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Full text of "Comptes rendus des séances - Académie des inscriptions & belles-lettres"

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i 


A 


L 


ACADÉMIE 


DES 


INSCRIPTIONS   &    BELLES-LETTRES 


ANNÉE   1920 


I 


INSCRIPTIONS    &   BELLES-LE' 

COMPTES   RENDUS 

SÉANCES     RE     L'ANNÉE     1920 

1920 


PARIS 
AUGUSTE    PICARD,    ÉDITEUR 


M  D  CCCC   XX 


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ACADÉMIE 


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DBS 


INSCRIPTIONS   &    BELLES-LETTRES 


COMPTES  RENDUS 

DBS 

SÉANCES     DE    L'ANNÉE 

1920 


BULLETIN  DE  JANVIER-FÉVRIER 


PARIS 
AUGUSTE    PICARD,    ÉDITEUR 

UB/kAOrn  DM  ABCB1YB8    NATIOIULBS  ET  DE  LA  SOaBTé  DB  L^AcOtB  DBS  CHARTE 

82,     BUB     BONAPARTB,     82 

M  D  CCCC  XX 


Recoeil  paraisBant  toua  lea  deux  mois,  par  fasciculea  de  7  à  8  feuilles 
avec  planches  et  figurea.  Prix  de  rabonnement  annuel  :  — -  20  fr. 


TABLE  DBS  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  CAHIER 


SiANGBS    DB    JaIWIBR 1,  10,   18,  SI 

GOMMimiGATIOIf  : 

Miniatures  pour  rillustration  d'une  œuvre  du  roi  René  retrouvées 
à  Metz,  par  M.  le  comte  Paul  Durrieu,  membre  de  TAcadémie.  S 

Al>PBMDICB  : 

Rapport  du  Secrétaire  perpétuel  sur  la  situation  des  publications 
de  l'Académie  pendant  le  deuxième  semestre  1919  ;  lu  dans  la 
séance  du  16 janvier  1930 Il 

LiTBBS    0FFBRT6  * 9,  17,  SO,  SS 

SéANGBS  DB  FévRIBR 27,  38,  56 

Communications  :     ^ 

Un  félin  sculpté  en  bois  de  renne,  par  M.  E.  Passemard SS 

Note  sur  les  fouilles  de  M.  F.  Mouret  â  Ensérune,  par  M.  E. 

Pottier,  membre  de  l'Académie 31 

Un  diptyque  latin  sur  la  tutelle  dative  des  femmes,  par  M.  Edouard 

Guq,  membre  de  l'Académie 40 

Note  sur  quelques  découvertes  récentes  faites  à  Constantinople, 

par  M.   Papadopoulos,  directeur  du   lycée   gréco-français  i 

Gonstantinople 59 

Ll VIIBS  OFFERTS 37,   56 


AVIS  IMPORTANT 

Pour  assurer  une  prompte  publication  des  Comptée  rendoc,  les 
autours  de  communications,qu'ils  appartiennent  à  l'Académie  ou  qu'ils 
lut  soient  étrangers,  sont  instamment  priés  de  remettre  leur  manuscrit 
et,  s'il  y  a  lieu,  les  documents  figurés  qui  doivent  l'illustrer,  le  iour 
même  de  la  séance  où  ils  ont  été  entendus.  Le  Secrétaire  perpétuel 
pourra  toutefois,  en  certains  cas,  les  autoriser  à  retarder  cette  remise 
ju8qu*au  mardi  suivant,  dernier  délai  pour  Tenvoi  de  la  copie  à  l'impri- 
mené. 

Les  communications  des  auteurs  étrangers  à  l'Académie  ne  devront 
pas  dépasser  huit  pages. 

Les  épreuves,  tant  en  placards  qu'en  pages,  doivent  être  retournées 
au  rédacteur  des  Comptée  rendus  dans  le  délai  de  trois  jours,  le  jour 
de  la  réception  non  compris. 

Dans  le  cas  où  les  auteurs  ne  se  conformeraient  pas  à  ces  indica- 
tions, leur  communication  serait  ajournée  i  l'un  des  cahiers  suivants. 


>- 


COMPTES    KENDUS    DES    SEANCES 


DB 


L'ACADEMIE    DES    INSCRIPTIONS 

ET    BELLES -LE'ITRES 

PENDANT     L'ANNÉE     1920 


SÉANCE  DU  9  JANVIER 


PRESIDENCE    DE  M.    CHARLES  DIBIIL. 


M.  Jorga,  récemment  élu  correspondant,  adresse  à  TAcadémie 
ses    remerciements. 


SccRéTAiRE    PERPÉTUEL  donne  ensuite    lecture   d*un  télé- 
irne  delà  Chambre  des  Députés  de  Roumanie,  ainsi  conçu  : 

a  Bucarest,  26  décembre  1919. 
«  L.a  Chambre  des  Députés  élue  par  le  suffrage  universel  des 
Roumains  de  toutes  les  provinces  réunies  par  la  victoire  com- 
mune des  Alliés,  très  sensible  à  Thommage  apporté  à  la  modeste 
roniribulion  de  la  science  roumaine  par  Téleçtion  de  son  prési- 
dent comme  correspondant  de  TAcadémie  des  inscriptions  et 
|>elies'letlre8,  me  charge  de  témoigner  à  mes  illustres  collègues 
Im  profonde  reconnaissance  que  notre  nation  conservera  à  cette 
pdk^ée  française  représentée  par  vous,  dont  les  nobles  idées 
#oni  devenues  aujourd'hui  Tessence  même  d*un  ordre  moral 
uotver»el. 

u    L»e  Président  de  la  Chambre  des  Députés  de  Roumanie.  » 

L^    SECséTAiRB  PBRpéruBL,  fait   connaître,    ainsi    qu'il   suit,  la 
«g&tialioo  des  concours  de  l'Académie  pour  1920  : 
p»ix  oftDiKAiRB  :  2  concurrents. 
J^nrtQvnàs  tiationalbs  :  10  concurrents. 


2  SÉANCE    DU    9    JANVIER    1920 

Prix  de  La  Fons-Melicocq  :  2  concurrents. 

Prix  Gabriel-Auguste  Prost  :  I  concurrenl. 

Prix  du  baron  de  Courcel  :  I  concurrent. 

Prix  de  La  Grange  :  aucun  concurrent. 

Prix  Bordin  ^antiquité)  :  4  concurrents. 

Prix  Dblalande-Guérineau  (Orient)  :  3  concurrents. 

Prix  Saintour  (moyen  âge  et  Renaissance)  :  6  concurrents. 

Prix  Louis  Fould  :  l  concurrent. 

Prix  Raoul  Duseigneur  :  aucun  concurrent. 

Prix  veuve  Duchalais  :  1  concurrent. 

Prix  Stanislas  Julien  :  4  concurrents. 

Prix  Jean  Reynaud  :  aucun  concurrent. 

Prix  du  baron  de  Joest  :  aucun  concurrent. 

Prix  Henri  Lantoine  :  aucun  concurrent. 

Médaille  Paul  Blanchet  :  aucun  concurrent. 

Au  nom  de  la  Commission  du  prix  Gobert,  M.  Ch.-V.LANOLois 
annonce  qu'un  seul  ouvrage  a  été  adressé  au  concours  : 
J.  Mathorez,  Les  étrangers  en  France  sous  l'ancien  régime^ 
tome  I  (Paris,  Champion,  1919,  in-8®),  auquel  il  faut  ajouter 
les  ouvrages  qui  ont  obtenu  Tan  dernier  le  premier  et  le  second 
prix  Gobert  :  Ferdinand  Lot,  Étude  sur  le  Lancelot  en  prose 
(Paris,  1918,  in-8^),  et  Philippe  Barrey^ Les  origines  delà  coioni- 
sation  française  aux  Antilles  (Le  Havre,  1918,  in-8«). 

M. le  comte  Paul  Durrieu  fait  une  lecture  sur  des  miniatures 
ayant  illustré  un  traité  du  roi  René,  retrouvées  par  lui  à  la 
Bibliothèque  de  Metz  *. 

M.  Gustave  Schlumberger  présente  à  TAcadémie  un  sceau  de 
plomb  provenant  d'Alep  qui  porte  le  nom  du  prince  hongrois 
Coloman,  duc  byzantin  en  Cilicie  au  xii''  siècle  sous  le  règne  de 
l'empereur  Manuel  Comnène.  M.  Schiumberger  raconte  Todys- 
sée  extraordinaire  de  ce  prince  de  la  famille  royale  de  Hongrie, 
entré  au  service  byzantin  après  mainte  aventure,  se  battant  aux 
côtés  des  princes  de  la  Croisade  et  du  roi  chrétien  de  Petite- 
Arménie  contre   toutes  les  forces  du  redoutable  Nour-ed-dîn, 

1 .   Voir  ci-aprt^s. 


MIMATURES    d'lNI::   ŒUVRE    DU    ROI    RENÉ  3 

atabek  de  Syrie,  finalement  tombé  aux  mains  de  ses  ennemis. 
II  est  intéressant  de  retrouver  dans  la  lointaine  Alep  de  Syrie 
ce  sceau  cl*un  descendant  des  antiques  rois  de  Hongrie,  fils 
dWrpad,  devenu,  par  les  vicissitudes  de  la  politique  orientale 
«iu  XII*  siècle,  un  fidèle  fonctionnaire  provincial  des  empereurs 
de  Bvzance  de  la  famille  des  Comnènes. 
M.  HuART  présente  une  observation. 

Le  Président  rappelle  que  la  place  de  M.  Héron  de  Villefosse 
a  été  déclarée  vacante  le  18  juillet  1919,  la  date  de  l'élection 
devant  être  fixée  ultérieurement.  Il  propose  à  l'Académie  de 
procéder  à  Télection  le  vendredi  13  février  ;  la  discussion  des 
titres  aurait  lieu  le  6  du  même  mois.  —  Adopté. 

Quant  à  Télection  des  trois  associés  étrangers,  dont  les  places 
n'oal  pas  encore  été  remplies,  elle  pourrait  être  reportée  au 
vendredi  12  mars,  avec  discussion  des  titres  le  vendredi  précé- 
dent, 5  mars. 

H  en  est  ainsi  décidé. 


COMMUNICATION 


mxiATURES  POUR  l'illustration   d'une  œuvre  du  roi  rené 

RETROUVÉES   A   METZ, 
PAR    LE   COMTE    PAUL    DURRIEU,    MEMBRE  DE  L^ACADÉMIE. 

Je  rappelle  à  mes  confrères  que,  au  commencement  de 
Tannée  1914,  j'ai  communiqué  à  TAcadémie  un  mémoire 
développé  sur  les  Manuscrits  du  roi  Henc,  que  les  graves 
événements  survenus  depuis  lors  ne  m'ont  pas  permis 
encore  de  livrer  à  l'impression.  Au  cours  de  cette  communi- 
cation, dans  la  séance  du  27  février  1914,  j'ai  parlé,  en 
particulier,  d'un  des  ouvrages  littéraires  du  roi  Hené  inti- 
tulé :  Ae  mortifiement  de  vaine  plaisance^  et  portant  lu 
date  de  1455. 


4  MINIATURES    d'uNE   ŒLVKE    DU   ROI    RENÉ 

Le  Mortifiement   de  vaine   plaisance  est  un   traité     de 
morale  religieuse,  empreint  du   pur  esprit  chrétien,  dans 
lequel   René  d'Anjou  tente  d'exprimer,  au  moyen  d'allé- 
gories, les  sentiments  qui  doivent  animer,  dans  son  retoui^ 
vers    Dieu,   une    âme  cherchant  à   se  dégager    des  vains 
plaisirs  du  monde,  de  la  u  vaine  plaisance  »,  pour  revenir 
aux  plus  pieuses  pratiques  de  la  piété.  Il  représente  cette 
âme  dévote  qui  livre  son  cœur  à  «  Crainte  de  Dieu  »  et  à 
«    Parfaite   contrition    ».    Celles-ci   remettent   le   cœur  à 
«  Souveraine  Amour  »  ou  Charité,  à   c  Vraie  Espérance  » 
et  à  u  Ferme  Foy  »,  qui,  «  pour  de  tout  le   joindre  à  la 
passion  de  Notre    Sauveur  le   clouent    sur   l'arbre   de   la 
croix  »,  tandis  que  «  Grâce  divine,  pour  mortifier  sa  vaine 
plaisance  »,  le   frappe  au  côté  d'un  fer  de  lance.  En  outre, 
pour  faire  comprendre  à  TAme  comment  il  faut  gagner  le 
salut,  «  Crainte  de  Dieu  »  lui  récite  trois  «  similitudes  »,  évo- 
quant successivement  Timage  d'un  voiturier  qui  a  mission 
de  conduire  une  reine,  mais  se  trouve  avoir  à  lutter  contre 
l'indocilité    de    ses    chevaux,    lesquels   figurent  nos   sens 
déréglés  ;   puis  celle  d'une  pauvre  femme  qui  veut  porter 
son   blé    au  moulin,  mais  est  obligée  de  traverser,  avant 
d'arriver,   un  pont  vermoulu  et  glissant;  enfin  celle  d'xm 
homme  d'armes  qui   monte  vaillamment   à  l'assaut  d'une 
ville,  à  travers   tous   les    dangers.    Sous  la   plume  du    roi 
auteur,  toutes  ces  abstractions,  l'Ame,  la  Crainte  de  Dieu, 
la  Contrition,  la  Charité,  l'Espérance  et  la   Foi,   ainsi  que 
la  Grâce  divine,  deviennent    en  quelque    sorte    des    êtres 
vivants,  entre  lesquels  se   joue  un    drame   mystique.     Le 
roi    René   va   jusqu'à    donner,    de   ses  personnages,    des 
signalements     physiques.     Ainsi    «    Crainte    de    [Dieu     » 
apparaît  ayant  au-dessus  de   sa  tète  une  grande  épée  sur 
laquelle  sont  écrits  ces  mots  :  divine  justice  ;  «  Contrition  », 
elle,   «  estoit  nue  jusques  aux  rains  et  en  sa  main  portoit 
une  paire  de  verges  »,  indications  qu'ont  eues   à   observer 
les  miniaturistes  chargés  d'illustrer  les  divers  manuscrits 
existants  du  traité. 


MmUTURES    D*UNE   ŒUVRE   DU   ROI    RENÉ  5 

Dans  ma  communication  de  1914,  j'avais  énuméré  devant 
vous  et  décrit  rapidement  plusieurs  de  ces  manuscrits  dont 
j'avais  vu  les  originaux  et  qui  se  trouvent  à  Paris,  Berlin, 
Bruxelles  et  Tournai,  le  plus  précieux  étant  celui  de 
Berlin  qui  provient  de  la  seconde  femme  du  roi  René,  la 
reine  Jeanne  de  Laval.  Mais  d'un  autre  exemplaire  du 
Mortifiemeni  de  yaine  plaisance,  je  n'avais  pu  alors  rien 
dire  que  de  seconde  main. 

n  s*9gissait  d'un  exemplaire  signalé  par  Dom  Calmet 
dans  sa  Bibliothèq^ae  lorraine ,  parue  en  1751  (page  806}^ 
Suivant  Dom  Calmet,  c'était  l'original.  Il  était  entre  les 
mains,  d'un  prêtre,  l'abbé  Charoyer,  curé  de  Gircourt,  mais 
on  en  avait  tiré,  explique  Dom  Calmet,  <'  sept  miniatures 
de  la  façon  du  même  duc  René  [c'est-à-dire  du  roi  René, 
dac  de  Lorraine],  qui  sont  fort  bien  faites  et  se  voient 
aujourd'hui  au  cabinet  du  sieur  Lamour,  très  habile  ouvrier 
en  toutes  sortes  d'ouvrages  de  serrurerie  à  Nancy,  et  qui 
possède  un  cabinet  rempli  de  plusieurs  ohoses  très  curieuses 
et  très  bien  choisies  >k  Celui  dont  il  est  question  ici  est 
ce  Jean  Lamour  qui  fut  un  homme  de  génie  en  son  genre  et 
<]ui  est  l'auteur  des  admirables  grilles  entourant  la  place 
^nislas  à  Nancy. 

En  1825,  le  vicomte  de  Villeneuve-Bargemont,  au  tome 
Il  (page  383)  de  son  Histoire  de  René  d'Anjou^  parlait  à 
Douveaude  ces  miniatures  en  indiquant  qu'elles  avaient  passé 
do  cabinet  du  sieur  Lamour,  le  célèbre  serrurier  de  Nancy, 
dans  celui  de  M.  Mathieu,  homme  de  lettres.  Ici  s'arrêtaient 
tous  les  renseignements  que  j'avais  en  191 1  ;  j'étais  réduit 
alors  ^  à  exprimer  devant  vous  le  souhait  «  qu'un  heureux 
hasard  »  vînt  un  jour  me  permettre  de  retrouver  ces  pein- 
tures encore  vainement  cherchées. 

J'ai  pu,  ultérieurement,  élucider  un  point  :  c'est  d'arriver 
à  savoir  quel  était  ce  «  M.  Mathieu,  homme  de  lettres  », 

I-  Cf.  Compter  rendui  des  iéances  de  V Académie,  année  191  i,  p.  1  i3-l  44. 


6  MmiATURES    d'une   «KUVRC    du    nOI    RENÉ 

mentionné  par  Villeneuve- Bargem  on  t.  Il  faut  reconnaître 
en  lui  Charles-Léopold  Mathieu,  né  à  Nancy  le  26  mai  1756. 
substitut  au  Parlement  de  Nancy  sous  l'ancienne  monar-| 
chie,  professeur  aux  écoles  centrales  de  Tulle  et  d'Autun,; 
avocat  à  la  cour  royale  de  Nancy  sous  la  Restauration  ei 
la  monarchie  de  Juillet,  et  qui  méritait  le  surnom! 
d'  «  homme  de  lettres  >>  pour  avoir  publié,  soit  à  Paris,  soit 
surtout  à  Nancy,  depuis  1799  jusqu'en  183i,  une  sériel 
d'opuscules  ou  de  brochures,  hélas!  plutôt  ridicules,  tant 
l'auteur  y  accumule,  sous  le  rapport  historique,  un  amas! 
de  véritables  billevesées.  Parmi  ces  publications  se  rangent,  | 
notamment  :  en  1816,  Le  printemps,  chant  du  poëme  chi- 
nois des  Saisons,  traduit  en  vers  français  et  mêlé  d'allusions 
au  règne  de  Louis  XVIII  ;  en  1829,  les  liuines  de  Vancien  \ 
château  de  Ladres  et  du  camp  romain  dit  de  la  cité  d'Afrique,  ' 
qui  l'avoisine  ;  en  183i,  la  production  capitale  de  l'auteur, 
de6i  pages  in-S",  qui  est  rappelée  par  notre  confrère  M-  ; 
Emile  Espérandieudans  son  Recueil  général  des  bas-reliefs, 
statues  et  bustes  de  la  Gaule  romaine  (t.  VI,  p.  54)  et  qui  j 
est  intitulée  :  Ruines  de  Scarpone,  l'antique  Serpane,  et 
histoire  de  cette  ville,  fille  de  Troie  la  Grande,  sœur  de 
Lavinie,  de  lihetms,  de  Chalons  et  de  Troyes  en  Champagne, 
de  Verdun  et  de  Tout,  l'une  des  plus  anciennes  de  là 
Lorraine  et  la  capitale  de  Vancien  Scarponai,  maintenant 
dans  le  département  de  la  Meurthe.  Suite  aux  ruines  de 
Ladres  '.  Mais  tout  cela  était  impuissant  à  me  donner  la 
moindre  idée  de  ce  qu'avaient  pu  devenir  les  miniatures 
tirées  d'un  manuscrit  du  Mortiflement  de  vaine  plaisance 
qu'avait  possédées  Charles-Léopold  Mathieu,  après  Jean 
Lamour. 

Or,rannéedernière,  m'étantrenduà  Metz,au  mois  de  juin, 

I.   En  dehors  des  opuscules  imprimés.  Charles-Liopold  Mathieu  a  encore 

composé  plusieurs  mémoires  manuscrils,  visanl  à  la  haute  érudi lion. mais 

—1  réalité  tout  d  fait  grotesques,  qu'il  envoya,  pendant  le  Rei'tauratioD, i 

académie  des  inscriptions  et  bello^-Iettres,  et  dont  M.  François  Renié  a 

en  voulu  me  si(;nalcr  la  présence  dans  les  archives  de  l'Académie. 


MINIATURES   d'uNB   ŒUVRE   DV    ROI    RENÉ     -  7 

pour  assister,  en  compagnie  de  notre  confrère  le  P.  Scheil, 
aax  fêtes  de  la  célébration  du  centenaire  de  TÂcadémie  de 
Metz,  je  profitai  de  oe  voyage  pour  aller  à  la  Bibliothèque 
(le  Metz  que  le  conservateur,  M.  Roger  Clément,  voulut 
bien  m'ouvrir  le  matin,  très  avant  Theure  régulière  d'ad- 
mission, avec  une  parfaite  bonne  grâce.  A  peine  entré  dans 
la  bibliothèque,  j'aperçus,  encadrées  sous  verre,  cinq  minia- 
tures découpées,  dans  lesquelles  je  reconnus  immédiate- 
ment, diaprés  les  compositions  et  les  détails  de  cbstume 
conformes  aux  indications  du  roi  René  lui-même,  des  illus- 
trations pour  le  Ai  or  ti fie  ment  de  vaine  plaisance.  C'était 
la  scène  de  TAme  pénitente  confiant  son  cœur  à  Crainte  de 
Dieu  et  Contrition  ;  celle  où  les  trois  vertus  théologales. 
Foi,  Espérance  et  Charité,  clouent  le  cœur  sur  la  croix, 
tandis  que  Grâce  Divine  le  frappe  d'un  coup  de  lance  ; 
celle  où  Crainte  de  Dieu  et  Contrition,  aidées  de  TAme 
pénitente  à  genoux,  soulèvent  la  croix  sur  laquelle  est 
cloué  le  cœur  ;  enfin  les  «  similitudes  »  de  la  pauvre  femme 
qui  porte  son  blé  au  moulin  et  du  guerrier  qui  monte  à 
Tassant.  Et  ces  cinq  miniatures  étaient  d'autant  plus 
attachantes,  qu'on  pouvait  y  admirer  une  excellente  exécu- 
tion, une  grande  habileté  de  composition  et  un  beau  style 
de  dessin,  auquel  saillait,  dans  les  originaux,  une  remar- 
quable entente  du  coloris,  tenu  dans  une  harmonie  de  tons 
clairs  particulièrement  séduisante. 

Je  ne  doutai  pas  un  instant  que  je  ne  fusse  en  présence 
de  cinq  des  miniatures  qui,  d'après  Dom  Calmet,  étaient  en 
nSl  chez  le  serrurier  Lamour,  è  Nancy,  et  qui,  en  1825, 
au  témoignage  de  Villeneuve-Bargemont,  se  trouvaient 
passées  chez  «  M.  Mathieu,  homme  de  lettres  ». 

Les  miniatures  de  la  Bibliothèque  de  Metz  proviennent, 
en  dernier  Heu,  de  la  précieuse  collection  de  manuscrits 
réunie  par  le  baron  de  Salis,  mort  en  1880,  collection  qui, 
léguée  à  la  Bibliothèque  de  Metz,  y  est  entrée  après  que  la 
^cuve  du  baron  de  Salis  fût  décédée  à  son  tour  en  18*J2.  D'où 


8  MINUTURtIS    d'une  OSUVRB   DU   ROI    RENÉ 

le  baron  de  Salis  tenait-il  lui-même  ces  belles  peintures?  El 
ne  m'aventurai-je  pas  trop  en  ayant,  dès  le  premier  abords 
le  sentiment  que  je  venais  de  rencontrer  tout  au  moins  la 
majeure  partie  des  miniatures  ayant  appartenu  à  Charles— 
Léopold  Mathieu  et  dont  le  sort  était  ignoré  depuis  i  825  ? 
L'aimable  bibliothécaire  de  Metz,  M.  Roger  Clément,  a  bien 
vqulu  faire  des  recherches  pour  moi  à  ce  sujet.  Il  a  retrouvé 
et  m'a  signalé  une  correspondance  échangée  en  18S8  entre 
le  baron  de  Salis,  qui  venait   d'entrer  en  possession   des 
miniatures,  et  M.  Beaupré,  conseiller  à  la  Cour  de  Nancy, 
correspondance  qui  tranche  la  question.  Il  résulte,  en  eCFet, 
de  celle-ci  que  le  baron  de  Salis  avait  acheté  les  miniatures 
lors  de  la  vente  des  collections  de   l'archéologue   nancéien 
François-Jean-Baptiste  Noël,  notaire  honoraire  et  avocat  à 
Nancy,  correspondant  de   la  Société  des    Antiquaires    de 
France.  De  son  côté,   ledit  Noël   Içs  avait  acquises,    une 
vingtaine    d'années   plus  tôt,  vers  1838,    d'une   ancienne 
servante  qui  avait  hérité  des  meubles  dç  son  maître'^;  et  ce 
maître,  c'était  précisément  le  «  Mathieu,  homme  de  lettres  » 
nommé  par  le  vicomte  de  Villeneuve-Bargemont,  et  que  le 
conseiller  Beaupré  ,  dans  sa  correspondance  avec  le  baron 
de    Salis,  identifie,   d'une   manière  certaine,  avec  Charles- 
Léopold    Mathieu,  en  spécifiant  que   c'est    «  Vauteur  des 
ruines  de  Scarpone  et  de  quelques  autres  brochures  d'ar- 
chéologie non  moins  grotesques  ». 

Ces  renseignements  sont  d'ailleurs  pleinement  confirmés, 
en  ce  qui  touche  principalement  la  transmission  des  minia- 
tures de  Mathieu  à  l'avocat  Noël,  par  le  Catalogue  raisonné 
des  collections  lorraines  [livres y  manuscrits,  tableaux ^ 
gravures j  etc.)  de  M.  Noël^  rédigé  par  François-Jean-Bap- 
tiste Noël  en  personne,  qui  a  été  publié  à  Nancy,  de  1850 
à  1853,  en  trois  volumes  in-8**  ^  Dans  ce  catalogue  se 
trouvent  enregistrées   sous  le  n**  3507  (t.  11,  p.  725),  avec 

1.  Une    seconde   édition,  corrigée  et  augmenlée,  du  tome   III    a  paru 
en   1855. 


LIVRES   OFFERTS  y 

rindication  des  sujets,  les  cinq  miniatures  aujourd'hui  à  la 
Bibliothèque  de  Metz  «  peintes,  suivant  le  catalogue  en 
question,  par  René,  roi  de  Jérusalem,  duc  de  Lorraine, 
extraites  de  son  manuscrit  autographe  intitulé  Mortifie- 
ment  de  vaine  plaisance  [qui]  a  appartenu  à  M.  Charoyer, 
caré  de  Gircourt  » .  Après  avoir  donné  des  renseignements 
sgr  le  sort  du  reste  du  manuscrit,  que  je  laisse  de  côté  en 
ce  moment,  Noël  ajoute  :  a  Quant  à  nos  miniatures,  elles 
ont  appartenu  au  célèbre  serrurier  Lamour  ;  de  lui  elles 
ont  passé  à  M.  Mathieu,  substitut  du  Parlement,  qui  les  a 
léguées  à  un  domestique,  qui  me  les  a  vendues...  Mes  minia- 
tures, continue  encore  Noël,  font  l'admiration  de  tous  ceux 
qui  les  voient.  Je  les  ai  montrées  à  Paris,  où  elles  ont 
excité  la  convoitise  d*un  ministre  et  de  plusieurs  amateurs 
qui  faisaient  des  offres  fort  indiscrètes  ». 

Ainsi  la  filiation  des  possesseurs,  pour  ces  belles  minia- 
tures que  j'ai  eu  la  bonne  fortune  de  rencontrer  à  Metz,  se 
trouve  complètement  renouée  depuis  Jean  Lamour,  au 
milieu  du  xvui*  siècle,  et  Charles-Léopold  Mathieu  en  1825, 
jusqu'au  baron  de  Salis,  mort  en  1880,  et  à  sa  veuve  la 
baronne  de  Salis,  dont  la  Bibliothèque  de  Metz  a  recueilli 
1«  précieux  legs  en  1892. 


LIVRES  OFFERTS 


M.  Prou  offre  à  l^Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  Charles 
Lécrivato,  un  mémoire  intitulé  :  L'exil  politique  dans  Vhistoire 
grecque,  tiré  des  Mémoires  de  V Académie  des  sciencts,  inscriptions  et 
Mlet'lettret  de  Toulouse  : 

*  L>xil  politique  a  joué  un  rôle  considérable  dans  Thistoire  des 
ailles  (grecques,  de  leurs  guerres  civiles  et  étrangères.  I/étude  n'en 
«t  pas  seulement  nécessaire  à  rinlelligence  de  l'histoire  de  la  Grèce  ; 
elle  doit  être  prise  en  considération  dans  l'histoire  générale  de  tout 
te  monde  antique,  ou  au  moins  dans  celle  de  la  civilisation  méditer- 
noéenne,  puisque,   la  guerre  civile  ayant  provoqué  Texpulsion  de 


10  SÉANCE    DU    16    JANVIER    1920 

troupes  de  baanis,  ce  sont  ces  troupes  qui  ont  formé  les  colonies 
helléniques.  L'exil  politique  a  contribué  k  la  diffusion  de  la  civili- 
saliou  hellénique. 

«  M.  Lécrivain,  après  avoir  réparti  les  faits  en  des  groupes  chrono- 
logiques et  les  avoir  relatés  avec  précision,  a  dégagé,  avec  la  netteté 
de  vue  qui  caractérise  tous  ses  écrits,  les  caractères  essentiels  de 
Texil  politique,  tantôt  volontaire,  tantôt  forcé.  Dans  les  deux  cas  le 
banni  se  réfugie  dans  un  pays  neutre,  mais  plutôt  .dans  une  ville 
ennemie  de  la  sienne  où  il  se  trouve  en  sûreté.  Athènes  fut  Tuue 
des  villes  qui  reçut  le  plus  de  bannis  à  cause  de  sa  générosité  natu- 
relle, mais  aussi  à  cause  de  sa  politique  et  de  Télendue  de  son  empire 
colonial  qui  la  mettaient  en  relations  avec  un  grand  nombre  d'États.  » 

M.  Omont  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

u  J'ai  Thonneur  de  déposer  sur  le  bureau,  au  nom  de  notre  savant 
confrère  le  R.  P.  Hippolyte  Delehaye,  président  de  la  Société  des 
BoUandistes  de  Bruxelles,  un  volume  intitulé  :  A  travers  trois  siècles. 
L'œuvre  des  BoUandisles.  4S46'49io  (Bruxelles,  1920,  in-16,  283  p.)  : 

«  Nul  mieux  que  le  P.  Delehaye  n'était  en  mesure  de  retracer 
riiislorique  de  Tœuvre  des  BoUandistes,  à  laquelle  il  collabore  depuis 
de  longues  années  et  qu'il  dirige  aujourd'hui.  Ce  petit  volume,  aussi 
agréable  à  lire  que  plein  de  faits,  dans  letjuel  il  a  retracé  les  origines 
et  les  phases  successives  de  la  publication  des  Acta  sanctorum,  fait 
successivement  revivre  à  nos  yeux  les  fîgures  attachantes  des 
premiers  ouvriers  de  l'œuvre  et  de  leurs  successeurs,  jusqu'au 
P.  Charles  De  Smedt,  qui  a  été  dé  nos  jours  le  rénovateur  de  l'œuvre 
boUandiennc.  » 


SÉANCE  DU  16  JANVIER 


PRESIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIEIIL. 


M.  le  Ministre  de  rinstruction  publique  invite  TAcadémie  à 
lui  proposer  le  nom  d'un  de  ses  membres  pour  remplacer  M. 
Edouard  Chavannes  dans  le  Conseil  de  perfectionnement  de 
rÉcole  des  Langues  orientales  vivantes. 

La  désignation  sera  faite  à  la  prochaine  séance. 


RAPPORT  DU  SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  1 1 

M.  le  Directeur  des  Monnaies  transmet  pour  avis  à  TAca- 
dêmie  un  projet  de  médaille  et  lui  demande  le  texte  de  Tinscri- 
ption  qui  pourrait  y  figurer. 

Renvoi  à  la    Commission    des  médailles. 

M.  le  D*^  de  Saint-Perier,  à'Morigny  (Seine-et-Oise),  adresse 
à  r Académie  un  pli  cacheté. 

M.  Adrien  Blanchet'HI  une  notice  sur  la  vie  et  Içs  œuvres  de 
M.  Tabbé  Tbédenat,  son  prédécesseur  '. 

M.  Omont  donne  lecture,  au  nom  de  M.  Georges  Gazier, 
conservateur  de  la  Bibliothèque  municipale  de  Besançon,  d'une 
noie  sur  un  manuscrit,  inédit  de  Philippe  de  Maizières,  chance- 
lier de  Chypre  et  conseiller  de  Charles  V.  Ce  manuscrit,  récem- 
ment offert  à  la  Bibliothèque  de  Besançon,  contient  un  traité 
sur  les  devoirs  de  Tétat  ecclésiastique,  adressé  par  Philippe  de 
Maizières  à  son  neveu,  et  qui  était  considéré  comme  perdu 
depuis  deux  siècles.  L'analyse  qu'en  a  donnée  M.  G.  Gazier  fait 
ressortir  l'intérêt  de  ce  traité  pour  l'étude  de  la  société  française 
du  XIV*  siècle. 

Le  Président  fait  savoir  que  la  Commission  de  la  fondation  du 
dac  de  Loubat  a  attribué  une  subvention  conformément  aux 
intentions  du  donateur. 


APPENDICE 


Rapport   du    secrétaire   perpétuel    sur   la    situation  des 

PUBLICATIONS    DE  l' ACADÉMIE  PENDANT  LE  DEUXIÈME  SEMESTRE 
1919  ;    LU    DANS    LA    SÉANCE    DU    16    JANVIER    1920. 

Messieurs, 

Les  choses  ne  rentrent  pas  dans  Tordre  aussi  vite  que 
nous   l'espérions  ;    les  diflicuités  d'impression    persistent, 

1.  Voir  Publications  de  Tlnstitut,  1920,  n*  2. 


12  RAPPORT  bu  SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL 

comme  les  difficultés  financières.  Nous  avons  été  contraints, 
pour  ne  pas  nous  endetter,  de  suspendre  provisoirement 
tout  travail  à  Tlmprimerie  Nationale  ;  et  pourtant  ceux  de 
nos  confrères  qui  dirigent  nos  publications  n'ont  jamais 
peut-être  fait  preuve  d'autant  d'activité  et  de  dévouement. 

1*  Mémoires  de  l* Académie  et  Mémoires  des  savants 
étrangers,  —  Le  mémoire  de  M.  Dieulafoy  sur  La  mosquée 
d'Hassan  est  à  peu  près  complètement  tiré  ;  celui  de  M. 
Foucart  sur  Un  décret  athénien  de  411  est  en  cours 
d'impression.  Il  en  est  de  même  de  celui  de  M.  Bonnel  de 
Mézières  sur  L'emplacement  de  Tekrour  et  de  Ghana. 

2®  Histoire  littéraire  de  la  France.  —  Notre  confrère 
M.  Antoine  Thomas  me  fait  savoir  que  son  article  sur 
Bernard  Gui  est  tiré,  que  les  articles  Marco  Polo  et  Jordan 
Catala  sont  en  pages,  les  articles  Durand  de  Saint-Pourçain^ 
Durand  dAurillac,  Thomas  de  Bailli ^  Guillaume  de  Cuin^ 
Jesselin  de  Cassaqnes^  Guillaume  de  Montlauzun  sont  en 
placards,  et  que  les  articles  Raoul  le  Breton^  Bernard  de 
Panassac  eiJean  Gobi  sont  rédigés  et  ont  été  lus  en  commis- 
sion. Dès  que  nous  aurons  les  moyens  de  continuer  Tim- 
pression,  le  volume  XXXV  pourra  être  rapidement  terminé. 

3®  Chartes  et  diplômes.  —  Pour  le  tome  II  des  Actes  de 
Henri  //,  roi  d'Angleterre,  les  53  premières  feuilles  sont 
tirées,  la  feuille  54  est  en  pages,  ce  qui  représente  428 
pages,  à  peu  près  les  deux  tiers  de  l'ensemble,  tel  que  le 
conçoit  le  directeur  de  la  publication,  notre  confrère 
M.  Elie  Berger.  Le  Recueil  des  actes  de  Philippe  Auguste 
(tome  II)  confié  à  M.  Fr.  Delaborde,  bien  que  très  avancé, 
n'est  pas  encore  en  état  d'êtce  imprimé  ;  mais  nous  pouvons 
compter  qu'il  sera  prêt  prochainement.  Il  ne  peut  être 
question  en  ce  moment  d'aborder  le  Recueil  des  actes  de 
saint  Louis.  La  mort  subite  de  M.  Georges  Daumet  en  a 
retardé  la  préparation  à  laquelle  M.  Henri  Stein  travaillé 
avec  activité. 

D'autre  |>art,   le   Recueil  des  actes  des  rois  de  Provence ^ 


RAPPORT  du  SECKÉTAIRE  PERPÉTUBX  13 

confié  à  M.  Poupardin,  est  terminé.  Le  bon  à  tirer  des  der- 
nières feuilles  (17  à  20)  a  été  donné. 

Le  texte  du  Recueil  des  actes  de  Pépin  7®*"  et  de  Pépin  II, 
rois  d'Aquitaine^  par  M.  Léon  Levillain,  qui  forme  37 
feuilles,  est  tout  entier  mis  en  pages.  L*auteur  s'occupe 
de  le  corriger  ;  on  pourra  bientôt  l'envoyer  au  tirage. 

4**  Fouillés. —  Nos  auxiliaires  travaillent  activement  aussi 
à  cette  publication.  M.  Et.  Clouzot  revise  les  111  placards 
in-f*  qui  forment  la  table  des  matières  du  tome  VIII  :  c'est 
one  besogne  aussi  considérable  que  minutieuse,  qui 
demande  de  longues  heures  d'application. 

Vous  vous  souvenez  que  vous  avez  confié  à  M.  l'abbé 
Carrière  le  soin  de  rédiger  le  volume  des  Pouillés  de  la 
province  de  M&yencc,  et  que,  pour  recueillir  les  matériaux 
nécessaires,  vous  lui  avez,  l'été  dernier,  donné  la  mission 
de  rechercher  en  Alsace  et  dans  les  pays  rhénans  les  docu- 
ments qui  doivent  prendre  place  dans  ce  volume.  M.  Prou 
veut  bien  me  dire  que  M.  l'abbé  Carrière  a  exploré  pendant 
les  mois  d'août  et  de  septembre  les  archives  département 
Ulcs  du  Bas-Rhin  ainsi  que  la  Bibliothèque  de  l'Université 
de  Strasbourg,  les  archives  du  cercle  de  Spire,  la  Biblio- 
thèque de  Mayence  et  les  archives  d'État  à  Wiesbaden.  Il 
a  visité  également  les  archives  paroissiales  d'Eltville-en- 
Rheingau  et  celles  du  couvent  des  capucines  d'Ehrenbreit- 
stein. 

«  Voici,  dit  notre  confrère,  les  principaux  résultats  de 
celte  enquête  : 

«  Pour  le  diocèse  métropolitain  de  Mayence,  on  ne  connaît 
qu'un  seul  pouillé,  celui  de  1738,  conservé  aux  archives 
paroissiales  d*Eltville-en-Rheingau  ;  mais  on  trouve  les 
éléments  de  la  géographie  ecclésiastique  antérieure  à  la 
Réforme  réunis  dans  l'ouvrage  de  Wiirdtwein,  Dioecesis 
Hoguntinn  in  archidiaconatus  distincta  paru  à  Mannheim 
en  1768. 

«•  En  ce  qui  concerne  le  diocèse  de  Spire,  il  n'existe  aussi 


li  KAVpOftT    DU    SBCBÉTAIRE    PERPtrUEL 

qu'un  seul  poaillé  rédigé  vers  ti70  sous  l'épiscopat  de 
•  de  Haramingen,  dont  l'original  est  conservé  dattït 
lives  du  grand-duché  de  Bade  à  Carisrube.  11  a  été 
larM.  G  lasse  h  rôder  en  1907. 

n'a  pas  de  pouillé  du  diocèse  de  Strasbourg,  mais 
les  d'impôts  conservés  aux  archives  départementales 
Rhin,  l'un  de  1371  et  l'autre  de  146i,  nous  en  font 
re  les  circonscriptions.  Il  convient  d'y  joindre  un 
clé$iastique  du  diocèse  en  1454,  composé  par  Gran- 
I  la  fin  du  xviii'  siècle  et  publié  en  tS97  d'après  le 
rit  conservé  aux  archives  de  Carisrube. 
ir  le  diocèse  de  Worms,  un  rôle  synodal  de  1496 
a  liste  des  paroisses.  L'original  n'existe  plus,  mais 
3é  Carrière  en  a  retrouvé  sept  copies  à  Mayence,  à 
im,  à  Carlsruhe,  à  Darmstadt,  à  Heidelbei^,  à 
iim  et  à  Wiirzburg. 

tre  collaborateur  n'a  pu  faire  toutes  les  copies  utiles 
établissement  du  texte  des  pouillés  ou  documents 
■es,  soit  à  la  rédaction  de  l'introduclion,  mais  on 
ipérer  obtenir  la  communication  à  Paris  des  plus 
ints  de  ces  manuscrits.  » 
lobert  Latouche   ayant  dû,   ainsi  que  je  vous   l'ai 

dans  mon  rapport  de  juillet,  renoncer  à  l'achève- 
u  Recueil  des  pouillés  de  la  province  de  Bourges, 
ez  désigné,  sur  la  proposition  de  la  Commission  des 

et  diplômes,  M.  Jacques  de  Font-Réaulx,  archi- 
iléographe,  pour  reprendre  ce  travail. 
'iiluaires.  —  La  table  du  tome  IV  (province  de  Sens, 
deTroyes),  que  prépare  M.  Boutillierdu  Retail,  sera 
!,  il  faut  l'espérer,  et  bonne  ù  être  mise  sous  presse 
s  de  celte  année. 

icques  Laurent  a  remis  la  copie  de  la  première  por- 
ome  V  (province  de  Lyon),  li  travaille  activement 
r  la  suite  de  cette  publication. 

)rpus  inscriplionum  seinidcaruin.  —  Hieu  do  nou- 
signalcr  pour  la  partie  bimyarite. 


RAPPORT    DU    SECRÉTAIRE    PERPÉTUi^L  15 

Pour  la  partie  phénicienne,  il  a  été  composé  daas  le  coo* 
rant  du  dernier  semestre  34  placards  contenant  la  fin  des 
inscriptions  carthaginoises  dédiées  à  Tanit.  Ce  sont  les 
textes  rapportés  par  M.  Chabot  de  sa  mission  à  Carthage. 

Pour  la  partie  araméenne,  on  a  donné  le  bon  à  mettre  en 
pages  des  35  premiers  placards  du  volume  consacré  aux 
inscriptions  palmyréniennes. 

Od  a  reçu  de  Timprimerie  la  correction  des  H  placards 
suivants,  qui  sont  prêts  à  mettre  en  pages. 

Les  placards  131  à  203  pourront  également  être  mis  en 
pages  sur  la  deuxième  épreuve  corrigée  ;  mais  les  placards 
intermédiaires  (52-1 30)  exigent  de  nombreuses  modifications 
tant  dans  la  rédaction  que  dans  le  classement  des  inscrip- 
lions  ;  c'est  dans  cette  partie  que  doivent  prendre  place  les 
60  inscriptions  inédites  rapportées  de  Palmyre  par  les 
PP.  Jaussen  et  Savignac,  et  que  se  trouvent  les  textes  à  com- 
pléter à  l'aide  des  estampages  nouveaux.  On  y  travaille 
assidûment,  et  la  publication  ne  subira  aucun  retard  du  fait 
des  rédacteurs. 

La  deuxième  livraison  du  tome  IV  du  Répertoire  d'épi- 
graphie  sémitique  est  préparée  pour  Timpression  et  sera 
envoyée  à  rimprimerie  quand  on  voudra.  On  a  même 
commencé  la  préparation  du  tome  V,  avec  lequel  cette 
publication  sera  entièrement  à  jour.  Par  la  suite,  il  suffira 
d  UD  mince  fascicule  chaque  année  pour  la  maintenir  au 
courant  des  découvertes  nouvelles. 

Nous  essayons  de  regagner  le  temps  perdu  pour  les 
Comptes  rendus  de  nos  séances.  Le  fascicule  de  mai-juin 
vous  sera  distribué,  j'espère,  assez  rapidement  ;  j'en  ai 
donné  le  bon  à  tirer.  C'est  un  retard  de  six  mois  qu  il 
faudra  du  temps  pour  rattraper  ;  nous  y  apporterons  tous 
nos  elTorts. 

Le  tome  XXIII  des  Monuments  Piot  n'a  pas  avancé 
depuis  mon  dernier  rapport.  La  faute  en  est  à  l'auteur  d'un 
des  articles  qui  doivent  entrer  dans  le   volume  en  cours  ; 


16  RAPPORT  DU  SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL 

notre  confrère  M.  Homoile  a  fait  les  démarches  nécessaires 
pour  mettre  fin  à  ce  fâcheux  retard. 

Je  suis  arrivé,  par  contre,  à  convaincre  Timprimeur  des 
Inscripliones  graecae  ad  res  romanas  pertinentes  de  l'oppor- 
tunité qu'il  y  aurait  à  reprendre  le  travail.  J'ai  de  lui  une 
promesse  écrite  de  terminer  dans  la  première  partie  de 
Tannée  le  fascicule  commencé  en  1 91 7,  et  dont  deux  feuilles, 
imprimées  avant  la  guerre,  attendent  depuis  cinq  ans  qu'on 
veuille  bien  les  tirer. . 

Le  même  imprimeur  était  chaîné  du  Choix  d'inscriptions 
grecques  de  DéloSj  dont  la  publication  avait  été  approuvée 
par  vous  et  par  la  commission  des  Travaux  littéraires,  le 
20  octobre  1917.  Je  vous  rappelle  que  notre  confrère 
M.  le  duc  de  Loubat  avait  bien  voulu  mettre  à  notre  dispo- 
sition pour  aider  à  cette  œuvre  une  somme  de  2.000  francs. 
En  1918,  le  21  mars,  les  négociations  entre  la  maison 
Leroux  et  l'imprimeur  Peyrillier  avaient  abouti  à  un  accord. 
Dès  le  mois  de  décembre,  M.  Durrbach,  chargé  de  la  pré- 
paration du  manuscrit,  en  avait  adressé  une  partie  à  la 
Commission  de  Délos.  A  la  fin  de  Tannée  dernière,  tout  le 
manuscrit  du  premier  volume  était  prêt.  Mais,  le  21 
décembre,  M.  Peyrillier,  par  lettre  adressée  à  M.  Haussoul- 
lier,  s'est  déclaré  dans  l'impossibilité  de  se  charger  du 
travail.  L'éditeur  cherche  un  nouvel  imprimeur,  car  il  faut 
absolument  que  nous  aboutissions  maintenant  sans  retard. 

Le  troisième  fascicule  des  Mélanges  d* archéologie  orien- 
tale vous  a  été  distribué  récemment. 

Enfin  la  commission  des  Travaux  littéraires  a  décidé 
que,  pour  le  moment,  nous  n'essaierions  pas  de  publier  la 
suite  de  V Inventaire  des  mosaïques  de  la  Gaule  et  de 
V Afrique^  dont  il  reste  encore  à  vous  donner  un  certain 
nombre  de  facsimilés.  Notre  confrère  M.  Blanchet  s'occupe 
néanmoins,  grâce  à  un  petit  reliquat  que  nous  ont  laissé 
les  précédents  fascicules,  de  réunir  les  photographies  des 
mosaïques  de  la  Gaule  que  nous  utiliserons  ultérieurement. 


LIVKE9   OFFERTS  17 

J'ajouterai,  en  terminant,  ce  que  vous  saveï  du  reste, 
qae  les  crédits  alloués  h  nos  publications  sont  devenus 
tout  à  fait  insuffisants  en  présence  des  exigences  actuelles 
de  l'imprimerie.  Le  ministère  en  a  demandé  le  relèvement  ; 
mais,  pour  le  moment,  nous  en  sommes  encore  à  ceux  qui 
Qons  étaient  alloués  en  1914.  11  convient,  avant  de  donner  ; 
on  nouvel  élan  à  nos  travaux,  d'attendre  les  décisions  de  la 
(^mbre  nouvellement  élue. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  Secrétaire  perpétuel  fait  hommage,  au  nom  de  Tauteur, 
M  Henri  Dehérain,  conservateur  de  la  Bibliothèque  de  Tlnslitut, 
«i'niie  étude  intitulée  :  Silvestre  de  Sacy  et  ses  correspondants  (extrait 
à^  Journal  des  Savants,  1914  à  1919). 

Il  offre  également  quatre  ouvrages  adressés  par  Tlstituto  di  Studi 
wperiori  pralici  e  di  perfezionamenlo  in  Firenze  :  Francesco 
Uaggini,  La  Rettorica  di  Bruneito  Latini  (8°,  1915);  — Enzo  Bona- 
^entura,  La  qualité  del  monda  fisico  :  Studio  di  fdosofia  naturale 
•*',  1916);  — Giuseppe  Melli,  Comme morazione  di  Pasquale  Villari, 
IftUil  16  giugno  1918;  (8«,  1918)  ;  —  Umberto  Cassulo,  Gli  Ehrei  a 
Firenze  nelVeià  del  Rinascimento  (8«,  1918). 

M.  Ch.-V.  Langlois  a  la  parole  pour  un  hommage  : 
-  Au  nom  de  Tauteur,  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
«ne  brochure  de  M.  Léon  Mirot,  Xotes  et  documents  pour  servir  à 
i  histoire  de  la  formation  topographique  des  hôtels  de  Rohan  et  de 
^ubise  au  Marais  (Paris,  1919  ;  extr.  de  V Annuaire-Bulletin  de  la 
Société  de  C histoire  de  France]  : 

*  Cet  ouvrage  ajoute  beaucoup,  d'après  des  sources  d'accès  difficile 
^t  ju&qu'à  présent  négligées,  à  ce  que  l'on  savait  de  l'histoire  des 
^^rrains  sur  lesquels  se  sont  élevés  au  xviii"  siècle  les  magnifiques 
bôt^ls  de  Soubise  et  de  Rohan,  qui  sont  encore  debout  en  partie. 
*^»  terrains,  les  princes  de  Hohan-Soubise  les  avaient  accjuis  des 
tiui*e,  qui  les  tenaient  des  Babou  de  l^  Bourdaisière  ;  ils  apparle- 
Mieni  au[>aravantaux  ayants  di-oitdu  connétable  Olivier  de  C!iss(m. 
^.  Hifot  remonte  jusqu'à  la  fin  du  xiii«  siècle,  où  c'était  le  Chantier 
19^  2 


18  SÉANŒ   Dtl   23   JANVIk:R    1920 

du  Temple,   babit6  par   les  maçons,  les  pUlriers  et  les  charpentiers 
employés  k  la  construction  du  faubourg  enire  la  porte  du  Temple,  la    | 
porte  du  Chaume   et  la   porte  Rarbette.   On   trouve   aussi    dans  cet   1 
opuscule,  en  ap{>endice.  l'esquisse  des  destinées,  ii  travers  les  Ages, 
de  l'ancien  hôtel  de  Breteuil,  dont  une  partie,  le  n°  58  de  la  rue  des   | 
Francs- Bourgeois,  affectée  jusqu'en  1697   à   l'École   des   Chartes,  a    1 
été  annexée  depuis  aux  Archives  nationales;  la  seconde  partie  dv 
l'hôtel  de  Brelouil,  n°  116  de  la  même  rue,  comprend,  entre  cour  et    , 
jardin,  ce  charmant  pavillon  que,  du  nom  de  la  famille  qui   l'acquît 
en  IH47,  nous   sommes  habitués  à  appeler  l'hôtel  Garnier,  que   l'on    j 
n'aperçoit  pas  de  la  rue,  que  presque  aucun  Parisien  ne  connaît,  ei    < 
qui  est  malheureusement  affecté  depuis  longtemps  h  des   usages    | 
,  tort  indignes  dû  sa  grâce.  » 


SEANCE    DU   23   JANVIER 


PHÉSIDENCB  DE   H.    CHAULES   DIEUL. 

Lecture  est  donnée  des  leltres  par  lesquelles  MM.  Dela- 
chenal  et  Pelliol  posent  leur  cùndidalure  à  la  place  de  membre 
ordinaire  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Héron  de 
Villefosse, 

M.  DiEULAror,  au  nom  de  la  Commission  Plot,  propose  k 
l'Académie  d'accorder  sur  les  fonds  de  celle  fondation  :    • 

1»  une  «ubvention  de  4.000  francs,  demandée  par  M.  Clcr- 
monl-Ganneau,  à  leiïet  d'entreprendre  des  fouilles  en  Basse- 
Kgypte,  à  Tell-Ech  Chougaiîyé  ; 

2"  une  nouvelle  subvention  de  7.000  francs  à  M.  Pierre  Paris, 
pour  la  continuation  des  fouilles  de  Bolonia. 

M.  Bësnigh,  profeaseur  à  l'L'niversilé  de  Caen,  donne  lecture 
le  sur  le  commerce  du  plomb  à  l'époque  romaine  d'après 
Is  estampillés.  L'examen  des  inscriptions  que  portent 
s  et  leur  rapprochement  aveo  les  textes  littéraires  et  les 
'tes  archéolo|;iques  permettent  de  déterminer  la  situa- 
*importance  des  dilTérents  (gisements,   la  façon  dont  ils 


SÉANCE    OU    23    JANVIER    1920  19 

étaient  rais  en  valeur,  la  direction  et  l'itinéraire  des  grands 
courants  d'exportation.  Sous  la  République,  c'étaient  les  mines 
de  l'Espagne  et  probablement  celles  du  Laurion  en  Attique  qui 
approvisionnaient  l'Italie.  Sous  le  Haut-Empire,  celles  de  la 
Sardaigne  et  celles  surtout  de  la  Grande-Bretagne  les  rempla- 
cèrent dans  ce  rôle  ;  le  plomb  britannique  ét^it  acheminé  par 
caravanes  à  travers  la  Gaule,  de  Sainl-Valery-sur-Somme  et 
Lille  bonne  à  Chalon-sur-Saône  et  Fréjus.  Aucun  de  nos  lingots 
estanvpillés  n'est  postérieur  au  règne  de  Septime-Sevère.  11 
ressort  de  leur  étude  que  le  siècle  des  Antonins  fut  le  moment 
le  plus  brillant  de  Tinduslrie  des  mines  de  plomb  et  du  com- 
merce de  ce  métal  au  temps  des  Romains. 

MM.  Blanchbt,  Clermont-GannbaU)  Jullian  et  Bouché-Leclbrcq 
présentent  quelques  observations. 

L*ordre  du  jour  appelle  la  désignation  d'un  membre  de 
l'Académie  pour  remplacer  M.  Edouard  Cha vannes  dans  le 
Conseil  de  perfectionnement  de  l'École  des  langues  orientales 
vivantes. 

M.  Gagnât,  secrétaire  perpétuel,  est  élu  par  34  voix  sur 
35  votants. 

M.  DiBULAFOY  donne  lecture  d'un  travail  de  M.  le  D*^  Huguel 
relatif  aux  203  tombeaux  des  princes  de  la  dynastie  des 
Chorfas  saadiens  qui  sont  groupés  à  .Marrakech  (Maroc)  autour 
de  la  mosquée  de  Yakoub  el  Mansour.  M.  Dieulafoy  précise  que 
les  Saadiens  appartiennent  à  la  dynastie  des  Ghorfas  qui  prirent 
le  pouvoir  en  1550  de  J.-G.,  après  la  chute  de  la  dynastie  des 
Mçrinides  qui  avait  elle-même  succédé  aux  Almohades  et  aux 
.\linora  vides. 

De  ces  tombeaux,  il  en  est  que  l'on  peut  citer  parmi  les 
chefs-d'œuvre  de  l'art  musulman.  Leur  conservation  n'est  pas 
toujours  parfaite,  mais  dans  l'ensemble  elle  permet  de  les  admi- 
rer et  de  leur  donner  la  place  à  laquelle  ils  ont  droit. 


20 


LIVRES  OFFERTS 


Le  Se\prétaire  perpétubl,  en  son  aom  personnel  et  au  nom  de 
M.  Merlin,  correspondant  de  Tlnstilut,  fait  hommage  à  TAcadémie 
du  dernier  fascicule  paru  de  V Atlas  archéologique  de  la  Tunisie, 
deuxième  série,  2«  livraison  (Paris,  Leroux,  1920,  in-fol.). 

Il  offre  également,  au  nom  de  M.  Camille  Jullian,  les  tomes  V  et 
VI  de  son  Histoire  de  la  Gaule  :  V.  Civilisa tipn  gallo-romaine,  état 
matériel;  VL  Civilisation  gallo-romaine,  état  moral  (Paris,  Hachette, 
1920,  8°). 

Il  dépose  enfin  sur  le  bureau  deux  périodiques  :  Smithsonian  Insti-^ 
tution.  Bureau  of  American  Ethnologj'  :  Thomas  W.  F.  Gaun,  The 
Maya  Indians  of  Southern  Yucatan  and  Northern  British  Honduras 
(Washington,  1918)  ;  —  Revue  médicale  de  VEst,  43  "  année,  tome 
XVLIII,  n»  1,  1"  janvier  1920. 

M.  Clément  Huart  fait  hommage  d'un  ouvrage  dont  il  est  l'auteur, 
intitulé  :  Les  saints  des  Derviches  tourneurs,  études  d'hagiographie 
musulmane,  récils  traduits  du  persan  et  annotés,  t.  I  (Paris, 
Leroux,  1918)^: 

«  Ce  volume,  qui  porte  la  date  de  1918,  vient  seulement  d'être  livré 
à  la  publicité,  son  transport  sur  les  voies  ferrées  ayant  été  entravé 
par  toutes  sortes  de  difficultés.  Ce  sont  les  mémoires  des  derviches 
écrits  par  l'un  d'entre  eux,  avec  une  sincérité  qui  en  fait  tout  le  prix. 
On  n'y  cherchera  pas  de  la  véritable  histoire,  mais  des  renseigne- 
ments sur  les  croyances  des  Çoûfîs,  leurs  extases,  leurs  halluci- 
nations. On  y  trouvera  la  mention  détaillée  d'un  certain  nombre  de 
phénomènes  dont  l'explication  relève  de  l'hypnotisme  ;  c'est  une  con- 
tribution à  l'étude  de  certaines  maladies  mentales.  » 

M.  Iluart  offre  ensuite,  au  nom  du  D»*  Reûk-Nevzad,  une  brochure 
intitulée  :  La  Fédération  ottomane  (Paris,  1915). 

«  Cette  brochure  se  compose  de  deux  parties.  La  première  consiste 
en  un  exposé  de  la  guerre  sainte  que  l'Allemagne  s'était  flattée  de 
déchaîner  sur  le  monde  musulman,  de  la  question  du  khalifat  et  des 
doctrines  qui  s'y  rattachent.  La  seconde  prône,  pour  empêcher  le 
démembrement  de  l'Empire  ottoman,  sa  transformation  en  états  auto- 
nomes fédéralisés  des  diverses  races  ;  tentative  honorable  pour  une 
solution  que  les  faits  ont  déjà  démentie.  » 

M.  Antoine  Thomas  a  la  parole  pour  un  hommage  : 


( 


LIVRES    OFFERTS  21 

• 

«  J*ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie,  de  la  part  de  son  corres- 
pondant M.  Alfred  Leroux,  un  ouvrage  intitulé  :  Géographie  slatis- 
tique  et  historique  du  pays  limousin  depuis  les  origines  Jusqu'à  nos 
Jours  (Limoges,  1919,  in-8°,  208  pages). 

«  L'auteur  a  publié,  en  1890,  un  volume  intitulé  :  Géographie 
et  histoire  du  Limousin,  qui  a  eu  une  deuxième  édition  en  1909,  sous 
le  titre  de  :  Géographie  historique  du  Limousin.  Le  volume  qui  vient 
de  paraître  est  plus  et  mieux  qu'une  troisième  édition  de  ce  premier 
essai  ;  c'est  une  forme  nouvelle,  rectifiée,  développée,  refondue  et 
méditée  en  toutes  ses  parties.  La  description  historique  du  pays, 
qui  correspond  à  trois  départements  (Corrèze,  Creuse,  Haute-Vienne), 
a  été  complétée  sur  un  très  grand  nombre  de  points  ;  la  géographie 
féodale  du  comté  de  la  Marche  a  été  précisée  et  mise  en  harmonie 
avec  l'exposition  que  j'en  ai  faite,  en  1910,  dans  un  travail  qui  fait 
partie  de  la  Bibliothèque  de  V Ecole  des  hautes  études  ;  deux  chapitres 
nouveaux  ont  été  introduits  dans  l'ouvrage,  l'un  traitant  des  «  limites 
d'idiomes,  de  coutumes,  de  douanes  »,  l'autre  étudiant  la  statistique 
et  la  répartition  de  quelques  groupements  sociaux.  Enfin,  des  cartes, 
dont  on  regrettait  l'absence,  ont  été  jointes  au  texte. 

«  On  ne  peut  .que  rendre  hommage  au  travail  et  à  l'intelligence 
dont  témoignent  la  réunion  et  la  mise  en  œuvre  des  matériaux  sans 
nombre  que  M.  Alfred  Leroux  a  utilisés  ;  le  lecteur  reconnaîtra, 
comme  l'auteur  l'invite  à  le  faire,  que  les  données  de  la  géographie 
historique  et  statistique  se  peuvent  ajouter  utilement  à  celles  de  la 
géographie  physique  et  à  la  géographie  humaine  pour  asseoir,  à 
chaque  période  du  passé,  l'exposé  de  la  civilisation  d'une  région 
déterminée.  » 

.  M.  Bouché-Leclbkcq  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Carcopino,  un  volume  intitulé  :  La  loi  de  Hiéron  II  et  les  Romains 
(Paris,  1919,  xxîi-307  p.  8)  : 

«  Les  Romains  ont  montré  une  véritable  maîtrise  dans  l'art  d'ad- 
ministrer les  pays  conquis.  Syracuse  avait  été  longtemps  gouvernée 
(de  269  à  216  a.  G.)  par  Hiéron  II,  un  parvenu  qui  avait  réussi  à  se 
concilier  les  partis  à  l'intérieur,  et  à  rester  à  peu  près  neutre  entre 
les  Carthaginois  et  les  Romains. 

«  Qu'un  tel  homme  ait  été  un  administrateur  habile  et  qu'il  y  eût 
avantage  à  adopter,  en  les  étendant  à  toute  la  Sicile,  les  règlements 
édictés  par  lui  en  matière  financière,  c'est  ce  que  pensèrent  les 
organisateurs  de  la  province,  et  c'est  ainsi  que,  dans  le  statut  repré- 
senté par  les  leges  Rupiliae  (vers 210  a.  C),  prit  place  une  lex  Hiero- 
nica  relative  à  la  perception  de  la  dîme  frumentaire,  impôt  direct  sur 


/ 


22  siANCi:  DL  30  jahvieb  1920 

les  ré  réaies,  dont  le  monlaot,  perçu  eo  nalure,  était  fixé  et  affermé 
tous  les  ans  aui  enchères. 

"  Il  «'•gît  donc  ici  de  déteni)in<>r  itm  précision  quelles  étaient  les 
meeiires  prévues  par  la  Uj:  HUroniea,  et  quelles  modifications  et 
additions  ont  été  introduiles  par  les  Romains,  soit  dans  l'assiette, 
soit  dans  le  mode  de  perception  des  laies.  La  question  présente  un 
intérêt  tout  spécial,  parce  qu'elle  comporte  l'eiaiBen  du  procès 
inlenic,  en  71  a.  C,  a  Te  i- propre  leur  de  Sicile,  C.  Verres.  Mais 
l'atteation  apportée  h  cet  examen  par  les  critiques  el  les  hypothèses 
accumulées  sur  leH  poinis  litigieux  rendaient  bien  ardue  la  tâche 
entreprise  par  M,  Citrcopino. 

"Je  n'essaierai  pas  de  doouer  eo  quelques  lignes  un  aperçu  des 
questions  posées  et  des  résultats  c|ue  je  considère  comme  acquis.  Il 
est  maintenant  facile  de  distinguer  entre  l'impôt  prévu  par  la  Ux 
Uiernnira,  les  surcharges  légales  établies  parlas  Romains  à  litre  de 
réquisitions  ohligatoires,  et  la  jurisprudence  hypocrite  d'un  concus- 
sionnaire omni|)Otenl,  qui  a  tourné  â  la  ruine  de  l'agriculture  dans  sa 
province  même  les  mesures  destinées  ù  la  proléger.  Le  nouvel 
examen  de  la  partie  du  dossier  où  Verres  apparaît  moins  cruel  que 
relora  '  De  frumento)  n'a  aucunement  allégé  les  charges  qui  pèsent 
sur  sa  mémoire.  » 


SEANCE    DU   31)  JANVIER 


PDEStDENCE   DE    H.    CHARLES    PIBKL. 

propos  du  procès- verbal,  M.  Louis  Legbb  demande  une 
ificatinn  A  la  note  qui  a  élé  publiée  sur  la  séance  trimestrielle 
nercredi.  Ce  n'est  pas  une  cnlleclion  de  livres  d'histoire, 
1  de  livres  slaves  qu'il  a  offerte  à  la  Tondalion  Dosne-Thiers. 
aisanl,  il  a  désiré  sauver  l'intégrité  de  la  bibliothèque  qu'il 
inie  depuis  un  demi-siècle  el  la  mcllre  dans  son  ensemble  à 
sposilion  des  personnes  que  celle  collection  peul  intéresser. 

îcture  est  donnée  des  lellres  par  lesquelles  MM.  Dorez, 
z  et  Jeanroy  |)oscnl  leur  candidature  à  la  place  de  membre 
nuire  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Héron  de 
ifOHse. 


SÉANCE    DU    30   JANVIER    1920  2H 

M.  Cbaries  Dibhl  lit  une  lettre  de  M.  Papadopoulos,  directeur 
do  lycée  gréco-français  de  Péra,  au  sujet  de  découvertes 
irchéoiqgiques  récemment  faites  à  Constantinople  : 

c  Lundi  dernier,  12  janvier,  le  feu  a  éclaté  derrière  (côté  est) 
la  mosquée  du  Sultan  Achmet  et  a  mis  en  cendres  le  superbe 
local  de  TÉcole  vétérinaire.  J*ai  pu  hier  visiter  les  lieux  et  j'ai 
constaté  que  Tédifîce  incendié  reposait  sur  des  substruclions 
importantes  qui,  chose  caractéristique,  se  trouvent  sur  la  même 
li^ne  que  les  autres  édifices  byzantins  qui  nous  ont  été  révélés  à 
la  suite  de  Tincendie  de  191 1 . 

«  Il  y  a  tout  lieu  de  croire  que  les  ruines  qu'a  mises  au  jour 
riacendie  d'avant-hier  appartiennent  au  palais  de  Daphné.  En 
effet,  le  palais  de  Daphné  était  situé  à  l'extrémité*  sud  de  Tenceinte 
du  palais.  L-n  chemin  partait  de  sa  porte  pour  aboutir  à  THep- 
Upyrghioa,  et  à  ce  chemin  les  auteurs  byzantins  opposent  tou- 
jours Tautre  voie  qui  partait  du  TîuxavKiTvjpiov  pour  aboutir  vers 
ri  'Euytviou  en  passant  parla  pointe  du  Sérail.  Pour  ce  qui  est  du 
«  pavillon  de  Tescalier  »,  en  grande  partie  déblayé  par  M.  Wie- 
^'aad,  tout  porte  à  croire  qu'il  appartenait  à  une  grande  annexe 
du  palais,  peut-être  le  Kaivoupyeiov, comme  le  suppose  Wiegand. 
Mais  quant  à  Tescalier  lui-même,  je  suis  certain  qu'il  n'était  que 
l'eicalier  secret,  ô  [Aurrtxôç  xoxXiôç,  dont  étaient  munis   tous  les 
palais.  L'escalier  monumental  (xcTàTwv  Ypa^^iwv  devait  être  à  côté. 
«  Entre  le  pavillon  de  l'escalier  et  les   ruines  de  l'édifice  qui 
vient  d'être  découvert  derrière  Sultan  Achmet,  se  trouvent  les 
restes  d'une  autre  coDstruction  importante.  Sa  façade  tournée 
vert  la  mer  présente  deux  étages  de  hautes  fenêtres  cintrées, 
rajourdliui  murées,  et  dont  la  largeur   est   de  3  "^  50,   Tout 
1  iatérieur  de  l'édifice  est  encore  comblé.    Peut-être  y  pourrait- 
on  reconnaître  le  triklino»  de  Justinien  II. 

«  Au  Sud  de  la  mosquée  Sultan  Achmet,  à  côté  d'une  petite 
mosquée  ruinée,  on  trouve  une  citerne  importante  qui  n'est 
nientionnée  ni  dans  Strrygowski  ni  dans  les  auteurs  qu'on  peut 
trouver  à  Constantinople.  De  même,  il  nie  semble  qu'on  n'a  pas 
ftif^alé  l'existence  d'une  très  belle  citerne  qui  se  trouve  sous 
le  palais  de  la  Dette  publique.  Strzyi;ow\<ki,  du  moins,  n'en 
parie  point. 

«  Je  ferai  la  description  de  ces  deux  citernes  avec  leur  photo- 
P^phie  pour  vous  les  envoyer.  » 


2i  SÉANCE    DU    30    JANVIER    1920 

M.  Théodore  Hkinach  entrelient  rAcadémie  du  plaidoyer  de 
Lysias  contre  Hippotherse  dont  d'importants  fragments  viennent 
d*êlre  découverts  et  publiés  par  M.  Grenfell.  Tout  en  rendant 
hommage  au  savant  travail  de  Térudit  anglais;  M.  Reinach  con- 
teste l'interprétation  qu'il  a  donnée  du  titre  et  du  sujet  de  ce 
discours.  D'après  M.  Reinach,  il  ne  s'agit  pas  d'un  plaidoyer  en 
faveur  d'une  servante,  mais  ai?  sujet  d'une  servante,  qui  faisait 
partie  du  patrimoine  de  Lysias  confisqué  par  les  Trente  tyrans. 
Lysias,  revenu  d'exil  après  le  triomphe  de  la  démocratie,  s'était 
remis  en  possession  de  l'esclave.  Hippotherse,  qui  Tavait  achetée 
aux  enchères  lors  de  la  mise  en  vente  du  patrimoine  confisqué, 
réclame  sa  propriété.  L'orateur  écarte  sa  prétention  par  des 
arguments  de  setitiment  qui,  bien  que  probablement  dénués  de 
valeur  juridique,  ont  dû  convaincre  un  auditoire  prévenu. 

MM.  Haussoullier  et  Alfred  Croiset  présentent  quelques 
observations. 

M.  Edouard  Cuq  fait  une  lecture  au  sujet  de  la  juridiction 
des  Kdiles  d'après  Plante. 

Les  Édiles  avaient  à  Rome  la  juridiction  criminelle  pour  cer* 
tains  délits.  Plante  parait  y  faire  allusion  dans  la  comédie  des 
Ménechmes  (v.  590-593)*  Mais  les  détails  qu'il  donne  se  réfèrent 
à  un  procès  civil.  L'avocat,  au  lieu  de  plaider  sur  le  fond, 
s'efforce  d'obtenir  qu'on  engage  un  pari  sur  la  culpabilité  de 
l'accusé.  Quelle  raison  lui  a  suggéré  cette  tactique  ?  On  n'en  a 
donné  jusqu'ici  aucune  explication  satisfaisante. 

L'avocat,  a-t-on  dit,  veut  rejidre  le  procès  moins  coûteux 
pour  son  client,  en  écartant  la  procédure  par  serment  qui  en- 
traîne une  peine  pécuniaire  pour  le  plaideur  téméraire.  Mais  il 
n'y  a,  dans  le  texte,  aucun  indice  qui  permette  aux  spectateurs 
de  songer  à  celle  procédure.  Puis,  il  faudrait  supposer  que  les 
Hdiles  ont  une  juridiction  civile  dont  on  n'a  par  ailleurs  aucune 
conlirmalion,  et  que  le  client  aurait,  en  présence  de  son  avocat, 
donné  par  erreur  une  caution  qu'il  n'avait  pas  à  fournir.  Enfin 
cette  interprétation,  suivant  la  remarque  de  M.  Havet,  ne  tient 
aucun  compte  du  sens  dramatique  de  la  scène.  I/avocat  se  plaint 
d'avoir  manqué  un  déjeuner  chez  sa  maîtresse  :  il  a  été  retenu 
trop  longtemps  au  tribunal  par  le  fait  de  son  client.  Voilà  ce 
qui  le  préoccupe,  et  non  le  gain  ou  la  perte  du  procès. 


LIVRES    OFFERTS  25 

M.  Cuq  montre  que  Texpédient  imaginé  par  Ménechme  avait 
pour  but  d*obtenir  le  renvoi  de  l'affaire  à  un  autre  tribunal  et 
par  suite  de  lui  permettre  d  aller  à  son  rendez-vous.  L'avocat 
avait  si  bien  embrouillé  l'affaire  que  l'Kdile,  comme  il  était 
<i*ttsage  dans  les  cas  douteux,  avait  autorisé  Taccusé  à  promettre 
une  certaine  somme  pour  le  cas  où  il  serait  jugé  coupable.  Le 
procès,  ayant  désormais  pour  objet  apparent  une  somme  d'ar- 
;renl,  se  transforme  en  procès  civil  ;  mais  la  somme  stipulée  par 
l'Edile  pour  remplacer  Tamende  encourue  par  le  délinquant  doit, 
comme  toute  créance  de  TÉtat,  être  garantie  par  une  caution 
spéciale  ^  L'accusé  a  eu  beaucoup  de  peine  à  trouver  ce  répon- 
dant. Cette  idée  devait,  suivant  M.  Havet,  être  exprimée  dans 
le  vers  593  qui  est  trop  court  d'un  pied  :  le  client  a  failli  ne  pas 
donner  de  caution.  En  attendant,  l'avocat  a  perdu  sa  journée  et 
manqué  son  déjeuner. 


LIVRES    OFFERTS 


M.  Camille  Juiluan  a  la  parole  pour  un  hommage  : 
a  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  FAcadémie,  de  la  part  de  l'auteur,  M.  de 
Li  BoDcière,  le  t.  V  de  son  Histoire  de  la  Marine  française.  Vous  avez 
déjà,  aux  précé. lents  volumes,  accordé  par  deux  fois  le  grand  prix 
Goberl.  Le  nouveau  tome  n'est  pas  indigne  des  précédents.  Il  a  déjà, 
«i  récente  que  soit  son  apparition,  son  passé  de  gloire  et  de  patrio- 
tiques services.  Le  hasard  a  fait  qu'un  de  nos  ministres  de  la  Marine 
en  lut  les  belles  pages  consacrées  à  Colbert  ;  de  là  est  né  ce  projet, 
aussitôt  réalisé,  de  célébrer  Fanniversaire  de  Colbert,  car  ce  volume 
a  pour  figure  principale  cellcKle  notre  grand  ministre  de  Louis  XIV. 
El  je  ne  crois  pas  qu'on  ail  encore  mieux  montré  l'intelligence 
*oaple  et  ferme  de  ce  fondateur  de  notre  marine,  son  esprit  sans 
resse  en  éveil,  cette  connaissance  profonde  de  tous  nos  intérêts 
natioDauXj  ce  mélange  de  longues  rétlexions  et  de  décisions  rapides. 
M.  de  La  Roncière  a  vraiment  donné  à  Colbert  le  monument  qu'il 
méritait,  d'autant  plus  que,  comme  Colbert  lui-même,  il  a  toujours 
M,  derrière  les  hommes,  voir  la  France.  >» 


1.  Edouard  Cuq,  Revue  des  Éludes  anciennes,  1919,  XXI,  249. 


COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES 


DE 


L'ACADÉMIE    DES    INSCRIPTIONS 

ET   BELLES-LETTRES 

PENDANT     L'ANNÉE     1920 

SÉANCE    DU    6    FÉVRIER 


PRESIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIBIIL. 

Le  P.  ScHEiL  communique  le  déchiffrement  de  deux  tablettes 
scolaires  de  Nipur,  déposées  au  Musée  de  Philadelphie,  publiées 
sans  traduction  par  M.  Lutz*. 

Le  contenu,  de  rédaction  sumérienne,  comprend  des  frag- 
ments d'un  Code  de  lois  qui  a  servi  de  source  et  de  prototype 
à  celui  de  Hammurabi.  Des  emprunts  textuels  peuvent  en  eiïet 
être  constatés  de  Tun  à  Tautre. 

Ces  paragraphes  regardent  la  culture,  la  propriété  bâtie,  les 
esclaves,  la  responsabilité  des  commis,  enfin  et  surtout  la 
famille  et  les  héritages. 

M.  Chabot  informe  TAcadémie  qu'il  a  reçu  une  lettre  du 
R.P.  Delattre  annonçant  la  récente  découverte  d'une  inscription 
panique,  malheureusement  mutilée. 

Le  fragment  qui  a  été  retrouvé,  de  forme  irrégulière,  porte 
86  lettres  appartenant  aux  neuf  premières  lignes  de  Tinscrip- 
tioo.  Il  s'agit  d'une  dédicace  faite  par  les  «  decemviri  préposés 
aax  choses  sacrées  ».  Le  P.  Delattre  enverra  prochainement  un 
estampage  de  ce  nouveau  texte. 

M-   Salomon  Reinach  présente  à  TAcadcmie  une  très  curieuse 

* 
I.  SeUcUd  SamtrUnand  RabylonUn  Texls  (1919,  n"  101-102  . 


28  UN    FEUS    SCULPTÉ    EN    BOIS    DE    RENKE 

statuetle  de  félin  en  bois  de  renne,  découveiie  par  M.  E.  Pa^se- 
mard  dans  la  caverne  d'IsluriU:  (Baïses-Pjrrénées)  '. 

M.  Edmond  Pottier  donne  lecture  d'une  note  sur  les  nouvelles 
fouilles  de  M.  Mourel  à  Ensênine  *. 


COMMUNICATIONS 


UN    FËtlN    SCUtE^É  EN    BOIS    DE    RENNE, 
PAR    M.    E.    PASStlMAilD. 

La  pièce  unique  que  reproduit  la  lig.  1  provient  de  mes 
fouilles  de  la  grotte  d'isturitz  (Basses- Pyrénées}  ;  elle  a  été 
recueillie  dans  la  partie  moyenne  d'une  riche  couche  mag- 
dalénienne qui  m'a  fourni  beaucoup  d'œuvres  d'art. 

L'animal  représenté  est  incontestablement  un  félin,  bien 
que  l'indication  des  poils  fasse  défaut,  non  moins  que  le  i 
modelé.  1^  tète,  irrégulière,  est  formée  de  la  malière  médul- 
laire du  bois  de  renne  ;  ni  yeux,  ni  bouche,  ni  oreilles  ne 
sont  indiqués. 

A  cause  de  la  queue  atrophiée,  on  pourrait  prendre  cet 
animal  pour  un  lynx  ;  mais  il  est  possible  que  l'artiste,  qui 
a  supprimé  les  détails  de  la  face,  ait  aussi  trouve  com- 
mode de  négliger  la  queue,  qui  eut  d'ailleurs  été  trop  fra- 
gile. 

I^  longueur  totale  est  de  0"'  10.  Comme  d'habitude  i 
celte  époque,  l'ingéniosité  de  l'artiste  a  suppléé  à  la  pau- 
vreté de  la  matière.  Celle-ci  est  une  base  de  perche  de 
bois  de  renne,  munie  de  deux  petits  andouillers  divei^ents. 
dans  lesquels  les  pattes  ont  été  sculptées.  Mais  comme  les 
deux  andouillers  ne  sont  pas  dans  le  même  plan,  il  s'ensuit 


UN    FÉLIN    SCLLPTÉ    EN    BOIS    DE    RENNE  29 

que  le  membre  antérieur  est  rejeté  sur  ta  gauche,  alors  que 
l'autre  est  è  peu  près  dans  l'axe  normal. 

Alors  que  d'ordinaire  l'artiste  magdalénien  indique  avec 
le  plus  grand  soin  les  détails,  il  s'est  contenté  ici  de  sculp- 
ter un  félin  schématique.  C'est  peut-être  que  le  décor  en 
creux  de  cette  figure  semblait  importer  plus  «[ue  la  figure 
elle-même. 


Pig.  1. 

Ce  décor  se  compose  de  cinq  trous  et  de  cinq  gravures, 
Jiâposés  comme  il  suit  : 

Deux  grands  trous  perforant  la  pièce  de  part  en  part, 
intéressant  le  thorax  et  l'abdomen  ;  trois  trous  plus  petits 
M  voient  au  maxillaire  inférieur  et  à  l'extrémité  des  pattes. 
Toos  ces  trous  sont  coniques  ;  comme  toujours,  ils  ont  été 
entamés  de  chaque  côté  de  la  pièce  et  ils  se  rejoignent  tant 
bien  que  mal  par  le  sommet. 

Les  gravures  comprennent  quatre  représentations  de 
harpons  sur  les  cuisses  et  les  avant-bras,  de  chaque  côté 
de  la  pièce  ;  une  ligne  bifurquée  suit  l'épine  dorsale. 
<Iette  ligne  est  bifurquée  en  V,à  branches  t-ourhes  «l  éva- 
êvasées,  dans  la  région  des  épaules.  Elle  est  double,  de 
wrte  que  la  tige  apparaît  en  relief  et  descend  jusque  sur  la 


30  UN    FÉLIN    SCCLPTÉ    KN    BOIS    DE    RENNE 

croupe  où  elle  se  perd.»  Elle  présente  de  chaque  côté,  dans 
sa  partie  antérieure  du  côté  de  la  fourche,  des  traits  très 
(ins,  également  espacés,  dirigés  dans  le  même  sens  que  les 
branches  du  V  et  qui  lui  donnent  un  aspect  épineux. 

Dès  1874,Lartet  et  Chaplain-Duparc  firent  connaître  des 
dents  d'ours  et  de  lion,  perforées  et  portant  des  harpons 
gravés.  J'ai  été  revoir  ces  curieux  objets,  trouvés  à  Sordes 
(Landes),  aux  Musées  de  Toulouse  et  du  Mans.  Les  dents 
de  Sordes  qui  présentent  des  gravures  analogues  à  celles 
d'Isturitz  sont  :  1®  Une  dent  d'ours  gravée;  d'une  part, 
un  phoque;  de  Tautre,  im  harpon  à  trois  barbelures  de 
chaque  côté  ;  2®  une  dent  d'ours  gravée  ;  d'une  part,  un 
brochet;  de  l'autre,  un  harpon  en  partie  détruit  par  le  trou, 
comme  sur  Favant-bras  droit  de  notre  félin  ;  3**  celle  des 
dents  figurée  sous  les  n***  11  et  13  de  Lartet,  qui  présente 
un  harpon  double  à  trois  barbelures  sur  une  face  et  un  har- 
pon double  à  quatre  barbelures  sur  l'autre  ;  à  une  barbelure 
près,  c'est  le  harpon  de  la  cuisse  droite  et  de  la  cuisse 
gauche  de  notre  félin. 

Enfin,  la  ligne  dorsale  est  comparable  à  la  fig.  8  de 
Sordes,  à  cette  seule  différence  que  cette  dernière  est  bifur- 
quée  aux  deux  extrémités. 

Ces  graveurs  de  harpons  poursuivaient  un  même  but, 
qu'il  serait  sans  doute  téméraire  de  vouloir  préciser.  Mais, 
comme  M.  S.  Reinach  l'a  judicieusement  exposé  en  1903, 
on  doit  probablement  songer  à  quelque  pratique  magique, 
analogue  à  l'envoûtement.  «  Il  s'agit,  écrivait-il,  d'une  prise 
ou  d'une  influence  d'ordre  magique,  antérieure  aux  religions 
et  aux  théologies,  mais  si  profondément  enracinée  dans 
l'esprit  humain,  qu'elle  s'est  maintenue  à  côté  des  religions, 
souvent  malgré  elles,  et  paraît  devoir  leur  survivre.  » 

Pourtant,  un  fait  d'ordre  stratigraphique  m'empêche 
d'être  trop  afRrmatif.  Le  félin  provient  d'une  couche  infé- 
rieure à  celle  où  j'ai  recueilli  des  harpons.  A  Sordes,  si 
l'on  examine  la  coupe  donnée  par  Lartet  et  Chaplain-Duparc, 


FOUILLES    DE   M.    F.    MOURET   A    ENSÉRVNE  31 

on  s^aperçoit  que  le  collier  de  dents  et  la  flèche  barbelée 
trouvée  par  eux  appartiennent  à  des  couches  différentes  ;  celle 
qui  a  fourni  le  collier  est  inférieure,  sous-jacente  à  Tautre. 

On  peut  supposer  qu'il  existait  des  flèches  barbelées 
faites  d'une  autre  matière  que  Tos  ou  le  bois  de  renne,  en  bois 
par  exemple  ;  elles  auraient  disparu  de  la  couche  aux  gra- 
vures sans  laisser  de  traces.  Ou  bien  encore,  à  lexemple 
de  certains  préhistoriens,  on  dirait  que  les  figurations  de 
traits  barbelés  ne  représentent  pas  des  harpons  et  qu'il  faut 
chercher  une  explication  dans  une  autre  voie. 

Avant  de  conclure,  je  désire  signaler  un  autre  objet  de 
ma  collection  (fig.  2).  C*est  un  petit  fragment  de  bois  de 


Fig.  2. 

renne  qui  porte  gravé  sur  sa  face  convexe  une  sorte  de 
harpon  bifurqué  irrégulièrement  à  la  base  et  garni  de 
chaque  cdté  de  deux  barbelures .  Dans  un  profond  sillon 
latéral,  un  trait  bifurqué  à  la  seule  extrémité  qui  subsiste 
rassemble  étrangement  à  la  ligne  dorsale  du  félin  et  au 
bâtonnet  bifide  de  la  dent  de  Sordes. 

Ainsi,  deux  gisements  de  la  même  région  ont  fourni  des 
pièces  différentes  qui  présentent  des  signes  analogues  et 
semblent  comporter  une  commune  explication. 


XOTE   SLR    LES  FOUILLES  DE   M.   F.    MOURET    A    ENSÉRUNE, 
PAR    M.    E.    POTTIER,    MEMRRE    DE    l'aCADÉMIE. 

Au  mois  de  juillet  1919  *,  M.  F.  Mouret  m*a  fait  parvenir 
un  choix  de  fragments  de  vases  peints,  trouvés  à  Ensérune, 

1.  Pour  le«  précédentes  découverles  de  M.  F.  Mouret,  voir  les  Comptes 
rtwfgj,  1919,  p,  S)S,  293. 


32  FOUILLES    DR    3J.    F.    MOL'HET   A    ENSÉRUNE 

parmi  lesquels  j*ai  remarqué  plusieurs  morceaux  recouverta 
d*un  enduit  blanc,  solide  et  brillant,  sur  lequel  sont  peiiÉp 
quelques  bandes  rouges  et  des  traits  noirs.  Cette  techni^M. 
était  nouvelle  pour  moi  et  je  me  suis  rendu  compte  qu*c4p 
dénotait  Texistencè  d  tme  céramique  très  soignée,  rappe^îji 
les  lécjlhes  blancs  grecs,  à  couverte  blanche  solide,  généi^ 
lement  ornés  de  figures  noires  et  antérieurs  à  la  fabri^, 
tion  des  lécy thés  blancs  funéraires,  à  couverte  plus  délictlg 
et  plus  friable.  M.  Pierre  Paris  avait  déjà  signalé  ce  genyt 
de  vases  ibériques  à  fond  blanc  dans  son  Essai^ur  VEspag^ 
primitive,  tome  II,  p.  112.  Nous  ne  connaissons  cncd|^ 
cette  série  intéressante  que  par  de  rares  et  incomplets  pvj^ 
duits.  Il  est  fort  désirable  que  les  découvertes  ultérieure 
en  apportent  quelque  spécimen  complet. 

M.  Mouret  a  trouvé  aussi,  en  assez  grand  nombre,  des 
poteries  grises,  de  terre  fine,  sans  décor  peint,  qui  rap- 
pellent le  bucchero  d' Italie, mais quil considère  comme  deê 
poteries  indigènes  et  qui  imitent  les  formes  des  vases  grecs. 
Ainsi  la  fabrication  locale,  à  côté  des  poteries  importées 
de  Grèce  et  d'Italie',  s'affirmerait  par  une  nombreuse  et 
variée  production.  Reste  à  savoir  si  ces  poteries  ont  été 
faites  dans  notre  pays  ou  si  elles  ne  viendraient  pas  d'Es- 
pagne. 

Les  fouilles,  poursuivies  aux  mois  d'octobre  et  de 
novembre  1919  avec  une  équipe  de  vingt-cinq  ouvriers,  ont 
encore  enrichi  considérablement  la  collection,  de  sorte  que 
M.  Mouret  peui  aujourd'hui  présenter  à  ses  visiteurs  un 
petit  musée  qui  contient,  non  pas  des  tiroirs  à  tessons,  mais 
des  vitrines  remplies  de  vases  bien  complets  (fig.  1).  G*est 
actuellement  l'ensemble  le  plus  riche  que  Ton  possède  sur 
la  céramique  grecque  recueillie  dans  nos  régions.  La  dispo- 
sition des  tombes,  rapprochées  les  unes  des  autres  comme 
dans  une  sorte  de  columbarium,  rend  facile  et  fructueuse 
Textraction  des  objets.  Cependant,  notre  correspondant 
signale  que  dans   certaines  parties   du  terrain  exploré  les 


POL'ILLES    DE    M. 


34  FOUILLES    DE   M.   F.    MOURET   A   ENSÉRUlfB 

tombes    apparaissent  isolées    et  très  distantes,   mais  que 
d'ailleurs  elles  sont  pauvres  et  sans  intérêt  particalifir: .. 

L^occupation  romaine  en  plusieurs  endroits  est  Timiflir 
superposer  à  la  couche  gréco-ibérique.  Dans  les  datktWk 
au  jour,  dont  quelques-uns  paraissent  avoir  aêr?i^A 
sépultures,  on  a  trouvé  des  ossements  et  des  cendres^  «#Kç 
des  restes  d'urnes  funéraires  brisées.  Des  canalisatiflfiiî^  en 
maçonnerie,  dont  le  fond  est  formé  de  briques  plates  iinftti- 
quées  qui  ont  été  recouvertes  ensuite  de  grandes  dalfes, 
attestent  aussi  Fintervention  des  architectes  romains,  Les 
unes  voisinent  avec  des  impluvia  dont  les  endiiits  à  cbttBx 
hydraulique  forment  des  parois  très  étanches  ;  d*aidxes 
aboutissent  à  une  grande  citerne,  divisée  en  deux  parvn 
mur  vertical.  La  cavité  était  remplie  avec  des  morceaSBX 
d  architecture,  fûts  de  colonnes  en  pierre,  colonnettes  de 
marbre  blanc.  Citons  encore  pour  cette  période  romaine 
des  fragments  de  fresques  sur  des  murs  d'anciennes  villas 
et  une  petite  mosaïque  intacte,  à  décor  géométrique 
(losanges  blancs  sur  fond  rougeàtre).  Le  plateau  d'Ensérune 
avait  donc  dû  recevoir  de  riches  habitations  de  plaisance, 
prenant  vue  sur  le  paysage  et  Thorizon  très  étendu  qui'se 
déroulent  tout  autour. 

M.  Mouret  nous  avait  déjà  signalé  la  découverte  de  la 
première  Ggurine  de  terre  cuite,  de  style  grec,  trouvée  à 
Ensérune;  elle  représente  une  déesse  drapée  assise  [C.  ren- 
dus, 1919,  p.  294).  Une  autre  trouvaille  du  même  genre 
complète  la  précédente  :  c'est  celle  d'un  vase  plastique 
(fig.  3)  en  forme  de  tête  de  femme,  d'argile  claire,  muni  à  la 
partie  supérieure  d'une  sorte  de  passoire  en  coupelle,  percée 
de  cinq  trous,  et  au  revers  d'une  ouverture  ronde,  analogue 
au  trou  d'évent  qui  est  usité  dans  la  fabrication  des  sta- 
tuettes d'argile.  Le  cou  de  la  femme  est  paré  d'un  collier  de 
perles  à  quatre  rangs,  réunis  sur  le  devant  par  un  fermoir  eu 
gros  bouton  ;  la  chevelure  divisée  en  bandeaux  sur  le  front 
retombe  en   longues  tresses   de   chaque  côté  du  cou.  Un 


FOUILLES    DE    U.    F.    .MOURET    A    f:NSËHIINE  35 


Fip.  1.  —  Vases  de sljle  iLérique 


36  FOUILLES    DE    M.    F.    MOURET    A    ENSÉRUNE 

diadème  posé  sur  les  cheveux  va  en  s'élargissant  et  forme 
la  coupelle  supérieure  doiit  nous  avons  parlé  ;  le  pourtour 
du  diadème  est  ceint  d'une  guirlande  de  feuilles  de  lierre. 
On  sait  que  des  vases  plastiques  de  ce  genre,  appartenant 
à  Tart  céramique  du  v*  et  du  iv*  siècle,  ont  été  trouvés  en 
grand  nombre  dans  les  nécropoles  d'Italie,  les  uns  prove- 
nant de  Grèce,  les  autres  exécutés  sur  place  d'après  des 
modèles  attiques  ;  ces  bustes  de  femmes  ont  la  plupart  un 
caractère  dionysiaque  et  représentent  Ariane  ou  quelque 
Nymphe  attachée  au  cycle  de  Bacchus.  Celui-ci  parait  être 
plutôt  de  style  italiote  qu'attique.  Mais  il  est  assez  difficile 
d'en  préciser  l'emploi  pratique.  Les  vases  en  forme  de  tête 
que  je  connais  ne  portent  pas  de  trou  d'évent  au  revers  et 
leur  embouchure  n'est  pas  disposée  en  passoire.  11  en 
est  autrement  dans  la  catégorie  des  vases  plastiques  en 
forme  d'animaux  qui  sont  souvent  munis  de  deux  ouver- 
tures :  au  revers  un  petit  orifice,  fermé  par  une  légère 
paroi  percée  de  petits  trous  qui  fait  fonction  de  filtre  ;  puis 
un  trou  d'écoulement  placé  soit  dans  la  bouche  même  de 
l'animal,  soit  dans  le  poitrail.  On  peut  supposer  qu'excep- 
tionnellement la  tète  d'Ensérune  répond  à  des  conditions 
analogues  :  on  bouchait  le  trou  placé  à  l'arrière  et  l'on  rem- 
plissait la  cavité  avec  un  liquide  dont  la  passoire  placée  à 
l'embouchure  assurait  la  pureté  et  la  limpidité.  Quand  on 
voulait  s'en  servir,  on  retirait  le  bouchon  et  l'écoulement 
se  faisait  par  ce  trou  d'évent.  J'avais  pensé  aussi  à  un 
brûle-parfums,  mais  le  dispositif  n'en  serait  pas  logique  et 
d'ailleurs,  comme  le  remarque  M.  Mouret,  il  n'y  a  aucune 
trace  de  combustion  ni  de  noircissement  à  l'intérieur. 

La  récolte  a  été,  comme  d'ordinaire,  abondante  en  cra- 
tères noirs,  décorés  de  guirlandes,  du  style  apulien  dit  de 
Gnathia,  qui  servent  d'ossuaires  dans  la  nécropole  ;  en  plats 
campaniens  à  palmettes  estampées  sur  le  fond  et  portant 
parfois  des  inscriptions  ibériques  ;  en  vases  indigènes  d'ar- 
gile grise  imitant  les  formes  helléniques.  Enfin  la  série  ibé- 


LIVRES   OFFERTS  37 

rique  est  représentée  par  de  beaux  exemplaires  tout  à  fait 
complets,  dont  quelques-uns  même  possèdent  encore  leur 
couvercle  (fig.  2)  ;  le  décor  est  constitué  par  des  crosses 
deniiculées,  des  triangles  et  losanges,  des  quadrilatères  ou 
certains  ornements  cruciformes  qui  présentent  avec  le 
répertoire  très  ancien  de  la  céramique  Cretoise  cette  parenté 
curieuse  qu'on  a  si  souvent  signalée  et  discutée  (voir  sur 
Tétai  le  plus  récent  de  la  question  mon  article  du  Journal 
des  Savants,  1918,  p.  281).  Je  suis  heureux  de  dire  que 
dans  le  groupe  des  produits  ibériques,  l'ensemble  réuni  par 
M.  Mouret  devient  un  des  plus  importants  et  des  plus 
instructifs  qui  existent  et  qu'il  peut  dès  maintenant  rivali- 
ser avec  les  meilleures  collections  de  ce  genre  en  Espagne. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SecnÉTAiRB  PERpéruEL  présente  à  T Académie,  au  nom  des 
Auteurs  : 

Jérôme  Carcopino,  Virgile  et  les  origines  d'Oslie  (fascicule  116* 
de  la  Bibliothèque  des  Ecoles  françaises  d^ Athènes  et  de  Rome)  ;  Paris, 
1920,  8«; 

Gtuseppe  La  Mantia,  Codice  diplomatico  dei  He  Aragonesi  di  Sici- 
Ua  (1282-1355).  Tomo  I  [Documenti  per  servire  alla  storia  di 
SicUia  pubblicali  a  cura  dalla  Società  Siciliina  per  la  Storia  patria. 
Série  I,  vol.  XXlll),  Palerrao,  1918,  4«. 

M.  Senart  fait  hommage,  au  nom  de  M.  Paul  Pelliot,  du  tome  I  de 
son  ouvrage  intitulé  :  Les  Grottes  de  Touen  Houan,  Grotles  1  à  30 
(Pans,  1920,  ia  4o). 

M.  le  comte  Durrieu  offre  un  travail,  dont  il  est  Tauteur,  intitulé  : 
Tue  suite  de  dessins  de  Godefroy  le  Batave  (extrait  des  Mélanges 
J.  Guiffreyj. 

M.  Babblon  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

««J'airhonoeur  d^olTrirà  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur,  M.Victor 


38  SÉANCE    DU    13    FÉVRIER    1920 

Tourneur,  conservateur  du  Cabinet  des  Médailles  de  Bruxelles^  une 
brochure  intitulée  :  Jehan  de  Candida^  diplomate  et  niéd  a  illeur  au 
service  de  la  Maison  de  Bourgogne,  1472-1480.  (Bruxelles,  in-8°  do 
125  pages  et  3  planches  (extrait  de  la  Renue  belge  de  numismatique, 
1914-1919).  C'est  une  étude  érudile  et  très  documentée  sur  un  per- 
sonnage qui  a  joué  un  rôle  considérable  à  la  cour  de  Charles  le 
Téméraire  et  dont  plusieurs  savants  se  sont  déjà  occupés  à  divers 
points  de  vue  :  MM.  Aloïss  Heiss,  C.  Couderc,  et  surtout  Henri  de 
La  Tour.  M.  Victor  Tourneur  a  complété  et  développé  les  recherches 
de  ses  devanciers  en  utilisant  de  nombreux  documents  inédits  con- 
servés aux  Archives  de  Bruxelles,  aux  Archives  départementales  de 
Lille  et  aux  Archives  de  TËtat  à  Milan.  11  a  ainsi  retracé  et  reconsti- 
tué Ig  biographie  et  les  curieuses  aventures  de  Jehan  de  Candida 
que  Charles  le  Téméraire  chargea  de  diverses  missions  diploma- 
tiques en  Autriche,  en  France,  à  Rome  et  dans  d'autres  pays  de 
TEurope.  Comme  Candida  était  non  seulement  diplomate,  mais 
médailleur,  il  a  exécuté,  pendant  les  règnes  de  Charles  le  Téméraire 
et  de  Marie  de  Bourgogne,  d'assez  nombreuses  médailles,  modelant 
de  bons  portraits  de  princes  et  de  personnages  du  temps,  dans  un 
style  particulier  et  personnel,  la  plupart  non  signées  et  que  la  cri- 
tique a  dû  s'appliquer  à  retrouver  et  à  grouper.  M.  Tourneur  en 
donne  la  liste  et  le  commentaire.  Son  étude  est  doublement  intéres- 
sante et  précieuse,  au  point  de  vue  historique  et  au  point  de  vue 
artistique.  » 


SÉANCE  DU  13  FÉVRIEIR 


PRESIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIEHL. 


Lecture  est  donnée  d'une  lettre  de  M.  Homo,  professeur  à 
l'Université  de  Lyon,  qui  adresse  à  TAcadémie  un  rapport  sur 
sa  mission  à  Rome.  —  Renvoi  à  la  Commission  Piot. 

L'ordre  du  jour  appelle  rélection  d'un  membre  ordinaire  en 
remplacement  de  M.  Héron  de  Villefosse. 

Le  Président  donne  lecture  des  articles  du  règlement  et  rap- 
pelle les  noms  des  candidats  qui  sont,  par  ordre  alphabétique, 
MM.  Delachenal,  Dorez,  Glotz,  Jeanroy  et  Pelliot. 


SÉANCE    DU    13    FÉVRIER    1920  39 

Le  nombre  des  votants  est  de  35;  majorité  absolue,  18  voix. 
Au  l*"^  tour,  M.  Delachena)  obtient  5  voix;  M,  Dorez,  6  voix  ; 
M.  Glolz,  8  voix;   M.   Jeanroy,  7   voix;  M.  Pelliot,  8  voix; 
M.  Fougères  (non  candidat),  1  voix.  —  Pas  de  majorité. 

Au  2*  tour,  M.  Delachenal  obtient  8  voix  ;  M.  Dorez,  5  voix; 
M.  Glotz,  13  voix;  M.  Jeanroy,  8  voix.  11  y  a  un  bulletin  mar- 
qué d'une  croix.  —  Pas  de  majorité. 

Au  3*  tour,  M.  Delachenal  obtient  12  voix  ;  M. Dorez,  2  voix; 
M.  Glotz,  14  voix;  M.  Jeanroy,  6  voix.  Il  y  a  un  bulletin  mar- 
qué d'une  croix.  —  Pas  de  majorité. 

Au  4*  tour,  M.  Delachenal  obtient  15  voix;  M.  Glotz, 
16  voix  ;  M.  Jeanroy,  3  voix.  11  y  a  un  bulletin  marqué  d'une 
croix.  —  Pas  de  majorité. 

Au  5*  tour,  M.  Delachenal  obtient  17  voix;  M.  Glolz, 
16  voix  ;  M.  Jeanroy,  1  voix.  Il  y  a  un  bulletin  marqué  d'une 
croix.  —  Pas  de  majorité. 

.\u  6*  tour,  M.  Delachenal  obtient  17  voix  ;  M.  Glotz,  16  voix; 
M.  Jeanroy,  1  voix.  Il  y  a  un  bulletin  blanc.  —  Pas  de  majorité. 

Au  7*  tour,  M.  Delachenal  obtient  17  voix  ;  M.  Glolz,  17 
voix.  Il  y  a  un  bulletin  marqué  d'une  croix.  —  Pas  de  majorité. 

Le  Président,  constatant  que  les  candidats  sont  à  égalité, 
consulte  l'Académie  sur  l'opportunité  qu'il  y  aurait  à  remettre 
l'élection  à  une  date  ultérieure;  mais  comme  le  règlement  n'a 
rien  prévu  à  cet  égard,  il  s*agit  de  savoir  si  l'on  choisira  une 
date  rapprochée  ou  si  au  contraire  on  se  prononcera  pour  un 
renvoi  à  une  date  éloignée,  six  mois  par  exemple. 

Après  un  échange  de  vues  entre  MM.  Prou,  Schlumberger, 
ClekmotT'Gantsbau,  Girard,  Thomas  et  Babelon,  l'Académie  se 
fonne  en  comité  secret  pour  discuter  à  fond  la  question. 

La  séance  étant  redevenue  publique,  la  Compagnie  décide  de 
continuer  au  début  de  la  prochaine  séance  le  vote  interrompu 
après  le  7'  tour. 

SI.  Edouard  Cuq  fait  une  lecture  sur  un  diptyque  latin  de  la 
Bibliothèque  Bodléienne  d'Oxford,  relatif  à  la  tutelle  dative  des 
femmes  *. 

1.  Voir  ci-«préê. 


COMMUNICATION 


un    DIPTYQUE    LATin    BUR    LA   TUTELLE  DATIVE    DES    FEMMES, 
PAB    H.     EDOUARD    CUQ,    MEMBRE   DE     l'aCADËHIB. 

Ce  diptyque,  récemment  acquis  au  Caire  par  M.  le  pro- 
fesseur Sayce  et  donné  par  lui  à  la  Bibliothèque  de  rUoi- 
versité  d'Oxford,  est  formé  de  deux  tablettes  de  bois  qui 
mesurent  0™  15  sur  O"  12.  I^e  creux  destiné  à  recevoir 
la  cire  a  0"  105  sur  0"  075.  Comme  il  est  arrivé  pour 
le  fragment  de  triptyque  du  Musée  de  Leeuwarden  dont 
j'ai  entretenu  l'Académie,  il  y  a  quelques  mois',  la  cire  a 
presque  entièrement  disparu;  mais  la  pointe  du  style  ayant 
pénétré  dans  le  bois,  la  trace  des  lettres  est  très  nette  : 
l'écriture  extérieure  et  intérieure  est  bien  conservée.  Le 
texte  a  été  aisément  déchilFré  et  publié  par  M.  Grenfell 
dans  The  Bodleian  Qaaterly  Record,  1919,  p.  2S9,  262. 

A.  Face  intérieure.  Page  2. 

Q.  Aemitius  Salarninua,  prsef[ecius)  Acg(ypti), postulante 
.  Tcrenlto  Sarapammone,  Meviae  Dionusario,  e  lerfe  Jatia 
Ti{ti)a  et  ex  a{cnatus)c{onsuUo),  M.  Juliam  Alexan- 
'■um,  qao  ne  ab  juslo  lutore  tateta  abeat,  tu torem  dédit, 
ercebtss.  Actum.  Alex[andrex)  ad  Aegyplum,  viiii 
tt{endas)  oclobre{a),  Saturnine  et  Gallo  co(n)s(ulibn3), 
ino  vii  imp{eratorum)  Caesarum  L.  Septimi  Severi  PU 
ertinacia  Arabici  Adiabenici 

B,  Face  intérieure.  Page  3, 

Parthici  Maximi  et  M.  Aureti{i)  Antonini  Aag[ustorum), 
enae  Tholh,  die  xxvi. 

Mijoûia  Atsvuoipiov  a:ii,'sx)f.-t\<iy  [sic]  xùpisv  >  iT:ivpaf;p.ev9ï 


UN    DIPTYQUE    LATIN  4i 

B.  Face  extérieure.  Page  4. 

C.  Juli{i)  Heraclae^  C,  Longini  Prlnci^  P.  Octavi{i)  Theo- 
phili^  M.  Aureli(i)  Marci,  M,  Juli{i)  Felicis,  C,  Domiti{i) 
Claudianiy  C.  Terenti{i)  Sarapammonis  [signa \, 

Q.  Aemilius  Saiurninus,  prœf[ectus)  Aeg{yptï)y  postu- 
lante C.  Terentio  Sarapammone^  Méviae  Dionusario,  e  lege 
Julia  et  Titiaet  ex  s{enatus)c{onsulto)y  M.  Julium  Alexan- 
dram,  quo  ne  ab  juste  tutore  tutela  abeat^  tutorem  dédit. 

A.  Face  extérieure.  Page  1 . 

dereebtss,  Actum  Alex[andreac)  ad  Aeg(yptum) 
viiii  kal{endas)  Octobr{es)^  Saturninô  et  Gallo  co[n)s[uU' 
bus),  annô  vii  imp[eratorum)  Caesarum  L,  Septimi  Severi 
PU  Pertinacis  Maximi  et  M.  Aureli[i)  Antonini  Parthici 
Maximi  et  M.  Aureli[i)  Antonini  Aug[ustorum),  mense 
Thothy  die  xxvi, 

Mt;o:>iji  Aiîvuffipiov,  aiTi^|<Jï|XYîv  [sic]  xtiptov  ÏT:i^(poL^o\».Z'^0'i 
Is'jauv  'AXcîxvîpov,  (î)ç  içpsxetTat. 

Fiio^  'loÛAwç  HpaxXa;  i'^pz^boi  ùxep  aiTfJç  -^piikiL^xa  [xy; 
ftiùtt;;. 

Mc^ÛE^  Atovuaip'.oj  alTCJiii£vr,ç  xûpiov  Fiiov  'loJXiov  'AXéÇav- 
îpsv. 

Le  diptyque  de  la  Bodléienne  contient  un  certificat  con- 

0  

staiant  que  le  préfet  d'Egypte,  Q.  i^milius  Saturninus,  a 
donné  pour  tuteur  à  une  citoyenne  romaine,  Mœvia  Diony- 
sarion,  la  personne  qu'elle  lui  a  désignée,  M.  Julius  Alexan- 
der.  La  nomination  a  été  faite  en  vertu  de  la  loi  Julia  et 
Tiiia  et  d*un  sénatus-consulte.  La  loi,  qui  est  connue  grâce 
aux  commentaires  de  Gaius  (I,  185),  a  étendu  aux  gouver- 
neurs de  provinces  le  droit  de  nommer  des  tuteurs,  conféré 
par  la  loi  Atilia  au   Préteur  urbain  assisté  du  collège  des 


42  tX    DIpnutB    LATI5 

tribuDS  de  la  plèbe'.  Le  sénatas-consnlte est  celui  qui,  sur 
la  proposition  de  Marc-Aurèle,  a  dêtenniDë  d'uue  façon 
précise  les  ma^strats  provinciaux  qui  ont  te  jai  dxndi 
tatores  •.  Le  préfet  d'ÉgTpte,  le  Jaridicaa  d'Egypte  et 
d'Alexandrie  sont  compris  dans  l'éDuniération  ^. 

L'acte  est  daté  du  23  septembre  198,  sous  le  règne  de 
Septime  Sévère  et  d'Aotooin  Caracalla.  Bien  que  rédigé  en 
latin,  il  porte  en  grec  la  souscription  de  la  femme.  Le  titre 
de  l'acte  est  également  en  grec  ;  il  est  placé  en  tète  de  la 
première  page. 

Le  texte  est  écrit  sur  les  pages  intérieures  2  et  3.  Le 
duplicata  occupe  la  moitié  des  pages  extérieures  4  et  1 .  Sur 
la  seconde  moitié  de  la  page  extérieure  4.  sont  les  noms 
des  témoins  en  regard  de  la  cavité  où  leurs  sceaux  ont  été 
apposés  sur  le  61  de  fermeture.  Le  litre  de  l'acte  est  à  la  fin 
de  la  page  extérieure  t.  Conformément  à  la  règle  édictée 
par  le  sénatus-constilte  de  l'an  6t.  les  deux  tablettes  sont 
percées  de  trous  >'  trois  sur  une  des  marges,  un  sur  la  maige 
opposée',  où  l'on  faisait  passer  trois  fois  le  cordon  de 
fermeture  avant  de  le  fixer  par  des  cachets  '. 

Le  diptrtpie  est  souscrit  et  scellé  par  sept  témoins 
citoyens  romains,  au  nombre  desquels  figurent  C.  Terentius 
j-apammon  qui  a  remis  au  Préfet  la  requête  de  la  femme, 
C.  Julius  Héraclas  qui  a  souscrit  l'acte  à  sa  place,  parce 
['elle  ne  sait  pas  écrire.  Ces  souscriptions  et  les  sceaux 
posés  sur  le  fil  de  fermeture  garantissaient  la  sincérité 
l'écriture  intérieure  qu'on  n'aurait  pu  modifier  sans  bri- 
r  les  sceaux.  Une  précaution  analogue  a  été  prise  pour 
diptyque  du   Musée    du  Caire  contenant  un  extrait  de 


.  Cf.  Ëilouard  Cuq.  Mtnael  da  instiCaliani  jaridiqatt  dei   Aomiini, 

7,  p.  ÏOÎ. 

:.  Ulpien.  Dig.  XXVI.  i.  1  pr.,  I. 

I.  Ibid..  [.  10.  i. 

,.  Paul,  Stnt.,  V.  »,  6. 


UN    DIPTYQUE   LATIN  43 

naissance  délivré  à  Alexandrie  en  448  :  il  est  souscrit  et 
scellé  par  sept  témoins  K 

Les  diverses  mentions  écrites  sur  le  diptyque  ne  sont  pas 
de  la  même  main.  La  souscription  de  la  femme  sur  la  face 
intérieure  de  la  seconde  tablette  (B,  p.  3)  n'est  pas  de  la 
main  qui  a  écrit  le  texte  latin  de  cette  face  et  de  la  page  2. 
Les  souscriptions  des  témoins  sont  d*une  troisième  main. 
Le  duplicata  de  Tacte  sur  la  face  extérieure  de  la  seconde 
tablette  est  d'une  quatrième  main,  ainsi  que  celui  de  la 
souscription  de  la  femme.  Une  cinquième  main  a  écrit  le 
titre  de  Tacte;  le  scribe  a  ici  donné  au  nom  de  la  femme  la 
forme  romaine  Me^ia  au  lieu  de  Mr^oùia. 

M.  Grenfell,  dans  les  notes  quil  a  jointes  à  son  édition 
du  diptyque,  a  fait  ressortir  les  particularités  qu'il  présente 
au  point  de  vue  de  ses  dispositions  et  de  sa  forme  ;  il  Ta 
fait  avec  la  précision  que  Ton  peut  attendre  d'un  des  savants 
qui  connaissent  le  mieux  les  documents  gréco-égyptiens. 
Quant  au  fond,  l'étude  du  texte  soulève  deux  questions  sur 
lesquelles  M.  Grenfell  ne  s'est  pas  prononcé  :  l'une  a  trait 
aux  différences  qui  séparent  l'acte  écrit  sur  le  diptyque  des 
actes  analogues  déjà  connus  ;  Tautre,  aux  abréviations  qui 
terminent  la  ligne  6  et  sont  reproduites  sur  la  face  extérieure 
de  la  première  tablette.  J'essaierai  de  compléter  sur  ces 
deux  points  lexplication  du  nouveau  document. 

■ 

1 

LES   CERTIFICATS    DE   TUTELLE    DATIVE 

Pour  accomplir  valablement  certains  actes  juridiques, 
le»  femmes  doivent  être  assistées  de  leur  tuteur,  à  moins 
qu'elles  n'aient  le  jus  liberorum,  A  défaut  de  tuteur  testa- 
mentaire ou  légitime,  elles  doivent  prouver  qu'elles  ont  un 

I.  Wilcken,   ChrêêlomMihie,  313. 

1  Cf.  Edouard  Cuq,  Manuel,  p.  330-233. 


44  tN    DIPTÏQUIS    LATIN 

tuteur  datif.  Cette  preuve  résulte  d'une  pièce  officielle  scel- 
lée par  des  témoins,  d'un  certificat  délivré  par  les  bureaui 
du  magistrat  qui  a  nommé  le  tuteur.  Les  papyrus  gréco- 
égyptiens  déjà  connus  en  offrent  plusieurs  exemples.  Ces 
actes  renferment  une  copie  de  la  requête  de  la  femme,  avec 
sa  souscription  et  celle  du  tuteur  qu'elle  a  proposé  ;  une 
copie  du  décret  préfectoral  qui  fait  droit  à  la  demande.  1^ 
copie  est  certifiée  par  le  Préfet'. 

L'acte  écrit  sur  le  diptyque  est  tout  difTérent  :  il  contient 
uniquement  la  substance  de  la  requête  et  du  décret  subsé- 
quent avec  la  souscription  de  la  femme.  C'est  un  extraitdes 
actes  originaux  et  non  une  copie.  On  n'y  a  mis  que  ce  qui 
a  paru  essentiel  pour  permettre  à  la  femme  de  traiter  régu- 
lièrement avec  les  tiers.  C'est  la  première  fois  qu'on  ren- 
contre un  certificat  de  tutelle  dative  ainsi  rédigé.  D'où 
vient  cette  différence  de  rédaction?  Pourquoi  un  simple 
extrait  au  lieu  d'une  copie  de  l'original?  Pourquoi  ajouter 
la  souscription  de  la  femme,  alors  qu'on  exclut  celles  du 
tuteur  et  du  Préfet? 

Le  certificat  a  pour  but.  quelle  qu'en  soit  la  forme,  de 
ue  la  tutelle  a  été  déférée  par  le  magistrat  compé- 
lire  connaître  le  nom  de  la  personne  qui  en  est 
t  celui  de  la  femme  à  laquelle  elle  s'applique.  A 
oints  de  vue,  la  copie  des  acles  originaux  donne 
isFaction.  Mais  en  pratique  on  a  rarement  besoin 
:s  renseignements  fournis  par  cette  copie-  On  n'a 
aindre  que  le  tuteur  conteste  la  mission  qu'il  a 
en  souscrivant  l'original  ni  qu'on  soulève  une 
sur  le  décret  rendu  par  le  Préfet.  On  peut  donc 

.  IV.  710;  XTI,  li6â.  Les  copies  délivrées  par  les  bureaux  d'un 
oHenl  ordinairement  la  Bouscriplion  du  magistral  ou  du  chef 
iegiou  recognoBt,  ou  âï;ïv'.,y  (P.  Teb,  II,  387;  BGU.,  I,  IM; 
(s.  Ber.,  1910.  p.  T13j.  Parfois  le  numéro  du  bureau  esl  indi- 
s  copie  délivrée  par  le  chef  du  19' bureau  de  ta  chancellerie 
n  lil  recognovi  andetticeniimuilCIL..  III,  lit). 


UN  oiptyqOk  latin  45 

sans  iaconvénieoi  restreindre  la  teneur  du  certificat  aux 
indications  indispensables  aux  tiers  pour  s'assurer  qu'on 
ne  pourra  faire  annuler  l'acte  qu'ils  vont  conclure  avec  la 
femme. 

La  rédaction  ainsi  abrégée  a  un  double  avantage  :  le  cer- 
tificat coûtera  moins  cher,  car  il  y  a  lieu  de  penser  que  la 
taxe  à  payer  était  proportionnée  à  la  longueur  de  Tacte  *  ; 
il  sera  plus  portatif  et  pourra  être  écrit  sur  des  tablettes  de 
très  petites  dimensions  comme  notre  diptyque.  En  cas  de 
déplacement,  la  femme  pourra  l'emporter  commodément 
pour  s'en  servir  si  l'occasion  s'en  présente. 

Mais  en  réduisant  le  certificat  au  strict  nécessaire,  il 
semble  qu'on  aurait  dû  supprimer  toutes  les  souscriptions. 
Le  maintien  de  la  .souscription  de  la  femme,  avec  la  mention 
qu'elle  a  demandé  pour  tuteur  la  personne  nommée  par  le 
Préfet,  s'explique,  à  mon  avis,  soit  par  l'intérêt  des  tiers, 
soit  par  le  désir  du  magistrat  de  dégager  sa  responsabilité. 

Les  tiers  ont  intérêt  à  savoir  que  la  femme  a  choisi  elle- 
même  son  tuteur.  S'il  est  incapable  ou  malhonnête^  elle  ne 
pourra  alléguer  qu'elle  n'a  pas  été  protégée.  S'il  a  donné  à 
tort  son  auclorilas,  la  femme  seule  en  subira  les  consé- 
quences, sauf  son  recours  contre  lui.  Le  tuteur  choisi  par 
la  femme  devient  en    effet  son  mandataire;  comme  tel,  il 

1.  Cr.  pour  les  taxes  judiciaires,  redit  d'un  gouverneur  de  Nuinidie. 
C/iL.,  VIII,  17896.  —  On  pourrait  se  demander  si  le  certificat  écrit  sur  le 
diptjrque  a  bien  été  délivré  par  les  scribes  de  la  Préfecture,  ou  si  la  copie 
•  été  faite  par  Héraclas  sous  le  contrôle  et  la  garantie  des  sept  témoins 
qui  ont  scellé  les  tablettes.  On  connaît  en  effet  des  copies  d'actes  officiels 
faites  par  les  intéressés.  Dans  un  fragment  de  diptyque  de  l'an  94,  un 
vétéran  déclare  qu'il  a  copié  le  document  cité  par  lui  littéralement  (un 
édit  de  Domitien)  d'après  une  table  de  bronze  fixée  sur  le  Caesareum 
Magnum  d'Alexandrie  :  teslatai  est  se  descriplam  et  recognilum  fecisse  ex 
^hulâmneM...  {G.  Lefebvre,  Bull.  Soc.  archéoL  d'Alexandrie,  1910,  p.  39; 
Wilckcn,  Chresi.,  4<f3].  Il  ajoute  que  la  déclaration  a  été  faite  coram  ac 
prmieniibtts  eit  qai  tignaiuri  erant.  Mais  autre  chose  est  copier  un  acte 
tAché  en  public,  autre  chose  prendre  copie  d'un  extrait  du  Breviarium.  Il 
n'est  pas  douteux  qu'il  fallait  ici  obtenir  la  coopération  du  bureau  qui  en 
•vsit  U  garde. 


46  r\    DlPTVyLE    LATIS 

doit  agir  de  bonne  foi  et  sans  dol,  sous  peine  d'être  tenu 
de  l'action  de  mandnt.  L'acceptation  du  mandat  résulte  de 
la  souscription  du  tuteur  sur  la  requête  adressée  par  la 
femme  au  magistrat.  Le  tuteur  faisait  suivre  son  nom  des  ! 
mots  ïJSsxÛ  tî;  îar.oEi,  ou  simplement  EJÎïXb)  ',  Bien  que  le  1 
mandat  soit  gratuit,  on  pouvait  indemniser  le  tuteur  soit  I 
pour  les  dépenses  qu'il  avait  dû  faire,  soit  pour  la  perte  ■ 
qu'il  avait  subie  en  sacriilant  une  partie  de  son  temps  dans  | 
l'intérêt  de  la  femme  ^.  i 

Le  maintien  de  ta  souscription  de  la  femme  se  justifie  à  I 
un  autre  point  de  vue  :  c'est  la  conséquence  de  ce  que  le 
tuteur  est  ici  nommé  sans  enquête.  En  principe,  la  nomi- 
nation d'un  tuteur  par  le  magistrat  est  une  mesure  grave  : 
il  s'agit  de  conlier  à  une  personne  la  fortune  d'un  inca- 
pable, de  la  charger  de   l'assister  dans  l'accomplissement 
d'un  acte  juridique  solennel  ou  dans  l'exercice  d'une  action 
en  justice.  Le  magistrat  est  rarement  en   état  de  faire  lui- 
même  un  choix   éclairé,  alors    surtout  que   son    autorité 
s'étend  sur  un  territoire  aussi  vaste  que  celui  de  l'Egypte  :  . 
il  fait  procéder   à  une  enquête  ;   il  invile  (es  magistrats  du 
domicile  de  l'incapable  h  chercher  un  tuteur  et  à  s'assurer  ' 
de  son  honorabilité  et  de  sa  solvabilité  ^. 

Lorsqu'il  s'agit  d'un  impubère,  il  est  permis  à  un  parent,   ' 
àun'ami  d'indiquer  au  magistrat  les   personnes    aptes  ù   ; 
!rcer  la  tutelle  \  mais  on  doit  toujours  lui  en  proposer  ' 
isieurs  entre  lesquelles  il    choisira    après   enquête.  Le   ■ 
jyrus  Nicole  de  l'an  U"  enoffreun  exemple  :  une  veuve, 
re  dun  impubère,  prie  le  juridkiia  d'Egypte  de  choisir 
;re  deux  personnes  nominativement  désignées,  celle  qu'il 
;era  la  plus  digne  {i\icnT:-.-:tp',:)  d'exercer  la  tutelle  ■. 

,  P.  Oiy,  I,  5«;  IV,  780;  BGU.,\V,  1070. 

luard  Cuq.  Wanutl,  p.  JDI,  5  et,  6, 
Ulplen,  Dig..  XXVIl,  e.  ],  s  ï,  3. 
Modealiti.  Dig.,  XXVI,  6,  ï  pi-. 
Ilfvae  nrchéologiqae.  1X91,  XXIV,  ;o. 


UN    DIPTYQUE    LATIN  47 

Une  constitution  de  Sévère  a  consacré  cet  usage,  en  obli- 
geant la  mère  à  demander  au  gouverneur  de  la  province  la 
Domination  du  tuteur  sous  peine  d'être  déchue  de  la  suc- 
cession légitime  de  son  (ils  ^  Elle  doit  présenter  plusieurs 
ooms  (nomina  ederc)  ;  mais  il  semble  qu'au  m'  siècle  elle 
pouvait  le  taire  successivement,  le  magistrat  ayant  le  droit 
d'écarter  celui  qu'on  lui  proposait  :  c'est  ce  qui  résulte  de 
deux  papyrus  des  années  218  et  266.  Dans  les  deux  cas, 
la  mère  déclare  qu'elle  fait  cette  présentation  à  ses  risques 
et  périls  -.  Elle  prend  la  responsabilité  du  choix  qu'elle  a 
(ait.  Cette  déclaration  ne  dispensait  pas  le  magistrat  de 
faire  une  enquête  ;  la  protection  du  pupille  l'exige.  L'en- 
quête était  nécessaire  même  lorsque  la  mère  avait  désigné 
le  tuteur  dans  son  testament  :  le  tuteur  était  confirmé  ex 
inquiêitione  *, 

Il  n'en  était  pas  ainsi  pour  la  tutelle  des  femmes.  Ici  la 
femme,  ou  un  tiers  en  son  nom  ^,  désigne  au  magistrat  le 
tuteur  de  son  choix.  Tel  est  le  cas  d'un  acte  de  la  même 
année  que  notre  diptyque  ^,  et  de  deux  actes  des  années 
21 1  et  247  ^.  Le  rôle  du  magistrat  se  borne  à  conférer  le 
titre  et  les  pouvoirs  d'un  tuteur  à  la  personne  qui  lui  est 
désignée.  Comme  dans  le  cas  précédent,  mais  sans  qu'une 
déclaration  expresse  fût  requise,  la  nomination  était  faite 
aux  risques  et  périls  de  la  femme.  Le  magistrat  tenait  à 
dégager  sa  responsabilité.  Si  le  tuteur  n'avait  pas  la  ges- 
tion des  biens  comme  le  tuteur  d'un  pupille,  son  auclorilas 
était  exigée  pour  des  actes  qui  pouvaient  compromettre  la 


I.  ModesLin,  loc.  cit.,  3,  2. 

5.  BGU,^  IV,  1070;  P.  Tob.  II,  326  :  aiToCjjia'. . . .  xto  t^uo  xtv5Jv».i  crtiponov 

î.  Neratiut,  Dig.^  X.WI,  3,  2  pr. 

4.  Ulpien,   Dig.,   XXVII,  7,  2  :   PostaUre  lulorem  vUetur  e(  qui  per 
àliam  poêtuUt, 
y  p.  Teb.,  II.  307. 
«.  P.  Oxy.  I,  56;  IV,  720. 


48  r?t    WPTTI^CE  LATIX 

foriane  de  la  femme  :  aliéner  des  choses  précieuses,  con- 
tracter des  obliquons,  donner  quittance  d*un  paiement  K 

La  responsabilité  du  Préfet  d'Egypte  était,  il  est  vrai, 
morale  et  non  pécuniaire.  Les  magistrats,  qui  ont  le  jus 
dandi  laiores,  ne  sont  pas  soumis  à  Faction  créée  en  vertu 
d*un  sénatus-consulte  du  règne  de  Trajan  ^  contre  les 
magistrats  municipaux  qui  ont  présenté  un  tuteur  insol- 
vable ^.  Le  Préfet  ou  le  juridicut  n'en  devait  pas  moins 
juger  utile  de  prévenir  toute  erreur,  en  prescrivant  d'insérer 
dans  le  certificat  délivré  à  la  femme  les  termes  de  sa  sou- 
scription. C'était  le  meilleur  moyen  d'avertir  les  tiers  et  de 
rappeler  à  la  femme  que  le  Préfet  lui  avait  donné  le  tuteur 
qu'elle  avait  elle-même  choisi. 

L  importance  attachée  à  cette  souscription  est  confirmée 
par  le  titre  écrit  en  grec  sur  la  face  extérieure  de  la  pre- 
mière tablette  et  qui  résume  la  partie  essentielle  de  l'acte  : 
rer^uête  de  Ma»via  Dionysarion  afin  d'avoir  pour  tuteur 
G.  Julius  Alexander  ^.  On  remarquera  qu'il  n'est  pas  dit  que 
ce  tuteur  doive  être  un  tuteur  ad  hoc,  comme  dans  un  acte 
de  Tan  2 H  •*,  où  il  s'agit,  il  est  vrai,  de  pérégrins  **. 

Là  même  préoccupation  de  dégager  la  responsabilité  du 
magistrat  apparaît  dans  la  clause  quo  ne  ab  jusio  lutore 
iuiela  abeai.   Cette  clause  était  depuis  longtemps  usitée  : 

1.  G^ius,  L  191,  192;  III.  171.  P.  Lond.  11,  cccclxx,  p.  215.  P.  Teb.  Il, 
397. 

2.  Ulp.Vn,  Dig..  XXVII,  H,  1,  1. 

3.  (J.  ïvlouard  Cuq,  ManaeL  P-  218,  2. 

4.  La  ^ou!irriplion  ôe  la  femme  porte  xjc;ov  irtysa^uiêvoy.  Le  verbe 
t::'--;^si'Ç€:/  e^l  le  terme  ordinairement  usité  pour  désigner  U  délation  de  la 
tijteile  par  I*^  magistrat.  Voir  les  notes  suivantes.)  On  trouve  aussi 
kzfj^%invf,  ir.izz.iTa'.*,  £r:'.o:oovai. 

5.  P.  Oxy.  I.  =>«  :  a:To3;xat...    in'.yiaçvai  jxou  xJc.ov,  rpô^    aovriv   t«jT»iv 

6.  Il  en  c«t  de  même  sans  doute  dans  un  acte  de  l'an  168  où  le  tuteuresi 
déchar/é  fie  jw>n  mandat  au«isitôt  après  l'accomplissement  de  l'acte  juri- 
dique. P.  I>.nd.  Il,  p.  Sn^in.i  cnc^ça^f.*  xup.o;  Tf;?  i'vf,^  vyvatxôî  ntotXuou- 
TTjî  7;,it'jyt  ;xr,-i:xôv  oJttJî  xati  loî  voaoj  rcov    '  Pa»;xa'>ov . . . 


b. 


UN    DIPTYQUE    LATIN  49 

on  la  trouve  aU  début  du  règne  de  Domitien  dans  le  cha- 
pitre xm  de  la  loi  de  Salpensa.  On  la  trouve  aussi  dans 
deux  papyrus  d'Oxyrhynchos  des  années  245  et  247.  Elle 
a  sa  raison  d*étre  :  la  tutelle  dative  ne  s  ouvre  qu'à  défaut 
de  tutelle  testamentaire  ou  légitime.  Le  Préfet  ignore  s!il 
n'existe  pas  une  personne  qui  pourra  faire  valoir  son  droit  à 
la  tutelle  :  il  ne  consent  à  nommer  le  tuteur  proposé  par  la 
femme  que  sous  toutes  réserves.  Les  tiers,  aussi  bien  que 
la  femme,  sont  avertis. 

Le  diptyque  de  la  Bodléienne  ne  fournit  aucun  rensei- 
gnement sur  une  question  qui,  dans  Tétat  actuel  de  nos 
connaissances,  demeure  incertaine  ;  celle  de  savoir  si,  en 
Egypte,  avant  Caracalla,  les  magistrats  locaux  pouvaient 
nommer  un  tuteur  à  un  citoyen  romain,  sans  en  avoir 
recule  mandat  spécial  du  Préfet  ou  du  juridicus.  Une  délé- 
gation générale  n'était  pas  licite  K 

II 
LE  Brevi&rium  de  la  préfectuhe  d'égypte. 

La  seconde  question  à  examiner  est  celle  des  abréviations 
qui  terminent  la  ligne  6.  Elles  résument  sans  aucun  doute, 
comme  l'a  conjecturé  M.  Grenfell,  une  formule  destinée  à 
garantir  Tauthenticité  de  Tacte.  On  rencontre  des  formules 
de  ce  genre  dans  divers  textes  ;  elles  commencent  toujours 
par  les  mots  descripium  et  recognitum  ^.  Les  trois  pre- 
mières lettres  d  e  r  doivent  être  lues  :  ù[escriptum)  e[t) 
recognitum).  Les  deux  suivantes  e  e  désignent  Tacte  qui  a 
servi  de  modèle  :  e  x)  e[xeinplo).  Les  trois  dernières  t  s  s 
se  rapportent  à  \me  t[abula)  s{upra)s[cripta).  Mais  la  lettre 
A,  placée  entre   e[xemplo)  et    t{abula),    paraît  obscure  à 

I.  Vlpien.Oig,  XXVI,  1,6,2. 
î.  Corp    iiucr.  Lj/.,  X,  7852. 

It20  4 


50  UN    mPTVQLE    LATIN 

M.  Grenfell,  et  la  combinaison  des  lettres  e  b  l  s  s  demeure, 
à  son  avis,  incertaine,  faute  d'un  texte  parallèle. 

J'espère  cependant  pouvoir  résoudre  la  difliculté  en  pré- 
cisant la  nature  de  l'acte  consigné  sur  le  diptyque  et  par 
^ite  la  collection  où  l'acte  qui  a  servi  de  modèle  était  classé 
dans  les  archives  de  la  Préfecture.  Les  termes  de  compa- 
raison ne  font  pas  défaut. 

L'acte  se  distin|^ue  nettement  par  sa  forme  des  actes 
analogues  antérieurement  publiés.  Ceux-ci  sont  tous  repro- 
duits (ivn'Ypafov  è;  âvTivpâssu)  d'après  le  recueil  des 
copies  '  d'actes  originaux  -  dont  on  a  soin  d'indiquer 
l'espèce  :  liber,  commenlarius,  tabula.  C'est  ainsi  que  la 
copie  d'un  rescrit  de  Gordien  de  l'an  238  est  faite  ex  libro 
libellorum  rescriploram  a  domino  nostro...  in  verba  qase 
infra  sçripta  stint  ^.  Dans  une  inscription  de  Cëre  de  l'an 
Iti,  la  copie  d'une  décision  du  sénat  municipal  avec  les 
pièces  annexes  est  faite  ex  conimentario...  tn  quo  scrtplum 
crat  il  quod  infra  scripltim  est  '\.  Dans  un  diptyque  du 
Musée  du  Caire,  l'extrait  de  naissance  de  la  fille  d'un 
citoyen  romain  est  délivré  ex  tabula  albi  professionum 
Uberorum  natorum  qufe  proposita  erat'in  airio  niagno.  On 
indique  même  le  numéro  de  la  table  et  de  lu  page  in  qua 
scriptum  fuit  id  quod  infra  scriplum  est  ■''.  Pareillement 
les  actes  publics  du  municipe  de  Gère  étaient  transcrits  à 
leur    date    sur    un    registre  [commenlarius  cottidianus)  ; 


1.  P.  Lond.  II,  CGKXX1V,  p.  63. 

2.  Ti  YP"?"^'  désigne  l'orJijiiial  ;  to  ivtEfpafov,  In  copie.  P.  Osy.  VI. 
W  :  E<iJ(  TOÛTO-j,  îTJî  imOTûli];  Kii  loij  piSXtiBiôj  là  iïT'Ypafov,.,  ïiîà  ti 
)açÉïT«  O^îiiaoî.  Aulre»  exemples  d'ivTiïpaf».  p.  Finr.  &7.  I.  87,  8fl  ;  P. 
mh.  77, 31  ;  BGU.,  II,  iàl.  Parfois  ou  indique  la  pai^e  du  regislre  où  li 
ipieesl  transcrile.  P.  Oiy,  VIII,  1119,  1,1  :  ïii  (=  2B,. 

3.  Cil.,  m,  1Ï336. 
*.  Ibid..XI,  36H. 

5.  Wilcken,  Chrett.  îll  :  professionii  liberoram...  tabula  V  et  poilMà 
ig{ins)  III.  X  VIII  k[alendai)  octobr-es). 


52  HN    DIPTTQUE    LATIN 

Q.  Aemilius  Saturninus,  postulante.,,  Sarapammone ^  Me- 
viae.,.  tutorem  dédit.  Ce  n'est  plus  une  copie  des  actes  ori- 
ginaux, c'est  la  copie  d'un  sommaire,  d'un  cxemp/ii/nArcw, 
inséré  dans  le  Breviarium  d'un  des  bureaux  de  la  Préfecture. 

Sénèque,  dans  une  de  ses  lettres  à  Lucilias  (I,  39), 
explique  le  sens  du  mot  breviarium  et  en  indique  Torigine: 
Hsec  qusR  nunc  vulgo  breviarium  dicitur,  olim  cam  Latine 
loqueremuvy  summarium  vocabatur.  Le  mot  s'est  introduit 
dans  l'usage  lorsqu'on  a  cessé  d'exprimer  en  latin  Tidée 
d'abrégé.  Breviarium  vient  en  effet  de  brevis  qui  est  pour 
bregvs  et  correspond  au  grec  ^por/^ùq  avec  addition  d'un  i 
{bregvis).  Le  gr  a  disparu  ensuite  devant  le  r,  d'où  brevis  '. 
En  substituant  à  Tancien  terme  latin  summarium,  un  mot 
d'origine  grecque,  les  Romains  ont  entendu  sans  doute 
désigner  un  usage  emprunté  par  l'administration  impériale 
aux  pays  de  civilisation  hellénique,  celui  de  résumer  dans 
un  abrégé  l'ensemble  des  actes  des  divers  magistrats.  Tel 
était  le  breviarium  totius  imperii  préparé  par  Auguste  *  et 
qui  d'après  Tacite  formait  un  libellus  ^, 

Le  breviarium  n'était  pas  rédigé  pour  la  circonstance,  ni 
pour  un  acte  préfectoral  en  particulier.  Il  contenait  le 
résumé  de  tous  les  actes  accomplis  par  le  magistrat  pendant 
qu'il  était  en  charge,  ces  actes  étant  d'ailleurs  classés  sui- 
vant leur  nature  dans  des  catégories  différentes.  Grâce  à  ces 
breviaria,  on   pouvait  apprécier  l'activité  du  magistrat  et 

de  libération  du  Bcrvice  mililaire  de  l'an  122  :  T.  Haterius  Nepos  prx{- 
Aeg.  L.  Valerio  Noxtro  equîti  a/a?  Vocontiorum^  turma  Gaviana  emeriio 
honeslam  missionem  dédit  (De  Ricci  et  F.  Girard,  N.  Rev.  kisl.,  XXX» 
478).  Suit  une  souscription  qui  parait  être  celle  du  Préfet  :  [L.  V]aUrio 
${apra)s<cripto,  hionestam)  m{is s ionem)  dedi.  Cf.  Wilcken,  C/irc^f.,  **'' 
et  TinterprétatioD  qu'il  donne  de  cette  tablette,  I,  398. 

1.  Cf.  Bréal  et  Bailly,  Dict.  étymologique  latin,  r'»  brevis^  levis, 

2.  Suétone,  Octav.  101.  Ce  breviarium  présentait  le  tableau  de  la  situa- 
tion militaire  et  financière  ;  il  indiquait  le  nombre  des  soldats  présents 
sous  les  étendards  dans  toutes  les  régions  de  TEmpire,  rencaisse  du  Trésor 
et  du  fisc,  le  montant  de  l'arriéré  des  impôts. 

3.  Ann.  I,  11. 


retrouver  rapidement  les  décisiODs  qu  il  avait  prises  à  une 
date  déterminée,  sans  êlre  obligé  de  compulser  la  série 
complète  des  actes  originaux.  C'est  ce  qui  eut  lieu  dans  le 
cas  qui  nous  occupe.  La  femme  se  (it  délivrer  un  certificat 
conforme  à  ïexemplum  brève  (abulx  saprascriptx.  C'était 
une  copie  du  sommaire  de  la  tabula  contenant  la  requête  de 
ta  femme  et  la  décision  du  Préfet. 

L'usage  de  rédiger  un  sommaire  des  actes  conservés  dans 
les  archives  publiques  remonte  en  Egypte  au  temps  des  Pto- 
lémées  :  il  est  attesté  par  un  papyrus  du  Musée  du  Louvre 
n*  65).  Un  fonctionnaire  royal,  dans  une  lettre  adressée  à 
un  de  ses  collègues,  lui  explique  la  pratique  suivie  pour 
I  enregistrement  des  contrats  égyptiens  :  on  en  fait  d'abord 
une  copie  littérale,  avec  traduction  grecque  s'il  y  a  lieu; 
puis  on  rédige  uo  sommaire  de  l'acte  en  indiquant  les  noms 
des  parties  et  de  leur  père,  et  la  date  de  la  souscription. 
La  première  opération  est  désignée  parle  mot  eixovi^îw,  la 
seconde  par  le  mot  itxiauzw  '. 

Pareillement  les  notaires  égyptiens  devaient,  sous  la 
dominalîoD  romaine,  envoyer  au  bureau  central  des 
archives  de  leur  nome  la  copie  des  actes  dressés  par  eux, 
et  en  même  temps  une  liste  récapitulative  avec  un  extrait 
des  clauses  essentielles  de  chaque  acte.  Les  copies  for- 
maient des  rôles  qu'on  appelait  e.\pi^v/i  ;  les  extraits  étaient 
lie»  irtx-fpx^xi,.  Les  uns  et  les  autres  sont  mentionnés  dans 
deux  papyrus  des  années  46  et  208  de  notre  ère  -.  Un  rëgle- 

I-  Xolieta  it  exlr»U*  dti  nuinuicrift.  l.  WIII,  !•  parlie,  |i.  377  ;  rà 
irtiiia^^  i«o>i!Jiiv,  toîf  ti  oaïniiàyor»!  xai  ïjï  :;(j:o;i,vTai  oixov<i;j.;av  lai 
"«  Whijhi-:' aiicLv  n«Tpo6iiF  h;«ootiï  nai  ÛKOj-pipii»  r,|ii(  JïTITi/ivai  (t( 
/^:r,[tiii9^Di>,  SijX(ûoayrf<(  lô*  x(  yjiôvgv  Iv  iTi  ùiroïi-rjàçiiitv...  mi  i'i«  Si 
*^;  T^i  Trflf^ii  /.poïou . 

I-  (ireatcH  and  Iluut,  .Veu  cUuicut  fngmtali  and  other  greek  and 
l*lUpapyri,  II,  Jl.  l.  18-SI  :  xarn/'P^ï'"  '"'■'  6'*  rtTpaar,»!  cœïioî  îoj  5t 
'l'Aï  tltaio^Tfitfl'i^wji  ypri;iXTi3;iaù;  iv  T'i^tiu  suvxoÂXu^ilinu  zii  i\^'i-Liii 
"i MÎ  ivaypayij  jàiî.  Cf.  Vilelli,  Tra  doeamenU  greci-tgiti  (Avisoiiia, 
'l.l";.  l.  MO, 


UN    DIPIÏQUE   LAirn 
l^ue  s'appliquait  aux   baoquiers  pour  leurs  ia- 

'.  les  sitolog^ues,  chargés  de  l'administration  des 
iiblics  (Qïjaaupoi)  ^,  où  l'on  entreposait  les  rede- 
inture,  spêciatemenl  le  blé  destiné  à  l'approvi- 
de  Rome,  devaient  envoyer  tons  les  mois  au 
NeaspoUos  à  Alexandrie  un  relevé  sommaire 
et  des  sorties  de  leurs  magasins  :  tL);''Uiî£t  (X£-f:i] 

e  usage  était  suivi  à  Rome  par  la  chancellerie 
Chaque  bureau  rédigeait  un  sommaire  des 
son  ressort  :  c'était  le  breviariamofpcii.  D'après 
espasien,  avant  de  donner  audience  à  ses  amis, 
bout  à  l'autre  les  breviaria  offtciorum  omnium  '*. 
ultait  le  breviarium  ralionum  ^..Les  riches  par- 
viiient  leurs  raliones  breviarUe  ',  îndépendam- 
urs  livres  de  comptes. 

eil  impérial,  un  notarius  était  chargé  de  présen-  j 
laire  de  l'atFaire  qui  allait  être  mise  en  délibéré   < 
procès- verbaux  étaient  entre  ses  mains.  C'était 
tusœ.  Alexandre  Sévère  indigea  une  peine  rigou- 
11   de  ces  nolarii  qui  avait  falsiGé  le  sommaire 
son  bureau  '. 

titutions  des  empereurs  sont  citées  par  les  juris- 
antôt  dans  leur  teneur  originale,  tantôt  d'après 
e  conservé  dans  les  archives  *",  Les  Decretoraift 

.ni,  p.  i5«-i67.Cf.  P.  Fior.  34, 

inber(r«l  Pollier,  Dîcl.  dei  Anliq.  grecqaei  et  romaine»,  "" 

,  Sîl. 

rsl,  SS,de  l'an  tïi,  1.  K-ll.  Un  autre  papyrus  de  l'an  2t6con- 

d'un  de  ces  sommairfs  mensuels  :  BGV..  U,  534. 

nat..  10.  Cf.  ViU  Vetpti.,  31. 

Galba,  13. 

Diff.,XX.\ni,C,  26. 

I  Préteur,  dont  tes  1er 
Ëdilpcrpi'luelsouB  IIe 


UN    DIPTÏOL'E    LATIN  55 

libri  de  Paul  en  oiTrent  des  exemples  '.  Le  recueil  des  res- 
criU  de  Marc-Aurêle  el  Verus,  publié  par  Papirius  Justus, 
est  presque  entièrement  composé  fi  l'aide  des  sommaires. 
Dansquelques  cas  seulement  le  texte  original  est  reproduit; 
bi  citation  est  ici  précédée  des  mots  :  in  hœc  verba  rescrip- 
terant  '.  C'est  la  même  formule  que  nous  avons  rencontrée 
dans  les  monuments  épigrapbiques  et  dans  les  papvrus. 
A  l'inverse,  les  tibri  cognitionum  de  Callistrate  renferment 
beaucoup  de  citations  des  textes  originaux  ^. 

En  présence  d'un  usage  aussi  général,  l'explication  des 
abréviations  de  notre  diptyque  ne  paraît  pas  douteuse.  Le 
texte  de  la  décision  du  Préfet  d'Egypte  est  certifié  conforme 
.lu  sommaire  de  la  requête  présentée  par  la  femme  et 
ajrréée  par  le  Préfet.  Le  texte  intégral  de  la  posiitlafio  écrite 
sur  la  tabula  avait  été  abrégé  lors  de  son  insertion  dans  le 
ImBiarium.  Cet  abrégé  u  servi  de  modèle  pour  la  rédaction 
du  certilicat. 

Les  bureaux  de  la  Préfecture  délivraient  ainsi,  suivant 

ibrcfée?  TpI  lerait,  suivant  certains  au'euF».  le  caractère  dj  brève  edie- 
Ibii.  des  brtBia  commenté»  p«r  le  jurisccinsulte  Paul  (Index  Florentinat. 
Bretion  ^;SÀ!«i'ioi!  tp!»|.  D'autres  pensent  que  ce»  BrtnU  sont  un  hret 
i.-i'mnirnUirc  de  Paul  sur  rl^:dil.  un  abrégé  en  »  livres  de  sun  commen- 
Uirc  en  HO  livres.  .Mais  les  très  l'are!  textes  qui  mentionnent  un  brève 
nlrefam  ddsijcn'enl  un  édit  rendu  en  exécution  d'un  sénatus-conxullc  ou 
à  un  édil  antérieur  et  qui.  au  lieu  d'en  reproduire  le<(  termes,  se  hgnie  A  le 
»iwr.  »<iil  en  transcrivant  un  extrait,  soit  en  lui  empruntant  une  ciprea- 
*i"0  caractéristique.  Tel  est  le  cas  du  brève  edictiim  rendu  par  le  préteur 
Lidniu)  Nepns,  président  de  la  quxtlio  repetanduram.  ta  exécution  du 
wulus-consulte  sur  les  honoraires  des  avocats  (Pline,  EpUt.,  V.  31),  Tel 
«laussi  l'Édit  par  lequel  le  Prêteur  vise  deux  édits  relatifs  aux  cr>(f  nifores 
ValK.  fra^.  313;.  De  mtnie,  parmi  les  rra^rmenls  des  libri  brevinm  de  Paul. 
'I  <a  est  deux  qui  se  réfèrent  4  l'exécution  de  la  loi  Cinciu  et  du  sénatuf- 
<<iQMll«  Velliien  {Vatic.  trng.  310  ;  Dig..  XVI,  l.  il  .  Vj;  sont  vraiscnihla- 
blMDCDt  des  Ëdilsde  ce  genre,  assez  nombreux  à  la  lin  du  ii*ïiccte,  qui  ont 
'>■!  lubjel  du  commentaire  de  Paul. 

1.  Dig..  {..  1.  9  :  Strtra»  dixH.  Dig..  XLVIII,  ts.   10, 

I.  Dig..  XVIII.  1.  71  ;  XLVIII,  13.  3. 

».  Verba  decreti  Imc  tant   Difi..  Xl.VUl.l.  1  .  Daas  H.\<lriBnut  i 
trbë  rettripimoig-,  XLVIII,  l»,3ii,  «;  XI.VIU.  15.  6  pi- ,, 


8ËANCR    DU    20    FÉVRIER    ]^20 

cas,  deux  sortes  de  copies  des  actes  déposés  dans  les 
lives  :  tes  unes  étaient  faites  d'après  Vexemplum  brève 
ré  au  Breviariam,  les  autres  d'après  X'exemplam 
lenlicum.  Dans  les  papyrus,  le  mot  aulhenticua  ou 
ïTixi;  désigne  l'acte  original  conservé  au  Tabulariam  '. 


LIVRKS  OFFERTS 


SEciiâTAiRi:     PERPÉTUEL    dépose    suF    le    burcHu   au    uum    de 
Charles   Dibkl,  une   Haloire  de  l'Empire  byzantin  {P»tH,  I9i», 

î)- 

.  PoTTiEii  offre  a  l'Académie,  de  !a  pari  de  M.  Sidcrsky,  le  tirage 
rtd'unarliclc  sur  la  Sléte  de  Méiit,  publié  dans  la  Revue  *rehéo- 
jue,  1919.  C'est  un  hommug-e  rendu  à  noire  confrère,  M.  Clei-- 
t-Ganncsu,  b  l'occBsion  du  Ciiiquanlenaire  de  sa  célèbre  décou- 
;  qui  date  de  I8C0.  I/auleura  rappelé  et  résumé  loutesi  les  cir- 
tances  qui  oui  accompagné  la  trouvaille  ;  il  donne  le  texte  axec 
aduction  et  des  actes  de  lecture,  eu  y  joignant  des  observations 
H  laugue  moabile  et  une  transcription  en  hébreu  massorétiqtw. 
ravail  se  termine  par  un  index  bibliographique  qui  rendra  grand 
iee  en  pcrmcllant  de  recourir  A  l'ensemble  considérable  d'études 
parues   sur   le   monument    :  il   ne  compte    pas   moins  de  26S 


SÉANCE  DU  20  FÈVRIEK 


;  Secrétaire  pbrpéturl  présente  à  l'Académie  M.  Auguste 
TAiLs,  élu  académicien  libre  le  14  novembre  1919. 

Dbtis  un  papynia  du  r^j^ne  de  Tnijnii  '.Oxy.,  VII,  tOSI),  un  eornita- 
s  de  la  -V  uohortc  des  Ituréens,  Iranscrivant  une  lettre  du  prt'fel  C. 
cïns  Italus  A  son  commandant,  cerliile  que  riiriijiiial  est  dans  le  tibn- 
m  de  la  coli'irlc  :  Scripii  xathenliram  epUtuUm  in  labuùirio  eokarlit 
Cf.  P.  Luud.  III,  p.  2Î8:  Aûir;X;oçKJp!X/,ot'la/(,ti(uvOîinijiù»iTi,l 
;  TO  îooï  r.[a\  i'ju}  tiiu  aà(t£["v]rixr,v  àr:o/r,ï  riŒf.'  sunuTcu . 


LiB  Pi^iDENT  adresse  au  nouvel  élu  quelques  paroleti  de  bien- 
veoueel  l'invile  à  prendre  place  parmi  ses  confrères. 

Lecture  est  donnée  de  la  correspondance  qui  comprend  : 

Une  lettre  du  Président  de  la  Société  centrale  des  Architectes 
demandant  à  l'Académie  de  désig'ner  l'élève  des  Kcoles  françaises 
d'Athènes,  de  Rome  ou  d'Extrême-Orient,  autjuel  sera  accor- 
dée, en  1920,  la  grande  médaille  d'ar;.-ent  de  la  Société.  —  Renvoi 
à  la  CoroniissioD  des  l^coles  françaises  d'Athènes  etde  Rome; 

Une  lettre  de  M.  Adam,  recteur  de  l'Université  de  Nancy,  qui 
prie  l'Académie  de  vouloir  bien  concourir  par  la  concession  de 
ses  publications  k  la  reconstitution  de  la  Bibliothèque  de  l'Uni- 
versité de  Nancy,  incendiée  par  les  obus  allemands,  quelques 
jours  avant  l'armistice.  —  Renvoi  à  la  Commission  des  travaux 
littéraires  ; 

Une  lettre  de  M.  Dottin,  correspondant  de  l'Académie,  au 
sujet  des  conditions  de  publication  d'un  Allai  lingiiiilique  de 
l»  B*ue-Bretagne.  —  Renvoi  à  la  même  Commission  ; 

Deux  demandes  de  subvention  sur  la  fondation  Garnier  éma- 
tUBl  de  M.  de  Gironcourt  et  de  M'"  Hombur^er.  —  Renvoi  à  la 
Commission  de  la  fondation  Benoit  Garnier. 

M.  Théodore  Reinach  communique  et  commente  une  curieuse 
épigramme  grecque  qu'il  a  copiée  sur  un  bas-relief  Inédit.  La 
défunte  s'appelle  Chelidon  (l'Hirondelle),  son  mari,  Pontos;  ils 
paraissent  être  de  nationalité  méotienne,  c'est-à-dire  des  rives  de 
la  mer  d'.\iov, 

M.  Maurice  Pxou,  au  nom  de  la  Commission  du  prix  Ducha- 
bis,  fait  connaître  que  la  Commission  a  décerné  le  prix  à 
M.  Adolphe  Dieudonné,  pour  la  seconde  série  de  ses  Mélanges 
namitmaliqaei. 

L'ordre  du  jour  appelle  la  conlinualinn  du  vole  pour  l'élec- 
tiun  d'un  membre  ordinaire  en  remplacement  de  M.  Héron  de 
Vttlero!i!(9,  interrompu  après  le  7'  tour. 

Au  8*  tour,  ilya  3!)  votants;  majorité,  17  voix. 

M.  Delachenal  obtient  15  voix  ;  M.  Dorei.  1  voix  ;  M. 
16  voix  :  M.  Pelliot.  I  voix.  —  Pas  de  majorité. 


58  SÉAT«C£   DU    20    FÉVBIEK    1920 

•  Au  9*  lour,  il  y  a  34  votants;  majorité,  18  voix. 

M.  Delachenal  obtient  16  voix;  M.  Dorez,  1  voix;  M.  GloLz, 
16  voix.  11  y  a  un  bulletin  marqué  d'une  croix. 

Au  10*  tour,  même  nombre  de  votants,  même  majorité. 

M.  Delachenal  obtient  17  voix  ;  M.  Glotz,  15  voix;  M.  Jean- 
roy,  1  voix.  II  y  a  un  bulletin  marqué  d'une  croix.  —  Pas  de 
majorité. 

Au  11*  tour,  même  nombre  de  votants,  même  majorité. 

M.  Delachenal  obtient  17  voix  ;  M.  Dorez,  1  voix  ;  M.  Glotxi 
15  voix.  Il  y  a  un  bulletin  marqué  d'une  croix.  —  Pas  de  majo- 
rité. 

L' .Académie  décide  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  continuer  le  vote  et 
renvoie  Télection  au  mois  de  novembre  1920. 

M.  Thomas  signale  plusieurs  nouveaux  exemples  du  nom 
populaire  donné  au  moyen  âge  à  la  fête  de  la  Chaire  de  saint 
Pierre  à  Antioche  (22  février)  :  Saint  Pierre  hiver  sous  pierre, 
II  rappelle  l'explication  qu'en  a  proposée,  en  1851,  Nalalis  de 
Wailly  :  le  relèvement  fréquent  de  la  température  aux  approches 
de  cette  fête,  plus  tardive  au  moyen  âge  par  suite  de  l'erreur 
astronomique  commise  par  le  calendrier  julien  et  qui  n'a  été 
corrigée  qu'en  1582,  aurait  été  traduit  par  Taffirmation  que 
l'hiver  était  «  sous  pierre  »,  c'est-à-dire  «  enterré  ».  Une  pru- 
dente réserve  figure  dans  quelques  dictons  postérieurs,  notam- 
ment dans  les  Proverbes  communs  (recueil  du  xv®  siècle),  où  on 

lit: 

A  la,  Saincl  Pierre 
L'hiver  s'en  va  ou  il  resserre, 

A  noter  la  variante  que  fournit  une  autre  collection  : 

A  la  Chaire  Saincl  Pierre, 
L'hiver  s'en  va  s'il  ne  se  resserre. 

Une  formule  analogue  est  encore  vivante  en  Gascogne  (Gers)  : 

Enta  Sen-Pè, 
L'iuer  s'en  ba  ou  se  rehè. 

Ce  serait  commettre  une  grave  erreur  que  d'attribuer  ces  for- 
mules à  la  fête  de  la  Chaire  de  saint  Pierre  à  Rome  (8  janvier), 
comme  l'ont  fait  quelques  médiévistes  de  marque. 


QUELQUES    DÉCOUVERTES    FAITES    A    CONSTANTIKOPLE  S9 

Ea  terminant,  M.  Thomas  montre  que  la  source  de  la  formule 
populaire  remonte  très  haut,  et  est  indépendante  de  l'erreur 
astronomique  du  calendrier  Julien.  Elle  découle  de  Tantique 
système  des  saisons  a  secundum  naturalemdifT^rentiam  »,  trans- 
mis par  Isidore  de  Séville  au  moyen  âge,  et  qu'Ovide  et  Pline 
mentionnent  déjà.  Dans  ce  système,  en  effet,  le  printemps 
commence  le  22  février,  Tété  le  24  mai,  l'automne  le  23  août, 
rhiver  le  24  novembre.  Le  moyen  âge  a  mis  plus  tard  les  dates 
en  rapport  avec  les  fêtes  des  saints,  dans  des  vers  latins  mnémo- 
techniques. On  citera  seulement  ceux  qui  figurent  dans  la  Massa 
compoti  d'Alexandre  de  Villedieu  (commencement  du  xiii* 
«iècle  )  : 

Annum  discerne  per  partes,  suntque  quaterne. 

Ver  Petro  detur,  estas  exinde  sequetur  ; 
Hune  dabit  Urbanus,  autumnum  Symphoriaous  ; 
Festum  démentis  hiemis  caput  est  orientis  ; 
Fugit  hiems  rétro  cathedra to  Simone  Petro. 

M.  Charles  Diehl  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Papado- 
poulos.  directeur  du  lycée  national  gréco-français  de  Constanti- 
nople  ' . 


COMMUNICATION 


WOTË  SLR   QUELQUES   DÉCOUVERTES   RÉCENTES  FAITES 

A    CONSTANTINOPLE,   PAR    M.    PAPAD0P0LL08, 

DIRECTEUR  DU  LYCÉE  GRÉCO-FRANÇAIS  A  CONSTANTINOPLE. 

I 

Durant  la  guerre,  des  fouilles  ont  été  opérées  surrempla- 
cement du  Grand  Palais,  sous  la  conduite  de  M.  Th.  Wie- 
gand,  directeur  du  Musée  de  Berlin.  ~ 

En  1912,  un  grand  incendie  avait  mis  à   nu  tous  les  ter- 

1.   Voir  ciapré». 


60         QLELQUE8    DÉCOUVERTES   FAITES   A   CONSTANTINOPLE 

rains  situés  à  TEst  de  la  mosquée   Sultan-Achmet  et  du 
Ministère  de  la  justice. 

MM.  Wiegand  et  Wulzinger  y  constatèrent  d'abord 
l'existence  d'un  mur  long  de  150  m.  qui  supporte  toute  la 
terrasse  désignée  aujourd'hui  sous  le  nom  d'isaac  Pacha. 
Toute  la  surface  en  est  jalonnée  de  ruines  informes  et  le 
sous- sol  est  plein  de  substructions  voûtées,  utilisées  en 
guise  de  citernes  par  les  habitants  de  cette  localité  avant 
l'incendie. 

En  certains  endroits,  les  fouilles  ont  été  pratiquées  à  une 
profondeur  de  8  m.,  moyenne  ordinaire  de  la  suréléva- 
tion du  terrain  à  Byzance.  On  a  pu  ainsi  déterminer  rem- 
placement du  KatvoupYstov  de  Basile  I^*"  dont  il  subsiste 
encore  l'escalier.  M.  Wiegand  m'a  montré  les  croquis  d'une 
cinquantaine  d'objets  trouvés  au  cours  des  fouilles. 

Parmi  ces  objets  je  dois  signaler  un  écusson  en  marbre 
représentant  Taigle  à  une  tête,  emblème  de  la  dynastie 
macédonienne.  M.  Wiegand  avait  particulièrement  attiré 
mon  attention  sur  la  ressemblance  absolue  de  cette  aigle 
avec  l'aigle  prussienne. 

On  constata  en  outre  la  présence  de  conduites  d'eau  fort 
curieuses.  Les  tuyaux  en  sont  enchâssés  dans  une  enve- 
loppe carrée  remplie  d'un  ciment  fort  solide.  Ce  système 
de  canalisation  avait  fait  croire  parfois  que  les  eaux  des 
citernes  ouvertes  étaient  destinées  à  éteindre  les  incendies. 
Comme  ces  citernes  sont  situées  sur  les  parties  les  plus 
élevées  de  la  ville,  leurs  eaux  devaient  exercer  une  forte 
pression  sur  les  parois  des  tuyaux.  C'est  pour  combattre 
cette  pression  qu'on  aurait  enchâssé  les  tuyaux  dans  ces 
enveloppes  solides.  Cette  hypothèse  est  maintenant  inad- 
missible ;  car  nous  savons  que  dans  le  Palais,  en  cas  d'in- 
cendie, la  pénurie  de  l'eâu  était  telle  qu'on  était  réduit  à 
puiser  de  l'eau  dans  la  citerne  dite  la  tj/uxpa  *. 

1.  Cette  citerne  se  trouvait  dans  le  Palais. 


QUELQUES    DÉCOUVERTES    FAlTEb    A    CONSTANTINOPLE  61 

Ces  fouilles  ont  continué  longtemps  encore  après  Tentrée 
alliés  à  Constantinople.  Tout  fait  croire  qu'on  n'a  rien 
trouvé,  sauf  quelques  débris  de  céramique  et  trois  assiettes 
brisées  en  faïence  jaune  sur  lesquelles  est  représentée  une 
colombe  casquée  à  quatre  ailes. 

Quant  aux  objets  en  ivoire  dont  M.  Wiegand  adnrichi  le 
\fusée  de  Berlin,  tous  sont  faux,  fabriqués  par  une  bande 
<le  faussaires  qui  ont  leur  atelier  dans  le  grand   Bazar. 

Il  y  a  actuellement  à  Constantinople  une  mission  anglaise 
qui  doit  faire  des  fouilles  dans  le  voisinage  de  Sainte- 
Sophie  et  sous  le  palais  de  Top-Capou.  Tous  les  travaux  de 
prospection  sont  déjà  terminés  et  on  attend  pour  commen- 
cer l'arrivée  à  Constantinople  des  principaux  membres  de 
la  Société,  dont  Tun  est  de  l'entourage  du  roi,  qui  s'inté- 
resse, dit-on,  particulièrement  à  ces  fouilles. 

Cette  société  archéologique  est,  au  reste,  celle-là  même 
«pii  pratiqua  les  fotdlles  sous  la  mosquée  d'Omar  à  Jérusa- 
lena.  Elle  se  flatte,  dit-on,  de  retrouver  entre  autres  choses, 
dans  le  voisinage  de  Sainte-Sophie,  le  ciboire  qu'emporta 
avec  lui  le  prêtre  de  1453,  lorsqu'il  disparut  dans  une  galerie 
souterraine.  On  connaît  cette  légende,  fort  répandue  parmi 
les  Grecs  ;  elle  serait  confirmée,  paraît-il,  par  un  manu- 
scrit syriaque  que  possèdent  les  Anglais  en  question. 

Sous  le  palais  de  Top-Capou,  on  chercherait  des  manu- 
scrits du  deuxième  siècle  (ap.  J.-C.)  qui  auraient  été 
enterrés  lors  de  la  prise  de  Constantinople  par  les  Croisés. 
Pour  la  plupart,  ces  manuscrits  auraient  trait  à  la  vie  de 

m 

Jésus,  à  celle  des  Apôtres  et  des  premiers  Pères  de  l'Eglise. 


II 


En  attendant,  le  hasard  et  l'incendie  remettent  toujours 
certaines  choses    au   jour.  Ainsi   un    certain  Rachid-Bev, 


62         QUELQUES    DÉCOCAERTES    FAITES    A    C0N8TANT1N0PLE 

commerçant,  en  creusant  un  puits  tout  près  et  au  Nord  de 
la  citerne  ouverte  d'Hexi-Marmara,  dans  Tendroit  appelé 
Youksek-Bostan  (jardin  élevé),  a  rencontré  à  une  profondeur 
de  6  m.  deux  tombeaux  voûtés  contenant  cinq  sque- 
lettes. Le  crâne  de  Tun  de  ces  squelettes  portait  des  taches 
dorées  '*.  Les  parois  et  les  voûtes  de  ces  tombeaux  sont 
construites  en  briques  de  40  cm.  ne  portant  pas  la  moindre 
inscription.  Le  plus  grand  de  ces  tombeaux  est  long  de 
2  m.  48,  large  de  1  m.  30 et  hautde  1  m.  65. 

Point  d'inscriptions  ;  une  croix  en  couleur  rouge  est 
peinte  sur  le  mur  occidental  du  grand  tombeau.  Elle  a  une 
hauteur  de  65  cm.  et  une  largeur  de  48  cm.  La  profon- 
deur du  puits  atteint  aujourd'hui  12  mètres.  On  n'a  rien 
trouvé  de  plus,  sauf  une  petite  stèle  funéraire  en  marbre, 
longue  d'un  mètre,  large  de  40  cm.,  présentant  au  milieu  le 
trou  traditionnel  où  était  fichée  la  croix.  Elle  n'a  aucun  rap- 
port avec  les  tombeaux.  Le  terrain  du  puits  était  intact  et 
vierge  et,  comme  il  constitue  le  point  culminant  de  la 
septième  colline,  formant  une  espèce  de  tertre,  il  semble 
qu'on  soit  peut-être  en  présence  d'une  nécropole  souter- 
raine, établie  à  l'extrémité  de  quelque  galerie  souterraine, 
dont  l'issue  doit  être  recherchée  sur  la  pente  orientale  de 
ce  tertre. 

111 

L'incendie,"  cet  auxiliaire  précieux  des  archéologues  de 
Constantinople  »,  a  réduit  dernièrement  en  cendres  tout  le 
quartier  situé  entre  Kachrié-Djami  et  la  citerne  ouverte  de 
là  porte  d'Andrinople  '.  On  peut  ainsi  étudier  plus  facile- 
ment les  nombreuses  ruines  qui  jalonnent  toute  cette  loca- 
lité. 


1.  Ce  crâne  est  conservé  aujourd'hui  dans  la  sacristie  du  Patriarcat. 

2.  Ce  quartier  s'appelle  Salma-Tombrouk. 


QUELQUfc:»    DÉCOUVERTES    FAITES    A   C0N8TANT1N0PLE  63 

Il  y  a  là  un  nombre  considérable  déglises  :  ce  sont, 
outre  Kacbrié-Djami,  la  seule  qui  soit  en  bon  état  de  con- 
servation, Ké/ili-Djami  où  Ton  reconnaît  soit  la  Msv^i 
Matvci»r,A,  soit  la  Mcv^/Aetisj  (qui n'a d*ailleurs jamais  existé)  : 
Ktiab-Hamam,  tout  près  de  la  précédente,  qui  ne  conserve 
qu^un  pan  de  mur  byzantin  et  Tabside.  A  une  petite  distance 
vers  le  Sud,  se  trouve  Oc/aZar-Z)/a m/ et,  immédiatement  der- 
rière lui,  Kassim-Agha-Djami dont  la  technique  constructive 
est  de  l'époque  théodosienne.  Au  Nord-Est  de  Kéfdi-Djami 
nous  rencontrons  les  ruines  de  BogdanSeraï  et,  à  cjuelques 
pas  au  Sud  de  Kachrié-Djami^  des  ruines  importantes  renfer- 
mant le  Haghiasma  de  Saint-Jean  Baptiste  (que  Ton  consi- 
dère, mais  à  tort,  semble-t-il,  comme  le  reste  du  fameux 
couvent  de  Saint-Jean  in  Petra).  ATEstde  ce  dernier  et  en 
lace  de  Téglise  grecque  de  la  IlavaYta  se  trouve  le  Haghi- 
asma  de  Saint-Nikétas. 

Il  y  a  deux  ans,  le  propriétaire  de  Bogdan-Seraï  se  mit  à 
démolir  cette  élégante  petite  église  pour  en  vendre  les 
matériaux.  Le  Patriarcat  intervint,  mais  trop  tard  malheu- 
reusement. Pourtant,  pendant  la  démolition,  on  reconnut 
l'existence  d*un  étage  inférieur  presque  entièrement  sou- 
terrain qui,  déblayé,  offrit  l'aspect  d'une  chapelle.  C'est  là 
que  des  Allemands  ^  procédèrent  à  des  fouilles  clandestines 
qui  firent  découvrir  trois  tombeaux,  trois  sarcophages  paral- 
lèles et  recouverts  de  grands  blocs  de  pierre,  qui  étaient 
enfouis  à  une  profondeur  de  30  cm.  au-dessous  du  dal- 
lage. Rien  par  conséquent  ne  pouvait  trahir  l'existence  de 
ces  tombeaux.  Nous  ne  savons  pas  ce  qu'on  a  pu  y  trouver. 
Après  leur  profanation,  il  n'y  restait  plus  que  quelques 
ossements  et  un  fragment  de  marbre  provenant  probable- 
ment du  dessus  de  la^  porte  de  la  chapelle  souterraine  et 
où  se  lit  un  fragment  d'inscription. 

Paspati,  dans  ses  Bu^^avTival  McAetat,  p.  360  ,  suppose  que 

1.  MiliUiret  ou  civilt. 


64         QUELQUES    DÉCOUVERTES    FAITES   A   CONSTANTINOPLE 

cette  église  qui,  après  la  prise  de  Constantinople,  fut  affec- 
tée au  palais  du  représentant  de  Moldavie  (d'où  son  nom 
Bogdan-Séraï),  était,  avant  la  prise  de  la  ville,  la  chapelle 
d'une  demeure  patricienne  et  il  estime  que  «  cet  édifice  est 
précieux  parce  que  nous  apprenons,  grâce  à  lui,  la  forme 
et  les  dimensions  des  chapelles  byzantines,  E-ix-n^^pia,  des 
demeures  seigneuriales.  » 

Pourtant  Torientation  spéciale  de  Tédifice  ainsi  que  la 
récente  découverte  des  tombeaux  m'ont  amené  à  penser 
qu'il  s'agit  plutôt  du  mausolée  de  quelque  famille  noble. 

En  effet  le  rite  orthodoxe  ne  permet  pas  l'enterrement 
dans  les  églises.  Mt)$6i;  èv  âxxXYîata  OjtzTSTw  vexpiv,  disent 
les  Basiliques,  chap.  ii,  titre  A,  livre  v.  D'autres  canons 
précisent  encore  mieux  cette  interdiction  e^  disant  que  là 
où  reposent  des  reliques  de  martyrs  il  est  rigoureusement 
interdit  d'enterrer  des  morts. 

Mais,  comme  dans  toute  église^  on  plaçait  des  reliques 
sous  l'autel  (ayCa  xpaicsÇa),  nous  pouvons  déduire  que,  pour 
l'enterrement  des  morts,  on  faisait  construire  des  édifices 
spéciaux,  des  mausolées,  où  Ton  tenait  compte  de  cette 
restriction  et  auquel  on  donnait  une  disposition  spéciale. 
La  tradition  sacrée  veut  que  l'abside  des  églises  çoit  tour- 
née vers  Torient,  afin  que  le  prêtre  qui  officie  devant  Tau- 
tel  et  lès  fidèles  qui  prient  derrière  lui  aient  le  visage 
tourné  vers  l'orient .  Pourtant  la  chapelle  en  question  a  une 
orientation  particulière,  son  abside  étant  tournée  vers  le 
Nord  et  son  entrée  se  trouvant  au  Sud.  Cette  disposition  de 
l'axe  de  l'édifice  n'a  d'autre  but  que  de  permettre  aux  corps 
qui  reposent  dans  la  chapelle  de  regarder  vers  l'orient, 
conformément  à  la  tradition.  Ainsi  les  sarcophages  décou- 
verts sont  rangés  l'un  à  côté  de  l'autre  de  façon  que  leur 
longueur  occupe  toute  la  largeur  de  .l'édifice . 

Il  semble  donc  certain  que  Torientation  de  la  chapelle  a 
été  dictée  par  le  besoin  de  satisfaire  à  la  tradition  sacrée. 

Parmi  les  différents  débris  découverts  se  trouve  aussi  le 


.0' 

INSCRIPTIONS   &    BELLES-LE 


COMPTES  HKNUUS 
SÉANCES     DE    L'ANNÉE 

1920 


BULLETIN  DE  MARS-MAI 


PARIS 
AUGUSTE    PICABD,     ÉDITEUR 

tONAU*  BT  BB    LA  aOClÙTB  OH  l'ÉCOUI  |i 

62,     lUB     SONAPABTB.     83 

U  D  CCCC  XX 


IUcu«U  panisuDi  tou*  lei  deux  mois,  par  faiciculca  de  1  k 
a-vM  pUadm  et  figures.  Pris  de  l'abonnement  nnnuel  :  - 


TABLE  DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  CAHIER 


SAancbs  ob  FévïiiB» •• 

LiTiuu  orrmnrt •• 

SAancbb  db  Mars ••.  "1,  ^^  M,  S8 

Communication  : 
Une    invocation    aa  •  Chrisltu  B«d*ca5  >  vsr   cae  ^jcrre    de 
Tinij^ad,  par  M.  Paul  Monceaux,  Kif&br^  ai  i  JU*ii=ue 75 

Appbndicb: 

Rapport  «ur  les  travaux  des  ÉcMcs  tmiri:»»  f  Albfse*  et  de 
Home  pendant  l'armée  1918-1919,  p-*r  iL  F.tt  *  C:u:«laiii, 
membre  de  l'Académie  ;  lu  dans  U  s^^^iM  Je  ii  tijs^  i^-^ S9 

LivnB^  orrBRTS *#,**.  tt,  8S,  •• 

SéANOE*  uAvRiL - ÎH.  lie,  137.  IM 

CoMMimcATioN»  : 

1,0    rocher  de    Peref^crita,    prés   de   CeiJir>':i^>*      rrcrnsoe   de 

Mudrifl),  par  M.  Pierre  Pari»,  corre«p':ci.iiî  i*  [Ax*ii3«..  103 
\.en  gralliti  «recs  dans  les  tombeaux  de*  r:cs  À  Ti*±fc«s  i  «^rple, 

p/ir  M.  Jules  Baillet 107 

Murtyrii    de   Bourkika,     par     M.    Paul   M:oc<xxx.   «bccire  de 

I  Académie lH 

Nf*te  «ur  la  Mucces^ion  des  princes  niiil«33  ie  1*  Pir^ie.  par 

M.  J.  de  Morgan 151 

Dcm   inscriptions   d  Aunobari,   par  M-  L.  P-*ji3«:«:„   .aapcctesr 

cil**  «ntiquit^s  de  la  Tunisie - 140 

Intflillri  rrpr^^'^i-ntant  de»  c^nies   de  Îa   *ecÊ<  .ie*  CTii-ie*.    par 

M,  A'Iriffn  Blanchet,  membre  de  r Ara i*'-zie"  147 

Lrttrc  do  M.  Vi^iaud,  correspondait  d-?  1  A'*i?ï=-*   *  V e<fr.f»irf 

le»  membres  de  l  Académie  des  iii*cr*pU;a3  e^  &i l^«f^jiCi-rf* . .         15? 

llapf^irt  jiur  le  G>ncours  des  antiquité**  le  U  Frirot  ei  li^. 
p«r  M,  Lari;;loi»,  membre  de  l  AcAi;jt:e .  li»  .îai:»  Jl  $eA2.re  dz 
îî  avril  r*"îO 1Î9 

f.(rKit«  orriinT* îî*,  lâ4,   1€2 

*r**i'.K»  ME  M*i t*^-  IW,  ITi 

'^>/««i.  *u-4Tio5  ; 

f^    nom    dr  l'ru    PcrtJ    Creuse    et  L»  l*rf- ii  ii  r\x  Arîrr.  pir 

M     AnUjint:  lh<Jtnà3,  meuiure  Je  LAcA^e-3L-e ...  1T5 

l»rie^%  orrXMT* -.  1**,   l'Tî 


AVIS    lMfOaTA:>T 

t",*f   «tn^'cr  uj=e    prod^'.e    Çii:^:4t-::;    i?*   C-nj  «   '^^tj^   les 
>.*•.-  i-->  :•  ',o-=..x  .i^cîU  -*.:^-  ..s  icctrur^^e-rî  a  .  Ac*i«ï„e  ?c  es  Us 

tft    %      y  a    .-î-    .-î^  1  vjni„**  t-c-r,-^  ;—  o-'t*»": ^«;:r--.  je  ;>a* 

>-;-—»  *_.**'.*    *-  ;er*i  z.*  :i*    '*>  a*::"-*-;*  a  "^ia-::^  rf-..:?  r*;:r:::î«e 
.  ^-rv  «  1  ïi.»_-::.  n.^a::l.   ir  —  .tr  ;.--i- r  - -r  .  se    c    ^  -a  d -x  t  ,  ."a.pr»- 
n.t  *  t 
Lr-»  i-.t!  Tt:-::  ri-  -^  it*  à*.;  — "^ -.^ir^rr^  a '.  Anirs.*  xj  :^TTO»t 

i.i  -. -t.i  ;*-«.•  i.r»   J:n:  ia  -**iL*  -4rs  --e   «•=  a.  .ai  i."*:t£^  ;,'.'i."s  «  ^c^ur 
•  ■«TJ   lî  lAt  :**  _r*  A..;*^**  -;  «  rc  •  *:  tï-^i  ;i:  r-ts  i  r«*  iLdca- 


, 


0UELQUE8    DKCOCVEKTES   FAITES   A   CONSTANTINOPLE  65 

siiTov  (le  pilier  sur  lequel  on  fait  reposer  la  plaque  de  Tau- 
tel  ),  ce  qui  prouve  que  même  la  salle  des  tombeaux  était 
aménagée  en  chapelle. 

Cette  hypothèse  généralisée  pourrait  être  de  quelque  uti- 
lité pour  les  recherches  topographiques  à  Constantinople. 

En  jetant  en  effet  un  coup  d'œil  rapide  sur  les  édifices 
précités,  on  voit  qu'à  Texception  de  Kachrié-Djami  et  de 
l'église  grecque  de  la  Panaghia,  tous  ont  des  caveaux.  Les 
caveaux  d'Odalar-Djami  offrent  un  intérêt  particulier  parce 
qu'ils  sont  tous  divisés  en  plusieurs  compartiments  et  déco- 
rés de  fresques  fort  endommagées  actuellement.  Les  caveaux 
de  Kéiili-DJami  sont  divisés  en  deux  compartiments  longs 
et  étroits  ;  dans  ceux  de  Saint-Jean,  on  remarque  encore  le 
^•j-riv.  On  peut  donc  conclure  que  tous  ces  édifices,  auxquels 
on  a  donné  des  noms  retentissants,  sans  savoir  trop  pour- 
quoi, ne  sont  que  des  chapelles  mortuaires  de  grandes 
familles. 

D'un  autre  côté,  l'existence  d'un  grand  nombre  de 
caveaux  et  de  ruines  qu'on  rencontre  presque  à  chaque  pas 
dans  cette  région,  ainsi  que  la  découverte  qu'on  y  a  faite  de 
nombreuses  stèles  funéraires,  permet  de  penser  que  toute  la 
région  depuis  Sarmasiki  (au  Sud  de  la  grande  mosquée  de  la 
porte  d'Andrinople)  jusqu'à  Kachrié-Djami  était  une  vaste 
nécropole,  la  plus  vaste  qui  ait  jamais  existé  à  Byzance,  et 
que,  par  conséquent,  c'est  là  qu'on  doit  chercher  le  fameux 
cimetière  du  Polyandrion  ou  du  Myriandrion  qui  donna 
son  nom  à  la  porte  d'Andrinople,  et  non  point  hors  des 
murs,  comme  il  est  généralement  admis. 

Il  y  a  encore  bien  «les  preuves  qui  plaident  en  faveur  de 
cette  hypothèse. 

On  ne  saurait  croire  par  exemple  que  les  Byzantins  aient 
installé  leur  cimetière  en  dehors  des  murs,  ce  qui  aurait 
exposé  leurs  tombeaux  et  leurs  mausolées  aux  violations  et 
aux  profanations  des  ennemis  qui,  tant  de  fois,  ont  mis  lé 
siège  devant    la    ville.  La  chose  est  inadmissible,  d'auUuit 

1930  'i 


66  BÉJuicE  ou  27  PtvniEB  1920 

plus  qae  les  autres  cimetières,  celui  de  Ssint-Luc,  le  'll;;ûv 

et  T«  lUXif^u.  étaient  situés  dans  l'enceÎDte  de  la  ville. 

11  est  à  reinari^ucr  eniiii  ({u'aucuii  historien,  ui  grec,  ni 
lati'i,  ni  turc,  ne  rapporte  rjue  le  conquérant  ail  dressi'  son 
camp  (lanii  le  cimetière,  et  que  jamais  on  n'a  trouvé  même 
le  moindre  vetitif^e  de  l'axistence  d'un  ancien  cimetière  en 
deliors  des  murs. 


LIVKES  OFFERTS 


M.  te  comte  Aleiandre  db  Labordb  ■  rbonoeur  <le  faire,  an  noro  de 
M.  le  l'Iisnoine  Porêe,  correspondant  de  l'Académie,  de  M.  lalibé 
lilaïKjimrL  el  au  sien  propre,  hommage  ti  l'Académie  d'une  Kluile  sur 
Il  H'lili<ithf>/uf  <lf  la  eathfiInxU  de  Rouen,  le  Portait  des  Librairet 
el  lei  eiiniHwnremenU  de  l'imprim^riti  Rouen, 

Ci'lli'  i'tiidi'  comprend  les  notes  laissées  par  son  père,  feu  le  mar- 
quis l.éou  i>K  l,*iioiiDE,  sur  celte  bibliothèque  médiévale,  notes  que 
MM.  l'iirc'i'  et  lihniquart  onl  coiiiplélêes  p:ir  des  observations  tirées 
di'S  plus  récents  Iravaun  sur  la  matière. 

M.  U>io>r  dépose  t^tir  le  bureau,  au  nom  de  M.  Hoaé  Fage.  aoe 
Iirocliurc  intitulée  :  he  ia  forme  priinilivt  du  nom  de  Talle  iDrire, 
iytll,  in-H-,-2i|,u-.-es)  r 

«  M,  l-',iye,  d;.ns  ..11  précédent  ouvrage  sur  }e  IVcoj'  Tulle,  avait 
(léjh  éti>i)i>'<  les  Iriiusrorma lions  du  nom  de  cette  ville  pendant  le 
iiiiiyeii  A^e  ;  aujoiii-tl'liui  il  npporte  sur  le  même  sujet  toute  unr 
Hin'iB  de  lexti'S,  du  u*  au  xvi"  siècle,  qui  élabUssenl  que  la  forme 
Tiil'-I:i  ii'i'sl  pas.  comme  on  l'avait  prétendu,  une  iiiveolion  île 
KiihiïC.  niiiis  liieii  l:i   forme  primitive  du  non)  de  Tulle.  « 


SKANCK  DU  27  KKVKIER 


SÉANCE    DU    27    FÉVRIKR    1920  67 

observation  au   sujet  du    renvoi  de  Tëlection  de  M.  Héron  de 
Villefosse. 
La  question  posée  sera  examinée  en  comité  secret. 

Le  Ministre  de  Tinslruction  publique  transmet  à  TAcadomie 
le  rapport  du  Directeur  de  TKcole  française  d'Athènes  sur  le 
fonctionnement  de  cet  établissement  en  1918-1919.—^  Renvoi  à 
la  Commission  des  Kcoles  d'Athènes  et  de  Rome. 

Le  Fbésident  rappelle  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient  de 
faire  dans  la  personne  de  M.  Dieilafoy,  décédé  mardi  dernier, 
et  prononce  Tallocution  suivante  : 

a  Messieurs, 

«  L'Académie  vient  d'être  cruellement  frappée.  Notre  confrère 
M.  Dieulafov  est  mort  mardi  soir. 

«  Il  y  a  trois  semaines  à  peine,  il  était  venu  encore  à  Tlnst^^ut. 
Quoique  souffrant  déjà,  il  avait  tenu  à  assister  à  la  réception  du 
chef  glorieux  sous  lequel  il  avait  servi  pendant  plusieurs  mois. 
Depuis  ce  jour,  nous  ne  l'avons  point  revu. 

«  Vous  savez,  et  je  tâcherai  demain  de  le  dire  en  votre  nom,  ce 
qu'était  le  confrère  excellent  que  nous  venons  de  perdre.  L'ex- 
ploration des  ruines  de  Suse  avait  illustré  son  nom,  et  les  monu- 
menU  qu'il  découvrit  dans  ces  fouilles  mémorables  sont  une  des 
parures  d^i  lx)uvre.  Vous  connaissez  les  beaux  livres  qu'a  écrits 
M.  Dieulafoy,  sur  l'Art  antique  Je  la  Perse,  sur  r Acropole  de 
Su$e^  et  cette  curiosité  toujours  en  éveil,  qui  l'emportait  vers 
tant  de  domaines  divers,  et  à  laquelle  nous  devons,  entre  bien 
d'autres,  les  recherches  sur  la  statuaire  polychrome  en  K^pagne, 
et  ce  volume  charmant,  le  dernier  qu'il  ait  publié,  sur  l'art  de 
rUspagne  et  du  Portugal.  Mais  surtout  vous  n'avez  point  oublié 
le  très  galant  homme  qu'était  notre  confrère,  celte  bonne  grâce 
iulinie,  cette  alTubilité  courtoise,  celte  loyauté  parfaite  qu'il  por- 
tail partout  avec  lui,  et  surtout  ce  sentiment  du  devoir,  cet 
ardent  désir  de  bien  servir,  qui  a  été  vraiment  la  règle  de  con- 
duite de  sa  vie.  Je  n'ai  pas  besoin  de  vous  rappeler  comment, 
lorsqu'éclata   la  guerre,  alors  que  son  âge  lui  eût  permis  d'as- 


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ej'aetet  dans  t'niiliquil'',  cuiilieiil  la  réimpression  de  vingt-cinq 
méniiilfes  piibli.^s  par  P.  THiiii^i-y,  de  1899  à  1913,  et  de  Ireiie 
articles.  di>  moinilre  étendue.  i(ue  le  regretté  sovaulavail  donnés  à  la 
(iramie  Kncycltii'^die.  Tous  ont  trait  il  l'histuiie  des  acieuces  matlié- 
maliqUL'H  cl  de  la  niu5ii|ue  dniis  raiititjuît^  grecque.  On  y  trouvera 
ile^  diiiinécs  nouvelles  sur  dilTéreules  œuvres  d'Arislote,  île  Domni- 
nus  lie  l.iirisse,  Euclide,  Heraclite,  TIérou,  Pappus,  Simplicûis,  etc. 
[.Il  pri''|i:iralit>n  de  ce  volume,  imprlmt^  peiidanl  la  guerre,  a  pu 
cepenciiint,  comme  pour  les  précédents,  êlre  surveillée  par  deu^  des 
(■r,nT-.|,<.iidBnLs.'-lraiif:.-rs  de  riuslilul.  MM.  J.  L.  HeîberR  et  H.  C. 

M.  [liMic  olTre.de  In  |>.irt  île  M,  Henri  Ma^sé. un  ouvra^>  intitulé  : 

/■.'«.ï.ii  sur  II-  iiiuh'  S;i:idi.  nuit:!  iluiif  hibUoijraphie  : 

•■  M,  Henri  MiiKsi^.  iinoien  membre  de  l'Institut  français  d'arcliéolo- 
ffii'  firieiitnle  du  Caire,  qui.  après  avoir  professé  A  l'École  des  inler- 
pr.''les  ib>  Hiihnl.  vient  d'être  nommé  chargé  de  cour» à  la  Faculté  des 
U'Ilri's  de  ITuiveisilé  d'Aljrer,  a  elioisi  pour  sujet  de  thèse,  en  vue 
du  doclornt  ès-lellics.  une  élude  sur  la  vie  et  les  ouvrages  du  célèbre 

i>  On  siiit  peu  de  chose  eur  les  urigiues  et  la  biographie  de  l'auteur 
du  <hdi»b.N.  Il  fiiudra  <'tie   reconnaissant  A  M.  Massé  d'avoir  réuni 

"'  '"  ' ■ '■■  " ■'     i".'.i'.;i   un  derviche,  el  comme  tel  il  a 

nsulman  du  mit'  siècle.   I/au- 
1-aircs  et  la  clironologie  de  ses 


SÉANCE   DU    12    MARS    4920 

iDÎgrtitions  Bventureuses.  II  a  tHudîé  succesaivenicnt  l'hoinme 
[irnseuret  l'artiste,  les  édilioiis  de  ses  ipuvies,  sa  comprêlienaiui 
l'honDéle  homme,  aa  conduite  en  tant  qu'  «  homme  de  Dii;u  >,  c'ei 
ilire  il'*sct'te  et  de  mystique,  ses  procédés  de  composition  et 
muyena  d'expression.  Cette  élude,  très  poussée  dans  les  détails, 
honneur  au  jeune  iSrudit  qui  l's  entreprise  ;  c'est  un  ouvrage  que 
devra  consultera  l'avenir  pour  tout  ce  qui  concerne  l'immortel  p 
de  Cliirni.   ■■ 


SÉANCE   DU  Ï2  MARS 


M.  Georges  Dotlin  écrit  de  nouveau  au  sujet  <le  son  pr 
d'.lf/;ii  iiiiguiitiqae  de  la  Ba ne- Bretagne.  —  Henvoi  i 
CoTTiinission  des  travaux  littéraires. 

A  propos  de  la  correspondance,  M.  I.amglois  lit  la  note 
vante  : 

■  |)('»  parliouliei-s  ont  n'ccmment  iioumis  h  l'eMimen  de  n< 
c-infrère  .M.  Omout  et  au  mien  des  documents  dont  ils  se  | 
{•osaient  de  se  défaire.  M.  Umont  ayant  reconnu  que,  parmi 
[liéies  qui  lui  édiient  offertes,  il  y  en  avait  qui  provenji 
«ùreinerit  de  la  célt-bre  Collection  Dufresne,  invita  les  i)é 
leur)  à  remellrc  le  tout  entre  les  mains  de  l'administration 
Archives,  La  Collection  hufresne  a  été,  en  ciïet,  formée,  ' 
I''  milieu  du  siècle  dernier,  en  grande  partie  avec  des  pii 
frauduleusement  distraites  des  archives  de  Lorraine,  sur 
quirlles  l'I-Uat  a  un  droit  imprescriptible  de  revendication.  I. 
fdire  Dufresne,  qui  fit  quelque  bruit  il  y  a  viii{îl-cinq  an; 
à<mué  lieu,  d'ailleurs,  à  un  hitcI  dérmilir  de  la  cour  de  Nat 
tu  date  du  8  février  l8yS'. 

•  .\  cette  époque,  une  grande  partie  de  la  Collection  l>ufre 
fui  revendiquée,  saisie,   restituée  à  l'Llat  par  l'arrêt  préci 

I.  Voir  11.  SteÎD.  1^  collerlion  Uufreine  tt  lei  trchii!e$  lorrainei,  < 
le  Bihiiagraphë  moderne,  l.  Il    ISOÏ),  p.  181. 


72  SÉANCE    DL    12    MAHS    1920 

elle  se    trouve    maintenant  aux  Archives  départementales  de 

Meiirlhe-el-MosclIe. 

"  Mais  la  saisie  d'il  y  a  vingt-cinq  ans  n'avait  pas  porté  sur  la 

lolalilé   (le  In  Colleclion  ;  une  Traction  en  avait   alors  disparu 

mvslérîeusemeni.  C'est  ce  reliquat  qui  rcpaniît  maintenant  à  la 
iére.  Je  me  h^ite  de  dire  que  les  personnes  qui  le  délenaient, 
héritage.  Jusqu'à  ces  jours  derniers,  d'une  lionne  foi  par- 
;,  ij^Tioraieni  complètement  ce  que  je  viens  de  rappeler, 
irniccs  des  faits,  elles  se  sont  empressées  d'apporter  spon- 
■ment  aux  Archives  nationales  toutes  les  pièces  qu'elles  pns- 
lient  encore.  Nous  avons  appris  d'elles  que,  depuis  vingl- 
[  ans,  ce  trésor,  longtemps  recherché,  mais  en  vain,  par 
ministration  allemande  des  Archives  de  Lorraine,  dormait 
s  le  grenier  d'une  maison   particulière,   aux   environs  de 

J'ai  fuit  procéder  à  la  reconnaissance  de  ge  qui  nous  a  été 
lis.  L'opération  est  en  cours.  Voici  ce  que  je  suis  en  mesure 
communiquer  dès  maintenant  à  l'Académie  r 

La  partie  de  la  Collection  Dufresiie  jadis  soustraite  à  la  sai- 
comprenait  d'abord  un  lot  des'charles  les  plus  anciennes  et 
plus  précieuses  de  ladite  collection  :  21  bulles  pontiticales  de 
9  h  1747,  et,  sans  parler  d'un  litre  de  Saint-Arnould,  daté 
706,  mais  fabriqué  au  xn''  siècle,  trois  diplômes  carolingiens 

IX*  siècle,  et  une  magnilique    série  de  chartes  des  évéques 

Metz,  dont  la  pi-emière  en  date  de  94~2.  Toutes  ces  pièces, 
it  le  baron  de  Salis,  qui  en  eut  communication  vers  l8*8-79< 
it  dre^'sé  un  inventaire,  ultérieurement  traduit  et  publié  par 
)r.  Wolfram  ',  ont  été  reconnues  parmi  celles  qui  sont  main- 

Onl  en  outre  été  identifiées,  comme  provenant  aussi  des 
:hives  de  la  Moselle,  vingt  cinq  autres  pièces.  La  plus  ancienne 
ce  sL-cond  loi,  qui  a  fait  partie  des  iirchives  de  l'abbave  de 
nt-Arnould,  est  datée  du  16  août  950.  Une  mention  est  due 
ore  à  l'original  d'une  charte  en  langue  vulgaire  de  l'abbaye 
Villers-Betluiich.  dalée  de  1212.  qui  a  été  publiée,  d'après 

photographie,  en  I8S0,  au  t.  XLl  de  la  Bibliolhèqae  de 
rôle  des  chartes. 

Dans  le  Jalirhiich  der  Geseltxcliaft   fiir  lot kriag tache    Gefchichtt, 


0  Ce  qui,  dans  cette  trouvaille,  provient  des  A 
Moselle  sera  rendu  aux  Archives  de  la  Moselle,  à  A 
rentrer  ainsi  en  possession  de  très  beaux  titres 
Mais  ce  n'est  pas  tout.  M.  Dufresne  avait  m'u  à 
pour  former  sn  colleclion,  les  Archives  municipi 
lalières  de  Toul  el  d'uutres  dépôts  de  la  même  ri 
les  pièces  revendicables  seront  i-estiluées,  natun 
nos  «oins,  aux  ayants  droit  légitimes.  » 

Après  on  comité  secret,  le  I'kkmident  fait  coniiaî 
Jémie  a  élu  associés  étrimgcrs  : 

à  la  place  créée  par  le  décret  du  23  juillet  l(*ir» 
Kenyon,  directeur  du  ISriliih  Muséum  à  Londres 

à  la  place  devenue  vacante  par  suite  du  décès  d 
U.  Ignazio  Guidi,  secrétaire  perpétuel  de  la  H,  .- 
Uncei,  à  Rome  ; 

à  la  place  devenue  vacante  par  suite  de  la  ttior 
M.  Kristoiïer  Nyrop,  proresseur  à  TUiiiversité  de 

M.  le  comte  Henry  de  Castries  fait  une  lecture 
fremenl  du  seing  manuel  des  Sultans  saadiens. 

MM.  IIuART,  Clehhont-G ANNEAU  ct  Habei.o.n  prt 
ques  observations. 


I.IVIIKR  OFFKltTS 


1.e  ^Rcn'iTAiiiB  Ptiii'KTUKL oITre,  su  nom  de  nuire  ron 
1-ri.iB,  la  lumvelle  éilition  de  son  Hîslairt  il'Aulric 
uiii"  étude  sur  ~A.a  vif  ai'aJAmi'iiie  chi'z  Un  Tchèifue. 
fl^ur  inUrn/ilionale  ilf  l'e'in'-ifjnement,  février  19301. 

M.  Paul  FouHMEii  a  la  parule  puur  i>n  hommage  : 
-  I.e  volume  tiue  j'ai  l'hotineiir  de  présenter  ii  \'\fa 
'"lé  :  La  preniiiret  mnlr-iveneii  jansfinislet  pu  France 
'IcM.  .Mbert  de  Meycr,  docteur  en  lliéo1o|;ieSe  l'I'iii 
'•in.  Il  a  été  composée  Louvaiiioii  ilaélé  a<lievé  apri 
l(  BLt)liothè<iuG  universitaire  et  imprimé  en  1917  ;  il  c- 
■IcniM  currespondanls,   Mgr  Ladeuze,  recteur,   et  M. 


SÉANCE    ÙV    19    MARS    1920 

temi-iit  directeur  de  l'Institut  belge  ii  Rome  ;  cela 
i  recommander  à  notre  sympathie, 
tconsecré  à  l'ûttide  dti  jansénisme,  non  pas  dans  les 
en  France,  parce  que,  dans  noire  pays,  il  ne  fui  pas 
oclrine  mettant  aux  prises  les  théologiens,  mais  une 
>rmi'  morale  nyanl    pour  liut  de  transtoimer  la  |iru- 

ct  d'omeuer  les  HdAles  i  une  vie  austère  ijuî  parsU 
des  mari{ucs  de  prédestination.  Au  priK  d'un  rude 
cyer  donne  au  public  une  histoire  des  doctrines,  de 

leur  progrès,  et  de  leur  influence  ;  son  exposé  est 
iélliodir[ue  et  impartial.  L'étude  de  cette  iruvre  sera 
pensalilc  ii  <|uiconqiie  entreprendra  l'étude  des  pre- 
u  JiinHénismc.   " 


SÉANCE  DU  19  MARS 


recteur  de  KUcole  d'.Athènes,  adresse  une  noie  au 
icriptinn  rcceminent  découverte  à  Phîlîppes  en 
Ile  note,  iulilulce  :  ('ii  lerle  nouveau  de  la  carres- 
•  Alignrd  Oîroèiie  el  Jénun-C.hriat.  gravé  sur  ane 
Philippes  lie  .\îafadoine,e»l  renvoyée  à  M.  IIais- 

Ai.K  [Iniine  leclure  d'uiie  riotL<'e  sur  hi  vie  et  les 
isle  Babtii,  sou  prédéi'esseur  '. 

)M;RAr\  fjitt  une  cnmmuiiiralion  hu  fiujet  d'une 
retienne  de  Timgiid,  conteiiaiil   une    invocalion 


75 


COMMUNICATION 


i:nb  invocation  ai*  w  cuRîsxrs  medicits  » 

•    SUK    UNE    PIERRE    DE   TIMGAD, 
PAR    M.    PAUL    MONCEAUX,    MEMBRE    DE    l'aCADÉMIE. 

On  a  récemment  découvert  à  Timgad  une  inscription 
fort  curieuse,  d'un  tour  orig^inal  :  un  document  qui  est 
nnique  jusqu'ici  dans  Tépigraphle  chrétienne  d'Afrique. 
C'est  une  invocation  au  Christ,  mais  au  Christus  medicus^ 
au  Christ  médecin  des  âmes  et  des  corps,  si  cher  aux 
chrétiens  des  premiers  siècles. 

Dans  les  fouilles  que  poursuit  depuis  si  longtemps  k 
Timgad  le  Service  des  monuments  historiques  de  l'Algérie, 
on  a  trouvé  Tan  dernier  (printemps  de  1919),  au  Nord  de 
tare  de  Trajan,  au  milieu  des  ruines  d'une  chapelle  chré- 
tienne, une  petite  pierre  calcaire  qui  porte  une  inscription  *. 
Olte  pierre,  de  forme  et  de  plan  triangulaire,  est  haute 
d  environ  0"25;  assez  bien  conservée  sur  les  côtés,  elle 
est  brisée  en  haut,  et  légèrement  ébréchée  en  bas  à  droite. 
La  base  est,  au  centre,  percée  d'un  trou  circulaire,  profond 
de  trois  centimètres  et  demi.  Deux  des  faces  sont  ornées 
de  moulures,  avec  un  grand  motif  sculpté,  difficile  à  iden- 
tifier :  peut-être  un  monstre  marin,  la  gueule  ouverte,  avec 
une  sorte  de  rosace  ou  d'étoile  sur  le  flanc.  La  troisième 
'ice,  celle  où  se  lit  l'inscription,  est  lisse.  Ce  petit  monu- 
ment triangulaire  paraît  être  un  pied  de  table.   Il  provient 


ï.  J'Q(ir«5«ke  tous  mes  remerciements  à  M.  Caf^uat,  qui  a  bien  voulu  me 
«f^er  ^>ii  r4>ii''ours  pour  le  diVhinTremerit  de  l'iiiscriplion  ;  à  NfM.  Baliu 
'  tiink't,  qui  m'onl  communiqué  des  cslampa^e^  et  des  dessins  de  la 
t^TTç  sculptée  ;  à  M.  Gsell,  qui  m'a  fourni  divers  renseignements  sur  la 
i<*<-ftuvert«  :  à  MM.  Carcopint)  et  Lévy-Provençal.  (|ui  ont  nus  à  ma  di»po- 
*ilion  uoe  copie  prise  sur  l'original. 


USE   INVOCATlOiN   ÀC    «    CHR18TU8   MEMCUS    »  79 

(Tuérir  les  malades.  Un  médecin  ?  Lequel  ?  Notre  Sei- 
l^ear  Jésus-Christ.  .  .  Il  est  tout  entier  le  médecin  de  nos 
blessures. . .  Il  est  tout  entier  notre  médecin  ^  »  Un  autre 
jour,  l'orateur  commençait  une  homélie  par  ces  mots,  où 
il  prenait  à  témoin  les  (idèles  :  «  Votre  Sainteté  sait  fort 
bien,  comme  nous,  que  notre  Seigneur  et  Sauveur  Jésus- 
(Ihrist  est  le  médecin  de  notre  salut  éternel  ^.  »  L'in^s- 
tance  d'Augustin  attestait  la  popularité  de  cette  conception 
dans  les  milieux  populaires  :  Tinscription  de  Timgad  con- 
firme le  témoignage  littéraire,  en  y  joignant  une  preuve 
matérielle. 

Lignes  4-7  :  Sanclis  et  penitentibus.  —  Le  mot  sancti, 
dans  le  Nouveau  Testament  et  dans  les  communautés 
primitives,  désignait  tous  les  fidèles.  Mais,  au  iv®  siècle, 
il  avait  pris  chez  les  Catholiques  un  sens  restreint  :  on 
réservait  alors  ce  titre  aux  personnages  h  qui  l'on  attri- 
buait une  sainteté  particulière,  surtout  aux  martyrs,  aux 
évéques,  aux  ascètes.  C'est  seulement  chez  les  hérétiques 
oa  les  schismatiques  que  tous  les  fidèles  de  la  secte  étaient 
qualifiés  de  «  saints  ».  —  Paenilenhs,  pour  les  Catholiques 
africains  du  temps,  c'étaient  tous  les  pécheurs  astreints  à 
la  discipline  de  la  pénitence  ;  pour  les  Donatistes  (tous 
winta  en  principe),  c'étaient  spécialement,  comme  on  le 
voit  par  les  récits  d'O'ptat,  les  Catholiques  ralliés  de  gré 
ou  de  force  à  l'Kglise  schismatique,  et  condamnés  k  expier 
par  de  longues  ou  dures  épreuves  leur  erreur  passée. 

Lignes  7-8  :  MaJ]re[m).  —  Le  mot  ne  peut  désigner  ici 
4ue  rÉglise,  Ce  titre  de  «<  mère  »  donné  à  l'Eglise  semble 
presque  aussi  ancien  que  l'Eglise  elle-même.  On  le  ren- 
contre souvent  en  Afrique  depuis  la  fin  du  ii**  siècle.  Chez 

1.  /n  lohAnniê  EoAngélium,  IracUlus  III.  3-3. 

2.  Serm.  M,  1. 


UNE    INVOCATKIN*    Al!    "    CHIlISTUS    HEDICCS    » 

llien  ,  rc  Ne  tnaler  quidem  EccUsia  praeteritur  '.  » 
Gyprien,  qui  dit  aux  confesseurs  de  Carthage  :  «  Quam 
aeto  sinu  excipit  mater  Ecclesia  de  praelio  rever- 
"  !  Il  Optât  de  Milev  reproche  aux  scbismu tiques 
r  abandonné  VEcclesia  mater  ou  la  Catkolica  mater  '. 
stin,  dans  ses  sermons,  recommande  aux  fidèles  de 
:her  à  l'Eglise  comme  à  une  mère  :  «  Tenete  omnes 
miler  Deum  patrem,  et  matrem  Eccleaiam  *.  »  La 
le  se  retrouve  jusque  dans  des  inscriptions  du  pays, 
aphe  d'un  jeune  AFricaii)  nommé  Magus,  qui  est 
rvée  à  Home  au  Musée  du  Latran,  mais  qui  provient 
ioute  de  Carthage,  reproduit  presque  textuellement  i 
rase  Je  Cypnen  citée  plus  haut  :  «  Magus  puer  inoo- 
,  .  Quam  te  Ifajetum  excipit  mater  Ecclesia  de  (h)oc 
o  revertentem  ^  !  »  Sur  une  mosaïque  tombale  de 
ka  est  représentée  une  basilique  chrétienne,  avec 
:iption  Ecclesia  mater  ^.  L'expression  était  si  bien 
crée  dans  le  langage  de  la  dévotion,  que  l'on  em- 
t  le  mot  mater  tout  seul  pour  désigner  l'Église.  Nous  , 
ons  plusieurs  exemples  chez  Commodien',  dont  les 
;s,  comme  nous  lo  verrons,  étaient  probablement 
ers  au  rédacteur  de  l'inscription  de  Timgad. 

nés  8-9   :  manU}[us]  cl  pedibus  de[fenàentihus\.  — 

istitutioii  du  dernier  mot  est  naturellement  hypolhé- 

Klle  est  suggérée  par   le  contexte   et  par  les  deux 

i-lullieii,  De  oralione,  S,  —  Cf.  Ad  martyres,  1. 

'pricn,  De  lapât,  S. 

lUt,  1,11  ;  VII.  J. 

iRuslm,  Eaarr.  in  Psilm.  HH,  U.  —  Œ  Se rm.  323.  3,  i. 

:   Itiissi.    De   iUalii    chriilianU    Carlbaginientibua,  daiii>    l*iU*>. 

jium  Suiesmeme,  l.  IV,  [i.  53<i.   -  Cf.  Bajanl,  C.R.  de  lAcud.  dtt 

1,.  191.3,  p.  U3. 

lucklcr,  Hiisalques  tombales  d'ant  chapelle  de  murlyrt  i  Thabraca 

t90T),  p.  19  cl  pi.  .Wlll.  —  Extrnil  des  MonumenlB  I^ol,  l.  \lll,  t. 

immodien,  laslrutt.,  II,  1,  4-!  ;  8, 1  ;  10,  T. 


■   «     J 


UNE    INVOCATION    AU    «    CHRISTUS  MEDICUS    »  81 

lettres  DE,  qui  sont  très  nettes.  Comme  on  ne  distingue 
rien  au-dessous  de  la  ligne  9,  on  doit  supposer  que  l'in- 
scription continuait  sur  une  autre  pierre.  —  Quant  kmani- 
bas  et  pedibus^  cette  lecture  peut  être  considérée  comme 
certaine  :  elle  est  confirmée  par  trois  estampages  et  par  le 
témoignage  des  archéologues  qui  ont  vu  la  pierre.  L'expres- 
sion était  d'usage  courant  dans  le  latin  classique  :  comme 
notre  locution  familière  «  des  pieds  et  des  mains  »,  elle 
signifiait  «  par  tous  les  moyens  »,  mais  sans  exclure  le 
sens  primitif,  Tappel  aux  pieds  et  aux  mains  pour  se 
défendre. 

D'après  nos  lectures,  on  pourrait  traduire  ainsi  la  nou- 
velle inscription  de  Timgad  : 

«  Viens  à  notre  aide,  ô  Christ,  toi  le  seul  médecin,  viens 
au  secours  des  saints  et  des  pénitents,  qui  défendent  par 
tous  \efi  moyens  leur  mère  TEglise.  » 

On  peut  se  demander  maintenant  ce  que  signifie  cette 
singulière  invocation.  D'où  vient-elle  ?  Au  nom  de  qui  est- 
elle  formulée  ?  Qui  vise-t-elle  ? 

A  première  vue,  on  pouvait  soupçonner  ici  une  réminis- 
cence ou  une  adaptation  de  quelque  verset  biblique. 
Cependant,  vérification  faite,  il  n'y  a  rien  d  analogue  dans 
la  Bible. 

Par  contre,  l'invocation  découverte  à  Timgad  fait  songer 
a  certains  textes  littéraires  africains,  où  Ton  trouve  groupés, 
comme  ici,  plusieurs  mots  significatifs  qui  sétonnent  un 
peu  de  se  rencontrer.  Voici,  par  exemple,  un  passage  d'un 
wrmon  d'Augustin,  où  le  Christus  medicus  apparaît 
comme  defensor  des  pénitents  :  «  Adhibet  (Christus)  medi- 
^Q9  fomenta  verborum. . .  ;  tu  agnosce  medici  manum.  .  . 
index. .  .  advocatum  misit  tibi.  . .  ;  âge  causam  tuam,  et 
dffensor  est  paenitentis .  .  .   *  »    Mais   la    donnée   est  trop 

•  •  Auiriinlin,  En»rr.  in  Ps»lm.  GO,  7. 
Iȕ0.  6 


8ÉANCK    Dl     :>()    MAll»    IM'ÀO  S3 

protection  de  ceux  qui  défendent  leur  Eglise  par  la  fiine  : 
tous  ces  traits  dénoncent  un  sectaire,  spécialement  un 
Donatislc.  On  sait  que  Thamugadi  était  une  des  citadelles 
(lu  DoDntisme,  et  que  les  schismatiques  de  l'endroit 
étaient  particulièrement  batailleurs  ou  intransigeants. 
Témoin  l'histoire  du  leurs  évêques  :  les  exploits  du  sinistre 
Optatus.  transformé  en  chef  de  bandes  pour  terroriser  lu 
contrée,  et  le  fanatisme  borné  de  Oauilcntius,  déclarant 
aux  Autorités  que,  Wi  l'nn  touchait  fi  sa  basilique,  il  était 
résolu  à  s'v  brûler  vif. 


LIVUES    OFI'IlKTS 


Le  SE<:iibT<CHK  pciii-ÉTUBi.  fuit  11  OUI  III  a  gft.  nii  nom  des  aulciir*,  des 
ouvraifCs  Buiinotii  : 

l'hilippe  Vii'fv,  Oiitton  .l/.m/x.TU  et  xun  iielitm  »rienli/i</ue  ^extrait 
Ii-s  AniiaU*  de  IWcadmie  .h  M'ic.m.  .T  s^ii.-.  loiia-  ,\IX.  iWi,  ; 

\.  df  Ouleiiccr,  La  charit*  runuiine.  -hils  la  tilUratiire  et  Jant 
fart    fJiliait  dus  Anaalet  'le  l'AfaiMmie  rufjale  d'arcMultiijip  JeHel- 

J.-C.  Konni^L'  el  Jules  Korinit,'.'..  /,«  .Ic/'/irs  ./.■  l.iilive  (.\iiiiexi- 
.1.-  lii  scnncf  du  \1  JHnvier    IfllN  do  t«  i:,,mi,ih*i.„  -lu  VieiiJ-  /■,im). 


SÏ-l.lNCK  l>r  26  MAItS 


M.  le  Ministre  île  rin!*lrLi.-li..ii  piiLIiquo  a.Ircs^e  Ù  rAri.d.'niî. 
jmplialinn  des  Iniis  di-ircls  porlaiil  ii|(|>ri>|j;iliini  de  léleelu'i 
I  .mme  usMieiês  ëlraii^'T^  'te  MM.  Kkxwn.  C.ni.i  el   Niunr. 

une  letlre  de  rcmeiviemL>nl  di-  M.  Nvr.<|i  ol  eonnniiniijoe  iir» 


SKANCI^    UU    2li    MAhH    lH20 

a  Brilish  School  of  Arcbaeologv  que  lui  eavoie 


la  correspondance,  M.  Cordiur  i 
lalon,  missionnaire  de  l'Académie,  la  liste  des 
ifs  il  rindochine  conservés  au  Rjks-Archier  de 
i  font  partie  des  v  Archives  de  la  Compagnie 
aies,  section  de  la  Chambre  d'Amsterdam  ». 

rgeci/men  Briei-en  uil  Batavia  (copie  des  lettres 
s  à  Batavia  et  y  envoyés  par  les  comptoirs), 
rapports  ont  Irait  :    , 

et  vont  de  1633  à  1638,  année  de  la  suppression 
bndais. 

des  pièces  relatives  à  b  guerre  que  la  Compa- 
irientalcs  eut  ù  Koulenir  contre  le  Quinam.  que 
lier  n'a  pas  connues,  et  très  intéressantes  pour 
nls  de  toule  sorte  qu'elles  renferment. 
.  et  vont  de  lt>37  à  I7O0,  année  de  la  disparition 
llandais. 

n'a 's  atlganiid  Hrievenhock  (copie  des  lettres  et 
es  de  Hatavia  aux  Comptoirs)  : 
(U>:W-l6.-i8). 
(11)37-1700), 

^rics  s'ajoutent  des  documents  de  valeur  appar-  i 
vcs  du  comptoir  néerlandais  du  Japon,  lesquelles  / 
ijourd'liui    ans   .\rchivcs  de  la  Compa};nie  des    { 

joninaus  de  voyage  au  Tonkin  tenus  de  1637 

ciiments,  il  existe  encore  des  lettres  envoyées 
liitavia  par  le  gouverneur  général  et  les 
laffuie  en  Hollande.  Il  s'y  trouve  de  nombreux 
n^mt  le  Quinam  et  le  Tonkin. 

Dficumeuls  copiés. 

ciimcnti'  appartcniint  à  la  première  série  ont  été 
oins  de  .\1.  Ilendrik  .Muller.  mais  avec  des  lacu- 


SÉANCR    DU   26  MARS   1920  85 

nés.    Ils   sont    relatifs  au    Quiiiam  (1633-1638)   et  au  Tonkin 
(1637-1661).  C'est-à-dire  environ  2500  pages  in-folio. 

Les  copies  déjà  faites  sont  conservées  bénévolement  au  Ryks- 
iArchief. 

Documents  à  copier. 

Il  reste  à  copier  : 

I®  le  reste  de  la  K*  série  et  la  2*  série  tout  entière,  c'est-à- 
dire  environ  6000  pages  in-folio  ; 

'2?  les  journaux  de  voyage  au  Tonkin  ; 

3°  les  passages  relatifs  au  Quinam  et  au  Tonkin  des  lettres 
expédiées  en.Hollande  par  le  gouverneur  général  et  les  con- 
seillers de  la  Compagnie  des  Indes  à  Batavia. 

rPour  les  n**»  2  et  3,  le  nombre  de  pages  est  non  évalué,  mais 
peu  considérable.] 

Publication  des  documents, 

La  Société  de  Linschoten,  qui  avait  publié  les  pièces  d'arch.ves 
ayant  Irait  au  Laos  et  au  Cambodge  recueillies  par  M.  Hendrik 
Muller,  renonce  à  publier,  parce  que  trop  nombreux,  les  textes 
coocernant  le  Quinam  et  le  Tonkin  qui  n'inléressent  pas  direc- 
tement la  Hollande  et  prendraient  peut-être  huit  de  ses  volumes. 
I/Historisch  Genootschap  (Société  d'histoire)  d^Utrecht  ne  veut 
pas  davantage  s'en  charger. 

Restent  les  Ryksgeschiedkundigen  Publicaties  (Publications 
historiques  de  TKtat)  que  dirige  le  D'*  N.  Japiske  :  il  parait  que 
si  le  gouvernement  de  l'Indochine  le  demandait  au  gouverne- 
ment néerlandais,  Tautorisalion  de  publier  dans  ce  recueil  les 
documents  d'archives  de  La  Hâve  relatifs  à  notre  Indochine 
•erait  accordée  sans  difficulté.  Tout  au  plus  aurait-on  à  payer 
les  frais  de  copie  pour  l'impression  de  ces  docufnents.  Mais  la 
publication  ne  pourrait  commencer  qu'après  l'achèvement  de  la 
série  européenne  des  publications  historiques  de  l'État  actue.- 
lement  en  cours. 

Photographies, 

Il  serait  aisé  d'obtenir  des  photographies  en  blanc  sur  noir 
de  tous  les  documents  visés  :  il  faudrait  faire  13. tUX)  photogra- 
phies .  Coùl  :  environ  L(MM)  frani'^. 


fif-ANCE    01    26    MARS    192 

Crédit  nécestaire. 


i  îictuel  +  i  1.500 


Copistes   el  collalionnenient. 

roicnl  procurés  pnr  le  Ilj-ks-.Arcliief;  un  iin'hi- 
blisscmenl    «ur veillerait    volontiers    la     bonne 


ïopie  unique,  nn  pourrait  aisément  en  obtenir 
n  roup  en  les  faisant  exéruter  »  la  machine  â  ■ 
lit  n  prévoir  en  sue  que  le  prix  du  papier. 


iL<iis,  au  nom  ilc  la  Commission  des  Antiquités 

mnaitre  que  la  Commission  a  accordé  : 

icdHille,  à  M.  Charles  l'orée,  pour  ses  Eludet 

!  Gévaiidiin  ; 

édnillc,  à  M.  (ieorges  Doltin,  pour  son  livre 

Il  loi  se  ; 

édaille,  à  M.   l'abbé  Carrière,  pour  son   lUs- 

e  des  Temiilieis  de  Provins  ; 

lenlion,   à  M.   Henri   WaquoI,  pour  son    livre 

iaife  lie  Vermaiidois  aux  XllI'  et  XIV"  siècles  ; 

nenlinn.    à   M .    l'abbé    Delamarc,    pour    son 

■alise  J-hi-reiix: 

mention,  h  M.  Gustave  Chauvet,  pour  son 
iillfs  du  Chaffaud. 

ii-.R,  au  nom  de  In  (Commission  do  la  Fondution 

ropose  d'allouer  ; 

tiou  de  liix  cents  francs  à    M.  de  Cironcourt, 

il  uu\  frais  du  v(iva(,'e  qu'il  a  entrepiis  sous  les 
(K'mic,  pour  l'impression  des  résultais  de  sa 
donner  à  l'.\cn<lémie  vinijt  exemplaires  de  sa 

in  de  .*ix  mille  francs  à  M""'  Ilomburger,  pour 
ides  relatives  aux  langues  du  Cameroun  (ban- 


SÉANCE    DU    26    MAKS    1920  «7 

tou  et  demi-banlou)  dans  la  région  au  Sud  du  lac  Tchad,  oii  elle 
doit  se  rendre  au  mois  d'avril. 
Il  en  est  ainsi  décidé. 

M.  Henri  ConmtR,  au  nom  de  la  Commission  de  llxole  fran- 
çaise d'Kxlrème-OrienL,  demande  à  l'Académie  de  proposer  eu 
choix  de  M.  le  Ministre  des  colonies,  comme  directeur  de 
rficole  d'Kxtrême-Oiient  à  Hanoï,  eu  remplacement  de  M. 
Clauile  Maître,  arrivé  au  terme  de  son  mandat.  M,  I.ouis  Finol, 
professeur  au  Collèf-e  de  France. 

L'.Académic,  au  scrutin,  désigne 'à  l'unanimité  M.  Louis  Finot 
pour  le  poste  de  directeur  de  l'École  d'Fxtrême-Orient. 

I.e   pRi^:sn>E»T  interroge  l'Académie  sur  l'opportunité  qu'il  y 
aurait  â  déclarer  la  vacance  du  siège  de  M.  Dieulafoy,  décédé 
!<■  24  février. 
'   Par  20  voix  contre   11,  l'.Académie  se  prononce  pour  l'aflir- 

Un  fixe  ensuite  au  i  juin  la  présentation  des  titres, 

M.  Soltas  fait  une  lecture  sur  le  papyrus  démotique  inédit 
de  Lille  u"  3  et  la  notation  des  jours  épiigomènes  '. 

M.  Théodore  Reinacii  communique  et  commente  un  très 
important  document  papyrologique  du  Musée  de  Berlin  qui  vient 
'IVire  publié  :  c'est  un  extrait  considérable  —  en  1 15  articles  — 
du  code  fiscal  de  l'Kgjpte  romaine,  le  règlement  servant  de 
i'uide  au  procureur  fiscal  ou  idiulogiic,  au  temps  d'Antonin  le 
Pieux.  Ce  document  touche  à  une  foule  de  questions  de  droit 
public  et  prive,  et  apporte  de  précieuses  adtlilions  et  corrections 
'  notre  connaissance  du  droit  romain,  notamment  en  ce  qui 
concerne  le  régime  successoral,  les-dots,  les  coufiscalions,  les 
diverse*  classes  de  la  population.  L'n  chapitre  spécial  s'occupe 
Je  la  police  des  cultes  et  révèle  de  surprenants  parallélîames 
cotre  le  culte  égyptien  et  le  culte  chrétien.  Il  y  a  là  matière  à 
Invajl  pour  plusieurs  générations  d'èrudils. 

M.  f'd,  CuQ  présente  quelques  observations. 

I.  Voir  uu  prot-liain  calitcr. 


SÉANCE    W    31     tlAR»    1920 

LIVRES  OFFERTS 

Paul  Fouii<iiBn  présente  h  l'Académie,  de  la  part  de  M.  le 
ine  l'Iysse  <^HevAUËii,  le  prospectus  du  Oictionnitire  tnpogra- 
t  du  t/éparlemeni  de  t'hirt,  rédigt  d'après  lei  manattrilt 
nanuel  Pilol  de  Thoret,  toat-arehivUlt  aux  Arrhix>fS  de  l'it^rr 
>ns,  1920,  in-4"),  dont  notre  confrère  assure  la  publjcatioo. 


SKANCE  DU  31  MARS 


PftKSIDBNCE     OK    M.    KtHlUARD    CUIJ,    VlCB-PBKStDBVT. 

\f  illot,  à  Alger,  envoie  à  l'Académie  uae  note  sur  la  possi- 
qu'il  y  aurait  d'employer  les  rayons  X  pour  explorer  le^ 

■es  anciennes,  —  Renvoi  k  M^Omont. 
le  curé  du    Moulicr  d'Ahun  (Creuse)  demande  une  sub- 

nn  pour  la  consolidation  du  clocher  de  son  église.  —  Renvoi 

:;ommission  Pellechet. 

GiHAHD  donne  lecture  d'une  noie  de  M.  Geoi^es  Radcl, 
spondant  de  lAcadémie,  sur  un  passnge  de  la  Consliluliou 
léneu  d'Aristole  (chap.  26)  où  le  mot  vcuiTEpsv,  appliqué  à 
énien  Cimon,  doit  êlrp  entendu,  d'après  M.  Radet,  dnns  le 
Je  «  assez  novice  »  (dans  la  politique,  à  laquelle  il  s'éUit 
ijué  i-c1;itivemeii(  tard  ôj'i  xsdVEXQâvra).  Il  n'y  a  donc  pas 
le  corrij^er  le  texte.  Jugé  suspect  par  la  plupart  des  éditeur*. 
MHUi-ice  CiioisET  et  M.  Roi-ché-I.bclebcq  présentent 
|ues  observations. 

Bernard  [Iav^soullikr  communique,  au  nom  de  M.  Ch. 
d,  directeur  de  l'iicole  d'ALhèncs,  un  nouvel  exemplaire 
le  la  célèbre  correspondiince  apocryphe  entre  Abgar,  dynasle 
:ssa,  et  Jésus-Chrisl.  Il  a  été  découverte»  1914  à  PhiJippes 
Licédoinc,  où  il  était  gravé  sur  l'une  des  portes  de  la  ville. 

le  cinquième  exemplaire  épigraphique  grec  connu,  et  le 
|ui  ait  été  retrouvé  sur  une  porte  de  ville.  Il  était  destiné 


RaPPOHT    srn    I.KS    émules    II  ATilË^ES    F.T    DE    HOHE 

à  assurera  la  cilé  tout  entière  la  protection  du  Christel 
défendre  contre  ses  ennemis.  L'inscription  de  Philippes  i 
vraisemblablement  de  la  fin  du  quatrième  ou  du  début  du  < 
quième  siècle. 

MM.   Monceaux    el  CLEnMosT-GANNRAU    présentent   quelc 
observations. 


APPENDICE 


KAPPORT  Sen  LES  TRAVAUX  DES  ÉCOLES  PRA.NÇAISES  d'aTIIJ 
FT  DE  ROUE  PENDAMT  l'aNNËE  1018-191!),  PAR  X.  ÉUILE  i 
TELAIN.  MEMBRE  DE  l'aCADÉMIE  :  Ll'  DANS  LA  SÉANCE  DU  31  M 

i!l20. 

Messieurs, 

Le  dernier  rapport  qui  vous  a  été  présenlé  sur  l'acti 
de   nos  deux  Ecoles    par    notre    confrère    M.    Tbéop 


Homolle,  dans  la  séance  du  25  avril  t9IU,  vous  a 


IX[ 


en  détail  toutes  les  difficultés  que  noire  confrère  ! 
Duchesne  el  surtout  M.  Gustave  Fougères  ont  dû  surn 
ter  pendant  une  trop  loii)^ue  période,  fatale  aux  rccherc 
Kieotitiques.  Malgré  la  Qn  des  hostilités,  l'année  li 
i"  ne  saurait  être  une  année  normale  ;  en  Grèce  princ: 
lement />enf/fin^  opéra  interrupta,  et  le  personnel  des  d 
Ecoles  est  loin  d'être  au  complet.  Nous  ne  pouvons 
r^umer  ici  les  rapports  des  deux  Directeurs  et  l'exai 
He  deux  mémoires  envoyés  du  Palais  Farnèse. 

I.  Éœi.E  DATIIÈNES. 

Les  anciens  membres  de  l'Ecole,  mobilisés  en  Ori 
MM.  Louis  Roussel,  Dugas,  Boulanger,  Lejeunt',  qui  ava 
^té  laissés  temporairement  à  la  disposition  de  M.  Fouf^i 


flO  BAPPOnT    Sun    les    écoles    DATHÈSES    et    de    ROME 

pnr  entente  avec  l'administration  militaire,  sont  tons  ren- 
trés en  France  pendant  le  premier  semestre  de  l'année  f  91 9,  i 
à  la  suite  de  leur  démobilisation.  Leurs  obligations  mili- 
taires, le  service  de  la  propaftande  ou  celui  de  l'École  Gif- 
fitrd  (Institut  supérieur  d'études  Trançaises)  avaient  d'ail- 
leurs, pendant  l'année  1018-19,  détourné  presque  coraplè- 
li-ment  leur  nctii'ilé  des  études  archéologiques. 

""-'Ite  iinnée  n'a  donc  pas  été  propice  aux  recherches  ni 
Touillt^s.  L'Kcole  d'Athènes  n'a  pu  que  prêter  son  con- 
s  aux   missions  scientillques   envoyées  de   France  en 

.  Heplat,  architecte  de  l'iîcole,  a  participé,  du  30  juin 
'i  septenjhre,  aux  travaux  exécutés  dans  la  presqu'île  , 
Athos  ;  SCS  lechorches  personnelles  ont  porté  spécia- 
ntsur  le  monastère  d'iviron,  au  Nord-Est  de  Karyès. 
il  a  levé  le  plan  et  reconnu  les  traces  d'agrandissements 
erses  époques.  A  Karyès  même,  il  a  achevé  les  levés 
église  du  Protaton,  ainsi  que  le  plan  do  la  chapelle 
ntine  du  SkJte  Vassiliou,  près  de  Karyès. 
isuile  M.  Heplat  a  assisté,  du  22  septembre  au  22 
bre,  MM.  lîourguct  et  Courby  dans  leur  mission  ft 
ihcK.  Ses  recherches  ont  porté  sur  quelques-unes  des 
s  monumentales  du  téménos,  notamment  sur  la  base 
-heval  lies  Arpiens  ou  la  base  du  Char  des  Argiens. 
■pendant  que  l'Fcole  participait  ainsi,  dans  la  mesure 
.'S  moyens  limités,  à  l'activité  scientitique  en  Grèce,  la 
(lion  des  hnslililés  amenait  la  dissolution  du  Service 
L'ologique  de  l'armée  d'Orient.  La  fin  de  ce  Service  a 
?idé  à  peu  près  avec  le  déplacement  du  Quartier  géne- 
les  armi'i's  alliées  en  Orient,  transporté  îi  Gonstantî- 
e  en  lévrier  Ifllît. 

1  plupart  des  travaux  exécutés  par  ce  Service  archéolo- 
eont  été  antérieurement  signalés.  M.E,  llébrarda  rendu 
Die  à  notre  Académie,  par  note  du  12  décembre  1918, 
s  recherches  à  Saint-Georges  de  Salonique.  Les  fouilles 


RAPPORT    SUR    LES    ÉCOLES    d'aTHÈNES   ET    DE    ROME  91 

ont  donné  une  importante  collection  de  verreries,  de  pote- 
ries byzantines,  extraites  de  tombes  dont  plusieurs  étaient 
inviolées.  Les  résultats  de  ces  fouilles  seront  publiés  dans 
le  premier  fascicule  du  Bulletin  de  correspondance  hellé- 
nique de  1920. 

Les  recherches  de  M.  Léon  Rey,  conduites  aussi  par 
ledit  Service  archéologique  et,  en  partie,  grâce  à  une  sub- 
vention de  notre  Académie  prélevée  sur  la  fondation  Piol, 
ont  porté  sur  l'archéologie  préhistorique  et  protohistorique 
de  la  Macédoine.  M.  HomoUe  nous  a  communiqué  le  rap- 
port de  M.  Rey  dans  la  séance  du  4  avril  1919.  Les  résul- 
tats de  ces  fouilles  sont  en  cours  de  publication  ;  1  article 
a  pris  place  dans  le  Bulletin  de  1916,  dont  Timpression 
s'achève. 

En  dehors  des  travaux  exécutés  avec  son  concours  au 
mont  Athos  et  à  Delphes  par  des  missions  indépendantes, 
l'Ecole  n'a  pu,  en  1918-19,  continuer  nulle  part  ses 
rvcherches  sur  ses  chantiers  propres. 

11  est  arrivé,  malheureusement,  que  pendant  la  période 
de  ^erre,  elle  a  vu  prescrire  en  partie  ses  droits  sur  cer- 
tnius  des  terrains  qui  lui  avaient  été  concédés.  C'est  ainsi 
que  les  travaux  exécutés  à  Slratos  (Acarnanie)  parM.  A.  Jou- 
bin  en  IS92,  complétés  récemment  par  les  missions 
Courby-Picard  et  Picard-Avezou  (1912-13),  ont  été  indû- 
ment pillés  en  1916  —  au  temps  où  l'attitude  de  la  Grèce 
inspirait  les  plus  vives  inquiétudes  —  par  M.  K.  Orlandos*, 
architecte,  professeur  au  Polytechneion  d'Athènes.  L'Ecole 
reprendra  ses  droits  sur  ces  fouilles,  en  publiant  à  son 
Umr,  dans  le  i^M//e/m  de  1917-19,  ses  rapports  et  ses  dessins 
préparés  en  1914. 

Les  chantiers  de  Délos  et  de  Thasos  ont  été  entretenus 
*^l  l'Ecole  compte  y  reprendre  bientôt  ses  travaux.  Le  Bul- 
^dn  publiera  les  résultats,  encore  inédits,^  de  la  campagne 


!*2  BAPPORT    SUR    LES    ÉCOLES    d" ATHÈNES    ET    DE    ROME 

commencée  en  i91i  à  Thasos  et  Philippes,  campagne  brus-  ! 
quement  interrompue   par  la  guerre.  A  Notion-Cluros,  en 
Asie-Mineure,  notre  matériel  des  fouilles  a  été  pillé  par  les  ^ 
Turcs  et  devra  être  récupéré.  i 

A  la  lïn  d'octobre  1919,  la  publication  du  BulUlin  arrè-  j 
téR  depuis  1916  a  pu  être  reprise,  grâce  à  la  trouvaille  d'au   j 
lui  Ao   nnninr  nrnvé  à  AtKènes  en  juin  et   qu'on  croyait 
aile  des   années  1917-19  sera  comblé  au  | 
tome  dnns  lequel  on  insérera  des  études 
la  guerre  sur  certaines  fouilles  de   l'Ecole 
ne  Strotos,  Thespies,  des  mémoires  origi- 

i/e  des  Ècnles  d'Athènes  et  de  Borne  s'est 
i  nouveaux  et  importants  fascicules,  une 
lériie  entre  Byzance  et  l'Islam  de  M,  F, 
B  de  M.  J,  Hatzfeld  sur  tes  TrafîquAnts 
'rien/  hellénique. 

riodc  très  diflicile,  mais  fétonde  en  résul- 
lence  frani,-aise,  M,  Gustave  Fougères  a  I 
mande,  la  Direction  de  l'Ecole  pour  occuper  . 
a  chaire  d'archéologie  classique  devenue 
ite    du   décès    de    notre   regretté    confrère 

Par  décret  présidentiel  du  7  juin  1919, 
ird  a  été  appelé  à  lui  succéder,  conformé- 
positions  de  notre  Académie,  qui  avait 
Heur  souvenir  de  ses  premiers  travaux  et 
rande    confiance   en    lui.  M.   A.  Plasssrt. 

de  8"  année,  démobilisé  le  21  août  1919, 
1  poste  de  secrétaire  général,  en  rempla- 
cnrd.  Nous  sommes  en  droit  d'espérer  que.  1 
lotrc  Kcole  d'Athènes  va  reprendre  le  cours 
lins,  de  ses  fouilles,  de  ses  découvertes,  et  ' 
innées  qu'elle  a  traversées  n'auront  causé 
|)assagcrc  à  son  rayonnement  traditionnel. 


RAPPORT    SUR    LK8    ÉCOLES    d'aTHÈNES    Et    DE    ROME  93 

II.   —   ÉCOLE  DE   ROME. 

Moins  éprouvée  par  îa  guerre  que  sa  sœur  aînée,  TEcole 
de  Rome  a  pu  se  remettre  plus  vite  au  travail.  En  1918-19, 
elle  comptait  deux  membres  de  seconde  année,  MM.  Bayet 
et  Marchesné,  avec  un  membre  de  première  année,  M.  Jas- 
semio.  En  mai  1919,  elle  recueillit  M.  Pocquet  du  Haut- 
Jussé,  qui  avait  été  mobilisé  en  1917  au  cours  de  sa  seconde 
année. 

M.  J.-A.   Bayet  nous   a   fait  parvenir  un    mémoire    de 

250  pages  sur  Us  Origines  de  V Hercule  romain.    C'est  une 

tpuvre   fortement  étudiée,  où  se  révèle  un    esprit   solide, 

réfléchi  et  lucide,  capable  de  débrouiller  des  sujets  difliciles. 

La  première  partie  du  mémoire  concerne  la  légende.  Par  les 

textes  des   auteurs    latins  et  grecs,    Tauteur  remonte  aux 

sources  grecques  et  croit  distinguer   plusieurs   traditions 

qui,   formées  principalement  dans   la    Grande   Grèce,  ont 

cheminé  à  travers  la  Campanie  et  atteint  Rome  par  le  Sud. 

Hercule^  installé  en  Italie,  éprouve  d'abord  l'hostilité  des 

habitants.  Plusieurs  personnages  sont  présentés  comme  les 

hôtes  perfides  que  le  héros  punira  en   les  tuant  ;   puis,  à 

mesure  que  le  culte  héracléen  devient  plus  latin,  ce  mauvais 

renom  est  détourné  d'eux  et  reporté  sur  d'autres.  Faunus, 

qui  a  agi  avec  traîtrise,    disparait   pour   être  remplacé  par 

Evandre,   hôte  loyal  et  généreux  d'Hercule,  et  c'est  alors 

qu'entre  en  scène  Cacus,    non    pas   directement  opposé  à 

Hercule,    mais  ennemi  d'Evandre  qu'il  combat;   il  meurt 

de  la  main  du  héros  se  portant  au  secours  de  son  hôte.   En 

somme,  le  grec  Evandre  s'installe  comme  roi  sur  le  Palatin 

dont  il  dépossède  Cacus,  héros  ilali(|ue.  L  influence  grecque 

a  pu   amener  plus   tard  une  confusion  entre   le  mythe  de 

Cacus  et  celui  de  Gérvon. 

Avec  l'évolution  des  légendes  on  suit  aussi  l'évolution 
topographique  des  sanctuaires.  L'Ara  niaxima  de  Rome  qui 


94  BAPI>OHT   Si-.K    LES    tXX}LF3    u'aTIIËNES    FT    DE    HOMI! 

est  lu  lieu  <lu  culte  héracléeu  le  plus  renommé  n'est  j>as  le  ' 

plus  ancien,  malgré  les  afiirmations  des  auteurs  de  l'époque 

d'Auguste,  C'est  probablement  celui  de  la  Porta  trû/erairijt 

qui  a  été  le  centre  des  premières  manifeslations  de  la  reli-   ' 

gion  nouvelle.  L'examen  de  ce  sujet  constitue  la  deuxième 

partie.  La  conception  d'un  Hercule  guerrier,  Hercules  invic- 

tiis.  est  pour  l'auteur  le  résultat  d'un  long  développement, 

— —  (ardif,  et  d'une  assimilation    avec  le  dieu  Mars,    qui 

à  Heivule  ses  prêtres  saliens.  Mais  Hercule,    dieu   du 

.  I 

iierce,  est  antérieur. 

elle  sera  donc  la  nature  fondamentale  du  dieu  '?  C'est 
jet  de  la  troisième  partie.  Il  est  remarquable  qu'en 
'.  Hercule  n'est  pas  mis  en  antagonisme  avec  Junon  ; 
jntraire.  leur  union  se  fait  étroite  dans  les  rites  du 
ige.  L'Hercule  grec  se  substitue  aussi  à  Kaunus  età  son 
é  Silvain.  Il  est  de  même  le  dieu  des  sources  ef  il  s'in- 
lit  dans  les  cieles  de  Cérès  et  de  Baccbus.  De  plus  en 
la  physionomie  du  héros  grec  se  fond  et  se  dissolut 
la  pers(mnalité  complexe  des  dieux  latins, 
quatrième  partie  traile  du  rituel  ;  c'est  comme  héros 
ïrcule  est  honoré  et  son  culte  rentre  dons  celui  des 
.  Ici  l'auteur  n'a  pas  pu  proliter  du  mémoire  publié 
iment  sur  ce  sujet  par  notre  confrère  M.  Paul  Fou- 
et il  lui  sera  nécessaire  de  contmler  ses  opinions  au 
!n  de  cette  imporlimte  étude.  En  résumé,  l'Hercule 
in,  quoique  d'origine  hellénique,  apparaît  tout  dif- 
t  de  celui  de  la  (Iréce.  Lié  au  commerce,  aux  rites  de 
ige  et  de  fécondité,  associé  avec  Junon,  uni  aux  di>"i- 
chUioniennes  et  funéraires,  il  revêt  peu  à  peu  une 
nnalité  qui  lui  donne  une  phvsionomie  tout  autre  que 
du  tueur  de  monstres  et  du  liéros  vagabond,  pour- 
par  rimptnciil)le  h<)stilité  de  la  déesse  Héra.  C'est  au 
i'tic  seulement  que  le  culte  d'Hercule  prit  pied  délîni- 
lent  en  Italie.  \  Rome  même,  il  est  représenté  par  deux 
iles,  un  sur  l'Aventin,  un  autre  sur  le  l'atatin,  le  pre- 


RAPPORT   SUR    LES    ÉCOLKS    d'aTHÈNES  ET   DE   ROME  98 

«lier  né  d'un  culte  privé,  le  second  importé  de  la  Grande 
Grèce  qui  Hnit  par  absorber  son  rival  et  représenter  le  culte 
ofiiciel.  Us  s'unissent  et  se  confondent  dans  la  figure  d'un 
Hercules  vicier  qui  est  avant  tout  un  dieu  militaire. 

Cette  analyse  suilit  à  montrer  la  méthode  de  M.  Bayet 
et  les  résultats  obtenus.  Nous  devons  louer  son  effort  et 
penser  qu'il  convient  d'encourager  les  jeunes  savants  qui  se 
consacrent  aux  recherches  de  mythologie.  L'auteur  se  pro- 
pose de  joindre  à  ce  travail  une  étude  des* monuments  du 
culte  romain  d'Hercule  et  des  représentations  de  ce  dieu 
jusqu'au  u*  siècle  de  notre  ère  où  se  constitue  définitive- 
ment la  figure  de  l'Hercule  impérial. 

Dans  le  mémoire  soumis  à  l'Académie,  il  faut  noter  une 
lacune:  c'est  l'absence  de  considérations  sur  la  voie  étrusque 
qui  s'ouvrait  par  le  Nord  pour  introduire  les  légendes 
grecques  d'Hercule  jusqu'à  Rome.  M.  Bayet  remarque  bien 
que  les  Etrusques  ont  connu  l'assimilation  de  Mars  :=  Her- 
cule avec  le  nom  local  d'ilercle,  mais  il  ne  cherche  pas 
d'explication.  Enfin,  dans  le  chapitre  sur  Héraclès  inviclus^ 
1  auteur  ne  semble  pas  tenir  compte  de  TAlexandrinisme 
qui  fut  si  puissant  dans  toute  l'Italie.  Cependant  l'exemple 
d'Alexandre  et  le  culte  qu'il  rendit  à  Hercule,  l'assimila- 
tion qu'il  revendi(|uait  en  se  faisant  représenter  coille  de  la 
peau  de  lion  sur  des  monnaies,  ne  pouvaient  manquer 
d'avoir  une  grande  répercussion  dans  le  monde  antique. 
On  a  peine  aussi  à  admettre  la  théorie  de  l'auteur  sur  le 
repos  héroïque,  considéré  comme  un  symbole  chthonien  et 
funéraire.  Enfin  l'opinion  que  l'idée  d'Hercule,  dieu  de  la 
fécondité,  viendrait  de  Grèce,  n'est  pas  prouvée  autant  que 
1«  croit  l'auteur.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  faudrait  pou  de  chose 
pour  faire  de  cette  très  intéressante  étude  un  livre  prêt  pour 
I  impression. 

Le  mémoire  envoyé  par  M.  Marchesné  a  pour  titre  :  Les 
constructions  mineures  à  V intérieur  des  éf/ lises  médiévales 
Juliennes  et  particulièrement  romaines.   L'auteur  v  étudie 


96  RAPPORT    SUR    LES    Éf.OLES    d' ATHÈNES    ET    DE    BOUE  j 

successivement  la  schola  canlorum,  l'ambon,  l'iconostase, 
la 'confession,  le  ciborium  et  le  sanctuaire.    Par  ce  dernier 
mot,  qui   n'est  pas  très  juste,   il  faut  entendre  surtout  la 
chaire  épisco|)ale.  11  a  conduit  cette  étude    avec   une  con- 
science attentive  et  minutieuse  et  une  ampleur  de  recherches  ! 
qu'atteste  la  bibljoj^raphie  qu'il  a  dressée  ;  il  y  a  joint  un  \ 
album  de  iU  planches  généralement  bien  choisies  et  carac- 
téristiques. Non  contentd'étudier  les  monuments  conservés, 
il  a  cherclié  dans  les  érudits  du  xvi'' siècle  la  description  de 
constructions  détruites  parla  Renaissance  et  a  pn  dresser  un 
catalogue  chronologique  exact  et  à  peu  près  complet  de  tous  i 
les  monuments   relatifs  à  son  sujet.   Mais    ce  n'est  qu'un  i 
catalogue  ;  il  eût  été  intéressant  de  faire  quelque  chose  de  , 
plus.  Par  exemple,  il  ne  suffit  pas d'énumérer  des  centaines  ! 
d'umbons  ;  il  faudrait  les  classer  par  groupes  artistiques, 
suivre  la  transformation  et  l'évolution  du  type.   Voici  une 
autre  critique   ;  M.  Marchesné  a  étendu   ses  recherches  A  I 
l'ensemble    des   églises    médiévales   d'Italie  ;    il    eût   été 
plus    prolîtable  de    se    limiter   à    Rome   et    d'en    étudier  ' 
avec  plus  de  détail  les  monuments.  En  étendant  trop  son 
aiiipt    \i  M.-irclie«ii.'"  n  mililipHps  monumentscousidérables. 
-   mentionaés   les   superbes 
le,  merveilles  du  xn'  siècle. 
;  aussi  surprenantes, 
lui  sera  très  profitable  pour 
ïppris  à  regarder  les  monu- 
^nt,   k  les   classer.  Mais   le 
e  qu'il  soit,  a  besoin   d'être 
isi  des  négligences  de  style, 
ciices  et  un  certain  nombre 
irriger  avant  de  publier  son 

par  le  rapport  du  Directeur 
archesné  ne  s'est  pas  borné 
uis  qu'il    s'est  occupé  aussi 


RAPPUKT    SIR    LKS    ÉCOLES    d'aTHÈNES    LT    DE    ROME  97 

des  registres  de  Martin  IV.  Ses  recherches  font  suite  à 
celles  de  M.  Pouprirdin  sur  le  même  pape.  Maintenant  le 
premier  des  registres  de  Martin  IV  est  prêt  pour  l'impres- 
sion, le  second  aussi.  11  en  est  de  même  d'une  centaine  de 
balles  consignées  dans  le  recueil  de  Bérard  de  Naples  et 
d'autres  pièces  encore  que  M.  Marchesné  a  découvertes  soit 
à  la  Bibliothèque  Barberini,  soit  à  notre  Bibliothèque  natio- 
nale et  aux  Archives  nationales. 

C'est  aussi  aux  Registres  pontificaux,  spécialement  à  ceux 
de  Grégoire  XI,  que  M.  Jassemin,  membre  de  première 
MQnée,  envoyé  par  TEcole  des  Chartes,  a  consacré  la  plus 
grande  partie  de  son  temps.  11  y  a  plus  de  vingt  ans  que 
leur  publication  avait  été  préparée  par  M.  Léon  Mirot,  mais 
cette  prépiration  comportait  beaucoup  de  lacunes  et  les 
copies  exécutées  alors  laissaient  grandement  à  désirer; 
toutes  ont  été  revues,  un  certain  nombre  refaites.  M.  Jas- 
semin a  réussi  à  mettre  ce  travail  au  point,  et  l'impression 
du  Registre  de  Grégoire  XI  pourra  être  mise  en  train,  dès 
«jueles  circonstances  le  permettront. 

M.  Jassemin  s  est  occupé  aussi  de  certains  points  de  Tad- 
ministration  des  finances  pontificales  à  la  fin  du  xiu*^  siècle 
et  au  début  du  xiv*',  surtout  en  ce  qui  concerne  la  compta- 
bilité des  collectoria  apostoliques.  Il  a  étudié  également, 
après  Noël  Valois  et  le  P.  Ehrle,  un  recueil  de  pièces  sur 
le  Grand  schisme  conservé  dans  Tarmoire  51  des  Archives 
du  Vatican.  Il  est  regrettable  que  la  santé  de  ce  jeune 
^avanl,  si  bien  préparé,  Tait  déterminé  à  ne  pas  demander 
une  seconde  année  d'Ecole. 

M.  Pocquet  du  Haut-Jussén'a  eu  que  bien  peu  de  temps 
M  8a  disposition  pour  compléter  son  grand  travail  sur  les 
relations  de  la  Papauté  avec  la  Bretagne  au  temps  du 
^«rdod  sc^hisme  et  après.  Outre  ce  travail  principal,  il  a 
aillationné  et  préparé  pour  l'édition  un  manuscrit  des  sta- 
tut* synodaux  d'Alain  de  La  Rue,  évêque  de  Saint-Brieuc 
*'n  1121.  L'édition  comportera  une  préface  et  la  publica- 
ivto  7 


^S  RAl-POAT    aVK    LU»    ÈCOLliS    d'aTUÈKE»    KT    UË    BltME 

tioii  de  ces    sUtuta   sera    présentée  comme  une  tentative 
.  d'application  des  réforraes  déorétées  par  le  Concile  de  Cons- 
tance et  rapprochée  daVOpua  Iriparlilum  de  Gersoo  et  liu 
^^-niptUu»  curalortim   de  Guy  de    Montrocher,  écrite  de 
me  intention. 

>s  intéressants  travaux  promettent  des  publicationstjuï 
tiendront  la  réputation  de  l'École.  Si  les  Mélanget  sont 
ore  condamnésik  la  restriction,  une  thèse  très  importante 
Viryile  et  les  origines  d'Ostie,  due  à  M.  Jérùme  Carco- 
o,  a  enrichi  récemment  la  Bîhliotfyèf/ue  des  Ecoles 
ihèiies  et  de  Home.  Enlin  la  série  in-4*  inaugurée  il  y  a 
s  de  quarante  ans  par  notre  confrère  M.  Elie  Berger  con- 
le  à  paraître,  malgré  les  difficultés  qui  s'acharnent  à 
les  les  impressions.  C'est  ainsi  qu'un  gros  fascicule  d'In- 
:  (t.  IV,  f"  3,t-6j)  pour  les  Registres  d'Innocent  IV  a 
le  jour  au  mois  d'avril  tDltl. 

lin  même  temps  se  poursuit  la  publication  annexe  rela- 
;  auK  lettres  communes  des  papes  d'Avignon,  entre- 
ie  pur  les  chapelains  de  Saint-Louis-des-Français.  Cette  ' 
lée  a  fourni  deux  fascicules,  l'un  pour  les  Lettres  closes 
latentes  de  Benoît  Xll  (t;(3i-i2),  publié  par  M.  G.-M. 
lai  (2'  faso.,  f"  20-3*»  ,  l'autre  pour  les  Lettres  oom- 
nes  de  Jean  XXll  (I31t>-31),  dont  l'infatigable  éditeur 
il  autre  que  M.  Guillaume  Mollat,  dévoué  à  cette  tâche 
luis  l'JOi  :ilvientde  nousen  donner  le  dix'Septième  fas- 
ile  (t.  Vil,  f"' 20-52).  La  collaboration  qu'il  n'a  cessti 
|i()Opter  à  l'École  de  Ronii^  vient  de  recevoir  sa  récom- 
ise  ;  il  est  pr^ifosseur  d'iiistoiio  ecclésiastique  du  moyen 
à  lu  Faculté  du  théoloifîe  catholique  de  Strasbour^'- 
uncten  membre  de  Tlicole,  M.  l'abbé  Constant,  devait 
si  y  enseigner  et  son  nutn  figure  sur  le  programme  des 
rs,  mais  sa  santé  trùs  altérée  par  la  gueri-e  l'a  forcé  de 
oncer  ù  cet  honneur. 

)u  riîstt',  à  l'inauguration  .solennelle  de    l'Université  de 
isbourg,  le  '22  novembre  191!),  nous  avons  été  heureux 


LlVJiES    OFFtRl'S  99 

Je  trouver  sur  les  affiches  de  la  Faculté  des  lettres  les 
enseignements  de  MM.  Perdrizet,  Cavaignac  et  Pierre 
Roussel,  anciens  Athéniens,  et  de  MM.  Grenier  et  Piganiol, 
anciens  Uoniains.  C'est  avec  joie  et  avec  confiance  que  nous 
voyons  d*anciens  membres  de  nos  deux  Ecoles  appelés  à 
répandre  les  lx)nnes  méthodes  et  à  assurer  le  renom  de  notre 
vieille  Université  alsacienne. 


LIVRES  OFFERTS 


M.  Il»  AHT  a  la  parole  pour  uu  hommage  : 

«  M.  (î.  Deraorguy,  qui  a  été  conseiller  légiste  du  gouvernement 
jx'rsan,  secrétaire  général  delà  Commission  européenne  du  Danube, 
l»uis  chargé  de  missions  pendant  la  durée  des  hostilités,  a  rapporté 
«ie  son  voyage  en  Russie  : 

i'  Un  volume  sur  les  Partis  polUiques  et  la  Révolution  russe^  où  il 
*"X|*lique  quels  étaient  les  partis  qui  dominaient  dans  la  Russie  tza- 
nsle,  puis  ceux  qui  luttèrent  pendant  cette  révolution; 

-•*  l'ne  brochure,  en  collaboration  avec  M.  E.  Vinogradsky,  sur 
U  (lofiifiçalion  des  lois  en  Russie,  le  rôle  du  comte  Speransky  et  Por- 
;,'inisalion'de  cette  codiflcation. 

"  Ce  sont  deux  documents  importants,  Oxaut  des  dates  et  remplis 
(i  indications  des  plus  utiles  pour  les  historiens.  » 


COMPTES    RENDUS    DES    SEANCES 


DE 


L'ACADÉMIE    DES    INSCRIPTIONS 

ET   BELLES-LETTRES 

PENDANT    L'ANNÉE    1920 


SÉANCE  DU  9  AVRIL 


PRÉSIDENCE    DE     M.    PAUL   GIRARD. 


Le  directeur  de  la  Société  minière  et  métallurgique  de 
Peftarroya  confirme  qu'il  a  été  impossible  de  retrouver  les 
tablettes  découvertes  à  Preguiça  en  1914  et  que  l'Académie 
aurait  voulu  examiner. 

M.  Frédéric  Macler  adresse  à  TAcadémie  un  rapport  sur  les 
recherches  qu'il  a  entreprises  sous  ses  auspices  dans  les  biblio- 
thèques de  la  France  du  Midi  et  de  la  péninsule  ibérique,  en  vue 
de  retrouver  des  documents  arméniens,  ou  relatifs  à  des  Armé- 
niens. 

M.  Pierre  Paris,  correspondant  de  ^l'Académie,  envoie  une 
note  relative  à  des  découvertes  archéologiques  faites  en  Espagne 
près  de  Cenicientos  (province  de  Madrid)  *. 

A  propos  de  la  correspondance,  M.  Omon'»'  rend  compte  du 
mémoire  adressé  par  M.  Stanislas  Millot  à  l'Académie,  et  dont 
i'examea  lui  a  été  renvoyé  dans  la  séance  du  31  mars  : 

•  M.  Stanislas  Millot,  capitaine  de  corvette  en  retraite,  à  Alger, 
»  fait  part  à  l'Académie,  dans  une  lettre  récente  adressée  à 
M.  le  Secrétaire  perpétuel,  d'ingénieuses  applications  des  rayons 

• 

1.  Voir  ci-après. 


SÉANCE    DU    9    AVKIL    1920 

en'lie  et   h    l'élude  des  anciens  dociinienis    gra- 

1,  ayani  remarqué  que  tes  plats  eh  narlon  de  bcnu- 
mes  reliures  cotilicnneol  des  fra(,'inent«  de  mnnii- 
s  souveni  de  livres  imprimi-s.  s'est  appliqué  à 
iiis  quelle  mesure  l'emploi  des  rayons  X  permettrait 
e  In  présence  de  ces  fraj^menls  dans  une  reliure. 
des  expériences  faites  par  M.  Millot.  avei'  le  con- 
Miramond  de  La  lloquelle,  que,  st  la  radiographie 

es,  il  e»  est  aulrenienl  des  manuscrits, 
loirc typopraphique,  décomposition  exclusivement 
sorbe  pas,  en  eiïel,  les  rayons  X,  tandis  que  l'encre 
ieiis  manuscrits,  renfermant  du  sulfate  de  fer,  peut 
itent  discernée. 

1  radioscopiqiie  donne  surtout  d'excellents  résultats 
cerne  les  lettres  ornées.  Les  couleurs  à  base  miné- 
es pour  le  tracé  de  ces  lettres,  soit  dans  les  manu- 
ns  les  incunables,  absorbent  à  des  degrés  divers  les 
I  obtient  ainsi  par  la  radio(;raphie  des  images  trè< 
iment  des  initiales  bleues  et  rouges,  à  travers  des 
'  carton  supérieures  à  trois  millimètres,  ainsi  que 
uger  la  photographie  envoyée  par  M.  Millol  d'un 
\nliplionaire  manuscrit,  avec  notation  musicale   du 

mercier  M.  Millot  de  la  communication  qu'il  a  Taile 
des  résultats  de  ses  ingénieuses  expériences  ;  si 
ermellciil  pas  toujours  de  déterminer  d'une  façon 
jlnredi's  rra^-menls  de  manuscrits  entrés  dans  la 
(les  cartons  dos  micii'tiries  reliures,  elles  auront  eu 
iiéritc  d'attirer  une  fois  de  plus  l'attention  sur  ces 
réservent  encore  de  nombreuses  découvertes  aux 
us  et  aux  bibliographes.  >. 

les  graflUti  grecs 


aillet  fait  une  c 

ommunication  sur 

beaux  des  rois 

iiThèbesen  f^gypte 

présenle  qucli] 

|ues  observations. 

LE   ROCHER    DE   PERE8CRITA,    PRÈ8    DE    CKNICIENTOS  103 

M.  Il^nrv  Cochin  fait  une  leclure  8ur  un  nouveau  document 
de  la  polémique  franco-italienne  au  xiv*  siècle  à  propos  du  séjour 
des  papes  à  Avignon  et  de  leur  retour  à  Rome.  Il  s'agit  d'une 
réplique  virulente  à  un  écril  de  Pétrarque.  L'auteur  inconnu 
^•eiiible  avoir  des  accointances  avec  l'Université  de  Paris. 

M,  Antoine  Thomas  présente  quelques  observations. 

M.  TniREAr-DANGiN  traduit  et  commente  un  nouveau  rituel 
babvlonien. 

\f\î.  PoTTiER,  Clermont- G  ANNEAU  et  Bouché-Leclercq  pré- 
sentent quelques  observations. 


COMMUNICATIONS 


le  rocher   de  perescrîta,   près  de   cenîcient08 

(province  de  Madrid), 

PAR    M.    PIERRE    PARIS,    CORRESPONDANT    DE    l'aCADÉTMIK. 

Je  dois  la  coilnaissance  de  Tintéressant  bas-relief 
d'époque  romaine  qui  fait  l'objet  de  cette  note  à  D.  Marino 
Serrano  y  del  Campo,  instituteur  à  Cenicientos.  Marino 
Serrano  est  le  (ils  de  feu  Pascual  Serrano,  maître  dV^eole 
de  Konete  (Albacete),  dont  le  nom  est  bien  connu  des 
archéologues  hispanisants.  Lui-même,  suivant  les  traces  de 
soD  père  regretté,  a  déjà  été  le  bon  collaborateur  de  Tabbé 
Breuil  et  a  fait  avec  lui  de  belles  découvertes  dans  le 
domaine  préhistorique. 

Averti  par  lui  qu'il  existait  tout  près  du  village  où  il 
<*nseigne  un  rocher  à  figures  sculptées,  je  me  décidai  à  faire 
Icvovageen  compagnie  de  M.  Maurice  Legendre,  secré- 
taire de  rOdice  de  renseignement    français  en    Espagne. 

Cenicientos  est  un  gros  bourg,  situé  à  la  pointe  sud-est 
de  la  province  de  Madrid,  sur  la  route  assez  récente  (|ui 
▼a  d'Almorox,  station  terminus  de  la  voie  ferrée  Madrid- 


lOi        LE    ROCHER    DE    PERESCRITA,    PRÈS    DE  CKKICIENTOS 

Villa  del  Prado,  à  Arenas  de  San  Pedro,  dans  la  province 
d'Avila.  Les  maisons  s'étalent  au  pied  d'un  des  derniers 
contreforts  de  la  Sierra  de  Guadarrama,  en  face  de  la 
Sierra  de  Tolède,  dont  la  sépare  une  vaste  plaine  arrosée 
par  le  rio  Alberque.  Le  paysage  est  admirable:  les  rochers 
de  granit  s'y  amoncellent  en  tables,  en  dômes,  en  cônes, 
en  pics,  en  murailles  naturelles,  passant  de  Vaspect  le  plus 
riant  au  plus  tragique;  entre  ces  masses  disloquées 
s'abritent  les  oliviers,  les  figuiers  et  les  vignes,  les  jardins 
de  légumes  et  les  vergers,  où  de  frais  torrents  entretiennent 
l'abondance  et  la  fécondité.  Toute  cette  culture  est  la 
conquête  de  générations  récentes,  d'une  population  aussi 
travailleuse  que  douce  et  hospitalière.  Mais  le  pays  semble 
n'avoir  été  que  très  peu  habité  aux  temps  anciens,  même 
à  l'époque  romaine  et  sans  doute  par  des  tribus  assez 
sauvages,  car  il  n'est  fait  mention  dans  la  littérature 
spéciale  des  voyages  et  des  recherches  archéologiques 
d'aucuns  vestiges  d'antiquités  dans  cette  région  monta- 
gneuse. 

Si  l'on  s'en  rapporte  à  la  carte  du  second  volume  du 
Corpus  (Supplément),  on  ne  trouve  aucune  ville  antique 
identifiée  dans  la  vaste  zone  que  limite  le  polygone  dont 
les  sommets  sont  Madrid ^  Tilulcia  (Bayona  de  Tajuna), 
Toletum  (Tolède^  Caesarobri(/a  (Talavera  de  la  Reina),  et 
Avela  (Avila).  On  n'y  a  recueilli  que  de  très  rares  inscrip- 
tions latines,  toutes  funéraires,  sauf  une,  à  San  Martin  de 
Valdeiglesias,  qui  est  à  plus  de  deux  heures  de  marche  de 
Cenicientos,  au  Nord-Ouest,  k  Maguedaet  Villamanta,  qui 
en  sont  beaucoup  plus  éloignées,  sans  parler  de  trois  ou 
quatre  textes  faux  ou  douteux  de  Mentrida.  Comme  œuvres 
d'art,  si  l'on  peut  ainsi  parler,  on  ne  peut  citer  que  les 
fameux  monstres  ibériques  en  pierre  appelés  Toros  de 
(ruisando,  près  de  San  Martin  de  Valdeiglesias. 

Aussi  le  rocher  sculpté  de  Cenicientos  prend-il  un  réel 
intérêt.  Le  lieu  exact  où  il  se  trouve  est  appelé  Perescritâ^ 


LE   ROCHEK    DE    PERKSCRITA,    PRÈS    DE   CENICIENTOS  108 

oomiption    évidente  de  Piedra  escrita,    à   une    heure    de 

uuirche  à  TEst,  en  allant  droit  vers  la  plaine.  Le  terrain, 

appartenant  à  Eugenio  Fermosel,  est  planté  de  vignes  et 

d'oliviers.  La   Perescrità  se  dresse,   isolée,  comme  un  vrai 

menhir,  au  bord  d'un  champ  qui,  comme  tous  les  champs 

attenants,  dans  un  rayon  de  cent  à  cent  cinquante  mètres, 

est  absolument  couvert  de  débris  céramiques,  tessons  de 

vases  et  de  tuiles.  Malgré  toutes  nos  recherches,  ni  D.  Marino 

Serrano,  ni  M.   Legendre,  ni  moi,  n'avons  pu    trouver  un 

seul   fragment  typique,  soit  ibérique,    soit  sagontin  ;  rien 

que  des  éclats  de  pots  très  communs,   dont   on  peut  dire 

seulement  qu'ils   sont    peut-être  de    fabrication    indigène, 

mais  sûrement  d'époque  romaine.  Il  n'y  a  du  reste  autour 

du  rocher  aucune  trace  d'habitation  antique  ;  il  y  a  eu  là, 

certainement,  une  ferme  ou  un  groupe  de  fermes,  mais   la 

culture  en  a  détruit  tous  les  murs,  du  moins   à  la  surface. 

(^elques  tombeaux  ont  été  découverts  en  ces  lieux  mêmes, 

mais  les  vignerons  les  ont  supprimés  ou  comblés  à  mesure 

qu'ils    les    rencontraient,    et    nous   n'avons    pu    recueillir 

aucun  renseignement  précis  au  sujet  de   leur  structure  ou 

de  leur  contenu  ;    on  nous  a  seulement   montré  plusieurs 

laides  et   longues   pierres   plates  qui  auraient  servi  à  les 

couvrir. 

Quant  au  rocher  lui-même,  ce  qui  lui  vaut  son  nom  de 
Perescrifa^  c'est  un  grand  bas-relief  qui  en  décore  la  face 
regardant  le  Sud-Est.  La  pierre  a  été  creusée  de  façon  à 
obtenir  d'abord,  au  sommet,  une  niche  en  cul-de-four, 
puis,  au-dessous,  un  cadre  rectangulaire  entouré  d'une 
moulure,  où  sont  sculptés  des  bas-reliefs  en  deux  tableaux 
superposés,  à  peu  près  d'égale  grandeur.  Celui  du  bas  a 
été  martelé  et  il  serait  téméraire  de  chercher  k  préciser  ce 
que  représentait  la  sculpture  ;  la  siHiouelte  semble 
indiquer  un  personnage  à  cheval,  mais  c'est  peut-être  une 
illusion.  Ctdui  du  haut  est  plus  lisible,  quoi([ue  la  surface 
eo  ait  été  très  émoussée  par  le  temps,  malgré  la  protection 


i 


i06         LE    ROCHER    DE   PERESCRITA,    PRÈS    DE   CENICIENTOS 

de  barres  de  fer  dont  deux  trous  marquent  l'attache  à 
droite.  On  v  voit  trois  femmes  vêtues  de  deux  long-ues 
robes  à  plis  ;  les  têtes  ont  particulièrement  souffert,  et  l'on 
n'en  distingue  plus  aucun  détail.  Deux  de  ces  femmes  sont 
groupées  à  droite,  étroitement  rapprochées;  la  troisième,  à 
gauche,  est  un  peu  séparée  d'elles.  11  semble  que  cette 
dernière  unisse  ses  mains  à  CA^Ue  qui  est  placée  au  milieu, 
ou  qu'elles  tiennent  ensemble  un  objet  indistinct.  On  songe 
naturellement  à  une  scène  d'olTrande,  car  assurément  le 
monument  a  été  sculpté  en  l'honneur  de  quelque  divinité 
ou  quelque  groupe  de  divinités  agrestes.  Quel  que  soit  le 
mauvais  état  actuel  de  l'ouvrage,  on  peut  juger  néanmoins 
que  l'art  en  était  simple  et  sommaire,  mais  .point  du  tout 
barbare,  comme  on  aurait  été  en  droit  de  l'attendre  dans  ce 
pays  perdu. 

Si  l'on  peut  tenir  compte  d'une  sorte  de  dallage  circu- 
laire qui  est  devant  le  rocher  et  qui  paraît  ancien,  ainsi  que 
d'une  pierre  dressée  aissez  bien  équarrie,  il  a  dû  y  avoir  là 
une  petite  enceinte  sacrée  et  un  autel. 

A  gauche  du  bas-relief,  une  très  courte  inscription,  de 
deux  lignes,  si  elle  était  déchiIVrable,  nous  donnerait  peut- 
être  le  nom  des  divinités  célébrées  ;  malheureusement, 
étant  à  hauteur  d'appui,  les  lettres  ont  été  pendant  des 
siècles  exposées  aux  jeux  des  paysans,  et  la  plupart  ont  été 
endommagées  par  grattage  ou  martelage,  l^ne  photographie 
prise  avec  un  bon  éclairage  nous  a  permis  de  lire  seule- 
ment ceci  : 


AJT-vS  I  PnS^ 
IIV==  I  aS 


Mais  nous  renonçons  à  transcrire,  et  même  à  affirmer  si 
c'était  là  une  dédicace  à  ces  Maires  ou  ces  Nymphes  dont 
le  culte  rustique  nous  est  attesté  par  tant  d'inscriptions  et 
de  petits  monuments  de  la  Péninsule,  et  dont  les  noms 
varient  selon  les  régions  et  les  peuplades.  On  peut  même 


LES    GRAFFITI    fiRECS    A    THÈBES   D'ÉfiVPTE 

V  demander  si  l'inscriptioii  se  raj>porle  vraiment  ax 
relief,  car  la  place  en  est  étrange  ;  on  l'allendrait  miei 
dfsçous  des  personnarres.  Tout  ce  que  l'on  peut  dire, 
iju'en  examinant  la  surface  de  la  pierre  on  se  con 
ip'eilf  est  bien  contemporaine  des  ligures. 

Nous  nous  reprocherions  d'exagérer  l'importance  de 
découverte  ;  elle  a  surtout  de  In  valeur  parce  qu'elle 
première  de  ce  genre  faite  dans  un  pavs  dt^shérité. 
hifn  possible  qu'en  examinant  de  près  les  rochers  in 
brables  de  la  région  on  ait  un  jour  d'autres  surj 
pareilles;  nous  voudrions  <|ue  la  lecture  de  cette 
in^pirilt  k  quelque  explorateur  le  désir  de  cette  reche 
Le  pays  est  d'ailleurs  d'une  si  pittoresque  beauté  q 
chasse  aux  antiquités,  même  infructueuse,  laisser: 
chasseur  le  plus  agréable  souvenir. 


LES    <;hAFFITI    IIRECS    DA.NS    LK»   TfIMBEAIX    DES  IIOIS 
A    TIlf.KKS    Dl^UlYI'TE, 
PAU    SI.     Il  LES    BAll.LKT. 

Il  V  n  longtemps  que  l'iilteution  avait  t^té  attirée  si 
iuscrijilion.s  grecques  contenues  dans  les  tombeaux 
Vallée  des  llois  à  Tlièbes,  sur  la  rive  occidentale  du 
iluelijues  voyageurs,  à  la  lin  du  Win'  siècle,  les  av 
signalées.  Pococke  en  avait  copié  la  moitié  d'une  '  ;  C< 
une  cnlière  -  ;  Jomard,  avec  la  Connnission  il'Kgypt 
«yr.it  relevé  f  '  ;  W.  Ilainilton  >  en  avait  ]iublié  8.'  C 
peu,  mais  c'était  ns.se/  pour  indiquer  l'exislence  et  lii 
de  ces  textes.  Les  récoltes  de  Sait,  de  Cliampollion 


'e  rÉgtiptt.  Aniiiiiiitéi.  l.    V 
.  n,,,,,.-,,,,,,  „,r  I,,  J«r.,,.,r 


108  1.KS   r.BAFFITI    r.RFXS   A   THÈBES    DÉGYPTE 

WilktnRon  furent  plus  abondantes.  Sait  en  nota  53  qu 
publia  Letronne  '  ;  Champolllon  «n  prît  62  -,  Wilkiuson  i  ~ï 
I  ?tronne  réunit  toutes  celles  qui  avaient  été  publiées  o 
qu'il  put  voir  en  ninnuscrit  :  il  les  reproduisit  et  les  coni 
menla  diuifi  son  Hecueil  des  inscriptions  grecques  et  la  tint 
d'Etjyplc''  :  il  en  comptait  123;  car.  si  chacun  de  se 
prédécesseurs  n'avait  pas  copié  toutes  les  inscriptions  dêj 
signalées  avant  lui,  cependant  les  doubles  emplois  n 
manquaient  pas.  En  passant,  rendons  hommage  à  ce  savan 
français  :  la  plupart  de  se.s  corrections  ou  conjectures  s 
sont  trouvées  justifiées.  Bœckh  et  Fruehner,  dans  le  Cor-/>u 
inscriplioniim  grfecaru/n,  rééditèrent  l'œuvre  de  Letronne 
avec  quelques  variantes  de  lecture.  Lepsius.  dans  se: 
Oenkiimeler^,  reprit  quelques-unes  des  inscriptions  publiées 
en  y  ajoutant  une  demi-douzaine  d'inédites.  Cependant  il 
restait  mieux  à  faire. 

Alin  de  réaliser  le  vœu  de  Letronne,  en  1 86i,  C.  Wescher 
fut  attaché  h  lamissiim  d'Kmmanuel  de  Rougé  pour  l'étud*' 
des  inscriptions  grecques.  AuxSyringesil  lit  de  bon  travail, 
releva  un  grand  nombre  de  graffiti  qu'il  évaluait  à  900  : 
mais  il  ne  publia  rien.  A  mon  tour,  je  fus  désigné  par 
M.  Maspero  et  chargé  de  reprendre  ce  travail  comme 
membre  de  ta  Mission  archéologique  du  Caire.  Pendant 
l'hiver  de  18SH-89,  je  passai  trois  mois  dans  les  Tombeaux 
des  rois,  explorant  toutes  les  parois  et  notant  à  mesure. 
J'eus  la  joif  de  doubler  le  total  de  W'escher.  Toutefois 
quelques  grafliti  encore  m'avaient  échappé.  Dans  l'hiver  dp 
19Kl-iyii,  profilant  d'une  nouvelle  missiop,  je  soumis 
toutes  mes  notes  à  une  sévère  révision  et  je  pua  corriger 

t.  Trnntaclions  o[  Ihc  lii/iat  SocU(y  of  UltTntare.  il.  18ïe-ln31.  p.  69- 
75,  6  |>1. 

3,  CliomiJdllion.  Lfttres  éeriles  d'fUjiiple.  p.  2j';  :  Aolices  «rir  Jes  Monu- 
ments. 1.  8ÏS-K29. 

3.  Wilkins'Hi,  Tofioiirài-lu,  nf  Thebes,  ISÎ5.  p.  lïO-126. 

*.  ISiK,  ï.   11,  p.  5:,:,-;il6  tl  pi.  23-30. 

5.  Denftmaeler,  Vl.pl. -ecllOl. 


0  LËK  Graffiti  quech  a  tiiëdes  D'ËovprË 

éference.  Slrabon  dit  qu'il  en  existait  environ  quarante; 
ns  doute  on  le  disait  aux  vovR^eurs  ;  mais  pan  plus 
.'aujourd'hui  on  ne  les  menait  autrefois  à  toutes.  De  nos 
irs  on  en  compte  i"i.  J'ai  recueilli  des  inNcriplions  dans  i 
ï  d'entre  elles,  qui  portent  les  n"'  1,  2,  4.  6.  7.  8,  9.   lll,  1 

et  lî).  Quoique  Letroniie  ait  avancé  d'après  Wilkinson  '  i 
le  t  i  des  Svrinffes  (il  en  énumère  lu)  gardaient  trace  des 
*ites  grec(]ues,  ni  W'ilkinson  ni  (jetronne  n'en  ont 
levéou  publié  des  n"' ■),  12,  13,  li,  18,  où  je  n  en  ai  point 
:,  ni  dcH  n'"  i,  6.,  7,  10,  11,  où  j'en-ui  recueilli.  Mais  les  ' 
affiti  y  sont  répartis  très'  inégalement  :  la  11*,  celle  de  , 
imsès  VI,  que  les  Grecs  ont  confondu  avec  Aniénôthês  j 
:  et  Mcinnon,  en  contient  à  elle  seule  pre^^que  autant  que  | 
nies  les  aulres  ensemble  (993  numéros  sur  210o).  Aucune 

celles  qui  ont  été  découvertes  depuis  trente  ans  D'eu 
iferme  ;  closes,  comme  celles  d'Aménotliès  II  et  de  1 
lOtmés  IV,  ou  peu  accessibles,  elles  n'étaient  vues  de 
rsonne.  I^armi  celles  qu'on  aurait  pu  regarder,  les  guides 
saient  un  choix.  J'ai  soupçonné  lu  i°  d'avoir  servi. 
[is  l'antiquité,  surtout  d'abri  aux  âniers,  comme  au 
ule  dernier  jusqu'à  ce  qu'on  leur  eût  dressé  une  baraque 

planches. 

De  même  que  leur  répartition,  la  situation  des  grafliti  i 
,  instructive.  Elle  nous  fait  connaître,  aussi  lidèlement  i 
'on  peut  le  souhaiter,  l'état  des  Syringes  à  l'époque  ' 
îcque  et  romaine.  Il  y  a  une  trentaine  d'années,  la  | 
ipart  avaient  leur  entrée  obstruée  par  un  amoncellement  . 
débris,  de  blocs  et  de  pierrailles  ;  on  grimpait  sur  le  tas  ;    | 

se  glissait  sous  le  linteau  de  la  porte  et  on  redescendait    ' 
r  une    autre   pente  à  l'intérieur.    De    quand    datait    cet 
îi'ct?  Klail-il  dû  à  des  éboulements  récents  de  la  mon-    ' 
^nc,  il  dos  fellah.s  qui  se  cachaient  pour  esquiver  l'impôt, 

réquisitions  militaires  ou  quelque  châtiment,  ou  bien  à    ■ 

.  l.plri»MU',   lleciieil.    Il,  |>-  "J&i  :  WilkiiisL.,,.  7op"tf "/''■»  "/"  Thtba,     i 


LKS   GAÀFFITI    OEECS   A  THÈBË8   d' EGYPTE  111 

des  chrétiens  fuyant  la  conquête  arabe,  ou  bien  à  des 
anachorètes  retirés  loin  du  monde  ?  On  peut  répondre 
aujourdhui  avec  certitude  :  non.  La  cause  est  antérieure 
à  la  domination  ptolémaïque.  En  eifet,  les  inscriptions 
grecques  suivaient  les  antiques  talus  que  les  tpodernes 
directeurs  des  antiquités,  MM.  Grébaut,  Loret  et  Maspero, 
ont  fait  déblayer  pour  clore  de  {çrilles  les  monuments. 
Aujourd'hui  ces  inscriptions  apparaissent  à  deux,  trois  ou 
quatre  mètres  en  Tair,  là  où  certes  les  anciens  voyageurs 
u'auraient  pas  eu  Tidée  d'aller  les  nicher  :  elles  demeurent 
comme  témoins  de  l'ancien  niveau,  au-dessous  duquel  on 
ne  lit  rien  et  qui  par  conséquent  a  précédé  le  temps  des 
visiteurs  grecs.  De  même,  à  Tentrce  de  .la  8**  Syringe, 
quelques  lignes,  inscrites  à  l'encre  sur  la  pierre  vive  après 
la  chute  de  l'enduit,  défendent  Arabes,  Coptes,  chrétiens  et 
Romains  contre  l'accusation  de  vandalisme  :  les  dégâts 
sont  antérieurs  à  eux.  Au  contraire,  en  certains  couloirs 
d'entrée,  j'ai  pu  remarquer  que  les  noms  se  disséminent 
comme  sur  deux  étages  différents  :  en  haut,  c'étaient  des 
noms  de  V^ge  romain,  païens  et  classiques  par  leurs  formes 
et  leur  écriture  :  en  bas,  des  noms  chrétiens  grecs  ou 
coptes  ;  j'en  conclus  que,  pour  une  cause  à  déterminer, 
entre  le  V*  et  le  vin**  siècle,  des  chrétiens  avaient  nettové 
avec  soin  cette  partie  des  corridors. 

Si  on  examine  en  eux-mêmes  ces  humbles  noms  griffon- 
nés de-ci,  de-là,  on  pourra  risquer  quelques  remarques 
intéressantes  pour  Tonomastique.  Ce  n'est  pas  en  vain  que 
Ion  rassemble  1700  à  1800  noms  ou  formes,  la  plupart 
répétés  plusieurs  fois.  On  aura  beau  jeu,  il  est  vnû,  à  se 
plaindre  que  des  gens  inconnus  ont  multiplié  des  noms  trop 
connus.  A  rencontrer  Si  fois  Dionysios,  ou  io  fois  Apol- 
lônioft,  serons-nous  tentés  de  manifester  quelque  dédain 
ou  quelque  mauvaise  humeur  ?  (Cependant  il  n'est  pas 
ludilTérent  de  remanjuer  que  Ptolemaïos,  Isidoros,  Ammô- 
uios  et  Sarapion  les   serrent  de  près,    (^est  le  pays  qui  le 


1 


H 2  LKS    GRAFFITI    GHECS   A   ÏHÈBES   D*ÉGYPTE 

veut  :  Athènes  ou  Smyrne  n'auraient  pas  présenté  la  même 
proportion.  Certains  noms  sont  plus  purement  égyptiens, 
affublés  de  désinences  grecques,  comme  Aménôthès,  Hôros, 
Pséniouthès,  ou  tout  nus,  comme  Pibast  ou  Petemîn.  Des 
sources  étrangères  ont  aussi  donné  leur  contribution.  Ainsi 
Barôkhios  ou   Bourikhios  transcrivent   un   nom  que    Ton 
trouve  dans  les  inscriptions  phéniciennes  et  carthaginoises, 
de  la  racine  sénlitique  berek  «  bénir  ».    Les  chrétiens  ont 
vulgarisé  bon  nombre  de  noms  hébraïques  tels  que  Abra- 
mias,    Jôannès.    Home  a   importé   un  fort  contingent  :  ce 
sont  ses  prénoms,  gentilices  et  surnoms  classiques,  groupés 
ou  isolés,  ou  des  épithètes  formant  des  noms  nouveaux  ;  cer- 
taines transcriptions    sont  intéressantes,    comme  KXi^^ji.T;ç, 
KcîpaTcç,    lIpt[jLtTî€c;.  Le  monde  barbare  fournit   aussi    sa 
contribution  :  SeûOr^^  ou  PctjAr^TaAxaî  sentent  le  Th race  ;  un 
Pisidien  s'appelle  Aa^piXa;  ;  un  Arménien  Xojpôt;;.  Letronne 
a  reculé  devant  la  forme  barbare  McvxipYj  :  il  a  eu  tort  ;  le 
nom  reparaît   en     plusieurs   endroits.     Naturellement    la 
moisson  la  plus  riche  est  celle  des  noms  grecs  ;  beaucoup 
sont  inédits  ;  quelques-uns  amusants. 

Beaucoup  de  voyageurs  ne  se  contentaient  pas  de  graver 
leur  nom  tout  seul.  Les  uns  y  joignent  celui  de  leur  père  : 
ainsi  la  désignation  est-elle  un  peu  moins  vague.  D^aulres 
indiquent  leur  origine  ou  leurs  qualités  et  leur  profession. 
Pour  nous  les  patronymiques  ne  font  guère  qu'allonger  la 
liste  des  noms  propres.  Les  ethniques  et  les  qualificatifs 
instruisent  davantage.  Ils  nous  montrent  jusqu'où  s'éten- 
dait la  renommée  des  Syringes,  que  des  gens  de  toute 
condition  venaient  visiter  des  quatre  coins  du  monde. 

Ce  serait  passer  une  revue  des  peuples  que  de  classer  la 
centaine  d'ethniques  relevés,  dont  quelques  uns  se  répètent 
nombre  de  fois.  Quelques  voyageurs  se  disent  Egyptiens  ou 
Grecs  :  c'est  vague.  L'Egypte  naturellement  tient  une 
grande  place  parmi  les  mentions  d'origine.  Les  habitants 
de  Thèbes   ne  venaient    pas    de  loin  :    en  général,   ils  nç 


LES   GftAPPltl   GtlECâ   Â   THÈBE8   D^ÉGYPTE  1i3 

notaient  point  leur  patrie.  Ceux  d'Alexandrie  le  croyaient 
plus    utile.  Ceux  de  Péluse,  de   Busiris,    de  Latopolis  et 
d^Héliopolis  dans  le  Delta,    comme  ceux   d*Héracléopolis, 
d'Hermopolis,  d'Antinoé,  de  Lycopolis   en  Heptanomide, 
ceux  dWrsinoé  sur  la  mer  Houge,  ou  ceux  de  Panopolis,  de 
Ploléniaïs,   d'Ombos  ou  de    Syène   en   Haute    Egypte,  et 
même  ceux  de  Pselcis  en  Nubie  shonoraient  de  leur  pays 
natal.    Du   monde  grec    affluaient    les    touristes    les   plus 
nombreux  et  les  plus  avides  :  il   en  arrivait  de   la    Grèce 
propre  et  du  Péloponnèse,  d'Épire,    de    Macédoine  et   de 
Thrace,  des  côtes  d'Asie  mineure  baignées  par  la  Méditer- 
ranée, rÉgée  ou  le  Pont-Euxin.  11  en  débarquait  des  îles. 
Ijes  Syriens  abondaient.    Les  limites  de  Tempire   romain 
n'arrêtaient  pas   les  voyageurs  originaires  d'Arménie,  de 
Perse,  de   Babvlone  ou  d'Arabie.   D'Occident  aussi  débar- 
quaient  des  visiteurs  pour  les  Syringes.   D'Afrique  même 
venaient  des  Cvrénéens  et  des  Libvens.  La  Sicile  envovait 

•/  V  •/ 

des  Syracusains  ;  l'Italie,  des  (ils  de  Tarente,  de  Naples  et 
de  Rome.  Enfin,  traversant  tout  le  bassin  occidental  de  la 
Méditerranée,  un  Espagnol,  un  Hispérite,  et  des  enfants  de 
la  Gaule,  des  Marseillais,  ont  voulu  satisfaire  une  curiosité 
bien  méritoire. 

Que  sont  ces  voyageurs  venus  de  partout?  La  plupart 
ne  nous  disent  pas  leur  condition  ;  mais  quelques-uns  nous 
la  font  savoir.  Libre  a  nous  de  croire  que  pour  le  plus  grand 
nombre,  comme  pour  nos  Marseillais,  ce  sont  des  trafi- 
i|uan(s  en  voyage  d'affaires;  mais  les  textes  gardent  le 
silence  à  ce  sujet.  Pas  un  seul  des  deux  mille  signataires  ne 
^*intitule  gjjLZspc;.  Le  tilre  ne  leur  parait-il  pas  assez  ron- 
flant pour  s'en  parer?  Pourtant  un  marchand  de  Venise  au 
moyen  âge  n'en  eût  point  rougi.  Les  professions  manuelles 
Ront  également  peu  représenteras.  Je  ne  vois  qu'un  seul 
artisan,  lequel  pourrait  s'estimer  d'une  catégorie  plus 
relevée  que  les  autres  :  c'était  uii  orfèvre.  Au  pays  de  la 
Smitre  des  métiers,  cette  abstention  paraît  assez  signiiicative. 


tl4  LES   GRAFFITI    GRECS   A   TIIÈBES    d'ÊGYPTE 

C'est  une  raison  de  plus  pour  écarter  les  interprétations  que 
Letronne  donnait  de  Tabréviation  (r/stp//,  où  il  lisait 
/stpszciAr^^  t<  marchand  de  porcs  »>  ou  j-/civît:o)Xt;ç  «  cordier  » 
{Recueil,  p,  297,  n**  CCLVIII).  En  revanche,  les  arts  libéraux 
et  ladministration  ont  étalé  des  qualifications  très  variées. 
A  noter  toutefois  que  si  le  métier  fait  honte,  x>n  avoue  les 
liens  de  dépendance  personnelle,  non  seulement  d'un 
alFranchi,  mais  d'un  esclave,  serviteur  ou  domestique.  Les 
intellectuels  sont  nombreux  :  n  le  scribe  prime  »,  disait  la 
vieille  satire.  Aux  belles-lettres  se  rattachent  des  poètes 
et  même  une  poétesse,  un  tragique,  un  lyrique,  des  pro- 
fesseurs de  rhétorique,  de  grammaire,  de  droit  et  d'histoire, 
avec  divers  genres  de  scribes,  greffiers,  rédacteurs,  commis 
aux  écritures.  De  la  philosophie  se  réclament  un  sophiste 
et  des  disciples  d'Aristote,  Platon  ou  Diogène,  Dans 
l'ordre  de  la  science,  citons  un  mathématicien,  un  mage,  et 
plusieurs  médecins.  Les  cultes  païens  apparaissent  avec 
un  grand  prêtre  de  Thébaïde,  un  prophète,  un  Upsvovpsuç. 
et  le  flabellifère  des  Eleusinies  ;  le  christianisme  avec  un 
évêque,  des  prêtres,  abbés,  moines,  anachorètes.  Le  gou- 
vernement, les  finances,  la  justice,  l'armée  déroulent 
la  série  de  leur  hiérarchie  et  de  leurs  grades.  De  nombreux 
fonctionnaires  profitaient,  pour  venir  visiter  les  Syringes, 
ou  de  la  proximité  de  leur  poste  on  d'un  congé  qui  leur 
permettait  un  petit  voyage.  Jl  en  est  piéme  qui  semblent 
venus  par  devoir,  revêtus  d'une  mission  officielle  ;  mais 
leur  cas  se  relie  à  l'histoire  générale  et  dépasserait  le  cadre 
de  cette  étude. 

Parmi  tous  ces  personnages,  en  reconnaissons-nous  donc 
d'illustres  ou  du  moins  de  connus?  On  m*a  demandé  plus 
d'une  fois  si  j'avais  trouvé  le  nom  d'Hérodote.  Oui,  certes, 
je  l'ai  lu  ;  mais  je  le  soupçonne  d'être  apocryphe  :  la  graphie 
est  bonne,  mais  le  creux  des  lettres  n'a  pas  pris  la  patine 
du  temps  ;  un  moderne  facétieux  aura  tendu  un  piège  aux 
archéologues,  comme  les  compagnons  de   Rougé  faisaient 


IKS    GRAFFITI    GRECS    A 

Jt»eouvpir  ù  Wescher  le  nom  tr 
seuse  Rigolboche.  Au  contraire, 
ment  authentiques  de  Socrate, 
médecin.  Seulennent  c'est  bien  ; 
hommes  que  l'on  a  commencé  à 
Dou.s  avons  donc  utFaire  aux  i> 
ormes.  La  chronologie  aussi  s\ 
Palladioset  Nouménius,  réunis 
soient  les  personnages  connus 
puisqu'ils  vivaient  eu  trois  sièt 
'lisciples  de  Platon  témoij^nent 
leur  maître  en  ces  lieux  ;  mais  I 
Irace,  non  (dus  que  Diodoi-e 
Hadrien.  <|ui  n  contemplé  la  s 
n'a  point  amené  sa  cour  dans 
voyons-nous,  comme  Sait,  li 
empereurs,  L.  Verus.  et  Man 
cm.  Mais  j'ai  retrouvé  les  ins 
dissipée  :  Sait  n'avait  dcchiifrc 
sans  quoi  il  n'eût  point  indui 
.\urelius  Antoninus  inconnu  av 

S'il  y  a  eu  ainsi  des  mépris 
des  espoirs  trompeurs,  en  revan 
s<int  possibles,  probables  uu  as 
provoquent  d'heureuses  surpris 
raient  une  petite  monographie  > 

Un  très  grand  nombre  de  nos 
c'ation  du  nom,  du  patrojiymi 
condition  du  visiteur  ou  des  visi 
IJ  autres,  en  nombre  à  peu  pré: 
en  exprimant  la  satisfaction  di 
idmini.  l'arfoi»  le  laconisme  vv 
personnelles,  depuis  l'en  thousia 
ju^juau  scepticisme  prétenliei 
Heu.  .  ,   que  la  pierre  >'.  (.^uelqL 


H  6  SÉANCE  DU  16  AVUiL  i920 

verbeux.  D*aucuns  croient  devoir  parler  la  langue  des  dieux; 
du  moins  ils  scandent  des  vers  plus  ou  moins  bien  tournés. 
Il  en  est  qui  ne  veulent  point  paraître  de  simples  touristes 
et  apportent  en  ces  lieux  des  préoccupations  philosophiques 
ou  religieuses,  ce  qui  ne  saurait  étonner.  Parmi  ceux-ci, 
les  chrétiens  tiennent  une  large  place  et  leur  attitude  n'est 
pas  la  moins  curieuse.  11  y  a  là  toute  une  série  d'études 
qui  peuvent  présenter  de  l'intérêt .  Mais  il  faut  se  limiter, 
et  je  m'excuse  d'avoir  retenu  si  longtemps  votre  attention. 


SÉANCE  DU  16  AVRIL 


PRKSIDENCK    DE    M.    CHARLES    DIEIIL. 

Lecture  est  faite  d'une  lettre  du  Secrétariat  administratif  de 
rUnion  académique  internationale,  qui  fait  connaître  que  la 
prochaine  réunion  du  Comité  de  TUnion  s'ouvrira  le  26  mai  à 
10  heures  du  matin,  au  Palais  des  Académies,  à  Bruxelles. 

M.  Clément  Huart  donne  lecture  d'une  note  de  M.  J.  de 
Morgan  au  sujet  d'un  signe  singulier  qui  figure  sur  les  monnaies 
des  Sassanides  ^. 

M.  Paul  Monceaux  communique,  de  la  part  de  M.  Carcopino, 
deux  inscriptions  martyrologiques  d'Algérie,  qui  ont  été  trou- 
vées récemment  près  du  village  de  Bourkika  (arrondissement 
d'Alger  3). 

M.  Merlin,  correspondant  de  l'Académie,  communique  une 
reproduction  d'un  plan,  à  grande  échelle  de  Carthage,  embras- 
sant la  partie  de  l'ancienne  cité  qui  s'étend  des  thermes  d'Anlonin 
au  théâtre  et  de  Todéon  à  la  colline  dite  de  Junon.  Ce  plan, 
dont  les  relevés  ont  été  effectués  sur  le  terrain  par  M.  Drappier 

1.  Voir  un  prochain  cahier. 

2.  Voir  ci-après. 


SËAiSCE    DU    1&   AVRIL    1920  117 

et    qui  a    été   exécuté  par  M.    Emonts,  sous    la  direction  de 
M,    Merlin,   a  été  dressé  pour  faire  voir  tea  emplacemenU  des 
tombes  puniques  ouvertes  à  Carthage  depuis  plus  de  vingt  ans 
par  le  service  des  Aniiquilés  de  la  Tunisie  ;  on   y  a  consig'né 
également  des  indications  relatives  aux  recherches    de   r'  —  - 
ordre  accomplies  sur  ta  même  surface  par  d'autres  explora 
notamment  par  le  l\.  P.  Delattre  :  on  a  ainsi  représenté  to 
zone  médiane   de  In  nécropole  punique  ;   seuls  se  trouve 
dehors  de?  limites  du  plan  deux  grands  ensembles  fouillé 
le  R.   P.    Delattre,  l'un  au    Sud-Ouest  sur  [a  colline  de  1 
Louis  ',  l'aulre  au  Nord-Est  près  de  Sainte-Monique  *, 

De  plus,  sans  vouloir  faire  figurer  sur  le  plan  touti 
découvertes  qui  ont  élé  signalées,  on  y  a  porté  les  princ 
édifices  mis  au  jour,  afin  de  montrer  comment  sur  certains  | 
les  tombeaux  de  la  Carthage  préromaine  et  les  fondalioi 
constructions  postérieures,  monuments  publics  ou  ma 
s'enchevêtrent.  Ce  plan,  qui  donne  pour  la  première  fois  ur 
icénérale  d'ua  des  quartiers  les  plus  intéressants  de  la  ville, 
tilue  pour  les  éludes  de  topof^raphie  carthaginoise,  aux  di' 
époques,  uo  très  précieux  élément  d'information. 

L'agrandissement  photographique  offert  par  M.  Merl 
r.\ca<lémie  est  destiné  à  U  Bibliothèque  de  l'instilul  ;  ci 
nn  fac-similé  réduit. 

[.es  indications  bibliographiques  suivantes,  qui  sont  le 
visera  être  complètes,  mais  tendent  simplement  à  permet) 
%t  reconnaître  dans  un  domaine  très  touffu,  faciliteront  1' 
i}u  plan. 

I.  —  Tombeaux  puniques^. 

D'une  façon  générale,  sur  la  nécropole  punique  de  Cart 
roQiulUr  Gsell,  Hisl.  anc.  de  l'Afrique  du  Nord,  II,  p 
91. 

I'  Tumb«i  dei  v[i*-ti'  siècles  et  ptiis  tardives  [tiibiioKrapliie  dans 
fluf.  anc.  defAfriqnt  du  Nord.  tl.  p   H'.n.   3  et  p.  SI). 

1.  Eo  grande  inajurilè,  les  lumbes  y  sont  du  tu*  sicclc  ;bibliO)[i 
'W,p.  B9.  o.  10). 

*■  ta  capitale,  qui.  sur  te  plan,  sert  i  di<*i(;ner  chacune  dvs  parties 
'**><lc  la  nécropole,  ac  retrouve  dalis  notre  énum^ralioD  en  télé  de 
'«ion»  rrlalive*  i  ce  iDi^mc  ((rnupe  dr  ■•^pullure». 


118  SÉANCE    DU    16   AVRIL    1920 

|o  Colline  uiTii  db  junon  (tombes  des  vii«-vi*  siècles). 

A.  —  «   Sur  le    plateau  supérieur,    w   Fouilles  du   R.   P. 
Delattre  en  1878. 

Delaltre,  Les  tombeaux  puniques  de  Carthage^  Lyon, 
4890,  p.  8  à  22. 

B.  —  Terrain  Vincent  et  terrain  Marcille  (celui-ci  à  TOuesl 
du  premier).  Découvertes  accidentelles  vers  1901. 

Delattre,  Bull.  arch.  du  Comité,  1907,  p.  443  à  453. 

C.  —   Fouilles  de  la  Direction  des  Antiquités  en    1916  : 
14  tombeaux. 

Merlin,  BulL  arck.  du  Comité,  1918,  p.  288  à  314. 

2**  DouiMÈs  (tombes  des  vii®-vi*  siècles). 

D.  —  Fouilles  du  R.  P.  Delattre  de  1893  à  1896  :  très  nom- 
breux tombeaux. 

Bibliographie  dans  Audollent,  Carthage  romaine,  p.  240, 
n.  2.  —  Voir  surtout  Delaltre,  Comptes  rendus  de  VAcad. 
des  inscr.,  4893  à  4896,  passini  ;  Mém.  des  Antiquaires  de 
France,  LVI,  p.  255  à  395. 

3°  Dkrmech. 

Sur  les  caractères  «généraux  des  tombes  puniques  de  Dermech, 
cf.  Gauckler,  Nécropoles  puniques  de  CarthâgCy  II,  p.  499  à 
512  ;  voir  aussi  Anziani,  ihid.,  I,  p.  xvii  à  xxix. 

E.  —  Terrain  Ben-Attar  (tombes  des  vn**-vi*  siècles  ; 
quelques-unes  du  iv^j.  Fouilles  de  la  Direction  des  Anti- 
quités en  1899-1900:  tombeaux  n*»»  1  à  232  ;  en  1901  : 
tombeaux  n"*  300  bis  à  319  bis. 

Gauckler,  AVer,  pun.,  I,  p.  1  à  103,  p.  419-420,  p.  426  à 
438  ;  Perrot,  Hev.  de  Vart  ancien  et  moderne,  4899,  VI, 
p.  404  à  445.  —  DescriplioD  détaillée  de  certains  objets  ou 
de  certaines  sépultures  :  Gauckler,  ibid,,  I,  p.  234  à  237, 
p.  2i4,  p.  2i8à  2r)0  ;  II,  p.  393  à  V6l  ;passim  ,  p.  556  à 
558. 

F.  Fouilles  de  Vernazen  1885  (tombes  des  vn^-vi"  siècles): 
24  tombeaux. 

Bibliog^raphie  dans  Gsell ,  Hist,  de  l'Afrique,  II,  p.  88, 
n.  2. 


SÉANCE   DU    16    AVRIL    1920  119 

G.  —  Tranchée  Gouvet  en  1862.    . 
Ibid. 

H.  —  Terrain  d'Ancona  (lombes  des  vu'',  vi*'  et  V  siècles). 
Fouilles  de  la  Direction  des  Antiquités  en  1901  et  190'2  : 
tombeaux  n«  280  à  364. 

Gauckler,  Nécr.  pun„  I,  p.  140  à  146,  p.  172  à  187  ;  II, 
f).   V73  à  478,  p.  495  à  498,  p.  526  à  534. 

J.  —  Flanc  sud  de  la  colline  de  Bordj-Djedid  (tombes  du 
VI*  siècle).  Fouiîles  du  R.  P.  Delattre  en  1908  *. 

Dclattre,  Comptes  rendus  [de  VAcad.  des  iViscr.,  1908, 
p.  504  à  600  (il  y  a  aussi  des  tombes  du  iv«  ou  du  m* 
siècle)  ;  Anziani,  ibid. y  1912,  p.  341  à  3i4. 

4**  Ard-el-Khehaib  (tombes  des  iv*'-iii*  siècles). 

K.  —  llabous  des  Quled  TAgha,  au  sommet  de  la  colline 
de  Bordj-Djedid.  Fouilles  de  la  direction  des  Antiquités 
de  1905  à  1908  :  tombeaux  n*»«  500  à  508. 

Gauckler,  Xécr.  pun.,  1,  p.  229  à  233  ;  cf.  Anziani,  ibid., 

I.    XXXVl-XXXVII. 

108  tombeaux  ^. 

Merlin  et  Drappier,  La  nécropole  punique  d'Ard-el-Kheraîb 
;>  Carihaye  (notes  et  documents  publiés  par  la  Direction 
des  Antiquités,  IV,  1909). 

L.  —  Terrain  ChalTard.  Fouilles  de  la  Direction  des  Anti- 
quités en   1909  :- 24  tombeaux. 

Drappier,  tiev.  tunisienne,   1911,  p.  138  à  146. 

.V  Dahah-el-Morali  (lombes  de  la  fin  du  v**  siècle,  des  iv**  et 
11' siècles).  Fouilles  de  la  Direction  des  Antiquités. 

M.  En  1900  :  tombeaux  n*^»261  à  265. 

Gauckler,  AVrr.  pun.,  I,  p.  170-171  ;  p.  244  à  246. 

I 

I.  Au  voîftinage,  fouilles  N'ernaz  en  IKKJ  \Vemaz,  Rev.  arch.^  1K87,  II, 
p.  IWàlTOl. 

î.  Sons  la  batterie  de  Bordj-Djedid,  qui  est  à  très  peu  de  dislance  à 
rE«t,  «épulturcs  découverte»  en  lH9i  ^Bull.  arch.  du  Comité,  189i,  p.  282 
*  2»i  :  Delattre,  Bail,  de  la  Société  d'Oran,  XX'  anniv.,  p.  1 18  à  t50\ 


SE  A. \  CF.    I>(J 

13-1904  :  tor 

|).  m  à  2-29  ;  [I,  p.  541  b  54S  ;  cf.  Anzîani.  U,id., 

6-1917  :  14  tombeaux. 

8uH.  arch.  liii   ComUé,  1917,  p.  131  à  153  ;   lyiH. 

1. 

17  tombeauï. 

16,    p.  Cl-IHV    icLIIÏC. 

1  1917  :  10  tombeaux. 

16,  p.  rxtm-cxciv  ;  1918,  p.  315  k  323. 

7  à  1919  :  60  tombeaux. 

âO,  procès- verbaux  de  la  Commission  de  l'Afrique 

HÉÂTRE  (tombes  des  iv'  et  m*  siècles).  Fouilles 
s  Anitquilés. 

8  ;  2'2  tombeaux. 

r,  Iter.lunisienif,  1911,  p.  254  à  S60. 
917  :  14  tombeaux  : 
Itiitl.    arch.    du    Comité,     1916,    p.     ccxxi     A 

s  abords    sud-ouest,  notammenl  terrain    Ben 
Ju  m"  siècle  et  de  la  première  moitié  du  ii'). 
;s   de   la    Direction  des  Antiquités  en   1900  : 
i"  234  à  -280  ;  265  à  279. 

-,  Nécr.  pun.,  1,  p.  1S8  A  171,  p.  346  à  348  ;  II, 
7  ;  p.  !)16  à  521  ;  cC  Anziani,  ibid.,  I,  p.  xxxvii-xl. 


-  Principaoz  édifices. 


?,  Basiliques  chrétiennes  de  Tunisie,  p.  Il  à  17, 
adoux  à  ta  pi.  I  ;  Inv.  dei  mosatquei  de  la  Gaule 
iqiie,  li,  p.  ilO  f.  i-Vi,  n"'  68.1  à   692. 


^^^^. 


CARTHAGE 

JlTtE    CENTRALE 


'■f-  MAHTVRS    DK    BOUDKtKÀ 

illas  principales  '. 
lahiir-el-Murali  : 

a.  —  Gauckler,  Compte  rendu  de  la  marche  da  terviee  de*    . 
Anliifiiiléi   en    1903,  p.     llï    ;    .Voun.    Arch.   des     misnioni 
icient.,  XV,  pi.   XXV    ;    /nti.    des  mos.,    II,  p.  212   il    21*. 
n«  f<H  à  fi39. 

b.  —  GBiickl^r,  Hnrche  du  gfrviee  en  t903.  p.  13  à  IC  ; 
/»".  det  moi..  Il,  p.  214  b  31»,  n"  640  è  6K0. 

errnin  d'Ancona  : 

c.  —  Gaiitkler.  Inr.  dis  mos..  Il,  p.  3i3  b  ii',  n"  72<i  à 

m. 

ril-el-Khcraïb  : 

I).  —  .\faison  de  basse  époque  sur  l'emplacement  Je  l'an- 
cien camp  de  la  cohorle  urbaine  casemée  à  Cartha^'e. 

Gaiicklcr,  Complet  rendus  de  VArnd.  des  in*'-r..  19(1*, 
p.  fi'J5  à  70a  ;  Souv.  Arrh.  des  Missions  trirnl.,  XV.  p.  liH 
il   443,    pi.  XXVI-XXVII  ;  Inv.  di-s  mos..   11,   p.   iôl   à    200, 


COMMUNICATIONS 


MAIlTVIiS  DK    IKirnhIKA,    l'An   .M.    PAll,  MftNCEAI  X, 
MEMBRE    DE    LAnADËMll^. 

'ai  l'honnpur  de  commuiti<juer  ;'i  l'.Xcadéniie,  de  la  pari 
M.  Carcopino,  naguère  professeur  à  la  l'acullé  îles 
très  d  Alger  et  directeur  du  Mu.sée,  aujourd'hui  maître 
conférences  à  la  Sorbonne,  deux  curieuses  inscriptions 
■tyrologiques  d'Algérie,  qui  ont  été  trouvées  récemment 
ivier  1920)  piés  du  villafçc  de  Bourkika,  situé  au  Nord- 
de  Miliana.  six  kilomètres  h  l'Est  de  Marengo. 

Pour  certaines  monaïqiivs  du  quartier  qui  H^iire  sur  le  plan,  m 
rtcr  uu  croquis  donné  dans  Merlin,  Inv.desmot.,  Il,  tuppl.,  p.  7B- 


MARTYRS    DE    BOURKIKA  423 

La  plupart  des  renseignements  qui  suivent,  sur  les  cir- 
constances de  la  découverte,  m'ont  été  transmis  par 
M.  Garcopino,  qui  les  tenait  lui-même  de  deux  témoins 
oculaires  :  M.  Tabbé  Dubosc,  curé  de  Tipasa,  correspon- 
dant du  Ministère,  et  M.  Glénat,  à  qui  nous  devons  un 
excellent  estampage  des  inscriptions.  Ces  indications  sont 
confirmées,  et  complétées  sur  certains  points,  par  une  note 
de  M.  Streicher,  curé  de  Bourkika  :  note  insérée  dans  la 
^maine  religieuse  d'Alger  du  13  février  1920. 

L'emplacement  précis  de  la  découverte  correspond   au 
numéro  22   de   la   feuille   13   de   V Atlas   archéologique  de 
l  Algérie  publié  par  M.  Gsell.  En  cet  endroit,  à  cinq  kilo- 
mètres environ  au  Nord   de    Bourkika,    dans  la  propriété 
Germain,  des  ouvriers  de  la    main-d'œuvre  pénitentiaire, 
occupés  au    défoncement  d'une    vigne,    rencontrèrent    les 
soubassements  d'un  édifice   demi-circulaire  qui  renfermait 
de    nombreux    sarcophages,    une  douzaine    au    moins,   et 
autour  duquel   gisaient  des  débris  d'architecture,   fûts  de 
colonnes,  chapiteaux,  dalles,  poteries.  D'après  les  indica- 
tions recueillies,  tout  cela  aurait  été  saccagé,  la   plupart 
des  sarcophages  brisés,  le  tout  recouvert  de  terre,  sauf  le 
couvercle  à  inscriptions  dont  nous  allons  parler,  et  quelques 
fragments,  dont  un  fond  de  vase  avec  une  croix. 

Au  milieu  de  l'hémicycle  se  trouvait  un  sarcophage  assez 
richement  décoré,  profondément  enfoui,  et  formant  bloc 
dans  la  maçonnerie.  On  n'a  pu  l'extraire  ;  mais  on  a  cons- 
taté qu'il  contenait  des  ossements.  Seul,  le  couvercle  a  pu 
être  sauvé  par  les  soins  de  M.  Streicher,  curé  de  Bourkika, 
^t  transporté  au  presbytère. 

Ce  couvercle  est  une  table  calcaire,  longue  de  1  '"47, 
large  de  0  '"  57,  épaisse  de  0  '"  25.  La  table  est  brisée  i\ 
droite.  Elle  porte  une  riche  ornementation.  A  gauche,  un 
ensemble  purement  décoratif,  sculpté  en  creux,  occupe 
toute  la  largeur  :  environ  le  quart  de  la  surface  totale.  II 
couvre  un    espace  rectangulaire    de   0  •"  30  sur  0 '"  57.    H 


MARTYRS   DE  ROUR&l&À  i2S 

dont  la  première  comprend  trois  mots,  la  seconde  deux 
mots,  la  troisième  un  seul.  Elle  est  gravée  en  lettres  irré- 
guIièreSy  hautes  en  moyenne  de  0  "  07.  L'inscription  B, 
enfermée  dans  la  couronne  et  gravée  en  caractères  plus 
petits  (de  0  °*  03  environ),  comprend  aussi  trois  lignes, 
mais  encore  plus  courtes,  avec  des  abréviations. 

Lecture  de  MM.  Gagnât  et  Monceaux,  sur  Testampage 
qui  a  été  exécuté  par  M.^Glénat,  et  qui  nous  a  été  envoyé 
par  M.  Carcopino. 

Inscription  A. 

PETITEME  •  SAMARTVRoV 

RENATVS  ET 

OPTATA 

Pctile    me[n)sa[m)  marlurou[m) 
Renatus  et  Optata 

Inscription  B 

PASN  Pas[si)  n(onas)  a{prUcs)  ou 

AETCO  a(ugusfas)  et  conrnati), 

RO 

Inscription  A.  —  A  Id  ligne  1,  on  avait  lu  d'abord 
MARTVROM.  Mais,  sur  l'estampage,  nous  lisons  distinc- 
tement MARTVROV  :  graphie  dont  nous  avions  déjà  des 
exemples  en  Afri(|ue. 

Inscription  B.  —  Les  archéologues  algériens,  qui  ont 
tenté  le  déchiffrement,  ont  lu  PAS  «/)  MA{rli/rium),  Mais 
il  ne  nous  parait  pas  douteux  que  la  dernière  lettre  de  la 
première  ligne  est  un  N.  D'ailleurs,  le  moi  passi  devait 
^tre  suivi,  selon  Tusage,  de  la  mention  du  jour  anniver- 
saire.    D'où  notre  lecture  :    PAS/?/)  N(onas)   A(priles)   ou 


i2ti  MARTYRS    DE    ROt'RKlRA 

Les  noms  des  deux  martyrs  sont  des  noms  courants  en 
Afrique.  Renatus,  nom  souvent  pris  au  baptême  (allusion  à 
la  renaissance  morale  par  le  saci*ement  du  baptême),  se  lit 
sur  des  tombes  de  chrétiens,  à  Carthage  et  ailleurs  ;  nous 
connaissions  déjà  un  martyr  Rehatus  par  une  inscription 
de  Bir  Fradj  (à  TOuest  d'Aïn  Abid,  entre  Guelma  et 
Constantine).  Quant  au  nom  d*Optata,  il  s'était  rencontré 
déjà  dans  plusieurs  épitaphes  africaines,  notamment  sur 
une  mosaïque  tombale  de  Taparura  (Sfax).  Les  deux  mar- 
tyrs qui  iigurent  sur  la  table  de  Bourkika  étaient  probable- 
ment des  martyrs  locaux. 

Les  formules  employées  ici  donnent  lieu  à  quelques 
observations. 

Petite.  —  Formule  nouvelle,  du  moins  avec  ce  sens, 
dans  Tépigraphie  chrétienne  dWfrique.  On  doit  comprendre 
probablement  :  '«  Approchez-vous  de  la  table  des  martyrs  », 
qui  peut-être  servait  d'autel. 

Me{n)sa(m)  niarturou{m),  —  L'expression  mensa  martu- 
rum  s'est  déjà  rencontrée  en  divers  endroits  ;  à  Maktar,  à 
Henchir  Fellous,  à  Aïn  el-Ksar,  à  Aïn  Melloul.  On  appe- 
lait ainsi  la  taWe  qui  couvrait  des  reliques  de  martyrs,  et 
qui  souvent  formait  la  table  d'autel. 

On  notera  la  graphie  niarturou[m).  On  la  retrouve 
ailleurs,  notamment  sur  une  stèle  d'Aïn  Regada,  où  se  lit  : 
Xomina  marturrou{m).  Ces  graphies  sont  iiitéresfiuntes 
pour  rhistoire  de  la  prononciation  latine.  Le  second  V  de 
rnarturuni  avait  évidemment  le  son  ou.  Le  premier  V,  qui 
est  très  souvent  remplacé  par  I  ou  par  Y,  devait  se  pro- 
noncer /.  —  Quant  à  mcsa  pour  mensa^  c'est  courant  en 
Afrique. 

Passi.  —  C'est  la  formule  consacrée  pour  rappeler  la 
mort  ou  l'anniversaire  des  martvrs. 

Coro  nuti).  --  Allusion  à  la  couronne  des  martyrs,  repré- 
sentée ici  par  cette  couronne  de  laurier  qui  enferme  Tins- 
cription  B.  Une  mosaïque  tombale,  trouvée  à  Tabarka,  celle 


SÉANCE  DU  23  AVRIL  1920  427 

lie  deux  religieuses  qui  avaient  souiTert  pour  leur  foi, 
présente  dans  une  couronne  l'inscription  :  Dignis,  digna, 
Vincent i bus  corona.  Sur  la  mosaïque  funéraire  d'un  évéque, 
découverte  à  Lniniggiga,  on  lit  dans  une  couronne  :  Dïgnis 
'/iyn.i,  Patri  Argenllo  coronam  Jienenattis  teselavil.  Jus- 
t|u'i<;i,  dans  les  inscriptionB  inartjTologiques  de  la  contrée, 
ou  n'avait  pas  encore  rencontré  le  mol  coronalus. 

A  en  juger  par  les  formules,  comme  par  la  forme  des 
lettres  et  l'aspect  général  du  monument,  les  deux  inscrip- 
tions de  Bourkîka  datent  du  iv"  siècle  ;  d'ailleurs,  la  plu- 
part des  monnaies  recueillies  dans  les  débliiis,  autour  de 
U  pierre,  sont  des  monnaies  de  Constantin.  Le  sarcoplia^^e, 
dont  le  couvercle  portait  ces  deux  inscriptions,  devait  être 
placé  sous  l'autel  ou  près  de  l'autel  d'un  sanctuaire,  basi- 
lique ou  chapelle  :  devant  ou  daus  cette  abside  dont  on  a 
dper(,-u  les  soubassements. 


LIVRKS  OKFliHIS 


U  Se<:HÉTAinB  peiii>Ê(Ui;L  oITre  à  l'Acailùmio,  <lu  lo  purl  ik-  M.  l'out 
HouLKALii,  le  t,  V  (le  son  Uitloire  UtUmiri:  île  lAfri'iae  ihr^lknne, 
'lui  ait  Inlitulé  r  S.tinl  Optai  ft  trs  iiri-mirr*  ■'criraiiit  donaliilei 
l'iris,  Lcroui,  i92U,  in-8°). 


SKANGK  DU  23  AVHIL 


I^'ture  eut  donmie  de  la  lettre  par  laquelle  M.  Ik-iirv  < 
[>o-c  ,a  candulalurc  à  la  place  de  [»cLnl>i-c  lil.iv 'd. 
>*cinle  par  suite  du  dêcè!>  de  M.  DiL-iiIafoy. 


128  SÉANCE  ÙV  23  AVRIL   1920 

M.  Nyrop,  élu  le  mois  dernier  associé  étranger,  adresse  à 
l'Académie  ses  remerciements. 

M.  LangloÎs  donne  lecture  de  son  rapport  sur  le  concours  des 
Antiquités  nationales  en  1920  *. 

M.  HuART  lit  une  note  de  M.  J.  de  Morgan  sur  la  succession 
des  princes  Mazdéens  de  la  Perside  ^.  Il  souligne  en. quelques 
mots  rintérêt  de  cette  communication  qui  jette  une  nouvelle 
lueur  sur  le  milieu  si  obscur  où  s*est  conservé  TAvesta,  sur 
lequel  les  Sassanides  devaient  plus  tard  fonder  leur  religion 
d'État. 

M.  Gagnât  communique,  au  nom  de  M.  Poinssot,  le  texte  d'une 
inscription  de  Tunisie  qui  contient  un  décret  relatif  à  une  con- 
testation de  limites  entre  les  citoyens  de  la  ville  d'Aunobari  et 
un  particulier  nommé  Julius  Regillus  '. 

M.  Théodore  Reinach  présente  quelques  observations. 

M.  le  comte  Dcrrieu  rappelle  Tinscription  placée  à  Florence 
au-dessus  de  la  porte  de  TégUse  de  Sant'Aposlolo,  et  qui  affirme 
que  celte  église  a  été  fondée  p(fr  Charlemagne  en  805,  après  que 
ce  «  rex  Francorum  »  fût  entré  à  Florence  le  6  avril  de  la  même 
année,  et  eût  décoré  de  colliers  d'or  une  foule  de  citovens. 

La  donnée  de  cette  inscription,  qui  met  aussi  en  cause  Tarche- 
véque  Turpin,  Roland  et  Olivier,  est  purement  légendaire.  Mais 
M.  Durrieu  estime,  d'après  le  caractère  de  l'écriture,  qu'elle 
pourrait  être  contemporaine,  ou  à  peu  près,  du  passage  à  Flo- 
rence d'un  autre  Charles,  également  «  rex  Francorum  »,  c'est- 
à-dire  de  Charles  VIII,  traversant  Horence  en  1494,  pour  aller 
à  la  conquête  de  Naples. 

MM.  Delaborde,  Salomon  Reinach,  Théodore  Reinach  etPRof 
présentent  quelques  observations. 

M.   Adrien   Bi.anchet  commente  les  types   de  deux  pierres 

1.  Voir  ci-après. 

2.  Voir  ci-«près. 

3.  Voir  ci-après. 


-'^* 


CONCOURS    DES    ANTIQUITÉS    NATIONALES  129 

jrravées  antiques,  dans  lesquelles  il  propose  de  voir  des  intailles 
^Qosliques  *, 

MM.    Salomon    Reinach,   Monceaux    et    Babelon    présentent 
quelques  observations. 


APPENDICE 


EAPPORT  SUR  LE  CONCOURS  DES  ANTIQUITÉS  DE  LA  FRANCE  EN 
1920,  PAR  M.  LANGLOIS,  ME.MBRE  DE  l'aCADÉMIE  ;  LU  DANS 
LA    SÉANCE    DU    23    AVRIL    1920. 

• 

L'Académie  doit  suivre  avec  intérêt,  d'année  en  année, 
son  Concours  des  Antiquités  de  la  France  pendant  la 
période  critique  que  nous  traversons.  Car  ce  Concours  a 
toujours  été  un  thermomètre  de  l'activité  dans  nos  études. 
Avant  la  guerre,  aux  temps  de  tranquillité  et  de  prospérité, 
les  candidats  affluaient  et  les  premiers  rangs  n'étaient 
jamais  attribués  qu'à  des  livrer  de  premier  ordre.  Si  ce 
ttiveau  très  élevé  venait  à  s'abaisser,  il  serait  manifeste 
«pie  la  guerre  et  la  convalescence  laborieuse,  préparatoire 
(le  l'avenir,  qui  suit  les  guerres,  même  heureuses,  auraient 
nui  temporairement  aux  travaux  relatifs  à  notre  passé,  ce 
qui  n'aurait  rien  d'étonnant.  Est-ce  le  cas,  et  dans  quelle 
mesure,  pour  1920? 

Neuf  ouvrages  ont  été  présentés  au  Concours  ;  c'est-jji- 
direxfoe  le  nombre  des  concurrents  n'est  plus  ce  qu'il  était 
autrefois.  Mais,  sur  ce  nombre,  six  ont  été  jugés  dignes 
d'une  récompense,  trois  d'une  médaille  ;  et  cela  est  signifi- 
catif, car  la  Commission  s'est  imposé  la  loi  de  n'accorder 
médailles  et  mentions  qu'à  des  travaux  respectivement 
comparables  à  ceux  qui'  éUiient  jadis  honorés  de  la  même 
manière. 

I    Voir  ci-aprc». 


30  CU.ICDLRS    DES   ANTriJCITi!:»    NATluNALES 

La  première  médaille  a  été  décernée  à  M.  Charles  Porée, 
lour  ses  Eludes  hiitortifues  sur  le  Géuaudan.  M.  Porée, 
iréscnlomenl  arciuvîsle  de  TYoniie,  a  été  archiviste  de  h 
jOïèrede  1897k  SS^^K  Ses  htmles  historiques  sur  le  Gévau- 
lan  sont  le  résultat  dt^s  recherches  qu'il  entreprit  dans  sod 
irenûer  |>iisto  et  qu'il  a  parachevées  depuis,  peu  à  peu. 
j'cst  un  ret'ueil  de  mémoire§  détachés,  qui  ont  été  publii^s 
l'iihord,  au  moins  pour  le,s  quatre  cinquièmes,  par  ta 
Société  d'Agriculture. ..de  la  Lozère», de  1901  à  i919.Ces 
némoires  se  répartissent  en  deu\  groupes  :  1"  ceux  qui 
ont  relatifs  à  l'histoire  des  institutions;  2"  ceux  qui  ii 
éressent  l'archéotogie.  Il  faut  citer,  dans  le  premier  group" 
les  monographies  sur  les  évéques-comtes  de  Gévaudau. 
lur  h's  Statuts  des  pariers  de  la  Garde-Guérin,  sur  la 
)ominalîon  aragoaaise  en  (tévaudan,  surrAlTranchissement 
le  la  terre  de  l'eyre,  sur  les  Mesures  à  grains  employéesen 
lévaudan,  etc.  Les  principaux  morceaux  du  second  groupe 
iuL  trait  it  l'histoire  de  l'église  de  Ribennes,  reconstruite 
lOus  Philippe  le  Bel  d'après  les  traditions  de  l'architec- 
nre  romane,  et  à  la  construction  de  la  cathédrale  de  Mende- 
Toiis  ces  mémoires  sont  composés  avec  une  élégance  sobri\ 
I  peu  pivs  exclusivement  d'après  des  documents  conser- 
•és  aux  Archives  départementales  de  la  Lozère,  lesquelles 
lOnt  parmi  les  plus  riches  de  France  pour  le  xui'etle 
Liv'  siècles.  L'cnsemhle  est  un  modèle  des  œuvres  qu'un 
irchiviste  intelligent  et  très  bien  préparé  en  tous  points 
)cut  accomplir,  dans  un  dépôt  important,  pour  la  coniiais- 
iiiice  de  l'Iusloire  locale  et  même  de  l'histoire  générale. 
ui-istes,  historiens  ou  archéologues,  les  membres  de  la  Coiii- 
nission  ont  été  d'accord  pour  apprécier  très  favorahie- 
lU'tit ,  chacun  en  ce  qui  concerne  sa  spécialité,  les  trouvailles 
le  M.  l'orée  et  la  valeur  de  ses  conclusions  pour  leurs 
itudes. 

Le  livre  que  M.  Dottin  a  présenté  au  Concours  et  qui 
ei,oit  la  seconde  médaille,  est  consacré  à  la  I^Rngae  gauloite- 


CONCOURS    DES   AiNTlQUlTÉS   NATIONALES  131 

â  son  vocabulaire,  à  sa  phonétique,  à  ses  monuments 
épi§^aphiques  qui  sont  reproduits  in  extenso,  mais  non  pas 
traduits,  car  l'auteur  est  aussi  prudent  que  très  bien 
informé.  Tout,  dans  ce  livre,  même  les  errata  et  les  addenda 
qui  sont  assez  considérables,  témoignent  d'une  érudition  et 
d'une  conscience  parfaites.  Il  paraît  un  peu  sec,  mais  c'est 
parce  qu'il  s'en  tient  aux  faits,  sans  rien  risquer.  Il  est 
désormais  le  Manuel  indispensable  qui  mettra  (in  aux 
divat^ations  dont  les  textes  et  les  étjmologies  celtiques  ont 
tié  souvent  l'objet  depuis  le  xvi*  siècle. 

Les  ouvrages  de  MM.  Carrière  et  Waquet,  qui  ont  obtenu 
respectivement  la  troisième  médaille  et  la  première  mention 
s^ml,  au  contraire  des  précédents,  tout  à  fait  comparables 
entre  eux,  et  l'espèce  d'accolade  sous  laquelle  nous  les 
réunissons  se  justifie  par  plus  d'une  raison.  Celui  de  M. 
l'abbé  Carrière  est  intitulé  :  Histoire  et  Cartulaire  des 
Templiers  de  Provins  ;  celui  de  M.  Waquet  :  Le  bailliage 
de  Vermandois  aux  XIII'*  et  XI V^  siècles.  De  part  et  d'autre, 
mêmes  qualités  :  bon  sens,  netteté,  précision,  compétence  ; 
lun  et  l'autre  auteur  ont  démontré  qu'ils  savent  très  bien 
travailler.  De  part  et  d'autre  aussi,  un  sujet  un  peu  maigre, 
que  les  auteurs  ont  corsé  de  leur  mieux,  et  moins  de  résul- 
tats vraiment  neufs  que  leur  diligence  ne  méritait  sans 
doute  d'en  obtenir.  Ces  deux  livres  sont  des  contributions 
très  honorables  à  Thistoire  de  notre  pays.  Si  Tun  reçoit 
une  médaille  et  l'autre  une  mention  seulement,  ce  n'est  pas 
que  la  Commission  ait  reconnu  entre  eux  une  grande 
différence.  Mais  il  fallait  choisir,  et  si  le  livre  de  M.  Car- 
rière présente  peut-être  un  peu  plus  de  traces  d'inex- 
périence que  celui  de  M.  Waquet,  il  a  paru  que  le  sujet 
choisi  par  M.  Waquet  était  peut-iHre  un  peu  moins  rému- 
Qcrateur,   pour  la  science,  que  celui  de  M.  Carrière. 

La  seconde  mention  a  été  attribuée  à  M.  Delamare  pour 
*on  «  Étude  liturgique  et  hagiographique  »  sur  le  Calen- 
drier de  r Eglise  dEvreux,  dont  la  moitié  seulement  con- 


\32  LES    PRKNCLS    MAZDELNS    DE    LA    PERSIDE 

cerne  les  époques  anciennes  dont  nous  nous  occupons, 
L*auteur  n'est  pas  un  érudit  de  profession,  et  on  ne  saurait 
être  surpris,  ni  choqué,  de  quelques  lacunes  évidentes  de 
sa  pré f>a ration  technique.  Mais  son  livre  accuse  un  travail 
considérable,  et,  en  général,  de  bonne  qualité.  Notons 
seulement  que,  sur  la  question  délicate  des  rapports  entre 
les  Eglises  an*;laises  et  les  Eglises  normandes,  il  semble 
que  M.  Delamare  ait  adopté,  sans  un  examen  approfondi, 
des  idées  contestables;  le  savant  Edmund  Bishop,  dont 
M.  Delamare  ne  prononce  pas  le  nom,  professait  à  cet 
égard  des  opinions  tout  autres. 

La  trt)isième  mention  revient  à  M.  Gustave  Chauvet 
pour  ses  GnUies  du  Chaffaud.  L'exploration  des  grottes 
du  ChalTaud  a  donné,  depuis  183i,  des  résultats  très 
intéressiints,  dont  M.  Chauvet  s'est  attaché  à  dresser  le 
tableau  et  la  bibliographie.  Ce  travail  est  fort  bien  conduit 
et  témoigne  de  l'érudition  exacte  et  consciencieuse  dont 
M .  Chauvet  a  déjà  donné  d'autres  preuves. 


COMMlNlCATlOxXS 


NOIK    SIR    LA    Sir.CKSSlUN    DES    PRINCES    MAZDÉENS 

DE    LA    PERSIDE, 
PAR    M.    J.    DE    MORGAN. 

Sous  les  Achéménides,  la  province  de  Perside  jouait, 
dans  Tompire,  un  rôle  fort  important  :  elle  était  résidence 
doté  dos  grands  rois,  centre  religieux  mazdéen  dont  la 
sainteté  ne  le  codait  en  rien  à  celui  de  TAzerbaïdjan,  et 
c'est  là  que  les  Hois  des  rois  avaient  leur  sépulture.  Une 
famille  princit'iv,  parente  des  Achéménides,  avait  en  main 
los  alVaitvs  ilu  culte  et  jouissait  de  grands  privilèges.  Lors 
do  la  conquoto  alexandrine,   les  Macédoniens  reconnurent 


l,Ei:s    PRIMCKS    MA7.DÉENS    DE    LA    PERS1DR 

«8  princes  persépoliLains  n'ont  certainement  pas  frappé 
inuie  suiis  les  Achéménîdes  ;  ils  n'ont  même  pas  usé  de 
)rivili?ge  sous  Alexandre  le  Grand  et  ses  premiers  suc- 
teurs  pendant  un  siècle,  de  323  à  220  av.  J.-C.  environ, 
n'est  donc  qu'à  l'époque  des  débuts  des  Arsacides  en 
se  que  commence  le  monnayage  des  princes  persépo- 
ins,  et  il  se  poursuit  jusqu'en  227  ap.  J.-C,  dale  de  la 
te  éen  Arsacides.  c'est-à-dire  pendant  quatre  siècles, 
e  ne  parlerai  pas  de  ces  médailles  au  point  de  vue 
nismatique  :  ce  serait  étendre  beaucoup  trop  largement 
e  étude.  Je  me  contenterai  de  parler  de  leurs  légendes, 
g;ées  suivant  le  style  des  pièces  et  la  nature  des  carac- 
!s  employés  dans  les  textes. 

lous  ne  savons  rien  des  princes-grand  s- prêtre  s  contem- 
ains  des  souverains  achéménides  et  des  Séleucides 
\\ik  Antiochus  III. 

.e  premier  prince  dont  les  médailles  nous  soient  parve- 
s  est  Bagadat  I .  On  lit  sur  ses  monnaies  : 

Lég.  n"  l.)ni3Ji  nmSn  iT  N2^n1S  mas 

BaGaDaT  l-RaTaRaKA  ZI  AUHIA  BaGaKerT 

i^gadal  était  donc  fils  d'un  prince  du  nom  de  Bagakert, 
ice  dont  nous  ne  possédons  aucune  pièce, 
'uis  il  existe  une  lacune  de  peu  d'étendue,  car  les  mon- 
3s  qui  suivent  sont  de  même  style  (jue  celles  de  Baga- 

'ient  Oborze,  fils  de  Frad.i. 

Lég.  n"  2.)  i^2[xi]Ti^N  n  N:-in->D  i^2im 

VaHUBeRZ  FRaTaRaKA  ZI  ALaH[lA]  FRaDa. 

louvelle  lacune,  ou  tout  au  moins  Autophradate  ne  nous 
int  pas  s'il  est  le  lils  d'Oborze,  nous  pouvons  supposer 
islence  d'un  autre  prince  avant  lut.  Vient  alors  Auto- 
adate  I. 


ICES    U,\7.0ÉEHS    DE    LA    l'ER^IDE 

(Lég.  n"  3.)  KinS»  n  KDimB  nnsm 

VaTaFRaDaT  FRaTaRaKA  ZI  ALaHIA 

tf  qui  semble  succéder  Artaxercès'  I . 


l.KS    PRINCES  ]IIA7.DËI':^8    IIE    tJi    PEKSIOE 

1"  7.]  N-s-j  rir-sni  =  VaTaFRaDaT  MaLKA  i 

imeiicc  une  série  dans  laquelle  les  princes  ont  soin| 
fournir  le  nom  de  leur  père.  | 

(Il)-lils  d'Autophradate  (II). 

UaV  MaLKA  BaReH  VaTaFRaDAT  MaLKA. 
iennent  deux  fils  de  Darius  {II),  Arla:cercès  (II)  et 

TaHSaTR  ,MaLKA  BaReH  DARlaV  MaLKA. 
HuKHSaTK  MeLeK  BaReH  DARlaV  MeLeK. 

'/icAâ/resl  certainement  l'équivalent  d'^'^va^A^a/r^. 

re  Cifaxare  ou  0.ralkrès   {Allotte   de   La    Fuye  . 

r  d'Isidore  de  Charax. 

i  penser  que  cet  Artaxercps  \I1)  ne  régna  que  peu  > 

1  Sur  la  Perside,  car  ce  sont  les  fils  de  son  frère. 

,  qui,  après  leur  père,  occupent  le  trône,  d'où  leur 

tit  probiiblement  ctê  chassé. 

voyons,  après  ces  deux    rois,  Piroaz   (i),  fils  de 

UC  MaLKA  BaReH  VaHUKHS[aTR  MaLKA] 

(II),  fils  de  Piraé  (I),  succéder  à  son  père.  Ses 
s  portent  des  deux  côtés  des  effijjries,  et  sur  les  deux 
même  léjjende.  [Lég,  u°  12.]  nj-'q ■êrÎTiE  =^  PiRUC 

itîl  qu'après  ce  prince,  la  Hpnée  majeure  d'Artaxer- 
reprit  ses  droits;  car  Namupal,  l'un  des  fils  de  ce 
îccupe  le  trône. 


LES    PRINCES    MA7DÉKNS    DE   IJl    PERSIDE  137 

•Lég.  n^  13.]  [kd'^o -inl;rnnn-)N*  mi  nd^d  ps^id: 
NaMUPaT  MaLKA  BaReH  ARTaHqaTR  MaLKAJ 

\  Xamupaty  succède  son  fils  Napat. 
■"Lég.  n*»  14.]  {<3*ha  nD"TQj  ni2  N3^a  nxB 


^z 


NaPAT  MaLKA  BaReH  NaMUPaT  MaLKA. 

Signalées  par  Ed.  Thomas  et  Justi,  les  légendes  de  ces 
pièces  avaient  été  lues  d*une  manière  erronée.  Ed.  Thomas 
lisait  KoVAT  et  Justi  acceptait  cette  interprétation . 

11  convient  de  ranger  ici  plusieurs  princes,  trois  au  plus 
'X.  Y.  Z.),  dont  les  médailles  portent  des  légendes  tou- 
jours coupées  ou  effacées,  sur  les  exemplaires  que  nous 
possédons.  Le  règne  de  ces  princes  comble  une  lacune  à 
la  suite  de  laquelle  nous  voyons  paraître  une  pièce  à  deux 
ellîgies  sur  laquelle  nous  lisons  le  nom  AArlaxerccs  d*une 
part  :  Lég.  n*»  15.J  j^^Sa  in^nniN  =  ARTaHSaTR  MaLKA, 
et  celui  de  Mitri  de  l'autre,  au  Rv.  no^^  i-np^  izi  MiTRI 
MaLKA. 

Lequel  de  ces  deux  rois  précéda  l'autre  sur  le  trône,  nous 
n'en  pouvons  décider  ;  car  après  eux  se  montre  une  lacune  ; 
puis  Minuéeiri(\)  est  appelé  au  pouvoir,  ainsi  que  son  fils 
Minucetri  (II).  Sur  les  deux  faces  des  monnaies,  on  lit  : 

Lég.  n^  16.]  i^y^^  ••intt?n:D  =  MiNuCeTRI  MaLKA. 


Ce  Minucetri  (II)  a  un  fils  du  nom  dArtH.rcrc(*s  (IV)  qui 
lui  succède. 

Lég.  n*»  17.J  H2S12  ••-»ncn:o  ^'^n  côté  et  x:S^  -^n^inr-^xl 
de  l'autre. 

Puis,  à  la  suite  d'une  lacune  très  nettement  accusée  par 
les  caractères  artistiques  et  épigraphiques  des  nu'dnilK's, 
vient  Artaxercès  (V),  fils  de  Pàpek,  qui  fut  le  premier  grand 
roi  de  la  dvna^tie  des  Sassanides. 

Les  légendes  de  ses  monnaies  sont  de  deux  sortes,  celles 


LKS    PRINCES  HAZDËENS    DE    LA    PEBSIDB 

lant  au  temps  où   il  n'était  encore  que   prince 

i.  [Lég.  n«  iS]  Dr.  «'^■^  [irlcnn-^!*  '33  BaGI 
TRJ   MaLKA  =    Le  divio   Artaxereès   roi.     lîv. 

n^2  BeGI  PAPeKI  MaLKA  =  fils  de  Pâpek  roi 
oIT  de  Moscou),  et  celles  dans  lesquelles  il  s*intî- 
les  rois  :  [Lég.  n"  19j  ni'^e  zic'-a  "rcnn-'M- 
TR  MaLKAN  MaLKA. 

termine  la  série  des  princes  de  ia  Perside,  toizt 
)our  la  frappe  des  monnaies.  Devenus  maîtres 
le  la  Perse,  ils  ont  bien  certainement  délégné 
oirs  religieux  au  Grand  Mobed  de  Perside  ;  mais 
âge  local  prit  fin. 

ce  qui  vient  d'être  exposé,  on  aurait  donc  la  liste 
suivante  : 


,  (Rbtle  Bagakert) Vers  220  av.  J.-C. 


;  <le  Fraila) 

(i)(iiis  de  ?)'!!.'.'.'.' .'.'.'.'.'.'.'.'.'.".'.^ 

le(I) '..,.',,'.'.. 

i  dAolopliradale  V Vers  190  av.  J,-C. 


ile(!Il V.Ts  l2.'i-88  av.  J.-C. 

.;ûls  d\\uto|.lii-adate  llj 

;\V  ;R1s  de  Darius  II; Vei-s  57  av.  J.-C. 

Isd.'  Darius  ][' Vfi-s  57-38  av.  J.-C. 

fils  d'Oxithrès).. 

ri!fl(?)de  PiTOUi{l)] 

ils  d'Arlaxercùs  (11)] 

ie  Namiipat) 


LES  PRINCES  MAZDÉENS  DE  lA  PERSIDE         139 

Prince  X  (Légendes  effacées) 


•Prince  Y 

•  •  1 

4d                  

•Prince  Z 

id.                

Vlitri..     .     .                                   .    .        

•\rta\erc4^s  i 

* 

m 

ï  (fils?  de  Mitri) 

Minu^elrî  (I) 

. .  • 

\ 

•Minuiu-tri  (II)  [fils  (?)  de  Minuôelri  (1)) 

•  •Mimicelri  (111)  [fiis  (?)  de  Minuèelri  (II)]. . . . 
•Artaxercès  IV  Tds  (?)  de  Minu<^elri  (II  ou  III)]  Vers  200  ap.  J.-C. 
Prince  \V    fils  f?)  d'Aitaxercès  iV] 


*  •!>..:, 


Pâpt-k Vers  210  ap.  J.-C. 

•Arlaxercès  V  [fils  de  Pâpek] Vers  220  ap.  J.-C. 

'-VrUxercès  1  (V^  Grand  roi 227  ap.  J.-C. 

Nota  :  les  princes  dont  les  noms  sont  marqués  d'un  * 
sont  ceux  dont  nous  possédons  les  monnaies.) 

Nous  possédons  donc  soit  le  nom,  soit  l'indication  de 
l'existence  de  vingt-neuf  de  ces  princes  pour  une  période 
d«*  quatre  siècles,  et  il  existe  dans  notre  liste  une  douzaine 
de  lacunes.  Le  groupe  le  plus  important  est  celui  d^Aulo- 
phradafe  III)  et  de  ses  successeurs  qui,  au  nombre  de  huit, 
se  suivent  sans  lacune. 

Plusieurs  de  ces  lacunes,  d'ailleurs,  ne  seront  probable- 
nienl  jamais  comblées  ;  car,  il  ne  faut  pas  l'oublier,  ces 
princes  étaient  soumis  à  la  haute  autorité  des  Arsacides  et 
leur  monnayage  pouvait  être  interrompu  suivant  la  fantai- 
sie de  leur  maître.  11  est  à  croire  même  que  le  joug  imposé 
*  la  Ferside  par  les  Parthes  était  lourd,  puisque  c'est  de 
celle  région  qu'est  parti  le  soulèvement  qui  devait  renver- 
•^er  la  monarchie  arsacide. 

Avant  d'en  finir,  il  est  utile  de  rappeler  les  quelques 
titres  cju*on  lit  sur  les  médailles  et  d'en  donner  l'explica- 
tion telle  qu'elle  est  acceptée  aujourd'hui  : 


DFIUX    1>SCIIIPT10NS    n 

-  FRaTaRaKa  — Gouverneur?  Satrape? 

-  ZI  ALaHIA  —  de  dieu,  des  dieux,  le  divin . 

-  BaR,  BaReH  —  Fils.      . 

3  —  MaLKA,  MeLeK  —  Roi,  Prince  souverain . 
GI  —  Divio. 

jx  noms  princiers,  tous,  sauf  celui  d'Alexandre, 
sut  il  In  langue  et  aux  traditions  antiques  de  la 


DEliX    INSCBIPTIONS    IIAl'^OBARl. 

PAR    SI.    L.    PUINSSOT, 

SPUCTEIR    DES    A^Tlf,)l:lTÉS    DE    LA   TL"^rSlK. 

«■Iqueft  années,  on  a  découvert  dans  la  région  de 
Aunobari.  deux  inscriptions  qui  ont  été  trans-   i 
Musée  du  Bardo.;   nous  en  adressons  à  l'Aca-   | 

copies,   accompagnées   de  quelques  indications 

X  inscriptions  ont  été  trouvées  à  cent  mètres 
Ouest  des  ruines  d'Aiiiiohari,  au  hord  et  à  l'Ouest 
,  vraisemblablempnt  une  ancienne  voie  rom.iine. 
it  d'Ilenchir-Damouss  ',  passe  à  l'Ouest  du 
ii-el-Kel)ch  '.  Lors  de  la  découverte,  la  pierre  sur 
i  gravé  le  texte  /  était  encore  en  place  ^,  la  face 
tournée  ilu  côté  du  chemin.  La  seconde  inscrip- 
sur  le  sol  tout  à  côté.  Même  à  ne  considérer  que 
:  extérieur,  il  ne  paraît  guère  douteux  que  les 

Lué.'il  1  kni.auSud-()uesldeDrm);(,'ael  indiquée  par  le  if  tM 

Ti-boiirsouk  dp  VAIla,  archéoloifiqar  de  ta  Tunisie. 

1  piiTiTs  liaient  un  peu  an  Xoni  du  pi.inl  OÙ  la>isU  traverse 


des  appendices    semblables  -,  n'aieat  eu  une  même  desti- 
nation ^. 

/. 

IDIA 

inTeravnobari 

Tanos  eTivlivm  regillvmpro 
nvnTiasse  in  ea  verba  qvae 

INFRA        SCRIPTa     SVNT  ■ 

POsT   qvae  marcellvs  procos 

COLLOCVTVS  CVM  CONSILIO  DECRE 

TvM  exTabellareciTaviT 

CVM  ACTa  InTeR  IVLIVM  REGILLVM 

eT  avnobariTanos  cavsa  solvm 
apvTmecornvTi  decreTvm  cla 

RISSIMI  VIRIPROLATvM  SIT  NIHIL 

EXEO-    mvTari-    placeT- 

I.U  pierre,  dont  le  suminet  a  été  brisé,  est  baule  actuelle- 
ment de  0  ™  96,  mais  n'est  épigraphe  que  sur  0  "'  iit). 
Largeur  maxima,  U  "■  50.  Lettres  :  lujitps  i-S  et  i.'i, 
0  "  033  ;  tiifne  9,  0'"  03  ;  les  T  dépassent  légèrement  les 
autres  lettres.  A  la  fin  des  liijncs  5,  S  et  i,'l,  des  blancs  ;  au 
début  des  liijnes  6  et  9,  la  façon  dont  la  première  lettre  est 

:  dalU-9  ne  l  pulics  i|ui-  sur 


1.   Épiissfti  de  U 

-18   i  0-   là, 

\rur  [jce  épi^criiplic 
tiniflcaiciit  d.'nWJS 

:  elles  loiu  toi 

î.  Cet  ippendicc 
Celui  de  la   dullr  | 

:s»erïiiiciil;i  ■■ 
itirlanl  U-  Icxl 

celui  de  l'aulre  dal 

Ile.  0  •  5t  de  U 

:  Le»  lelln*  de»  deu 


DKllX    IN6CBIPT10N8    D  AUNORABI 


[)  marge  du  reste  du  texte  marque  les  paragfraphes. 
le  /,  avant  DIA,  le  bas  de  quelques  lettres  tout  k 
itiiictes  ;  ensuite,  semble-t-il,  N  ou  RI. 


lATVLLlNVS  Q  POMPEIVS  PRIMVS  L  SEM 

FLACCVS  ■  Q,  ■  COKDIVS    CLEMEKS  ■  M    CLADIVS  '  PI 

lERATIVSBASSVSLMARIVS  PERPETVVS  SCRIBA  QVl 

iX  ■  SKRIVS  VERVS  ■  HARVSPEX  ■!,■  POMPONIVS  ■  CAl 
iCRIBA  ■  LIBRARIVS  ■  P  ■  PAPENIVS  "  SALVTARIÏ 
IRARIVS 

de  la  puTre  qui  est  brisée  à  In  partie  supérieure, 
de   l'inscription   0  '"  20  ;    larg.    maxima    0™  92. 

environ  0  "  033.  Tous  les  mots  sont  suivis  de 
'iijne  3  :  dans  Claiitlius,  le  V  avait  été  omis  ;  pour 
sou  erreur,  le  graveur  a  réuni  le  bas  de  l'A  aa 
)'. 

que  la  pierre  eut  oté  hrisi^e,  on  retailla  à  coups  de 
jr  une  hauteur  d'environ  0  ■  Oi  la  partie  su})é- 
:  la  face  t-pigraplie  ;  on  dislingue  encore,  au-dessus 
i  est  actuellement  la  li^ne  1 ,  quelques  parties  infé- 
Ics  lettres  qui  disparurent  alors. 


issait  dOjî'i  un  certain  nombre  d'inscriptions 
comnif  le  texte  ik  des  décrets  ou  à  des  sentences 
s  sur  des  c()ntestations  île  limites  *'.  La  rédaction 
!iiu  (iecrclum  et  du  procès-verbal  qui  l'accomiwgne 
)rme  aux  usages  précédemment  constatés^.  C'est 

.■■fauts  (le  la  pierre  ont  mijiosé  un  l.Unc  de  0  -  13  é  la  fin  Je  >' 
III  Buire  ik-  U  "'  10  avuiit  le  deriiici'  iitut  <le  la  liyne  à,  La  Vg"^  ' 

par  un  lilaiic  tic  0-51. 

l.  Court  il'éltigr.  lat..  i'  édit.,   p.  30H-30g  ;  Krû^cr.   HUt.  dtl 

droit  romain,  p.  310-aM. 
■  lliij;(,-ioro,  y,=;<in,ep(gr..  Il,  p.  I  ifiN. 


:  l^8CRrPTloKS  daunobari 


le  la  sentence  devant  le  proconsul  Marcellus.  Mais 
irgunient  nouveau  n'ayant  été  produit  par  les  parties, 
ence  prononcée  par  Cornutus  fut  purement  et  sim- 
t    confirmée  par  le   proconsul  après   avis    de  son 

t  très  probable  que  les  dix  noms  qui  subsistent  du 
'  terminaient  un  document  appartenant  à  la  même 
■ie  que  celui  inscrit  sur  la  dalle  voisine.  Trois  des 
lages  étant  des  scribae,  on  serait  de  prime  abord 
le  reconnaître  dans  ces  noms  ceux  de  signatores  ', 
1  convient  de  remarquer  qu'ailleurs  les  noms  de 
res  sont  reproduits  non  au  nominatif,  mais  au  géui- 
isi  préférerions-nous  restituer  dans  la  partie  disparue 
.cription  les  mots  :  in  consilio  erant  •.  Nous  sommes 
lal  renseignés  sur  la  composition  du  conseil  du  gou- 
r  ■'.  Si  la  présence,  qu'on  constate  pour  la  première 
officiâtes  dans  ce  conseil  n'est  pas  sans  surprendre 
,  il  y  a  lieu  néanmoins  de  noter  que  ces  scrihac,  qui 
eut-être  comme  bien  d'autres  quaestorii  ou  même 
''  chevaliers  romains  ',  sont  inscrits  non  en  tête  de 
,  mais  tout  à  la  iin. 

le  que  soit  du  reste  l'intcrpiétation  adoptée,  il  faut 
ins  le   scriba   quaestoriiix  L.  Marins  Perpetuus  l'un 


I  pnicontiul  de  Snrduigite,  sur  Ics/iii»  Palalcenatum  et  GstilUa- 
t.  I...  X.  7Hj2).  Il  y  a  lieux  Krïhae  iMi-mï  les  nepl  signatores  qoi 
m  bas  dus  ri.'|>r<Hluclïuiis  du  lenalas  consiiKum  llefiuense  trouvécH 
r  RlDegur  {C.  1.  /...  VIII,  llijl  ;  Merlin,  Comiilet  rei.dat  de 
<et  ii>ser.,\viM.  )>.  4i8-Ib6.. 

t  uiii<>i  que  conimonce  la  lî^lc  des  coiisi'ïIlcM  du  gouverneur  qui, 
L,  X,  7^  j2,  (irôci'ile  i.-ellc  des  lignalores. 
nmsoii,  Droil  public  romain,  I,  p.  351,  3S6,  3SB;  De  Huggie'*- 

piyr..  II.  p.  811, 

par  <-\(?niplu  lu  chcvulier  C.  ^tatius  CcIeus,  Ubr»rius.  qui  psriit 

Lt'  M  diUcM  auprès  du  proconsul  d'Afrique  ^Mei-liD,  Hall.  arch. 

■isain,  dans  Sastio,  «ici.  rfes«n(j'qiti7ej,  IV,  p.  1123-1121. 


DEUX    INSCRIPTIONS   DAL'NOtîARt  iiî) 

des  deux  scribae  quaestorii  adjoints  au  proconsul  d' A  frique  ^ , 
et  par  suite  dans  Vharuspex  et  les  scribae  librarii  d'autres 
officiales  de  la  suite  du  gouverneur  -.  Comme  ils  sont,  sans 
aucun  doute,  énumérés  selon  leur  situation  hiérarchique,  il 
u'est  pas  sans  intérêt  de  constater  que  sur  notre  inscription, 
h»  première  mentionnant  un  haruspex  "*  de  gouverneur,  cet 
appariteur  est  placé  après  le  scriba  quaestorius  et  avant  les 
scribae  librarii  ^. 

L'inscription  àWunobari  portant  les  dix  noms  nous  est 
parvenue  trop  mutilée  pour  qu'on  puisse  songer  à  en 
reconstituer  le  contenu.  Aussi  est-ce  sous  toutes  réserves 
que  nous  proposons  de  voir  dans  le  texte  ^  ce  qui  subsiste 
d'une  reproduction  du  décret  de  Cornutus  mentionné  dans 
le  texle  /.  Dans  cette  hypothèse,  la  proposition  pronun- 
fiaMe  in  ea  verba  quae  infra  scripta  siint  s'appliquerait  à 
Cornutus,  et  le  texte  ^  aurait  fait  partie  d'une  pièce  annexe 
au  procès-verbal  dont  le  texte  /  est  un  fragment. 

Il  paraît  assez  difficile  d'attribuer  une  date  précise  aux 
deux  textes  AWunobari.  Des  personnages  cités  par  le  pre- 
mier, aucun  ne  nous  est  connu,  ni  le  proconsul  Marcellus  •'', 

1.  Un  Bcrthaquûestorius  du  proconsul  de  Sardaigne  fi^'urc  dans  le  texte 
^-.  /.  L.,  X,  7h52,  à  tant  d'égards  si  analogue  aux  textes  que  nous  étudions 
'n.  (7c»l  lui  qui  produit  le  codex  ansatus  où  est  inscrit  le  décret  relatif 
wt  fine»  Fatalcensium  et  GalilLensium. 

3.  Sur  la  rareté  des  renseignements  concernant  la  suile  des  gouverneurs 
*lf  provinces,  voir  Monimsen,  Droit  public  romain,  I,  p.  378. 

3.  Le  seul  harunpex  de  gouverneur  jus(|u'à  présent  connu  parait  bien 
rtre  Yhurasptx  de  Verres  dont  il  est  souvent  question  dans  Cicéron.  (^est 
•  juste  titre  que  Mommsen  l'avait  classé  parmi  les  appariiores  o/>,  cit.^ 
ï,  p.  ilT,  nc»lc  5,. 

».  Cf.  à  ce  point  de  vue,  ce  que  nous  savons  des  appariteurs  des  duumvirs 
muuicipaux  Mommsen,  op.  c((.,  I,  p.  3T9  .  La  lex  Genctiva  énunière  suc- 
cnmivrmeDt  deux  tcribae,  un  accensus,  deu\  liclores,  un  harusjtes,  un 
UhrMriui. 

■>.  In  proconsul  d'Afrique  de  la  lin  du  i"  siècle,  (^ii.  Doniiliiis  Luojinus, 
\*Me  hi*n  parmi  nés  cognomina    celui  de  Mareellus,    nlai^   quand  il  n'est 
'i»*«i(nu'*  que  |>ar  un  seul  n<»m,  c'est  toujours  par  celui  do  Luc.inus.    Sur  ce 
lî?20  10 


^ 


/ 


146  DEUX  iNacHirrioNft  d'aunobari 

ni  le  cUrissimut  vir  Gornutus,  ni  Julius  RegillusL  De 
ceux  mentionnés  dans  le  second,  seul  le  scriba  quaestorm 
L.  Marins  Perpétuas  se  prête  à  un  essai  d'identiBcation. 
On  pourrait,  en  eifel,  y  voir  le  père  d'un  L.  Marius  Per- 
petuus,  que  nous  savons  être  le  fils  d'un  Lucius  et  qui 
exerça  un  certain  nombre  de  procuratèles  *•  Si,  comme  on 
Ta  supposé  avec  quelque  vraisemblance  '^^  le  procurateur 
L.  Marius  Perpetuus  était  lui-même  le  père  de  L.  Marius 
Perpetuus,  léfjat  de  la  lejio  XVI  Flavia  au  début  du  m* 
siècle  \  le  texte  2  pourrait  être  attribué  aux  premières 
années  du  règne  de  Marc-Aurèle. 

On  sait,  d'autre  part,  combien  sont  peu  sûres  les  indica- 
tions qu'on  peut  tirer  de  l'aspect  paléographique  des 
inscriptions  provinciale».  A  défaut  de  lettres  vraiment 
caractéristiques,  nous  nous  contenterons  de  noter  qu'on  a 
devant  nos  textes  l'impression  qu'ils  ont  été  gravés  posté- 
rieurement à  Hadrien  et  antérieurement  aux  empereurs 
svriens. 

persouiiat^e,  cf.  Cl.  Pallu  de  Lfssert,  Fastes  des  prov.  afric,  I,  p.  153,  328, 
333,  et  II,  p.  373;   Ivappelmacher,  dans  Pauly-Wissowa,   Heal-Encyclop..  , 
V,  col.  1128-1130. 

1.  Il  faut  peul-èt!*e  recuimaîlre  les  initiales  de  Julius  Rejrillus  dans  les 
textes  !('  |  IK  et  IR  qu'on  lit  sur  les  faces  d'une  borne  trouvée  à  llenchir-el- 
Ilamadi  ^(^larton,  7)ec.  arch.  en  Tunisie,  p.  205-206  .  II  est  peu  probable 
néanmoins  que  celte  borne  et  nos  inscriptions  se  rapportent  à  un  mêiiic 
domaine.  Henchir-el-IIamadi,  qui  sur  VAllas  archéologique  de  Tunisie. 
feuille  de  Teboui*souk.  est  désigné  par  le  n°  189.  est  situé  à  2  km.  et  demi 
au  Nord-Esl  dWunobari,  alors  que  les  textes  /  et  :?ont  été  trouvés  à  cent 
nièlies  à  lOuest  de  cette  cité. 

2.  C  I.  /..,  XIII.  1810.  Le  cursus  ihi  personna^^e  ne  peut  être  daté  avec, 
certitude  (cf.  Hirschfeld,  Die  hais.  VerwaUunysbeamlen, '2*  éd.^  p.  114. 
n*)te  2\  mais  n'est  pas  anlérieurau  second  siècle. 

3.  Dessau,  fnscr.  lat.  sel .^n"  1381),  note  1. 

i.  Sur  ce  personnaj^'e  dont  on  ij^nore  la  tribu,  cf.  Prosopographia .  II 
p.  3i7.  On  a  supposé  jhid.  qu'il  était  le  frère  de  L.  Marius  Maximus  Per- 
petuus Aureliduus,  le  proconsul  d'Afrique.  Or  ce  dernier  était  précisé- 
ment inscrit  dans  la  tribu  Quirina,  tribu  tlu  procurateur  L.  Mariils  Per- 
petuus. 


IMAILLbS    HEPRËSbl^TAM    DES  tibMtlS 

IIK    LA  SECTE   UES   OfllITËS, 

PAH  M.  ADRIE>    ItLANCIieT,  MI':MIIRK  DE  l'aCAUËHIE. 

On  coiinnit  de  nonibreiisos  pierres  f^iuvé 
doiil  le  tyjiL'  principal  représente  le  ffénie  laô 
tenant  un  bouclier  rond  et  un  fouet  ou  qi 
poijf iiard . 

I.es  deux  intailles  (jue  je  présente  ;mjourd 
1res  voisines  des  précédentes,  olFreiit  cepend; 
rence  importante,  qui  motive  suflisamment  I 
suivantes. 

Ces  umulettes  gnostiques,  qui  foutpartic  de 
sont  en  hématite  brune  et  représentent  un 
d'âne  et  ù  corps  humain  avec  un  bras  tenant 
jambes  sont  remplacées  par  deux  serpents 
sent  la  (êle  à  droite  et  à  <^auche.  Ce  j^énie  tiei 
droite,  un  table:iu  rectang^ulaire  qui  porte 
avec  les  trois  lettres  superposées.  Dans  le  eh 
planètes  '  (deux    seulement  sont  visibles  sur 


(1l-s  [lierres  .  Au    revers,    un   serpenl 
•levant,  une  étoile.  Sur  In  secouile  pîei 


'."hltj  hacrtien,  I. 


INTAILLKS    DK    l.A    HtT-TE    DES    OPHITES 

tourné  dans  l'autre  sens  et  porte  deux  appen- 
me  de  longues  oreilles  ;  l'étoile  n'existe  pas. 
luletles  sont  de  forme  carrée,  presque  régiiliêre, 
respectivement  20  et  18  millimètres  '   [/''if/-    l 

plus  haut  le  }^énie  en  lui  attribuant  unu  tète 
et,  bien  que  l'exécution  artistique  decesîntaille.s 
rer,  comme  il  arrive  presque  toujours  pour  les 
de  cette  catégorie,  les  grandes  oreilles  de  eet(e 
le  le  cou  itllongé,  mais  puissant,  indiquent  un 
ue  tout  autre  animal. 

inaissons  d'autres  pierres  gnostiques,  de  tvpes 
où  l'on  a  reconnu  une  tête  d  âne,  d'ailleurs 
nt  distincte  :  par  exemple  une  pierre  du  Cabinet 
représentant  peut-être  «  le  génie  Ananaè'l  ou 
au  corps  de  momie, surmonté  d'une  tête  d'iine'-'. 
îi  une  tête  d'âne  que  King  attribuait  au  génie 
beaucoup    moins     caractérisé,    sur    une   autre 

ice  du  serpent  au  revers  des  deux  pierres  (jue 
queautorise  k  proposer  une  hypothèse  au  sujet 

de  ces'  petits  monuments. 

du  11''  siècle  de  mitre  ère,  il  existait  une  secte 

icilù  lie  001*  iiilaillos  est  Imi-s  de  doute.  La  lechnîqu«  cl  la 
^xoL-ution  e.M'luonL  tuutc  pusaiLiliLo  ilc  «iipcrrherit:. 
Ilitl.Jii  gnnitU'imt.l)tiicr..iiJb.i,].  VI,n°  6  :  .\.ChabouilIel. 
niaéael  p.yr.de  la  Hibl.  Sal..  p.  isv.  n'  3179;  K.Babolon. 
du  Cabinet  de»  !tièdaillet.  I9flu.  p.  6<}.  Au  revers,  panni 
'elu'idclaô. 

alcraii^si    un   pLoiiib  pui'UiiL  d'uu  oôlo  le  nom  .\BI'ACAZ 
m  |iersonnn);o  anjniïpèile  à  •■  U'Le  d'onafçi-c  »,    acoiislë    dcf 
M.  l(.>«t<>vlse\v  et  M.  l'nm.Calxl.desptomhidela  Bibiio- 
Ute,  I9ii0.^.  3:j,  n"  SSi)'). 
inn,  The  Onost'îei  and  Iheir  renuiiat,  ï*  éd.,  1887,  ji.  135, pi. 

tcui-  a  siiTiiaU-  mie  BHi-d.iiiio  du  Musée  de  New-Vurk,  dont  ta 
sente  un  monstre  avoo  nue  (olc  ics^emblanl  A  la  fais  A  celles 
uii  bouc  'Jbid.,  p.  -i-i  L,  pi.  M.  1), 


ISTAILLES    DE    L\    8KCTE    DES    OMltTES  1! 

qui  vouait  un  culte  au  serpent.  Ses  adeptes  étaient  appeit 
i^Ctzi,  d'après  la  tradition  ecclésiastique  la  plus  générait 
cependant  Origène,  qui  fournil  peut-être  (a  meilleui 
source  pour  la  question,  les  nomme  sçiavsi.  D'ailleurs, 
racine  du  nom  reste  la  même. 

l/»doration  du  serpent  fut  certainement  la  base  du  cul 
des  Ophiles',  mais  il  est  moins  aisé  de  discerner  les  idé< 
sur  lesquelles  celte  adoration  est  fondée.  S'il  s'agit  du  sei 
peut  de  la  Genèse  —  et  cette  hypothèse  est  probable  poi 
les  sectes  qui  dérivent  de  la  doctrine  de  Marcion  -,  —  li 
Uphites  ont-ils  considéré  ce  serpent  comme  une  sorte  ( 
sauveur,  qu'ils  plaçaient  même  au-dessus  du  Christ, pan 
qu'il  avait  donné  à  l'homme  la  connaissance  du  bien  et  c 
mal  3  ? 

D'autres  données  montrent  l'antagonisme  do  ce  diei 
serpent  avec  le  dieu  de  l'ancien  Testament  luldahaoth 
Celui-ci,  d'après  saint  Épîphane,  précipita  du  Ciel  le  se 
pent  <|ui  avait  donné  à  l'homme  la  connaissance  de  beai 
coup  de  faits. 

Sans  chercher  à  discuter  ici  cette  question  obscure,  reti 
noQs  seulement  qu'au  commencement  du  m"  siècle  li 
Ophites  étaient  toujours  de  fervents  adorateurs  du  scrpcn 
On  ne  saurait  donc  douter  qu'ils  lui  ri-cnnnaissaient  u 
rôle  protecteur,  rôle  qui  n'est  pas  sans  analogie  avec  cel' 
que  l'antiquité  classitjue  a  donné  au  même  animal  '.Rappi 

I.  Cf.  TerluIKen.  De  prxieripi . ,  c.  \li  ii  :  ■  Natn  srrpi'iitrm  niniinilica 

i-  EuK-  de  Paye, Gnoif i(f Uei  ei  Gnoilicisme.  Inl.l.  ]i.  33~. 
y  Ibid..  p.  MS.  N'uuhlions  pas  le  pii«»Htt,-  de  «ainl  In-ni'e  .)ii  il  csl  qiu 
■ma  de  laSopliia  anilri>|cyiie,  qui,  d'upW-''  oertniiis  <jiiii^li(|iii-s,  atHil  iiiiH 
(■•row  d'un  ..(Tpnil  Jr.-iicc,  Oiiilra    Ilirreses.  \.\.  e.  iïï,  jS  l;..    Min' 
ftlr.lir-,  i-  VII.toI.  TOI  . 

I.  Or  celui-ci  liKUi-e  en  lète  dei  six  cliciii  !iu]«;m>urs  de>^  <>phiti'!>.  l 
•ulreaaunt  :Jëo,  Sabaolh.  Ailaphiiiii.  Kliiaint,  Orsint.  C.t.  Ti'rtiilli<-ti.  i 


iSO  l^■rAl!îr,ES  dk  i.a  sectk  des  opiiites 

Ions  que  saint.  IDpiphane  a  décrit  le  principal  rite  des 
Ophites,  qui  éliiit  une  sorte  de  parodie  de  rEucharislie.  Au 
cours  île  la  ct-rénionie  religieuse,  on  apportiiit  un  coffret 
qui  contenait  le  serpent  divin  ;  celui-ci  en  sortait  et  circu- 
lait au  milieu  des  éléments  eucharistiques'. 

Le  serpent  seul,   dont  le  rôle  religieux  est  si  grand  diins 
tant  de  cultes,  ne  suflirtitt  évidemment  pas  à  motiver  l'at- 
tribution aux   Ophites   des   talismans   qui   font  l'objet  de 
noiio  nnH,.i.      Vf-is  l'autre  ligure  gravée  sur   ces  talismans 
enl sérieux  en  fiiveur  de  cette  attribution, 
ait  déjà  que  celte  secte  gnostique  révérait 
âne,  appelé  WapOipawO  ou  '0'i:r,'t.''. 
ait,    (tu  septième   rang,  parmi  ceux  repré- 
apparence  plus  ou  moins  humaine  sur  le 
;)   que    Ccisus   attribuait   aux  OphiteR  et 
,   procuré  afin     d'être  documenté  pour  sa 
ans   un  autre  paragraphe  du  même  livre. 
s  la  même  phrase,  des  génies  à  tète  d'âne 

s  génies  présentant  ces  aspects  font  80u- 
icisnie  est  largement  imprégné  d'éléments 
livres    gnustiques    nomment,    parmi    les 

rM]i(iL'li-  le  roi.!  du  E.cri)L'iil  ilaiis  la  ri>Ji(,-io.i  (rrrciiiie 
.Cr.  I,.  mk- -lU'rIsKi'iir  ilii  se rpfnL  d'airain  d<>  Muïsp. 
r.  ft«TMP»(Mi^-...\P.rt-.l    Xl.l,  cil.èiH.  liv.  I,  t.m, 

OT-IJ,-,  iv  a';  :.  liTÙt  ÛS-;  iu.-r'fir,.  y.n\  ij:i5iBoïO[  ■;<,[,- 
i'iivi;.  op.  cil.,  y,.  31"  tl  ;11H. 

l'.ftsiiiii,  VI,  ;iii  :  j,-t.i-.i'j'h  T(ù  ô'.ïvpâjijiaT!  tCpojAC.  ^Tl 
;;  Vti-/lt}i  ih,  ivo£;';.;,-  t:;  Tjy/iv-v  (Pa/rr.f.  gr..  V.\\, 

ic  Kclirrjiefhichledet  Vr<:liriitenlhiim*.t>i»i.  p.ïiO: 
liiliU  des  allckrUltif lien   Ulteralur  bii    Kattbiut. 


ÏNTAILLES    DE    LA    SKCPE    DRS    OPHITKS  151 

archontes  du  Ciel,  le  dieu  égyptien  Seth  à  coté  de  laô;  et 
Set  h,  considéré,  d'autre  part,  comme  Tun  des  démons  infer- 
naux, a  certainement  joué  un  rôle  important  dans  la  magie 
g'nostique  ^  On  a  même  reconnu, sur  \xne  tabula  devotionis, 
un  personnage  à  tête  d'âne,  qui  serait  le  dieu  Seth,  assi- 
milé au  Typhon  des  Grecs.  Il  est  vrai  que,  sur  les  monu- 
ments égyptiens  les  plus  anciens,  l'animal  symbolique  de 
Seth  «  est  un  quadrupède  au  museau  busqué,  et  dont  les 
«  oreilles  imitent  la  forme  de  deux  aigrettes  droites  et 
a  carrées  ^  » . 

Un  animal,  dont  la  tête  est  ainsi  faite,  n'a  évidemment 
qu'une  vague  ressemblance  avec  un  âne;  mais  il  faut  tenir 
compte  que  le  beau  temps  des  sectes  gnostiques  correspond 
auxi]^  et  in^  siècles  de  notre  ère  :  Taspectde  l'animal  sym- 
bolique de  Seth  a  pu  se  modifier  au  cours  des  siècles.  En 
tout  cas  il  paraît  certain  que  les  Séthiens  (i^r,6iav5t,  Sethiani 
ou  Set hoïlae)  formaient  une  secte  gnostique  qu'lrénée  ne 
séparait  pas  de  celle  des  Ophites  '^  Or  nous  avons  vu  qu'un 
génie  à  tête  d'âne  apparaissait  dans  le  Panthéon  de  ces 
derniers,  et  que,  d'autre. part,  Seth  était  considéré  comme 
un  archonte  du  Ciel,  de  même  que  laô.  De  plus,  la  figure 
à    tête   d'âne  des    deux  intailles  est   accompagnée  du  nom 

IACa)* 

Assurément,  on  pourrait  citer  d'autres  tyj)os  gnostiques, 

tout  différents,  qui  sont  accompagnés  du  même  nom, 
destiné  sans  doute  à  qualifier  nettement  les  talismans  qui 


1.  Cf.  H.  Wûnsch, Sethiantsche  Verfluchunyslafetn  nus  Hom^  1.S9H,p.96 
et  s. 

2.  E.  de  Roupô,  Notice  des  monuments...  galerie  d'antiq.  égypt...  au 
Musée  du  Louvre,  6*  éd.,  1880,  p.  56.  Aujourd'hui  encore,  on  reste  incer- 
tain en  ce  qui  concerne  rcspcce  do  cet  animal  sacré. 

3.  Saint  Irénée,  (Montra  luercses,  1.  I,  c,  \\x.\k  \b  iMigne,  Pair.  gr.. 
t.  VII.  col.  694  et  s.).  Au  contraire,  saint  Kpiphane  établits&ait  une  dislinc- 
tion  entre  les  deux  sectes  {Adv.  Itœreses,  \.  I,  tom.  lîl,  Hœres.  x\x\u  et 
XXXIX.  Migpe,  P.  G.,  t.  XLl.  col.  641  et  665j. 


/ 


l''>2  l>T«II.I.E»i    t)E    lA    SK.nE    UKS    nPniTF.S 

le  portent  '.  Mais  quicoinjue  a  étudia  les  traditions,  qui 
nous  ont  été  conservées  sur  les  sectes  gnostiques,  ne  sau- 
rait être  surpris  lie  l'cxislencede  tant  de  formes  dilTéréntes 
pour  des  éléments  divins. 

Tout  ceci  ami-ne  inévitablementà  parlar,  une  fois  de  plus. 
itiifôlàliP»  ^raflite  du  Palatin. qui  représente  un  personnage 
i  crucilié.  On  sait  que  la  plupart  des  conimen- 
-econ naissent  un  dessin  satirique,  visant  un 
arce  que  les  Romains  attribuaient  aux  adeptes 
'lie  religion  le  culte  des  ânes,  dêjit  reproché  aux 

ftîte  nVsl  pas  simplement  la  manifestation  de 
rendu  à  Typhon-Seth  par  un  de  ses  adorateurs, 
l'a  soutenu  assez  récemment  ^,  on  peut  tout  de 
proposer  une  explication  assez  logique  et  qui 
;urellement  de  ce  que  nous  savons. 

pri>ch<'  aussi  le  nom  laôdu  dieu  des  Juifs  el  le  mol  co|>t<^  ei6. 

y.  dans  la  Her.  témiliqae.  1903.  p.  tîi). 

de   saint  f:piphane,     .{dr    hirrttet.    XXVI,  J  I   ;  "ÏUai  Ss  ni' 

pas  que  Jupiter  SabaiiiiK.  équivalent  du  Bacchus  ^^'O- 
identifié  avec  le  Jalivé  Zebaoth  des  Juifs  .Tuy.  le  comnien- 
■'ram  Cuuioiil,  sur  le  passade  des  •  Questions  de  table  de 
ms  les  Comfife)  rendai  de  t'Arad,  dfa  inirr.  e(  beUet-UIlm, 
\.  I/auleur  yi'ludie  aussi  la  i-onibinaison  des  doctrines  juive» 

lihliojîrapliie  dans  le  Diclionnaire  J'xrchrologir  chrriiennt 

par  n.  Cabrol  el  l.etlcii-i[.  t.  lit.  î*  p-,  1611.  J.  r.  CVuei^, 
«■ 
'ly  n  publit^  dans  lis  C» 

vmx.  p.  k:<-93   un    ui-tiele  on  il  fan 

par  Jc'iuïplie.  porte  -   li''le  de   eantliare    •   au  lieu 

un  eompte  rendu    it'uu  unviu^-e  d'Adolf  Harnnc-k. 

di'jA  r»il  remai-quer  que.  dans  'leni  endroits  du 
îHe  de  l'ftue  sBCré  de  Baoehu^,  on  h  olianfté  dans  si 
Battelin  rrifi^iie,   ii*itl,    ji.  2HÎ  . 

ch,  l.f  ciille  lie    l'nne.iluns   l'.lnfArn/inloffie.  n03.  p 
f  et  relijfions.t.  1".  1905,  p.   :t4jl, 
.■urs..iil  repoussé   le    i>ap|iri 


IXTAll.I.Ea    DE    I.A    SKCTB    DES    OPHITES  ' 

D'autre  part,  le  nom  lao  était,  chez  les  Juifs,  un  > 
titres  nivstiques  de  In  ilivinîlt^  '  et  les  Opliites  avai 
lionne  ce  même  nom  à  l'un  des  f^éiiies  suliordoniiés  par  » 
iiu  t>éateur.  D'un  autre  côté,  d'après  les  réfutations  i 
écrits  de  Celse  par  Oiiffène  '■'.  Celse  prétendait  démont 
((ue  les  0|)hiles  étaient  des  (Chrétiens.  Orij^ène  B'eiror( 
lie  prouver  le  contraire.  De  plus,  selon  saint  Epiphane 
secte  des  Séthieiis  soutenait  que  Setli  était  identiqu 
Jésus  ^. 

N'oublions  pas  non  plus  les  passages  de  saint  Irénée,  i 
dans  l'exposé  de  la  doctrine  des  Ophites  et  des  Séthîens 
entrevoit  la  manière  subtile  dont  ceux-ci  tentaient  de  coi 
lier  l'origine  et  l'existence  du  Christ  avec  celles  des  géii 
de  leur  secte  '. 

Toutes  ces  idées,  plus  ou  moins  obscures,  pouvait 
jiruvenirdeplusieurs  faits  que  nous  connaissons.  Uncert 
nombre  de  Chrétiens  portaient  des  amulettes  et  employa  ii 
des  incantations  ^,  qui  avaient  sûrement  de  l'analogie  a' 
les  pratiques  des  gnostiques. 

I.  Diodore  de  Sidlc  le  ^vail.  Cf.  K.-X.  Kraus.  Real-F.nci/klnpiiJie 
ehrUllirhrn  Alterthamer.  IXM.  t.  II.  p.  116  :  Paiilv-Wi^sown,  «en. 
niklopajie  f.  da$  kUnkhe  AUtrtam,  l.  VII.  arl.  Gnimn  p.ii-  Itoussil. 
liio. 

î.  Conlrx  CeUam.Vl,  îl  à  38. 

J.  S«inl  Épi|>hBiie.  3a,  I  :  "l  «Ûtov  <:hi  tÔv  '\t,io-::--  6;af:£?»K,jvTa! 
Paulv-VViiMivi-a,  for.  eil..  cil.  liia.  nrl.  Gnostiker'.  VA.  Tciliiir[.>ii. 
'■'■«cT..  c.  ïi.vii.  fin. 

l^ieslA  ra|iprnrhcr  du  pB-nr-age  si  ouiinu  do  Ti-rliillJLii.  rcliilif 
^we  d'Aiic.  ■ci-ucnpaf.'nùc  de  l'inMTipliim  Dfut  Christiiiniiriim  <-l  | 
"■enre  â  travers  In    ville  du  Cartlia)i<-    i.XpnUiii..  r.  wi.  l'uir.    lai.,    I. 

I.  Sainl  Iréfi'e,  Cnnira  hareses.  I.  i.c.  \\\.  I,  2,11,  1'.'.  1.1  cl  11. 
'■'■  Viiy ..  par  exempli.'.  Icn  -«.Tinans  ri'-uiiïs  à  la  suite  île»  ii'iivi<">  ilc  si 
Aujmltn  ;  -    S.ileiil  etiam  miiliereR  lilii  iiivioeni  persiiAdiTi-.  lU  ivfi-nl 

•  I  hMiil  adliiheic  (Serm-.CCl.XXIX.  S  1.  Pnlr.hl  .  l  X\XIX,,  ..l.JÏ 
-  HyliH-tirria  etiam  dial>i>liea  et  i-liaracleres,  eul  lu'rhu!'.  mil  Mii>'i-r>s 
■  «m.ui^  auii.-.iaero»  :S  Tiim  Ci:i..X  V.  S  J.  Mime  vi.l,.  cal.  L'ÏSH,. 


151 


INTAILLKS    DE    IJi    SECTE    DES   OPHITES 


Quelques  amulettes,  qui  ont  cette  origine,  portent  une 
ânesse  ou  un  âne  ^  On  possède  même  un  petit  monument 
(le  celte  catégorie  qui,  autour  de  Tânesse  allaitant  sou 
petit,  présente  le  nom  du  Christ  (DN  IHV  XPS  DEl 
FILIVS)  '^.  L'àne  paraissait  aussi  à  côté  d'inscriptions 
funéraires,  au  moins  en  Afrique  •*. 

Ainsi,  FAne  nVHait  pas  rare  sur  des  monuments  d'origine 
chrétienne,  et  l'on  est  autorisé  à  penser  que  des  ligures  à 
tête  d'àne  *,  analoj^ues  à    celle  des  deux    intailles,  ont  pu 


ro;ovrj;  /aaafûjjLîvo;...    \Uo\  i-itov.  Pair,  ffr.^  t.  XXVI.  col.  1320). 

Ksi -ce  par  hasard  (jue  saint  Athanasie,  en  blâmant  celui  qui  paie  pour 
une  iucanlatioii  au  serpent,  le  compare  à  un  âne?  Bien  que  la  comparaisou 
n';iit  rien  de  sui'preiianl,  on  ne  saurait  toutefois  oublier  que  le  ^rénie  €» 
tête  irànc  et  le  serpent  sont  associés  sur  let*  mêmes  amulettes. 

Je  citerai  enc<»re  le  cljaj)itre  lxxxix  des  anciens  statuts  de  l'Église, 
lixés  au  ('oncile  de  Carllia^^e,  en^3fi:  «  Aufruriis  vel  incantationibus  ser- 
vientem,  a  conventu  ecclesia»  separandum.  Simililer  et  super?titionibu> 
Judaicis  vel  feriis  inhierenlem  »»   S.  (Jonc.  coll.  de  Mansi,  t.  Ill,  1759.  col. 

A  propos  (l'une  formule  ^n'ecque  très  obscure,  accompajrnée  d'un  texte 
latin  très  clair,  snr  un  monument  prt'sumé  jnmsiique,  Luijri  Bruz/a  a 
reniarqiu*  la  ressemblance  «le  certaines  formules  d'exorcisme  avec  celle* 
qui  sont  i-onservêcs  dans  des  manuscrits  clirêticns  Tessern  esnrcislicn. 
Home,  IHKI.   p.  10;exlr.du  Bull.  d.  Comm.archeol.  communale  i1iBom»\ 

\.   Bien  tpie  l'âncsse  ait  eu  un  rôle  particulier  dans  une  cérémonie  chré- 
tienne, on  ne  ^aurait  s'attai'der  à  la  <listinction  du  sexe  de  l'animal  sur  des 
nuHiuments  forts  petits.  11  «uOlsait  é>  idenunent    qtie  l'animal  représenté 
eût   la  sillunietle  de  iVine  pour  que  tiTlaint"*  idées  fussent  éveillées  alors 
cluv.  des  ^ens  «pii  ne  ctmnaissaient  pas  ù  fond  les  traditions  chrétiennes. 

2.  Sur  ce»i  médailles-amulettes,  vt>y.  parmi  les  travaux  les  plus  récents  : 
V.  Lenormanl,  /.a  Monnaie  ri.inn  ianttq.,  I87H,  t.  I".  p.  i3  ;  E.  Babelon. 
Traite  îles  m.  gr.  et  rom. .,  I"  p",  t.  1",  col.  fi«i  :  Kurio  Lrnxi,  dans  HHych- 
u/.s,  liiv.  tli  stuili  re/t^jov/,  mars-avril  1913  IH  alcune  medaylie  reliffi/ttf 
del  IV  si'colo,  pi.  . 

3.  Dans  un  cinu'liére  chrétien  de  Borne,  on  a  retrrnivé  une  coupe  de 
verre  représentant  un  cpiadrupéde,  accompagné  du  mot  Asinus  ,(iarrucci. 
Vetri  ornnti  tli  /itfurein  oro,  tr<n\ili  nei  citniteri  crisliani  di  Homa,  1%6L 
pi.  \\\\  11,  lu,  p.  78  .  Mais  j'ai  des  <lonle»  sur  l'ori^rinc  chrétienne  de  ce 
monument. 

.4.  On  a  si^'nalé   des   amulettes   de  Selh   à    tète  dàno   décapité  (Delatte, 
tians  Mn^pc  hehfc.  |0I  ».  p.  3o  ;  rf.  W.  Deonna.  flans  Rev-èl.  grecqueSy\9\^, 

I».  1  ;;  . 


f\ 


l<..* 


*S.s 


Cette  confusioD  élail  d'ailleurs  favorisée  par  les  faits,  car 
il  y  avait  a    Home,  sous   le  pape  Calliste  I"*  (217-222),  au 

E-  oins  une  secte  juiK-o-chrétienae,  qui  était  représeutée  par 
1  certain  Alcihiade.  Cette  secte  se  servait,  dans  ses  céré- 
onies,  de  formules,  composées  de  mots  syriaques  que 
1  OH  prononçait  à  rebours  ".  Un  conçoit  que  dos  niuls  de 
iftte  espèce  aient  pu  présenter  une  ressemlilunce  assez 
1  (wrfuitc  avec  des  formules  fjnostiques. 

Or  le  comnieiicemcnl  du  m"  siècle  fut  préiisôment  une 
[NTiode  llorissante  |M)ur  les  acides  ^nostiqucs  '. 

Il  ne  serait  donc  pas  surprenant  que  certains  élcuicnts 
!;no>.tiqut's.  superposés  ji  des  lr;iditioiis  de  cultes  judéo- 
cliréliens,  nient  produit  le  graflite  du  Pulalin, 

Je  ne  me  dissimule  pas  que  les  rappioclienients  établis 
ioi  posent  peut-être  auUint  de  problèmes  qu'ils  en  résolvent. 
Mais  on  ne  saurait  méconnaître  l'intérêt  de  deux  inl ailles 
^nosliques  d'une  catéfforie  nouvelle.  Il  est  probable  que, 
in  plusdu  dessin  (oiiYpï;j.;iia^.  qui  réunissait  vraîsemblable- 
mi'tit  les  symboles  religieux  de  la  secte  dos  Ophites,  ceux- 
<'i  ont  fait  usage  d'un  sifrne  distinclif  (;îpï-;U).  leinisàleurs 
iuitiés.  L'u  passage  d'Origène  *  contient  les  deux  termes, 
tlofit  le  sens  devait  siiremeut  être  différent  dans  les  deux 
■^■iis,  et    p<mr  cela    il  convient  de  rechercher  le  sceau  inen- 


1.  l'rc  iradiliou  analogi..'.  avre  Iji  ■ 

:».li»lilii1inn 

.le  râri. 

'ymréW  admi-P  chez  df»  Musulmans 

l-aiii,.  Mfls^ 

"l'a"'"".  ii-Xiii.  1011,  p'^'i'i  11"' 

;.  L.  Du.  ln-»liP.  Hilloirr  anc    ,lt  /  , 

K-ih-eA.  I-. 

l'W.  p 

».  UltrnuftKidfBéInicnl  iltjà  iiini 

n>  iiuniliK-in 

•lBl#. 

*.  Mrir^nï.  CoLfra  IJtliiim.  VI,  ■■!  ■. 

'y.')/,   Si  -.'• 

1;  r.--y 

".'■'   il    :;i;ij!0',jjij:wv    r.iy.      ri,;    t.: 

i;,',j'.:vi,;    m 

■VI     :':■ 

^:-'r-'^;—p.  n.A.  .\i,c'.i.  M.12.— 

!.-■  m.,1  it> 

""■  .II. T.  m..niimenl«  qui  |.....v,.nl  «| 

,1.'..  .... 

5t*>CE    M     30    AVBII.    Iît20 

i\t'  '.  Or,  d"um?  part,  nous  imssêdoDS  des  intaîtles  îndu- 
>lement  îiiiostiques.  qui  (irésentent  les  figures  d'uu 
ç  à  lêli'  ti'àne  et  dun  {^énîe  à  forme  d<^  serpent  -.  El, 
(tv  |iart,  nous  >avi)ns  que  le  Panthéon  de  la  secte  des 
ilos  t-ompr^miit  deux  •<  archootes  »  ou  génies  sem- 
les. 

ous  sommes  donc  autorisés  à  supposer  provisoirement 
ces  iitt»illes  portent  des  symimies  qui  servaient  if 
es   de   reiHinnaissance    aux  Opbîtes   et   peut-être  aux 


I.IVHKS    OFKKRTS 


,Saiili>t.  ,if      lli-torisk  Tidsskrifl  -.    C.i|.ciiliaKue,  191!). 


SKANCK  Dr  30  AVRIL 


|in<l>..s  .lu  [«..xô-v.'rlvil.  M.  le  lomle  DiimiEii  revient  ?ur 
..■i-i|itji>ti  ili-  r.-i;;i>e  S,int"Ai>i'*t.>li'  ii  Kl.ireiioe  qui  parle  d'une 
ril>iili<>ii<li'  m.iroties  irii-iii:u'iir.  av.iiil  un  caraclêi-e  dedécora- 
s,(jUiiLii-,ui  f.iil  l"li,iilfm,i^nf  ]>;is<,inl  par  Kloreiice,  el  expose 

M.  lU'iirvr.-.liiii  lui  a>i-iuik-.;i  i-et  Oi,-anl.  unourieux  docu- 
il.  iVest  i;i  loiii'iir,  .ioiuK-e.iau*  iiLi  livre  imprimé  en  1588.  du 

Il  II  l'-l  l'^iï  iniliil.Tiiit  lit'  coTi-l.iliT  llli^^  l■^»  Manichéens,  dont  le  ïï*- 
>  ri'"-''''!!'!!-  liiMiUKU)!  A  »'liii  ilor:  Oi-hili'i.  aiaicnl  i-galeiiicnt  do 
in  ilivor-  ,r.    Alliuio.  (,>ru.'i;lM''i   inifllecluellr    de  ttinl  Anguttin  : 

('.••>1  ;<  <U-~>i-iti  <|ii.- j<' tiii'  sfm  >1<- loriiit-' .<ilI<-reiiU.  Je  respecte  ain^ 
\lr  HKiiU- il  OrifToiii-   .(uo  j  .il  cilé   plus  liaul  ,».'«iîï*oj;     i«i    Spawn" 


SKANUK    Dl      OW    AVHIL     l»iHI  l'il 

brevet  même  d'une  concession,  par  Cliarlemagne,  de  sou  ordre  de 
chevalerie.  Le  brevel,  da(é  du  l"  janvier  801,  se  présente  avec 
loules  les  marques  d'une  pièce  officielle,  contresignée,  entre 
autres  témoins,  pari'  «  archevêque  de  Paris  »  (en  SOI  !  alors 
que  chacun  sait  que  Paris  n'est  devenu  «  archevêché  »  qu'en 
U'rli).  Il  s'agit,  bien  entendu,  d'un  faux  absolu,  mais  curieus  à 
relever  pour  l'histoire  d'une  légende. 

Lecture  est  donnée  d'une  nouvelle  lettre  de  M.  Millot  complé- 
tant les  renseignements  qu'il  a  fournis  à  l'Académie  relalivemenl 
a  remploi  des  rayons  X  pour  l'exploration  du  plat  des  reliures 
anciennes.  Il  fait  connaitre  .<  que  les  essais  faits  sur  les  encres 
nioderoes  [écarlale,  bleue,  verte,  jaune,  violette,  noire)  n'ont 
rien  donné  >,  el  que  «  les  ravons  \  semblent  destinés  à  servir 
uniquement  aux  archéologue-.  ■>. 

M.  Henri  Cordieh,  à  propos  de  ta  correspondance,  lit  une 
note  de  M.   Henry   Vignnud,  correspondant  de   l'Académie,  où 

il  e-l  arrivé  relativement  à  la  genèse  du  voyage  de  Christophe 
Colomb  vers  l'Amérique  '. 

M.  Henri  CoauiUR,  au  nom  de  la  Commission  de  l'I-xole  fran- 
raise  d'Extrême-Orient,  demande  à  l'Académie  d'approuver  la 
présentation  à  M.  le  gouverneur  général  dlndo-Chine  de 
M.  Victor  Goloubeff  comme  membre  temporaire  de  ['{''cole.  — 
Adopté. 

M.  Camille  Jillias  expose  à  l'Académie  les  résultats  d'un 
Iravail  de  M.  Piganiol,  professeur  à  llliiivcr^ité  de  Strasbourg, 
>ur  ic<'  gladialeum  appelés  TriiK/ui  dans  une  inscription  de 
-''ardes  de  Lydie  et  dont  le  nom,  défigure,  devait  se  lire  dans 
une  inscription  de  Sévillc,  Il  voit  d.ois  ce»  gladiateurs,  «pii 
fxi'liuent  encore  au  temps  de  Marc-AurMe,  une  snrvivitiice  de 
l'époque  celtique  et  de  la  relifiioii  gaul.iiso. 

Remarquant,  d'autre  pari,  que  rét\niol<>gLe  du  mot  franvais 
'  trancher  ■    n'a   pas   encore  clé  établie,   il  propose   de   la    faire 

1.  V.ir  ci-ipr^* 


l.lS  LETTBL    l/L    V.    VI(;>Atll 

puir  iruu  vi^rlK'  ddn»  la  racine duqui?!  enlrerail  le  mot  Irinqai 
-  ce  qui  amfnrrail  à  i>uf>po7.cr  que  lesdit»  pladiat«ura  se  ài 
■iii-i. lient  iJCi  aulri'F  en  ce  qu'ils  fiaient  liaiis  l'obli|:<iLion.  va 
iiciiri,    lie  O'iii'iT   la   lèle  di-  leur  advei->itire  ;   vaincu»,  de   t* 

MM.  S.il.-mnu  HiiMCH  ei   Jor^eph  Uth  préscnleol  qudqtu 


.  S.(h>  ii.'ii  H)  rv»i  11  lil  une  nfiie  sur  uii  bat-relief  de  la  t 
.iiii    Mi-Jui  i-Ci'li  à    M.itirid.  qu'il  rapproche  d'uii  fra^'iiieat 
-j;oe  .•0M^.■^^<■  ^u  Mus.*  de  .New-York. 
,  ("i!  i,*i.i\i-ti*NMAi   |-.Pi'~riile  quelques  obsertalions. 


a-MMlNiCAlltiN 


.It  *P>iMiANT    PE    LACAItlLVlE. 

l.rs    >al  VFRTS 

r'>-i    n    KELLLS-LETTRES , 

:m    j'itil    Vi'lume    inlitulé  : 

;■.'    .; .-.«r  leri/    >./*    America, 

-,  ■i.^iiil   Its  ci'i Illusions  auK- 

:i  .il   xi-i-as  lv>  exposer  brié- 

i-,  :.::.■. Tiii>e:il  îi  cv  qui  est 
-   :r  .s    >û."rs,   t>Ioinb  n'a 

<  ;  ',■  :,  -..1  lie  sv  n?ndre  aux 
.   ::    ,;-.;.'.  t>'  i^.iKniem  nm- 

,  ..:     ".  .->-.:,  ::,-ii;e    T<t~*.-.TneUî 


:  :;;  o;-  1^  qu  oot 
ii-.-.-ils  emineuls. 


LblTRE    DE    M.    VIUNAUD  159 

Elle»  iont,  en  elTet,  la  conséquence  logique  d'une  longue 
>uite  de  faits,  gtînéralemeiit  peu  conuua,  qui  ne  laissent 
liai  voir  iinniédiateineut  où  ils  conduisent. 

Frappé  tout  d'abord  par  l'invrai.semblance  de  la  fameuse 
lettre  de  liTi  que  Toscaiielli  aurait  envovéc  à  Colomb 
pour  lui  indiquer  que  la  véritable  roule  de  l'inde  était  celle 
Je  l'Ouest,  je  m'attachai  k  relever  les  raisons  qui  mon- 
traient que  cetU.;  pièce  devait  être  fausse,  sans  remarquer 
r)ue  toute  son  importance  était  einprunlée  k  la  supposition, 
présentée  comme  un  fait  acquis,  que  la  première  expédi- 
tion de  Colomb  avait  eu  pour  objet  le  passage  aux  Indes 
par  l'Ouest. 

Ce  ue  fut  qu'en  creusant  lu  matière  que  je  linis  par  voir, 
Lr  qu'aucun  de  mes  critiques  n  a  vu  d'ailleurs,  que  lors 
même  qu'il  serait  démontré  péremploiiemenl  que  cette 
Uttre  fût  authentique,  la  question  fondameutale,  la  si-ule 
<}u  il  y  iiit  un  grand  intérêt  historique  A  trancher  était  celle 
du  véritable  caractère  de  l'entreprise  de  1192. 

En  elTet,  si  le  but  de  Colomb,  en  1492,  n'était  pas  les 
Indes  orientales,  qu'importe  qu'il  ait  ou  n'ait  pas  été  eu 
rapports  avec  Tosciinelli*.' t^u  importe  que  cet  astronome 
lui  ait  ou  ne  lui  Mt  pas  indiqué  la  roule  à  prendre  pour 
aller  aux  Indes,  puisque,  dans  ce  cas,  la  lettre  indicatrice 
wrait  restée  étrangère  à  ce  que  le  découvreur  a  voulu  faire 
cl  à  ce  qu'il  a  fait? 

.\  ce  point  de  vue  spécial,  lu  ([uestion  de  iauthenlicité 
'les  rapports  (jue  Colomb  aurait  eus  avec  Toscauelli  devient 
indiirércnte  el  s'elTace  coniplëtemi-ut  di-vanl  cille  ihi  véri- 
Ulile  uhjel  de  l'entreprise  mémnrahb'  de  Ii!l2.  tl'fst  ii 
'  ^^Mnien  de  ce  problème  historique  qui'  j'ui  consaii.'  mou 
llittoire  crilif/iie  de  t'enl.i-eiinni'  ilc  l  iihj  où  je  cii>is  avoir 
aamiré  ijuc  l'objet  de  Odomli.  en  1  1112,  élait  la  docm- 
>ef(e  d'uiK-  île  sur  laquelle  il  avait  d<-.s  iiidicalioii>.  et  <\m' 
'■e  nVsl  qu'après  avoir  trouvé  <'fltc  ili'  liieii  au  delà  i\v  la 
Ji-tl-ince   k    laquelle   il    la  orovail    siluéi-,    qu'il    s'imaiiina 


)gO  LKITKL    liE   M.    VtGNAUD 

s'être  avancé  jusqu'à  la  mer  des  ludes  et  qu'il  crut  avoir 
découvert  une  route  nouvelle  conduisant  aux  exirémités 
orientales  de  l'Asie,  illusion  que  rien  ne  put  dissiper  chei 
'■li  et  qu'il  conserva  jusqu'à  ses  derniers  moments. 

Est-ce  à  dire  que  cette  conclusion  annule  les  motifs  qui 
oiinent  h  penser  que  la  lettre  dite  de  Toscanelli  est  apu- 
rvphe?  Nullement.  Il  n'y  a  là  qu'une  possibilité.  Les  rai - 
uns  (lui  militent  contre  l'authenticité  de  celte  pièce  cnn- 
ervent  toute  leur  valeur,  et  la  critique  peut  trouver  une 
xplication  de  cette  singulière  supercherie  dans  le  fait, 
liment  constaté,  qu'au  lendemain  de  la  grande  dfcouverle 
ersonue  ne  crut  que  Colomb  revenait  des  Indes  orien- 
ules  où  il  disait  avoir  voulu  aller,  et  que  l'opinion  s'accré- 
iUiit  qu'il  n'avait  découvert  que  ce  qui  lui  avait  été 
idiqUê. 

C'est  alors,  et  alors  seulement,  que  les  Colomb  avan- 
èrent  que  le  grand  Génois,  qui  n'a  jamais  écrit  le  nom  de  ! 
"oscanelli,  avait  été  en  rapports  avec  ce  savant  et  proJui-  | 
irent  une  Icllre  qu'il  aurait  reçue  de  lui  et  dans  laquelle 
a  roule  des  Indes  par  l'Ouest  est  indiquée  et  recomman- 
lée  lethe  connue  d'eux  seuls,  et  qui  serait  toujours  restée 
ncônnue  s'ils  ne  l'avaient  pas  publiée.- 

Dans  ces  conditions,  la  criliqne  est  fondée  à  dire  que. 
Taie  ou  fausse,  cette  lettre  n'a  été  produite  que  pour  eon- 
irmer  la  prétention  de  Colomb  d'avoir  toujours  voulu 
iller  aux  Indes  asiatiques  et  contredire  l'opinion  prévu- 
ente  qu'il  n'avait  découvert  que  ce  qui  lui  avait  été  indi- 
|ué. 

U,-n.urqu.-/,  ciue  c'est  précisément  l'elTet  produit  par 
■i-ILc  pul.li.'ation.  Avant  cela,  personne  ne  sait  que  Colomb 
.-(■Uni  nnip.-sé.  en  H!I2,  d'aller  aux  Iodes.  Après,  loulie 
nonde  le  dit,  à  commencer  par  Ilerrera,  qui  ne  sappuie 
,ne  sur  le  lémoignaKe  des  Colomb,  et,  depuis,  on  a  con- 
.inué  il  le  dire. 


LETTRE    DE   M.    VIGNAUD  161 

qtie  la  publication  de  cette  pièce,  connue  des  seuls  Colomb, 
eut  aussi  pour  effet  de  dépouiller  le  grand  Génois  du 
mérite  auquel  il  tenait  le  plus,  celui  d'avoir  découvert  une 
route  nouvelle  et  plus  avantageuse  pour  se  rendre  aux 
pays  des  épices,  et  de  reporter  ce  mérite  à  Toscanelli  qui 
devint  ainsi  pour  la  postérité  l'initiateur  de  la  découverte 
du  nouveau  monde. 

Il  tombe  sous  le  sens  que  si  les  Colomb  ont  jugé  à  pro- 
pos de  reproduire  une  pièce  qui,  dans  un  sens,  était  si  pré- 
judiciable à  la  mémoire  du  découvreur,  c'est  que  sous 
d'autres  rapports  elle  pouvait  et  devait  contribuer  à  sa 
gloire.  Autrement,  vraie  ou  fausse,  ils  n'en  auraient  pas 
parlé,  et  nous  ignorerions  encore  son  existence  possible. 

Il  est  de  fait  que  c'est  de  cette  publication  que  date  la 
croyance,  aujourd'hui  si  généralement/  accréditée,  que 
l'Amérique  a  été  découverte  en  tentant  de  passer  aux 
lades  par  la  voie  de  l'Ouest  et  que  c'est  à  Toscanelli  qu'ap- 
partient la  priorité  de  cette  idée.  Si  elle  n'avait  pas  eu  lieu, 
l'histoire  ne  pourrait  attribuer  à  ce  grand  événement 
d'autre  cause  que  celle  indiquée  par  les  contemporains, 
mentionnée  plus  haut.  / 

Si  je  ne  craignais  d'abuser  de  votre  patience,  je  rappel- 
lerais aussi  qu'outre  les  raisons  qui  montrent  que  Colomb 
n'avait,  en  1 192,  d'autre  objet  que  la  découverte  d'une  île 
qu'il  disait  connaître  et  qui  était  vraisemblablement  la 
fameuse  Antilia,  .souvent  cherchée  et  jamais  trouvée,  il  y 
en  a  qui  font  voir  que  Martin  Alonso  Pinzon,  sans  le  con- 
cours duquel  il  est  certain  que  l'expédition  n'aurait  pu 
avoir  lieu,  ne  s'y  associa  qu'à  la  condition  qu'on  cherche- 
rait aussi  Cypanges. 

Je  pourrais  également  démontrer  que  ce  que  Colomb  a 
réellement  fait  est  plus  méritant  que  ce  que,  par  une  sln- 
Ifulière  aberration,  il  a  cru  avoir  fait,  et  que  c'est  à  juste 
titre  qu'il  est  appelé  le  grand  Génois  ;  mais  je  renvoie  j)our 
cela  aux    dernières    pages   de  mon   II Is foire  de  la  grande 

1910  11 


162  LIVRES^OPFERTS 

entreprise^   pages  qui  terminent  également  mon  mémoire 
anglais. 

Je  demande  à  .rAcadémle,  dont  j'ai  été  deux  fois  le 
lauréat  et  qui  m'a  fait  l'honneur  de  me  nommer  un  de  ses 
correspondants,  de  prendre  connaissance  des  raisons  qui^ 
à  mes  yeux,  justifient  les  conclusions  ci-dessus  formulées 
et  de  se  prononcer  sur  leur  valeur. 

La  question  soulevée  mérite  qu'elle  lui  accorde  une 
attention  particulière,  car  il  n'y  en  a  pas  de  plus  impor- 
tante dans  le  domaine  des  sciences  historiques,  et  j'ai 
conscience  qu'elle  trouvera  dans  le  petit  volume  que  je  lui 
soumets  les  éléments  nécessaires  pour  dire  si  réellement 
nous  sommes  en  erreur  depuis  plusieurs  siècles  sur  le  véri- 
table caractère  du  plus  grand  événement  de  Thistoire  du 
monde. 


LIVRES  OFKEHTS 


Le  SEr.nÉTAiHB  pehpétukl  offre  au  nom  des  auleurs^  les  ouvrages 
suivants  : 

Stanislas  Millot,  Shaw,  ses  éditeurs  et  ses  traducteurs  (Alg^r,  19t9, 
platjuetle  in-S")  ;  Xavires  et  Marins  d'autrefois  (extrait  de  V Afrique 
du  Nord  illustrée^  1913)  ;  Les  Corsaires  barbaresques  (entrait  de 
l'Afrique  du  Nord  illustn^e,  1919)  ; 

Maurice  Besnier,  L'interdiction  du  travail  des  mines  en  Italie  sous 
la  llépublique  (extrait  de  la  Revue  archéologique^  1919)  ;  Récents  tra- 
vaux sur  les  De  fi  xio  nu  ni  label  la*  latinx^  190^-1914  (extrait  delà  Revue 
de  Philologie,  année  et  tome  XLIV,   l"**  livraison,  janvier  1920), 

M.  Joseph  LoTH  offre  à  l'Académie  ses  Remarques  et  additionna  U 
grammaire  galloise    historique    et   comparée   de   John  Morris  Jones 
extrait  de  la  Revue  Celtique^  1919). 

M.  H.  CoRDiER  présente  une  brochure  de  M.  Henry  Vignaud,  cor^ 
respondant  de  l'Académie,  intitulée  :  The  Columbian  tradition  onthe 
diacovery  of  America  and  on  the  part  played  therein  by  the  aslronomer 


' 


j 


166  SÉANCE    Df    7    MAI    1920 

le  temps  même  où  notre  Cabinet  des  médailles  venait  de  s'enri- 
chir de  la  collection  Waddington.  Ai-je  besoin  d'ajouter  qu'après 
s'être  séparé  de  son  médaillier,  noire  correspondant,  en  bon 
collectionneur,  n'eut  d'autre  souci  que  d'en  former  un  nouveau? 
et  comme  entre  les  mains  de  ce  numismate  illustre  passait  tout 
naturellement  la  plupart  des  pièces  qui  venaient  de  Grèce  ou 
d'Orient,  ai-je  besoin  de  dire  qu'Imhoof-Blumer  laisse  en  mou- 
rant une  collection  nouvelle,  qui  ne  le  cède  pas  à  celle  d'autre- 
fois? 

u  Mais  Imhoof-Blumer  ne  s'est  pas  contenté  de  rassembler 
(le  précieux  documents.  Il  les  a  publiés  avec  une  ardeur  infati- 
fiable  ;  et  si  ses  grands  recueils  ne  contiennent  guère  de  com- 
mentaires développés  au  point  de  vue  historique,  épigraphique 
ou  mytholoiiique,  cependant  Tcruvre  immense  qu'il  a  accomplie 
demeurera  toujours,* par  la  nouveauté  et  la  richesse  des  infor- 
mations, la  sûreté  des  lectures,  la  certitude  des  attributions,  le 
scrupule  méticuleux  de  Texactitude,  l'esprit  critique  toujours 
en  éveil,  une  base  indestructible  des  recherches  numismatiques. 
Il  suffira  de  rappeler  ici  le  titre  de  quelques-uns  de  ces  vastes 
répertoires  :  les  Monnaies  grecques^  qu'Imhoof-Blumer  publiait 
en  1883  sous  les  auspices  de  l'Académie  royale  de  Hollande,  et 
où  apparaissent,  pour  la  première  fois  en  numismatique,  plus 
de  quarante-trois  villes  nouvelles  et  plusieurs  dynastes  inconnus; 
les  Griechische  Mûnzen  (1890'  et  les  Kleinasiatische  Mûnzen 
(1901),  et  les  Antike  Griechische  Mûnzen  (1913),  et  ces  grands 
recueils,  dont  l'Académie  des  sciences  de  Berlin  avait  confié  la 
haute  direction  ii  notre  correspondant,  le  Corpus  des  monnaies 
de  la  Grèce  du  Nord  (1899),  les  Monnaies  antiques  de  MysCe 
(1913),  et  dont  plusieurs  volumes  déjà  ont  paru. 

«  De  nombreuses  dissertations  spéciales  —  la  plus  ancienne 
date  de  18(>8,  la  dernière  remonte  à  quelques  semaines  à  peine 

—  étaient  comme  la  distraction  que  notre  correspondant  se 
donnait  entre  ses  grands  ouvrages  et  n'attestent  pas  moins 
qu'eux  sa  curiosité  toujours  attentive  et  cette  infatigable  ardeur 
que  Tàge  —  Imhoof-Blumer  est  mort  à  quatre-vingt-deux  ans 

—  n'avait  point  ralentie. 

M  Notre  confrère  M.  Babclon,  que  je  ne  saurais  assez  remer- 
cier d'avoir,    très    amicalement,    renseigné    mon    ignorance    et 


^T^^.'-,-'-  -3^:'".'.  7t  ^^'.Tï  i-r-,  -.  i^f-.-r*n'-'.-r^ 


SKANCE    Dl     7    MAI    1920  167 

rendu  mon  incompétence  moins  éclatante,  m'écrit  :  «  Les 
numismates  étaient  habitués  à  considérer,  depuis  la  mort  de 
Waddinglon,  M.  Imhoof-Blumer  comme  le  premier  d'entre 
eux.  »  Je  ne  saurais,  Messieurs,  marquer  plus  justement  que  par 
cet  hommage  que  lui  rend  un  de  ses  pairs,  ce  qu'était  notre 
correspondant  et  la  grandeur  de  la  perte  que  fait  la  science 
par  sa  mort,  ni  justifier  mieux  les  regrets  profonds  qu'en 
éprouve  l'Académie.  »  v 

M.  Henri  Cordier,  au  nom  de  la  Commission  du  prix  Slanislas 
Julien,  annonce  que  le  prix  a  été  décerné  à  l'ouvrage  de 
M.  Granet  intitulé  :  1j€s  fêles  et  chansons  anciennes  Je  la 
Chine. 

M.  le  comte  Durrieu  fait  connaître  que  la  Commission  du  prix 
Raoul  Duscigneur  (3,000  fr.)  a  partagé  ce  prix  entre  M.  Puig  y 
Cadafaich,  pour  ses  travaux  archéologiques,  et  notamment  pour 
sa  participation  au  grand  ouvrage  sur  VArchileclure  romane 
en  Calalogne^  et  M.  Melida,  pour  l'ensemble  de  ses  travaux 
0ur  les  antiquités  ibériques. 

M.  le  comte  François  Delahorde  communique  la  décision  de 
ta  Commission  du  prix  La  Fons-Melicocq,  qui  a  attribué,  sur 
les  disponibilités  de  la  fondation,  une  somme  de  quinze  cents 
francs  au  D*"  Leblond,  pour  la  publication  du  Ckrlulaire  de 
rifôlel-fJieu  de  Beauvais,  et  une  somme  de  cinq  cents  francs  à 
M.  Clovis  Brunel,  pour  une  étude  manuscrite  sur  le  Roman  de 
la  fille  du  comte  de  Ponthieu,  ainsi  que  pour  quelques  autres 
ouvrages  relatifs  à  l'histoire  du  Ponthieu. 

Le  H. P.  Maurice  entretient  l'.Académie  de  l'art  graphique  et 
sculptural  des  Balouba,  peuplade  de  l'Afrique  équatorinle. 

MM.  Sak>mon  Hkinach,  DuRRiKiet  Pottier  présentent  quelques 
observations. 

Après  un  comité  secret,  le  Prksii>ent  fait  savoir  que  le  prix 
Jean  Heynaud  est  décerné  à  r<i*uvre  de  .M.  Kniile  Berlaux. 


168 


Ll\  Ri:S  OFFERTS 


Le  Skiiicktaiue    piiHi'FrrirEL  offre  au    nom   des   auteurs,   ileux  bro- 
chures : 

Ernesl  Andrieu,  Lef  pleurafits  des   tombeaux  des  dura  de  Bour- 
gogne ; 
.    Fritz  llolm,  The  \estorian  monument, 

M.  Henri  (>onDiEn  a  la  parole  pour  un  hommage  : 
«c  Au  nom  de  l'auteur  M.  Bernhaixl  Karlgren,  j'ai  l'honneur  de  pré- 
senter à  TAcadémie  .4  Mandarin  Phonetic  Reader  in  the  Pekinese 
diaïect  et  le  fascicule  X  de  son  Etude  sur  la  Phonologie  chinoise  dont 
les  deux  premiers  fascicules  ont  obtenu  en  1916  le  prix  Stanislas 
Julien.  M.  Karlgren,  ancien  élève  de  Chavannes,  pour  lequel  une 
chaire  vient  récemment  d'être  créée  à  G6lei>org,  en  Suède,  a  fait 
faire  à  la  phonétique  chinoise  un  progrès  décisif  en  réludiant  par 
une  méthode  scientifi«|ue.  Le  but  qu'il  se  proposait  était  :  1<*  de 
reconstmire  de  l'ancien  chinois  ce  qui  est  nécessaire  |)our  donner 
un  point  de  départ  sûr  h  l'étuile  méthodique  de  la  langue  moderne 
dans  ses  différents  dialectes  ;  2"  de  présenter  un  exposé  entièi*enienl 
descriptif  de  la  phonétique  des  dialectes  chinois,  condition  indispen- 
sable pour  3"  montrer  par  une  étude  phonologique  comment  les 
dialectes  modernes  se  sont  développés  de  l'ancien  chinois.  >» 


SÉANCE  DU  44  MAI 


PRKSIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIEHL. 

Lecture  est  donnée  de  la  lettre  par  laquelle  M.  Paul  Laconibe 
pose  sa  candidature  à  la  place  d'académicien  libre  devenue 
vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Dieulafoy. 

A  i>ropos  de  la  correspondance,  ^L  Salomon  Reinach  lit,  au 
nom  (le  M.  Cimont,  la  note  suivante  sur  les  fouilles  du  Pala- 
tin : 


SÉANCE    DU    H    MAI    1920  169 

«  Malgré  le  manque  de  main-d'œuvre  et  la  réduction  des 
crédits,  les  fouilles  entreprises  sur  le  Palatin  par  M.  Giacomo 
Boni  se  sont  poursuivies  durant  la  guerre  avec  un  heureux 
succès.  Elles  se  sont  portées  vers  la  partie  orientale  delà  «  Place 
du  Palatin  >  (area  Pulatina)  pour  retrouver  le  clivus  sacer  de 
TFlmpire  qui,  de  la  partie  la  plus  élevée  de  la  Voie  sacrée 
somma  Sacra  r«a),  montait  vers  le  palais  des  Flaviens  et  le 
temple  de  Jupiter  Victor.  Sur  le  parcours  de  ce  clivus,  on  a 
mis  au  jour  les  fondements  de  piliers  énormes  qui  appaf  tenaient 
à  un  arc  de  triomphe,  construit  par  Domitien,  probablement 
lorsqu  après  ses  victoires  sur  les  Câttes  il  se  fit  décerner  le  titre 
de  Germanicus  (84  ap.  J.-C).  A  gauche  de  cet  arc,  s'élevait,  ce 
semble,  le  temple  de  la  Victoire  [aedes  Victoriae)  qui  disparut 
ensuite  sous  une  massive  construction  médiévale  de  blocage 
noyé  dans  du  mortier.  C'est  un  reste  des  fortifications  élevées 
sur  le  Palatin  par  les  Frangipani.  Cette  puissante  famille  était 
férocement  hostile  aux  Catani  qui,  en  1118,  réussirent  à  faire 
nommer  pape  Tun  d'entre  eux,  sous  le  nom  de  Gélase  11,  par 
un  conclave  auquel  assistèrent  les  seuls  ecclésiastiques,  à  l'exclu- 
sion des  nobles  et  du  peuple.  Ce  conclave  s'était  réuni  à  Sainte- 
Marie  in  Pallara,  à  Textréme  bord  oriental  du  Palatin,  mais 
Cencio  Frangipani  s'empara  de  la  personne  du  nouveau  pontife 
et  le  tint  enfermé  dans  une  tour  qui,  par  suite  de  cet  attentat 
sacrilège,  prit  le  nom  de  Turris  iniquitalis.  Démolie  l'année 
suivante,  elle-  demeura  ruinée  et  ses  restes  viennent  d'être 
retrouvés,  grâce  à  M.  Boni,  exactement  huit  siècles  après  sa 
destruction.  De  ses  débris  informes,  on  tira  —  trophée  augurai 
—  une  belle  statue,  malheureusement  acéphale,  d'une  Niké 
Aptère.  Ce  morceau,  d'un  beau  mouvement,  faisait  probable- 
ment partie  d'un  groupe  de  la  «  Victoire  tauroctone  ».  C'est  un 
original  grec,  en  marbre  pentélique,  qui  paraît  remonter  au 
^'*  siècle. 

"  I^es  fouilles  se  poursuivent  sur  l'area  Palalina,  Klles  ont 
pour  triple  but  de  déterminer  : 

1"  La  nature  géologique  du  sol.  M.  Boni  pense  que  ce  côté 
était  primitivement  le  seul  où  le  Palatin  ne  fût  pas  entouré 
de  marais  ; 

2*  Le  parcours  de  la  partie  supérieure  du  clivus  sacer  ; 


170  StANCE    DL    11    MAI    1920 

3"*  L'emplacement  de  ia  Porta  Magonia^  la  plut  ancienne 
parmi  les  portes  de  Rome. 

«  Len  découverte*  faites  ju'^qu'ici  ne  permettent  pas  encore  de 
donner  une  réponse  précise  à  ce«i  trois  questions.  Kn  revanche» 
les  fouilles  ont  mis  au  jour  de  nouvelles  constructions,  d^A^* 
dilTérenls,  qui  sont  intéressantes  par  les  problèmes  topogra- 
phiques qui  s*y  rattachent. 

u  M.  Boni  se  prépare  à  publier  les  résultats  des  recherches 
archéologiques  qu'il  a  dirigées  durant  vingt  ans  au  Forum  et  au 
Palatin  avec  l'aide  de  collaborateurs  experts  et  dévoués.  I>es 
plans  détailles,  de  beaux  dessins,  une  abondante  série  de  pho- 
tographies sont  prêts  à  être  reproduits,  et  déjà  de  nombreuses 
planches  en  couleur  ont  été  tirées  par  les  soins  de  l'éditeur 
Tuminelli.  L'âge  héroïque  des  fouilles  au  cœur  de  la  Rome 
antique  attend  un  aède  qui  soit  digne  de  chanter  ses  conquêtes. 

«  Une  découverte  très  importante,  celle  d'un  hypogée  décoré 
de  peintures,  a  été  faite  en  1919  près  du  \iale  Manzoni,  non 
loin  de  la  Porta  Maggiore,  et  M.  GotTredo  Bendinelli,  après  avoir 
conduit  les  fouilles  avec  un  soin  attentif,  vient  d'en  communi- 
quer un  compte  rendu  plein  d'intérêt  à  V Accàdemifi  PontificU 
di  Archeologia,  Vn  escalier  partant  d'une  construction,  aujour- 
d'hui rasée,  s'enfonce  dans  le  soi,  et  d'un  palier  on  descend  à 
droite  et  à  gauche  dans  deux  caveaux  funéraires,  qui  se  rat- 
tachent à  un  ensemble  d'autres  sépultures.  Les  stucs  et  les 
peintures  de  tout  ce  souterrain  méritent  de  retenir  Pattentiondes 
archéologues,  mais  la  chambre  placée  à  gauche  de  Tescalicr 
se  distingue  surtonl  par  lu  richesse  de  sa  décoration.  Dans  !• 
mosaïque  du  pavement  e.-^t  dessinée  une  inscription  donnant 
le  nom  des  personnages  dont  les  corps  y  étaient  déposés,  Klle 
ne  paraît  pas  antérieure  au  m®  siècle,  mais  d'autre  part,  comme 
l'hypogée  se  trouve  à  finlérieur  de  Tenceinle  d'Aurélien,  il  ne 
peut  être  postérieur  à  '21  i.  Les  parois  de>  murailles  sont  Ornées 
de  fresques  d'une  qualité  et  d'un  type  qui  sortent  tout  à  fait  de 
Tordinaire.  A  la  partie  inférieure  se  tietment  debout  Onze  — 
peut-être  douze  —  grands  personnatres  vêtus  d'une  toge  blanche 
bordée  d'un  clavus  de  pourpre  ;  quelques-uns  ont  en  main 
un  volume.  Ces  ligures,  notamment  les  visages  —  probablement 
des   portraits,  —  sont   d'une    exécution  remarquable.  La   partie 


LIVRES    OFFERTS 

t-Ganneaii  communique  un  mémoire  '  sur  une 
n^ue  (palmyrénienne  et  grecque),  gravée  sur  un 
verl  par  les  FP.  Jaussen  cl  Savignac  aux  environs 

a  réussi  à  y  déchiffrer  le  tilre  de  (itivo:6(>iTT,(, 
l'u»  provinvix),  transcrit  lettre  pour  lettre  en 
'Csn-iJSN)  et    donné    à  Vaballat,  Gis  de  Zénobie. 

tilre  de  «  roi  des  mis  ».  L'apparition  de  ce  lilre. 
sous  sa  forme  grecque  originale,  vient  confirmer 
ggérée  jadis  par  M.  Clermonl-Ganneau'  pour  un 

palmvrénien,  fort  obscur  {«J-pna),  appliqué  au 
»  Odeiiiat,  père  de  Vabaltat,  dans  une  autre  iiis- 
rénienne  ;  il  avait  déjà  proposé  d'y  reconnaître  la 
litique  (le  iTrinoiewT/ic,  ajoutant  qu'un  jour  peut- 
?me  (le  iT:T.vo'AbiTt\i  se  rencontrerait  dans  quelque 
an  donnant  plus  explicitement  le  protocole  royal 
"est  JMNiemeiil  celte  preuve  que  nous  apporte 
icument.  Il  nous  révèle  en  outre,  entre  autres 
1  jusqu'ici  inconnu  du  père  de  la  reine  Zénobie: 
.  M.  Clcrmonl-Cianne.iu  discute  la  question  de 
i-Liier  doit  être  identifié  avec  l'Anlîochus  .-  pai-ens 
i,  selon  X'IIisloire  Auguste,  aurait  occupé  le 
içon  très  éphémère  du  reste,  après  la  défaite  et  la 
lobie. 

e  Jn.i.iA^.  Théodore  Recnacii  et  Saiomon  Rbinach 
slques  observations. 


LIVRKS  OFFERTS 


Di-H].iKir  ofire  ii  TAcadémie  une  élude  dont  U  esl 
ée  :  Les  l'an  Eyck  cl  le  duc  Ji-an  th  Uerry  (eitrail  de 
if  aux- Arts). 


n  eiltmn  a  paru  de|mis  dans  U  liev.  Bihl.  (1930,  p.  JSI- 
:   Udeinal   et    VtbxUal.   rois  de  Pxlmyre,  el  leurtiln 


i74  SÉANCE   DU   21    MAI    1920 

Après  un  comité  secret,  il  est  procédé  au  vole  pour  l'attri- 
bution des  prix  Gobert. 

Le  premier  prix  ejt  maintenu  à  M.  Ferdinand  Lot,  pour  son 
Etude  sur  le  Lancelol  en  prose,  par  25  voix  contre  1  à 
M.  Mathorez.  Il  y  a  deux  bulletins  blancs  marqués  d'une  croix. 

Le  deuxième  prix  est  également  maintenu  à  M.  Philippe 
Barrey,  pour  ses  Origines  de  la  colonisation  française  aux 
Antilles,  par  23  voix  contre  1  à  M.  Mathorez.  Il  y  a  deux 
bulletins  blancs  marqués  dune  croix. 

M.  G.  Rénédite,  conservateur  des  antiquités  égyptienne»  du 
Louvre,  entretient  l'Académie  du  magnifique  groupe  d'Amon 
protégeant  le  roi  Toutânkhamon,  acquis  dans  le  courant  de 
Thiver  par  le  Musée  du  Louvre,  et  qui  vient  d'être  installé  dans 
la  salle  des  Colonnes,  Son  commentaire  vise  certains  détails 
caractéristiques  du  monument,  notamment  la  peau  de  panthère 
portée  par  le  roi  conjointement  avec  les  insignes  royaux,  co  qui 
a  été  considéré  jusqu'à  présent  comme  une  incompatibilité  du 
décorum  pharaonique.  A  propos  de  ce  roi,  il  se  prononça  dans 
le  sens  de  la  filiation  par  rapport  à  Aménophis  III,  question 
très  controvei^sée  et,  après  avoir  exposé  les  progrès  réalisés 
dans  la  connaissance  d'un  règne  qui,  naguère,  n'était  représenté 
que  par  un  nom,  il  explique  les  circonstances  qui  ont  attiré  les 
représailles  des  partisans  d'Amon  envers  le  roi  qui  avait  pour- 
tant restauré  le  culte  après  un  quart  de  siècle  d'hérésie. 

M.  Edmond  Pottier  présente  quelques  observations. 

M.  Antoine  Tuomas  fait  une  communication  sur  le  nom  de 
lieu  Pertu  (Creuse)  ^. 


J.  Voir  ci-apré». 


COMMUNICATION 


UI    NOV    DE    LIËl'    PERTU    ICREUSë)    ET    l.A    LËUENDE 

DU    BOl    ARTUB, 
PAR    .M.    ANTOINE    TIIOUAS,    HEUBitE    DE    LACADÉMIE. . 

Le  nom  de  Perla,  sur  lequel  je  désire  attirer  l'attention, 
est  porté  par  un  écart  delà  commune  de  Colondan  nés,  canton  - 
de  Duji-le-Palleteau,  arrondissement  de  Guéret  (Creuse), 
<]ut  De  comptait  que  deux  maisons  et  onze  habitants  en 
1886.  La  forme  lutine  médiévale  de  ce  nom,  dont  nous  ne 
connaissons  qu'un  exemple,  montre  que  la  forme  actuelle 
a  subi  une  forte  contraction.  En  effet,  l'écart  est  men- 
tionné en  ces  termes  dans  le  cartulaire  de  Bénévent-TAb- 
baye  :  in  manso  de  Podio  Arlm.  L'acte  où  il  figure  a  été 
attribué  au  xii*  siècle  par  Auguste  Bosvieux,  qui  a  fait 
l'identification  et  par  le  chanoine  Leclerc  ',  Cette  identili- 
eation  est  certaine,  comme  je  m'en  suis  assuré  par  l'étude 
directe  du  cartulaire,  dont  une  copie  exécutée  à  la  fin  du 
xvn'  siècle,  se  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale  -.  Quant 
à  la  date  de  l'acte  visé,  il  faut  la  reporter  à  la  fin  du  ' 
onzième  siècle,  cai:  l'acte  émane  de  Béraud  de  Oun, 
seigneur  qui  est  un  des  témoins  de  la  <lonati(ui  de  l'église 
de  Colondannes,  faite  par  l'évèque  de  Limoges  Gui  di' 
Laron,  mort  en  1086,  et  transcrite  imniédialemenl  aviint 
l'acte  relatif  au  mansus  de  Podio  Artus  dans  le  cartulaire. 

La  forme   romane  primitive  de  ce    nom  doit    être    'l'ui 

1  C»(  il'apri-»  II-»  niilcsile  ll<>9Vt«iii,  ci<\»t<.-r\  ve»  iww  Arcliivo!!  ili'ii.ir- 
IfiurnUles  de  U  lUulc- Vienne,  qui;  le  fluinniiu-  l.n-lrr  n  ri'cli}:!.- 1  ailiiir.' 
Ptria   Ue    ion    Dict.   de  U  LV«uie  (Uni(j)CL-s.  lwj'.>,  |i.   iui  ,  mi   <.','!  m-l..- 

1,    U.  De    wll.'   •■■■pit   (ivrivc    ct-llc    ilr 
l(i,  p.    101..  l.'uriKJiial  (lu  cartiiluiro  i'>l 


176  LE    NOM    DE   LIEU    t»EHtC 

Artus,  Sa  contraction  en  Pertu^  si  forte  qu*elle  paraisse, 
n'a  rien  d'inexplicable  K  Dans  le  même  canton,  commune 
de  La  Chapelle-Baloue,  se  trouve  un  domaine  appelé 
aujourd'hui  Péton  ^,  écrit  en  1547  et  en  1677  Peaion  ^  i 
Tancienne  graphie  atteste  que  la  forme  romane  primitive 
doit  être  *Poi  Aton.  Dans  chacun  des  deux  cas,  îiu  subs- 
tantif commun  «  puy  »  vient  s'ajouter  un  nom*  de  personne» 
Artas^  d'une  part,  Aton,  de  l'autre,  qui  est,  manifestement, 
le  nom  porté  par  le  propriétaire  ou  le  tenancier. 

Le  nom  de  personne  Aton,  d'origine  germanique,  n'offre 
pas  d'intérêt  particulier.  11  n'en  est  pas  de  même  d'Arius^ 
qui  ne  peut  être  venu  que  d'outre  Manche.  On  sait  que 
c'est  la  forme  nominative  usuelle  (primitivement  Arturs  *), 
que  les  textes  français  du  moyen  âge  emploient  pour  dési- 
gner soit  au  nominatif  soit  au  cas  oblique,  le  célèbre  roi 
qui  passe  pour  avoir  régné,  au  sixième  siècle,  sur  la 
Grande-Bretagne.  Comment  ce  nom  exotique  peut-il  être 
parvenu,  dès  avant  1086,  dans  le  diocèse  de  Limogées  et 
s'y  être  attaché  à  un  nom  de  lieu,  qui  l'a  gardé,  bien  que 
méconnaissable,  jusqu'à  nos  jours?  Le  prestige  des  exploits 
légendaires  du  roi  Artur  n'est-il  pas  pour  beaucoup  dans  ce 
singulier  phénomène  ?  La  question  est  trop  complexe  pour 
être  traitée  au  pied  levé.  Je  me  borne  à  rappeler  que,  dans 
un  livre  récent,  M.  Edmond  Faral,  préoccupé  de  savoir  si, 
en  France,  les  romans  bretons  sont  plus  anciens  que  les 
romans  antiques,  en  est  arrivé  à  douter  que  ,1e  nom  propre 
latinisé  ordinairement  en  Artusus,  Artusius,  ArtuisuSy 
etc.,  si  fréquent   dans  l'onomastique  italienne  dès  le  dou- 

1.  Cf.  Saint-Merdy  nom  de  trois  communes,  une  clans  la  Creuse,  deux 
dans  la  (^orrè/.e,  où  Merd  est  un  ancien  A/eard,  forme  populaire  régiilîére 
du  nom  de  saint  Medardus, 

2.  On  écrit  aussi  Peyton  et  même  Peslon  (carte  du  Ministère  de  riiilé- 
rieur). 

3.  A.  Lecler,  Dict.  de  la  Creuse^  p.  502. 

i.  La  forme  Arturs  se  trouve  une  fois,  à  la  rime,  dans  Chrétien  de 
Troycs.  Erec,  1992. 


1 

f 

^  ACADÉMIE 


DBS 


NSCRIPTIONS   &    BELLES-LETTRES 


^MPTES  RENDUS 

SÉANCES     DE    L ANNÉE 

1920 


BULLETIN  DE  JUIN-AOUT 


PARIS 
AUGUSTE    PICARD,    ÉDITEUR 

Ufl^i^m»  DB  AACBJTBt    IfATIORALBS  BT  DB  LA  BOClâré  DB  L'icOLB  DBS  CHARTBB 

82,     BUB     BONAPAKTB,     82 

M  D  CCCC  XX 


BeeueU  ptrtisaanl  lous  les  deux  mois,  par  fascicules  de  7  à  8  feuilles 
tTec  plâBcbes  et  flgures.  Prix  de  rabonnement  annuel  :  —  20  fr. 


TABLE  DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  CAHIER 


SéAifCBS  DB  Mai 17S 

OomiuNiCATioN  : 

Note  sur  une  croix  de  bronze  trouvée  à  Lambèse,  par  M.  Paul 
Monceaux,  membre  de  l'Académie 179 

LlTRBS  OFFERTS 177,     184 

SéAifCBS  DB  Juin 185,  186,  190,  200 

CoMMUlflCATION  : 

La  basilique  voisine  de  Sainte-Moniaue  Â  Carthage,  par  le  R.  P. 
Delattre,  correspondant  de  TAcadémie 101 

LiviiBS  OFFBRTS 185,  189,  199,   201 

SiANCBS  DB  JuiLLBT 203,  208,  212,  241,    248 

Communications  : 

A  propos  d'une  inscription  grecque  de  la  basilique  d'Ererouk, 
par  M.  Charles  Diehl,  membre  de  l'Académie 215 

Un  colosse  «  criophore  »  archaïque  découvert  A  Thasos,  par 
M.  Edmond  Pottier,  membre  de  T Académie 218 

Les  fouilles  de  Foustat,  par  M.  A.  Gabriel 241 

Appbmdicbs  : 

Rapport  du  Secrétaire  perpétuel  sur  la  situation  des  publica- 
tions de  l'Académie,  pendant  le  premier  semestre  1920  :  lu 
dans  la  séance  du  2  juillet  1930 204 

Le  papyrus  démotique  inédit  de  Lille  n*  3  et  la  notation  des  jours 
épagomènes,  par  M .  H.  Sottas 221 

Sur  un  signe  inaéctiiffré  des  monnaies  sassanides  et  arabo-pehl- 
vies,  par  M.  J .  de  Morgan 231 

LiVRBS  OFFBRTS 208,  210,  240,  248 

Sbangbs  d'Août 249,  209 

CoMMUlfICATIOIfS    : 

La  date  et  l'origine  des  «  Homélies  spirituelles  »,   attribuées  à 

Macaire,  par  le  P.  L.  Villecourt,  O.  s.  B 250 

Découverte  d'une  fontaine  antique  A  Carthage,  par  M .   le  docteur 

Carton,  correspondant  de  l'Académie 258 

Les  Enfers  selon  l'Axiochos,   par   M.    Franz  Gumont,  associé 

étranger  de  l'Académie 272 

La  civitas  Mizigitanorum  et  le  pays  assalitanus,  par  M.  Louis 

Poinssot,  inspecteur  des  antiquités  et  arts  de  la  Tunisie 285 

LiYRBS    OFFBRTS ,  268 


AVIS   IMPORTANT 

Pour  assurer  une  prompte  publication  des  Comptes  rendas,  les 
auteurs  de  communications,qu'ils  appartiennent  à  l'Académie  ou  qu'ils 
lui  soient  étrangers,  sont  instamment  priés  de  remettre  leur  manuscrit 
et,  s'il  y  a  lieu,  les  documents  figurés  qui  doivent  l'illustrer,  le  ioar 
même  de  la  séance  où  ils  ont  été  entendus.  Le  Secrétaire  perpétuel 
pourra  toutefois,  en  certains  cas,  les  autoriser  A  retanler  cette  remise 
jusqu'au  mardi  suivant,  dernier  délai  pour  Tenvoi  de  la  copie  A  l'impri- 
mené. 

Les  communications  des  auteurs  étrangers  A  l'Académie  ne  devroat 
pas  dépasser  huit  pages. 

Les  épreuves,  Uint  en  placards  qu'en  pages,  doivent  être  retournées 
au  rédacteur  des  Comptes  rendus  dans  le  délai  de  trois  jours,  le  jour 
de  la  réception  non  compris. 

Dans  le  cas  où  les  auteurs  ne  se  conformeraient  pas  A  ces  indica- 
tions, leur  communication  serait  ajournée  A  Tun  des  cahier?  suivants. 


LIVRES   OFFERTS  177 

Bème  siècle,  sinon  plus  tôt,  et  dont  M.  Pio  Rajna  a  soi- 
gneusement recueilli  la  plupart  des  exemples  connus  ^,  soit 
réellement  identique  à  celui  du  roi  Artur.  M.  Faral  va  jus- 
qu'à écrire  que  le  nom  latinisé  par  les  Italiens  «  peut  fort 
bien  n'être  que  le  germanique  Hartewic ^  n,  11  se  réfère  à  des 
recherches,  restées  manuscrites,  qu'avait  entreprises  un 
jeune  savant,  mort  depuis,  François  Rechnitz,  élève  de  notre 
École  des  hautes  études  de  1909  à  1912.  Cette  manière  de 
▼oir,  qui  sent  par  trop  routrecuidance  germanique,  ne  méri- 
tait vraiment  pas  qu'on  lui  fît  tant  d'honneur.  Souhaitons 
qu'elle  ne  prenne  faveur  ni  en  Italie  ni  chez  nous,  et  procla- 
mons la  solidarité  de  notre  Artus  limousin  et  de  VArtusius 
d'outre  Alpes.  Souhaitons  surtout  que  quelque  savant  fran- 
çais, doué  d'attention  et  de  patience,  fouille  notre  onoma- 
stique nationale  et  s'y  livre  à  des  recherches  analogues  à 
celles  que  M.  Pio  Rajna  a  le  mérite  d'avoir  inaugurées  en 
Italie.  La  statistique,  intelligemment  et  impartialement 
pratiquée,  est  une  excellente  auxiliaire  de  la  philologie  ^. 


LIVRES  OFFERTS 


I^  SECRéTAiRE  PERPÉTUEL  ofTre  au  nom  du  D'  Carton,  correspon- 
dant de  i* Académie,  une  étude  dont  il  est  Fauteur,  intitulée  : 
Quenlions  de  topographie  carthaginoise  (extrait  de  la  Bévue  archéo- 
logique, 1919). 


1.  Homania,  1886,  t.  XVII,  p.  162  et  suiv. 

3.  Recherches  $ur  le$  soarces  latines  des  contes  et  romans  courtois  du 
moyen  âge  (Paris,  1913),  p.  396. 

3.  Je  ti^ale,  en  passant,  dans  le  cartulaire  de  Boulieu,  abbaye  cister- 
dcone  de  la  partie  nord-est  du  diocèse  de  Limoges,  une  charte  non  datée, 
mais  qui  est  probablement  de  la  Un  du  xii*  siècle,  où  figurent  quatre 
frères  de  la  famille  de  Segunxac  nommés  «  WiUelmus,  Umbaldus,  Artux 
et  Ramnulfus  »  Bibl.  nat.,  ms.  lat.  9196,  p.  11,  copie  de  dom  Col). 
1910  12 


SÉANCE  DU  28  MAI 


PRESIDBHCH    DB    y.    CHAULES    DIEHL. 

I.  DiBHL,  d'après  des  indications  transmises  par  M.  Papado- 
ilos,  étudie  les  édifices  récemment  découverts  à  Conslanli- 
ile  sur  l'emplacement  du  palais  des  empereurs  byEanlJns. 
icendie  de  19tl  a  dégagé  une  grande  construction  A  trois 
;es  où  dix  pièces,  en  partie  comblées,  sont  intactes  et 
un  grand  escalier  mène  à  une  vaste  terrasse,  construction 
pourrait  avoir  fait  partie  des  appartements  privée  impériaux, 
icendie  de  décembre  1919  a  fait  retrouver  une  autre  con- 
tction  qui  semble  appartenir  au  palais  de  Daphné  et  plus 
1  à  léglise  du  Seigneur,  Enfin,  à  l'Est  de  Sainte-Sophie,  la 
struclion  des  prisons  a  fait  retrouver  beaucoup  de  débris  de 
rbre  qui  proviennent  peut-être  du  palais  de  la  Magnaure. 
:  découvertes  montrent  tout  ce  que  l'on  pourrait  attendre  de 
illes  régiilières  exécutées  à  Conatantinople  au  lieu  des 
tructions  ou   des  fouilles   clandestines    qui   sont  de   règle 

IM.  JuLLtAN,  Clbhmont-G ANNEAU  et  ScHLUMBBHGEK  présentent 
il  que  s  observations. 

i.  Paul  Monceaux  donne  lecture  d'une  note  sur  une  croix  de 

nze  découverte  à  Lambèse  en  1919  '. 

f.  Théodore  Rbinach  présente  quelques  observations. 

1.  JuLUAN  fait  une  communication  sur  le  grand  nombre  de 
Aires  qui  ont  existé  dans  la  Gaule  romaine,  nombre  qu'il 
me  assurément  supérieur  à  un  demi-millier  et  vraisembla- 
■aenl  égal  ou  même  supérieur  au  millier.  On  a,  en  efTel, 
ïunu  des  restes  de  théâtres  dans  les  chefs-lieux  des  civilatet 
lie  qu'en  fût  l'origine,  et  d'après  la  Nolitia,  le  nombre  des 
Ules  était  de  cent  quatre;  on  a  également  reconnu  des 
ktres  ou  des  vestig^es  de  théâtres  dans  de  simples  chefs-lieux 

Voir  ci-après. 


UNE   CROIX    DE   BHONZB  TROUVÉE    A    LAUB&SE  'i 

de  pagi,  comme  Alesia,  et  les  pagî  élaieat  au  nombre 
quatre  ou  cinq  ceats.  On  a  pu  encore  relever  une  cinqu 
taine  de  théâtres  de  pierre  daas  des  endroits  qui  n'étaient 
des  bourg'ades  ordinairement  habitées,  mais  seulement  des  li 
de  pèlerinage  ou  de  marché,  tels  que  Champlieu,  près  de  Ct 
piègne,  par  exemple.  Or,  comme  l'on  sait  par  Vitruve  que  I 
a  construit  des  théâtres  en  bois,  et  que  ceux-ci  n'ont  nécessa 
ment  pas  laissé  de  traces,  sauf  te  c<as  où,  comme  à  Locmarial 
des  gradins  de  bois  occupaient  une  enceinte  de  terre  et 
pierre,  on  peut  s'imaginer  qu'outre  les  théâtres  de  pierre 
encore  retrouvés,  il  a  dû  en  exister  un  grand  nombre  en  b 

U  y  a  même  jusqu'à  des  villages  qui  n'ont  presque  rien  do 
comme  autres  antiquités,  où  l'on  a  cependant  relevé  des  tn 
de  théâtres.  Si  l'on  se  rappelle  enfin  que,  dans  le  reste  du  mo 
romain,  les  grandes  villai  seigneuriales,  comme  celle  d'Adi 
pour  ne  mentionner  qge  celle-là,  contenaient  des  théâtres 
n'est  pas  aventuré  de  supposer  que  les  grandes  vUlie  ga 
romaines  ont  dû  en  contenir  de  semblables.  Toutes  ces  co 
dérations  amènent  à  ne  pas  considérer  comme  exagérée  l'e 
mation  aux  environs  d'un  millier  du  nombre  des  Ihéâ 
existant  dans  la  Gaule  romaine. 

M.  Mo.tcEAUx  présente  quelques  observations. 


COMMUNICATION 


.■rOTE  8UB    vue   CROIX    DE    BRONZE    TROUVÉE    A    LAUBËSE, 
PAR    H.    PAUL   UONCEALS,    UEMBRE   DE    l'aCADÉUIG. 

On  a  découvert  récemment  à  Lambèse  un  petit  mo 
ment  assez  curieux,  d'un  type  nouveau  et  d'apparence  éi 
matique,  qui  a  été  transporté  au  Musée  local,  et  qui  mé 
d'être  étudié  de  près.  Comme  il  a  ta  forme  d'une  croix 
l'a  cru  d'abord  chrétien  :  c'est  à  ce  titre  qu'on  me  l'a 
signalé,  et  que  j'en  avais  commencé  provisoirement  l't 
men.  L'arrivée  d'un  estampage  a  tranché  la  question. 


180 


UNE   CROIX    DE   BRONZE   TROUVÉE   A    LAMBÈSE 


permettant  de  fixer  définitivement  et  d'une  façon  certaine 
le  texte  de  l'inscription,  qui  n'a  rien  à  voir  avec  le  christia- 
nisme ;  et  j'ai  dû  orienter  mes  recherches  dans  une  direc- 
tion tout  autre.  Mais,  avant  d'exposer  le  résultat  de  l'en- 
quête, je  dois  adresser  tous  mes  remerciements  à  plusieurs 
personnes,  qui  m'ont  prêté  le  plus  obligeant  concours  : 
M.  Ballu,  à  qui  je  dois  ime  copie  et  l'estampage  de  l'ins- 
cription ;  M.  Carcopino,  qui  m'a  communiqué  également 
la  copie  et  la  description  prises  par  Im  au  Musée  de  Lam- 
bèse  ;  enfin  M.  Gagnât,  qui  a  bien  voulu  étudier  avec  moi 
le  document,  et  qui  m'a  fourni  des  indications  très  pré- 
cieuses pour  l'interprétation  ^ 

Donc,  pendant  Tété  de  1919,  au  cours  de  nouvelles 
fouilles  entreprises  à  Lambèse,  dans  des  constructions 
.voisines  du  temple  d'Esculape  (au  Sud),  par  le  Service  des 
Monuments  historiques  de  l'Algérie,  on  a  trouvé  par 
hasard,  simplement  posée  sur  un  mur  de  basse  époque,  une 
pierre  de  calcaire  dur  ^.  Quoique  légèrement  bombée,  cette 
pierre  affecte  à  peu  près  la  forme  d'un  parallélipipède  droit. 
Elle  est  longue  de   0  •"  39,  large  de   0  "  38,  épaisse    de 


> 


POST^IQVA 

< 
> 


Antiqua  —  Postiqua. 

1.  Depuis  que  cette  Note  est  rédigée,  nous  avons  reçu  une  nouvelle 
copie  de  M.  Gsell,  prise  cet  été  sur  Toriginal.  Elle  confirme  entièrement 
notre  lecture. 

2.  La  pierre  est  maintenant  au  Musée  de  Lambèse. 


UNE   CROIX    DE   BRONZE   TROUVÉE   A   LAMBÈSE  181 

0  "  19.  Sur  la  face  supérieure  de  cette  pierre  est  scellée 
une  croix  grecque  de  bronze,  dont  les  bras,  longs  de  0  ™  18, 
lai^s  de  0  "*  038,  portent  une.  inscription  de  deux  mots  : 
inscription  gravée  en  lettres  hautes  de  0  "*  03  environ,  et 
divisée  naturellement  en  deux  parties  perpendiculaires 
Tune  à  Tautre. 

Lecture  de  MM.  Gagnât  et  Monceaux  sur  l'estampage. 

Aniiqua  et  postiqua  sont  évidemment  des  graphies  popu- 
laires pour  antica  et  postica.  C'est  ce  que  prouve  d'ailleurs 
la  comparaison  avec  divers  textes  littéraires,  qui  pré- 
sentent les  mêmes  formules,  et  qui  éclairent  le  document 
de  Lambèse  :  document  relatif,  comme  nous  allons  le  voir, 
à  des  travaux  d*arpentage. 

Au  témoignage  de  Servius,  antica  et  postica,  substantifs 
féminins,  étaient  des  termes  du  rituel  augurai  :  «  Si  generis 
feminini  legeris  postica,  augurale  est,  ut  antica,  postica  ^  ». 
Dans  le  langage  des  augures,  antica  désignait  le  Sud,  et 
postica  le  Nord.  On  lit  chez  Festus,  ou  plutôt  dans  les 
Excerpla  de  Festus  par  Paulus,  au  mot  Posticum  :  «  Ea 
caeli  pars,  quae  sole  illustratur  ad  meridiem,  antica  nomi- 
natur;  quœ  ad  septentrionem,  postica^».  L'auteur  d'un 
glossaire  conGnne  en  deux  mots  ce  témoignage  :  «  Antica  : 
picar^{i^pb  »  ^.  Enfin,  Varron  nous  apprend  que  les  mots 
antica  et  postica,  dans  la  langue  des  architectes  ou  des 
prêtres,  s'appliquaient  respectivement  à  la  partie  Sud  et  à 
la  partie  Nord  des  temples  :  «  Templi  quatuor  partes 
dicuntur,  sinistra  ab  oriente,  dextra  ab  occasu,  antica  ad 
meridiem,  postica  ad  septentrionem  ^  ». 

Ces  deux  mots  étaient  aussi  des  termes  d'arpentage. 
«  Limites  pcr  antica[m)  et  postica[m)  dividuntur  »,  nous 


I.  Servius,  ad  yEneid.  II,  4&3. 

3.  S.  Pompci  FesU.De  verborum  significMin  quip  supersuni,  cum  Paiili 
Epitome,  éd.  Lindsajr  (Leipzig,  Teubner,  1913),  p.  2U. 

3.  GloêSMr,,  II,  17,7. 

4.  Vairon,  DelingoM  2a/ina,  VII,  7. 


V'IB   CROIX    DE    BRONZE   TROUTÉE   A    LAMBÈSE 

lomme  du  métier,   TRut^ur  du  Liber  coloniarum  '. 

langage  des  arpenteurs,  antica  et  poatica  ne  s'ap- 
nt  plus  à  des  directions  ou  b  des  surfaces  :  ils  dési- 

les  deux  lignes,  perpendiculaires  l'une  à  l'autre, 
aient  de  base  à  tous  les  relevés.  Un  glossaire  déii- 
si    Vanlica    des    arpenteurs         «    Antica         linea 

»,  c'est-à-dire  la  ligne  Nord-Sud  '.  Quant  au  mol 

il  avait  pris  chez  les  arpenteurs  une  signification 
;,  même  très  différente  et  presque  opposée,  au  moins 
irence  :    il  désignait  pour  eux,  non  plus  le  Nord 

pour  les  augures),  mais  la  ligne  Est-Ouest,  déter- 
u  moment  de  l'équinoxe,  et  perpendiciUaire  à  Yan- 

avons  là-dessus  le  témoignage  formel  de  Festus. 
'abord,  le  texte  traditionnel  :  «  Postica{m)  linea(m) 

divtdendis  Serv.  Sulptcius  appellavit,  ab  exoriente 
Qccidentem  qaee  spectabat  '.  »  En  réalité,  ce  texte 
inel  était  le  résultat  d'une  compilation,  où  l'on 
Et  deux  sources  différentes.  D'une  part,  un  frag- 
ithentique  de  Festus,  conservé  par  ,un  manuscrit  : 
am  lineam  in  agris  dividendis  Ser.  Sulpicius  appel- 
)  exorilente  sole],..  '  »  D'autre  part,  un  jyissage 
li  Excerpla  :  «  Postica  linea  in  agris  dividendis  nb 
ad  occasum  spectat  ''.    »  D'ailleurs,   comme   on   le 

nouvelle  édition  critique  est  d'accord  avec  le  texte 

inel  sur  le  point  qui  importe  ici  :  poaltca  était  la 

it-Ouest. 

,  ce   mot   avait   changé    de  sens  en   passant   des 

aux  arpenteurs  :  direction  «  Nord  »  pour  ceux-là, 
our  ceux-ci,  ligne  «  Est-Ouest  ».   D'où   vient  ce 

'  coloniarum,  I,  p.  aifi  LRChmann  :  —  dan*  le»  GromiUei.velrrtt, 

48. 

ar.,  [[,  !0,  39. 

is,p.  333  (éd.  Mnller). 

is,  p.  1S3  (éd.  Linilïay  :  Leipii^c.  Teubner.  IStS). 

,  p.  1S3  I.indiay. 


CMC    CROIX    DE    BRONKE  TROUVÉE   A    LA.HBËSE 

changement  singulier  dans  la  signification  du  tei 
L'explication  est  probablement  assez  simple.  Remari 
d'abord  que  la  ligne  Esl-Ouest,  pour  l'arpenteur,  étai 
ligne  «  arrière  »  d'opération  (poslica  linea)  par  rapj 
la  ligne  de  front.  Notons  encore  que  cette  ligne  Est-i 
marquait  la  limite  méridionale  de  la  partie  Nord  du  te 
c'est-à-dire  de  la  poitica  des  augures  :  réservé  d'abon 
surrace  qui  était  limitée  au  Sud  par  la  ligne  Ë8t-0ue 
Dom  de  poftica  a  été  étendu  plus  tard  à  la  ligne  mém 
limitait  la  pottica  augurale. 

Reste  &  fixer  la  destination  de  la  croix  trouvée  k 
bëse.  Ici  encore,  les  textes  littéraires  vontéclairer  le  n 
ment. 

Les  arpenteurs  se  servaient,  et  même  liraient  leur 
(gromalici),  d'un  instrument  appelé  groma,  qui  leui 
mettait  de  déterminer  les  directions  et  les  distance 
tracer  Vantica  et  la  poitica,  de  lever  ainsi  le  plan  du  tei 
(I  Groma  appellatur  genus  machinulne  cujusdam, 
r^iones  agri  cujusque  ct^nosci  possunt  ;  quod  j 
Graeci  ^viiitova  dicunt '.  »  On  donnait,  semble-t- 
mëme  nom  de  groma  à  un  monument  commémoratif, 
tement  orienté,  qui  consacrait  sur  place,  au  centre  di 
raio,  à  l'intersection  des  deux  lignes  fondamental* 
souvenir  des  opérations  d'arpentage.  C'était  ordinaire 
une  simple  plaque  de  métal,  où  était  représenté  le  ci 
ment  de  Vantica  avec  lapostica.  Des  monuments  anal< 
se  vovaient  à  l'entrée  de  certains  temples,  ou  ils  n 
laient  la  fondation  de  colonies  militaires  et  le  partag< 
terres  conquises  entre  les  colons.  On  y  lisait,  dispos 
forme  de  croix  {cnicem],  L'inscription  Antica-Post 
H  Per  aedes  publicas  in  ingressus  antiqui  fecerunt  cru 
Antica  et  Poilica...  Signum  fecerunt  in  aedes  de 
scriberent  :  Antica  et  Poitica  ^  ». 

.  Fe*lu«.  d'iprèt  le*  Pauli  ExcerpU,  p.  88  Linduy. 

I.  Gronulîci  Têttret,  éi  Librit  DoInbelUe,  p.  303.301  Lachmann. 


184  LIVRB8   OFFERTS 

Comme  on  le  voit,  cette  description  d  un'  homme  du 
métier  s'applique  exactement,  trait  pour  trait,  à  la  croix 
avec  inscriptions  que  Ton  vient  de  découvrir  à  Lambèse. 
Cette  croix  de  bronze,  scellée  dans  une  pierre,  doit  être  un 
de  ces  petits  monuments  commémoratifs  qui,  sur  le  terrain 
ou  dans  un  édifice,  conservaient  le  souvenir  da  travail  des 
arpenteurs  :  surtout  de  l'opération  fondamentale,  la  déter- 
mination du  point  central  où  devaient  se  croiser  Vantica 
eilapostica. 


LIVRES  OFFERTS 


M.  H.-Fr.  Delaborde  offre,  au  nom  de  M.  Louis  Léger,  le  tirage  à 
part  d'une  étude  dont  il  est  l'auteur,  intitulée  :  Le  tubstraium  sUve 
de  V Allemagne  (extrait  de  Scientia,  vol.  XXVII,  ik*  année,  4920, 
n»  XCVI,  4  avril,  in-S»)  ; 

et,  au  nom  de  M.^amille  Jullian,  une  nouvelle  série  de  ses  Notes 
gallo-romaines  (extr.  de  la  Revue  des  Éludes  anciennes,  tome  XXII, 
n°  4,  janvier-mars  1920). 


SÉANCE    DU    11    JCtN    1920 

,  PoTTiBH  tait  bonimagfe  è  l'Académie,  de  la  part  d'uD  savaDl 
M.  J.  Capart,  conserrateur  du  Musée  du  CiaquaDtenaire  k 
es,  d'un  ouvrage  intitulé  :  Levons  lur  Fart  égyplirn  (Liège, 
Veil  le  résultat  d'ua  eneeignemenl  pratiqué  k  Liège  et  h 
es,  dans  des  Universités  et  au  Musée,  depuis  dix-sept  ans. 
idant  et  en  renouvelant  peu  ii  peu  la  matière  de  ses  cours, 
'  est  arrivé  h  rédiger  un  véritable  manuel  dont  il  a  voulu  faire 

le  public  et  les  étudiants.  Il  aurait  voulu  l'accompagner  de 
ui  desains  qui  ont  été  exécutés  ï  cet  effet,  mais  les  difGcul- 
«lles  et  la  cherté  des  publications  lui  ont  interdit  le  complé- 

utile  et  il  a  dû  se  contenter  de  renvoyer  ï  ses  publications 
jres  illustrées.  Espérons  qu'un  jour,  dans  des  temps  plus 
s,   une   nouvelle  édition  permettra  au   savant   professeur  de 

son  plan  sous  la  forme  souhaitée. 

tiendant,  on  lira  avec  beaucoup  de  profit  ce  nouveau  livre- 
près  les  résumés  de  Maspero  et  de  Perrot  sur  un  sujet  sou- 
ploré,  M.  Capart  sait  apprendre  du  nouveau  à  ses  auditeurs, 
présentant  les  questions  sous  une  forme  personnelle,  soit  en 

des  sujets  que  n'avaient  point  connus  ses  prédécesseur.  Sa 
lalion  est  toujours  claire,  ses  développements  logiques,  ses 
>es  complètes. 

ie  Bercbr  dépose  sur  le  bureau  de  l'Académie  le  dernier  fas- 
Ics  liegitlret  d'Innocent  IV  (Gn  du  tome  IV). 
^pouillement  de  ces  registres  a  commencé  sous  Pie  IX,  en 
I  temps  où  M.   Geoffroy  était  directeur  de  l'École  française 
le  ;  le  tome  l"-  a  paru  en  IS84. 

risée  par  la  haute  bienveillance  et  la  protection  de  Léon  XIII, 
nlreprise  a  déterminé  le  pape  )i  ouvrir  au  public  savant  les 
!S  du  Vstican,  jusqu'alors  fermées.  Elle  a  inauguré  la  série 
s  recueil!  publiés,  dans  la  Bibliothèque  det  École»  frtnçtUe» 
es  et  de  Home,  et  servi  de  type  aux  ouvrages  consacrés  depuis 
^ole  de  Rome  aux  registres  du  Vatican,  dontla  publication  se 
t  actuellement  sous  la  direction  de  Mgr  Ducbesne. 


SÉANCE  DU  H    JUIN 


PRESIDEKCB    I 


oirespondance  compreod  :  une  lettre  de  M.  le  maire  de 
anche-aur^aône  (RhAne)  qui  demande  i  l'Acadéniie  une 


SÉANCE  DU  \ï  JUIN   1920  187 

iascriptton  à  graver  sur  un  monument  aux  six  cents  enfants 
de  la  commune  tombés  au  cours  de  la  guerre  ;  renvoi  à  la 
Commission  desi  Médailles;  —  une  lettre  du  Directeur  de 
rÉcole  d'Athènes  qui  signale  la  découverte  d'un  colosse  «  crio- 
phore  M  dans  les  fouilles  de  Thasos  ;  renvoi  à  M.  Pottibr  ;  —  un 
rapport  du  R.  P.  Delattre  sur  les  fouilles  par  lui  exécutées  dans 
la  basilique  Sainte-Monique  à  Carthage  avec  une  subvention  sur 
la  fondation  Piot;  renvoi  à  M.  Gagnât. 

M.  Hacssoullier,  au  nom  de  la  commission  du  prix  du  Budget, 
fait  savoir  que  ce  prix,  réservé  cette  année  à  la  meilleure  édi-, 
tion  parue  en  France  d^un  auteur  grec  ou  latin,  est^ accordé  à 
M.  Fr.  Villeneuve,  professeur  à  TUniversité  d'Aix,  pour  Les 
Satires  de  Perse,  texte  latin  avec  un  commentaire  critique  et 
explicatif  et  une  introduction. 

M.  le  comte  H.-Fr.  Dblaborde,  au  nom  de  la  commission  de 
U  Fondation  Piot,  propose  à  l'Académie  d'accorder  les  sub- 
ventions suivantes  : 

une  somme  additionnelle  de  6000  francs  pour  la  publication 
da  volume  des  Monuments  Piot  qui  va  paraître,  addition  rendue 
indispensable  par  suite  des  augmentations  de  frais  nécessitées  par 
les  circonstances  actuelles  ; 

une  somme  de  1500  francs,  à  M.  Homo,  professeur  à  TUniver- 
site  de  Lyon,  pour  la  prolongation  de  sa  mission  à  Rome  ; 

une  somme  de  2000  francs,  au  R.  P.  Delattre,  pour  la  conti- 
nuation de  ses  fouilles  sur  le  plateau  de  la  basilique  Sainte- 
Monique  à  Carthage. 

Il  en  est  ainsi  décidé. 

M.  Clermont-Ganneau  présente  et  explique  une  inscription 
grecque  de  dix  lignes,  gravée  sur  un  bloc  de  calcaire  découvert 
dans  des  fouilles  entreprises  en  1914  à  Jérusalem,  sur  le  mont 
Ophel.  Gette  inscription,  demeurée  inédite  jusqu'à  ce  jour,  est 
relative  à  une  construction  faîte  par  un  certain  Théodolos,  fils  de 
Ouettènos,  prêtre  et  archisynagogo^,  fils  et  petit-fils  d'archisy- 
nagogoi,  —  construction  d*une  synagogue  destinée  à  la  lecture 
de  la  Torah  et  à  renseignement  des  commandements,  —  ainsi 


1 


188  SÉANCE   DU    ^i    JITO    1920 

que  d'une  hôtellerie,  avec  chambres  et  installations  balnéaires, 
pour  r usage  des  pèlerins  venant  de  l'étranger.  L'auteur  de 
rinscription  rappelle,  en  terminant,  que  la  fondation  de  cet 
établissement  avait  été  faite  antérieurement  par  ses  pères,  par 
rassemblée  des  anciens  et  par  Simonidès  (probablement  le 
président  de  cette  assemblée). 

M.  Clermont-Ganneau  estime  que,  par  son  aspect  paléo- 
graphique, rinscription  peut  remonter  à  Tépoque  hérodienne  et 
qu'elle  est,  en  tout  cas,  antérieure  à  la  prise  de  Jérusalem  par 
Titus  en  l'an  70  p.  J.-C.  La  synagogue  en  question  esb  peut-être 
pelle  des  Libertini,  dont  parlent  les  Actes  des  Apôtres  et  qui  était 
réservée  aux  affranchis  de  provenance  italiote,  issus  des  captifs 
juifs  emmenés  à  Rome  après  la  prise  de  Jérusalem  par  Pompée, 
en  Tan  64  avant  notre  ère.  Le  père  de  Théodotos,  Vetienns  ou 
VetliennSy  pouvait  être  un  de  ceux-ci  échu  en  partage,  lui  ou 
son  propre  père,  à  quelque  membre  de  la  gens  Vettia.  Peut-être 
faut-il  reconnaître  le  fenerator  Vettienus,  homme  d'affaires  de 
Cicéron  qui  en  parle  à  plusieurs  reprises  dans  sa  correspon- 
dance ;  cet  habile  manieur  d'argent  devait  s'être  fort  enrichi 
dans  ce  métier  pour  lequel  il  avait,  de  par  sa  race,  des  aptitudes 
spéciales  et  avait  pu  laisser  à  son  (ils  de  larges  ressources  pour 
achever  cette  œuvre  pie. 

L'ordre  du  jour  appelle  l'élection  d'un  membre  libre  à  la 
place  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Dieulafoy. 

Le  Président  donne  lecture  des  articles  du  règlement  et 
rappelle  les  noms  des  candidats  qui  sont,  par  ordre  alphabétique, 
MM.  de  Gastries,  Henry  Cochin,  Lacombe  et  Pierre  Paris. 

Il  y  a  40  votants  :  majorité  absolue,  21  voix. 

Au  premier  tour,  M.  de  Gastries  obtient  7  voix  ;  M.  Gochin, 
12  voix  ;  M.  Lacombe,  5  voix  ;  M.  Paris,  16  voix.  —  Pas  de 
majorité. 

Au  deuxième  tour,  M.  de  Gastries  obtient  6  voix  ;  M.  Gochin, 
15  voix  ;  M.  Paris,  19  voix.  —  Pas  de  majorité. 

Au  troisième  tour,  M.  Gochin  obtient  19  voix  ;  M.  Paris, 
21  voix. 

M.  Pierre  Paris,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  proclamé  élu  par  le  Président.  Son  élection  sera  soumise  à 
l'approbation  de  M.  le  Président  de  la  République, 


LIVRES   OFFERTS  ,  189 

Après  un  comité  secret,  rAcadémie  procède  à  la  désignation 
de  deux  candidats  à  la  chaire  d'arabe  maghrébin  de  TÉcole  des 
Langues  orientales  vivantes. 

M.  William  Marçais  est  présenté  en  première  ligne  à  Tunani- 
mité  des  34  votants. 

M.  Alfred  Bel  est  présenté  en  seconde  ligne,  également  à  Tuna- 
nimité. 

M.  Paul  Monceaux  commence  la  lecture  d'une  note  sur  la 
légende  de  saint  Jérôme. 


LIVRES    OFFERTS 


Le  Sbcrétaire  perpétuel  offre  à  TAcadémie,  au  nom  de  M.  le 
comte  Paul  Durribu,  son  Rapport  sur  une  communication  de 
M,  Augu$ie  VUal,  intitulé  :  Plaque  de  cuivre  gravée  en  taille^ouce 
det  environs  de  Vannée  4500  (extrait  du  Bulletin  archéologique, 
«918,  ; 

Au  nom  de  M"*  Suzanne  Nouvel,  un  ouvrage  dont  elle  est  Tauteur, 
intitulé  :  Nomades  et  sédentaires  au  Maroc  (Paris,  1919)  ; 

Au  nom  de  M.  Henri  Basset,  deux  volumes  que  constituent  ses 
thèses  de  doctorat  :  Çssai  sur  la  littérature  des  Berbères  et  Le  coite 
des  grottes  au  Maroc  (Alger,  1920)  ; 

Au  nom  de  M.  Joh.  Steenstrup,  correspondant  de  T Académie,  un 
opuscule  dont  il  est  Tauteur,  intitulé  :  L'origine  des  chansons  popu- 
lairts  danoises  et  leur  plus  ancienne  époque. 

M.  Maurice  Choisit  fait  hommage  du  tome  I  des  Œuvres  complètes 
de  Platon^  début  d*une  importante  collection  des  auteurs  grecs 
{texte  et  traduction  française)  qui  paraît  sous  sa  direction. 

M.  Paul  FouRNiBH  offre,  de  la  part  du  chanoine  Ulysse  Cubvalibk, 
Bo  discours  prononcé  par  lui  à  la  fête  du  cinquantenaire  de  la 
Société  d'Archéologie  de  la  Drôme,  le  10  février  1920,  et  consacré  à 
U  croisade  du  Dauphin  Humbert  //  (1345-1347). 


LA   BASILIQUE    VOISINE   DE   SAINTE-MONIQUE   A   CARTHAGE      191 

1500  francs  à  M.  Lângfors,  pour  son  édition  du  Roman  de 
Fauvel  ; 

1000  francs  à  M.  Ëbersoil,  pour  ses  ouvrages  :  Constanli- 
nople  byzantine  et  Mélanges  d'histoire  et  d'archéologie  byzan- 
tine; 

500  francs  à  M.  Gouiven,  pour  :  U établissement  des  premiers 
Européens  à  Mazagan  au  XIX^  siècle^  et  La  place  de  Mazagan 
sous  la  domination  portugaise  (1502-1576). 

M.  Paul  Girard  annonce  que  la  Commission  du  prix  de  Joest 
a  décerné  le  prix  à  M.  J.  Laurent  pour  ses  deux  ouvrages  :  L'Ar- 
ménie entre  Byzance  et  V Islam  depuis  la  conquête  arabe  jus- 
qu'à S 86 y  et  Byzance  et  les  Turcs  Seldjoukides  dans  l'Asie 
occidentale  jusqu'à  108i, 

M.  Antoine  Thomas,,  au  nom  de  la  commission  inter- 
académique du  prix  Voiney,  fait  savoir  officieusement  que  le  prix 
Volney,  de  1500  francs,  est  décerné  à  M.  Albert  Cuny  pour  un 
mémoire  manuscrit  intitulé  :  Etudes  grammaticales  sur  le 
domaine  des  langues  indo-européennes  et  chamito-sémitiqueSy 
et  qu'une  récompense  de  500  francs  sur  les  arrérages  de  la 
fondation  est  attribuée  en  outre  à  M.  Gaston  Esnault,  professeur 
au  lycée  Hoche  pour  son  livre  :  Le  poilu  tel  qu'il  se  parle  (Paris, 
1919). 

M.  Caonat  donne  lecture  du  rapport  du  R.  P.  Delattre  sur 
las  fouilles  faites  par  lui  dans  la  basilique  voisine  de  Sainte- 
Monique  à  Carthage  *. 


COMMUNICATION 


LA   BASILIQUE   VOISINE   DE   SAINTE-MONIQUE   A  CARTHAGK, 
PAR     LE     R.      P.      DELATTRE,     CORRESPONDANT     DE     l' ACADÉMIE. 

Grâce  à  la  subvention  que  TAcadémie  m*a  accordée,  j'ai 
pu  achever  Texploration  des  ruines  de  la  grande  basilique 
voisine  de  Sainte-Monique. 

1.  Voir  ci-aprèt. 


■ 


i92      LA    BASILIQUE   VOISINE   DE   SAINTE-MONIQUE  A   CARTHAGE 

L'atrium  dont  nous  avions  reconnu  remplacement  était, 
comme  la  basilique  elle-même  et  les  constructions  qui 
lui  sont  continués,  entièrement  rempli  de  sépultures.  Au 
nombre  de  près  de  deux  cents,  elles  occupaient  tout  l'espace 
libre  autour  de  la  construction  souterraine,  sorte  de  crypte 
centrale.  Le  plus  grand  nombre  sont  de  simples  fosses 
creusées  dans  l'argile.  Quelques-unes  seulement  sont  gar- 
nies de  pierres  plates  sur  leurs  parois  verticales. 

La  construction  centrale,  profonde  de  5  mètres',  longue 
de  i8  mètres  et  large  de  4™  25,  parallèle  à  la  façade  de 
Tédifice,  occupe  exactement  le  milieu  de  Vatriam,  Le 
grand  axe  de  la  basilique  la  coupe  en  deux  parties  égales. 
J^ai  déjà  dit  dans  mon  premier  rapport  que  ce  grand  axe, 
prolongé  jusqu'à  la  presqu'île  du  Cap  Bon,  tombe  siu* 
Korbous,  l'antique  Aquae  Carpitanae. 

Cette  construction  souterraine  qu'on  ne  rencontre  pas 
ordinairement  dans  Yatrium  des  basiliques  africaines,  peut 
être  rapprochée  de  celle  qu'ont  découverte  mes  confrères 
de  Jérusalem,  les  PP.  Féderlin  et  Cré,  dans  l'exploration 
des  ruines  de  la  basilique  de  l'Eléona  sur  le  Mont  des 
Oliviers  ^. 

Le  R.  P.  Vincent,  des  Frères  Prêcheurs  de  Jérusalem, 
l'appelle  «  la  grande  citerne  de  l'atrium  ».  Mais  à  Carthage, 
la  construction  souterraine  de  Yatrium  ne  me  paraît  pas 
avoir,  été  une  citerne.  Le  peu  d'épaisseur  des  murs  (0"  50), 
la  façon  dont  les  pierres  sont  jointes,  la  nature  de  l'enduit 
qui,  en  grande  partie  a  disparu,  ne  semblent  pas  convenir 
à  ime  vaste  citerne.  De  plus,  à  l'extrémité  sud,  dans  la 
partie  supérieure  de  la  paroi,  on  reconnaît  très  nettement 
les  traces  d'une  baie  large  de  0  "  80  qui  a  été  murée,  ce 
qui  semble  indiquer  une  crypte. 


1.  Sans  compter  la  partie  voûtée  qui  ne  subsiste  qu'à  une  des  extrémités. 
3.  L Église  de  VÉléona.  Fouilles  des  Pères  BlancSf  1910  {Revue  Biblique, 
avril  1911). 


I 


LA   BASILIQUE   VOISINE   DE   SAINTE-MONIQUE   A   CAHTHAOE      193 

Cette  conclusion  s'impose  d'autant  plus  qu'à  cô.té  se 
trouve  une  véritable  citerne  longue  et  étroite.  Si  l'on  com- 
pare l'enduit  de  l'une  et  de  l'autre  de  ces  deux  construc- 
tions, le  doute  ne  parait  pas  possible.  Matériaux  et  mode 
de  construction  sont  complètement  différents. 

Dans  une  première  exploration,  j'avais  remué  la  t^rre 
qui  remplissait  cette  sorte  de  crypte  à  la  voûte  effondrée, 
sans  l'extraire.  Cette  fois,  nous  l'avons  complètement 
vidée,  malgré  les  centaines  de  mètres  cubes  de  terre  et  de 
débris  qu'il  fallut  enlever  et  transporter. 

Au  fond,  à  0  "  20  de  la  paroi  sud  et  à  0  ">  30  de  la  paroi 
oaesi^  quatre  ^uiles  d'argile  rouge  à  rebords,  juxtaposées 
et  fixées  dans  le  mortier,  formaient  ensemble  une  longueur 
de  1  "  98  sur  une  largeur  deO™  36.  On  eût  dit  qu'elles 
fermaient  im  tombeau.  Mais  il  n'en  était  rien.  Elles  étaient 
simplement  plaquées  sur  le  mortier. 

De  nos  observations  il  ressort  donc  que  si  cette  con- 
struction a  été  distraite  de  sa  destination  primitive,  elle  n'a 
pu  servir  de  citerne.  Tout  au  plus  pourrait-on  y  reconnaître 
une  sorte  de  magasiti  à  céréales,  magasin  de  provisions 
pour  le  secours  des  pauvres. 

Le  déblaiement  complet  nous  a  fait  découvrir  des  frag- 
ments d'épitaphes  chrétiennes. 

Avec  une  des  dernières  pelletées  de  terre  est  sortie  une 
petite  tablette  de  marbre,  haute  de  0*°  13  et  large  de 
0"  15,  portant  le  nom  de  Cyprien. 

CYPRIANV 
innOCEUTE 
in  paCAE 

Haut,  des  lettres,  0*"  02.  LHnscription  était  entourée 
d'un  trait  formant  encadrement. 

En  dehors  de  l'a/rium,  les  fouilles  ont  été  poursuivies  à 
l'extérieur  de  la  basilique,  surtout  dans  Tespace  qui  la 
sépare  du  ravin. 

i9V)  13 


LA.  BASIUQtJE;  VOISINE  DE  UlNTE-KONlQtJE  A  CAHTHAGC 
encore,  le  long  du  mur  latéral,  le  sol  est  rempli  de 
saux  très  rapprochés  les  uns  des  autres.  La  plupart 
parallèles  au  mur.  11  y  en  a  qui  lui  sont  perpendi- 
es.  Les  fosses  sont  d'ordinaire  plus  grandes  que  celles 
Irium  et  mieux  soignées.  Plusieurs  sont  revêtues  d'un 
t.  Il  y  en  avait  quelques-unes  à  double  étage.  A 
er  aussi  deux  sarcophages  et  des  fragments  de  sarco- 
s  à  personnages. 

lies  ces  sépultures  étaient  abritées  sous  des  galeries 
m  retrouve  les  piliers  —  ou  du  moins  leur  base  — en 
Nous  en  avons  reconnu  trois  rangées  parallèles  au 
ongitudinal.  Au  milieu  de  ces  tombeau^,  après  la  des- 
>n  de  la  basilique  et  m^me  avant  la  disparition  de  ses 
I,  ona  creuséde  nombreux  silos,  comme  nous  l'avions 
lonstaté,  à  travers  les  nefs.  On  y  trouve  quantité  de 
:s  et  autres  poteries  d'époque  arabe.  Outre  les  deux 
>hages  que  je  viens  de  mentionner,  il  y  en  a  qui  ont 
couverts  par  les  murs  de  la  basilique,  ce  qui  prouve 
e  a  été  construite  sur  l'emplacement  d'un  cimetière 
te  antérieure, 

is  le  mur  opposé,  du  calé  intérieur,  j'avais  remarqué 
irceau  de  marbre  blanc,  employé  dans  la  construction, 
anche  visible  mesurait  O"  10  de  hauteur  et  0"?  30 
igueur.  En  faisant  dégager  la  face  supérieure,  j'ai 
chiffrer  ce  fragment  d'épitaphe  : 

ANNIBa/  fide 
LIS  m  pace 

\i.  des  lettres,  0™  065. 

nom  A'Annibal,  comme  aussi  celui  de  Jugurlba,  ii 
té  rencontré  à  Carth;ige  dans  les  cimetières  chrétiens, 
terrain,  du  côté  sud  de  la  basilique,  est  également 
é  par  des  sépultures.  On  y  rencontre  aussi  des  sarco- 
s  mutilés.   Nous  sommes  tombés  cependant  sur  un 


LA   BASIUQL'R   VOI^IM^    DE   SAINTE-MOMQl'E   A   CARTHAGE      195 

groupe  de  belles  dalles  funéraires  en  mosaïque.  J'en  don- 
nerai plus  loin  la  description.  L'une  d'elles  a  été  reproduite 
avec  beaucoup  de  soin  et  d'exactitude  par  M.  Thouverey. 

Mais  rintérêl  particulier  qui  s'attache  à  notre  dernière 
campagne  de  fouilles  réside  surtout  dans  les  inscriptions. 

Le  nombre  des  morceaux  épigraphiques  recueillis  depuis 
le  début  de  l'exploration  dépasse  9.400. 

Je  donnerai  ici  quelques-unes  de  ces  épitaphes. 

1.  Sur  une  dalle  de  marbre,  haute  de  0"*  58,  longue  de 
1  ■  1 1 ,  brisée  aux  deux  extrémités  : 

GENES  ^  PRESBITER  ^  IN  Pace 
VIXIT  N>  ANNIS  ^  LXXX  ^ 

Haut,  des  lettres,  0  °*  05. 

Cette  dalle  fermait  en  partie  un  sarcophage  placé  per- 
pendiculairement à  l'extérieur  du  mur  sud  de  la  basilique. 
La  face  de  la  cuve  de  marbre  est  ornée  de  strigiles  et  de 
torsades. 

Au  revers  de  l'inscription,  la  dalle  porte  un  grand  car- 
touche en  relief  à  queue  d'aronde. 

Une  seconde  dalle,  au  nom  de  SEIRENVS,  complétait  le 
couvercle  du  sarcophage,  arrondi  même  extérieurement  à 
ses  deux  extrémités. 

Le  nom  de  GENES  est  connu  dans  les  annales  chré- 
tiennes, mais  dans  Tépitaphe  du  prêtre  de  Carthage,  le 
nom  n'est  peut-être  pas  complet.  11  s'appelait  peut-être 
Theogenes. 

2.  Dalle  de  marbre,  haute  de  0  ™  44,  longue  de  0  "  65, 
brisée  à  droite. 

SEIRENVSFIDE7wi/ij9ace 
4,  VIXITANN»LXD/> 
ŒKaLUNNVARIA* 
Ilerminette. 

Haut,  des  lettres,  0*°  06. 


LA    BASILIQUE    VOISINE   DE   SAINTE-MONIQUE   A   CARTHAGE      197 

Haut,  des  lettres,  0  ™  09.  Lettres,  encadrement,  inter- 
lignes, croix  et  cercle  ou  couronne  sont  en  cubes  blancs  sur 
fond  bleuâtre  ou  noir. 

6.  Mosaïque  funéraire.  A  gauche,  une  couronne.  La 
partie  de  droite  est  mutilée.  Au  milieu,  entre  deux  bandes 
de  lignes  brisées,  on  lit  : 

EXZOSAFIDELISIN/>a 
CE  BIX  ANNOS  ////// 

Lettres  en  cubes  noirs,  hautes  de  0"*  07. 

7.  Mosaïque  fmoéraire.  A  gauche,  on  voit  une  croix  en 
cubes  blancs  dans  un  cercle  formé  également  de  cubes 
blancs.  Au  milieu  de  la  mosaïque,  on  a  incrusté  une 
tablette  de  marbre,  placée  dans  le  sens  de  la  longueur  de 
la  mosaïque.  Cette  tablette  mesure  0"  40  de  longueur  et 
0  ■  24  de  largeur.  On  y  lit  : 

ggjPREIECTVSj^ 
IN  PACE  VDOT 

ANNS  LXXXLEONIÂNV 
S  ANNOS  XX 

Hauteur  des  lettres,  0  *"  05.  A  la  3*  ligne,  L  et  le  premier 
X  qui  le  suit  sont  liés. 

Le  second  nom  de  cette  épitaphe  doit  être  lu  sans  doute 
LEONTIANVS.  Le  petit  trait  horizontal  dont  la  lettre  A 
est  munie  à  son  sommet  semble  autoriser  cette  lecture. 

8.  En  avant  de  la  sépulture  de  Prejectus  et  de  Leontia- 
nui^  une  autre  mosaïque  funéraire  portait  quatre  lignes 
dloscription,  mais  elle  est  en  grande  partie  brisée. 

i///////// 

PACE  uixU  annos  /  /  /  /  / 

STEFAN  1/5  fidelin 

IN  PACE  uixii  annos  /  /  /  /  / 


•  .     -    r  ' 


198      LA    BASlLîQtE   VOISINE   DE   SAINTE-MONIQUE   A   CARTHA6E 

Lettres  en  cubes  noirs,  hautes  de  0"  09. 

Outre  les  inscriptions  funéraires  latines,  nous  avons 
trouvé  plusieurs  fragments  d'épit^phes  grecques. 

Parmi  les  pièces  étrangères  à  la  basilique  et  cependant 
trouvées  dans  ses  ruines,  je  signalerai  : 

Une  anse  d'amphore  portant  comme  estampille  la  rose 
de  Rhodes  et  l'inscription  : 

Eni  A  AMO n  ANAMOY 

Un  fragment  de  tablette,  haut  d-e  0"  04  et  long  de 
0  "'  085,  provenant  d'une  liste  de  noms  : 

ICrVS  VlOor 
ELIVS  SATur 

rvs  I 

Haut,  des  lettres,  0"»  OU. 

Une  marque  doliaire,  peut-être  inédite.  Diamètre,  0™  H. 

APRIVSPI  /////// 
FEC 

Une  marque  d'atelier  sur  le  disque  supérieur  d'une  base' 
de  colonne  : 

XXVIIII 

Pour  la  troisième  fois,  nos  fouilles  ont  exhumé  un  de  ces 
marbres  qui  semblent  avoir  servi  d'instruments  de  jeu  : 
morceau  de  marbre  rose,  à  section  carrée,  épais  de  0  "  02, 
long  de  0  ■"  073,  il  est  marqué  de  trois  traits  sur  une  face 
et  de  deux  sur  une  autre. 

Enfin  il  est  sorti  des  ruines  de  notre  basilique  une  anse 
d'amphore  portant  une  estampille  longue  de  0  "  04  et  large 
de  0™  012. 

AP.NA 


S<A5CS   DC   25   JCIK 
i^slrùt   des  Mémoires   de  tAaidémie  SUnkiMS^  tMT- 


tMS 


M,  fUacLox  poràemte^  de  U  part  de  M.  Georges  Durand,  corm- 
poadaAl  de  TAcademie,  luie  étude  dont  il  est  l'auteur,  intitolée  : 
Vme  /amiUr  dTomrriers  vtkiémtH*,  Les  Darly^  serruriert,  ^rmarûrt^ 
gr^etmrs,  peimir^es   .Vmîeiis,  I9:Î0  . 


SÉANCE  DU  25  JUIN 


raéstOENCE   DC   M.    CHARLES    DIBHL. 

A  propos  du  procès-verbal,  M.  Paul  Monceaux,  revenant  sur 
sa  communication  du  18  juin,  présente  quelques  remarques  rela- 
tivement aux  traditions  artistiques  sur  la  mort  de  saint 
Jérôme. 

M.  le  comte  Di^anv  signale  que  des  traductions  françaises  de 
la  lettre  sur  la  vie  et  la  mort  de  saint  Jérôme  se  trouvent  dans 
deux  beaux  manuscrits  à  peintures  de  la  Bibliothèque  nationale, 
Tun  (ras.  français  418)  exécuté  pour  Anne  de  France,  duchesse 
douairière  de  Bourbon,  entre  1509  et  1522  ;  Tautre  (ms.  fran- 
çais 421)  fait  pour  Louise  de  Savoie,  mère  du  futur  roi  François 
I*'',  entre  1509  et  1515.  Dans  le  premier  de  ces  manuscrits,  une 
grande  miniature  représente  «  la  dernière  communion  de  saint 
Jérôme  »  et  Paulin  Paris  disait  déjà  en  1841  que  «  la  tête  du 
Saint  est  telle  que   le  Dominicain  Ta  consacrée  un  peu  plus 

tard  ». 

M.  Salomon  Rbinach  présente  quelques  observations. 

Le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'une  lettre  de  M"* 
Ehrmann,  en  date  du  20  juin,  informant  TAcadémie  queFinhu- 
mation  des  restes  de  M.  Barlh  aurait  lieu  à  Strasbourg  le  23  ou 
le  24  juin  et  exprimant  Tespoir  que  la  Compagnie  s'associerait  à 
ce  dernier  hommage  à  la  mémoire  d'un  confrère  regretté. 

Conformément  à  ce  désir,  le  bureau  a  prié  notre  confrère 
M.  Pfister  de  lire  sur  la  tombe  un  suprême  adieu,  dont  le  Prési- 
dent lui  a  fait  parvenir  le  texte. 


SÉANCE    DU   25   JUIN  201 

Le  Secrétaire  perpétuel  lit  ensuite  une  lettre  de  M.  le  ministre 
de  l'instruction  publique  qui  adresse  à  TAcadémie  Tampliatien 
du  décret  approuvant  l'élection  de  M.  Pierre  Paris  comme 
membre  libre. 

M.  CoBDiBB,  au  nom  de  la  commission  du  prix  Delalande- 
Guérineau,  annonce  qu'elle  a  attribué  sur  les  arrérages  de  la 
fondation  deux  récompenses  de  500  francs,  Tune  à  M.  Michel 
Fighali,  pour  ses  Éludes  sur  les  emprunls  syriaques  dans  les 
parler*  du  Liban ^  et  l'autre  à  M.  Frédéric  Macler,  pour  sa  tra- 
duction de  l'arménien  de  V Histoire  universelle  d"" Etienne  Asohik 
de  Taron. 

M.  Langlois  fait  connaître  que  la  commission  du  prix  de 
Lagrange  a  décidé  qu'il  n'y  avait  pas  lieu  cette  année  de  décer- 
ner le  prix. 

M.   Langlois  fait   une  lecture  sur   r«  Esprit  de   Gui  »   (De 
spirilu  Guidonis).  On  connaît  depuis  longtemps  sous  ce  titre  un 
opuscule  qui  a  joui  d'une  popularité  exceptionnellement  étendue 
et  durable  puisqu'il  en  existe  des  traductions  et  des  paraphrases 
anciennes  (prose  et  vers),  non  seulement  en  français,  mais  en 
haut-allemand,  en  bas-allemand,  en  moyen-anglais,  en  suédois, 
en  gallois,  en  catalan,  et  puisque  ces  traductions  étaient  encore 
lues  et  citées  au  xv*  et  au  xvi'^  siècle.  M.  Langlois  fait  connaître 
U  pièce  authentique  dont  cet  opuscule  est  un  remaniement  :  à 
«avoir  le    procès-verbal  des    interrogatoires   que   Jean    Gobi, 
prieur  des  Dominicains  d'Alais,  fit  subir  sur  les  choses  du  Pur- 
gatoire, en  décembre  1323  et  en  janvier  1324,  à  TEsprit  d'un 
certain  Gui  du  Tour,  qui  «  revenait  »,  peu  de  temps  après  sa 
mort,  dans  la  maison  habitée  par  sa  veuve.  Il  fait  connaître  ce 
document  et  les  conditions  où  il  a  été  rédigé,  d'après  cinq  copies 
qa  il  en  a  découvertes  ou  rassemblées  (deux  à  Barcelone,   une 
an  Musée  Britannique,  une  dans  un  manuscrit  de  la  Chartreuse 
<le  Bellary  (Nièvre),  une  dans  la  Continuation  de  la  Chronique 
^oisaise  de  Jean  de  Fordun  par  Walter  Bower)  .  Il  examine  la 
provenance  de  la  rédaction  remaniée,  celle  qui  eut  un  si  grand 
*pccès,  et  les  intentions  de  son  auteur.  Ces  intentions,  doctri- 


202  LIVRES    OFFERTS 

nales  et  tendancieuses,  avaient  été  jusqQ*^  présent,  dans  Figno- 
rance  où  Ton  était  des  procès-verbanx  originaux,  attribuées  à 
Jean  Gobi  lui-même,  qui  n*en  eut  pas  de  ce  genre. 

MM.  Booché-Leclbrcq  et  Thomas  présentent  quelques  obser- 
vations. 

M.  Salomon  Rbinach  commence  la  lecture  d'un  mémoire  sur 
les  Dialexeis. 


LIVRES   OFFERTS 


Le  SEGBéTAiRE  PERPÉTUEL  préscntc  à  r Académie  : 
Le»  missions  de  Gironcourt  en  Afrique  occidentale,  i  908-1909 — 194 1- 
1912,  ouvrage  publié  en  partie  sous  les  auspices  de  la  Compagnie  ;  — 
cl  un  opuscule  de  M.  Hollebecque  offert  par  Tauteur,  intitulé  :  La 
Méiâon  des  Nnlions  (extrait  de  la  Grande  Revaûy  septembre  1949  - 
février  1920). 

M.  Sknart  fait  hommage  à  T Académie,  de  la  part  de  Fauteur, 
M.  Anderson,  d*un  livre  intitulé:  A  Manual  of  ihe  Bengali  Language 
(Cambridge,   1920). 

M.  FotmNiEn  oiïre,  de  la  part  de  M.  le  chanoine  Ulysse  Chevalier, 
le  tome  VI  et  dernier  de  son  Reperloriani  hymnologicum  ;  catalogue 
des  chants^  hymnes^  proses,  séquences,  tropes  en  usage  dans  VÉglise 
romaine  depuis  les  origines  jusqu'à  nos  Jours,  Ce  volume  renferme 
les  tables  et  la  préface. 

M.  TniîRKAU-DANr.iN  dépose  sur  le  bureau,  au  nom  de  M.  IIeuzev, 
un  nouveau  fascicule  de  la  lievue  d'assyriologie  et  d*archéologie 
orientale  (vol.  XVII,  n®  1). 


COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES 

DB 

L'ACADÉMIE   DES    INSCRIPTIO 

ET   BELLES-LETTRES 
PENDANT    L'ANNÉE     1920 

SÉANCE  DU    2  JUILLET 

PBÉSIDBNCE  DE  M.    CUAHLIiS  DtEHL. 

M.  Pierre  Pasis  écrit  pour  s'eicuser  de  ne  pouvoir  pn 
encore  partaux  travaux  de  l'Académie. 

l-e  pBBsiDEST  souhaite  la  bienvenue  à  M,  le  chanoine  Cau 
correapondanl  de  l'Académie,  qui   remercie  en  quelques  i 

MM.  Maurice  Croiabt  et  l-^ouard  Cuq  sont  nommés  men 
de  la  Commisfiion  de  vériTication  des  comptes  de  l'Acad 
pour  l'année  19-20. 

M.  Salomon  Rbixach  achève  la  lecture  de  son  mémoir 
les  DiaUxeit.  Il  n'agit  d'un  petit  recueil  de  controverse: 
^rec  dorien.  qui  n'ont  encore  été  traduites  dans  aucune  la 
moderne.  C'est  l'a-uvre  d'un  sophiste  contemporain  de  PI; 
qni  devait  être  familier  avec  les  sophiites  de  la  fin  du  v*  si 
M.  Reinach  croit  qu'il  enseignait  vers  l'an  400,  en  Sicile,  el 
les  opuscules  qui  nous  sont  parvenus  sont  ses  notes  de  Ci 

M.  Alfred  Choihit  présente  quelques  observations. 


IT  DU  8BCHÉTA1RE  PERPÉTUEL  SUR  LA  SITUATIOU  DBS 
ICATlOnS    DE    l'académie   pendant    le  premier    SEMESTilE 

i  ;  lu  dans  la  séakce  du  2  juillet  1920. 
Messieurs, 

s  savez  que  devaot  l'augmentatioD  du  coût  des  impres- 
d'une  part,  devant  l'incertitude  où  nous  sommes 
en  ce  moment  relativement  à  notre  budget  d'État, 
Commission  des  travaux  littéraires  a  décidé  qu'avant 
yer  è  l'imprimerie  de  nouveaux  manuscrits,  il  con- 
de  terminer  les  travaux  déjà  commencés,  je  veui 
!  faire  mettre  en  pages  les  nombreux  placards  anté- 
nent  composés  et  tirer  les  feuilles  mises  en  pages,  i 
lans  ce  sens  que  nous  avons  agi  depuis  le  début  de 

fémoires  de  l'Académie  et  Mémoires  des  savanti 
ers.  —  11  vous  a  été  distribué  dernièrement  deui 
res,  celui   de   M.    Foucart  sur  Un   décret  athénien 

aux  combattants  de  Phylé  et  celui  de  M.  Bonnel  de 
es  intitulé  :  Recherches  sur  l'emplacement  de  Gkam 

le  site  de  Tekrour.  Le  mémoire  de  notre  regretté 
re  Dieulafoy  sur  La  mosquée  d'Hassan  est  tiré, 
aus  reste  un  volumineux- mémoire  de  M.  Blochet  sur 
urs  manuscrits  persans  de  la  collection  Marteaa. 
!ntaine  de  placards  en  sont  composés  ;  il  faudra,  avant 
itinuer,  les  mettre  en  pages  et  en   donner  le  bon  à 

lisloire  littéraire  de  la  France,  —  L'impression  du 
^V,  qui  se  composera  de  620  pages  environ,  se  pour- 


RAPPORT  DU  SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  205 

soit  très  activement.  Il  pourra  être  distribué  dans  les  pre- 
miers mois  de  1921.  La  mise  en  pages  atteint  déjà  la 
page  642  et  va  se  continuer  sans  délai,  la  composition  suf- 
fisant non  seulement  pour  terminer  le  volume  en  cours, 
mais  pour  commencer  le  suivant.  Des  trois  notices  nécro- 
logiques qui  doivent  figurer  en  tète,  deux  sont  rédigées  et 
ont  été  lues  au  sein  de  la  Commission,  celles  de  P.  VioUet 
et  de  P.  Meyer  ;  la  troisième,  celle  de  Noël  Valois,  sera  pro- 
chainement soumise  à  la  Commission. 

Des  mesures  sont  prises,  en  outre,  pour  que  la  table 
alphabétique  du  volume  n  en  retarde  pas  Tapparition.  Les 
fiches  seront,  en  grande  partie,  dressées  pendant  les 
vacances  prochaines  ;  on  les  fondra  en  les  harmonisant  dès 
la  rentrée,  en  novembre. 

3<*  Chartes  et  diplômes.  —  Rien  de  nouveau  touchant  le 
tome  II  des  Actes  de  Henri  11^  roi  d'Angleterrey  non  |)lus 
que  pour  le  Recueil  des  actes  de  Philippe  Auguste, 

Le  Recueil  des  actes  des  rois  de  Provence  dont  a  été 
chargé  M.  Poupardin  est  achevé.  Nous  n'attendons  plus 
que  la  livraison  du  volume  par  Tlmprimerie  nationale. 

Pour  le  Recueil  des  actes  de  Pépin  /•'  et  de  Pépin  II y 
rois  d'Aquitaine^  dont  la  rédaction  est  confiée  à  M.  Léon 
Levillain,  le  bon  à  tirer  des  trente-six  feuilles  représentant 
le  texte  des  actes  a  été  donné  le  16  avril  dernier. 

L* Académie  ayant  récemment  attribué  une  des  places 
d'auxiliaire  dont  elle  dispose  à  M.  Clovis  Brunel,  profes- 
seur à  rÉcole  des  Chartes,  avec  mission  spéciale  d'aider 
M.  Prou  dans  la  préparation  du  Recueil  des  actes  de  Charles 
le  Chauve  y  il  y  a  lieu  d'espérer  que  rétablissement  des  textes 
fera  désormais  de  plus  rapides  progrès.  Déjà  M.  Brunel 
s'est  mis  à  la  besogne  :  il  a  classé  les  copies  des  diplômes 
pour  Saint-Maur-sur-Loire  et  revisé  la  bibliographie  de  ces 
actes  dressée  par  Giry. 

4*  Fouillés.  — M.  Etienne  Clouzot  a  achevé  la  correction 
des  placards  208  à  318  du  volume   des  Pouillés  des  pro- 


306  RAPPORT    OV    SCCHtTAlRE    PEBP^UBL 

vincea  d'Aix,  d'Arles  et  d'Embrun,  c'est-à-dire  de  toute  la 
table  alphabétique  des  noms  propres.  Ces  placards  ont  été 
imprimerie  le  23  avril  dernier  pour  la  mise  en 
léme  temps,  notre  auxiliaire  poursuit  la  rédac- 
lume  suivant  ^qui  comprendra  les  Pouillés  des 
î  Vienne  et  de  Besançon. 

Carrière,  que  vous  avez  chargé  de  préparer  la 
des  Pouillés  de  lu  province  de  Mayence,  a  copié 
anuscrits  des  Archives  du  Bas-Rhin,  que  notre 

Ch.-V.  Langlois,  directeur  des  Archives  natio- 
»  voulu  faire  venir  à  Paris, 
Jacques  de  Font- Réaulx,  désigaé  pour  continuer 
onsacré  aux  Pouillés  de  la  province  de  Bourges, 
par  Aug,  Longnon,  a  visité  les  archives  et 
quesdeGlermont,de  Rodez,  d'Albi  et  de  Cahors 
:  tous  les  documents  nécessaires  à  la  composi- 
olume.  En  outre,  il  a,  avec  l'aide  de  M.  Poe- 
it-Jussé,  membre  de  l'École  française  de  Rome, 
ite  des  documents  conservés  aux  Archives  du 
quels,  coaformément  au  plan  adopté  par  Lon- 
nt  servir  k  compléter  et,  le  cas  échéant,  à  sup- 
uillés  proprement  dits. 

ires.  —  La  copie  de  la  table  générale  du  tome  IV 
res  (province  de  Sens,  diocèse  de   Troyes)  est 

achevée  par  les  soins  de  MM.  Boutillîer  du 
itresson  de  Saint-Aubin,  archiviste  de  l'Aube. 
!S  maintenant  être  envoyée  à  l'impression  pour 

volume,  dont  le  texte,  depuis  longtemps  tiré, 
abli  presque  entièrement  par  Aug.  Longnon. 
ire  partie  de  la  copie  du  tome  V  des  Obituaires 

l.yon),  préparée  par  M.  Jacques  Laurent,  a  été 
lourra  également  être  envoyée  'a  l'imprimerie 
is  reprendrons  le  cours  normal  de  nos  publi- 

%  inscriptionum  semilicarum.  —  A  ce  moment 


RAPPORT  DV   SECRÉTAIRE  PERPÉTUEL  207 

également  la  publication  du  Corpus  sera  activée.  Aucun 
travail  nouveau  n*a  été  remis  à  Tlmprinierie  nationale 
au  cours  de  ce  semestre.  Un  fascicule  important  du  Réper- 
toire (Tépigraphie  sémitique  est  prêt  pour  Timpression. 

M.  Tabbé  Chabot  vient  de  recevoir  les  dix  premières 
feuilles  en  pages  du  recueil  des  Inscriptions  palmyré- 
niennes.  Les  placards  22  à  50,  qui  en  forment  la  suite,  sont 
entre  les  mains  des  correcteurs  de  Timprimerie.  Quant  aux 
placards  51  à  130,  qui  ont  dû  être  profondément  remaniés 
et  complétés  à  l'aide  des  estampages  rapportés  du  pays  par 
les  PP.  Jaussen  et  Savignac,  leur  nouvelle  rédaction 
est  au  point  ;  nous  les  ferons  parvenir  pour  correction  dès 
que  le  tirage  des  précédents  sera  exécuté. 

Nos  Comptes  rendus  sont  en  retard  de  plus  d'un  semestre. 
Le  fascicule  de  septembre-octobre  a  paru  le  mois  dernier  ; 
le  cahier  de  novembre-décembre  est  bon  à  mettre  en  pages  ; 
il  est  certain  qu'il  nç  pourra  pas  paraître  avant  les  vacances. 
C'est  une  situation  qui  ne  saurait  durer. 

Les  deux  fascicules  du  tome  XXIII  des  Monuments  et 
Mémoires  Piot,  depuis  longtemps  imprimés,  mais  dont  le 
manque  de  papier  retardait  le  tirage^  verront  le  jour 
ensemble  sous  le  millésime  1918-1919.  M.  Homolle  espère 
qu'ils  pourront  être  distribués  avant  les  vacances.  L'im- 
pression du  tome  XXIV  est  commencée. 

Nous  avons  reçu  et  corrigé  en  placards  quelques  pages 
des  Inscriptiones  graecae  ad  res  romanas  pertinentes.  L'im- 
priraeur  m'avait  promis  de  terminer  dans  la  première  par- 
tie de  cette  année  le  fascicule  en  cours  ;  mais,  il  est,  paraît- 
il,  plus  facile  de  promettre  que  de  tenir  :  le  bon  à  mettre 
en  pages  vient  seulement  d'être  donné. 

Le  même  imprimeur  avait  été  chargé  du  Choix  d  inscrip- 
tions de  Délos  traduites  en  français.  Je  vous  ai  dit,  il  y  a 
six  mois,  que  nous  avions  dû  le  quitter  pour  cette  publi- 
cation et  nous  adresser  ailleurs.  M.  Durand,  de  Chartres, 
a  accepté  l'entreprise.  Le  premier  volume  est  donc  à  Tim- 


208  Sft&NCB   DU    9    JUILLET  j 

pression.  Le  manuscrit  étant  achevé,  il  y  a  lieu  d'espérer 
que  le  volume  pourra  paraître  à  la  fin  de  1920.  Vous  savei 
que  rinëpuisable  ^nérosité  de  notre  confrère  M.  le  <lnc 
■*"  '  ""►"••    «a  nous  permettre  de  pousser  activement  le 


LIVRES  OFFERTS 


E  PEUPÉTUBL  offre  au  Dom  de  l'auleur,  U.  Trannoy,  le 
e  de  ses  Hypothétet  critique»  $ur  let  Pentéet  de  W«re- 

I  dépose  sur  le  bureau,  au  nom  de  U.  Ch.  Picard, 
cole  française  d'Athènes,  le  dernier  fascicule  du  Bal' 
md^nce  kelUniqut,  qui  contient  notamment  l'impoi^ 
e  M.  Rey  intitulé  :  ObieroalioaM  tur  In  lile*  préhitto- 
hitlorique»  de  U  Macédoine  {yayez  Compte*  rendu*, 
I  4  avril).  11  faut  féliciter  M.  Picard  d'avoir,  au  milieu 
ns  nombre,  mené  à  bien  l'impression  Je  ce  fascicule 
tome  XL;  l'Académie  verra  dans  cette  publication, 
:  seulement  d'une  direction  laborieuse,  une  nouvelle 
tivité  avec  laquelle  il  s'acquitte  de  sa  complexe  et 
'École  d'Athènes  ne  pouvait  être  es  de  meilleures 


SÉANCE  DU  9  JUILLET 


i   M.    CHABLBS   DIBHL. 

RB   PERPÉTUEL  présente  à   l'Académie   M.  Pierre 
démicien  libre  le  11  juin  dernier. 
r  adresse  quelques  paroles  de  bienvenue  au  nouvel 
i  prendre  place  parmi  ses  confrères. 

au  nom  de  la  Commission  de  la  fondation  Benoit 


SÉANCE   DU   9   JUILLET  209 

Garmer,  propose  d'accorder  sur  les  arrérages  de  la  fondation 
une  somme  de  six  mille  francs  au  P.  Henri  Maurice  pour  Tex- 
ploration  des  grottes  et  des  cavernes  du  Congo,  en  particulier 
dans  la  région  située  entre  le  fleuve  Congo  et  le  lac  Tanganyka 
(rivière  Loukougo).  —  Adopté. 

Le  pRÉsmENT  fait  savoir  que  la  Commission  de  la  fondation  du 
duc  DE  LouBAT  a  attribué  deux  subventions  dans  les  conditions 
conformes  aux  intentions  du  donateur. 

M.  Edouard  Naville  communique  un  résumé  d'un  livre  en 
cours  de  publication  sur  «  révolution  de  la  langue  égyptienne 
el  les  langues  sémitiques  ». 

L*ancien  égyptien,  dont  Thistoire  est  bien  connue,  présente 
deux  changements  brusques  qui  se  produisent  à  un  momeqit 
donné,  et  qui  ne  se  rattachent  pas  aux  lois  de  la  philologie. 

A  Tépoque  saïte  et  sous  les  Perses  naît,  à  côté  de  Tancienne 
langue  littéraire  hiéroglyphique,  le  démotique,  qui  est  une 
modification  à  la  fois  de  Técriture  et  de  la  langue.  C'est  une 
forme  plus  populaire,  écrite  avec  des  caractères  très  déviés  des 
hiéroglyphes,  et  qui  diffère  assez  de  Tancienne  langue  pour  qu'il 
soit  nécessaire,  si  Ton  veut  le  comprendre,  d'avoir  recours  aux 
inscriptions  bilingues,  en  hiéroglyphes  et  en  démotique.  Ce 
changement  est  absolument  autochtone  et  l'on  ne  saurait  y 
voir  aucune  influence  étrangère. 

M.  Naville  demande  s'il  n'y  a  pas,  dans  la  langue  littéraire  de 
r.\sie  Occidentale,  une  modification  tout  analogue,  quand  par- 
tout où  l'on  écrivait  en  cunéiforme  on  a  vu  surgir  tout  d'un 
coup  Taraméen,  qui  diffère,  comme  langue  et  comme  écriture,  de 
l'assyrien  et  du  babylonien.  Ne  faut- il  pas  voir  là  un  phénomène 
linguistique  semblable  à  celui  de  la  naissance  du  démotique  en 
Kgypte  ?  une  évolution  autochtone  et  spontanée  de  l'ancienne 
tangue,  bien  plutôt  que  le  résultat  d'une  invasion  des  Araméens, 
un  peuple  dont  cette  langue  serait  la  propriété  ? 

Une  transformation  encore  plus  profonde  de  l'égyptien  a  été 

le  copte,  l*adoption  de  l'alphabet  grec  augmenté  de  six  signes 

pour  écrire  les  quatre  dialectes  qui  se  parlaient  en  Kgypte.  Ces 

quatre  dialectes  sont  devenus  la  langue  de  la  traduction  des 

1910  M 


210  LIVRES  OFFERTS 

Saintes  Écritares  el  de  la  littérature  chrétienne.  L'hébrea  tel 
qoe  nous  le  connaissons  n'apparaît  qu'avec  la  naissance,  à 
répM>que  de  Tare  chrétienne,  de  Thébren  carré,  une  écriture 
dérivée  de  i'araméen.  Comme  le  copte,  n'est-il  pas  la  langne 
populaire,  le  dialecte  de  Jérusalem,  lejehoadith  pour  lequel  on 
a  inventé  un  alphabet  nouveau  ?  De  cette  manière  on  séparait 
les  livres  des  Hébreux  de  la  littérature  araméenne. 

M.  Naville  soumet  ces  deux  questions,  qui  lui  ont  été  suggérées 
par  Tétude  de  Tégyptien,  au  jugement  des  experts  dans  les 
langues  sémitiques. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SEcaéTAiRE  perpétuel  présente  à  TAcadémie,  de  la  part  de 
M.  Prou,  le  tome  V  des  Charles  el  diplômes  :  Acla  des  rois  de 
Provence^  par  M.  Poupardin. 

Il  offre  en  outre  :  au  nom  de  M.  Schlumbbrger,  une  étude  doot  il 
est  Tauteur,  intitulée  :  Les  monnaies  médiévales  des  rois  de  la  Petite 
Arménie  (extrait  de  la  Revue  des  Etudes  arméniennes^  1920,  tome  I, 
fasc.  1)  ; 

et  au  nom  de  M.  Adrien  Blanchbt,  la  deuxième  série  de  ses 
Mémoires  el  Notes  de  numismatique  (Paris,  1920,  in-8«). 

M.  le  comte  Alexandre  de  Laborde  a  la  parole  pour  un  hommage  : 
u  J'ai  rhonneur  d'offrir  à  TAcadémie,  de  la  part  de  M.  E.  Ginot, 
conservateur  de  la  Bibliothèque  de  la  ville  de  Poitiers,  une  étude 
publiée  par  les  soins  de  la  Société  française  de  reproductions  de 
manuscrits  à  peintures  (Bulletin  n®  1  de  1920)  et  relative  au  manu- 
scrit de  sainte  Radegonde  et  aux  peintures  du  xi«  siècle  qui  le 
décorent  (n°  250  de  la  Bibliothèque  municipale  dePoitiers). 

«  L*auteur,  après  avoir  fait  une  description  détaillée  du  volume,  a 
bien  fait  ressortir  qu'il  y  eut  plusieurs  recueils  traitant  de  la  vie 
de  sainte  Radegonde,  plus  ou  moins  illustrés,  mais  que  le  manu- 
scrit 250  est  actuellement  le  plus  ancien  et  que  son  texte  et  ses  pein- 
tures ont  été  exécutés,  en  même  temps,  par  le  même  copiste-enlu- 
mineur vers  le  milieu  du  xi«  siècle,  probablement  d*après  un  ori- 
ginal carolingien. 


LIVRES    OFFERTS  211 

n  II  établit  justement  qu'un  lien  de  parenté  rattache  ce  manuscrit  et 
ses  peintures  aux  fresques  qui  décoraient  vers  la  même  époque  les 
églises  romanes  du  Poitou,  et  que  ces  enluminures  servirent,  pour 
ainsi  dire,  de  cartons  pour  les  deux  verrières  conservées  encore 
aujourd'hui  à  Téglise  Sainte-Radegonde  et  commencées  en  1269. 

»  On  peut  'ajouter  que  ces  enluminures  sont  également  intéres- 
santes pour  le  costume  qu'elles  donnent  aux  évoques  et  qui  est 
pareil  à  celui  que  Ton  remarque  dans  la  célèbre  tapisserie  de  Bayeux, 
datant  également  du  xi'  siècle.  » 

M.  Edouard  Cuq  offre  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur,  M. 
Charles  Appleton,  professeur  à  la  Faculté  de  droit  de  Lyon^  une 
étude  sur  »  La  longévité  et  l'avortement  volontaire  aux  premiers 
siècles  de  notre  ère,  avec  un  tableau  de  statistique  comparée  »  : 

c  L'auteur  explique  pourquoi  les  inscriptions  funéraires  ne  peuvent 
pas  nous  éclairer  sur  la  durée  moyenne  de  la  vie  de  leur  temps. 
C'est  que  la  très  grande  majorité  des  inscriptions  qui  donnent  l'âge 
concernent  des  jeunes-  gens.  A  défaut  des  inscriptions,  il  y  a  au 
Digeste  un  texte  bien  connu  qui  permet  de  déterminer  la  vie 
probable  d'après  les  données  du  cens  :  c'est  le  tarif  des  droits  à 
payer  au  use  par  les  légataires  d'usufruit,  tarif  qui  varie  suivant 
rige  de  l'usufruitier.  En  comparant  les  résultats  auxquels  sont 
irrivés  les  Romains  à  ceux  que  fournissent  pour  le  xviii^  siècle  la 
lible  de  Duvillard  et  celle  de  Deparcieux,  pour  le  xix*'  siècle  la 
table  de  Bertillon,  on  constate  que  la  longévité  moyenne  était  su))é- 
Heure  à  celle  des  Romains  de  six  à  sept  ans  au  xviii*'  siècle,  d'en- 
viron dix  ans  au  xix«  siècle. 

«  M.  Appleton  montre  ensuite  que,  d'après  les  inscriptions  funé- 
raires, la  mortalité  des  femmes  en  âge  d'être  mères  était  très  élevée 
au  temps  des  Romains.  Elle  a,  suivant  lui,  sa  cause  dans  les  pratiques 
abortives  très  répandues  dans  les  classes  aisées. 

•  Dans  ccftte  nouvelle  étude  du  savant  professeur  lyonnais,  on 
retrouve  les  qualités  de  finesse  et  de  saine  dialectique  qui  dis- 
tinguent ses  travaux  antérieurs.  I)  me  suffira  de  rappeler  son  //ta- 
loire  de  la  propriété  prétorienne  et  de  Vaction  pubiicienne  et  son 
iiiêtoire  de  la  compensation  en  droit  romain,  ses  articles  très  reraar. 
qués  sur  le  fragment  de  la  loi  d*E»te^  et  sur  la  clause  apochatum 
oncii  duahuê  des  tablettes  de  Transylvanie.  » 

M.  E.  PoTTiEB  fait  hommage  à  l'Académie  du  premier  fascicule 
de  la  nouvelle  revue  Syriaj  dont  la  création  est  due  à  l'initiative 
<rao  des  conservateurs  du  Louvre,  M.  Dussaud.  11  a  pensé  que,  sous 


212  SÉANCE    DU    16    JUILLET 

l'empire  des  circonstances  actuelles,  U  était  désirable  d'établir  nu 
lien  scientifique  plus  étroit  avec  la  Syrie  qui  fut  toujours  pour  U 
France  une  terre  d'élection  et  qui,  aujourd'hui,  doit  s'ouvrir  plot 
largement  aux  eiplorations  et  aui  éludea  archéologiques.  Un  groupe 
important  de  notables  syriens  oui  répondu  avec  empressement  i 
cette  idée,  et  c'est,  pour  une  grande  part,  i  eux  que  nous  sonime» 
redevables  de  voir  naître  ce  recueil,  malgré  les  conditions  si  diffi- 
ciles des  publications  k  l'heure  présente.  De  son  c6té,  l'admiui»- 
tration  française  s'est  montrée  très  favorable  au  dévelo[^meDt 
d'un  organe  capable  de  faire  connaître  aux  Syriens  tout  ce  que 
la  France  a  déjà  (ait  et  ce  qu'elle  fera  encore  pour  le  pays  dont  elle 
a  la  charge  éducative.  M.  le  général  Gouraud  a  tenu  à  encourtg;er 
cette  œuvre  par  une  subvention  spéciale  et  M.  le  Ministre  de  I'Îd- 
atruction  publique  a  promis  aussi  de  la  soutenir.  Ces  trois  appuis 
sont  donc  déjà  le  gage  de  l'enlente  qui  se  fait  pour  mener  à  bien 
l'entreprise.  On  y  verra  aussi  la  preuve  que  cett«  re*ue  nouvelle  ne 
fait  pas  double  emploi  avec  les  autres  et  que  sou  terrain  d'action 
est  strictement  délimité.  Le  contenu  du  premier  fascicule  montre 
d'ailleurs  dans  quel  esprit  Syria  est  dirigée. 


SÉANCE  DU  16  JUILLET 


PHisiDBNCE   OB  H.   CIIAU.BS   DIEHL. 

M.  DiBHL  fait  une  lecture  à  propos  d'une  inscription  grecque 
de  la  basilique  d'Ererouk  en  Arménie  *.  \ 

Un  mots  s'étant  écoulé  depuis  la  mort  de  M.  Tabbé  Lejaj 
le  Pbésident  interroge  l'Académie  sur  l'opportunité  qu'il  y 
aurait  de  déclarer  la  vacance  de  son  fauteuil.  Par  16  voix 
contre  3,  au  scrutin,  la  Compagnie  se  prononce  pour  l'affir-  ' 
mative  et  décide  à  main  levée  qu'elle  fixera  sur-le-champ  )' 
date  des  opérations  électorales. 

Le  PsÉsiDUNT  rappelle  que  l'élection  du  successeur  de  M.  Héron 
a  été  renvoyée  au    mois   de   novembre,  et  fait 

rès. 


SÉANCE    DU    16    JUILLET  213 

connaître  que  le  bureau  propose  de  fixer  cette  élection  au 
12  novembre,  Texposition  des  titres  ayant  lieu  le  5. 

En  ce  qui  concek*ne  le  fauteuil  de  M.  Lejay,  la  Compagnie 
voudra,  sans  doute,  éviter  de  faire  deux  élections  le  même 
jour  :  le  bureau  suggère,  en  conséquence,  la  date  du  3  décembre. 
U  serait  procédé  à  l'exposition  des  titres  dans  la  séance  du 
26  novembre,  la  séance  publique  étant  avancée  dans  ce  cas  au 
19  du  même  mois. 

Par  deux  votes  successifs,  TAcadémie  fixe  au  19  novembre  la 
séance  publique  et  Télection  du  successeur  de  M.  Tabbé  Lejay 
au  3  décembre,  avec  l'exposition  des  titres  le  26  novembre. 

M.  PoTTiBR  communique  un  rapport  de  M.  Picard,  directeur 
de  r École  d*Athènes,  sur  un  colosse  «  criophore  »  archaïque 
découvert  dans  les  fouilles  de  Thasos  de  cette  année  ^. 

M.  Salomon  Reinach  présente  quelques  observations. 

M.  Pottier  donne  en  outre  lecture  de  la  lettre  de  M.  Picard  au 
Secrétaire  perpétuel  qui  accompagnait  Tenvoi  du  rapport  et  où 
sont  mentionnées  différentes  fouilles  en  cours  d'exécution  : 

«  J*ai  le  plaisir  de  faire  connaître,  à  cette  occasion,  à  TAca- 
démie,  que  les  fouilles,  reprises  en  fin  d'avril,    à  Thasos  et  à 
Pbilippes  de  Macédoine,  sont  en  cours,  et  promettent  un  heu- 
reux succès.  Je  suis  rentré  tout  récemment  de  Pbilippes,  après 
avoir  installé   les  chantiers.    A  Thasos,    où  j'ai    passé  deux 
semaines,  les  recherches,  qui  continuent,  ont  porté  à  TAcropole 
et  dans  la   ville  basse.   Les  documents  trouvés   à   TAcropole, 
outre  le  criophore  archaïque  dont  j'envoie  les  photographies, 
sont  surtout  des  inscriptions  intéressantes  :  nous  avons  notam- 
ment remis  la  main  sur  l'important  décret  de  l'année  412/1, 
rebtif  au  bannissement  et  à  la  vente  des  biens  des  Thasiens 
•mis   d'*Athènes  —   décret  étudié  par  M.   P.    Foucart,  Rev, 
philol.^  XXVII,  1903,  p.  215  (et  considéré  comme  perdu).  Nous 
avons  découvert    d'autres  textes  inédits  de  la  même  période. 
Dans  b  ville  basse,  les  recherches  entreprises  à  TAgora  hellé- 
nique, au  théAtre,  présentent  déjà  un  vif  intérêt  ;  nous  avons 
découvert  un  temple  du  iv*  siècle  avant  J.-C,  un  monument 

1.  Voird-Après. 


214  SÉANCE   DU    16   JUILLET 

circulaire  dédié  au  culte  impérial  ;  nous  avons  pu  déterminer  les 
dimensions  principales  de  TAgora  ;  on  a  découvert  partout  des 
inscriptions,  des  sculptures  (quelques-unes  du  iv®  siècle  avant 
J.-C).  Je  crois  enfin  avoir  identifié  définitivement  le  temple 
archaïque  de  Dionysos,  hors-les-murs. 

«  A  Philippes,  nos  recherches  doivent  porter  surtout  sur  le  site 
préhistorique  sud  de  Dikilt-Tasch,  où  je  crois  pouvoir  déter- 
miner remplacement  de  Crénides.  Dans  Ja  cité  même,  sur  les 
pentes  rocheuses  où  la  ville  macédonienne  s'étageait,  nous  avons 
découvert  un  temple  ;  nous  pensons  aussi  pouvoir  dégager 
prochainement  le  temple  de  Sylvain,  dont  l'existence  avait  été 
pressentie  par  M.  Heuzéy.  J'ai  constaté,  dans  ce  temple,  ainsi 
que  dans  le  théâtre  déjà  fouillé  par  nous  en  1914,  des  tranchées 
pratiquées  avec  une  intention  archéologique,  pendant  la  guerre  ; 
le  passage  des  Bulgares  s'est  d'ailleurs  surtout  traduit  par  le 
rapt  des  inscriptions  et  des  sculptures,  et  par  le  sac  intention* 
nel  du  théâtre. 

«  Grâce  à  diverses  modifications  dans  la  région,  de  Drama  à 
Sari-Sampan,  je  pense  avoir  pu  déterminer  les  sites  d'Antisara 
et  de  Sara.  Nous  avons  relevé,  dans  la  plaine  de  Philippes,  l'exis- 
tence de  plusieurs  tertres  préhistoriques.  Cette  exploration  sera 
complétée  par  MM.  Dreyfus  et  Renaudin,  membres  de  TÉcole, 
qui  continuent  les  travaux. 

«  Avant  de  rejoindre  Thasos,  M.  Renaudin  a  fait  dans  le  Pélo- 
ponèse  un  fructueux  voyage,  pendant  lequel  il  a  assisté  aux 
fouilles  anglaises  à  Mycènes,  et  relevé  Tenceinte  archaïque  de 
la  ville  «  mycénienne  »  d'Asiné,  déterminée,  selon  mes  indi- 
cations, à  TEst  de  Nauplie.  M.  Demangel,  qui  a  été  empêché, 
par  une  courte  maladie,  de  suivre  ses  camarades  dans  le  Nord, 
doit  partir  ces  jours-ci  à  Delphes,  où  M.  Replat,  architecte,  — 
qui  continue  actuellement  son  plan  de  Thasos,  —  le  rejoindra 
le  15  juin.  Je  compte  moi-même,  vers  la  fin  de  ce  mois,  me 
rendre  aux  Dardanelles,  pour  examiner  Tétat  de  la  fouille 
d'h^léonte,  commencée  pendant  la  guerre  par  Tarmée  française 
d*Orient.  » 

M.   Edouard  Cuq  commence  une  lecture  sur   les  pierres  de 
bornage  babyloniennes  du  British  Muséum. 


215 


COMMUNICATIONS 


A   PROPOS   D  UNE    INSCRIPTION    GRECQUE 
DE   LA    BASILIQUE    d'eREROUK, 
PAR     M.     CHARLES    DIEHL,     MEMBRE    DE     L*ACADÉMIE. 

M.  Strzygowski,  professeur- à  l'Université  de  Vienne,  est 
célèbre,  parmi  tous  ceux  qui  s'occupent  de  Tart  byzantin, 
par  la  nouveauté  ingénieuse  des  théories  qu'il  a  exposées 
sur  les  origines  de  cet  art,  par  l'érudition  et  le  talent  qu'il 
a  apportés  à  les  défendre,  par  l'âpreté  aussi  avec  laquelle 
il  a  relevé  les  erreurs  qu'il  trouve  ou  croit  trouver  dans  les 
livres  d'autrui.  M.  Strzygowski  a  publié  en  1918  un  impor- 
tant ouvrage  sur   l'art   arménien  et    son  expansion  {Die 
B^ukunst  der  Armenier  und  Europa,  2  vol.  in-4®, Vienne, 
1918)  :    c'est  un  livre   (Considérable,   plein  d'idées   et  de 
choses,  dont  on  ne  saurait  assurément  accepter  sans  dis* 
CQssion   toutes  les   affirmations  et  toutes  les  hypothèses, 
dont  on  ne    saurait   cependant    méconnaître   le  puissant 
intérêt,  et  qui,  sous  sa  forme  souvent  touffue  et  confuse,  — 
—  à  propos    de    l'art   arménien   il  est   question  de  mille 
choses  assez  inattendues,  de  l'art  gothique  et  de  la  Renais- 
sance, de  Léonard  de  Vinci  et  de  Bramante,  de  Saint-Pierre 
de   Rome  et   de    Chambord   —   apporte    néanmoins  une 
foule  d'informations  précieuses  et  fait  connaître  une  multi- 
tude de  monuments  remarquables.  On  me  permettra,  ceci 
étant  dit,  de  signaler  dans  ce  livre  une  inadvertance  assez 
surprenante,  que  M.^Strzygowski   certainement  relèverait 
sans  indulgence  chez  autrui. 

A  la  page  31  de  son  ouvrage,  M.  Strzygowski  a  publié 
le  facsimilé  d*une  inscription  grecque  gravée  siir  le  mur 
méridional  de  la  basilique  d'Ererouk,  laquelle  est  située  à 


216        INSCRIPTION    GRECQUE    DE    LA    BASILIQUE    d'eBEHOUK 

quelques  kilomètres  au  Sud-Est  d'Ani,   l'antique  capitale 

des  rois  d'Arménie.  Cette  église    d'Ererouk   est  un    des 

monuments  les  plus  remarquables  de  l'ancien  art  arménien. 

On  la  date  avec  beaucoup  de  vraisemblance,  je  crois, de  la 

fin  du  V*  ou  du  commencement  du  vi"  siècle  —  Strzygo-w-ski 

incline  même  à  la  faire  remonter  à  la  première  moitié   du 

V*  siècle  '  —  et  elle  o(Tre  ceci  de  tout.à  fait  intéressant  que. 

par  son  plan  comme  par  sa  décoration,  elle  rappelle  fort 

exactement  les  basiliques  chrétiennes  de  la  Syrie  du  Nord, 

La  façade  occidentale,  avec  les  deux  tours  qui  la  flanquent 

et  la  fenêtre  à  triple  ouverture  placée  dans  sa  partie  supé- 

re,  fait  penser  aux  façades  syriennes  de  Rouweya,  de 

)-Louzé,  de  Tourmanin;  les  porches  à  frontons  trian- 

ires  qui  précèdent  les  portes  ménagées  dans  la  façade 

:ale  du  Sud,  le  dessin  de  la  décoration  qui  entoure  les 

très  rappellent  le  même  art  et  les  mêmes  monuments. 

)asilique  d'Ererouk  date  d'une  époque  où  l'influence  de 

hellénistique,  venant  de  la  Syrie  et  de  l'Asie  Mineure, 

erçait  puissamment  en  Arménie,    et  elle  apparaît  à  la 

comme  un  édiQce  très  caractéristique  parmi  les  monu- 

its  arméniens,    comme  un  des  plus  anciens  atissi   qui 

s  aient  été  conservés  dans  le  pays.  Cette  date  semble 

irmée  par  la  présence  de  l'inscription  grecque  —  on  sait 

.  partir  du  vu"  siècle   cette  langue  cesse  en  effet  de  se 

iontrer  sur  les  monuments  arméniens  —  à  laquelle  il 

temps  de  revenir, 

)   reproduis   le  facsimilé    que   Strzygowski  d<Mine    de 
e  inscription. 


+  tCOO  IKCOCS 

np€ni  ATI  A  c 

MAKCCICMAK 
P  OTHT  A  H 
M  €  P  €3  NI 


INSCRIPTION    GRECQI3E   DE   LA   BASILIQUE  d'eREROUK       217 

et  aussi  la  lecture  qu'il  a  proposée  non  sans  quelque  hési- 
tation (tf  on  ^pourrait,  dit-il,  lire  peut-être  ainsi  »)  :  +  ô 
c(xo^...  aYisçptra^  x(ûpi)£,  £tç  [AoxpOTYjTa  il)iAep<ii)v.  Ce  qu'il 
traduit  :  «  Ta  maison  t'appartient,  comme  sanctuaire, 
seig^neur,  pour  la  durée  des  jours  »,  traduction  que 
Strzygowski,  au  reste,  accompagne  prudemment  d'un 
point  d'interrogation. 

Un  épigraphiste,  même  d'expérience  très  ordinaire,  rec- 
ti6era  sans  peine  cette  lecture.  Il  suffit  de  regarder  le  fac- 
similé  de  l'inscription  pour  lire  sans  hésitation  -|-  to)  oix(i> 
wu  xpé^(e)t  à'{icL9\Lay  x('jpi)6,  eiç  (Àaxp6TiQTa  i^jupcov  4--  H  ^^ 
saurait  y  avoir  aucun  doute  à  cet  égard  et  on  ne  conçoit 
pas  comment  Strzygowski  a  pu  en  éprouver.  La  chose 
est  d'autant  plus  surprenante  que  la  phrase  gravée  sur  la 
pierre  d'Ererouk  et  qui  reproduit  un  verset  des  psaumes 
(Ps.  92,  v.  5)  se  retrouve  toute  semblable,  inscrite  en  lettres 
colossales,  sur  quelques  monuments  célèbres  de  l'art  byzan- 
tin, que  ne  peut  ignorer,  semble- t-il,  aucun  des  savants  qui 
s*occupent  de  cet  art.  On  la  rencontre  sur  la  mosaïque  de 
Tare  triomphal  de  l'église  de  Saint-Luc  en  Phocide  ^  et 
pareillement  sur  la  mosaïque  de  Tare  triomphal  de  l'église 
de  la  KcipLr,ai;  à  Nicée  2. 

Elle  se  retrouve  sur  bien  d'autres  monuments  encore. 
Renan  l'a  lue  sur  la  mosaïque  de  Qabr-Hiram^  ;  Wadding- 
ton  l'a  rencontrée  au-dessus  de  la  porte  d'une  église  de 
Déir-Sémar,  dans  la  Syrie  du  Nord  *,  et  l'erreur  même  de 
lecture  qu'il  y  a  faite  et  qu'ont  corrigée  Renan  et  Clermont- 
Ganneau^,  aurait  dû,  ce  semble,  avertir  et  g^der 
M.  Strzygowski. 

1.  Schuitz  et  Barusla^,  The  monAsiery  of  Saint  Lnke  ofSiirts  in  Phoeiê^ 
p.  M. 

3.  Diehl,  Élude*  bysàntinet,   p.  359;  WuIfT,    Die  Koimesiakirche  in 
^»elj,  p.  199-S06. 

y  Renan,  Misiionde  Phénicie^  p.  611. 

4.  /fucr.  de  Syrie ,  n*  2694. 

y  Beeaeil  dàrehéologie  orientale,  IV,  85  ;  V,  290. 


218  l'N    COLOSSE    •'    CRIOPHORE    »  ARCHAÏQUE 

M.  Strzygowski,  qui  ne  déteste  point  l'ironie,  a  écrit 
quelque  part  dans  sou  livre  (p.  346):  «  Nous  devons  remer- 
cier Rtvoipa  de  ce  que,  grflce  à  lui,  ce  chapitre  ne  manqse 
point  de  quelque  élément  comique  >'  ;  suit  une  Critiqw 
assez  rude  sur  une  affirmation  exprimée,  comme  dît 
Strzjgowski,  «  en  style  lapidaire  u,  par  le  savant  italien. 
Devons-nous  à  notre  tour  remercier  M.  Strzjgowski 
d'avoir,  par  sa  singulière  inadvertance  de  lecture,  intro- 
duit lui-même,  sans  le  vouloir,  dans  son  livre,  un  autre 
élément  comique,  que  sans  doute  il  ne  souhaitait  point  7 


UN   COLOSSE    '<    CRIOPHORE    »   ARCHAÏQUE 

DÉCOUVERT   A    THASOS,  PAR  H.    EDMOND  POTTIRR, 

MEMBRE   DE  l' ACADÉMIE. 

M.  Ch.  Picard,  directeur  de  l'École  d'Athènes,  a  adressé 
à  l'Académie  une  note,  qui  est  ici  résumée,  sur  la  décou- 
verte faite  à  Thasos,  dans  un  chantier  ouvert  par  l'École, 
d'une  statue  colossale  en  marbre,  représentant  un  homme 
nu,  debout,  tenant  un  bélier. 

.   La  statue  brisée  avait  été  encastrée  profondément,  dans 
l'antiquité,  à  la  base  du  mur  Est  de -l'Acropole,  où  elle  fut 
remarquée  dos  1914  et  en  partie  dégagée.  Le  travail  fut 
achevé  en  1920.   Le  colosse  reconstitué   mesure  S"  50,  y 
compris  le  aocle.  11  est  en  bon  état  de  conservation,   mais 
l'examen  du  marbre  montre  qu'il  n'a  jamais  été  achevé; 
le  visage,  notamment,  est  resté  à  l'état  d'ébauche.  Le  type 
rentre  dans  la  catégorie  générale  des  xsDpo:  dont  les  spéci- 
mens sont  aujourd'hui  nombreux,  mais  il  y  joint  un  autre 
[portant,  celui  de«  criophoreti,  quiest  plus  rare, 
pas  son  bélier  sur  ses  épaules,  à   la  façon  du 
-e  d'Athènes  ;  il  le  retient  du  brus  gauche  contre 
le  bras  droit  retombe  le  long  de  la  coisse,  avec 


220  UW   COLOSSE   '<    CRIOPHOHE   »    ABCHAIOUE 

le  poing  fermé  ;  l'attitude  des  jambes  est  celle  de  la  marcliii, 

la  gauche  en  avant. 


Fig.  s.  —  Bustejdu  cotoMe  erîophore  de  ThaBOS  (vu  de  Tace). 

Il  y  a  des  raisons  de  croire  que  cette  statue  représente 
ua  dieu,  plutôt  qu'un  sacrificateur  ;  elle  pourrait  provenir 
du  temple  d'Apollon  Pythien,  qui  est  voisin,  et  représen- 
terait l'Apollon  Karneios,  prolecteur  des  troupeaux,  auquel 
on  sacrifiait  des  béliers.  L'étude  consacrée  par  A.  Veyries 


UN     COLOSSE    'I    CHIOPHORE    "    AUCHAIQUE  221 

aux  figures  crîophores  dans  l'art  grec  prouve  l'extrême 
rareté  de  ce  type  à  l'époque  archaïque  ;  seul  l'Hermès 
d'Onatas,  dédié  à  Olytnpie,  offre  une  analogie  de  pose  avec 


fif .  3.  —  Buste  du  colmse  criophurc  de  Tliai 


222  UN    COLOSSE    u    CRIOPHORE    »    ARCHAÏQUE 

la  statue  de  Thasos  ;  THermès  de  Calamis,  à  Tanagra, 
portait  le  bélier  sur  ses  épaules.  La  formule  adoptée  par  le 
sculpteur  de  Thasos  semble  due  à  des  modèles  orientaux 
qu*OD  trouve,  en  particulier  dans  Tart  assyrien. 

La  présence  de  cette  statue,  seulement  dégrossie,  sur  le 
sol  de  Tîle  prouve  l'existence  d*ateliers  locaux  ;  il  est  donc 
inutile  d  avoir  recours  à  des  combinaisons  bizarres  d'école 
«  siphno-parienne  »  ou  autre  pour  expliquer  la  plastique 
de  Thasos.  La  matière  est  probablement  d'origine  parienne, 
mais  il  ne  s'en  suit  pas  que  le  marbre  n'ait  pas  été  tra- 
vaillé à  Thasos  même.  Pourquoi  le  colosse,  dont  la  mise 
au  point  représente  déjà  un  travail  considérable,  est-il 
resté  inachevé  ?  On  peut  en  découvrir  la  raison  dans  une 
fissure,  certainement  ancienne,  qu'on  remarque  sur  le  côté 
de  la  figure,  le  long  de  l'oreille  et  se  prolongeant  à  l'ar- 
rière de  la  tête.  A  cause  de  cet  accident,  on  aura  jugé 
indigne  du  dieu  une  statue  qui  présentait  une  telle  imper- 
fection et  on  abandonna  le  travail.  Mais  Tétat  actuel  per- 
met d'étudier  les  détails  de  l'épannelage,  de  la  taille  par 
surfaces  planes,  du  travail  des  cheveux,  etc.  Les  propor- 
tions sont  justes  et  ce  kouros  svelte  et  vigoureux  tiendra 
une  bonne  place  parmi  les  œuvres  de  la  seconde  moitié 
du  VI*  siècle. 

11  nous  renseigne  aussi  sur  les  tendances  de  la  sculpture 
thasienne  archaïque.  La  hauteur  totale  compte  un  peu  plus 
de  sept  têtes  ;  ce  sont  des  proportions  plus  élancées  que 
celles  des  statues  dites  Cretoises  et  des  statues  de  la  Grèce 
ionienne  :  on  y  sent  peut-être  l'influence  de  Chios  qui  a 
ménagé  la  transition  entre  l'art  asiatique  d'ionie  et  le 
canon  attique  dont  la  moyenne  est  de  sept  têtes  et  demie. 
L'Apollon  de  Thasos  s'accorde  à  cet  égard  avec  celui  de 
Milo  et  celui  de  Ténée  dont  on  a  fait  les  «  chefs  de  file  » 
des  œuvres  d'inspiration  chiote.  La  sculpture  thasienne  se 
rapproche  donc  de  l'atticisme  ;  elle  y  ajoute  Iç  goût  du 
coldssal,   déjà  sensible  dans  le  Silène  au  canthare  de  la 


t 

i"f 


L* 


LE   FAPTRU8    DËHOTIQUB    INÉDIT    DE    ULLE    N"    3 

Porte  de  la  Ville,  mais  elle  s'adonne  avec  goût  à  1 
exacte  et  Gne  du  corps  humain,  à  rairangement  coqi 
la  chevelure  ;  autre  trait  de  parenté  avec  les  statues  di 
et  de  Ténée,  comme  avec  les  caryatides  archaïqu< 
Delpbes. 


APPENDICES 


LE    PAPV8U8    DËMOTIQUE   INÉDIT    DE   LILLE    N"    3 

BT    LA    NOTATION    DES    JOURS    ËPAGOHÈNES, 

PAR    H.    H.    BOTTAS '. 

Le  papyrus  démotique  111  de  Lille  provient  des  fc 
de  M.  Pierre  Jouguet  sur  le  site  de  Ghôrao,  au  S.- 
la  proviace  du  Fayoum.  Il  était  englobé  dans  le  carto 
de  la  même  momie  que  les  n"  I  et  II,  publiés  par  n 
1914  dans  le  Journal  A$iatiqae.  Il  est  de  la  même 
(243  av.  J.'C),  à  quelques  mois  près,  et  aussi  de  la 
main  ;  circonstance  beureuse,  car  elle  a  permis  le  déc! 
ment  d'un  manuscrit  que  le  temps  n'a  pas  trop  respe 
dont  l'écriture  est  peu  soignée  par  endroits. 

C'est  un  contrat,  dont  voici  la  traduction  ^  : 

Datation  :  «  An  4,  mois  de  Mésoré,  les  fêtes  des  la 
la  naissance  d'Horus  sous  le  roi  Ptolémée,  éternelli 
vivant,    fils   de    Ptolémée    (2)    et    d'Arsinoé,    les 
Adelphes.  » 

Cette  date  correspond  au  19  octobre  243. 

Contractants  :  <•  Le  Tchef  de  travauxl, serviteur'  de 
bismégiste,  seigneur  d'Hermopolis'',  le' grand  dieu, 

I-  Voir  ci-<Umiui,  p.  87. 

I'  Le*  ttemi-crocbcts  [  ]  indiquent  les  leclures  ou  traduction! 

UÎDCl. 


..a.i^llS^ 


I  D  a       (L.D.  IV,  BB), 


â^  LE    PAfTlCS    0ESOT1QCE    tSÊIMT   DE    LILLE    K°   3 

fiU  de  Tt^o«   et   d«   ^Setmet'.  mt  a  (3)  Pateutëmis  fils  de 

et   tie gaixficns   de    la     prison    du   Boui^ 

de -Sobek  (dit)  ,ll  Arsiaoé.  da  district  de  Thémistès.  « 

CUaaea  -  Ici,  notre  docomest  est  manifestement  inconi' 
nlet.  Ce  devait  être  une  pièce  annexe  oa  un  avenant  à  on 
ntrat  plus  explicite,  on  encore  nne  scriplurM  inlerior 
tachée  de  sa  acriplura  exterior,  toujours  plus  soignée  et 
us  complète.  La  clause  principale  manque,  mais  la 
mpuraisoD  avec  Lille  1  et  II  laisse  voir  que  Téos  engage 
responsabilité  envers  les  gardiens  de  !a  prison  du  lieu  dit 
rsiuoé  en  ce  qui  concerne  un  personnage  dont  il  garantit 
présence  en  temps  voulu  et  en  un  lieu  à  déterminer.  La 
riuule  était  :  u  Je  me  porte  garant  pour  un  tel,  qui  est 
iprisounê  il  votre  requête  (ou  sous  votre  responsabilité). 
>us  me  l'avez  coutîé  ;  je  le  ferai  comparaître  devant  vous 
,  votre  représeutant.  >•  Notre  texte  se  borne  à  mention- 
r  les  cousidératioos  accessoires  :  délai,  etc. 
1^  Depuis  tan  4,  mois  de  Mêsoré,  les  fêles  des  lampes,  la 
issauce  d'tK>rus,  (sous)  le  roi  éternellement  vivant,  jus- 
,'à  ^5)  l'ttU  5,  mois  de  Thol,  dernier  jour;  soit  3i  jours, 
ut  la  moitié  est  17,  je  répète  3i  jours.  Si  vous  me  le 
un)  demaude£  durant  le  laps  de  temps  ci-dessus,  rje]  vous 
1  ramèuerai  it  reudroit  uù  vous  me  direz  de  l'amener 
ns  le  iu>me  Arsiiioïte.  'cela!  daos  les  5  jours  après  que 
us  en  aurez  exprimé  te  désir  ^7).  Je  me  conformerai  à 
lies  les  conditions  que  vous  me  |^ poserez].  » 
Outre  cette  rédaction  curieuseaient  défective,  Lille  111 
fère  des  deus  autres  documents  sur  quelques  points 
sentiels.  Ainsi,  daus  I  et  11,  les  contractants  font  partie 
la  police  locale,  à  des  titres  comme  à  des  degrés  de  hié- 
:chie  divers.  Même  dans  I,  le  détenu  lui-même  est  agent 
police.  Dans  II,  un  gardien  de  la  prison  fournit  la  garan- 
,  au  lieu  de  ta  recevoir,  comme  dans  III.  Des  hypothèses 
e  j'avais  émises,  la  plus  vraisemblable  parait  être  que  les 
isonniers,  au  lieu  de  subir  leur  détention,  étaient  confiés 


LE    PAPYRUS    DOMOTIQUE   INÉDIT   DE 

momeDUnément,  comme 
serviteurs,  à  des  indivi- 
qut     s'en    portaient 


dos 

parants  '.  Il  n'était  pas 
interdit  sans  doute,  de 
rendre  service  par  ce 
moven  à  un  ami  dans 
l'ennui. 

Mais  le  principal  intérêt 
de  noire  texte  réside  dans 
le  mode  de  datation. 
Nojis  y  voyons  les  5  jours 
épagomènes  anne^tés  au 
dernier  mois  de  l'année. 
Ce  n'est  pas  là  un  fait 
absolument  nouveau.  Sur 
les  ostraca  grecs  publiés 
par  M.  Wîlcken,  on  relève 
des  libellés  du  type  Msnopi; 
îsa-  (ysji^vwv)  i  pour  des 
épagomènes  des  années 
101  avant  et  126,  133, 
137,  152  après  J.-C.  De 
même,  le  papyrus  d'Oxy- 
rhynchos  l,  43,  donne 
pour  95  après  J.-C.  :  ^r,- 
y^i)  KauTspEÎsu  Èx3Y0[ji- 
l'i'ïMv)  ç,  avec  le  nom 
romain  du  dernier  mois 
ie  l'année  alexandrine. 

1.  M.  Cuq  a  bien  voulu  me 
f«ir*  obiener  qu'un  unag-e  ana- 
loRiw,  répandu  dans  l'Empire 
'■■nMin,  pouvait  être  regardé 
WKnnie  iin  dn  nombreux  em- 
pninU  faiu  à  la  civilisalion 
'n-plleaae. 


226  LK    PAPTHU8    DÉMOTIQCC    INÉDIT   DE    ULLB   5*    3 

II  y  a  longtemps  que  Bmgsch  avait  attiré  Tattentioià  sui 
un  passage  de  la  stèle  Maunier,  dite  de  TExil,  ^^  q  j^ 

fil  li  O*^}  O  J  fl;^  M^'  «  ^"^  "^<>is  ^^  l'été,  5  jours  ép^ 
gomènes,  naissance  d'Isis,  lors  de  la  fête  d*Amon  au  com 
mencement  de  Tannée  ».  C'est  là  une  rédaction  très  ana- 
logue  à  celle  du  papyrus  et  qui  remonte  à  la  XXI*  dyuas- 
tie,  soit  environ  huit  siècles  plus  tôt. 

La  confirmation  mutuelle  n'est  pas  superflue,  car  la  juste 
remar(|ue  de  Brugsch  a  été  méconnue  par  les  récents  com^ 
mentatcurs  du  passage  de  la  stèle  Maunier,  que  leurs  pré- 
tendues rectifications  ont  rendu  incompréhensible.  D  après 
la  collation  nouvelle  de  M.  Breasted  pour  le  grand  diction- 
naire de  Berlin,  on  devrait  lire  /ws/wv  au  lieu  de  ç=q,  ce  qui 


conduit  Tauteur  des  Ancient   Records  (IV,  654)  au   sens  : 
u  le  S**  jour  de  la  (fête)  «  Naissance  d*Isis  »,  correspondanf 
k  la  fête  d*Amon  au  nouvel  an».  M.  le  professeur  Eduard 
Meycr  dans  sa  Chronologie  [Nachtrage,  p.  6,  n.  {)  estime 
h  bon  droit  que  cette  leçon  comporte  quelques  diflRcultés. 
Mais  il   faut  croire  qu'une  copie  exécutée  dans  les  condi- 
tions susdites  ne  saurait  être  suspectée,  même  si  elle  entraîne 
un  non-sens.  On  préfère  accuser    le   lapicide   de   quelque 
crinui,  comme  peut-être  d'avoir  gravé  un  5  au  lieu  d'un  4, 
puis(|u'aus.si  bien  la  naissance  d'Isis  est  le  4*  épag.  Or  la 
st(*l(;,  <|ui  est  au  Louvre,  procure  une  petite  revanche  aux 
(''gyptolofjues  français,  volontiers  taxés  d'imprécision  dans 
l'ouvraf^e  de  M.    Breasted,  et  ailleurs.  Déjà  a  priori  il  est 
imprudent  de  tirer  des  conclusions,  visiblement  peu  vraisem- 
blables, de  constatations  matérielles  opérées  sur  un  monu- 
ment «très  dillicile  à  lire  ».  Vérification  faite  sur  l'original, 
Hru«;sch  a  pleinement  raison,  et  les  corrections  ultérieures 
Honl  de  pure  fanUûsie.  D'ailleurs,  il  était  facile  de  voir  que  le 
nombre  S,  représentait  l'ensemble   des  épagomènes,   cela 
par  comparaison  avec   la  manière  dont  est  exprimé   le  o* 


LE    PAPYRUS    DÉMOTIQUE   INÉDIT   DE   LILLE   N®   3  227 

épa^. au  tombeau  d'Hapizéfa  à  Siout  j  |||||<^^      =,oùles 
deux  groupes  de  5  traits  répondent  respectivement  au  sen^ 
de  eooT  et  cor  (durée  d'un  jour  et  quantième).  La  coïn- 
cidence  de  la   naissance  dlsis  et  de   la  fête  dWmon,  qui 
embarrasse  M.  Meyer,  n'a  pourtant  rien  que  de  très  normal. 
On  ne  nous  parle  pas  du  jour  précis  qui  commence  Tannée^ 
mais  d'une  fête  célébrée  à  Tépoque  du  nouvel  an.   Elle 
pouvait  durer   plusieurs  jours,   comme  MM.    Breasted  et 
Meyer  l'admettent    bien,   à   tort   d'ailleurs,   pour   la   fête 
t  Naissance  d'Isis  ».  C'est  ainsi  qu'au  tombeau  de  Chnoum- 
Hotep  à  Beni-Hassan,  on  voit  mentionnées  côte  à  côte  les 
fèies  de  la  fin  de  Tannée,  des  épa^omènes  et  du  nouvel  an. 
11  y  avait  là  une  série  continue  d'au  moins  7  jours  de  fête. 
D'autre  part,  nous  savons  par  les  contrats  de  Siout  que  la 
fête  des  lampes  tombait  au  5*^  épag.,  nuit  du  nouvel  an, 
tandis  que  le  calendrier  d'Esné  la  place  au  30  Mésoré.  Bien 
mieux,  Krall  [Sitzungsbe^ichte  de  Vienne,   188i,    CV,  p. 
il8  sq.)  a  précisément  démontré  que,  sous  les  Ramessides, 
les  fêtes  d^Amon  se  prolongaient  parfois  plus  d'une  ving- 
taine de  jours. 

La  dénomination  «  fête  des  lampes  »,  appliquée  à  l'en- 
semble  des  épagomènes,  a  déjà  été  signalée  par  M.  Spiegel- 
bei^   dans   le  papyrus   démotique  du  Caire  n^  31  179.   A 

sa  transcription  ^^^_^  1^1  j'opposerai  J^'4  ^^^    Il  (^vec 

I  en  moins  au  Caire).  Quelques  rapprochements  à  faire 
viennent  d'être  indiqués.  Les  inductions  de  Bnigsch  relati- 
vement aux  \\i*/yœ^iM  sont  confirmées.  On  songe  aussi  aux 
X,>)rvcxawtt  qu'Hérodote  a  vues  à  Sais  et  qu'il  dit  avoir 
lieu  par  toute  l'Egypte. 

On  sait  que  les  fêtes  illuminées  d'Egypte  sont  plusieurs 
fois  mentionnées  pai'les  auteurs  classiques.  En  particulier, 
l'orateur  Libanius  ne  trouve  pas  de  meilleur  terme  de  com- 
paraison   pour    vanter    les    magnificences    de    l'éclairage 


228  LE    PAPTRUS    DÉH0T1QUE   INtDIT   DE    LILLB    Ii°   3 

nocturne  d'Antioche,  sa  patrie.  A  l'autre  extrémité  de  l'his- 
toire, on  voit  la  plus  ancienne  citation  des  épagomèDes, 
jours  des  naissances  divines  (Pyramide de  Pépi  II),  en  rela- 
tion avec  l'allumage  du  feu,  lequel  jouait  aussi  son  rûle 
lors  de  la  naissance  surnaturelle  du  Pharaon. 

Le  papyrus  de  Lille  rattache  donc  les  épagomènes  au 
dernier  mois  de  l'année.  Celui  du  Caire,  déjà  naentiooné  et 
qui  date  de  148/147,  fournit  la  même  donnée  sous  une 
autre  forme.  11  y  est  dit  :  «  Depuis  Thot  de  l'année  34,  jus- 
qu'au dernier  jour  de  Mésoré  ',  les  fêtes  des  lampes;  une 
année,  12  mois  1/6,  Je  répète  une  année.  »  C'est  ce  1  /6  en 
plus  des  12  mois  que  les  Coptes  appelleront  le  «  petit 

mois   »,   ABOT    M   KOTXI- 

Une  inscription  du  nouvel  empire  théhain  (  Thés.  248) 
nous  présente  déjà  les  épagomènes  comme  faisant  partie  inté- 
grante de  l'année  :  «  au  commencement  et  à  la  Gn  de  l'année, 
en  été  et  en  hiver,  pendant  les  36S  jours  de  l'année  ». 

M.  Ed.  Meyer  insiste  sur  une  autre  conception,  celle  des 
épagomènes  n'appartenant  pas  à  l'année.  Cela  est  parfai- 
tement juste  pour  la  haute  époque  et  répond  d'ailleurs  à 
l'expression  ancienne  «  jours  en  sus  de  l'année   ».  Encore 
sous  Ramsès  II  on  disait  «  l'année  et  les  3  jours  m  .  Aux  argu- 
ments présentés  par  M.  Meyer,  j'ajouterai  ce  fait  typique 
que    nous   possédons  un  calendrier  des   jours    fastes    et 
néfastes  pour  les  360  jours,  et  un  autre  pour  les  5  épago- 
r  contre,  l'historien  allemand  n'évite  pas  entière- 
ontradiction  quand  il  cherche  à  concilier  cette 
;inelle,  semhle-t-il,  avec  l'ordre  attesté  par   une 
de  l'ancien  empire  sous  forme  de  tableau  où  les 
;s  sont  placés  avant  les  saisons  et  les  mois.  11  a 
lué    dans   l'interprétation    d'une    date    d'époque 
nservée  par   le    papyrus  mathématique    Rhind, 
lit  s'entendre  ainsi  :  «  l'an  II,  1"  mois  de  l'inon- 

icrg  a  lorl  de  dire  o  el  les  TétcB  >. 


LE   PAPYRUS  pÉMOTIQUE    INÉDIT    DE   LILLE   N®   3  229 

dation,  naissance  de  Seth,  il  a  tonné  ;  naissance  d*lsis,  il  a 
plu  *.  »  L'intérêt  en  est  grand,  car  elle  nous  montre  les  épa- 
gomènes  rattachés  cette  fois  au  premier  mois  de  Tannée.  Il 
ne  faudrait  pas  conclure,  avec   Ed.  Meyer,  que  les  épago- 
mènes  «  précèdent  les  12  mois  ».  Cela  n'a  proprement  aucun 
sens.  Il  sont  par  hypothèse  intercalés  entre  deux  années. 
Ils     suivent   les    douze    mois    de  Tannée     précédente    et 
précèdent  les  12  mois  de   Tannée    suivante.  Aussi  Tex- 
pression  Tph    toi}    vésu   Itouç    du    Décret    de  Canope   ne 
u  confirme  x)  rien  du  tout,  surtout  étant  donnés  les  exemples 
contraires  intermédiaires.  M.  Meyer  interprète  comme  s'il 
v  avait  «  au  début  de  Tannée  ».  Le  texte  dit  tout  à  Tin- 
ver^e  que  les  5  jours  sont  ajoutés  «  avant   le  nouvel  an  », 
soit    qu'ils  aient  leur  place  entre  les   deux  années,  soit 
qu*on  les  ajoute  à  Tannée  finissante.  De  même,  rendre  hr. 
w  rnp,  t  par  «  placés  en   avant  (sur  la  tête)  de  Tannée  » 
est  un  sens  forcé,  pour  ne  pas  dire  un  contresens.  En  pra* 
tique,  dans  un  tableau  représentant  une  durée  de  363  jours, 
on  pouvait  situer  les  épagomènes  avant  ou  après  les  12  mois. 
Pour    fixer    une    date,    on    parait    aux    confusions    en 
mentionnant  le  nom  du  mois  adjacent  de  Tannée  précé- 
dente ou  suivante.  S'il  y  a  eu  flottement,  cela  peut  tenir 
en  partie  à  la  même  cause  qui  a  fait  passer  de  la  première 
place  à  la  dernière  le  mois  où  se  célébrait  la  «  naissance 
de  Ra  o,  Mésoré,  les  autres  mois  avançant  tous  d'un  rang 
et  Thot,  jadis  deuxième,  devenant  premier. 
M.  Meyer  établit  une  relation  entre  ce  déplacement  et 

1.  Ad.  Erroan  a  lu  le  quantième  2  après  rindication  du  mois,  ce  qui 
UBpliquerait  une  double  date.  Cela  parait  suspect  A  Ed.  Meyer,  mais  il  ne 
propose  pas  de  solution  et,  comme  pour  la  stèle  Maunicr,  il  incrimine  le 
Kribe  plutôt  que  son  collègue  à  TAcadémie  et  à  l'Universitë,  lequel  avait 
pourtant  reconnu  que  ce  passage  était  d'une  transcription  difficile.  Le  signe 
lo  X  par  Erman  a  été  omis  dans  les  colonnes  de  la  Paléographie  de  MdUer 
con»»crées  au  pap.  math.  Ce  qui  prouve  péremptoirement  Terreur  d'inter- 
prétation, c>8t  l'absence  du  quantième  3  devant  la  •  naissance  d'isis  ». 
U  date  Uitftëe  inexpliquée  par  Ed.  Meyer  est  parfaitement  claire. 


i!i»         ".*  "• .  "^ — *  -itf-tr—  i-r  -yt^srr  TC  uulc  ?i*  3 


;:.  -  I  rîe  psir  rapptni  aa  lever 
.-  ^-'  *i-.  1-  -i»  -^1-  ^  fn^  Ti5»ri  jTi  milieu  du  4* 
-    --..  *T     '"'  -r  iif  Sr*:3S.  »  lîst  mis  alors  à  le 


-  .  -  1  .         *  .^-  *•*---  *  ..rrinir-a"  trjca,  mx  postulat 

-  -    i:     r-    T.    :  :-  1  **._--"•.*•-»  ras  i*înJ?l^*  :  c'est  Tassi- 

-    i     i'*    .        :..>--.:  -   *r!    ra    •  îi  5«:l5ti..«  d'été.    On 

*•   *    -  -^-  --:.^  11^"  tT   -fa  r^t  on  tomberait 

'^  1  ^.■*->  .  î.       -:.--•    \..*  ^  .:«-.  Att^I^ît  -  naissance  du 

.-  -î   -r,    :.     .*     i-«^"*r  11  .iiii:  >«,c  :l*i»  û-^ul  degré  de 

»-^  îo-  *     -•  ':  ''•^  î  --   1  :—   -.1-  ~-  ^  -î^  1:1  t>?u  comme  si, 

:-,.'-.:*     .   .î     ■*!:--  *:.!-•?    -n.i^.^  le    cor.  ->n  en  disait 


■lî      -'    ^ 


-  .•       î.i.s>a  .'^'i  iu.  disc^e solaire  » 
V         ^*,  *   \f    I  *i     Ti-i-f-  F  : irt-tat,  à  part  le 

T*  :-.T  i-"i'.  .î  •*! --xï  ->*::*  ri-Tï-rz:  j:tachiîr  la  déno- 
:■  :  i  iT  :-:  "î  ^^  *..-  :  *  -i,  ..-_  .  c  esi  soc  lever  jouma- 
.  *■.•  A  "-.  :  i  -^  -"^  i-^  .    1    ir-i  y^  '::.'ea^.  i-at  les  naïves 

'  ^  •,■  ^  1  ^^  :  î  ^  -  ^  .  .  ,  :  i-rie  rLi::n  de  la  déesse 
•  *  .  L  *■*  :  ..  •  I  >  -V  >.  --  -*c  -i:!'.  :r^  s>*rt.r  Je  la  fleur 
*:  ^-  ^'    :*.      '    .r       :      .-    •  i  :     J-.  .' ',  nî-^-^î^ente  bien 

r  î-    .*  •   ■  .  «,-      -   1  :  .   \  »    V..  .ri»*.  i::i:  U  redaclion 

V*  .:  r      '  .         .     -v-  ..  '     .   ^  ■  :    v^  ••?-  f  /,  al.u>:«^n  à  des 
■*.-  ,  ■*  -4  >c    -'^^      *  ^\       .  "^       *^  ': .  i-s.   i*nnî  le>*jiiels  la 
t     ^^    N         i    ■    ^  ^  ^  •  ;      :  ^  I  i  :i-  ;„  :-f  *:  aassi  au  jour  de 
a       \*    .•*    .:    -^    .      *      '-.j  :  :    1^,  i   isc    5orti  d"i  bouton  de 
.^  *      ^      ,;  \     -.  I*  .'.  •'i.v^lan,  ce  doit 

.    ■'      .       .  - -^1    y    -:  î  •  -  ^,  ii  preaûer  lever 

i  •   **       *    *  •-*        - .    y     -^    * ':-**'^eair  les  points 

X,  V    ,       \    ::    ,     .       \       \     ,*.    .       N \^  .:  jt  les  subtilités 
t     ï   .V      ■  »     ^-      ■    -  -  ..*^-  ^   •  *c  li  viri.uoQ  calen- 
>^»  -\  -, »^     *   Nv  >•  '  ~    '"^   ,  *'    '■?     •  *  *t*  Mîrc^  do 


1  »         * 


•  ^  »    ^        » 


MONMAIRS    9USANIDES    ET  ARARO-PEHLVIEB  231 

entre  denz  années,  il  arrivait  que  la  naissance  des  descen- 
dants de  Ha  précédait  immédialement  celle  de  leur  ancêtre. 
Cette  anomalie  devait  choqaer  le  gros  bon  sens  populaire  ; 
d'où  une  tendance  à  remettre  les  choses  dans  un  ordre  p~ 
lo^que,  qui,  à  la  longue,  aura  été  consacré  oOtcielleme 
Cette    explication  heurte,  je  le   sais,   une  thèse    chèn 
M.  Meyer.  d'après  laquelle  il  n'y  aurait  pas  eu  de  trai 
lion    entre  l'année  lunaire  égyptienne  et  l'année  soli 
prestpie  parfaite  de  365  jours.  Mais  sur  ce  point  M.  Me; 
n'oppose  aucun  fait  précis  aux  témoignages  tardifs,  m 
formels  et  concordants,  du  Pdeudo-Plutarque  et  du  déc 
de  Canope,  sur  l'existence  d'une  année  de  360  jours,  si 
parler  des  documents  indigènes  qu'il  n'est  nullement  inl 
dit  d'interpréter  dans  le  même  sens. 


SI'B    L»    SIGNE    INDÉCIIIPFHÉ    DES    HO^^ALES 

SAS.SAKIDES    ET   ARARO-PGHLVIES, 

PAR    M.    J.    DE    MORGAN  '. 

Oo  rencontre  sur  les  drachmes  royales  des  Sasaanidei 
partir  du  règne  d'Hormifldas  IV,  dans  le  champ,  fi  gauc 
derrière  l'eUigie  du  prince,  un  aignc  singulier,  que  loi 
temps  on  a  considéré  comme  étant  un  monogramme,  et 
lequel,  jusqu'ft  ce  jour,  la  perspicacité  des  orientalts 
s'était  exercée  sans  succès.  Ce  signe,  sur  les  monns 
(l'Hormisdas  IV,  est  soit  isolé  (lig.  1,  n"  3),  soit  suivi 
mot  AFZUTU  (fig.  I,  n"  1),  soit  inscrit  après  lo  r 
AFZUN  (lig.  1,  n"  2). 

Sous  Chosroes  II  et  -ses  successi^urs,  ce  signe,  qu'on  n 
contre  sur  presque   toutes  les  mi'daiijps,  précède  toujo 

I.  Vuir  ci-ile«*ui,  p.  IIS. 


°^rè'°kfé'»»  3 


232  MONNAIES    SASSANIDES    ET   ARAB0-PEHLVIE8 

AFZUTU  (fig.  I,  n®  4)  ;  on  le  trouve  sous  Pourân-dokht, 
Hormisdas  V,  Chosroes  III,  Yezdedjerd  III,  ainsi  que  sur 

^^         les     drachmes    arabes    au 
^  iMpCi'Cvl^         type  sassanide  (fig.  1,  n**  5, 
>||f<U>^^o|Q)|^Q||  ».     Omar    ben    Obeïd    Allah) 

et  les  hémi-drachmes  des 

Ispehbeds  du  Thabéristân. 

-     f|4l>>~*    |t>|fQlllV^.        I^éjà  Edw.   Thomas,  en 

.IL       ^^^mU.  jf     *8o0,  signalait  les  difficul- 

HauLijtg   ^^    •'^  ^*    tés  de  lecture  qu'il  rencon- 

^4P(^  J^I^H^^^^ââd  ^     trait  dans  cette    première 

IfO-tJill   ^gjA/^   m        c        partie  des  légendes  sassa- 
'        ^•MIO"'»        nides    :    «    Je    suis    dési- 

Fig.  1  reux,     dit-il    *,     d'appeler 

l'attention  sur  un  singulier  monogramme,  commun  à  ces 
médailles  (arabo-sassanides)  et  à  celles  qui  portent  les 
emblèmes  du  culte  du  feu,  monogramme  qui,  jusqu'à  ce 
jour,  a  échappé  à  l'examen  le  plus  attentif;  mais  aupara- 
vant, je  dois  parler  du  mot  AFZUT  qui,  associé  à  ce  mono- 
gramme, semble  devoir  le  précéder.  La  première  mention 
qui  soit  faite  de  ce  mot  se  trouve  dans  l'ouvrage  de  Long- 
périer-  sur  la  classification  des  médailles  sassanides,  au 
sujet  d'une  monnaie  attribuée  à  Chosroes  I  (A.  D.  531)  à 
partir  de  laquelle  ce  mot  continue  à  être  gravé  sur  les 
pièces  d'Hormisdas  IV  et  de  Varahran  VI,  successeur  de  ce 
prince.  Sur  ces  exemplaires,  le  mot  AFZUT  est  placé  près  . 
du  cercle  séparant  le  champ  de  la  médaille  de  la  marge  et 
commence  directement  sous  l'étoile,  à  gauche  de  l'effigie. 
Sur  les  monnaies  attribuées  à  Chosroes  II,  on  constate  une 
modification  dans  la  position  occupée  par  Tétoile  et  par  le 
monogramme    qui    nous  intéresse    et  qui,   désormais,  se 

1.  The  pehlvi  coins  of  the  early  Mohammedan  Arabs,  dans  Joarn.  of  tke 
royal  Asiatic  Soc. y  t.  XII,  1850,  p.  287,  note  1. 

2.  Essai  sur  les  monnaies  des  rois  perses  de  U  dynastie  satsànide.  Paris, 
18iO. 


MONNAIES    SASSA1SI0E8    ET   ARABO-PEHLVIES  233 

trouve  placé  entre  le  cercle  et  le  mot  AFZUT. ...  Le  mono- 
ip^mine  est  ensuite  figuré  sur  toutes  les  classes  de  mon- 
naies mazdéennes,  mais  il  se  montre  sous  tant  de  formes 
différentes  qu  il  est  difficile  de  se  rendre  un  compte  exact 
de  son  ensemble.  Parfois,  les  caractères  qui  le  composent 
ressemblent  aux  lettres  indéterminées  des  médailles  de 
Khoubous  ;  parfois  aussi/  ils  semblent  n'être  autres  que  des 
lettres  pehlvies  assemblées  en  un  seul  groupe,  combinaison 
dans  laquelle  ces  lettres  perdent  la  majeure  partie  de  leurs 
caractères  distinctifs.  Dans  ces  conditions  on  peut  lire  : 
SMZ,  AMZ  (peut-être  aussi  :  IDMN),  etc. . .  » 

En  1843,  Justhus  Olshausen  de  Copenhague^  avait  fixé 
définitivement  la  valeur  du  mot  AFZUT  qu'il  rapprochait 
du  persan  moderne  afzuden  et  traduisait  par  vivat ^  floreat, 
crescatj  mais  ne  donnait  aucun  sens  au  monogramme 
auquel  cependant  bien  certainement  se  rapporte  le  mot 
AFZUT. 

Après  Edw.  Thomas,  les  divers  orientalistes  qui  se 
sont  occupés  de  la  question  ont  proposé  des  interpréta- 
tions diverses."  On  a  d'abord  traduit  ce  monogramme  par 
zaman  =  tempus^  auquel  se  rapportait  AFZUTU  =  augea- 
iur.  Stickel  a  proposé  Sim  et  l'ensemble  devenait  argen- 
ium  auctum.  Wahl  et  Dorn  sont  d'avis  de  lire  gadman  et 
enfin  gadah  =  majesté  (v.  Dorn,  Mél,  asiat,^  t.  III,  1857  ; 
Mordtmann),  Z.D.M.G.,  1880,  p.  129).  On  s  est  arrêté  à 
ce  dernier  sens  et,  dans  ces  derniers  temps  Drouin  *  tradui- 
sait l'ensemble  par  Que  sa  majesté  vive  ;  mais,  dit-il, 
rien  ne  justifie  ces  diverses  lectures;  car  on  ne  trouve  dans 
ce  signe  symbolique  aucun  des  éléments  du  mot  gadah. 
Il  est  certain,  ajoute  cet  auteur,  que  ce  signe  inconnu  repré- 
sente un  mot  qui  doit  aller  avec  AFZUN.  Si  ce  n'est  pas  le 
mot  sémitique  Gadah^  ce  doit  être  quelque  chose  d'équiva- 

1.  Diepehlwi  Legenden^  p.  35-36. 

}.  Observations  sur  les  monnaies  à  légendes  en  pehivi  et  pchlvi-arabe, 
«l^tw  Hevue  Archéologique,  1886. 


MONNAIES   8A6SAMDES    I':t    AaABO-PEHLVIES 


;  aussi,  faute  de  mieux,  oouservoDs-nouB  à  ce  mono- 
itne  cette  signilicatioQ. 

lUtes  ces  hypothèses  péchaient  par  la  base,  Avaat  de 
oser  une  traduction,  il  fallait  d'abord  étudier  le  groupe 
loint  de  vue  épigraphique,  oheroher  à  conoaitre  tes 
;s  qui,  k  l'origine,  ont  été  ses  éléments  constituUfB. 
.  à  ce  travail  que  je  me  suis  livré,  en  examinant  plu- 
'8  milliers  de  ces  drachmes  tant  sassanides  qu'arabes, 
esquelles  se  trouve  le  monogramme, 
li  remarqué  que  si  le  type  {%.  H,  col.  I,  n"  1)  le  plus 
lent  montre  une  parfaite  liaison  des  éléments  divers, 
tst  pas  rare  de  rencontrer  des  exemples  de  dissociation 
BS  parfois  par  l'inhabileté  du  graveur  (%.  II, 
jlonne,  n"  4  à  7,  10,  H,  15,  17,  18.  19,  22),  parfois 
liant  de  la  connaissance  qu'avait  l'ouvrier  de  la  valeur 
roupe  et  par  suite  des  lettres  dont,  régulièrement,  il 
it  être  composé.  Dès  lors  il  interprétait  en  séparant 
ignés  (fig.  Il,  col.  I,  n"  3,  8,  14,  20),  que  souvent 
leurs  il  traçait  assez  gauchement. 

loi  qu'il  en  soit  de  l'ensemble  (fig,  II,  col,  I),  il  appa- 
clairement  que  le  centre   est   occupé   par  la  lettre  M 

II,  col.  I.  n"»  3,  4,  9,  U,  16  à  18,21,  23,  24,  26  à 
que  la  dernière  lettre  semble  être  un  N  (fig.  II,  col,  I, 
,    r,,  8,  9,  10,  10)  ou  C  (TCiT)  (lig.  II,  col.  I,  n-*^  1  à 

8,  11  &  15,  17  à  29  et  plus  spécialement  n"  7).  Quant 
lettre  initiale,  on  la  peut  lire  A  ffig.  Il,  col.  I,  n"  1  à 
I,  21,  28,  29),  S  (lig.  H,  col.  I,  n"'  8.  14,  17,  24,  26. 
>u  I  (fig.  il,  col.  1,  n"'  1,  2,  4,  8,  12,  13,  15,  16,  24, 

indécision  entre  A  et  S,  comme  lettre  initiale,  déjà  très 
de  quand  on  s'en  rapporte  à  l'inspection  des  lignes  de 
g.  2)  colonne  I,  devient  plus  embarrassante  encore 
d  on  compare  ces  groupes  avec  ceux  qui,  dans  les 
[laies  arabes,  ligurent  en  pehivi  les  mots  AMIR  (fig.  II. 
V),  SELIM  (fig.   II,  col.   IV),  AZeMAN  (fig.   U,  col. 


MONNAIISB   8AS8ANIDES    KT   ARABO-PEHLVIBS  235 

VI).  Cependant  nous  voyons,  dans  les   diverses  fornies 
pehlvies  du  mot  AMIR,  la  lettre  A  surmonter  Souvent  la 

l.l>3.Khosroes  II  (monnaie  royale),      "^jr     1       ttïï  •  1  TT  1 

4-6.  lezdcdjerd  tll  (         -  ).         Mj^        ^^ÀÀ  •"  lôCUf 

2         *T2         tb^Jl 


7-8.  Khotroc8  II  avec  bitm  illah. 
9-10.  Iczdedjerd  III  avec  bism  il- 
lah. 


11-12.  Moawiyah.  z  *  tfui        S 

1S-15.  Abdallah  benZobeir.  '     Jjt^  V?..^ 


16.  Obeidallah  ben  Ziad.  H^CT  •  16< 

n.  Omar  ben  Obéid  allah.  -  ^A  f^        4 

1«.  6clim  ben  Ziad.  JiXT  l9l^W 

19.  Auraiah.  -^^  #Wà        «S 

20.  Abd  el  Melek  ben  Merwan.  .  .5  ^yf  ^^ï 
21-22.  Mohalleb  ben  Abou  Sofrah.  JâiV  20f^ 
23.  Mouçeb  ben  Zobéir.  6  ,^  IJ^*  6 
34.  id.  J,^  lE^            ^^ 

26.'  Khourchid  (TabéristAn).  ^  ,7  !!5ol          CW       7 

27.  Zofràn                   -         '  J^  "^2               22 <^ 


royale). 

III.  KiRMAN.  1.  Omar  ben  Obéld 

IV.  SeLiM.  1-5.  SélimbenZiad.  V^^^        ^^2  2$ê^ 

V.  AMIR.  1-2.  Mo'âwiyah.  2        .^3$  é^ê      12 

—  3.  Abdallah  oen  Emir.         A_4^f5li  ^'x  ni   fc.il 

—  4-7.  Abdallah  ben  Zobéir.    •^XP  ^if>  Jj^^n 

—  8-9.   Abdel    Mélek    ben   ^-.^  ^'W^  ^  ,  lO 

Merwân.  vyllll  â    i  1 4  ^  2p| 

M.AZéMAN.   1-2.     Abdullah-i-Iîa 

zem. 

VU.  MeRUV.     1-2.    Abdullahi-Iîa- 

zem. 

Fip.  2. 


2«.  Omar                  —                               ^a  IM^I  a¥f       8 

29.  Séid  ben  Dalidj  (TabérisUn).           MJP  ^^^  '  251^*» 

II.    1-2.    Hormirdas    IV  (monnaie          ^^9  |tt^|  |^       9 

"^^  €^      10 


•1^ 


lettre  M,  comme  le  fait  a  lieu  dan.s  la  forme  la  plus  usitée 
de  notre  monogramme. 

Ces  constatations  portent  à  penser  que  c'est  par  la  lettre 
A  que  débute  le  groupe  et  qu'on  doit  lire  :    A.  .  .   MN. 

Or,  si  nous  comparons  le  monogramme  type  de 
Chosroe»  Il  (fig.  11,  col.  I)  à  celui  d'Hormisdas  IV  (Hg.  II, 
col. II),  qui  lui  est  de  quelques  années  seulement  antérieur, 
noos  voyons  nettement  que  le  plus  récent  des  deux  n'est 


u  "jz-  iiL^  z-ii^^  iiL  ri~iitifT  simpli- 
-^  -^  --LT-^  I  -  — ^  brr-ijiliit*  ;  d* 
:^-  --  -  -^^^  -~— -  .^Ti-^  m-QiuiJM.  d'Hor- 

:  -i^j^--  "  :;&■  ne  =-<m^  it  uirroe  d'uD 
■  X  —•  -igT«.'.j^  7r=ii.--iE  àfs Arabes 
..  =-  d^  r_=-;  r-:«:.3at.  beancoap 
—--       *^Lii  -    -.  m^-ji  lu*  la    lettre  H 

r.  i  -ï  —  ac  :riiiJ;iii::rt.  Jt  D  perdre 
î   n-^_r^  —  1  -Tuf  c  Cl.  rrnh  l^^êre- 


. .--    u—  ;^:ji.j-rv.-„i=   ^ '-jîTjjcnt  d'être 

-  u;—  .IL  ni.ji.  ^jj-i  Tî.TTi*  i  H  .>ra.i>iiis  IV  est 
J  la.  n.  i:  ;  ::;;.i.  c  i^.il  a^  ^  vjj?  ^t  de  la 
l_'..-_--'     i^r    H    ;a-   ^      rm  lEi-ntre  que, 

— j-  îi-'iir  riiiZi.irsi   <i.  ..-T^Ti  r.  etire  avant  i 
i    itei.    eu.-  u  îi^tiL  ic  ^  r_it   de  Merw, 

:.  .  u  "~  r  ,    -^îJ  t^-  :].  cA.  VII. 

-  .1.1^  •^:..x.^^  if  :i  .-.^  ^"T  leZvienl 
,.    .-  .n^ne  i    Cul»  iiiTt  iii:Cj:tçTaji.zie. 

.-.-~  r.-....I^!r~  i'r. :im±:^£.ni-  Z\\  lerfnre  qui 
,;l  ^_ru:  >  ■!.■-  i,!sr,«îS  I'.  s.':^  j.*^  succes- 

"    m    1,.  t'^     :^-iî!fti-i. :  Jr  ÛT^ziier,  bien 

,-.-•-.      ':     -  11^    ■^-     F'*^'^^    *^^   t>clM    lt« 

-  .   —    s".  i.-<- i*:-:-^-— ^1:*-  diiii  la  Icîreiide 
^-    .    ^--  jrr^:.ru>.  iLî.^  on  le  voit  aussi 

-  _  -7  --.!„. :-T  £t  :*rlt:iies  pièces  arabes. 
...^  t;,-,s  r:.  ArT'wT-  il  ûnporlait  donc 
-->;--  .Lj..-:*.'-'-^-  ^^^  le  ix>iiteite  pou- 
-,  .-.  ::.:  -^i"^  If  î^as  do  mol  ARMN. 
-  -  j^  _-.;.^-:e  foas  Honnisdas  IV  soit 
■  ---v--i:  :,£■- 1- n*  2  ou  sui\"i  du  mol 
-   .^  !:=■'.  rU.f  au  commeDcement  de  la 


MONNAIES    SASSANIDRS    ET    AnABO-PEHLVlES  237 

phrase,  AFZUN  est  remplacé  par  AFZUTU  (fig.  1,  n"  4) 
comme  sous  Chosroes  II  et  ses  successeurs.  AFZUN,  d'ail- 
leurs, figure  fréquemment  seul  (fig.  I,  d°  2  bis). 

Sous  les  Arabes  il  occupe  exactement  la  même  place  q 
sous  Chosroes  II  ;  le  nom  du  gouverneur  seul  est  chan 
(ex.  :  Bg.  1,  n'  5)  Omar  ben  Obeïd  Allah);  mais  alors  ■ 
le  rencontre  parfois  dans  les  légendes  marginales  telle  q 
celle  d'Abd  allah  ben  Zobeïr{fig.  1,  n°  6)  du  Musée  brita 
nique,  Bism  iliahBe  PïR  [ouzëh]  précédant  le  monogramn: 
Une  autre  légeade  sans  monogramme  (fig.  I,  n"  7)  don 
l'explication  de  la  première  qui  est  incomplète  BiSM  ILLi 
AFiDeH  Be  PIRÔDCAN  Aa  nom  de  dieu  Gloire  au  V 
lorieux. 

En  cherchant  dans  les  mots  pehlvis  dont  le  sens  po 
vait  convenir  et  dont  la  composition  fût  épigraphiqueme 
acceptable,  mon  attention  avait  été  appelée  par  le  m 
AIRMaN  qui,  sauf  la  lettre  I,  répondait  ft  ma  lecture  < 
signe;  mais  cette  chute  n'était  pas  pour  faire  abandonn 
cette  traduction.  Je  croyais  pouvoir  accorder  à  ce  motui 
valeur  plus  étendue  que  ne  comporte  sa  signification  anat 
mique  et  en  raison  du  titre  de  descepdant  des  dieax  que 
donnent  les  premiers  Sassanides  ;  Minacetri  men  yezdan 
du  titre  ftadi  que  prennent  d'autres,  du  prix  qu'attachaie 
ces  princes  à  leur  filiation  divine,  j'estimais  pouvoir  ti 
duire  ARMN  AFZUTU  par  :  "  Que  la  puissance  génita 
du  roi  X  s'accroisse  »  ou  <<  se  conserve  n.  Mais,  contraii 
ment  à  l'affirmation  de  Haug  dans  son  dictionnaire*, 
mot  AÏRMAN  n'est  pas  avestique,  et  MM.  Clermoc 
Ganneau,  le  colonel  AUotte  de  La  Fuye  et  E.  Blochet  qi 
j'ai  consultés  à  cet  égard,  ont  été  unanimes  à  me  répond 
que  la  valeur  de  ce  terme  ne  prend  aucun  sens  génér 
dans  les  diverses  langues  sémitiques. 


I.  An  old p«*hliii-p»**nd  gtoiury  (by  Dralur  Mn^hanKJi  Jamaspji  As 
ediMby  Martin  Ha ufc,  Bombay.  1X70,  p.  &Q. 


238  MONNAIES    SÀSSÀMDES   ET   ARABO-PEHLVIES 

((  Ce  mot  sémitique  ne  se  trouve  pas,  et  ne  peut  se  trou- 
ver dans  TAvesta,  m'écrit  M.  E.  Blochet  (lettre  du  3  mars 
1920).  .  Quant  au  sens  de  procreator^  c'est  une  hypothèse 
qui  me  paraît  invraisemblable  et  impossible  ;  aïr  a  en  arabe 
classique  une  signification  bien  précise  ;  la  racine  àra,  à  la 
seconde  forme  ayyara,  a  le  sens  de  cohabiter  avec  une 
femme  ;  l'emploi  de  ces  mots  est  plutôt  rare.  Il  n'existe 
rien  qui  réponde  au  mot  arabe  aïr  dans  l'hébreu  classique, 
dans  l'hébreu  talmudique,  dans  le  syriaque  ;  mais  du  fait 
que  ce  mot  existe  en  arabe  et  en  pehlvi,  il  résulte  naturel- 
lement, à  mon  sens,  qu'il  a  existé  dans  le  dialecte  araméen 
auquel  l'idiome  des  Sassanides  a  fait  ses  emprunts.  Je  ne 
vois  point  que  ce  mot,  ou  plutôt  l'un  des  dérivés  de  la 
racine  âra,  ait  jamais  eu  le  sens  de  procreator.  Les  lexiques 
classiques  arabes  citent  bien  l'expression  kana  aïrouhou 
taimlan  pour  dire  :  Il  a  beaucoup  d'enfants  mâles  \  mais 
j'y  vois  plutôt,  si  j'ose  dire,  un  sémantisme  de  corps  de 
garde.  » 

11  y  avait  donc  lieu  d'abandonner  cette  hypothèse  et 
quelques  jours  plus  tard  (lettre  du  12  mars  1920),  M.  E. 
Blochet  m'écrivait  une  nouvelle  lettre  que  je  considère 
comme  réglant  définitivement  la  question  : 

ce  11  existe  dans  le  vocabulaire  persan,  dit-il,  un  mot  qui, 
suivant  moi,  explique  d'une  façon  satisfaisante  le  groupe' 
AKMN  que  vous  lisez  sur  les  monnaies  des  Sassanides. 
C'est  le  mot  KHRMN  qui  lui  correspond  lettre  pour  lettre, 
et  dont  la  prononciation  actuelle  est  khirman  ou  kharman\ 
cette  vocalisation  est  suspecte,  car  il  s'est  produit  des  alté- 
rations sensibles  du  vocalisme  dans  certains  mots,  depuis 
les  époques  anciennes  du  viii«  et  ix®  siècle,  jusqu'à  nos 
jours.  Khirman  ou  kharman  en  persan  moderne  signifie  ; 
récoltes,  céréales  ;  mais  cette  signification  est  certainement 
secondaire,  car  un  dictionnaire  persan  composé  aux  Indos, 
le  Bahar-i-Adjarn,  le  traduit  par  le  mot  arabe  daulat,  lequel, 
comme  vous  le  savez,  signifie  l'exercice  de  la  puissance 


M0^^A1ES    SAHSANtDtR    ET   ABABO-PEHLVEES  239 

souveraine.  Khoarman  représente  une  forme  achéménide 
hu-ram-ana  «  qui  donne  un  bon  plaisir  »,  d'où  la  puissance 
et  la  fortune.  Le  sens  de  fortune  matérielle  s'est  conseï 
■la  os  l'expression  persane  khourman  soukktê,  littéra 
ment,  «  qui  a  brûlé  son  khourman  u  et  qui  se  traduit  i 
«  homme  sans  le  sou  ».  La  fortune  chez  les  ruraux  cons 
tant  surtout  dans  leurs  récoltes  de  bté,  il  est  très  natu: 
que  ce  mot  khourman  ait  abouti  au  sens  dérivé  qu'il  pi 
sède  dans  la  langue  moderne.  Ce  mot  est  dérivé  de 
màme  racine  ram  que  le  persan  khourram,  agréable,  leqi 
est  en  perse  achéménide  hu-rama,  avec  le  même  sens  q 
ha-ram-ana. 

«  11  s'en  suit  à  mon  avis  que  khourman  signifie,  parte 
où  il  se  trouve,  pouvoir  temporel,  ce  qui  me  semble  bi 
concorder  avec  le  sens  des  passages  que  vous  avez  pris 
peine  de  me  signaler,   " 

L'explication  de  M.  E.  Blocbet  me  semble  être  parfail 
ment  acceptable  ;  pour  rendre  exactement  le  sens  de  khi 
man  tel  que  ce  mot  est  gravé  sur  les  monnaies,  il  faudn 
adopter  le  mot  arabe  qui  comprend  la  richesse,  la  force 
le  pouvoir,  qualités  qui,  en  Orient,  ne  font  qu'un.  Nous 
rendrons  par  puissance,  bien  que  ce  terme  ne  réponde  p 
exactement  ii  ma  pensée,  et  les  légendes  deviendront  : 

(Fig.  1,  n»  -A]  ARMaN  AUHRa  MaZDI. 

La  puissance  d'Ilormisdas. 

(Fig.  1,  n-  4)  ARMaN  AFZUTU  KHOSROUI. 

Que  grandisse  ta  puissance  de  Khosroes. 

iFig.  [,  n-  5)  ARMaN  AFZUTU  AUMaR  I  AUBITALAA 

Que  grandisse  la  puissance  d'Omar  fils  d'Obcid-Allah. 

(Fig.  I,  n»'  6  et  7)  BISM  ILLaH  AFiDeH 

Be  PiROUZAN  ARMaN. 

Au  nom  de  dieu  gloire  au  puissant  victorieux. 

En  terminant,  je  ferai  observer  que  le  mot  pecus  a  jo 
dans  nos  langues  de  l'Occident   le  même  râle  que  le  m 


LIVRES   OFFERTS 


lan  chez  les  Persans  et  que  je  sertds  plus  tenté  de 
e  que  tous,  comme  pécule,  pécuniaire,  sont  des  dïrivés 
idaires  de  pecut  :  richesse  et  pouvoir  doivent  être  coo- 
és  comme  descendants  de  l'expression  simple  primitive  : 
Ite.  Dans  les  plus  anciens  dialectes  persans  encore 
is  de  nos  jours,  en  kurde  ainsi  qu'en  persan,  on  ren- 
re  le  mot  kkarman  désignant  l'aire  sur  laquelle  od 
•e  la  paille  pour  en  extraire  le  blé  (cf.  J.  de  Morgan, 
ion  enPerse.  Études  lingaUtiques,  t.  I).  Le  mot  khar- 
usité  sous  les  Sassanides  pour  exprimer  le  pouvoir,  la 
!sse,  la  puissance,  a  été  remplacé  par  le  terme  arabe 
,  mais  il  est  resté  en  persan  moderne  avec  sa  valeur 
itive. 


LIVRES  OFFERTS 


P.  ScKEiL  présente  b  rAcadémic  au  oom  des  ailleurs  : 
Le  sceau  d'Ur  R  Innanna  tar  un  Ironc  de  cane  étiquette.  — 
;  comparative  des  sceaux  de  celle  époque,  par  AllotLe  de  La  Fuye. 
spondant  de  l'Académie  (eiErail  de  la  Repue  d'atiyriotogie, 
1-26)  ; 
MoUe  et  la  Genèse,  d'après  les  travaux  de  M.  le  professeur 
ard  NaviUe,  par  E.  Doumerguc,  doyeo  honoraire  de  la  Faculté 
de  théologie  protestante  de  Monlaulian,  pp.  xv-]2l. 

Cl.  lltiAnT  présente  en  cos  termes  un  ouvrage  de  M.  S.  Flurj 
lé  :  hliinische  Schrifllânder  (Baie  et  Paris,  1920)  : 
e  caractère  décoratif  des  inscriptions  arabes  en  lettres  dites 
(ues  est  bien  connu,  surtout  ce  qu'on  appelle  le  koufique  fleuri, 
s  molirs  stylisés  viennent  s'ajouter  au  corps  même  de  la  lettre 
fsenlent  un  ensemble  touITu,  agréable  k  l'ceil,  qui  fait  le  déses- 
le  l'épi  graphiste.  M.  Samuel  Klury,  professeur  à  Bâle,  a  résolu 
lier  le  développement  progressif  de  celte  ornementation  ;  il  s 
lomme  point  de  départ  les  inscriptions  d'Aaiida,  aujourd'liui 
éldr,  qui  sont  du  xi*  siècle  de  notre  ère,  et  il  y  a  joint  comme 
!  de  comparaison,  des  inscriptions  de  Kairouan,  de  Magyaftri' 


SÉANCE   DU    23    JUILLET  241 

qin  en  Mésopotamie  et  de  Lirmidh  en  Perse.  Il  y  analyse,  avec  la 
plus  grande  minutie  et  la  plus  parfaite  exactitude,  les  formes  que 
prennent  les  lettres  de  Talphabet  sous  la  fantaisie  des  artistes 
ornemanistes  ;  c'est  le  premier  essai  méthodique  que  Ton  ait  fait 
dans  cet  ordre  de  recherches.  Une  profonde  connaissance  du  sujet 
et  une  comparaison  des  monuments  classés  par  périodes  ont  permis 
à  M.  Flury  de  constituer  Tbistoire  du  développement  de  cet  art 
spécial  des  bandeaux  ornementaux  dans  Tarcbitecture  musulmane, 
ik  Tépoqne  envisagée.  » 


SÉANCE   DU    23   JUILLET 


PRÉSIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIBIIL. 


M.  CuQ  achève  sa  communication  sur  les  pierres  de  bornage 
babyloniennes  du  British  Muséum  *,  Ce  sont  des  galets  ovoïdes 
ou  de  petits  blocs  de  pierre  arrondis  au  sommet.  Ils  portent  des 
bas-reliefs  figurant  les  symboles  de  certaines  divinités  et  une 
ioscription  dont  la  clause  finale  contient  des  imprécations  contre 
celui  qui  détruirait  la  pierre  ou  la  ferait  disparaître.  La  collec- 
tion du  British  Muséum;  formée  depuis  plus  d'un  demi-siècle, 
comprend  23  bornes  dont  les  inscriptions  étaient  pour  la  plu- 
part restées  inédites.  Elle  a  été  récemment  publiée  par  L.  W. 
king,  qui  y  a  joint  12  tablettes  de  pierre  et  2  cippes  commémo- 
ratifs  en  forme  de  pierres  de  bornage. 

En  rapprochant  cette  collection  de  celle  du  Louvre  publiée 
par  le  P.  Scheil,  en  y  joignant  quelques  unités  conservées  à 
Berlin  et  à  Philadelphie,  M.  Edouard  Cuq  a  pu  déterminer 
l'usage  qu*on  a  fait  de  ces  pierres,  du  xiv*'  au  vu"  siècle  avant 
notre  ère.  Elles  ont  pour  objet  principal  de  placer  sous  la 
protection  des  dieux  une  terre  donnée  par  le  roi  à  un  parti- 
culier ou  à  un  temple  et  acquise  par  lui  d*une  de  ces  tribus 
kiMites  qui,  après  la  conquête  de  la  Babylonie,  s'étaient  établies 
(Uns  la  région  frontière  de   la    Perse  occidentale.    Ces  tribus 

L  Voir  Jour ntU  deM  SavMnts^  1921. 
ino  la 


â42  SÉANCE   DU   â3   JUlLLEt 

pratiquaient  le  régime  de  la  propriété  collective,  alors  que  les 
Babyloniens  connaissaient  depuis  longtemps  la  propriété  privée. 
Pour  garantir  le  donataire  contre  les  réclamations  des  gens  de 
la  tribu,  on  les  menaçait  de  la  colère  des  dieux. 

La  donation  royale  de  terres  était  parfois  accompagnée  d^un 
acte  de  franchise,  ou,  lorsqu'elle  était  faite  à  un  prêtre,  de 
Tattribution  d'une  part  des  revenus  du  temple  auquel  il  était 
attaché.  L'usage  des  pierres  de  bornage  a  été  étendu,  dans  des 
cas  exceptionnels,  à  la  protection  de  la  propriété  privée. 

M.  HcART  présente  quelques  observations. 

Le  Président  rappelle  que  les  pouvoirs  de  M.  Ëlie  Berger 
comme  conservateur  du  Musée  Condé  sont  expirés. 

L'Académie,  à  l'unanimité,  décide  de  présenter  à  nouveau 
M.  Élie  Berger  au  choix  de  l'Institut  pour  une  période  de  trois 
ans. 

M.  CharloB  Dibhl  communique  une  note  de  M.  Gabriel  sur 
les  fouilles  de  Foustat  *. 
M.  Cl8Rmont«>Gamnbau  présente  quelques  observations. 

M.  P.  GiRAAD  donne  lecture  de  quelques  pages  concernant  le 
mot  prêté  par  Aristote  à  Périclès  {RhéL  h  7,  34;  III,  10.  7), 
dans  l'éloge  funèbre  qu'il  avait  fait  des  morts  de  la  guerre  de 
Samos,  en  439  :  «  L'année  a  perdu  ton  printemps  ».  Une  expres- 
sion semblable  est  attribuée  par  Hérodote  (VII,  162)  à  Gèloo, 
tyran  de  Syracuse,  et  l'opinion  actuellement  admise  est 
qu^  Hérodote  a  plagié  Périclès.  Il  semble,  au  contraire,  que  ce 
soit  Périclès  qui  ait  reproduit  le  mot  de  Gélon,  simple  proverbe 
sicilien,  qu'il  connaissait  sans  doute  par  Hérodote.  C'est  ainsi 
qu*il  l'aurait  fait  sien  par  une  application  nouvelle,  plus  poé* 
tique  et  plus  touchante* 

MM.  Théodore  Rsinach,  Maurice  et  Alfred  Groisbt  pré- 
sentent quelques  observations. 

1.  Voir  ci^prèB. 


243 


COMMUNICATION 


LBS  FOUILLES  DE  FOOSTAT,  PAR  M.  A.  GABRIEL. 

Al'Foustat  OU  Misr,  la  première  capitale  de  l'Egypte 
musulmane,  s^étendait  au  Sud  du  Caire,  entre  le  Nil  et  le 
Mokattam  ;  Djami  Amrou  et  Kasr-ach-Cham  survécurent 
seuls  à  la  ruine  de  la  cité  :  encore  la  mosquée  fondée  par 
le  conquérant  Amr-ibn-al-As  ne  conserve-t-elle  que  de 
rares  éléments  de  ses  dispositions  primitives.  Les  maisons 
voisines,  d'époque  récente,  forment  en  bordure  du  fleuve, 
le  quartier  Masr-al-Âttikat,  le  vieux  Caire.  A  TEst,  jus- 
qu'à Aïn-as-Sira,  remplacement  de  Foustat  n'est  plus  mar- 
qué aujourd'hui  que  par  des  koms  ou  collines  de  décombres 
qui  s'étendent  depuis  la  montagne  de  Yachghour  jusqu'à 
la  hauteur  de  Saint-Georges. 

On  sait  que  la  ville  d'Al-Foustat  connut,  du  vn®  au 
n*  siècle,  une  prospérité  extraordinaire.  La  fondation  d'Al- 
Kahirat  marqua  le  commencement  de  son  déclin  et  elle  fut 
en  partie  abandonnée  lors  des  épidémies  et  de  la  disette 

_   0  _ 

qui  désolèrent  l'Egypte  au  temps  d'Al  Moustansir.  L'in- 
cendie ordonné  par  Chawar,  en  504  de  l'hégire,  devant 
ta  menace  d'Amaury,  en  consomma  la  ruine  définitive. 

Il  semble  qu'un  destin  implacable  ait  poursuivi  la 
malheureuse  cité  jusqu'à  sa  destruction  totale.  Déjà,  pen- 
dant que  le  feu  la  consumait,  les  esclaves  et  les  gens  de  la 
Botte  pillaient  ses  plus  riches  demeures  ;  dans  les  années 
qui  suivirent,  on  tira  de  ses  décombres,  par  une  exploita- 
tion  méthodique,  les  matériaux  utiles  aux  constructions 
<hi  Caire  ;  et  plus  tard,  alors  que  les  débris  de  toute  sorte 
s^amoncelaient  sur  les  fondations  des  maisons,  les  cher- 


244  LES    FOUILLES    DE    FOUSTAT 

cheurs  de    briques  vinrent  pendant  des  siècles  s'approvi- 
sionner à  Foustat. 

D'autre  part,  les  koms,  en  partie  constitués  de  débris 
organiques,  fournissent  à  bon  compte  un  engrais  excellent 
ou  sabakh  ;  des  entreprises  se  formèrent  pour  son  extrac- 
tion ;  des  sociétés  industrielles  purent  louer  ou  même  ache- 
ter des  parcelles  de  terrain  qu'elles  exploitèrent  au  mieux 
de  leurs  intérêts  sans  se  soucier  en  rien  de  conserver  les 
antiquités  découvertes  ;  enfin  de  vastes  étendues  furent 
abandonnées  aux  carriers  qui  firent  disparaître  jusqu'aux 
derniers  vestiges  des  constructions  du  moyen  âge. 

Telle  était  la  situation  déplorable  de  ce  site  archéolo- 
gique Ibrsqu'en  1912  Ali  Bey  B^hgat,  conservateur  du 
Musée  de  Tart  arabe,  prit  la  direction  des  travaux. 

Il  ne  pouvait  songer  à  poursuivre  des  fouilles  suivant 
les  méthodes  ordinaires  ;  la  surface  à  découvrir  et  la  hau- 
teur des  koms  eusseïit  exigé  un  budget  considérable.  Aussi 
résolut-il  d'utiliser  au  mieux  des  recherches  archéologiques 
les  travaux  de  déblai  des  entrepreneurs  de  sabakh. 

Il  fixa  la  répartition  des  chantiers  qui  s'ouvrirent  en  des 
points  convenablement  choisis,  sur  remplacement  d'Al 
Askar,  d'AlKataï  jusqu'à  Aïn-as-Sira  à  l'Est  et  à  Kom 
Ghourab  au  Sud.  Au  centre  même  d'Al  Foustat,  on  déblaya 
jusqu'au  roc  une  surface  de  plus  de  100.000  mètres  carrés. 
Une  surveillance  efficace  des  travailleurs  assura  la  con- 
servation des  moindres  débris  des  constructions  du  moyen 
âge,  et  le  plan  d'une  importante  région  de  la  ville  apparut 
avec  netteté.  En  outre,  une  quantité  considérable  de  pote- 
ries de  toutes  sortes  était  recueillie  et  venait  remplir  des 
salles  entières  du  Musée  de  l'art  arabe,  collection  imique 
pour  l'histoire  de  la  céramique  orientale  et  qui  fera  l'objet 
d'une  publication  spéciale  :  les  différentes  espèces  des  pro- 
ductions locales  y  sont  représentées  par  des  séries  com- 
plètes, depuis  les  poteries  grossières  jusqu'aux  pièces  les 
plus   fines,   richement    décorées    d'ornements    floraux,   de 


LES  FOUILLES  DE  FOUSTAT  245 

reproductions  d*hommes  ou  d'animaux.  Des  inscriptions 
historiques,  des  blasons  d'émirs,  de  sultans  et  de  hauts 
dignitaires  donnent  à  quelques-unes  d'entre  elles  une 
valeur  inestimable.  Des  chapiteaux  de  marbre,  des 
ornements  de  stuc,  des  objets  mobiliers  de  toute  sorte, 
des  papyrus,  dont  deux  notamment  remontent  au  début 
du  H*  siècle  de  Thégire,  sont  venus  également  enrichir 
les  collections  du  musée. 

Appelé  par  Ali  Bey  h  collaborer  avec  lui  à  la  publi- 
cation de  ces  découvertes,  nous  préparons  actuellement 
un  premier  fascicule  consacré  exclusivement  à  Tarchitec- 
tore. 

Certes  la  fouille  de  Foustat  n'offre  point  au  visiteur  un 
état  de  conservation  comparable  à  celui  de  Pompéi,  de 
Délos,  ou  même  de  Priène.  Les  maisons  les  plus  complètes 
ne  conservent  guère  que  sur  un  mètre  ou  deux  de  hauteur, 
rarement  davantage,  leurs  murs  de  briques  :  en  bien  des 
points  on  ne  retrouve,  sur  le  banc  de  rocher,  que  des 
traces  de  mortier  et  quelques  fragments  de  briques  ;  la 
voirie  toutefois  a  pu  être  restituée  sans  trop  de  difflcultés. 
Ce  n*est  qu*un  réseau  de  rues  et  de  ruelles  étroites,  for- 
mant des  ilôts  d'un  nombre  variable  de  maisons.      ' 

De  celles-ci  nous  avons  relevé  et  étudié  différents  types, 
qui  présentent  tous  un  certain  nombre  de  dispositions  com- 
munes. En  général,  une  cour  centrale,  pourvue  d'un  fas- 
kiyat  ou  bassin,  groupe  autour  d'elle  les  portiques  et  les 
différentes  chambres.  Dans  les  maisons  les  plus  modestes, 
ces  divers  éléments  se  réduisent  au  minimum  ;  dans  les 
plus  riches  et  les  plus  vastes,  les  bassins  se  multiplient, 
aUmentés  par  un  jeu  souvent  complexe  de  canalisation  de 
terre  cuite.  L'eau  courante  des  rigoles  coulait  en  cascades 
sur  des  chazerouan  ;  autour  des  bassins,  des  fosses  creusées 
dans  le  rocher  et  remplies  de  terre  végétale  permettaient 
la  culture  des  fleurs  et  des  arbustes.  Des  puits  forés  à  tra- 
vers le  rocher  jusqu'à   la   nappe  souterraine   servaient  à 


246  LES    FOUILLES   DE   FOUSTAT 

remplir  les  réservoirs  d'où  Teau  était  distribuée  à  travers 
la  maison  :  la  disposition  des  portiques  et  des  madjlis 
(salles)  montre  que  les  constructeurs  étaient  guidés  par  le 
souci  d'assurer  à  ces  demeures  une  fraîcheur  agréable. 

Ces  maisons  possédaient  pour  la  plupart  un  rez-de-chaus- 
sée et  un  premier  étage.  On  y  observe  le  soin  particuli» 
qui  a  présidé  à  Taménagement  des  cabinets,  des  fosses 
d'aisances  et  des  puisards,  creusés  dans  le  rocher,  en  bor- 
dure de  la  rue,  pour  en  faciliter  la  vidange. 
*  Des  restes  assez  importants  de  décoration  murale  ont  été 
retrouvés  :  quelques-uns,  en  stuc,  rappellent  les  ornements 
de  la  mosquée  d'Ibn  Touloun  ;  pour  d'autres,  ils  four- 
nissent des  exemples  d'une  technique  dont  TÉgjpte  ne 
possède  point  d'autre  exemple  :  ce  sont  des  fragments  de 
briques  hourdées  au  plâtre  suivant  un  dessin  géométrique 
et  qui  ne  se  peuvent  comparer  qu'avec  certaines  produc- 
tions de  riran. 

Le  plan  des  maisons  pose  lui-même  différents  problèmes  : 
nous  nous  proposons  d'y  rechercher  la  part  des  influences 
hellénistiques  ou  coptes  et  celle  des  traditions  mésopota- 
miennes.  Nous  nous  bornons  aujourd'hui  à  signaler  l'im-- 
portance  que  présentent  ces  fouilles  pour  l'histoire  géné- 
rale de  l'art. 

11  nous  est  possible  d'assigner  à  ces  constructions  une 
date  assez  précise.  Des  analogies  de  technique  avec  les 
mosquées  d'Ibn  Touloun  et  de  Al-Hakim  permettraient,  à 
elles  seules,  de  les  faire  remonter  au  ix*-x®  siècle  :  il  n'est 
pas  douteux,  en  tous  cas,  qu'elles  ne  soient  contemporaines 
de  la  période  de  prospérité  d'Al  Foustat. 

En  outre,  une  découverte  intéressante,  aussi  bien  pour 
notre  étude  que  pour  la  topographie  générale  du  Caire,  nous 
fournit  des  précisions  nouvelles.  On  sait  que  Salah-ed-Dine 
entreprit  de  réunir  Al  Kahirat  et  Al  Foustat  dans  une 
enceinte  unique.  M.  Paul  Casanova,  dans  son  mémoire 
sur  la  topographie  du  Caire,  avait  fixé  approximativement. 


LES    FOUILLES    DE   FOUSTAT  247 

d*après  les  textes  arabes,  la  direction  de  cette  muraille  qui 
limitait  Foustat  à  TEst.  Son  hypothèse  se  trouve  pleine- 
ment vérifiée  par  la  mise  à  jour  de  ce  mur  d'enceinte  :  depuis 
Taqueduc  de  la  citadelle  jusqu'aux  carrières  voisines  de 
Kom  Ghourab,  Ali  Bey  a  retrouvé  des  portions  d'étendue 
variable  des  œuvres  basses  de  cette  courtine^  flanquée  de 
tours  demi- circulaires  :  par  l'appareil  et  la  technique,  ce 
rempart  e^t  en  tous  points  analogue  à  celui  qui  avoisine 
Bourdj  Zafr,  au  Nord*Est  du  Caire. 

Or  ce  mur  de  Saladin  coupe  d'une  manière  arbitraire 
des  ilôts  de  maisons,  et  des  détails  de  construction  prouvent 
que  lorsqu'il  fut  édifié,  vers  1175,  ces  demeures  étaient  déjà 
ruinées.  On  en  peut  donc  conclure  avec  certitude  que,  pour 
la  grande  majorité,  les  quartiers  dégagés  remontent  à 
Tépoque  des  Toulounides  et  des  Fa  timides. 

Ainsi  se  trouve  enrichi  le  domaine  de  nos  connais- 
sances touchant  les  productions  artistiques  des  premières 
dynasties  musulmanes  de  l'Egypte.  La  mosquée  d'IbnTou- 
loun  n'est  plus  l'exemple  imique,  mais  un  peu  spécial, 
auquel  devait  se  rattacher  toute  étude  sur  les  origines  de 
l'art  islamique.  L'architecture  privée  voit  s'ouvrir  un  cha- 
pitre nouveau  de  son  développement  qui  complète  et  véri- 
fie d'autres  découvertes,  notamment  celles  de  la  mission 
Sarre-Herzfeld  en  Mésopotamie  et  de  notre  collègue 
H.  Viollet  à  Samara. 

En  outre,  les  fouilles  de  Foustat  offrent  de  nombreux 
exemples  de  bains,  d'établissements  industriels,  tels  que 
moulins,  huileries,  fours  de  potiers  :  leur  étude  pourra 
apporter  d'utiles  indications  sur  l'exercice  du  commerce 
el  de  l'industrie  en  Egypte  au  moyen  âge. 

Tels  sont,  sommairement  résumés,  les  résultats  essentiels 
auxquels  huit  années  de  travail  méthodique  ont  conduit 
AU  Bey  Bahgat.  Pour  ce  savant  modeste,  ami  de  notre 
pays,  ce  sera  certainement  une  joie  et  un  réconfort  de  voir 
l'Académie  s'intéresser  à  ses  travaux. 


248 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SEcnéTAiRE  perpétuel  offre,  au  nom  de  M.  Caiaille  Juujax, 
ses  Noieê  gallo-romaineê,  LXXXVI  et  LXXXVII  (extrait  de  U  f^at 
dei  éludée  ancienne»,  XXII,  n**  2  et  3). 

11  présente  également,  de  la  part  de  Fauteur,  un  ourrage  de  M. 
Pasquale  Gastaldi-Millelire,  intitulé  :  Interpretazione  di  antkhissimi 
documenti  archeologici  délia  Sardegna.  Sludi  e  ricerche.  DispeAS» 
i*,  con  due  tarole  litografiche.  Scarabei  egiziani.  Placca  egniaaa 
(Cagliari,  in-8«,  s.  d.). 


SÉANCE   DU    30  JUILLET 


PRÉSIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIBHL. 

M.  Prosper  Alfarie,  professeur  à  TUniversité  de  Strasbourg, 
lit  une  étude  intitulée  :  Zoroaslre  avant  VAvezia,  11  soutient 
que  la  théologie  zoroastrienne,  qui  a  été  connue  des  Grecs, 
longtemps  avant  Tère  chrétienne,  différait  profondément  de 
celle  du  recueil  avestique,  formée  beaucoup  plus  tard,  qu*elle 
se  présentait  comme  une  œuvre  hellénique,  étroitement  apparen- 
tée à  celle  d'Orphée,  et  qu'elle  faisait  tout  provenir  d'un  prin- 
cipe unique  de  qui  naissaient  deux  frères  ennemis. 

MM.  Croisbt,  Cumont,  Salomon  Reinach,  Clbhmont-Ganneau 
et  Bouché-Leclercq  présentent  des  observations. 

M.  Babelon  rend  compte  à  l'Académie  des  résultats  de 
Texploration  archéologique  entreprise  en  Arabie,  au  nom  de  la 
Société  française  des  fouilles  archéologiques,  par  les  PP.  Domi- 
nicains Jaussen  et  Savignac,  de  l'École  biblique  de  Jérusalem. 
Ces  savants  et  courageux  explorateurs  ont  rapporté  de  la  région 
comprise  entre  le  golfe  d'Akaba  et  Médine,  sur  la  route  des 
pèlerins  de  la  Mecque,  près  de  huit  cents  inscriptions  naba- 
téennes,  minéennes  et  autres,  des  tribus  arabes  antérieures  à 
l'islamisme.  Leur  voyage  entrepris  avant  1914  n'avait  pu  encore 
être  signalé  jusqu'ici,  à  cause  des  événements. 


COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES 

DE 

L'ACADÉMIE    DES    INSCRIPTIOI 

ET  BELLES-LETTRES 

PENDANT    L'ANNÉE     1920 

SÉANCE    DU    6    AOUT 


PBESIDBNCB    DE    » 

M.  Hahollb  dépose  sur  le  bureau  le  compte  rendu  de  la 
mière  session  annuelle  du  Comité  de  l'Union  académique  in 
nationale  et  ajoute  quelques  mots  sur  la  publication  du  Coi 
des  vases  antiques  d'argile  dont  la  direction  est  confiée  à  n 
confrère  M.  Pottike. 

M.  HoMOLLB  lit  ensuite  une  leltrc  de  M.  Ch.  Picard  sur  1 
de>i  fouilles  que  poursuit  actuellement  l'École  d'Athènes. 

H.  CtSBMONT-GANMBAu  donoe  lecture  d'une  communica 
«ur  le  faux  messie  Barcochébas'. 

Moins  de  soixante  ans  après  la  prise  de  Jérusalem  et  la 
Iruction  du  temple  par  Titus  éclata  en  Palestine  une  nou\ 
et  formidable  insurrection,  sursaut  final  du  nationalisme 
cherchant  h  se  ressaisir.  C'est  là  qu'apparaSt  ta  grande  fî| 
hittorique  de  Barcochébas,  chef  du  mouvement,  le  fameux  h 
de  l'étoile  ■  proclamé  et  se  proclamant  lui-même  le  m< 
annoncé  par  les  Prophètes.  Les  détails  du  dernier  acte  de  c 
tragédie,  où  sombra  définitivement  la  chose  Juive,  nous  onl 

I.  Sera  publiée  dans  la  Retire  Biblique,  mo.  pp.  Ï30-1&5. 


2S0      u    HOMÉUES   SFIRrrUELLES    »    ATTRIBUÉES   A    MACAIRG 

• 

(H>nftervéft  daas  ka  documents  juifs  et  chrétiens.  M.  Clermont- 
(«anneau  étudie  spécialement  ces  derniers  et  en  particulier 
fépithète  éni^raatique  de  6  {i^vo^evi^c,  littéralement  «  le  fils 
unique  »«  qui  y  est  appliquée  à  Barcochébas.  Il  écarte  les 
diverses  hypothèses  proposées  jusqu'ici  et  substitue  à  la  leçon 
fautive  des  manuscrits  le  mot  graphiquement  similaire  b\lLOlOfvrr^; 
ou  bjAoytvY;;,  avant  trait  au  fait  que  les  Juifs  révoltés  contre, 
le»  Homains  attaquaient  aussi  les  Judéo-chrétiens,  de  même 
rm*0  qu*oiix,  lorsque  ceux-ci  refusaient  de  marcher  avec  eux 
contre    IVnnemi  commun. 

MM.   lloMOLLE  et  CuMONT  présentent   quelques  observations. 

M.  CiiAHOT  lit  une  note  du  R.  P.  Villecourt  sur  la  date  et 
Tori^ine  des  homélies  spirituelles  attribuées  à  Macaire  *. 

M.  Hahklon  communique  à  TAcadémie  un  rapport  de  M.  le 
|V  L.  ('arlon»  sur  la  découverte  faite  par  ce  dernier  d'une  fon- 
taine antique  à  Carthage^ 

MM«  Salomon  Rbinach  et  Gagnai  présentent  quelques  obser- 
vations. 


COMNtUNICATIONS 


LA  DATE  ET   l/ORIGINE   DES    «    HOMÉLIES   SPIRITUELLES   » 

ATTRiarÉES   A   MACAIRE, 
PAR    LE   P.    L.   VILLECOURT,  0.    S.    B. 

Un  naysticisme  élevé  uni  à  une  morale  très  pure,  un 
don  d'observation  pittoresque  qui  s'étend  à  la  nature  et  à 
toutes   les   conditions  de   la  vie  humaine,  communiquent 


1.  Voir  ci-après. 

2.  Voir  ci-aprèa. 


('    BOMtUE»    SPIRITUELLES    »    AT-l'HlStËES    A    »ACAIRE       S 

au  recueil  connu  sous  le  nom  d'Homélies  spirituelles  * 
charme  singulier.  L'attribution  de  ces  Homélies 
Macaire,  l'ascète  égvptien,  soulève  des  difficultés,  en  r 
son  surtout  du  silence  des  contemporains.  Le  H.  P.  Sti 
inajr,  le  dernier  critique  qui  a  étudié  la  question^,  abaii 
indûment  à  l'époque  bj'zantine  la  réduction  des  Homélie 
il  en  fait  un  conglomérat  disparate  de  fragments  ancieoi 
Douveaux.  En  réalité,  les  Homélies  forment  un  tout 
pensée    bien    bomogène. 

Un  argument  littéraire  qui  a  échappé  jusqu'ici  à  l'attt 
tion  des  critiques  me' paraît  jeter  sur  l'origine  des  Hofi 
lies  spirituelles  une  lumière  inottendue. 

Deux  séries  de  propositions  concernant  l'hérésie  des  M; 
salieos  ou  Euchites  nous  ont  été  conservées,  l'une  dans 
traité  De  haeresibua  ^  de  saint  Jean  Damascène  (vui'  s.), 
l'autre  dans  celui  Z)«  receplinne  haerelicorum*  de  Tin 
thée,  prêtre  de  Constantinople  (début  du  vu'  s.].  Ces  pi 
positions  permettent  des  rapprochements  avec  les  Hon 
lies,  d'où  l'on  peut  espérer  la  solution  définitive  du  pi 
blême. 

La  série  du  De  haeresibua  eit  intitulée  :  x^viÀsia  tsIj  : 
MaïsaXiavÛM  ïuweSolJç  îi-fixaTo;  àva>,ï;ç9iv:a  éx  S'^^'o"  'ùti! 
elle  comprend  18  propositions.  Or  deux  propositions,  la 
et  b  18*,  sont  extraites  certninement  et  directement  i: 
Homélies  spirituelles,  comme  on  peut  s'en  rendre  comj 
par  la  comparaison  des  textes  : 


I.  Homiliae  (-1.  :  Migne,  P.  0.,  t.  XXXCV,  col.  119-811.  —  Ilomltlae 
LVt[  ;  G.  L.  Marriott,  Uicarii  AnacdoU.  Scvtn  anpabtithtd  nomîlitt 
Uttriai.  Ctmbridvc,  Harvard  Uoivcreity  Press,  1918, 

1.  Ju*.  Stlglmayr,  S.  J.,  Stchtichet  unJ  Sprachtichft  bei  JfaAariui  i 
Mgspttn  (1911). 

1.  P.  G.,  l.  XCIV.  col.  71»-7a».-  Pf.  DiekBmp,  Der  MOnth  aad  Prêt 
itrGtorgioi.  ain  anbehannler  SehrifltlelUr  des  7.  Jthrhuaderlt,  di 
ta  Byitntinitehe  ZeiUchrift,  IX  (1900),  p.  3o-ïl . 

f.  P.G..I.  LXXXVI.col.  1B5Î. 


252       «    HOMÉLIES    SPIRITUELLES 
Jeaa  Damasc,  prop.  18  : 

oti  Toîç  cûy^o(jLivot(  Ôuvatai  çavs- 
poua6ai  6  oraupoç  Èv  ^cotI,  xal  xaTa 
Ttva  xaipôv  f OpEOfJvai  avOpcjTCOv  ;:apE9- 
TÛTŒ  tw  Ouata9ry)pîu>,  xai  7CpoaT|v6)(^- 
Oat  auTcu  Tpeiç  âptouç  Bt*  IXatou  tue- 
fuppivouç. 


»    ATTKIBUÉES   A    MACA1RE 
Hom.,  VIII,  1.  1-5; 

<TTaupoO  âià  ^T0(,  xaî  ^cpoccTCopr} 
Tcu  !aa>  xvOpoSTOo,  îXXote  TcaXtv  èv  ri^ 

^'^TÎ>  ^î  ^^  âxTûtaEi  Y^Y*'^'^  ^  avÔpcu- 
noç  xal  sOp^Ov)  cU  Ouataorrlpiov  èorcàî 
Iv  IxxXvjaîa,  xat  7cp09i]vé)^6r|aav  t^ 
toioiSku    «pTOi   TpEiç    6>ç   ^C    éXacou 

E^UpLCi>{X£VOt . 


Jean  Damasc,  prop.  2  : 

OTi  6  SaTavaç  xal   oî  SatjAOvsç  xa- 
xiyiorjoi  tÔv  vo3v   tc3v  àv9pcu3ca>v,  xal 

^  ÇU91Ç  XâV  âvOpfaSTCCUV    X0tVa>VtX7{  ÈOTl 
TCUV    TCVEUJiatCOV    TTjÇ  7COV7]pta;. 


Hom.  XXVII,  19  (col.  708  A  4-1 1  )  : 

nàtvTo>ç  7Vés6[LCtxci  fitai  Tcovr^pà^  6 
Saxavxç  xal  ot  Sat^iovs;,  xa- 
Tixo^*^^?  TOV  vouv,  xal  ::£piaxf>i- 
sovte;  tt]v  ^J'UJ^tJv.  *0  y*P  ^coXyiçXoxoç 
ota6oXoç  l)(^cov  piaY^ava,  xal  tptOupa 
xat    TcotxiXtav    }:oXX9)v,   xatsy^fit    toî 

vo{xà(  T^ç  4^X^î  '^**'~  "^^^^  Xo^ia^ioùç, 
xat  oCx  £a  opOîS;  7Cp09Eii)^fia6at  xat 
Kpooty^i^tiv  Oeû,  27CEt$r|  oÙtt)  ^ 
çûaiç  xoivcuvixtI  iaTi  Tcov  $at(jLO- 
vcov  xat  Tc5v  «VEoixaTcov  ttjç  7:0- 
vT)pia(.     * 


Quatorze  autres  propositions  messaliennes  de  saint  Jean 
Damascène  se  retrouvent  à  des  degrés  divers  dans  les 
Homélies  spirituelles.  Trois  d'entre  elles,  les  propositions 
1,  3  et  16,  qui  en  dépendent  substantiellement,  corres- 
pondent aux  trois  phases  de  la  lutte  entre  Dieu  et  Satan 
pour  la  conquête  de  Tàme. 

1^  La  domination  diabolique.  C^estune  union  personnelle 
de  Satan  avec  Tâme,  qui  agit  en  elle  èv  iziart  Suvapiei  xaî 
aïoO^aei  (Hom.  XVI,  1;  col.  613  B  9-10).  'H  «ixaptCot  Tij 
t'^XTi  [J'-siJ^iYlJ'-^vif;  èoTiv,  ïy^où(JT,^  exatirr;?  lîCav  çuoiv  (Hom.  II, 
2  ;  col.  464  D9-10)  *.  Le  péché  est  alors  réellement  Tâme 
de  rame    (Hom.,  I,  6  ;  col.  456,  G  1.  ult.  ;  XV,  35,  1.  3). 


1.  Cf.  saint  Jean  Damascène,  prop.  5. 


«    HOMÉLIES    SPIRITUELLES 
Jean  Damasc,  prop.  1  : 

(=  Timothée,  prop.  1  ;    Hom. 
XV, 35;  col.  600  A 9-11,  Al.  ult.- 

B     3)    OTt    VUVOtXS?   TCO  àv6p(iS7CU>    8VU- 

izodxdxtaç  o^Saxavaç,  xai  xarà  izdvxa 
xuptctSct  auTOu. 


)>    ATTRIBUÉES   A   MACAIKE      2S3 
1.  Hom.  VI,  5;  col.  521  B  4-8: 

ô|xo(a>ç  8è  xai  6  Saravaç,  xat  ai 
8uva{X£i;  xai  oî  âpx^ovteç  tou  oxotouç, 
OLTzo  xr\i  i;apa6déa£a>(  t^ç  IvtoX^ç, 
IvExdtOiaav  tU  T7)v  xapBCav,  xal  eU 
Tov  vouv  xal  ctç  xo  vûfjia  toî3  'A8à{i, 
oi>ç  ct(  6povov  ?$iov . 

2.  Hom.,  II,  1  et  2. 


2^  La  lutte  de  la  grâce  (Esprit-Saint)  et  du  péché  (Satan) 
dans  Tâme  pour  la  domination.  Le  péché,  c'est  i^  yàp  à[Lap- 
xia  il  i;apsX6ou9a  Suva(ii.(ç  tiç  ouva  Xo^ixi^  tou  SatavS  xocl  cÙ9ia 
(Hom.  XV,  49;  col.  609  B  7-9).  La  grâce,  c'est  <yîv  ÔeCav 
çùotv  ToO  oyCou  IlveiijjiaToç  (Hom.  XXIV,  4  ;  col.  665  A  7),  iq 
TouôeCou  IlveuiiLaToç  Suvajjiiç  (Hom.  XXIV,  3  ;  col.  664  C  12). 


Jean  Damasc,  prop.  3  : 

Sti  ouvoixoSaiv  6  Saxavaç  xal  to 
Ilvcu^ta  xô  aYiov  £v  xw  àvOpci&^Cb)* 

xal  pxi  oùSï  01  a7C({9XoXoi  xaOapol 
^<jav  xî|ç  svcpYOujiévTîç  Ivcp^eiaç  *. 


1.  Hom.  XVI,  6;  col.  617  B  1-2. 

ou7cu(  xat  iv  xj  ^^yji  i^riv  t] 
àp.apxia  6{xota>ç  8È  xat  ^dipiç  Oeou 
9;Sv£axt  p.7)$cv  a8txou(xivT).  C/*«  Hom. 
XVH,  4;  col.  625  D  7-10. 

2.  L'action  simultanée  des 
«  deux  Tcpoacofca  »  (grâce  ou  lu- 
mière, péché  ou  ténèbres)  év  xc3 
vto  (Hom.  XVII,  6),  Ï9ta^ty  (Hom. 
XXVI,  15),  £v  xfi  ^yfi  (Hom. 
XXVI,  18),  £v  xi  xapéixHom. 
XL,  7). 

Une  confirmation  littéraire  de  cette  troisième  proposi- 
tion messalienne  nous  est  fournie  par  Diadoque  de  Photiké 
(l'un  des  huit  évéques  de  la  vieille  Epire  qui  signèrent  en 
457  la  lettre  à  l'empereur  Léon)  -.  Il  dit  au  chapitre  lxxx 
de  son  traité  De  perfectione    spirituali  ^  (cf.  chap.  lxxvi, 

1.  Cf.  Hom.  XVII,  7  ;  col.  628  D  1-2. 

2.  Mansi,  t.  Vil,  col.  619.  Cf.  Byzantinische  Zeilschrift,  t.  XXII  (1913), 
p.  165. 

3.  P.  G.,   t.    LXV,   col.    1196.  —  Weis-Liebersdorf,  Aia8d/^ou  krAOnâTZOM 
^Hoxtx^ç  Triç  'HnEÎpoj  -ou*I/.Àjpt/.ou  xfçaXa'.a  Yvtogrty.à  p'  (Leipzig,   1912). 


9Ki       ..    HrtM^LIES    SPiniTUELLES    »    ATTRIBCÉES    A    MACAIBK 

I.  LXXV1II,  cot.  1195  D  6-8)  :  Qui  aiiint«  duas 
piritum  scilicet  gratiae  et  spiritum  peccati,  in 
lium  simul  insidere,  ex  eo  qaod  evangelisU 
:  in  tenebris  lucet  et  tenebrae  eam  non  com- 

<,  opinionem  suam  probare  voIuDt,'dicentes 
.  divinum  splendorem  spîritus  mali  congressa, 
que  divinum  in  anima  lumen  ad  tenebras  dae- 
8  accédât  ^.  Cette  phrase  répond  trop  exacte- 
ctrine  des  Homélies  spirituelle»  pour  qne  Dia- 
ait  pas  en  vue. 

plénière  du  Saint-Esprit  dans  l'âme  iv  «toWl- 
;)>j;pofopîç«  ',  Èv  irâfrr;  xXTjpoçopîa  xaî  x&<sr,  à*£p- 
e  fruit  de  la  persévérance  dans  la  prière, 
Fois  parmi  les  Apôtres  eu  cénacle  ;  elle  aura 
t  l'extirpation  du  péché  et  ràirodcîa  (Hom. 
EùÇw[j,e6a  toCvuv  xa'i  yjjwE;  iv  iïXj;poçop£«  nai 
aXafietï  to!j  àf£ou  Ilv6J|jicr:sç,..  iiaî  toD  Xoreoâ 
ip'  Jjjjiùv  t'ov  6u|to)iTàvov  ïçiv  (Hom.  XXXVII,  7, 

:endra  le  Saint-Esprit,  l'àme  céleste,  création 
',  deviendra  &  son  tour  l'âme  de  l'âme.  Ce 
ose  :  ôitoOîoDtai  y^P  i  âvflpMTtïç  (Hom.  XXVI, 
Hom.  XV,  33;  col.  600,  B  5)  '. 

se,  prop.  16  :  1.  Hom.  XXXIl,  6  ;  col.  737, 

Bl.  ull.  —  Ci  : 

i{asa6ai  cov  iili^v>-  tvs  xal    où    A    X°^f   ^'^    ^"I' 

|uav  tîiï  xfKïTjv  iv-  Inoupiviav  i(pu)|^ijï,  Kat  ôiaï  i| 
T^v  Èicoup^viov,  'j^'!    ^^v  >ii»v(>iyifai|    t$   nvEÙiiaii, 

:iV,  s  ;  col,  en  a  a-*,  et  Hom.  XVU,  5,  1.  1-5. 

II,  a;  eut.  511  U  3-4,  et  Hom.  XI,  13. 

nasc.prop.  1. 

-.f,  prop.  î  et  S. 

nasc,  prop.  Il  ;  cf.  Hom.  XI,  a  ;  col.  5J5  C3-7. 


<x    HOMÉLIES    SE^IRITUELLES   »    ATTRIBUÉES  A   JlACAtRB      2SS 

xal  sîviXOr)  ^u/t)  ÈTcoupdEvtoç  i te 
TT)v  <|»ux.^^  aoo,  TOTC  el  tIX<ioc 
£v0p(07coc  èv  6tu>  xa\  xXv)povd{i.o(  xai 

2.  Hom.  XII,  1,1.  1-6;  2, 
i.  1-3;  6,1.  1-4. 

Les  18  propositions  étant  données  comme  extraites  du 
Livre  des  Messaliens,  ce  livre  ne  peut  être  que  les  Homé- 
lies êpirituelles ,  Deux  propositions,  la  14*  et  la  15®|  ne  s  y 
retrouvent  pas  ;  on  n'y  trouve  pas  non  plus  explicitement 
la  13«(cf.  Hom.  XXVI,  22,  1.  1);  mais  il  n*y  a  pas  lieu  de 
s*en  étonner,  parce  que  les  Homélies  spirituelles,  telles  que 
nous  les  avons,  ne  représentent  plus  intégralement  la  col- 
lection primitive  K 

Le  second  syllabus  antimessalien,  conservé  par  le  prêtre 
Tiraothée,  comprend  dix-neuf  propositions  ;  les  plus  carac- 
téristiques sont  les  deux  que  voici  : 

Timothée,  prop.  6  :  1.  Hom.  IV,  11, 1.  4-iO  : 

(2*  partie) 

mI  Ç?t  ^  Ma.  çumç  Tplitctai  xai  flomo  jwiXXov  arlrr^  ôv  &>;  OiXct 

|utt6iXXrc«t  dç  Bmp  h  i6iX«)  xst  xal  ^  OiXet,  8tà  )rpT)<rr<(TTiia  if^oLd- 
fmtltxatj  îva  oujxpadj  taîç  iauTfiC  tov  xal  àYadoTt^ioi  àvfvvoT)ToV|  (acta- 
^tAiç  ^jyijiiç,  6aXXct   xai    9[xtxfuvct    xai   IÇojioioi 

ÉauTov,  aa>{AaT07CO((3v  xaii  ycuprioiv, 
Tttîç  «Y^aiç  xai  àÇianç  JCiotaTç  *  iva 
6pat6fj  «ùtaî;  ô  À($psTo;  *. 

2.  Hom.  IV,  9,  1.  6-9  : 

TOt;  aU70U  XTt9|Aa9tV. 


1.  Cf.  Uom.  XII,  6  et  7,  deux  inlerrOKations  dont  les  réponses  appro- 
priiet  manquent. 

1  Sur  celte  métamorphose  de  la  nature  divine  pour  se  rendre  visible  et 
•>ulr«uz  créaiOTM,  cf.  ioa.  StoAelt^  Die  myt^iic/b»  Theoio^  MàcArius 
éH  Aêffptemê  und  dit  UiêtleH  AnUtMê  chrisiUch^r  Myiik^  Bonn,  190M, 
p.«3,71-7S,  134-1)6,  153. 


256       ('    HUMBLIËS    SPlRtTCELt.ES    »    ATTRlBLfiES    A    MACAIRB 

3.  Hom.IV,  12,  1.  7-8: 
(ic  à  OJXii  |UTa)u>pçou|uv<i>   lai; 

Timothée,  prop.  7  :  Hom.  VI,  5  ;  coU  531,  B  8-9, 

(2'  partie)  <  B  12-C  3 

ÔTi  10  atÏÏjja    0   àïtSaXtï    tj  Aoikôv  oûv  Bià  toûto  ^Xkv  ô  Kl- 

Marië)  i  Kdpiot  Sai|iov(i>v  ^v       pio;,  «it   CUEiv   ix  rij;  T:ap$cv<w  to 

j[j.lvov,  xxi  iÇ^SdXtv  ta  Sai^      aùjut Aoi::ov  oui  ts  Tmd|iiiTS  ;^( 

oÛTOj;  nÙTO  ivtEûaxto.  Rovqjilat,  S.  ivtxotOfl^ovTa  lî;  ta  oùfic, 

xaBiîliï  aKO  t5v  Bpdï&iv  tiÛv  vmiiâ- 
Tu*  laj  Tfiv  XoYi<i;u!)v,  oît  ivixsli- 
Tiiiovra.  Ea!  ixaSipioc  tt,v  auvEiS>)9» 
0  KApiQï,  xdi  iautS  Opovov  isofiiai 
Tov  vDÛv  xai   Toù;   Xa-[iaiioù(  xal  to 


I  pages  que  Théodoret  de  Cyr  {A.  D.  386-458)  a  con- 
!S  aux  Messaliens  dans  son  Histoire  ecclésiastique 
:.  IV,  10  {alias  H),  p.  G.  t.  LXXXII,  col.  H45)  et 
son  AipETtxiJî  xaxspLvOia;  imtojj.^^  {Haeret.  fab.  IV, 
,  t.  LXXXIII,  col.  429-432),  montrent  que  Timothée 
;d  des  mêmes  sources  que  Théodoret  pour  neuf  pro- 
ons  :  1.  2.  3.  5.  [H.  E.  et  Haeret.  fab.),  9  et  10  -<  Ti 
-Taïupsopâv  »  (//.  E.),  10.  13.  14.  19  [Haeret.  fab.). 
mi  les  10  autres  propositions,  à  savoir  :  4.  6.  7.  8. 
!.  15-18,  la  15*  est  littérairement  apparentée  avec  un 
;e  que  le  Damascëne  a  annexé  à  son  ayltabaa,  et 
lement  les  4"  et  7*  {1"  partie)  avec  les  8*  et  15»  du 
scène,  tandis  que  la  6*  (2"  partie)  et  la  7*  (2*  partie) 
!nt,  comme  il  a  été  établi,  des  Homélies  spirituelles. 
paraît  pas  que  saint  Jean  Damascëne  ait  emprunté  à 
hée  ;  mais  à  la  base  des  parties  communes  à  l'un  et  à 

présence  de  Ja  3'  partie  dani  lea  Homélies  apirituellei  poalute 
iremeat  celle  de  la  1"  partie  (onJpjjui),  qui  en  est  la  condition  liae 
n.  Cf.  Hom.  LU,  3,  1.  6-7  (G,  L.  Marriott,  o/i.  cil.,  p.  S5). 


«    HOMÉLIES    SPIRITUELLES    »    ATTRIBUÉES  A   MACAIRE      257 

Tautre  il  y  a^  de  toute  évidence,  un  même  document,  à  la 
fois  livre  messalien  (saint  Jean  Damascène)  et  actes  conci- 
liaires (xexpoYiiiva,  Timothée  :  P,  G.,  t.  LXXXVI,  col.  48 
Ail).  Telles  sont  précisément  les  conditions  que  réalisent 
ces  xs^Xota,  dont  parle  Photius  ^,  extraits  de  TAscéticon 
et  condamnés  à  Ephèse  ^  (^.  /).  431).  L^Ascéticon  lui- 
même  devait  contenir  tout  au  moins  des  fragments  des 
Homélies  spirituelles. 

Certains  traits  des  Homélies  spirituelles  confirment  leur 
caractère  messalien  :  par  ex .  leur  titre  même  6(jLiX{ai  xveu- 
^xvfuxi,  car  xveupiaTixoC  ^  est  le  nom  que  les  Messaliens  se 
donnaient  à  eux-mêmes;  la  prééminence  accordée  à  la 
prière  (Hom.  XL,  1  et  2  ;  XXXVIIl,  8)  ;  les  clameurs  de 
certains  disciples,  quand  ils  prient,  clameurs  telles  qu'elles 
pouvaient  scandaliser  ceux  du  dehors  (tojç  eçcoOev,  Hom. 
VI,  3  1.  4)  ;  clameurs  coutumières  (Hom.  VI,  2  col.  520,  A 
11-12),  d^ailleurs  réprouvées  par  Tauteur  des  Homélies. 

Les  Homélies  datent  probablement  d'une  époque  où  Tau- 
torité  ecclésiastique  n'avait  pas  encore  sévi  contre  la  secte 
naissante  ;  car  l'attitude  de  Fauteur  est  celle  d'un  esprit  en 
paix  avec  lui-même  et  avec  l'Eglise  :  elles  doivent  donc  être 
notablement  antérieures  à  Tan  390,  époque  vers  laquelle 
Amphilochius  dlconium  présida  à  Sidé  le  premier  concile 
qui  condamna  les  Messaliens. 

11  résulte  de  ces  observations  que  l'auteur  des  Homélies^ 
homme  doué  d'un  esprit  tout  à  fait  remarquable,  doit  être 
tenu  pour  un  Messalien.  11  vivait  probablement  en  Mésopo- 
tamie dans  la  seconde  moitié  du  iv®  siècle  ''.  Sans  prétendre 
écrire  l'histoire  des  Homélies  spirituelles,  on  peut  noter 
quelques  faits  importants.    L'abbé   Isaîe   les   emploie  au 

1.  Bibllotheca,  cod.  53.  P.  G.,  t.  CIIl,  col.  89,  C  4-8. 
:.  Mansi  (texte  latin),  t.  IV,  col.  Ii77;  (texte  grec),  t.  XII,  col.  1035. 
3.  BêêreL  Fab.,  P.  G.,  t.  LXXXllI,  col.  439  C  10. 

i.  P.  G.,  t.  XXXIV,  col.  833  D  1  :  TËuphrale  est    le   seul   fleuve    men- 
Uoonédanf  les  Homélies  el  les  Opuscules. 

IWO  17 


VERTE    D  VUS    PONTAIKE   ANTIQUE   A    CAKTHAGE 

)ès  le  début  du  vi*  siècle,  quelques-unes  étaient 
Les  en  syriaque  sous  le  nom  de  Macaire  ^.  L'd 
e  l'homélie  XXXIII  (1,  1.  1-9)  se  retrouve  dans 
iiegmes  coptes  '.  Un  grand  nombre  d'homélies 
)lus  tard  en  arabe  sous  le  nom  de  Siméoo  Stj- 
.  sous  ce  nom  qu'elles  figurent  au  n°  18  du  cata- 
î  des  écrivains  ecclésiastiques  d'Abul  Barakat 
ue  nat,  de  Paris,  ms.  arabe  n"  203,  f.  111). 
s  doute  ce  double  manteau  d'orthodoxie  qui  les 

t,  du  reste,  le  seul  écrit  des  Messaliens  qui  soit 
squ'à  nous  ^. 


IVERTE  D  USE   ^■ONTAI^E  AKTIQUE  A  CABTIlAGi::, 
PAR  M.    LE  DOCTEUR  CARTO», 
COHRËSI>D>DANT  DE  l' ACADÉMIE. 


I 


rage  carthaginois  se  trouve  la  masse  énorme  du 
-  de  Falbe,  épais  de  40  mètres,  formant  l'angle 
iceinte  maritime  punique  et  dont  j'ai  entretenu 
à  plusieurs  reprises.  A  une  trentaine  de  mètres, 
d,  le  R.  P.  Delattrea  rencontré,  il  y.a  plusieurs 

tur  Ia  Uttrt  de  l'abbé  Jiain.  k  la  ûa  de  l'article  :  La  grande 
de  .Wacnire,  tes  formel  texlaelUt  tt  aon  milien  UUinirt, 
de  lOritnl  cArélMn(t»IO]. 

e  Utlre  grecque  de  Macaire,  cU.  R.  0.  C,  I.  t.,  immidia* 
la  .\otesur  Ulellre  de  iabbë  li«ïe. 
u,  Hisloire  det  monaitires  de  la  Haue-Égypte  (IS94|.  Vertui 

ei»-19IB),  p.  S37-344. 

scjil  opuaculei  ascétiques,  qui  dans  P.  G.,  t.  XXXIV,  C4>1. 

uita  aux    Homélies  spirituellM,  auzquellei,   du   reste,  ils 

pur  leurorjgiiie. 


DÉœUVERTE    d'une    FONTAINE   ANTIQUE   A   CAHTHAGK      259 

années,  le  vaste  dépôt  d'environ  2.000  grandes  amphores. 
C'est  sous  les  terres  des  déblais  qu'il  avait  jetées,  au  pied 
de  la  falaise,  que  se  trouvait  la  fontaine  que  j'ai  découverte 
l'an  dernier  et  dont  je  viens  de  poursuivre  l'exploration. 

Cet  ensemble  est  situé  sur  la  plage,  au  bas  d'un  ravin 
escarpé  qui  descend  du  plateau  voisin,  celui  où  Ton  a  trouvé 
plusieurs  textes  relatifs  à  la  cohors  prima  urbana. 

11  comprend  une  chambre  de  captation,  à  l'intérieur  de 
laquelle  coule  une  source,  une  galerie  qui  lui  fait  suite,  une 
grande  salle  voûtée  recouvrant  un  canal  bordé  de  quais  et 
un  grand  réservoir  en  pierres  de  taille,  dont  le  côté  sud  est 
revêtu  par  une  façade  ornée  de  pilastres  engagés. 

1.  — Chambre  de  captation. 

La  salle  de  captation  a  été  en  partie  creusée  dans  le 
n>cher;  les  parois  et  le  plafond  en  sont  faits  en  magni- 
Gques  pierres  de  taille. 

2.  —  Galerie. 

La  galerie  est  un  long  couloir  dont  la  partie  inférieure, 
celle  où  coulait  l'eau  venant  de  la  source,  était  recouverte 
de  dalles.  Elle  est  également  en  belles  pierres  de  taille^  soi- 
gneusement appareillées.  Mais  le  plafond  n'en  est  pas  hori- 
zontal, les  pierres  étant  disposées    comme  le  dessous  d'im 
escalier.  Voici  la  raison  de  cette  disj)osltion.  Au  fond  de  la 
chambre  de  captation,  entre  la  dernière  dalle  du  plafond  et 
le  rocher,  les  eaux  ont  creusé  un  intervalle  par  lequel  j'ai 
pu  me  glisser.  J'ai  aussi  constaté  que  cette  chambre  était  à 
l'intérieur  d*une  petite  grotte,  très  basse,  la  source  étant 
exactement  à  six  centimètres  seulement  au-dessus  du  niveau 
de  la    mer.    C'est  évidemment  pour  pénétrer  dans  cette 
jçrotte  basse  que  la  construction  sabaisse  ainsi  en  escalier, 
de  Textérieur  vers  Tintérieur. 


l 


\ 


260     découvertk  d*une  fo^staine  antique  a  carthage 

3.  —  Salle  voûtée. 

Une  grande  et  belle  salle,  dont  les  voûtes  sont  portées 
par  quatre  arcs  en  plein  cintre,  fait  suite  à  la  galerie.  Elle 
a  20  mètres  de  longueur  et  présente  en  son  milieu  un  canal 
régulier,  large  d'un  mètre,  profond  d'un  mètre  80,  bordé 
de  deux  quais  en  pierres  de  taille.  Ce  canal  était  autrefois 
couvert  de  dalles  qui  ont  disparu. 

L'appareil  de  ces  voûtes  n'est  plus  du  tout  le  même  que 
celui  des  deux  parties  de  l'édifice  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion. Il  est  en  blocage,  formant  un  cintre  construit  négli- 
gemment et  de  forme  assez  irrégulière.  Le  blocage  offre,  de 
distance  en  distance,  un  chaînage  en  pierres  de  taille.  Un 
enduit  épais  et  grossier  recouvre  les  murs.  Il  porte  Tem- 
preinte  très  nette  des  planches  du  cintre  qui  a  servi  à  con- 
struire la  voûte. 

La  grossièreté  de  cet  enduit  montre  que  la  salle  était 
plongée  dans  une  obscurité  presque  complète,  ne  recevant 
le  jour  que  par  la  baie  située  vers  son  extrémité.  Du  reste, 
de  nombreux  fragments  de  grandes  lampes,  trouvés  dans 
le  canal,  confirment  cette  observation. 

La  voûte  est  bien  actuellement  traversée  par  un  puits 
qui  l'éclairé,  mais  ce  dernier  est  de  l'époque  arabe.  A  un 
moment  donné,  on  se  servit  de  la  partie  antérieure  de  la 
construction  comme  d'une  habitation,  et  les  indigènes  pui- 
sèrent l'eau  dans  ce  canal  à  l'aide  de  ce  puits. 

4.  —  Bassin. 

L'extrémité  antérieure  de  la  salle  voûtée  donne  dans  le 
réservoir  par  une  magnifique  porte  en  pierres  détaille,  dont 
les  voussoirs  rappellent  tout  à  fait  ceux  de  mainte  porte 
triomphale  des  petites  cités  antiques  de  l'Afrique  du  Nord. 
Il  suffit  de  la  voir  pour  penser  qu'elle  ne  fut  pas  primitive- 
ment cachée  par  le  bassin  et  forma  façade. 


DÉCOCVEBTE    d'uNE    F0>TAINK    ANTIQUE    A    CARTHAGB       261 


Le  réservoir,  en  très  belles  pierres  de  taille,  soigneuse- 
ment appareillé,  mesure  en  moyenne  (>  mètres  de  cAté.  Il 
est  recouvert  par  une  large  voûte  en  blocage. 

Fait  curieux,  sur  lequel  je  reviendrRi  plus  loin  :  j'ai  trouvé 
i  son  intérieur,  et  sur  son  fond,  deux  pierres  de  taille,  dis- 


i       DtCOUVEBTE   d'cNR    TONTAIKE    ANTIQUB  A   CARTHAGE 

nées  comme  les  marches  inférieures   d'un  escalier  fjuï  v 
:ait  desceDdu  de  l'extérieur.  , 


5.  —  COLI-OIR. 

[Jn  passafre  coudé  permettait  de  passer  de  la  grande  salle 
Itée  à  l'extérieur,  en  contournant  le  réservoir.  Mais  il 
re  un  détail  tout  à  fait  extraordinaire  :  son  sol  incliné, 
i  monte  de  l'intérieur,  bute  contre  le  seuil  de  la  porte  de 
façade  beaucoup  plus  bas  que  ce  seuil,  formant  ainsi 
nme  une  marche  d'un  mètre  de  hauteur. 
De  même,  la  voûte  qui  couvre  le  couloir  vient  buter 
itre  le  cintre  de  la  porte,  à  un  niveau  plus  bas  que  lui, 
nme  s'il  j  avait  eu  un  affaissement.  Je  reviendrai  plus 
n  sur  cette  singulière  disposition. 

6.  —  Façade. 

Une  belle  façade  en  pierres  de  taille  régulièrement  assem- 
ies  était  «  appliquée  u  au  devant  du  réservoir  et  du  couloir. 
le  présentait  quatre  pilastres  et  deux  ouvertures:  l'une, 
tite,  en  jolis  voussoirs,  formait  l'entrée  du  couloir  ;  l'autre, 
s  grande,  était  une  <<  fausse  ouverture  »,  car  elle  était 
mée  par  un  mur  en  pierres  de  taille,  un  peu  en  retrait 
:  la  façade.  Elle  présentait  en  son  milieu  une  petite 
lêtre.  C'est  la  seule  ouverture  par  laquelle  la  lumière 
tiétrait  dans  la  construction. 

Devant  la  façade,  le  sol  renferme  un  épais  massif  en 
irres  de  grand  appareil,  dont  je  ne  m'explique  pas  la  pré- 
ice  ;  peut-être  supportait-il  une  vasque  ou  un  abreuvoir. 
Des  sondages  pratiqués  devaotle  monument  ont  fait  ren- 
itrer  en  certains  points  une  couche  de  charbon  ou  de 
>ris  de  cuisine,  ainsi  que  des  murs  grossiers,  paraissant 
>ir  apparlonu  à  des  huttes.  Ces  débris  se  trouvaient  sous 
i  outre  couche  renfermant  des  lampes  de  l'époque  punique. 


DÉCOUVEHTE   D*UNE   FONTAINE   ANTIQUE   A   CARTHAGE      263 

Il  est  donc  permis  de  penser  qu'avant  cette  époque,  il  y  eut 
ici  de  grossières  demeures  dont  les  habitants  avaient  été 
attirés  par  la  présence  de  la  source. 

7.  —  Transformations  subies  par  le  monument. 

La  chambre  de  captation  et  la  galerie,  qui  sont  en  grandes 
pierres  de  taille  parfaitement  taillées  et   assemblées,  sont 


JOMTAINE  AUX  1000  AMPHORES 


ET 

MUR 

DE   M 

F/ an 

'(/  '  en  sem 

•        • 
1 — i — ». 

.< SP 

certainement  d'une  autre  époque  que  la  salle  voûtée  en 
moellons  avec  chaînage,  qui  remonte  à  la  période  romaine. 
La  disposition  de  ces  pierres  et  leur  appareil,  surtout  les 
énormes  poutres  qui  forment  leur  plafond,  doivent  les  faire 
rapprocher  des  tombeaux  puniques.  J'ai,  du  reste,  dans  les 


264      DÉCOUVERTE    0*UNE   FONTAINE   ANTIQUE   A   CARTHAGE 

terres  qui  les  recouvrent,  trouvé  en  place  un  certain  nombre 
de  débris  de  poteries  de  l'époque  préromaine. 

On  peut  voir,  sur  le  plan  joint  à  mon  rapport,  que  le  bd 
arc  qui  termine  la  galerie  n'est  pas  au  milieu  de  la  paroi  du 
réservoir  dans  laquelle  il  s'ouvre.  Il  semblerait  donc  qu'il 
y  ait  eu  là  un  manque  de  symétrie,  mais  ce  n'est  qu'une 
apparence.  Le  couloir  coudé  {voir  le  plan)  qui  lui  est 
adjacent  a  en  effet  été  placé  en  avant,  du  côté  sud  de 
cette  baie.  Si  on  supprime  par  la  pensée  le  mur  qui  fonue 
le  côté  nord  de  ce  passage  et  qui  a  été  appliqué  contre  Tare, 
on  constate  que  celui-ci  se  présente  alors  avec  deux  côtés 
égaux. 

On  peut  conclure  avec  certitude  de  cette  constatation,  — 
et  d  autres, —  que  le  réservoir  et  le  passage  coudé  ont  été 
à  un  moment  donné  ajoutés  contre  Tare,  et  que  celui-ci, 
primitivement,  terminait  la  galerie  en  y  formant  une  fon- 
taine monumentale. 

J'ai,  en  effet,  trouvé  dans  le  bassin  un  certain  nombre  de 
fragments  des  bas-reliefs  en  marbre  qui  ornaient  celle-ci. 
Quelques-uns  des  motifs  qu'ils  présentaient  ne  laissent 
aucun  doute  au  sujet  de  sa  destination,  fleurs,  rubans, 
coquilles  de  Saint-Jacques,  etc,... 

C'est  probablement  à  cette  époque  qu'un  escalier  descen- 
dait du  rivage  vers  la  porte  cintrée  formant  fontaine. 

Voici  en  résumé  par  quelles  phases  a  passé  cette  con- 
struction : 

1**  A  l'époque  précarthaginoise,  une  source  jaillissait  sur 
rivage,  au  pied  du  plateau,  dans  une  petite  grotte. 

Quelques  habitations  s'étaient  groupées  autour  d'elle. 

Je  dois  faire  remarquer  à  ce  sujet  que  c'est  à  une  faible 
distance  d'ici,  dans  la  conque  de  Bordj-Djedîd,  qu'avec  Ver- 
naz  et  Gauckler  j'ai  placé  le  port  et  la  cité  primitive  de 
Carthage.  Gomme  la  source  dont  il  vient  d'être  question  est 
la  seule  que  l'on  connaisse  à  Carthage,  il  était  tout  naturel 
que  les  Phéniciens  eussent  placé  auprès  d'elle  leur  pre- 
mier établissement. 


DÉCOUVERTE  D*UNE  FONTAINE  ANTIQUE  A  CARTHA6E   265 

2*  A  Tépoque  panique,  on  construit  à  Tintérieur  de  la 
grotte  régularisée  la  chambre  de  captation  et  la  galerie. 

3*  Probablement  parce  que  la  fontaine  punique  était  trop 
encaissée  et  exposée  aux  éboulements,  on  a  allongé  la  con- 
struction à  Tépoque  romaine,  ^  y  ajoutant  la  grande  salle 
voûtée  avec  Tare  monumental  ornementé  qui  la  termine  en 
façade  et  un  escalier  y  descendant. 

4**  Ultérieurement  on  a  supprimé  l'escalier  pour  construire, 
contre  Tare  formant  Textrémité  de  la  galerie,  un  grand  réser- 
voir en  pierres  de  taille,  couvert  d'une  voûte. 

5**  Plus  tard  encore,  on  a  appliqué  devant  cet  ensemble 
une  façade  monumentale.  C  est  cette  façade  quia  coupé  par 
un  ressaut  d'un  mètre  le  plan  incliné  qui  conduisait  primi- 
tivement à  la  galerie. 

6^  A  Tépoque  arabe,  la  partie  antérieure  du  monument 
remblayée  a  servi  d'habitation  et  on  perça  la  voûte  de  la 
galerie  pour  permettre  de  puiser  Teau  en  arrière  et  par  le 
dessus. 

II 

Du  côté  sud  de  la  façade  part  un  beau  mur  en  moellons, 
long  d*une  trentaine  de  mètres,  cantonné  de  sept  contreforts. 
Par  une  disposition  qui  est  d'un  fort  bel  effet,  il  s'étend 
parallèlement  au  mur  de  la  plage,  jusqu'au  mur  de  mer 
de  Falbe  (mur  de  40  mètres),  formant  ainsi  avec  elle  un 
ensemble  archéologique  d'un  aspect  réellement  impression- 
nant. 

Au-dessus  des  constructions  dont  il  vient  d*étre  question 
s'étend  une  énorme  couche  de  déblais,  dont  j'ai  enlevé  une 
partie  considérable,  mais  dont  il  reste  encore  beau- 
coup. Elle  renfermait  une  grande  quantité  de  matériaux, 
réellement  pulvérisés  :  fragments  de  voûtes  puissantes,  en 
blocage,  de  fûts  cannelés  ou  lisses,  en  marbres  divers,  de 
chapiteaux   et  de     corniches    délicatement    sculptés,  une 


266      DÉCOUVERTE   d'uNE   FONTAINE   ANTIQUE   A   CARTHAGE 

grande  variété  de  plaques  d  applique  en  mariires  précieux, 
les  restes  de  statues,  les  unes  colossales,  les  autres  petites, 
de  revêtements  en  stucs  peints  et  moulurés,  de  nombreusesl 
poteries  et  statuettes  brisées,  enfin  les  éclats  d'une  soixan- 
taine d'inscriptions   gravée^  sur    marbre.  Parmi  ces  der- 
nières, les    unes  sont  monumentales,    les    caractères  en 
dépassent  dix  centimètres  ;  d'autres,  daprès  la  disposition 
des  lettres,  paraissent  provenir  de  listes  comparablesà  cellesl 
qui  ont  été  trouvées  sur  le  plateau  voisin.   Ces  misérables 
restes  ne  paraissent  malheureusement  pas  renseigner  sur  laj 
destination  du  monument.    Tout  ce  qu'on  peut  dire,  c'est 
qu'au-dessus  de  la  fontaine  s'étendait  un  vaste  édifice  qui 
était  peut-être  uq  temple. 

L'état  de  cette  ruine  ne  parait  pas  justifier  un  dégagement 
complet.  Mais  je  me  propose  d'y  rechercher  quelques 
a  nids  »  de  fragments  épigraphiques  ou  d'objets. 

On  a  encore  trouvé  dans  les  terres  qui  remplissaient  le 
monument  une  quantité  prodigieuse  d'os  sciés  et  débités 
en  lamelles,  en  triangles  et  en  rectangles,  à  côté  de  nom- 
breux objets  en  os  finis,  notamment  des  épingles  à  tête. 
Il  y  eut  donc  ici  un  atelier  où  on  les  fabriquait  comme  celui 
que  j'ai  découvert  antérieurement  au  Koudiat-el-Hobsia. 
Cette  industrie  dut  fleurir  à  une  basse  époque,  à  en  juger 
par  la  situation  de  ses  débris. 

Dans  les  remblais,  il  y  avait  également  plusieurs  couches 
de  murex  purpurens,  ce  qui  permet  de  penser  que  le  voisi- 
nage de  la  source  avait  provoqué  ici  Tinstallation  de  tein- 
tureries. 

III 

Il  est  impossible  de  ne  pas  rapprocher  la  découverte  de 
cette  fontaine  de  celle  d'environ  2.000  amphores  faite  ici 
antérieurement  par  le  R.  P.  Delattre. 

J*ai    exposé    ailleurs  que,    placées   verticalement,  elles 


DÉCOUVERTE    D  UNE    FONTAINE  ANTIQUE   A  CARTHAGE       267 

n'avaient  pu  jouer  le  rôle  de  mur  de  soutènement.  Je  c""-- 
ajouter  que,  de  mon  côté,  j'ai  trouvé  plusieurs  de  ces  gra 
vases  en  place,  en  profondeur,  c'est-à-dire  à  un  endroit 
ntatériellement  ils  ne  pouvaient  avoir  servi  à  cette  dest: 
tioa.  D'autre  part,  ces  récipients  étaient  placés  entr 
falaise  rocheuse  et  le  mur  de  soutènement,  au-dessus  d 
fontaine.  On  ne  pouvait  y  accéder  qu'en  pénétrant  dan 
monument  qui  s'élevait  ici. 

Ilsétaient  donc  à  son  intérieur. 
Dans  ces    conditions,    il   n'est  pas  possible    de  oe 
admettre  qu'il    y  ait  eu  des  rapports  étroits  entre  eu: 
la  source  voisine. 

11  ne  peut  s'agir  d'un  simple  magasin  de  vente  de  poter 
ce  que  n'expliquerait  pas  la  présence  de  la  fontaine. 

On  doit  remarquer  que  le  dépôt  d'amphores  a  été  foi 
quelques  années  uvant  la  construction  de  l'aqueduc  d'. 
drien,  c'est-à-dire  à  une  époque  à  laquelle  devait  se  f 
sentir  la  pénurie  d'eau  qui  provoqua  la  construction  d 
Cameuse  conduite. 

On  pourrait  donc  penser  que  ces  amphores  servaiei 
approvisionner  en  liquide  soit  les  navires  en  partance 
stationnaient  dans  le  petit  port  voisin,  dont  j'ai  démoi 
l'existence,  soit  la  population  de  la  ville.  Mais  ces  hy 
thèses  ne  tiennent  pas  compte  du  grand  nombre  de  vï 
trouvés,  car  les  marins  et  les  habitants  de  la  ville  serai 
venus  avec  leurs  propres  récipients  pour  puiser  l'eau. 

Il  pouvait  s  agir  d'un  magasin  de  vins.  Le  R.  P.  Delà 
a  rappelé  avec  à-propos  au  sujet  de  sa  découverte  que 
anciens  coupaient  leurs  vins.  Mais  on  ne  s'expliquerait 
encore  ainsi  la  somptuosité  de  l'éditice  et  le  grand  nom 
«les  inscriptions  qui  doivent  faire  penser  à  un  monum 
public. 

Sur  le  fond  du  réservoir,  on  a  retrouvé  un  grand  nom 
de  vases  brisés  ou  intacts.  L'un  d'eux  portait  tracée  en  gi 
files  à  la  pointe,  SUT  la  panse,  l'inscription  suivante  : 


Ln-KEs  oppenTS 

Serrate  vUm  (sic) 

Qui  ab  obaibaa  (sic)  zelatur 


^ 


On  peut  voir  en  ce  texte  un  soobait  assez  banal.  Maison 
ut  aussi,  semble-t-il,  se  demander  si  la  seconde  phrase. 
m  caractère  un  pea  plus  spécifique,  n*)mplique  pas  qu'on 
Hait  k  cette  eau  des  propriétés  particulièrement  bienfai- 
ites,  et  qu'on  en  faisait  le  commerce. 
Kn  terminant,  je  dois  attirer  l'attention  de  l'Académie 
r  l'aspeot  que  présente  l'ensemble  constitué  par  la  fon- 
ne  aux  amphores,  le  mur  de  soutènement  ft  contreforts 
le  mur  de  40  mètres. 

I.o  Svndioal  des  communes  de  Carthage,  à  la  télé  duquel 
^uveruement  tunisien  a  bien  voulu  me  placer,  élabore 
t'c  le  conotiurs  du  Service  des  antiquités  un  plan  de  con- 
uctions  et  d'embellissement  de  la  «Ile  dans  lequel  une 
s  grande  part  e^t  fuite  à  la  conservaUon  et  à  la  mise  en 
it  îles  ruines.  Celles-ci  y  seront  autant  que  possible  grou- 
ps  fi  l'intérieur  do  terrains  réservés  et  clôturés,  ce  qui  en 
ilitera  le  gardiennage  et  la  défense. 
La  manière  dont,  au  coure  des  fouilles  delà  fontaine, 
r  pu  réunir  deux  ruines  que  séparait  un  intervalle  de 
mMres,  en  déblavant  des  vestiges  situés  entre  elles, 
mtro  conmient  il  pourra  être  procédé  ailleurs. 
Si  i'intôrét  archéologique  de  ces  restes  intermédiaires 
'sl  pas  considérable,  le  sacrifice  pécuniaire  qui  a  été  fait 
ur  les  mettre  à  jour  est,  semble-t-il,  lai^ment  compensé 
r  l'aspect  que  présente  désormais  cet  ensemble. 


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^e  SEc:tiKTMnK  peui-ktibl  offre,  au  nom  des  auteurs,  un  ouvrage 
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SÉANCE    DU    13    AOUT 

iMïs  confrères  h  l'occasioD  <lu  50*  anniversaire  de  sod  entrée 
la  Société  hiilorique  et  archéologique  Je  Langrt%,  IS  juin  1 
18  juin  1920  [Uagres.  in-8*,  1920),  et  une  brochure  du  chan 
U*rcel  sur  U  CinquanUnaire  Je  Nleclion  Je  M.  Charlet  R 
.Langres,  iaS",  1930). 


SEANCE  DU  13  AOUT 


M.  CuKONT  commente  un  passage  de  l'Axtochos,  pelil 
logua  attribué  à  Platoo,  mais  qui  parait  être  en  réalité 
(cuvre  du  lu*  siècle  avant  notre  ère  *. 

MM .  Salomon  Reinach  et  Bouchb-Lbclbrcq  présen 
quelques  observations. 

M.  Gagnât  lit  la  note  suivante  : 

■  Dans  la  communication  sur  les  fouilles  de  Carthage,  • 
M.  Babelon  nous  a  donné  lecture  à  la  dernière  séance,  \. 
IV  Carton  nous  apprend  que  sur  la  panse  d'un  vase  reci 
par  lui  dans  la  fontaine  qu'il  a  déblayée,  était  inscrit  < 
t^ffite  k  la  pointe  »  ainsi  conçu  : 

Servate  cita  (sic) 
^DÏ  ail  obnibat  zetalar  (sic) 

■  L«  sens  de  ces  quelques  motii  n'est  pas  tellement  clair  i 
ml  inutile  de  le  préciser. 

■  La  première  idée  qui  vient  à  l'esprit  est  que  Servate  es 
verbe  à  ta  deuxième  personne  du  pluriel  de  l'impératif  et 
eiU  est  une  graphie  populaire  de  vilatn.  C'est  sans  doute  ce 
lignifie  le  lie  que  M.  le  docteur  Carton  a  inscrU  sur  sa  c( 
Nous  aurions  là  une  recommandation  assez  banale  dont  le 
équivaudrait  à  >  Valete  n  ;  mais  alors,  à  quoi  se  rapportera 
relalir  qui  commence  la  phrase  secondaire  ?  ou  faudrait-il  i 

I.  Voir  ci-aprèl. 


270  SÉANCE    DU    13   AOUT 

poser  une  secende  négligence  d'écrilure  :  qui  pour  quae  ?  Toul 
ceci  est  peu  satisfaisant. 

«  Aussi  ai-je  cru  pouvoir  indiquer,  au  cours  delà  discussion  qui 
a  suivi  la  lecture,  que  Servate  pourrait  être  le  vocatif  dun 
surnom  Servalus  auquel  se  rattacherait  tout  naturellement  h 
proposition  relative  qui  suit.  Scrvatus  est  un  objet  d'amour 
jaloux  pour  tout  le  monde.  Restait  à  fixer  le  sens  de  vtta.  J  ai 
émis  ridée  que  c'est  une  exclamation  synonyme  de  Vivat  î  me 
remémorant  certaines  inscriptions  où  elle  figure  avec  cette  signi- 
fication. C'est  ainsi  que  sur  une  pierre  de  Lilybée  on  lit  en  tête 
l'acclamation  :  Pompeianis  vila  !  et  à  la  fin,  Amazoniis  vita  '. 
De  même,  sur  une  mosaïque  de  Timgad,  découverte  dans  les 
thermes  dits  «  des  Philadelphi  »,  figure  le  souhait  :  Filadelfis 
vita  *.  De  même  encore,  j'ai  lu  sur  une  des  colonnes  qui  suppor- 
taient le  portique  de  la  cour  de  la  bibliothèque,  dans  la  même 
ville,  parmi  d'autres  graffites,  le  suivant  :  Polycronis  vita.  Si 
tel  était  ici  le  sens  de  vila^  la  phrase  signifierait  :  Vive  SiIth- 
nus  ! 

«  Mais,  à  la  réflexion,  j'hésite  à  m'en  tenir  à  cette  interprétation, 
le  mot  vita  y  dans  cette  acception,  étant  toujours,  autant  que  je 
le  sache,  accompagné  d'un  datif,  et  non  d'un  vocatif.  On  pourrait, 
il  est  vrai,  supposer  que  Servate  est  une  graphie  négligée  pour 
Sen^atae  ;  mais  alors  il  faut  admettre  aussi  que  qui  est  i>our  quae  '. 
deux  formes  incorrectes  qu'il  est  de  bonne  méthode  de  n'ac- 
cueillir que  si  aucune  autre  explication  ne  s'offre  à  nous. 

w  Or  il  n'en  est  pas  ainsi.  Les  dictionnaires  indiquent  pour  le 
mot  vita  le  sens  secondaire  de  «  objet  chéri,  trésor  »  ;  c'est  un 
terme  de  tendresse  caressante.  On  le  trouve  parfois  accomjwgné 
de  mea^  soit  dans  les  auteurs,  par  exemple  dans  Plante  '  : 

0  mea  vita  y  o  mea  volaplas^  salve  ! 

soit  dans  les  inscriptions  pariétaires  de  Pompéi  *  : 

m]ea  vita,  meae  deticiae,  ludamus  parumper  ! 

1.  Dcssau,  Insc.  sel,  8982;  De  Paclitcre,  Inventaire  des  mosaïques  de 
r Algérie^  p.  20,  n.  77. 

2.  Ballu  et  Gagnât,  Timffad,  p.  302. 

3.  Stichus,  IV,  2,  6, 

4.  C.J.L.,  IV,  1781. 


Sfc&NCE   OU   13   AOUT 
Oicéron  l'emploie  dans  ses  lettres  ',  d'autres  eucore. 

Mats,  et  c'est  ce  qui  nous  importe  ici,  le  mot  est  sou^ 
employé  lieul  dans  le  mâme  sens. 

Properce,  s'adressaot  à  Cyathie  *,  lui  dit  : 

Qaid  jucal  onxûlo  procedere,  vîla,  captllo  ? 
et  plus  loin  ^  :  (Jura) 

.We  libi  ad  extremat  maïuttram,  vila,  lenebrat. 

a  C'était  UD  terme  familier,  répandu  dans  les  effusions  de  la 
vourante.  Nous  en  avons  la  preuve  dans  les  acclamations  qi 
inscrivait  sur  des  coupes  d'argile,  surtout  en  Gaule  et  en  C 
manie  : 

Anio  le,  vita  *  !  La  même  formule  se  retrouve  sur  un  ann 
d'or  du  Musée  de  Vienne  '. 

Amai  me,  vila  *  ! 

Bene  libi  lit,  vila  '  ! 

Are  vila  *  !    ou,  comme  sur  un  mur  de  Pompéi, 

Vale  eila  *  ! 

•  Il  est  même  à  noter  que  pour  rendre  le  terme  encore  [ 
caressant  on  en  faisait  un  diminutif  :  Vilala,  et  même  Villa, 
se  lit  sur  certains  vases  •", 

•  C'est  le  sens  qu'il  convient  de  donner,  dans  le  graffite  de  C 
ihage,  au  dernier  mot  de  la  première  ligne.  On  pourrait  d 
comprendre  ;  ••  0  Servatus,  mon  trésor,  loi  qui  es  pour  tous 
objet  de  tendresse  envieuse.  •■  Ce  serait  le  cri  d'un  ami  de  ci»: 
fier  de  sa  conquête  et  qui  n'aurait  pas  résisté,  comme  t 
d'autre*  faiaeiirg  d«  graffites,  à  nous  mettre  dans  le  secret 
ses  bonnes  fortunes. 

I.  .Irf. /■««t..  XEV,  3,3cl*,  1. 

3.  I,  î,  I. 

1.  U.  :o.  IT. 

4.  C.  r.  t..Xin,t00IK,19(i  rapprocher  de:  Amo  («  AmiVi  (jbi'rf.,  n< 
i,  C.7.  t..  III,  «019,  U. 

•.  C.I.L..  XIII.  10018,  13. 

T.  Ibid.,  Jrl. 

«.  Ibid., Si. 

».  C  /.  t..  IV,  MW. 

i«.  CI.  £,.,  XIII,  looie,  iBi. 


-f3    'Sr^SSf   -XL.. 


ae.   _  eux  -nstr-ntiOΕ  noo- 


Tc.^r.Kry^s 


:3s  Î..L  '.^  ,  iA.Kt::i>>, 

i-„-it"-  i^i-t:ry:àes  rat;  Iri*  aitLaisïcnt? 
i;i    H;>    .';a-7^    ii:    f^ltJO,   t  pins 

sir  '/  TMT'.i-'^-  j  il!  I  in»  1^  porte 


LES  K>FEns  SELON  l'axiochos  273 

la  marque  de  l'action  exercée  par  l'enseigoement  d't.picure^ 
et  il  date  donc  au  plus  tôt  des  environs  de  l'an  300.  L'in- 
térêt historique  de  cette  œuvrette  pseudo-platonicienne  ne 
paraît  pas  avoir  toujours  été  apprécié  à  sa  véritable  valeur'. 
Cet  opuscule  mériterait  qu'un  philologue  l'éditât  et  i'étu- 
diàk  mieux  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici  et  montrât  quelles 
idées  nouvelles,  étrangèces  à  Platon,  y  sont  exposées.  C'est 
une  modeste  contribution  è  ce  commentaire  futur  que  je 
voudrais  offrir  ici  eu  interprétant  un  passage  curieux  sur  les 
enfers. 

Vers  la  fin  du  dialogue  (p.  371  ),  Socrate  fait  une  descrip- 
tion du  sort  qui  attend  les  âmes  dans  l'Hadès.  Cette  révé- 
lation lui  aurait  été  communiquée  par  le  mage  Gobryès, 
dont  le  grand-père  l'aurait  trouvée  k  Délos  inscrite  sur  deux 
tablettes  d'airain  apportées  de  chez  les  Hyperboréens.Nous 
sommes,  on  le  voit,  en  pleine  fiction  :  le  mage  Gobryès  est 
un  parent  d'Er  l'Arménien,  que  Platon  fait  intervenir  dans 
la  République,  et  du  mage  Mithrobouzanès,  que  Lucien  met 
en  scène  dans  sa  Nécyomancie  ^.  Les  Chaldéens  et  les 
mages  de  l'Inde  sont  d'ailleurs,  Pausanias  nous  l'afiirme, 
les  sages  qui  les  premiers  ont  afiirmé  l'immortalité  de 
l'âme  et  qui  l'ont  enseignée  aux  Grecs  et  en  particulier  à 
Platon*.  La  prétendue  découverte  dans  un  temple  de 
vieilles  tables  de  bronze  ou  de  pierre  fut  souvent  alléguée 
comme  une  garantie  ^'authenticité   par  les  faussaires  de 


I.  Cf.  Brinkmann,  Beilrigt  lur  ErklSrung   dc>  Axiochoi,  dans  Rhtîn. 
Mat.,  Ll,  18M.  p   Hl  s».  :  cf.  LU,  189-,  p.  633  s. 

!■  ElUf,  dans  un  Iraviil  d'ailleurs  méritoire  {Acheraaiîca  [Leipùger 
Staditit  XIII),  IHVI,  p.  3U\apri-!>  avoir  analya<;  la  description  île  l'Iladis, 
dool  nousalious  p»Her,  conclut  ;  ■  Fontes  Plato  el  inj-*ileria.  Novi  praeter 
nioutiora  quaedam  nil.  •  N«u*  verrons  combien  ce  jugement  e«t  peu  jus- 
Hii. 
>.  a.  Etlig.p.  313,11.  1. 

1.  PiUMoias  JV,  M.  l  :   'K^w  SI  XiXBï'ou;  Xii  "IïMv  to-Lj  [.ifou;  rritÙTKj; 
^ôa  incâvTa;    lû;    àOoivitôt  istiv  îvO^ûrou  ■^jyij   xai  asiaiv  tai    'KXÀiJv'dv 

1*Ï0.  Ih 


274  LBS    ENPKRS   SELON    l'axIOGHOS 

Tépoque  hellénistique  ^  Ce  fut  l'artifice  dont  ils  usèrent 
surtout  pour  donner  une  autorité  sacrée  aux  élucubrations 
où  ils  introduisaient  quelques  bribes  des  sciences  sacerdo- 
tales de  rOrient. 

N'en  serait-il  pas  ainsi  de  TAxiochos?  Voyons  ce  que 
contenaient  les  inscriptions  déchiffrées  par  Gobryès. 

«  Après  la  dissolution  du  corps,  dit  le  texte,  rftme  se 
rend  vers  le  lieu  invisible^  dans  la  demeure  souterraine  où 
se  trouve  le  palais  de  Pluton,  aussi  grand  que  la  cour  de 
Zeus.  En  effet,  la  terre  occupant  le  milieu  de  Tunivers  et  le 
ciel  étant  sphérique,  Tun  des  deux  hémisphères  appartient 
aux  dieux  célestes,  l'autre  aux  dieux  inférieurs,  qui 
sont  ou  frères  ou  enfants  de  frères .  L'entrée  de  la  route 
qui  descend  vers  la  demeure  de  Pluton  est  fermée  par  des 
clôtures  et  des  clefs  de  fer.  Cette  porte  ouverte,  on  atteint 
le  fleuve  Achéron,  et  après  lui  le  Cocyte,  qu'il  faut  traverser 
tous  deux  pour  parvenir  jusqu'à  Minos  et  Rhadamanthe  au 
lieu  qu'on  appelle  plaine  de  la  Vérité  ^.  » 

Ces  juges  infaillibles  accordent  aux  justes  d'habiter  le 
séjour  des  âmes  pieuses,  c'e^t-à-dire  les  Champs  Elysées, 
dont  sont  décrites  les  délices.  Les  initiés  aux  mvstères  v 
occupent  une  place  d'honneur*.  Au  contraire,  les  méchants 
sont  conduits  par  les  Erinnyes  «  vers  les  ténèbres  et  le  chaos 
à  travers  le  Tartare  »  et  ils  y  subissent  des  châtiments  éter- 
nels, en  compagnie  des  Danaïdes,  de  Tantale,  de  Titj'e  el 
de  Sisyphe. 

On  est  surpris  de  trouver  cette  description  mythique 
unie  à  une  conception  scientifique  du  monde,  empruntée  à 
l'astronomie,    telle   qu'on  renseignait  à  Tépoque  alexan- 

T.  Sur  l'emploi  de  celte  supercherie   épîgraphique  dans  les  livres  her- 
métiques, les  Gœranides,  etc.,  cf.  Cuial.  codd.  aslr.  VIII,  4,  p.  102-3. 

2.  E'!;  Tov  «ÔTiXov  Tt>::ov.  Le  nom  de  r^AtSri;  est   expliqué   ici  par  «8t,Xo; 
comme  ailleurs  par  àsiÔTJ;  «  invisible  »  ;  cf.  tn/*ra,  p.  275,  note  1. 

3.  ric^tov  àXrjOet'a;,  emprunté  au  Phèdre  248  B. 

4.  Sur  cette  ;:potBp{a  des  initiés,  cf.  Rohde,  Psyché^  I*,  p.  314  noie;  U, 
p.  422  s. 


LES    ENFERS   SELON   l'aXIOGHOS  ^5 

drine.  Notre  globe  suspendu  immobile  au  ceiiire  de  Tuni- 
vers  est  entouré  par  la  sphère  céleste,  dont  la  moitié  infé- 
rieure appartient  aux  dieux  des  morts.  Pour  1  écrivain 
alexandrin,  la  demeure  souterraine  (Vj  ôttoyêioç  oixyjjiç)  de 
Pluton  n'est  donc  point  située  dans  une  grande  caverne  où 
l'on  descend  par  les  fissures  du'sol,  mais  au-dessous  de 
notre  terre. 

Cette  idée  est  étrangère  à  la  Grèce  ancienne,  mais  elle 
appartient  à  la  cosmographie  à  demi  savante,  à  demi  reli- 
^euse  de  l'Orient,  et  Tastrologie  en  a  gardé  la  tradition 
jusqu'à  l'époque  byzantine  dans  les  systèmes  des  huit  ou 
des  douze  «  lieux  »  de  la  sphère.  La  ligne  de  Thorizon, 
celle  qui  s'étend  de  Thoroscope  au  Couchant,  divise  le  monde 
en  deux  hémisphères.  L'utcoysiov  ne  désigne  point  le  sous- 
sol,  le  tréfonds  de  la  croûte  terrestre,  mais  le  point  le  plus 
bas  du  ciel,  Yimum  médium  caelum.  L'hémisphère  inférieur 
était  invisible  (iyavi^ç)  :  il  était  donc  naturel  qu'on  y  plaçât 
l'Hadès,  une  étymologie  généralement  acceptée  expliquant 
*Ais7îç  par  àsiÎTfjç  «  qu'on  ne  voit  pas  w^  Parmi  les  «  lieux» 
du  cercle  de  la  géniture,  celui  qui  se  trouve  immédiate- 
ment sous  rhoroscope  a  toujours  été  désigné  comme  la 
«  Porte  de  l'Hadès  «(''Aiîou  ruXig)*:  c'est  par  là  qu'on  péné- 
trait danë  le  royaume  de  Pluton.  Mais  on  voit  aussi  donner 
le  nom  de  Dilis  ianua  au  Couchant  :  le  point  où  meiu*t  le 
jour  et  qui  préside  aussi  à  la  fin  de  la  vie  humaine*^.  Les 
portes'de  l'enfer  sont  en  effet  au  nombre  de  deux  :  ce  sont 
celles  par  lesquelles,  selon  la  vieille  mythologie  babylo- 
nienne, le  char  du  dieu  solaire  sortait,  chaque  matin,  du 
inonde  inférieur  et  y  rentrait  chaque  soir  *. 

1.  Dccharme,  La  critique  des  trstditions  religieuses,  190i,  p.  301. 

5.  Cat.  eodd.  astroL,  VIII  (Paris),  4,  p.  102  s.  Cf.  Revue  de  philol.,  1918, 
XLII,  p.  74. 

1.  Maniliut,  II,  9Î>0  s.  -  Voy.  la  flg.  iw/'ra,  p.  276. 

4.  Maspero,  Hiêt.Mnc,  des  peuples  de  VOriemt,  I,p.  j44,  n.  6;  Jastrow, 
HêUgion  B^U>ylomienê^  1,  p.  427;  Dhorme,  Textes  sasyro-taby Ioniens, 
1907,  p.  «O.u.  ». 


ïnts  ■ 
cours 
or    la 


lypo- 
uitla 


,L,*- 


(*atM>. 


tes  ENFERS  SELON  l'axiochos  277 

De  même,  dans  l'instrument  de  divination  médicale  connu 
sous  le  nom  de  «  cercle  de  Pétosîris  »,  la  li^ne  qui  sépare 
le  monde  supérieur  du  monde  inférieur  est  la  limite  de  la 
vie  et  de  la  mort  (spsi  l^a?,ç%izt  davâtou).  Lorsque  cette  arith- 
momaDcie  amène  un  cliifFre  inscrit  dans  l'hémisphère 
«  supraterrestre  »  {ifsépfnov),  le  pronostic  est  que  le  malade 
vivra  ;  si  au  contraire  le  calcul  aboutît  au  demi-cercle 
«  infraterrestre  »  (ùicoycuv),  il  présage  la  mort  '. 

Selon  les  astrologues,  au  commencement  du  monde, 
avant  que  la  grande  machine  créée  par  le  démiurge  fût 
mise  en  branle,  le  Cancer  se  trouvait  à  l'Orient  et  le  Capri- 
corne au  Couchant  ^.  C'est  pour  ce  motif  que  jusqu'à  la  (in 
de  l'antiquité,  les  théologiens  répétèrent  que  les  deux 
«  portes  du  soleil  »,  par  lesquelles  les  flmes  descendaient 
du  ciel  et  y  remontaient,  étaient  situées  dans  ces  signes  du 
zodiaque  ^.  Us  imaginèrent  d'ailleurs  de  cette  tradition 
religieuse  des  explications  astronomiques,  ces  deux  signes 
étant  ceux  des  solstices,  mais  ils  n'aperçurent  point  sa 
véritable  origine  parce  que  le  séjour  des  défunts  n'était 
plus  pour  eux  sous  la  terre,  mais  dans  les  sphères  supé- 
rieures ^.  En  réalité,  les  deux  ouvertures  du  firmament 
solide  sont  placées  dans  te  Cancer  et  le  Capricorne  parce 
que  l'un  est  «  l'horoscope  du  monde  »  {lôpcmixoç  xàoiwu)  et 

1.  Douché-Leclcrcq,  (.  c,  S3g  si, 

3.  Ibid.,  p.  ISS  ».  Cf.  le  lexUi  corrompu  publié  Cil.  V,  1,  p.  131. 

3.  Porphyre,  D«  .4nlro  A'ymph.  33;  Macrobe.  Camm.  Somn.  5eip.,  [, 
11  ;  ProciuB,  /n  Rtmp.Plal.  II.  p.  IJfi,  30  ta.  éd.  Kroll,  qui  rcmonlent  loui 
trois  à  NuménïuB. 

4.  Numéniui  sait  encore  que  c'e»t  par  le  Cancer  qu'arrivent  aur  la  terre 
les  tmea  qui  reprennent  un  corps  et  par  le  Capricorne  qu'elles  regagnent 
le  s^our  dei  défunti.  mais  comme  pour  lui  c'est,  non  de  l'^nôyiiov,  mait 
du  ciel  qu'elle*  viennent  et  au  ciel  qu'ellea  retournent,  elles  rfeteeftdenl 
par  le  Cancer  et  monfenl  par  le  Capricorne,  tandis  que  primitivement  le 
nouveoieni  «tait  inverse.  —  Boll  (Sphttra,  1903,  p.  3tH)  cite  un  texte 
cunéifonne  qui  place  entre  le  Capricorne  et  le  Sa§:iltaire  (cf.  C*t.  V,  3, 
p.  131, 1  :  [U/.pt  ^'  |"'p<f  ^oû  Ta^itou  lî;  td  iiifivi;  (ms,  £çavi;)  i|<^i9fa[' 
ftov!,  den  AnfMHg  der  Sln$$e  dtr  anltrrn  HimmtUu-dtbaag. 


278  LKS   E?tPERS   SEL05   l'aXIOCHOS 

Fautre  le  Couchant  du  monde  {i'j(n^  xia|xou),  selon  la  défini- 
tion conservée  par  Vetlius  Valeos  *,  et  que  les  irJXxi  *At5s'j, 
nous  Tarons  vu,  s'ouvrent  à  ces  deux  points  cardinaux. 

Tne  autre  division  partageait  le  cercle  du  zodiaque  en 
deux  moiliês  par  une  ligne  tirée  du  Bélier  à  la  Balance, 
astérismes  des  équinoxes,  et  plaçait  dans  Thémisphère 
supérieur  les  six  signes  du  printemps  et  de  Tété,  dans  Khé- 
misphère  inférieur  ceux  de  Tautomne  et  de  Thiver  ^.  Les 
prélres  des  temples  syriens  avaient  fondé  sur  cette  division 
tout  un  système  d'interprétation  mythologique.  Ils  identi- 
tittienl  la  moitié  supérieure  de  la  terre,  c'est-à-dire  Thénii- 
sphère  boréal,  seul  connu  des  anciens,  avec  Vénus  ou 
Astarlé  ',  la  moitié  inférieure  avec  Proserpine,  la  déesse  des 
enfers.  Mais  l'empire  de  celle-ci  s'étend  aussi  à  celle  même 
moitié  du  ciel.  Les  signes  de  la  partie  de  Tannée  où  les  nuits 
sont  plus  longues  que  les  jours  appartiennent  au  domaine 
de  la  maîtresse  du  monde  souterrain,  et  lorsque  le  soleil  y 
demeure  et  fait  prédominer  les  ténèbres  parmi  nous,  Wnus 
le  pleure  parce  qu'il  est  retenu  dans  les  enfers  par  Proser- 
pine *.  Kn  effet,  Pluton,  pour  ces  théologiens,  n'est  autre 
que  le  soleil  de  l'hiver  "*. 

I.  V«Utus  V«!«a*,  p.  8,  ^î;  p.  Il,  13:  cf.  p.  5,  M;  p.  10,  20,  éd.  KroU. 

3.  i:i\  WiAX,  S/ihjiTj.  1903,  p.  246  s.,  à  qui  j'emprunte  la  plupart  desindi- 
rtitiouH  nui  suixonl.  —  Ollc  ii«H:trine  doit  probablement  être  rattachée  à 
foUo  qui  <HM»«<ulî^tv  v^e*  mômes  si^rnes  respectivement  comme  diurnes  et 
noolurnc»  ;  c>>l  loujour»  la  même  opposition  de  l^obscurité  et  de  la 
UiuuAre.  Manilius,  II.  J\<  :  •  Quin  etiam  »ex  continuis  dixere  diurnas  | 
i»'«<e  vice!»  as! ri*.  qu«e  sunl  a  principe  sijmo  I  Lanigeri,  sex  a  Chelis  noc- 
luiMirt  xulori.  »  Cf.  HouohA-Loclervq.  p.  156. 

S.  Maoï-obe,  >!/>  I»  31.  1  d'après  Jamblique^  :  •  Physîci  terrae  superius 
lirmit»ph«erium.  cuiu»  pnrtem  incoUmus.  Veneris  appellttione  coluerunt, 
iufcriu9  ven»  hemisphaorium  terrae  Prt>»erpinam  vocavemnt.  » 

I.  Macrobe.  ihùi.,  §  3  :  »  Kt  cum  e»t  in  inferioribus  (si^is  aol)  et  ideo 
dica  brevlorcn  facil,  luirere  creditur  dea  tanquam  sole  raptu  moriis  tem> 
pornlis  onu««o  et  a  Pn»sorpiua  retenlo.  *  —  C'est  le  contrepied  do  la  fable 
grcoquo  oii  Pivserpin©  était  retenue  par  Pluton. 

5.  Porphyriv  îlipl  ivji.uit'ov,  fr.  7  {p.  9*  Bides)  :  FlXo-itcov  6  usé  yîî» 
î(ov   i^\\o;    xxî    TÔv   131  vf;   ^tptvoJTtîiv   xô^'xov  xiti   Tiç    ^itjJLsptvà^   tpoJtaEç. 


LES   ENFERS    SELON  L^AXIOCHOS  279 

Ils  allaient  plus  loin  encore.  Leurs  cartes  du  ciel,  leur 
«  sphère  barbare  »,  dont  Tépoque  alexandrine  s'est  beau- 
coup occupée,  plaçaient  près  de  la  Balance,  signe  de  Téqui- 
noxe  d  automne,  des  constellations  dont  les  noms,  tels  que 
les  ont  traduits  les  Grecs,  sont  très  significatifs  :  le  marais 
de  l'Achéron,  le  Nocher  et  la  Barque  *.  On  a  pu  démon- 
trer avec  une  grande  vraisemblance  que  ces  astérismes 
étaient  d'origine  babylonienne  '^.  Ainsi,  à  côté  du  signe 
situé  à  la  limite  du  monde  supérieur,  et  du  point  où  s'ouvre 
une  porte  de  THadès,  se  trouve  TAchéron,  que  les  morts 
traversent  sur  la  barque  du  nocher  infernal,  —  et  c'est  là 
précisément  ce  que  dit  TAxiochos. 

Nous  en  avons  dit  assez,  je  crois,  pour  indiquer  à  quelle 
source  remontait  la  description  des  enfers  que  le  mage 
Gobryès  aurait  faite  à  Socrate.  L'auteur  du  dialogue  pseudo- 
platonicien, épris  d  exotisme  comme  le  furent  beaucoup  de 
Grecs  après  la  conquête  du  monde  barbare,  a  combiné  les 
vieilles  croyances  d^Éleusis  avec  la  religion  astrale  des 
Syriens.  Les  antiques  conceptions  de  I'uttsysiov,  des  portes 
de  THadès,  des  fleuves  infernaux,  prennent  chez  lui  une 
signification  nouvelle.  Ce  syncrétisme  n'est  pas  l'indice  le 
plus  ancien  que  nous  ayons  de  l'influence  de  Tastrologie 
orientale  sur  la  littérature  platonicienne  :  on  en  peut  trou- 
ver la  preuve  certaine  déjà  dans  TEpinomis  *'*.  Mais  cette 
action  est  ici  d'une  importance  particulière,  car  elle  nous 
aide  à  comprendre  le  développement  des  croyances  grecques 
sur  la  vie  future. 

Macrobe,  Sa/.,  I,  18,20  :  (Oracle  de  Claros;  :  ^^i^io  tÔv  navTwv  Gnatov 
Oiôv  î^xv  'lawii  I  )j^ii|iaii  ejiiv  t'  *AtôrjV,A'.à  ô'ciapoç  àp/ouÊvo'.o  |  'IliXtovôi 
0£pr<*ç,juroi:?ufO«ô' ippov  looi  (lire  *A8tuvtv?;.  Cf.  liure»ih,  KUros,  p.  4«. 

I.  BolL  /.  c.  :  *H  * A'/ifiO\iaia  Xijjlvti,  6  IlopOiiicj;,  tô  i^xifo;.  —  Une  autre 
tradition  indique   TÔ  StjvÔ;  GStup.  Cf.  Firmicus  Mat.,  VIII,  16. 

3.  Boll,  p.  3i7  8t.  Comparer  infra,  p.  2K3,  note,  ce  qui  est  dit  de 
Naménius. 

3.  Cf.  moD  Aêlrology  and  Heligion  àmong  the  Greek*  and  Romans , 
1913,  p.  47  M. 


280  LES   E>FBKS   SELO?(    L*AXIOCUOS 

L'astronomie  servait  à  interpréter  les  traditions 
mythiques  sur  la  vie  doutre  tombe  et  à  leur  donner  nn 
sens  qui  paraissait  plus  raisonnable .  Je  n*en  citerai  qa'^un 
exemple.  L*auteur  de  TAxiochos  a  soin  de  noter,  en  décri- 
vant les  prés  fleuris  où  se  réunissent  les  élus,  que  «  les 
doux  ravons  du  soleil  »»  entretiennent  dans  Tair  une 
température  toujours  modérée,  sans  chaleurs  ni  froids 
excessifs  *.  L*idée  que  le  soleil  va  éclairer  la  nuit  le  séjour 
des  morts  est  ancienne  en  Grèce.  Elle  apparaît  déjà  dans 
un  thrène  célèbre  de  Pindare  ^,  à  qui  Vii^ile  l'a  empruntée 
en  la  transformant,  lorsqu'il  dit  dans  sa  description  des 
Champs  Elysées  :  SoUmque  saam  sua  sidéra  norani  '. 
Mais,  chez  Pindare,  les  morts,  que  ce  soleil  éclaire  à  Tégal 
des  vivants,  habitent  les  demeures  souterraines  d'Hadès. 
L*idée  primitive  est,  en  efl'et,  que  Tastre  du  jour  s'enfonce 
le  soir  dans  le  sein  de  la  terre,  dont  il  parcdurt  les  vastes 
cavités  pour  en  ressortir  le  matin  à  l'Orient,  et  qu'il  visite 
ainsi  chaque  nuit  le  royaume  infernal  ^.  Mais  cette 
croyance  naïve  était  inconciliable  avec  l'astronomie.  Au 
contraire,  si  l'on  plaçait  le  séjour  des  bienheureux  —  et 
c'est,  ce  semble,  la  pensée  de  l'Axiochos  — sur  la  face 
inférieure  du  globe  terrestre,  dans  l'hémisphère  impéné- 
trable aux  vivants,  le  soleil  devait  naturellement  y  briller 
durant  sa  course  nocturne  '. 

1.  P.  371  D  :  OCÎTE  Y^tp  /.«^H^  ^oopov  ojt£  ^iXiioç  i^^t'Oii,  «XX'  im^zoç 
^^i?  7.^^'*^  i::aXat;  f,Xtou  i^TÎaiv  àvxxtcvxtifvo;. 

2.  Fr.  129  :  Toîai  Xitiret  uiv  {livo;  xcXiou  Tiv  IvOsSe  vjxx«  xaTeo.  Cf. 
Rohde,  Psyché,  Il«,  1907,  p.  210,  n.  l. 

3.  Aen.  VI,  641.  Sur  l'imitation  de  Pindare,  cf.  Nordcn,  Hermès,  XX VIII, 
1893,  p.  391.  Virgile  a  été  imité  à  son  tour  par  Valerius  Flaccus,  I,  hU  : 
«  Campos  ubi  Sol,  totumque  per  annum  durât  aprica  dies  »;  cf.  SîHus  Ital.* 
XIII,  550.  —  Pour  Proclus  au  contraire,  In  Remp.^  I,  p.  122,  12,  Kroll,  ces 
lieux  "  n:^  jouissent  pas  des  rayons  du  soleil  >». 

4.  Cf.  Kohde,  /.  c.  ;  Dieterich,  Sekyia^  p.  23.  Pour  l'É^rypte,  cf.  Jéquier, 
Le  livre  de  oe  qu'il  y  a  dans  VHadès,  Paris,  1894  ;  pour  la  Babylonie,  Thu- 
reau-Dangin,  Revue  d^Assyriologie^  1919,  p.  149.  Cf.  infra,  p.  281,  note  3. 

5.  Cf.  Apulée,  Afel.,  XI,  23  :  «  Media  nocte  vidi  Solem  candide  coruscan- 
lem  lumine  <>,  et  infra,  p.  282,  note  1 . 


LES    ENFERS   SELON    L*AXIOCHOS  ^81 

Cette  interprétation  astronomique  de  rûxÔYetov  fut  pro- 
bablement combinée  avec  la  tradition  relative  aux  iies 
Fortunées,  situées   quelque   part    au  loin  dans  TOcéan  K 

L#es  eaux   de  celui-ci,   s'étendant  sur  Thémisphère  austral, 

* 

pouvaient  y  baigner  les  rivages  de  ces  îles,  transportées 
aux  antipodes  ^.  Tous  les  récits  des  poètes  sur  les  jardins 
parfumés  et  mélodieux  de  ces  terrés  reculées  s'appliquaient 
aux  climats  délicieux  qu'aucun  navigateur  n'avait  jamais 
atteints. 

Le  lieu  où,  selon  TAxiochos,  les  impies  sont  chassés 
par  les  Erinnyes  qui  les  poussent  «  vers  TErèbe  et  le 
chaos  à  travers  le  Tartare  »  ^  doit  se  trouver  au  contraire 
dans  le  creux  le  plus  extrême  de  Tunivers,  près  de  ro^oYciov 
céleste  diamétralement  opposé  à  TOIympe,  qui  est  au  zénith 
dans  Tempyrée  *.  La  tradition,  empruntée  à  l'Orient, 
suivant  laquelle  le  séjour  ténébreux  des  méchants  occupait 
cet  abime  lointain,  se  conserva  non  s()ulement  jusqu'à  la 
tin  de  l'antiquité,  mais  au  moyen  âge  :  «  Qu'y  a-t-il  sous 
le  ciel?  »  demande  un  astronome  byzantin  "*.  —  «  L'eau,  et 


1.  Rohde,  L  c,  p.  37r,  n.  1. 

2.  Cf.  Scrvius,  Aen.^  VI,  532  :  «  Alii  sub  terra  esse  inferos  volunt  secun- 
dum  chorographos  cl  f^eometras,  qui  dicunt  terram  a^atpoct^^  esse,  quae 
iqua  et  ar>re  sustentatur.  Quod  si  est,  ad  antipodes  potcst  navigatione  per- 
veoiri,  qui  quantum  ad  nos  spectat  inferi  sunt,  sicut  nos  Ulis.  »  Cf.  VI, 
127  Ânfrày  p.  281,  n.  1). 

3.  "Ayovtat  7?jpô{  *E(iivuo>v  è;:*  Ipi^o;  xai  ydcoç  5ià  Tapxotpou.  Cf.  Papyr. 
mifrique  de  Paris  (Wessely,  Denkschr.  A kad.,  Vienne,  1888j,  Hymne  au 
Soleil,  V.  1964  :  xXijî^taaî  TÔv   oùpavoîî  T,Ye{i.ovTJa  |  yâiio^   t«    xai  "Aiôoç  ïv6a 

Wjiovriî  I  $xîaovc$  àv6stii:çu>v  oi  nplv  çao;  ttaopocuvTi;  |  . . .  i^v  "]f*'^î  xeuOuwvx 
1*0/7;;  vcx'^uv  l'éni  /^ûpov. 

4.  OJympiodore,  In  Phaed.,  D.  pfx',  p.  240  Norvin  :  "Oit  6  Tapiapo;  to 
t»/«TÔv  èrit  To3  Kïvio;  xai  âvitOiiM;  1/10^^  rpô;  tÔv  *'OXjarov.  Cf.  C.  III, 
0?',  p.  201.  —  De  même  pour  le»  docteurs  de  la  divinisation  sidérale  l'Onô- 
yttov  détermine  tout  ce  qui  suit  la  mort  {$upra,  p.  276,  note]3).  Les  préceptes 
de  l'astrologie  sont  souvent  de  Tancienne   mythologie  mise  en  formules. 

à.  Cod,  Pûriâ,  Sappl.  yraec,  1190,  f.  1  v»;  cf.  Catal.codd.  a«<r.,  VIII,  4, 
p.  192,  cod.  118  :  'TnoKdtcu  Tou  oùpavou  Tt  iTUiv*  GScup  xai  rspaxàica  oxoto; 
ui  ::«pftxatci»  icvp,   xal  xxtco  ^$t,ç,   xftt   xoitcu  ept)(jLoç  (lire  ^pt^oç)  xal  xitto 


282  LES    ENFERS    SELON    l'aXIOCHOS 

plus   bas  Tobscurité,  plus    bas  le  feu,    plus   bas    encore 
THadès,  plus  bas  TÉrèbe  et  plus  bas  le  Tartare.  » 

On  trouve,  à  Tépoque  romaine,  des  traces  de  Tidée  que 
les  âmes  descendent  parmi  les  étoiles  de  Thémispl^ère  invi- 
sible. C'est  ainsi  qu'il  faut  entendre  une  épitaphe  métrique 
qui  a  embarrassé  les  commentateurs  *.  Un  enfant,  que  ses 
parents  avaient  fait  élever  en  pythagoricien  pieux,  nous  dit 
qu'ayant  quitté  le  monde  supérieur  (v.  3  :  ad  saperas)  des 
vivants,  il  chemine  à  travers  les  astres  affreux  des  profon- 
deurs du  Tartare  : 

Nuncvero  infernas  sedes  Acherontis  ad  undas 
Tetraque  Tartarei  per  sidéra  tendoprofundi. 

Fait  plus  important,  il  semble  bien  que  la  doctrine  du 
pseudo-Pélosiris  et  de  Tastrologie  égyptienne  fût  restée 
sous  r Empire  celle  des  mystères  alexandrins  répandus  en 
Occident.  Sérapis,  le  dieu  des  morts,  est  devenu  le  Soleil, 
qui  descend  la  nuit, illuminer  les  ténèbres  de  Thémisphère 
souterrain,  et  Isis,  déesse  lunaire,  y  brille  près  de  TAchéron 
etduStyx,  fleuves  célestes  2. 

TapTapoç.  —  Des  idées  semblables  ont  existé  dans  le  manichéisme  (Cf.  mes 
Recherches  sur  leManich.,  1, 1908,  p.  11  s.)  ;  elles  remontent  aux  croyances 
païennes  des  Sémites,  et  se.  retrouvent  dans  le  traité  syriaque  du  pseudo- 
Bérose  publié  par  Levi  Délia  Vida,  Rivista  degli  studi  orienlali^  III,  1910, 
p.  26  :  «  Sotto  quelle  acque  che  sostengono  la  terra,  vi  è  il  fuoco  e  sotto 
il  fuoco  il  vento  e  sotto  41  vento  le  ténèbre.  E  sotto  le  ténèbre  non  cercar 
nuUa,  poiche  è  un  luogo  deserto  e  solitario  e  picno  dVrrore  ;  e  questa  è  la 
fossa  inferiore,  che   in  molti  libri  è  detta  abisso  e  inferno^  nella  quale 
saranno  tormcntati  coloro  che  hanno  condotto  malamentc  la  vit«.  » 

1.  Plessis,  Poésie  latine,  Épilaphes,  1905,  n»  57  =  Bûcheler,  Carm. 
epigr.,  43i  =  C.I.L.,  XI,  6435. 

2.  Je  ne  fais  qu'indiquer  ici  cette  opinion  qui  demanderait,  pour  être 
mieux  appuyée,  une  discussion  étendue  du  sens  de  passages  d'Apulée  que 
je  crois  n'avoir  jamais  été  bien  compris  :  Metam.,  XI,  23,  le  myste,  après 
avoir  traversé  les  éléments  qui  entourent  le  globe  terrestre,  voit  «  au 
milieu  de  la  nuit  briller  le  soleil  »  ;  cf.  snpra,  note  26.  Cf.  Metam.,  XI,  6  : 
«  Cum  spatium  saeculi  tui  permensus  ad  inferos  demearis,  ibi  quoque 
in  subterraneo  semirotundo  me,  quam  vides,  Acherontis  tenebris  inter- 
lucentem,  Stygiisque  penetralibus  regnantem  campos  Elysios  incolens 
adorabis.   >»  Les  mots  in  subterraneo  semirotundo  traduisent  tv  îiKo^tita 


LES   E5PERS   SELON    L'AXtOGHOB  283 

Cependant  cette  doctrine  ne  réussit  jamais  à  se  faire 
g^énéralement  accepter  et  un  hasard  favorable  nous  permet 
d*apprendre   par  une  voie  indirecte  quelles  objections  lui 
étaient  opposées.  Le  dialogue  de  saint  Grégoire  de  Nysse 
«  Sur  Tâme  et  la  résurrection  »  est  rempli  de  réminiscences 
philosophiques  et  Ton  a  récemment  entrepris  de  démontrer 
que.  le  Père  cappadocien   y  reproduisait  les  théories   de 
Posidonius  d'Apamée  ^  Si  Ton  veut  dire  par  là  qu'il  les 
aurait  puisées  dans  une  œuvre  du  maître  de  Cicéron,  cette 
thèse  est  certainement  exagérée.  Mais  certainement  Técri- 
vain  chrétien   a   mis  à  profit  pour  son  argumentation  les 
idées  largement  répandues  de  ce   stoïcisme  pythagorisant 
et   platonisant   dont  Posidonius  fut  le  représentant  le  plus 
illustre.   Or  Grégoire  combat  dans  ce  dialogue  Tidée  que 
rHadès  se  trouve  dans  un  lieu  situé  au-dessous  de  la  terre. 
Une   même   sphère  céleste,  fait-il  observer,  se   meut  con- 
stamment autour  de  celle-ci,  placée  au  milieu  du  système 
cosmique  ;  les  éléments  qui  enveloppent  ce  corps  central 
ne  diffèrent   point  s'ils   sont  du  côté  que   nous   habitons 
ou  du  côté   opposé;   une  seule   atmosphère  est  répandue 
autour  de  notre  globe,    les   deux  hémisphères  sont  alter- 
nativement dans  la  lumière  et  dans  l'ombre  et,  par  suite,  les 
phénomènes  physiques  doivent  être  semblables  dans  Tun  et 
dans  Tautre.  Donc,  conclut  Tapologiste  du  iv®  siècle,  il  nV 
a  aucune  raison  d'admettre  que  les  âmes  libérées  de  leur 
corps  séjournent  dans  les  lieux  inférieurs  plutôt  que  dans 
les  lieux  supérieurs  ^. 

f.îiî^^^noMo.  —  Sur  !*Achéron  et  le  Styx,  cf.  supra  p.  279.  —Cette  doctnne 
a  inspiré  le»  élucubrations  «  prodigieuses  »  (TspaToXovja^  du  pythajifon- 
rien  Namënius,  que  combat  Proclus  [în  Remp.  PUt.,  Il,  p.  129  s.  Kroll)  : 
le»  àmcs  coupables  sont  envoyées  par  les  juges  ii;  lôv  unô  y/jç  td^ov  xal 
toù;  «it  :;oTijiou;,  mais  ces  fleuve»  infernaux  et  le  Tartare  lui-m^me  sont 
dans  la  sphAre  de»  planètes,  donc  dans  le  ciel  de  rOjroYCtov. 

I.  Gronau,  Posidonius  und  die  Genesisêiegêse,  19J4,  p.  220  ss. 

3.  P.0,^  XLVI,  col.  67  B  ss.  :  cf.  71  C.  —  La  conclusion  de  cette  argu- 
mentation est  la  suivante  :  Mix;  Ô£  xil  x/j;  «jtÎî;  o-jw,;  xari  nîv  if-;  y^;  {jl<- 


281  LES   DIFCBS   SELO?C    L*AXIOCHOS 

Ce  raisoaiieai«fit  qai«  TaTenir  deyait  le  prouver,  était 
d*ane  justesse  ri^oreose,  remonte  aux  savants  hellénis- 
tiques.  La  polémique,  dont  saint  Grégoire  a  fait  son  profit, 
se  rattache  aux  discussions  sur  Texistence  d'habitants  aux 
antipodes  K  Le  géographe  Eratosthène  ^,  les  néo-pjthago- 
riciens  d'Alexandrie  ^  Posidonins  et  son  école  ^admettaient 
cette  existence,  et  par  conséquent,  pour  eux  c'étaient  des 
vivants  et  non  des  morts  qui  peuplaient  lliémisphère  austral. 
Après  le  lu*  siècle,  Tanoorme  qui  composa  TAxiochos 
u'uurait  plus  osé  présenter  son  système  comme  une  révé- 
lation de  la  vérité  scientifique.  La  doctrine,  dont  il  s*est  lait 
le  propagateur,  prétendait  mettre  les  crovances  helléniques 
sur  la  vie  future  d'accord  avec  la  cosmographie,  mais  la 
cosmographie  elle>mème  en  ruinait  les  fondements  en  réfu- 
tant Thypothèse  d'une  opposition  physique  entre  les  deux 
moitiés  de  Funivers,  dont  Tune  aurait  été  remplie  de  mer- 

co;  rr,;   ttiv  t^j-x--^*  ss:::'jÀr;  oZ-zt  àriTtÀi^tni  oôtt ,  9vi»a^fopraccv  o"{&ai  Ôc^ 

Ti^^it  oTîj^at  Tx:;  Ttwv  ifî»uiT*r#  èxÀj^îiiai;  'Ju^at^.  L>niprunt  est  ici 
manifeste  el  le  r«ccortl  arec  le  contexte  imparfait.  L'auteur  de  ce  rai- 
somiemonl  enteadait  prv>u\er  que  les  âmes  pooraient  séjourner  dans  noire 
atino«*phire  dus-ii  bieu  que  dan*  celle  des  antipodes.  Grcjfoire  au  contraire 
était  d'a\  is  que  le*  àme<,  étant  purement  spirituelles,  n'étaient  contenue» 
dau*  aucun    heu  delermiaé:   l>*pace   n'existait  pas  pour  elles  (p.  69  B  : 

Ts/t^it  ,  riUdés  e-jit  pour  lui  la  traasfarmation  de  Tàmeen  une  essence 
invisible  ,i"n;  =  -?'>;  t-j  i5:o£;  uîTiTrast;  tt,;  fa/îi;,  cf.  sapra,  p.  275, 
note  r.  Toute  di>cu*<i'vu  *ur  le  heu  ou  elle  se  rend  devient  donc  oiseuse 
et  la  lonjfue  rv^futation  que  u*>us  avons  analysée  est  en  réalité,  dans  le 
didl'V^*^  ^*  GréiToire.  un  hors-d  »*uvre. 

1.  Servius,  Aen.,  Yl.  lîT  :  -  .\lii  dixeut  inferorum  refna  ne  posseqni- 
dem  esse  ;  nam  locum  ipsorura  quem  possumus  dicere  cum  sub  terris  esse 
dicantur  anti^x^des  ?  iu  média  vero  terra  eos  esse  nec  soUdiias  paiitnr  oec 

xivTçov  terrae.  •  Cf.  p.  2î?l.  note  2. 

2.  Cf.  Pauly-Wissowa.  Healenc,  s.  v.  •  Antipodes». 

3.  Dio^-.  Laerce.  VIU,  2J-ÎÔ  :  Tf.v -7>  jçaicosioi-  xal  nsctoutoujiivir',  «'' 
va:  0£  XX'.  ivT-.noox;  xal  ta  faîv  xx^*^  kxiiéO'.i  a>to. 

I.  Geminus,  /»ag..  16  :  Cleoraède,  De  mo/aeirc.,1  :  Qcéron, SoaiR.  Sdp't 
etc. 


CIVITAS    MIZIGITANORUM    ET    LE    PAGUS    ASS AUTAN  C8       285 

veilles.  La  théorie  qui  faisait  de  rhémisphère  inférieur 
l'immease  réservoir  des  âmes  ne  devait  guèi*e  résister  aux 
attaques  que  dirigea  contre  elle  la  critique  alexandrine  et 
elle  n'eut  plus  à  l'époque  romaine  qu'une  diffusion  res- 
treinte. 

Elle  n'y  resta  cependant  pas  sans  influence,  nous  Tavons 
vu,   et  même  tous  les  écrivains  ecclésiastiques  ne  se  mon- 
trèrent pas  aussi  résolument  que  saint  Grégoire  hostiles  à 
cette  croyance.  Origène,  dont  l'eschatologie  fît  d'étranges 
concessions  aux  opinions  professées  par  ses  maîtres.païens, 
admit  que  les  âmes  vertueuses,  avant  de  s'élever  dans  les  airs 
et  de  là  vers  les  astres,  allaient  d'abord  habiter  un  lieu  de 
délices  situé  dans  un  endroit  écarté  de  la  terre,  paradis  où 
naissaient  en  abondance  les  mets  dont  elles  se  rassasiaient, 
Eden  où  elles  étaient  instruites  des  choses  de  la  terre  avant 
de  l'être  de  celles  du  ciel  *.  Il  y  a  là,  ce  semble,  un  souve- 
nir des  Champs    Elysées  placés  dans  une  région  inacces- 
sible de  l'autre  hémisphère  par   les  théologiens  païens  qui 
s'inspiraient  des  cultes  syriens  et  de  l'astrologie. 


LA    CrvrTAS     MIZIGITANORUM    ET   LE   PAGUS    ASSALITANUS, 
PAR  M.    LOUIS   P01N880T,    INSPECTEUR    DES     ANTIQUITÉS 

ET    ARTS    DE    LA    TUNISIE. 

On  vient  de  découvrir,  à  quelques  kilomètres  à  l'Est  de 
Dougga  et  de  Teboursouk,  deux  inscriptions  également 
intéressantes  pour  la  topographie  ancienne  de  la  Tunisie 
centrale^. 

1.  Origine,  De principiis,  II,  11,6  :  a  Puto  enim  quod  sancti  quique  dis- 
ccdcDtes  de  hac  vila  permanebunl  in  loco  aliquo  lu  lerra  posito,  quem 
Paradisum  dicit  Scriplura  sacra,  vclut  in  quodam  eruditionis  loco.  •>  Cf. 
Huet,  OrigenUfiMy  dansMiçne,  P.  G.,  XVII,  pp.  1012,  1030,  1057. 

3.  L*étudesur  place  de  ces  documents  nous  a  été  facilitée  par  M.R.Bré- 
jean,  contrôleur  civil  de  Teboursouk,  à  Tobligeance  duquel  nous  tenons  à 
rendre  ici  hommage. 


286      LA    CIVITAS   MIZIGITANORUM    ET    LE   PAOUS   ASSAX^rTANUS 

I.  — Le  premier  texte  a  été  trouvé  le  long  de  la  voie 
romaine  de  Carthage  à  Theveste,  à  l'extrémité  orientale  de 
la  ruine  connue  sous  le  nom  d'Henchir^Aïn-Babouch  ^^dans 
le  voisinage  immédiat  du  beau  pont  romain  ^  sur  lequel 
passe  la  voie.  Recueillie  par  M.  Dellerm  qui  a  bien  voulu 
nous  la  signaler,  la  pierre  ^  est  actuellement  encastrée  dans 
les  murs  d'une  petite  ferme  située  un  peu  à  TOuest  d'Ain- 
Babouch.  Elle  porte  en  lettres  soignées  de  0  "  07-0  ■"  05  * 
les  mots  suivants  : 

Cl  VIT  AS 
M  I  Z  I  G  I 
T  A  N«  R  V  M 
CYMAIACEN 
TES  SVOS- 
PASNCC 

Nous  n'insisterons  pas  sur  les  trois  dernières  lignes  où 
sans  doute  cum  ajacentes  suos  pas.  NCC  est  pour  cum 
adjacentibus  suis  passus  MCC  Le  principal  intérêt  du  texte 
est  dans  la  mention  de  la  civiias  Mizigitanorum  dont  désor- 
mais on  peut  identifier  le  chef-lieu  Mizigi  -^  avec  la  bour- 
gade **  qui,  au  débouché  d'une  sorte  de  défilé,  entoure  la 
source    Aïn-Babouch   et  domine    le   plateau    légèrement 

1.  Ruine  désignée  dans  VAUsls  archéol.  de  la  Tunisie^  feuille  de  Tebour> 
souk,  par  le  n*>  220. 

2.  Ibid,,  n-221. 

3.  Haute  actuellement  de  0  ■  52.  Elle  avait  une  vingtaine  de  centime- 
1res  de  plus  lors  de  sa  découverte,  mais  la  partie  anépigraphique  a  ét^ 
depuis  réduite.  Larg.  0  "  28.  La  pierre  parait  en  haut  complète,  bien  qu*on 
ne  puisse  être  à  cet  égard  tout  à  fait  affirmatif . 

4.  A  l'exception  du  petit  O  de  la  ligne  3.La  lettre,  primitivement  omise, 
a  été  glissée  par  le  graveur  entre  les  jambages  de  TN. 

5.  Mizigi  ou  Misigis  plutôt  que  Mizigita, 

6.  La  ruine  dite  Ileuchir-Aïn-Babouch,  que  nous  avons  soigneusement 
explorée  il  y  a  quelques  années,  ei^t  fort  étendue,  mais  donne  Timpression 
d'un  centre  purement  rural.  Le  groupement  des  habitations  y  est  assex 
dense  et  l'on  y  rencontre  de  nombreux  pressoirs  et  de  belles  citernes  ;  par 
contre,  nous  n*y  avions  trouvé  ni  vestiges  de  monuments  ni  inscriptions. 


LA   aVITAS   MtZlGlTAN'ORUM    ET    LE   PAGUS  ASSALITANUS      287 

incliné  de  rHenchir-Khalled.  Mizigi  est  à  9  kilomètres  de 
Thibursicu  BurCy  à  H  de  Thugga  et,  à  l'Ouest,  la  fossa 
regia  '  passe  à  deux  kilomètres  seulement  de  la  ville  ;  au 
Nord*Est  de  la  bourgade  dont,  on  le  voit,  le  territoire  ne 
pouvait  être  que  fort  réduit,  s'étendaient  les  praedia  Rufi 
Volusiani  ^ . 

Il  est  possible  que  ce  soit  au  Mizigi  dont  l'inscription 
d'Aïn-Babouch  vient  de  nous  révéler  l'emplacement  qu'il 
Eaille  attribu^^r  le  Placidus  episcopus  plebis  Mizigitanae  qui 
ti^urait  en  525  au  concile  de  Carthage  ^  et  le  Cresconius 
presbifter  Mizigitanae  civitalis  ^  qui,  pendant  la  persécu- 
tion vandale,  fut  trouvé  mort  de  faim  et  de  misère  dans 
une  grotte  du  Zaghouan.  On  ne  peut  être  cependant  afïïr- 
matif  à  cet  égard,  car  il  y  a  pu  y  avoir  en  Afrique  plusieurs 
Mizigi,  Ainsi  il  serait  tentant  de  reconnaître  une  civitas 
Mizigitanorum  dans  la  ruine  de  la  région  de  Menzel-bou- 
Zalfa  dénommée  par  les  Arabes  Henchir-Mezeguid  et  près 
de  laquelle  coule  TOued-Mezeguid  ^.  Par  contre,  nous  ne 
croyons  pas  qu'il  y  ait  rien  à  retenir  de  l'identification  du 
village  de  Douéla,  voisin  de  Korbous,  avec  un  Mizigi,  qui 
a  été  proposé  par  V.  Guérin  ^  sur  la  foi  d'une  inscription 
où  on  lit  . . .  MVNICI  . . .  GITANI- 


1 .  Sur  c«lte  paKie  de  la  fossa.  regiBy  cf.  L.  Poinssot,  Comptes  rendus  de 
VAe^d.  de$  infcr.,1907,  p.  476-477. 

3.  Allas  archéol.de  la  Tunisie,  feuille  de  Tebuursouk,  n"  68.  Sur  1'  «au- 
tonomie «des grands  domaines,  cf.  Lcclercq,  dans  Cabrol  et  Leclercq,/>{C^ 
ifarchéol.  chrét.,  !V,  coL  1Î90-1294. 

3.  Hardouin,  Coll.  concil.^  11,  p.  1082. 

4.  Victor  de  Vite,  III,  52.  La  plupart  des  manuscrits  portent  Mizeilanae 
qu'on  a  parfois  proposé  de  corriger  en  Mizigitanae  Jcf.  Tissot,  Géogr. 
eompjtrée de  U province  d'Afrique^  i\yp.  lit). 

5.  Allas  archéol.  de  la  Tunisie,  feuille  Mcnzel-bou-Zalfa,  n»  107. 

6.  Voy.  archéol  ,  II,  p.  207.  Celte  idciitiflcation  a  été  admise  par  le 
P.  yie^na^  [L  Afrique  chrit.,  p.59;  et,  avec  rt^erves,  parle  Corpus  inscr. 
Utin.  VIII,  991  et  p.  1283,.  Cf.  sur  Doubla,  Atlas  archéol,  île  la  Tunisie, 
feuille  de  Teboursouk.  Elle  est  située  à  700  mètres  environ  uu  Nord  de  la 
voie  de  Carthage  à  Theveste,  On  y  remarque  plusieui*s  citernes  et  des  pres- 
»otrf.  U  semble  qu'on  soit  plutôt  en  présence  d'un  hameau  que  d'un 
«ilUge. 


288      LA   CIVITAS   MIZIGITANORUM    ET   LE    PA6US  A8SALITANUS 

II. —  A  environ  trois  kilomètres  et  demi  à  TOuest  d'Ain* 
Babouch  [Mizigi),  existe  ime  petite  ruine  assez  effacée  L  A 
Textrémité  sud-est  de  cette  ruine  *,  on  a  découvert  récem- 
ment une  épaisse  dalle  encore  en  place  sur  son  lit  de  mor- 
tier. L'inscription  suivante  qu'avaient  bien  voulu  nous 
signaler  M.  R.  Bréjean  et  M.  Saint-Jean  y  est  gravée  : 

IOVI>AVG 

SACRVM 

PAGVS^AS 

SALLITAN 

VS>V>S> 

C'est  la  première  fois  qu'est  mentionné  le  pagus  Assali^ 
tanus.  Ce  pagus  dépendait-il  de  la  civitas  Mizigitanorutn  ? 
On  serait  assez  porté  à  l'admettre  ;  car,  dans  l'hypothèse 
contraire,  le  territoire  de  la  cité  comprendrait  bien  peu  de 
terres  cultivables,  Aïn-Babouch  étant  entouré  au  Nord,  à 
l'Est  et  au  Sud  par  des  escarpements  en  bonne  partie  inuti- 
lisables. En  tous  cas,  il  y  a  lieu  désormais  d'admettre  que 
dans  la  région  située  immédiatement  à  TEst  de  Thubur- 
sicu  Bure  et  de  Thugga^les  territoires  de  ces  cités  ne  dépas- 
saient pas  rOued-Khalled  ;  c'est  seulement  beaucoup  plus 
au  Sud  que  le  pagus  Thuggensis  s'étendait  sur  la  rive 
gauche  de  la  rivière  et  y  avait  les  «  communaux  »  dont  les 
bornes  ^  ont  été  retrouvées  en  1907. 


1.  A  une  vinglainc  de  mètres  d'une  ferme  française  appartenant  à 
M.  Schultz  et  dans  le  verger  de  celui-ci. 

2.  Complète.  Haut.  1  "  03;  larg.  0  "  54;épai8s.  0  "  24.  La  face  opposée 
à  Tinscription  n*cst  que  dégrossie  ;  les  petites  faces  latérales  sont  au  con> 
traire  polies.  La  partie  supérieure  de  la  dalle,  non  polie,  ne  présente  pas  de 
trou  d'insertion.  Lettres  de  0'"10-0°'09,  soigneusement  gravées,  mais 
un  peu  maniérées.  Le  texte  est  encadré  d'un  cartouche. 

3.  Allas  archéol.  de  U  TuRÎsie,  feuille  deTeboursouk.  n"  215. 


^  I 


ACADÉMIE 


DB8 


NSCRIPTIONS  &    BELLES-LETTRES 


COMPTES  K END US 

SÉANCES     DE    L'ANNÉE 

1920 


BULLETIN  DE  SEPTEMBRE-OCTOBRE 


PARIS 
AUGUSTE    PICABD,    ÉDITEUR 

IMS  t>M  AMCaiVBf    NATIONALBS  BT  1>B  LA  kOCIKTé  DB  l'bCOLB  I>BS  CHAIITBft 

82,      HUK     BONAFAHTB,     82 

M  D  CCCC  XX 


BecoeU  paraissant  tous  los  deux  mois,  par  fascicules  de  7  à  8  feuillet 
aTec  planches  et  figures.  Prix  de  J^abonnemeut  annuel  :  —  20  fr. 


TABLE  DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  CE  CAHIER 


SéAifCBS   d'Août , . . . .     3tf ,  M* 

Communication  : 

Martyrs  de  Djemila,  par  M.  Paul  Monceaux,  membre  de  TAca- 
demie 79t 

LiTRis  OPPBRTS 389,  197,  39$ 

Sbancbs  db  Sbptbmbrb *.     399,  310,  333,  333 

Communications  : 

Un  dessin  relevé  dans  la  caverne  des  Trois-Prères,  à  Montes- 

quteu-A vantés  (Ariè^e),  par  M.  le  comte  Begouen 303 

Deux   miniatures  à  caractère  historique  de  la  Bibliothèque  do 

Vienne,  par  M.  le  comte  Durrieu,  membre  de  l'Académie 311 

Table  de  mesures  de  Djemila,  par  M .  Albertini 3iS 

Rapport  sur  les  fouilles  exécutées  à  Bulla  Re^a  en  1919-1920,  par 

M.  le  D'  L.  Carton,  correspondant  do  1* Académie 333 

Note  complémentaire  de  M.  Caji^nat 33S 

Deux  victimes  des  Maures  à  Madauros,  par  M.  Paul  Monceaux, 

membre  de  l'Académie 339 

LivixBS  OFFERTS 320,  333,  33S 

Sbancbs  d'Octobrb « 337,  333,  356,  367,  374 

Communications  : 

La  cité  punique  et  le  munioipe  de  Volubilis,  par  M.  Édoucu*d  Guq, 

membre  de  l'Académie 339 

Datus,  conductor  praediorum  regionis  Thuçgensis,  par  M.  Louis 

Poinssot,  inspecteur  des  Antiquités  de  la  Tunisie 357 

Les  travaux  du  service  des  Antiquités  de  l'Egypte  en  1919-1920, 

par  M .  Pierre  Lacau 35» 

Essai  de  chronologie  du  néolithique  en  Belgique,  par  M.  Charles 

Fraipont,  professeur  à  l'Université  de  Liège - 363 

Appbndicb  : 

Rapport  sur  les  travaux  de  l'École  française  d'Extrême-Orient  du 
mois  d'avril  1918  au  mois  de  juillet  1920,  par  M.  Henri  Cordier, 
membre  de  l'Académie  ;  lu  dans  la  séance  du  8  octobre  1920. . . .         350 

Livres  offerts 356,  366,  373,  375 

SàANCBS  DB  Novembre 377,  37t 

Communication  : 

Un  manuscrit  de  Tertullien  retrouvé,  par  Dom  Wilmart,  béné- 
dictin de  Farnborough  (Angleterre) 380 

Livrbs  offbhts *         378 


AVIS   IMPORTANT 


Pour  assurer  une  prompte  publication  den  Cf^mptBi  renifas,   les 

auteurs  de  comnuinications,qu'ils  appartiennent  A  l'Académie  ou  qu^ils 
»-•.,.         .  i-  »__ 1» ii^  j ^.^^t^ 1^..*  .«.»«. .«^.^« 


noarra  toutefois,  en  certain»  cas,  les  autoriser  à  retarder  cette  remise 
jusqu'au  mardi  suivant,  dernier  délai  pour  Tenvoi  de  la  copie  à  rimpri- 
merie. 
Les  communications  des  auteurs  étrangers  A  TAcadémie  ne  devront 

pas  dépasser  huit  pages. 

Les  ep»-euve8,  tant  en  placards  qu'en  pages,  doivent  être  retournées 
ail  rédacteur  des  Compte*  rendus  dans  le  délai  de  trois  jours,  le  jopr 
do  la  réception  non  compris.  x  •  jî 

Dans  le  cas  où  les  auteurs  ne  se  conformeraient  pas  à  cet  indica* 
tiens,  leur  communication  serait  ajournée  à  lun  des  cahiert  suivants. 


U^^.i^i^ 


•  •. 


r-/7-3r  289 


LIVRES  OFFERTS 


Le  Sbcr6tKire  perpétuel  offre  à  T Académie,  de  la  part  de  M.  le 
chanoine  Ulysse  Chevalier,  le  tome  VII  et  dernier  de  la  Gallia 
ehrUiiana  noviêsitna  concernant  le  diocèse  d'Avignon  (Valence,  i920, 
in-4«). 

Il  fait  hommage  ensuite,  au  nom  des  auteurs,  des  ouvrages 
suivants  : 

G.  Pasquali,  Orazio  lirico  (Firenze,  1929,  8®)  ; 

L.  F.  Benedetto,  Le  Origini  di  <«  SaUmmbo  ».  Studio  sul  realistno 
Mtorico  di  G.  Flaubert  (Firenze,  1920,  8»). 

M.  HoMOLLE  présente  à  FAcadémie  le  tome  XXIII  des  Monuments 
et  Mémoire*  {Fondation  Piot),  et  une  notice  dont  il  est  Tauteur,  et 
qa*îl  a  consacrée  à  Maxime  Collignon  (Paris,  1920,  in-4<>). 

M.  CoRoiER  offre  à  l'Académie  le  tome  II  de  ses  Mélanges  d'his- 
toire et  de  géographie  orientales  (Paris,  1920,  8«). 


SÉANCE    DU    20    AOUT 


PRESIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIEHL. 


M.  J.-B.  Chabot  entretient  la  Compagnie  des  cérémonies  qui 
ont  eu  lieu  à  Anvers,  à  roccasion  du  quatrième  centenaire  de 
la  naissance  de  Christophe  Plantin,et  où  il  avait  été  chargé  de 
représeoler  TAcadémie.  Il  dépose  sur  le  bureau  le  programme 
du  concert  exécuté  au  cours  de  ces  fêtes. 

M.  Hippolyte  Boussac  fait  une  communication  sur  Tanimal 
•acre  de  Set  Typhon  et  ses  divers  modes  d^interprétation.  Il 
aal  d*avis  que  cet  animal  sur  lequel  on  a  émis  beaucoup  d'opi- 
nions n'est  autre  qu'un  canis  lapaster  maquillé. 

1910.  19 


290  UaBTTSS    de   tUESULà 

M.   Mo^cEAVt    commDDiqae  oae  inBcnpIion   chrétienne  de 
Djemila,  où  sont  relatés  les  dodu  d'un  cvrtaia  nombre  de  mar- 


COMMUNICATION 


1UX1TU  DE   WEMltA, 
PAR    H.     PACL    HOnCKàL'X,    MEMBRE    DE    l'aUDÊMIE. 

A  Djemila  (aocien  Caieal),eommei  Mdaouroach, comme 
naguère  âi  Kbamissa  ou  Addouiu,  le  Service  des  Monoments 
historiques  d'Algérie,  dirigé  par  M.  Ballu,  poursuit  des 
fouilles  importaates  et  heureuses.  Partout  reparaissent  au 
soleil,  quartier  par  quartier,  les  villes  antiques,  Thibilis, 
Thubursicum  Nuroidanim,  Madauros,  Cuicul  :  presque  de 
nouveaux  Tînigad.  Partout  aussi,  dès  qu'on  s'éloigne  du 
centre  de  lu  cité  vers  les  faubourgs,  ou  rencontre  des  édifîces 
chrétiens  et  autres  souvenirs  des  vieilles  Eglises  afri- 
caines. 

La  ville  romaine  de  Cuicul,  perdue  dans  la  montagne  eo 
un  site  tourmenté,  à  l'Ouest  de  Constantine,  entre  Milev  et 
Sititi,  occupait  un  plateau  triangulaire  que  bordent  deux 
ravins  profonds,  où  coulent  du  Sud-Est  au  Nord-Ouest  les 
deux  torrents  de  l'Oued  Djemila  et  de  l'Oued  Betane.  Sur 
ce  platoau,  depuis  les  récentes  fouilles,  émergent  des  ruines 
de  tout  ^nre,  pittoresques  et  souveot  asses  hautes  :  nu 
forum  entouré  de  constructions,  un  Capitole  avec  un  second 
forum,  plusieurs  autres  temples,  une  curie,  une  basilique 
civile,  des  marchés,  des  thermes,  im  beau  théâtre  avec  un 
mur  de  i:cènt<  bien  conservé,  ties  portes  monumentales, des 
rues  dallées,  des  fontaines  et  un  aqueduc,  des  mausolées, 
is.  dont  plusieurs  riches  habitations  &  mosaïques. 
QDumeats  chrétiens,  deux  églises. 


MARTYHS   DE   DJEMILA  291 

Dès  le  milieu  du  m®  siècle,  la  ville  de  Cuicul  renfermait 
une  importante   communauté  chrétienne.  Elle  avait  alors 
pourévêqueun  certain  Pudentianus,  qui  prit  part  au  grand 
concile  tenu  à  Carthage,  le  l*''  septembre  256,  sous  la  pré- 
sidence de   saint  Cyprien.  Ce   jour-là,  comme   tous   ses 
collègues,  Pudentianus  dut  se  prononcer  sur  la  question  du 
baptême    des    hérétiques  :    il  le  fit    avec    une  singulière 
modestie,  où  entrait  peut-être  une  part  de  prudence,  all^ 
goant   sa  récente  ordination,  et  déclarant  s'en  rapporter  à 
Topinionde  ses  aînés  dans  Tépiscopat  MJn  siècle  plus  tard, 
au  concile  qui  se  réunit  à  Carthage  en  348,  parut  un  autre 
évéque  de  Cuicul,  nommé  Elpidophorus  2.  Au  début  du  v® 
siècle,  la  ville  de  Cuicul,  comme  la  plupart  des  cités  afri- 
caines, était   partagée   entre   deux  communautés  rivales  : 
schismatiques  contre  Catholiques.  En  411,  à  la  Conférence 
de  Carthage,   Tévêque  catholique  de  Cuicul,  qui  s'appelait 
Cresconius,  répondit  à  Tappel  de  son  nom  :  «  Présent.  — 
J'avais  contre  moi  un  évêque  donatiste.  Il  vient  de  mourir^.» 
En  484,  au  temps  de  Toccupation  vandale,  est  mentionné 
encore  un  évêque  de  Cuicul,  nommé  Victor  *.   Enfin,  sous 
la  domination  byzantine,  en  553,  au  concile  de  Constanti- 
nople,  siégeait  un  Crescens,  évêque  de  FEglise  de  Cuicul  ''. 
On    voit   que   la  communauté   chrétienne  de  cette  ville  a 
duré  trois  siècles  au  moins,  et  probablement  davantage  : 
constituée  sans  doute  vers  le  début  du  m*  siècle,  dédoublée 
par  le  schisme  au  iv®  siècle   et  au  début  du  v®,  elle  s'est 
maintenue    sous  les  Vandales  et   les  Byzantins,  elle  n'a 
disparu  que  sous  le  flot  de  l'invasion  arabe.  Mais  c'est  tout 
ce  que  les   textes    historiques  nous    apprenaient    sur  son 
histoire. 


I.  SeniMniÎMt  episeoporam  dt  hMreticU  bMptMndity  71. 
t.  Coneil,  C^rthëg.  ann.  548,  cm.  11. 

3.  ColUt.  CMrih»g,y  I,  121. 

4.  SoiUU  epUeoporam  tknn,  484;  Numid.^  n.  10. 

5.  Mansi,  ConciL,  l.  IX,  p.  175;  p.  103;  p.  391. 


292  MARTYRS    DE    DJEHILA 

A  ces  données,  les  découvertes  archéologiques  per- 
mettent d'ajouter  quelques  faits.  Vers  le  milieu  du 
XIX*  siècle,  Delamare  et  Ravoisié  ont  trouvé  et  dégagé  par- 
tiellement, à  Textrémité  sud-est  de  la  ville  antique,  une 
basilique^  chrétienne  qui  datait  du  temps  d'Augustin  ^  Le 
monument  a  été  de  nouveau  fouillé  et  presque  complètement 
déblayé  en  ces  dernières  années  ;  on  y  a  trouvé  notamment 
une  crypte  ^.  L'église,  à  trois  nefs,  était  flanquée  de  divers 
bâtiments.  Une  belle  mosaïque  en  couvrait  le  sol.  Des  motifs 
ornementaux  entouraient  des  médaillons,  où  étaient  repré- 
sentés divers  animaux,  dont  une  colombe  tenant  dans  son 
bec  un  rameau  d'olivier.  Plusieurs  médaillons  renfermaient 
des  inscriptions.  Cinq  de  ces  inscriptions  avaient  été  copiées 
et  reproduites  en  facsimilé  par  Delamare  ^  ;  deux  autres 
ont  été  trouvées  dans  les  dernières  fouilles,  et  publiées  par 
nous  *.  D'où  un  ensemble  de  sept  inscriptions  votives, 
donnant  les  noms  et  les  titres  de  sept  donateurs,  qui,  par 
suite  de  vœux,  s'étaient  cotisés  pour  payer  les  frais  du 
pavement  de  mosaïque. 

Une  autre  découverte  récente  se  rapporte  probablement 
à  la  même  basilique.  Au  bord  du  ravin  qui  se  creuse  non 
loin  des  soubassements  de  l'église,  on  a  dégagé  six  chapi- 
teaux ou  corbeaux  doubles  formant  sommier.  Trois  portent 
des  inscriptions,  que  nous  avons  précédemment  signalées  à 
TAcadémie  ^.  L'une  de  ces  inscriptions  est  la  reproduction 

1.  Cf.  Gsell,  Les  Monuments  antiques  de  VAlgérief  t.  II,  p.  194  et  suiv.  ; 
Allas  arch,  de  V Algérie^  feuille  16,  n.  333. 

3.  Ballu,  Bull.  àrch.  du  Comité  des  trav.  histor.^  1914,  p.  304  et  suiv.: 
1917,  p.  cxLv  et  pi.  XXXIII. 

3.  C./.L.,VIII,  8344-8348. 

4.  Bull,  des  Antiquaires  de  France^  1913,  p.  379.  —  Cf.  Bull.  arch.  du 
Comité,  1914,  p.  306-307. 

5.  C.  R.de  l'Acad.  des  inscript.,  1913,  p.  319  et  404.  —  Cf.  BuU.  areh. 
du  Comité,  1914,  p.  307-308.  D'après  les  indications  de  M.  Ballu,  ces  cha- 
piteaux proviendraient  d'une  autre  église^située  «  dans  la  partie  orientale 
des  ruines  i»  fibid.,  p.  307).  Dans  cetle  hypothèse,  il  y  aurait  eu  trois  églises 
à  Cuicul  :  Tune  au  Sud-Est,  une  autre  à  TEst,  la  troisième  (dont  nous 
parlerons  plu»  loin)  au  Nord-Ouest. 


MARTYRS    DE    DJEMTL^  293 

littérale  d'un  verset  biblique.  Les  deux  autres  nous  font 
connaître  les  noms  et  les  anniversaires  de  deux  saints 
locaux  :  Claudius  et  Pascentius.  D'ailleurs^  le  chapiteau  où  v 
6gure  Claudius  avait  été  déjà  vu  antérieurement  ;  mais  on 
en  avait  mal  déchiffré  Tinscription,  où  Ton  avait  cru  recon- 
naître le  nom  de  Cirula,  le  patriarche  arien  des  Vandales  ^ 
En  tout  cas,  les  chapiteaux  trouvés  ou  retrouvés  naguère 
devaient  appartenir  à  Téglise  voisine,  dont  ils  constituaient 
un  élément  décoratif  :  ils  nous  renseignent  sur  le  culte 
qu'on  y  rendait  à  deux  martyrs  locaux. 

A  Djemila  encore,  mais  nous  ne  savons  sur  quel  point 
des  ruines,  Delamare  a  découvert  de  curieux  bas-reliefs 
chrétiens  aujourd'hui  disparus,  connus  seulement  par  ses 
dessins  -,  Ce  sont  des  fragments  sculptés  qui  appartenaient 
au  bord  plat  d'une  grande  vasque  de  marbre,  destinée  sans 
doute  aux  ablutions  des  fidèles.  On  y  reconnaît  des  sujets 
empruntés  aux  Livres  saints  ou  à  la  vieille  tradition  chré- 
tienne. D'abord,  des  scènes  du  Déluge  :  le  corbeau  dévo- 
rant un  cadavre,  Noé  dans  l'arche  accueillant  la  colombe 
qui  apporte  le  rameau  d'olivier.  Puis,  Daniel  entre  les 
lions.  Enfin,  un  berger  gardant  son  troupeau  de  moutons  : 
sans  doute,  le  Bon  Pasteur.  La  vasque  où  étaient  sculptées 
ces  scènes  était  évidemment  placée  dans  une  église,  mais 
on  ne  peut  dire  dans  laquelle. 

En  effet,  il  y  avait  au  moins  deux  églises  à  Cuicul.Nous 
avions  déjà  le  témoignage  indirect  des  procès-verbaux  de 
4 11,  sur  les  deux  communautés  rivales  :  celle  des  schisma- 
tiques,  et  celle  des  Catholiques  ^.  Nous  avons  aujourd'hui 
une  preuve  matérielle.  Outre  la  basilique  dont  nous  avons 
parlé,  et  qui  était  située  à  l'extrémité  sud-est  de  la  ville, 

I.  CJ.L.,  VIII,  1M04. 

}.  DeUmare,  Revue  tLrchéologiqae^  VI,  p.  195  et  pi.  CXV  ;  Exploration 
êcientifique  de  VAlgériey  pi,  CV.  —Cf.  Michon,  Bnll.  des  AnUqnaire$  de 
France,  1908,  p.  269  et  suiv. 

3.  CoUat,  Carlhag.,  I,  121. 


294  MAR1TR&  DE   DJEMILA 

nous  pouvons  constater  Texistence  d'une  seconde  église  à 
l'autre  bout  de  la  cité,  dans  le  faubourg  opposé. 

En  cette  région,  au  Nord-Ouest  du  champ  des  ruiaes^six 
cents  mètres  environ  à  TOuest  du  Capitole,  on  a  découvert 
tout  récemment  (fin  de  1919)  une  grande  pierre  de  calcaire 
noir,  longue  de  1  "30,  large  de  0  "  71,  épaisse  de  0  ■■  21, 
qui  porte  une  inscription  mentionnant  des  reliques.  Cette 
grosse  dalle,  difficile  à  transporter,  provient  évidemment 
d'une  église,  et  d'une  église  voisine.  Or,  à  l'endroit  même 
où  Ton  a  trouvé  la  pierre,  les  débris  d'un  édifice  gisent 
encore  sur  le  sol  :  des  colonnes,  des  i)aseSy  des  chapiteaux. 
Tout  autour,  on  a  recueilli  des  stèles  funéraires  païennes 
couvertes  d'épitaphes,  qui  avaient  été  employées  dans  la 
construction  du  monument  chrétien. 

Nul  doute  que  ce  monument  soit  Téglise  où  l'on  conser- 
vait les  reliques  mentionnées  par  Tinscription.  A  première 
vue,  Ton  est  tenté  de  croire  que  notre  pierre  de  calcaire  noir 
était  la  table  de  Tautel.  Mais,  comme  dans  l'Afrique  chré- 
tienne de  ces  temps-là  les  autels  étaient  généralement  en 
bois,  cette  large  pierre  a  pu  être  encastrée  dans  le  mur  bas 
derrière  Tautel,  entre  les  deux  petits  escaliers  conduisant 
au  terre*plein  de  l'abside.  Quoi  qu'il  en  soit,  elle  a  dû  servir 
plus  tard  de  seuil  ;  car  elle  est  complètement  usée  sur  la 
face  supérieure,  où  elle  présente  deux  trous  de  scelle- 
ment. 

Sur  la  longue  tranche  de  la  pierre  (1  *"  30),  se  déroule 
une  inscription  ae  trois  lignes,  assez  mal  gravée,  surtout  à 
la  dernière  ligne.  Les  caractères,  plus  ou  moins  serrés, 
sont  inégaux  :  la  hauteur  varie  de  0  ™  03  à  0  "  05. 

Lecture  de  MM.  Gagnât  et  Monceaux  sur  deux  estam- 
pages, qui  nous  ont  été  obligeamment  communiqués  par 
M.  Ballu  et  M.  Carcopino,  avec  des  renseignements  sur  les 
circonstances  de  la  découverte. 


MARTYRS  DE  DJEMILA  29S 

NOMINAMA/yTVRVMDONATffiMnJANIAVRELI 
/      /     /    /DOSIARESISSOLAE  VICTORIAEXIIK  , 
A VGP AS  ETARCniNM  /// 

Nomina  ma[r\turum  Donaii,  Emiliani,  Aureliy 
.  .  .[Theo]dosi^   Are{n)siSy  Solae^   Victoriae.XII K[alenda$) 

aug{ustas), 
Paa{$i)  et  arc{es$Ui)  III  n[ona$)  m[artias  ou  aias]. 

D*après  les  formules  et  l'aspect  général  du  monument, 
rinscription  date  du  iv*  siècle.  Nomina  marturum  était 
alors  en  Afrique  le  terme  courant  pour  désigner  les  reliques. 
A  la  fin  de  Tinscription,  la  restitution  proposée  nous  parait 
certaine  pour /)a«(sî),  et  très  vraisemblable  pour  arc{e$siti). 
Le  premier  mot  s'appliquait  spécialement  aux  anniversaires 
de  martyrs  ;  le  second,  à  la  mort  de  fidèles  dont  on  escomp.- 
tail  les  joies  futures  au  séjour  des  élus.  On  doit  comprendre  : 
arcessituê  (a  Deo).  Des  épitaphes  de  Rome  contiennent  la 
formule  accersitus  ab  angelis.  Sur  la  pierre  tombale  du  clerc 
Rogatianus,  récemment  trouvée  à  Ksiba  entre  Souk  Ahras 
et  Le  Kef,  on  lit  :  in  pace  accersitus  IV  Kal{endas)  iun- 
[ias)  ^  Bien  que  nous  n'en  connaissions  pas  d'autre  exemple 
en  Afrique,  lassociation  des  formules  arcessiti  et  passi  n'a 
rien  que  de  naturel. 

On  remarquera  que  la  nouvelle  inscription  de  Djemila 
donne  une  double  date,  un  double  anniversaire.  La  pre- 
mière date,  12  des  calendes  d'août,  se  rapporte  à  la  déposi- 
tion des  reliques,  faite  peut-être  en  même  temps  que  la 
dédicace  de  Téglise.  La  seconde  date,  3  des  nones  de  mars 
ou  de  mai,  correspond  à  l'anniversaire  des  martyrs,  au  jour 
de  leur  fête  '. 

1.  Cil.  (/«  CAcMà.  de$  intcript.,  1919,  p.  249. 

S.  Notons  pouKant  que  la  lecture  de  la  fln  de  rinscription  n'est  pas  abso- 
lomeni  certaine.  Tout  récemment,  M.  Gsell  a]bien  voulu  nous  commu- 
lûquer  une  copie  qu'il  a  prise  cet  été  sur loriginal.  Il  a  lu  à  la  fln  :  PAS* 
hl^RCIb     NI.  Il  te  demande  s'il  n'y  avait  pas  quelque  chose  comme 


296  MARTYRS    DE   DJEBnLA 

Ces  martyrs,  dont  on  conservait  les  reliques  à  Cuicul, 
nous  étaient  inconnus  jusqu'ici.  Sans  doute,  plusieurs  de  ces 
noms,  très  répandus  en  Afrique,  se  lisent  ailleurs  dans  des 
inscriptions  martyrologiques  ou  des  documents  littéraires  : 
Donatus^  dans  des  inscriptions  d'Aïn-Melloul,  d'Aubuzza, 
d'Henchir  El-Hamacha,  d'El-Hassi,  d'Uppenna,de  Vazaivr, 
ou  dans  la  correspondance  de  Gyprien,  chez  Optât,  dans  les 
Acta  Mammarii  et  la  Passio  Donati^  dans  le  Martyrologe 
Hiéronymien  ;  EmilianuSy  dans  le  même  Martyrologe  et 
dans  la  Passio  Jacobi  ;  Aurelius^  dans  les  lettres  de  Cyprien  ; 
Victoria,  dans  des  inscriptions  de  Carthage,  de  Kherbet 
Oumel-Ahdam,  de  Mesloug,  de  Tabarka,  ou  encore  chez 
Cyprien,  chez  Augustin,  dans  les  Acta  Saturniniy  dans  le 
Calendrier  de  Carthage  et  le  Martyrologe  Hiéronymien. 
Mais  il  est  peu  vraisemblable  que  Ton  ait  réuni  sur  une 
même  liste,  pour  un  culte  commun,  plusieurs  saints  étran- 
gers au  pays,  de  notoriété  médiocre,  d'origine  et  de  temps 
si  divers.  D'ailleurs,  trois  de  ces  martyrs  honorés  à  Cuicul 
ne  se  retrouvent  nulle  part  dans  le  reste  de  l'Afrique  :  (  Théo- 
dosius  (restitution  incertaine)  ;  Sola  (nom  d'homme)  ; 
Arensis  (nom  tiré  d'un  ethnique  :  on  connaît  deux  villes 
appelées  Arae,  l'une  en  Numidie,  l'autre  en  Sitifienne). 

D'après  notre  inscription,  ces  sept  martyrs  avaient 
succombé  le  même  jour  et  étaient  honorés  au  même  anni- 
versaire. Tout  porte  à  croire  qu'il  s'agit  de  martyrs  du 
diocèse  de  Cuicul,  connus  seulement  du  calendrier  local. 
Tel  était  le  cas  du  Claudius  et  du  Pascentius,  dont  les  noms 
se  lisent  sur  deux  chapiteaux  antérieurement  découverts  '. 

Voilà  donc  neuf  martyrs  nouveaux,  dont  l'existence  nous 
a  été  révélée  par  les  fouilles,  et  qui  étaient  l'objet  d'un 
culte  pour  les  chrétiens  de  Cuicul.  Martyrs  modestes,  assu- 

Pasisi)  Harcib[e]ni.  Le  dernier  mot  serait  un  nom  de  lieu.  D'ailleurs,  nous 
ne  connaissons  aucune  localité  africaine  dont  le  nom,  de  près  ou  de  loin, 
rappelle  celui-là. 
1.  C.  R.  de  lAcad.des  inscript. y  1913,  p.  219. 


LIVRES    OFFERTS  297 

rément,  et  sur  lesquels  nous  ne  savons  rien,  sinon  qu'ils 
sont  morts  pour  leur  foi.  Mais  le  fait  même  de  leur  martyre 
est  à  retenir  :  il  ajoute  un  trait  au  tableau  des  persécutions 
eo  Afrique,  comme  à  l'histoire  religieuse  de  la  petite  cité, 
romaine  qui  s'élevait  jadis  entre  les  ravins  pittoresques  de 
Djemila. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SECiUtrAiBE  peapëtubl  offre  il  l'Académie,  de  la  part  de  la 
famille  de  M.  Hiïron  de  Villeposse,  une  étude  de  notre  regretté  coa- 
frère,  intitulée  :  Le  fief  de  Torcy  [Meaux,  br.  ia-12,  1920). 

Il  présente  au  nom  de  l'anteur,  M.  M.  Bloomfield,  un  ouvrage 
intitulé  :  Big-veda  répétition»  [i  toI.  in-8°,  Cambridge  Mass.,  1916). 

H.  Omont  a  la  parole  pour  un  bommage  : 

«  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie,  au  nom 
de  l'auteur,  notre  savant  correspondant  le  R.  P.  Hippolyte  Delehaye, 
président  de  la  Société  des  Bcjtlandistes,  un  important  mémoire  sur 
S»inl  Martin  et  Sulpice Séj>ère  (extrait  du  tome  XXXVIII  des  Analec- 
la  Ballandiana  ;   Bruxelles  et  Paris,  1920,  iD-8°,  136  p.]. 

■•  Deux  ouvrages  récents,  le  Saint  Martin  de  Tour»  de  E.-Ch. 
Babut  et  la  publication  par  J.  Gwynn  du  Liber  Ardmaehanus  de 
Dublin,  ont  été  l'occasion  du  présent  travail  dans  lequel  l'intérêt 
historique  ne  le  cède  pas  à  la  sûreté  de  la  critique.  C'est,  en  quelque 
■lorte.  le  premier  jet  du  Commentaire  sur  saint  Martin  qui  doit  faire 
partie  du  prochain  volume  des  Acta  tancforum.  Le  P.  Delehaye, 
tout  en  rendant  un  bommage  mérité  A  la  mémoire  du  regretté  Ch. 
Babut  et  à  sa  critique  pénétrante,  est  loin  d'adopter  toutes  ses  con- 
clusions sur  les  manuscrits  de  la  Vie  de  saint  Martin  par  Sulpicc 
Sévère,  sur  sa  chronologie,  ses  sources,  sa  valeur  historique,  enfin 
surlea  débuts  du  culte  et  de  la  renommée  desaini  Martin  en  Gaule.  i> 


298 


SÉANCE    DU    27    AOUT 


PRÉSIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIBHL. 


M.  J.-B.  Chabot  communique  une  lettre  du  R.  P.  Delattre, 
rinformant  qu'on  vient  de  trouver  dans  les  ruines  de  Carthage 
une  balle  de  fronde  en  plomb,  longue  de  trois  centimètres, 
pesant  38  grammes.  Cette  balle  porte,  en  relief,  la  lettre  punique 
mtm.  On  peut  maintenant  se  demander  si  parmi  les  balles  sem* 
blables,  dépourvues  de  marques,  qu'on  attribuait  à  Tépoque 
romaine,  il  ne  s*en  trouverait  fUis  qui  viennent  des  Carthagi- 
nois*. 

M.  HoMOLLE  lit  une  note  sur  la  ressemblance  de  Tomphalos 
delphique  avec  quelques  représentations  égyptiennes. 

MM.  Salomon  Reinach  et  Babblon  présentent  quelques  obser- 
vations. 


LIVRES   OFFERTS 


M.  Henri  Cordibr  offre  à  T Académie  le  tome  I  de  son  HUtoire 
générale  de  la  Chine  et  de  ies  relation»  avec  le»  pay»  étranger»  depui» 
le»  lemp»  le»  plu»  ancien»  ju»qu* à  la  chute  de  la  dyna»tie  mandchoue 
(Paris,  1920,  in-8»). 


1 .  Postérieurement  à  cette  communication,  le  D'  Houdard,  de  Tunis,  a 
recueilli  dans  les  ruines  de  Carthage  une  balle  semblable,  pesant  42  'gr.,  et 
portant  la  même  lettre,  mais  retournée.  Dans  un  article  du  Bulletin  archéoL 
de  1919  [paru  en  oct.  1920],  M.  E.  Vassel  étudie  (p.  124-127)  des  balles 
de  même  nature,  avec  ou  sans  marque,  trouvées  à  La  Manouba. 


COMPTES   RENDUS   DES   SÉANCES 


DB 


L'ACADEMIE   DES    INSCRIPTIONS 

ET   BELLES -LETTRES 

PENDANT    L'ANNÉE    1920 


SÉANCE   DU  3  SEPTEMBRE 


PRésiDBNCB  DB  M.   CHARLES   DIBHL. 

A  propos  de  la  correspondance,  M.  Gagnât  s'exprime  ainsi: 
«  M.  Clermont-Ganneau  m'a  remis  le  calque  et  la  photographie 
de  trois  inscriptions  funéraires  latines  qu'il  devait  à  Tamabilité 
de  M.  SanchoUe-Henraux.  Ces  inscriptions,  découvertes  par 
M.  Cardini  dans  sa  propriété,  proviennent  de  Toscane  (confins 
de  la  Versilia  et  de  Tancien  État  de  Massa,  non  loin  du  lieu  dit 
Porta  Beltrame  et  de  la  localité  de  Montignoso).  Les  deux  pre- 
mières sont  des  épitaphes  banales  ;  il  suffira  d'en  transcrire  le 
texte  : 

docet  l     A    E      AMP  MVINISIDIO 

}liaiae  V  E  TVR  1  VS  AMORl  PATRl 

primi  GENIVS.CON  PIENTISSIMO 

iugi    f\RISSIMAE  VINISIDIASA 

.</o^ETIVS-IANVA  BINIA  jf^  ET>t 

rius  PATER  •  ET-  DOCET  V  I  N  I  S I  D  1 V  S 

^owCESSA.MATER  GENTILICIANVS 

fiUae  CARISSIMAE  P  B  M  F 

B    M    / 

La  troisième,  plus  développée,  rappelle  le  souvenir  d'un  homme, 
C.   Sinni[d?]ius   Severianus,    qui   avait  naturellement    toutes 


300  SÉANCE    DU   3    SEPTEMBRE 

lés  qualités  et  à  qui  il  arriva  de  naître  et  de  mourir  le  même 
jour  et  à  la  même  heure,  à  cinquante-huit  ans  d'intervalle.  Sa 
femme  lui  éleva  le  monument  dont  Tinscription  vient  d*être 
retrouvée. 

D  VC  SIRINI////1O  SEVERIANO  HOMINI  INNOc#«//5ii 
MO  GENERiNOBILISSIMO  DIGNITATISSPLENDUi^if» 
AEFAMAESINCERI  SSIMAEINNOCENTIAE  Praeci 
PVAE  PROBÀBILI  FIDEL  INTEGERRIMAE  UORWmdisci 
PLINAE  LAVDABILIS  CVIVS  DIES  NATLVITATIS  ET  DECessu 
S  EXPLETIS  ANNIS  aVLNaVAQNTA  ET  OCTO  SIMVL  Octaua 
ORA  LN  VNVM  CONVENERE  PLETORIA  GERONTIA 
A  VOTVM  ANIIMI  MARITO  DVLCISSIMO  MVLTVM  desi 
DERANTISSIMO  BENE  MERENTI  AETHERNAM  rii  ca/ (w) 
VEMORIAM. 

Lire  :  D{{is)  M{anibns).  C,  Siri/ii[c/?]io  Severiano  homini 
inno[ceni{ssi]mo,  gen€r[e]  nobilissimo^  digniiatis  splendiidis- 
sim]ae^  famae  sincerissimae^  innocentiae  p[raeci\puaey  proba^ 
bilif  fidei  integerrimae,  moru[m  disci]plinae  laudabilis^  cajas 
dies  nativitalis  et  dec[essu\s^  expletis  annis  quinquaginta  et 
octo,  simul  o[ctava]  ora  in  unum  convenere.  Pletofia  Gerontia.... 
a  votum  animi  marito  dulcissimo  multum  [desi]derantissimOj 
bene  merenti aeternam  d[icat]l  memoriam. 

L'écriture,  l'orthographe,  le  style  indiquent  une  assez  basse 
époque.  A  noter,  en  particulier,  le  tracé  de  certains  I,  qui  sont 
en  forme  de  L.  » 

M.  le  comte  Begouen  présente,  en  son  nom  et  au  nom  de 
Tabbé  Breuil,un  dessin  que  celui-ci  a  relevé  dans  la  caverne  des 
Trois-Frères  à  Mon tesquieu-A vantés  (Ariège)  et  dont  il  a  déjà 
été  question,  il  y  a  deux  ans  à  TAcadémie*. 

M.  Hébrard  rend  compte  à  la  Compagnie  des  fouilles  el 
recherches  faites  à  Salonique  par  le  Service  archéologique  de 
Tarmée  d'Orienf,  et  qui  ont  pu  se  prolonger  après  Tarmistice 
grâce  aux  subsides  de  TAcadémie  (fondation  Piot)  : 

1.  Voir  ci-après. 


SÉAMCB   DU    3    SEPTEMBRE  301 

«c  Les  recherches  et  fouilles  du  Service  archéologique  de  Tarmée 
d'Orient  à  Tare  de  triomphe  c<  de  Galère  »  et  à  la  rotonde  de 
Saint-Georges  de  Salonique  ont  montré  que  ces  deux  monu- 
ments, de  la  même  époque,  étaient  liés  Tun  à  Tautre.  Ils  for- 
maient un  ensemble  d'architecture  très  imposant  situé  à  TEst  de 
la  ville. 

c  L^arc  de  triomphe,  élevé  vers  306  après  J.-C,  est  aujourd'hui 
dans  un  état  très  incomplet.  Il  ne  reste  que  deux  piliers  des 
qaalre  que  comportait  le  monument  primitif.  Ces  piliers  soute- 
naient des  voûtes  reliées  par  une  coupole.  L'examen  de  ce  qui 
subsiste  permet  de  r.attacher  cet  arc  —  le  plus  grand  des  arcs 
antiques  encore  existants;  il  a  plus  de  neuf  mètres  d'ouverture  — 
à  des  ouvrages  de  même  type,  qui  étaient  placés  généralement  à 
la  croisée  des  voies  principales  des  villes.  Il  en  existe  encore  des 
exemples  à  Rome,  en  Syrie  et  en  Algérie. 

«  La  rotonde  eut  une  histoire  particulièrement  curieuse  :  cons- 
truite par  les  Romains  à  la  fin  du  ni^  siècle  (probablement  une 
sorte  de  Panthéon)  ;  plus  tard,  au  v^  siècle,  agrandie  et  trans- 
formée en  église  byzantine  ;  au  xvi"  siècle,  aménagée  par  les 
Turcs  en  mosquée,  elle  redevint  en  1912  église  sous  le  nom  de 
Saint-Georges,  après  la  dernière  guerre  balkanique.  Aujour- 
d'hui, le  gouvernement  grec  compte  installer  dans  son  enceinte 
le  Musée  des  antiquités  de  la  Macédoine. 

«  Nous  avons  trouvé  le  bas  de  l'édifice  enterré  de  2  ™  60.  Grâce 
k  l'enlèvement  total  des  terres  de  remblais,  l'intérieur  de  la  salle 
a  repris  sa  proportion  antique.  L'on  peut  se  rendre  compte  par 
l'harmonie  des  lignes  d'architecture,  et  par  le  soin  qui  a  présidé 
à  la  construction  de  cette  rotonde,  qu'elle  peut  se  classer  parmi 
les  plus  beaux  exemples  d'architecture  romaine.  •  D'un  parfait 
état  de  conservation,  la  salle  circulaire  avec  sa  coupole  majes- 
tueuse produit  une  profonde  impression. 

«  Déjà  au  xvni"  et  au  commencement  du  xix"  siècle,  les 
voyageurs,  Paul  Lucas,  de  Beaujour,  Cousinéry  et  Leake, 
décrivirent  longuement  ce  monument,  un  des  plus  importants 
de  la  ville.  Texier  et  Pullan,  qui  en  publièrent  les  premiers 
dessins  en  1860,  le  présentent  comme  une  œuvre  purement  chré- 
tienne. Les  récents  travaux  ont  permis  de  dégager  un  noyau 
central  d'époque  romaine  d'adjonctions  postérieures  byzantines. 


302  SÉANCE    DU    3   SEPTEMBKE 

Primitivement  la  rotonde  était  formée  de  huit  niches  profondes 
presque  égales  dont  les  voûtes  reposaient  sur  huit  piliers  rayon- 
nants de  6  «  30  d'épaisseur.  Au-dessus  et  dans  l'axe  des  piliers 
venaient  se  placer  les  baies  d'éclairage.  La  coupole  de  24™  10  de 
diamètre  couronnait  le  tout.  La  hauteur  est  de  près  de  30  mètres. 

«  A  Tépoque  byzantine^  le  monument  fut  transformé.  L^entrée 
fut  portée  du  Sud-Ouest  au  Nord-Ouest.  A  TEst,  la  niche 
ancienne  fut  élargie  afin  de  dégager  le  chœur  terminé  par  une 
abside,  et,  pour  donner  plus  d'ampleur  à  Tédifice,  Ton  construisit 
un  vaste  bas-côté  circulaire  entourant  la  salle  centrale.  Le  dia- 
mètre total  dépassait  ainsi  52  mètres.  Le  sol  antique  fut  déjà  à 
cette  époque  surélevé  de  1  mètre. 

«  De  magnifiques  mosaïques  datant  de  cette  première  trans- 
formation décorent  la  coupole  et  trois  niches.  Ce  sont  de  purs 
spécimens  de  cet  art,  dignes  de  rivaliser  avec  les  plus  beaux 
exemples  de  Ravenne,  de  Constantinople  ou  de  Venise.  Elles 
sont  antérieures  au  vi*  siècle.  Au  moyen  d'échafaudages  spéciaux, 
il  fut  possible  d'étudier  de  près  cette  œuvre  admirable —  la  plus 
vaste  décoration  de  ce  genre  encore  existante  —  et  de  dégager 
en  certains  endroits,  sous  un  grossier  badigeon  et  quelquefois  un 
épais  enduit,  des  ornements  et  même  des  ensembles  décoratifs 
jusqu'ici  inconnus. 

c<  La  décoration  de  la  coupole  est  divisée  en  huit  panneaux 
gigantesques  représentant  des  saints  debout,  se  détachant  sur  un 
somptueux  fond  d'architecture.  Les  visages  des  saints  sont  heu- 
reusement  intacts,  et  un  nettoyage  discret  a  permis  de  retrouver 
leur  coloris  primitif.  Des  copies  grandeur  d'exécution  ont  été 
faites  des  parties  les  plus  intéressantes  de  ces  mosaïques.  C'est 
ce  travail  qui  est  présenté  à  l'Académie. 

«  Les  fouilles  exécutées  aussi  bien  à  l'intérieur  qu'autour  du 
monument  ont  été  très  fructueuses;  nous  avons  dégagé  de  beaux 
fragments  d'architecture,  la  base  d'un  ambon  monumental  très 
connu  aujourd'hui  au  Musée  de  Constantinople  ;  et,  dans  des 
tombes,  sous  le  sol  de  l'église  primitive,. nous  avons  recueilli  des 
bols  vernissés  décorés  de  dessins  géométriques,  de  figures  d'ani- 
maux, d'ornements  incisés  sur  fond  de  couleur.  Cette  céramique 
byzantine,  qui  date  du  x*  au  xvi^  siècle,  forme  une  série  des 
plus  intéressantes  pour  l'étude  de  la  poterie  de  celte  époque. 


DESSIN    ftELEVé  DANS  LA  CAVEKNB   DES  TROIS-FRÉRES       303 

Certaines   lombes    contenaient  de  délicates  fioles   de    verre, 
décorées  de  rehauts  d'or,  »> 

MM.  DuaniBu,  CLEaMONT-GAnNSAu,  Théodore  Rbinach,  Bouché- 
Lbclbkcq  et  DiEHL  présentent  quelques  observations. 


COMMUNICATION 


UN    DESSIN    RELEVÉ   DAMS   LA   CAVERNE   DES   TROIS-FRÈRES,  , 

A   MONTESQUIEU-A VANTÉS   (aRIÈGE), 

PAR   M.    LE   COMTE   BEGOUBN. 

Il  y  a  deux  ans,  j*ai  eu  Thonneur  de  vous  montrer  une 
série  de  photographies  de  dessins  préhistoriques  gravés  sur 
les  parois  de  la  caverne  des  Trois*Frères  à  Montesquieu- 
Avantèfl  (Ariège).  L'un  d'eux  représentait  une  Gguration 
kamaine  assez  étrange,  que  sa  situation  élevée  à  plus  de 
trois  mètres  du  sol  dans  une  encoignure  de  rocher  ne  per- 
mettait de  reproduire  que  très  imparfaitement  par  la  photo- 
graphie. Pour  bien  en  voir  tous  les  détails,  un  dessin  était 
nécessaire.  M.  Tabbé  Breuil  a  bien  voulu  venir  passer  plu- 
sieurs semaines  à  relever  et  à  étudier  les  gravures  de  la 
caverne!  C^est  le  calque  fidèle  qu'il  a  fait  de  cet  être  humain 
que  nous  venons  tous  les  deux  vous  soumettre  aujourd'hui, 
avec  les  quelques  observations  que  son  examen  nous  a 
suggérées. 

Cette  représentation  humaine  est  donc  située  sur  la  paroi 
terminale  de  la  salle  qui  fait  le  fond  de  l'étage  inférieur  de 
la  caverne,  à  plus  de  400  mètres  de  l'entrée,  et  dans 
laquelle  sont  réunies  toutes  les  gravures.  Rares  en  effet 
sont  les  dessins  sur  les  parois  des  galeries  menant  à  cette 
salle.  Nous  ne  pouvons  citer  que  quelques  félins  dans  un 
petit  diverticule  formant  en  quelque  sorte  chapelle,  et  un 


304       DESSIN    RELEVÉ   DANS    LA    CAVERNE  DES   TROIS-FRÈRES 

grand  lion  de  près  de  deux  mètres,  d^aspect  terrifiant  avec 
sa  tête  vue  de  face,  ses  grands  yeux  et  son  abondante 
crinière.  Gravé  sur  le  mur  de  droite  un  peu  en  avant  du 
défilé  et  de  la  cascade  stalagmitique  qui  mènent  à  la  salle 
du  fond,  il  semble  en  défendre  Tacces. 

Cette  salle  se  présente  donc  en  quelque  sorte  comme  un 
sanctuaire  dont  toutes  les  niches,  tous  les  recoins  sont  sur- 
chargés de  dessins  de  taille  et  de  technique  différentes, 
d'époque  aussi,  cs^  quelques-uns  comme  ceux  du  rhino- 
céros et  de  rhémione  sont  {^eut-être  aurignaciens,  tandis 
que  la  majorité  est  nettement  magdalénienne.  Dans  les 
galeries  de  Tétage  supérieur  au  contraire,  ce  sont  les  dessins 
embrouillés  de  Tépoque  aurignacienne  qm  dominent  sans 
conteste.  Ceux-ci  sont  loin  d'atteindre  la  perfection  des 
gravures  des  salles  du  bas-,  dont  quelques-uns,  comme  les 
rennes  gravés  dans  une  faille,  juste  au-dessous  de  l'homme, 
sont  traités  avec  un  sentiment  artistique  remarquable. 

En  passant  par  une  montée  en  spirale,  dont  les  parois 
sont  elles  aussi  abondamment  ornées  de  chevaux,  d'ours  et 
d'autres  animaux,  on  peut  arriver  à  la  hauteur  du  dessin 
dont  nous  vous  présentons  aujourd'hui  la  reproduction.  11 
faut  alors  enjamber  le  vide,  et,  en  pivotant  sur  une  pointe 
de  rocher,  on  se  trouve  nez  à  nez  avec  cette  figure  bizarre. 

Elle  a  environ  75  centimètres  de  haut  sur  50  de  large. 
Elle  est  entièrement  gravée  et  certaines  parties  du  corps 
sont  peintes  en  noir.  Il  semble  que  la  peinture  a  été  déla- 
vée en  certains  endroits,  mais  jamais  le  corps  tout  entier 
n'a  dû  être  peint.  Le  front  et  les  yeux  ont  des  traces  de 
couleur,  ainsi  que  les  traits  figurant  le  nez.  Une  large 
bande  marque  les  épaules  et  le  dos,  ime  autre  le  ventre. 
Les  jambes  sont  particulièrement  soignées.  Le  genou 
gauche  est  indiqué  par  la  rotule  séparée.  Les  parties 
sexuelles  rejetées  en  arrière  sont  fortement  accentuées. 

Ce  dessin  (fig.  1),  malgré  Tétrangeté  de  son  attitude, 
représente  sans  doute  possible  un  homme  nu  allant  vers  la 


DESSIN    aBLCVÉ   DAHS    LA  CàVERNB    DES   TR0I3-PR6IIBB        SOS 

^uche.  A  première  vue,  cet  être  semble  marcher  à  quatre 
pattes,  mais  on  se  rend  vite  compte  qu'il  a  simplement  le 
corps  fortement  incliné  en  avant  et  les  jambes  ployées.  Les 
mains  en  effet  n'ont  pas  le  mouvement  de  la  marche,  mais 
bien  plutôt  esquissent  le  geste  de  faire  le  beau,  comme  on 
le  remarque  dans  les  danses  de  quelques  peuples  primitifs. 


Tig.  t.  —  Gravure  et  peinlure  sur  paroi  de  la  caverne  des  Trois-Frirei 

(1/10  Kraod.  iial.>. 

N.B.  —  Pour  voirie  dessin  dans  la  position  qu'il  occupe  rccllement  sur  la 

paroi,  il  convient  de  l'incliner  de  Taçon  è  ce  que  la  diagonale  ptrUnl  de 

l'ange  tapj  rieur  gauche  devienne  la  verticale. 

Nous  retrouvons  cette  même  position  dans  les  figurations 
humaines  de  la  grotte  des  Combarelles.  Le  bas  des  reins 
est  orné  d'une  queue  de  cheval  terminée  par  une  petite 
rosette  de  poils.  Cette  queue  n'est  pas  dans  le  prolonge- 
ment de  la  ligne  du  dos  comme  le  serait  une  queue  appar- 
tenant à  une  peau  de  béte  jelée  sur  le  corps  ;  elle  parait 
singulièrement  fichée  à  la  partie  postérieure. 


306      DBMIN   HELBVâ   DANS   LA   CAVBftHE  DES  TROlB-P&tlSa 

La  tête    est  partîoulièremeat  étrange  :  une  ramure  de 

cerf  la  surmonta  avec  deux   oreilles  longues  velues  et 

dressées.  Deux  jreux,  formés  de  deux  oeroles  eoncentriqaes 

gravés  dont  l'intervalle  est  coloré  en  noir  et  entoarant  un 

gros  point  noir,  sont  placés  symétriquement  de  chaque 

cAté  du  ne2  dont  la  partie  élei^ie  est  marquée  par  on  arceau 

it   gravé.    La  région   des    pommettes   présente  des 

s  remontent  vers  les  oreilles.    C'est  ce  même  sjs- 

e  nombreux  traits  parallèles  qxii  a  servi  k  indiquer 

irbe  élégante  et    longue  de  dix  centimètres    qui 

e  sur  la  poitrine.  Les  bras  sont  mal  faits,  les  mains 

ent,  tandis  que  les  pieds  ont  été  dessinés  avec  b«au- 

e  soin.  La  main  droite  n'a  que  quatre  doigta,  si  on 

ipeter  ainsi  les  espèces  de  griffes  q\ii  eo  tiennent  lieu. 

ise  des  deux  mains  est  inscrite  dans  une  seule  ligne 

,  Le  torse  et  les  membres  inférieurs  sont  cernés  de 

striées  qui  en   délimitent    le  contour.    D'autres 

le  raclage   se  voient  à   l'intérieur  du  corps  et  des 

es  :  c'est  ainsi  que  les  doigts  de  pied  sont  séparés 

■de-pied  par  une  bande  raclée.  Ces  raclages  et  autres 

gravés  ne  sont  visibles  que  de  très  près,   mais  on 

:  demander  si  jadis  ils  n'étaient  pas  plus  visibles  et 

ituaient  pas  le  modèle  du  dessin  lorsque  la  roche 

>uverte    d'un   léger  dép6t   argileux   qui  a    disparu 

Sur  d'autres  parois  de  la  grotte,  où,  mieux  abritée, 

:ouche  a  été  conservée,  les  dessinateurs  ont  obtenu 

excellents  elTets  artistiques.  Sur  la  nuque,  le  contour 

né  d'un  triple  rang  de  bacbures  obliques  ayant  l'as- 

1  poil  hérissé  d'un  garrot. 

représente  sans  doute  le  morceau  de  toison  qui 
lagne  le  masque  que  porte  cet  homme,  car  nous 
s  aertaioemeat  en  présence  d'un  être  masqué.  Ainsi 
vent  confirmées  les  hypothèses  émises  par  MM.  Car- 
,  Capitan,  Breuil,  etc.,  dès  les  premières  découvertes 
[rations  humaines  dans  l'art  quaternaire.  L'ouvrage 


DESSIN    RELEVÉ   DANS   LA   CAVERNE   DES   TR018-FRÈRES       307 


Pig.  S.  —  CrtTure  sur  schiste  provenant  de  Lourdes. 
Musée  de  Saint-Germain,  n*  55523,  coll.  Nelli;  grandeur  naturelle.) 


308       DESSIN    RELBVÉ   DANS   LA   CAVERNE   DES   TROIS-FRÉRES 

de  MM.  Cartailhac  et  Breuil  ^  renferme  sur  ce  sujet  des 
renseignements  précieux.  Nous  n'avons  que  quelques  mots 
à  y  ajouter. 

De  tous  les  documents  préhistoriques  auxquels  nous 
pouvons  comparer  notre  dessin,  le  plus  caractéristique  est 
une  gravure  sur  schiste  provenant  de  Lourdes  et  conservée 
au  Musée  de  Saint-Germain  (N<*  55522,  collection  Nelli), 
Elle  est  inédite,  et  avait  été  mal  comprise  par  Piette,  car 
elle  est  très  confuse.  Une  lecture  plus  précise  de  M.  Tabbé 
Breuil,  que  nous  reproduisons  ici  (fig.  2),  permet  d*y  voir  un 
homme  orné  d'une  grande  barbe  et  d  une  longue  queue. 
Nous  croyons  même  que  les  traits  qu'on  voit  au-dessus 
de  sa  tête  représentent  une  ramure.  Il  y  aurait  donc  une 
concordance  absolue  entre  cette  gravure  sur  pierre  et  celle 
des  Trois- Frères. 

Une  fresque  boschismane  reproduite  par  Peringuey  - 
représente  un  personnage  déguisé  en  animal,  dans  une 
position  inclinée  analogue  à  celle  de  notre  dessin.  Ce  même 
auteur  reproduit  d'après  Barth  une  sculpture  rupestre  qu'il 
convient  également  de  citer.  Dans  ce  groupe,  l'homme  qui 
porte  un  masque  d'antilope  a  également  une  queue  touffue. 
Notons  en  passant  que  cette  sculpture  a  été  souveat 
indiquée  à  tort  comme  boschismane,  alors  qu'elle  a  été 
trouvée  par  Barth  au  Nord-Ouest  du  lac  Tchad. 

Christel  ^  donne  plusieurs  peintures  boschismanes  repro- 
duisant elles  aussi  des  hommes  masqués  et  vêtus  de  peaux 
de  bêtes.  Une  d'elles  (page  80)  rappelle  par  la  stylisation 
des  jambes  les  diablotins  de  Teyjat,  tandis  que  d'autres 
(page  96),  dont  le  déguisement  n'est  pas  aussi  marqué,  ont 
une  queue  et  s'avancent  le  corps  fortement  incliné  en  avant. 

Dans  quelle  catégorie    convient-il  de  ranger   Thomme 

1.  La  csLverne  (PAltamirn. 

2.  On  rock-engravings  of  animah,..  ;  in  Transactions  of  the Soulh-Afri^ 
can  Philosophical  Society,  vol.  XVI.  Part  4»  December  1906. 

3.  L'art  dans  V Afrique  australe^  Pari»,  1911. 


DESSIN    RELEVÉ    DANS  LA   CAVERNE   DES   TROIS-PRÈRES       309 

masqué  de  la  caverne  des  Trois-Frères,  car  Tethnographie 
comparée  nous  en  fournit  plusieurs  ?  Il  y  a  des  masques  de 
chasse  servant  de  ruse  pour  approcher  le  gibier.  Une  pein- 
ture boschismane  bien  connue  nous  représente  un  homme 
déguisé  en  autruche  pour  chasser  plus  facilement  ces 
oiseaux.  On  en  connaît  bien  d'autres  exemples,  que  nous 
jugeons  inutile  de  rappeler.  D'ailleurs,  cela  ne  nous  semble 
pas  ici  le  cas.  En  effet,  le  chasseur  qui  se  déguise  pour 
approcher  une  proie  revêt  soit  la  peau  de  Tanimal  qu'il 
chasse,  soit  celle  d'un  de  ses  ennemis.  C'est  ainsi  que 
Catlin  nous  raconte  '  que  les  Peaux- Rouges  prenaient  des 
peaux  de  loups  et  s'avançaient  ainsi  vers  les  bisons  qui 
aussitôt  leur  faisaient  face.  Mais  dans  tous  ces  cas  le 
déguisement  est  homogène,  tandis  que  l'être  représenté 
dans  la  caverne  des  Trois-Frères  porte  un  déguisement  de 
fantaisie.  Que  viennent  faire  ces  cornes  de  cerf  avec  cette 
queue  de  cheval,  sans  parler  de  la  barbe  postiche  qui  ne  se 
rapporte  à  aucun  animal  ? 

Ce  mélange  de  caractéristiques  nous  fait  écarter  égale- 
ment l'idée  d'une  mascarade  rituelle  spéciale.  Catlin,  à 
qui  il  faut  toujours  revenir,  nous  décrit  des  danses  de  l'ours 
ou  du  bison  ^  dans  lesquelles  le  ou  les  participants  revêtent 
les  têtes  de  l'animal  qu'il  convient  d'honorer  et  de  rendre 
favorable  ou  au  contraire  de  détruire.  Si  donc  l'imagination 
sVst  donné  libre  carrière  dans  la  confection  en  quelque 
sorte  synthétique  de  l'accoutrement,  c'est  qu'il  s'agit  de 
représenter  soit  un  esprit  supérieur  ayant  par  conséquent 
les  attributs  des  différents  animaux  qu'il  domine,  soit 
rhomme  capable  par  son  pouvoir  magique  d'en  être  égale- 
ment maître.  Nous  avons  des  quantités  d'exemples  de  l'un 
et  de  l'autre  cas  chez  tous  les  peuples  primitifs,  des  Esqui- 


1.  LêUer$  êtid  notes  of  the  mannen,  cu$tomâ  and  condition  of  ihe  North 
American  IndiMne^  London,  1841,  t.  I,  p.  2bi. 

2.  Loc.cit.,  t.  I,  p.  138,  16i,  244. 


310  SftANCE    DU    10    SBPTRMRHE 

maux  aux  Australiena  en  passant  par  les  indigèites  de 
l'Afrique  oa  de  l'Amérique,  les  Souais  en  particulier. 

Dans  le  premier  cas,  il  s'agirait  de  la  représentation  d'une 
sorte  de  divinité,  dans  le  second,  de  celle  d'un  sorcier. 
C'est  vers  la  seconde  hypothèse  que  nous  penchons.  Noos 
croyons  que  l'artiste  quaternaire  a  voulu  représeater  un 
moalnian  FtanG  quel  but,  uous  l'ignorous.  Rien  ne  nous 
lier  la  mentalité  qui  était  la  sienne  ni  la 
laquelle  il  a  obéi. 

cet  artiste,  c'était  le  sorcier  lui-même,  qui 
)c  minutie  et  fidélité  son  propre  portrait 
tributs  rituels.  11  l'a  placé  dans  le  recoin 
i  la  caverne  inférieure,  mais  sur  une  paroi 
ntaines  de  figurations  d'animaux  que  lui  on 
t,  pendant  de  longues  suites  de  générations, 
envoûtements.  Car  tout  dans  cette  caverne 
lagie.  La  plupart  des  animaux  portent  des 
inc;  d'autres  sont  entourés  ou  couverts  de 
irme  de  P  rappelant  les  claviformes  de 
imira  et  que  nous  avons  trouvés  sur  les 
d'Audoubert.  Ils  apparaissent  de  nouveau 
rand  nombre  (il  y  en  a  jusqu'à  douze  sur 
Tout  au  fond  de  la  galerie  supérieure,  d'un 
.  même  dangereux,  ce  même  signe  haut  de 
tétres  se  prolile  en  rouge,  oomme  une 
au-dessus  d'une  voûte. 


NCE  Dr   lU  SKPTKMBRE 


i:tE!t    PBESIDB^T. 


Il  ilfii  (.îhevii,  présuleat  de  la  Société  d'his- 
if  de  tiaiiJ,  tait  savoir  qu'une  joamée  Vid 


DEUX   MIKIATURE8   DB  LA   BIBLIOTHÈQUE   DE  VIENNE       311 

Eyok  est  organisée  à  Gand  le  3A  octobre  pour  célébrer  le  retour 
des  Yolets  du  retable  de  TAgneau  mystique,  restitués  par  le  gou- 
vernement allemand  en  vertu  du  traité  de  Versailles,  et  invite 
TAcadémie  à  Tassocier  à  cette  solennité. 

La  Compagnie  accepte  Tinvitation  et  désigne  M.  le  comte 
DuRRiBU  pour  la  représenter  à  Gand  les  3  et  4  octobre  prochain. 

M.  le  comte  Durrieu  fait  une  communication  sur  deux  minia- 
tures à  caractère  historique  de  la  Bibliothèque  de  Vienne  '. 
H.  Théodore  Rbinaoh  présente  quelques  observations. 

M.  Gagnât  lit  une  note  de  M.  Albert! ni,  professeur  à  la 
Faculté  des  lettres  d^Alger,  sur  une  nouvelle  table  de  mesures 
découverte  à  Djemila  '. 

M.  Théodore  Reinâch  présente  quelques  observations. 

M.  HoMOLLB  dépose  sur  le  bureau  le  projet  de  Statuts  pour 
tlmtiiat  international  d^t^thropoloffie,  élaboré  au  cours  de  la 
réunion  préparatoire  à  laquelle  il  a  été  délégué  par  l'Académie . 


COMNfUNICATIONS 


DEUX   inNIATT}RE8  A  CARACTÈRE   HISTORIQUE 

DE  LA   bibliothèque   DE   VIENNE, 

PAR  If.    LE   COMTE  DURRIEU,    MEMBRE  DE  l'aCADÉMIE. 

Il  j  aura  bientôt  trente  ans,  au  cours  d'articles  publiés 
dans  la  Gazette  des  Beaux- Arts  en  mai  et  juillet  1891, 
j'indiquais  un  fait  important  pour  l'histoire  de  Tart,  qui 
n  avait  pas  encore  été,  jusqu'alors,  aussi  nettement  précisé. 
Je  signalais  que  le  dernier  quart  du  xv*  siècle  avait  vu 
s'accomplir  un  changement  très  caractérisé  dans  les  prin^ 

1.  Voir  ci-après. 
3-  Voir  ci«aprè8. 


312      DEUX    MINIATURES    DE   LA    BIBLIOTHÈQUE   DE   VIENNE 

cipes  appliqués,  en  pays  flamands,  pour  Tillustration  et 
rornementaiion  des  livres  à  Taide  de  miniatures  et  d'autres 
ornements  peints  à  la  main.  A  un  style  plutôt  sec,  avec 
des  formes  maigres  et  une  énergie  souvent  dure,  se  sub- 
stitua  tme  recherche  prédominante  de  la  grâce,  unie  à  la 
liberté  de  la  touche,  et  une  tendance  à  voir  la  nature  sous 
im  aspect  plus  aimable  et  plus  épanoui.  Les  chefs  de  oe 
mouvement  de  rénovation,  au  premier  rang  desquels  se 
rangent  les  membres  des  deux  familles  des  Bening  et  des 
Horebout,  ont  exercé  leur  activité  principalement  à  Gand 
et  à  Bruges.  Je  proposai  donc,  en  1891,  de  créer,  pour 
désigner  ce  groupe  d'artistes,  Texpression  d'  «  École  Ganto- 
Brugeois^  »,  vocable  qui,  depuis  lors,  a  fait  son  chemin. 

0 

Les  productions  de  TEcole  Ganto-Brugeoise,  dont  un 
des  spécimens  les  plus  oélèbres  est  le  Bréviaire  Grimaniy 
de  la  Bibliothèque  Marciana  à  Venise,  méritent  Tadmi- 
ration  par  la  délicatesse  de  Texécution  et  un  charme 
exquis  de  coloris.  Mais  la  grande  majorité  d'entre  elles 
constituent  des  images  de  piété.  Les  portraits  offrant  un 
caractère  individuel,  qui  sont  si  ^tachants  à  rencontrer  et 
à  étudier,  sont  relativement  très  rares  dans  la  série  de  ces 
peintures. 

D*aulre  part,  la  plupart  des  manuscrits  enluminés  par  les 
maîtres  de  l'Ecole  Ganto-Brugeoise  ne  contiennent  aucune 
indication  chronologique,  directe  ou  indirecte,  qui  permette 
de  leur  assigner,  d'une  manière  valant  témoignage  docu- 
mentaire, une  date,  même  très  approximative,  pour  leur 
époque  d  exécution,  ce  qui  fait  que  les  auteurs  modernes, 
manquant  de  bases  assurées,  ont  parfois  beaucoup  différé, 
les  uns  d*avec  les  autres,  sur  Tâge  hypothétique  à  assigner 
aux  volumes  et  à  leurs  peintures. 

Ces  constatations  rendent  particulièrement  importantes 
deux  très  belles  miniatures  d'un  livre  d'Heures  de  la  Biblio- 
thèque, jadis  impériale,  de  Vienne,  que  je  connais  de  très 
longue  date  et  dont  j'ai  pu  faire   prendre  récemment  à 


DEUX    MINIATURES   DE   LA   BIBLIOTHÈQUE    DE   VIENNE       313 

Vienne  des  photographies,  grâce  à  la  complaisance  de  notre 
confrère  le  comte  Alexandre  de  Laborde. 

Le  livre  d'Heures  de  Vienne,  portant  le  n*  1897  (et  dont 
les  feuillets  mesurent  200  millimètres  de  haut  sur  141  mil- 
limètres de  large),  renferme  des  miniatures  de  mains 
variées,  mais  toutes  dans  le  pur  style  Ganto-Brugeois.  Le 
texte  même  du  volume  offre  des  particularités,  spéciale- 
ment dans  le  calendrier,  qui  indique  un  livre  de  prières 
disposé  à  l'usage  de  Bruges.  Parmi  les  plus  belles  minia- 
tures se  placent  celles  que  je  viens  dé  faire  photographier, 
et  qui  sont  d'autant  plus  dignes  d'être  mises  en  lumière 
que,  à  trois  ou  quatre  mentions  près,  et  qui  sont,  ou  très 
sommaires,  ne  dépassant  pas  la  brièveté  d'une  simple 
indication  de  catalogue,  ou  d'une  critique  insuffisamment 
éclairée,  ces  remarquables  morceaux  semblent  être  restés  ' 
inconnus  à  la  presque  totalité  des  historiens  de  Tart, 
même  parmi  les  spécialistes  en  matière  de  manuscrits  et 
de  miniatures. 

Ces  deux  peintures,  à  pleine  page  dans  le  manuscrit  de 
Vienne,  donnent  des  portraits  :  portraits  de  deux  posses- 
seurs du  volume  que  l'on  peut  identifier,  d'ime  manière 
certaine,  grâce  aux  armoiries  et  chiffres  jouant  leur  rôle 
dans  les  compositions.  Et  j'ai  dit  combien  les  portraits 
sont  rares  dans  l'ensemble  des  œuvres  de  l'Ecole  Ganto- 
Brugeoise. 

L'une  d'elles  nous  montre  le  roi  d'Ecosse  Jacques  IV, 
grand-père  de  Marie  Stuart,  ayant  derrière  lui  son  patron, 
saint  Jacques.  Le  souverain  est  à  genoux,  devant  un  autel 
que  surmonte  un  tableau  disposé  en  triptyque,  dont  le  centre 
est  occupé  par  un  buste  de  Christ  bénissant,  tandis  que 
sur  un  des  volets,  le  seul  visible,  est  peint  en  pied  le 
patron  de  l'Ecosse,  saint  André.  Une  image  de  ce  même 
saint  se  retrouve  sur  le  joyau  qui  pend  au  bas  de  collier  de 
l'ordre  de  Saint-André  (plus  communément  appelé  l'ordre 
«  du  Chardon  »)  dont  s  entoure  le  blason  royal. 


DEUX    »I51itC«B!«   le    ■-*    «<«-       î-       -      - 

Vienne  des  photoçn?£u«.  rri^  •  -i  =3r:i^i^*^ii- -  ^-  -— 
confrère  le  coml*  .Vl^TjntK--  ir  -=:.'r-jî-- 

Le  livre  d'Hearw  -ie  T.'s::*^  ^..— .=r  ^  r  -^  -  ,-- 
les  feuillets  mesorenC  i!"t  -n-L^-  -^  «-  i^  ic  -  ■,: 
limètres  de  Ur?e ,  Mi'rrrat  i-.  "  "  -  '  *-  -■- 
variées,  mais  toati«  iaos  -t  7::^  f  -  ^i.^-— jiï^, 
texte  même  daiitume  >:^  ---  >;--t-_--  ^^-.^ 
ment  dans  le  ca^niirer  rn.  ii-T^  i.  -t:  ,  .-™ 
disposé  à  l'asare  w  Si-^r-r*-  >i-ï:  -  :  .i  — ,^  .,  _ 
ture»  se  placent  î«-j-*  ra^  ■?-  "-tj  ^  -■•'  1  .  .■-•- .  ,- 
et  qui  sont  d  as^^u.  1-"^  -.^rrï  -.,•  -j—  -  =  ,— 
que,  à  trois  ou  'Ti.hi-î  E/nr.Ai  ;--:  -  -.,  ^.^  ,  ^. 
sommaires,  ne  ■&^K«ferJ  ï«  i  »---..  ^  „.  ^ 
indication  de  ea--à->-'rir.  ie,  i  j^  r-.,.-;*-  j,. .  ,^.-„_. 
éclairée,  ces  rt=A'-7u.ii-t^  hh^-v^^t    *r-— .,-tt    -.     .^_ 

inconnus    à    U    ;r«*ru-    .:..:--    k*     ■,.-,.——1     ^ 

même  parmi  le»  ffi/r.--.:it^   -c:  iù*-..^    ,    t^, , 

de  miniatures. 

Ces  deux  pei^'-iiî^    *  -t^-^    a-nf-  =^e    -  -u.<-„,.^ 

Vienne,  dona«.*  i^  v-:r,:i      i.- t- ..    ,   ^      ^,^. 

seurs  du  ToltL=it  oik   '  ..t    .^r    i^r   ^        _ 

certaine,  gr4c«   ai:;  inx/.r«  *    -   -^^     ,.^     ^ 

fl^na    les  cotay-jv: .ii<\»     '..      -•    --      -.r   __.    _^ 

sont  rares  dar.*  .'tnMr^nj..^  >-  ^.  ^    _^    . 

Bnigeoise. 

L'une  d'ellet  mw*  nnni.n-    »   . 

içrand-père  de  Mk-j^  -niiic   -'  -<-t-   j_  , 

saint  Jaapies.  L* wa-v-rran  -,  ,  j^.,_ 

Mt  occupé  par  as  i«b>  >    . ..,.    ,      .    '     '  '  ''^ 

ï  ,^      ,  ■* -  lie  un 

Kur  un  des  vokfa.  5»  »»,   -.   _     ^    _^ 

patron  de  l'Erane    n«  -i-u»  ,  •  , 

r"^  . ,  ■    ..  .  ^    brisé 


314       DEUX    MINIATURES    DE    LA    BIBLIOTHÈQUE    DE    VIENNE 

Sur  l'autre  miniature,  d'une  délicatesse  exquise  duu 
l'ori^iiial,  nous  avons  la  femme  de  Jacques  IV,  la  reine 
Marguerite,  fille  du  roi  d'Angleterre  Henri  VU.  Egale- 
ment ft  genoux,  sous  la  protection  de  son  Ange  gardien, 
elle  prie  la  sainte  Vierge  qui  apparaît,  tenant  dans  ses  brea 
l'Enfant  Jésus,  au  milieu  d'une  gloire,  au-dessus  d'un  autel 
dont  ia  table  porte  deux  figurines  modelées  en  ronde- 
bosse,  représentant  l'Annonciation. 

Or  c'est  en  1503  que  Jacques  IV  d'Ecosse  a  épousé 
Matguerile  d'AngleteVre  ;  d'autre  part,  il  est  mort  en  1513. 
Nous  pouvons  donc  affirmer  rigoureusement  que  les  minia- 
tures ont  été  peintes  durant  les  dix  années  qui  se  sont 
écoulées  de  1503  à  1513,  rencontrant  ici  un  élément  d'in- 
formation chronologique  qui  fait  défaut  au  contraire,  comme 
je  le  signalais  plus  haut,  dans  presque  tous  les  autres 
manuscrits  de  l'École  Ganto-Brugeoise. 

In  dehors  des  portraits,  la  figure  de  saint  Jacques 
rite  une  grande  attention.  Cette  figure,  par  son  style  et 
i  rendu,  présente  une  étroite  parenté  avec  des  images 
pôtres  qui  sont  peintes  sur  des  feuillets  aujourd'hui 
«rés'  les  uns  des  autres,  ayant  été  détachés  d'un  manu- 
it  qu'elles  avaient  d'abord  illustré,  et  qui  se  trouvent  à 
Bibliothèque  de  Cassel.  Les  pages  de  Cassai  posent  uo 
ibl6me  curieux  et  très  délicat.  Plusieurs  d'entre  elles 
lent  un  monogramme,  tracé  en  or,  consistant  dans  les 
IX  lettres  H  B  jointes  ensemble.  On  pourrait  être  tenté 
voir  la  signature  d'un  de  ces  Horebout  qui  ont  compté 
mi  les  chefs  de  l'École.  Seulement  le  monogramme 
-il  authentique?  Ce  qui  me  rend  défiant,  ainsi  que  je  l'ai 
)liqué  devant  la  Société  des  Antiquaires  de  France,  dans 
séances  du  14  février  1894  et  du  8  janvier  1896,  c'est 
;  j'ai  rencontré  des  miniatures,  toujours  de  la  même 
ile,  sur  lesquelles  se  trouvaient  des  monogrammes 
tlogues,  mais  des  monogrammes  qui  étaient  notoirement 
I  faux,  car  c'étaient  des  simulations  des  marques  bien 


TABLE    DE   MESI/RES   DE   DJEMILA  315 

connues  d'Albert  Durer  et  de  Lucas  de  Leyde.  J'ai  examiné 
aussi  soigneusement  que  possible,  à  Cassel,  les  originaux 
du  mystérieux  chiiïre  H  B  ;  j  en  ai  causé  avec  des  obser- 
vateurs sag^ces  qui  avaient  également,  comme  moi,  vu 
ces  originaux  de  leurs  yeux.  Et  j'avoue  que  je  n'ai  pas  pu 
arriver  à  me  faire  une  opinion  définitive  sur  le  degré  d'au- 
thenticité à  accorder  à  ces  monogrammes.  Mais  ce  que  je 
puis  dire^  et  qui  me  parait  avoir  échappé  à  tous  mes 
devanciers,  c'est  que,  pour  Tétude  future  des  feuillets  de 
Cassel,  il  faut  tenir  grand  compte  de  ce  portrait  de  Jacques 
IV,  peint  entre  1303  et  1513  dans  le  livre  d'Heures  de 
Vienne . 

J'ajouterai  enfin  brièvement  qu'il  y  aurait  une  compa- 
raison à  faire,  au  point  de  vue  de  la  manière  de  disposer 
la  scène,  entre  ce  portrait  de  Jacques  IV  et  le  portrait  de 
son  père,  le  roi  Jacques  III,  que  Hugo  van  der  Goës  a  peint, 
accompagné  du  patron  de  TEcosse,  saint  André,  sur  un 
grand  volet  de  triptyque,  conservé  au  château  d'Holyrood 
près  d*Edimbourg,  volet  qui  a  été  reproduit  et  très  soi- 
gneusement décrit  et  commenté  par  M.  Joseph  Destrée 
dans  son  récent  grand  ouvrage  sur  Hago  van  der  Goës, 


TABLE   DE   BfESURES   DE   DJEMILA, 
PAR   M.    ALBERTINl. 

L'inscription  de  Djemila  publiée  ci-après  est  formée  de 
trois  fragments  qui  se  raccordent  presque  exactement.  Le 
fragment  du  milieu  est  au  Musée  depuis  plusieurs  années  ; 
le  fragment  de  gauche  a  été  trouvé  en  mars  1920,  dans  le 
sot^sol  de  la  basilique  Julia  ;  le  fragment  de  droite  un 
mois  plus  tard,  au  même  endroit. 

Bloc  de  grès,  complet  en  haut,  en  bas  et  à  gauche,  brisé 
à  droite  et  au  revers.  Hauteur,  0  "  25  ;  largeur  totale,  0  ■  81  ; 
épaisseur  maxima,  0*27.  Gravure  mauvaise  et  irrégulière  ; 


i 


316  TABLE   DE   HESdRBS   DE   DJEinLA 

hauteur  des  lettres  :  de  0  "  04  à  0  ™  035,  descendant 
jusqu'à  0  "*03  dans  Tinscription  de  gauche  qui  est  particu- 
lièrement mal  gravée.  Deux  traits  verticaux  divisent  le 
texte  en  trois  colonnes.  On  lit  : 


vTARI\M 
INIENEVHE 
RODESVCCO 


CAPITVMnORDEl 
F^'EWHERODESVC 
CONSV    LARIS 


NSCONSTITV";     I     CO  N  S  T    I  I  V  I  T 

La  restitution  est  certaine: 


MOD 
Cl  EN 
DESV 
RISCC 


[Se]xtarium  \  []vini  {a)eneu{m)  He\rode$  v[ir)  c{larissi' 
mus)  co]n8{ulari8)  constituit, 

Capitum  hordei  \  [a)eneum  Herodes  v[ir)  c{lari$simus)  | 
consularis  \  constituit. 

Mod[ium  triii]\ci  {a)en[eum  H€ro]\des  v{ir)  [c{lari$si' 
mus)  I  consula]\ris  co[n8tituit]. 

La  colonne  de  gauche  (de  Textrémité  gauche  de  la 
pierre  au  trait  vertical  de  gauche)  est  large  de  0  *"  28  ;  la 
colonne  du  centre  (d'un  trait  vertical  à  Tautre),  de  0"  40  ; 
la  colonne  de  droite,  à  laquelle  il  manque  8  lettres 
(exception  faite  pour  la  ligne  2  oùjil  n'en  manque  que  7), 
devait  avoir  aussi  0  ™  40  quand  elle  était  complète. 

11  s'agit,  comme  on  le  voit,  d'une  table  de  mesures 
installée  par  le  gouverneur  Herodes.  Notre  texte  établit 
de  façon  décisive  que  dans  les  mensae  de  ce  genre  *,  les 
cavitées  itiénagées  dans  la  pierre  recevaient  des  vases 
métalliques  -  ;  aucun  de  ces  vases  ne  nous  étant  parvenu, 

1.  Voir  Gagnai,  Tables  de  mesures-étalons  trouvés  en  Afrique,  dans 
les  Comptés  rendus  de  VAcad,  des  inscr.,  1905,  p.  490-497  ;  Gsell  et  Joly, 
Khamissa^  I,  p.  55-56;  Cagtiat  et  Chapot,  Manuel  d'archéologie  romaine, 
I,  p.  236-238. 

2.  Ç*a  dû  élre  Kusage  au  moins  pour  les  mensae  en  calcaire  grossier  ou 
en  grès.  Les  modii  lapidei  dont  parle  le  Code  Théodosien  dans  le  passage 
qui  sera  cité  tout  à  Theure  devaient  être  taillés  dans  une  pierre  qui  se 
prétait  à  un  polissage  régulier. 


* 


t 


TAfiLli:   DE   MESURES   DE   DJEMILA  317 

les  mensurations  pratiquées  sur  les  pierres  ne  peuvent 
conduire  qu'à  des  résultats  très  approximatifs,  puisque  la 
capacité  du  récipient  métallique  était  de  toute  nécessité 
sensiblement  inférieure  à  celle  de  la  cavité  où  il  était 
logé. 

Ici,  les  trois  cavités  dans  lesquelles  s'encastraient  les 
vases  de  bronze  sont  conservées  en  partie. 

Comme  dans  les  tables  antérieurement  découvertes  (à 
celles  qu'a  étudiées  M.  Gagnât  en  1905,  il  convient 
d'ajouter  la  table  anépigraphe  trouvée  à  Djemila  même  en 
1912)  ',  ces  cavités  étaient  percées  à  la  partie  inférieure  d*un 
trou  par  lequel  pouvait  s'écouler  le  liquide  ou  le  grain. 

La  cavité  A  avait  la  forme  d'un  tronc  de  cône.  Rayon 
supérieur,  0  "  058.  Rayon  inférieur,  0  °*  02.  Profondeur, 
0  "  18.  Ces  mesures  correspondent  à  une  capacité  de 
927  centilitres.  Le  setier  de  Djemila  est  vraisemblablement, 
comme  celui  de  Khemissa,  le  setier  alexandrin  de  716  cen- 
tilitres^. Le  vase  métallique  avait,  dans  cette  hypothèse, 
une  capacité  égale  aux  77  centièmes  de  la  cavité  de  pierre  : 
le  déchet  est  particulièrement  fort,  en  raison  de  la  petitesse 
du  récipient  et  de  sa  forme  tronconique. 

Les  cavités  B  et  C  étaient  sensiblement  hémisphériques. 
Rayon  de  B  :  0  »  14.  Rayon  de  C  :  0  "  17.  Capacités 
respectives,  d'après  cette  donnée  :  5  *  662  et  10  M58.  Cette 
dernière  mesure  correspond  à  un  modius^  c'est-à-dire  à 
8  '  754  :  le  vase  de  bronze  équivalait  donc  aux  86  centièmes 
de  la  cavité. 

La  cavité  du  milieu  est  indiquée  par  l'inscription  comme 
correspondant  à  un  capitum.  Le  substantif  neutre  capitum^ 


1.  Voir  Bull.  êrchéoL  du  Comité,  1913,  p.  163  sqq.,  et  la  TëhU  de$ 
BMsare*  des  MtdUni  publiée  par  M.  Carcopino  dans  les  Comptes  rendus 
de  tAcMd,  des  iiuer.,  1919,  p.  379-387. 

t.  Sorlin-Dorigny,  s.  v*  Sexterius,  dans  Dareroberg-Saglio,  p.  1387  et 
note  18. 

3.  Voir  les  textes  réunis  dans  le  Thenaurus^  s.  v*. 


318  TABLE  Dfi   HB8URBS   DE   DJBIIILA 

apparaît  au  iv^  siècle  ;  c  est  d*abord,  k  ce  qu'il  semble,  on 
terme  d'argot  militaire  qui  désigne  les  vivres  des  chevaux 
(Ammien  Marcellin,  XXII,  4,  9  :  pabula  iameniorum^  quêe 
uulgo  dicunt  capita).  Puis  le  mot  est  reçu  dans  la  langue 
officielle  ;  à  partir  du  Code  Théodosien,  annonae  et  capiia, 
vivres  des  hommes  et  vivres  des  chevauix:,  sont  nommés 
souvent  ensemble  :  be  sont  les  principales  prestations'  en 
nature  que  les  prbvinciaux  doivent  fournir,  et  qui  sont 
distribuées  aux  ayants  droit  (l 'après  des  tarifs  déterminés, 
suivant  leur  rang  hiérarchique  *. 

Pour  la  première  fois,  dans  Tinscription  de  Djemila, 
nous  trouvons  ce  terme  employé  avec  une  valeur  métro- 
logique,  pour  désigner  tme  quantité  définie  de  grain.  Le 
passage  à  cet  emploi  était  dans  la  nature  des  choses.  Le 
capitum  est  la  mesure  d'orge  prise  comme  unité  dans  le 
calcul  des  rations  allouées  aux  fonctionnaires,  officiers  et 
soldats.  A  en  juger  par  le  monument  dont  nous  nous 
occupons,  un  capitum  équivalait  à  près  de  5  litres  (4^  869, 
si  Ton  admet  entre  le  vase  et  la  cavité  le  rapport  de  86  à 
100  que  nous  venons  de  calculer  pour  le  modius).  Peut- 
être  faut-il  reconnaître  le  capitum  dans  la  mensa  de 
Khemissa  ^,  et  dans  la  première  mensa  de  Djemila  (cavité 
centrale  :  5  litres  et  demi). 

Un  Herodes  figure  dans  les  fastes  des  provinces  afri- 
caines :  il  est  proconsul  d'Afrique  en  395  ^,  Celui  de  notre 
inscription  est  consularis^  c'est-à*dire  gouverneur  de 
Numidie  postérieurement  à  320^.  11  s'agit  vraisembla- 
blement du  même  personnage  :  il  a  été  conaularis  de 
Numidie  avant  d'être  proconsul  d'Afrique. 

11  n'est  pas  indifférent  que  la  table  à  mesures  de  Djemila 
soit  installée  par  le  gouverneur  provincial,  et  non  par  un 

1.  Voir  Seeck,  s.  y  Capitum,  dans  Pauly-Wissowa. 

:i.  Gagnai,  L  c,  p.  4M:  la  cavité  3  de  la  Uble  A  est  évaluée  à  &  U18. 

3.  Fallu  de  Lessert,  Fastes  des  prov.  àfr.,  II  [1901],  p.  104-106. 

4.  Fallu  de  Lessert,  II,  p.  38. 


TABLE   OB   MESURES   DE   DJEM1LA  319 

magistrat  municipal.  Il  faut  se  rappeler  que  le  terme  de 
capitum  apparaît  surtout  pour  désigner  la  ration  du  cheval 
en  tant  que  prestation  à  laquelle  les  contribuables  sont 
tenus;  que  sous  le  règne  de  Julien,  le  modius  tritici  est 
Vunité  employée  pour  déGnir  les  commoda  auxquels  ont 
droit  les  officiales  ^  ;  qu'une  inscription  ^  atteste  qu*il  exis- 
tait à  Djemila  des  horrea^  c'est-à-dire  un  de  ces  maga- 
sins où  l'administration  militaire  conservait  les  vivres 
fournis  par  les  provinciaux  pour  Vannona  militaris  ^,  Si 
Ion  tient  compte  de  toutes  ces  données,  on  se  convaincra 
que  la  table  d'Herodes  n'était  pas  une  table  de  mesures* 
étalons  destinée  à  assurer  la  loyauté  des  transactions 
commerciales;  elle  était  utilisée,  comme  garantie  commune 
de  rÉtat  et  des  contribuables,  pour  vérifier  les  quantités 
livrées  par  les  contribuables  aux  agents  du  fisc,  aux 
èasceptoreê. 

Il  est  très  possible  que  le  petit  monument  de  £>jemila 
soit  en  rapport  direct  avec  la  mesure  prescrite  en 
novembre  386  par  Valentinien,  Théodose  et  Arcadius  *  : 
Modioê  aeneos  seu  lapideos  cum  sextariU  atque  ponderihus 
per  manêiones  aingulasque  ciuUaUs  iussimus  collocari^ 
ut  unu9quisque  tributarius,  sub  oculif  constitutis  rerum 
omnium  modis  (plutôt  que  modiis)  sciât  quid  debeat 
êUBceptoribus  dare.  On  peut  admettre  que  Herodesa  été 
consulaire  de  Numidie  en  386  ou  387,  pour  être  8  ou  9  ans 
plus  tard  proconsul  d'Afrique,  de  même  que  Domitius 
Zenofilus,  consulaire  de  Numidie  en  320,  fut  proconsul 
d'Afrique  entre  326  et  333  ^. 

I.  C.  /.  L.,  VllI.  17896,  Timgad. 

3.  Bail,  archéoL  du  Comité,  1911,  p.  115. 

3.  Cagoal,  V Armée  romaine  d'Afrique^  1913,  p.  310  sqq. 

4.  Cod.  Theod.,  XII,  «,  51. 
&.  Pillu  de^Lessert,  II,  p.  39. 


LIVRES   OFFERTS 


,  LIVRES    OFFERTS 


Le  Secr£tiire   PBHpiniBL  offre  i   l'Académie,  de   U  part   des 
!9  ouvrages  suivants  ; 

le  Ulysse  Chrvalibr,  Pour  la  bibliothèque  de  Loutiin 
1920); 

ïS  Steeostrup,  Etbnografien  en  o^nigt  til  vtjledning  ved 
iaeining  og  iladium.    Anden    udgave   (Copenhague,  S*, 

e  de  Santarem,  Eitudos  de  Cirlographia   aaligR  [Lisboa, 

l-,  i9ao). 

LR  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

part  de  notre  correspondant  M.  Emile  Cartailhac  et  de  U.  le 
:ouen,  dont  vous  avez  récemment  entendu  les  intéressantes 
étions  d'archéologie  préhislorique,  j'ai  l'honneur  de  pré- 
Académie  une  brochure  renfermant  deux  discours  pronon- 
évrier  dernier  b  l'Académie  des  jeui  floraux.  Le  premier  est 
iement  de  M.  le  comte  Begouen,  élu  mainteneur.  Il  raconte 
issioas  d'un  récent  voyage  dans  la  Jougoslavie.  Cette 
la  brochure  se  recommande  particulièreraenl  i  l'atlention 
ikfréres  de  l'Académie  des  sciences  morales  et  politiques. 
le,  due  k  M.  Cartailhac,  insiste  particulièrement  snr  les 
es  de  M.  Begouen  dans  les  grottes  de  l'Ariège.  On  s«it 
ses  recherches  M.  Begouen  (ut  sidépar  ses  trois  Bis  auquel 
archéologue  toulousain  rend  un  hommage  très  mérité.  « 

u  oITre  à  l'Académie,  de  la  part  de  H.  Henty  Cocbin,  un 
posthume  du  regretté  Claude  Cochin,  ancien  élève  de 
s  Chartes,  ancien  membre  de  l'École  française  de  Rome, 
1  Nord  : 

le  Cochin  s  réuni  en  un  volume  cent  soixante-dix  lettres 
u  Cardinal  de  Retz  qui  forment  un  complément  aux  œuvres 
i  prélat  publiées  dans  la  collection  des  Grand»  écritxiM  de 
.  C'est  non  pas  par  hasard,  mais  par  suite  de  recherches 
lies,  ingénieusementet  patiemment  poursuivies, queCUude 
lécouvert  ces  documents  dans  les  archives  et  bibliothèques 

de  l'Italie.  11  les  a  soigneusement  transcrites,  copieuse- 
Bvamment  annotées,  en  homme  qui  avait  fait  de  l'histoire 

du  XVII*  siècle  une  étude  approfondie.  Quand  les  coro- 


LIVRES  OFFERTS  321 

mentaîres  demandaîent.un  trop  long  développement,  il  les  a  rejetés  à 
la  fin  du  volume  en  des  appendices  qui  sont  de  véritables  disser- 
tations historiques.  Les  lettres  publiées  par  Cochin  et  les  documenta 
qa^il  y  a  joints  apportent  des  renseignements  nouveaux  sur  la  cap- 
tivité de  Retz,  son  évasion  de  Nantes,  et  sa  fuite,  sur  ses  relations 
avec  le  Saint-Siège,  et  même  sur  la  période  de  sa  vie  pendant 
laquelle  il  vécut  caché  ;  on  ne  connaissait  aucune  lettre  entre  le 
9  avril  1657  et  le  24  avril  1660  :  Cochin  en  a  retrouvé  quatre  écrites 
pendant  ce  laps  de  temps.  On  trouvera  aussi  des  lettres  qui  éclairent 
Tattitude  de  Retz  à  Tégard  des  Jansénistes.  Enfin,  on  remarquera 
particulièrement  les  appendices  ayant  trait  k  rentrée  de  Mademoi- 
selle  d'Epemon  au  Carmel  et  .à  la  conversion  de  Turenne.  Au  total, 
un  livre  dont  la  publication,  en  mettant  en  lumière  le  talent  de  Fau- 
teur, témoigne,  une  fois  de  plus,  du  dommage  que  les  études  histo- 
riques ont  subi  par  la  disparition  prématurée  de  Claude  Cochin.  » 

M.  Prou  offre  ensuite  de  la  part  de  Tauteur,  M.  Charles  Durand, 
soos-ingénieur  des  ponts  et  chaussées  en  retraite,  le  compte  rendu 
des  fouilles  de  Vésone  en  1912-1913  : 

«  Ce  rapport  complète  la  série  des  rapports  sur  les  fouilles  de 
Vésone,  Tantique  cité  de  Périgueux,  décidées  en  1905  par  M.  Dujar- 
dln-Beaumetz,  alors  sous-secrétaire  d*Ëtat  aux  Beaux-Arts,  sur  la 
demande  que  lui  en  présenta  M.  Fougeyrollas,  maire  de  Périgueux, 
et  poursuivies  jusqu'en  1913  sous  Thabile  direction  de  M.  Charles 
Durand.  Elles  ont  permis  de  reconnaître  tout  le  périmètre  de  Ten- 
ceinte  romaine  du  m*  siècle  ;  des  portions  considérables  de  cette 
muraille,  plusieurs  tours  et  une  porte  sont  encore  debout  ;  ailleurs, 
on  a  retrouvé  et  mis  au  jour  les  substructions,  opéré  des  tranchées 
qui  permettent  d*en  étudier  la  structure,  extrait  des  cippes,  des  ins- 
criptions, des  sculptures  qui  sont  venues  enrichir  Tadmirable  musée 
que  dirige  avec  tant  de  zèle,  de  compétence  et  d'autorité  M.  le  mar- 
quis de  FayoUe.  On  a  reconnu  le  péribole  du  temple  de  Tutèle  dont 
la  célèbre  et  imposante  Tour  de  Vésone  était  la  celU  ;  retrouvé  les 
rabstruciions  d'une  vaste  basilique  sur  le  forum  ;  et  enfin  suivi  le 
tracé  d'un  aqueduc  qui  amenait  Teau  de  la  fontaine  de  Grandfont  à 
Vé9one.  Ces  fouilles  ont  été  conduites  méthodiquement  et  peuvent 
être  proposées  comme  des  modèles.  En  outre.  M,  Durand  en  a  écrit 
des  comptes  rendus  détaillés  de  la  plus  grande  clarté.  Dans  le  der- 
nier non  seulement  sont  relatées  les  découvertes  de  la  campagne 
191i-1913,  mais  M.  Durand  y  a  présenté  un  tableau  d^ensemble  de 
tous  les  résultats  obtenus. 

n  Ce  fascicule  est  illustré,  comme  les  précédents,  d'excellents  plans 
19)0  ai 


322  SÉANCE   DU    17   SEPTEMBRE 

en  plusieurs  couleurs  et  de  planches  en  phototjpie.  Il  reste  encore 
à  faire,  et  Ton  doit  souhaiter  que  la  Direction  des  beaux-arts  ne 
laisse  pas  inachevée  une  œuvre  si  bien  commencée.  On  souhaiterait 
qu*on  dégage&t  la  porte  de  Mars  presque  complètement  enterrée, 
qu'on  classât  les  portions  du  mur  dVnceinte  et  les  substructions 
enclavées  dans  des  propriétés  privées,  et  qu'on  achevât  la  recon- 
naissance du  forum.  » 


SEANCE  DU   17   SEPTEMBRE 


PRésiDENCB  DE  M.    EDOUARD   GUQ,    VICE-PRÉSIDENT. 

M.  Gagnât  donne  lecture  d*un  rapport  de  M.  le  D'  Carton, 
correspondant  de  l'Institut^  sur  les  fouilles  exécutées  par  lai  à 
Bulla  Regià  en  1919-1920  avec  Tassistance  pécuniaire  de  TAca- 
demie  (Fondation  Piot). 

Il  donne  ensuite  communication  d'une  inscription  découverte 
au  cours  des  fouilles  en  question  ^« 

M.  Salomon  Rbinagu  présente  quelques  observations. 

M.  Louis  Léger  communique  un  mémoire  sur  l'onomastique 
slave  de  TAllemagne.  Après  avoir  rappelé  une  lettre  de  Renan  à 
Strauss  où  le  célèbre  académicien  évoquait  contre  les  prétentions 
germaniques  le  souvenir  de  ces  Slaves  disparus,  M.  Léger  met 
en  lumière  les  origines  slaves  d'un  certain  nombre  de  cités  ger- 
maniques. Il  commence  par  Berlin  dont  la  forme  primitive  est 
Berlie,  ce  qui  veut  dire  en  slave  une  enceinte  de  pieux  ;  il  con- 
tinue par  Leipzig  dont  le  nom  se  retrouve  dans  presque  tous  les 
pavs  slaves  et  qui  veut  dire  la  ville  des  tilleuls,  par  Dresde  dont 
le  nom  allemand  Dresden  est  un  pluriel  qui  veut  dire  en  slave 
les  brindilles,  les  débris  de  bois.  Dresde  était  un  ancien  port  de 
halage.  Les  noms  slaves  se  retrouvent  dans  ceux  des  cours  d*eau, 
même  dans  les  régions  les  plus  germanisées. 

1.  Voir  ci-après. 


FOUILLES   EXÉCUTÉES   A    BULLA   REGIA   EN    1919-1920      323 

M.  Paul  Monceaux  commente  une  inscription  chrétienne  de 
Madaure,  récemment  découverte  ^ . 
M.  Salomon  Rbinach  présente  quelques  observations^ 


COMMUNICATIONS 


RAPPORT   SUR    LES   FOUILLES   EXÉCUTÉES 
A    BULLA   REGIA    EN  1919-1920,    PAR  M.    LE   D''  L.    CARTON, 

CORRESPONDANT   DE   l' ACADÉMIE. 

Le  dégagement  des  grands  thermes  publics,  que  je 
poursuis  depuis  quelques  années  grâce  aux  subventions 
accordées  par  l'Académie,  a  été  continué  de  concert  avec  le 
Service  des  Antiquités. 

L'entrée  du  monument  offre  un  caractère  assez  rare  dans 
les  thermes  publics.  C'est  d'être  assez  vaste  et  de  présen- 
ter une  grande  régularité.  La  porte,  flanquée  de  deux 
colonnes,  s'ouvrait  en  avant  sur  le  large  palier  dallé,  que 
borde,  sur  toute  Tétendue  de  la  façade,  un  Icfig  emmar- 
chement  descendant  vers  la  grande  voie  dallée  désignée 
sous  le  nom  de  Voie  des  Thermes.  En  arrière,  elle  donnait 
sur  un  grand  vestibule  de  chaque  côté  duquel  un  escalier 
descend  vers  Tikitérieur  de  Tédifice,  dont  le  sol  est  à  un 
niveau  bien  inférieur  à  celui  de  la  voie.  Les  deux  escaliers 
placés  dans  cette  position  symétrique  comprennent  sept 
marches  divisées  en  deux  groupes  par  un  ))alier. 

Au  bas  de  celui  qui  est  à  TEst  a  été  trouvée  une  base 
honorifique  portant  deux  textes. 

Au  cours  des  fouilles  précédentes  on  avait  constaté  la 
présence,  dans  une  des  salles  à  hypocauste,  d*un  édicule  en 
belles  pierres  de  taille,  et  à  façade  courbe.  L'exploration 

1.  Voir  ci-apirèf. 


324      FOUILLES   EXÉCUTÉES   A    BULLA.  REGU   EN    191^1920 

n^avait  pu  en  être  terminée  à  cause  de  son  peu  de  solidité. 
Les  travaux  exécutés  par  le  Service  des  Antiquités  ont 
permis  de  la  compléter  cette  année.  Il  forme  un  tout,  isolé 
et  saillant  dans  la  salle.  Sa  façade  courbe  comprenait 
deux  étages  dont  le  supérieur,  très  détruit,  avait  en  avant 
la  forme  d  une  haute  niche.  Au-dessous  de  lui,  une  baie 
cintrée,  beaucoup  plus  basse  que  cette  dernière  était 
disposée  de  manière  à  être  coupée  en  deux  par  le  sol  en 
mosaïque  suspendu,  de  Thypocauste,  donnant  ainsi  sur  ce 
dernier  par  en  bas,  et  sur  la  salle  par  en  haut.  La  clef  de 
voûte  de  la  niche  supérieure  portait  une  sculpture  en  bas- 
relief,  représentant  un  buste  de  femme,  les  bras  à  demi 
élevés  au-dessus  de  la  tête. 

En  arrière  de  TouVerture  de  cet  édicule  se  trouve  une 
série  d'arcades  formant  un  ensemble  pittoresque.  L'état 
d'avancement  du  dégagement  de  cette  partie  des  Thermes 
ne  permet  pas  de  dire  encore  s'il  s'agit  du  fumas  ou  de 
ses  dépendances. 

Le  principal  effort  de  cette  campagne  a  porté  sur  la 
salle  souterraine  polygonale  qui  se  trouve  à  l'Est  des 
Thermes. 

Il  n'a  pas  encore  été  possible  de  déterminer  si  elle  fait 
partie  de  ce  monument,  ce  qui  paraît  pourtant  probable, 
car  les  couloirs  qui  l'entourent  viennent  buter  sur  la  voie 
dallée  adjacente  sans  communiquer  avec  elle,  en  sorte 
qu'il  semble  qu'on  devait  y  accéder  en  passant  par  les  bains 
voisins. 

Les  terres  qui  la  recouvraient  n'ont  été  enlevées  qu'en 
partie,  mais  on  peut  dès  maintenant  se  rendre  compte  de 
la  curieuse  disposition  des  couloirs. 

Le  sol  de  la  salle  qui  s'étendait  au-dessus  était  revêtu 
d'une  fine  mosaïque,  qui  n'a  pas  encore  été  dégagée. 
Elle  était  recouverte  par  une  voûte  actuellement  écroulée, 
mais  dont  les  débris  présentent  des  caissons  en  stuc  poly- 
gonaux   encadrés     de    moulures  à    l'intérieur    desquels 


FOUILLES   EXÉCUTÉES   A   BUtLA   REGIÂ   EN    1919-1920      325 

étaient  des  représentations  d^objets  divers,  armes,  person- 
nages, etc. 

Je  me  propose,  au  cours  de  la  prochaine  campagne  de 
fouilles,  de  dégager  complètement  cet  ensemble  pour  en 
déterminer  la  destination  et  en  étudier  Tintéressante  déco* 
ration. 

J'ai  signalé  précédemment  à  TAcadémi^e  l'existence 
d*une  nécropole  chrétienne  à  environ  200  mètres  au  Nord 
duNymphaeum.  J'ai  achevé  de  découvrir  cette  année  au 
même  endroit,  .à  côté  de  murs  puissants,  un  escalier  de 
deux  marches  flanqué  de  bases  de  colonnes  dont  le  dé  est 
orné  de  sculptures  élégantes  représentant  des  rinceaux  et 
des  rosaces.  L'examen  des  environs  m'a  convaincu  qu*il 
s'agit  d'une  église  importante  édifiée  au  milieu  de  Varea 
découverte  précédemment.  Malheureusement  ce  monument 
exposé  aux  souillures  et  à  la  destruction  ne  peut  être 
fouillé  pour  le  moment,  car  il  est  entoifré  de  gourbis. 

J'exprime  ici  tous  mes  remerciements  à  Madame  Nadal 
qui  a  bien  voulu  me  prêter  son  précieux  concours  pour  la 
direction  des  fouilles. 


NOTE    COMPLÉMENTAIRE   DE   M.    CAGNAT. 

Au  cours  des  fouilles  dont  il  vient  de  nous  être  rendu 
compte,  M.  le  IK  Carton  a  découvert,  ainsi  qu'il  la  dit  en 
deux  mots,  une  pierre,  assez  mutilée,  qui  portait  autrefois 
sur  deux  faces  des  inscriptions.  Celle  qui  figurait  sur  la  face 
postérieure  est  gravée  en  lettres  fort  petites  (1  centimètre  et 
demi)  ;  son  état  lamentable  en  rend  la  lecture  complète  à 
peu  près  impossible  :  les  quelques  groupes  de  lettres  que 
j'ai  pu  déchiffrer  à  grand'peine  permettent  seulement  de 
reconnaître    qu'elle    reproduisait    le    texte    d'une    lettre. 


326      FOUILLES   exÉCCTÉBS   A   BtLLA    RtelA   EN    1919*1920 

adressée  sans  doute  à  la  muDicipaliié,  relative  à  la  con* 
structioQ  et  à  rembellissement  des  thermes.  L'autre 
inscription,  celle  qui  garnissait  la  face  antérieure,  est  moins 
détériorée  ;  elle  se  compose  actuellement  de  13  lignes  ;  les 
lettres  mesurent  0  '^  04  à  la  première  ligne  et  0  "^  035  aux 
autres.  On  distingue  : 

I    A   E  M   I  /  M    I    A   / 
C  AERVr////AEM  I 
EFIDI  A/// CLARIS 
S  mil   EMIA£ 

VLALBieNSVLAks 

ONi  eT  alvmni  fil  OB 

PVAMOPERISSVI  TERMRW 

centiamq\a1   PATKM 

XORNAVITETSALVtClVIWI 

ICO    CONSVLERE 
A    EST 

BENE    eT     EIVS 

TRONAE  .  eT 

On  voit  que  le  monument  était  ime  base  de  statue  élevée 
en  rhonneur  d  une  femme  noble,  fille  d  un  consulaire,  pour 
la  remercier  de  sa  générosité  et  en  particulier  des  travaux 
accomplis  à  ses  frais  pour  la  construction  des  thermes  de 
la  ville.  11  nous  apprend  les  noms  de  la  généreuse  personne 
à  qui  cet  établissement  était  dû.  On  peut  les  reconnaitre.  Les 
premières  lignes  portent  :  ...  iae  Mi  —  oa  Me  —  mMi[é] . . . 
cae  Rupl, . .  Aemi[lia]e  ou  Aemi[liana]e  Pidia, . .  cUriilêi" 

m«e]..,«...    [f]eminae ul{i)   Albi  consalarU   [viri 

patr]oni  et  alumni  fil[iae).  La  restitution  du  second  nom 
de  la  femme  n'est  pas  douteux  :  ce  ne  peut  être  que 
Memmia  ;  gentilice  qui,  tout  naturellement,  était  celui  de 
son  père,  lequel,  ainsi  que  Tapprend  la  cinquième  ligne, 
portait  aussi  les  surnoms  de  Julius  Albus  ou  Albius.  Or,  on 


i 


FOIIILLBS  EXÉCITÉBS  A   BULLA   REGIA   KN    1919-1920      327 

connaît  par  d'autres  documents,  dont  deux  trouvés  à  Bulla 
Regia  même  et  sur  lesquels  je  reviendrai  tout  à  Theure, 
rexistence  d*un  personnage  nommé  C.  Memmius  C.  f. 
Quir(ina)  Fidus  Julius  Albius...,  qui  arriva  au  consulat 
après  une  carrière  brillante.  Ce  n'est  pas  se  hasarder  que 
d*admettre  la  parenté  de  ce  consulaire  et  de  la  bienfaitrice 
honorée  ici.  D'où  la  restitution  : 

• 

?I[ul]iae  Me[m]miae 

. . .  cae  Rup . . .  [ae]  Aemi 

lianaje  Fidia[nae]  claris 

simaé  et  nobilisJs[imae  fjeminae 

C.  Memmi  Fidi  lul(i)  Albi  consularis 

uiri  patrjoni  et  alumni  fil.  ob 

praecijpuam  operis  sui  thermarum 

muni(i]centiam  qua  et  patriam 

suam  ejxornauit  et  saluti  civium 

ico  consulere 

dignatja  est 

bene  et  ejus 

pa]tronae  et 

Enfant  de  la  ville,  C.  Memmius  en  était  aussi  le  patron  ; 
il  fille  partageait  cet  honneur  et  tous  deux  avaient,  comme 
il  était  de  règle,  témoigné  leur  attachement  à  leurs  concis' 
toyens  en  les  dotant  de  constructions  utilitaires. 

n  eût  été  étonnant  que  Memmia  ayant  sa  statue  dans  les 
thermes,  il  n'en  fût  pas  de  même  pour  son  père.  Et,  en 
^ffet,  M.  le  D'  Carton  y  a  rencontré  un  morceau  de  pierre 
où  il  a  lu  *  : 

C  MEMMIO-  C-  FIL-  QVIR 
FIDO  IVLIO  ALBIO  C  •  MV 

^"////////  IF  /////////    B 

1.  Bail.  êreK  do  Comité,  1915,  p.  18t. 


328      FOUILLES   EXÉCUTÉES   A   BULLA   REGLA.   EN    1919-1920 

ce  qui,  s'il  ne  faut  pas  lire  à  la  fin  de  la  ligne  2  c[larUsimae) 
m[emoriae)  v[iro)^  nous  enseignerait  qu'outre  les  noms  de 
Fidus  Julius  Albius  Memmius  se  nommait  encore  C.  Mu.  .  . 

Ce  que  fut  cet  homme  et  par  quelles  situations  suc- 
cessives il  passa,  nous  le  savons  par  une  deuxième  inscrip- 
tion, qui  fut  gravée  en  son  honneur  dans  une  autre  ville  de 
Tunisie,  Vina^,  Le  texte,  connu  depuis  trente  ans,  est 
ainsi  libellé  :  C,  Memmio  C.  /.  Qair,  Fido  Iulio  Albio  cons. 
sodali  Titioleg,  Aug.  pro  pr,  prou.  Noricae  car.  uiae  Pis,- 
miniae  praef.  Miniciae  pro  co$.  prouin.  Baetic,  leg.  Aug. 
leg.  VII  Claadiae  iuridico  per  Italiam  reg.  Transpadanae 
praetori  leg.  pr.  pr.  prou.  A  fric,  aedil.  cerial.  q.  prou. 
Asiae  trib.  laticL  leg.  II  Augustae  C.  Annius  Iulius  Secun^ 

dus amico  rarissimo  ob  eximiam  eiu$  erga  se  béni- 

volentiam  sua  pec.  posuer.  et  d.  d.  d. 

Rien,  dans  cette  longue  énumération  de  dignités,  ne  per- 
met de  dire. avec  quelque  précision  à  quelle  époque  vivait 
le  personnage  ;  mais,  heureusement,  son  nom  figure  encore 
sur  un  fragment  d'architrave  que  j'ai  découvert  autrefois  à 
Ksour-Abd-el-Melek.  Au  moment  où  la  pierre  a  été  mise 
en  place,  il  était  légat  du  proconsul  d'Afrique  ;  et  l'on  peut 
affirmer  que  c'était  en  175-176  de  notre  ère^.  La  préture 
qui  suit  immédiatement  cette  légation  dans  le  cursus  tran- 
scrit plus  haut  est  donc  de  177  environ  ;  et  comme  il  fut 
appelé  à  six  fonctions  différentes  avant  d'être  honoré  du 
consulat,  on  ne  saurait  attribuer  à  ce  dernier  une  date 
antérieure  à  183.  C'est  celle  où  son  ami  C.  Annius  de  Vina 
lui  éleva  une  statue. 

C'est  postérieurement  que  les  thermes  de  Bulla  furent 
construits  par  sa  fille,  puisque  dans  l'inscription  qui  fait 
l'objet  de  cette  note  on  lui  donne  le  titre  de  consularis. 

Il  est  encore  question  du  même  Memmius  dans  un  docu- 


1.  c.  r.L.Vill,  12442. 

2.  Ibid.,  11928.  Cf.  mes  \ouvelUs  exploralions  en  TanUity  p.  49. 


r 


DEUX   VICTDIE8   DES  MAURES  A  MADAUROS  329 

ment  que  le  capitaine  Benêt  a  trouvé  en  fouillant  à  Balla 
le  temple  d'Apollon.  Parmi  toutes  les  plaques  de  marbre 
qui  remplissaient  une  des  chambres  de  la  cellay  il  a  recueilli 
deux  petits  morceaux,  appartenant  au  même  tout,  que 
M.  Merlin  a  judicieusement  rapprochés  et  dont  il  a  fort 
bien  indiqué  la  place  dans  Tensemble  de  Tinscription,  sans 
pourtant  proposer  une  restitution  complète  du  texte  ^  Il 
n'est  pas  impossible  d'aller  plus  loin  que  lui,  maintenant 
que  Ton  possède,  relativement  au  personnage,  des  rensei- 
g:nements  nouveaux.  On  arrive  ainsi  à  une  reconstitution 
comme  celle-ci  : 

C  MImmio  c.  f,  q  u  ir,   fido  i  ù  l  i  o  a  l  b  i  o  c.   mu  ii?... 

REC  • . .  cons,  êodali  titio RIS  leg.  pro 

PR  PI  ou,  norîcae  cur,  uiae  flaminiae  praef,  miniciàe  pro  COS  PR  ou 
BETIcae  leg.  aug,  leg,  VU  cl.  iuridicoper  italiam  regioniS  TRAnspac/. 
PRAE/ori  leg,  pr,  pr.  prou,  africae  aedili  cereali  quaett  prouinciae 

ASIAE  trib.  laticlauio  leg.  II  aug 

DECI 

On  voit  que  la  légation  du  Norique,  la  dernière  citée  sur 
la  pierre  de  Vina  devait  être  précédée  ici  d'une  autre  fonction 
dont  il  ne  reste  que  les  trois  dernières  lettres  RIS.  Je  sup- 
pose qu'il  s'agit  d'une  légation  de  province  consulaire,  une 
de  celles  qui  portaient  l'épithète  d'inferior  ou  de  superior. 

En  résumé,  les  thermes  de  BuUa  Regia  ont  été  édifiés 
dans  les  dernières  années  du  ii®  siècle  de  notre  ère  aux  frais 
d'une  famille  de  la  ville  et  particulièrement  d'une  Memmia 
Fidiana,  fille  d'un  Memmius  Fidus,  ancien  consul. 


DEUX   VICTIMES    DES   MAURES   A   MADAUROS, 
PAR  M.    PAUL   MONCEAUX,    MEMBRE   DE   l' ACADÉMIE. 

Les  fouilles  de  Mdaourouch,  dirigées  avec  tant  de  succès 
par  M.  Jolj   et  le  Service   des   Monuments   historiques 

1.  BttlL  areh.  du  Comilé,  1906,  p.  GCLXVilI. 


330  DRUX' VtCTlBlES   tKi   MAURES   A   MADAUR08 

d'Algérie,  continuent  à  nous  révéler  divers  aspects  de  la 
vie  antique  dans  cette  vieille  cité  numide  de  Madauros, 
devenue  colonie  romaine,  la  patrie  d'Apulée  et  rinstituiriœ 
d'Augustin,  où  se'  heurtaient  les  religions  et  les  races. 
Cette  fois,  ce  sont  les  indigènes  et  leurs  victimes  qui 
entrent  en  scène.  On  a  découvert  Tan  dernier  à  Mdaou- 
rouch,  dans  la  forteresse  byzantine,  sur  remplacement  du 
forum,  la  pierre  tombale  de  deux  chrétiens,  deux  frères, 
qui  ont  succombé  sous  les  coups  des  indigènes,  des 
w  Maures  »,  dit  l'épitaphe. 

Cette  pierre  tombale,  qui  mesure  aujourd'hui  0  "  63  sur 
0  ™  50,  était  primitivement  une  mensa^  une  table  funéraire 
à  la  mode  du  pays.  Mais  elle  a  eu  plus  tard  une  destinée 
singulière  :  elle  a  été  transformée  en  pressoir,  comme  le 
prouve  une  rigole  presque  circulaire,  qui  entoure  l'épitaphe, 
avec  Tamorce  d'un  petit  canal  dans  l'angle  supérieur  de 
gauche.  Malgré  cette  mésaventure  de  la  pierre  tombale, 
l'inscription  funéraire  s'est  conservée  en  grande  partie. 
Presque  intacte  en  haut  et  en  bas,  elle  a  perdu  à  droite 
quelques  lettres,  coupées  par  la  rigole  du  pressoir  ;  elle  ne 
présente  d'importantes  lacunes  qu'à  gauche,  où  les  méfaits 
de  la  rigole,  presque  rectiligne  de  ce  côté,  ont  été  encore 
aggravés  par  une  cassure  de  la  pierre.  L'épitaphe,  délimitée 
en  haut  par  un  trait,  se  compose  de  huit  lignes,  en  lettres 
irrégulières  médiocrement  gravées. 

Copie  et  restitutions  de  M^  Gsell  : 

IVC    TVMVMVLV 
PATRES     POSI    T 
ORVS  DIACONVS 
ITANNIS    XXXVII  ETF 
NVS     VIXIT  ANNIS 
////MAVRIS     OCC 
XDIEPOSITI 
KALEDAS     I  VLi 


DEt'X   VICTIMES   DES   MAURES   A    MADAUROS  331 

In  h\ac  iumu<^ma^lu  [duo  f]ratres  posit[L 
Theod]oras  diaconus  [vix]U  annis  XXXVII^ 

et  P[austi]nus  vixit  annis 

A  Afauriê  occ[iêi  e]t  d<i>c/><}«i7i . . .  kale{n)das  iuli\as]. 

Comme  on  le  voit,  la  mensa  couvrait  la  tombe  de  deux 
frères,  qui  tous  deux  étaient  chrétiens,  et  dont  Tun  était 
diacre.  I^s  noms  des  personnages  sont  malheureusement 
mutilés.  Les  restitutions  proposées  sont  naturellemeat 
hypothétiques  ^  Cependant,  elles  sont  assez  vraisemblables  : 
elles  comblent  bien  les  lacunes,  et  ces  noms  de  Theodorus^ 
de  Pauêiinus^  étaient  des  noms  courants  en  Afrique,  qui 
reparaissent  souvent  dans  les  documents  épigraphiques, 
littéraires  ou  historiques  du  pays. 

Abstraction  faite  de  la  ligne  6,  lu  rédaction  de  Tépitaphe 
est  assez  banale,  et  ne  donne  pas  lieu  à  beaucoup  d*obser- 
vations. 

Ugne  1.  —  VC  TVMVMVLV  =  (/;)OC  TVMVLO.  Le 
lapicide  a  répété  par  mégarde  la  syllabe  MV,  où  les  deux 
lettres  sont  liées.  La  substitution  de  TV  à  TO  est  fréquente 
dans  Tépigraphie  chrétienne  d'Afrique,  comme  en  Gaule. 
La  formule  In  hoc  tumulo  se  retrouve  dans  des  épitaphes 
de  Carthage  et  de  Calama.  In  uc  tnmulu  positUM  est  s'est 
déjà  présenté  sur  une  tombe  d^e  Madaure. 

Ligne  2.  —  Positus^  avec  le  sens  de  depositas^  n'est  pas 
rare  dans  Tépigruphie  chrétienne  de  la  contrée. 

Ligne  7.  —  DIEPOSITl,  erreur  du  lapicide,  pour  DEPO- 
Sm.  —  La  formule  depositus  est  d'usage  courant,  du 
IV*  au  vi*  siècle,  dans  toutes  les  partres  de  l'Afrique. 

A  en  juger  par  les  formules,  l'inscription  date  de  la 
seconde  moitié  du  iv*  siècle  ou  des  premières  années  du  v*. 
Tn  seul  détail  présente  un  intérêt  particulier,  la  mention 


1.  Au  lieu  de  [Theod]orui,  on  pourrait  songer  à  lire  [Fl]oru$,  Mais  cetU 
i^Uitotion  semble  un  peu  courte  pour  la  lacune. 


332  DEUX   VICTIMES   DES   MAURES   A  MADAUROS 

relative  aux  circonstances  de  la  mort  :  le  diacre  et  soq 
frère  ont  été  «  tués  par  les  Maures  —  a  Mauris  occUi  ■> 
(ligne  6). 

Ces  circonstances  elles-mêmes  n^étaient  pas  aussi  excep^ 
tionnelles,  dans  l'Afrique  de  ce  temps-là,  qu'on  pourrail 
être  tenté  de  le  supposer.  Malgré  tous  les  bienfaits  de  lll 
«  paix  romaine  »,  les  documents  du  pays  nous  ont  conservé^^ 
le  souvenir  de  multiples  attentats  contre  les  personnes. 
Pour  nous  en  tenir  ici  à  Tépigraphie  chrétienne  de  la 
contrée,  on  y  avait  relevé  déjà  de  curieux  renseignements 
sur  plusieurs  de  ces  attentats.  Tantôt  il  s*agit  de  bagarres 
causées  par  les  querelles  religieuses  :  le  diacre  Nabor,  un 
ancien  schismatique  converti,  dont  Tépitaphe  métrique  a 
été  composée  par  Augustin  lui-même,  fut  assassiné  par 
des  ûonatistes  ^  y  et  Robba,  une  religieuse  donatiste,  périt 
sous  les  coups  de  Catholiques  le  25  mars  434  ^.  Tantàt  il 
s'agit  d'un  attentat  eommis  par  des  indigènes.  A  Mouzaia* 
ville,  entre  Blida  et  Tipasa,  on  a  trouvé  dans  Tabside  d'une 
église  une  table  de  marbre  blanc,  qui  a  été  transportée  au 
musée  d'Alger  :  on  y  lit  l'épitaphe  d'un  évêque  catholique, 
qui  avait  été  souvent  exilé,  et  qui  «  fut  tué  dans  une  guerre 
contre  les  Maures ^  ». 

En  ce  qui  concerne  les  circonstances  de  la  mort,  la  nou- 
velle épitaphe  de  Madaure  présente  une  frappante  analogie 
avec  celle  de  Mouzaïa ville.  Selon  toute  apparence,  on  ne 
doit  pas  porter  au  compte  des  indigènes  de  Numidie  le 
meurtre  du  diacre  et  de  son  frère.  Sans  doute,  autour  de 
Madaure,  les  indigènes  étaient  nombreux  et  remuants  : 
témoin  les  noms  puniques  ou  libyques  dans  les  épitaphes 


1.  «  Donatistarum  crudeli  caede  peremptum...  »  (De  Rossi,  Intcript 
chriit.,i.  H.  p.  461). 

3.  «  C(a)ede  tradit[orum]  vexata,  meruit  dignitate(m)  marim(i) . . .  • 
(Gsell,  C.  R,  de  VAcêd.  de*  inacript.,  1899,  p.  277;  FouUU$  de  BeMcftn, 
p.  J5). 

3.  m  Occisus  est  in  bello  Maurorum  »  (C./.L.,  VIII,  9286). 


SÉANCE   DU   24    SEPTEMBRE  333 

de  la  région  ou  dans  les  listes  de  martyrs,  témoin  la  décla- 
ration d'Apulée  qui  se  disait  lui-même  «  demi-numide  » 
ou  «  demi-gétule  »  ^,  témoin  encore  les  exploits  des  Circon- 
cellions.  Mais  ces  indigènes  des  environs  de  Madaure 
étaient  des  Numides.  Or  le  diacre  Theodorus  et  son  frère 
ont  été  tués  par  des  Maures  (a  Mauris  occisi)  :  comme 
Tévéque  de  Mouzaîaville,  «  tué  dans  une  guerre  des  Maures  » 
(occisus  est  in  bello  Maurorum).  Ils  ont  dû  succomber  lors 
d'une  incursion  des  barbares  de  Maurétanie  :  une  de  ces 
razzias  qui  ramenaient  périodiquement,  vers  le  riche  pays 
numide,  les  incorrigibles  pillards  des  tribus  maures. 


LIVRES  OFFERTS 


M.  Omoict  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

«  Tai  llionneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  TAcadémiey  au  nom 
de  Tauteor  M.  René  Page,  une  brochure  intitulée  :  Un  ami  de 
Bélase,  Vorientalute  Antoine  Galland  (Brive,  1920,  in-8^,  27  pages  : 
extrait  du  Bulletin  de  la  Société  scientifique^  etc,  de  la  Corrèxe), 

•  La  publication  récente  d'un  Journal  parisien  d*Antoine  Galland 
a  fourni  à  M.  René  Page,  dont  on  connaît  les  nombreuses  et  ins- 
tmctÎTes  recherches  sur  rhistoire  et  Tarchéologie  du  Limousin, 
l'occasion  de  révéler  à  ses  compatriotes  un  côté  peu  connu  de  la  vie 
d'Etienne  Baluze,  ses  relations  d*amitié  avec  Fauteur  des  Mille  et 
ane  naOs^  qui  était  devenu  son  collègue  au  Collège  de  France.  » 


SÉANCE  DU  24  SEPTEMBRE 


PRBSIDBlfCB   DE  M.    EDOUARD   CUQ,    VICE-PRésiDBNT. 

M.  le  Ministre  de  riastruction  publique  et  des   beaux-arts 
•dresse    une    ampliation  du    décret    autorisant  TAcadémie  à 

1.  Apulée,  Apolog,t  24. 


334  SÉAIfCE    DU    24    8BPTE1CBRE 

accepter  la  donation  de  15.000  francs  de  renies  faite  par  M.  le 
duc  DE  LouBAT  en  vue  de  constituer  un  fond^  épigrapbique  grec . 
Lecture  est  donnée  du  décret.  Le  PaésioENT  se  fait  Tinter- 
prête  de  TAcadémie  pour  renouveler  à  M.  le  duc  de  Loubat 
Texpression  de  la  gratitude  de  FAcadémie  pour  ce  témoignage 
d'une  inépuisable  générosité. 

Continuant  ses  recherches  sur  les  origines  slaves  des  villes 
allemandes,  M.  Lbgbr  expose  l'histoire  primitive  et  rétymologie 
de  villes  telles  que  Eger  qui  doit  son  nom  à  une  rivière  chaude 
appelée  en  tchèque  O^re,  Teplitz  située  sur  le  cours  de  la  Tepla, 
la  rivière  chaude.  Il  interprète  le  nom  de  Gotha  par  celai  d'un 
fondateur  qui  aurait  porté  Tépithète  de  Chud  (personnage 
pauvre  ou  maigre);  celui  de  Sagan  (prononcez  Zagan)  serait  celui 
d'un  terrain  de  culture  (le  mot  zagon  existe  encore  en  polonais), 
etc.  Le  nom  populaire  chez  nous  du  maréchal  de  Rantzau  est 
celui  d'une  localité  du  Holstein  qui  s'appelait  Roudidzevo. 

Le  R.P.  Vincent,  de  l'École  biblique  et  archéologique  de  Jéru- 
salem, communique  les  relevés  du  fameux  monument  connu 
sous  le  nom  de  Haram  el  Khalil  à  Hébron.  Cet  édifice  devenu 
mosquée  était  demeuré  jusqu'ici  jalousement  fermé  à  l'observa* 
tion  archéologique.  Il  passe  pour  couvrir  la  caverne  funéraire 
d*Abraham  et  de  la  lignée  des  patriarches  bibliques.  Avec  le 
concours  d*un  architecte  anglais,  le  P.  Vincent  a  pu  exécuter  des 
relevés  détaillés  du  monument.  II  ressort  de  cette  enquête  que 
l'enceinte  sacrée  d'Hébron  est  une  construction  d'Hérode  le 
Grand.  Les  Byzantins  y  installèrent  une  église  que  remanièrent 
plus  tard  les  Croisés  et  qui  demeure  pratiquement  intacte.  C'est 
l'unique  édifice  antique  intégralement  conservé  en  Palestine. 

Les  faits  archéologiques  enregistrés  éclairent  quelques  textes 
laconiques  de  l'historien  Josèphe,  mais  surtout  les  documents  de 
la  tradition  juive  et  de  la  Bible  pour  fixer  le  site  où  les  premiers 
patriarches  hébreux  au  cours  de  leur  migration  prirent  définiti- 
vement contact  avec  les  populations  du  pays  de  Canaan. 

M.  Clebmont-Gannbau  présente  quelques  observations. 


LIVRES   OFFERTS  335 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SscBéTAiRB  PERPÉTUEL  préseote  le  dernier  mémoire  écrit  par 
le  lieutenant-colonel  Dieulafoy  :  La  Mosquée  <f  Hassan  (extrait  des 
Mémoires  de  f  Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres,  tome  XLII). 

Il  offre  ensuite,  de  la  part  de  Fauteur,  M.  Gaston  Darier,  une  bro- 
chure intitulée  :  Les  fouilles  du  Janicule  à  Rome,  Le  Lucus  Furrinae 
et  les  temples  des  dieux  syriens.  Bibliographie  chronologique  des 
travaux  publiés  à  leur  sujet  de  1906  à  1918  (Genève,  1920,  in-S»^. 

M.  E.  PoTTiBR  fait  hommage  à  l'Académie  du  second  fascicule  de 
la  Rerue  Syria,  consacrée  aux  antiquités  du  domaine  nouveau  conûé 
à  la  France  en  Orient,  et  en  énumère  les  différents  articles.  Il  signale 
en  paKiculier  un  rapport  de  M.  Chamonard  sur  le  plan  d'organisation 
des  services  archéologiques  en  Syrie. 


.  ?  " 


COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES 


DB 


L'ACADÉMIE     DES     INSCRIPTIONS 

ET    BELLES -LETTRES 
PENDANT    L'ANNÉE    1920 


SÉANCE    DU    !•'    OCTOBRE 


PRB81DBNCB   DB   M.    EDOUARD  CUQ,   VICB-PRKSIDBNT . 

M.  le  Directeur  de  TÉcole  française  d'Extrême-Orient  adresse 
à  l*Académie  son  rapport  sur  la  situation  et  les  travaux  de 
lÉc^le  en  1919-1920. 

M.  Antoine  Thomas  lit  un  mémoire  intitulé  «  Evaux  et  le 
Marlyrologiam  Hieronymianum  »,  où  il  développe  les  raisons 
qui  le  portent  à  croire,  contrairement  à  l'opinion  d'Aug^uste 
Loognon,  que  la  petite  ville  d'Evaux  (Creuse)  a  toujours  fait 
partie  du  territoire  des  Lemo vices  et  non  de  celui  des  Biluriges. 

M.  Paul  MoNCBAUX  présente  quelques  observations. 

M.  Merlin,  correspondant  de  T Académie,  directeur  des  Anti- 
quités de  la  Tunisie,  décrit  une  mosaïque  récemment  décou- 
verte à  Carthage  au  cours  de  fouilles  opérées  par  son  service. 
Le  pavement,  qui  doit  dater  du  v^  siècle  de  notre  ère,  est  très 
curieux  et  comprend  trois  registres  superposés  qui  représentent 
un  grand  domaine  africain. 

Au  centre  se  dresse  la  villa  du  maître,  laquelle,  avec  ses 
tours  et  ses  murs  massifs  où  seules  les  arcades  d'une  galerie 
mettent  au  premier  étage  une  note  d^élégance,  a  déjà  presque 
Tupect  d*aa  château  fort;  derrière  s^élèvent  des  dépendances, 
et  thermes  privés,  et  s*étend  un  parc  ;  dans  les  champs 

19)0  33 


338  SÉANCE   DU    8   OCTOBRE 

qui  font  partie  de  la  propriété,  comme  aujourd'hui  en  Afrique, 
poussent  des  oliviers,  jaunissent  des  moissons,  paissent  des 
troupeaux.  Sur  tout  le  reste  du  tableau  se  développent  des  scènes 
qui  manifestent  la  vie  du  domaine  aux  diverses  saisons  de  Tan- 
née^  dont  chacune  réclame  des  travaux,  apporte  de^  plaisirs  et 
donne  des  produits  différents  :  récolte  des  olives  et  capture  des 
canards  sauvages  en  hiver,  épis  qui  mûrissent  et  troupeaux  au 
pâturage  en  été,  cueillette  des  roçes  au  printemps,  vendange  à 
Tautomne  tandis  que  le  verger  est  chargé  de  fruits. 

Ces  scènes  se  groupent  autour  des  images  des  chtltelains  dont 
elles  nous  montrent  en  même  temps  les  occupations  préférées  : 
la  chasse  est  la  distraction  favorite  dû  seigneur  et  au  registre 
du  milieu  nous  le  voyons  partir  avec  piqueur,  rabatteur,  valet 
muni  de  provisions  ;  sa  femme  aime  se  reposer  à  Fombre  des 
arbres,  Téventail  en  main,  absorbée  par  les  soins  de  sa  toilette 
ou  se  complaisant  à  de  nienus  détails  de  Texistence  rurale. 

Tous  ces  sujets  forment  un  ensemble  très  pittoresque,  dont 
la  composition  savamment  ordonnée  et  finement  nuancée  est 
bien  réussie  au  point  de  vue  artistique  et  dont  la  valeur  docu- 
mentaire est  de  premier  ordre.  La  nouvelle  mosaïque  vient 
prendre  une  place  d'honneur  parmi  celles  qui  nous  fournissent 
de  précieux  renseignements  sur  les  domaines  africains  à  Tépoque 
impériale  ;  il  est  surtout  intéressant  de  la  rapprocher  des 
mosaïques  trouvées  à  Oued-Atménia,,dans.  la  province  de  Cons- 
tantine,  ou  à  Tabarka,  en  Tunisie,  et  de  certains  pavements 
mis  au  jour  à  EUDjem,  à  Oudna  ou  à  Carthage  même. 

MM.  Salomon  Rbinach  et  Clermont-Ganneau  présentent 
quelques  observations. 


SÉANCE   DU   8  OCTOBRE 


PnésiDENCE    DE    M.    CHARLES    DIBIIL. 

M.  le  comte  Durri^u  refià^oxnpià  de: la  mbsico  qui  lui. avait 
été  confiée   d'aller  représenter  officiellement   l'Académie  aui 


LA    CITÉ   PUMQUB   ET   LE  MUNICIPE   DE   VOLUBILIS         339 

fêtes  célébrées  à  Gand  les  3  et  4  octobre  à  Toccasion  de  la  reins- 
lallation  solennelle,  dans  la  cathédrale  de  Sainl-Bavon,  du 
polyptique  de  V Agneau  mystique,  des  frères  Van  Eyck,  recons- 
lilué  dans  son  entier  à  Taide  des  volets  rendus  par  TAllemagne 
en  vertu  d'un  article  du  traité  de  Versailles. 

M.  Durrieu  a  eu  Thonneur  de  parler  au  nom  de  rAcadcmie 
dans  une  grande  séance  tenue  le  4  octobre  à  TUniversité  de 
Gand. 

M.  Edouard  Cuq  fait  une  communication  sur  la  cité  punique 
et  le  municipe  de  Volubilis  * . 

M.  Louis  Léger  achève  sa  lecture  sur  les  noms  slaves  con- 
servés dans  la  topographie  de  l'Allemagne.  Revenant  sur  Téty* 
mologie  du  nom  de  Leipzig,  dont  la  forme  slave  Lipsk  dérive 
du  nom  du  tilleul  «  lipa  »,  il  signale  à  ce  propos  que  le  nom  du 
philosophe  Leibnitz  représente  une  forme  slave  u  lipnica  »,  le 
bois  des  tilleuls.  Par  ses  premières  origines,  Leibnitz  était  donc 
de  race  slave.  M.  Léger  insiste  ensuite  sur  toutes  les  formes  déri- 
vées du  mot  Bystra  qui  veut  dire  :  eau  rapide.  L'une  des  plus 
curieuses  est  celle  du  Pusterthal  (Bystra  dolina),  où  coule  la 
rapide  Drave.  II  termine  par  une  étude  sur  le  nom  de  Zerbst  qui 
rappelle  le  séjour  des  anciens  Serbes  ou  Sorabes.  Catherine  II 
était  née  princesse  d'Anball-Zerbst.  Si  elle  eût  connu  la  signi- 
fication primitive  de  cette  dénomination,  elle  n'aurait  pas 
manqiié  d'en  tirer  parti  vis-à-vis  de  ses  sujets  russes. 


COMMUNICATION 


LA   CITÉ   PUNIQUE  ET    LE    MUNICIPE    DE  VOLUBILIS, 
PAR    M.    EDOUARD   CUQ,    MEMBRE    DE    l'aCADÉMIE. 

L'inscription  découverte  en    191 6  à  Volubilis '^,  présente 
une  particularité  dont'  on  ne  s'est  guère  occupé  jusqu'ici 

1.  Voir  ci-après. 

3.  Cf.  Edouard  Cuq,  Journal  des  Savanh,  1917,  p.    84. 


340         LA.  CITÉ   PUNIQUE   ET   LE  MUNICIPE   DE   VOLUBIUS 

et  qui  n'est  pas  sans  intérêt  pour  l'interprétation  du  texte. 
Parmi  les  magistratures  exercées  par  le  vainqueur  d!JEÀe- 
mon,  C.  Valerius  Severus,  à  côté  de  celles  qu'on  rencontre 
dans  les  municipes  romains,  Tédilité  et  le  duumvirat,  il  en 
est  une  qui  est  propre  aux  cités  pérégrines  d'origine 
punique,  celle  de  sufète. 

I 

l'élection  DES  su  PÈTES 

Les  sufètes  étaient,  au  sens  propre  du  mot  shefet^  des 
juges.  Chez  les  Carthaginois,  c'étaient  les  premiers  magis- 
trats de  la  cité  ^ .  Leur  pouvoir  était  analogue  à  celui  des 
consuls  romains^.  Comme  eux,  ils  formaient  un  collège  de 
deux  membres^.  Les  sufètes  ont  subsisté  sous  la  domina- 
tion romaine  dans  les  cités  pérégrines  d'origine  punique  : 
on  en  a  un  exemple  de  la  fin  du  vu*  x)u  du  début 
du  vm*  siècle  de  Rome  ;  il  est  relatif  à  Courba  {CurubisY» 
Les  sufètes  étaient  éponjmes  :  une  inscription  de  Calama 
est  datée  de  l'année  du  sufétat  d'Âsmimi  et  d'Uri)anus^. 
Nommés  pour  un  an,  les  sufètes  pouvaient  être  réélus  : 
une  inscription  de  Thugga  du  temps  de  Claude  cite  un 
personnage  qui  fut  deux  fois  sufète  ^. 
*  Au-dessous  du  sufète,  les  monuments  épigraphiques  ne 
mentionnent  que  le  princeps.  L'inscription  de  Calama  a  été 
gravée  sous  le  principat  de  Pudens,  fils  d'Anchusor  et  frère 
de  l'un  des  sufètes  ^.  Il  y  avait  d'autres  magistratures  dans 

1.  Tite-Livc,  XXVIII,  37,  2.  Cf.  Gsell,  Hialoire  ancienne  de  V Afrique  da 
Nord,  t.  11,1918,  p.  193. 
3.  Titc-Uve,  XXXVIII,  7,  5.  P.  Diac,  v-  Sufes, 

3.  Gornel.  Nepos,  Hànnib,  7,  4. 

4.  C./.L.,  VIII,  10525. 

5.  Ibid.,   5306. 

6.  MéUnge»  de  VÉcole  frnnçsLiae  d'archéologie  de  Rome,   1899,  p.  29i. 
Poinssot,  Noav.  archives  des  Missions,  XIII,  q»  64. 

7.  Cf.  G.l.L.^  VIII,  5369  :...  Saturninus  [suf]est  princeps. . • 


LA   CITÉ   PUNIQUE   ET   LE  MUNICIPE   DE    VOLUBILIS         341 

les  cités  puniques,  mais  on  n'en  connait  pas  le  nom. 
L'inscription  précitée  de  Thugga  y  fait  allusion  sans  les 
énumérer  :  honoribus  peractis.  Elle  nous  apprend  seule- 
ment que  certains  personnages  recevaient  le  titre  de  sufète 
sans  en  exercer  la  charge.  JLes  ornamenta  sufetis  étaient 
on  titre  honorifique  comme  Tétaient  à  Rome  les  ornements 
consulaires  ou  prétoriens. 

Le  mode  d'élection  des  sufètes  est  indiqué'  dans  Tins* 
cription  de  Thugga.  Saturus,  fils  de  Thinoba,  fut  élu  sufète 
pour  la  seconde  fois  par  voie  de  suffrage,  a  civitate  et  plèbe. 
Les  ornements  de  sufète  furent  conférés  gratuitement  par 
le  sénat  et  la  plèbe  à  Faustus,  fils  de  Jidius  Venustus,  fils 
lui-même  de  Thinoba,  en  raison  des  mérites  de  son  père. 
Us  furent  également  conférés  gratuitement  à  Firmus,  frère 
de  Venustus  en  raison  de  son  mérite  personnel.  Il  ne  parait 
pas  douteux  que  les  mots  civitas  et  plebs^  ou  simplement 
civitas^  désignent  le  mode  d'élection  plus  clairement  carac* 
térisé  par  l'expression  senatus  et  plebs,  11  fallait  Taccord 
du  sénat  et  de  la  plèbe,  tandis  qu'à  Rome  la  concession 
des  ornements  consulaires  ou  prétoriens  appartenait  exclu- 
sivement au  Sénat  ^  ;  à  l'inverse,  à  Rome  et  dans  les  cités 
romaines,  l'élection  des  magistrats  était  réservée  au  peuple. 

Une  autre  différence  existait  quant  à  la  forme  du  vote  : 
daprès  la  loi  de  Malaga  (c.  LV),  les  électeurs,  répartis 
en  curies,  étaient  appelés  simultanément  dans  des  locaux 
fermés  {in  consœptis)  où  ils  déposaient  leur  bulletin  de 
vote  [tabella)  dans  une  corbeille.  Dans  la  cité  punique 
de  Thugga,  la  collation  des  ornements  de  sufète  à  Firmus 
eut  lieu  omnium  portarum  sententiiSy  c'est-à-dire  que  toutes 
les  portes  émirent  un  avis  favorable.  Les  électeurs  de 
chaque    section  devaient  sans  doute  se  présenter  à  tme 


1.  Il  en  était  de  même  en  Afrique  dans  la  colonie  de  Cirta  :  les  ornà- 
Mtntê  quinqnennMlieU  sont  conférés  décréta  decurionam,  C.I.L,  VIII, 

7M6. 


342  LA   CITÉ   PUNIQUE   ET    LE    MUNICIPE    DE  VOLUBIUS 

porte  déterminée  de  la  ville  ;  les  votes  étaient  recueillis  au 
fur  et  à  mesure  de  leur  passage. 

En  dehors  de  leurs  magistrats,  les  cités  pérégrines  choi- 
sissaient souvent  pour  patron  un  citoyen  romain  afin  de 
6*as6urer  la  faveur  du  pouvoir  central.  C'est  ainsi  qu'en 
décembre  27  et  en  février  28,  un  tribun  militaire  de  la 
111®  légion  Augusta,  C.  Silius  Fabius  Aviola,  accepta  le 
patronat  des  cités  puniques  d'Apisa  Ma  jus  et  de  Themetra 
et,  sans  doute  à  la  même  époque,  de  Siagu  et  de  Thimilga  K 
Vingt  ans  plus  tard,  en  48,  sous  le  règne  de  Claude,  le 
paguê  de  Thugga  avait  pour  patron  C.  Artorius  Bassus, 
qui  avait  été  pontife,  édile,  duumvir  d'une  curia  Lucusta. 
11  dédia  en  cette  qualité  à  la  mémoire  d'Auguste  et  à  Tem- 
pereur  régnant  un  monument  érigé  aux  frais  d*une  famille 
notable  dont  plusieurs  membres  étaient  sufètes  honoraires 
ou  effectifs  ^.  On  remarquera  que  Bassus  est  patron  du 
pagus^  alors  que  les  sufètes  sont  élus  par  la  civUas  de 
Thugga.  Le  pagua  n'était  pas  à  cette  époque  distinct  de  la 
civitaSy  comme  il  Test  au  ii*  siècle  ^.  Dans  plusieurs  inscrip- 
tions des  règnes  de  Tibère,  Caligula  et  Claude,  le  patron  de 
Thugga  est  toujours  qualifié  patronus  pagi  *.  Sous  Hadrien 
et  ses  successeurs,  il  porte  le  titre  de paironus  pagi  et  civitâ' 
tis.  Le  pagus  et  la  cité  ont  dès  lors  chacun  leur  ordo  et  il  en 
futainsi  jusqu'à  la  création  dumunicipe  en  205.  L'existence 
sur  un  même  territoire  d'une  double  commune  est  ainsi 
avérée. 


1.  C./.L.,  V,  4919-49Î2. 

3.  Mélanges  de  VÉcole  de  ROine^  loc.  cit. 

3.  D'après  une  inscription  de  l'an  167/168,  le  pstguM  de  Thu§rga  reçut  des 
empereurs  Mai*c-Aurèle  et  Venus  le  jms  CHpiendorum  Ugatorum.  Cf. 
Poinssot,  Comptes-rendus  de  l'Académie  des  inscr.,  1911,  p.  496. 

4.  Poinssot,  op.  cit.,  1913,  fasc.  8,  p.  50,  109,  185,  213. 


LA  CITÉ  PUWQUE   ET  LE   îfUKIClPE  DE  V0LUBIU8         343 


II 


L  ORIGINE    DU    MINICIPE. 

A  Volubilis,  la  mention  de  la  charge  de  sufèie  dans  la 
série  des  honneurs  conférés  à  C.  Valerius  Severus  prouve 
rexistence  d'une  cité  punique  distincte  du  municipe  romain. 
Comme  à  Thugga,  il  y  a  une  double  commune,  mais  Tune 
d'elles  est  une  commune  romaine.  Si  Valerius  Severus 
avait  été  sufëte  ailleurs  qu'à  Volubilis,  on  n'aurait  pas 
manqué  de  le  dire,  comme  on  avait  soin  de  le  faire  pour  les 
anciens  magistrats  ou  décurions  de  la  colonie  de  Carthage 
que  Ton  rencontre  dans  les  cités  pérégrines  de  Thugga, 
Clupea,  Avitta  Bibba,  Vâga,  Thimida  Majus,  Tbysdrus, 
Numluli,  Thignica.  Valerius  Severus  a  été  premier  magis- 
trat du  municipe  après  avoir  été  premier  magistrat  de  la 
cité  punique. 

L'existence  d'une  cité  punique  dans  cette  région  de  la 
Maurétanie  n'a  pas  lieu  de  surprendre.  En  général,  il  est 
vrai,  les  Carthaginois,  à  l'exemple  des  Phéniciens,  se  sont 
établis  sur  les  côtes  ou  à  proximité,  à  Thymiatérion  et  à 
Sala  sur  l'Océan,  aussi  bien  qu'à  Curubiset  à  Siagu  sur  la 
Méditerranée.  Le  périple  de  Scylax,  du  iv*  siècle  avant 
notre  ère,  mentionne  une  ville  de  Libyens  auprès  de  Lixos, 
ville  de  Phéniciens  <  ;Chalcé,  ville  de  Phéniciens,  était  aprèf 
une  ville  de  Libye  du  même  nom  ^  ;  Carthage  avait  des 
colonies  sur  le  littoral  de  l'Atlantique  jusqu'à  Agadir  ^. 
Mais  les  Carthaginois  ont  aussi  pénétré  dans  l'intérieur  du 
pays. 

Les  citoyens  romains  qui,  au  i^  siècle  de  l'Empire 
étaient  fixés  à  Volubilis,  étaient-ils  des  commerçants  ou  des 

1.  Gtogr.  min. j  éd.  Mûller,  1,  9L 

1.  Etienne  delByiance,  éd.  Westermann,  1839,  p.  309. 

a.  a.  GseU,  op.  eî^,  I,  S19,  477. 


344         LA    CITÉ    PUNIQUE  ET   LE   MUNIQPE   DE  VOLUBIUS 

vétérans  ?  Il  est  problable  que  c'étaient  des  vétérans, 
comme  ceux  qui  s'installaient  souvent  aux  frontières,  pour 
seconder  les  troupes  actives  dans  leur  œuvre  de  conquête 
et  de  pénétration.  Ces  vétérans  formaient  tantôt  un  groupe 
distinct  des  pagani  indigènes,  tantôt  se  confondaient  avec 
eux  jusqu'à  ce  qu*ils  eussent  acquis  par  leur  nombre  une 
importance  suffisante  :  le  p&gus  veteranorum  devenait  alors 
une  sorte  de  municipe. 

A  Volubilis,  le  conventus  de  citoyens  romains  fut  trans- 
formé en  municipe,  peut-être  lors  de  la  création  de  la  pro- 
vince  de  Maurétanie  Césarienne  en  42,  en  tout  cas  peu 
d*années  avant  Tépoque  où  le  sénat  municipal  résolut 
de  témoigner  sa  reconnaissance  au  vainqueur  d'iSdemon, 
en  raison  des  services  qu'il  avait  rendus  dans  sa  mission  de 
député  auprès  de  Tempereur.  Valerius  Severus  avait  en 
effet  rempli  les  charges  d'édile  du  municipe^  de  sufète  de 
la  cité  punique,  de  duumvir.  Il  avait  été  également  le  premier 
flamine  municipal. 


III 


LA   DOUBLE    COMMUNE 

La  cité  punique  et  le  municipe  avaient  entre  eux  de» 
rapports  étroits  puisque  Valerius  Severus  exerça  alternati- 
vement des  magistratures  dans  le  municipe  et  dans  la  cité 
pérégrinç.  Le  fils  de  Bostar,  étant  d'origine  punique,  resta 
éligible  dans  la  cité  pérégrine,  après  avoir  acquis  la  cité 
romaine  ;  ses  compatriotes  se  firent  un  honneur  de  lui  con- 
fier la  charge  de  sufète.  C'est  un  fait  bien  connu  que  les 
pérégrins  attachaient  un  grand  prix  à  se  concilier  la  faveur 
du  gouvernement  de  Rome,  en  choisissant  pour  patron  ou 
pour  curateur  de  leur  cité  des  citoyens  romains,  même  des 
affranchis.  C*est  ainsi  qu'on  trouve  d'anciens  magistrats  de 


LA  CITA   PUNIQUE   ET   LE  MUNIQPE   DE  VOLUBILIS         345 

la  colonie  de  Carthage  à  Thugga,  Clupea,  Avitta  Bibba, 
Va^,  Thimida  Majus,  Thysdrus,  Numluli,  Thignioa  ^ 

Lorsque  le  eonventus  de  citoyens  romains  établis  dans 
une  cité  pérégrine  devenait  un  municipe,  la  cité  pérégrine 
n'en  conservait  pas  moins  son  organisation  antérieure,  son 
wdo  et  ses  magistrats.  Il  y  avait  dès  lors  un  double  sénat, 
comme  cela  eut  lieu  à  Thugga  lorsqu'on  distingua  le  pagus 
et  la  civitas  avant  là  création  du. municipe  ^.  Mais  on  igno- 
rait jusqu'ici  qu'un  citoyen  romain  pût  exercer  une  magis- 
trature dans  la  cité  pérégrine  aussi  bien  que  dans  le  muni- 
cipe, ou  du  moins  cela  n'était  possible,  croyait-on^  que  dans 
le  cas  où  la  cité  pérégrine  était  sous  la  dépendance  de  la 
cité  romaine  qui  lui  envoyait  d'anciens  magistrats  ou  des 
décurions  pour  l'administrer.  Tel  aurait  été  le  cas  de  la 
colonie  de  Carthage  *^.  Il  n'y  a  ici  rien  de  pareil  :  Valerius 
Severus  fut  élu  sufète  par  les  pérégrins  de  la  cité 
punique,  puis  duumvir  par  les  citoyens  du  municipe.  On 
ignorait  aussi  qu'il  existât  une  hiérarchie  entre  les  magis- 
tratures pérégrines  et  les  magistratures  romaines,  que  la 
charge  de  sufète  fût  supérieure  à  l'édilité^  inférieure  au 
duumvirat. 

On  s'explique  d'ailleurs  aisément  ces  particularités  ;  elles 
procèdent  d'une  idée  commune  :  préparer  la  fusion  des  deux 
groupements  en  multipliant  entre  eux  les  points  de  contact, 
et  en  montrant  aux  notables  de  la  cité  punique  que  l'acqui- 
sition individuelle  de  la  cité  romaine  ne  les  rendait  pas 
étrangers  à  leur  cité  d'origine,  ne  les  privait  pas  du  jus 
honorum,  11  y  avait  des  cités  puniques  dans  la  Tunisie 
actuelle  :  à  Thugga,  Thimiliga,  Themetra,  Siagu,  Leptis 
Magna,  Apisa  Majus,  Avitta  Bibba,  Thibica,  etc.  ^.  Il  y  en  eut 


1.  Cf.  Kornemann,  dans  Pauly-Wissowa,  v*  Colonùi,  et  la  critique  de 
cette  opinion  par  Fallu  de  Lessert,  Mém.  de  U  Société  de»  Antigtiaires  de 
fVtiiee,  LXXI,  48. 

1  Cf.  Poinaiot,  Noav.  Arehiveg  dt$  Missions^  191S,  p.  185,  211. 

y  Cf.  Komemann,  loe,  eit, 

4.  C./.L..  V,  4M9.4W2;  VIII,  7,  765,775,797. 


346  LA   CITÉ   PUNIQUE   ET   LE   MUNIC1PE   DE   VOLUBILIS 

aussi  au  Maroc.  Pour  protéger  leurs  comptoirs  contre  le^ 
attaques  des  indigènes  pillards,  les  Carthaginois  établirent 
leurs  garnisons  dans  des  lieux  qui,  par  leur  situation  topo- 
graphique, facilitaient  la  défense.  Ils  ne  pouvaient  mieux 
choisir  que  le  grand  plateau  projeté  par  le  Zerhoum  entre 
rOued  Chedjra  et  TOued  Rdem  et  qui  commande  toute  Ifi 
région  jusqu'aux  montagnes  des  Béni  Mtir  à  TEst,  jus- 
qu'aux plaines  qui  s'étendent  vers  TOcéan  à  TOuest. 

Les  Romains  suivirent  l'exemple  des  Carthaginois  :  dans 
la  Maurétanie  comme  dans  TAfrique  proconsulaire,  on 
constate  la  présence  de  citoyens  romains^  établis  sur  le 
territoire  des  cités  pérégrines.  C'étaient  '  des  commerçants 
ou  des  vétérans,  lis  y  formaient  soit  un  conventus,  soit  un 
de  ces  oppida  civiam  rùmanorum  mentionnés  par  Pline 
Tancien  K  Ces  groupements  se  rencontrent  dans  les  cités 
habitées  par  des  Africains  d'origine  Berbère  comme  dans 
les  cités  puniques. 

A  Masculula,  il  y  a  un  conventus  civium  romanorum 
à  côté  des  indigènes  Numides  ^  ;  à  Sua,  des  Afri  et  des 
citoyens  romains  ^  ;  à  Rusgoniœ,  des  indigènes  et  des  rési* 
dants  qui  doivent  être  des  commerçants  romains  ^,  comme 
ceux  de  la  cité  punique  de  Thinissut  ^.  Il  en  était  de  même 
sans  doute  des  citoyens  romains  établis  à  Aubuzza  et  dans 
le  vicus  Haterianus  ^',  peut-être  aussi  des  cultorea  de  Sigus 
et  de  Tipasa  ^.  A  côté  de  Yoppidam  civium  romanorum  de 
Chiniava,  il  y  a  une  cité  pérégrine  qui  a  son  ordo  ^  ;  à  côté 
de  celui  do  Thibica,  il  y  a   une  cité  administrée  par  des 


1.  HUt,  nal.,  V,  4,29. 

2.  C./.L.,  VIII,  15775. 

3.  Jbid.,  25850. 

4.  Ihid.,  9250. 

5.  Compter  rondu9  de  UAcad.,  1911,  p.  836. 

6.  C.J.L.,  VIII,  16367,  23125. 

7.  Ibid.,  5695,  17143. 

8.  Bull,  archéol.  du  Comité,  1891,  p.  197,  n-  15. 


LA    CTTÉ    PCNIQUE    ET   LE   MDMCIPE    DE    VOLirRILrS         347 

sufètes  ^  A  Suturnica,  entre  205  et  268,  à  côté  de  la 
cité  pérégrine,  il  y  a  dans  le  pagus  Mercurialis  des  vété* 
rans  établis  sur  les  terres  concédées  par  Auguste  à  leurs 
ancêtres  ^. 

A  Uchi  MajuB,  oppidum  civium  romanoram,  et  à  Thiba- 
ris,  il  y  a  à  la  fois  un  pagus  pérégrin  et  un  groupement 
de  citoyens  romains  qui,  si  Ton  en  juge  par  le  surnom  de 
Maristnus  donné  plus  tard  à  la  colonie  d'Uchi  Majus  et  au 
municipe  de  Thibaris  ^,  étaient  originairement  des  vétérans 
de  Tarmée  de  Marins  envoyés  en  Afrique  en  vertu  de  la 
loi  Appuleia  '*.  On  trouve  encore  des  vétérans  et  des  pagani 
à  Rapidus,  à  Medeli,  à  Simittu  ^  ;  des  citoyens  et  des 
incolx  à  Cartenna,  où  les  vétérans  d'une  deuxième  légion 
dédient  un  monument  au  duumvir  quinquennalis  C.  Fulci- 
nius  Optatus  de  la  tribu  Quirina  qui  a  protégé  la  colo* 
nie  contre  Tinvasion  des  Baquates. 

Le  fait  n'a  d'ailleurs  rien  de  particulier  à  l'Afrique  ;  eu 
Germanie,  par  exemple,  des  vétérans  et  des  commerçants 
romains  sont  établis  dans  les  cités  pérégrines  ^,  de  même 
qu'on  rencontre  des  marchands  Asiatiques  dans  les  muni- 


1.  En  128,  80U8  Antonin  le  Pieux,  C./.L.,  VIII,  765. 

3.  BuU.  archéol.  du  Comité,  1909,  p.  cxct,  cxcii,  cxcui. 

y  Merlin  et  Poinssot,  Les  intcriptions  d'Uchi  Majui^  1908,  n"  18  et  45  • 
pàgns  UchiUnorum  Majorum  ;  n**  33,  40  :  eolonia  Mariana  Anguêia 
AUxandriana.  —  Pagat  thiburitanut.  Bull,  de  la  Soc.  des  Antiquaires  « 
ItW,  p.  344  ;  Nouv.  Archives  des  Missions,  XIV,  p.  200,  n»»  6  et  10.  Res- 
pablica  munieipii  Mariani  Thiburitani,  Bull.  arch.  du  Comité,  1902, 
p.  czLirii. 

4.  Aurelius  Victor,  deviria  illuslribua,  73,  1. 

5.  C./.L.,  VIII,  20834  ;  885  et  12387  ;  14608. 

6.  C.I.L.,  XIII,  6540  :  t>eterani  et  peregrini  ;  —  6797  de  l'an  43  :  cive§ 
Aomjni  manlicularii  negotiatores  ;  —  7222,  de  Tan  198,  cite  un  questeur 
nirateur  civiam  romanorum  manticalarioram  negotiatorum  de 
^yence  ;  —  6676  mentionne  un  curateur  des  vétérans,  un  questeur  et  un 
•elor  ;  ~  cf .  let  negoliaiorea  civUatia  Matiiaeorum  d'une  inscription  de 
Wîcsbaden'(Waltzing,  Élude  historique  tnr  les  corporations  profession- 
'^lles  chez  les  Romains,  III,  n*  2138  . 


^9  LA    CITÉ    PUNIQUE    ET    LE   HUNiaPE    DE   VOLUBILIS 

pes  romains  ',  un  grand  nombre  de  marcliands  étrangen 
ins  la  colonie  de  Lyon. 

Les  convenlus  et  les  oppida  de  citoyens  romains  étaient 
ts  sortes  de  municipes.  Les  empereurs  leur  en  ont  tôt  ou 
rd  conféré  le  titre.  Les  cités  puniques,  qui  avaient  pour 
Bgistrats  suprêmes  des  sufët«5,  sentaient  leur  infériorité 
s-&-vis  des  municipes  qui  avaient  des  duumvirs.  A 
esure  que  les  idées  romaines  pénétraient  chez  elles,  elles 
aient  l'ambition  de  se  transformer  en  municipes.  Calama 
ivint  un  municipe  sous  Hadrien  ;  Thibica,  entre  Antooin 
Pieux  et  Gallien  ;  Thu);ga  en  205. 

On  voit  maintenant  comment,  en  raison  des  rapports 
istant  entre  les  deux  cités,  le  sénat  municipal  choiût 
lur  député  un  indigène  naturalisé  qui  avait  rempli  des 
notions  électives  dans  la  cité  punique  et  dans  le  muni- 
[>e,  pourquoi  aussi  il  sollicita  de  l'empereur  des  privi- 
g;es  pour  les  incolse  aussi  bien  que  pour  les  municipes. 


LES  INCOLiE   DU  WUWiaPE. 

Ces  incoUe  ne  sont  pas,  comme  le  pense  M.  de  Sanctis  -, 
:s  tribus  voisines,  des  tribus  libyques  qu'on  aurait  attrî- 

lées  au  municipe  en  les  plaçant  sous  sa  dépendance  juri-  < 

que  et  économique.  Le  soin  que  prend  le  sénat  de  rappe-  | 

r  la  cbai^ede  sufète  remplie  ^ar  Valerius  Severus  prouve  ' 

le  son  attention  s'était  portée  sur  la  cité  punique.  Ce  soot  \ 

s   membres  de  cette    cité  qu'il  désirait  attirer  dans  le  j 

unicipe  pour  combler  les  vides  causés  par  la  guerre  dans  | 


.  C.I.L,  III,  sao  :  tialalx  con«i>ten(«i  in  manicipio  ;  —  870  :  i  Nacoli. 

mina  .4ii«noruni  ;  —  13Si.  i  Germisara,  colUgiam  GaUUram. 

!.  Atti  délia  K.  Accademia  délie  scienie  di   Torino,  l»e,-  LUI,  4M; 


LA   CITÉ   PUNIQUE   ET   LE   MUNICIPE    DE  VOLUBILIS         349 

la  population.  La  correction  incolis  s*impose.  Il  n^est  pas 
contestable  que  le  mot  incola  désigne  habituellement  les 
pérégrins  résidant  dans  un  municipe  ou  une  colonie,  ou 
qui,  tout  au  moins,  y  possèdent  un  champ  et  s'y  rendent 
comme  sHls  y  avaient  leur  résidence  ^  Tel  devait  être  le 
cas  de  bon  nombre  de  pérégrins  de  la  cité  punique  de  Volu- 
bilis. 

Lorsque,  dans  un  municipe  ou  une  colonie,  on  prenait 
des  mesures  d'intérêt  général,  il  était  d'usage  de  viser  les 
incobe  pérégrins  aussi  bien  que  les  citoyens  romains.  C'est 
ainsi  qu'à  Sicca  Veneria,  dans  la  province  proconsulaire, 
un  procurator  a  rationibus  de  Marc-Aurèle,  en  léguant  à 
la  colonie  trois  millions  de  sesterces  dont  les  intérêts  ser- 
viront à  entretenir  une  fondation  alimentaire  pour  300 
garçons  de  3  à  15  ans  et  300  fîUes  de  3  à  13  ans,  prescrit 
de  choisir  les  enfants  des  municipes  et  des  incolœ^  mais  seu- 
lement de  ceux  qui  résideront  inira  continentia  colonial 
noêlrsB  œdificia'^.  Ailleurs,  les  incolœ  sans  distinction  se 
joignent  au  sénat  et  au  peuple  de  la  colonie  de  vétérans 
fondée  par  Auguste  à  Cartenna,  dans  la  Maurétanie  Césa- 
rienne, pour  témoigner  leur  reconnaissance  à  un  bienfai- 
teur de  la  cité  ^.  De  même  à  Gigthi,  une  décision  est  prise 
par  le  sénat  et  le  peuple  conferentibus  et  incolis  ^. 

Le  sénat  municipal  de  Volubilis  n'a  pas  pu  oublier  les 
pérégrins  de  la  cité  punique,  qui  avaient  dû  fournir  la 
majeure  partie  des  troupes  auxiliaires  dont  Valerius  Seve- 
nis  avait  eu  le  commandement.  Les  services  qu'ils  avaient 
rendus  à  la  cause  romaine  méritaient  une  récompense.  Sur 
la  demande  du  sénat  et  de  leur  ancien  sufète,  Claude  offrit 
à  ceux  qui  s'établiraient  dans  le  municipe,  la  cité  romaine, 
le  conubium  avec  les  femmes  pérégrines  qu'ils  avaient 
épousées  et  l'immunité   pendant  dix   ans.  Cette   mesure 

1.  Cf.  Edouard  Cuq,  Joarnaf  des  SavAnUt  1917,  p.  538. 
r  CJ.L,,  VIII,  1641. 
l.  Ibid,,  9«d3. 
1.  îhid.,  30. 


n 


Rapport  sur  l'école  d'extrëue-oiiient 


it  coDfonne  à  l'intérêt  du  munîcipe  :  elle  loi  fournit  W 
^ea  d'accroître,  dans  un  délai  assez  rapproché,  lorsque 
imupité  aura  pris  lin,  le  aoinbre  des  personnes  appelées 
supporter  les  charges  municipales.  En  attendant,  le 
nicipe  reçoit  une  compensation  :  Claude  lui  attribue  les 
cessions  vacantes  des  citoyens  tués  h  l'ennemi. 


APPENDICE 


PPOHT   SLB    LES    TRAVAUX    DE    l'ÉUJLE   FRAN<;AISE   u'eIITRËIIC- 

>riçnt  du  mois  d'avril  t9\H  au    mois  de  juillet  1920, 

AH  M.  HENRI  CORDIEB,  HEIHUHE  DE  l'aCADËHIE  ;  LL  OkVS  U 
ÊANCE   DU    tt    (ICTOIIRE   1920. 

)ans  sa  séance  du  16  novembre  1917,  l'Académie  formée 
comité  secret  entendait  pour  la  première  fois  un  rapport 
notre  regretté  confrère  Chavannes  sur  les  travaux  de 
sole  française  d'Extrême-Orient  ;  il  était  consacré  aux 
faux  de  l'Ecole  en  1916-1917  et  fut  imprimé  dans  les 
npte»  rendu»  de  l'Académie,  pp.  380-385.  Dans  I» 
nce  du  11  octobre  1918,  un  second  rapport  fut  lu  par 
i  sur  les  travaux  de  l'Ecole,  du  mois  de  juillet  1917  au 
is  d'avril  1918,  et  inséré  aux  Comptes  rendus  de  I918i 
3o6-362. 

e  viens  aujourd'hui  vous  lire  un  troisième  rapport  siM" 
cole,  du  mois  d'avril  1918  au  mois  de  juillet  1920. 
'endant  plusieurs  annôes,  la  Commission  de  l'Ecole 
nmée  par  notre  Académie  et  la  Direction  même  de 
;ole,  ont  poursuivi  auprès  du  Gouverneur  général  de 
idochineetdu  Ministre  des  colonies  l'obtention  à  l'Ecole 
la  personnalité  civile.  M.  Sarraut,  'Gouverneur  ^éné- 


BAPPORT  SUR   t'tCOLE  d'eXTRÊME-OBIEMT  351 

rai,  devenu  ministre'  des  colonies,  ayant  adressé  un  rapport; 
le  3  avril  1920,  à  M.  le  Président  de  la  République,  celui- 
ci  signait  le  même  jour  un  décret  qui  conférait  à  rétablisse- 
ment  de  Hanoï  c<  le  régime  plus  libéral  dont  TEcole  fran- 
çaise du  Caire  bénéficiait  depuis  Tannée  1898  ».  Le  décret 
a  été  inséré  au  Journal  officiel  du  23  avril  1920.  Il  est 
stipulé  par  Tart.  27  de  ce  décret  que  :  «  Un  arrêté  du 
Gouverneur  général  de  Tlndochine,  soumis  à  l'approbation 
du  ministre  des  Colonies,  déterminera,  conformément  aux 
dispositions  du  décret  du  30  décembre  1912,  les  mesures 
de  comptabilité  nécessaires  à  Texécution  du  précédent 
décret.  » 

Dans  son  rapport  pour  Tannée  1919-1920  au  Secrétaire 
perpétuel  de  TAcadémie,  le  directeur  p.  i.,  M.  H.  Par- 
mentier,  constate  que  le  décret  du  3  avril  1920  marquera 
pour  TÉcole  française  d^Extrême-Orient^  à  laquelle  est 
accordée  la  personnalité  civile,  avec  Tautonomie  financière, 
un  moment  important  de  son  développement.  »  Cette 
attribution,  sans  modifier  en  quoi  que  ce  soit  son  organi- 
sation scientifique,  lui  donnera  le  moyen  d'employer  plus 
utilement  les  crédits  mis  à  sa  disposition  par  TIndochine 
et  lui  permettra  de  les  augmenter  à  Toccasion  des  libéralités 
de  ceux,  toujours  plus  nombreux,  qui  s'intéressent  à-  son 
OBttvre,  En  outre,  ce  décret  consacre  le  principe  de  Torga- 
aisation  d'un  service  archéologique- réel,  comportant  im 
personnel  européen  et  indigène  susceptible  de  rendre 
possible  la  conservation  et  la  surveillance  des  bâtiments 
et  des  vestiges  dignes  d'être  classés  comme  monuments 
historiques  :  en  dehors  du  seul  groupe  d'Angkor,  doté 
d'un  conserva teur,  cette  œuvre  considérable  devait  jusqu'à 
ce  jour  être  assurée  par  une  seule  personne  et  dans  ces 
eonditions  était  à  peu  près  irréalisable.  Les  arrêtés  réor- 
cuisant  TÉcolé  sous  les  directives  de  ce  décret  et  fixant 
TtUoCation  annuelle  pour  une  première  période  de  cinq  ans 
(1921-1925)  n'ont  pas  encore  été  pris,  mais  sont  à  l'étude.  » 


352  RAPPORT   SUR   L*ÉCOLE   D^EXTRÊME-ORIENT 

Ses  fonctions  administratives  n'ont  pas  empêché  le 
directeur  p.i.,  M.  Henri  Parmentier,  chef  du  Service 
archéologique  de  l'École,  de  donner  d'excellents  travaux  : 
il  a  décrit  un  tombeau  découvert  en  novembre  1915  par 
des  indigènes  dans  une  propriété  annamite  du  village  de 
Nghi-vê,  province  de  Bac-ninh;  sous  le  titre  de  VArt 
d'Indravarmarij*  il  étudie  deux  groupes  de  temples  carac- 
téristiques du  règne  dlndravarman  I*' (877-889  A. D.); 
enfin  il  rédige  le  Catalogue  du  Musée  Cam  de  Tourane  qui 
«  fait  partie  de  la  série  des  dépôts-musées  que  l'Ecole  s^est 
proposé  de  créer  dans  les  diverses  régions  de  l'Indochine, 
pour  y  recueillir  les  pièces  archéologiques  dont  la  conser- 
vation ne  peut  être  assurée  sur  place  avec  toutes  les 
garanties  désirables  ». 

M.  Louis  Finot,  qui  pendant  toute  la  durée  de  la  guerre 
avait  rempli  les  fonctions  de  directeur  p.i.,  ayant  été 
autorisé  à  rentrer  en  France  par  un  arrêté  du  29  avril  1918, 
a  été  nommé  par  décret,  le  8  juillet  1 920,  à  nouveau  direc- 
teur en  remplacement  de  M.  Claude  Maître,  retenu  en 
France,  dont  le  mandat  expirait  le  10  janvier  1920.  Le 
secrétaire-bibliothécaire, .  M.  Noël  Péri,  d'une  santé  pré- 
caire^ s'est  rendu  au  Japon  le  18  mai  1920,  et  ses  fonctions 
sont  remplies  par  M.  Léonard  Aurousseau,  rentré  en  Indo- 
chine le  12  avril  1920.  M.  Henri  Maspero,  professeur  de 
chinois  à  l'Ecole,  nommé  le  30  décembre  1919  professeur 
au  Collège  de  France  en  remplacement  de  M.  Éd.  Cha- 
vannes,  rentré  à  Hanoï  en  1919,  reviendra  incessamment  en 
France.  «  M.  Maspero,  dit  M.  Parmentier,  est  débarqué  à 
Saigon  le  17  juillet  1919  et  est  remonté  par  l'Annam, 
effectuant  diverses  recherches  linguistiques  et  archéo- 
logiques, notamment  dans  la  province  de  Kontum;  par 
malheur,  les  fièvres  l'y  ont  retenu  assez  longtemps  et  ne 
lui  ont  permis  de  rejoindre  Hanoï  que  le  5  novembre  1919, 
pour  présider  la  seconde  session  de  la  Commission  d'exa- 
mens de  langues  orientales.  Il  a  accompagné  M.  Péri  dans 


N> 


RAPPORT  SUR  l'école  d*bxtrême-orient  3S3 

les  recherches  faites  au  Thanh-hoa.  11  a  publié  diverses 
notes  et  comptes  rendus  dans  le  Bulletin  et  a  préparé  un 
important  article  sur  le  dialecte  de  Tch'ang  Ngan.  11  a 
continué  ses  études  sur  la  société  et  la  religion  des  Tài  du 
Haut  Tongking  et  poussé  activement  rétablissement  du 
Catalogue  de  la  bibliothèque  chinoise  »  auquel  il  travaillait 
depuis  plusieurs  années. 

M.  Léonard  Aurousseau,  tout  en  suppléant  M.  Péri,  réimit 
les  documenta  qui  lui  permettront  de  remplir  la  mission 
en  Mandchourie  qui  lui  a  é^  confiée  par  TAcadémie. 

M.  H.  Marchai,  dont  on  connaît  le  zèle  et  le  dévouement, 
qui  pendant  plusieurs  années  avait  rempli  les  fonctions  de 
conservateur  p.  i.  du  groupe  d*Angkor,  vient  d'être  nommé 
conservateur  en  titre  ;  pendant  le  congé  qull  doit  prendre 
en  France  après  un  séjour  de  sept  ans  dans  la  colonie,  il 
sera  remplacé  par  M.  G.  Batteur,  inspecteur  des  bâtiments 
civils,  détaché  au  Service  archéologique  de  TÉcole. 

Depuis  notre  dernier  rapport,  M.  Robert  Germain,  élève 
de  rÉcole  des  langues  orientales,  a  été  nommé  pension- 
naire par  arrêté  dp  12  avril  1919,  mais  il  a  donné  sa  démis- 
sion pour  entrer  dans  la  Banque  franco-chinoise  ;  un  autre 
arrêté  du  31  décembre  1919,  a  désigné  é^lement  comme 
pensionnaire   M.    P.    Demiéville,    autre   élève  de  TÉcole 
des  langues  orientales,  licencié  es  lettres,  qui  est  arrivé  à 
Hanoi  le  28  février  1920  et  a  commencé  de  préparer  une 
étude  sur  la  société  et  le    monde  littéraire   au  temps  de 
Tempereur  Ming  Houang  des  T'ang  ;  il  a  continué  en  outre 
la  traduction  qu'il   avait  entreprise  en  France   des  deux 
versions  chinoises  du  Milindapanha  et   Tétude  de  leurs 
relations  entre   eUes  ainsi   qu'avec  la   version   pâlie   des 
mêmes  textes.    L* Académie,  le  30  avril  1920,  a  proposé  à 
lapprobation    du   Gouverneur  général   de   Tlndochine  la 
nomination  de  M.  Victor  Golonbev  comme  membre  tem- 
poraire à  rÉcole.  M.   L.  Cadière,  qui  avait  été  nommé 
pensionnaire  le  28  octobre    1918  pour  une  période  d'ime 

1930  33 


! 


354  RAPPORT   SUR    L^ÉCOLE   d'BXTRÊMB-^RIENT 

année,  a  eu  son  mandat  renouvelé  pour  une  autre  année. 

Le  12  janvier  1918,  un  arrêté  plaçait*  hors  cadres  M. 
G.  Coedès,  professeur  à  i*Éoole,  et  le  mettait  à  la  dis- 
position du  Gouvernement  siamois  qui,  ainsi  que  nous 
Favons  dit  précédemment,  le  nommait  conservateur  de  la 
Bibliothèque  Nationale  Vajiraîiflna  à  Bangkok  ;  il  n*en  a 
pas  moins  continué  sa  collaboration  au  Bulletin  de  TÉcole. 

M.  Aucourt  qui  avait  été,  le  11  juin  1918,  détaché  à 
TEcole  pour  y  remplir  les  fonctions  de  'professeur  de 
chinois  et  de  secrétaire-adjoint,  avait  été  à  partir  du 
15  juin  chargé  également  des  fonctions  de  secrétaire- 
comptable  pendant  Tabsence  de  M.  Péri  auquel,  pour  des 
raisons  de  santé,  un  congé  spécial  de  trois  mois  avait  été 
accordé  pour  le  Japon  ;  il  est  rentré  en  France  au  début 
de  1920. 

Dans  la  collection  de  FEcole,  M.  Antoine  Cabaton  avait 
déjà  donné  de  Nouvelles  recherches  sur  les  Chams  (1901) 
et  en  collaboration  avec  M.  Aymonier  un  Diciionruire 
cham^ français  (1906),  et  M.  Henri  Parmentier  donnait 
en  1909  dans  V Inventaire  archéologique  de  V Indochine 
commencé  par  les  Monuments  du  Cambodge,  par  le  com- 
mandant E.  Lunet  de  Lajonquière,  le  premier  volume  des 
Monuments  Chams  de  VAnnam,  consacré  à  la  description 
des  Monuments;  en  1918  paraissait  le  tome  11  renfermant 

0  

une  Etude  de  TArt  Cham  que  Fauteur  fait  remonter  à  son 
origine  distincte  de  celle  de  Fart  annamite,  étude  sur 
laquelle  je  reviendrai  quelque  jour. 

En  1905,  M.  A.  Foucher  avait  donné  le  premier  volimic 
de  son  grand  ouvrage  sur  YArt  gréco-^bouddhique  du 
Gandhâra^  étude  sur  les  origines  de  Finfluence  classique 
dans  Fart  bouddhique  de  Flnde  et  de  FExtréme^Orient, 
consacré  a  Fintroduction,  aux  édifices,  aux  bas-reliefs. 
Depuis  lors  on  attendait  avec  une  légitime  impatience  le 
second  volume;  elle;  a  été  en  partie  satisfaite  en  1918  par 
Fapparition  du  premier  fascicule  du  tome  11,  consacré  aux 


RAPPORT   SUR   L*ÉCOLB   d'eXTRÊME-ORIENT  355 

Images,  dans  lequel  on  retrouve  toute  la  science  du  tome  I. 
M.   Noël   Péri,  Texcellent  secrétaire    de    TÉcole,  nous 
communique   ses  recherches  sur  les  Femmes  de    Câkya 
Muni;  M.   Henri  Marchai,  conservateur  p.i.   des  monu- 
ments d'Angkor,  décrit  des  Monuments  secondaires  et  ter- 
rasses bouddhiques  d'Angkor  Thom  ;  M.  Raymond  Delous- 
tal   termine  la  publication  de   sa    traduction   et    de    son 
commentaire  du  Code  de  procédure  dans  la  Justice  dans 
r ancien  Annam  ;  enfin  M.  Louis  Finot  nous  donne  la  tran- 
scription  de   deux   nouvelles  inscriptions    indochinoises  : 
Tune,  découverte  par  le  D'  Sallet,  de  Faifo,  gravée,  comme 
Tinscription  de  Hôn  eue,   sur  un  rocher  situé  au  bord  du 
S6n  Thu-bôn,  au-dessous  de  Chiem  so'n,  Quang  Nam,  du 
rv*  siècle    çaka;   l'autre,   découverte   en  janvier   19! 8,    à 
Kompong   Ru'sei,    province  de    Prei  Veng,   comprenant 
31  lignes  dont  18  1/2  en  sanskrit  et  12  1/2  en  khmer. 

La  religion  et  le  folk-lore  ont  eu  aussi  leur  part  dans 
le  Bulletin.  M.  Tabbé  Cadière,  aujourd'hui  pensionnaire  de 
TEcole,  étudie  les  Croyances  et  Pratiques  religieuses  des 
Annamites  dans  les  environs  de  Hué,  tout  d'abord  le  Culte 
des  Arbres,  puis  les  Pierres,  et  M.  le  colonel  A.  L.  M. 
Boaifacj  donne  une  troisième  série  de  ses  Recherches  sur 
le»  Génies  thériomorphes  au  Tonkin. 

Le  capitaine  Silvestre,  de  rinfantene  coloniale,  dis- 
paru dans  le  naufrage  de  VAthos,  17  février  1917,  a  laissé 
quelques  notes  sur  les  Thai  blancs  de  Phong  tho  (Muong 
So  en  thai),  recueillies  dans  le  Bulletin.  L'Académie  a  cru 
«levoir  honorer  la  mémoire  de  l'auteur  en  lui  accordant 
une  partie  du  prix  Giles. 

Dans  une  nouvelle  série  d'Études  d'histoire  d' Annam 
JV-VI),  M.  H.  Maspero  nous  donne  deux  notes  :  1^  sur 
l'antique  royaume  de  Van-lang  formé  avant  toute  conquête 
^IraDgère  du  Tong  King,  gouverné  par  une  Ipngue  suite 
<le  rois  nommés  Hung  vu'o'ng  ;  2**  sur  la  célèbre  expédition 
^^  Ma  Yuan  au  Tong  King  sous  les  Han  ;  3^  sur  la  fron- 
^ère  de  TAnnam  et  du  Cambodge  du  vni*  au  xiv*  siècle. 


35i 


RAPtHUT  SUR    l'CCOLI 


MiM*.  a  «a  «00  Rwndat  renooM^' 
U  li  janvÎM-  1918,  ud  anrM^ 
iï.CA«Nlte,   professeur  li  rËanjl»- 
p^vàtHva  du   lionTeraenieDt  M* 
r*><Mu(titpT4c^emnient,  tr 
BtMM>Ui««)»«.  NetMUwla  Vu' 
iw«  aïkvHiw  continu»  m  e 


C4U- 


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P01N8S0T,  ^^*^ 

ilQUITÉS   DE  LA   TUNlSi^ 


[ÉGYPTB      359 

[ui  faisaient 
à  ferme  par 
*t  connaître 
^la2. 


'*trjf 


ues  de  Dougga  dont  M.  Merlin  ^ 
es  de  la  Tunisie,  a  bien  voulu  xnt^  ^  " 
'  ^is  au  jour,  entre  autres  textes,  Tinj^^  ^ 
àvée  sur  une  grande  base  *  :  ^ 

\lBINIO  .  QVIR  .  DATO  •  P 

"jf  •  AVG  .  PERP  .  PATRONO 

I  •  ET  .  CIVITATIS  •  THVGGEN 

"  ÎDVCTORIS  •  PRAEDIORVM 

-  JONIS  .  THVGGENSIS  •  OB  •  ME 

^  -WORE .  M  •  G ABINIO  •  BASSO  •  F 

|fc,  Quir{ina)y  DaiOy  p{atri),  f!am{ini)  Aug{u8ti) 
tJL  MMBAp^fj,^^^  p^^j^   ^^  civiiaiis    Thuggen[8is)^    con^ 

^^jaaUqmJrP^^^^^^^^^  ^cgionis  ThuggensU  ob  me{rUa), 
.  Gabinio  Basso  f{ilio),  ^ 

Ie*t-il,  la  première  fois  que  se  présente  la 

fïun  conductor  praediorum    regionis'^.  11  a  été 

jboté  ^  combien  les  pouvoirs  publics  étaient  désar- 

^j(%A«vis  des  personnages  qui  prenaient  la  ferme  de 

^oy/ae^'^^îtoire  qui  constituait  un  saltus^.  On  est  d'au- 


Xf 

u» 


•viii  été  remployée  dans  un  mur  de  ba»8e  époque  élevé  à 
^^j^jf  d'an  des  édifices  qui,  croyons^ous,  font  partie  des  templa  Con- 
m^^^iftrit  Liheri  Pàtrii. 

'^lei  regioneSf  subdivisions  des  Iractof,  Leclercq  dans  Cabrol  et 
iDict.iTarehéol,  chrét.,  IV,  col.  1313.1314. 

n  dernier  lieu  Leclercq  dans  Cabrol  et  Leclercq,  Dict.  d''àrchéol' 
,»i'V,  col.  1316-1317. 
l^itt  eondae tores  iàltutj  cf.  Carcopino,  MéUnge$  de  Romey  1906, 


\J 


356 


UVRES  OFFERTS 


Le  Sbgrétaire  PBRpéTUBL  dépose  sur  le  bureau  quatre  fascicules 
des  Mémoires  publiés  par  les  membres  de  la  Mission  archéologiqut 
française  du  Caire  sous  la  direction  de  M,  Georges  Foucart  ; 

Emile  Chassinat,  Le  temple  d'Edfou,  publié  in  extenso  d'après 
les  estampages  recueillis  par  le  marquis  de  Rochemonteix.  Tome  XI, 
3«  fascicule  (le  Caire,  1920,  gr.  in-8»); 

Jules  Baille t,  Inscriptions  grecques  et  latines  des  tombeaux  des  rois 
ou  syringes  à  Thèbes.  Tome  XLII,  fascicule  1  (le  Caire,  1920,  gr. 
in-4«)  ; 

Max  Van  Berchem,  Matériaux  pour  un  Corpus  inscripUonum  ara- 
bicarum.  Deuxième  partie  :  Syrie  du  Sud,  Jérusalem.  Tome  troi- 
sième (tome  XLV  de  la  collection),  l***  et  2*  fascicules  (le  Caire, 
1920,  gr.  in.4«). 


SÉANCE  DU  15  OCTOBRE 


PRésiDBNCB   DB  M.   CHARLES  DIBHL. 

M.  le  Ministre  de  rinstructîon  publique  transmet  à  PAcadémie 
le  rapport  du  Directeur  de  l'École  française  de  Rome  sur  les 
travaux  de  celte  École  pendant  Tannée  scolaire  1919-1920. 

Renvoi  à  la  Commission  des  Écoles  françaises  d^Athèaes  et  de 
Rome. 

M.  Gagnât  communique  une  note  de  M.  Poinssot,  inspecteur 
des  antiquités  de  Tunisie,  sur  une  inscription  nouvellement 
découverte  à  Dougga  *. 

M.  Lacau,  directeur  général  des  antiquités  de  T  Egypte,  entre- 
tient TAcadémie  des  travaux  de  son  service  en  1919-1920  et  des 
résultats  des  dernières  fouilles  '. 

M.  Salomon  Rbinach  présente  quelques  observations. 

1.  Voir  ci-après. 
3.  Voir  ci-après. 


357 


COMMUNICATIONS 


DATpS,    CONDUCTOR   PRAEDIORUM   REGION»  THUGGBNSIS, 

PAR   M.    LOUIS   POINSSOT, 
INSPECTEUR  DBS  ANTIQUITÉS   DE  LA   TUNISIE. 

Eu  1920,  les  fouilles  de  Dougga  dont  M.  Merlin,  direc- 
teur des  Antiquités  de  la  Tunisie,  a  bien  voulu  me  confier 
la  direction  ont  mis  au  jour,  entre  autres  textes,  l'inscrip- 
tion suivante  gravée  sur  une  grande  base  ^  : 

A  .  GABINIO  .  QVIR  •  DATO  •  P 
FLAM  .  AVG  .  PERP  •  PATRONO 
PAGI  •  ET  .  CIVITATIS  •  THVGGEN 
GOND  VCTORIS  •  PR  AEDIORVM 
REGIONIS  .  THVGGENSIS  •  OB  •  ME 
CVRATORE .  M  •  GABINIO  •  BASSO  •  F 

A.  Gabinio^  Oifîr(ma),  DaiOy  p{airï)^  f!am{ini)  Aug{usti) 
perp{etuo)j  patrono  pagi  et  civitatis  Thuggen[sis)^  con- 
duciori<i8'^  praediorum  regionis  Thuggensis  ob  me[rita)^ 
curatore  M,  Gabinio  Basso  f\ilio),  ^ 

C'est,  semble-t-il,  la  première  fois  que  se  présente  la 
mention  d'un  conductor  praediorum  regionis^.  Il  a  été 
souvent  noté  ^  combien  les  pouvoirs  publics  étaient  désar- 
més vis-à-vis  des  personnages  qui  prenaient  la  ferme  de 
ce  grand  territoire  qui  constituait  un  saltus  ^.  On  est  d'au- 

1.  La  base  avait  été  remployée  dans  un  mur  de  basse  époque  élevé  à 
Vintérieur  d*un  des  édifices  qui,  croyons^ous,  font  partie  des  templa  Con- 
torâiM9,  Frugiftrij  Liberi  Pàiri$, 

3.  Sur  les  regiones^  subdivisions  des  tràctui^  Leclercq  dans  Cabrol  et 
Ladercq,  Diet.  d'àrchéol  chrét.,  IV,  col.  1S13-1314. 

3.  Cf.  en  dernier  lieu  Leclercq  dans  Cabrol  et  Leclercq,  Dict.  d'àrchéol' 
ehréL,  IV,  col.  131 M  31 7. 

4.  Sur  les  eondoe/ores  fa(^os,  cf.  Carcopino,  MéUngei  de  Rome^  IfKNt, 
p.  45$-4M. 


^^a^ 


358       DATUS,    CONDUCTOR   PRAEDIORUM    REGfONIS   THUGGENSÎS 

tant  plus  surpris  de  voir  confier  à  un  seul  fermier,  non 
point  un  domaine  ni  même  un  groupe  de  domaines,  mais 
tous  les  domaines  d*un  district  qui,  comme  la  regio 
Thuggensis,  comprenait  d*immenses  étendues  appartenant 
à  Tempereur.  Comment,  en  cas  de  conflit  entre  le  conduc- 
tor  praediorum  regionis  et  ceux  que  nous  serions  tentés 
d'appeler  ses  vassaux,  sous-fermiers  ou  simples  colonie  le 
procurateur  du  district  pouvait-il  faire  figure  d'arbitre  et 
imposer  ses  décisions  ?  Mais  le  système  était  fort  avan- 
tageux pour  les  finances  impériales.  De  tout  autres  con- 
ditions qu*aux  conduciores  de  saltus  devaient  être  imposées 
au  conduclor  regionis  dont  les  frais  généraux  étaient 
moindres,  le  crédit  meilleur  et  qui,  grâce  à  ses  énormes 
stocks,  pouvait  exporter  directement  et  obtenir  sur  le 
marché  les  meilleurs  prix.  D'autre  part,  ce  n'était  plus 
seulement  les  biens  des  conduciores  qui  garantissaient  la 
rentrée  des  fermages,  mais  la  fortune  nécessairement 
considérable  du  conduclor  regionis. 

Il  paraîtra  bien  douteux  que  dans  Tempire  et  à  toute 
époque  il  y  ait  eu  à  la  tête  des  domaines  de  chaque  cir- 
conscription fiscale  un  conductor  praediorum.  Pourtant  il 
n'est  guère  probable  que  Tinscription  de  Dougga  nous 
révèle  un  cas  unique  ou  même  •  tout  à  fait  exceptionnel. 
Nous  croirions  volontiers  qu'au  moins  en  Afrique  et  pen- 
dant une  période  assez  longue,  l'administra tion  impériale, 
préoccupée  avant  tout  de  la  mise  en  valeur  des  saltus^  eut 
recours  à  ces  puissants  fermiers  régionaux. 

Il  est  possible  de  dater  approximativement  le  texte  nou- 
vellement découvert,  car  c'est  à  Tépoque  dHadrien  et 
vraisemblablement  peu  après  128  que  Datus  et  son  fils 
Bassus  construisirent  à  Dougga  un  grand  ensemble  de 
sanctuaires  dont  il  reste  encore  d'importants  vestiges,  les 
templa  Concordiae,  Frugiferi,  Liberi  Patris  '.  Rappelons 

1.  Sur  ces  Umpla^  cf.  L.  Poinssot,  Nonv.  Archive»  des  mi$iion$^  XXU. 
fasc.  16.  paêsim. 


s 


TRAVAUX    DU    SERVICE   DES   ANTIQUITES    DE   l'ÉGYPTE      359 

que,  précisécneat  sous  Hadrien,  des  saltus  qui  faisaient 
assurément  partie  des  vastes  étendues  prises  à  ferme  par 
Datus  sont  Tobjet  des  règlements  que  nous  font  connaître 
les  inscriptions  d*Aïn-Ouassel  ^  et  d'Aïn-el-Djemala  2. 


LES   TRAVAUX    DU   SERVICE   DES   ANTIQUITÉS   DE   l' EGYPTE 
EN    1919-1920,    PAR   M.    PIERRE   LACAU. 

Je  parlerai  seulement  à  TAcadémie  de  nos  deux  chantiers 
principaux,  Dendérah  et  Achmouneïn, 

A  Dendérah,  dans  le  domaine  de  la  déesse  Hathor,  nous 
avions  d'abord  à  reprendre  des  fouilles  interrompues  en 
1914.  C'est  M.  Baraize  qui  a  dirigé  le  travail;  il  s*en  est 
acquitté  avec  sa  conscience  habituelle.  Il  a  complété  le 
dégagement  d*un  Mammissi,  ou  temple  de  la  naissance, 
plus  ancien  que  celui  d'Auguste,  connu  depuis  la  Commis- 
sion d'Egypte.  Ce  premier  petit  temple,  commencé  par 
Nectanébo  II  et  achevé  par  les  premier  Ptolémées,  était 
une  dépendance  du  temple  d'Hathor  antérieur  à  celui  que 
nous  admirons  aujourd'hui.  Quand  le  nouveau  temple 
remplaça  l'ancien  sous  les  derniers  Ptolémées,  il  fut  conçu 
sur  un  plan  beaucoup  plus  vaste  et  à  un  niveau  plus  élevé. 
Aussi  la  grande  cour  péristyle  et  le  premier  pylône  qui 
devaient  être  identiques  à  ceux  d'Edfou,  et  qui  d'ailleurs 
sont  restés  inachevés,  vinrent  buter  contre  la  cour  avancée 
du  petit  Mammissi.  On  rasa  les  colonnes  de  ce  dernier  en 
conservant  le  sanctuaire  qui  se  trouvait  de  côté  et  en 
dehors  de  la  nouvelle  cour.  On  entreprit  en  avant  de  cette 


1.  Cf.  pour  la  bibliogr.  de  ce  texle^  Merlin,  A'our.  Archives  des  missions^ 
XIV,  p.  303.  Le  texte  a  été  amélioré  par  M.  Merlin  (Klio,  1919,  p.  377-378). 
9.  Carcopino,  MéUngei  de  Rome^  1906,  p.  365  et  suiv. 


360       TAAVAUX    DO    SERVICE    DES  ANTIQmTAa    DE   l'ÉGTFTB 

cour  la  construction  d'un  nouveau  Mammissi,  celai  d'Au- 
guste. 

Ce  petit  Mammissi  méritera   une   étude  spéciale.    Les 

scènes  admirablement  conservées  nous  font  assister  &  la 

conception  et  à  la  naissance  du  petit  dieu  Horus,  le  6k 

d'Hathor.  Or  ce  petit  dieu,  les  tentes  nous  ie  dîseat,  c'est 

le  roi  Nectanébo  lui-même.  Il  y  a  identité  entre  la  naissance 

viue  du  roi  Aménophis  III  à  Louxsor,  de  la  reine  à  Deir 

I   Bahari  et  celle  du  dieu  Horus  à  Dendérah.   Le  dieu 

mmon,  qu'on  est  surpris  de  rencontrer  ici,  joue  le  mène 

lie  auprès   d'Hathor   qu'auprès   des  reines   mères   de  U 

VIII'  dynastie. 

A  c6té  de  ce  MammUai,  nous  avons  dégagé  une  basi- 
ijue  chrétienne  que  je  vous  signale  seulement;  je  n'ai  pas 
icore  de  plan  à  vous  soumettre.  C'est  certainement  une 
!s  plus  anciennes  que  nous  ayons  rencontrées  en  Egypte. 
Ile  a  été  construite  avec  des  matériaux  empruntés  au  ! 
lammissi  d'Auguste.  La  face  sculptée  des  blocs  est 
mplement  tournée  vers  l'intérieur  du  mur.  Nous  extrayons  : 
!  la  construction  tous  ceux  qui  portent  des  bas-reliefs  ou 
]s  textes  ;  nous  les  remplaçons  par  d'autres  et  nous  ' 
>urrons  reconstruire  toute  la  partie  avancée  du  Mammissi 
Auguste. 

Il  y  a  deux  ans,  j'avais  reconnu  à  droite  du  grand  temple 
n  petit  mur  enfoui  dans  les  décombres.  Deux  montants  | 
i  portes  sans  linteau,  en  connexion  avec  ce  mur,  indiquaient  | 
s  éléments  d'un  lac  sacré  analogue  ft  celai  de  Medinet-  ! 
abou  ou  de  Karnak.  Nous  venons  de  le  vider.  Il  est  dans  ■ 
a  état  de  conservation  surprenant  dont  quelques  pboto- 
raphies  vous  donneront  une  idée.  Ce  bassin  rectangulaire, 
e  31  mètres  sur  25,  offre  k  chacun  des  angles  une  porte 
annant  sur  un  escalier  qui  permet  de  descendre  jusqu'au 
ind.  Nous  sommes  actuellement  à  1  "  50  de  profondeur; 
n  sondage  jusqu'à  1  '"  50  ne  nous  donne  pas  le  fond.  Les 
lurs   ont   3   mètres   environ   d'épaisseur  et,  particularité 


TRAVAUX    DD   SRRVICE  OBS  1.HTIQUITÊ3   DE   l'£QTPTE      361 
technique  intéressante,  pour  contrebuter   la  pouissée   des 
terres,  ils  sont  très  nettement  cintrés  vers  l'extérieur.  Nous 
devrons  examiner  le  problème  de  l'alimentation   en  eau. 
les  infiltrations  de  l'époque  ptolémaïque  étant  de  2  mi 
pins  basses  qu'actuellement.  A  côté,  nous  avons  troui 
puits  d'eau  propre.  C'est  un  couloir  descendant  jusqv 
infiltrations  par  un  escalier  très  bien  conservé. 

ije  très  grand  intérêt  de  ce  bassin  et  de  ce  puits, 
qu'ils  complètent  d'une  façon  claire  le  plan  généra 
V ensemble  du  temple. 

Qu'est-ce  en  elFet  qu'un  temple  eo  Egypte?  C'est  la  ( 
du  domaine  d'un  grand  seigneur  égyptien.  Tout  dom 
est  entouré  d'une  enceinte,  cbacun  se  clôt  chez 
L'enceinte  de  Dendérah  est  en  briques  crues.  Et 
10  mètres  d'épaisseur,  plus  de  12  mètres  de  hau 
250  mètres  environ  de  côté.  Le  dieu  est  complète) 
invisible  dans  sa  propriété  sacrée. 

A  l'extérieur  d'un  domaine,  devant  la  porte  d'ei 
perçant  l'enceinte,  doit  se  trouver  une  voie  d'accès 
duisaot  à  ua  canaL  Le  canal,  c'est  la  voie  normale  de  < 
manication  en  Egypte.  Nous  l'avons  à  Dendérah. 
kiosque  semblable  à  celui  de  Trajan  à  Philae  devait  bc 
le  quai.  C'est  là  que  la  déesse  s'embarquait  pour  aller 
son  mari  Horus  à  Edfou.  La  Commission  d'Egypte  a 
sine  ce  kiosque  :  nous  ne  pouvons  plus  espérer  que  rel 
ver  ses  fondations. 

A  l'intérieur  du  domaine,  au  centre  de  l'enceinte 
l'habitation  privée  ;  c'est  ce  que  nous  appelons  le  tei 
proprement  dit.  Cette  habitation  est  également  close 
un  ntur  sans  fenêtre.  Dans  la  maison  elle-même,  pa 
lumière  :  en  Orient,  pour  conserver  la  fraîcheur  et  é 
les  mouches,  il  faut  renoncer  Ji  l'éclairage. 

A  droite  en  entrant,  le  Mammissi,  chapelle  où  la  di 
aocouchait.  Il  est  vraisemblable  que,  dans  la  vie  coun 
l'accouchement  se  faisait  également  dans  une  maison  isi 


362       TRkVAtIX    Dr    SEHVICR    DBS    AKTIQUITtB    DE   l'ÉOYPTB 

Dana  toute  propriété  égyptienne,  il  y  a  un  bassin  d'agré- 
ment, au  bord  duquel  on  venait  respirer  l'air  du  soir  ;   il 
est  garni  de  lotus  et  de  poissons.  C'est  précisémeot  notre 
lac  sacré.  Sur  la  face  sud,  on  remarque  les  arrachements 
A'„na  n'ate-forme  où  l'on  posait  sans  doute  la  statue  du 
md  elle  venait  prendre  le  frais.  A  côté,  le  puits 
-e  pour  alimenter  ta  maison  en  eau  propre,  puits 
it  indépendant  du  bassin. 

il  faut  des  magasins  contenant  les  provisions. 
s  devinons  dans  l'angle  sud-ouest,  comme  au 
lum.  Nous  devrons  enfin  retrouver  les  jardins  avec 
!S  sacrés.  Nous  aurons  ainsi  fc  Dendérah  le  temple 
complet  et  le  plus  facile  h  comprendre   pour   le 

le  grand  temple,  une  seule  salle  était  mutilée. 
t  Ali  avait  permis  à  un  Français  de  scier  dans  le 
le  célèbre  u  Zodiaque  de  Dendérab  »,  aujourd*hm 
bliotbèque  nationale.  Nous  avons  demandé  un 
à  Paris  :  il  occupe  maintenant  la  place  de  l'ongioal, 
1  fuit  par  l'un  des  nôtres  est  réparé  dans  la  mesure 
ble. 

imounein,  dans  le  domaine  de  Thot,  le  dieu  qui  a 
e  forme  de  l'ibis  et  du  singe,  M.  Lefebvre  a 
un  tombeau  de  la  plus  grande  importance.  Des 
s  nous  avaient  demandé  une  concession  de  fouilles, 
en  accordons  plus  qu'à  des  institutions  scîenti- 
le  plus  souvent,  d'ailleurs,  il  s'agit  de  rechercher 
>rs  imaginaires.  Mais  un  de  dos  gardiens  eut  vent 
^couverte  réelle.  A  la  demande  de  M.  Lefebvre, 
specteur  de  Minieh,  Antoun  Youssuf,  conduisit 
>ilement  une  enquête,  et,  grftce  à  une  promesse  de 
nsc.  on  lui  découvrit  le  secret, 
nbe  a  été  construite  par  un  nommé  Pélosiris,  grand- 
ie Thot  ;  elle  se  compose  de  deux  pièces  :  1"  ud 
;tan{fulaire  dont  le   toit   est  supporté  par  quatre 


TRAVAUX    DU   SERVICE   DES   ANTIQUITÉS    DE    l/ EGYPTE      363 

piliers  et  dans  lequel  ouvrait  le  puits  funéraire  ;  2^  par 
devant,  un  pronaos  plus  large  dont  la  façade  est  ornée  de 
quatre^  colonnes  réunies  par  des  entrecolonnements.  Les 
murs  des  deux  pièces  sont  entièrement  couverts  de  scènes 
et  de  textes  gravés  sur  un  stuc  qui  masque  le  calcaire 
munulitique  trop  grenu  de  la  construction.  Dans  la  salle  du 
fond,  les  scènes  funéraires,  une  partie  du  rituel  et  de  longs 
textes  biographiques.  Dans  la  première  salle,  des  textes 
biographiques  et  les  scènes  habituelles  de  métiers  :  labou- 
rag'e,  récolte  du  blé,  vendanges,  orfèvrerie,  menuiserie,  etc. 
Beaucoup  de  ces  scènes  sont  nouvelles,  mais  leur  principal 
intérêt,  c'est  qu'elles  nous  montrent  vraiment,  pour  la 
première  fois,  une  influence  grecque  dans  l'art  égyptien.. 

Dans  le  cortège,  le  naos  est  porté  sur  un  petit  chariot 
à  quatre  roues,  mode  de  transport  absolument  inconnu 
dans  un  cortège  égyptien  classique.  Dans  la  procession 
habituelle  des  porteurs  d'olTrandes  qui  forment  le  soubas- 
sement de  la  première  salle,  les  femmes  sont  vêtues  de 
costumes  étrangers,  les  coiffures  sont  nouvelles,  les  vases 
qu'elles  portent  sont  inconnus  en  Egypte.  Un  des  person- 
nages conduit  en  laisse  un  petit  éléphant  :  TÉgypte 
ancienne  ne  fait  jamais  figurer  cet  animal  parmi  les  pro- 
duits oiTerts  à  un  mort,  fût-il  grand-prêtre  d*un  nome. 
Mais  sa  présence  s'explique  très  bien,  si  nous  nous  rappe- 
lons la  passion  récente  des  Ptolémées  pour  les  éléphants. 
Un  autre  porte  un  gros  coq  :  cet  oiseau  inconnu  en 
Egypte  a  été  introduit  d'Asie  par  les  Perses.  Tout  ceci 
constitue  un  ensemble  d'éléments  nouveaux  indiquant 
simplement  des  modifications  curieuses  dans  les  mœurs  et 
les  usages.  Mais  ce  qui  est  beaucoup  plus  intéressant  et 
plus  surprenant,  c'est  de  constatef  des  tentatives  très  nettes 
pour  modifier  le  mode  de  représentation  et  les  conventions 
traditionnelles  de  Tart  égyptien.  S'il  est  une  chose  frap- 
pante dans  rhistoire  de  cet  art,  c'est  sa  résistance  extra- 
ordinaire à  toute  influence  étrangère.   A   l'époque   ptolé- 


364      TRAVAUX   PC    SERYICB   DES  ANTIQUITÉS   DE   l'ÉGTPTE 

maïque,  Fart  grec  a  coexisté  en  Egypte  avec  Tart  national  : 
il  ne  Ta  vraiment  ni  influencé  ni  modifié.  On  compte  les 
cas  dans  lesquels  un  type  égyptien  a  été  traité  à  la 
grecque;  le  mélange  est  d'ailleurs  d'un  effet  déplorable, 
par  exemple  dans  les  statues  d'hommes  vêtus  du  manteau 
macédonien. 

Or,  dans  notre  tombe,  lïnfluence  grecque  est  évidente. 
Une  scène  est  même  entièrement  grecque  :  une  femme 
drapée,  accompagnée  d'un  enfant,  est  accoudée  à  une 
colonnette  devant  la  porte  d'une  tombe.  Quant  aux  scènes 
égyptiennes,  elles  sont  traitées  d'une  façon  qui  rompt 
absolument  avec  la  tradition.  C*est  une  liberté  dans  la  pose 
et  l'attitude  des  personnages  qui  est  tout  à  fait  contraire 
aux  procédés  égyptiens.  Les  enfants  portés  dans  les  bras 
gesticulent  vivement  ;  un  semeur,  dans  la  scène  du  labou- 
rage, se  présente  complètement  de  face  en  jetant  son  grain 
à  la  volée.  Les  laboureurs  sont  vêtus  d  une  tunique  dont 
les  plis  verticaux  ont  été  rendus  avec  un  réalisme  ignoré 
des  artistes  anciens. 

Il  est  clair  que  pour  étudier  à  loisir  cette  tentative  ori- 
ginale nous  devons  attendre  la  publication  des  planches  ; 
nous  la  commencerons  cet  hiver. 

Dans  le  puits  funéraire,  une  surprise  attendait 
M.  Lefebvre.  Presque  tout  avait  été  brisé  par  les  voleurs 
anciens..  Trois  grands  sarcophages  de  pierre  étaient  encore 
entiers  ;  les  deux  premiers  avaient  été  vidés,  mais  le  troi- 
sième, placé  tout  au  fond  de  la  chambre,  contre  la  paroi, 
avait  été  seulement  entr' ouvert.  Il  contenait  un  admirable 
cercueil  en  bois  dur,  en  forme  de  momie,  orné  de  cinq 
lignes  de  texte  allant  de  la  poitrine  aux  pieds.  Tous  les 
hiéroglyphes  de  ces  textes  sont  composés  de  petites  pièces 
en  pâte  de  verre  coloriée  d'une  finesse  admirable.  Nous 
connaissions  le  principe  de  cette  décoration  polychrome. 
Un  morceau  de  sarcophage  de  Turin,  souvent  cité,  nous 
donnait  un  échantillon  du  procédé.  Mais  pour  la  première 


TRAVAUX   DU    SERVICE   DES   ANTIQUITÉS   DE   l'ÉGYPTË      365 

fois  nous  saisissons  vraiment  tout  le  parti  que  Ton  pouvait 
tirer  de  cette  technique.  Seul  Tensemble  de  la  décoration 
nous  permet  d*apprécier  la  valeur  du  procédé. 

La  date  précise  du  tombeau  serait  bien  intéressante 
pour  nous.  Vraisemblablement  nous  sommes  au  ui®  siècle 
avant  notre  ère.  Comment  se  fait-il  que,  si  loin  du  Delta, 
nous  trouvions  une  influence  grecque  aussi  marquée  ?  Le 
<lieu  Thot,  assimilé  à  Hermès,  a  préoccupé  de  bonne  heure 
la  pensée  grecque.  Mais  pourquoi  ce  grand-prêtre,  de  race 
parement  égyptienne,  s*est-il  adressé  pour  décorer  sa 
tombe  à  un  atelier  si  curieusement  novateur  ? 

M.  Lefebvre  lui-même  vous  donnera  bientôt  des  détails 
plus  précis,  fcar  le  monument  mérite  d  appeler  une  seconde 
fois  votre  attention. 

Tout  en  opérant  ce  déblaiement,  il  a  retrouvé  non  loin 
de  là  le  fameux  souterrain  des  ibis  dont  sont  sortis  autre- 
fois tant  de  momies.  J'ai  parcouru  avec  lui  200  mètres  de 
galeries  ;  le  reste  est  bloqué  par  des  éboulements.  Nous 
explorerons  le  tout  complètement. 

Les  modes  d'ensevelissement  des  ibis  a  varié.  Certains 
sont  logés  dans  des  loculi  creusés  dans  les  parois  des 
galeries.  De  petits  coffres  en  pierre  servaient  de  sarcophage. 
En  général,  chaque  ibis,  enveloppé  de  linges,  est  enfermé 
dans  un  vase  de  terre  cuite  clos  d'un  couvercle  scellé  au 
plâtre.  Il  y  a  là  des  dizaines  de  milliers  de  vases  entassés 
ju8qu*au  plafond  des  galeries.  Les  procédés  d*emmaillo- 
tement,  eux  aussi,  ont  dû  varier  dans  les  différents  ateliers. 
U  est  possible  qu*une  préparation  à  bon  marché  ait  employé 
de  vieux  papyrus  pour  envelopper  les  ibis,  comme  cela  a 
eu  lieu  pour  les  crocodiles  du  Fayoum,  et  Ton  sait  assez  ce 
que  nous  ont  rendu  ces  papiers  de  rebut  employés  par  les 
entrepreneurs  de  pompes  funèbres.  Les  œufs  n'étaient  pas 
moins  vénérés  que  Toiseau  lui-même  ;  quantité  de  vases  en 
sont  pleins.  Pourrons-nous  dater  les  nécropoles  d'animaux? 
Celles  que  nous  connaissons  paraissent  récentes.  C'est  un 


366  LIVRES   OFFERTS 

problême  important  de  savoir  si,  &  toutes  les  époques,  tous 

les  reprëseatants  de  l'espèce  sacrée  ont  été  easevelis  à  paK 

comme  le  dieu  lui-même.    L'Egypte  oous  oITre  daos  ce 

domaine  un  champ  d'études  unique,  puisque  les  documents 

— vent  s'étendre  sur  plus  de  quatre  mille  ans.  Nous  savons 

)utre,   par  le   voyageur  Cavalden,  que  plus  au  Nord 

té  le  souterrain  des  singes,  la  seconde  forme  du  dieu 

t.   Eu  déblayant  le  cimetière  des  ibis,   nous  devons 

eindre  certainement. 

El  galerie  retrouvée  cette  année,  c'est  la  nécropole 
mune  de  tous  les  ibis  du  nome.  U  nous  reste  à  décou- 
la tombe  de  l'oiseau  sacré  lui-même,  celle  qui  contient 
corps  de  l'ibis-dieu  entretenu  dans  un  *  des  temples 
;hmouneln  comme  on  entretenait  le  taureau  Apis  k 
npbis  ou  le  taureau  Mevîs  à  Héliopolis.  Qu'on  se  rap- 
e  tout  ce  que  les  textes  du  Sérapéum  nous  ont  appris 
la  chronologie  égyptienne.  La  tombe  des  ibis  nous 
Irait  des  documents  analogues  :  stèles  de  pèlerins  on 
:s  contenant  les  procès- verbaux  fixant  les  dates  de  la 
nnaisaance  du  dieu,  de  son  intronisation,  de  sa  mort, 
on  ensevelissement.  Chaque  province  nous  devra  res- 
!r  sa  nécropole  d'animaux  sacrés.  C'est  peut-être  trop 
rcr.  Mais,  en  archéologie  aussi,  il  est  sans  doute  néces- 
)  de  rêver  beaucoup  pour  réaliser' un  peu.  En  Egypte 
leurs  tout  arrive,  même  l'invraisemblable,  et  si  souvent 
i  avons  vu  la  réalité  dépasser  toutes  nos  espérances, 
nous  sommes  excusableij   d'espérer   toujours  un  peu 


LIVRES  OFFERTS 


Séculaire  perp^uel  ofTre,  au  nom  de  M.  Adrien  Blahchr, 
,  intitulé  :  Une  «cèn«  do  BoargtM 
archéologique,  t9â0). 


^iUNCE  du  22  OCTOBRE  367 

M.  Henri  Cordibr  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

M  J'ai  Tbonneur  de  présenter  à  TAcadémie,  au  nom  de  Fauteur,  le 
tome  second  de  Talbum  des  grottes  de  Touen  Houang  renfermant 
les  photographies  rapportées  par  M.  Paul  Pelliot  des  grottes  31  à  72. 
Il  y  aura  six  albums  en  tout.  Je  n*ai  pas  besoin  d'insister  sur  le 
grand  intérêt  scientifique  de  cette  publication.  » 


SÉANCE  DU  22  OCTOBRE  1920 


PRESIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIBHL. 

Lecture  est  donnée  de  la  lettre  par  laquelle  M.  Paul  I^lliot 
pose  sa  candidature  à  la  place  de  membre  ordinaire  devenue 
vacante  par  suite  de  la  mort  de  M.  Héron  de  Villefosse. 

A  propos  de  la  correspondance,  M.  Salomon  Rbinach  lit  une 
note  de  M.  Charles  Fraipont,  professeur  à  T Université  de 
Liège,  que  lui  adresse  M.  Charles  Michel,  correspondant  de 
l  Académie^  et  qui  est  relative  aux  travaux  récents  sur  la  chro- 
nologie dç  Tépoque  néolithique  en  Belgique  ^ 

M.  Salomon  Reinach  fait  une  communication  au  sujet  d'un 
témoignage  inaperçu  sur  le  druidisme. 

Aucun  texte  antique  ne  nous  instruit  sur  l'éducation  militaire 
des  Gaulois.  Mais  un  historien  grec  né  à  Sparte,  Aristokratès,  a 
imaginé  que  Lycurgue  avait  visité,  outre  VÉgyple  et  Tlnde,  ce 
quil  appelle  l'Ibérie.  M.  S.  Reinach  essaie  de  montrer  que 
ribérie  désigne  ici  non  pas  TEspagne,  mais  la  Gaule,  et  que  les 
institutions  militaires  de  Sparte,  si  différentes  de  celles  des 
autres  Grecs,  ont  semblé  à  quelques  anciens  avoir  pris  modèle 
sur  celles  des  Gaulois.  C*est  donc  qu*elles  leur  ressemblaient. 
Ainsi  les  Druides  ne  donnaient  pas  seulement  Téducation  phi- 
losophique et  religieuse  dont  parlent  les  auteurs,  éducation  qui 
n'était  poussée  très  loin  que  pour  leurs  novices,  mais  ils  pré- 

1.  Voir  ci-après. 


368      ESSAI    DE  CHRONOLOGIE   DU    NÉOLITHIQUE   EN    BELGIQUE 

paraient  toute  la  jeunesse  noble  dans  des  internats  à  la  vie 
active  et  au  métier  des  armes,  tout  en  lui  inculquant  une  foi 
religieuse  qui  inspirait  le  mépris  du  danger  et  de  la  mort.  Si  Ton 
a  dit  quMls  donnaient  leurs  Jeçons  au  cœur  des  forêts  ou  daiES 
des  cavernes,  c'est  qu*on  a  pris  pour  des  témoignages  relatifs  à. 
la  Gaule  indépendante  ceux  qui  concernent  le  druidisme  traqué 
et  persécuté  au  premier  siècle  de  TEmpire  romain. 

MM.  'Alfred  Caoïser,  Paul  Monceaux  et  Maurice  CaoïSET 
présentent  quelques  observations. 

M.  Prentout,  professeur  d*histoire  de  Normandie  à  TUniver- 
site  de  Caen,  soumet  à  l'Académie  une  hypothèse  sur  Torigiae 
de  la  formule  Dei  gralia  dans  la  suscription  des  actes  d*Henri  II 
d'Angleterre. 

Contrairement  à  l'opinion  de  Léopold  Delisle,  qui,  sans  y 
attacher  d'im[iortance  du  reste,  voyait  dans  cette  innovatioQ^, 
qui  apparaît  entre  février  et  mai  1 173,  une  conséquence  indirecte 
du  meurtre  de  Becket,  —  peut-être  une  des  satisfactions 
accordées  aux  envoyés  du  pape  lors  de  l'entrevue  d'Avranches 
en  1172,  —  M.  Prentout,  se  fondant  sur  la  date  où  la  formule 
s'introduit,  essaie  de  montrer  que  son  adoption  doit  être  mise 
en  rapport  avec  quelqu'une  des  circonstances  de  la  révolte 
d'Henri  le  Jeune,  fils  aine  du  roi,  qui  se  produisit  précisément 
au  printemps  de  1 17H. 

MM.  Paul  FouRNiBB^  François  Dblabobdb,  Théodore  Rbinach 
et  Ch.-V.  Lanolois  présentent  quelques  observations. 


COMMUNICATION 


ESSAI   DE  CHRONOLOGIE  DU   NÉOLrTHIQUE  EN   BELGIQUE, 

PAR   M.    CHARLES   FRAIPONT, 
PROFESSEUR  A   L*CNIVER8ITÉ   DE  LIÈGE. 

i 

Les  fouilles  et  les  études  poursuivies  depuis  de  longues 
années  en  Belgique  par  MM.  J.  Hamal-Nandrin  et  Jean 


ESSAI  DE   chronologie;   du   néolithique   en    BELGIQUE      369 

Servais,  avec  le  concours  de  M,  Ch.  Fraipont,  professeur  à 
rUniversité  de  Liège,  ont  amené  ces  savants  à  des  con- 
dusions  qu'ils  n'ont  pas  encore  publiées,  mais  qu'ils  sont 
heureux  de  voir  présenter  à  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres. 

Il  leur  parait  ressortir  des  faits  observés  que  le  néo- 
lithique supérieur  ou  Robenhausien  provient  de  deux 
embranchements  très  différents. 

I.  —  Les  gisements  étudiés  présentent  d'abord  révo- 
lution suivante,  en  partant  de  l'époque  la  plus  ancienne  : 
A.  Campignien  (Hemersdael,  Fouron-Saint-Martin,  Fouron- 
Saint-Pierre)  ^  Ce  campignien  est  analogue  à  celui  du 
Campigny,  quoique  un  peu  plus  grossier,  alors  que  celui 
du  Camp-Barbet  (Oise)  et  du  Camp  de  Catenoy  ressemble 
plutôt  au  campignien  belge  de  Bray,  de  Ghlin  et  des 
environs  d*Obourg. 

B.  Ateliers,  puits  et  galeries  de  S$,inte-Gerlrude  (Lim- 
bourg  hollandais)  ^.  A  Sainte-Gertrude,  on  a  trouvé  :  a)  un 
petit  atelier  à  nuclei,  troncs  coniques  analogues  à  ceux  de 
certains  gisements  campigniens  évolués  ;  ^)  dans  la  majeure 
partie  des  ateliers,  les  nuclei  sont  plus  allongés,  mais  ils 
rappellent  encore  les  précédents  au  point  de  vue  du  débi- . 
tage  ;  7)  un  atelier  (l'atelier  Comment)  a  fourni  de  grands 
nuclei  rappelant  ceux  de  Spiennes,  quoiqu'ils  soient  plus 
grossiers. 


1.  Travail  en  préparation.  Un  rapport  sommaire  sur  les  fouilles 
exécutées  de  1914  à  1918  par  J.  Hamal-Nandrin,  J.  Servais  et  Gh.  Fraipont 
a  été  présenté  i  TAssoc.  franc,  pour  Tavanc.  des  sciences  (Strasbourg, 
1930).  et  à  la  réunion  préparatoire  à  la  fondation  d*un  Institut  intcrn. 
d'anilirop.  (Paris,  1930).  Il  paraîtra  dans  le  n*  de  décembre  de  la  Aevue 
^nthropologiqut^  1930. 

3.  M.  de  Puydt;  voir  ses  nombreux  travaux  publiés  par  l'Institut  archéol. 
liégeois  et  la  Société  anthrop.  de  Bruxelles.  MM.  J.  Hamal-Nandrin,  J. 
Servait  et  Ch.  Fraipont  ont  à  l'impression  un  grand  travail  sur  leurs 
fowlles  de  Sainte-Gertrude.  Voir  les  collections  Uamal,  Servais,  et  Musée 
Cnrtius  à  Liège. 

1930  3i 


370      ESSAI    DE   CHRONOLOGIE   Dt'   .>(fvOLITHI0UE   EN    RELGtQCC 

C.  Ateliers,  puits,  galeries  et  fonds  de  cabanes  de 
Spienne$  *. 

D.  Robenhausien  final,  avec  pointes  de  flèches  à  pédon- 
cules et  ailerons.  Les  plus  anciens  gisements  campigniens  : 
on  n^y  trouve  que  de  grossiers  nuclei  à  éclats.  Puis  on 
constata  une  évolution  sur  place.  En  quelques  points,  le 
campignien  de  nos  régions  devient  moins  primitif  sans 
atteindre  le  type  de  Sainte-Gertrude.  A  Sainte-Gertrude, 
certains  ateliers  semblent  plus  évolués  que  d'autres  sans 
Tètre  autant  que  ceux  de  Spiennes.  Si  Ton  prend  un  lot 
choisi  des  pics  les  plus  typiques  dans  chaque  gisement, 
on  constate  nettement  révolution  suivante  : 

1^  Les  pics  de  nos  gisements  campigniens  sont  courts, 
massifs  et  très  grossiers.  Ils  sont  d*ailleurs  rares. 

2^  Les  pics  de  Sainte-Gertrude  sont  déjà  plus  long^, 
plus  délicatement  travaillés  et  beaucoup  plus  abondants. 

3^  Les  pics  de  Spiennes  sont  encore  plus  grands,  souvent 
finement  taillés  et  extrêmement  nombreux. 

La  question  de  la  matière  première  ne  joue  ici  aucun  rôle, 
ni  au  point  de  vue  de  la  taille  ni  au  point  de  vue  des 
dimensions. 

L'étude  du  tranchet  a  amené  MM.  J.  Hamal-Nandrin, 
J.  Servais  et  Ch.  Fraipont  à  une  conclusion  identique  : 

i  ^  Dans  le  campignien ^  les  tranohets  sont  en  général  à 
peine  ébauchés. 

2**  A  Sainte-Gertrude,  ils  sont  mieux  finis  ;  certains 
d'entre  eux  évoluent  vers  la  hache  ;  les  belles  haches  sont 
très  rares. 


1.  Voiries  travaux  de  Cela,  do  Pauw,  Rutot  et  Iloiizoau  de  Lehaye  {Bnll» 
Soc.  anthr.  de  Bruxelles),  de  Loë  cl  de  Munck  :  Notice  sur  Us  fauUlet  det 
a^eiierf  néoUihiqaeÉ  de  Spienneê  (Congrès  inlern.  danthr.  et  d'arch. 
prchUt.  Paris,  1889)  et  autres  travaux  du  baron  de  Lo5  dans  les  Bull,  de 
USqc,  dtirehèol.  de  Brnxêlle$  et  les  Archives  des  Musées  du  Cinquante- 
nuire.  Voir  les  collections  Hamal-Nandrin  à  Liéçe  et  lès  collections  des 
MusécH  royaux  d'histoire  naturelle  et  du  Cinquantenaire  à  Bruxelles. 


e$aàl    DE    CHRONOLOGIE   DU    NÉOLITHIQUE   EN    BELGIQUE      371 

3®  A  Spiennes,  les  tranchets  sont  rares,  mais  souvent 
trë3  beaux  ;  les  très  belles  haches  sont  fort  abondantes. 

Les  savants  liégeois,  dont  on  ne  fait  ici  que  résumer  les 
conclusions,  ne  croient  pas  pouvoir  faire  dériver  l'industrie 
caoïpignienne  du  magdalénien  ni  des  types  aziliens  et 
tardenoisiens  ;  les  seules  industries  qui  s'en  rapprochent 
sont  celles  (outils  d'usage  exteroporanés  ou  atypiques)  de 
certains  niveaux  moustériens  comme  ceux  de  la  Micoque 
en  France  on  du  Fond  de  Forêt  en  Belgique  K 

II.  —  D  autre  part,  le  Robenhausien  semble  être  TaboU'* 
tisaement  d'une  autre  série  industrielle  que  Ton  peut  établir 
ainsi  : 

A.  Magdalénien,  type  des  gisements  français  et  belges. 

B.  Industrie  du  type  prétardenoisien  de  Zonhoven  ^;  de 
la  grotte  de  Bemouchamps  ^  ;  de  la  grotte  de  Martinrive$  ^  ; 
de  la  Roche^auQP-Faucons^,  Dans  les  grottes,  cette  industrie 
est  accompagnée  de  renne,  de  cheval  et  d'ursus  spelaeus. 
Elle  comprend  des  burins,  des  grattoirs,  des  lames  à  dos 
rabattus,  etc.,  etc.  J'ajoute  que  nos  savants  ignorent  si  le 
gisement  de  Zonhoven  est  antérieur  ou  postérieur  au  Mag- 
dalénien. 

C.  Les  fonda  de  cabanes  dits  Omaliens  de  la  Hesbaye  et 
des    bords    du    Geer^,     que     caractérisent    des   burins, 


I.  Voir  les  collections  du  Musée  Gurtius  et  de  M.  J.  Hamal  à  Liège. 

3.  J.  Hamal-Nandrin  et  J.  Servais,  Étades  sur  U  Limbourg  belge  pré- 
hitlorique,  etc.  (xxiii*  session  de  la  Fédération  archéologique  et  bistor, 
de  Belgique.  Gand,  1913).  Voir  les  collections  J.  Hamal  à  Liège. 

3.  Van  den  Broeck,  Là  rivière  souterr&ine  et  U  grotte  de  Remouchamps 
etc.  {BttU,  Soc,  êtiihr.  de  Bruxelles,  t.  XVIi)  ;  —  Qaelqueg  mots  k  pfopô» 
dt$  noQvelleê  fouillée  exéouties  dans  U  grotte  de  Remouchamps,  etc. 
{ibid.,  t.  XXI). 

4.  Grotte  actuellement  fouillée  par   MM.  Ch.    Fraipont,    Max  Lohest, 
J.  Hamal-Nandrin  et  J.  Servais.  Voir  les  collections  de   TUniversitè  de  ■ 
Liège. 

b.  Voir  les  collections  J.  Hamal  Naudrin  à  Liège. 

5.  Très  nombreux  travaux  de  MM.  de  Puydt,  Davin,  Hamal-Nandrin  et 
Servais  dans  les  Bull.de  l'Inst.  arr/i.  liégeois,  de  la  Société  d'anthrop.  de 


370       ESSAI    DR   CBROKOLOQIK    DU    NÉ»*-"'*^ 

C.  Ateliers,    puits,    galeries    et     ^ 
Spiennea  '.  J         "% 

D.  Robenhauflien  final,  avec  )f,  ^  *^  '*""* 
cales  et  ailerons.  Les  plus  anoif^  |.  '^.  f.  '^ 
on  n'y  trouve  que   de  grossie  ^^     ■'^     \ 

constata  une  évolution  sur  "  »  \  ^C     v    ^ 
campignien   de    nos   régior  ^$;\    %s,\    %  auc 

atteindre  le  type  de  Sain,  '.\  *^\^  »    %,  cialea,' 

certains  ateliers  sembler,  i  ^  %\      -^  'e   avec  T' 

l'élre  auUnt  que  ceux     i.|4\\-*  ar    Lartet  eî     f 

choisi  des  pics   les  pi;     V^  \  fr  -^j  fii>    *     .  ,       f 

on  consUte  nettemer  *     \'  ç  ^  ^«  *'*P«rpo8^  ■  ■     I 

i'  Lespics  de  n""*?^    *  I 

massifs  et  très  grc    f\  et  Ch.   Praipo„t  ont      \ 

a»  Les  pics  df'     \  sur  de  très  nomh«. 


massifs 

3"  Les  pics  df. 
plus  délicateme';.  a 

3"  Les  pics  'j  jr 
finement  tailb .' 

La  questi^  ' 


surdetr^no^^ 

de  miUiers  de  pièces  p^ 

-iodiques  et  jamais  de  la  sur- 

jntent  d'ailleurs  que  comme  une 

-,  l'état  actuel  de  nos  connaissances. 

..  est  venu  visiter  leurs  collecUons  et 

!S    fouilles,    considère   cette    hypothèse 

probable.   Les  savants  liégeois  se  pro- 

îttre  aux   membres  de   l'Institut  ioter- 

lologie   qui    se   réuniront  à   Liège   l'an 

nnent  en  tout  temps  à  la  disposition  des 

UT  montrer  leurs  collections  et  exécuter 

eux. 


s  de  la  Fédâr.  archéol.  et  hist.  de  Belgique.  Voir 
e   Curtius,  de  MM.  Hamal-Nindrin  et  Servais   à 


^9  rran^aise  d'Athènes, 
Ite  École   depuis  le 


V;-  *<!î.^  ^  '  /Vedilio  princL. 


V  i-e  1920. 

\     R  H. 


^ 


^-^  Jérer  comme  défini, 

^-  j  publié  par  l'Académie  a 


*^^  jui,  parue  dans  la  Scriploran 

Q^  ■  est  une  sorte  d'editio  minor.  Elle 

^ue,  mais  le  texte  est  établi  avec   I 

du  matlre  paléographe  qu'est  notre  co 

CoBMBR  offre  à  ses  confrères  son  deroiei 
jio,   intitulé  :   Str  Marco  Polo,  notes  and  ad 
j    Yule's  édition,  containing  the  reault  of  the  rei 
j  diacovcTy  (London,  1920,  in-8*). 

11.  Omont  a  la  parole  pour  un  hommage  : 
H  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Acadt 
de  Madame  la  baronne  James  de  Rothschild,  le  cinquièi 
volume  du  Catalogue  de»  livre*  de  la  bibliolkitiae  de  fei 
Junea  de  Rothtehild  (Paris,  1980,  in-8*,  684  p.). 

«  C'est  en  1884  que  notre  savant  et  regretté  confrère  U 
avait  publié  le  premier  volume  de  ce  catalogue,  qui  a  é 
maitresse,  pieusement  continuée  pendant  trente-cinq 
veille  de  sa  mort  il  corrigeait  les  dernières  feuilles* 
volume  dont  il  ne  lui  a  pas  été  donné  de  voir  l'achèvem 
bibliophiles,  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  notre  vieil! 
^DCaise  connaissent  l'admirable  collection,  pari 
riche  eo  éditions  rarissimes  de  nos  anciens  auteurs, 
réunir  avec  autant  d'érudition  que  de  go&t  le  baro 
Rothschild,  l'ii'*  *^^*  fondateurs,  avec  nos  confrëreH  Gai 
p  j  Uejer,  ào  la  Société  des  anciens  textes  français, 
deseriotif  et  raisonné  de  celte  incomparable  collection,  ï 
MliDSerit  le  rtoia  de  notre  regretté  confrère  M.  Emile  1 
l'un  d^'  princifiaux  monumeats  de  bibliogra 
de  noti*  temp»-  " 


372      ESSAI    DE  CHRONOLOGIE  DU   NÉOLITHIQUE  EN    BELGIQUE 

d'ailleurs  rares,  des  grattoirs  des  types  magdaléniens, 
Toligiste  pour  la  peinture,  une  poterie  tantôt  fine  tantôt 
grossière,  tantôt  ornementée  tantôt  non.  On  n  y  trouve  pas 
de  silex  poli,  ni  haches,  ni  flèches  robenhausiennes,  mais 
des  herminettes  polies  en  roches  autres  que  le  silex  ;  des 
meules  et  du  grain,  des  flèches  du  type  tardenoisien  ;  du 
cheval.  Ces  fonds  de  cabanes  sont  peut-être  plus  anciens 
que  les  gisements  campigniens.  Leurs  nuclei,  spécialement 
ceux  des  bords  du  Geer,  ont  beaucoup  d'analogie  avec  les 
nuclei  magdaléniens  et  solutréens  figurés  par  Lartet  et 
Christy  dans  Reliquiae  Aquitanicae^  PI.  14  A,  fig,  1  et  4. 

D.  Robenhausien  proprement  dit,  qui  se  superpose  ici 
aux  fonds  de  cabanes. 

MM.  J.  Hamal-Nandrin,  J.  Servais  et  Ch.  Fraipont  ont 
tiré  ces  conclusions  de  faits  observés  sur  de  très  nombreuses 
séries  comprenant  des  dizaines  de  milliers  de  pièces  pro- 
venant toutes  de  fouilles  méthodiques  et  jamais  de  la  sur- 
face du  sol  ;  ils  ne  les  présentent  d'ailleurs  que  comme  une 
hypothèse  plausible  dans  Tétat  actuel  de  nos  connaissances. 
M.  le  D"*  Capitan,  qui  est  venu  visiter  leurs  collections  et 
prendre  part  à  des  fouilles,  considère  cette  hypothèse 
comme  infiniment  probable.  Les  savants  liégeois  se  pro- 
posent de  la  soumettre  aux  membres  de  llnstitut  inter- 
national d'anthropologie  qui  se  réuniront  à  Liège  l'an 
prochain.  Ils  se  tiennent  en  tout  temps  à  la  disposition  des 
spécialistes  pour  leur  montrer  leurs  collections  et  exécuter 
des  fouilles  devant  eux. 


Bruxelles  et  les  Congrès  de  la  Fédér.  archéol.  et  hist.  de  Belgique.  Voir 
les  collections  du  Musée  Curtius,  de  MM.  Hacnal-Nandrin  et  Servais,  4 
Liège. 


373 


LIVRES  OFFERTS 


M.  Haussoullibr  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

«  J^at  llionneur  d'offrir  à  TAcadémie  au  nom  de  notre  confrère 
Sir  Frédéric  Kenyon  une  édition  classique  de  r'AOT)va{(ov  xoXtTsCa.  On 
sait  que  le  nom  de  notre  confrère  restera  toujours  attaché  au  traité 
célèbre  d'Aristote.  Il  en  a  donné  Teditio  princepsen  1891,  et  en  1903 
une  édition  que  Ton  peut  considérer  comme  définitive  dans  le  grand 
recueil  des  œuvres  d'Aristote  publié  par  TAcadémie  des  sciences  de 
Berlin. 

M  Uédition  d'aujourd'hui,  parue  dans  la  Scriptorum  cUuicorum 
Bibliotheca  Osconienti»  est  une  sorte  d'editio  minor.  Elle  ne  renferme 
qu'un  apparat  critique,  mais  le  texte  est  établi  avec  le  soin  qu'on 
pouvait  attendre  du  maître  paléographe  qu'est  notre  confrère.  » 

M.  Henri  Cobdibr  offre  à  ses  confrères  son  dei-nier  volume  sur 
liarco  Polo,  intitulé  :  Ser  Marco  Polo,  notes  and  addenda  to  Sir 
Henry  Yule's  editioif,  containing  the  resuit  of  the  récent  research 
and  discovery  (London,  1920,  in-8<^). 

M.  Omont  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

a  J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie,  au  nom 
de  Madame  la  baronne  James  de  Rothschild,  le  cinquième  et  dernier 
volume  du  Catalogue  des  livrée  de  la  bibliothèque  de  feu  M,  le  baron 
Jamea  de  Rothschild  (Paris,  1920,  in-8*,  684  p.). 

«c  C'est  en  1884  que  notre  savant  et  regretté  confrère  M.  Emile  Picot 
avait  publié  le  premier  volume  de  ce  catalogue,  qui  a  été  son  œuvre 
maîtresse,  pieusement  continuée  pendant  trente-cinq  ans,  et  à  la 
veille  de  sa  mort  il  corrigeait  les  dernières  feuilles  de  ce  dernier 
volume  dont  il  ne  lui  a  pas  été  donné  de  voir  l'achèvement.  Tous  les 
bibliophiles,  tous  ceux  qui  s'intéressent  à  notre  vieille  littérature 
française  connaissent  l'admirable  collection,  particulièrement 
riche  en  éditions  rarissimes  de  nos  anciens  auteurs,  qu'avait  su 
réunir  avec  autant  d'érudition  que  de  goût  le  baron  James  de 
Rothschild,  l'un  des  fondateurs,  avec  nos  confrères  Gaston  Paris  et 
Paul  Meyer,  de  la  Société  des  anciens  textes  français.  Le  catalogue 
descriptif  et  raisonné  de  cette  incomparable  collection,  à  la  fin  duquel 
est  inscrit  le  nom  de  notre  regretté  confrère  M.  Emile  Picot,  restera 
comme  l'un  des  principaux  monuments  de  bibliographie  savante 
de  notre  temps.  » 


374  SÉANCE    DU    29^  OCTOBRE 

M.  Emile  Mâle  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

((  J*ai  rhonneurde  présenter  à  TAcadémie  un  ouvrage  posthume 
de  Jules  de  Lahondès  intitulé  les  Monumenit  de  Touloute,  Jules  de 
Lahondès,  qui  présida  pendant  vingt-cinq  ans  la  Société  archéolo- 
gique du  Midi  de  la  France,  mourut  à  la  veille  de  la  guerre,  après 
avoir  corrigé  les  dernières  épreuves  de  son  livre.  Cest  M.  Emile 
Cartailhacqui  a  pris  soin  de  Tillustrer.  Dans  ce  volume,  les  nombreux 
monuments  de  Toulouse  sont  étudiés  les  uns  après  les  autres  avec 
autant  de  savoir  que  de  goût.  Les  caractères  souvent  si  intéressants 
des  églises  sont  fort  bien  mis  en  lumière.  Mais  le  chapitre  qui 
paraîtra  le  plus  neuf  est  certainement  celui  qui  a  été  consacré  aux 
hôtels  de  la  Renaissance.  On  y  trouvera  toutes  les  découvertes  faites 
dans  les  archives  par  les  érudits  toulousains  depuis  vingt  ans.  Le 
fameux  Nicolas  Bachelier  sort  enfin  de  la  légende  pour  entrer  dans 
l'histoire.  Ce  beau  volume,  par  son  texte  et  ses  illustrations,  est 
digne  de  Toulouse,  une  des  villes  les  plus  intéressantes  de  France.» 


SÉANCE  DU  29  OCTOBRE 


PBésiDBNCB   DB   M.  CHARLBS  DIBHL. 

Lecture  est  faite  des  lettres  par  lesquelles  MM.  Glotz,  Dorex 
et  Delachenal  posent  leur  candidature  à  la  place  de  membre 
ordinaire  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Héron  de 
Villefosse  ;  et  d'une  lettre  par  laquelle  M.  Henri  Goelzer  pose 
sa  candidature  à  la  place  de  membre  ordinaire  devenue  vacante 
par  suite  delà  mort  de  M.  Tabbé  Lejaj'. 

11  est  procédé  à  la  nomination  des  commissions  chargées  de 
dresser  des  listes  de  candidats  aux  places  vacantes  dans  les 
listes  des  correspondants  nationaux  et  étrangers. 

Sont  élus  membres  de  la  Commission  des  correspondants 
nationaux  :  MM.  Alfred  Cboiset,  Salomon  Reinach^  Omont  et 
Prou  ; 

et  membres  de  la  Commission  des  correspondants  étrangers  : 
MM.  Sbnart,  Alfred  Croisbt,  Omont,  Legbr.  .    . 


LIVRES  OFFERTS  375 

M.  Charles  Picard,  directeur  de  T École  française  d'Athènes, 
entretient  l'Académie  des  travaux  de  cette  Ëlcole  depuis  le 
mois  de  novembre  1919  jusqu'au  mois  d'octobre  1920. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  Secrétairb  perpétuel  présente  au  nom  de  M.  Casanova  un 
nouveau  fascicule  des  Mémoires  publiés  par  les  membres  de 
riostitiit  français  d'archéologie  orientale  du  Caire  sous  la  direction 
de  M.  George  Foucart,  intitulé  :  M&krizi,  Description  historique  et 
topographique  de  V6gypie^  traduit  par  M.  Paul  Casanova,  4*  partie, 
fascicule  I  (Le  Caire,  1920,  in-4«). 

M.  Henri  CoRDiBR  offre  à  ses  confrères  les  tomes  II  et  III  de  son 
Histoire  de  la  Chine  et  de  ses  relations  avec  les  pays  étranger»  depuis 
Us  temps  les  plus  anciens  jusqu^à  la  chute  de  la  dynastie  mandchoue 
(Paris,  4920,  in-8<>).  —  Tome  II  :  Depuis  les  cinq  dynasties  (907) 
jusqu'à  la  chute  des  Mongols  (4368);  tome  III  :  Depuis  l'avènement 
des  Mings  (4368)  jusqu'à  la  mort  de  Kia-K'ing  (1820). 

M.  Omont  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

w  J  ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie,  au  nom 
de  l'auteur,  Sir  E.  A.  Wallis  Budge,  conservateur  des  antiquités 
égyptiennes  et  assyriennes  du  Musée  Britannique,  un  exemplaire  du 
Dictionnaire  des  hiéroglyphes  égyptiens,  dont  on  lui  doit  la  publi- 
cation :  An  Egyptian  hieroglyphic  Dictionary^  with  an  index  of 
english  words^  king  list  and  geographical  list. . .  (London,  1920,  gr. 
10-8^  ctiv  et  1356  p.).  Il  ne  m*appartient  pas  d'insister  plus  longue- 
ment sur  l'importance  de  cette  cï»uvre  considérable,  où  sont  coor- 
donnés et  résumés  les  travaux  d'un  éminent  érudit,  dont  le  nom 
ainsi  que  les  nombreuses  et  savantes  publications  sont  depuis  long- 
temps universellement  connus.  » 

M.  le  comte  Durrieu  offre  à  l'Académie  de  la  part  de  l'auteur, 
U.  Léon  Mirot,  archiviste  aux  Archives  nationales,  un  travail 
intitulé  :  Vhôtel  et  les  collections  du  Connétable  de  Montmorency 
Paris,  1920,  extrait  de  la  Bibliothèque  de  V École  des  Chartes ^ 
t  LXXX).  Dans  ce  travail  très  neuf  en  même  temps  que  très 
•nbatantiel,  fruit  de  patientes  recherches,  et  entièrement  établi  sur 


376  LIVRES   OFFERTS 

des  documents  certains  recueillis  à  Paris  et  dans  les  Archires  du 
château  de  Chantilly,  M.  Mirot  a  su  reconstituer  toute  Thistoire, 
depuis  le  xiii^  siècle  jusqu'à  nos  jours,  des  diverses  parcelles  de 
terrain  sises  à  Paris,  dans  le  quartier  des  actuelles  rues  du  Temple, 
de  Braque  et  des  Archives,  sur  lesquelles  s'élevait  l'hôtel  du 
connétable  de  Montmorency.  Des  inventaires,  qu'il  reproduit,  lui 
ont  permis  en  outre  de  donner  un  aperçu  des  collections  qui  se 
trouvaient  datis  cet  hôtel.  C'est  grâce  à  de^  passages  de  ces  inven- 
taires qu'on  a  pu  définitivement  établir  que  c'était  bien  sous  le  nom 
de  faïences  u  de  Saint-Porchaire  »  qu'il  fallait  désigp:ier  les  précieuses 
pièces  de  terre  émaiilées  jadis  appelées  faïences  c<  de  Henri  II  »,  ou 
faïences  «  d'Oiron  ». 

M.  Paul  Monceaux  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  l'auteur, 
M.  Pierre  de  Labriolle,  professeur  à  la  Faculté  des  lettres  de 
Poitiers,  un  ouvrage  intitulé  Histoire  de  U  littérature  Utine  chré- 
tienne (un  vol.  in-8  de  viii-741  pages.  —  Paris,  Société  d'édition 
«  Les  Belles  Lettres  »,  1920)  : 

«  Cet  ouvrage  inaugure  une  «  X^ollection  d'études  anciennes  » 
publiée  sous  le  patronage  de  l'Association  Guillaume  Budé.  Il 
comble  une  véritable  lacune  dans  un  domaine  qui  est  de  plus  en  plus 
exploré  de  nos  jours  :  la  littérature  chrétienne  de  langue  latine.  Il 
manquait  là-dessus  en  France  une  étude  d'ensemble,  qui  fût  aussi  un 
manuel  pratique.  M.  de  Labriolle,  qui  a  fait  ses  preuves  d'érudit,  et 
qui  dirige  le  Bulletin  d^ancienne  littérature  et  d^archéologie 
chrétiennes^  était  tout  désigné  pour  nous  donner  cette  histoire  et  ce 
manuel.  Au  courant  de  toutes  les  recherches  de  détail,  il  sait  domi- 
ner son  érudition  et  son  sujet.  Il  passe  vite  sur  les  auteurs  secon- 
daires pour  concentrer  l'effort  de  sa  critique  sur  les  principaux 
écrivains.  Il  enregistre  les  faits  acquis,  signale  les  lacunes,  indique 
les  travaux  complémentaires  à  entreprendre.  Une  riche  bibliogra- 
•phie,  des  tableaux  chronologiques,  un  Index  détaillé,  aideront  le 
lecteur  à  s'orienter  dans  ce  domaine  encore  peu  connu  du  public  et 
très  inégalement  exploré.  » 


COMPTES    RENDUS    DES    SÉANCES 


L'ACADÉMIE    DES    INSGRIPTIC 

ET  BELLES-LETTRES 
PENDANT    L'ANNÉE     1920 


SÉANCE   DU   5   NOVEMBRE 


PaiSlOINCB  DB  M.    CHABLBS   MBHL,    PsisiDEHT. 

M.  Pbou,  au  nom  de  la  commission  de  la  Fondation  Tl 
fait  «avoir  que  la  commission  a  allribué  la  totalilé  de  la  t 
mise  par  HnsUtut  à  la  dispipsition  de  l'Académie  à  1' 
archéologique  de  M.  Jules  Legrain. 

M.  Ealart  prêtante  un  tiaau  de  soie  découvert  A  Saint- 
sur-Mer  (Pas-de-Calais)  dans  un  reliquaire.  L'étoffe, 
d'éléphants  et  de  chameaux  stylisés,  porte  le  nom  Ue 
N'egtekin,  caïd  du  Khorsssao,  mis  à  mort  en  961.  Si 
précise  eat  un  repdre  précieux  pour  l'archéologie.  Elle  olF 
grande  reuemblance  avec  le  tissu  conservé  dans  la  cbâ 
Charlemagne  à  Aix-la-Chapelle.  On  peut  supposer  qu'e 
rapportée  de  la  première  Croisade  par  Eusiacbe  lit  de  Bou 
frère  de  Godefroi  de  Bouillon. 

MM.  HuAMT,  MoNCKAUx,  Théodore  Rbinach,  Clb: 
Gankiai;,  Duamiiu  et  Dibul  présentent  quelques  observatic 


LIVRES  OFFERTS 


«  SEènéTAins  pcBPÉTUBL  présente  le  Ikeaeit  det  aetta  tfe*  rot(  dt 
}eence  (855-928),  publié  sous  la  direction  de  M.  MauHce  Pnor, 
mbrede  l'Académie,  par  H.  René  Poupirdin,  dans  la  collection 
Hutorient  delà  France,  noaveWe  série  in-l":  Chartetel  Diplàma 
ris,  Imprimerie  Nationale,  ^9S0). 

I  offre,  en  outre  au  nom  des  auteurs,  les  ouvrages  suivaiits: 
irles  Weadell  David,  Robert  Curlhote,  duke  of  Normandy 
mbridge  Mass..  1920,  in-H°];  Albert  KeisRr,  The  influence  of 
rittianity  in  Iht  vocabalary  of  alil  englith  postry  (dans  les  Uni- 
tity  of  Illinak  Studiet  in  language  and  litleralure,  volume  V, 
1  et  S;  Urbana,  1919,  in-8>]. 

I.  Senart  fait  hommaf^e  ft  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Paul 
liot,  d'un  nouveau  fascicule  de  la  publication  consacrée  i  M 
ision  dans  la  haute  Asie.  Il  est  intitulé  :  Mission  Pelliot.  II  ;  Lt 
ra  de»  eamet  et  de»  effet*  ;  torae  I  :  Texte»  togdien»  et  ehlnoit 
iris,  1920,  In-*"). 


SÊANCn   DU    \2    NOVEMBRE 


PRÉSIDENCE   DE   M.    CltAnt.BS   DIBIIL. 

Lecture  est  donnée  de  la  lettre  par  laquelle  M.  Léon  Dorei 
ire  sa  candidature  à  la  place'de  M.  Héron  de  Villefosse;  et 
la  lettre  par  laquelle  M.  René  Dussaud  pose  sa  candidature  i 
place  de  membre  ordinaire  devenue  vacante  par  suite  du 
:è9cJeM.!'abt)éLejay, 

M.  Omont  lit  une  note  de  Dom  Wilmart,  bénédictin  de 
rnborougli  (Angleterre),  au  sujet  de  la  découverte  qu'il 
nt  de  faire  d'un  nouveau- manuscrit  de  Tertullîen  '. 


SÉANCE   DU   12   :«<OVEMBRU  379 

L'ordre  du  jour  appelle' l'élection  d'un  membre  ordinaire  etf 
remplacement  de  M.  Héron  de  Villefosae. 

Le  PaésiDENT  lit  les  articles  du  règlement  relatif  à  Télection 
des  membres  ordinaires  et  rappelle  les  noms  des  candidats  qui 
sont,  par  ordr^ alphabétique,  MM.  Delachenal,  Glotz  et  Pelliot. 

Il  y  a  35  votants;  majorité  absolue,  18  voix.  ' 

Au  l**^  tour,  M.  Delachehal  obtient  12  voix;  M.  Glotz, 
16  voix  ;  M.  Pelliot,  7  voix.  Pas  de  majorité. 

Au  2'  tour,  M.  Delachenal  obtient  15  voix;  M.  Glotz,  18  voix; 
M.  Pelliot,  2  voix. 

M.  Gustave  Glotz,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des 
suffrages,  est  proclamé  élu  par  le  Président.  Son  élection  sera 
soumise  à  Tapprobation  de  M.  le  Président  de  la  République. 

M.  Paul  Monceaux  communique  une  note  de  M.  Albertini, 
professeur  à  l'Université  d'Alger,  sur  une  mosaïque  récemment 
découverte  à  Tipasa  entre  Alger  et  Cherchell.  La  mosaïque  porte 
une  inscription  inétrique,  en  cinq  hexamètres,  qui  vise  proba- 
blement la  transformation  en  église  d'un  édifice  antérieur, 
temple  païen  ou  synagogue  K 

MM.  Havbt  et  Théodore  Reinach  présentent  des  observations. 

M.  Thomas  étudie  l'ancien  mot  provençal  sebenCt  employé 
par  les  troubadours  au  sens  figuré  de  «  pitoyable,  méprisable  ». 
Il  établit  que  le  sens  propre  est  celui  de  «  bâtard  »,  et  il  propose 
de  voir  dans  sebenc  un  dérivé,  non  pas  du  latin  cepa^  ognon,, 
comme  on  l'a  fait  jusqu'ici,  mais  du  latin  sepes  «  haie  ».  Originai- 
rement, on  a  appliqué  ce  nom  à  Tenfant  conçu  dans  les  champs, 
à  Tabri  d^une  haie,  par  opposition  à  Tenfant  légitime,  conçu  dans 
le  lit  conjugal.  La  même  idée  est  exprimée  dans  les  patois  fran- 
çais par  champisy  terme  auquel  un  roman  de  G.  Sand  {François 
fo  Champi)  a  donné  une  grande  notoriété,  tout  en  en  faussant 
Torthographe.  L  ancien  provençal  connaît  aussi  le  mot  corres- 
pondant, campis. 

M.  Thomas  estime  que  les  doutes  soulevés  récemment  en 
Allemagne  sur  Tétymologiedu  mot  M^arc/,  considéré  par  Gaston 
Paris  comme  signifiant  «    enfant  conçu   sur  un   bât  »,  doivent 

I.  Voir  ci-après.  .... 


380  UN   MAIfUSCRTT   DE  TBRTULLTEM   RETROUVÉ 

tomber  en  présence  du  nouvel  exemple  d'humour  populaire  que 
fournit  le  provençal  sebenc  ramené  à  sa  véritable  origine. 

MM.  CuQ,  Langlois  et  François  Dblabordb  présentent  quelques 
observations. 


COMMUNICATIONS 


UN   MANUSCRIT  DB  TERTULLIEN   RETROUVÉ, 
PAR    DOM   WILMART,  BÉNÉDICTIN   DE  FARNB0R0U6H  (ANGLETERRE). 

La  découverte  d*un  manuscrit  oublié,  contenant  des 
œuvres  de  Tertullien,  est  une  aventure  imprévue,  que  ne 
rendaient  d'avance  vraisemblable  ni  les  travaux  de  philo- 
logie entrepris  depuis  une  cinquantaine  d'années,  ni  Tétai 
de  nos  bibliothèques  et  de  leurs  catalogues.  On  savait  la 
tradition  des  écrits  de  Tertullien  fort  réduite,  appauvrie 
même  depuis  le  xvi*  siècle  ;  personne  ne  s'en  étonnait  ni 
ne  songeait  qu'elle  pût  encore  s'améliorer,  sinon  par  un 
emploi  plus  judicieux  des  ressources  déjà  connues.  Le 
manuscrit  qu'un  hasard  m'a  fait  ouvrir  est,  d'ailleurs,  décrit 
très  exactement  et  très  complètement  —  à  un  détail 
près  —  dans  l'inventaire  de  la  Bibliothèque  de  Troyes 
Imprimé  en  t855  K  Le  rédacteur,  A.  Harmand,  énumère  les 
titres  et  reproduit  le  commencement  des  cinq  traités  de 
Tertullien  qui  font  partie  du  recueil  ;  il  omet  seulement,  par 
suite  de  je  ne  sais  quelle  distraction,  de  mentionner  le 
nom  de  l'auteur  africain.  C'est  cet  oubli,  sans  aucun  doute, 
qui  a  fait  perdre  de  vue  le  manuscrit  523  de  la  ville  de 
Troyes  ;  il  importe  de  le  réparer,  et  de  mieux  faire  con- 
naître le  précieux  volume,  tout  en  indiquant  le  bénéfice 
qu'en  retire  notre  documentation. 

On  a  prétendu  en  Allemagne  que  la  conservation  des 

1 .  CêUlQffut  général  de*  nuLnutcriU  des  bibliothèques  publiques  des 
départements f  série  in-4*,  t.  Il,  p.  228. 


UN    MANUSCRIT   DE   TERTULLIEN    RETROUVÉ  381 

ouvrages  du  grand  polémiste  constituait  «  une  énigme  his- 
torique ^  ».  De  combien  d*écri vains  sacrés  et  profanes  ne 
pourrait-on  pas  dire  la  même  chose,  si  ce  jugement  était 
tout  à  fait  conforme  à  la  nature  des  faits  ?  Dans  la  plupart 
des  cas  où  une  œuvre  littéraire  n'a  survécu  que  par  de  rares 
manuscrits,  c'est  assez  de  remarquer  que  nous  la  devons  à 
une  chance  exceptionnelle,  et  par  suite  à  peu  près  inexpli- 
cable ;  il  n'y  a  pas  d'autre  «  énigme  »,  le  plus  souvent.  11 
est  vrai  que  TertuUien,  lu  encore  avidemei/t  dans  le  monde 
latin  au  iv*  siècle,  passa  à  l'arrière-plan,  comme  il  était 
fatal,  à  partir  du  v^  siècle,  remplacé  par  des  c<  autorités  » 
tout  à  la  fois  plus  modernes  et  plus  sûres  ^  ;  et  c'est  égale- 
ment un  fait  que,  mis  à  part  V Apologeticum  qui  a  été  beau- 
coup copié,  la  tradition  manuscrite  de  ses  traités  est  extrê- 
mement faible.  Néanmoins,  nous  serions  assez  bien  pour- 
vus, si  nous  possédions  encore  les  divers  manuscrits 
signalés  au  moyen  âge  ^  ;  bien  plus,  nous  pourrions  lire  le 
texte  d*une  demi-douzaine  d'opuscules  dont  le  souvenir 
seul  subsiste  ^. 

L'histoire  de  notre  Corpus  Tertullianeum,  telle  que  de 
patients  érudits  ont  réussi  à  en  fixer  les  traits  ^,  est  des 

1.  Cf.  A.  Harnack,  TertallUn  in  der  LUerutnr  der  alten  Kirehe,  dans 
let  SUzungêberichte  de  rAcadémie  des  sciences  de  Berlin,  1895,  p.  561. 

3.  La  plupart  des  détails  concernant  la  réputation  de  TertuUien  et  la 
fortune  de  ses  écrits  en  Occident  jusqu'au  vu*  siècle  ont  été  réunis  par 
M.  Hamack  dans  la  dissertation  citée,  p.  545  ss.  ;  cet  exposé  corrige  et 
complète  celui  de  la  Ge$ehichte  der  àltchrisllichen  Uleràlur  du  même 
avleur,  t.  I,  1893,  p.  661  ss.,  679  ss.  (partie  due  à  M.  £.  Preuschen). 

3.  Kotamment  A  Bobbio,  Cluny,  Corbie,  Gorze,  Hirschau,  Lorsch,  Mal- 
metbury,  pour  s'en  tenir  aux  références  précises. 

4.  De  manere,  daus  une  collection  de  Corbie,  totalement  perdue  (cf. 
G.  Becker,  CàUlogi  bibUoiheeûrnm  àntiqui,  1885,  p.  139  :  n*  31)  ;  —De 
9pe  fideliam.  De  pkradUoy  De  carne  et  anima,  De  antmae  sa/>mûsîofie,  De 
nperHiiione  $Mcati,  dans  la  portion  disparue  de  ÏAgobardinus  (cf. 
M.    Klasimann,    Curaram    TertulUanearum  parlicnUe    très,    1889,   I, 

^  "  ••.). 

5.  Voir  surtout  les  travaux  d'E.  Kroymann,  dans  les  Sittnngsberichtê 
de  TAcadémie  des  sciences  de  Vienne,  t.  CXXXVIII,  1898,  Abh,  Jll 
(W  pp.),  et  t.  CXLIII,  1901,  Abh.  V7  (39  pp.). 


3S2  IN    MANUSCRIT    DE  TERTULUEN    RETROUVÉ 


• 


plus  ais^^^s  à  résumer.  Trois  traités  ne  sont  plus  représen*- 
tés  que  par  des  éditions  du  xvi*'  siècle,  celle  de  Gaigny  on 
Mesnart  (Paris,  1545)  et  celle  de  Pamélius  (Anvers,  1579); 
ce  sont  le  De  bapiismo,  le  De  pudieitia  et  le  De  ieiunio.  Il 
y  a  lieu  de  supposer  derrière  ce  groupe  trois  collections, 
plus  ou  moins  étendues.  Les  vingt-neuf  autres  traités  nous 
sont  parvenus  par  deux  lignées  de  manuscrits,  indépen- 
dantes Tune  de  Tautre.  La  première  se  réduit,  en  réalité,  au 
seul  Agobardinu^y  un  volume  bien  précieux  malgré  les 
pertes  qu'il  a  subies,  composé  pour  rÉglise  de  Lyon  au 
temps  du  célèbre  archevêque  Agobard  (•j*840)et  portantde 
nos  jours  le  n®  1B62  du  fonds  latin  de  notre  Bibliothèque 
nationale.  Ce  manuscrit  qui  comprenait  à  Forigine  vingt 
et  un  traités  n^en  ofTre  plus  que  douze,  avec  le  commence* 
ment  du  De  carne  ChrUli  (ohap.  i-x)  ;  et  sur  ces  douze  trai- 
tés, sept  lui  sont  entièrement  propres  ^  ;  pour  les  cinq 
autres  ainsi  que  pour  la  portion  conservée  du  De  arne 
Chriêti,  on  a  le  contrôle  des  témoins  parallèles,  mais  un 
contrôle  imparfait  dans  tous  les  cas,  excepté  celui  du  De 
carne  Chriati  ^.  Ces  manuscrits  de  Tautre  lignée,  qui  nous 
restituent  ensemble,  et  à  eux  seuls,  le  texte  des  seize  de^ 
niers  traités  et  de  la  partie  principale  du  De  carne  Christi^ 
forment  une  famille  nombreuse  et,  au  premier  abord,  impo- 
sante. Grâce  aux  recherches  de  M.  Kroymann,  il  apparaît 
que  les  dix-neuf  unités  qui  la  composent  se  ramènent  en 

1.  A  savoir  :  Ad  nàtioneSt  Scorpiace^  De  lesUmonw  animée,  DespecU- 
culis^  De  idoloUlrUy  De  anima,  De  oratione.  '—  Cet  sept  trailés  et  les  trois 
précédemment  indiqués  ont  été  édités  de  nouveau  par  A.  ReilTerscbeid 
et  G.  Wissowa  dans  le  Corpus  scripiorum  ecclesiaslicorum  Uiinorumàc 
l'Académie  de  Vienne  :  Quinti  Sepiimi  Florenti$  TertnlUani  opéra.  Par»  h 
1890  (vol.  XX  du  Corpus), 

2.  On  retrouve  pour  le  De  carne  les  deux  témoins  du  xi*  siècle,  M  ci 
P,  et  ceux  du  xy*  ;  pour  le  De  praescripUone  haereticorumt  on  « 
encore  la  chance  de  pouvoir  interroger  P  ;  mais  le  De  corona^  le  De  CuUu 
feminarum  {!•'  livre  :  «  De  habitu  muUebri  »),  YAd  uxorem  et  le  D^ 
e^horlatione  casUiaiU  ne  se  présentent  d'autre  part  que  dans  les  manu- 
scrits du  XV*  siècle. 


un    MAHUBCRIT   ùt  TEKTOLLTBN  RETROUVÉ  383 

dernière  analyse  à  un  manuscrit  unique  copié  probablement 
à  Ciuny  au  x^  siècle,  et  dont  la  physionomie  reste  assez 
indécise  au  travers  de  toutes  ces  reproductions  incomplètes 
ou  dégénérées.  Deux  manuscrits  frères,  remontant  au 
XI*  siècle,  l'un  de  l'ancienne  bibliothèque  de  Pierre  Pithôu 
(aujourd'hui  à  l'Université  de  Montpellier,  n®  54),.  Tautre 
de  Payerne  (aujourd'hui  à  Schlestadt,  n^  88),  garantissent 
de  concert,  appuyés  régulièrement  par  une  tradition  con- 
nexe du  XV*  siècle,  la  suite  du  De  carne  Christi  et  quatre 
autres  traités  ^  Pour  tout  le  reste,  nous  disposons  {Soit  de 
lun  des  jumeaux  du  xi®  siècle  ^,  rejoint  toujours  par  les 
manuscrits  du  xv^,  soit  seulement  de  cette  série  récente 
dont  les  divers  membres  se  rangent  derrière  deux  chefs  de 
file  (VI,  9  et  VI,  10  de  la  Magliabechiana,  à  Florence)  ; 
en  fait,  ce  sont  huit  traités  qui  ne  possèdent  pas  de  meil- 
leurs répondants  que  les  dérivés  italiens  '. 

Cet  aperçu,  où  dominent  les  chiffres,  permet  de  mesurer 
exactement  les  avantages  immédiats  qu'assure  à  la  critique 
textuelle  le  concours  du  manuscrit  de  Troyes.  Cinq  opus- 
cules, insuffisamment  documentés,  reçoivent  un  appui  inat- 
tendu, variable  d'ailleurs  pour  chacun  d'eux.  Je  les  énu- 
mère  dans  l'ordre  selon  lequel  le  nouveau  témoin  lés 
présente,  et  je  note  successivement  le  détail  précis  de 
Tancienne  tradition  : 

i.  D§  pêtieniU,  D9  earnû  rêêurrectionê,  Adcerêus  Prfuctên,  Adverius 
VàlentinUnos. 

3.  M  fournil  VAdversuM  Marcionem  ;  P  de  son  côté,  VAdversus  Bermo- 
9$Hem  et  VAdverêuê  ludàeoa,  en  outre,  l'opuscule  apocryphe  Adceràn» 
•mucf  A«er«#e«.  Cef  traités,  VAdvêrsat  ludaeoi  excepté,  et  |et  quatre  pré< 
cèdent»  donnés  4  la  fois  par  M  et  par  P,  ont  été  édités  t naemble  par 
Il  Kroymann  dans  le  Corpus  de  Vienne  :  Quinti  Septimi  Florentit  Tertal- 
ii*ni  opêr».  Pars  111, 1906  (vol.  XLVII).  —  L'Adversus  ludaeos  s'est  con- 
•ervé  d'une  manière  indépendante  dans  un  important  manuscrit  de  Fulda 
«{ui  renferme  VApologêlicum. 

9.  Defngë,  Ad  ScàpuUm^  Ad  martyràs^  De  paenUenlU^  De  virginiba$ 
ssiâfidû,  De  cuUa  feminàrum  (3*  livre),  De  monogêmia^  Pe  pëUio,  Ces 
opuscules  n'ont  pas  encore  été  réédités  par  l'Académie  de  Vienne,  non 
plus  que  ceux  qui  sont  communs  aux  deux  familles  de  manuscrits. 


384  UN    MANUSCRIT   DE   TBRTULLIEN    RETROUVÉ 

1.  (fol.  134  V*).  Adversas  Indaeo»  : 
Manuscrits  de  Schlestadt  et  de  Florence  ;  manuscrit  indépendant  de 
Fulda. 

î,  (fol.  142  V).  De  carne  ChrUii  : 
Chap.   i-x*  :  Manuscrits  de  Paris  {Agobàrdinus)^  Montpellier,  Schle- 
stadt, Florence  ;  —  chap.  x*-xxy  :  les  mêmes ,  hormis  le  manuscrit  de 
Paris. 

S.  (fol.  157  r*).  «  De  resurreclione  morlaorum  »  (c^est-à-dire,  sous 
un  titre  particulier,  le  De  carnit  resurrectione)  : 
Manuscrits  de  Montpellier,  Schlestadt  et  Florence  (employés  récem- 
ment par  M.  Kroymann  pour  Tédition  critique  de  Vienne). 

4.  (fol.  194  r*).  De  baptismo  *  ; 

Aucun  manuscrit  ;  seule  édition  parisienne  de  1545,  reprise  naguère  par 
G.  Wissowa. 

5.  (fol.  200  v«).  DepaeniteniiB  : 
Seuls  manuscrits  de  Florence. 


Dans  le  cas  des  deux  derniers  traités,  le  gain  est  évident, 
puisque  nous  manquions  de  manuscrit  ou  n^avions  que  des 
manuscrits  tardifs  à  mettre  en  ligne.  Mais  Tintérét  n'est  pas 
moins  considérable  de  pouvoir  maintenant  discuter,  parti- 
culièrement à  propos  des  trois  autres  traités,  une  théorie 
spécieuse  de  M.  Kroymann. 

Partant  de  Tidée  que  Tœuvre  de  TertuUien  n'a  été  sau- 
vée pour  la  postérité  que  par  miracle  à  la  fin  de  la  période 
antique,  puis  observant  que  la  tradition  clunisienne  repré- 
sentait un  classement  méthodique  des  différents  traités  et 
qu'elle  était  caractérisée  en  même  temps  par  un  nombre 
important  de  variantes  de  tout  genre,  le  savant  éditeur  a 
cru  découvrir  que  le  manuscrit  d'Agobard  était  seul  digne 
de  foi  et  se  tenait  bien  dans  le  prolongement  de  l'héritage 
des  Pères  ;  le  groupe  commandé  par  les  manuscrits  de 
Montpellier  et  de  Schlestadt  ne  serait,  au  contraire,  que  le 
produit  d'une  révision   arbitraire  accomplie  en  France  à 


1.  Le  manuscrit  offre  une  interversion  des  chapitres  xv-xvii  et  omet  les 
deux  derniers  chapitres  (xix-xx)  ainsi  qu'une  partie  du  précédent.  Cet 
accident  et  cette  lacune  existaient  déjà  certainement  dans  Tarchétype  et 
donnent  ainsi  quelque  idée  de  celui-ci. 


Le  GérAiil,  A.  Picaru  macom.  prutat  rnîtMM    ih»mii 


ACADÉMIE 

DES 

NSCRIPTIONS   &    BELLES-LEITRES 

COMPTES  RENDUS 

DIS 

SÉANCES      DE    L'ANNËB 

1920 

BULLETIN  DE  NOVEMBRE-DÉCEMBRE 


PARIS 
AUGUSTE     PICARD,     ÉDITEUH 


82,      RltR      BOHAI-AHTII, 

M  D  ÇCCC  XX 


Recueil  piraiBSanl  tons  tr^s  deux  tnoh,  |>ui'  fascicules  <Je  7  à 
av«C  pUncheE  et  ûgurcE.  Prix  de  raboniienieiit  Annuel  :  - 


TABLK  DKS  MATIRRKS  CONTENUES  DANS  CE  CAHIER 


séancbs  db  novsubrb ^ 393 

Communication  : 
Mosaïque  à  inscription,  découverte  à  Tipasa,  par  M.  E.  Albertini.     387 

S^ANCB  PUBL1Q0B  ANNUBLLB 391 

LiVRBS  orFBRTS 393 

SéANCUS  DB  DécBMBRB 395,  397,  403,  422,  433 

Communications  : 

La  chaire  à  prêcher  de  la  grande  mosquée  d'Alger,  par  M.  G.  Marçais.     397 
Le  Paradeisos  royal  achéménide  de  Sidon,  par  M.  Clermont-Gaoneau, 

membre  de  l'Académie 40S 

L'Ennéade    osirienne    d'Abydos    et    les    enseignes     sacrées,    par 

M.  G.  Jéquier,  correspondant  étranger  de  T  Académie 409 

Graciosa  :  une  ville  portugaise  oubliée  au  Maroc,  par  M.  le  comte 

Henry  de  Castries 417 

Un  diplôme  militaire  de  Corse,  par  M.  René  Gagnât,   secrétaire 

perpc tuel  de  TAcadémie 435 

LiVRBS  OFFERTS.  .4 396,  402,  422,  433 

Commission  dbs  inscriptions  bt  MéoAiLLBs. .  .^ 435 

PÉRIODIQUES  OFFERTS .' 439 

Table  ALPHABériQUB 445 

Table  dbs  oravurbs 464 

TaBLB   des  MATIERES 465 

Errata 470 


AVIS   IMPORTANT 

Pour  assurer  une  prompte  publication  de«  Comptes  rendus^  le? 
auteurs  de  communications,  qu'ils  appprliennent  à  l'Académie  ou  qu'ils 
lui  soient  étningdi>s,  sont  instamment  priés  de  remettre  leur  manuscrit 
et,  s'il  y  a  lieu,  les  documents  figurés  qui  doivent  rillustrer.  le  jour 
même  de  la  séance  où  ils  ont  été  enLcn<lus.  Le  Secrétaire  perpétuel 
noun*a  toutefois,  en  certains  cas,  les  au-toriser  à  retarder  cette  remise 
jusqu'au  mardi  suivant,  dernier  délai  pour  l'envoi  de  la  copie  à  l'inipri- 
merie. 

Les  communications  des  auteurs  étrangers  à  TAcadémie  ne  devront 
pas  dépasser  huit  pages. 

Les  ep'cuves,  tant  en  placards  qu'en  pages,  doivent  être  retournées 
au  rédacteur  des  Compte»  rendiix  dans  le  délai  de  trois  jours,  le  jour 
Je  la  réception  non  compris. 

U^ns  l>e  cas  où  les  auteurs  ne  se  conformeraient  pas  à  ces  indica- 
tions, leur  conimun.'cation  serait  ajournée  à  l'un  des  cahierf  suivants. 


/ 


UN    MANUSCRIT   DE   TKRTULLIEN    RETROrVÉ  385 

l'époque  carolingienne.  Les  premiers  chapitres  du  De 
Cerne  Christi^  qui  sont  le  seul  lieu  de  rencontré  de  tous  les 
témoins,  ont  été  passés  au  crible  pour  faire  triompher  ce 
système  dualiste.  Mais  voici  justement  un  tiers  sur  lequel 
on  ne  comptait  plus,  capable,  sinon  de  réconcilier  les  frères 
ennemis,  du  moins  de  montrer  si  leur  dissentiment  est 
aussi  réel  qu'on  le  prétend.  Une  première  comparaison  des 
variantes  en  concurrence  ma  fait  constater  qu'on  se  trouve 
simplement  en  face  de  discordances  variées,  explicables 
naturellement  par  une  tradition  multiforme.  La  rédaction 
clunisienne  peut  être  souvent  fautive,  encore  que  parfois  le 
manuscrit  de  Troyes  lui  donne  raison  ;  elle  ne  saurait  passer 
pour  Tétre  volontairement.  Le  nouveau  document,  lui  aussi, 
fourmille  des  fautes  qui  y  ont  été  accumulées  par  des  géné- 
rations de  copistes  négligents  ;  c'est  le  sort  commun  de  la 
plupart  des  manuscrits  qui  ont  un  long  passé  ;  et  tels  sont, 
chacun  de  leur  côté,  le  manuscrit  d'Agobard  et  Tancêtre 
du  groupe  clunisien  :  des  témoins  plus  ou  moins  infidèles, 
mais  sans  malice. 

Le  seul  tort  de  M.  Kroymann  est  donc  d'avoir  cherché  à 
simplifier  une  tradition  complexe.  Le  manuscrit  de  Troyes 
nous  rappelle  à  propos  que  les  faits  littéraires  sont  habi- 
tuellement d'une  richesse  qui  ne  peut  être  appréciée  d'une 
manière  adéquate.  11  ne  remonte  lui-même  qu'au  xii*  siècle, 
ayant  été  copié  à  Clairvaux,  comme  l'indique  une  note 
finale*,  et  selon  toute  vraisemblance  au  temps  de  saint 
Bernard  2.  Si  l'on  se  fiait  aux  apparences,  on  serait  tenté 
de  l'estimer  peu.  Cependant,  heureusement  pour  nous,  il 
possède  encore  la  marque  incontestable  de  Tantiquité  qui 
distinguait  son  premier  archétype.  Ce  n'est  pas  seulement 
que  le  contexte  soit  excellent,  donnant  d'une  part  (fol.  i  à 

I.  De  la  main  même  du  copiste,  à  ce  qu^il  semble  :  Liber  see  Marie  de 
CUrêvalU  (fol.  210  v). 

3.  Voir    dans    les    Mémoires    de   Ut    Société    académique  de    VAube 
(t.  LXXXI,  1917)  :  L'ancienne  bibliothèque  de  ClairvauXy  p.  38  suiv. 
1920.  23 


J 


L  ^^u.e     l'a  lumi  unt  scxaoïption 
_T-   -n-..m»iiT--r    ii>   Trï^cs  Tasl  pour 


;>>   T-tnui^nns   »  «xt  si^ift.  à  dcb nt  de 

.  .    -n--;!.    L  ::saiBi&  lif  SCS  Tenantes 

...-  .  i^  iK  ^fSLji  rat  U^rtiD  ^lesoart, 

'.—'.    t  jut.Aù--i  :-.'tâ  rùevê.  cd  mar^ 

•;„. -î.  i'^.-r-^îoatâmt.r^ies.Cet  hnma- 

.^  .-^T-  T.  .^is  ii-iï  »  iw^  maaascrit, 

■rez-.z—^-t.  0--Jf  ô««a*re  kvpolhèsc,  en 

-...;  i-ranc! 'riïskode  de  propa^Uofi 

'  1^:    1-:    ...-ï^xx  :  Àepats  la  Champa^foe 

s.--»  >  .1  -=■>  i-î  B:iîtisi»e  oaaax  régions 

:^r-ri-^  «--ij-a;    mises  en    circulation 

--!  .^->  : . .:  LiU'  :ls  moaasticfoes  se  multi- 


MOSAÏQUE   A  INBCRlPrrON,    DÏCOUVEHTE    A    TIPA3A, 
PAR    M.    E.    ALBERTIM. 

Uoe  mosaïque  à  inscription  a  été  récemment  découvi 
à  Tipasa,  par  le  Service  des  Monuments  historiques, 
cours  des  fouilles  dirigées  par  M.  Ballu,  et  conduites 
place  par  MM.  Christofle  et  Glénat.  Une  première  copie 
texte  a  été  prise  par  M.  l'abbé  Dubosq,  curé  de  Ttpi 
J'ai  vu  la  mosaïque,  m  sita,  dans  les  derniers  jours 
juin. 

Le  terrain  fouillé  se  trouve  sur  le  versant  ouest  d 
colline  centrale  ou  Collis  Templensis,  à  une  cinquantj 
de  mètres  au  Nord  du  Capitole  dégagé  en  1915  {Bull 
archéologique  du  Comité,  1916,  p.  17i),  à  une  cinqi 
taine  de  mètres  aussi  au  Sùd-Ouest  du  point  marqué  7 
le  plan  de  Tipasa  cTans  YAtlaa  archéologique  de  M.  G 
(Feuille  n"  4,  p.  9).  On  a  déblayé  une  construction  red 
gulaire,  longue  de  10  mètres  (du  Nord-Est  au  Sud-Ou 
sur  7  "■  60  de  largeur,  et  terminée  au  Nord-Est  par 
abside  en  hémicycle  de  2  mètres  de  rayon.  Du  côté  op| 
à  l'abside,  cette  construction  est  flanquée  d'un  vestil 
trapézoïdal,  qui  correspond  non  à  toute  la  largeur  d 
salle  à  abside,  mais  seulement  à  sa  moitié  orientale, 
monte  par  trois  marches  du  vestibule  à  la  salle  à  abs 
du  c6ié  opposé,  c'est-à-dire  au  Sud,  le  vestibule  est  lii 
par  un  mur,  percé  d'une  porte  au  centre  ;  à  l'Est  et  à  l'Ot 
il  est  encadré  comme  au  Nord  par  des  marches  montai 
au  nombre  de  quatre  à  l'Est  et  de  deux  h  rUucst. 

C'est  ce  vestibule  qui  est  pavé  de  mosaïque.  La  mosa 
est  large  de  2  ■"  55  du  côté  de  la  salle  à  abside,  e 
2  ~  90  du  côté  opposé  ;  elle  est  longue  de  2  ""  iO.  Eli 
faite  pour  être  vue  et  lue  par  ceux  qui.  venant  de  la  d 
tioD  du  Capitole,  traversent  le  vestibule  avant  d'et 
dans  la  salle  à  abside.  Elle  est  e»  bon  état,  sauf  ô  l'a 


388  MOSAÏQUE   A    INSCRlPTIOiS,    DÉCOUVERTE   A   TIPASA 

ioférieur  gauche  et  en  un  point  du  champ  épigraphique. 
Le  fond  est  blanc.  En  allant  de  Textérieur  vers  le  centre, 
on  rencontre  successivement  : 

i  ^  Un  encadrement  noir,  large  de  0  "*  04  ;  cet  encadre- 
ment n*épouse  pas  la  forme  trapézoïdale  du  vestibule  ;  il 
est  rectangulaire  ;  il  en  résulte  que  Tespace  blanc  laissé  en 
dehors  du  cadre  va  en  s'élargissant  à  droite  et  à  gauche, 
vers  le  bas  :  des  dentelures  noires  ornent  ces  parties  des 
marges  ; 

2®  une  guirlande  de  feuillages,  large  de  0  ™  23  :  celle 
guirlande  aussi  dessine  un  cadre  rectangulaire,  aux  angles 
duquel  sont  représentées  des  bandelettes  ;  les  couleurs 
employées  sont  le  blanc,  le  noir,  le  rouge  et  le  vert  ; 

.S*'  enfin,  un  panneau  rectangulaire  central,  large  de 
1  °*  91,  haut  de  1  ™  64,  et  divisé  en  trois  registres  : 

le  registre  supérieur  (hauteur  0"  45)  montre,  au  milieu 
de  fleurs  et  de  feuillages,  deux  colombes  affrontées  de 
part  et  d'autre  d  une  fleur  ;  couleurs  employées  :  pour  les 
plantes,  vert  et  rouge  ;  pour  les  colombes,  blanc,  jaime  et 
rouge  ; 

le  registre  inférieur  (hauteur  0"  41)  montre  une  colombe 
au  milieu  de  végétaux  semblables  à  ceux  du  registre 
supérieur  ; 

le  registre  du  milieu  (hauteur  0  ■"  78)  contient  Tinscrip- 
tion . 

Elle  est  en  lettres  noires,  sur  cinq  lignes  tracées  en 
rouge.  Hauteur  normale  des  lettres,  0™  15.  Aucune  divi- 
sion des  mots. 

Le  texte  est  celui-ci  : 

QVI POTV I TC  VN  CTO  S  O  P  E  RVM  SVPE  R AR  E  LABoRES 
EXPLICITAMQDOMVMVARIISORNARETESELUs 
XVTIMMENSVMCoNIVNGhRETAEDTBVSAMPLiS 
MOXSVMETLAETVSDEBITAMCvMLAvDE/////// 
N  O  M I N I S  VTCo  MPoSMAN  E ATPR  AE  M I  VMQREPoRTET 


MOSAÏQUE   A    l^8CRIPT10N,    DÉCOUVKBTE    A    TIPASA  389 

A    la   ligne    3,    le    mosaïste    a    écrit    AEDTBVS    pour 

AEDrevs. 

A  la  iîn  de  la  ligne  4,  ie  sens  et  le  mètre  exigent  le 
complément  coronam.  Mais,  comme  il  n'y  a  guère  place 
dans  la  lacune  que  pour  trois  lettres,  il  faut  admettre  que  le 
mosaïste  avait  réduit  ce  mot  le  plus  possible,  en  l'écriv--^ 
par  exemple  sous  cette  forme  :  CfRoN»". 

La  lettre  X,  au  début  de  la  ligne  3,  est,  à  la  diffère 
des  autres,  formée  de  cubes  bleus  ;  elle  est  en  oi 
encadrée  de  deux  points.  Je  pense  qu'il  faut  la  dévelof 
en  Chrislus,  qui  fait  le  vers'. 

On  a  donc  les  cinq  hexamètres  suivants  : 

Qui  potuil  cuncios  opérant  superare  labores 
Explicitamq(tje)  domam  variia  ornare  lc{s)sellis, 
[Chriatus)  ut  immensum  conlungeret  aeiJ\  i\bus  ampli 
Mox  aumet  laetus  ilebîtam  cum  laude  \coronam], 
Nominis  ut  compos  maneal  praemiumq{ue)  reportet. 

Je  traduirais  ainsi  cette  période  gauche  et  prélentîeu 
"  Celui  qui  a  su  vaincre  toutes  les  difficultés  des  trav 
et  décorer  de  mosaïques  variées  une  vaste  demeure,  f 
que  le  Christ  vînt  ajouter  sa  grandeur  à  l'ampleur  de  1' 
lice,  recevra  bientôt  avec  joie  la  couronne  et  la  gloire 
lui  sont  due.s,  de  fa^on  à  rester  en  possession  de  sa  ron< 
mée  et  à  remporter  le  prix.  » 

1.  L*inci)iivi-iiient  (lecctte  ciplicaliiin  esl  qu'elle  oblifce  à  admcUrt 
coiMlructîon  pénible  :  ni  l'emploi  île  immensam  avec  la  velriir  d'un 
lUntir  abiilrait.  •  immcnviti^.  pi-andeur,  •  ni  te  lour  iimneni um  euninn 
ttdibaÊ.  •  joindre,  ajuiilur  sa  t;riiiideiir  à  un  fdirice,  •  ni  le  (■haii^-emi;r 
tujcl  De  sont  très  satisraisonLs.  Celle  difllciilU'  tniulie  si  l*un  aocqilr 
lerprclilion  très  iiéduisnnLe  de  M.  Crsi'll  :  X.  étant  une  rrnr  deeiiatxta. 
Klire  Jecui.  Il  y  aurait  lii  un  r.'hus-cuti'mbour  qui  sernil  asseï  dai 
g"ùl  du  lï"  sitcle  africain,  el  derus  immenaam  conianyrrr  -iTBit  uni' 
pfariie  pour  "  embellir  -.  Muis  il  Taul  alors  admettre  une  faulp  de  pmsi 
portant  à  la  fois  sur  deeus  et  sur  deciiu»re.  el  surluul  supposer  q 
moMîste  coniptail  sur  une  grande  îngi5nîo»iti'  de  spb  lecleurii. 


390  MOSAÏQUE    A    INSCRIPTION,    DÉCOUVERTE   A   TIPASA 

Le  caractère  chrétien  de  Tédifice,  affirmé  par  le  troisième 
vers,  est  surabondamment  établi  par  la  représentation  des 
colombes,  et  par  les  objets  trouvés  dans  les  terres,  soit 
au-dessus  de  la  salle  à  abside,  soit  au-dessus  du  vestibule  : 
pierre  en  forme  de  claveau,  sur  laquelle  est  gravée  une 
croix  ;  fragments  de  six  plats  en  terre  rouge  vernissée, 
dont  le  décor,  estampé  en  creux,  comprend  des  croix  et 
des  brebis. 

Il  semble  bien  que  Tauteur  de  Tinscription  fasse  allusion 
à  la  transformation  en  temple  du  Christ  d'une  construction 
préexistante.  C'est  ce  que  confirment  certains  détails  archi- 
tecturaux :  Torientation  nord-est  de  Tabside^  la  forme 
trapézoïdale  du  vestibule  et  sa  position  anormale  par 
rapport  à  la  chapelle,  Texistence,  enfin,  au  voisinage  immé- 
diat du  vestibule,  vers  le  Sud,  et  à  un  niveau  inférieur 
d'environ  0  "*  50,  d'une  mosaïque  décorative  dont  on  pour- 
suit le  déblaiement.  La  continuation  des  fouilles  et  le  plan 
qu'elles  permettront  de  dresser  apporteront  sans  doute  des 
éclaircissements.  La  salle  à  abside,  malheureusement,  n'a 
qu'un  sol  de  béton,  assez  mince,  sans  trace  de  mosaïque. 

Seule  des  trois  collines  de  Tipasa,  celle  du  ceptre  n'avait 
pas  encore  donné  de  pavement  chrétien  à  inscription.  Mais 
la  Passion  de  sainte  Salsa  attestait  la  présence  d*au  moins 
un  monument  chrétien  sur  la  Colline  des  Temples,  celui 
qui,  succédant  à  une  synagogue,  fut  élevé  en  l'honneur  de 
la  sainte  à  l'endroit  où  elle  avait  été  martyrisée  (v.  Gsell, 
Mélanges  de  V École  de  Home,  XIV,  1894,  p.  340).  11  est 
possible  que  cet  édifice  soit  celui  que  dégagent  les  fouilles 
présentes,  et  que  la  salle  à  abside  ait  commencé  par  être 
une  proseucha  juive.  D'après  les  renseignements  que  j'ai 
recueillis,  c'est  dans  cette  abside  même  qu'a  été  trouvé  il 
y  a  quelques  années  le  chapiteau  décoré  de  têtes  humaines 
qu'on  voit  dans  le  jardin  de  l'hôtel  du  Rivage  et  que 
M.  Garcopino,  dès  1914  {Bulletin  archéologique  y  1914, 
p.  cxci),  notait  comme  provenant  peut-être  de  la  basilique 


SÉANCE  PUBLIQUE   ANNUELLE  391 

de  Sainie-Salsa.  Mais  il  ne  faut  pas  oublier  qu^une 
mosaïque,  signalée  au  voisinage  immédiat  du  phare,  appar- 
tient probablement  aussi  à  un  édifice  chrétien  (Carcopino, 
ibid.^  p.  cxc-cxci)  ;  nous  ne  sommes  pas  autorisés  à  loca- 
liser la  basilique  de  Sainte-Salsa  en  Tun  des  deux  endroits 
plutôt  qu'en  l'autre,  tant  que  les  fouilles  n'ont  pas  apporté 
d*argument  décisif. 

Pour  l'inscription  nouvelle,  un  indice  chronologique 
peut  se  tirer  *de  la  versification,  beaucoup  plus  correcte 
dans  ce  texte  que  dans  les  autres  inscriptions  métriques  de 
Tipasa.  On  n  y  relève  que  deux  fautes  peu  graves  de  pro- 
sodie :  tësellis  (qui  est  plutôt  une  faute  d'orthographe,  et 
qui  se  retrouve  dans  une  inscription  de  Tigzirt  {Rev. 
archéoLj  1906,  2,  p.  138,  n*  209)  et  pràemium^  où  la  pre- 
mière syllabe  s'abrège  conformément  au  traitement  fréquent 
de  ae  en  bas-latin  (mais  aedibuSj  laetus  ont  gardé  la  quan- 
tité classique).  Une  versification  aussi  régulière  ne  peut 
être,  à  mon  avis,  postérieure  au  iv*  siècle,  et  doil  même  se 
placer  plus  près  de  350  que  de  400. 


SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE 

DU  19  NOVEMBRE 


PRéSIDBlfCB    DE    M.    CHARLES    DIEHL. 

Le  PnésiDENT  prend  la  parole  pour  proclamer  les  prix  et 
récompenses  décernés  en  1920,  et  rendre  un  dernier  hommage 
à  ceux  des  membres  et  correspondants  de  TAcadémie  décédés 
au  cours  de  Tannée. 

M.  Charles-Victor  *Langlois  fait  une  lecture  intitulée  : 
VEsprit  de  Gui, 

Le  Secbktaire  pERpéruBL  lit  une  notice  sur  la  vie  et  les  tra- 
vaux de  M.  Héron  de  Villefossk,  membre  de  l'Académie  V 

1.  Voir  le»  Publications  de  VInslilut  de  France,  série  in-4».  1920,  n*  !S. 


392 

SÉANCE  DU  26  NOVEMBRE 


PRÉSIDENCE    DE    M.    CHARLES    DIEHL 

M.  le  Ministre  de  rinstruction  publique  adresse  TampIialioD 
du  décret  approuvant  l'élection  de  M.  Gustave  Glotz  comme 
membre  ordinaire. 

Lecture  est  donnée  du  décret.  Le  Secrétaire  perpétuel  intro- 
duit ensuite  M.  Glotz  et  le  présente  à  l'Académie. 

Le  Président  adresse  au  nouvel  élu  quelques  paroles  de  bien- 
venue et  l'invite  à  prendre  place  parmi  ses  confrères. 

Lecture  est  donnée  des  lettres  par  lesquelles  MM.  Pelliot, 
Fougères,  Puech,  Delachenal  et  Dorez  posent  leur  candidature 
à  la  place  de  membre  ordinaire  devenue  vacante  par  suite  du 
décès  de  M.  l'abbé  Lejay. 


LIVRES  OFFERTS 


M.  Gagnât  offre  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Toutain,  le 
deuxième  fascicule  du  tome  III  des  u  Cultes  païens  dans  TEmpire 
romain  ».  Ce  fascicule  de  plus  de  deux  cents  pages  traite  des  cultes 
de  la  Gaule  romaine.  Comme  il  avait  fait  pour  les  cultes  africains  et 
ibériques,  l'auteur  étudie  successivement  les  dieux,  les  sanctuaires, 
les  rites,  la  diffusion  de  ces  différents  cultes  dans  le  pays  et  dans  la 
société.  Il  montre,  en  terminant  et  comme  conclusion,  qu'à  côté  de 
la  religion  officielle  purement  romaine,  cette  religion  gauloise  est 
restée  florissante,  sans  se  heurter  à  aucune  persécution,  k  aucun 
obstacle  de  la  part  du  pouvoir  central  ;  qu'ainsi  elle  a  pu  subsister 
jusqu'au  moyen  âge,  assurer  la  continuité  du  génie  national  et 
sauvegarder  les  traits  originaux  et  pittoresques  de  notre  physio- 
nomie ethnique.  Cet  aperçu  historique  méritait  d'être  signalé. 

Le  P.  ScuEiL  offre,  au  nom  de  M.  Edouard  Naville,  associé 
étranger  de  l'Académie,  une  élude  dont  il  est  l'auteur,  intitulée  : 
La  loi  de  Moîse  (extrait  de  la  Revue  de  théologie  et  de  philosophie ^ 
n"  36,  août-octobre  1920). 


SÉANCE    DU    26    NOVEMBRE  393 

M.  Camille  Jullian  fait  hommage  à  TAcadémie,  de  la  part  de 
M.  MontaDdon,  d'un  nouveau  volume  de  sa  Bibliographie  générale 
des  travaux  p&lethnologiques  et  archéologiques  (époque  préhistorique, 
protohistorique  et  gallo-romaine),  France,  tome  II  (Genève  et  Paris, 
1920,  in-8*). 

M.  Emile  Mâle  a  la  parole  pour  un  hommage  : 

«  J'ai  rhonneur  de  présenter  à  TAcadémie,  de  la  part  de  l'auteur, 
M.  le  chanoine  Boissonnol,  un  volume  intitulé  Histoire  et  description 
de  la  cathédrale  de  Tours. 

«  C'est  un  livre  écrit  par  un  homme  qui  vit  depuis  de  longues 
années  dans  l'intimité  de  la  cathédrale^  et  chez  qui  l'habitude  n'a 
pas  émoussé  l'admiration.  Artiste,  il  s'attache  de  préférence  à  ce  qui 
séduit  ;  c'est  ainsi  que  l'étude  et  l'iconographie  des  vitraux  forment 
une  des  parties  les  plus  importantes  de  l'ouvrage.  Il  arrive  parfois 
que  rimagination  engage  l'auteur  dans  des  hypothèses  où  l'on  ne 
saurait  le  suivre.  Mais  il  y  a  dans  son  livre/  bien  des  chapitres 
solides  où  l'historien  trouvera  à  apprendre.  L'ouvrage  a  été  publié 
avec  un  soin  très  méritoire  dans  les  temps  où  nous  sommes  :  de 
belles  planches  donnent  les  ensembles,  des  dessins  introduits  dans 
le  texte  donnent  les  détails.  » 

M.  PoTTiER  présente  à  l'Académie  un  livre  de  M.  Louis  Delaporte 
sur  les  Cylindres  et  pierres  gravées  de  style  oriental  du  Musée  du 
Louvre.  La  collection  contient  près  dé  3000  pièces.  Ce  premier 
fascicule,  consacré  aux  intailles  qui  viennent  des  fouilles  et  missions 
scieotiGques,  comprend  la  description  et  la  reproduction  en  photo- 
typie  d'environ  1250  numéros.  Notre  confrère  M.  Thureau-Dangin 
a  bien  voulu  collaborer  à  l'ouvrage  en  assurant  et  en  contrôlant  sur 
les  originaux  la  lecture  des  inscriptions.  La  compétence  de  ces  deux 
savants  garantit  la  valeur  scientifique  du  travail.  Tout  récemment, 
un  archéologue  anglais,  M.  Ilogarth,  qui  s'adonne  spécialement  à 
Tétude  des  antiquités  de  la  Syrie,  a  publié  aussi  un  album  des 
sceaux  gravés  de  pro,venance  hittite  (Hittite  Seals,  Oxford,  1920)  ; 
il  y  parle  avec  éloge  de  la  publication  antérieure  de  M.  Delaporte 
sur  les  (Cylindres  de  la  Bibliothèque  nationale^  à  laquelle  il  faut 
joindre  les  Cylindres  du  Musée  Guimet  et  autres  répertoires  simi- 
laires. Il  est  donc  souhaitable  que  le  second  fascicule  de  l'ouvrage, 
dont  les  planches  sont  en  partie  tirées,  paraisse  le  plus  tôt  possible 
et  que  l'Académie  veuille  bien  en  assurer  l'exécution,  pour  parer  aux 
<iillicultés  actuelles  d'impression. 


COMPTES    RENDUS    DES    SEANC 

DE 

L'ACADÉMIE    DES    1NSCRIP1 

ET    BELLES-LETTRES 
PENDANT     L'ANNÉE     1920 

SÉANCE  DU  3  DECEMBRE 


Le  PBÉfiinBNT  annonce  que  la  CommisBÎon  de  la 
i^ubat  a  allribué  une  aubveiUioii  conformément  aux  { 
intentions  du  donateur. 

M.  Prov,  au  nom  de  la  commission  des  Écoles 
d'Athènes  et  de  Rome,  fait  savoir  que  celle-ci  p 
donner  un  avis  favorable  à  la  prolongation,  pour  ui 
d'un  an,  du  séjour  à  l'I'xole  d'Athènes  de  MM.  D( 
Renaudin,  membres  de  première  année. 

Il  en  est  ain^i  décidé. 

L'ordre  du  jour  appelle  l'élection  d'un  membre  or 
remplacement  de  M.  Paul  Lejay. 

Le  Président  lit  l'arlîrle  17  du  règlement,  relatif  i 
des  membres  ordinaire!;,  et  rappelle  les  noms  des  cim 
•ont.  par  ordre  alphabétique,  M.M.  Octachenal,  Oorez 
Fougères,  Goelier,  Pelliot  et  Puecb. 

Il  y  a  36  votants;  majorité  absolue,  19  voix. 

Le  scrutin  est  ouvert. 

Au  premier  tour,  M.   Dclachenal  obtient  8  voix;  : 

5  voix  ;  M.  Dussaud,  I  voix  ;  M    Kou(;ères,  5  voix  ;  M 

6  voix;  M.  Pdliot,  4  voix;  M.  Puech,  7  voix.  —  Pas 
rite. 


396  LIVRES    OFFERTS 

Au  deuxième  tour,  M.  Delachenal  obtient  15  voix;  M.  Dorez, 
2  voix;  M.  Dussaud,  7  voix;  M.  Fougères,  5  voix;  M.  Goeizer, 
1  voix;  M.  Pelliot,  5  voix;  M.  Puech,  1  voix.  —  Pas  de  majo- 
rité. 

Au  troisième  tour,  M.  Delachenal  obtient  2â  voix;  M.  Fou- 
gères, 4  voix  ;  M.  Pelliot,  4  voix. 

M.  Delachenaî,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages, 
est  proclamé  élu  par  le  Président.  Son  élection  sera  soumise  à 
l'approbation  de  M.  le  Président  de  la  République. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SECRàxAiRE  PERPÉTUEL  offrc,  SU  nom  de  M.  René  Fage,  un 
opuscule  dont  il  est  Tauteur,  intitulé  :  Note  sur  les  clochers-murs  de 
la  Creuse  (extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  naturelles 
et  archéologiques  de  la  Creuse,  tome  XXI  ;  Guérel,  1920,  in-8®). 

M.  PoTTiER  fait  hommage  à  T Académie  d'une  brochure  offerte  par 
M.  J.  Capart,  conservateur  du  département  égyptien  aux  Musées 
royaux  du  Cinquantenaire  de  Bruxelles,  Some  Remarks  on  the 
Sheikh  El-beled,  publié  dans  The  Journal  of  Egyptian  Archseology, 
1920,  et  il  en  analyse  les  conclusions.  On  a  rouvert  la  tombe  où 
Mariette  avait  trouvé  la  fameuse  statue  de  bois.  Son  nom  n'est 
pas  Raemké  ou  Ramké,  mais  Ka-aper;  il  n'était  pas  surveillant  de 
corvées,  mais  prêtre.  Près  de  lui  se  trouvait  une  belle  statue  de  bois 
qui  représentait  sa  femme,  dont  le  torse  sans  bras  et  la  tête  sub- 
sistent au  Musée  du  Caire.  11  devait  y  avoir  une  seconde  statue  de 
Ka-aper  le  représentant  dans  son  costume  de  cérémonie,  coiffé 
d'une  perruque,  et  M.  Capart  propose  de  reconnaître  ce  second 
portrait  dans  un  autre  torse  en  bois  du  Musée  du  Caire,  qu'il  repro- 
duit en  photographies  (p.  27  et  28).  11  y  apparaît  plus  jeune,  mais  les 
traits  accusent  entre  les  deux  types  une  indéniable  ressemblance. 


» 


SÉANCE    DU    10    DÉCEMBRE    I9Ï 


M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique  Iransmelà  1': 
le  rapport  du  Directeur  de  l'ficole  française  d'Athén 
ronctionnement  de  cet  établissement  pendant  l'année  1! 

M.  le  comte  DuHiiiEU.aunom  de  la  Commission  Pio( 
d'allouer  sur  les  arrérages  de  la  fondation  une  se 
2O00  francs  à  M.  le  docteur  Carton,  pour  la  suite  de  si 
de  Bulla  Regia.  ~  Adopté. 

M.  Malb,  au  nom  de  la  Commission  Pellechet,  pi'0[ 
corder  sur  les  revenus  de  la  fondation  une  somme  de  2( 
à  la  ville  de  Montiuçon,  pour  réparer  la  sacristie  \ 
l'église  Notre-Dame  de  Montiuçon  (Allier).  —  Adopté. 

Après  un  comité  ^cret,  le  Phhsidsnt  annonce  que  1'. 
a  élu  correspondant  français  M.  Charles  Lécrivain,  pr( 
rUniversité  de  Toulouse;  —  et  correspondants  et 
MM.  Hankins,  professeur  à  l'Université  Harvard  à  Cs 
Mass.  (ÉUIs-Unis)  ;  Leîte  de  Vasconcelios,  professeur 
versité  de  Lisbonne  ;  Roslovlsev,  ancien  professeur  à 
silé  de  Pétrograd  ;  Niederle,  professeur  à  l'Universiti 
de  Prague. 

M.  Malb  lit  une  note  de  M.  G.  Marçais  sur  la  cha 
cher  de  la  Grande  Mosquée  d'Alger  '. 


COMMUNICATION 


k    PRÊCHER    DE    LA  GRANDE  MUHQLËE    d'j 
PAR    M.    G.    MAR<;«I3. 


L'étude  archéologique  de  l'Algérie  du  moyen  i 

1.  Viiir  ci-apW  s. 


398      CIUIRB   A    PRÊCHER   DB   LA    GRANDE   MOSQUÉE    d'aLGER 

peine  ébauchée.  A  part  Tlemcen,  à  part  la  Kalaa  des  Béni 
Hammâd,  que  les  fouilles  du  regretté  général  de  Beylié 
nous  ont  fuit  connaître,  les  vieux  centres  musulmans  de 
nos  trois  départements  africains  n'ont  donné  lieu  qu'à  de 
rares  enquêtes.  Ici,  comme  sur  le  territoire  tunisien,  où 
les  beaux  siècles  de  Tlslâm  ont  pourtant  laissé  des  traces 
si  notables,  Tantiquité  paraît  avoir  seule  retenu  Tattention 
des  archéologues.  Cependant  bien  des  sites  abandonnés 
restent  à  sonder  et  vaudraient  qu'on  s'en  occupât.  L'ex- 
ploration méthodiijue  des  cités  encore  vivantes  peut  même 
réserver  quelques  surprises.  C'est  ainsi  que,  quatre-vingt- 
dix  ans  aprt*s  la  conquête  française,  la  Grande  Mosquée 
d'Alger  nous  présente  un  ensemble  décoratif  coniplètement 
intHlit, 

A  >nii  dire,  la  chaire  à  prêcher  dont  il  s'agit  ici  n'est  pas 
ontièr\*meut  inconnue.  Des  architectes  français  l'ont,  à 
plusieui-s  reprises,  rt^staurée,  et  Tinscription.  qui  la  date  du 
dobut  du  xi"*  siècle,  a  été  mentionnée?  par  trois  fois  :  mais 
sa  décoration,  qui  comporte  une  arcade  et  45  panneaux 
vie  ot\ire  sculpte,  n'a  jamais  f^iit  Tobjet  d'aucune  descrip- 
tive u.  Elle  le  mérite  pourtant  à  divers  titres. 

l.  in^^rii^tîou  nous  arorecd  QXie  cette  chaire  rrieW  . 
vvu>îv  di;n  n-^Tnnie  Mohjïîiai:?d,  fut  U^rmintre  le  1*  du 
•*:.i^  de  r\  .S  »'*T  ou  *  c*  :  les  irîix  d^ies  îrr-?"Jwoaes 
IV  u  ^  r*  :  X  *  0  ^  :  x*  1  u  o  > ,  Lu  ><  v  -n  ir  para  :  t    p  re  ;  e  ra  :  le .   EZt:  cor- 


t  a.  " :  .vsv:  -  e   ^"  u  r  eu *\*  ^' 


'       \     *     -*^       V      -* 


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CHAIRR  ▲   PRÊCHER   DE  LA   GRANDE   MOSQUÉE   d'aLGER      399 

géographe  andalous,  ratteste.  Cette  chaire,  celle«Ià  même 
qui  nous  est  parvenue,  fabriquée  en  lOiS,  fut  replacée  dans 
la  mosquée  bâtie  près  d'un  siècle  plus  tard.  Les  exemples 
de  tels  «  remplois  »  ne  font  guère  défaut. 

Suivant  Tordonnance  classique,  inspirée  sans  doute  par 
celle  de  Tambon  chrétien,  la  chaire  d* Alger  se  compose 
d'un  escalier  précédé  d'une  arcade  légère  et  bordé  pur  deux 
parements  décorés  de  panneaux,  carrés  dans  les  parties 
basses,  triangulaires  plus  haut,  et  en  trapèze  le  long  des 
rampants.  On  ne  doit  pas  trop  s'attacher  aux  ressemblances 
qu'elle  présente  avec  la  fameuse  chaire  de  Kairouan 
(ix*  siècle).  Ce  n'est  pas  vers  Kairouan,  vers  la  Berberie 
orientale  qu'il  faut  tourner  les  yeux  pour  comprendre  cette 
œuvre  algérienne.  Son  style  la  rattache  à  une  autre  pro- 
vince de  l'art  musulman.  Il  l'insère  dans  une  série  qui, 
partant  de  Cordoue,  aboutit  à  Tlemcen  et  à  Fès,  et  qui 
prélude    à  Tépanouissement  de  l'art   moresque   hispano- 

maghrébin. 

Quelques  explications  sont  nécessaires  pour  comprendre 
ce  qu'une  telle  remarque  nous  apporte  d'instructif  et'  d'uo 
peu  inattendu. 

Pendant  presque  tout  le  x*  siècle^  le  monde  musulman 
occidental  avait  vu  la  rivalité  de  deux  grandes  puissances 
politiques  et  religieuses:  le  khalifat  omeiyade  de  Cordoue, 
issu  de  l'ancien  khalifat  de  Damas,  et  le  khalifat  fâtimide, 
qui,  grandi  en'Berberie,  devait  émigrer  de  Kairouan  et  de 
Mahdiya  vers  la  nouvelle  ville  du  Caire.  En  Berberie,  ce 
conflit  opposait  les  Zenâta,  soutiens  de  l'autorité  omeiyade, 
aux  Çanhàja,  inféodés  à  la  politique  fâtimide.  Kn  récom* 
pense  des  bons  services  de  ces  derniers,  les  Fâ timides, 
quittant  la  Berberie  pour  TEg^-pte,  leur  avaient  laissé  le 
soin  de  régir  leur  ancien  domaine,  devenu  province;  excen- 
trique de  Tempire  agrandi.  Au  XI*  feiecle*  la  Berl/erie  rnien- 
taie,  le  pays  qui  va  de^  confins  de  la  Tri[K;lit;iin<'  a  b 
limite  actuelle  des  départem*-nls  d'Al^^^r  et  d'Oran,  ^M  aui 


/ 


<:flAIRE    A    PRÊCHER    OK    LA    GRANDE    MOSQUÉE   d'aLCER 

ns  des  Çanhàja,  Béni  Zîrî  et  Béni  Hammâd.  Car  une 
sion  n'a  pas  tardé  à  se  produire  parmi  les  émirs  béné- 
iresde  l'investiture  fâtimide.  En  1017,  un  arrangement, 
rvenu  entre  les  deux  branches  de  la  famille  Çanhâ- 
ne,  a  attribué  la  région  où  se  trouve  Alger  aux  Beoi 
imâd,  maîtres  de  la  Kalaa,  Kl  l'on  est  tenté  de  rappfo- 
■  la  date  de  cet  accord  de  celle  de  1018  où  la  mosquée 
Iger  recevait  de  ses  maîtres  officiellement  reconnus  une 
re  à  prêcher,  en  qualité  de  mosquée -cathédrale. 
e  que  furent  la  civilisation  et  lart  de  la  Berberîe  orien- 
du  XI'  siècle,  des  fouilles  dans  les  environs  de  Kai- 
m  nous  ie  montreront  peut-être  un  jour  ;  mais,  en 
ndant,  les  ruines  de  la  Kalaa  des  Béni  Hammâd  nous 
liquent  déjà.  Les  royaumes  des  Çanhàja,  politiquement 
ichés  au  Caire  puis  à  Baghdâd,  subissent  l'influence  de 
ypte  et  de  la  Mésopotamie.  Toutefois  cette  influence 
t  pas  également  ressentie  dans  tout  le  royaume  et  dés 
remière  heure.  La  chaire  de  1018  atteste  que  le  port 
ger,  que  ses  relations  commerciales  rapprochent  plutôt 
Espagne  que  de  l'Orient,  attend  de  l'Andalousie  seule 
modèles  pour  ses  artisans,  sinon  les  œuvres  d'art  elles- 
les  dont  il  s'embellit.  Le  prestige  du  vieus  khalifat 
icident,  prêt  à  disparaître,  s'impose  encore  sur  la  terre 

est  à  ce  style  musulman  occidental,  dont  la  grande 
quée  de  Cordoue  nous  apparaît  comme  le  vaste  labora- 
:,  que  se  rattache  la  décoration  sculptée  de  notre  chaire, 
point  de  vue  du  développement  de  l'arabesque,  cette 
ration  marque  bien  une  étape  entre  le  fameux  sanc- 
'e  andalous  ou  le  palais  omeiyade  d'Ez  Zahra  (x'  siècle) 
grande  mosquée  de  Tlemcen  (xii*  siècle)  ;  elle  s'af- 
s  comme  très  proche  de  celle  de  l'Aljaferia  de  Sara- 
e  et  aide  k  préciser  l'âge,  jusqu'ici  incertain,  de  ce  der- 
édifîce.  Les  formes  qiiiy  figurent  sont  déjà  celles  des 
ïtures  sur  plâtre  d'époque  almoravide,   mieux  encore 


CHAIRE   A   PRÊCHER    DE   LA   GRANDE    MOSQUÉE   d'aLGER      401 

des  sculptures  sur  bois  exécutées  plus  de  cent  ans  après. 
Par  Tépigraphie,  la  chaire  d'Alger  s'apparente  à  la  porte 
de  la  Maqçoura  de  Tlemcen  (1138  J.-C),  comme  aux 
i)oites  d'ivoire  que  l'Andalousie  fabriquait  en  grand 
nombre. 

Les  autres  éléments  décoratifs,  qui,  joints  à  l'épigraphie, 
composent  Tornementation  champlevée  de  Tare  et  des  pan- 
neaux accusent  la  même  filiation.  Suivant  Tusage,  ces  élé- 
ments sont  de  deux  sortes  :  un  élément  végétal  très  con- 
ventionnel, dérivant  ici  de  la  flore  byzantine,  et  un  élément 
géométrique.  L'un  et  Tautre  méritent  d'être  analysés  avec 
quelque  soin. 

Il  convient,  pour  le  décor  végétal,  de  distinguer  la  tige 
et  la  palme.  La  tige,  refendue  par  une  rainure  selon  la  for- 
mule byzantine,  affecte,  surtout  dans  les  panneaux  carrés, 
des  diagrammes  très  variés,  depuis  ceux  dont  le  point 
de  départ  est  une  tige  médiane,  jusqu'à  ceux  où  deux 
rinceaux  symétriques  s'enroulent  séparément  de  part  et 
d'autre  de  l'axe.  Ainsi  l'arabesque  proprement  dite  s'écarte 
de  plus  en  plus  du  thème  naturaliste  initial  et  prend  une 
tournure  purement  décorative.  Une  évolution  parallèle 
affecte  la  palme.  La  plupart  de  celles  de  nos  panneaux  sont 
des  déformations  de  la  feuille  d'acanthe,  mais  où  les  groupes 
de  digitations  ne  sont  pas  séparés  pur  des  œillets  circu- 
laires, ainsi  qu'il  est  d'usage.  Parmi  les  formes  végétales 
multiples,  que  le  premier  style  musulman  d'Espagne  em- 
pruntait aux  arts  antérieurs,  les  décorateurs  du  xi*  siècle 
ont  déjà  fait  un  choix.  Plusieurs  cependant  y  figurent 
encore  que  leurs  successeurs  élimineront  à  leur  tour.  Le 
répertoire  des  formes  végétales  ira  s'appauvrissant.  Ainsi, 
tandis  que  la  tige  se  transforme  en  un  galon  enroulé  sui- 
vant une  épure  ingénieuse  et  savante,  les  formes  larges  de 
la  plante  se  fixeront  en  quelques  rares  silhouettes  juste 
suffisantes  pour  le  rôle  de  remplissage  qu'on  leur  assigne. 

Tel  est  le  sens  général  de  l'évolution  pour  l'arabesque 

1920  36 


LIVBRB    0PFEBT5 


'aie.  Le  minbar  d'Al^^er,  qui  nous  aide  à  en  fixer  uns 
pe,  nous  renseigne  de  même  sur  l'élaboratioD  de  l'ara- 
que  géométrique,  dont  on  sait  le  développement  futur, 
us  voyons  s'indiquer,  dans  quelques  panneaux,  l'entre- 
s  proprement  musulman,  rectiligne  et  étoile,  assez  diffé- 
,t  de  l'entrelacs  des  cancels  et  des  fenestrages  chrétiens, 
emble  que  la  géométrie  moresque  s'y  devine  déjà.  Mais, 
is  l'évolution  de  ce  genre  d'ornement,  il  serait  impru- 
it  de  négliger  l'influence  de  l'Egypte  fâtimide  et  les 
lUx  panneaux  des  mosquées  du  Caire,  où  s'affirmait  dès 
te  époque  la  maîtrise  des  décorateurs. 


LIVRES  OFFERTS 


>e  Secrétaiiib  terpétuel  aftre  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  le  chi- 
ne Ulyase  Ciievalieii,  le  tome  1  de  son  Dictionnaire  lopograpkique 
département  de  l'hère  comprenant  ks  nom»  de  lieu  anciens  el 
iernet,  rédigé  sur  les  manuscrits  d'Emmanuel  Pillol  de  Tboray, 
s-arcfaiviste  de  l'Isère,  el  publié  par  le  chanoine  Ulysse  Qkeva- 
(Romans,  1920,  in-**')  ;  ce  volume  compi-end  les  lettres  A  à  J  ; 
Je  la  part  de  M.  Babelon,  un  opuscule  dont  il  est  l'auteur  inli- 
!  :  Le  Cabinet  des  Médailles  pendant  la  i/uerre  (extrait  de  la 
ue  numhmati</ue,  Paris,   1920,  iii-S"). 

présente  enfin,  au  nom  de  Sir  George  A.  Grierson,  correspon- 
t  de  l'Académie,  des  disques  pbonographiques,  où  sont  enre- 
rés  des  spécimens  dus  dialectes  parlés  k  Delhi  et  aux  environs, 
ui  constituent,  au  point  de  vue  de  ta  linguistique,  des  documents 
>lu3  haut  intérêt. 

I,  Paul  GmARD  a  la  parole  pour  un  hommage  ; 
J'ai  l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  le  premier  volume  du 
ueil  Milliet,  collection  de  textes  grecs  et  latins  concernent  l'Iiis- 
e  de  l'art  dans;  la  Grèce  ancienne.  Cet  ouvrage  est  inspiré  du 
leil  analogue  publié  par  Overbeck  en  1868,  mais  il  en  diiTère 
rondement  par  la  façon  dont  il  est  conçu,  et  par  la  traduction  et 
ommenlaire  des  documents  reproduits.  Overbeck  avait  adopté 


SÉANCE   DU    17    DÉCEMBRE  403 

l'ordre  chronologique  et  réparti  dans  un  certain  nombre  de  périodes 
les  textes  relatifs,  pour  chaque  période,  à  toutes  les  formes  de  Fart. 
Le  plan  nouveau  s'attache  successivement  à  chacun  des  arts  cultivés 
par  la  Grèce,  groupe  ensemble  des  textes  qui  en  éclairent  la 
technique,  et  ensuite  révolution  à  travers  les  âges.  C'est  ainsi 
que  le  premier  volume,  qui  a  plus  de  400  pages  grand  in-8«,  est 
consacré  tout  entier  à  la  peinture  ;  encore  n'y  suffit-il  pas  ;  un  second 
volume  suivra,  qui  est  prêt  pour  l'impression. 

«  Il  faut  lire  la  belle  préface  qu'a  écrite  pour  ce  premier  volume 
notre  confrère  M.  Salomon  Reinach  ;  belle  surtout  par  la  physiono- 
mie que  M.  Beinach  esquisse  de  l'uutcur,  qui  n'est  autre  que  son 
neveu,  ce  jeune  savant,  Adolphe  Reinach,  dont  on  connaît  les  travaux 
multiples  et  originaux,  qui,  presque  encore  adolescent,  s'était  fait 
un  nom  dans  la  science,  et  dont  la  mystérieuse  disparition,  au  début 
de  la  guerre  où  il  remplissait  vaillamment  son  devoir,  restera  l'un 
des  deuils  les  plus  douloureux  qui  aient  atteint  la  France  intellec- 
tuelle. Le  volume  qui  vient  de  paraître  lui  est  dû  en  grande  partie  ; 
on  reconnaît  II  l'ampleur  documentaire  de  certains  commentaires  sa 
prodigieuse  érudition.  Ce  travail,  que  lui  avait  confié  la  Société  des 
études  grecques,  chargée  par  Milliet  d'assurer  la  publication,  lui 
coûta  beaucoup  de  peine  ;  il  lui  fallut  d'abord  se  livrer  à  bien  des 
recherches  pour  vérifier  les  textes  déjà  connus  et  enrichir  le  recueil 
de  textes  nouveaux,  tel  le  fragment  emprunté  à  la  Chronique  de 
Lindos  (78  b).  Nous  ne  lui  serons  jamais  assez  reconnaissants  de  ses 
efforts  pour  aboutir  à  une  réalisation  longtemps  attendue.  Que 
notre  gratitude  aille  aussi  à  celui  sans  le  dévouement  duquel  le 
volume  n'eût  point  vu  le  jour,  et  qui,  espérons-le,  ne  se  désintéres- 
sera pas  d'une  œuvre   à  laquelle  de  si  forts  liens  l'attachent!  » 


SÉANCE  DU  17  DÉCEMBRE 


PRÉSIDENCE   DE    M.    CHARLES    DIEIIL. 

M.  le  Ministre  de  rinstruction  publique  adresse  à  TAcadémie 
rampliation  du  décret  approuvant  Télection  de  M.  Roland  Dela- 
chenal  comme  membre  ordinaire. 

Lecture  est  faite  du  décret.  Le  Secrbtairb  pERpéTUEL  introduit 
ensuite  M.  Delacheaal  et  le  présente  à  IWcadémie. 


SÉANCE    Di;    17    DÉCEURBE 

...o...^...  adresse  au  nouvel  élu  quelques  paroles  de  biea- 
itTinvite  a  prendre  place  parmi  ses  coofrères. 

r^LERMONT- G  ANNEAU  enlreLïenl  l'Académie  d'antiquités 
s  à  Sidon  sur  l'em placement  de  l'iîcole  américaine  '. 

SciiEiu,  au  nom  de  la  commission  De  Clercq,  propose 
lier,  sur  les  disponibititcs  de  la  fondation  :  quatre  mille 
pour  la  publiciition  de  la  Hevue  d'assyriologie,  et  six 
'ancs,  pour  le  Cataloj,'ue  des  cylindres  du  Musée  du 
,  par  M.   Delaporte.  —  Adopté. 

oHOLLE  donne  lecture  de  la  première  partie  d'un  mémoire 
Gallois  sur  l'épiphanie  du  feu  dans  le  culte  du  Dionysos 

.  ScHEiL  lit  une  note  de  M,  Jéquier  sur  l'Ennéade  osi- 

l'Abydos  et  les  enseignes  sacrées  '. 

ilomon  Rbinach  présente  quelques  observations. 

OTH  fait  une  communication  sur  le  mol  gaulois  i  Turno  n 
i  noms  de  Heu  en  France. 

anguea  néo-celtiques  ne  pouvant  expliquer  ce  terme 
écision,  le  seul  moyen  de  l'élucider  est  de  relever  exacte- 
î  situation  géographique  des  nombreux  noms  de  lieu  oii 
■ait,  soit  en  composition,  soit  en  dérivation.  Or  un  relevé 
isciencieux  fait  par  M.  Musset,  professeur  de  géographie  à 
Ité  des  lettres  de  Rennes,  nous  apprend  que  huit  Toornon 
■magui).  Tonnerre  [Turnodurum),  nos  nombreux  Tur- 
îurny.  Tourné,  Tortiac,  Tourniac,  %oaX,  à  une  exception 
cilement  explicables  :  toutes  ces  localités  sont  situées 
i  éminence  ou  une  forte  pente,  au-desBUs  d'une  vallée 
u  arrosée.  11  en  ressort  aussi  que  7'urnacum,  d'où  sort 
f,  ne  saurait  être  un  nom  de  fundtis  dérivé  d'un  genti- 
nain  Turnus. 
ns  indiqué  piir  la  situation  géographique  parait  coufirmc 


LE    PAHADEISOS    ROITAL   ACIIËHÉMOE    ÙE    81D0^  405 

par  le  breton  lorn-aol,  falaise,  aol  pour  un  plus  ancien  ail, 
si{;nilianten  breton  proprement  rivage,  etaussi  par  le  nom  d'une 
cilé  de  Grande-Bretagne  conservé  dans  une  glose  bretonne- 
irmoricaine  du  ms.  du  x*  siècle  Regina  96  de  ta  Bibliothèque 
Vaticane  :  Torn-lrienl.  Trient  parall  bien  représenter  le  nom  de 
la  rivière  TpiaivTwv,  donné  par  Ptolémée  ;  du  temps  de  Bède, 
Treanla,  aujourd'hui  la  Trenl. 

M.  Salomon  Rbikacu  et  Adrien  Blanchbt  préser 
observations. 

M.  Babb[X)n  donne  lecture  d'une  note  de  M.  le 
de  Gastries  ',  sur  Graciosa.    une    ville  portugai: 


COMMUNICATIONS 


LE    PARADBISOS    ROYAL    ACHÉMÉNIDE    DE    S 
PAR     »t     CLEBMONT-GANKEAU,    MEMBRE    DE    l'a 

Il  y  a  quelque  vingt  ans,  le  11  juillet  1900 
du  Rev.  Samuel  Jessup,  de  passage  à  Pari 
dont  je  m'excuse  de  donner  connaissance  seule 
d'hui  à  notre  Compagnie.  Ce  retard,  —  de 
mois  !  —  est  dû  à  des  circonstances  particu 
fait  indépendantes  de  ma  volonté  ;  il  ne  relire 
on  va  le  voir,  à  l'intérêt  de  cette  corresponds 
l'ordre  du  jour  par  certains  faits  dont  je  pa 
l'heure  et  qui  lui  redonnent  un  caractère  d'acl 

M.  Samuel  Jessup,  membre  de  la  mission  pT 
américaine  de  Saîda  —  l'antique  Sidon,  —  éto 
le  Rev.  Df  Ford,  directeur  de  cette  mission,  d 
ter  -lu  sujet  de  diverses  antiquités  qu'on  vena 

1.  Voir  ci-apr«s. 


LE   PARADEIS08    BOTAL   ÀCHËMËNtDE   DE    8ID0N 

usant  les  fondations  de  l'École  américaine  édifiée 
iatement   au   sortir   de  la  porte  méridionale  de   la 

le  remit  «ne  photographie  sommaire  de  ce  groupe 
;s.  Sans  parler  des  autres  pièces  qu'on  y  dislingue 
u  moins  nettement,  je  fus  vivement  frappé  d'y  voir 
gmenls  de  sculpture  en  ronde  bosse  représentant  les 
:!orps  de  grands  taureaux  ag^enouillés  qui  ressemblent 
fait,  par  leur  style,  par  leur  pose  el  leur  agencement, 
-otomês  de  taureaux  adossées  constituant  les  chapi- 
les  palais  perses  de  Persépolis  et  de  Suse,  chapiteaux 
Il  peut  voir  au  Louvre  un  spécimen  caractéristique, 
imeiit  expliquer  l'existence  à  Sidon  de  tels  chapiteaux 
ement  marqués  au  coin  de  l'art  perse?  Je  me  rappe- 
isitôt  le  passage  de  Diodore  de  Sicile  (xvi,  41-45] 
conte  en  détail    l'insurrection  du  roi  phénicien    de 

le  roi  Tenues,  contre  son  suzerain  le  roi  de  Perse 
îrxès  111  Ochus,  en  3ol  avant  notre  ère.  Un  des  pre- 

actes  des  insurgés  avait  été  la  destruction  du 
"sî  irapâSeiir:;,  du  parc  royal,  où  les  rois  de  Perse 
t  coutume  de  venir  se  reposer  (èv  ù  tÔç  xaîaXùoeiî  c! 
poûv  ^aotÂst;  £tbiOei?av  rsieto^ai) ,  On  sait  le  rôle  im- 
t  que  jouaient  chez  les  Perses  ces  «  paradis  »,  ces 
i  de  plaisance,  qui,  naturellement,  impliquaient 
2nce  d'édifices  plus  ou  moins  considérables  servant 
idence  pour  les  villégiatures  et  les  chasses  royales.  11 
it  y  avoir  de  ces  <<  paradis  »  dans  les  principales 
ies.  En  tout  cas,  il  en  était  ainsi  en  Phénicie  ;  le 
roi  y  avait  son  paradis  royal  où  il  pouvait  s'installer 

la  fantaisie  lui  prenait  de  venir  visiter  sa  bonne 
Le  Sidon,  capitale  de  la  satrapie.  Entre  temps,  le 
royal  —  du  type  npadâna,  voire  pavillon  plus  simple 
:c  son  parc  annexe,  devait  servir  aux  satrapes  et  aux 
ux  perses  ayant,  comme  nous  l'apprend  Diodore,  fixé 
isidence  à  Sidon  même. 


LE    PARADEISOS    ROYAL    ACHÉMÉNIDB    DE   8ID0N  407 

A  en  juger  par  la  photographie,  nous  avons  les  restes  de 
quatre  protomès  de  taureaux  qui,  adossées  deux  par  deux, 
doivent  représenter  deux  chapiteaux  se  faisant  pendant. 
Us  pouvaient  appartenir  soit  à  deux  colonnes  flanquant  une 
porte  d'entrée,  soit  à  un  ensemble  architectural  plus 
étendu.  La  façon  dont  ces  chapiteaux  ont  été  brisés  systé- 
matiquement, avec  un  acharnement  visible,  alors  qu'ils 
étaient  encore  bien  conservés,  s'explique  par  les  condi- 
tions tragiques  dans  lesquelles  se  produisit  l'insurrection  de 
Sidon  secouant  le  joug  de  la  domii>ation  perse. 

Une  fois  fixé  ainsi  sur  la  valeur  historique  de  ces  précieux 
débris,  je  m*empressai  d'en  signaler  l'existence  au  Musée 
du  Louvre,  dans  l'espoir  qu'on  pourrait  en  enrichir  nos 
collections.  A  cet  effet,  j'abouchai  avec  la  Conservation 
compétente  M.  Samuel  Jessup  et,  plus  tard,  M.  Ford 
lui-même.  Finalement,  les  pourparlers,  qui  durent  se 
poiu^aivre  pendant  quelques  années  encore,  n'aboutirent 
pas,  pour  des  causes  que  j'ignore  ;  et,  mon  rôle  étant 
achevé,  les  choses  restèrent  eh  l'état  jusqu'en  1914,  sans 
que  je  me  crusse  en  droit  de  sortir  de  la  réserve  que  m'im- 
posait le  rôle  même  joué  par  moi  dans  cette  négociation 
déhcate. 

A  cette  époque,  M.  le  D*"  Contenau,  chargé  d'une  mis- 
sion archéologique  à  Saïda,  voulut  bien,  sur  ma  demande, 
reprendre  cette  piste  interrompue.  Je  lui  donnai,  à  cet 
effet,  tous  les  renseignements  et  documents  nécessaires. 
La  guerre  vint  couper  court  à  cette  première  tentative. 
C'est  seulement  cette  année-ci,  au  cours  d'une  seconde  mis- 
sion, que  M.  Contenau  réussit  à  atteindre  enfin  l'objectif 
visé.  Voici  la  lettre  que,  de  retour  de  Syrie,  il  a  bien 
voulu  m'adresser  à  ce  sujet  : 

«  Mon  cher  Maître,  Je  reviens  de  Saïda  oii  j'ai  ext^eutt^ 
la  mission  dont  j'ai  été  chargé  par  le  Ministère  de   Tins- 
truction  publique,  et  par  le  Haut-Commissariat. 
"  Vous  aviez  bien  voulu,  dès  ma  première  mission  en 


'  LE   PABADElBOa    BOVAL   ACHÏHËNIDE    DE    SIDON 

,  me  faire  commuoiquer  la  photographie  d'antiquités 
réesà  Sidon,  il  y  a  plus  de  vingt  ans,  par  la  Mission 
ricaine  qui  était  d(isireuse  d'avoir  votre  jugement  sur 
ntiquités. 

A  la  suite  de  cet  examen,  il  vous  avait  paru  désirahie 
rs  signaler  au  Musée  du  Louvre,  en  raison  de  l'intérêt 
ptionoel  que  certaines  pièces  paraissaient  présenter. 
M.  le  D'  Ford,  chef  de  la  Mission  Américaine,  avait 
Té  sa  collection  d'antiquités  pendant  la  guerre,  par 
ire  de  précaution.   ^ 

Désireux  de  satisfaire  à  l'arrêté  du  Haut-Commissariat 
irivant  à  tout  détenteur  d'antiquités  d'en  faire  la  décla- 
n,  il  a  déterré  sa  collection  devant  M.  Brossé,  inspec- 
du  Service,  qui  doit  en  dresser  un  inventaire,  et  devant 

J'ai  eu  la  satisfaction  d'y  retrouver  toutes  les  pièces 
reproduit  votre  photographie,  notamment  les  taureaux 
/ous  m'aviez  particulièrement  signalés  comme  prove- 
d'un  monument  d'époque  {>erse. 

M.  Ford  m'a  dit  que  ces  débris  de  chapiteaux  ont  été 
iés  lors  de  la  construction  de  l'école  américaine,  située 
de  la  porte  de  Tyr,  à  deux  pas  de  la  butte  et  du  cha- 
,  où  j'ai  moi-même  exécuté  des  sondages. 
Je  pense  que  ces  renseignements  vous  seront  agréables 
PUS  prie  d'agréer,  mon  cher  Maître,  l'assurance  de  mes 
^ctueux  sentiments. 
15  novembre  1920. 

G.  Contenau.  » 

jspère  que,  dans  ces  conditions,  M.  le  D'  Contenau 
toute  latitude  pour  nous  présenter  bientôt,    avec  des 

)ductions  dignes  d'eux,  ces  monuments  dont  je  crois 

'  suffisamment  montré  l'intérêt  exceptionnel  pour  l'his- 
de  la  Phénicie  et,  en   particulier,  de  la  domination 

ménide  à  Sidon. 


409 


LENNÉADE  OSIRIENNE  d'aBYDOS  ET    LES    ENSEIGNES    SACRÉES, 

PAR   M.    G.    JÉQUIER, 
CORRESPONDANT    ÉTRANGER    DE    l' ACADÉMIE. 

Le  principe  de  Tennéade  est  la  base  même  de  tout  le 
système  théologique  héliopolitain  :  pour  les  prêtres  de  la 
métropole  religieuse  de  la  Basse  Egypte,  la  cdnipagnie  des 
neuf  grands  dieux  personnifiait  les  divers  stades  de  la  cos- 
mogonie, depuis  les  origines  les  plus  lointaines  de  Tunivers, 
jusqu'aux  débuts  de  l'humanité  et  de  la  civilisation  ^  Du 
chaos,  rélément  humide  éternel,  préexistant  5  tout,  sort 
spontanément  Toum  le  dieu  créateur,  qui  représente  la 
lumière  primordiale;  il  procrée  les  dieux  do  Tespacc,  Toir 
el  la  chaleur,  Shou  et  Tefnouït,  qui  à  leur  tour  donnent 
naissance  à  Geb  et  Nouït,  la  terre  et  le  ciel,  sans  doute  avec 
tous  les  êtres  qu'ils  contiennent.  Un  dernier  groupe  de 
quatre  individus,  issu  de  ce  couple,  représente  rorganiMU- 
tion  du  monde  et  de  Thumanité,  et  symbolise  le  principe 
«le  la  lutte  éternelle  :  ce  sont  Osiris  et  Set,  avec  leurn  com- 
pléments féminins  Isis  et  Nephthys. 

Cette  conception  anthropomorphique  des  origines  du 
monde  correspondait  si  bien  à  la  mentalité  égyptienne,  que 
dans  les  religions  locales  qui  n'avaient  pas  de  Mynt^ine 
cosmogonique  particulier,  la  doctrine  héliopolitaine  fui 
adoptée  presque  telle  quelle;  on  se  contenUi  génénfleinent 
de  substituer  au  dieu  créateur  Toum  la  divinité"'  l(»e<ile,  tm 
de  placer  celle-ci,  et  même  parfois  Ht»  triade,  devniil  lu 
groupe  complet  des  dieux  c/ismoj^onjque»*,  ee  (|tii  donne 
fréquemment  des  enné?id»-s  de  dix  a  dotj/edienit 

Dans  quelques  vill*,'s.  autour  tU-   la    figure  oriK<(Hile  de 
certains  dieux,  des  mtthff-,  et  d*H  dogm^n    h'*  liiieiil    deve 
loppés  de  façon  parf;**frm'*nt  ind*fH-rid/»fi|e  jutiqu'ii   lorniei 


410  l'ennéade  osikienne  d'abydos 

des  systèmes  ihéologiques  si  homogènes  et  si  complets 
qu'ils  semblaient  n'avoir  rien  à  emprunter  à  la  religion 
héliopolitaine.  Le  principe  de  Tennéade  s'introduisit  cepen- 
dant aussi  dans  ces  doctrines,  mais  sous  la  forme  d'un 
groupe  de  divinités  qui  n'a  plus  une  signification  stricte- 
ment cosmogonique  et  ne  joue  dans  l'histoire  de  la  créa- 
tion qu'un  rôle  secondaire,  plus  passif  qu'actif. 

Ainsi  à  Hermopolis,  Thot  est  Timique  créateur  du  monde 
et  des  hommes  ;  il  agit  par  la  parole  seule  et  son  action 
n'est  pas  isolée  dans  le  temps,  mais  se  renouvelle  sans 
cesse.  Il  n'a  donc  pas  besoin  d'avoir  à  sa  suite,  comme 
Toum,  une  série  de  dieux  qui  continuent  son  œuvre,  mais 
ses  théologiens  crurent  nécessaire  de  lui  adjoindre  un 
groupe  d'êtres  personnifiant  la  matière  d'où  il  doit  tirer  ce 
qu'il  crée.  De  là  l'ogdoade  hermopolitaine,  formée  de 
quatre  couples  de  divinités,  mâles  et  femelles,  qui,  précé- 
dés de  Thot,  constituent  une  ennéade  d'un  type  tout  par- 
ticuli^  :  d'im  côté  le  créateur,  de  l'autre  la  matière  pri- 
mordiale, représentée  par  des  figures  sans  caractère 
propre,  inséparables  les  unes  des  autres,  créations  factices 
dont  le  rôle  est  pour  ainsi  dire  nul  et  dont  les  noms  seuls 
indiquent  qu'ils  personnifient  les  diflerents  aspects  de  l'élé- 
ment chaotique. 

Un  texte,  malheureusement  fort  mutilé  ^  nous  apprend 
que  les  théologiens  memphites  avaient  adopté  le  même 
principe,  une  ogdoade  composée  de  formes  spéciales  de 
Ptah-Totounen  qui,  d'après  leurs  épithètes,  ont  aussi  le 
caractère  de  divinités  élémentaires.  Le  fait  même  que 
toutes  ces  figures  sont  des  émanations  de  Ptah,  l'artisan 
créateur,  associé  à  Totounen,  la  forme  memphite  du  chaos 
primordial,  montre  le  caractère  tout  artificiel  de  cette  com- 
pagnie de  dieux,  dont  aucun  n'a  une  personnalité  origi- 
nale ni  une  vie  propre . 

1.  Krman,  Ein  Denkmal  memphilitcher  T/ieo fo^ie  (Sitzungsbcrichte  der 
k^.  preuss.  Akad.  der  Wissenschaftcn,  1911,  XLIII,  p.  916  à  950). 


l'bnnéade  osirienne  d'abydos  411 

•  A  constater  ces  évolutions  multiples  de  la  théorie  hélio- 
politaine  de  Tennéade,  suivant  les  lieux  et  les  idées,  on 
peut  s'attendre  à  retrouver  le  même  principe,  plus  ou 
moins  déformé,  pour  exprimer  la  notion  de  la  cosmogonie 
ou  de  certains  de  ses  éléments  dans  les  cultes  très  particu- 
liers de  tous  les  grands  dieux  d'Egypte.  Nous  en  avons  en 
effet  im  exemple  plus  caractéristique  encore,  bien  qu'il  ait 
passé  inaperçu  jusqu'ici,  dans  la  plus  populaire  et  la  plus 
connue  de  toutes  ces  religions  locales,  celle  de  TOsiris 
d'Abydps. 

De  même  que  dans  son  caractère  primitif,  Osiris  n'a  rien 
du  dieu  des  morts,  il  n'est  pas  non  plus,  à  proprement 
parler,  un  créateur  :  il  est  la  nature  qui  se  développe,  puis 
meurt  pour  renaître  d'elle-même,  perpétuellement.  Ce 
principe  est  suffisamment  exprimé  par  la  constitution  de  la 
triade  bien  connue  Osiris,  Isis,  Horus,  pour  qu'il  ne  semble 
pas  indispensable  de  faire  intervenir  une  ennéade  cosmo- 
gonique,  dont  du  reste  le  mythe  osirien,  tel  que  nous  la 
transmis  Plutarque,  ne  fait  aucune  mention. 

Un  document  officiel  nous  apprend  cependant  que  les 
théologiens  d*Abydos  ne  raisonnaient  pas  de  cette  façon  : 
il  s  agit  d'une  stèle  découverte  par  Mariette  à  Abydos  * 
même  et  dans  laquelle  Thoutmès  I  relate  les  travaux  qu'il 
fit  exécuter  dans  le  sanctuaire  d'Osiris  et  qui  consistaient 
en  une  réfection  de  tout  le  mobilier  sacré  :  d'abord  l'image 
d'Osiris,  enfermée  dans  sa  châsse,  la  barque  portative  pour 
les  processions  et  les  ustensiles  du  culte,  le  tout  en  métaux 
précieux,  puis  la  grande  barque  pour  les  voyages  du  dieu. 
L«  texte  continue  en  ces  termes  : 

('  Ma  Majesté  a  donné  l'ordre  de  façonner  la  grande 
ennéade  des  dieux  qui  sont  dans  Abydos  et  dont  voici  les 
noms  : 


t.  Mariette,  Abydoiy  II,  pi.  XXXI.  La  traduction  complète  dans  Breas- 
ted,  AncUnt  Recordi,  11,  p.  38  A  40. 


412  l'ennéade  osiriennc  d'abtdos 

Khnoum,  maître  de  Her-our  (Antinoé)  ag^gé  à  Abydos  ; 
Khnoum,  maître  de  la  cataracte,  agrégé  à  Abydos  ; 

Thot,  commandeur  des  dieux  ("y"  i    |  ]  |) 

Thot,  qui  réside  dans  Hesret  (Hermopolis)  *  ; 
Horus,  qui  réside  dans  Khesem  (Letopolis); 

Horus,  vengeur  de  son  père^  (*|    ^  \\         ^  j 

Ap-ouaïtou  du  Sud  ; 
Ap-ouaïtou  du  Nord. 

Mystérieux  et  sublimes  sont  leurs  corps  ;  leurs  supports 
sont  en  électrum.  Ils  spnt  plus  parfaits  qu'ils  n'étaient 
auparavant,  plus  beaux  que  dans  le  ciel,  plus  cachés  que 
dans  les  plans  de  Tautre  monde,  plus  adorables  (?)  que 
(lorsqu'ils  se  trouvaient  encore)  dans  Tabime  primordial.  » 

Ces  huit  dieux,  qui  sont  appelés  à  former  avec  Osiris 
l'ennéade  d'Abydos,  sont  des  figures  connues,  à  physio- 
nomie bien  caractérisée  ;  chacun  d'eux  joue  dans  sa  ville 
d'origine  le  rôle  de  dieu  suprême,  mais  dans  Abydos  il 
n'est  qu'un  étranger,  une  divinité  secondaire  qui  ne  reçoit 
aucun  culte  régulier.  Ils  n'ont  les  uns  avec  les  autres 
aucun  lien  naturel,  étant  d'essences  absolument  différentes, 
et  s'ils  ont  été  réunis,  c'est  par  suite  d'une  combinaison 
théologique,  en  vertu  d'un  plan  analogue  à  celui  qui  a 
amené  la  création  de  Togdoade  d'Hermopolis,  avec  cette 
différence  toutefois  qu'ici  il  ne  s'agit  plus  de  quatre  couples 
de  divinités,  mâles  et  femelles,  créés  de  toutes  pièces  pour 
les  besoins  de  la  cause,  mais  de  quatre  dieux  choisis  comme 
représentant  '  chacun  une  idée  théologique  bien  nette,  et 
dédoublés  pour  arriver  ainsi  au  nombre  neuf,  qui  avait  lui- 
même  une  signification  spéciale. 

1.  Ces  deux  titres  se  suivent  sans  que  le  nom  de  Thot  soit  répclê, 
comme  c'est  le  cas  pour  tous  les  autres  dieux. 

2.  Litt.  :  «  Qui  frotta  le  visa/çe  de  son  père  »  ;  titre  d'Hopus  q^i  le  pré- 
sente comme  accomplissant  les  rites  funéraires  en  qualité  de  fils  et  suc- 
cesseur du  défunt. 


l'ennéade  osirienne  d'abydos  413 

Nous  pouvons  donc  déterminer  le  sens  de  Tennéade 
d'Abydos,  en  tenant  compte  du  caractère  particulier  de 
ehacun  de  ces  quatre  dieux. 

Ed  tête  de  la  liste  paraît  Khnoum  ;  comme  dieu  de  la 
cataracte,  il  est  le  Nil,  celui  qui  donne  la  fertilité  et  par  là 
même  la  vie  à  tout  le  pays;  il  est  la  sève  de  la  matière, 
indispensable  pour  amener  la  germination,  la  renaissance 
de  la  nature.  Dans  sa  ville  de  Herour,  en  Moyenne  Egypte, 
son  rôle  est  plus  spécialisé  :  il  préside  à  la  |naissance  des 
hommes,  qu^il  modèle  lui-même  dans  Targile  humide  et 
féconde.  Khnoum  se  présente  toujours  sous  la  forme  d^im 
bouc,  l'animal  reproducteur  par  excellence. 

Les  Ap-ouaïtou  du  Sud  et  du  Nord,  nommés  à  la  fin  de 
la  liste,  forment  le  pendant  des  deux  Khnoum.  Ces  dieux 
qui  se  manifestent  sous  la  forme  de  loups  sont,  comme 
leurs  proches  parents,  les  Anubis,  les  représentants  du 
désert,  de  la  montagne,  des  régions  arides  ou  incultes  : 
c'est  Télément  solide,  inerte,  de  la  matière  primordiale, 
dont  Khnoum  figure  l'élément  humide  fertilisateur.  Ap- 
ouaïtou  et  Khnoum  se  complètent  donc  pour  symboliser  le 
milieu  dans  lequel  la  nature,  c'est-à-dire  Osiris  lui-même, 
peut  se  développer  et  se  renouveler  éternellement. 

Placés  entre  ces  deux  groupes,  les  deux  Thot  et  les  deux 
Horus  ont  un  caractère  tout  différent  :  leur  rôle  est  essen- 
tiellement actif.  Thot,  dont  il  a  été  question  plus  haut, 
est  un  des  grands  dieux  créateurs,  qui  forme  tout  ce  qui 
est  par  la  parole  seule.  Quant  à  Horus,  divinité  introduite 
en  Egypte  par  les  premiers  conquérants  du  pays,  c'est  un 
soleil,  un  combattant,  im  victorieux,  et  non  pas  un  dieu 
attaché  à  un  principe  cosmogonique,  au  moins  originaire- 
ment ;  toutefois  sa  personnalité  a  évolué  de  tant  de  façons 
différentes  en  se  prêtant  aux  exigences  locales,  en  absor- 
bant d*anciens  dieux  ou  en  s'assimilant  à  eux,  qull  peut 
cependant  prendre  ime  part,  et  même  parfois  une  part 
importante,  dans  le  mythe  de  la  création.  Ainsi  dans  la 


414  l'ENNÉADE   081RIENNE   D  ABTDOS 

théologie  memphite,  Honis  est  déjà  associé  à  Thot  poiir 
représenter  les  agents  directs  du  dieu  créateur  Phtah,  «  son 
cœur  et  sa  langue  » ,  comme  le  dit  un  texte,  c'est-à-dire  la 
pensée  déterminant  l'action  et  le  verbe  qui  Texécute.  Leur 
rôle  à  tous  deux  doit  être,  à  bien  peu  de  chose  près,  le 
même  à  Abydos  qu'à  Memphis. 

Une  ennéade  ainsi  conçue  est  essentiellement  difFérente 
de  celle  d' Héliopolis,  mais  elle  est  bien  appropriée  au  carac- 
tère même  du  dieu  auquel  elle  se  trouve  attachée  :  accom- 
pagné de  la  matière  terrestre  inerte,  de  Télément  liquide 
fertilisateur,  d'une  puissante  volonté  démiui^que  et  du 
verbe  créateur,  Osiris  est  assuré  de  renaître  perpétuelle- 
ment. 

Ce  ne  sont  évidemment  pas  des  statues  que  Thoutmès  1 
éleva  à  ces  huit  dieux,  ou  plutôt  à  ces  quatre  dieux  dédou- 
blés, qui  ne  sont  à  Abydos  l'objet  d'aucun  culte  régulier  ; 
s'il  les  mentionne  dans  son  inscription,  c'est  au  même  titre 
que  le  mobilier  sacré  :  leurs  images  figuraient  dans  le 
temple  en  qualité  d'accessoires  de  la  châsse  divine  et  de  la 
barque  d'Osiris,  et  c'est  donc  à  côté  de  celles-ci  que  nous 
devons  en  chercher  la  représentation. 

Le  temple  où  Ton  célébrait  sous  la  XVIII*  dynastie  le 
culte  d'Osiris  a  disparu,  mais  dans  celui  de  Seti  I  qui  Ta 
remplacé,  plusieurs  des  sanctuaires,  et  en  particulier  celui 
d'Osiris,  sont  ornés  de  grands  tableaux  qui  représentent  le 
reliquaire  divin,  la  barque  et  tous  les  accessoires,  avec  un 
luxe  de  détails  peu  commun.  Comme  pendant  les  trois 
siècles  qui  se  sont  écoulés  entre  les  deux  époques,  il  n'est 
pas  probable  que  le  mobilier  traditionnel  ait  subi  des  modi- 
fications importantes,  nous  pouvons  nous  attendre  à  trou- 
ver dans  ces  bas-reliefs  l'illustration  correspondant  au 
texte  de  Thoutmès  I. 

Dans  le  grand  tableau  qui  représente  la  châsse  conte- 
nant la  tête  d'Osiris  ^,  on  voit,  plantées  en  terre,  en  avant 

1.  Gaulfeiid,  The  Temple  of  Ihe  Kings,  pi.  II. 


^ 


l'ennéade  osirienne  d'abydos  415 

du  reliquaire,  huit  de  ces  enseignes  qu  on  avait  Thabitude 
de  porter  processionnellement  devant  les  dieux  et  les  rois, 
dans  certaines  cérémonies.  Ici  ce  n^est  pas  seulement  le 
nombre  de  ces  objets  qui  correspond  à  celui  des  membres 
de  Tennéade  osirienne,  mais  aussi  les  images  qui  surmontent 
les  hampes,  et  les  légendes  qui  les  accompagnent  ;  à  peine 
l'ordre  est-il  quelque  peu  interverti . 

En  tète  du  groupe  viennent  deux  canidés,  loups  ou  cha- 
cals, 4^ns  leurs  poses  habituelles,  Tun  debout,  l'autre 
couché,  portant  les  noms  d'Ap-ouaïtou  du  Sud  et  d'Ap- 
ouaitou  du  Nord.  Ensuite  ce  sont  deux  Thot  dont  1  un  se 
présente  comme  de  coutume,  sous  la  forme  d'un  ibis,  avec 
le  titre  de  <(  juge  de  vérité  »  ;  tandis  que  l'autre  est  figuré 
par  le  sceptre  casse-tête  sekhem^  le  fétiche  qui  a  valu  à 
Thot  lui-même  le  titre  «  sekhem  des  dieux  »  ou  «  com- 
mandeur des  dieux  )> . 

Les  deux  hampes  qui  suivent  portent  Tune  un  Horus 
«  vengeur  de  son  père  »  sous  sa  forme  ordinaire  de  faucon 
dressé  sur  ses  pattes,  Tautre  un  dieu  debout,  brandissant 
une  lance,  et  appelé  Anhour-Shou,  fils  de  Ua:  il  est  évi- 
dent que  cette  divinité,  qui  a  avec  Horus  des  rapports  très 
étroits*  et  n'en  est  peut-être  même  qu'une  incarnation  ou 
une  forme  dérivée,  remplace  ici  le  deuxième  Horus,  celui 
de  Letopolis  2. 

A  côté  de  ces  deux  enseignes  se  dressent  encore  deux 
hampes  nues,  sans  leurs  couronnements  et  sans  les  insignes 
qu  elles  devraient  supporter.  Normalement,  c'est  ici  qu'on 
devrait  s'attendre  à  trouver  les  deux  boucs  de  Khnoum, 
qui  paraissent  ainsi  manquer  à  la  série  ;  il  n'en  est  rien 
cependant,  car  ils  se  retrouvent  un  peu  plus  loin,  dressés 
des  deux  côtés  de  la  châsse  divine  dont  ils  semblent  être 
les  gardiens.  De  même  que  dans  le  texte  de  Thoutmès  les 

1.  Junker,  Die  Onnritlegende,  p.  49. 

3.  Le  choix  d*Anhour  esl  peut-élre  aussi  motivé  par  le  fait  qu'il  est  le 
dieu  de  Thinis,  localité  très  voisine  d'Abydos. 


416  l'ennéade  osiriennr  d'abvdos 

Khnoum  paraissent  en  tête  du  groupe  des  huit  dieux,  ici 
ils  ont  une  place  d'honneur  immédiatement  auprès  d^Osiris 
et  ne  se  placent,  sur  les  hautes  perches,  comme  les  six 
autres,  qu'au  moment  des  grandes  processions.  Ce  poste 
d'honneur  s'explique  par  le  fait  qu'Osiris  et  Khnoum  sym- 
bolisent deux  idées  très  voisines  :  tous  deux  sont  des  divi- 
nités de  la  nature,  l'un  représentant  le  Nil,  l'autre  la 
végétation.  Ces  deux-  conceptions  religieuses  qui  caracté- 
risent à  elles  seules  toute  la  nature  du  Delta  et  de  la  Haute 
Egypte  sont  faites  pour  se  compléter,  et  il  n'y  a  rien  d'éton- 
nant à  ce  que  les  théologiens  d'Abydos  aient  fait  eux- 
mêmes  le  rapprochement. 

Dans  plusieurs  autres  représentations  du  reliquaire 
d'Abydos  *,  on  retrouve  la  série  des  enseignes  plus  ou 
moins  complète,  parfois  réduite  aux  deux  boucs  seulement, 
placés  alors  toujours  à  côté  de  la  châsse  divine,  comme 
étant  les  représentants  les  plus  attitrés  de  l'ennéade.  C'est 
le  cas  en  particulier  pouf  la  barque  portative  d'Osiris,  figurée 
dans  le  temple  de  Seti  I  en  face  du  tableau  dont  il  vient 
d'être  question  2. 

Le  parallélisme  si  suggestif  de  ces  deux  documents,  la 
stèle  et  le  bas-relief,  éclaire  d'un  jour  tout  nouveau  la 
question  des  enseignes,  pour  laquelle  aucune  explication 
satisfaisante  n'a  été  proposée  jusqu'ici  :  certains  savants  les 
considèrent  encore  comme  les  symboles,totémiques  de  dans 
dont  l'existence  est  pour  le  moins  problématique,  d'autres 
comme  des  insignes  militaires,  bien  qu'elles  ne  paraissent 
jamais  dans  les  scènes  de  bataille. 

En  réalité,  les  enseignes  ne  se  trouvent  guère  que  dans 

1 .  Ces  fi^rations  sont  fréquentes  sur  les  sarcophages  et  les  stèles  du 
Nouvel  Empire  (Jéquier,  Bull,  de  VInsi,  fr.  d'arc/i.  orient,  da  Caire, 
XIX,  p.  21). 

2.  Caulfeild,  The  Temple  of  ihe  Kings,  pi.  III.  Ici  Ton  voit,  près  de  la 
proue  de  la  barque,  un  faucon  et  un  chacal  placés  sur  de  petits  supports, 
qui  représentent  les  Horus  et  les-Ap-ouaïtou  ;  Thot,  par  contre,  n*cst  pas 
figuré. 


GRACIOSA  4 1 7 

les  tableaux  religieux,  les  représentations  d'une  barque 
divine  ou  les  cérémonies  de  fondation  de  temples.  Elles 
jouent  également  un  rôle  dans  la  grande  fête  heb-sed^  la 
panégyrie  royale,  comme  nous  avons  coutume  de  Tappeler, 
Toffice  solennel  qui  se  célébrait  tous  les  trente  ans  et  qui 
avait  pour  but  lé  rajeunissement  et  la  perpétuation  de  la 
royauté  pharaonique,  et  sans  doute  aussi  un  renouvelle- 
ment périodique  du  calendrier.  Cette  cérémonie  est  un 
symbole,  probablement  apparenté  à  celui  qui  était  à  la  base 
du  mystère  osirien,  la  renaissance  du  dieu  pour  la  conser- 
vation du  monde,  donc  une  sorte  de  répétition  de  Tacte  cos- 
mogonique.  Dans  toutes  les  scènes  qui  représentent  cet 
office,  les  porte-enseignes  se  placent  à  côté  du  roi,  et  il 
semble  bien  que  les  emblèmes  qu'ils  tiennent  à  la  main 
sont,  comme  ceux  qui  entourent  la  châsse  d'Osiris,  les 
symboles  des  agents  de  la  renaissance.  Leur  nombre  est  du 
reste  très  variable,  Jainsi  que  la  nature  des  emblèmes  cou- 
ronnant les  hampes,  de  sorte  qu'il  ne  saurait  être  ici  ques- 
tion de  les  considérer  comme  les  éléments  d'une  ennéade  : 
il  s'agit  d'un  principe  similaire,  mais  non  identique. 

Dans  ce  domaine,  la  documentation  est  extrêmement 
abondante  ;  une  étude  approfondie  du  sujet  ne  fera  sans 
doute  que  confirmer  les  indications  très  précises  du  texte 
et  dti  tableau  d' Abydos  sur  le  sens  cosmogonique,  plus  ou 
moins  évolué,  des  enseignes  sacrées. 


GRACIOSA, 

UNE    VILLE    PORTUGAISE    OUBLIÉE    AU   MAROC, 

PAR    M.    LE   COMTE    HENRY    DE   CASTRIES. 

La  fin  du  xv*  siècle  est  peut-être  l'époque  où  l'anarchique 
empire  du  Maroc  fut  le  plus  troublé  et  celle  où  les  rois  de 
Portugal,  par  leurs  emprises  africaines,  justifièrent  le  mieux 

1920  27 


418  GRACIOSA 

leur  titre  protocolaire  de  «  roi  en  deçà  et  au  delà  de  la  mer 
en  Afrique  ». 

En  1465,  Abd  el-Hakk,  le  dernier  sultan  mérinide,  périt 
assassiné  par  un  chef  édrisside  qui  se  (it  proclamer  roi. 
Mais  Tusurpateur  fut  loin  d'être  reconnu  par  tous  les  par- 
tis ;  les  notables  de  Fez  mécontents  encouragèrent  les 
visées  ambitieuses  du  caïd  d'Arzila,  Mohammed  ech- 
Cheikh^  qui  appartenait  à  une  branche  collatérale  des  Béni 
Mérin,  les  Béni  Ouattass^  et  qui  exerçait  dans  le  Habt  un 
pouvoir  presque  souverain. 

En  1471,  Mohammed  ech-Cheikhy  ayant  affermi  son 
autorité  sur  les  tribus  de  la  région,  en  réunit  les  contin- 
gents armés  et,  quittant  Arzila,  vint  assiéger  dans  Fez  le 
chérif  édrisside.  Le  roi  de  Portugal  Don  Alphonse  V,  ren- 
seigné par  ses  émissaires  sur  la  situation  troublée  du 
royaume  de  Fez  et  sachant  le  Habt  presque  sans  défense, 
jugea  l'occasion  favorable  pour  s'emparer  d'Arzila  ;  il 
assembla  une  armée  de  20.000  hommes  et  partit  avec  son 
fils  rinfant  Don  Jean  pour  la  côte  marocaine.  Après  un 
débarquement  fort  difficile,  on  prit  terre  le  15  août  devant 
Arzila  ;  la  place  fit  ime  courageuse  résistance,  mais  aucun 
secours  ne  lui  venant  du  dehors,  elle  se  rendit,  le  24  août. 
On  captura  dans  la  kasba  une  femme,  deux  filles  et  im  fils 
de  Mohammed  ech-Cheikh.  Cette  prise  d'Arzila  en  1471 
apparut  comme  un  premier  pas  vers  la  conquête  du  Maroc, 
comme  une  victoire  de  la  Croix  sur  le  Croissant,  et  eut 
alors  un  retentissement  en  Europe.  Jehan  de  Wawrin,  le 
chambellan  de  Philippe  le  Bon,  en  donna  un  long  récit 
dans  ses  Anciennes  Croniques  d*Enffleterre. 

Cependant  Mohammed  ech-Cheikhy  à  la  nouvelle  du 
débarquement  de  l'armée 'portugaise,  s'était  porté  vers  le 
Nord.  En  arrivant  à  El-Ksar  el-Kebir,  il  apprit  qu' Arzila 
s'était  rendue  et  que  sa  famille  était  prisonnière.  Pressé 
néanmoins  de  retourner  à  Fez  contre  son  compétiteur,  il 
préféra  négocier    avec    Don  Alphonse.   Sa  femme  et  ses 


GRAQOSA  419 

enfants  lui  furent  rendus  sans  rançon,  mais  ii  dut  sumer 
un  traité  qui,  entre  autres  clauses,  attribuait  au  Portugal 
la  possession  d'une  île  marécageuse  située  à  trois  lieues  ea 
amont  de  Tembouchure  du  Loukkos  et  formée  par  ce  fleuve 
et  les  divagations  de  Toued  el-Mekbazen.  Revenu  à  Fei, 
Mohammed  ech-Cheikh  réussit  à  chasser  le  chêrif  édrisside 
et  se  fit  proclamer  roi  en  mars  1472. 

Le  roi  Don  Alphonse  V  mourut  en  1481,  sans  avoir  réa- 
lisé Toccupation  du  territoire  que  lui  avait  reconnu  le  traité 
d'Arzila.  Son  fils  et  successeur  Jean  II,  comprenant  com- 
bien il  était  important,  pour  les  desseins  du  Portugal  sur 
le  Maroc,  d'avoir  une  position  dans  l'intérieur  du  pavs, 
position  qui  pourrait  être  aisément  ravitaillée  et  secourue 
parla  mer,  fit  partir,  à  la  fin  de  février  1489,  une  expéili- 
tion  commandée  par  Gaspar  Jusarte,  avec  mission  de  recon- 
naître le  terrain  et  de  construire  dans  Tile  du  Loukkos  une 
place  forte,  laquelle  reçut,  d'ores  et  déjà,  le  nom  de  Gra- 
ciosa.  Les  vaisseaux  remontèrent  le  fleuve  sans  difficulté 
jusqu'à  hauteur  de  Tîle  ;  des  ouvriers  furent  débarqués  et 
les  remparts  de  Graciosa  s'élevèrent  sous  la  protection  des 
vaisseaux  ;  une  seconde  flotte  partit  à  la  fin  de  mai,  com- 
mandée par  Don  Pedro  de  Castelbranco,  et  vint  mouiller 
sons  Graciosa,  dont  Diego  Fernandes  d'Almeida  fut  nommé 
gouverneur. 

Justement  alarmé  de  la  construction  de  cette  place  forle, 
Mohammed  ech-Cheikh  accourut  avec  une  armée  pour 
déloger  les  Portugais,  mais  l'artillerie  de  la  flotte,  tirant 
nuit  et  jour,  maintint  les  Marocains  à  distance.  Le  sultan 
désespérait  d'arriver  à  ses  fins,  quand,  sur  le  conseil  d'un 
renégat,  il  fit  abattre  tous  les  chênes-lièi^es  qui  se  trou- 
vaient dans  le  voisinage  et,  les  ayant  fait  solidement 
enfoncer  dans  le  lit  du  Loukkos,  il  en  forma  une  estacade 
<iui  barra  complètement  le  fleuve  à  deux  lieues  en  aval  de 
Graciosa.  Il  n'eut  même  pas  à  livrer  combat  :  la  flolle 
portugaise  enfermée,  sans  issue  possible,  dut  capituler.  Par 


420  GRACIQSÂ 

le  traité  de  Xamez,  signé  le  27  août  1489,  les  Portugais 
s'engagèrent  à  évacuer  Graciosa.  On  voit  que,  par  son 
existence  éphémère,  cette  ville  justifie  Toubli  dans  lequel 
elle  est  tombée.  Le  souvenir  de  sa  position  s'était  perdu, 
son  nom  même  avait  presque  disparu,  et  Léon  T Africain, 
qui  rignore,  lappelle  tout  simplement  «  Gezira  »,  c'est-à- 
dire  nie. 

Un  plus  grand  jour  s'est  fait  dernièrement  sur  Graciosa, 
à  la  suite  de  la  publication  d'une  collection  historique  qui 
fait  le  plus  grand  honneur  à  l'Académie  des  sciences  de 
Lisbonne.  La  savante  Compagnie,  pour  célébrer  le  cinquième 
centenaire  de  la  prise  de  Geuta,  a  publié  en  1915  des  textes 
historiques  restés  manuscrits  et  se  rapportant  aux  débuts 
de  l'occupation  portugaise  au  Maroc    Parmi  les  ouvrages 
ainsi  parus,  se  trouvent  les  Annales  d'Arzila  par  Bernard© 
Rodriguès,  manuscrit  que  j'avais  remarqué,  au  cours  d'une 
mission  en  Portugal  en  1907,  et  dont  j'avais  signalé  l'im- 
portance dans  mon  rapport  au  Ministre.  C'est  à  M.  David 
Lopès,  ancien  élève  de  notre  Ecole  des  Langues  orientales 
vivantes,  qu'a  été  confiée  la  direction  de  cette  intéressante 
publication,  et  il  s'est  acquitté  de  ce  travail  avec  une  grande 
'    compétence.  Dans  la  même  année  1915,  M.  Anselmo  Bra- 
ancamp  Freire,  l'érudit  qui  connaît  le  mieux  les  archives 
de  la  Torre  do  Tombo,  découvrait  dans  ce  dépôt  une  série 
de  mandats  relatifs  à  des  fournitures  de  biscuits  faites  à 
l'expédition  de  Graciosa,  et  les  renseignements  qu'il  a  tirés 
de  ces  pièces  comptables  lui  ont  permis  de  publier  un  inté 

^  ressaut  mémoire  sur  les  expéditions  portugaises  de  1488  et 

I  de  1489. 

i  L'examen  critique  de  ces  deux  séries  de  documents  et 

^\  celui  de  la  carte    de   la   région,  dont  la  topographie  est 

aujourd'hui  connue,  ne  laissent,  je  crois,  subsister  aucuû 
doute  sur  la  position  de  Graciosa.  11  n'y  avait  pas,  à  pro-i 
prement  parler,  d'île  dans  le  lit  de  l'oued  Loukkos,  maia 
les  divagations  de  l'oued  el-Mekhazeu,  près  de  son  confluen 


tu 


avec  ce  fleuve,  circonscrivent  un  terrain  maréca^ux  i 
ce  terme  a  pu  être  appliqué.  C'est  là  que  Bernardo 
gués,  l'auteur  des  Annales  d'Arzila,  place  Gracio: 
Rodri^ës  est  né  en  1.500  à  Arzîla,  où  son  père  était  i 
il  est  venu  plusieurs  fois  sur  les  tieux  et  y  a  chassé  1 
glier  ;  son  témoignage  a  donc  une  valeur  capitale.  Po 
le  caaUllo  ou  villa  de  Graciosa  se  trouvait  à  mi-di 
entre  l'embouchure  du  Loukkos  et  la  villa  d'El-K: 
Kebir,  au  confluent  de  la  ribeira  da  Ponte  et  du 
/crache,  c'est-à-dire  deTouedel-Mekhazen  et  du  Loi 

M.  Braancamp  Freire  situe,  au  contraire,  Gracioi 
près  de  l'embouchure  du  Loukkos,  dans  l'avant-df 
boucle  de  ce  fleuve,  et  il  l'identifie  avec  I.iks,  l'antiqi 
phénicienne,  le  J^ixas  des  Romains  et  le  Tchemml 
indigènes,  ville  sur  laquelle  M.  Tissot  a  présenté  à 
demie  en  1877  un  savant  mémoire.  M.  Braancamj 
son  ai^umentation  sur  ce  fait  que  le  traité  qui  amena 
cuatîon  de  Graciosa  fut  signé  à  Xamez,  nom  qui  lui 
être  la  transcription  portugaise  de  Tchemmich,  c 
d'ailleurs,  est  vraisemblable.  Mais  de  ce  que  le  t 
été  signé  à  Xamez,  on  n'en  saurait  déduire  une  raiso 
fisanlc  pour  identifier  ce  lieu  avec  Graciosa.  La  pi 
admise  par  M.  Braancamp  me  semble  beaucoup  tro 
prochée  de  l'embouchure  du  fleuve.  Il  eût  été  de  tou 
possibilité,  si  la  flotte  portugaise  avait  été  embossée 
si  faible  distance  de  l'Océan,  de  l'enfermer  par  um 
rade,  construite  à  deux  lieues  en  aval  dans  le  lit  du  I 
Je  me  range  donc  aux  conclusions  de  Bersardo  Rode 
qui  sont,  d'ailleurs,  adoptées  également  par  M. 
I^pès,  l'éditeur  des  Annale»  d'Arzila. 

Par  une  fatale  coïncidence,  ce  confluent  de  l'ou 
Mekhazen  et  du  Loukkos  devait,  moins  d'un  siècle 
être  témoin  du  plus  eiTrovable  désastre  qu'ait  jamais 
nation  portugaise.  Le  i  août  1.Ï78,  le  roi  Don  Sébast 
clei^,  la  noblesse,  l'armée  du  royaume,  étaient  anéi 


422  SÉANCE  DU   24    DÉCEMBRE 

quelques  centaines  de  mètres  de  ce  lieu  de  Graciosa,  au 
nom  enchanteur. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SECRéxAiRE  PERPÉTUEL  fait  homraage  à  TAcadémie,  au  nom  de 
M.  le  baron  DescampB,  sénateur  du  royaume  de  Belgique,  d'une  étude 
dont  il  est  Fauteur,  intitulée  :  Le  génie  de  la  langue  française  et  son 
rayonnement  international  (communication  faite  à  FAcadémie  des 
sciences  morales  et  politiques  dans  la  séance  du  30  octobre  1920). 

Il  offre  également,  de  la  part  de  Tauteur,  M.  Euscbe  Vassel,  un 
opuscule  intitulé  :  Marques  céramiques  et  balles  de  fronde  carthagi- 
noises (extrait  du    Bulletin  archéologique ^  1919  ;  Paris,  1920,  in-8«). 

Le  P.  ScHEiL  fait  hommage  à  l'Académie  au  nom  de  M.  Edouard 
Naville,  associé  étranger,  de  son  étude  :  L'évolution  de  la  langue 
égyptienne  et  les  langues  sémitiques  (Paris,  1920,  gr.  in-8°). 

Il  présente  aussi,  de  la  part  de  M.  Hilaire  de  Barenton,  une  bro- 
chure intitulée:  La  langue  étrusque^  dialecte  de  Vancien  égyptien 
(Paris,  1920,  gr.  in-So). 


SÉANCE    DU    24   DÉCEMBRE    1920 


PRésiDBNCE    DE    M.  CHARLES    DIEHL. 

M.  Lubor  Niederle,  récemment  élu  correspondant  étranger, 
adresse  à  TAcadémie  ses  remerciements. 

M.  JuLUAN  fait  circuler  la  photographie  d'une  pierre  trouvée  à 
Ponson-Dessus  (Basses-Pyrénées),  par  MM.  Rosapelly  et  Gui- 
chot.  On  y  lit,  en  lettres  du  xvi*  siècle,  une  reproduction  de  la 
célèbre  inscription  d'Hasparren.  M.  Jullian  se  demande  si 
quelques-unes  des  inscriptions  de  Gaule  déclarées  fausses  pour 
leur  paléographie  ne  seraient  pas  des  copies  d'inscriptions  vraies 
aujourd'hui  perdues. 


SÉANCE    DU   29   DÉCEMBRE  423 

M.  HoMOLLB  achève  îa  lecture  du  mémoire  de  M.  R.  Vallob 
sur  Tépiphanie  par  le  feu  du  Dionysos  thrace. 

Dionysos  se  manifeste  dans  les  sanctuaires  de  Thrace  par  une 
grande  flamme  qui  jaillit  de  Tautel  et,  dépassant  le  faite  du  temple, 
monte  jusqu'au  ciel.  De  l'accomplissement  du  prodige  résulte 
pour  le  pays  l'abondance  ou  la  disette.       ^ 

Le  feu,  qui  semble  s'appuyer  comme  une  colonne  d'une  part 
sur  le  ciel  et  de  Tautre  sur  la  terre,  a  aussi  une  signification 
mystique.  Il  symbolise  et  en  quelque  sorte  réalise  la  réunion 
des  deux  éléments  divins,  par  laquelle  renaît  périodiquement  le 
dieu  maître  du  monde. 

La  formule  rituelle,  par  laquelle  le  prêtre  proclamait  cette 
naissance,  détournée  de  son  sens  mystique  par  la  flatterie  des 
prêtres,  parTorgueil  et  la  politique  de  deux  consultants  illustres, 
Alexandre  le  Grand  et  Octave,  père  de  l'empereur  Auguste,  a 
été  transformée  en  prophéties  promettant  au  premier  lui-même 
et  au  fils  du  second  la  maîtrise  du  monde. 

M.  HuABT  présente  quelques  observations. 

M.  HuART  commence  la  lecture  d'un  mémoire  intitulé  :  «  Les 
Ziyârides:  un  essai  de  restauration  de  l'empire  perse  au  x*  siècle  ». 


SÉANCE    DU    29    DÉCEMBRE 


PRÉSIDENCE     DE    M.  CHARLES   DIBHL. 

L'Académie  procède  à  l'élection  du  bureau  pour  1921.  Sont 
élus:  M.  Edouard  Cuq,  président,  à  l'unanimité;  M.  Paul 
Monceaux,   vice-président,  également  à  l'unanimité. 

Il  est  procédé  ensuite  à  la  nomination  des  Commissions 
annuelles  suivantes: 

Commission  administrative  centrale:  MM.  Alfred  Croisbt  et 
Omont. 

Commission  administrât! ve de  TAcadémie:  MM.  Alfred  Croi- 
sbt et  Omont. 


4  SÉANCE    DU    24    DÉCEMBRE 

'"' im mission  des   Travaux  littéraires  :  MM.  Sbnaht,  Alfred 
S8T,    Clbhhont-Ganneau,    de     Lastevrib,   Babblon,    Ohort, 

SSOULLIER,  PhOU. 

)mmtssion  des  Écoles  fraoçaises  d'Athènes  et  de  Rome  ; 
,   Hbuzev,   FoucARt,  HoMOLLB,  PoTTiER,  Chatelain,  Bgbcbb, 

>minission  de   la  Fondation  Benoit  Garnier;  MM,  Sbnart, 

SSOtILUEtt,  SCIIEIL  et  CORDIER. 

immission  de  la  Fondation  Piot  :  MM.  Heuzeï,  de  Lastet- 
Homoi.lb,  Barelon.  Pottier,  Haussoullier,  Dl'rribu,  Diehl, 
''rançois  Delaborpb: 

jmmission  de    l'École    française   d' Extrême-Orient  :    MM. 
EBv,  Sbnabt,  Pottibh,  Maurice  Croiset,  Schbil,  Cobdibb, 
immission  de  la  Fondation  Dourlans  :  MM.  Ci.ermont-Gan- 
,  Châtelain,  Maurice  Croiset,  Haussoullibb. 

nde  la  Fondation  De  Clercq:  MM.  Heuzey.Senabt. 
,  PoTTiBB,  Schbil,  Thuheau-Oangin. 

'  j  prix  du  baron  Gobert  :  MM.  Omont,  Thomas, 
;  et  Dblachenal. 

)  Président  fait  savoir  que  la  Commission  des  inscriptions 
lélos  demande  à  l'Académie  de  leur  adjoindre  M.  Gustave 
rz.  M.  GloU  est  élu  bu  scrutin  par  25  voix  sur  26  volants.  Il 
in  bulletin  marqué  d'une  croix. 

.  Cagnat  communique  à  l'Académie  le  texte  d'un  diplôme 
laire  trouvés  Algaiola  en  Corse  '. 

.  Cartailhac  entretient  l'Académie  des  particularilés  que 
relève  dans  les  représentations  d'animaux  dessinés  sur  les 
>is  des  cavernes.  Il  considère  que  les  signes  ligures  sur  le 
is  des  animaux  ou  alentour  sont  des  marques  d'envoûtement 
M,  Saiomon  Reinach  et  ScHr.LMBEHOEH  présentent  quelques 
irvalions. 


425 


COMMUNICATION 


UN  Dlt>LÔME   MILITAIRE    DE   CORSE, 
PAR    M.    RENÉ    GAGNAT,    SECRÉTAIRE   PERPÉTUEL    DE    l' ACADÉMIE. 

M.  C.  JuUian  a  reçu  d'un  de  ses  anciens  élèves,  M.  Am- 
brosi,  correspondant  du  Ministère  de  l'instruction  publique 
et  secrétaire  général  de  la  Société  des  souvenirs  historiques 
de  la  Corse,  le  texte  et  la  photographie  d'un  diplôme  mili- 
taire récemment  découvert  dans  l'arrondissement  de  Calvi. 
Il  a  bien  voulu  s'en  remettre  à  moi  du  soin  de  le  faire  con- 
naître à  l'Académie. 

Voici  ce  que  M.  Ambrosi  nous  dit  de  la  découverte  : 

«  M.  E.  AUegrini  faisait  exécuter  un  travail  de  défon- 
cement  dans  son  jardin,  situé  aux  environs  d'AlgaioIa 
(arrondissement  de  Calvi),  quand  un  ^e  ses  ouvriers  heurta 
de  la  pioche  un  corps  dur  qui  fut  transpercé  et  apparut  à 
la  pointe  de  l'outil .  C'étaient  deux  plaques  de  métal  collées 
Tune  à  l'autre  et  qui,  soigneusement  lavées  et  longuement 
frottées  avec  du  jus  de  citron,  laissèrent  apparaître  ime 
inscription  latine. 

«  Au  cours  du  travail,  on  déterra  encore  des  débris 
d'urnes  ;  un  sondage  plus  lointain  donna  un  vase  antique, 
placé  sens  dessus  dessous,  à  côté  d'un  squelette.  En  ma 
qualité  de  conservateur  des  antiquités  de  la  Corse,  je  pus 
obtenir  de  M.  AUegrini  les  deux  plaques  de  métal  qu'il 
avait  eu  le  bon  esprit  de  conserver,  contrairement  à  ce  qui 
se  passe  souvent  dans  notre  île,  et  j'ai  le  plaisir  d'en 
envoyer  aujourd'hui  la  description. 

«  Les  deux  plaques  sont  en  bronze,  d'égale  dimension 
et  de  forme  carrée.  Elles  ont  l'une  et  l'autre  15  centimètres 
sur  15  centimètres  et  demi.  L'épaisseur  de  l'une  est  de  2 
millimètres,  celle  de  l'autre  de  1  à  1  millimètre  et  demi.  Le 


426  UN    DIPLÔME   MILITAIRE   DE   CORSE 

poids  de  la  première  est  de  425  grammes,  celui  de  la 
seconde  de  280  grammes.  Chacune  d'elles  porte  quatre 
petits  trous,  qui  donnaient  passage  aux  fils  de  métal  servant 
à  les  réunir  ensemble.  La  rouille  enfin,  aidée  par  la  pioche 
de  Touvriér,  a  enlevé  sur  les  bords  supérieur  pour  la  plus 
épaisse,  inférieur  pour  la  plus  fine,  une  surface  de  3  à  4 
centimètres  carrés,  mais  sans  que  les  deux  perforations 
correspondent  exactement,  quand  les  plaques  sont  col- 
lées Tune  surTautre.  » 
Le  texte  est  le  suivant  : 

FACE   INTÉRIEURE. 

IMPCAESERVESPASIA_NVS-A^VG  P 
ONTI^EXMAX-TRJBPOTiTlMPvT-p.  P- 
COSIli     DESIG     ÏÏTiVETERANIS    dSimi 

litavervntin  classe  miseniense  •  sv 

b  sex  lvcilio  basso  qvisenaetvicena 

(»'c)  stipendia- avtpivr  a- mervervntet 

svntdedvcti'paestvmqvorvmnom 

inasvbscriptasvntipsisliberis-pos 
terisqveeorvm-civitatem  dedit- et  co 
nvbivm-cvm-vxoribvs-qvas'tvnc 

habvissent-tvm-est-civitas-  is-d 
ataavt-si  qvi-caelibesessent-cvm 

(».c)  est-civitas-is-data-avtsi  qvi-caelib 

esessent-cvm-ls-qvaspostea-dvxis 
sentdvmtaxat-singvlissingv 
las-nonis-aprilibvs-caesere-avg 
vsti-f-dom-itiano-cn-pedio-casco-cos 

bàsleltvrbeliFgallinariasarniensis 
descriptvm-etrecognitvm-ex  taaula 

QVAE-FIXAEST-ROMAE-IN  CAPITOLIO  IN 
PODIO  ARAE-GENTIS-IVLIAE 

TAB  -m  -  PAG  -  VÏ  •  LOC  •  XÏX 


DN  dipl6he  miutaibe  de  corse 


Si 


428  UN    DIPLÔME    MILITAIRE    DE   CORSE 

Ce  qu'il  faut  lire  : 

Imp{erator)  Caes[a\r  Vespasianus  Aug[ustus)  pontifex 
wax[imus)  irib[unicia)  pot[estate)  iterum,  implerator) 
sextum,  [p[atcr)  p[atriae)\^  co[n)$[ul)  tertium,  desig(naius) 
quarium  veteranis  qu[i  mi]litavcruni  in  classe  Miseniense 
sub  Sex.  Lucilio  Basso,  qui  sena  et  vicena  stipendia  aut 
p[l]ura  meruerunt  et  sunt  deducti  Paestum,  quorum 
nomina  subscripta  suni^  ipsis  liberis  posterisque  eorum 
civitatem  dédit  et  conubium  cum  uxoribus  quas  tune 
habuiisent  cum  est  civitas  is  data  aut  si  qui  caelibes 
essent  <Ccum  est  civitas  is  data  aut  si  qui  caelibes  essenf^ 
cum  is  quas  postea  duxissent  dumtaxat  sinffuli[s]  sinffulas. 
Nonis  AprilibuSj  Caes[a]re  Augusti  f{ilio)  Domitiàno  Cn. 
Pedio  Casco  co[n)s[ulibus) .  — Baslel  Turbeli  f(ilius)  GalU- 
naria^  Sarniensis. 

Descriptum  et  recognitum  ex  t[abu]la  quae  fixa  est 
Homae  in  Capitolio  in  podio  arae  gentis  Juliae^  tab{ula)  III y 
pag[ina)  F/,  loc[o)  XIX. 

FACE    EXTÉRIEURE 

a) 
imp.   cESERVESPASIANVS  AVG-PONTIFEX    Max. 

Jrib.  pot.  a  IMP-YlPPCOS-iTiDESIG-lTTi 
VETERANIS  QVI  MILITAVERVNT- IN -CLASSE  Ml 
SENIENSESVBSEXLVCILIO  BASSO- QVI  SENA- ET  VI 
CENASTIPENDIAAVTPLVRAMERVERVNTET 
SVNT  DEDVCTIPAESTVM-QVORV  M -NOMINA 
SVBSRIPTA  SVNTIPSIS  LIBERIS  POSTERISQVEE 
ORVM  CIVITATEM-DEDIT  •  ET  CONVBIVM  •  CVM 
VXORIBVSQVASTVNC-HABVISSENT-CVMESTCI 

VITAS-ISDATA-AVTSIQVI  CAELIBES  ESSENT  CVM-Is 
QVAS  POSTEA  •  DVXISSENT   DVMTAXAT  SINGVLI  SING 

NONIS    APRILIBVS  CAESERE  AVG  F    DOMITIANO  CN 

PEDIO  CASCO  COS  BASIELTVRBELI-FCALLINARIA-SA 


un    DIPLÔME   MILITAIRK    DE    CIlBSt 


0  UN    DIPLÔME   MILITAIRE    DE   CORSE  i 

IIENSIS-DESCRIPTV-ET-RECOGNITV  EX  TABVLA-AE  i 
;A-QVAE-FIXA  EST-ROM-IN  CAP  IN  POD-ARAE-GENTIS  ' 
UAE-TAB-ÏÏÏ-PAG-Vl  LOC-XÏX 

b), 

Ivu  Fab  cestiani 

IvLi  corneL         nigri  ' 

VALERI  ALEXSANDN  (tic  I 

.exsandrI  m         agni  macedons 

valeri  veri 

ucini  pvdentis  , 

RVFINI  CHAEREAe 

[1  est  inutile  de  s'étendre  sur  les  nombreuses  fautes  que   I 
graveur  a  commises  :  ce  sont  incorrections  ou  inadver- 
ices  comme  les  copistes  en  laissaient  échapper  souvent  ;    I 
lis  il  y  a  lieu  d'insister  sur  quelques  particularités  que  le 
:te  présente. 

Fout  d'abord,  on  peut  sigaaier  que  nous  possédons  déjà, 
•  un  autre  diplôme  militaire  trouvé  à  Pompéi  et  publié 
}uis  longtemps,  un  second  exemplaire  de  ce  décret'.  Il  est 
vi  des   noms  d'un  autre  marin  de  la  flotte  de  Misène,    ' 
éré  le  même  jour  que  celui  qui  figure  sur  le  présent  texte, 
la  suite   de  la  date  :  Nonis  Apritibus,  Caesare  Aug.  /.    j 
mUia.no  Cn.  Pedio  Gasco  consulibua  (5  avril  71),  on  y  lit  ; 
eijali.  —  M.  Damae  f.  Saro  Garaseno.  Les  témoins  qui    i 
tifient   l'exactitude  de   la  copie    sont,   comme   il   était    j 
isage  à  cette  époque,  des  compatriotes  du  titulaire,  des     | 
is  de  Laodicée,  d'.^ntioche  et  de  Stratonicée.  Lui  ausai     ' 
lit  été  deductua  Paestum  à  cette  date.  1 

Le  marin  dont  le  nom  est  inscrit  sur  le   diplôme  d'AJ- 
.ola  s'appelait  Basiel,  ou  plutôt  Basiel,  fils  de  Turbel, 

,   C.   I.  L.,  m,  p.  19S9,  nMX. 


UN    DIPLÔME   MILITAIRE    Dfi    CORSE  431 

noms  nouveaux,  semble-l-il,  et  qui  nous  renseignent  mal 
^ur  la  nationalité  du  personnage  ;  il  parait  bien  pourtant 
qu'ils  sont  celtiques,  la  désinence  el  étant  gauloise  et 
Turbel  se  rapprochant  de  formes  analogues  [Turba^  auj. 
Tarbes,  Tarbella^  Dax). 

Sa  patrie  est^  il  est  vrai,  énoncée  à  la  suite  de  son  nom  ; 
mais  nous  n'en  sommes  guère  plus  avancés.  11  est  dit,  en 
effet,  Gallinaria  Sarniensis,  la  première  indication  se  rap- 
portant, suivant  toute  apparence,  à  la  localité  même  dont 
il  était  originaire,  la  seconde  au  territoire  auquel  cette  loca- 
lité appartenait.  Or  nous  ne  connaissons  que  deux  Gallina- 
ria^ une  île  et  une  forêt.  L'île  Gallinaria,  auj.  Gallinara,  est 
située  sur  la  côte  de  Ligurie  en  face  d'Albium  Ingaunum, 
un  peu  au  Sud-Est  de  Gênes.  La  forêt  s'étendait  sur  la  côte 
de  Campanie,  entre  l'embouchure  du  Vulturne  et  Cumes*. 
Peut-on  croire  que  notre  marin  était  originaire  de  Tîle  ?  11 
y  a  deux  objections  :  la  première  est  que  l'île  est  toute  petite 
et  avait  peu,  sinon  point  du  tout  d'habitants,  la  seconde 
est  que  l'ethnique  Sarniensis  fait  difûculté.  L'adjectif  Sar- 
niensis  conduit,  en  effet,  à  une  forme  comme  Sarnia^  Sar- 
nium  ;  et  l'on  ne  connaît  de  ce  nom  qu'une  île,  citée  par 
l'Itinéraire  d'Antonin,  entre  la  Gaule  et  la  Bretagne,  la 
moderne  Guernesey  ^.  Cela  nous  transporte  bien  loin  de  la 
cote  de  Ligurie.  Si  vraiment  Basiel  était  un  fils  de  Guer- 
nesey,  Gallinaria  ne  peut  être  qu'une  petite  localité  de  cette 
île^  qu'aucun  document  ne  nous  avait  encore  signalée. 

Autre  particularité,  qui  n'est  point,  d'ailleurs,  une  nou- 
veauté. Sur  le  diplôme  de  Pompéi  on  lit  que  la  tablette 
originale  était  affichée  Rornae,  in  Capilolio^  in  podio  arae 
gentis  Juliae,  parie  exteriore.  Ici  on  a  indiqué   en   outre 


1.  Cf.  0ur  ces  localités»  de  V^it,  OnomtLsticon^»,  v.  el  rEncyclopcdie  de 
P«Mly-Wissowa,  VII,  col.  670. 

2.  Noter  pourlant  que  certains  manuscrits  donnent  la  forme  Armia.  ou 
^rmk  el  non  Sarnia,  qui  est  adoptée  aujounriiui.  Cf.  Desjardins,  Géogr. 
àe  U  Qtiule,  1»  p.  332,  et  Tédition  Parthcy  et  Pindcr  de  rilinéraire. 


12  UN    DrPLÔME    .MILITAIRE    DE    COBStl 

l'il  s'agit  de  ta  troisième  table,  sixième  colonne  et  dix- 
îuvième  ligne  de  cette  colonne'. 

Mais  voici  qui  mérite  de  fixer  l'attention.  On  sait  que  la  : 
<i  exigeait,  pour  assurer  la  validité  de  Ifi  copie,  qu'elle 
it  certifiée  par  l'apposition  du  cachet  de  sept  citoyens 
imains'^.  C'est  ce  que  nous  constatons.  11  y  a  sept  noms 
iscrits  sur  la  tablette,  dont  deux  même  sont  accompagnés 
B  la  mention  d'une  tribu.  Comme  toujours  à  gauche  du 
lanc  où  était  jadis  apposé  le  see.iu,  on  fit  le  prénom  et  le 
sntilice  du  témoin,  à  droite  son  surnom.  Exception  pour-  ' 
int  doit  être  faite  pour  les  mots  qui  figurent  au  quatrième 
ing  de  la  série.  A  cet  endroit  on  lit  : 

Alexsandri  Magni  Macedon{i)s 

Comme  il  n'est  pas  croyable  ni  même  possible  qu'un 
itoyen  romain  ait  jamais  porté  ou  pris  ce  vocable,  et  que, 
1  supposant  qu'il  puisse  être  question  ici  d'un  homme  qui 
arait  porté  les  noms  du  grand  conquérant,  il  n'aurait  eu 
iicun  titre  légal,  en  tant  que  pérégrin,  à  figurer  au  milieu 
es  six  autres,  il  faut  trouver  une  explication  à  cette  singu- 
irité.  Je  crois  qu'elle  doit  être  cherchée  dans  le  rôle  pro- 
hylactique  qui  était  attribué  dans  l'antiquité  romaine  aux 
■présentations  d'Alexandre.  Saint  Jean  Chrysostome,  dans 
jn  homélie  au  peuple  d'Antioche^,  nous  apprend  que  cer- 
lines  amulettes,  dont  on  s'entourait  la  tête  ou  les  pieds, 
Paient  des  médailles  d'Alexandre  ;  pareillement  l'auteur  de 
1  Vie  des  Trente  tyrans'  dit  que,  dans  la  famille  de 
[acrien,  les  hommes  et  les  femmes  portaient  des  bijoux  où 
lait  représentée  la  tête  d'Alexandre  le  Grand  ;  quod  idcireo 

1.  Cr.  des  diplômes  avec  des  indicalions  EcmbUbles  ;  C.  /.  L.,  111,  p.  8J' 
S&a  (ce  dernier  du  m^me  jour  que  le  prùscnl  diplûme,  accorda  A  un  vj- 
ran  de  la  floUe  de  Ravetme) . 

S.  Gaius,  1,  as. 

3.   .\il  iltum.  !-:itcchei)es.  II.  j;l.  XLIX,  c  >1.  ïlu  de  la  HaLrologicj. 

i.   Trig.  (;/r.,ll. 


LIVRES    OFFERTS  133 

posuiy  ajoute-t-il,  quia  dicuntur  juvari  in  omni  actu  suo  qui 
Alexandrurn  expressum  vel  auro  gestitant  vel  argenio.  On 
sait  que  Timage  du  roi  de  Macédoine  figurait  souvent  avec 
d  autres  représentations  prophylactiques  sur  les  médaillons 
contorniates,  les  pierres  gnostiques,  les  amulettes*.  Pour 
une  raison  qui  nous  échappe,  carence  de  témoin,  oubli  du 
graveur,  lacune  dans  la  copie  qui  lui  fut  confiée,  ou  tout 
autre  cause,  il  manquait  le  nom  d'un  témoin  et  son  sceau. 
On  eut  alors  l'idée  de  remplacer  l'absent  par  un  personnage 
de  bon  augure,  dont  le  cachet  était  fourni  par  des  monnaies 
que  Ton  pouvait  aisément  se  procurer.  Le  grand  Alexandre' 
valait  autant,  non  pas  rux  yeux  de  la  loi  mais  aux  yeux  du 
graveur,  quun  citoyen  romain  de  condition  médiocre, 
comme  les  six  autres  témoins. 


LIVRES  OFFERTS 


Le  SEcnéTAinE  peiipétuel  fait  hommage  à  rAcaclémie,  en  son 
propre  nom  et  au  nom  de  son  collaborateur  M.  Chapot,  et  de  l'édi- 
teur, M.  Picard,  du  tome  II  de  son  Manuel  (V archéologie  romaine 
(Paris,  1920). 


1.  Cf.  le  Dicl.  darchéol.  chrétienne  de  Dom  (abrol,  au  mot  AmaleUes 
(I,  cq\.  1790  cl  suiv.). 


lf>2P  28 


.r^ 


COMMISSION  DES  INSCRIPTIONS  ET  MEDAILLES 


SÉANCE    DV    9   JANVIER    1920 

Présents  :  MM.  Diehl,  président  ;  Guq,  vice-président  ; 
Gagnât,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Châtelain,  Monceaux, 
Pâte Y. 

La  Commission  continue  Tétude  du  projet  relatif  à  V Histoire 
métallique  de  la  guerre. 

A  la  demande  de  M.  Babelon,  la  Commission  précise  le  rôle 
de  la  Commission  des  Médailles  et  de  l'Administration  des 
Monnaies  dans  la  préparation  et  l'exécution  des  médailles. 

Elle  exprime  le  vœu  que  les  esquisses  des  médailles  oif  projet 
lui  soient  communiquées  par  les  artistes  qu'aura  désignés  le 
Directeur  des  Monnaies. 

Elle  décide  qu'un  registre  sera  tenu,  contenant  l'indication  des 
sujets  proposés  par  la  Commission,  et  les  esquisses  correspon- 
dantes, registre  analogue  à  ceux  qu'avait  autrefois  constitués  la 
Commission. 

Sur  la  proposition  de  M.  Babelon,  la  Commission  choisit 
comme  premiers  sujets  à  traiter  : 

1*^  Le  débarquement  des  Américains  à  Saint-Nazaire  ; 

2"  La  signature  de  ta  paix  (dans  la  Galerie  des  Glaces),  à 
Versailles  ; 

3<>  L'Armistice  ;  * 

4®  Défité  des  troupes  sous  VArc  de  Triomphe,  le  14  juillet 
1919; 

5®  La  Croix-Rouge  américaine  en  France  ; 

6*  L'agression  allemande  (la  première  victime  de  la  guerre). 


séance   du    "23   JANVIER    1920 

Présents  :  MM.  Diehl,  président;  Clq,  vice-président; 
Gagnât,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Ghat^xain,  Monckaux, 
Patev. 


i 


436  COMMISSION    DES    INSCRIPTIONS    ET    MÉDAILLES 

Le  Président  donne  lecture  d*une  lettre  du  Directeur  des 
Monnaies,  qui  envoie  à  la  Commission  le  moulage  d'un  projet 
de  médaille  présenté  par  M.  Baudiehon  {V Amérique  entrant  en 
guerre  pour  venger  le  naufrage  <le  la  «  Lusilania  >»)  et  qui  prie 
de  rédiger  le  texte  des  inscriptions  destinées  à  figurer  sur  la 
médaille. 

La  Commission  propose  de  conserver  pour  Tune  des  faces 
rinscription  rédigée  par  Tartiste  : 

LUSITANIA  MAY  1915 

et  d'adopter,  pour  Tautre  face,  l'inscription  : 

VLTRIX  AMERICA  JVRIS 
1917  —  U.S. A.   —    1918 


SÉANCE    DU    30    JANVIEB    1920 

Présents  :  MM.  Diehl,  président;  Cug,  vice-président; 
Cagnat,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Châtelain,  Monceaux. 

Sur  la  proposition  de  M.  Babelon,  la  Commission  décide  de 
demander  à  l'Académie  des  inscriptions  les  fonds  nécessaires 
pour  frapper  une  médaille  commémorative  de  la  fondation  de 
rUnion  académique  internationale. 


SÉANCE  DU  13  FÉVRIER  1920 

Présents  :  MM.  Diehl,  président;  Cig,  vice-président; 
Cagnat,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Châtelain,  Monceaux, 
Pâte  Y. 

La  Commission  reprend  l'étude  du  projet  relatif  à  VHisloire 
métallique  de  la  guerre, 

Lne  discussion  s'engage  sur  les  premiei'^  sujets  adoptés  dans 
la  séance  du  9  janvier  1920. 

M.  Babelon  rend  compte  d'une  conversation  qu'il  a  eue  récem- 
ment avec   M.  le  Directeur  des  Beaux-Arts.   Celui-ci,  désireux 


COMMISSION    DES    INSCKIPTIONS    ET   MÉDAILLES  437 

d'encourager  Tart  de  la  médaille,  est  tout  disposé  à  faire  exé- 
cuter aux  frais  de  son  administration  quelques  médailles  dont 
le  projet  lui  serait  soumis  par  la  Commission. 


SÉANCE  DU  20  FÉVRIER  1920 

Présents  :  MM.  Diehl,  président;  Cuq,  vice-président; 
Gagnât,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Monceaux,  Patey. 

La  Commission  invite  le  Secrétaire  perpétuel  à  transmettre 
à  M.  le  Directeur  des  Monnaies  les  titres  des  six  sujets  choisis 
par  elle  (voir  séance  du  9  janvier).  • 

La  Commission  se  tient  à  la  disposition  de  TAdministration 
des  Monnaies,  pour  le  cas  où  le  Directeur  songerait  à  faire  une 
de  ces  médailles,  pour  en  rédiger  les  inscriptions. 


SÉANCE    DU    19    MARS    1920 

Présents  :  MM.  Dieiil,  '  président  ;  Cuq,  vice-président; 
Gagnât,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Châtelain,  Monceaux. 

Le  Secrétaire  perpétuel  communique  une  lettre  du  Directeur 
de  l'Administration  des  Monnaies,  qui  envoie  un  croquis  de 
M.  Fraisse  en  vue  de  l'exécution  d'une  médaille  destinée  à 
commémorer  la  réduction  du  saillant  de  Saint-Mihiel  par  les 
troupes  américaines  en  septembre  1918.  Le  Directeur  des  Mon- 
naies demande  Tavis  de  la  Commission,  notamment  en  ce  qui 
concerne  les  inscriptions. 

La  Commission  prie  le  Secrétaire  perpétuel  de  répondre  à 
M.  le  Directeur  des  Monnaies  : 

P  que  le  sujet  proposé  entre  fort  bien  dans  le  plan  de  VHis- 
loire  métallique  de  la  guerre  ; 

2°  qu'il  n'y  a  pas  d'objection  sérieuse  contre  le  libellé  et  la 
disposition  des  inscriptions. 

Sur  la  proposition  de  M.  Babklon,  la  Commission  émet  le 
vœu  que  l'Administration  des  Beaux-Arts  la  consulte  pour 
Texéculion  des  médailles  commandées  par  l'hâtât,  et  charge  le 


/ 


438  COMMISSION    DES    INSCRIPTIONS   ET   BiÉDAILLKS- 

SEcaéTAiRB  PERPÉTUEL  d'écrirc  en  ce  sens  à  M.  le  Directeur  des 
Beaux-Arts. 

Sur  la  proposition  de  M.  Babelon,  la  Commission  exprime 
également  le  désir  que  M.  le  Directeur. des  Monnaies,  s'il  est 
empêché  d'assister  aux  séances  auxquelles  il  est  convoqué, 
veuille  bien  déléguer  à  sa  place  un  représentant  de  son  admi- 
nistration. 


SÉANCE   DU    18    JUIN    1920 

Présents  :  MM.  Diehl,  président;  Cuq,  vice-président; 
Gagnât,  secrétaire  perpétuel  ;  Babelon,  Châtelain,  Monceaux. 

Le  Secrétaire  perpétuel  communique  une  lettre  du  Maire  de 
Villefranche-sur-Saône  (Rhône),  priant  l'Académie  des  inscrip- 
tions de  composer  le  texte  de  l'inscription  qui  doit  être  gravée 
sur  la  base  d'un  monument  aux  enfants  de  la  commune  morts 
pour  la  France  pendant  la  Grande  Guerre.  Dans  la  pensée  du 
maire,  cette  inscription  doit  répondre  à  celle  qui  est  gravée  sur 
le  socle  du  monument  commémoratif  de  la  guerre  de  1870-1871  : 

Exoriare  aliquis  nostris  ex  ossibus  ultor. 

La  Commission  décide  de  proposer  à  M.  le  Maire  de  Ville- 
franche-sur-Saône le  choix  entre  les  deux  inscriptions  suivantes, 
ou  bien  : 

i«  VENIMVS  VLTORES  :  MANES  GAUDETE  PATERNI 
ou  bien  : 

20  VENIMVS  VLTORES,  EXSVLTAT  GALLIA  VICTRIX 
NOSTRAQ.VE  CVM  VESTRIS,   PATRES,  NVNC  OSSA 

[QVIESCVNT. 


PÉRIODIQUES      OFFERTS 


Actes  de  VAcadémie  nationale  des  scienceSy  belles-lettres  et  arts 
d€  Bordeaux,  4«  série,  tome  II  (i914-i945)  (Paris,  i920,  in-S*»). 

Al'Machriq,  revue  de  l'Orient  chrétien,  XVIII*  année,  i920 
(Beyrouth,  in-8<»). 

Analecta  Bollandiaria,  revue  trimestrielle,  tome  XXXVII  (i9i4); 
tome  XXXVIII  (1920)  (Bruxelles,  in-8»). 

Annales  du  Commerce  extérieur^  année  1917,  fasc.  1  à  7  (Paris, 
19t7,in.8«»). 

Annales  de  la  Société  archéologique  de  Namur,  t.  XXXIII,  n«"  1  et  2 
(1919,Namur,  in-8«). 

Archaeologia  or  Miscellaneous  tracts  relating  to  Antiquity^  vol. 
LXIX  (1920)  (Londres,  in-8o). 

Archaeological  Institute  of  America.  American  Journal  of  Archaeo- 
logy.  Second  Séries,  t.  XXIII,  oct.-déc.  1919;  t.  XXIV,  janv.- 
sept.  1920  (New- York,  in-8«). 

Archivio  délia  Société  romana  di  storia  patria,  vol.  XLII,  fasc. 
Sel  4  (Rome,  in-8«). 

Atti  délia  R,  Accademia  dei  Lincei.  Notizie  degliscavi  di  antichità^ 
vol.  XVI  ;  vol.  XVII,  fasc.  1  à  6  (Rome,  in-4«). 

Atti  e  memorie  délia  R.  Accademia  di  scienze,  lettere  ed  arie  in 
Padova,  anno  CCCLXXVIII  (1918-1919),  nuova  série,  vol.  XXXV 
(Padova,  1919,  in-8»). 

Atti  e  memorie  dclV Accademia  d^agricolturay  scienze  e  tèttere  di 
Verona,  série  V-,  vol.  XIX  (1918)  et  XX  (1919)  (Vérone,  in-8o). 

Bihlioleca  Nazionale  di  Firenze.  —  Bollettino  délie  pubblicazioni 
Ualiane  ricevute  per  diritto  di  slampa,  n®*  223  à  234  (Florence,  1920, 
in-8«). 

Bibliothèque  de  r  Ecole  des  ('hartes,  vol.  LXXIX,  46*  livraison 
(1918)  ;  vol.  LXXX  (1919)  (Paris,  in-Ko). 

Boletin  del  Archivio  Nacional,  Publicacion  bimestral.  Ano  XVIII, 
4  à  6,  juillet-décembre  1919  (La  Havane,  in-8o), 

Boletin  del  (le.ntro  de  estudios  americaniitas  de  Sevilla,  afto  VI, 
n^  30  et  31  ;  afio  VII,  n»  32  (Séville,  in-8^. 


4iO  PÉRIODIQUES    OFFERTS 

Bulletin  du  Comité  d^études  historiques  et  scientifiques  de 
V Afrique  occidentale  française.  Année  1919,  n*  4,  année  1920,  n®»  i  è 
4  (Paris,  in-8o). 

Bulletin  de  correspondance  hellénique,  t,  XI-XIl,  quarantième 
année  (septembre-décembre  1916)  (Paris,  in-S*»). 

Bulletin  de  la  Diana,  publication  trimestrielle  (1914  à  1920} 
(Montbrison,  in-8*). 

Bulletin  de  la  Société  d'études  des  II au  les- Alpes,  38*  année,  4*  tri- 
mestre, n»  28  (1919)  ;  39«  année,  1"  et  2«  trimestres  (1920)  (Gap, 
in-8°). 

Bulletin  de  la  Société  d'émulation  du  Bourbonnais  (1914-1919), 
no»  1  à  9;  l»""  semestre  de  1920,  n»«  1  à  6  (Moulins,  in-8»). 

Bulletin  de  VInstilut  français  d'archéologie  orientale  du  Caire,  t. 
XVI,  2*  fasc.  ;  t.  XVII;  t.  XVIII,  1"  fasc.  (Le  Caire,  in-8*). 

Bulletin  de  la  Société    des  lettres,  sciences  et  arts  de  la  Corrèze, 

année  1920,  n^»  1,  2;  4  (Tulle,  in-8»). 

* 

Bulletin  de  la  Société  scientifique,  historique  et  archéologique  de  la 
Corréze,  t.  XLI,  4«  livraison  (1919);  t.  XLII,  livraisons  1  à  4  ^1920) 
(Brive,  in-8). 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Finistère, 
t.  XLVI  (1919)  (Quimper,  in-S»). 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  d'Ille-et-Vilaine,  l.  XVU 
(1920)  (Rennes,  in-8«). 

Bulletin  de  la  Société  de  statistique,  des  sciences  naturelles  et  des 
arts  industriels  du  département  de  Vlsère,  4*  série,  l.  XIV  (XL'  de  la 
Collection)  (1919)  (Grenoble,  in-8o). 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  Langres, 
t.  VIII  (1919),  n«>»  106,  107, 108  (Langres,  in-8»). 

Bulletin  de  la  Société  des  Antiquaires  de  VOuest,  année  1919,  3«  et 
4«  trimestres  ;  année  1920,  l*""  et  2"  trimestres  (Poitiers,  in-8»). 

Bulletin  de  la  Société  historique  et  archéologique  du  Périgord, 
t.  XLVI,  6*=  livraison  (1919);  t.  XLVII,  livraisons  1  à  5  (Périgueux, 
in-8»). 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  des  Antiquaires  de  Picardie, 
année  1919,  3''  et  4*"  trimestres;  année  1920,  1»*"  trimestre  (Amiens, 
in-8»). 

Bulletin  de  la  Société  archéologique  de  Tarn-et-Garonne,  année 
1919,  L  XXXIX  (Montauban,  in-8»). 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  archéologique  de  Touraine, 
t.  XXI  (1917-1920),  2'-  série,  t.  V  (Tours,  in-8»). 

Bulletin  trimestriel  de  la  Société  d'émulation  du  département  det 
Vosges,  l*""  année  (1920)  (Épinal,  în-12). 


PÉRIODIQUES    OFFERTS  441 

Bulletin  de  la  Société  de$  sciences  historiques  et  naturelles  de 
/Tonne,  vol .  LXXII  (Auxerre,  in-8«). 

École  française  de  Rome.  Mélanges  d^archéologie  et  d^histoire^ 
t.  XXXVII  (1918-1919),  fasc.  IV  et  V  (Paris  et  Rome,  in-8»). 

Jewish  Quarterly  Review  (  The),  vol.  X,  n^»  3  et  4;  vol.  XI,  no«  1  et  2 
[Londres,  in-8®). 

Journal  Asiatique,  11»  série,  t.  XIII,  XIV,  XV,  XVI  (Paris,  in-12). 

Journal  of  the  Royal  Institute  of  British  architects,  vol.  XVII, 
n«  3  à  24;  vol.  XVIII,  n"  1  et  2  (Londres,  in-4«). 

Journal  of  the  American  Oriental  Society,  vol.  XXXIX,  part  5; 
Tol.  XL,  parts  1  à  4  (New-Haven,  Conn.,  in-8°j. 

London  University  Gazette,  vol.  XIX  et  XX,  n"  216  à  225. 

Mémoires  de  la  Société  nationale  d'agriculture,  sciences  et  arts 
(TAngers  {ancienne  Académie  d'Angers),  5®  série,  t.  XXII  (1919) 
(Angers,  in-8<>). 

Mémoires  de  la  Société  d'histoire  et  d'archéologie  de  Chalonsur- 
Saô/ie,  2*  série,  t.  IX  (XVII«  de  la  collection)  (Chalon-sur-Saône, 
in-S-). 

Mémoires  de  la  Société  éduenne,  43*  année  (Autun,  1919,  in-S*»). 

Mémoires  de  la  Société  d'archéologie  lorraine  et  du  Musée  historique 
lorrain,  t.  LXIV,  4«  série,  4«  vol.  (1914-1919)  (Nancy,  in-S»), 

Mémoires  de  la  Société  historique  et  archéologique  de  l'Orléanais, 
t.  XXXV  (Orléans,  in-S»). 

Mémoires  de  l'Académie  Stanislas,  années  1918-1919,  6*  série,  t.  XVI 
Nancy,*  in-8°). 

Mémoires  de  l'Académie  des  sciences,  inscriptions  et  belles- lettres 
Je  Toulouse,  L  VII  (1919)  (Toulouse,  in-8o). 

Mémoires  de  la  Société  archéologique  de  Touraine,  t.  1  (Tours, 
1919,  in-8»). 

Memoria  historica  delà  Real  Academia  delà  Historia  (16  avril  1919- 
15  avril  1920)  (Madrid,  in-8<>). 

Memorie  délia  R.  Accademia  dette  scienze  delV  Istilulo  di  Bologna^ 
série  II,  t.  III  (1918-1919)  (Bologna,  in-4»). 

Memorie  delta  H.  Accademia  dei  Lincei.  Classe  di  scienze  morali, 
ttoriche  e  filologiche,  série  quinta,  l.  XVI,  fasc.  1  à  5  (Homa, 
iû-4*). 

Précis  analytique  des  travaux  .de  l'Académie  des  sciences,  bellos- 
Utlres  et  arts  de  Rouen  pendant  l'année  1918  (Rouen,  1919,  in-8®). 

Pro  Alesia.  Revue  trimestrielle  des  fouilles  d'Alise.  5"  année, 
n-  19  à  21. 

Proceedings  of  the  R.  Society  of  Edinburgh,  Session -1918-1919, 
»ol  XXXIX,  part  3  ;  session  1919-1920,  vol.  XL,  part  1. 


442  PÉRIODIQUES   OFFERTS 

Proceedings  of  the  Society  of  Antiquaries  of  LonHon,  novembre  à 
juin  i919.  Second  séries,  vol.  XXXI  (Londres,  in-S*»). 
•*  Proceding»  of  the  Society  of  Antiquaries  of  Scotland,  vol.  LUI, 
fifth  séries,  n»  5  (4918-1919)  (Edinburgh,  in-8«>). 

Proceedings  of  the  American  philosophical  Society  held  at  Phila- 
delphia  for  promoting  use  fui  knowledge,  vol.  LVIIl  (1919)  et  LIX, 
n"  1  à  4  (1920)  (Philadelphie,  in-S»). 

Procès-verbaux  de  la  Société  archéologique  d^ Eure-et-Loir^  t.  XIII, 
fasc.let2.— iV^moires,  t.  XV,  feuilles24à31  (Chartres,  1919,  in-8«l. 

Publications  de  la  section  historique  de  Plnstitut  grand-ducal  de 
Luxembourg  (ci-devant  Société  archéologique  du  Grand-Duché, 
tome  LIX  (Luxembourg,  1919,  in-8®). 

Rendiconto  dette  sessioni  délia  B.  Accademia  dette  scienze  delV  Isti- 
tuto  di  Bologna,  vol.  III  (1918-1919)  (Bologne,  in-8»). 

Rendiconti  délia  R.  Accademia  dei  Linceiy  série  quinta,  vol.  XXVIII  ; 
vol.  XXIX,  fasc.  1  à  6  (Rome,  in-8o). 

Rendiconti  e  Memorie  delta  R.  Accademia  di  scienze,  letlere  ed 
arti  degli  Zelanti.  Acireale,  série  ierza,  vol.  X  (1917-1918)  (Acireale, 
in-80). 

Revista  de  archivos,  bibliolecas  y  museos,  tercera  epoca,  aîlo  XXÏI, 
octobre-décembre  1919  ;  afto  XX,  janvier-septembre  1920  (Madrid, 
in-8o) . 

Revue  africaine,  publiée  par  la  Société  historique  algérienne^  61* 
année,  1*'  et  2«  trimestres  1920  (Alger,  in-S"). 

Revue  algérienne,  tunisienne  et  marocaine  de  Jurisprudence^ 
34«  année  (janvier-déc.  1918)  ;  35®  et  36''  années  (janvier  1920)  (Alg^r, 
in-8»). 

Revue  archéologique,  publiée  sous  la  direction  de  MM.  E.  Pottibr 
et  S.  Heinacii,  juillet  1919  à  juin  1920  (Paris,  in-S»). 

Revue  d'assyriologie  et  d'archéologie  orientale,  publiée  sous  la 
direction  de  V.  Scheil  et  Fr.  Thureau-Dangin,  vol.  XVII  (Paris, 
in-4<>). 

Revue  biblique,  publiée  par  l'École  pratique  d'études  bibliques  du 
couvent  dominicain  de  Saint-Élieftne  de  Jérusalem,  nouvelle  série, 
année  1920  (Paris  et  Rome,  in-S**). 

Revue  égyplologique,  publiée  sous  la  direction  de  MM.  Moret  et 
P.  Jouguet,  nouvelle  série,  t.  I,  fasc.  3  et  4  (1920)  (Paris,  in-8'»). 

Revue  de  Vhistoire  des  religions,  t.  XXX,  n®*  4  à  6  (juiîlet-déc. 
1919)  ;  t.  XXXI,  n«M  à  3  (janvier-juin  1920). 

Revue  historique  et  archéologique  du  Maine,  t.  LXXV  et  LXXM, 
(1914  et  1919)  (Le  Mans,  in-8°). 

Revue  savais ienne,  publication  périodique  de  TAcadémie  (lorimon- 


PÉRIODKjUES   OFFERTS  443 

tane  d'Annecy,  année  i9i9,  4*  trimestre;  année  1920,  t*"",  2*  et  3«  tri- 
mestres (Annecy,  in-8"). 

Syria,  revue  d'art  oriental  et  d'archéologie,  t.  I  (4920)  (Paris, 
in-4»). 

Trunsactions  of  the  /?.  Society  of  Edinburgh,  vol.  Ll,  part  4, 
sessions  1915-1916-1917-1918  ;  vol.  LU,  parts  1  à  3,  sessions  1919- 
1920. 

Transaclions  of  the  R.  Society  of  Canada,  série  III,  vol.  XIII. 

Transilvania.  —  An  LI,  année  1920  (Sibiiu,   in-8®). 

Universily  of  California,  Publications  inphilosophy,  vol.  III  (1917). 

University  of  California.  Publications  in  modem  philology ,  vol.  V 
à  IX  (1917  à  1919). 

University  of  California.  Publications  inclassical  philology,  vol.  III 
à  VI  (1917-1920). 

University  of  California  Chronicles  [The).  An  officiai  record, 
vol.  XX  (1918)  et  XXI  (1919)  (Berkeley,  Cal.,  in-S»). 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


Abgar  d'Osroène.  Correspon- 
dance avec  Jésus-Christ,  gra- 
vée sur  une  porte  de  Philippes 
de  Macédoine,  74,  88. 

Abydos  (L'ennéade  osirienne  d') 
et  les  enseignes  sacrées,  404), 
409. 

Achmouneïn  (Egypte).  Fouilles, 
362. 

Administrative  centrale  (Com- 
mission), 423. 

Administrative  de  TAcadémie 
(Commission),  423. 

'Emilius  Saturninus  (Q.)»  préfet 
d'Egypte,  40. 

Afrique  équatoriale.  Art  graphi- 
que et  sculptural  des  Balouba, 
167. 

Albertini  (£.).  Table  de  mesures 
de  Djemila,  311,  315.  —  Mosaï- 
que à  inscription  découverte  à 
Tipasa,  379,  387. 

Alexander  Magnus  Macedo.  Nom 
d'un  témoin  dans  un  diplôme 
militaire,  432. 

Alfaric  (Prosper).Zoroastre  avant 
rAve8U,248. 

Algaiola  (Corse).  Diplôme  mili- 
taire, 424,  425. 

Alger.  Chaire  à  prêcher  de  la 
grande  mo»«jn<*H%  397. 


Algérie.  —  Voy.  Bourkika,  Lam- 
bèse,  Madauros,  Tipasa. 

Allemagne  (Onomastique  slave 
de  T),  322,  334,  339. 

Allotte  de  la  Fuye,  correspondant. 
Publications  diverses,  163,240. 

Amérique.  Genèse  du  voyage  de 

Christophe  Colomb,  157,  158. 

'Amon  protégeant  le  roi  Toutân- 

khamon.  Groupe  acquis  par  le 

Musée  du  Louvre,  174. 

Anderson.  A  Manual  of  the  Ben- 
gali LanguagCy  202. 

Andrieu  (Ernest).  Les  pleurants 
des  tombeaux  des  ducs  de  Bour- 
gogne, 168. 

Animaux  (Représentations  d')  sur 
les  parois  des  cavernes,  424. 

Antica,  180. 

Antiochos.  Nom  du  père  de  Zéno- 
bie,  reine  dePalmyre,  172, 173. 

Antiquités  nationales  (Concours 
des),  i.  —  Rapport,  86,  128, 
129. 

Anvers.  Quatrième  centenaire  de 
Christophe  Plantin,  289. 

Appleton  (Charles).  La  longévité 
et  Vavortement  volontaire  aux 
premiers  siècles  de  notre  ère, 
211. 

Arabie.  Extraction  archéologique 


i46 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


des  PP.  Jaussen  et  Savignac, 
248. 

Aristokratès.  Témoignage  de  cet 
historien  surles  institutions  mi- 
litaires de  ribérie  ou  la  Gaule, 
367. 

Aristote.  Note  sur  un  passage  du 
cb.  26  de  sa  Constitution  d'A^ 
thèneSj  8^. 

Arménie.  —  Voy.  Ererouk. 

Artur  (Le  nom  de  lieu  Pertu  et 
la  légende  du  roi),  174,  175. 

Assalitanus  (Le  pagus),  en  Tuni- 
sie, 272,  285. 

Associés  étrangers,  73,  83. 

Aunobai'i  (Tunisie).  Inscriptions 
latines,  128,  140. 

Avesta  (Zoroastre  avant  T),  248. 

Axioebos  (Les  Enfers  selon  T), 
269,272. 

Babelon  (Ernest).  Commissions, 
69, 424,  435.  —  Exploration  ar- 
cbéologique  des  PP.  Jaussen  et 
Savignac  en  Arabie,  248.  — 
Rapport  du  D»"  Carton  sur  la 
découverte  d'une  fontaine  an- 
tique à  Cartbage,  250.  —  Note 
de  M.  de  Castries  sur  une  ville 
portugaise  du  Maroc,  405.  — 
Le  Cabinet  des  médailles  pen^ 
dant  la  fjuerre^  402.  —  Obser- 
vations, 73,  129,  272,  298.  — 
Hommages,  37,  200. 

Babylonien  (Un  nouveau  rituel), 
103.  —  Pierres  babyloniennes 
de  bornage  au  British  Muséum, 
214,  241. 

Baillet  (Jules).  Les  grafûti  grecs 
dans  les  tombeaux  des  rois  à 
Thèbes  d'Egypte,  102,  107.  — 
Inscriptions  grecques  et  latines 


des  tombeaux  des  rois  ou  sy- 
ring  es  à  Thèbes  ^  356. 

Balles  de  fronde  en  plomb  por- 
tant une  lettre  punique,  trou- 
vées à  Cartbage,  298. 

Balouba.  Art  graphique  et  sculp- 
tural de  ce  peuple  de  l'Afrique 
équatoriale,  167. 

Barcochébas  (Le  faux  messie), 
249. 

Barenton  (Hilaire  de).  La  langue 
étrusque^  422. 

Barth  (Auguste).  Notice  sur  sa 
vie  et  ses  travaux,  74.  —  Inhu- 
mation de  ses  restes  à  Stras- 
bourg, 200. 

Basiel,  ûls  de  Turbel.  Diplôme 
militaire  portant  son  nom,  430. 

Bas-reliefde  la  collection  Medina- 
Celi  à  Madrid,  158. 

Basset  (Henri).  Essai  sur  la  liité- 
rature  des  Berbères;  —  Le 
culte  des  grottes  au  Maroc,  189. 

Begouen  (Comte).  Un  dessin  re- 
levé dans  la  caverne  des  Trois- 
frères,  à  Montesquieu-A  vantés, 
300,  303. 

Belgique  (Essai  de  chronologie 
du  néolithique  en),   367,  368. 

Benedetto  (L.  F.).  Le  origini  di 
Salammbô,  289. 

Bénédite  (Georges).  Le  groupe 
d'Amon  protégeant  le  roi  Tou- 
tànkhamon,  au  Musée  du  Lou- 
vre, 174. 

Berger  (Élie),  242.  —  Commis- 
sion, 424.  —  Registres  dlnno- 
centJVy  186. 

Berlin.  Papyrus  contenant  des 
extraits  du  code  fiscal  de  Ix- 
gypte  romaine,  87. 

Berlin.   Papyrus   contenant  des 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


447 


extraits  du  code  fiscal  de  l'É- 
g^ypte  romaine,  87. 

Besançon.  Ms.  inédit  de  Philippe 
de  Maizières  conservé  à  la  Bi- 
bliothèque de  cette  ville,  11. 

Besnier  (Maurice).  Le  commerce 
du  plomb  à  Tépoque  romaine, 
18.  —  Publications  diverses, 
162. 

Blanghbt  (Adrien).  Notice  sur  la 
vie  et  les  travaux  de  M.  Tabbé 
Thédenat,  11.  —  Intailles  re- 
présentant des  génies  de  la 
secte  des  Ophites,  128,  147.  — 
Mémoires  et  notes  de  numisma- 
tique ^  210.  —  Une  scène  du 
Bourgeois  gentilhomme,  366.  — 
Observations,  19,  405. 

Blanchet  (Médaille  Paul),  2. 

Blanquart  (Abbé).  La  Bibliothè- 
que de  la  Cathédrale  de  Rouen, 
66. 

Bloomfîeld  (M.).  Rig-Veda  repe^ 
tuions,  297. 

Boissonnot  (Chanoine).  Histoire  et 
description  de  la  cathédrale  de 
Tours,  392. 

Bolonia  (Espagne).  Fouilles,  69. 

Boaaventura  (Enzo).  La  qualità 
del  mondo  fisico,  17. 

Bordin  (Prix),  2.  — Rapport,  171. 

Bouché- Lbclercq  (A.).  Obser- 
vations, 19,  88,  103,  202,  248, 
269,  303.  ~  Hommage,  21. 

Bourkilui  (Algérie).  Inscriptions 
martyrologiques,  116,  122. 

Boussac  (Hippolyte).  L'animal 
sacré  de  Set  Typhon  et  ses  di- 
vers modes  d'interprétation, 
289. 

Boyer  (A.  M.).  Karosthi  Inscrip- 
tions, 199. 


Brunel  (Clovis).  Auxiliaire  de  TA- 

cadémie,  171. 
BnuTAiLs     (Auguste) .      Membre 

libre,  56. 
Budge  (Sir   E.    A.  Wallis).  An 

Egyptian   hieroglyphic  Dictio- 

nary,  375. 
Budget  (Prix  ordinaire  ou  du),  1. 

—  Rapport,  187. 
Bulla   Regia   (Tunisie).  Fouilles 

exécutées  en   1919-1920,   322, 

323. 
Bulletin  de  correspondance  hellé- 
nique, 208. 

Cabaton  (A.).  Liste  des  docu- 
ments relatifs  à  Tlndochine 
conservés  au  Ryks-Archief  de 
La  Haye,  84. 

Gagnât  (René),  secrétaire  perpé- 
tuel. Rapports  semestriels,  11, 
204.  —  Membre  du  Conseil  de 
perfectionnement  de  l'École 
des  languesorientales  vivantes, 
19.  —  Note  de  M.  Poinssot  sur 
deux  inscriptions  d'Aunobari, 
128.  —  Fouilles  du  R.  P.  Delat- 
tre  dans  la  basilique  voisine  de 
Sainte-Monique  à  Carthage, 
191.  —  Graflîto  découvert  à 
Carthage,  269.  —  Note  de  M. 
Poinssot  sur  des  inscriptions 
concernant  la  civitas  Mizigiia- 
norum  et  le  pagus  Assalitanus, 
272.  —  Inscriptions  funéraires 
latines  trouvées  près  de  Mon- 
tigoôso,  299.  —  Note  de  M. 
Albertini  sur  une  nouvelle  t;i- 
ble  de  mesures  découverte  à 
Djemila,  311.  —  Rapport  du  D»" 
Carton  sur  les  fouilles  do  Bulla 
Reiçia,  322,  323  ;  —  note  corn- 


448 


TABLE    ALPHABÉTIOLK 


plémentaire,  325.  — Note  de  M. 
Poinssol  sur  une  inscription 
trouvée  à  Dougga,  356.  —  No- 
tice sur  la  vie  et  les  travaux  de 
M.  Héron  de  Villefosse,  39i.  — 
Un  diplôme  militaire  de  Corse, 
424,  425.  — Atlas  archéologique 
de  la  Tunisie,  20.  —  Manuel 
d'archéologie  romaine,  433.  — 
Observations,  250.  —  Hom- 
mages, 17,  20,  37,  56,  70,  73, 
83,  127,  162,  168,177,185,  189, 
199,  202,  208,  210,  248,  268, 
289,  297,  320,  335,  356,  366, 
378,  392,  396,  402,  422. 

Capart  (J.).  Leçons  sur  Vart  égyp- 
tien^ 186.  —  Some  remarks  on 
the  sheikh  El-beled,  396 . 

Carcopino  (Jérôme).  Inscriptions 
marlyrologiques  de  Bourkika, 
116.  —  La  loi  de  Hiéron  II  et  les 
Romains,  21 .  —  Virgile  et  les 
origines  d'Ostie,  37. 

Cartailhac  (Emile).  Marques  d'en- 
voûtement sur  les  représenta- 
tions d'animaux  aux  parois  des 
cavernes,  424.  —  Découvertes 
de  M.  le  c*«  Begouen  dans  les 
grottes  de  VAriége,  320. 

Carthage.  Inscription  punique, 
27.  —  Plan,  116-122  (avec  pi. 
hors  texte).  —  La  basilique  de 
Sainte-Monique,  187,  191.  — 
Découverte  d'une  fontaine  an- 
Uque,250,  258.  —  Graffito,  268, 
269.  —  Balles  de  fronde  en 
plomb,  portant  une  lettre  pu- 
nique, 298.  —  Mosaïque  repré- 
sentant un  grand  domaine  afri- 
cain, 337. 

Carton  (D»"  L.),  correspondant. 
Découverte  d'une  fontaine  an- 


tique à  Carthage,  250,  258.  - 
Rapport  sur  les  fouilles  de 
Bulla  Regia,322,  323.  —  Ques- 
tions de  topographie  carthagi- 
noise^ 177.  — Publications  di- 
verses, 199. 

Casanova  (Paul).  Makrizi,  375. 

Cassuto  (Umberto).  OU  Ebrei  a 
Firenze  nelVetk  del  Rinasci- 
mento,  17. 

Castries  (C**  Henry  de).  Candidat, 
173,  188.  — Seing  manuel  des 
sultans  saadiens,  73.  —  Gracio- 
sa  ;  une  ville  portugaise  oubliée 
au  Maroc,  405,  417.  —  Sources 
inédites  de  V histoire  du  Maroc, 
185. 

Gauchie  (A.).  Correspondant 
étranger,  202. 

Cenicientos  (Le  rocher  de  Peres- 
crita,  près  de),  en  Espagne, 
101,103, 

Ceulencer  (A.  de).  La  charité 
romaine,  83. 

Chabot  (J.-B.).  Délégué  de  l'A- 
cadémie aux  cérémonies  en 
l'honneur  de  Christophe  Plan- 
tin,  à  Anvers,  289.  —  Lettredu 
P.  Delattre  annonçant  la  dé- 
couverte d'une  inscription  pu- 
nique, 27.  —  Note  du  P.  Ville- 
court  sur  les  Homélies  spiri- 
tuelles attribuées  à  Macaire, 
250.  —  Balles  de  fronde  en 
plomb  portant  une  lettre  pani- 
que, 298. 

Chaire  à  prêcher  de  la  grande 
mosquée  d'Alger,  J97. 

Chapot  (Victor) .  Manuel  d'archéo- 
logie romaine,  433 . 

Charlemagne.  Inscription  de  l'é- 
glise   Sant'Apostolo   de  FIo- 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


449 


rence,  128.  —  Pseudo-brevet 
de  chevalerie,  156. 

Chartes  et  diplômes,  12,  205,  210, 
378. 

Chassinal  (Emile).  Le  temple 
ifEdfoUy  356. 

CiLATEUiiN  (Emile).  Commissions, 
69,  42*7435.  —  Rapport,  89. 

Chélidon,  nom  d'une  femme  grec- 
que, dans  une  épigramme,  57. 

Chevalibh  (Chanoine  Ulysse). 
Dictionnaire  topographique  du 
département  de  l'Isère,  88,  402. 
—  La  croisade  du  dauphin 
Humbert  II,  189.  —  Reperlo- 
rium  hymnologicum,  202.  — 
Gallia  christiana  novissima, 
289.  —  Pour  la  Bibliothèque 
de  Louvain,  320. 

Chrislus  medicus  (Invocation 
au),  sur  une  pierre  de  Timgad, 
74,75. 

Clermont-Ganneau  (Ch.).  Com- 
missions, 424.  —  Odeinat  et 
V'aballat,  rojs  de  Palmyre,  et 
leur  litre  romain  de  corrector, 

172.  —  Inscription  grecque 
découverte  à  Jérusalem,  sur 
le  mont  Ophel,  187.  — Le  faux 
messie  Barcochébas,  249.  —  Le 
Paradeisos  royal  achéménide 
de  Sidon,  404,  405.  —  Obser- 
vations, 19,   73,  89,   103,   158, 

173,  178,'  190,  242,  248,  303, 
334,  338,  377 . 

Cochin  (Claude  .  Lettres  du  car- 
dinal de  Retz,  320. 

Cochin  (Henry).  Candidat,  127, 
188.  —  Note  sur  une  réplique 
à  un  écrit  de  Pétrarque,  103. 

CoLLiGNON  (Maxime).  Motice  sur 
lui,  289.      ^ 

Î920 


Coloman  (Sceau  portant  le  nom 
du  prince  hongrois),  2. 

Colomb  (Christophe).  Genèse  de 
son  voyage  vers  l'Amérique, 
157,158. 

Colosse  criophore  découvert  à 
Thasos,  187,213,218. 

Concours.  Situation  pour  1920, 
1. 

Conductor  pracdiorum .  Men- 
tionné dans  une  inscription  de 
Dougga,  357. 

Constantinople.  Découvertes  ar- 
chéologiques faites  dans  cette 
ville,  23,  59,  178. 

CoRDiER  (Henri).  Commissions, 
424.  —  Rapports,  86,  87,  157, 
167,201,208,350.  —  Liste,  en- 
voyée par  M.  Cabaton,  des  do- 
cuments relatifs  à  Tlndochinc 
conservés  au  Hvks-Archief  de 
La  Haye,  84.  —  Lettre  de  M.  Vi- 
gnaud,  157.  —  Mélanges  d'his- 
toire et  de  géographie  orien- 
tales, 289.  —  Histoire  générale 
de  la  Chine,  298,  375.  —  Ser 
Marco  Polo,  373.  —  Hom- 
mages, 162,  168,  367. 

Corpus  inscriptionum  semilica- 
rum,  14,  207. 

Corpus  des  vases  antiques  d'ar- 
gile, 249. 

Corrector.  Titre  donné  dans  une 
inscription  à  Vaballat,  Gis  de 
la  reine  Zénobie,  172. 

Correspondants    étrangt»rs,  397. 

—  (Commission,  374. 
Correspondants  nationaux,  397. 

—  Commission,  374. 
Corse.  —  V'oy.  Algaiola. 
Courcel  (Prix  du  baron  de),    2. 

—  Rapport,  185. 

29 


iSO 


ALPRAIIETIIJL-E 


CnoisBT  (Alfred;.  CoramlsNJoiiS, 
374,423,424.  —  Observatioas, 
"^  203,  342,-368 

ET  (Maiiricel.  ('om missions, 

,   424.  ~  Rappoil.  171.  — 

nervations,    88,    242,    248, 

,   —  (JEaore*   complUm   tie 

ton,  189. 

de  brome  trouvée  à  [.am- 

e,  178,  179. 

NT(Frani),  associé  étranger. 

lillcs   du    Palatin,    168.    — 

1  Enfers  selon   l'Aiioclios, 

,272.  —Observations,  248, 

(Edouard).  Président  pour 
Il ,  423 .  —  Commission, 
.  —  La  juridiction  des  édiles 
près  Piaule,  24.  —  Un 
tyque  latin  sur  la  tutelle 
ivedes  femmes,  30,  40.  — 
i  pierres  de  boroage  baby- 
iennes  du  Brilish  Muséum, 
I,  241.  —  La  oi té  punique  et 
nunicipe  de  Volubilis,  339. 
Observations,  87,  190,  380. 
Hommages,  163,  211. 

ir  (Gaslon).  Leê  fouiU«a  du 

licuie  à  Rome,  335. 

i,  conductor  praediorum  re- 

nisThuggensis,  336,  3!i7. 
i  (Charles  Wendell).  liobert 
rlhott,  duke  of  Normandij, 


Dusse  (Commission),  69. 
lercq  (Fondation).  Rapport, 
..  —  Commission,  424. 

iri).    Sihetlre    de 

arrespondanls,  17. 

(C"     Il.-françoisJ. 

ion,  424.  —  Rnpporls, 


(Ifeni 


■y  el  », 


167,  185,  187.  —Observations, 
128,  368,  3S0.  -  Hommage, 
184.        ^ 

Delachenal  (R.).    Candidat,    18, 
38.  374,  379,  392,  39r>.  —    Élu 
membre  Ordlnairo,  396,  403.  -      ! 
Commission,  424. 

Delalaude-Guérineau    (Prix),     3. 

—  Rapport,  201.  i 

Delaporte  (Louis).  Cylindres  el  I 
pierre»  i/raiiées  de  atyte  orien-  ] 
tal  du  Mutée  do  Loucrr,    393.    i 

Delaltre  (R.  P.),  correspond  ] 
dant.  Découverte  d'une  ins-  ! 
cription  punique  h  Cartilage, 
27.  —  La  basilique  voisine  de  . 
ïiainle-Monique  à  Cartilage,  ■ 
187,  191.  --  Balle  de  fronde  I 
en  plomb  découverte  k  Car-  : 
thage,  298.  I 

UeletiBye  (R.  P.  Hippolyte),  cor-    , 
respondant   étranger.  L'teuore 
des  BolUnditlei,    10.  —  S*inl 
Martin  et  Sulpice  Sioére,  297. 

Delhi.  Disques  p  ho  no  graphique  s 
oii  sont  enregistrés  des  spéci- 
mens lies  dialectes  parlés  dans 
cette  ville,  402. 

Délo»  {Choix  d'intcriplions  grec- 
ques de\,{6,  207. 

Délos  (Commission  des  ins- 
criptione  de),  424. 

Delphes  (Ressemblance  de  l'om' 
plialos  de)  avec  quelques  repré- 
scntiitioDs  égyptiennes,  298. 

Demorguy  (G.).  Publications  sur 
la  Russie.  99. 

Dendér*h(Ëgypte).  Rouilles, 359. 

Descamps  (Baron).  Le  génie  de  U 
langue  française  el  son  rtyon- 
nement  inlernalional,  422, 

Dessertcnux   (F.).    Étude»  nar  la 


TABLE   ALPHABËTIQUK 


451 


^ontialion  historique  de  la  capi- 
tis  diminutiOy  163. 

Dessin  préfcistorique  relevé  dans 
la  caverne  des  Trois- Frères,  à 
Monlesquieu-Âvantès,  300, 303. 

Dialexeis  (Les),  202,  203. 

OiEHL  (Charles),  président  pour 
1920.  Allocutions,  67,  165, 
190,  391.  —  Commission,  424. 

—  Lettre  et  note  de  M.  Papa- 
dopoulos  sur  des  découvertes 
a  rchéologiques  récentes  à  Cons- 
tantinople,  23,  r,9.  —  Édit  de 
Justinien  relatif  à  la  monnaie, 
69.  -  Édiûces  découverts  à 
(lonstantinople  sur  remplace- 
ment du  palais  des  empereurs 

'  byzantins,  178.  —  A  propos 
d'une  inscription  grecque  de  la 
basilique  d'Ererouk,  212,  215. 

—  Note  de  M.  Gabriel  sur  les 
fouilles  de  Fouslat,  242.  — 
Observations,  303,  377. —  His- 
toire de  V empire  byzantin,  56. 

DiEULAFOY  (Marcel).  Rapport,  18. 

—  Note  du  D""  Huguet  sur  les 
tombeaux  des  princes  de  la 
dynastie  des  Cborfas  saadiens 
à  Marrakech,  19.  —  La  mos- 
quée dllassân,  335.  —  Décédé, 
67. 

Dionysos  thrace  (L'épiphanie  du 

feu  dans  le  culte  du),  404,  423.  . 
Diplôme  militaire  trouvé  à   Al- 

gaiola  (Corse),  424,  425. 
Diptyque   latin     sur    la     tutelle 

dative des  femmes  (Un),  39,  40. 
Djemila  (Algérie).  Martyrs,  290. 
—  Table  de  mesures,  311,  315. 
Dorez  (Léon).  Candidat,  22,  38, 

374,  392,  395. 
Dottin  (Georges).  Projet  de  pu- 


blication d'un  Atlas  linguis- 
tique de  la  Basse- Bretagne,  57, 
71. 

Dougga  (Tunisie).  Inscription 
mentionnant  un  conduclor 
praediorum  regionis,  356,  357. 

Doumergue  (E.).  Moïse  et  la 
Genèse,  240. 

Dourlans  (Fondation).  Commis- 
sion, 424. 

Druidisme  (Un  témoignage  ina- 
perçu sur  le),  367. 

Duchalais  (Prix),  2.  —  Rapport, 
57. 

DucuESNE  (Mgr  Louis).  Observa- 
tions, 190. 

Dufresne  (Docum«nts  lorrains 
provenant  de  la  collection),  71. 

Durand  (Charles).  Fouilles  de 
Vésoneen  /5fi-/5/3,  321. 

Durand  (Georges),  correspon- 
dant. Une  famille  d'ouvriers 
aniiénois,  200. 

DtmuiEu  (C**  Paul).  Rapports, 
167,  397.  —  Commission,  424. 

—  Délégué  par  TAcadémie  à  la 
journée  Van  Eyck,  à  Gand,  311. 

—  Miniatures  pour  Tillustration 
d'une  œuvre  du  roi  René  re- 
trouvées à  Metz,  2,  3.  —  Inscri- 
ption de  l'église  de  Sanl'Apos- 
tolo  de  Florence  relative  à 
Charlemagne,  128.  —  Pseudo- 
brevet de  chevalerie  attribué 
à  Charlemagne,  156.  —  Deux 
miniatures  à  caractère  histo- 
rique de  la  Bibliotlièque  de 
Vienne,  311.  —  Observa- 
lions,  167, 173,200,  303,377.  — 
Une  suite  de  dessins  de  Godefroy 
le  Batave,  37.  —  Les  Van  Eyck 
et  le  dur  Jean  de  Berry,  172. 


4S2 


TABLE    ALPHABÉTKiLE 


—  Plaque  de  cuivre  gravée  çn 
taille-douce  vers  ioOO^  489.  — 
Hommage,  375. 

Duseigneur  (Prix  Raoul),    2.  — 

Rapport,  167. 
Dussaud  (René).  Candidat,   378, 

395. 

Écoles  françaises  d'Athènes  et 
de  Rome.  Rapport,  89.  — 
Commission,   424. 

École  française  d'Athènes. 
Fouilles,  213,  249,  375.—  Rap- 
port, 67,  397. 

École  française  de  Rome,  356. 

Écolefrançaised'Extrême-Orient. 
Désignation'd'ua  directeur,  87. 

—  Rapports,  157,  237,  338,  350. 

—  Commission,  424. 

École  des  langues  orientales  vi- 
vantes. 185,  189.  —  Désigna- 
tion de  M.  Cagnat  comme 
membre  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement,   19. 

Ecosse.  —  Voy.  Jacques  IV, 
Marguerite  d'Angleterre. 

Édiles  (La  juridiction  des;  d'a- 
près Piaule,  24. 

Egypte.  Papyrus  de  Berlin  conte- 
nant un  extrait  du  code  fiscal 
de  ce  pays  au  temps  d'Antonin 
le  Pieux,  87.  —  Voy.  ^Emilius 
Saturninus(Q.),  Foustat,  Graf-» 
fiti,    Lacau. 

Égyptienne  (L'évolution  de  la 
langue)  et  les  langues  sémi- 
tiques, 209.  —  Ressemblance 
de  Tomphalos  de  Delphes  avec 
quelques  représentations  égyp- 
tiennes, 298. 

Élections,  3,  38,  57,  66,  87,  188, 
212,  379,  395. 


Enfers    selon   TAxiochos   (Les), 

269,  272. 
Enlart  (Camille).  Tissu  de  soie 

persan  du  x*  siècle,  découvert 

à  Saint-Josse-sur-Mer,  377. 
Ensérune.  Fouilles  de  M.  F.  Mou- 

ret,  28,  31. 
Envoûtement    (Marques    d')  sur 

le  corps  des  animaux  dessinés 

aux  parois  des  cavernes,    424. 
Ererouk  (Arménie).     Inscription 

grecque  de  la   basilique,   212, 

215. 
Espagne.  —  Voy  Bolonia,  Ceni- 

cientos. 
Esprit  de  Gui  (L),  201,  391. 
Evaux  (Creuse)  et  le  Marlyrolo- 

gium  hieronyniianum,   337. 

Fage  (René).  Forme  primitive  du 
nom  de  Tulle,  66.  —  Un  ami 
de  Baluze  {Antoine  Galtand), 
333.  —  Les  clochers-murs  de 
la  Creuse,  396. 

Félin  sculpté  en  bois  de  renne, 
28. 

Florence.  Inscription  de  l'église 
Sant'  Apostolo  mentionnant 
Charlemagne,  128. 

Flury  (S.).  Islamische  Schriftbàn- 
der,  240. 

Fontaine  antique  découverte  à 
Carthage,  250,  258. 

Formigé(J.-C.  et  J.).  Les  Arènes 
de  Lulèce,  83. 

FoucART  (Paul).  Commission, 
424. 

Foup^ères  ^  Gustave).  Candidat, 
392,  395. 

Fould  (Prix  Louis),  2.  —  Rap- 
port, 173. 

FoL'UMKH   ^Paul).    Rapport,   173. 


TABLE    ALPHABÉTlyL'E 


i53 


—  Observations,  74,  368.  — 
Hommages,  73,  88,  189,  202. 

Foustat  (Egypte).  Fouilles,  242, 
243. 

Fraiponl(Charles).  Essai  de  chro- 
nologie du  néolithique  en  Bel- 
gique, 367,  368. 

Gabriel  (A.).  Fouilles  de  Foustat, 
242,  243. 

Gallinaria  Sarniensis,  431. 

Gand.  Journée  Van  Eyck,  310, 
338. 

Garnier(Fondation  Benoît).  Rap- 
ports, 86,  208.  —  Commission, 
424. 

Gastaldi-Millelire  (Pasquale).  -A  w- 
tichissimi  documenti  archeolo- 
gici  délia  Sardegna^  248. 

Gaule  romaine.  Théâtres,  178. 

Gaun (Thomas  W.  F.).  The  ^faya 
Indianiy  20. 

Gazicr  (Georges).  Manuscrit  iné- 
dit de  Philii)pe  de  Maizières 
conservé  à  la  Biblioliièque  de 
Besançon ,   11. 

Ginot  {£.),  Le  manuscril  desainte 
liadegondcy  210. 

GiiiAHD  (Paul).  Rapport,  191.  — 
Noie  de  M.  Radetsur  la  Consti- 
tution (/'^//i/^«esd'Aristote  (eh. 
26),  88.  —  M  L'année  a  perdu 
son  printemps  »,  242.  —  Hom- 
mages, 208,  402. 

Gironcoitrt  [Les  Missions  de)  en 
Afrique  occidentale^  202. 

Gi-orz  (Guslavcj.  Candidat,  22, 
38,  37 i.  —  Élu  membre  ordi- 
naire, 379,  392.  —  Commis- 
sion, 424. 
Gobert(Prix),  2.  —  Commission, 
424-.  — Attribution  du  prix,  17». 


Gœlzer  (Henri).  Candidat,  374, 
395. 

Graciosa  (Maroc),  405,  417. 

Graffiti  greès  dans  les  tombeaux 
des  rois  à  Thèbes  d'Egypte, 
102, 107.  —Graffito  latin  décou- 
vert à  Carthage,  268,  269. 

Gravure  préliislorique  surschiste 
provenant  de  Lourdes,  307. 

Grierson  (Sir  George  A.).  Don 
de  disques  phonographiques  où 
sont  enregistrés  des  spécimens 
de  dialectes  parlés  à  Delhi  et 
aux  environs,  402. 

GuiDi  (Ignazio).  Associé  étranger, 
73,  83. 

Harpons  gravés  sur  des  objets 
sculptés  en  bois  de  renne,  29 
et  suiv. 

Haskins  (Charles  H.).  Corres- 
pondant étranger,  3*97. 

Hasparren  (Basses -Pyrénées). 
Inscription  reproduite  sur  une 
pierre  au  xvi*"  s.,  422. 

Haussoullier  (Bernard).  Com- 
missions, 42i.  —  Rapport, 
187.  —  (Correspondance  entre 
Abgar  et  Jésus-Christ,  gravée 
sur  une  des  portes  de  Philippes 
de  Macédoine,  88.  —  Observa- 
tions,  24.  —  Hommage,  373. 

Havet  (Louis).  Observations, 
379. 

Hébrard  (ErnestV  Fouilles  et 
recherches  faites  à  Siilonique 
par  le  Service  archéologique 
de  l'armée  d'Orient,   300. 

Hébron  iPalestine^  Haram  el 
Khalil,  334. 

Henri  II,  roi  d'Angleterre.  La 
formule  Z)^f //ra^ia  dans  la  sus- 


454 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


cription    de    ses    actes,    368. 

Héron  DE  ViLLEPOSSE  (A.).  Le  fief 
de  Torcxfy  297.  —  Notice  sur 
sa  vie  et  ses  travaux,  393. 

lÎEuzEY  (Léon).  Commissions, 
424. 

Histoire  littéraire  de  la  France, 
12,  204. 

Ilollebecque  (M.).  La  Maison  de» 
nations^  202. 

Ilolm  (Fritz).  The  Neslorian  mo- 
nument, 168. 

Homo  (Léon).  Rapport  sur  une 
mission,  38. 

HoMOLLE  (Théophile).  Commis- 
sion, 454.  —  Lettre  de  M. 
Picard  sur  les  fouilles  de  l'École 
d'Athènes,  24S.  —  Ressem- 
blance de  Tomphalos  de 
Delphes,  avec  quelques  repré- 
sentations égyptiennes,  298.  — 
Projet  de  Statuts  pourTInstitut 
international  d'anthropologie, 
311.  —  Mémoire  de  M.  Vallois 
sur  Tépiphanie  du  feu  dans  le 
culte  du  Dionysos  thrace,  404, 
423.  —  Observations,  250, 
2":  2.  —  Hommage,  289. 

HuART  (Clément).  Notes  de  M.  de 
Morgan  :  sur  un  signe  indé- 
chifTré  des  monnaies  sassanides 
etarabo-pehlvies,  116,  231  ;  — 
sur  la  succession  des  princes 
mazdéens  de  la  Perside,  128, 
132,470.  —  LesZiyârides,  423. 
—  Observations,  3,  73,242,377, 
423.  —  Les  saints  des  derviches 
tourneurs,  20.  —  Hommages, 
20,  70,  99,  163,  240. 

Huguet  (D*").  Les  tombeaux  des 
princes  de  la  dynastie  des  Chor- 
fas  saadiens  à  Marrakech,  19. 


Imhoof-Blumer  (Friedrich),  cor- 
respondant étranger.  Décédé, 
165. 

Indo-Chine.  Liste  des  documents 
relatifs  à  ce  pays  conservés  au 
R5ks-Archief  de  La  Haye,  84. 

Inscriptiones  graecae  ad  res  roma- 
nas  pertinentes,  46,  207. 

Inscriptions:  grecques.  198,216; 
—  latines,  77, 124,  425, 141,142, 
480, 493, 494, 195, 496,  497,  498, 
268,  269,286,  288,  295,  299,300, 
316,  326,  327,  330,  357,  388, 
426,  428,  430. 

Inscriptions  et  médailles  (Com- 
mission des),  435. 

Institut  international  d'anthropo- 
logie. Projet  de  statuts,  344. 

Intailles  représentant  des  génies 
de  la  secte  des  Ophites,  128, 
447. 

Inventaire  des  mosaïques  de  la 
Gaule  et  de  l'Afrique,   46. 

Isturitz  (Basses-Pyrénées).  Félin 
sculpté  en  bois  de  renne,  28. 

Jacques  IV,  roi  d'Ecosse.  Por- 
trait dans  un  livre  d'Heures  de 
la  Bibliothèquede  Vienne,  313. 

Jaussen  (R.  P.).  Exploration  ar- 
chéologique en  Arabie,  248. 

Jeanmy  (Alfred).  Candidat,  22, 
38.  ^ 

Jéquier  (G.),  correspondant  étran- 
ger. L'enuéade  osirienne  d'A- 
bydos  et  les  enseignes  sacrées, 
404,  409. 

Jérôme    (La  légende  de    saint) 
189,  490,  200. 

Jérusalem.  Inscription  grecque 
découverte  sur  le  mont  Ophel, 
487, 490. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 


455 


Joest  (Prix  du  baron  de),  2..  — 
Rapport,  491. 

Jor^  (S.),  correspondant  étran- 
ger, 4. 

Jours  épagomènes  (Le  papyrus 
démotique  de  Lille  n»  3  et 
notation  des),  87.  223, 

Julien  (Prix  Stanislas),  2.  —  Rap- 
port, 167. 

Julius  Alexander  (M.),  donné 
pour  tuteur  à  une  citoj'enne 
romaine  parle  préfet  d'Egypte, 
40. 

Julius   Regillus.    Décret    relatif 
à   une  contestation  de   limites 
entre  ce  personnage  et  les  ci- 
toyens   d'Aunobari,   128,   141. 
Jtn.LiAN    (Camille).    Les  gladia- 
teurs appelés  Trinquiy  et  l'éty- 
niologiedumot/ranc/ier,157. — 
Théâtres  de  la  Gaule  romaine, 
178.  —  Pierre  du  xvi*  siècle  re- 
produisant l'inscription  d*Has- 
parren,  422.  —  Observations, 
19, 172,  178.  —   Histoire  de  la 
Gaule f  20.   —  Notes   gallo-rO' 
maine$,  184, 248. —  Hommages, 
25,  392. 
Justinien.  Édit  relatif  à  la  mon- 
naie, 69. 

Karigren  (BernhAtd).  A  Afandarin 
phonetic  Reader^  168. 

Keiser  (Albert).  The  influence  of 
christianily  in  the  vocabulary 
of  old  enylish  poetry^  378. 

Kenvon  (Sir  FredericK  Associé 
étranger,  73,  83.  —  *AÔT,vaicuv 
IloX'.tfii'x  d'Aristote, '373. 

LABonDE  ((!*'  Alexandre  de]. 
Hommages.  66,  210. 


'  Ihèque    de    la    cathédrale    de 
Roueriy  66. 

LabrioUe  (Pierre  de).  Histoire  de 
la  littérature  latine  chrétienne, 
376. 

Lacau  (Pierre).  Les  travaux  du 
Service  des  antiquités  de  TÉ- 
gypte  en  1919-1920, 356,  359. 

Lacombe  (Paul).  Candidat,  168, 
188. 

La  Fons-Mélicocq  (Prix  de),  2. 
—  Rapport,  167. 

La  FuJ-e  (Allotte  de),  correspon- 
dant. Documenta  présargO" 
niques  y  163.  —  Le  sceau  d^Ur 
E  Innannhy  240. 

La  Grange  (Prix  de),  2.  —  Rap- 
port, 201. 

La  Haye.  Documents  relatifs  à 
rindochine  conservés  au  Ryks- 
Archief  de  cette  ville,  84. 

Lahondès  (Jules  de).  Monuments 
de  Toulouse,  374. 

La  Mantia  (Giuseppe).  Codice 
diplomalico  dei  re  aragonesi  di 
S  ici  lia,  37. 

Lambèse.  Croix  de  bronze,  178, 
179. 

Langlois  (Ch.-V.).  Rapports,  2, 
86,  128, 129,  190,  201.  —  Docu- 
ments lorrains  do  la  collection 
Dufrcsne,  71.  —  «  L'Esprit  de 
Gui  »,  201,  391.  —  Observa- 
tions, 308,  380.  —  Hommage, 
17. 

Lantoine  Prix  Henri),  2.  —  Rap- 
port, 69. 

La  Roncière  (Ch.  de).  Ffisloire 
de  la  marine  française,  25. 

LASTEvniK  [O*  Robert  de).  Com- 
missions, 42i. 
Laborde(M'"  Léon  DEj.  Lâ/?//>//o-    -  Lécrivain  (Charles).   Correspon- 


436 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


dant  français,  397.  —  L'exil  po- 
litique dans  Vhisloire  grecque^ 
9. 

Léger  (Louis).  Commission,  374. 
—  Don  d'une  collection  de  livres 
slaves  à  la  fondation  Dosne- 
Thiers,  2?..  —  I/onomastique 
slave  de  l'Allemajçne,  322,  334, 
339.  —  Hintoire  (TAulriche- 
Hongrie  ;  La.  vie  académique 
chez  les  Tchèques^  73.  —  Le 
subslratum  s/are  de  VAlle- 
magne^  184.  —  Hommage,  320. 

Leite  de  Vasconcellos  (J.).  Cor- 
respondant étranger,  397. 

Lejav  (Paul).  Décédé,  490. 

Leroux  (Alfred).  Géographie  sta- 
tistique et  historique  du  pays 
limousiny  21. 

Lille.  Papyrus  démotique  inédit, 
87,  223. 

Londres.  Pierres  de  bornage 
babyloniennes  au  British  Mu- 
séum, 214,  241. 

Lorraine.  Documents  provenant 
de  la  collection   Dufresne,  71. 

LoTH  (Joseph).  Le  mot  gaulois 
Turno  dans  les  noms  de  lieu 
en  France,  404.  —  Observa- 
tions, 158.  —  Remarques  et 
additions  à  la  Grammaire  gal- 
loise de  John  Morris  JoneSy  162. 

Loubat  (Fondation  du  duc  de), 
11,  209,  395. 

LorBAT  (Duc  de).  Donation  en 
vue  de  constituer  un  fonds 
épigraphique  grec,  333. 

Lourdes.  Gravure  préhistorique 
sur  schiste,  307. 

Louvre  (Musée  du).  Groupe  re- 
présentant Amon  protégeant 
Toutânkhamon,  174. 


Lysias.  Plaidoyer  contre  Hippo- 
therse,  24. 

Macaire.  Date  et  orig^ine  des 
«  Homélies  spirituelles.  >»  à  lui 
attribuées,  2.*i0. 

Macler  (Frédéric).  Rapport  sur 
une  mission,  101. 

Aladauros  (Algérie).  Deux  vic- 
times des  Maures  en  ce  pays, 
323,  329. 

Madrid.  Bas-relief  de  la  collec- 
tion Medina-Geli,  158. 

Mae  via  Dionysarion,  citoyenne 
romaine  en  Egypte,  40 

Maggini  (Francesco).  La  Hello- 
rica  di  Brunetto  Latiniy  17. 

Mâle  (Emile).  Notice  sur  la  vie 
et  les  travaux  de  M.  Auguste 
Barth,  74.  —  Rapports,  173, 
397.  —  Note  de  M.  Marçais 
sur  la  chaire  à  prêcher  de  la 
grande  mosquée  d'Alger,  397. 
—  Observations,  190.  —  Hom- 
mages, .374,  392. 

Marçais  (G).  La  chaire  à  prê- 
cher de  la  grande  mosquée 
d'Alger,  397. 

Marguerite  d'Anglelerre,  femme 
du  roi  d'Ecosse  Jacques  IV. 
Portrait  dansAin  livre  d'Heures 
de  la  Bibliothèque  de  Vienne, 
314. 

Maroc.  Seing  manuel  des  sultans 
saadiens,  73.  —  Graciosa. 
40r», 417.— Voy.  Marrakech,  Vo- 
lubilis. 

Marrakech  (Maroc).  Tombeaux 
des  princes  de  la  dynastie  des 
(>horfas  saadiens,  19. 

Maspeho  (Gaston).  Notice  sur 
lui,  83. 


TABLK    ALPHABÉTIOUE 


4'>7 


Massé  (Henri).  Le  poète  Saadi, 
10. 

Maurice  (R.  P.).  Art  graphique 
et  sculptural  des  Balouba,  1C7, 
209. 

Mazdéens  (Les  princes)  de  la  Per- 
side,  128,  n2. 

Médailles  (Commission  des  ins- 
criptions et),  187. 

Medina-Geli  (Collection),  à  Ma- 
drid. Bas-relief,  158. 

Mélanges  d'archéologie  orientale^ 
16. 

Mélanges  Charles  Royer^  268. 

Melli  (Giuseppe).  Pasquale  Vil- 
Uni,  17. 

Memmia  (Julia  ?).  Mentionnée 
dans  une  inscription  de  Bulle 
Regia.  326. 

Memmius  (C).  C.  fil.  Quir.  Fidus 
Julius  Albus.  Mentionné  dans 
nue  inscription  de  Bulla  Regia, 
327. 

Mémoires  de  CAcndâmie,  12,  204. 

Mémoires  des  savants  étrangers^ 
12,204. 

Mémoires  de  la  Mission  archéolo- 
'jique  française  du  Caire ^  356, 
375. 

Merlin  (Alfredj.  Plan  de  (^ar- 
thage,  116.  —  Mosau{ue  décou- 
verte h  Carthage  ri  représen- 
tant un  gi^nd  domaine  afri- 
cain, 337.  —  Atlas  archéolo- 
gique de  la  Tunisie,  20. 

Melz.  Miniatures  pour  Tillustra- 
lion  d'une  (puvre  du  roi  René 
retrouvées  à  la  Hibliolliè(|ue 
de  celte  ville,  2,  3. 

Moyer (Albert  de).  Les  premières 
controverses  jansénistes  en 
France^  73. 


Millot  (Stanislas).  Application 
des  rayons  X  à  Texamen  des 
anciens  documents  et  reliures, 
88,  101,  157.  —  Publications 
diverses,  162. 

Miniatures  pour  Tiilustration 
d'une  œuvre  du  roi  René  retrou- 
vées à  Metz,  2,  3.  —  Minia- 
tures à  caractère  historique  de 
la  Bibliothèque  de  Vienne, 
3il. 

Mirot(Léon).  Histoire  de  la  forma- 
tion topographique  des  hôtels 
de  liohan  et  de  Soubise^  17.  — 
L'hôtel  et  les  collections  du 
connétable  de  Monlmorenry, 
375. 

Mizigitanorum  (La  civitas),  en 
Tunisie,  272,  285. 

Monceaux  (Paul),  vice-président 
pour  1921,423.  —  Commission, 
435.  —  Rapport,  69.  —  Une 
invocation  au  «  Chris(us  medi- 
cus  ))  sur  une  pierre  de  Timgad, 
74,  75.  —  Martyrs  de  Bourkika, 
116,  122.  —  Croix  de  bronze 
trouvée  à  Lainbèse,    17«,  179. 

—  La  légende  de  saint  Jérôme, 
189,  190,  200.  —  Martyrs  de 
Djemila,  290.  —  Deux  vic- 
times (les  Maures  à  Madauros, 
323,  329.  —  Note  de  M.  Alber- 
tini  sur  une  mosaïque  à  inscrip- 
tion déeouverle  à  Tipîisa,  379. 

—  Observalions,  89,  129,  179, 
337,  308,  377.  —  Histoire  litté- 
raire de  VAfrique  chrétienne^ 
127.  —  Hommage,  376. 

Monnaie.  Édit  de  Justinien,  69. 

—  Monnaies  sassanides  et 
arabo-pehivies,  116,  231,  470. 

Monnaies  i  Lettres   du  directeur 


458 


TABLE    ALPHABÉTHIQIE 


de    radministralion   des),    il, 
436,  437. 

Montandon  (Raoul).  Biblîo- 
fjraphie  des  travaux palêthnolo- 
gique$  et  archéologiques,  392. 

Monlesquieu-Avanlès  (Ariège) . 
Dessin  préhistorique  relevé 
dans  la  caverne  des  Trois- 
frères,  300,  303. 

Mouli^noso  ^UalieV  Inscriptions 
latines  trouvées  dans  les  envi- 
rons de  ce  pays,  299. 

Monuments  et  Mémoires  Piot,  15, 
•207,  289. 

Moi^an  J.  deK  Un  signe  indé- 
chitTré  des  monnaies  sassanides 
et  arabo-pehlvies,  116,  231, 
470.  —  Iji  succession  des 
princes  niazdéeus  de  la  Perside, 
128,   132,      * 

Mosaïque  découverte  à  Orlhage 
et  représentant  un  grand  do- 
maine africain.  337.  —  Mo- 
saïque à  inscription  découverte 
à  Tipasa,  379,  »W7. 

Mou IV t  F.  .  Fouilles  à  Ensé- 
ru  ne.  28,  31. 

Namulk  bMouarxl  ,  associé é lit» n- 
v;t*r,  l.  évolution  de  la  langue 
eir>  [tienne  et  le>  langues  st»mi- 
tuîuos,  2<>.>,  422.  —  La  loi  de 

\ool«!hi*|ue  E^^wii  de  chrt^no- 
lo.C'*^  du  eii  Belc'qtïe,  3'»T.  .UW. 

oî'M'ic^^r.   tO*.  v22- 
NiîHir     l>tv'"i:rîV'iio!>t    <îe     'Vmx 


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Nybop  (Kristoffer).  Associé  étran- 
ger, 73,83,  428. 

Obituaires,  14,206. 

Odeinat,  roi  de  Palmyre,  qualifié 
de  correclor  dans  une  in- 
scription   gréco-palmyrénien- 

ne,  172. 

Omont  (  Henri  )  .Commissions,  374, 
423,424.— Note  de  M.  Georges 
Gazier  sur  un  ms.  inédit  de 
Philippe  de  Maizières  conservé 
à  la  Bibliothèque  de  Besançon, 
11.— NotedeM-Millotsurlap- 
plication  des  rayons  X  à  Fexa- 
men  des  anciens  documents 
graphiques,  10t.  —  Note 
de  D.  Wilmarl  sur  un  ms.  de 
Tertullien  retrouvé,  378, 380.  — 
Hommages,  10,  66,  70,  297, 
333,  373,  375. 

Omphalos  delphique.  Ressem- 
blance avec  quelques  repré- 
sentations égj-ptiennes,  298. 

Onomastique  slave  de  TAile- 
magne,  322,  334,  339. 

Ophites  Inlailles  représentant 
des  génies  de  la  secte  desi, 
12S,  147. 

Ordinaire  ou  du  budget  (^Prix),  1- 
—  Happorl,  187. 

Oxford.  Diptyque  latin  relatif  à 
la  tutelle  dative  des  femmes {Bi- 

bliothè<|ue  Bodléienne',39, 40- 

Palmvre.  —  Vov.  Odeinat,  Va- 

hallal,  Zênobte. 
Pai\adopoulos.    Découvertes  ir- 

chéolo^ques  à  Coostanlinople, 

2:^,  59.  178. 
Papyrus  démotiqoe  de  Lille   t» 

et  la  notation  des  jours  épagO' 

i;u*iu»>.  87,  223. 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


459 


Pabis  (Pierre).  Candidat,  465.  — 
Élu  membre  libre,  188,201, 208. 
—  Fouilles  de  Bolonia,  69.  — 
Le  rocher  de  Perescrita,  près 
de  Cenicientos,  101,  103. 
Pasquali  (G.).  Orazio  Urico,  289. 
Passemard  (E.).  Un  félin  sculpté 

en  bois  de  renne,  28. 
Patby  (A.-J.),  membre  de  l'Aca- 
démie des  beaux-arts.  Commis- 
sion, 435  et  suiv. 
Pellechet    (Fondation  Auguste), 

173,  397. 
Pelliot(PauI).  Candidat,  18,  38, 
367, 379,  392, 395.  —  Les  grottes 
df  Touen-Houangy  37,  367.  — 
Le  tutra  des  causes  et  des  effets ^ 
378. 
Peftarroya.  Lettre  du   directeur 

delà  Société  minière,  101. 
Périclès.  Note  sur  le  mot  à   lui 
prêté  par  Aristote  :  «  L'année 
a  perdu  son  printemps  >>,  242. 
Périodiques  offerts,  439. 
Perse  (Un  essai  de  restauration 
de  Tempire)  au  x«  siècle,  423. 
—  Tissu  de  soie  persan  du  x« 
siècle,   trouvé  à    Saint-Josse- 
sur-mer,  377. 
Perside  (Les  princes   mazdéens 

delà),  128,132,  470. 
Perlu   (Le   nom   de    lieu)   et  la 
légende  du  roi  Artur,  174,  175. 
Pétrarque.  Réplique  à  un  de  ses 

écrits,  103. 
Philadelphie.  Deux  tablettes  de 

Nipur,  au  Musée,  27. 
Philippe  de  Maizières.  Ms.  inédit 
offert  à  la  Bibliothèque  de  Be- 
sançon, 11. 
Philippes   (Macédoine).    Corres- 
pondance d'Abgar  avec  Jésus- 


Chriét,  gravée  sur  une  porte 
de  cette  ville,  74,  88.  — 
Fouilles,  214. 

Picard  (Charles).  Un  texte  nou- 
veau de  la  correspondance 
entre  Abgar  et  Jésus-Christ, 
gravé  sur  une  porte  de  Phi- 
lippes de  Macédoine,  74,  88. 
—  Découverte  d'un  colosse 
criophore  à  Thasos,  187,  213, 
218.  —  Fouilles  de  TÉcole 
d'Athènes  à  Thasos,  et  à  Phi- 
lippes de  Macédoine,  etc.,  213, 
248,  375. 
•Picot  (Emile).  Catalogue  des 
tivres  de  la  bibliothèque  de  feu 
M.  le  baron  James  de  Roth- 
schild, 373. 

Pierre  hiver  sous  pierre  (Saint) , 
nom  donné  au  moyen  âge  à  la 
fête  de  la  Chaire  de  saint  Pierre 
à  Antioche,  58. 

Piganiol  (André).  Les  gladiateurs 
appelés  Trinqui  dans  une  ins- 
cription de  Sardes,  157. 

Piot  (Fondation).  Rapports,  18, 
38,  187,  397.  —  Commission, 
421 . — Monuments  et  Mémoires, 
15,  207,  289. 

Plantin  (Christophe).  Quatrième 
centenaire,  à  Anvers,  289. 

Plaute  (La  juridiction  des  édiles 
d'après),  24. 

Plomb  (Le  commerce  du)  à 
l'époque  romaine,  18. 

Poinssol  (Louis).  Deux  inscrip- 
tions d'Aunobarl,  12S,  140.  — 
La  civitas  Mizigitanorum  et  le 
pagus  Assalitanus,272,  285.  — 
Datus,  conductor  praodiorum 
regionisThug^^ensis.  356,  357. 

Ponson- Dessus     (Basses- Pvré- 


460 


TABLE    ALPHABÉTIQUE 


nées).  Pierre  du  xvi*  s.  repro- 
duisant l'inscription  d'Haspar- 
ren,  422. 

Pontos.  Nom  d'un  Grec,  dans  une 
épigramme,  57. 

Porée  (Chanoine),  correspon- 
dant. La  Bibliothèque  de  la 
cathédrale  de  Rouen j  66. 

Postica,  180. 

PoTTiER  (Edmond).  Commissions, 
424.  --  Fouilles  de  M.  F. 
Mouret  à  Ensérune,  28,  34.  — 
Un  colosse  «  criophore  »  ar- 
chaïque découve'rt  à  Thasos, 
213,  218.  —  Corpus  des  vases 
anliquos  d'argile,  219.  —  Ob- 
servations, 103,  474.  —  Hom- 
mages, 56,  167,  186,  211,335, 
393,  396. 

Pou  niés,  13,  205. 

Poupnrdin  (René).  Recueil  des 
aclcsdes  rois  de  Provence,  378. 

Prenloul  (Henri).  La  formule 
Dei  (jratia  dans  les  actes 
d'Henri  H  d'Angleterre,    368. 

Prosl  (Prix  Auguste),  2.  —  Rap- 
port, 173. 

Prou  (Maurice).  Commissions, 
374,  42k  —  Rapports,  57,  377, 
395.  —  Diplôme  de  Charles  le 
Chauve  pour  !!^aint-Pierre  de 
Gand,  70.  — Observations,  128, 
—  Hommages,  9,  320.  321,378. 

Puech  ^Ainié).  Candidat,  392, 
395. 

Radet  Georges),  correspondant. 
Note  sur  un  passage  de  la 
Constitution  d'Athènes  d'Aris- 
tote  (ch.  26),  8S. 

Rapson  E.  J.'.  Karosthi  Inscrip- 
tions, 199. 


Rayons  X.  Application  à  Teia- 
men  des  anciens  documents 
graphiques  et  reliures,  88, 
101,  157. 

Recueil  Milliei,  402. 

Reûk-Nevzad  (D'j.  La  Fédéra' 
ration  ottomane,  20. 

Reinaou  (Salomon).  Commission, 
374.  —  Statuette  de  félin  en 
bois  de  renne  découverte  à 
Isturitz,  27.  —  Bas-relief  de 
la  collection  Medina-Celi  à 
Madrid,  158.  —  Note  de  M. 
Cumont  sur  les  fouilles  du 
Palatin,  168.  —  Les  «  Dia- 
lexeis  »,  202,  203.  —  Note  de 
M.  Fraipont  sur  la  chronologie 
de  l'époque  néolithique  en  Bel- 
gique, 367.  —  Un  lémolgnajfp 
inaperçu  surledruidisme,  367. 
—  Observations,  128,  129,  158, 
167,  172,  200,  213,  248.  250, 
269,  272,  298,  322,  323,  338, 
356,  404,  405,  424. 

Rein ACH  (Théodore).  Le  plaidoyer 
de  Lysias  contre  Hippotherse, 
24. —  Une  épigramme  grecque 
inédite,  57.  —  Papyrus  de  Ber- 
lin contenant  un  extrait  du 
code  fiscal  de  l'Egypte  romaine, 
87.  —  Observations,  74,  128, 
172,  178,  190,  242,  .303,  311, 
368,  377,  379, 

René  d'Anjou,  roi  de  Sicile. 
Miniatures  pour  Tillustration 
de  son  Mortifiement  de  vaine 
plaisance  retrouvées  à  Metz,  2, 
3. 

Répertoire  d^épigraphie  sémi- 
tique, 15,  207. 

Revue  d'assyriologie  et  tf  archéo- 
logie orientale,  202. 


TABLE  ALPHABËTlUtE 


461 


r^eynaud  (Prix  Jean),  2.  —  Attri- 
bution du  prix,  167. 

[Rituel  babylonien  (Un  nouveau), 
103. 

tome.  Fouilles  du  Palatin,  168. 

Roslovlsev  (Michel).  Correspon- 
dant étranger,  397. 

Rothschild  [Catalogue  des  livres 
de  la.  Bibliothèque  de  feu  M.  le 
baron  James  de),  373. 

Koumanie.  Télégramme  de  la 
Chambre  des  députés  de  ce 
pays,  1.  , 

Roy  Jlippolyte).  Les  sources  de 
la  poésie^  199. 

Saint-Germain  (Musée  de).  Gra- 
vure sur  schiste  provenant  de 
Lourdes,  307. 

Sjinl-Josse-sur-Mer  (Pas-de-Ca- 
lais).  Découverte  d*un  tissu  de 
soie  persan  du  x«  siècle,  377. 

Sainl-Périer  {D'  de).  Envoi  d'un 
ph  cacheté»  11. 

SaiDtour  (Prix),2.  —  Rapport,190. 

Salonique.  Fouilles  faites  par  le 
Service  archéologique  de  Tar- 
mée  d'Orient,  300. 

^antarem  (Visconde  de).  Estudos 
de  car tog raphia  anliga,  320. 

•""traiensis  (de.Guernesey  ?),  431. 

î^afignac  (R.  P.).  Exploration 
archéologique  en  Arabie,  248. 

^Vieau  portant  le  nom  du  prince 
hongrois  Coloman,  2. 

î^<:hkil  (R.  p.).  Commissions, 
m.  —  Rapport,  404.  —  Deux 
Ublelles  de  Nipur  (Musée  de 
Philadelphie,  27.  —Note  de 
M.  Jéquier  sur  Tennéade  osi- 
rionne  «l'Abvdos  v.l  les  ensei- 
Koes    sacrées,    VO'i.    —    Hom- 


mages,   163,    240,    392,     422. 

ScHLUMBERGBR  (Gustavc).  Sccau 
portant  le  nom  du  prince  hon- 
grois Coloman,  2.  —  Monnaies 
médiévales  des  rois  de  la  Petite 
Arménie^  210. —  Observations, 
66,  178,  424. 

Séance   publique  annuelle,  391 . 

Sebenc.  Mot  provençal  dont  le 
sens  propre  est  «  bâtard  », 
3-79. 

Senart  (Emile).  Commissions, 
374,  424.  —  Karosthi  Inscrip- 
tions^ 199.  —  Hommages,  37, 
202,  378. 

Set  Typhon  (L'animal  sacré  de), 
289. 

Sidersky  (D.).  La  stèle  de  Mésa, 
56. 

Sidon  (Le  Paradeisos  i-oyal  aché- 
ménide  de),  404,  405. 

Sirini^d?]ius  Severianus  (C). 
ÉpiUphe,  299. 

Slave  (Onomastique)  de  l'Alle- 
magne, 322,  334,  339. 

Sottas  (H.).  Le  papyrus  démo- 
tique de  Lille  n"  3  et  la  nota- 
tion des  jours  épagomênes,  87, 
223. 

Stecnslrup  (Johannes),  corres- 
pondant étranger.  De  Danske 
folkensers,  156,  189.  —  Ethno- 
grafîen,  320. 

Syria,  211,  335. 

Table   de    mesures   de    Djemila, 

311,315. 
Tannery  (Paul;.  Mémoires  scien^ 

tifiquesy  70. 
TertuUien.  Un  manuscrit   de  î>es 

œuvres  retrouvé  à    la     Biiilio- 

Ihcvpie    de  Troycs,    .'V^^,    3H0. 


i&2 


TAHm   ALPHABÈTlyCK 


Thaito'-.  Découverte  d'un  colosse 
criopliore.  IKT,  213,  2iH.  — 
Insoriplions,  213. 

Tht^AlreB   do   ia   Gaule   romaine, 

17B. 
Th^h<'S  d'Egypte.  GralTiili  grecs 
iIhiis  Ios    tombeaux  des  rois, 


Tiii 


HrNAT  (L'abbé).  Notice  sur  sa 

i'  ol  seslravaui,  H. 

clolos,    fils    de     Ouctt&nbs, 

vtrcet  arcliisynogogosà  3é- 

isalcm,  IR7. 

MAH  (Anloiiic).  Commission, 
V-i4.  —  Rapport,  191.  —  Nou- 
veaux exemples  du  nom  donné 
BU  movoii  h^'e  à  la  fête  de  la 
t:iiairede  saiut  Pieire  A  Antio- 
obe  [Saint  l>ierre  hiver  sou» 
(lierre),  "iH.  —  Le  nom  de  lieu 
l'crtu   (C.i-Ciiso)   et   la  légende 


du  r. 


n4.  r.: 


-Evai 


trlyrohgium  hîfruny- 
mianuin,  337.  —  he  sons 
propiv     du     mot     provençal 


10;t,  202.  —  llomuiaKi',  31. 
"■    rlel   toiidalion'.  Altribiilioii, 


i-nAMiiN,Kr>ni,-ois  .Cor 


Tourneur  fViclorj,  Jehan  deCtii 

dida,  37-38. 
Toutain  (Julesj.  Lea  culte*  /Mûni 

dans  l'Empire  romain,   392. 

Toutânkhamon  (A mon  protégea n 

le  roi).  Groupe  acquit  par  \i 

Musée  du  Louvre,  174.  I 

Trancber.  Étymologie  decemol, 

157. 
Traonoy.    Hypothèses  critiqQt| 
sur  le&Petiiéesde  Marc-Auriit\ 
208. 
Travaux  littéraires  (Comniissiva 

des).  171,  424. 
Trinqui  (Les   gladiateurs  app^ 

lés),  157. 

Tunisie.  AtU$  archéologique,  if>- 

—    Voy.     Assalitanus     [Pagus- 

Aunobari,  RullaRegia,I>ou^, 

MiiigiUDOrum  (CiviUs). 

Turao  [Le  mot  gaulois)  dans  In 

noms  de  Heu  en  France,  404. 

Tutelle  dative  des    femm»»  [l^a 

diptyque  latin  sur),  39,  40. 

Union  académique  interna  tionaK. 

110,  249.436.  I 

Vabnllat.  filsde  la  reine  Zéoobi^! 

Titre  de  correcior  à  lui  donné 

VailaU   (R.).   Le  yoi/e  pertiqiit,' 

163. 
V»llois,R.:.  L'épiphanie  du  ffu 

dans    le    culte    du     Dionysos 

tbrace.  404.  4». 
V*N     Bercvex     ..Max;,    associa 

elrancer.  ilaUriaux  pour    n"  ^ 

Corpat  inxripUonam  vtiû:*- 1 

rum,  3»ft.  I 

Vantien  Glieyn   Chaooinei.  f»''' 

tation  ■  la  journée  Va»  ^]^ 

310. 


TABLE   ALPHABÉTIQUE 

Van  Eyck  (Journée),  à  Gand,  310, 
338. 

Vases  antiques  d*argile  (Corpus 
des),  249. 

Vassel  (Eusèbe).  Marques  céra- 
miques et  balles  de  fronde  car- 
thaginoiseSy  422. 

Vienne  (Autriche).  Deux  minia- 
tures à  caractère  historique  de 
la  Bibliothèque,  31 1 . 

Vignaud  (Henry),  correspondant 
étranger.  Genèse  du  voyage  de 
Christophe  Colomb  vers  l'Amé- 
rique, 157,  158.  —  The  Coluni- 
bùtn  tradition  on  the  discovery 
of  America^  162. 

Villecourl  ^R.  P.  Louis).  La  date 
et  Torigine  des«  Homélies  spi- 


463 

rituelles  »  attribuées  à  Macaire, 

250. 
Vincent  (R.  P.).  Haram  el  khalil, 

à  Hébron,  334. 
Virey   (Philippe).    Gaston    Mas- 

pero,  83. 
Volney  (Prix).   Attribution,  191. 
Volubilis  (Maroc).  La  cité  punique 

elle  municipe,  339. 

Wilmart  (Dom).  Un  manuscrit  de 
TertuUien  retrouvé,  378,  380 . 

Zénobie,  reine  de  Palmyre.  Nom 
de  son  père  (Antioclios),  172, 
173. 

Ziyàrides  (Les),  423. 

Zoroaslre  avant  l'Avesta,  248. 


TABLE      DES    GRAVURES 


lui  sculpta  en  bois  de  renne 

.tiîiiu'iit  lit'  liois  de  renne  avec  harpon  gravé al 

•ii's  pecs  tiouvésii  Ënsérune  (collection  F.  Mouret) 33 

vi-s  lie  slyle  ibérique  [collection  F.  Mouret] 3; 

»(•  |)Iiislii|ue  lie  style  fjrec  (collection  F.  Mouret] 3î 

.iTi|iliini  (le  Timgacl,avec  iovocalion  au  «  Cbristus  medicus  "  77 
tlliBgt'.  —  Partit;centr3le(1clan6cro|ioIepunique(plau  hors 

i,.\li>).  entre  les  pages 120  et  121 

«■liplion  de  deux  martyrs  de  Bourkika 124 

;iiillus  représentant  des  génies  de  la  secte  des  Ophilcs I't7 

rlliiii,"*'  —  Mosaïque  tombale  avec  iriscriplion 19* 

UiSHC  cnophore  archaïque  de  Thasos il9 

sic  du  colosse  criopliore  de  Thasos  (vu  de  face) 3Î0 

sli'  du  colosse  criophorede  Tbasos  (vu  de  dos) 

pyi-usddmotique  de  Lille  n"  3 ; 

[nés  de  légendes   monétaires   sassanides  et   arabo'pehivies  i3i 

23Î 

rlhnfîe.  —  Fontaine  aux  mille  amphores 261 

—  Fontaine  aux  mille  amphores  et  mur  de  mer S63 

liitions  de  In  sphère  céleste  avec  le  cours  de  la  vie  humaine  276 
rivni'u  et  peinture  sur  pai*oi  de  la  caverae  des  Trais- Frères, 

i  Moiilcsquieu-Avaulès  (Ariège) 305 

uvure   sur  schiste  provenant  de  Lourdes  (Musée  de   Saiat- 

ii-rmain) 307 

ifime  militaire  de  Coi'se  (faces  intérieures) 427 

—  —        —      —    (faces  extérieures) 429 

1,'cndi's  des  monnaies  des  princes  de  Perside i'9 


/ 


TABLE    DES    MATIERES 


CAHIER  DE  JANVIER 

SéANCBS *. 1,10,18,22 

Communication  : 

Miniatures  pour  Tillustration  d'une  œuvre  du  roi  René  retrou- 
vées à  Metz,  par  M.  le  comte  Paul  Durrieu,  membre 
de    l'Académie 3 

Appendice  : 

Rapport  du  Secrétaire  perpétuel  sur  la  situation  des  publi- 
cations de  TAcadémie  pendant  le  deuxième  semestre  1919  ; 
lu  dans  la  séance  du  16  janvier  1920 11 

LrvRES  OFFERTS 9,  17,  20,  25 

CAHIER  DE  FÉVRIER 

SfcANCKS 27,  38,  ne,  66 

Communications  : 

•    Un  félin  sculpté  en  bois  de  renne,  par  M.  E.  Passemard. ...       28 
Noie  sur  les  fouilles  de  M.  F.  Mouret  à  Euséruue,  par  M.  E. 

Poltier,  membre  de  TAcadémie 31 

Un  diptyque  latin  sur  la  tutelle  dativc  des  femmes,  par  M. 

Edouard  Cuq,  membre  de  T Académie 40 

Note  sur  quelques  découvertes  récentes  faites  à  Constantinople, 
par  M.  Papadopoulos,  directeur  du  lycée  gréco-français  à 
Constantinople 59 

Livres  offerts 37,  56,  06 

CAHIER  DE  MARS      ' 

Séances 09,  71 ,  74,  83,  88 

1930  30 


466  TABLE    DES    MATIÈRES 

Communication  : 

Une  invocation  au  «  Christus  medicus  »  sur  une  pierre  de 
Timgad,  par  M.  Paul  Monceaux,  membre  de  l'Académie. .        75 

ÂppBKDicE  : 

Rapport  sur  les  travaux  des  Écoles  françaises  d*Athènesel  de 
Rome  pendant  Tannée  1918-4919,  par  M.  Emile  Châtelain, 
membre  de  TAcadémie  ;  lu  dans  la  séance  du  31  mars  1920       89 

Livres  offerts 70.  73,  83,  88,    99 

CAHIER     D'AVRIL 

Séances 101,  116,  127,  156 

Communications  : 

Le  rocher  de  Perescrita,  près  de  Cenicientos  (province  de 
Madrid),  par  M.  Pierre  Paris,  correspondant  de  l'Académie     103 

Les  graffiti  grecs  dans  les  tombeaux  des  rois  à  Thèbes  d'Egypte, 
par  M.  Jules  Baillet 107 

Martyrs  de  Bourkika,  par  M.  Paul  Monceaux,  membre  de 
l'Académie 122 

Note  sur  la  succession  des  princes  mazdéens  delà  Perside,par 
M.  J.  de  Morgan 132 

Deux  inscriptions  d'Aunobari,  par  M.  M.  L.  Poinssot, inspec- 
teur des  antiquités  de  la  Tunisie 140 

Intailles  représentant  des  génies  de  la  secte  des  Ophites,  par 
M.  Adrien  Blanchet,  membre  de  l'Académie 147 

Lettre  de  M.  Vignaud,  correspondent  de  l'Académie,  à 
Messieurs  les  membres  de  l'Académie  des  inscriptions  et 
belles-lettres 158 

Appendice   :  * 

Rapport  sur  le  Concours  des  antiquités  de  la  France  en  1920, 
par  M .  Langlois,  membre  de  l'Académie  ;  lu  dans  la  séance 
du  23  avril  1920 129 

Livres  offerts 127,  156,  162 

CAHIER  DE  MAI 

Séances. 165,  168y.  173,  178 

Communications  : 

Le  nom  delieu  Pertu  (Creuse)  et  la  légendedu  roi  Artur,  par 
M .  Antoine  Thomas,  membre  de  l'Académie 175 


TABLE    DES    MATIÈRES  467 

Noie  sur  une  croix  de  bionse  trouvée  à  Lambèse,par  M.  Paul 
Monceaux,  membre  de  TAcadémie 179 

Livres  offerts 168,  172,  177,  184 

CAHIER  DE  JUIN 

SéANCBS 185,  186,  190,  200 

Communication  : 

La  basilique  voisine  de  Sainte-Monique  à  Carthage,  par  le 
R.  P.  Delà  tire,  correspondant  de  TAcadémie 191 

Livres  offebts 185,  189,  199,  202 

CAHIER  DE  JUILLET 

Séances 203,  208,  212,  241,  248 

Communications  : 

A  propos  d'une  inscription  grecque  delà  basilique  d*Ererouk, 

par 31.  Charles  Diehl,  membre  de  l'Académie 215 

Un  colosse  «  criophore  »  archaïque  découvert  à  Thasos,  par 

M.  Edmond  Pottier,  membre  de  TAcadémie 218 

Les  fouilles  de  Foustat,  par  M.  A.  .Gabriel 243 

Appendices  : 

Rapport  du  Secrétaire  perpétuel  sur  la  situation  des  publica- 
tions de  l'Académie  pendant  le  premier  semestre  1920  ;  lu 

dans  la  séance  du  2  juillet  1920 204 

Le  papyrus  démotique  inédit  de  Lille  n^  3  et  la  notation  des 

jours  épagomènes,  par  M .  Il .  Sottas 223 

Sur  un  signe  indéchifTré  des  monnaies  sassanides  et  arabo- 

peblvies,  par  M.  J .  de  Morgan 231 

Livres  offerts 208,  210,  240,  248 

CAHIER    D'AOUT 
Séances 249,  269,  289,  298 

Communications  : 

La  date  et  l'origine  des  «  Homélies  spirituelles  j»,  attribuées 
à  Macaire,  par  le  P.  L.  Villecourt,  O.  S.  B 250 

Découverte  d'une  fontaine  antique  à  Carthage,  par  M .  le  doc- 
teur Carton,  correspondant  de  l'Académie 258 


468  TABLE   DES    MATIÈRES 

Les  Enfers  selon  TAxiochos,  par  M .  Franz  Cumont,  associé 
étranger  de  TAcadémie 272 

La  civilas  Mizigitanorum  et  le  pagus  Assalitanus,par  M .  Louis 
Poinssot,  inspecteur  des  antiquités  et  arts  de  la  Tunisie.      285 

Martyrs  de  Djemila,  parM.  Paul  Monceaux,  membre  de  T  Aca- 
démie        290 

Livres  offerts 268,  289,  297,  298 

I  www 

CAHIER  DE  SEPTEMBRE 
Séances 299,  310,  322,  333 

Communications  : 

Un  dessin  relevé  dans  la  cavernedesTrois-Frères,  à  Montes- 

quieu-Avanlès  (Ariège);  par  M.  le  comte  Begouen 303 

Deux  miniatures  à  caractère  historique  de  la  Bibliothèque 

de  Vienne,  par  M .  le  comte  Durrieu,  membre  de  l'Académie     31 1 

Table  de  mesures  de  Djemila,  par  M .  Alberlini 315 

Rapport  sur  les  fouilles  exécutées  à  Bulla  Regia  en  1919-1920, 

par  M.  le  D'*  L.  Carton,  correspondant  de  TAcadémic 323 

Note  complémentaire  de  M .  Cagnat 325 

Deux  victimes  des  Maures  à  Madauros,  par  M.  Paul  Monceaux, 

membre  de  l'Académie 329 

Livres  offerts 320,  333,  335 

CAHIER    D'OCTOBRE 
Séances. 337,  338,  356,  367,  374 

Communications  : 

La  cité  punique  et  le  municipe  de  Volubilis,  par  M.  Edouard 

Cuq,  membre  de  l'Académie 339 

Datus,  conduclor  praediorum  regionis  Thuggensis,  par   M. 

Louis  Poinssol,  inspecteur  des  Antiquités  de  la  Tunisie..  357 
Les  travaux  du  Service  des  Antiquités  de  l'Egypte  en  1919- 

1920,  par  M.    Pierre  Lacau 359 

Essai  de  chronologie  du  néolithique  en  Belgique,  par  M.  Charles 

Fraipont,  professeur  à  l'Université  de  Liège 368 

Appendice  : 

Rapport  sur  les  travaux  de  l'Ecole  française  d'Extrême-Orient 
du  mois  d'avril  1918  au  mois  de  juillet  1920,  par  M.    Henri 


TABLE    DES    MATIÈRES  469 

Cordier,   membre  de   l'Académie;  lu  dans  la  séance  du 

8  octobre  1920 350 

Livres  offerts 356,  366,  373,  375 

CAHIER  DE    NOVEMBRE 

SÉAWCES 377,  378,  391,  392 

Communications  : 

Un  manuscrit  de  Tertullien  retrouvé,  par  Dom  Wilmart,  béné- 
dictin de  Farnborough  (Angleterre) 380 

Mosaïque  à  inscription,  découverte  à  Tipasa,  par  M.  E.  Alber- 
tini 387 

I^IVRES  OFFERTS 378,  392 

CAHIER  DE  DÉCEMBRE 
SÉANCES 395,  397,  403,  422,  423 

COMMUNICATIONS  : 

La  chaire  à  prêcher  de  la  grande  mosquée  d'Alger,  par 
M.  G.  Marçais 397 

Le  Paradeisos  royal  achéménide  de  Sidon,  par  M.  Clermont- 
Ganneau,  membre  de  l'Académie 405 

L*ennéade  osirienne  d*Abydos  et  les  enseignes  sacrées,  par 
M.  J.  Jéquier,  correspondant  étranger  de  TAcadémie 409 

Graciosa  :  une  ville  portugaise  oubliée  au  Maroc,  par  M.  le 
comte  Henry  de  Castries 417 

Un  diplôme  militaire  de  Corse,  par  M.  René  Cagnat,  secré- 
taire perpétuel  de  TAcadémie 425 

Livres  offert» 396,  402,  422,  433 

Commission  des  inscriptions  et  médailles 435 

PéniODiQUES  offerts 439 

Table  alphabétique 4 15 

Table  des  gravures 464 

Table  des  matières , 465 

Errata 470 


ERKATA 


p.  74,  ajouter  à  la  fin  de  la  noie  /  :  n"  6. 

P.  134,  entre  les  figures  16  et  17,  insérer  le  facsimilé  suiount  : 


o  JiAHSutfAUi^MKIOliMIIIO  ». 

o  j<AHVjjAun<iiin<ni>«MinH  ♦. 

,[l)««i)lhA-M]o*t!«»w*i<"*>fWfU*iK>r  5. 

PRINCES  DE  ?EKSn)E.Léje>»la4esaaMa^ 


P.  163,  1.  24,  au  lieu  de  :  1909,  lire  :  1919. 

P;  175,  1.  15,  au  lieu  de  :  Leclerc,  lire:  Lecler. 

P.  353,  I.  au  lieu  de  :  Golonbev,  lire  :  Goloubev. 

P.  363, 1.  6,  au  lieu  de  :  munulitique,  /(Ve;  nummulitique. 

Le  Gérant,  A.    Pic 


ARD. 


MACnM,  rnOTAT  FRRRES,  IMPRIMBl'RS. 


MANDBLS  OE  BIBLIOGRAPHIE    HISTORIQUE 


i.   — .  LES   ARCHIVES    DE    L'HISTOIRE    DE    FRANCE 

PAR 

M.  Cm.-V.  LANGLOtS,  |  M.  H.  STKIN. 

Directeur  dtt  Archives  NaUonales.  ConMnrateur  des  ArchiYes^  inoiemee 

aux  Archives  Nabonalea. 

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b1bu0'>'hbua  bibliooraphica  nota 
Par  Ubnri  STEIN. 

I  volune  in>8*  (xx-895  pages),  25  (r.  Relié  toile,  non  rogné  ....  32  fr. 

III.  — LES  SOURCES  DE  L'HISTOIRE  DE   FRANCE 

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PMBMifcns  PARTIR  :  Do8  originea  aux  guarras  d*ItaUa  (1494),  par  Auoustb 

MOLIIffBSI. 

I.  Ëpoqob  primitive.  — >  MéROviifoiBNS  BT  Garounoibus. 

II.    BpOQUB  PBODALB.    —    LbS   CAPéTIBNS  JUSQu'sif    1180. 

m.  Lbs  Capbtibn8«   1180-1328. 
IV.  Lbs  Valois,  1324.1401. 

V.  iNTRonucTioN  oéNéRALB.  —  Valois  (suite),  1461-1494. 
VI.  Tablb  oézvâRALB  rédigée  par  L.  Polain. 
DsoxiàMR  partis:  La  XVI* siècle  (U94.1010),  par  H.  Hausbr,  professeur  à  l'Uni- 
^ersité  de  Dijon. 
I.  Lbs  pRRXii^RBS  otTBRRBs  d*[talib.  —  Gharlbs  VIII  et  Louis  XII  (1494-1515). 
II.  FRArfçcis  i*'  et  Hbnri  II  (1515-1559). 

III.  Lbs  onBRRBS  db  rrijoion,  François  II,  Gharlbs  IX,  Ubnri  III  (1559-1589), 

IV.  Hbrri  IV  (1589  1610). 

TROisifeMR  paktib  :  La  XV2I*siècle(1610-1715),parE.  Bourobois,  professeur  à  l'Uni- 
▼ersilé  de  Paris,  et  Louic  AmiRé,  docteur  es  lettres. 
I.  GiooRAPHiB  et  Histoires  oéNBRALBS. 

II.  Mbmoirbs  et  Lbttrbs.  10  tr,  —  15  fr.  rel.  toile. 

IV.—  BIB.MOGnAPnilî  GÉNÉRALE  DES   CARTULAIRES 
FHANÇAIS  OU  RELATIFS  A  L'HISTOIRE  DE  FRANCE 

Par  IIbniii  STEIN. 
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