  nécessairement  avoir  eu  lieu  avant  la  construction 
des  murailles  cvclonéennes  de  Mycènes;  car  même  les  idoles 
que  j'ai  trouvées  sur  le  sol  vierge  n'ont  qu'une  tète  humaine 
très-comprimée  et  couverte  d'un  haut  polos.  De  la  même  ma- 
nière, Alhéno  avait  à  Troie  une  tête  de  chouette,  qu'elle  a 
conservée  bien  des  siècles  après  la  destntetion  dé  la  ville, 
pane  qu'on  trouve  des  vases  à  tètes  de  chouette  jusqu'à  la 
couciie  supérieure  des  ruines  préhistoriques.  Elle  aussi  a  reçu 
plus  tard  une  tète  de  femme;  mais  sa  tête  de  chouette  primi- 
tive a  engendré  son  oiseau  sacré,  la  chouette,  que  vous  trouvez 
sur  les  monnaies  de  Sigée  ei  d'Athènes,  de  deux  villes  célè- 
bres par  leur  culte  de  Minerve,  et  dont  la  première  était  en 
outre  le  port  de  ITlion  homérique.  La  métamorphose  de  la 
tête  de  chouette  de  Minerve  peut  avoir  eu  lieu,  comme  celle 
de  la  tête  de  Junon,  des  siècles  avanl  Homère.  Néanmoins  les 


—  332  — 

épithètes  de  ces  deux  déesses,  épithètes  consacrées  par  l'habi- 
tude, ont  été  conservées  pendant  un  grand  nombre  <lo  siècles. 
Lorsque  vous  verrez  les  vases  à  tête  de  chouette,  vous  verrez 
combien  se  trompent  ceux  qui  n'y  voient  rien  do  la  chouette. 
La  tête  de  chouette  est  reconnue  aujourd'hui  même  par  mes 
adversaires  allemands  les  plus  décidés,  comme  par  exemple 
M.  Stark,  à  Heidelberg;  ils  admettenl  même  que  ce  sont  des 
idoles  de  Minerve;  mais  ils  n'admettent  pas  encore  que  c'esl 
la  }  Aa.uxùTîiï  d'Homère. 


\  s»  i»  i:  ni>  i  c  i:  n°  i. 


SEANCE    PUBLIQUE   ANNUELLE 

l>l    \  i  \l>i;i.M    "7    NOVEMBRE    I  87  'l . 


DISC <H  l>,S    I)  0  1  \  ERÏI  RE 

m. 
M.  .MU  RDAIN, 

PRÉSIDENT  DE  1."  n\|  1:   !  S;  '1. 

VIessu  I  RS, 

I  h  grand  poëte  de  l'antiquité  a  dépeinl  en  vers  immortels 
l.i  sérénité  du  sage  qui,  des  cimes  élevées  ou  sa  raison  el  la 
science  l'onl  transporté,  contemple  d'un  <eil  tranquille  les  agi- 
tations des  hommes,  l'ardeur  de  leurs  convoitises,  la  lutte 
acharnée  de  leurs  passions  el  de  leurs  intérêts,  la  vanité  des 
satisfactions  «pi  ils  obtiennent;  et,  pour  toul  dire,  les  soucis 
el  les  misères  de  la  condition  humaine  ici-bas.  Mais  ce  sage 
de  l.m  ter.  ,1  qui  la  vue  «lu  malheur  qui  ne  l'atteinl  pas  pro- 
111  •■  une  jouissam  c  égoïste,  rsi-il  donc  le  véritable  sage?  Vous 


333 

ne  le  croyez  pas,  Messieurs.  \  vos  yeux,  la  vraie  sagesse  est 
compatissante;  mêlée  à  la  vie  des  hommes,  elle  n'est  indiffé- 
rente à  rien  <l«'  ce  qui  les  touche,  el  ne  se  défend  pas  de  céder 
aux  émotions  que  ressentent  les  honnêtes  gens.  Quand  la  pa- 
trie  est  accablée  et  humiliée,  celui  qui  passe  pour  être  sage 
ne  mériterait  pas  ce  nom  si,  dans  le  fond  <!<■  sa  retraite,  il  ne 
partageait  pas  l'affliction  <!<■  tous  les  bons  citoyens;  et  quelle 
ne  doit  pas  être  sa  consolation  lorsque  «les  jours  meilleurs  com- 
mencenl  à  luire  el  qu'il  voit  le  pays  retrouver  peu  à  peu  dans 
les  ressources  inépuisables  de  son  sol,  de  son  travail  et  de  son 
génie  le  gage  certain  et  comme  les  prémices  d'une  nouvelle 
ère  de  prospérité! 

Cependant  la  science  consiste  dans  le  culte  désintéressé  du 
vrai,  et  son  devoir  est  d'en  poursuivre  la  recherche  malgré 
les  malheurs  publics  et  au  milieu  des  préoccupations  les  plus 
douloureuses  du  patriotisme  attristé.  Elle  ne  méconnaît  pas 
pmir  cela  ses  devoirs  sociaux;  elle  ne  les  sacrifie  pas  aux  sé- 
ductions d'une  curiosité  frivole;  loin  de  là.  elle  contribue  elle- 
même  à  sauver  le  pays  et  à  relever  sa  fortune  en  arrachant  li- 
âmes à  des  soucis  vulgaires  et  en  les  tournant  vers  ces  nobles 
.'•tudes  dont  la  vertu  vivifiante  assure  aux  nations  qui  les  cul- 
tivent la  \ictoire  sur  les  champs  de  bataille  en  même  temps 
•  pie  la  suprématie  dans  les  arts  de  la  paix. 

Aussi  que  nul  ne  s'étonne  si  les  désastres  de  la  France 
n'ont  pas  interrompu  l'œuvre  de  ses  académies  et  si  autour 
de  celles-ci  on  a  vu  se  grouper,  même  dans  les  plus  mauvais 
jours,  une  phalange  intrépide  de  travailleurs  amis  des  lettres. 
Nous  sommes,  pour  notre  part,  dans  la  sphère  des  «'tudes  his- 
toriques et  philologiques,  les  témoins  en  quelque  sorte  officiels 
de  ce  labeur  incessant  et  fécond.  Cette  année  encore,  nous 
avons  eu  à  récompenser  un  grand  nombre  de  travaux  impor- 
tants sur  les  sujet-  les  plus  divers.  Que  si  quelques-unes  des 
questions  que  nous  avions  proposées  n'ont  pas  été  traitées  ou 


—  334  — 

n'ont  reçu  < ju •  ■  des  réponses  insuffisantes,  nous  devons  recon 
naître  que  ees  questions  présentaient  d<'  sérieuses  difficultés 
et  qu'elles  exigeaient  des  recherches  prolongées  pour  lesquelles 
Le  temps  a  peut-être  manqué  aux  concurrents. 

Pour  sujet  du  prix  ordinaire,  l'Académie  avait  indiqué, 
drs  l  868 ,  et  prorogé  jusqu'en  187a  une  Etude  sur  les  dialectes 
de  la  langue  doc  au  moyen  âge.  Le  prix  a  été  décerné  à  M.  Paul 
Meyer,  professeur  à  I  Ecole  des  chartes,  pour  un  mémoire  riche 
de  faits  el  d'aperçus  auquel  nous  avons  à  peine  le  courage  de 
reprocher  (Frire  incomplet  en  quelques  points.  L'auteur  pos- 
sède si  bien  sa  matière,  il  e\|>ose  les  transformations  de  la 
langue  latine  et  son  influence  sur  la  langue  d'or  avec  une  éru- 
dition si  profonde  et  si  judicieuse,  qu'on  se  prend  à  regretter 
qu'il  n'ait  pas  poussé  ses  investigations  plus  avant,  de  manière 
à  pouvoir  indiquer  avec  plus  de  précision  les  différents  dia- 
lectesque  la  langue  d'oc  comprenait  el  à  marquer  les  limites 
des  contrées  où  ces  dialectes  étaient  parlés.  Les  éléments  d'une 
solution  définitive,  telle  qui-  l'Académie  lavait  espérée,  ne 
sauraient  se  trouver  que  dans  l'examen  comparatif  des  anciens 
patois.  Mais  ers  patois,  que  sont-ils  devenus?  et  quelle  pa- 
tience ne  faut-il  pas  pour  en  recueillir  les  débris  épars  dans 
les  vieux  diplômes!  Quelque  laborieuse  que  fût  cette  lâche, 
elle  n'était  pas  au-dessus  du  dévouement  de  M.  Paul  Meyer, 
et  nous  ne  désespérons  pas  «pi  il  ne  se  décide  à  la  remplir.  Il 
complétera  ainsi,  de  la  manière  la  plus  oeuve  et  la  plus  utile, 
un  travail  déjà  très-solide,  et  qui,  tel  qinl  est,  nous  a  paru 
mériter  les  suffrages  des  juges  les  plus  sévères. 

C'est  le  devoir,  c'est  aussi  l'usage  constant  de  L'Académie, 
d  encourager,  autant  que  possible  également,  toutes  les  brandies 
de  I  érudition.  Ce  motif  L'avait  engagée  à  proposer  pour  sujets 
de  prix,  après  |  étude  sur  la  langue  d'oc,  trois  questions  d'un 
genre  bien  différent  :  ['Histoire  de  la  lutte  entre  les  noirs  philo- 
sojmtques  el  les  écoles  théologiques  sous  les  Abassides;  )? Histoire 


—  335  — 

de  la  piraterie  dans  1rs  pays  méditerranéens  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  jusqu'à  la  fin  dit  règne  de  Constantin  le  Grand;  ^Organi- 
sation et  les  attributions  du  sénat  romain  sous  la  république  et  sous 
l'empire  jusqu'à  lu  mort  de  Théodose.  Ces  dois  concours  restent 
ouverts  :  les  deux  premiers  seront  rlos  le  3i  décembre  pro- 
chain, le  dernier,  le  3i  décembre  187Ô.  L'Académie  pro- 
pose  dès  aujourd'hui,  comme  nouveau  sujet  de  prix,  la  ques- 
tion suivante  :  Recueillir  et  expliquer,  pour  lu  période  comprise 
in  ire  l' avènement  de  Pépin  le  Bref  et  lu  mort  de  Philippe  Ier,  les 
inscriptions  qui  peuvent  intéresser  l'histoire  de  France.  Le  prix  sera 
décerne',  s'il  y  a  lieu,  en  1877;  les  mémoires  devront  être 
déposés  avant  le  ter  janvier  de  cette  même  année. 

L'élude  de  nos  antiquités  nationales  continue  à  être  cultivée 
avec  autant  d'ardeur  que  de  succès.  Comment  s'étonner  de  la 
laveur  qu'elle  obtient  quand  on  songe  aux  richesses  encore 
inexplorées  que  recèle  ou  qui  couvrent  en  si  grand  nombre 
le  sol  de  la  France? 

L  Vcadémie  a  reçu  pour  le  concours  de  cette  année  trente- 
six  ouvrages  dont  quelques-uns  sont  des  œuvres  du  plus  haut 
prix.  La  première  de  nos  médailles  a  été  décernée  à  M.  Allmer 
pour  l'excellent  recueil  qu'il  a  intitulé  :  Inscriptions  antiques 
et  du  moyen  dire  île  Vienne  en  Dauphiné.  11  serait  difficile  de  citer 
un  ouvrage  d'épi  graphie  qui  répondit  mieux  que  ce  beau  livre 
aux  conditions  que  la  matière  exige  :  fidélité  scrupuleuse  dans 
la  transcription  des  textes,  exactitude  dans  la  traduction,  sa- 
gacité dans  le  commentaire,  indications  bibliographiques  at- 
testant une  connaissance  profonde  des  ouvrages  antérieurs 
•air  le  même  sujet.  Dix  années  ont  été  employées  par  M.  All- 
mer à  recueillir,  dans  plusieurs  de  nos  départements  et  dans 
le  canton  de  Genève,  les  monuments  qu'il  se  proposait  de  dé- 
chiffrer, trop  souvent  il  a  du  disputer  ceux  qui  n'étaient  pas 
encore  publiés  à  la  pioche  des  ouvriers,  qui  menaçait  de  les 
anéantir.   Aux  inscriptions  qui  remontent  à  la  république  ro- 


—  336  — 

maine  ou  à  L'époque  des  empereurs,  l'auteur  a  joint  de  lumi- 
n fuses  dissertations  sur  l'administration  romaine,  la  hiérar- 
chie militaire,  les  Fonctions  sacerdotales  et  sur  les  routes  de  la 
contrée  qui  fut  autrefois  le  pays  «1rs  àllobroges.  Les  inscrip- 
tions relatives  au  moyen  âge  el  à  la  Renaissance  devaient  être 
expliquées  dans  le  même  système;  mais  ce  soin  avait  été  laiss'é 
par  M.  Allmer  à  M.  Mfred  de  Terrebasse,  qui  venait  de  s'en 
acquitter  avec  talenl  lorsqu'il  a  été  enlevé  prématurémenl  aux 
espérances  de  l'érudition  française. 

C'est  également  à  une  œuvre  consacrée,  comme  celle  de 
M.  Allmer,  à  des  études  d'archéologie  nationale,  c'esl  à  I'  Ir- 
chitecture  romane  du  midi  de  In  France,  par  M.  Henri  Révoil, 
que  noire  seconde  médaille  a  élé  attribuée.  L'ouvrage  ne 
contienl  pas  moins  de  deux  cent  vingt-deux  planches  in-folio, 
dans  Lesquelles  sont  fidèlement  reproduits  d'innombrables  dé- 
tails  d'architecture  ou  vues  d'ensemble.  Soumettre  chaque 
monument  à  l'analyse  la  plus  rigoureuse,  et,  s'il  est  permis 
de  le  dire,  à  une  sorte  d'anatoraie;  faire  la  pari  des  restau- 
rations qu'il  a  subies,  des  compléments  qu'il  a  reçus:  assigner 
s;i  date  après  avoir  démêlé  et  l'ornementation  el  le  plan  primi- 
tifs sous  les  accessoires  (pu  sont  venus  successivement  les  mo- 
difier; recueillir  de  celte  manière,  sur  l'architecture  du  midi 
de  la  France  antérieure  au  \m  siècle,  des  notions  plus  exactes 
que  celles  qu'un  possédai!  jusqu'ici;  arriver,  autant  que  p<>s- 
sible,  sur  les  points  essentiels,  à  des  conclusions  qui  aient 
l'évidence  d'une  démonstration  mathématique  :  tel  est  le  bul 
que  M.  Révoil  a  poursuivi  et  en  partie  atteint  avec  les  con- 
naissances spéciales  d'un  architecte  expérimenté,  le  crayon 
fidèle  d'un  dessinateur  habile,  la  sagacité  d'un  archéologue 
judicieux.  Ses  études  paléographiques  Lussent,  il  est  vrai,  à 
désirer;  plus  complètes,  elles  lm  eussent  permis  de  retrouver 
avec  exactitude  la  dite  des  caractères  tracés  sur  quelques  mo- 
numents; mais.  ;i  part  ce  léger  défaut  dans  une  œuvre  aussi 


—  S37  — 
considérable,  le  travail  de   M.  Révoil  restera  comme  un  des 
meilleurs  el  des  plus  décisifs  (|u<'  l'archéologie  du  moyen  âge 
;iil  produits.  C'est  un  témoignage  que   l'Académie  se  plaît  à 
rendre  au  consciencieux  et  éminenl  artiste. 

L'archéologie  proprement  dite,  <|iii  fait  l'objet  des  deux 
ouvrages  précédents,  u'est  pas  la  partie  principale  du  Dic- 
tionnaire historique,  géographique  et  biographique  de  Maine-et- 
Loire,  par  M.  Célestin  Port,  ;ui<|iiel  nous  avons  décerné  la 
troisième  médaille;  mais  ce  dictionnaire  se  recommandait  sous 
d'autres  rapports  à  vos  suffrages,  domine  une  de  vos  com- 
missions vous  le  rappelait  Tannée  dernière,  il  est  le  fruit  de 
vingt  ans  d'un  labeur  assidu,  et  il  se  distingue  par  l'abondance 
des  documents,  par  l'exactitude  des  noms  et  des  dates,  par 
l'étendue  et  la  précision  des  indications  bibliographiques.  On 
\  trouve  non-seulemenl  le  nom  des  villes  et  des  villages, 
mais  la  liste  des  anciens  fiefs,  celle  des  seigneurs,  des  abbés, 
des  curés  et  des  maires,  un  grand  nombre  d'épitaphes,  la  des- 
cription des  monuments,  des  sceaux  et  des  œuvres  de  pein- 
ture et  de  sculpture.  Bien  que  l'ouvrage  ne  soit  pas  encore 
terminé',  les  fascicules  qui  nous  ont  été  soumis  complètent  un 
volume  de  huit  cents  pages  à  deux  colonnes.  La  Commission 
des  Antiquités  nationales  a  pensé  (pie  ce  volume  était  à  lui 
seul  un  titre  assez  considérable  pour  mériterdès  aujourd'hui 
une  des  médailles  dont  elle  dispose.  En  la  décernant  à  M.  Cé- 
lestin Port,  elle  se  félicite  de  pouvoir  témoigner,  plus  complè- 
tement qu'elle  n'avait  pu  le  faire  jusqu'ici,  sa  profonde  estime 
pour  le  savoir  et  la  persévérance  d'un  érudit  laborieux,  qui  a 
déjà  ligure  avec  honneur  dans  trois  de  nos  concours. 

Le  grand  nombre  des  ouvrages  recommandables  qui  étaient 
soumis  cette  année  à  notre  approbation  ne  nous  a  pas  per- 
mis d'attribuer  à  chacun  d'eux  une  récompense  qui  répondît 
entièrement  aux  efforts  et  au  mérite  de  leurs  auteurs.  Ainsi, 
ne  pouvant  accorder  nue  médaille  au  mémoire  de   M.   Prost 

m. 


—  338  _ 

sur  le  Patriciai  dans  la  cille,  de  \hl:.  non  pins  qu'au  Recueil  de 
pièces  pour  faire  suite  au  eartulaire  de  l'Yonne,  par  M.  Quantin, 
nous  nous  contentons  de  rappeler  que,  dans  un  concours  pré- 
cédent, ces  savants  distingués,  à  qui  l'érudition  <loil  do  si 
utiles  travaux,  avaient  occupé  le  premier  rang,  d'où  nous 
n'avons  pas  voulu  les  faire  déchoir. 

La  première  de  nos  montions  honorables  est  décernée  à 
l'ouvrage  de  M.  Alfred  Franklin,  intitulé  Recherches  sur  les  an- 
ciennes bibliothèques  de  Paris,  ouvrage  en  trois  volumes  in-/j°, 
donl  les  deux  premiers  onl  été  mentionnés  en  1878,  et  qui, 
tous  trois  réunis,  auraient  sans  doute  remporté  une  médaille 
dans  un  concours  moins  riche  que  le  concours  actuel. 

\liu  de  ne  pas  abuser  de  l'attention  bienveillante  de  l'au- 
ditoire en  insistant  sur  chacun  des  ouvrages  distingués  par  la 
Commission  des  antiquités  nationales,  et  (pie  le  rapport  de 
notre  savant  confrère  ML  de  Longpérier  fait  si  bien  connaître, 
nous  nous  bornons  à  dire  que  la  seconde  mention  honorable 
a  été  accordée  à  M.  G.  Guigne  pour  sa  Topographie  historique 
du  département  de  l'Ain;  la  troisième,  à  M.  A.  Castàn,  pour 
son  mémoire  sur  le  Théâtrede  Vesunùo  ri  le  square  archéologiqut 
de  Besançon;  la  quatrième,  à  M.  de  Formeville,  pour  son  His- 
toirede  l'ancien  évêché-comté de  Lisieux;  la  cinquième,  à  M.  Bou- 
cher de  Molandon,  pour  deux  mémoires  :  l'un  sur  la  Première 
expédition  de  Jeanne  d'Arc,  l'autre  sur  la  Salle  des  thèses  de 
l'université  d'Orléans;  la  sixième,  à  M.  I  lysse  Robert,  pour  sou 
Etude  sur  les  actes  <l<  Calixte  II. 

Outre  les  récompenses  qu'elle  accorde  aux  mémoires  sur 
les  antiquités  de  la  France,  l'Académie  dispose  aujourd'hui 
de  deux  prix  de  numismatique.  Parmi  les  ouvrages  mii  lui 
oui  été  adressés,  aucun  ne  lui  a  pain  mériter  le  prix  de  im- 
mismatique  ariciei pour  lequel  un  concours  annuel  est  ou- 
vert, en  vertu  de  la  fondation  de  M.  Allier  de  Bauteroche. 
L<-  prix  de  numismatique  du  moyen  âge  a  été  institué  depuis 


—  339  — 

peu  par  M'"  \feuve  Ducbaiais,  en  mémoire  d'un  iils  ravi  pré- 
maturément à  l'affection  maternelle.  Ce  prix,  quiesi  biennal, 
sera  décerné  pour  la  première  fois  en  1876;  il  perpétuera 
dans  l'estime  publique  le  nom  d'un  savant  modeste,  auquel 
la  science  des  médailles  doil  de  bons  travaux  trop  lui  inter- 
rompus par  la  morl. 

S'il  fallait  mesurer  la  valeur  d'un  concours  au  nombre  des 
concurrents,  nous  aurions  à  regretter  <pic  deux  ouvrages  seu- 
lement fusse  ni  venus  disputer  cette  année  les  prix  fondés  si 
libéralement  par  M.  le  baron  Gobert.  Hâtons-nous  d'ajouter 
que,  par  les  lumières  nouvelles  qu'ils  répandent  sur  des  par- 
ties peu  connues  de  notre  bistoire,  ces  deux  ouvrages  étaienl 
tout  à  lait  dignes  l'un  et  l'autre  des  suffrages  de  l'Académie. 

La  Chambre  des  comptes  de  Paris ,  une  des  plus  anciennes 
et  des  meilleures  institutions  de  la  monarchie,  gardienne  fidèle 
du  domaine  et  de  la  fortune  de  l'Etat,  appelée  par  la  nature 
de  ses  attributions  à  intervenir  dans  les  plus  grandes  affaires 
du  pavs,  méritait  sans  doute  de  trouver  un  historien  qui  fît 
connaître  a\<'«  quelque  détail,  d'après  des  titres  authentiques, 
son  organisation,  sa  compétence,  lès  services  qu'elle  a  ren- 
dus, les  magistrats  éminents  qu'elle  a  produits,  Dans  l'ou- 
\rage  qu'il  a  soumis  au  jugement  de  l'Académie,  M.  de  Bois- 
lisle  n'avait  pas  la  prétention  d'embrasser  cette  tâche  dans 
toute  son  étendue.  Le  titre  de  cel  ouvrage  n'annonçait  même 
qu'un  simple  recueil  de  Pièces  justificative?  pour  servir  à  l'histoire 
<l>s  premiers  présidents.  Lu  tel  recueil  offrait  par  lui-même  le 
plus  haut  intérêt:  car  il  comblait  le  vide  qu'a  laissé  dans  noire 
histoire  nationale  la  destruction  de  la  plus  grande  partie  des 
archives  de  la  Chambre  des  comptes,  anéanties  en  1787  par 
un  terrible  incendie.  Pour  réparer  cette  perte  immense,  il  a 
fallu  a  M.  de  Boislisle  non  pas  seulement  de  laborieuses  re- 
cherche- à  la  Bibliothèque  et  aux  Virhives  nationales,  mais 
la  générosité  d'une   famille  dont  les  ancêtres  avaient  occupé 


—   340   — 

avec  honneur,  de  génération  en  génération,  depuis  le  règne 
de  Louis  \1I  jusqu'en  '7<)i,  la  charge  de  premier  président 
de  la  Chambre,  <'t  qui,  ayant  conservé  dans  ses  archives  par- 
ticulières, avec  d'autres  papiers  importants,  une  correspon- 
dance poursuivie  sans  interruption  durant  trois  siècles,  ne  s'est 
pas  contentée  (rouvrir  libéralement  ce  trésor,  mais  a  voulu 
que  les  richesses  qu'il  renfermait  fussenl  publiées  en  un  splen- 
dide  volume,  sous  ses  auspices  et  à  ses  Irais.  Grâces  en  soient 
rendues  à  M.  le  marquis  de  Nicolaï  au  nom  de  l'Académie  el 
de  tous  les  amis  des  éludes  historiques.  Mais  M.  de  Boislisle 
ne  s'est  point  borné  à  rassembler,  en  suivant  avec  rigueur 
Tordre  chronologique,  environ  un  millier  de  précieux  docu- 
ments; il  v  a  joint,  sous  ce  titre  modeste  de  Notice  prélimi- 
naire, une  introduction  qui  n'occupe  pas  moins  de  1A12  pages 
in-4°  imprimées  en  petit  texte,  et  qui  contient  le  tableau  ins- 
tructif, animé,  intéressant  de  la  composition,  des  prérogatives 
et  de  la  vie  intérieure  de  cette  haute  et  intègre  magistrature, 
à  qui  le  contrôle  de  la  fortune  et  des  dépenses  publiques  était 
confié.  Il  est  permis  d'espérer  que  l'auteur,  encouragé  par  nos 
suffrages,  voudra  poursuivre  nue  œuvre  si  bien  commencée, 
et  que,  après  nous  avoir  fait  connaître  l'organisation  de  la 
Chambre  des  comptes  duranl  les  trois  derniers  siècles,  il  écrira 
une  histoire  complète  do  cotte  illustre  compagnie.  Quelle  que 
soit,  flans  la  suite,  la  direction  qu'il  donne  à  ses  travaux, 
l'Académie  a  reconnu,  dans  l'ouvrage  qui  lui  était  soumis, 
l'alliance  trop  rare  de  qualités  qu'elle  apprécie,  la  nouveauté 
des  matériaux  el  l'habileté  de  la  mise  en  œuvre.  Elle  a,  en 
conséquence,  décerné  à  M.  de  Boislisle  le  premier  des  prix 
fondés  par  M.  le  baron  Gobert. 

I.'-  second  prix  est  accordé'  è  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  : 
Les  Écorcheurs  sous  ('.hurles  Vif.  épisodes  de  l'histoire  militaire  de 
ii  France  au  w  siècle,  et  pour  auteur  M.  Tuetey,  archiviste 
aux  Archive-  nationales.  Cet  ouvrage  a  moins  d'importance  par 


—  .T'il    — 

son  sujet  que  celui  de  M.  iif  Boislisie,  el  la  rédaction  laisse 
trop  souvent  à  désirer,  sinon  quant  à  l'exactitude,  du  moins 

au  point  de  vue  du  style.  Et  cependant  c'est  un  livre  qui  a 
coûté  à  son  auteur  d'immenses  recherches,  non-seulement 
dans  les  bibliothèques  et  dans  les  archives  de  la  France,  mais 
dans  celles  des  pays  voisins.  Il  abonde  en  détails  nouveaux 
et  curieux,  en  documents  qui  permettent  de  prendre  sur  le 
vif  la  physionomie  des  personnages  et  des  événements.  Jamais 
les  cruautés  commises  par  les  Ecorcheurs,  les  relations  de 
Charles  Vil  avec  les  princes  allemands,  la  campagne  du  dau- 
phin, qui  lut  plus  tard  Louis XI,  contre  les  Suisses,  et  beaucoup 
d'autres  laits  intéressants  pour  l'histoire  du  xv'  siècle  n'avaient 
été  racontés  avec  une  fidélité  plus  scrupuleuse,  d'après  des 
textes  plus  authentiques  et  plus  patiemment  recueillis.  Ce  sont 
là.  sans  contredit,  de  précieuses  qualités  qui  devaient  frapper 
I  académie  et  obtenir  son  approbation. 

L'Académie  oe  saurait  se  féliciter  au  même  degré  des  ré- 
sultats du  concours  pour  le  prix  Bordin.  Sur  l'une  des  ques- 
tions qu'elle  avait  proposées,  un  mémoire  insuffisant,  sur 
l'autre  un  mémoire  tardivement  présenté  :  ce  sont  là  les  seuls 
envois  qu'elle  ait  reçus.  Elle  propose  de  nouveau  pour  sujet 
de  prix  l'étude  des  saints  de  l'époque  mérovingienne,  mais  en 
modifiant  de  la  manière  suivante  la  position  de  la  question  : 
Discuter  F  authenticité,  déterminer  la  date  et  apprécier  la  valeur  des 
textes  hagiographiques  <jui  se  rapportent  à  l'histoire  de  la  Gaule 
sous  Clovis.  V  Vcadémie  conserve  l'espoir  d'obtenir  un  mémoire 
digne  de  ses  suffrages  sur  YHistoire  <l<'s  Ismaéliens  et  des  mou- 
vements sectaires  </ui  s  1/  rattachent  dans  le  sein  de  l'islamisme.  En- 
fin, indépendamment  des  questions  qu'elle  a  choisies  pour 
ses  concours  de  18- T>  et  de  1876,  elle  indique  pour  sujet 
du  prix  à  décerner  en  1  N y 7  la  question  suivant!-  :  Exposer 
l'économie  politique  de  l'Egypte  depuis  la  conquête  de  ce  /un/s  par 
les  Romains  jusqu'à  la  conquête  arabe. 


—  342  — 

Deux  nouveaux  concours  <[ue  la  libéralité  du  plus  savant 
de  nus  bibliographes,  M.  Brunet,  avait  permis  à  l'Académie 
d'ouvrir  étaieni  à  juger  celte  année.  Le  sujet  du  premier  étail 
un  ouvrage  de  bibliographie  savante  relatif  à  la  littérature  ou 
à  l'archéologie  de  l'antiquité  grecque,  latine,  italique  ou  cel- 
tique. L'Académie  a  reçu  deux  ouvrages  qui  témoignent  d'une 
profonde  érudition  chez  leurs  auteurs,  mais  qui  tous  deux 
sont  inachevés!.  Sans  décerner  le  prix,  elle  accorde  une  mé- 
daille de  1,000  francs  à  M.  Emile  Huelle,  pour  un  manuscrit 
intitulé  :  Bibliographie  générale  de  la  (mule.  Elle  a  cru  égale- 
ment ne  pas  devoir  décerner  le  prix  dans  le  second  concours 
qui  avait  pour  objel  l'Orient,  mais  qui  laissait  aux  concur- 
rents la  faculté  de  choisir,  parmi  les  brandies  diverses  des 
études  orientales,  celle  dont  ils  voudraient  écrire  la  biblio- 
graphie. Deux  médailles  de  i,5oo  francs  chacune  ont  été  at- 
tribuées à  M.  Schwab  pour  son  manuscrit  portant  pour  épi- 
graphe :  Qui  sctt  ubi  sii  scientia,  kabenti  est  proximus,  cl  à 
M.  Gat  pour  son  Essai  bibliographique  sur  la  Terre  sainte. 

Pour  terminer  ce  tableau  des  concours  ouverts  par  l'Aca- 
démie, nous  devons  rappeler  qu'elle  décernera  pour  la  pre- 
mière fois,  en  1875,  les  prix  fondés  par  M.  Louis  Pould  pour 

une   Histoire  fies   arts  ila    dessin    araat   i'rrnlrs:    par    M.    de    la 

Fons-Mélicocq ,  en  faveur  du  meilleur  ouvrage  sur  ['Histoire 
det  antiquités  de  la  Picardie  cl  de  Vile -de- France;  par  noire 
regretté  confrère  M.  Stanislas  Julien,  en  faveur  du  meilleui 
ouvrage  relatif  à  la  Chine.  Sera  décerné  pour  la  première  lois. 
■  •n  1876,  le  prix  lundi'  par  M'"  Delalande,  veuve  Gué- 
rineau,  en  laveur  de  l'ouvrage  jugé  le  meilleur  par  1  académie. 
Il  me  reste,  Messieurs,  à  vous  parler  dune  institution 
placée  sous  vos  auspices,  de  cette  valeureuse  Ecole  d'Athènes 
qui.  d'année  eu  année,  a  justifié  toutes  vos  espérances  pai 
d'importantes  découvertes  donl  vous  comptez  aujourd'hui 
lans  vos  rangs  plusieurs  anciens  membres    el  qui     ans  cess< 


—  3A3  — 

renouvelée  dans  son  personnel,  mais  constante  dans  son  espnl 
el  dansses  traditions .  promet  à  L'érudition  française  une  longue 
suite  d'archéologues  distingués.  Ses  travaux  se  sont  trouvés 
interrompus,  durant  la  dernière  année,  par  la  construction 
des  nouveaux  bâtiments  qu'elle  doit  habiter.  Mais  dans  l'in- 
tervalle, grâce  à  l'initiative  d'un  Ministre  que  l'Institut  de 
France  s'honore  de  posséder  dans  son  sein,  commençait  a 
s'élever,  dirai-je  une  succursale  de  l'institution  créée  naguère 
par  M.  de  Salvandy,  ou  une  école  nouvelle?  l'École  archéo- 
logique de  Rome,  destinée  à  recevoir  les  membres  de  l'Ecole 
d'Athènes  pendant  une  année,  avant  leur  départ  définitif  pour 
la  Grèce.  Si,  en  effet,  l'antiquité  grecque  offre  une  ample 
matière  à  nos  recherches,  que  dire  de  l'antiquité  latine?  Combien 
l'Italie  n'otlie-L-elle  |»as  de  monuments  <jui  seront  éternelle- 
ment dignes  de  nuire  admiration  et  de  nos  éludes!  Dans  les 
musées,  dans  les  bibliothèques,  quelle  abondance  d'inscrip- 
tions à  déchiffrer,  de  statues,  de  vases*  de  mosaïques  à  dé- 
crire, de  manuscrits  à  coliationner !  M.  Albert  Dumont,  à  < | ui 
le  Gouvernement  avait  confié  le  soin  d'initier  à  ces  utiles  tra- 
vaux les  nouveaux  membres  de  l'Ecole  d'Athènes,  avait  figuré 
lui-même  dans  les  ranys  de  leurs  aines;  il  avait  Longtemps 
parcouru  la  Grèce,  el  rapporté  de  ses  voyages  les  matériaux 
de  savants  ouvrages  qui  lui  ont  mérité  le  litre  de  docteur  es 
lettres  et  l'un  des  prix  de  l'Académie.  Son  active  impulsion, 
son  dévouement  éclairé  |>ar  uni-  expérience  précoce,  ont 
permis  que  l'Ecole  de  Rome  donnât  l\^>~  la  première  année  des 
résultats  qu'on  n'aurait  pas  osé  attendre.  Vous  en  avez  suivi 
avec  intérêt  le  tableau  dans  le  rapport  de  outre  éminenl  con- 
frère M.  Emile  Egger.  Je  vous  renvoie  à  ce  tidèle  témoi- 
gnage,  rendu  par  le  plus  compétent  des  juges  aux  efforts  di 
nos  jeunes  érudits.  Je  me  borne  à  de  rapides  indications  qui 
vous  permettront  de  mesurer  l'espace  déjà  parcouru  en  quelques 
mois. 


—  :\'th  — 

M.  Blocb,  agrégé  des  classes  supérieures  des  lettres,  chez 
qui  se  l'ait  remarquer  une  véritable  prédilection  (tour  les  an- 
tiquités  romaines,  a  composé  un  mémoire  considérable  sur  le 
texte,  la  date  et  les  dispositions  de  la  loi  Ovinia  tribunicia, 
relative  à  la  nomination  des  sénateurs.  M.  Collignon,  se  pla- 
çant sur  un  terrain  commun  aux  deux  antiquités  classiques, 
a  étudié,  d'après  les  monuments  figurés,  la  fable  d'Eros  et  de 
Psyché:  le  fruit  do  celle  laborieuse  étude,  conduite  avec 
autant  de  goût  que  de  savon1,  a  été  un  double  catalogue  d'en- 
viron deux  cents  monuments,  tels  que  statues,  bas-reliefs, 
pierres  gravées,  el  des  principales  œuvres  consacrées  à  ce 
mythe  célèbre.  M.  Mùntz,  collaborateur  apprécié  des  innales 
de  Fart  français,  appliquant  à  la  recherche  des  mosaïques 
chrétiennes  de  l'Italie  son  ardeur  et  son  expérience,  a  recueilli 
soixante  mosaïques  du  ivc  au  i\°  siècle,  qui  fourniront  à  la 
critique  ses  plus  surs  éléments  pour  reconstituer  l'histoire  de 
cet  art  dans  l'Occident  latin.  M.  Bnvol.  déjà  familiarisé  par 
un  séjour  d'une  année  en  Italie  avec  les  recherches  d'érudi- 
tion, ei  M.  l'abbé  Duchesne,  nouvellement  adjoint  à  l'Ecole 
de  Rome,  onl  été  détachés,  par  ordre  de  M.  le  Minisire  de 
l'Instruction  publique,  pour  aller  remplir,  au  mont  Athos, 
une  mission  qui  s'est  étendue  à  Thessalonique  et  à  quelques 
Iles  de  l'Archipel,  el  qui  leur  ;i  fourni  un  certain  nombre 
d'inscriptions  H  de  scolies  pour  l'interprétation  des  écrivains 
grecs.  M.  Bavet,  en  outre.  ;i  utilisé  son  séjour  à  Salonique 
pour  recueillir  les  m;i lériaux  de  plusieurs  mémoires  sur  une 
ancienne  église  de  cette  ville,  el  sur  diverses  questions  qui  se 
rattachent  à  l'étude  de  ce  monument.  Ainsi  la  philologie. 
l'histoire,  la  science  des  antiquités.  \  compris  les  antiquités 
du  moyen  Age,  onl  profité  à  des  degrés  divers  de  l'établisse- 
ment de  l'Ecole  <ir  Rome.  Cette  Ecole  esl  déjà  plus  qu'une 
promesse;  c'esl  une  institution  vivante  el  féconde,  qui,  dès 
son  début,  ;<  prouvé  par  ses  neuvres  quelle  saurait  continuer 


sur  Le  soi  de  l'Italie  les  traditions  savantes  de  notre  nation  et 
perpétuer,  même  «*n  face  d'une  concurrence  redoutable,  sa 

itime  renommée. 

Cette  noble  ardeur  qui  pousse  vers  la  science  el  les  lettres 
tant  d'esprits  généreux,  les  espérances  qu'elle  l'ait  concevoir, 
les  fruits  qu'elle  a  déjà  portés,  ce  sont  là  autant  de  motifs  de 
confiance  pour  le  |»avs,  autant  de  consolations  nécessaires  à 
l'Académie  pour  adoucir  la  rigueur  dos  pertes  affligeantes  qui 
viennent  de  jour  en  jour  la  frapper.  L'année  qui  s'achève,  en 
particulier,  aura  été  signalée  par  des  deuils  dont  le  souvenir 
gravé  dans  nos  cœurs  no  saurait  s'en  cflacer  de  longtemps.  Il 
\  a  neuf  mois,  après  de  brillants  servicos  rendus  à  la  science 
et  à  l'État,  M.  Beulé  vous  était  enlevé  dans  la  force  de  l'âge 
et  du  talent,  par  un  coup  dont  la  soudaineté  accroît  l'amer- 
tume Il  v  a  trois  mois  bientôt,  s'éteignail  en  la  personne  de 
M.  Guizol  une  des  lumières  de  l'érudition  el  des  lettres  fran- 
çaises :  car  ce  titre  est  le  seul  qu'en  ce  moment  il  me  soit 
permis  de  considérer  parmi  tant  d'autres  que  notre  illustre 
confrère  pouvait  offrir  au  respect,  à  la  reconnaissance,  disons 
mieux,  à  l'admiration  du  pays.  Quatre-vingt-six  ans  passés 
pour  la  plupart  dans  l'agitation  des  affaires  publiques  n'avaient 
ni  refroidi  chez  M.  (iuizot  la  passion  de  l'étude,  ni  altéré  la 
sûreté  de  son  jugement,  ni  appesanti  sa  plume.  Sa  verte 
vieillesse,  non  moins  active  que  les  belles  aimées  de  sa  ma- 
turité, se  préparait,  dans  le  silence  de  la  retraite  et  au  milieu 
des  joies  du  lover  domestique ,  à  enrichir  d'un  nouveau  chef- 
d'œuvre  notre  littérature  historique.  Dieu  n'a  pas  permis  que 
ce  chef-d'œuvre  fût  achevé.  Il  a  jugé,  dans  sa  miséricordieuse 
sages>e.  qu'après  une  si  longue  carrière,  après  tant  de  travaux 
et  de  si  cruelles  épreuves,  l'âme  de  notre  vénéré  confrère  était 
mûre  pour  d'autres  joies  que  celles  de  la  terre,  et  il  l'a  rappelée 
à  lui.  Cette  mort  a  laissé  dans  nos  rangs  un  vide  qui.  hélas! 
était  facile  à  prévoir,  mais  dont  chacun  de  nous  mesure  avec 


—  346  — 

tristesse  l'étendue.  Qui  nous  rendra  ce  solide  savoir,  puisé 
aux  sources  mêmes,  cette  baute  impartialité,  cette  protonde 
intelligence  des  faits  et  des  institutions  que  Montesquieu  aurait 
admirées,  cette  parole  grave  et  puissante  qui  élevait  et  agran- 
dissait tous  les  sujets?  Avec  l'exemple  de  sa  vie,  si  noblement 
partagée  entre  le  culte  des  lettres  et  les  plus  liantes  fonctions 
du  gouvernement.  M.  Guizot  nous  lègue  du  inoins  comme 
héritage  des  œuvres  <|ui  ne  périront  pas,  et  qui,  après  avoir 
contribué  à  nous  instruire  ei  à  nous  charnier,  serviront  d'âge 
en  âge  de  modèles  à  nos  successeurs. 


.11  GE.MKNT    DES   CONCOUKS. 


PRIX    OI'.DINAIUK. 


I,  académie  avait  prorogé  à  l'année  187/i  le  sujet  de  prix  suivant, 
qu'elle  avait  antérieurement  proposé  pour  I  année  1879  : 

Etude  sur  les  dialectes  de  la  langue  d'oc  au  moyen  âge,  en  \  ajoutant  ce 
programme  : 

<r Les  concurrents  s'attacheront  à  déterminer  les  caractères  de  deux  au 
moins  de  ces  dialectes,  d'après  les  documents  existants,  et  surtout 
d'après  les  textes  diplomatiques  dont  l'âge  et  le  pays  sont  exactement 
connus,  n 

I.  Loadémk  décerne  le  prix  à  M.  Paul  \lr.u:n.  professeur  à  L'École  des 
chartes. 

L'Académie  avait  en  outre  proposé,  pour  l'année  1  's7  '1 ,  le  sujet  suivant  : 

Rechercher,  d'après  les  documents,  tant  byzantins  quorientaux,  l'histoire 
des  guerres  que  les  empereurs  d'Orient  eurent  à  soutenir  contre  Us  khalifes  et 
1rs  autres  princes  musulmans  de  V  Isie  occidentale,  depuis  I"  mort  d  ll< 
radius  jusqu'à  l'avènement  d'  [lexis  Comnène{  6ùi  à  1081  deJ.  £). 

I.  académie  recommandait  aux  concurrents  "<■■  uepas  négliger  ce  qui 
concerne  les  relations  diplomatiques  entre  les  deux  partis,  et  d'eclatrcir, 
autant  qu'il  sera  possible ,  les  difficultés  géographiques  queprésente  la  marche 
des  armées  à  travers  V  [su    \fineuri 

\11n1n  mémoire  n'ayant  été  rlépo       I  Lcadémie  rel tte  question 

dn  concours 


—  ;;'.: 


VNTlylHTES  DE   LA   FRANCE. 

I.  académie  décerne  : 

La  première  médaille  à  M.  Ali.mer,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  Les 
inscriptions  antiques  et  du  moyen  âge  de  Vienne  en  Dauphiné ,  reproduites 
en  fae-simile.  Vienne,  îSy'i.  -j  vol.  in-8°. 

La  deuxième  médaille  à  M.  Henry  Révoil,  pour  son  ouvrage  intitulé  : 
Architecture  romane  du  midi  de  la  France.  Paris,  1873,   3  vol.  in— foi . 

La  troisième  médaille  à  M.  Célestin  Port,  pour  son  Dictionnaire  histo- 
rique, géographique  et  biographique  de  Maine-et-Loire.   Paris  cl  Angers 
187.T,  1  vol.  in-8°. 

Des  mentions  honorables  sont  accordées  : 

i°  A  M.  \lfred  Franklin,  [tour  son  ouvrage  sur  les  anciennes  biblio- 
thèques de  Paris,  églises,  monastères,  etc.  Paris,  1873,  1  vol.  in-l". 

a"  A  M.  C.  Gligie.  pour  sa  Topographie  historique  du  département  de 
l'Mu.  Trévoux,  1873,  1  vol.  in-4°. 

\  M.  A.  Castan,  pour  son  ouvrage  sur  le.  Théâtre  de  Vesontio  et  le 
square  archéologique  de  Besançon.  Broch.  in-8°. 

4°  A  M.  de  Fobmbvillb,  pour  son  Histoire  de  l'ancien  évêché-comté  dr 
Lisieu.r.  Lisieux,  1  s  7  :  ; .  ■>  vol.  iu-8°. 

5°  A  M.  Boucheb  de  Molandon,  pour  ses  deux  ouvrages  intitulés  : 

I.  La  première  expédition  de  Jeanne  d'Arc  :  Blois,  Crécy,  Orléans,  27, 
:>8,  ■><)  avril îâag.  Orléans,  1873,  1  vol.  in-8°. 

II.  La  salle  des  thèses  de  l'université  d'Orléans.  Orléans,  187a,  1  vol. 
in-8°. 

6°  A.  M.  Ulysse  Robert,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  Caluie  II.  Elude 
sur  les  actes  de  ce  pape.  Paris  et  Lyon.  187  4  .  1  vol;  ni-IS0. 

PRIA  DE  NUMISMATIQUE. 

Le  prix  de  numismatique,  fondé  par  M.  Allier  de  Haoteroche,  n'a 

pas  été  décerné  cette  année. 


PRIX  FONDES  PAR  LE   BARON   COBEBT 

POir.    LE    MAVAIL  Lt  PLUS  5AVAN1    I.  i    LE    PLUS   PROFOND   SI  R  L'HISTOIBE  PL  FRANCE 
F.T    Lt^   ÉTUDES   QUI    S'1    RATTACHENT. 

i   académie  décerne   le  premiei   prix  à  M.  dl  Boislislb,  poui    son 


—  US  — 
ouvrage  intitulé  :  Chambre  des  comptes  de  Paris.  Pièces  justificatives  pour 
servir  à  l'histoire  des  premiers  présidents,  i5o6-iy<)i.  Nogent-le-llotrou. 
i  S 7,*},  1  vol.  in-4°. 

Le  second  prix  à  M.  Tuetev,  pour  son  ouvrage  intitulé  :  Les  Faucheurs 
sous  Charles  \  11.  Episodes  de,  l'histoire  militaire  de  la  France  au  xv'  siècle. 
Montbéliard,  187/i,  9.  vol.  in-8°. 


PRIX  FONDE  PAR  M.  B0RD1N. 


L'Académie  avait  prorogé  à  L'année  îK-y'i  la  question  suivante  : 

Faire  connaître  les  I  içs  des  saints  cl  les  collections  de  miracles  publiées 
on  inédites  //ai  peuvent  fournir  des  documents  pour  l'histoire  de  la  Gaule 
sans  lis  Mérovingiens. 

Déterminer  à  quelles  dates  elles  ont  été  composées. 

Le  prix  n'a  pas  été  décerné  |  voir  page  35a). 

L'Académie  avait  en  outre  proposé  pour  l'année  187/1  le  sujet  suivant  : 

I.  Faire  l'histoire  des  Ismaéliens  et  des  mouvements  sectaires  qui  s'y 
rattachent  dans  le  sein  de  /islamisme. 

\11r11n  mémoire  n'ayant  été  déposé.  l'Académie  remel  ce  sujet  au 
concours  pour  l'année  1877  1  voir  page  35a  ). 


IMilV    IIRIWET. 


M.  Bhi  mt.  par  son  testament  en  date  du  1  '1  novembre  1867,  a  fondé 
un  prix  triennal  de  trois  mille  francs  pour  un  ouvrage  de  bibliographie 

sunnite  que  V  [endémie  îles   inscriptions,   ijiii  eu  choisira  elle-mèuie  le  sujet, 

jugera  le  plus  digne  de  cette  récompense. 

Ce  prix,  qui  devait  être  décerné  pour  la  première  l'ois  en  1871,  a  été 
prorogé  à  I  année  1 87  k. 

Deux  prix  se  trouvaient,  en  conséquence,  disponibles  pour  cette  der- 
nière année. 

I.  académie,  se  proposant  d'appliquer  successivement  la  Fondation 
Brunel  aux  diverses  branches  de  l'érudition,  avait  décidé  que  ces  prix 
seraient  décernés  : 

1  \n  meilleur  ouvrage  de  bibliographie  savante  relatif  à  l'antiquité 
grecque,  italique  ou  celtique  (archéologie,  histoire  el  littérature); 

\n  meilleur  ouvrage  de  bibliographie  savante  relatif  ^  l'Orient, 
langue»     littératures,  archéologie,  histoire,  géographie,  voyages,  etc. 


—  349  — 

Étaient  admis  a  ces  deux  c »urs  : 

i     Les  ouvrages  manuscrits  ou  imprimés  depuis  1871  inclusivement; 

2°  Les  ouvrages  manuscrits  ou  publiés  de  1871  à  187.'!.  et  non-seule- 
ment les  ouvrages  généraux,  mais  encore  les  monographies,  comme 
sersil  par  exemple  une  Bibliographie  des  documents  qui  se  rapportent  à  la 
géographie  de  la  Terre  sainte  depuis  le  n'  siècle  jusqu'à  nos  jours. 

I.  académie  ne  décerne  pas  de  prix  cette  année. 

Pour  la  première  question,  elle  accorde  une  médaille  de  mille  francs 
à  M.  Km.  Ruelle,  pour  son  ouvrage  manuscrit  intitulé:  Bibliographie 

,,  raie  de  la  Gaule. 

Pour  la  seconde  question,  elle  accorde  deux  médailles  de  quinze 
cents  francs  chacune;  l'une  à  M.  Schwab,  pour  son  ouvrage  manuscrit 
portant  pour  épigraphe  :  Qui  scil  ubi  sit  scientia,  Italien ti  est  proximus; 
l'autre  à  M.  Gat,  pour  son  ouvrage  manuscrit  intitulé  :  Essai  bibliogra- 
phique sur  la  Terre  sainte. 


ANNONCE   DES   CONCOURS 

DONT  LES  TERMES   EXPIRENT   EN  1876,    1876    ET    1876. 


PRIX  ORDINAIRE  DE  L'ACADEMIE. 


L'Académie  a  prorogé  à  l'année  1875  le  sujet  de  prix  suivant  : 

Faire  l'histoire  de  la  lutte  entre  les  écoles  philosophiques  et  les  écoles  théo- 
logiques  sous  les  Abassides  ;  montrer  celte  lutte  commençant  dès  les  premiers 
temps  de  l'islamisme  avec  les  Motazélites,  se  continuant  entre  les  Aschariles 
et  les  philosophes  et  se  terminant  par  la  victoire  complète  rie  la  théologie  mu- 
sulmane. Exposer  1rs  méthodes  dont  se  servaient  les  deux  écoles  et  la  ma- 
nière dont  les  théologiens  ont  emprunté  les  procédés  de  leurs  adversaires. 
Montrer  l'influence  que  le  soufisme  a  exercée  à  plusieurs  reprises  sur  ces 
luttes  ;  mettre  en  lumière  les  circonstances  principales  qui  ont  pu  contribuer 
à  la  ruine  de  la  philosophie  dans  le  khalifat  d'Orient. 

Les  mémoires  devront  (Mre  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut  le 
3i  décembre  187  '1. 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  prorogé  les  sujets  suivants  : 

i°  Pour  le  concours  de  1876  : 

Histoire  de  lit  piraterie  dans  les  pays  méditerranéens  depuis  les  temps  les 
/dus  anciens  jusqu'à  la  fin  du  règne  de  Constantin  le  Grand. 


—  350   — 

-i°  Pour  le  concours  de  1876  ; 

Faire  commît  >•<• .  d'après  les  auteurs  et  les  monuments,  la  composition,  le 
mode  de  recrutement  et  les  attributions  du  sénat  romain  sons  la  république  ci 
tous  l'empire  jusqu'à  h  mort  de  Théodose. 

Les  mémoires  devront  être  déposés  au  secrétariat  <le  l'Institut,  pour 
la  première  question,  le  3i  décembre  187/1;  et  pour  la  seconde,  le 
3i  décembre  187 5. 

I,  \(ii(|iiiiie  propose  en  outre,  pour  l'année  1877.  le  sujet  suivant  : 

llrrncil/ir  cl  crp/it/nir,  pour  la  période  comprise  entre  l'arenemenf  de 
Pépin  le  Bref  et  la  mon  de  Philippe  1",  les  inscriptions  qui  peuvent  intéresser 
l'histoire  de  France. 

Les  mémoires  devront  être  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut  le 
3  1  décembre  187G. 

Chacun  de  ces  prix  est  de  la  valeur  de  deux  mille,  francs. 

ANTIQUITES  DE  LA  FRANCE. 

Trois  médailles  de  la  valeur  de  cinq  cents  francs  chacune  seront  <!<•- 
rriïiéi's  ;ni\  meilleurs  ouvrages  manuscrits  ou  publiés  dans  le  coins  des 
années  187.3  et  187Û  sur  les  Antiquités  de  la  France,  <pii  auront  été 
déposés  au  secrétariat  de  I  Institut  avant  le  1"  janvier  1876.  —  Les  011- 
vrages  de  numismatique  ne  sont  pas  admis  à  ce  concours. 

PRIX    DE   M.UIStlATH.H  I  . 

I.  Le  prix  annuel  de  numismatique  Fondé  par  M.  Allier  de  Haote- 
roche  sera  décerné  en  1875  au  meilleur  ouvrage  de  numismatique  qui 
aura  été  publié  depuis  le  mois  de  janvier  187A.  Ce  concours  est  ouvert 
.1  1  *  »  1 1  —  les  ouvrages  de  numismatique  ancienne. 

II.  Le  prix  biennal  de  numismatique  fondé  par  M""  veuve  Duchalajs 
sera  décerné,  pour  la  première  fois,  en  1876,  au  meilleur  ouvrage  «le 
numismatique  du  moyen  âge  qui  aura  été  publié  depuis  !<•  mois  de  jan- 
vier 1 873. 

Chacun  de  ces  prix  est  de  la  valeur  de  quatre  centsjrancs. 

Les  ouvrages  devront  être  déposés  au  secrélarial  de  l'Institut,  pour  le 
prix  \  1 1 11 11  di  Hadtbrochb.  le  3i  décembre  187^, et,  pour  le  prix  Do- 
1  11  ilaib,  le  3 1  décembre  1  875. 


—  351   — 


l'KI\    H>XI>KS    CVR    II     i:\R11X    UtBF.RT. 


Pour  l'année  1875,  l'Académie  s'occupera,  à  dater  du  1"  janvier,  do 
l'examen  des  ouvrages  qui  auront  paru  depuis  le  1"  janvier  1876,  el 
.pu  pourront  concourir  aux  prix  annuels  fondés  par  le.  baron  Gobert.  En 
léguant  à  I  académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  la  moitié  du  capital 
provenant  de  tous  ses  biens,  après  l'acquittement  des  frais  el  des  legs 
particuliers  indiques  dans  son  testament,  le  fondateur  a  demandé  rrque 
les  oeuf  dixièmes  de  l'intérêt  de  cette  moitié  fussent  proposés  en  prix 
annuel  pour  le  travail  le  plus  savant  et  le  plus  profond  sur  l'histoire  de 
France  et  les  éludes  qui  s'y  rattachent,  et  l'autre  dixième  pour  celui  dont 
le  mérite  en  approchera  le  plus;  déclarant  vouloir,  en  outre,  que  les 
ouvrages  couronnés  continuent  à  recevoir,  chaque  année,  leur  prix 
jusqu'à  ce  qu'un  ouvrage  meilleur  le  leur  enlève,  et  ajoutant  qu'il  ne 
pourra  êtra  présenté  à  ce  concours  que  des  ouvrages  nouveaux." 

Tous  les  volumes  d'un  ouvrage  en  cours  de  publication  qui  n'ont 
|Kiiiit  encore  été  présentés  au  prix  Gobert  seront  admis  à  concourir,  si 
le  dernier  volume  remplit  toutes  les  conditions  exigées  par  le  pro- 
gramma du  concours. 

Sont  admis  à  ce  concours  les  ouvrages  composés  par  des  écrivains 
étrangers  à  la  France. 

Sont  exclus  de  ce  concours  les  ouvrages  des  membres  ordinaires  ou 
libres  el  des  associés  étrangers  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres. 

I."  académie  rappelle  aux  concurrents  que,  pour  répondre  aux  inten- 
tions du  baron  Gobert,  qui  a  voulu  récompenser  les  ouvrages  les  plus 
savants  et  les  plus  profonds  sur  l'histoire  de  France  e*t  les  études  qui  s'y 
rattachent,  ils  doivent  choisir  des  sujets  qui  n'aient  pas  encore  été  suffi- 
samment éclairés  ou  approfondis  par  la  science.  Telle  serait  une  histoire 
de  province  où  l'on  s'attacherait  à  prendre  pour  modèle  la  méthode  et 
l'érudition  de  dom  Vaissète  :  l'Île-de-France,  la  Picardie,  etc.,  attendent 
encore  un  travail  savant  et  profond.  L'érudition  trouverait  aussi  une 
mine  féconde  à  exploiter  si  elle  concentrait  ses  recherches  sur  un  règne 
important  :  il  n'est  pas  besoin  de  proposer  ici  d'autre  exemple  que  la 
Vie  df  saint  Louis,  par  Le  Nain  de  Tillomnnt.  Enfin,  un  bon  diction- 
naire historique  et  critique  de  l'ancienne  langue  française  serait  un  ou- 
vrage d'une  haute  utilité,  s'il  rappelait  le  monument  élevé  par  Du  (lange 
dans  sou  Glossaire  de  In  latinité  (lu  moyen  âge. 


—  352  — 

lont  eu  donnant  ces  indications,  l'Académie  réserve  expressémenl 
aux  concurrents  leur  pleine  et  entière  liberté.  Elle  a  voulu  seulement  ap- 
peler  leur  attention  sur  quelques-uns  des  sujets  qui  pourraient  être 
éclairés  ou  approfondis  par  de  sérieuses  recherches;  elle  veul  faire  de 
mieux  en  mieux  comprendre  <| u*-  la  baute  récompense  Instituée  par  le 
baron  Gobert  est  réservée  à  ceux  qui  agrandissent  le  domaine  de  la 
science  en  pénétrant  dans  des  voies  encore  inexplorées. 

Six  exemplaires  de  chacun  dos  ouvrages  présentés  à  ce  concours  do- 
vront  être  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut  (délibération  du  27  mars 
18/10)  avant  le  i"  janvier  i8j5,  et  ne  seront  pas  rendus. 


PRIX    IÎOKDIN. 

M.  Rordin,  notaire,  voulant  contribuer  aux  propres  des  lettres,  de* 
sciences  et  des  arts,  a  fondé  par  son  testament  des  prix  annuels  qui  son! 
décernés  par  chacune  des  cinq  académies  de  l'Institut. 

L'Académie  rappelle  qu'elle  avait  prorogé  à  l'année  187A  le  sujet  sui- 
vant : 

Faire  connaître  les  I  tes  des  saints  cl  les  collections  tir  miracles  publiées 
nu  inédites  qui  peuvent  fournir  des  documents  pour  l'histoire  de  lu  Gaule 
tous  les  Mérovingiens. 

Déterminer  à  quelles  <lutes  elles  ont  été  composées. 

Le  prix  n'ayant  pas  été  décerné,  I  Lcadémie  remet  la  question  nu  con- 
cours pour  Tannée  1877,  en  la  modifiant  ainsi  qu'il  suit: 

Discuter  l'authenticité,  déterminer  lu  date  et  apprécier  In  valeur  des 
textes  liagiographiques  qui  se  rapportent  ii  l'histoire  de  I"  Gaule  sous  ('lo- 
ris I  . 

Lea  mémoires  devrontêtre  déposée  au  secrétariat  de  l'Institut  le  3i  dé- 
cembre 1  876. 

L'Académie  avait  proposé,  pour  le  concours  de  187&,  le  sujet  sui- 
vant  : 

Faire  l'histoire  des  Ismaéliens  ri  dis  mouvements  nectaires  qui  s'y  rat- 
tachent dans  h  sein  de  l'islamisme. 

\  mtiti  mémoire  n'ayant  été  déposé,  I  Lcadémie  remet  cette  question 
.m  concours  pour  l'année  1 877. 

Les  mémoires  de>  roui  être  déposés  au  secrétariat  de  l'institut  le  '.\  1  dé- 
cembre  1876. 

I,  académie  rappelle  qu'elle  a  prorogé  a  l'année  1  876  le  sujet  suivant  : 

l'imli  philologique  et  critique  du  texte  des  œuvres  de  Sidoine  ApolUnam 


—  353     - 

L'Académie,  en  remettant  <■■•  9ujel  au  concours,  a  signalé  à  l'atten 
lion  des  concurrents,  sans  prétendre  exclure  les  autres  questions  qui  \ 
-.nui  renfermées,  divers  points  particuliers  el  importants,  tels  que  l'exa- 
men des  manuscrits  el  des  éditions  de  Sidoine,  I  histoire  de  son  texte, 
la  chronologie  de  ses  œuvres,  la  langue  de  l'auteur,  i;i  place  qu'il  a  oc- 
cupée dans  -"ii  temps  el  <  1  <i 1 1 s  ceux  qui  l'onl  suivi. 

Les  mémoires  devront  être  déposés  au  secrétariat  de  l'Institut  le  •">  i  dé- 
cembre 187Û. 

1/  académie  rappelle  qu'elle  a  proposé  les  sujets  suivants  : 

1     Pour  le  concours  de  1 875  : 

Recueillir  le*  noms  des  dieux  mentionnés  dans  les  inscriptions  babylo- 
niennes ci  assyriennes,  tracées  sur  les  statues,  bas-reliefs  des  palais,  cy- 
lindres, amulettes,  etc.  el  tâcher  d'arriver  à  constituer,  par  le  rapproche- 
ment de  ces  t<:i  1rs  .  un  panthéon  assyrien. 

Les  mémoires  devront  être  déposés  au  secrétarial  de  l'Institut  le3i  dé- 
cembre  1  Sy'i. 

a     Pour  le  concours  il''  i  876  : 

Faire  l'histoire  de  la  Syrie  depuis  la  conquête  musulmane  jusqu'à  la 
chute  des  Oméiades,  eu  s' appliquant  surtout  à  la  discussion  îles  questions 
géographiques  et  numismaliques  qui  s'y  rattachent. 

Les  mémoires  de\  ront  être  déposés  au  secrétarial  de  I  Institut  If  i!  1  dé- 
cembre  1  875. 

L'Académie  propose  en  outre,  pour  le  concours  de  l'année  1 87 7.  le 
sujet  suivant  : 

Exposer  l'économie  politique  de  l'Egypte  depuis  la  conquête  de  ce  pays 
par  les  Romains  jusqu'à  la  conquête  arabe. 

Les  mémoires  devront  être  déposés  au  secrétarial  de  l'Institut  le  3i  dé- 
cembre 1 876.  , 

Chacun  de  ces  prix  est  de  la  valeur  il»1  trois  mille  francs. 


paix  loi  is  poi  u». 

I.'-  prix  de  la  fondation  de  .M.  Louis  Foold,  pour  l'Histoire  des  mis 
du  dessin  jusqu'au  siècle  de  Périclès,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1 S  7  r» . 

L'auteur  de  celte  fondation,  amateur  distingué  îles  arts  de  l'anti- 
quité, a  voulu  engager  les  savants  a  en  éclairer  l'histoire  dans  sa  partie 
la  plus  reculée  et  la  moins  connue. 

Il  a  mis  ii  la  disposition  de  I  Icadémie  des  inscriptions  et  belles-lettres 
une  somme  de  vingt  mille  francs,  pour  «Mre  donnée  en  prix  à  l'auteui 

11.  ;>  '1 


35  h  — 

ou  aux  auteurs  de  la  meilleure  Histoire  des  arts  du  (h-ssm  leur  origine, 
leurs  progrès,  leur  transmission  chez  les  différents  peuples  de  l'antiquité 
jusqu'au  siècle  de  Périclès. 

Par  les  arts  du  dessin  il  faut  entendre  la  sculpture,  la  peinture,  lagra- 
ure,  l'architecture,  ainsi  que  les  arts  industriels  dans  leurs  rapports  arec 

les  /"•'  mi 

Les  concurrents,  tout  en  s'appuyant  sans  cesse  sur  les  textes,  devront 
apporter  le  glus  grand  soin  à  l'examen  des  œuvres  d'art  de  toute  uature 
que  les  peuples  de  l'ancien  monde  nous  ont  laissées,  et  s'efforcer  d'en 
préciser  les  caractères  el  les  détails,  soit  à  l'aide  de  dessins,  de  calques 
nu  de  photographies,  soit  par  une  description  fidèle  qui  témoigne  d'une 
('•Inde  approfondie  du  shle  particulier  à  chaque  nation  et  à  chaque 
époque. 

Les  ouvrages  envoyés  au  concours  seronl  jugés  par  une  commission 
composée  de  cinq  membres:  trois  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres,  un  de  celle  des  sciences,  un  de  celle  des  beaux-arts. 

Le  jugement  sera  proclamé  dans  la  séance  publique  annuelle  de  I  \- 
cadémie  des  inscriptions  el  belles-lettres  de  l'année  1S70. 

A  défaut  d'ouvrages  ayanl  rempli  toutes  les  conditions  du  jW 
gramme,  il  pourra  être  accordé  un  accessit  de  la  valeur  «les  intérêts  de 
là  som le  vingt  mille  Francs  pendant  les  trois  années. 

Le  concourssera  ensuite  prorogé,  s'il 3  alieu,  par  périodes  triennales. 

Tous  les  savants  français  e1  étrangers,  excepté  les  membres  regnicoles 
di-  l'Institut .  sonl  admis  au  concours. 

PRIX    LA   PONS-M^LICOCQ. 

Le  pn\  triennal  de  dix-huit  cents  francs,  fondé  par  M.  01  la  Fons-Mé- 
.,  ,,  ,„  faveur  du  meillew  ouvragi   sur  l'histoire  et  les  antiquités  de  la 
l'iea,  die  et  de  l'Ile-de-France  .  Paris  non  compris  ) .  sera  décerné  en   i  N;;> 

L'Académie  choisira  entre  les  ouvrages  m; scrits  ou  imprimés  en 

,s-;;  h  187/i,  qui  lui  auront  été  adressés  avant  le  .">  1  décembre  187Û. 

PRIX   BRDNET. 

\\    Bbunet,   par  boii  testament   en  date  du    1 '1    uovembre  1867,  a 
fondé  un  prix  triennal  de  trois  mille  [runes  pour  un  ouvrage  de  biblio- 
vante  que  l'  [cadémie  des  inscriptions,  qui  en  choisira  elle-même 
,,,  /,  jugera  le  plus  digne  de  cette  récompense. 
L'Académie     1  proposant  d'appliquer  mccessivemenl  ce  prix  aux  di 


—  355  — 

renés  branches  de  l'érudition,  met  au  concours,  pour  l'année  1877,  le 

sujet  suivant: 

Faire  la  bibliographie  de  celles  de»  œuvre*  écrites  au  moyen  âge,  en 
vers  français  ou  provençaux,  qui  «ni  été  publiées  depuis  l'origine  de  l'impri- 
merie. Indiquer  en  mitre  les-  manuscrits  où  elles  se  trouvent. 

Tous  les  ouvrages  manuscrits  ou  imprimés  depuis  187A  inclusive- 
ment seronl  admis  au  concours  el  devront  être  déposés  au  secrétariat  de 
r Institut  le  :'>i  décembre  1  876. 

PRIX  STANISLAS  II  LIEN. 

Par  son  testament  olographe,  en  date  du  26  octobre  187-2,  M.  Sta- 
nislas Julien,  membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  une  renie  de  quinze  cents  francs  pour  fonder  un 
prix  annuel  en  faveur  du  meilleur  ouvrage  relatif  à  la  (.lune. 

Ce  prix  sera  décerné  pour  la  première  fois  en  1870. 

Les  ouvrages  devront  être  déposés  en  double  exemplaire,  au  secréta- 
riat de  l'Institut,  le  3i  décembre  187/1. 

PRIS    DELALANDE-GI  BRINEAI  . 

W  Delalande.  veuve  Guérineau,  par  son  testament  en  date  du 
1  fi  mars  1  879  .  a  légué  à  1"  académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  une 
somme  de  vingt  mille  ïvanc*  (réduite  à  dix  mille  cinq  francs)  dont  les 
intérêts  doivent  être  donnés  en  prix  tous  les  deux  ans.  au  nom  de  Dela- 
lande-Guérineau,  à  la  personne  qui  aura  composé  l'ouvrage  jugé  le 
meilleur  par  l'Académie. 

Ce  prix,  dont  la  valeur  esl  de  mille  francs ,  sera  décerné,  pour  la  pre- 
mière fois,  en  1876. 

Les  ouvrages  destinés  au  concours  devront  être  déposés,  en  double 
exemplaire,  au  secrétariat  de  l'Institut  avant  le  3i  décembre  1875. 

CONDITIONS   GÉNÉR  \LES 

DBS  CONCOURS. 

Les  ouvi  n\  différents  concours  ouverts  par  l'Académie 

devront  parvenir  francs  de  port  el  brochés ,  au  secrétariat  de  l'Institut, 
avant  le  i,r  janvier  de  l'année  où  le  prix  doit  être  décerné. 


—  356  — 

deux  qui  seronl  desl -  aux  concours  pour  lesquels  les  ouvrages  im- 
primés ne  sont  poinl  admis  devronl  être  écrits  en  français  on  en  latin. 
Ils  porleronl  uneépigraphe  ou  devise  répétée  dans  un  billel  cacheté  qui 

conti Ira  le  nom  de  l'auteur.  Les  concurrents  sont  prévenus  que  tous 

ceux  qui  se  l'eraienl  connaître  seront  exclus  du  concours:  leur  attention 
la  plus  sérieuse  esl  appelée  sur  cette  disposition. 

L'Académie  ne  rend  aucun  des  ouvrages  imprimés  on  manuscrits  uni 
onl  été  soumis  ;i  son  examen;  les  auteurs  des  manuscrits  ont  la  liberté 
d'en  faire  prendre  des  copies  au  secrétariat  de  l'Institut. 


ÉCOLE   Kl!  WCUSK   D'ATHÈNES. 


QUESTIONS  PROPOSÉES  POOB  LES  TRAVAUX  DE  L'ECOLE  D'ATHÈNES. 

I.   Exposer,  d'après  les  traditions  locales  ou  poétiques,  les  récits  «les 

historiens  el  des  géographes ,  les  do les  fournies  par  les  lexicographes 

ri  les  scoli;i>irs.  les  iiiscri |»t ions .  soil  déjà  connues,  soit  récemment  dé- 
couvertes  el  qui  pourraienl  l'être  encore  dans  des  explorations  bien  di- 
rigées, enfin  par  les    médailles  el   les  mont nls  de  Tari  .surtout,  les 

peintures  de  vases,  la  propagation  du  culte  mystérieux  d'Eleusis  dans 
les  différentes  parties  de  la  Grèce  et  dans  ses  colonies;  en  signaler  les 
modifications  diverses,  les  alliances  avec  d'autres  cultes  plus  ou  moins 
analognes;  en  apprécier,  autant  qu'il  esl  possible,  l'influence  religieuse 
et  morale  selon  les  temps  et  les  lieux. 

Cette  question  esl   mainte comme  n'ayanl  point  été  réellement 

traitée. 

il  ,  Étudier  la  condition  de  la  Grèce  sous  la  domination  romaine. 
,n  recueillant  et  en  classant  les  inscriptions  latines,  grecques  et  bi- 
lingues qui  peuvent  jeter  du  jour  sur  celle  époque; 

Dresser,  d'après  les  auteurs  anciens  el  les  monuments,  nue  liste 
des  magistrats  romains  qui,  sous  divers  titres,  onl  commandé  successi- 
vement dan-  li  tiré 

Rechercher  1rs  traces  des  caractères  particuliers  que  les  colonies 

mm; g  en  Grèce  onl  pu  laisser  dans  les  moins  et  le  langage  des  habi- 

[anls  des  contrite    i\  plies  furent  établies. 


357 


III.  Étude  sur  l'établissement  du  christianisme  eu  Grèce  el  parliculiè 
remenl  dans  I"  U  tique  : 

i°  Faire  connattre  l'emplacement  des  églises;  indiquer  leur  vocable; 
rechercher  quelles  son!  celles  qui  paraissent  avoir  été  élevées  sur  les 
ruines  de  temples  anciens,  el  signaler  toul  ce  qui,  dans  les  fêtes  ou  les 
usages  locaux,  peut  se  rattacher  à  des  traditions  de  l'antiquité; 

9    Compléter  <'i  rectifier,  d'après  les  inscriptions  chrétiennes,  les  di 
plônies  el  les  historiens  byzantins,  les  parties  de  \' Orient  chrislianus  de 
Lequien  qui  se  rapportenl  à  des  métropoles  de  la  (irèce. 

Cette  question  reste  au  programme,  n'ayant  poini  été  complétemenl 
traitée. 

l\ .  Étudier  les  variétés  de  la  prononciation  dans  lus  diverses  parties 
de  la  Grèce  et  les  rapports  qu'elle  i»<'iil  conserver  avec  les  anciens  dia 
lecles. 

Indiquer  les  contrées  où  L'itacisme,  el  particulièrement  la  confusion 
de  l'Il  ft  de  l'T  avec  1*1 ,  n'a  pas  entièrement  prévalu.  Montrer  les  altéra- 
tions que  les   changements  de  la   pn rciation  ont  amenées  dans  la 

langue  parlée,  el  présenter  quelques  aperçus  sur  les  moyens  de  faire 
cesser  le  désaccord  entre  la  prononciation  usitée  dans  une  partie  des 
écoles  de  l'Occident  el  celle  des  Grecs  modernes. 

\.  Choisir  el  interpréter  un  ou  plusieurs  chapitres  de  Slrabon  ou 
de  Pausanias,  sur  lesquels  les  dernières  découvertes  archéologiques 
jettent  le  plus  de  lumières  nouvelles. 

\  1.  Faire  une  reconnaissance  aussi  complète  qu'il  sera  possible  des 
constructions  dites  péiasgiques,  en  Épire  et  en  Sdbanie,  el  déterminer 
ce  que  l'étude  de  ces  monuments  ajoute  aux  notions  antérieurement 
acquises  sur  le  même  sujet. 

VIL  Traduire  en  français  et  commenter  quelques  chapitres  choisis 
dans  VOnomasticon  de  Julius  Pollux,  surtout   parmi  ceux  qui  peuvent 

être  utilement  comparés  avec  les  chapitres  corresp lanlsdes  Epfir/vev- 

fiara,  Interprelamenta,  ouvrage  bilingue  récemment  publié,  sons  le  nom 
du  même  Pollux,  par  M.  Boucherie,  dans  le  tome  Wlll  des  Notices  et 
Extrait»  des  Manuscrits. 

\  III.  Visiter  tes  ruines  considérables  qui  existent  au  6ud  de  Cyzique, 
au  delà  du  lac  de  Manyas    I  [phnitis  des  anciens),  sur  une  montagne 


;iu  pied  de  laquelle  se  trouve  le  village  moderne  de  Manyas.  Ces  ruines, 
situées  dans  une  contrée  fort  peu  connue,  sont  probablement  celles  de 
Pœmanenus  i,  lloj(jLar>/ro<:  » ,  où  l'on  admirait  un  célèbre  temple  d'Escu- 
lape  dont  parle  le  rhéteur  Aristide,  l.  [,  p.  5g6.  Hamilton  (Researches 
in  Asia  Munir,  vol.  IL  p.  iç>8)  donne  une  description  sommaire  de  ces 
ruines,  qu'il  n'eul  pas  le  temps  d'explorer.  Pœmanenus,  avec  une.  ma- 
gnifique église  dédiée  à  saint  Michel  (serait-ce  l'ancien  temple  d'Escu- 
lape? ) .  existait  encore  au  xm*  siècle:  il  en  est  question  dans  Nicétas  (iho- 
niate,  dans  Anne  Gomnène  (p.  639  15  et  C,  p.  46i  15  de  l'édition  du 
Louvre)  et  dans  George  Acropolile  (p.  3i  ,  ligne  9;  p.  87,  1.  21; 
p.  39,  I.  8,  de  l'édition  de  Bonn).  —  Donner  une  description  détaillée 
de  ces  ruines ,  avec  un  plan,  et  recueillir  les  inscriptions  de  toutes  les 
époques  qui  peuvent  s'y  trouver. 

IX.  Réunir,  analyser  et  apprécier  les  mémoires  et  documents  publiés 
dans  les  recueils  épigraphiques  et  dans  les  diverses  feuilles  périodiques 
de  1  Oiient.  qui  peuvent  servir  à  l'histoire  des  dialectes  grecs. 

\.  Sur  le  Pirée.  —  Faire  l'histoire  critique  du  Pirée,  d'après  les 
monuments,  les  inscriptions  et  les  auteurs  anciens;  rechercher  en  quelle 
mesure  le  Pirée  formait  une  municipalité  distincte  de  celle  d'Athènes, 
et  si  le  dialecte  attaque  s'y  était  altéré  autant  que  le  laisse  croire  le  té- 
moignage de  Yénoplion. 

Consulter,  entre  autres,  les  Dissertations  de  Curtius  (  1 84a)  et  d'Ul- 
richs  1  iS'i.'î  1. 

X.I.  Etude  historique  et  lopographique  sur  le  temple  d'Apollon  Gar- 
iiéen.  près  de  Messène,  sur  le  culte  et  sur  les  mystères  d'Andanie, 
d'après  l'importante  inscription  trouvée,  en  1 8 i> ( ( ,  à  Constantini,  <pii 
contient  le  programme  des  rites  à  observer  dans  les  mystères. 

Voir  le  journal  grec  le  <I>tÀÔ7rx7pi>  du  39  novembre  1 858  et 
du  ■>  janvier  i85g;  les  Comptes  voulus  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres,  année  1859,  1.  III.  p.  31  \dù  Mysterienmschrifi  aus  An- 
dania,  von  Hermann  Sauppe,  Gottingen,  1860;  \.  Maury,  Histoire  des 
religions  de  lu  Grèce,  t.  III.  additions,  p.  'i*r'- 

\ll.  Exposer  la  constitution  i\u  clergé  grec  aux  divers  degrés  de  sa  Iné- 

rarcl la  rapprocher  de  la  hiérarchie  latine;  indiquer  les  noms  grecs  de 

chacun  des  membres  du  clergé  dans  les  paroisses  et  les  couvents,  leurs 
attributions  spéciales     nommer  el  décrire  tous  les   objets  qui  sont   a 


—  359  — 

l'usage  de  i  Eglise,  qu  on  emploie  au  service  des  autels     vêtements  sa- 
cerdotaux, vases  sacrés,  diptyques,  etc.;  en  faire  la  nomenclature  el  le 
vocabulaire;  en   un  mot,  établir  une  sorte  de  lexique  du  culte  grec 
avec  quelques  souvenirs  du  culte  païen,  dans  la  mesure  que  le  sujet 
comporte. 

Consulter  sur  cette  matière  l'opuscule  d  Edw.  de  Murall  Loin, h  der 
morgentiuuUschen  Kirehe{  Leipzig,  i  83 

Mil.  Questions  permanentes  el  qu'on  ne  saurai I  trop  recommander 
aux  membres  de  l'Ecole. 

["enir  l'Académie  constamment  au  courant  de  tontes  les  découvertes 
épigraphiques  <|ui  se  font  en  Grèce  el  qui  sont  signalées  dans  les  journaux 
grecs.  Envoyer  à  l'Académie  des  copies,  surtout  des  estampages  el  îles 
photographies,  des  inscriptions  découvertes,  en  les  contrôlant,  autant 
qu  il  sera  possible,  par  l'examen  attentif  des  monuments  originaux. 

La  Commission  de  l'Académie  désire  que  le  plan  d'Athènes,  jadis 
dressé  par  M.  Emile  Burnouf,  amélioré  par  lui  à  plusieurs  reprises  el 
dont  la  publication,  sous  sa  dernière  forme,  est  attendue,  reste  au  pro- 
gramme «1rs  études  de  l'Ecole,  [>otir  être  sans  om piété.  Il  esl  • 
lement  recommandé  aux  membres  de  l'Ecole  de  reprendre  les  exemples 
de  plusieurs  de  leurs  devanciers,  et  surtout  de  MM.  Wescher  et  Fon- 
çait, en  se  tenanl  au  courant  des  découvertes  archéologiques  faites  à 
Athènes  el  dans  d'autres  parties  delà  (irèce,  en  \  concourant  selon  la 
mesure  de  leurs  moyens,  el  eu  transmettant  régulièrement,  dans  des 
rapports  adresses  à  \I.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique,  par  l'inti 
médiaire  de  M.  le  directeur,  les  principaux  résultats  de  leurs  informa- 
lions  et  île  leurs  recherches. 


DÉLIVRANCE   DES   BREVETS 

D*ARCHI\  ISTES   PALEOGRAPHES. 

En  exécution  de  l'arrêté  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique, 
rendu  en  i833,  e  statuant  que  les  noms  des  élèves  de  l'Ecole  des 
chartes  qui,  à  la  tin  de  leurs  études,  ont  obtenu  des  brevets  d'archivistes 
paléographes,  devront  Aire  proclamés  dans  la  séance  publique  de  l'Aca- 
démie des  inscriptions  el  belles-lettres  qui  suivra  leur  promotion 

I.  académie  déclare  que  les  élèves  de  l'Ecole  des  chartes  qui  ont  été 


—  360  — 

nommés  archivistes  'paléographes  pour  L'année  187&,  eu  vertu  tic  la  lisle 
dressée  par  le  conseil  de  perfectionnement  <le  cette  Ecole,  snni  : 

MM.  Morel-Fàtio  I  Alfred  ». 

•  h  n.MiiTo  i  Gustave  Adolphe  1. 
Gohn  (Isaac-'Adolphe  |. 

Ksi  nommé  archiviste  paléographe  hors  rang  : 
M.  Parfoi  nui  (  Mfred-Paul). 


NOTICE 

si  i:   LA    VIE  ET   LES   TRAVAUX   DE   M.    CHARLES   MAGNIN. 
MEMBRE  ORDIN  Ulii:   DE  l.  \<:  \l)K \l  II-: . 

PAR    M.    II.  WALLON, 

SECRETAIRE   Pl'.wi'n  i I 

M 1  :  s  s  1 1;  1  i;s  . 

Si  j  avais  cédé  à  un  premier  mouvement,  à  un  sentiraenl 
partagé  par  vous  tous  après  If  coup  qui  ;i  le  plus  récemment 
frappe  notre  académie, j'aurais  ajourné  d'un  an  la  notice  que 
je  rédigeais  pour  vous  parler  de  l'homme  illustre  donl  trois 
classes  de  l'institul  et  l'Institut  tout  entier  ont  à  déplorer  la 
perte.  M.  Guizot,  en  effet,  occupai!  un  rang  éminenl  dans 
noire  Compagnie,  comme  dans  (on tes  celles  où  il  avait  élé  ap- 
pelé .i  prendre  place.  Les  autres  avaient  honoré  en  lui  le  grand 
orateur,  le  penseur  profond  qui  avail  porté  dans  l'étude  des  ré- 
volutions du  passé  la  pénétration  du  moraliste  et  l'expérience 
«lu  politique;  l'homme  d'Etal  élevé  si  haul  par  son  talent 
connue  par  son  caractère,  qu  il  est  resté  supérieur  ;m\  revers 
de  la  fortune.  Vous  l'aviez  élu  plus  spécialement  pour  ces  le- 
çons savantes  et  lumineuses  sur  les  origines  et  les  progrès  de 
la  civilisation  en  France  et  en  Europe,  qui  ont  mis  en  plein 
puir  la  constitution  de  la  société  au  moyen  âge  '•!  préparé  le 


—  361    — 

grands  travaux  dont  cette  période  importante  il»-  notre  histoire 
,i  été  L'objet  après  lui.  Mais  il  eût  été  téméraire  d'improviser 
.mi  quelque  sorte  sur  un  si  grand  sujet,  et  d'ailleurs  l'usage 
nous  commande  de  céder  le  pas  à  une  autre  académie.  Je 
me  borne  donc  à  me  faire,  dans  cette  solennité,  l'interprète 
de  vus  regrets  unanimes,  et  vous  me  permettrez  <l  \  ajouter, 
au  litre  de  la  chaire  d'histoire  moderne  de  la  Faculté  des  lettres 
de  Paris,  un  hommage  particulier  à  l'homme  dont  le  nom  lui 
restera  inséparablement  attaché. 

Ce  deuil  n'est  pas  le  seul  qui  ait  affligé  cette  année  notre 
compagnie.  Quelques  mois  auparavant  nous  avions  perdu, 
dans  des  circonstances  qui  font  un  bien  pénible  contraste,  un 
de  nos  plus  jeunes  el  de  uns  plus  brillants  confrères.  Parvenu 
presque  dès  le  début  de  sa  carrière  aux  plus  grands  honneurs 
dont  disposent  les  belles-lettres  el  les  beaux-arts,  heureux 
en  tout  et  digne  de  l'être,  il  était  entré  dans  la  politique  en 
des  jours  douloureux:  il  avait,  lui  aussi,  touché  au  pouvoir; 
il  s'en  était  volontairement  retiré,  et,  au  moment  où  il  nous 
disait  qu'il  nous  était  rendu,  il  nous  était  ravi  par  un  coup 
soudain,  foudroyant.  .Pour  lui,  l'éloge  n'est  plus  n  l'aire,  il  v 
a  peu  de  jours,  Ernest  Beulé  a  reçu  dans  cette  enceinte,  au 
nom  de  l'Académie  des  beaux-arts,  l'hommage  «pie  tant  de 
lois  il  \  avait  lui-même  rendu  aux  autres  par  des  notices  ou 
il  nous  Taisait  admirer  l'étendue  et  la  variété* de  ses  connais- 
sances, la  souplesse  et  la  grâce  de  sa  parole.  Notre  Académie 
s'associe  aux  témoignages  d'affection  <■!  de  regrets  que  l'Aca- 
démie des  beaux-arts  lui  a  rendus,  el  elle  adresse  par  ma 
bouche  des  remerctmenls  au  nouveau  secrétaire  perpétuel,  qui 
les  a  si  éloquemment  exprimés. 

Celui  dont  je  me  propose  de  vous  entretenir  aujourd'hui, 
moins  connu  du  monde  et  n'ayant  jamais  cherché  à  l'être, 
avait  su  se  faire  apprécier  et  aimer  dans  le  cercle  étroit  on  -.1 
vie  s'écoula  douce  et   paisible.   En  prenant  pour  sujet  de  ma 


—  362  — 

« 

notice  ia  vie  et  les  travaux  de  M.  Charles  Magnin,  j  étais  sûr 
de  rencontrer  vos  sympathies.  Je  n'avais  à  redouter  qu'une 
chose,  c'est  de  tromper  votre  attente  en  ne  reproduisant  pas 
cette  fine  el  aimable  figure  sous  les  traits  <|iii  en  sont  restés 
dans  \olre  mémoire.  Si  le  secrétaire  perpétuel  n'avait  le  pri- 
vilège de  rendre  ce  dernier  hommage  à  ses  confrères,  com- 
bien n'y  en  a-t-il  point  parmi  vous  qui  eussent  été  mieux 
préparés  à  s'acquitter  de  ce  devoir  envers  M.  Magnin  1  Je  vois 
sur  ces  bancs,  dans  le  vénérable  dm  en  de  notre  Académie. 
I  ancien  professeur  de  rhétorique  sons  lequel  il  remportait  au 
concours  général  un  succès  éclatant,  plein  de  promesses.  Je 
vois  des  hommes  qui,  entrés  dans  la  même  carrière,  ont  vécu 
avec  lui  dans  des  relations  de  dois  les  jours.  Je  n'ai  connu 
M.  Magnin  que  par  la  bienveillance  de  son  accueil,  par  l'em- 
pressement qu'il  mettait,  conservateur  de  notre  grande  biblio- 
thèque, à  seconder  de  son  érudition  ceux  qui  venaient  puiser 
aux  trésors  dont  il  avait  la  garde;  par  l'aménité  de  son  com- 
merce dans  nf>s  réunions  hebdomadaires,  par  la  sérénité  inal- 
térable dont  il  lit  preuve  au  milieu  A><<.  souffrances  quand  l<' 
mal  ipn  mous  l'enleva  ne  qous  permettait  plus  de  le  voir  que 
sur  son  lit  de  douleur.  C'en  était  assez,  pour  ('prouver  le  désir 
de  retracer  la  suite  de  ses  travaux  et  de  sa  vie.  Dans  ce  cadre 
où  je  l'aurai  replacé,  chacun  de  vous  -aura  le  faire  revivre  par 
-i'»  propres  souvenirs. 


Charles  Magnin  naquil  a  Paris  le  'i  oovembre  170,0'.  Sun 
père,  Jean  Magnin,  originaire  de  Salins  en  Franche-Comté, 
avait  él  rétaire  du  marquis  de  Paulmj  (fils  du  marquis 
d'Argenson),  amateur  éclairé  des  lettres,  qui  avait  réuni  a 
l'Arsenal,  dont  il  était  gouverneur,  une  bibliothèque  d'une  in- 
comparable richesse.  Cette  bibliothèque,  le  marquis  de  Paulmj 
l'avait  cédée  (1780)   au  comte  d  Artois  en   s'en   réservant  la 


—   363  — 

jouissance  jusqu'à  sa  mort,  et,  quand  il  mourut  (  1787),  Jean 
Magnin  \  garda  les  fonctions  qu'il  y  remplissait.  Le  comte 
d' Ijrtois  en  avail  donné  la  direction  supérieure  à  Claude-Mann 
Saugrain,  son  lecteur  ordinaire,  le  dernier  représentant  d'une 
Famille  de  libraires  dont  le  chef  avait  été  imprimeur-libraire 
de  Henri  l\.  lorsqu'il  n'était  encore  que  roi  de  .Navarre.  Le 
voisinage  de  la  Bastille  et  le  nom  du  comte  d'Artois  faillirent 
être  funestes  à  la  bibliothèque  dans  la  journée  du  i4  juillet 
1789.  Elle  ne  fut  sauvée  du  pillage  que  par  la  présence  d'es- 
prit de  Saugrain.  Il  y  resta  (il  l'avait  bien  mérité)  comme 
conservateur,  et  Jean  Magnin  avec  lui.  Bientôt  un  nouveau 
lien  tes  unit  l'un  à  l'autre  :  Jean  Magnin  épousa  la  lille  aînée 
de  Saugrain.  Il  mourut  en  179^,  son  tils  Charles  ayant  cinq 
ans  environ. 

L'enfanl  suivit  sa  more  à  Nantes,  où  un  second  mariage 
l'avait  fixée.  Mais  c'est  à  Paris  qu'il  vint  faire  ses  études.  Il  \ 
avait  son  grand-père  maternel,  qu'il  perdit  en  i8o5;  il  \  avait 
sa  grand'mère,  qu'il  entoura,  jusqu'à  la  fin,  des  soins  les 
plus  assidus  et  les  plus  tendres1,  et  deux  sœurs  de  sa  mère, 
qui  ne  cessèrent  de  lui  montrera  lui-même  le  plus  grand  dé- 
vouement :  l'une,  mariée  à  Claude  Ruelle;  l'autre,  qui  avait 
épousé  le  plus  jeune  des  deux  frères  de  Bure-,  nom  vénéré 
dans  la  librairie.  Les  principes  religieux  qu'il  reçut  dans  cette 

'  «Combien  il"  lois,  dit  Saint'*- lïeuve,  en  ces  années  d'ardeur  et  <lo  zèle,  à 

la  veille  ou  au   Lendemain  de  quelque  publication  de  uns  amis  les  | les,  ne 

suis-je  pas  allé  trouver  le  soir  \I.  Magnin  dans  cette  petite  rue  Serpente,  où  il 
était  alors!  Il  habitait  juste  en  face  des  frères  de  Bure,  ses  parents,  <•!  dans  la 
même  maison  que  sa  grand'mère,  M"'  Saugrain.  Chaque  Fois,  vers  neuf  heures 
du  soir,  il  me  laissait  un  moment  pour  aller  assister  au  coucher  de  sa  grand'mère, 
à  laquelle  il  consacra  jusqu'à  la  fin  les  soins  les  plus  respectueux  et  les  plus  tendre  . 
Quand  il  allait  dans  1"  monde,  il  ne  sortait  qu'après  lui  avoir  rendu  ces  derniers 
devoirs  de  la  journée  et  lui  avoir  donné  le  bonsoir  filial ,  et  il  n'avait  pas  moins 
de  trente-cinq  ans  alors. «  i  Nouveaux  Lundis ,  t.  V,  p.  'i53.)  —  Ces  détails  m'ont 
été  confirmés  par  an  parent  de  M.  Magnin. 

'-  M.  Magnin  a  publié  Bur  son  oncle  M.  J.  de  Hure  une  note  biographique  dans 
le  feuilleton  du  Journ  il  de  In  librairit  du  17  juillet  "s'i7 


—  364  — 

respectable  Famille  laissèrent  en  lui  une  i  m  pression  que  la 
vie  <J ii  monde  effaça  pour  un  temps,  mais  qui  reparut  plus 
tard  approfondie  par  le  travail  de  la  raison. 

Ce  l'ut  à  l'institution  Pitre-Chevalier,  puis  au  collège  Sainte 
Barhc  <|uc  le  jeune  Charles  Magnin  entra  en  quittant  sa 
mère.  Il  suivit  les  cours  du  lycée  Napoléon  cl  reçut  des  leçons 
de  grec  de  Victor  Le  Clerc.  Il  étail  dans  la  fiasse  de  M.  Naudet 
quand  il  remporta  en  1812,  étanl  nouveau,  le  premier  prix 
de  discours  français  au  concours  général1.  C'était  le  moment 
où  commençaient  les  grands  désastres  et  la  prodigieuse  eon- 
sommation  d'hommes  de  l'Empire.  La  conscription  n'attendait 
même  plus  qu'on  eût  vingt  ans.  et  le  prix  de  discours  français 
n'avait  p;is  le  privilège  d'en  exempter.  Mais  la  complexion 
délicate  du  jeune  lauréat  le  fit  juger  impropre  au  service; 
voilà  comment  il  échappa  au  fléau  <pu  moissonna  sa  généra- 
tion. 

La  Bibliothèque  du  roi,  qui  allait  bientôt  recommencer  le 
second  cycle  de  ses  changements  de  nom  (  nous  en  sommes  au 
troisième)  avait  en  au  moins  la  bonne  fortune  de  garder  pour 
conservateur  un  homme  qui  \  était,  à  titre  d'employé,  de- 
puis 178/1,  le  -avant  et  excellent  Van  Praët2.  Van  Praët étail 
l'ami  intime,  '-t.  autant  que  ses  occupations  le  lui  permet- 
taient, l'hôte  de  campagne  des  frères  de  Bure,  dont  l'un,  je 
l'ai  dit.  était  devenu  l'oncle  de  Charles  Wagnin.  Il  lit  entrer 
le  jeune  Charles,  presque  au  sortir  du  collège,  à  la  Biblio- 
thèque |  9  »  mars   1  S  1  .'1  ). 

Le  noviciat  de  la  Bibliothèque  n'était  pas  de  nature  à  sa- 
tisfaire beaucoup  les  goûts  littéraires  du  brillant  rhétpricien. 
Il  s'agiss;ut  mi  de  donner  des  livres  au  public  ou  de  travailler 

hi  1  .m  jde  Zi  nobie  •>  turéiien. 

Premier  écrivain  attaché  au  dépôt  des  livres  eu    1 786  ;  garde  par  intérim 
en  179A;  conservateur  en  1790.  M.  Magnin  a  prononcé  à  ses  funérailles  un  dis 
cours  qui  .1  été  inséré  au  \îonileui  'lu  i"  février  1837.  Il  lui  ;i  consacré  une  no 
lice  que  l'on  peul  lire  au  lom<   l.\\\  III  il"' l.i  Biographù  universelle. 


—  36ô  — 
dans  les  salles  l>;issr->  à  la  rédaction  du  catalogue.  Ce  travail. 
dont  il  s'acquittait  en  conscience,  lui  laissait  pourtant  quelques 
loisirs  pour  des  études  personnelles.  La  Bibliothèque  n'aurait 
pas  été  une  pépinière  d'érudits  et  <!<•  lettrés  s'il  n'en  eût  été 
ainsi.  Charles  Magnin  s'essaya  dans  les  concours  de  l'Académie 
française.  En  181  5,  il  disputa  le  prix  de  poésie  sur  les  Der- 
niers moments  du  chevalier  Bayard,  et  obtint  l'accessit1.  En  i8ao, 
son  Entretien  sur  ï Eloquence  n'ont  encore  qu'une  simple  men- 
tion '-.  Par  la  mise  en  scène  de  ce  morceau  3  et  par  tout  le  dé- 
veloppement de  la  pensée  comme  par  le  style,  on  voit  qu'il 
subit,  qu'il  accepte,  qu'il  tient  à  bonneur  l'influence  de  Rous- 
seau .  -  du  Platon  des  temps  modernes  :  »  k  Rousseau  .  si  calom- 
nié pendant  sa  vie  et  poursuivi  encore  au  delà  par  des  éloges 
et  des  honneurs  pires  que  des  outrages,  r,  La  déclamation  de 
son  jeune  Polonais  (l'un  des  deux  interlocuteurs)  contre  les 
maux  dont  l'éloquence  est  la  source  est  du  Rousseau  répon- 
dant à  la  question  :  Le  progrès  des  sciences  et  /les  arts  a-t-il  con- 
tribuéà  corrompre  ou  à  épurer  les  mœurs?  Le  langage  du  vieillard 
qui  redresse  les  arguments  du  jeune  homme  est  du  Rousseau 
comme  le  jeune  concurrent  l'a  conçu  et  goûté  : 

ô  Rousseau,  Rousseau!  toi  dont  tout  le  génie  fut  dans  lu  conscience 
et  toute  l'éloquence  dans  l'âme,  à  toi  seul  il  appartenait  de  jeter  quelque 
lumière  sur  cette  étonnante  l'acuité  qui  se  lie  au  mystère  de  l'union  de 
deux  natures  et  de  l'action  incompréhensible  de  l'une  *sur  l'autre *. 

1   Le  prix  fui  partagé  entre  \l Dufresnoy,  et  Alexandre  Soumet.  Charles  Ma- 

;;um  avilit  eu  l'idée  assez  singulière  de  placer  sa  tirade  dans  la  bouche  de  Bayard 
lui-même.  C'était  un  peu  long  pour  un  mourant. 

»  La  question  était  :  «Déterminer  et  comparer  te  genre  d'éloquence  el  tes  qua- 
lités morales  de.  l'orateur  du  barreau  et  de  l'orateur  de  la  triliune.-  Le  prix  fut 
remporte  par  M.  Delamalle,  ancien  conseiller  de  l'Université  et  du  conseil  royal 
de  l'Instruction  publique,  conseiller  d'État.  Son  mémoire  esl  un  traité  en  règle 
sur  la  matière. 

s  L'entreti.'ii  a  heu  dans  l'île  des  Peupliers,  auprès  du  tombeau  de  Rousseau. 
(Entretien  sur  l'Eloquence,  p.  3.) 
'   Entretien  sur  l'Eloquence,  p.  33. 


—  366  — 

Je  n'ai  cité  ce  passage  que  pour  donner  une  idée  du  style 
don!  M.  Miijjnin  ne  tarda  point  à  se  guérir.  La  déclamation 
était  contraire  à  sa  nature.  En  i  8 a /» ,  il  écrivait  une  comédie 
en  trois  actes  el  en  prose,  intitulée  :  Racine,  ou  la  Troisième 
représentation  des  Plaideurs.  La  pièce,  reçue  à  correction  le 
2  août  182/i,  fut  reçue  définitivement  le  20  octobre  suivant 
i't  jouée  à  l'Odéon  le  1/1  février  i8:>(i.  Le  jeune  auteur,  sa- 
gemenl  conseillé  par  Andrieux,  l'avait  réduite  à  un  acte:  et 
le  sujet  n'en  comportait  pas  plus.  Mais  le  triomphe  et  la  chute 
de  la  cabale  qui  avait  voulu  faire  tomber  la  pièce  de  Racine 
étaient  matière  de  comédie,  et  quelques  scènes  ingénieusement 
trouvées,  vivement  conduites1,  pouvaient  faire  rire  encore 
rt'iw  «pu  avaient  ri  aux  Plaideurs.  Cela  méritait  mieux  qu'un 
Mircès  d'estime  et  une  douzaine  de  représentations2. 

Cette  petite  comédie  est  le  premier  indice  du  goùl  de  Ch. 
Magnin  pour  l'art  dramatique.  11  en  ébaucha  quelques  autres3: 
s'il  renonça  à  les  produire  sur  la  scène,  ce  n'est  pas  qu'il  eût 
rompu  avec  le  théâtre,  c'est  qu'il  se  sentait  plutôt  appelé  à 
s  en  occuper  d'une  autre  façon. 

Le  journal  le  (il<d>r  avait  été  fondé  en  182/i  et  réunissait, 
mis  la  direction  de  M.  Dubois  el  l'inspiration  toute  spéciale 
de  MM.  de  Broglie,  Guizot,  de  Barante,  nue  brillante  pha- 
lange de  jeunes  écrivains,  hommes  d'Etal  de  l'avenir  : 
MM.  Thiers.  Jouffroy,  Duchâtel,  de  Rémusa  t.  Vitet,  Duver- 

personnages  qui  se  plaignaient  d'être  joués  pris  pour  les  acteurs  qui  les 
jouonl .  el .  .1  la  fin  .  la  rencontre  «les  uns  el  des  autres  dans  la  maison  de  Racine,  à 
la  confusion  d<  -  premiers  quand  la  pièce  dont  ils  voulaient  obtenir  la  suppression 
par  arrêt  vient  de  triompher. dans  une  troisième  représentation  à  la  cour. 

Le  manuscrit  de  la  pi  les  deux  formes  m'a  été  communiqué  par  l'ad 

ministration  de  la  \ il !»•  de  Salins.  Il  y  en  ••>  eu  un  c pte  rendu  médiocrement 

bienveillant  dans  I"  Journal  de»  Débat»  du  samedi  18  mars  1  s   6.  tl  auteur,  \ 
lii  on  en  :  rminant,  ;i  été   nomm  ■  avec  une  faveur  qu'il  ne  < !<>i t   regarder  que 

comme  un  encouragi  monl   1  mieux  ri ujels  el  aborder  la  véritable  corné 

iragi 
1  M  fi  [uelqties  |"'in        ères  d  |ui  Boni  •  inédites, 


—  367   — 

trier  de   Hauranne.  Charles  Magnin,  dont  la  plupart   avaieni 
su  apprécier  le  caractère  el  le  talent,  fui  admis  à  \    écrire 

C  <'M\. 

Deux  grands  < J < ;  1  > ; 1 1 s  défrayaient  alors  la  polémique  de  la 
presse  :  le  débat  politique,  la  lutte  du  libéralisme  contre  les 
résistances  de  la  Restauration,  el  le  débat  littéraire,  qui,  <'n 
ce  temps  de  généreux  enthousiasme,  m*  passionnait  pas  moins 
(es  esprits,  je  veux  parler  de  la  querelle  des  classiques  et  des 
romantiques.  Le  Globe  avait  |>ris  position  dans  le  camp  des 
idées  libérales  et  se  trouvait  du  mémo  coup  disposé  à  com- 
battre  ce  <]ui,  en  littérature  comme  en  politique,  paraissait 
tenir  de  l'ancien  régime.  Charles  Magnin ,  enrôlé  parmi  les 
littérateurs,  lit  sa  première  campagne  contre  les  classiques 
par  deux  articles  :  l'un,  sur  le  Philippe-Auguste,  poème  hé- 
roïque en  douze  chants,  de  M.  Parseval-Grandmaison lm,  l'autre, 
jur  les  Œuvres  de  Luce  de  Lancival2.  Une  épopée,  quelle  for- 
midable machine  de  guerre!  quelle  réplique  foudroyante  à 
ceux  qui  accusaient  d'impuissance  la  vieille  école!  Los  clas- 
siques  chantaient  victoire,  et  ils  inscrivaient  au  Temple  de 
Mémoire,  comme  ils  disaient,  le  nom  du  vainqueur  au-dessus 
même  du  nom  de  son  héros  : 

Sans  lo  Tasse,  qui,  sur  la  terre, 
Saurait  Godefro\  de  Bouillon.' 
Henri  doit  sa  gloire  à  \  oltaire, 
Philippe-Auguste  à  Grandmaison. 

Charles  Magnin  veut  sauver  l'auteur  du  ridicule  auquel  l'ex- 
pose celle  aveugle  conspiration  de  l'amitié.  Il  rend  hommage 
à  son  caractère  el  à  son  mérite,  mais  il  demande  qu'on  lui 
abandonne  le  système,  qu'on  cesse  d'affubler  du  costume  grec 
le  moyen  Age3.  Il  pousse  l'irrévérence  jusqu'à  rapprocher  le 

1    Globe  du  h  février  1890. 
-   Globe  des  16  septembre  et  5  <irlol>re  1826. 
-Du  ;i  renoncé  dans  les  sciences  aux  problèmes  insolubles,  à  la  recherche  de 


—  368  — 

Philippe-Auguste  de  la  Philippine  de  Guillaume  le  Breton  el  à 
préférer,  à  quelques  égards,  la  Philippide1.  Mais  il  ne  veul 
poinl  passer  pour  barbare  el  se  plaît  à  reconnaître,  en  termi- 
nant .  que  -  le  mérite  d'une  diction  harmonieuse  et  flexible  pla- 
cera Philippe-  iuguste  à  la  suite  de  la  Henriade,  à  une  distance 
tort  grande,  mais  cependant  encore  fort  honorable 2.  v 

Il  se  croit  tenu  à  moins  de  ménagements  à  l'égard  des 
œuvres  de  Luce  de  Lancival,  contre  lequel  un  ami  maladroit 
avait  si  imprudemment  réveillé  la  critique  en  lin  conférant  les 
honneurs  postbumes  d'une  édition  complète  : 

On  d' est  pas,  dit-il,  médiocrement  surpris  après  avoir  lu  ces  deuji 
volumes  si  vides  d'idées,  quoique  si  pleins  de  prose  el  devers,  de  la 
haute  réputation  qu'obtint  il  y  a  quinze  ans  cel  écrivain,  un  des  cory- 
phées <le  li  oiversitë  impériale  et  l'un  des  principaux  représentants  de 
In  littérature  sous  l'Empire.  On  se  demande  les  motifs  des  nombreux  en- 
couragements el  de  la  protection  tonte  spéciale  dont,  l'honora  l'empereur. 
Mais  nu  moment  de  réllexion  suffi!  pour  dissiper  la  surprise.  En  sa  qua- 
lité de  despote,  Bonaparte  haïssait  la  pensée  à  l'égal  de  I  insurrection. 
Il  voulait  en  conserver  le  monopole  pour  ses  bulletins,  ses  proclamations 
et  -en  Moniteur.  Dans  la  Dation,  dans  les  corps  constitués  par  lui.  dans 
la  chaire  même,  il  ne  souffrail  pas  que  la  parole  I Vit  autre  chose  qu'un 
vain  bruil  ei  toul  au  plus,  dans  les  grands  jours,  nue  des  Fanfares  de  la 

la  quadrature  <l rcle,  par  i  temple.  Ne  serait-il  pas  temps  d'agi i  de  même  en 

littérature  el  de  cesser  de  vouloii  reproduire  le   moyen  âge  sans  B'écarter  <l<^ 
formes  grecques?  Il  esl  résulté  de  ce  malheureux  entêtement  une  foule  'le  mons 
truosilés  historiques  el  poétiques  plus  ou  moins  étranges.  La  faute  i<i  n'esl  poinl 

aux  règles.  L'épopée  acte  beaucoup  moins  i menlée  par  la  législation  scolas- 

Lique  uue  la  poésii  dramatique.  Le  temps,  les  lieux,  l'ordonnance,  le  nombre 
des  chants,  presque  tout,  dans  le  poëme  épique,  esl  laissé  à  la  discrétion  du 
poète;  et,  cependant,  qoiib  ne  voyons  presqui  personn  'écarter  de  la  routine  ; 
''■i|ni  semblerait  prouver  que  la  tyrannie  des  règles  n'est  pas,  dans  le  genre  dra- 
matique lui-même,  le  plus  grand  obstacle  à  l'originalité,  el  que,  si  nous  ne  soi' 
guère  «lu  cercle  convenu,  c'est  que  Pin  dncl   imilalif  est  une-  des  lois  cons 

tantes  el  c< aunes  de  l'esprit  humain,  tandis  que  lo  génie  qui  innove  esl  une 

iception.     i  Caust  ation* ,  t.  I,  p    il 

(  .m-..  s  .    |  .    |  .     li.     !  SI',-   1  S>  . 

\h,i\. 


—  369  — 

victoire.  La  phraséologie  sonore  et  vide  de  M.  Luce  de  Lancival  conve- 
nait merveilleusement  à  ses  vues.  Voilà  comment  il  aimait  la  parole  : 
assez  élégante  pour  n'être  pas  sans  quelque  charme,  trop  dépourvue  de 
portée  pour  être  jamais  une  puissance  . 

Si  le  Philippe-Auguste  de  Parseval-Grandmaison  avait  amené 
le  jeune  critique  à  parler  de  l'épopée,  ce  n'est  pas  à  propos 
des  tragédies  de  Luce  <!<•  Lancival  qu'il  pouvait  croire  op- 
portun d'entrer  dans  le  débat  sur  l'art  théâtral,  agité  entre  les 
classiques  et  les  romantiques.  Une  occasion  plus  intéressante 
allait  s'offrir  à  lui. 

On  ouvrait  un  théâtre  anglaisa  Paris.  On  allait  représenter, 
non  plus  en  imitation,  niais  en  original,  les  draines  de  Shaks- 
peare,  du  grand  poëte  que  Voltaire  traitait  sans  façon  de 
-maître  Gilles»  et  de  bateleur,  mais  en  qui  les  romantiques 
saluaient  le  corvpbée  de  l'art  nouveau.  La  tragédie  pouvait-elle 
se  passer  des  trois  unités?  Le  comique  pouvait-il  se  mêler  au 
tragique,  sans  en  détruire  l'effet  ou  perdre  lui-même  toute 
sa  vertu?  On  Fallait  voir.  M.  Magnin.  chargé  de  rendre  compte 
de  ces  représentations  dans  lo  Globe,  se  félicite  de  l'enseigne- 
ment qu'on  en  devra  tirer.  Dans  un  premier  article  sous  l'orme 
de  lettre  adressée  à  l'éditeur  de*  son  journal ,  il  raconte  ses 
premières  impressions  et  celles  qu'il  a  recueillies  soit  du  pu- 
blic dans  la  salle,  soit  des  critiques  au  lover  :  c'est  comme 
une  première  vue  de  la  lutte  qui  allait  s'engager  dès  le  len- 
demain entre  les  feuilletons  des  deux  camps-. 

Cette  suite  de  représentations  l'amène  plus  d'une  fois  à  par- 
ler de  Shakspeare  lui-même,  et  il  montre  dans  son  appré- 
ciation une  indépendance  de  jugement  vraiment  supérieure  à 
toute  question  d'école3. 

'•    Causeries  i'l  méditations,  I.  II,  p.  67. 

-  Globe,  18  septembre  1827,  t.  1,  p.  62.  De  1820  a  1 8 2 'j  ,  il  s'était  livré 
avec  ardeur  à  l'étude  des  langues  modernes  avec  nu  de  ses  meilleurs  collègues  el 
amis,  te  savant  et  regretté  Louis  Dubeux. 

3   Globe  du  >ô  septembre  1807:  Causeries  et  méditations,  I.  11.  p.  87-89 


—  370   — 

Mais  le  théâtre  anglais  lui-lnême  nous  donnait-il  bien 
Shakspeare?  M.   Magnin  montre  dans  plusieurs  articles  com- 

ni  les  classiques  voisins  de  son  époque  ont  conspiré  contre 

lui  par  les  altérations  qn  ils  lui  oui  fail  subir  :  non  pas  certes 
de  mauvaise  foi  H  pour  assurer  à  leur  parti  un  triomphe  plus 
facile  sur  le  poëte  ainsi  mutilé,  mais  dans  l'intention  de  le 
pendre  meilleur.  Othello,  Hamlet,  Roméo  et  Juliette  ont  subi  des 
retranchements  déplorables.  Le  Roi  Lear  a  eu  un  sort  pins 
triste  encore;  car  on  lui  a  infligé  non-seulement  dos  suppres- 
sions, mais  des  additions,  et  Richard  III  n'a  pas  été  plus 
épargné  '. 

Cette  profanation  ne  pourrait  s'excuser  <pie  par  la  nécessité 
de  corrections  indiscutables.  Mais  les  remanieurs  ont  raremenl 
la  main  heureuse,  et  M.  Magnin  l'a  montré  d'une  manière 
saisissante  en  plusieurs  passages2. 

hn  reste,  il  reconnaît  que  (ont  n'est  pas  à  blâmer  sans 
réserve  dans  ces  arrangements;  qu'on  devait  vouloir  main- 
tenir Shakspeare  au  théâtre;  qu'il  fallait  donc  l'accommoder 
un  peu  aux  nécessités  du  temps  : 

longs  drames,  dit-il,  qui  plaisaient  tant  à  nos  aïeux  du  ivi*  siècle, 
m'  -nui  plus  en  proportion  avec  les  goûts  légers  de  la  génération  pré- 
sente. Ces  comédies,  d'une  si  grande  dimension  h  d'an  travail  si  achevé, 
ressemblent  a  ces  vastes  armures  de  la  même  époque  que  Ton  dirait 
faites  pour  des  géants  par  les  fées.  Les  curieux  recueillent  dans  leurs 
cabinets  ces  nobles  reliques;  mais  l'usage  en  serait  accablant  pour  noire 
faiblesse.  Le  mal  n'est  donc  pas,  si  l'on  veut  employer  les  diamants  de 
Shakspeare,  île  le-  remonter  à  la  mode  actuelle,  mais  «le  s'v  prendre 
avec  trop  peu  'le  discernement.  Le  mal  est  île  supprimer  les  beautés  les 
plus  éclatantes,  telles  que  la  scène  de  la  romance  dans  Othello,  et  d'a- 
jouter îles  pierres  fausses,  telles  que  l'amour  de  Gordélia  pour  Edgar 
dan-  le  liai  l.i ,u.  [Globe  du  8  août  i8ag;  Causeries,  t.  II.  p.  a68.) 

lu  i  i  janviei  et  du  16  février  1828;  Causeries,  t.  II,  p.  167  et  179- 
Globeân  i6févriei  et  du  17  mai  i8a8;  Causerie»,  t.  II,  p.  ift-jet  910. 


371  — 
L'admiration  sincère  de  M.  Magnin  pour  Shakspeare  ne 
l'ail  pas  d'ailleurs  qu'il  ne  voie  rien  hors  de  lui.  Il  né  demande 
pas  qu'on  se  traîne  sur  ses  traces.  Il  comprend  la  différence 
des  pays  el  des  temps.  !>•■  Shakspeare  il  ne  voudrait  voir  re- 
naître que  !<•  génie  : 

<  )n  iinus  aurail  mal  compris,  continue-l-il ,  si  l'on  supposait  que  parce 
que  nous  admirons  en  antiquaire  le  rlobl  ■  el  large  drame  de  Shaks- 
peare, oous  pensons  qu'il  le  faille  imposer  de  force  au  temps  actuel  ma 
l'importer  sur  notre  scène.  Loin  de  là  :  ce  qui  se  passe  en  Angleterre 
nous  prouve  que  cette  forme,  plus  épique  que  dramatique,  avec  ses  libertés 
et  son  ;uii|>leur.  telle  enfin  qu'elle  nous  charme  à  la  lecture.  ;i  fait  son 
temps  au  théâtre  .  aussi  bien  que  le  drame  serré  el  laborieusement  rétréci 
des  poètes  du  vm'  siècle.  La  forme  qui  convient  au  drame  de  notre 
temps,  si  notre  temps  esl  assee  artiste  pour  se  créer  un  drame,  n'est 
p;i>  encore  trouvée.  La  trouvera-t-on?  On  peut  l'espérer.  Si  ce  que  Ton 
publie  un  peu  prématurément  de  Marion  Delorme  est  vrai ,  bientôt  un 
notable  essai  en  ce  genre  nous  sera  soumis,  i  Globe,  8  aoûl  1839;  Cau- 
series .t.ll.  p.  268-370 

Ceci  était  écril  en  1  899.  Harion  Delorme  Q  a  été  représentée 
qu'en  i .8 3 1 .  M.  Magnin  ne  nous  a  point  appris  que  son  idéal 
ait  été  réalisé. 

Le  théâtre  anglais  à  Paris  ne  donnait  pas  seulement  les 
drame-,  de  Shakspeare;  il  représenta  plusieurs  pièces  d'Ot- 
wav,  de  Sheridan,  de  Knowles,  de  JNicolas  Rowé  :  c'était  pour 
M.  Magnin  autant  d'occasions  d'exercer  sa  critique  sur  ces 
divers  auteurs  et  aussi  de  traiter  les  questions  générales  de 
l'art  dramatique  dont  ils  lui  offraient  différents  modèles.  Une 
œuvre  de  ce  genre,  quelque  parfaite  qu'elle  soit,  n'a  de  succès 
que  si  elle  est  bien  rendue.  I  0  bon  acteur  est  le  meilleur  in- 
terprète du  poêle,  et  M.  Magnin  eut  plus  d'une  fois  à  le  cons- 
tater dans  cette  revu<    du  théâtre  anglais  à  Paris  : 

Le  jeu  d'un  grand  acteur,  dit-il  après  la  clôture  de  la  première  sai- 
son, est  aussi  un  commentaire;  c'est  même  le  plus  clair,  le  plus  animé, 
le  plus  frappant  que  l'on  puisse  consulter.  L'acteur  n'en  est  pas  réduit  à 


a .  » . 


372  — 

confier  à  une  feuille  muette  son  opinion  pâle  ri  glacée;  il  la  colore,  la 
vivifie,  la  soumet  an\  impressions  du  parterre,  ot  le  silence  on  rémotion 
de  l'assemblée  décide  aussitôt  de  sa  \;ileur.  (Globe,  iq  juillet  1828; 
Causeries,  t.  11.  p.  9^9.) 

Le  commentaire  <lu  grand  acteur  a  tant  d'autorité,  qu'en 
une  circonstance  M.  Magnin,  convaincu  par  le  jeu  de  Kean, 
n'hésite  pas  à  revenir  sur  L'appréciation  d'un  caractère  lel  que 
lui-même  l'avait  conçu  d'abord  :  celui  de  Sbvlock  dans  le  Mar- 
chand  de  Venise.  Mais  plus  communément,  c'est  lui  qui,  par 
sa  grande  intelligence  du  théâtre  de  Shakspeare,  se  trouve 
en  mesure  de  redresser  le  jeu  des  acteurs  :  et  c'est  ce  qui  fait 
l'intérêt  encore  présent  de  ces  articles.  M.  Magnin  ne  s'est  pas 
contenté  de  retracer  les  impressions  fugitives  de  la  soirée  sur 
un  public  qui  passe;  il  a  fait,  sans  l'idée  de  professer  et  sous 
l'inspiration  du  moment,  un  cours  de  critique  littéraire  jus- 
lilié  par  l'exemple  du  jour.  Ce  sont  des  leçons  dont  les  inter- 
prètes du  théâtre,  en  tout  temps,  pourront  tirer  le  plus  grand 
profit1.  Même  pour  ce  qu'il  y  avait  d'essentiellement  éphé- 
mère dans  la  représentation,  on  peut,  signaler  des  eboses  dignes 
de  rester.  Je  veux  parler  des  portraits  des  acteurs  :  de  Kemble. 
de  Kean,  de  Macready,  et  en  particulier  des  jeunes  femmes 
qui    rendaient  vivantes  les   femmes  de   Shakspeare.   L'art  a 

cherché    plus    d'une    fois   à    replacer  sons   nos   \eil\   ces  ligures 

si  gracieuses,  si  touchantes  d'Ophélia,  de  Cordélia,  de  Ju- 
liette, de  Desdémona.  M.  Magnin  lésa  vues,  et  il  lésa  repro- 

1  «Elle  peint,  dit-il  de  l'actrice  <|m  représentait  Juliette,  elle  peint  on  ne  peut 
mieux  l'amour  qui  B'empare  de  tout  elle-même,  sans  combat,  Bans  réflexion,  Bans 
résistance;  mais  ne  donne  t-elle  pas  à  cet  entraînement  une  expression  un  peu 
forte  ''i  <|nr|c|iii'  clidsr  de  irop  prononcer  Ce  premier  amour  d'une  jeune  fille, 
tel  que  l'a  peint  Shakspeare,  a  quelque  chose  de  si  poétique  qu'il  faudrait, 

ce  is  semble,  que  l'actrice  l'entourât  d'un  peu  plus  d'indécision  et  de  vague, 

afin  de  laissera  chacun  le  plaisir  de  le  révéra  son  gré.»  [Globe,  39  septembre 
;  Causerie* .  1.  Il .  p.  76.  |  Il  \  a  in  plus  que  de  la  critique  littéraire  :  c'est 
le  cœur  humain  révélé  avec  une  délicatesse  d'expression  digne  de  la  pureté  du 
Renlimenl. 


duites,  non  pas  avec  cette  physionomie  et  ce  geste  dont  le 
dessin,  si  vive  qu'en  puisse  être  l'expression,  ne  saisit  le  mou- 
vement  <|ti<'  pour  l'immobiliser,  mais  dan-  toute  la  mobilité 
«1rs  sentiments,  dans  toutes  les  phases  de  la  passion  du  draine 
qui  \il  en  elles  et  par  elles.  On  a  oublié  les  charmantes  figures 
de  miss  Smithson  et  de  miss  Foot;mais  les  portraits  que  M.  Ma- 
•  •  r i i m  en  a  retracés  dans  leurs  différents  rôles  exciteront  tou- 
jours le  plus  vif  intérêt l. 

M.  Vfagnin  n'a  pas  seulement  traité  du  théâtre  anglais  dans 
le  Globe.  Il  s'\  occupait  aussi  de  la  scène  française,  et  c'était 
là  qu'il  pouvait  voir  à  l'œuvre  les  deux  systèmes  qui  s'en  dis- 
putaient la  domination.  Dans  une  suite  d'articles  échelonnés 
de  18a  h  à  i  Soo.  articles  qu'il  n'a  pas  réunis  comme  les  antres 
dan-  ses  Causeries  et  méditations*  et  qu'il  se  proposait  de  re- 
prendre pour  les  soumettre  à  une  vue  d'ensemble  après  la 
clôture  du  débat,  il  passe  en  revue  les  différentes  pièces. 
tragédies,  comédies,  draines,  à  mesure  qu'on  les  produit  de- 
vant le  public.  Vins  ne  pouvons  songer  à  les  énumérer.  Si- 
gnalons entre  beaucoup  d'autres  :  le  Mariage  d'argent,  de 
Scribe,  comédie  de  caractère  à  propos  de  laquelle  il  regrette 
que  l'auteur  n'en  ait  pas  l'ait  plutôt  une  de  ces  comédies-vau- 
devilles qu'il  faisait  si  bien;  le  Henri  III  d'Alexandre  Dumas. 
qui  lui  arrache  ce  cri  :  r  Dieu  soit  loué!  voilà  un  drame  qui 
n'est  imité  ni  de  Cooper  ni  de  \\  aller  Scott;  w*et  pour  conclu- 
sion :  r  Quand  on  est  si  profondément  ému,  tout  est  par- 
donné;» Christine  à  Fontainebleau,  de  Frédéric  Soulié  :  il  donne 
à  son  article  cette  épigraphe  peu  flatteuse  tirée  des  pensées 
de  Christine  :  kI  ne  méchante  comédie  est  une  grande  mor- 
tification 3.  » 

1  Voyez  en  particulier  le   Globe  dos  :> ,   l3  el    30  octobre   1827;  Causeries, 
t.  II,  p.  <)•"> ,  96,  1 1  a-i  1  h  .  125. 

roi.  in-8°,  Paris,  i843.  —  Voyez  la  préface,  p.  xi. 
Le  premier  compte  rendu  qu'il  ail  -i;;nc  a  pour  sujet  l'Enfant  trouvé,  comédie 

pn  trois  actes  d^  MM.   Mazères  el  Picard  (<H"hr,  1  fi  décembre  182/1);  viennent 


—  374  — 

Sainte-Beuve,  dans  une  do  deux  notices  qu'il  a  consacrées 
à  M.  Magnin1,  nous  apprend  que,  vers  1898,  uni'  légère 
division  s  étant  produite  dans  l'école  critique  du  Globe.  -  M.  Ma- 
gnin lut  un  de  ceux  qui  se  montrèrent  le  plus  disposés  à  coni- 
prendre  ri  à  aider  les  poëtes  s;ms  leur  rien  céder  pourtant  de 
ses  droits  comme  juge.  Il  se  laissa,  continue-t-il,  mettre  très 
ru  fait  du  procédé,  des  intentions  et  du  faire  de  l'école  de 
MM.  Hugo,  de  Vigny,  et,  (oulen  réservanl  son  indépendance, 
il  se  plaçait  pour  l'examen  des  œuvres  au  point  de  vue  des  au- 
teurs. Il  leur  appliquait  les  règles  el  les  principes  d'après  les- 
quels ils  avaient  désiré  être  jugés  eux-mêmes.» 

M.  Magnin  applaudit  à  l'essai  tenté  par  Alfred  de  Vignj  de 
nous  rendre  Shakspeare  au  naturel  dans  le  More  de  I  ciusc. 
«Enfin,  dit-il,  voilà  ce  que  non-  avions  tant  désiré.  Voilà  une 

ensuite,  après  un  assez  tous  intervalle  :  Louis  \l  i>  Péronne,  comédie  eu  cinq 
actes  eten  prose,  imi  t*;.-  de  Walter  Scolt,  par  M.  Mely-Janin  (ai  lévrier  i  8*j  7  )■.. 
Lambert  Simnel,  ou  le  Mannequin  politique,  par  MM.  Picard  et  Empis  (ao  mars); 
la  reprise  de  Roméo  el  Juliette,  de  Ducis  (a  1  juin);  le»  Guelfes  et  les  Gibeline,  tra- 
gédie de  M.  krnaull  père  (1/1  juillet);  Chacun  de  son  côté,  comédie  de  M.  Ma- 
zères (3o  janvier  1828);  la  Princesse  [urélie,  comédie  en  cinq  actes  el  en  vers 
de  Casimir  Dèlavïgne  (  1  2  mars);  le  Dernier  jour  de  Missolonghi,  de  M.  Ozanneaux 
7  mai);  Roméo  et  Juliette,  de  Frédéric  Soulié  1  1 '1  juin):  l'Ecole  de  la  Jeunesse, 
ou  le  Sage  de  vingt  ans  (6  août);  Marie  de  Brabant,  drame  historique  de  M.  \n 
celui  (26  novembre);  l'Espion,  drame  en  cinq  actes  el  en  prose,  par  MM.  An- 
celot  el  Mazères.  —  -  Pour  qui  n'a  pas  lu  l'ouvrage  de  Cooper,  difr-il  â  ce  propos, 
celui  de  MM.  Ancelol  ël  Mazères  aura  un  grand  intérêt.  Mais,  quand  on  connail 
l'original,  mieux  vaul  s  rêver  que  de  l'aller  voir  rapetissé,  amoindri  et  rendu 
invraisemblable»  (17  décembre).  —  Jjancaslre,  par  M.  d'Espagnj  ('1  février 
■  829);  le  Complot  de  famille,  ou  le  Temps  passé,  d'Alex.  Duval  (16  mai  )•  Chru 
fine  de  Suède,  par  Braull  '1"  juillet);  Catherine  de  Médicinaux  États  de  Blois, 
par  Lucien  Arnaud  (5  septembre);  Clovis,  tragédie  en  cinq  actes,  parNépomu- 
cène  Leroercier  (i3  janvier  i83o);  Gustave-Adolphe,  tragédie  en  cinq  actes, 
|p;ir  Lucien  trnaull  (27  janvier);  —  el  les  pièces  que  j'ai  citées  dans  le  texte. 
\bt,  8  décembre  1827,  1  '1  Février  el  17  octobre  1829.)  Mais  il  \  a  nne  doute 
un  beaucoup  plus  grand  nombre  de  comptes  rendus  qu'il  n  a  pas  signés.  s>  -  w 
licles  sur  le  théâtre  anglais  .  qu'il  a  recueillis  dans  ses  Causeries  et  méditations, 
ont  pas  signés  poui   toute  la  série  d<    1 E 

1      \  /   uni lit       I.  V,     H. 


—  37.")  — 

première  pièce  de  Shakspeare,  non  plus  imitée,  défigurée, 
travestie,  mais  fidèlement  traduite1. »  Il  applaudi!  surtout  à 
l'avénemenl  du  drame  nouveau  avec  Hernani.  Ce  lut  lui  qui 
chanta  lu  victoire  dans  un  entrefilet  inséré  au  Globe  du  lende- 
main i  26  février  i83o).  Au  moment  <»ù  il  écrit,  la  salle  ap- 
plaudit encore.  Ce  n'est  qu'éblouissement ,  enivrement;  il  re- 
nonce à  juger  pour  ce  soir2.  Le  surlendemain,  après  la  se- 
conde représentation,  il  ne  juge  pas  encore;  nouvel  entrefilet 
où  quelques  défauts  >onl  avoués,  mais  que  île  mérites  les 
recouvrent! 

Excès  de  forcée!  de  grandeur,  proportions  colossales,  confusion  du 
roman  vulgaire  et  du  fantastique  le  plus  idéal;  style  épique  e(  lyrique 
du  «-«»I'»iê- .  quelquefois  le  |>lus  riche  et  le  plus  harmonieux ,  et  quelque 
(bis  mêle  el  heurté;  mots  «le  cœur  el  de  génie  jetés  on  images  étincc 
tantes  ou  échappant  l < •  1 1 1  vifs  de  simplicité;  puis  des  recherches,  «  1**^ 
affectations,  des  redites,  des  plaisanteries,  les  unes  de  mauvais  goût,  les 
autres  rudes  et  gauches,  voilà  certes  matière  à  discussion.  |  Globe,  28  lé 
vrier  1  s."">. 

Le  1*  mars,  il  reprend  la  plume  du  critique;  mais  il  est 
encore  sous  l'empire  de  l'émotion,  que  dis-je!  de  la  commo- 
tion produite  par  le  drame  de  V.  Hugo,  sla  plus  forte  com- 

1   Globe,  38  octobre  1  8ag. 

•Nous  sortons  d'£/ernam,  et  lu  public  enthousiasmé  applaudit  encore.  Celle 
grande  >'t  poétique  composition  a  tenu  au  delà  des  espérances  et  des  craintes  de 
ramifié  el  d<'  l'em  ie.  Ébloui  '!<•  tant  de  beautés,  enivré  d'une  poésie  si  vive  <4  si 
nouvelle,  nous  ne  hasarderons  pas  ce  soir  un  jugement;  il  nous  faut  recueillit 
nos  émotions  et  rassembler  nos  pensées.  Nous  ne  voulons  aujourd'hui  qu'annon- 
cer le  triomphe  de  M.  Victor  Hugo.  Hernani  a  obtenu  un  su  1  es  compte) ,  un  suc- 
mérité.  Grandeur  el  profondeur  de  pensée,  | sie  lyrique  admirablement  mê- 
lée au  drame,  intérêt  un  peu  romanesque,  mais  vif  et  pressant,  vers  som<nl  de 
facture  cornélienne,  le  public  a  tout  senti,  tout  écouté,  tout  applaudi.  Il  a  indi- 
qué' au  poêle  avec  une  justesse  extrême  quelques  coupures  nécessaires.  Mais 
l'œuvre  est  si  pleine,  si  riche,  que  M.  Victor  Hugo  peut  élaguer  quelques  acces- 
soires san-  craindre  d'appauvrir  l'ensemble. ^  Suivent  tes  compliments  pour  les 
acteurs,  pour  la  mise  en  scène.  (  Globe,  36  févrû  1  1  s>".) 


—  376  — 

motion  dont  nous  ayons  eu  l'exemple;»  et,  connue  il  l'avoue, 
-  la  main  »  lui  «tremble.  » 

Ce  drame,  dit-il,  va  changer  la  face  de  nos  discussions,  porter  le 
jour  sin-  des  points  de  critique  plus  avances  et  opérer  la  dissolution  pro- 
chaine des  anciens  partis  littéraires.  En  effet,  écoulez  dans  les  foyers, 
causez  dans  les  cercles,  lisez  les  journaux  :  plus  un  mot  des  querelles 
de  forme,  des  unités  de  lieu,  de  temps,  d'action,  du  mélange  des  Ions. 
Ces  questions  sont  ('puisées,  dépassées.  C'étaient  préfaces  indispensables. 
Nous  sommes  arrivés  au  livre  :  l'œuvre  est  commencée;  elle  est  sous  nos 
yeux.  Il  s'agit  aujourd'hui  d'en  jouir,  et,  s'il  se  peut,  de  la  juger. 

Et  se  plaçant,  comme  disait  Sainte-Beuve,  au  point  de  vue 
do  son  auteur  pour  le  juger,  il  récuse  toute  comparaison  avec 
le  draine  tel  qu'il  avait  été  conçu  par  nos  grands  tragiques. 
Corneille,  Racine,  Voltaire,  agissaient  vivement  sur  les  facul- 
tés maîtresses  :  l'esprit,  le  cœur,  la  raison.  Victor  Hugo  s'a- 
dresse à  une  antre  l'acuité  :  l'imagination  '. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  cette  voie,  où  Ml.  Magnin  s'était 
engagé  m  discutant  de  l'art  théâtral,  l'ait  conduit  à  une  ap- 
probation aveugle  de  toutes  1rs  innovations  de  l'école.  M.  Ma- 
gnin, ainsi  (pie  le  dit  spirituellement  Sainte-Beuve,  «avait 
mis  des  qualités  d'écrivain  classique  au  service  de  la  cause 
romantique2. »  Mais,  connue  il  ne  les  abdiquait  point  pour 
lui-même,  il  ne  supportait  pas  non  plus  qu'on  les  heurtât 
violemment  en  matière  de  versification  ni  de  style.  Il  n'ap- 
prouve pas  qu'en  haine  de  la  césure  fixe  de  l'alexandrin  on 
aille,  par  l'abus  des  enjambements,  retomber  dans  une  mo- 
notonie d'une  autre  sorte.  Molière  et  La  Fontaine  lui  pa- 
raissent avoir  montré  comment  on  peut  se  conformer  à  la 
règle  sans  s'\  asservir,  s'en  ('carter  sans  lui  porter  défi.  S  il 
n'admel  pas  davantage  que  dans  l'ode  la  strophe  doive  mar- 
quer une  limite  fatale  au  développement  de  la  pensée;  s'il 

Glohe,  i  "  mara  i  83o. 
\ouveattj  Lundit .  I.  V,  p.  'i  '17- 


'■ 


—  377  -• 
admire  Victor  Hugo  laissant,  dans  la  Marche  turque,  le  Ilot 
de  son  inspiration  déborder  et  se  répandre  librement  de 
strophe  en  strophe  jusqu'au  terme  de  l'ode,  il  est  bien  loin 
de  rompre  toutes  les  digues1.  Il  comprend  la  sagesse  qui  fit 
jadis  imposer  le>  règles  à  une  poésie  encore  sans  discipline; 
il  apprécie  les  qualités  fortes  et  solides  qu'elles  ont  données 
au  vers  français;  il  souhaite  que  la  poésie,  tout  en  s'émanci- 
panl.  les  garde,  «•(  il  craindrait  surtout  que.  par  une  sorte 
de  réaction,  à  la  tyrannie  du  passé  elle  ne  substituât,  comme 
il  arrive  souvent  dans  les  révolutions,  une  tyrannie  d'une 
autre  sorte,  ramenant  les  poètes  sous  le  joug  dont  ils  se 
croyaient  affranchis.  On  peut  être  rassuré,  du  reste,  sur  ses 
tendances  romantiques,  lorsque  l'on  voit  que  les  poètes  et  les 
•n-nains  qu'il  goûte  le  plus  sont,  avec  Victor  Hugo  dans  ses 
premiers  ouvrages,  Mérimée,  «le  chef  le  plus  brillant  et  le 
plus  heureux,  disait-il,  qui  ait  conduit  au  feu  l'avant-garde 
romantique,»  -  le  Mazeppa  d'une  armée  dont  M.  \  ictor  Hugo 
est  le  Charles  MI,»  —  comparaison  qui  exprime  plus  d'ad- 
miration pour  l'homme  que  de  confiance  dans  son  triomphe2; 
—  avec  Mérimée.  Alfred  de  Vigny,  le  chantre  d'Eloa,  Sainte- 
Beuve  (n'oublions  pas  que  rémunération  est  antérieure  à 
i83o  )  :  tous  noms  accueillis,  consacrés  par  l'Académie  fran- 
çaise. Le  jugement  si  droit,  si  mesuré  de  M.  Magnin;  le 
goût  si  pur.  si  scrupuleux  dont  il  fait  preuve  dans  ces  ar- 
ticles: son  éloignement  pour  tout  néologisme;  sa  vieille  habi- 
tude de  la  langue  que  le  xvuc  et  le  xviue  siècle  ont  parlée, 
pouvaient  donner  l'assurance  que.  s'il  louait  la  nouvelle  école 
pour  l'essor  qu'elle  voulait  rendre  au  génie  littéraire,  il  ne  la 
suivrait  jamais  dans  ses  écarts3. 

1  -  Qu'est-ce  que  l'esthétique?»  (  Globe  du  7  octobre  et  du  1  v  novembre  1 829  ; 
Causeries ,  t.  1 .  p.  84.) 

2  Globe,  ::.">  avril  ijt  'io  mai  iSjçi  .  ~  Une  Chronique  du  lemps  de  Charles  XII  ;•• 
Causeries  .  t.  [,  p.  -2  '18. 

'  Voyez  sos  arlHos  sur  Lu  nr .  In  poésies  et  le»  pensées  f\c  Joseph  Delormt 


—  378  — 

.1  ;n  groupé  les  articles  écrits  par  M.  Magnin  sur  le  théâtre 
dans  le  Globe.  Il  v  aborda  plus  d'un  autre  suie!  de  littérature 
française  ou  étrangère;  il  ayail  aussi,  par  plusieurs  articles, 
témoigné  de  sa  vieille  prédilection  pour  Virgile1  <it  d(>  son 
goût  pour  l'antiquité.  Il  avait  esquissé  <'n  traits  rapides  l'his- 
toire  do  la  numismatique,  dans  un  article  sur  un  ouvrage  de 
Mionnet2;  il  traitait  la  question  homérique,  lorsqu'éclata  la 
révolution  do  Juillet. 

II. 

Si  M.  Magnin,  appelé  à  écrire  dans  le  Globe,  n'y  avait 
[»ris  part  qu'aux  débats  littéraires,  il  n'était  pas  resté  indiffé- 
rent aux  débats  politiques  agités  en  même  temps  dans  ce 
journal.  A  cet  égard,  ses  liaisons  d'écrivain  et  ses  amitiés, 
son  penchant  naturel  aussi  sans  doute,  l'avaient  entraîné 
dans  une  voie  tout  autre  qu'on  ne  l'eût  attendu  de  ses  rela- 
tions de  famille. 

Propriétaire  pour  une  part  dans  le  journal  où  il  écrivait . 

[Globe,  36  mars  182g),  sur  1rs  Poèmes  d'Alfred  de  Vigny  (ai  oclolirc  189g 
Causeries  ,1.1.  p.  ao5  el  sa5. 

1   Etudes  grecques  sur  I  irgile,  par  M.  Eichboff  (G/o&e,  97  décembre  i8a5); 
Khi  li  a  sur  Virgile,  par  M.Tïssol  (17  juin  1S2I'»). 

>  Delà  rareté  el  du  prix  des  médailles  romaines  [Globe,  ■>  mars  18285  Cause- 
.  I.  I,  |i.  i5o).  —  Signalons  encore  dans  le  Globe  quelques  articles  qu'il  a 
signés  sur  des  divers  sujets   :  L'Honnête  homme,  <>n  le  Niais,  roman  de  Picard 
(3o avril  i8a5  i;  Sainte-Périne ,  souvenirs  contemporains (  37  mai  18a 6); lu-Kiao- 
h',ou  Les  Deua  cousines,  traduit  du  chinois  par  \!>"l  Rémusat  .trois  articles  fort  élu 
diés  l  33  décembre  1826,  27  janvier  el  39  février  1827  );  Résumé  de  l'histoire 
littéraire  il"  Portugal,  par  M.  Ferd.  Denis  1  ii>  ci  38  juin ,  -m  juillet  et  39  no- 
vembre 1837  r-.  De  lu  Grise  suivant  l'opinion  il"  collège  et  il'1  l<i  Grèce  véritable,  à 
propos  'l'un  poëme  de  W  .  Efaygarth  -  37  août  1  837  ).  Il  y  ril ,  non  sans  raison ,  de 
eetu  qui  prendraient  volontiers  les  noms  des  lieux  consacrés  aiu  Muscs  ou  à  ipol 
Ion  comme  des  &  uonymes  poétiques;  qui  regardent  le  Pinde,  le  Parnasse  el  l'Hé 
licon   comme  une  même  chose  [le  Parnasse,  montagne  fabuleuse  à  lai/iit'lli'  on 
donne  aussi  le  nom  de  Pinde  et  d'Hélicon),  el  qui  fonl  couler  les  sources  sacrées  de 

importe  quelle  m Ion  le  besoin  de  la  mesure  ou  de.  l.i  rime.  Nos  col 

1  ont  plus  I n  'l'ail. m  prendn  de    leçons  du  poète  anglais 


—  379  — 

il  signa,  le  9  mars  1827,  avec  MM.  Dubois,  Guizot,  Duchà- 
lel,  de  Rémusat,  Vitet,  la  déclaration  qu'ils  étaienl  décidés  à 
ni  point  se  retirer  devanl  les  entraves  donl  les  menaçait  la 
censure,  nouvellement  rétablie  sur  les  écrits  périodiques,  et, 
dans  le  mouvement  électoral  de  cette  année,  il  coopéra  à  la 
fondation  de  la  société  Aide-toi,  le  ciel  (aidera,  société  formée 
pour  défendre  la  liberté  des  élections,  et  d'où  il  se  retira 
avec  ses  amis  drs  que  le  but  propos»'1  l'ut  atteint  par  la  nomi- 
nation de  la  Chambre  nouvelle1. 

La  révolution  de  1  800  répondait  a  ses  vœux:  elle  ne  le  sa- 
tisfit même  pas.  Tandis  que  la  plupart  de  ses  amis  politiques 
se  rangeaient  autour  du  gouvernement  qu'ils  avaient  contri- 
bué à  établir.  M.  Magnin  resta  dans  l'opposition.  11  laissa  ses 
anciens  collaborateurs  du  Globe  entrer  dans  lé  ministère  ou 
dans  les  assemblées  publiques  el  s'attacha  à  Armand  Garrel; 
il  quitta  lui-même  le  Globe,  dont  la  direction  passait  de 
M.  Dubois  à  Pierre  Leroux-,  et  il  écrivit  dans  le  National.  11 
en  adopta  les  idées  jusqu'à  un  point  dont  peuvent  s'étonner 
ceux  qui  ne  l'ont  connu  que  plus  tard.  Les  écrivains  restés  au 
National  après  la  révolution  de  i83o  voulaient  rendre  le  gou- 
vernement solidaire  de  toutes  les  révolutions  qui  avaient 
éclaté'  en  Europe  à  la  suite  des  journées  de  Juillet.  Il  y  avait 
quelque  chose  de  vrai  dans  leur  manière  de  voir.  .Mais,  parce 
que  la  révolution  avait  renversé  le  trône  de  Charles  X,  fal- 
lait-il lancer  la  France  dans  toutes  les  aventures  que  le 
contre-coup  de  cel  événemenl  avait  pu  faire  tenter  an  dehors? 
Le  prince  qui  avait  accepté  la  couronne  ne  le  croyait  pas:  il 
croyait  que  son  premier  devoir  était  de  servir  les  intérêts  de 
son  pays.  Or,  si  l'opposition  voulait  la  guerre,  les  intérêts  de 
la  France  réclamaient  la  paix.  Le  gouvernement  voulut  donc 

La  Chambre  élue  les  17  el  :»'i  novembre  1897,  qui  so  rôunil  le  5  février 

is.  • 

a  Le  1 A  aoul  l83<     L<  Globt  allait  devenir  saint-simonien. 


380  — 

lu  paix,  non  la  paix  à  (oui  prix,  connue  on  le  disait  jadis  :  il 
I»'  monda  en  {fardant  l'Algérie,  malgré  le  mauvais  vouloir  de 
l'Angleterre;  eD  faisant  pour  la  Belgique  le  siège  d'Anvers, 
malgré  les  menaces  de  la  Prusse;  en  occupant  Ancône  pour 
répondre  aux  provocations  de  l'Autriche  en  Italie.  Il  voulait 
la  paix  avec  le  maintien  de  son  droit  et  le  respect  du  droit  des 
autres.  Et  ces  hommes  du  National,  les  amis  d'Armand  Car- 
tel, quand  ils  sont  devenus,  à  leur  tour,  par  une  autre  révo- 
lution, maîtres  du  pouvoir,  qu'ont-ils  proclamé,  qu'ont-ils 
fait  au  milieu  des  nouvelles  secousses  de  l'Europe?  La  paix. 
Mais  en  iS3i,  contre  leurs  alliés  de  la  veille  étahlis  dans  les 
conseils  du  gouvernement,  ils  réclamaient  la  guerre,  ei 
M.  Magnin  la  demandait  avec  eux.  Dans  un  article  du  2  mai 
1  S3i ,  sur  la  Renaissance  de  la  liberté  en  Italie,  de  Sismondi,  il 
se  sépare  des  puhlicistes  qui  réduisaient  la  guerre  au  droit  de 
défense,  et  il  salue  en  elle  un  des  instruments  de  la  civilisa- 
tion1, il  proclame  son  admiration  pour  ries  grands  génies 
qui  niellent  de  temps  à  autre  la  main  aux  affaires  humaines 
et  semhlent  tenir  de  la  Providence  la  mission  d'ordonner  le 
globe  mit  un  meilleur  plan,  »  et  déclare  que .  pour  les  peuples 
«qui  n'onl  pas  atteint  leurs  frontières  naturelles,  le  premier 
besoin  est  d'entrer  en  possession  de  ces  limites;»  que  celui 
du  bien-être  et  de  la  dignité  au  dedans  ne  vient  qu'après.  Il 
'■-i  inutile  d'ajouter  qu'il  adoptait  toutes  les  vues  de  Sismondi 
sur  I  Italie:  mais  il  u'estime  pas  qu'elles  puissent  être  de  si- 
tôt comprises  du  pouvoir  : 

Il  m  \  .1  jiliis  d'espoir  que  dans  l'avenir.  Ce  n'es!  pas  de  la  main  du 
gouvernement  actuel  que  sortiront  des  Etats  indépendants,  «les  répu- 
bliques, ni  même  des  royautés  républicaines;  mais  peut-être  un  jour 

■  -  \\.ini  et  depuis  Télémaque,  on  a  beaucoup  dédamé  contre  la  guerre.  Les 
publii  isi.-s  oui  réduit  avec  plus  ou  moins  de  rigorisme  l<-  droit  de  guerre  au  droit 
de  défense.  Ce  n'est  que  de  nos  jours  qu'un  philosophe,  cherchant  à  rendre  rai- 
son de  l'enthousiasme  populaire  qui  ^st  attaché  dans  tous  les  iem|>s  à  la  mé 


—  ;'»M  — 

d'autres  circonstances  perniettront-eUes  a  la  France  d'entrer  «lai)-,  nue 

politique  moins  égoïste;  peul-être :raindrons-nous  pas  tqujours  de 

combattre    pour    l'affranchissement   de   nos  voisins.  (Causeries,  t.  I, 
p.  437.) 

Il  revient  sur  ces  idées  avec  plus  d'amertume  encore  dans 
un  article  sur  les  Voyages  historiques  et  littéraires  en  Italie,  pen- 
dant les  années  1826,  1837  et  1828,  de  M.  Valéri  (ier  juin 
1  83  1  ).  L<>  livre  lui  paraît  venir  bien  mal  à  propos,  quand 
l'Italie  est  livrée  -  par  notre  égoïste  diplomatie  au  fer  de  l'Au- 
triche. -  Mais,  ajoute-t-il,  «viennent  des  circonstances  qui 
nous  permettent  de  visiter  l'Italie  sans  avoir  à  rougir  de  la 
conduite  de  notre  gouvernement,  et  un  bon  guide  ne  nous 
manquera  plus1.»  Et  ce  n'est  pas  seulement  à  propos  de 
livres  sur  l'Italie  qu'il  exprime  ces  idées  belliqueuses  :  les 
sympathies  pour  l'Italie  étaient  universelles,  même  parmi 
ceux  qui  ne  croyaient  pas  pouvoir  jeter  la  France  dans  une 
guerre  européenne  pour  les  satisfaire;  c'est  aussi  dans  un  ar- 
ticle spécial  où  il  en  fait  la  loi  de  toute  révolution;  en  telle 
sorte  que,  la  raison  de  guerre  n'existàt-t-elle  point,  il  lau- 
drait  l'inventer.  L'article  inséré  au  National  du  16  mars  1  83 1 
a  pour  titre  :  Comment  une  dynastie  se  fonde. 

De  toutes  les  manières  de  fonder  une  dynastie,  la  guerre  est,  sans 
contredit,  la  plus  eflicace.  On  citerait  difficilement  un  seul  chef  de  race 
rovale  qui  n'ait  été  un  roi  guerrier.  Pourquoi?  C'est  qû" un  changement 
de  dynastie  n'est  jamais  un  simple  changement  de  personnes;  c'est  la  dé- 
faite d'un  vieux  principe  et  l'avènement  d'un  nouveau.  Toujours,  après 
une  déposition  populaire,  il  \  a  dissension  civile  et  nécessité  d'une 
guerre  étrangère.  Une  nouvelle  royauté  ne  peut  s'étahlir  qu'à  la  condi- 
tion de  comprimer  la  minorité  du  dedans  et  de  faire  triompher  le  nou- 
veau principe  au  dehors. 

moire  des  Charlemagne ,  des  Frédéric  et  des  Napoléon,  a  proclamé  la  guerre  un 
des  instruments  de  la  civilisation,  une  des  conditions  malheureuses,  mais  néces- 
saires, des  progrès  des  sociétés.-  :  Catueries,  t.  I,  p.  /128.  ) 
1  National ia  1"  juin  tS.'Ji:  Catueries,  f.  t.  p.  '11 3. 


_   382   — 

Et,  après  avoir  cité  l'exemple  de  Guillaume  III  à  la  suite 
le  la  révolution  de  1688,  il  ajoute  : 


Il  n'y  a  rien  de  tel  que  le  canon  pour  l'aire  dos  rois.  Si  j'avais  Phon- 
iinir  d'être  précepteur  de  prince,  je  répéterais  tous  les  soirs  à  mon  élève: 
^Les  balles  ennemies  sont  la  sainte  ampoule1. « 

Hélas!  ce  n'est  pas  plus  un  sacre  qu'un  baptême!  Vous 
vouliez  dire  comment  une  dynastie  se  fonde;  c'est  bien  aussi 
comme  cola  qu'elle  se  tue,  laissant  après  elle,  ce  qui  es!  plus 
grave,  le  pays  sanglant  et  mutilé! 

M.  Magnin  resta  au  National  jusque  vers  la  lin  de  i83a. 
Après  les  journées  de  juin,  comme  la  justice  recherchait  Ar- 
mand Carrel,  contre  lequel  il  \  avait  mandai  d'amener,  il  vint 
à  la  rédaction  du  journal  prendre  sa  place  II  donna  encore 
au  National  quelques  articles  littéraires'2;  niais  ces  tristes 
journées  le  dégoûtèrent  sans  doute  de  la  politique  militante  à 
laquelle  il  était  près  de  se  laisser  aller,  et  d'autres  soins  Tab- 
laient rattacher  plus  étroitement  à  ses  premières  éludes.  Le 
1  l\  novembre  1  83 ï  ,  il  fut  nommé  conservateur  des  imprimés 
de  la  Bibliothèque  royale.  I  n  biographe  insinue  que  ce  fut 
pour  le  gouvernement  un  moyen  de  le  ramener  à  lui:  c'esl 
faire  injure  à  M.  Magnin  el  au  gouvernement.  M.  Magnin 
était  employé  à  la  Bibliothèque  depuis  vingl  ans3.  En  lui 
donnant  cet  avancement,  M.  Guizot  ue  faisait  que  justice,  el 
ML  Magnin  n'avait  à  fane  et  ne  faisait  le  sacrifice  «rancune  de 
-es  amitiés,  d'aucune  de  ses  convictions.  J'en  ai  pour  preuve 
l'hommage  public  qu'il  rendait   plus  tard   à  Armand  Carrel 

(  auseriet,  l.  I .  p.  ioç). 

L'Homme  sans  nom  .  i  pisode  de  1  793  ■  par  Baliancfae  |  la  politique  \  gronde 
encore     18  juillet  i83a  1;  Histoire  du  C.nclr  il,  craie,  drame  traduit  <lu  chinois 
■'-  aoôl  i83a 

kide  le  a  5  mars  i8i3,aux  appointements  de  1,800  francs;  troisième  em- 
ployé,   1  mars   l8i5|  1,000  francs);  deuxième  employé,  a3  décembre  i8a4 
1,600  francs  :  premiei  employé,  1"  juin  i83i  (9,600  fram  s 


—  383  — 

dans  nu  article  sur  Augustin  Thierry,  en  t84i  '.J'en  ai  pour 
preuve  encore  la  place  qu'il  lii  à  ces  articles  dans  lesdeus  vo- 
lumes Formés  d'un  choix  de  ses  Feuilletons  (i8/i3). 

Les  articles  insérés  par  M.  Mfagnin  dans  le  Globe  et  dans  h 
\ntional  pouvaient  faire  voir  à  quel  point  il  était  initié  à  (a 
littérature  étrangère,  [lavait  traité  du  théâtre  anglais  el  de  la  lit- 
térature espagnole,  et  montré  â  cette  occasion  «jifil  ne  connais- 
sail  pas  inniiis  les  chefs-d'œuvre  de  l'Allemagne  H  de  l'Italie. 
Il  a'esl  donc  pas  étonnant  qu'en  18.V1  M.  Fauriel,  voulant 
s.-  faire  suppléer  dans  le  murs  de  littérature  étrangère  inau- 
guréparltri  à  la  Faculté  des  lettres,  se  soit  adressé  à  M.Magnin2. 

M.  Magnin  avait  dan-  ses  nombreuses  études  une  matière 
de  cours  admirablement  propre  à  captiver  le  public  :  le 
théâtre.  C'est  en  effet  le  sujet  qu'il  choisit;  mais  ses  leçons 
ae  devaient  avoir  rien  de  commun  avec  les  spirituels  et  bril- 
lants articles  011  il  avait  passé  en  revue  les  différentes  pièces 
représentées  sur  la  scène  anglaise  à  Paris.  Il  prit  le  théâtre, 
non  avec  Shakspeare,  Lope  deVega  ou  Galderon;  il  le  prit 
dans  ses  origines,  et  toute  son  année  fut  consacrée  à  l'anti- 
quité. Son  sujet  était  donc  à  peine  entamé,  et  M.  Fauriel  ne 
paraissait  pas  disposé  à  remonter  dans  sa  chaire.  Mais  M.  Ma- 
gnin  n'était  pas  docteur  ni  disposé  à  changer,  pour  le  deve- 
nir. Tordre  de  se>  études:  aux  improvisations  de  la  chaire,  il 
préférait  le  silence  du  cabinet  et  les  facilités  'qu'il  offre  aux 
compositions  érudites.  Il  laissa  donc  sans  regret  la  suppléance 

1  Revue  des  Deux  Mondes,  l"  mai  i8fil,  et  Causeries,  t.  I,  p.  690.  —  Il  ne 
se  montra  pas  le  moins  vif  dans  la  lutte  soutenue  par  le  conservatoire  de  la  Biblio- 
thèque contre  l'ordonnance  de  i83g,  qui  faisait  passer  la  direction  de  ce  grand 
établissement  entre  les  mains  d'un  administrateur  généra]  :  mais  ici  il  se  confond 
avec  les  autres  dans  les  lettres  signées  des  noms  de  tous.  (Voyez  les  Lettres  des 
conservateurs  delà  Bibliothèque  royale  sur  l'ordonnance  du  92  février  iK3o,,  re- 
lative à  cet  établissement;  Paris,  1 83g.) 

-  Il  avait  déjà  suppléé  I.-J.  tmpère  dans  la  conférence  de  littérature  étrangère 
à  l'Ecole  normale,  i83t-i83a. 


—  384  — 

de  M.  Fauriel  et  se  mil  à  compléter  ses  leçons  pour  en  faire 
comme  le  préambule  de  L'histoire  qu'il  avail  en  vue,  et  dont 
il  publia  le  premier  volume  en  1 838  :  Histoire  du  génie  dra- 
matique, depuis  lé  ier  jusqu'au  xvie  siècle,  précédée  d'une  intro- 
duction contenant  des  études  sur  les  origines  du  théâtre  an- 
tique. C'est  le  principal  titre  littéraire  de  M.  Magnin;  il 
convient  donc  de  nous  y  arrêter  un  peu  plus. 

[II. 

Dans  sa  préface,  qui  n'est  au  Ire  chose  «pie  la  leçon  d'ou- 
verture de  son  cours  à  la  Sorbonne.  M.  Magnin  part  de  ce 
principe  :  que  le  génie  dramatique  est  un  des  instincts  de 
l'espril  humain;  qu'il  n'a  donc  pu  jamais  lui  faire  défaut,  et 
qu'à  toute  époque  on  doit  en  retrouver  les  manifestations 
plus  ou  moins  prononcées.  L'antiquité  a  eu  un  théâtre  qui  a 
lini  avec  l'empire  romain;  les  temps  modernes  ont  un  théâtre 
qui  a  commencé  au  xvie  siècle.  Quelles  ont  été  dans  l'inter- 
valle  les  manifestations  du  génie  dramatique?  C'est  ce  qu'il 
s'agit  «le  mettre  en  lumière. 

Pour  le  mieux  découvrir,  l'auteur  s'est  demandé  <|uollcs 
sont,  les  principales  formes  du  théâtre  aujourd'hui;  il  trouve 
l'Opéra,  le  Théâtre-Français,  les  théâtres  des  boulevards,  et. 
il  \  signale  trois  types  distincts  :  l'Opéra,  avec  ses  traditions 
mythologiques  ••!  ses  féeries,  ses  chants  ei  ses  danses,  lui  re- 
présente le  drame  hiératique;  le  Théâtre-Français,  dont  les 
sociétaires  se  sonl  appelés  jadis  «messieurs  les  comédiens  or- 
dinaires du  roi.-  le  drame  aristocratique,  et  les  théâtres  des 
boulevards  le  drame  populaire.  Ces  trois  caractères  paraissent 
indiquer  autanl  de  sources  différentes;  il  annonce  qu'il  les  re- 
trouvera au  moyen  âge,  et,  pour  mieux  établir  qu'elles  sont  dans 
la  nature  des  choses.  J  les  recherche  jusque  dans  l'antiquité. 

On  voit  quels  sont    les  procédés  de  sa  critique.  Il  ne  pari 


—  38.">    — 

point  de  l'antiquité  pour  descendre  aux  dernières  évolutions 
de  l'art  théâtral.  Il  prend  le  théâtre  tel  qu'il  le  voit  aujour- 
d'hui; il  y  reconnaît  trois  caractères;  il  v  soupçonne  trois  ori- 
gines.  et,  pour  voir  si  ce  n'est  pas  un  fail  primordial,  lié  au 
développement  de  l'humanité  elle-même,  il  se  propose  (l'on 
découvrir  la  trace  dès  les  premiers  temps  de  la  civilisation. 

dette  marche  du  connu  à  l'inconnu  est  légitime;  mais  le 
saut  est  grand  d'une  extrémité  de  la  civilisation  à  l'autre,  et 
il  v  a  péril  à  chercher  dans  un  si  vaste  champ  la  vérification 
d'une  idée  préconçue. 

Le  péril  est  d'autant  plus  grand  que  l'objet  de  la  recherche 
est  moins  nettement  défini. 

Qu'est-ce  que  le  drame  et  à  quel  signe  le  reconnaître? 
Est-ce  un  dialogue/  Mais  un  monologue  peut  être  un  drame 
admirable,  témoin  la  Magicienne  de  Théocrite;  et  un  dialogue 
peut  n'avoir  rien  de  dramatique,  témoin  les  dialogues  de  Pla- 
ton et  de  Lucien.  M.  Maguin  est  donc  amené  à  définir  le 
drame  -tout  ouvrage  où  le  poêle,  mettant  de  côté  sa  person- 
nalité, parle  et  agit,  ou  fait  agir  et  parler  des  acteurs  au 
nom  de  personnages  fictifs,  dans  le  but  d'exciter  la  curiosité 
et  la  sympathie  d'un  auditoire»  (p.  i3). 

Avec  c<  tte  définition,  on  comprend  qu'il  ait  rejeté  la  dis- 
tinction absolue  de  la  poésie  en  trois  genres  :  épique,  lyrique 
et  dramatique.  Il  trouve  le  drame  dans  I'ép8pée;  il  le  trouve 
dans  Homère,  non  pas  seulement  dans  son  poëme  tel  que 
nous  le  lisons,  mais  dans  la  manière  dont  il  était  chanté  par 
les  rapsodes':  il  le  trouve  dans  la  poésie  lyrique.  Il  en  si- 
gnale le  germe  dans  les  chants,  sinon  dans  la  monnaie,  au 
moins  dans  les  chants  nmœbées  ou  alternatifs,  d'où  est  sortie 

1  II  se  demande  s'ils  le  chantaient  isolement  ou  plusieurs  à  la  fois,  et  ne  pa- 
rait pas  éloigné  de  prendre  dans  ce  sens  le  passage  <>ù  il  est  dit  qu'Hipparque 
réunit  des  rapsodes  et  leur  fit  chanter  leurs  morceaux  eu  se  relayant  sans  inter- 
ruption, ;£  faoAityeas  ètyeZùï  |  p.  17). 

il.  a  0 


—  386  — 

l'églogue.  Il  le  Lrouve  dans  les  danses  :  danses  sérieuses  imi- 
lanf  les  poses  les  plus  nobles:  danses  comiques  contrefaisanl 
en  les  allures  de  la  bête  ou  les  ridicules  de  l'homme.  Il  le 
lrouve  plus  marqué  dans  l'union  du  chant  et  de  la  danse, 
dans  les  chœurs  cycliques  menés  par  les  Pélasges  autour  des 
victimes  humaines  qu'ils  immolaient.  Il  le  trouve  surtout  dans 
les  chœurs  dithyrambiques  du  culte  de  Bacchus,  aux  fureurs 
meurtrières,  et  il  montre  comment  se  iil  le  passage  du  chant 
dithyrambique,  déjà  humanisé  par  Orphée,  par  Musée,  au 
'lueur  tragique  deThespis,  el  du  chœur  tragique  deThespis 
à  la  tragédie  d'Eschyle  '. 

Dans  ces  fêtes,  quand  le  chœur  se  reposait,  il  arrivait 
qu'un  des  assistants,  le  premier  venu,  improvisait  quelque 
monodie.  Thespis  lut  le  premier  qui  prépara  et  écrivit,  dit- 
on.  ces  morceaux  accessoires  dans  un  mètre  différent  de  celui 
des  chœurs;  il  substitua  un  acteur  véritable  à  l'improvisateur 
improvisé'.  IMirv  nichiis  (  el  il  est  difficile  «le  croire  que  Thes- 
pis ne  l'ait  pas  fait  aussi)  associa  plus  directement  les  chœurs 
aux  sujets  des  épisodes.  Enfin  Eschyle  dégagea  la  tragédie  de 
ses  langes  lyriques.  A  l'acteur  unique  et  aux  monodies  iso- 
lées il  substitua  des  duos  amœbées  (plus  lard,  à  I  exemple  de 
Sophocle,  des  dialogues  à  trois)  qui  se  succédaient  en  scènes 
liées  l'une  à  l'autre  ei  marchant  vers  un  dénoûment.  Ce  dé- 
noùiiien!  rappelait  le  caractère  originaire  d(^  sacrifices  au- 
lour  desquels  ces  chœurs  sanglants  s'étaient  formés.  Une  vic- 
time humaine  était  immolée  :  îgamemnon .  Clj  temnestre,  etc. 
Seulement  l'immolation  ne  se   taisait  point  comme  on  s'est 

plu  à  le  faire  depuis,   sous  les   \eux   des  -pecl.ileurs. 

Voilà  l'origine  de  la  tragédie.  Pour  la  comédie,  M.  Magnin 

■   Les  premiers  chœurs  dionysiaques  étaient  tout  ;'i  la  louange  «I*1  Bacchus; 
dans  quelques  contrées,  chei  les  Doriens,  surtoul  à  Sicyone,  on  y  joignit  l'éloge 
d'autres  dieux  on  béros  :  choeurs  héroïques  nommés  tragiques  lorsqu'un  bouc 
ij  ot    en  devinl  I*1  prix 


—   3S7   — 

en  a  signalé  les  premiers  commencements  dans  c<  s  danses 
grotesques  imitant  ou  les  allures  de  la  bête  ou  les  travers  des 
hommes  :  les  premiers  devinrent  les  drames  satyriquès;  les 
autre-,  ces  parades  promenées  sur  des  chariots  de  bourg  en 
bourg  (xù)(iri$6v)  qui,  vers  la  53e  olympiade,  obtinrent  un 
prix  aussi  dans  le  bourg  d'icarie.  La  comédie  étail  instituée. 
Cette  intéressante  étude  sur  les  origines  de  la  tragédie,  de 
la  comédie  et  du  drame  satyrique,  qui  fait  le  premier  cha- 
pitre «le  l'introduction  de  M.  Magnin,  l'achemine  à  Ja  dé- 
monstration <|ii  il  s'esi  principalement  proposée,  à  savoir:  que, 
daiis  l'antiquité  comme  au\  temps  modernes,  le  drame  a  eu 
trois  sonnes  :  hiératique,  aristocratique ,  populaire. 

I.  Source  hiératique.  Les  mystères  institués  par  le  sacerdoce 
dans  l'intention  de  travailler  à  civiliser  les  pennies  et  d'en  re- 
tenir le  secret  :  mystères  de  Samothrace,  mystères  phrygiens, 
mystères  de  Bacchus  avec  des  scènes  dramatiques  dans  les 
cérémonies  oè  l'on  conviait  les  initiés1.  On  a  vu  comment  la 
tragédie  était  née  des  chœurs  dionysiaques:  la  tragédie  trôna 

1  En  Samothrace,  la  morl  du  plus  jeune  des  Cabires,  Cadmillus;  en  Phrygie, 
on  Phénicie,  un  jeune  enfant  mis  à  mortel  rappelé  à  la  vie;  à  Eleusis,  dans  les 
petits  mystères,  le  passage  de  la  \ic  sauvage  à  la  vie  civilisée,  et,  quand  on  eut 
reçu  le  mythe  égyptien  d'Osiris,  le  passage  do  cette  vie  à  une  vie  nouvelle  au 
sein  des  champs  Élysées  ou  du  Tartare;  dans  les  mystères  île  Bacchus,  les  théo- 
gonies ou  représentations  de  la  naissance  du  dieu,  les  iogttcchies  on  processions 
triomphales.  Le  rite  de  la  créonomie  ou  partage  entre  les  initiés  des  viandes  di\ 
sacrifice,  que  chacun  mangeait  crues,  rappelait  ces  fêles  de  cannibales  dont  Or- 
phée avait  tiré  les  Grecs  : 

Victn  fœdo  deterruit  Orpheus. 

t 

Enfin,  quand  les  mystères  dionysiaques  eurent  été  reçus  à  Eleusis,  quand  le 

nom  d'Iacchus  fut  joint  à  celui  des  Deux  «liesses,  aux  pompes  extérieures  de  la 
fête,  qui  se  prolongeait,  non  pins  pendant  cinq  jours,  comme  aux  Eleusînies 
primitives,  mais  pendant  neuf  jours,  se  joignirent  aussi,  même  pour  les  grands 
mystères  i  on  le  peut  supposer),  ces  représentations  dramatiques  qui  étaient  sur- 
tout dans  l'esprit  du  culte  de  Bacchus  :  la  fable  du  jeune  laccbus  déchiré  par  les 
Titans,  rendu  à  la  vie  par  Cérès;  le  mariage  mystique  de  Bacchus  et  fie  Cérès. 
;  flistoirr  il»  Thmtre,  eh.  ri,  p.  72  et  sni\. 

36. 


—  388  -L- 

donc  tonl  naturellement  au  temple  de  Bacchus,  el  elle  entra 
aussi  dans  le  temple  d'Eleusis  quand  les  mystères  dionysiaques 
eurent  été  réunis  à  ceux  des  Deu\  déesses. 

II.  Source  populaire  Indépendamment  des  grands  jeux  : 
jeux  Olympiques,  Néméens,  Pythiens,  Isthmiques,  jeux  con- 
sacrés à  des  exercices  corporels,  où  chacun  était  admis  à  dis- 
puter le  prix  de  la  force  ou  de  l'adresse,  le  peuple  prenait 
part  aux  spectacles  dans  les  pompes  des  Eleusinies  et  des  fêtes 
particulières  aux  diverses  républiques  (les  Panathénées,  etc.). 
Il  v  eut  sa  part  sur  le  théâtre  dans  les  chœurs,  dont  le  recru- 
tement était  à  la  charge  du  chorége.  A  ces  jeux,  à  ces  chœurs 
(qui  sont  moins  une  source  nouvelle  du  drame  qu'un  con- 
cours prêté  par  les  citoyens  à  des  représentations  précédem- 
ment instituées),  M.  Magnin  joint  d'autres  exercices  d'un 
ordre  inférieur,  où  interviennent  aussi  des  acteurs  populaires  : 
chanteurs  et  danseurs  ambulants,  ventriloques,  joueurs  de 
gobelets  et  danseurs  de  corde,  bouffons  et  autres,  qui  finirent 
par  faire  une  sorte  de  corporation  ou  de  confrérie  sous  le 
nom  Partisans  de  Bacchus.  Il  y  joint  même  les  combats  de 
cailles  ou  de  coqs  et  les  exhibitions  de  paons.  Il  y  range,  avec 
plus  de  raison,  au  point  de  vue  du  drame,  les  tînmes,  soit 
improvisés,  soi!  écrits,  petites  pièces  où  l'on  se  donnait  toutes 
les  licences;  les  parodies  (les  Grenouilles  d'Aristophane  en  sont 
le  tvpe  le  plus  élevé);  les  sillcs,  petits  poèmes  mordants,  et 
le  drame  satyrique  dont  nous  avons  parlé. 

III.  Source  aristocratique.  Si  le  peuple  avait  ses  représenta- 
tions, les  grands  durenl  aussi  en  vouloir  pour  eux-mêmes, 
et  M.  Magnin  signale  deux  circonstances  où  elles  se  produi- 
sirent :  l«'s  Funérailles  el  les  banquets. 

Pour  les  Funérailles,  immolation  de  prisonniers  aux  temps 
homériques;  Combats  de  gladiateurs  en  Ktrurie;  aux  temps 
des  républiques,  chanteurs  ef  pleureuses,  et  sous  la  royauté 


—  389  — 

macédonienne,  au  milieu  dune  pompe  insensée,  tragédies, 
qui,  grâce  à  radoucissement  des  mœurs,  tenaient  la  place  de 
plus  sanglants  sacrifices. 

Dans  les  banquets,  chants  et  danses,  tours  d'adresse  et  de 
force  :  aux  temps  homériques,  le  chantre  Phémius  à  Ithaque, 
Démodocus  dans  l'île  des  Phéaciens;  aux  temps  postérieurs, 
les  odes  de  Pindare;  aux  temps  macédoniens,  les  tragédies, 
comédies,  danses,  mimes,  prodigués  dans  les  circonstances 
solennelles  à  la  cour  des  rois. 

On  voit  déjà,  sans  aller  plus  loin,  quelle  extension  a  prise 
dans  l'exécution  le  plan  que  M.  Magnin  s'était  tracé.  Il  se 
proposait  d'écrire  l'histoire  du  génie  dramatique;  mais  le 
drame,  si  large  qu'en  ait  été  sa  définition,  se  trouve  singu- 
lièrement dépassé.  Les  processions  des  mystères  d'Eleusis  ou 
des  Panathénées,  les  grands  jeux  de  la  Grèce,  encore  bien 
moins  les  danses  des  acrobates  ou  les  tours  des  joueurs  de  go- 
belets, sans  parler  des  combats  de  coqs,  ou  de  cailles  et  des 
exhibitions  de  paons,  n'ont  rien  de  commun  avec  le  drame; 
et,  quant  aux  origines  du  théâtre,  des  trois  sources  il  en  est 
une  que,  pour  ma  part,  je  n'hésiterais  pas  à  retrancher.  Je 
retrouve  la  source  hiératique  dans  les  scènes  figurées  au  sein 
des  mystères,  dans  la  manière  dont  la  tragédie  est  sortie  des 
chœurs  où  l'on  chantait  Bacchus;  je  retrouve  la  source  popu- 
laire dans  les  danses  et  les  chants  rustiques,  parmi  lesquels 
est  née  la  comédie  et  le  drame  satyrique.  Pour  ce  qui  est  de 
la  source  aristocratique,  elle  n'est  qu'un  dérivé  des  deux 
autres  :  l'aristocratie  ne  produit  rien,  elle  emprunte;  elle  ne 
fait  qu'ouvrir  un  lit  plus  large,  ou,  pour  mieux  dire,  des  ca- 
naux plus  nombreux,  aux  sources  où  elle  puise  les  sujets  de 
ses  amusements. 

Ces  observations  seront,  je  pense,  confirmées  si,  de  la 
Grèce,  nous  suivons  M.  Magnin  à  Rome.  Ici  même,  il  faut  de 
grands   efforts  pour  tirer  de    la   source   hiératique  ce   qu'elle 


—  ;um>  — 

doit  fournir,  sous  pein<e  <!<■  mettre  le  système  en  allant.  La 
relisrion  romaine,  M.  Maenin  le  reconnaît,  était  fort  peu  noé- 
tique.  Les  prêtres  cherchaient  leurs  moyens  d'action  sur  le 
peuple,  non  point  tanl  dans  les  spectacles  propres  à  captiver 
les  esprits,  que  dans  l'ai!  de  la  divination  et  des  augures*  Le 
chant,  la  danse  ne  fureat  pas  étrangers  au  culte;  on  en  re- 
trouve la  trace  dans  les  rites  de  plusieurs  collèges  sacrés  :  les 
Luperques,  les  frères  Arvales,  et  surtout  les  Saliens.  Mais  ces 
collèges,  même  celui  des  Vestales,  n'avaient  point  à  propre- 
ment parler  de  mystères1,  et  Ton  n'en  Ujouve  pas  davantage 
dans  la  constitution  religieuse  de  Numa.  Les  entrevues  de 
Niiina  avec  la  nymphe  Égérie  n'étaient  pas  un  mystère,  mais 
une  fiction;  l'art  fulgural  qu'il  force  Picus  et  Faunus  à  lui 
apprendre,  ce  n'étail  pas  non  plus  un  mystère,  mais  un  se- 
cret. Le  culte  des  Lares  était  une  croyance  qui  ne  se  I induisit 
jamais  que  par  de  feintes  apparitions  ou  des  fantômes.  Le 
dieu  Cousus,  dont  l'image  était  enterrée  dans  le  cir-que,  pou- 
vait être  un  dieu  caché  (.canditus),  une  image  des  divinités 
souterraines;  ce  n'étail  pas  un  dieu  mystérieux.  Quant  aux 
initiations,  la  plus  certaine  est  celle  des  enfants  au  cuite  des 
trois  déesses  Édusa,,  Rotina  et  Cuba,  ce  qui  revient  à  dire  en 
français  qu'on  leur  apprenait  à  manger,  à  boire  et  à  dormir  : 
initiation  mystérieuse  sans  doute,  mais  qui,  dans  tous  les  cas. 
n'avait  rien  de  bien  dramatique.  Los  mystères.*  en  Italie. 
furent  surtout  d'origine  étrangère.  Plusieurs  devinrent  ro- 
mains, comme  les  mystères, de  la  Bonne  Déesse,  les  mystères 
de  Cérès;  quelques-uns,  sans  être  adoptés,  lurent  tolérés  a 

\u\  ides  de  mai,  les  Vestales,  en  grande  pompe,  et  assistées  d'une  troupe 
de  prêtres,  précipitaient  dans  tes  flots  du  Tibre,  du  haul  du  ponl  Sublieius, 
trente  simulacres  <l"  vieillards  faits  'I-  bois  el  il"  innés;  ces  manoequips  s'appe- 
laient argéem.  e C'était,  continue  M.  Mag ,  la  représentation  adoucie  el  dpve- 

n ummémoralive'de  la  tragédie  réelle  qui  s'était  jouée  probablement  dans  le 

Latium,  m  i«'in|i-  "H  le  vieu«  culte  de  Saturne  et  de  DU  demandail  des  uetîmes 




—  391   — 

Kouie,  comme  les  mystères  d'Isis;  d autres  furenl  proscrits, 
les  Bacchanales. 

Le  drame  n'esi  donc  poinl  sorti  à  Rome  <l<'s  solennités  re 
ligieuses.  Les  fêtes  qui  ont  un  caractère  religieux,  les  jeux 
Séculaires,  les  jeux  \pollinaires,  nous  montrent  des  chœurs 
de  jeunes  gens  et  de  jeunes  filles,  des  chants  et  des  danses, 
aucune  action  proprement  dite.  Les  fêtes  des  jeunes  garçons 
et  des  jeunes  filles  (qumquatries) ,  les  fêtes  des  divers  métiers, 
des  esclaves,  des  servantes,  que  M.  Magnin  ;i  examinées  Cu- 
rieusement, ne  nous  o firent  guère  le  draine  sous  une  forme 
[dus  sensible.  L'instinct  mimique  s'y  donne  libre  carrière.  On 
\  pressent  la  comédie;  mais  on  reste  à  la  limite,  même  dans 
ies  l'êtes  commémorât! ves.  A  la  fête  des  ancillœ,  par  exemple, 
qui  rappelait  un  acte  de  dévouement  des  femmes  esclaves  pre- 
nant la  place  de  leurs  maîtresses  pour  les  sauver  du  déshon- 
neur, tout  se  réduisait  à  la  permission  donnée  à  ces  femmes 
de  se  montrer  parées  du  vêtement  des  matrones.  Les  fêtes  où 
le  peuple  intervenait  comme  acteur  étaient  d'ailleurs,  M.  Ma- 
gnin le  constate,  beaucoup  moins  nombreuses  que  dans  la 
Grèce.  Les  jeux  de  Rome  sont  les  exercices  militaires  : 

II.!'  tibi  erunt  arles. 

L'amphithéâtre,  le   cirque  seront   généralement  abandonnés 

à  des  esclaves  ou  à  des  lutteurs  de  profession.  En  l'ail  d'in- 
fluence religieuse,  on  ne  peut  citer  que  les  jeux  scéniques 
(hidt  scenicï)  introduits  d'Etrurie  à  Rome  à  l'occasion  d'une 
peste;  jeux  purement  mimiques  destinés  à  apaiser  la  colère  des 
dieux  et  qui  devaient  surtout  avoir  pour  effet  de  satisfaire  la 
sensualité  des  hommes.  (Test  ce  qui  lit  leur  succès. 

Si  la  source  hiératique  paraît  n'avoir  rien  donné  au  drame 
chez  les  Romains,  au  moins  la  source  populaire  ne  lui  a-t-elle 
point  fait  défaut.  Ce  n'est  pas  la  tragédie  que  l'on  en  doit  at- 
tendre, mais  la  comédie.  Les  chants  fescennins,  aux  vers  libres 


—  392  — 

à  tous  égards,  trouvèrent  à  Home,  dès  qu'ils  y  turent  intro- 
duits, une  telle  faveur  (|iie  la  loi  des  Douze  Tables  dut  en  ré- 
primer la  licence.  Tout  en  gardant  le  fond  de  son  caractère, 
la  comédie  naissante  ne  tarderait  point  à  se  transformer. 
M.  Magnin  y  signale  trois  influences  : 

i°  L'influence  indigène  dans  les  saturœ,  pièces  farcies,  où 
la  musique  et  la  danse  se  mêlaient  au  dialogue:  qui,  pendant 
cent  vingt  ans,  composèrent  les  jeux  scéniques  des  Romains 
et  ne  finirent  comme  drame  que  pour  se  continuer  dans  la 
satire; 

s°  L'influence  étrusque  dans  les  alellanes.  importées  de 
Campanie  à  Home,  qui  supplantèrent  les  saturœ  comme  étant 
moins  grossières,  et  se  maintinrent  en  face  de  La  comédie 
grecque  comme  répondant  mieux  au  génie  romain; 

3°  L'influence  grecque  avec  le  drame  introduit  par  Livius 
Andronicus,  cultivé  par  Nœvius,  par  Ennius,  tant  tragédie  que 
comédie;  mais  la  tragédie  ne  put  se  développer  à  Home,  et 
M.  Magnin  en  montre  la  raison  :  c'est  que  Rome  n'avait  pas 
eu  <es  mystères  qui  préparaient  le  peuple  aux  grandes  repré- 
sentations; c'est  qu'elle  n'avait  pas  eu  comme  la  Grèce  une 
épopée  nationale  qui ,  depuis  plusieurs  siècles,  mit.  pour  ainsi 
dire,  en  scènes  et  rendît  populaires  de  grands  noms,  des  ca- 
ractères héroïques,  lussi  les  tragédies  togatœ,  c'est-à-dire  dont 
le  sujel  étaii  romain,  ne  réussirent  pas  mieux  que  les  autres. 
Quant  à  la  comédie,  bien  qu'imitée  de  la  Grèce,  elle  aurait 
pu  prendre  un  caractère  national.  Elle  trouvait  dans  le  génie 
romain  et  dans  les  instincts  de  la  démocratie  (\r>  éléments 
de  succès;  mais  L'aristocratie  la  tenait  en  bride  :  le  châtiment 
infligé  'i  Nfaevius  lui  ôla  son  essor.  Elle  dut  se  réduire  aux  al- 
lures de  la  nouvelle  comédie  «les  Grecs  :  comédie  de  mœurs, 
a  laquelle  le  génie  de  Plaute  sul  d'ailleurs  imprimer  nu  ca- 
ractère vraiment  romain. 

\\fc  les  ntellanes .  qui  lui  étaient  de\  enues  propres .  le  théâtre 


—  393  — 

romain,  d'origine  toute  populaire,  eut  aussi  ses  mimes;  et  je 

ut'  parle  plus  ici  de  ces  hommes,  de  ces  femmes  dont  l'exhi- 
bition flattait  les  sens  les  plus  grossiers  des  Romains,  mais 
de  petites  pièces  écrites,  représentées  quelquefois  par  ceux  qui 
1rs  composaient,  et  dont  le  fond,  nonobstant  quelques  beaux 
fragments  qui  en  ont  été  conservés,  avait  aussi  un  caractère 
généralement  obscène. 

Le  théâtre  à  Rome  est  donc  surtout  un  théâtre  populaire. 
La  source  hiératique,  de  l'aveu  de  M.  Magnin,  lui  fait  à  peu 
près  défaul  :  j'oserais  dire  complètement  défaut:  et,  quant  à 
la  source  aristocratique,  je  ne  pourrais  que  redire  ce  que  j'en 
disais  pour  la  Grèce.  L'aristocratie  romaine  n'a  rien  créé;  elle 
ne  fait  qu'emprunter  pour  ses  plaisirs  ce  qu'elle  trouve  établi 
en  fait  de  spectacles:  seulement,  comme  elle  porte  le  luxe  à 
un  point  qui  n'avait  pas  encore  été  égalé,  elle  outre  au  même 
degré  dans  les  banquets,  dans  les  cérémonies  funèbres,  ce  qu'il 
\  avait  déjà  de  sensuel  el  de  barbare  dans  les  usages  du  peuple 
romain.  On  lui  peut  rapporter,  par  exemple,  l'importation  à 
Rome  et  l'extension  des  combats  de  gladiateurs. 

Si  le  système  de  M.  .Magnin  sur  la  triple  source  du  drame 
dans  l'antiquité  comme  aux  temps  modernes  donne  prise  à  la 
critique,  ce  qui  ne  peut  être  qu'un  objet  d'éloge,  «'est  la  vaste 
érudition  qui  a  présidé  à  son  ouvrage;  et  l'on  ne  saurait  re- 
procher à  l'autour  d'en  avoir  excédé  le  cadre^quand  on  voit 
que  sa  manière  de  procéder  nous  a  valu  tant  de  renseigne- 
ments curieux.  Oubliez  qu'il  s'agit  du  théâtre  moderne;  chan- 
ges le  titre  el  les  divisions  du  livre;  prenez  ce  qui  s'y  nomme 
l'introduction  pour  le  corps  de  l'ouvrage  en  y  joignant  comme 
complément  ce  qui  v  forme  le  premier  chapitre  de  l'histoire 
annoncée,  c'est-à-dire  la  période  du  i"  au  iv"  siècle  de  l'ère 
chrétienne,  et  vous  aurez  un  excellent  travail,  non  pas  préci- 
sément l'histoire  du  drame  antique,  mais,  dans  un  sens  plus 
général,  l'histoire  des  spectacles  dan-  l'antiquité;  histoire  qui 


—  :i9/i  — 

pourra  servir  d'introduction  à  l'histoire  du  théâtre  moderne; 
Dans  celte  forme1,  l'ouvrage  est  complet,  et,  à  ce  litre,  il  res- 
tera. 

1/  académie  des  inscriptions  et  belles-lettres  en  a  jugé  ;iinsi; 
car,  à  peine  le  premier  volume  avait-il  paru,  que,  sans  en  at- 
tendre la  suite  annoncée,  elle  élut  M.  Magnin  comme  membre 
ordinaire, le  3o  novembre  1 838 ,  en  remplacement  de  M.  Sib 
\estre  de  Sacy. 

La  suite  n'a  point  paru.  Peut-être  M.  Magnin  n'a-t-il  même 
imprimé  le  premier  volume  (pie  pour  donner  au  public  un 
aperçu  de  ses  idées  et  à  L'Académie  une  pièce  probante  de  son 
érudition.  Cela  fait,  il  ne  voulait  plus  sans  cloute  offrir  aux 
lecteurs  que  l'ensemble  de  son  travail;  or,  avec  le  plan  qu'il 
en  avait  conçu  et  avec  les  bases  qu'il  en  avait  posées,  L'œuvre 
était  immense.  M.  Magnin  n'a  pas  pu  l'achever.  Mais  on  peut 
dire  qu  il  n'a  pas  cessé  d'y  travailler,  et  la  preuve  en  est  dans 
1rs  noies  nombreuses  dont  la  ville  de  Salins,  instituée  sa  léga- 
taire, est  en  possession  aujourd'hui;  la  preuve  en  est  aussi 
dans  le  plus  grand  nombre  des  morceaux  qu'il  a  publiés  de- 
puis i'l  don!  il  me  reste  à  parler. 

I\. 

Tout  <'ii  poursuivanl  son  travail,  M.  Magnin  a  l'ait  paraître 
nue  œuvre  dramatique  d'un  caractère  forl  curieux.  Il  a  publie, 
après  une  nouvelle  collation  d'un  manuscrit  presque  contem- 
porain, ei  Lraduil  'm  français  le  Théâtre  de  Hrotsvitha,  reli- 
gieuse du  monastère  <\<'  Gandersheim,  en  Saxe,  (pu,  dans  la 
seconde  moitié  du  x'  siècle,  composai  outre  diverses  pièces 
de  vers,  si\  comédies  en  prose  latine.  Ce  n'esl  pas  mie  conti- 
nuation «lu  théâtre  ancien  :  il  \  a  un  abîme  entre  les  repré- 
sentation» scéniques  de  l'empire  el  le  dramecomme  il  reparaîl 
dans  ces  pièces;  '-i  ce  n'esl  pas  le  commencement  du  théâtre 


—  395  — 

nouveau,  il  a'est  pas  né  ainsi;  ou,  si  l'on  \eut,  c'est  encore 
le  théâtre  ancien  par  la  forme  Imitée  de  Térence;  c'est  déjà  Le 
théâtre  nom ''au  par  le  fond  emprunte  à  la  légende.  La  pieuse 
nonne,  formée  dans  sa  retraite  par  l'étude  des  auteurs  profanes 
et  des  hagiographes  chrétiens,  a  pris  dos  premiers  l'idée  de 
sa  composition,  et  de  son  éducation  chrétienne,  la  censée  qui 
l'inspire.  Son  hut  est  d'exalter  et  d<'  prêcher  la  chastetés.  Elle 
a  voulu,  dit-elle  elle-même,  substituer  d'édiiiantes  histoires  de 
vierges  chrétiennes  aux  déportements  des  femmes  païennes. 
«Or,  dit  M.  Magnin  dans  sa  préface,  pour  montrer  ces  \ic- 
Loires  féminines  dans  tout  leur  éclat,  il  était  nécessaire  que 
ces  vertus  de  femmes  lussent  exposées  aux  plus  grands  périls. 
De  là  un  choix  de  légendes,  toutes  au  fond  très-édiliantes  et 
très-morales,  mais  qui  roulent  la  plupart  sur  des  aventures 
propres  à  alarmer  un  peu  la  modestie.  Il  est  juste  d'ajouter, 
continue  l'éditeur,  que,  si  les  sujets  traités  par  Hrotsvitha  sonl 
pris  ordinairement  dans  un  ordre  de  faits  et  d'idées  qui 
semblent  inquiétants  [jour  la  pudeur,  la  plume  de  la  discrète 
religieuse  demeure  toujours  aussi  chaste  et  aussi  réservée  que 
ses  intentions  sont  candides  et  irréprochables*  »  M.  Magnin  fait 
ressortir  avec  art  ce  ipie  cette  œuvre,  fort  grossière  par  la 
langue  comme  par  la  composition  si  on  la  compare  à  ses  mo- 
dèles, a  cependant  de  nouveau  dans  l'expression  de  sentiments 
que  le  théâtre  ancien  n'a  pas  connus:  et  l'éloge  qu'il  fait  de 
son  auteur  a  reçu  la  confirmation  du  critique  éminent  <|ui  a 
rendu  compte  de  cette  publication  dans  le  Journal  des  Savants1 . 
Vussi  m'est— il  permis  de  n  \  pas  insister  davantage. 

Ce  qu'il  y  a  de  singulier  dans  cette  œuvre  au  point  de  vue 
du  théâtre,  ce  n'est  pas  l'étude  et  l'imitation  de  Térence  par 
une  rem  me  dans  un  cornent,  c'est  la  représentation  de  ces 
pièces  au  sein  d'une  communauté  religieuse:  car  M.  Magnin 

1  Jmn uni  rlr*  Savant t ,  oclobn    i     16    article  <\<  M.  Palin. 


—  396  — 

a  établi,  par  le  caractère  de  l'une  d'elles  au  moins,  qu'elles 
étaient  faites  pour  la  représentation.  C'est  toujours  une  œuvre 
exclusivement  littéraire  et  une  œuvre  isolée.  Elle  ne  forme  point 
un  anneau  dans  la  suite  des  représentations  théâtrales;  mais 
elle  témoigne  du  goût  persistant  du  théâtre  et  fait  pressentir 
qu'il  recouvrera  un  jour  l'empire  qu'il  a  perdu. 

Cet  empire  persistant  du  théâtre  était  le  principal  objet  du 
livre  auquel  M.  Magnin  travaillait;  et,  en  attendant  qu'il  pût 
en  produire  la  démonstration,  il  eut  plus  d'une  occasion  d'ex- 
poser sur  ce  vaste  sujet  ses  idées  au  public. 

Deux  grands  recueils,  célèbres  à  des  titres  divers,  reçurent 
ses  communications  :  la  Revue  des  Deux  Mondes  et  le  Journal 
des  Savants. 

Il  avait  écrit  dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  presque  dès 
son  origine,  en  i83i.  et  surtout  depuis  que  lui-même  avait 
cessé  de  collaborer  au  National  en  i83a.  Il  fut  élu  auteur  au 
Journal  des  Savants  en  18601.  De  iS32  à  18/10,  il  est  donc 
tout  entier  à  la  Revue  des  Deux  Mondes;  de  18/10  à  i852,  il 
m'  partage  entre  les  deux  recueils:  de  1 853  à  1863,  il  se  ré- 
serve uniquement  au  Journal  dis  Sarants'2. 

Indiquons  rapidement  l'ordre  de  ses  travaux  dans  ces  trois 
périodes  presque  décennales  des  trente  dernières  années  d'une 
vie  si  laborieuse. 

Dans  la  première  période,  il  reprend  avec  la  Revue  des 
D,u.i-  )b„id<s  la  suite  des  ('Indes  <|u"il  avait  commencées  avec 
le  Globe,  mais  en  leur  donnant  un  développement  qu'un 
feuilleton  de  journal  ne  comportait  pas.  Il  \  lit  preuve  de  la 
variété  «le  *-'■•>  connaissances  et  de  la  flexibilité  de  son  talent 


1  Le  3 3  juillet,  en  remplacement  de  D.mnoii. 

1  II  m  laii  ail  pus  i|m-  de  donner  une  p;«rt î.-  de  son  temps  et  do  prêter  le  con- 
courade  son  érudition  au  Comité  des  travaui  historiques,  donl  il  fui  membre  rie 

1      -    et  membre  h< raire  depuis.  La  Revue  de*  Société*  icvoante*  loi  a 

payé  -<"i  tribu!  d'étogt  érie,  1.  VIII,  nrioho  i^ri-j .  p.  'ifi'i). 


—  397  — 

par  plusieurs  articles  fort  remarqués  sur  la  littérature  française 
ou  étrangère,  la  poésie  ou  les  beaux-arts  :  la  Vie  du  Camoëns, 

un  des  travaux  les  plus  considérables  sur  l'histoire  du  grand 
poète  portugais  (i5  avril  183s)1;  la  Statue  de  la  reine  \/mt- 
rlulilr  (i5  juillet  i832),  étude  d'un  caractère  fort  neuf  alors 
sur  l'art  au  moyen  âge;  Y  Ahasvérus  et  le  Prométhée  d'Edgar 
Quinet  (ior  décembre  1  83 3  et  10  mai  1  838  );  les  Rayons  et 
les  Ombres,  de  Victor  Hugo  (1"  juin  18&0).  En  rendant 
compte  de  X Ahasvérus,  il  regrettait  qu'une  «œuvre  aussi  poé- 
tique dans  la  pensée  fût  privée  du  sceau  indestructible  du 
vers.»  Après  avoir  lu  le  Prométhée,  il  est  d'avis  que  l'auteur 
fera  bien  de  revenir  à  la  prose,  où  d'ailleurs  il  est  passé 
maître. 

Mais  c'est  surtout  l'art  théâtral  qui  fait  l'objet  de  ses  études. 
Il  avait  donné  en  1 83  5  un  chapitre  sur  la  comédie  au  ive  siècle 
qui  marque  le  terme  où  le  premier  volume  de  son  histoire 
du  théâtre  s'arrêta.  Il  revient  sur  plusieurs  chapitres  antérieurs 
de  cette  histoire  pour  donner  quelques  explications  ou  y  joindre 
quelques  accessoires  curieux  :  Le  Drame  hiératique  et  le  Drame 
populaire  en  Grèce  (io  mars  1 838) :  Le  Drame  aristocratique 
(icr  avril);  La  Mise  en  scène  chez  les  anciens,  sujet  qu'il  déve- 
loppa en  plusieurs  articles  à  des  points  de  vue  divers2.  Joi- 
gnez-y une  étude  critique  sur  les  Tragiques  grecs  de  M.  Patin 
(i5  mai  18/12),  livre  qui  lui  offrait  l'occasion  de  contrôler 
lui-même,  à  la  lumière  de  la  science  la  plus  ('prouvée  en  cette 
matière,  les  idées  qu'il  avait  émises  dans  Y  Introduction  de  son 
ouvrage. 

Dans  la  période  suivante,  il  laisse  à   la  Revue  des  Deux 

1  II  a  republic  cette  vie  comme  introduction  aux  Lusiades  du  Camoëns,  tra- 
duction de  M.  Mitlié,  revue,  corrigée  et  annotée  par  son  collègue  et  ami  Louis 
Dubeux,  en  18/11 . 

3  Présentation  et  réception  des  pièces;  Comité  de  lecture,  censure  dramatique 
(  1  "  septembre  1 839  )  ;  Les  Acteurs  ( i  5  avril  1 84o) ;  Los  Affiches ,  annonces  .  hillets 
de  spectacle  (i"  novembre   iK.io). 


—   308   — 

Mondes  ce  qui  s'adresse  à  ee  qu'on  appelle  le  grand  public  ' 
et  reporte  au  Journal  des  Savants,  où  il  vient  d'être  élu.  ce  qui 
n'a  d'at Irait  que  pour  un  nombre  plus  restreint  de  lecteurs, 
pour  le  petit  public  que  nous  sommes  avec  quelques  amis  de 
l'érudition  et  de  la  science. 

Suivons-le  d'abord  à  la  Revue  des  Deux  Mondes. 

La  tragédie  classique  venait  de  prendre  une  éclatante  re- 
vanche sur  les  succès  du  drame  nouveau .  par  la  vérité  et  la  vie 
que  M"1  Racbel  rendait  aux  grandes  créations  de  Corneille  e! 
de  Racine.  M.  Magniû  n'avait  jamais  mal  parlé  de  ce  théâtre: 
il  ne  s'était  jamais  plaint  (pic  des  imitations  malhabiles  qui 
l'axaient  fait  dégénérer.  Il  en  salue  donc  la  résurrection  dans 
M"'  Racbel.  un  poëte.  comme  il  l'appelait,  «le  poêle  inspiré 
.■I  .  -i  disait-il  dans  sa  rancune  contre  les  pâles  imitateurs,  «  le 
seul  poëte  qu'ait  produit  jusqu'ici  la  réaction  classique2.» 

Mais  le  drame  nouveau  et  une  tentative  nouvelle!  de  tra- 
gédie classique  s'étaient  retrouvés  en  présence  par  la  mise  en 
scène  en  une  même  année  des  BurgravèS  de  Victor  Hugo  et  de 
la  Lucrèce  de  Ponsard.  M.  Magnin  était  par  là  mis  en  demeure 
de  reviser  les  jugements  qu'il  avail  prononcés  à  l'occasion  de 

la  querelle  des  deux    partis   en   d'autres  circonstances. 

1  En  i84o  (i5  décembre),  il  avait  rendu  compte  de  la  réception  '!<■  M.  Flou- 
rens  ■>  l'Académie  française.  En  t8Ai  (i5juin),  il  rend  compte  de  celle  de 
M.  Victor  Hugo,  sous  ce  titre  :  In  duel  politique,  réception  de  tf.  Victor  lluiçoi'i 
l'Académie  française.  ajoutez  le  Vaujragi  de  Sepvheda,  poème  de  Corte  Real 
ui  siècle  :'r  aoul  i8hh)\  le»  Breton»,  par  Brizeux  (i"  aoûl  i845);  — 
Roland,  ou  In  Chevalerie,  par  M.  Delécluze  (i5  .juin  18A6);  la  Chevalerie  en 
Etpagne  et  le  Romancero  i"  aoûl  18Û7);  Tealro  celette  (  l<"-  Comédiens  on 
par-icli-.  ■  :  Commencement»  <lr  lu  comédie  itaUennt  <■>,  France  (  1  •">  décembre  1  K'17  ). 

-  Voyez  aes  articles  sur  la  Reprise  du  Gd  (i"  février  1 84a  la  Reprise  de 

,1,0,  Sancht  i'  Wagon  1 1"  mars  i86û  I.  Voyez  aussi  la  Reprise  <r<h-cstr  (i5  dé- 
cembre i-  i5  u  et,  pour  la  Comédie,  />"»  .In,,,,  nu  Théâtre-Français  (1*  Irvrinr 
iShn  ).  Dans  un  article  intitulé  :  Quelques  pages  A  ajoutera  Vhistoircde  MoUtre^W 
publie  cenl  cinquante  vers  mat  aroniques  qui  se  rencontrent  en  pins  dans  une  an- 
cienne édition  (exemplaire  probablement  unique) de  la  Cérémomedu  Halitdè'imd- 
frinuurw"  juillet  18Â6).  La  plupart  de  ces  articles  ont  été  tirés  =i  part. 


—  &99  — 

On  l'a  vu,  des  nouveau*  classiques  il  n'avait  jamais  attaqué 
que  la  prétention  de  continuer  un  théâtre  <[ii  ils  rabaissaient 
au  niveau  d'une  imitation  impuissante.  «Continuer  les  grands 
maîtres.  disait-il,  c'est  innover  à  son  tour.»  Ces!  à  ee  titre 
qu'il  avait  prôné  Victor  Hugo  dans  Hemani;  c'est  à  ce  titre 
qu'il  le  soutient  encore  dans  les  Burgrnvcs.  Il  avoue  que  le 
drame  des  romantiques  ou  «le  drame  nouveaux  n'a  pas  en- 
tièrement répondu  à  l'attente  de  la  critique.  Il  ne  dissimule 
pas  ses  déceptions.  Il  déclare  «tune  partie  des  réformateurs 
théoriciens  (évidemment  il  est  du  nombre)  peu  satisfaits  de 
n'avoir  canonné  la  tirade  que  pour  revoir  la  tirade  debout  et 
grandissante,  de  n'avoir  proscrit  les  aparté  et  les  monologues 
que  pour  voir  reparaître  les  aparté'  et  s'allonger  indéfiniment 
les  monologues,  de  n'avoir  prêché  le  respect  de  l'histoire  que 
pour  voir  les  plus  grandes  figures  historiques  déplorablement 
grossies  ou  rapetissées  suivant  les  besoins  de  l'optique  théâ- 
trale1.* Quant  à  la  pièce  dont  il  rendait  compte,  il  y  signa- 
lait des  vers  qu'il  était  impossible  de  lire,  disait-il,  «sans  se 
rappeler  les  chœurs  d'Eschyle. v  Elle  lui  paraissait  ce  «que 
M.  Hugo  avait  tenté  jusque-là  sur  la  scène  de  plus  grave,  de 
plus  élevé.  11  y  a  incontestablement,  continuait-il  ,  progrès 
dans  l'inspiration,  progrès  dans  l'expression2.* 

Il  était  pourtant  obligé  de  reconnaître  que  le  nouveau 
drame  n'avait  eu  qu'un  succès  «de  réflexion3,*  et  il  avait  à 
onstater  le  succès  d'enthousiasme  obtenu  par  la  pièce  qui, 
peu  de  mois  après,  s'était  produite  au  théâtre  dans  un  esprit 
de  réaction  contre  le  drame  romantique.  Le  public  qui  avait, 
acclamé  Hemani  venait  d'assurer  un  triomphe  non  moins  écla- 
tant à  la  Lucrèce  de  Ponsard.  Ce  grand  revirement  de  l'opi- 
nion l'amène  à  s'arrêter  sur  la  situation  du  théâtre  en  France. 

1   Hevup  des  Deux  Mondea .  i  5  mars  1 8 'i3 ,  p.  i  o55. 

-  Ibid.  p.  1  o ('>.">. 

;   Dans  son  article  sur  In  Lho-pcp  <Ip  Ponsard,  ibid.  i"  juin  is'i^,  p.  ■y^s. 


C 


—  400    - 

-  La  tragédie  de  Lucrèce  est-elle  le  drame  depuis  si  longtemps 
attendu,  le  drame  du  xixe  siècle1?»  Il  se  demande  quelles  sont 

les  causes  de  sou  succès.  La  création  de  caractères,  l'invention 
d'incidents?  Non.  La  peinture  fidèle  du  temps  où  la  scène 
nous  reporte?  Pas  davantage.  La  versification,  le  style?  Nou- 
velle occasion  de  critique.  Ce  qui  a  fait  le  succès  de  la  pièce, 
selon  M.  Magnin,  ce  n'est  point  sa  beauté  propre,  ce  sont  les 
défauts  qui  blessent  le  public  dans  la  plupart  des  drames  de 
l'école  opposée2.  On  voit  quelle  sympathie  il  garde  pour  elle 
sans  la  vouloir  flatter,  et  avec  quel  regret  il  lui  voit  céder  la 
place  à  d'autres.  Cette  fidélité  de  M.  Magnin  à  la  cause  ro- 
mantique a  été  signalée  avec  une  légère  pointe  d'ironie  par  un 
de  ceux  qu'il  s'était  plu  à  prôner  comme  un  des  premiers  de 
la  nouvelle  école,  et  qui,  à  ce  titre,  aurait  pu  lui  tenir  un 
peu  plus  compte  de  cet  honorable  sentiment  : 

Il  est  a  remarquer,  dit  Sainte-Beuve  dans  ses  Nouveaux  Lundis, 
combien  M.  Magnin,  qu'il  avait  peut-être  fallu  un  peu  enhardir  et  pousser 
d'abord,  demeura  ensuite  fidèle  aux  impressions  de  cette  forme  de  drame 
où  l'imagination  et  la  fantaisie  jouaient  un  si  grand  rôle  et  s'accordaient 
pins  d'exagérations  en  tous  sens  que  la  libre  française,  bêlas I  n'en  pou- 
vait porter.  Les  années  et  les  épreuves  successives,  loin  de  le  désabuser, 
ne  firent  que  le  confirmer  dans  son  premier  jugement. . .  Très-peu  ro- 
mantique de  sa  nature  propre,  M.  Magnin  se  Imma  l'être  beaucoup  en 
l'ait  et  par  accident,  lucuo  critique  dans  cette  ligne  ne  peut  se  vanter 
d'être  plus  conséquent  avec  lui-même.  Il  avait  baptisé  le  drame  nouveau 
dans  limai  ni:  il  lui  donnait  encore  le  dernier  sacrement  dans  les  Bur- 
graoeè  . 

1  Revue  des  Deux  Mondée,  i"  juin  i843,p.  738. 
ïbid.  p.  7  'i  i  .'i  7'k).  Il  a  fait  tirer  à  part  ces  deux  articles. 

-1  \ouveaua  Lundi»,  p.  155,  156.  Il  «lit  encore  :  ((Quant  au  drame  moderne 
etadi  dernières  productions  de  l'école  romantique  au  théâtre,  l'interruption  de 
quelques  années  l'avait  évidemment  arriéré  un  peu;  il  en  est  encore  à  l'admira- 
tion, quand  !<•  public  en  est  arrivé  à  la  fatigue.  Il  ressemblait  à  un  homme  qui 
aurait  laissé  la  lecture  d'un  livre  à  une  certaine  page  et  qui  le  rouvrirait  assez 
longtemps  après,  juste  ê  Pendrait  où  il  avait  mis  le  signet.  M.  Magnin  reprenait 


_  501   — 

La  Revue  des  Deux  Mondes  publia  encore  dé  M.  Magnin  un 
travail  plus  étendu  et  plus  suivi.  En  attendant  L'achèvement 
de  son  Histoire  du  théâtre  moderne,  il  en  voulut  détacher  un 
chapitre  qui  l'Ai  comme  la  petite  pièce  à  côté  «le  la  grande; 
car  c'est  encore  une  histoire  du  théâtre,  d'un  théâtre  au  petit 
pied  :  XHistoire  des  Marionnettes1.  Dût-on  l'accuser  de  pédan- 
tisme  dans  sifications,  il  veut  retrouver  pour  ces  petits 

acteurs  les  trois  grandes  divisions  qu'il  a  marquées  dans  l'his- 
toire du  drame.  «C'est  qu'en  effet,  dit-il,  l'humble  domaine 
des  marionnettes  esl  comme  une  sorte  de  microcosme  théâtral 
dans  lequel  se  concentre  et  se  reflète  en  raccourci  l'histoire 
du  draine  entier,  et  où  l'œil  de  la  critique  peut  embrasser,  avec 
une  netteté  parfaite ,  l'ensemble  des  lois  qui  règlent  la  marche 
du  génie  dramatique  universel2.» 

On  aura  donc  les  marionnettes  hiératiques,  aristocratiques 
et  populaires.  L'auteur  nous  fait  remonter  encore  aux  temps 
les  pins  reculés,  aux  plus  \ieu\  cultes  de  l'Egypte,  de  la  Grèce 
et  de  Rome,  à  Jupiter  Ammon,  à  Dédale  et  à  l'école  d'Egine, 
aux  statues  fatidiques,  aux  lectisternes  et  aux  images  (h^  dieux 
détournanl  la  tête  des  mets  qu'on  leur  offrait.  L'idole  mobile 
esl  pour  lui  uiu-  marionnette,  et  tout  n'y  est  pas  jouet  d'en- 
fant. 11  nous  montre  en  Grèce  et  en  Italie  les  marionnettes  in- 
troduites à  la  fin  des  banquets,  el  même  plus  tard  succédant 
sur  la  scène  aux  acteurs  :  faisant  à  Athènes  leurs  ébats  jusque 
sur  le  théâtre  de  Bacchus;  à  Rome,  empruntant  leurs  costumes 
et  quelquefois  prêtant  leurs  personnages  aux  atellanes.  Mais 
il  serait  trop  long,  quelque  agrément  qu'il  nous  y  offre,  de 

sa  lecture  à  un  feuillet  où  le  public  n'était  déjà  plus.  Sa  montre  retardait.  11  ne  sut 
pas  crier  holà!  hardiment  ei  faire  entendre  à  propos  le  signal  d'arrêt,  comme 
c'est  le  propre  des  Boileau,  des  Johnson,  de  tous  les  fermes  cl  vigoureux  n-ili- 
ipues.'?  [Nouveaux  Lundis,  p.  466.) 

1  Revue  des  Dnix  V  5  juin,  i"  aoùl  el  i5  septembre  i85o;  i"juin 

i  85  i  :  rr  mars  i  s*>:'.  Il  -'n  lit  un  tirage  à  part  qui  constitue  la  ; r  édition. 

-  Histoire  des  Marionnettes,  a   édition,  p.  y. 

n.  27 


—  402  — 

refaire  avec  lui  ce  curieux  voyage  à  travers  les  siècles  et  les 
pays;  car  il  suit  ses  petits  personnages  dans  tous  les  temps, 
antiquité,  moyen  âge,  temps  modernes;  il  les  retrouve  dans 
tous  les  pays  de  même  humeur,  sous  des  traits  différents ,  imi- 
tant, parodiant  le  théâtre,  frondant  même  les  puissances  :  ré- 
volutionnaires (c'est  un  peu  du  tempérament,  de  Polichinelle), 
aristocrates  aussi  et  comptant  des  victimes  au  moins  parmi 
ceux  qui  b-s  taisaient  mouvoir  :  témoin  ce  couple  de  bateleurs 
qui  partagèrent  aux  (larmes  la  prison  du  prince  de  Montbazon  , 
de  l'amiral  de  Hohau.  du  général  Alexandre  de  Beauharnais,  el 
périrent,  l'homme  et  la  femme,  sur  Péchafaud, —  le  g  Iher- 
midor,  le  jour  de  la  chute  de  Robespierre!  —  parce  qu'une 
de  leurs  poupées,  jouant  Charlotte  Corda  y.  avait  crié  :  A  bas 
M  a  rat! 

J'ai  dit  que  depuis  1860  M.  Mngnin  se  partageait  entre  la 
Revue  des  Deux  Mondes  et  le  Journal  des  Savants.  Le  .loin-nul  des 
S/iranis  devail  être  l'objet  de  ses  préférences.  Tout  en  gardant 
1  sa  critique  les  mêmes  allures,  il  pouvait  y  produire,  comme 
dans  leur  lieu  naturel,  les  fruits  de  son  érudition,  sans  avoir 
rien  à  craindre  de  son  public,  ni  de  son  directeur.  Il  pouvait 
v  développer  ses  idées  en  la  forme  qui  convenait  le  mieux  à 

modestie,  non  sous  un  titre  qui  fut  sien,  mais  pour  ainsi 
dire  sous  le  couvert  des  autres  et  connue  derrière  le  livre  dont 
il  rendait  compte  au  lecteur. 

Ici  encore  on  pourrait  faire  un  partage  :  d'un  côté,  les  ar- 
ticles relatifs  à  divers  sujets  d'érudition1,   de  l'autre  ceux  qui 

1  II  commence  par  trois  articles  sur  les  Estienne,  à  propos  des  Annale»  de  l'im- 
primerie </'".-  Entienne,  ou  Histoire  <!■  la  famille  <l<*  Estienne  et  '/<■  leurs  éditions,  par 
Inteim  kugnsle  Renonard  (novembre  i84o,  janvier  el  mare  18/11).  On  a  vn  par 
quelles  raisons  de  laraille  il  devail  B'inléi  isser  aui  grands  noms  de  la  librairie  fran- 
I.11  Chronique  de  la  découverte  et  <l>'  la  conquête  de  lu  Guinée,  écrite  |>;ir 
Gomèa  Éanès  'l"  tzurara  .  publiée  parle  vicomte  deCarreira,  avec  une  introduc 
tion  du  vicomte  de  Santarem  (juillet  *'i  décembre  18A1).  -  Poésie*  populo 
latines  antérieure*  "»/  r/i*  siècle   recueillie?  pai  Édélesfand  du  Wéril  (janvier,  mai 


—  403  — 

tiennent  à  l'histoire  du  théâtre.  11  j  traite  du  drame  chrétien 
sous  une  forme  imitée  de  l'antiquité  en  parlant  d'une  publi- 
cation intéressante  de  Dùbner.  ChrisUu  paiiens1 .  Il  signale  les 
premiers  essais  du  drame  nouveau  en  analysant  les  Drames 
liturgiques  du  moyen  âge  de  M.  E.  de  Goussemaker2 ;  il  le  re- 
trouve avec  la  triple  origine,  qu'il  a  cherchée  si  loin,  hiératique, 
aristocratique  et  populaire,  dans  le  Théâtre  français  au  moyen 
■<jr,  publié  par  MM.  Monmerqué  cl  Francisque  Michel3.  Il  en 
suit  les  premiers  développements  au  xtv  et  au  XVe  siècle  dans 
une  étude  sur  la  farce  de  Maître  Pierre  Patelin,  et  dans  une 
suite  d'articles  sur  le  Théâtre  français  avant  Corneille'1,  où  il 
distingue,  avec  une  remarquable  justesse  d'observation  et  une 
rare  sagacité  de  critique,  ce  qui  doit  se  rapporter  aux  ménes- 
trels, aux  clercs  de  la  basoche,  ou  aux  Enfants  sans  souci  :  jeux 
ou  dits,  farces  et  soties,  dont  l'origine  restait  indécise5. 

Les  nombreux  articles  qu'il  avait  publiés  jadis  sur  le  théâtre 

.•t  mai  is'i'i  i.  —  Barztu-Breiz,  chants  populaires  de  la  Bretagne,  recueillis  et 
publiés  par  Th.  Hersart  de  la  Villemarqué  (  mars  et  août  1 8/17  ).  —  Poésies  popu- 
[aires  latines  du  moyen  âge,  2e  recueil  de  M.  Edélestand  du  Méril  (janvier  1  848). 
—  Le  Ménager  de  Paris ,  traite  de  morale  et  d'économie  domestique  composé  vers 
t393  par  un  Parisien  pour  l'éducation  de  sa  femme,  publié  parla  Société  des 
bibliophiles  français  (novembre  i848).  —  Collection  des  portes  champenois  anté- 
rieurs h  a  1 1 1  siècle ,  par  Prosper  Tarbé  (juillet  et  août  1  85 1).  —  La  Chanson  de 
Roland,  publiée  par  M.  Génin  (septembre  el  décembre  j85a  .  mars  1 853).  — 
Lu  Satire  en  France  au  moyen  âge,  par  C.  Lenient  (octobre  1859).  Il  y  a  eu 
des  tirages  à  part  du  plus  grand  nombre  de  ces  articles. 

1  Christus  paiiens,    Ezechielis   et  christianorum  poetarum  reliquiœ  dramaticoe 

umal  des  Savante,  aoûl  18/18,  janvier  18/19). 
Iliid.  mai  el  septembre  1860  et  août  1861. 

Notamment  le  Miracle  de  saint  Nicolas,  de  Jean  Bodei  :  le  Mariage  Adam,  ou 
la  Feuillie  et  le  Jeu  de  Robin  et  Marion,  d'Adam  de  la  Halle  (janvier,  février,  août, 
septembre  et  octobre  1 816  )  :  le  icr  hiératique,  le  a'  démocratique,  le  3e  aristo- 
cratique. On  pourrait  contester  ces  qualifications. 

*  Journal  des  Savants,  décembre  i855,  janvier  el  février  i856. 

5  Ancien  Théâtre-français  ,  ou  Collection  des  ouvrages  dramatiques  les  plus  remar- 
quables depuis  les  mystères  jusqu'à  Corneille  'Paul  Jannet,  186/1-1857,  10  vol. 
in-18).  |  Journal  des  Savants,  avril,  mai  ft  juillet  1 858.  ) 

37. 


--  40/i  — 

anglais  dans  le  Globe  pouvaient  donner  l'assurance  qu'il  ne 
négligerai!  pas  davantage  le  tbéâtre  étranger.  En  i843,  il 
rendait  compte  d'un  livre  où  l'on  avait  voulu  voir  le  proto- 
type de  la  comédie  espagnole,  la  Célestine1  :  curieux  article 
on.  tout  en  déterminant  le  vrai  caractère  de  cette  œuvre  si 
vantée  d'un  autour  inconnu,  il  trouve  l'occasion  de  maintenir 
sa  doctrine,  à  savoir,  que  le  théâtre  espagnol  dérive,  comme 
tous  les  théâtres  européens,  des  trois  sources  hiératique,  aris- 
tocratique et  populaire2.  En  i844,  la  traduction  des  chefs- 
d'œuvre  de  ce  théâtre  par  M.  Damas-Hinard  le  conduisait  à 
l'examiner  en  lui-même  dans  les  œuvres  de  Lope  de  Vega  .  de 
(laideron,  et  de  montrer  à  quel  point  il  connaissait  les  poètes 
et  savait  goûter  leurs  ouvrages3.  Dans  ses  éludes  antérieures, 
il  s'était  occupé  du  théâtre  portugais  :  c'est  même  à  ce  propos 
qu'il  avait  constaté  pour  la  première  l'ois  l'affinité  du  drame 
et  des  cérémonies  religieuses,  du  théâtre  et  de  l'église4.  En 
i84a,  il  avait  étendu  ses  recherches  jusqu'en  Chine.  M.  Bazin 
avant  publié,  sous  le  titre  de  Théâtre  chinois,  un  choix  de 
pièces  composées  sous  les  empereurs  mongols,  el  traduit  un 
drame  intitulé  le  Pipaki,  ou  Histoire  du  luth,  M.  Magnin  pro- 
fitai! de  la  circonstance  pour  remonter  plus  haut  dans  l'his- 
toire du  théâtre  en  Chine.  I!  i  veut  taire  loyalement  la  contre- 
épreuve  du  système  (jii'il  avait  soutenu  sur  les  trois  sources 
du  drame  en  tout  temps  el  en  tout  pays.  Il  \  trouve  le  drame 
aristocratique  dans  les  fêtes  des  grands ,  el  le  dr; populaire 

Lai         •>  .  Iragi-comédie  de  Galixte  el  Mélibée,  traduite  de  l'espagnol, 
annotée  et  précédée  d'un  essai  historique  par  M.  Germonddela  Vigne. 

il  le  fait  dériver:  r  de  certaines  cérémonies  et  représentations  liturgiques 
devenues  peu  à  peu  laïques  el  transformées  avec  le  temps  on  autos;  a"  des  è\ 
gueselpoétit  liées  récitées  ou  chantées  dans  les  galas  royaux  ou  princiers; 

;  des  parade*  ou  jongleries  populaires,  exécutées  tes  jours  de  foire  dans  les  carre- 
let les  marchés,  i  Journal  de»  Savante,  avril  18^ 
'    nov<  ml'i  e  i  -  '■  'i  el  novembre  t  845. 
*    Globe  An  a8  juin  183*3  I  Méditation» ,  t.  M,  p.   loâetsun 


—   105  — 

ne  manque  jamais.  Quanl  au  drame  hiératique,  lu  religion 
«les  Chinois  lui  offre  le  chant  cl  la  danse,  qui  en  sont  les  prin- 
cipaux éléments;  mais  il  avoue  que  jusqu'ici  on  n'a  pas  acquis 
la  preuve  que  le  draine  s'en  soit  dégagé,  et  l'on  peut  conce- 
voir, à  son  avis,  qu'il  n'y  ait  reçu  que  de  faibles  développe- 
ments, le  culte  public,  depuis  des  siècles,  n'existant  pour 
ainsi  dire  pas  dans  la  Chine1. 

V. 

J'ai  dit  que,  depuis  la  fin  de  i83a,  M.  Magnin  s'était  re- 
tiré du  National  et  de  la  vie  politique.  Il  eut  pourtant  encore 
ou  on  lui  suggéra  la  pensée  d'j  rentier  à  l'époque  des  élec- 
tions générales  qui  suivirent  la  chute  du  cabinet  de  M.  Thiers 
et  L'avénement  du  dernier  ministère  de  M.  Guizot.  Il  se  pré- 
senta  aux  suffrages  des  électeurs  de  Poligny,  un  des  arrondis- 
sements du  Jura,  en  concurrence  avec  M.  Pouillet,  notre 
ancien  confrère  de  l'Académie  des  sciences.  Dans  sa  profession 
de  foi,  après  avoir  rappelé  la  ligne  politique  qu'il  avait  suivie 
de  iM-î'i  à  i83a  et  la  vie  toute  littéraire  où  depuis  lors  il 
s'était  renfermé,  il  exposait  ses  idées  sur  la  situation,  et  l'atti- 
tude qu'il  complaît  prendre.  Il  acceptait  le  gouvernement 
établi  et  n'approuvait  ni  l'hostilité  systématique,  ni  la  cons- 
tante et  béate  soumission  à  toutes  les  volontés  du  pouvoir.  Il 
s'élevait  contre  le  spectacle  qu'avaient  offert  les  deux  dernières 
législatures:  ••  Des  portefeuilles  pris,  perdus,  repris  d'assaut; 
I  s  plus  .scandaleux  revirements  de  systèmes;  les  plus  tristes 
rivalités  de  personnes;  les  bancs  de  la  Chambre  divisés  en  une 
foule  de  petites  coteries,  foyers  d'animosités  et  d'intrigues; 
l'anarchie  en  un  mot  dans  le  sanctuaire  législatif.»  Quant  à 
lui,  il  voulait  une  opposition  qui  put  être  «une  force  pour  le 

■    Journal  des  Savant» ,  mai  el  octobre  1 84  a,  janvier  18  4  3* 


—  406  — 

gouvernement,»  «des  avertissements  adressés  au  besoin,  smi 
aux  partis,  soit  aux  ministres;)}  c'est-à-dire  <juc,  faisant  le 
procès  à  tout  le  monde,  il  se  mettait  en  dehors  des  partis;  ce 
n'était  pas  le  moyen  d'entrer  dans  la  Chambre  :  il  échoua. 

Il  s'en  consola  facilement  dans  la  poursuite  de  ses  travaux. 
Et  vraiment,  quand  on  se  le  rappelle  tel  qu'on  le  voyait  tous 
les  jours,  assis  devant  sa  table,  une  table  couverte  de  papiers 
et  de  livres,  dans  la  solitude  que  la  Bibliothèque  ménageait 
encore  alors  au  conservateur  des  imprimés  au  fond  de  la  salle 
des  Globes,  on  se  demande  ce  qu'il  serait  allé  faire  dans  l'agi- 
tation d'une  assemblée  législative,  même  sous  le  roi  Louis- 
Philippe.  Dans  tous  les  cas,  assurément  ce  n'est  pas  lui  qui 
aurait  provoqué  la  révolution  de  1 848 ,  ni  donné  son  appro- 
bation au  coup  d'Etat  du  a  décembre.  11  n'avail  jamais  été  par- 
tisan des  coups  d'Etat  et  avait  perdu  le  goût  des  révolutions. 

Un  changement  plus  considérable  s'était  produit  dans  sa 
manière  de  voir  sur  une  question  qui  se  place  au-dessus  de 
tous  les  systèmes  politiques.  En  i  853,  se  trouvant  à  Salins, 
il  avait  éprouvé  les  premières  atteintes  du  mal  qui  devait  plus 
lard  l'emporter,  un  mal  cruel  qui  vient  si  souvent  punir  l'homme 
d'études  d'avoir  réduit  son  corpsà  une  vie  trop  sédentaire.  Il  en 
fut  attaqué  >i  vivement  que  l'on  put  craindre  un  danger  pro- 
chain. l);ms  ces  douloureuses  circonstances,  il  reçut  au  sein 
de  la  famille  qui  l'avait  accueilli  les  soins  les  plus  attentifs, et 
il  v  eu  cul  aussi  pour  son  âme.  Des  paroles  amies  réveillèrent 
dans  sou  cœur  des  sentiments  qui  n\  avaient  jamais  été  en- 
tièrement étouffés.  Rendu  pour  un  temps  à  la  santé,  il  revint 
sur  ces  impressions;  il  appliqua  aux  grands  problèmes  de  la 
vie  humaine  cet  esprit  critique  et  ce  ferme  jugement  qu'il 
.i\;iit  portés  dans  de  moindres  questions  pendanl  le  cours  de  sa 
carrière,  et  il  fut  ramené  à  la  foi  par  la  raison. 

Cette  conversion  put  modifier  l'attitude ,  le  langage  de  quel 
ques  personnes  à  smi  égard;  elle  le  laissa  dans  les  mem< 


—  407  — 

termes  envers  le:,  autres.  Pour  s'j  maintenir,  il  souhaitait 
qu'on  ne  le  contredît  point  :  ^Je  n'afficherai  point  mon  chris- 
tianisme, disait-il,  et  autant  que  possible  j'éviterai  d'en  par- 
ler, mais  aussi  je  n'en  rougirai  pas,»  el  il  tint  parole,  ajoute 
Sainte-Beuve1.  Mais  aussi,  quand  on  l'interrogeait,  il  n'en- 
tendait point  garder  sa  lumière  sous  le  boisseau.  Il  l'a  prouvé 
dans  uni'  lettre  écrite  en  1 855  à  une  personne  qui  voulait  sa- 
voir de  lui  les  causes  de  sa  résolution,  désirant  s'éclairer  elle- 
méme. 

Dans  cette  Lettre,  qui  n'a  pas  encore  été  rendue  publique, 
M.  IVfagnin  se  manifeste  tout  entier  à  celui  qui  lui  donne  celle 
preuve  de  confiance;  et,  pour  le  mieux  éclairer  sur  le  chemin 
qu'il  a  fait,  il  lui  marque  le  point  d'où  il  est  parti  lui-même. 
Son  éducation  a  été  chrétienne,  et,  quand  le  commerce  du 
monde  l'eut  entraîné  hors  de  la  foi,  il  a  su  s'arrêter  sur  cette 
pente  et  rester  déiste  el  spirilualiste.  Il  raconte  comment,  long- 
temps distrait  des  questions  religieuses,  il  v  avait  été  ramené 
dans  l'automne  de  1 853  et  s'était  promis  de  ne  pas  quitter  le 
monde,  .s  il  le  pouvait,  sans  résoudre,  dans  la  mesure  de  ses 
forces,  le  problème  le  plus  important  de  tous.  Fort  de  ce 
double  principe  :  l'existence  de  l'âme  et  l'existence  de  Dieu,  il 
a  examiné  tour  à  tour  les  religions  et  les  phiiosophies.  Dans  les 
religions  il  n'a  vu  que  panthéisme,  excepté  chez  les  Juifs;  mais 
la  religion  des  Juifs  lui  a  semblé  ~ plutôt  le  rituel  provisoire 
d'un  petit  peuple  que  la  religion  destinée  à  («'direction  suprême 
du  genre  humain.  ••  Dans  les  phiiosophies,  c'était  encore  au  fond 
le  panthéisme,  excepté  chez  Descartes;  mais  la  philosophie  de 
Descartes  ne  lui  donnait  que  ce  qu'il  tenait  pour  assuré.  Dieu 
et  l'âme:  «noble  croyance,  assez  forte  pour  les  temps  calmes, 
mais  impuissante  contre  les  tourmentes  des  passions  violentes  el 
contre  l'assaut  des  grandes  douleurs.  »  Que  devait-il  faire?  S'en 
tenir  à  cette  ombre  de  religion  «qu'on  appelle,  dit-il,  la  rcli- 

Nouveaux  Lundi*,  t.  Y.  p,  '17a. 


—  408  — 

gion  naturelle,  bien  qu'en  réalité  elle  laisse  sans  satisfaction 
les  plus  profonds  besoins  de  la  nature  humaine?»  adopter  la 
profession  de  foi  <lu  Vicaire  savoyard,  c'est-à-dire  le  christia- 
nisme moins  ses  éléments  divins,  cç le  christianisme  sans  ce 
qui  oblige  et  commande,  sans  ce  qui  relève  et  console? »  ou 
bien,  laissant  «le  christianisme  amoindri  et  mutilé  de  Jean- 
Jacques,  embrasser  le  christianisme  complet,  le  christianisme 
de  saint  Paul,  de  saint  Augustin,  de  Bossuet?»  —  «Mon 
choix,  dit-il,  n'aurait  pas  été  un  moment  douteux,  n'eût  été 
cette  terrible  pierre  d'achoppement  :  les  mystères.» 

Mais  est-ce  dans  le  christianisme  seul  qu'il  \  a  (\r^  mys- 
tères? II  passe  en  revue  les  principales  branches  des  Connais- 
sances humaines,  el  montre  que  partout,  dans  l'ordre  phy- 
sique comme  dans  l'ordre  métaphysique,  l'homme  se  heurte  à 
des  mystères  ;  qu'il  est  à  lui-même  un  mystère.  Il  va  pourtant 
cette  différence:  les  mystères  de  la  nature  se  manifestent  au 
moins  par  des  faits  sensibles;  et  les  premiers  principes  des 
métaphysiciens  et  desgéomètres,  tout  en  dépassant  notre  intel- 
ligence, s'imposent  encore  à  nos  esprits  par  l'impossibilité  de 
les  rejeter.  Les  mystères  religieux  n'ont  pour  se  faire  admettre 
qu'une  autorité,  une  autorité,  ii  est  vrai.  <jui  dépasse  infini- 
ment toutes  les  autres,  si  elle  est  n-munue  :  la  parole  de  Dieu, 

la  révélation.  La  révélation  est-elle  recevable?  Tout  est  là.  et 
l'argumentation  de  M.  Magnin  tend  à  prouver  que  dans  l'ordre 
historique  elle  s'impose  elle-môme  à  nous  par  «deux  grands 
faits  sensibles,  éclatants,  reconnus  de  tous,  qui  occupent  une 
place  immense  dans  l'histoire  des  hommes  et.  dans  celle  des 
idées  :  l'apparition  de  l'Evangile  et  la  perpétuité  du  gouverne- 
ment  de  l'Eglise. 

i"  L'apparition  de  l'Evangile,  dont  la  lumière  a  Lut  pâlir 
toute  autre  lumière;  de  l'Evangile  quin'a  d'antécédents  nulle 
part,  dont  les  révélations  sont  en  opposition  directe  avec  les 
idées  et  les  mœurs  du  peuple  au  milieu  duquel  d  a  pain. 


—  409  — 

L'établissement  el  la  perpétuité  du  gouvernement  de 
l'Eglise,  malgré  toutes  les  raisons  qui  devaient  rendre  l'une  et 
l'autre  chose  impossibles  :  gouvernement  qui  s'esl  institué  de 
l'aveu  même  des  princes,  à  qui  il  ôte  leurs  plus  anciennes  el 
leurs  plus  chères  prérogatives,  et  qui  dure  malgré  tant  de 
schismes,  tant  d'hérésies .  tant  de  passions  et  d'intérêts  conjurés 
(•nuire  lui:  ijui  dure  malgré  les  accidents  mêmes  de  la  fragi- 
lité humaine  chez  1rs  dépositaires  de  ce  pouvoir: 

De  cette  impossibilité  d'expliquer  par  des  raisons  naturelles  ces  deux 
grands  phénomènes  historiques,  dit-il,  je  crois  pouvoir  légitimement 
conclure  la  divinité  de  l'Evangile,  et  la  sainte  et  surhumaine  autorité  de 
I  Eglise.  En  ra'inclinant  ainsi  devant  le  mystère  de  la  révélation,  qui  <m- 
traîne  à  sa  suit.-  la  soumission  aux  autres  mystères,  je  ne  crois  pas  plus 
humilier  mon  intelligence  cjue  lorsque,  dans  l'ordre  physique  ou  mathé- 
matique, j'adhère  à  telle  ou  telle  vérité  qui  surpasse  la  portée  de  ma  raison. 

El  il  finit  en  exprimant  à  son  correspondant  le  vœu  que  ces 
considérations,  si  elles  ne  le  persuadent  pas,  ramènent  à  des 
réflexions  où  il  trouvera  par  lui-même  plus  de  raison  de  se 
convaincre  :. 

Son  espérance  ne  fut  pas  trompée;  avant  de  mourir  il  eut 
la  consolation  de  voir  son  ami  revenu  aux  vérités  qu'il  lui  avait 
rappelées. 

Depuis  qu'il  avait  reçu  les  premiers  avertissements  de  la 
maladie,  il  avait  resserré  le  cercle  de  ses  (nivaux.  Il  se  réduit 
au  nécessaire.  \  partir  de  t853,  il  cesse  d'écrire  dans  la  Revue 
des  Deux  Mondes;  i!  se  réserve  (Mit  entier  pour  le  Journal  dos 
S  mnts.  Il  n  était  point  lié  à  l'égard  de  la  I Irrite  ;  il  était  obligé 
envers  le  Journal  à  lui  fournir  plusieurs  articles  par  an;  el 
rien  ne  pouvait  l'arrêter  dans  l'accomplissemenl  d'un  devoir. 
\  eût-il  pas  mieux  valu  qu'il  mil  à  profit  ces  dernières  années 
pour  terminer  l'histoire  dont  il  n'avait  donné  que  l'introduction 

1  On  trouvera  celte  lelln  reproduite  tout  entière  à  la  lin  de  celte  nolici 


—   .'ilO  — 

au  public?  et  ïe  Journal  des  Savants  n'est-il  pas  eu  quelque 
sorte  responsable  de  l'inachèvement  du  livre  qu'on  attendait 
de  son  érudition?  Si  l'on  considère  l'ensemble  des  articles  pu- 
bliés par  M.  Magnin,  on  est  fondé  à  dire,  au  contraire,  que 
c'esl  au  Journal  des  Savants  que  l'on  doit  do  connaître,  partiel- 
lement au  moins,  ses  idées  sur  les  principales  époques  de  cette 
histoire.  Il  aurait  pu  accumuler  quelques  notes  de  plus:  il  au- 
rait gardé  ses  lumineux  aperçus  pour  lui-même,  s  il  n'avait 
eu  cette  occasion  de  les  exposer  au  public. 

En  1  Sbi  ,1e  mal  dont  il  n'avait  pas  cessé  de  souffrir  depuis 
1 853  prit  un  redoublement  d'intensité.  II  dut  garder  la  cham- 
bre, ne  plus  venir  à  vos  séances  hebdomadaires,  se  séparer  de 
la  Bibliothèque  :  c'était  pour  lui  se  séparer  du  monde,  renon- 
cer à  la  meilleure  partie  de  sa  vie.  Il  se  soumit  à  la  nécessité 
et  se  prépara  au  dernier  sacrifice  avec  cette  résignation  calme 
qu'il  devait  à  ses  sentiments  de  chrétien.  Ceux  qui  l'ont,  vu 
dans  celle  dernière  année  (et  <pii  d'entre  nous  s'est  privé  de 
cette  consolation?)  savent  quelle  force  d'âme  il  gardail  au 
milieu  des  douleurs  les  plus  continues,  et  avec  quelle  douceur 
il  en  attendait  la  lin.  11  ne  cessai!  pas  d'ailleurs  de  travailler: 
le  travail  était  comme  le  mouvement  naturel  de  sa  pensée.  Il 
s'appliquail  aux  choses  <pu  l'avaient  le  plus  intéressé  dans  ses 
('■ludes.  ù  l'histoire  du  théâtre.  Il  achevait  de  mettre  la  der- 
nière main  (singulier  contras  e  entre  l'occupation  de  son  esprit 
et  les  souffrances  «le  son  corps!)  à  la  deuxième  édition  de  sa 
gracieuse  et  sémillante  Histoire  des  marionnettes;  il  préparait 
pour  le  Journal  des  Savants  un  dernier  article  sur  le.s  Drames 
liturgiques  au  moyen  âge,  dont  je  parlais  tout  à  l'heure.  L  His- 
toire des  marionnettes  parut  avant  sa  mort  :  j'en  liens  un 
exemplaire  de  lui  avec  une  dédicace  de  son  écriture  où  Ion 
voit  que  déjà  sa  main  tremble;  l'article  promis  sur  les  Drames 
liturgiques  est  resté  inachevé.  Charles  Magnin  mourut  le  8  ■<•- 
tobre  i  86a 


—  'lll  — 

11  avait  été  comme  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  en 
i  833  .  officier  en  iSkn. 

Avant  de  mourir  il  avait  institué  pour  légataire  universelle 
la  ville  di1  Saline,  ou  son  père  était  né,  où  il  voulait  que  son 
corps  reposai.  La  ville  reconnaissante  a  gardé  pieusement  sa 
mémoire,  et  je  lui  dois  un  témoignage  public  pour  l'empres- 
sement qu'elle  a  montréà  mettre  à  ma  disposition  tout  ce  qui 
pouvait  m'aider  dans  la  tâche  dont  je  m'acquitte  aujourd'hui. 

M.  Magnin  a  occupé  un  rang  éminent  et  il  retiendra  une 
place  d'honneur  dans  l'étude  de  l'antiquité  et  de  l'histoire  lit- 
téraire. Formé  d'abord  à  la  critique  théâtrale,  qui  veut  une 
décision  nette  et  prompte,  il  y  avait  acquis  une  rapidité  de 
coup  d'œil  qui  jamais  ne  mit  en  défaut  la  sûreté  de  son  juge- 
ment. Il  avait  pris  aussi  dans  l'étude  attentive  des  passions  et 
des  caractères  que  le  théâtre  produit  sur  la  scène  une  habitude 
des  grands  mohiles  de  la  vie,  une  connaissance  du  cœur  hu- 
main qui  se  manifestait  sans  effort  dans  ses  observations  et 
faisait  de  ces  pages  légères,  où  il  n'avait  point  la  prétention 
d'enseigner,  les  meilleures  leçons  d'esthétique.  Et  quand  il 
passa  des  feuilletons  du  Globe  et  du  National  aux  cahiers  de  la 
Revue  des  Deux  Mondes  et  du  Journal  des  Savants,  à  ces  mêmes 
qualités  d'un  esprit  fin  et  pénétrant  il  put  joindre  celles  d'une 
érudition  déjà  mûre,  qui  ne  p. -niait  rien  de  sa  solidité  pour 
se  parer  des  grâces  d'un  style  élégant  et  souple.  M.  Magnin 
n'était  pas  un  de  ces  critiques  qui  puisent  leur  science  dans  le 
livre  dont  ils  ont  à  rendre  compte  (  ce  qui  ne  les  empêche  pas 
de  le  déchirer  à  belles  dents).  11  n'abordait  que  les  .sujets  sur 
lesquels  sa  science  était  déjà  faite,  et  il  y  apportait  avec  ses  ap- 
préciations ingénieuses  une  si  riche  moisson  d'informations 
que  ses  articles  devenaient  le  complément  nécessaire  du  livre 
dont  il  avait  l'ail  l'examen.  Il  n'avait  rien  de  commun  (ai-jc 
besoin  d<-  le  dire?  )  avec  ceux  qui  ne  songent  qu'à  se  faire  valoir 


—  412  — 

aux  dépens  d'autrui,  croyant  faire  acte  de  supériorité  à  I  égard 
du  public  en  mettant  sous  leurs  pieds  le  livre  dont  ils  se  font 
les  juges.  Sa  critique  était  celle  d'un  homme  qui  se  sent  ca- 
pable de  faire  lui-môme  une  œuvre  de  longue  haleine,  qui  en 
a  fait  une .  qui  a  senti  les  difficultés  de  la  tâche  et  se  trouve  par 
là  prédisposé  à  l'indulgence.  Même  quand  il  se  sent  atteint, 
blessé  dans  les  études  qui  lui  sont  chères,  s'd  rencontre  par 
exemple  quelque  jeune  écrivain  qui  lui  semble  faire  fi  de  l'éru- 
dition comme  d'un  bagage  embarrassant  pour  un  littérateur, 
sa  polémique  légèrement  excitée  ne  cesse  pas  d'être  courtoise. 
On  retrouve  alors  dans  l'érudit  le  vif  et  pétillant  critique  du 
Globe;  il  se  fail  un  jeu  de  désarçonner  son  adversaire  sans  lui 
faire  d'ailleurs  d'autre  mal,  et  se  croit  assez  vengé  en  lui  lai- 
sanl  voir  qu'on  peul  devenir  savant  sans  cesser  «l'avoir  de 
l'esprit. 

Son  indulgence  du  reste  ne  sacrifiait  aucun  principe.  Il 
tenait  par-dessus  tout  aux  lois  du  bon  goût  et  du  bon  sens:  il 
s'efforçait  d'y  ramener  les  auteurs  qui  méritaient  qu'on  tra- 
vaillât à  les  corriger,  et  ses  remontrances  portaient  la  marque 
d'un  intérêt  auquel  on  ne  pouvait  se  méprendre.  Mais  il  était 
surtout  content  de  n'avoir  qu'à  louer  et  à  admirer;  heureuse 
disposition  qu'on  ne  trouve  |>;is  au  même  degré  dans  toutes  les 
notices  dont  il  a  été  l'objet  lui-même! 

Ainsi  le  critique  ingénieux  et  délicat  était  en  même  temps 
un  cœur  généreux  et  bon.   Dans   le  cours  d  nue  carrière  si 

igue  et  si  bien  remplie,  et  dans  la  pratique  d'un  art  qui 
est  sau  aux  prises  avec  la  susceptibilité  humaine  en  ce 

qu'elle  a  de  (dus  sensible,  il  a  su  ne  jamais  l'irriter.  Sa  cri- 
tique ainsi  contenue  courait  le  risque  de  faire  moins  d'impres- 
sion sur  les  esprits,  mais  elle  était  assurée  de  laisser  aussi 
moins  de  ressentiment  dans  les  cœurs.  N'ayant  jamais  volon- 
tairement blesse  personne,  d  a  pu  dans  ses  derniers  jours  gai 
der  <•<•  qui  bu  étaifle  plus  cher,  comme  savant  et  comme  rhré- 


—  413    - 

lien,  la  paix;  el  son  nom  n'éveillera  jamais  que  ()«'-  souvenirs 
aimables  el  des  regrets  affectueux. 

M.   Magnin    ;i   été  remplacé  par  M.  de   Slane,    le   5  dé- 
cembre i  86  a . 

kPPENDICE. 


LETTRE  DE  M.  CHARLES  MAGNIN  \  M.  \. 


i 


i-  désirez,  Monsieur,  savoir  par  quelles  suites  de  déductions  lo- 
giques j'ai  été  conduit  à  passer  d'une  respectueuse  admiration  pour  l;i 
beauté  morale  «lu  christianisme  à  une  ferme  croyance  en  ses  dogme 
i  ne  réponse  complète  à  celte  question  exigerai!  des  explications  trop 
étendues.  Je  me  bornerai  en  ce  moment  à  vous  indiquer  le  simple  tracé 
de  la  route  quej  ai  9uivie.  .le  n'espère  pas,  je  vous  l'avoue,  que  les  pen- 
-  qui  ont  amené  ma  conviction  produisent  sur  votre  esprit  le  même 
'.  ({ne  sur  le  mien.  A  plusieurs  reprises,  elles  s'étaient  présentées  à 
moi ,  et  n'avaient  laissé  après  elles  qu'une  trace  superficielle  et  fugitive.  Je 
crois  même  qu'une  tout  autre  route  aurait  pu  me  conduire  au  même 
résultat.  La  soumission  en  ces  matières  dépend  beaucoup  moins,  vous  le 
savez,  de  la  force  des  arguments  que  dune  certaine  disposition  intérieure 
qu'il  ne  nous  appartient  pas  de  nous  donner,  mois  dont  nous  devons  nous 
empresser  de  profiter  quand  nous  la  ressentons.  Si  donc  les  motifs  qui 
m'ont  décidé  ne  vous  persuadent  pas  aujourd'hui,  il  est  possible  qu'ils 
nt  ultérieurement  sur  vous  une  impression  plus  efficace.  Peut-être 
aussi  vous  mettront-ils  sur  la  voir  d'autres  pensées^qui,  nées  de  vos 
propres  réflexions,  auront  bien  plus  de  chances  de  vous  convaincre;  car 
nous  croyons  surtout  aux  idées  produites  par  le  mouvement  naturel  de 
notre  esprit .  ou  que  nous  nous  sommes  appropriées  par  une  intime  médi 
lalion. 

\\anl  de  commencer  avec  vous  cette  sorte  de  course  psychologique, 
je  crois  d'abord  utile  de  fixer  exactement  le  point  de  départ. 

1   La  bibliothèque  de  Salins  possède  une  copie  de  «clic  lettre,  de  la  main  de 
Vï.  Magnin  lui-même.  L'original  m'a  été  communiqué  par  la  personneà  qui  elle  a 
crite  el  i|ui  m'a  autorisé  à  la  publier.  J'ai  tiré  du  premier  texte  quelque 
•  i  red  ons  pour  le  second. 


—  'll.'l  — 

Mon  éducation  a  été  chrétienne;  ce  n'est  qu'après  mon  entrée  dans  le 
monde  «[ik1  je  fus  atteinl  do  la  maladie  du  siècle,  de  la  contagion  du  ra- 
tionalisme. Cependant  je  m'arrêtai  sur  cette  pente.  Je  demeurai  toujours 
déiste  et  spirituàhste.  J'eus  beau  entendre  autour  de  moi  les  derniers  en- 
cyclopédistes et  les  nouveaux  adeptes  de  la  raison  pure  affirmer  que  Dieu 
n'existe  pas,  ou  (ce  qui  n'est  que  la  môme  proposition  sous  une  autre 
formule)  que  Dieu  et  le  monde  et,  subsidiairement,  l'Ame  et  le  corps  sont 
identiques,  je  persistai  à  trouver  cette  monstrueuse  confusion  beaucoup 
plus  difficile  à  admettre,  et  même  à  concevoir,  que  la  vulgaire  croyance 
en  l'action  créatrice  cl  providentielle  d'une  cause  première  et  toute-puis- 
sante, ff véritable  lumière  qui  éclaire  tout  homme  venant  au  monde.»  Je 
note  ces  points  résistants  et  demeurés  debout  au  milieu  des  ruines  de 
mes  anciennes  croyances,  parce  que  ce  sont  les  premiers  degrés  qui  m'ont 
>ervi  à  remonter  d'où  j'étais  descendu. 

Cependant,  jusqu'à  cg>  dernières  années,  je  n'avais  donné  aux  ques- 
tions religieuses  qu'une  attention  très-partagée.  Ce  n'est  que  dans  l'au- 
tomne de  1  853  que,  retenu  seul  et  souffrant  loin  de  Paris,  je  me  pro- 
mis de  ne  point  quitter  ce  monde,  si  je  pouvais,  sans  avoir  résolu,  dans 
la  mesure  de  mes  forces,  le  plus  important  de  tous  les  problèmes  qui 
puissent  préoccuper  un  être  raisonnable,  le  problème  de  la  vérité  reli- 
gieuse. 

Je  cherchai  d'abord  en  toute  conscience  si,  en  dehors  du  christianisme. 
je  pourrais  trouver,  eu  repassant  mes  souvenirs,  une  philosophie  ou  une 
religion  à  laquelle  il  me  lût  permis  d'adhérer  sans  restriction  ni  réserve. 
Je  me  demandai  si  je  pouvais,  par  exemple,  adopter  pour  Bymbole  défi- 
nitif et  pour  règle  intellectuelle  et  morale  un  des  grands  systèmes  philo- 
sophiques de  l'antiquité,  Pépicuréisme,  le  pyrrbonisme,  le  platonisme, 
le  stoïcisme?  Évidemment  non.  Ma  raison  trouvait-elle  plus  d'éléments 
de  certitude  dans  une  des  religions  du  monde  antique  ou  oriental,  dans 
le  brahmanisme,  dans  le  bouddhisme,  dans  le  druidisme,  dans  l'hellé- 
nisme? Toutes  ces  religions  ont  pour  hase  le  panthéisme,  que  repoussent, 
un.,  je  l'ai  dit,  mes  plus  intimes  convictions.  Le  judaïsme  Beul  m'of- 
frait le  déisme  élevé  à  la  hauteur  d'un  dogme;  mais  l'ensemble  de  la  loi 
juive,  avec  )<  -  prescriptions  exclusives  et  locales,  me  semblait  plutôt  le 
rituel  provisoire  don  petit  peuple  (pie  la  religion  destinée  à  la  direction 
suprême  du  gençe  humain.  Je  ue  négligeai  pas  non  plus  l'examen  des  sys- 
tèmes  plus  laborieusement  construits  el  prétendus  plus  profonds  des  méta- 
physiciens modernes;  mais  qu'ai-je  découverl  au  fond  de  leurs  arcanes? 
i  lue  non-,  .'ii-  lignent  les  philosophies  qui  tour  à  tour  onl  régné  en  Aile- 


'l  1 .") 


magne,  le  spinosisme,  le  kantisme,  l'hégélianisme?  Toujours  el  unique- 
ment ridenlitë  de  Dieu  el  du  momie.  c'est-a-dire  le  panthéisme  el  sesinfi- 
variélés ,  depuis  l'idéalisme  transcendantal  de  Fichte  jusqu'à  lin  perna- 
Luralisme  de  Scheliing.  Seul .  notre  viens  cartésianisme  me  donnail  entière 
satisfaction  sur  les  deux  grands  principes  places  dans  mon  for  intérieur 
au-dessus  de  toute  controverse,  Dieu  H  l'âme;  mais  il  ne  me  conduisait 
guère  au  delà. 

\insi.  après  ces  longs  circuits,  je  me  trouvais  revenu  à  mon  point  de 
départ,  en  face  du  pur  déisme,  dont  j'appréciais,  sans  doute,  la  subli- 
mité spéculative,  mais  dont  je  n'ignorais  pas  non  plus  toute  l'insuffisance 
pratique  :  noble  croyance,  en  effet,  assez  forte  peut-être  dans  les  temps 
calmes,  mais  impuissante  contre  les  tourmentes  des  passions  violentes  el 
contre  l'assaut  des  grandes  douleurs. 

Klais-je.  hélas!  condamné  à  m'en  tenir  à  celte  ombre  de  religion 
qu'on  appelle  la  religion  naturelle,  bien  qu'en  réalité  elle  laisse  sans  satis- 
faction les  plus  profonds  besoins  de  la  nature  humaine?  Devais-je,  en 

■  -poir  de  cause,  accepter  pour  la  plus  haute  et  la  plus  complète  expres- 
sion de  la  vérité  religieuse  l'indécise  et  inconséquente  profession  dejbiâu 
I  icaire savoyard ,  c'est-à-dire  le  christianisme  moins  ses  éléments  divins, 
moins  les  sacrements,  moins  le  culte,  en  un  mol  le  christianisme  sans  ce 
qui  oblige  et  commande,  sans  ce  qui  relève  el  console? 

J'avais  parcouru  dans  toutes  ses  parties  le  champ  des  investigations 
le  temps  étail  venu  de  conclure,  et  je  n'avais  à  choisir  qu'entre  le  chris- 
tianisme amoindri  et  mutilé  de  Jean-Jacques  Rousseau,  et  le  christia- 
nisme complet,  le  christianisme  de  saint  Paul,  de  saint  Augustin  et  de 
Bossnet.  Mon  choix  n'aurait  pas  été'  un  moment  douteux,  n'eut  été  celte 
terrible  pierre  d'achoppement  :  la  grande,  l'éternelle  objection  des  mys- 
tères. 

Je  demeurai  quelque  temps  dans  une  pénible  perplexité;  enfin  je  me 
décidai  à  affronter  résolument  celte  formidable  question.  Peut-être  après 
tout  n'était-ce  qu'un  épouvantai!  qui  s'évanouirait  à  la  clarté  d'un  examen 
attentif.  Et  d'abord  est-il  bien  sûr  que  notre  superbe  raison  ne  se  courbe 
devant  aucun  mystère?  Je  crois  fermement  en  Dieu .  et  cependant  la  toute- 
puissance  et  la  toute-bonté  divine  n'ouvrent-elles  pas  des  abîmes  où  ne 
peut  pénétrer  notre  intelligence?  Gomment  concilier  l'omnipotence  et 
l'ommsagesse  du  Créateur  avec  les  maux  répandus  a  profusion  dans  ses 
œuvres?  Que  le  mal  moral  soit  une  inévitable  conséquence  de  la  liberté 
humaine,  je  le  conçois;  mais  il  y  a  des  maux  qui  ne  viennent  point  de 
cette  source.  Puis-je  imputer  n  l'homme  les  tremblements  de  terre,   les 


—  ilG  — 

inondations,  la  ciguë,  la  hyène,  la  vipère?  Ce  sont  là,  quoi  qu'en  dise 
Leibniz,  d'étranges  présents  que  non-,  ;i  faits  la  toute-puissance  divine. 
Kl  cependant  je  n'hésite  pas  à  tenir  pour  deux  vérités  également  certaines, 
quoique  incompatibles,  l'existence  du  mal  et  la  suprême  bonté  de  Dieu. 
\insi.  sans  craindre  de  blesser  le  sons  commun ,  j'admets  deux  notions 
qui  s'excluent,  tranchons  le  mot,  je  crois  l'impossible.  Dans  un  autre 
ordre  de  faits,  j'admets  mathématiquement,  avec  les  géomètres,  que  la 
moindre  partie  de  l'étendue  est  divisible  à  l'infini .  el  physiquemenl  je  suis 
obligé  de  reconnaître,  avec  les  chimistes,  l'indivisibilité  des  atomes.  La 
notion  de  l'infini,  <le  l'éternité,  de  l'espace,  en  un  mol  toutes  les  idées 
nécessaires  s'imposent  d'elles-mêmes  à  notre  entendement  quoiqu'elles 
échappent  à  toute  démonstration  scientiGque.  Si  nous  tournons  les  yeux 
u  ■  oous-mêmes,  il  n'y  a  pas  une  de  nos  fonctions  organiques  (la  géné- 
ration, la  nutrition,  la  vision,  la  vie  et  la  mort  elles-mêmes)  qui  ne  soi! 
pour  nous  un  impénétrable  mystère.  Il  sérail  impossible  de  croire  a  priori 
que  quelques  poignées  de  grain  jetées  sur  un  champ  doivenl  se  changer 
en  moisson  ou  que  cet  insecte  <|tii  rampe  sur  une  feuille  va  se  filer  un 
tombeau  <l  où  il  sortira,  non  plus  chenille,  mais  papillon.  On  fera  remar- 
quer, je  le  sais,  que  si.  dans  l'ordre  des  faits  naturels,  les  causes  se  dé- 
robent  à  notre  intelligence,  les  phénomènes  du  moins  soûl  patents,  sen- 
sibles, palpables  :  je  touche  le  grain  et  l'épi;  je  vois  l'insecte  ourdir  sa 
soyeuse  enveloppe  et  en  sortir  métamorphosé  ;  je  puis  même,  en  creusant 
un  peu  la  terr  i  où  en  ouvrant  la  chrysalide .  Buivre  pas  à  pas  la  marche 
de  ces  merveilleuses  transformations.  Il  n'en  est  pas  de  même  des  ra>  stères 
chrétiens.  La  Trinité,  l'Incarnation,  la  Transsubstantiation  sont  inacces- 
sibles à  la  lois  à  noire  intelligi  nce  et  a  nos  sens.  ll>  ne  s  imposent  pas 

i  plus  à  notre  entendement  comme  les  premiers  principes  des  méta- 
physiciens et  des  géomètres.  L'homme  ne  connaît  les  mystères  religieux 
que  par  l'enseignement  de  l'Eglise.  Et  de  quelles  preuves  celle-ci  appuie- 
t-elle  ses  assertions?  d'une  seule,  mais  de  la  plus  imposante  de  toutes, 
de  la* parole  même  de  Dieu,  Cependant  cette  parole  irréfragable,  la  Rêvé 

in,  comme  on  l'appelle,  c'eat-à-dire  Dieu  parlant  aux  hommes  autre- 
ment que  dans  leur  conscience ,  est  un  fait  de  l'ordre  surnaturel,  une 
vérité  '!<•  foi .  un  mystère,  en  un  mol .  <|m  ne  diffère  des  autres  mystères 
que  par  son  importance  logique,  car,  une  lois  admis,  il  entraîne  la  sou- 
mission a  tout  ce  que  I  Église  enseigne,  lussi  la  vérité  de  la  Révélation 

elle  le  point  capital,  la  clef  de  voûte  du  christianisme,  la  ques- 
tion suprême  el  décisive  sur  laquelle  il  importe  de  concentrer  toutes  les 
lotre  attention.  Voyons  donc  si,  en  dehors  de  la  foi,  nous 


—   '.17   — 

pouvons  trouver  pour  croire  à  la  Révélation  des  motifs  plausibles  el  ra- 
tionnels. 

Ce  qui  permel  aux  esprits  les  pins  fermes,  disions-nous  tout  à  l'heure, 
de  s'incliner  sans  répugnance  devanl  les  mystères  de  l'ordre  naturel, 
!  que  ceux-ci,  1  »i •*n  qu'incompréhensibles  dans  leurs  causes,  sont  vi- 
sibles et  tangibles  dans  leurs  effets.  Eh  bien,  il  on  est,  si  je  ne  me  trompe, 
précisément  ainsi  du  mystère  de  la  Révélation.  Bien  loin  «le  manquer 
d'une  base  solide  el  réelle,  ce  mystère  repose  sur  deux  grands  faits  sen- 
sibles, éclatants,  reconnus  de  tous,  sur  deux  laits  qui  occupent  une 
•  ■  immense  dans  l'histoire  des  hommes  el  dans  celle  des  idées. 

I  n  certain  jour  la  lumière  de  l'Evangile  s'est  levée  sur  le  monde,  elle 
a  l'ait  pâlir  aussitôt  toute  antre  lumière,  et  elle  n'a  été  elle-même  surpassée 
pat'  aucune  autre.  Ceux  qui  nient  la  divinité  du  christianisme  sont  expres- 
sémeni  tenus  d'expliquer  par  des  causes  humaines  cette  supériorité  de  la 
doctrine  évangélique  sur  tout  ce  qui  l'a  précédée  et  sur  tout  ce  qui  l'a 
suh  ie.  <  e  o'esl  pas  tout  :  il  faut  encore  qu'ils  rendent  humainement  raison 
d'un  second  phénomène,  pareillement  sans  analogue  dans  les  annales  du 
monde.  ;i  savoir:  l'établissement  et  la  perpétuité  du  gouvernement  de 
l'Eglise,  pouvoir  tout  immatériel,  qui,  sans  posséder  aucune  des  condi- 
tions de  force  el  de  durée .  a  surmonté  pourtant  les  innombrables  obstacles 
qu'il  a  rencontres  soit  dans  son  sein,  soit  au  dehors.  Que  si  la  marche 
ordinaire  des  choses  humaines  ne  suffit  pas  pour  expliquer  cette  double 
merveille,  nous  serons  autorisés  à  voir  dans  ces  deux  grands  faits  une 
manifestation  directe  de  la  suprême  sagesse,  et  a  proclamer  l'Évangile 
divin  et  l'autorité  de  l'Eglise  sainte  et  surhumaine;  nous  pourrons,  en 
un  mot,  croire  le  mystère  de  la  Révélation,  sans  que  notre  raison  ait  à 
réclamer. 

\  ous  donc,  qui  refusez  d'admettre  la  divinité  de  l'Évangile,  avez- 
vous  ;i  nous  fournir  une  explication  naturelle  de  la  merveilleuse  appa- 
rition dans  un  coin  de  l'Empire  romain  de  celle  doctrine  inattendue. 
inouïe,  sans  précédents,  sans  préparation,  qui  est  venue  tout  à  coup 
renouveler  la  face  de  la  terre  et  changer  les  bases  de  la  famille  et  des 
institutions?  H  y  a  deux  choses  également  admirables  dans  l'Évangile: 
les  préceptes  et  le  précepteur,  la  vie  de  Jésus  et  ses  paroles.  Chicanez 
tant  <pie  vous  voudrez,  contestez  les  textes,  supposez  des  fraudes,  des 
interpolations,  des  omissions  :  soutenez  même,  avec  Strauss,  que  les  récits 
des  Evangélistes  ne  -  ont  qu'un  tissu  de  légendes,  d'allégories,  de  mvlhes: 
vous  conviendrez  toujours  que  les  allégories,  les  légendes,  les  mythes 
ne  naissent  point  du  néant.  D'où  ceux-ci  sont-ils  venus?  De  l'imagina- 


—  il  8  — 

lion  populaire,  dites-vous;  mais  le  peuple  ne  mel  dans  ses  créations 
[jue  les  idées  et  les  sentiments  qui  lui  soni  habituels  :  1rs  héros  de  ses 
légendes,  il  les  crée  à  son  image.  Or,  reconnaissons-nous  le  moindre 
trail  «lu  caractère  hébreu,  si  dur.  si  inexorable,  dans  la  charitable  para- 
bole du  Samaritain  ou  dans  le  miséricordieux  récil  de  la  Femme  adul- 
tère? Peut-on  raisonnablemenl  supposer  (pie  des  imaginations  juives 
s,'  soienl  complu  à  inventer  le  mythe  étrange  de  leur  Messie,  lils  de 
David,  né  dans  une  étable  et  mori  sur  un.'  croix,  toul  exprès  apparem- 
ment pour  blesser  la  plus  chère  el  la  plus  indestructible  espérance  de  la 
nation  juive?  Non.  il  est  sans  exemple  que  les  légendes  populaires 
prennent  le  contre-pied  îles  opinions  du  peuple  où  elles  naissent.  Vous 
direz  peut-être ,  comme  une  autre  école  l'a  avancé,  que  la  doctrine  de 
Jésus-Christ  est  l'oeuvre  collective  el  successive  A'ww  secte  de  réforma- 
teurs anonymes  qui  ont  abrité  derrière  un  nom  fictif  les  périlleuses 
nouveautés  qu'ils  voulaient  répandre;  mais  le  sang  si  généreusement 
versé  pour  leur  foi  par  les  apôtres  réfute  assez  celle  lâche  hypothèse. 
L'originalité  même  du  langage,  sa  justesse  et  sa  profondeur,  sa  forme 
interrogative  et  parabolique,  établissent  invinciblement  la  personnalité 
du  Christ.  Comparez  les  diverses  parties  du  Nouveau  Testament  :  saint 
Luc  et  saint  Jean,  quand  ils  parlent  en  leur  nom.  approchent-ils  de  la 
sublime  sérénité  empreinte  dans  les  paroles  de  leur  divin  maître?  La 
véhémente  et  rude  éloquence  de  saint  Paul  a-t-elle  la  moindre  ressem- 
blance avec  la  douce  el  magistrale  autorité  des  prédications  du  Sauveur? 
Enûn,  si  l'Evangile  n'esl  pas  de  source  divine,  montrez-nous  ses  ori- 
gines terrestres*  l><>ù  ses  auteurs,  quels  qu'ils  soient,  oui  ils  tiré*  cette 
surprenante  nouveauté?  Ce  n'est  certainement  pas  de  la  Judée.  Serait-ce 
d'Alexandrie,  d'Athènes  ou  de  Rome?  Nous  savons  tout  ce  qui  se  di- 
sait,  toul  ce  qui  se  faisait  alors  dans  ces  métropoles  du  monde  païen. 
Indiquez-nous  de  grâce,  parmi  \"^  contemporains  de  Tibère,  le  mora- 
liste capable  de  composer  le  sermon  sur  la  montagne.  Vous  aurez  beau 
interroger  les  plus  illustres  représentants  de  l'Académie,  «lu  Lycée  ou 
du  Portique;  vous  aurez  beau  faire  appel  à  tous  les  sphinx  de  la  sa- 
e  orientale;  vous  aurez  beau  même  réunir  toutes  les  vérités  éparses 
dans  l'Ancien  Testament,  vous  ne  parviendrez  jamais  ;ï  faire  jaillir  de 
ces  sources,  si  riches  qu'elles  soient,  ni  le  divin  précepte  «le  I  humilité, 
ni  l'amour  des  ennemis,  m  la  notion  de  l'égalité  el  de  la  fraternité  hu 
maines,  ni  le  type  de  la  pureté  toul  a  la  fois  maternelle  et  virginale.  Je 
n'insiste  pas  :  pour  toul  esprit  bien  fait,  l'Evangile  porte  en  soi  la 
preuve  éclatante  de  sa  céleste  origine, 


—  U9  — 

Le  doigt  de  Dieu  n'esl  pas  moins  visible  dans  Y  établissement  el  réton- 
iliiiIi'  stabilité  «lu  gouvernemenl  de  l'Eglise. 

En  effet,  peut-on  concevoir,  en  ne  sortant  pas  du  cercle  des  proba- 
bilités humaines,  que  les  empereurs,  maîtres  absolus  du  monde,  aienl 
abdiqué  volontairement  leurs  anciennes,  quedis-je,  louis  divines  préro- 
gatives, el  déposé,  sans  combat,  la  plus  belle  moitié  de  leur  puissance 
(>nirc  les  mains  de  quelques  pieux  el  pauvres  vieillards?  Conçoit-on  que 
Ions  les  envahisseurs  barbares  aienl  successivement  imité  cette  étrange 
et  débonnaire  abnégation,  et  que.  plus  tard,  regrettanl  leurs  impré- 
voyantes concessions,  ils  n'aient  pu  parvenir,  après  des  luttes  sécu- 
laires, a  ressaisir  celte  part  de  leur  souveraineté  mutilée?  Certes,  cet 
incroyable  triomphe  de  la  pensée  sur  la  force  n'est  pas  <le  l'ordre  na- 
turel. La  durée  de  ce  gouvernement,  qui,  depuis  les  apôtres,  a  con- 
servé  son  principe  el  sa  forme  en  ce  qu'ils  avaient  d'essentiel,  est,  on 
peut  le  dire,  un  miracle  perpétuel;  oui.  un  miracle:  je  maintiens  le 
mot,  tant  qu'en  ne  m'aura  pas  montré  une  autre  école  philosophique 
ou  un  autre  gouvernement  qui,  comme  la  papauté,  compte  dix-huit 
siècles  d'existence,  el  cela  malgré  plusieurs  schismes,  malgré  une  mul- 
titude d'hérésies,  malgré  les  luttes  les  plus  acharnées  et.  ce  qui  était  un 
bien  plus  grand  péril,  malgré  les  fautes  humaines  commises  par 
quelques-une  de  ses  chefs  et  de  ses  ministres. 

De  cette  impossibilité  d'expliquer  par  des  raisons  naturelles  ces  deux 
grands  phénomènes  historiques ,  je  crois  pouvoir  légitimement  conclure 
la  divinité  de  l'Évangile  et  la  sainte  et  surhumaine  autorité  de  l'Eglise. 
En  m'inclinanl  ainsi  devant  le  mystère  de  la  Révélation,  qui  entraîne  à  sa 
suite  la  soumission  aux  autres  mystères,  je  ne  crois  pas  plus  humilier 
mon  intelligence  que  lorsque,  dans  l'ordre  physique  ou  mathématique, 
j'adhère  a  telle  ou  telle  vérité  qui  surpasse  la  portée  de  ma  raison. 
D'ailleurs,  je  me  hâte  de  le  reconnaître,  l'indépendance  de  la  pensée  et 
ce  qu'on  appelle  le  libre  examen  n'ont  que  bien  peu  à  perdre  à  la  sou- 
mission aux  dogmes.  L'Église,  dans  sa  sagesse,  n'a  promulgué  qu'un 
très-petit  nombre  d'articles  de  foi.  La  liste  de  ces  questions  supérieures 
et  réservées,  si  on  la  dressait  avec  une  discrète  exactitude,  serait  Irès- 
courte.  Il  est  vrai  qu'a  certaines  époques  la  théologie  (qui  n'esl  en  réa- 
lilé  qu'une  science  humaine,  et  à  ce  tilre  faillible  comme  toules  les 
autres),  poussée  par  des  passions  d'école  on  par  des  intérêts  séculiers. 
a  commis  "u  inspiré  des  actes  d'une  déplorable  intolérance;  mais  ces 
temps  sont  loin  de  nous.  Aujourd'hui,  la  liberté  scientifique  et  la  cause 
du  progrès  n'ont  rien  a  redouter  du  christianisme;  Une  sa;;e  piété  a  ré 


—  420  — 

sumé  dans  un  judicieux  axiome  la  charte,  si  je  puis  ainsi  m' exprimer, 
des  droits  et  des  devoirs  il»'  l'esprit  humain  :  in  certis  uni/as,  in  dubiis 
liberlas,  in  omnibus  earitas.  La  science  et  l;i  raison  peuvent  accepter  ce 
partage;  il  est  juste  et  il  suffit  à  tous  les  besoins  intellectuels. 

Je  sens.  Monsieur,  mieux  que  personne,  tout  ce  qui  manque  à  cet 
exposé;  mais  j'ai  voulu  vous  adresser  une  lettre,  el  non  nu  livre.  Celle-ci 
dépasse  de  beaucoup  les  limites  où  j'aurais  voulu  la  renfermer.  Si  ce- 
pendant les  considérations  qu'elle  contient  ne  parviennent  pas  à  vous 
convaincre,  je  vous  prie  de  ne  pas  vous  décourager.  Vous  trouverez 
aisément  n'es  guides  plus  experts  que  moi.  D'ailleurs,  comme  je  vous  le 
disais  m  commençant ,  les  arguments  les  plus  décisifs,  vous  les  trou- 
verez surtout  en  vous-même. 

(-11.   \Iac\i\. 
Paris,  ag  avri]  1  855 


MEDAILLES  COMMEMOÏÏATIVES 

Dl 

IV   DÉFENSE   DE   METZ   EN   1552. 


ÉTUDE 
PAIî   M.    P.   CHARLES    ROBERT, 

HBMBBl    Dl    p  "''  ID1  Mil 

Messiei  rs, 

La  défense  de  Metz,  en  i  .">~>a.  eut  an  immense  retentisse- 
ment el  lut  célébrée,  à  la  manière  antique,  par  'les  médailles 
représentant,  les  unes  Henri  II.  les  autres  François  de  Lor- 
raine. On  sait  que  le  roi  avaii  grand  air  el  que  le  due  de  (iuise 
portail  sur  son  visage  l'empreinte  de  ses  nobles  sentiments. 
De  tels  modèles  étaienl  dignes  des  artistes  de  la  Renaissance. 
Cependanl  toutes  les  médailles  commémoratives  du  siège  de 


—   421   — 

i55a  n'ont  pas  ht  même  valeur  artistique  :  les  unes  plates, 
sans  effet,  semblent  forgées  dans  l'atelier  monétaire  de  Metz, 
qui  avait  déjà  une  certaine  activité  au  moment  où  cette  ville 
rentra,  avec  les  Trois-Evêchés,  dans  le  giron- de  la  vieille 
Gaule;  les  autres,  de  grand  diamètre  et  remarquables  par  des 
reliefs  nettement  accusés,  sont  évidemment  sorties  des  puis- 
santes machines  que  le  menuisier  Aubrv  Olivier  venait  d'ins- 
taller à  Paris,  dans  le  palais  des  Étuves1. 

Les  pièces   frappées  au  type  du  roi,  pour  rappeler  soit  la 
délivrance  de  Metz,  en  janvier  i  553  ,  soit  l'ensemble  dea  évé 
nements  heureux  de  l'année  i55a,  offrent  diverses  variétés2, 
auxquelles  on  a  cru  récemment  pouvoir  ajouter  le  type  sui- 
vant connu  par  un  dessin  du  graveur  Sébastien  Leclerc  : 


Ce   n'est   pas  une  composition  du  temps,  mais  une  simple 


Lubrj  Olivier  ne  lut  confirmé  que  le  3  mars  i553  dans  la  charge  de  maître 
et  conducteur  des  engins  delà  monnaie;  mais  le  moulin  dout  il  était  l'inventeur 
avait  été  installé  dès  les  premiers  jours  de  Tannée. 

!  Voir,  dans  les  Mémoire»  de  l'Académie  de  Metz,  I.  \WIII.  |(.  33i,  i85i- 
.  ma  première  Klud..  sur  les  souvenirs  numismatiques  du  siège  de  >55a. 


i22  

fantaisii    due,  selon  toute  apparence,  au  célèbre  artiste  mes- 
sin. 


Quel  (ju'il  soit,  l'auteur  <l<.'  cette  composition,  en  datant 
de  l 553  la  levée  du  siège,  ;i  fait  une  application  rétroactive 
du  cpmpul  moderne,  adopté  seulement  par  Charles  IX  en 
i  ,")li'i.  Sous  Henri  II  l'année  commençait  à  Pâques,  et  le  mois 
de  janvier,  qui  vit  la  retraite  des  Impériaux,  appartenait  en- 
coreà  l'année  \  55a.  Ce  dernier  millésime  se  lii  exclusivement 
sur  les  médailles  authentiques. 

La  pièce  suivante,  de  moyen  module  et  uV  médiocre  style, 
est  fort  rare  : 


Elli   i  onsa<  re  au  rli   la  déf(  n      une  in  1 1  iption  au 


—  423  — 


dessous  de  laquelle  esl  gravé  l'écusson  de  la  cité,  parti  d'ar- 
genl  et  de  sable.  Sur  une  variété  de  cette  médaille  dont  le  re- 
vers esl  beaucoup  mieux  gravé  le  nom  du  peuple,  ugdioh[atri- 
«  isl ,  esl  substitué  à  celui  (!<■  la  wlle  : 


Les  médailles  au  nom  du  duc  de  Guise  ne  présentenl  que 
deux  types. 

La  première  porte,  d'un  côté,  la  couronne  de  gramim 
c'est-à-dire  la  couronne  obsidionale,  avec  la  légende  :   Fran- 
cisco A   LOTHAR[lNG]A]   DVC1  GVISIAE  PARI   FRAn[cIAe]   DECr[eTo]   KXLlt- 

cit[vs],  et,  dans  le  champ,  en  sepl  lignes  :  orsebv[atos]  metiw 
bt  franTciae]  procerbs  «.uiolo  v  ihp[eratore]  et  germ[anis]  OBS1 
d[ertirv£  I. 


Le  revers  exprime  pour  le  vainqueur  le  vœu  suivant  :  mars 


52/j 


DEDIT  GRAlfINBAM  PBRGB  REDDBT  REGIAS  BIEROSOl[yMAe]  ET  SIC1l[iàe] 
TVORVM  PROAVODVM  ORNAMENTA h[eNRIC|]   11    fJrANCORVm]     Il j  KOlsj 

lvssv.  On  j)eut  croire,  d'après  cette  inscription  tracée  par 
ordre  du  roi,  que  la  cour,  en  io5q,  souhaitait  franchement 
à  la  maison  d'Anjou  la  problématique  restauration  que  tenta 
un  siècle  plus  tard,  seul  et  sans  appui,  un  autre  Guise,  de- 
venu chef  de  l'éphémère  république  improvisée  par  Masa- 
niello. 

La  seconde  médaille  est  exclusivement  relative  au  siège  de 
Metz. 

Au  droit,  sous  la  légende,  frahciscvs  dvx  gvisivs,  le  duc  de 
Guise  apparaît  en  buste;  il  porte  une  armure  de  combat  sans 
aucun  ornement:  sa  tête  est  nue.  ses  cheveux  courts,  sa  barbe 
pointue. 


\u  revei  - .  la  cité  de  Metz  en  perspective  :  sur  les  remparts, 
un  guerrier  plus  grand  que  nature,  debout  et  armé  de  toutes 
pièces;  en  arrière  et  accourant  vers  lui,  une  troupe  de  lances; 
dans  la  campagne,  des  cavaliers  en  marche   el  des  chevaux 


'.-->:> 


échappés;  en  légende,  snr  une  banderole  Bottante,  la  date  du 
,■  el  les  mots  :  h  r<   riBi  mbta. 


.Mais  quel  esl  le  moment  que  l'artiste  a  choisi?  L'étude  des 
opérations  du   siège,  si  profondément  intéressante,  va  uous 


apprendre. 


Le  principal  historien  des  événements  militaires  qui  s'ac- 
complirenl  alors.  Bertrand  de  Salignac1,  est  presque  toujours 
d'une  grande  précision;  homme  de  guerre  et  écrivain,  il  raconte 
avec  simplicité  et  d'une  manière  saisissante  des  faits  auxquels 
il  a  pris  part2;  mais,  s'il  peint  en  maître  la  figure  du  duc  de 
Guise,  -*il  décrit  les  sorties  de  chaque  jour,  les  saillies  comme 

1  Bertrand  de  Salignac,  marquis  de  Fénelon ,  plus  t.nil  ambassadeur  dn  roi 
auprès  de  la  reine  Elisabeth,  combattait  dans  les  sorties  de  ta  garnison.  François 
(leRubulin  «lit  en  parlant  de  lui  :  «Comme  beaucoup  de  gentils  esprits  d'hommes 
qui  \  estoienl  présens  cl  plusieurs  lois  se  sont  trouvez  aui  meslées  et  après,  delà 
mesme  main  iju  ils  avoienl  combattu  escrivoienl  les  faiets  dignes  de  mémoire; 
entre  lesquels  je  puis nmer  Salignac,  gentilhomme  «le  noslre  temps,  de  mé- 
ritée réputation  tant  aux  armes  qu'aux  lettres,  lequel  on  a  tellement  bien  et  selon 
la  vérité  eserit,  qu'il  n'estoit  presque  besoin^  en  parler  davantage,  ny  en  at- 
teindre autre  chose.»  (François  de  Rabutin,  Commentaire»  sur  Icfaii  de»  dernière» 
guerre»,  collection  Michaud  el  Poujoulat,  t.  VII,  p.  636,  col.  -j.) 

-  Le  Siège  de  \jri:  en  i  .5  5  -j  .  à  Paris,  «lez  Cliailo-  Estienne,  imprimeur  du 
roi.  VfW.lÛ. 


—   'r>(\  — 

on  disait  alors,  s'il  u oublie  rien  des  coups  de  lance  donnés, 
<li's  convois  enlevés  et  des  prisonniers  faits  dans  ces  escar- 
mouches, on  la  valeur  d<-s  défenseurs  suppléait  à  leur  nombre 
et  où  l'imprévu  de  l'attaque  tenait  incessamment  l'ennemi 
sur  pied1,  il  est  moins  explicite  lorsqu'il  s'agit  des  travaux  de 
l'ingénieur  et  de  la  marche  générale  du  siège.  Le  Brief  discours 
du  siège  de  Met:  en  Lorraine'2,  les  Ephémérides  du  siège  et  saillycs 
de  Metz 3  et  la  Chronique  de  Jean  Carion,  continuée  par  Mé- 
lanchthon  \  traitent  la  question  au  même  point  de  vue,  mais 
avec  moins  de  sûreté  et  sans  développements.  Des  lettres,  écrites 
de  Thionville  ou  du  camp  devant  Metz  par  des  personnages 
de  la  suite  de  Charles-Quint  et  par  l'empereur  lui-même 
existent  heureusemenl  aux  archives  de  Simancas  et  contiennent 
des  renseignements  précieux,  qui,  je  crois,  n'ont  pas  été  uti- 
lisés jusqu'à  ce  jour  pour  l'élude  du  siège. 

Ces  diverses  sources  d'information  se  contrôlent  et  se  com- 
plètent. Le  plan,  joint  à  l'édition  originale  de Salignac,  est  bon 
aussi  à  consulter,  quoique  le  mélange  de  la  perspective  et  de  la 
projection  le  rende  parfois  confus,  tandis  que  le  mépris  absolu 
des  distances  j  cause  d'étranges  erreurs.  Je  donne  ici,  réduit 
au  tiers,  ce  plan,  dont  j'ai,  faute  d'espace,  abrégé  la  légende. 

1  c Les  saillies  que  ceux  de  dedens  fonl  tous  les  jours,  Hz  les  fout  gala n terrien I 

comme  gens  <|ni  entendent  le  mestier,  el  ne  se  soucienl  point  beaucoup  des 

nostn  s,  car  ilz  viengnenl  tous  les  jours  jusques  ;'i  nus  tranchies.r  |  Lettre  éci  il<'  I" 

•  i  Dovembre  i  55a  parle  sieur  de  Boussu,  qui  commandait  le  contingent  des 

Pays-Bas;  cf.  Gachard,  Retraite  el  mort  '/<■  Charlet-Quinl  mi  monastère  de  Yusle; 

inlrcp.hu  lion  ,  p.  28,  nul''  1 .) 

Lyon,  Payen  H  Rollel .  in-o  .  i  553. 

Pai  Y.  L.  sieur  des  Chagnatz,  Boldat  en  la  compagnie  'In  capitaine  Vogue 
demar. 

•  \\  ittemberg,  i 

documenta,  qui  proviennent  de  l'ancienne  chancellerie  impériale,  <>nt 

été  transcrits  en  1 853  par  M.  Gautier,  colonel  du  génie,  alors  commandant  en 

ml  l'école  de  Guadalajara  ,  h  traduits  par  M  le  générât  d'artillerie  «lo  Boblaye. 

publication  est  dw>  â  \l.  Chabert,  qui  leur  a  donné  place  à  la  suite  d'une 

iprcssion  de  l'œuvre  de  Salignnr  (in  'i     Metz    Rousseau-Pallez,  1861 


—   427  — 


a  MoeeHe.  —  b  Seflie.  —  c  Colline  de  Helle-Croix.  —  D  Porte  Sainte-Barb 
e  Parte  des  Allemands.  —  F  Porte  Mazelle.  —  g  Porte  Saint-Thiébaut.  - —  h  Porte 
Champenèze  avec  son  château  en  avant.  —  i  Tour  d'Enfer;  en  arrière,  deux  plati 
forme?  pour  artillerie;  en  avant  une  brèche.  —  K  Porte  aux  Mores*  en  avant,  le  pon! 
mit  la  Moselle,  en  tète  duquel  la  garnison  vint  escarmoucber  avec  le  margrave  Albert 
de  Brandebourg.  —  l  Porte  et  ravelin  du  Pontiffroy.  —  M  Village  de  Magny  el  pont 
sur  lequel  les  Impériaux  passèrenl  la  Seille  lorsqu'ils  changèrent  de  point  d'attaque. 

—  n  L'abbaye  de  Saint-Arnonld  et  son  bourg;  au  milieu,  le  chemin  traversant  la 
plaine  du  Sablon  el  rejoignant  la  porte  Cbampenèze.  —  o  Camp  de  la  reine  Marie. — 
p  Batteries  dirigées  contre  le  fronl  nord-est.  — Q  Château  de  la  Horgne,  servant  de 
io;;i>  a  l'empereur;  à  droite  et  en  avant,  le  camp  des  Espagnols  el  des  Italiens;  à 
gauche,  celui  des  Allemands.  —  R  Développement  des  premières  tranchées,  avec  l>;it- 
teries  en  arriére:  à  gauche,  les  cavaliers  de  tranchée  établis  de  chaque  côté  du  chemin 
qui  va  de  l'abbaye  de  Saint-Arnonld  à  la  porte  Champenèze.  —  s  Tranchées  et  ira- 
vaux  exécutes  après  l'ai  ruée  de  l'emperi  ur:  a  gaoche  et  en  avant  les  gabionnades  et 
les  cavaliers  amies  de  canons;  la  tranchée  la  pins  voisine  do  fossé  laisse  voir  le  der- 
nier cavalier  élevé  contre  la  tour  d'Enfer.  —  t  Camp  et  batteries  du  margrave  Albert. 

—  V  Tours  îles  Ligniers  el  des  Vassieux  ruinée-  el  brèche  de  ia  courtine.  —  x  Ordre- 
pour  défendre  la  brèche.  —  z  Village  de  Moulins  el  pool  <a»r  la  Moselle  par  lequel  le» 
Impériaux  batti  retraite  sur  Thionville 


i28  — 

Henri  II  ;i\;iit  occupé  les  places  de  Metz,  de  Toul  el  de 
Verdun  au  commencement  de  iôâ->.  en  vertu  il"'  son  traité 
secret  avec  les  princes  protestants,  ligués  eux-mêmes  contre 
Charles-Quint1.  Mais  l'empereur,  qui  avait  failli  être  surpris 
à  Inspruck  par  leur  chef,  Maurice  de  Saxe,  céda  à  leurs  exi- 
gences et  les  détacha  de  l'alliance  française;  seul,  Albert  <lc 
Brandebourg,  margrave  de  Culembach2,  resta  en  apparence 
l'allié  du  roi  de  France,  tout  en  se  réservant,  comme  l'éta- 
blissent les  documents  espagnols3,  de  jeter  ses  vieilles  bandes 
là  où  l'on  saurait  les  paver  le  plus  cher. 

Charles-Quint,  à  peu  près  sûr  de  l'Allemagne,  avait  encore 
de  grandes  affaires  en  Italie-,  il  les  négligea,  décidé  qu'il  était 
à  porter  toute  sa  puissance  contre  Henri  IL  ei  convoqua  les 
lucres  de  ses  vastes  Etats;  mais,  dissimulant  encore,  il  parla 
d'aller  au  secours  de  son  frère  contre  1rs  Turcs.  Ce  ne  fut 
qu'après  avoir  «  assemblé  ses  gens  el  l'ait  sa  niasse  à  Munich4» 
qu'il  démasqua  ses  projets.  Il  résolu!  d'entrer  eu  France  par 
les  Trois-Evêchés ,  pendant  que  l'armée  des  Pays-Bas  opérerait 
dans  le  nord  du  royaume,  et  c'est  à  Met/  qu'il   réserva  les 


premiers  coups5. 


Au  sujet  des  négociations  qui  amenèrent  ce  traité  el  îles  événements  qui  le 
précédèrent  '■!  le  suivirent,  voir  dans  la  Revue  dei  Deux  Mandée,  décembre  1870, 

['article  publié  par  M.  Charles  Giraud  ^  ce  titre  :  Lu  France  etlei  princes  al- 

letnand»  «"  tvi   siècle;  les  Trois-Evêchés  ei  le  siège  de  Metz  m  i55a. 

1   Ubert,  surnommé  le  Belliqueux,  rAlcibiade  ou  le  Jeune,  neveu  du   pre- 
mier duc  de  Prusse,  klbert,  margrave  de  Bereith,  était  en  même  temps  arrière 
cousin  de  Joacbim  II.  qui  occupai!  alors  le  trône  électoral  de  Brandebourg.  Ses 
cruautés  le  firent  mettre  dans  la  suite  au  ban  de  l'empire. 

1  l    /><»  uments  espagnol»,  p.  1 1  fi.  Lettre  de  Linux  Orejuela  à  Gonzalve  Pm  : . 

taire  de  Philippe,  et, p.  1  •■•'>.  Lettre  duù  novembre ,  sans  Buscription  ni  si- 
gnature. 

'  Rapport  en  date  du  17  août,  adressé  de  Venise  au  roi  |  Mémoires-journaux 
du  dm  de  Guise,  collection  Michaud  el  Poujoulat,  1.  VI,  p.  7  V)- 

Dès  le  mois  d'avril  i55a,  au  moment  même  où  le  roi,  après  avoir  placé 

Metz  bous  son  protectorat,  continuait  Ba  roule  vers  V  Allemagne,  on  agita  au  con- 

eil  d(  n  [on<    di     P       '         il  n<  conviendrait  pas  d'envoyer  sans  délai ,  contre 


—  429  — 

Le  roi,  lors  de  s<m  séjour  à  Metz,  au  mois  d'avril,  avail 
confié  au  comte  de  Gonnor  le  gouvernement  de  la  place  el 
lui  ;i\ail  donné  Tordre  de  la  mettre  en  état;  mais  peu  de  tra- 
vaux avaienl  été  exécutés,  peu  de  mesures  avaient  été  prises, 
lorsqu'il  ne  lut  plus  permis  de  se  tromper  sur  les  projets  de 
Charles-Quint. 

François  de  Guise  lui  nommé  lieutenant  général  du  roi 
dans  les  Trois-Evêchés ;  il  étaii  désigné  à  la  fois  par  ses  hautes 
vertus  militaires  et  par  sa  qualité  de  frère  du  cardinal  de 
Lorraine,  qui  administrait  l'évêché  il'1  Metz  el  pouvait  lui 
fournir  des  secours  '.  C'est  le  17  août  que  Guise  se  jeta  dans 
la  place,  où  vinrent  bientôt  le  joindre  l'élite  de  la  noblesse 
française  et  des  hommes  babiles  dans  l'art  de  la  guerre2. 

Le  lieutenant  général  du  roi  pourvut  à  tout  dès  son  arri- 
vée. La  munition  possédant  à  peine  deux  mille  huit  cents 
cartes  d.'  bit-,  les  maires  des  villages  reçurent  l'ordre  d'envoyer 
à  Metz.  011  ils  eu  seraient  pavés,  tout  ce  qu'on  requerrait  des 
récoltes  lorsqu'elles  seraient  faites.  Mais  comme  à  une  cer- 
taine distance  de  la  ville  les  routes  étaient  menacées  par  les 
coureurs  de  la  garnison  allemande  de  Thionville,  M.  de  Ne- 
mours, le  vidame  de  Chartres,  le  comte  de  la  Rochefoucauld 
et  d'autres  se  chargèrent  en  personne,  avec  des  chevau-lé- 
gers,  de  protéger  les  convois  et  d'assurer  le  ravitaillement  de 
la  place.  La  ville  approvisionnée,  on  commença,  comme  on 
disait  alors,  le  dégât  dans  la  campagne;  mais  cette  rigueur 

rode  place,  toutes  les  forces  du  Luxembourg.  L'entreprise  eût  été  alors  relative- 
ment facile;  on  n'osa  la  tenler.  (  Délibération»  de  lu  renie  de  Hongrie,  du  ag  avril 
i55a ,  Archives  du  royaume  île  Belgique,  papiers  d'Etat,  lettre»  des  teigneur», 
l.  IV,  fol.  398.) 

'  H  y  avait  longtemps,  an  wi'  siècle,  que  l'évèque  n'exerrail  plus  aucune  si  i- 
jneurie  temporelle  sur  la  cite  de  Welz:  mais  il  avait  conservé  dans  l'évêché 
quelques  pelit<  >  places,  où  il  jouissait  encore  de  certains  droits  régaliens,  tels  que 
relui  de  frapper  monnaie. 

2  Pierre  Strozzi ,  chevalier  de  l'ordre,  les  seigneurs  de  Saint-Remv.  d'Ortoliie 
le  Popincourt  et  Camille  Marin,  qui  fut  tué  par  un  boulet. 


—   430  — 

répugnai!  au  lieutenant  général  du  roi,  et  on  laissa  dans  bon 
nombre  de  fermes  le  vin,  le  blé  e1  les  fourrages  qui  s'j  trou- 
vaient encore;  « n  conserva  toutefois  l'état,  afin  de  les  pou- 
voir détruire  à  t'approche  de  l'ennemi.  Les  récits  du  temps 
louent  fort  cette  mesure,  qui  ajournait  la  ruine  des  habitants. 
Ici,  cependant,  une  remarque  instructive  est  à  faire  :  on 
avail  cru  que  ce  retard  sérail  sans  danger  ei  qu'on  aurai!  le 
temps  d'exécuter  le  plan  arrêté  et  de  brûler  ou  de  noyer, 
avanl  l'arrivée  de  l'ennemi,  tout  ce  qui  pourrait  lui  servir. 
On  s'était  abusé,  car  une  lettre  écrite,  le  22  octobre,  «lu 
quartier  général  de  l'empereur,  déclare  que  «l'ennemi  n'a 
rien  brûlé  de  bien  important  el  que  les  fourrages  abondent  '.  » 
Or,  en  ce  temps  de  mauvaises  routes,  où  les  armées  ne  \i- 
vaienl  guère  <|ue  sur  le  pays,  on  comprend  qu'il  eût  fallu 
avanl  tout  ôter  à  l'ennemi  les  ressources  locales;  mais  Guise 
avait  été  fidèle  aux  instincts  français.  Pendant  qu'on  donnait 
;i  Metz, imprudemment  peut-être,  cet  exemple  d'humanité,  le 
■Mintc  de  Rœux,  qui  avait,  à  la  tête  des  forces  de  l'empereur, 
envahi  l'Artois  et  la  Picardie,  y  faisait  le  vide  avec  une  sau- 
vage régularité  et  incendiail  sept  cents  villages. 

Kn  même  temps  que  la  ville  de  Metz  s'approvisionnait,  les 
habitants,  autres  que  les  ecclésiastiques  jugés  indispensables 

m  service  du  culte  el  i|ifun  certain  nombre  de  marchands, 
d'artisans  ou  de  manœuvres  pouvant  être  utiles  pendant  le 
siège,  lurent  prévenus  par  le  magistrat  qu'ils  auraient  à  quit- 
ter la  ville  au  premier  ordre;  ils  se  hâtèrent  d  envoyer  au  de- 
hors leurs  meubles  el  leurs  e|]e|s.  OU  les  coillîèreill.  sur  in- 
ventaires, aus  seigneurs  de  Piépape  et  de  Saint-Bélin .  ordonnés 

ommissaires  a  toutes  les  munitions.  Les  canons,  dont  la  cité 
était  si  frère,  au  dire  de  ses  historiens,  étaient  éventés  :  ils 

urenl   refondus;  la  poudre  étail  vieille  :  on  en  fabriqua  de 

Document*  «  tpagnol* ,  p.  1 90  el  191 


—  431   — 

nouvelle;  les  constructions  qui  encombraienl  !<••>  fossés  el  s'a- 
dossaient ;m\  murailles  gênaient  la  défense  :  elles  lurent  im- 
pitoyablement abattues .  sans  que  les  habitants  fissent  entendre 
aucune  plainte.  Au  dehors,  on  rasa  des  bourgs  entiers  pour 
priver  les  assiégeants  de  tout  ceuverl  el  pour  permettre  à 
l'artillerie  de  la  place  de  voir  el  de  balayer  les  abords:  on 
sapa  ei  on  étançonna  les  colonnes  et  les  piliers  des  édifices, 
afin  de  les  taire  tomber  au  premier  ordre.  L'église  de  la  cé- 
lèbre abbaye  royale  de  Saint-Arnould,  vaste  el  élevée,  pou- 
vail  servir  de  plate-forme  aux  canons  ennemis;  sa  ruine  lui 
consommée,  dès  que  le  clergé  eut  transféré  processionnelle- 
nient  à  Met/  les  reliques  des  grands  saints  de  la  vieille  Aus- 
trasie  et  les  corps  d'Hildegarde,  de  son  (Ils  Louis  le  Débon- 
naire et  do  plusieurs  Carlovingiens.  Derrière  les  châsses 
marchèrent  le  due  de  Guise  et  vingt-trois  princes,  la  tête  nue 
et  la  torche  au  |>oin;,r,  puis  le  maître-échevin ,  les  Treize  e1 
les  autres  officiers  de  la  cité  en  costume  de  cérémonie. 

Cependant  les  remparts  et  les  cavaliers  en  terre,  dont 
quelques-uns  avaient  été  commencés  par  le  comte  de  Gonnor, 
lurent  activement  élevés,  surtout  \ers  l'est,  en  face  des  routes 
«pie  devait  suivre  l'ennemi,  (l'est  ainsi  qu'un  grand  terrasse- 
ment intérieur,  qui  portait  encore  naguère  le  nom  de  retran- 
ckemeni  de  Guise,  l'ut  établi  en  arrière  de  la  porte  Sainte- 
Barbe,  entre  la   Moselle  el    le  second  bras  do  Ja   Seille. 

La  garnison  était  pou  nombreuse;  on  ignore  quel  était 
exactement  son  effectif  au  début  du  siège.  Les  Bénédictins, 
ailleurs  de  l'histoire  de  Metz,  ne  l'évaluaient  qu'à  sept  ou 
huit  cents  chevaux  et  cinq  mille  fantassins.  Salignac  dit  que 
-la  cavalerie  ne  fit  monstre  que  do  quatre  cent  quarante- 
quatre  chevaux  et  qu'ensemble  les  trois  compagnies  d  hommes 
d'armes  ''(oient  loin  alors  de  leur  nombre  total  de  neuf- 
vingts;)!  quant  aux  autres  corps  réguliers,  qui  consistaient 
principalement  en  vingt-trois  enseignes  de  gens  de  pied,  il  ne 


—  132  — 

leur  donne  euère  <pie  (|ii;itre  nulle  cinq  cents  hommes.  Le  récit 
d'Ambroise  Paré  confirme  ce  dernier  chiffre.  En  outre,  on  con- 
serva  douze  cents  des  nombreux  pionniers  employés  aux  terras- 
sements pendant  les  deux  mois  <[ui  s'écoulèrent  entre  l'arrivée 
du  duc  de  Guise  et  celle  de  l'armée  ennemie.  Les  documents 
espagnols  évaluent  le  nombre  des  défenseurs  de  la  place,  tantôl 
à  huit  mille  hommes,  y  compris  quinze  cents  lances1,  tantôl 
à  dix  mille  fantassins  avec  mille  chevaux2;  ces  dernières  éva- 
luations sont  évidemment  exagérées.  Les  forces  françaises, 
quelles  qu'elles  fussent  au  juste,  semblaient  doue  insuffi- 
santes; mais  elles  se  doublaient  par  une  bonne  discipline  el 
comptaient,  au  dire  même  des  écrivains  étrangers,  les 
hommes  de  guerre  les  plus  habiles. 

L'année  qui  se  réunissait  pour  attaquer  Metz  était,  au 
contraire,  de  beaucoup  la  plus  considérable  des  armées  qui 
furent  mises  en  ligne  au  xvie  siècle.  On  ne  saur  ail  cependant 
accepter  le  nombre  de  deux  cent  mille  hommes  auquel  l'a  lait 
mouler  la  petite  chronique  écrite  à  Metz,  au  couvent  des  (lé- 
lestins3,  ni  peut-être  même  celui  de  cent  vingt  mille  indiqué 
par  Ambroise  Paré4;  mais  les  chiffres  de  soixante  mille  fan- 
tassins, de  sept  mille  pionniers  el  de  plusieurs  milliers  de 
.chevaux  qu'accusent  les  documents  espagnols,  après  la  j<mr- 
lum  di'  l'armée  du  margrave  Albert,  sont  assurément  trop 
faibles.  Bertrand  de  Salignac,  lorsqu'il  énumère  les  corps  des 
diverses  nations  qui  formaient  l'armée  ennemie,  ne  donne 
leur  effectif  total  m  au  début  ni  à  la  lin  du  siège. 

L'avant-garde  de  Charles-Quint,  partie  de  Deux-Ponts,  se 
présenta  le  i  q  octobre  devant  la  place  et  s'installa  sur  le  pla- 

1  Francisco  de  Erarso.qui  lui  plu*-  lard  secrétaire  d'Étal  (!<■  Philippe  tl  (Do- 
cumenta espagnol»  ,  \<    i  a8  ). 

2  Lettre  du  '/  septembre  (sans  signa  lu  re  .  ibid.  p.  is 
Ihsi.  bénéd,  de  Meti .  t.  III .  p.  Vi- 

Voyagea  Meli  .  dans  le   OEuvres  complètes  n"  Ambroise  Paré  |  Paris,  i  6i  'i  . 
|p.  i  io  • 


—  133  — 

i.'au  de  Grimont.  Quelques  jours  après,  le  contingent  des 
Pays-Bas  étant  arrivé  à  son  tour.  et  la  grosse  artillerie,  venue 
par  la  Moselle,  ayanl  été  mise  à  (erre,  le  duc  d'Albe,  qui  com- 
mandait en  chef,  ouvrit  les  opérations.  Les  hauteurs  de  la  Belle- 
Croix,  situées  à  l'est  et  tout  près  de  la  place,  s'offraient  naturel- 
lement à  l'ennemi:  elles  furent  occupées,  malgré  les  efforts 
d'une  sortie,  reçurent  quelques  canons  et  envoyèrent  des  bou- 
lets contre  la  porte  Sainte-Barbe  et  les  murailles  voisines. 
Cette  position  élevée  semblait  permettre  de  diriger  sur  Metz 
et  sur  ses  défenseurs  un  tir  plongeant  auquel  ils  auraient  dif- 
ficilement résisté:  cependant  le  duc  d'Albe  renonça  à  la  con- 
server, et.  le  2  novembre,  laissant  au  camp  de  Grimont  ou  de 
la  reine  Marie  quatre  régiments  et  trois  mille  chevaux,  qui  y 
restèrent  jusqu'à  la  fin  du  siège,  il  alla  passer  de  vive  force 
la  Seille  avec  le  gros  de  l'armée  et  installa  son  camp  au  Sa- 
blon.  plaine  ondulée  qui  s'étend  entre  cette  rivière  et  le  haut 
de  la  Moselle,  au  sud  de  la  place. 

Ce  changement  de  position  étonna  les  défenseurs  et  les  ha- 
bitants restés  dans  la  ville.  La  petite  chronique  des  Célestins 
n'hésite  même  pas  à  incriminer  les  intentions  du  lieutenant 
de  Charles-Quint:  quant  à  Salignac.  sans  justifier  le  mouve- 
ment, il  reconnaît  que  la  place,  grâce  aux  récents  travaux  de 
la  défense,  était  devenue  très-forte  du  côté  de  l'est. 

L'examen  des  lieux  permet  d'assigner  ait  mouvement  de 
l'armée  ennemie  deux  motifs  également  impérieux.  Le  pre- 
mier était  la  différence  du  terrain  :  sur  le  plateau  de  Grimont 
et  à  la  Belle-Croix,  le  sol.  de  nature  argileuse,  devient  im- 
praticable après  quelques  jours  de  mauvais  temps,  et,  selon 
les  récits  espagnols,  l'automne  de  tô5:>  fui  très-pluvieux;  au 
contraire,  le  sol  perméable  de  la  plaine  du  Sablon  promet- 
tait une  installation  moins  mauvaise  pour  les  camps  et  des 
tranchées  qui  ne  seraient  pas  noyées.  Le  second  motif  était 
essentiellement  technique  :  la  place,  à  l'est,  en  face  des  hau- 
ii.  29 


—  àSh  — 

teurs   de  la   Belle-Croix,   était  doublement  protégée   par   la 

Seille,  qui  baignait  ses  murs  et  qui  formait  en  outre,  à  l'in- 
térieur, à  une  certaine  distance  de  l'enceinte,  une  large  cou- 
pure. Or  les  eaux  de  cette  rivière,  qui  a  peu  de  pente,  gros- 
sissent considérablement  à  la  fin  de  l'année;  les  Impériaux 
auraient  eu.  par  conséquent,  aux  derniers  instants  du  siège, 
des  passages  de  fossés  bien  dilliciles  à  tenter.  Quant  à  la  par- 
tie de  l'enceinte  qui  s'étendait  jusqu'à  la  Moselle,  si  elle  ne 
présentait  qu'un  fossé  plein  d'eau,  formé  par  la  jonction  des 
deux  branches  de  la  Seille.  elle  était  renforcée  à  l'intérieur 
par  le  puissant  retranchement  dont  j'ai  parlé  plus  haut.  Au 
nord  et  au  nord-ouest,  deux  larges  bras  de  la  Moselle  ren- 
daient les  attaques  plus  dilliciles  encore.  Au  contraire,  le 
grand  ouvrage  rectangulaire  en  saillie  qui  défendait  la  ville 
au  sud-ouest,  en  face  du  Sablon.  c'avait  point  d'eau  dans  ses 
fossés  et  ne  se  composait  encore  que  des  vieilles  murailles 
sans  remparts.  Le  nouveau  point  d'attaque  était  donc  indi- 
qué. Il  ne  faut  pas  oublier  qu'à  cette  époque  on  ne  pouvait 
pas  détruire  les  villes  par  le  bombardement;  l'artillerie,  qui 
usait  parfois  encore  de  boulets  de  marbre,  n'était  pas  assez 
puissante.  Quant  à  affamer  lentement  les  garnisons,  on  n'y 
songeait  pas.  tant  les  traditions  de  la  chevalerie  étaienl  vi- 
vantes; aussi  l'assaut  était-il  le  but  unique,  et,  si  l'on  faisait 
d'-s  tranchées,  si  l'on  montait  des  batteries,  c'était  pour  ap- 
procher de  la  place,  pour  faire  brèche  et  bàler  le  moment  de 
la  lutte  corps  à  corps,  (les  conditions,  dans  lesquelles  se  lai- 
saii  la  guerre  au  wf  siècle,  étaient,  il  faut  le  reconnaître,  fa- 
vorables au  génie  français. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  nouveau  point  d'attaque  avant  été 
choisi,  les  tranchées  s'étendirent  rapidement  des  bords  de  la 
Seille  au  chemin  qui  conduisait  de  l'abbaye  de  Saint-Arnould 
à  la  porte  Champenèze ,  etdépassèrenl  même  ce  chemin;  elles 
enveloppaient  ainsi,  d'un  côté,  le  liane  sud-est  du  grand  ou- 


—  &3S  — 

vrage  rectangulaire.  de  l'autre,  la  partie  de  sa  longue  face 
qui  s'étendait  jusqu'au  château  de  la  porte  Champenèze.  Pour 
l);ttlre  ce  château,  deux  cavaliers  en  terre  et  en  gabions  furent. 
élevés  à  droite  et  à  gauche  du  chemin  dont  il  vient  d'être 
question.  Le  q  novembre,  l'ennemi  démasqua  ses  batteries, 
lança  sur  la  ville  une  volée  de  boulets,  et  commença  ensuite 
contre  les  murailles  un  tir  régulier.  L'artillerie  de  la  place 
répondit  sain  grand  succès  et  ne  fit  guère  que  briser  quelques 
affûts.  Tout  d'abord  la  porte  Champenèze  et  les  murs  voisins 
furent  entamés,  et  le  duc  de  Guise,  qui  se  tenait  dans  la 
fausse  braie  pour  observer  l'effet  des  projectiles  ennemis, 
faillit  être  enseveli  sous  les  décombres.  Le  17  novembre,  la 
brèche  s'ouvrit,  mais  le  bas  des  murailles  n'avait  pas  été  at- 
teint et  l'assaut  était  impossible. 

C'est  vers  la  même  époque  que  le  margrave  Albert  de 
Brandebourg,  qui  se  trouvait  alors  à  Marsal,  ne  pouvant  ob- 
tenir du  roi  les  sommes  énormes  qu'il  prétendait  lui  être 
dues,  renonça  à  la  conduite  ambiguë  qu'il  tenait  depuis  quel- 
que temps,  etfit  ouvertement  des  propositions  à  Charles-Quint. 
L'empereur  avait  contracté  un  emprunt  en  Italie  et  trouvait 
des  ressources  dans  les  galions  des  Indes  et  dans  le  crédit  des 
Pays-Bas  :  il  pouvait  donc  traiter,  et  il  traita  avec  le  mar- 
grave ,  tout  en  montrant  un  vif  chagrin  l  d'avoir  à  donner  la 
main  à  un  prince  qui  l'avait  si  profondément  offensé  et  qui 
venait  tout  récemment  de  ravager  sans  pitié  les  électorats 
ecclésiastiques.  Albert  changea  donc  l'écharpe  blanche  pour 
l'écharpe  rouge  et  débuta  par  un  coup  heureux.  Il  délit  en 
effet,  auprès  de  Saint- ÏNicolas,  deux  mille  chevaux  envoyés  par 
le  roi  pour  entraver  sa  marche.  Descendant  ensuite  les  vallées 

1  Voir  la  lettre  de  François  de  Era.-o  à  Philippe,  écrite  de  Thionville,  le 
16  novembre  1  552 (Documents  espagnols, p.  129),  et  la  lettre  du  sieur  de  Bous-n 
à  la  reine  Marie,  en  date  du  9. 1  novembre  (Gachard,  Retraite  et  mort  de  Charles- 
Quint  au  monastère  île  1  u*te .  t.  I,  p.  95,  note  a). 

*9- 


—  A36  — 

de  la  Meurthe  et  de  la  Moselle,  il  arriva  devanl  Metz  avec  trois 
mille  cavaliers,  quinze  mille  fantassins  et  quarante  canons,  et 
s'installa  en  face  de  la  Moselle,  tant  dans  la  plaine  du  ban 
Saint-Martin  que  sur  les  premières  pentes  du  mont  Saint- 
Quentin.  Cette  position  avantageuse  complétait  l'investisse- 
ment de  la  place;  le  margrave  la  conserva  jusqu'à  la  fin,  se  bor- 
nant à  escarmoucher  contre  les  sorties  journalières  et  à  tirer 
sur  la  ville,  sans  entreprendre  aucune  attaque  régulière. 

Cependant  Charles-Quint,  surmontant  les  douleurs  de  la 
goutte  qui  l'avait  arrêté  à  Thionville,  rejoignit  l'armée  le 
18  novembre  et  occupa  le  château  de  la  Horgne,  autour  du- 
quel s'étendaient  les  camps.  Monté  sur  un  cheval  turc  aux 
douces  allures,  il  reconnut  la  place  avec  le  duc  d'Albe,  et, 
jugeant  que  les  tranchées  avaient  trop  de  développement,  il 
porta  les  attaques  vers  la  gauche  et  les  concentra  sur  la  mu- 
raille qui  réunissait  le  château  de  la  porte  Champenèze  à  la 
tour  d'Enfer,  el  sur  ces  deux  ouvrages.  La  porte  avait  déjà  été 
battue  :  il  restail  à  achever  sa  ruine,  mais  il  fallait  surtout 
renverser  la  tour  d'Enfer,  qui  donnait  dans  le  fossé  des  feux 
de  flanc  redoutables.  Le  terrain  ainsi  choisi  étail  un  peu  plus 
élevé  et  ne  présentait  pus  an  même  degré  l'inconvénient  géné- 
ral signait'  plus  haut;  aussi  les  ingénieurs  italiens  espéraient- 
ils  que  l'artillerie  atteindrait  enfin  le  pied  des  murs.  Les  tra- 
\ ailleurs  reprirent  donc  la  sape  el  poussèrent  rapidement  les 
cheminements.  Lu  puissant  cavalier  l'ut  élevé  en  face  de  la 
lour  d'Enfer  el  armé  <l<-  canons  qui  devaient  contre-battre  le 
lias  de-ce!  important  ouvrage,  d'où  partaient  les  feux  rasants. 
En  même  temps,  un  commença  des  mines  destinées  à  renver- 
ser ce  que  le  canon  épargnerait.  Ce  plan,  très-bien  conçu, 
ressort  nettemenl  des  documents  espagnols.  On  ne  se  dissi- 
mulait  pas,  dans  l'entourage  du  duc  de  Guise,  qu'une  brèche 
praticable  finirait  par  être  ouverte,  et  que  l'empereur,  dispo- 
sant  de  forces  immenses,    pourrait   renouveler  ses   colonnes 


—  437  — 

d'assaut  et  accabler  la  défense  par  le  nombre.  Mais  l'approche 
du  danger  ne  lit  que  surexciter  le  courage  de  la  garnison.  La 
construction  d'un  rempart  en  terre  el  en  charpente,  entre- 
prise depuis  peu  en  arrière  de  la  muraille,  fut  poussée  jour 
ef  nuit  avec  ardeur:  on  veilla  à  la  sûreté  de  la  tour  d'Enfer, 
dont  les  voûtes  inférieures  furent  étançonnées,  et  l'on  ouvrit 
des  écoutes  pour  saisir  le  bruit  du  mineur  ennemi.  En  outre, 
une  plate-forme  à  canons  fut  éditiée  sur  le  liane  en  retour 
faisant  face  à  la  Moselle,  et  augmenta  le  tir  de  la  défense. 
Enfin  deux  compagnies  d'hommes  d'armes  s'établirent,  prêtes 
à  tout,  auprès  du  général  en  chef,  dont  le  logis  touchait  au 
point  menacé. 

Le  3 <i  novembre,  après  une  visite  de  Charles-Quint  aux 
tranchées,  le  feu  recommença,  et  treize  cent  quarante-trois 
coups  de  canon  entamèrent  le  mur  en  trois  endroits;  les  jouis 
suivants,  le  tir  en  brèche  avant  continué,  la  tour  d'Enfer 
s  'entrouvrit  sur  une  largeur  de  vingt  pieds,  et  deux  tours 
voisines,  celle  des  Vassicux  et  celle  des  Ligniers,  situées  sur 
la  grande  face,  furent  entièrement  ruinées  et  entraînèrent  un 
pan  de  muraille  qui  s'écroula  avec  fracas.  Lu  cri  immense 
s'éleva  du  camp  des  Impériaux;  mais,  lorsque  la  poussière  se 
lut  dissipée,  on  aperçut  derrière  la  courtine  renversée  le  rem- 
part en  terre  qui  avait  surgi  comme  par  enchantement.  Il 
fallut  recommencer  l'œuvre  du  canon.  La-  tour  d'Enfer,  qui 
tenait  encore,  devint  le  principal  objectif;  les  cheminements, 
sous  la  protection  du  cavalier,  atteignirent  bientôt  les  fossés 
et  permirent  de  les  couronner  par  une  tranchée  qui  reçut 
deux  canons  et  un  grand  nombre  d'arquebusiers.  On  était 
alors  si  près  les  uns  des  autres  (pion  s'entendait  parler.  Enfin 
la  tour  d'Enfer  et  les  travaux  de  la  défense  qui  s\  rattachaient 
tombèrent  à  leur  tour,  et  les  Impériaux  eurent  devant  eux 
une  large  brèche  de  quatre-vingt-dix  pas  qui  sollicitait  l'assaut. 

Le  7    décembre,   au  point  du  jour,  les   tambours  ennemis 


—  438  — 

battirent  sur  toute  la  ligne,  et  les  piques  scintillant  au-dessus 
du  parapet  des  tranchées  dénoncèrent  de  longues  colonnes 
d'attaque  se  rapprochant  de  la  place.  Guise  se  précipite  au 
sommet  de  la  brèche,  suivi  de  son  frère,  du  prince  de  Bour- 
bon, du  duc  de  Nemours,  d'Horace  Farnèse,  des  Montmo- 
rency, du  vidame  de  Chartres,  du  comte  de  Martigues  et  de 
tous  ceux  qui,  servant  directement  sous  sa  cornette,  avaient 
le  privilège  de  partager  avec  lui  le  poste  d'honneur. 

C'est  ce  moment  suprême  qu'a  choisi  le  graveur.  Au  pre- 
mier plan,  dans  la  campagne,  l'armée  ennemie1:  devant  elle 
la  ville  vue  à  vol  d'oiseau;  d'un  côté  la  tour  d'Enfer  et  les 
tours  voisines;  de  l'autre  la  porte  Champenèze,  la  porte  Saint- 
Thiébault  et  la  porte  Mazelle,  auprès  de  laquelle  une  sorte 
de  ruban  trace  le  cours  de  la  Seille;  à  l'horizon  la  Belle- 
Croix;  entre  la  tour  d'Enfer  et  la  tour  voisine,  François  de 
Lorraine,  debout,  armé  de  toutes  pièces,  défie  l'ennemi  et 
semble  lancer  à  Charles-Quint  l'apostrophe  que  reproduit  la 
légende:  ii.ec  tibi  meta2! 

La  brèche,  que  protégeait  la  fière  contenance  des  Français, 
ne  fut  point  tentée,  et  Metz  eut  la  gloire  d'arrêter  la  fortune 
du  grand  empereur. 

Charles-Quint  cependant  ne  s'avoua  pas  vaincu.  Pendant 
les  jours  qui  suivirent,  tantôt  il  fit  tonner  son  artillerie,  tan- 
tôt il   commanda  l'assaut;  mais  ce  fut   en  vain  :   les  boulets 

'  L'iirlistc,  tout  en  montrant  sur  la  brèche  le  duc  de  Guise  et  ses  compagnons 
déâant  l'ennemi  et  on  marquant  ainsi  le  point  saillant  du  siège  sur  lequel  in- 
tislenl  tons  les  récits,  ne  s'est  pas  attaché  à  rendre  l'aspect  de  l'armée  as- 
ante.  Les  chevaux  libres  qu'il  s'est  plu  à  représenter  ('■(aient  sans  doute 
dans  sa  pensée  la  formule  artistique  de  la  déroute  que  la  journée  du  7  décembre 
faisait  déjà  pi 

nom  latin  de  Metz  était  Mettu;  au  wi   rièele  on  employa  aussi  Meta  ou 

Stetœ.  L'apostrophe  du  duc  de  Guise  renferme  un  jeu  de  mots  dans  le  f;oùt  du 

temps.  Elle  est  reproduite  dans  un  distique  composé  pour  une  fête  à  laquelle 

ta  François  'I"  Lorraine  après  son  retour  à  Pari-    (Cf.  Œuvres  d'Esuenne 

Pasquier,  t.  Il:  Lettre»,  p.  in  i't  guiv  1 


—    \M)   — 

avaient  fait  leur  œuvre,  et  ses  soldats  ne  voulaient  OU  tt€ 
pouvaient  plus  l'aire  la  leur.  C'est  ainsi  que  finit  cette  formi- 
dable entreprise  dont  on  devail  tout  al  tendre.  Le  soixante- 
cinquième  jour  de  l'arrivée  du  duc  d'Albe,  et  le  quarante- 
cinquième  de  l'ouverture  du  feu,  à  bout  de  courage  et  d'es- 
poir, si  l'on  en  croit  Vieilleville.  reniant  Dieu,  accusant  les 
hommes  et  prêt  à  dire  adieu  au  monde  ',  Uiarles-Ouint  se 
décida  à  ordonner  la  retraite.  Le  ao  décembre,  il  avait  écrit 
à  son  fils  une  lettre  fort  étudiée'-  dans  laquelle  il  n'avouait 
nullement  l'importance  de  son  désastre  et  insistait  sur  la  né- 
cessité d'aller  secourir  Hesdin  dont  il  ignorait  encore  la  capi- 
tulation récente.  Enfin,  le  1er janvier,  il  partit  pour  Bruxelles. 
Les  Brabançons  du  camp  de  Grimont  gagnèrent  directement 
la  route  de  Luxembourg;  l'armée  du  duc  d'Albe,  quoique  dé- 
moralisée par  sa  déroute  et  épuisée  par  les  souffrances  d'un 
campement  en  mauvaise  saison ,  se  reforma  tant  bien  que  mal 
à  Moulins,  passa  sur  la  rive  gauche  de  la  Moselle,  embarqua 
son  artillerie  et,  prenant  la  voie  de  terre,  s'achemina  vers 
Thionville,  sa  cavalerie  et  son  artillerie  à  l'arrière -garde. 
Quant  aux  bandes  du  margrave  Albert,  plus  aguerries,  venues 
plus  tard  et  n'ayant  pas  pris  au  siège  une  partaussi  active,  elles 
avaient  moins  souffert;  elles  restèrent  dans  leurs  positions  pour 
proléger  la  retraite  et  ne  levèrent  le  camp  que  le  9  janvier. 

Le  roi,  dont  les  principales  forces  étaient  dans  le  nord, 
n'avait  pris  aucune  mesure  pour  inquiéter  les  généraux  enne- 
mis pendant   leur  retraite  3.    Le   duc  de  Guise  et  les  grands 

1  Vincent  Carloix,  Mémoires  du  maréchal  de  Vieilleville,  t.  lt,  p.  658. 

'*  Documents  espagnols* ,  p.  1 30,-1 45 . 

3  Le  duc  de  Nevers,  qui  était  à  \  aucouleurs,  d'où  il  interceptait  les  convois 
expédiés  de  Franclie-Comté  à  l'armée  des  Impériaux,  \int  à  Metz  avec  une  partie 

de  sa  compagnie  le  G  janvier;  il  assista  à  m scannniidn-  eoiilre  les  troupes  du 

margrave  et  repartit  le  lendemain.  Le  maréchal  de  Saint-André,  qui  avait,  pgfl 
dant  la  durée  du  siège,  couvert  la  place  de  Verdun  et  lait  une  pointe  liomeuse 
jusqu'à  Onvelotfe  et    fWerienlles,  cnlra  pRak'inpnl  à  Metz  avec  une  troupe  àf 


—  A/iO  — 

seigneurs  volontaires  chargèrent  bien,  avec  leur  audace  habi- 
tuelle la  queue  des  colonnes,  mais  on  n'obtint  et  l'on  ne 
pouvait  obtenir  aucun  résultat  sérieux  contre  des  masses  en- 
core profondes1.  Cependant,  si  Charles-Quint  et  le  margrave 
ne  laissèrent  que  peu  de  canons  ou  de  prisonniers  aux  mains 
des  Français,  ils  leur  léguèrent  de  nombreux  malades,  qui 
furent  habilement  soignés,  sinon  par  les  chirurgiens  et  bar- 
biers de  Metz  qui,  pendant  la  durée  du  siège,  avaient  été 
assez  malheureux  dans  leurs  essais  pour  être  accusés  d'empoi- 
sonner les  remèdes,  du  moins  par  Ambroisc  Paré,  qui,  vers  la 
lin  de  décembre  2,  avait  pénétré  dans  la  place  à  l'aide  d'un 
capitaine  italien  gagné  à  prix  d'or. 

L'ennemi  parti,  la  noblesse  française  quitta  Metz,  où  elle 
laissait  plus  d'un  mort,  et  le  duc  de  Guise  regagna  la  cour, 
accueilli  sur  son  passage  aux  sons  des  cloches  et  aux  accla- 
mations du  peuple.  Quant  à  la  petite  garnison,  à  peu  près 
pourvue,  bien  installée  dans  une  ville  à  moitié  déserte,  elle 
avait  échappé  aux  épidémies  qui  dévoraient  d'ordinaire,  en 
ces  temps,  les  villes  assiégées.  Ses  rangs  cependant  n'avaient 
pas  laissé  «pie  de  s'éclaircir  à  la  garde  des  remparts  et  dans 
les  escarmouches.  On  lit,  dit  Salignac,  la  monstre  aux  gens 
de  guerre  qui  restaient,  tant  de  pied  que  de  cheval,  avec 
payement  de  tout  le  temps  qu'ils  avaient  servi,  et,  sur  la  per- 
mission expresse  du  roi.  on  ne  leur  précompta  pas  le  prix 
•  les  vivres  qu'ils  avaieni  reçus.  Henri  II  adressa  de  sa   main 

gendarmes  •!  de  cavaliers,  mais  seulement  après  te  départ  des  derniers  cn- 

ll.'lllis. 

1  D'après  quelques  récits  français,  le  triste  état  dans  lequel  s<:  trouvaient  les 
Impériaux  battant  en  retraite  aurait  désarmé  le  bras  de  Unis.'  et  de  ses  com- 
pagnons. Mais  l'armée  de  Charles-Quint  se  rendait  en  Flandre,  d'où  elle  devait 
reprendre  l'offensive;  il  '"-i  difficile  de  croire  que  la  j;arnis<m  <\<-  \l  soit 

abstenue  par  un  simple  sentiment  de  pitié  <Je  faire  mettre  bas  les  armes  à  des 
corps  qu'elle  aurait  pu  couperet  faire  prisonniers. 

I    tire  de  Henri  II  au  dur  de  Guise;  voy.  Mémoires-journaux  du  dur  (h 
Guùe  dans  la  rnlleriion  Michaud  et  Ponjoulat,  f.  Vf,  p.  i/i3,  i"  entonna. 


—  !\!x\  — 


à  chaque  capitaine  une  lettre  de  félicitations,  et  le  duc  de 
(Juise  obtint  diverses  récompenses  pour  ceux  qui  s'étaient  le 
plus  distingués. 


APPENDICE   W  II- 


RAPPORT 

P4IT  AD  NOM  DE  LA  COMMISSION  DES  ANTIQUITES  DE  LA  FRANCE,  SUH  LES 
OUVRAGES  ENVOYÉS  AU  CONCOURS  DE  L'ANNEE  187/1,  PAR  M.  A.  DU 
l-ONCl'ÉRIER. 

Messieurs, 

Dans  les  rapports  qu'elles  vous  présentent  annuellement,  vos  commis- 
sions (1rs  Antiquités  de  la  France  s'efforcent  d'atteindre  un  double  but. 
Au  devoir  do  vous  rendre  compte  des  travaux  qui  sont  renvoyés,  par 
vous.  à  leur  examen  s'ajoute  l'obligation  non  moins  importante  de  four- 
nir aux  travailleurs,  suivant  une  constante  tradition,  des  indications  re- 
latives aux  besoins  de  la  science,  aux  exigences  de  l'érudition  critique, 
telle  que  le  progrès  des  temps  la  constitue. 

Naturellement,  cette  partie  de  nos  rapports,  qui  tient  quelque  peu 
du  programme,  doit  en  avoir  la  monotonie  périodique,  en  même  temps 
que  l'utilité.  Rappeler  à  ceux  qui  s'occupent  d'histoire  qu'il  leur  faul 
se  montrer  de  plus  en  plus  sévères  dans  le  choix  des  autorités  dont  ils 
invoquent  le  témoignage,  à  mesure  que  les  éléments  d'information 
deviennent  plus  abondants  et  se  présentent  sous  une  forme  plus  épu- 
rée; leur  dire  qu'il  ne  snflil  pas  de  citer  de  bons  documents,  mais  qu'il 
est  nécessaire  de  n'en  point  altérer  le  caractère  et  la  portée  lorsqu'on 
les  met  en  œuvre;  avertir  ceux  qu'attire  la  philologie  des  dangers  que 
présentent  les  méthodes  incomplètes  ou  même  I  absence  de  méthode; 
conseiller  aux  interprètes  des  monuments  (igurés  de  subordonner  les  ex- 
plications ou  les  classifications  qu'ils  produisent  à  des  vérifications 
comparatives  et.  autant  que  possible,  à  l'examen  de  séries  bien  ordon- 
nées; tel  est  le  soin  qui  incombe  à  vos  commissions.  Mais  de  telles  re- 


—  442  — 

commandations  ne  peuvent  être  laites  sans  occasionner  des  redites,   au 
sujet  desquelles  le  rapporteur  est  contraint  d'invoquer  votre  indulgence. 

Lorsqu'un  écrivain  laborieux  a  pris  part  à  plusieurs  de  nos  concours, 
il  est  certain  que  ses  premiers  ouvrages  viennent  en  aide  au  succès  de 
travaux  plus  récents,  ("est  là  un  genre  d'influence  que  vos  commissions 
subissent  très-volontiers;  il  leur  arrive,  lorsqu'elles  sont  dans  la  néces- 
sité de  faire  un  choix  entre  des  productions  égales  en  mérite,  de  se  déci- 
der en  laveur  de  celles  dont  les  auteurs  ont  déjà,  par  des  services  rendus 
à  la  science,  acquis  de*  droits  à  votre  approbation  et  à  vos  encourage 
ments.  Il  est  donc  toujours  tenu  grand  compte  de  la  persévérance  dans 
les  fortes  études;  règle  équitable  dont  l'Académie  réclamerait  à  coup  sur 
(application  si  vos  commissions,  Messieurs,  pouvaient  l'oublier;  et  que 
néanmoins  il  n'est  pas  inutile  de  mentionner  ici  pour  l'édification  des 
personnes  studieuses  qui  lisent  nos  rapports,  et  qui,  n'assistant  pas  à 
nos  délibérations,  n'en  attendent  pas  moins  avec  intérêt,  parfois  avec 
anxiété,  l'expression  de  vos  opinions  scientifiques. 

La  première  médaille  a  été  décernée  à  un  ouvrage  qui  réunit  toutes 
les  conditions  que  vous  nous  entendez  souvent  énumérer.  L'auteur  du 
grand  recueil  intitulé  :  Inscriptions  antiques  de  Vienne  en  Dauphiné,  a  d'a- 
bord fait  la  collection  très-correcte  des  textes  épigraphiques  de  la  ville 
et  du  territoire  de  la  colonie  dont  elle  était  la  capitale;  soit  en  copiant  ces 
textes  sur  les  monuments  originaux,  opération  qui  exige  bien  souvent 
de  persistantes  révisions,  soit  en  recherchant,  pour  les  mono  ments  au- 
jourd'hui perdus  ou  anéantis,  les  meilleures  copies  conservées  par  «les 
ouvrages  imprimés  ou  manuscrits.  Il  faliail  encore,  dans  ce  dernier  cas, 
comparer  les  diverses  leçons,  et  eu  tirer  le  sens  wai  ou  du  moins  le  plus 
probable. 

M.  Mimer  n'aurait-il  eu  qu'à  relever  dans  les  musées  des  inscriptions 
soigneusement  classées,  n'aurait-il  eu  qu'à  faire  le  dépouillement  d'ou- 
vrages rédigés  par  des  épigraphistes  éclairés,  que  sa  lâche  n'en  eut  pas 
moin-,  été  Forl  méritoire.  Mais,  mi  est  en  droit  de  le  dire,  le  savant  que 
nous  avons  unanimement  proclamé  digne  de  la  première  récompense 
avait  a  surmonter  une  Foule  de  difficultés  (dont  un  lecteur  pourrai)  bien 
m-  pas  mesurer  l'étendue  parer  que  l'auteur  a  modesleraenl  négligé  d'en 
présenter  le  tableau),  difficultés  qui  ne  pouvaient  être  vaincues  que  par 
cette  persévérance  inébranlable  qu'inspire  un  profond  amour  de  la 
science.  \1.  Lllmera  dû,  le  crayon  à  la  main,  parcourir  nombre  de  lois 
plusieurs  départements  française!  un  canton  Buisse,  c'est-à-dire  lesdio 
-  de  Vienne    de  Grenoble  et  de  Genève,  composant  le  pays  des  bo 


—  UiZ  — 

tiques  Allubroges;  il  a  dû  s'enquérir,  de  village  en  village,  du  sort  des 
monuments  publies  jadis  plus  ou  moins  fidèlement .  les  découvrir  là  où 
ils  se  cachent;  chercher  dans  chaque  fouille  nouvelle,  parmi  d'informes 
débris  et  jusque  sous  le  marteau  de  l'ouvrier,  des  pierres  écrites  aux- 
quelles il  allait  conférer  une  valeur  archéologique.  Que  de  soins,  que 
d'efforts  incessants I 

Dix  années  de  la  vie  de  M.  Mimeront  été  employées  à  ce  travail  pré- 
paratoire. Les  copies  qu'il  a  faites  .les  textes  épigraphiques,  avec  un  vé- 
ritable talent  d'artiste,  et  qu'il  contrôlait  à  l'aide  d'empreintes  prises  par 
lui-même,  ne  se  limitent  pas  aux  monuments  de  l'antiquité;  sa  collection 
descend  jusqu'au  m*  siècle. 

Ces  textes  nous  sont  donnés  sous  quatre  formes.  D'abord  enfac-sinule 
réduits,  dans  un  atlas  de  cent  soixante  planches,  puis  en  copies  épigra- 
phiques ,  suivies  d'une  transcription  en  toutes  lettres  et  d'une  traduction 
française. 

L'auteur  s'est  donc  astreint,  avec  une  parfaite  bonne  foi.  à  exposer 
tout  ce  qu'il  a  vu  .  tout  ce  qu'il  supplée; et  le  commentaire  développé  qui 
vient  après  ses  traductions  montre  ce  qu'il  pense  des  textes  et  ce  qu  il  a 
su  tirer  de  leur  étude.  Dans  ce  système,  où  la  sincérité  met  en  relief  une 
connaissance  approfondie  de  la  matière,  aucune  place  n'est  laissée  aux 
équivoques,  disons-le.  aux  échappatoires  :  l'auteur  se  livre  tout  entier, 
et  il  n'a  qu  à  v  gagner.  Un  autre  mérite  encore  que  nous  nous  garde- 
rons bien  de  passer  sous  siience  :  chaque  article  contient  une  bibliogra- 
phie très-complète  du  monument  décrit.  M.  Allmer  n'a  pas  la  prétention 
de  ne  publier  que  des  documents  inédits,  et  le  lecteur  est  d'autant  plus 
porté  à  donner  une  confiante  attention  au  commentaire  placé  sous  ses 
veux  qu'il  sait  d'avance  que  l'auteur  a  connu  l'opinion  de  ses  prédéces- 
seurs et  ne  s'en  écarte  que  pour  proposer  des  corrections,  des  interpré- 
tations nécessaires. 

Après  avoir  établi  les  textes  et  les  avoir  traduits.  M.  Minier  avait  à 
les  classer.  Voici  quel  est  le  plan  de  l'ouvrage,  qui,  du  reste,  n'est  point 
encore  terminé,  puisque  deux  volumes  seulement  ont  été  renvoyés  à  notre 
examen.  Nous  ne  faisons  usage  du  troisième,  imprimé  depuis  la  clôture 
du  concours,  qu'a  titre  de  renseignement. 

M.  Allmer  met  au  premier  rang  les  inscriptions  publiques  antérieures 
aux  empereurs  (il  s'agit  d'inscriptions  de  Home  mentionnant  les  Allo- 
broges),  et  celles  qui  sont  relatives  aux  empereurs  et  à  des  personnes  de 
leur  famille.  C'est  là  que  se  trouve  une  riche  série  de  colonnes  milliaires 
qui  justifient  un  exnn-sut  sur  les  roules  antiques  parcourant  Ip  territoire 


Wi 


de  la  colonie.  Les  chapitres  suivants  comprennent  les  tondions  civiles 
supérieures  et  inférieures,  les  militaires.  Dans  cette  dernière  classe  ont 
été  admises  les  inscriptions  où  paraissent  les  noms  de  personnages  ori- 
ginaires de  la  province  de  Vienne  dont  les  monuments  ont  été  retrouvés 
6oit  à  l'étranger,  soit  en  d'autres  provinces  des  Gaules.  Là  encore  nous 
rencontrons  un  excursus  contenant  l'histoire  de  toutes  les  légions  ro- 
maines  rappelées  par  les  inscriptions.  Viennent  ensuite  les  textes  muni- 
cipaux, où  l'on  voit  ligurer  les  patrons  de  la  colonie,  les  décurions,  les 
duumvirs,  les  conservateurs  du  domaine,  les  trésoriers,  les  édiles,  les 
questeurs.  De  l'examen  critique  de  tous  ces  textes,  M.  Alliner  tire  des 
aperçus  remarquables  sur  l'origine  de  la  colonie  qu'il  croit  fictive,  c'est- 
à-dire  mm  municipe  gratifié  du  titre  et  des  prérogatives  de  colonie  sans 
avoir  reçu  de  colons;  en  un  mot,  la  cité  des  Allobroges  assimilée  à  des 
colons  romains. r>  Un  chapitre  est  consacré  aux  pontifes,  augures,  lia- 
mines  et  autres  fonctionnaires  sacerdotaux.  C'est,  jusqu'à  présent,  ce  qui 
constitue  la  part  faite  à  la  religion  des  Viennois;  car  les  inscriptions  re- 
latives aux  divinités  sont  presque  toutes  classées  dans  les  catégories  que 
détermine  l'état  civil  des  consécraleurs.  Dans  les  parties  de  l'ouvrage  que 
nous  ne  possédons  pas  encore,  M.  Minier  nous  donnera  sans  doute  m 
résumé  i|<'  toutes  les  épigraphes  renfermant  les  noms  des  dieux  généraux 
et  locaux  dont  le  cullr  était  <mi  vigueur  chez  les  peuples  de  la  Viennoise 
Nous  savons  déjà  qu'il  a  réservé  une  place  aux  marques  de  fabrique  em- 
preintes sur  des  vases  et  des  ustensiles  d'argile  ou  de  métal,  et  qu'il  a 
catalogué-  les  inscriptions  fausses. 

Dans  ses  excursus  comme  dans  les  commentaires  particuliers  qui  ac- 
compagnent les  inscriptions,  M.  Allmer  fait  preuve  de  connaissances  so- 
lides en  ce  qui  touche  l'administration  romaine,  la  hiérarchie  militaire, 
la  géographie.  Il  esl  au  courant  des  progrès  de  la  science,  el  il  contribue 
i  ces  progrès.  Sun  recueil  est  le  plus  considérable  el  le  plus  avancé  en 
doctrine  qni  ail  été  publié  pour  les  inscriptions  de  la  Gaule.  Ainsi  que 
nous  l'a\ons  constaté  plus  haut,  M.  Mimer  avait  compris  dans  son  allas 
les  inscriptions  «lu  moyen  âge  el  de  la  renaissance  qui  occupent  cin- 
quante-huil  planches,  Mais  de  cette  catégorie,  très-abondante  en  docu- 
ments paléographiques  el  historiques,  il  n'a  pas  entrepris  l'explication. 
Klle  esl  due  à  un  lavant  fort  distingué,  M.  Llfred  de  Terrebasse,  «pie de 
longs  travaux  sur  les  cartulaires  dauphinois  avaient  admirablement  pré- 
paré pour  mu'  «riivro  <lc  Cet  Ordre. 

M.  Ufred  dé  Terrebasse,  morl  le  18  décembre  1871,  a  laissé  deiu 
volumes  imprimés,  tout  remplis  de  notices  attestant  une  érudition  aussi 


—  445  — 

s. un.  ,]u  variée.  Il  avait.  afin  de  ne  pas  scinder  la  publication,  afin  de 
n'en  pas  altérer  l'unité,  attendu  pour  mettre  ces  volumes  au  jour  que  la 
tàclir  de  M.  AllmtT  Eut  terminée.  Les  ouvrages  des  deux  épigraphistes 
goal .  fil  effet,  intimement  li«:s  l'un  à  l'autre  par  la  forme  comme  par  la 
valeur  et  par  le  sujet:  et  nous  devions  consigner  ici  la  circonstance  dou- 
loureusequi,  enlevant  à  nos  concours  un  excellent  ouvrage,  nous  a  pri- 
vés d'adresser  à  l'un  des  deux  collaborateurs  une  part  d'éloges  bien  légitime. 
C'est  encore  à  une  grande  collection  de  documents,  rentrant  tout  h  fait 
dans  les  conditions  du  concours,  qu'a  été  attribuée  la  seconde  médaille. 
L'œuvre  intitulée:  Architecture  romane  du  Midi  de  la  France,  dessinée,  me- 
surée, décrite,  par  Henri  Révoil.  est  bien,  comme  ce  titre  l'annonce,  d'un 
seul  auteur  qui  a  relevé  lui-môme  l'immense  série  de  vues  d'ensemble, 
de  détails  d'architecture  que  contiennent  deux  cent  vingt-deux  planches 
in-folio;  qui  a  étudié  sur  place  la  coupe,  la  taille,  la  sculpture  des  pierres, 
<  t  qui  résume  ses  observations  dans  un  texte  sobre  et  remarquablement 
précis.  Cette  publication  est  incontestablement  une  des  plus  importantes 
et  des  plus  belles  qui  aient  été  laites  sur  les  antiquités  monumentales  de 
la  France.  Nos  provinces  méridionales  sont  particulièrement  riches  en 
édifices  antérieurs  au  xnie  siècle,  et.  parmi  ceux-là,  il  en  existe  qu'on  peut 
classer  aux  ix\  x'.  \f  siècles,  non  pas  sans  difficulté,  toutefois,  parce  que 
la  transformation  des  styles  a  été  assez  lente  dans  le  Midi,  et  que  c'est 
par  des  nuances  qu'il  en  faut  distinguer  les  phases.  L'habitude  qu'avaient 
les  architectes  méridionaux,  de  s'inspirer  directement  des  monuments  an- 
tiques encore  debout  dans  la  contrée,  produisait  dans  leurs  œuvres  des 
répétitions,  des  ressemblances  qu'on  ne  doit  pas  confondre  avec  des  rap- 
ports occasionnés  parla  communauté  d'âge.  Aussi  M.  Révoil  ne  s'en  tient- 
il  pas  aux  aspects  généraux;  il  s'attache  à  observer  les  caractères  les 
mieux  tranchés  qu'offrent  certains  genres  de  constructions ,  certains  détails 
de  l'ornementation;  il  dégage,  par  une  étude  longuement  poursuivie, 
quelques  portions  d'édifices  des  réfections,  des  compléments  de  diverses 
dates  qui  les  entourent,  et  il  fait  ensuite  part  au  public  des  résultats  de 
son  enquête,  conduite  avec  une  expérience  indéniable.  Malgré  la  nouveauté 
ou  la  précision  plus  grande  de  ces  résultats.  M.  Révoil  ne  prétend  pas  à 
la  priorité  sur  tous  les  points.  Loin  de  là,  il  cite  fréquemment  les  opinions 
de  Mérimée,  de  Charles  Lenormant.  de  M.  \  iollet-le-Duc,  et  d'autres 
archéologues  qui  ont  étudié  avant  lui  les  édifices  de  la  France  méridionale; 
il  invoque  leur  témoignage,  et  aime  à  s'abriter  derrière  leur  autorité. 
Mais  son  intervention  personnelle  se  manifeste  par  des  remarques  qui 
sont  du  domaine  de  l'architecte,  de  l'homme  à  qui  depuis  longtemps  l'en- 


—  446  — 

tretien  et  la  restauration  d'un  groupe  considérable  d'antiques  édifices  sont 
confiés,  et  qui  a,  il  est  permis  de  le  dire,  pénétré  au  cœur  même  de 
son  sujet.  Pour  apprécier  exactement  un  mode  de  construction ,  il  n'est 
rien  de  tel  que  d'avoir  ou  à  déposer  et  à  réédifier  des  parties  de  monu- 
ments à  l'exécution  primitive  desquelles  ce  mode  avait  présidé.  C'est  à 
l'archéologie  ce  que  l'anatomie  est  à  la  science  médicale. 

Si  l'on  veut  se  rendre  un  compte  exact  de  la  méthode  adoptée  par 
M.  H.  Réveil,  il  convient  de  lire  d'abord  son  Appendice,  mémoire  qui 
recèle  la  doctrine  de  l'éminent  artiste.  Après  avoir  discuté  brièvement 
l'âge  qu'on  peut  historiquement  attribuer  à  diverses  parties  de  la  cathé- 
drale d'Aix ,  qu'il  croit  antérieures  à  l'an  i  ooo ,  M.  Révoil  indique  les  carac- 
tères de  l'appareil  de  ces  constructions,  et  continue  son  étude  comparative 
par  l'examen  de  Saint-Reslitut,  de  la  Drôme.  Il  fait  grand  usage  des  mar- 
ques de  tâcherons  qu'il  a  relevées  sur  les  pierres  taillées,  et  c'est  là  qu'on 
rencontre  matière  à  discussions  intéressantes.  Si  l'auteur  est  dans  le  vrai. 
si  les  pierres  de  Saint-Restitat  se  rattachent  étroitement  à  celles  d'Aix  qui 
pourraient  être  historiquement  et  paléograpliiquement  attribuées  au  temps 
des  Carlovingiens.il  est  évident  que  l'église  de  Saint-Restilut  trouve  son 
classement  chronologique.  Le  même  raisonnement  s'applique  à  des  cons- 
tructions de  Cavaillon,  de  Tarascon,  etc.  Tout  en  rendant  justice  à  la 
conscience  dont  l'auteur  a  fait  continuellement  preuve  dans  l'exposé  de 
ses  opinions,  la  Commission  est  obligée  défaire  quelques  réserves  au  sujet 
de  ses  études  paléographiques,  qui  ne  lui  ont  pas  toujours  semblé  à  la 
hauteur  de  son  talent  d'artiste.  C'est  ainsi,  pour  ne  citer  qu'an  exemple, 
qu'avant  à  s'occuper  des  lettres  que  les  tâcherons  gravaient  sur  la  pierre. 
il  reproduit  une  opinion  ancienne  suivant  laquelle  <ron  n'aurait  pour 
point  de  comparaison  que  des  lettres  tracées  avec  la  plume  ou  le  pinceau 
sur  des  manuscrits,'!  tandis  qu'il  aurait  pu.  a  son  grand  avantage,  uti- 
liser de  beaux  spécimens  épigraphiques  et  les  légendes  des  monnaies  de 
Pépin,  de  Garloman,  de  Charlemagne,  qui  contiennent  des  caractères 
semblables  h  ceui  dont  ii  chefebe  la  date.  Toutefois,  n'oublions  pas  que 

M.  Henri  Révoil  n'a  point  entendu  précisément nOUS adresser  un  ouvrage 
d'érudition.  Les  éléments  d'étude  qu'il  nous  procure  sont  d'un  très-grand 
prix.  Les  suites  de  planches  concernant  Saint-Gilles  (Gard),  l'abbaye  de 
Montmajour,  Saint-Trophime  d'Arles,  l'église  de  Thor  (Vauchise),  frap- 
pent tout  d'abord  par  leur  richesse;  mais  d'autres  dessins  en  très-grand 
nombre,  lires  d'édifices  peu  connus,  ne  sont  pas  inférieurs  en  utilité.  Voire 
Commission    Messieurs,  souhaité  vivement  qtw  M.  Révoil  trouve  des 

imitateurs  dans  plusieurs  autres  régions  (le  notre  pav-. 


—  447  — 

Bile  regrette  de  ne  pouvoir  conserver  parmi  les  ouvrages  admis  au 
concours  un  livre  reeommandable:  l'An  de  bâtir  chez  les  liomains,  par 
\1.  Aug.  Choisv.  Ce  traite  général  ne  se  rattachait  pas  d'une  manière 
spéciale  à  l'archéologie  de  la  Gaule.  M.  Choisv  a  trouve',  à  Rome 
et  dans  les  autres  provinces  de  l'empire  romain,  des  monuments  qui  lui 
ont  paru  plus  propres  que  ceux  de  la  Gaule  à  la  démonstration  de  ses 
théories.  La  Commission,  tout  en  reconnaissant  le  mérite  do  livre  qui  a 
été  exposé  ailleurs  avec  soin  et  compétence1,  se  borne  à  taire  observer 
qu'il  n'a  pas  été  conçu  en  vue  des  antiquités  nationales. 

Quant  a  la  troisième  médaille,  vous  ne  serez  nullement  surpris,  Mes- 
sieurs, en  apprenant  que  nous  l'avons  décernée  à  l'un  des  vétérans  de  vos 
concours,  à  M.  Gélestin  Port,  pour  son  Dictionnaire  historique,  géogra- 
phique et  biographique  de  Maine-et-Loire.  Ce  livre,  disait  le  rapport 
de  1 873 .  ne  le  cède,  en  qualité,  à  aucun  de  ceux  qui  viennent  d'être  cou- 
ronnés. Fruit  de  vingt  années  d'un  travail  assidu,  il  se  recommande  par 
l'abondance  des  renseignements  de  tout  genre  qui  y  sont  consignés, 
l'exactitude  des  noms  et  des  dates .  l'étendue  et  la  précision  des  indications 
bibliographiques.  Nous  n'avons  rien  à  changer  à  cette  appréciation;  les 
nouveaux  fascicules  que  vous  nous  avez  renvoyés  sont  tout  à  l'ait  dignes 
des  premiers.  Le  livre  est  loin  encore  d'être  parvenu  à  son  terme,  puis- 
qu'un premier  volume  de  huit  cents  pages  à  deux  colonnes  ne  comprend 
que  les  noms  rangés  sous  trois  lettres  de  l'alphabet  (le  tiers  de  l'ouvrage 
suivant  les  prévisions  de  l'auteur);  mais  il  est  suffisamment  avancé  main- 
tenant pour  que  nous  puissions  évaluer  les  immenses  recherches  qu'il  a 
exigées,  la  critique,  l'impartialité  avec  lesquelles  les  matériaux  sont  dis- 
posés, l'utilité  des  renseignements  qui  y  sont  accumulés  sans  confusion, 
sous  mu'  forme  brève,  et  cependant  toujours  fort  claire.  La  substance  des 
riches  archives  de  Maine-et-Loire  et  des  autres  dépôts  angevins  est  passée 
tout  entière  dans  ce  livre.  M.  Célestin  Port  a  mis  à  profit  son  expérience 
de  bibliophile  ;  il  serait  bien  difficile  de  découvrir  nous  ne  dirons  pas  un 
livre,  mais  une  brochure,  un  pamphlet,  un  placard  relatif  à  l'Anjou  ou 
à  un  Angevin  qui  ait  échappé  à  sa  mémoire. 

Le  Dictionnaire,  comme  son  titre  le  promet,  est  à  la  fois  historique, 
géographique  et  biographique.  On  y  trouve  non-seulement  le  nom  des 
villes  et  des  villages,  ce  qui  est  indispensable,  élémentaire,  mais  encore 
celui  des  anciens  fiefs,  des  fermes,  des  lieux-dits;  toutes  les  fois  que  les 
documents  l'ont  permis,  la  succession  datée  des  formes  de  ces  noms;  la 

1  Journal  de*  Savants,  avril  187').  article  de  M.  Beulé. 


—  448  — 

liste  des  seigneurs  et  des  possesseurs,  des  abbés,  des  curés,  «les  inaires. 
Dans  les  articles  biographiques,  les  dates  sont  très-abondantes,  les  écrits 
relevés  avec  soin,  les  épitaphes  intéressantes  données  in  extenso.  Les  édi- 
fices sont  dépeints  avec  ce  savoir  dont  Y  Itinéraire  de  Paris  à  A/ren  avait 
déjà  fourni  des  gages;  les  œuvres  de  sculpture,  de  gravure,  les  sceaux 
sont  bien  indiqués  ou  décrits.  Enfin  on  trouve  la  mention  des  produits 
naturels  et  des  industries.  Sans  être,  et  cela  se  conçoit  aisément,  de  la 
dimension  du  chapitre  consacré  à  Angers,  qui  ne  forme  pas  moins  de 
cent  soixante  colonnes,  les  articles  concernant  les  villes  offrent  des  déve- 
loppements remarquables. 

La  Commission,  à  deux  reprises,  a  été  mise  à  même  d'apprécier  ce 
grand  travail ,  pour  lequel  M.  Célestin  Port  s'est  préparé  de  longue  main, 
et  qu'il  poursuit  courageusement.  On  a  pu  dire  avec  justice  que  l'ouvrage 
est  à  la  fois  sobre  et  abondant.  Il  serait  complet  si  M.  Port  avait  fait  à 
l'épigrapliie  antique  la  petite  place  à  laquelle  elle  a  droit,  et  qui  lui  sera 
sans  doute  réservée  à  l'article  Inscriptions. 

Dans  trois  concours  précédents,  le  savant  archiviste  de  Maine-et-Loire 
comptait  de  bons  ouvrages  relatifs  à  sa  province  ;  son  Inventaire  analy- 
tique des  archives  anciennes  de  la  mairie  d'Angers,  son  édition  du  livre  de 
Péan  de  la  T tuilerie:  Description  de  la  ville  d'Angers,  son  Cartnlairc  de 
l'Hàtel-Dicu.  Le  souvenir  de  ces  envois  s'ajoute  à  l'estime  qu'assure  à 
l'auteur  la  publication  du  Dictionnaire  historique  dont  nous  venons  de 
parler. 

M.  \iiguste  Prost,  à  qui.  en  1866,  l'Académie  a  décerné  une  de  ses 
médailles  pour  ses  Etudes  sur  l'histoire  de  Metz,  vous  a  adressé  cette  année 
un  mémoire  considérable  intitulé:  Le  Patriciat  dans  la  cite  de  Metz:  il  y 
lait  revivre  une  question  souvent  débattue,  mais  où  il  a  su  introduire 
l'ordre  et  la  lumière.  Il  s'agit  de  l'origine,  de  la  constitution  et  de  l'his- 
toire de  ce  qu'on  nommait,  à  Metz,  les  Paraiges  (  Paraticiini  .  Parenlela) , 
ei  du  rôle  que  ces  associations  ont  joué,  pendant  le  moyen  âge,  dans  le 
gouvernement  de  la  cité.  Le  mémoire  est  divisé  en  deux  parties.  Dans  la 
première,  M.  Prost  définit  la  nature  de  l'institution ,  en  montre,  d'après 
les  documents,  les  limites  chronologiques;  ce  chapitre  embrasse  les  cinq 
premiers  paraiges;  c'est  un  résumé  très-méthodique,  très-bien  ordonné, 
des  travaux  antérieurs,  parmi  lesquels  l'auteur  choisi!  avec  discernement 
ce  qui  lui  parait  conforme  à  La  vérité  historique. 

Dans  la  seconde  partir,  il  étudie  Bpécialemenl  la  formation  du  sixième 
paraige  el  détermine  avec  une  rare  sagacité  son  origine,  Bon  caractère  el 
ses  rapports  avec  le^,  cinq  antres,  Il  démontre  la  transformation  de  la 


—  449  — 

communauté  urbaine  en paraige  du  commun,  G'esl  un  résultat  qui  appar- 
liciii  en  propre  à  l'auteur  et,  en  dehors  du  mérite  général  de  l'œuvre,  qui 
se  recommande  aussi  bien  par  la  sagesse  et  la  netteté  du  plan  que  par 
l'intérêt  des  détails,  c'est  la  lecture  des  paragraphes  consacres  au  sixième 
paraige  qui  a  le  plus  particulièrement  frappé  la  Commission.  Si  elle  avait 
pu  disposer  d'une  quatrième  médaille,  elle  l'eût  décernée  au  mémoire  de 
M.  Prost;  mais  n'ayant  pas  reconnu  que  ce  mémoire  dûl  être  préféré  à 
I  un  de  ceux  qui  étaient  l'objet  d'une  récompense  de  cet  ordre,  elle  n'a 
pas  cru  devoir  attribuer  à  M.  Prost  nue  distinction  inférieure  à  celle  dont 
précédemment  I  académie  l'avait  jugé  digne. 

\ini>  avons  été  guidés  par  les  mêmes  considérations  once  qui  touche 
le  Recueil  de  pièces  pour  faire  suite  nu  Cartulaire  général  de  l'Yonne,  publié 
par. M.  Max  Quantin.  Le  Cartulaire,  pour  lequel  M.  Quanlin  obtenait  la 
deuxième  de  nos  médailles  au  concours  de  18G1,  contient  les  chartes 
antérieures  au  xin"  siècle,  aujourd'hui  le  même  archiviste  nous  donne, 
en  un  volume  d'une  justiBcation  plus  compacte,  la  collection  des  pièces 
du  xin*  siècle  qui  sont  relatives  à  l'histoire  des  territoires  formant  le  dé- 
partement de  l'Yonne.  Il  en  a  textuellement  reproduit  7 '1-2,  et  analysé 
environ  &00.  soit  dans  les  notes,  soil  dans  l'appendice.  Le  choix  a  été  judi- 
cieusement t'ait,  beaucoup  d'actes  publiés  par  M.  Quantin  n'ont  pas  seu- 
lement un  intérêt  local  :  un  très-grand  nombre  sont  émanés  des  mis  de 
France  et  des  grands feudataires,  ecclésiastiques  ou  laïques,  dont  l'auto- 
rité s'exerçail  dans  les  pays  de  Sens  et  d'Auxerre.  Les  recherches  de 
\I.  Quantin  ont  porté  sur  tous  les  dépôts  ou  il  y  avait  chance  de  rencon- 
trer des  documents  rentrant  dans  le  cadre  qu'il  s'était  tracé;  les  teste- 
ront généralement  bons,  les  dates  exactes,  les  noies  substantielles  et  ins- 
tructives; la  topographie  a  été  traitée  avec  un  soin  spécial.  L'auteur  a 
t'ait  graver  les  plus  curieux  d'entre  les  sceaux  appendus  aux  actes  de  sa 
collection;  l'introduction  offre  un  résumé  très-intéressfnt  des  principales 
notions  historiques  qui  se  dégagent  des  textes  originaux.  Il  est  certain 
que  |c  Recueil  de  \1.  Quantin  occupera  dans  votre  opinion  un  rang  égal 
a  celui  que  vous  avez  assigne  a  son  Cartulaire. 

C'est  pour  la  troisième  fois  que  l'ouvrage  de  M.  Alfred  Franklin,  Les 
anciennes  bibliothèques  de  Péris,  se  présentait  dans  nos  concours. 
En  1869  et  1878.  vos  commissions  avaient  déjà  constaté  le  mérite  de 
l'auteur  et  la  persévérance  avec  laquelle  il  poursuivait  l'achèvement  d'un 
travail  considérable;  le  rapport  de  1873  l'atteste;  cependant  ce  témoi- 
gnage était  accompagné  de  quelques  réserves.  Le  troisième  volume  que 
nous  venons  d'examiner  est  supérieur  aux  deux  premiers.  Il  se  compose 

11.  3o 


s 


—  450  — 

de  deux  parties  qui  demeurent  distinctes.  La  première  (3 19  pages)  est 
due  à  M.  Franklin  seul;  la  seconde,  préparée  par  le  même  écrivain,  a 
e'té  achevée,  sous  la  direction  de  M.  L  Tisserand,  secrétaire  de  la  com- 
mission des  travaux  historiques  à  l'Hôtel  de  Ville,  par  MM.  Bonnardot 
et  Adam.  La  vue  affaiblie  de  M.  Franklin  ne  lui  avait  pas  permis  de  com- 
pléter ses  recherches,  et  il  s'est  trouvé  obligé  d'avoir  recours  à  l'interven- 
tion bienveillante  de  collaborateurs  qui,  du  reste,  se  sont  conformés  au 
plan  adopté. 

La  première  partie  de  ce  troisième  volume  comprend  quinze  biblio- 
thèques parisiennes,  parmi  lesquelles  apparaissent  au  premier  rang  celles 
du  collège  Mazarin  et  de  l'Hôtel  de  Ville.  Les  pièces  citées  sont  bien 
choisies.  11  s'agit  principalement  d'une  de  nos  plus  précieuses  biblio- 
thèques, celle  du  collège  Mazarin,  qui  a  passé  par  tant  d'épreuves  du- 
rant nos  troubles  civils,  et  dont  l'histoire  Irès-étudiée  est.  racontée  par 
M.  Franklin  avec  beaucoup  d'art  et  de  passion.  Le  récit  a  des  dimensions 
considérables,  et  l'on  peut  dire  qu'il  constitue,  au  sein  de  l'ouvrage  gé- 
néral, un  livre  d'une  lecture  attachante.  Les  erreurs  signalées  dans  les 
deux  premiers  volumes  se  rencontraient  presque  toutes  dans  les  notes  bi- 
bliographiques. Nous  n'avons  pas  à  relever,  dans  la  première  partie  du 
tome  troisième,  de  fautes  semblables.  L'auteur  avait  déjà,  en  i<Si)o.  pu- 
blié  un  premier  travail  sur  la  bibliothèque  Mazarine,  et  il  parait  évident 
qu'il  a  profilé  des  articles  relatifs  à  cet  établissement  scientifique  qui  ont 
été  imprimés  depuis  celte  époque.  Cependant  il  ne  semble  pas  avoir 
exactement  saisi  les  motifs  de  l'opposition  de  l'Université  à  I  exécution 
des  volontés  testamentaires  de  Mazarin,  opposition  qui  tint  surtout  à  ce 
que  lis  classes  du  nouveau  collège  devaient  être  gratuites.  Ces!  à  tort, 
aussi  qu'il  suppose  qu'aucune  loi  spéciale  un  prononcé  la  suppression  de 
l'Université,  car  un  décret  de  la  Convention,  du  10  septembre  179,3, 
ordonne  qu  à  dater  du  i5  novembre  suivant  les  collèges  de  plein  exer- 
cice, les  facultés  de  théologie,  des  sciences  et  des  arts  cesseront  d'exister. 
Néanmoins,  en  matière  d'histoire ,  l'érudition  de  M.  Franklin  est  ordi- 
oairemenl  -.rue:  il  sait  où  sont  les  documents  instructifs;  il  est  habile  à 
les  interroger,  el  même  à  les  discuter,  el  se  tient  en  garde  contre  les 
anecdotes  de  mauvais  aloi.  Nous  ne  reviendrons  sur  les  belles  conditions 
matérielles  du  livre,  dont  il  a  été  amplement  tenu  compte  dans  un  rap- 
port précédent .  que  pour  signaler  les  vignettes  topographiques  extraites, 
avec  beaucoup  d  a-propos,  des  grands   plans  de  Diicerceau ,   de  Jaillot, 

rie  Gomboust,  de  Lacaille,  de  Jouvin  de  Rochefort,  de  Bretez.  L'inser- 
tion de  ces  vignettes  aidera  phi-,  tard   le  lecteur,  lorsque  les  souvenirs 


—  451   — 

du  vieux  Paris  que  nous  avons  vu  détruire  seront  éteints,  à  mieux  coin 
prendre  les  relations  des  bibliothèques  avec  la  ville.  L'ouvrage  de  longue 
baleine  qui  a  pour  titre  Les  anciennes  bibliothèques  de  Paris  est  mainte- 
nant terminé.  Après  en  avoir  parfois  critiqué  les  détails,  la  Commission 
l'a  considère  dans  son  ensemble  et  décerne  à  l'auteur  la  première  men- 
tion honorable. 

La  seconde  mention  est  accordée  a  M.  M.-G.  Guigue,  ancien  élève  de 
l'Ecole  des  chartes,  pour  sa  Topographie  historique  du  département  de 
l'Ain,  ouvrage  dans  lequel  i!  présente  une  nomenclature  des  localités 
qui  rappelle  jusqu'aux  simples  hameaux,  aux  petit-;  fiefs,  aux  moindres 
chapelles.  A  la  suite  de  chaque  nom.  il  a  consigné  des  indications  histo- 
riques et  archéologiques  contenant  beaucoup  de  faits,  et  résultant  soit 
d'observations  personnelles  de  l'auteur,  soit  du  vaste  dépouillement  qu'il 
a  entrepris,  non-seulement  dans  les  livres  imprimés,  mais  plus  encore 
dans  les  manuscrits  des  archives.  L'introduction  dans  laquelle  il  résume 
l'histoire  topographique  des  provinces  de  Bresse,  Bugey,  Combes,  Val- 
romey,  pays  de  Gex  et  Franc-Lyonnais,  est  bien  ordonnée.  On  y  trouve 
une  série  de  cent  vingt  inscriptions  latines  antiques  qui,  à  la  vérité,  ne 
sont  accompagnées  d'aucune  explication,  et  que.  dans  l'intérêt  de  l'au- 
teur, il  ne  faut  point  comparer  aux/ac-«'»it/eépigraphiques  de  M.  Allmer; 
([liant  aux  inscriptions  du  moyen  âge,  M.  Guigue  les  rapporte  à  l'ar- 
ticle des  localités  auxquelles  elles  appartiennent,.  On  regrette  qu'il  se 
borne  à  mentionner,  à  la  fin  de  chaque  paragraphe,  les  ouvrages  et  le 
documents  qu'il  a  consultés,  qu'il  a  extraits  avec  précision,  sans  toute- 
fois fournir  des  renvois  suffisamment  complets;  quelques  chiffres  de  plus 
eussent  considérablement  accru  l'utilité  de  son  grand  travail .  en  per- 
mettant au  lecteur  de  remonter,  sans  entreprendre  des  recherches  assez 
compliquées,  à  l'origine  des  principales  assertions  du  laborieux  histo- 
rien. 

Le  nom  de  M.  Auguste  Castan  vous  est  familier.  Messieurs;  le  savant 
bibliothécaire  de  Besançon  se  rappelle  assez  fréquemment  à  voire  sou- 
venir par  l'envoi  d  ingénieux  mémoires  qui  lui  ont  assuré  une  juste  ré- 
putation. De  ce  nombre  est  la  dissertai  ion  sur  le  Théâtre  antique  de  Ve- 
sontio,  qui  nous  a  paru  digne  de  la  troisième  mention  honorable. 

Longtemps  on  a  cru  à  Besançon,  sur  la  foi  d'une  légende  del'évêque 
saint  Maximin ,  assez  récente  d'ailleurs ,  que  le  site  de  l'église  de  Sainl-Jean- 
Baptiste  déterminait  à  la  fois  l'emplacement  du  Forum,  et  du  Capitale 
qui  devait  l'avoisiner.  Des  substructions  antiques,  observées  sur  ce 
point,    prêtaient    un    appui  à   ce  système.   Mais  des  fouilles  exécutée* 

3o. 


s 


—  452  — 

-îi   1H70,  et  étudiées  avec  beaucoup  de  sagacité  par  M.  Gaslan,  ont 
amené  cet  archéologue  à  croire  et  à  démontrer  que  le  terrain  de  l'église 
de  Saint-Jean  avait  été  occupé  par  un  théâtre,  fort  différent  de  l'amphi- 
théâtre construit  en  dehors  de  la  ville.  Des  portions  de  gradins ,  de  grands 
soubassements,  des  colonnes  qui  ont  pu  être  rétablies,  divers  débris  de 
sculpture  et  d'architecture,  recueillis  dans  les  fouilles  et  convenablement 
rapproches,  ont  conféré  à  l'opinion  émise  par  1\1.  Castan  un  degré  de 
vraisemblance  capable  de  satisfaire  et  de  convaincre  les  antiquaires  expé- 
rimentés. De  bons  dessins  mis  sens  les  yeux  du  lecteur  plaident  éloquem- 
menl  en  faveur  du  système  nouveau.   Les  excavations  conduites  par 
M.  Castan  offraient  d'assez  grandes  difficultés,  puisqu'il  a  fallu  les  pra- 
tiquer parmi  des  maisons  habitées  qui  rendaient  impossible  un  déblave- 
ment  général  à  ciel  ouvert.  M.  Gaslan  lit  creuser  des  cheminements  sou- 
terrains  qui  ne  lui  procuraient  que  dt^  aperçus  fractionnés.  .Mais  son 
intelligence  suppléait  à  ce  que  ce  mode  d'enquête  présente  de  défectueux. 
Plus  heureux  que  les  arènes  de  Lutèce,  qui  n'ont  revu  un  instant  la  lu- 
mière que  pour  être  vouées  à  une  prompte  destruction,  le  théâtre  de  Ve- 
sontio  a  été  protégé'  par   le   bon  goût  des   habitants  de  la  ville,  sollicité 
par  un  chaleureux  appel   de  M.  Castan.   Un  square  «rr/iéo/o^V/J/c,  établi 
sur  les  terrains  de  la  place  Saint-Jean,  réunit  des  monuments  de  divers 
âges  aux  huit  colonnes  du  théâtre,  érigées  sur  leurs  bases  primitives. 
faits  intéressants  ont  droit  ,:i  toute  l'attention  d<^  amis  de  la  science, 
'.'est  à  un  livre  d'histoire  proprement  dite  qu'est  départie  la  quatrième 
mention.  L'ouvrage  de  M.  de  Formeville,  conseiller  honoraire  a  la  cour 
d'appel   de  Caen  .   se  compose  de  deux  volumes,  dont   le  premier   n'est 
présenté  par  l'auteur  que  comme  une  introduction  à  YHistoiredes  évéques 
de  LisieuXj  rédigée  au  siècle  dernier  par  Noël  Deshays,  cure  de  Cam- 
pigny.    Le    tome    II'    contient,    en    effet,    le   texte    même   de   cette    his- 
toire, que  l'éditeur  a  fait  suivre  d'une  intéressante  étude  -mi-  les  hugue- 
nots et  la  Saint-Barthélémy  à  Lisieux,  et  enfin  sur  le  rôle  attribué  à 
l'évêque  Jean  le  Heimuyer  dans  les  événements  «le  cette  époque.  On  y 
trouve  encore  un  inventaire  des  pièces  que  possédaient,  an  tv*  siècle, 
les  archives  de  la  cathédrale. 

I  a  Commission  n'avait  pas  à  s'enquérir  du  plus  on  moins  de  critique 
oël  Deshays.  Son  manuscrit  avait  attiré  l'attention  de  notre  regretté 
confrère  Auguste  le  Prévost;  mais  le  cure  de  Gampigny  n'était  pas  de 
l'école  des  Bénédictins. 

Moufl  avons  fait  porter  notre  examen  sur  le  premier  volume,   qui  se 
divise  en  tr"is  sériions  :  topographie  bénéficiaire,  spiritualité,  tempora- 


—  &53  — 

lité.  Sauf  une  intéressante  description  de  I»  cathédrale,  la  première  Be< 
lion  oe contient  que  dos  nouilles,  des  listes  «le  bénéfices,  des  tables  de 
noms  de  lieux.  L'idée  des  deux  autres  grandes  divisions  est  ingénieuse  et 
ne  manque  pas  de  justesse,  puisque  les  évêques-comtes  de  Lisieux réu- 
nissaient les  deux  pouvoirs,  spirituel  el  temporel.  M.  de  Formeviile  passe 
en  revue  tout  ce  qui  relevait  de  ces  pouvoirs  :  l'organisation  ecclésias- 
iique  du  diocèse,  le  personnel,  depuis  le  plus  haut  dignitaire  jusqu'au 
moindre  subalterne,  indiquant  les  droits,  les  prérogatives  cl  le  mode  de 
nomination  de  chacun.  Puis  il  consacre  plusieurs  chapitres  à  la  liturgie, 
aux  écoles,  aux  rapports  avec  le  pape  et  le  pouvoir  royal.  A  la  tempora- 
lité se  rattachent  les  institutions  militaires,  féodales ,  judiciaires ,  commu- 
nales. Un  chapitre  traite  des  arts  et  métiers,  des  corporations,  des  con- 
fréries, des  jurandes.  L'enseignement,  l'histoire  des  écoles  offrent  des 
détails  curieux  et  exacts. 

On  ne  saurait  imaginer  un  travail  plus  approfondi  sur  la  constitution 
d'une  grande  église  avant  l'époque  de  la  Révolution  française.  Toutefois, 
l'ouvrage  laisse  a  désirer  sous  le  rapporl  de  la  composition.  Les  faits  y 
sont  plutôt  juxtaposés  que  reliés.  Ce  défaut  n'altère  pas  sans  doute  les 
solides  qualités  de  la  publication,  mais  il  explique  le  rang  que  nous  lui 
avon^  assigné  dans  l'ordre  fie  nos  mentions. 

Il  existe  à  Orléans,  près  de  la  modeste  demeure  où  vécut  et  mourut 
Pothier,  un  vieil  édifice,  engagé  dans  sa  longueurentre  les  habitations  voi- 
sines .  édifice  qu'on  appelle  habituellement  la  Sa/le  des  thèses  de  l'Université. 

L'architecture  en  est  assez  remarquable  pour  qu'il  ail  été  classé  parmi 
les  monuments  historiques.  L'édifice  se  compose  d'une  salle  unique,  sé- 
parer en  deux  nefs,  comme  la  grande  salle  des  États  de  Blois,  par  d'élé- 
gants et  -villes  piliers  qui  soutiennent  une  voûte  en  ogives,  dont  les  re- 
tombées s'appuient  suc  douze  consoles  sculptées  en  haut-relief,  représen- 
tant des  docteurs  de  l'antiquité  el  du  moyen  âge,  tels  que  les  concevait 
l'art  du  w'  siècle.  Cependant,  il  \  a  peu  d'années,  l'origine  de  celte 
construction,  son  histoire,  sa  destination  même  étaient  imparfaitement 
connues,  et  c'est  M.  Boucher  de  Molandon  qui  est  arrivé  le  premier,  sur 
ces  différents  points,  à  des  conclusions  aussi  précises  que  certaines.  Deux 
actes  authentiques,  l'un  du  5  février  l'ni,  retrouvé  dans  l'élude  d'un 
notaire  d'Orléans,  l'autre  du  9.0  avril  de  la  même  année,  découvert  dans 
les  archives  départementales  du  Loiret,  lui  ont  permis  d'établir  que  l'an- 
tique édifice  était  -la  librairie  ou  bibliothèque  dans  laquelle  étaient  dé- 
posés autrefois  les  manuscrits  el  les  livres  de  l'Université,  M  qui  servait 
en  même  temps  à  ses  actes  publics  et  à  ses  assemblée 


—  4  5/i  — 

il  ressort,  en  outre,  que  l'établissement  de  la  salle  des  Thèses  remonte 
au  commencement  du  xv*  siècle,  et  qu'à  cette  époque,  pour  déblayer  le 
terrain  où  elle  devait  s'élever;  selon  toute  apparence  en  remplacement 
de  constructions  plus  anciennes,  il  avait  été  fait  acquisition,  par  l'Uni- 
versité, de  divers  bâtiments  et  dépendances  qu'elle  se  proposait  d'abattre. 
M.  de  Molandon  présente  habilement  ces  résultats  intéressants  pour 
l'histoire  de  nos  antiquités  nationales;  il  ajoute  à  l'utilité  de  sa  décou- 
verte en  rappelant  avec  opportunité  ce  (pie  fut  jadis  la  célèbre  université 
dont  celte  salle,  échappée  jusqu'ici au  marteau  des  démolisseurs,  évoque 
le  souvenir  et  semble  attester  la  grandeur  passée;  cependant  l'existence 
de  la  salle  des  Thèses  est,  dit-on,  menacée;  il  aurait  été  question  de  la 
sacrifier  à  quelques  travaux  d'édilité,  et  M.  Boucher  de  Molandon  nous 
t'ait  part  de  ses  alarmes  à  ce  sujet.  Sans  doute,  sa  voix  aura  été  entendue, 
mais  votre  Commission  tenait  à  lui  donner  son  assentiment,  à  le  se- 
conder, s'il  en  est  besoin. 

En  i36o,  Edouard  III,  après  avoir  envahi  la  France,  octroyait  des 
lettres  de  sauvegarde  à  l'Université  d'Orléans.  Alors  qu'il  ne  subsiste  plus 
de  cette  glorieuse  institution  qu'un  monument  unique,  nous  demandons 
pour  lui,  à  une  municipalité  nationale,  de  nouvelles  lettres  de  sauvegarde 
que  son  patriotisme  ne  refusera  pas. 

L'envoi  de  M.  de  Molandon  comprenait  deux  écrits  auxquels  s'applique 
en  commun  notre  cinquième  mention  honorable.  Le  second  mémoire 
n'est  pas  moins  reeomniandalile  que  le  précédent.  Il  ne  présente  pas. 
comme  le  litre  pourrait  le  faire  supposer,  le  récit  général  des  événements 
qui  onl  précédé  la  délivrance  d'Orléans,  ni  une  répétition  superflue  de 
faits  déjà  connus.  Dans  le  volume  intitulé  La  première  expédition  de 
Jeanne  d'Arc,  l'auteur  discute  quelques  points  encore  controversés,  par 
exemple,  la  question  de  Bavoir  si  l'investissement  d'Orléans  «'lait  complet 
au  moment  où  Jeanne  survinl  pour  secourir  la  ville  assiégée. 

Le  convoi  de  ravitaillement  qu'elle  amenait  de  Blois  pénétra-t-il  dans 
la  cité  par  la  voie  de  terre  à  travers  les  bastilles  ennemies,  ou  bien  par 
bateaux,  en  descendant  des  îles  voisines  de  Chécy  aux  fossés  de  la  porte 
de  Bourgogne,  ainsi,  du  reste,  que  plusieurs  écrivains  considérables  l'a- 
vaienl  admis?  Sur  le  premier  point,  M.  de  Molandon  se  prononce  pour 
l'affirmative,  et  Bon  principal  motif  réside  dans  la  découverte  récente 
il  un  ouvrage  militaire  à  3  kilomètres  el  demi  d'Orléans,  entre  les  deux 
roui. 's  principales  qui  convergent  vers  l'un  de  ses  faubourgs,  en  remon 

tant  dans  la  direct de  la   forêt;  c'est-à-dire  en  cette  région  où  jus- 

qu  ici  I  investissement  ne  paraissait  pas  avoir  été  complété  par  Ibs  An 


'i  5  5 


<;l;u>.  M.  de  MolamJun  a  recueilli  aux  archives  municipales  an  grand 
nombre  de  documents  établissant  que  les  blés  apportés  de  Blois  étaient 
entrés  sur  des  chalands  dans  les  fossés  de  la  pute  de  Bourgogne  ali- 
mentés par  la  Loire.  Ces  documents,  sans  doute,  n'étaient  pas  inconnus, 
et  notre  savant  correspondant  M.  Mantellier  les  avait  sous  les  yeux  lors- 
qu'ii  écrivail  sa  relation  du  siège  d'Orléans,  dans  laquelle  il  adopte  la 
même  conclusion.  Cependant  M.  Bouclier  de  Molandon  a  le  mérite  de 
les  avoir  mis  pleinement  en  lumière  et  d'avoir  rehaussé  l'utilité  du  ser- 
vice rendu  par  l'héroïne  à  la  ville  bloquée  plus  étroitement  qu'on  n'avait 
pu  le  présumer. 

Calixte  II .  études  sur  les  actes  de  ce  pape,  tel  est  le  titre  de  l'ouvrage 
auquel  est  acquise  notre  sixième  mention.  En  i858,  la  Bibliothèque  de 
l'Btoiedes  chartes  a  publié  un  mémoire  de  notre  savant  confrère  M.  Léo- 
pold  Delisle  sur  les  Actes  d'Innocent  III.  C'est  à  limitation  et  sur  le  plan 
de  ce  mémoire  que  M.  Ulysse  Robert  a  composé  son  travail.  Fidèle  jus- 
qu'au scrupule  à  son  modèle,  il  lait  successivement  connaître,  dans  une 
étude  préliminaire,  l'organisation  de  la  chancellerie  pontificale  sous  Ca- 
lixte  H,  les  recueils  qui  renferment  les  actes  de  ce  pape,  à  défaut  du  re- 
gistre, aujourd'hui  perdu,  où  il  les  faisait  inscrire;  les  formules,  sous- 
criptions  et  dates  que  ces  actes  présentent,  l'itinéraire  de  Calixte  d'après 
Ba  correspondance;  renseignements  d'une  grande  utilité  pour  discuter, 
accepter  ou  rejeter  l'authenticité  de  certaines  pièces.  Il  indique  enfin  les 
particularités  paléographiques  qu'on  peut  relever  dans  les  bulles  origi- 
nales qui  nous  sont  parvenues.  Tout  ce  travail  témoigne  d'une  érudition 
judicieuse  et  d'une  consciencieuse  application.  La  seconde  partie  renferma 
le  catalogue  des  actes.  Jaffé  l'avait  déjà  donné;  mais  en  profitant,  comme 
c'était  son  droit,  du  travail  de  son  devancier,  M.  Robert  l'a  complété  par 
l'indication  de  quatre-vingt-six  actes  intéressant  nos  églises,  nos  monas- 
tères. Toutes  les  pièces  qui  avaient  échappé  à  l'auteur  du  Ilegesta  Pon- 
tijicum  sont  reproduites  intégralement  dans  la  troisième  partie  du  mé- 
moire. On  ne  s'étonnera  pas  de  voir,  dans  un  concours  dont  les  antiquités 
de  la  France  sont  le  constant  objet,  admettre  un  mémoire  destiné  à  faire 
ressortir  les  qualités  d'homme  politique  et  d'administrateur  qui  firent 
de  Calixte  II  une  des  plus  grandes  figures  du  xn*  siècle.  Guy  de  Bour- 
gogne, pendant  plus  de  trente  ans  archevêque  de  Vienne,  appartenait 
par  sa  naissance  à  la  Franche-Comté  comme  Gerberl  à  l'Auvergne.  C'est 
un  pape  français  dont  l'histoire  se  trouve  éclaircie  par  les  savantes  inves- 
tigations de  M.  Ulysse  Robert. 


—  456  — 

Iris  Sont,  Messieurs,  les  ouvrages  auxquels  un  règlement  rigoureux 
mus  permettra  de  décerner  des  encouragements  publics  assurément  bien 
gagnés.  Mais  cependant  la  Commission  ;i  tenu  à  vous  signaler  le  mérite 
.l'un  mémoire  manuscrit  de  M.  Brissaud,  professeur  au  lycée  Charle- 
magne,  sur  l'administration  anglaise  et  le  mouvement  commercial  dans  le 
Bordelais. 

Produit  d'une  étude  patiente  des  <1<mi\  registres  principaux  conservés 
aux  archives  de  la  Gironde  connus  sous  le  litre  de  Livre  des  Mouillons 
et  Livre  de  la  Jurade,  que  M.  Brissaud  avait  compulsés  avant  qu'une  ex- 
cellente édition  en  lut  donnée  par  les  soins  d'une  commission  bordelaise, 
le  mémoire,  disons  mieux,  le  livre  qui  vous  a  été  adressé,  offre  un  ta- 
bleau animé,  parfois  un  peu  passionné,  du  développement  des  institu- 
tions municipales  dans  la  < iuienne.  M.  Brissaud  possède  îles  qualités  de 
véritable  historien;  lorsqu'il  aura  remanié  quelques  payes  où  se  sont 
glissées,  touchanl  les  origines  de  la  commune  de  Bordeaux,  des  erreurs 
causées  par  une  méprise  qui  lui  fait  attribuer  au  roi  Henri  II  (117.'!) 
une  charte  accordée  en  réalité  par  Henri  III  (ia/i5),  son  livre  vous  re- 
viendra vraisemblablement  imprimé  et  dégagé  des  imperfections  qui 
nous  ont  fait  ajourner  un  témoignage  plus  complet  de  notre  approbation. 

tarés  cette  analyse  détaillée,  mais  cependant  comte  an  ère  de  nos 
consciences,  nous  \eiions,  Messieurs,  vous  demander  pour  l'ensemble 
de  nos  décisions  une  ratification  qui  doit  leur  donner  force  définitive. 
Non-,  sommes  heureux  d'avoir  à  vous  le  déclarer,  le  concours  do  iSjh 
marquera,  non  p;is  seulement  par  le  nombre  et  la  variété  des  questions 
traitées,  mais,  ce  qui  vaut  mieux  encore,  par  d'incontestables  progrès 
en  érudition  et  en  méthode. 

Le#  membres  de  In  Commission  des  antiquités  de  lu  France. 
F.  de  Sai  lcy,  I-.  Renier,  Lbop.  Dblislb,  Ki;iu>.  de  Las- 

■rr.vr.n: ,  J.   DesnOYBBS,  B.  II\ii;i':\u,  E06.  DE  R.OZIBBJB, 
A.  de  Longpj£rieb,  rapporteur. 

I.  académie,  après  avoir  entendu  la  lecture  de  ce  rapport,  en  a  adopté 
oncl  usions. 


lifié  roiifnrnir 


/..  Secrétaire  perpétuel, 

II.    \\  41  I  OV 


T.)/ 


\I»I»EN  Dl CE    T   111 


RAPPORT 

FAIT   AU   .NOM    DE  LA    COMMISSION    DE  L'ECOLE  FRANÇAISE   D'ATHÈiNES,  SUR 
3   TRAVAUX    DES    MEMBRES   DE  CETTE   ECOLE    (  PREMIERE    ANNÉE,    SÉ*- 
JOLII   A    ROME,    1  M  7  .">-l  87^1  )  ,   PAR   M.    EGGER. 

Messieurs  , 

Le  titre  seul  du  rapport  que  j'ai  l'honneur  de  vous  lire  au  nom  de  votre 
Commission  de  l'Ecole  française  d'Athènes1  vous  indique  un  changement 
considérable  et  heureux  que  l'administration  de  l'instruction  publique 
vient  d'accomplir  dans  le  régime  de  cet  établissement. 

D  -  la  création  de  1  Ecole,  il  avait  paru  bon  d'autoriser  les  jeunes  hu- 
manistes sortis  des  rangs  de  l'Université  pour  achever  leur  éducation  en 
Grèce  à  parcourir  d'abord  l'Italie,  à  y  séjourner  pendant  quelques  se- 
maines, même  pendant  quelques  mois.  Le  séjour  de  Home  surtout,  une 
exeursion,  même  rapide,  à  travers  la  \ille  éternelle,  ses  monuments, 
ses  incomparables  musées,  semblait  une  introduction  naturelle  à  l'étude 
des  antiquités  grecques.  Mais  depuis  longtemps  on  remarquait  linsulli- 
sance  d'uni'  préparation  si  sommaire,  sans  programme  déterminé,  sans 
direction.  Il  semblait  aussi  que  l'antiquité  romaine  méritait  d'être  étudiée 
pour  elle-même  dans  son  propre  domaine.  D'ailleurs  les  musées  et  les 
monuments  de  l'art,  en  Italie,  ne  méritent  pas  seuls  d'être  visités;  les 
bibliothèques  italiennes  recèlent  bien  des  trésors  inédits;  elles  offrent 
pour  la  critique  des  textes  anciens  bien  des  ressources  qui  ne  manquent 
certes  pas  à  nos  bibliothèques  nationales  de  France,  surtout  à  celle  de 
Paris,  mais  qui,  on  ne  sait  comment  se  l'expliquer,  ne  provoquent  pas 
assez  souvent  parmi  nous  des  vocations  de  philologues.  En  général,  la 
philologie,  seule  hase  solide  de  toutes  les  études  sur  l'antiquité,  ne 
tenait  pas  assez  de  place  dans  les  travaux  de  l'Ecole  d'Athènes.  Vos  Coin 

Les  membres  <l"  la  Commission  .sont,  cette  année,  MM.  Ravaisson,  Brunet 
de  l'resle,  Ilossifjuol ,  I^gger,  de  Lonfmprier.  F,.  Henier,  Thnrot ,  et  in-  membre? 
composant  le  bureau  de  P Académie. 


—  458  — 

mimions,  dans  leurs  rapports  annuels  et  dans  la  rédaction  de  leurs  pro- 
grammes, invitaient  sans  cesse  les  jeunes  envoyés  de  la  France  en  Grèce 
à  s'occuper  de  grammaire  savante,  à  collationner  des  manuscrits  impor- 
tants, à  rechercher  les  textes  inédits.  Dans  ces  dernières  années  seule- 
ment .  vos  conseils,  à  cet  égard  ,  avaient  pu  se  faire  quelquefois  écouler. 
De  ces  réflexions  et  de  ces  regrets  naquit  et  se  forma .  particulièrement 
sous  l'inspiration  de  deux  de  nos  confrères,  MM.  Uavaisson  et  Renier, 
la  pensée  d'allonger  et  de  régulariser  le  séjour  en  Italie  «les  futurs 
membres  de  l'École  française.  Notre  Compagnie  fut  invitée  d'office  à  s'en 
occuper;  c'est  avec  son  concours  et  à  la  suite  de  ses  délibérations  qu'un 
décret  en  date  du  25  mars  1873  constitua,  près  de  notre  antique  et  il- 
lustre Académie  de  Rome,  une  École  de  philologues  et  d'antiquaires  qui 
bientôt,  sous  la  direction  d'un  maître  encore  jeune,  mais  déjà  signalé  à 
feslime  publique  par  de  notables  succès,  devaient  préluder,  par  une 
année  de  travaux  sur  le  sol  romain,  à  leurs  études  ultérieures  sur  le  sol 
hellénique.  Le  programme  de  ces  travaux  fut  immédiatement  rédigé, 
vous  le  savez,  par  l'un  de  nous1,  et,  avec  votre  approbation,  transmis 
à  l'autorité,  qui  en  décida  sans  retard  l'application  dans  l'Ecole  destinée 
sans  douie  à  s'appeler  désormais  Ecole  de  Rome  et  d'Athènes. 

Une  circonstance  particulière  donnait  au  nouvel  établissement  le  mé- 
rite d'une  certaine  opportunité.  Lé  directeur  actuel  de  l'Ecole  Française 
à  \l henes.  M.  Emile  Burnouf,  avait  à  surveiller  la  construction  entre- 
prise  par  la  France  d'un  édifice  national  pour  notre  Ecole,  qui  jusqu  ici 
vivail  à  l'état  de  simple  locataire  dans  la  cité  de  Périclès.  Cette  période 
d'une  transition  laborieuse  n'admettait  guère  la  présence  de  nos  jeunes 
recrues,  \insi.  pendant  que  M.  Burnouf  se  partageai!  entre  deux  solli- 
citudes, la  préparation  du  local  destiné  à  ses  futurs  élevés  el  la  continua- 
imn  de  ses  propres  recherches,  donl  vous  connaisse/  les  heureux  résul- 
tats,M.  llbèrl  Dumont,  docteur  es  lettres,  lauréat  de  noire  académie, 
envoyé  à  Rome  avec  le  litre  de  sous-directeur,  inaugurait",  en  parfait 
accord  de  vues  el  de  dévouement  avec  son  ancien  maître,  le  cours  des 
.•ludes  d'érudition  auxquelles  se  livrèrent  sans  relard  les  trois  membres 
de  sa  jeune  École,  MM.  Bloch,  Collignon  el  Bayet.  Deux  membres  ad- 
joints. MM.  l'abbé  Duchesne  et  Mùntz,  étaienl  venus,  chacun  avec  le 
titre  d ■  mission  spéciale,  élargir  la  studieuse  réunion  :  M.  1  abbé  Du- 
chesne, habile  paléographe,  formé  parles  leçons  de  l'Ecole  pratique  des 

\ eê  Compte»  rendu»  des  séances  de  l'Académie ,  1873,  p.  109. 

'  Voir  s.. h  discotm  d'ouverture  dans  la  Revue  archéologique  de  1870. 


—  459  — 

hautes  études  et  qui  avait  déjà  rendu  plus  d  un  service  à  des  membres 
de  notre  Compagnie  par  des  collations  de  manuscrits  grecs  et  latins: 
\1.  Muni/.,  attaché  depuis  quelques  années  par  vocation  à  des  recherches 
sur  l'histoire  de  l'art  .  Cette  petite  famille  est  déjà  pourvue  à  Rome  d'une 
assez  riche  bibliothèque,  grâce  aux  soins  actifs  de  son  chef  et  aux  libé- 
ralités de  l'État.  Elle  a.  pour  ses  débuts,  très-bien  réussi  à  se  concilier 
l'estime  et  l'utile  concours  de  la  société  savante  au  milieu  de  laquelle  la 
confianee  de  l'Etat  l'appelait  à  vivre,  et  elle  a  fait  le  meilleur  emploi  du 
temps  qui  lui  était  accordé.  Chaque  membre  devait  adresser  au  ministre 
un  mémoire  avant  la  lin  de  l'année,  et  l'on  sait  qu'à  Rome  la  saison  la- 
borieuse ne  peut  guère  dépasser  le  mois  de  juin,  surtout  pour  des  Fran- 
çais peu  aguerris  aux  chaleurs  de  ce  climat.  Chacun  d'eux  s'est  trouvé 
prêt.  à  l'heure  convenue,  sinon  avec  un  mémoire  qui  puisse  être  dès 
aujourd'hui  livré  au  public,  du  moins  avec  un  ou  plusieurs  recueils  mé- 
thodiques de  documents  qui  sont  le  fruit  de  travaux  consciencieux  el  qui 
apportent  à  la  connaissance  de  l'antiquité  classique  et  du  moyen  âge 
d'excellents  matériaux.  La  variété  des  sujets  traités  par  nos  pensionnaires 
est  fort  grande,  si  grande  même  qu'elle  a  exigé  le  concours  actif  de  tous 
les  membres  d'une  Commission  nombreuse,  et  que  le  rapporteur  de  cette 
Commission  est  heureux  de  pouvoir  se  borner  le  plus  souvent  à  trans- 
crire ici  les  jugements  de  ses  confrères  sur  chacun  des  manuscrits  con- 
liés  à  leur  examen  et  à  leur  compétence  particulière. 

M.  Bloch,  agrégé  des  classes  supérieures  des  lettres,  s'est  unique- 
ment attaché  à  des  éludes  d'antiquité  romaine,  pour  lesquelles  il  semble 
avoir  une  véritable  prédilection,  et  il  a  choisi  pour  sujet  trie  texte,  la 
date  et  les  dispositions  de  la  loi  Ovinia  tribunician  sur  la  nomination  des 
sénateurs.  Ce  recrutement  du  sénat  romain,  qui,  depuis  l'expulsion  des 
cuis,  avait  été  remis  aux  consuls  el  aux  tribuni  militares  censulari  potes- 
tate,  fut.  à  partir  d'une  certaine  époque,  confié  flux  censeurs  sur  la 
proposition  du  tribun  Ovinius.  C'est  ce  que  nous  apprend  l'unique  el 
précieux  témoignage  du  grammairien Festus *,  dont  le  texte,  fort  court 
et  altéré  sur  quelques  points,  a  su>cité  mainte  controverse  entre  les  éru- 
dits.  M.  Bloch  étudie  avec  soin  toutes  les  explications  et  les  conjectures 
dont  ce  texte  est  devenu  le  sujet;  il  arrive  à  Je  restituer  d'une  manière 
qui  semble  répondre  aux  exigences  de  la  critique,  et  il  en  lire  toutes 

'  Il  esl  connu  des  antiquaires  et  des  amateurs  par  de  sérieux  articles  publiés 
dans  la  Gazette  des  Beaux-Art»  et  dans  la  Revue  archéologique. 

■  P.  'i'u>.-il.  Otfr.  Mniler  (p.  56  et  64  de  l'édition  originale  de  Rome,  1 58  ») 


_  .'iGO  — 

les  déductions  légitimes  sur  les  principales  dispositions  de  la  loi  Ovinia; 
puis  il  parvient  à  démontrer  que  Indite  loi  a  dû  être  portée  entre  388 
et  611  île  Home  (366  et  3û/i  avant  J.  G.).  Dans  la  deuxième  partie  de 
son  mémoire,  il  complète,  à  l'aide  des  antres  témoignages  épars  chez 
les  anciens,  celui  du  lexique  de  Festus,  pour  déterminer  quels  étaient, 
dans  les  derniers  siècles  de  la  république  romaine,  les  règlements  rela- 
tifs à  la  composition  du  sénat  et  à  ses  délibérations.  Cette  longue  étude 
(elle  ne  représente  guère  moins  de  200  pages  in-8°)  nous  a  paru  faire 
honneur  au  savoir  et  au  talent  précoces  de  M.  Bloch.  S'il  persiste  dans 
ses  préférences  pour  l'histoire  de  Home,  il  aura  peut-être  besoin  de  re- 
venir en  Italie.  Mais  à  Athènes,  où  il  est  déjà  rendu  en  ce  moment  avec 
M.  Collignon ,  il  aura  retrouvé  bien  des  monuments  de  l'antiquité  ro- 
maine, surtout  pour  les  temps  de  l'empire,  et  il  se  sera  facilement  con- 
vaincu que  les  devoirs  d'helléniste  attachés  à  son  nouveau  titre  peuvent 
se  concilier  avec  les  recherches  pour  lesquelles  il  a  bien  justifié  sa  pré- 
dilection. 

En  examinant,  surtout  d'après  les  monuments  figurés,  la  fable  d'Éros 
et  de  Psyché.  M.  Collignon  se  plaçait  de  lui-même  sur  un  terrain  com- 
mun aux  deux  antiquités  classiques,  et  il  y  apportait,  outre  de  justes 
connaissances  littéraires,  une  habileté  de  dessinateur,  (pie  nous  souhai- 
terons toujours  de  voir  associée  au  savoir  philologique  chez  nos  jeunes 
pensionnaires.  Les  musées  et  les  ouvrages  descriptifs  lui  ont  offert  la 
matière  d'une  moisson,  vraiment  neuve  par  son  abondance  même,  de 
documents  pour  éclairer  un  mythe  sur  lequel,  en  dehors  du  gracieux 

récil  'I  Lpulée,  les  anciens  1 s  nui  laissé  trop  peu  de  témoignages;  el 

ers  monuments,  il  a  pu  les  apprécier,  les  classer,  en  artiste  non  moins 
qu'en  philologue.  Son  travail  se  divise  en  deux  parties  :  1  catalogue 
purement  descriptif  d'environ  deux  cents  monuments,  tels  que  statues, 
bas-reliefs,  pierres  gravées,  qui  paraissent  se  répartir  entre  le  m"  siècle 
avant  J.  Cet  le  \  de  l'ère  chrétienne,  catalogue  auquel  sonl  jointes, en 
trop  petit  nombre,  des  photographies  de  quelques  monuments  qui  per 
mettent  de  contrôler  sur  îles  exemples  choisis  la  justesse  ordinaire  de  ses 
observations  sur  les  autres  originaux  ou  dessins  que  nous  n'avons  pas 
-nu,  les  yeux;  9  catalogue  raisonné  où  les  principales  œuvres  d'art  re- 
latives au  mythe  en  question  Boni  i-augérs.  autant  qu'il  a  été  possible, 
par  ordre  chronologique,  el  interprétées  soit  d'après  leur  rapport  avec 
rares  textes  des  auteurs  anciens ,  soit  d'après  le  sens  qu elles  pré 
tentent  plus  ou  moins  clairement  s  l'observateur  antiquaire.  C'est  Burtoul 
dans  cette  seconde  partie  que  M.  Collignon  s  montra  les  hpureiues  qua 


—  'lf)l  — 

lités  de  son  esprit  par  l'analyse  ingénieuse  des  sentiments  et  des  idées 
qu'exprimait  cette  conception  poétique  des  épreuves  réservées  à  l'âme, 
que  personnifie  Psyché,  m  punition  de  ses  égarements;  quoique  le  sens 
moral  de  la  légende  se  trouve  souvent  obscurci  par  les  fantaisies  popu- 
laires ou  par  la  fantaisie  personnelle  des  artistes,  il  se  laisse  pourtant 
suivre  assez  sûremenl  à  travers  ces  transformations  et  ces  détours.  L'au- 
teur s'efforce  avec  raison  de  dégager  le  fonds  primitif  et  pur  de  ce  qu'on 
est  convenu  d'appeler,  trop  ambitieusement  peut-être,  le  mythe  de  l'Amour 
et  de  Psyché;  il  B'efforce  d'en  distinguer  les  formés  essentielles  des  formes 
secondaires  et  capricieuses.  Nous  n  oserons  pas  dire  qu'il  y  ait  complé- 
lemeuf  réussi.  Personne  n'avait  jusqu'à  ce  jour  observé  pour  cela  un  aussi 
grand  nombre  de  monuments;  mais  il  ne  semble  pas  avoir  rassemblé 
pour  les  éclairer  tous  les  témoignages  que  peut  fournir  la  lecture  des 
auteurs  grecs  et  latins.  Il  y  a.  par  exemple,  dans  la  Lettre  de  consolation 
écrite  par  Plularque  à  sa  femme  (chapitre  \)  un  témoignage  important, 
qui  lui  a  échappe,  sur  la  doctrine  des  mystères  dionysiaques  concernant 
les  destinées  de  lame  après  la  mort.  M.  Collignon  s  est  d'ailleurs  abstenu 
(ce  qui,  pour  un  début  en  ces  études  fort  délicates,  est  une  preuve  de 
prudence)  de  rechercher  la  part  que  les  idées  égyptiennes  et  orientales 
doivent  avoir  eue  dans  le  développement  de  la  table  hellénique  d'Éros  et 
de  Psyché.  Le  style  de  son  mémoire  est  excellent  et  tel  qu'on  pouvait 
l'attendre  d'un  esprit  formé  par  la  meilleure  éducation  classique.  Le  tra- 
vail devra  être  sans  doute  remanié  en  vue  de  limpression;  quelques 
pages  du  premier  catalogue  y  l'ont  double  emploi  avec  les  descriptions 
comprises  dans  la  seconde  partie;  en  les  abrégeant,  l'auteur  fera  place  à 
des  additions  nécessaires.  Sa  méthode  aussi  pourra  gagner  un  surcroît 
de  précision  et  de  fermeté.  Mais,  dès  aujourd'hui,  on  peut  le  louer  d'un 
succès  qui  donne  plus  que  des  espérances. 

M.  Bayet,  déjà  familiarisé  avec  les  antiquités  romaines  par  une  année 
de  séjour  en  Italie  (1872-1873)  et  M.  l'abbé  Duchesne.  plus  récemment 
arrivé  à  Home,  mais  avec  un  talent  fort  exercé  de  philologue  et  de  paléo- 
graphe, avaient  à  peine  mis  la  main  aux  travaux  de  leur  choix  quand 
l'occasion  leur  a  été  offerte  de  se  dévouer  à  une  mission  imprévue,  où 
leur  zèle  s'est  employé  avec  honneur  pour  eux,  avec  un  réel  profit  pour 
la  science. 

Parmi  les  papiers  laissés  par  feu  Charles  Ulondel,  qui  mourait  si  tris- 
tement l'an  dernier  sans  achever  son  édition  de  Macarios  Magnes, 
M.  Foucart  avait  remarqué,  et  il  avait  signalé  à  M.  Pierron,  le  savant 
éditeur  d'Homère,  quelques  scolies  provenant  d'un  manuscrit  qui  por- 


—  462  — 

tait  I  indice  d'un  couvent  de  l'Athos.  M.  Pierron  reconnut  bientôt  dans 
ces  scolies  quelques  notes  de  critiques  alexandrins  relatives  à  des  vers 
d'Homère  qui  manquent  dans  le  célèbre  manuscrit  de  Venise  publié  en 
1788  par  d'Ansse  de  Villoison.  Cette  remarque  enllamnia  d'une  curiosité 
bien  naturelle  et  d'une  espérance  trop  vive  peut-être  le  récent  éditeur  de 
l'Iliade.  Neuf  cent  trente-cinq  vers,  avec  les  scolies  correspondantes,  ont 
disparu  du  célèbre  Codex  Mareianus.  Quel  bonbeur  si  la  bibliotbèque 
conventuelle  de  Vatopédi  pouvait  nous  offrir  un  manuscrit  de  la  même 
famille  que  celui  de  Saint-Marc,  et  si  une  pareille  lacune  pouvait  être 
comblée  dans  l'incomparable  commentaire  qui  nous  fait  si  intimement 
connaître  le  travail  d  Aristarque  et  de  son  école  sur  le  texte  d'Homère! 
Certes,  il  v  avait  peu  de  chance  pour  qu'un  tel  trésor  eut  échappé  aux 
précédents  explorateurs,  surtout  au  dernier  et  au  plus  habile,  à  notre 
éminent  helléniste  Emmanuel  Miller.  Mais  enfin  l'art  des  recherches  s 
ses  trahisons,  les  moines  grecs  ont  leurs  accès  de  défiance  et  de  jalousie. 
L'aventure  d'une  exploration  nouvelle  méritait  d'être  tentée,  même  sur 
ilr  si  courts  indices.  Une  note  enthousiaste  et  pourtant  discrète  sur  le 
point  capital,  c'est-à-dire  sur  le  lieu  du  dépôt,  avait  averti  le  public  '. 
L'autorité  ministérielle  fut  aussitôt  saisie  d'une  demande  en  forme,  à 
l'effel  d'envoyer  sans  retard  à  Vatopédi  un  paléographe  exercé.  L'autorité 
répondit  avec  empressement  ;i  cel  appel.  M.  Albert  Dumont  présenta  et 
fit  agréer  pour  la  mission  M.  l'abbé  Duchesne.  qui  parti!  aussitôt,  accom- 
pagné de  son  jeune  collègue  M.  Bayet.  Les  deux  voyageurs,  quoique  fort 
bien  accueillis  au  monastère,  n'y  ont  pas.  hélas  1  trouvé  le  trésor  que 
rêvait  l'ardeur  savante  de  M.  Pierron;  ils  n'ont  trouvé  qu  nu  manuscrit 
du  w'  siècle,  confusément  annoté,  mais  annoté,  en  quelques  parties  du 
moins,  d'après  nu  recueil  d'anciennes  scolies  analogues  à  celles  duMor- 
cianus.  M.  l'abbé  Duchesne  y  a  recueilli  mie  trentaine  de  pages  qui  pour- 
ront remplir  des  lacunes  du  fameux  scoliaste  de  Venise,  car  files  ne 
figurent  pas  plus  dans  l'édition  do  ces  scolies  donnée  par  Imm.  Mekkor. 
en  i8a5,  que  dans  l'édition  ftrincépji  de  Villoison.  Seulement,  il  convien- 
dra île  ne  1rs  p.is  imprimer  avant  de  dépouiller  soigneusement  les  recueils 
tels  que  les    \iiirihiln  in-crra  .  de  Cramer  et  de  lî.iclmi.inn  .  postérieurs  au 

travail  île  Bekker,  et  qui  contiennent  tant  dénotes,  de  toute  provenance. 
iur  le,  poèmes  homériques.   An  reste,  nos  deux  explorateurs  ne  se  sont 

\..ir  VIfutruclion publique  «lu  1  5  janvier  187&.  La  note  que  M.  Pierron  pu 
bliail  dam  1 1  numéro  avait  été  lue.  quelques  jours  auparavant,  au  comité  <le  l'As- 
sociaUon  pour  l'encouragement  des  études  grecques  en  France, 


—  'ni;;  — 

[»;is  bornés  a  l'objet  spécial  de  leur  mission.  L'abbé  Duchesne,  nne  fois 
installé  au  couvent  de  Vatopédi,  n'a  pas  manqué  l'occasion  d'y  collation- 
imt  quelques  très-vieux  manuscrits  des  livres  saints,  manuscrits  déjà 
signalés,  mais  don!  la  collation  plus  exacte  ne  sera  pas  sans  profit  pour 
la  critique,  lui  outre,  de  concert  avec  son  collègue,  il  a  étudié  les  pein- 
tures et  les  sculptures  «les  couvents  de  l'Atbos.  Il  y  a  relevé  avec  soin  les 
in-.riipti.Hi-.  chrétiennes  qui  permettent  d'en  fixer  la  date,  jusqu'ici  incer- 
taine. Leur  voyage  île  retour  n'a  pas  été  moins  fructueux.  Ils  ont  fait 
à  Salonique  et  dans  les  environs  un  séjour  assez  long  pour  y  copier, 
souvent  même  pour  y  estomper  un  grand  nombre  d'inscriptions  récem- 
ment découvertes  par  suite  de  démolitions  qui,  faites  sans  doute  pour 
nue  tout  autre  fin,  serviront,  grâce  à  celte  visite  opportune,  à  sauver 
pour  l'histoire  ancienne  de  celte  contrée  environ  cent  cinquante  textes 
rraphiques.  Parmi  ces  textes  plusieurs  sont  datés,  plusieurs  sont  d'une 
certaine  étendue.  Le  travail  que  l'abbé  Duchesne  leur  a  consacré,  et 
qu'il  nous  a  soumis,  n'est  encore  qu'une  ébauche;  mais  nous  le  savons 
en  bonnes  main-,  i il  nous  avons  lieu  d'espérer  qu'il  viendra  utilement 
accroître  l'épigraphie  île  la  Thessalie  et  de  la  Macédoine  jusqu'à  présent 
si  pauvre,  malgré  les  heureuses  découvertes  de  M.  Heuzey  et  de  M.  Miller. 
Parmi  tant  d'acquisitions  nous  devons  au  moins  signaler  :    1°  une  ins- 
cription de  la  ville  de  Spartolos,  constatant  une  cession  de  territoire  par 
le  roi  Cassandre;  2°  cinq  stèles  de  Larissa  contenant  des  actes  d'affran- 
chissement analogues  à  ceux  qu'a  recueillis  M.  Heuzey;   ',)"  le  fragment 
d'un  registre  agonistique  analogue  sa  texte  plus  complet  et  plus  intéres- 
sant que  M.  Miller  commentait  et  publiait  naguère  dans  les  Mémoires  de 
notre  Compagnie;  h"  une  stèle  d'Olynthe,  qui  nous  offre  une  dédicace 
aux   dieux  Cabires;  5°  l'épitaphe,  en  trois  jolis  distiques,  d'un  athlète 
mort  à  douze  ans;  6°  plusieurs  épitaphes  mentionnant  des  corporations 
industrielles,  comme  celle  des  teinturiers  en  pourpre,  isop(p\jpoÇi<poi. 
S  étant .  déplus,  assuré  d'utiles  correspondances  avec  les  pays  qu'il  venait 
de  parcourir,  l'abbé  Duchesne  a  déjà  reçu,  depuis  son  retour  en  France, 
quelques  inscriptions,  parmi  lesquelles  un  long  décret  fie  la  ville  de  Lété 
en  Macédoine  et  de  fan  117  avant  J.  C,  qui  enrichiront  d'additions 
notables  son  recueil  épigraphique.  En  redescendant  vers  l'Italie,  1  infati- 
gable voyageur  s'est  arrêté  pendant  quelques  semaines  à  Patmos;  il  y  a 
visité,  après  bien  d'autres,  mais  non  sans  nouveau  profit,  les  archives  et 
la  riche  bibliothèque  du  couvent  de  Saint-Jean  ;  il  en  rapporte  trente-deux 
documents  pour  servir  à  l'histoire  du  monastère  pendant  le  moyen  âge; 
en  outre,   des  extraits  et  des  far-simile  de  plusieurs  manuscrits  où  il 


—  164  — 

espère  recueillir  encore  quelques  pages  inédites  de  littérature  classique. 
Parmi  les  extraits  dont  on  peut  dès  aujourd'hui  apprécier  la  valeur  se 
trouvent  quelques  pages  d'un  traité  grec  de  métrologie  dont  on  avait  déjà 
des  fragments,  mais  anonymes,  et  dont  l'auteur,  d'après  une  indication, 
heureusement  relevée  par  M.  Durhesne.  doit  être  Jules  l'Africain.  En- 
fin notre  paléographe  a  noué  avec  un  savant  Hellène,  .M.  Sakkelion, 
auteur  d'un  hon  catalogue  des  manuscrits  de  Patmos,  des  relations  qui 
l'autorisaient  à  nous  promettre  de  donner  prochainement  un  recueil  de 
scolies  inédites  sur  Thucydide,  sur  les  discours  de  Démoslhène  et  sur 
ceux  d'Eschine,  dont  il  rapporte  avec  lui  des  échantillons.  Voilà,  nous 
pouvons  le  dire  avec  assurance,  une  mission  bien  remplie,  voilà  des  tra- 
vaux qui  méritent  nos  plus  sympathiques  encouragements1. 

De  son  côté.  M.  Bayet  n'a  pas  moins  utilisé  son  séjour  a  Salonique, 
car  il  y  a  rassemblé  les  matériaux  du  mémoire,  ou  plutôt  des  mémoires 
qu'il  nous  a  soumis  sur  Xambon  d'une  ancienne  église  de  celte  ville  et  sur 
diverses  questions  d'art  chrétien  qui  se  rattachent  à  l'élude  de  ce  mo- 
nument. 

L'ambon  de  Thessalonique  avait  jadis  attiré  l'attention  de  M.  Heuzey 
dans  son  voyage  en  Macédoine;  mais  ce  savant  voyageur  n'avait  pu  le 
comprendre  dans  le  plan  de  sa  publication.  Nous  pouvons  aujourd'hui 
l'apprécier  d'après  les  photographies  qui  accompagnent  le  mémoire  de 
\l.  Bayet;  il  <'st  malheureusement  divisé  en  deux  parties  placées,  l'une 
dans  l'église  de  Saint-Georges,  l'antre  dans  celle  de  Sainld'anléléénion. 
L'auteur  nous  en  donne  une  description  minutieuse  qui  lui  permet  d'en 
restituer  l'unité  el  la  forme  primitive.  Les  sculptures  qui  décorent  ce  mo 
miment  représentent  la  Vierge,  les  mages  el  les  bergers  venus  pour  ado- 
rer l'Enfant  divin.  Pour  en  déterminer  la  date,  puisqu'elle  ne  nous  esl 
donné.-  par  aucune  inscription,  par  aucun  témoignage  des  annalistes 
grecs  de  l'Orient,  il  esl  naturel  d'en  comparer  les  ornements  avec,  ceui 
A  un  an-  de  Constantin  encore  debout  a  Salonique,  comparaison  qui  l'ail 
voir  flans  l'ambon  des  caractères  d'un  arl  plus  dégénéré.  M.  Bayel  en 
conclut  que  ce  dernier  monumenl  ne  peul  être  reporté  plus  haut  que  la 
lin  du  n'  siècle  de  notre  ère.  L'opinion  des  juges  les  plus  compétents  en 
cette  matière  incline  ;)  le  Hure  descendre  plus  lias;  il  a  surtout  paru  éion- 

1  Voir,  jmir  plu',  de  détail  Bur  la  mission  île  MM.  Ducbesneef  Bayet,  le  Rapport 
de  M.  Albert  Dtunonl  nu  Ministre  de  l'Instruction  publique,  inséré  nu  Journal 
officiel  au  3  i  juillet  187a,  Rapport  que  la  Bevtu  archéologique  à  réimprimé,  avec 

Biquet  addition!  inléreuanles,  dam  son  cabiei  d'août  de  la  même  année. 


—  465  — 

nant  qu'une  œuvre  (Tari  gui  contient  tant  de  ligures  ait  pu  échapper  aux 
structions  qui  suivirent,  an  rai"  siècle,  l'édit  iconoclaste  de  Léon 
risanrien.  Mais  ces  réserves  ne  diminuent  en  rien  l'intérêt  et  L'importance 
des  recherches  auxquelles  l'antenr  s'esl  livré  pour  tronverle  sons  |>ln>  on 
moins  symbolique  dis  scèoes  représentées  sur  les  laces  de  l'ambon. 
M.  Bayet  déploie,  sur  ce  problème,  une  érudition  abondante,  une  grande 
connaissance  d<  s  Pères  de  l'Eglise  et  de  Phistoire  des  premiers  siècles  du 
christianisme,  kuxnombreux  et  instructifs  rapprochements  qu'il  sait  faire 
entre  les  sculptures  de  l'ambon  et  la  représentation  nés  mêmes  sujets  dans 
les  peintures  des  catacombes  romaines,  on  reconnaît  le  disciple  déjà  sa- 
vant du  maître  par  excellence  en  archéologie  chrétienne,  du  comman- 
deur do  Rossi.  Mais  il  est  une  qualité  du  maître  que  le  disciple  n'imite 
pas  assez  :  nous  voulons  dire  la  prudence  et  la  sobriété  dans  l'interpré- 
tation des  symboles.  Rien  n'est  séduisant  pour  la  sagacité  d'un  jeune 
esprit  comme  de  s'exercer  à  ce  genre  d'explications;  mais  ce  n'est  pas 
pour  lui  le  pins  sûr  moyen  de  faire  avancer  la  science.  Recueillir  et  classer 

faits  ou  inconnus  ou  mal  observés  est  une  tâche  modeste,  mais  qui 
peut  suffire  à  l'honneur  des  premières  années  dans  une  vie  d'antiquaire. 
\nssi  bien,  c'est  précisément  le  mérite  que  nous  aimons  à  reconnaître 
dans  la  troisième  partie  du  mémoire  de  M.  bayet,  où  il  a  catalogué  les 
représentations  des  mages  éparses  sur  des  monuments  de  l'art  chré- 
tien. C'est  le  mérite  encore  de  sa  trNote  sur  quelques  monuments  figu- 

qui  portent  des  dates,  pour  servir  à  l'histoire  de  fart  byzantin.  - 
\I.  Bayet  connaît  donc  la  bonne  méthode;  il  ne  s'agit  pour  lui  que  de 
la  suivre  plus  constamment  et  de  ne  pas  courir  trop  vile  aux  conclusions 
dans  des  r<  cherches  qui  ont  par  elles-mêmes  bien  assez  d'intérêt  pour 
satisfaire  la  curiosité-  des  vrais  juges,  assez  de  mérite  pour  lui  assurer 
d'honorables  suffrages, 

M.  Miîntz.  dont  il  nous  reste  à  juger  le  travail  ^sur  les  mosaïques 
chrétiennes  de  l'Italie  d'après  les  monuments  originaux  et  les  documents 
inédits. i  apportait  à  Rome  une  grande  passion  pour  l'histoire  de  l'art  et 
l'expérience  de  la  publicité  savante,  où  il  s'est  déjà  plusieurs  fois  exercé. 
C'est  un  collaborateur  apprécié  de  divi  rs<  s  revues  scientifiques,  et  en  par- 
ticulier des  Archives  de  l'art  français  que  dirige  M.  Anatole  de  Montai- 
glon.  et  il  s'occupe  d'un  ouvrage  sur  l'art  français  en  Italie  et  sur  les 
artistes  nos  compatriotes  qui  ont  séjourné  dans  ce  pays.  Mais,  comme 
membre  de  l'Ecole  de  Rome,  il  devait  se  vouer  plus  spécialement  a 
l'archéologie.  Les  conseils  de  M.  Dumont  ont  dirigé  ses  études  sur  les 
mosaïques  chrétiennes  du  moyen  âge:  il  en  a  poursuivi  la  recherche,  la 

ii.  3i 


—   ribCi  — 

description  et  l'explication  avec  nue  ardeur  dont  témoigne  un  recueil  de 
deux  cenl  soixante-cinq  pages.  I>e  bien  habiles  maîtres  lui  avaieoi  ou 
vert  la  voie  entre  autres  M.  L,  Vitet,  par  ses  beaux  articles  du  Journal 
des  Savants,  réimprimés  dans  le  recueil  de  ses  œuvres;  M.  J.  Labarte 
dans  -un  Histoire  des  Arts  industriel*,  dont  la  seconde  édition  s'achève 
sous  nos  yeux;  le  commandeur  de  Rossi  dans  ses  diverset  mémorables 
travaux  sur  les  origines  de  Pari  chrétien,  el  surtout  dans  le  beau  recueil 
des  mosaïquesde  Rome,  qui  esl  en  voie  de  publication.  M.  Mûntz  s'ins 
pire  de  leur  exemple  el  se  dirige  par  leur  excellente  méthode.  Il  observe 
par  lui-même  toul  ce  qui  peut  être  observé;  il  recueille  les  témoignages 
qui  éclairent  l'observation ,  qui  aident  à  restituer  la  forme  primitive  des 
monuments  altérés  par  le  temps  el  par  la  main  des  hommes,  à  on  fixer 
la  date,  à  en  déterminer  les  caractères.  Soixante  mosaïques  du  iv"  au 
ix*  siècle  forment,  on  deux  fascicules,  un  ensemble  plein  d'intérêt,  où  la 
critique  trouve  les  plus  sûrs  éléments  pour  reconstituer  l'histoire  de  cet  arl 
dans  l'Occident  latin.  On  n'avail  pas  jusqu'ici  recueilli  à  cette  fin  un  si 

grand  nombre  de  descriptions  el  de  documente.»  Le  je antiquaire  n'en 

tire  pas  encore  des  conclusions  qui  seeaieni  prématurées  dans  l'état  actuel 
le  la  science:  maison  voit  qu'il  les  a  préparées  déjà  par  de  consciencieux 

efforts.  Une  fois  complété,  c me  il  va  l'être  dans  une  deuxième  anné 

d'explorations,  son  travail  devra  être  comparé  avec  ceux  de  ses  collègues 
sur  les  mosaïques  de  I '<  Irient.  De  ces  comparaisons  sortira  sans  doute  une 
lumière  sur  les  points  demeurés  obscurs  d'une  histoire  si  difficile. 
Dès  aujourd'hui,  le  manuscril  présenté  à  voire  Commission  lui  a  paru 
are  d'un  espril  sagaceel  ferme,  d'un  savoir  déjà  mûr*.  1  n  spécimen 
publié  récemment  par  M.  Mûntz  dans  la  Revue  archéologique,  sur  la  mo 
jaïque  de  sainte  Praxède,  donne  aux  connaisseurs  la  meilleure  idée  de 
l'ouvrage  qu'il  nous  promet.  \  pari  deux  ou  trois  exceptions1,  l'antiquité 
classique  avait  été  jusqu'ici  l'objet  presque  unique  des  travaux  de  l'École 
d'Athènes;  le  moyen  âge,  par  les  travaux  de  \1M.  Duchesne,  Bayet  el 
Mûntz,  entre  Tort  I11un11sn11.nl  dan-  le  cadre  de  ses  études,  dont  le 
champ  élargi  offrira  désormais  aux  aptitudes  les  plus  diverses  des  occa- 
sions de  se  produire. 

Messieurs,  si,  comme  le  disait,  dan-  une  occasion  récente,  le  préai- 

1  F.d.  Le  Barbier,  Saint  Ci  etlan  i  couvents  grecs  au  if  siècle 

I    \nnin;;nn.l.  Venise  et  k  Bat-Empire;  Histoire  de»  relations  de 

I i.  ire  d'Orient  depuù  la  ftndalim  de  la  république  jusqu'à  la  prt 

\rchirssdes  Vissions  seieahjùpws  et  littAwreêt  i  367/' 


—  167  — 

dent  de  notre  Compagnie,  les  institutions  scientifiques  reçoivent  des  ser 
vices  qu'elles  rendent  leur  consécration  déûnitive.  nous  pouvons  lenir 
pour  consacrée  la  modeste  institution  créée  parle  décret  du  •>.">  mars  1 S  7  '  • 
L'épreuve  d'une  année  si  bien  remplie  lui  esl  toute  favorable.  L'Académie 
comme  l'administration  supérieure  de  l'enseignement,  comme,  pour  sa 
part.  l'École  pratique  des  hautes  études,  applaudiront  aux  premiers  essais 
dont  nous  venons  île  vous  présenter  les  résultais.  Ces  résultats  sont  dus 
à  un  concours  de  zèles  et  de  talents  <[ui  servira  d'exemple  pour  l'avenir. 
Le  sous-directeur,  M.  Albert  Dûment,  y  aura  contribué  d'une  manièn 
décisive  par  la  souplesse  de  son  esprit,  formé  depuis  longtemps  aux  études 
les  plus  divers.^,  par  la  fermeté  conciliante  de  son  caractère ,  par  la  con- 
liance.  on  peut  dire  amicale,  qu'il  a  su  inspirer  aux  jeunes  humanistes 
et  antiquaires  que  l'État  plaçait  sous  sa  direction.  Tout  cela  est  d'excellent 
augure  pour  l'année  qui  va  s'ouvrir.  Deux  agrégés  de  l'Université  vien- 
nent de  subir  avec  succès,  selon  l'ancien  programme,  l'examen  d'admis- 
sion, ils  .seront  accompagnés  en  Italie  par  M.  Mi'inlz  et  par  une  recrue 
d'adjoints  dont  le  litre  va  être,  s'il  ne  l'est  déjà;  régularisé  par  un  dé- 
cret. A  partir  de  1870.  seront  appliqués  pour  l'examen  d'admission  les 
règlements  sur  lesquels  nous  avions  naguère  encore  à  délibérer,  et  qui. 
en  élargissant  les  cadres  de  la  candidature,  laissent  un  champ  plus  libre 
aux  vocations  spéciales,  mais  en  même  temps,  exigent  d'elles  une  prépa- 
ration plus  précise.  Il  nous  semble  donc.  Messieurs,  que  l'année,  comme 
m  dit.  aura  été  bonne  pour  l'intéressante  École  sur  laquelle  vous  exercez 
■  ■Ire  patronage.  Les  vœux  exprimés  dans  notre  dernier  Kapport  sont 
aujourd'hui  réalisés  ou  sont  tout  près  de  l'être.  Les  trois  membres  de 
l'Kcole  qui  entrent  dans  leur  seconde  année  vont  jouir  des  dépenses  et  des 
efforts  accomplis  pour  leur  assurer  dans  Athènes  un  établissement  digne 
de  la  France.  Leurs  successeurs  en  Italie,  avec  le  concours  de  nouveaux 
adjoints,  tiendront,  nous  en  avons  l'assurance,  à  se  montrer  dignes  dos 
encouragements  dont  les  entourent  la  sollicitude  do  l'Etat  et  celle  de  l'Aca- 
démie. 


3i 


—  468  — 


UV  H  F  s  OFFERTS. 


SEANCE    m     \  I.NDHF.1H    2    OCTOBRE. 


i     5b<  rétaire  perpétuel  présente  ;>  l'Académie  l'Annuaire  de  lu  Société 
éludes  japonaises,  chinoises,   tartares  et  indo-chinoises,  publié   par 
MM.  Emile  Bnrnoufel  tmamura  Warau  (1873,  in-8°). 

Si   kNCl     m     VENDREDI   Q    OCTOBRE. 

Le  Secrétaire  perpèti  ei  présente  à  i  académie,  an  nom  flo  M.  Rouiez, 
membre  de  l'Académie  royale  de  Belgique  : 

1"  Rapports  sur  trois  mémoires  envoyés  aux  concours  des  années  1810, 
iS-->  et  i8j4 ,  en  réponse  à  la  question  suivante  :  Od  demande  un  essai 
mi-  la  vie  fi  le  règne  de  Septime-Sévère   broch.  \\\-^ 

Sur  la  carrière  administrative  et  militaire  d'un  légat  propréteur  de  la 
Germanie  inférieure  : 

Sur  une  inscription  latine  relative  à  un  attentai  contre  la  vie  de  l'em- 
pereur Septime-Sévère  ei  de  lafamille  impériale. 

M.  de  Longpérier  offre  fi  l'Académie,  au  nom  de  M.  François  Lenor- 
manl,  la  première  partie  du  tome  11  de  ses  Etudes  accadtennes  (in-a°). 
M.  Lenormant  y  publie  des  textes  im:<lii<  «  pi  i  onl  beaucoup  d'intérêt, 

SÉANCE  DU  VENDREDI  1  <>  OCTOBRE. 

le  Président  présente  on  volume  de  M.  de  Saulcy,  membre  de 
l'Académie,  intitulé:  Sept  siècles  de  l'histoire  judaïque,  depuis  la  prise  de 
Jérusalem  par  Vabuchodonosor,  jusqu'à  lu  prise  de  Bettir  pur  les  Romains 
(in-1     . 

Il  offre  en  outre  : 

i  Grammar  ofthe  arabic  language,  translatedjrom  the  germon  qf  Cas- 
pari,  par  M.  W.  Wrighl  l  •■"  édition,  in-8°). 

,l.  L.  \  ail  lu nage,  en  son  nom.  d'une  MoHee  sur  l'origine  des 

archives  du  •   des  affaires  étrangères  (extrait  de  la  Bibliothèque  de 

l'École  des  chartes,  in-8  .Les  documents  publiés  dans  cette  notice  |>rou- 
(|ii,  ces  archives  n  ont  pas  été  fondées  vers  i  7  1  <>  par  l<:  marquis  d( 


—   S  69  — 

Torcj    Elles  existent  depuii  >ut  l'oeuvre  du  marquis  de  Croissy, 

qui  fut  secondé  dans  son  entreprise  par  Nii  -  lément,  l'un  des  gardes 
de  la  bibliothèque  du  Roi. 

M.  \lkiw:i>  VI  ad  ri  offre,  au  nom  de  M.  Gaultier  de  Glaubry,  les  su 
premières  années  du  recueil  intitulé  :  Les  missions  catholiques,  bulletin 
hebdomadaire  illustré  de  l'œuvre  de  la  propagation  de  la  foi.  irC'est,  dit-il, 
dd  recueil  qui  n'intéresse  pas  seulement  ceux  qui  veulent  suivre  le  pro- 
grès des  missions  catholiques,  mais  encore  i"ti>  les  amis  de  la  géogra- 
phie, à  raison  des  détails  accompagnés  de  planches  et  de  cartes  qu'il  ren- 
ferme sur  des  contrées  et  des  populations  encore  imparfaitement  connues. 
Mais  ce  qui  doit  surtout  attirer  sur  ce  journal  l'attention  de  l'Académie, 

sont  les  renseignements  qu'on  \  trouve  sur  des  idiomes  jusqu'à  pré- 
sent à  peine  <:ti h  1  i.-s  des  Européens.  Par  exemple  dans  le  tome  \  (année 
1872),  on  rencontre  un  essai  de  grammaire  de  la  langue  crise,  c'est-à- 

diiv  l'idiome  des  Crées  ou  Ois,  u les  tribus  indiennes  du  nord-ouest 

de  l'Amérique  septentrionale.  Cet  aperçu  grammatical  est  dû  à  Mg'  Fa- 
raud, évéque  d'Anémour.  Ailleurs  ce  sont  des  notices  non  moins  inté- 
Dyances  relij  de  diverses  populations  barbares, 

par  exemple  sur  celles  des  noirs  de  la  côte  orientale  d'Afrique.  En6n  je 
signalerai  comme  intéressant  particulièrement  l'ethnologi  des  au 

P.  Petitot.  de  la  congrégation  des  obi  a  ts  de  Marie  Immaculée,  sur  les 
tribus  indiennes  du  nord  du  nouveau  monde  et  en  particulier  sur  celles 
qui  appartiennent    au  groupe  dit   1/  is    r   année  du  journal, 

autrement  dit  Ghippewayenne,  et  qui  nous  l'ait  connaître  la  distri- 
bution actuelle  des  diverses  tribus  de  ce  groupe  et  leurs  croyances  reli- 


gieuses. D 


SÉANCE  DU    VENDREDI    2 3    OCTOBRE. 


Le  Secrétaire  pebpbtoel  présente  à  l'Académie  les  ouvrages  suivants: 

/  llotmaii  r  le  guerre  serrili  in  Sicilia,  par  Isidoro  la  Lumia  (Turin. 
in-8 

[bulcassis  :  son  œuvre  pour  lu  première  fois  reconstituée,   par  M.  le 
docteur  Leclerc  |  broch.  in-- 

M.  Lababte  offre  à  l'Académie,  de  la  part  des  auteurs,  un  volume 
in-'i°  intitulé  :  Collection  Basilewsky  ;  Catalogue  raisonné  précédé  d'un  essai 
sur  les  arts  industriels  du  r*r  au  in   siècle,  par  \1\1.  Darcel  et  Basilewskv. 

-La  collection  de  M.  Basilewsky,  dit-il,  est  composée  de  spécimens  nom 
breux,  offrant  nue  série  non  interrompue  de  tout  ce  que  les  arts  indus- 
triels mit  produit  de  plus  merveilleux  depuis  les  lampe-  dp  terre  et  de 


—  470  — 

bronze  de  l'antiquité  chrétienne  recueillies  dans  les  catacombes  jusqu'aux 
plus  éclatantes  manifestations  de  la  Renaissance. 

r-M.  Basilewsky  n  est  pas  seulement  un  amateur,  c'est  un  connaisseur 
très-fin  et  hvs-iTiidil;  aussi  est-ce  la  science  et  non  le  caprice  qui  a  pré- 
sidé aux  choix  qu'il  a  faits;  rien  ne  l'a  arrête,  ni  la  fatigue  des  voyages, 
ni  les  prix  exagérés,  quand  il  s'est  agi  de  réunir  à  sa  collection  dés  objets 
intéressants  à  quelque  titre  que  ce  soit.  Cette  collection  présente  donc  un 
sujet  très-sérieux  d'étude. 

rrPour  rendre  celte  étude  plus  facile  et  plus  attrayante  aux  visiteurs  et 
pour  perpétuer  au  prolit  de  la  science  archéologique  les  enseignements 
qu'offrent  les  précieux  objets  qu'il  a  réunis,  M.  Basilewsky  a  pensé  qu'il 
était  nécessaire  d'en  présenter  un  catalogue  raisonné,  qui  serait  précédé 
d'une  étude  historique  des  différentes  applications  de  l'art  aux  produits 
industriels.  Ce  tableau  de  la  marche  de  l'art  à  travers  les  âges  est  tracé 
sous  quatre  divisions  principales  :  l'époque  des  catacombes,  l'époque  by- 
zantine, dans  laquelle  est  compris  l'art  carolingien,  le  moyen  âge  et  la 
Renaissance.  Les  objets  sont  également  classés  sous  ces  quatre  divisions. 

irPour  faire  ce  grand  travail.  M.  Basilewsky  s'est  adjoint  M.  Darcel, 
autrefois  conservateur  au  musée  du  Louvre,  aujourd'hui  directeur  de  la 
manufacture  des  Gobelins,  à  qui  revient  une  très-grande  part  dans  la 
rédaction  du  livre. 

•M.  Basilewsky  n'a  d'ailleurs  rien  épargné  pour  faire  de  son  catalogue 
un  très-beau  livre;  imprimé  par  Jouausl  avec  beaucoup  de  soin  dans  le 
tonnât  grand  in-/i\  il  renferme  î)o  planches,  la  plupart  en  couleur,  qui 
toutes  ont  pour  base  le  transport  sur  pierre  d'une  épreuve  photogra- 
phique. Elles  représentent  donc  avec  une  Gdélité  scrupuleuse  les  princi- 
paux monuments  de  la  collection.» 

M.  Eggeb  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Reinhold  Dezeimeris,  une 
Note  sur  l'auteur  du  Querolus.  «M.  Dezeimeris,  dit-il.  paraît  cire  sur  la 
voie  de  la  découverte  du  nom  de  cel  auteurdepuis  si  longtemps  cherche*. 
Sa  no!,  isl  plutôt  un  programme  de  la  démonstration  quela  démonstra- 
tion même.  M.  Dezeimeris  le  propose  d'établir  que  l'auteur  du  Querolus 
est  un  iimi  d'Ausone,  nommé  Axius  Pauius.  C'est  le  nom  d'Axius  qui 
l'aura  fait  confondre  avec  Plaute,  qui  portail  aussi  le  nom  d'Accius.» 

VI.  Eggcr  offre  en  outre  à  l'Académie  un  petit  volume  de  \1.  Edouard 
■n-.  intitulé  :  Les  originel  et  l'époque  païenne  de  l'histoire  des  Hongrois 
m  -  3  \.    C'est    l'introduction   d'une  histoire   en    deux    volumec    que 
\i   Saj  ius  prépare   une  sorti  d'essai  où  l'on  peut  déjà  recounaUri  fera 
pi  ninte  d'une  ci  ilique  ti  es  roûj  i 


—  471  — 

Enfin  \I.  Egger  offre  h  I  académie  le  i  '  el  le  3'  volume  d  une  tradtu 
don  italienne-  des  dialogues  de  Platon,  par  M.  bîugenio  Ferrai,  traductioD 
(|iii  aura  ti  volumes  (in-8°).  L'anteur  esl  déjà  connu  par  d'autres  Ira 
ductions  où  il  montre  une  grande  connaissance  de  la  langue  grecque. 
Ou  peut  donc  accueillir  avec  confiance  l'œuvre  qu'il  a  entreprise  el 
qu'il  mènera  à  bonne  fin. 

SÉANCE  in  VENDREDI  3o  OCTOBRE. 

Le  Secrétaire  pmpbtoel  présente  à  l'Académie  les  ouvrages  suivants  : 

La  vierge  de  Carondelet,  par  M.  \.  Gastan  (  Besançon,  187/i,  broch. 
in-8"). 

Probabilités  d'un  voyage  du  roi  saint  Louis  à  Besançon  en  is5g.  Lettre 
à  \[.  L.  Dclisle ,  membre  de  l'Institut,  par  le  même  (  broch.  in-8°). 

ReUquie  celliche  raccoltc  du  Constantino  Nigra,  Il  manoscritto  irlandese 
diS.  G  allô  (Florence,  Turin,  Home,  187-2,  in-&°). 

Glosste  hibernieœ  veteres  codicis  Tauriuensis.  edidit  Constantinus  Migra 
1  Paris,  1869,  in-88). 

Catalogue  des  ouvrages  composant  la  bibliothèque  de  la  Société  d'agri- 
culture, sciences  et  arts  du  département  de  la  Haute- Saône,  par  M.  le 
commandant  Noirot  (Vesoul,  187/i.in-cN    . 

Recueil  des  publications  de  la  Société  nationale  havraise  d'études  diverses  . 
de  la  3g'  année,  1875  (le  Havre,  187a,  in-8 

\l.  L  Delisle  oflre  à  l'Académie,  <le  la  par!  de  M.  «le  Watteville. 
les  rapports  adressés  à  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  sur  la 
publication  des  documents  inédits  de  l'histoire  de   France  (Paris.  1876, 
in-b'J).  Il  signale  l'intérêt  de  cette  grande  publication,  et  parle  des  me 
sures  prises  par  l'administration  pour  la  continuer. 

M.  Dkk m:\ir.i\v  offre  au  nom  de  l'auteur,  M.  d'Avezac,que  l'état  de  sa 
saule  retient  encore  éloigné  «le  l'Académie,  un  travail  sur  la  rose  des 
vents  (Rome,  187a,  broch.  in-tt").  Ce  travail  esl  une  lettre  adressée  à 
un  savant  italien  .  qui  l'a  fait  insérer  dans  le  recueil  de  la  Sociélé  de 

igraphie  de  Rome,  en  \  ajoutant  un  court  avant-propos,  sous  forme 
de  lettre  à  M.  Correnti,  président  de  celle  association.  Dans  son  mémoin 
M.  d'Avezac  s'est  surtout  attaché  à  éclaircir  certains  points  concernant 
le  nombre  des  vents  dont  la  rose  s'esl  composée  a  diverses  époques  de 
l'antiquité  et  du  moyen  âge.  Il  a  été  amené  par  son  sujet  à  relever  plu- 
ie-, erreurs  commises  par  deua  savants  qui  oui  tous  deux  appartenait 
I  académie   l'un  à  titre  démembre,  l'autre  à  titre  de  correspondant,  Gos 


—  47.2  — 

-••lin  et  le  vicomte  de  Sanlarem.  Le  travail  de  notre  confrère,  ayant  été 
livré  à  I  impression  sans  que  l'auteur  eu  vit  une  seule  épreuve  et  dans 
un  pays  étranger,  présente  un  grand  nombre  de  fautes  typographiques, 
dont  les  principales  ont  été  corrigées  à  la  main  par  M.  d'Avezac  lui- 
même  dans  l'exemplaire  offert  à  l'Académie. 

SÉANCE  1)1  VENDREDI  G  NOVEMBRE. 

Le  Secrétaire  perpétuel  offre,  au  nom  de  M.  L.  Delisle,  le  tome  11  et 
dernier  de  la  Chronique  de  Robert  de  Torigni,  abbé  du  Mont-Saini-Miclu-t , 
suivie  de  divers  opuscules  historiques  de  cet  auteur  et  de  plusieurs  religieux 
de  celte  abbaye  (  Rouen ,  1 873 .  in-8"  ). 

La  Chronique  de  Robert  de  Torigni  est  l'une  des  relations  originales 
les  [>lus  complètes  qui  nous  soient  parvenues  sur  les  événements  de 
i  histoire  de  Normandie  et  d'Angleterre,  pendant  la  seconde  moitié  du 
xiic  siècle.  L'auteur,  abbé  du  Vlont-Saint-Michel  et  familier  du  roi 
Henri  11.  a  été  généralement  très-bien  informé,  el  son  ouvrage  a  obtenu 
au  moyen  âge  un  succès  attesté  par  le  nombre  des  copies  qui  en  sont 
conservées  dans  diverses  bibliothèques  de  France,  d'Angleterre  et  d'Italie. 
La  nouvelle  édition  est  conforme  au  manuscrit-original  déposé  à  la  bi- 
bliothèque d'Avranches.  Les  variantes  et  interpolations  fournies  par  les 
autres  manuscrits  ont  été  relevées  avec  soin  el  classées  avec  méthode.  A 
la  chronique  sont  joints  plusieurs  opuscules  historiques  de  Robert  de 
Torigni.  Les  textes  sont  accompagnés  d'un  commentaire  perpétuel,  qui 
a  pour  objet  de  fixer  la  chronologie,  de  déterminer  les  lieux  et  les  per- 
sonnes dont  il  esi  question  el  de  comparer  le  témoignage  de  Roberl  avec 
'■'•lui  des  autres  chroniqueurs  contemporains. 

M.  Defremery  présente,  au  nom  de  l'auteur,  ancien  officier  de  notre 
armer  d'Afrique,  maintenanl  établi  pomme  colon  à  Moustapha  supé- 
rieur, près  d'Alger,  un  volume  intitulé  : 

Relation  de  l'expédition  de  Charles-Quint  contre  Alger,  par  .Nicolas  Du- 
rand de  Villegaignon,  suivie  de  la  traduction  du  texte  latin,  par  Pierre 
iold.  publiées  avec  avant-propos,  notice  biographique,  noirs  et  appendice, 
par  H.  D.  de  Grammont  (Paris  el  Uger,  1874, gr.  in- 

-Dans  ce  volume,  dit-il,  M.  de  Grammont  a  réuni  deux  opuscules 
extrêmement  rares  el  même  presque  introuvables  :  la  relation  latine  de 
l'expédition  m  malheureuse  entreprise  contre    Uger  par  Charles  V,  en 
octobre  i.-'m.  relation  écrite  par  un  des  témoin-  oculaires  de  la  cam 
pagne,  Nicolat  Durand  de  Villegaignon,  el  la  traduction  français)  de  ce 


—  473  — 

précieux  morceau  d'histoire  par  un  contemporain,  Pierre  Tolet.  méde 
cîn  de  Lyon.  On  peut  regretter  qu'au  lieu  île  réimprimer  cette  traduc- 
tion, dont  le  senl  mérite  esl  la  rareté  et  qui  fourmille  d'inexactitudes  et 
de  contre-sens,  presque  toujours  relevés  m  noie  parle  soigneux  et  sa- 
vant éditeur,  celui-ci  n'ait  pas  préféré  en  donner  une  nouvelle,  qu'il 
était  parfaitement  capable  de  faire.  Nous  n'aurions  certainement  pas  vu 
dans  le  volume  de  M.  de  Grammont  l'expression  rtltali,  qui  omni  ex 
ffltalia  exacti  fueiunt-  (p.  34),  rendue  (p.  60)  par  rrdes  Italiens..., 
trlesqudz  fuient  contrainctz  de  toutes  les  cytés,»  au  lieu  de  trassem- 
fblés.  liivs  de  toute  l'Italie.» 

if  M.  de  Grammont  a  fait  précéder  le  récit  de  ViHegaignon  d'une  no- 
tice biographique  sur  ce  personnage,  notice  faite  avec  beaucoup  de  soin 
et  extrêmement  intéressante.  Il  a  ajouté  à  la  relation  de  l'expédition  un 
certain  nombre  de  notes,  dont  plusieurs  fort  développées;  il  s'est  surtout 
attaché  à  éclaircir  la  chronologie  des  faits  rapportés  par  son  auteur.  En- 
lin  .  il  a  clos  sa  belle  publication  par  un  appendice  où  il  a  reproduit  les 
témoignages  de  plusieurs  auteurs  arabes  et  européens  touchant  la  cam- 
pagne entreprise  par  Charles-Quint.  Par  ce  nouveau  travail,  M.  de 
Grammont  a  justilié  les  espérances  qu'avait  inspirées  aux  amis  de  l'his- 
toire algérienne  son  curieux  opuscule  sur  l'ouvrage  arabe  traduit  par 
Venture  de  Paradis  et  si  bien  publié  par  M.  Ferdinand  Denis  et  feu 
Sander  Rang.» 

M.  !..  Delisle  offre  à  l'Académie  le  dernier  fascicule  de  la  Bibliogra- 
phie des  sciences  médicales,  par  M.  l'an! y  (  Paris,  îSy/i,  gr.  in-8°). 

Cet  ouvrage  original  est  fait  avec  beaucoup  de  conscience;  son  cadre 
comprend  des  parties  importantes,  telles  que  la  topographie  médicale, 
qui  n'avaient  pas  encore  été  traitées. 

Sont  encore  olferts  : 

Clieiitit.se.  Recherches  historiques,  archéologiquesjt  généalogiques,  par 
M.  Aug.  Moulié  (V  partie:  châtellenie,  baronnie,  duché»  (Rambouil- 
let, 1876,  1  vol.  in-8°). 

Journal  of  the  North-China  brandi  of  the  royal  Asiatic  Society  { new  sé- 
ries, nJ  VIII;  Shang-haï,  1874,  in-8°). 

SÉANCE  DU  VENDREDI  l3  NOVEMBRE. 

M.  L  Renier  offre,  au  nom  de  M.  Ernest  Desjardins,  la  «4*  livraison 
.  de  l'édition  de  la  Table  de  Peutinger. 

«Cette  livraison  .  dit-il .  contient  la  fin  du  dépouillement  des  renseigne 


:      i 


menés  épigraphtques  et  nutnismatiques,  <i  des  témoignages  des  anciens 
en  ce  qui  concerne  les  noms  géographiques  de  l'Italie;  le  même  dépouil- 
lement pour  les  noms  géographiques  de  la  Sicile;  enfin ,  le  commence- 
ment de  la  géographie  physique  des  provinces  orientales  de  l'empire. 
Dans  les  deux  cartes  de  redressement,  Ions  les  noms  et  toutes  les  routes 
de  l'Italie  qui  figurent  sur  le  document  original  onL  été  remis  à  leur 
rraie  place  quand  il  a  été  possible  de  les  identifier.  Des  lettres  noires  dé- 
signent les  noms  anciens;  des  lettres  rouges  indiquent  les  noms  rao- 
deraes  correspondant». 

f  La  partie  consacrée  à  l'Italie  présentait  le  plus  de  difficultés  pour  ce 
redressement,  surtout  en  ce  qui  concerne  la  région  méridionale.  Il  a  fallu 
donner  aux  signes  subsistants  les  noms  qui  devaient  s'y  appliquer  et  qui 
avait-ut  été  omis  ou  qui  avaient  disparu  sous  les  additions  successives; 
il  a  fallu  en  outre  relier  les  tronçons  de  route  que  l'incorrection  du  des- 
sin original  avait  isolés. 

rrLe  dépouillement  des  documents  épigrapbiques  a  fourni  une  si  ricin.' 
moisson  pour  la  géographie  administrative  de  la  péninsule,  qu'eu  l'a- 
joutanl  à  celui  des  textes  classiques  il  constitue  un  ensemble  égal,  sinon 
supérieur,  à  celui  que  fournira  le  reste  du  monde  romain.  Là  gisait  la 
tâche  fi  plus  longue  et  la  plus  épineuse  de  cette  œuvre.  On  a  du  recoin 
mencer  le  dépouillement  des  textes  classiques  fait  par  M.  Mannerl  et  par 
Forbiger;  quanta  celui  des  inscriptions,  dc>  monnaies  et  des  médailles  . 
d  n'avait  jamais  été  fait  dune  manière  sérieuse. 

r-En  résumé,  ajoute  M.  L.  Renier,  c'est  le  travail  le  plus  considérable 
qui  ait  été  publié  jusqu  à  ce  jour  sur  la  géographie  comparée  du  monde 

romain.  - 

M.  Pavet  de  Coorteille  ollVe.au  nom  de  ML  de  Ujfalvv,  la  Bévue  de 
philologie  et  d'ethnographie  (t.  I.  octobre-décembre  1S7/1 ,  in-S"). 

rrCe  cahier,  dit-il,  renferme,  entre  autres  documents  intéressants, 
une  élude  comparée  des  langues  ougro-ftnnoises,  c'csl  à-dire  d<^  langues 
finnoises  de  l'-ouest,  telles  que  le  finnois-suomien,  le  lapon,  l'esthonien 
le  livonien,  etc.;  —  des  langues  finnoises  de  l'est  :  le  permien,  levotiafe 
et  le  zyrénien;  —  des  langues  bulgares;  le  mordvine  et  le  tchérémisse 
—  des  langues  ougriennes  :  le  magyar,  l'ostiak  et  le  vogoule. 

•  L'auteur,  dans  cette  première  partie  de  s. m  travail,  a  cherché  a  éta 
blir,  à  laide  de  tableaux  comparatifs,  la  loi  de  la  mutation  des  cou 
onnes  qui  existe  dans  ces  langues    loi  organique  et  philologique  neci 
aire  poui  lire  ell< 

i     mi  m       ihier  r<  nl<  1  m  lislr  intére  lante  de  mots  em 


—  175  — 

prontés  aux  différents  dialectes  de  l'Abyssinie,  et  que  M.  tialévj  a   ra 

cueillis  lui-môme  duranl  son  voyage  dans  cette  partie  de  I  JLbique.fi 

SB&RCB  DU  VENDREDI  20  NOVEMBRE. 

M.  Bhunr  un  I'resle  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Georges  Per- 
rot,  un  mémoire  sur  l'Enlèvement  d'Orithye par  Borée,  d'après  uu  vase 
grec  du  musée  du  Louvre. 

M.  Brune!  de  Preste  présente  ce  mémoire  comme  une  des  publications 
de  la  Société  pour  l'encouragement  des  études  grecques.  Celte  société 
sait  combien  l'étude  des  monuments  li;;aiiés  peut  servir  à  l'intelligence 
des  lestes;  c'esl  pourquoi  elle  a  compris  l'étude  des  monuments  parmi 
ses  publications,  et  elle  y  a  admis  le  mémoire  de  M.  Perrot  comme  un 
de  ceux  qui  peuvent  le  mieux  montrer  l'utilité  de  l'association  de  l'ar- 
chéologie et  de  la  philologie. 

M.  Vhdet,  secrétaire  perpétuel  honoraire,  offre,  au  nom  de  M.  Ern. 
Desjardios,  un  nouveau  fascicule  des  Desiderata  du  Corpus  inseriptio- 
uum  latiuaruin  de  l'Académie  de  Berlin,  contenant  un  supplément  à  la 
\otice  sur  les  balles  de  fronde  de  la  république. 

L'Académie  n'a  pas  oublié  avec  quel  intérêt  ellea  entendu  le  premiej 
mémoire  lu  par  M.  Desjardins  sur  ce  sujet.  De  nouvelles  découvertes 
I  oui  amené  a  y  donner  un  supplément;  il  y  signale  divers  incidents  qui 
se  rapportent  à  la  guerre  servile,  à  la  guerre  sociale  et  à  la  guerre  ci- 
vile. Les  frondeurs  étaient  comme  les  tirailleurs  de  nos  armées;  mais  la 
fabrication  de  leurs  balles  n'était  pas  aussi  abondante  que  chez  dous.  Un 
ramassait  les  projectiles  pour  s'en  servir  en  d'autres  circonstances. 
M.  Naudel  relève  dans  le  mémoire  de  M.  Desjardins  qu'une  balle  lancée 
par  un  Samnite  de  l'armée  de  Caïus  Papius,  l'an  664-646  de  Home,  a 
élé  lancée  par  une  main  romaine  a  cinquante  ans  (^'intervalle,  comme  le 
montre  la  frappe  nouvelle  qu'elle  a  reçue.  Des  savants  avaient  déjà  re- 
marqué les  empreintes  de  ces  balles;  aucun  n'avait  songé  à  en  tira 
parti.  C'est  M.  Desjardins  qui,  le  premier,  a  montré  tout  ce  qu'elles  pou- 
vaient fournir  à  l'histoire  des  guerres  de  Rome  en  Italie,  (le  troisième  fas- 
cicule gare  suivi  de  plusieurs  autres  qui  serviront,  avec  les  précédents 
d  appendice  au  111*  volume  «lii  Corpus  inecriptionum  latinarumde  Berlin. 

.M.  Mait.v  présente  à  l'Académie  la  troisième  édition  de  l'Introduction 
raie  à  l'histoire  ce,  par  \I.  Duruv  (in-8°). 

ire  confrère,  dit-il    a  désiré  que  je  lui  d'intermédiaire 

pour  offrir        !  :adémic  l'ouvrage  que  j'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le 


—   'i  /  b  — 

bureau.  Il  a  pensé  que  celui  des  membres  de  notre  Compagnie  <|ui  s'est 
naguère  occupé  des  questions  abordées  dons  son  livre  serait  le  pins  apte 
à  vous  signaler  l'intérêt  qu'elles  ont  pour  nos  études.  L'usage  s'opposeà 
ce  que  je  vous  dise  quelle  estime  mérite  cette  Introduction  générale  à 
l'histoire  de  France:  l'accueil  que  lui  a  fait  le  public  témoigne  d'ailleurs 
suffisamment  de  la  valeur  du  livre.  Je  me  bornerai  donc  à  vous  rappeler 
quel  eu  est  l'objet. 

«■Il  y  a  des  corrélations  manifestes  entre  la  constitution  physique  d'un 
pays,  son  sol?  son  climat,  et  l'état  moral  et,  par  suite,  les  destinées  de 
ses  habitants;  entre  sa  topographie  et  son  histoire.  C'est  ce  qu'a  surtout 
fait  voir  l'école  géographique  de  Garl  Ritter,  que  notre  Académie  s'ho- 
nore d'avoir  inscrit  jadis  parmi  ses  associés  étrangers.  M.  Duru\  a  entre- 
pris, dans  son  Introduction,  de  mettre  en  relief  cette  vérité  pour  notre 
patrie. 

rll  expose  en  quelques  pages,  d'après  la   géologie,  l'histoire  «le  la 
formation  de  noire  sol;  puis,  d'une  manière  moins  succincte,  en  décrit 
la  surface,  et.  dans  une  troisième  partie,  indique  les  régions  naturelles 
et  ce  qu'il  appelle  les  régions  historiques,  après  quoi  il  esquisse  la  géo 
graphie  inorale  de  la  France. 

-de  livre,  rempli  d'aperçus  ingénieux  el  intéressants,  est  un  de 
qui  montrent  le  mieux  à  combien  de  sciences  l'histoire  peut  emprunter 

de  lumières;  que  tout  \  trouve  sa  place  et  son  Utilité,  depuis  les  dén- 
uées générales  tirées  des  lois  du  monde  physique  el  nierai  jusqu'aux 
faits  les  plus  particuliers  que  l'exacte  et  laborieuse  patience  ^\''>  érudits 
découvre,  que  la  critique  discute  el  que  raconte  l'écrivain.» 

M.  I!i;\  \x  (dire  ; 

i      Vu  nom  lie  \\.  de  Sainte-Marie,  un  volume  Intitulé  :  Les  SI 
méridionaux}  leur  origine  el  leur  établissement  dans  l'ancienne  lllyrie  ('l'a- 
ris.  ,,s7'i.  in-8°). 

L'auteur,  que  l'Académie  connaît  par  les  nombreuses  inscriptions 
qu'il  fournil  a  la  Commission  des  inscriptions  sémitiques,  montre  dans 
ce  petil  livre  qu'il  s'esi  tenu  au  couranl  des  travaux  relatifs  à  ce  sujet. 

On  en  peu)  louer  la  méthode;  c'est  nu  livre  bien  l'ail. 

"  \u  nom  de  M.  Sautayra,  un  ouvrage  intitulé:  Droit  musulman.  Du 
itatut personnel  et  des  successions  (Paris,  1873,  9  vol,  in-.S"). 

I..i  matière)  est  traitée  dam  l'ordre  du  cède  civil.  \1.  Sautayra  s  est 
oa  ce  travail  M.  Eug.  Cherbonneau ;  ou  peiil  croire  que,  par 
cette  coopération,  le  sujet,  qui  est  d'une  grande  importance  aura  été 
épui 


—  .'ni   


SRANC1    l'      v  l  NDREDI   U   DÉCEMBRE 

M.  Th.  Il  Martin,  membre  de  l'Académie,  adresse  un  extrait  du  Bul- 
letin <le  bibliographie  et  d'histoire  des  sciences  mathématiques  et  physiques, 
lyanl  pour  titre  :  Sur  l'époque  et  l'auteur  du  prétendu  X\  '  livre  des  Elé- 
ment* d'EucKde.  Lettre  de  .17.  Th.  II.  Martin,  membre  de  l'Institut,  à 
I).  B.  Boncompagni. 

Sonl  offerts  à  l'Académie  : 

The  Transactions  of  the  royal  Irish  Academy  (vol.  \\l\.  Antiquities. 

—  Dublin,  is7'i.  in-8°)- 

Proceedings  of  the  royal  frislt  Academy  (vol.  1.  série  a,  n0>  6  et  7 , 
-.il.  \.  —Dublin.  1870-187.3.  in-8°). 

Sitzungsberichte  der  philosophisch-philologischen  und  historischen  Classe 
der  Académie  der  Wissenschaften  :u  Mùnchen  (vol.  I,  II,  III,  M.  Mùn- 
cheii .  187a  el  187  '1.  in-8°). 

Ganelon,  étude  historique,  par  M.  Cœuret  (extrait  de  L'Investigateur, 
journal  des  études  historiques).  Paris,  1874,  broch.  in-8°. 

M.  de  Longprrieb  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  AmbroiseFir- 
niin  Didot,  un  volume  in-V  intitulé  :  Jésus-Christ,  par  Louis  Veuillot, 
avec  une  étude  sur  l'Art  chrétien,  par  E.  Cartier:  ouvrage  contenant 

0  gravures  exécutées  par  Huyot,  père  el  fils-,  et  16  chromolithogra- 
phies d'après  les  monuments  de  l'art,  depuis  les  catacombes  jusqu'à 
nos  jours. 

■Ire  savant  confrère,  dit  M.  de  Longpérier,  a  désire'  qu'un  exem- 
plaire d'une  importante  publication  faite  par  sa  maison  fût  ollerl  à 
l'Académie.  Le  livre  comprend  on  texte  dû  a  on  écrivain  éminent;  mais 
je  n'ai  quelque  compétence  que  pour  parler  de  la  question  d'art,  et  je 
dirai  que  c'est  aussi  la  question  d'art  que  j'envisage  ici.  L'ouvrage ,  exé- 
cuté sous  l'intelligente  direction  de  M.  I).  Dumoulin,  contient  une  suite 
de  près  de  9.00  figures,  eu  noir  ou  coloriées,  représentant  des  composi- 
tions, des  images,  des  monuments  relatifs  à  l'histoire  de  Jésus-Chrisl 
ou  au  christianisme.  Ces  figures  reproduisent  des  œuvres  remarquables 
à  divers  titres,  les  unes  à  cause  de  leur  antiquité  ou  de  leur  valeur  ico- 
nographique, d'autres  parce  qu'elles  ont  été  inspirées,  par  les  souvenirs 
du  Christ,  à  de  grands  maîtres  anciens  et  modernes.  Il  est  curieux,  par 
exemple,  de  voir  comment  les  mêmes  sujets  ont  été  interprétés  par  des 
artistes  aussi  différents  par  l'âge  que  par  la  nationalité.  —  Le  volume 
contient  encore  un    Mémoire  sw  l'Art  chrétien  dû  a  mon  ami  M.   hlienne 


—   478  — 

Cartier  fils  il»'  l'un  des  fondateurs  de  la  Revue  numismatique,  et  habilf 
artiste  autant  qu'antiquaire  érudit.  Cartier  a  profité  de  l'occasion  qui 
s'offrait  à  lui  pour  présenter  une  série  de  dessins  du  plus  grand  intérêt. 

—  M.  Dumoulin  a  l'ail  un  très-heureux  usage  de  la  photogravure  el  de  la 
chromolithographie  pour  donner  la  physionomie  d'anciennes  peintures,  de 
gravures  précieuses,  de  vignettes  de  manuscrits.  On  rencontre  dans  sa 
collection  les  noms  de  maîtres  tels  qu'Orcagna,  Giotto.  Masaccio,  Pé- 
rugin,  Michel-Ange,  Raphaël,  Fra  Angelico,  Rembrandt,  Jean  Cousin. 
M.  Dumoulin  a  pu  mettre  à  contribution  les  magniliqucs  collections  de 
M.  Didot,  el  nous  devons  lui  savoir  gré  délivrer  au  public  des  documents 
très-précieux  puisés  dans  une  bibliothèque  justement  célèbre.» 

M.  Miller  offre  au  nom  de  l'auteur,  M.  GesareCantù,  letirage  à  pari. 
d'un  article  important,  publié  dans  X Archiv'w  storico  Lombardo ,  sur  un 
mémoire  de  M.  Henry  Barrisse,  lu  dernièrement  à  l'Académie,  et  qui  a 
pour  litre  Les  Colombo  de  France  cl  d'Italie. 

•Le  travail  de  M.  Gantù,  dit  M.  Miller,  contient  une  série  de  docu- 
ment nouveaux  qui  complètent  et  confirment  pleinement  les  assertions 
m  critique  américain,  et  démontrent  définitivement  que  Christophe  Co- 

ib  n'a  point  figuré  dans  le  fameux  combat  naval  d'août  1/176.  Le  ca- 
pitaine de  la  Palhvicina  ne  s'appelait  pas  Colombo,  comme  on  l'a  encore 
dernièrement  répété.  1!  se  nommait  l'aulo  Centile.  Ce  fait  ressort  de  demi 
dépèches,  l'une  de  Antonio  Loredan,  amiral  de  la  flotte  vénitienne, 
'  autre  écrite  et  signée  par  le  capitaine  génois  lui-même.'» 

M.  IUnw  offre  au  nom  de  M.  Polizzi,  bibliothécaire  de  ht  ville  de 
Trapani  (Sicile),  une  brochure  intitulée  :  Su  un  rc<rvsto  poligrajb  dei 
secoïi xn  et  xr  (Trapani,  )•<-'.'>   in-8    , 

SÉANCE  DO  VENDREDI    1  1    DECEMBRE. 

Le  Secrétaire  perpétuel  présente  a  l'Académie  le  tome  Wll  de  ses 
Mémoires,  comprenant  la  table  alphabétique  des  matières  contenues 
dans  les  volumes  \ll  ;i  \\l.  table  dont  ta  rédaction  avait  été  confiée  .:< 
M.  Robiou. 

[1  présente  *m  outre  : 

Otldo  tupplemenlO  allô  rucrolta   drllr   antirhtssimr  iscrtztoni  itahrlir , 

per  cura  di   Iriodante  Fabreltt  (Rome,  Turin.  Florence.  iHy4,  i  vol 

m-VM. 

Délie  torri  gentihzù   dt  Bologna,   itudj  de!  conte  Giovanni  Godarzini 

ignc    i  vol.  in  8 


—  479  — 

LHctiuttHoifi    les  anliquitt  jues  et  romaine»  d'après  les  texte*  et  les 

Paria    tSy'i.  :>*  fosckule)  i  ^PO-AST)  in-4 
I,  Bibliograph   musica  .  1  .">    numéro,  contenant  ane  aotice  de  ieuat 
manuscrits  neumaùques  et  un  traite  inconnu  des  tons  du  plain-chant,  par 
M.  Cl..  Ruelle. 

M.   \mi;i"  Maori  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Louis 

Rousselet,  un  livre  intitulé  :  L'Inde  des  Rajahs,  voyage  dans  I  ]nde  cen- 

et  dans  les  présidences  de  Bombay  et  du   Bengale  (Paris,  187&, 

I    Vo|.   III-  'l 

Lie  magnifique  publication,  dit-il,  enrichie  de  6  cartes  et  illustrée 
de  -'>i-  gravures  sur  bois  dessinées  par  nos  meilleurs  artistes,  est  assu- 
rément l'ouvrage  le  plus  important  qu'on  ait  consacré  chez  nous  à  l'IIin- 
loustan  depuis  le  voyage  de  l'infortuné  \ictor  Jacquemont.  M.  Louis 
Rousselet,  qui  quittait  la  France  [tour  Bombay  en  juin  i8G3,  a  visité 
durant  un  laps  d'<  plus  de  cinq  années  la  partie  septentrionale  et  centrale 
de  la  presqu'île  gangétique  el  en  particulier  certains  cantons  que  les 
Européens  n'explorent  guère;  il  a  aussi  poussé  jusqu'au  sud  de  la  pres- 
qu'île, dont  il  a  touché  en  divers  points  le  littoral,  et  même,  une  fois, 
un  des  districts  intérieure. 

irLes  Français,  qui  ne  se  rendent  que  bien  rarement  dans  I  Hindous- 
lan,  ne  connaissent  cette  intéressante  contrée  que  par  les  ouvrages  an- 
glais; mais  la  majorité  de  ceux  que  l'on  consulte  a-vec  le  plus  de  fruit  ont 
déjà  vieilli  et  ne  présentent  plus  le  tableau  de  l'état  actuel  du  pays. 
M.  Louis  Rousselet,  qui  est  un  observateur  aussi  intrépide  qu'inlelli- 

il  .  a  voulu  faire  profiter  ses  compatriotes  de  l'importante  exploration 
ipion  lui  doit,  et  la  relation  de  son  voyage,  consignée  dans  l'ouvrage  que 
j'offre  de  s;i  part  à  l'Académie,  a  l'avantage,  non-seulement  de  nous 
donner  une  idée  plus  exacte  et  plus  actuelle  de  l'état  il'1  PHindoustan, 
mais  encore  de  présenter  les  faits  à  un  point  de  vue  auquel  ne  sauraient 
se  placer  des  voyageurs  anglais.  M.  Rousselet  juge  les  hommes  et  les 
choses  avec  l'indépendance  et  la  liberté  d'esprit  d'un  explorateur  tout  à 
fait  désintéressé  dans  le  spectacle  qu'il  a  eu  sous  les  yeux.  C'est  là  surtout 
ce  qui  recommande  la  relation  de  fauteur  ;  elle  contribuera,  je  l'espère, 
à  répandre  parmi  nous  le  goût  des  éludes  géographiques  et  ethnolo- 
giques. 

trCertains  chapitres,  notamment  ceux  qui  se  rapportent  au  pays  des 
Bhils,  au  Rajpoutana,  au  pays  des  Jats,  à  celui  de  Gounds,  au  Bhopal, 
méritent  particulièrement  l'attention  des  amis  de  la  science.  Je  n'expri- 
merai qu'un  regret,  surtout  au  nom  des  études  que  notre  Compagnie 


—    '|80   — 

encourage  spécialement,  cesl  que  la  partie  archéologique  n'occupe  ilans 
ce  bel  ouvrage  presque  aucune  place  ainsi  que  l'auteur  le  confesse  lui- 
même. 

wLe  luxe,  je  dirais  volontiers  la  profusion,  si  je  ne  craignais  qu'on  ne 
donnât  à  mon  expression  un  sens  défavorable,  déployé  ilans  les  planches 
du  livre,  prouve  que  ce  n'est  pas  la  partie  figurée  qui  eût  pu  faire  défaut 
aux  descriptions  que  nous  eussions  désiré  voir  associées  à  tant  d'intéres- 
sants renseignements. 

rQuoi  qu'il  en  soit,  je  crois  que  l'Académie  ne  peut  que  remercier 
M.  Louis  llousselet  de  son  livre,  et  surtout  du  dévouement  courageux 
dont  il  a  fait  preuve  en  accomplissant  ce  long  et  pénible  voyage,  dont  la 
géographie,  l'ethnographie  et  l'histoire  feront  leur  profit.» 

M.  Kknan  présentée  l'Académie  l'opuscule  de  M.  Arsène  Darmesteter, 
intitulé  :  Deux  élégies  du  Vatican  (Nogent-le-Rofrou,  tNy'i,  in-8°).  <rCes 
deux  é'Iégies.  dit-il,  sont  relatives  ù  un  auto-da-fé  qui  eut  lieu  àTroyes 
le  27  avril  1288.  L'une  est  en  hébreu  rabbinique,  l'autre  en  français 
transcrit  en  caractères  hébreux.  Ces  curieux  textes  ont  été  relevés  dans 
la  bibliothèque  du  Vatican  par  M.  Neubauer,  chargé  d'une  mission  en 
Italie  en  vue  de  la  notice  sur  les  rabbins  de  la  lin  du  au* et  du  commen- 
cement  du  \i\"  siècle.  M.  Neubauer  en  confia  la  publication  à  M.  Dar- 
mesteter, romaniste  très-exercé  el  qui  a  déjà  consacré  de  longs  travaux  à 
la  recherche  des  éléments  français  contenus  dans  les  tosaphistes  et  en 
particulier  dans  Raschi.  L'élégie  française  est  très-belle:  outre  son  in- 
térêl  historique,  elle  offre  une  rare  importance  philologique  et  ;i  sug- 
géré .1  M.  Darmesteter  des  observations  de  langue  dont  les  romanistes 
nui  le  plus  grand  cas.  - 

SÉANCE  1)1'  VENDnr.M  I  8  DÉCEMBRE. 

Sonl  offerts  à  l' académie  : 

Littérature  et  histoire,  par  M.  E.  Littré,  membre  de  l'Institut  (Paris, 
1  vol.  in-8°  |. 

Observations  sur  l'histoire  de  la  littérature  espagnole,  par  M.  Vmador 
de  los  Rios    Paris,  i8y.">.  broch.  in-8' 

ii  \\<  1,   m     MERCHEDJ    23   Dl  •  1  MBBB. 

Sonl  offerts  ;i  l'Académie  : 

Yotice  bibliographique,  de  M.  le  baron  de  Witte  associé  étranger  de 
1  académie  |  Bruxelles    1876,  broch.  in-12  I. 


—  481   — 

Histoire  de  i  V  Châteavroux,  par  M.  le  docteur  Fauconneau-Du- 

fresne  (tome  Pr.  Châteauroux,  1873,  in-8°). 

kbl)VlÏ0V    GU-)-)01'l>l*     TSSptohlHUV     H1TÔL    hftïJvlaV    èxhllÔ(l£VOV     CTVfi- 

Trpa^cnioÀ/à'r  "koylcov  \  tomes  l  el  1!.  Itbènes,  187^,  in-8°). 

SAyoswrr'ivxokiiv  t»»  àxoih)!j.j.iKvscni-}  xhjTOV  èxÇccvtjdsis  èvrfjj  vaxà 
a)7Tpo77o/£Ci'»  ii~ ù  A.  A(ou>;Sot/5  Ki»pjaxoû  (Athènes,  1 8yi  ,  in-8°). 
ixÇawrjdels  <jtto  toû  -srptn-at'sws  toù  è#rtxoO  TzivsTtHjlvp-iov , 
K.  lla-aûp>;}077'cj/uv    Athènes,   1  Syi! .  in-8°). 

Ao)o>-  bUÇKûVTjôeis  tiji1  x^'oxT&'êpioti  1  »S 7 .' >  >;p£par  tj)s  è-niaiipov 
èyx(i&io'ûva-su>s  wv  véû>v  àoyùv  ioh  èOvtxo'j  ■^■xvsttktIv^Iov  vtto  toû 
•nrpa'î/r  ■zsç>'jtzv-:v?  K..  IlaTrapp^OTroû/ot;  (  Athènes,  1876,  in-8°). 

Ta  xa-ra  r>;r  Ay'-xp'jTiveiiv  toû  èdvixov  T2ivz.-Kio1-iip.lov  viré  EùÔvpiov 
Kiolopyii  -ZJprjTivzw;  (Athènes.  187.').  in-8°). 

Ta  «ara  Tqv  KïtiBzGiv  tov  $-sp.e).iov  XiGov  toû  ZzTTKziov  (Athènes, 

187'j.  in-8    . 

Kpiais  toO  Rovtoivzîov  -srojrç-nxoù  a}«i>os  toû  1876  (Athènes,  187/i , 

in-8°). 

Y\pzx-zixi  tv5  èv  kôijvais  àpyjxio'f.o-) ixïjs  sraip/a?  (Athènes,   1873, 

in-8°). 

kpyjtio'/o*)  ixy  è<pi]pepis  èxhthopièv))  iiro  irjs  èv  Adijvxis  àpyjtioXoyi- 
xfjs  "jioiîî,  hz-xzvy  rys  pafftXoûfS  xn^epv^Gews  (Athènes,  187'!. 
in-'i°). 

K})pa(?a  xiTa-£^irTa  sis  t>)v  (Soti).>)v  -nrepi  tï;s  inzodéasois  rav  sx- 
éo/âStoi»  xai  axwpiwv  XoLvpiov,  1872-1873,  in-/i°. 

M.  AH".  Mu t.y  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Louis  de  Backer, 
un  volume  intitulé  :  L'Archipel  indien.  Origines,  langues,  littératures, 
religions ,  morale ,  droit  public  ri  prier  des  populations. 

M.  J.  Desnotsrs  offre,  au  nom  de  M.  Aymard,  un  volume  intitulé  : 
Antiquités  préhistoriques ,  gauloises  et  romaines  du  'Chcylonnet  (Haute- 
Loire)  (lePuy.  1874.  1  vol.  iij-8"). 

-Le  mémoire  que  M.  Aymard,  archiviste  du  département  de  la  Haute- 
Loire,  président  de  la  Société  académique  et  conservateur  du  musée  du 
Puv,  m'a  chargé,  dit-ii,  d'offrir  à  l'Académie,  ne  contient  pas  seulement 
la  description  très-dét aillée  de  quelques  <»lijets  antiques  de  différents 
épocpies .  épées  de  hronze.  instruments  de  pierre  taillée  ou  polie,  pote- 
ries et  même  objets  en  fer,  découverts  fortuitement  et  entassés  un  peu 
confusément  dans  une  colline  des  environs  de  Polignac. 

v  L'auteur  a  -"i;[neusement  distingué,  autant  que  possible,  leur  position 
relative ,  les  différentes  époques  auxquelles  ils  paraissent  se  rapporter  et 

11.  3  9 


—  482  — 

les  causes  probables  de  leur  enfouissement  successif.  11  a  cherché  à  ex- 
pliquer les  mélanges  si  fréquentsen  un  même  lieu  de  vestiges  de  différents 
âges  H  de  différents  états  de  civilisation.  M.  \ymard  a  saisi  cette  occa- 
sion de  rappeler  les  plus  importantes  découvertes  archéologiques  qu'il  a 
faites  dans  le  Velay,  depuis  uombre  d'années,  et  dont  les  produits  ont 
enrichi  le  musée  du  Pny.  un  des  plus  intéressants  musées  départemen- 
taux. 11  analyse  ;mssi  les  plus  intéressantes  notices  qu'il  a  publiées  sur  les 
antiquités  et  sur  la  géographie  ancienne  du  Velay.  '  l'esl  dans  l'une  d'elles 
qu'il  a  démontré  l'accord  des  anciennes  limites  du  territoire  ou  pagus 
gaulois  des  Velhvi  avec  celles  du  diocèse  du  Puy,  concordance  dont  on 
trouve  tant  d'exemples  dans  l'étude  de  la  topographie  ecclésiastique  de  la 
France  au  moyen  âge. 

-\I.  Ivmard  s'est  aussi  dans  ce  mémoire  livré,  avec  de  longs  dévelop- 
pements, à  des  considérations  plus  générales  sur  les  périodes  si  obscures 
et  si  incertaines  encore  qui  ont  précédé  l'occupation  de  la  Gaule  parles 
Romains,  en  ayant  soin  d'exposer  les  opinions  diverses  émises  sur  ces 
difficiles  questions.  - 

M.  Pavetde  CoDRTEii.LEoiïre,  au  nom  de  M.  Barhier  de  Meynanl.  une 
brochure  intitulée  :  Le  Setd  himyarite;  recherches  sur  la  rie  et  les  œuvres 
d'un  poêle  hérétique  du  uc  siècle  de  l'hégire  (  Paris.  187/4,  in-8°). 

ffGe  petit  travail,  ou  l'auteur  a  l'ait,  preuve  do  beaucoup  de  sagacité  et 
d'érudition,  nous  donne,  dit-il,  des  déiails  intéressants  sur  les  divisions 
religieuses  qui  ont  partagé  dès  l'origine  les  sectateurs  de  l'islamisme.  Il  v 

question  surtoul  des  Keïsanites,  l'une  des  cinq  grandes  Fractions  des 
chiites  ou  partisans  d'Ali.  M.  Barbier  de  Meynard  a  insérédans  ce  mé- 
moire de  nombreuses  pièces  de  vers  empruntées  au  Kitâb-al-agâni  et 
dont  il  a  donné  un'-  traduction  aussi  fidèle  qu'élégante.» 

SÉANCE   m    MERCREDI    3û   DECEMBRB. 

M.  le  Président  offre  au  nom  do  M.  Garcin  de  Tassy,  membre  de 
I  académie,  un  écrit  intitulé  :  La  langue  cl  la  littérature  hinduustanies  en 

-  '/  1  Paris,  187O,  in-8 

rL'Académie,  dii-il,  n'ignore  pas  que  depuis  vrogtrcinq  ans  M.  Gar- 
cin de  r  îsj  a  l'habitude  de  tracer  annuellement  le  tableau  dos  mouve- 
ments les  plus  récents  de  la  lang 1  de  la  littérature  hindonatames.  \ 

l'origine,  ce  tableau  fournil  quelques  pages  seulement  et  était  la  leçon 
d'ouverture  du  cours  que  notre  savant  confrère  professe  a  l'Ecole  des 
langues  orientales,  l'on  a  peu  il  a  pris  dos  proposions  plus  considéra- 


—   i83  — 

blés;  il  occupe  aujourd'hui  »i6  pages;  c'esl  presque  un  livre.  Sans  pré- 
tendre m'écarter  de  nos  usages  qui  ne  nous  permettent  |  »  «  »  —  de  louer  pu- 
bliquement l'ouvraged'nn  confrère .  je  ne  saurais  me  dispenser  il»'  signaler 
ii  l'Académie  la  variété  des  points  de  vue  sous  lesquels  M.  Garcin  de 
Tassy  a .  comme  toujours,  envisagé  le  sujet  La  lutte  < [u i  s'esl  engag 
sur  le  soi  il<'  l'Hindoustan  entre  deux  dialectes,  le  dialecte  l  rdu  et  le 
dialecte  Hindi  qui  l'a  dépossédé  dans  la  langue  officielle,  mais  contre 
lequel  !•'  dialecte  Urdu  a  vu  s'élever  en  sa  faveur  de  nombreuses  pro- 
testations; les  efforts  tentés  par  quelques  esprits  généreux  pour  raviver 
le  génie  poétique  et  pour  donner  à  ses  œuvres  plus  d'élévation  el  plus 
de  moralité;  les  travaux  des  Sociétés  littéraires,  plus  nombreuses  qu'on 
ne  pense  dans  la  presqu'île  du  Gange;  la  situation  tics  écoles  et  1<'  déve- 
loppement <li'  l'instruction  publique;  le  dévouement  <■(  les  œuvres  des 
missionnaires;  le  réveil  du  fanatisme  musulman  et  les  conversions  que 
la  foi  de  Mahomet  a  obtenues  en  187Û,  même  parmi  les  familles  chré- 
tiennes :  voilà  quelques-uns  des  points  que  notre  savant  confrère  a  traités 
d'après  les  journaux  de  l'Inde,  ou  d'après  des  documents  authentiques 
émanés,  soit  des  autorités,  suif  des  écrivains  du  \>^\>-  (-est  dire  assez 
l'intérêt  qui  s'attache  à  la  nouvelle  publication  de  notre  confrère,  «-t  les 
motifs  qui  nous  ont  porté,  non  pas  à  la  louer,  mais,  si  je  l'ose  dire, 
à  en  donner  devant  l'Académie  une  simple  table  de  matières.  « 

Sont  encore  offerts  : 

Journal  asiatique  (juillet-septembre  1  S7  '1 .  in-8°). 

Bibliothèque  de  l'École  des  chartes    V  livraison,  187/1,  in-8'   , 

Revue  des  questions  historiques  (octobre  187/1,  in-8°). 

Revue  de  législation  (septembre-décembre  i8-j'i.  in-8°). 

Proceedings  of  ihe  Societ;/  of  antiquaires  of  Lowlon  >  juin  1 87.3  .  —  jan- 
vier 187  '1  . 

Bulletin  d'archéologie  chrétienne  (2'  série,  5'  année,  n"  3.  in-8    . 

Précis  analytique  des  travaux  de  l'Académie  des  sciences,  belles-lettres  et 
arts  de  Rouen  pendant  l'année  i8ja-i8jo     in-8 

Bulletin  de  la  Société  d'agriculture .  sciences  et  art*  du  département  de  la 
Haute-Saône  1  .'!'  série,  n°  5,  1876,  iu- 

Bulletins  de  li  Société  des  antiquaires  de  l'Ouest  (1",  a"  et  3"  trimestre 
187Z1,  in-8    . 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d'agriculture .  sciences  et  arls  d'An- 
gers (tomes  \\  I  et  MU.  1873,  in-8°). 

Bulletins    de    la    Société   des   antiquaires   de  Picardie    (année  1876, 
in-8°). 

3a. 


—  484  — 

L'Investigateur,  Journal  de  la  Société  des  études  historiques  (avril- 
juillet-août-novembre  1  87/i  ). 

Revue  archéolog iq ne  ^octobre-décembre  187/1,  in- 8°). 

Revue  africaine  |  juillet-août  187 4,  in-8°). 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  cl  historique  de  l'Orléanais  (tome  VI, 
i'ret  a* trimestre  187/1,  in-8°). 

Bulletin  de  l'Institut  archéologique  liégeois  (  tome  XI  l .  1  "  livraison .  in-8" ). 

Les  Missions  catholiques.  Bulletin  hebdomadaire  illustré  de  l'œuvre  de 
la  propagation  de  la  foi  (n°*  280-289). 

Revue  bibliographique  de  philologie  et d'histoire  (  novembre  187/1.  in-8°  ). 

Annales  de  philosophie  chrétienne  (septembre  187  A,  in-8°  ). 

Mémoire  dp  l'Académie  de  Stanislas  (1873,  k'  série,  tome  VI,  in-8°). 

Le  Cabinet  historique  (187/1.  '"-8°)- 


TABLE  DES   MATIÈRES 


Dl    Dl.l  MÊME  \»>l.l  Ml.  DE  LA  Ql  ATRIEME  SERIE. 


Abbassules ,  p.  33i,  3^9. 

Abulcassis  :  son  œuvre  reconstituée  , 
p.  46g. 

Académie   des    inscriptions    (  Rapports 
sur  les  publications  de  1'),  p.  9.  I 
309,  290. 

académie  de  Berlin,  Corpus  inscrip- 
tiottum  latinarum,  p.  7').  7S. 

académie  impériale  de  Vienne;  publi- 
cations diverses,  p.  196. 

académie  royale  de  Belgique,  p.  468. 

Acadùrme*  Etude»  1 .  par  François  Le- 
normant,  p.  '168. 

Adrien  |  L'empereur),  p.  i5,  16,  198. 

Aitiiiil.  \«\.  Venu»  de  Milo,  p.  98, 
1 95,  317. 

Alglau-,  Action  du  ministère  public,  etc. 
p.  189. 

Allrner,  p.  aoô,  335,  3 '1 7 ,  44a. 

Amaii.  Inscription»  puniques,  p.  309. 

André,  Les  eonunune»  du  département 
de  Vaucluse,  p.  3i3. 

Angkor  (Inscriptions  d"),  p.  17*1,  176. 

Annales  de  l'Institut  archéologique  de 
Rome,  p.  87.  —  de  philosophie  chré- 
tienne, p.  88,  3 o'i.  184. 

Annibal  en  Gaule ,  p.  1 

Annuaire  de  la  Société  des  études  japo- 
naises ,  etc.  p.  '168. 

Antipoli»,  p.  ia,  61. 

Antiquité*  de  la  France.  Renouvellement 
delà  Commission ,  p.  3.  — Rapport  de 
M.  de  Longpérier  sur  le  concours  de 
187/1,  p.  20") ,  '1  '1 1 .  —  Récompen^'s 


décernées,  p.  335-338, 367, 35i . — 
Ouvrages  adressés  pour  le  concours 
de  1875,  p.  3i3-3i8,  330,323. 
—  de  la  Picardie  et  de  l'Ile-de- 
France  ,  sujet  du  prix  Lafons-Méli- 
cocq,  p.  3 '12,  355.  —  préhûto- 
riqn  •  .  "///"(.ses-  et  romaines  du  Clieij 
lonnet,  p.  '181;  —  de  la  Scythie 
p.  189:  —  troyennes,  p.  10,  179. 

Apollon.  Son  temple  à  Délos,  p.  g3;  — 
dans  la  doctrine  des  mystères ,  p.  56, 
•■  1  5  ,  9  16  -  a64-a66. 

kp-jjiioAoytxi)  êÇyu-spîs,  p.  48 1. 

Archipel  indien.  Origines,  etc.  p.  48l. 

Archives  pour  l'histoire  de  l'Autriche ,  etc. 
p.  196.  —  des  missions  scientifiques 
et  littéraires,  p.  3o4.  —  du  Minis- 
tère des  affaires  étrangères,  p.  468. 

Archivistes  paléographes.  Nominations, 
p.  359. 

Aristophane  (Interprétation  du  100' vers 
des  Achamielis  d'  ) ,  p.  21 5. 

Art  gaulois.  Voy.  Hucher. 

Art»  industriels  an  moyen  âge .  rtc.r>.  1  96. 

Arts  du  dessin  avant  Péri  dès ,  sujet  du 
prix  Fould,  p.  34a,  353,  354. 

Asie  centrale,  son  histoire  et  ses  popula- 
tion» .   p.   B7. 

Mineure,  monuments,  photogra- 
phies, p.  3i -. 

Astre  (l'abbé).  Sanctuaire  de  Notre-Dame 
de  la  Romenguière  à  \  illepinte ,  p.  1 1  o. 

kdrjvaïov  a'jyypnppa  tsspioSixov.  Athè- 
nes, 1874,  p.  48i. 


—  486  — 

Athènes    (École    d'),    décrets,     rap-  Auxerre  (Manuscrits  d'),  p.  3og. 

ports,  etc.  p.  2,  3,  6,  il/»,  l>io,  Avez  ac(D'),  lettre  sur  la  rose  des  vents, 

'■> i .">.  343 ,  356,   i')^.  p.  .'i-y i . 

Athènes    (Fouilles    à    l'Acropole   d'),  Aymard ,     Antiquités     préhistoriques, 

p.  2  02.  [>.  48l. 

Alhos  i  Manuscrits  du  tnoni  : ,  |).  ao  'i. 


U 


Babeau ,  Histoire  de  Troyes  pendant  la 

olution,  p.  397. 
Backer(  De).  L'Archipel  indien, p.  /i 8 1 . 
Bacon  1  Roger),  p.  79. 
Balbec,  p.  -.>  1  -. 
Balles  de  fronde  trouvées  dans  le  lit  du 

Tronto,  p.  3o6,  Û75. 
Balzac  (Lettres  de),  p.  86. 
Barbier    de    Meynard,   traduction    de 

Maçoudi,  p.  192.  Le  Seid  himyarite , 

p.    'iSo. 

Barclay.  Ilistor;/  of  the  coinage  ofSyra- 
<  use,  p.  1  92. 

Barry  du  Merval.  Architecture  égyp- 
tienne, p.  1  06. 

Barthélémy  Sairt-Hilaire,  p.  179. 

Barzilai.   ibraxas ,  p.  39  i. 

Basilewsky.  Collection  ,  p.  469. 

Baumefort.  Cession  d'  \vignon  au  pape 
Clément  I  /.  p.  1  87. 

Bayet.  Monuments  de  Salonique  de 
l'époque  byzantine,  p.  2o5  .  9  1  ."> . 
346.  —  Mission  en  Orient,  p.  210. 
—  Manuscrits  du  mon!  Alhos, 
p.  'ifi  1 . 

Beaune.  Les  dépouilles  de  Charles  le  Té- 
méraire à  l'ir.nr  ,  |l.    Su. 

Bertrand  1  \\<\.-.  Communications  di- 

!S,    p.   8,    I  'l  .  'x*>. 

Iîi.i  1 1  1  El  nesl  1.  Sa  morl .  |>.  96. 
Bible,  \ouvelle  traduction,  p.  178. 
Bibliographie    des    sciences    médicales, 

]'■  ''7;:' 
Bibliothèque    de      I  des    chartes 

p. 


Bichler.  Talisman  et  pierres  gravées, 
p.  .'109. 

Bladé.  Contes  populaires  recueillis  en 
Agenais,  p.  .'!  1 8. 

Bloch.  l.n  loi  (  Ivinia  Iribunicia,  p.  "in. 
.'!  '1  '1 .   'i.")(|. 

Blonde!.  La  prosodie .  p.  11. 

Boislille.  Premier  prix  Gobert,  p.  99, 
338,  :i'i,,. 

Boissieu.  Explication  de  la  formule 
D-PAG-S,  [>.  ai3. 

Bolelino  architectonico ,  etc.  p.  -.ujH ,  3oa. 

Bologne,  jPorri  gentiUzie  <li  Bologna, 
p.  478. 

Bonaventurel  OBuvresdesaini  |,p.  3oi. 

Bonnassieux.  Réunion  de  Lyon  <)  la 
France,  p.  •'>•>■'!. 

Bopp.  Grammaire  comparée,  traduction 
Bréal,  p.  a.g3. 

Bordin  1  l'ii\  1.  Commission,  p.  5. — 
Rapport  de  M.  Deloche,p.  211. — 
Sujets  proposés  ou  prorogés,  p.  807, 
1.  3io,  34  1,  348,  35'.! ,  353. 

Bosnie.  Inscriptions  romaines,  p.  008* 

Bossert,  candidal  à  la  chaire  de  langues 
'■I  de  littératures  d'origine  germa- 
nique, [i.  5,  f>.  7.  —  Ouvrages  di- 
vers, p.  7:1. 

Boucher  de  Molandon.  Mention  hono- 
rable  aux  Antiquités  de  la  France, 
p.  ao6, 

Bouis,  p.  298. 

Boutaric,  candidal  à  la  place  de  M-  Gui- 
zot.  p.  ■'<  1  u ,  ;')  1 .' 

Bractéates  d'  Ulemagne,  p.  N7. 


—  487  — 


Bréat.  Lis  Table»  eugubtnes,  p.  i5,  17, 
ai.  —  Grammaire  (  leBopp, 

trad.  p.  ag3.  —  Candidat  à  la  place 
de  H.  (iuizol ,  p.  3  1  .">. 

Brest.  Voy.  Vt  nu»  </<■  \ld<> .  p.  1 06 . 
108,  160,  î  »'>.'!. 

Brian.  Copies  de  dessins,  supposés  hié- 
roglyphiques, des  Canaries,  p.  i'i. 

Branel  (Prix).  Commissions, p.  .").('>. 

—  Rapport  de   M.  Renan,  p.   108. 

—  Décision  de  la  Commission,  Aid. 

—  Commissioii  pour  le  programme 
de  i  870  .  p.  3o8.  —  Question  propo- 
sée, p.  •'•  1 1.  —  Récompenses  décer- 
nées pour  187  '1 ,  p.  3  1  a .  3  18 .  356. 

I!r,i  net  de  Pkesle.  membre  de  diverses 
commission--,  p.  '■> .  '■'><>-.  —  Obser- 
vationsen  présentant  divers  ouvrages, 
p.  i84,  3i  1,  3s4 ,  -rj 7 5 . 

#<///emuî  d'archéologie  chrétienne, p.  87, 


i83,  3o3,  'i83;  —  de  la  Société 
d'agriculture  de  France,  p.  3o4;  — 
de  la  Haute-Saône,  p.  183;  — des 
antiquaires  de  I'i  lues) .  p.  483  ;  — 

de  Picardie  .  p.  88  .  183  :  —  de 
l'Orléanais,  p.  88,  184;  —  du  Péri- 
gord,  p.  3o3;  — de  l'Institut  ar- 
chéologique liégeois,  p.  486; — de 
l'œuvre  des  pèlerina  lo3. 

Bunsen.  Chronology  of  the  Bible,  vie. 
p.  188. 

Bnrnonf.  Dessins  de  fragments  de  vases 
trouves  a  Mycènes,  p.  91 . —  Fouilles 
de  Di'los.  de  Tanagre  et  de  l'acro- 
pole d'Athènes,  p.  93,  9Û,  100, 
101,  îoi,  io5,  202.  —  Mémoire 
sur  les  courbes  dans  les  édifices  pu- 
Mies,  p.  3l  ■!. 

Burns.  Scottùh   war   of  indépendance, 

p.  295. 


c 


Cabinet  historique,  p.  88,  3o4,  484. 
Cambodge.   Monuments,    inscriptions, 

p.  91,  94,  174. 
Cantù.      Archivio     storico     Lombarde-, 

p.  180.  —  Note  sur  les  deux  Co- 
iiimbo,  p.  478. 

Carthage.  Inscriptions  puniques  et  néo- 
phéniciennes,  p.  106,  209,  >i6. 
—  Masque  de  terre  cuite,  photo- 
graphies, p.  ao6,  308.  —  Statue 
découverte  par  M.  de  Sainte-Marie, 
p.  3ai. 

Cartttlaire  île  l'abbaye  de  FI i nés ,  p.  98. 

Casati.  Faïences  de  Ihvnla.  p.  3o3. 

Caslan.  Monnaies  gauloises  des  Sequanes , 
p.  182.  —  Mention  honorable,  kn- 
liquités  de  la  France,  p.  3o6,  338, 
347,  15 1 . 

Cat.  .Médaille  au  concours  Brunet, 
p.  108,  34a,   J'ig. 

Catafago.   Date  symbolique  de  la  fonda 


tion  des  temples  du  Soleil  de  Balbec 
et  de  Palmyre,  p.  a  1  7. 

Catalogue  de  la  bibliothèque  pà> I' 

l'empire  d'Autriche,  p.  7.»;  — de 
lu  collection  des  médailles  de  Ph 
Margaritès  d'Athènes,  p.  8i;  — 
.es  monuments  <pii  représentent 
Psyché  ,  p.  ao5  ;  —  du  musée  Foi ,  à 
Genève,  p.  3jp3,  3o5;  — de  la  bi- 
bliothèque  de  la  Société  d'agricul- 
ture, elc.de  la  Haute-Saône .  p.  I71  : 
—  de,  la  collection  Basilewsky, 
p.  '169. 

Caucase.    Monuments,    photographies. 

p.  3  I  :>. 

Caussin  de  Perceval.  Notices  anecdoti- 
ques  sur  les  principaux  musiciens 
arabes  des  tmis  premiers  siècles  de 
l'islamisme,  p.  195. 

Cavélier  de  la  Salle  (Découvertes  et  éta- 
blissements de),  p.  v 


—  488  — 


Cernuschi.   Collections   rapportées    de 

l'extrême  <  tient ,  p.  3oa. 
Gerquaad.  Ulysse  et  Gircé;  les  Sirènes, 

p.  80. 
Cestre.    Antiquités   gallo-romaines    du 

Haut-Rhin  1  manuscrit  |,  p.  32,4. 
Cbabas.  Noie  sur  le  nom  égyptien  <ln 
fer,  p.  7.  28-37;  —  sur  des  romans 
égyptiens,  p.  92,  1 1 7-1  a '1.  —  Les 
silex   de    Volgu    (Saône -et -Loire), 
p.    193.   —   Inscriptions    antiques 
trouvées     à     Chalon-sur-Saône, 
p.  2  1  2 ,  a  1  3.  —  llebrcro-  Egyptiaca , 
p.  320. 
Chabouillet.  Origines  du    cabinet  des 
médailles,  «'le.  p.  86.  —  Le  diptyqut 
consulaire  de  Saint-Junien ,  p.  296. 
Cbaignolles.  La  mort,  étude  philosophi- 
que, y.  29.5. 
Chalet.  Mosaïque  de  Syra .  p.  93. 
Chalon-sur-Saône.  Inscriptions,  p.  2 1  2, 

2 1 3. 
Chambre  des  comptes  </'•  Paris;  / 
justificatives,   par  M.  do   BoisKsle, 
p.  (.19.  339,  348. 

.s't/i.s  populaires  grecques,  publiées 
par  Legrand,  p. 
Charencey.  Idées  symboliques  se  ratta- 
chant au  ""m  dis  douze  fils  de  Jacob  , 
p.78. 
Charles-Quint  contre  Alger,  p.  .'172. 
Charles  le  Téméraire.  Ses  dépouilles  à 

Berne,  p.  ;v". 
Chatel.  Cinquantième  anniversaire  <l<'  lu 
Société  des  antiquaires  de  Normandie, 
p.  . 
Chevalier.  Inventaire  analytique  des  ar- 
chives communales  a"  Imboist  .  1  '/:-/- 
tj8a,  p.  3i5. 
1  ihevalier     I.  abbé  .    Documi  nls  histori- 
ques inédits  dam  l<  Dauphins  ,  p.  ■■ 
—  l  ationsdes 

rvéques  <l<-  Grenobh  <!•   I<i  innitnn  de 
Chissé,  p.  '■'■ 


Chevreuse.  Recherches  historiques,  etc. 

P. ',::;. 
Chevrier.   Interprétation   d'inscriptions 
antiques     do     Chalon-sur-Saône, 

p.    2  I  '.!. 

Chine.  I'ii\  Slanislas-Jnhen  au  meil- 
leur ouvrage  sur  la  Chine  ,  p.  3^i 2  , 
355. 

Chodzkiewicz.  Mémoire  sur  l'intcrpré- 
talion  du  centième  vers  des  Achar- 
niens  d'Aristophane,  p.  210,  216, 
266,  272. 

Christ.  Sur  les  hourreaux  du  Christ, 
Kdm.  Le  Blant .  p.  76. 

Ciampi.  Documenti  di  storia  katiana, 

]'•  !'.)■ 
Cicéron.  Epistolœ  adfamUiares,  ms.  du 

su'  siècle  .  p.  1  9  '1. 

Clarke.  Comparative  grammar  of  egyp- 
tian ,  coptic  iniil  ude,  p.  79. 

Clermont-Ganneau.  Lettres,  pliolojjra- 
phies,  découverte  d'une  tête  <mi  mar- 
bre  supposée  de  l'empereur  Adrien, 
p.  îoi,  106,  ift6-i5a.  —  Inscrip- 
tion  près  de  l'antique  Gézer,  p.  201. 
—  Nouvelles  inscriptions  hébraïques 
des  environs  de  '  îézer,  p.  9  1  3.  — 
Photographie  d'un  Fragment  de 
vase  en  ti  rre  cuite  découvert  dans 
la  caverne  de  la  I  ia  dolorosa,  p.  21  '1, 
317.  —  Epreuves  photographiées 
d'un  mémoire  sur  la  terre  saint'', 
et  reproduction  d'un  fragment  de 
pierre  tombale,  p.  aifl,  217.  — 
Communication  sur  la  tombe  et  le 
portrait  d'un  evéque  croisé  de  Pales- 

Cohn,  archiviste  paléographe,  p.  36o. 

Colebrooke.  The  lifeand  essays ofti.  T. 
1  iebrooht,  p.  711.  \Iiscellaneous es- 
says, p.  80.  —  Mélangée,  p.  189 

Collège  de  Fran<  e,  candidal  1  a  la  chaire 
des  Langues  el  littératures  don/jine 
germanique,  p-  7.      Chairs  \amnle 


—  489  — 


des  langues  el  littératures  chinoise  et 
laitare-maDtchoue,  p.  96.  Présen- 
tation de  M.  d'Hervé)  de  Saint-De- 
ux-, p.  99. 

Collignon.  Monument»  grec»  et  romains 
qui  représentent  Ptyché,  p.  ao5,  3  1  1, 
Ù60. 

Columbo  en  Fronce  et  en  Italie  p.  96, 
100,  A 

Combier.  Le  baUliage  de   Vermandois, 

!'•  »98- 
Comité  secret,  p.  97,  10a,  108,307, 
B09,  3n,  3  1  :\ .   3iA,  3i5,  .'{17, 

018,  ■!i<|. 

Commission  administrative  de  l'Acadé- 
mie, p.  3;  —  d^s  Antiquités  de  la 
France,  ibid.;  —  de  l'Ecole  d'Athè- 
nes, ibid.  :  —des  travaux  littéraires, 
ibid.;  —  du  prix  de  numismatique, 
p.  ... 

Commune»  du  midi  de  la  France  1  Hist. 
administratif   de»    .  p.  7  '1. 

Compte»  rendus  de  F  Icademie,  p.  7 
i83,  998;  —  des  séances  de   l'A- 


cadémie des   sciences   de   Viennt  . 

p.  196. 
Concours.  .Mémoires  envoyés,  p.  3,    1  . 

1  ">.       Conditions  générales,  p.  355. 
Coote.  Roman  mUitary  signaeula  found 

lit  Pu  itilin  .   |i.   :>.(|'!. 

Corhlel.  Démocharèt  ou  une  fausse  etij- 
mologie  du  mot  mouchard,  p.  196. 
—  Hagiographie  du  diocèse  d'Amiens, 
p.  317. 

Corlieu.  La  mort  des  roi»  de  France,  de- 
puis François  l"  jusqu'à  la  Révolution 
française,  p.  7  i. 

Cornille.  Programme  d'un  voyage  dans 
les  États-Unis  de  l'Amérique  du  Nord, 
p.  91. 

Corpus  inscriptionum  latinarum.  Voy. 
Académie  de  Berlin,  p.  7 '1-78. 

Cosmographie  populaire  après  l'époque 
d'Homère  et  d'Hésiode,  par  Th.  H. 
Martin  ,  p.  219,    \io. 

Cosmos  de  <iuido  Cora,  p.  oui. 

Courajod.  L  Ecole  royale  des  élève*  pro- 
tégés,?. 190. 


1) 


Daninos.  Inscriptions  grecques  d'E- 
gypte, p.  97.  —  Inscriptions  ampho- 
riques  .  p.  3i  1,  ■'>  1  3. 

Darmesteter.  Deux  élégie»  du  Vatican, 

V-  ''" 

Dauriac.  Voy.  Vénus  de  MUo. 

David.  Voy.  Vénus  de  MUo. 

Dkfrkmehy,  membre  de  la  Commission 
«lu  prix  Brunet,  p.  6.  —  Observa- 
tions  en  présentant,  divers  ouvrages, 
p.  190,  i72. 

Deialande-Guérineau.  Fondation  d'un 
prix,  p.  3a:j,  3JJ. 

Delaunay.  Sur  quelques  oracles  sibyl- 
lins, p.  8,  m,  i-j-ôti.  —  Moines 
et  sibylles  dans  l'antiquité  judeo- 
grecque,    p.    191.  —    Table   de   la 


Revue  archéologique  (1860-1869), 
p.  3o3. 
Dr.usLE,  memhre  de  diverses  commis- 
sions, p.  3  ,  5  ,  307.  —  Observations 
en  présentant  Jivei  souvrages,p.  1 1  o, 
1  M,  i83,  297.  298,  3oi.  —  Mé- 
moire sur  les  ouvrages  de  Guillaume 
de  \angis,  p.  7.'!;  —  sur  quelques 
manuscrits  de  la  bibliothèque  d'Au- 
rre,  p.  .'109,  3ii; —  sur  l'origine 
des  irchive»  du  Ministère  des  affaires 
étrangères,  p.  'i(>8. —  Chroniques  de 
Robert  de  Thorigni ,  abbé  du  Mont- 
Saint-Michel,  suivie  di-  divers  opus- 
cules historiques  de  cet  auteur  et  de 
plusieurs  religieux  de  coite  abbaye, 
p.  472. 


490  — 


Dblocbb,  membre  de  diverses  commis- 
sions, p.  5,  307,  3o8.  —  Rapport 
sur  le  concours  Bordin,  p.  an. 

Délos  (  Fouilles  à  ),  p.  g3. 

Déiurt,  r  voilée  dans  l'art  grec  i  Type  de 
la),  Heuzey,  p.  7,  19. 

Dcn^n's.  Monographie  de  Notre-Dame  de 
Beaufort- en- Vallée.  —  Histoire  de 
l'Hôtel-Dieu  de  Beaufort- en-Vallée , 
p.  3l6. 

Dbrbnbourg.  Observations  à  propos 
d'ouvrages  et  de  communications, 
p.  301,  m|'i,  :!oG,  3a8.  — Com- 
mimication  sur  les  Inscriptions  phé- 
nicienne» on  il  est  question  de  la  statue 
de Malacba'al,  p.  ao5,  23i-:î36. 

Derrien.  Notes  et  levés  rapportés  de  Sy- 
rie, p.  is,  16. 

Desbordes- Valmore.  Coupe  de  la  toge 
romaine  telle  que  Taltna  l'avaù  con- 
çue, p.  3ot. 

Deschamps  de  l';is.  Pierres  sépulcrales 

découvertes   sur    Remplace o\    de 

l'ani  tenue  abbaye  d1  ladres  |  Pas-de- 
Calais  1,  p.  11  a. 

Desjardins.  Desiderata  du  Corpus  ins 
criptionum  latinarum  de  l'Acadi 
de  Berlin.  --  Le  Musée  épigraphique 
de  Pesth,  p.  78.  —  Notice  sur  les 
balles  de  fronde  de  la  République  ap- 
partenant à  MM.  Rollin  el  Feuar- 
deot.  Balles  palimpsestes;  inscrip- 
tions pouvant  se  rapporter  à  la 
n  sociale,  à  la  guerre servile  el  à 
la  guerre  civile  dite  de  Pérouse,  p.  ga, 
1  •.">-!  37,  187,  ia5.  Balles  de 
fronde  trouvées  dans  le  lit  du  Tronlo, 
p.  3o6. —  Monuments  épigraphiques 
iln  musét  national  hongrois,  |>.  is-">, 

,•).  —  1  •  >'  el   1  'r  livraisons  de 
dition    de    la    Table   de    Peutiiuj 
p.    1    g .  ..i.;.  '1-.;.  _    t  landidal  à 
l.i  place  de  M.  Guizol    p.  ■'<  1  5. 

Dbshoti  i.     membre  de  diverses  1  om 


missions,  p.  3,  3o8. —  Observations 

sur  un  ouvrage .  p.  /)8i. 
Dezeimeris.  Discours  sur  l'Ebromagus 

de  sainl   Paulin,  p.   ag3.   —   Note 

sur  l'auteur  du  Querolus,  p.  /17c 
Dialectes  de  la  langue  d'or  au   moyen 

«;;v,  sujet  du  prix  ordinaire,  |>.  5. 

—  Rapport  de  M.  Thurot,  p.  io3. 

—  Prix  décerné,  p.  îoà,  334,  346. 
Dictionnaire  télégraphique  chiffré,  par 

M.  Grasset  d'Orcet,  p.  q4;  —  his- 
torique et  archéologique  du  départe- 
ment du  Pas-de-Calais,  p.  <)(>;  — 
des  antiquités  grecques  et  romaines, 
p.  379. 

AtofÂiîSris  K'jptdKOi.  Discours,  p.  /181. 

iuovvoi'jv  buÇavriov  AvawAous  ftocrnô- 
pov,  p.  70. 

Diplômes  carlovingiens  conservés  aux  ar- 
chives   départementales    île    l'Aude 
p.  76. 

Djérid  (  Débouchés  des  lacs  du)  dans  la 
mer,  p.  a  19. 

Droit  musulman ,  p.  Ù76. 

Drouyn.     irchives  municipales  de  Bor- 
deaux;  Bordeaux  vers  1  ï5o  .  |>.  296. 

Durlialais  1  M""  \')  l'onde  un  prix  bien 
ual  de   numismatique;    époque   du 
concours,  p.  33g .  35o. 

Duchesne.    Inscriptions   grecques  dé- 
couvei  tes  à  Salonique  el  fragments 
copiés  dans  les  manuscrits  du  mont 
Athos,  p.  soi  .  9i5,   161.  —  Mis 
sion  scientifique  en  <  (rient,  p.  2 10. 

Ducrocq.  Le  Trésor  de  Vernon,  p.  3oo. 

Di  1.  m  r.n-.ii,    membre  de    la  Commis- 
sion des  inscriptions  du  Cambodge 
p.  91. 

Dumast.  Couronne  poétique  de  la  Lor 
raine;  recueil  des  morceaux  cents  en 

n  r    sur  des  sujets  lorrains  ,  p.  7,'?. 

Dumonl  |  Mb.).  Dis»  ours  d'ouwrture  du 
,  .un    .1  archéologie  à  Rome ,  p.  7->- 
Envoi  :  Mémoire  de  M    Muni/ 


—   'i91    — 


l>.  909.  —  Lettre  sur  Les  travaux  des 
membres  de  l'Ecole  d'Athènes,  à 
Rome,  p.  910.  —  Note  sur  la  mis- 
sion ea  Orient  de  MM.  l'abbé  Du- 
ehesne  ri  Baye! .  Urid. 

Duplès-Agier.  Chroniques  de  Saint- 
Martial  de  Limoges,  p.  !j3. 

I)i  m  y  i  \  ictor  .  rapporteur  de  la  Com- 
mission du  prix  Gobert,  j>.  .">.  — 
Lecture  «tir  la  première  partie  dn 
règne  d'Hadrien ,  p.  1 5 ,  1 6.  —  Dési- 
gné poor  faire  cette  lecture  à  la 
ance  trimestrielle,  ibid.        Frag- 


ment d'un  chapitre  *ur  Marc-Aurèle, 
p.  106.  —  Désigné  pour  Le  lire  à  la 
séance  trimestrielle,  p.  i  i".  —  //'•* 
toire  romaine  ( 'i'  volume),  p.  agit. 

—  Sur  la  formation  de  deux  classes 
de  citoyens  romains  désignés  dans 
les  Pandectes  sous  les  noms  i'Hones- 
tiores  el  i'Humiliores, p.  3i3,  3ai. 

—  Introduction  générale  à  l'histoire 
de  France,  p.  'i ~'i. 

Dulilleux.  Topographie  ecclésiastique  du 
département  de Seine-et-Oise ,  p.  3aa. 


E 


Economie  politique  dans    les  croies   du 

moyen  âge.  Voy.  Jochdaih. 
Ecorcheurs  sous  Charles  I  //.  Voy.  Tue- 

tey. 
Education  des  femmes  au  moyen  due. 

\o\.  .loi  RDAIM. 

Kgukh.  Membre  de  diverses  commis- 
sions, p.  3.  —  Sur  un  passage  du 
scoliaste  de  Platon  concernant  1rs 
fortifications  d'Athènes,  p.  9, 58,  61. 
—  Observations  sur  des  communi- 
cations et  des  ouvrages,  p.  -joi.  uni. 
bq3,  '170.  /171.  —  Rapport  sur 
l'École  d'Athènes,  p.  \~>-.  (167. 


XaSùiv  xtxi  (TKupioov  Aotyp/ov,   187U- 

1873,  p.  48i. 
|         1  du  I  atican  |  Deux  I .  p.  48o. 
Eloquence  attique  :  Lysias .  Hypéride ,  Dé- 

mosthènes,  par  Jules  Girard,  p.  i3A. 
Ermakow.  Photographies  de  monuments 

et  d'inscriptions  de  l'Asie  Mineure  el 

du  Caucase,  p.  .'iia. 
Eryx.  Inscription,  p.  i3. 
Espagne  |  M.  i  :  Proverbes  et  dictons  po- 

pulaires  recueillis  à  Aspiran,  p.  180. 
Euclide  1  Epoque  1 1  auteur  du  prétendu 

X.V  li\re  des  Eléments  d'),  p.  677. 
Euting.  Inscriptions  carthaginoises,  Tu- 
nis, p.  SOI  . 


Faider.  Recueil  des  coutumes  du  pays  et 

comte  du  Hainaul  ,  p.  1  Sg, 
Faidherbe.    Note  sur  une    inscription 

libyque  découverte  dans  l'Ile  de  Fer. 

Rapport  de  cette  inscription  avec  des 

inscriptions    rupeslres    du    Sahara . 

p.  6,  18,  19. 
Fauvel.   Programme   d'une   société    de 

linguistique,  p.  los. 
Fedele  da  Fanna.  Ratio  novœ  colleetionit 


operum  omnium  S.  Bonaventurœ, 
p.  001 . 

Fsr  i  Nom  égyptien  du  ).  Voy.  Cha- 
bas. 

Fergusson.A  History  of  architecture,  etc. 
p.  ■>  1  '1. 

Ferry.  Voy.  Vénus  de  Milo,  p.  98. 

r'iuv.  Estampages  d'inscriptions  phéni- 
ciennes, p.  10a. 

Fialès.  Etudes  sur  les  populations  pri 


—  492 


natives  </»■  l'Amérique  septentrionale, 
p.  196. 

Fierville.  Le  cardinal  Jean  Joujfroij  et 
son  temps.  —  De  i/uinliliuneis  codici- 
bus  et  preeetpue  de  codice  Carcasso- 
tiensi,  p.   i()'i. 

Filopanti.  L'Univers,  leçons  populaires 
(!'■  philosophie  encyclopédique  etpar- 
ticulièremant  d'astronomie,  p.  70. 

Fol  (Catalogue  du  musée), p.  219,  286. 

Fontes  rerum  Austriacarum,  p.  196. 

Forgeais.  A  umismatique  des  corporation* 
■parisiennes,  etc.  p.  210. 

Formeville.  Mention  honorable  aux  An- 
tiquités de  la  Fiance,  p.  20G,  338, 
3/47,  Ubi. 


Fould  (Sujel  du  prix),  p.   3/i2,353, 

35i. 
Fourmis.   Origine    de   la    tradition   des 

fourmis  qui  ramassent  l'or,  p.  79. 
France.    —  France   (La),  le  Pape  et 

l'Allemagne,  par  Guillehert,  p.   77. 

—  Introduction  générale  à  l'histoire 

de  France,  p.  /175.  —  Publication  des 

documents    inédits     de     l'histoire    de 

Frimer ,  p.  /171. 

Franklin.  Mention  honorable  aux  Anti- 
quités de  la  France,  p.  206,  338, 
347,  ','..,. 

Fronde  achéenne  à  trois  lanières, 
p.  320.  —  Balles  de  (ronde.  \o\. 
Balles. 


Gachard.  Ouvrages  divers,  p.  86,  85. 

Galmiche.  Recueil  d'inscriptions  d'Asie 
Mineure,  p.  1']-. 

Ganelon  ,  étude  historique,  par  Cœuret , 
p.  '177. 

Garci.>  de  Tasst.  La  langue  et  la  littéra- 
ture  hindoustanies  en  t8j3,  p.  70, 
3oa  ,  182.  Membre  de  la  <  lommissinn 
des  inscriptions  du  Cambodge,  p.  91 . 
—  L'islamisme  d'après  le  Coran, 
l'enseignement  doctrinal  et  la  pratique, 
p.  i84. 

Garmer.  Inscriptions  cambodgiennes 
découvertes  à  Angkor,  p.  1  -\ .  1  ;.">. 

Gasté.  Jean  h  II  ua  et  U  \uu  de  Vire  à 
lu  Jin  du  .1 1  /  siècle,  p.  3  1  5. 

Gaule  1. 1  1  jous  Glovis.  Discuter  l'au- 
thenticité ,^elc.  .  des  textes  hagiogra- 
phiques qui  s'j  rapportent .  sujet  du 
pi  i\   Bordin .  p,  iht.  35a. 

té  de  .  p.  3o5.  Dé- 
.  ouvertes  géographiques,  voy.  \  ivien 
de  Saint-Martin .  p.  -  :;.  Congrès  in- 
ternational des  »  iem  ■  -  géographi 
ques,  p    1  09. 


Germain.    Pierre  Gariel,  sa  vie  et   ses 

travaux,  p.  299. 
Germer-Durand.  Découvertes  archéolo- 

giques faites  à  Mines  et  dans  le  Gard, 

p.  70. 
•  îézer  i  Inscription  de  u  p.  aoi,  ■  1  3. 
Gikatilia.   Traduction    îles     Traités    de 

grammaire  hébraïque  el  d'un  Traité 

sur    la   ponctuation    hébraïque,   par 

Jehuda  Haggondj .  p.  39A. 
Girabd.  Membre  de  la  Commission  <lu 

prix  Brune t,  p.  ■>.      Etudes  surl'élo- 

qut  nce  attique,  [>.  t84. 
Girard   «le   Rjalle.  Mémoire  sur  l'Asie 

centrale ,  p.   87. 

Gladstone.    /."   place    d'Homère   dans 

l'histoire ,  p.  296. 
Glossœ  hibernicœ  veteres  codicis  Tauri- 

nensis .  p.  '17 1 . 
1  m lui  1  1  l'ri\  1  décernée,  p.  99,  33g, 

36d,  '!'iS,  35t.  — Ouvrages  admis 

.-u  .  oncours,  p. 
1  u  m.  lui  u.  Traduction  du  conte  égyptien 

du    Prina  prédestiné,  \>.  9a,    117- 


_   193  — 

Gorceix.  Fouilleafattes  à  S  et  du   mont  Sarthaba 


Grammar,  Manoir  of  the  comparative 
mar,  p.  79.  —  Of  the  arabie 
language .  p.  il 

Grammont.  Relation  de  l'expédition  de 
Charles  Qui,. t  contre  Alger,  par  \ 
la»  Durand    de    VMegaignon,    etr. 
p.  67a 

Gras.  Essai  sur  les  systèmes  métri- 
ques linéaires  de  l'antiquité,  p.  109, 
3i  '.. 

Grasset  d'Orcet.  Dictionnaire  télégra- 
phique chijfrr,   p.  g  i. 


p.  3a/i.  — 

Candidat  à  la  place  de  M.  Guizot, 
p,  •">  i5,  317. 

Guessard.  Membre  de  la  Commission 
ilu  prix  ordinaire,  p.  5. 

Guido  Cora.  Cosmos,  p.  -!o6. 

Guichiadt.  Membre  de  la  Commission 
des  travaux  littéraires,  p.  3.  —  Pré- 
sentation d'ouvrage,  p.  178. 

Guigne  Mention  honorable  aux  Auti- 
qnîtés  de   la  Franco,  p.  206,  338, 

.'!  '17.    'l.")i  . 
Guillaume  de  Yangù,  voy.  Delislk. 


Gravier.    Découvertes   et  établissements     GuUJebert.  La  France,  le  Pape  et  l'Ai- 
dé Cavélier  de  la  Salle,  de   Rouen,         lemagne,  p.  77. 

archiviste  -  paléographe  , 


dans  I'  Imérique  du  Mord .  etr., 
p.  83. 

Grivel.  Notice  sur  Nemrod  et  le.*  rrn- 
tures  cunéiformes,  p.  q,  37-66. 

Grueber.  des  médaillons  ro- 

mains du  Musée  Britannique,  p.  ag 

Guéneau.   Notes  pour  servir  à  Vhistoirt      'hizot  (F.  >.   membre  de  l'Académie. 


Guilmoto  , 

p.  36o. 
Guizol    (Guillaume).    Candidat     à    la 

chaire  de  langues  et  littératures  d'o- 

rigine    germanique,  p.   6;    —  élu 

premier  candidat,  p.  7. 


de  la  couwxuw  de  I  andeni 
p.  187 
Guérin.  Géographie  de  l'ancienne  Pa- 
lestine, etc.  p.  216,  217.  —  Com- 
munication sur  la  mer  Worl  :  sur 
le  fleuve  et  la  vallée  du  Jourdain , 
p.  219,  a83,  386,  307.  —  explo- 
ration géographique  et  archéologique 
de  la  Palestine,  p.  3i  1 ,  3ag.  —  Sur 
les  mines  de  Phasaéhs,  d'Ârch 


Sa  mort  annoncer  par  une  lettre  de 
M.  Guillaume  Guizot,  son  fils;  pa- 
roles prononcées  à  ce  sujet  par  M.  le 
lent,  p.  "17.  —  L"Acad<;mie 
décide  qu'il  y  a  lieu  à  pourvoir  à  son 
remplacement, p.  309. —  Election  de 
\1.  Georges  Perrot  qui  le  remplace. 


p.  3 il 


Guyard.  Traduction   de  la    Grammaire 
pâlir  de  MinayeF,  p.  1  96. 


[I 


Hadrien.  Voy.  Adrien. 

Hagenhuch.  Explication  de  la  formule 
L-DDPAdans  les  inscriptions, 
p.  2l3. 

Haggondj  (Jehuda).  Traités  de  gram- 
maire hébraïque;  Traité  sur  la  ponc- 
tuation hébraïque,  p.  29/1. 

Halévy.  Récompeiw  au  concours  Vol- 
ney,  p.   109.   —  Observations  cri- 


tiques sur  les  prétendus  Touraniens 
de  la  Babylonie,  p.  aoi,  209,  ai5, 
961,  9Ô4. —  Examen  des  ressem- 
blances linguistiques  entre  la  pré- 
tendue langue  acadienne  et  les  dia- 
lectes ongro-Cnnois;  recherche  des 
(races  de  l'existence  en  Mésopotamie 
d'une  race  non  sémitique,  p.  361. 
—  Caractères  propres  de  l'idiome 


—  V.)'i 

acadien,  p.  nôa.  —  Que  les  textes 
qui  le  contiennent  sont  purement  fi- 
guratifs, p.  2Ô3  .    'li'l. 

Balléguen,    Armorique    ei    Bretagne, 

p.  3a  'i. 
Handyside,  Jubilee  Chronicon,  p.  ->o,8. 
Hannon  (Le  Périple  d'),  p.  307,  3a5. 


[1.  73.  Ethnographie  des  peuples 
étrangers,  de  Ma-touan-lin,  p.  8/1, 
1  8a  .  296.  Si-siang-ki,  p.  S!\.— 
Présenté  comme  candidat  à  la  chaire 
des  langues  et  littératures  chinoise 
cl  tartare-mantchoue  vacante  au  Col- 
lège de  France,  p.  99. 


Hanoteau.  Lettre,  p.  6.  —  La  Kabijlie     Herzégovine.    Inscriptions     romaines. 


et  les  coutumes  kabyles,  p.  83. 

Harold  de  Fonlenav,  Inscriptions  céra- 
miques gallo-romaines  découvertes  à 
Autan,  p.  320. 

Barrisse.  Mémoire  :  Les  deux  Colutnbo 
en  France  et  eu  Italie,  p.  96,  100, 
i.l'i. 

Il  m  1,1  w  .  Nommé  membre  de  diverses 
commissions,  p.  3,  5,  3" 7.  - 


p.  3o8. 

llii/.Kï.  Communication  sur  le  type  de 
la  Démêler  voilée  dans  l'art  j;rec, 
p.  7,  19,  ->o-2'S.  —  Recherches  sur 
la  pierre  sacrée  d'  intipolis,  p.  1  2 . 
(i  1-66.  —  Résultats  de  sa  mission  ar- 
chéologique en  Macédoine,  p.  187. — 
ndidat  à  la  place  de  M.  Beulé, 
p.  1  o-.!.  —  Élu ,  p.  1  o3 ,  1 06. 


toire  littéraire  du  Maine,  p.  193. —     Bindoustanies  (Langue  el  littérature), 

Sur  quelques  maîtres   du   mi'   siècle  p.  711.  3oa,  &02. 

Histoire  judaïque  depuis  la  prise  de  Jé- 
rusalem jicr  Nabuchodonosor  jusqu'à 
la  prise  de   Bettir   par    les   Humains 
Sept  siècles  de  V),  p.  /168.  —  His- 
toire romaine . ']<■  M.Duruy,  p.  agâ. 
Honestiores  <i  Humiliores.  Voy.  Dohuy. 
//  ngrois    (Origines  de  l'histoire  des), 

!>•  ''7"- 
Uni  :i>.  Scritti  inediti  di  Francesco  Pe- 

Irarca,    \>.    398.  —   Catalogo   délie 

opère  di  Francesco  Petrarca  esistentt 

nella     pelrarchesca     rossetiiana    di 

le.  dad. 

Il loy.  Édit.  de  Ilenart   le   Nouvel, 

p.  20g  ■  296. 
Bûcher.   L'Art    gaulois,   p.   7".   87, 

3a  a. 


(mémoire),  p.  3a6. 

Hautcœur,  Histoire  de  V  abbaye  de  Flincs , 
p.  320. 

Bavet,  candidat  à  la  place  de  M.  Beulc, 
p.  102. 

Senzen.  Explication  de  la  formule  L- 
D-D-PA  dans  les  inscriptions, 
p.  a  1  ■'!. 

Hérodote,  texte  invoqué  sur  un  débou- 
ché des  lacs  du  Djerid  dans  la  mer, 
p.  219. 

Béron  de  Villefosse.  Mission  archéolo- 
gique, p.  «5,  17.  Des  mesures  en 
usagi  en  Brie  aux  au'  et  .1/1'  siè- 
cles  .  p.  1  79. 

Hervej  de  Saint-Denys.  Traduction  du 
San-tseu-king  el  de  son  commentaire, 


I 


Igonnet.     Histoire    administrative    des 

communes    du    Midi   (!'■   lu    France, 

j,.   S  .  7  'i.  —  /.'  '  ilinn  .  ses  sci- 

<nii  urs   ei  manuscrit  ' . 


Uion  d'Homèrt  ,  llmm  des  Humains.  M4 
moire  <\<-  M-  \  ivien  de  Saiul-Mar 
lui,   p.  199,  aa8.  —  Réponse  de 
M.  Schliemann .  p.  ■"■ 

Imprimerie  nationale  1  Textes  el  dm  u 


—  495  — 


ments  concernant  la  constitution  lé- 
gale de  l' i.  |>.  i  «>*"»_ 

lncas  Essai  sur  les  institutions  poli- 
tiques, etc.  de  l'empire  de»   .  p.  79. 

Inde  de*  rajahs,  p.  bna. 

Inscription*  :  lybique  1  général  Fai- 
dherbe),  p.  <>,  18;  --  berbères  (le 
Dr  Reboud  |,  p.  1 6;  —  itinéraire  de 
Saint-Christophe |  Morbihan  w  li.  Mo- 
wal  1.  [>.  ;'i  :  —  de  Sayda  1  M.  de 
il>  v  1,  p.  -\  :  —  des  bords  de  la 
mer  Noire  (G.  Perrot  i,  p.  96,  98 . 
j  87  :  —  grecque  de  Kef  1  II.  de  \  il- 
lefosse);  observations  de  M.  L.  Re- 
nier, p.  106,19g;  —  hébraïques 
près  de  Gézer  1  ClermonMianneau), 
p.  901,  ai3;  —  romaines  de  Kef, 
de  Zaghonan,  de  la  Maisa,  de  Tacb- 
lidja  eh  Bosnie  el  en  Herzégovine 
(Sainte-Marie  I;  observations  de  M.L. 
Renier,  p.  1 1  1 .  ao3,  3o8  :  -  de 
Gartbage  |  Sainte-Mario),  p.  12,  1  \. 
qI\  ,  99,  io°  .  1  1  ■"> .  1  1  '1 ,  1  97.  2  16, 
219,  3o6,  '.i<>-,  3 ia ,  S'i5,  3i  6, 
.•{17:  —  de  Carthage  (R.  P.  Phé- 
ner),  p.  3ia;  —  grecques  de  Salo- 
niquo  (l'abbé  Duchesne),  p.  206; 

—  puniques  (Amari),  p.  309;  — 
grecque  do  Kars-el-Kébir  (Tissot); 
observations  de   M.  Miller,  p.  aia; 

—  latines  de  Chalon-sur-Saône  (  Cha- 


bas):  observations  de  M.  de  Longpé 
rier.  |>.  ■']■>.;  —  himyarites  du  mu- 
de  Sainte-Irène,  à  Cônstantinople 
Sorlin-Dorigny),  p.  3i&.  —  Su- 
jets de  concours,  prix  ordinaire  : 
Recueillir  et  expliquer  les  inscriptions 
qui  peuvent  intéresser  l'histoire  de 
France,  p.  335,  35o.  — Prix  Bor- 
din  :  Recueillir  les  noms  des  dieux 
mentionnes  dans  les  inscriptions  baby- 
loniennes et  assyriennes,  etc.  p.  353. 

—  Ouvrages  :  Inscriptions  antiques  et 
du  moyen  âge  de  Vienne,  en  Dau- 
phmé  (  Allmer),  p.  2o5,  335,  Z1/12. 

—  Iscrizioni  italiclie  (Fabrelti), 
p.  678. 

Instruction  publique  (M.  le  Ministre 
de  I"  i.  Communications,  p.  6,9,11, 
i5,  17.  89,  91,  93,  94,  96,  99- 
io'i,  io(">,  n3,  197,  3o5,  -!09, 
210,  ai 4,  tu").  216,  .'{(.7,  3o8, 
3  13,  3  Hi ,  3 1  7.  .')■!  1 .  322.  —  Dé- 
cret modifiant  l'organisation  de  l'É- 
cole d'Athènes,  p.  3i 5. 

Investigateur,  j  L'  - ,  journal  de  la  société 
des  études  historiques,  p.  h8h. 

Islamisme  d'après  le  Coran  [  L'  ) ,  p.  1 8/1. 

Ismaéliens  et  des  mouvements  sectaires 
qui  s'y  rattarhent  dans  le  sein  de  l'is- 
lamisme (Histoire  des),  sujet  du  prix 
Bord  in  ,  p.  3'i  1 .  348 .  35a. 


Jacob  1  liée*  symbolique*  se  rattachant 
aux  noms  des  douze Jils  de)  ,  p.  ~*. 

Jésus-Christ,  publication  de  MM.  Fir- 
min  Didol ,  p.  '177. 

Joret.  Récompense  au  concours  Volney, 
p.  109. 

JoiiiD.uN.  Klu  président;  sou  discours 
en  prenant  possession  du  fauteuil, 
p.  1  ;  —  lit  un  Mémoire  sur  la  royauté 
et  le  droit  populaire  d'après  les  écri- 


vains de  la  scolastique ,  p.  9 ,  11,12, 
91 .  —  Sur  les  commencements  dr  l'é- 
conomie politique  dans  les  écoles  du 
moyen  âgt  et  sur  Véducation  des 
femmes  à  la  même  époque,  p.  7G.  — 
Sur  quelques  points  dr  la  biographie 
de  Roger  Bacon,  p.  79.  —  Sur  les 
ouvrages  de  Nicolas  Oresme  contre 
l'astronomie ,  p.  3ai.  —  Observa- 
tions en  présentant  divers  ouvrages. 


—  496  — 

p  ,  ,y,  )  '|S-..  —  Discours  en  séance  Journal  asiatique,  p.  87,  3o/i,  A83. 
publique  sur  les  prix  décernés  et  les  Journal  of  thc  North  China,  p.  673. 
sujets  de   prix   proposés,  p.    3i4,     Jurade  (Registres  delà),  délibération» 

de  1Ù0G  à  tâog,  p.  75. 


k 


Kabylie  et  coutumes  kabyles,  p.  83. 
Karnak   (Découverte  d'un  pylône  à), 

p.  210,  a&3-a6o. 
Kars-el-Kébir  (Inscription  grecque  de), 

p.  21 2. 
Kef  (Inscriptions  de),  p.  106,  199. 
Kestre   (Communication    sur   le),   par 

M.  Alex.  Bertrand,  p.  8. 


Khédive  (Bemercîmenls  de  Y  Académie 

à  S.  A.  le),  p.  21  1 . 
Koumanoudis.  Inscriptions  qu'il  a  pu 

bliées,  p.  lis. 
Ko/tis  toû  liooT civaiov  Tzonrtixov  ayS- 

vos  TO\J  1  874  ,  p.  h%\. 


LabARTE.  Histoire  des  arts  industriels  au 

moyen  âge  et  à  l'époque  <!<•  lu  [lenats- 

sance,  p.  i<|6.  —  Observations  sur 

la  collection  Basilewsky,  p,  46g. 

Labouuyb  ,  membre  de  la  Commission 

des  travaux  littéraires,  p.  3. 
Lafbns-Méticocq   (Prix).   Ouvrage    en- 
voyé au  concours,  p.  3aa.  —  Sujet 

du  prix .  3  1  '  •  35  1. 
Lagrèze-Fossat,  Etudes  historiques  sur 

Moissai  .  |>.  99g. 
Lair,    Fragment    inédit    de   la   rie    de 

Louis  VU  préparée  par  Suger,  p.  181. 
Lalore    (L'abbé).     Ouvrages    divers, 

p.  ■  '1. 

Landeina.     Inscription    néo-punique, 

p.  3o5. 
I  »  rirais,  membre  de  la  Commission 

des  antiquités  nationales,  p.  3. 
Lasteyi  ie   l  Robert   <\<- 1,  Etude  sur  1rs 

comtes  et  vicomtes  de  Limoges  anté 

rieurs  à  Van  tooo  .  p.  3 
Laurière.  Photographie  d'un  masque  de 

terre  cuite   découvert  à   Carthage, 

p.  907. 

l'Ii.  ).  I  oyage  animal,  en  Grèi  e 

et  01  Asie  Mineure ,  p.  il 


Lebègue.  Chargé  «les  fouilles  de  l)<los  ; 
ruines  où  il  signale  le  temple  primi- 
tif d'Apollon  .  p.  93. 

Leblanc.  Fragments  d'une  statue  ro- 
maine en  bronze  découverts  à  Vienne, 
p.  822. 

Le  BlahT  (  Edm.  ).  Mémoire  sur  les  mar- 
tyrs chrétiens  et  les  supplices  destruc- 
teurs du  corp*.  p.  11.  1/1;  —  sur 
1rs  bourreaux  du  Christ,  p.  7<">:  — 
sur  1rs  martyrs  de  l\  ctréme  Orient  et 
les  persécutions  antiques,  p.  90  .  1  1  .>, 
117.  —  Observations  à  propos  du 
Bulletin  d'archéologie  chrétienne, 
p.  1 83.  —  Communication  sur  une 
marque  de  fabrique  inscrite  sur  une 
lampe  de  la  collection  du  musée  Fol, 
à  Genève,  p.  219,  386-àgo.  — 
Photographie,  monument  d'art  ro- 
main, Nyon,  [p.  aao.  Lepelletier 
•  h  et  ton  meurtrier, 
documents  inédits .  p.  ag5. 

Ledain.   Lettres   et  notices   d'archéolo- 

1  te.  p.  •'!  1 6. 
Legrand.  Recueil  de  chansons  populaires 

{pies  ,  p.  8  I  . 

I  enormanl  |  Fr.  >.  Les  premières  civilt 


—  v.r 


.■ùiimns.  étude»  d'hisioin  <i  d'archéa 
fogie,  p.   7.'!.    —  La  iinny.   chez   le» 
Assyrien»  ei  le»  •  accadiennes, 

p.  83.  —  Choix  de  textes  cunéiforme» 
inédits  ou  incomplètement  publiés  jus- 
qu'à ce  jour,  p.  1  7g.  —  Etude»  m 
dieimcs .  p.  168. 

Leptis,  patrie  <l>  Septiine  Sévère,  mé- 
moire «In  li-  I'.  Verdière,  p.  96, 
le-.',  116,  1  (17.  •■■•  1 

Liagre,  uom secrétaire  perpétuel  de 

rAcadémie     royale     de     Belgique, 

|).    102. 

Linguistique  comparée ,  etc.  p.  7". 

Littérature  allemande  nu  moyen  âge  et 
les  ortgine»  de  l'épopée  germanique 
1  La),  Gœthe  ei  Schiller,  etc.  p.  7.'»: 
—  espagnole,  p.  4 80. 

Littrk.  Littérature  et  histoire,  p.  ft8o. 

Littré   (Etymologie   du    nom   propre), 

P-  VT- 
Longé.  Coutume»  du  pays  et  duché  de 

Brabant,  quartier  d'Anvers, p.  :>;i<j. 
Lorgpéhier,  membre  (!'•  diverses  com- 
missions, p.  3,5,6,3ia. —  Noie 
sur   des  romans  égyptiens,   p.  9a, 


1  1  7-1  ■'.'>. 


\  ase  1  ypriole    descrip 
tion  el  observations,  p.  95.  -    Vase 
de   bronze   trouvé  dans   la   Sienne, 
p.   110.  —  Pierres  sépulcrales   de 
l'ancienne  abbaye  d'  indres,  p.  1 1  a. 
(  observations  relatives  à  des  com 
munications    el    à    des    ouvrages 
]>.  1  .m.  1  89  .  ig3,  1  98,  a  17,  ■■ 

".h-  -M)7-  399'  '':;•  —  Masque 
de  terre  cuite,  Cartbage,  p.  20G- 
208.  —  Inscriptions  ;uiti(jnes  trou- 
vées  à  Chalon-sur-Saône,  p.  212, 
2  1  3.  —  Rapport  sur  le  concours  de 
numismatique,  p.  210;  —  sur  le 
concours  des  Antiquités  de  la  France, 

p.    2o5  ,    A/l1  . 

Lorraine    (Couronne  poétique   de  la), 

p.  73. 
Louis  Vil  (  Fragment  inédit  de  la  vie  de) 

préparée  par  Suger,  p.  181. 
Luber.  Ipz^ovèii  pvpzixx,  p.  3oi. 
I.iic'l'.  Négociations  des  Anglais  avec  le 

roi  de  Navarre  pendant  la  révolution 

parisienne  île  i358 ,  p.  220. 
Luzel.    Chants  populaires   de    lo    basse 

Bretagne,  p.  1  <)2,  '.Uk. 


M 


Mabillon.  Instruction  sur  le  renouvelle- 
ment de  vie,  p.  398. 

Mac  Carthy.  Carte  jigurani  les  lignes 
île  défense  dans  la  Mauritanie  et  I" 
Nutnidie  à  l'époque  des  Antonin» . 
p.  3 1  1 . 

Maccbiavoli.  L'Ambone  délia  cattedrale 
di  Diano,  p.  3oi . 

Maçoudi,  les  Prairies  d'or.  Trud.  de 
Barbier  de  Meynard,  p.  192. 

Magic  chez  les  Issyriens ,  etc.  p.  83. 

Màghin  (Charles),  membre  del'Acad.'- 
mie  (Notice  historique  sue  ht  oie  ei 
les  travaux  de)  ,  [t.  .'i  1  '1,  36o.  — 
Naissance    de    Charles    Magnin   en 


1  793  .  p.  0(12  ; —  son  arrivée  à  Pa- 
ris, sa  famille,  ses  études,  p.  '.iG'6-, 
—  entre  à  la  Bibliothèque  du  roi, 
p.  ;;r,'i:  —  obtient  des  récompenses 
aux  concoursde  poésie  el  d'éloquence 
de  l'Académie  française,  p.  -'iliô;  — 
fait  jouer  â  L'Odéon  une  comédie  in- 
lilulée  :  Racine,  oula  troisiémerepré- 
u  ntation  <l<  »  Plaideurs  ;  son  goût  pour 
l'art  dramatique,  p.  366;  —  entre 
au  journal  le  Globe;  polémique  de  la 
presse  à  cette  époque;  Bes  articles 
sur  Parse\al-Giandmaison  et  Lnce 
de  Lancival,  p.  3 (î 7 .  —  Critique 
théâtrale,  etc.   sous  le  titre  :  Cause- 

33 


—   Î9S  — 


rit  a  1 1  méditation» ,  p.  368.  —  Théâtre 
anglaisa  Paris,  p.  36g.  —  Critique 
*  1 1 1  Mariage  d'argent,  de  Scribe; 
il' Hernani ,  de  Victor  Hugo,  ]>.  .'{-.*>. 
Opinion  rl<;  Sainle-Beuve  surCli. 
Vfagoin,  p.  37-'i.  --  Charles  Magnin 
prend  part  à  la  politique,  p.  378;  — 
signe,  en  1  8  a  7, une  déclaration  contre 
la  censure  et  coopère  à  la  fondation 
de  la  Société  Aide-lui .  le  ciel  t'aidera  , 
ji.  379;  —  reste  dans  l'opposition 
après  i83o;  s'attache â  VrmandCar- 
rel;  quitte  le  Globe  et  entre  au  Na- 
tional, ibid.  :  —  se  prononce  pour  la 
guerre:  son  article  :  Comment  une 
dynastie  se/onde,  p.  38 1  ;  —  nommé, 
•■ri  i832,  conservateur  des  imprimés 
de  la  Bibliothèque  rmale,  p.  38:!; 
—  supplée  M.  Faurieldans  le  cours 
de  littérature  étrangère  de  la  Fa- 
tuité des  lettres;  prend  le  théâtre 
pour  sujet;  abandonne  ce  cours, 
p.  383;  —  publie,  en  1 838 ,  le 
premier  volume  de  son  Histoire  du 
génie  dramatique  depuis  le  iri  jusqu'au 
tri'  siècle;  préface  de  cel  ouvrage, 
p.  3S'i.-  Sources  du  drame:  hiéra- 
tique, aristocratique,  populaire, 
p.  387,  388.  —  Caractères  princi- 
paux du  théâtre  chea  les  Grecs  el  les 
Romains,  p.  38g-3g3. —  Nommé, 
'•n  1 838 ,  membre  ordinaire  <ie 
1  académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  p.  .'ii|'i  :  —  publie  le  Th  aire 
de  Eirotsvitha;  caractère  de  cette 
œuvre,  p.  '■'<<) '1  :  -a  collaboration 
a  lu  H*  vue  des  Deux  Mondes  el  au 
Journal  des  Sa\  antt .  p.  3g6.  Il 
lait  paraître  dans  la  Revue  des 
l>,  a  1  Mmuli  \  plusieurs  articles  sur 
la  littérature  française  <>u  élran 
gère  :  la  I  n  de  Cnmoëns  :  la  sta 
tue  de  la  reine  \antchilde;  l'Ahas- 
véru*  d'Edgoi   Quinel .  elc.  p.  .-f»^  ; 


—  \  publie  l'Histoire  des  marion 
nettes,  p.Aoj . — Ses  articles  au  Journal 
desSavantSyf.  ioa.  i°  Sujets  divers 
d'érudition  :  Les  Exilante  ,  Chronique 
de  lu  découverte  el  <lr  la  conquête  d 
la  Guinée,  etc.  etc.  •>"  Histoire  du 
théâtre  :  Christus  patient  ;  Draines  li- 
turgiques du  moyen  âge,  etc.  etc.;  la 
Célestine,  tragi-comédie,  p.  boa  . 
ho'\.  —  Premières  atteintes  de  la 
maladie,  p.  606.  —  Retour  de  Ch. 
Magnin  à  la  foi  religieuse;  sa  lettre 
sur  les  motifs  qui  l'ont  déterminé, 
p.  '106;  — meurt  en  1862,  laissanl 
inachevée  son  Histoire  du  génie  dra- 
matique, p.  '1 1 0. — Considérations  sur 
son  esprit,  son  érudition  et  les  traits 
dominants  de  son  caractère,  p.  '11  a. 
Texte  desa lettre  sur  les  motifs  de 
sa  conversion,  p.  '1 1 3. 

Maine  |  Histoire  littéraire  du  ),  p.    ig3. 

Maisa.  Inscription  romaine,  p.  ao3. 

Maissiat.  innibal  en  Gaule,  p.  18/1. 

Marc-Aurèle  1  Lecture  sur),  p.  106. 

Margarilès.  Catalogue  de  la  collectiondes 
médailles  grecques ,  romaines  et  byzan- 
tines .  p.  84. 

Mariette.  Découverte  faite  à  Karnakd'un 

pylône    élevé    par    Tlioutmès  III    en 

souvenir  de  ses  victoires. —  Inscrip- 
tions nombreuses  qui  permettent  de 
retrouver  les  noms  de  628  localités 

apparie  11,1  ni  à    la   Palestine,  à  la  S\ 

rie,  à  la  Mésopotamie,  au  pays  de 
Pount,  au  To-niiter,  à  l'Ethiopie  et 
à  la  Nuliie.  p.  210,  a63-36o. 

Martigny.  Traduction  du  Bulletin  d'ar- 
chéologie chrétienne ,  p.  1  83. 

Martin  (Th.  H.).    Mémoires:   Promé- 

théide  d'Eschyle,  p.  6.  —  Cosmogra- 
phie populaire  après  l'époque  d'Ho 
mère  et  d'Hésiode,  p.  a  1  g  j  220  ; 
époque  el  auteur  du  prétendu  iv'  livri 
îles  Eléments  d'Euclidt  .  p.  '177. 


—  499  — 


Martyr»  chrétien»  el  ht  supplices  destruc- 
teur» du  corps.  Mémoire  de  M.  Edm. 
Le  Blant,  p.  n.  —  Martyrs  de 
l'extrême  Orient  et  les  persécution» 
antique»  .  p.  go .  1  1  '1-1  1  7. 

Maspero.  La  stèle  égyptienne  du  musée 
de  Bennes  .  p.  187. 

Masque  de  terre  cuite  découvert  à  Car- 
tilage, ]).  ao6-ao8. 

Mataparisksha,    ouvrage  sanscrit,    en 

M'I'S.    [).     l83. 

Ma-touan-lin.  Ethnographie  des  peuple* 

étranger»  .  p.  84,  1  s-- .  296. 
Matterer.  Voy.  Vénus  deMïlo. 

Mauritanie  (  Lignes  de  défense»  dans  la), 
carte,  p.  3 1 1 . 

Mu  in.  élu  vice-président,  p.  1.  — 
Observations  sur  divers  ou\ rages, 
p.  669,  '17."'.    I79. 

Médailles  (Cabinet  dos);  ses  origines, 
p.  86. 

tire»  présenté»  par  disert  savants 
étrangers  à  l'Académie,  p.  187;  — 
de  l'Université  impériale  de  husan, 
p.  1 89  ;  —  de  l'Académie  des  inscrip- 
tions  et  belles-lettres,  p.  199,  ^78; 
—  de  l'Académie  impériale  des  sciences 
de  Vienne,  p.  19G;  —  de  la  Société 
de  linguistique,  p.  29'!  ;  —  de  la  So- 
ciété nationale  d'agriculture,  sciences 
et  arts  d'Angers .  p.  /i83  ;  —  de  l'Aca- 
démie de  Stanislas ,  ]>.  584. 

Menant.     Annales  des    rois    d'Assyrie, 

P-  »97- 

Mermet.    Relation    des    fouilles   faites  à 

Santorin,  p.  89. 
M'-tz  (Siège  A><)  en    i55a;  notice  de 
M.  Cli.  Robert,  p.  108.  319,  3i4, 

339. 

Meunier.  Restauration  du  centième  vers 
des  ^c/iamîp/isd'Aristophane, p.  2 1  6. 

Meyer.  Recueil  d'anciens  textes  bas-la- 
tins, etc.  p.  7.'!:  —  obtient  le  |iri\ 
ordinaire,  p.    io4,    334,   346.    — 


Rapport  sur  l'état  actuel  de  la  phi- 
lologie des  langues  romanes ,  p.  307 

Micbel  (Francisque),  éditeur  de  Flo- 
riantet  Florete,  p.  190.  -Collabo- 
ration à  l'ouvrage  The  Scottish  war 
ofindependence,  p.  2  <).">. 

Mieullet.  Notes  et  levés  rapportés  de 
Syrie,  p.  19,1 6. 

Miller.  Inscriptions  trouvées  en  Egypte 
par  M.  Daninos,  p.  7.  97,  3n,  3i3. 
-  Rapport  sur  les  papiers  de  Nestor 
L'Hôte,  p.  17.  -  Observations  di- 
verses,  p.  3o5,  ^78; —  explique  et 
restitue  une  inscription  grecque  dé- 
couverte  à  Kars-el-Kébir,  p.  212.  — 
Désigné  pour  lire  en  séance  publique, 
p.  3o-.  —  Membre  d'une  commis- 
sion ,  p.  3 12. 

Milo.  Inscriptions  découvertes  à  Milo  , 
Brunet  de  Presle,  p.  3a4.  —  (Venus 
de).  Voy.  Vénus. 

Minayef.  Grammaire  pâlie ,  p.  196. 

Miscellaneous  essays,  par  Colebrooke. 
p.  80.      . 

Missions  catholiques,  bulletin  hebdoma- 
daire, p.  '169,  484. 

Moiii, ,  membre  de  diverses  commis- 
sions ,  p.  3 ,  9 1 , 1 09.  —  Rapport  sui- 
tes inscriptions  découvertes  au  Cam- 
bodge, p.  g4,  i7'i,  177. 

Mommsen.  Explication  de  la  formule 
D.  PAG.   S,*p.  2i3. 

Monnecove.  Prise  de  Tournehem  et  de 
la  Montoire,  épisode  du  in'  siècle, 
p.  - 

Monuments  épigraphiques  du  Musée  na- 
tional hongrois ,  E.  Desjardins ,  p.  1  s  ."> . 

Morel.  Essai  historique  et  pittoresque 
sur  Saint-Bertrand  de  Comminges, 
p.  83. 

Morel  et  Gautier.  Voie  romaine  ab 
Aquis  Tarbellicis.  p.  83. 

Morel-Fatio,  archiviste  paléographe, 
p.  36o. 

33. 


—  500 


Morl    des  rois   de  Fiance  depuis   Fran- 
çois I" ,  etc.  \  oy.  Coiiieu. 

Mosaïques   chrétiennes    d'Italie.     Voyez 
Munlz. 

Mowaf.  Etude  sur  l'inscription  itinéraire 
de  Saint- Christophe  (Morbihan),' 
p.  7/1.  —  Etymologie  du  nom  propre 
Litlré,  et  restitution  d'un  mot  gaulois, 
p.  87.  —  Notice  sur  quelques  inscrip- 
tions grecques  observées  dans  diverses 
collections,  p.  180.  —  Sur  la  fronde 
achéenne  à  trois  lanières,  p.  320. 


Munlz.  Mosaïques  chrétiennes  d'Italie, 
p.  203 ,  21G,  3Ult ,  ifu>. 

Muratori  (Lettres  à  l'occasion  des  fêtes 
du  centenaire  de  Louis-Antoine), 
p.  75. 

Musée  épigraphique  de  Pesth  (Le),  Des- 
jardins, p.  78. 

Musée  à  créer  (Un),  p.  85. 

Musée  Fol,  p.  219,  286-290. 

Mussafia.  Les  dialectes  de  l'Italie  du 
bordait  xv'  siècle,  p.  193. 

Mytho'ogie  grecque  t  Etudes  de) ,  p.  80. 


\ 


Naudbt,  membre  de  la  Commission  des 
travaux  littéraires,  p.  3.  —  Lettre  à 
M.  Edm.  Le  Blanlsur  les  Bourreaux 
du  Christ,  p.  82.  —  Observations, 
p.475. 

Nemrod  et  les  écritures  cunéiformes, 
p.  9,37. 

Nestor  l'Hôte.  Ses  papiers, p.  i5,  17. 

Neumatiques  (Manuscrits).  Voy.  Ruelle. 

Vicéi  (.nunle  de),  d'après  les  textes 
coptes,  mémoire  dn  M.  Réviliout, 
j).  1  02. 

Nirjra  (Le  chevalier).  Volume  relalil 
au\  manuscrits  des  œuvres  de  1V;- 
tranjiif  <•(  m«:daill<'  rommi'inoraliw, 
p.  3  1  " . 

Nîmes  (Découverte»  arckéol.  à),  p.  70. 
Sormand»  sur  le  \fississipi(Le»),^.Ss, 


Sotices  et  extraits  des  manuscrits  de  la 
Bibliothèque  nationale  (tome  XXII, 
iro  partie),  p.  192. 

Notre-Dame  de  Béhuard  1  Histoire  de,, 
p.  78. 

Numismatique.  Nomination  de  la  Com- 
mission du  prix  de  numismatique, 
p.  5.  —  Rapport  de  M.  de  Longpé- 
rier  sur  le  concours  de  187/1;  con- 
clusions adoptées  par  l'Académie, 
p.  :>  1  o ,  338  ,3/17.  —  Ouvrages  pour 
le  concours  de  187U .  p.  3a-.!.  — -Prix 
fondé  par  M""  Ducbalais,  p.  33g, 
35i.  Ouvrages:  Numismatique  des 
rois  nabathéens  de  Petra,  par  M.  de 
Saulcy,  p.  7-'i,— - '■'  Antiquités  de  la 
dynastie  de»  Sassanides,  par  M.  Tho- 
mas, p.  77. 

\11ll.  Livres  offerts .  p.  •_•  <i i. 


0 

Odobesco.    Vase  d'argile  portant  le  nom     Ordinaire  (Prix/  de  l'Académie.  Com- 


•  Di      aie,  p.  1  80. 


Illl*->|l>ll  , 


Mémoires   adressés, 


Oppert.  /."  linguistique  comparée  ei  les  p.  3i5.  Récompenses,  sujets  propo- 

études ethnographiques, p.  70.-  -Can  ses  ou  prorogés,  p.  10A,  307,  309, 

didalâ  la  place  de  M.  Beulé,  p.  ioa.  iio,  334,  335,  346,  369. 

Oracle»   sibyllins   (Mémoire  sur  quel-  Orelli.  Explication  delà  formule L.D. 

ques)  ■.  Delaunay,  p.  v.  '17.  D.I'A  dans  les  inscriptions,  p.  ai  3. 


—  501   — 

Qreuae.  Ouvrage*  de  Nicoh  Oresme- eon-  Ottremare.    Verrion  du  Nouveau  Testa- 

tre l'astronomie ,  p.  3a t .  vient,  p.  178. 

Orithye  /Enlèvement   d')t  par    Borée,  Ovinia  tribunicia  (Loi),  p.  a  10. 

p.  Û75. 


Paillard  (  Ch.  ).  Troubles  religieux  de 
1  alenciermet.  Troubles  des  Pays-Bas 
au  m'  siècle ,  p.  3a2. 

Palimpsestes  en  Egypte,  p.  -5. 

Paimyre  (Temple  du  Soleil  de), 
p.  017. 

îla.Kippwyopo-jXo'j  Xoyos,  p.  48l. 

Parfourou  ,  archiviste  paléographe  , 
p.  36o. 

Paris  (Gaston).  Le  conte  du  trésor  du 
roi  Rhampsmite ,  p.  3o8,  3i3.  — 
Candidat  à  la  place  de  M.  Guizot, 
p.  3i  5,  3i6. 

Paris  (Louis).  L'impôt  du  sang,  ou  la 
noblesse  de  France  sur  les  champs  de 
batadle,  p.  186,  998. 

Paris  (Paulin),  membre  de  la  Com- 
mission du  prix  ordinaire,  p.  5.  — 
Poèmes  :  Le  voir  dit ,  p.  1  '1 .  —  Pré- 
sente le  roman  de  Floriant  et 
Flore! e,  p.  1911. 

Parrot.  Histoire  de  Notre-Dame  de 
Béhuard ,  p.  78. 

Pasquier.  Grands  jours  de  Poitiers, 
de  i45û  (i  i63ù,  p.  100. 

Pavet  de  Coohteille.  Membre  de  la 
Commission  du  prix  Brunel,  p.  5. 
—  Observations,  p.  hyli. 

Pays-Bas.   Publications,  p.  83,  S'i,  85. 

Pécheur.  Annales  du  diocèse  de  Sois- 
sons,  p.   39  'l. 

Périple  d'Hannon.  Tauxier,  p.  007, 
3  3  5. 

Perrot  (Georges).  Inscriptions  trouvées 
sur  les  bords  de  la  mer  \01re ,  p.  96, 
98,  1.37-1 '16,  192.  —  Enlèvement 
d' Orithye     par     Borec ,     mémoire, 


p.  67").  —   Candidat  à  la  place  de 

M.  Guizot,  p.3t5,3i8,  3-22. 
Petit.   Les  sires  de  Noyers,  etc.  p.  32 0. 
Pétrarque.  Centenaire,  médaille  com- 

mémorative:  manuscrits,  p.  3 10. 
Phéner.     Inscription     de      Carthage, 

p.  3 la. 
Phénicien  (Alphabet),  p.  87. 
Picone.   Memorie    storiche   agrigentuu-, 

p.  .87. 
Pierrugucs.     Vie     de    saint     Honorât, 

p.  3i8. 
Pigeotte.  Fragment  inédit  de  Grosley,etc. 

p.  299. 
Piraterie  dans   les  pays  méditerranéens 

depuis     les    temps     les    plus     reculés 
Histoire  de  la),  sujet  du  prix  ordi- 
naire, p.  33S  ,  3  '19. 
Platon  (Passage  du   scoliaste   de)    sur 

les   fortifications   d'Athènes,   p.   58. 

—  Traduction    de    ses    Dialogues, 

p.  071. 

Pleyte.   Fac-similé  du  conte  égyptien  : 
L'épisode  du  Jardin  des  Fleurs ,  p.  92, 


1  1 


/' 


1  3  1. 


Polizzi.  Inscriptions  puniques,  p.  20g. 
Polybiblion.  Revue  bibliogr. ,  p.  88. 
Poole.  Catalogue  des  médaillons  romains 

du  Musée  Britannique,  p.  29g. 
Port  (Célestin  ).  Médaille  aux  Antiquités 

de  la  France,  p.  206,  337,  3/17, 

Positivisme.      Question      grammaticale, 

p.  298. 
IlpaxT/xà  Tris  êv  kdrfvats  àpyatoXoyixfjs 

èiaipicts ,  p.  48  1. 
Précis  analytique  des  travaux  de  l'Aca- 


50i> 


demie  des   sciences .  etc.    de    Rouen . 

p.  '.8:?. 
Proceedings    of  the   royal    irish    Aca- 

demy,   Dublin,  p.   '177.   —   Of  the 

Society    of  antiquaries    of    London . 

p.  i83. 
Protnéthéide    d'Eschyle.     Mémoin 

M.  Tli.-H.  Martin,  p.  G,  7. 


(10 


Prqst.  Rappel  de  médailles,  Antiquités 

de  la  France,  p.  338,  H8. 
Puniiche   Steine.  Inscriptions  puniques 

de  Carthage,  p.  106. 
Puyals  de  la  Bastida.   Ortografia  de  la 

lengua    castellana,    rcducida   a    una 

sola  régla  ,  p.  18a. 
Pylône  de  Karnak,  p.  •.>.  10,  b63,  260. 


Q 

Quanlin.    Happe!  de  médaille,   Auli-  la  Sienne,  p.  il  0.  —  Nouvelles  étude» 

quités  de  la  France,  p.  o38  ,  3^17.  archéologiques  sur  l'aiTondissement de 

.'1  jjn,  Coutances ,  p.  •î-23. 

Quesnault.  Vase  de  bronze  trouvé  dans  Qurniius  (Note  sur  Tanteur  du),  p.  4  70. 


n 


Rabbinowicz.  Principes  de  la  pronon- 
ciation anglaise,  p.  293. 

Rangabé.  Traduction  des  antiquités 
Iroyennes  de  M.  Schliemann ,  p.  17;). 

Rapport  semestriel  sur  les  travaux  de 
t'  Icadémie,  p.  t'.ocj,  390. 

Ravaisson.  Membre  de  diverses  com- 
missions, p.  .">,  G.  —  In  muser  .1 
créer,  p,  85.  —  Pholograpbie  d'une 
statu  ■  de  Vénus  trouvée  à  Pom 
l>.  i.  Voy.  I  énus  de  Milo.  ■  Vllium 
liomérique,  p.  3o8.  —  Lettres  de 
\l.  Scblieraann,  p.  -!i  3,  3  19,  33o. 

—  Stèles  de    M.  de  Sainte-Marie . 
p.  317. 

Reboud.  Inscriptions  berbères ,  p.   1  6. 

Recueil  d'anciens  textes  bas-latins ,  pro- 
vençaux el  français,  p.  73;  —  de 
chansons  populaires  grecques^  p.  81; 

—  des  coutumes  du  Hainaul,  p.  1 

—  des  lois  et  instructions  qui  régis- 

Ministère  de  l'inté- 
rieur ,  p.  1  9a  ;  —  des  notices  1  '  me 
moins  de  la   5  archéologique  •'• 

lu  province  de  Constantin*  -  p.  3oi  ; 
des  publications  de  lu  Soi  iélè  na 


tionale  havraise  d'études  diverses  de  la 
3g'  minée ,  187a  ,  p.    '171  • 

Récupération»  terrm  sanctœ  (  De  • . 
R.  P.  Dubois,  p.  i3. 

Regesto  poligrafo  <lei  secoli  .1/1  et  xr. 
Polizzi .  p.  '17N. 

Régnier.  Membre  de  la  Commission 
des  travaux  littéraires,  p.  3;  —  des 
inscriptions  du  Cambodge,  p.  91. 

Reliquie  celtiche  raccolte  da  Constantino 
Nigra,  p.  '171. 

Renan.  M. •min.'  de  la  Commission 
Brunet,  p.  6.  —  Inscription  d'Eryx, 
p.    i3.  De   récupérations    terres 

sanctœ,  ibid.—  Instructions  à  M.  de 
Sainte  Marie,  p.  1  7. 

Renier.  Membre  de  diverses  commis- 
sions, p.  3,  ;"),  G,  :;<>7.  3ia.  -  Ins- 
tructions à  M.  Héron  de  Villefosse, 
p.  1  7.  -  Marbre  offert  par  M.  'de 
Sainte-Marie,  p.  106.     RapportBurle 

prixB et,  p.  108.    -Observations 

sur  divers  ouvrages,  p.  18a  ,  i85  . 
187, 189,  396,  '17.';,  /17G,  48o.  — 
Inscriptions  du  K.ef,  p.  199;  —  de 
Zaghouan  el  de  la   Maisa,  p.  -!o3; 


503  — 


—  deSaloniqne,  manuscrits  du  mont 
ttbos,  p.  g  o3 ,  aoà.  -  Photogra- 
phies d'inscriptions  puniques,  p.  909. 

—  Inscriptions  de  Gezer,  p.  301. 
Renne  de  Tbaïgen .  p.  1  1. 
RévillouL  Concile  de  Nicée  d'après  les 

textes   copies,    p.    ioa,    1991   301, 

SON  .  9     ;i.    9  l  'l  .   SI  •>.  -'07. 

Revoit.  Médaille  aux  Antiquités  de  la 
France,  p.  806,  336,  '■'-'>' •  3Ù5. 

Revue  africaine,  p.  87,  3o4,  68û  ;  — 
archéologique,  p.  87,  3o3,  3o'i, 
iû;  —  bibliographique  de  philo- 
logie et  d'histoire,  p.  3oa,  '186;  — 
bibliographique  universelle,  p.  3o/i  : 

—  de  législation ,  p.  88 ,  3o'i ,  'iS.'î  ; 

—  numismatique,  p.  83,  87  ;  —  de 
philologie  el  d'ethnographie,  p.  '17 A  ; 

—  politique  et  littéraire,  p.  87;  — 
des  questions  historiques,  p,  87, 
3o4,  Ù83. 

iiiant.  Thadée  de  Naplet,  Ruine  d'Acre 
et  de  la  Terre  sainte  en  taûl,  p.  7/1. 

Riccio.  Lettre,  p.  89,  90. 

Rivain.  Consulat  et  administration  cnn- 
sulaire  d'Aurillac,  p.  309. 

Rivière.  Histoire  des  institutions  de 
l'Auvergne  ,  etc.   p.  3ao. 

Robert  de  Torigni ,  abbé  du  Mont-Saint- 
Michel  |  Chronique  de),  p.  .'472. 

Ruelle.  Récompense  au  concours  Rru- 
uet,  p.  3 'ii! ,  36g. 

Rydqvist.  Principes  de  In  langue  suédoise. 
p.  199. 

Robert  (Cb.).  Membre  de  la  Commis- 
sion de  numismatique,  p.  5.  —  I 
tture,  p.  1 08 ,  21  g,  3 1  h  :  lit  en  séance 
publique  une  étude  intitulée  :  Mé- 
daille» commémorative»  de  ladéfensede 
Metz  en  i55a ,  p.  3ift ,  .'120;  variétés 
des  pièce-  frappées  au  type  du  roi  à 
celle  époque:  médailles  au  nom  du 
duc  de  Guise,  p.  liai;  Rertrand  de 
Salignac,  historien  du  siège  de  Metz 


p.  Vjj;  plan  Je  la  ville,  p.  /127; 
Charles-Quint  entre  en  Fiance  par 
les  Trois-E vêchés ,  p.  '128;  François 
de  Guise  entre  dans  Metz  et  rappro- 
visionne, p.  '1211;  la  ville  est  mise  en 
état  complet  de  défense;  effectif  res- 
treint de  la  garnison  ,  p.  43i;  effectif 
important  de  Tannée  assiégeante, 
p.  &3a;  le  duc  d'Albe,  commandant 
en  chef  l'armée  ennemie,  ouvre  les 
opérations;  il  abandonne  sa  première 
position,  passe  la  Seille,  et  installe 
son  camp  au  Sablon,  p.  133;  motifs 
du  changement  dans  le  plan  d'at- 
taque, ibid.  ;  la  brèche  est  ouverte, 
p.  hîh  ;  le  margrave  Albert  de  Rran- 
debourg,  après  avoir  abandonné  le 
roi  de  France,  vient  compléter  l'in- 
vestissement de  la  ville,  p.  A35;  ar- 
rivée de Charles-Qnint  devant  Metz; 
les  assiégés  achèvent  leurs  défenses; 
les  assiégeants  font  tomber  la  tour 
d'Enfer,  p.  '137;  la  contenance  des 
Français  empêche  l'ennemi  de  tenter 
l'assaut,  p'.  638;  Charles-Quint  or- 
donne la  retraite,  p.  ft3o;  la  noblesse 
française  quitte  Metz,  el  le  duc  de 
Guise  regagne  la  cour,  p.  '4/10. 

Robert  (  Ulysse).  Mention  honorable  aux 
Antiquités  de  la  France,  p.  206. 
338,  3'i7,  455. 

Robiou.  Note  sur*un  vase  du  musée  de 
Naples.  Apollon  dans  la  doctrine  des 
Mystères,  p.  9,  10,  ta,  i4,  i5,56, 
58.  —  Second  mémoire  sur  Apol- 
lon dans   la   doctrine  des    Mystères, 

p.  ai5,  21/1 .  366. 

Romani  c  le  guerre  serviU  in  Sicitia . 
J.  la  Lumia,  p.  '169. 

Rômer.  Monuments  épigraphiques  dit 
Musée  national  hongrois,  p.  299. 

Rose  des  vents,  p.  A 7 1 . 

Rossi  (De).  Bulletin  d'archéologie  chré- 
tienne, p.  87,   1 83. 


—  5()/i  — 

Rossignol.   Membre  de  la  Commission  Rousselet.  L'Inde  des  Rajah», ip.  -'179. 

de  l'Ecole  d'Athènes,  p.  3.  Royauté  (La)  et  le  droit  populaire  d'a- 

Roudaire.  Sur  les  témoignages  d'Héro-  près  les  écrivain»  de  la  scolastique, 

dote  et  de  Scvlax  relatifs  au  débouché  p.  91 . 

des   lacs   du   Djerid   dans    la    mer,  Rozibbe  (E.  de).   Membre  de  diverses 

p.  an).  commissions,    p.    5,    7,    307.     — 

Rolgk  (Emmanuel  de).  Origine  égyp-  Leçon    d'ouverture    au    Collège   de 

tienne  de  l'alphabet  phénicien,  p.  «7.  France,  p.  307. —  Ecole  des  chartes, 

Roulez.   Formule  de  quelques  diplômes  p.  3o8. 

militaires,  p.  186. 


Saint-Bertrand  de  Comminges,  p.  83. 

Saint  Louis  à  Besançon,  p.  &71 . 

Sainte  Cécile  et  la  société  romaine ,  édil. 
Didot,  p.  179. 

Sainte-Marie.  Dessins,  tombeaux  de 
L'Herzégovine,  p.  6.  —  Inscription  de 
Marsa ,  p.  1 3 ,  là.  —  Mission  archéo- 
logique, p.  i5,  17---  Inscriptions 
puniques  et  stèles,  p.   12,  9/1,99, 

103,  ll3,     11  A,  .1  97,     :>■  1<),  :>-  19, 

006 ,  307,  3 1  a ,  3 1 5 ,   3 1 6 ,  -U-. 
Marbre    offert,   inscriptions  ro- 
maines, p.   106,  110,    iilt,   ao3, 

209.  3o8.         Stal lécouverte  à 

Carthage,  p.  3si.  —  Ouvrage  :  Les 
Slave»  méridionaux;  leur  origine  et 
leur  établissement  dans  l'Illyrie, 
p.   'i;'.. 

Saintonges.  Manière  d'écrire  dans  toutes 

les  langues,  p.  7. 
Salonique.       Inscriptions      grecques, 

p.  20 h.  —  Miiini nis  de  l'époque 

byzantine,  p.  ao5. 
Salvatore  Cusa.  /  diplorm  gréa  ed  arabi 

di  Sicilia ,  p.  •''17. 

Sa  i-tseu-E  ing  |  Traducti lu  I,  p.  78. 

Saripolos.   Traité  de  droit  constitution 

:■'  I  .     p. 

^*i  lct  1  De),  membre  de  diverses  com- 

missions,  p.  •'<.  5,  6.—  Rapport  sur 

ote»  el  levés  rappoi  l<    deSyi  ie  pai 


MM.  Mieullel  et  Derrien,  p.  16.— 
Inscriptions  de  Sayda  ;  numismatique 
des  rois  nabathéens  de  Vitra  ,  p.  7/1. 
—  Sept  siècles  de  l'histoire  judaïque 
depuis  là  prise  de  Jérusalem  par  Na- 
buchodonosor jusqu'à  la  prise  de  Bettir 
par  les  Romains,  p.  468. 

Sauss  li  e  (  De  la)  ,  membre  de  la  Corn 
mission  de  numismatique,  p.  5. 

Sautayra.  Droit  musulman.  Iht  statut 
personnel  et  des  successions ,  p.  '176. 

Scavi  délia  Certo*o,p.  71. 

Schiern.  Origine  de  la  tradition  des 
fourmis  qui  ramassent  l'or,  p.  79. 

Schlegel.  I  ranographie chinoise ,  p.  3i6. 

Schliemann.  AntiquiU  1  troyennes^.  10. 
Fouilles  ;i  Myi  ènes,  p.  91 .  - 
Vases  d'argile,  p.  96. —  Rapport  sur 
I.-  antiquités  Lroyennes,  p.  179.  — 
L'Rium  homérique,  p.  -'""s- —  Nom 
île  ■)  Aavxô>ir<$  donné  à  Minerve;  \.i-'  s 
à  tête  de  chouette;  Hissarlik,  p.  3i3. 
;>  1  y .  33o-33a. 

Schiotel.   Die  Berliner  Usademie  und  die 
Wissenschaft.   Prûfung  logischer  lu 
tersuchungen  .  p.  1  87. 

Schlumberger.  Dm  bractéate»  </<■  l'Alle- 
magne. Considération»  générale»  et 
classification  des  types  principaux, 
P- 87. 

Schœbel    candidat  a  la  chaire  de  lan 


_  505  — 

eues  el  littératures  d'origine  germa-     Silex  taillés,  p.  3i 


nique,  p.  0,7. 

Schuermans.  Exemplaire  du  Journal  dei 
Beaux-  iris ,  p.  -.">. 

Schwab,  médaille  au  concours  Brunet, 
p.  108,  3ia  ,  3^9. 

Scottish  war  ofindependence,  its  antécé- 
dent» and  effects     The    .  p.  :>i).">. 

Scylax.  Texte  relatif  au  débouché  des 


Si-siang-ki\  Traduction  du),  p.  84. 
Sitzungsberichte  der  philoiophisch-philo- 

logischen    und  historischen  (.lasse  der 
Ikademieder  Wissenschqften  zu  Miïn- 

chen .  p.  '177. 
Slaves  méridionaux  :  leur  origine  et  leur 

établissement    dans  Vaurienne   Illyrie 

(Les),  p.  A  76. 


lacs  du  Djérid  dans  là  mer,  p.  219-     Société  académique  des  sciences,  etc.  de 


Séance  publique  annuelle  de  l'Acadé- 
rnie;  Discours  de  M.  le  Présidenl 
sur  les  prix  décernés  et  les  sujets  de 
pnx  proposés.  —  Notice  historique 
sur  la  Vie  et  les  travaux  de  M.  Ch. 
Magnin  ,  par  M.  H.  Wallon.  —  Mé- 
daille commémorative  de  la  défense  de 
Metz  en  l55a,  par  M.  Ch.  Robert, 
p.  3l  4-33a. 

Séance  trimestrielle  de  l'Institut, p.  i5, 
110,  919,  3 1  (i. 

Segond.  Traduction  <T  l'Ancien  Testa- 
ment ,  p.  178. 

Seid  himyarite,  p.  48a. 

Sénat  romain  sous  lu  république  et  sous 
i'emjiire,  etc.  1  Organisation  et  attri- 
butions du);  sujet  du  prix  ordinaire, 
p.  335,  35o. 

Sidoine  Apollinaire  I  Elude  philologique 
et  critique  du  texte  des  œuvres  de  . 
sujet  fin  prix  Bordin,  p.  35a. 


Saint-Quentin,  p.  3oi  ;  — du  Var, 
p.  008,  «ii-;  —  d'agriculture ,  etc. 
de  la  Marne;  lettre  du  Président, 
p.  90. 

Sorlin-Dorigny.  Empreintes  do  deux 
pierres  venant  de  la  Mecque,  p.  1  2  ; 
—  d'inscriptions  himyarites  conser- 
vées dans  le  musée  de  Sainte-Irène, 
à  Conslanlinople,  p.  3l  'i. 

Stanislas  Julien  (Ouvrage  pour  le  con- 
cours), p.  3i6. —  Sujet  du  prix, 
p.  34a,  355. 

Stèles  néo-puniques,  p.  9^  ;  —  phéni- 
ciennes, p.  a  16. 

Storia  italiana ,  p.  79. 

Syrie  (Notes  et  levés  rapportés  de),  par 
MM.  Mieullel  el  l>errien,p.  12:  — 
faire  l'histoire  de  la  Syrie  depuis  la 
conquête  musulmane  jusqu'à  la  chute 
des  Oméiades;  sujet  du  prix  Bordin, 
p.  353. 


Tableaiu  présentant  à  la  suite  de  mots 
anglais,  français  et  allemands,  les 
mots  correspondants  de  divers  dia- 
lectea  de  l'Australie,  p.  86. 

Tables  eugubines ,  p.  i5 ,  g  1  ;  — de  Peu- 
tinger,  p.  189,  3l3,   '17.3. 

Tabulœ  codicum  manuscriplorum  prœler 
grœcos  .  etc. ,  p.    1  96. 

Tachlidja  (  Inscriptions  romaines  de  1 . 
p.  3o8. 


Tamizey  de  la  Roque.  Lettres  de  Jean- 
Louis  due:  de  Balzac,  p.  86.  — 
Lettres  inédites  du  cardinal  d'Arma- 
gnac,  p.  1 83. 

Tanagre  (Vases  arvballes  de),  p.  93, 

Tardieu  résigne  ses  fonctions  de  rédac- 
teur des  Comptes  rendus  de  l'Acadé- 
mie, p.  2. 

Tauxier.  Sur  les  témoignages  d'Héro- 
dale  et  do  Scylax  relatifs  à  un  dé- 


—  506  — 

bouché  ilfs  lacs  du   Djérid  dans  la     Tissot.   Inscription  grecque  de  Kara  fi- 


ni.!', p.  2 19.  —  Communication  sur  le 

Périple    d'Hannon,  p.    #07,    i5-j.">, 

3a8. 
Temples  du  Soleil  de  Balbcr  et  de  Pal- 

myre .  ]>.  9  1  7. 
Terre  sainte  (Mémoire  sur  la),  p.  21  A. 
Thévenot.     Correspondance    médite    du 

comte  de  Lusace ,  p.  296. 
Tholin.  L'Architecture  religieuse  de  l'Age- 


Kébir,  p.  212. 

Tougard  (L'abbé).  Thèses  :  i°  Quidad 
profane*  mores  dignoseendos  augenda- 
que  lexica  conférant  Acta  Sanctorum 
greeca  Bollandiana;  a0  De  l'histoire 
profane  dans  les  actes  grecs  des  Bol- 
la  n  dis  tes,  p.  293. 

Toulouse.  Manuscrits  de  la  bibliothèque 
de  la  ville,  p.  901 ,  3  1  6. 


nais  du  .\'  au  xvi'  siècle,  etc.  p.  3i3.  Tournehem  1  Prise  de).  Voy.  Monnecove. 

Thomas.  Numismatique  et  antiquités  de  Touzan.    Stèles    néo-phéniciennes   à 

la  dynastie  des  Sassanides  eu  Perse,  Byrsa,  p.  99. 

p.  77.  Travaux  littéraires  (Commission  di  -   . 

Thoutmès  UI.  Pylône  élevé  en  souvenir  p.  3. 

de  ses  victoires,  découvert  à  Karnak  Transactions  qf  the  royal  irish  Academy, 

par    M.    Mariette,    p.    210,    a43  Dublin,  p.  '177. 

260.  Trémaux.      Principe      universel,     etc. 


Thu-.oï  .   membre  de  diverses  commis- 


p.  178. 


sions,  p.  3,  5  ,  3o8.  —  Rapport  sur  Troie  homérique,  p.   1  1  '1  ,  3  1  ■>• 

le  prix  ordinaire,   p.  îo.'i.  —  Gicé-  Trûbner.    Mélanges  de  Colebrooke;  Wc 

ron  :  Epistolœ  ad  famiUares;  Notice  taparisksha,  p.  182. 

sur    un    manuscrit    du    .m'  siècle,  Tueley.   Second   prix   Gobert,   [>.   99, 

p.  m,'i.  3/io,  3A8. 

u 

Univers  (L')s  \>.  75.  --  Ussing.  Le  portique  du  roi  Altale  à  Athènes,  p.  192. 


Vascbalde.  Pierres  mystérieuses,  lalis- 
maniques  ei  merveilleuses  du  1  aurais 
et  du  Dauphiné,  p.  398.  —  Dictons 
et  sobriquets  populaires  du  Vivar.au, 
p.  3o3. 

\  ase  du  musée  de    Naples,  |>.  g  : 
aryballes  trouvés  à  Tanagre,  p.  g3; 
—  cypriote,  p.  9/1;  —  de  bronze,  de 
<  outam  es,  p.  1  1  0. 

Vénus  de  Mil".  Diverses  communica- 
tions ■!  1  '•  sujet  -  p.  98,  1  o3,  1  "ij  ■ 
1  o.s ,  1 60 .197  I17.  y  oy.  nK 

\  m.l   t 


\  erdière.  Mémoire  sur  Leptis ,  patrie  de 
S  ptime  Sévère,  <!*■  la  branche  punique 

des  Bassiens  ,  p.  90' ,  1  02  ,  1  1  h  ,  1  97, 

2  2  1-928. 

\  erguet.  Photographie  de  Diplôme»  car- 
lovingiens  conservés  aux  archives  dé- 
partementales de  V  \ndr.  a.  76. 

\  ernes.  Histoire  des  idées  messianiques 
ilip.ns  llexandre  jusqu'à  l'empereur 
Hadrien.  Le  peuple  d'Israël  et  ses 
espérances  relatives  à  son  avenir,  de- 
puis les  origines  jusqu'à  l'époque  per 

sane.   |i.    1 


—  507   — 


V'euillot.  Jésus-Chrisl ,  p.  '177. 

Saints  de  l'époque  mérovingienne, 

sujet  du   prii   Bordin;  rapport   de 

M.  Deloche,  p.  ai  1 .  3  '\^  .  35a.  — 

Nouvelle  rédaction .  p.  .'{09. 

■«•   de    Carondelet.    Voy.    Gaston, 


i«.  '171. 


Villefosse  1  I I.-ron  de).  Photographie 
d'un  buste  supposé  d1  Adrien ,  p.  1  98. 
— Inscription  grecque  du  Kef,  p.  1  99. 
—  Lettres  et  photographies,  p.  206- 
ao8. 

villedou.  Masque  de  terre  cuite  décou- 
vert à  Carthage,  p.  206. 

I  iUe-Hardonin  1  Eclaircissements  ajoutés 
à  l'Histoire  de  la  conquête  de  Constan- 
tin: p,  396. 

Viollel.  Sur  un  exemplaire  des  chro- 
niques  de  Saint-Denis,  contenant  un 
texte  des  En»  ignements  identique  à 
celui  de  Joinville,  p.  i65.  —  Les 
Enseignements  de  saint  Louis  àsonjils. 
Réponse  à  M.  Natalis  de  Wailly,elc. 
p.  196. 

\  îrlet  d'Àoust.  Lettre  sur  la  Vénus  de 
Milu,  p.  197. —  Description  topo- 
graphique el  archéologique  de  la 
Troade,Tp.  -.209,  a36-a&a- 

Vivien  de  Saint-Martin.  Histoire  dr  la 
géographie  et  des  découvertes  géo- 
graphiques depuis  les  temps  les  plus 
reculés  jusqu'à  nos  jours ,  p.  ^3.  — 
Sur  le  véritable  emplacement  de 
Troie,  p.  1 1 4 .  —  Sur  Y  II  ion  d'Ho- 
mère et Yllium  des  Romains,  p.  199, 
228-230.  — Réponse  de  M.  Schlie- 
mannà  ce  sujet,  p.  3o8.  —  Mémoire 
sur  la  Troie  homérique ,  p.  .'il  5. 

\  isconde  de   Sanches  de    Baena.    Ar- 


chiva     heraldico  -  genealogico ,     etc. 

Voci  1  il):  .  I. élire  relative  à  la  dé- 
couverte de  la  Vénus  de  Milo;  date 
de  celte  découverte;  achat  par 
M.  Brest;  correspondance  à  ce  sujet 
entre  MM.  David  <■(  de  Rivière;  en- 
voi de  M.  de  Marccll  us  à  Milo; 
achat  définitif  de  la  statue  pour  le 
compte  du  gouvernement  français; 
arrivée  de  la  corvette  anglaise  venant 
de  Malte  pour  procéder  à  l'achat  ; 
mauvais  traitements  dont  les  primats 
sont  l'objet;  indemnités  données  à 
ces  derniers  par  M.  de  Rivière:  faits 
ressortant  des  documents  originaux  : 
lettre  de  M.  David  à  M.  le  marquis 
de  Rivière;  lettre  de  M.  Rrest  à  M.  de 
Viella,  p.  io3,  i5a-t6o.  —  Rap- 
port de  M.  Brest  sur  la  Vénus  de 
Milo.  p.  106.  —  Nouveaux  rensei- 
gnements sur  la  découverte  de  la 
Vénus  dé  Milo;  lettre  de  M.Brest 
constatant  que  la  Vénus  a  été  trou- 
vée avec  les  bras  cassés .  qu'elle 
avait  dû  tenir  une  pomme;  lettre  de 
MM.  Dauriac  et  Louis  Brest  à  M.  Da- 
vid, consul  général;  M.  Ravaisson 
présente  des  moulages  de  fragments 
de  bras  et  de  la  main  trouvés  en 
même  temps  que  la  statue;  sa  con- 
jecture, p.  108,  tGo-iG'i. 

Voie  romaine  ab  Aquis  Tarbellicis  et 
roules  qui  reliaient  s'y  souder,  p.  83. 

Voirait  (Le),  poëme,  p.  11. 

Volnev  (Conclusions  de  la  Commission 
du  prix  ),  p.  1  09. 

Voyage  archéologique  en  Grèce  et  en  Asie 
Mineure.  Voy.  p.  1 86. 


w 


Waddington,  membre  de  la  Commis- 
sion de  l'École  d'Athènes,  p.  3.  — 


Voyage  archéologique  en  Grèce  et  en 

[su  Mua  h,  1  .  1  te,  p.   ; 


—  508 


\\  mua    (Dk),    membre    de    diverses 
commissions,  |>.  3,  5 .  3o8.        \Lé 
moire  sur  le  Romani  ou  chronique  en 
langue  vulgaire  dont  Joinvilk  a  repro- 
duit plusieurs  passages;        examine 

quel  élail  ce  romani:  quelle  dale  il 
faut  lui  assigner;  en  quoi  la  rédac- 
tion des  chroniques  de  Saint-Denis 
qu'il  contenait  différait  des  rédactions 
analogues;  confiance  qu'il  mérite, 
notamment  en  ce  qui  concerne  le 
texte  îles  Enseignements  de  saini 
Louis:  discute,  adopte  ou  redresse 
les  opinions  de  M.  Viollel  sur  ce  su- 
jet ,  p.  i  oo,  i  oà  .  i  o5  ,110,  iG.'i- 
i  ~!\.  —  Observations  :  Mémoire  sur 
les  dialectes  de  l'Italie  du  Nord  au 
u'  siècle,  Mussafia,  p.  î <)•'<.  —  His- 
toire de  la  conquête  de  Constantinopl 
par  Ville -Hardouin;  observations, 
p.  M)!'».  -  Mémoire  sur  Jniuvillc  et 
les  Enseignements  de  saini  Louis  à  son 
fils,  p.   .'fui  . 


Wallon.  S.  P.  Rapport  sur  les  pu 
hlicalions de  l'Académie,  p.  66,209, 
390.  —  Observations  en  présentanl 
divers  ouvrages,  etc.  p.  189,  i(>3. 
.">o5;  —  lit  en  séance  publique  une 
Notice  sur  la  rie  et  les  travaux  de 
M.  Charles  Magnin,  p.  3ift,   36o- 

4,3  O. 

Watteville.  Sur  la  publication  des  docu 

ments  médit*  de  l'histoire  de  Fronce, 

p.  671. 
Wauters.  Ouvrages  divers,  p.  3o3. 
Wescbec.     Ouvrages  divers,    p.    70. 

7  5. 
Wiener;   Essai  sur  les  institutions  poli 

tiques,  religieuses,  économiques  et  jo 

ciales  de  l'empire  des  Inças,  p.  79. 
Witti:    (Db).     Votiçe   bibliographique, 

p.  '180. 
Wright.  Fragments  syriaques  des  Ho 

mélies  de  saint  Cyrille  d'Alexandrie s 

p.   .78. 


Zaghouan.  Inscription  romaine, p.  ni,     Zànnoni.     Suglt    tcavt    délia  Cerlosa, 
3o3.  p.  71 


CORRECTIONS. 


Page  t3,  ligne   10    au  lieu  de  Syrienne, lisez  1  érycim 

page  80,  lignes  a3  el  -17,  au  lieu  de  Grançon,  lisez  :  Granson. 

i,,'i.  ligne  i3    au  lieu  de  W.  Eugène  Burnouf,  lisez  :  M.  Emile  Burnouj 
l'.i.r,   ..,,(..  ligne  18  .  au  lieu  de   itsume  Gusa  (br.  in-8°),  lise/.  :  L'ethnographie 
de»  npupb  ■  ri ,  de  Via  touan-lin. 


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162 

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P315 

1874 

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Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres,  Paris 

Comptes  rendus  des  séances 


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