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i
A
L
ACADÉMIE
DES
INSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES
ANNÉE 1920
I
INSCRIPTIONS & BELLES-LE'
COMPTES RENDUS
SÉANCES RE L'ANNÉE 1920
1920
PARIS
AUGUSTE PICARD, ÉDITEUR
M D CCCC XX
.S2.
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l
ACADÉMIE
/*' .
DBS
INSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES
COMPTES RENDUS
DBS
SÉANCES DE L'ANNÉE
1920
BULLETIN DE JANVIER-FÉVRIER
PARIS
AUGUSTE PICARD, ÉDITEUR
UB/kAOrn DM ABCB1YB8 NATIOIULBS ET DE LA SOaBTé DB L^AcOtB DBS CHARTE
82, BUB BONAPARTB, 82
M D CCCC XX
Recoeil paraisBant toua lea deux mois, par fasciculea de 7 à 8 feuilles
avec planches et figurea. Prix de rabonnement annuel : — - 20 fr.
TABLE DBS MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER
SiANGBS DB JaIWIBR 1, 10, 18, SI
GOMMimiGATIOIf :
Miniatures pour rillustration d'une œuvre du roi René retrouvées
à Metz, par M. le comte Paul Durrieu, membre de TAcadémie. S
Al>PBMDICB :
Rapport du Secrétaire perpétuel sur la situation des publications
de l'Académie pendant le deuxième semestre 1919 ; lu dans la
séance du 16 janvier 1930 Il
LiTBBS 0FFBRT6 * 9, 17, SO, SS
SéANGBS DB FévRIBR 27, 38, 56
Communications : ^
Un félin sculpté en bois de renne, par M. E. Passemard SS
Note sur les fouilles de M. F. Mouret â Ensérune, par M. E.
Pottier, membre de l'Académie 31
Un diptyque latin sur la tutelle dative des femmes, par M. Edouard
Guq, membre de l'Académie 40
Note sur quelques découvertes récentes faites à Constantinople,
par M. Papadopoulos, directeur du lycée gréco-français i
Gonstantinople 59
Ll VIIBS OFFERTS 37, 56
AVIS IMPORTANT
Pour assurer une prompte publication des Comptée rendoc, les
autours de communications,qu'ils appartiennent à l'Académie ou qu'ils
lut soient étrangers, sont instamment priés de remettre leur manuscrit
et, s'il y a lieu, les documents figurés qui doivent l'illustrer, le iour
même de la séance où ils ont été entendus. Le Secrétaire perpétuel
pourra toutefois, en certains cas, les autoriser à retarder cette remise
ju8qu*au mardi suivant, dernier délai pour Tenvoi de la copie à l'impri-
mené.
Les communications des auteurs étrangers à l'Académie ne devront
pas dépasser huit pages.
Les épreuves, tant en placards qu'en pages, doivent être retournées
au rédacteur des Comptée rendus dans le délai de trois jours, le jour
de la réception non compris.
Dans le cas où les auteurs ne se conformeraient pas à ces indica-
tions, leur communication serait ajournée i l'un des cahiers suivants.
>-
COMPTES KENDUS DES SEANCES
DB
L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES -LE'ITRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 9 JANVIER
PRESIDENCE DE M. CHARLES DIBIIL.
M. Jorga, récemment élu correspondant, adresse à TAcadémie
ses remerciements.
SccRéTAiRE PERPÉTUEL donne ensuite lecture d*un télé-
irne delà Chambre des Députés de Roumanie, ainsi conçu :
a Bucarest, 26 décembre 1919.
« L.a Chambre des Députés élue par le suffrage universel des
Roumains de toutes les provinces réunies par la victoire com-
mune des Alliés, très sensible à Thommage apporté à la modeste
roniribulion de la science roumaine par Téleçtion de son prési-
dent comme correspondant de TAcadémie des inscriptions et
|>elies'letlre8, me charge de témoigner à mes illustres collègues
Im profonde reconnaissance que notre nation conservera à cette
pdk^ée française représentée par vous, dont les nobles idées
#oni devenues aujourd'hui Tessence même d*un ordre moral
uotver»el.
u L»e Président de la Chambre des Députés de Roumanie. »
L^ SECséTAiRB PBRpéruBL, fait connaître, ainsi qu'il suit, la
«g&tialioo des concours de l'Académie pour 1920 :
p»ix oftDiKAiRB : 2 concurrents.
J^nrtQvnàs tiationalbs : 10 concurrents.
2 SÉANCE DU 9 JANVIER 1920
Prix de La Fons-Melicocq : 2 concurrents.
Prix Gabriel-Auguste Prost : I concurrenl.
Prix du baron de Courcel : I concurrent.
Prix de La Grange : aucun concurrent.
Prix Bordin ^antiquité) : 4 concurrents.
Prix Dblalande-Guérineau (Orient) : 3 concurrents.
Prix Saintour (moyen âge et Renaissance) : 6 concurrents.
Prix Louis Fould : l concurrent.
Prix Raoul Duseigneur : aucun concurrent.
Prix veuve Duchalais : 1 concurrent.
Prix Stanislas Julien : 4 concurrents.
Prix Jean Reynaud : aucun concurrent.
Prix du baron de Joest : aucun concurrent.
Prix Henri Lantoine : aucun concurrent.
Médaille Paul Blanchet : aucun concurrent.
Au nom de la Commission du prix Gobert, M. Ch.-V.LANOLois
annonce qu'un seul ouvrage a été adressé au concours :
J. Mathorez, Les étrangers en France sous l'ancien régime^
tome I (Paris, Champion, 1919, in-8®), auquel il faut ajouter
les ouvrages qui ont obtenu Tan dernier le premier et le second
prix Gobert : Ferdinand Lot, Étude sur le Lancelot en prose
(Paris, 1918, in-8^), et Philippe Barrey^ Les origines delà coioni-
sation française aux Antilles (Le Havre, 1918, in-8«).
M. le comte Paul Durrieu fait une lecture sur des miniatures
ayant illustré un traité du roi René, retrouvées par lui à la
Bibliothèque de Metz *.
M. Gustave Schlumberger présente à TAcadémie un sceau de
plomb provenant d'Alep qui porte le nom du prince hongrois
Coloman, duc byzantin en Cilicie au xii'' siècle sous le règne de
l'empereur Manuel Comnène. M. Schiumberger raconte Todys-
sée extraordinaire de ce prince de la famille royale de Hongrie,
entré au service byzantin après mainte aventure, se battant aux
côtés des princes de la Croisade et du roi chrétien de Petite-
Arménie contre toutes les forces du redoutable Nour-ed-dîn,
1 . Voir ci-aprt^s.
MIMATURES d'lNI:: ŒUVRE DU ROI RENÉ 3
atabek de Syrie, finalement tombé aux mains de ses ennemis.
II est intéressant de retrouver dans la lointaine Alep de Syrie
ce sceau cl*un descendant des antiques rois de Hongrie, fils
dWrpad, devenu, par les vicissitudes de la politique orientale
«iu XII* siècle, un fidèle fonctionnaire provincial des empereurs
de Bvzance de la famille des Comnènes.
M. HuART présente une observation.
Le Président rappelle que la place de M. Héron de Villefosse
a été déclarée vacante le 18 juillet 1919, la date de l'élection
devant être fixée ultérieurement. Il propose à l'Académie de
procéder à Télection le vendredi 13 février ; la discussion des
titres aurait lieu le 6 du même mois. — Adopté.
Quant à Télection des trois associés étrangers, dont les places
n'oal pas encore été remplies, elle pourrait être reportée au
vendredi 12 mars, avec discussion des titres le vendredi précé-
dent, 5 mars.
H en est ainsi décidé.
COMMUNICATION
mxiATURES POUR l'illustration d'une œuvre du roi rené
RETROUVÉES A METZ,
PAR LE COMTE PAUL DURRIEU, MEMBRE DE L^ACADÉMIE.
Je rappelle à mes confrères que, au commencement de
Tannée 1914, j'ai communiqué à TAcadémie un mémoire
développé sur les Manuscrits du roi Henc, que les graves
événements survenus depuis lors ne m'ont pas permis
encore de livrer à l'impression. Au cours de cette communi-
cation, dans la séance du 27 février 1914, j'ai parlé, en
particulier, d'un des ouvrages littéraires du roi Hené inti-
tulé : Ae mortifiement de vaine plaisance^ et portant lu
date de 1455.
4 MINIATURES d'uNE ŒLVKE DU ROI RENÉ
Le Mortifiement de vaine plaisance est un traité de
morale religieuse, empreint du pur esprit chrétien, dans
lequel René d'Anjou tente d'exprimer, au moyen d'allé-
gories, les sentiments qui doivent animer, dans son retoui^
vers Dieu, une âme cherchant à se dégager des vains
plaisirs du monde, de la u vaine plaisance », pour revenir
aux plus pieuses pratiques de la piété. Il représente cette
âme dévote qui livre son cœur à « Crainte de Dieu » et à
« Parfaite contrition ». Celles-ci remettent le cœur à
« Souveraine Amour » ou Charité, à c Vraie Espérance »
et à u Ferme Foy », qui, « pour de tout le joindre à la
passion de Notre Sauveur le clouent sur l'arbre de la
croix », tandis que « Grâce divine, pour mortifier sa vaine
plaisance », le frappe au côté d'un fer de lance. En outre,
pour faire comprendre à TAme comment il faut gagner le
salut, « Crainte de Dieu » lui récite trois « similitudes », évo-
quant successivement Timage d'un voiturier qui a mission
de conduire une reine, mais se trouve avoir à lutter contre
l'indocilité de ses chevaux, lesquels figurent nos sens
déréglés ; puis celle d'une pauvre femme qui veut porter
son blé au moulin, mais est obligée de traverser, avant
d'arriver, un pont vermoulu et glissant; enfin celle d'xm
homme d'armes qui monte vaillamment à l'assaut d'une
ville, à travers tous les dangers. Sous la plume du roi
auteur, toutes ces abstractions, l'Ame, la Crainte de Dieu,
la Contrition, la Charité, l'Espérance et la Foi, ainsi que
la Grâce divine, deviennent en quelque sorte des êtres
vivants, entre lesquels se joue un drame mystique. Le
roi René va jusqu'à donner, de ses personnages, des
signalements physiques. Ainsi « Crainte de [Dieu »
apparaît ayant au-dessus de sa tète une grande épée sur
laquelle sont écrits ces mots : divine justice ; « Contrition »,
elle, « estoit nue jusques aux rains et en sa main portoit
une paire de verges », indications qu'ont eues à observer
les miniaturistes chargés d'illustrer les divers manuscrits
existants du traité.
MmUTURES D*UNE ŒUVRE DU ROI RENÉ 5
Dans ma communication de 1914, j'avais énuméré devant
vous et décrit rapidement plusieurs de ces manuscrits dont
j'avais vu les originaux et qui se trouvent à Paris, Berlin,
Bruxelles et Tournai, le plus précieux étant celui de
Berlin qui provient de la seconde femme du roi René, la
reine Jeanne de Laval. Mais d'un autre exemplaire du
Mortifiemeni de yaine plaisance, je n'avais pu alors rien
dire que de seconde main.
n s*9gissait d'un exemplaire signalé par Dom Calmet
dans sa Bibliothèq^ae lorraine , parue en 1751 (page 806}^
Suivant Dom Calmet, c'était l'original. Il était entre les
mains, d'un prêtre, l'abbé Charoyer, curé de Gircourt, mais
on en avait tiré, explique Dom Calmet, <' sept miniatures
de la façon du même duc René [c'est-à-dire du roi René,
dac de Lorraine], qui sont fort bien faites et se voient
aujourd'hui au cabinet du sieur Lamour, très habile ouvrier
en toutes sortes d'ouvrages de serrurerie à Nancy, et qui
possède un cabinet rempli de plusieurs ohoses très curieuses
et très bien choisies >k Celui dont il est question ici est
ce Jean Lamour qui fut un homme de génie en son genre et
<]ui est l'auteur des admirables grilles entourant la place
^nislas à Nancy.
En 1825, le vicomte de Villeneuve-Bargemont, au tome
Il (page 383) de son Histoire de René d'Anjou^ parlait à
Douveaude ces miniatures en indiquant qu'elles avaient passé
do cabinet du sieur Lamour, le célèbre serrurier de Nancy,
dans celui de M. Mathieu, homme de lettres. Ici s'arrêtaient
tous les renseignements que j'avais en 191 1 ; j'étais réduit
alors ^ à exprimer devant vous le souhait « qu'un heureux
hasard » vînt un jour me permettre de retrouver ces pein-
tures encore vainement cherchées.
J'ai pu, ultérieurement, élucider un point : c'est d'arriver
à savoir quel était ce « M. Mathieu, homme de lettres »,
I- Cf. Compter rendui des iéances de V Académie, année 191 i, p. 1 i3-l 44.
6 MmiATURES d'une «KUVRC du nOI RENÉ
mentionné par Villeneuve- Bargem on t. Il faut reconnaître
en lui Charles-Léopold Mathieu, né à Nancy le 26 mai 1756.
substitut au Parlement de Nancy sous l'ancienne monar-|
chie, professeur aux écoles centrales de Tulle et d'Autun,;
avocat à la cour royale de Nancy sous la Restauration ei
la monarchie de Juillet, et qui méritait le surnom!
d' « homme de lettres >> pour avoir publié, soit à Paris, soit
surtout à Nancy, depuis 1799 jusqu'en 183i, une sériel
d'opuscules ou de brochures, hélas! plutôt ridicules, tant
l'auteur y accumule, sous le rapport historique, un amas!
de véritables billevesées. Parmi ces publications se rangent, |
notamment : en 1816, Le printemps, chant du poëme chi-
nois des Saisons, traduit en vers français et mêlé d'allusions
au règne de Louis XVIII ; en 1829, les liuines de Vancien \
château de Ladres et du camp romain dit de la cité d'Afrique, '
qui l'avoisine ; en 183i, la production capitale de l'auteur,
de6i pages in-S", qui est rappelée par notre confrère M- ;
Emile Espérandieudans son Recueil général des bas-reliefs,
statues et bustes de la Gaule romaine (t. VI, p. 54) et qui j
est intitulée : Ruines de Scarpone, l'antique Serpane, et
histoire de cette ville, fille de Troie la Grande, sœur de
Lavinie, de lihetms, de Chalons et de Troyes en Champagne,
de Verdun et de Tout, l'une des plus anciennes de là
Lorraine et la capitale de Vancien Scarponai, maintenant
dans le département de la Meurthe. Suite aux ruines de
Ladres '. Mais tout cela était impuissant à me donner la
moindre idée de ce qu'avaient pu devenir les miniatures
tirées d'un manuscrit du Mortiflement de vaine plaisance
qu'avait possédées Charles-Léopold Mathieu, après Jean
Lamour.
Or,rannéedernière, m'étantrenduà Metz,au mois de juin,
I. En dehors des opuscules imprimés. Charles-Liopold Mathieu a encore
composé plusieurs mémoires manuscrils, visanl à la haute érudi lion. mais
—1 réalité tout d fait grotesques, qu'il envoya, pendant le Rei'tauratioD, i
académie des inscriptions et bello^-Iettres, et dont M. François Renié a
en voulu me si(;nalcr la présence dans les archives de l'Académie.
MINIATURES d'uNB ŒUVRE DV ROI RENÉ - 7
pour assister, en compagnie de notre confrère le P. Scheil,
aax fêtes de la célébration du centenaire de TÂcadémie de
Metz, je profitai de oe voyage pour aller à la Bibliothèque
(le Metz que le conservateur, M. Roger Clément, voulut
bien m'ouvrir le matin, très avant Theure régulière d'ad-
mission, avec une parfaite bonne grâce. A peine entré dans
la bibliothèque, j'aperçus, encadrées sous verre, cinq minia-
tures découpées, dans lesquelles je reconnus immédiate-
ment, diaprés les compositions et les détails de cbstume
conformes aux indications du roi René lui-même, des illus-
trations pour le Ai or ti fie ment de vaine plaisance. C'était
la scène de TAme pénitente confiant son cœur à Crainte de
Dieu et Contrition ; celle où les trois vertus théologales.
Foi, Espérance et Charité, clouent le cœur sur la croix,
tandis que Grâce Divine le frappe d'un coup de lance ;
celle où Crainte de Dieu et Contrition, aidées de TAme
pénitente à genoux, soulèvent la croix sur laquelle est
cloué le cœur ; enfin les « similitudes » de la pauvre femme
qui porte son blé au moulin et du guerrier qui monte à
Tassant. Et ces cinq miniatures étaient d'autant plus
attachantes, qu'on pouvait y admirer une excellente exécu-
tion, une grande habileté de composition et un beau style
de dessin, auquel saillait, dans les originaux, une remar-
quable entente du coloris, tenu dans une harmonie de tons
clairs particulièrement séduisante.
Je ne doutai pas un instant que je ne fusse en présence
de cinq des miniatures qui, d'après Dom Calmet, étaient en
nSl chez le serrurier Lamour, è Nancy, et qui, en 1825,
au témoignage de Villeneuve-Bargemont, se trouvaient
passées chez « M. Mathieu, homme de lettres ».
Les miniatures de la Bibliothèque de Metz proviennent,
en dernier Heu, de la précieuse collection de manuscrits
réunie par le baron de Salis, mort en 1880, collection qui,
léguée à la Bibliothèque de Metz, y est entrée après que la
^cuve du baron de Salis fût décédée à son tour en 18*J2. D'où
8 MINUTURtIS d'une OSUVRB DU ROI RENÉ
le baron de Salis tenait-il lui-même ces belles peintures? El
ne m'aventurai-je pas trop en ayant, dès le premier abords
le sentiment que je venais de rencontrer tout au moins la
majeure partie des miniatures ayant appartenu à Charles—
Léopold Mathieu et dont le sort était ignoré depuis i 825 ?
L'aimable bibliothécaire de Metz, M. Roger Clément, a bien
vqulu faire des recherches pour moi à ce sujet. Il a retrouvé
et m'a signalé une correspondance échangée en 18S8 entre
le baron de Salis, qui venait d'entrer en possession des
miniatures, et M. Beaupré, conseiller à la Cour de Nancy,
correspondance qui tranche la question. Il résulte, en eCFet,
de celle-ci que le baron de Salis avait acheté les miniatures
lors de la vente des collections de l'archéologue nancéien
François-Jean-Baptiste Noël, notaire honoraire et avocat à
Nancy, correspondant de la Société des Antiquaires de
France. De son côté, ledit Noël Içs avait acquises, une
vingtaine d'années plus tôt, vers 1838, d'une ancienne
servante qui avait hérité des meubles dç son maître'^; et ce
maître, c'était précisément le « Mathieu, homme de lettres »
nommé par le vicomte de Villeneuve-Bargemont, et que le
conseiller Beaupré , dans sa correspondance avec le baron
de Salis, identifie, d'une manière certaine, avec Charles-
Léopold Mathieu, en spécifiant que c'est « Vauteur des
ruines de Scarpone et de quelques autres brochures d'ar-
chéologie non moins grotesques ».
Ces renseignements sont d'ailleurs pleinement confirmés,
en ce qui touche principalement la transmission des minia-
tures de Mathieu à l'avocat Noël, par le Catalogue raisonné
des collections lorraines [livres y manuscrits, tableaux ^
gravures j etc.) de M. Noël^ rédigé par François-Jean-Bap-
tiste Noël en personne, qui a été publié à Nancy, de 1850
à 1853, en trois volumes in-8** ^ Dans ce catalogue se
trouvent enregistrées sous le n** 3507 (t. 11, p. 725), avec
1. Une seconde édition, corrigée et augmenlée, du tome III a paru
en 1855.
LIVRES OFFERTS y
rindication des sujets, les cinq miniatures aujourd'hui à la
Bibliothèque de Metz « peintes, suivant le catalogue en
question, par René, roi de Jérusalem, duc de Lorraine,
extraites de son manuscrit autographe intitulé Mortifie-
ment de vaine plaisance [qui] a appartenu à M. Charoyer,
caré de Gircourt » . Après avoir donné des renseignements
sgr le sort du reste du manuscrit, que je laisse de côté en
ce moment, Noël ajoute : a Quant à nos miniatures, elles
ont appartenu au célèbre serrurier Lamour ; de lui elles
ont passé à M. Mathieu, substitut du Parlement, qui les a
léguées à un domestique, qui me les a vendues... Mes minia-
tures, continue encore Noël, font l'admiration de tous ceux
qui les voient. Je les ai montrées à Paris, où elles ont
excité la convoitise d*un ministre et de plusieurs amateurs
qui faisaient des offres fort indiscrètes ».
Ainsi la filiation des possesseurs, pour ces belles minia-
tures que j'ai eu la bonne fortune de rencontrer à Metz, se
trouve complètement renouée depuis Jean Lamour, au
milieu du xvui* siècle, et Charles-Léopold Mathieu en 1825,
jusqu'au baron de Salis, mort en 1880, et à sa veuve la
baronne de Salis, dont la Bibliothèque de Metz a recueilli
1« précieux legs en 1892.
LIVRES OFFERTS
M. Prou offre à l^Académie, de la part de l'auteur, M. Charles
Lécrivato, un mémoire intitulé : L'exil politique dans Vhistoire
grecque, tiré des Mémoires de V Académie des sciencts, inscriptions et
Mlet'lettret de Toulouse :
* L>xil politique a joué un rôle considérable dans Thistoire des
ailles (grecques, de leurs guerres civiles et étrangères. I/étude n'en
«t pas seulement nécessaire à rinlelligence de l'histoire de la Grèce ;
elle doit être prise en considération dans l'histoire générale de tout
te monde antique, ou au moins dans celle de la civilisation méditer-
noéenne, puisque, la guerre civile ayant provoqué Texpulsion de
10 SÉANCE DU 16 JANVIER 1920
troupes de baanis, ce sont ces troupes qui ont formé les colonies
helléniques. L'exil politique a contribué k la diffusion de la civili-
saliou hellénique.
« M. Lécrivain, après avoir réparti les faits en des groupes chrono-
logiques et les avoir relatés avec précision, a dégagé, avec la netteté
de vue qui caractérise tous ses écrits, les caractères essentiels de
Texil politique, tantôt volontaire, tantôt forcé. Dans les deux cas le
banni se réfugie dans un pays neutre, mais plutôt .dans une ville
ennemie de la sienne où il se trouve en sûreté. Athènes fut Tuue
des villes qui reçut le plus de bannis à cause de sa générosité natu-
relle, mais aussi à cause de sa politique et de Télendue de son empire
colonial qui la mettaient en relations avec un grand nombre d'États. »
M. Omont a la parole pour un hommage :
u J'ai Thonneur de déposer sur le bureau, au nom de notre savant
confrère le R. P. Hippolyte Delehaye, président de la Société des
BoUandistes de Bruxelles, un volume intitulé : A travers trois siècles.
L'œuvre des BoUandisles. 4S46'49io (Bruxelles, 1920, in-16, 283 p.) :
« Nul mieux que le P. Delehaye n'était en mesure de retracer
riiislorique de Tœuvre des BoUandistes, à laquelle il collabore depuis
de longues années et qu'il dirige aujourd'hui. Ce petit volume, aussi
agréable à lire que plein de faits, dans letjuel il a retracé les origines
et les phases successives de la publication des Acta sanctorum, fait
successivement revivre à nos yeux les fîgures attachantes des
premiers ouvriers de l'œuvre et de leurs successeurs, jusqu'au
P. Charles De Smedt, qui a été dé nos jours le rénovateur de l'œuvre
boUandiennc. »
SÉANCE DU 16 JANVIER
PRESIDENCE DE M. CHARLES DIEIIL.
M. le Ministre de rinstruction publique invite TAcadémie à
lui proposer le nom d'un de ses membres pour remplacer M.
Edouard Chavannes dans le Conseil de perfectionnement de
rÉcole des Langues orientales vivantes.
La désignation sera faite à la prochaine séance.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE PERPÉTUEL 1 1
M. le Directeur des Monnaies transmet pour avis à TAca-
dêmie un projet de médaille et lui demande le texte de Tinscri-
ption qui pourrait y figurer.
Renvoi à la Commission des médailles.
M. le D*^ de Saint-Perier, à'Morigny (Seine-et-Oise), adresse
à r Académie un pli cacheté.
M. Adrien Blanchet'HI une notice sur la vie et Içs œuvres de
M. Tabbé Tbédenat, son prédécesseur '.
M. Omont donne lecture, au nom de M. Georges Gazier,
conservateur de la Bibliothèque municipale de Besançon, d'une
noie sur un manuscrit, inédit de Philippe de Maizières, chance-
lier de Chypre et conseiller de Charles V. Ce manuscrit, récem-
ment offert à la Bibliothèque de Besançon, contient un traité
sur les devoirs de Tétat ecclésiastique, adressé par Philippe de
Maizières à son neveu, et qui était considéré comme perdu
depuis deux siècles. L'analyse qu'en a donnée M. G. Gazier fait
ressortir l'intérêt de ce traité pour l'étude de la société française
du XIV* siècle.
Le Président fait savoir que la Commission de la fondation du
dac de Loubat a attribué une subvention conformément aux
intentions du donateur.
APPENDICE
Rapport du secrétaire perpétuel sur la situation des
PUBLICATIONS DE l' ACADÉMIE PENDANT LE DEUXIÈME SEMESTRE
1919 ; LU DANS LA SÉANCE DU 16 JANVIER 1920.
Messieurs,
Les choses ne rentrent pas dans Tordre aussi vite que
nous l'espérions ; les diflicuités d'impression persistent,
1. Voir Publications de Tlnstitut, 1920, n* 2.
12 RAPPORT bu SECRÉTAIRE PERPÉTUEL
comme les difficultés financières. Nous avons été contraints,
pour ne pas nous endetter, de suspendre provisoirement
tout travail à Tlmprimerie Nationale ; et pourtant ceux de
nos confrères qui dirigent nos publications n'ont jamais
peut-être fait preuve d'autant d'activité et de dévouement.
1* Mémoires de l* Académie et Mémoires des savants
étrangers, — Le mémoire de M. Dieulafoy sur La mosquée
d'Hassan est à peu près complètement tiré ; celui de M.
Foucart sur Un décret athénien de 411 est en cours
d'impression. Il en est de même de celui de M. Bonnel de
Mézières sur L'emplacement de Tekrour et de Ghana.
2® Histoire littéraire de la France. — Notre confrère
M. Antoine Thomas me fait savoir que son article sur
Bernard Gui est tiré, que les articles Marco Polo et Jordan
Catala sont en pages, les articles Durand de Saint-Pourçain^
Durand dAurillac, Thomas de Bailli ^ Guillaume de Cuin^
Jesselin de Cassaqnes^ Guillaume de Montlauzun sont en
placards, et que les articles Raoul le Breton^ Bernard de
Panassac eiJean Gobi sont rédigés et ont été lus en commis-
sion. Dès que nous aurons les moyens de continuer Tim-
pression, le volume XXXV pourra être rapidement terminé.
3® Chartes et diplômes. — Pour le tome II des Actes de
Henri //, roi d'Angleterre, les 53 premières feuilles sont
tirées, la feuille 54 est en pages, ce qui représente 428
pages, à peu près les deux tiers de l'ensemble, tel que le
conçoit le directeur de la publication, notre confrère
M. Elie Berger. Le Recueil des actes de Philippe Auguste
(tome II) confié à M. Fr. Delaborde, bien que très avancé,
n'est pas encore en état d'êtce imprimé ; mais nous pouvons
compter qu'il sera prêt prochainement. Il ne peut être
question en ce moment d'aborder le Recueil des actes de
saint Louis. La mort subite de M. Georges Daumet en a
retardé la préparation à laquelle M. Henri Stein travaillé
avec activité.
D'autre |>art, le Recueil des actes des rois de Provence ^
RAPPORT du SECKÉTAIRE PERPÉTUBX 13
confié à M. Poupardin, est terminé. Le bon à tirer des der-
nières feuilles (17 à 20) a été donné.
Le texte du Recueil des actes de Pépin 7®*" et de Pépin II,
rois d'Aquitaine^ par M. Léon Levillain, qui forme 37
feuilles, est tout entier mis en pages. L*auteur s'occupe
de le corriger ; on pourra bientôt l'envoyer au tirage.
4** Fouillés. — Nos auxiliaires travaillent activement aussi
à cette publication. M. Et. Clouzot revise les 111 placards
in-f* qui forment la table des matières du tome VIII : c'est
one besogne aussi considérable que minutieuse, qui
demande de longues heures d'application.
Vous vous souvenez que vous avez confié à M. l'abbé
Carrière le soin de rédiger le volume des Pouillés de la
province de M¥cc, et que, pour recueillir les matériaux
nécessaires, vous lui avez, l'été dernier, donné la mission
de rechercher en Alsace et dans les pays rhénans les docu-
ments qui doivent prendre place dans ce volume. M. Prou
veut bien me dire que M. l'abbé Carrière a exploré pendant
les mois d'août et de septembre les archives département
Ulcs du Bas-Rhin ainsi que la Bibliothèque de l'Université
de Strasbourg, les archives du cercle de Spire, la Biblio-
thèque de Mayence et les archives d'État à Wiesbaden. Il
a visité également les archives paroissiales d'Eltville-en-
Rheingau et celles du couvent des capucines d'Ehrenbreit-
stein.
« Voici, dit notre confrère, les principaux résultats de
celte enquête :
« Pour le diocèse métropolitain de Mayence, on ne connaît
qu'un seul pouillé, celui de 1738, conservé aux archives
paroissiales d*Eltville-en-Rheingau ; mais on trouve les
éléments de la géographie ecclésiastique antérieure à la
Réforme réunis dans l'ouvrage de Wiirdtwein, Dioecesis
Hoguntinn in archidiaconatus distincta paru à Mannheim
en 1768.
«• En ce qui concerne le diocèse de Spire, il n'existe aussi
li KAVpOftT DU SBCBÉTAIRE PERPtrUEL
qu'un seul poaillé rédigé vers ti70 sous l'épiscopat de
• de Haramingen, dont l'original est conservé dattït
lives du grand-duché de Bade à Carisrube. 11 a été
larM. G lasse h rôder en 1907.
n'a pas de pouillé du diocèse de Strasbourg, mais
les d'impôts conservés aux archives départementales
Rhin, l'un de 1371 et l'autre de 146i, nous en font
re les circonscriptions. Il convient d'y joindre un
clé$iastique du diocèse en 1454, composé par Gran-
I la fin du xviii' siècle et publié en tS97 d'après le
rit conservé aux archives de Carisrube.
ir le diocèse de Worms, un rôle synodal de 1496
a liste des paroisses. L'original n'existe plus, mais
3é Carrière en a retrouvé sept copies à Mayence, à
im, à Carlsruhe, à Darmstadt, à Heidelbei^, à
iim et à Wiirzburg.
tre collaborateur n'a pu faire toutes les copies utiles
établissement du texte des pouillés ou documents
■es, soit à la rédaction de l'introduclion, mais on
ipérer obtenir la communication à Paris des plus
ints de ces manuscrits. »
lobert Latouche ayant dû, ainsi que je vous l'ai
dans mon rapport de juillet, renoncer à l'achève-
u Recueil des pouillés de la province de Bourges,
ez désigné, sur la proposition de la Commission des
et diplômes, M. Jacques de Font-Réaulx, archi-
iléographe, pour reprendre ce travail.
'iiluaires. — La table du tome IV (province de Sens,
deTroyes), que prépare M. Boutillierdu Retail, sera
!, il faut l'espérer, et bonne ù être mise sous presse
s de celte année.
icques Laurent a remis la copie de la première por-
ome V (province de Lyon), li travaille activement
r la suite de cette publication.
)rpus inscriplionum seinidcaruin. — Hieu do nou-
signalcr pour la partie bimyarite.
RAPPORT DU SECRÉTAIRE PERPÉTUi^L 15
Pour la partie phénicienne, il a été composé daas le coo*
rant du dernier semestre 34 placards contenant la fin des
inscriptions carthaginoises dédiées à Tanit. Ce sont les
textes rapportés par M. Chabot de sa mission à Carthage.
Pour la partie araméenne, on a donné le bon à mettre en
pages des 35 premiers placards du volume consacré aux
inscriptions palmyréniennes.
Od a reçu de Timprimerie la correction des H placards
suivants, qui sont prêts à mettre en pages.
Les placards 131 à 203 pourront également être mis en
pages sur la deuxième épreuve corrigée ; mais les placards
intermédiaires (52-1 30) exigent de nombreuses modifications
tant dans la rédaction que dans le classement des inscrip-
lions ; c'est dans cette partie que doivent prendre place les
60 inscriptions inédites rapportées de Palmyre par les
PP. Jaussen et Savignac, et que se trouvent les textes à com-
pléter à l'aide des estampages nouveaux. On y travaille
assidûment, et la publication ne subira aucun retard du fait
des rédacteurs.
La deuxième livraison du tome IV du Répertoire d'épi-
graphie sémitique est préparée pour Timpression et sera
envoyée à rimprimerie quand on voudra. On a même
commencé la préparation du tome V, avec lequel cette
publication sera entièrement à jour. Par la suite, il suffira
d UD mince fascicule chaque année pour la maintenir au
courant des découvertes nouvelles.
Nous essayons de regagner le temps perdu pour les
Comptes rendus de nos séances. Le fascicule de mai-juin
vous sera distribué, j'espère, assez rapidement ; j'en ai
donné le bon à tirer. C'est un retard de six mois qu il
faudra du temps pour rattraper ; nous y apporterons tous
nos elTorts.
Le tome XXIII des Monuments Piot n'a pas avancé
depuis mon dernier rapport. La faute en est à l'auteur d'un
des articles qui doivent entrer dans le volume en cours ;
16 RAPPORT DU SECRÉTAIRE PERPÉTUEL
notre confrère M. Homoile a fait les démarches nécessaires
pour mettre fin à ce fâcheux retard.
Je suis arrivé, par contre, à convaincre Timprimeur des
Inscripliones graecae ad res romanas pertinentes de l'oppor-
tunité qu'il y aurait à reprendre le travail. J'ai de lui une
promesse écrite de terminer dans la première partie de
Tannée le fascicule commencé en 1 91 7, et dont deux feuilles,
imprimées avant la guerre, attendent depuis cinq ans qu'on
veuille bien les tirer. .
Le même imprimeur était chaîné du Choix d'inscriptions
grecques de DéloSj dont la publication avait été approuvée
par vous et par la commission des Travaux littéraires, le
20 octobre 1917. Je vous rappelle que notre confrère
M. le duc de Loubat avait bien voulu mettre à notre dispo-
sition pour aider à cette œuvre une somme de 2.000 francs.
En 1918, le 21 mars, les négociations entre la maison
Leroux et l'imprimeur Peyrillier avaient abouti à un accord.
Dès le mois de décembre, M. Durrbach, chargé de la pré-
paration du manuscrit, en avait adressé une partie à la
Commission de Délos. A la fin de Tannée dernière, tout le
manuscrit du premier volume était prêt. Mais, le 21
décembre, M. Peyrillier, par lettre adressée à M. Haussoul-
lier, s'est déclaré dans l'impossibilité de se charger du
travail. L'éditeur cherche un nouvel imprimeur, car il faut
absolument que nous aboutissions maintenant sans retard.
Le troisième fascicule des Mélanges d* archéologie orien-
tale vous a été distribué récemment.
Enfin la commission des Travaux littéraires a décidé
que, pour le moment, nous n'essaierions pas de publier la
suite de V Inventaire des mosaïques de la Gaule et de
V Afrique^ dont il reste encore à vous donner un certain
nombre de facsimilés. Notre confrère M. Blanchet s'occupe
néanmoins, grâce à un petit reliquat que nous ont laissé
les précédents fascicules, de réunir les photographies des
mosaïques de la Gaule que nous utiliserons ultérieurement.
LIVKE9 OFFERTS 17
J'ajouterai, en terminant, ce que vous saveï du reste,
qae les crédits alloués h nos publications sont devenus
tout à fait insuffisants en présence des exigences actuelles
de l'imprimerie. Le ministère en a demandé le relèvement ;
mais, pour le moment, nous en sommes encore à ceux qui
Qons étaient alloués en 1914. 11 convient, avant de donner ;
on nouvel élan à nos travaux, d'attendre les décisions de la
(^mbre nouvellement élue.
LIVRES OFFERTS
Le Secrétaire perpétuel fait hommage, au nom de Tauteur,
M Henri Dehérain, conservateur de la Bibliothèque de Tlnslitut,
«i'niie étude intitulée : Silvestre de Sacy et ses correspondants (extrait
à^ Journal des Savants, 1914 à 1919).
Il offre également quatre ouvrages adressés par Tlstituto di Studi
wperiori pralici e di perfezionamenlo in Firenze : Francesco
Uaggini, La Rettorica di Bruneito Latini (8°, 1915); — Enzo Bona-
^entura, La qualité del monda fisico : Studio di fdosofia naturale
•*', 1916); — Giuseppe Melli, Comme morazione di Pasquale Villari,
IftUil 16 giugno 1918; (8«, 1918) ; — Umberto Cassulo, Gli Ehrei a
Firenze nelVeià del Rinascimento (8«, 1918).
M. Ch.-V. Langlois a la parole pour un hommage :
- Au nom de Tauteur, j'ai l'honneur de présenter à l'Académie
«ne brochure de M. Léon Mirot, Xotes et documents pour servir à
i histoire de la formation topographique des hôtels de Rohan et de
^ubise au Marais (Paris, 1919 ; extr. de V Annuaire-Bulletin de la
Société de C histoire de France] :
* Cet ouvrage ajoute beaucoup, d'après des sources d'accès difficile
^t ju&qu'à présent négligées, à ce que l'on savait de l'histoire des
^^rrains sur lesquels se sont élevés au xviii" siècle les magnifiques
bôt^ls de Soubise et de Rohan, qui sont encore debout en partie.
*^» terrains, les princes de Hohan-Soubise les avaient accjuis des
tiui*e, qui les tenaient des Babou de l^ Bourdaisière ; ils apparle-
Mieni au[>aravantaux ayants di-oitdu connétable Olivier de C!iss(m.
^. Hifot remonte jusqu'à la fin du xiii« siècle, où c'était le Chantier
19^ 2
18 SÉANŒ Dtl 23 JANVIk:R 1920
du Temple, babit6 par les maçons, les pUlriers et les charpentiers
employés k la construction du faubourg enire la porte du Temple, la |
porte du Chaume et la porte Rarbette. On trouve aussi dans cet 1
opuscule, en ap{>endice. l'esquisse des destinées, ii travers les Ages,
de l'ancien hôtel de Breteuil, dont une partie, le n° 58 de la rue des |
Francs- Bourgeois, affectée jusqu'en 1697 à l'École des Chartes, a 1
été annexée depuis aux Archives nationales; la seconde partie dv
l'hôtel de Brelouil, n° 116 de la même rue, comprend, entre cour et ,
jardin, ce charmant pavillon que, du nom de la famille qui l'acquît
en IH47, nous sommes habitués à appeler l'hôtel Garnier, que l'on j
n'aperçoit pas de la rue, que presque aucun Parisien ne connaît, ei <
qui est malheureusement affecté depuis longtemps h des usages |
, tort indignes dû sa grâce. »
SEANCE DU 23 JANVIER
PHÉSIDENCB DE H. CHAULES DIEUL.
Lecture est donnée des leltres par lesquelles MM. Dela-
chenal et Pelliol posent leur cùndidalure à la place de membre
ordinaire devenue vacante par suite du décès de M. Héron de
Villefosse,
M. DiEULAror, au nom de la Commission Plot, propose k
l'Académie d'accorder sur les fonds de celle fondation : •
1» une «ubvention de 4.000 francs, demandée par M. Clcr-
monl-Ganneau, à leiïet d'entreprendre des fouilles en Basse-
Kgypte, à Tell-Ech Chougaiîyé ;
2" une nouvelle subvention de 7.000 francs à M. Pierre Paris,
pour la continuation des fouilles de Bolonia.
M. Bësnigh, profeaseur à l'L'niversilé de Caen, donne lecture
le sur le commerce du plomb à l'époque romaine d'après
Is estampillés. L'examen des inscriptions que portent
s et leur rapprochement aveo les textes littéraires et les
'tes archéolo|;iques permettent de déterminer la situa-
*importance des dilTérents (gisements, la façon dont ils
SÉANCE OU 23 JANVIER 1920 19
étaient rais en valeur, la direction et l'itinéraire des grands
courants d'exportation. Sous la République, c'étaient les mines
de l'Espagne et probablement celles du Laurion en Attique qui
approvisionnaient l'Italie. Sous le Haut-Empire, celles de la
Sardaigne et celles surtout de la Grande-Bretagne les rempla-
cèrent dans ce rôle ; le plomb britannique ét^it acheminé par
caravanes à travers la Gaule, de Sainl-Valery-sur-Somme et
Lille bonne à Chalon-sur-Saône et Fréjus. Aucun de nos lingots
estanvpillés n'est postérieur au règne de Septime-Sevère. 11
ressort de leur étude que le siècle des Antonins fut le moment
le plus brillant de Tinduslrie des mines de plomb et du com-
merce de ce métal au temps des Romains.
MM. Blanchbt, Clermont-GannbaU) Jullian et Bouché-Leclbrcq
présentent quelques observations.
L*ordre du jour appelle la désignation d'un membre de
l'Académie pour remplacer M. Edouard Cha vannes dans le
Conseil de perfectionnement de l'École des langues orientales
vivantes.
M. Gagnât, secrétaire perpétuel, est élu par 34 voix sur
35 votants.
M. DiBULAFOY donne lecture d'un travail de M. le D*^ Huguel
relatif aux 203 tombeaux des princes de la dynastie des
Chorfas saadiens qui sont groupés à .Marrakech (Maroc) autour
de la mosquée de Yakoub el Mansour. M. Dieulafoy précise que
les Saadiens appartiennent à la dynastie des Ghorfas qui prirent
le pouvoir en 1550 de J.-G., après la chute de la dynastie des
Mçrinides qui avait elle-même succédé aux Almohades et aux
.\linora vides.
De ces tombeaux, il en est que l'on peut citer parmi les
chefs-d'œuvre de l'art musulman. Leur conservation n'est pas
toujours parfaite, mais dans l'ensemble elle permet de les admi-
rer et de leur donner la place à laquelle ils ont droit.
20
LIVRES OFFERTS
Le Se\prétaire perpétubl, en son aom personnel et au nom de
M. Merlin, correspondant de Tlnstilut, fait hommage à TAcadémie
du dernier fascicule paru de V Atlas archéologique de la Tunisie,
deuxième série, 2« livraison (Paris, Leroux, 1920, in-fol.).
Il offre également, au nom de M. Camille Jullian, les tomes V et
VI de son Histoire de la Gaule : V. Civilisa tipn gallo-romaine, état
matériel; VL Civilisation gallo-romaine, état moral (Paris, Hachette,
1920, 8°).
Il dépose enfin sur le bureau deux périodiques : Smithsonian Insti-^
tution. Bureau of American Ethnologj' : Thomas W. F. Gaun, The
Maya Indians of Southern Yucatan and Northern British Honduras
(Washington, 1918) ; — Revue médicale de VEst, 43 " année, tome
XVLIII, n» 1, 1" janvier 1920.
M. Clément Huart fait hommage d'un ouvrage dont il est l'auteur,
intitulé : Les saints des Derviches tourneurs, études d'hagiographie
musulmane, récils traduits du persan et annotés, t. I (Paris,
Leroux, 1918)^:
« Ce volume, qui porte la date de 1918, vient seulement d'être livré
à la publicité, son transport sur les voies ferrées ayant été entravé
par toutes sortes de difficultés. Ce sont les mémoires des derviches
écrits par l'un d'entre eux, avec une sincérité qui en fait tout le prix.
On n'y cherchera pas de la véritable histoire, mais des renseigne-
ments sur les croyances des Çoûfîs, leurs extases, leurs halluci-
nations. On y trouvera la mention détaillée d'un certain nombre de
phénomènes dont l'explication relève de l'hypnotisme ; c'est une con-
tribution à l'étude de certaines maladies mentales. »
M. Iluart offre ensuite, au nom du D»* Reûk-Nevzad, une brochure
intitulée : La Fédération ottomane (Paris, 1915).
« Cette brochure se compose de deux parties. La première consiste
en un exposé de la guerre sainte que l'Allemagne s'était flattée de
déchaîner sur le monde musulman, de la question du khalifat et des
doctrines qui s'y rattachent. La seconde prône, pour empêcher le
démembrement de l'Empire ottoman, sa transformation en états auto-
nomes fédéralisés des diverses races ; tentative honorable pour une
solution que les faits ont déjà démentie. »
M. Antoine Thomas a la parole pour un hommage :
(
LIVRES OFFERTS 21
•
« J*ai l'honneur d'offrir à l'Académie, de la part de son corres-
pondant M. Alfred Leroux, un ouvrage intitulé : Géographie slatis-
tique et historique du pays limousin depuis les origines Jusqu'à nos
Jours (Limoges, 1919, in-8°, 208 pages).
« L'auteur a publié, en 1890, un volume intitulé : Géographie
et histoire du Limousin, qui a eu une deuxième édition en 1909, sous
le titre de : Géographie historique du Limousin. Le volume qui vient
de paraître est plus et mieux qu'une troisième édition de ce premier
essai ; c'est une forme nouvelle, rectifiée, développée, refondue et
méditée en toutes ses parties. La description historique du pays,
qui correspond à trois départements (Corrèze, Creuse, Haute-Vienne),
a été complétée sur un très grand nombre de points ; la géographie
féodale du comté de la Marche a été précisée et mise en harmonie
avec l'exposition que j'en ai faite, en 1910, dans un travail qui fait
partie de la Bibliothèque de V Ecole des hautes études ; deux chapitres
nouveaux ont été introduits dans l'ouvrage, l'un traitant des « limites
d'idiomes, de coutumes, de douanes », l'autre étudiant la statistique
et la répartition de quelques groupements sociaux. Enfin, des cartes,
dont on regrettait l'absence, ont été jointes au texte.
« On ne peut .que rendre hommage au travail et à l'intelligence
dont témoignent la réunion et la mise en œuvre des matériaux sans
nombre que M. Alfred Leroux a utilisés ; le lecteur reconnaîtra,
comme l'auteur l'invite à le faire, que les données de la géographie
historique et statistique se peuvent ajouter utilement à celles de la
géographie physique et à la géographie humaine pour asseoir, à
chaque période du passé, l'exposé de la civilisation d'une région
déterminée. »
. M. Bouché-Leclbkcq présente à l'Académie, au nom de l'auteur,
M. Carcopino, un volume intitulé : La loi de Hiéron II et les Romains
(Paris, 1919, xxîi-307 p. 8) :
« Les Romains ont montré une véritable maîtrise dans l'art d'ad-
ministrer les pays conquis. Syracuse avait été longtemps gouvernée
(de 269 à 216 a. G.) par Hiéron II, un parvenu qui avait réussi à se
concilier les partis à l'intérieur, et à rester à peu près neutre entre
les Carthaginois et les Romains.
« Qu'un tel homme ait été un administrateur habile et qu'il y eût
avantage à adopter, en les étendant à toute la Sicile, les règlements
édictés par lui en matière financière, c'est ce que pensèrent les
organisateurs de la province, et c'est ainsi que, dans le statut repré-
senté par les leges Rupiliae (vers 210 a. C), prit place une lex Hiero-
nica relative à la perception de la dîme frumentaire, impôt direct sur
/
22 siANCi: DL 30 jahvieb 1920
les ré réaies, dont le monlaot, perçu eo nalure, était fixé et affermé
tous les ans aui enchères.
" Il «'•gît donc ici de déteni)in<>r itm précision quelles étaient les
meeiires prévues par la Uj: HUroniea, et quelles modifications et
additions ont été introduiles par les Romains, soit dans l'assiette,
soit dans le mode de perception des laies. La question présente un
intérêt tout spécial, parce qu'elle comporte l'eiaiBen du procès
inlenic, en 71 a. C, a Te i- propre leur de Sicile, C. Verres. Mais
l'atteation apportée h cet examen par les critiques el les hypothèses
accumulées sur leH poinis litigieux rendaient bien ardue la tâche
entreprise par M, Citrcopino.
"Je n'essaierai pas de doouer eo quelques lignes un aperçu des
questions posées et des résultats c|ue je considère comme acquis. Il
est maintenant facile de distinguer entre l'impôt prévu par la Ux
Uiernnira, les surcharges légales établies parlas Romains à litre de
réquisitions ohligatoires, et la jurisprudence hypocrite d'un concus-
sionnaire omni|)Otenl, qui a tourné â la ruine de l'agriculture dans sa
province même les mesures destinées ù la proléger. Le nouvel
examen de la partie du dossier où Verres apparaît moins cruel que
relora ' De frumento) n'a aucunement allégé les charges qui pèsent
sur sa mémoire. »
SEANCE DU 31) JANVIER
PDEStDENCE DE H. CHARLES PIBKL.
propos du procès- verbal, M. Louis Legbb demande une
ificatinn A la note qui a élé publiée sur la séance trimestrielle
nercredi. Ce n'est pas une cnlleclion de livres d'histoire,
1 de livres slaves qu'il a offerte à la Tondalion Dosne-Thiers.
aisanl, il a désiré sauver l'intégrité de la bibliothèque qu'il
inie depuis un demi-siècle el la mcllre dans son ensemble à
sposilion des personnes que celle collection peul intéresser.
îcture est donnée des lellres par lesquelles MM. Dorez,
z et Jeanroy |)oscnl leur candidature à la place de membre
nuire devenue vacante par suite du décès de M. Héron de
ifOHse.
SÉANCE DU 30 JANVIER 1920 2H
M. Cbaries Dibhl lit une lettre de M. Papadopoulos, directeur
do lycée gréco-français de Péra, au sujet de découvertes
irchéoiqgiques récemment faites à Constantinople :
c Lundi dernier, 12 janvier, le feu a éclaté derrière (côté est)
la mosquée du Sultan Achmet et a mis en cendres le superbe
local de TÉcole vétérinaire. J*ai pu hier visiter les lieux et j'ai
constaté que Tédifîce incendié reposait sur des substruclions
importantes qui, chose caractéristique, se trouvent sur la même
li^ne que les autres édifices byzantins qui nous ont été révélés à
la suite de Tincendie de 191 1 .
« Il y a tout lieu de croire que les ruines qu'a mises au jour
riacendie d'avant-hier appartiennent au palais de Daphné. En
effet, le palais de Daphné était situé à l'extrémité* sud de Tenceinte
du palais. L-n chemin partait de sa porte pour aboutir à THep-
Upyrghioa, et à ce chemin les auteurs byzantins opposent tou-
jours Tautre voie qui partait du TîuxavKiTvjpiov pour aboutir vers
ri 'Euytviou en passant parla pointe du Sérail. Pour ce qui est du
« pavillon de Tescalier », en grande partie déblayé par M. Wie-
^'aad, tout porte à croire qu'il appartenait à une grande annexe
du palais, peut-être le Kaivoupyeiov, comme le suppose Wiegand.
Mais quant à Tescalier lui-même, je suis certain qu'il n'était que
l'eicalier secret, ô [Aurrtxôç xoxXiôç, dont étaient munis tous les
palais. L'escalier monumental (xcTàTwv Ypa^^iwv devait être à côté.
« Entre le pavillon de l'escalier et les ruines de l'édifice qui
vient d'être découvert derrière Sultan Achmet, se trouvent les
restes d'une autre coDstruction importante. Sa façade tournée
vert la mer présente deux étages de hautes fenêtres cintrées,
rajourdliui murées, et dont la largeur est de 3 "^ 50, Tout
1 iatérieur de l'édifice est encore comblé. Peut-être y pourrait-
on reconnaître le triklino» de Justinien II.
« Au Sud de la mosquée Sultan Achmet, à côté d'une petite
mosquée ruinée, on trouve une citerne importante qui n'est
nientionnée ni dans Strrygowski ni dans les auteurs qu'on peut
trouver à Constantinople. De même, il nie semble qu'on n'a pas
ftif^alé l'existence d'une très belle citerne qui se trouve sous
le palais de la Dette publique. Strzyi;ow\<ki, du moins, n'en
parie point.
« Je ferai la description de ces deux citernes avec leur photo-
P^phie pour vous les envoyer. »
2i SÉANCE DU 30 JANVIER 1920
M. Théodore Hkinach entrelient rAcadémie du plaidoyer de
Lysias contre Hippotherse dont d'importants fragments viennent
d*êlre découverts et publiés par M. Grenfell. Tout en rendant
hommage au savant travail de Térudit anglais; M. Reinach con-
teste l'interprétation qu'il a donnée du titre et du sujet de ce
discours. D'après M. Reinach, il ne s'agit pas d'un plaidoyer en
faveur d'une servante, mais ai? sujet d'une servante, qui faisait
partie du patrimoine de Lysias confisqué par les Trente tyrans.
Lysias, revenu d'exil après le triomphe de la démocratie, s'était
remis en possession de l'esclave. Hippotherse, qui Tavait achetée
aux enchères lors de la mise en vente du patrimoine confisqué,
réclame sa propriété. L'orateur écarte sa prétention par des
arguments de setitiment qui, bien que probablement dénués de
valeur juridique, ont dû convaincre un auditoire prévenu.
MM. Haussoullier et Alfred Croiset présentent quelques
observations.
M. Edouard Cuq fait une lecture au sujet de la juridiction
des Kdiles d'après Plante.
Les Édiles avaient à Rome la juridiction criminelle pour cer*
tains délits. Plante parait y faire allusion dans la comédie des
Ménechmes (v. 590-593)* Mais les détails qu'il donne se réfèrent
à un procès civil. L'avocat, au lieu de plaider sur le fond,
s'efforce d'obtenir qu'on engage un pari sur la culpabilité de
l'accusé. Quelle raison lui a suggéré cette tactique ? On n'en a
donné jusqu'ici aucune explication satisfaisante.
L'avocat, a-t-on dit, veut rejidre le procès moins coûteux
pour son client, en écartant la procédure par serment qui en-
traîne une peine pécuniaire pour le plaideur téméraire. Mais il
n'y a, dans le texte, aucun indice qui permette aux spectateurs
de songer à celle procédure. Puis, il faudrait supposer que les
Hdiles ont une juridiction civile dont on n'a par ailleurs aucune
conlirmalion, et que le client aurait, en présence de son avocat,
donné par erreur une caution qu'il n'avait pas à fournir. Enfin
cette interprétation, suivant la remarque de M. Havet, ne tient
aucun compte du sens dramatique de la scène. I/avocat se plaint
d'avoir manqué un déjeuner chez sa maîtresse : il a été retenu
trop longtemps au tribunal par le fait de son client. Voilà ce
qui le préoccupe, et non le gain ou la perte du procès.
LIVRES OFFERTS 25
M. Cuq montre que Texpédient imaginé par Ménechme avait
pour but d*obtenir le renvoi de l'affaire à un autre tribunal et
par suite de lui permettre d aller à son rendez-vous. L'avocat
avait si bien embrouillé l'affaire que l'Kdile, comme il était
<i*ttsage dans les cas douteux, avait autorisé Taccusé à promettre
une certaine somme pour le cas où il serait jugé coupable. Le
procès, ayant désormais pour objet apparent une somme d'ar-
;renl, se transforme en procès civil ; mais la somme stipulée par
l'Edile pour remplacer Tamende encourue par le délinquant doit,
comme toute créance de TÉtat, être garantie par une caution
spéciale ^ L'accusé a eu beaucoup de peine à trouver ce répon-
dant. Cette idée devait, suivant M. Havet, être exprimée dans
le vers 593 qui est trop court d'un pied : le client a failli ne pas
donner de caution. En attendant, l'avocat a perdu sa journée et
manqué son déjeuner.
LIVRES OFFERTS
M. Camille Juiluan a la parole pour un hommage :
a J'ai l'honneur d'offrir à FAcadémie, de la part de l'auteur, M. de
Li BoDcière, le t. V de son Histoire de la Marine française. Vous avez
déjà, aux précé. lents volumes, accordé par deux fois le grand prix
Goberl. Le nouveau tome n'est pas indigne des précédents. Il a déjà,
«i récente que soit son apparition, son passé de gloire et de patrio-
tiques services. Le hasard a fait qu'un de nos ministres de la Marine
en lut les belles pages consacrées à Colbert ; de là est né ce projet,
aussitôt réalisé, de célébrer Fanniversaire de Colbert, car ce volume
a pour figure principale cellcKle notre grand ministre de Louis XIV.
El je ne crois pas qu'on ail encore mieux montré l'intelligence
*oaple et ferme de ce fondateur de notre marine, son esprit sans
resse en éveil, cette connaissance profonde de tous nos intérêts
natioDauXj ce mélange de longues rétlexions et de décisions rapides.
M. de La Roncière a vraiment donné à Colbert le monument qu'il
méritait, d'autant plus que, comme Colbert lui-même, il a toujours
M, derrière les hommes, voir la France. >»
1. Edouard Cuq, Revue des Éludes anciennes, 1919, XXI, 249.
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DE
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 6 FÉVRIER
PRESIDENCE DE M. CHARLES DIBIIL.
Le P. ScHEiL communique le déchiffrement de deux tablettes
scolaires de Nipur, déposées au Musée de Philadelphie, publiées
sans traduction par M. Lutz*.
Le contenu, de rédaction sumérienne, comprend des frag-
ments d'un Code de lois qui a servi de source et de prototype
à celui de Hammurabi. Des emprunts textuels peuvent en eiïet
être constatés de Tun à Tautre.
Ces paragraphes regardent la culture, la propriété bâtie, les
esclaves, la responsabilité des commis, enfin et surtout la
famille et les héritages.
M. Chabot informe TAcadémie qu'il a reçu une lettre du
R.P. Delattre annonçant la récente découverte d'une inscription
panique, malheureusement mutilée.
Le fragment qui a été retrouvé, de forme irrégulière, porte
86 lettres appartenant aux neuf premières lignes de Tinscrip-
tioo. Il s'agit d'une dédicace faite par les « decemviri préposés
aax choses sacrées ». Le P. Delattre enverra prochainement un
estampage de ce nouveau texte.
M- Salomon Reinach présente à TAcadcmie une très curieuse
*
I. SeUcUd SamtrUnand RabylonUn Texls (1919, n" 101-102 .
28 UN FEUS SCULPTÉ EN BOIS DE RENKE
statuetle de félin en bois de renne, découveiie par M. E. Pa^se-
mard dans la caverne d'IsluriU: (Baïses-Pjrrénées) '.
M. Edmond Pottier donne lecture d'une note sur les nouvelles
fouilles de M. Mourel à Ensênine *.
COMMUNICATIONS
UN FËtlN SCUtE^É EN BOIS DE RENNE,
PAR M. E. PASStlMAilD.
La pièce unique que reproduit la lig. 1 provient de mes
fouilles de la grotte d'isturitz (Basses- Pyrénées} ; elle a été
recueillie dans la partie moyenne d'une riche couche mag-
dalénienne qui m'a fourni beaucoup d'œuvres d'art.
L'animal représenté est incontestablement un félin, bien
que l'indication des poils fasse défaut, non moins que le i
modelé. 1^ tète, irrégulière, est formée de la malière médul-
laire du bois de renne ; ni yeux, ni bouche, ni oreilles ne
sont indiqués.
A cause de la queue atrophiée, on pourrait prendre cet
animal pour un lynx ; mais il est possible que l'artiste, qui
a supprimé les détails de la face, ait aussi trouve com-
mode de négliger la queue, qui eut d'ailleurs été trop fra-
gile.
I^ longueur totale est de 0"' 10. Comme d'habitude i
celte époque, l'ingéniosité de l'artiste a suppléé à la pau-
vreté de la matière. Celle-ci est une base de perche de
bois de renne, munie de deux petits andouillers divei^ents.
dans lesquels les pattes ont été sculptées. Mais comme les
deux andouillers ne sont pas dans le même plan, il s'ensuit
UN FÉLIN SCLLPTÉ EN BOIS DE RENNE 29
que le membre antérieur est rejeté sur ta gauche, alors que
l'autre est è peu près dans l'axe normal.
Alors que d'ordinaire l'artiste magdalénien indique avec
le plus grand soin les détails, il s'est contenté ici de sculp-
ter un félin schématique. C'est peut-être que le décor en
creux de cette figure semblait importer plus «[ue la figure
elle-même.
Pig. 1.
Ce décor se compose de cinq trous et de cinq gravures,
Jiâposés comme il suit :
Deux grands trous perforant la pièce de part en part,
intéressant le thorax et l'abdomen ; trois trous plus petits
M voient au maxillaire inférieur et à l'extrémité des pattes.
Toos ces trous sont coniques ; comme toujours, ils ont été
entamés de chaque côté de la pièce et ils se rejoignent tant
bien que mal par le sommet.
Les gravures comprennent quatre représentations de
harpons sur les cuisses et les avant-bras, de chaque côté
de la pièce ; une ligne bifurquée suit l'épine dorsale.
<Iette ligne est bifurquée en V,à branches t-ourhes «l éva-
êvasées, dans la région des épaules. Elle est double, de
wrte que la tige apparaît en relief et descend jusque sur la
30 UN FÉLIN SCCLPTÉ KN BOIS DE RENNE
croupe où elle se perd.» Elle présente de chaque côté, dans
sa partie antérieure du côté de la fourche, des traits très
(ins, également espacés, dirigés dans le même sens que les
branches du V et qui lui donnent un aspect épineux.
Dès 1874,Lartet et Chaplain-Duparc firent connaître des
dents d'ours et de lion, perforées et portant des harpons
gravés. J'ai été revoir ces curieux objets, trouvés à Sordes
(Landes), aux Musées de Toulouse et du Mans. Les dents
de Sordes qui présentent des gravures analogues à celles
d'Isturitz sont : 1® Une dent d'ours gravée; d'une part,
un phoque; de Tautre, im harpon à trois barbelures de
chaque côté ; 2® une dent d'ours gravée ; d'une part, un
brochet; de l'autre, un harpon en partie détruit par le trou,
comme sur Favant-bras droit de notre félin ; 3** celle des
dents figurée sous les n*** 11 et 13 de Lartet, qui présente
un harpon double à trois barbelures sur une face et un har-
pon double à quatre barbelures sur l'autre ; à une barbelure
près, c'est le harpon de la cuisse droite et de la cuisse
gauche de notre félin.
Enfin, la ligne dorsale est comparable à la fig. 8 de
Sordes, à cette seule différence que cette dernière est bifur-
quée aux deux extrémités.
Ces graveurs de harpons poursuivaient un même but,
qu'il serait sans doute téméraire de vouloir préciser. Mais,
comme M. S. Reinach l'a judicieusement exposé en 1903,
on doit probablement songer à quelque pratique magique,
analogue à l'envoûtement. « Il s'agit, écrivait-il, d'une prise
ou d'une influence d'ordre magique, antérieure aux religions
et aux théologies, mais si profondément enracinée dans
l'esprit humain, qu'elle s'est maintenue à côté des religions,
souvent malgré elles, et paraît devoir leur survivre. »
Pourtant, un fait d'ordre stratigraphique m'empêche
d'être trop afRrmatif. Le félin provient d'une couche infé-
rieure à celle où j'ai recueilli des harpons. A Sordes, si
l'on examine la coupe donnée par Lartet et Chaplain-Duparc,
FOUILLES DE M. F. MOURET A ENSÉRVNE 31
on s^aperçoit que le collier de dents et la flèche barbelée
trouvée par eux appartiennent à des couches différentes ; celle
qui a fourni le collier est inférieure, sous-jacente à Tautre.
On peut supposer qu'il existait des flèches barbelées
faites d'une autre matière que Tos ou le bois de renne, en bois
par exemple ; elles auraient disparu de la couche aux gra-
vures sans laisser de traces. Ou bien encore, à lexemple
de certains préhistoriens, on dirait que les figurations de
traits barbelés ne représentent pas des harpons et qu'il faut
chercher une explication dans une autre voie.
Avant de conclure, je désire signaler un autre objet de
ma collection (fig. 2). C*est un petit fragment de bois de
Fig. 2.
renne qui porte gravé sur sa face convexe une sorte de
harpon bifurqué irrégulièrement à la base et garni de
chaque cdté de deux barbelures . Dans un profond sillon
latéral, un trait bifurqué à la seule extrémité qui subsiste
rassemble étrangement à la ligne dorsale du félin et au
bâtonnet bifide de la dent de Sordes.
Ainsi, deux gisements de la même région ont fourni des
pièces différentes qui présentent des signes analogues et
semblent comporter une commune explication.
XOTE SLR LES FOUILLES DE M. F. MOURET A ENSÉRUNE,
PAR M. E. POTTIER, MEMRRE DE l'aCADÉMIE.
Au mois de juillet 1919 *, M. F. Mouret m*a fait parvenir
un choix de fragments de vases peints, trouvés à Ensérune,
1. Pour le« précédentes découverles de M. F. Mouret, voir les Comptes
rtwfgj, 1919, p, S)S, 293.
32 FOUILLES DR 3J. F. MOL'HET A ENSÉRUNE
parmi lesquels j*ai remarqué plusieurs morceaux recouverta
d*un enduit blanc, solide et brillant, sur lequel sont peiiÉp
quelques bandes rouges et des traits noirs. Cette techni^M.
était nouvelle pour moi et je me suis rendu compte qu*c4p
dénotait Texistencè d tme céramique très soignée, rappe^îji
les lécjlhes blancs grecs, à couverte blanche solide, généi^
lement ornés de figures noires et antérieurs à la fabri^,
tion des lécy thés blancs funéraires, à couverte plus délictlg
et plus friable. M. Pierre Paris avait déjà signalé ce genyt
de vases ibériques à fond blanc dans son Essai^ur VEspag^
primitive, tome II, p. 112. Nous ne connaissons cncd|^
cette série intéressante que par de rares et incomplets pvj^
duits. Il est fort désirable que les découvertes ultérieure
en apportent quelque spécimen complet.
M. Mouret a trouvé aussi, en assez grand nombre, des
poteries grises, de terre fine, sans décor peint, qui rap-
pellent le bucchero d' Italie, mais quil considère comme deê
poteries indigènes et qui imitent les formes des vases grecs.
Ainsi la fabrication locale, à côté des poteries importées
de Grèce et d'Italie', s'affirmerait par une nombreuse et
variée production. Reste à savoir si ces poteries ont été
faites dans notre pays ou si elles ne viendraient pas d'Es-
pagne.
Les fouilles, poursuivies aux mois d'octobre et de
novembre 1919 avec une équipe de vingt-cinq ouvriers, ont
encore enrichi considérablement la collection, de sorte que
M. Mouret peui aujourd'hui présenter à ses visiteurs un
petit musée qui contient, non pas des tiroirs à tessons, mais
des vitrines remplies de vases bien complets (fig. 1). G*est
actuellement l'ensemble le plus riche que Ton possède sur
la céramique grecque recueillie dans nos régions. La dispo-
sition des tombes, rapprochées les unes des autres comme
dans une sorte de columbarium, rend facile et fructueuse
Textraction des objets. Cependant, notre correspondant
signale que dans certaines parties du terrain exploré les
POL'ILLES DE M.
34 FOUILLES DE M. F. MOURET A ENSÉRUlfB
tombes apparaissent isolées et très distantes, mais que
d'ailleurs elles sont pauvres et sans intérêt particalifir: ..
L^occupation romaine en plusieurs endroits est Timiflir
superposer à la couche gréco-ibérique. Dans les datktWk
au jour, dont quelques-uns paraissent avoir aêr?i^A
sépultures, on a trouvé des ossements et des cendres^ «#Kç
des restes d'urnes funéraires brisées. Des canalisatiflfiiî^ en
maçonnerie, dont le fond est formé de briques plates iinftti-
quées qui ont été recouvertes ensuite de grandes dalfes,
attestent aussi Fintervention des architectes romains, Les
unes voisinent avec des impluvia dont les endiiits à cbttBx
hydraulique forment des parois très étanches ; d*aidxes
aboutissent à une grande citerne, divisée en deux parvn
mur vertical. La cavité était remplie avec des morceaSBX
d architecture, fûts de colonnes en pierre, colonnettes de
marbre blanc. Citons encore pour cette période romaine
des fragments de fresques sur des murs d'anciennes villas
et une petite mosaïque intacte, à décor géométrique
(losanges blancs sur fond rougeàtre). Le plateau d'Ensérune
avait donc dû recevoir de riches habitations de plaisance,
prenant vue sur le paysage et Thorizon très étendu qui'se
déroulent tout autour.
M. Mouret nous avait déjà signalé la découverte de la
première Ggurine de terre cuite, de style grec, trouvée à
Ensérune; elle représente une déesse drapée assise [C. ren-
dus, 1919, p. 294). Une autre trouvaille du même genre
complète la précédente : c'est celle d'un vase plastique
(fig. 3) en forme de tête de femme, d'argile claire, muni à la
partie supérieure d'une sorte de passoire en coupelle, percée
de cinq trous, et au revers d'une ouverture ronde, analogue
au trou d'évent qui est usité dans la fabrication des sta-
tuettes d'argile. Le cou de la femme est paré d'un collier de
perles à quatre rangs, réunis sur le devant par un fermoir eu
gros bouton ; la chevelure divisée en bandeaux sur le front
retombe en longues tresses de chaque côté du cou. Un
FOUILLES DE U. F. .MOURET A f:NSËHIINE 35
Fip. 1. — Vases de sljle iLérique
36 FOUILLES DE M. F. MOURET A ENSÉRUNE
diadème posé sur les cheveux va en s'élargissant et forme
la coupelle supérieure doiit nous avons parlé ; le pourtour
du diadème est ceint d'une guirlande de feuilles de lierre.
On sait que des vases plastiques de ce genre, appartenant
à Tart céramique du v* et du iv* siècle, ont été trouvés en
grand nombre dans les nécropoles d'Italie, les uns prove-
nant de Grèce, les autres exécutés sur place d'après des
modèles attiques ; ces bustes de femmes ont la plupart un
caractère dionysiaque et représentent Ariane ou quelque
Nymphe attachée au cycle de Bacchus. Celui-ci parait être
plutôt de style italiote qu'attique. Mais il est assez difficile
d'en préciser l'emploi pratique. Les vases en forme de tête
que je connais ne portent pas de trou d'évent au revers et
leur embouchure n'est pas disposée en passoire. 11 en
est autrement dans la catégorie des vases plastiques en
forme d'animaux qui sont souvent munis de deux ouver-
tures : au revers un petit orifice, fermé par une légère
paroi percée de petits trous qui fait fonction de filtre ; puis
un trou d'écoulement placé soit dans la bouche même de
l'animal, soit dans le poitrail. On peut supposer qu'excep-
tionnellement la tète d'Ensérune répond à des conditions
analogues : on bouchait le trou placé à l'arrière et l'on rem-
plissait la cavité avec un liquide dont la passoire placée à
l'embouchure assurait la pureté et la limpidité. Quand on
voulait s'en servir, on retirait le bouchon et l'écoulement
se faisait par ce trou d'évent. J'avais pensé aussi à un
brûle-parfums, mais le dispositif n'en serait pas logique et
d'ailleurs, comme le remarque M. Mouret, il n'y a aucune
trace de combustion ni de noircissement à l'intérieur.
La récolte a été, comme d'ordinaire, abondante en cra-
tères noirs, décorés de guirlandes, du style apulien dit de
Gnathia, qui servent d'ossuaires dans la nécropole ; en plats
campaniens à palmettes estampées sur le fond et portant
parfois des inscriptions ibériques ; en vases indigènes d'ar-
gile grise imitant les formes helléniques. Enfin la série ibé-
LIVRES OFFERTS 37
rique est représentée par de beaux exemplaires tout à fait
complets, dont quelques-uns même possèdent encore leur
couvercle (fig. 2) ; le décor est constitué par des crosses
deniiculées, des triangles et losanges, des quadrilatères ou
certains ornements cruciformes qui présentent avec le
répertoire très ancien de la céramique Cretoise cette parenté
curieuse qu'on a si souvent signalée et discutée (voir sur
Tétai le plus récent de la question mon article du Journal
des Savants, 1918, p. 281). Je suis heureux de dire que
dans le groupe des produits ibériques, l'ensemble réuni par
M. Mouret devient un des plus importants et des plus
instructifs qui existent et qu'il peut dès maintenant rivali-
ser avec les meilleures collections de ce genre en Espagne.
LIVRES OFFERTS
Le SecnÉTAiRB PERpéruEL présente à T Académie, au nom des
Auteurs :
Jérôme Carcopino, Virgile et les origines d'Oslie (fascicule 116*
de la Bibliothèque des Ecoles françaises d^ Athènes et de Rome) ; Paris,
1920, 8«;
Gtuseppe La Mantia, Codice diplomatico dei He Aragonesi di Sici-
Ua (1282-1355). Tomo I [Documenti per servire alla storia di
SicUia pubblicali a cura dalla Società Siciliina per la Storia patria.
Série I, vol. XXlll), Palerrao, 1918, 4«.
M. Senart fait hommage, au nom de M. Paul Pelliot, du tome I de
son ouvrage intitulé : Les Grottes de Touen Houan, Grotles 1 à 30
(Pans, 1920, ia 4o).
M. le comte Durrieu offre un travail, dont il est Tauteur, intitulé :
Tue suite de dessins de Godefroy le Batave (extrait des Mélanges
J. Guiffreyj.
M. Babblon a la parole pour un hommage :
««J'airhonoeur d^olTrirà l'Académie, de la part de l'auteur, M.Victor
38 SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1920
Tourneur, conservateur du Cabinet des Médailles de Bruxelles^ une
brochure intitulée : Jehan de Candida^ diplomate et niéd a illeur au
service de la Maison de Bourgogne, 1472-1480. (Bruxelles, in-8° do
125 pages et 3 planches (extrait de la Renue belge de numismatique,
1914-1919). C'est une étude érudile et très documentée sur un per-
sonnage qui a joué un rôle considérable à la cour de Charles le
Téméraire et dont plusieurs savants se sont déjà occupés à divers
points de vue : MM. Aloïss Heiss, C. Couderc, et surtout Henri de
La Tour. M. Victor Tourneur a complété et développé les recherches
de ses devanciers en utilisant de nombreux documents inédits con-
servés aux Archives de Bruxelles, aux Archives départementales de
Lille et aux Archives de TËtat à Milan. 11 a ainsi retracé et reconsti-
tué Ig biographie et les curieuses aventures de Jehan de Candida
que Charles le Téméraire chargea de diverses missions diploma-
tiques en Autriche, en France, à Rome et dans d'autres pays de
TEurope. Comme Candida était non seulement diplomate, mais
médailleur, il a exécuté, pendant les règnes de Charles le Téméraire
et de Marie de Bourgogne, d'assez nombreuses médailles, modelant
de bons portraits de princes et de personnages du temps, dans un
style particulier et personnel, la plupart non signées et que la cri-
tique a dû s'appliquer à retrouver et à grouper. M. Tourneur en
donne la liste et le commentaire. Son étude est doublement intéres-
sante et précieuse, au point de vue historique et au point de vue
artistique. »
SÉANCE DU 13 FÉVRIEIR
PRESIDENCE DE M. CHARLES DIEHL.
Lecture est donnée d'une lettre de M. Homo, professeur à
l'Université de Lyon, qui adresse à TAcadémie un rapport sur
sa mission à Rome. — Renvoi à la Commission Piot.
L'ordre du jour appelle rélection d'un membre ordinaire en
remplacement de M. Héron de Villefosse.
Le Président donne lecture des articles du règlement et rap-
pelle les noms des candidats qui sont, par ordre alphabétique,
MM. Delachenal, Dorez, Glotz, Jeanroy et Pelliot.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1920 39
Le nombre des votants est de 35; majorité absolue, 18 voix.
Au l*"^ tour, M. Delachena) obtient 5 voix; M, Dorez, 6 voix ;
M. Glolz, 8 voix; M. Jeanroy, 7 voix; M. Pelliot, 8 voix;
M. Fougères (non candidat), 1 voix. — Pas de majorité.
Au 2* tour, M. Delachenal obtient 8 voix ; M. Dorez, 5 voix;
M. Glotz, 13 voix; M. Jeanroy, 8 voix. 11 y a un bulletin mar-
qué d'une croix. — Pas de majorité.
Au 3* tour, M. Delachenal obtient 12 voix ; M. Dorez, 2 voix;
M. Glotz, 14 voix; M. Jeanroy, 6 voix. Il y a un bulletin mar-
qué d'une croix. — Pas de majorité.
Au 4* tour, M. Delachenal obtient 15 voix; M. Glotz,
16 voix ; M. Jeanroy, 3 voix. 11 y a un bulletin marqué d'une
croix. — Pas de majorité.
Au 5* tour, M. Delachenal obtient 17 voix; M. Glolz,
16 voix ; M. Jeanroy, 1 voix. Il y a un bulletin marqué d'une
croix. — Pas de majorité.
.\u 6* tour, M. Delachenal obtient 17 voix ; M. Glotz, 16 voix;
M. Jeanroy, 1 voix. Il y a un bulletin blanc. — Pas de majorité.
Au 7* tour, M. Delachenal obtient 17 voix ; M. Glolz, 17
voix. Il y a un bulletin marqué d'une croix. — Pas de majorité.
Le Président, constatant que les candidats sont à égalité,
consulte l'Académie sur l'opportunité qu'il y aurait à remettre
l'élection à une date ultérieure; mais comme le règlement n'a
rien prévu à cet égard, il s*agit de savoir si l'on choisira une
date rapprochée ou si au contraire on se prononcera pour un
renvoi à une date éloignée, six mois par exemple.
Après un échange de vues entre MM. Prou, Schlumberger,
ClekmotT'Gantsbau, Girard, Thomas et Babelon, l'Académie se
fonne en comité secret pour discuter à fond la question.
La séance étant redevenue publique, la Compagnie décide de
continuer au début de la prochaine séance le vote interrompu
après le 7' tour.
SI. Edouard Cuq fait une lecture sur un diptyque latin de la
Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, relatif à la tutelle dative des
femmes *.
1. Voir ci-«préê.
COMMUNICATION
un DIPTYQUE LATin BUR LA TUTELLE DATIVE DES FEMMES,
PAB H. EDOUARD CUQ, MEMBRE DE l'aCADËHIB.
Ce diptyque, récemment acquis au Caire par M. le pro-
fesseur Sayce et donné par lui à la Bibliothèque de rUoi-
versité d'Oxford, est formé de deux tablettes de bois qui
mesurent 0™ 15 sur O" 12. I^e creux destiné à recevoir
la cire a 0" 105 sur 0" 075. Comme il est arrivé pour
le fragment de triptyque du Musée de Leeuwarden dont
j'ai entretenu l'Académie, il y a quelques mois', la cire a
presque entièrement disparu; mais la pointe du style ayant
pénétré dans le bois, la trace des lettres est très nette :
l'écriture extérieure et intérieure est bien conservée. Le
texte a été aisément déchilFré et publié par M. Grenfell
dans The Bodleian Qaaterly Record, 1919, p. 2S9, 262.
A. Face intérieure. Page 2.
Q. Aemitius Salarninua, prsef[ecius) Acg(ypti), postulante
. Tcrenlto Sarapammone, Meviae Dionusario, e lerfe Jatia
Ti{ti)a et ex a{cnatus)c{onsuUo), M. Juliam Alexan-
'■um, qao ne ab juslo lutore tateta abeat, tu torem dédit,
ercebtss. Actum. Alex[andrex) ad Aegyplum, viiii
tt{endas) oclobre{a), Saturnine et Gallo co(n)s(ulibn3),
ino vii imp{eratorum) Caesarum L. Septimi Severi PU
ertinacia Arabici Adiabenici
B, Face intérieure. Page 3,
Parthici Maximi et M. Aureti{i) Antonini Aag[ustorum),
enae Tholh, die xxvi.
Mijoûia Atsvuoipiov a:ii,'sx)f.-t\<iy [sic] xùpisv > iT:ivpaf;p.ev9ï
UN DIPTYQUE LATIN 4i
B. Face extérieure. Page 4.
C. Juli{i) Heraclae^ C, Longini Prlnci^ P. Octavi{i) Theo-
phili^ M. Aureli(i) Marci, M, Juli{i) Felicis, C, Domiti{i)
Claudianiy C. Terenti{i) Sarapammonis [signa \,
Q. Aemilius Saiurninus, prœf[ectus) Aeg{yptï)y postu-
lante C. Terentio Sarapammone^ Méviae Dionusario, e lege
Julia et Titiaet ex s{enatus)c{onsulto)y M. Julium Alexan-
dram, quo ne ab juste tutore tutela abeat^ tutorem dédit.
A. Face extérieure. Page 1 .
dereebtss, Actum Alex[andreac) ad Aeg(yptum)
viiii kal{endas) Octobr{es)^ Saturninô et Gallo co[n)s[uU'
bus), annô vii imp[eratorum) Caesarum L, Septimi Severi
PU Pertinacis Maximi et M. Aureli[i) Antonini Parthici
Maximi et M. Aureli[i) Antonini Aug[ustorum), mense
Thothy die xxvi,
Mt;o:>iji Aiîvuffipiov, aiTi^|<Jï|XYîv [sic] xtiptov ÏT:i^(poL^o\».Z'^0'i
Is'jauv 'AXcîxvîpov, (î)ç içpsxetTat.
Fiio^ 'loÛAwç HpaxXa; i'^pz^boi ùxep aiTfJç -^piikiL^xa [xy;
ftiùtt;;.
Mc^ÛE^ Atovuaip'.oj alTCJiii£vr,ç xûpiov Fiiov 'loJXiov 'AXéÇav-
îpsv.
Le diptyque de la Bodléienne contient un certificat con-
0
staiant que le préfet d'Egypte, Q. i^milius Saturninus, a
donné pour tuteur à une citoyenne romaine, Mœvia Diony-
sarion, la personne qu'elle lui a désignée, M. Julius Alexan-
der. La nomination a été faite en vertu de la loi Julia et
Tiiia et d*un sénatus-consulte. La loi, qui est connue grâce
aux commentaires de Gaius (I, 185), a étendu aux gouver-
neurs de provinces le droit de nommer des tuteurs, conféré
par la loi Atilia au Préteur urbain assisté du collège des
42 tX DIpnutB LATI5
tribuDS de la plèbe'. Le sénatas-consnlte est celui qui, sur
la proposition de Marc-Aurèle, a dêtenniDë d'uue façon
précise les ma^strats provinciaux qui ont te jai dxndi
tatores •. Le préfet d'ÉgTpte, le Jaridicaa d'Egypte et
d'Alexandrie sont compris dans l'éDuniération ^.
L'acte est daté du 23 septembre 198, sous le règne de
Septime Sévère et d'Aotooin Caracalla. Bien que rédigé en
latin, il porte en grec la souscription de la femme. Le titre
de l'acte est également en grec ; il est placé en tète de la
première page.
Le texte est écrit sur les pages intérieures 2 et 3. Le
duplicata occupe la moitié des pages extérieures 4 et 1 . Sur
la seconde moitié de la page extérieure 4. sont les noms
des témoins en regard de la cavité où leurs sceaux ont été
apposés sur le 61 de fermeture. Le litre de l'acte est à la fin
de la page extérieure t. Conformément à la règle édictée
par le sénatus-constilte de l'an 6t. les deux tablettes sont
percées de trous >' trois sur une des marges, un sur la maige
opposée', où l'on faisait passer trois fois le cordon de
fermeture avant de le fixer par des cachets '.
Le diptrtpie est souscrit et scellé par sept témoins
citoyens romains, au nombre desquels figurent C. Terentius
j-apammon qui a remis au Préfet la requête de la femme,
C. Julius Héraclas qui a souscrit l'acte à sa place, parce
['elle ne sait pas écrire. Ces souscriptions et les sceaux
posés sur le fil de fermeture garantissaient la sincérité
l'écriture intérieure qu'on n'aurait pu modifier sans bri-
r les sceaux. Une précaution analogue a été prise pour
diptyque du Musée du Caire contenant un extrait de
. Cf. Ëilouard Cuq. Mtnael da instiCaliani jaridiqatt dei Aomiini,
7, p. ÏOÎ.
:. Ulpien. Dig. XXVI. i. 1 pr., I.
I. Ibid.. [. 10. i.
,. Paul, Stnt., V. », 6.
UN DIPTYQUE LATIN 43
naissance délivré à Alexandrie en 448 : il est souscrit et
scellé par sept témoins K
Les diverses mentions écrites sur le diptyque ne sont pas
de la même main. La souscription de la femme sur la face
intérieure de la seconde tablette (B, p. 3) n'est pas de la
main qui a écrit le texte latin de cette face et de la page 2.
Les souscriptions des témoins sont d*une troisième main.
Le duplicata de Tacte sur la face extérieure de la seconde
tablette est d'une quatrième main, ainsi que celui de la
souscription de la femme. Une cinquième main a écrit le
titre de Tacte; le scribe a ici donné au nom de la femme la
forme romaine Me^ia au lieu de Mr^oùia.
M. Grenfell, dans les notes quil a jointes à son édition
du diptyque, a fait ressortir les particularités qu'il présente
au point de vue de ses dispositions et de sa forme ; il Ta
fait avec la précision que Ton peut attendre d'un des savants
qui connaissent le mieux les documents gréco-égyptiens.
Quant au fond, l'étude du texte soulève deux questions sur
lesquelles M. Grenfell ne s'est pas prononcé : l'une a trait
aux différences qui séparent l'acte écrit sur le diptyque des
actes analogues déjà connus ; Tautre, aux abréviations qui
terminent la ligne 6 et sont reproduites sur la face extérieure
de la première tablette. J'essaierai de compléter sur ces
deux points lexplication du nouveau document.
■
1
LES CERTIFICATS DE TUTELLE DATIVE
Pour accomplir valablement certains actes juridiques,
le» femmes doivent être assistées de leur tuteur, à moins
qu'elles n'aient le jus liberorum, A défaut de tuteur testa-
mentaire ou légitime, elles doivent prouver qu'elles ont un
I. Wilcken, ChrêêlomMihie, 313.
1 Cf. Edouard Cuq, Manuel, p. 330-233.
44 tN DIPTÏQUIS LATIN
tuteur datif. Cette preuve résulte d'une pièce officielle scel-
lée par des témoins, d'un certificat délivré par les bureaui
du magistrat qui a nommé le tuteur. Les papyrus gréco-
égyptiens déjà connus en offrent plusieurs exemples. Ces
actes renferment une copie de la requête de la femme, avec
sa souscription et celle du tuteur qu'elle a proposé ; une
copie du décret préfectoral qui fait droit à la demande. 1^
copie est certifiée par le Préfet'.
L'acte écrit sur le diptyque est tout difTérent : il contient
uniquement la substance de la requête et du décret subsé-
quent avec la souscription de la femme. C'est un extraitdes
actes originaux et non une copie. On n'y a mis que ce qui
a paru essentiel pour permettre à la femme de traiter régu-
lièrement avec les tiers. C'est la première fois qu'on ren-
contre un certificat de tutelle dative ainsi rédigé. D'où
vient cette différence de rédaction? Pourquoi un simple
extrait au lieu d'une copie de l'original? Pourquoi ajouter
la souscription de la femme, alors qu'on exclut celles du
tuteur et du Préfet?
Le certificat a pour but. quelle qu'en soit la forme, de
ue la tutelle a été déférée par le magistrat compé-
lire connaître le nom de la personne qui en est
t celui de la femme à laquelle elle s'applique. A
oints de vue, la copie des acles originaux donne
isFaction. Mais en pratique on a rarement besoin
:s renseignements fournis par cette copie- On n'a
aindre que le tuteur conteste la mission qu'il a
en souscrivant l'original ni qu'on soulève une
sur le décret rendu par le Préfet. On peut donc
. IV. 710; XTI, li6â. Les copies délivrées par les bureaux d'un
oHenl ordinairement la Bouscriplion du magistral ou du chef
iegiou recognoBt, ou âï;ïv'.,y (P. Teb, II, 387; BGU., I, IM;
(s. Ber., 1910. p. T13j. Parfois le numéro du bureau esl indi-
s copie délivrée par le chef du 19' bureau de ta chancellerie
n lil recognovi andetticeniimuilCIL.. III, lit).
UN oiptyqOk latin 45
sans iaconvénieoi restreindre la teneur du certificat aux
indications indispensables aux tiers pour s'assurer qu'on
ne pourra faire annuler l'acte qu'ils vont conclure avec la
femme.
La rédaction ainsi abrégée a un double avantage : le cer-
tificat coûtera moins cher, car il y a lieu de penser que la
taxe à payer était proportionnée à la longueur de Tacte * ;
il sera plus portatif et pourra être écrit sur des tablettes de
très petites dimensions comme notre diptyque. En cas de
déplacement, la femme pourra l'emporter commodément
pour s'en servir si l'occasion s'en présente.
Mais en réduisant le certificat au strict nécessaire, il
semble qu'on aurait dû supprimer toutes les souscriptions.
Le maintien de la .souscription de la femme, avec la mention
qu'elle a demandé pour tuteur la personne nommée par le
Préfet, s'explique, à mon avis, soit par l'intérêt des tiers,
soit par le désir du magistrat de dégager sa responsabilité.
Les tiers ont intérêt à savoir que la femme a choisi elle-
même son tuteur. S'il est incapable ou malhonnête^ elle ne
pourra alléguer qu'elle n'a pas été protégée. S'il a donné à
tort son auclorilas, la femme seule en subira les consé-
quences, sauf son recours contre lui. Le tuteur choisi par
la femme devient en effet son mandataire; comme tel, il
1. Cr. pour les taxes judiciaires, redit d'un gouverneur de Nuinidie.
C/iL., VIII, 17896. — On pourrait se demander si le certificat écrit sur le
diptjrque a bien été délivré par les scribes de la Préfecture, ou si la copie
• été faite par Héraclas sous le contrôle et la garantie des sept témoins
qui ont scellé les tablettes. On connaît en effet des copies d'actes officiels
faites par les intéressés. Dans un fragment de diptyque de l'an 94, un
vétéran déclare qu'il a copié le document cité par lui littéralement (un
édit de Domitien) d'après une table de bronze fixée sur le Caesareum
Magnum d'Alexandrie : teslatai est se descriplam et recognilum fecisse ex
^hulâmneM... {G. Lefebvre, Bull. Soc. archéoL d'Alexandrie, 1910, p. 39;
Wilckcn, Chresi., 4<f3]. Il ajoute que la déclaration a été faite coram ac
prmieniibtts eit qai tignaiuri erant. Mais autre chose est copier un acte
tAché en public, autre chose prendre copie d'un extrait du Breviarium. Il
n'est pas douteux qu'il fallait ici obtenir la coopération du bureau qui en
•vsit U garde.
46 r\ DlPTVyLE LATIS
doit agir de bonne foi et sans dol, sous peine d'être tenu
de l'action de mandnt. L'acceptation du mandat résulte de
la souscription du tuteur sur la requête adressée par la
femme au magistrat. Le tuteur faisait suivre son nom des !
mots ïJSsxÛ tî; îar.oEi, ou simplement EJÎïXb) ', Bien que le 1
mandat soit gratuit, on pouvait indemniser le tuteur soit I
pour les dépenses qu'il avait dû faire, soit pour la perte ■
qu'il avait subie en sacriilant une partie de son temps dans |
l'intérêt de la femme ^. i
Le maintien de ta souscription de la femme se justifie à I
un autre point de vue : c'est la conséquence de ce que le
tuteur est ici nommé sans enquête. En principe, la nomi-
nation d'un tuteur par le magistrat est une mesure grave :
il s'agit de conlier à une personne la fortune d'un inca-
pable, de la charger de l'assister dans l'accomplissement
d'un acte juridique solennel ou dans l'exercice d'une action
en justice. Le magistrat est rarement en état de faire lui-
même un choix éclairé, alors surtout que son autorité
s'étend sur un territoire aussi vaste que celui de l'Egypte : .
il fait procéder à une enquête ; il invile (es magistrats du
domicile de l'incapable h chercher un tuteur et à s'assurer '
de son honorabilité et de sa solvabilité ^.
Lorsqu'il s'agit d'un impubère, il est permis à un parent, '
àun'ami d'indiquer au magistrat les personnes aptes ù ;
!rcer la tutelle \ mais on doit toujours lui en proposer '
isieurs entre lesquelles il choisira après enquête. Le ■
jyrus Nicole de l'an U" enoffreun exemple : une veuve,
re dun impubère, prie le juridkiia d'Egypte de choisir
;re deux personnes nominativement désignées, celle qu'il
;era la plus digne {i\icnT:-.-:tp',:) d'exercer la tutelle ■.
, P. Oiy, I, 5«; IV, 780; BGU.,\V, 1070.
luard Cuq. Wanutl, p. JDI, 5 et, 6,
Ulplen, Dig.. XXVIl, e. ], s ï, 3.
Modealiti. Dig., XXVI, 6, ï pi-.
Ilfvae nrchéologiqae. 1X91, XXIV, ;o.
UN DIPTYQUE LATIN 47
Une constitution de Sévère a consacré cet usage, en obli-
geant la mère à demander au gouverneur de la province la
Domination du tuteur sous peine d'être déchue de la suc-
cession légitime de son (ils ^ Elle doit présenter plusieurs
ooms (nomina ederc) ; mais il semble qu'au m' siècle elle
pouvait le taire successivement, le magistrat ayant le droit
d'écarter celui qu'on lui proposait : c'est ce qui résulte de
deux papyrus des années 218 et 266. Dans les deux cas,
la mère déclare qu'elle fait cette présentation à ses risques
et périls -. Elle prend la responsabilité du choix qu'elle a
(ait. Cette déclaration ne dispensait pas le magistrat de
faire une enquête ; la protection du pupille l'exige. L'en-
quête était nécessaire même lorsque la mère avait désigné
le tuteur dans son testament : le tuteur était confirmé ex
inquiêitione *,
Il n'en était pas ainsi pour la tutelle des femmes. Ici la
femme, ou un tiers en son nom ^, désigne au magistrat le
tuteur de son choix. Tel est le cas d'un acte de la même
année que notre diptyque ^, et de deux actes des années
21 1 et 247 ^. Le rôle du magistrat se borne à conférer le
titre et les pouvoirs d'un tuteur à la personne qui lui est
désignée. Comme dans le cas précédent, mais sans qu'une
déclaration expresse fût requise, la nomination était faite
aux risques et périls de la femme. Le magistrat tenait à
dégager sa responsabilité. Si le tuteur n'avait pas la ges-
tion des biens comme le tuteur d'un pupille, son auclorilas
était exigée pour des actes qui pouvaient compromettre la
I. ModesLin, loc. cit., 3, 2.
5. BGU,^ IV, 1070; P. Tob. II, 326 : aiToCjjia'. . . . xto t^uo xtv5Jv».i crtiponov
î. Neratiut, Dig.^ X.WI, 3, 2 pr.
4. Ulpien, Dig., XXVII, 7, 2 : PostaUre lulorem vUetur e( qui per
àliam poêtuUt,
y p. Teb., II. 307.
«. P. Oxy. I, 56; IV, 720.
48 r?t WPTTI^CE LATIX
foriane de la femme : aliéner des choses précieuses, con-
tracter des obliquons, donner quittance d*un paiement K
La responsabilité du Préfet d'Egypte était, il est vrai,
morale et non pécuniaire. Les magistrats, qui ont le jus
dandi laiores, ne sont pas soumis à Faction créée en vertu
d*un sénatus-consulte du règne de Trajan ^ contre les
magistrats municipaux qui ont présenté un tuteur insol-
vable ^. Le Préfet ou le juridicut n'en devait pas moins
juger utile de prévenir toute erreur, en prescrivant d'insérer
dans le certificat délivré à la femme les termes de sa sou-
scription. C'était le meilleur moyen d'avertir les tiers et de
rappeler à la femme que le Préfet lui avait donné le tuteur
qu'elle avait elle-même choisi.
L importance attachée à cette souscription est confirmée
par le titre écrit en grec sur la face extérieure de la pre-
mière tablette et qui résume la partie essentielle de l'acte :
rer^uête de Ma»via Dionysarion afin d'avoir pour tuteur
G. Julius Alexander ^. On remarquera qu'il n'est pas dit que
ce tuteur doive être un tuteur ad hoc, comme dans un acte
de Tan 2 H •*, où il s'agit, il est vrai, de pérégrins **.
Là même préoccupation de dégager la responsabilité du
magistrat apparaît dans la clause quo ne ab jusio lutore
iuiela abeai. Cette clause était depuis longtemps usitée :
1. G^ius, L 191, 192; III. 171. P. Lond. 11, cccclxx, p. 215. P. Teb. Il,
397.
2. Ulp.Vn, Dig.. XXVII, H, 1, 1.
3. (J. ïvlouard Cuq, ManaeL P- 218, 2.
4. La ^ou!irriplion ôe la femme porte xjc;ov irtysa^uiêvoy. Le verbe
t::'--;^si'Ç€:/ e^l le terme ordinairement usité pour désigner U délation de la
tijteile par I*^ magistrat. Voir les notes suivantes.) On trouve aussi
kzfj^%invf, ir.izz.iTa'.*, £r:'.o:oovai.
5. P. Oxy. I. =>« : a:To3;xat... in'.yiaçvai jxou xJc.ov, rpô^ aovriv t«jT»iv
6. Il en c«t de même sans doute dans un acte de l'an 168 où le tuteuresi
déchar/é fie jw>n mandat au«isitôt après l'accomplissement de l'acte juri-
dique. P. I>.nd. Il, p. Sn^in.i cnc^ça^f.* xup.o; Tf;? i'vf,^ vyvatxôî ntotXuou-
TTjî 7;,it'jyt ;xr,-i:xôv oJttJî xati loî voaoj rcov ' Pa»;xa'>ov . . .
b.
UN DIPTYQUE LATIN 49
on la trouve aU début du règne de Domitien dans le cha-
pitre xm de la loi de Salpensa. On la trouve aussi dans
deux papyrus d'Oxyrhynchos des années 245 et 247. Elle
a sa raison d*étre : la tutelle dative ne s ouvre qu'à défaut
de tutelle testamentaire ou légitime. Le Préfet ignore s!il
n'existe pas une personne qui pourra faire valoir son droit à
la tutelle : il ne consent à nommer le tuteur proposé par la
femme que sous toutes réserves. Les tiers, aussi bien que
la femme, sont avertis.
Le diptyque de la Bodléienne ne fournit aucun rensei-
gnement sur une question qui, dans Tétat actuel de nos
connaissances, demeure incertaine ; celle de savoir si, en
Egypte, avant Caracalla, les magistrats locaux pouvaient
nommer un tuteur à un citoyen romain, sans en avoir
recule mandat spécial du Préfet ou du juridicus. Une délé-
gation générale n'était pas licite K
II
LE Brevi&rium de la préfectuhe d'égypte.
La seconde question à examiner est celle des abréviations
qui terminent la ligne 6. Elles résument sans aucun doute,
comme l'a conjecturé M. Grenfell, une formule destinée à
garantir Tauthenticité de Tacte. On rencontre des formules
de ce genre dans divers textes ; elles commencent toujours
par les mots descripium et recognitum ^. Les trois pre-
mières lettres d e r doivent être lues : ù[escriptum) e[t)
recognitum). Les deux suivantes e e désignent Tacte qui a
servi de modèle : e x) e[xeinplo). Les trois dernières t s s
se rapportent à \me t[abula) s{upra)s[cripta). Mais la lettre
A, placée entre e[xemplo) et t{abula), paraît obscure à
I. Vlpien.Oig, XXVI, 1,6,2.
î. Corp iiucr. Lj/., X, 7852.
It20 4
50 UN mPTVQLE LATIN
M. Grenfell, et la combinaison des lettres e b l s s demeure,
à son avis, incertaine, faute d'un texte parallèle.
J'espère cependant pouvoir résoudre la difliculté en pré-
cisant la nature de l'acte consigné sur le diptyque et par
^ite la collection où l'acte qui a servi de modèle était classé
dans les archives de la Préfecture. Les termes de compa-
raison ne font pas défaut.
L'acte se distin|^ue nettement par sa forme des actes
analogues antérieurement publiés. Ceux-ci sont tous repro-
duits (ivn'Ypafov è; âvTivpâssu) d'après le recueil des
copies ' d'actes originaux - dont on a soin d'indiquer
l'espèce : liber, commenlarius, tabula. C'est ainsi que la
copie d'un rescrit de Gordien de l'an 238 est faite ex libro
libellorum rescriploram a domino nostro... in verba qase
infra sçripta stint ^. Dans une inscription de Cëre de l'an
Iti, la copie d'une décision du sénat municipal avec les
pièces annexes est faite ex conimentario... tn quo scrtplum
crat il quod infra scripltim est '\. Dans un diptyque du
Musée du Caire, l'extrait de naissance de la fille d'un
citoyen romain est délivré ex tabula albi professionum
Uberorum natorum qufe proposita erat'in airio niagno. On
indique même le numéro de la table et de lu page in qua
scriptum fuit id quod infra scriplum est ■''. Pareillement
les actes publics du municipe de Gère étaient transcrits à
leur date sur un registre [commenlarius cottidianus) ;
1. P. Lond. II, CGKXX1V, p. 63.
2. Ti YP"?"^' désigne l'orJijiiial ; to ivtEfpafov, In copie. P. Osy. VI.
W : E<iJ( TOÛTO-j, îTJî imOTûli]; Kii loij piSXtiBiôj là iïT'Ypafov,., ïiîà ti
)açÉïT« O^îiiaoî. Aulre» exemples d'ivTiïpaf». p. Finr. &7. I. 87, 8fl ; P.
mh. 77, 31 ; BGU., II, iàl. Parfois ou indique la pai^e du regislre où li
ipieesl transcrile. P. Oiy, VIII, 1119, 1,1 : ïii (= 2B,.
3. Cil., m, 1Ï336.
*. Ibid..XI, 36H.
5. Wilcken, Chrett. îll : professionii liberoram... tabula V et poilMà
ig{ins) III. X VIII k[alendai) octobr-es).
52 HN DIPTTQUE LATIN
Q. Aemilius Saturninus, postulante.,, Sarapammone ^ Me-
viae.,. tutorem dédit. Ce n'est plus une copie des actes ori-
ginaux, c'est la copie d'un sommaire, d'un cxemp/ii/nArcw,
inséré dans le Breviarium d'un des bureaux de la Préfecture.
Sénèque, dans une de ses lettres à Lucilias (I, 39),
explique le sens du mot breviarium et en indique Torigine:
Hsec qusR nunc vulgo breviarium dicitur, olim cam Latine
loqueremuvy summarium vocabatur. Le mot s'est introduit
dans l'usage lorsqu'on a cessé d'exprimer en latin Tidée
d'abrégé. Breviarium vient en effet de brevis qui est pour
bregvs et correspond au grec ^por/^ùq avec addition d'un i
{bregvis). Le gr a disparu ensuite devant le r, d'où brevis '.
En substituant à Tancien terme latin summarium, un mot
d'origine grecque, les Romains ont entendu sans doute
désigner un usage emprunté par l'administration impériale
aux pays de civilisation hellénique, celui de résumer dans
un abrégé l'ensemble des actes des divers magistrats. Tel
était le breviarium totius imperii préparé par Auguste * et
qui d'après Tacite formait un libellus ^,
Le breviarium n'était pas rédigé pour la circonstance, ni
pour un acte préfectoral en particulier. Il contenait le
résumé de tous les actes accomplis par le magistrat pendant
qu'il était en charge, ces actes étant d'ailleurs classés sui-
vant leur nature dans des catégories différentes. Grâce à ces
breviaria, on pouvait apprécier l'activité du magistrat et
de libération du Bcrvice mililaire de l'an 122 : T. Haterius Nepos prx{-
Aeg. L. Valerio Noxtro equîti a/a? Vocontiorum^ turma Gaviana emeriio
honeslam missionem dédit (De Ricci et F. Girard, N. Rev. kisl., XXX»
478). Suit une souscription qui parait être celle du Préfet : [L. V]aUrio
${apra)s<cripto, hionestam) m{is s ionem) dedi. Cf. Wilcken, C/irc^f., **''
et TinterprétatioD qu'il donne de cette tablette, I, 398.
1. Cf. Bréal et Bailly, Dict. étymologique latin, r'» brevis^ levis,
2. Suétone, Octav. 101. Ce breviarium présentait le tableau de la situa-
tion militaire et financière ; il indiquait le nombre des soldats présents
sous les étendards dans toutes les régions de TEmpire, rencaisse du Trésor
et du fisc, le montant de l'arriéré des impôts.
3. Ann. I, 11.
retrouver rapidement les décisiODs qu il avait prises à une
date déterminée, sans êlre obligé de compulser la série
complète des actes originaux. C'est ce qui eut lieu dans le
cas qui nous occupe. La femme se (it délivrer un certificat
conforme à ïexemplum brève (abulx saprascriptx. C'était
une copie du sommaire de la tabula contenant la requête de
ta femme et la décision du Préfet.
L'usage de rédiger un sommaire des actes conservés dans
les archives publiques remonte en Egypte au temps des Pto-
lémées : il est attesté par un papyrus du Musée du Louvre
n* 65). Un fonctionnaire royal, dans une lettre adressée à
un de ses collègues, lui explique la pratique suivie pour
I enregistrement des contrats égyptiens : on en fait d'abord
une copie littérale, avec traduction grecque s'il y a lieu;
puis on rédige uo sommaire de l'acte en indiquant les noms
des parties et de leur père, et la date de la souscription.
La première opération est désignée parle mot eixovi^îw, la
seconde par le mot itxiauzw '.
Pareillement les notaires égyptiens devaient, sous la
dominalîoD romaine, envoyer au bureau central des
archives de leur nome la copie des actes dressés par eux,
et en même temps une liste récapitulative avec un extrait
des clauses essentielles de chaque acte. Les copies for-
maient des rôles qu'on appelait e.\pi^v/i ; les extraits étaient
lie» irtx-fpx^xi,. Les uns et les autres sont mentionnés dans
deux papyrus des années 46 et 208 de notre ère -. Un rëgle-
I- Xolieta it exlr»U* dti nuinuicrift. l. WIII, !• parlie, |i. 377 ; rà
irtiiia^^ i«o>i!Jiiv, toîf ti oaïniiàyor»! xai ïjï :;(j:o;i,vTai oixov<i;j.;av lai
"« Whijhi-:' aiicLv n«Tpo6iiF h;«ootiï nai ÛKOj-pipii» r,|ii( JïTITi/ivai (t(
/^:r,[tiii9^Di>, SijX(ûoayrf<( lô* x( yjiôvgv Iv iTi ùiroïi-rjàçiiitv... mi i'i« Si
*^; T^i Trflf^ii /.poïou .
I- (ireatcH and Iluut, .Veu cUuicut fngmtali and other greek and
l*lUpapyri, II, Jl. l. 18-SI : xarn/'P^ï'" '"'■' 6'* rtTpaar,»! cœïioî îoj 5t
'l'Aï tltaio^Tfitfl'i^wji ypri;iXTi3;iaù; iv T'i^tiu suvxoÂXu^ilinu zii i\^'i-Liii
"i MÎ ivaypayij jàiî. Cf. Vilelli, Tra doeamenU greci-tgiti (Avisoiiia,
'l.l";. l. MO,
UN DIPIÏQUE LAirn
l^ue s'appliquait aux baoquiers pour leurs ia-
'. les sitolog^ues, chargés de l'administration des
iiblics (Qïjaaupoi) ^, où l'on entreposait les rede-
inture, spêciatemenl le blé destiné à l'approvi-
de Rome, devaient envoyer tons les mois au
NeaspoUos à Alexandrie un relevé sommaire
et des sorties de leurs magasins : tL);''Uiî£t (X£-f:i]
e usage était suivi à Rome par la chancellerie
Chaque bureau rédigeait un sommaire des
son ressort : c'était le breviariamofpcii. D'après
espasien, avant de donner audience à ses amis,
bout à l'autre les breviaria offtciorum omnium '*.
ultait le breviarium ralionum ^..Les riches par-
viiient leurs raliones breviarUe ', îndépendam-
urs livres de comptes.
eil impérial, un notarius était chargé de présen- j
laire de l'atFaire qui allait être mise en délibéré <
procès- verbaux étaient entre ses mains. C'était
tusœ. Alexandre Sévère indigea une peine rigou-
11 de ces nolarii qui avait falsiGé le sommaire
son bureau '.
titutions des empereurs sont citées par les juris-
antôt dans leur teneur originale, tantôt d'après
e conservé dans les archives *", Les Decretoraift
.ni, p. i5«-i67.Cf. P. Fior. 34,
inber(r«l Pollier, Dîcl. dei Anliq. grecqaei et romaine», ""
, Sîl.
rsl, SS,de l'an tïi, 1. K-ll. Un autre papyrus de l'an 2t6con-
d'un de ces sommairfs mensuels : BGV.. U, 534.
nat.. 10. Cf. ViU Vetpti., 31.
Galba, 13.
Diff.,XX.\ni,C, 26.
I Préteur, dont tes 1er
Ëdilpcrpi'luelsouB IIe
UN DIPTÏOL'E LATIN 55
libri de Paul en oiTrent des exemples '. Le recueil des res-
criU de Marc-Aurêle el Verus, publié par Papirius Justus,
est presque entièrement composé fi l'aide des sommaires.
Dansquelques cas seulement le texte original est reproduit;
bi citation est ici précédée des mots : in hœc verba rescrip-
terant '. C'est la même formule que nous avons rencontrée
dans les monuments épigrapbiques et dans les papvrus.
A l'inverse, les tibri cognitionum de Callistrate renferment
beaucoup de citations des textes originaux ^.
En présence d'un usage aussi général, l'explication des
abréviations de notre diptyque ne paraît pas douteuse. Le
texte de la décision du Préfet d'Egypte est certifié conforme
.lu sommaire de la requête présentée par la femme et
ajrréée par le Préfet. Le texte intégral de la posiitlafio écrite
sur la tabula avait été abrégé lors de son insertion dans le
ImBiarium. Cet abrégé u servi de modèle pour la rédaction
du certilicat.
Les bureaux de la Préfecture délivraient ainsi, suivant
ibrcfée? TpI lerait, suivant certains au'euF». le caractère dj brève edie-
Ibii. des brtBia commenté» p«r le jurisccinsulte Paul (Index Florentinat.
Bretion ^;SÀ!«i'ioi! tp!»|. D'autres pensent que ce» BrtnU sont un hret
i.-i'mnirnUirc de Paul sur rl^:dil. un abrégé en » livres de sun commen-
Uirc en HO livres. .Mais les très l'are! textes qui mentionnent un brève
nlrefam ddsijcn'enl un édit rendu en exécution d'un sénatus-conxullc ou
à un édil antérieur et qui. au lieu d'en reproduire le<( termes, se hgnie A le
»iwr. »<iil en transcrivant un extrait, soit en lui empruntant une ciprea-
*i"0 caractéristique. Tel est le cas du brève edictiim rendu par le préteur
Lidniu) Nepns, président de la quxtlio repetanduram. ta exécution du
wulus-consulte sur les honoraires des avocats (Pline, EpUt., V. 31), Tel
«laussi l'Édit par lequel le Prêteur vise deux édits relatifs aux cr>(f nifores
ValK. fra^. 313;. De mtnie, parmi les rra^rmenls des libri brevinm de Paul.
'I <a est deux qui se réfèrent 4 l'exécution de la loi Cinciu et du sénatuf-
<<iQMll« Velliien {Vatic. trng. 310 ; Dig.. XVI, l. il . Vj; sont vraiscnihla-
blMDCDt des Ëdilsde ce genre, assez nombreux à la lin du ii*ïiccte, qui ont
'>■! lubjel du commentaire de Paul.
1. Dig.. {.. 1. 9 : Strtra» dixH. Dig.. XLVIII, ts. 10,
I. Dig.. XVIII. 1. 71 ; XLVIII, 13. 3.
». Verba decreti Imc tant Difi.. Xl.VUl.l. 1 . Daas H.\<lriBnut i
trbë rettripimoig-, XLVIII, l»,3ii, «; XI.VIU. 15. 6 pi- ,,
8ËANCR DU 20 FÉVRIER ]^20
cas, deux sortes de copies des actes déposés dans les
lives : tes unes étaient faites d'après Vexemplum brève
ré au Breviariam, les autres d'après X'exemplam
lenlicum. Dans les papyrus, le mot aulhenticua ou
ïTixi; désigne l'acte original conservé au Tabulariam '.
LIVRKS OFFERTS
SEciiâTAiRi: PERPÉTUEL dépose suF le burcHu au uum de
Charles Dibkl, une Haloire de l'Empire byzantin {P»tH, I9i»,
î)-
. PoTTiEii offre a l'Académie, de !a pari de M. Sidcrsky, le tirage
rtd'unarliclc sur la Sléte de Méiit, publié dans la Revue *rehéo-
jue, 1919. C'est un hommug-e rendu à noire confrère, M. Clei--
t-Ganncsu, b l'occBsion du Ciiiquanlenaire de sa célèbre décou-
; qui date de I8C0. I/auleura rappelé et résumé loutesi les cir-
tances qui oui accompagné la trouvaille ; il donne le texte axec
aduction et des actes de lecture, eu y joignant des observations
H laugue moabile et une transcription en hébreu massorétiqtw.
ravail se termine par un index bibliographique qui rendra grand
iee en pcrmcllant de recourir A l'ensemble considérable d'études
parues sur le monument : il ne compte pas moins de 26S
SÉANCE DU 20 FÈVRIEK
; Secrétaire pbrpéturl présente à l'Académie M. Auguste
TAiLs, élu académicien libre le 14 novembre 1919.
Dbtis un papynia du r^j^ne de Tnijnii '.Oxy., VII, tOSI), un eornita-
s de la -V uohortc des Ituréens, Iranscrivant une lettre du prt'fel C.
cïns Italus A son commandant, cerliile que riiriijiiial est dans le tibn-
m de la coli'irlc : Scripii xathenliram epUtuUm in labuùirio eokarlit
Cf. P. Luud. III, p. 2Î8: Aûir;X;oçKJp!X/,ot'la/(,ti(uvOîinijiù»iTi,l
; TO îooï r.[a\ i'ju} tiiu aà(t£["v]rixr,v àr:o/r,ï riŒf.' sunuTcu .
LiB Pi^iDENT adresse au nouvel élu quelques paroleti de bien-
veoueel l'invile à prendre place parmi ses confrères.
Lecture est donnée de la correspondance qui comprend :
Une lettre du Président de la Société centrale des Architectes
demandant à l'Académie de désig'ner l'élève des Kcoles françaises
d'Athènes, de Rome ou d'Extrême-Orient, autjuel sera accor-
dée, en 1920, la grande médaille d'ar;.-ent de la Société. — Renvoi
à la CoroniissioD des l^coles françaises d'Athènes etde Rome;
Une lettre de M. Adam, recteur de l'Université de Nancy, qui
prie l'Académie de vouloir bien concourir par la concession de
ses publications k la reconstitution de la Bibliothèque de l'Uni-
versité de Nancy, incendiée par les obus allemands, quelques
jours avant l'armistice. — Renvoi à la Commission des travaux
littéraires ;
Une lettre de M. Dottin, correspondant de l'Académie, au
sujet des conditions de publication d'un Allai lingiiiilique de
l» B*ue-Bretagne. — Renvoi à la même Commission ;
Deux demandes de subvention sur la fondation Garnier éma-
tUBl de M. de Gironcourt et de M'" Hombur^er. — Renvoi à la
Commission de la fondation Benoit Garnier.
M. Théodore Reinach communique et commente une curieuse
épigramme grecque qu'il a copiée sur un bas-relief Inédit. La
défunte s'appelle Chelidon (l'Hirondelle), son mari, Pontos; ils
paraissent être de nationalité méotienne, c'est-à-dire des rives de
la mer d'.\iov,
M. Maurice Pxou, au nom de la Commission du prix Ducha-
bis, fait connaître que la Commission a décerné le prix à
M. Adolphe Dieudonné, pour la seconde série de ses Mélanges
namitmaliqaei.
L'ordre du jour appelle la conlinualinn du vole pour l'élec-
tiun d'un membre ordinaire en remplacement de M. Héron de
Vttlero!i!(9, interrompu après le 7' tour.
Au 8* tour, ilya 3!) votants; majorité, 17 voix.
M. Delachenal obtient 15 voix ; M. Dorei. 1 voix ; M.
16 voix : M. Pelliot. I voix. — Pas de majorité.
58 SÉAT«C£ DU 20 FÉVBIEK 1920
• Au 9* lour, il y a 34 votants; majorité, 18 voix.
M. Delachenal obtient 16 voix; M. Dorez, 1 voix; M. GloLz,
16 voix. 11 y a un bulletin marqué d'une croix.
Au 10* tour, même nombre de votants, même majorité.
M. Delachenal obtient 17 voix ; M. Glotz, 15 voix; M. Jean-
roy, 1 voix. II y a un bulletin marqué d'une croix. — Pas de
majorité.
Au 11* tour, même nombre de votants, même majorité.
M. Delachenal obtient 17 voix ; M. Dorez, 1 voix ; M. Glotxi
15 voix. Il y a un bulletin marqué d'une croix. — Pas de majo-
rité.
L' .Académie décide qu'il n'y a pas lieu de continuer le vote et
renvoie Télection au mois de novembre 1920.
M. Thomas signale plusieurs nouveaux exemples du nom
populaire donné au moyen âge à la fête de la Chaire de saint
Pierre à Antioche (22 février) : Saint Pierre hiver sous pierre,
II rappelle l'explication qu'en a proposée, en 1851, Nalalis de
Wailly : le relèvement fréquent de la température aux approches
de cette fête, plus tardive au moyen âge par suite de l'erreur
astronomique commise par le calendrier julien et qui n'a été
corrigée qu'en 1582, aurait été traduit par Taffirmation que
l'hiver était « sous pierre », c'est-à-dire « enterré ». Une pru-
dente réserve figure dans quelques dictons postérieurs, notam-
ment dans les Proverbes communs (recueil du xv® siècle), où on
lit:
A la, Saincl Pierre
L'hiver s'en va ou il resserre,
A noter la variante que fournit une autre collection :
A la Chaire Saincl Pierre,
L'hiver s'en va s'il ne se resserre.
Une formule analogue est encore vivante en Gascogne (Gers) :
Enta Sen-Pè,
L'iuer s'en ba ou se rehè.
Ce serait commettre une grave erreur que d'attribuer ces for-
mules à la fête de la Chaire de saint Pierre à Rome (8 janvier),
comme l'ont fait quelques médiévistes de marque.
QUELQUES DÉCOUVERTES FAITES A CONSTANTIKOPLE S9
Ea terminant, M. Thomas montre que la source de la formule
populaire remonte très haut, et est indépendante de l'erreur
astronomique du calendrier Julien. Elle découle de Tantique
système des saisons a secundum naturalemdifT^rentiam », trans-
mis par Isidore de Séville au moyen âge, et qu'Ovide et Pline
mentionnent déjà. Dans ce système, en effet, le printemps
commence le 22 février, Tété le 24 mai, l'automne le 23 août,
rhiver le 24 novembre. Le moyen âge a mis plus tard les dates
en rapport avec les fêtes des saints, dans des vers latins mnémo-
techniques. On citera seulement ceux qui figurent dans la Massa
compoti d'Alexandre de Villedieu (commencement du xiii*
«iècle ) :
Annum discerne per partes, suntque quaterne.
Ver Petro detur, estas exinde sequetur ;
Hune dabit Urbanus, autumnum Symphoriaous ;
Festum démentis hiemis caput est orientis ;
Fugit hiems rétro cathedra to Simone Petro.
M. Charles Diehl donne lecture d'une note de M. Papado-
poulos. directeur du lycée national gréco-français de Constanti-
nople ' .
COMMUNICATION
WOTË SLR QUELQUES DÉCOUVERTES RÉCENTES FAITES
A CONSTANTINOPLE, PAR M. PAPAD0P0LL08,
DIRECTEUR DU LYCÉE GRÉCO-FRANÇAIS A CONSTANTINOPLE.
I
Durant la guerre, des fouilles ont été opérées surrempla-
cement du Grand Palais, sous la conduite de M. Th. Wie-
gand, directeur du Musée de Berlin. ~
En 1912, un grand incendie avait mis à nu tous les ter-
1. Voir ciapré».
60 QLELQUE8 DÉCOUVERTES FAITES A CONSTANTINOPLE
rains situés à TEst de la mosquée Sultan-Achmet et du
Ministère de la justice.
MM. Wiegand et Wulzinger y constatèrent d'abord
l'existence d'un mur long de 150 m. qui supporte toute la
terrasse désignée aujourd'hui sous le nom d'isaac Pacha.
Toute la surface en est jalonnée de ruines informes et le
sous- sol est plein de substructions voûtées, utilisées en
guise de citernes par les habitants de cette localité avant
l'incendie.
En certains endroits, les fouilles ont été pratiquées à une
profondeur de 8 m., moyenne ordinaire de la suréléva-
tion du terrain à Byzance. On a pu ainsi déterminer rem-
placement du KatvoupYstov de Basile I^*" dont il subsiste
encore l'escalier. M. Wiegand m'a montré les croquis d'une
cinquantaine d'objets trouvés au cours des fouilles.
Parmi ces objets je dois signaler un écusson en marbre
représentant Taigle à une tête, emblème de la dynastie
macédonienne. M. Wiegand avait particulièrement attiré
mon attention sur la ressemblance absolue de cette aigle
avec l'aigle prussienne.
On constata en outre la présence de conduites d'eau fort
curieuses. Les tuyaux en sont enchâssés dans une enve-
loppe carrée remplie d'un ciment fort solide. Ce système
de canalisation avait fait croire parfois que les eaux des
citernes ouvertes étaient destinées à éteindre les incendies.
Comme ces citernes sont situées sur les parties les plus
élevées de la ville, leurs eaux devaient exercer une forte
pression sur les parois des tuyaux. C'est pour combattre
cette pression qu'on aurait enchâssé les tuyaux dans ces
enveloppes solides. Cette hypothèse est maintenant inad-
missible ; car nous savons que dans le Palais, en cas d'in-
cendie, la pénurie de l'eâu était telle qu'on était réduit à
puiser de l'eau dans la citerne dite la tj/uxpa *.
1. Cette citerne se trouvait dans le Palais.
QUELQUES DÉCOUVERTES FAlTEb A CONSTANTINOPLE 61
Ces fouilles ont continué longtemps encore après Tentrée
alliés à Constantinople. Tout fait croire qu'on n'a rien
trouvé, sauf quelques débris de céramique et trois assiettes
brisées en faïence jaune sur lesquelles est représentée une
colombe casquée à quatre ailes.
Quant aux objets en ivoire dont M. Wiegand adnrichi le
\fusée de Berlin, tous sont faux, fabriqués par une bande
<le faussaires qui ont leur atelier dans le grand Bazar.
Il y a actuellement à Constantinople une mission anglaise
qui doit faire des fouilles dans le voisinage de Sainte-
Sophie et sous le palais de Top-Capou. Tous les travaux de
prospection sont déjà terminés et on attend pour commen-
cer l'arrivée à Constantinople des principaux membres de
la Société, dont Tun est de l'entourage du roi, qui s'inté-
resse, dit-on, particulièrement à ces fouilles.
Cette société archéologique est, au reste, celle-là même
«pii pratiqua les fotdlles sous la mosquée d'Omar à Jérusa-
lena. Elle se flatte, dit-on, de retrouver entre autres choses,
dans le voisinage de Sainte-Sophie, le ciboire qu'emporta
avec lui le prêtre de 1453, lorsqu'il disparut dans une galerie
souterraine. On connaît cette légende, fort répandue parmi
les Grecs ; elle serait confirmée, paraît-il, par un manu-
scrit syriaque que possèdent les Anglais en question.
Sous le palais de Top-Capou, on chercherait des manu-
scrits du deuxième siècle (ap. J.-C.) qui auraient été
enterrés lors de la prise de Constantinople par les Croisés.
Pour la plupart, ces manuscrits auraient trait à la vie de
m
Jésus, à celle des Apôtres et des premiers Pères de l'Eglise.
II
En attendant, le hasard et l'incendie remettent toujours
certaines choses au jour. Ainsi un certain Rachid-Bev,
62 QUELQUES DÉCOCAERTES FAITES A C0N8TANT1N0PLE
commerçant, en creusant un puits tout près et au Nord de
la citerne ouverte d'Hexi-Marmara, dans Tendroit appelé
Youksek-Bostan (jardin élevé), a rencontré à une profondeur
de 6 m. deux tombeaux voûtés contenant cinq sque-
lettes. Le crâne de Tun de ces squelettes portait des taches
dorées '*. Les parois et les voûtes de ces tombeaux sont
construites en briques de 40 cm. ne portant pas la moindre
inscription. Le plus grand de ces tombeaux est long de
2 m. 48, large de 1 m. 30 et hautde 1 m. 65.
Point d'inscriptions ; une croix en couleur rouge est
peinte sur le mur occidental du grand tombeau. Elle a une
hauteur de 65 cm. et une largeur de 48 cm. La profon-
deur du puits atteint aujourd'hui 12 mètres. On n'a rien
trouvé de plus, sauf une petite stèle funéraire en marbre,
longue d'un mètre, large de 40 cm., présentant au milieu le
trou traditionnel où était fichée la croix. Elle n'a aucun rap-
port avec les tombeaux. Le terrain du puits était intact et
vierge et, comme il constitue le point culminant de la
septième colline, formant une espèce de tertre, il semble
qu'on soit peut-être en présence d'une nécropole souter-
raine, établie à l'extrémité de quelque galerie souterraine,
dont l'issue doit être recherchée sur la pente orientale de
ce tertre.
111
L'incendie," cet auxiliaire précieux des archéologues de
Constantinople », a réduit dernièrement en cendres tout le
quartier situé entre Kachrié-Djami et la citerne ouverte de
là porte d'Andrinople '. On peut ainsi étudier plus facile-
ment les nombreuses ruines qui jalonnent toute cette loca-
lité.
1. Ce crâne est conservé aujourd'hui dans la sacristie du Patriarcat.
2. Ce quartier s'appelle Salma-Tombrouk.
QUELQUfc:» DÉCOUVERTES FAITES A C0N8TANT1N0PLE 63
Il y a là un nombre considérable déglises : ce sont,
outre Kacbrié-Djami, la seule qui soit en bon état de con-
servation, Ké/ili-Djami où Ton reconnaît soit la Msv^i
Matvci»r,A, soit la Mcv^/Aetisj (qui n'a d*ailleurs jamais existé) :
Ktiab-Hamam, tout près de la précédente, qui ne conserve
qu^un pan de mur byzantin et Tabside. A une petite distance
vers le Sud, se trouve Oc/aZar-Z)/a m/ et, immédiatement der-
rière lui, Kassim-Agha-Djami dont la technique constructive
est de l'époque théodosienne. Au Nord-Est de Kéfdi-Djami
nous rencontrons les ruines de BogdanSeraï et, à cjuelques
pas au Sud de Kachrié-Djami^ des ruines importantes renfer-
mant le Haghiasma de Saint-Jean Baptiste (que Ton consi-
dère, mais à tort, semble-t-il, comme le reste du fameux
couvent de Saint-Jean in Petra). ATEstde ce dernier et en
lace de Téglise grecque de la IlavaYta se trouve le Haghi-
asma de Saint-Nikétas.
Il y a deux ans, le propriétaire de Bogdan-Seraï se mit à
démolir cette élégante petite église pour en vendre les
matériaux. Le Patriarcat intervint, mais trop tard malheu-
reusement. Pourtant, pendant la démolition, on reconnut
l'existence d*un étage inférieur presque entièrement sou-
terrain qui, déblayé, offrit l'aspect d'une chapelle. C'est là
que des Allemands ^ procédèrent à des fouilles clandestines
qui firent découvrir trois tombeaux, trois sarcophages paral-
lèles et recouverts de grands blocs de pierre, qui étaient
enfouis à une profondeur de 30 cm. au-dessous du dal-
lage. Rien par conséquent ne pouvait trahir l'existence de
ces tombeaux. Nous ne savons pas ce qu'on a pu y trouver.
Après leur profanation, il n'y restait plus que quelques
ossements et un fragment de marbre provenant probable-
ment du dessus de la^ porte de la chapelle souterraine et
où se lit un fragment d'inscription.
Paspati, dans ses Bu^^avTival McAetat, p. 360 , suppose que
1. MiliUiret ou civilt.
64 QUELQUES DÉCOUVERTES FAITES A CONSTANTINOPLE
cette église qui, après la prise de Constantinople, fut affec-
tée au palais du représentant de Moldavie (d'où son nom
Bogdan-Séraï), était, avant la prise de la ville, la chapelle
d'une demeure patricienne et il estime que « cet édifice est
précieux parce que nous apprenons, grâce à lui, la forme
et les dimensions des chapelles byzantines, E-ix-n^^pia, des
demeures seigneuriales. »
Pourtant Torientation spéciale de Tédifice ainsi que la
récente découverte des tombeaux m'ont amené à penser
qu'il s'agit plutôt du mausolée de quelque famille noble.
En effet le rite orthodoxe ne permet pas l'enterrement
dans les églises. Mt)$6i; èv âxxXYîata OjtzTSTw vexpiv, disent
les Basiliques, chap. ii, titre A, livre v. D'autres canons
précisent encore mieux cette interdiction e^ disant que là
où reposent des reliques de martyrs il est rigoureusement
interdit d'enterrer des morts.
Mais, comme dans toute église^ on plaçait des reliques
sous l'autel (ayCa xpaicsÇa), nous pouvons déduire que, pour
l'enterrement des morts, on faisait construire des édifices
spéciaux, des mausolées, où Ton tenait compte de cette
restriction et auquel on donnait une disposition spéciale.
La tradition sacrée veut que l'abside des églises çoit tour-
née vers Torient, afin que le prêtre qui officie devant Tau-
tel et lès fidèles qui prient derrière lui aient le visage
tourné vers l'orient . Pourtant la chapelle en question a une
orientation particulière, son abside étant tournée vers le
Nord et son entrée se trouvant au Sud. Cette disposition de
l'axe de l'édifice n'a d'autre but que de permettre aux corps
qui reposent dans la chapelle de regarder vers l'orient,
conformément à la tradition. Ainsi les sarcophages décou-
verts sont rangés l'un à côté de l'autre de façon que leur
longueur occupe toute la largeur de .l'édifice .
Il semble donc certain que Torientation de la chapelle a
été dictée par le besoin de satisfaire à la tradition sacrée.
Parmi les différents débris découverts se trouve aussi le
.0'
INSCRIPTIONS & BELLES-LE
COMPTES HKNUUS
SÉANCES DE L'ANNÉE
1920
BULLETIN DE MARS-MAI
PARIS
AUGUSTE PICABD, ÉDITEUR
tONAU* BT BB LA aOClÙTB OH l'ÉCOUI |i
62, lUB SONAPABTB. 83
U D CCCC XX
IUcu«U panisuDi tou* lei deux mois, par faiciculca de 1 k
a-vM pUadm et figures. Pris de l'abonnement nnnuel : -
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER
SAancbs ob FévïiiB» ••
LiTiuu orrmnrt ••
SAancbb db Mars ••. "1, ^^ M, S8
Communication :
Une invocation aa • Chrisltu B«d*ca5 > vsr cae ^jcrre de
Tinij^ad, par M. Paul Monceaux, Kif&br^ ai i JU*ii=ue 75
Appbndicb:
Rapport «ur les travaux des ÉcMcs tmiri:»» f Albfse* et de
Home pendant l'armée 1918-1919, p-*r iL F.tt * C:u:«laiii,
membre de l'Académie ; lu dans U s^^^iM Je ii tijs^ i^-^ S9
LivnB^ orrBRTS *#,**. tt, 8S, ••
SéANOE* uAvRiL - ÎH. lie, 137. IM
CoMMimcATioN» :
1,0 rocher de Peref^crita, prés de CeiJir>':i^>* rrcrnsoe de
Mudrifl), par M. Pierre Pari», corre«p':ci.iiî i* [Ax*ii3«.. 103
\.en gralliti «recs dans les tombeaux de* r:cs À Ti*±fc«s i «^rple,
p/ir M. Jules Baillet 107
Murtyrii de Bourkika, par M. Paul M:oc<xxx. «bccire de
I Académie lH
Nf*te «ur la Mucces^ion des princes niiil«33 ie 1* Pir^ie. par
M. J. de Morgan 151
Dcm inscriptions d Aunobari, par M- L. P-*ji3«:«:„ .aapcctesr
cil** «ntiquit^s de la Tunisie - 140
Intflillri rrpr^^'^i-ntant de» c^nies de Îa *ecÊ< .ie* CTii-ie*. par
M, A'Iriffn Blanchet, membre de r Ara i*'-zie" 147
Lrttrc do M. Vi^iaud, correspondait d-? 1 A'*i?ï=-* * V e<fr.f»irf
le» membres de l Académie des iii*cr*pU;a3 e^ &i l^«f^jiCi-rf* . . 15?
llapf^irt jiur le G>ncours des antiquité** le U Frirot ei li^.
p«r M, Lari;;loi», membre de l AcAi;jt:e . li» .îai:» Jl $eA2.re dz
îî avril r*"îO 1Î9
f.(rKit« orriinT* îî*, lâ4, 1€2
*r**i'.K» ME M*i t*^- IW, ITi
'^>/««i. *u-4Tio5 ;
f^ nom dr l'ru PcrtJ Creuse et L» l*rf- ii ii r\x Arîrr. pir
M AnUjint: lh<Jtnà3, meuiure Je LAcA^e-3L-e ... 1T5
l»rie^% orrXMT* -. 1**, l'Tî
AVIS lMfOaTA:>T
t",*f «tn^'cr uj=e prod^'.e Çii:^:4t-::; i?* C-nj « '^^tj^ les
>.*•.- i--> :• ',o-=..x .i^cîU -*.:^- ..s icctrur^^e-rî a . Ac*i«ï„e ?c es Us
tft % y a .-î- .-î^ 1 vjni„** t-c-r,-^ ;— o-'t*»": ^«;:r--. je ;>a*
>-;-—» *_.**'.* *- ;er*i z.* :i* '*> a*::"-*-;* a "^ia-::^ rf-..:? r*;:r:::î«e
. ^-rv « 1 ïi.»_-::. n.^a::l. ir — .tr ;.--i- r - -r . se c ^ -a d -x t , ."a.pr»-
n.t * t
Lr-» i-.t! Tt:-:: ri- -^ it* à*.; — "^ -.^ir^rr^ a '. Anirs.* xj :^TTO»t
i.i -. -t.i ;*-«.• i.r» J:n: ia -**iL* -4rs --e «•= a. .ai i."*:t£^ ;,'.'i."s « ^c^ur
• ■«TJ lî lAt :** _r* A..;*^** -; « rc • *: tï-^i ;i: r-ts i r«* iLdca-
,
0UELQUE8 DKCOCVEKTES FAITES A CONSTANTINOPLE 65
siiTov (le pilier sur lequel on fait reposer la plaque de Tau-
tel ), ce qui prouve que même la salle des tombeaux était
aménagée en chapelle.
Cette hypothèse généralisée pourrait être de quelque uti-
lité pour les recherches topographiques à Constantinople.
En jetant en effet un coup d'œil rapide sur les édifices
précités, on voit qu'à Texception de Kachrié-Djami et de
l'église grecque de la Panaghia, tous ont des caveaux. Les
caveaux d'Odalar-Djami offrent un intérêt particulier parce
qu'ils sont tous divisés en plusieurs compartiments et déco-
rés de fresques fort endommagées actuellement. Les caveaux
de Kéiili-DJami sont divisés en deux compartiments longs
et étroits ; dans ceux de Saint-Jean, on remarque encore le
^•j-riv. On peut donc conclure que tous ces édifices, auxquels
on a donné des noms retentissants, sans savoir trop pour-
quoi, ne sont que des chapelles mortuaires de grandes
familles.
D'un autre côté, l'existence d'un grand nombre de
caveaux et de ruines qu'on rencontre presque à chaque pas
dans cette région, ainsi que la découverte qu'on y a faite de
nombreuses stèles funéraires, permet de penser que toute la
région depuis Sarmasiki (au Sud de la grande mosquée de la
porte d'Andrinople) jusqu'à Kachrié-Djami était une vaste
nécropole, la plus vaste qui ait jamais existé à Byzance, et
que, par conséquent, c'est là qu'on doit chercher le fameux
cimetière du Polyandrion ou du Myriandrion qui donna
son nom à la porte d'Andrinople, et non point hors des
murs, comme il est généralement admis.
Il y a encore bien «les preuves qui plaident en faveur de
cette hypothèse.
On ne saurait croire par exemple que les Byzantins aient
installé leur cimetière en dehors des murs, ce qui aurait
exposé leurs tombeaux et leurs mausolées aux violations et
aux profanations des ennemis qui, tant de fois, ont mis lé
siège devant la ville. La chose est inadmissible, d'auUuit
1930 'i
66 BÉJuicE ou 27 PtvniEB 1920
plus qae les autres cimetières, celui de Ssint-Luc, le 'll;;ûv
et T« lUXif^u. étaient situés dans l'enceÎDte de la ville.
11 est à reinari^ucr eniiii ({u'aucuii historien, ui grec, ni
lati'i, ni turc, ne rapporte rjue le conquérant ail dressi' son
camp (lanii le cimetière, et que jamais on n'a trouvé même
le moindre vetitif^e de l'axistence d'un ancien cimetière en
deliors des murs.
LIVKES OFFERTS
M. te comte Aleiandre db Labordb ■ rbonoeur <le faire, an noro de
M. le l'Iisnoine Porêe, correspondant de l'Académie, de M. lalibé
lilaïKjimrL el au sien propre, hommage ti l'Académie d'une Kluile sur
Il H'lili<ithf>/uf <lf la eathfiInxU de Rouen, le Portait des Librairet
el lei eiiniHwnremenU de l'imprim^riti Rouen,
Ci'lli' i'tiidi' comprend les notes laissées par son père, feu le mar-
quis l.éou i>K l,*iioiiDE, sur celte bibliothèque médiévale, notes que
MM. l'iirc'i' et lihniquart onl coiiiplélêes p:ir des observations tirées
di'S plus récents Iravaun sur la matière.
M. U>io>r dépose t^tir le bureau, au nom de M. Hoaé Fage. aoe
Iirocliurc intitulée : he ia forme priinilivt du nom de Talle iDrire,
iytll, in-H-,-2i|,u-.-es) r
« M, l-',iye, d;.ns ..11 précédent ouvrage sur }e IVcoj' Tulle, avait
(léjh éti>i)i>'< les Iriiusrorma lions du nom de cette ville pendant le
iiiiiyeii A^e ; aujoiii-tl'liui il npporte sur le même sujet toute unr
Hin'iB de lexti'S, du u* au xvi" siècle, qui élabUssenl que la forme
Tiil'-I:i ii'i'sl pas. comme on l'avait prétendu, une iiiveolion île
KiihiïC. niiiis liieii l:i forme primitive du non) de Tulle. «
SKANCK DU 27 KKVKIER
SÉANCE DU 27 FÉVRIKR 1920 67
observation au sujet du renvoi de Tëlection de M. Héron de
Villefosse.
La question posée sera examinée en comité secret.
Le Ministre de Tinslruction publique transmet à TAcadomie
le rapport du Directeur de TKcole française d'Athènes sur le
fonctionnement de cet établissement en 1918-1919.—^ Renvoi à
la Commission des Kcoles d'Athènes et de Rome.
Le Fbésident rappelle à l'Académie la perte qu'elle vient de
faire dans la personne de M. Dieilafoy, décédé mardi dernier,
et prononce Tallocution suivante :
a Messieurs,
« L'Académie vient d'être cruellement frappée. Notre confrère
M. Dieulafov est mort mardi soir.
« Il y a trois semaines à peine, il était venu encore à Tlnst^^ut.
Quoique souffrant déjà, il avait tenu à assister à la réception du
chef glorieux sous lequel il avait servi pendant plusieurs mois.
Depuis ce jour, nous ne l'avons point revu.
« Vous savez, et je tâcherai demain de le dire en votre nom, ce
qu'était le confrère excellent que nous venons de perdre. L'ex-
ploration des ruines de Suse avait illustré son nom, et les monu-
menU qu'il découvrit dans ces fouilles mémorables sont une des
parures d^i lx)uvre. Vous connaissez les beaux livres qu'a écrits
M. Dieulafoy, sur l'Art antique Je la Perse, sur r Acropole de
Su$e^ et cette curiosité toujours en éveil, qui l'emportait vers
tant de domaines divers, et à laquelle nous devons, entre bien
d'autres, les recherches sur la statuaire polychrome en K^pagne,
et ce volume charmant, le dernier qu'il ait publié, sur l'art de
rUspagne et du Portugal. Mais surtout vous n'avez point oublié
le très galant homme qu'était notre confrère, celte bonne grâce
iulinie, cette alTubilité courtoise, celte loyauté parfaite qu'il por-
tail partout avec lui, et surtout ce sentiment du devoir, cet
ardent désir de bien servir, qui a été vraiment la règle de con-
duite de sa vie. Je n'ai pas besoin de vous rappeler comment,
lorsqu'éclata la guerre, alors que son âge lui eût permis d'as-
LIVRES OFFERTS
l.e Bkckktaiiik i-KiipÊriiPL offre, de la pari de M. Piiou, un article
iiUilulé ; hxamen d'an diplômt de Ckurlet le Chuure pour Saint-
l'ierrr Je Gand (extrait des Bultelini de la l'.omnmiion d'hi\loire de
M. 0>i«M a la parole pour ua hommage :
•: J'ai riionneurde dé[)oser sur le bureau de IWeailémle. aunom de
M°" vi'iiïo Paul Teanery, le Iroidième Tolume dce .IfrnioiVes scienli-
/i./uei de l'aul THuiiery Paris, 1915, JD-i-, xv-tl9 pages, [«.rtr. el
■■ Ce troisU'nie volume, tmil eulier encore coDsacré aux Sciences
ej'aetet dans t'niiliquil'', cuiilieiil la réimpression de vingt-cinq
méniiilfes piibli.^s par P. THiiii^i-y, de 1899 à 1913, et de Ireiie
articles. di> moinilre étendue. i(ue le regretté sovaulavail donnés à la
(iramie Kncycltii'^die. Tous ont trait il l'histuiie des acieuces matlié-
maliqUL'H cl de la niu5ii|ue dniis raiititjuît^ grecque. On y trouvera
ile^ diiiinécs nouvelles sur dilTéreules œuvres d'Arislote, île Domni-
nus lie l.iirisse, Euclide, Heraclite, TIérou, Pappus, Simplicûis, etc.
[.Il pri''|i:iralit>n de ce volume, imprlmt^ peiidanl la guerre, a pu
cepenciiint, comme pour les précédents, êlre surveillée par deu^ des
(■r,nT-.|,<.iidBnLs.'-lraiif:.-rs de riuslilul. MM. J. L. HeîberR et H. C.
M. [liMic olTre.de In |>.irt île M, Henri Ma^sé. un ouvra^> intitulé :
/■.'«.ï.ii sur II- iiiuh' S;i:idi. nuit:! iluiif hibUoijraphie :
•■ M, Henri MiiKsi^. iinoien membre de l'Institut français d'arcliéolo-
ffii' firieiitnle du Caire, qui. après avoir professé A l'École des inler-
pr.''les ib> Hiihnl. vient d'être nommé chargé de cour» à la Faculté des
U'Ilri's de ITuiveisilé d'Aljrer, a elioisi pour sujet de thèse, en vue
du doclornt ès-lellics. une élude sur la vie et les ouvrages du célèbre
i> On siiit peu de chose eur les urigiues et la biographie de l'auteur
du <hdi»b.N. Il fiiudra <'tie reconnaissant A M. Massé d'avoir réuni
"' '" ' ■ '■■ " ■' i".'.i'.;i un derviche, el comme tel il a
nsulman du mit' siècle. I/au-
1-aircs et la clironologie de ses
SÉANCE DU 12 MARS 4920
iDÎgrtitions Bventureuses. II a tHudîé succesaivenicnt l'hoinme
[irnseuret l'artiste, les édilioiis de ses ipuvies, sa comprêlienaiui
l'honDéle homme, aa conduite en tant qu' « homme de Dii;u >, c'ei
ilire il'*sct'te et de mystique, ses procédés de composition et
muyena d'expression. Cette élude, très poussée dans les détails,
honneur au jeune iSrudit qui l's entreprise ; c'est un ouvrage que
devra consultera l'avenir pour tout ce qui concerne l'immortel p
de Cliirni. ■■
SÉANCE DU Ï2 MARS
M. Georges Dotlin écrit de nouveau au sujet <le son pr
d'.lf/;ii iiiiguiitiqae de la Ba ne- Bretagne. — Henvoi i
CoTTiinission des travaux littéraires.
A propos de la correspondance, M. I.amglois lit la note
vante :
■ |)('» parliouliei-s ont n'ccmment iioumis h l'eMimen de n<
c-infrère .M. Omout et au mien des documents dont ils se |
{•osaient de se défaire. M. Umont ayant reconnu que, parmi
[liéies qui lui édiient offertes, il y en avait qui provenji
«ùreinerit de la célt-bre Collection Dufresne, invita les i)é
leur) à remellrc le tout entre les mains de l'administration
Archives, La Collection hufresne a été, en ciïet, formée, '
I'' milieu du siècle dernier, en grande partie avec des pii
frauduleusement distraites des archives de Lorraine, sur
quirlles l'I-Uat a un droit imprescriptible de revendication. I.
fdire Dufresne, qui fit quelque bruit il y a viii{îl-cinq an;
à<mué lieu, d'ailleurs, à un hitcI dérmilir de la cour de Nat
tu date du 8 février l8yS'.
• .\ cette époque, une grande partie de la Collection l>ufre
fui revendiquée, saisie, restituée à l'Llat par l'arrêt préci
I. Voir 11. SteÎD. 1^ collerlion Uufreine tt lei trchii!e$ lorrainei, <
le Bihiiagraphë moderne, l. Il ISOÏ), p. 181.
72 SÉANCE DL 12 MAHS 1920
elle se trouve maintenant aux Archives départementales de
Meiirlhe-el-MosclIe.
" Mais la saisie d'il y a vingt-cinq ans n'avait pas porté sur la
lolalilé (le In Colleclion ; une Traction en avait alors disparu
mvslérîeusemeni. C'est ce reliquat qui rcpaniît maintenant à la
iére. Je me h^ite de dire que les personnes qui le délenaient,
héritage. Jusqu'à ces jours derniers, d'une lionne foi par-
;, ij^Tioraieni complètement ce que je viens de rappeler,
irniccs des faits, elles se sont empressées d'apporter spon-
■ment aux Archives nationales toutes les pièces qu'elles pns-
lient encore. Nous avons appris d'elles que, depuis vingl-
[ ans, ce trésor, longtemps recherché, mais en vain, par
ministration allemande des Archives de Lorraine, dormait
s le grenier d'une maison particulière, aux environs de
J'ai fuit procéder à la reconnaissance de ge qui nous a été
lis. L'opération est en cours. Voici ce que je suis en mesure
communiquer dès maintenant à l'Académie r
La partie de la Collection Dufresiie jadis soustraite à la sai-
comprenait d'abord un lot des'charles les plus anciennes et
plus précieuses de ladite collection : 21 bulles pontiticales de
9 h 1747, et, sans parler d'un litre de Saint-Arnould, daté
706, mais fabriqué au xn'' siècle, trois diplômes carolingiens
IX* siècle, et une magnilique série de chartes des évéques
Metz, dont la pi-emière en date de 94~2. Toutes ces pièces,
it le baron de Salis, qui en eut communication vers l8*8-79<
it dre^'sé un inventaire, ultérieurement traduit et publié par
)r. Wolfram ', ont été reconnues parmi celles qui sont main-
Onl en outre été identifiées, comme provenant aussi des
:hives de la Moselle, vingt cinq autres pièces. La plus ancienne
ce sL-cond loi, qui a fait partie des iirchives de l'abbave de
nt-Arnould, est datée du 16 août 950. Une mention est due
ore à l'original d'une charte en langue vulgaire de l'abbaye
Villers-Betluiich. dalée de 1212. qui a été publiée, d'après
photographie, en I8S0, au t. XLl de la Bibliolhèqae de
rôle des chartes.
Dans le Jalirhiich der Geseltxcliaft fiir lot kriag tache Gefchichtt,
0 Ce qui, dans cette trouvaille, provient des A
Moselle sera rendu aux Archives de la Moselle, à A
rentrer ainsi en possession de très beaux titres
Mais ce n'est pas tout. M. Dufresne avait m'u à
pour former sn colleclion, les Archives municipi
lalières de Toul el d'uutres dépôts de la même ri
les pièces revendicables seront i-estiluées, natun
nos «oins, aux ayants droit légitimes. »
Après on comité secret, le I'kkmident fait coniiaî
Jémie a élu associés étrimgcrs :
à la place créée par le décret du 23 juillet l(*ir»
Kenyon, directeur du ISriliih Muséum à Londres
à la place devenue vacante par suite du décès d
U. Ignazio Guidi, secrétaire perpétuel de la H, .-
Uncei, à Rome ;
à la place devenue vacante par suite de la ttior
M. Kristoiïer Nyrop, proresseur à TUiiiversité de
M. le comte Henry de Castries fait une lecture
fremenl du seing manuel des Sultans saadiens.
MM. IIuART, Clehhont-G ANNEAU ct Habei.o.n prt
ques observations.
I.IVIIKR OFFKltTS
1.e ^Rcn'iTAiiiB Ptiii'KTUKL oITre, su nom de nuire ron
1-ri.iB, la lumvelle éilition de son Hîslairt il'Aulric
uiii" étude sur ~A.a vif ai'aJAmi'iiie chi'z Un Tchèifue.
fl^ur inUrn/ilionale ilf l'e'in'-ifjnement, février 19301.
M. Paul FouHMEii a la parule puur i>n hommage :
- I.e volume tiue j'ai l'hotineiir de présenter ii \'\fa
'"lé : La preniiiret mnlr-iveneii jansfinislet pu France
'IcM. .Mbert de Meycr, docteur en lliéo1o|;ieSe l'I'iii
'•in. Il a été composée Louvaiiioii ilaélé a<lievé apri
l( BLt)liothè<iuG universitaire et imprimé en 1917 ; il c-
■IcniM currespondanls, Mgr Ladeuze, recteur, et M.
SÉANCE ÙV 19 MARS 1920
temi-iit directeur de l'Institut belge ii Rome ; cela
i recommander à notre sympathie,
tconsecré à l'ûttide dti jansénisme, non pas dans les
en France, parce que, dans noire pays, il ne fui pas
oclrine mettant aux prises les théologiens, mais une
>rmi' morale nyanl pour liut de transtoimer la |iru-
ct d'omeuer les HdAles i une vie austère ijuî parsU
des mari{ucs de prédestination. Au priK d'un rude
cyer donne au public une histoire des doctrines, de
leur progrès, et de leur influence ; son exposé est
iélliodir[ue et impartial. L'étude de cette iruvre sera
pensalilc ii <|uiconqiie entreprendra l'étude des pre-
u JiinHénismc. "
SÉANCE DU 19 MARS
recteur de KUcole d'.Athènes, adresse une noie au
icriptinn rcceminent découverte à Phîlîppes en
Ile note, iulilulce : ('ii lerle nouveau de la carres-
• Alignrd Oîroèiie el Jénun-C.hriat. gravé sur ane
Philippes lie .\îafadoine,e»l renvoyée à M. IIais-
Ai.K [Iniine leclure d'uiie riotL<'e sur hi vie et les
isle Babtii, sou prédéi'esseur '.
)M;RAr\ fjitt une cnmmuiiiralion hu fiujet d'une
retienne de Timgiid, conteiiaiil une invocalion
75
COMMUNICATION
i:nb invocation ai* w cuRîsxrs medicits »
• SUK UNE PIERRE DE TIMGAD,
PAR M. PAUL MONCEAUX, MEMBRE DE l'aCADÉMIE.
On a récemment découvert à Timgad une inscription
fort curieuse, d'un tour orig^inal : un document qui est
nnique jusqu'ici dans Tépigraphle chrétienne d'Afrique.
C'est une invocation au Christ, mais au Christus medicus^
au Christ médecin des âmes et des corps, si cher aux
chrétiens des premiers siècles.
Dans les fouilles que poursuit depuis si longtemps k
Timgad le Service des monuments historiques de l'Algérie,
on a trouvé Tan dernier (printemps de 1919), au Nord de
tare de Trajan, au milieu des ruines d'une chapelle chré-
tienne, une petite pierre calcaire qui porte une inscription *.
Olte pierre, de forme et de plan triangulaire, est haute
d environ 0"25; assez bien conservée sur les côtés, elle
est brisée en haut, et légèrement ébréchée en bas à droite.
La base est, au centre, percée d'un trou circulaire, profond
de trois centimètres et demi. Deux des faces sont ornées
de moulures, avec un grand motif sculpté, difficile à iden-
tifier : peut-être un monstre marin, la gueule ouverte, avec
une sorte de rosace ou d'étoile sur le flanc. La troisième
'ice, celle où se lit l'inscription, est lisse. Ce petit monu-
ment triangulaire paraît être un pied de table. Il provient
ï. J'Q(ir«5«ke tous mes remerciements à M. Caf^uat, qui a bien voulu me
«f^er ^>ii r4>ii''ours pour le diVhinTremerit de l'iiiscriplion ; à NfM. Baliu
' tiink't, qui m'onl communiqué des cslampa^e^ et des dessins de la
t^TTç sculptée ; à M. Gsell, qui m'a fourni divers renseignements sur la
i<*<-ftuvert« : à MM. Carcopint) et Lévy-Provençal. (|ui ont nus à ma di»po-
*ilion uoe copie prise sur l'original.
USE INVOCATlOiN ÀC « CHR18TU8 MEMCUS » 79
(Tuérir les malades. Un médecin ? Lequel ? Notre Sei-
l^ear Jésus-Christ. . . Il est tout entier le médecin de nos
blessures. . . Il est tout entier notre médecin ^ » Un autre
jour, l'orateur commençait une homélie par ces mots, où
il prenait à témoin les (idèles : « Votre Sainteté sait fort
bien, comme nous, que notre Seigneur et Sauveur Jésus-
(Ihrist est le médecin de notre salut éternel ^. » L'in^s-
tance d'Augustin attestait la popularité de cette conception
dans les milieux populaires : Tinscription de Timgad con-
firme le témoignage littéraire, en y joignant une preuve
matérielle.
Lignes 4-7 : Sanclis et penitentibus. — Le mot sancti,
dans le Nouveau Testament et dans les communautés
primitives, désignait tous les fidèles. Mais, au iv® siècle,
il avait pris chez les Catholiques un sens restreint : on
réservait alors ce titre aux personnages h qui l'on attri-
buait une sainteté particulière, surtout aux martyrs, aux
évéques, aux ascètes. C'est seulement chez les hérétiques
oa les schismatiques que tous les fidèles de la secte étaient
qualifiés de « saints ». — Paenilenhs, pour les Catholiques
africains du temps, c'étaient tous les pécheurs astreints à
la discipline de la pénitence ; pour les Donatistes (tous
winta en principe), c'étaient spécialement, comme on le
voit par les récits d'O'ptat, les Catholiques ralliés de gré
ou de force à l'Kglise schismatique, et condamnés k expier
par de longues ou dures épreuves leur erreur passée.
Lignes 7-8 : MaJ]re[m). — Le mot ne peut désigner ici
4ue rÉglise, Ce titre de «< mère » donné à l'Eglise semble
presque aussi ancien que l'Eglise elle-même. On le ren-
contre souvent en Afrique depuis la fin du ii** siècle. Chez
1. /n lohAnniê EoAngélium, IracUlus III. 3-3.
2. Serm. M, 1.
UNE INVOCATKIN* Al! " CHIlISTUS HEDICCS »
llien , rc Ne tnaler quidem EccUsia praeteritur '. »
Gyprien, qui dit aux confesseurs de Carthage : « Quam
aeto sinu excipit mater Ecclesia de praelio rever-
" ! Il Optât de Milev reproche aux scbismu tiques
r abandonné VEcclesia mater ou la Catkolica mater '.
stin, dans ses sermons, recommande aux fidèles de
:her à l'Eglise comme à une mère : « Tenete omnes
miler Deum patrem, et matrem Eccleaiam *. » La
le se retrouve jusque dans des inscriptions du pays,
aphe d'un jeune AFricaii) nommé Magus, qui est
rvée à Home au Musée du Latran, mais qui provient
ioute de Carthage, reproduit presque textuellement i
rase Je Cypnen citée plus haut : « Magus puer inoo-
, . Quam te Ifajetum excipit mater Ecclesia de (h)oc
o revertentem ^ ! » Sur une mosaïque tombale de
ka est représentée une basilique chrétienne, avec
:iption Ecclesia mater ^. L'expression était si bien
crée dans le langage de la dévotion, que l'on em-
t le mot mater tout seul pour désigner l'Église. Nous ,
ons plusieurs exemples chez Commodien', dont les
;s, comme nous lo verrons, étaient probablement
ers au rédacteur de l'inscription de Timgad.
nés 8-9 : manU}[us] cl pedibus de[fenàentihus\. —
istitutioii du dernier mot est naturellement hypolhé-
Klle est suggérée par le contexte et par les deux
i-lullieii, De oralione, S, — Cf. Ad martyres, 1.
'pricn, De lapât, S.
lUt, 1,11 ; VII. J.
iRuslm, Eaarr. in Psilm. HH, U. — Œ Se rm. 323. 3, i.
: Itiissi. De iUalii chriilianU Carlbaginientibua, daiii> l*iU*>.
jium Suiesmeme, l. IV, [i. 53<i. - Cf. Bajanl, C.R. de lAcud. dtt
1,. 191.3, p. U3.
lucklcr, Hiisalques tombales d'ant chapelle de murlyrt i Thabraca
t90T), p. 19 cl pi. .Wlll. — Extrnil des MonumenlB I^ol, l. \lll, t.
immodien, laslrutt., II, 1, 4-! ; 8, 1 ; 10, T.
■ « J
UNE INVOCATION AU « CHRISTUS MEDICUS » 81
lettres DE, qui sont très nettes. Comme on ne distingue
rien au-dessous de la ligne 9, on doit supposer que l'in-
scription continuait sur une autre pierre. — Quant kmani-
bas et pedibus^ cette lecture peut être considérée comme
certaine : elle est confirmée par trois estampages et par le
témoignage des archéologues qui ont vu la pierre. L'expres-
sion était d'usage courant dans le latin classique : comme
notre locution familière « des pieds et des mains », elle
signifiait « par tous les moyens », mais sans exclure le
sens primitif, Tappel aux pieds et aux mains pour se
défendre.
D'après nos lectures, on pourrait traduire ainsi la nou-
velle inscription de Timgad :
« Viens à notre aide, ô Christ, toi le seul médecin, viens
au secours des saints et des pénitents, qui défendent par
tous \efi moyens leur mère TEglise. »
On peut se demander maintenant ce que signifie cette
singulière invocation. D'où vient-elle ? Au nom de qui est-
elle formulée ? Qui vise-t-elle ?
A première vue, on pouvait soupçonner ici une réminis-
cence ou une adaptation de quelque verset biblique.
Cependant, vérification faite, il n'y a rien d analogue dans
la Bible.
Par contre, l'invocation découverte à Timgad fait songer
a certains textes littéraires africains, où Ton trouve groupés,
comme ici, plusieurs mots significatifs qui sétonnent un
peu de se rencontrer. Voici, par exemple, un passage d'un
wrmon d'Augustin, où le Christus medicus apparaît
comme defensor des pénitents : « Adhibet (Christus) medi-
^Q9 fomenta verborum. . . ; tu agnosce medici manum. . .
index. . . advocatum misit tibi. . . ; âge causam tuam, et
dffensor est paenitentis . . . * » Mais la donnée est trop
• • Auiriinlin, En»rr. in Ps»lm. GO, 7.
Iȕ0. 6
8ÉANCK Dl :>() MAll» IM'ÀO S3
protection de ceux qui défendent leur Eglise par la fiine :
tous ces traits dénoncent un sectaire, spécialement un
Donatislc. On sait que Thamugadi était une des citadelles
(lu DoDntisme, et que les schismatiques de l'endroit
étaient particulièrement batailleurs ou intransigeants.
Témoin l'histoire du leurs évêques : les exploits du sinistre
Optatus. transformé en chef de bandes pour terroriser lu
contrée, et le fanatisme borné de Oauilcntius, déclarant
aux Autorités que, Wi l'nn touchait fi sa basilique, il était
résolu à s'v brûler vif.
LIVUES OFI'IlKTS
Le SE<:iibT<CHK pciii-ÉTUBi. fuit 11 OUI III a gft. nii nom des aulciir*, des
ouvraifCs Buiinotii :
l'hilippe Vii'fv, Oiitton .l/.m/x.TU et xun iielitm »rienli/i</ue ^extrait
Ii-s AniiaU* de IWcadmie .h M'ic.m. .T s^ii.-. loiia- ,\IX. iWi, ;
\. df Ouleiiccr, La charit* runuiine. -hils la tilUratiire et Jant
fart fJiliait dus Anaalet 'le l'AfaiMmie rufjale d'arcMultiijip JeHel-
J.-C. Konni^L' el Jules Korinit,'.'.. /,« .Ic/'/irs ./.■ l.iilive (.\iiiiexi-
.1.- lii scnncf du \1 JHnvier IfllN do t« i:,,mi,ih*i.„ -lu VieiiJ- /■,im).
SÏ-l.lNCK l>r 26 MAItS
M. le Ministre île rin!*lrLi.-li..ii piiLIiquo a.Ircs^e Ù rAri.d.'niî.
jmplialinn des Iniis di-ircls porlaiil ii|(|>ri>|j;iliini de léleelu'i
I .mme usMieiês ëlraii^'T^ 'te MM. Kkxwn. C.ni.i el Niunr.
une letlre de rcmeiviemL>nl di- M. Nvr.<|i ol eonnniiniijoe iir»
SKANCI^ UU 2li MAhH lH20
a Brilish School of Arcbaeologv que lui eavoie
la correspondance, M. Cordiur i
lalon, missionnaire de l'Académie, la liste des
ifs il rindochine conservés au Rjks-Archier de
i font partie des v Archives de la Compagnie
aies, section de la Chambre d'Amsterdam ».
rgeci/men Briei-en uil Batavia (copie des lettres
s à Batavia et y envoyés par les comptoirs),
rapports ont Irait : ,
et vont de 1633 à 1638, année de la suppression
bndais.
des pièces relatives à b guerre que la Compa-
irientalcs eut ù Koulenir contre le Quinam. que
lier n'a pas connues, et très intéressantes pour
nls de toule sorte qu'elles renferment.
. et vont de lt>37 à I7O0, année de la disparition
llandais.
n'a 's atlganiid Hrievenhock (copie des lettres et
es de Hatavia aux Comptoirs) :
(U>:W-l6.-i8).
(11)37-1700),
^rics s'ajoutent des documents de valeur appar- i
vcs du comptoir néerlandais du Japon, lesquelles /
ijourd'liui ans .\rchivcs de la Compa};nie des {
joninaus de voyage au Tonkin tenus de 1637
ciiments, il existe encore des lettres envoyées
liitavia par le gouverneur général et les
laffuie en Hollande. Il s'y trouve de nombreux
n^mt le Quinam et le Tonkin.
Dficumeuls copiés.
ciimcnti' appartcniint à la première série ont été
oins de .\1. Ilendrik .Muller. mais avec des lacu-
SÉANCR DU 26 MARS 1920 85
nés. Ils sont relatifs au Quiiiam (1633-1638) et au Tonkin
(1637-1661). C'est-à-dire environ 2500 pages in-folio.
Les copies déjà faites sont conservées bénévolement au Ryks-
iArchief.
Documents à copier.
Il reste à copier :
I® le reste de la K* série et la 2* série tout entière, c'est-à-
dire environ 6000 pages in-folio ;
'2? les journaux de voyage au Tonkin ;
3° les passages relatifs au Quinam et au Tonkin des lettres
expédiées en.Hollande par le gouverneur général et les con-
seillers de la Compagnie des Indes à Batavia.
rPour les n**» 2 et 3, le nombre de pages est non évalué, mais
peu considérable.]
Publication des documents,
La Société de Linschoten, qui avait publié les pièces d'arch.ves
ayant Irait au Laos et au Cambodge recueillies par M. Hendrik
Muller, renonce à publier, parce que trop nombreux, les textes
coocernant le Quinam et le Tonkin qui n'inléressent pas direc-
tement la Hollande et prendraient peut-être huit de ses volumes.
I/Historisch Genootschap (Société d'histoire) d^Utrecht ne veut
pas davantage s'en charger.
Restent les Ryksgeschiedkundigen Publicaties (Publications
historiques de TKtat) que dirige le D'* N. Japiske : il parait que
si le gouvernement de l'Indochine le demandait au gouverne-
ment néerlandais, Tautorisalion de publier dans ce recueil les
documents d'archives de La Hâve relatifs à notre Indochine
•erait accordée sans difficulté. Tout au plus aurait-on à payer
les frais de copie pour l'impression de ces docufnents. Mais la
publication ne pourrait commencer qu'après l'achèvement de la
série européenne des publications historiques de l'État actue.-
lement en cours.
Photographies,
Il serait aisé d'obtenir des photographies en blanc sur noir
de tous les documents visés : il faudrait faire 13. tUX) photogra-
phies . Coùl : environ L(MM) frani'^.
fif-ANCE 01 26 MARS 192
Crédit nécestaire.
i îictuel + i 1.500
Copistes el collalionnenient.
roicnl procurés pnr le Ilj-ks-.Arcliief; un iin'hi-
blisscmenl «ur veillerait volontiers la bonne
ïopie unique, nn pourrait aisément en obtenir
n roup en les faisant exéruter » la machine â ■
lit n prévoir en sue que le prix du papier.
iL<iis, au nom ilc la Commission des Antiquités
mnaitre que la Commission a accordé :
icdHille, à M. Charles l'orée, pour ses Eludet
! Gévaiidiin ;
édnillc, à M. (ieorges Doltin, pour son livre
Il loi se ;
édaille, à M. l'abbé Carrière, pour son lUs-
e des Temiilieis de Provins ;
lenlion, à M. Henri WaquoI, pour son livre
iaife lie Vermaiidois aux XllI' et XIV" siècles ;
nenlinn. à M . l'abbé Delamarc, pour son
■alise J-hi-reiix:
mention, h M. Gustave Chauvet, pour son
iillfs du Chaffaud.
ii-.R, au nom de In (Commission do la Fondution
ropose d'allouer ;
tiou de liix cents francs à M. de Cironcourt,
il uu\ frais du v(iva(,'e qu'il a entrepiis sous les
(K'mic, pour l'impression des résultais de sa
donner à l'.\cn<lémie vinijt exemplaires de sa
in de .*ix mille francs à M""' Ilomburger, pour
ides relatives aux langues du Cameroun (ban-
SÉANCE DU 26 MAKS 1920 «7
tou et demi-banlou) dans la région au Sud du lac Tchad, oii elle
doit se rendre au mois d'avril.
Il en est ainsi décidé.
M. Henri ConmtR, au nom de la Commission de llxole fran-
çaise d'Kxlrème-OrienL, demande à l'Académie de proposer eu
choix de M. le Ministre des colonies, comme directeur de
rficole d'Kxtrême-Oiient à Hanoï, eu remplacement de M.
Clauile Maître, arrivé au terme de son mandat. M, I.ouis Finol,
professeur au Collèf-e de France.
L'.Académic, au scrutin, désigne 'à l'unanimité M. Louis Finot
pour le poste de directeur de l'École d'Fxtrême-Orient.
I.e pRi^:sn>E»T interroge l'Académie sur l'opportunité qu'il y
aurait â déclarer la vacance du siège de M. Dieulafoy, décédé
!<■ 24 février.
' Par 20 voix contre 11, l'.Académie se prononce pour l'aflir-
Un fixe ensuite au i juin la présentation des titres,
M. Soltas fait une lecture sur le papyrus démotique inédit
de Lille u" 3 et la notation des jours épiigomènes '.
M. Théodore Reinacii communique et commente un très
important document papyrologique du Musée de Berlin qui vient
'IVire publié : c'est un extrait considérable — en 1 15 articles —
du code fiscal de l'Kgjpte romaine, le règlement servant de
i'uide au procureur fiscal ou idiulogiic, au temps d'Antonin le
Pieux. Ce document touche à une foule de questions de droit
public et prive, et apporte de précieuses adtlilions et corrections
' notre connaissance du droit romain, notamment en ce qui
concerne le régime successoral, les-dots, les coufiscalions, les
diverse* classes de la population. L'n chapitre spécial s'occupe
Je la police des cultes et révèle de surprenants parallélîames
cotre le culte égyptien et le culte chrétien. Il y a là matière à
Invajl pour plusieurs générations d'èrudils.
M. f'd, CuQ présente quelques observations.
I. Voir uu prot-liain calitcr.
SÉANCE W 31 tlAR» 1920
LIVRES OFFERTS
Paul Fouii<iiBn présente h l'Académie, de la part de M. le
ine l'Iysse <^HevAUËii, le prospectus du Oictionnitire tnpogra-
t du t/éparlemeni de t'hirt, rédigt d'après lei manattrilt
nanuel Pilol de Thoret, toat-arehivUlt aux Arrhix>fS de l'it^rr
>ns, 1920, in-4"), dont notre confrère assure la publjcatioo.
SKANCE DU 31 MARS
PftKSIDBNCE OK M. KtHlUARD CUIJ, VlCB-PBKStDBVT.
\f illot, à Alger, envoie à l'Académie uae note sur la possi-
qu'il y aurait d'employer les rayons X pour explorer le^
■es anciennes, — Renvoi k M^Omont.
le curé du Moulicr d'Ahun (Creuse) demande une sub-
nn pour la consolidation du clocher de son église. — Renvoi
:;ommission Pellechet.
GiHAHD donne lecture d'une noie de M. Geoi^es Radcl,
spondant de lAcadémie, sur un passnge de la Consliluliou
léneu d'Aristole (chap. 26) où le mot vcuiTEpsv, appliqué à
énien Cimon, doit êlrp entendu, d'après M. Radet, dnns le
Je « assez novice » (dans la politique, à laquelle il s'éUit
ijué i-c1;itivemeii( tard ôj'i xsdVEXQâvra). Il n'y a donc pas
le corrij^er le texte. Jugé suspect par la plupart des éditeur*.
MHUi-ice CiioisET et M. Roi-ché-I.bclebcq présentent
|ues observations.
Bernard [Iav^soullikr communique, au nom de M. Ch.
d, directeur de l'iicole d'ALhèncs, un nouvel exemplaire
le la célèbre correspondiince apocryphe entre Abgar, dynasle
:ssa, et Jésus-Chrisl. Il a été découverte» 1914 à PhiJippes
Licédoinc, où il était gravé sur l'une des portes de la ville.
le cinquième exemplaire épigraphique grec connu, et le
|ui ait été retrouvé sur une porte de ville. Il était destiné
RaPPOHT srn I.KS émules II ATilË^ES F.T DE HOHE
à assurera la cilé tout entière la protection du Christel
défendre contre ses ennemis. L'inscription de Philippes i
vraisemblablement de la fin du quatrième ou du début du <
quième siècle.
MM. Monceaux el CLEnMosT-GANNRAU présentent quelc
observations.
APPENDICE
KAPPORT Sen LES TRAVAUX DES ÉCOLES PRA.NÇAISES d'aTIIJ
FT DE ROUE PENDAMT l'aNNËE 1018-191!), PAR X. ÉUILE i
TELAIN. MEMBRE DE l'aCADÉMIE : Ll' DANS LA SÉANCE DU 31 M
i!l20.
Messieurs,
Le dernier rapport qui vous a été présenlé sur l'acti
de nos deux Ecoles par notre confrère M. Tbéop
Homolle, dans la séance du 25 avril t9IU, vous a
IX[
en détail toutes les difficultés que noire confrère !
Duchesne el surtout M. Gustave Fougères ont dû surn
ter pendant une trop loii)^ue période, fatale aux rccherc
Kieotitiques. Malgré la Qn des hostilités, l'année li
i" ne saurait être une année normale ; en Grèce princ:
lement />enf/fin^ opéra interrupta, et le personnel des d
Ecoles est loin d'être au complet. Nous ne pouvons
r^umer ici les rapports des deux Directeurs et l'exai
He deux mémoires envoyés du Palais Farnèse.
I. Éœi.E DATIIÈNES.
Les anciens membres de l'Ecole, mobilisés en Ori
MM. Louis Roussel, Dugas, Boulanger, Lejeunt', qui ava
^té laissés temporairement à la disposition de M. Fouf^i
flO BAPPOnT Sun les écoles DATHÈSES et de ROME
pnr entente avec l'administration militaire, sont tons ren-
trés en France pendant le premier semestre de l'année f 91 9, i
à la suite de leur démobilisation. Leurs obligations mili-
taires, le service de la propaftande ou celui de l'École Gif-
fitrd (Institut supérieur d'études Trançaises) avaient d'ail-
leurs, pendant l'année 1018-19, détourné presque coraplè-
li-ment leur nctii'ilé des études archéologiques.
""-'Ite iinnée n'a donc pas été propice aux recherches ni
Touillt^s. L'Kcole d'Athènes n'a pu que prêter son con-
s aux missions scientillques envoyées de France en
. Heplat, architecte de l'iîcole, a participé, du 30 juin
'i septenjhre, aux travaux exécutés dans la presqu'île ,
Athos ; SCS lechorches personnelles ont porté spécia-
ntsur le monastère d'iviron, au Nord-Est de Karyès.
il a levé le plan et reconnu les traces d'agrandissements
erses époques. A Karyès même, il a achevé les levés
église du Protaton, ainsi que le plan do la chapelle
ntine du SkJte Vassiliou, près de Karyès.
isuile M. Heplat a assisté, du 22 septembre au 22
bre, MM. lîourguct et Courby dans leur mission ft
ihcK. Ses recherches ont porté sur quelques-unes des
s monumentales du téménos, notamment sur la base
-heval lies Arpiens ou la base du Char des Argiens.
■pendant que l'Fcole participait ainsi, dans la mesure
.'S moyens limités, à l'activité scientitique en Grèce, la
(lion des hnslililés amenait la dissolution du Service
L'ologique de l'armée d'Orient. La fin de ce Service a
?idé à peu près avec le déplacement du Quartier géne-
les armi'i's alliées en Orient, transporté îi Gonstantî-
e en lévrier Ifllît.
1 plupart des travaux exécutés par ce Service archéolo-
eont été antérieurement signalés. M.E, llébrarda rendu
Die à notre Académie, par note du 12 décembre 1918,
s recherches à Saint-Georges de Salonique. Les fouilles
RAPPORT SUR LES ÉCOLES d'aTHÈNES ET DE ROME 91
ont donné une importante collection de verreries, de pote-
ries byzantines, extraites de tombes dont plusieurs étaient
inviolées. Les résultats de ces fouilles seront publiés dans
le premier fascicule du Bulletin de correspondance hellé-
nique de 1920.
Les recherches de M. Léon Rey, conduites aussi par
ledit Service archéologique et, en partie, grâce à une sub-
vention de notre Académie prélevée sur la fondation Piol,
ont porté sur l'archéologie préhistorique et protohistorique
de la Macédoine. M. HomoUe nous a communiqué le rap-
port de M. Rey dans la séance du 4 avril 1919. Les résul-
tats de ces fouilles sont en cours de publication ; 1 article
a pris place dans le Bulletin de 1916, dont Timpression
s'achève.
En dehors des travaux exécutés avec son concours au
mont Athos et à Delphes par des missions indépendantes,
l'Ecole n'a pu, en 1918-19, continuer nulle part ses
rvcherches sur ses chantiers propres.
11 est arrivé, malheureusement, que pendant la période
de ^erre, elle a vu prescrire en partie ses droits sur cer-
tnius des terrains qui lui avaient été concédés. C'est ainsi
que les travaux exécutés à Slratos (Acarnanie) parM. A. Jou-
bin en IS92, complétés récemment par les missions
Courby-Picard et Picard-Avezou (1912-13), ont été indû-
ment pillés en 1916 — au temps où l'attitude de la Grèce
inspirait les plus vives inquiétudes — par M. K. Orlandos*,
architecte, professeur au Polytechneion d'Athènes. L'Ecole
reprendra ses droits sur ces fouilles, en publiant à son
Umr, dans le i^M//e/m de 1917-19, ses rapports et ses dessins
préparés en 1914.
Les chantiers de Délos et de Thasos ont été entretenus
*^l l'Ecole compte y reprendre bientôt ses travaux. Le Bul-
^dn publiera les résultats, encore inédits,^ de la campagne
!*2 BAPPORT SUR LES ÉCOLES d" ATHÈNES ET DE ROME
commencée en i91i à Thasos et Philippes, campagne brus- !
quement interrompue par la guerre. A Notion-Cluros, en
Asie-Mineure, notre matériel des fouilles a été pillé par les ^
Turcs et devra être récupéré. i
A la lïn d'octobre 1919, la publication du BulUlin arrè- j
téR depuis 1916 a pu être reprise, grâce à la trouvaille d'au j
lui Ao nnninr nrnvé à AtKènes en juin et qu'on croyait
aile des années 1917-19 sera comblé au |
tome dnns lequel on insérera des études
la guerre sur certaines fouilles de l'Ecole
ne Strotos, Thespies, des mémoires origi-
i/e des Ècnles d'Athènes et de Borne s'est
i nouveaux et importants fascicules, une
lériie entre Byzance et l'Islam de M, F,
B de M. J, Hatzfeld sur tes TrafîquAnts
'rien/ hellénique.
riodc très diflicile, mais fétonde en résul-
lence frani,-aise, M, Gustave Fougères a I
mande, la Direction de l'Ecole pour occuper .
a chaire d'archéologie classique devenue
ite du décès de notre regretté confrère
Par décret présidentiel du 7 juin 1919,
ird a été appelé à lui succéder, conformé-
positions de notre Académie, qui avait
Heur souvenir de ses premiers travaux et
rande confiance en lui. M. A. Plasssrt.
de 8" année, démobilisé le 21 août 1919,
1 poste de secrétaire général, en rempla-
cnrd. Nous sommes en droit d'espérer que. 1
lotrc Kcole d'Athènes va reprendre le cours
lins, de ses fouilles, de ses découvertes, et '
innées qu'elle a traversées n'auront causé
|)assagcrc à son rayonnement traditionnel.
RAPPORT SUR LK8 ÉCOLES d'aTHÈNES Et DE ROME 93
II. — ÉCOLE DE ROME.
Moins éprouvée par îa guerre que sa sœur aînée, TEcole
de Rome a pu se remettre plus vite au travail. En 1918-19,
elle comptait deux membres de seconde année, MM. Bayet
et Marchesné, avec un membre de première année, M. Jas-
semio. En mai 1919, elle recueillit M. Pocquet du Haut-
Jussé, qui avait été mobilisé en 1917 au cours de sa seconde
année.
M. J.-A. Bayet nous a fait parvenir un mémoire de
250 pages sur Us Origines de V Hercule romain. C'est une
tpuvre fortement étudiée, où se révèle un esprit solide,
réfléchi et lucide, capable de débrouiller des sujets difliciles.
La première partie du mémoire concerne la légende. Par les
textes des auteurs latins et grecs, Tauteur remonte aux
sources grecques et croit distinguer plusieurs traditions
qui, formées principalement dans la Grande Grèce, ont
cheminé à travers la Campanie et atteint Rome par le Sud.
Hercule^ installé en Italie, éprouve d'abord l'hostilité des
habitants. Plusieurs personnages sont présentés comme les
hôtes perfides que le héros punira en les tuant ; puis, à
mesure que le culte héracléen devient plus latin, ce mauvais
renom est détourné d'eux et reporté sur d'autres. Faunus,
qui a agi avec traîtrise, disparait pour être remplacé par
Evandre, hôte loyal et généreux d'Hercule, et c'est alors
qu'entre en scène Cacus, non pas directement opposé à
Hercule, mais ennemi d'Evandre qu'il combat; il meurt
de la main du héros se portant au secours de son hôte. En
somme, le grec Evandre s'installe comme roi sur le Palatin
dont il dépossède Cacus, héros ilali(|ue. L influence grecque
a pu amener plus tard une confusion entre le mythe de
Cacus et celui de Gérvon.
Avec l'évolution des légendes on suit aussi l'évolution
topographique des sanctuaires. L'Ara niaxima de Rome qui
94 BAPI>OHT Si-.K LES tXX}LF3 u'aTIIËNES FT DE HOMI!
est lu lieu <lu culte héracléeu le plus renommé n'est j>as le '
plus ancien, malgré les afiirmations des auteurs de l'époque
d'Auguste, C'est probablement celui de la Porta trû/erairijt
qui a été le centre des premières manifeslations de la reli- '
gion nouvelle. L'examen de ce sujet constitue la deuxième
partie. La conception d'un Hercule guerrier, Hercules invic-
tiis. est pour l'auteur le résultat d'un long développement,
— — (ardif, et d'une assimilation avec le dieu Mars, qui
à Heivule ses prêtres saliens. Mais Hercule, dieu du
. I
iierce, est antérieur.
elle sera donc la nature fondamentale du dieu '? C'est
jet de la troisième partie. Il est remarquable qu'en
'. Hercule n'est pas mis en antagonisme avec Junon ;
jntraire. leur union se fait étroite dans les rites du
ige. L'Hercule grec se substitue aussi à Kaunus età son
é Silvain. Il est de même le dieu des sources ef il s'in-
lit dans les cieles de Cérès et de Baccbus. De plus en
la physionomie du héros grec se fond et se dissolut
la pers(mnalité complexe des dieux latins,
quatrième partie traile du rituel ; c'est comme héros
ïrcule est honoré et son culte rentre dons celui des
. Ici l'auteur n'a pas pu proliter du mémoire publié
iment sur ce sujet par notre confrère M. Paul Fou-
et il lui sera nécessaire de contmler ses opinions au
!n de cette imporlimte étude. En résumé, l'Hercule
in, quoique d'origine hellénique, apparaît tout dif-
t de celui de la (Iréce. Lié au commerce, aux rites de
ige et de fécondité, associé avec Junon, uni aux di>"i-
chUioniennes et funéraires, il revêt peu à peu une
nnalité qui lui donne une phvsionomie tout autre que
du tueur de monstres et du liéros vagabond, pour-
par rimptnciil)le h<)stilité de la déesse Héra. C'est au
i'tic seulement que le culte d'Hercule prit pied délîni-
lent en Italie. \ Rome même, il est représenté par deux
iles, un sur l'Aventin, un autre sur le l'atatin, le pre-
RAPPORT SUR LES ÉCOLKS d'aTHÈNES ET DE ROME 98
«lier né d'un culte privé, le second importé de la Grande
Grèce qui Hnit par absorber son rival et représenter le culte
ofiiciel. Us s'unissent et se confondent dans la figure d'un
Hercules vicier qui est avant tout un dieu militaire.
Cette analyse suilit à montrer la méthode de M. Bayet
et les résultats obtenus. Nous devons louer son effort et
penser qu'il convient d'encourager les jeunes savants qui se
consacrent aux recherches de mythologie. L'auteur se pro-
pose de joindre à ce travail une étude des* monuments du
culte romain d'Hercule et des représentations de ce dieu
jusqu'au u* siècle de notre ère où se constitue définitive-
ment la figure de l'Hercule impérial.
Dans le mémoire soumis à l'Académie, il faut noter une
lacune: c'est l'absence de considérations sur la voie étrusque
qui s'ouvrait par le Nord pour introduire les légendes
grecques d'Hercule jusqu'à Rome. M. Bayet remarque bien
que les Etrusques ont connu l'assimilation de Mars := Her-
cule avec le nom local d'ilercle, mais il ne cherche pas
d'explication. Enfin, dans le chapitre sur Héraclès inviclus^
1 auteur ne semble pas tenir compte de TAlexandrinisme
qui fut si puissant dans toute l'Italie. Cependant l'exemple
d'Alexandre et le culte qu'il rendit à Hercule, l'assimila-
tion qu'il revendi(|uait en se faisant représenter coille de la
peau de lion sur des monnaies, ne pouvaient manquer
d'avoir une grande répercussion dans le monde antique.
On a peine aussi à admettre la théorie de l'auteur sur le
repos héroïque, considéré comme un symbole chthonien et
funéraire. Enfin l'opinion que l'idée d'Hercule, dieu de la
fécondité, viendrait de Grèce, n'est pas prouvée autant que
1« croit l'auteur. Quoi qu'il en soit, il faudrait pou de chose
pour faire de cette très intéressante étude un livre prêt pour
I impression.
Le mémoire envoyé par M. Marchesné a pour titre : Les
constructions mineures à V intérieur des éf/ lises médiévales
Juliennes et particulièrement romaines. L'auteur v étudie
96 RAPPORT SUR LES Éf.OLES d' ATHÈNES ET DE BOUE j
successivement la schola canlorum, l'ambon, l'iconostase,
la 'confession, le ciborium et le sanctuaire. Par ce dernier
mot, qui n'est pas très juste, il faut entendre surtout la
chaire épisco|)ale. 11 a conduit cette étude avec une con-
science attentive et minutieuse et une ampleur de recherches !
qu'atteste la bibljoj^raphie qu'il a dressée ; il y a joint un \
album de iU planches généralement bien choisies et carac-
téristiques. Non contentd'étudier les monuments conservés,
il a cherclié dans les érudits du xvi'' siècle la description de
constructions détruites parla Renaissance et a pn dresser un
catalogue chronologique exact et à peu près complet de tous i
les monuments relatifs à son sujet. Mais ce n'est qu'un i
catalogue ; il eût été intéressant de faire quelque chose de ,
plus. Par exemple, il ne suffit pas d'énumérer des centaines !
d'umbons ; il faudrait les classer par groupes artistiques,
suivre la transformation et l'évolution du type. Voici une
autre critique ; M. Marchesné a étendu ses recherches A I
l'ensemble des églises médiévales d'Italie ; il eût été
plus prolîtable de se limiter à Rome et d'en étudier '
avec plus de détail les monuments. En étendant trop son
aiiipt \i M.-irclie«ii.'" n mililipHps monumentscousidérables.
- mentionaés les superbes
le, merveilles du xn' siècle.
; aussi surprenantes,
lui sera très profitable pour
ïppris à regarder les monu-
^nt, k les classer. Mais le
e qu'il soit, a besoin d'être
isi des négligences de style,
ciices et un certain nombre
irriger avant de publier son
par le rapport du Directeur
archesné ne s'est pas borné
uis qu'il s'est occupé aussi
RAPPUKT SIR LKS ÉCOLES d'aTHÈNES LT DE ROME 97
des registres de Martin IV. Ses recherches font suite à
celles de M. Pouprirdin sur le même pape. Maintenant le
premier des registres de Martin IV est prêt pour l'impres-
sion, le second aussi. 11 en est de même d'une centaine de
balles consignées dans le recueil de Bérard de Naples et
d'autres pièces encore que M. Marchesné a découvertes soit
à la Bibliothèque Barberini, soit à notre Bibliothèque natio-
nale et aux Archives nationales.
C'est aussi aux Registres pontificaux, spécialement à ceux
de Grégoire XI, que M. Jassemin, membre de première
MQnée, envoyé par TEcole des Chartes, a consacré la plus
grande partie de son temps. 11 y a plus de vingt ans que
leur publication avait été préparée par M. Léon Mirot, mais
cette prépiration comportait beaucoup de lacunes et les
copies exécutées alors laissaient grandement à désirer;
toutes ont été revues, un certain nombre refaites. M. Jas-
semin a réussi à mettre ce travail au point, et l'impression
du Registre de Grégoire XI pourra être mise en train, dès
«jueles circonstances le permettront.
M. Jassemin s est occupé aussi de certains points de Tad-
ministration des finances pontificales à la fin du xiu*^ siècle
et au début du xiv*', surtout en ce qui concerne la compta-
bilité des collectoria apostoliques. Il a étudié également,
après Noël Valois et le P. Ehrle, un recueil de pièces sur
le Grand schisme conservé dans Tarmoire 51 des Archives
du Vatican. Il est regrettable que la santé de ce jeune
^avanl, si bien préparé, Tait déterminé à ne pas demander
une seconde année d'Ecole.
M. Pocquet du Haut-Jussén'a eu que bien peu de temps
M 8a disposition pour compléter son grand travail sur les
relations de la Papauté avec la Bretagne au temps du
^«rdod sc^hisme et après. Outre ce travail principal, il a
aillationné et préparé pour l'édition un manuscrit des sta-
tut* synodaux d'Alain de La Rue, évêque de Saint-Brieuc
*'n 1121. L'édition comportera une préface et la publica-
ivto 7
^S RAl-POAT aVK LU» ÈCOLliS d'aTUÈKE» KT UË BltME
tioii de ces sUtuta sera présentée comme une tentative
. d'application des réforraes déorétées par le Concile de Cons-
tance et rapprochée daVOpua Iriparlilum de Gersoo et liu
^^-niptUu» curalortim de Guy de Montrocher, écrite de
me intention.
>s intéressants travaux promettent des publicationstjuï
tiendront la réputation de l'École. Si les Mélanget sont
ore condamnésik la restriction, une thèse très importante
Viryile et les origines d'Ostie, due à M. Jérùme Carco-
o, a enrichi récemment la Bîhliotfyèf/ue des Ecoles
ihèiies et de Home. Enlin la série in-4* inaugurée il y a
s de quarante ans par notre confrère M. Elie Berger con-
le à paraître, malgré les difficultés qui s'acharnent à
les les impressions. C'est ainsi qu'un gros fascicule d'In-
: (t. IV, f" 3,t-6j) pour les Registres d'Innocent IV a
le jour au mois d'avril tDltl.
lin même temps se poursuit la publication annexe rela-
; auK lettres communes des papes d'Avignon, entre-
ie pur les chapelains de Saint-Louis-des-Français. Cette '
lée a fourni deux fascicules, l'un pour les Lettres closes
latentes de Benoît Xll (t;(3i-i2), publié par M. G.-M.
lai (2' faso., f" 20-3*» , l'autre pour les Lettres oom-
nes de Jean XXll (I31t>-31), dont l'infatigable éditeur
il autre que M. Guillaume Mollat, dévoué à cette tâche
luis l'JOi :ilvientde nousen donner le dix'Septième fas-
ile (t. Vil, f"' 20-52). La collaboration qu'il n'a cessti
|i()Opter à l'École de Ronii^ vient de recevoir sa récom-
ise ; il est pr^ifosseur d'iiistoiio ecclésiastique du moyen
à lu Faculté du théoloifîe catholique de Strasbour^'-
uncten membre de Tlicole, M. l'abbé Constant, devait
si y enseigner et son nutn figure sur le programme des
rs, mais sa santé trùs altérée par la gueri-e l'a forcé de
oncer ù cet honneur.
)u riîstt', à l'inauguration .solennelle de l'Université de
isbourg, le '22 novembre 191!), nous avons été heureux
LlVJiES OFFtRl'S 99
Je trouver sur les affiches de la Faculté des lettres les
enseignements de MM. Perdrizet, Cavaignac et Pierre
Roussel, anciens Athéniens, et de MM. Grenier et Piganiol,
anciens Uoniains. C'est avec joie et avec confiance que nous
voyons d*anciens membres de nos deux Ecoles appelés à
répandre les lx)nnes méthodes et à assurer le renom de notre
vieille Université alsacienne.
LIVRES OFFERTS
M. Il» AHT a la parole pour uu hommage :
« M. (î. Deraorguy, qui a été conseiller légiste du gouvernement
jx'rsan, secrétaire général delà Commission européenne du Danube,
l»uis chargé de missions pendant la durée des hostilités, a rapporté
«ie son voyage en Russie :
i' Un volume sur les Partis polUiques et la Révolution russe^ où il
*"X|*lique quels étaient les partis qui dominaient dans la Russie tza-
nsle, puis ceux qui luttèrent pendant cette révolution;
-•* l'ne brochure, en collaboration avec M. E. Vinogradsky, sur
U (lofiifiçalion des lois en Russie, le rôle du comte Speransky et Por-
;,'inisalion'de cette codiflcation.
" Ce sont deux documents importants, Oxaut des dates et remplis
(i indications des plus utiles pour les historiens. »
COMPTES RENDUS DES SEANCES
DE
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 9 AVRIL
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIRARD.
Le directeur de la Société minière et métallurgique de
Peftarroya confirme qu'il a été impossible de retrouver les
tablettes découvertes à Preguiça en 1914 et que l'Académie
aurait voulu examiner.
M. Frédéric Macler adresse à TAcadémie un rapport sur les
recherches qu'il a entreprises sous ses auspices dans les biblio-
thèques de la France du Midi et de la péninsule ibérique, en vue
de retrouver des documents arméniens, ou relatifs à des Armé-
niens.
M. Pierre Paris, correspondant de ^l'Académie, envoie une
note relative à des découvertes archéologiques faites en Espagne
près de Cenicientos (province de Madrid) *.
A propos de la correspondance, M. Omon'»' rend compte du
mémoire adressé par M. Stanislas Millot à l'Académie, et dont
i'examea lui a été renvoyé dans la séance du 31 mars :
• M. Stanislas Millot, capitaine de corvette en retraite, à Alger,
» fait part à l'Académie, dans une lettre récente adressée à
M. le Secrétaire perpétuel, d'ingénieuses applications des rayons
•
1. Voir ci-après.
SÉANCE DU 9 AVKIL 1920
en'lie et h l'élude des anciens dociinienis gra-
1, ayani remarqué que tes plats eh narlon de bcnu-
mes reliures cotilicnneol des fra(,'inent« de mnnii-
s souveni de livres imprimi-s. s'est appliqué à
iiis quelle mesure l'emploi des rayons X permettrait
e In présence de ces fraj^menls dans une reliure.
des expériences faites par M. Millot. avei' le con-
Miramond de La lloquelle, que, st la radiographie
es, il e» est aulrenienl des manuscrits,
loirc typopraphique, décomposition exclusivement
sorbe pas, en eiïel, les rayons X, tandis que l'encre
ieiis manuscrits, renfermant du sulfate de fer, peut
itent discernée.
1 radioscopiqiie donne surtout d'excellents résultats
cerne les lettres ornées. Les couleurs à base miné-
es pour le tracé de ces lettres, soit dans les manu-
ns les incunables, absorbent à des degrés divers les
I obtient ainsi par la radio(;raphie des images trè<
iment des initiales bleues et rouges, à travers des
' carton supérieures à trois millimètres, ainsi que
uger la photographie envoyée par M. Millol d'un
\nliplionaire manuscrit, avec notation musicale du
mercier M. Millot de la communication qu'il a Taile
des résultats de ses ingénieuses expériences ; si
ermellciil pas toujours de déterminer d'une façon
jlnredi's rra^-menls de manuscrits entrés dans la
(les cartons dos micii'tiries reliures, elles auront eu
iiéritc d'attirer une fois de plus l'attention sur ces
réservent encore de nombreuses découvertes aux
us et aux bibliographes. >.
les graflUti grecs
aillet fait une c
ommunication sur
beaux des rois
iiThèbesen f^gypte
présenle qucli]
|ues observations.
LE ROCHER DE PERE8CRITA, PRÈ8 DE CKNICIENTOS 103
M. Il^nrv Cochin fait une leclure 8ur un nouveau document
de la polémique franco-italienne au xiv* siècle à propos du séjour
des papes à Avignon et de leur retour à Rome. Il s'agit d'une
réplique virulente à un écril de Pétrarque. L'auteur inconnu
^•eiiible avoir des accointances avec l'Université de Paris.
M, Antoine Thomas présente quelques observations.
M. TniREAr-DANGiN traduit et commente un nouveau rituel
babvlonien.
\f\î. PoTTiER, Clermont- G ANNEAU et Bouché-Leclercq pré-
sentent quelques observations.
COMMUNICATIONS
le rocher de perescrîta, près de cenîcient08
(province de Madrid),
PAR M. PIERRE PARIS, CORRESPONDANT DE l'aCADÉTMIK.
Je dois la coilnaissance de Tintéressant bas-relief
d'époque romaine qui fait l'objet de cette note à D. Marino
Serrano y del Campo, instituteur à Cenicientos. Marino
Serrano est le (ils de feu Pascual Serrano, maître dV^eole
de Konete (Albacete), dont le nom est bien connu des
archéologues hispanisants. Lui-même, suivant les traces de
soD père regretté, a déjà été le bon collaborateur de Tabbé
Breuil et a fait avec lui de belles découvertes dans le
domaine préhistorique.
Averti par lui qu'il existait tout près du village où il
<*nseigne un rocher à figures sculptées, je me décidai à faire
Icvovageen compagnie de M. Maurice Legendre, secré-
taire de rOdice de renseignement français en Espagne.
Cenicientos est un gros bourg, situé à la pointe sud-est
de la province de Madrid, sur la route assez récente (|ui
▼a d'Almorox, station terminus de la voie ferrée Madrid-
lOi LE ROCHER DE PERESCRITA, PRÈS DE CKKICIENTOS
Villa del Prado, à Arenas de San Pedro, dans la province
d'Avila. Les maisons s'étalent au pied d'un des derniers
contreforts de la Sierra de Guadarrama, en face de la
Sierra de Tolède, dont la sépare une vaste plaine arrosée
par le rio Alberque. Le paysage est admirable: les rochers
de granit s'y amoncellent en tables, en dômes, en cônes,
en pics, en murailles naturelles, passant de Vaspect le plus
riant au plus tragique; entre ces masses disloquées
s'abritent les oliviers, les figuiers et les vignes, les jardins
de légumes et les vergers, où de frais torrents entretiennent
l'abondance et la fécondité. Toute cette culture est la
conquête de générations récentes, d'une population aussi
travailleuse que douce et hospitalière. Mais le pays semble
n'avoir été que très peu habité aux temps anciens, même
à l'époque romaine et sans doute par des tribus assez
sauvages, car il n'est fait mention dans la littérature
spéciale des voyages et des recherches archéologiques
d'aucuns vestiges d'antiquités dans cette région monta-
gneuse.
Si l'on s'en rapporte à la carte du second volume du
Corpus (Supplément), on ne trouve aucune ville antique
identifiée dans la vaste zone que limite le polygone dont
les sommets sont Madrid ^ Tilulcia (Bayona de Tajuna),
Toletum (Tolède^ Caesarobri(/a (Talavera de la Reina), et
Avela (Avila). On n'y a recueilli que de très rares inscrip-
tions latines, toutes funéraires, sauf une, à San Martin de
Valdeiglesias, qui est à plus de deux heures de marche de
Cenicientos, au Nord-Ouest, k Maguedaet Villamanta, qui
en sont beaucoup plus éloignées, sans parler de trois ou
quatre textes faux ou douteux de Mentrida. Comme œuvres
d'art, si l'on peut ainsi parler, on ne peut citer que les
fameux monstres ibériques en pierre appelés Toros de
(ruisando, près de San Martin de Valdeiglesias.
Aussi le rocher sculpté de Cenicientos prend-il un réel
intérêt. Le lieu exact où il se trouve est appelé Perescritâ^
LE ROCHEK DE PERKSCRITA, PRÈS DE CENICIENTOS 108
oomiption évidente de Piedra escrita, à une heure de
uuirche à TEst, en allant droit vers la plaine. Le terrain,
appartenant à Eugenio Fermosel, est planté de vignes et
d'oliviers. La Perescrità se dresse, isolée, comme un vrai
menhir, au bord d'un champ qui, comme tous les champs
attenants, dans un rayon de cent à cent cinquante mètres,
est absolument couvert de débris céramiques, tessons de
vases et de tuiles. Malgré toutes nos recherches, ni D. Marino
Serrano, ni M. Legendre, ni moi, n'avons pu trouver un
seul fragment typique, soit ibérique, soit sagontin ; rien
que des éclats de pots très communs, dont on peut dire
seulement qu'ils sont peut-être de fabrication indigène,
mais sûrement d'époque romaine. Il n'y a du reste autour
du rocher aucune trace d'habitation antique ; il y a eu là,
certainement, une ferme ou un groupe de fermes, mais la
culture en a détruit tous les murs, du moins à la surface.
(^elques tombeaux ont été découverts en ces lieux mêmes,
mais les vignerons les ont supprimés ou comblés à mesure
qu'ils les rencontraient, et nous n'avons pu recueillir
aucun renseignement précis au sujet de leur structure ou
de leur contenu ; on nous a seulement montré plusieurs
laides et longues pierres plates qui auraient servi à les
couvrir.
Quant au rocher lui-même, ce qui lui vaut son nom de
Perescrifa^ c'est un grand bas-relief qui en décore la face
regardant le Sud-Est. La pierre a été creusée de façon à
obtenir d'abord, au sommet, une niche en cul-de-four,
puis, au-dessous, un cadre rectangulaire entouré d'une
moulure, où sont sculptés des bas-reliefs en deux tableaux
superposés, à peu près d'égale grandeur. Celui du bas a
été martelé et il serait téméraire de chercher k préciser ce
que représentait la sculpture ; la siHiouelte semble
indiquer un personnage à cheval, mais c'est peut-être une
illusion. Ctdui du haut est plus lisible, quoi([ue la surface
eo ait été très émoussée par le temps, malgré la protection
i
i06 LE ROCHER DE PERESCRITA, PRÈS DE CENICIENTOS
de barres de fer dont deux trous marquent l'attache à
droite. On v voit trois femmes vêtues de deux long-ues
robes à plis ; les têtes ont particulièrement souffert, et l'on
n'en distingue plus aucun détail. Deux de ces femmes sont
groupées à droite, étroitement rapprochées; la troisième, à
gauche, est un peu séparée d'elles. 11 semble que cette
dernière unisse ses mains à CA^Ue qui est placée au milieu,
ou qu'elles tiennent ensemble un objet indistinct. On songe
naturellement à une scène d'olTrande, car assurément le
monument a été sculpté en l'honneur de quelque divinité
ou quelque groupe de divinités agrestes. Quel que soit le
mauvais état actuel de l'ouvrage, on peut juger néanmoins
que l'art en était simple et sommaire, mais .point du tout
barbare, comme on aurait été en droit de l'attendre dans ce
pays perdu.
Si l'on peut tenir compte d'une sorte de dallage circu-
laire qui est devant le rocher et qui paraît ancien, ainsi que
d'une pierre dressée aissez bien équarrie, il a dû y avoir là
une petite enceinte sacrée et un autel.
A gauche du bas-relief, une très courte inscription, de
deux lignes, si elle était déchiIVrable, nous donnerait peut-
être le nom des divinités célébrées ; malheureusement,
étant à hauteur d'appui, les lettres ont été pendant des
siècles exposées aux jeux des paysans, et la plupart ont été
endommagées par grattage ou martelage, l^ne photographie
prise avec un bon éclairage nous a permis de lire seule-
ment ceci :
AJT-vS I PnS^
IIV== I aS
Mais nous renonçons à transcrire, et même à affirmer si
c'était là une dédicace à ces Maires ou ces Nymphes dont
le culte rustique nous est attesté par tant d'inscriptions et
de petits monuments de la Péninsule, et dont les noms
varient selon les régions et les peuplades. On peut même
LES GRAFFITI fiRECS A THÈBES D'ÉfiVPTE
V demander si l'inscriptioii se raj>porle vraiment ax
relief, car la place en est étrange ; on l'allendrait miei
dfsçous des personnarres. Tout ce que l'on peut dire,
iju'en examinant la surface de la pierre on se con
ip'eilf est bien contemporaine des ligures.
Nous nous reprocherions d'exagérer l'importance de
découverte ; elle a surtout de In valeur parce qu'elle
première de ce genre faite dans un pavs dt^shérité.
hifn possible qu'en examinant de près les rochers in
brables de la région on ait un jour d'autres surj
pareilles; nous voudrions <|ue la lecture de cette
in^pirilt k quelque explorateur le désir de cette reche
Le pays est d'ailleurs d'une si pittoresque beauté q
chasse aux antiquités, même infructueuse, laisser:
chasseur le plus agréable souvenir.
LES <;hAFFITI IIRECS DA.NS LK» TfIMBEAIX DES IIOIS
A TIlf.KKS Dl^UlYI'TE,
PAU SI. Il LES BAll.LKT.
Il V n longtemps que l'iilteution avait t^té attirée si
iuscrijilion.s grecques contenues dans les tombeaux
Vallée des llois à Tlièbes, sur la rive occidentale du
iluelijues voyageurs, à la lin du Win' siècle, les av
signalées. Pococke en avait copié la moitié d'une ' ; C<
une cnlière - ; Jomard, avec la Connnission il'Kgypt
«yr.it relevé f ' ; W. Ilainilton > en avait ]iublié 8.' C
peu, mais c'était ns.se/ pour indiquer l'exislence et lii
de ces textes. Les récoltes de Sait, de Cliampollion
'e rÉgtiptt. Aniiiiiiitéi. l. V
. n,,,,,.-,,,,,, „,r I,, J«r.,,.,r
108 1.KS r.BAFFITI r.RFXS A THÈBES DÉGYPTE
WilktnRon furent plus abondantes. Sait en nota 53 qu
publia Letronne ' ; Champolllon «n prît 62 -, Wilkiuson i ~ï
I ?tronne réunit toutes celles qui avaient été publiées o
qu'il put voir en ninnuscrit : il les reproduisit et les coni
menla diuifi son Hecueil des inscriptions grecques et la tint
d'Etjyplc'' : il en comptait 123; car. si chacun de se
prédécesseurs n'avait pas copié toutes les inscriptions dêj
signalées avant lui, cependant les doubles emplois n
manquaient pas. En passant, rendons hommage à ce savan
français : la plupart de se.s corrections ou conjectures s
sont trouvées justifiées. Bœckh et Fruehner, dans le Cor-/>u
inscriplioniim grfecaru/n, rééditèrent l'œuvre de Letronne
avec quelques variantes de lecture. Lepsius. dans se:
Oenkiimeler^, reprit quelques-unes des inscriptions publiées
en y ajoutant une demi-douzaine d'inédites. Cependant il
restait mieux à faire.
Alin de réaliser le vœu de Letronne, en 1 86i, C. Wescher
fut attaché h lamissiim d'Kmmanuel de Rougé pour l'étud*'
des inscriptions grecques. AuxSyringesil lit de bon travail,
releva un grand nombre de graffiti qu'il évaluait à 900 :
mais il ne publia rien. A mon tour, je fus désigné par
M. Maspero et chargé de reprendre ce travail comme
membre de ta Mission archéologique du Caire. Pendant
l'hiver de 18SH-89, je passai trois mois dans les Tombeaux
des rois, explorant toutes les parois et notant à mesure.
J'eus la joif de doubler le total de W'escher. Toutefois
quelques grafliti encore m'avaient échappé. Dans l'hiver dp
19Kl-iyii, profilant d'une nouvelle missiop, je soumis
toutes mes notes à une sévère révision et je pua corriger
t. Trnntaclions o[ Ihc lii/iat SocU(y of UltTntare. il. 18ïe-ln31. p. 69-
75, 6 |>1.
3, CliomiJdllion. Lfttres éeriles d'fUjiiple. p. 2j'; : Aolices «rir Jes Monu-
ments. 1. 8ÏS-K29.
3. Wilkins'Hi, Tofioiirài-lu, nf Thebes, ISÎ5. p. lïO-126.
*. ISiK, ï. 11, p. 5:,:,-;il6 tl pi. 23-30.
5. Denftmaeler, Vl.pl. -ecllOl.
0 LËK Graffiti quech a tiiëdes D'ËovprË
éference. Slrabon dit qu'il en existait environ quarante;
ns doute on le disait aux vovR^eurs ; mais pan plus
.'aujourd'hui on ne les menait autrefois à toutes. De nos
irs on en compte i"i. J'ai recueilli des inNcriplions dans i
ï d'entre elles, qui portent les n"' 1, 2, 4. 6. 7. 8, 9. lll, 1
et lî). Quoique Letroniie ait avancé d'après Wilkinson ' i
le t i des Svrinffes (il en énumère lu) gardaient trace des
*ites grec(]ues, ni W'ilkinson ni (jetronne n'en ont
levéou publié des n"' ■), 12, 13, li, 18, où je n en ai point
:, ni dcH n'" i, 6., 7, 10, 11, où j'en-ui recueilli. Mais les '
affiti y sont répartis très' inégalement : la 11*, celle de ,
imsès VI, que les Grecs ont confondu avec Aniénôthês j
: et Mcinnon, en contient à elle seule pre^^que autant que |
nies les aulres ensemble (993 numéros sur 210o). Aucune
celles qui ont été découvertes depuis trente ans D'eu
iferme ; closes, comme celles d'Aménotliès II et de 1
lOtmés IV, ou peu accessibles, elles n'étaient vues de
rsonne. I^armi celles qu'on aurait pu regarder, les guides
saient un choix. J'ai soupçonné lu i° d'avoir servi.
[is l'antiquité, surtout d'abri aux âniers, comme au
ule dernier jusqu'à ce qu'on leur eût dressé une baraque
planches.
De même que leur répartition, la situation des grafliti i
, instructive. Elle nous fait connaître, aussi lidèlement i
'on peut le souhaiter, l'état des Syringes à l'époque '
îcque et romaine. Il y a une trentaine d'années, la |
ipart avaient leur entrée obstruée par un amoncellement .
débris, de blocs et de pierrailles ; on grimpait sur le tas ; |
se glissait sous le linteau de la porte et on redescendait '
r une autre pente à l'intérieur. De quand datait cet
îi'ct? Klail-il dû à des éboulements récents de la mon- '
^nc, il dos fellah.s qui se cachaient pour esquiver l'impôt,
réquisitions militaires ou quelque châtiment, ou bien à ■
. l.plri»MU', lleciieil. Il, |>- "J&i : WilkiiisL.,,. 7op"tf "/''■» "/" Thtba, i
LKS GAÀFFITI OEECS A THÈBË8 d' EGYPTE 111
des chrétiens fuyant la conquête arabe, ou bien à des
anachorètes retirés loin du monde ? On peut répondre
aujourdhui avec certitude : non. La cause est antérieure
à la domination ptolémaïque. En eifet, les inscriptions
grecques suivaient les antiques talus que les tpodernes
directeurs des antiquités, MM. Grébaut, Loret et Maspero,
ont fait déblayer pour clore de {çrilles les monuments.
Aujourd'hui ces inscriptions apparaissent à deux, trois ou
quatre mètres en Tair, là où certes les anciens voyageurs
u'auraient pas eu Tidée d'aller les nicher : elles demeurent
comme témoins de l'ancien niveau, au-dessous duquel on
ne lit rien et qui par conséquent a précédé le temps des
visiteurs grecs. De même, à Tentrce de .la 8** Syringe,
quelques lignes, inscrites à l'encre sur la pierre vive après
la chute de l'enduit, défendent Arabes, Coptes, chrétiens et
Romains contre l'accusation de vandalisme : les dégâts
sont antérieurs à eux. Au contraire, en certains couloirs
d'entrée, j'ai pu remarquer que les noms se disséminent
comme sur deux étages différents : en haut, c'étaient des
noms de V^ge romain, païens et classiques par leurs formes
et leur écriture : en bas, des noms chrétiens grecs ou
coptes ; j'en conclus que, pour une cause à déterminer,
entre le V* et le vin** siècle, des chrétiens avaient nettové
avec soin cette partie des corridors.
Si on examine en eux-mêmes ces humbles noms griffon-
nés de-ci, de-là, on pourra risquer quelques remarques
intéressantes pour Tonomastique. Ce n'est pas en vain que
Ion rassemble 1700 à 1800 noms ou formes, la plupart
répétés plusieurs fois. On aura beau jeu, il est vnû, à se
plaindre que des gens inconnus ont multiplié des noms trop
connus. A rencontrer Si fois Dionysios, ou io fois Apol-
lônioft, serons-nous tentés de manifester quelque dédain
ou quelque mauvaise humeur ? (Cependant il n'est pas
ludilTérent de remanjuer que Ptolemaïos, Isidoros, Ammô-
uios et Sarapion les serrent de près, (^est le pays qui le
1
H 2 LKS GRAFFITI GHECS A ÏHÈBES D*ÉGYPTE
veut : Athènes ou Smyrne n'auraient pas présenté la même
proportion. Certains noms sont plus purement égyptiens,
affublés de désinences grecques, comme Aménôthès, Hôros,
Pséniouthès, ou tout nus, comme Pibast ou Petemîn. Des
sources étrangères ont aussi donné leur contribution. Ainsi
Barôkhios ou Bourikhios transcrivent un nom que Ton
trouve dans les inscriptions phéniciennes et carthaginoises,
de la racine sénlitique berek « bénir ». Les chrétiens ont
vulgarisé bon nombre de noms hébraïques tels que Abra-
mias, Jôannès. Home a importé un fort contingent : ce
sont ses prénoms, gentilices et surnoms classiques, groupés
ou isolés, ou des épithètes formant des noms nouveaux ; cer-
taines transcriptions sont intéressantes, comme KXi^^ji.T;ç,
KcîpaTcç, lIpt[jLtTî€c;. Le monde barbare fournit aussi sa
contribution : SeûOr^^ ou PctjAr^TaAxaî sentent le Th race ; un
Pisidien s'appelle Aa^piXa; ; un Arménien Xojpôt;;. Letronne
a reculé devant la forme barbare McvxipYj : il a eu tort ; le
nom reparaît en plusieurs endroits. Naturellement la
moisson la plus riche est celle des noms grecs ; beaucoup
sont inédits ; quelques-uns amusants.
Beaucoup de voyageurs ne se contentaient pas de graver
leur nom tout seul. Les uns y joignent celui de leur père :
ainsi la désignation est-elle un peu moins vague. D^aulres
indiquent leur origine ou leurs qualités et leur profession.
Pour nous les patronymiques ne font guère qu'allonger la
liste des noms propres. Les ethniques et les qualificatifs
instruisent davantage. Ils nous montrent jusqu'où s'éten-
dait la renommée des Syringes, que des gens de toute
condition venaient visiter des quatre coins du monde.
Ce serait passer une revue des peuples que de classer la
centaine d'ethniques relevés, dont quelques uns se répètent
nombre de fois. Quelques voyageurs se disent Egyptiens ou
Grecs : c'est vague. L'Egypte naturellement tient une
grande place parmi les mentions d'origine. Les habitants
de Thèbes ne venaient pas de loin : en général, ils nç
LES GftAPPltl GtlECâ Â THÈBE8 D^ÉGYPTE 1i3
notaient point leur patrie. Ceux d'Alexandrie le croyaient
plus utile. Ceux de Péluse, de Busiris, de Latopolis et
d^Héliopolis dans le Delta, comme ceux d*Héracléopolis,
d'Hermopolis, d'Antinoé, de Lycopolis en Heptanomide,
ceux dWrsinoé sur la mer Houge, ou ceux de Panopolis, de
Ploléniaïs, d'Ombos ou de Syène en Haute Egypte, et
même ceux de Pselcis en Nubie shonoraient de leur pays
natal. Du monde grec affluaient les touristes les plus
nombreux et les plus avides : il en arrivait de la Grèce
propre et du Péloponnèse, d'Épire, de Macédoine et de
Thrace, des côtes d'Asie mineure baignées par la Méditer-
ranée, rÉgée ou le Pont-Euxin. 11 en débarquait des îles.
Ijes Syriens abondaient. Les limites de Tempire romain
n'arrêtaient pas les voyageurs originaires d'Arménie, de
Perse, de Babvlone ou d'Arabie. D'Occident aussi débar-
quaient des visiteurs pour les Syringes. D'Afrique même
venaient des Cvrénéens et des Libvens. La Sicile envovait
•/ V •/
des Syracusains ; l'Italie, des (ils de Tarente, de Naples et
de Rome. Enfin, traversant tout le bassin occidental de la
Méditerranée, un Espagnol, un Hispérite, et des enfants de
la Gaule, des Marseillais, ont voulu satisfaire une curiosité
bien méritoire.
Que sont ces voyageurs venus de partout? La plupart
ne nous disent pas leur condition ; mais quelques-uns nous
la font savoir. Libre a nous de croire que pour le plus grand
nombre, comme pour nos Marseillais, ce sont des trafi-
i|uan(s en voyage d'affaires; mais les textes gardent le
silence à ce sujet. Pas un seul des deux mille signataires ne
^*intitule gjjLZspc;. Le tilre ne leur parait-il pas assez ron-
flant pour s'en parer? Pourtant un marchand de Venise au
moyen âge n'en eût point rougi. Les professions manuelles
Ront également peu représenteras. Je ne vois qu'un seul
artisan, lequel pourrait s'estimer d'une catégorie plus
relevée que les autres : c'était uii orfèvre. Au pays de la
Smitre des métiers, cette abstention paraît assez signiiicative.
tl4 LES GRAFFITI GRECS A TIIÈBES d'ÊGYPTE
C'est une raison de plus pour écarter les interprétations que
Letronne donnait de Tabréviation (r/stp//, où il lisait
/stpszciAr^^ t< marchand de porcs »> ou j-/civît:o)Xt;ç « cordier »
{Recueil, p, 297, n** CCLVIII). En revanche, les arts libéraux
et ladministration ont étalé des qualifications très variées.
A noter toutefois que si le métier fait honte, x>n avoue les
liens de dépendance personnelle, non seulement d'un
alFranchi, mais d'un esclave, serviteur ou domestique. Les
intellectuels sont nombreux : n le scribe prime », disait la
vieille satire. Aux belles-lettres se rattachent des poètes
et même une poétesse, un tragique, un lyrique, des pro-
fesseurs de rhétorique, de grammaire, de droit et d'histoire,
avec divers genres de scribes, greffiers, rédacteurs, commis
aux écritures. De la philosophie se réclament un sophiste
et des disciples d'Aristote, Platon ou Diogène, Dans
l'ordre de la science, citons un mathématicien, un mage, et
plusieurs médecins. Les cultes païens apparaissent avec
un grand prêtre de Thébaïde, un prophète, un Upsvovpsuç.
et le flabellifère des Eleusinies ; le christianisme avec un
évêque, des prêtres, abbés, moines, anachorètes. Le gou-
vernement, les finances, la justice, l'armée déroulent
la série de leur hiérarchie et de leurs grades. De nombreux
fonctionnaires profitaient, pour venir visiter les Syringes,
ou de la proximité de leur poste on d'un congé qui leur
permettait un petit voyage. Jl en est piéme qui semblent
venus par devoir, revêtus d'une mission officielle ; mais
leur cas se relie à l'histoire générale et dépasserait le cadre
de cette étude.
Parmi tous ces personnages, en reconnaissons-nous donc
d'illustres ou du moins de connus? On m*a demandé plus
d'une fois si j'avais trouvé le nom d'Hérodote. Oui, certes,
je l'ai lu ; mais je le soupçonne d'être apocryphe : la graphie
est bonne, mais le creux des lettres n'a pas pris la patine
du temps ; un moderne facétieux aura tendu un piège aux
archéologues, comme les compagnons de Rougé faisaient
IKS GRAFFITI GRECS A
Jt»eouvpir ù Wescher le nom tr
seuse Rigolboche. Au contraire,
ment authentiques de Socrate,
médecin. Seulennent c'est bien ;
hommes que l'on a commencé à
Dou.s avons donc utFaire aux i>
ormes. La chronologie aussi s\
Palladioset Nouménius, réunis
soient les personnages connus
puisqu'ils vivaient eu trois sièt
'lisciples de Platon témoij^nent
leur maître en ces lieux ; mais I
Irace, non (dus que Diodoi-e
Hadrien. <|ui n contemplé la s
n'a point amené sa cour dans
voyons-nous, comme Sait, li
empereurs, L. Verus. et Man
cm. Mais j'ai retrouvé les ins
dissipée : Sait n'avait dcchiifrc
sans quoi il n'eût point indui
.\urelius Antoninus inconnu av
S'il y a eu ainsi des mépris
des espoirs trompeurs, en revan
s<int possibles, probables uu as
provoquent d'heureuses surpris
raient une petite monographie >
Un très grand nombre de nos
c'ation du nom, du patrojiymi
condition du visiteur ou des visi
IJ autres, en nombre à peu pré:
en exprimant la satisfaction di
idmini. l'arfoi» le laconisme vv
personnelles, depuis l'en thousia
ju^juau scepticisme prétenliei
Heu. . , que la pierre >'. (.^uelqL
H 6 SÉANCE DU 16 AVUiL i920
verbeux. D*aucuns croient devoir parler la langue des dieux;
du moins ils scandent des vers plus ou moins bien tournés.
Il en est qui ne veulent point paraître de simples touristes
et apportent en ces lieux des préoccupations philosophiques
ou religieuses, ce qui ne saurait étonner. Parmi ceux-ci,
les chrétiens tiennent une large place et leur attitude n'est
pas la moins curieuse. 11 y a là toute une série d'études
qui peuvent présenter de l'intérêt . Mais il faut se limiter,
et je m'excuse d'avoir retenu si longtemps votre attention.
SÉANCE DU 16 AVRIL
PRKSIDENCK DE M. CHARLES DIEIIL.
Lecture est faite d'une lettre du Secrétariat administratif de
rUnion académique internationale, qui fait connaître que la
prochaine réunion du Comité de TUnion s'ouvrira le 26 mai à
10 heures du matin, au Palais des Académies, à Bruxelles.
M. Clément Huart donne lecture d'une note de M. J. de
Morgan au sujet d'un signe singulier qui figure sur les monnaies
des Sassanides ^.
M. Paul Monceaux communique, de la part de M. Carcopino,
deux inscriptions martyrologiques d'Algérie, qui ont été trou-
vées récemment près du village de Bourkika (arrondissement
d'Alger 3).
M. Merlin, correspondant de l'Académie, communique une
reproduction d'un plan, à grande échelle de Carthage, embras-
sant la partie de l'ancienne cité qui s'étend des thermes d'Anlonin
au théâtre et de Todéon à la colline dite de Junon. Ce plan,
dont les relevés ont été effectués sur le terrain par M. Drappier
1. Voir un prochain cahier.
2. Voir ci-après.
SËAiSCE DU 1& AVRIL 1920 117
et qui a été exécuté par M. Emonts, sous la direction de
M, Merlin, a été dressé pour faire voir tea emplacemenU des
tombes puniques ouvertes à Carthage depuis plus de vingt ans
par le service des Aniiquilés de la Tunisie ; on y a consig'né
également des indications relatives aux recherches de r' — -
ordre accomplies sur ta même surface par d'autres explora
notamment par le l\. P. Delattre : on a ainsi représenté to
zone médiane de In nécropole punique ; seuls se trouve
dehors de? limites du plan deux grands ensembles fouillé
le R. P. Delattre, l'un au Sud-Ouest sur [a colline de 1
Louis ', l'aulre au Nord-Est près de Sainte-Monique *,
De plus, sans vouloir faire figurer sur le plan touti
découvertes qui ont élé signalées, on y a porté les princ
édifices mis au jour, afin de montrer comment sur certains |
les tombeaux de la Carthage préromaine et les fondalioi
constructions postérieures, monuments publics ou ma
s'enchevêtrent. Ce plan, qui donne pour la première fois ur
icénérale d'ua des quartiers les plus intéressants de la ville,
tilue pour les éludes de topof^raphie carthaginoise, aux di'
époques, uo très précieux élément d'information.
L'agrandissement photographique offert par M. Merl
r.\ca<lémie est destiné à U Bibliothèque de l'instilul ; ci
nn fac-similé réduit.
[.es indications bibliographiques suivantes, qui sont le
visera être complètes, mais tendent simplement à permet)
%t reconnaître dans un domaine très touffu, faciliteront 1'
i}u plan.
I. — Tombeaux puniques^.
D'une façon générale, sur la nécropole punique de Cart
roQiulUr Gsell, Hisl. anc. de l'Afrique du Nord, II, p
91.
I' Tumb«i dei v[i*-ti' siècles et ptiis tardives [tiibiioKrapliie dans
fluf. anc. defAfriqnt du Nord. tl. p H'.n. 3 et p. SI).
1. Eo grande inajurilè, les lumbes y sont du tu* sicclc ;bibliO)[i
'W,p. B9. o. 10).
*■ ta capitale, qui. sur te plan, sert i di<*i(;ner chacune dvs parties
'**><lc la nécropole, ac retrouve dalis notre énum^ralioD en télé de
'«ion» rrlalive* i ce iDi^mc ((rnupe dr ■•^pullure».
118 SÉANCE DU 16 AVRIL 1920
|o Colline uiTii db junon (tombes des vii«-vi* siècles).
A. — « Sur le plateau supérieur, w Fouilles du R. P.
Delattre en 1878.
Delaltre, Les tombeaux puniques de Carthage^ Lyon,
4890, p. 8 à 22.
B. — Terrain Vincent et terrain Marcille (celui-ci à TOuesl
du premier). Découvertes accidentelles vers 1901.
Delattre, Bull. arch. du Comité, 1907, p. 443 à 453.
C. — Fouilles de la Direction des Antiquités en 1916 :
14 tombeaux.
Merlin, BulL arck. du Comité, 1918, p. 288 à 314.
2** DouiMÈs (tombes des vii®-vi* siècles).
D. — Fouilles du R. P. Delattre de 1893 à 1896 : très nom-
breux tombeaux.
Bibliographie dans Audollent, Carthage romaine, p. 240,
n. 2. — Voir surtout Delaltre, Comptes rendus de VAcad.
des inscr., 4893 à 4896, passini ; Mém. des Antiquaires de
France, LVI, p. 255 à 395.
3° Dkrmech.
Sur les caractères «généraux des tombes puniques de Dermech,
cf. Gauckler, Nécropoles puniques de CarthâgCy II, p. 499 à
512 ; voir aussi Anziani, ihid., I, p. xvii à xxix.
E. — Terrain Ben-Attar (tombes des vn**-vi* siècles ;
quelques-unes du iv^j. Fouilles de la Direction des Anti-
quités en 1899-1900: tombeaux n*»» 1 à 232 ; en 1901 :
tombeaux n"* 300 bis à 319 bis.
Gauckler, AVer, pun., I, p. 1 à 103, p. 419-420, p. 426 à
438 ; Perrot, Hev. de Vart ancien et moderne, 4899, VI,
p. 404 à 445. — DescriplioD détaillée de certains objets ou
de certaines sépultures : Gauckler, ibid,, I, p. 234 à 237,
p. 2i4, p. 2i8à 2r)0 ; II, p. 393 à V6l ;passim , p. 556 à
558.
F. Fouilles de Vernazen 1885 (tombes des vn^-vi" siècles):
24 tombeaux.
Bibliog^raphie dans Gsell , Hist, de l'Afrique, II, p. 88,
n. 2.
SÉANCE DU 16 AVRIL 1920 119
G. — Tranchée Gouvet en 1862. .
Ibid.
H. — Terrain d'Ancona (lombes des vu'', vi*' et V siècles).
Fouilles de la Direction des Antiquités en 1901 et 190'2 :
tombeaux n« 280 à 364.
Gauckler, Nécr. pun„ I, p. 140 à 146, p. 172 à 187 ; II,
f). V73 à 478, p. 495 à 498, p. 526 à 534.
J. — Flanc sud de la colline de Bordj-Djedid (tombes du
VI* siècle). Fouiîles du R. P. Delattre en 1908 *.
Dclattre, Comptes rendus [de VAcad. des iViscr., 1908,
p. 504 à 600 (il y a aussi des tombes du iv« ou du m*
siècle) ; Anziani, ibid. y 1912, p. 341 à 3i4.
4** Ard-el-Khehaib (tombes des iv*'-iii* siècles).
K. — llabous des Quled TAgha, au sommet de la colline
de Bordj-Djedid. Fouilles de la direction des Antiquités
de 1905 à 1908 : tombeaux n*»« 500 à 508.
Gauckler, Xécr. pun., 1, p. 229 à 233 ; cf. Anziani, ibid.,
I. XXXVl-XXXVII.
108 tombeaux ^.
Merlin et Drappier, La nécropole punique d'Ard-el-Kheraîb
;> Carihaye (notes et documents publiés par la Direction
des Antiquités, IV, 1909).
L. — Terrain ChalTard. Fouilles de la Direction des Anti-
quités en 1909 :- 24 tombeaux.
Drappier, tiev. tunisienne, 1911, p. 138 à 146.
.V Dahah-el-Morali (lombes de la fin du v** siècle, des iv** et
11' siècles). Fouilles de la Direction des Antiquités.
M. En 1900 : tombeaux n*^»261 à 265.
Gauckler, AVrr. pun., I, p. 170-171 ; p. 244 à 246.
I
I. Au voîftinage, fouilles N'ernaz en IKKJ \Vemaz, Rev. arch.^ 1K87, II,
p. IWàlTOl.
î. Sons la batterie de Bordj-Djedid, qui est à très peu de dislance à
rE«t, «épulturcs découverte» en lH9i ^Bull. arch. du Comité, 189i, p. 282
* 2»i : Delattre, Bail, de la Société d'Oran, XX' anniv., p. 1 18 à t50\
SE A. \ CF. I>(J
13-1904 : tor
|). m à 2-29 ; [I, p. 541 b 54S ; cf. Anzîani. U,id.,
6-1917 : 14 tombeaux.
8uH. arch. liii ComUé, 1917, p. 131 à 153 ; lyiH.
1.
17 tombeauï.
16, p. Cl-IHV icLIIÏC.
1 1917 : 10 tombeaux.
16, p. rxtm-cxciv ; 1918, p. 315 k 323.
7 à 1919 : 60 tombeaux.
âO, procès- verbaux de la Commission de l'Afrique
HÉÂTRE (tombes des iv' et m* siècles). Fouilles
s Anitquilés.
8 ; 2'2 tombeaux.
r, Iter.lunisienif, 1911, p. 254 à S60.
917 : 14 tombeaux :
Itiitl. arch. du Comité, 1916, p. ccxxi A
s abords sud-ouest, notammenl terrain Ben
Ju m" siècle et de la première moitié du ii').
;s de la Direction des Antiquités en 1900 :
i" 234 à -280 ; 265 à 279.
-, Nécr. pun., 1, p. 1S8 A 171, p. 346 à 348 ; II,
7 ; p. !)16 à 521 ; cC Anziani, ibid., I, p. xxxvii-xl.
- Principaoz édifices.
?, Basiliques chrétiennes de Tunisie, p. Il à 17,
adoux à ta pi. I ; Inv. dei mosatquei de la Gaule
iqiie, li, p. ilO f. i-Vi, n"' 68.1 à 692.
^^^^.
CARTHAGE
JlTtE CENTRALE
'■f- MAHTVRS DK BOUDKtKÀ
illas principales '.
lahiir-el-Murali :
a. — Gauckler, Compte rendu de la marche da terviee de* .
Anliifiiiléi en 1903, p. llï ; .Voun. Arch. des misnioni
icient., XV, pi. XXV ; /nti. des mos., II, p. 212 il 21*.
n« f<H à fi39.
b. — GBiickl^r, Hnrche du gfrviee en t903. p. 13 à IC ;
/»". det moi.. Il, p. 214 b 31», n" 640 è 6K0.
errnin d'Ancona :
c. — Gaiitkler. Inr. dis mos.. Il, p. 3i3 b ii', n" 72<i à
m.
ril-el-Khcraïb :
I). — .\faison de basse époque sur l'emplacement Je l'an-
cien camp de la cohorle urbaine casemée à Cartha^'e.
Gaiicklcr, Complet rendus de VArnd. des in*'-r.. 19(1*,
p. fi'J5 à 70a ; Souv. Arrh. des Missions trirnl., XV. p. liH
il 443, pi. XXVI-XXVII ; Inv. di-s mos.. 11, p. iôl à 200,
COMMUNICATIONS
MAIlTVIiS DK IKirnhIKA, l'An .M. PAll, MftNCEAI X,
MEMBRE DE LAnADËMll^.
'ai l'honnpur de commuiti<juer ;'i l'.Xcadéniie, de la pari
M. Carcopino, naguère professeur à la l'acullé îles
très d Alger et directeur du Mu.sée, aujourd'hui maître
conférences à la Sorbonne, deux curieuses inscriptions
■tyrologiques d'Algérie, qui ont été trouvées récemment
ivier 1920) piés du villafçc de Bourkika, situé au Nord-
de Miliana. six kilomètres h l'Est de Marengo.
Pour certaines monaïqiivs du quartier qui H^iire sur le plan, m
rtcr uu croquis donné dans Merlin, Inv.desmot., Il, tuppl., p. 7B-
MARTYRS DE BOURKIKA 423
La plupart des renseignements qui suivent, sur les cir-
constances de la découverte, m'ont été transmis par
M. Garcopino, qui les tenait lui-même de deux témoins
oculaires : M. Tabbé Dubosc, curé de Tipasa, correspon-
dant du Ministère, et M. Glénat, à qui nous devons un
excellent estampage des inscriptions. Ces indications sont
confirmées, et complétées sur certains points, par une note
de M. Streicher, curé de Bourkika : note insérée dans la
^maine religieuse d'Alger du 13 février 1920.
L'emplacement précis de la découverte correspond au
numéro 22 de la feuille 13 de V Atlas archéologique de
l Algérie publié par M. Gsell. En cet endroit, à cinq kilo-
mètres environ au Nord de Bourkika, dans la propriété
Germain, des ouvriers de la main-d'œuvre pénitentiaire,
occupés au défoncement d'une vigne, rencontrèrent les
soubassements d'un édifice demi-circulaire qui renfermait
de nombreux sarcophages, une douzaine au moins, et
autour duquel gisaient des débris d'architecture, fûts de
colonnes, chapiteaux, dalles, poteries. D'après les indica-
tions recueillies, tout cela aurait été saccagé, la plupart
des sarcophages brisés, le tout recouvert de terre, sauf le
couvercle à inscriptions dont nous allons parler, et quelques
fragments, dont un fond de vase avec une croix.
Au milieu de l'hémicycle se trouvait un sarcophage assez
richement décoré, profondément enfoui, et formant bloc
dans la maçonnerie. On n'a pu l'extraire ; mais on a cons-
taté qu'il contenait des ossements. Seul, le couvercle a pu
être sauvé par les soins de M. Streicher, curé de Bourkika,
^t transporté au presbytère.
Ce couvercle est une table calcaire, longue de 1 '"47,
large de 0 '" 57, épaisse de 0 '" 25. La table est brisée i\
droite. Elle porte une riche ornementation. A gauche, un
ensemble purement décoratif, sculpté en creux, occupe
toute la largeur : environ le quart de la surface totale. II
couvre un espace rectangulaire de 0 •" 30 sur 0 '" 57. H
MARTYRS DE ROUR&l&À i2S
dont la première comprend trois mots, la seconde deux
mots, la troisième un seul. Elle est gravée en lettres irré-
guIièreSy hautes en moyenne de 0 " 07. L'inscription B,
enfermée dans la couronne et gravée en caractères plus
petits (de 0 °* 03 environ), comprend aussi trois lignes,
mais encore plus courtes, avec des abréviations.
Lecture de MM. Gagnât et Monceaux, sur Testampage
qui a été exécuté par M.^Glénat, et qui nous a été envoyé
par M. Carcopino.
Inscription A.
PETITEME • SAMARTVRoV
RENATVS ET
OPTATA
Pctile me[n)sa[m) marlurou[m)
Renatus et Optata
Inscription B
PASN Pas[si) n(onas) a{prUcs) ou
AETCO a(ugusfas) et conrnati),
RO
Inscription A. — A Id ligne 1, on avait lu d'abord
MARTVROM. Mais, sur l'estampage, nous lisons distinc-
tement MARTVROV : graphie dont nous avions déjà des
exemples en Afri(|ue.
Inscription B. — Les archéologues algériens, qui ont
tenté le déchiffrement, ont lu PAS «/) MA{rli/rium), Mais
il ne nous parait pas douteux que la dernière lettre de la
première ligne est un N. D'ailleurs, le moi passi devait
^tre suivi, selon Tusage, de la mention du jour anniver-
saire. D'où notre lecture : PAS/?/) N(onas) A(priles) ou
i2ti MARTYRS DE ROt'RKlRA
Les noms des deux martyrs sont des noms courants en
Afrique. Renatus, nom souvent pris au baptême (allusion à
la renaissance morale par le saci*ement du baptême), se lit
sur des tombes de chrétiens, à Carthage et ailleurs ; nous
connaissions déjà un martyr Rehatus par une inscription
de Bir Fradj (à TOuest d'Aïn Abid, entre Guelma et
Constantine). Quant au nom d*Optata, il s'était rencontré
déjà dans plusieurs épitaphes africaines, notamment sur
une mosaïque tombale de Taparura (Sfax). Les deux mar-
tyrs qui iigurent sur la table de Bourkika étaient probable-
ment des martyrs locaux.
Les formules employées ici donnent lieu à quelques
observations.
Petite. — Formule nouvelle, du moins avec ce sens,
dans Tépigraphie chrétienne dWfrique. On doit comprendre
probablement : '« Approchez-vous de la table des martyrs »,
qui peut-être servait d'autel.
Me{n)sa(m) niarturou{m), — L'expression mensa martu-
rum s'est déjà rencontrée en divers endroits ; à Maktar, à
Henchir Fellous, à Aïn el-Ksar, à Aïn Melloul. On appe-
lait ainsi la taWe qui couvrait des reliques de martyrs, et
qui souvent formait la table d'autel.
On notera la graphie niarturou[m). On la retrouve
ailleurs, notamment sur une stèle d'Aïn Regada, où se lit :
Xomina marturrou{m). Ces graphies sont iiitéresfiuntes
pour rhistoire de la prononciation latine. Le second V de
rnarturuni avait évidemment le son ou. Le premier V, qui
est très souvent remplacé par I ou par Y, devait se pro-
noncer /. — Quant à mcsa pour mensa^ c'est courant en
Afrique.
Passi. — C'est la formule consacrée pour rappeler la
mort ou l'anniversaire des martvrs.
Coro nuti). -- Allusion à la couronne des martyrs, repré-
sentée ici par cette couronne de laurier qui enferme Tins-
cription B. Une mosaïque tombale, trouvée à Tabarka, celle
SÉANCE DU 23 AVRIL 1920 427
lie deux religieuses qui avaient souiTert pour leur foi,
présente dans une couronne l'inscription : Dignis, digna,
Vincent i bus corona. Sur la mosaïque funéraire d'un évéque,
découverte à Lniniggiga, on lit dans une couronne : Dïgnis
'/iyn.i, Patri Argenllo coronam Jienenattis teselavil. Jus-
t|u'i<;i, dans les inscriptionB inartjTologiques de la contrée,
ou n'avait pas encore rencontré le mol coronalus.
A en juger par les formules, comme par la forme des
lettres et l'aspect général du monument, les deux inscrip-
tions de Bourkîka datent du iv" siècle ; d'ailleurs, la plu-
part des monnaies recueillies dans les débliiis, autour de
U pierre, sont des monnaies de Constantin. Le sarcoplia^^e,
dont le couvercle portait ces deux inscriptions, devait être
placé sous l'autel ou près de l'autel d'un sanctuaire, basi-
lique ou chapelle : devant ou daus cette abside dont on a
dper(,-u les soubassements.
LIVRKS OKFliHIS
U Se<:HÉTAinB peiii>Ê(Ui;L oITre à l'Acailùmio, <lu lo purl ik- M. l'out
HouLKALii, le t, V (le son Uitloire UtUmiri: île lAfri'iae ihr^lknne,
'lui ait Inlitulé r S.tinl Optai ft trs iiri-mirr* ■'criraiiit donaliilei
l'iris, Lcroui, i92U, in-8°).
SKANGK DU 23 AVHIL
I^'ture eut donmie de la lettre par laquelle M. Ik-iirv <
[>o-c ,a candulalurc à la place de [»cLnl>i-c lil.iv 'd.
>*cinle par suite du dêcè!> de M. DiL-iiIafoy.
128 SÉANCE ÙV 23 AVRIL 1920
M. Nyrop, élu le mois dernier associé étranger, adresse à
l'Académie ses remerciements.
M. LangloÎs donne lecture de son rapport sur le concours des
Antiquités nationales en 1920 *.
M. HuART lit une note de M. J. de Morgan sur la succession
des princes Mazdéens de la Perside ^. Il souligne en. quelques
mots rintérêt de cette communication qui jette une nouvelle
lueur sur le milieu si obscur où s*est conservé TAvesta, sur
lequel les Sassanides devaient plus tard fonder leur religion
d'État.
M. Gagnât communique, au nom de M. Poinssot, le texte d'une
inscription de Tunisie qui contient un décret relatif à une con-
testation de limites entre les citoyens de la ville d'Aunobari et
un particulier nommé Julius Regillus '.
M. Théodore Reinach présente quelques observations.
M. le comte Dcrrieu rappelle Tinscription placée à Florence
au-dessus de la porte de TégUse de Sant'Aposlolo, et qui affirme
que celte église a été fondée p(fr Charlemagne en 805, après que
ce « rex Francorum » fût entré à Florence le 6 avril de la même
année, et eût décoré de colliers d'or une foule de citovens.
La donnée de cette inscription, qui met aussi en cause Tarche-
véque Turpin, Roland et Olivier, est purement légendaire. Mais
M. Durrieu estime, d'après le caractère de l'écriture, qu'elle
pourrait être contemporaine, ou à peu près, du passage à Flo-
rence d'un autre Charles, également « rex Francorum », c'est-
à-dire de Charles VIII, traversant Horence en 1494, pour aller
à la conquête de Naples.
MM. Delaborde, Salomon Reinach, Théodore Reinach etPRof
présentent quelques observations.
M. Adrien Bi.anchet commente les types de deux pierres
1. Voir ci-après.
2. Voir ci-«près.
3. Voir ci-après.
-'^*
CONCOURS DES ANTIQUITÉS NATIONALES 129
jrravées antiques, dans lesquelles il propose de voir des intailles
^Qosliques *,
MM. Salomon Reinach, Monceaux et Babelon présentent
quelques observations.
APPENDICE
EAPPORT SUR LE CONCOURS DES ANTIQUITÉS DE LA FRANCE EN
1920, PAR M. LANGLOIS, ME.MBRE DE l'aCADÉMIE ; LU DANS
LA SÉANCE DU 23 AVRIL 1920.
•
L'Académie doit suivre avec intérêt, d'année en année,
son Concours des Antiquités de la France pendant la
période critique que nous traversons. Car ce Concours a
toujours été un thermomètre de l'activité dans nos études.
Avant la guerre, aux temps de tranquillité et de prospérité,
les candidats affluaient et les premiers rangs n'étaient
jamais attribués qu'à des livrer de premier ordre. Si ce
ttiveau très élevé venait à s'abaisser, il serait manifeste
«pie la guerre et la convalescence laborieuse, préparatoire
(le l'avenir, qui suit les guerres, même heureuses, auraient
nui temporairement aux travaux relatifs à notre passé, ce
qui n'aurait rien d'étonnant. Est-ce le cas, et dans quelle
mesure, pour 1920?
Neuf ouvrages ont été présentés au Concours ; c'est-jji-
direxfoe le nombre des concurrents n'est plus ce qu'il était
autrefois. Mais, sur ce nombre, six ont été jugés dignes
d'une récompense, trois d'une médaille ; et cela est signifi-
catif, car la Commission s'est imposé la loi de n'accorder
médailles et mentions qu'à des travaux respectivement
comparables à ceux qui' éUiient jadis honorés de la même
manière.
I Voir ci-aprc».
30 CU.ICDLRS DES ANTriJCITi!:» NATluNALES
La première médaille a été décernée à M. Charles Porée,
lour ses Eludes hiitortifues sur le Géuaudan. M. Porée,
iréscnlomenl arciuvîsle de TYoniie, a été archiviste de h
jOïèrede 1897k SS^^K Ses htmles historiques sur le Gévau-
lan sont le résultat dt^s recherches qu'il entreprit dans sod
irenûer |>iisto et qu'il a parachevées depuis, peu à peu.
j'cst un ret'ueil de mémoire§ détachés, qui ont été publii^s
l'iihord, au moins pour le,s quatre cinquièmes, par ta
Société d'Agriculture. ..de la Lozère», de 1901 à i919.Ces
némoires se répartissent en deu\ groupes : 1" ceux qui
ont relatifs à l'histoire des institutions; 2" ceux qui ii
éressent l'archéotogie. Il faut citer, dans le premier group"
les monographies sur les évéques-comtes de Gévaudau.
lur h's Statuts des pariers de la Garde-Guérin, sur la
)ominalîon aragoaaise en (tévaudan, surrAlTranchissement
le la terre de l'eyre, sur les Mesures à grains employéesen
lévaudan, etc. Les principaux morceaux du second groupe
iuL trait it l'histoire de l'église de Ribennes, reconstruite
lOus Philippe le Bel d'après les traditions de l'architec-
nre romane, et à la construction de la cathédrale de Mende-
Toiis ces mémoires sont composés avec une élégance sobri\
I peu pivs exclusivement d'après des documents conser-
•és aux Archives départementales de la Lozère, lesquelles
lOnt parmi les plus riches de France pour le xui'etle
Liv' siècles. L'cnsemhle est un modèle des œuvres qu'un
irchiviste intelligent et très bien préparé en tous points
)cut accomplir, dans un dépôt important, pour la coniiais-
iiiice de l'Iusloire locale et même de l'histoire générale.
ui-istes, historiens ou archéologues, les membres de la Coiii-
nission ont été d'accord pour apprécier très favorahie-
lU'tit , chacun en ce qui concerne sa spécialité, les trouvailles
le M. l'orée et la valeur de ses conclusions pour leurs
itudes.
Le livre que M. Dottin a présenté au Concours et qui
ei,oit la seconde médaille, est consacré à la I^Rngae gauloite-
CONCOURS DES AiNTlQUlTÉS NATIONALES 131
â son vocabulaire, à sa phonétique, à ses monuments
épi§^aphiques qui sont reproduits in extenso, mais non pas
traduits, car l'auteur est aussi prudent que très bien
informé. Tout, dans ce livre, même les errata et les addenda
qui sont assez considérables, témoignent d'une érudition et
d'une conscience parfaites. Il paraît un peu sec, mais c'est
parce qu'il s'en tient aux faits, sans rien risquer. Il est
désormais le Manuel indispensable qui mettra (in aux
divat^ations dont les textes et les étjmologies celtiques ont
tié souvent l'objet depuis le xvi* siècle.
Les ouvrages de MM. Carrière et Waquet, qui ont obtenu
respectivement la troisième médaille et la première mention
s^ml, au contraire des précédents, tout à fait comparables
entre eux, et l'espèce d'accolade sous laquelle nous les
réunissons se justifie par plus d'une raison. Celui de M.
l'abbé Carrière est intitulé : Histoire et Cartulaire des
Templiers de Provins ; celui de M. Waquet : Le bailliage
de Vermandois aux XIII'* et XI V^ siècles. De part et d'autre,
mêmes qualités : bon sens, netteté, précision, compétence ;
lun et l'autre auteur ont démontré qu'ils savent très bien
travailler. De part et d'autre aussi, un sujet un peu maigre,
que les auteurs ont corsé de leur mieux, et moins de résul-
tats vraiment neufs que leur diligence ne méritait sans
doute d'en obtenir. Ces deux livres sont des contributions
très honorables à Thistoire de notre pays. Si Tun reçoit
une médaille et l'autre une mention seulement, ce n'est pas
que la Commission ait reconnu entre eux une grande
différence. Mais il fallait choisir, et si le livre de M. Car-
rière présente peut-être un peu plus de traces d'inex-
périence que celui de M. Waquet, il a paru que le sujet
choisi par M. Waquet était peut-iHre un peu moins rému-
Qcrateur, pour la science, que celui de M. Carrière.
La seconde mention a été attribuée à M. Delamare pour
*on « Étude liturgique et hagiographique » sur le Calen-
drier de r Eglise dEvreux, dont la moitié seulement con-
\32 LES PRKNCLS MAZDELNS DE LA PERSIDE
cerne les époques anciennes dont nous nous occupons,
L*auteur n'est pas un érudit de profession, et on ne saurait
être surpris, ni choqué, de quelques lacunes évidentes de
sa pré f>a ration technique. Mais son livre accuse un travail
considérable, et, en général, de bonne qualité. Notons
seulement que, sur la question délicate des rapports entre
les Eglises an*;laises et les Eglises normandes, il semble
que M. Delamare ait adopté, sans un examen approfondi,
des idées contestables; le savant Edmund Bishop, dont
M. Delamare ne prononce pas le nom, professait à cet
égard des opinions tout autres.
La trt)isième mention revient à M. Gustave Chauvet
pour ses GnUies du Chaffaud. L'exploration des grottes
du ChalTaud a donné, depuis 183i, des résultats très
intéressiints, dont M. Chauvet s'est attaché à dresser le
tableau et la bibliographie. Ce travail est fort bien conduit
et témoigne de l'érudition exacte et consciencieuse dont
M . Chauvet a déjà donné d'autres preuves.
COMMlNlCATlOxXS
NOIK SIR LA Sir.CKSSlUN DES PRINCES MAZDÉENS
DE LA PERSIDE,
PAR M. J. DE MORGAN.
Sous les Achéménides, la province de Perside jouait,
dans Tompire, un rôle fort important : elle était résidence
doté dos grands rois, centre religieux mazdéen dont la
sainteté ne le codait en rien à celui de TAzerbaïdjan, et
c'est là que les Hois des rois avaient leur sépulture. Une
famille princit'iv, parente des Achéménides, avait en main
los alVaitvs ilu culte et jouissait de grands privilèges. Lors
do la conquoto alexandrine, les Macédoniens reconnurent
l,Ei:s PRIMCKS MA7.DÉENS DE LA PERS1DR
«8 princes persépoliLains n'ont certainement pas frappé
inuie suiis les Achéménîdes ; ils n'ont même pas usé de
)rivili?ge sous Alexandre le Grand et ses premiers suc-
teurs pendant un siècle, de 323 à 220 av. J.-C. environ,
n'est donc qu'à l'époque des débuts des Arsacides en
se que commence le monnayage des princes persépo-
ins, et il se poursuit jusqu'en 227 ap. J.-C, dale de la
te éen Arsacides. c'est-à-dire pendant quatre siècles,
e ne parlerai pas de ces médailles au point de vue
nismatique : ce serait étendre beaucoup trop largement
e étude. Je me contenterai de parler de leurs légendes,
g;ées suivant le style des pièces et la nature des carac-
!s employés dans les textes.
lous ne savons rien des princes-grand s- prêtre s contem-
ains des souverains achéménides et des Séleucides
\\ik Antiochus III.
.e premier prince dont les médailles nous soient parve-
s est Bagadat I . On lit sur ses monnaies :
Lég. n" l.)ni3Ji nmSn iT N2^n1S mas
BaGaDaT l-RaTaRaKA ZI AUHIA BaGaKerT
i^gadal était donc fils d'un prince du nom de Bagakert,
ice dont nous ne possédons aucune pièce,
'uis il existe une lacune de peu d'étendue, car les mon-
3s qui suivent sont de même style (jue celles de Baga-
'ient Oborze, fils de Frad.i.
Lég. n" 2.) i^2[xi]Ti^N n N:-in->D i^2im
VaHUBeRZ FRaTaRaKA ZI ALaH[lA] FRaDa.
louvelle lacune, ou tout au moins Autophradate ne nous
int pas s'il est le lils d'Oborze, nous pouvons supposer
islence d'un autre prince avant lut. Vient alors Auto-
adate I.
ICES U,\7.0ÉEHS DE LA l'ER^IDE
(Lég. n" 3.) KinS» n KDimB nnsm
VaTaFRaDaT FRaTaRaKA ZI ALaHIA
tf qui semble succéder Artaxercès' I .
l.KS PRINCES ]IIA7.DËI':^8 IIE tJi PEKSIOE
1" 7.] N-s-j rir-sni = VaTaFRaDaT MaLKA i
imeiicc une série dans laquelle les princes ont soin|
fournir le nom de leur père. |
(Il)-lils d'Autophradate (II).
UaV MaLKA BaReH VaTaFRaDAT MaLKA.
iennent deux fils de Darius {II), Arla:cercès (II) et
TaHSaTR ,MaLKA BaReH DARlaV MaLKA.
HuKHSaTK MeLeK BaReH DARlaV MeLeK.
'/icAâ/resl certainement l'équivalent d'^'^va^A^a/r^.
re Cifaxare ou 0.ralkrès {Allotte de La Fuye .
r d'Isidore de Charax.
i penser que cet Artaxercps \I1) ne régna que peu >
1 Sur la Perside, car ce sont les fils de son frère.
, qui, après leur père, occupent le trône, d'où leur
tit probiiblement ctê chassé.
voyons, après ces deux rois, Piroaz (i), fils de
UC MaLKA BaReH VaHUKHS[aTR MaLKA]
(II), fils de Piraé (I), succéder à son père. Ses
s portent des deux côtés des effijjries, et sur les deux
même léjjende. [Lég, u° 12.] nj-'q ■êrÎTiE =^ PiRUC
itîl qu'après ce prince, la Hpnée majeure d'Artaxer-
reprit ses droits; car Namupal, l'un des fils de ce
îccupe le trône.
LES PRINCES MA7DÉKNS DE IJl PERSIDE 137
•Lég. n^ 13.] [kd'^o -inl;rnnn-)N* mi nd^d ps^id:
NaMUPaT MaLKA BaReH ARTaHqaTR MaLKAJ
\ Xamupaty succède son fils Napat.
■"Lég. n*» 14.] {<3*ha nD"TQj ni2 N3^a nxB
^z
NaPAT MaLKA BaReH NaMUPaT MaLKA.
Signalées par Ed. Thomas et Justi, les légendes de ces
pièces avaient été lues d*une manière erronée. Ed. Thomas
lisait KoVAT et Justi acceptait cette interprétation .
11 convient de ranger ici plusieurs princes, trois au plus
'X. Y. Z.), dont les médailles portent des légendes tou-
jours coupées ou effacées, sur les exemplaires que nous
possédons. Le règne de ces princes comble une lacune à
la suite de laquelle nous voyons paraître une pièce à deux
ellîgies sur laquelle nous lisons le nom AArlaxerccs d*une
part : Lég. n*» 15.J j^^Sa in^nniN = ARTaHSaTR MaLKA,
et celui de Mitri de l'autre, au Rv. no^^ i-np^ izi MiTRI
MaLKA.
Lequel de ces deux rois précéda l'autre sur le trône, nous
n'en pouvons décider ; car après eux se montre une lacune ;
puis Minuéeiri(\) est appelé au pouvoir, ainsi que son fils
Minucetri (II). Sur les deux faces des monnaies, on lit :
Lég. n^ 16.] i^y^^ ••intt?n:D = MiNuCeTRI MaLKA.
Ce Minucetri (II) a un fils du nom dArtH.rcrc(*s (IV) qui
lui succède.
Lég. n*» 17.J H2S12 ••-»ncn:o ^'^n côté et x:S^ -^n^inr-^xl
de l'autre.
Puis, à la suite d'une lacune très nettement accusée par
les caractères artistiques et épigraphiques des nu'dnilK's,
vient Artaxercès (V), fils de Pàpek, qui fut le premier grand
roi de la dvna^tie des Sassanides.
Les légendes de ses monnaies sont de deux sortes, celles
LKS PRINCES HAZDËENS DE LA PEBSIDB
lant au temps où il n'était encore que prince
i. [Lég. n« iS] Dr. «'^■^ [irlcnn-^!* '33 BaGI
TRJ MaLKA = Le divio Artaxereès roi. lîv.
n^2 BeGI PAPeKI MaLKA = fils de Pâpek roi
oIT de Moscou), et celles dans lesquelles il s*intî-
les rois : [Lég. n" 19j ni'^e zic'-a "rcnn-'M-
TR MaLKAN MaLKA.
termine la série des princes de ia Perside, toizt
)our la frappe des monnaies. Devenus maîtres
le la Perse, ils ont bien certainement délégné
oirs religieux au Grand Mobed de Perside ; mais
âge local prit fin.
ce qui vient d'être exposé, on aurait donc la liste
suivante :
, (Rbtle Bagakert) Vers 220 av. J.-C.
; <le Fraila)
(i)(iiis de ?)'!!.'.'.'.' .'.'.'.'.'.'.'.'.'.".'.^
le(I) '..,.',,'.'..
i dAolopliradale V Vers 190 av. J,-C.
ile(!Il V.Ts l2.'i-88 av. J.-C.
.;ûls d\\uto|.lii-adate llj
;\V ;R1s de Darius II; Vei-s 57 av. J.-C.
Isd.' Darius ][' Vfi-s 57-38 av. J.-C.
fils d'Oxithrès)..
ri!fl(?)de PiTOUi{l)]
ils d'Arlaxercùs (11)]
ie Namiipat)
LES PRINCES MAZDÉENS DE lA PERSIDE 139
Prince X (Légendes effacées)
•Prince Y
• • 1
4d
•Prince Z
id.
Vlitri.. . . . .
•\rta\erc4^s i
*
m
ï (fils? de Mitri)
Minu^elrî (I)
. . •
\
•Minuiu-tri (II) [fils (?) de Minuôelri (1))
• •Mimicelri (111) [fiis (?) de Minuèelri (II)]. . . .
•Artaxercès IV Tds (?) de Minu<^elri (II ou III)] Vers 200 ap. J.-C.
Prince \V fils f?) d'Aitaxercès iV]
* •!>..:,
Pâpt-k Vers 210 ap. J.-C.
•Arlaxercès V [fils de Pâpek] Vers 220 ap. J.-C.
'-VrUxercès 1 (V^ Grand roi 227 ap. J.-C.
Nota : les princes dont les noms sont marqués d'un *
sont ceux dont nous possédons les monnaies.)
Nous possédons donc soit le nom, soit l'indication de
l'existence de vingt-neuf de ces princes pour une période
d«* quatre siècles, et il existe dans notre liste une douzaine
de lacunes. Le groupe le plus important est celui d^Aulo-
phradafe III) et de ses successeurs qui, au nombre de huit,
se suivent sans lacune.
Plusieurs de ces lacunes, d'ailleurs, ne seront probable-
nienl jamais comblées ; car, il ne faut pas l'oublier, ces
princes étaient soumis à la haute autorité des Arsacides et
leur monnayage pouvait être interrompu suivant la fantai-
sie de leur maître. 11 est à croire même que le joug imposé
* la Ferside par les Parthes était lourd, puisque c'est de
celle région qu'est parti le soulèvement qui devait renver-
•^er la monarchie arsacide.
Avant d'en finir, il est utile de rappeler les quelques
titres cju*on lit sur les médailles et d'en donner l'explica-
tion telle qu'elle est acceptée aujourd'hui :
DFIUX 1>SCIIIPT10NS n
- FRaTaRaKa — Gouverneur? Satrape?
- ZI ALaHIA — de dieu, des dieux, le divin .
- BaR, BaReH — Fils. .
3 — MaLKA, MeLeK — Roi, Prince souverain .
GI — Divio.
jx noms princiers, tous, sauf celui d'Alexandre,
sut il In langue et aux traditions antiques de la
DEliX INSCBIPTIONS IIAl'^OBARl.
PAR SI. L. PUINSSOT,
SPUCTEIR DES A^Tlf,)l:lTÉS DE LA TL"^rSlK.
«■Iqueft années, on a découvert dans la région de
Aunobari. deux inscriptions qui ont été trans- i
Musée du Bardo.; nous en adressons à l'Aca- |
copies, accompagnées de quelques indications
X inscriptions ont été trouvées à cent mètres
Ouest des ruines d'Aiiiiohari, au hord et à l'Ouest
, vraisemblablempnt une ancienne voie rom.iine.
it d'Ilenchir-Damouss ', passe à l'Ouest du
ii-el-Kel)ch '. Lors de la découverte, la pierre sur
i gravé le texte / était encore en place ^, la face
tournée ilu côté du chemin. La seconde inscrip-
sur le sol tout à côté. Même à ne considérer que
: extérieur, il ne paraît guère douteux que les
Lué.'il 1 kni.auSud-()uesldeDrm);(,'ael indiquée par le if tM
Ti-boiirsouk dp VAIla, archéoloifiqar de ta Tunisie.
1 piiTiTs liaient un peu an Xoni du pi.inl OÙ la>isU traverse
des appendices semblables -, n'aieat eu une même desti-
nation ^.
/.
IDIA
inTeravnobari
Tanos eTivlivm regillvmpro
nvnTiasse in ea verba qvae
INFRA SCRIPTa SVNT ■
POsT qvae marcellvs procos
COLLOCVTVS CVM CONSILIO DECRE
TvM exTabellareciTaviT
CVM ACTa InTeR IVLIVM REGILLVM
eT avnobariTanos cavsa solvm
apvTmecornvTi decreTvm cla
RISSIMI VIRIPROLATvM SIT NIHIL
EXEO- mvTari- placeT-
I.U pierre, dont le suminet a été brisé, est baule actuelle-
ment de 0 ™ 96, mais n'est épigraphe que sur 0 "' iit).
Largeur maxima, U "■ 50. Lettres : lujitps i-S et i.'i,
0 " 033 ; tiifne 9, 0'" 03 ; les T dépassent légèrement les
autres lettres. A la fin des liijncs 5, S et i,'l, des blancs ; au
début des liijnes 6 et 9, la façon dont la première lettre est
: dalU-9 ne l pulics i|ui- sur
1. Épiissfti de U
-18 i 0- là,
\rur [jce épi^criiplic
tiniflcaiciit d.'nWJS
: elles loiu toi
î. Cet ippendicc
Celui de la dullr |
:s»erïiiiciil;i ■■
itirlanl U- Icxl
celui de l'aulre dal
Ile. 0 • 5t de U
: Le» lelln* de» deu
DKllX IN6CBIPT10N8 D AUNORABI
[) marge du reste du texte marque les paragfraphes.
le /, avant DIA, le bas de quelques lettres tout k
itiiictes ; ensuite, semble-t-il, N ou RI.
lATVLLlNVS Q POMPEIVS PRIMVS L SEM
FLACCVS ■ Q, ■ COKDIVS CLEMEKS ■ M CLADIVS ' PI
lERATIVSBASSVSLMARIVS PERPETVVS SCRIBA QVl
iX ■ SKRIVS VERVS ■ HARVSPEX ■!,■ POMPONIVS ■ CAl
iCRIBA ■ LIBRARIVS ■ P ■ PAPENIVS " SALVTARIÏ
IRARIVS
de la puTre qui est brisée à In partie supérieure,
de l'inscription 0 '" 20 ; larg. maxima 0™ 92.
environ 0 " 033. Tous les mots sont suivis de
'iijne 3 : dans Claiitlius, le V avait été omis ; pour
sou erreur, le graveur a réuni le bas de l'A aa
)'.
que la pierre eut oté hrisi^e, on retailla à coups de
jr une hauteur d'environ 0 ■ Oi la partie su})é-
: la face t-pigraplie ; on dislingue encore, au-dessus
i est actuellement la li^ne 1 , quelques parties infé-
Ics lettres qui disparurent alors.
issait dOjî'i un certain nombre d'inscriptions
comnif le texte ik des décrets ou à des sentences
s sur des c()ntestations île limites *'. La rédaction
!iiu (iecrclum et du procès-verbal qui l'accomiwgne
)rme aux usages précédemment constatés^. C'est
.■■fauts (le la pierre ont mijiosé un l.Unc de 0 - 13 é la fin Je >'
III Buire ik- U "' 10 avuiit le deriiici' iitut <le la liyne à, La Vg"^ '
par un lilaiic tic 0-51.
l. Court il'éltigr. lat.. i' édit., p. 30H-30g ; Krû^cr. HUt. dtl
droit romain, p. 310-aM.
■ lliij;(,-ioro, y,=;<in,ep(gr.. Il, p. I ifiN.
: l^8CRrPTloKS daunobari
le la sentence devant le proconsul Marcellus. Mais
irgunient nouveau n'ayant été produit par les parties,
ence prononcée par Cornutus fut purement et sim-
t confirmée par le proconsul après avis de son
t très probable que les dix noms qui subsistent du
' terminaient un document appartenant à la même
■ie que celui inscrit sur la dalle voisine. Trois des
lages étant des scribae, on serait de prime abord
le reconnaître dans ces noms ceux de signatores ',
1 convient de remarquer qu'ailleurs les noms de
res sont reproduits non au nominatif, mais au géui-
isi préférerions-nous restituer dans la partie disparue
.cription les mots : in consilio erant •. Nous sommes
lal renseignés sur la composition du conseil du gou-
r ■'. Si la présence, qu'on constate pour la première
officiâtes dans ce conseil n'est pas sans surprendre
, il y a lieu néanmoins de noter que ces scrihac, qui
eut-être comme bien d'autres quaestorii ou même
'' chevaliers romains ', sont inscrits non en tête de
, mais tout à la iin.
le que soit du reste l'intcrpiétation adoptée, il faut
ins le scriba quaestoriiix L. Marins Perpetuus l'un
I pnicontiul de Snrduigite, sur Ics/iii» Palalcenatum et GstilUa-
t. I... X. 7Hj2). Il y a lieux Krïhae iMi-mï les nepl signatores qoi
m bas dus ri.'|>r<Hluclïuiis du lenalas consiiKum llefiuense trouvécH
r RlDegur {C. 1. /... VIII, llijl ; Merlin, Comiilet rei.dat de
<et ii>ser.,\viM. )>. 4i8-Ib6..
t uiii<>i que conimonce la lî^lc des coiisi'ïIlcM du gouverneur qui,
L, X, 7^ j2, (irôci'ile i.-ellc des lignalores.
nmsoii, Droil public romain, I, p. 351, 3S6, 3SB; De Huggie'*-
piyr.. II. p. 811,
par <-\(?niplu lu chcvulier C. ^tatius CcIeus, Ubr»rius. qui psriit
Lt' M diUcM auprès du proconsul d'Afrique ^Mei-liD, Hall. arch.
■isain, dans Sastio, «ici. rfes«n(j'qiti7ej, IV, p. 1123-1121.
DEUX INSCRIPTIONS DAL'NOtîARt iiî)
des deux scribae quaestorii adjoints au proconsul d' A frique ^ ,
et par suite dans Vharuspex et les scribae librarii d'autres
officiales de la suite du gouverneur -. Comme ils sont, sans
aucun doute, énumérés selon leur situation hiérarchique, il
u'est pas sans intérêt de constater que sur notre inscription,
h» première mentionnant un haruspex "* de gouverneur, cet
appariteur est placé après le scriba quaestorius et avant les
scribae librarii ^.
L'inscription àWunobari portant les dix noms nous est
parvenue trop mutilée pour qu'on puisse songer à en
reconstituer le contenu. Aussi est-ce sous toutes réserves
que nous proposons de voir dans le texte ^ ce qui subsiste
d'une reproduction du décret de Cornutus mentionné dans
le texle /. Dans cette hypothèse, la proposition pronun-
fiaMe in ea verba quae infra scripta siint s'appliquerait à
Cornutus, et le texte ^ aurait fait partie d'une pièce annexe
au procès-verbal dont le texte / est un fragment.
Il paraît assez difficile d'attribuer une date précise aux
deux textes AWunobari. Des personnages cités par le pre-
mier, aucun ne nous est connu, ni le proconsul Marcellus •'',
1. Un Bcrthaquûestorius du proconsul de Sardaigne fi^'urc dans le texte
^-. /. L., X, 7h52, à tant d'égards si analogue aux textes que nous étudions
'n. (7c»l lui qui produit le codex ansatus où est inscrit le décret relatif
wt fine» Fatalcensium et GalilLensium.
3. Sur la rareté des renseignements concernant la suile des gouverneurs
*lf provinces, voir Monimsen, Droit public romain, I, p. 378.
3. Le seul harunpex de gouverneur jus(|u'à présent connu parait bien
rtre Yhurasptx de Verres dont il est souvent question dans Cicéron. (^est
• juste titre que Mommsen l'avait classé parmi les appariiores o/>, cit.^
ï, p. ilT, nc»lc 5,.
». Cf. à ce point de vue, ce que nous savons des appariteurs des duumvirs
muuicipaux Mommsen, op. c((., I, p. 3T9 . La lex Genctiva énunière suc-
cnmivrmeDt deux tcribae, un accensus, deu\ liclores, un harusjtes, un
UhrMriui.
■>. In proconsul d'Afrique de la lin du i" siècle, (^ii. Doniiliiis Luojinus,
\*Me hi*n parmi nés cognomina celui de Mareellus, nlai^ quand il n'est
'i»*«i(nu'* que |>ar un seul n<»m, c'est toujours par celui do Luc.inus. Sur ce
lî?20 10
^
/
146 DEUX iNacHirrioNft d'aunobari
ni le cUrissimut vir Gornutus, ni Julius RegillusL De
ceux mentionnés dans le second, seul le scriba quaestorm
L. Marins Perpétuas se prête à un essai d'identiBcation.
On pourrait, en eifel, y voir le père d'un L. Marius Per-
petuus, que nous savons être le fils d'un Lucius et qui
exerça un certain nombre de procuratèles *• Si, comme on
Ta supposé avec quelque vraisemblance '^^ le procurateur
L. Marius Perpetuus était lui-même le père de L. Marius
Perpetuus, léfjat de la lejio XVI Flavia au début du m*
siècle \ le texte 2 pourrait être attribué aux premières
années du règne de Marc-Aurèle.
On sait, d'autre part, combien sont peu sûres les indica-
tions qu'on peut tirer de l'aspect paléographique des
inscriptions provinciale». A défaut de lettres vraiment
caractéristiques, nous nous contenterons de noter qu'on a
devant nos textes l'impression qu'ils ont été gravés posté-
rieurement à Hadrien et antérieurement aux empereurs
svriens.
persouiiat^e, cf. Cl. Pallu de Lfssert, Fastes des prov. afric, I, p. 153, 328,
333, et II, p. 373; Ivappelmacher, dans Pauly-Wissowa, Heal-Encyclop.. ,
V, col. 1128-1130.
1. Il faut peul-èt!*e recuimaîlre les initiales de Julius Rejrillus dans les
textes !(' | IK et IR qu'on lit sur les faces d'une borne trouvée à llenchir-el-
Ilamadi ^(^larton, 7)ec. arch. en Tunisie, p. 205-206 . II est peu probable
néanmoins que celte borne et nos inscriptions se rapportent à un mêiiic
domaine. Henchir-el-IIamadi, qui sur VAllas archéologique de Tunisie.
feuille de Teboui*souk. est désigné par le n° 189. est situé à 2 km. et demi
au Nord-Esl dWunobari, alors que les textes / et :?ont été trouvés à cent
nièlies à lOuest de cette cité.
2. C I. /.., XIII. 1810. Le cursus ihi personna^^e ne peut être daté avec,
certitude (cf. Hirschfeld, Die hais. VerwaUunysbeamlen, '2* éd.^ p. 114.
n*)te 2\ mais n'est pas anlérieurau second siècle.
3. Dessau, fnscr. lat. sel .^n" 1381), note 1.
i. Sur ce personnaj^'e dont on ij^nore la tribu, cf. Prosopographia . II
p. 3i7. On a supposé jhid. qu'il était le frère de L. Marius Maximus Per-
petuus Aureliduus, le proconsul d'Afrique. Or ce dernier était précisé-
ment inscrit dans la tribu Quirina, tribu tlu procurateur L. Mariils Per-
petuus.
IMAILLbS HEPRËSbl^TAM DES tibMtlS
IIK LA SECTE UES OfllITËS,
PAH M. ADRIE> ItLANCIieT, MI':MIIRK DE l'aCAUËHIE.
On coiinnit de nonibreiisos pierres f^iuvé
doiil le tyjiL' principal représente le ffénie laô
tenant un bouclier rond et un fouet ou qi
poijf iiard .
I.es deux intailles (jue je présente ;mjourd
1res voisines des précédentes, olFreiit cepend;
rence importante, qui motive suflisamment I
suivantes.
Ces umulettes gnostiques, qui foutpartic de
sont en hématite brune et représentent un
d'âne et ù corps humain avec un bras tenant
jambes sont remplacées par deux serpents
sent la (êle à droite et à <^auche. Ce j^énie tiei
droite, un table:iu rectang^ulaire qui porte
avec les trois lettres superposées. Dans le eh
planètes ' (deux seulement sont visibles sur
(1l-s [lierres . Au revers, un serpenl
•levant, une étoile. Sur In secouile pîei
'."hltj hacrtien, I.
INTAILLKS DK l.A HtT-TE DES OPHITES
tourné dans l'autre sens et porte deux appen-
me de longues oreilles ; l'étoile n'existe pas.
luletles sont de forme carrée, presque régiiliêre,
respectivement 20 et 18 millimètres ' [/''if/- l
plus haut le }^énie en lui attribuant unu tète
et, bien que l'exécution artistique decesîntaille.s
rer, comme il arrive presque toujours pour les
de cette catégorie, les grandes oreilles de eet(e
le le cou itllongé, mais puissant, indiquent un
ue tout autre animal.
inaissons d'autres pierres gnostiques, de tvpes
où l'on a reconnu une tête d âne, d'ailleurs
nt distincte : par exemple une pierre du Cabinet
représentant peut-être « le génie Ananaè'l ou
au corps de momie, surmonté d'une tête d'iine'-'.
îi une tête d'âne que King attribuait au génie
beaucoup moins caractérisé, sur une autre
ice du serpent au revers des deux pierres (jue
queautorise k proposer une hypothèse au sujet
de ces' petits monuments.
du 11'' siècle de mitre ère, il existait une secte
icilù lie 001* iiilaillos est Imi-s de doute. La lechnîqu« cl la
^xoL-ution e.M'luonL tuutc pusaiLiliLo ilc «iipcrrherit:.
Ilitl.Jii gnnitU'imt.l)tiicr..iiJb.i,]. VI,n° 6 : .\.ChabouilIel.
niaéael p.yr.de la Hibl. Sal.. p. isv. n' 3179; K.Babolon.
du Cabinet de» !tièdaillet. I9flu. p. 6<}. Au revers, panni
'elu'idclaô.
alcraii^si un pLoiiib pui'UiiL d'uu oôlo le nom .\BI'ACAZ
m |iersonnn);o anjniïpèile à •■ U'Le d'onafçi-c », acoiislë dcf
M. l(.>«t<>vlse\v et M. l'nm.Calxl.desptomhidela Bibiio-
Ute, I9ii0.^. 3:j, n" SSi)').
inn, The Onost'îei and Iheir renuiiat, ï* éd., 1887, ji. 135, pi.
tcui- a siiTiiaU- mie BHi-d.iiiio du Musée de New-Vurk, dont ta
sente un monstre avoo nue (olc ics^emblanl A la fais A celles
uii bouc 'Jbid., p. -i-i L, pi. M. 1),
ISTAILLES DE L\ 8KCTE DES OMltTES 1!
qui vouait un culte au serpent. Ses adeptes étaient appeit
i^Ctzi, d'après la tradition ecclésiastique la plus générait
cependant Origène, qui fournil peut-être (a meilleui
source pour la question, les nomme sçiavsi. D'ailleurs,
racine du nom reste la même.
l/»doration du serpent fut certainement la base du cul
des Ophiles', mais il est moins aisé de discerner les idé<
sur lesquelles celte adoration est fondée. S'il s'agit du sei
peut de la Genèse — et cette hypothèse est probable poi
les sectes qui dérivent de la doctrine de Marcion -, — li
Uphites ont-ils considéré ce serpent comme une sorte (
sauveur, qu'ils plaçaient même au-dessus du Christ, pan
qu'il avait donné à l'homme la connaissance du bien et c
mal 3 ?
D'autres données montrent l'antagonisme do ce diei
serpent avec le dieu de l'ancien Testament luldahaoth
Celui-ci, d'après saint Épîphane, précipita du Ciel le se
pent <|ui avait donné à l'homme la connaissance de beai
coup de faits.
Sans chercher à discuter ici cette question obscure, reti
noQs seulement qu'au commencement du m" siècle li
Ophites étaient toujours de fervents adorateurs du scrpcn
On ne saurait donc douter qu'ils lui ri-cnnnaissaient u
rôle protecteur, rôle qui n'est pas sans analogie avec cel'
que l'antiquité classitjue a donné au même animal '.Rappi
I. Cf. TerluIKen. De prxieripi . , c. \li ii : ■ Natn srrpi'iitrm niniinilica
i- EuK- de Paye, Gnoif i(f Uei ei Gnoilicisme. Inl.l. ]i. 33~.
y Ibid.. p. MS. N'uuhlions pas le pii«»Htt,- de «ainl In-ni'e .)ii il csl qiu
■ma de laSopliia anilri>|cyiie, qui, d'upW-'' oertniiis <jiiii^li(|iii-s, atHil iiiiH
(■•row d'un ..(Tpnil Jr.-iicc, Oiiilra Ilirreses. \.\. e. iïï, jS l;.. Min'
ftlr.lir-, i- VII.toI. TOI .
I. Or celui-ci liKUi-e en lète dei six cliciii !iu]«;m>urs de>^ <>phiti'!>. l
•ulreaaunt :Jëo, Sabaolh. Ailaphiiiii. Kliiaint, Orsint. C.t. Ti'rtiilli<-ti. i
iSO l^■rAl!îr,ES dk i.a sectk des opiiites
Ions que saint. IDpiphane a décrit le principal rite des
Ophites, qui éliiit une sorte de parodie de rEucharislie. Au
cours île la ct-rénionie religieuse, on apportiiit un coffret
qui contenait le serpent divin ; celui-ci en sortait et circu-
lait au milieu des éléments eucharistiques'.
Le serpent seul, dont le rôle religieux est si grand diins
tant de cultes, ne suflirtitt évidemment pas à motiver l'at-
tribution aux Ophites des talismans qui font l'objet de
noiio nnH,.i. Vf-is l'autre ligure gravée sur ces talismans
enl sérieux en fiiveur de cette attribution,
ait déjà que celte secte gnostique révérait
âne, appelé WapOipawO ou '0'i:r,'t.''.
ait, (tu septième rang, parmi ceux repré-
apparence plus ou moins humaine sur le
;) que Ccisus attribuait aux OphiteR et
, procuré afin d'être documenté pour sa
ans un autre paragraphe du même livre.
s la même phrase, des génies à tète d'âne
s génies présentant ces aspects font 80u-
icisnie est largement imprégné d'éléments
livres gnustiques nomment, parmi les
rM]i(iL'li- le roi.! du E.cri)L'iil ilaiis la ri>Ji(,-io.i (rrrciiiie
.Cr. I,. mk- -lU'rIsKi'iir ilii se rpfnL d'airain d<> Muïsp.
r. ft«TMP»(Mi^-...\P.rt-.l Xl.l, cil.èiH. liv. I, t.m,
OT-IJ,-, iv a'; :. liTÙt ÛS-; iu.-r'fir,. y.n\ ij:i5iBoïO[ ■;<,[,-
i'iivi;. op. cil., y,. 31" tl ;11H.
l'.ftsiiiii, VI, ;iii : j,-t.i-.i'j'h T(ù ô'.ïvpâjijiaT! tCpojAC. ^Tl
;; Vti-/lt}i ih, ivo£;';.;,- t:; Tjy/iv-v (Pa/rr.f. gr.. V.\\,
ic Kclirrjiefhichledet Vr<:liriitenlhiim*.t>i»i. p.ïiO:
liiliU des allckrUltif lien Ulteralur bii Kattbiut.
ÏNTAILLES DE LA SKCPE DRS OPHITKS 151
archontes du Ciel, le dieu égyptien Seth à coté de laô; et
Set h, considéré, d'autre part, comme Tun des démons infer-
naux, a certainement joué un rôle important dans la magie
g'nostique ^ On a même reconnu, sur \xne tabula devotionis,
un personnage à tête d'âne, qui serait le dieu Seth, assi-
milé au Typhon des Grecs. Il est vrai que, sur les monu-
ments égyptiens les plus anciens, l'animal symbolique de
Seth « est un quadrupède au museau busqué, et dont les
« oreilles imitent la forme de deux aigrettes droites et
a carrées ^ » .
Un animal, dont la tête est ainsi faite, n'a évidemment
qu'une vague ressemblance avec un âne; mais il faut tenir
compte que le beau temps des sectes gnostiques correspond
auxi]^ et in^ siècles de notre ère : Taspectde l'animal sym-
bolique de Seth a pu se modifier au cours des siècles. En
tout cas il paraît certain que les Séthiens (i^r,6iav5t, Sethiani
ou Set hoïlae) formaient une secte gnostique qu'lrénée ne
séparait pas de celle des Ophites '^ Or nous avons vu qu'un
génie à tête d'âne apparaissait dans le Panthéon de ces
derniers, et que, d'autre. part, Seth était considéré comme
un archonte du Ciel, de même que laô. De plus, la figure
à tête d'âne des deux intailles est accompagnée du nom
IACa)*
Assurément, on pourrait citer d'autres tyj)os gnostiques,
tout différents, qui sont accompagnés du même nom,
destiné sans doute à qualifier nettement les talismans qui
1. Cf. H. Wûnsch, Sethiantsche Verfluchunyslafetn nus Hom^ 1.S9H,p.96
et s.
2. E. de Roupô, Notice des monuments... galerie d'antiq. égypt... au
Musée du Louvre, 6* éd., 1880, p. 56. Aujourd'hui encore, on reste incer-
tain en ce qui concerne rcspcce do cet animal sacré.
3. Saint Irénée, (Montra luercses, 1. I, c, \\x.\k \b iMigne, Pair. gr..
t. VII. col. 694 et s.). Au contraire, saint Kpiphane établits&ait une dislinc-
tion entre les deux sectes {Adv. Itœreses, \. I, tom. lîl, Hœres. x\x\u et
XXXIX. Migpe, P. G., t. XLl. col. 641 et 665j.
/
l''>2 l>T«II.I.E»i t)E lA SK.nE UKS nPniTF.S
le portent '. Mais quicoinjue a étudia les traditions, qui
nous ont été conservées sur les sectes gnostiques, ne sau-
rait être surpris lie l'cxislencede tant de formes dilTéréntes
pour des éléments divins.
Tout ceci ami-ne inévitablementà parlar, une fois de plus.
itiifôlàliP» ^raflite du Palatin. qui représente un personnage
i crucilié. On sait que la plupart des conimen-
-econ naissent un dessin satirique, visant un
arce que les Romains attribuaient aux adeptes
'lie religion le culte des ânes, dêjit reproché aux
ftîte nVsl pas simplement la manifestation de
rendu à Typhon-Seth par un de ses adorateurs,
l'a soutenu assez récemment ^, on peut tout de
proposer une explication assez logique et qui
;urellement de ce que nous savons.
pri>ch<' aussi le nom laôdu dieu des Juifs el le mol co|>t<^ ei6.
y. dans la Her. témiliqae. 1903. p. tîi).
de saint f:piphane, .{dr hirrttet. XXVI, J I ; "ÏUai Ss ni'
pas que Jupiter SabaiiiiK. équivalent du Bacchus ^^'O-
identifié avec le Jalivé Zebaoth des Juifs .Tuy. le comnien-
■'ram Cuuioiil, sur le passade des • Questions de table de
ms les Comfife) rendai de t'Arad, dfa inirr. e( beUet-UIlm,
\. I/auleur yi'ludie aussi la i-onibinaison des doctrines juive»
lihliojîrapliie dans le Diclionnaire J'xrchrologir chrriiennt
par n. Cabrol el l.etlcii-i[. t. lit. î* p-, 1611. J. r. CVuei^,
«■
'ly n publit^ dans lis C»
vmx. p. k:<-93 un ui-tiele on il fan
par Jc'iuïplie. porte - li''le de eantliare • au lieu
un eompte rendu it'uu unviu^-e d'Adolf Harnnc-k.
di'jA r»il remai-quer que. dans 'leni endroits du
îHe de l'ftue sBCré de Baoehu^, on h olianfté dans si
Battelin rrifi^iie, ii*itl, ji. 2HÎ .
ch, l.f ciille lie l'nne.iluns l'.lnfArn/inloffie. n03. p
f et relijfions.t. 1". 1905, p. :t4jl,
.■urs..iil repoussé le i>ap|iri
IXTAll.I.Ea DE I.A SKCTB DES OPHITES '
D'autre part, le nom lao était, chez les Juifs, un >
titres nivstiques de In ilivinîlt^ ' et les Opliites avai
lionne ce même nom à l'un des f^éiiies suliordoniiés par »
iiu t>éateur. D'un autre côté, d'après les réfutations i
écrits de Celse par Oiiffène '■'. Celse prétendait démont
((ue les 0|)hiles étaient des (Chrétiens. Orij^ène B'eiror(
lie prouver le contraire. De plus, selon saint Epiphane
secte des Séthieiis soutenait que Setli était identiqu
Jésus ^.
N'oublions pas non plus les passages de saint Irénée, i
dans l'exposé de la doctrine des Ophites et des Séthîens
entrevoit la manière subtile dont ceux-ci tentaient de coi
lier l'origine et l'existence du Christ avec celles des géii
de leur secte '.
Toutes ces idées, plus ou moins obscures, pouvait
jiruvenirdeplusieurs faits que nous connaissons. Uncert
nombre de Chrétiens portaient des amulettes et employa ii
des incantations ^, qui avaient sûrement de l'analogie a'
les pratiques des gnostiques.
I. Diodore de Sidlc le ^vail. Cf. K.-X. Kraus. Real-F.nci/klnpiiJie
ehrUllirhrn Alterthamer. IXM. t. II. p. 116 : Paiilv-Wi^sown, «en.
niklopajie f. da$ kUnkhe AUtrtam, l. VII. arl. Gnimn p.ii- Itoussil.
liio.
î. Conlrx CeUam.Vl, îl à 38.
J. S«inl Épi|>hBiie. 3a, I : "l «Ûtov <:hi tÔv '\t,io-::-- 6;af:£?»K,jvTa!
Paulv-VViiMivi-a, for. eil.. cil. liia. nrl. Gnostiker'. VA. Tciliiir[.>ii.
'■'■«cT.. c. ïi.vii. fin.
l^ieslA ra|iprnrhcr du pB-nr-age si ouiinu do Ti-rliillJLii. rcliilif
^we d'Aiic. ■ci-ucnpaf.'nùc de l'inMTipliim Dfut Christiiiniiriim <-l |
"■enre â travers In ville du Cartlia)i<- i.XpnUiii.. r. wi. l'uir. lai., I.
I. Sainl Iréfi'e, Cnnira hareses. I. i.c. \\\. I, 2,11, 1'.'. 1.1 cl 11.
'■'■ Viiy .. par exempli.'. Icn -«.Tinans ri'-uiiïs à la suite île» ii'iivi<"> ilc si
Aujmltn ; - S.ileiil etiam miiliereR lilii iiivioeni persiiAdiTi-. lU ivfi-nl
• I hMiil adliiheic (Serm-.CCl.XXIX. S 1. Pnlr.hl . l X\XIX,, ..l.JÏ
- HyliH-tirria etiam dial>i>liea et i-liaracleres, eul lu'rhu!'. mil Mii>'i-r>s
■ «m.ui^ auii.-.iaero» :S Tiim Ci:i..X V. S J. Mime vi.l,. cal. L'ÏSH,.
151
INTAILLKS DE IJi SECTE DES OPHITES
Quelques amulettes, qui ont cette origine, portent une
ânesse ou un âne ^ On possède même un petit monument
(le celte catégorie qui, autour de Tânesse allaitant sou
petit, présente le nom du Christ (DN IHV XPS DEl
FILIVS) '^. L'àne paraissait aussi à côté d'inscriptions
funéraires, au moins en Afrique •*.
Ainsi, FAne nVHait pas rare sur des monuments d'origine
chrétienne, et l'on est autorisé à penser que des ligures à
tête d'àne *, analoj^ues à celle des deux intailles, ont pu
ro;ovrj; /aaafûjjLîvo;... \Uo\ i-itov. Pair, ffr.^ t. XXVI. col. 1320).
Ksi -ce par hasard (jue saint Athanasie, en blâmant celui qui paie pour
une iucanlatioii au serpent, le compare à un âne? Bien que la comparaisou
n';iit rien de sui'preiianl, on ne saurait toutefois oublier que le ^rénie €»
tête irànc et le serpent sont associés sur let* mêmes amulettes.
Je citerai enc<»re le cljaj)itre lxxxix des anciens statuts de l'Église,
lixés au ('oncile de Carllia^^e, en^3fi: « Aufruriis vel incantationibus ser-
vientem, a conventu ecclesia» separandum. Simililer et super?titionibu>
Judaicis vel feriis inhierenlem »» S. (Jonc. coll. de Mansi, t. Ill, 1759. col.
A propos (l'une formule ^n'ecque très obscure, accompajrnée d'un texte
latin très clair, snr un monument prt'sumé jnmsiique, Luijri Bruz/a a
reniarqiu* la ressemblance «le certaines formules d'exorcisme avec celle*
qui sont i-onservêcs dans des manuscrits clirêticns Tessern esnrcislicn.
Home, IHKI. p. 10;exlr.du Bull. d. Comm.archeol. communale i1iBom»\
\. Bien tpie l'âncsse ait eu un rôle particulier dans une cérémonie chré-
tienne, on ne ^aurait s'attai'der à la <listinction du sexe de l'animal sur des
nuHiuments forts petits. 11 «uOlsait é> idenunent qtie l'animal représenté
eût la sillunietle de iVine pour que tiTlaint"* idées fussent éveillées alors
cluv. des ^ens «pii ne ctmnaissaient pas ù fond les traditions chrétiennes.
2. Sur ce»i médailles-amulettes, vt>y. parmi les travaux les plus récents :
V. Lenormanl, /.a Monnaie ri.inn ianttq., I87H, t. I". p. i3 ; E. Babelon.
Traite îles m. gr. et rom. ., I" p", t. 1", col. fi«i : Kurio Lrnxi, dans HHych-
u/.s, liiv. tli stuili re/t^jov/, mars-avril 1913 IH alcune medaylie reliffi/ttf
del IV si'colo, pi. .
3. Dans un cinu'liére chrétien de Borne, on a retrrnivé une coupe de
verre représentant un cpiadrupéde, accompagné du mot Asinus ,(iarrucci.
Vetri ornnti tli /itfurein oro, tr<n\ili nei citniteri crisliani di Homa, 1%6L
pi. \\\\ 11, lu, p. 78 . Mais j'ai des <lonle» sur l'ori^rinc chrétienne de ce
monument.
.4. On a si^'nalé des amulettes de Selh à tète dàno décapité (Delatte,
tians Mn^pc hehfc. |0I ». p. 3o ; rf. W. Deonna. flans Rev-èl. grecqueSy\9\^,
I». 1 ;; .
f\
l<..*
*S.s
Cette confusioD élail d'ailleurs favorisée par les faits, car
il y avait a Home, sous le pape Calliste I"* (217-222), au
E- oins une secte juiK-o-chrétienae, qui était représeutée par
1 certain Alcihiade. Cette secte se servait, dans ses céré-
onies, de formules, composées de mots syriaques que
1 OH prononçait à rebours ". Un conçoit que dos niuls de
iftte espèce aient pu présenter une ressemlilunce assez
1 (wrfuitc avec des formules fjnostiques.
Or le comnieiicemcnl du m" siècle fut préiisôment une
[NTiode llorissante |M)ur les acides ^nostiqucs '.
Il ne serait donc pas surprenant que certains élcuicnts
!;no>.tiqut's. superposés ji des lr;iditioiis de cultes judéo-
cliréliens, nient produit le graflite du Pulalin,
Je ne me dissimule pas que les rappioclienients établis
ioi posent peut-être auUint de problèmes qu'ils en résolvent.
Mais on ne saurait méconnaître l'intérêt de deux inl ailles
^nosliques d'une catéfforie nouvelle. Il est probable que,
in plusdu dessin (oiiYpï;j.;iia^. qui réunissait vraîsemblable-
mi'tit les symboles religieux de la secte dos Ophites, ceux-
<'i ont fait usage d'un sifrne distinclif (;îpï-;U). leinisàleurs
iuitiés. L'u passage d'Origène * contient les deux termes,
tlofit le sens devait siiremeut être différent dans les deux
■^■iis, et p<mr cela il convient de rechercher le sceau inen-
1. l'rc iradiliou analogi..'. avre Iji ■
:».li»lilii1inn
.le râri.
'ymréW admi-P chez df» Musulmans
l-aiii,. Mfls^
"l'a"'"". ii-Xiii. 1011, p'^'i'i 11"'
;. L. Du. ln-»liP. Hilloirr anc ,lt / ,
K-ih-eA. I-.
l'W. p
». UltrnuftKidfBéInicnl iltjà iiini
n> iiuniliK-in
•lBl#.
*. Mrir^nï. CoLfra IJtliiim. VI, ■■! ■.
'y.')/, Si -.'•
1; r.--y
".'■' il :;i;ij!0',jjij:wv r.iy. ri,; t.:
i;,',j'.:vi,; m
■VI :':■
^:-'r-'^;—p. n.A. .\i,c'.i. M.12.—
!.-■ m.,1 it>
""■ .II. T. m..niimenl« qui |.....v,.nl «|
,1.'.. ....
5t*>CE M 30 AVBII. Iît20
i\t' '. Or, d"um? part, nous imssêdoDS des intaîtles îndu-
>lement îiiiostiques. qui (irésentent les figures d'uu
ç à lêli' ti'àne et dun {^énîe à forme d<^ serpent -. El,
(tv |iart, nous >avi)ns que le Panthéon de la secte des
ilos t-ompr^miit deux •< archootes » ou génies sem-
les.
ous sommes donc autorisés à supposer provisoirement
ces iitt»illes portent des symimies qui servaient if
es de reiHinnaissance aux Opbîtes et peut-être aux
I.IVHKS OFKKRTS
,Saiili>t. ,if lli-torisk Tidsskrifl -. C.i|.ciiliaKue, 191!).
SKANCK Dr 30 AVRIL
|in<l>..s .lu [«..xô-v.'rlvil. M. le lomle DiimiEii revient ?ur
..■i-i|itji>ti ili- r.-i;;i>e S,int"Ai>i'*t.>li' ii Kl.ireiioe qui parle d'une
ril>iili<>ii<li' m.iroties irii-iii:u'iir. av.iiil un caraclêi-e dedécora-
s,(jUiiLii-,ui f.iil l"li,iilfm,i^nf ]>;is<,inl par Kloreiice, el expose
M. lU'iirvr.-.liiii lui a>i-iuik-.;i i-et Oi,-anl. unourieux docu-
il. iVest i;i loiii'iir, .ioiuK-e.iau* iiLi livre imprimé en 1588. du
Il II l'-l l'^iï iniliil.Tiiit lit' coTi-l.iliT llli^^ l■^» Manichéens, dont le ïï*-
> ri'"-''''!!'!!- liiMiUKU)! A »'liii ilor: Oi-hili'i. aiaicnl i-galeiiicnt do
in ilivor- ,r. Alliuio. (,>ru.'i;lM''i inifllecluellr de ttinl Anguttin :
('.••>1 ;< <U-~>i-iti <|ii.- j<' tiii' sfm >1<- loriiit-' .<ilI<-reiiU. Je respecte ain^
\lr HKiiU- il OrifToiii- .(uo j .il cilé plus liaul ,».'«iîï*oj; i«i Spawn"
SKANUK Dl OW AVHIL l»iHI l'il
brevet même d'une concession, par Cliarlemagne, de sou ordre de
chevalerie. Le brevel, da(é du l" janvier 801, se présente avec
loules les marques d'une pièce officielle, contresignée, entre
autres témoins, pari' « archevêque de Paris » (en SOI ! alors
que chacun sait que Paris n'est devenu « archevêché » qu'en
U'rli). Il s'agit, bien entendu, d'un faux absolu, mais curieus à
relever pour l'histoire d'une légende.
Lecture est donnée d'une nouvelle lettre de M. Millot complé-
tant les renseignements qu'il a fournis à l'Académie relalivemenl
a remploi des rayons X pour l'exploration du plat des reliures
anciennes. Il fait connaitre .< que les essais faits sur les encres
nioderoes [écarlale, bleue, verte, jaune, violette, noire) n'ont
rien donné >, el que « les ravons \ semblent destinés à servir
uniquement aux archéologue-. ■>.
M. Henri Cordieh, à propos de ta correspondance, lit une
note de M. Henry Vignnud, correspondant de l'Académie, où
il e-l arrivé relativement à la genèse du voyage de Christophe
Colomb vers l'Amérique '.
M. Henri CoauiUR, au nom de la Commission de l'I-xole fran-
raise d'Extrême-Orient, demande à l'Académie d'approuver la
présentation à M. le gouverneur général dlndo-Chine de
M. Victor Goloubeff comme membre temporaire de ['{''cole. —
Adopté.
M. Camille Jillias expose à l'Académie les résultats d'un
Iravail de M. Piganiol, professeur à llliiivcr^ité de Strasbourg,
>ur ic<' gladialeum appelés TriiK/ui dans une inscription de
-''ardes de Lydie et dont le nom, défigure, devait se lire dans
une inscription de Sévillc, Il voit d.ois ce» gladiateurs, «pii
fxi'liuent encore au temps de Marc-AurMe, une snrvivitiice de
l'époque celtique et de la relifiioii gaul.iiso.
Remarquant, d'autre pari, que rét\niol<>gLe du mot franvais
' trancher ■ n'a pas encore clé établie, il propose de la faire
1. V.ir ci-ipr^*
l.lS LETTBL l/L V. VI(;>Atll
puir iruu vi^rlK' ddn» la racine duqui?! enlrerail le mot Irinqai
- ce qui amfnrrail à i>uf>po7.cr que lesdit» pladiat«ura se ài
■iii-i. lient iJCi aulri'F en ce qu'ils fiaient liaiis l'obli|:<iLion. va
iiciiri, lie O'iii'iT la lèle di- leur advei->itire ; vaincu», de t*
MM. S.il.-mnu HiiMCH ei Jor^eph Uth préscnleol qudqtu
. S.(h> ii.'ii H) rv»i 11 lil une nfiie sur uii bat-relief de la t
.iiii Mi-Jui i-Ci'li à M.itirid. qu'il rapproche d'uii fra^'iiieat
-j;oe .•0M^.■^^<■ ^u Mus.* de .New-York.
, ("i! i,*i.i\i-ti*NMAi |-.Pi'~riile quelques obsertalions.
a-MMlNiCAlltiN
.It *P>iMiANT PE LACAItlLVlE.
l.rs >al VFRTS
r'>-i n KELLLS-LETTRES ,
:m j'itil Vi'lume inlitulé :
;■.' .; .-.«r leri/ >./* America,
-, ■i.^iiil Its ci'i Illusions auK-
:i .il xi-i-as lv> exposer brié-
i-, :.::.■. Tiii>e:il îi cv qui est
- :r .s >û."rs, t>Ioinb n'a
< ; ',■ :, -..1 lie sv n?ndre aux
. :: ,;-.;.'. t>' i^.iKniem nm-
, ..: ". .->-.:, ::,-ii;e T<t~*.-.TneUî
: :;; o;- 1^ qu oot
ii-.-.-ils emineuls.
LblTRE DE M. VIUNAUD 159
Elle» iont, en elTet, la conséquence logique d'une longue
>uite de faits, gtînéralemeiit peu conuua, qui ne laissent
liai voir iinniédiateineut où ils conduisent.
Frappé tout d'abord par l'invrai.semblance de la fameuse
lettre de liTi que Toscaiielli aurait envovéc à Colomb
pour lui indiquer que la véritable roule de l'inde était celle
Je l'Ouest, je m'attachai k relever les raisons qui mon-
traient que cetU.; pièce devait être fausse, sans remarquer
r)ue toute son importance était einprunlée k la supposition,
présentée comme un fait acquis, que la première expédi-
tion de Colomb avait eu pour objet le passage aux Indes
par l'Ouest.
Ce ue fut qu'en creusant lu matière que je linis par voir,
Lr qu'aucun de mes critiques n a vu d'ailleurs, que lors
même qu'il serait démontré péremploiiemenl que cette
Uttre fût authentique, la question fondameutale, la si-ule
<}u il y iiit un grand intérêt historique A trancher était celle
du véritable caractère de l'entreprise de 1192.
En elTet, si le but de Colomb, en 1492, n'était pas les
Indes orientales, qu'importe qu'il ait ou n'ait pas été eu
rapports avec Tosciinelli*.' t^u importe que cet astronome
lui ait ou ne lui Mt pas indiqué la roule à prendre pour
aller aux Indes, puisque, dans ce cas, la lettre indicatrice
wrait restée étrangère à ce que le découvreur a voulu faire
cl à ce qu'il a fait?
.\ ce point de vue spécial, lu ([uestion de iauthenlicité
'les rapports (jue Colomb aurait eus avec Toscauelli devient
indiirércnte el s'elTace coniplëtemi-ut di-vanl cille ihi véri-
Ulile uhjel de l'entreprise mémnrahb' de Ii!l2. tl'fst ii
' ^^Mnien de ce problème historique qui' j'ui consaii.' mou
llittoire crilif/iie de t'enl.i-eiinni' ilc l iihj où je cii>is avoir
aamiré ijuc l'objet de Odomli. en 1 1112, élait la docm-
>ef(e d'uiK- île sur laquelle il avait d<-.s iiidicalioii>. et <\m'
'■e nVsl qu'après avoir trouvé <'fltc ili' liieii au delà i\v la
Ji-tl-ince k laquelle il la orovail siluéi-, qu'il s'imaiiina
)gO LKITKL liE M. VtGNAUD
s'être avancé jusqu'à la mer des ludes et qu'il crut avoir
découvert une route nouvelle conduisant aux exirémités
orientales de l'Asie, illusion que rien ne put dissiper chei
'■li et qu'il conserva jusqu'à ses derniers moments.
Est-ce à dire que cette conclusion annule les motifs qui
oiinent h penser que la lettre dite de Toscanelli est apu-
rvphe? Nullement. Il n'y a là qu'une possibilité. Les rai -
uns (lui militent contre l'authenticité de celte pièce cnn-
ervent toute leur valeur, et la critique peut trouver une
xplication de cette singulière supercherie dans le fait,
liment constaté, qu'au lendemain de la grande dfcouverle
ersonue ne crut que Colomb revenait des Indes orien-
ules où il disait avoir voulu aller, et que l'opinion s'accré-
iUiit qu'il n'avait découvert que ce qui lui avait été
idiqUê.
C'est alors, et alors seulement, que les Colomb avan-
èrent que le grand Génois, qui n'a jamais écrit le nom de !
"oscanelli, avait été en rapports avec ce savant et proJui- |
irent une Icllre qu'il aurait reçue de lui et dans laquelle
a roule des Indes par l'Ouest est indiquée et recomman-
lée lethe connue d'eux seuls, et qui serait toujours restée
ncônnue s'ils ne l'avaient pas publiée.-
Dans ces conditions, la criliqne est fondée à dire que.
Taie ou fausse, cette lettre n'a été produite que pour eon-
irmer la prétention de Colomb d'avoir toujours voulu
iller aux Indes asiatiques et contredire l'opinion prévu-
ente qu'il n'avait découvert que ce qui lui avait été indi-
|ué.
U,-n.urqu.-/, ciue c'est précisément l'elTet produit par
■i-ILc pul.li.'ation. Avant cela, personne ne sait que Colomb
.-(■Uni nnip.-sé. en H!I2, d'aller aux Iodes. Après, loulie
nonde le dit, à commencer par Ilerrera, qui ne sappuie
,ne sur le lémoignaKe des Colomb, et, depuis, on a con-
.inué il le dire.
LETTRE DE M. VIGNAUD 161
qtie la publication de cette pièce, connue des seuls Colomb,
eut aussi pour effet de dépouiller le grand Génois du
mérite auquel il tenait le plus, celui d'avoir découvert une
route nouvelle et plus avantageuse pour se rendre aux
pays des épices, et de reporter ce mérite à Toscanelli qui
devint ainsi pour la postérité l'initiateur de la découverte
du nouveau monde.
Il tombe sous le sens que si les Colomb ont jugé à pro-
pos de reproduire une pièce qui, dans un sens, était si pré-
judiciable à la mémoire du découvreur, c'est que sous
d'autres rapports elle pouvait et devait contribuer à sa
gloire. Autrement, vraie ou fausse, ils n'en auraient pas
parlé, et nous ignorerions encore son existence possible.
Il est de fait que c'est de cette publication que date la
croyance, aujourd'hui si généralement/ accréditée, que
l'Amérique a été découverte en tentant de passer aux
lades par la voie de l'Ouest et que c'est à Toscanelli qu'ap-
partient la priorité de cette idée. Si elle n'avait pas eu lieu,
l'histoire ne pourrait attribuer à ce grand événement
d'autre cause que celle indiquée par les contemporains,
mentionnée plus haut. /
Si je ne craignais d'abuser de votre patience, je rappel-
lerais aussi qu'outre les raisons qui montrent que Colomb
n'avait, en 1 192, d'autre objet que la découverte d'une île
qu'il disait connaître et qui était vraisemblablement la
fameuse Antilia, .souvent cherchée et jamais trouvée, il y
en a qui font voir que Martin Alonso Pinzon, sans le con-
cours duquel il est certain que l'expédition n'aurait pu
avoir lieu, ne s'y associa qu'à la condition qu'on cherche-
rait aussi Cypanges.
Je pourrais également démontrer que ce que Colomb a
réellement fait est plus méritant que ce que, par une sln-
Ifulière aberration, il a cru avoir fait, et que c'est à juste
titre qu'il est appelé le grand Génois ; mais je renvoie j)our
cela aux dernières pages de mon II Is foire de la grande
1910 11
162 LIVRES^OPFERTS
entreprise^ pages qui terminent également mon mémoire
anglais.
Je demande à .rAcadémle, dont j'ai été deux fois le
lauréat et qui m'a fait l'honneur de me nommer un de ses
correspondants, de prendre connaissance des raisons qui^
à mes yeux, justifient les conclusions ci-dessus formulées
et de se prononcer sur leur valeur.
La question soulevée mérite qu'elle lui accorde une
attention particulière, car il n'y en a pas de plus impor-
tante dans le domaine des sciences historiques, et j'ai
conscience qu'elle trouvera dans le petit volume que je lui
soumets les éléments nécessaires pour dire si réellement
nous sommes en erreur depuis plusieurs siècles sur le véri-
table caractère du plus grand événement de Thistoire du
monde.
LIVRES OFKEHTS
Le SEr.nÉTAiHB pehpétukl offre au nom des auleurs^ les ouvrages
suivants :
Stanislas Millot, Shaw, ses éditeurs et ses traducteurs (Alg^r, 19t9,
platjuetle in-S") ; Xavires et Marins d'autrefois (extrait de V Afrique
du Nord illustrée^ 1913) ; Les Corsaires barbaresques (entrait de
l'Afrique du Nord illustn^e, 1919) ;
Maurice Besnier, L'interdiction du travail des mines en Italie sous
la llépublique (extrait de la Revue archéologique^ 1919) ; Récents tra-
vaux sur les De fi xio nu ni label la* latinx^ 190^-1914 (extrait delà Revue
de Philologie, année et tome XLIV, l"** livraison, janvier 1920),
M. Joseph LoTH offre à l'Académie ses Remarques et additionna U
grammaire galloise historique et comparée de John Morris Jones
extrait de la Revue Celtique^ 1919).
M. H. CoRDiER présente une brochure de M. Henry Vignaud, cor^
respondant de l'Académie, intitulée : The Columbian tradition onthe
diacovery of America and on the part played therein by the aslronomer
'
j
166 SÉANCE Df 7 MAI 1920
le temps même où notre Cabinet des médailles venait de s'enri-
chir de la collection Waddington. Ai-je besoin d'ajouter qu'après
s'être séparé de son médaillier, noire correspondant, en bon
collectionneur, n'eut d'autre souci que d'en former un nouveau?
et comme entre les mains de ce numismate illustre passait tout
naturellement la plupart des pièces qui venaient de Grèce ou
d'Orient, ai-je besoin de dire qu'Imhoof-Blumer laisse en mou-
rant une collection nouvelle, qui ne le cède pas à celle d'autre-
fois?
u Mais Imhoof-Blumer ne s'est pas contenté de rassembler
(le précieux documents. Il les a publiés avec une ardeur infati-
fiable ; et si ses grands recueils ne contiennent guère de com-
mentaires développés au point de vue historique, épigraphique
ou mytholoiiique, cependant Tcruvre immense qu'il a accomplie
demeurera toujours,* par la nouveauté et la richesse des infor-
mations, la sûreté des lectures, la certitude des attributions, le
scrupule méticuleux de Texactitude, l'esprit critique toujours
en éveil, une base indestructible des recherches numismatiques.
Il suffira de rappeler ici le titre de quelques-uns de ces vastes
répertoires : les Monnaies grecques^ qu'Imhoof-Blumer publiait
en 1883 sous les auspices de l'Académie royale de Hollande, et
où apparaissent, pour la première fois en numismatique, plus
de quarante-trois villes nouvelles et plusieurs dynastes inconnus;
les Griechische Mûnzen (1890' et les Kleinasiatische Mûnzen
(1901), et les Antike Griechische Mûnzen (1913), et ces grands
recueils, dont l'Académie des sciences de Berlin avait confié la
haute direction ii notre correspondant, le Corpus des monnaies
de la Grèce du Nord (1899), les Monnaies antiques de MysCe
(1913), et dont plusieurs volumes déjà ont paru.
« De nombreuses dissertations spéciales — la plus ancienne
date de 18(>8, la dernière remonte à quelques semaines à peine
— étaient comme la distraction que notre correspondant se
donnait entre ses grands ouvrages et n'attestent pas moins
qu'eux sa curiosité toujours attentive et cette infatigable ardeur
que Tàge — Imhoof-Blumer est mort à quatre-vingt-deux ans
— n'avait point ralentie.
M Notre confrère M. Babclon, que je ne saurais assez remer-
cier d'avoir, très amicalement, renseigné mon ignorance et
^T^^.'-,-'- -3^:'".'. 7t ^^'.Tï i-r-, -. i^f-.-r*n'-'.-r^
SKANCE Dl 7 MAI 1920 167
rendu mon incompétence moins éclatante, m'écrit : « Les
numismates étaient habitués à considérer, depuis la mort de
Waddinglon, M. Imhoof-Blumer comme le premier d'entre
eux. » Je ne saurais, Messieurs, marquer plus justement que par
cet hommage que lui rend un de ses pairs, ce qu'était notre
correspondant et la grandeur de la perte que fait la science
par sa mort, ni justifier mieux les regrets profonds qu'en
éprouve l'Académie. » v
M. Henri Cordier, au nom de la Commission du prix Slanislas
Julien, annonce que le prix a été décerné à l'ouvrage de
M. Granet intitulé : 1j€s fêles et chansons anciennes Je la
Chine.
M. le comte Durrieu fait connaître que la Commission du prix
Raoul Duscigneur (3,000 fr.) a partagé ce prix entre M. Puig y
Cadafaich, pour ses travaux archéologiques, et notamment pour
sa participation au grand ouvrage sur VArchileclure romane
en Calalogne^ et M. Melida, pour l'ensemble de ses travaux
0ur les antiquités ibériques.
M. le comte François Delahorde communique la décision de
ta Commission du prix La Fons-Melicocq, qui a attribué, sur
les disponibilités de la fondation, une somme de quinze cents
francs au D*" Leblond, pour la publication du Ckrlulaire de
rifôlel-fJieu de Beauvais, et une somme de cinq cents francs à
M. Clovis Brunel, pour une étude manuscrite sur le Roman de
la fille du comte de Ponthieu, ainsi que pour quelques autres
ouvrages relatifs à l'histoire du Ponthieu.
Le H. P. Maurice entretient l'.Académie de l'art graphique et
sculptural des Balouba, peuplade de l'Afrique équatorinle.
MM. Sak>mon Hkinach, DuRRiKiet Pottier présentent quelques
observations.
Après un comité secret, le Prksii>ent fait savoir que le prix
Jean Heynaud est décerné à r<i*uvre de .M. Kniile Berlaux.
168
Ll\ Ri:S OFFERTS
Le Skiiicktaiue piiHi'FrrirEL offre au nom des auteurs, ileux bro-
chures :
Ernesl Andrieu, Lef pleurafits des tombeaux des dura de Bour-
gogne ;
. Fritz llolm, The \estorian monument,
M. Henri (>onDiEn a la parole pour un hommage :
«c Au nom de l'auteur M. Bernhaixl Karlgren, j'ai l'honneur de pré-
senter à TAcadémie .4 Mandarin Phonetic Reader in the Pekinese
diaïect et le fascicule X de son Etude sur la Phonologie chinoise dont
les deux premiers fascicules ont obtenu en 1916 le prix Stanislas
Julien. M. Karlgren, ancien élève de Chavannes, pour lequel une
chaire vient récemment d'être créée à G6lei>org, en Suède, a fait
faire à la phonétique chinoise un progrès décisif en réludiant par
une méthode scientifi«|ue. Le but qu'il se proposait était : 1<* de
reconstmire de l'ancien chinois ce qui est nécessaire |)our donner
un point de départ sûr h l'étuile méthodique de la langue moderne
dans ses différents dialectes ; 2" de présenter un exposé entièi*enienl
descriptif de la phonétique des dialectes chinois, condition indispen-
sable pour 3" montrer par une étude phonologique comment les
dialectes modernes se sont développés de l'ancien chinois. >»
SÉANCE DU 44 MAI
PRKSIDENCE DE M. CHARLES DIEHL.
Lecture est donnée de la lettre par laquelle M. Paul Laconibe
pose sa candidature à la place d'académicien libre devenue
vacante par suite du décès de M. Dieulafoy.
A i>ropos de la correspondance, ^L Salomon Reinach lit, au
nom (le M. Cimont, la note suivante sur les fouilles du Pala-
tin :
SÉANCE DU H MAI 1920 169
« Malgré le manque de main-d'œuvre et la réduction des
crédits, les fouilles entreprises sur le Palatin par M. Giacomo
Boni se sont poursuivies durant la guerre avec un heureux
succès. Elles se sont portées vers la partie orientale delà « Place
du Palatin > (area Pulatina) pour retrouver le clivus sacer de
TFlmpire qui, de la partie la plus élevée de la Voie sacrée
somma Sacra r«a), montait vers le palais des Flaviens et le
temple de Jupiter Victor. Sur le parcours de ce clivus, on a
mis au jour les fondements de piliers énormes qui appaf tenaient
à un arc de triomphe, construit par Domitien, probablement
lorsqu après ses victoires sur les Câttes il se fit décerner le titre
de Germanicus (84 ap. J.-C). A gauche de cet arc, s'élevait, ce
semble, le temple de la Victoire [aedes Victoriae) qui disparut
ensuite sous une massive construction médiévale de blocage
noyé dans du mortier. C'est un reste des fortifications élevées
sur le Palatin par les Frangipani. Cette puissante famille était
férocement hostile aux Catani qui, en 1118, réussirent à faire
nommer pape Tun d'entre eux, sous le nom de Gélase 11, par
un conclave auquel assistèrent les seuls ecclésiastiques, à l'exclu-
sion des nobles et du peuple. Ce conclave s'était réuni à Sainte-
Marie in Pallara, à Textréme bord oriental du Palatin, mais
Cencio Frangipani s'empara de la personne du nouveau pontife
et le tint enfermé dans une tour qui, par suite de cet attentat
sacrilège, prit le nom de Turris iniquitalis. Démolie l'année
suivante, elle- demeura ruinée et ses restes viennent d'être
retrouvés, grâce à M. Boni, exactement huit siècles après sa
destruction. De ses débris informes, on tira — trophée augurai
— une belle statue, malheureusement acéphale, d'une Niké
Aptère. Ce morceau, d'un beau mouvement, faisait probable-
ment partie d'un groupe de la « Victoire tauroctone ». C'est un
original grec, en marbre pentélique, qui paraît remonter au
^'* siècle.
" I^es fouilles se poursuivent sur l'area Palalina, Klles ont
pour triple but de déterminer :
1" La nature géologique du sol. M. Boni pense que ce côté
était primitivement le seul où le Palatin ne fût pas entouré
de marais ;
2* Le parcours de la partie supérieure du clivus sacer ;
170 StANCE DL 11 MAI 1920
3"* L'emplacement de ia Porta Magonia^ la plut ancienne
parmi les portes de Rome.
« Len découverte* faites ju'^qu'ici ne permettent pas encore de
donner une réponse précise à ce«i trois questions. Kn revanche»
les fouilles ont mis au jour de nouvelles constructions, d^A^*
dilTérenls, qui sont intéressantes par les problèmes topogra-
phiques qui s*y rattachent.
u M. Boni se prépare à publier les résultats des recherches
archéologiques qu'il a dirigées durant vingt ans au Forum et au
Palatin avec l'aide de collaborateurs experts et dévoués. I>es
plans détailles, de beaux dessins, une abondante série de pho-
tographies sont prêts à être reproduits, et déjà de nombreuses
planches en couleur ont été tirées par les soins de l'éditeur
Tuminelli. L'âge héroïque des fouilles au cœur de la Rome
antique attend un aède qui soit digne de chanter ses conquêtes.
« Une découverte très importante, celle d'un hypogée décoré
de peintures, a été faite en 1919 près du \iale Manzoni, non
loin de la Porta Maggiore, et M. GotTredo Bendinelli, après avoir
conduit les fouilles avec un soin attentif, vient d'en communi-
quer un compte rendu plein d'intérêt à V Accàdemifi PontificU
di Archeologia, Vn escalier partant d'une construction, aujour-
d'hui rasée, s'enfonce dans le soi, et d'un palier on descend à
droite et à gauche dans deux caveaux funéraires, qui se rat-
tachent à un ensemble d'autres sépultures. Les stucs et les
peintures de tout ce souterrain méritent de retenir Pattentiondes
archéologues, mais la chambre placée à gauche de Tescalicr
se distingue surtonl par lu richesse de sa décoration. Dans !•
mosaïque du pavement e.-^t dessinée une inscription donnant
le nom des personnages dont les corps y étaient déposés, Klle
ne paraît pas antérieure au m® siècle, mais d'autre part, comme
l'hypogée se trouve à finlérieur de Tenceinle d'Aurélien, il ne
peut être postérieur à '21 i. Les parois de> murailles sont Ornées
de fresques d'une qualité et d'un type qui sortent tout à fait de
Tordinaire. A la partie inférieure se tietment debout Onze —
peut-être douze — grands personnatres vêtus d'une toge blanche
bordée d'un clavus de pourpre ; quelques-uns ont en main
un volume. Ces ligures, notamment les visages — probablement
des portraits, — sont d'une exécution remarquable. La partie
LIVRES OFFERTS
t-Ganneaii communique un mémoire ' sur une
n^ue (palmyrénienne et grecque), gravée sur un
verl par les FP. Jaussen cl Savignac aux environs
a réussi à y déchiffrer le tilre de (itivo:6(>iTT,(,
l'u» provinvix), transcrit lettre pour lettre en
'Csn-iJSN) et donné à Vaballat, Gis de Zénobie.
tilre de « roi des mis ». L'apparition de ce lilre.
sous sa forme grecque originale, vient confirmer
ggérée jadis par M. Clermonl-Ganneau' pour un
palmvrénien, fort obscur {«J-pna), appliqué au
» Odeiiiat, père de Vabaltat, dans une autre iiis-
rénienne ; il avait déjà proposé d'y reconnaître la
litique (le iTrinoiewT/ic, ajoutant qu'un jour peut-
?me (le iT:T.vo'AbiTt\i se rencontrerait dans quelque
an donnant plus explicitement le protocole royal
"est JMNiemeiil celte preuve que nous apporte
icument. Il nous révèle en outre, entre autres
1 jusqu'ici inconnu du père de la reine Zénobie:
. M. Clcrmonl-Cianne.iu discute la question de
i-Liier doit être identifié avec l'Anlîochus .- pai-ens
i, selon X'IIisloire Auguste, aurait occupé le
içon très éphémère du reste, après la défaite et la
lobie.
e Jn.i.iA^. Théodore Recnacii et Saiomon Rbinach
slques observations.
LIVRKS OFFERTS
Di-H].iKir ofire ii TAcadémie une élude dont U esl
ée : Les l'an Eyck cl le duc Ji-an th Uerry (eitrail de
if aux- Arts).
n eiltmn a paru de|mis dans U liev. Bihl. (1930, p. JSI-
: Udeinal et VtbxUal. rois de Pxlmyre, el leurtiln
i74 SÉANCE DU 21 MAI 1920
Après un comité secret, il est procédé au vole pour l'attri-
bution des prix Gobert.
Le premier prix ejt maintenu à M. Ferdinand Lot, pour son
Etude sur le Lancelol en prose, par 25 voix contre 1 à
M. Mathorez. Il y a deux bulletins blancs marqués d'une croix.
Le deuxième prix est également maintenu à M. Philippe
Barrey, pour ses Origines de la colonisation française aux
Antilles, par 23 voix contre 1 à M. Mathorez. Il y a deux
bulletins blancs marqués dune croix.
M. G. Rénédite, conservateur des antiquités égyptienne» du
Louvre, entretient l'Académie du magnifique groupe d'Amon
protégeant le roi Toutânkhamon, acquis dans le courant de
Thiver par le Musée du Louvre, et qui vient d'être installé dans
la salle des Colonnes, Son commentaire vise certains détails
caractéristiques du monument, notamment la peau de panthère
portée par le roi conjointement avec les insignes royaux, co qui
a été considéré jusqu'à présent comme une incompatibilité du
décorum pharaonique. A propos de ce roi, il se prononça dans
le sens de la filiation par rapport à Aménophis III, question
très controvei^sée et, après avoir exposé les progrès réalisés
dans la connaissance d'un règne qui, naguère, n'était représenté
que par un nom, il explique les circonstances qui ont attiré les
représailles des partisans d'Amon envers le roi qui avait pour-
tant restauré le culte après un quart de siècle d'hérésie.
M. Edmond Pottier présente quelques observations.
M. Antoine Tuomas fait une communication sur le nom de
lieu Pertu (Creuse) ^.
J. Voir ci-apré».
COMMUNICATION
UI NOV DE LIËl' PERTU ICREUSë) ET l.A LËUENDE
DU BOl ARTUB,
PAR .M. ANTOINE TIIOUAS, HEUBitE DE LACADÉMIE. .
Le nom de Perla, sur lequel je désire attirer l'attention,
est porté par un écart delà commune de Colondan nés, canton -
de Duji-le-Palleteau, arrondissement de Guéret (Creuse),
<]ut De comptait que deux maisons et onze habitants en
1886. La forme lutine médiévale de ce nom, dont nous ne
connaissons qu'un exemple, montre que la forme actuelle
a subi une forte contraction. En effet, l'écart est men-
tionné en ces termes dans le cartulaire de Bénévent-TAb-
baye : in manso de Podio Arlm. L'acte où il figure a été
attribué au xii* siècle par Auguste Bosvieux, qui a fait
l'identification et par le chanoine Leclerc ', Cette identili-
eation est certaine, comme je m'en suis assuré par l'étude
directe du cartulaire, dont une copie exécutée à la fin du
xvn' siècle, se trouve à la Bibliothèque nationale -. Quant
à la date de l'acte visé, il faut la reporter à la fin du '
onzième siècle, cai: l'acte émane de Béraud de Oun,
seigneur qui est un des témoins de la <lonati(ui de l'église
de Colondannes, faite par l'évèque de Limoges Gui di'
Laron, mort en 1086, et transcrite imniédialemenl aviint
l'acte relatif au mansus de Podio Artus dans le cartulaire.
La forme romane primitive de ce nom doit être 'l'ui
1 C»( il'apri-» II-» niilcsile ll<>9Vt«iii, ci<\»t<.-r\ ve» iww Arcliivo!! ili'ii.ir-
IfiurnUles de U lUulc- Vienne, qui; le fluinniiu- l.n-lrr n ri'cli}:!.- 1 ailiiir.'
Ptria Ue ion Dict. de U LV«uie (Uni(j)CL-s. lwj'.>, |i. iui , mi <.','! m-l..-
1, U. De wll.' •■■■pit (ivrivc ct-llc ilr
l(i, p. 101.. l.'uriKJiial (lu cartiiluiro i'>l
176 LE NOM DE LIEU t»EHtC
Artus, Sa contraction en Pertu^ si forte qu*elle paraisse,
n'a rien d'inexplicable K Dans le même canton, commune
de La Chapelle-Baloue, se trouve un domaine appelé
aujourd'hui Péton ^, écrit en 1547 et en 1677 Peaion ^ i
Tancienne graphie atteste que la forme romane primitive
doit être *Poi Aton. Dans chacun des deux cas, îiu subs-
tantif commun « puy » vient s'ajouter un nom* de personne»
Artas^ d'une part, Aton, de l'autre, qui est, manifestement,
le nom porté par le propriétaire ou le tenancier.
Le nom de personne Aton, d'origine germanique, n'offre
pas d'intérêt particulier. 11 n'en est pas de même d'Arius^
qui ne peut être venu que d'outre Manche. On sait que
c'est la forme nominative usuelle (primitivement Arturs *),
que les textes français du moyen âge emploient pour dési-
gner soit au nominatif soit au cas oblique, le célèbre roi
qui passe pour avoir régné, au sixième siècle, sur la
Grande-Bretagne. Comment ce nom exotique peut-il être
parvenu, dès avant 1086, dans le diocèse de Limogées et
s'y être attaché à un nom de lieu, qui l'a gardé, bien que
méconnaissable, jusqu'à nos jours? Le prestige des exploits
légendaires du roi Artur n'est-il pas pour beaucoup dans ce
singulier phénomène ? La question est trop complexe pour
être traitée au pied levé. Je me borne à rappeler que, dans
un livre récent, M. Edmond Faral, préoccupé de savoir si,
en France, les romans bretons sont plus anciens que les
romans antiques, en est arrivé à douter que ,1e nom propre
latinisé ordinairement en Artusus, Artusius, ArtuisuSy
etc., si fréquent dans l'onomastique italienne dès le dou-
1. Cf. Saint-Merdy nom de trois communes, une clans la Creuse, deux
dans la (^orrè/.e, où Merd est un ancien A/eard, forme populaire régiilîére
du nom de saint Medardus,
2. On écrit aussi Peyton et même Peslon (carte du Ministère de riiilé-
rieur).
3. A. Lecler, Dict. de la Creuse^ p. 502.
i. La forme Arturs se trouve une fois, à la rime, dans Chrétien de
Troycs. Erec, 1992.
1
f
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NSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES
^MPTES RENDUS
SÉANCES DE L ANNÉE
1920
BULLETIN DE JUIN-AOUT
PARIS
AUGUSTE PICARD, ÉDITEUR
Ufl^i^m» DB AACBJTBt IfATIORALBS BT DB LA BOClâré DB L'icOLB DBS CHARTBB
82, BUB BONAPAKTB, 82
M D CCCC XX
BeeueU ptrtisaanl lous les deux mois, par fascicules de 7 à 8 feuilles
tTec plâBcbes et flgures. Prix de rabonnement annuel : — 20 fr.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER
SéAifCBS DB Mai 17S
OomiuNiCATioN :
Note sur une croix de bronze trouvée à Lambèse, par M. Paul
Monceaux, membre de l'Académie 179
LlTRBS OFFERTS 177, 184
SéAifCBS DB Juin 185, 186, 190, 200
CoMMUlflCATION :
La basilique voisine de Sainte-Moniaue  Carthage, par le R. P.
Delattre, correspondant de TAcadémie 101
LiviiBS OFFBRTS 185, 189, 199, 201
SiANCBS DB JuiLLBT 203, 208, 212, 241, 248
Communications :
A propos d'une inscription grecque de la basilique d'Ererouk,
par M. Charles Diehl, membre de l'Académie 215
Un colosse « criophore » archaïque découvert A Thasos, par
M. Edmond Pottier, membre de T Académie 218
Les fouilles de Foustat, par M. A. Gabriel 241
Appbmdicbs :
Rapport du Secrétaire perpétuel sur la situation des publica-
tions de l'Académie, pendant le premier semestre 1920 : lu
dans la séance du 2 juillet 1930 204
Le papyrus démotique inédit de Lille n* 3 et la notation des jours
épagomènes, par M . H. Sottas 221
Sur un signe inaéctiiffré des monnaies sassanides et arabo-pehl-
vies, par M. J . de Morgan 231
LiVRBS OFFBRTS 208, 210, 240, 248
Sbangbs d'Août 249, 209
CoMMUlfICATIOIfS :
La date et l'origine des « Homélies spirituelles », attribuées à
Macaire, par le P. L. Villecourt, O. s. B 250
Découverte d'une fontaine antique A Carthage, par M . le docteur
Carton, correspondant de l'Académie 258
Les Enfers selon l'Axiochos, par M. Franz Gumont, associé
étranger de l'Académie 272
La civitas Mizigitanorum et le pays assalitanus, par M. Louis
Poinssot, inspecteur des antiquités et arts de la Tunisie 285
LiYRBS OFFBRTS , 268
AVIS IMPORTANT
Pour assurer une prompte publication des Comptes rendas, les
auteurs de communications,qu'ils appartiennent à l'Académie ou qu'ils
lui soient étrangers, sont instamment priés de remettre leur manuscrit
et, s'il y a lieu, les documents figurés qui doivent l'illustrer, le ioar
même de la séance où ils ont été entendus. Le Secrétaire perpétuel
pourra toutefois, en certains cas, les autoriser A retanler cette remise
jusqu'au mardi suivant, dernier délai pour Tenvoi de la copie A l'impri-
mené.
Les communications des auteurs étrangers A l'Académie ne devroat
pas dépasser huit pages.
Les épreuves, Uint en placards qu'en pages, doivent être retournées
au rédacteur des Comptes rendus dans le délai de trois jours, le jour
de la réception non compris.
Dans le cas où les auteurs ne se conformeraient pas A ces indica-
tions, leur communication serait ajournée A Tun des cahier? suivants.
LIVRES OFFERTS 177
Bème siècle, sinon plus tôt, et dont M. Pio Rajna a soi-
gneusement recueilli la plupart des exemples connus ^, soit
réellement identique à celui du roi Artur. M. Faral va jus-
qu'à écrire que le nom latinisé par les Italiens « peut fort
bien n'être que le germanique Hartewic ^ n, 11 se réfère à des
recherches, restées manuscrites, qu'avait entreprises un
jeune savant, mort depuis, François Rechnitz, élève de notre
École des hautes études de 1909 à 1912. Cette manière de
▼oir, qui sent par trop routrecuidance germanique, ne méri-
tait vraiment pas qu'on lui fît tant d'honneur. Souhaitons
qu'elle ne prenne faveur ni en Italie ni chez nous, et procla-
mons la solidarité de notre Artus limousin et de VArtusius
d'outre Alpes. Souhaitons surtout que quelque savant fran-
çais, doué d'attention et de patience, fouille notre onoma-
stique nationale et s'y livre à des recherches analogues à
celles que M. Pio Rajna a le mérite d'avoir inaugurées en
Italie. La statistique, intelligemment et impartialement
pratiquée, est une excellente auxiliaire de la philologie ^.
LIVRES OFFERTS
I^ SECRéTAiRE PERPÉTUEL ofTre au nom du D' Carton, correspon-
dant de i* Académie, une étude dont il est Fauteur, intitulée :
Quenlions de topographie carthaginoise (extrait de la Bévue archéo-
logique, 1919).
1. Homania, 1886, t. XVII, p. 162 et suiv.
3. Recherches $ur le$ soarces latines des contes et romans courtois du
moyen âge (Paris, 1913), p. 396.
3. Je ti^ale, en passant, dans le cartulaire de Boulieu, abbaye cister-
dcone de la partie nord-est du diocèse de Limoges, une charte non datée,
mais qui est probablement de la Un du xii* siècle, où figurent quatre
frères de la famille de Segunxac nommés « WiUelmus, Umbaldus, Artux
et Ramnulfus » Bibl. nat., ms. lat. 9196, p. 11, copie de dom Col).
1910 12
SÉANCE DU 28 MAI
PRESIDBHCH DB y. CHAULES DIEHL.
I. DiBHL, d'après des indications transmises par M. Papado-
ilos, étudie les édifices récemment découverts à Conslanli-
ile sur l'emplacement du palais des empereurs byEanlJns.
icendie de 19tl a dégagé une grande construction A trois
;es où dix pièces, en partie comblées, sont intactes et
un grand escalier mène à une vaste terrasse, construction
pourrait avoir fait partie des appartements privée impériaux,
icendie de décembre 1919 a fait retrouver une autre con-
tction qui semble appartenir au palais de Daphné et plus
1 à léglise du Seigneur, Enfin, à l'Est de Sainte-Sophie, la
struclion des prisons a fait retrouver beaucoup de débris de
rbre qui proviennent peut-être du palais de la Magnaure.
: découvertes montrent tout ce que l'on pourrait attendre de
illes régiilières exécutées à Conatantinople au lieu des
tructions ou des fouilles clandestines qui sont de règle
IM. JuLLtAN, Clbhmont-G ANNEAU et ScHLUMBBHGEK présentent
il que s observations.
i. Paul Monceaux donne lecture d'une note sur une croix de
nze découverte à Lambèse en 1919 '.
f. Théodore Rbinach présente quelques observations.
1. JuLUAN fait une communication sur le grand nombre de
Aires qui ont existé dans la Gaule romaine, nombre qu'il
me assurément supérieur à un demi-millier et vraisembla-
■aenl égal ou même supérieur au millier. On a, en efTel,
ïunu des restes de théâtres dans les chefs-lieux des civilatet
lie qu'en fût l'origine, et d'après la Nolitia, le nombre des
Ules était de cent quatre; on a également reconnu des
ktres ou des vestig^es de théâtres dans de simples chefs-lieux
Voir ci-après.
UNE CROIX DE BHONZB TROUVÉE A LAUB&SE 'i
de pagi, comme Alesia, et les pagî élaieat au nombre
quatre ou cinq ceats. On a pu encore relever une cinqu
taine de théâtres de pierre daas des endroits qui n'étaient
des bourg'ades ordinairement habitées, mais seulement des li
de pèlerinage ou de marché, tels que Champlieu, près de Ct
piègne, par exemple. Or, comme l'on sait par Vitruve que I
a construit des théâtres en bois, et que ceux-ci n'ont nécessa
ment pas laissé de traces, sauf te c<as où, comme à Locmarial
des gradins de bois occupaient une enceinte de terre et
pierre, on peut s'imaginer qu'outre les théâtres de pierre
encore retrouvés, il a dû en exister un grand nombre en b
U y a même jusqu'à des villages qui n'ont presque rien do
comme autres antiquités, où l'on a cependant relevé des tn
de théâtres. Si l'on se rappelle enfin que, dans le reste du mo
romain, les grandes villai seigneuriales, comme celle d'Adi
pour ne mentionner qge celle-là, contenaient des théâtres
n'est pas aventuré de supposer que les grandes vUlie ga
romaines ont dû en contenir de semblables. Toutes ces co
dérations amènent à ne pas considérer comme exagérée l'e
mation aux environs d'un millier du nombre des Ihéâ
existant dans la Gaule romaine.
M. Mo.tcEAUx présente quelques observations.
COMMUNICATION
.■rOTE 8UB vue CROIX DE BRONZE TROUVÉE A LAUBËSE,
PAR H. PAUL UONCEALS, UEMBRE DE l'aCADÉUIG.
On a découvert récemment à Lambèse un petit mo
ment assez curieux, d'un type nouveau et d'apparence éi
matique, qui a été transporté au Musée local, et qui mé
d'être étudié de près. Comme il a ta forme d'une croix
l'a cru d'abord chrétien : c'est à ce titre qu'on me l'a
signalé, et que j'en avais commencé provisoirement l't
men. L'arrivée d'un estampage a tranché la question.
180
UNE CROIX DE BRONZE TROUVÉE A LAMBÈSE
permettant de fixer définitivement et d'une façon certaine
le texte de l'inscription, qui n'a rien à voir avec le christia-
nisme ; et j'ai dû orienter mes recherches dans une direc-
tion tout autre. Mais, avant d'exposer le résultat de l'en-
quête, je dois adresser tous mes remerciements à plusieurs
personnes, qui m'ont prêté le plus obligeant concours :
M. Ballu, à qui je dois ime copie et l'estampage de l'ins-
cription ; M. Carcopino, qui m'a communiqué également
la copie et la description prises par Im au Musée de Lam-
bèse ; enfin M. Gagnât, qui a bien voulu étudier avec moi
le document, et qui m'a fourni des indications très pré-
cieuses pour l'interprétation ^
Donc, pendant Tété de 1919, au cours de nouvelles
fouilles entreprises à Lambèse, dans des constructions
.voisines du temple d'Esculape (au Sud), par le Service des
Monuments historiques de l'Algérie, on a trouvé par
hasard, simplement posée sur un mur de basse époque, une
pierre de calcaire dur ^. Quoique légèrement bombée, cette
pierre affecte à peu près la forme d'un parallélipipède droit.
Elle est longue de 0 •" 39, large de 0 " 38, épaisse de
>
POST^IQVA
<
>
Antiqua — Postiqua.
1. Depuis que cette Note est rédigée, nous avons reçu une nouvelle
copie de M. Gsell, prise cet été sur Toriginal. Elle confirme entièrement
notre lecture.
2. La pierre est maintenant au Musée de Lambèse.
UNE CROIX DE BRONZE TROUVÉE A LAMBÈSE 181
0 " 19. Sur la face supérieure de cette pierre est scellée
une croix grecque de bronze, dont les bras, longs de 0 ™ 18,
lai^s de 0 "* 038, portent une. inscription de deux mots :
inscription gravée en lettres hautes de 0 "* 03 environ, et
divisée naturellement en deux parties perpendiculaires
Tune à Tautre.
Lecture de MM. Gagnât et Monceaux sur l'estampage.
Aniiqua et postiqua sont évidemment des graphies popu-
laires pour antica et postica. C'est ce que prouve d'ailleurs
la comparaison avec divers textes littéraires, qui pré-
sentent les mêmes formules, et qui éclairent le document
de Lambèse : document relatif, comme nous allons le voir,
à des travaux d*arpentage.
Au témoignage de Servius, antica et postica, substantifs
féminins, étaient des termes du rituel augurai : « Si generis
feminini legeris postica, augurale est, ut antica, postica ^ ».
Dans le langage des augures, antica désignait le Sud, et
postica le Nord. On lit chez Festus, ou plutôt dans les
Excerpla de Festus par Paulus, au mot Posticum : « Ea
caeli pars, quae sole illustratur ad meridiem, antica nomi-
natur; quœ ad septentrionem, postica^». L'auteur d'un
glossaire conGnne en deux mots ce témoignage : « Antica :
picar^{i^pb » ^. Enfin, Varron nous apprend que les mots
antica et postica, dans la langue des architectes ou des
prêtres, s'appliquaient respectivement à la partie Sud et à
la partie Nord des temples : « Templi quatuor partes
dicuntur, sinistra ab oriente, dextra ab occasu, antica ad
meridiem, postica ad septentrionem ^ ».
Ces deux mots étaient aussi des termes d'arpentage.
« Limites pcr antica[m) et postica[m) dividuntur », nous
I. Servius, ad yEneid. II, 4&3.
3. S. Pompci FesU.De verborum significMin quip supersuni, cum Paiili
Epitome, éd. Lindsajr (Leipzig, Teubner, 1913), p. 2U.
3. GloêSMr,, II, 17,7.
4. Vairon, DelingoM 2a/ina, VII, 7.
V'IB CROIX DE BRONZE TROUTÉE A LAMBÈSE
lomme du métier, TRut^ur du Liber coloniarum '.
langage des arpenteurs, antica et poatica ne s'ap-
nt plus à des directions ou b des surfaces : ils dési-
les deux lignes, perpendiculaires l'une à l'autre,
aient de base à tous les relevés. Un glossaire déii-
si Vanlica des arpenteurs « Antica linea
», c'est-à-dire la ligne Nord-Sud '. Quant au mol
il avait pris chez les arpenteurs une signification
;, même très différente et presque opposée, au moins
irence : il désignait pour eux, non plus le Nord
pour les augures), mais la ligne Est-Ouest, déter-
u moment de l'équinoxe, et perpendiciUaire à Yan-
avons là-dessus le témoignage formel de Festus.
'abord, le texte traditionnel : « Postica{m) linea(m)
divtdendis Serv. Sulptcius appellavit, ab exoriente
Qccidentem qaee spectabat '. » En réalité, ce texte
inel était le résultat d'une compilation, où l'on
Et deux sources différentes. D'une part, un frag-
ithentique de Festus, conservé par ,un manuscrit :
am lineam in agris dividendis Ser. Sulpicius appel-
) exorilente sole],.. ' » D'autre part, un jyissage
li Excerpla : « Postica linea in agris dividendis nb
ad occasum spectat ''. » D'ailleurs, comme on le
nouvelle édition critique est d'accord avec le texte
inel sur le point qui importe ici : poaltca était la
it-Ouest.
, ce mot avait changé de sens en passant des
aux arpenteurs : direction « Nord » pour ceux-là,
our ceux-ci, ligne « Est-Ouest ». D'où vient ce
' coloniarum, I, p. aifi LRChmann : — dan* le» GromiUei.velrrtt,
48.
ar., [[, !0, 39.
is,p. 333 (éd. Mnller).
is, p. 1S3 (éd. Linilïay : Leipii^c. Teubner. IStS).
, p. 1S3 I.indiay.
CMC CROIX DE BRONKE TROUVÉE A LA.HBËSE
changement singulier dans la signification du tei
L'explication est probablement assez simple. Remari
d'abord que la ligne Esl-Ouest, pour l'arpenteur, étai
ligne « arrière » d'opération (poslica linea) par rapj
la ligne de front. Notons encore que cette ligne Est-i
marquait la limite méridionale de la partie Nord du te
c'est-à-dire de la poitica des augures : réservé d'abon
surrace qui était limitée au Sud par la ligne Ë8t-0ue
Dom de poftica a été étendu plus tard à la ligne mém
limitait la pottica augurale.
Reste & fixer la destination de la croix trouvée k
bëse. Ici encore, les textes littéraires vontéclairer le n
ment.
Les arpenteurs se servaient, et même liraient leur
(gromalici), d'un instrument appelé groma, qui leui
mettait de déterminer les directions et les distance
tracer Vantica et la poitica, de lever ainsi le plan du tei
(I Groma appellatur genus machinulne cujusdam,
r^iones agri cujusque ct^nosci possunt ; quod j
Graeci ^viiitova dicunt '. » On donnait, semble-t-
mëme nom de groma à un monument commémoratif,
tement orienté, qui consacrait sur place, au centre di
raio, à l'intersection des deux lignes fondamental*
souvenir des opérations d'arpentage. C'était ordinaire
une simple plaque de métal, où était représenté le ci
ment de Vantica avec lapostica. Des monuments anal<
se vovaient à l'entrée de certains temples, ou ils n
laient la fondation de colonies militaires et le partag<
terres conquises entre les colons. On y lisait, dispos
forme de croix {cnicem], L'inscription Antica-Post
H Per aedes publicas in ingressus antiqui fecerunt cru
Antica et Poilica... Signum fecerunt in aedes de
scriberent : Antica et Poitica ^ ».
. Fe*lu«. d'iprèt le* Pauli ExcerpU, p. 88 Linduy.
I. Gronulîci Têttret, éi Librit DoInbelUe, p. 303.301 Lachmann.
184 LIVRB8 OFFERTS
Comme on le voit, cette description d un' homme du
métier s'applique exactement, trait pour trait, à la croix
avec inscriptions que Ton vient de découvrir à Lambèse.
Cette croix de bronze, scellée dans une pierre, doit être un
de ces petits monuments commémoratifs qui, sur le terrain
ou dans un édifice, conservaient le souvenir da travail des
arpenteurs : surtout de l'opération fondamentale, la déter-
mination du point central où devaient se croiser Vantica
eilapostica.
LIVRES OFFERTS
M. H.-Fr. Delaborde offre, au nom de M. Louis Léger, le tirage à
part d'une étude dont il est l'auteur, intitulée : Le tubstraium sUve
de V Allemagne (extrait de Scientia, vol. XXVII, ik* année, 4920,
n» XCVI, 4 avril, in-S») ;
et, au nom de M.^amille Jullian, une nouvelle série de ses Notes
gallo-romaines (extr. de la Revue des Éludes anciennes, tome XXII,
n° 4, janvier-mars 1920).
SÉANCE DU 11 JCtN 1920
, PoTTiBH tait bonimagfe è l'Académie, de la part d'uD savaDl
M. J. Capart, conserrateur du Musée du CiaquaDtenaire k
es, d'un ouvrage intitulé : Levons lur Fart égyplirn (Liège,
Veil le résultat d'ua eneeignemenl pratiqué k Liège et h
es, dans des Universités et au Musée, depuis dix-sept ans.
idant et en renouvelant peu ii peu la matière de ses cours,
' est arrivé h rédiger un véritable manuel dont il a voulu faire
le public et les étudiants. Il aurait voulu l'accompagner de
ui desains qui ont été exécutés ï cet effet, mais les difGcul-
«lles et la cherté des publications lui ont interdit le complé-
utile et il a dû se contenter de renvoyer ï ses publications
jres illustrées. Espérons qu'un jour, dans des temps plus
s, une nouvelle édition permettra au savant professeur de
son plan sous la forme souhaitée.
tiendant, on lira avec beaucoup de profit ce nouveau livre-
près les résumés de Maspero et de Perrot sur un sujet sou-
ploré, M. Capart sait apprendre du nouveau à ses auditeurs,
présentant les questions sous une forme personnelle, soit en
des sujets que n'avaient point connus ses prédécesseur. Sa
lalion est toujours claire, ses développements logiques, ses
>es complètes.
ie Bercbr dépose sur le bureau de l'Académie le dernier fas-
Ics liegitlret d'Innocent IV (Gn du tome IV).
^pouillement de ces registres a commencé sous Pie IX, en
I temps où M. Geoffroy était directeur de l'École française
le ; le tome l"- a paru en IS84.
risée par la haute bienveillance et la protection de Léon XIII,
nlreprise a déterminé le pape )i ouvrir au public savant les
!S du Vstican, jusqu'alors fermées. Elle a inauguré la série
s recueil! publiés, dans la Bibliothèque det École» frtnçtUe»
es et de Home, et servi de type aux ouvrages consacrés depuis
^ole de Rome aux registres du Vatican, dontla publication se
t actuellement sous la direction de Mgr Ducbesne.
SÉANCE DU H JUIN
PRESIDEKCB I
oirespondance compreod : une lettre de M. le maire de
anche-aur^aône (RhAne) qui demande i l'Acadéniie une
SÉANCE DU \ï JUIN 1920 187
iascriptton à graver sur un monument aux six cents enfants
de la commune tombés au cours de la guerre ; renvoi à la
Commission desi Médailles; — une lettre du Directeur de
rÉcole d'Athènes qui signale la découverte d'un colosse « crio-
phore M dans les fouilles de Thasos ; renvoi à M. Pottibr ; — un
rapport du R. P. Delattre sur les fouilles par lui exécutées dans
la basilique Sainte-Monique à Carthage avec une subvention sur
la fondation Piot; renvoi à M. Gagnât.
M. Hacssoullier, au nom de la commission du prix du Budget,
fait savoir que ce prix, réservé cette année à la meilleure édi-,
tion parue en France d^un auteur grec ou latin, est^ accordé à
M. Fr. Villeneuve, professeur à TUniversité d'Aix, pour Les
Satires de Perse, texte latin avec un commentaire critique et
explicatif et une introduction.
M. le comte H.-Fr. Dblaborde, au nom de la commission de
U Fondation Piot, propose à l'Académie d'accorder les sub-
ventions suivantes :
une somme additionnelle de 6000 francs pour la publication
da volume des Monuments Piot qui va paraître, addition rendue
indispensable par suite des augmentations de frais nécessitées par
les circonstances actuelles ;
une somme de 1500 francs, à M. Homo, professeur à TUniver-
site de Lyon, pour la prolongation de sa mission à Rome ;
une somme de 2000 francs, au R. P. Delattre, pour la conti-
nuation de ses fouilles sur le plateau de la basilique Sainte-
Monique à Carthage.
Il en est ainsi décidé.
M. Clermont-Ganneau présente et explique une inscription
grecque de dix lignes, gravée sur un bloc de calcaire découvert
dans des fouilles entreprises en 1914 à Jérusalem, sur le mont
Ophel. Gette inscription, demeurée inédite jusqu'à ce jour, est
relative à une construction faîte par un certain Théodolos, fils de
Ouettènos, prêtre et archisynagogo^, fils et petit-fils d'archisy-
nagogoi, — construction d*une synagogue destinée à la lecture
de la Torah et à renseignement des commandements, — ainsi
1
188 SÉANCE DU ^i JITO 1920
que d'une hôtellerie, avec chambres et installations balnéaires,
pour r usage des pèlerins venant de l'étranger. L'auteur de
rinscription rappelle, en terminant, que la fondation de cet
établissement avait été faite antérieurement par ses pères, par
rassemblée des anciens et par Simonidès (probablement le
président de cette assemblée).
M. Clermont-Ganneau estime que, par son aspect paléo-
graphique, rinscription peut remonter à Tépoque hérodienne et
qu'elle est, en tout cas, antérieure à la prise de Jérusalem par
Titus en l'an 70 p. J.-C. La synagogue en question esb peut-être
pelle des Libertini, dont parlent les Actes des Apôtres et qui était
réservée aux affranchis de provenance italiote, issus des captifs
juifs emmenés à Rome après la prise de Jérusalem par Pompée,
en Tan 64 avant notre ère. Le père de Théodotos, Vetienns ou
VetliennSy pouvait être un de ceux-ci échu en partage, lui ou
son propre père, à quelque membre de la gens Vettia. Peut-être
faut-il reconnaître le fenerator Vettienus, homme d'affaires de
Cicéron qui en parle à plusieurs reprises dans sa correspon-
dance ; cet habile manieur d'argent devait s'être fort enrichi
dans ce métier pour lequel il avait, de par sa race, des aptitudes
spéciales et avait pu laisser à son (ils de larges ressources pour
achever cette œuvre pie.
L'ordre du jour appelle l'élection d'un membre libre à la
place devenue vacante par suite du décès de M. Dieulafoy.
Le Président donne lecture des articles du règlement et
rappelle les noms des candidats qui sont, par ordre alphabétique,
MM. de Gastries, Henry Cochin, Lacombe et Pierre Paris.
Il y a 40 votants : majorité absolue, 21 voix.
Au premier tour, M. de Gastries obtient 7 voix ; M. Gochin,
12 voix ; M. Lacombe, 5 voix ; M. Paris, 16 voix. — Pas de
majorité.
Au deuxième tour, M. de Gastries obtient 6 voix ; M. Gochin,
15 voix ; M. Paris, 19 voix. — Pas de majorité.
Au troisième tour, M. Gochin obtient 19 voix ; M. Paris,
21 voix.
M. Pierre Paris, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages,
est proclamé élu par le Président. Son élection sera soumise à
l'approbation de M. le Président de la République,
LIVRES OFFERTS , 189
Après un comité secret, rAcadémie procède à la désignation
de deux candidats à la chaire d'arabe maghrébin de TÉcole des
Langues orientales vivantes.
M. William Marçais est présenté en première ligne à Tunani-
mité des 34 votants.
M. Alfred Bel est présenté en seconde ligne, également à Tuna-
nimité.
M. Paul Monceaux commence la lecture d'une note sur la
légende de saint Jérôme.
LIVRES OFFERTS
Le Sbcrétaire perpétuel offre à TAcadémie, au nom de M. le
comte Paul Durribu, son Rapport sur une communication de
M, Augu$ie VUal, intitulé : Plaque de cuivre gravée en taille^ouce
det environs de Vannée 4500 (extrait du Bulletin archéologique,
«918, ;
Au nom de M"* Suzanne Nouvel, un ouvrage dont elle est Tauteur,
intitulé : Nomades et sédentaires au Maroc (Paris, 1919) ;
Au nom de M. Henri Basset, deux volumes que constituent ses
thèses de doctorat : Çssai sur la littérature des Berbères et Le coite
des grottes au Maroc (Alger, 1920) ;
Au nom de M. Joh. Steenstrup, correspondant de T Académie, un
opuscule dont il est Tauteur, intitulé : L'origine des chansons popu-
lairts danoises et leur plus ancienne époque.
M. Maurice Choisit fait hommage du tome I des Œuvres complètes
de Platon^ début d*une importante collection des auteurs grecs
{texte et traduction française) qui paraît sous sa direction.
M. Paul FouRNiBH offre, de la part du chanoine Ulysse Cubvalibk,
Bo discours prononcé par lui à la fête du cinquantenaire de la
Société d'Archéologie de la Drôme, le 10 février 1920, et consacré à
U croisade du Dauphin Humbert // (1345-1347).
LA BASILIQUE VOISINE DE SAINTE-MONIQUE A CARTHAGE 191
1500 francs à M. Lângfors, pour son édition du Roman de
Fauvel ;
1000 francs à M. Ëbersoil, pour ses ouvrages : Constanli-
nople byzantine et Mélanges d'histoire et d'archéologie byzan-
tine;
500 francs à M. Gouiven, pour : U établissement des premiers
Européens à Mazagan au XIX^ siècle^ et La place de Mazagan
sous la domination portugaise (1502-1576).
M. Paul Girard annonce que la Commission du prix de Joest
a décerné le prix à M. J. Laurent pour ses deux ouvrages : L'Ar-
ménie entre Byzance et V Islam depuis la conquête arabe jus-
qu'à S 86 y et Byzance et les Turcs Seldjoukides dans l'Asie
occidentale jusqu'à 108i,
M. Antoine Thomas,, au nom de la commission inter-
académique du prix Voiney, fait savoir officieusement que le prix
Volney, de 1500 francs, est décerné à M. Albert Cuny pour un
mémoire manuscrit intitulé : Etudes grammaticales sur le
domaine des langues indo-européennes et chamito-sémitiqueSy
et qu'une récompense de 500 francs sur les arrérages de la
fondation est attribuée en outre à M. Gaston Esnault, professeur
au lycée Hoche pour son livre : Le poilu tel qu'il se parle (Paris,
1919).
M. Caonat donne lecture du rapport du R. P. Delattre sur
las fouilles faites par lui dans la basilique voisine de Sainte-
Monique à Carthage *.
COMMUNICATION
LA BASILIQUE VOISINE DE SAINTE-MONIQUE A CARTHAGK,
PAR LE R. P. DELATTRE, CORRESPONDANT DE l' ACADÉMIE.
Grâce à la subvention que TAcadémie m*a accordée, j'ai
pu achever Texploration des ruines de la grande basilique
voisine de Sainte-Monique.
1. Voir ci-aprèt.
■
i92 LA BASILIQUE VOISINE DE SAINTE-MONIQUE A CARTHAGE
L'atrium dont nous avions reconnu remplacement était,
comme la basilique elle-même et les constructions qui
lui sont continués, entièrement rempli de sépultures. Au
nombre de près de deux cents, elles occupaient tout l'espace
libre autour de la construction souterraine, sorte de crypte
centrale. Le plus grand nombre sont de simples fosses
creusées dans l'argile. Quelques-unes seulement sont gar-
nies de pierres plates sur leurs parois verticales.
La construction centrale, profonde de 5 mètres', longue
de i8 mètres et large de 4™ 25, parallèle à la façade de
Tédifice, occupe exactement le milieu de Vatriam, Le
grand axe de la basilique la coupe en deux parties égales.
J^ai déjà dit dans mon premier rapport que ce grand axe,
prolongé jusqu'à la presqu'île du Cap Bon, tombe siu*
Korbous, l'antique Aquae Carpitanae.
Cette construction souterraine qu'on ne rencontre pas
ordinairement dans Yatrium des basiliques africaines, peut
être rapprochée de celle qu'ont découverte mes confrères
de Jérusalem, les PP. Féderlin et Cré, dans l'exploration
des ruines de la basilique de l'Eléona sur le Mont des
Oliviers ^.
Le R. P. Vincent, des Frères Prêcheurs de Jérusalem,
l'appelle « la grande citerne de l'atrium ». Mais à Carthage,
la construction souterraine de Yatrium ne me paraît pas
avoir, été une citerne. Le peu d'épaisseur des murs (0" 50),
la façon dont les pierres sont jointes, la nature de l'enduit
qui, en grande partie a disparu, ne semblent pas convenir
à ime vaste citerne. De plus, à l'extrémité sud, dans la
partie supérieure de la paroi, on reconnaît très nettement
les traces d'une baie large de 0 " 80 qui a été murée, ce
qui semble indiquer une crypte.
1. Sans compter la partie voûtée qui ne subsiste qu'à une des extrémités.
3. L Église de VÉléona. Fouilles des Pères BlancSf 1910 {Revue Biblique,
avril 1911).
I
LA BASILIQUE VOISINE DE SAINTE-MONIQUE A CAHTHAOE 193
Cette conclusion s'impose d'autant plus qu'à cô.té se
trouve une véritable citerne longue et étroite. Si l'on com-
pare l'enduit de l'une et de l'autre de ces deux construc-
tions, le doute ne parait pas possible. Matériaux et mode
de construction sont complètement différents.
Dans une première exploration, j'avais remué la t^rre
qui remplissait cette sorte de crypte à la voûte effondrée,
sans l'extraire. Cette fois, nous l'avons complètement
vidée, malgré les centaines de mètres cubes de terre et de
débris qu'il fallut enlever et transporter.
Au fond, à 0 " 20 de la paroi sud et à 0 "> 30 de la paroi
oaesi^ quatre ^uiles d'argile rouge à rebords, juxtaposées
et fixées dans le mortier, formaient ensemble une longueur
de 1 " 98 sur une largeur deO™ 36. On eût dit qu'elles
fermaient im tombeau. Mais il n'en était rien. Elles étaient
simplement plaquées sur le mortier.
De nos observations il ressort donc que si cette con-
struction a été distraite de sa destination primitive, elle n'a
pu servir de citerne. Tout au plus pourrait-on y reconnaître
une sorte de magasiti à céréales, magasin de provisions
pour le secours des pauvres.
Le déblaiement complet nous a fait découvrir des frag-
ments d'épitaphes chrétiennes.
Avec une des dernières pelletées de terre est sortie une
petite tablette de marbre, haute de 0*° 13 et large de
0" 15, portant le nom de Cyprien.
CYPRIANV
innOCEUTE
in paCAE
Haut, des lettres, 0*" 02. LHnscription était entourée
d'un trait formant encadrement.
En dehors de l'a/rium, les fouilles ont été poursuivies à
l'extérieur de la basilique, surtout dans Tespace qui la
sépare du ravin.
i9V) 13
LA. BASIUQtJE; VOISINE DE UlNTE-KONlQtJE A CAHTHAGC
encore, le long du mur latéral, le sol est rempli de
saux très rapprochés les uns des autres. La plupart
parallèles au mur. 11 y en a qui lui sont perpendi-
es. Les fosses sont d'ordinaire plus grandes que celles
Irium et mieux soignées. Plusieurs sont revêtues d'un
t. Il y en avait quelques-unes à double étage. A
er aussi deux sarcophages et des fragments de sarco-
s à personnages.
lies ces sépultures étaient abritées sous des galeries
m retrouve les piliers — ou du moins leur base — en
Nous en avons reconnu trois rangées parallèles au
ongitudinal. Au milieu de ces tombeau^, après la des-
>n de la basilique et m^me avant la disparition de ses
I, ona creuséde nombreux silos, comme nous l'avions
lonstaté, à travers les nefs. On y trouve quantité de
:s et autres poteries d'époque arabe. Outre les deux
>hages que je viens de mentionner, il y en a qui ont
couverts par les murs de la basilique, ce qui prouve
e a été construite sur l'emplacement d'un cimetière
te antérieure,
is le mur opposé, du calé intérieur, j'avais remarqué
irceau de marbre blanc, employé dans la construction,
anche visible mesurait O" 10 de hauteur et 0"? 30
igueur. En faisant dégager la face supérieure, j'ai
chiffrer ce fragment d'épitaphe :
ANNIBa/ fide
LIS m pace
\i. des lettres, 0™ 065.
nom A'Annibal, comme aussi celui de Jugurlba, ii
té rencontré à Carth;ige dans les cimetières chrétiens,
terrain, du côté sud de la basilique, est également
é par des sépultures. On y rencontre aussi des sarco-
s mutilés. Nous sommes tombés cependant sur un
LA BASIUQL'R VOI^IM^ DE SAINTE-MOMQl'E A CARTHAGE 195
groupe de belles dalles funéraires en mosaïque. J'en don-
nerai plus loin la description. L'une d'elles a été reproduite
avec beaucoup de soin et d'exactitude par M. Thouverey.
Mais rintérêl particulier qui s'attache à notre dernière
campagne de fouilles réside surtout dans les inscriptions.
Le nombre des morceaux épigraphiques recueillis depuis
le début de l'exploration dépasse 9.400.
Je donnerai ici quelques-unes de ces épitaphes.
1. Sur une dalle de marbre, haute de 0"* 58, longue de
1 ■ 1 1 , brisée aux deux extrémités :
GENES ^ PRESBITER ^ IN Pace
VIXIT N> ANNIS ^ LXXX ^
Haut, des lettres, 0 °* 05.
Cette dalle fermait en partie un sarcophage placé per-
pendiculairement à l'extérieur du mur sud de la basilique.
La face de la cuve de marbre est ornée de strigiles et de
torsades.
Au revers de l'inscription, la dalle porte un grand car-
touche en relief à queue d'aronde.
Une seconde dalle, au nom de SEIRENVS, complétait le
couvercle du sarcophage, arrondi même extérieurement à
ses deux extrémités.
Le nom de GENES est connu dans les annales chré-
tiennes, mais dans Tépitaphe du prêtre de Carthage, le
nom n'est peut-être pas complet. 11 s'appelait peut-être
Theogenes.
2. Dalle de marbre, haute de 0 ™ 44, longue de 0 " 65,
brisée à droite.
SEIRENVSFIDE7wi/ij9ace
4, VIXITANN»LXD/>
ŒKaLUNNVARIA*
Ilerminette.
Haut, des lettres, 0*° 06.
LA BASILIQUE VOISINE DE SAINTE-MONIQUE A CARTHAGE 197
Haut, des lettres, 0 ™ 09. Lettres, encadrement, inter-
lignes, croix et cercle ou couronne sont en cubes blancs sur
fond bleuâtre ou noir.
6. Mosaïque funéraire. A gauche, une couronne. La
partie de droite est mutilée. Au milieu, entre deux bandes
de lignes brisées, on lit :
EXZOSAFIDELISIN/>a
CE BIX ANNOS //////
Lettres en cubes noirs, hautes de 0"* 07.
7. Mosaïque fmoéraire. A gauche, on voit une croix en
cubes blancs dans un cercle formé également de cubes
blancs. Au milieu de la mosaïque, on a incrusté une
tablette de marbre, placée dans le sens de la longueur de
la mosaïque. Cette tablette mesure 0" 40 de longueur et
0 ■ 24 de largeur. On y lit :
ggjPREIECTVSj^
IN PACE VDOT
ANNS LXXXLEONIÂNV
S ANNOS XX
Hauteur des lettres, 0 *" 05. A la 3* ligne, L et le premier
X qui le suit sont liés.
Le second nom de cette épitaphe doit être lu sans doute
LEONTIANVS. Le petit trait horizontal dont la lettre A
est munie à son sommet semble autoriser cette lecture.
8. En avant de la sépulture de Prejectus et de Leontia-
nui^ une autre mosaïque funéraire portait quatre lignes
dloscription, mais elle est en grande partie brisée.
i/////////
PACE uixU annos / / / / /
STEFAN 1/5 fidelin
IN PACE uixii annos / / / / /
• . - r '
198 LA BASlLîQtE VOISINE DE SAINTE-MONIQUE A CARTHA6E
Lettres en cubes noirs, hautes de 0" 09.
Outre les inscriptions funéraires latines, nous avons
trouvé plusieurs fragments d'épit^phes grecques.
Parmi les pièces étrangères à la basilique et cependant
trouvées dans ses ruines, je signalerai :
Une anse d'amphore portant comme estampille la rose
de Rhodes et l'inscription :
Eni A AMO n ANAMOY
Un fragment de tablette, haut d-e 0" 04 et long de
0 "' 085, provenant d'une liste de noms :
ICrVS VlOor
ELIVS SATur
rvs I
Haut, des lettres, 0"» OU.
Une marque doliaire, peut-être inédite. Diamètre, 0™ H.
APRIVSPI ///////
FEC
Une marque d'atelier sur le disque supérieur d'une base'
de colonne :
XXVIIII
Pour la troisième fois, nos fouilles ont exhumé un de ces
marbres qui semblent avoir servi d'instruments de jeu :
morceau de marbre rose, à section carrée, épais de 0 " 02,
long de 0 ■" 073, il est marqué de trois traits sur une face
et de deux sur une autre.
Enfin il est sorti des ruines de notre basilique une anse
d'amphore portant une estampille longue de 0 " 04 et large
de 0™ 012.
AP.NA
S<A5CS DC 25 JCIK
i^slrùt des Mémoires de tAaidémie SUnkiMS^ tMT-
tMS
M, fUacLox poràemte^ de U part de M. Georges Durand, corm-
poadaAl de TAcademie, luie étude dont il est l'auteur, intitolée :
Vme /amiUr dTomrriers vtkiémtH*, Les Darly^ serruriert, ^rmarûrt^
gr^etmrs, peimir^es .Vmîeiis, I9:Î0 .
SÉANCE DU 25 JUIN
raéstOENCE DC M. CHARLES DIBHL.
A propos du procès-verbal, M. Paul Monceaux, revenant sur
sa communication du 18 juin, présente quelques remarques rela-
tivement aux traditions artistiques sur la mort de saint
Jérôme.
M. le comte Di^anv signale que des traductions françaises de
la lettre sur la vie et la mort de saint Jérôme se trouvent dans
deux beaux manuscrits à peintures de la Bibliothèque nationale,
Tun (ras. français 418) exécuté pour Anne de France, duchesse
douairière de Bourbon, entre 1509 et 1522 ; Tautre (ms. fran-
çais 421) fait pour Louise de Savoie, mère du futur roi François
I*'', entre 1509 et 1515. Dans le premier de ces manuscrits, une
grande miniature représente « la dernière communion de saint
Jérôme » et Paulin Paris disait déjà en 1841 que « la tête du
Saint est telle que le Dominicain Ta consacrée un peu plus
tard ».
M. Salomon Rbinach présente quelques observations.
Le Secrétaire perpétuel donne lecture d'une lettre de M"*
Ehrmann, en date du 20 juin, informant TAcadémie queFinhu-
mation des restes de M. Barlh aurait lieu à Strasbourg le 23 ou
le 24 juin et exprimant Tespoir que la Compagnie s'associerait à
ce dernier hommage à la mémoire d'un confrère regretté.
Conformément à ce désir, le bureau a prié notre confrère
M. Pfister de lire sur la tombe un suprême adieu, dont le Prési-
dent lui a fait parvenir le texte.
SÉANCE DU 25 JUIN 201
Le Secrétaire perpétuel lit ensuite une lettre de M. le ministre
de l'instruction publique qui adresse à TAcadémie Tampliatien
du décret approuvant l'élection de M. Pierre Paris comme
membre libre.
M. CoBDiBB, au nom de la commission du prix Delalande-
Guérineau, annonce qu'elle a attribué sur les arrérages de la
fondation deux récompenses de 500 francs, Tune à M. Michel
Fighali, pour ses Éludes sur les emprunls syriaques dans les
parler* du Liban ^ et l'autre à M. Frédéric Macler, pour sa tra-
duction de l'arménien de V Histoire universelle d"" Etienne Asohik
de Taron.
M. Langlois fait connaître que la commission du prix de
Lagrange a décidé qu'il n'y avait pas lieu cette année de décer-
ner le prix.
M. Langlois fait une lecture sur r« Esprit de Gui » (De
spirilu Guidonis). On connaît depuis longtemps sous ce titre un
opuscule qui a joui d'une popularité exceptionnellement étendue
et durable puisqu'il en existe des traductions et des paraphrases
anciennes (prose et vers), non seulement en français, mais en
haut-allemand, en bas-allemand, en moyen-anglais, en suédois,
en gallois, en catalan, et puisque ces traductions étaient encore
lues et citées au xv* et au xvi'^ siècle. M. Langlois fait connaître
U pièce authentique dont cet opuscule est un remaniement : à
«avoir le procès-verbal des interrogatoires que Jean Gobi,
prieur des Dominicains d'Alais, fit subir sur les choses du Pur-
gatoire, en décembre 1323 et en janvier 1324, à TEsprit d'un
certain Gui du Tour, qui « revenait », peu de temps après sa
mort, dans la maison habitée par sa veuve. Il fait connaître ce
document et les conditions où il a été rédigé, d'après cinq copies
qa il en a découvertes ou rassemblées (deux à Barcelone, une
an Musée Britannique, une dans un manuscrit de la Chartreuse
<le Bellary (Nièvre), une dans la Continuation de la Chronique
^oisaise de Jean de Fordun par Walter Bower) . Il examine la
provenance de la rédaction remaniée, celle qui eut un si grand
*pccès, et les intentions de son auteur. Ces intentions, doctri-
202 LIVRES OFFERTS
nales et tendancieuses, avaient été jusqQ*^ présent, dans Figno-
rance où Ton était des procès-verbanx originaux, attribuées à
Jean Gobi lui-même, qui n*en eut pas de ce genre.
MM. Booché-Leclbrcq et Thomas présentent quelques obser-
vations.
M. Salomon Rbinach commence la lecture d'un mémoire sur
les Dialexeis.
LIVRES OFFERTS
Le SEGBéTAiRE PERPÉTUEL préscntc à r Académie :
Le» missions de Gironcourt en Afrique occidentale, i 908-1909 — 194 1-
1912, ouvrage publié en partie sous les auspices de la Compagnie ; —
cl un opuscule de M. Hollebecque offert par Tauteur, intitulé : La
Méiâon des Nnlions (extrait de la Grande Revaûy septembre 1949 -
février 1920).
M. Sknart fait hommage à T Académie, de la part de Fauteur,
M. Anderson, d*un livre intitulé: A Manual of ihe Bengali Language
(Cambridge, 1920).
M. FotmNiEn oiïre, de la part de M. le chanoine Ulysse Chevalier,
le tome VI et dernier de son Reperloriani hymnologicum ; catalogue
des chants^ hymnes^ proses, séquences, tropes en usage dans VÉglise
romaine depuis les origines jusqu'à nos Jours, Ce volume renferme
les tables et la préface.
M. TniîRKAU-DANr.iN dépose sur le bureau, au nom de M. IIeuzev,
un nouveau fascicule de la lievue d'assyriologie et d*archéologie
orientale (vol. XVII, n® 1).
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DB
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIO
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 2 JUILLET
PBÉSIDBNCE DE M. CUAHLIiS DtEHL.
M. Pierre Pasis écrit pour s'eicuser de ne pouvoir pn
encore partaux travaux de l'Académie.
l-e pBBsiDEST souhaite la bienvenue à M, le chanoine Cau
correapondanl de l'Académie, qui remercie en quelques i
MM. Maurice Croiabt et l-^ouard Cuq sont nommés men
de la Commisfiion de vériTication des comptes de l'Acad
pour l'année 19-20.
M. Salomon Rbixach achève la lecture de son mémoir
les DiaUxeit. Il n'agit d'un petit recueil de controverse:
^rec dorien. qui n'ont encore été traduites dans aucune la
moderne. C'est l'a-uvre d'un sophiste contemporain de PI;
qni devait être familier avec les sophiites de la fin du v* si
M. Reinach croit qu'il enseignait vers l'an 400, en Sicile, el
les opuscules qui nous sont parvenus sont ses notes de Ci
M. Alfred Choihit présente quelques observations.
IT DU 8BCHÉTA1RE PERPÉTUEL SUR LA SITUATIOU DBS
ICATlOnS DE l'académie pendant le premier SEMESTilE
i ; lu dans la séakce du 2 juillet 1920.
Messieurs,
s savez que devaot l'augmentatioD du coût des impres-
d'une part, devant l'incertitude où nous sommes
en ce moment relativement à notre budget d'État,
Commission des travaux littéraires a décidé qu'avant
yer è l'imprimerie de nouveaux manuscrits, il con-
de terminer les travaux déjà commencés, je veui
! faire mettre en pages les nombreux placards anté-
nent composés et tirer les feuilles mises en pages, i
lans ce sens que nous avons agi depuis le début de
fémoires de l'Académie et Mémoires des savanti
ers. — 11 vous a été distribué dernièrement deui
res, celui de M. Foucart sur Un décret athénien
aux combattants de Phylé et celui de M. Bonnel de
es intitulé : Recherches sur l'emplacement de Gkam
le site de Tekrour. Le mémoire de notre regretté
re Dieulafoy sur La mosquée d'Hassan est tiré,
aus reste un volumineux- mémoire de M. Blochet sur
urs manuscrits persans de la collection Marteaa.
!ntaine de placards en sont composés ; il faudra, avant
itinuer, les mettre en pages et en donner le bon à
lisloire littéraire de la France, — L'impression du
^V, qui se composera de 620 pages environ, se pour-
RAPPORT DU SECRÉTAIRE PERPÉTUEL 205
soit très activement. Il pourra être distribué dans les pre-
miers mois de 1921. La mise en pages atteint déjà la
page 642 et va se continuer sans délai, la composition suf-
fisant non seulement pour terminer le volume en cours,
mais pour commencer le suivant. Des trois notices nécro-
logiques qui doivent figurer en tète, deux sont rédigées et
ont été lues au sein de la Commission, celles de P. VioUet
et de P. Meyer ; la troisième, celle de Noël Valois, sera pro-
chainement soumise à la Commission.
Des mesures sont prises, en outre, pour que la table
alphabétique du volume n en retarde pas Tapparition. Les
fiches seront, en grande partie, dressées pendant les
vacances prochaines ; on les fondra en les harmonisant dès
la rentrée, en novembre.
3<* Chartes et diplômes. — Rien de nouveau touchant le
tome II des Actes de Henri 11^ roi d'Angleterrey non |)lus
que pour le Recueil des actes de Philippe Auguste,
Le Recueil des actes des rois de Provence dont a été
chargé M. Poupardin est achevé. Nous n'attendons plus
que la livraison du volume par Tlmprimerie nationale.
Pour le Recueil des actes de Pépin /•' et de Pépin II y
rois d'Aquitaine^ dont la rédaction est confiée à M. Léon
Levillain, le bon à tirer des trente-six feuilles représentant
le texte des actes a été donné le 16 avril dernier.
L* Académie ayant récemment attribué une des places
d'auxiliaire dont elle dispose à M. Clovis Brunel, profes-
seur à rÉcole des Chartes, avec mission spéciale d'aider
M. Prou dans la préparation du Recueil des actes de Charles
le Chauve y il y a lieu d'espérer que rétablissement des textes
fera désormais de plus rapides progrès. Déjà M. Brunel
s'est mis à la besogne : il a classé les copies des diplômes
pour Saint-Maur-sur-Loire et revisé la bibliographie de ces
actes dressée par Giry.
4* Fouillés. — M. Etienne Clouzot a achevé la correction
des placards 208 à 318 du volume des Pouillés des pro-
306 RAPPORT OV SCCHtTAlRE PEBP^UBL
vincea d'Aix, d'Arles et d'Embrun, c'est-à-dire de toute la
table alphabétique des noms propres. Ces placards ont été
imprimerie le 23 avril dernier pour la mise en
léme temps, notre auxiliaire poursuit la rédac-
lume suivant ^qui comprendra les Pouillés des
î Vienne et de Besançon.
Carrière, que vous avez chargé de préparer la
des Pouillés de lu province de Mayence, a copié
anuscrits des Archives du Bas-Rhin, que notre
Ch.-V. Langlois, directeur des Archives natio-
» voulu faire venir à Paris,
Jacques de Font- Réaulx, désigaé pour continuer
onsacré aux Pouillés de la province de Bourges,
par Aug, Longnon, a visité les archives et
quesdeGlermont,de Rodez, d'Albi et de Cahors
: tous les documents nécessaires à la composi-
olume. En outre, il a, avec l'aide de M. Poe-
it-Jussé, membre de l'École française de Rome,
ite des documents conservés aux Archives du
quels, coaformément au plan adopté par Lon-
nt servir k compléter et, le cas échéant, à sup-
uillés proprement dits.
ires. — La copie de la table générale du tome IV
res (province de Sens, diocèse de Troyes) est
achevée par les soins de MM. Boutillîer du
itresson de Saint-Aubin, archiviste de l'Aube.
!S maintenant être envoyée à l'impression pour
volume, dont le texte, depuis longtemps tiré,
abli presque entièrement par Aug. Longnon.
ire partie de la copie du tome V des Obituaires
l.yon), préparée par M. Jacques Laurent, a été
lourra également être envoyée 'a l'imprimerie
is reprendrons le cours normal de nos publi-
% inscriptionum semilicarum. — A ce moment
RAPPORT DV SECRÉTAIRE PERPÉTUEL 207
également la publication du Corpus sera activée. Aucun
travail nouveau n*a été remis à Tlmprinierie nationale
au cours de ce semestre. Un fascicule important du Réper-
toire (Tépigraphie sémitique est prêt pour Timpression.
M. Tabbé Chabot vient de recevoir les dix premières
feuilles en pages du recueil des Inscriptions palmyré-
niennes. Les placards 22 à 50, qui en forment la suite, sont
entre les mains des correcteurs de Timprimerie. Quant aux
placards 51 à 130, qui ont dû être profondément remaniés
et complétés à l'aide des estampages rapportés du pays par
les PP. Jaussen et Savignac, leur nouvelle rédaction
est au point ; nous les ferons parvenir pour correction dès
que le tirage des précédents sera exécuté.
Nos Comptes rendus sont en retard de plus d'un semestre.
Le fascicule de septembre-octobre a paru le mois dernier ;
le cahier de novembre-décembre est bon à mettre en pages ;
il est certain qu'il nç pourra pas paraître avant les vacances.
C'est une situation qui ne saurait durer.
Les deux fascicules du tome XXIII des Monuments et
Mémoires Piot, depuis longtemps imprimés, mais dont le
manque de papier retardait le tirage^ verront le jour
ensemble sous le millésime 1918-1919. M. Homolle espère
qu'ils pourront être distribués avant les vacances. L'im-
pression du tome XXIV est commencée.
Nous avons reçu et corrigé en placards quelques pages
des Inscriptiones graecae ad res romanas pertinentes. L'im-
priraeur m'avait promis de terminer dans la première par-
tie de cette année le fascicule en cours ; mais, il est, paraît-
il, plus facile de promettre que de tenir : le bon à mettre
en pages vient seulement d'être donné.
Le même imprimeur avait été chargé du Choix d inscrip-
tions de Délos traduites en français. Je vous ai dit, il y a
six mois, que nous avions dû le quitter pour cette publi-
cation et nous adresser ailleurs. M. Durand, de Chartres,
a accepté l'entreprise. Le premier volume est donc à Tim-
208 Sft&NCB DU 9 JUILLET j
pression. Le manuscrit étant achevé, il y a lieu d'espérer
que le volume pourra paraître à la fin de 1920. Vous savei
que rinëpuisable ^nérosité de notre confrère M. le <lnc
■*" ' ""►"•• «a nous permettre de pousser activement le
LIVRES OFFERTS
E PEUPÉTUBL offre au Dom de l'auleur, U. Trannoy, le
e de ses Hypothétet critique» $ur let Pentéet de W«re-
I dépose sur le bureau, au nom de U. Ch. Picard,
cole française d'Athènes, le dernier fascicule du Bal'
md^nce kelUniqut, qui contient notamment l'impoi^
e M. Rey intitulé : ObieroalioaM tur In lile* préhitto-
hitlorique» de U Macédoine {yayez Compte* rendu*,
I 4 avril). 11 faut féliciter M. Picard d'avoir, au milieu
ns nombre, mené à bien l'impression Je ce fascicule
tome XL; l'Académie verra dans cette publication,
: seulement d'une direction laborieuse, une nouvelle
tivité avec laquelle il s'acquitte de sa complexe et
'École d'Athènes ne pouvait être es de meilleures
SÉANCE DU 9 JUILLET
i M. CHABLBS DIBHL.
RB PERPÉTUEL présente à l'Académie M. Pierre
démicien libre le 11 juin dernier.
r adresse quelques paroles de bienvenue au nouvel
i prendre place parmi ses confrères.
au nom de la Commission de la fondation Benoit
SÉANCE DU 9 JUILLET 209
Garmer, propose d'accorder sur les arrérages de la fondation
une somme de six mille francs au P. Henri Maurice pour Tex-
ploration des grottes et des cavernes du Congo, en particulier
dans la région située entre le fleuve Congo et le lac Tanganyka
(rivière Loukougo). — Adopté.
Le pRÉsmENT fait savoir que la Commission de la fondation du
duc DE LouBAT a attribué deux subventions dans les conditions
conformes aux intentions du donateur.
M. Edouard Naville communique un résumé d'un livre en
cours de publication sur « révolution de la langue égyptienne
el les langues sémitiques ».
L*ancien égyptien, dont Thistoire est bien connue, présente
deux changements brusques qui se produisent à un momeqit
donné, et qui ne se rattachent pas aux lois de la philologie.
A Tépoque saïte et sous les Perses naît, à côté de Tancienne
langue littéraire hiéroglyphique, le démotique, qui est une
modification à la fois de Técriture et de la langue. C'est une
forme plus populaire, écrite avec des caractères très déviés des
hiéroglyphes, et qui diffère assez de Tancienne langue pour qu'il
soit nécessaire, si Ton veut le comprendre, d'avoir recours aux
inscriptions bilingues, en hiéroglyphes et en démotique. Ce
changement est absolument autochtone et l'on ne saurait y
voir aucune influence étrangère.
M. Naville demande s'il n'y a pas, dans la langue littéraire de
r.\sie Occidentale, une modification tout analogue, quand par-
tout où l'on écrivait en cunéiforme on a vu surgir tout d'un
coup Taraméen, qui diffère, comme langue et comme écriture, de
l'assyrien et du babylonien. Ne faut- il pas voir là un phénomène
linguistique semblable à celui de la naissance du démotique en
Kgypte ? une évolution autochtone et spontanée de l'ancienne
tangue, bien plutôt que le résultat d'une invasion des Araméens,
un peuple dont cette langue serait la propriété ?
Une transformation encore plus profonde de l'égyptien a été
le copte, l*adoption de l'alphabet grec augmenté de six signes
pour écrire les quatre dialectes qui se parlaient en Kgypte. Ces
quatre dialectes sont devenus la langue de la traduction des
1910 M
210 LIVRES OFFERTS
Saintes Écritares el de la littérature chrétienne. L'hébrea tel
qoe nous le connaissons n'apparaît qu'avec la naissance, à
répM>que de Tare chrétienne, de Thébren carré, une écriture
dérivée de i'araméen. Comme le copte, n'est-il pas la langne
populaire, le dialecte de Jérusalem, lejehoadith pour lequel on
a inventé un alphabet nouveau ? De cette manière on séparait
les livres des Hébreux de la littérature araméenne.
M. Naville soumet ces deux questions, qui lui ont été suggérées
par Tétude de Tégyptien, au jugement des experts dans les
langues sémitiques.
LIVRES OFFERTS
Le SEcaéTAiRE perpétuel présente à TAcadémie, de la part de
M. Prou, le tome V des Charles el diplômes : Acla des rois de
Provence^ par M. Poupardin.
Il offre en outre : au nom de M. Schlumbbrger, une étude doot il
est Tauteur, intitulée : Les monnaies médiévales des rois de la Petite
Arménie (extrait de la Revue des Etudes arméniennes^ 1920, tome I,
fasc. 1) ;
et au nom de M. Adrien Blanchbt, la deuxième série de ses
Mémoires el Notes de numismatique (Paris, 1920, in-8«).
M. le comte Alexandre de Laborde a la parole pour un hommage :
u J'ai rhonneur d'offrir à TAcadémie, de la part de M. E. Ginot,
conservateur de la Bibliothèque de la ville de Poitiers, une étude
publiée par les soins de la Société française de reproductions de
manuscrits à peintures (Bulletin n® 1 de 1920) et relative au manu-
scrit de sainte Radegonde et aux peintures du xi« siècle qui le
décorent (n° 250 de la Bibliothèque municipale dePoitiers).
« L*auteur, après avoir fait une description détaillée du volume, a
bien fait ressortir qu'il y eut plusieurs recueils traitant de la vie
de sainte Radegonde, plus ou moins illustrés, mais que le manu-
scrit 250 est actuellement le plus ancien et que son texte et ses pein-
tures ont été exécutés, en même temps, par le même copiste-enlu-
mineur vers le milieu du xi« siècle, probablement d*après un ori-
ginal carolingien.
LIVRES OFFERTS 211
n II établit justement qu'un lien de parenté rattache ce manuscrit et
ses peintures aux fresques qui décoraient vers la même époque les
églises romanes du Poitou, et que ces enluminures servirent, pour
ainsi dire, de cartons pour les deux verrières conservées encore
aujourd'hui à Téglise Sainte-Radegonde et commencées en 1269.
» On peut 'ajouter que ces enluminures sont également intéres-
santes pour le costume qu'elles donnent aux évoques et qui est
pareil à celui que Ton remarque dans la célèbre tapisserie de Bayeux,
datant également du xi' siècle. »
M. Edouard Cuq offre à l'Académie, au nom de l'auteur, M.
Charles Appleton, professeur à la Faculté de droit de Lyon^ une
étude sur » La longévité et l'avortement volontaire aux premiers
siècles de notre ère, avec un tableau de statistique comparée » :
c L'auteur explique pourquoi les inscriptions funéraires ne peuvent
pas nous éclairer sur la durée moyenne de la vie de leur temps.
C'est que la très grande majorité des inscriptions qui donnent l'âge
concernent des jeunes- gens. A défaut des inscriptions, il y a au
Digeste un texte bien connu qui permet de déterminer la vie
probable d'après les données du cens : c'est le tarif des droits à
payer au use par les légataires d'usufruit, tarif qui varie suivant
rige de l'usufruitier. En comparant les résultats auxquels sont
irrivés les Romains à ceux que fournissent pour le xviii^ siècle la
lible de Duvillard et celle de Deparcieux, pour le xix*' siècle la
table de Bertillon, on constate que la longévité moyenne était su))é-
Heure à celle des Romains de six à sept ans au xviii*' siècle, d'en-
viron dix ans au xix« siècle.
« M. Appleton montre ensuite que, d'après les inscriptions funé-
raires, la mortalité des femmes en âge d'être mères était très élevée
au temps des Romains. Elle a, suivant lui, sa cause dans les pratiques
abortives très répandues dans les classes aisées.
• Dans ccftte nouvelle étude du savant professeur lyonnais, on
retrouve les qualités de finesse et de saine dialectique qui dis-
tinguent ses travaux antérieurs. I) me suffira de rappeler son //ta-
loire de la propriété prétorienne et de Vaction pubiicienne et son
iiiêtoire de la compensation en droit romain, ses articles très reraar.
qués sur le fragment de la loi d*E»te^ et sur la clause apochatum
oncii duahuê des tablettes de Transylvanie. »
M. E. PoTTiEB fait hommage à l'Académie du premier fascicule
de la nouvelle revue Syriaj dont la création est due à l'initiative
<rao des conservateurs du Louvre, M. Dussaud. 11 a pensé que, sous
212 SÉANCE DU 16 JUILLET
l'empire des circonstances actuelles, U était désirable d'établir nu
lien scientifique plus étroit avec la Syrie qui fut toujours pour U
France une terre d'élection et qui, aujourd'hui, doit s'ouvrir plot
largement aux eiplorations et aui éludea archéologiques. Un groupe
important de notables syriens oui répondu avec empressement i
cette idée, et c'est, pour une grande part, i eux que nous sonime»
redevables de voir naître ce recueil, malgré les conditions si diffi-
ciles des publications k l'heure présente. De son c6té, l'admiui»-
tration française s'est montrée très favorable au dévelo[^meDt
d'un organe capable de faire connaître aux Syriens tout ce que
la France a déjà (ait et ce qu'elle fera encore pour le pays dont elle
a la charge éducative. M. le général Gouraud a tenu à encourtg;er
cette œuvre par une subvention spéciale et M. le Ministre de I'Îd-
atruction publique a promis aussi de la soutenir. Ces trois appuis
sont donc déjà le gage de l'enlente qui se fait pour mener à bien
l'entreprise. On y verra aussi la preuve que cett« re*ue nouvelle ne
fait pas double emploi avec les autres et que sou terrain d'action
est strictement délimité. Le contenu du premier fascicule montre
d'ailleurs dans quel esprit Syria est dirigée.
SÉANCE DU 16 JUILLET
PHisiDBNCE OB H. CIIAU.BS DIEHL.
M. DiBHL fait une lecture à propos d'une inscription grecque
de la basilique d'Ererouk en Arménie *. \
Un mots s'étant écoulé depuis la mort de M. Tabbé Lejaj
le Pbésident interroge l'Académie sur l'opportunité qu'il y
aurait de déclarer la vacance de son fauteuil. Par 16 voix
contre 3, au scrutin, la Compagnie se prononce pour l'affir- '
mative et décide à main levée qu'elle fixera sur-le-champ )'
date des opérations électorales.
Le PsÉsiDUNT rappelle que l'élection du successeur de M. Héron
a été renvoyée au mois de novembre, et fait
rès.
SÉANCE DU 16 JUILLET 213
connaître que le bureau propose de fixer cette élection au
12 novembre, Texposition des titres ayant lieu le 5.
En ce qui concek*ne le fauteuil de M. Lejay, la Compagnie
voudra, sans doute, éviter de faire deux élections le même
jour : le bureau suggère, en conséquence, la date du 3 décembre.
U serait procédé à l'exposition des titres dans la séance du
26 novembre, la séance publique étant avancée dans ce cas au
19 du même mois.
Par deux votes successifs, TAcadémie fixe au 19 novembre la
séance publique et Télection du successeur de M. Tabbé Lejay
au 3 décembre, avec l'exposition des titres le 26 novembre.
M. PoTTiBR communique un rapport de M. Picard, directeur
de r École d*Athènes, sur un colosse « criophore » archaïque
découvert dans les fouilles de Thasos de cette année ^.
M. Salomon Reinach présente quelques observations.
M. Pottier donne en outre lecture de la lettre de M. Picard au
Secrétaire perpétuel qui accompagnait Tenvoi du rapport et où
sont mentionnées différentes fouilles en cours d'exécution :
« J*ai le plaisir de faire connaître, à cette occasion, à TAca-
démie, que les fouilles, reprises en fin d'avril, à Thasos et à
Pbilippes de Macédoine, sont en cours, et promettent un heu-
reux succès. Je suis rentré tout récemment de Pbilippes, après
avoir installé les chantiers. A Thasos, où j'ai passé deux
semaines, les recherches, qui continuent, ont porté à TAcropole
et dans la ville basse. Les documents trouvés à TAcropole,
outre le criophore archaïque dont j'envoie les photographies,
sont surtout des inscriptions intéressantes : nous avons notam-
ment remis la main sur l'important décret de l'année 412/1,
rebtif au bannissement et à la vente des biens des Thasiens
•mis d'*Athènes — décret étudié par M. P. Foucart, Rev,
philol.^ XXVII, 1903, p. 215 (et considéré comme perdu). Nous
avons découvert d'autres textes inédits de la même période.
Dans b ville basse, les recherches entreprises à TAgora hellé-
nique, au théAtre, présentent déjà un vif intérêt ; nous avons
découvert un temple du iv* siècle avant J.-C, un monument
1. Voird-Après.
214 SÉANCE DU 16 JUILLET
circulaire dédié au culte impérial ; nous avons pu déterminer les
dimensions principales de TAgora ; on a découvert partout des
inscriptions, des sculptures (quelques-unes du iv® siècle avant
J.-C). Je crois enfin avoir identifié définitivement le temple
archaïque de Dionysos, hors-les-murs.
« A Philippes, nos recherches doivent porter surtout sur le site
préhistorique sud de Dikilt-Tasch, où je crois pouvoir déter-
miner remplacement de Crénides. Dans Ja cité même, sur les
pentes rocheuses où la ville macédonienne s'étageait, nous avons
découvert un temple ; nous pensons aussi pouvoir dégager
prochainement le temple de Sylvain, dont l'existence avait été
pressentie par M. Heuzéy. J'ai constaté, dans ce temple, ainsi
que dans le théâtre déjà fouillé par nous en 1914, des tranchées
pratiquées avec une intention archéologique, pendant la guerre ;
le passage des Bulgares s'est d'ailleurs surtout traduit par le
rapt des inscriptions et des sculptures, et par le sac intention*
nel du théâtre.
« Grâce à diverses modifications dans la région, de Drama à
Sari-Sampan, je pense avoir pu déterminer les sites d'Antisara
et de Sara. Nous avons relevé, dans la plaine de Philippes, l'exis-
tence de plusieurs tertres préhistoriques. Cette exploration sera
complétée par MM. Dreyfus et Renaudin, membres de TÉcole,
qui continuent les travaux.
« Avant de rejoindre Thasos, M. Renaudin a fait dans le Pélo-
ponèse un fructueux voyage, pendant lequel il a assisté aux
fouilles anglaises à Mycènes, et relevé Tenceinte archaïque de
la ville « mycénienne » d'Asiné, déterminée, selon mes indi-
cations, à TEst de Nauplie. M. Demangel, qui a été empêché,
par une courte maladie, de suivre ses camarades dans le Nord,
doit partir ces jours-ci à Delphes, où M. Replat, architecte, —
qui continue actuellement son plan de Thasos, — le rejoindra
le 15 juin. Je compte moi-même, vers la fin de ce mois, me
rendre aux Dardanelles, pour examiner Tétat de la fouille
d'h^léonte, commencée pendant la guerre par Tarmée française
d*Orient. »
M. Edouard Cuq commence une lecture sur les pierres de
bornage babyloniennes du British Muséum.
215
COMMUNICATIONS
A PROPOS D UNE INSCRIPTION GRECQUE
DE LA BASILIQUE d'eREROUK,
PAR M. CHARLES DIEHL, MEMBRE DE L*ACADÉMIE.
M. Strzygowski, professeur- à l'Université de Vienne, est
célèbre, parmi tous ceux qui s'occupent de Tart byzantin,
par la nouveauté ingénieuse des théories qu'il a exposées
sur les origines de cet art, par l'érudition et le talent qu'il
a apportés à les défendre, par l'âpreté aussi avec laquelle
il a relevé les erreurs qu'il trouve ou croit trouver dans les
livres d'autrui. M. Strzygowski a publié en 1918 un impor-
tant ouvrage sur l'art arménien et son expansion {Die
B^ukunst der Armenier und Europa, 2 vol. in-4®, Vienne,
1918) : c'est un livre (Considérable, plein d'idées et de
choses, dont on ne saurait assurément accepter sans dis*
CQssion toutes les affirmations et toutes les hypothèses,
dont on ne saurait cependant méconnaître le puissant
intérêt, et qui, sous sa forme souvent touffue et confuse, —
— à propos de l'art arménien il est question de mille
choses assez inattendues, de l'art gothique et de la Renais-
sance, de Léonard de Vinci et de Bramante, de Saint-Pierre
de Rome et de Chambord — apporte néanmoins une
foule d'informations précieuses et fait connaître une multi-
tude de monuments remarquables. On me permettra, ceci
étant dit, de signaler dans ce livre une inadvertance assez
surprenante, que M.^Strzygowski certainement relèverait
sans indulgence chez autrui.
A la page 31 de son ouvrage, M. Strzygowski a publié
le facsimilé d*une inscription grecque gravée siir le mur
méridional de la basilique d'Ererouk, laquelle est située à
216 INSCRIPTION GRECQUE DE LA BASILIQUE d'eBEHOUK
quelques kilomètres au Sud-Est d'Ani, l'antique capitale
des rois d'Arménie. Cette église d'Ererouk est un des
monuments les plus remarquables de l'ancien art arménien.
On la date avec beaucoup de vraisemblance, je crois, de la
fin du V* ou du commencement du vi" siècle — Strzygo-w-ski
incline même à la faire remonter à la première moitié du
V* siècle ' — et elle o(Tre ceci de tout.à fait intéressant que.
par son plan comme par sa décoration, elle rappelle fort
exactement les basiliques chrétiennes de la Syrie du Nord,
La façade occidentale, avec les deux tours qui la flanquent
et la fenêtre à triple ouverture placée dans sa partie supé-
re, fait penser aux façades syriennes de Rouweya, de
)-Louzé, de Tourmanin; les porches à frontons trian-
ires qui précèdent les portes ménagées dans la façade
:ale du Sud, le dessin de la décoration qui entoure les
très rappellent le même art et les mêmes monuments.
)asilique d'Ererouk date d'une époque où l'influence de
hellénistique, venant de la Syrie et de l'Asie Mineure,
erçait puissamment en Arménie, et elle apparaît à la
comme un édiQce très caractéristique parmi les monu-
its arméniens, comme un des plus anciens atissi qui
s aient été conservés dans le pays. Cette date semble
irmée par la présence de l'inscription grecque — on sait
. partir du vu" siècle cette langue cesse en effet de se
iontrer sur les monuments arméniens — à laquelle il
temps de revenir,
) reproduis le facsimilé que Strzygowski d<Mine de
e inscription.
+ tCOO IKCOCS
np€ni ATI A c
MAKCCICMAK
P OTHT A H
M € P €3 NI
INSCRIPTION GRECQI3E DE LA BASILIQUE d'eREROUK 217
et aussi la lecture qu'il a proposée non sans quelque hési-
tation (tf on ^pourrait, dit-il, lire peut-être ainsi ») : + ô
c(xo^... aYisçptra^ x(ûpi)£, £tç [AoxpOTYjTa il)iAep<ii)v. Ce qu'il
traduit : « Ta maison t'appartient, comme sanctuaire,
seig^neur, pour la durée des jours », traduction que
Strzygowski, au reste, accompagne prudemment d'un
point d'interrogation.
Un épigraphiste, même d'expérience très ordinaire, rec-
ti6era sans peine cette lecture. Il suffit de regarder le fac-
similé de l'inscription pour lire sans hésitation -|- to) oix(i>
wu xpé^(e)t à'{icL9\Lay x('jpi)6, eiç (Àaxp6TiQTa i^jupcov 4-- H ^^
saurait y avoir aucun doute à cet égard et on ne conçoit
pas comment Strzygowski a pu en éprouver. La chose
est d'autant plus surprenante que la phrase gravée sur la
pierre d'Ererouk et qui reproduit un verset des psaumes
(Ps. 92, v. 5) se retrouve toute semblable, inscrite en lettres
colossales, sur quelques monuments célèbres de l'art byzan-
tin, que ne peut ignorer, semble- t-il, aucun des savants qui
s*occupent de cet art. On la rencontre sur la mosaïque de
Tare triomphal de l'église de Saint-Luc en Phocide ^ et
pareillement sur la mosaïque de Tare triomphal de l'église
de la KcipLr,ai; à Nicée 2.
Elle se retrouve sur bien d'autres monuments encore.
Renan l'a lue sur la mosaïque de Qabr-Hiram^ ; Wadding-
ton l'a rencontrée au-dessus de la porte d'une église de
Déir-Sémar, dans la Syrie du Nord *, et l'erreur même de
lecture qu'il y a faite et qu'ont corrigée Renan et Clermont-
Ganneau^, aurait dû, ce semble, avertir et g^der
M. Strzygowski.
1. Schuitz et Barusla^, The monAsiery of Saint Lnke ofSiirts in Phoeiê^
p. M.
3. Diehl, Élude* bysàntinet, p. 359; WuIfT, Die Koimesiakirche in
^»elj, p. 199-S06.
y Renan, Misiionde Phénicie^ p. 611.
4. /fucr. de Syrie , n* 2694.
y Beeaeil dàrehéologie orientale, IV, 85 ; V, 290.
218 l'N COLOSSE •' CRIOPHORE » ARCHAÏQUE
M. Strzygowski, qui ne déteste point l'ironie, a écrit
quelque part dans sou livre (p. 346): « Nous devons remer-
cier Rtvoipa de ce que, grflce à lui, ce chapitre ne manqse
point de quelque élément comique >' ; suit une Critiqw
assez rude sur une affirmation exprimée, comme dît
Strzjgowski, « en style lapidaire u, par le savant italien.
Devons-nous à notre tour remercier M. Strzjgowski
d'avoir, par sa singulière inadvertance de lecture, intro-
duit lui-même, sans le vouloir, dans son livre, un autre
élément comique, que sans doute il ne souhaitait point 7
UN COLOSSE '< CRIOPHORE » ARCHAÏQUE
DÉCOUVERT A THASOS, PAR H. EDMOND POTTIRR,
MEMBRE DE l' ACADÉMIE.
M. Ch. Picard, directeur de l'École d'Athènes, a adressé
à l'Académie une note, qui est ici résumée, sur la décou-
verte faite à Thasos, dans un chantier ouvert par l'École,
d'une statue colossale en marbre, représentant un homme
nu, debout, tenant un bélier.
. La statue brisée avait été encastrée profondément, dans
l'antiquité, à la base du mur Est de -l'Acropole, où elle fut
remarquée dos 1914 et en partie dégagée. Le travail fut
achevé en 1920. Le colosse reconstitué mesure S" 50, y
compris le aocle. 11 est en bon état de conservation, mais
l'examen du marbre montre qu'il n'a jamais été achevé;
le visage, notamment, est resté à l'état d'ébauche. Le type
rentre dans la catégorie générale des xsDpo: dont les spéci-
mens sont aujourd'hui nombreux, mais il y joint un autre
[portant, celui de« criophoreti, quiest plus rare,
pas son bélier sur ses épaules, à la façon du
-e d'Athènes ; il le retient du brus gauche contre
le bras droit retombe le long de la coisse, avec
220 UW COLOSSE '< CRIOPHOHE » ABCHAIOUE
le poing fermé ; l'attitude des jambes est celle de la marcliii,
la gauche en avant.
Fig. s. — Bustejdu cotoMe erîophore de ThaBOS (vu de Tace).
Il y a des raisons de croire que cette statue représente
ua dieu, plutôt qu'un sacrificateur ; elle pourrait provenir
du temple d'Apollon Pythien, qui est voisin, et représen-
terait l'Apollon Karneios, prolecteur des troupeaux, auquel
on sacrifiait des béliers. L'étude consacrée par A. Veyries
UN COLOSSE 'I CHIOPHORE " AUCHAIQUE 221
aux figures crîophores dans l'art grec prouve l'extrême
rareté de ce type à l'époque archaïque ; seul l'Hermès
d'Onatas, dédié à Olytnpie, offre une analogie de pose avec
fif . 3. — Buste du colmse criophurc de Tliai
222 UN COLOSSE u CRIOPHORE » ARCHAÏQUE
la statue de Thasos ; THermès de Calamis, à Tanagra,
portait le bélier sur ses épaules. La formule adoptée par le
sculpteur de Thasos semble due à des modèles orientaux
qu*OD trouve, en particulier dans Tart assyrien.
La présence de cette statue, seulement dégrossie, sur le
sol de Tîle prouve l'existence d*ateliers locaux ; il est donc
inutile d avoir recours à des combinaisons bizarres d'école
« siphno-parienne » ou autre pour expliquer la plastique
de Thasos. La matière est probablement d'origine parienne,
mais il ne s'en suit pas que le marbre n'ait pas été tra-
vaillé à Thasos même. Pourquoi le colosse, dont la mise
au point représente déjà un travail considérable, est-il
resté inachevé ? On peut en découvrir la raison dans une
fissure, certainement ancienne, qu'on remarque sur le côté
de la figure, le long de l'oreille et se prolongeant à l'ar-
rière de la tête. A cause de cet accident, on aura jugé
indigne du dieu une statue qui présentait une telle imper-
fection et on abandonna le travail. Mais Tétat actuel per-
met d'étudier les détails de l'épannelage, de la taille par
surfaces planes, du travail des cheveux, etc. Les propor-
tions sont justes et ce kouros svelte et vigoureux tiendra
une bonne place parmi les œuvres de la seconde moitié
du VI* siècle.
11 nous renseigne aussi sur les tendances de la sculpture
thasienne archaïque. La hauteur totale compte un peu plus
de sept têtes ; ce sont des proportions plus élancées que
celles des statues dites Cretoises et des statues de la Grèce
ionienne : on y sent peut-être l'influence de Chios qui a
ménagé la transition entre l'art asiatique d'ionie et le
canon attique dont la moyenne est de sept têtes et demie.
L'Apollon de Thasos s'accorde à cet égard avec celui de
Milo et celui de Ténée dont on a fait les « chefs de file »
des œuvres d'inspiration chiote. La sculpture thasienne se
rapproche donc de l'atticisme ; elle y ajoute Iç goût du
coldssal, déjà sensible dans le Silène au canthare de la
t
i"f
L*
LE FAPTRU8 DËHOTIQUB INÉDIT DE ULLE N" 3
Porte de la Ville, mais elle s'adonne avec goût à 1
exacte et Gne du corps humain, à rairangement coqi
la chevelure ; autre trait de parenté avec les statues di
et de Ténée, comme avec les caryatides archaïqu<
Delpbes.
APPENDICES
LE PAPV8U8 DËMOTIQUE INÉDIT DE LILLE N" 3
BT LA NOTATION DES JOURS ËPAGOHÈNES,
PAR H. H. BOTTAS '.
Le papyrus démotique 111 de Lille provient des fc
de M. Pierre Jouguet sur le site de Ghôrao, au S.-
la proviace du Fayoum. Il était englobé dans le carto
de la même momie que les n" I et II, publiés par n
1914 dans le Journal A$iatiqae. Il est de la même
(243 av. J.'C), à quelques mois près, et aussi de la
main ; circonstance beureuse, car elle a permis le déc!
ment d'un manuscrit que le temps n'a pas trop respe
dont l'écriture est peu soignée par endroits.
C'est un contrat, dont voici la traduction ^ :
Datation : « An 4, mois de Mésoré, les fêtes des la
la naissance d'Horus sous le roi Ptolémée, éternelli
vivant, fils de Ptolémée (2) et d'Arsinoé, les
Adelphes. »
Cette date correspond au 19 octobre 243.
Contractants : <• Le Tchef de travauxl, serviteur' de
bismégiste, seigneur d'Hermopolis'', le' grand dieu,
I- Voir ci-<Umiui, p. 87.
I' Le* ttemi-crocbcts [ ] indiquent les leclures ou traduction!
UÎDCl.
..a.i^llS^
I D a (L.D. IV, BB),
â^ LE PAfTlCS 0ESOT1QCE tSÊIMT DE LILLE K° 3
fiU de Tt^o« et d« ^Setmet'. mt a (3) Pateutëmis fils de
et tie gaixficns de la prison du Boui^
de -Sobek (dit) ,ll Arsiaoé. da district de Thémistès. «
CUaaea - Ici, notre docomest est manifestement inconi'
nlet. Ce devait être une pièce annexe oa un avenant à on
ntrat plus explicite, on encore nne scriplurM inlerior
tachée de sa acriplura exterior, toujours plus soignée et
us complète. La clause principale manque, mais la
mpuraisoD avec Lille 1 et II laisse voir que Téos engage
responsabilité envers les gardiens de !a prison du lieu dit
rsiuoé en ce qui concerne un personnage dont il garantit
présence en temps voulu et en un lieu à déterminer. La
riuule était : u Je me porte garant pour un tel, qui est
iprisounê il votre requête (ou sous votre responsabilité).
>us me l'avez coutîé ; je le ferai comparaître devant vous
, votre représeutant. >• Notre texte se borne à mention-
r les cousidératioos accessoires : délai, etc.
1^ Depuis tan 4, mois de Mêsoré, les fêles des lampes, la
issauce d'tK>rus, (sous) le roi éternellement vivant, jus-
,'à ^5) l'ttU 5, mois de Thol, dernier jour; soit 3i jours,
ut la moitié est 17, je répète 3i jours. Si vous me le
un) demaude£ durant le laps de temps ci-dessus, rje] vous
1 ramèuerai it reudroit uù vous me direz de l'amener
ns le iu>me Arsiiioïte. 'cela! daos les 5 jours après que
us en aurez exprimé te désir ^7). Je me conformerai à
lies les conditions que vous me |^ poserez]. »
Outre cette rédaction curieuseaient défective, Lille 111
fère des deus autres documents sur quelques points
sentiels. Ainsi, daus I et 11, les contractants font partie
la police locale, à des titres comme à des degrés de hié-
:chie divers. Même dans I, le détenu lui-même est agent
police. Dans II, un gardien de la prison fournit la garan-
, au lieu de ta recevoir, comme dans III. Des hypothèses
e j'avais émises, la plus vraisemblable parait être que les
isonniers, au lieu de subir leur détention, étaient confiés
LE PAPYRUS DOMOTIQUE INÉDIT DE
momeDUnément, comme
serviteurs, à des indivi-
qut s'en portaient
dos
parants '. Il n'était pas
interdit sans doute, de
rendre service par ce
moven à un ami dans
l'ennui.
Mais le principal intérêt
de noire texte réside dans
le mode de datation.
Nojis y voyons les 5 jours
épagomènes anne^tés au
dernier mois de l'année.
Ce n'est pas là un fait
absolument nouveau. Sur
les ostraca grecs publiés
par M. Wîlcken, on relève
des libellés du type Msnopi;
îsa- (ysji^vwv) i pour des
épagomènes des années
101 avant et 126, 133,
137, 152 après J.-C. De
même, le papyrus d'Oxy-
rhynchos l, 43, donne
pour 95 après J.-C. : ^r,-
y^i) KauTspEÎsu Èx3Y0[ji-
l'i'ïMv) ç, avec le nom
romain du dernier mois
ie l'année alexandrine.
1. M. Cuq a bien voulu me
f«ir* obiener qu'un unag-e ana-
loRiw, répandu dans l'Empire
'■■nMin, pouvait être regardé
WKnnie iin dn nombreux em-
pninU faiu à la civilisalion
'n-plleaae.
226 LK PAPTHU8 DÉMOTIQCC INÉDIT DE ULLB 5* 3
II y a longtemps que Bmgsch avait attiré Tattentioià sui
un passage de la stèle Maunier, dite de TExil, ^^ q j^
fil li O*^} O J fl;^ M^' « ^"^ "^<>is ^^ l'été, 5 jours ép^
gomènes, naissance d'Isis, lors de la fête d*Amon au com
mencement de Tannée ». C'est là une rédaction très ana-
logue à celle du papyrus et qui remonte à la XXI* dyuas-
tie, soit environ huit siècles plus tôt.
La confirmation mutuelle n'est pas superflue, car la juste
remar(|ue de Brugsch a été méconnue par les récents com^
mentatcurs du passage de la stèle Maunier, que leurs pré-
tendues rectifications ont rendu incompréhensible. D après
la collation nouvelle de M. Breasted pour le grand diction-
naire de Berlin, on devrait lire /ws/wv au lieu de ç=q, ce qui
conduit Tauteur des Ancient Records (IV, 654) au sens :
u le S** jour de la (fête) « Naissance d*Isis », correspondanf
k la fête d*Amon au nouvel an». M. le professeur Eduard
Meycr dans sa Chronologie [Nachtrage, p. 6, n. {) estime
h bon droit que cette leçon comporte quelques diflRcultés.
Mais il faut croire qu'une copie exécutée dans les condi-
tions susdites ne saurait être suspectée, même si elle entraîne
un non-sens. On préfère accuser le lapicide de quelque
crinui, comme peut-être d'avoir gravé un 5 au lieu d'un 4,
puis(|u'aus.si bien la naissance d'Isis est le 4* épag. Or la
st(*l(;, <|ui est au Louvre, procure une petite revanche aux
(''gyptolofjues français, volontiers taxés d'imprécision dans
l'ouvraf^e de M. Breasted, et ailleurs. Déjà a priori il est
imprudent de tirer des conclusions, visiblement peu vraisem-
blables, de constatations matérielles opérées sur un monu-
ment «très dillicile à lire ». Vérification faite sur l'original,
Hru«;sch a pleinement raison, et les corrections ultérieures
Honl de pure fanUûsie. D'ailleurs, il était facile de voir que le
nombre S, représentait l'ensemble des épagomènes, cela
par comparaison avec la manière dont est exprimé le o*
LE PAPYRUS DÉMOTIQUE INÉDIT DE LILLE N® 3 227
épa^. au tombeau d'Hapizéfa à Siout j |||||<^^ =,oùles
deux groupes de 5 traits répondent respectivement au sen^
de eooT et cor (durée d'un jour et quantième). La coïn-
cidence de la naissance dlsis et de la fête dWmon, qui
embarrasse M. Meyer, n'a pourtant rien que de très normal.
On ne nous parle pas du jour précis qui commence Tannée^
mais d'une fête célébrée à Tépoque du nouvel an. Elle
pouvait durer plusieurs jours, comme MM. Breasted et
Meyer l'admettent bien, à tort d'ailleurs, pour la fête
t Naissance d'Isis ». C'est ainsi qu'au tombeau de Chnoum-
Hotep à Beni-Hassan, on voit mentionnées côte à côte les
fèies de la fin de Tannée, des épa^omènes et du nouvel an.
11 y avait là une série continue d'au moins 7 jours de fête.
D'autre part, nous savons par les contrats de Siout que la
fête des lampes tombait au 5*^ épag., nuit du nouvel an,
tandis que le calendrier d'Esné la place au 30 Mésoré. Bien
mieux, Krall [Sitzungsbe^ichte de Vienne, 188i, CV, p.
il8 sq.) a précisément démontré que, sous les Ramessides,
les fêtes d^Amon se prolongaient parfois plus d'une ving-
taine de jours.
La dénomination « fête des lampes », appliquée à l'en-
semble des épagomènes, a déjà été signalée par M. Spiegel-
bei^ dans le papyrus démotique du Caire n^ 31 179. A
sa transcription ^^^_^ 1^1 j'opposerai J^'4 ^^^ Il (^vec
I en moins au Caire). Quelques rapprochements à faire
viennent d'être indiqués. Les inductions de Bnigsch relati-
vement aux \\i*/yœ^iM sont confirmées. On songe aussi aux
X,>)rvcxawtt qu'Hérodote a vues à Sais et qu'il dit avoir
lieu par toute l'Egypte.
On sait que les fêtes illuminées d'Egypte sont plusieurs
fois mentionnées pai'les auteurs classiques. En particulier,
l'orateur Libanius ne trouve pas de meilleur terme de com-
paraison pour vanter les magnificences de l'éclairage
228 LE PAPTRUS DÉH0T1QUE INtDIT DE LILLB Ii° 3
nocturne d'Antioche, sa patrie. A l'autre extrémité de l'his-
toire, on voit la plus ancienne citation des épagomèDes,
jours des naissances divines (Pyramide de Pépi II), en rela-
tion avec l'allumage du feu, lequel jouait aussi son rûle
lors de la naissance surnaturelle du Pharaon.
Le papyrus de Lille rattache donc les épagomènes au
dernier mois de l'année. Celui du Caire, déjà naentiooné et
qui date de 148/147, fournit la même donnée sous une
autre forme. 11 y est dit : « Depuis Thot de l'année 34, jus-
qu'au dernier jour de Mésoré ', les fêtes des lampes; une
année, 12 mois 1/6, Je répète une année. » C'est ce 1 /6 en
plus des 12 mois que les Coptes appelleront le « petit
mois », ABOT M KOTXI-
Une inscription du nouvel empire théhain ( Thés. 248)
nous présente déjà les épagomènes comme faisant partie inté-
grante de l'année : « au commencement et à la Gn de l'année,
en été et en hiver, pendant les 36S jours de l'année ».
M. Ed. Meyer insiste sur une autre conception, celle des
épagomènes n'appartenant pas à l'année. Cela est parfai-
tement juste pour la haute époque et répond d'ailleurs à
l'expression ancienne « jours en sus de l'année ». Encore
sous Ramsès II on disait « l'année et les 3 jours m . Aux argu-
ments présentés par M. Meyer, j'ajouterai ce fait typique
que nous possédons un calendrier des jours fastes et
néfastes pour les 360 jours, et un autre pour les 5 épago-
r contre, l'historien allemand n'évite pas entière-
ontradiction quand il cherche à concilier cette
;inelle, semhle-t-il, avec l'ordre attesté par une
de l'ancien empire sous forme de tableau où les
;s sont placés avant les saisons et les mois. 11 a
lué dans l'interprétation d'une date d'époque
nservée par le papyrus mathématique Rhind,
lit s'entendre ainsi : « l'an II, 1" mois de l'inon-
icrg a lorl de dire o el les TétcB >.
LE PAPYRUS pÉMOTIQUE INÉDIT DE LILLE N® 3 229
dation, naissance de Seth, il a tonné ; naissance d*lsis, il a
plu *. » L'intérêt en est grand, car elle nous montre les épa-
gomènes rattachés cette fois au premier mois de Tannée. Il
ne faudrait pas conclure, avec Ed. Meyer, que les épago-
mènes « précèdent les 12 mois ». Cela n'a proprement aucun
sens. Il sont par hypothèse intercalés entre deux années.
Ils suivent les douze mois de Tannée précédente et
précèdent les 12 mois de Tannée suivante. Aussi Tex-
pression Tph toi} vésu Itouç du Décret de Canope ne
u confirme x) rien du tout, surtout étant donnés les exemples
contraires intermédiaires. M. Meyer interprète comme s'il
v avait « au début de Tannée ». Le texte dit tout à Tin-
ver^e que les 5 jours sont ajoutés « avant le nouvel an »,
soit qu'ils aient leur place entre les deux années, soit
qu*on les ajoute à Tannée finissante. De même, rendre hr.
w rnp, t par « placés en avant (sur la tête) de Tannée »
est un sens forcé, pour ne pas dire un contresens. En pra*
tique, dans un tableau représentant une durée de 363 jours,
on pouvait situer les épagomènes avant ou après les 12 mois.
Pour fixer une date, on parait aux confusions en
mentionnant le nom du mois adjacent de Tannée précé-
dente ou suivante. S'il y a eu flottement, cela peut tenir
en partie à la même cause qui a fait passer de la première
place à la dernière le mois où se célébrait la « naissance
de Ra o, Mésoré, les autres mois avançant tous d'un rang
et Thot, jadis deuxième, devenant premier.
M. Meyer établit une relation entre ce déplacement et
1. Ad. Erroan a lu le quantième 2 après rindication du mois, ce qui
UBpliquerait une double date. Cela parait suspect A Ed. Meyer, mais il ne
propose pas de solution et, comme pour la stèle Maunicr, il incrimine le
Kribe plutôt que son collègue à TAcadémie et à l'Universitë, lequel avait
pourtant reconnu que ce passage était d'une transcription difficile. Le signe
lo X par Erman a été omis dans les colonnes de la Paléographie de MdUer
con»»crées au pap. math. Ce qui prouve péremptoirement Terreur d'inter-
prétation, c>8t l'absence du quantième 3 devant la • naissance d'isis ».
U date Uitftëe inexpliquée par Ed. Meyer est parfaitement claire.
i!i» ".* "• . "^ — * -itf-tr— i-r -yt^srr TC uulc ?i* 3
;:. - I rîe psir rapptni aa lever
.- ^-' *i-. 1- -i» -^1- ^ fn^ Ti5»ri jTi milieu du 4*
- --.. *T '"' -r iif Sr*:3S. » lîst mis alors à le
- . - 1 . * .^- *•*--- * ..rrinir-a" trjca, mx postulat
- - i: r- T. : :- 1 **._--"•.*•-» ras i*înJ?l^* : c'est Tassi-
- i i'* . :..>--.: - *r! ra • îi 5«:l5ti..« d'été. On
*• * - -^- --:.^ 11^" tT -fa r^t on tomberait
'^ 1 ^.■*-> . î. -:.--• \..* ^ .:«-. Att^I^ît - naissance du
.- -î -r, :. .* i-«^"*r 11 .iiii: >«,c :l*i» û-^ul degré de
»-^ îo- * -• ': ''•^ î -- 1 :— -.1- ~- ^ -î^ 1:1 t>?u comme si,
:-,.'-.:* . .î ■*!:-- *:.!-•? -n.i^.^ le cor. ->n en disait
■lî -' ^
- .• î.i.s>a .'^'i iu. disc^e solaire »
V ^*, * \f I *i Ti-i-f- F : irt-tat, à part le
T* :-.T i-"i'. .î •*! --xï ->*::* ri-Tï-rz: j:tachiîr la déno-
:■ : i iT :-: "î ^^ *..- : * -i, ..-_ . c esi soc lever jouma-
. *■.• A "-. : i -^ -"^ i-^ . 1 ir-i y^ '::.'ea^. i-at les naïves
' ^ •,■ ^ 1 ^^ : î ^ - ^ . . , : i-rie rLi::n de la déesse
• * . L *■* : .. • I > -V >. -- -*c -i:!'. :r^ s>*rt.r Je la fleur
*: ^- ^' :*. ' .r : .- • i : J-. .' ', nî-^-^î^ente bien
r î- .* • ■ . «,- - 1 : . \ » V.. .ri»*. i::i: U redaclion
V* .: r ' . . -v- .. ' . ^ ■ : v^ ••?- f /, al.u>:«^n à des
■*.- , ■* -4 >c -'^^ * ^\ . "^ *^ ': . i-s. i*nnî le>*jiiels la
t ^^ N i ■ ^ ^ ^ • ; : ^ I i :i- ;„ :-f *: aassi au jour de
a \* .•* .: -^ . * '-.j : : 1^, i isc 5orti d"i bouton de
.^ * ^ ,; \ -. I* .'. •'i.v^lan, ce doit
. ■' . . - -^1 y -: î • - ^, ii preaûer lever
i • ** * * •-* - . y -^ * ':-**'^eair les points
X, V , \ :: , . \ \ ,*. . N \^ .: jt les subtilités
t ï .V ■ » ^- ■ - - ..*^- ^ • *c li viri.uoQ calen-
>^» -\ -, »^ * Nv >• ' ~ '"^ , *' '■? • * *t* Mîrc^ do
1 » *
• ^ » ^ »
MONMAIRS 9USANIDES ET ARARO-PEHLVIEB 231
entre denz années, il arrivait que la naissance des descen-
dants de Ha précédait immédialement celle de leur ancêtre.
Cette anomalie devait choqaer le gros bon sens populaire ;
d'où une tendance à remettre les choses dans un ordre p~
lo^que, qui, à la longue, aura été consacré oOtcielleme
Cette explication heurte, je le sais, une thèse chèn
M. Meyer. d'après laquelle il n'y aurait pas eu de trai
lion entre l'année lunaire égyptienne et l'année soli
prestpie parfaite de 365 jours. Mais sur ce point M. Me;
n'oppose aucun fait précis aux témoignages tardifs, m
formels et concordants, du Pdeudo-Plutarque et du déc
de Canope, sur l'existence d'une année de 360 jours, si
parler des documents indigènes qu'il n'est nullement inl
dit d'interpréter dans le même sens.
SI'B L» SIGNE INDÉCIIIPFHÉ DES HO^^ALES
SAS.SAKIDES ET ARARO-PGHLVIES,
PAR M. J. DE MORGAN '.
Oo rencontre sur les drachmes royales des Sasaanidei
partir du règne d'Hormifldas IV, dans le champ, fi gauc
derrière l'eUigie du prince, un aignc singulier, que loi
temps on a considéré comme étant un monogramme, et
lequel, jusqu'ft ce jour, la perspicacité des orientalts
s'était exercée sans succès. Ce signe, sur les monns
(l'Hormisdas IV, est soit isolé (lig. 1, n" 3), soit suivi
mot AFZUTU (fig. I, n" 1), soit inscrit après lo r
AFZUN (lig. 1, n" 2).
Sous Chosroes II et -ses successi^urs, ce signe, qu'on n
contre sur presque toutes les mi'daiijps, précède toujo
I. Vuir ci-ile«*ui, p. IIS.
°^rè'°kfé'»» 3
232 MONNAIES SASSANIDES ET ARAB0-PEHLVIE8
AFZUTU (fig. I, n® 4) ; on le trouve sous Pourân-dokht,
Hormisdas V, Chosroes III, Yezdedjerd III, ainsi que sur
^^ les drachmes arabes au
^ iMpCi'Cvl^ type sassanide (fig. 1, n** 5,
>||f<U>^^o|Q)|^Q|| ». Omar ben Obeïd Allah)
et les hémi-drachmes des
Ispehbeds du Thabéristân.
- f|4l>>~* |t>|fQlllV^. I^éjà Edw. Thomas, en
.IL ^^^mU. jf *8o0, signalait les difficul-
HauLijtg ^^ •'^ ^* tés de lecture qu'il rencon-
^4P(^ J^I^H^^^^ââd ^ trait dans cette première
IfO-tJill ^gjA/^ m c partie des légendes sassa-
' ^•MIO"'» nides : « Je suis dési-
Fig. 1 reux, dit-il *, d'appeler
l'attention sur un singulier monogramme, commun à ces
médailles (arabo-sassanides) et à celles qui portent les
emblèmes du culte du feu, monogramme qui, jusqu'à ce
jour, a échappé à l'examen le plus attentif; mais aupara-
vant, je dois parler du mot AFZUT qui, associé à ce mono-
gramme, semble devoir le précéder. La première mention
qui soit faite de ce mot se trouve dans l'ouvrage de Long-
périer- sur la classification des médailles sassanides, au
sujet d'une monnaie attribuée à Chosroes I (A. D. 531) à
partir de laquelle ce mot continue à être gravé sur les
pièces d'Hormisdas IV et de Varahran VI, successeur de ce
prince. Sur ces exemplaires, le mot AFZUT est placé près .
du cercle séparant le champ de la médaille de la marge et
commence directement sous l'étoile, à gauche de l'effigie.
Sur les monnaies attribuées à Chosroes II, on constate une
modification dans la position occupée par Tétoile et par le
monogramme qui nous intéresse et qui, désormais, se
1. The pehlvi coins of the early Mohammedan Arabs, dans Joarn. of tke
royal Asiatic Soc. y t. XII, 1850, p. 287, note 1.
2. Essai sur les monnaies des rois perses de U dynastie satsànide. Paris,
18iO.
MONNAIES SASSA1SI0E8 ET ARABO-PEHLVIES 233
trouve placé entre le cercle et le mot AFZUT. ... Le mono-
ip^mine est ensuite figuré sur toutes les classes de mon-
naies mazdéennes, mais il se montre sous tant de formes
différentes qu il est difficile de se rendre un compte exact
de son ensemble. Parfois, les caractères qui le composent
ressemblent aux lettres indéterminées des médailles de
Khoubous ; parfois aussi/ ils semblent n'être autres que des
lettres pehlvies assemblées en un seul groupe, combinaison
dans laquelle ces lettres perdent la majeure partie de leurs
caractères distinctifs. Dans ces conditions on peut lire :
SMZ, AMZ (peut-être aussi : IDMN), etc. . . »
En 1843, Justhus Olshausen de Copenhague^ avait fixé
définitivement la valeur du mot AFZUT qu'il rapprochait
du persan moderne afzuden et traduisait par vivat ^ floreat,
crescatj mais ne donnait aucun sens au monogramme
auquel cependant bien certainement se rapporte le mot
AFZUT.
Après Edw. Thomas, les divers orientalistes qui se
sont occupés de la question ont proposé des interpréta-
tions diverses." On a d'abord traduit ce monogramme par
zaman = tempus^ auquel se rapportait AFZUTU = augea-
iur. Stickel a proposé Sim et l'ensemble devenait argen-
ium auctum. Wahl et Dorn sont d'avis de lire gadman et
enfin gadah = majesté (v. Dorn, Mél, asiat,^ t. III, 1857 ;
Mordtmann), Z.D.M.G., 1880, p. 129). On s est arrêté à
ce dernier sens et, dans ces derniers temps Drouin * tradui-
sait l'ensemble par Que sa majesté vive ; mais, dit-il,
rien ne justifie ces diverses lectures; car on ne trouve dans
ce signe symbolique aucun des éléments du mot gadah.
Il est certain, ajoute cet auteur, que ce signe inconnu repré-
sente un mot qui doit aller avec AFZUN. Si ce n'est pas le
mot sémitique Gadah^ ce doit être quelque chose d'équiva-
1. Diepehlwi Legenden^ p. 35-36.
}. Observations sur les monnaies à légendes en pehivi et pchlvi-arabe,
«l^tw Hevue Archéologique, 1886.
MONNAIES 8A6SAMDES I':t AaABO-PEHLVIES
; aussi, faute de mieux, oouservoDs-nouB à ce mono-
itne cette signilicatioQ.
lUtes ces hypothèses péchaient par la base, Avaat de
oser une traduction, il fallait d'abord étudier le groupe
loint de vue épigraphique, oheroher à conoaitre tes
;s qui, k l'origine, ont été ses éléments constituUfB.
. à ce travail que je me suis livré, en examinant plu-
'8 milliers de ces drachmes tant sassanides qu'arabes,
esquelles se trouve le monogramme,
li remarqué que si le type {%. H, col. I, n" 1) le plus
lent montre une parfaite liaison des éléments divers,
tst pas rare de rencontrer des exemples de dissociation
BS parfois par l'inhabileté du graveur (%. II,
jlonne, n" 4 à 7, 10, H, 15, 17, 18. 19, 22), parfois
liant de la connaissance qu'avait l'ouvrier de la valeur
roupe et par suite des lettres dont, régulièrement, il
it être composé. Dès lors il interprétait en séparant
ignés (fig. Il, col. I, n" 3, 8, 14, 20), que souvent
leurs il traçait assez gauchement.
loi qu'il en soit de l'ensemble (fig, II, col, I), il appa-
clairement que le centre est occupé par la lettre M
II, col. I. n"» 3, 4, 9, U, 16 à 18,21, 23, 24, 26 à
que la dernière lettre semble être un N (fig. II, col, I,
, r,, 8, 9, 10, 10) ou C (TCiT) (lig. II, col. I, n-*^ 1 à
8, 11 & 15, 17 à 29 et plus spécialement n" 7). Quant
lettre initiale, on la peut lire A ffig. Il, col. I, n" 1 à
I, 21, 28, 29), S (lig. H, col. I, n"' 8. 14, 17, 24, 26.
>u I (fig. il, col. 1, n"' 1, 2, 4, 8, 12, 13, 15, 16, 24,
indécision entre A et S, comme lettre initiale, déjà très
de quand on s'en rapporte à l'inspection des lignes de
g. 2) colonne I, devient plus embarrassante encore
d on compare ces groupes avec ceux qui, dans les
[laies arabes, ligurent en pehivi les mots AMIR (fig. II.
V), SELIM (fig. II, col. IV), AZeMAN (fig. U, col.
MONNAIISB 8AS8ANIDES KT ARABO-PEHLVIBS 235
VI). Cependant nous voyons, dans les diverses fornies
pehlvies du mot AMIR, la lettre A surmonter Souvent la
l.l>3.Khosroes II (monnaie royale), "^jr 1 ttïï • 1 TT 1
4-6. lezdcdjerd tll ( - ). Mj^ ^^ÀÀ •" lôCUf
2 *T2 tb^Jl
7-8. Khotroc8 II avec bitm illah.
9-10. Iczdedjerd III avec bism il-
lah.
11-12. Moawiyah. z * tfui S
1S-15. Abdallah benZobeir. ' Jjt^ V?..^
16. Obeidallah ben Ziad. H^CT • 16<
n. Omar ben Obéid allah. - ^A f^ 4
1«. 6clim ben Ziad. JiXT l9l^W
19. Auraiah. -^^ #Wà «S
20. Abd el Melek ben Merwan. . .5 ^yf ^^ï
21-22. Mohalleb ben Abou Sofrah. JâiV 20f^
23. Mouçeb ben Zobéir. 6 ,^ IJ^* 6
34. id. J,^ lE^ ^^
26.' Khourchid (TabéristAn). ^ ,7 !!5ol CW 7
27. Zofràn - ' J^ "^2 22 <^
royale).
III. KiRMAN. 1. Omar ben Obéld
IV. SeLiM. 1-5. SélimbenZiad. V^^^ ^^2 2$ê^
V. AMIR. 1-2. Mo'âwiyah. 2 .^3$ é^ê 12
— 3. Abdallah oen Emir. A_4^f5li ^'x ni fc.il
— 4-7. Abdallah ben Zobéir. •^XP ^if> Jj^^n
— 8-9. Abdel Mélek ben ^-.^ ^'W^ ^ , lO
Merwân. vyllll â i 1 4 ^ 2p|
M.AZéMAN. 1-2. Abdullah-i-Iîa
zem.
VU. MeRUV. 1-2. Abdullahi-Iîa-
zem.
Fip. 2.
2«. Omar — ^a IM^I a¥f 8
29. Séid ben Dalidj (TabérisUn). MJP ^^^ ' 251^*»
II. 1-2. Hormirdas IV (monnaie ^^9 |tt^| |^ 9
"^^ €^ 10
•1^
lettre M, comme le fait a lieu dan.s la forme la plus usitée
de notre monogramme.
Ces constatations portent à penser que c'est par la lettre
A que débute le groupe et qu'on doit lire : A. . . MN.
Or, si nous comparons le monogramme type de
Chosroe» Il (fig. 11, col. I) à celui d'Hormisdas IV (Hg. II,
col. II), qui lui est de quelques années seulement antérieur,
noos voyons nettement que le plus récent des deux n'est
u "jz- iiL^ z-ii^^ iiL ri~iitifT simpli-
-^ -^ --LT-^ I - — ^ brr-ijiliit* ; d*
:^- -- - -^^^ -~— - .^Ti-^ m-QiuiJM. d'Hor-
: -i^j^-- " :;&■ ne =-<m^ it uirroe d'uD
■ X —• -igT«.'.j^ 7r=ii.--iE àfs Arabes
.. =- d^ r_=-; r-:«:.3at. beancoap
—-- *^Lii - -. m^-ji lu* la lettre H
r. i -ï — ac :riiiJ;iii::rt. Jt D perdre
î n-^_r^ — 1 -Tuf c Cl. rrnh l^^êre-
. .-- u— ;^:ji.j-rv.-„i= ^ '-jîTjjcnt d'être
- u;— .IL ni.ji. ^jj-i Tî.TTi* i H .>ra.i>iiis IV est
J la. n. i: ; ::;;.i. c i^.il a^ ^ vjj? ^t de la
l_'..-_--' i^r H ;a- ^ rm lEi-ntre que,
— j- îi-'iir riiiZi.irsi <i. ..-T^Ti r. etire avant i
i itei. eu.- u îi^tiL ic ^ r_it de Merw,
:. . u "~ r , -^îJ t^- :]. cA. VII.
- .1.1^ •^:..x.^^ if :i .-.^ ^"T leZvienl
,. .- .n^ne i Cul» iiiTt iii:Cj:tçTaji.zie.
.-.-~ r.-....I^!r~ i'r. :im±:^£.ni- Z\\ lerfnre qui
,;l ^_ru: > ■!.■- i,!sr,«îS I'. s.':^ j.*^ succes-
" m 1,. t'^ :^-iî!fti-i. : Jr ÛT^ziier, bien
,-.-•-. ': - 11^ ■^- F'*^'^^ *^^ t>clM lt«
- . — s". i.-<- i*:-:-^-— ^1:*- diiii la Icîreiide
^- . ^-- jrr^:.ru>. iLî.^ on le voit aussi
- _ -7 --.!„. :-T £t :*rlt:iies pièces arabes.
...^ t;,-,s r:. ArT'wT- il ûnporlait donc
-->;-- .Lj..-:*.'-'-^- ^^^ le ix>iiteite pou-
-, .-. ::.: -^i"^ If î^as do mol ARMN.
- - j^ _-.;.^-:e foas Honnisdas IV soit
■ ---v--i: :,£■- 1- n* 2 ou sui\"i du mol
- .^ !:=■'. rU.f au commeDcement de la
MONNAIES SASSANIDRS ET AnABO-PEHLVlES 237
phrase, AFZUN est remplacé par AFZUTU (fig. 1, n" 4)
comme sous Chosroes II et ses successeurs. AFZUN, d'ail-
leurs, figure fréquemment seul (fig. I, d° 2 bis).
Sous les Arabes il occupe exactement la même place q
sous Chosroes II ; le nom du gouverneur seul est chan
(ex. : Bg. 1, n' 5) Omar ben Obeïd Allah); mais alors ■
le rencontre parfois dans les légendes marginales telle q
celle d'Abd allah ben Zobeïr{fig. 1, n° 6) du Musée brita
nique, Bism iliahBe PïR [ouzëh] précédant le monogramn:
Une autre légeade sans monogramme (fig. I, n" 7) don
l'explication de la première qui est incomplète BiSM ILLi
AFiDeH Be PIRÔDCAN Aa nom de dieu Gloire au V
lorieux.
En cherchant dans les mots pehlvis dont le sens po
vait convenir et dont la composition fût épigraphiqueme
acceptable, mon attention avait été appelée par le m
AIRMaN qui, sauf la lettre I, répondait ft ma lecture <
signe; mais cette chute n'était pas pour faire abandonn
cette traduction. Je croyais pouvoir accorder à ce motui
valeur plus étendue que ne comporte sa signification anat
mique et en raison du titre de descepdant des dieax que
donnent les premiers Sassanides ; Minacetri men yezdan
du titre ftadi que prennent d'autres, du prix qu'attachaie
ces princes à leur filiation divine, j'estimais pouvoir ti
duire ARMN AFZUTU par : " Que la puissance génita
du roi X s'accroisse » ou << se conserve n. Mais, contraii
ment à l'affirmation de Haug dans son dictionnaire*,
mot AÏRMAN n'est pas avestique, et MM. Clermoc
Ganneau, le colonel AUotte de La Fuye et E. Blochet qi
j'ai consultés à cet égard, ont été unanimes à me répond
que la valeur de ce terme ne prend aucun sens génér
dans les diverses langues sémitiques.
I. An old p«*hliii-p»**nd gtoiury (by Dralur Mn^hanKJi Jamaspji As
ediMby Martin Ha ufc, Bombay. 1X70, p. &Q.
238 MONNAIES SÀSSÀMDES ET ARABO-PEHLVIES
(( Ce mot sémitique ne se trouve pas, et ne peut se trou-
ver dans TAvesta, m'écrit M. E. Blochet (lettre du 3 mars
1920). . Quant au sens de procreator^ c'est une hypothèse
qui me paraît invraisemblable et impossible ; aïr a en arabe
classique une signification bien précise ; la racine àra, à la
seconde forme ayyara, a le sens de cohabiter avec une
femme ; l'emploi de ces mots est plutôt rare. Il n'existe
rien qui réponde au mot arabe aïr dans l'hébreu classique,
dans l'hébreu talmudique, dans le syriaque ; mais du fait
que ce mot existe en arabe et en pehlvi, il résulte naturel-
lement, à mon sens, qu'il a existé dans le dialecte araméen
auquel l'idiome des Sassanides a fait ses emprunts. Je ne
vois point que ce mot, ou plutôt l'un des dérivés de la
racine âra, ait jamais eu le sens de procreator. Les lexiques
classiques arabes citent bien l'expression kana aïrouhou
taimlan pour dire : Il a beaucoup d'enfants mâles \ mais
j'y vois plutôt, si j'ose dire, un sémantisme de corps de
garde. »
11 y avait donc lieu d'abandonner cette hypothèse et
quelques jours plus tard (lettre du 12 mars 1920), M. E.
Blochet m'écrivait une nouvelle lettre que je considère
comme réglant définitivement la question :
ce 11 existe dans le vocabulaire persan, dit-il, un mot qui,
suivant moi, explique d'une façon satisfaisante le groupe'
AKMN que vous lisez sur les monnaies des Sassanides.
C'est le mot KHRMN qui lui correspond lettre pour lettre,
et dont la prononciation actuelle est khirman ou kharman\
cette vocalisation est suspecte, car il s'est produit des alté-
rations sensibles du vocalisme dans certains mots, depuis
les époques anciennes du viii« et ix® siècle, jusqu'à nos
jours. Khirman ou kharman en persan moderne signifie ;
récoltes, céréales ; mais cette signification est certainement
secondaire, car un dictionnaire persan composé aux Indos,
le Bahar-i-Adjarn, le traduit par le mot arabe daulat, lequel,
comme vous le savez, signifie l'exercice de la puissance
M0^^A1ES SAHSANtDtR ET ABABO-PEHLVEES 239
souveraine. Khoarman représente une forme achéménide
hu-ram-ana « qui donne un bon plaisir », d'où la puissance
et la fortune. Le sens de fortune matérielle s'est conseï
■la os l'expression persane khourman soukktê, littéra
ment, « qui a brûlé son khourman u et qui se traduit i
« homme sans le sou ». La fortune chez les ruraux cons
tant surtout dans leurs récoltes de bté, il est très natu:
que ce mot khourman ait abouti au sens dérivé qu'il pi
sède dans la langue moderne. Ce mot est dérivé de
màme racine ram que le persan khourram, agréable, leqi
est en perse achéménide hu-rama, avec le même sens q
ha-ram-ana.
« 11 s'en suit à mon avis que khourman signifie, parte
où il se trouve, pouvoir temporel, ce qui me semble bi
concorder avec le sens des passages que vous avez pris
peine de me signaler, "
L'explication de M. E. Blocbet me semble être parfail
ment acceptable ; pour rendre exactement le sens de khi
man tel que ce mot est gravé sur les monnaies, il faudn
adopter le mot arabe qui comprend la richesse, la force
le pouvoir, qualités qui, en Orient, ne font qu'un. Nous
rendrons par puissance, bien que ce terme ne réponde p
exactement ii ma pensée, et les légendes deviendront :
(Fig. 1, n» -A] ARMaN AUHRa MaZDI.
La puissance d'Ilormisdas.
(Fig. 1, n- 4) ARMaN AFZUTU KHOSROUI.
Que grandisse ta puissance de Khosroes.
iFig. [, n- 5) ARMaN AFZUTU AUMaR I AUBITALAA
Que grandisse la puissance d'Omar fils d'Obcid-Allah.
(Fig. I, n»' 6 et 7) BISM ILLaH AFiDeH
Be PiROUZAN ARMaN.
Au nom de dieu gloire au puissant victorieux.
En terminant, je ferai observer que le mot pecus a jo
dans nos langues de l'Occident le même râle que le m
LIVRES OFFERTS
lan chez les Persans et que je sertds plus tenté de
e que tous, comme pécule, pécuniaire, sont des dïrivés
idaires de pecut : richesse et pouvoir doivent être coo-
és comme descendants de l'expression simple primitive :
Ite. Dans les plus anciens dialectes persans encore
is de nos jours, en kurde ainsi qu'en persan, on ren-
re le mot kkarman désignant l'aire sur laquelle od
•e la paille pour en extraire le blé (cf. J. de Morgan,
ion enPerse. Études lingaUtiques, t. I). Le mot khar-
usité sous les Sassanides pour exprimer le pouvoir, la
!sse, la puissance, a été remplacé par le terme arabe
, mais il est resté en persan moderne avec sa valeur
itive.
LIVRES OFFERTS
P. ScKEiL présente b rAcadémic au oom des ailleurs :
Le sceau d'Ur R Innanna tar un Ironc de cane étiquette. —
; comparative des sceaux de celle époque, par AllotLe de La Fuye.
spondant de l'Académie (eiErail de la Repue d'atiyriotogie,
1-26) ;
MoUe et la Genèse, d'après les travaux de M. le professeur
ard NaviUe, par E. Doumerguc, doyeo honoraire de la Faculté
de théologie protestante de Monlaulian, pp. xv-]2l.
Cl. lltiAnT présente en cos termes un ouvrage de M. S. Flurj
lé : hliinische Schrifllânder (Baie et Paris, 1920) :
e caractère décoratif des inscriptions arabes en lettres dites
(ues est bien connu, surtout ce qu'on appelle le koufique fleuri,
s molirs stylisés viennent s'ajouter au corps même de la lettre
fsenlent un ensemble touITu, agréable k l'ceil, qui fait le déses-
le l'épi graphiste. M. Samuel Klury, professeur à Bâle, a résolu
lier le développement progressif de celte ornementation ; il s
lomme point de départ les inscriptions d'Aaiida, aujourd'liui
éldr, qui sont du xi* siècle de notre ère, et il y a joint comme
! de comparaison, des inscriptions de Kairouan, de Magyaftri'
SÉANCE DU 23 JUILLET 241
qin en Mésopotamie et de Lirmidh en Perse. Il y analyse, avec la
plus grande minutie et la plus parfaite exactitude, les formes que
prennent les lettres de Talphabet sous la fantaisie des artistes
ornemanistes ; c'est le premier essai méthodique que Ton ait fait
dans cet ordre de recherches. Une profonde connaissance du sujet
et une comparaison des monuments classés par périodes ont permis
à M. Flury de constituer Tbistoire du développement de cet art
spécial des bandeaux ornementaux dans Tarcbitecture musulmane,
ik Tépoqne envisagée. »
SÉANCE DU 23 JUILLET
PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DIBIIL.
M. CuQ achève sa communication sur les pierres de bornage
babyloniennes du British Muséum *, Ce sont des galets ovoïdes
ou de petits blocs de pierre arrondis au sommet. Ils portent des
bas-reliefs figurant les symboles de certaines divinités et une
ioscription dont la clause finale contient des imprécations contre
celui qui détruirait la pierre ou la ferait disparaître. La collec-
tion du British Muséum; formée depuis plus d'un demi-siècle,
comprend 23 bornes dont les inscriptions étaient pour la plu-
part restées inédites. Elle a été récemment publiée par L. W.
king, qui y a joint 12 tablettes de pierre et 2 cippes commémo-
ratifs en forme de pierres de bornage.
En rapprochant cette collection de celle du Louvre publiée
par le P. Scheil, en y joignant quelques unités conservées à
Berlin et à Philadelphie, M. Edouard Cuq a pu déterminer
l'usage qu*on a fait de ces pierres, du xiv*' au vu" siècle avant
notre ère. Elles ont pour objet principal de placer sous la
protection des dieux une terre donnée par le roi à un parti-
culier ou à un temple et acquise par lui d*une de ces tribus
kiMites qui, après la conquête de la Babylonie, s'étaient établies
(Uns la région frontière de la Perse occidentale. Ces tribus
L Voir Jour ntU deM SavMnts^ 1921.
ino la
â42 SÉANCE DU â3 JUlLLEt
pratiquaient le régime de la propriété collective, alors que les
Babyloniens connaissaient depuis longtemps la propriété privée.
Pour garantir le donataire contre les réclamations des gens de
la tribu, on les menaçait de la colère des dieux.
La donation royale de terres était parfois accompagnée d^un
acte de franchise, ou, lorsqu'elle était faite à un prêtre, de
Tattribution d'une part des revenus du temple auquel il était
attaché. L'usage des pierres de bornage a été étendu, dans des
cas exceptionnels, à la protection de la propriété privée.
M. HcART présente quelques observations.
Le Président rappelle que les pouvoirs de M. Ëlie Berger
comme conservateur du Musée Condé sont expirés.
L'Académie, à l'unanimité, décide de présenter à nouveau
M. Élie Berger au choix de l'Institut pour une période de trois
ans.
M. CharloB Dibhl communique une note de M. Gabriel sur
les fouilles de Foustat *.
M. Cl8Rmont«>Gamnbau présente quelques observations.
M. P. GiRAAD donne lecture de quelques pages concernant le
mot prêté par Aristote à Périclès {RhéL h 7, 34; III, 10. 7),
dans l'éloge funèbre qu'il avait fait des morts de la guerre de
Samos, en 439 : « L'année a perdu ton printemps ». Une expres-
sion semblable est attribuée par Hérodote (VII, 162) à Gèloo,
tyran de Syracuse, et l'opinion actuellement admise est
qu^ Hérodote a plagié Périclès. Il semble, au contraire, que ce
soit Périclès qui ait reproduit le mot de Gélon, simple proverbe
sicilien, qu'il connaissait sans doute par Hérodote. C'est ainsi
qu*il l'aurait fait sien par une application nouvelle, plus poé*
tique et plus touchante*
MM. Théodore Rsinach, Maurice et Alfred Groisbt pré-
sentent quelques observations.
1. Voir ci^prèB.
243
COMMUNICATION
LBS FOUILLES DE FOOSTAT, PAR M. A. GABRIEL.
Al'Foustat OU Misr, la première capitale de l'Egypte
musulmane, s^étendait au Sud du Caire, entre le Nil et le
Mokattam ; Djami Amrou et Kasr-ach-Cham survécurent
seuls à la ruine de la cité : encore la mosquée fondée par
le conquérant Amr-ibn-al-As ne conserve-t-elle que de
rares éléments de ses dispositions primitives. Les maisons
voisines, d'époque récente, forment en bordure du fleuve,
le quartier Masr-al-Âttikat, le vieux Caire. A TEst, jus-
qu'à Aïn-as-Sira, remplacement de Foustat n'est plus mar-
qué aujourd'hui que par des koms ou collines de décombres
qui s'étendent depuis la montagne de Yachghour jusqu'à
la hauteur de Saint-Georges.
On sait que la ville d'Al-Foustat connut, du vn® au
n* siècle, une prospérité extraordinaire. La fondation d'Al-
Kahirat marqua le commencement de son déclin et elle fut
en partie abandonnée lors des épidémies et de la disette
_ 0 _
qui désolèrent l'Egypte au temps d'Al Moustansir. L'in-
cendie ordonné par Chawar, en 504 de l'hégire, devant
ta menace d'Amaury, en consomma la ruine définitive.
Il semble qu'un destin implacable ait poursuivi la
malheureuse cité jusqu'à sa destruction totale. Déjà, pen-
dant que le feu la consumait, les esclaves et les gens de la
Botte pillaient ses plus riches demeures ; dans les années
qui suivirent, on tira de ses décombres, par une exploita-
tion méthodique, les matériaux utiles aux constructions
<hi Caire ; et plus tard, alors que les débris de toute sorte
s^amoncelaient sur les fondations des maisons, les cher-
244 LES FOUILLES DE FOUSTAT
cheurs de briques vinrent pendant des siècles s'approvi-
sionner à Foustat.
D'autre part, les koms, en partie constitués de débris
organiques, fournissent à bon compte un engrais excellent
ou sabakh ; des entreprises se formèrent pour son extrac-
tion ; des sociétés industrielles purent louer ou même ache-
ter des parcelles de terrain qu'elles exploitèrent au mieux
de leurs intérêts sans se soucier en rien de conserver les
antiquités découvertes ; enfin de vastes étendues furent
abandonnées aux carriers qui firent disparaître jusqu'aux
derniers vestiges des constructions du moyen âge.
Telle était la situation déplorable de ce site archéolo-
gique Ibrsqu'en 1912 Ali Bey B^hgat, conservateur du
Musée de Tart arabe, prit la direction des travaux.
Il ne pouvait songer à poursuivre des fouilles suivant
les méthodes ordinaires ; la surface à découvrir et la hau-
teur des koms eusseïit exigé un budget considérable. Aussi
résolut-il d'utiliser au mieux des recherches archéologiques
les travaux de déblai des entrepreneurs de sabakh.
Il fixa la répartition des chantiers qui s'ouvrirent en des
points convenablement choisis, sur remplacement d'Al
Askar, d'AlKataï jusqu'à Aïn-as-Sira à l'Est et à Kom
Ghourab au Sud. Au centre même d'Al Foustat, on déblaya
jusqu'au roc une surface de plus de 100.000 mètres carrés.
Une surveillance efficace des travailleurs assura la con-
servation des moindres débris des constructions du moyen
âge, et le plan d'une importante région de la ville apparut
avec netteté. En outre, une quantité considérable de pote-
ries de toutes sortes était recueillie et venait remplir des
salles entières du Musée de l'art arabe, collection imique
pour l'histoire de la céramique orientale et qui fera l'objet
d'une publication spéciale : les différentes espèces des pro-
ductions locales y sont représentées par des séries com-
plètes, depuis les poteries grossières jusqu'aux pièces les
plus fines, richement décorées d'ornements floraux, de
LES FOUILLES DE FOUSTAT 245
reproductions d*hommes ou d'animaux. Des inscriptions
historiques, des blasons d'émirs, de sultans et de hauts
dignitaires donnent à quelques-unes d'entre elles une
valeur inestimable. Des chapiteaux de marbre, des
ornements de stuc, des objets mobiliers de toute sorte,
des papyrus, dont deux notamment remontent au début
du H* siècle de Thégire, sont venus également enrichir
les collections du musée.
Appelé par Ali Bey h collaborer avec lui à la publi-
cation de ces découvertes, nous préparons actuellement
un premier fascicule consacré exclusivement à Tarchitec-
tore.
Certes la fouille de Foustat n'offre point au visiteur un
état de conservation comparable à celui de Pompéi, de
Délos, ou même de Priène. Les maisons les plus complètes
ne conservent guère que sur un mètre ou deux de hauteur,
rarement davantage, leurs murs de briques : en bien des
points on ne retrouve, sur le banc de rocher, que des
traces de mortier et quelques fragments de briques ; la
voirie toutefois a pu être restituée sans trop de difflcultés.
Ce n*est qu*un réseau de rues et de ruelles étroites, for-
mant des ilôts d'un nombre variable de maisons. '
De celles-ci nous avons relevé et étudié différents types,
qui présentent tous un certain nombre de dispositions com-
munes. En général, une cour centrale, pourvue d'un fas-
kiyat ou bassin, groupe autour d'elle les portiques et les
différentes chambres. Dans les maisons les plus modestes,
ces divers éléments se réduisent au minimum ; dans les
plus riches et les plus vastes, les bassins se multiplient,
aUmentés par un jeu souvent complexe de canalisation de
terre cuite. L'eau courante des rigoles coulait en cascades
sur des chazerouan ; autour des bassins, des fosses creusées
dans le rocher et remplies de terre végétale permettaient
la culture des fleurs et des arbustes. Des puits forés à tra-
vers le rocher jusqu'à la nappe souterraine servaient à
246 LES FOUILLES DE FOUSTAT
remplir les réservoirs d'où Teau était distribuée à travers
la maison : la disposition des portiques et des madjlis
(salles) montre que les constructeurs étaient guidés par le
souci d'assurer à ces demeures une fraîcheur agréable.
Ces maisons possédaient pour la plupart un rez-de-chaus-
sée et un premier étage. On y observe le soin particuli»
qui a présidé à Taménagement des cabinets, des fosses
d'aisances et des puisards, creusés dans le rocher, en bor-
dure de la rue, pour en faciliter la vidange.
* Des restes assez importants de décoration murale ont été
retrouvés : quelques-uns, en stuc, rappellent les ornements
de la mosquée d'Ibn Touloun ; pour d'autres, ils four-
nissent des exemples d'une technique dont TÉgjpte ne
possède point d'autre exemple : ce sont des fragments de
briques hourdées au plâtre suivant un dessin géométrique
et qui ne se peuvent comparer qu'avec certaines produc-
tions de riran.
Le plan des maisons pose lui-même différents problèmes :
nous nous proposons d'y rechercher la part des influences
hellénistiques ou coptes et celle des traditions mésopota-
miennes. Nous nous bornons aujourd'hui à signaler l'im--
portance que présentent ces fouilles pour l'histoire géné-
rale de l'art.
11 nous est possible d'assigner à ces constructions une
date assez précise. Des analogies de technique avec les
mosquées d'Ibn Touloun et de Al-Hakim permettraient, à
elles seules, de les faire remonter au ix*-x® siècle : il n'est
pas douteux, en tous cas, qu'elles ne soient contemporaines
de la période de prospérité d'Al Foustat.
En outre, une découverte intéressante, aussi bien pour
notre étude que pour la topographie générale du Caire, nous
fournit des précisions nouvelles. On sait que Salah-ed-Dine
entreprit de réunir Al Kahirat et Al Foustat dans une
enceinte unique. M. Paul Casanova, dans son mémoire
sur la topographie du Caire, avait fixé approximativement.
LES FOUILLES DE FOUSTAT 247
d*après les textes arabes, la direction de cette muraille qui
limitait Foustat à TEst. Son hypothèse se trouve pleine-
ment vérifiée par la mise à jour de ce mur d'enceinte : depuis
Taqueduc de la citadelle jusqu'aux carrières voisines de
Kom Ghourab, Ali Bey a retrouvé des portions d'étendue
variable des œuvres basses de cette courtine^ flanquée de
tours demi- circulaires : par l'appareil et la technique, ce
rempart e^t en tous points analogue à celui qui avoisine
Bourdj Zafr, au Nord*Est du Caire.
Or ce mur de Saladin coupe d'une manière arbitraire
des ilôts de maisons, et des détails de construction prouvent
que lorsqu'il fut édifié, vers 1175, ces demeures étaient déjà
ruinées. On en peut donc conclure avec certitude que, pour
la grande majorité, les quartiers dégagés remontent à
Tépoque des Toulounides et des Fa timides.
Ainsi se trouve enrichi le domaine de nos connais-
sances touchant les productions artistiques des premières
dynasties musulmanes de l'Egypte. La mosquée d'IbnTou-
loun n'est plus l'exemple imique, mais un peu spécial,
auquel devait se rattacher toute étude sur les origines de
l'art islamique. L'architecture privée voit s'ouvrir un cha-
pitre nouveau de son développement qui complète et véri-
fie d'autres découvertes, notamment celles de la mission
Sarre-Herzfeld en Mésopotamie et de notre collègue
H. Viollet à Samara.
En outre, les fouilles de Foustat offrent de nombreux
exemples de bains, d'établissements industriels, tels que
moulins, huileries, fours de potiers : leur étude pourra
apporter d'utiles indications sur l'exercice du commerce
el de l'industrie en Egypte au moyen âge.
Tels sont, sommairement résumés, les résultats essentiels
auxquels huit années de travail méthodique ont conduit
AU Bey Bahgat. Pour ce savant modeste, ami de notre
pays, ce sera certainement une joie et un réconfort de voir
l'Académie s'intéresser à ses travaux.
248
LIVRES OFFERTS
Le SEcnéTAiRE perpétuel offre, au nom de M. Caiaille Juujax,
ses Noieê gallo-romaineê, LXXXVI et LXXXVII (extrait de U f^at
dei éludée ancienne», XXII, n** 2 et 3).
11 présente également, de la part de Fauteur, un ourrage de M.
Pasquale Gastaldi-Millelire, intitulé : Interpretazione di antkhissimi
documenti archeologici délia Sardegna. Sludi e ricerche. DispeAS»
i*, con due tarole litografiche. Scarabei egiziani. Placca egniaaa
(Cagliari, in-8«, s. d.).
SÉANCE DU 30 JUILLET
PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DIBHL.
M. Prosper Alfarie, professeur à TUniversité de Strasbourg,
lit une étude intitulée : Zoroaslre avant VAvezia, 11 soutient
que la théologie zoroastrienne, qui a été connue des Grecs,
longtemps avant Tère chrétienne, différait profondément de
celle du recueil avestique, formée beaucoup plus tard, qu*elle
se présentait comme une œuvre hellénique, étroitement apparen-
tée à celle d'Orphée, et qu'elle faisait tout provenir d'un prin-
cipe unique de qui naissaient deux frères ennemis.
MM. Croisbt, Cumont, Salomon Reinach, Clbhmont-Ganneau
et Bouché-Leclercq présentent des observations.
M. Babelon rend compte à l'Académie des résultats de
Texploration archéologique entreprise en Arabie, au nom de la
Société française des fouilles archéologiques, par les PP. Domi-
nicains Jaussen et Savignac, de l'École biblique de Jérusalem.
Ces savants et courageux explorateurs ont rapporté de la région
comprise entre le golfe d'Akaba et Médine, sur la route des
pèlerins de la Mecque, près de huit cents inscriptions naba-
téennes, minéennes et autres, des tribus arabes antérieures à
l'islamisme. Leur voyage entrepris avant 1914 n'avait pu encore
être signalé jusqu'ici, à cause des événements.
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DE
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIOI
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 6 AOUT
PBESIDBNCB DE »
M. Hahollb dépose sur le bureau le compte rendu de la
mière session annuelle du Comité de l'Union académique in
nationale et ajoute quelques mots sur la publication du Coi
des vases antiques d'argile dont la direction est confiée à n
confrère M. Pottike.
M. HoMOLLB lit ensuite une leltrc de M. Ch. Picard sur 1
de>i fouilles que poursuit actuellement l'École d'Athènes.
H. CtSBMONT-GANMBAu donoe lecture d'une communica
«ur le faux messie Barcochébas'.
Moins de soixante ans après la prise de Jérusalem et la
Iruction du temple par Titus éclata en Palestine une nou\
et formidable insurrection, sursaut final du nationalisme
cherchant h se ressaisir. C'est là qu'apparaSt ta grande fî|
hittorique de Barcochébas, chef du mouvement, le fameux h
de l'étoile ■ proclamé et se proclamant lui-même le m<
annoncé par les Prophètes. Les détails du dernier acte de c
tragédie, où sombra définitivement la chose Juive, nous onl
I. Sera publiée dans la Retire Biblique, mo. pp. Ï30-1&5.
2S0 u HOMÉUES SFIRrrUELLES » ATTRIBUÉES A MACAIRG
•
(H>nftervéft daas ka documents juifs et chrétiens. M. Clermont-
(«anneau étudie spécialement ces derniers et en particulier
fépithète éni^raatique de 6 {i^vo^evi^c, littéralement « le fils
unique »« qui y est appliquée à Barcochébas. Il écarte les
diverses hypothèses proposées jusqu'ici et substitue à la leçon
fautive des manuscrits le mot graphiquement similaire b\lLOlOfvrr^;
ou bjAoytvY;;, avant trait au fait que les Juifs révoltés contre,
le» Homains attaquaient aussi les Judéo-chrétiens, de même
rm*0 qu*oiix, lorsque ceux-ci refusaient de marcher avec eux
contre IVnnemi commun.
MM. lloMOLLE et CuMONT présentent quelques observations.
M. CiiAHOT lit une note du R. P. Villecourt sur la date et
Tori^ine des homélies spirituelles attribuées à Macaire *.
M. Hahklon communique à TAcadémie un rapport de M. le
|V L. ('arlon» sur la découverte faite par ce dernier d'une fon-
taine antique à Carthage^
MM« Salomon Rbinach et Gagnai présentent quelques obser-
vations.
COMNtUNICATIONS
LA DATE ET l/ORIGINE DES « HOMÉLIES SPIRITUELLES »
ATTRiarÉES A MACAIRE,
PAR LE P. L. VILLECOURT, 0. S. B.
Un naysticisme élevé uni à une morale très pure, un
don d'observation pittoresque qui s'étend à la nature et à
toutes les conditions de la vie humaine, communiquent
1. Voir ci-après.
2. Voir ci-aprèa.
(' BOMtUE» SPIRITUELLES » AT-l'HlStËES A »ACAIRE S
au recueil connu sous le nom d'Homélies spirituelles *
charme singulier. L'attribution de ces Homélies
Macaire, l'ascète égvptien, soulève des difficultés, en r
son surtout du silence des contemporains. Le H. P. Sti
inajr, le dernier critique qui a étudié la question^, abaii
indûment à l'époque bj'zantine la réduction des Homélie
il en fait un conglomérat disparate de fragments ancieoi
Douveaux. En réalité, les Homélies forment un tout
pensée bien bomogène.
Un argument littéraire qui a échappé jusqu'ici à l'attt
tion des critiques me' paraît jeter sur l'origine des Hofi
lies spirituelles une lumière inottendue.
Deux séries de propositions concernant l'hérésie des M;
salieos ou Euchites nous ont été conservées, l'une dans
traité De haeresibua ^ de saint Jean Damascène (vui' s.),
l'autre dans celui Z)« receplinne haerelicorum* de Tin
thée, prêtre de Constantinople (début du vu' s.]. Ces pi
positions permettent des rapprochements avec les Hon
lies, d'où l'on peut espérer la solution définitive du pi
blême.
La série du De haeresibua eit intitulée : x^viÀsia tsIj :
MaïsaXiavÛM ïuweSolJç îi-fixaTo; àva>,ï;ç9iv:a éx S'^^'o" 'ùti!
elle comprend 18 propositions. Or deux propositions, la
et b 18*, sont extraites certninement et directement i:
Homélies spirituelles, comme on peut s'en rendre comj
par la comparaison des textes :
I. Homiliae (-1. : Migne, P. 0., t. XXXCV, col. 119-811. — Ilomltlae
LVt[ ; G. L. Marriott, Uicarii AnacdoU. Scvtn anpabtithtd nomîlitt
Uttriai. Ctmbridvc, Harvard Uoivcreity Press, 1918,
1. Ju*. Stlglmayr, S. J., Stchtichet unJ Sprachtichft bei JfaAariui i
Mgspttn (1911).
1. P. G., l. XCIV. col. 71»-7a».- Pf. DiekBmp, Der MOnth aad Prêt
itrGtorgioi. ain anbehannler SehrifltlelUr des 7. Jthrhuaderlt, di
ta Byitntinitehe ZeiUchrift, IX (1900), p. 3o-ïl .
f. P.G..I. LXXXVI.col. 1B5Î.
252 « HOMÉLIES SPIRITUELLES
Jeaa Damasc, prop. 18 :
oti Toîç cûy^o(jLivot( Ôuvatai çavs-
poua6ai 6 oraupoç Èv ^cotI, xal xaTa
Ttva xaipôv f OpEOfJvai avOpcjTCOv ;:apE9-
TÛTŒ tw Ouata9ry)pîu>, xai 7CpoaT|v6)(^-
Oat auTcu Tpeiç âptouç Bt* IXatou tue-
fuppivouç.
» ATTKIBUÉES A MACA1RE
Hom., VIII, 1. 1-5;
<TTaupoO âià ^T0(, xaî ^cpoccTCopr}
Tcu !aa> xvOpoSTOo, îXXote TcaXtv èv ri^
^'^TÎ> ^î ^^ âxTûtaEi Y^Y*'^'^ ^ avÔpcu-
noç xal sOp^Ov) cU Ouataorrlpiov èorcàî
Iv IxxXvjaîa, xat 7cp09i]vé)^6r|aav t^
toioiSku «pTOi TpEiç 6>ç ^C éXacou
E^UpLCi>{X£VOt .
Jean Damasc, prop. 2 :
OTi 6 SaTavaç xal oî SatjAOvsç xa-
xiyiorjoi tÔv vo3v tc3v àv9pcu3ca>v, xal
^ ÇU91Ç XâV âvOpfaSTCCUV X0tVa>VtX7{ ÈOTl
TCUV TCVEUJiatCOV TTjÇ 7COV7]pta;.
Hom. XXVII, 19 (col. 708 A 4-1 1 ) :
nàtvTo>ç 7Vés6[LCtxci fitai Tcovr^pà^ 6
Saxavxç xal ot Sat^iovs;, xa-
Tixo^*^^? TOV vouv, xal ::£piaxf>i-
sovte; tt]v ^J'UJ^tJv. *0 y*P ^coXyiçXoxoç
ota6oXoç l)(^cov piaY^ava, xal tptOupa
xat TcotxiXtav }:oXX9)v, xatsy^fit toî
vo{xà( T^ç 4^X^î '^**'~ "^^^^ Xo^ia^ioùç,
xat oCx £a opOîS; 7Cp09Eii)^fia6at xat
Kpooty^i^tiv Oeû, 27CEt$r| oÙtt) ^
çûaiç xoivcuvixtI iaTi Tcov $at(jLO-
vcov xat Tc5v «VEoixaTcov ttjç 7:0-
vT)pia(. *
Quatorze autres propositions messaliennes de saint Jean
Damascène se retrouvent à des degrés divers dans les
Homélies spirituelles. Trois d'entre elles, les propositions
1, 3 et 16, qui en dépendent substantiellement, corres-
pondent aux trois phases de la lutte entre Dieu et Satan
pour la conquête de Tàme.
1^ La domination diabolique. C^estune union personnelle
de Satan avec Tâme, qui agit en elle èv iziart Suvapiei xaî
aïoO^aei (Hom. XVI, 1; col. 613 B 9-10). 'H «ixaptCot Tij
t'^XTi [J'-siJ^iYlJ'-^vif; èoTiv, ïy^où(JT,^ exatirr;? lîCav çuoiv (Hom. II,
2 ; col. 464 D9-10) *. Le péché est alors réellement Tâme
de rame (Hom., I, 6 ; col. 456, G 1. ult. ; XV, 35, 1. 3).
1. Cf. saint Jean Damascène, prop. 5.
« HOMÉLIES SPIRITUELLES
Jean Damasc, prop. 1 :
(= Timothée, prop. 1 ; Hom.
XV, 35; col. 600 A 9-11, Al. ult.-
B 3) OTt VUVOtXS? TCO àv6p(iS7CU> 8VU-
izodxdxtaç o^Saxavaç, xai xarà izdvxa
xuptctSct auTOu.
)> ATTRIBUÉES A MACAIKE 2S3
1. Hom. VI, 5; col. 521 B 4-8:
ô|xo(a>ç 8è xai 6 Saravaç, xat ai
8uva{X£i; xai oî âpx^ovteç tou oxotouç,
OLTzo xr\i i;apa6déa£a>( t^ç IvtoX^ç,
IvExdtOiaav tU T7)v xapBCav, xal eU
Tov vouv xal ctç xo vûfjia toî3 'A8à{i,
oi>ç ct( 6povov ?$iov .
2. Hom., II, 1 et 2.
2^ La lutte de la grâce (Esprit-Saint) et du péché (Satan)
dans Tâme pour la domination. Le péché, c'est i^ yàp à[Lap-
xia il i;apsX6ou9a Suva(ii.(ç tiç ouva Xo^ixi^ tou SatavS xocl cÙ9ia
(Hom. XV, 49; col. 609 B 7-9). La grâce, c'est <yîv ÔeCav
çùotv ToO oyCou IlveiijjiaToç (Hom. XXIV, 4 ; col. 665 A 7), iq
TouôeCou IlveuiiLaToç Suvajjiiç (Hom. XXIV, 3 ; col. 664 C 12).
Jean Damasc, prop. 3 :
Sti ouvoixoSaiv 6 Saxavaç xal to
Ilvcu^ta xô aYiov £v xw àvOpci&^Cb)*
xal pxi oùSï 01 a7C({9XoXoi xaOapol
^<jav xî|ç svcpYOujiévTîç Ivcp^eiaç *.
1. Hom. XVI, 6; col. 617 B 1-2.
ou7cu( xat iv xj ^^yji i^riv t]
àp.apxia 6{xota>ç 8È xat ^dipiç Oeou
9;Sv£axt p.7)$cv a8txou(xivT). C/*« Hom.
XVH, 4; col. 625 D 7-10.
2. L'action simultanée des
« deux Tcpoacofca » (grâce ou lu-
mière, péché ou ténèbres) év xc3
vto (Hom. XVII, 6), Ï9ta^ty (Hom.
XXVI, 15), £v xfi ^yfi (Hom.
XXVI, 18), £v xi xapéixHom.
XL, 7).
Une confirmation littéraire de cette troisième proposi-
tion messalienne nous est fournie par Diadoque de Photiké
(l'un des huit évéques de la vieille Epire qui signèrent en
457 la lettre à l'empereur Léon) -. Il dit au chapitre lxxx
de son traité De perfectione spirituali ^ (cf. chap. lxxvi,
1. Cf. Hom. XVII, 7 ; col. 628 D 1-2.
2. Mansi, t. Vil, col. 619. Cf. Byzantinische Zeilschrift, t. XXII (1913),
p. 165.
3. P. G., t. LXV, col. 1196. — Weis-Liebersdorf, Aia8d/^ou krAOnâTZOM
^Hoxtx^ç Triç 'HnEÎpoj -ou*I/.Àjpt/.ou xfçaXa'.a Yvtogrty.à p' (Leipzig, 1912).
9Ki .. HrtM^LIES SPiniTUELLES » ATTRIBCÉES A MACAIBK
I. LXXV1II, cot. 1195 D 6-8) : Qui aiiint« duas
piritum scilicet gratiae et spiritum peccati, in
lium simul insidere, ex eo qaod evangelisU
: in tenebris lucet et tenebrae eam non com-
<, opinionem suam probare voIuDt,'dicentes
. divinum splendorem spîritus mali congressa,
que divinum in anima lumen ad tenebras dae-
8 accédât ^. Cette phrase répond trop exacte-
ctrine des Homélies spirituelle» pour qne Dia-
ait pas en vue.
plénière du Saint-Esprit dans l'âme iv «toWl-
;)>j;pofopîç« ', Èv irâfrr; xXTjpoçopîa xaî x&<sr, à*£p-
e fruit de la persévérance dans la prière,
Fois parmi les Apôtres eu cénacle ; elle aura
t l'extirpation du péché et ràirodcîa (Hom.
EùÇw[j,e6a toCvuv xa'i yjjwE; iv iïXj;poçop£« nai
aXafietï to!j àf£ou Ilv6J|jicr:sç,.. iiaî toD Xoreoâ
ip' Jjjjiùv t'ov 6u|to)iTàvov ïçiv (Hom. XXXVII, 7,
:endra le Saint-Esprit, l'àme céleste, création
', deviendra & son tour l'âme de l'âme. Ce
ose : ôitoOîoDtai y^P i âvflpMTtïç (Hom. XXVI,
Hom. XV, 33; col. 600, B 5) '.
se, prop. 16 : 1. Hom. XXXIl, 6 ; col. 737,
Bl. ull. — Ci :
i{asa6ai cov iili^v>- tvs xal où A X°^f ^'^ ^"I'
|uav tîiï xfKïTjv iv- Inoupiviav i(pu)|^ijï, Kat ôiaï i|
T^v Èicoup^viov, 'j^'! ^^v >ii»v(>iyifai| t$ nvEÙiiaii,
:iV, s ; col, en a a-*, et Hom. XVU, 5, 1. 1-5.
II, a; eut. 511 U 3-4, et Hom. XI, 13.
nasc.prop. 1.
-.f, prop. î et S.
nasc, prop. Il ; cf. Hom. XI, a ; col. 5J5 C3-7.
<x HOMÉLIES SE^IRITUELLES » ATTRIBUÉES A JlACAtRB 2SS
xal sîviXOr) ^u/t) ÈTcoupdEvtoç i te
TT)v <|»ux.^^ aoo, TOTC el tIX<ioc
£v0p(07coc èv 6tu> xa\ xXv)povd{i.o( xai
2. Hom. XII, 1,1. 1-6; 2,
i. 1-3; 6,1. 1-4.
Les 18 propositions étant données comme extraites du
Livre des Messaliens, ce livre ne peut être que les Homé-
lies êpirituelles , Deux propositions, la 14* et la 15®| ne s y
retrouvent pas ; on n'y trouve pas non plus explicitement
la 13«(cf. Hom. XXVI, 22, 1. 1); mais il n*y a pas lieu de
s*en étonner, parce que les Homélies spirituelles, telles que
nous les avons, ne représentent plus intégralement la col-
lection primitive K
Le second syllabus antimessalien, conservé par le prêtre
Tiraothée, comprend dix-neuf propositions ; les plus carac-
téristiques sont les deux que voici :
Timothée, prop. 6 : 1. Hom. IV, 11, 1. 4-iO :
(2* partie)
mI Ç?t ^ Ma. çumç Tplitctai xai flomo jwiXXov arlrr^ ôv &>; OiXct
|utt6iXXrc«t dç Bmp h i6iX«) xst xal ^ OiXet, 8tà )rpT)<rr<(TTiia if^oLd-
fmtltxatj îva oujxpadj taîç iauTfiC tov xal àYadoTt^ioi àvfvvoT)ToV| (acta-
^tAiç ^jyijiiç, 6aXXct xai 9[xtxfuvct xai IÇojioioi
ÉauTov, aa>{AaT07CO((3v xaii ycuprioiv,
Tttîç «Y^aiç xai àÇianç JCiotaTç * iva
6pat6fj «ùtaî; ô À($psTo; *.
2. Hom. IV, 9, 1. 6-9 :
TOt; aU70U XTt9|Aa9tV.
1. Cf. Uom. XII, 6 et 7, deux inlerrOKations dont les réponses appro-
priiet manquent.
1 Sur celte métamorphose de la nature divine pour se rendre visible et
•>ulr«uz créaiOTM, cf. ioa. StoAelt^ Die myt^iic/b» Theoio^ MàcArius
éH Aêffptemê und dit UiêtleH AnUtMê chrisiUch^r Myiik^ Bonn, 190M,
p.«3,71-7S, 134-1)6, 153.
256 (' HUMBLIËS SPlRtTCELt.ES » ATTRlBLfiES A MACAIRB
3. Hom.IV, 12, 1. 7-8:
(ic à OJXii |UTa)u>pçou|uv<i> lai;
Timothée, prop. 7 : Hom. VI, 5 ; coU 531, B 8-9,
(2' partie) < B 12-C 3
ÔTi 10 atÏÏjja 0 àïtSaXtï tj Aoikôv oûv Bià toûto ^Xkv ô Kl-
Marië) i Kdpiot Sai|iov(i>v ^v pio;, «it CUEiv ix rij; T:ap$cv<w to
j[j.lvov, xxi iÇ^SdXtv ta Sai^ aùjut Aoi::ov oui ts Tmd|iiiTS ;^(
oÛTOj; nÙTO ivtEûaxto. Rovqjilat, S. ivtxotOfl^ovTa lî; ta oùfic,
xaBiîliï aKO t5v Bpdï&iv tiÛv vmiiâ-
Tu* laj Tfiv XoYi<i;u!)v, oît ivixsli-
Tiiiovra. Ea! ixaSipioc tt,v auvEiS>)9»
0 KApiQï, xdi iautS Opovov isofiiai
Tov vDÛv xai Toù; Xa-[iaiioù( xal to
I pages que Théodoret de Cyr {A. D. 386-458) a con-
!S aux Messaliens dans son Histoire ecclésiastique
:. IV, 10 {alias H), p. G. t. LXXXII, col. H45) et
son AipETtxiJî xaxspLvOia; imtojj.^^ {Haeret. fab. IV,
, t. LXXXIII, col. 429-432), montrent que Timothée
;d des mêmes sources que Théodoret pour neuf pro-
ons : 1. 2. 3. 5. [H. E. et Haeret. fab.), 9 et 10 -< Ti
-Taïupsopâv » (//. E.), 10. 13. 14. 19 [Haeret. fab.).
mi les 10 autres propositions, à savoir : 4. 6. 7. 8.
!. 15-18, la 15* est littérairement apparentée avec un
;e que le Damascëne a annexé à son ayltabaa, et
lement les 4" et 7* {1" partie) avec les 8* et 15» du
scène, tandis que la 6* (2" partie) et la 7* (2* partie)
!nt, comme il a été établi, des Homélies spirituelles.
paraît pas que saint Jean Damascëne ait emprunté à
hée ; mais à la base des parties communes à l'un et à
présence de Ja 3' partie dani lea Homélies apirituellei poalute
iremeat celle de la 1" partie (onJpjjui), qui en est la condition liae
n. Cf. Hom. LU, 3, 1. 6-7 (G, L. Marriott, o/i. cil., p. S5).
« HOMÉLIES SPIRITUELLES » ATTRIBUÉES A MACAIRE 257
Tautre il y a^ de toute évidence, un même document, à la
fois livre messalien (saint Jean Damascène) et actes conci-
liaires (xexpoYiiiva, Timothée : P, G., t. LXXXVI, col. 48
Ail). Telles sont précisément les conditions que réalisent
ces xs^Xota, dont parle Photius ^, extraits de TAscéticon
et condamnés à Ephèse ^ (^. /). 431). L^Ascéticon lui-
même devait contenir tout au moins des fragments des
Homélies spirituelles.
Certains traits des Homélies spirituelles confirment leur
caractère messalien : par ex . leur titre même 6(jLiX{ai xveu-
^xvfuxi, car xveupiaTixoC ^ est le nom que les Messaliens se
donnaient à eux-mêmes; la prééminence accordée à la
prière (Hom. XL, 1 et 2 ; XXXVIIl, 8) ; les clameurs de
certains disciples, quand ils prient, clameurs telles qu'elles
pouvaient scandaliser ceux du dehors (tojç eçcoOev, Hom.
VI, 3 1. 4) ; clameurs coutumières (Hom. VI, 2 col. 520, A
11-12), d^ailleurs réprouvées par Tauteur des Homélies.
Les Homélies datent probablement d'une époque où Tau-
torité ecclésiastique n'avait pas encore sévi contre la secte
naissante ; car l'attitude de Fauteur est celle d'un esprit en
paix avec lui-même et avec l'Eglise : elles doivent donc être
notablement antérieures à Tan 390, époque vers laquelle
Amphilochius dlconium présida à Sidé le premier concile
qui condamna les Messaliens.
11 résulte de ces observations que l'auteur des Homélies^
homme doué d'un esprit tout à fait remarquable, doit être
tenu pour un Messalien. 11 vivait probablement en Mésopo-
tamie dans la seconde moitié du iv® siècle ''. Sans prétendre
écrire l'histoire des Homélies spirituelles, on peut noter
quelques faits importants. L'abbé Isaîe les emploie au
1. Bibllotheca, cod. 53. P. G., t. CIIl, col. 89, C 4-8.
:. Mansi (texte latin), t. IV, col. Ii77; (texte grec), t. XII, col. 1035.
3. BêêreL Fab., P. G., t. LXXXllI, col. 439 C 10.
i. P. G., t. XXXIV, col. 833 D 1 : TËuphrale est le seul fleuve men-
Uoonédanf les Homélies el les Opuscules.
IWO 17
VERTE D VUS PONTAIKE ANTIQUE A CAKTHAGE
)ès le début du vi* siècle, quelques-unes étaient
Les en syriaque sous le nom de Macaire ^. L'd
e l'homélie XXXIII (1, 1. 1-9) se retrouve dans
iiegmes coptes '. Un grand nombre d'homélies
)lus tard en arabe sous le nom de Siméoo Stj-
. sous ce nom qu'elles figurent au n° 18 du cata-
î des écrivains ecclésiastiques d'Abul Barakat
ue nat, de Paris, ms. arabe n" 203, f. 111).
s doute ce double manteau d'orthodoxie qui les
t, du reste, le seul écrit des Messaliens qui soit
squ'à nous ^.
IVERTE D USE ^■ONTAI^E AKTIQUE A CABTIlAGi::,
PAR M. LE DOCTEUR CARTO»,
COHRËSI>D>DANT DE l' ACADÉMIE.
I
rage carthaginois se trouve la masse énorme du
- de Falbe, épais de 40 mètres, formant l'angle
iceinte maritime punique et dont j'ai entretenu
à plusieurs reprises. A une trentaine de mètres,
d, le R. P. Delattrea rencontré, il y.a plusieurs
tur Ia Uttrt de l'abbé Jiain. k la ûa de l'article : La grande
de .Wacnire, tes formel texlaelUt tt aon milien UUinirt,
de lOritnl cArélMn(t»IO].
e Utlre grecque de Macaire, cU. R. 0. C, I. t., immidia*
la .\otesur Ulellre de iabbë li«ïe.
u, Hisloire det monaitires de la Haue-Égypte (IS94|. Vertui
ei»-19IB), p. S37-344.
scjil opuaculei ascétiques, qui dans P. G., t. XXXIV, C4>1.
uita aux Homélies spirituellM, auzquellei, du reste, ils
pur leurorjgiiie.
DÉœUVERTE d'une FONTAINE ANTIQUE A CAHTHAGK 259
années, le vaste dépôt d'environ 2.000 grandes amphores.
C'est sous les terres des déblais qu'il avait jetées, au pied
de la falaise, que se trouvait la fontaine que j'ai découverte
l'an dernier et dont je viens de poursuivre l'exploration.
Cet ensemble est situé sur la plage, au bas d'un ravin
escarpé qui descend du plateau voisin, celui où Ton a trouvé
plusieurs textes relatifs à la cohors prima urbana.
11 comprend une chambre de captation, à l'intérieur de
laquelle coule une source, une galerie qui lui fait suite, une
grande salle voûtée recouvrant un canal bordé de quais et
un grand réservoir en pierres de taille, dont le côté sud est
revêtu par une façade ornée de pilastres engagés.
1. — Chambre de captation.
La salle de captation a été en partie creusée dans le
n>cher; les parois et le plafond en sont faits en magni-
Gques pierres de taille.
2. — Galerie.
La galerie est un long couloir dont la partie inférieure,
celle où coulait l'eau venant de la source, était recouverte
de dalles. Elle est également en belles pierres de taille^ soi-
gneusement appareillées. Mais le plafond n'en est pas hori-
zontal, les pierres étant disposées comme le dessous d'im
escalier. Voici la raison de cette disj)osltion. Au fond de la
chambre de captation, entre la dernière dalle du plafond et
le rocher, les eaux ont creusé un intervalle par lequel j'ai
pu me glisser. J'ai aussi constaté que cette chambre était à
l'intérieur d*une petite grotte, très basse, la source étant
exactement à six centimètres seulement au-dessus du niveau
de la mer. C'est évidemment pour pénétrer dans cette
jçrotte basse que la construction sabaisse ainsi en escalier,
de Textérieur vers Tintérieur.
l
\
260 découvertk d*une fo^staine antique a carthage
3. — Salle voûtée.
Une grande et belle salle, dont les voûtes sont portées
par quatre arcs en plein cintre, fait suite à la galerie. Elle
a 20 mètres de longueur et présente en son milieu un canal
régulier, large d'un mètre, profond d'un mètre 80, bordé
de deux quais en pierres de taille. Ce canal était autrefois
couvert de dalles qui ont disparu.
L'appareil de ces voûtes n'est plus du tout le même que
celui des deux parties de l'édifice dont il vient d'être ques-
tion. Il est en blocage, formant un cintre construit négli-
gemment et de forme assez irrégulière. Le blocage offre, de
distance en distance, un chaînage en pierres de taille. Un
enduit épais et grossier recouvre les murs. Il porte Tem-
preinte très nette des planches du cintre qui a servi à con-
struire la voûte.
La grossièreté de cet enduit montre que la salle était
plongée dans une obscurité presque complète, ne recevant
le jour que par la baie située vers son extrémité. Du reste,
de nombreux fragments de grandes lampes, trouvés dans
le canal, confirment cette observation.
La voûte est bien actuellement traversée par un puits
qui l'éclairé, mais ce dernier est de l'époque arabe. A un
moment donné, on se servit de la partie antérieure de la
construction comme d'une habitation, et les indigènes pui-
sèrent l'eau dans ce canal à l'aide de ce puits.
4. — Bassin.
L'extrémité antérieure de la salle voûtée donne dans le
réservoir par une magnifique porte en pierres détaille, dont
les voussoirs rappellent tout à fait ceux de mainte porte
triomphale des petites cités antiques de l'Afrique du Nord.
Il suffit de la voir pour penser qu'elle ne fut pas primitive-
ment cachée par le bassin et forma façade.
DÉCOCVEBTE d'uNE F0>TAINK ANTIQUE A CARTHAGB 261
Le réservoir, en très belles pierres de taille, soigneuse-
ment appareillé, mesure en moyenne (> mètres de cAté. Il
est recouvert par une large voûte en blocage.
Fait curieux, sur lequel je reviendrRi plus loin : j'ai trouvé
i son intérieur, et sur son fond, deux pierres de taille, dis-
i DtCOUVEBTE d'cNR TONTAIKE ANTIQUB A CARTHAGE
nées comme les marches inférieures d'un escalier fjuï v
:ait desceDdu de l'extérieur. ,
5. — COLI-OIR.
[Jn passafre coudé permettait de passer de la grande salle
Itée à l'extérieur, en contournant le réservoir. Mais il
re un détail tout à fait extraordinaire : son sol incliné,
i monte de l'intérieur, bute contre le seuil de la porte de
façade beaucoup plus bas que ce seuil, formant ainsi
nme une marche d'un mètre de hauteur.
De même, la voûte qui couvre le couloir vient buter
itre le cintre de la porte, à un niveau plus bas que lui,
nme s'il j avait eu un affaissement. Je reviendrai plus
n sur cette singulière disposition.
6. — Façade.
Une belle façade en pierres de taille régulièrement assem-
ies était « appliquée u au devant du réservoir et du couloir.
le présentait quatre pilastres et deux ouvertures: l'une,
tite, en jolis voussoirs, formait l'entrée du couloir ; l'autre,
s grande, était une << fausse ouverture », car elle était
mée par un mur en pierres de taille, un peu en retrait
: la façade. Elle présentait en son milieu une petite
lêtre. C'est la seule ouverture par laquelle la lumière
tiétrait dans la construction.
Devant la façade, le sol renferme un épais massif en
irres de grand appareil, dont je ne m'explique pas la pré-
ice ; peut-être supportait-il une vasque ou un abreuvoir.
Des sondages pratiqués devaotle monument ont fait ren-
itrer en certains points une couche de charbon ou de
>ris de cuisine, ainsi que des murs grossiers, paraissant
>ir apparlonu à des huttes. Ces débris se trouvaient sous
i outre couche renfermant des lampes de l'époque punique.
DÉCOUVEHTE D*UNE FONTAINE ANTIQUE A CARTHAGE 263
Il est donc permis de penser qu'avant cette époque, il y eut
ici de grossières demeures dont les habitants avaient été
attirés par la présence de la source.
7. — Transformations subies par le monument.
La chambre de captation et la galerie, qui sont en grandes
pierres de taille parfaitement taillées et assemblées, sont
JOMTAINE AUX 1000 AMPHORES
ET
MUR
DE M
F/ an
'(/ ' en sem
• •
1 — i — ».
.< SP
certainement d'une autre époque que la salle voûtée en
moellons avec chaînage, qui remonte à la période romaine.
La disposition de ces pierres et leur appareil, surtout les
énormes poutres qui forment leur plafond, doivent les faire
rapprocher des tombeaux puniques. J'ai, du reste, dans les
264 DÉCOUVERTE 0*UNE FONTAINE ANTIQUE A CARTHAGE
terres qui les recouvrent, trouvé en place un certain nombre
de débris de poteries de l'époque préromaine.
On peut voir, sur le plan joint à mon rapport, que le bd
arc qui termine la galerie n'est pas au milieu de la paroi du
réservoir dans laquelle il s'ouvre. Il semblerait donc qu'il
y ait eu là un manque de symétrie, mais ce n'est qu'une
apparence. Le couloir coudé {voir le plan) qui lui est
adjacent a en effet été placé en avant, du côté sud de
cette baie. Si on supprime par la pensée le mur qui fonue
le côté nord de ce passage et qui a été appliqué contre Tare,
on constate que celui-ci se présente alors avec deux côtés
égaux.
On peut conclure avec certitude de cette constatation, —
et d autres, — que le réservoir et le passage coudé ont été
à un moment donné ajoutés contre Tare, et que celui-ci,
primitivement, terminait la galerie en y formant une fon-
taine monumentale.
J'ai, en effet, trouvé dans le bassin un certain nombre de
fragments des bas-reliefs en marbre qui ornaient celle-ci.
Quelques-uns des motifs qu'ils présentaient ne laissent
aucun doute au sujet de sa destination, fleurs, rubans,
coquilles de Saint-Jacques, etc,...
C'est probablement à cette époque qu'un escalier descen-
dait du rivage vers la porte cintrée formant fontaine.
Voici en résumé par quelles phases a passé cette con-
struction :
1** A l'époque précarthaginoise, une source jaillissait sur
rivage, au pied du plateau, dans une petite grotte.
Quelques habitations s'étaient groupées autour d'elle.
Je dois faire remarquer à ce sujet que c'est à une faible
distance d'ici, dans la conque de Bordj-Djedîd, qu'avec Ver-
naz et Gauckler j'ai placé le port et la cité primitive de
Carthage. Gomme la source dont il vient d'être question est
la seule que l'on connaisse à Carthage, il était tout naturel
que les Phéniciens eussent placé auprès d'elle leur pre-
mier établissement.
DÉCOUVERTE D*UNE FONTAINE ANTIQUE A CARTHA6E 265
2* A Tépoque panique, on construit à Tintérieur de la
grotte régularisée la chambre de captation et la galerie.
3* Probablement parce que la fontaine punique était trop
encaissée et exposée aux éboulements, on a allongé la con-
struction à Tépoque romaine, ^ y ajoutant la grande salle
voûtée avec Tare monumental ornementé qui la termine en
façade et un escalier y descendant.
4** Ultérieurement on a supprimé l'escalier pour construire,
contre Tare formant Textrémité de la galerie, un grand réser-
voir en pierres de taille, couvert d'une voûte.
5** Plus tard encore, on a appliqué devant cet ensemble
une façade monumentale. C est cette façade quia coupé par
un ressaut d'un mètre le plan incliné qui conduisait primi-
tivement à la galerie.
6^ A Tépoque arabe, la partie antérieure du monument
remblayée a servi d'habitation et on perça la voûte de la
galerie pour permettre de puiser Teau en arrière et par le
dessus.
II
Du côté sud de la façade part un beau mur en moellons,
long d*une trentaine de mètres, cantonné de sept contreforts.
Par une disposition qui est d'un fort bel effet, il s'étend
parallèlement au mur de la plage, jusqu'au mur de mer
de Falbe (mur de 40 mètres), formant ainsi avec elle un
ensemble archéologique d'un aspect réellement impression-
nant.
Au-dessus des constructions dont il vient d*étre question
s'étend une énorme couche de déblais, dont j'ai enlevé une
partie considérable, mais dont il reste encore beau-
coup. Elle renfermait une grande quantité de matériaux,
réellement pulvérisés : fragments de voûtes puissantes, en
blocage, de fûts cannelés ou lisses, en marbres divers, de
chapiteaux et de corniches délicatement sculptés, une
266 DÉCOUVERTE d'uNE FONTAINE ANTIQUE A CARTHAGE
grande variété de plaques d applique en mariires précieux,
les restes de statues, les unes colossales, les autres petites,
de revêtements en stucs peints et moulurés, de nombreusesl
poteries et statuettes brisées, enfin les éclats d'une soixan-
taine d'inscriptions gravée^ sur marbre. Parmi ces der-
nières, les unes sont monumentales, les caractères en
dépassent dix centimètres ; d'autres, daprès la disposition
des lettres, paraissent provenir de listes comparablesà cellesl
qui ont été trouvées sur le plateau voisin. Ces misérables
restes ne paraissent malheureusement pas renseigner sur laj
destination du monument. Tout ce qu'on peut dire, c'est
qu'au-dessus de la fontaine s'étendait un vaste édifice qui
était peut-être uq temple.
L'état de cette ruine ne parait pas justifier un dégagement
complet. Mais je me propose d'y rechercher quelques
a nids » de fragments épigraphiques ou d'objets.
On a encore trouvé dans les terres qui remplissaient le
monument une quantité prodigieuse d'os sciés et débités
en lamelles, en triangles et en rectangles, à côté de nom-
breux objets en os finis, notamment des épingles à tête.
Il y eut donc ici un atelier où on les fabriquait comme celui
que j'ai découvert antérieurement au Koudiat-el-Hobsia.
Cette industrie dut fleurir à une basse époque, à en juger
par la situation de ses débris.
Dans les remblais, il y avait également plusieurs couches
de murex purpurens, ce qui permet de penser que le voisi-
nage de la source avait provoqué ici Tinstallation de tein-
tureries.
III
Il est impossible de ne pas rapprocher la découverte de
cette fontaine de celle d'environ 2.000 amphores faite ici
antérieurement par le R. P. Delattre.
J*ai exposé ailleurs que, placées verticalement, elles
DÉCOUVERTE D UNE FONTAINE ANTIQUE A CARTHAGE 267
n'avaient pu jouer le rôle de mur de soutènement. Je c""--
ajouter que, de mon côté, j'ai trouvé plusieurs de ces gra
vases en place, en profondeur, c'est-à-dire à un endroit
ntatériellement ils ne pouvaient avoir servi à cette dest:
tioa. D'autre part, ces récipients étaient placés entr
falaise rocheuse et le mur de soutènement, au-dessus d
fontaine. On ne pouvait y accéder qu'en pénétrant dan
monument qui s'élevait ici.
Ilsétaient donc à son intérieur.
Dans ces conditions, il n'est pas possible de oe
admettre qu'il y ait eu des rapports étroits entre eu:
la source voisine.
11 ne peut s'agir d'un simple magasin de vente de poter
ce que n'expliquerait pas la présence de la fontaine.
On doit remarquer que le dépôt d'amphores a été foi
quelques années uvant la construction de l'aqueduc d'.
drien, c'est-à-dire à une époque à laquelle devait se f
sentir la pénurie d'eau qui provoqua la construction d
Cameuse conduite.
On pourrait donc penser que ces amphores servaiei
approvisionner en liquide soit les navires en partance
stationnaient dans le petit port voisin, dont j'ai démoi
l'existence, soit la population de la ville. Mais ces hy
thèses ne tiennent pas compte du grand nombre de vï
trouvés, car les marins et les habitants de la ville serai
venus avec leurs propres récipients pour puiser l'eau.
Il pouvait s agir d'un magasin de vins. Le R. P. Delà
a rappelé avec à-propos au sujet de sa découverte que
anciens coupaient leurs vins. Mais on ne s'expliquerait
encore ainsi la somptuosité de l'éditice et le grand nom
«les inscriptions qui doivent faire penser à un monum
public.
Sur le fond du réservoir, on a retrouvé un grand nom
de vases brisés ou intacts. L'un d'eux portait tracée en gi
files à la pointe, SUT la panse, l'inscription suivante :
Ln-KEs oppenTS
Serrate vUm (sic)
Qui ab obaibaa (sic) zelatur
^
On peut voir en ce texte un soobait assez banal. Maison
ut aussi, semble-t-il, se demander si la seconde phrase.
m caractère un pea plus spécifique, n*)mplique pas qu'on
Hait k cette eau des propriétés particulièrement bienfai-
ites, et qu'on en faisait le commerce.
Kn terminant, je dois attirer l'attention de l'Académie
r l'aspeot que présente l'ensemble constitué par la fon-
ne aux amphores, le mur de soutènement ft contreforts
le mur de 40 mètres.
I.o Svndioal des communes de Carthage, à la télé duquel
^uveruement tunisien a bien voulu me placer, élabore
t'c le conotiurs du Service des antiquités un plan de con-
uctions et d'embellissement de la «Ile dans lequel une
s grande part e^t fuite à la conservaUon et à la mise en
it îles ruines. Celles-ci y seront autant que possible grou-
ps fi l'intérieur do terrains réservés et clôturés, ce qui en
ilitera le gardiennage et la défense.
La manière dont, au coure des fouilles delà fontaine,
r pu réunir deux ruines que séparait un intervalle de
mMres, en déblavant des vestiges situés entre elles,
mtro conmient il pourra être procédé ailleurs.
Si i'intôrét archéologique de ces restes intermédiaires
'sl pas considérable, le sacrifice pécuniaire qui a été fait
ur les mettre à jour est, semble-t-il, lai^ment compensé
r l'aspect que présente désormais cet ensemble.
LIVRES OFFERTS
^e SEc:tiKTMnK peui-ktibl offre, au nom des auteurs, un ouvrage
itulé : MtUngrs Charles fiuytr. Recueil de mémoires coDcemant
Isloire et l'itrcbéologie haut-mamaises, offeris à M. Ch. Ftoyer par
SÉANCE DU 13 AOUT
iMïs confrères h l'occasioD <lu 50* anniversaire de sod entrée
la Société hiilorique et archéologique Je Langrt%, IS juin 1
18 juin 1920 [Uagres. in-8*, 1920), et une brochure du chan
U*rcel sur U CinquanUnaire Je Nleclion Je M. Charlet R
.Langres, iaS", 1930).
SEANCE DU 13 AOUT
M. CuKONT commente un passage de l'Axtochos, pelil
logua attribué à Platoo, mais qui parait être en réalité
(cuvre du lu* siècle avant notre ère *.
MM . Salomon Reinach et Bouchb-Lbclbrcq présen
quelques observations.
M. Gagnât lit la note suivante :
■ Dans la communication sur les fouilles de Carthage, •
M. Babelon nous a donné lecture à la dernière séance, \.
IV Carton nous apprend que sur la panse d'un vase reci
par lui dans la fontaine qu'il a déblayée, était inscrit <
t^ffite k la pointe » ainsi conçu :
Servate cita (sic)
^DÏ ail obnibat zetalar (sic)
■ L« sens de ces quelques motii n'est pas tellement clair i
ml inutile de le préciser.
■ La première idée qui vient à l'esprit est que Servate es
verbe à ta deuxième personne du pluriel de l'impératif et
eiU est une graphie populaire de vilatn. C'est sans doute ce
lignifie le lie que M. le docteur Carton a inscrU sur sa c(
Nous aurions là une recommandation assez banale dont le
équivaudrait à > Valete n ; mais alors, à quoi se rapportera
relalir qui commence la phrase secondaire ? ou faudrait-il i
I. Voir ci-aprèl.
270 SÉANCE DU 13 AOUT
poser une secende négligence d'écrilure : qui pour quae ? Toul
ceci est peu satisfaisant.
« Aussi ai-je cru pouvoir indiquer, au cours delà discussion qui
a suivi la lecture, que Servate pourrait être le vocatif dun
surnom Servalus auquel se rattacherait tout naturellement h
proposition relative qui suit. Scrvatus est un objet d'amour
jaloux pour tout le monde. Restait à fixer le sens de vtta. J ai
émis ridée que c'est une exclamation synonyme de Vivat î me
remémorant certaines inscriptions où elle figure avec cette signi-
fication. C'est ainsi que sur une pierre de Lilybée on lit en tête
l'acclamation : Pompeianis vila ! et à la fin, Amazoniis vita '.
De même, sur une mosaïque de Timgad, découverte dans les
thermes dits « des Philadelphi », figure le souhait : Filadelfis
vita *. De même encore, j'ai lu sur une des colonnes qui suppor-
taient le portique de la cour de la bibliothèque, dans la même
ville, parmi d'autres graffites, le suivant : Polycronis vita. Si
tel était ici le sens de vila^ la phrase signifierait : Vive SiIth-
nus !
« Mais, à la réflexion, j'hésite à m'en tenir à cette interprétation,
le mot vita y dans cette acception, étant toujours, autant que je
le sache, accompagné d'un datif, et non d'un vocatif. On pourrait,
il est vrai, supposer que Servate est une graphie négligée pour
Sen^atae ; mais alors il faut admettre aussi que qui est i>our quae '.
deux formes incorrectes qu'il est de bonne méthode de n'ac-
cueillir que si aucune autre explication ne s'offre à nous.
w Or il n'en est pas ainsi. Les dictionnaires indiquent pour le
mot vita le sens secondaire de « objet chéri, trésor » ; c'est un
terme de tendresse caressante. On le trouve parfois accomjwgné
de mea^ soit dans les auteurs, par exemple dans Plante ' :
0 mea vita y o mea volaplas^ salve !
soit dans les inscriptions pariétaires de Pompéi * :
m]ea vita, meae deticiae, ludamus parumper !
1. Dcssau, Insc. sel, 8982; De Paclitcre, Inventaire des mosaïques de
r Algérie^ p. 20, n. 77.
2. Ballu et Gagnât, Timffad, p. 302.
3. Stichus, IV, 2, 6,
4. C.J.L., IV, 1781.
Sfc&NCE OU 13 AOUT
Oicéron l'emploie dans ses lettres ', d'autres eucore.
Mats, et c'est ce qui nous importe ici, le mot est sou^
employé lieul dans le mâme sens.
Properce, s'adressaot à Cyathie *, lui dit :
Qaid jucal onxûlo procedere, vîla, captllo ?
et plus loin ^ : (Jura)
.We libi ad extremat maïuttram, vila, lenebrat.
a C'était UD terme familier, répandu dans les effusions de la
vourante. Nous en avons la preuve dans les acclamations qi
inscrivait sur des coupes d'argile, surtout en Gaule et en C
manie :
Anio le, vita * ! La même formule se retrouve sur un ann
d'or du Musée de Vienne '.
Amai me, vila * !
Bene libi lit, vila ' !
Are vila * ! ou, comme sur un mur de Pompéi,
Vale eila * !
• Il est même à noter que pour rendre le terme encore [
caressant on en faisait un diminutif : Vilala, et même Villa,
se lit sur certains vases •",
• C'est le sens qu'il convient de donner, dans le graffite de C
ihage, au dernier mot de la première ligne. On pourrait d
comprendre ; •• 0 Servatus, mon trésor, loi qui es pour tous
objet de tendresse envieuse. •■ Ce serait le cri d'un ami de ci»:
fier de sa conquête et qui n'aurait pas résisté, comme t
d'autre* faiaeiirg d« graffites, à nous mettre dans le secret
ses bonnes fortunes.
I. .Irf. /■««t.. XEV, 3,3cl*, 1.
3. I, î, I.
1. U. :o. IT.
4. C. r. t..Xin,t00IK,19(i rapprocher de: Amo (« AmiVi (jbi'rf., n<
i, C.7. t.. III, «019, U.
•. C.I.L.. XIII. 10018, 13.
T. Ibid., Jrl.
«. Ibid., Si.
». C /. t.. IV, MW.
i«. CI. £,., XIII, looie, iBi.
-f3 'Sr^SSf -XL..
ae. _ eux -nstr-ntiOΕ noo-
Tc.^r.Kry^s
:3s Î..L '.^ , iA.Kt::i>>,
i-„-it"- i^i-t:ry:àes rat; Iri* aitLaisïcnt?
i;i H;> .';a-7^ ii: f^ltJO, t pins
sir '/ TMT'.i-'^- j il! I in» 1^ porte
LES K>FEns SELON l'axiochos 273
la marque de l'action exercée par l'enseigoement d't.picure^
et il date donc au plus tôt des environs de l'an 300. L'in-
térêt historique de cette œuvrette pseudo-platonicienne ne
paraît pas avoir toujours été apprécié à sa véritable valeur'.
Cet opuscule mériterait qu'un philologue l'éditât et i'étu-
diàk mieux qu'on ne l'a fait jusqu'ici et montrât quelles
idées nouvelles, étrangèces à Platon, y sont exposées. C'est
une modeste contribution è ce commentaire futur que je
voudrais offrir ici eu interprétant un passage curieux sur les
enfers.
Vers la fin du dialogue (p. 371 ), Socrate fait une descrip-
tion du sort qui attend les âmes dans l'Hadès. Cette révé-
lation lui aurait été communiquée par le mage Gobryès,
dont le grand-père l'aurait trouvée k Délos inscrite sur deux
tablettes d'airain apportées de chez les Hyperboréens.Nous
sommes, on le voit, en pleine fiction : le mage Gobryès est
un parent d'Er l'Arménien, que Platon fait intervenir dans
la République, et du mage Mithrobouzanès, que Lucien met
en scène dans sa Nécyomancie ^. Les Chaldéens et les
mages de l'Inde sont d'ailleurs, Pausanias nous l'afiirme,
les sages qui les premiers ont afiirmé l'immortalité de
l'âme et qui l'ont enseignée aux Grecs et en particulier à
Platon*. La prétendue découverte dans un temple de
vieilles tables de bronze ou de pierre fut souvent alléguée
comme une garantie ^'authenticité par les faussaires de
I. Cf. Brinkmann, Beilrigt lur ErklSrung dc> Axiochoi, dans Rhtîn.
Mat., Ll, 18M. p Hl s». : cf. LU, 189-, p. 633 s.
!■ ElUf, dans un Iraviil d'ailleurs méritoire {Acheraaiîca [Leipùger
Staditit XIII), IHVI, p. 3U\apri-!> avoir analya<; la description île l'Iladis,
dool nousalious p»Her, conclut ; ■ Fontes Plato el inj-*ileria. Novi praeter
nioutiora quaedam nil. • N«u* verrons combien ce jugement e«t peu jus-
Hii.
>. a. Etlig.p. 313,11. 1.
1. PiUMoias JV, M. l : 'K^w SI XiXBï'ou; Xii "IïMv to-Lj [.ifou; rritÙTKj;
^ôa incâvTa; lû; àOoivitôt istiv îvO^ûrou ■^jyij xai asiaiv tai 'KXÀiJv'dv
1*Ï0. Ih
274 LBS ENPKRS SELON l'axIOGHOS
Tépoque hellénistique ^ Ce fut l'artifice dont ils usèrent
surtout pour donner une autorité sacrée aux élucubrations
où ils introduisaient quelques bribes des sciences sacerdo-
tales de rOrient.
N'en serait-il pas ainsi de TAxiochos? Voyons ce que
contenaient les inscriptions déchiffrées par Gobryès.
« Après la dissolution du corps, dit le texte, rftme se
rend vers le lieu invisible^ dans la demeure souterraine où
se trouve le palais de Pluton, aussi grand que la cour de
Zeus. En effet, la terre occupant le milieu de Tunivers et le
ciel étant sphérique, Tun des deux hémisphères appartient
aux dieux célestes, l'autre aux dieux inférieurs, qui
sont ou frères ou enfants de frères . L'entrée de la route
qui descend vers la demeure de Pluton est fermée par des
clôtures et des clefs de fer. Cette porte ouverte, on atteint
le fleuve Achéron, et après lui le Cocyte, qu'il faut traverser
tous deux pour parvenir jusqu'à Minos et Rhadamanthe au
lieu qu'on appelle plaine de la Vérité ^. »
Ces juges infaillibles accordent aux justes d'habiter le
séjour des âmes pieuses, c'e^t-à-dire les Champs Elysées,
dont sont décrites les délices. Les initiés aux mvstères v
occupent une place d'honneur*. Au contraire, les méchants
sont conduits par les Erinnyes « vers les ténèbres et le chaos
à travers le Tartare » et ils y subissent des châtiments éter-
nels, en compagnie des Danaïdes, de Tantale, de Titj'e el
de Sisyphe.
On est surpris de trouver cette description mythique
unie à une conception scientifique du monde, empruntée à
l'astronomie, telle qu'on renseignait à Tépoque alexan-
T. Sur l'emploi de celte supercherie épîgraphique dans les livres her-
métiques, les Gœranides, etc., cf. Cuial. codd. aslr. VIII, 4, p. 102-3.
2. E'!; Tov «ÔTiXov Tt>::ov. Le nom de r^AtSri; est expliqué ici par «8t,Xo;
comme ailleurs par àsiÔTJ; « invisible » ; cf. tn/*ra, p. 275, note 1.
3. ric^tov àXrjOet'a;, emprunté au Phèdre 248 B.
4. Sur cette ;:potBp{a des initiés, cf. Rohde, Psyché^ I*, p. 314 noie; U,
p. 422 s.
LES ENFERS SELON l'aXIOGHOS ^5
drine. Notre globe suspendu immobile au ceiiire de Tuni-
vers est entouré par la sphère céleste, dont la moitié infé-
rieure appartient aux dieux des morts. Pour 1 écrivain
alexandrin, la demeure souterraine (Vj ôttoyêioç oixyjjiç) de
Pluton n'est donc point située dans une grande caverne où
l'on descend par les fissures du'sol, mais au-dessous de
notre terre.
Cette idée est étrangère à la Grèce ancienne, mais elle
appartient à la cosmographie à demi savante, à demi reli-
^euse de l'Orient, et Tastrologie en a gardé la tradition
jusqu'à l'époque byzantine dans les systèmes des huit ou
des douze « lieux » de la sphère. La ligne de Thorizon,
celle qui s'étend de Thoroscope au Couchant, divise le monde
en deux hémisphères. L'utcoysiov ne désigne point le sous-
sol, le tréfonds de la croûte terrestre, mais le point le plus
bas du ciel, Yimum médium caelum. L'hémisphère inférieur
était invisible (iyavi^ç) : il était donc naturel qu'on y plaçât
l'Hadès, une étymologie généralement acceptée expliquant
*Ais7îç par àsiÎTfjç « qu'on ne voit pas w^ Parmi les « lieux»
du cercle de la géniture, celui qui se trouve immédiate-
ment sous rhoroscope a toujours été désigné comme la
« Porte de l'Hadès «(''Aiîou ruXig)*: c'est par là qu'on péné-
trait danë le royaume de Pluton. Mais on voit aussi donner
le nom de Dilis ianua au Couchant : le point où meiu*t le
jour et qui préside aussi à la fin de la vie humaine*^. Les
portes'de l'enfer sont en effet au nombre de deux : ce sont
celles par lesquelles, selon la vieille mythologie babylo-
nienne, le char du dieu solaire sortait, chaque matin, du
inonde inférieur et y rentrait chaque soir *.
1. Dccharme, La critique des trstditions religieuses, 190i, p. 301.
5. Cat. eodd. astroL, VIII (Paris), 4, p. 102 s. Cf. Revue de philol., 1918,
XLII, p. 74.
1. Maniliut, II, 9Î>0 s. - Voy. la flg. iw/'ra, p. 276.
4. Maspero, Hiêt.Mnc, des peuples de VOriemt, I,p. j44, n. 6; Jastrow,
HêUgion B^U>ylomienê^ 1, p. 427; Dhorme, Textes sasyro-taby Ioniens,
1907, p. «O.u. ».
ïnts ■
cours
or la
lypo-
uitla
,L,*-
(*atM>.
tes ENFERS SELON l'axiochos 277
De même, dans l'instrument de divination médicale connu
sous le nom de « cercle de Pétosîris », la li^ne qui sépare
le monde supérieur du monde inférieur est la limite de la
vie et de la mort (spsi l^a?,ç%izt davâtou). Lorsque cette arith-
momaDcie amène un cliifFre inscrit dans l'hémisphère
« supraterrestre » {ifsépfnov), le pronostic est que le malade
vivra ; si au contraire le calcul aboutît au demi-cercle
« infraterrestre » (ùicoycuv), il présage la mort '.
Selon les astrologues, au commencement du monde,
avant que la grande machine créée par le démiurge fût
mise en branle, le Cancer se trouvait à l'Orient et le Capri-
corne au Couchant ^. C'est pour ce motif que jusqu'à la (in
de l'antiquité, les théologiens répétèrent que les deux
« portes du soleil », par lesquelles les flmes descendaient
du ciel et y remontaient, étaient situées dans ces signes du
zodiaque ^. Us imaginèrent d'ailleurs de cette tradition
religieuse des explications astronomiques, ces deux signes
étant ceux des solstices, mais ils n'aperçurent point sa
véritable origine parce que le séjour des défunts n'était
plus pour eux sous la terre, mais dans les sphères supé-
rieures ^. En réalité, les deux ouvertures du firmament
solide sont placées dans te Cancer et le Capricorne parce
que l'un est « l'horoscope du monde » {lôpcmixoç xàoiwu) et
1. Douché-Leclcrcq, (. c, S3g si,
3. Ibid., p. ISS ». Cf. le lexUi corrompu publié Cil. V, 1, p. 131.
3. Porphyre, D« .4nlro A'ymph. 33; Macrobe. Camm. Somn. 5eip., [,
11 ; ProciuB, /n Rtmp.Plal. II. p. IJfi, 30 ta. éd. Kroll, qui rcmonlent loui
trois à NuménïuB.
4. Numéniui sait encore que c'e»t par le Cancer qu'arrivent aur la terre
les tmea qui reprennent un corps et par le Capricorne qu'elles regagnent
le s^our dei défunti. mais comme pour lui c'est, non de l'^nôyiiov, mait
du ciel qu'elle* viennent et au ciel qu'ellea retournent, elles rfeteeftdenl
par le Cancer et monfenl par le Capricorne, tandis que primitivement le
nouveoieni «tait inverse. — Boll (Sphttra, 1903, p. 3tH) cite un texte
cunéifonne qui place entre le Capricorne et le Sa§:iltaire (cf. C*t. V, 3,
p. 131, 1 : [U/.pt ^' |"'p<f ^oû Ta^itou lî; td iiifivi; (ms, £çavi;) i|<^i9fa['
ftov!, den AnfMHg der Sln$$e dtr anltrrn HimmtUu-dtbaag.
278 LKS E?tPERS SEL05 l'aXIOCHOS
Fautre le Couchant du monde {i'j(n^ xia|xou), selon la défini-
tion conservée par Vetlius Valeos *, et que les irJXxi *At5s'j,
nous Tarons vu, s'ouvrent à ces deux points cardinaux.
Tne autre division partageait le cercle du zodiaque en
deux moiliês par une ligne tirée du Bélier à la Balance,
astérismes des équinoxes, et plaçait dans Thémisphère
supérieur les six signes du printemps et de Tété, dans Khé-
misphère inférieur ceux de Tautomne et de Thiver ^. Les
prélres des temples syriens avaient fondé sur cette division
tout un système d'interprétation mythologique. Ils identi-
tittienl la moitié supérieure de la terre, c'est-à-dire Thénii-
sphère boréal, seul connu des anciens, avec Vénus ou
Astarlé ', la moitié inférieure avec Proserpine, la déesse des
enfers. Mais l'empire de celle-ci s'étend aussi à celle même
moitié du ciel. Les signes de la partie de Tannée où les nuits
sont plus longues que les jours appartiennent au domaine
de la maîtresse du monde souterrain, et lorsque le soleil y
demeure et fait prédominer les ténèbres parmi nous, Wnus
le pleure parce qu'il est retenu dans les enfers par Proser-
pine *. Kn effet, Pluton, pour ces théologiens, n'est autre
que le soleil de l'hiver "*.
I. V«Utus V«!«a*, p. 8, ^î; p. Il, 13: cf. p. 5, M; p. 10, 20, éd. KroU.
3. i:i\ WiAX, S/ihjiTj. 1903, p. 246 s., à qui j'emprunte la plupart desindi-
rtitiouH nui suixonl. — Ollc ii«H:trine doit probablement être rattachée à
foUo qui <HM»«<ulî^tv v^e* mômes si^rnes respectivement comme diurnes et
noolurnc» ; c>>l loujour» la même opposition de l^obscurité et de la
UiuuAre. Manilius, II. J\< : • Quin etiam »ex continuis dixere diurnas |
i»'«<e vice!» as! ri*. qu«e sunl a principe sijmo I Lanigeri, sex a Chelis noc-
luiMirt xulori. » Cf. HouohA-Loclervq. p. 156.
S. Maoï-obe, >!/> I» 31. 1 d'après Jamblique^ : • Physîci terrae superius
lirmit»ph«erium. cuiu» pnrtem incoUmus. Veneris appellttione coluerunt,
iufcriu9 ven» hemisphaorium terrae Prt>»erpinam vocavemnt. »
I. Macrobe. ihùi., § 3 : » Kt cum e»t in inferioribus (si^is aol) et ideo
dica brevlorcn facil, luirere creditur dea tanquam sole raptu moriis tem>
pornlis onu««o et a Pn»sorpiua retenlo. * — C'est le contrepied do la fable
grcoquo oii Pivserpin© était retenue par Pluton.
5. Porphyriv îlipl ivji.uit'ov, fr. 7 {p. 9* Bides) : FlXo-itcov 6 usé yîî»
î(ov i^\\o; xxî TÔv 131 vf; ^tptvoJTtîiv xô^'xov xiti Tiç ^itjJLsptvà^ tpoJtaEç.
LES ENFERS SELON L^AXIOCHOS 279
Ils allaient plus loin encore. Leurs cartes du ciel, leur
« sphère barbare », dont Tépoque alexandrine s'est beau-
coup occupée, plaçaient près de la Balance, signe de Téqui-
noxe d automne, des constellations dont les noms, tels que
les ont traduits les Grecs, sont très significatifs : le marais
de l'Achéron, le Nocher et la Barque *. On a pu démon-
trer avec une grande vraisemblance que ces astérismes
étaient d'origine babylonienne '^. Ainsi, à côté du signe
situé à la limite du monde supérieur, et du point où s'ouvre
une porte de THadès, se trouve TAchéron, que les morts
traversent sur la barque du nocher infernal, — et c'est là
précisément ce que dit TAxiochos.
Nous en avons dit assez, je crois, pour indiquer à quelle
source remontait la description des enfers que le mage
Gobryès aurait faite à Socrate. L'auteur du dialogue pseudo-
platonicien, épris d exotisme comme le furent beaucoup de
Grecs après la conquête du monde barbare, a combiné les
vieilles croyances d^Éleusis avec la religion astrale des
Syriens. Les antiques conceptions de I'uttsysiov, des portes
de THadès, des fleuves infernaux, prennent chez lui une
signification nouvelle. Ce syncrétisme n'est pas l'indice le
plus ancien que nous ayons de l'influence de Tastrologie
orientale sur la littérature platonicienne : on en peut trou-
ver la preuve certaine déjà dans TEpinomis *'*. Mais cette
action est ici d'une importance particulière, car elle nous
aide à comprendre le développement des croyances grecques
sur la vie future.
Macrobe, Sa/., I, 18,20 : (Oracle de Claros; : ^^i^io tÔv navTwv Gnatov
Oiôv î^xv 'lawii I )j^ii|iaii ejiiv t' *AtôrjV,A'.à ô'ciapoç àp/ouÊvo'.o | 'IliXtovôi
0£pr<*ç,juroi:?ufO«ô' ippov looi (lire *A8tuvtv?;. Cf. liure»ih, KUros, p. 4«.
I. BolL /. c. : *H * A'/ifiO\iaia Xijjlvti, 6 IlopOiiicj;, tô i^xifo;. — Une autre
tradition indique TÔ StjvÔ; GStup. Cf. Firmicus Mat., VIII, 16.
3. Boll, p. 3i7 8t. Comparer infra, p. 2K3, note, ce qui est dit de
Naménius.
3. Cf. moD Aêlrology and Heligion àmong the Greek* and Romans ,
1913, p. 47 M.
280 LES E>FBKS SELO?( L*AXIOCUOS
L'astronomie servait à interpréter les traditions
mythiques sur la vie doutre tombe et à leur donner nn
sens qui paraissait plus raisonnable . Je n*en citerai qa'^un
exemple. L*auteur de TAxiochos a soin de noter, en décri-
vant les prés fleuris où se réunissent les élus, que « les
doux ravons du soleil »» entretiennent dans Tair une
température toujours modérée, sans chaleurs ni froids
excessifs *. L*idée que le soleil va éclairer la nuit le séjour
des morts est ancienne en Grèce. Elle apparaît déjà dans
un thrène célèbre de Pindare ^, à qui Vii^ile l'a empruntée
en la transformant, lorsqu'il dit dans sa description des
Champs Elysées : SoUmque saam sua sidéra norani '.
Mais, chez Pindare, les morts, que ce soleil éclaire à Tégal
des vivants, habitent les demeures souterraines d'Hadès.
L*idée primitive est, en efl'et, que Tastre du jour s'enfonce
le soir dans le sein de la terre, dont il parcdurt les vastes
cavités pour en ressortir le matin à l'Orient, et qu'il visite
ainsi chaque nuit le royaume infernal ^. Mais cette
croyance naïve était inconciliable avec l'astronomie. Au
contraire, si l'on plaçait le séjour des bienheureux — et
c'est, ce semble, la pensée de l'Axiochos — sur la face
inférieure du globe terrestre, dans l'hémisphère impéné-
trable aux vivants, le soleil devait naturellement y briller
durant sa course nocturne '.
1. P. 371 D : OCÎTE Y^tp /.«^H^ ^oopov ojt£ ^iXiioç i^^t'Oii, «XX' im^zoç
^^i? 7.^^'*^ i::aXat; f,Xtou i^TÎaiv àvxxtcvxtifvo;.
2. Fr. 129 : Toîai Xitiret uiv {livo; xcXiou Tiv IvOsSe vjxx« xaTeo. Cf.
Rohde, Psyché, Il«, 1907, p. 210, n. l.
3. Aen. VI, 641. Sur l'imitation de Pindare, cf. Nordcn, Hermès, XX VIII,
1893, p. 391. Virgile a été imité à son tour par Valerius Flaccus, I, hU :
« Campos ubi Sol, totumque per annum durât aprica dies »; cf. SîHus Ital.*
XIII, 550. — Pour Proclus au contraire, In Remp.^ I, p. 122, 12, Kroll, ces
lieux " n:^ jouissent pas des rayons du soleil >».
4. Cf. Kohde, /. c. ; Dieterich, Sekyia^ p. 23. Pour l'É^rypte, cf. Jéquier,
Le livre de oe qu'il y a dans VHadès, Paris, 1894 ; pour la Babylonie, Thu-
reau-Dangin, Revue d^Assyriologie^ 1919, p. 149. Cf. infra, p. 281, note 3.
5. Cf. Apulée, Afel., XI, 23 : « Media nocte vidi Solem candide coruscan-
lem lumine <>, et infra, p. 282, note 1 .
LES ENFERS SELON L*AXIOCHOS ^81
Cette interprétation astronomique de rûxÔYetov fut pro-
bablement combinée avec la tradition relative aux iies
Fortunées, situées quelque part au loin dans TOcéan K
L#es eaux de celui-ci, s'étendant sur Thémisphère austral,
*
pouvaient y baigner les rivages de ces îles, transportées
aux antipodes ^. Tous les récits des poètes sur les jardins
parfumés et mélodieux de ces terrés reculées s'appliquaient
aux climats délicieux qu'aucun navigateur n'avait jamais
atteints.
Le lieu où, selon TAxiochos, les impies sont chassés
par les Erinnyes qui les poussent « vers TErèbe et le
chaos à travers le Tartare » ^ doit se trouver au contraire
dans le creux le plus extrême de Tunivers, près de ro^oYciov
céleste diamétralement opposé à TOIympe, qui est au zénith
dans Tempyrée *. La tradition, empruntée à l'Orient,
suivant laquelle le séjour ténébreux des méchants occupait
cet abime lointain, se conserva non s()ulement jusqu'à la
tin de l'antiquité, mais au moyen âge : « Qu'y a-t-il sous
le ciel? » demande un astronome byzantin "*. — « L'eau, et
1. Rohde, L c, p. 37r, n. 1.
2. Cf. Scrvius, Aen.^ VI, 532 : « Alii sub terra esse inferos volunt secun-
dum chorographos cl f^eometras, qui dicunt terram a^atpoct^^ esse, quae
iqua et ar>re sustentatur. Quod si est, ad antipodes potcst navigatione per-
veoiri, qui quantum ad nos spectat inferi sunt, sicut nos Ulis. » Cf. VI,
127 Ânfrày p. 281, n. 1).
3. "Ayovtat 7?jpô{ *E(iivuo>v è;:* Ipi^o; xai ydcoç 5ià Tapxotpou. Cf. Papyr.
mifrique de Paris (Wessely, Denkschr. A kad., Vienne, 1888j, Hymne au
Soleil, V. 1964 : xXijî^taaî TÔv oùpavoîî T,Ye{i.ovTJa | yâiio^ t« xai "Aiôoç ïv6a
Wjiovriî I $xîaovc$ àv6stii:çu>v oi nplv çao; ttaopocuvTi; | . . . i^v "]f*'^î xeuOuwvx
1*0/7;; vcx'^uv l'éni /^ûpov.
4. OJympiodore, In Phaed., D. pfx', p. 240 Norvin : "Oit 6 Tapiapo; to
t»/«TÔv èrit To3 Kïvio; xai âvitOiiM; 1/10^^ rpô; tÔv *'OXjarov. Cf. C. III,
0?', p. 201. — De même pour le» docteurs de la divinisation sidérale l'Onô-
yttov détermine tout ce qui suit la mort {$upra, p. 276, note]3). Les préceptes
de l'astrologie sont souvent de Tancienne mythologie mise en formules.
à. Cod, Pûriâ, Sappl. yraec, 1190, f. 1 v»; cf. Catal.codd. a«<r., VIII, 4,
p. 192, cod. 118 : 'TnoKdtcu Tou oùpavou Tt iTUiv* GScup xai rspaxàica oxoto;
ui ::«pftxatci» icvp, xal xxtco ^$t,ç, xftt xoitcu ept)(jLoç (lire ^pt^oç) xal xitto
282 LES ENFERS SELON l'aXIOCHOS
plus bas Tobscurité, plus bas le feu, plus bas encore
THadès, plus bas TÉrèbe et plus bas le Tartare. »
On trouve, à Tépoque romaine, des traces de Tidée que
les âmes descendent parmi les étoiles de Thémispl^ère invi-
sible. C'est ainsi qu'il faut entendre une épitaphe métrique
qui a embarrassé les commentateurs *. Un enfant, que ses
parents avaient fait élever en pythagoricien pieux, nous dit
qu'ayant quitté le monde supérieur (v. 3 : ad saperas) des
vivants, il chemine à travers les astres affreux des profon-
deurs du Tartare :
Nuncvero infernas sedes Acherontis ad undas
Tetraque Tartarei per sidéra tendoprofundi.
Fait plus important, il semble bien que la doctrine du
pseudo-Pélosiris et de Tastrologie égyptienne fût restée
sous r Empire celle des mystères alexandrins répandus en
Occident. Sérapis, le dieu des morts, est devenu le Soleil,
qui descend la nuit, illuminer les ténèbres de Thémisphère
souterrain, et Isis, déesse lunaire, y brille près de TAchéron
etduStyx, fleuves célestes 2.
TapTapoç. — Des idées semblables ont existé dans le manichéisme (Cf. mes
Recherches sur leManich., 1, 1908, p. 11 s.) ; elles remontent aux croyances
païennes des Sémites, et se. retrouvent dans le traité syriaque du pseudo-
Bérose publié par Levi Délia Vida, Rivista degli studi orienlali^ III, 1910,
p. 26 : « Sotto quelle acque che sostengono la terra, vi è il fuoco e sotto
il fuoco il vento e sotto 41 vento le ténèbre. E sotto le ténèbre non cercar
nuUa, poiche è un luogo deserto e solitario e picno dVrrore ; e questa è la
fossa inferiore, che in molti libri è detta abisso e inferno^ nella quale
saranno tormcntati coloro che hanno condotto malamentc la vit«. »
1. Plessis, Poésie latine, Épilaphes, 1905, n» 57 = Bûcheler, Carm.
epigr., 43i = C.I.L., XI, 6435.
2. Je ne fais qu'indiquer ici cette opinion qui demanderait, pour être
mieux appuyée, une discussion étendue du sens de passages d'Apulée que
je crois n'avoir jamais été bien compris : Metam., XI, 23, le myste, après
avoir traversé les éléments qui entourent le globe terrestre, voit « au
milieu de la nuit briller le soleil » ; cf. snpra, note 26. Cf. Metam., XI, 6 :
« Cum spatium saeculi tui permensus ad inferos demearis, ibi quoque
in subterraneo semirotundo me, quam vides, Acherontis tenebris inter-
lucentem, Stygiisque penetralibus regnantem campos Elysios incolens
adorabis. >» Les mots in subterraneo semirotundo traduisent tv îiKo^tita
LES E5PERS SELON L'AXtOGHOB 283
Cependant cette doctrine ne réussit jamais à se faire
g^énéralement accepter et un hasard favorable nous permet
d*apprendre par une voie indirecte quelles objections lui
étaient opposées. Le dialogue de saint Grégoire de Nysse
« Sur Tâme et la résurrection » est rempli de réminiscences
philosophiques et Ton a récemment entrepris de démontrer
que. le Père cappadocien y reproduisait les théories de
Posidonius d'Apamée ^ Si Ton veut dire par là qu'il les
aurait puisées dans une œuvre du maître de Cicéron, cette
thèse est certainement exagérée. Mais certainement Técri-
vain chrétien a mis à profit pour son argumentation les
idées largement répandues de ce stoïcisme pythagorisant
et platonisant dont Posidonius fut le représentant le plus
illustre. Or Grégoire combat dans ce dialogue Tidée que
rHadès se trouve dans un lieu situé au-dessous de la terre.
Une même sphère céleste, fait-il observer, se meut con-
stamment autour de celle-ci, placée au milieu du système
cosmique ; les éléments qui enveloppent ce corps central
ne diffèrent point s'ils sont du côté que nous habitons
ou du côté opposé; une seule atmosphère est répandue
autour de notre globe, les deux hémisphères sont alter-
nativement dans la lumière et dans l'ombre et, par suite, les
phénomènes physiques doivent être semblables dans Tun et
dans Tautre. Donc, conclut Tapologiste du iv® siècle, il nV
a aucune raison d'admettre que les âmes libérées de leur
corps séjournent dans les lieux inférieurs plutôt que dans
les lieux supérieurs ^.
f.îiî^^^noMo. — Sur !*Achéron et le Styx, cf. supra p. 279. —Cette doctnne
a inspiré le» élucubrations « prodigieuses » (TspaToXovja^ du pythajifon-
rien Namënius, que combat Proclus [în Remp. PUt., Il, p. 129 s. Kroll) :
le» àmcs coupables sont envoyées par les juges ii; lôv unô y/jç td^ov xal
toù; «it :;oTijiou;, mais ces fleuve» infernaux et le Tartare lui-m^me sont
dans la sphAre de» planètes, donc dans le ciel de rOjroYCtov.
I. Gronau, Posidonius und die Genesisêiegêse, 19J4, p. 220 ss.
3. P.0,^ XLVI, col. 67 B ss. : cf. 71 C. — La conclusion de cette argu-
mentation est la suivante : Mix; Ô£ xil x/j; «jtÎî; o-jw,; xari nîv if-; y^; {jl<-
281 LES DIFCBS SELO?C L*AXIOCHOS
Ce raisoaiieai«fit qai« TaTenir deyait le prouver, était
d*ane justesse ri^oreose, remonte aux savants hellénis-
tiques. La polémique, dont saint Grégoire a fait son profit,
se rattache aux discussions sur Texistence d'habitants aux
antipodes K Le géographe Eratosthène ^, les néo-pjthago-
riciens d'Alexandrie ^ Posidonins et son école ^admettaient
cette existence, et par conséquent, pour eux c'étaient des
vivants et non des morts qui peuplaient lliémisphère austral.
Après le lu* siècle, Tanoorme qui composa TAxiochos
u'uurait plus osé présenter son système comme une révé-
lation de la vérité scientifique. La doctrine, dont il s*est lait
le propagateur, prétendait mettre les crovances helléniques
sur la vie future d'accord avec la cosmographie, mais la
cosmographie elle>mème en ruinait les fondements en réfu-
tant Thypothèse d'une opposition physique entre les deux
moitiés de Funivers, dont Tune aurait été remplie de mer-
co; rr,; ttiv t^j-x--^* ss:::'jÀr; oZ-zt àriTtÀi^tni oôtt , 9vi»a^fopraccv o"{&ai Ôc^
Ti^^it oTîj^at Tx:; Ttwv ifî»uiT*r# èxÀj^îiiai; 'Ju^at^. L>niprunt est ici
manifeste el le r«ccortl arec le contexte imparfait. L'auteur de ce rai-
somiemonl enteadait prv>u\er que les âmes pooraient séjourner dans noire
atino«*phire dus-ii bieu que dan* celle des antipodes. Grcjfoire au contraire
était d'a\ is que le* àme<, étant purement spirituelles, n'étaient contenue»
dau* aucun heu delermiaé: l>*pace n'existait pas pour elles (p. 69 B :
Ts/t^it , riUdés e-jit pour lui la traasfarmation de Tàmeen une essence
invisible ,i"n; = -?'>; t-j i5:o£; uîTiTrast; tt,; fa/îi;, cf. sapra, p. 275,
note r. Toute di>cu*<i'vu *ur le heu ou elle se rend devient donc oiseuse
et la lonjfue rv^futation que u*>us avons analysée est en réalité, dans le
didl'V^*^ ^* GréiToire. un hors-d »*uvre.
1. Servius, Aen., Yl. lîT : - .\lii dixeut inferorum refna ne posseqni-
dem esse ; nam locum ipsorura quem possumus dicere cum sub terris esse
dicantur anti^x^des ? iu média vero terra eos esse nec soUdiias paiitnr oec
xivTçov terrae. • Cf. p. 2î?l. note 2.
2. Cf. Pauly-Wissowa. Healenc, s. v. • Antipodes».
3. Dio^-. Laerce. VIU, 2J-ÎÔ : Tf.v -7> jçaicosioi- xal nsctoutoujiivir', «''
va: 0£ XX'. ivT-.noox; xal ta faîv xx^*^ kxiiéO'.i a>to.
I. Geminus, /»ag.. 16 : Cleoraède, De mo/aeirc.,1 : Qcéron, SoaiR. Sdp't
etc.
CIVITAS MIZIGITANORUM ET LE PAGUS ASS AUTAN C8 285
veilles. La théorie qui faisait de rhémisphère inférieur
l'immease réservoir des âmes ne devait guèi*e résister aux
attaques que dirigea contre elle la critique alexandrine et
elle n'eut plus à l'époque romaine qu'une diffusion res-
treinte.
Elle n'y resta cependant pas sans influence, nous Tavons
vu, et même tous les écrivains ecclésiastiques ne se mon-
trèrent pas aussi résolument que saint Grégoire hostiles à
cette croyance. Origène, dont l'eschatologie fît d'étranges
concessions aux opinions professées par ses maîtres.païens,
admit que les âmes vertueuses, avant de s'élever dans les airs
et de là vers les astres, allaient d'abord habiter un lieu de
délices situé dans un endroit écarté de la terre, paradis où
naissaient en abondance les mets dont elles se rassasiaient,
Eden où elles étaient instruites des choses de la terre avant
de l'être de celles du ciel *. Il y a là, ce semble, un souve-
nir des Champs Elysées placés dans une région inacces-
sible de l'autre hémisphère par les théologiens païens qui
s'inspiraient des cultes syriens et de l'astrologie.
LA CrvrTAS MIZIGITANORUM ET LE PAGUS ASSALITANUS,
PAR M. LOUIS P01N880T, INSPECTEUR DES ANTIQUITÉS
ET ARTS DE LA TUNISIE.
On vient de découvrir, à quelques kilomètres à l'Est de
Dougga et de Teboursouk, deux inscriptions également
intéressantes pour la topographie ancienne de la Tunisie
centrale^.
1. Origine, De principiis, II, 11,6 : a Puto enim quod sancti quique dis-
ccdcDtes de hac vila permanebunl in loco aliquo lu lerra posito, quem
Paradisum dicit Scriplura sacra, vclut in quodam eruditionis loco. •> Cf.
Huet, OrigenUfiMy dansMiçne, P. G., XVII, pp. 1012, 1030, 1057.
3. L*étudesur place de ces documents nous a été facilitée par M.R.Bré-
jean, contrôleur civil de Teboursouk, à Tobligeance duquel nous tenons à
rendre ici hommage.
286 LA CIVITAS MIZIGITANORUM ET LE PAOUS ASSAX^rTANUS
I. — Le premier texte a été trouvé le long de la voie
romaine de Carthage à Theveste, à l'extrémité orientale de
la ruine connue sous le nom d'Henchir^Aïn-Babouch ^^dans
le voisinage immédiat du beau pont romain ^ sur lequel
passe la voie. Recueillie par M. Dellerm qui a bien voulu
nous la signaler, la pierre ^ est actuellement encastrée dans
les murs d'une petite ferme située un peu à TOuest d'Ain-
Babouch. Elle porte en lettres soignées de 0 " 07-0 ■" 05 *
les mots suivants :
Cl VIT AS
M I Z I G I
T A N« R V M
CYMAIACEN
TES SVOS-
PASNCC
Nous n'insisterons pas sur les trois dernières lignes où
sans doute cum ajacentes suos pas. NCC est pour cum
adjacentibus suis passus MCC Le principal intérêt du texte
est dans la mention de la civiias Mizigitanorum dont désor-
mais on peut identifier le chef-lieu Mizigi -^ avec la bour-
gade ** qui, au débouché d'une sorte de défilé, entoure la
source Aïn-Babouch et domine le plateau légèrement
1. Ruine désignée dans VAUsls archéol. de la Tunisie^ feuille de Tebour>
souk, par le n*> 220.
2. Ibid,, n-221.
3. Haute actuellement de 0 ■ 52. Elle avait une vingtaine de centime-
1res de plus lors de sa découverte, mais la partie anépigraphique a ét^
depuis réduite. Larg. 0 " 28. La pierre parait en haut complète, bien qu*on
ne puisse être à cet égard tout à fait affirmatif .
4. A l'exception du petit O de la ligne 3.La lettre, primitivement omise,
a été glissée par le graveur entre les jambages de TN.
5. Mizigi ou Misigis plutôt que Mizigita,
6. La ruine dite Ileuchir-Aïn-Babouch, que nous avons soigneusement
explorée il y a quelques années, ei^t fort étendue, mais donne Timpression
d'un centre purement rural. Le groupement des habitations y est assex
dense et l'on y rencontre de nombreux pressoirs et de belles citernes ; par
contre, nous n*y avions trouvé ni vestiges de monuments ni inscriptions.
LA aVITAS MtZlGlTAN'ORUM ET LE PAGUS ASSALITANUS 287
incliné de rHenchir-Khalled. Mizigi est à 9 kilomètres de
Thibursicu BurCy à H de Thugga et, à l'Ouest, la fossa
regia ' passe à deux kilomètres seulement de la ville ; au
Nord*Est de la bourgade dont, on le voit, le territoire ne
pouvait être que fort réduit, s'étendaient les praedia Rufi
Volusiani ^ .
Il est possible que ce soit au Mizigi dont l'inscription
d'Aïn-Babouch vient de nous révéler l'emplacement qu'il
Eaille attribu^^r le Placidus episcopus plebis Mizigitanae qui
ti^urait en 525 au concile de Carthage ^ et le Cresconius
presbifter Mizigitanae civitalis ^ qui, pendant la persécu-
tion vandale, fut trouvé mort de faim et de misère dans
une grotte du Zaghouan. On ne peut être cependant afïïr-
matif à cet égard, car il y a pu y avoir en Afrique plusieurs
Mizigi, Ainsi il serait tentant de reconnaître une civitas
Mizigitanorum dans la ruine de la région de Menzel-bou-
Zalfa dénommée par les Arabes Henchir-Mezeguid et près
de laquelle coule TOued-Mezeguid ^. Par contre, nous ne
croyons pas qu'il y ait rien à retenir de l'identification du
village de Douéla, voisin de Korbous, avec un Mizigi, qui
a été proposé par V. Guérin ^ sur la foi d'une inscription
où on lit . . . MVNICI . . . GITANI-
1 . Sur c«lte paKie de la fossa. regiBy cf. L. Poinssot, Comptes rendus de
VAe^d. de$ infcr.,1907, p. 476-477.
3. Allas archéol.de la Tunisie, feuille de Tebuursouk, n" 68. Sur 1' «au-
tonomie «des grands domaines, cf. Lcclercq, dans Cabrol et Leclercq,/>{C^
ifarchéol. chrét., !V, coL 1Î90-1294.
3. Hardouin, Coll. concil.^ 11, p. 1082.
4. Victor de Vite, III, 52. La plupart des manuscrits portent Mizeilanae
qu'on a parfois proposé de corriger en Mizigitanae Jcf. Tissot, Géogr.
eompjtrée de U province d'Afrique^ i\yp. lit).
5. Allas archéol. de la Tunisie, feuille Mcnzel-bou-Zalfa, n» 107.
6. Voy. archéol , II, p. 207. Celte idciitiflcation a été admise par le
P. yie^na^ [L Afrique chrit., p.59; et, avec rt^erves, parle Corpus inscr.
Utin. VIII, 991 et p. 1283,. Cf. sur Doubla, Atlas archéol, île la Tunisie,
feuille de Teboursouk. Elle est située à 700 mètres environ uu Nord de la
voie de Carthage à Theveste, On y remarque plusieui*s citernes et des pres-
»otrf. U semble qu'on soit plutôt en présence d'un hameau que d'un
«ilUge.
288 LA CIVITAS MIZIGITANORUM ET LE PA6US A8SALITANUS
II. — A environ trois kilomètres et demi à TOuest d'Ain*
Babouch [Mizigi), existe ime petite ruine assez effacée L A
Textrémité sud-est de cette ruine *, on a découvert récem-
ment une épaisse dalle encore en place sur son lit de mor-
tier. L'inscription suivante qu'avaient bien voulu nous
signaler M. R. Bréjean et M. Saint-Jean y est gravée :
IOVI>AVG
SACRVM
PAGVS^AS
SALLITAN
VS>V>S>
C'est la première fois qu'est mentionné le pagus Assali^
tanus. Ce pagus dépendait-il de la civitas Mizigitanorutn ?
On serait assez porté à l'admettre ; car, dans l'hypothèse
contraire, le territoire de la cité comprendrait bien peu de
terres cultivables, Aïn-Babouch étant entouré au Nord, à
l'Est et au Sud par des escarpements en bonne partie inuti-
lisables. En tous cas, il y a lieu désormais d'admettre que
dans la région située immédiatement à TEst de Thubur-
sicu Bure et de Thugga^les territoires de ces cités ne dépas-
saient pas rOued-Khalled ; c'est seulement beaucoup plus
au Sud que le pagus Thuggensis s'étendait sur la rive
gauche de la rivière et y avait les « communaux » dont les
bornes ^ ont été retrouvées en 1907.
1. A une vinglainc de mètres d'une ferme française appartenant à
M. Schultz et dans le verger de celui-ci.
2. Complète. Haut. 1 " 03; larg. 0 " 54;épai8s. 0 " 24. La face opposée
à Tinscription n*cst que dégrossie ; les petites faces latérales sont au con>
traire polies. La partie supérieure de la dalle, non polie, ne présente pas de
trou d'insertion. Lettres de 0'"10-0°'09, soigneusement gravées, mais
un peu maniérées. Le texte est encadré d'un cartouche.
3. Allas archéol. de U TuRÎsie, feuille deTeboursouk. n" 215.
^ I
ACADÉMIE
DB8
NSCRIPTIONS & BELLES-LETTRES
COMPTES K END US
SÉANCES DE L'ANNÉE
1920
BULLETIN DE SEPTEMBRE-OCTOBRE
PARIS
AUGUSTE PICABD, ÉDITEUR
IMS t>M AMCaiVBf NATIONALBS BT 1>B LA kOCIKTé DB l'bCOLB I>BS CHAIITBft
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M D CCCC XX
BecoeU paraissant tous los deux mois, par fascicules de 7 à 8 feuillet
aTec planches et figures. Prix de J^abonnemeut annuel : — 20 fr.
TABLE DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE CAHIER
SéAifCBS d'Août , . . . . 3tf , M*
Communication :
Martyrs de Djemila, par M. Paul Monceaux, membre de TAca-
demie 79t
LiTRis OPPBRTS 389, 197, 39$
Sbancbs db Sbptbmbrb *. 399, 310, 333, 333
Communications :
Un dessin relevé dans la caverne des Trois-Prères, à Montes-
quteu-A vantés (Ariè^e), par M. le comte Begouen 303
Deux miniatures à caractère historique de la Bibliothèque do
Vienne, par M. le comte Durrieu, membre de l'Académie 311
Table de mesures de Djemila, par M . Albertini 3iS
Rapport sur les fouilles exécutées à Bulla Re^a en 1919-1920, par
M. le D' L. Carton, correspondant do 1* Académie 333
Note complémentaire de M. Caji^nat 33S
Deux victimes des Maures à Madauros, par M. Paul Monceaux,
membre de l'Académie 339
LivixBS OFFERTS 320, 333, 33S
Sbancbs d'Octobrb « 337, 333, 356, 367, 374
Communications :
La cité punique et le munioipe de Volubilis, par M. Édoucu*d Guq,
membre de l'Académie 339
Datus, conductor praediorum regionis Thuçgensis, par M. Louis
Poinssot, inspecteur des Antiquités de la Tunisie 357
Les travaux du service des Antiquités de l'Egypte en 1919-1920,
par M . Pierre Lacau 35»
Essai de chronologie du néolithique en Belgique, par M. Charles
Fraipont, professeur à l'Université de Liège - 363
Appbndicb :
Rapport sur les travaux de l'École française d'Extrême-Orient du
mois d'avril 1918 au mois de juillet 1920, par M. Henri Cordier,
membre de l'Académie ; lu dans la séance du 8 octobre 1920. . . . 350
Livres offerts 356, 366, 373, 375
SàANCBS DB Novembre 377, 37t
Communication :
Un manuscrit de Tertullien retrouvé, par Dom Wilmart, béné-
dictin de Farnborough (Angleterre) 380
Livrbs offbhts * 378
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Pour assurer une prompte publication den Cf^mptBi renifas, les
auteurs de comnuinications,qu'ils appartiennent A l'Académie ou qu^ils
»-•.,. . i- »__ 1» ii^ j ^.^^t^ 1^..* .«.»«. .«^.^«
noarra toutefois, en certain» cas, les autoriser à retarder cette remise
jusqu'au mardi suivant, dernier délai pour Tenvoi de la copie à rimpri-
merie.
Les communications des auteurs étrangers A TAcadémie ne devront
pas dépasser huit pages.
Les ep»-euve8, tant en placards qu'en pages, doivent être retournées
ail rédacteur des Compte* rendus dans le délai de trois jours, le jopr
do la réception non compris. x • jî
Dans le cas où les auteurs ne se conformeraient pas à cet indica*
tiens, leur communication serait ajournée à lun des cahiert suivants.
U^^.i^i^
• •.
r-/7-3r 289
LIVRES OFFERTS
Le Sbcr6tKire perpétuel offre à T Académie, de la part de M. le
chanoine Ulysse Chevalier, le tome VII et dernier de la Gallia
ehrUiiana noviêsitna concernant le diocèse d'Avignon (Valence, i920,
in-4«).
Il fait hommage ensuite, au nom des auteurs, des ouvrages
suivants :
G. Pasquali, Orazio lirico (Firenze, 1929, 8®) ;
L. F. Benedetto, Le Origini di <« SaUmmbo ». Studio sul realistno
Mtorico di G. Flaubert (Firenze, 1920, 8»).
M. HoMOLLE présente à FAcadémie le tome XXIII des Monuments
et Mémoire* {Fondation Piot), et une notice dont il est Tauteur, et
qa*îl a consacrée à Maxime Collignon (Paris, 1920, in-4<>).
M. CoRoiER offre à l'Académie le tome II de ses Mélanges d'his-
toire et de géographie orientales (Paris, 1920, 8«).
SÉANCE DU 20 AOUT
PRESIDENCE DE M. CHARLES DIEHL.
M. J.-B. Chabot entretient la Compagnie des cérémonies qui
ont eu lieu à Anvers, à roccasion du quatrième centenaire de
la naissance de Christophe Plantin,et où il avait été chargé de
représeoler TAcadémie. Il dépose sur le bureau le programme
du concert exécuté au cours de ces fêtes.
M. Hippolyte Boussac fait une communication sur Tanimal
•acre de Set Typhon et ses divers modes d^interprétation. Il
aal d*avis que cet animal sur lequel on a émis beaucoup d'opi-
nions n'est autre qu'un canis lapaster maquillé.
1910. 19
290 UaBTTSS de tUESULà
M. Mo^cEAVt commDDiqae oae inBcnpIion chrétienne de
Djemila, où sont relatés les dodu d'un cvrtaia nombre de mar-
COMMUNICATION
1UX1TU DE WEMltA,
PAR H. PACL HOnCKàL'X, MEMBRE DE l'aUDÊMIE.
A Djemila (aocien Caieal),eommei Mdaouroach, comme
naguère âi Kbamissa ou Addouiu, le Service des Monoments
historiques d'Algérie, dirigé par M. Ballu, poursuit des
fouilles importaates et heureuses. Partout reparaissent au
soleil, quartier par quartier, les villes antiques, Thibilis,
Thubursicum Nuroidanim, Madauros, Cuicul : presque de
nouveaux Tînigad. Partout aussi, dès qu'on s'éloigne du
centre de lu cité vers les faubourgs, ou rencontre des édifîces
chrétiens et autres souvenirs des vieilles Eglises afri-
caines.
La ville romaine de Cuicul, perdue dans la montagne eo
un site tourmenté, à l'Ouest de Constantine, entre Milev et
Sititi, occupait un plateau triangulaire que bordent deux
ravins profonds, où coulent du Sud-Est au Nord-Ouest les
deux torrents de l'Oued Djemila et de l'Oued Betane. Sur
ce platoau, depuis les récentes fouilles, émergent des ruines
de tout ^nre, pittoresques et souveot asses hautes : nu
forum entouré de constructions, un Capitole avec un second
forum, plusieurs autres temples, une curie, une basilique
civile, des marchés, des thermes, im beau théâtre avec un
mur de i:cènt< bien conservé, ties portes monumentales, des
rues dallées, des fontaines et un aqueduc, des mausolées,
is. dont plusieurs riches habitations & mosaïques.
QDumeats chrétiens, deux églises.
MARTYHS DE DJEMILA 291
Dès le milieu du m® siècle, la ville de Cuicul renfermait
une importante communauté chrétienne. Elle avait alors
pourévêqueun certain Pudentianus, qui prit part au grand
concile tenu à Carthage, le l*'' septembre 256, sous la pré-
sidence de saint Cyprien. Ce jour-là, comme tous ses
collègues, Pudentianus dut se prononcer sur la question du
baptême des hérétiques : il le fit avec une singulière
modestie, où entrait peut-être une part de prudence, all^
goant sa récente ordination, et déclarant s'en rapporter à
Topinionde ses aînés dans Tépiscopat MJn siècle plus tard,
au concile qui se réunit à Carthage en 348, parut un autre
évéque de Cuicul, nommé Elpidophorus 2. Au début du v®
siècle, la ville de Cuicul, comme la plupart des cités afri-
caines, était partagée entre deux communautés rivales :
schismatiques contre Catholiques. En 411, à la Conférence
de Carthage, Tévêque catholique de Cuicul, qui s'appelait
Cresconius, répondit à Tappel de son nom : « Présent. —
J'avais contre moi un évêque donatiste. Il vient de mourir^.»
En 484, au temps de Toccupation vandale, est mentionné
encore un évêque de Cuicul, nommé Victor *. Enfin, sous
la domination byzantine, en 553, au concile de Constanti-
nople, siégeait un Crescens, évêque de FEglise de Cuicul ''.
On voit que la communauté chrétienne de cette ville a
duré trois siècles au moins, et probablement davantage :
constituée sans doute vers le début du m* siècle, dédoublée
par le schisme au iv® siècle et au début du v®, elle s'est
maintenue sous les Vandales et les Byzantins, elle n'a
disparu que sous le flot de l'invasion arabe. Mais c'est tout
ce que les textes historiques nous apprenaient sur son
histoire.
I. SeniMniÎMt episeoporam dt hMreticU bMptMndity 71.
t. Coneil, C^rthëg. ann. 548, cm. 11.
3. ColUt. CMrih»g,y I, 121.
4. SoiUU epUeoporam tknn, 484; Numid.^ n. 10.
5. Mansi, ConciL, l. IX, p. 175; p. 103; p. 391.
292 MARTYRS DE DJEHILA
A ces données, les découvertes archéologiques per-
mettent d'ajouter quelques faits. Vers le milieu du
XIX* siècle, Delamare et Ravoisié ont trouvé et dégagé par-
tiellement, à Textrémité sud-est de la ville antique, une
basilique^ chrétienne qui datait du temps d'Augustin ^ Le
monument a été de nouveau fouillé et presque complètement
déblayé en ces dernières années ; on y a trouvé notamment
une crypte ^. L'église, à trois nefs, était flanquée de divers
bâtiments. Une belle mosaïque en couvrait le sol. Des motifs
ornementaux entouraient des médaillons, où étaient repré-
sentés divers animaux, dont une colombe tenant dans son
bec un rameau d'olivier. Plusieurs médaillons renfermaient
des inscriptions. Cinq de ces inscriptions avaient été copiées
et reproduites en facsimilé par Delamare ^ ; deux autres
ont été trouvées dans les dernières fouilles, et publiées par
nous *. D'où un ensemble de sept inscriptions votives,
donnant les noms et les titres de sept donateurs, qui, par
suite de vœux, s'étaient cotisés pour payer les frais du
pavement de mosaïque.
Une autre découverte récente se rapporte probablement
à la même basilique. Au bord du ravin qui se creuse non
loin des soubassements de l'église, on a dégagé six chapi-
teaux ou corbeaux doubles formant sommier. Trois portent
des inscriptions, que nous avons précédemment signalées à
TAcadémie ^. L'une de ces inscriptions est la reproduction
1. Cf. Gsell, Les Monuments antiques de VAlgérief t. II, p. 194 et suiv. ;
Allas arch, de V Algérie^ feuille 16, n. 333.
3. Ballu, Bull. àrch. du Comité des trav. histor.^ 1914, p. 304 et suiv.:
1917, p. cxLv et pi. XXXIII.
3. C./.L.,VIII, 8344-8348.
4. Bull, des Antiquaires de France^ 1913, p. 379. — Cf. Bull. arch. du
Comité, 1914, p. 306-307.
5. C. R.de l'Acad. des inscript., 1913, p. 319 et 404. — Cf. BuU. areh.
du Comité, 1914, p. 307-308. D'après les indications de M. Ballu, ces cha-
piteaux proviendraient d'une autre église^située « dans la partie orientale
des ruines i» fibid., p. 307). Dans cetle hypothèse, il y aurait eu trois églises
à Cuicul : Tune au Sud-Est, une autre à TEst, la troisième (dont nous
parlerons plu» loin) au Nord-Ouest.
MARTYRS DE DJEMTL^ 293
littérale d'un verset biblique. Les deux autres nous font
connaître les noms et les anniversaires de deux saints
locaux : Claudius et Pascentius. D'ailleurs^ le chapiteau où v
6gure Claudius avait été déjà vu antérieurement ; mais on
en avait mal déchiffré Tinscription, où Ton avait cru recon-
naître le nom de Cirula, le patriarche arien des Vandales ^
En tout cas, les chapiteaux trouvés ou retrouvés naguère
devaient appartenir à Téglise voisine, dont ils constituaient
un élément décoratif : ils nous renseignent sur le culte
qu'on y rendait à deux martyrs locaux.
A Djemila encore, mais nous ne savons sur quel point
des ruines, Delamare a découvert de curieux bas-reliefs
chrétiens aujourd'hui disparus, connus seulement par ses
dessins -, Ce sont des fragments sculptés qui appartenaient
au bord plat d'une grande vasque de marbre, destinée sans
doute aux ablutions des fidèles. On y reconnaît des sujets
empruntés aux Livres saints ou à la vieille tradition chré-
tienne. D'abord, des scènes du Déluge : le corbeau dévo-
rant un cadavre, Noé dans l'arche accueillant la colombe
qui apporte le rameau d'olivier. Puis, Daniel entre les
lions. Enfin, un berger gardant son troupeau de moutons :
sans doute, le Bon Pasteur. La vasque où étaient sculptées
ces scènes était évidemment placée dans une église, mais
on ne peut dire dans laquelle.
En effet, il y avait au moins deux églises à Cuicul.Nous
avions déjà le témoignage indirect des procès-verbaux de
4 11, sur les deux communautés rivales : celle des schisma-
tiques, et celle des Catholiques ^. Nous avons aujourd'hui
une preuve matérielle. Outre la basilique dont nous avons
parlé, et qui était située à l'extrémité sud-est de la ville,
I. CJ.L., VIII, 1M04.
}. DeUmare, Revue tLrchéologiqae^ VI, p. 195 et pi. CXV ; Exploration
êcientifique de VAlgériey pi, CV. —Cf. Michon, Bnll. des AnUqnaire$ de
France, 1908, p. 269 et suiv.
3. CoUat, Carlhag., I, 121.
294 MAR1TR& DE DJEMILA
nous pouvons constater Texistence d'une seconde église à
l'autre bout de la cité, dans le faubourg opposé.
En cette région, au Nord-Ouest du champ des ruiaes^six
cents mètres environ à TOuest du Capitole, on a découvert
tout récemment (fin de 1919) une grande pierre de calcaire
noir, longue de 1 "30, large de 0 " 71, épaisse de 0 ■■ 21,
qui porte une inscription mentionnant des reliques. Cette
grosse dalle, difficile à transporter, provient évidemment
d'une église, et d'une église voisine. Or, à l'endroit même
où Ton a trouvé la pierre, les débris d'un édifice gisent
encore sur le sol : des colonnes, des i)aseSy des chapiteaux.
Tout autour, on a recueilli des stèles funéraires païennes
couvertes d'épitaphes, qui avaient été employées dans la
construction du monument chrétien.
Nul doute que ce monument soit Téglise où l'on conser-
vait les reliques mentionnées par Tinscription. A première
vue, Ton est tenté de croire que notre pierre de calcaire noir
était la table de Tautel. Mais, comme dans l'Afrique chré-
tienne de ces temps-là les autels étaient généralement en
bois, cette large pierre a pu être encastrée dans le mur bas
derrière Tautel, entre les deux petits escaliers conduisant
au terre*plein de l'abside. Quoi qu'il en soit, elle a dû servir
plus tard de seuil ; car elle est complètement usée sur la
face supérieure, où elle présente deux trous de scelle-
ment.
Sur la longue tranche de la pierre (1 *" 30), se déroule
une inscription ae trois lignes, assez mal gravée, surtout à
la dernière ligne. Les caractères, plus ou moins serrés,
sont inégaux : la hauteur varie de 0 ™ 03 à 0 " 05.
Lecture de MM. Gagnât et Monceaux sur deux estam-
pages, qui nous ont été obligeamment communiqués par
M. Ballu et M. Carcopino, avec des renseignements sur les
circonstances de la découverte.
MARTYRS DE DJEMILA 29S
NOMINAMA/yTVRVMDONATffiMnJANIAVRELI
/ / / /DOSIARESISSOLAE VICTORIAEXIIK ,
A VGP AS ETARCniNM ///
Nomina ma[r\turum Donaii, Emiliani, Aureliy
. . .[Theo]dosi^ Are{n)siSy Solae^ Victoriae.XII K[alenda$)
aug{ustas),
Paa{$i) et arc{es$Ui) III n[ona$) m[artias ou aias].
D*après les formules et l'aspect général du monument,
rinscription date du iv* siècle. Nomina marturum était
alors en Afrique le terme courant pour désigner les reliques.
A la fin de Tinscription, la restitution proposée nous parait
certaine pour /)a«(sî), et très vraisemblable pour arc{e$siti).
Le premier mot s'appliquait spécialement aux anniversaires
de martyrs ; le second, à la mort de fidèles dont on escomp.-
tail les joies futures au séjour des élus. On doit comprendre :
arcessituê (a Deo). Des épitaphes de Rome contiennent la
formule accersitus ab angelis. Sur la pierre tombale du clerc
Rogatianus, récemment trouvée à Ksiba entre Souk Ahras
et Le Kef, on lit : in pace accersitus IV Kal{endas) iun-
[ias) ^ Bien que nous n'en connaissions pas d'autre exemple
en Afrique, lassociation des formules arcessiti et passi n'a
rien que de naturel.
On remarquera que la nouvelle inscription de Djemila
donne une double date, un double anniversaire. La pre-
mière date, 12 des calendes d'août, se rapporte à la déposi-
tion des reliques, faite peut-être en même temps que la
dédicace de Téglise. La seconde date, 3 des nones de mars
ou de mai, correspond à l'anniversaire des martyrs, au jour
de leur fête '.
1. Cil. (/« CAcMà. de$ intcript., 1919, p. 249.
S. Notons pouKant que la lecture de la fln de rinscription n'est pas abso-
lomeni certaine. Tout récemment, M. Gsell a]bien voulu nous commu-
lûquer une copie qu'il a prise cet été sur loriginal. Il a lu à la fln : PAS*
hl^RCIb NI. Il te demande s'il n'y avait pas quelque chose comme
296 MARTYRS DE DJEBnLA
Ces martyrs, dont on conservait les reliques à Cuicul,
nous étaient inconnus jusqu'ici. Sans doute, plusieurs de ces
noms, très répandus en Afrique, se lisent ailleurs dans des
inscriptions martyrologiques ou des documents littéraires :
Donatus^ dans des inscriptions d'Aïn-Melloul, d'Aubuzza,
d'Henchir El-Hamacha, d'El-Hassi, d'Uppenna,de Vazaivr,
ou dans la correspondance de Gyprien, chez Optât, dans les
Acta Mammarii et la Passio Donati^ dans le Martyrologe
Hiéronymien ; EmilianuSy dans le même Martyrologe et
dans la Passio Jacobi ; Aurelius^ dans les lettres de Cyprien ;
Victoria, dans des inscriptions de Carthage, de Kherbet
Oumel-Ahdam, de Mesloug, de Tabarka, ou encore chez
Cyprien, chez Augustin, dans les Acta Saturniniy dans le
Calendrier de Carthage et le Martyrologe Hiéronymien.
Mais il est peu vraisemblable que Ton ait réuni sur une
même liste, pour un culte commun, plusieurs saints étran-
gers au pays, de notoriété médiocre, d'origine et de temps
si divers. D'ailleurs, trois de ces martyrs honorés à Cuicul
ne se retrouvent nulle part dans le reste de l'Afrique : ( Théo-
dosius (restitution incertaine) ; Sola (nom d'homme) ;
Arensis (nom tiré d'un ethnique : on connaît deux villes
appelées Arae, l'une en Numidie, l'autre en Sitifienne).
D'après notre inscription, ces sept martyrs avaient
succombé le même jour et étaient honorés au même anni-
versaire. Tout porte à croire qu'il s'agit de martyrs du
diocèse de Cuicul, connus seulement du calendrier local.
Tel était le cas du Claudius et du Pascentius, dont les noms
se lisent sur deux chapiteaux antérieurement découverts '.
Voilà donc neuf martyrs nouveaux, dont l'existence nous
a été révélée par les fouilles, et qui étaient l'objet d'un
culte pour les chrétiens de Cuicul. Martyrs modestes, assu-
Pasisi) Harcib[e]ni. Le dernier mot serait un nom de lieu. D'ailleurs, nous
ne connaissons aucune localité africaine dont le nom, de près ou de loin,
rappelle celui-là.
1. C. R. de lAcad.des inscript. y 1913, p. 219.
LIVRES OFFERTS 297
rément, et sur lesquels nous ne savons rien, sinon qu'ils
sont morts pour leur foi. Mais le fait même de leur martyre
est à retenir : il ajoute un trait au tableau des persécutions
eo Afrique, comme à l'histoire religieuse de la petite cité,
romaine qui s'élevait jadis entre les ravins pittoresques de
Djemila.
LIVRES OFFERTS
Le SECiUtrAiBE peapëtubl offre il l'Académie, de la part de la
famille de M. Hiïron de Villeposse, une étude de notre regretté coa-
frère, intitulée : Le fief de Torcy [Meaux, br. ia-12, 1920).
Il présente au nom de l'anteur, M. M. Bloomfield, un ouvrage
intitulé : Big-veda répétition» [i toI. in-8°, Cambridge Mass., 1916).
H. Omont a la parole pour un bommage :
« J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie, au nom
de l'auteur, notre savant correspondant le R. P. Hippolyte Delehaye,
président de la Société des Bcjtlandistes, un important mémoire sur
S»inl Martin et Sulpice Séj>ère (extrait du tome XXXVIII des Analec-
la Ballandiana ; Bruxelles et Paris, 1920, iD-8°, 136 p.].
■• Deux ouvrages récents, le Saint Martin de Tour» de E.-Ch.
Babut et la publication par J. Gwynn du Liber Ardmaehanus de
Dublin, ont été l'occasion du présent travail dans lequel l'intérêt
historique ne le cède pas à la sûreté de la critique. C'est, en quelque
■lorte. le premier jet du Commentaire sur saint Martin qui doit faire
partie du prochain volume des Acta tancforum. Le P. Delehaye,
tout en rendant un bommage mérité A la mémoire du regretté Ch.
Babut et à sa critique pénétrante, est loin d'adopter toutes ses con-
clusions sur les manuscrits de la Vie de saint Martin par Sulpicc
Sévère, sur sa chronologie, ses sources, sa valeur historique, enfin
surlea débuts du culte et de la renommée desaini Martin en Gaule. i>
298
SÉANCE DU 27 AOUT
PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DIBHL.
M. J.-B. Chabot communique une lettre du R. P. Delattre,
rinformant qu'on vient de trouver dans les ruines de Carthage
une balle de fronde en plomb, longue de trois centimètres,
pesant 38 grammes. Cette balle porte, en relief, la lettre punique
mtm. On peut maintenant se demander si parmi les balles sem*
blables, dépourvues de marques, qu'on attribuait à Tépoque
romaine, il ne s*en trouverait fUis qui viennent des Carthagi-
nois*.
M. HoMOLLE lit une note sur la ressemblance de Tomphalos
delphique avec quelques représentations égyptiennes.
MM. Salomon Reinach et Babblon présentent quelques obser-
vations.
LIVRES OFFERTS
M. Henri Cordibr offre à T Académie le tome I de son HUtoire
générale de la Chine et de ies relation» avec le» pay» étranger» depui»
le» lemp» le» plu» ancien» ju»qu* à la chute de la dyna»tie mandchoue
(Paris, 1920, in-8»).
1 . Postérieurement à cette communication, le D' Houdard, de Tunis, a
recueilli dans les ruines de Carthage une balle semblable, pesant 42 'gr., et
portant la même lettre, mais retournée. Dans un article du Bulletin archéoL
de 1919 [paru en oct. 1920], M. E. Vassel étudie (p. 124-127) des balles
de même nature, avec ou sans marque, trouvées à La Manouba.
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DB
L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES -LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 3 SEPTEMBRE
PRésiDBNCB DB M. CHARLES DIBHL.
A propos de la correspondance, M. Gagnât s'exprime ainsi:
« M. Clermont-Ganneau m'a remis le calque et la photographie
de trois inscriptions funéraires latines qu'il devait à Tamabilité
de M. SanchoUe-Henraux. Ces inscriptions, découvertes par
M. Cardini dans sa propriété, proviennent de Toscane (confins
de la Versilia et de Tancien État de Massa, non loin du lieu dit
Porta Beltrame et de la localité de Montignoso). Les deux pre-
mières sont des épitaphes banales ; il suffira d'en transcrire le
texte :
docet l A E AMP MVINISIDIO
}liaiae V E TVR 1 VS AMORl PATRl
primi GENIVS.CON PIENTISSIMO
iugi f\RISSIMAE VINISIDIASA
.</o^ETIVS-IANVA BINIA jf^ ET>t
rius PATER • ET- DOCET V I N I S I D 1 V S
^owCESSA.MATER GENTILICIANVS
fiUae CARISSIMAE P B M F
B M /
La troisième, plus développée, rappelle le souvenir d'un homme,
C. Sinni[d?]ius Severianus, qui avait naturellement toutes
300 SÉANCE DU 3 SEPTEMBRE
lés qualités et à qui il arriva de naître et de mourir le même
jour et à la même heure, à cinquante-huit ans d'intervalle. Sa
femme lui éleva le monument dont Tinscription vient d*être
retrouvée.
D VC SIRINI////1O SEVERIANO HOMINI INNOc#«//5ii
MO GENERiNOBILISSIMO DIGNITATISSPLENDUi^if»
AEFAMAESINCERI SSIMAEINNOCENTIAE Praeci
PVAE PROBÀBILI FIDEL INTEGERRIMAE UORWmdisci
PLINAE LAVDABILIS CVIVS DIES NATLVITATIS ET DECessu
S EXPLETIS ANNIS aVLNaVAQNTA ET OCTO SIMVL Octaua
ORA LN VNVM CONVENERE PLETORIA GERONTIA
A VOTVM ANIIMI MARITO DVLCISSIMO MVLTVM desi
DERANTISSIMO BENE MERENTI AETHERNAM rii ca/ (w)
VEMORIAM.
Lire : D{{is) M{anibns). C, Siri/ii[c/?]io Severiano homini
inno[ceni{ssi]mo, gen€r[e] nobilissimo^ digniiatis splendiidis-
sim]ae^ famae sincerissimae^ innocentiae p[raeci\puaey proba^
bilif fidei integerrimae, moru[m disci]plinae laudabilis^ cajas
dies nativitalis et dec[essu\s^ expletis annis quinquaginta et
octo, simul o[ctava] ora in unum convenere. Pletofia Gerontia....
a votum animi marito dulcissimo multum [desi]derantissimOj
bene merenti aeternam d[icat]l memoriam.
L'écriture, l'orthographe, le style indiquent une assez basse
époque. A noter, en particulier, le tracé de certains I, qui sont
en forme de L. »
M. le comte Begouen présente, en son nom et au nom de
Tabbé Breuil,un dessin que celui-ci a relevé dans la caverne des
Trois-Frères à Mon tesquieu-A vantés (Ariège) et dont il a déjà
été question, il y a deux ans à TAcadémie*.
M. Hébrard rend compte à la Compagnie des fouilles el
recherches faites à Salonique par le Service archéologique de
Tarmée d'Orienf, et qui ont pu se prolonger après Tarmistice
grâce aux subsides de TAcadémie (fondation Piot) :
1. Voir ci-après.
SÉAMCB DU 3 SEPTEMBRE 301
«c Les recherches et fouilles du Service archéologique de Tarmée
d'Orient à Tare de triomphe c< de Galère » et à la rotonde de
Saint-Georges de Salonique ont montré que ces deux monu-
ments, de la même époque, étaient liés Tun à Tautre. Ils for-
maient un ensemble d'architecture très imposant situé à TEst de
la ville.
c L^arc de triomphe, élevé vers 306 après J.-C, est aujourd'hui
dans un état très incomplet. Il ne reste que deux piliers des
qaalre que comportait le monument primitif. Ces piliers soute-
naient des voûtes reliées par une coupole. L'examen de ce qui
subsiste permet de r.attacher cet arc — le plus grand des arcs
antiques encore existants; il a plus de neuf mètres d'ouverture —
à des ouvrages de même type, qui étaient placés généralement à
la croisée des voies principales des villes. Il en existe encore des
exemples à Rome, en Syrie et en Algérie.
« La rotonde eut une histoire particulièrement curieuse : cons-
truite par les Romains à la fin du ni^ siècle (probablement une
sorte de Panthéon) ; plus tard, au v^ siècle, agrandie et trans-
formée en église byzantine ; au xvi" siècle, aménagée par les
Turcs en mosquée, elle redevint en 1912 église sous le nom de
Saint-Georges, après la dernière guerre balkanique. Aujour-
d'hui, le gouvernement grec compte installer dans son enceinte
le Musée des antiquités de la Macédoine.
« Nous avons trouvé le bas de l'édifice enterré de 2 ™ 60. Grâce
k l'enlèvement total des terres de remblais, l'intérieur de la salle
a repris sa proportion antique. L'on peut se rendre compte par
l'harmonie des lignes d'architecture, et par le soin qui a présidé
à la construction de cette rotonde, qu'elle peut se classer parmi
les plus beaux exemples d'architecture romaine. • D'un parfait
état de conservation, la salle circulaire avec sa coupole majes-
tueuse produit une profonde impression.
« Déjà au xvni" et au commencement du xix" siècle, les
voyageurs, Paul Lucas, de Beaujour, Cousinéry et Leake,
décrivirent longuement ce monument, un des plus importants
de la ville. Texier et Pullan, qui en publièrent les premiers
dessins en 1860, le présentent comme une œuvre purement chré-
tienne. Les récents travaux ont permis de dégager un noyau
central d'époque romaine d'adjonctions postérieures byzantines.
302 SÉANCE DU 3 SEPTEMBKE
Primitivement la rotonde était formée de huit niches profondes
presque égales dont les voûtes reposaient sur huit piliers rayon-
nants de 6 « 30 d'épaisseur. Au-dessus et dans l'axe des piliers
venaient se placer les baies d'éclairage. La coupole de 24™ 10 de
diamètre couronnait le tout. La hauteur est de près de 30 mètres.
« A Tépoque byzantine^ le monument fut transformé. L^entrée
fut portée du Sud-Ouest au Nord-Ouest. A TEst, la niche
ancienne fut élargie afin de dégager le chœur terminé par une
abside, et, pour donner plus d'ampleur à Tédifice, Ton construisit
un vaste bas-côté circulaire entourant la salle centrale. Le dia-
mètre total dépassait ainsi 52 mètres. Le sol antique fut déjà à
cette époque surélevé de 1 mètre.
« De magnifiques mosaïques datant de cette première trans-
formation décorent la coupole et trois niches. Ce sont de purs
spécimens de cet art, dignes de rivaliser avec les plus beaux
exemples de Ravenne, de Constantinople ou de Venise. Elles
sont antérieures au vi* siècle. Au moyen d'échafaudages spéciaux,
il fut possible d'étudier de près cette œuvre admirable — la plus
vaste décoration de ce genre encore existante — et de dégager
en certains endroits, sous un grossier badigeon et quelquefois un
épais enduit, des ornements et même des ensembles décoratifs
jusqu'ici inconnus.
c< La décoration de la coupole est divisée en huit panneaux
gigantesques représentant des saints debout, se détachant sur un
somptueux fond d'architecture. Les visages des saints sont heu-
reusement intacts, et un nettoyage discret a permis de retrouver
leur coloris primitif. Des copies grandeur d'exécution ont été
faites des parties les plus intéressantes de ces mosaïques. C'est
ce travail qui est présenté à l'Académie.
« Les fouilles exécutées aussi bien à l'intérieur qu'autour du
monument ont été très fructueuses; nous avons dégagé de beaux
fragments d'architecture, la base d'un ambon monumental très
connu aujourd'hui au Musée de Constantinople ; et, dans des
tombes, sous le sol de l'église primitive,. nous avons recueilli des
bols vernissés décorés de dessins géométriques, de figures d'ani-
maux, d'ornements incisés sur fond de couleur. Cette céramique
byzantine, qui date du x* au xvi^ siècle, forme une série des
plus intéressantes pour l'étude de la poterie de celte époque.
DESSIN ftELEVé DANS LA CAVEKNB DES TROIS-FRÉRES 303
Certaines lombes contenaient de délicates fioles de verre,
décorées de rehauts d'or, »>
MM. DuaniBu, CLEaMONT-GAnNSAu, Théodore Rbinach, Bouché-
Lbclbkcq et DiEHL présentent quelques observations.
COMMUNICATION
UN DESSIN RELEVÉ DAMS LA CAVERNE DES TROIS-FRÈRES, ,
A MONTESQUIEU-A VANTÉS (aRIÈGE),
PAR M. LE COMTE BEGOUBN.
Il y a deux ans, j*ai eu Thonneur de vous montrer une
série de photographies de dessins préhistoriques gravés sur
les parois de la caverne des Trois*Frères à Montesquieu-
Avantèfl (Ariège). L'un d'eux représentait une Gguration
kamaine assez étrange, que sa situation élevée à plus de
trois mètres du sol dans une encoignure de rocher ne per-
mettait de reproduire que très imparfaitement par la photo-
graphie. Pour bien en voir tous les détails, un dessin était
nécessaire. M. Tabbé Breuil a bien voulu venir passer plu-
sieurs semaines à relever et à étudier les gravures de la
caverne! C^est le calque fidèle qu'il a fait de cet être humain
que nous venons tous les deux vous soumettre aujourd'hui,
avec les quelques observations que son examen nous a
suggérées.
Cette représentation humaine est donc située sur la paroi
terminale de la salle qui fait le fond de l'étage inférieur de
la caverne, à plus de 400 mètres de l'entrée, et dans
laquelle sont réunies toutes les gravures. Rares en effet
sont les dessins sur les parois des galeries menant à cette
salle. Nous ne pouvons citer que quelques félins dans un
petit diverticule formant en quelque sorte chapelle, et un
304 DESSIN RELEVÉ DANS LA CAVERNE DES TROIS-FRÈRES
grand lion de près de deux mètres, d^aspect terrifiant avec
sa tête vue de face, ses grands yeux et son abondante
crinière. Gravé sur le mur de droite un peu en avant du
défilé et de la cascade stalagmitique qui mènent à la salle
du fond, il semble en défendre Tacces.
Cette salle se présente donc en quelque sorte comme un
sanctuaire dont toutes les niches, tous les recoins sont sur-
chargés de dessins de taille et de technique différentes,
d'époque aussi, cs^ quelques-uns comme ceux du rhino-
céros et de rhémione sont {^eut-être aurignaciens, tandis
que la majorité est nettement magdalénienne. Dans les
galeries de Tétage supérieur au contraire, ce sont les dessins
embrouillés de Tépoque aurignacienne qm dominent sans
conteste. Ceux-ci sont loin d'atteindre la perfection des
gravures des salles du bas-, dont quelques-uns, comme les
rennes gravés dans une faille, juste au-dessous de l'homme,
sont traités avec un sentiment artistique remarquable.
En passant par une montée en spirale, dont les parois
sont elles aussi abondamment ornées de chevaux, d'ours et
d'autres animaux, on peut arriver à la hauteur du dessin
dont nous vous présentons aujourd'hui la reproduction. 11
faut alors enjamber le vide, et, en pivotant sur une pointe
de rocher, on se trouve nez à nez avec cette figure bizarre.
Elle a environ 75 centimètres de haut sur 50 de large.
Elle est entièrement gravée et certaines parties du corps
sont peintes en noir. Il semble que la peinture a été déla-
vée en certains endroits, mais jamais le corps tout entier
n'a dû être peint. Le front et les yeux ont des traces de
couleur, ainsi que les traits figurant le nez. Une large
bande marque les épaules et le dos, ime autre le ventre.
Les jambes sont particulièrement soignées. Le genou
gauche est indiqué par la rotule séparée. Les parties
sexuelles rejetées en arrière sont fortement accentuées.
Ce dessin (fig. 1), malgré Tétrangeté de son attitude,
représente sans doute possible un homme nu allant vers la
DESSIN aBLCVÉ DAHS LA CàVERNB DES TR0I3-PR6IIBB SOS
^uche. A première vue, cet être semble marcher à quatre
pattes, mais on se rend vite compte qu'il a simplement le
corps fortement incliné en avant et les jambes ployées. Les
mains en effet n'ont pas le mouvement de la marche, mais
bien plutôt esquissent le geste de faire le beau, comme on
le remarque dans les danses de quelques peuples primitifs.
Tig. t. — Gravure et peinlure sur paroi de la caverne des Trois-Frirei
(1/10 Kraod. iial.>.
N.B. — Pour voirie dessin dans la position qu'il occupe rccllement sur la
paroi, il convient de l'incliner de Taçon è ce que la diagonale ptrUnl de
l'ange tapj rieur gauche devienne la verticale.
Nous retrouvons cette même position dans les figurations
humaines de la grotte des Combarelles. Le bas des reins
est orné d'une queue de cheval terminée par une petite
rosette de poils. Cette queue n'est pas dans le prolonge-
ment de la ligne du dos comme le serait une queue appar-
tenant à une peau de béte jelée sur le corps ; elle parait
singulièrement fichée à la partie postérieure.
306 DBMIN HELBVâ DANS LA CAVBftHE DES TROlB-P&tlSa
La tête est partîoulièremeat étrange : une ramure de
cerf la surmonta avec deux oreilles longues velues et
dressées. Deux jreux, formés de deux oeroles eoncentriqaes
gravés dont l'intervalle est coloré en noir et entoarant un
gros point noir, sont placés symétriquement de chaque
cAté du ne2 dont la partie élei^ie est marquée par on arceau
it gravé. La région des pommettes présente des
s remontent vers les oreilles. C'est ce même sjs-
e nombreux traits parallèles qxii a servi k indiquer
irbe élégante et longue de dix centimètres qui
e sur la poitrine. Les bras sont mal faits, les mains
ent, tandis que les pieds ont été dessinés avec b«au-
e soin. La main droite n'a que quatre doigta, si on
ipeter ainsi les espèces de griffes q\ii eo tiennent lieu.
ise des deux mains est inscrite dans une seule ligne
, Le torse et les membres inférieurs sont cernés de
striées qui en délimitent le contour. D'autres
le raclage se voient à l'intérieur du corps et des
es : c'est ainsi que les doigts de pied sont séparés
■de-pied par une bande raclée. Ces raclages et autres
gravés ne sont visibles que de très près, mais on
: demander si jadis ils n'étaient pas plus visibles et
ituaient pas le modèle du dessin lorsque la roche
>uverte d'un léger dép6t argileux qui a disparu
Sur d'autres parois de la grotte, où, mieux abritée,
:ouche a été conservée, les dessinateurs ont obtenu
excellents elTets artistiques. Sur la nuque, le contour
né d'un triple rang de bacbures obliques ayant l'as-
1 poil hérissé d'un garrot.
représente sans doute le morceau de toison qui
lagne le masque que porte cet homme, car nous
s aertaioemeat en présence d'un être masqué. Ainsi
vent confirmées les hypothèses émises par MM. Car-
, Capitan, Breuil, etc., dès les premières découvertes
[rations humaines dans l'art quaternaire. L'ouvrage
DESSIN RELEVÉ DANS LA CAVERNE DES TR018-FRÈRES 307
Pig. S. — CrtTure sur schiste provenant de Lourdes.
Musée de Saint-Germain, n* 55523, coll. Nelli; grandeur naturelle.)
308 DESSIN RELBVÉ DANS LA CAVERNE DES TROIS-FRÉRES
de MM. Cartailhac et Breuil ^ renferme sur ce sujet des
renseignements précieux. Nous n'avons que quelques mots
à y ajouter.
De tous les documents préhistoriques auxquels nous
pouvons comparer notre dessin, le plus caractéristique est
une gravure sur schiste provenant de Lourdes et conservée
au Musée de Saint-Germain (N<* 55522, collection Nelli),
Elle est inédite, et avait été mal comprise par Piette, car
elle est très confuse. Une lecture plus précise de M. Tabbé
Breuil, que nous reproduisons ici (fig. 2), permet d*y voir un
homme orné d'une grande barbe et d une longue queue.
Nous croyons même que les traits qu'on voit au-dessus
de sa tête représentent une ramure. Il y aurait donc une
concordance absolue entre cette gravure sur pierre et celle
des Trois- Frères.
Une fresque boschismane reproduite par Peringuey -
représente un personnage déguisé en animal, dans une
position inclinée analogue à celle de notre dessin. Ce même
auteur reproduit d'après Barth une sculpture rupestre qu'il
convient également de citer. Dans ce groupe, l'homme qui
porte un masque d'antilope a également une queue touffue.
Notons en passant que cette sculpture a été souveat
indiquée à tort comme boschismane, alors qu'elle a été
trouvée par Barth au Nord-Ouest du lac Tchad.
Christel ^ donne plusieurs peintures boschismanes repro-
duisant elles aussi des hommes masqués et vêtus de peaux
de bêtes. Une d'elles (page 80) rappelle par la stylisation
des jambes les diablotins de Teyjat, tandis que d'autres
(page 96), dont le déguisement n'est pas aussi marqué, ont
une queue et s'avancent le corps fortement incliné en avant.
Dans quelle catégorie convient-il de ranger Thomme
1. La csLverne (PAltamirn.
2. On rock-engravings of animah,.. ; in Transactions of the Soulh-Afri^
can Philosophical Society, vol. XVI. Part 4» December 1906.
3. L'art dans V Afrique australe^ Pari», 1911.
DESSIN RELEVÉ DANS LA CAVERNE DES TROIS-PRÈRES 309
masqué de la caverne des Trois-Frères, car Tethnographie
comparée nous en fournit plusieurs ? Il y a des masques de
chasse servant de ruse pour approcher le gibier. Une pein-
ture boschismane bien connue nous représente un homme
déguisé en autruche pour chasser plus facilement ces
oiseaux. On en connaît bien d'autres exemples, que nous
jugeons inutile de rappeler. D'ailleurs, cela ne nous semble
pas ici le cas. En effet, le chasseur qui se déguise pour
approcher une proie revêt soit la peau de Tanimal qu'il
chasse, soit celle d'un de ses ennemis. C'est ainsi que
Catlin nous raconte ' que les Peaux- Rouges prenaient des
peaux de loups et s'avançaient ainsi vers les bisons qui
aussitôt leur faisaient face. Mais dans tous ces cas le
déguisement est homogène, tandis que l'être représenté
dans la caverne des Trois-Frères porte un déguisement de
fantaisie. Que viennent faire ces cornes de cerf avec cette
queue de cheval, sans parler de la barbe postiche qui ne se
rapporte à aucun animal ?
Ce mélange de caractéristiques nous fait écarter égale-
ment l'idée d'une mascarade rituelle spéciale. Catlin, à
qui il faut toujours revenir, nous décrit des danses de l'ours
ou du bison ^ dans lesquelles le ou les participants revêtent
les têtes de l'animal qu'il convient d'honorer et de rendre
favorable ou au contraire de détruire. Si donc l'imagination
sVst donné libre carrière dans la confection en quelque
sorte synthétique de l'accoutrement, c'est qu'il s'agit de
représenter soit un esprit supérieur ayant par conséquent
les attributs des différents animaux qu'il domine, soit
rhomme capable par son pouvoir magique d'en être égale-
ment maître. Nous avons des quantités d'exemples de l'un
et de l'autre cas chez tous les peuples primitifs, des Esqui-
1. LêUer$ êtid notes of the mannen, cu$tomâ and condition of ihe North
American IndiMne^ London, 1841, t. I, p. 2bi.
2. Loc.cit., t. I, p. 138, 16i, 244.
310 SftANCE DU 10 SBPTRMRHE
maux aux Australiena en passant par les indigèites de
l'Afrique oa de l'Amérique, les Souais en particulier.
Dans le premier cas, il s'agirait de la représentation d'une
sorte de divinité, dans le second, de celle d'un sorcier.
C'est vers la seconde hypothèse que nous penchons. Noos
croyons que l'artiste quaternaire a voulu représeater un
moalnian FtanG quel but, uous l'ignorous. Rien ne nous
lier la mentalité qui était la sienne ni la
laquelle il a obéi.
cet artiste, c'était le sorcier lui-même, qui
)c minutie et fidélité son propre portrait
tributs rituels. 11 l'a placé dans le recoin
i la caverne inférieure, mais sur une paroi
ntaines de figurations d'animaux que lui on
t, pendant de longues suites de générations,
envoûtements. Car tout dans cette caverne
lagie. La plupart des animaux portent des
inc; d'autres sont entourés ou couverts de
irme de P rappelant les claviformes de
imira et que nous avons trouvés sur les
d'Audoubert. Ils apparaissent de nouveau
rand nombre (il y en a jusqu'à douze sur
Tout au fond de la galerie supérieure, d'un
. même dangereux, ce même signe haut de
tétres se prolile en rouge, oomme une
au-dessus d'une voûte.
NCE Dr lU SKPTKMBRE
i:tE!t PBESIDB^T.
Il ilfii (.îhevii, présuleat de la Société d'his-
if de tiaiiJ, tait savoir qu'une joamée Vid
DEUX MIKIATURE8 DB LA BIBLIOTHÈQUE DE VIENNE 311
Eyok est organisée à Gand le 3A octobre pour célébrer le retour
des Yolets du retable de TAgneau mystique, restitués par le gou-
vernement allemand en vertu du traité de Versailles, et invite
TAcadémie à Tassocier à cette solennité.
La Compagnie accepte Tinvitation et désigne M. le comte
DuRRiBU pour la représenter à Gand les 3 et 4 octobre prochain.
M. le comte Durrieu fait une communication sur deux minia-
tures à caractère historique de la Bibliothèque de Vienne '.
H. Théodore Rbinaoh présente quelques observations.
M. Gagnât lit une note de M. Albert! ni, professeur à la
Faculté des lettres d^Alger, sur une nouvelle table de mesures
découverte à Djemila '.
M. Théodore Reinâch présente quelques observations.
M. HoMOLLB dépose sur le bureau le projet de Statuts pour
tlmtiiat international d^t^thropoloffie, élaboré au cours de la
réunion préparatoire à laquelle il a été délégué par l'Académie .
COMNfUNICATIONS
DEUX inNIATT}RE8 A CARACTÈRE HISTORIQUE
DE LA bibliothèque DE VIENNE,
PAR If. LE COMTE DURRIEU, MEMBRE DE l'aCADÉMIE.
Il j aura bientôt trente ans, au cours d'articles publiés
dans la Gazette des Beaux- Arts en mai et juillet 1891,
j'indiquais un fait important pour l'histoire de Tart, qui
n avait pas encore été, jusqu'alors, aussi nettement précisé.
Je signalais que le dernier quart du xv* siècle avait vu
s'accomplir un changement très caractérisé dans les prin^
1. Voir ci-après.
3- Voir ci«aprè8.
312 DEUX MINIATURES DE LA BIBLIOTHÈQUE DE VIENNE
cipes appliqués, en pays flamands, pour Tillustration et
rornementaiion des livres à Taide de miniatures et d'autres
ornements peints à la main. A un style plutôt sec, avec
des formes maigres et une énergie souvent dure, se sub-
stitua tme recherche prédominante de la grâce, unie à la
liberté de la touche, et une tendance à voir la nature sous
im aspect plus aimable et plus épanoui. Les chefs de oe
mouvement de rénovation, au premier rang desquels se
rangent les membres des deux familles des Bening et des
Horebout, ont exercé leur activité principalement à Gand
et à Bruges. Je proposai donc, en 1891, de créer, pour
désigner ce groupe d'artistes, Texpression d' « École Ganto-
Brugeois^ », vocable qui, depuis lors, a fait son chemin.
0
Les productions de TEcole Ganto-Brugeoise, dont un
des spécimens les plus oélèbres est le Bréviaire Grimaniy
de la Bibliothèque Marciana à Venise, méritent Tadmi-
ration par la délicatesse de Texécution et un charme
exquis de coloris. Mais la grande majorité d'entre elles
constituent des images de piété. Les portraits offrant un
caractère individuel, qui sont si ^tachants à rencontrer et
à étudier, sont relativement très rares dans la série de ces
peintures.
D*aulre part, la plupart des manuscrits enluminés par les
maîtres de l'Ecole Ganto-Brugeoise ne contiennent aucune
indication chronologique, directe ou indirecte, qui permette
de leur assigner, d'une manière valant témoignage docu-
mentaire, une date, même très approximative, pour leur
époque d exécution, ce qui fait que les auteurs modernes,
manquant de bases assurées, ont parfois beaucoup différé,
les uns d*avec les autres, sur Tâge hypothétique à assigner
aux volumes et à leurs peintures.
Ces constatations rendent particulièrement importantes
deux très belles miniatures d'un livre d'Heures de la Biblio-
thèque, jadis impériale, de Vienne, que je connais de très
longue date et dont j'ai pu faire prendre récemment à
DEUX MINIATURES DE LA BIBLIOTHÈQUE DE VIENNE 313
Vienne des photographies, grâce à la complaisance de notre
confrère le comte Alexandre de Laborde.
Le livre d'Heures de Vienne, portant le n* 1897 (et dont
les feuillets mesurent 200 millimètres de haut sur 141 mil-
limètres de large), renferme des miniatures de mains
variées, mais toutes dans le pur style Ganto-Brugeois. Le
texte même du volume offre des particularités, spéciale-
ment dans le calendrier, qui indique un livre de prières
disposé à l'usage de Bruges. Parmi les plus belles minia-
tures se placent celles que je viens dé faire photographier,
et qui sont d'autant plus dignes d'être mises en lumière
que, à trois ou quatre mentions près, et qui sont, ou très
sommaires, ne dépassant pas la brièveté d'une simple
indication de catalogue, ou d'une critique insuffisamment
éclairée, ces remarquables morceaux semblent être restés '
inconnus à la presque totalité des historiens de Tart,
même parmi les spécialistes en matière de manuscrits et
de miniatures.
Ces deux peintures, à pleine page dans le manuscrit de
Vienne, donnent des portraits : portraits de deux posses-
seurs du volume que l'on peut identifier, d'ime manière
certaine, grâce aux armoiries et chiffres jouant leur rôle
dans les compositions. Et j'ai dit combien les portraits
sont rares dans l'ensemble des œuvres de l'Ecole Ganto-
Brugeoise.
L'une d'elles nous montre le roi d'Ecosse Jacques IV,
grand-père de Marie Stuart, ayant derrière lui son patron,
saint Jacques. Le souverain est à genoux, devant un autel
que surmonte un tableau disposé en triptyque, dont le centre
est occupé par un buste de Christ bénissant, tandis que
sur un des volets, le seul visible, est peint en pied le
patron de l'Ecosse, saint André. Une image de ce même
saint se retrouve sur le joyau qui pend au bas de collier de
l'ordre de Saint-André (plus communément appelé l'ordre
« du Chardon ») dont s entoure le blason royal.
DEUX »I51itC«B!« le ■-* «<«- î- - -
Vienne des photoçn?£u«. rri^ • -i =3r:i^i^*^ii- - ^- -—
confrère le coml* .Vl^TjntK-- ir -=:.'r-jî--
Le livre d'Hearw -ie T.'s::*^ ^..— .=r ^ r -^ - ,--
les feuillets mesorenC i!"t -n-L^- -^ «- i^ ic - ■,:
limètres de Ur?e , Mi'rrrat i-. " " - ' *- -■-
variées, mais toati« iaos -t 7::^ f - ^i.^-— jiï^,
texte même daiitume >:^ --- >;--t-_-- ^^-.^
ment dans le ca^niirer rn. ii-T^ i. -t: , .-™
disposé à l'asare w Si-^r-r*- >i-ï: - : .i — ,^ ., _
ture» se placent î«-j-* ra^ ■?- "-tj ^ -■•' 1 . .■-•- . ,-
et qui sont d as^^u. 1-"^ -.^rrï -.,• -j— - = ,—
que, à trois ou 'Ti.hi-î E/nr.Ai ;--: - -., ^.^ , ^.
sommaires, ne ■&^K«ferJ ï« i »---.. ^ „. ^
indication de ea--à->-'rir. ie, i j^ r-.,.-;*- j,. . ,^.-„_.
éclairée, ces rt=A'-7u.ii-t^ hh^-v^^t *r-— .,-tt -. .^_
inconnus à U ;r«*ru- .:..:-- k* ■,.-,.——1 ^
même parmi le» ffi/r.--.:it^ -c: iù*-..^ , t^, ,
de miniatures.
Ces deux pei^'-iiî^ * -t^-^ a-nf- =^e - -u.<-„,.^
Vienne, dona«.* i^ v-:r,:i i.- t- .. , ^ ^,^.
seurs du ToltL=it oik ' ..t .^r i^r ^ _
certaine, gr4c« ai:; inx/.r« * - -^^ ,.^ ^
fl^na les cotay-jv: .ii<\» '.. -• -- -.r __. _^
sont rares dar.* .'tnMr^nj..^ >- ^. ^ _^ .
Bnigeoise.
L'une d'ellet mw* nnni.n- » .
içrand-père de Mk-j^ -niiic -' -<-t- j_ ,
saint Jaapies. L* wa-v-rran -, , j^.,_
Mt occupé par as i«b> > . ..,. , . ' ' ' ''^
ï ,^ , ■* - lie un
Kur un des vokfa. 5» »», -. _ ^ _^
patron de l'Erane n« -i-u» , • ,
r"^ . , ■ .. . ^ brisé
314 DEUX MINIATURES DE LA BIBLIOTHÈQUE DE VIENNE
Sur l'autre miniature, d'une délicatesse exquise duu
l'ori^iiial, nous avons la femme de Jacques IV, la reine
Marguerite, fille du roi d'Angleterre Henri VU. Egale-
ment ft genoux, sous la protection de son Ange gardien,
elle prie la sainte Vierge qui apparaît, tenant dans ses brea
l'Enfant Jésus, au milieu d'une gloire, au-dessus d'un autel
dont ia table porte deux figurines modelées en ronde-
bosse, représentant l'Annonciation.
Or c'est en 1503 que Jacques IV d'Ecosse a épousé
Matguerile d'AngleteVre ; d'autre part, il est mort en 1513.
Nous pouvons donc affirmer rigoureusement que les minia-
tures ont été peintes durant les dix années qui se sont
écoulées de 1503 à 1513, rencontrant ici un élément d'in-
formation chronologique qui fait défaut au contraire, comme
je le signalais plus haut, dans presque tous les autres
manuscrits de l'École Ganto-Brugeoise.
In dehors des portraits, la figure de saint Jacques
rite une grande attention. Cette figure, par son style et
i rendu, présente une étroite parenté avec des images
pôtres qui sont peintes sur des feuillets aujourd'hui
«rés' les uns des autres, ayant été détachés d'un manu-
it qu'elles avaient d'abord illustré, et qui se trouvent à
Bibliothèque de Cassel. Les pages de Cassai posent uo
ibl6me curieux et très délicat. Plusieurs d'entre elles
lent un monogramme, tracé en or, consistant dans les
IX lettres H B jointes ensemble. On pourrait être tenté
voir la signature d'un de ces Horebout qui ont compté
mi les chefs de l'École. Seulement le monogramme
-il authentique? Ce qui me rend défiant, ainsi que je l'ai
)liqué devant la Société des Antiquaires de France, dans
séances du 14 février 1894 et du 8 janvier 1896, c'est
; j'ai rencontré des miniatures, toujours de la même
ile, sur lesquelles se trouvaient des monogrammes
tlogues, mais des monogrammes qui étaient notoirement
I faux, car c'étaient des simulations des marques bien
TABLE DE MESI/RES DE DJEMILA 315
connues d'Albert Durer et de Lucas de Leyde. J'ai examiné
aussi soigneusement que possible, à Cassel, les originaux
du mystérieux chiiïre H B ; j en ai causé avec des obser-
vateurs sag^ces qui avaient également, comme moi, vu
ces originaux de leurs yeux. Et j'avoue que je n'ai pas pu
arriver à me faire une opinion définitive sur le degré d'au-
thenticité à accorder à ces monogrammes. Mais ce que je
puis dire^ et qui me parait avoir échappé à tous mes
devanciers, c'est que, pour Tétude future des feuillets de
Cassel, il faut tenir grand compte de ce portrait de Jacques
IV, peint entre 1303 et 1513 dans le livre d'Heures de
Vienne .
J'ajouterai enfin brièvement qu'il y aurait une compa-
raison à faire, au point de vue de la manière de disposer
la scène, entre ce portrait de Jacques IV et le portrait de
son père, le roi Jacques III, que Hugo van der Goës a peint,
accompagné du patron de TEcosse, saint André, sur un
grand volet de triptyque, conservé au château d'Holyrood
près d*Edimbourg, volet qui a été reproduit et très soi-
gneusement décrit et commenté par M. Joseph Destrée
dans son récent grand ouvrage sur Hago van der Goës,
TABLE DE BfESURES DE DJEMILA,
PAR M. ALBERTINl.
L'inscription de Djemila publiée ci-après est formée de
trois fragments qui se raccordent presque exactement. Le
fragment du milieu est au Musée depuis plusieurs années ;
le fragment de gauche a été trouvé en mars 1920, dans le
sot^sol de la basilique Julia ; le fragment de droite un
mois plus tard, au même endroit.
Bloc de grès, complet en haut, en bas et à gauche, brisé
à droite et au revers. Hauteur, 0 " 25 ; largeur totale, 0 ■ 81 ;
épaisseur maxima, 0*27. Gravure mauvaise et irrégulière ;
i
316 TABLE DE HESdRBS DE DJEinLA
hauteur des lettres : de 0 " 04 à 0 ™ 035, descendant
jusqu'à 0 "*03 dans Tinscription de gauche qui est particu-
lièrement mal gravée. Deux traits verticaux divisent le
texte en trois colonnes. On lit :
vTARI\M
INIENEVHE
RODESVCCO
CAPITVMnORDEl
F^'EWHERODESVC
CONSV LARIS
NSCONSTITV"; I CO N S T I I V I T
La restitution est certaine:
MOD
Cl EN
DESV
RISCC
[Se]xtarium \ []vini {a)eneu{m) He\rode$ v[ir) c{larissi'
mus) co]n8{ulari8) constituit,
Capitum hordei \ [a)eneum Herodes v[ir) c{lari$simus) |
consularis \ constituit.
Mod[ium triii]\ci {a)en[eum H€ro]\des v{ir) [c{lari$si'
mus) I consula]\ris co[n8tituit].
La colonne de gauche (de Textrémité gauche de la
pierre au trait vertical de gauche) est large de 0 *" 28 ; la
colonne du centre (d'un trait vertical à Tautre), de 0" 40 ;
la colonne de droite, à laquelle il manque 8 lettres
(exception faite pour la ligne 2 oùjil n'en manque que 7),
devait avoir aussi 0 ™ 40 quand elle était complète.
11 s'agit, comme on le voit, d'une table de mesures
installée par le gouverneur Herodes. Notre texte établit
de façon décisive que dans les mensae de ce genre *, les
cavitées itiénagées dans la pierre recevaient des vases
métalliques - ; aucun de ces vases ne nous étant parvenu,
1. Voir Gagnai, Tables de mesures-étalons trouvés en Afrique, dans
les Comptés rendus de VAcad, des inscr., 1905, p. 490-497 ; Gsell et Joly,
Khamissa^ I, p. 55-56; Cagtiat et Chapot, Manuel d'archéologie romaine,
I, p. 236-238.
2. Ç*a dû élre Kusage au moins pour les mensae en calcaire grossier ou
en grès. Les modii lapidei dont parle le Code Théodosien dans le passage
qui sera cité tout à Theure devaient être taillés dans une pierre qui se
prétait à un polissage régulier.
*
t
TAfiLli: DE MESURES DE DJEMILA 317
les mensurations pratiquées sur les pierres ne peuvent
conduire qu'à des résultats très approximatifs, puisque la
capacité du récipient métallique était de toute nécessité
sensiblement inférieure à celle de la cavité où il était
logé.
Ici, les trois cavités dans lesquelles s'encastraient les
vases de bronze sont conservées en partie.
Comme dans les tables antérieurement découvertes (à
celles qu'a étudiées M. Gagnât en 1905, il convient
d'ajouter la table anépigraphe trouvée à Djemila même en
1912) ', ces cavités étaient percées à la partie inférieure d*un
trou par lequel pouvait s'écouler le liquide ou le grain.
La cavité A avait la forme d'un tronc de cône. Rayon
supérieur, 0 " 058. Rayon inférieur, 0 °* 02. Profondeur,
0 " 18. Ces mesures correspondent à une capacité de
927 centilitres. Le setier de Djemila est vraisemblablement,
comme celui de Khemissa, le setier alexandrin de 716 cen-
tilitres^. Le vase métallique avait, dans cette hypothèse,
une capacité égale aux 77 centièmes de la cavité de pierre :
le déchet est particulièrement fort, en raison de la petitesse
du récipient et de sa forme tronconique.
Les cavités B et C étaient sensiblement hémisphériques.
Rayon de B : 0 » 14. Rayon de C : 0 " 17. Capacités
respectives, d'après cette donnée : 5 * 662 et 10 M58. Cette
dernière mesure correspond à un modius^ c'est-à-dire à
8 ' 754 : le vase de bronze équivalait donc aux 86 centièmes
de la cavité.
La cavité du milieu est indiquée par l'inscription comme
correspondant à un capitum. Le substantif neutre capitum^
1. Voir Bull. êrchéoL du Comité, 1913, p. 163 sqq., et la TëhU de$
BMsare* des MtdUni publiée par M. Carcopino dans les Comptes rendus
de tAcMd, des iiuer., 1919, p. 379-387.
t. Sorlin-Dorigny, s. v* Sexterius, dans Dareroberg-Saglio, p. 1387 et
note 18.
3. Voir les textes réunis dans le Thenaurus^ s. v*.
318 TABLE Dfi HB8URBS DE DJBIIILA
apparaît au iv^ siècle ; c est d*abord, k ce qu'il semble, on
terme d'argot militaire qui désigne les vivres des chevaux
(Ammien Marcellin, XXII, 4, 9 : pabula iameniorum^ quêe
uulgo dicunt capita). Puis le mot est reçu dans la langue
officielle ; à partir du Code Théodosien, annonae et capiia,
vivres des hommes et vivres des chevauix:, sont nommés
souvent ensemble : be sont les principales prestations' en
nature que les prbvinciaux doivent fournir, et qui sont
distribuées aux ayants droit (l 'après des tarifs déterminés,
suivant leur rang hiérarchique *.
Pour la première fois, dans Tinscription de Djemila,
nous trouvons ce terme employé avec une valeur métro-
logique, pour désigner tme quantité définie de grain. Le
passage à cet emploi était dans la nature des choses. Le
capitum est la mesure d'orge prise comme unité dans le
calcul des rations allouées aux fonctionnaires, officiers et
soldats. A en juger par le monument dont nous nous
occupons, un capitum équivalait à près de 5 litres (4^ 869,
si Ton admet entre le vase et la cavité le rapport de 86 à
100 que nous venons de calculer pour le modius). Peut-
être faut-il reconnaître le capitum dans la mensa de
Khemissa ^, et dans la première mensa de Djemila (cavité
centrale : 5 litres et demi).
Un Herodes figure dans les fastes des provinces afri-
caines : il est proconsul d'Afrique en 395 ^, Celui de notre
inscription est consularis^ c'est-à*dire gouverneur de
Numidie postérieurement à 320^. 11 s'agit vraisembla-
blement du même personnage : il a été conaularis de
Numidie avant d'être proconsul d'Afrique.
11 n'est pas indifférent que la table à mesures de Djemila
soit installée par le gouverneur provincial, et non par un
1. Voir Seeck, s. y Capitum, dans Pauly-Wissowa.
:i. Gagnai, L c, p. 4M: la cavité 3 de la Uble A est évaluée à & U18.
3. Fallu de Lessert, Fastes des prov. àfr., II [1901], p. 104-106.
4. Fallu de Lessert, II, p. 38.
TABLE OB MESURES DE DJEM1LA 319
magistrat municipal. Il faut se rappeler que le terme de
capitum apparaît surtout pour désigner la ration du cheval
en tant que prestation à laquelle les contribuables sont
tenus; que sous le règne de Julien, le modius tritici est
Vunité employée pour déGnir les commoda auxquels ont
droit les officiales ^ ; qu'une inscription ^ atteste qu*il exis-
tait à Djemila des horrea^ c'est-à-dire un de ces maga-
sins où l'administration militaire conservait les vivres
fournis par les provinciaux pour Vannona militaris ^, Si
Ion tient compte de toutes ces données, on se convaincra
que la table d'Herodes n'était pas une table de mesures*
étalons destinée à assurer la loyauté des transactions
commerciales; elle était utilisée, comme garantie commune
de rÉtat et des contribuables, pour vérifier les quantités
livrées par les contribuables aux agents du fisc, aux
èasceptoreê.
Il est très possible que le petit monument de £>jemila
soit en rapport direct avec la mesure prescrite en
novembre 386 par Valentinien, Théodose et Arcadius * :
Modioê aeneos seu lapideos cum sextariU atque ponderihus
per manêiones aingulasque ciuUaUs iussimus collocari^
ut unu9quisque tributarius, sub oculif constitutis rerum
omnium modis (plutôt que modiis) sciât quid debeat
êUBceptoribus dare. On peut admettre que Herodesa été
consulaire de Numidie en 386 ou 387, pour être 8 ou 9 ans
plus tard proconsul d'Afrique, de même que Domitius
Zenofilus, consulaire de Numidie en 320, fut proconsul
d'Afrique entre 326 et 333 ^.
I. C. /. L., VllI. 17896, Timgad.
3. Bail, archéoL du Comité, 1911, p. 115.
3. Cagoal, V Armée romaine d'Afrique^ 1913, p. 310 sqq.
4. Cod. Theod., XII, «, 51.
&. Pillu de^Lessert, II, p. 39.
LIVRES OFFERTS
, LIVRES OFFERTS
Le Secr£tiire PBHpiniBL offre i l'Académie, de U part des
!9 ouvrages suivants ;
le Ulysse Chrvalibr, Pour la bibliothèque de Loutiin
1920);
ïS Steeostrup, Etbnografien en o^nigt til vtjledning ved
iaeining og iladium. Anden udgave (Copenhague, S*,
e de Santarem, Eitudos de Cirlographia aaligR [Lisboa,
l-, i9ao).
LR a la parole pour un hommage :
part de notre correspondant M. Emile Cartailhac et de U. le
:ouen, dont vous avez récemment entendu les intéressantes
étions d'archéologie préhislorique, j'ai l'honneur de pré-
Académie une brochure renfermant deux discours pronon-
évrier dernier b l'Académie des jeui floraux. Le premier est
iement de M. le comte Begouen, élu mainteneur. Il raconte
issioas d'un récent voyage dans la Jougoslavie. Cette
la brochure se recommande particulièreraenl i l'atlention
ikfréres de l'Académie des sciences morales et politiques.
le, due k M. Cartailhac, insiste particulièrement snr les
es de M. Begouen dans les grottes de l'Ariège. On s«it
ses recherches M. Begouen (ut sidépar ses trois Bis auquel
archéologue toulousain rend un hommage très mérité. «
u oITre à l'Académie, de la part de H. Henty Cocbin, un
posthume du regretté Claude Cochin, ancien élève de
s Chartes, ancien membre de l'École française de Rome,
1 Nord :
le Cochin s réuni en un volume cent soixante-dix lettres
u Cardinal de Retz qui forment un complément aux œuvres
i prélat publiées dans la collection des Grand» écritxiM de
. C'est non pas par hasard, mais par suite de recherches
lies, ingénieusementet patiemment poursuivies, queCUude
lécouvert ces documents dans les archives et bibliothèques
de l'Italie. 11 les a soigneusement transcrites, copieuse-
Bvamment annotées, en homme qui avait fait de l'histoire
du XVII* siècle une étude approfondie. Quand les coro-
LIVRES OFFERTS 321
mentaîres demandaîent.un trop long développement, il les a rejetés à
la fin du volume en des appendices qui sont de véritables disser-
tations historiques. Les lettres publiées par Cochin et les documenta
qa^il y a joints apportent des renseignements nouveaux sur la cap-
tivité de Retz, son évasion de Nantes, et sa fuite, sur ses relations
avec le Saint-Siège, et même sur la période de sa vie pendant
laquelle il vécut caché ; on ne connaissait aucune lettre entre le
9 avril 1657 et le 24 avril 1660 : Cochin en a retrouvé quatre écrites
pendant ce laps de temps. On trouvera aussi des lettres qui éclairent
Tattitude de Retz à Tégard des Jansénistes. Enfin, on remarquera
particulièrement les appendices ayant trait k rentrée de Mademoi-
selle d'Epemon au Carmel et .à la conversion de Turenne. Au total,
un livre dont la publication, en mettant en lumière le talent de Fau-
teur, témoigne, une fois de plus, du dommage que les études histo-
riques ont subi par la disparition prématurée de Claude Cochin. »
M. Prou offre ensuite de la part de Tauteur, M. Charles Durand,
soos-ingénieur des ponts et chaussées en retraite, le compte rendu
des fouilles de Vésone en 1912-1913 :
« Ce rapport complète la série des rapports sur les fouilles de
Vésone, Tantique cité de Périgueux, décidées en 1905 par M. Dujar-
dln-Beaumetz, alors sous-secrétaire d*Ëtat aux Beaux-Arts, sur la
demande que lui en présenta M. Fougeyrollas, maire de Périgueux,
et poursuivies jusqu'en 1913 sous Thabile direction de M. Charles
Durand. Elles ont permis de reconnaître tout le périmètre de Ten-
ceinte romaine du m* siècle ; des portions considérables de cette
muraille, plusieurs tours et une porte sont encore debout ; ailleurs,
on a retrouvé et mis au jour les substructions, opéré des tranchées
qui permettent d*en étudier la structure, extrait des cippes, des ins-
criptions, des sculptures qui sont venues enrichir Tadmirable musée
que dirige avec tant de zèle, de compétence et d'autorité M. le mar-
quis de FayoUe. On a reconnu le péribole du temple de Tutèle dont
la célèbre et imposante Tour de Vésone était la celU ; retrouvé les
rabstruciions d'une vaste basilique sur le forum ; et enfin suivi le
tracé d'un aqueduc qui amenait Teau de la fontaine de Grandfont à
Vé9one. Ces fouilles ont été conduites méthodiquement et peuvent
être proposées comme des modèles. En outre. M, Durand en a écrit
des comptes rendus détaillés de la plus grande clarté. Dans le der-
nier non seulement sont relatées les découvertes de la campagne
191i-1913, mais M. Durand y a présenté un tableau d^ensemble de
tous les résultats obtenus.
n Ce fascicule est illustré, comme les précédents, d'excellents plans
19)0 ai
322 SÉANCE DU 17 SEPTEMBRE
en plusieurs couleurs et de planches en phototjpie. Il reste encore
à faire, et Ton doit souhaiter que la Direction des beaux-arts ne
laisse pas inachevée une œuvre si bien commencée. On souhaiterait
qu*on dégage&t la porte de Mars presque complètement enterrée,
qu'on classât les portions du mur dVnceinte et les substructions
enclavées dans des propriétés privées, et qu'on achevât la recon-
naissance du forum. »
SEANCE DU 17 SEPTEMBRE
PRésiDENCB DE M. EDOUARD GUQ, VICE-PRÉSIDENT.
M. Gagnât donne lecture d*un rapport de M. le D' Carton,
correspondant de l'Institut^ sur les fouilles exécutées par lai à
Bulla Regià en 1919-1920 avec Tassistance pécuniaire de TAca-
demie (Fondation Piot).
Il donne ensuite communication d'une inscription découverte
au cours des fouilles en question ^«
M. Salomon Rbinagu présente quelques observations.
M. Louis Léger communique un mémoire sur l'onomastique
slave de TAllemagne. Après avoir rappelé une lettre de Renan à
Strauss où le célèbre académicien évoquait contre les prétentions
germaniques le souvenir de ces Slaves disparus, M. Léger met
en lumière les origines slaves d'un certain nombre de cités ger-
maniques. Il commence par Berlin dont la forme primitive est
Berlie, ce qui veut dire en slave une enceinte de pieux ; il con-
tinue par Leipzig dont le nom se retrouve dans presque tous les
pavs slaves et qui veut dire la ville des tilleuls, par Dresde dont
le nom allemand Dresden est un pluriel qui veut dire en slave
les brindilles, les débris de bois. Dresde était un ancien port de
halage. Les noms slaves se retrouvent dans ceux des cours d*eau,
même dans les régions les plus germanisées.
1. Voir ci-après.
FOUILLES EXÉCUTÉES A BULLA REGIA EN 1919-1920 323
M. Paul Monceaux commente une inscription chrétienne de
Madaure, récemment découverte ^ .
M. Salomon Rbinach présente quelques observations^
COMMUNICATIONS
RAPPORT SUR LES FOUILLES EXÉCUTÉES
A BULLA REGIA EN 1919-1920, PAR M. LE D'' L. CARTON,
CORRESPONDANT DE l' ACADÉMIE.
Le dégagement des grands thermes publics, que je
poursuis depuis quelques années grâce aux subventions
accordées par l'Académie, a été continué de concert avec le
Service des Antiquités.
L'entrée du monument offre un caractère assez rare dans
les thermes publics. C'est d'être assez vaste et de présen-
ter une grande régularité. La porte, flanquée de deux
colonnes, s'ouvrait en avant sur le large palier dallé, que
borde, sur toute Tétendue de la façade, un Icfig emmar-
chement descendant vers la grande voie dallée désignée
sous le nom de Voie des Thermes. En arrière, elle donnait
sur un grand vestibule de chaque côté duquel un escalier
descend vers Tikitérieur de Tédifice, dont le sol est à un
niveau bien inférieur à celui de la voie. Les deux escaliers
placés dans cette position symétrique comprennent sept
marches divisées en deux groupes par un ))alier.
Au bas de celui qui est à TEst a été trouvée une base
honorifique portant deux textes.
Au cours des fouilles précédentes on avait constaté la
présence, dans une des salles à hypocauste, d*un édicule en
belles pierres de taille, et à façade courbe. L'exploration
1. Voir ci-apirèf.
324 FOUILLES EXÉCUTÉES A BULLA. REGU EN 191^1920
n^avait pu en être terminée à cause de son peu de solidité.
Les travaux exécutés par le Service des Antiquités ont
permis de la compléter cette année. Il forme un tout, isolé
et saillant dans la salle. Sa façade courbe comprenait
deux étages dont le supérieur, très détruit, avait en avant
la forme d une haute niche. Au-dessous de lui, une baie
cintrée, beaucoup plus basse que cette dernière était
disposée de manière à être coupée en deux par le sol en
mosaïque suspendu, de Thypocauste, donnant ainsi sur ce
dernier par en bas, et sur la salle par en haut. La clef de
voûte de la niche supérieure portait une sculpture en bas-
relief, représentant un buste de femme, les bras à demi
élevés au-dessus de la tête.
En arrière de TouVerture de cet édicule se trouve une
série d'arcades formant un ensemble pittoresque. L'état
d'avancement du dégagement de cette partie des Thermes
ne permet pas de dire encore s'il s'agit du fumas ou de
ses dépendances.
Le principal effort de cette campagne a porté sur la
salle souterraine polygonale qui se trouve à l'Est des
Thermes.
Il n'a pas encore été possible de déterminer si elle fait
partie de ce monument, ce qui paraît pourtant probable,
car les couloirs qui l'entourent viennent buter sur la voie
dallée adjacente sans communiquer avec elle, en sorte
qu'il semble qu'on devait y accéder en passant par les bains
voisins.
Les terres qui la recouvraient n'ont été enlevées qu'en
partie, mais on peut dès maintenant se rendre compte de
la curieuse disposition des couloirs.
Le sol de la salle qui s'étendait au-dessus était revêtu
d'une fine mosaïque, qui n'a pas encore été dégagée.
Elle était recouverte par une voûte actuellement écroulée,
mais dont les débris présentent des caissons en stuc poly-
gonaux encadrés de moulures à l'intérieur desquels
FOUILLES EXÉCUTÉES A BUtLA REGIÂ EN 1919-1920 325
étaient des représentations d^objets divers, armes, person-
nages, etc.
Je me propose, au cours de la prochaine campagne de
fouilles, de dégager complètement cet ensemble pour en
déterminer la destination et en étudier Tintéressante déco*
ration.
J'ai signalé précédemment à TAcadémi^e l'existence
d*une nécropole chrétienne à environ 200 mètres au Nord
duNymphaeum. J'ai achevé de découvrir cette année au
même endroit, .à côté de murs puissants, un escalier de
deux marches flanqué de bases de colonnes dont le dé est
orné de sculptures élégantes représentant des rinceaux et
des rosaces. L'examen des environs m'a convaincu qu*il
s'agit d'une église importante édifiée au milieu de Varea
découverte précédemment. Malheureusement ce monument
exposé aux souillures et à la destruction ne peut être
fouillé pour le moment, car il est entoifré de gourbis.
J'exprime ici tous mes remerciements à Madame Nadal
qui a bien voulu me prêter son précieux concours pour la
direction des fouilles.
NOTE COMPLÉMENTAIRE DE M. CAGNAT.
Au cours des fouilles dont il vient de nous être rendu
compte, M. le IK Carton a découvert, ainsi qu'il la dit en
deux mots, une pierre, assez mutilée, qui portait autrefois
sur deux faces des inscriptions. Celle qui figurait sur la face
postérieure est gravée en lettres fort petites (1 centimètre et
demi) ; son état lamentable en rend la lecture complète à
peu près impossible : les quelques groupes de lettres que
j'ai pu déchiffrer à grand'peine permettent seulement de
reconnaître qu'elle reproduisait le texte d'une lettre.
326 FOUILLES exÉCCTÉBS A BtLLA RtelA EN 1919*1920
adressée sans doute à la muDicipaliié, relative à la con*
structioQ et à rembellissement des thermes. L'autre
inscription, celle qui garnissait la face antérieure, est moins
détériorée ; elle se compose actuellement de 13 lignes ; les
lettres mesurent 0 '^ 04 à la première ligne et 0 "^ 035 aux
autres. On distingue :
I A E M I / M I A /
C AERVr////AEM I
EFIDI A/// CLARIS
S mil EMIA£
VLALBieNSVLAks
ONi eT alvmni fil OB
PVAMOPERISSVI TERMRW
centiamq\a1 PATKM
XORNAVITETSALVtClVIWI
ICO CONSVLERE
A EST
BENE eT EIVS
TRONAE . eT
On voit que le monument était ime base de statue élevée
en rhonneur d une femme noble, fille d un consulaire, pour
la remercier de sa générosité et en particulier des travaux
accomplis à ses frais pour la construction des thermes de
la ville. 11 nous apprend les noms de la généreuse personne
à qui cet établissement était dû. On peut les reconnaitre. Les
premières lignes portent : ... iae Mi — oa Me — mMi[é] . . .
cae Rupl, . . Aemi[lia]e ou Aemi[liana]e Pidia, . . cUriilêi"
m«e]..,«... [f]eminae ul{i) Albi consalarU [viri
patr]oni et alumni fil[iae). La restitution du second nom
de la femme n'est pas douteux : ce ne peut être que
Memmia ; gentilice qui, tout naturellement, était celui de
son père, lequel, ainsi que Tapprend la cinquième ligne,
portait aussi les surnoms de Julius Albus ou Albius. Or, on
i
FOIIILLBS EXÉCITÉBS A BULLA REGIA KN 1919-1920 327
connaît par d'autres documents, dont deux trouvés à Bulla
Regia même et sur lesquels je reviendrai tout à Theure,
rexistence d*un personnage nommé C. Memmius C. f.
Quir(ina) Fidus Julius Albius..., qui arriva au consulat
après une carrière brillante. Ce n'est pas se hasarder que
d*admettre la parenté de ce consulaire et de la bienfaitrice
honorée ici. D'où la restitution :
•
?I[ul]iae Me[m]miae
. . . cae Rup . . . [ae] Aemi
lianaje Fidia[nae] claris
simaé et nobilisJs[imae fjeminae
C. Memmi Fidi lul(i) Albi consularis
uiri patrjoni et alumni fil. ob
praecijpuam operis sui thermarum
muni(i]centiam qua et patriam
suam ejxornauit et saluti civium
ico consulere
dignatja est
bene et ejus
pa]tronae et
Enfant de la ville, C. Memmius en était aussi le patron ;
il fille partageait cet honneur et tous deux avaient, comme
il était de règle, témoigné leur attachement à leurs concis'
toyens en les dotant de constructions utilitaires.
n eût été étonnant que Memmia ayant sa statue dans les
thermes, il n'en fût pas de même pour son père. Et, en
^ffet, M. le D' Carton y a rencontré un morceau de pierre
où il a lu * :
C MEMMIO- C- FIL- QVIR
FIDO IVLIO ALBIO C • MV
^"//////// IF ///////// B
1. Bail. êreK do Comité, 1915, p. 18t.
328 FOUILLES EXÉCUTÉES A BULLA REGLA. EN 1919-1920
ce qui, s'il ne faut pas lire à la fin de la ligne 2 c[larUsimae)
m[emoriae) v[iro)^ nous enseignerait qu'outre les noms de
Fidus Julius Albius Memmius se nommait encore C. Mu. . .
Ce que fut cet homme et par quelles situations suc-
cessives il passa, nous le savons par une deuxième inscrip-
tion, qui fut gravée en son honneur dans une autre ville de
Tunisie, Vina^, Le texte, connu depuis trente ans, est
ainsi libellé : C, Memmio C. /. Qair, Fido Iulio Albio cons.
sodali Titioleg, Aug. pro pr, prou. Noricae car. uiae Pis,-
miniae praef. Miniciae pro co$. prouin. Baetic, leg. Aug.
leg. VII Claadiae iuridico per Italiam reg. Transpadanae
praetori leg. pr. pr. prou. A fric, aedil. cerial. q. prou.
Asiae trib. laticL leg. II Augustae C. Annius Iulius Secun^
dus amico rarissimo ob eximiam eiu$ erga se béni-
volentiam sua pec. posuer. et d. d. d.
Rien, dans cette longue énumération de dignités, ne per-
met de dire. avec quelque précision à quelle époque vivait
le personnage ; mais, heureusement, son nom figure encore
sur un fragment d'architrave que j'ai découvert autrefois à
Ksour-Abd-el-Melek. Au moment où la pierre a été mise
en place, il était légat du proconsul d'Afrique ; et l'on peut
affirmer que c'était en 175-176 de notre ère^. La préture
qui suit immédiatement cette légation dans le cursus tran-
scrit plus haut est donc de 177 environ ; et comme il fut
appelé à six fonctions différentes avant d'être honoré du
consulat, on ne saurait attribuer à ce dernier une date
antérieure à 183. C'est celle où son ami C. Annius de Vina
lui éleva une statue.
C'est postérieurement que les thermes de Bulla furent
construits par sa fille, puisque dans l'inscription qui fait
l'objet de cette note on lui donne le titre de consularis.
Il est encore question du même Memmius dans un docu-
1. c. r.L.Vill, 12442.
2. Ibid., 11928. Cf. mes \ouvelUs exploralions en TanUity p. 49.
r
DEUX VICTDIE8 DES MAURES A MADAUROS 329
ment que le capitaine Benêt a trouvé en fouillant à Balla
le temple d'Apollon. Parmi toutes les plaques de marbre
qui remplissaient une des chambres de la cellay il a recueilli
deux petits morceaux, appartenant au même tout, que
M. Merlin a judicieusement rapprochés et dont il a fort
bien indiqué la place dans Tensemble de Tinscription, sans
pourtant proposer une restitution complète du texte ^ Il
n'est pas impossible d'aller plus loin que lui, maintenant
que Ton possède, relativement au personnage, des rensei-
g:nements nouveaux. On arrive ainsi à une reconstitution
comme celle-ci :
C MImmio c. f, q u ir, fido i ù l i o a l b i o c. mu ii?...
REC • . . cons, êodali titio RIS leg. pro
PR PI ou, norîcae cur, uiae flaminiae praef, miniciàe pro COS PR ou
BETIcae leg. aug, leg, VU cl. iuridicoper italiam regioniS TRAnspac/.
PRAE/ori leg, pr, pr. prou, africae aedili cereali quaett prouinciae
ASIAE trib. laticlauio leg. II aug
DECI
On voit que la légation du Norique, la dernière citée sur
la pierre de Vina devait être précédée ici d'une autre fonction
dont il ne reste que les trois dernières lettres RIS. Je sup-
pose qu'il s'agit d'une légation de province consulaire, une
de celles qui portaient l'épithète d'inferior ou de superior.
En résumé, les thermes de BuUa Regia ont été édifiés
dans les dernières années du ii® siècle de notre ère aux frais
d'une famille de la ville et particulièrement d'une Memmia
Fidiana, fille d'un Memmius Fidus, ancien consul.
DEUX VICTIMES DES MAURES A MADAUROS,
PAR M. PAUL MONCEAUX, MEMBRE DE l' ACADÉMIE.
Les fouilles de Mdaourouch, dirigées avec tant de succès
par M. Jolj et le Service des Monuments historiques
1. BttlL areh. du Comilé, 1906, p. GCLXVilI.
330 DRUX' VtCTlBlES tKi MAURES A MADAUR08
d'Algérie, continuent à nous révéler divers aspects de la
vie antique dans cette vieille cité numide de Madauros,
devenue colonie romaine, la patrie d'Apulée et rinstituiriœ
d'Augustin, où se' heurtaient les religions et les races.
Cette fois, ce sont les indigènes et leurs victimes qui
entrent en scène. On a découvert Tan dernier à Mdaou-
rouch, dans la forteresse byzantine, sur remplacement du
forum, la pierre tombale de deux chrétiens, deux frères,
qui ont succombé sous les coups des indigènes, des
w Maures », dit l'épitaphe.
Cette pierre tombale, qui mesure aujourd'hui 0 " 63 sur
0 ™ 50, était primitivement une mensa^ une table funéraire
à la mode du pays. Mais elle a eu plus tard une destinée
singulière : elle a été transformée en pressoir, comme le
prouve une rigole presque circulaire, qui entoure l'épitaphe,
avec Tamorce d'un petit canal dans l'angle supérieur de
gauche. Malgré cette mésaventure de la pierre tombale,
l'inscription funéraire s'est conservée en grande partie.
Presque intacte en haut et en bas, elle a perdu à droite
quelques lettres, coupées par la rigole du pressoir ; elle ne
présente d'importantes lacunes qu'à gauche, où les méfaits
de la rigole, presque rectiligne de ce côté, ont été encore
aggravés par une cassure de la pierre. L'épitaphe, délimitée
en haut par un trait, se compose de huit lignes, en lettres
irrégulières médiocrement gravées.
Copie et restitutions de M^ Gsell :
IVC TVMVMVLV
PATRES POSI T
ORVS DIACONVS
ITANNIS XXXVII ETF
NVS VIXIT ANNIS
////MAVRIS OCC
XDIEPOSITI
KALEDAS I VLi
DEt'X VICTIMES DES MAURES A MADAUROS 331
In h\ac iumu<^ma^lu [duo f]ratres posit[L
Theod]oras diaconus [vix]U annis XXXVII^
et P[austi]nus vixit annis
A Afauriê occ[iêi e]t d<i>c/><}«i7i . . . kale{n)das iuli\as].
Comme on le voit, la mensa couvrait la tombe de deux
frères, qui tous deux étaient chrétiens, et dont Tun était
diacre. I^s noms des personnages sont malheureusement
mutilés. Les restitutions proposées sont naturellemeat
hypothétiques ^ Cependant, elles sont assez vraisemblables :
elles comblent bien les lacunes, et ces noms de Theodorus^
de Pauêiinus^ étaient des noms courants en Afrique, qui
reparaissent souvent dans les documents épigraphiques,
littéraires ou historiques du pays.
Abstraction faite de la ligne 6, lu rédaction de Tépitaphe
est assez banale, et ne donne pas lieu à beaucoup d*obser-
vations.
Ugne 1. — VC TVMVMVLV = (/;)OC TVMVLO. Le
lapicide a répété par mégarde la syllabe MV, où les deux
lettres sont liées. La substitution de TV à TO est fréquente
dans Tépigraphie chrétienne d'Afrique, comme en Gaule.
La formule In hoc tumulo se retrouve dans des épitaphes
de Carthage et de Calama. In uc tnmulu positUM est s'est
déjà présenté sur une tombe d^e Madaure.
Ligne 2. — Positus^ avec le sens de depositas^ n'est pas
rare dans Tépigruphie chrétienne de la contrée.
Ligne 7. — DIEPOSITl, erreur du lapicide, pour DEPO-
Sm. — La formule depositus est d'usage courant, du
IV* au vi* siècle, dans toutes les partres de l'Afrique.
A en juger par les formules, l'inscription date de la
seconde moitié du iv* siècle ou des premières années du v*.
Tn seul détail présente un intérêt particulier, la mention
1. Au lieu de [Theod]orui, on pourrait songer à lire [Fl]oru$, Mais cetU
i^Uitotion semble un peu courte pour la lacune.
332 DEUX VICTIMES DES MAURES A MADAUROS
relative aux circonstances de la mort : le diacre et soq
frère ont été « tués par les Maures — a Mauris occUi ■>
(ligne 6).
Ces circonstances elles-mêmes n^étaient pas aussi excep^
tionnelles, dans l'Afrique de ce temps-là, qu'on pourrail
être tenté de le supposer. Malgré tous les bienfaits de lll
« paix romaine », les documents du pays nous ont conservé^^
le souvenir de multiples attentats contre les personnes.
Pour nous en tenir ici à Tépigraphie chrétienne de la
contrée, on y avait relevé déjà de curieux renseignements
sur plusieurs de ces attentats. Tantôt il s*agit de bagarres
causées par les querelles religieuses : le diacre Nabor, un
ancien schismatique converti, dont Tépitaphe métrique a
été composée par Augustin lui-même, fut assassiné par
des ûonatistes ^ y et Robba, une religieuse donatiste, périt
sous les coups de Catholiques le 25 mars 434 ^. Tantàt il
s'agit d'un attentat eommis par des indigènes. A Mouzaia*
ville, entre Blida et Tipasa, on a trouvé dans Tabside d'une
église une table de marbre blanc, qui a été transportée au
musée d'Alger : on y lit l'épitaphe d'un évêque catholique,
qui avait été souvent exilé, et qui « fut tué dans une guerre
contre les Maures ^ ».
En ce qui concerne les circonstances de la mort, la nou-
velle épitaphe de Madaure présente une frappante analogie
avec celle de Mouzaïa ville. Selon toute apparence, on ne
doit pas porter au compte des indigènes de Numidie le
meurtre du diacre et de son frère. Sans doute, autour de
Madaure, les indigènes étaient nombreux et remuants :
témoin les noms puniques ou libyques dans les épitaphes
1. « Donatistarum crudeli caede peremptum... » (De Rossi, Intcript
chriit.,i. H. p. 461).
3. « C(a)ede tradit[orum] vexata, meruit dignitate(m) marim(i) . . . •
(Gsell, C. R, de VAcêd. de* inacript., 1899, p. 277; FouUU$ de BeMcftn,
p. J5).
3. m Occisus est in bello Maurorum » (C./.L., VIII, 9286).
SÉANCE DU 24 SEPTEMBRE 333
de la région ou dans les listes de martyrs, témoin la décla-
ration d'Apulée qui se disait lui-même « demi-numide »
ou « demi-gétule » ^, témoin encore les exploits des Circon-
cellions. Mais ces indigènes des environs de Madaure
étaient des Numides. Or le diacre Theodorus et son frère
ont été tués par des Maures (a Mauris occisi) : comme
Tévéque de Mouzaîaville, « tué dans une guerre des Maures »
(occisus est in bello Maurorum). Ils ont dû succomber lors
d'une incursion des barbares de Maurétanie : une de ces
razzias qui ramenaient périodiquement, vers le riche pays
numide, les incorrigibles pillards des tribus maures.
LIVRES OFFERTS
M. Omoict a la parole pour un hommage :
« Tai llionneur de déposer sur le bureau de TAcadémiey au nom
de Tauteor M. René Page, une brochure intitulée : Un ami de
Bélase, Vorientalute Antoine Galland (Brive, 1920, in-8^, 27 pages :
extrait du Bulletin de la Société scientifique^ etc, de la Corrèxe),
• La publication récente d'un Journal parisien d*Antoine Galland
a fourni à M. René Page, dont on connaît les nombreuses et ins-
tmctÎTes recherches sur rhistoire et Tarchéologie du Limousin,
l'occasion de révéler à ses compatriotes un côté peu connu de la vie
d'Etienne Baluze, ses relations d*amitié avec Fauteur des Mille et
ane naOs^ qui était devenu son collègue au Collège de France. »
SÉANCE DU 24 SEPTEMBRE
PRBSIDBlfCB DE M. EDOUARD CUQ, VICE-PRésiDBNT.
M. le Ministre de riastruction publique et des beaux-arts
•dresse une ampliation du décret autorisant TAcadémie à
1. Apulée, Apolog,t 24.
334 SÉAIfCE DU 24 8BPTE1CBRE
accepter la donation de 15.000 francs de renies faite par M. le
duc DE LouBAT en vue de constituer un fond^ épigrapbique grec .
Lecture est donnée du décret. Le PaésioENT se fait Tinter-
prête de TAcadémie pour renouveler à M. le duc de Loubat
Texpression de la gratitude de FAcadémie pour ce témoignage
d'une inépuisable générosité.
Continuant ses recherches sur les origines slaves des villes
allemandes, M. Lbgbr expose l'histoire primitive et rétymologie
de villes telles que Eger qui doit son nom à une rivière chaude
appelée en tchèque O^re, Teplitz située sur le cours de la Tepla,
la rivière chaude. Il interprète le nom de Gotha par celai d'un
fondateur qui aurait porté Tépithète de Chud (personnage
pauvre ou maigre); celui de Sagan (prononcez Zagan) serait celui
d'un terrain de culture (le mot zagon existe encore en polonais),
etc. Le nom populaire chez nous du maréchal de Rantzau est
celui d'une localité du Holstein qui s'appelait Roudidzevo.
Le R.P. Vincent, de l'École biblique et archéologique de Jéru-
salem, communique les relevés du fameux monument connu
sous le nom de Haram el Khalil à Hébron. Cet édifice devenu
mosquée était demeuré jusqu'ici jalousement fermé à l'observa*
tion archéologique. Il passe pour couvrir la caverne funéraire
d*Abraham et de la lignée des patriarches bibliques. Avec le
concours d*un architecte anglais, le P. Vincent a pu exécuter des
relevés détaillés du monument. II ressort de cette enquête que
l'enceinte sacrée d'Hébron est une construction d'Hérode le
Grand. Les Byzantins y installèrent une église que remanièrent
plus tard les Croisés et qui demeure pratiquement intacte. C'est
l'unique édifice antique intégralement conservé en Palestine.
Les faits archéologiques enregistrés éclairent quelques textes
laconiques de l'historien Josèphe, mais surtout les documents de
la tradition juive et de la Bible pour fixer le site où les premiers
patriarches hébreux au cours de leur migration prirent définiti-
vement contact avec les populations du pays de Canaan.
M. Clebmont-Gannbau présente quelques observations.
LIVRES OFFERTS 335
LIVRES OFFERTS
Le SscBéTAiRB PERPÉTUEL préseote le dernier mémoire écrit par
le lieutenant-colonel Dieulafoy : La Mosquée <f Hassan (extrait des
Mémoires de f Académie des inscriptions et belles-lettres, tome XLII).
Il offre ensuite, de la part de Fauteur, M. Gaston Darier, une bro-
chure intitulée : Les fouilles du Janicule à Rome, Le Lucus Furrinae
et les temples des dieux syriens. Bibliographie chronologique des
travaux publiés à leur sujet de 1906 à 1918 (Genève, 1920, in-S»^.
M. E. PoTTiBR fait hommage à l'Académie du second fascicule de
la Rerue Syria, consacrée aux antiquités du domaine nouveau conûé
à la France en Orient, et en énumère les différents articles. Il signale
en paKiculier un rapport de M. Chamonard sur le plan d'organisation
des services archéologiques en Syrie.
. ? "
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
DB
L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
ET BELLES -LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU !•' OCTOBRE
PRB81DBNCB DB M. EDOUARD CUQ, VICB-PRKSIDBNT .
M. le Directeur de TÉcole française d'Extrême-Orient adresse
à l*Académie son rapport sur la situation et les travaux de
lÉc^le en 1919-1920.
M. Antoine Thomas lit un mémoire intitulé « Evaux et le
Marlyrologiam Hieronymianum », où il développe les raisons
qui le portent à croire, contrairement à l'opinion d'Aug^uste
Loognon, que la petite ville d'Evaux (Creuse) a toujours fait
partie du territoire des Lemo vices et non de celui des Biluriges.
M. Paul MoNCBAUX présente quelques observations.
M. Merlin, correspondant de T Académie, directeur des Anti-
quités de la Tunisie, décrit une mosaïque récemment décou-
verte à Carthage au cours de fouilles opérées par son service.
Le pavement, qui doit dater du v^ siècle de notre ère, est très
curieux et comprend trois registres superposés qui représentent
un grand domaine africain.
Au centre se dresse la villa du maître, laquelle, avec ses
tours et ses murs massifs où seules les arcades d'une galerie
mettent au premier étage une note d^élégance, a déjà presque
Tupect d*aa château fort; derrière s^élèvent des dépendances,
et thermes privés, et s*étend un parc ; dans les champs
19)0 33
338 SÉANCE DU 8 OCTOBRE
qui font partie de la propriété, comme aujourd'hui en Afrique,
poussent des oliviers, jaunissent des moissons, paissent des
troupeaux. Sur tout le reste du tableau se développent des scènes
qui manifestent la vie du domaine aux diverses saisons de Tan-
née^ dont chacune réclame des travaux, apporte de^ plaisirs et
donne des produits différents : récolte des olives et capture des
canards sauvages en hiver, épis qui mûrissent et troupeaux au
pâturage en été, cueillette des roçes au printemps, vendange à
Tautomne tandis que le verger est chargé de fruits.
Ces scènes se groupent autour des images des chtltelains dont
elles nous montrent en même temps les occupations préférées :
la chasse est la distraction favorite dû seigneur et au registre
du milieu nous le voyons partir avec piqueur, rabatteur, valet
muni de provisions ; sa femme aime se reposer à Fombre des
arbres, Téventail en main, absorbée par les soins de sa toilette
ou se complaisant à de nienus détails de Texistence rurale.
Tous ces sujets forment un ensemble très pittoresque, dont
la composition savamment ordonnée et finement nuancée est
bien réussie au point de vue artistique et dont la valeur docu-
mentaire est de premier ordre. La nouvelle mosaïque vient
prendre une place d'honneur parmi celles qui nous fournissent
de précieux renseignements sur les domaines africains à Tépoque
impériale ; il est surtout intéressant de la rapprocher des
mosaïques trouvées à Oued-Atménia,,dans. la province de Cons-
tantine, ou à Tabarka, en Tunisie, et de certains pavements
mis au jour à EUDjem, à Oudna ou à Carthage même.
MM. Salomon Rbinach et Clermont-Ganneau présentent
quelques observations.
SÉANCE DU 8 OCTOBRE
PnésiDENCE DE M. CHARLES DIBIIL.
M. le comte Durri^u refià^oxnpià de: la mbsico qui lui. avait
été confiée d'aller représenter officiellement l'Académie aui
LA CITÉ PUMQUB ET LE MUNICIPE DE VOLUBILIS 339
fêtes célébrées à Gand les 3 et 4 octobre à Toccasion de la reins-
lallation solennelle, dans la cathédrale de Sainl-Bavon, du
polyptique de V Agneau mystique, des frères Van Eyck, recons-
lilué dans son entier à Taide des volets rendus par TAllemagne
en vertu d'un article du traité de Versailles.
M. Durrieu a eu Thonneur de parler au nom de rAcadcmie
dans une grande séance tenue le 4 octobre à TUniversité de
Gand.
M. Edouard Cuq fait une communication sur la cité punique
et le municipe de Volubilis * .
M. Louis Léger achève sa lecture sur les noms slaves con-
servés dans la topographie de l'Allemagne. Revenant sur Téty*
mologie du nom de Leipzig, dont la forme slave Lipsk dérive
du nom du tilleul « lipa », il signale à ce propos que le nom du
philosophe Leibnitz représente une forme slave u lipnica », le
bois des tilleuls. Par ses premières origines, Leibnitz était donc
de race slave. M. Léger insiste ensuite sur toutes les formes déri-
vées du mot Bystra qui veut dire : eau rapide. L'une des plus
curieuses est celle du Pusterthal (Bystra dolina), où coule la
rapide Drave. II termine par une étude sur le nom de Zerbst qui
rappelle le séjour des anciens Serbes ou Sorabes. Catherine II
était née princesse d'Anball-Zerbst. Si elle eût connu la signi-
fication primitive de cette dénomination, elle n'aurait pas
manqiié d'en tirer parti vis-à-vis de ses sujets russes.
COMMUNICATION
LA CITÉ PUNIQUE ET LE MUNICIPE DE VOLUBILIS,
PAR M. EDOUARD CUQ, MEMBRE DE l'aCADÉMIE.
L'inscription découverte en 191 6 à Volubilis '^, présente
une particularité dont' on ne s'est guère occupé jusqu'ici
1. Voir ci-après.
3. Cf. Edouard Cuq, Journal des Savanh, 1917, p. 84.
340 LA. CITÉ PUNIQUE ET LE MUNICIPE DE VOLUBIUS
et qui n'est pas sans intérêt pour l'interprétation du texte.
Parmi les magistratures exercées par le vainqueur d!JEÀe-
mon, C. Valerius Severus, à côté de celles qu'on rencontre
dans les municipes romains, Tédilité et le duumvirat, il en
est une qui est propre aux cités pérégrines d'origine
punique, celle de sufète.
I
l'élection DES su PÈTES
Les sufètes étaient, au sens propre du mot shefet^ des
juges. Chez les Carthaginois, c'étaient les premiers magis-
trats de la cité ^ . Leur pouvoir était analogue à celui des
consuls romains^. Comme eux, ils formaient un collège de
deux membres^. Les sufètes ont subsisté sous la domina-
tion romaine dans les cités pérégrines d'origine punique :
on en a un exemple de la fin du vu* x)u du début
du vm* siècle de Rome ; il est relatif à Courba {CurubisY»
Les sufètes étaient éponjmes : une inscription de Calama
est datée de l'année du sufétat d'Âsmimi et d'Uri)anus^.
Nommés pour un an, les sufètes pouvaient être réélus :
une inscription de Thugga du temps de Claude cite un
personnage qui fut deux fois sufète ^.
* Au-dessous du sufète, les monuments épigraphiques ne
mentionnent que le princeps. L'inscription de Calama a été
gravée sous le principat de Pudens, fils d'Anchusor et frère
de l'un des sufètes ^. Il y avait d'autres magistratures dans
1. Tite-Livc, XXVIII, 37, 2. Cf. Gsell, Hialoire ancienne de V Afrique da
Nord, t. 11,1918, p. 193.
3. Titc-Uve, XXXVIII, 7, 5. P. Diac, v- Sufes,
3. Gornel. Nepos, Hànnib, 7, 4.
4. C./.L., VIII, 10525.
5. Ibid., 5306.
6. MéUnge» de VÉcole frnnçsLiae d'archéologie de Rome, 1899, p. 29i.
Poinssot, Noav. archives des Missions, XIII, q» 64.
7. Cf. G.l.L.^ VIII, 5369 :... Saturninus [suf]est princeps. . •
LA CITÉ PUNIQUE ET LE MUNICIPE DE VOLUBILIS 341
les cités puniques, mais on n'en connait pas le nom.
L'inscription précitée de Thugga y fait allusion sans les
énumérer : honoribus peractis. Elle nous apprend seule-
ment que certains personnages recevaient le titre de sufète
sans en exercer la charge. JLes ornamenta sufetis étaient
on titre honorifique comme Tétaient à Rome les ornements
consulaires ou prétoriens.
Le mode d'élection des sufètes est indiqué' dans Tins*
cription de Thugga. Saturus, fils de Thinoba, fut élu sufète
pour la seconde fois par voie de suffrage, a civitate et plèbe.
Les ornements de sufète furent conférés gratuitement par
le sénat et la plèbe à Faustus, fils de Jidius Venustus, fils
lui-même de Thinoba, en raison des mérites de son père.
Us furent également conférés gratuitement à Firmus, frère
de Venustus en raison de son mérite personnel. Il ne parait
pas douteux que les mots civitas et plebs^ ou simplement
civitas^ désignent le mode d'élection plus clairement carac*
térisé par l'expression senatus et plebs, 11 fallait Taccord
du sénat et de la plèbe, tandis qu'à Rome la concession
des ornements consulaires ou prétoriens appartenait exclu-
sivement au Sénat ^ ; à l'inverse, à Rome et dans les cités
romaines, l'élection des magistrats était réservée au peuple.
Une autre différence existait quant à la forme du vote :
daprès la loi de Malaga (c. LV), les électeurs, répartis
en curies, étaient appelés simultanément dans des locaux
fermés {in consœptis) où ils déposaient leur bulletin de
vote [tabella) dans une corbeille. Dans la cité punique
de Thugga, la collation des ornements de sufète à Firmus
eut lieu omnium portarum sententiiSy c'est-à-dire que toutes
les portes émirent un avis favorable. Les électeurs de
chaque section devaient sans doute se présenter à tme
1. Il en était de même en Afrique dans la colonie de Cirta : les ornà-
Mtntê quinqnennMlieU sont conférés décréta decurionam, C.I.L, VIII,
7M6.
342 LA CITÉ PUNIQUE ET LE MUNICIPE DE VOLUBIUS
porte déterminée de la ville ; les votes étaient recueillis au
fur et à mesure de leur passage.
En dehors de leurs magistrats, les cités pérégrines choi-
sissaient souvent pour patron un citoyen romain afin de
6*as6urer la faveur du pouvoir central. C'est ainsi qu'en
décembre 27 et en février 28, un tribun militaire de la
111® légion Augusta, C. Silius Fabius Aviola, accepta le
patronat des cités puniques d'Apisa Ma jus et de Themetra
et, sans doute à la même époque, de Siagu et de Thimilga K
Vingt ans plus tard, en 48, sous le règne de Claude, le
paguê de Thugga avait pour patron C. Artorius Bassus,
qui avait été pontife, édile, duumvir d'une curia Lucusta.
11 dédia en cette qualité à la mémoire d'Auguste et à Tem-
pereur régnant un monument érigé aux frais d*une famille
notable dont plusieurs membres étaient sufètes honoraires
ou effectifs ^. On remarquera que Bassus est patron du
pagus^ alors que les sufètes sont élus par la civUas de
Thugga. Le pagua n'était pas à cette époque distinct de la
civitaSy comme il Test au ii* siècle ^. Dans plusieurs inscrip-
tions des règnes de Tibère, Caligula et Claude, le patron de
Thugga est toujours qualifié patronus pagi *. Sous Hadrien
et ses successeurs, il porte le titre de paironus pagi et civitâ'
tis. Le pagus et la cité ont dès lors chacun leur ordo et il en
futainsi jusqu'à la création dumunicipe en 205. L'existence
sur un même territoire d'une double commune est ainsi
avérée.
1. C./.L., V, 4919-49Î2.
3. Mélanges de VÉcole de ROine^ loc. cit.
3. D'après une inscription de l'an 167/168, le pstguM de Thu§rga reçut des
empereurs Mai*c-Aurèle et Venus le jms CHpiendorum Ugatorum. Cf.
Poinssot, Comptes-rendus de l'Académie des inscr., 1911, p. 496.
4. Poinssot, op. cit., 1913, fasc. 8, p. 50, 109, 185, 213.
LA CITÉ PUWQUE ET LE îfUKIClPE DE V0LUBIU8 343
II
L ORIGINE DU MINICIPE.
A Volubilis, la mention de la charge de sufèie dans la
série des honneurs conférés à C. Valerius Severus prouve
rexistence d'une cité punique distincte du municipe romain.
Comme à Thugga, il y a une double commune, mais Tune
d'elles est une commune romaine. Si Valerius Severus
avait été sufëte ailleurs qu'à Volubilis, on n'aurait pas
manqué de le dire, comme on avait soin de le faire pour les
anciens magistrats ou décurions de la colonie de Carthage
que Ton rencontre dans les cités pérégrines de Thugga,
Clupea, Avitta Bibba, Vâga, Thimida Majus, Tbysdrus,
Numluli, Thignica. Valerius Severus a été premier magis-
trat du municipe après avoir été premier magistrat de la
cité punique.
L'existence d'une cité punique dans cette région de la
Maurétanie n'a pas lieu de surprendre. En général, il est
vrai, les Carthaginois, à l'exemple des Phéniciens, se sont
établis sur les côtes ou à proximité, à Thymiatérion et à
Sala sur l'Océan, aussi bien qu'à Curubiset à Siagu sur la
Méditerranée. Le périple de Scylax, du iv* siècle avant
notre ère, mentionne une ville de Libyens auprès de Lixos,
ville de Phéniciens < ;Chalcé, ville de Phéniciens, était aprèf
une ville de Libye du même nom ^ ; Carthage avait des
colonies sur le littoral de l'Atlantique jusqu'à Agadir ^.
Mais les Carthaginois ont aussi pénétré dans l'intérieur du
pays.
Les citoyens romains qui, au i^ siècle de l'Empire
étaient fixés à Volubilis, étaient-ils des commerçants ou des
1. Gtogr. min. j éd. Mûller, 1, 9L
1. Etienne delByiance, éd. Westermann, 1839, p. 309.
a. a. GseU, op. eî^, I, S19, 477.
344 LA CITÉ PUNIQUE ET LE MUNIQPE DE VOLUBIUS
vétérans ? Il est problable que c'étaient des vétérans,
comme ceux qui s'installaient souvent aux frontières, pour
seconder les troupes actives dans leur œuvre de conquête
et de pénétration. Ces vétérans formaient tantôt un groupe
distinct des pagani indigènes, tantôt se confondaient avec
eux jusqu'à ce qu*ils eussent acquis par leur nombre une
importance suffisante : le p&gus veteranorum devenait alors
une sorte de municipe.
A Volubilis, le conventus de citoyens romains fut trans-
formé en municipe, peut-être lors de la création de la pro-
vince de Maurétanie Césarienne en 42, en tout cas peu
d*années avant Tépoque où le sénat municipal résolut
de témoigner sa reconnaissance au vainqueur d'iSdemon,
en raison des services qu'il avait rendus dans sa mission de
député auprès de Tempereur. Valerius Severus avait en
effet rempli les charges d'édile du municipe^ de sufète de
la cité punique, de duumvir. Il avait été également le premier
flamine municipal.
III
LA DOUBLE COMMUNE
La cité punique et le municipe avaient entre eux de»
rapports étroits puisque Valerius Severus exerça alternati-
vement des magistratures dans le municipe et dans la cité
pérégrinç. Le fils de Bostar, étant d'origine punique, resta
éligible dans la cité pérégrine, après avoir acquis la cité
romaine ; ses compatriotes se firent un honneur de lui con-
fier la charge de sufète. C'est un fait bien connu que les
pérégrins attachaient un grand prix à se concilier la faveur
du gouvernement de Rome, en choisissant pour patron ou
pour curateur de leur cité des citoyens romains, même des
affranchis. C*est ainsi qu'on trouve d'anciens magistrats de
LA CITA PUNIQUE ET LE MUNIQPE DE VOLUBILIS 345
la colonie de Carthage à Thugga, Clupea, Avitta Bibba,
Va^, Thimida Majus, Thysdrus, Numluli, Thignioa ^
Lorsque le eonventus de citoyens romains établis dans
une cité pérégrine devenait un municipe, la cité pérégrine
n'en conservait pas moins son organisation antérieure, son
wdo et ses magistrats. Il y avait dès lors un double sénat,
comme cela eut lieu à Thugga lorsqu'on distingua le pagus
et la civitas avant là création du. municipe ^. Mais on igno-
rait jusqu'ici qu'un citoyen romain pût exercer une magis-
trature dans la cité pérégrine aussi bien que dans le muni-
cipe, ou du moins cela n'était possible, croyait-on^ que dans
le cas où la cité pérégrine était sous la dépendance de la
cité romaine qui lui envoyait d'anciens magistrats ou des
décurions pour l'administrer. Tel aurait été le cas de la
colonie de Carthage *^. Il n'y a ici rien de pareil : Valerius
Severus fut élu sufète par les pérégrins de la cité
punique, puis duumvir par les citoyens du municipe. On
ignorait aussi qu'il existât une hiérarchie entre les magis-
tratures pérégrines et les magistratures romaines, que la
charge de sufète fût supérieure à l'édilité^ inférieure au
duumvirat.
On s'explique d'ailleurs aisément ces particularités ; elles
procèdent d'une idée commune : préparer la fusion des deux
groupements en multipliant entre eux les points de contact,
et en montrant aux notables de la cité punique que l'acqui-
sition individuelle de la cité romaine ne les rendait pas
étrangers à leur cité d'origine, ne les privait pas du jus
honorum, 11 y avait des cités puniques dans la Tunisie
actuelle : à Thugga, Thimiliga, Themetra, Siagu, Leptis
Magna, Apisa Majus, Avitta Bibba, Thibica, etc. ^. Il y en eut
1. Cf. Kornemann, dans Pauly-Wissowa, v* Colonùi, et la critique de
cette opinion par Fallu de Lessert, Mém. de U Société de» Antigtiaires de
fVtiiee, LXXI, 48.
1 Cf. Poinaiot, Noav. Arehiveg dt$ Missions^ 191S, p. 185, 211.
y Cf. Komemann, loe, eit,
4. C./.L.. V, 4M9.4W2; VIII, 7, 765,775,797.
346 LA CITÉ PUNIQUE ET LE MUNIC1PE DE VOLUBILIS
aussi au Maroc. Pour protéger leurs comptoirs contre le^
attaques des indigènes pillards, les Carthaginois établirent
leurs garnisons dans des lieux qui, par leur situation topo-
graphique, facilitaient la défense. Ils ne pouvaient mieux
choisir que le grand plateau projeté par le Zerhoum entre
rOued Chedjra et TOued Rdem et qui commande toute Ifi
région jusqu'aux montagnes des Béni Mtir à TEst, jus-
qu'aux plaines qui s'étendent vers TOcéan à TOuest.
Les Romains suivirent l'exemple des Carthaginois : dans
la Maurétanie comme dans TAfrique proconsulaire, on
constate la présence de citoyens romains^ établis sur le
territoire des cités pérégrines. C'étaient ' des commerçants
ou des vétérans, lis y formaient soit un conventus, soit un
de ces oppida civiam rùmanorum mentionnés par Pline
Tancien K Ces groupements se rencontrent dans les cités
habitées par des Africains d'origine Berbère comme dans
les cités puniques.
A Masculula, il y a un conventus civium romanorum
à côté des indigènes Numides ^ ; à Sua, des Afri et des
citoyens romains ^ ; à Rusgoniœ, des indigènes et des rési*
dants qui doivent être des commerçants romains ^, comme
ceux de la cité punique de Thinissut ^. Il en était de même
sans doute des citoyens romains établis à Aubuzza et dans
le vicus Haterianus ^', peut-être aussi des cultorea de Sigus
et de Tipasa ^. A côté de Yoppidam civium romanorum de
Chiniava, il y a une cité pérégrine qui a son ordo ^ ; à côté
de celui do Thibica, il y a une cité administrée par des
1. HUt, nal., V, 4,29.
2. C./.L., VIII, 15775.
3. Jbid., 25850.
4. Ihid., 9250.
5. Compter rondu9 de UAcad., 1911, p. 836.
6. C.J.L., VIII, 16367, 23125.
7. Ibid., 5695, 17143.
8. Bull, archéol. du Comité, 1891, p. 197, n- 15.
LA CTTÉ PCNIQUE ET LE MDMCIPE DE VOLirRILrS 347
sufètes ^ A Suturnica, entre 205 et 268, à côté de la
cité pérégrine, il y a dans le pagus Mercurialis des vété*
rans établis sur les terres concédées par Auguste à leurs
ancêtres ^.
A Uchi MajuB, oppidum civium romanoram, et à Thiba-
ris, il y a à la fois un pagus pérégrin et un groupement
de citoyens romains qui, si Ton en juge par le surnom de
Maristnus donné plus tard à la colonie d'Uchi Majus et au
municipe de Thibaris ^, étaient originairement des vétérans
de Tarmée de Marins envoyés en Afrique en vertu de la
loi Appuleia '*. On trouve encore des vétérans et des pagani
à Rapidus, à Medeli, à Simittu ^ ; des citoyens et des
incolx à Cartenna, où les vétérans d'une deuxième légion
dédient un monument au duumvir quinquennalis C. Fulci-
nius Optatus de la tribu Quirina qui a protégé la colo*
nie contre Tinvasion des Baquates.
Le fait n'a d'ailleurs rien de particulier à l'Afrique ; eu
Germanie, par exemple, des vétérans et des commerçants
romains sont établis dans les cités pérégrines ^, de même
qu'on rencontre des marchands Asiatiques dans les muni-
1. En 128, 80U8 Antonin le Pieux, C./.L., VIII, 765.
3. BuU. archéol. du Comité, 1909, p. cxct, cxcii, cxcui.
y Merlin et Poinssot, Les intcriptions d'Uchi Majui^ 1908, n" 18 et 45 •
pàgns UchiUnorum Majorum ; n** 33, 40 : eolonia Mariana Anguêia
AUxandriana. — Pagat thiburitanut. Bull, de la Soc. des Antiquaires «
ItW, p. 344 ; Nouv. Archives des Missions, XIV, p. 200, n»» 6 et 10. Res-
pablica munieipii Mariani Thiburitani, Bull. arch. du Comité, 1902,
p. czLirii.
4. Aurelius Victor, deviria illuslribua, 73, 1.
5. C./.L., VIII, 20834 ; 885 et 12387 ; 14608.
6. C.I.L., XIII, 6540 : t>eterani et peregrini ; — 6797 de l'an 43 : cive§
Aomjni manlicularii negotiatores ; — 7222, de Tan 198, cite un questeur
nirateur civiam romanorum manticalarioram negotiatorum de
^yence ; — 6676 mentionne un curateur des vétérans, un questeur et un
•elor ; ~ cf . let negoliaiorea civUatia Matiiaeorum d'une inscription de
Wîcsbaden'(Waltzing, Élude historique tnr les corporations profession-
'^lles chez les Romains, III, n* 2138 .
^9 LA CITÉ PUNIQUE ET LE HUNiaPE DE VOLUBILIS
pes romains ', un grand nombre de marcliands étrangen
ins la colonie de Lyon.
Les convenlus et les oppida de citoyens romains étaient
ts sortes de municipes. Les empereurs leur en ont tôt ou
rd conféré le titre. Les cités puniques, qui avaient pour
Bgistrats suprêmes des sufët«5, sentaient leur infériorité
s-&-vis des municipes qui avaient des duumvirs. A
esure que les idées romaines pénétraient chez elles, elles
aient l'ambition de se transformer en municipes. Calama
ivint un municipe sous Hadrien ; Thibica, entre Antooin
Pieux et Gallien ; Thu);ga en 205.
On voit maintenant comment, en raison des rapports
istant entre les deux cités, le sénat municipal choiût
lur député un indigène naturalisé qui avait rempli des
notions électives dans la cité punique et dans le muni-
[>e, pourquoi aussi il sollicita de l'empereur des privi-
g;es pour les incolse aussi bien que pour les municipes.
LES INCOLiE DU WUWiaPE.
Ces incoUe ne sont pas, comme le pense M. de Sanctis -,
:s tribus voisines, des tribus libyques qu'on aurait attrî-
lées au municipe en les plaçant sous sa dépendance juri- <
que et économique. Le soin que prend le sénat de rappe- |
r la cbai^ede sufète remplie ^ar Valerius Severus prouve '
le son attention s'était portée sur la cité punique. Ce soot \
s membres de cette cité qu'il désirait attirer dans le j
unicipe pour combler les vides causés par la guerre dans |
. C.I.L, III, sao : tialalx con«i>ten(«i in manicipio ; — 870 : i Nacoli.
mina .4ii«noruni ; — 13Si. i Germisara, colUgiam GaUUram.
!. Atti délia K. Accademia délie scienie di Torino, l»e,- LUI, 4M;
LA CITÉ PUNIQUE ET LE MUNICIPE DE VOLUBILIS 349
la population. La correction incolis s*impose. Il n^est pas
contestable que le mot incola désigne habituellement les
pérégrins résidant dans un municipe ou une colonie, ou
qui, tout au moins, y possèdent un champ et s'y rendent
comme sHls y avaient leur résidence ^ Tel devait être le
cas de bon nombre de pérégrins de la cité punique de Volu-
bilis.
Lorsque, dans un municipe ou une colonie, on prenait
des mesures d'intérêt général, il était d'usage de viser les
incobe pérégrins aussi bien que les citoyens romains. C'est
ainsi qu'à Sicca Veneria, dans la province proconsulaire,
un procurator a rationibus de Marc-Aurèle, en léguant à
la colonie trois millions de sesterces dont les intérêts ser-
viront à entretenir une fondation alimentaire pour 300
garçons de 3 à 15 ans et 300 fîUes de 3 à 13 ans, prescrit
de choisir les enfants des municipes et des incolœ^ mais seu-
lement de ceux qui résideront inira continentia colonial
noêlrsB œdificia'^. Ailleurs, les incolœ sans distinction se
joignent au sénat et au peuple de la colonie de vétérans
fondée par Auguste à Cartenna, dans la Maurétanie Césa-
rienne, pour témoigner leur reconnaissance à un bienfai-
teur de la cité ^. De même à Gigthi, une décision est prise
par le sénat et le peuple conferentibus et incolis ^.
Le sénat municipal de Volubilis n'a pas pu oublier les
pérégrins de la cité punique, qui avaient dû fournir la
majeure partie des troupes auxiliaires dont Valerius Seve-
nis avait eu le commandement. Les services qu'ils avaient
rendus à la cause romaine méritaient une récompense. Sur
la demande du sénat et de leur ancien sufète, Claude offrit
à ceux qui s'établiraient dans le municipe, la cité romaine,
le conubium avec les femmes pérégrines qu'ils avaient
épousées et l'immunité pendant dix ans. Cette mesure
1. Cf. Edouard Cuq, Joarnaf des SavAnUt 1917, p. 538.
r CJ.L,, VIII, 1641.
l. Ibid,, 9«d3.
1. îhid., 30.
n
Rapport sur l'école d'extrëue-oiiient
it coDfonne à l'intérêt du munîcipe : elle loi fournit W
^ea d'accroître, dans un délai assez rapproché, lorsque
imupité aura pris lin, le aoinbre des personnes appelées
supporter les charges municipales. En attendant, le
nicipe reçoit une compensation : Claude lui attribue les
cessions vacantes des citoyens tués h l'ennemi.
APPENDICE
PPOHT SLB LES TRAVAUX DE l'ÉUJLE FRAN<;AISE u'eIITRËIIC-
>riçnt du mois d'avril t9\H au mois de juillet 1920,
AH M. HENRI CORDIEB, HEIHUHE DE l'aCADËHIE ; LL OkVS U
ÊANCE DU tt (ICTOIIRE 1920.
)ans sa séance du 16 novembre 1917, l'Académie formée
comité secret entendait pour la première fois un rapport
notre regretté confrère Chavannes sur les travaux de
sole française d'Extrême-Orient ; il était consacré aux
faux de l'Ecole en 1916-1917 et fut imprimé dans les
npte» rendu» de l'Académie, pp. 380-385. Dans I»
nce du 11 octobre 1918, un second rapport fut lu par
i sur les travaux de l'Ecole, du mois de juillet 1917 au
is d'avril 1918, et inséré aux Comptes rendus de I918i
3o6-362.
e viens aujourd'hui vous lire un troisième rapport siM"
cole, du mois d'avril 1918 au mois de juillet 1920.
'endant plusieurs annôes, la Commission de l'Ecole
nmée par notre Académie et la Direction même de
;ole, ont poursuivi auprès du Gouverneur général de
idochineetdu Ministre des colonies l'obtention à l'Ecole
la personnalité civile. M. Sarraut, 'Gouverneur ^éné-
BAPPORT SUR t'tCOLE d'eXTRÊME-OBIEMT 351
rai, devenu ministre' des colonies, ayant adressé un rapport;
le 3 avril 1920, à M. le Président de la République, celui-
ci signait le même jour un décret qui conférait à rétablisse-
ment de Hanoï c< le régime plus libéral dont TEcole fran-
çaise du Caire bénéficiait depuis Tannée 1898 ». Le décret
a été inséré au Journal officiel du 23 avril 1920. Il est
stipulé par Tart. 27 de ce décret que : « Un arrêté du
Gouverneur général de Tlndochine, soumis à l'approbation
du ministre des Colonies, déterminera, conformément aux
dispositions du décret du 30 décembre 1912, les mesures
de comptabilité nécessaires à Texécution du précédent
décret. »
Dans son rapport pour Tannée 1919-1920 au Secrétaire
perpétuel de TAcadémie, le directeur p. i., M. H. Par-
mentier, constate que le décret du 3 avril 1920 marquera
pour TÉcole française d^Extrême-Orient^ à laquelle est
accordée la personnalité civile, avec Tautonomie financière,
un moment important de son développement. » Cette
attribution, sans modifier en quoi que ce soit son organi-
sation scientifique, lui donnera le moyen d'employer plus
utilement les crédits mis à sa disposition par TIndochine
et lui permettra de les augmenter à Toccasion des libéralités
de ceux, toujours plus nombreux, qui s'intéressent à- son
OBttvre, En outre, ce décret consacre le principe de Torga-
aisation d'un service archéologique- réel, comportant im
personnel européen et indigène susceptible de rendre
possible la conservation et la surveillance des bâtiments
et des vestiges dignes d'être classés comme monuments
historiques : en dehors du seul groupe d'Angkor, doté
d'un conserva teur, cette œuvre considérable devait jusqu'à
ce jour être assurée par une seule personne et dans ces
eonditions était à peu près irréalisable. Les arrêtés réor-
cuisant TÉcolé sous les directives de ce décret et fixant
TtUoCation annuelle pour une première période de cinq ans
(1921-1925) n'ont pas encore été pris, mais sont à l'étude. »
352 RAPPORT SUR L*ÉCOLE D^EXTRÊME-ORIENT
Ses fonctions administratives n'ont pas empêché le
directeur p.i., M. Henri Parmentier, chef du Service
archéologique de l'École, de donner d'excellents travaux :
il a décrit un tombeau découvert en novembre 1915 par
des indigènes dans une propriété annamite du village de
Nghi-vê, province de Bac-ninh; sous le titre de VArt
d'Indravarmarij* il étudie deux groupes de temples carac-
téristiques du règne dlndravarman I*' (877-889 A. D.);
enfin il rédige le Catalogue du Musée Cam de Tourane qui
« fait partie de la série des dépôts-musées que l'Ecole s^est
proposé de créer dans les diverses régions de l'Indochine,
pour y recueillir les pièces archéologiques dont la conser-
vation ne peut être assurée sur place avec toutes les
garanties désirables ».
M. Louis Finot, qui pendant toute la durée de la guerre
avait rempli les fonctions de directeur p.i., ayant été
autorisé à rentrer en France par un arrêté du 29 avril 1918,
a été nommé par décret, le 8 juillet 1 920, à nouveau direc-
teur en remplacement de M. Claude Maître, retenu en
France, dont le mandat expirait le 10 janvier 1920. Le
secrétaire-bibliothécaire, . M. Noël Péri, d'une santé pré-
caire^ s'est rendu au Japon le 18 mai 1920, et ses fonctions
sont remplies par M. Léonard Aurousseau, rentré en Indo-
chine le 12 avril 1920. M. Henri Maspero, professeur de
chinois à l'Ecole, nommé le 30 décembre 1919 professeur
au Collège de France en remplacement de M. Éd. Cha-
vannes, rentré à Hanoï en 1919, reviendra incessamment en
France. « M. Maspero, dit M. Parmentier, est débarqué à
Saigon le 17 juillet 1919 et est remonté par l'Annam,
effectuant diverses recherches linguistiques et archéo-
logiques, notamment dans la province de Kontum; par
malheur, les fièvres l'y ont retenu assez longtemps et ne
lui ont permis de rejoindre Hanoï que le 5 novembre 1919,
pour présider la seconde session de la Commission d'exa-
mens de langues orientales. Il a accompagné M. Péri dans
N>
RAPPORT SUR l'école d*bxtrême-orient 3S3
les recherches faites au Thanh-hoa. 11 a publié diverses
notes et comptes rendus dans le Bulletin et a préparé un
important article sur le dialecte de Tch'ang Ngan. 11 a
continué ses études sur la société et la religion des Tài du
Haut Tongking et poussé activement rétablissement du
Catalogue de la bibliothèque chinoise » auquel il travaillait
depuis plusieurs années.
M. Léonard Aurousseau, tout en suppléant M. Péri, réimit
les documenta qui lui permettront de remplir la mission
en Mandchourie qui lui a é^ confiée par TAcadémie.
M. H. Marchai, dont on connaît le zèle et le dévouement,
qui pendant plusieurs années avait rempli les fonctions de
conservateur p. i. du groupe d*Angkor, vient d'être nommé
conservateur en titre ; pendant le congé qull doit prendre
en France après un séjour de sept ans dans la colonie, il
sera remplacé par M. G. Batteur, inspecteur des bâtiments
civils, détaché au Service archéologique de TÉcole.
Depuis notre dernier rapport, M. Robert Germain, élève
de rÉcole des langues orientales, a été nommé pension-
naire par arrêté dp 12 avril 1919, mais il a donné sa démis-
sion pour entrer dans la Banque franco-chinoise ; un autre
arrêté du 31 décembre 1919, a désigné é^lement comme
pensionnaire M. P. Demiéville, autre élève de TÉcole
des langues orientales, licencié es lettres, qui est arrivé à
Hanoi le 28 février 1920 et a commencé de préparer une
étude sur la société et le monde littéraire au temps de
Tempereur Ming Houang des T'ang ; il a continué en outre
la traduction qu'il avait entreprise en France des deux
versions chinoises du Milindapanha et Tétude de leurs
relations entre eUes ainsi qu'avec la version pâlie des
mêmes textes. L* Académie, le 30 avril 1920, a proposé à
lapprobation du Gouverneur général de Tlndochine la
nomination de M. Victor Golonbev comme membre tem-
poraire à rÉcole. M. L. Cadière, qui avait été nommé
pensionnaire le 28 octobre 1918 pour une période d'ime
1930 33
!
354 RAPPORT SUR L^ÉCOLE d'BXTRÊMB-^RIENT
année, a eu son mandat renouvelé pour une autre année.
Le 12 janvier 1918, un arrêté plaçait* hors cadres M.
G. Coedès, professeur à i*Éoole, et le mettait à la dis-
position du Gouvernement siamois qui, ainsi que nous
Favons dit précédemment, le nommait conservateur de la
Bibliothèque Nationale Vajiraîiflna à Bangkok ; il n*en a
pas moins continué sa collaboration au Bulletin de TÉcole.
M. Aucourt qui avait été, le 11 juin 1918, détaché à
TEcole pour y remplir les fonctions de 'professeur de
chinois et de secrétaire-adjoint, avait été à partir du
15 juin chargé également des fonctions de secrétaire-
comptable pendant Tabsence de M. Péri auquel, pour des
raisons de santé, un congé spécial de trois mois avait été
accordé pour le Japon ; il est rentré en France au début
de 1920.
Dans la collection de FEcole, M. Antoine Cabaton avait
déjà donné de Nouvelles recherches sur les Chams (1901)
et en collaboration avec M. Aymonier un Diciionruire
cham^ français (1906), et M. Henri Parmentier donnait
en 1909 dans V Inventaire archéologique de V Indochine
commencé par les Monuments du Cambodge, par le com-
mandant E. Lunet de Lajonquière, le premier volume des
Monuments Chams de VAnnam, consacré à la description
des Monuments; en 1918 paraissait le tome 11 renfermant
0
une Etude de TArt Cham que Fauteur fait remonter à son
origine distincte de celle de Fart annamite, étude sur
laquelle je reviendrai quelque jour.
En 1905, M. A. Foucher avait donné le premier volimic
de son grand ouvrage sur YArt gréco-^bouddhique du
Gandhâra^ étude sur les origines de Finfluence classique
dans Fart bouddhique de Flnde et de FExtréme^Orient,
consacré a Fintroduction, aux édifices, aux bas-reliefs.
Depuis lors on attendait avec une légitime impatience le
second volume; elle; a été en partie satisfaite en 1918 par
Fapparition du premier fascicule du tome 11, consacré aux
RAPPORT SUR L*ÉCOLB d'eXTRÊME-ORIENT 355
Images, dans lequel on retrouve toute la science du tome I.
M. Noël Péri, Texcellent secrétaire de TÉcole, nous
communique ses recherches sur les Femmes de Câkya
Muni; M. Henri Marchai, conservateur p.i. des monu-
ments d'Angkor, décrit des Monuments secondaires et ter-
rasses bouddhiques d'Angkor Thom ; M. Raymond Delous-
tal termine la publication de sa traduction et de son
commentaire du Code de procédure dans la Justice dans
r ancien Annam ; enfin M. Louis Finot nous donne la tran-
scription de deux nouvelles inscriptions indochinoises :
Tune, découverte par le D' Sallet, de Faifo, gravée, comme
Tinscription de Hôn eue, sur un rocher situé au bord du
S6n Thu-bôn, au-dessous de Chiem so'n, Quang Nam, du
rv* siècle çaka; l'autre, découverte en janvier 19! 8, à
Kompong Ru'sei, province de Prei Veng, comprenant
31 lignes dont 18 1/2 en sanskrit et 12 1/2 en khmer.
La religion et le folk-lore ont eu aussi leur part dans
le Bulletin. M. Tabbé Cadière, aujourd'hui pensionnaire de
TEcole, étudie les Croyances et Pratiques religieuses des
Annamites dans les environs de Hué, tout d'abord le Culte
des Arbres, puis les Pierres, et M. le colonel A. L. M.
Boaifacj donne une troisième série de ses Recherches sur
le» Génies thériomorphes au Tonkin.
Le capitaine Silvestre, de rinfantene coloniale, dis-
paru dans le naufrage de VAthos, 17 février 1917, a laissé
quelques notes sur les Thai blancs de Phong tho (Muong
So en thai), recueillies dans le Bulletin. L'Académie a cru
«levoir honorer la mémoire de l'auteur en lui accordant
une partie du prix Giles.
Dans une nouvelle série d'Études d'histoire d' Annam
JV-VI), M. H. Maspero nous donne deux notes : 1^ sur
l'antique royaume de Van-lang formé avant toute conquête
^IraDgère du Tong King, gouverné par une Ipngue suite
<le rois nommés Hung vu'o'ng ; 2** sur la célèbre expédition
^^ Ma Yuan au Tong King sous les Han ; 3^ sur la fron-
^ère de TAnnam et du Cambodge du vni* au xiv* siècle.
35i
RAPtHUT SUR l'CCOLI
MiM*. a «a «00 Rwndat renooM^'
U li janvÎM- 1918, ud anrM^
iï.CA«Nlte, professeur li rËanjl»-
p^vàtHva du lionTeraenieDt M*
r*><Mu(titpT4c^emnient, tr
BtMM>Ui««)»«. NetMUwla Vu'
iw« aïkvHiw continu» m e
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P01N8S0T, ^^*^
ilQUITÉS DE LA TUNlSi^
[ÉGYPTB 359
[ui faisaient
à ferme par
*t connaître
^la2.
'*trjf
ues de Dougga dont M. Merlin ^
es de la Tunisie, a bien voulu xnt^ ^ "
' ^is au jour, entre autres textes, Tinj^^ ^
àvée sur une grande base * : ^
\lBINIO . QVIR . DATO • P
"jf • AVG . PERP . PATRONO
I • ET . CIVITATIS • THVGGEN
" ÎDVCTORIS • PRAEDIORVM
- JONIS . THVGGENSIS • OB • ME
^ -WORE . M • G ABINIO • BASSO • F
|fc, Quir{ina)y DaiOy p{atri), f!am{ini) Aug{u8ti)
tJL MMBAp^fj,^^^ p^^j^ ^^ civiiaiis Thuggen[8is)^ con^
^^jaaUqmJrP^^^^^^^^^ ^cgionis ThuggensU ob me{rUa),
. Gabinio Basso f{ilio), ^
Ie*t-il, la première fois que se présente la
fïun conductor praediorum regionis'^. 11 a été
jboté ^ combien les pouvoirs publics étaient désar-
^j(%A«vis des personnages qui prenaient la ferme de
^oy/ae^'^^îtoire qui constituait un saltus^. On est d'au-
Xf
u»
•viii été remployée dans un mur de ba»8e époque élevé à
^^j^jf d'an des édifices qui, croyons^ous, font partie des templa Con-
m^^^iftrit Liheri Pàtrii.
'^lei regioneSf subdivisions des Iractof, Leclercq dans Cabrol et
iDict.iTarehéol, chrét., IV, col. 1313.1314.
n dernier lieu Leclercq dans Cabrol et Leclercq, Dict. d''àrchéol'
,»i'V, col. 1316-1317.
l^itt eondae tores iàltutj cf. Carcopino, MéUnge$ de Romey 1906,
\J
356
UVRES OFFERTS
Le Sbgrétaire PBRpéTUBL dépose sur le bureau quatre fascicules
des Mémoires publiés par les membres de la Mission archéologiqut
française du Caire sous la direction de M, Georges Foucart ;
Emile Chassinat, Le temple d'Edfou, publié in extenso d'après
les estampages recueillis par le marquis de Rochemonteix. Tome XI,
3« fascicule (le Caire, 1920, gr. in-8»);
Jules Baille t, Inscriptions grecques et latines des tombeaux des rois
ou syringes à Thèbes. Tome XLII, fascicule 1 (le Caire, 1920, gr.
in-4«) ;
Max Van Berchem, Matériaux pour un Corpus inscripUonum ara-
bicarum. Deuxième partie : Syrie du Sud, Jérusalem. Tome troi-
sième (tome XLV de la collection), l*** et 2* fascicules (le Caire,
1920, gr. in.4«).
SÉANCE DU 15 OCTOBRE
PRésiDBNCB DB M. CHARLES DIBHL.
M. le Ministre de rinstructîon publique transmet à PAcadémie
le rapport du Directeur de l'École française de Rome sur les
travaux de celte École pendant Tannée scolaire 1919-1920.
Renvoi à la Commission des Écoles françaises d^Athèaes et de
Rome.
M. Gagnât communique une note de M. Poinssot, inspecteur
des antiquités de Tunisie, sur une inscription nouvellement
découverte à Dougga *.
M. Lacau, directeur général des antiquités de T Egypte, entre-
tient TAcadémie des travaux de son service en 1919-1920 et des
résultats des dernières fouilles '.
M. Salomon Rbinach présente quelques observations.
1. Voir ci-après.
3. Voir ci-après.
357
COMMUNICATIONS
DATpS, CONDUCTOR PRAEDIORUM REGION» THUGGBNSIS,
PAR M. LOUIS POINSSOT,
INSPECTEUR DBS ANTIQUITÉS DE LA TUNISIE.
Eu 1920, les fouilles de Dougga dont M. Merlin, direc-
teur des Antiquités de la Tunisie, a bien voulu me confier
la direction ont mis au jour, entre autres textes, l'inscrip-
tion suivante gravée sur une grande base ^ :
A . GABINIO . QVIR • DATO • P
FLAM . AVG . PERP • PATRONO
PAGI • ET . CIVITATIS • THVGGEN
GOND VCTORIS • PR AEDIORVM
REGIONIS . THVGGENSIS • OB • ME
CVRATORE . M • GABINIO • BASSO • F
A. Gabinio^ Oifîr(ma), DaiOy p{airï)^ f!am{ini) Aug{usti)
perp{etuo)j patrono pagi et civitatis Thuggen[sis)^ con-
duciori<i8'^ praediorum regionis Thuggensis ob me[rita)^
curatore M, Gabinio Basso f\ilio), ^
C'est, semble-t-il, la première fois que se présente la
mention d'un conductor praediorum regionis^. Il a été
souvent noté ^ combien les pouvoirs publics étaient désar-
més vis-à-vis des personnages qui prenaient la ferme de
ce grand territoire qui constituait un saltus ^. On est d'au-
1. La base avait été remployée dans un mur de basse époque élevé à
Vintérieur d*un des édifices qui, croyons^ous, font partie des templa Con-
torâiM9, Frugiftrij Liberi Pàiri$,
3. Sur les regiones^ subdivisions des tràctui^ Leclercq dans Cabrol et
Ladercq, Diet. d'àrchéol chrét., IV, col. 1S13-1314.
3. Cf. en dernier lieu Leclercq dans Cabrol et Leclercq, Dict. d'àrchéol'
ehréL, IV, col. 131 M 31 7.
4. Sur les eondoe/ores fa(^os, cf. Carcopino, MéUngei de Rome^ IfKNt,
p. 45$-4M.
^^a^
358 DATUS, CONDUCTOR PRAEDIORUM REGfONIS THUGGENSÎS
tant plus surpris de voir confier à un seul fermier, non
point un domaine ni même un groupe de domaines, mais
tous les domaines d*un district qui, comme la regio
Thuggensis, comprenait d*immenses étendues appartenant
à Tempereur. Comment, en cas de conflit entre le conduc-
tor praediorum regionis et ceux que nous serions tentés
d'appeler ses vassaux, sous-fermiers ou simples colonie le
procurateur du district pouvait-il faire figure d'arbitre et
imposer ses décisions ? Mais le système était fort avan-
tageux pour les finances impériales. De tout autres con-
ditions qu*aux conduciores de saltus devaient être imposées
au conduclor regionis dont les frais généraux étaient
moindres, le crédit meilleur et qui, grâce à ses énormes
stocks, pouvait exporter directement et obtenir sur le
marché les meilleurs prix. D'autre part, ce n'était plus
seulement les biens des conduciores qui garantissaient la
rentrée des fermages, mais la fortune nécessairement
considérable du conduclor regionis.
Il paraîtra bien douteux que dans Tempire et à toute
époque il y ait eu à la tête des domaines de chaque cir-
conscription fiscale un conductor praediorum. Pourtant il
n'est guère probable que Tinscription de Dougga nous
révèle un cas unique ou même • tout à fait exceptionnel.
Nous croirions volontiers qu'au moins en Afrique et pen-
dant une période assez longue, l'administra tion impériale,
préoccupée avant tout de la mise en valeur des saltus^ eut
recours à ces puissants fermiers régionaux.
Il est possible de dater approximativement le texte nou-
vellement découvert, car c'est à Tépoque dHadrien et
vraisemblablement peu après 128 que Datus et son fils
Bassus construisirent à Dougga un grand ensemble de
sanctuaires dont il reste encore d'importants vestiges, les
templa Concordiae, Frugiferi, Liberi Patris '. Rappelons
1. Sur ces Umpla^ cf. L. Poinssot, Nonv. Archive» des mi$iion$^ XXU.
fasc. 16. paêsim.
s
TRAVAUX DU SERVICE DES ANTIQUITES DE l'ÉGYPTE 359
que, précisécneat sous Hadrien, des saltus qui faisaient
assurément partie des vastes étendues prises à ferme par
Datus sont Tobjet des règlements que nous font connaître
les inscriptions d*Aïn-Ouassel ^ et d'Aïn-el-Djemala 2.
LES TRAVAUX DU SERVICE DES ANTIQUITÉS DE l' EGYPTE
EN 1919-1920, PAR M. PIERRE LACAU.
Je parlerai seulement à TAcadémie de nos deux chantiers
principaux, Dendérah et Achmouneïn,
A Dendérah, dans le domaine de la déesse Hathor, nous
avions d'abord à reprendre des fouilles interrompues en
1914. C'est M. Baraize qui a dirigé le travail; il s*en est
acquitté avec sa conscience habituelle. Il a complété le
dégagement d*un Mammissi, ou temple de la naissance,
plus ancien que celui d'Auguste, connu depuis la Commis-
sion d'Egypte. Ce premier petit temple, commencé par
Nectanébo II et achevé par les premier Ptolémées, était
une dépendance du temple d'Hathor antérieur à celui que
nous admirons aujourd'hui. Quand le nouveau temple
remplaça l'ancien sous les derniers Ptolémées, il fut conçu
sur un plan beaucoup plus vaste et à un niveau plus élevé.
Aussi la grande cour péristyle et le premier pylône qui
devaient être identiques à ceux d'Edfou, et qui d'ailleurs
sont restés inachevés, vinrent buter contre la cour avancée
du petit Mammissi. On rasa les colonnes de ce dernier en
conservant le sanctuaire qui se trouvait de côté et en
dehors de la nouvelle cour. On entreprit en avant de cette
1. Cf. pour la bibliogr. de ce texle^ Merlin, A'our. Archives des missions^
XIV, p. 303. Le texte a été amélioré par M. Merlin (Klio, 1919, p. 377-378).
9. Carcopino, MéUngei de Rome^ 1906, p. 365 et suiv.
360 TAAVAUX DO SERVICE DES ANTIQmTAa DE l'ÉGTFTB
cour la construction d'un nouveau Mammissi, celai d'Au-
guste.
Ce petit Mammissi méritera une étude spéciale. Les
scènes admirablement conservées nous font assister & la
conception et à la naissance du petit dieu Horus, le 6k
d'Hathor. Or ce petit dieu, les tentes nous ie dîseat, c'est
le roi Nectanébo lui-même. Il y a identité entre la naissance
viue du roi Aménophis III à Louxsor, de la reine à Deir
I Bahari et celle du dieu Horus à Dendérah. Le dieu
mmon, qu'on est surpris de rencontrer ici, joue le mène
lie auprès d'Hathor qu'auprès des reines mères de U
VIII' dynastie.
A c6té de ce MammUai, nous avons dégagé une basi-
ijue chrétienne que je vous signale seulement; je n'ai pas
icore de plan à vous soumettre. C'est certainement une
!s plus anciennes que nous ayons rencontrées en Egypte.
Ile a été construite avec des matériaux empruntés au !
lammissi d'Auguste. La face sculptée des blocs est
mplement tournée vers l'intérieur du mur. Nous extrayons :
! la construction tous ceux qui portent des bas-reliefs ou
]s textes ; nous les remplaçons par d'autres et nous '
>urrons reconstruire toute la partie avancée du Mammissi
Auguste.
Il y a deux ans, j'avais reconnu à droite du grand temple
n petit mur enfoui dans les décombres. Deux montants |
i portes sans linteau, en connexion avec ce mur, indiquaient |
s éléments d'un lac sacré analogue ft celai de Medinet- !
abou ou de Karnak. Nous venons de le vider. Il est dans ■
a état de conservation surprenant dont quelques pboto-
raphies vous donneront une idée. Ce bassin rectangulaire,
e 31 mètres sur 25, offre k chacun des angles une porte
annant sur un escalier qui permet de descendre jusqu'au
ind. Nous sommes actuellement à 1 " 50 de profondeur;
n sondage jusqu'à 1 '" 50 ne nous donne pas le fond. Les
lurs ont 3 mètres environ d'épaisseur et, particularité
TRAVAUX DD SRRVICE OBS 1.HTIQUITÊ3 DE l'£QTPTE 361
technique intéressante, pour contrebuter la pouissée des
terres, ils sont très nettement cintrés vers l'extérieur. Nous
devrons examiner le problème de l'alimentation en eau.
les infiltrations de l'époque ptolémaïque étant de 2 mi
pins basses qu'actuellement. A côté, nous avons troui
puits d'eau propre. C'est un couloir descendant jusqv
infiltrations par un escalier très bien conservé.
ije très grand intérêt de ce bassin et de ce puits,
qu'ils complètent d'une façon claire le plan généra
V ensemble du temple.
Qu'est-ce en elFet qu'un temple eo Egypte? C'est la (
du domaine d'un grand seigneur égyptien. Tout dom
est entouré d'une enceinte, cbacun se clôt chez
L'enceinte de Dendérah est en briques crues. Et
10 mètres d'épaisseur, plus de 12 mètres de hau
250 mètres environ de côté. Le dieu est complète)
invisible dans sa propriété sacrée.
A l'extérieur d'un domaine, devant la porte d'ei
perçant l'enceinte, doit se trouver une voie d'accès
duisaot à ua canaL Le canal, c'est la voie normale de <
manication en Egypte. Nous l'avons à Dendérah.
kiosque semblable à celui de Trajan à Philae devait bc
le quai. C'est là que la déesse s'embarquait pour aller
son mari Horus à Edfou. La Commission d'Egypte a
sine ce kiosque : nous ne pouvons plus espérer que rel
ver ses fondations.
A l'intérieur du domaine, au centre de l'enceinte
l'habitation privée ; c'est ce que nous appelons le tei
proprement dit. Cette habitation est également close
un ntur sans fenêtre. Dans la maison elle-même, pa
lumière : en Orient, pour conserver la fraîcheur et é
les mouches, il faut renoncer Ji l'éclairage.
A droite en entrant, le Mammissi, chapelle où la di
aocouchait. Il est vraisemblable que, dans la vie coun
l'accouchement se faisait également dans une maison isi
362 TRkVAtIX Dr SEHVICR DBS AKTIQUITtB DE l'ÉOYPTB
Dana toute propriété égyptienne, il y a un bassin d'agré-
ment, au bord duquel on venait respirer l'air du soir ; il
est garni de lotus et de poissons. C'est précisémeot notre
lac sacré. Sur la face sud, on remarque les arrachements
A'„na n'ate-forme où l'on posait sans doute la statue du
md elle venait prendre le frais. A côté, le puits
-e pour alimenter ta maison en eau propre, puits
it indépendant du bassin.
il faut des magasins contenant les provisions.
s devinons dans l'angle sud-ouest, comme au
lum. Nous devrons enfin retrouver les jardins avec
!S sacrés. Nous aurons ainsi fc Dendérah le temple
complet et le plus facile h comprendre pour le
le grand temple, une seule salle était mutilée.
t Ali avait permis à un Français de scier dans le
le célèbre u Zodiaque de Dendérab », aujourd*hm
bliotbèque nationale. Nous avons demandé un
à Paris : il occupe maintenant la place de l'ongioal,
1 fuit par l'un des nôtres est réparé dans la mesure
ble.
imounein, dans le domaine de Thot, le dieu qui a
e forme de l'ibis et du singe, M. Lefebvre a
un tombeau de la plus grande importance. Des
s nous avaient demandé une concession de fouilles,
en accordons plus qu'à des institutions scîenti-
le plus souvent, d'ailleurs, il s'agit de rechercher
>rs imaginaires. Mais un de dos gardiens eut vent
^couverte réelle. A la demande de M. Lefebvre,
specteur de Minieh, Antoun Youssuf, conduisit
>ilement une enquête, et, grftce à une promesse de
nsc. on lui découvrit le secret,
nbe a été construite par un nommé Pélosiris, grand-
ie Thot ; elle se compose de deux pièces : 1" ud
;tan{fulaire dont le toit est supporté par quatre
TRAVAUX DU SERVICE DES ANTIQUITÉS DE l/ EGYPTE 363
piliers et dans lequel ouvrait le puits funéraire ; 2^ par
devant, un pronaos plus large dont la façade est ornée de
quatre^ colonnes réunies par des entrecolonnements. Les
murs des deux pièces sont entièrement couverts de scènes
et de textes gravés sur un stuc qui masque le calcaire
munulitique trop grenu de la construction. Dans la salle du
fond, les scènes funéraires, une partie du rituel et de longs
textes biographiques. Dans la première salle, des textes
biographiques et les scènes habituelles de métiers : labou-
rag'e, récolte du blé, vendanges, orfèvrerie, menuiserie, etc.
Beaucoup de ces scènes sont nouvelles, mais leur principal
intérêt, c'est qu'elles nous montrent vraiment, pour la
première fois, une influence grecque dans l'art égyptien..
Dans le cortège, le naos est porté sur un petit chariot
à quatre roues, mode de transport absolument inconnu
dans un cortège égyptien classique. Dans la procession
habituelle des porteurs d'olTrandes qui forment le soubas-
sement de la première salle, les femmes sont vêtues de
costumes étrangers, les coiffures sont nouvelles, les vases
qu'elles portent sont inconnus en Egypte. Un des person-
nages conduit en laisse un petit éléphant : TÉgypte
ancienne ne fait jamais figurer cet animal parmi les pro-
duits oiTerts à un mort, fût-il grand-prêtre d*un nome.
Mais sa présence s'explique très bien, si nous nous rappe-
lons la passion récente des Ptolémées pour les éléphants.
Un autre porte un gros coq : cet oiseau inconnu en
Egypte a été introduit d'Asie par les Perses. Tout ceci
constitue un ensemble d'éléments nouveaux indiquant
simplement des modifications curieuses dans les mœurs et
les usages. Mais ce qui est beaucoup plus intéressant et
plus surprenant, c'est de constatef des tentatives très nettes
pour modifier le mode de représentation et les conventions
traditionnelles de Tart égyptien. S'il est une chose frap-
pante dans rhistoire de cet art, c'est sa résistance extra-
ordinaire à toute influence étrangère. A l'époque ptolé-
364 TRAVAUX PC SERYICB DES ANTIQUITÉS DE l'ÉGTPTE
maïque, Fart grec a coexisté en Egypte avec Tart national :
il ne Ta vraiment ni influencé ni modifié. On compte les
cas dans lesquels un type égyptien a été traité à la
grecque; le mélange est d'ailleurs d'un effet déplorable,
par exemple dans les statues d'hommes vêtus du manteau
macédonien.
Or, dans notre tombe, lïnfluence grecque est évidente.
Une scène est même entièrement grecque : une femme
drapée, accompagnée d'un enfant, est accoudée à une
colonnette devant la porte d'une tombe. Quant aux scènes
égyptiennes, elles sont traitées d'une façon qui rompt
absolument avec la tradition. C*est une liberté dans la pose
et l'attitude des personnages qui est tout à fait contraire
aux procédés égyptiens. Les enfants portés dans les bras
gesticulent vivement ; un semeur, dans la scène du labou-
rage, se présente complètement de face en jetant son grain
à la volée. Les laboureurs sont vêtus d une tunique dont
les plis verticaux ont été rendus avec un réalisme ignoré
des artistes anciens.
Il est clair que pour étudier à loisir cette tentative ori-
ginale nous devons attendre la publication des planches ;
nous la commencerons cet hiver.
Dans le puits funéraire, une surprise attendait
M. Lefebvre. Presque tout avait été brisé par les voleurs
anciens.. Trois grands sarcophages de pierre étaient encore
entiers ; les deux premiers avaient été vidés, mais le troi-
sième, placé tout au fond de la chambre, contre la paroi,
avait été seulement entr' ouvert. Il contenait un admirable
cercueil en bois dur, en forme de momie, orné de cinq
lignes de texte allant de la poitrine aux pieds. Tous les
hiéroglyphes de ces textes sont composés de petites pièces
en pâte de verre coloriée d'une finesse admirable. Nous
connaissions le principe de cette décoration polychrome.
Un morceau de sarcophage de Turin, souvent cité, nous
donnait un échantillon du procédé. Mais pour la première
TRAVAUX DU SERVICE DES ANTIQUITÉS DE l'ÉGYPTË 365
fois nous saisissons vraiment tout le parti que Ton pouvait
tirer de cette technique. Seul Tensemble de la décoration
nous permet d*apprécier la valeur du procédé.
La date précise du tombeau serait bien intéressante
pour nous. Vraisemblablement nous sommes au ui® siècle
avant notre ère. Comment se fait-il que, si loin du Delta,
nous trouvions une influence grecque aussi marquée ? Le
<lieu Thot, assimilé à Hermès, a préoccupé de bonne heure
la pensée grecque. Mais pourquoi ce grand-prêtre, de race
parement égyptienne, s*est-il adressé pour décorer sa
tombe à un atelier si curieusement novateur ?
M. Lefebvre lui-même vous donnera bientôt des détails
plus précis, fcar le monument mérite d appeler une seconde
fois votre attention.
Tout en opérant ce déblaiement, il a retrouvé non loin
de là le fameux souterrain des ibis dont sont sortis autre-
fois tant de momies. J'ai parcouru avec lui 200 mètres de
galeries ; le reste est bloqué par des éboulements. Nous
explorerons le tout complètement.
Les modes d'ensevelissement des ibis a varié. Certains
sont logés dans des loculi creusés dans les parois des
galeries. De petits coffres en pierre servaient de sarcophage.
En général, chaque ibis, enveloppé de linges, est enfermé
dans un vase de terre cuite clos d'un couvercle scellé au
plâtre. Il y a là des dizaines de milliers de vases entassés
ju8qu*au plafond des galeries. Les procédés d*emmaillo-
tement, eux aussi, ont dû varier dans les différents ateliers.
U est possible qu*une préparation à bon marché ait employé
de vieux papyrus pour envelopper les ibis, comme cela a
eu lieu pour les crocodiles du Fayoum, et Ton sait assez ce
que nous ont rendu ces papiers de rebut employés par les
entrepreneurs de pompes funèbres. Les œufs n'étaient pas
moins vénérés que Toiseau lui-même ; quantité de vases en
sont pleins. Pourrons-nous dater les nécropoles d'animaux?
Celles que nous connaissons paraissent récentes. C'est un
366 LIVRES OFFERTS
problême important de savoir si, & toutes les époques, tous
les reprëseatants de l'espèce sacrée ont été easevelis à paK
comme le dieu lui-même. L'Egypte oous oITre daos ce
domaine un champ d'études unique, puisque les documents
— vent s'étendre sur plus de quatre mille ans. Nous savons
)utre, par le voyageur Cavalden, que plus au Nord
té le souterrain des singes, la seconde forme du dieu
t. Eu déblayant le cimetière des ibis, nous devons
eindre certainement.
El galerie retrouvée cette année, c'est la nécropole
mune de tous les ibis du nome. U nous reste à décou-
la tombe de l'oiseau sacré lui-même, celle qui contient
corps de l'ibis-dieu entretenu dans un * des temples
;hmouneln comme on entretenait le taureau Apis k
npbis ou le taureau Mevîs à Héliopolis. Qu'on se rap-
e tout ce que les textes du Sérapéum nous ont appris
la chronologie égyptienne. La tombe des ibis nous
Irait des documents analogues : stèles de pèlerins on
:s contenant les procès- verbaux fixant les dates de la
nnaisaance du dieu, de son intronisation, de sa mort,
on ensevelissement. Chaque province nous devra res-
!r sa nécropole d'animaux sacrés. C'est peut-être trop
rcr. Mais, en archéologie aussi, il est sans doute néces-
) de rêver beaucoup pour réaliser' un peu. En Egypte
leurs tout arrive, même l'invraisemblable, et si souvent
i avons vu la réalité dépasser toutes nos espérances,
nous sommes excusableij d'espérer toujours un peu
LIVRES OFFERTS
Séculaire perp^uel ofTre, au nom de M. Adrien Blahchr,
, intitulé : Une «cèn« do BoargtM
archéologique, t9â0).
^iUNCE du 22 OCTOBRE 367
M. Henri Cordibr a la parole pour un hommage :
M J'ai Tbonneur de présenter à TAcadémie, au nom de Fauteur, le
tome second de Talbum des grottes de Touen Houang renfermant
les photographies rapportées par M. Paul Pelliot des grottes 31 à 72.
Il y aura six albums en tout. Je n*ai pas besoin d'insister sur le
grand intérêt scientifique de cette publication. »
SÉANCE DU 22 OCTOBRE 1920
PRESIDENCE DE M. CHARLES DIBHL.
Lecture est donnée de la lettre par laquelle M. Paul I^lliot
pose sa candidature à la place de membre ordinaire devenue
vacante par suite de la mort de M. Héron de Villefosse.
A propos de la correspondance, M. Salomon Rbinach lit une
note de M. Charles Fraipont, professeur à T Université de
Liège, que lui adresse M. Charles Michel, correspondant de
l Académie^ et qui est relative aux travaux récents sur la chro-
nologie dç Tépoque néolithique en Belgique ^
M. Salomon Reinach fait une communication au sujet d'un
témoignage inaperçu sur le druidisme.
Aucun texte antique ne nous instruit sur l'éducation militaire
des Gaulois. Mais un historien grec né à Sparte, Aristokratès, a
imaginé que Lycurgue avait visité, outre VÉgyple et Tlnde, ce
quil appelle l'Ibérie. M. S. Reinach essaie de montrer que
ribérie désigne ici non pas TEspagne, mais la Gaule, et que les
institutions militaires de Sparte, si différentes de celles des
autres Grecs, ont semblé à quelques anciens avoir pris modèle
sur celles des Gaulois. C*est donc qu*elles leur ressemblaient.
Ainsi les Druides ne donnaient pas seulement Téducation phi-
losophique et religieuse dont parlent les auteurs, éducation qui
n'était poussée très loin que pour leurs novices, mais ils pré-
1. Voir ci-après.
368 ESSAI DE CHRONOLOGIE DU NÉOLITHIQUE EN BELGIQUE
paraient toute la jeunesse noble dans des internats à la vie
active et au métier des armes, tout en lui inculquant une foi
religieuse qui inspirait le mépris du danger et de la mort. Si Ton
a dit quMls donnaient leurs Jeçons au cœur des forêts ou daiES
des cavernes, c'est qu*on a pris pour des témoignages relatifs à.
la Gaule indépendante ceux qui concernent le druidisme traqué
et persécuté au premier siècle de TEmpire romain.
MM. 'Alfred Caoïser, Paul Monceaux et Maurice CaoïSET
présentent quelques observations.
M. Prentout, professeur d*histoire de Normandie à TUniver-
site de Caen, soumet à l'Académie une hypothèse sur Torigiae
de la formule Dei gralia dans la suscription des actes d*Henri II
d'Angleterre.
Contrairement à l'opinion de Léopold Delisle, qui, sans y
attacher d'im[iortance du reste, voyait dans cette innovatioQ^,
qui apparaît entre février et mai 1 173, une conséquence indirecte
du meurtre de Becket, — peut-être une des satisfactions
accordées aux envoyés du pape lors de l'entrevue d'Avranches
en 1172, — M. Prentout, se fondant sur la date où la formule
s'introduit, essaie de montrer que son adoption doit être mise
en rapport avec quelqu'une des circonstances de la révolte
d'Henri le Jeune, fils aine du roi, qui se produisit précisément
au printemps de 1 17H.
MM. Paul FouRNiBB^ François Dblabobdb, Théodore Rbinach
et Ch.-V. Lanolois présentent quelques observations.
COMMUNICATION
ESSAI DE CHRONOLOGIE DU NÉOLrTHIQUE EN BELGIQUE,
PAR M. CHARLES FRAIPONT,
PROFESSEUR A L*CNIVER8ITÉ DE LIÈGE.
i
Les fouilles et les études poursuivies depuis de longues
années en Belgique par MM. J. Hamal-Nandrin et Jean
ESSAI DE chronologie; du néolithique en BELGIQUE 369
Servais, avec le concours de M, Ch. Fraipont, professeur à
rUniversité de Liège, ont amené ces savants à des con-
dusions qu'ils n'ont pas encore publiées, mais qu'ils sont
heureux de voir présenter à l'Académie des inscriptions et
belles-lettres.
Il leur parait ressortir des faits observés que le néo-
lithique supérieur ou Robenhausien provient de deux
embranchements très différents.
I. — Les gisements étudiés présentent d'abord révo-
lution suivante, en partant de l'époque la plus ancienne :
A. Campignien (Hemersdael, Fouron-Saint-Martin, Fouron-
Saint-Pierre) ^ Ce campignien est analogue à celui du
Campigny, quoique un peu plus grossier, alors que celui
du Camp-Barbet (Oise) et du Camp de Catenoy ressemble
plutôt au campignien belge de Bray, de Ghlin et des
environs d*Obourg.
B. Ateliers, puits et galeries de S$,inte-Gerlrude (Lim-
bourg hollandais) ^. A Sainte-Gertrude, on a trouvé : a) un
petit atelier à nuclei, troncs coniques analogues à ceux de
certains gisements campigniens évolués ; ^) dans la majeure
partie des ateliers, les nuclei sont plus allongés, mais ils
rappellent encore les précédents au point de vue du débi- .
tage ; 7) un atelier (l'atelier Comment) a fourni de grands
nuclei rappelant ceux de Spiennes, quoiqu'ils soient plus
grossiers.
1. Travail en préparation. Un rapport sommaire sur les fouilles
exécutées de 1914 à 1918 par J. Hamal-Nandrin, J. Servais et Gh. Fraipont
a été présenté i TAssoc. franc, pour Tavanc. des sciences (Strasbourg,
1930). et à la réunion préparatoire à la fondation d*un Institut intcrn.
d'anilirop. (Paris, 1930). Il paraîtra dans le n* de décembre de la Aevue
^nthropologiqut^ 1930.
3. M. de Puydt; voir ses nombreux travaux publiés par l'Institut archéol.
liégeois et la Société anthrop. de Bruxelles. MM. J. Hamal-Nandrin, J.
Servait et Ch. Fraipont ont à l'impression un grand travail sur leurs
fowlles de Sainte-Gertrude. Voir les collections Uamal, Servais, et Musée
Cnrtius à Liège.
1930 3i
370 ESSAI DE CHRONOLOGIE Dt' .>(fvOLITHI0UE EN RELGtQCC
C. Ateliers, puits, galeries et fonds de cabanes de
Spienne$ *.
D. Robenhausien final, avec pointes de flèches à pédon-
cules et ailerons. Les plus anciens gisements campigniens :
on n^y trouve que de grossiers nuclei à éclats. Puis on
constata une évolution sur place. En quelques points, le
campignien de nos régions devient moins primitif sans
atteindre le type de Sainte-Gertrude. A Sainte-Gertrude,
certains ateliers semblent plus évolués que d'autres sans
Tètre autant que ceux de Spiennes. Si Ton prend un lot
choisi des pics les plus typiques dans chaque gisement,
on constate nettement révolution suivante :
1^ Les pics de nos gisements campigniens sont courts,
massifs et très grossiers. Ils sont d*ailleurs rares.
2^ Les pics de Sainte-Gertrude sont déjà plus long^,
plus délicatement travaillés et beaucoup plus abondants.
3^ Les pics de Spiennes sont encore plus grands, souvent
finement taillés et extrêmement nombreux.
La question de la matière première ne joue ici aucun rôle,
ni au point de vue de la taille ni au point de vue des
dimensions.
L'étude du tranchet a amené MM. J. Hamal-Nandrin,
J. Servais et Ch. Fraipont à une conclusion identique :
i ^ Dans le campignien ^ les tranohets sont en général à
peine ébauchés.
2** A Sainte-Gertrude, ils sont mieux finis ; certains
d'entre eux évoluent vers la hache ; les belles haches sont
très rares.
1. Voiries travaux de Cela, do Pauw, Rutot et Iloiizoau de Lehaye {Bnll»
Soc. anthr. de Bruxelles), de Loë cl de Munck : Notice sur Us fauUlet det
a^eiierf néoUihiqaeÉ de Spienneê (Congrès inlern. danthr. et d'arch.
prchUt. Paris, 1889) et autres travaux du baron de Lo5 dans les Bull, de
USqc, dtirehèol. de Brnxêlle$ et les Archives des Musées du Cinquante-
nuire. Voir les collections Hamal-Nandrin à Liéçe et lès collections des
MusécH royaux d'histoire naturelle et du Cinquantenaire à Bruxelles.
e$aàl DE CHRONOLOGIE DU NÉOLITHIQUE EN BELGIQUE 371
3® A Spiennes, les tranchets sont rares, mais souvent
trë3 beaux ; les très belles haches sont fort abondantes.
Les savants liégeois, dont on ne fait ici que résumer les
conclusions, ne croient pas pouvoir faire dériver l'industrie
caoïpignienne du magdalénien ni des types aziliens et
tardenoisiens ; les seules industries qui s'en rapprochent
sont celles (outils d'usage exteroporanés ou atypiques) de
certains niveaux moustériens comme ceux de la Micoque
en France on du Fond de Forêt en Belgique K
II. — D autre part, le Robenhausien semble être TaboU'*
tisaement d'une autre série industrielle que Ton peut établir
ainsi :
A. Magdalénien, type des gisements français et belges.
B. Industrie du type prétardenoisien de Zonhoven ^; de
la grotte de Bemouchamps ^ ; de la grotte de Martinrive$ ^ ;
de la Roche^auQP-Faucons^, Dans les grottes, cette industrie
est accompagnée de renne, de cheval et d'ursus spelaeus.
Elle comprend des burins, des grattoirs, des lames à dos
rabattus, etc., etc. J'ajoute que nos savants ignorent si le
gisement de Zonhoven est antérieur ou postérieur au Mag-
dalénien.
C. Les fonda de cabanes dits Omaliens de la Hesbaye et
des bords du Geer^, que caractérisent des burins,
I. Voir les collections du Musée Gurtius et de M. J. Hamal à Liège.
3. J. Hamal-Nandrin et J. Servais, Étades sur U Limbourg belge pré-
hitlorique, etc. (xxiii* session de la Fédération archéologique et bistor,
de Belgique. Gand, 1913). Voir les collections J. Hamal à Liège.
3. Van den Broeck, Là rivière souterr&ine et U grotte de Remouchamps
etc. {BttU, Soc, êtiihr. de Bruxelles, t. XVIi) ; — Qaelqueg mots k pfopô»
dt$ noQvelleê fouillée exéouties dans U grotte de Remouchamps, etc.
{ibid., t. XXI).
4. Grotte actuellement fouillée par MM. Ch. Fraipont, Max Lohest,
J. Hamal-Nandrin et J. Servais. Voir les collections de TUniversitè de ■
Liège.
b. Voir les collections J. Hamal Naudrin à Liège.
5. Très nombreux travaux de MM. de Puydt, Davin, Hamal-Nandrin et
Servais dans les Bull.de l'Inst. arr/i. liégeois, de la Société d'anthrop. de
370 ESSAI DR CBROKOLOQIK DU NÉ»*-"'*^
C. Ateliers, puits, galeries et ^
Spiennea '. J "%
D. Robenhauflien final, avec )f, ^ *^ '*""*
cales et ailerons. Les plus anoif^ |. '^. f. '^
on n'y trouve que de grossie ^^ ■'^ \
constata une évolution sur " » \ ^C v ^
campignien de nos régior ^$;\ %s,\ % auc
atteindre le type de Sain, '.\ *^\^ » %, cialea,'
certains ateliers sembler, i ^ %\ -^ 'e avec T'
l'élre auUnt que ceux i.|4\\-* ar Lartet eî f
choisi des pics les pi; V^ \ fr -^j fii> * . , f
on consUte nettemer * \' ç ^ ^« *'*P«rpo8^ ■ ■ I
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3" Les pics 'j jr
finement tailb .'
La questi^ '
surdetr^no^^
de miUiers de pièces p^
-iodiques et jamais de la sur-
jntent d'ailleurs que comme une
-, l'état actuel de nos connaissances.
.. est venu visiter leurs collecUons et
!S fouilles, considère cette hypothèse
probable. Les savants liégeois se pro-
îttre aux membres de l'Institut ioter-
lologie qui se réuniront à Liège l'an
nnent en tout temps à la disposition des
UT montrer leurs collections et exécuter
eux.
s de la Fédâr. archéol. et hist. de Belgique. Voir
e Curtius, de MM. Hamal-Nindrin et Servais à
^9 rran^aise d'Athènes,
Ite École depuis le
V;- *<!î.^ ^ ' /Vedilio princL.
V i-e 1920.
\ R H.
^
^-^ Jérer comme défini,
^- j publié par l'Académie a
*^^ jui, parue dans la Scriploran
Q^ ■ est une sorte d'editio minor. Elle
^ue, mais le texte est établi avec I
du matlre paléographe qu'est notre co
CoBMBR offre à ses confrères son deroiei
jio, intitulé : Str Marco Polo, notes and ad
j Yule's édition, containing the reault of the rei
j diacovcTy (London, 1920, in-8*).
11. Omont a la parole pour un hommage :
H J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Acadt
de Madame la baronne James de Rothschild, le cinquièi
volume du Catalogue de» livre* de la bibliolkitiae de fei
Junea de Rothtehild (Paris, 1980, in-8*, 684 p.).
« C'est en 1884 que notre savant et regretté confrère U
avait publié le premier volume de ce catalogue, qui a é
maitresse, pieusement continuée pendant trente-cinq
veille de sa mort il corrigeait les dernières feuilles*
volume dont il ne lui a pas été donné de voir l'achèvem
bibliophiles, tous ceux qui s'intéressent à notre vieil!
^DCaise connaissent l'admirable collection, pari
riche eo éditions rarissimes de nos anciens auteurs,
réunir avec autant d'érudition que de go&t le baro
Rothschild, l'ii'* *^^* fondateurs, avec nos confrëreH Gai
p j Uejer, ào la Société des anciens textes français,
deseriotif et raisonné de celte incomparable collection, ï
MliDSerit le rtoia de notre regretté confrère M. Emile 1
l'un d^' princifiaux monumeats de bibliogra
de noti* temp»- "
372 ESSAI DE CHRONOLOGIE DU NÉOLITHIQUE EN BELGIQUE
d'ailleurs rares, des grattoirs des types magdaléniens,
Toligiste pour la peinture, une poterie tantôt fine tantôt
grossière, tantôt ornementée tantôt non. On n y trouve pas
de silex poli, ni haches, ni flèches robenhausiennes, mais
des herminettes polies en roches autres que le silex ; des
meules et du grain, des flèches du type tardenoisien ; du
cheval. Ces fonds de cabanes sont peut-être plus anciens
que les gisements campigniens. Leurs nuclei, spécialement
ceux des bords du Geer, ont beaucoup d'analogie avec les
nuclei magdaléniens et solutréens figurés par Lartet et
Christy dans Reliquiae Aquitanicae^ PI. 14 A, fig, 1 et 4.
D. Robenhausien proprement dit, qui se superpose ici
aux fonds de cabanes.
MM. J. Hamal-Nandrin, J. Servais et Ch. Fraipont ont
tiré ces conclusions de faits observés sur de très nombreuses
séries comprenant des dizaines de milliers de pièces pro-
venant toutes de fouilles méthodiques et jamais de la sur-
face du sol ; ils ne les présentent d'ailleurs que comme une
hypothèse plausible dans Tétat actuel de nos connaissances.
M. le D"* Capitan, qui est venu visiter leurs collections et
prendre part à des fouilles, considère cette hypothèse
comme infiniment probable. Les savants liégeois se pro-
posent de la soumettre aux membres de llnstitut inter-
national d'anthropologie qui se réuniront à Liège l'an
prochain. Ils se tiennent en tout temps à la disposition des
spécialistes pour leur montrer leurs collections et exécuter
des fouilles devant eux.
Bruxelles et les Congrès de la Fédér. archéol. et hist. de Belgique. Voir
les collections du Musée Curtius, de MM. Hacnal-Nandrin et Servais, 4
Liège.
373
LIVRES OFFERTS
M. Haussoullibr a la parole pour un hommage :
« J^at llionneur d'offrir à TAcadémie au nom de notre confrère
Sir Frédéric Kenyon une édition classique de r'AOT)va{(ov xoXtTsCa. On
sait que le nom de notre confrère restera toujours attaché au traité
célèbre d'Aristote. Il en a donné Teditio princepsen 1891, et en 1903
une édition que Ton peut considérer comme définitive dans le grand
recueil des œuvres d'Aristote publié par TAcadémie des sciences de
Berlin.
M Uédition d'aujourd'hui, parue dans la Scriptorum cUuicorum
Bibliotheca Osconienti» est une sorte d'editio minor. Elle ne renferme
qu'un apparat critique, mais le texte est établi avec le soin qu'on
pouvait attendre du maître paléographe qu'est notre confrère. »
M. Henri Cobdibr offre à ses confrères son dei-nier volume sur
liarco Polo, intitulé : Ser Marco Polo, notes and addenda to Sir
Henry Yule's editioif, containing the resuit of the récent research
and discovery (London, 1920, in-8<^).
M. Omont a la parole pour un hommage :
a J'ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie, au nom
de Madame la baronne James de Rothschild, le cinquième et dernier
volume du Catalogue des livrée de la bibliothèque de feu M, le baron
Jamea de Rothschild (Paris, 1920, in-8*, 684 p.).
«c C'est en 1884 que notre savant et regretté confrère M. Emile Picot
avait publié le premier volume de ce catalogue, qui a été son œuvre
maîtresse, pieusement continuée pendant trente-cinq ans, et à la
veille de sa mort il corrigeait les dernières feuilles de ce dernier
volume dont il ne lui a pas été donné de voir l'achèvement. Tous les
bibliophiles, tous ceux qui s'intéressent à notre vieille littérature
française connaissent l'admirable collection, particulièrement
riche en éditions rarissimes de nos anciens auteurs, qu'avait su
réunir avec autant d'érudition que de goût le baron James de
Rothschild, l'un des fondateurs, avec nos confrères Gaston Paris et
Paul Meyer, de la Société des anciens textes français. Le catalogue
descriptif et raisonné de cette incomparable collection, à la fin duquel
est inscrit le nom de notre regretté confrère M. Emile Picot, restera
comme l'un des principaux monuments de bibliographie savante
de notre temps. »
374 SÉANCE DU 29^ OCTOBRE
M. Emile Mâle a la parole pour un hommage :
(( J*ai rhonneurde présenter à TAcadémie un ouvrage posthume
de Jules de Lahondès intitulé les Monumenit de Touloute, Jules de
Lahondès, qui présida pendant vingt-cinq ans la Société archéolo-
gique du Midi de la France, mourut à la veille de la guerre, après
avoir corrigé les dernières épreuves de son livre. Cest M. Emile
Cartailhacqui a pris soin de Tillustrer. Dans ce volume, les nombreux
monuments de Toulouse sont étudiés les uns après les autres avec
autant de savoir que de goût. Les caractères souvent si intéressants
des églises sont fort bien mis en lumière. Mais le chapitre qui
paraîtra le plus neuf est certainement celui qui a été consacré aux
hôtels de la Renaissance. On y trouvera toutes les découvertes faites
dans les archives par les érudits toulousains depuis vingt ans. Le
fameux Nicolas Bachelier sort enfin de la légende pour entrer dans
l'histoire. Ce beau volume, par son texte et ses illustrations, est
digne de Toulouse, une des villes les plus intéressantes de France.»
SÉANCE DU 29 OCTOBRE
PBésiDBNCB DB M. CHARLBS DIBHL.
Lecture est faite des lettres par lesquelles MM. Glotz, Dorex
et Delachenal posent leur candidature à la place de membre
ordinaire devenue vacante par suite du décès de M. Héron de
Villefosse ; et d'une lettre par laquelle M. Henri Goelzer pose
sa candidature à la place de membre ordinaire devenue vacante
par suite delà mort de M. Tabbé Lejaj'.
11 est procédé à la nomination des commissions chargées de
dresser des listes de candidats aux places vacantes dans les
listes des correspondants nationaux et étrangers.
Sont élus membres de la Commission des correspondants
nationaux : MM. Alfred Cboiset, Salomon Reinach^ Omont et
Prou ;
et membres de la Commission des correspondants étrangers :
MM. Sbnart, Alfred Croisbt, Omont, Legbr. . .
LIVRES OFFERTS 375
M. Charles Picard, directeur de T École française d'Athènes,
entretient l'Académie des travaux de cette Ëlcole depuis le
mois de novembre 1919 jusqu'au mois d'octobre 1920.
LIVRES OFFERTS
Le Secrétairb perpétuel présente au nom de M. Casanova un
nouveau fascicule des Mémoires publiés par les membres de
riostitiit français d'archéologie orientale du Caire sous la direction
de M. George Foucart, intitulé : M&krizi, Description historique et
topographique de V6gypie^ traduit par M. Paul Casanova, 4* partie,
fascicule I (Le Caire, 1920, in-4«).
M. Henri CoRDiBR offre à ses confrères les tomes II et III de son
Histoire de la Chine et de ses relations avec les pays étranger» depuis
Us temps les plus anciens jusqu^à la chute de la dynastie mandchoue
(Paris, 4920, in-8<>). — Tome II : Depuis les cinq dynasties (907)
jusqu'à la chute des Mongols (4368); tome III : Depuis l'avènement
des Mings (4368) jusqu'à la mort de Kia-K'ing (1820).
M. Omont a la parole pour un hommage :
w J ai l'honneur de déposer sur le bureau de l'Académie, au nom
de l'auteur, Sir E. A. Wallis Budge, conservateur des antiquités
égyptiennes et assyriennes du Musée Britannique, un exemplaire du
Dictionnaire des hiéroglyphes égyptiens, dont on lui doit la publi-
cation : An Egyptian hieroglyphic Dictionary^ with an index of
english words^ king list and geographical list. . . (London, 1920, gr.
10-8^ ctiv et 1356 p.). Il ne m*appartient pas d'insister plus longue-
ment sur l'importance de cette cï»uvre considérable, où sont coor-
donnés et résumés les travaux d'un éminent érudit, dont le nom
ainsi que les nombreuses et savantes publications sont depuis long-
temps universellement connus. »
M. le comte Durrieu offre à l'Académie de la part de l'auteur,
U. Léon Mirot, archiviste aux Archives nationales, un travail
intitulé : Vhôtel et les collections du Connétable de Montmorency
Paris, 1920, extrait de la Bibliothèque de V École des Chartes ^
t LXXX). Dans ce travail très neuf en même temps que très
•nbatantiel, fruit de patientes recherches, et entièrement établi sur
376 LIVRES OFFERTS
des documents certains recueillis à Paris et dans les Archires du
château de Chantilly, M. Mirot a su reconstituer toute Thistoire,
depuis le xiii^ siècle jusqu'à nos jours, des diverses parcelles de
terrain sises à Paris, dans le quartier des actuelles rues du Temple,
de Braque et des Archives, sur lesquelles s'élevait l'hôtel du
connétable de Montmorency. Des inventaires, qu'il reproduit, lui
ont permis en outre de donner un aperçu des collections qui se
trouvaient datis cet hôtel. C'est grâce à de^ passages de ces inven-
taires qu'on a pu définitivement établir que c'était bien sous le nom
de faïences u de Saint-Porchaire » qu'il fallait désigp:ier les précieuses
pièces de terre émaiilées jadis appelées faïences c< de Henri II », ou
faïences « d'Oiron ».
M. Paul Monceaux offre à l'Académie, de la part de l'auteur,
M. Pierre de Labriolle, professeur à la Faculté des lettres de
Poitiers, un ouvrage intitulé Histoire de U littérature Utine chré-
tienne (un vol. in-8 de viii-741 pages. — Paris, Société d'édition
« Les Belles Lettres », 1920) :
« Cet ouvrage inaugure une « X^ollection d'études anciennes »
publiée sous le patronage de l'Association Guillaume Budé. Il
comble une véritable lacune dans un domaine qui est de plus en plus
exploré de nos jours : la littérature chrétienne de langue latine. Il
manquait là-dessus en France une étude d'ensemble, qui fût aussi un
manuel pratique. M. de Labriolle, qui a fait ses preuves d'érudit, et
qui dirige le Bulletin d^ancienne littérature et d^archéologie
chrétiennes^ était tout désigné pour nous donner cette histoire et ce
manuel. Au courant de toutes les recherches de détail, il sait domi-
ner son érudition et son sujet. Il passe vite sur les auteurs secon-
daires pour concentrer l'effort de sa critique sur les principaux
écrivains. Il enregistre les faits acquis, signale les lacunes, indique
les travaux complémentaires à entreprendre. Une riche bibliogra-
•phie, des tableaux chronologiques, un Index détaillé, aideront le
lecteur à s'orienter dans ce domaine encore peu connu du public et
très inégalement exploré. »
COMPTES RENDUS DES SÉANCES
L'ACADÉMIE DES INSGRIPTIC
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 5 NOVEMBRE
PaiSlOINCB DB M. CHABLBS MBHL, PsisiDEHT.
M. Pbou, au nom de la commission de la Fondation Tl
fait «avoir que la commission a allribué la totalilé de la t
mise par HnsUtut à la dispipsition de l'Académie à 1'
archéologique de M. Jules Legrain.
M. Ealart prêtante un tiaau de soie découvert A Saint-
sur-Mer (Pas-de-Calais) dans un reliquaire. L'étoffe,
d'éléphants et de chameaux stylisés, porte le nom Ue
N'egtekin, caïd du Khorsssao, mis à mort en 961. Si
précise eat un repdre précieux pour l'archéologie. Elle olF
grande reuemblance avec le tissu conservé dans la cbâ
Charlemagne à Aix-la-Chapelle. On peut supposer qu'e
rapportée de la première Croisade par Eusiacbe lit de Bou
frère de Godefroi de Bouillon.
MM. HuAMT, MoNCKAUx, Théodore Rbinach, Clb:
Gankiai;, Duamiiu et Dibul présentent quelques observatic
LIVRES OFFERTS
« SEènéTAins pcBPÉTUBL présente le Ikeaeit det aetta tfe* rot( dt
}eence (855-928), publié sous la direction de M. MauHce Pnor,
mbrede l'Académie, par H. René Poupirdin, dans la collection
Hutorient delà France, noaveWe série in-l": Chartetel Diplàma
ris, Imprimerie Nationale, ^9S0).
I offre, en outre au nom des auteurs, les ouvrages suivaiits:
irles Weadell David, Robert Curlhote, duke of Normandy
mbridge Mass.. 1920, in-H°]; Albert KeisRr, The influence of
rittianity in Iht vocabalary of alil englith postry (dans les Uni-
tity of Illinak Studiet in language and litleralure, volume V,
1 et S; Urbana, 1919, in-8>].
I. Senart fait hommaf^e ft l'Académie, de la part de M. Paul
liot, d'un nouveau fascicule de la publication consacrée i M
ision dans la haute Asie. Il est intitulé : Mission Pelliot. II ; Lt
ra de» eamet et de» effet* ; torae I : Texte» togdien» et ehlnoit
iris, 1920, In-*").
SÊANCn DU \2 NOVEMBRE
PRÉSIDENCE DE M. CltAnt.BS DIBIIL.
Lecture est donnée de la lettre par laquelle M. Léon Dorei
ire sa candidature à la place'de M. Héron de Villefosse; et
la lettre par laquelle M. René Dussaud pose sa candidature i
place de membre ordinaire devenue vacante par suite du
:è9cJeM.!'abt)éLejay,
M. Omont lit une note de Dom Wilmart, bénédictin de
rnborougli (Angleterre), au sujet de la découverte qu'il
nt de faire d'un nouveau- manuscrit de Tertullîen '.
SÉANCE DU 12 :«<OVEMBRU 379
L'ordre du jour appelle' l'élection d'un membre ordinaire etf
remplacement de M. Héron de Villefosae.
Le PaésiDENT lit les articles du règlement relatif à Télection
des membres ordinaires et rappelle les noms des candidats qui
sont, par ordr^ alphabétique, MM. Delachenal, Glotz et Pelliot.
Il y a 35 votants; majorité absolue, 18 voix. '
Au l**^ tour, M. Delachehal obtient 12 voix; M. Glotz,
16 voix ; M. Pelliot, 7 voix. Pas de majorité.
Au 2' tour, M. Delachenal obtient 15 voix; M. Glotz, 18 voix;
M. Pelliot, 2 voix.
M. Gustave Glotz, ayant obtenu la majorité absolue des
suffrages, est proclamé élu par le Président. Son élection sera
soumise à Tapprobation de M. le Président de la République.
M. Paul Monceaux communique une note de M. Albertini,
professeur à l'Université d'Alger, sur une mosaïque récemment
découverte à Tipasa entre Alger et Cherchell. La mosaïque porte
une inscription inétrique, en cinq hexamètres, qui vise proba-
blement la transformation en église d'un édifice antérieur,
temple païen ou synagogue K
MM. Havbt et Théodore Reinach présentent des observations.
M. Thomas étudie l'ancien mot provençal sebenCt employé
par les troubadours au sens figuré de « pitoyable, méprisable ».
Il établit que le sens propre est celui de « bâtard », et il propose
de voir dans sebenc un dérivé, non pas du latin cepa^ ognon,,
comme on l'a fait jusqu'ici, mais du latin sepes « haie ». Originai-
rement, on a appliqué ce nom à Tenfant conçu dans les champs,
à Tabri d^une haie, par opposition à Tenfant légitime, conçu dans
le lit conjugal. La même idée est exprimée dans les patois fran-
çais par champisy terme auquel un roman de G. Sand {François
fo Champi) a donné une grande notoriété, tout en en faussant
Torthographe. L ancien provençal connaît aussi le mot corres-
pondant, campis.
M. Thomas estime que les doutes soulevés récemment en
Allemagne sur Tétymologiedu mot M^arc/, considéré par Gaston
Paris comme signifiant « enfant conçu sur un bât », doivent
I. Voir ci-après. ....
380 UN MAIfUSCRTT DE TBRTULLTEM RETROUVÉ
tomber en présence du nouvel exemple d'humour populaire que
fournit le provençal sebenc ramené à sa véritable origine.
MM. CuQ, Langlois et François Dblabordb présentent quelques
observations.
COMMUNICATIONS
UN MANUSCRIT DB TERTULLIEN RETROUVÉ,
PAR DOM WILMART, BÉNÉDICTIN DE FARNB0R0U6H (ANGLETERRE).
La découverte d*un manuscrit oublié, contenant des
œuvres de Tertullien, est une aventure imprévue, que ne
rendaient d'avance vraisemblable ni les travaux de philo-
logie entrepris depuis une cinquantaine d'années, ni Tétai
de nos bibliothèques et de leurs catalogues. On savait la
tradition des écrits de Tertullien fort réduite, appauvrie
même depuis le xvi* siècle ; personne ne s'en étonnait ni
ne songeait qu'elle pût encore s'améliorer, sinon par un
emploi plus judicieux des ressources déjà connues. Le
manuscrit qu'un hasard m'a fait ouvrir est, d'ailleurs, décrit
très exactement et très complètement — à un détail
près — dans l'inventaire de la Bibliothèque de Troyes
Imprimé en t855 K Le rédacteur, A. Harmand, énumère les
titres et reproduit le commencement des cinq traités de
Tertullien qui font partie du recueil ; il omet seulement, par
suite de je ne sais quelle distraction, de mentionner le
nom de l'auteur africain. C'est cet oubli, sans aucun doute,
qui a fait perdre de vue le manuscrit 523 de la ville de
Troyes ; il importe de le réparer, et de mieux faire con-
naître le précieux volume, tout en indiquant le bénéfice
qu'en retire notre documentation.
On a prétendu en Allemagne que la conservation des
1 . CêUlQffut général de* nuLnutcriU des bibliothèques publiques des
départements f série in-4*, t. Il, p. 228.
UN MANUSCRIT DE TERTULLIEN RETROUVÉ 381
ouvrages du grand polémiste constituait « une énigme his-
torique ^ ». De combien d*écri vains sacrés et profanes ne
pourrait-on pas dire la même chose, si ce jugement était
tout à fait conforme à la nature des faits ? Dans la plupart
des cas où une œuvre littéraire n'a survécu que par de rares
manuscrits, c'est assez de remarquer que nous la devons à
une chance exceptionnelle, et par suite à peu près inexpli-
cable ; il n'y a pas d'autre « énigme », le plus souvent. 11
est vrai que TertuUien, lu encore avidemei/t dans le monde
latin au iv* siècle, passa à l'arrière-plan, comme il était
fatal, à partir du v^ siècle, remplacé par des c< autorités »
tout à la fois plus modernes et plus sûres ^ ; et c'est égale-
ment un fait que, mis à part V Apologeticum qui a été beau-
coup copié, la tradition manuscrite de ses traités est extrê-
mement faible. Néanmoins, nous serions assez bien pour-
vus, si nous possédions encore les divers manuscrits
signalés au moyen âge ^ ; bien plus, nous pourrions lire le
texte d*une demi-douzaine d'opuscules dont le souvenir
seul subsiste ^.
L'histoire de notre Corpus Tertullianeum, telle que de
patients érudits ont réussi à en fixer les traits ^, est des
1. Cf. A. Harnack, TertallUn in der LUerutnr der alten Kirehe, dans
let SUzungêberichte de rAcadémie des sciences de Berlin, 1895, p. 561.
3. La plupart des détails concernant la réputation de TertuUien et la
fortune de ses écrits en Occident jusqu'au vu* siècle ont été réunis par
M. Hamack dans la dissertation citée, p. 545 ss. ; cet exposé corrige et
complète celui de la Ge$ehichte der àltchrisllichen Uleràlur du même
avleur, t. I, 1893, p. 661 ss., 679 ss. (partie due à M. £. Preuschen).
3. Kotamment A Bobbio, Cluny, Corbie, Gorze, Hirschau, Lorsch, Mal-
metbury, pour s'en tenir aux références précises.
4. De manere, daus une collection de Corbie, totalement perdue (cf.
G. Becker, CàUlogi bibUoiheeûrnm àntiqui, 1885, p. 139 : n* 31) ; —De
9pe fideliam. De pkradUoy De carne et anima, De antmae sa/>mûsîofie, De
nperHiiione $Mcati, dans la portion disparue de ÏAgobardinus (cf.
M. Klasimann, Curaram TertulUanearum parlicnUe très, 1889, I,
^ " ••.).
5. Voir surtout les travaux d'E. Kroymann, dans les Sittnngsberichtê
de TAcadémie des sciences de Vienne, t. CXXXVIII, 1898, Abh, Jll
(W pp.), et t. CXLIII, 1901, Abh. V7 (39 pp.).
3S2 IN MANUSCRIT DE TERTULUEN RETROUVÉ
•
plus ais^^^s à résumer. Trois traités ne sont plus représen*-
tés que par des éditions du xvi*' siècle, celle de Gaigny on
Mesnart (Paris, 1545) et celle de Pamélius (Anvers, 1579);
ce sont le De bapiismo, le De pudieitia et le De ieiunio. Il
y a lieu de supposer derrière ce groupe trois collections,
plus ou moins étendues. Les vingt-neuf autres traités nous
sont parvenus par deux lignées de manuscrits, indépen-
dantes Tune de Tautre. La première se réduit, en réalité, au
seul Agobardinu^y un volume bien précieux malgré les
pertes qu'il a subies, composé pour rÉglise de Lyon au
temps du célèbre archevêque Agobard (•j*840)et portantde
nos jours le n® 1B62 du fonds latin de notre Bibliothèque
nationale. Ce manuscrit qui comprenait à Forigine vingt
et un traités n^en ofTre plus que douze, avec le commence*
ment du De carne ChrUli (ohap. i-x) ; et sur ces douze trai-
tés, sept lui sont entièrement propres ^ ; pour les cinq
autres ainsi que pour la portion conservée du De arne
Chriêti, on a le contrôle des témoins parallèles, mais un
contrôle imparfait dans tous les cas, excepté celui du De
carne Chriati ^. Ces manuscrits de Tautre lignée, qui nous
restituent ensemble, et à eux seuls, le texte des seize de^
niers traités et de la partie principale du De carne Christi^
forment une famille nombreuse et, au premier abord, impo-
sante. Grâce aux recherches de M. Kroymann, il apparaît
que les dix-neuf unités qui la composent se ramènent en
1. A savoir : Ad nàtioneSt Scorpiace^ De lesUmonw animée, DespecU-
culis^ De idoloUlrUy De anima, De oratione. '— Cet sept trailés et les trois
précédemment indiqués ont été édités de nouveau par A. ReilTerscbeid
et G. Wissowa dans le Corpus scripiorum ecclesiaslicorum Uiinorumàc
l'Académie de Vienne : Quinti Sepiimi Florenti$ TertnlUani opéra. Par» h
1890 (vol. XX du Corpus),
2. On retrouve pour le De carne les deux témoins du xi* siècle, M ci
P, et ceux du xy* ; pour le De praescripUone haereticorumt on «
encore la chance de pouvoir interroger P ; mais le De corona^ le De CuUu
feminarum {!•' livre : « De habitu muUebri »), YAd uxorem et le D^
e^horlatione casUiaiU ne se présentent d'autre part que dans les manu-
scrits du XV* siècle.
un MAHUBCRIT ùt TEKTOLLTBN RETROUVÉ 383
dernière analyse à un manuscrit unique copié probablement
à Ciuny au x^ siècle, et dont la physionomie reste assez
indécise au travers de toutes ces reproductions incomplètes
ou dégénérées. Deux manuscrits frères, remontant au
XI* siècle, l'un de l'ancienne bibliothèque de Pierre Pithôu
(aujourd'hui à l'Université de Montpellier, n® 54),. Tautre
de Payerne (aujourd'hui à Schlestadt, n^ 88), garantissent
de concert, appuyés régulièrement par une tradition con-
nexe du XV* siècle, la suite du De carne Christi et quatre
autres traités ^ Pour tout le reste, nous disposons {Soit de
lun des jumeaux du xi® siècle ^, rejoint toujours par les
manuscrits du xv^, soit seulement de cette série récente
dont les divers membres se rangent derrière deux chefs de
file (VI, 9 et VI, 10 de la Magliabechiana, à Florence) ;
en fait, ce sont huit traités qui ne possèdent pas de meil-
leurs répondants que les dérivés italiens '.
Cet aperçu, où dominent les chiffres, permet de mesurer
exactement les avantages immédiats qu'assure à la critique
textuelle le concours du manuscrit de Troyes. Cinq opus-
cules, insuffisamment documentés, reçoivent un appui inat-
tendu, variable d'ailleurs pour chacun d'eux. Je les énu-
mère dans l'ordre selon lequel le nouveau témoin lés
présente, et je note successivement le détail précis de
Tancienne tradition :
i. D§ pêtieniU, D9 earnû rêêurrectionê, Adcerêus Prfuctên, Adverius
VàlentinUnos.
3. M fournil VAdversuM Marcionem ; P de son côté, VAdversus Bermo-
9$Hem et VAdverêuê ludàeoa, en outre, l'opuscule apocryphe Adceràn»
•mucf A«er«#e«. Cef traités, VAdvêrsat ludaeoi excepté, et |et quatre pré<
cèdent» donnés 4 la fois par M et par P, ont été édités t naemble par
Il Kroymann dans le Corpus de Vienne : Quinti Septimi Florentit Tertal-
ii*ni opêr». Pars 111, 1906 (vol. XLVII). — L'Adversus ludaeos s'est con-
•ervé d'une manière indépendante dans un important manuscrit de Fulda
«{ui renferme VApologêlicum.
9. Defngë, Ad ScàpuUm^ Ad martyràs^ De paenUenlU^ De virginiba$
ssiâfidû, De cuUa feminàrum (3* livre), De monogêmia^ Pe pëUio, Ces
opuscules n'ont pas encore été réédités par l'Académie de Vienne, non
plus que ceux qui sont communs aux deux familles de manuscrits.
384 UN MANUSCRIT DE TBRTULLIEN RETROUVÉ
1. (fol. 134 V*). Adversas Indaeo» :
Manuscrits de Schlestadt et de Florence ; manuscrit indépendant de
Fulda.
î, (fol. 142 V). De carne ChrUii :
Chap. i-x* : Manuscrits de Paris {Agobàrdinus)^ Montpellier, Schle-
stadt, Florence ; — chap. x*-xxy : les mêmes , hormis le manuscrit de
Paris.
S. (fol. 157 r*). « De resurreclione morlaorum » (c^est-à-dire, sous
un titre particulier, le De carnit resurrectione) :
Manuscrits de Montpellier, Schlestadt et Florence (employés récem-
ment par M. Kroymann pour Tédition critique de Vienne).
4. (fol. 194 r*). De baptismo * ;
Aucun manuscrit ; seule édition parisienne de 1545, reprise naguère par
G. Wissowa.
5. (fol. 200 v«). DepaeniteniiB :
Seuls manuscrits de Florence.
Dans le cas des deux derniers traités, le gain est évident,
puisque nous manquions de manuscrit ou n^avions que des
manuscrits tardifs à mettre en ligne. Mais Tintérét n'est pas
moins considérable de pouvoir maintenant discuter, parti-
culièrement à propos des trois autres traités, une théorie
spécieuse de M. Kroymann.
Partant de Tidée que Tœuvre de TertuUien n'a été sau-
vée pour la postérité que par miracle à la fin de la période
antique, puis observant que la tradition clunisienne repré-
sentait un classement méthodique des différents traités et
qu'elle était caractérisée en même temps par un nombre
important de variantes de tout genre, le savant éditeur a
cru découvrir que le manuscrit d'Agobard était seul digne
de foi et se tenait bien dans le prolongement de l'héritage
des Pères ; le groupe commandé par les manuscrits de
Montpellier et de Schlestadt ne serait, au contraire, que le
produit d'une révision arbitraire accomplie en France à
1. Le manuscrit offre une interversion des chapitres xv-xvii et omet les
deux derniers chapitres (xix-xx) ainsi qu'une partie du précédent. Cet
accident et cette lacune existaient déjà certainement dans Tarchétype et
donnent ainsi quelque idée de celui-ci.
Le GérAiil, A. Picaru macom. prutat rnîtMM ih»mii
ACADÉMIE
DES
NSCRIPTIONS & BELLES-LEITRES
COMPTES RENDUS
DIS
SÉANCES DE L'ANNËB
1920
BULLETIN DE NOVEMBRE-DÉCEMBRE
PARIS
AUGUSTE PICARD, ÉDITEUH
82, RltR BOHAI-AHTII,
M D ÇCCC XX
Recueil piraiBSanl tons tr^s deux tnoh, |>ui' fascicules <Je 7 à
av«C pUncheE et ûgurcE. Prix de raboniienieiit Annuel : -
TABLK DKS MATIRRKS CONTENUES DANS CE CAHIER
séancbs db novsubrb ^ 393
Communication :
Mosaïque à inscription, découverte à Tipasa, par M. E. Albertini. 387
S^ANCB PUBL1Q0B ANNUBLLB 391
LiVRBS orFBRTS 393
SéANCUS DB DécBMBRB 395, 397, 403, 422, 433
Communications :
La chaire à prêcher de la grande mosquée d'Alger, par M. G. Marçais. 397
Le Paradeisos royal achéménide de Sidon, par M. Clermont-Gaoneau,
membre de l'Académie 40S
L'Ennéade osirienne d'Abydos et les enseignes sacrées, par
M. G. Jéquier, correspondant étranger de T Académie 409
Graciosa : une ville portugaise oubliée au Maroc, par M. le comte
Henry de Castries 417
Un diplôme militaire de Corse, par M. René Gagnât, secrétaire
perpc tuel de TAcadémie 435
LiVRBS OFFERTS. .4 396, 402, 422, 433
Commission dbs inscriptions bt MéoAiLLBs. . .^ 435
PÉRIODIQUES OFFERTS .' 439
Table ALPHABériQUB 445
Table dbs oravurbs 464
TaBLB des MATIERES 465
Errata 470
AVIS IMPORTANT
Pour assurer une prompte publication de« Comptes rendus^ le?
auteurs de communications, qu'ils appprliennent à l'Académie ou qu'ils
lui soient étningdi>s, sont instamment priés de remettre leur manuscrit
et, s'il y a lieu, les documents figurés qui doivent rillustrer. le jour
même de la séance où ils ont été enLcn<lus. Le Secrétaire perpétuel
noun*a toutefois, en certains cas, les au-toriser à retarder cette remise
jusqu'au mardi suivant, dernier délai pour l'envoi de la copie à l'inipri-
merie.
Les communications des auteurs étrangers à TAcadémie ne devront
pas dépasser huit pages.
Les ep'cuves, tant en placards qu'en pages, doivent être retournées
au rédacteur des Compte» rendiix dans le délai de trois jours, le jour
Je la réception non compris.
U^ns l>e cas où les auteurs ne se conformeraient pas à ces indica-
tions, leur conimun.'cation serait ajournée à l'un des cahierf suivants.
/
UN MANUSCRIT DE TKRTULLIEN RETROrVÉ 385
l'époque carolingienne. Les premiers chapitres du De
Cerne Christi^ qui sont le seul lieu de rencontré de tous les
témoins, ont été passés au crible pour faire triompher ce
système dualiste. Mais voici justement un tiers sur lequel
on ne comptait plus, capable, sinon de réconcilier les frères
ennemis, du moins de montrer si leur dissentiment est
aussi réel qu'on le prétend. Une première comparaison des
variantes en concurrence ma fait constater qu'on se trouve
simplement en face de discordances variées, explicables
naturellement par une tradition multiforme. La rédaction
clunisienne peut être souvent fautive, encore que parfois le
manuscrit de Troyes lui donne raison ; elle ne saurait passer
pour Tétre volontairement. Le nouveau document, lui aussi,
fourmille des fautes qui y ont été accumulées par des géné-
rations de copistes négligents ; c'est le sort commun de la
plupart des manuscrits qui ont un long passé ; et tels sont,
chacun de leur côté, le manuscrit d'Agobard et Tancêtre
du groupe clunisien : des témoins plus ou moins infidèles,
mais sans malice.
Le seul tort de M. Kroymann est donc d'avoir cherché à
simplifier une tradition complexe. Le manuscrit de Troyes
nous rappelle à propos que les faits littéraires sont habi-
tuellement d'une richesse qui ne peut être appréciée d'une
manière adéquate. 11 ne remonte lui-même qu'au xii* siècle,
ayant été copié à Clairvaux, comme l'indique une note
finale*, et selon toute vraisemblance au temps de saint
Bernard 2. Si l'on se fiait aux apparences, on serait tenté
de l'estimer peu. Cependant, heureusement pour nous, il
possède encore la marque incontestable de Tantiquité qui
distinguait son premier archétype. Ce n'est pas seulement
que le contexte soit excellent, donnant d'une part (fol. i à
I. De la main même du copiste, à ce qu^il semble : Liber see Marie de
CUrêvalU (fol. 210 v).
3. Voir dans les Mémoires de Ut Société académique de VAube
(t. LXXXI, 1917) : L'ancienne bibliothèque de ClairvauXy p. 38 suiv.
1920. 23
J
L ^^u.e l'a lumi unt scxaoïption
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•;„. -î. i'^.-r-^îoatâmt.r^ies.Cet hnma-
.^ .-^T- T. .^is ii-iï » iw^ maaascrit,
■rez-.z—^-t. 0--Jf ô««a*re kvpolhèsc, en
-...; i-ranc! 'riïskode de propa^Uofi
' 1^: 1-: ...-ï^xx : Àepats la Champa^foe
s.--» > .1 -=■> i-î B:iîtisi»e oaaax régions
:^r-ri-^ «--ij-a; mises en circulation
--! .^-> : . .: LiU' :ls moaasticfoes se multi-
MOSAÏQUE A INBCRlPrrON, DÏCOUVEHTE A TIPA3A,
PAR M. E. ALBERTIM.
Uoe mosaïque à inscription a été récemment découvi
à Tipasa, par le Service des Monuments historiques,
cours des fouilles dirigées par M. Ballu, et conduites
place par MM. Christofle et Glénat. Une première copie
texte a été prise par M. l'abbé Dubosq, curé de Ttpi
J'ai vu la mosaïque, m sita, dans les derniers jours
juin.
Le terrain fouillé se trouve sur le versant ouest d
colline centrale ou Collis Templensis, à une cinquantj
de mètres au Nord du Capitole dégagé en 1915 {Bull
archéologique du Comité, 1916, p. 17i), à une cinqi
taine de mètres aussi au Sùd-Ouest du point marqué 7
le plan de Tipasa cTans YAtlaa archéologique de M. G
(Feuille n" 4, p. 9). On a déblayé une construction red
gulaire, longue de 10 mètres (du Nord-Est au Sud-Ou
sur 7 "■ 60 de largeur, et terminée au Nord-Est par
abside en hémicycle de 2 mètres de rayon. Du côté op|
à l'abside, cette construction est flanquée d'un vestil
trapézoïdal, qui correspond non à toute la largeur d
salle à abside, mais seulement à sa moitié orientale,
monte par trois marches du vestibule à la salle à abs
du c6ié opposé, c'est-à-dire au Sud, le vestibule est lii
par un mur, percé d'une porte au centre ; à l'Est et à l'Ot
il est encadré comme au Nord par des marches montai
au nombre de quatre à l'Est et de deux h rUucst.
C'est ce vestibule qui est pavé de mosaïque. La mosa
est large de 2 ■" 55 du côté de la salle à abside, e
2 ~ 90 du côté opposé ; elle est longue de 2 "" iO. Eli
faite pour être vue et lue par ceux qui. venant de la d
tioD du Capitole, traversent le vestibule avant d'et
dans la salle à abside. Elle est e» bon état, sauf ô l'a
388 MOSAÏQUE A INSCRlPTIOiS, DÉCOUVERTE A TIPASA
ioférieur gauche et en un point du champ épigraphique.
Le fond est blanc. En allant de Textérieur vers le centre,
on rencontre successivement :
i ^ Un encadrement noir, large de 0 "* 04 ; cet encadre-
ment n*épouse pas la forme trapézoïdale du vestibule ; il
est rectangulaire ; il en résulte que Tespace blanc laissé en
dehors du cadre va en s'élargissant à droite et à gauche,
vers le bas : des dentelures noires ornent ces parties des
marges ;
2® une guirlande de feuillages, large de 0 ™ 23 : celle
guirlande aussi dessine un cadre rectangulaire, aux angles
duquel sont représentées des bandelettes ; les couleurs
employées sont le blanc, le noir, le rouge et le vert ;
.S*' enfin, un panneau rectangulaire central, large de
1 °* 91, haut de 1 ™ 64, et divisé en trois registres :
le registre supérieur (hauteur 0" 45) montre, au milieu
de fleurs et de feuillages, deux colombes affrontées de
part et d'autre d une fleur ; couleurs employées : pour les
plantes, vert et rouge ; pour les colombes, blanc, jaime et
rouge ;
le registre inférieur (hauteur 0" 41) montre une colombe
au milieu de végétaux semblables à ceux du registre
supérieur ;
le registre du milieu (hauteur 0 ■" 78) contient Tinscrip-
tion .
Elle est en lettres noires, sur cinq lignes tracées en
rouge. Hauteur normale des lettres, 0™ 15. Aucune divi-
sion des mots.
Le texte est celui-ci :
QVI POTV I TC VN CTO S O P E RVM SVPE R AR E LABoRES
EXPLICITAMQDOMVMVARIISORNARETESELUs
XVTIMMENSVMCoNIVNGhRETAEDTBVSAMPLiS
MOXSVMETLAETVSDEBITAMCvMLAvDE///////
N O M I N I S VTCo MPoSMAN E ATPR AE M I VMQREPoRTET
MOSAÏQUE A l^8CRIPT10N, DÉCOUVKBTE A TIPASA 389
A la ligne 3, le mosaïste a écrit AEDTBVS pour
AEDrevs.
A la iîn de la ligne 4, ie sens et le mètre exigent le
complément coronam. Mais, comme il n'y a guère place
dans la lacune que pour trois lettres, il faut admettre que le
mosaïste avait réduit ce mot le plus possible, en l'écriv--^
par exemple sous cette forme : CfRoN»".
La lettre X, au début de la ligne 3, est, à la diffère
des autres, formée de cubes bleus ; elle est en oi
encadrée de deux points. Je pense qu'il faut la dévelof
en Chrislus, qui fait le vers'.
On a donc les cinq hexamètres suivants :
Qui potuil cuncios opérant superare labores
Explicitamq(tje) domam variia ornare lc{s)sellis,
[Chriatus) ut immensum conlungeret aeiJ\ i\bus ampli
Mox aumet laetus ilebîtam cum laude \coronam],
Nominis ut compos maneal praemiumq{ue) reportet.
Je traduirais ainsi cette période gauche et prélentîeu
" Celui qui a su vaincre toutes les difficultés des trav
et décorer de mosaïques variées une vaste demeure, f
que le Christ vînt ajouter sa grandeur à l'ampleur de 1'
lice, recevra bientôt avec joie la couronne et la gloire
lui sont due.s, de fa^on à rester en possession de sa ron<
mée et à remporter le prix. »
1. L*inci)iivi-iiient (lecctte ciplicaliiin esl qu'elle oblifce à admcUrt
coiMlructîon pénible : ni l'emploi île immensam avec la velriir d'un
lUntir abiilrait. • immcnviti^. pi-andeur, • ni te lour iimneni um euninn
ttdibaÊ. • joindre, ajuiilur sa t;riiiideiir à un fdirice, • ni le (■haii^-emi;r
tujcl De sont très satisraisonLs. Celle difllciilU' tniulie si l*un aocqilr
lerprclilion très iiéduisnnLe de M. Crsi'll : X. étant une rrnr deeiiatxta.
Klire Jecui. Il y aurait lii un r.'hus-cuti'mbour qui sernil asseï dai
g"ùl du lï" sitcle africain, el derus immenaam conianyrrr -iTBit uni'
pfariie pour " embellir -. Muis il Taul alors admettre une faulp de pmsi
portant à la fois sur deeus et sur deciiu»re. el surluul supposer q
moMîste coniptail sur une grande îngi5nîo»iti' de spb lecleurii.
390 MOSAÏQUE A INSCRIPTION, DÉCOUVERTE A TIPASA
Le caractère chrétien de Tédifice, affirmé par le troisième
vers, est surabondamment établi par la représentation des
colombes, et par les objets trouvés dans les terres, soit
au-dessus de la salle à abside, soit au-dessus du vestibule :
pierre en forme de claveau, sur laquelle est gravée une
croix ; fragments de six plats en terre rouge vernissée,
dont le décor, estampé en creux, comprend des croix et
des brebis.
Il semble bien que Tauteur de Tinscription fasse allusion
à la transformation en temple du Christ d'une construction
préexistante. C'est ce que confirment certains détails archi-
tecturaux : Torientation nord-est de Tabside^ la forme
trapézoïdale du vestibule et sa position anormale par
rapport à la chapelle, Texistence, enfin, au voisinage immé-
diat du vestibule, vers le Sud, et à un niveau inférieur
d'environ 0 "* 50, d'une mosaïque décorative dont on pour-
suit le déblaiement. La continuation des fouilles et le plan
qu'elles permettront de dresser apporteront sans doute des
éclaircissements. La salle à abside, malheureusement, n'a
qu'un sol de béton, assez mince, sans trace de mosaïque.
Seule des trois collines de Tipasa, celle du ceptre n'avait
pas encore donné de pavement chrétien à inscription. Mais
la Passion de sainte Salsa attestait la présence d*au moins
un monument chrétien sur la Colline des Temples, celui
qui, succédant à une synagogue, fut élevé en l'honneur de
la sainte à l'endroit où elle avait été martyrisée (v. Gsell,
Mélanges de V École de Home, XIV, 1894, p. 340). 11 est
possible que cet édifice soit celui que dégagent les fouilles
présentes, et que la salle à abside ait commencé par être
une proseucha juive. D'après les renseignements que j'ai
recueillis, c'est dans cette abside même qu'a été trouvé il
y a quelques années le chapiteau décoré de têtes humaines
qu'on voit dans le jardin de l'hôtel du Rivage et que
M. Garcopino, dès 1914 {Bulletin archéologique y 1914,
p. cxci), notait comme provenant peut-être de la basilique
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE 391
de Sainie-Salsa. Mais il ne faut pas oublier qu^une
mosaïque, signalée au voisinage immédiat du phare, appar-
tient probablement aussi à un édifice chrétien (Carcopino,
ibid.^ p. cxc-cxci) ; nous ne sommes pas autorisés à loca-
liser la basilique de Sainte-Salsa en Tun des deux endroits
plutôt qu'en l'autre, tant que les fouilles n'ont pas apporté
d*argument décisif.
Pour l'inscription nouvelle, un indice chronologique
peut se tirer *de la versification, beaucoup plus correcte
dans ce texte que dans les autres inscriptions métriques de
Tipasa. On n y relève que deux fautes peu graves de pro-
sodie : tësellis (qui est plutôt une faute d'orthographe, et
qui se retrouve dans une inscription de Tigzirt {Rev.
archéoLj 1906, 2, p. 138, n* 209) et pràemium^ où la pre-
mière syllabe s'abrège conformément au traitement fréquent
de ae en bas-latin (mais aedibuSj laetus ont gardé la quan-
tité classique). Une versification aussi régulière ne peut
être, à mon avis, postérieure au iv* siècle, et doil même se
placer plus près de 350 que de 400.
SÉANCE PUBLIQUE ANNUELLE
DU 19 NOVEMBRE
PRéSIDBlfCB DE M. CHARLES DIEHL.
Le PnésiDENT prend la parole pour proclamer les prix et
récompenses décernés en 1920, et rendre un dernier hommage
à ceux des membres et correspondants de TAcadémie décédés
au cours de Tannée.
M. Charles-Victor *Langlois fait une lecture intitulée :
VEsprit de Gui,
Le Secbktaire pERpéruBL lit une notice sur la vie et les tra-
vaux de M. Héron de Villefossk, membre de l'Académie V
1. Voir le» Publications de VInslilut de France, série in-4». 1920, n* !S.
392
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE
PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DIEHL
M. le Ministre de rinstruction publique adresse TampIialioD
du décret approuvant l'élection de M. Gustave Glotz comme
membre ordinaire.
Lecture est donnée du décret. Le Secrétaire perpétuel intro-
duit ensuite M. Glotz et le présente à l'Académie.
Le Président adresse au nouvel élu quelques paroles de bien-
venue et l'invite à prendre place parmi ses confrères.
Lecture est donnée des lettres par lesquelles MM. Pelliot,
Fougères, Puech, Delachenal et Dorez posent leur candidature
à la place de membre ordinaire devenue vacante par suite du
décès de M. l'abbé Lejay.
LIVRES OFFERTS
M. Gagnât offre à l'Académie, de la part de M. Toutain, le
deuxième fascicule du tome III des u Cultes païens dans TEmpire
romain ». Ce fascicule de plus de deux cents pages traite des cultes
de la Gaule romaine. Comme il avait fait pour les cultes africains et
ibériques, l'auteur étudie successivement les dieux, les sanctuaires,
les rites, la diffusion de ces différents cultes dans le pays et dans la
société. Il montre, en terminant et comme conclusion, qu'à côté de
la religion officielle purement romaine, cette religion gauloise est
restée florissante, sans se heurter à aucune persécution, k aucun
obstacle de la part du pouvoir central ; qu'ainsi elle a pu subsister
jusqu'au moyen âge, assurer la continuité du génie national et
sauvegarder les traits originaux et pittoresques de notre physio-
nomie ethnique. Cet aperçu historique méritait d'être signalé.
Le P. ScuEiL offre, au nom de M. Edouard Naville, associé
étranger de l'Académie, une élude dont il est l'auteur, intitulée :
La loi de Moîse (extrait de la Revue de théologie et de philosophie ^
n" 36, août-octobre 1920).
SÉANCE DU 26 NOVEMBRE 393
M. Camille Jullian fait hommage à TAcadémie, de la part de
M. MontaDdon, d'un nouveau volume de sa Bibliographie générale
des travaux p&lethnologiques et archéologiques (époque préhistorique,
protohistorique et gallo-romaine), France, tome II (Genève et Paris,
1920, in-8*).
M. Emile Mâle a la parole pour un hommage :
« J'ai rhonneur de présenter à TAcadémie, de la part de l'auteur,
M. le chanoine Boissonnol, un volume intitulé Histoire et description
de la cathédrale de Tours.
« C'est un livre écrit par un homme qui vit depuis de longues
années dans l'intimité de la cathédrale^ et chez qui l'habitude n'a
pas émoussé l'admiration. Artiste, il s'attache de préférence à ce qui
séduit ; c'est ainsi que l'étude et l'iconographie des vitraux forment
une des parties les plus importantes de l'ouvrage. Il arrive parfois
que rimagination engage l'auteur dans des hypothèses où l'on ne
saurait le suivre. Mais il y a dans son livre/ bien des chapitres
solides où l'historien trouvera à apprendre. L'ouvrage a été publié
avec un soin très méritoire dans les temps où nous sommes : de
belles planches donnent les ensembles, des dessins introduits dans
le texte donnent les détails. »
M. PoTTiER présente à l'Académie un livre de M. Louis Delaporte
sur les Cylindres et pierres gravées de style oriental du Musée du
Louvre. La collection contient près dé 3000 pièces. Ce premier
fascicule, consacré aux intailles qui viennent des fouilles et missions
scieotiGques, comprend la description et la reproduction en photo-
typie d'environ 1250 numéros. Notre confrère M. Thureau-Dangin
a bien voulu collaborer à l'ouvrage en assurant et en contrôlant sur
les originaux la lecture des inscriptions. La compétence de ces deux
savants garantit la valeur scientifique du travail. Tout récemment,
un archéologue anglais, M. Ilogarth, qui s'adonne spécialement à
Tétude des antiquités de la Syrie, a publié aussi un album des
sceaux gravés de pro,venance hittite (Hittite Seals, Oxford, 1920) ;
il y parle avec éloge de la publication antérieure de M. Delaporte
sur les (Cylindres de la Bibliothèque nationale^ à laquelle il faut
joindre les Cylindres du Musée Guimet et autres répertoires simi-
laires. Il est donc souhaitable que le second fascicule de l'ouvrage,
dont les planches sont en partie tirées, paraisse le plus tôt possible
et que l'Académie veuille bien en assurer l'exécution, pour parer aux
<iillicultés actuelles d'impression.
COMPTES RENDUS DES SEANC
DE
L'ACADÉMIE DES 1NSCRIP1
ET BELLES-LETTRES
PENDANT L'ANNÉE 1920
SÉANCE DU 3 DECEMBRE
Le PBÉfiinBNT annonce que la CommisBÎon de la
i^ubat a allribué une aubveiUioii conformément aux {
intentions du donateur.
M. Prov, au nom de la commission des Écoles
d'Athènes et de Rome, fait savoir que celle-ci p
donner un avis favorable à la prolongation, pour ui
d'un an, du séjour à l'I'xole d'Athènes de MM. D(
Renaudin, membres de première année.
Il en est ain^i décidé.
L'ordre du jour appelle l'élection d'un membre or
remplacement de M. Paul Lejay.
Le Président lit l'arlîrle 17 du règlement, relatif i
des membres ordinaire!;, et rappelle les noms des cim
•ont. par ordre alphabétique, M.M. Octachenal, Oorez
Fougères, Goelier, Pelliot et Puecb.
Il y a 36 votants; majorité absolue, 19 voix.
Le scrutin est ouvert.
Au premier tour, M. Dclachenal obtient 8 voix; :
5 voix ; M. Dussaud, I voix ; M Kou(;ères, 5 voix ; M
6 voix; M. Pdliot, 4 voix; M. Puech, 7 voix. — Pas
rite.
396 LIVRES OFFERTS
Au deuxième tour, M. Delachenal obtient 15 voix; M. Dorez,
2 voix; M. Dussaud, 7 voix; M. Fougères, 5 voix; M. Goeizer,
1 voix; M. Pelliot, 5 voix; M. Puech, 1 voix. — Pas de majo-
rité.
Au troisième tour, M. Delachenal obtient 2â voix; M. Fou-
gères, 4 voix ; M. Pelliot, 4 voix.
M. Delachenaî, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages,
est proclamé élu par le Président. Son élection sera soumise à
l'approbation de M. le Président de la République.
LIVRES OFFERTS
Le SECRàxAiRE PERPÉTUEL offrc, SU nom de M. René Fage, un
opuscule dont il est Tauteur, intitulé : Note sur les clochers-murs de
la Creuse (extrait des Mémoires de la Société des Sciences naturelles
et archéologiques de la Creuse, tome XXI ; Guérel, 1920, in-8®).
M. PoTTiER fait hommage à T Académie d'une brochure offerte par
M. J. Capart, conservateur du département égyptien aux Musées
royaux du Cinquantenaire de Bruxelles, Some Remarks on the
Sheikh El-beled, publié dans The Journal of Egyptian Archseology,
1920, et il en analyse les conclusions. On a rouvert la tombe où
Mariette avait trouvé la fameuse statue de bois. Son nom n'est
pas Raemké ou Ramké, mais Ka-aper; il n'était pas surveillant de
corvées, mais prêtre. Près de lui se trouvait une belle statue de bois
qui représentait sa femme, dont le torse sans bras et la tête sub-
sistent au Musée du Caire. 11 devait y avoir une seconde statue de
Ka-aper le représentant dans son costume de cérémonie, coiffé
d'une perruque, et M. Capart propose de reconnaître ce second
portrait dans un autre torse en bois du Musée du Caire, qu'il repro-
duit en photographies (p. 27 et 28). 11 y apparaît plus jeune, mais les
traits accusent entre les deux types une indéniable ressemblance.
»
SÉANCE DU 10 DÉCEMBRE I9Ï
M. le Ministre de l'instruction publique Iransmelà 1':
le rapport du Directeur de l'ficole française d'Athén
ronctionnement de cet établissement pendant l'année 1!
M. le comte DuHiiiEU.aunom de la Commission Pio(
d'allouer sur les arrérages de la fondation une se
2O00 francs à M. le docteur Carton, pour la suite de si
de Bulla Regia. ~ Adopté.
M. Malb, au nom de la Commission Pellechet, pi'0[
corder sur les revenus de la fondation une somme de 2(
à la ville de Montiuçon, pour réparer la sacristie \
l'église Notre-Dame de Montiuçon (Allier). — Adopté.
Après un comité ^cret, le Phhsidsnt annonce que 1'.
a élu correspondant français M. Charles Lécrivain, pr(
rUniversité de Toulouse; — et correspondants et
MM. Hankins, professeur à l'Université Harvard à Cs
Mass. (ÉUIs-Unis) ; Leîte de Vasconcelios, professeur
versité de Lisbonne ; Roslovlsev, ancien professeur à
silé de Pétrograd ; Niederle, professeur à l'Universiti
de Prague.
M. Malb lit une note de M. G. Marçais sur la cha
cher de la Grande Mosquée d'Alger '.
COMMUNICATION
k PRÊCHER DE LA GRANDE MUHQLËE d'j
PAR M. G. MAR<;«I3.
L'étude archéologique de l'Algérie du moyen i
1. Viiir ci-apW s.
398 CIUIRB A PRÊCHER DB LA GRANDE MOSQUÉE d'aLGER
peine ébauchée. A part Tlemcen, à part la Kalaa des Béni
Hammâd, que les fouilles du regretté général de Beylié
nous ont fuit connaître, les vieux centres musulmans de
nos trois départements africains n'ont donné lieu qu'à de
rares enquêtes. Ici, comme sur le territoire tunisien, où
les beaux siècles de Tlslâm ont pourtant laissé des traces
si notables, Tantiquité paraît avoir seule retenu Tattention
des archéologues. Cependant bien des sites abandonnés
restent à sonder et vaudraient qu'on s'en occupât. L'ex-
ploration méthodiijue des cités encore vivantes peut même
réserver quelques surprises. C'est ainsi que, quatre-vingt-
dix ans aprt*s la conquête française, la Grande Mosquée
d'Alger nous présente un ensemble décoratif coniplètement
intHlit,
A >nii dire, la chaire à prêcher dont il s'agit ici n'est pas
ontièr\*meut inconnue. Des architectes français l'ont, à
plusieui-s reprises, rt^staurée, et Tinscription. qui la date du
dobut du xi"* siècle, a été mentionnée? par trois fois : mais
sa décoration, qui comporte une arcade et 45 panneaux
vie ot\ire sculpte, n'a jamais f^iit Tobjet d'aucune descrip-
tive u. Elle le mérite pourtant à divers titres.
l. in^^rii^tîou nous arorecd QXie cette chaire rrieW .
vvu>îv di;n n-^Tnnie Mohjïîiai:?d, fut U^rmintre le 1* du
•*:.i^ de r\ .S »'*T ou * c* : les irîix d^ies îrr-?"Jwoaes
IV u ^ r* : X * 0 ^ : x* 1 u o > , Lu >< v -n ir para : t p re ; e ra : le . EZt: cor-
t a. " : .vsv: - e ^" u r eu *\* ^'
' \ * -*^ V -*
> . > *>
V •: ■
T::ii. e %:•: trt :.r a su.: sans
*- 'e z:. ---^re i m r»-. lie de
r *j. f :r» : :.■ c: r*! ic>;c=e b
-■? I- r T i ::>,•> ^-fx i -ïi être
.^ t
■k .:
k
CHAIRR ▲ PRÊCHER DE LA GRANDE MOSQUÉE d'aLGER 399
géographe andalous, ratteste. Cette chaire, celle«Ià même
qui nous est parvenue, fabriquée en lOiS, fut replacée dans
la mosquée bâtie près d'un siècle plus tard. Les exemples
de tels « remplois » ne font guère défaut.
Suivant Tordonnance classique, inspirée sans doute par
celle de Tambon chrétien, la chaire d* Alger se compose
d'un escalier précédé d'une arcade légère et bordé pur deux
parements décorés de panneaux, carrés dans les parties
basses, triangulaires plus haut, et en trapèze le long des
rampants. On ne doit pas trop s'attacher aux ressemblances
qu'elle présente avec la fameuse chaire de Kairouan
(ix* siècle). Ce n'est pas vers Kairouan, vers la Berberie
orientale qu'il faut tourner les yeux pour comprendre cette
œuvre algérienne. Son style la rattache à une autre pro-
vince de l'art musulman. Il l'insère dans une série qui,
partant de Cordoue, aboutit à Tlemcen et à Fès, et qui
prélude à Tépanouissement de l'art moresque hispano-
maghrébin.
Quelques explications sont nécessaires pour comprendre
ce qu'une telle remarque nous apporte d'instructif et' d'uo
peu inattendu.
Pendant presque tout le x* siècle^ le monde musulman
occidental avait vu la rivalité de deux grandes puissances
politiques et religieuses: le khalifat omeiyade de Cordoue,
issu de l'ancien khalifat de Damas, et le khalifat fâtimide,
qui, grandi en'Berberie, devait émigrer de Kairouan et de
Mahdiya vers la nouvelle ville du Caire. En Berberie, ce
conflit opposait les Zenâta, soutiens de l'autorité omeiyade,
aux Çanhàja, inféodés à la politique fâtimide. Kn récom*
pense des bons services de ces derniers, les Fâ timides,
quittant la Berberie pour TEg^-pte, leur avaient laissé le
soin de régir leur ancien domaine, devenu province; excen-
trique de Tempire agrandi. Au XI* feiecle* la Berl/erie rnien-
taie, le pays qui va de^ confins de la Tri[K;lit;iin<' a b
limite actuelle des départem*-nls d'Al^^^r et d'Oran, ^M aui
/
<:flAIRE A PRÊCHER OK LA GRANDE MOSQUÉE d'aLCER
ns des Çanhàja, Béni Zîrî et Béni Hammâd. Car une
sion n'a pas tardé à se produire parmi les émirs béné-
iresde l'investiture fâtimide. En 1017, un arrangement,
rvenu entre les deux branches de la famille Çanhâ-
ne, a attribué la région où se trouve Alger aux Beoi
imâd, maîtres de la Kalaa, Kl l'on est tenté de rappfo-
■ la date de cet accord de celle de 1018 où la mosquée
Iger recevait de ses maîtres officiellement reconnus une
re à prêcher, en qualité de mosquée -cathédrale.
e que furent la civilisation et lart de la Berberîe orien-
du XI' siècle, des fouilles dans les environs de Kai-
m nous ie montreront peut-être un jour ; mais, en
ndant, les ruines de la Kalaa des Béni Hammâd nous
liquent déjà. Les royaumes des Çanhàja, politiquement
ichés au Caire puis à Baghdâd, subissent l'influence de
ypte et de la Mésopotamie. Toutefois cette influence
t pas également ressentie dans tout le royaume et dés
remière heure. La chaire de 1018 atteste que le port
ger, que ses relations commerciales rapprochent plutôt
Espagne que de l'Orient, attend de l'Andalousie seule
modèles pour ses artisans, sinon les œuvres d'art elles-
les dont il s'embellit. Le prestige du vieus khalifat
icident, prêt à disparaître, s'impose encore sur la terre
est à ce style musulman occidental, dont la grande
quée de Cordoue nous apparaît comme le vaste labora-
:, que se rattache la décoration sculptée de notre chaire,
point de vue du développement de l'arabesque, cette
ration marque bien une étape entre le fameux sanc-
'e andalous ou le palais omeiyade d'Ez Zahra (x' siècle)
grande mosquée de Tlemcen (xii* siècle) ; elle s'af-
s comme très proche de celle de l'Aljaferia de Sara-
e et aide k préciser l'âge, jusqu'ici incertain, de ce der-
édifîce. Les formes qiiiy figurent sont déjà celles des
ïtures sur plâtre d'époque almoravide, mieux encore
CHAIRE A PRÊCHER DE LA GRANDE MOSQUÉE d'aLGER 401
des sculptures sur bois exécutées plus de cent ans après.
Par Tépigraphie, la chaire d'Alger s'apparente à la porte
de la Maqçoura de Tlemcen (1138 J.-C), comme aux
i)oites d'ivoire que l'Andalousie fabriquait en grand
nombre.
Les autres éléments décoratifs, qui, joints à l'épigraphie,
composent Tornementation champlevée de Tare et des pan-
neaux accusent la même filiation. Suivant Tusage, ces élé-
ments sont de deux sortes : un élément végétal très con-
ventionnel, dérivant ici de la flore byzantine, et un élément
géométrique. L'un et Tautre méritent d'être analysés avec
quelque soin.
Il convient, pour le décor végétal, de distinguer la tige
et la palme. La tige, refendue par une rainure selon la for-
mule byzantine, affecte, surtout dans les panneaux carrés,
des diagrammes très variés, depuis ceux dont le point
de départ est une tige médiane, jusqu'à ceux où deux
rinceaux symétriques s'enroulent séparément de part et
d'autre de l'axe. Ainsi l'arabesque proprement dite s'écarte
de plus en plus du thème naturaliste initial et prend une
tournure purement décorative. Une évolution parallèle
affecte la palme. La plupart de celles de nos panneaux sont
des déformations de la feuille d'acanthe, mais où les groupes
de digitations ne sont pas séparés pur des œillets circu-
laires, ainsi qu'il est d'usage. Parmi les formes végétales
multiples, que le premier style musulman d'Espagne em-
pruntait aux arts antérieurs, les décorateurs du xi* siècle
ont déjà fait un choix. Plusieurs cependant y figurent
encore que leurs successeurs élimineront à leur tour. Le
répertoire des formes végétales ira s'appauvrissant. Ainsi,
tandis que la tige se transforme en un galon enroulé sui-
vant une épure ingénieuse et savante, les formes larges de
la plante se fixeront en quelques rares silhouettes juste
suffisantes pour le rôle de remplissage qu'on leur assigne.
Tel est le sens général de l'évolution pour l'arabesque
1920 36
LIVBRB 0PFEBT5
'aie. Le minbar d'Al^^er, qui nous aide à en fixer uns
pe, nous renseigne de même sur l'élaboratioD de l'ara-
que géométrique, dont on sait le développement futur,
us voyons s'indiquer, dans quelques panneaux, l'entre-
s proprement musulman, rectiligne et étoile, assez diffé-
,t de l'entrelacs des cancels et des fenestrages chrétiens,
emble que la géométrie moresque s'y devine déjà. Mais,
is l'évolution de ce genre d'ornement, il serait impru-
it de négliger l'influence de l'Egypte fâtimide et les
lUx panneaux des mosquées du Caire, où s'affirmait dès
te époque la maîtrise des décorateurs.
LIVRES OFFERTS
>e Secrétaiiib terpétuel aftre à l'Académie, au nom de M. le chi-
ne Ulyase Ciievalieii, le tome 1 de son Dictionnaire lopograpkique
département de l'hère comprenant ks nom» de lieu anciens el
iernet, rédigé sur les manuscrits d'Emmanuel Pillol de Tboray,
s-arcfaiviste de l'Isère, el publié par le chanoine Ulysse Qkeva-
(Romans, 1920, in-**') ; ce volume compi-end les lettres A à J ;
Je la part de M. Babelon, un opuscule dont il est l'auteur inli-
! : Le Cabinet des Médailles pendant la i/uerre (extrait de la
ue numhmati</ue, Paris, 1920, iii-S").
présente enfin, au nom de Sir George A. Grierson, correspon-
t de l'Académie, des disques pbonographiques, où sont enre-
rés des spécimens dus dialectes parlés k Delhi et aux environs,
ui constituent, au point de vue de ta linguistique, des documents
>lu3 haut intérêt.
I, Paul GmARD a la parole pour un hommage ;
J'ai l'honneur de déposer sur le bureau le premier volume du
ueil Milliet, collection de textes grecs et latins concernent l'Iiis-
e de l'art dans; la Grèce ancienne. Cet ouvrage est inspiré du
leil analogue publié par Overbeck en 1868, mais il en diiTère
rondement par la façon dont il est conçu, et par la traduction et
ommenlaire des documents reproduits. Overbeck avait adopté
SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE 403
l'ordre chronologique et réparti dans un certain nombre de périodes
les textes relatifs, pour chaque période, à toutes les formes de Fart.
Le plan nouveau s'attache successivement à chacun des arts cultivés
par la Grèce, groupe ensemble des textes qui en éclairent la
technique, et ensuite révolution à travers les âges. C'est ainsi
que le premier volume, qui a plus de 400 pages grand in-8«, est
consacré tout entier à la peinture ; encore n'y suffit-il pas ; un second
volume suivra, qui est prêt pour l'impression.
« Il faut lire la belle préface qu'a écrite pour ce premier volume
notre confrère M. Salomon Reinach ; belle surtout par la physiono-
mie que M. Beinach esquisse de l'uutcur, qui n'est autre que son
neveu, ce jeune savant, Adolphe Reinach, dont on connaît les travaux
multiples et originaux, qui, presque encore adolescent, s'était fait
un nom dans la science, et dont la mystérieuse disparition, au début
de la guerre où il remplissait vaillamment son devoir, restera l'un
des deuils les plus douloureux qui aient atteint la France intellec-
tuelle. Le volume qui vient de paraître lui est dû en grande partie ;
on reconnaît II l'ampleur documentaire de certains commentaires sa
prodigieuse érudition. Ce travail, que lui avait confié la Société des
études grecques, chargée par Milliet d'assurer la publication, lui
coûta beaucoup de peine ; il lui fallut d'abord se livrer à bien des
recherches pour vérifier les textes déjà connus et enrichir le recueil
de textes nouveaux, tel le fragment emprunté à la Chronique de
Lindos (78 b). Nous ne lui serons jamais assez reconnaissants de ses
efforts pour aboutir à une réalisation longtemps attendue. Que
notre gratitude aille aussi à celui sans le dévouement duquel le
volume n'eût point vu le jour, et qui, espérons-le, ne se désintéres-
sera pas d'une œuvre à laquelle de si forts liens l'attachent! »
SÉANCE DU 17 DÉCEMBRE
PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DIEIIL.
M. le Ministre de rinstruction publique adresse à TAcadémie
rampliation du décret approuvant Télection de M. Roland Dela-
chenal comme membre ordinaire.
Lecture est faite du décret. Le Secrbtairb pERpéTUEL introduit
ensuite M. Delacheaal et le présente à IWcadémie.
SÉANCE Di; 17 DÉCEURBE
...o...^... adresse au nouvel élu quelques paroles de biea-
itTinvite a prendre place parmi ses coofrères.
r^LERMONT- G ANNEAU enlreLïenl l'Académie d'antiquités
s à Sidon sur l'em placement de l'iîcole américaine '.
SciiEiu, au nom de la commission De Clercq, propose
lier, sur les disponibititcs de la fondation : quatre mille
pour la publiciition de la Hevue d'assyriologie, et six
'ancs, pour le Cataloj,'ue des cylindres du Musée du
, par M. Delaporte. — Adopté.
oHOLLE donne lecture de la première partie d'un mémoire
Gallois sur l'épiphanie du feu dans le culte du Dionysos
. ScHEiL lit une note de M, Jéquier sur l'Ennéade osi-
l'Abydos et les enseignes sacrées '.
ilomon Rbinach présente quelques observations.
OTH fait une communication sur le mol gaulois i Turno n
i noms de Heu en France.
anguea néo-celtiques ne pouvant expliquer ce terme
écision, le seul moyen de l'élucider est de relever exacte-
î situation géographique des nombreux noms de lieu oii
■ait, soit en composition, soit en dérivation. Or un relevé
isciencieux fait par M. Musset, professeur de géographie à
Ité des lettres de Rennes, nous apprend que huit Toornon
■magui). Tonnerre [Turnodurum), nos nombreux Tur-
îurny. Tourné, Tortiac, Tourniac, %oaX, à une exception
cilement explicables : toutes ces localités sont situées
i éminence ou une forte pente, au-desBUs d'une vallée
u arrosée. 11 en ressort aussi que 7'urnacum, d'où sort
f, ne saurait être un nom de fundtis dérivé d'un genti-
nain Turnus.
ns indiqué piir la situation géographique parait coufirmc
LE PAHADEISOS ROITAL ACIIËHÉMOE ÙE 81D0^ 405
par le breton lorn-aol, falaise, aol pour un plus ancien ail,
si{;nilianten breton proprement rivage, etaussi par le nom d'une
cilé de Grande-Bretagne conservé dans une glose bretonne-
irmoricaine du ms. du x* siècle Regina 96 de ta Bibliothèque
Vaticane : Torn-lrienl. Trient parall bien représenter le nom de
la rivière TpiaivTwv, donné par Ptolémée ; du temps de Bède,
Treanla, aujourd'hui la Trenl.
M. Salomon Rbikacu et Adrien Blanchbt préser
observations.
M. Babb[X)n donne lecture d'une note de M. le
de Gastries ', sur Graciosa. une ville portugai:
COMMUNICATIONS
LE PARADBISOS ROYAL ACHÉMÉNIDE DE S
PAR »t CLEBMONT-GANKEAU, MEMBRE DE l'a
Il y a quelque vingt ans, le 11 juillet 1900
du Rev. Samuel Jessup, de passage à Pari
dont je m'excuse de donner connaissance seule
d'hui à notre Compagnie. Ce retard, — de
mois ! — est dû à des circonstances particu
fait indépendantes de ma volonté ; il ne relire
on va le voir, à l'intérêt de cette corresponds
l'ordre du jour par certains faits dont je pa
l'heure et qui lui redonnent un caractère d'acl
M. Samuel Jessup, membre de la mission pT
américaine de Saîda — l'antique Sidon, — éto
le Rev. Df Ford, directeur de cette mission, d
ter -lu sujet de diverses antiquités qu'on vena
1. Voir ci-apr«s.
LE PARADEIS08 BOTAL ÀCHËMËNtDE DE 8ID0N
usant les fondations de l'École américaine édifiée
iatement au sortir de la porte méridionale de la
le remit «ne photographie sommaire de ce groupe
;s. Sans parler des autres pièces qu'on y dislingue
u moins nettement, je fus vivement frappé d'y voir
gmenls de sculpture en ronde bosse représentant les
:!orps de grands taureaux ag^enouillés qui ressemblent
fait, par leur style, par leur pose el leur agencement,
-otomês de taureaux adossées constituant les chapi-
les palais perses de Persépolis et de Suse, chapiteaux
Il peut voir au Louvre un spécimen caractéristique,
imeiit expliquer l'existence à Sidon de tels chapiteaux
ement marqués au coin de l'art perse? Je me rappe-
isitôt le passage de Diodore de Sicile (xvi, 41-45]
conte en détail l'insurrection du roi phénicien de
le roi Tenues, contre son suzerain le roi de Perse
îrxès 111 Ochus, en 3ol avant notre ère. Un des pre-
actes des insurgés avait été la destruction du
"sî irapâSeiir:;, du parc royal, où les rois de Perse
t coutume de venir se reposer (èv ù tÔç xaîaXùoeiî c!
poûv ^aotÂst; £tbiOei?av rsieto^ai) , On sait le rôle im-
t que jouaient chez les Perses ces « paradis », ces
i de plaisance, qui, naturellement, impliquaient
2nce d'édifices plus ou moins considérables servant
idence pour les villégiatures et les chasses royales. 11
it y avoir de ces << paradis » dans les principales
ies. En tout cas, il en était ainsi en Phénicie ; le
roi y avait son paradis royal où il pouvait s'installer
la fantaisie lui prenait de venir visiter sa bonne
Le Sidon, capitale de la satrapie. Entre temps, le
royal — du type npadâna, voire pavillon plus simple
:c son parc annexe, devait servir aux satrapes et aux
ux perses ayant, comme nous l'apprend Diodore, fixé
isidence à Sidon même.
LE PARADEISOS ROYAL ACHÉMÉNIDB DE 8ID0N 407
A en juger par la photographie, nous avons les restes de
quatre protomès de taureaux qui, adossées deux par deux,
doivent représenter deux chapiteaux se faisant pendant.
Us pouvaient appartenir soit à deux colonnes flanquant une
porte d'entrée, soit à un ensemble architectural plus
étendu. La façon dont ces chapiteaux ont été brisés systé-
matiquement, avec un acharnement visible, alors qu'ils
étaient encore bien conservés, s'explique par les condi-
tions tragiques dans lesquelles se produisit l'insurrection de
Sidon secouant le joug de la domii>ation perse.
Une fois fixé ainsi sur la valeur historique de ces précieux
débris, je m*empressai d'en signaler l'existence au Musée
du Louvre, dans l'espoir qu'on pourrait en enrichir nos
collections. A cet effet, j'abouchai avec la Conservation
compétente M. Samuel Jessup et, plus tard, M. Ford
lui-même. Finalement, les pourparlers, qui durent se
poiu^aivre pendant quelques années encore, n'aboutirent
pas, pour des causes que j'ignore ; et, mon rôle étant
achevé, les choses restèrent eh l'état jusqu'en 1914, sans
que je me crusse en droit de sortir de la réserve que m'im-
posait le rôle même joué par moi dans cette négociation
déhcate.
A cette époque, M. le D*" Contenau, chargé d'une mis-
sion archéologique à Saïda, voulut bien, sur ma demande,
reprendre cette piste interrompue. Je lui donnai, à cet
effet, tous les renseignements et documents nécessaires.
La guerre vint couper court à cette première tentative.
C'est seulement cette année-ci, au cours d'une seconde mis-
sion, que M. Contenau réussit à atteindre enfin l'objectif
visé. Voici la lettre que, de retour de Syrie, il a bien
voulu m'adresser à ce sujet :
« Mon cher Maître, Je reviens de Saïda oii j'ai ext^eutt^
la mission dont j'ai été chargé par le Ministère de Tins-
truction publique, et par le Haut-Commissariat.
" Vous aviez bien voulu, dès ma première mission en
' LE PABADElBOa BOVAL ACHÏHËNIDE DE SIDON
, me faire commuoiquer la photographie d'antiquités
réesà Sidon, il y a plus de vingt ans, par la Mission
ricaine qui était d(isireuse d'avoir votre jugement sur
ntiquités.
A la suite de cet examen, il vous avait paru désirahie
rs signaler au Musée du Louvre, en raison de l'intérêt
ptionoel que certaines pièces paraissaient présenter.
M. le D' Ford, chef de la Mission Américaine, avait
Té sa collection d'antiquités pendant la guerre, par
ire de précaution. ^
Désireux de satisfaire à l'arrêté du Haut-Commissariat
irivant à tout détenteur d'antiquités d'en faire la décla-
n, il a déterré sa collection devant M. Brossé, inspec-
du Service, qui doit en dresser un inventaire, et devant
J'ai eu la satisfaction d'y retrouver toutes les pièces
reproduit votre photographie, notamment les taureaux
/ous m'aviez particulièrement signalés comme prove-
d'un monument d'époque {>erse.
M. Ford m'a dit que ces débris de chapiteaux ont été
iés lors de la construction de l'école américaine, située
de la porte de Tyr, à deux pas de la butte et du cha-
, où j'ai moi-même exécuté des sondages.
Je pense que ces renseignements vous seront agréables
PUS prie d'agréer, mon cher Maître, l'assurance de mes
^ctueux sentiments.
15 novembre 1920.
G. Contenau. »
jspère que, dans ces conditions, M. le D' Contenau
toute latitude pour nous présenter bientôt, avec des
)ductions dignes d'eux, ces monuments dont je crois
' suffisamment montré l'intérêt exceptionnel pour l'his-
de la Phénicie et, en particulier, de la domination
ménide à Sidon.
409
LENNÉADE OSIRIENNE d'aBYDOS ET LES ENSEIGNES SACRÉES,
PAR M. G. JÉQUIER,
CORRESPONDANT ÉTRANGER DE l' ACADÉMIE.
Le principe de Tennéade est la base même de tout le
système théologique héliopolitain : pour les prêtres de la
métropole religieuse de la Basse Egypte, la cdnipagnie des
neuf grands dieux personnifiait les divers stades de la cos-
mogonie, depuis les origines les plus lointaines de Tunivers,
jusqu'aux débuts de l'humanité et de la civilisation ^ Du
chaos, rélément humide éternel, préexistant 5 tout, sort
spontanément Toum le dieu créateur, qui représente la
lumière primordiale; il procrée les dieux do Tespacc, Toir
el la chaleur, Shou et Tefnouït, qui à leur tour donnent
naissance à Geb et Nouït, la terre et le ciel, sans doute avec
tous les êtres qu'ils contiennent. Un dernier groupe de
quatre individus, issu de ce couple, représente rorganiMU-
tion du monde et de Thumanité, et symbolise le principe
«le la lutte éternelle : ce sont Osiris et Set, avec leurn com-
pléments féminins Isis et Nephthys.
Cette conception anthropomorphique des origines du
monde correspondait si bien à la mentalité égyptienne, que
dans les religions locales qui n'avaient pas de Mynt^ine
cosmogonique particulier, la doctrine héliopolitaine fui
adoptée presque telle quelle; on se contenUi génénfleinent
de substituer au dieu créateur Toum la divinité"' l(»e<ile, tm
de placer celle-ci, et même parfois Ht» triade, devniil lu
groupe complet des dieux c/ismoj^onjque»*, ee (|tii donne
fréquemment des enné?id»-s de dix a dotj/edienit
Dans quelques vill*,'s. autour tU- la figure oriK<(Hile de
certains dieux, des mtthff-, et d*H dogm^n h'* liiieiil deve
loppés de façon parf;**frm'*nt ind*fH-rid/»fi|e jutiqu'ii lorniei
410 l'ennéade osikienne d'abydos
des systèmes ihéologiques si homogènes et si complets
qu'ils semblaient n'avoir rien à emprunter à la religion
héliopolitaine. Le principe de Tennéade s'introduisit cepen-
dant aussi dans ces doctrines, mais sous la forme d'un
groupe de divinités qui n'a plus une signification stricte-
ment cosmogonique et ne joue dans l'histoire de la créa-
tion qu'un rôle secondaire, plus passif qu'actif.
Ainsi à Hermopolis, Thot est Timique créateur du monde
et des hommes ; il agit par la parole seule et son action
n'est pas isolée dans le temps, mais se renouvelle sans
cesse. Il n'a donc pas besoin d'avoir à sa suite, comme
Toum, une série de dieux qui continuent son œuvre, mais
ses théologiens crurent nécessaire de lui adjoindre un
groupe d'êtres personnifiant la matière d'où il doit tirer ce
qu'il crée. De là l'ogdoade hermopolitaine, formée de
quatre couples de divinités, mâles et femelles, qui, précé-
dés de Thot, constituent une ennéade d'un type tout par-
ticuli^ : d'im côté le créateur, de l'autre la matière pri-
mordiale, représentée par des figures sans caractère
propre, inséparables les unes des autres, créations factices
dont le rôle est pour ainsi dire nul et dont les noms seuls
indiquent qu'ils personnifient les diflerents aspects de l'élé-
ment chaotique.
Un texte, malheureusement fort mutilé ^ nous apprend
que les théologiens memphites avaient adopté le même
principe, une ogdoade composée de formes spéciales de
Ptah-Totounen qui, d'après leurs épithètes, ont aussi le
caractère de divinités élémentaires. Le fait même que
toutes ces figures sont des émanations de Ptah, l'artisan
créateur, associé à Totounen, la forme memphite du chaos
primordial, montre le caractère tout artificiel de cette com-
pagnie de dieux, dont aucun n'a une personnalité origi-
nale ni une vie propre .
1. Krman, Ein Denkmal memphilitcher T/ieo fo^ie (Sitzungsbcrichte der
k^. preuss. Akad. der Wissenschaftcn, 1911, XLIII, p. 916 à 950).
l'bnnéade osirienne d'abydos 411
• A constater ces évolutions multiples de la théorie hélio-
politaine de Tennéade, suivant les lieux et les idées, on
peut s'attendre à retrouver le même principe, plus ou
moins déformé, pour exprimer la notion de la cosmogonie
ou de certains de ses éléments dans les cultes très particu-
liers de tous les grands dieux d'Egypte. Nous en avons en
effet im exemple plus caractéristique encore, bien qu'il ait
passé inaperçu jusqu'ici, dans la plus populaire et la plus
connue de toutes ces religions locales, celle de TOsiris
d'Abydps.
De même que dans son caractère primitif, Osiris n'a rien
du dieu des morts, il n'est pas non plus, à proprement
parler, un créateur : il est la nature qui se développe, puis
meurt pour renaître d'elle-même, perpétuellement. Ce
principe est suffisamment exprimé par la constitution de la
triade bien connue Osiris, Isis, Horus, pour qu'il ne semble
pas indispensable de faire intervenir une ennéade cosmo-
gonique, dont du reste le mythe osirien, tel que nous la
transmis Plutarque, ne fait aucune mention.
Un document officiel nous apprend cependant que les
théologiens d*Abydos ne raisonnaient pas de cette façon :
il s agit d'une stèle découverte par Mariette à Abydos *
même et dans laquelle Thoutmès I relate les travaux qu'il
fit exécuter dans le sanctuaire d'Osiris et qui consistaient
en une réfection de tout le mobilier sacré : d'abord l'image
d'Osiris, enfermée dans sa châsse, la barque portative pour
les processions et les ustensiles du culte, le tout en métaux
précieux, puis la grande barque pour les voyages du dieu.
L« texte continue en ces termes :
(' Ma Majesté a donné l'ordre de façonner la grande
ennéade des dieux qui sont dans Abydos et dont voici les
noms :
t. Mariette, Abydoiy II, pi. XXXI. La traduction complète dans Breas-
ted, AncUnt Recordi, 11, p. 38 A 40.
412 l'ennéade osiriennc d'abtdos
Khnoum, maître de Her-our (Antinoé) ag^gé à Abydos ;
Khnoum, maître de la cataracte, agrégé à Abydos ;
Thot, commandeur des dieux ("y" i | ] |)
Thot, qui réside dans Hesret (Hermopolis) * ;
Horus, qui réside dans Khesem (Letopolis);
Horus, vengeur de son père^ (*| ^ \\ ^ j
Ap-ouaïtou du Sud ;
Ap-ouaïtou du Nord.
Mystérieux et sublimes sont leurs corps ; leurs supports
sont en électrum. Ils spnt plus parfaits qu'ils n'étaient
auparavant, plus beaux que dans le ciel, plus cachés que
dans les plans de Tautre monde, plus adorables (?) que
(lorsqu'ils se trouvaient encore) dans Tabime primordial. »
Ces huit dieux, qui sont appelés à former avec Osiris
l'ennéade d'Abydos, sont des figures connues, à physio-
nomie bien caractérisée ; chacun d'eux joue dans sa ville
d'origine le rôle de dieu suprême, mais dans Abydos il
n'est qu'un étranger, une divinité secondaire qui ne reçoit
aucun culte régulier. Ils n'ont les uns avec les autres
aucun lien naturel, étant d'essences absolument différentes,
et s'ils ont été réunis, c'est par suite d'une combinaison
théologique, en vertu d'un plan analogue à celui qui a
amené la création de Togdoade d'Hermopolis, avec cette
différence toutefois qu'ici il ne s'agit plus de quatre couples
de divinités, mâles et femelles, créés de toutes pièces pour
les besoins de la cause, mais de quatre dieux choisis comme
représentant ' chacun une idée théologique bien nette, et
dédoublés pour arriver ainsi au nombre neuf, qui avait lui-
même une signification spéciale.
1. Ces deux titres se suivent sans que le nom de Thot soit répclê,
comme c'est le cas pour tous les autres dieux.
2. Litt. : « Qui frotta le visa/çe de son père » ; titre d'Hopus q^i le pré-
sente comme accomplissant les rites funéraires en qualité de fils et suc-
cesseur du défunt.
l'ennéade osirienne d'abydos 413
Nous pouvons donc déterminer le sens de Tennéade
d'Abydos, en tenant compte du caractère particulier de
ehacun de ces quatre dieux.
Ed tête de la liste paraît Khnoum ; comme dieu de la
cataracte, il est le Nil, celui qui donne la fertilité et par là
même la vie à tout le pays; il est la sève de la matière,
indispensable pour amener la germination, la renaissance
de la nature. Dans sa ville de Herour, en Moyenne Egypte,
son rôle est plus spécialisé : il préside à la |naissance des
hommes, qu^il modèle lui-même dans Targile humide et
féconde. Khnoum se présente toujours sous la forme d^im
bouc, l'animal reproducteur par excellence.
Les Ap-ouaïtou du Sud et du Nord, nommés à la fin de
la liste, forment le pendant des deux Khnoum. Ces dieux
qui se manifestent sous la forme de loups sont, comme
leurs proches parents, les Anubis, les représentants du
désert, de la montagne, des régions arides ou incultes :
c'est Télément solide, inerte, de la matière primordiale,
dont Khnoum figure l'élément humide fertilisateur. Ap-
ouaïtou et Khnoum se complètent donc pour symboliser le
milieu dans lequel la nature, c'est-à-dire Osiris lui-même,
peut se développer et se renouveler éternellement.
Placés entre ces deux groupes, les deux Thot et les deux
Horus ont un caractère tout différent : leur rôle est essen-
tiellement actif. Thot, dont il a été question plus haut,
est un des grands dieux créateurs, qui forme tout ce qui
est par la parole seule. Quant à Horus, divinité introduite
en Egypte par les premiers conquérants du pays, c'est un
soleil, un combattant, im victorieux, et non pas un dieu
attaché à un principe cosmogonique, au moins originaire-
ment ; toutefois sa personnalité a évolué de tant de façons
différentes en se prêtant aux exigences locales, en absor-
bant d*anciens dieux ou en s'assimilant à eux, qull peut
cependant prendre ime part, et même parfois une part
importante, dans le mythe de la création. Ainsi dans la
414 l'ENNÉADE 081RIENNE D ABTDOS
théologie memphite, Honis est déjà associé à Thot poiir
représenter les agents directs du dieu créateur Phtah, « son
cœur et sa langue » , comme le dit un texte, c'est-à-dire la
pensée déterminant l'action et le verbe qui Texécute. Leur
rôle à tous deux doit être, à bien peu de chose près, le
même à Abydos qu'à Memphis.
Une ennéade ainsi conçue est essentiellement difFérente
de celle d' Héliopolis, mais elle est bien appropriée au carac-
tère même du dieu auquel elle se trouve attachée : accom-
pagné de la matière terrestre inerte, de Télément liquide
fertilisateur, d'une puissante volonté démiui^que et du
verbe créateur, Osiris est assuré de renaître perpétuelle-
ment.
Ce ne sont évidemment pas des statues que Thoutmès 1
éleva à ces huit dieux, ou plutôt à ces quatre dieux dédou-
blés, qui ne sont à Abydos l'objet d'aucun culte régulier ;
s'il les mentionne dans son inscription, c'est au même titre
que le mobilier sacré : leurs images figuraient dans le
temple en qualité d'accessoires de la châsse divine et de la
barque d'Osiris, et c'est donc à côté de celles-ci que nous
devons en chercher la représentation.
Le temple où Ton célébrait sous la XVIII* dynastie le
culte d'Osiris a disparu, mais dans celui de Seti I qui Ta
remplacé, plusieurs des sanctuaires, et en particulier celui
d'Osiris, sont ornés de grands tableaux qui représentent le
reliquaire divin, la barque et tous les accessoires, avec un
luxe de détails peu commun. Comme pendant les trois
siècles qui se sont écoulés entre les deux époques, il n'est
pas probable que le mobilier traditionnel ait subi des modi-
fications importantes, nous pouvons nous attendre à trou-
ver dans ces bas-reliefs l'illustration correspondant au
texte de Thoutmès I.
Dans le grand tableau qui représente la châsse conte-
nant la tête d'Osiris ^, on voit, plantées en terre, en avant
1. Gaulfeiid, The Temple of Ihe Kings, pi. II.
^
l'ennéade osirienne d'abydos 415
du reliquaire, huit de ces enseignes qu on avait Thabitude
de porter processionnellement devant les dieux et les rois,
dans certaines cérémonies. Ici ce n^est pas seulement le
nombre de ces objets qui correspond à celui des membres
de Tennéade osirienne, mais aussi les images qui surmontent
les hampes, et les légendes qui les accompagnent ; à peine
l'ordre est-il quelque peu interverti .
En tète du groupe viennent deux canidés, loups ou cha-
cals, 4^ns leurs poses habituelles, Tun debout, l'autre
couché, portant les noms d'Ap-ouaïtou du Sud et d'Ap-
ouaitou du Nord. Ensuite ce sont deux Thot dont 1 un se
présente comme de coutume, sous la forme d'un ibis, avec
le titre de <( juge de vérité » ; tandis que l'autre est figuré
par le sceptre casse-tête sekhem^ le fétiche qui a valu à
Thot lui-même le titre « sekhem des dieux » ou « com-
mandeur des dieux )> .
Les deux hampes qui suivent portent Tune un Horus
« vengeur de son père » sous sa forme ordinaire de faucon
dressé sur ses pattes, Tautre un dieu debout, brandissant
une lance, et appelé Anhour-Shou, fils de Ua: il est évi-
dent que cette divinité, qui a avec Horus des rapports très
étroits* et n'en est peut-être même qu'une incarnation ou
une forme dérivée, remplace ici le deuxième Horus, celui
de Letopolis 2.
A côté de ces deux enseignes se dressent encore deux
hampes nues, sans leurs couronnements et sans les insignes
qu elles devraient supporter. Normalement, c'est ici qu'on
devrait s'attendre à trouver les deux boucs de Khnoum,
qui paraissent ainsi manquer à la série ; il n'en est rien
cependant, car ils se retrouvent un peu plus loin, dressés
des deux côtés de la châsse divine dont ils semblent être
les gardiens. De même que dans le texte de Thoutmès les
1. Junker, Die Onnritlegende, p. 49.
3. Le choix d*Anhour esl peut-élre aussi motivé par le fait qu'il est le
dieu de Thinis, localité très voisine d'Abydos.
416 l'ennéade osiriennr d'abvdos
Khnoum paraissent en tête du groupe des huit dieux, ici
ils ont une place d'honneur immédiatement auprès d^Osiris
et ne se placent, sur les hautes perches, comme les six
autres, qu'au moment des grandes processions. Ce poste
d'honneur s'explique par le fait qu'Osiris et Khnoum sym-
bolisent deux idées très voisines : tous deux sont des divi-
nités de la nature, l'un représentant le Nil, l'autre la
végétation. Ces deux- conceptions religieuses qui caracté-
risent à elles seules toute la nature du Delta et de la Haute
Egypte sont faites pour se compléter, et il n'y a rien d'éton-
nant à ce que les théologiens d'Abydos aient fait eux-
mêmes le rapprochement.
Dans plusieurs autres représentations du reliquaire
d'Abydos *, on retrouve la série des enseignes plus ou
moins complète, parfois réduite aux deux boucs seulement,
placés alors toujours à côté de la châsse divine, comme
étant les représentants les plus attitrés de l'ennéade. C'est
le cas en particulier pouf la barque portative d'Osiris, figurée
dans le temple de Seti I en face du tableau dont il vient
d'être question 2.
Le parallélisme si suggestif de ces deux documents, la
stèle et le bas-relief, éclaire d'un jour tout nouveau la
question des enseignes, pour laquelle aucune explication
satisfaisante n'a été proposée jusqu'ici : certains savants les
considèrent encore comme les symboles,totémiques de dans
dont l'existence est pour le moins problématique, d'autres
comme des insignes militaires, bien qu'elles ne paraissent
jamais dans les scènes de bataille.
En réalité, les enseignes ne se trouvent guère que dans
1 . Ces fi^rations sont fréquentes sur les sarcophages et les stèles du
Nouvel Empire (Jéquier, Bull, de VInsi, fr. d'arc/i. orient, da Caire,
XIX, p. 21).
2. Caulfeild, The Temple of ihe Kings, pi. III. Ici Ton voit, près de la
proue de la barque, un faucon et un chacal placés sur de petits supports,
qui représentent les Horus et les-Ap-ouaïtou ; Thot, par contre, n*cst pas
figuré.
GRACIOSA 4 1 7
les tableaux religieux, les représentations d'une barque
divine ou les cérémonies de fondation de temples. Elles
jouent également un rôle dans la grande fête heb-sed^ la
panégyrie royale, comme nous avons coutume de Tappeler,
Toffice solennel qui se célébrait tous les trente ans et qui
avait pour but lé rajeunissement et la perpétuation de la
royauté pharaonique, et sans doute aussi un renouvelle-
ment périodique du calendrier. Cette cérémonie est un
symbole, probablement apparenté à celui qui était à la base
du mystère osirien, la renaissance du dieu pour la conser-
vation du monde, donc une sorte de répétition de Tacte cos-
mogonique. Dans toutes les scènes qui représentent cet
office, les porte-enseignes se placent à côté du roi, et il
semble bien que les emblèmes qu'ils tiennent à la main
sont, comme ceux qui entourent la châsse d'Osiris, les
symboles des agents de la renaissance. Leur nombre est du
reste très variable, Jainsi que la nature des emblèmes cou-
ronnant les hampes, de sorte qu'il ne saurait être ici ques-
tion de les considérer comme les éléments d'une ennéade :
il s'agit d'un principe similaire, mais non identique.
Dans ce domaine, la documentation est extrêmement
abondante ; une étude approfondie du sujet ne fera sans
doute que confirmer les indications très précises du texte
et dti tableau d' Abydos sur le sens cosmogonique, plus ou
moins évolué, des enseignes sacrées.
GRACIOSA,
UNE VILLE PORTUGAISE OUBLIÉE AU MAROC,
PAR M. LE COMTE HENRY DE CASTRIES.
La fin du xv* siècle est peut-être l'époque où l'anarchique
empire du Maroc fut le plus troublé et celle où les rois de
Portugal, par leurs emprises africaines, justifièrent le mieux
1920 27
418 GRACIOSA
leur titre protocolaire de « roi en deçà et au delà de la mer
en Afrique ».
En 1465, Abd el-Hakk, le dernier sultan mérinide, périt
assassiné par un chef édrisside qui se (it proclamer roi.
Mais Tusurpateur fut loin d'être reconnu par tous les par-
tis ; les notables de Fez mécontents encouragèrent les
visées ambitieuses du caïd d'Arzila, Mohammed ech-
Cheikh^ qui appartenait à une branche collatérale des Béni
Mérin, les Béni Ouattass^ et qui exerçait dans le Habt un
pouvoir presque souverain.
En 1471, Mohammed ech-Cheikhy ayant affermi son
autorité sur les tribus de la région, en réunit les contin-
gents armés et, quittant Arzila, vint assiéger dans Fez le
chérif édrisside. Le roi de Portugal Don Alphonse V, ren-
seigné par ses émissaires sur la situation troublée du
royaume de Fez et sachant le Habt presque sans défense,
jugea l'occasion favorable pour s'emparer d'Arzila ; il
assembla une armée de 20.000 hommes et partit avec son
fils rinfant Don Jean pour la côte marocaine. Après un
débarquement fort difficile, on prit terre le 15 août devant
Arzila ; la place fit ime courageuse résistance, mais aucun
secours ne lui venant du dehors, elle se rendit, le 24 août.
On captura dans la kasba une femme, deux filles et im fils
de Mohammed ech-Cheikh. Cette prise d'Arzila en 1471
apparut comme un premier pas vers la conquête du Maroc,
comme une victoire de la Croix sur le Croissant, et eut
alors un retentissement en Europe. Jehan de Wawrin, le
chambellan de Philippe le Bon, en donna un long récit
dans ses Anciennes Croniques d*Enffleterre.
Cependant Mohammed ech-Cheikhy à la nouvelle du
débarquement de l'armée 'portugaise, s'était porté vers le
Nord. En arrivant à El-Ksar el-Kebir, il apprit qu' Arzila
s'était rendue et que sa famille était prisonnière. Pressé
néanmoins de retourner à Fez contre son compétiteur, il
préféra négocier avec Don Alphonse. Sa femme et ses
GRAQOSA 419
enfants lui furent rendus sans rançon, mais ii dut sumer
un traité qui, entre autres clauses, attribuait au Portugal
la possession d'une île marécageuse située à trois lieues ea
amont de Tembouchure du Loukkos et formée par ce fleuve
et les divagations de Toued el-Mekbazen. Revenu à Fei,
Mohammed ech-Cheikh réussit à chasser le chêrif édrisside
et se fit proclamer roi en mars 1472.
Le roi Don Alphonse V mourut en 1481, sans avoir réa-
lisé Toccupation du territoire que lui avait reconnu le traité
d'Arzila. Son fils et successeur Jean II, comprenant com-
bien il était important, pour les desseins du Portugal sur
le Maroc, d'avoir une position dans l'intérieur du pavs,
position qui pourrait être aisément ravitaillée et secourue
parla mer, fit partir, à la fin de février 1489, une expéili-
tion commandée par Gaspar Jusarte, avec mission de recon-
naître le terrain et de construire dans Tile du Loukkos une
place forte, laquelle reçut, d'ores et déjà, le nom de Gra-
ciosa. Les vaisseaux remontèrent le fleuve sans difficulté
jusqu'à hauteur de Tîle ; des ouvriers furent débarqués et
les remparts de Graciosa s'élevèrent sous la protection des
vaisseaux ; une seconde flotte partit à la fin de mai, com-
mandée par Don Pedro de Castelbranco, et vint mouiller
sons Graciosa, dont Diego Fernandes d'Almeida fut nommé
gouverneur.
Justement alarmé de la construction de cette place forle,
Mohammed ech-Cheikh accourut avec une armée pour
déloger les Portugais, mais l'artillerie de la flotte, tirant
nuit et jour, maintint les Marocains à distance. Le sultan
désespérait d'arriver à ses fins, quand, sur le conseil d'un
renégat, il fit abattre tous les chênes-lièi^es qui se trou-
vaient dans le voisinage et, les ayant fait solidement
enfoncer dans le lit du Loukkos, il en forma une estacade
<iui barra complètement le fleuve à deux lieues en aval de
Graciosa. Il n'eut même pas à livrer combat : la flolle
portugaise enfermée, sans issue possible, dut capituler. Par
420 GRACIQSÂ
le traité de Xamez, signé le 27 août 1489, les Portugais
s'engagèrent à évacuer Graciosa. On voit que, par son
existence éphémère, cette ville justifie Toubli dans lequel
elle est tombée. Le souvenir de sa position s'était perdu,
son nom même avait presque disparu, et Léon T Africain,
qui rignore, lappelle tout simplement « Gezira », c'est-à-
dire nie.
Un plus grand jour s'est fait dernièrement sur Graciosa,
à la suite de la publication d'une collection historique qui
fait le plus grand honneur à l'Académie des sciences de
Lisbonne. La savante Compagnie, pour célébrer le cinquième
centenaire de la prise de Geuta, a publié en 1915 des textes
historiques restés manuscrits et se rapportant aux débuts
de l'occupation portugaise au Maroc Parmi les ouvrages
ainsi parus, se trouvent les Annales d'Arzila par Bernard©
Rodriguès, manuscrit que j'avais remarqué, au cours d'une
mission en Portugal en 1907, et dont j'avais signalé l'im-
portance dans mon rapport au Ministre. C'est à M. David
Lopès, ancien élève de notre Ecole des Langues orientales
vivantes, qu'a été confiée la direction de cette intéressante
publication, et il s'est acquitté de ce travail avec une grande
' compétence. Dans la même année 1915, M. Anselmo Bra-
ancamp Freire, l'érudit qui connaît le mieux les archives
de la Torre do Tombo, découvrait dans ce dépôt une série
de mandats relatifs à des fournitures de biscuits faites à
l'expédition de Graciosa, et les renseignements qu'il a tirés
de ces pièces comptables lui ont permis de publier un inté
^ ressaut mémoire sur les expéditions portugaises de 1488 et
I de 1489.
i L'examen critique de ces deux séries de documents et
^\ celui de la carte de la région, dont la topographie est
aujourd'hui connue, ne laissent, je crois, subsister aucuû
doute sur la position de Graciosa. 11 n'y avait pas, à pro-i
prement parler, d'île dans le lit de l'oued Loukkos, maia
les divagations de l'oued el-Mekhazeu, près de son confluen
tu
avec ce fleuve, circonscrivent un terrain maréca^ux i
ce terme a pu être appliqué. C'est là que Bernardo
gués, l'auteur des Annales d'Arzila, place Gracio:
Rodri^ës est né en 1.500 à Arzîla, où son père était i
il est venu plusieurs fois sur les tieux et y a chassé 1
glier ; son témoignage a donc une valeur capitale. Po
le caaUllo ou villa de Graciosa se trouvait à mi-di
entre l'embouchure du Loukkos et la villa d'El-K:
Kebir, au confluent de la ribeira da Ponte et du
/crache, c'est-à-dire deTouedel-Mekhazen et du Loi
M. Braancamp Freire situe, au contraire, Gracioi
près de l'embouchure du Loukkos, dans l'avant-df
boucle de ce fleuve, et il l'identifie avec I.iks, l'antiqi
phénicienne, le J^ixas des Romains et le Tchemml
indigènes, ville sur laquelle M. Tissot a présenté à
demie en 1877 un savant mémoire. M. Braancamj
son ai^umentation sur ce fait que le traité qui amena
cuatîon de Graciosa fut signé à Xamez, nom qui lui
être la transcription portugaise de Tchemmich, c
d'ailleurs, est vraisemblable. Mais de ce que le t
été signé à Xamez, on n'en saurait déduire une raiso
fisanlc pour identifier ce lieu avec Graciosa. La pi
admise par M. Braancamp me semble beaucoup tro
prochée de l'embouchure du fleuve. Il eût été de tou
possibilité, si la flotte portugaise avait été embossée
si faible distance de l'Océan, de l'enfermer par um
rade, construite à deux lieues en aval dans le lit du I
Je me range donc aux conclusions de Bersardo Rode
qui sont, d'ailleurs, adoptées également par M.
I^pès, l'éditeur des Annale» d'Arzila.
Par une fatale coïncidence, ce confluent de l'ou
Mekhazen et du Loukkos devait, moins d'un siècle
être témoin du plus eiTrovable désastre qu'ait jamais
nation portugaise. Le i août 1.Ï78, le roi Don Sébast
clei^, la noblesse, l'armée du royaume, étaient anéi
422 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE
quelques centaines de mètres de ce lieu de Graciosa, au
nom enchanteur.
LIVRES OFFERTS
Le SECRéxAiRE PERPÉTUEL fait homraage à TAcadémie, au nom de
M. le baron DescampB, sénateur du royaume de Belgique, d'une étude
dont il est Fauteur, intitulée : Le génie de la langue française et son
rayonnement international (communication faite à FAcadémie des
sciences morales et politiques dans la séance du 30 octobre 1920).
Il offre également, de la part de Tauteur, M. Euscbe Vassel, un
opuscule intitulé : Marques céramiques et balles de fronde carthagi-
noises (extrait du Bulletin archéologique ^ 1919 ; Paris, 1920, in-8«).
Le P. ScHEiL fait hommage à l'Académie au nom de M. Edouard
Naville, associé étranger, de son étude : L'évolution de la langue
égyptienne et les langues sémitiques (Paris, 1920, gr. in-8°).
Il présente aussi, de la part de M. Hilaire de Barenton, une bro-
chure intitulée: La langue étrusque^ dialecte de Vancien égyptien
(Paris, 1920, gr. in-So).
SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE 1920
PRésiDBNCE DE M. CHARLES DIEHL.
M. Lubor Niederle, récemment élu correspondant étranger,
adresse à TAcadémie ses remerciements.
M. JuLUAN fait circuler la photographie d'une pierre trouvée à
Ponson-Dessus (Basses-Pyrénées), par MM. Rosapelly et Gui-
chot. On y lit, en lettres du xvi* siècle, une reproduction de la
célèbre inscription d'Hasparren. M. Jullian se demande si
quelques-unes des inscriptions de Gaule déclarées fausses pour
leur paléographie ne seraient pas des copies d'inscriptions vraies
aujourd'hui perdues.
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE 423
M. HoMOLLB achève îa lecture du mémoire de M. R. Vallob
sur Tépiphanie par le feu du Dionysos thrace.
Dionysos se manifeste dans les sanctuaires de Thrace par une
grande flamme qui jaillit de Tautel et, dépassant le faite du temple,
monte jusqu'au ciel. De l'accomplissement du prodige résulte
pour le pays l'abondance ou la disette. ^
Le feu, qui semble s'appuyer comme une colonne d'une part
sur le ciel et de Tautre sur la terre, a aussi une signification
mystique. Il symbolise et en quelque sorte réalise la réunion
des deux éléments divins, par laquelle renaît périodiquement le
dieu maître du monde.
La formule rituelle, par laquelle le prêtre proclamait cette
naissance, détournée de son sens mystique par la flatterie des
prêtres, parTorgueil et la politique de deux consultants illustres,
Alexandre le Grand et Octave, père de l'empereur Auguste, a
été transformée en prophéties promettant au premier lui-même
et au fils du second la maîtrise du monde.
M. HuABT présente quelques observations.
M. HuART commence la lecture d'un mémoire intitulé : « Les
Ziyârides: un essai de restauration de l'empire perse au x* siècle ».
SÉANCE DU 29 DÉCEMBRE
PRÉSIDENCE DE M. CHARLES DIBHL.
L'Académie procède à l'élection du bureau pour 1921. Sont
élus: M. Edouard Cuq, président, à l'unanimité; M. Paul
Monceaux, vice-président, également à l'unanimité.
Il est procédé ensuite à la nomination des Commissions
annuelles suivantes:
Commission administrative centrale: MM. Alfred Croisbt et
Omont.
Commission administrât! ve de TAcadémie: MM. Alfred Croi-
sbt et Omont.
4 SÉANCE DU 24 DÉCEMBRE
'"' im mission des Travaux littéraires : MM. Sbnaht, Alfred
S8T, Clbhhont-Ganneau, de Lastevrib, Babblon, Ohort,
SSOULLIER, PhOU.
)mmtssion des Écoles fraoçaises d'Athènes et de Rome ;
, Hbuzev, FoucARt, HoMOLLB, PoTTiER, Chatelain, Bgbcbb,
>minission de la Fondation Benoit Garnier; MM, Sbnart,
SSOtILUEtt, SCIIEIL et CORDIER.
immission de la Fondation Piot : MM. Heuzeï, de Lastet-
Homoi.lb, Barelon. Pottier, Haussoullier, Dl'rribu, Diehl,
''rançois Delaborpb:
jmmission de l'École française d' Extrême-Orient : MM.
EBv, Sbnabt, Pottibh, Maurice Croiset, Schbil, Cobdibb,
immission de la Fondation Dourlans : MM. Ci.ermont-Gan-
, Châtelain, Maurice Croiset, Haussoullibb.
nde la Fondation De Clercq: MM. Heuzey.Senabt.
, PoTTiBB, Schbil, Thuheau-Oangin.
' j prix du baron Gobert : MM. Omont, Thomas,
; et Dblachenal.
) Président fait savoir que la Commission des inscriptions
lélos demande à l'Académie de leur adjoindre M. Gustave
rz. M. GloU est élu bu scrutin par 25 voix sur 26 volants. Il
in bulletin marqué d'une croix.
. Cagnat communique à l'Académie le texte d'un diplôme
laire trouvés Algaiola en Corse '.
. Cartailhac entretient l'Académie des particularilés que
relève dans les représentations d'animaux dessinés sur les
>is des cavernes. Il considère que les signes ligures sur le
is des animaux ou alentour sont des marques d'envoûtement
M, Saiomon Reinach et ScHr.LMBEHOEH présentent quelques
irvalions.
425
COMMUNICATION
UN Dlt>LÔME MILITAIRE DE CORSE,
PAR M. RENÉ GAGNAT, SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE l' ACADÉMIE.
M. C. JuUian a reçu d'un de ses anciens élèves, M. Am-
brosi, correspondant du Ministère de l'instruction publique
et secrétaire général de la Société des souvenirs historiques
de la Corse, le texte et la photographie d'un diplôme mili-
taire récemment découvert dans l'arrondissement de Calvi.
Il a bien voulu s'en remettre à moi du soin de le faire con-
naître à l'Académie.
Voici ce que M. Ambrosi nous dit de la découverte :
« M. E. AUegrini faisait exécuter un travail de défon-
cement dans son jardin, situé aux environs d'AlgaioIa
(arrondissement de Calvi), quand un ^e ses ouvriers heurta
de la pioche un corps dur qui fut transpercé et apparut à
la pointe de l'outil . C'étaient deux plaques de métal collées
Tune à l'autre et qui, soigneusement lavées et longuement
frottées avec du jus de citron, laissèrent apparaître ime
inscription latine.
« Au cours du travail, on déterra encore des débris
d'urnes ; un sondage plus lointain donna un vase antique,
placé sens dessus dessous, à côté d'un squelette. En ma
qualité de conservateur des antiquités de la Corse, je pus
obtenir de M. AUegrini les deux plaques de métal qu'il
avait eu le bon esprit de conserver, contrairement à ce qui
se passe souvent dans notre île, et j'ai le plaisir d'en
envoyer aujourd'hui la description.
« Les deux plaques sont en bronze, d'égale dimension
et de forme carrée. Elles ont l'une et l'autre 15 centimètres
sur 15 centimètres et demi. L'épaisseur de l'une est de 2
millimètres, celle de l'autre de 1 à 1 millimètre et demi. Le
426 UN DIPLÔME MILITAIRE DE CORSE
poids de la première est de 425 grammes, celui de la
seconde de 280 grammes. Chacune d'elles porte quatre
petits trous, qui donnaient passage aux fils de métal servant
à les réunir ensemble. La rouille enfin, aidée par la pioche
de Touvriér, a enlevé sur les bords supérieur pour la plus
épaisse, inférieur pour la plus fine, une surface de 3 à 4
centimètres carrés, mais sans que les deux perforations
correspondent exactement, quand les plaques sont col-
lées Tune surTautre. »
Le texte est le suivant :
FACE INTÉRIEURE.
IMPCAESERVESPASIA_NVS-A^VG P
ONTI^EXMAX-TRJBPOTiTlMPvT-p. P-
COSIli DESIG ÏÏTiVETERANIS dSimi
litavervntin classe miseniense • sv
b sex lvcilio basso qvisenaetvicena
(»'c) stipendia- avtpivr a- mervervntet
svntdedvcti'paestvmqvorvmnom
inasvbscriptasvntipsisliberis-pos
terisqveeorvm-civitatem dedit- et co
nvbivm-cvm-vxoribvs-qvas'tvnc
habvissent-tvm-est-civitas- is-d
ataavt-si qvi-caelibesessent-cvm
(».c) est-civitas-is-data-avtsi qvi-caelib
esessent-cvm-ls-qvaspostea-dvxis
sentdvmtaxat-singvlissingv
las-nonis-aprilibvs-caesere-avg
vsti-f-dom-itiano-cn-pedio-casco-cos
bàsleltvrbeliFgallinariasarniensis
descriptvm-etrecognitvm-ex taaula
QVAE-FIXAEST-ROMAE-IN CAPITOLIO IN
PODIO ARAE-GENTIS-IVLIAE
TAB -m - PAG - VÏ • LOC • XÏX
DN dipl6he miutaibe de corse
Si
428 UN DIPLÔME MILITAIRE DE CORSE
Ce qu'il faut lire :
Imp{erator) Caes[a\r Vespasianus Aug[ustus) pontifex
wax[imus) irib[unicia) pot[estate) iterum, implerator)
sextum, [p[atcr) p[atriae)\^ co[n)$[ul) tertium, desig(naius)
quarium veteranis qu[i mi]litavcruni in classe Miseniense
sub Sex. Lucilio Basso, qui sena et vicena stipendia aut
p[l]ura meruerunt et sunt deducti Paestum, quorum
nomina subscripta suni^ ipsis liberis posterisque eorum
civitatem dédit et conubium cum uxoribus quas tune
habuiisent cum est civitas is data aut si qui caelibes
essent <Ccum est civitas is data aut si qui caelibes essenf^
cum is quas postea duxissent dumtaxat sinffuli[s] sinffulas.
Nonis AprilibuSj Caes[a]re Augusti f{ilio) Domitiàno Cn.
Pedio Casco co[n)s[ulibus) . — Baslel Turbeli f(ilius) GalU-
naria^ Sarniensis.
Descriptum et recognitum ex t[abu]la quae fixa est
Homae in Capitolio in podio arae gentis Juliae^ tab{ula) III y
pag[ina) F/, loc[o) XIX.
FACE EXTÉRIEURE
a)
imp. cESERVESPASIANVS AVG-PONTIFEX Max.
Jrib. pot. a IMP-YlPPCOS-iTiDESIG-lTTi
VETERANIS QVI MILITAVERVNT- IN -CLASSE Ml
SENIENSESVBSEXLVCILIO BASSO- QVI SENA- ET VI
CENASTIPENDIAAVTPLVRAMERVERVNTET
SVNT DEDVCTIPAESTVM-QVORV M -NOMINA
SVBSRIPTA SVNTIPSIS LIBERIS POSTERISQVEE
ORVM CIVITATEM-DEDIT • ET CONVBIVM • CVM
VXORIBVSQVASTVNC-HABVISSENT-CVMESTCI
VITAS-ISDATA-AVTSIQVI CAELIBES ESSENT CVM-Is
QVAS POSTEA • DVXISSENT DVMTAXAT SINGVLI SING
NONIS APRILIBVS CAESERE AVG F DOMITIANO CN
PEDIO CASCO COS BASIELTVRBELI-FCALLINARIA-SA
un DIPLÔME MILITAIRK DE CIlBSt
0 UN DIPLÔME MILITAIRE DE CORSE i
IIENSIS-DESCRIPTV-ET-RECOGNITV EX TABVLA-AE i
;A-QVAE-FIXA EST-ROM-IN CAP IN POD-ARAE-GENTIS '
UAE-TAB-ÏÏÏ-PAG-Vl LOC-XÏX
b),
Ivu Fab cestiani
IvLi corneL nigri '
VALERI ALEXSANDN (tic I
.exsandrI m agni macedons
valeri veri
ucini pvdentis ,
RVFINI CHAEREAe
[1 est inutile de s'étendre sur les nombreuses fautes que I
graveur a commises : ce sont incorrections ou inadver-
ices comme les copistes en laissaient échapper souvent ; I
lis il y a lieu d'insister sur quelques particularités que le
:te présente.
Fout d'abord, on peut sigaaier que nous possédons déjà,
• un autre diplôme militaire trouvé à Pompéi et publié
}uis longtemps, un second exemplaire de ce décret'. Il est
vi des noms d'un autre marin de la flotte de Misène, '
éré le même jour que celui qui figure sur le présent texte,
la suite de la date : Nonis Apritibus, Caesare Aug. /. j
mUia.no Cn. Pedio Gasco consulibua (5 avril 71), on y lit ;
eijali. — M. Damae f. Saro Garaseno. Les témoins qui i
tifient l'exactitude de la copie sont, comme il était j
isage à cette époque, des compatriotes du titulaire, des |
is de Laodicée, d'.^ntioche et de Stratonicée. Lui ausai '
lit été deductua Paestum à cette date. 1
Le marin dont le nom est inscrit sur le diplôme d'AJ-
.ola s'appelait Basiel, ou plutôt Basiel, fils de Turbel,
, C. I. L., m, p. 19S9, nMX.
UN DIPLÔME MILITAIRE Dfi CORSE 431
noms nouveaux, semble-l-il, et qui nous renseignent mal
^ur la nationalité du personnage ; il parait bien pourtant
qu'ils sont celtiques, la désinence el étant gauloise et
Turbel se rapprochant de formes analogues [Turba^ auj.
Tarbes, Tarbella^ Dax).
Sa patrie est^ il est vrai, énoncée à la suite de son nom ;
mais nous n'en sommes guère plus avancés. 11 est dit, en
effet, Gallinaria Sarniensis, la première indication se rap-
portant, suivant toute apparence, à la localité même dont
il était originaire, la seconde au territoire auquel cette loca-
lité appartenait. Or nous ne connaissons que deux Gallina-
ria^ une île et une forêt. L'île Gallinaria, auj. Gallinara, est
située sur la côte de Ligurie en face d'Albium Ingaunum,
un peu au Sud-Est de Gênes. La forêt s'étendait sur la côte
de Campanie, entre l'embouchure du Vulturne et Cumes*.
Peut-on croire que notre marin était originaire de Tîle ? 11
y a deux objections : la première est que l'île est toute petite
et avait peu, sinon point du tout d'habitants, la seconde
est que l'ethnique Sarniensis fait difûculté. L'adjectif Sar-
niensis conduit, en effet, à une forme comme Sarnia^ Sar-
nium ; et l'on ne connaît de ce nom qu'une île, citée par
l'Itinéraire d'Antonin, entre la Gaule et la Bretagne, la
moderne Guernesey ^. Cela nous transporte bien loin de la
cote de Ligurie. Si vraiment Basiel était un fils de Guer-
nesey, Gallinaria ne peut être qu'une petite localité de cette
île^ qu'aucun document ne nous avait encore signalée.
Autre particularité, qui n'est point, d'ailleurs, une nou-
veauté. Sur le diplôme de Pompéi on lit que la tablette
originale était affichée Rornae, in Capilolio^ in podio arae
gentis Juliae, parie exteriore. Ici on a indiqué en outre
1. Cf. 0ur ces localités» de V^it, OnomtLsticon^», v. el rEncyclopcdie de
P«Mly-Wissowa, VII, col. 670.
2. Noter pourlant que certains manuscrits donnent la forme Armia. ou
^rmk el non Sarnia, qui est adoptée aujounriiui. Cf. Desjardins, Géogr.
àe U Qtiule, 1» p. 332, et Tédition Parthcy et Pindcr de rilinéraire.
12 UN DrPLÔME .MILITAIRE DE COBStl
l'il s'agit de ta troisième table, sixième colonne et dix-
îuvième ligne de cette colonne'.
Mais voici qui mérite de fixer l'attention. On sait que la :
<i exigeait, pour assurer la validité de Ifi copie, qu'elle
it certifiée par l'apposition du cachet de sept citoyens
imains'^. C'est ce que nous constatons. 11 y a sept noms
iscrits sur la tablette, dont deux même sont accompagnés
B la mention d'une tribu. Comme toujours à gauche du
lanc où était jadis apposé le see.iu, on fit le prénom et le
sntilice du témoin, à droite son surnom. Exception pour- '
int doit être faite pour les mots qui figurent au quatrième
ing de la série. A cet endroit on lit :
Alexsandri Magni Macedon{i)s
Comme il n'est pas croyable ni même possible qu'un
itoyen romain ait jamais porté ou pris ce vocable, et que,
1 supposant qu'il puisse être question ici d'un homme qui
arait porté les noms du grand conquérant, il n'aurait eu
iicun titre légal, en tant que pérégrin, à figurer au milieu
es six autres, il faut trouver une explication à cette singu-
irité. Je crois qu'elle doit être cherchée dans le rôle pro-
hylactique qui était attribué dans l'antiquité romaine aux
■présentations d'Alexandre. Saint Jean Chrysostome, dans
jn homélie au peuple d'Antioche^, nous apprend que cer-
lines amulettes, dont on s'entourait la tête ou les pieds,
Paient des médailles d'Alexandre ; pareillement l'auteur de
1 Vie des Trente tyrans' dit que, dans la famille de
[acrien, les hommes et les femmes portaient des bijoux où
lait représentée la tête d'Alexandre le Grand ; quod idcireo
1. Cr. des diplômes avec des indicalions EcmbUbles ; C. /. L., 111, p. 8J'
S&a (ce dernier du m^me jour que le prùscnl diplûme, accorda A un vj-
ran de la floUe de Ravetme) .
S. Gaius, 1, as.
3. .\il iltum. !-:itcchei)es. II. j;l. XLIX, c >1. ïlu de la HaLrologicj.
i. Trig. (;/r.,ll.
LIVRES OFFERTS 133
posuiy ajoute-t-il, quia dicuntur juvari in omni actu suo qui
Alexandrurn expressum vel auro gestitant vel argenio. On
sait que Timage du roi de Macédoine figurait souvent avec
d autres représentations prophylactiques sur les médaillons
contorniates, les pierres gnostiques, les amulettes*. Pour
une raison qui nous échappe, carence de témoin, oubli du
graveur, lacune dans la copie qui lui fut confiée, ou tout
autre cause, il manquait le nom d'un témoin et son sceau.
On eut alors l'idée de remplacer l'absent par un personnage
de bon augure, dont le cachet était fourni par des monnaies
que Ton pouvait aisément se procurer. Le grand Alexandre'
valait autant, non pas rux yeux de la loi mais aux yeux du
graveur, quun citoyen romain de condition médiocre,
comme les six autres témoins.
LIVRES OFFERTS
Le SEcnéTAinE peiipétuel fait hommage à rAcaclémie, en son
propre nom et au nom de son collaborateur M. Chapot, et de l'édi-
teur, M. Picard, du tome II de son Manuel (V archéologie romaine
(Paris, 1920).
1. Cf. le Dicl. darchéol. chrétienne de Dom (abrol, au mot AmaleUes
(I, cq\. 1790 cl suiv.).
lf>2P 28
.r^
COMMISSION DES INSCRIPTIONS ET MEDAILLES
SÉANCE DV 9 JANVIER 1920
Présents : MM. Diehl, président ; Guq, vice-président ;
Gagnât, secrétaire perpétuel ; Babelon, Châtelain, Monceaux,
Pâte Y.
La Commission continue Tétude du projet relatif à V Histoire
métallique de la guerre.
A la demande de M. Babelon, la Commission précise le rôle
de la Commission des Médailles et de l'Administration des
Monnaies dans la préparation et l'exécution des médailles.
Elle exprime le vœu que les esquisses des médailles oif projet
lui soient communiquées par les artistes qu'aura désignés le
Directeur des Monnaies.
Elle décide qu'un registre sera tenu, contenant l'indication des
sujets proposés par la Commission, et les esquisses correspon-
dantes, registre analogue à ceux qu'avait autrefois constitués la
Commission.
Sur la proposition de M. Babelon, la Commission choisit
comme premiers sujets à traiter :
1*^ Le débarquement des Américains à Saint-Nazaire ;
2" La signature de ta paix (dans la Galerie des Glaces), à
Versailles ;
3<> L'Armistice ; *
4® Défité des troupes sous VArc de Triomphe, le 14 juillet
1919;
5® La Croix-Rouge américaine en France ;
6* L'agression allemande (la première victime de la guerre).
séance du "23 JANVIER 1920
Présents : MM. Diehl, président; Clq, vice-président;
Gagnât, secrétaire perpétuel ; Babelon, Ghat^xain, Monckaux,
Patev.
i
436 COMMISSION DES INSCRIPTIONS ET MÉDAILLES
Le Président donne lecture d*une lettre du Directeur des
Monnaies, qui envoie à la Commission le moulage d'un projet
de médaille présenté par M. Baudiehon {V Amérique entrant en
guerre pour venger le naufrage <le la « Lusilania >») et qui prie
de rédiger le texte des inscriptions destinées à figurer sur la
médaille.
La Commission propose de conserver pour Tune des faces
rinscription rédigée par Tartiste :
LUSITANIA MAY 1915
et d'adopter, pour Tautre face, l'inscription :
VLTRIX AMERICA JVRIS
1917 — U.S. A. — 1918
SÉANCE DU 30 JANVIEB 1920
Présents : MM. Diehl, président; Cug, vice-président;
Cagnat, secrétaire perpétuel ; Babelon, Châtelain, Monceaux.
Sur la proposition de M. Babelon, la Commission décide de
demander à l'Académie des inscriptions les fonds nécessaires
pour frapper une médaille commémorative de la fondation de
rUnion académique internationale.
SÉANCE DU 13 FÉVRIER 1920
Présents : MM. Diehl, président; Cig, vice-président;
Cagnat, secrétaire perpétuel ; Babelon, Châtelain, Monceaux,
Pâte Y.
La Commission reprend l'étude du projet relatif à VHisloire
métallique de la guerre,
Lne discussion s'engage sur les premiei'^ sujets adoptés dans
la séance du 9 janvier 1920.
M. Babelon rend compte d'une conversation qu'il a eue récem-
ment avec M. le Directeur des Beaux-Arts. Celui-ci, désireux
COMMISSION DES INSCKIPTIONS ET MÉDAILLES 437
d'encourager Tart de la médaille, est tout disposé à faire exé-
cuter aux frais de son administration quelques médailles dont
le projet lui serait soumis par la Commission.
SÉANCE DU 20 FÉVRIER 1920
Présents : MM. Diehl, président; Cuq, vice-président;
Gagnât, secrétaire perpétuel ; Babelon, Monceaux, Patey.
La Commission invite le Secrétaire perpétuel à transmettre
à M. le Directeur des Monnaies les titres des six sujets choisis
par elle (voir séance du 9 janvier). •
La Commission se tient à la disposition de TAdministration
des Monnaies, pour le cas où le Directeur songerait à faire une
de ces médailles, pour en rédiger les inscriptions.
SÉANCE DU 19 MARS 1920
Présents : MM. Dieiil, ' président ; Cuq, vice-président;
Gagnât, secrétaire perpétuel ; Babelon, Châtelain, Monceaux.
Le Secrétaire perpétuel communique une lettre du Directeur
de l'Administration des Monnaies, qui envoie un croquis de
M. Fraisse en vue de l'exécution d'une médaille destinée à
commémorer la réduction du saillant de Saint-Mihiel par les
troupes américaines en septembre 1918. Le Directeur des Mon-
naies demande Tavis de la Commission, notamment en ce qui
concerne les inscriptions.
La Commission prie le Secrétaire perpétuel de répondre à
M. le Directeur des Monnaies :
P que le sujet proposé entre fort bien dans le plan de VHis-
loire métallique de la guerre ;
2° qu'il n'y a pas d'objection sérieuse contre le libellé et la
disposition des inscriptions.
Sur la proposition de M. Babklon, la Commission émet le
vœu que l'Administration des Beaux-Arts la consulte pour
Texéculion des médailles commandées par l'hâtât, et charge le
/
438 COMMISSION DES INSCRIPTIONS ET BiÉDAILLKS-
SEcaéTAiRB PERPÉTUEL d'écrirc en ce sens à M. le Directeur des
Beaux-Arts.
Sur la proposition de M. Babelon, la Commission exprime
également le désir que M. le Directeur. des Monnaies, s'il est
empêché d'assister aux séances auxquelles il est convoqué,
veuille bien déléguer à sa place un représentant de son admi-
nistration.
SÉANCE DU 18 JUIN 1920
Présents : MM. Diehl, président; Cuq, vice-président;
Gagnât, secrétaire perpétuel ; Babelon, Châtelain, Monceaux.
Le Secrétaire perpétuel communique une lettre du Maire de
Villefranche-sur-Saône (Rhône), priant l'Académie des inscrip-
tions de composer le texte de l'inscription qui doit être gravée
sur la base d'un monument aux enfants de la commune morts
pour la France pendant la Grande Guerre. Dans la pensée du
maire, cette inscription doit répondre à celle qui est gravée sur
le socle du monument commémoratif de la guerre de 1870-1871 :
Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor.
La Commission décide de proposer à M. le Maire de Ville-
franche-sur-Saône le choix entre les deux inscriptions suivantes,
ou bien :
i« VENIMVS VLTORES : MANES GAUDETE PATERNI
ou bien :
20 VENIMVS VLTORES, EXSVLTAT GALLIA VICTRIX
NOSTRAQ.VE CVM VESTRIS, PATRES, NVNC OSSA
[QVIESCVNT.
PÉRIODIQUES OFFERTS
Actes de VAcadémie nationale des scienceSy belles-lettres et arts
d€ Bordeaux, 4« série, tome II (i914-i945) (Paris, i920, in-S*»).
Al'Machriq, revue de l'Orient chrétien, XVIII* année, i920
(Beyrouth, in-8<»).
Analecta Bollandiaria, revue trimestrielle, tome XXXVII (i9i4);
tome XXXVIII (1920) (Bruxelles, in-8»).
Annales du Commerce extérieur^ année 1917, fasc. 1 à 7 (Paris,
19t7,in.8«»).
Annales de la Société archéologique de Namur, t. XXXIII, n«" 1 et 2
(1919,Namur, in-8«).
Archaeologia or Miscellaneous tracts relating to Antiquity^ vol.
LXIX (1920) (Londres, in-8o).
Archaeological Institute of America. American Journal of Archaeo-
logy. Second Séries, t. XXIII, oct.-déc. 1919; t. XXIV, janv.-
sept. 1920 (New- York, in-8«).
Archivio délia Société romana di storia patria, vol. XLII, fasc.
Sel 4 (Rome, in-8«).
Atti délia R, Accademia dei Lincei. Notizie degliscavi di antichità^
vol. XVI ; vol. XVII, fasc. 1 à 6 (Rome, in-4«).
Atti e memorie délia R. Accademia di scienze, lettere ed arie in
Padova, anno CCCLXXVIII (1918-1919), nuova série, vol. XXXV
(Padova, 1919, in-8»).
Atti e memorie dclV Accademia d^agricolturay scienze e tèttere di
Verona, série V-, vol. XIX (1918) et XX (1919) (Vérone, in-8o).
Bihlioleca Nazionale di Firenze. — Bollettino délie pubblicazioni
Ualiane ricevute per diritto di slampa, n®* 223 à 234 (Florence, 1920,
in-8«).
Bibliothèque de r Ecole des ('hartes, vol. LXXIX, 46* livraison
(1918) ; vol. LXXX (1919) (Paris, in-Ko).
Boletin del Archivio Nacional, Publicacion bimestral. Ano XVIII,
4 à 6, juillet-décembre 1919 (La Havane, in-8o),
Boletin del (le.ntro de estudios americaniitas de Sevilla, afto VI,
n^ 30 et 31 ; afio VII, n» 32 (Séville, in-8^.
4iO PÉRIODIQUES OFFERTS
Bulletin du Comité d^études historiques et scientifiques de
V Afrique occidentale française. Année 1919, n* 4, année 1920, n®» i è
4 (Paris, in-8o).
Bulletin de correspondance hellénique, t, XI-XIl, quarantième
année (septembre-décembre 1916) (Paris, in-S*»).
Bulletin de la Diana, publication trimestrielle (1914 à 1920}
(Montbrison, in-8*).
Bulletin de la Société d'études des II au les- Alpes, 38* année, 4* tri-
mestre, n» 28 (1919) ; 39« année, 1" et 2« trimestres (1920) (Gap,
in-8°).
Bulletin de la Société d'émulation du Bourbonnais (1914-1919),
no» 1 à 9; l»"" semestre de 1920, n»« 1 à 6 (Moulins, in-8»).
Bulletin de VInstilut français d'archéologie orientale du Caire, t.
XVI, 2* fasc. ; t. XVII; t. XVIII, 1" fasc. (Le Caire, in-8*).
Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze,
année 1920, n^» 1, 2; 4 (Tulle, in-8»).
*
Bulletin de la Société scientifique, historique et archéologique de la
Corréze, t. XLI, 4« livraison (1919); t. XLII, livraisons 1 à 4 ^1920)
(Brive, in-8).
Bulletin de la Société historique et archéologique du Finistère,
t. XLVI (1919) (Quimper, in-S»).
Bulletin de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, l. XVU
(1920) (Rennes, in-8«).
Bulletin de la Société de statistique, des sciences naturelles et des
arts industriels du département de Vlsère, 4* série, l. XIV (XL' de la
Collection) (1919) (Grenoble, in-8o).
Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres,
t. VIII (1919), n«>» 106, 107, 108 (Langres, in-8»).
Bulletin de la Société des Antiquaires de VOuest, année 1919, 3« et
4« trimestres ; année 1920, l*"" et 2" trimestres (Poitiers, in-8»).
Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord,
t. XLVI, 6*= livraison (1919); t. XLVII, livraisons 1 à 5 (Périgueux,
in-8»).
Bulletin trimestriel de la Société des Antiquaires de Picardie,
année 1919, 3'' et 4*" trimestres; année 1920, 1»*" trimestre (Amiens,
in-8»).
Bulletin de la Société archéologique de Tarn-et-Garonne, année
1919, L XXXIX (Montauban, in-8»).
Bulletin trimestriel de la Société archéologique de Touraine,
t. XXI (1917-1920), 2'- série, t. V (Tours, in-8»).
Bulletin trimestriel de la Société d'émulation du département det
Vosges, l*"" année (1920) (Épinal, în-12).
PÉRIODIQUES OFFERTS 441
Bulletin de la Société de$ sciences historiques et naturelles de
/Tonne, vol . LXXII (Auxerre, in-8«).
École française de Rome. Mélanges d^archéologie et d^histoire^
t. XXXVII (1918-1919), fasc. IV et V (Paris et Rome, in-8»).
Jewish Quarterly Review ( The), vol. X, n^» 3 et 4; vol. XI, no« 1 et 2
[Londres, in-8®).
Journal Asiatique, 11» série, t. XIII, XIV, XV, XVI (Paris, in-12).
Journal of the Royal Institute of British architects, vol. XVII,
n« 3 à 24; vol. XVIII, n" 1 et 2 (Londres, in-4«).
Journal of the American Oriental Society, vol. XXXIX, part 5;
Tol. XL, parts 1 à 4 (New-Haven, Conn., in-8°j.
London University Gazette, vol. XIX et XX, n" 216 à 225.
Mémoires de la Société nationale d'agriculture, sciences et arts
(TAngers {ancienne Académie d'Angers), 5® série, t. XXII (1919)
(Angers, in-8<>).
Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Chalonsur-
Saô/ie, 2* série, t. IX (XVII« de la collection) (Chalon-sur-Saône,
in-S-).
Mémoires de la Société éduenne, 43* année (Autun, 1919, in-S*»).
Mémoires de la Société d'archéologie lorraine et du Musée historique
lorrain, t. LXIV, 4« série, 4« vol. (1914-1919) (Nancy, in-S»),
Mémoires de la Société historique et archéologique de l'Orléanais,
t. XXXV (Orléans, in-S»).
Mémoires de l'Académie Stanislas, années 1918-1919, 6* série, t. XVI
Nancy,* in-8°).
Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles- lettres
Je Toulouse, L VII (1919) (Toulouse, in-8o).
Mémoires de la Société archéologique de Touraine, t. 1 (Tours,
1919, in-8»).
Memoria historica delà Real Academia delà Historia (16 avril 1919-
15 avril 1920) (Madrid, in-8<>).
Memorie délia R. Accademia dette scienze delV Istilulo di Bologna^
série II, t. III (1918-1919) (Bologna, in-4»).
Memorie delta H. Accademia dei Lincei. Classe di scienze morali,
ttoriche e filologiche, série quinta, l. XVI, fasc. 1 à 5 (Homa,
iû-4*).
Précis analytique des travaux .de l'Académie des sciences, bellos-
Utlres et arts de Rouen pendant l'année 1918 (Rouen, 1919, in-8®).
Pro Alesia. Revue trimestrielle des fouilles d'Alise. 5" année,
n- 19 à 21.
Proceedings of the R. Society of Edinburgh, Session -1918-1919,
»ol XXXIX, part 3 ; session 1919-1920, vol. XL, part 1.
442 PÉRIODIQUES OFFERTS
Proceedings of the Society of Antiquaries of LonHon, novembre à
juin i919. Second séries, vol. XXXI (Londres, in-S*»).
•* Proceding» of the Society of Antiquaries of Scotland, vol. LUI,
fifth séries, n» 5 (4918-1919) (Edinburgh, in-8«>).
Proceedings of the American philosophical Society held at Phila-
delphia for promoting use fui knowledge, vol. LVIIl (1919) et LIX,
n" 1 à 4 (1920) (Philadelphie, in-S»).
Procès-verbaux de la Société archéologique d^ Eure-et-Loir^ t. XIII,
fasc.let2.— iV^moires, t. XV, feuilles24à31 (Chartres, 1919, in-8«l.
Publications de la section historique de Plnstitut grand-ducal de
Luxembourg (ci-devant Société archéologique du Grand-Duché,
tome LIX (Luxembourg, 1919, in-8®).
Rendiconto dette sessioni délia B. Accademia dette scienze delV Isti-
tuto di Bologna, vol. III (1918-1919) (Bologne, in-8»).
Rendiconti délia R. Accademia dei Linceiy série quinta, vol. XXVIII ;
vol. XXIX, fasc. 1 à 6 (Rome, in-8o).
Rendiconti e Memorie delta R. Accademia di scienze, letlere ed
arti degli Zelanti. Acireale, série ierza, vol. X (1917-1918) (Acireale,
in-80).
Revista de archivos, bibliolecas y museos, tercera epoca, aîlo XXÏI,
octobre-décembre 1919 ; afto XX, janvier-septembre 1920 (Madrid,
in-8o) .
Revue africaine, publiée par la Société historique algérienne^ 61*
année, 1*' et 2« trimestres 1920 (Alger, in-S").
Revue algérienne, tunisienne et marocaine de Jurisprudence^
34« année (janvier-déc. 1918) ; 35® et 36'' années (janvier 1920) (Alg^r,
in-8»).
Revue archéologique, publiée sous la direction de MM. E. Pottibr
et S. Heinacii, juillet 1919 à juin 1920 (Paris, in-S»).
Revue d'assyriologie et d'archéologie orientale, publiée sous la
direction de V. Scheil et Fr. Thureau-Dangin, vol. XVII (Paris,
in-4<>).
Revue biblique, publiée par l'École pratique d'études bibliques du
couvent dominicain de Saint-Élieftne de Jérusalem, nouvelle série,
année 1920 (Paris et Rome, in-S**).
Revue égyplologique, publiée sous la direction de MM. Moret et
P. Jouguet, nouvelle série, t. I, fasc. 3 et 4 (1920) (Paris, in-8'»).
Revue de Vhistoire des religions, t. XXX, n®* 4 à 6 (juiîlet-déc.
1919) ; t. XXXI, n«M à 3 (janvier-juin 1920).
Revue historique et archéologique du Maine, t. LXXV et LXXM,
(1914 et 1919) (Le Mans, in-8°).
Revue savais ienne, publication périodique de TAcadémie (lorimon-
PÉRIODKjUES OFFERTS 443
tane d'Annecy, année i9i9, 4* trimestre; année 1920, t*"", 2* et 3« tri-
mestres (Annecy, in-8").
Syria, revue d'art oriental et d'archéologie, t. I (4920) (Paris,
in-4»).
Trunsactions of the /?. Society of Edinburgh, vol. Ll, part 4,
sessions 1915-1916-1917-1918 ; vol. LU, parts 1 à 3, sessions 1919-
1920.
Transaclions of the R. Society of Canada, série III, vol. XIII.
Transilvania. — An LI, année 1920 (Sibiiu, in-8®).
Universily of California, Publications inphilosophy, vol. III (1917).
University of California. Publications in modem philology , vol. V
à IX (1917 à 1919).
University of California. Publications inclassical philology, vol. III
à VI (1917-1920).
University of California Chronicles [The). An officiai record,
vol. XX (1918) et XXI (1919) (Berkeley, Cal., in-S»).
TABLE ALPHABÉTIQUE
Abgar d'Osroène. Correspon-
dance avec Jésus-Christ, gra-
vée sur une porte de Philippes
de Macédoine, 74, 88.
Abydos (L'ennéade osirienne d')
et les enseignes sacrées, 404),
409.
Achmouneïn (Egypte). Fouilles,
362.
Administrative centrale (Com-
mission), 423.
Administrative de TAcadémie
(Commission), 423.
'Emilius Saturninus (Q.)» préfet
d'Egypte, 40.
Afrique équatoriale. Art graphi-
que et sculptural des Balouba,
167.
Albertini (£.). Table de mesures
de Djemila, 311, 315. — Mosaï-
que à inscription découverte à
Tipasa, 379, 387.
Alexander Magnus Macedo. Nom
d'un témoin dans un diplôme
militaire, 432.
Alfaric (Prosper).Zoroastre avant
rAve8U,248.
Algaiola (Corse). Diplôme mili-
taire, 424, 425.
Alger. Chaire à prêcher de la
grande mo»«jn<*H% 397.
Algérie. — Voy. Bourkika, Lam-
bèse, Madauros, Tipasa.
Allemagne (Onomastique slave
de T), 322, 334, 339.
Allotte de la Fuye, correspondant.
Publications diverses, 163,240.
Amérique. Genèse du voyage de
Christophe Colomb, 157, 158.
'Amon protégeant le roi Toutân-
khamon. Groupe acquis par le
Musée du Louvre, 174.
Anderson. A Manual of the Ben-
gali LanguagCy 202.
Andrieu (Ernest). Les pleurants
des tombeaux des ducs de Bour-
gogne, 168.
Animaux (Représentations d') sur
les parois des cavernes, 424.
Antica, 180.
Antiochos. Nom du père de Zéno-
bie, reine dePalmyre, 172, 173.
Antiquités nationales (Concours
des), i. — Rapport, 86, 128,
129.
Anvers. Quatrième centenaire de
Christophe Plantin, 289.
Appleton (Charles). La longévité
et Vavortement volontaire aux
premiers siècles de notre ère,
211.
Arabie. Extraction archéologique
i46
TABLE ALPHABÉTIQUE
des PP. Jaussen et Savignac,
248.
Aristokratès. Témoignage de cet
historien surles institutions mi-
litaires de ribérie ou la Gaule,
367.
Aristote. Note sur un passage du
cb. 26 de sa Constitution d'A^
thèneSj 8^.
Arménie. — Voy. Ererouk.
Artur (Le nom de lieu Pertu et
la légende du roi), 174, 175.
Assalitanus (Le pagus), en Tuni-
sie, 272, 285.
Associés étrangers, 73, 83.
Aunobai'i (Tunisie). Inscriptions
latines, 128, 140.
Avesta (Zoroastre avant T), 248.
Axioebos (Les Enfers selon T),
269,272.
Babelon (Ernest). Commissions,
69, 424, 435. — Exploration ar-
cbéologique des PP. Jaussen et
Savignac en Arabie, 248. —
Rapport du D»" Carton sur la
découverte d'une fontaine an-
tique à Cartbage, 250. — Note
de M. de Castries sur une ville
portugaise du Maroc, 405. —
Le Cabinet des médailles pen^
dant la fjuerre^ 402. — Obser-
vations, 73, 129, 272, 298. —
Hommages, 37, 200.
Babylonien (Un nouveau rituel),
103. — Pierres babyloniennes
de bornage au British Muséum,
214, 241.
Baillet (Jules). Les grafûti grecs
dans les tombeaux des rois à
Thèbes d'Egypte, 102, 107. —
Inscriptions grecques et latines
des tombeaux des rois ou sy-
ring es à Thèbes ^ 356.
Balles de fronde en plomb por-
tant une lettre punique, trou-
vées à Cartbage, 298.
Balouba. Art graphique et sculp-
tural de ce peuple de l'Afrique
équatoriale, 167.
Barcochébas (Le faux messie),
249.
Barenton (Hilaire de). La langue
étrusque^ 422.
Barth (Auguste). Notice sur sa
vie et ses travaux, 74. — Inhu-
mation de ses restes à Stras-
bourg, 200.
Basiel, ûls de Turbel. Diplôme
militaire portant son nom, 430.
Bas-reliefde la collection Medina-
Celi à Madrid, 158.
Basset (Henri). Essai sur la liité-
rature des Berbères; — Le
culte des grottes au Maroc, 189.
Begouen (Comte). Un dessin re-
levé dans la caverne des Trois-
frères, à Montesquieu-A vantés,
300, 303.
Belgique (Essai de chronologie
du néolithique en), 367, 368.
Benedetto (L. F.). Le origini di
Salammbô, 289.
Bénédite (Georges). Le groupe
d'Amon protégeant le roi Tou-
tànkhamon, au Musée du Lou-
vre, 174.
Berger (Élie), 242. — Commis-
sion, 424. — Registres dlnno-
centJVy 186.
Berlin. Papyrus contenant des
extraits du code fiscal de Ix-
gypte romaine, 87.
Berlin. Papyrus contenant des
TABLE ALPHABÉTIQUE
447
extraits du code fiscal de l'É-
g^ypte romaine, 87.
Besançon. Ms. inédit de Philippe
de Maizières conservé à la Bi-
bliothèque de cette ville, 11.
Besnier (Maurice). Le commerce
du plomb à Tépoque romaine,
18. — Publications diverses,
162.
Blanghbt (Adrien). Notice sur la
vie et les travaux de M. Tabbé
Thédenat, 11. — Intailles re-
présentant des génies de la
secte des Ophites, 128, 147. —
Mémoires et notes de numisma-
tique ^ 210. — Une scène du
Bourgeois gentilhomme, 366. —
Observations, 19, 405.
Blanchet (Médaille Paul), 2.
Blanquart (Abbé). La Bibliothè-
que de la Cathédrale de Rouen,
66.
Bloomfîeld (M.). Rig-Veda repe^
tuions, 297.
Boissonnot (Chanoine). Histoire et
description de la cathédrale de
Tours, 392.
Bolonia (Espagne). Fouilles, 69.
Boaaventura (Enzo). La qualità
del mondo fisico, 17.
Bordin (Prix), 2. — Rapport, 171.
Bouché- Lbclercq (A.). Obser-
vations, 19, 88, 103, 202, 248,
269, 303. ~ Hommage, 21.
Bourkilui (Algérie). Inscriptions
martyrologiques, 116, 122.
Boussac (Hippolyte). L'animal
sacré de Set Typhon et ses di-
vers modes d'interprétation,
289.
Boyer (A. M.). Karosthi Inscrip-
tions, 199.
Brunel (Clovis). Auxiliaire de TA-
cadémie, 171.
BnuTAiLs (Auguste) . Membre
libre, 56.
Budge (Sir E. A. Wallis). An
Egyptian hieroglyphic Dictio-
nary, 375.
Budget (Prix ordinaire ou du), 1.
— Rapport, 187.
Bulla Regia (Tunisie). Fouilles
exécutées en 1919-1920, 322,
323.
Bulletin de correspondance hellé-
nique, 208.
Cabaton (A.). Liste des docu-
ments relatifs à Tlndochine
conservés au Ryks-Archief de
La Haye, 84.
Gagnât (René), secrétaire perpé-
tuel. Rapports semestriels, 11,
204. — Membre du Conseil de
perfectionnement de l'École
des languesorientales vivantes,
19. — Note de M. Poinssot sur
deux inscriptions d'Aunobari,
128. — Fouilles du R. P. Delat-
tre dans la basilique voisine de
Sainte-Monique à Carthage,
191. — Graflîto découvert à
Carthage, 269. — Note de M.
Poinssot sur des inscriptions
concernant la civitas Mizigiia-
norum et le pagus Assalitanus,
272. — Inscriptions funéraires
latines trouvées près de Mon-
tigoôso, 299. — Note de M.
Albertini sur une nouvelle t;i-
ble de mesures découverte à
Djemila, 311. — Rapport du D»"
Carton sur les fouilles do Bulla
Reiçia, 322, 323 ; — note corn-
448
TABLE ALPHABÉTIOLK
plémentaire, 325. — Note de M.
Poinssol sur une inscription
trouvée à Dougga, 356. — No-
tice sur la vie et les travaux de
M. Héron de Villefosse, 39i. —
Un diplôme militaire de Corse,
424, 425. — Atlas archéologique
de la Tunisie, 20. — Manuel
d'archéologie romaine, 433. —
Observations, 250. — Hom-
mages, 17, 20, 37, 56, 70, 73,
83, 127, 162, 168,177,185, 189,
199, 202, 208, 210, 248, 268,
289, 297, 320, 335, 356, 366,
378, 392, 396, 402, 422.
Capart (J.). Leçons sur Vart égyp-
tien^ 186. — Some remarks on
the sheikh El-beled, 396 .
Carcopino (Jérôme). Inscriptions
marlyrologiques de Bourkika,
116. — La loi de Hiéron II et les
Romains, 21 . — Virgile et les
origines d'Ostie, 37.
Cartailhac (Emile). Marques d'en-
voûtement sur les représenta-
tions d'animaux aux parois des
cavernes, 424. — Découvertes
de M. le c*« Begouen dans les
grottes de VAriége, 320.
Carthage. Inscription punique,
27. — Plan, 116-122 (avec pi.
hors texte). — La basilique de
Sainte-Monique, 187, 191. —
Découverte d'une fontaine an-
Uque,250, 258. — Graffito, 268,
269. — Balles de fronde en
plomb, portant une lettre pu-
nique, 298. — Mosaïque repré-
sentant un grand domaine afri-
cain, 337.
Carton (D»" L.), correspondant.
Découverte d'une fontaine an-
tique à Carthage, 250, 258. -
Rapport sur les fouilles de
Bulla Regia,322, 323. — Ques-
tions de topographie carthagi-
noise^ 177. — Publications di-
verses, 199.
Casanova (Paul). Makrizi, 375.
Cassuto (Umberto). OU Ebrei a
Firenze nelVetk del Rinasci-
mento, 17.
Castries (C** Henry de). Candidat,
173, 188. — Seing manuel des
sultans saadiens, 73. — Gracio-
sa ; une ville portugaise oubliée
au Maroc, 405, 417. — Sources
inédites de V histoire du Maroc,
185.
Gauchie (A.). Correspondant
étranger, 202.
Cenicientos (Le rocher de Peres-
crita, près de), en Espagne,
101,103,
Ceulencer (A. de). La charité
romaine, 83.
Chabot (J.-B.). Délégué de l'A-
cadémie aux cérémonies en
l'honneur de Christophe Plan-
tin, à Anvers, 289. — Lettredu
P. Delattre annonçant la dé-
couverte d'une inscription pu-
nique, 27. — Note du P. Ville-
court sur les Homélies spiri-
tuelles attribuées à Macaire,
250. — Balles de fronde en
plomb portant une lettre pani-
que, 298.
Chaire à prêcher de la grande
mosquée d'Alger, J97.
Chapot (Victor) . Manuel d'archéo-
logie romaine, 433 .
Charlemagne. Inscription de l'é-
glise Sant'Apostolo de FIo-
TABLE ALPHABÉTIQUE
449
rence, 128. — Pseudo-brevet
de chevalerie, 156.
Chartes et diplômes, 12, 205, 210,
378.
Chassinal (Emile). Le temple
ifEdfoUy 356.
CiLATEUiiN (Emile). Commissions,
69, 42*7435. — Rapport, 89.
Chélidon, nom d'une femme grec-
que, dans une épigramme, 57.
Chevalibh (Chanoine Ulysse).
Dictionnaire topographique du
département de l'Isère, 88, 402.
— La croisade du dauphin
Humbert II, 189. — Reperlo-
rium hymnologicum, 202. —
Gallia christiana novissima,
289. — Pour la Bibliothèque
de Louvain, 320.
Chrislus medicus (Invocation
au), sur une pierre de Timgad,
74,75.
Clermont-Ganneau (Ch.). Com-
missions, 424. — Odeinat et
V'aballat, rojs de Palmyre, et
leur litre romain de corrector,
172. — Inscription grecque
découverte à Jérusalem, sur
le mont Ophel, 187. — Le faux
messie Barcochébas, 249. — Le
Paradeisos royal achéménide
de Sidon, 404, 405. — Obser-
vations, 19, 73, 89, 103, 158,
173, 178,' 190, 242, 248, 303,
334, 338, 377 .
Cochin (Claude . Lettres du car-
dinal de Retz, 320.
Cochin (Henry). Candidat, 127,
188. — Note sur une réplique
à un écrit de Pétrarque, 103.
CoLLiGNON (Maxime). Motice sur
lui, 289. ^
Î920
Coloman (Sceau portant le nom
du prince hongrois), 2.
Colomb (Christophe). Genèse de
son voyage vers l'Amérique,
157,158.
Colosse criophore découvert à
Thasos, 187,213,218.
Concours. Situation pour 1920,
1.
Conductor pracdiorum . Men-
tionné dans une inscription de
Dougga, 357.
Constantinople. Découvertes ar-
chéologiques faites dans cette
ville, 23, 59, 178.
CoRDiER (Henri). Commissions,
424. — Rapports, 86, 87, 157,
167,201,208,350. — Liste, en-
voyée par M. Cabaton, des do-
cuments relatifs à Tlndochinc
conservés au Hvks-Archief de
La Haye, 84. — Lettre de M. Vi-
gnaud, 157. — Mélanges d'his-
toire et de géographie orien-
tales, 289. — Histoire générale
de la Chine, 298, 375. — Ser
Marco Polo, 373. — Hom-
mages, 162, 168, 367.
Corpus inscriptionum semilica-
rum, 14, 207.
Corpus des vases antiques d'ar-
gile, 249.
Corrector. Titre donné dans une
inscription à Vaballat, Gis de
la reine Zénobie, 172.
Correspondants étrangt»rs, 397.
— (Commission, 374.
Correspondants nationaux, 397.
— Commission, 374.
Corse. — V'oy. Algaiola.
Courcel (Prix du baron de), 2.
— Rapport, 185.
29
iSO
ALPRAIIETIIJL-E
CnoisBT (Alfred;. CoramlsNJoiiS,
374,423,424. — Observatioas,
"^ 203, 342,-368
ET (Maiiricel. ('om missions,
, 424. ~ Rappoil. 171. —
nervations, 88, 242, 248,
, — (JEaore* complUm tie
ton, 189.
de brome trouvée à [.am-
e, 178, 179.
NT(Frani), associé étranger.
lillcs du Palatin, 168. —
1 Enfers selon l'Aiioclios,
,272. —Observations, 248,
(Edouard). Président pour
Il , 423 . — Commission,
. — La juridiction des édiles
près Piaule, 24. — Un
tyque latin sur la tutelle
ivedes femmes, 30, 40. —
i pierres de boroage baby-
iennes du Brilish Muséum,
I, 241. — La oi té punique et
nunicipe de Volubilis, 339.
Observations, 87, 190, 380.
Hommages, 163, 211.
ir (Gaslon). Leê fouiU«a du
licuie à Rome, 335.
i, conductor praediorum re-
nisThuggensis, 336, 3!i7.
i (Charles Wendell). liobert
rlhott, duke of Normandij,
Dusse (Commission), 69.
lercq (Fondation). Rapport,
.. — Commission, 424.
iri). Sihetlre de
arrespondanls, 17.
(C" Il.-françoisJ.
ion, 424. — Rnpporls,
(Ifeni
■y el »,
167, 185, 187. —Observations,
128, 368, 3S0. - Hommage,
184. ^
Delachenal (R.). Candidat, 18,
38. 374, 379, 392, 39r>. — Élu
membre Ordlnairo, 396, 403. - !
Commission, 424.
Delalaude-Guérineau (Prix), 3.
— Rapport, 201. i
Delaporte (Louis). Cylindres el I
pierre» i/raiiées de atyte orien- ]
tal du Mutée do Loucrr, 393. i
Delaltre (R. P.), correspond ]
dant. Découverte d'une ins- !
cription punique h Cartilage,
27. — La basilique voisine de .
ïiainle-Monique à Cartilage, ■
187, 191. -- Balle de fronde I
en plomb découverte k Car- :
thage, 298. I
UeletiBye (R. P. Hippolyte), cor- ,
respondant étranger. L'teuore
des BolUnditlei, 10. — S*inl
Martin et Sulpice Sioére, 297.
Delhi. Disques p ho no graphique s
oii sont enregistrés des spéci-
mens lies dialectes parlés dans
cette ville, 402.
Délo» {Choix d'intcriplions grec-
ques de\,{6, 207.
Délos (Commission des ins-
criptione de), 424.
Delphes (Ressemblance de l'om'
plialos de) avec quelques repré-
scntiitioDs égyptiennes, 298.
Demorguy (G.). Publications sur
la Russie. 99.
Dendér*h(Ëgypte). Rouilles, 359.
Descamps (Baron). Le génie de U
langue française el son rtyon-
nement inlernalional, 422,
Dessertcnux (F.). Étude» nar la
TABLE ALPHABËTIQUK
451
^ontialion historique de la capi-
tis diminutiOy 163.
Dessin préfcistorique relevé dans
la caverne des Trois- Frères, à
Monlesquieu-Âvantès, 300, 303.
Dialexeis (Les), 202, 203.
OiEHL (Charles), président pour
1920. Allocutions, 67, 165,
190, 391. — Commission, 424.
— Lettre et note de M. Papa-
dopoulos sur des découvertes
a rchéologiques récentes à Cons-
tantinople, 23, r,9. — Édit de
Justinien relatif à la monnaie,
69. - Édiûces découverts à
(lonstantinople sur remplace-
ment du palais des empereurs
' byzantins, 178. — A propos
d'une inscription grecque de la
basilique d'Ererouk, 212, 215.
— Note de M. Gabriel sur les
fouilles de Fouslat, 242. —
Observations, 303, 377. — His-
toire de V empire byzantin, 56.
DiEULAFOY (Marcel). Rapport, 18.
— Note du D"" Huguet sur les
tombeaux des princes de la
dynastie des Cborfas saadiens
à Marrakech, 19. — La mos-
quée dllassân, 335. — Décédé,
67.
Dionysos thrace (L'épiphanie du
feu dans le culte du), 404, 423. .
Diplôme militaire trouvé à Al-
gaiola (Corse), 424, 425.
Diptyque latin sur la tutelle
dative des femmes (Un), 39, 40.
Djemila (Algérie). Martyrs, 290.
— Table de mesures, 311, 315.
Dorez (Léon). Candidat, 22, 38,
374, 392, 395.
Dottin (Georges). Projet de pu-
blication d'un Atlas linguis-
tique de la Basse- Bretagne, 57,
71.
Dougga (Tunisie). Inscription
mentionnant un conduclor
praediorum regionis, 356, 357.
Doumergue (E.). Moïse et la
Genèse, 240.
Dourlans (Fondation). Commis-
sion, 424.
Druidisme (Un témoignage ina-
perçu sur le), 367.
Duchalais (Prix), 2. — Rapport,
57.
DucuESNE (Mgr Louis). Observa-
tions, 190.
Dufresne (Docum«nts lorrains
provenant de la collection), 71.
Durand (Charles). Fouilles de
Vésoneen /5fi-/5/3, 321.
Durand (Georges), correspon-
dant. Une famille d'ouvriers
aniiénois, 200.
DtmuiEu (C** Paul). Rapports,
167, 397. — Commission, 424.
— Délégué par TAcadémie à la
journée Van Eyck, à Gand, 311.
— Miniatures pour Tillustration
d'une œuvre du roi René re-
trouvées à Metz, 2, 3. — Inscri-
ption de l'église de Sanl'Apos-
tolo de Florence relative à
Charlemagne, 128. — Pseudo-
brevet de chevalerie attribué
à Charlemagne, 156. — Deux
miniatures à caractère histo-
rique de la Bibliotlièque de
Vienne, 311. — Observa-
lions, 167, 173,200, 303,377. —
Une suite de dessins de Godefroy
le Batave, 37. — Les Van Eyck
et le dur Jean de Berry, 172.
4S2
TABLE ALPHABÉTKiLE
— Plaque de cuivre gravée çn
taille-douce vers ioOO^ 489. —
Hommage, 375.
Duseigneur (Prix Raoul), 2. —
Rapport, 167.
Dussaud (René). Candidat, 378,
395.
Écoles françaises d'Athènes et
de Rome. Rapport, 89. —
Commission, 424.
École française d'Athènes.
Fouilles, 213, 249, 375.— Rap-
port, 67, 397.
École française de Rome, 356.
Écolefrançaised'Extrême-Orient.
Désignation'd'ua directeur, 87.
— Rapports, 157, 237, 338, 350.
— Commission, 424.
École des langues orientales vi-
vantes. 185, 189. — Désigna-
tion de M. Cagnat comme
membre du Conseil de perfec-
tionnement, 19.
Ecosse. — Voy. Jacques IV,
Marguerite d'Angleterre.
Édiles (La juridiction des; d'a-
près Piaule, 24.
Egypte. Papyrus de Berlin conte-
nant un extrait du code fiscal
de ce pays au temps d'Antonin
le Pieux, 87. — Voy. ^Emilius
Saturninus(Q.), Foustat, Graf-»
fiti, Lacau.
Égyptienne (L'évolution de la
langue) et les langues sémi-
tiques, 209. — Ressemblance
de Tomphalos de Delphes avec
quelques représentations égyp-
tiennes, 298.
Élections, 3, 38, 57, 66, 87, 188,
212, 379, 395.
Enfers selon TAxiochos (Les),
269, 272.
Enlart (Camille). Tissu de soie
persan du x* siècle, découvert
à Saint-Josse-sur-Mer, 377.
Ensérune. Fouilles de M. F. Mou-
ret, 28, 31.
Envoûtement (Marques d') sur
le corps des animaux dessinés
aux parois des cavernes, 424.
Ererouk (Arménie). Inscription
grecque de la basilique, 212,
215.
Espagne. — Voy Bolonia, Ceni-
cientos.
Esprit de Gui (L), 201, 391.
Evaux (Creuse) et le Marlyrolo-
gium hieronyniianum, 337.
Fage (René). Forme primitive du
nom de Tulle, 66. — Un ami
de Baluze {Antoine Galtand),
333. — Les clochers-murs de
la Creuse, 396.
Félin sculpté en bois de renne,
28.
Florence. Inscription de l'église
Sant' Apostolo mentionnant
Charlemagne, 128.
Flury (S.). Islamische Schriftbàn-
der, 240.
Fontaine antique découverte à
Carthage, 250, 258.
Formigé(J.-C. et J.). Les Arènes
de Lulèce, 83.
FoucART (Paul). Commission,
424.
Foup^ères ^ Gustave). Candidat,
392, 395.
Fould (Prix Louis), 2. — Rap-
port, 173.
FoL'UMKH ^Paul). Rapport, 173.
TABLE ALPHABÉTlyL'E
i53
— Observations, 74, 368. —
Hommages, 73, 88, 189, 202.
Foustat (Egypte). Fouilles, 242,
243.
Fraiponl(Charles). Essai de chro-
nologie du néolithique en Bel-
gique, 367, 368.
Gabriel (A.). Fouilles de Foustat,
242, 243.
Gallinaria Sarniensis, 431.
Gand. Journée Van Eyck, 310,
338.
Garnier(Fondation Benoît). Rap-
ports, 86, 208. — Commission,
424.
Gastaldi-Millelire (Pasquale). -A w-
tichissimi documenti archeolo-
gici délia Sardegna^ 248.
Gaule romaine. Théâtres, 178.
Gaun (Thomas W. F.). The ^faya
Indianiy 20.
Gazicr (Georges). Manuscrit iné-
dit de Philii)pe de Maizières
conservé à la Biblioliièque de
Besançon , 11.
Ginot {£.), Le manuscril desainte
liadegondcy 210.
GiiiAHD (Paul). Rapport, 191. —
Noie de M. Radetsur la Consti-
tution (/'^//i/^«esd'Aristote (eh.
26), 88. — M L'année a perdu
son printemps », 242. — Hom-
mages, 208, 402.
Gironcoitrt [Les Missions de) en
Afrique occidentale^ 202.
Gi-orz (Guslavcj. Candidat, 22,
38, 37 i. — Élu membre ordi-
naire, 379, 392. — Commis-
sion, 424.
Gobert(Prix), 2. — Commission,
424-. — Attribution du prix, 17».
Gœlzer (Henri). Candidat, 374,
395.
Graciosa (Maroc), 405, 417.
Graffiti greès dans les tombeaux
des rois à Thèbes d'Egypte,
102, 107. —Graffito latin décou-
vert à Carthage, 268, 269.
Gravure préliislorique surschiste
provenant de Lourdes, 307.
Grierson (Sir George A.). Don
de disques phonographiques où
sont enregistrés des spécimens
de dialectes parlés à Delhi et
aux environs, 402.
GuiDi (Ignazio). Associé étranger,
73, 83.
Harpons gravés sur des objets
sculptés en bois de renne, 29
et suiv.
Haskins (Charles H.). Corres-
pondant étranger, 3*97.
Hasparren (Basses -Pyrénées).
Inscription reproduite sur une
pierre au xvi*" s., 422.
Haussoullier (Bernard). Com-
missions, 42i. — Rapport,
187. — (Correspondance entre
Abgar et Jésus-Christ, gravée
sur une des portes de Philippes
de Macédoine, 88. — Observa-
tions, 24. — Hommage, 373.
Havet (Louis). Observations,
379.
Hébrard (ErnestV Fouilles et
recherches faites à Siilonique
par le Service archéologique
de l'armée d'Orient, 300.
Hébron iPalestine^ Haram el
Khalil, 334.
Henri II, roi d'Angleterre. La
formule Z)^f //ra^ia dans la sus-
454
TABLE ALPHABÉTIQUE
cription de ses actes, 368.
Héron DE ViLLEPOSSE (A.). Le fief
de Torcxfy 297. — Notice sur
sa vie et ses travaux, 393.
lÎEuzEY (Léon). Commissions,
424.
Histoire littéraire de la France,
12, 204.
Ilollebecque (M.). La Maison de»
nations^ 202.
Ilolm (Fritz). The Neslorian mo-
nument, 168.
Homo (Léon). Rapport sur une
mission, 38.
HoMOLLE (Théophile). Commis-
sion, 454. — Lettre de M.
Picard sur les fouilles de l'École
d'Athènes, 24S. — Ressem-
blance de Tomphalos de
Delphes, avec quelques repré-
sentations égyptiennes, 298. —
Projet de Statuts pourTInstitut
international d'anthropologie,
311. — Mémoire de M. Vallois
sur Tépiphanie du feu dans le
culte du Dionysos thrace, 404,
423. — Observations, 250,
2": 2. — Hommage, 289.
HuART (Clément). Notes de M. de
Morgan : sur un signe indé-
chifTré des monnaies sassanides
etarabo-pehlvies, 116, 231 ; —
sur la succession des princes
mazdéens de la Perside, 128,
132,470. — LesZiyârides, 423.
— Observations, 3, 73,242,377,
423. — Les saints des derviches
tourneurs, 20. — Hommages,
20, 70, 99, 163, 240.
Huguet (D*"). Les tombeaux des
princes de la dynastie des Chor-
fas saadiens à Marrakech, 19.
Imhoof-Blumer (Friedrich), cor-
respondant étranger. Décédé,
165.
Indo-Chine. Liste des documents
relatifs à ce pays conservés au
R5ks-Archief de La Haye, 84.
Inscriptiones graecae ad res roma-
nas pertinentes, 46, 207.
Inscriptions: grecques. 198,216;
— latines, 77, 124, 425, 141,142,
480, 493, 494, 195, 496, 497, 498,
268, 269,286, 288, 295, 299,300,
316, 326, 327, 330, 357, 388,
426, 428, 430.
Inscriptions et médailles (Com-
mission des), 435.
Institut international d'anthropo-
logie. Projet de statuts, 344.
Intailles représentant des génies
de la secte des Ophites, 128,
447.
Inventaire des mosaïques de la
Gaule et de l'Afrique, 46.
Isturitz (Basses-Pyrénées). Félin
sculpté en bois de renne, 28.
Jacques IV, roi d'Ecosse. Por-
trait dans un livre d'Heures de
la Bibliothèquede Vienne, 313.
Jaussen (R. P.). Exploration ar-
chéologique en Arabie, 248.
Jeanmy (Alfred). Candidat, 22,
38. ^
Jéquier (G.), correspondant étran-
ger. L'enuéade osirienne d'A-
bydos et les enseignes sacrées,
404, 409.
Jérôme (La légende de saint)
189, 490, 200.
Jérusalem. Inscription grecque
découverte sur le mont Ophel,
487, 490.
TABLE ALPHABÉTIQUE
455
Joest (Prix du baron de), 2.. —
Rapport, 491.
Jor^ (S.), correspondant étran-
ger, 4.
Jours épagomènes (Le papyrus
démotique de Lille n» 3 et
notation des), 87. 223,
Julien (Prix Stanislas), 2. — Rap-
port, 167.
Julius Alexander (M.), donné
pour tuteur à une citoj'enne
romaine parle préfet d'Egypte,
40.
Julius Regillus. Décret relatif
à une contestation de limites
entre ce personnage et les ci-
toyens d'Aunobari, 128, 141.
Jtn.LiAN (Camille). Les gladia-
teurs appelés Trinquiy et l'éty-
niologiedumot/ranc/ier,157. —
Théâtres de la Gaule romaine,
178. — Pierre du xvi* siècle re-
produisant l'inscription d*Has-
parren, 422. — Observations,
19, 172, 178. — Histoire de la
Gaule f 20. — Notes gallo-rO'
maine$, 184, 248. — Hommages,
25, 392.
Justinien. Édit relatif à la mon-
naie, 69.
Karigren (BernhAtd). A Afandarin
phonetic Reader^ 168.
Keiser (Albert). The influence of
christianily in the vocabulary
of old enylish poetry^ 378.
Kenvon (Sir FredericK Associé
étranger, 73, 83. — *AÔT,vaicuv
IloX'.tfii'x d'Aristote, '373.
LABonDE ((!*' Alexandre de].
Hommages. 66, 210.
' Ihèque de la cathédrale de
Roueriy 66.
LabrioUe (Pierre de). Histoire de
la littérature latine chrétienne,
376.
Lacau (Pierre). Les travaux du
Service des antiquités de TÉ-
gypte en 1919-1920, 356, 359.
Lacombe (Paul). Candidat, 168,
188.
La Fons-Mélicocq (Prix de), 2.
— Rapport, 167.
La FuJ-e (Allotte de), correspon-
dant. Documenta présargO"
niques y 163. — Le sceau d^Ur
E Innannhy 240.
La Grange (Prix de), 2. — Rap-
port, 201.
La Haye. Documents relatifs à
rindochine conservés au Ryks-
Archief de cette ville, 84.
Lahondès (Jules de). Monuments
de Toulouse, 374.
La Mantia (Giuseppe). Codice
diplomalico dei re aragonesi di
S ici lia, 37.
Lambèse. Croix de bronze, 178,
179.
Langlois (Ch.-V.). Rapports, 2,
86, 128, 129, 190, 201. — Docu-
ments lorrains do la collection
Dufrcsne, 71. — « L'Esprit de
Gui », 201, 391. — Observa-
tions, 308, 380. — Hommage,
17.
Lantoine Prix Henri), 2. — Rap-
port, 69.
La Roncière (Ch. de). Ffisloire
de la marine française, 25.
LASTEvniK [O* Robert de). Com-
missions, 42i.
Laborde(M'" Léon DEj. Lâ/?//>//o- - Lécrivain (Charles). Correspon-
436
TABLE ALPHABÉTIQUE
dant français, 397. — L'exil po-
litique dans Vhisloire grecque^
9.
Léger (Louis). Commission, 374.
— Don d'une collection de livres
slaves à la fondation Dosne-
Thiers, 2?.. — I/onomastique
slave de l'Allemajçne, 322, 334,
339. — Hintoire (TAulriche-
Hongrie ; La. vie académique
chez les Tchèques^ 73. — Le
subslratum s/are de VAlle-
magne^ 184. — Hommage, 320.
Leite de Vasconcellos (J.). Cor-
respondant étranger, 397.
Lejav (Paul). Décédé, 490.
Leroux (Alfred). Géographie sta-
tistique et historique du pays
limousiny 21.
Lille. Papyrus démotique inédit,
87, 223.
Londres. Pierres de bornage
babyloniennes au British Mu-
séum, 214, 241.
Lorraine. Documents provenant
de la collection Dufresne, 71.
LoTH (Joseph). Le mot gaulois
Turno dans les noms de lieu
en France, 404. — Observa-
tions, 158. — Remarques et
additions à la Grammaire gal-
loise de John Morris JoneSy 162.
Loubat (Fondation du duc de),
11, 209, 395.
LorBAT (Duc de). Donation en
vue de constituer un fonds
épigraphique grec, 333.
Lourdes. Gravure préhistorique
sur schiste, 307.
Louvre (Musée du). Groupe re-
présentant Amon protégeant
Toutânkhamon, 174.
Lysias. Plaidoyer contre Hippo-
therse, 24.
Macaire. Date et orig^ine des
« Homélies spirituelles. >» à lui
attribuées, 2.*i0.
Macler (Frédéric). Rapport sur
une mission, 101.
Aladauros (Algérie). Deux vic-
times des Maures en ce pays,
323, 329.
Madrid. Bas-relief de la collec-
tion Medina-Geli, 158.
Mae via Dionysarion, citoyenne
romaine en Egypte, 40
Maggini (Francesco). La Hello-
rica di Brunetto Latiniy 17.
Mâle (Emile). Notice sur la vie
et les travaux de M. Auguste
Barth, 74. — Rapports, 173,
397. — Note de M. Marçais
sur la chaire à prêcher de la
grande mosquée d'Alger, 397.
— Observations, 190. — Hom-
mages, .374, 392.
Marçais (G). La chaire à prê-
cher de la grande mosquée
d'Alger, 397.
Marguerite d'Anglelerre, femme
du roi d'Ecosse Jacques IV.
Portrait dansAin livre d'Heures
de la Bibliothèque de Vienne,
314.
Maroc. Seing manuel des sultans
saadiens, 73. — Graciosa.
40r», 417.— Voy. Marrakech, Vo-
lubilis.
Marrakech (Maroc). Tombeaux
des princes de la dynastie des
(>horfas saadiens, 19.
Maspeho (Gaston). Notice sur
lui, 83.
TABLK ALPHABÉTIOUE
4'>7
Massé (Henri). Le poète Saadi,
10.
Maurice (R. P.). Art graphique
et sculptural des Balouba, 1C7,
209.
Mazdéens (Les princes) de la Per-
side, 128, n2.
Médailles (Commission des ins-
criptions et), 187.
Medina-Geli (Collection), à Ma-
drid. Bas-relief, 158.
Mélanges d'archéologie orientale^
16.
Mélanges Charles Royer^ 268.
Melli (Giuseppe). Pasquale Vil-
Uni, 17.
Memmia (Julia ?). Mentionnée
dans une inscription de Bulle
Regia. 326.
Memmius (C). C. fil. Quir. Fidus
Julius Albus. Mentionné dans
nue inscription de Bulla Regia,
327.
Mémoires de CAcndâmie, 12, 204.
Mémoires des savants étrangers^
12,204.
Mémoires de la Mission archéolo-
'jique française du Caire ^ 356,
375.
Merlin (Alfredj. Plan de (^ar-
thage, 116. — Mosau{ue décou-
verte h Carthage ri représen-
tant un gi^nd domaine afri-
cain, 337. — Atlas archéolo-
gique de la Tunisie, 20.
Melz. Miniatures pour Tillustra-
lion d'une (puvre du roi René
retrouvées à la Hibliolliè(|ue
de celte ville, 2, 3.
Moyer (Albert de). Les premières
controverses jansénistes en
France^ 73.
Millot (Stanislas). Application
des rayons X à Texamen des
anciens documents et reliures,
88, 101, 157. — Publications
diverses, 162.
Miniatures pour Tiilustration
d'une œuvre du roi René retrou-
vées à Metz, 2, 3. — Minia-
tures à caractère historique de
la Bibliothèque de Vienne,
3il.
Mirot(Léon). Histoire de la forma-
tion topographique des hôtels
de liohan et de Soubise^ 17. —
L'hôtel et les collections du
connétable de Monlmorenry,
375.
Mizigitanorum (La civitas), en
Tunisie, 272, 285.
Monceaux (Paul), vice-président
pour 1921,423. — Commission,
435. — Rapport, 69. — Une
invocation au « Chris(us medi-
cus )) sur une pierre de Timgad,
74, 75. — Martyrs de Bourkika,
116, 122. — Croix de bronze
trouvée à Lainbèse, 17«, 179.
— La légende de saint Jérôme,
189, 190, 200. — Martyrs de
Djemila, 290. — Deux vic-
times (les Maures à Madauros,
323, 329. — Note de M. Alber-
tini sur une mosaïque à inscrip-
tion déeouverle à Tipîisa, 379.
— Observalions, 89, 129, 179,
337, 308, 377. — Histoire litté-
raire de VAfrique chrétienne^
127. — Hommage, 376.
Monnaie. Édit de Justinien, 69.
— Monnaies sassanides et
arabo-pehivies, 116, 231, 470.
Monnaies i Lettres du directeur
458
TABLE ALPHABÉTHIQIE
de radministralion des), il,
436, 437.
Montandon (Raoul). Biblîo-
fjraphie des travaux palêthnolo-
gique$ et archéologiques, 392.
Monlesquieu-Avanlès (Ariège) .
Dessin préhistorique relevé
dans la caverne des Trois-
frères, 300, 303.
Mouli^noso ^UalieV Inscriptions
latines trouvées dans les envi-
rons de ce pays, 299.
Monuments et Mémoires Piot, 15,
•207, 289.
Moi^an J. deK Un signe indé-
chitTré des monnaies sassanides
et arabo-pehlvies, 116, 231,
470. — Iji succession des
princes niazdéeus de la Perside,
128, 132, *
Mosaïque découverte à Orlhage
et représentant un grand do-
maine africain. 337. — Mo-
saïque à inscription découverte
à Tipasa, 379, »W7.
Mou IV t F. . Fouilles à Ensé-
ru ne. 28, 31.
Namulk bMouarxl , associé é lit» n-
v;t*r, l. évolution de la langue
eir> [tienne et le> langues st»mi-
tuîuos, 2<>.>, 422. — La loi de
\ool«!hi*|ue E^^wii de chrt^no-
lo.C'*^ du eii Belc'qtïe, 3'»T. .UW.
oî'M'ic^^r. tO*. v22-
NiîHir l>tv'"i:rîV'iio!>t <îe 'Vmx
\.
»'î\ e
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< ■»;
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!**"»*< .t'
Vf--.', *^*v
Nybop (Kristoffer). Associé étran-
ger, 73,83, 428.
Obituaires, 14,206.
Odeinat, roi de Palmyre, qualifié
de correclor dans une in-
scription gréco-palmyrénien-
ne, 172.
Omont ( Henri ) .Commissions, 374,
423,424.— Note de M. Georges
Gazier sur un ms. inédit de
Philippe de Maizières conservé
à la Bibliothèque de Besançon,
11.— NotedeM-Millotsurlap-
plication des rayons X à Fexa-
men des anciens documents
graphiques, 10t. — Note
de D. Wilmarl sur un ms. de
Tertullien retrouvé, 378, 380. —
Hommages, 10, 66, 70, 297,
333, 373, 375.
Omphalos delphique. Ressem-
blance avec quelques repré-
sentations égj-ptiennes, 298.
Onomastique slave de TAile-
magne, 322, 334, 339.
Ophites Inlailles représentant
des génies de la secte desi,
12S, 147.
Ordinaire ou du budget (^Prix), 1-
— Happorl, 187.
Oxford. Diptyque latin relatif à
la tutelle dative des femmes {Bi-
bliothè<|ue Bodléienne',39, 40-
Palmvre. — Vov. Odeinat, Va-
hallal, Zênobte.
Pai\adopoulos. Découvertes ir-
chéolo^ques à Coostanlinople,
2:^, 59. 178.
Papyrus démotiqoe de Lille t»
et la notation des jours épagO'
i;u*iu»>. 87, 223.
TABLE ALPHABÉTIQUE
459
Pabis (Pierre). Candidat, 465. —
Élu membre libre, 188,201, 208.
— Fouilles de Bolonia, 69. —
Le rocher de Perescrita, près
de Cenicientos, 101, 103.
Pasquali (G.). Orazio Urico, 289.
Passemard (E.). Un félin sculpté
en bois de renne, 28.
Patby (A.-J.), membre de l'Aca-
démie des beaux-arts. Commis-
sion, 435 et suiv.
Pellechet (Fondation Auguste),
173, 397.
Pelliot(PauI). Candidat, 18, 38,
367, 379, 392, 395. — Les grottes
df Touen-Houangy 37, 367. —
Le tutra des causes et des effets ^
378.
Peftarroya. Lettre du directeur
delà Société minière, 101.
Périclès. Note sur le mot à lui
prêté par Aristote : « L'année
a perdu son printemps >>, 242.
Périodiques offerts, 439.
Perse (Un essai de restauration
de Tempire) au x« siècle, 423.
— Tissu de soie persan du x«
siècle, trouvé à Saint-Josse-
sur-mer, 377.
Perside (Les princes mazdéens
delà), 128,132, 470.
Perlu (Le nom de lieu) et la
légende du roi Artur, 174, 175.
Pétrarque. Réplique à un de ses
écrits, 103.
Philadelphie. Deux tablettes de
Nipur, au Musée, 27.
Philippe de Maizières. Ms. inédit
offert à la Bibliothèque de Be-
sançon, 11.
Philippes (Macédoine). Corres-
pondance d'Abgar avec Jésus-
Chriét, gravée sur une porte
de cette ville, 74, 88. —
Fouilles, 214.
Picard (Charles). Un texte nou-
veau de la correspondance
entre Abgar et Jésus-Christ,
gravé sur une porte de Phi-
lippes de Macédoine, 74, 88.
— Découverte d'un colosse
criophore à Thasos, 187, 213,
218. — Fouilles de TÉcole
d'Athènes à Thasos, et à Phi-
lippes de Macédoine, etc., 213,
248, 375.
•Picot (Emile). Catalogue des
tivres de la bibliothèque de feu
M. le baron James de Roth-
schild, 373.
Pierre hiver sous pierre (Saint) ,
nom donné au moyen âge à la
fête de la Chaire de saint Pierre
à Antioche, 58.
Piganiol (André). Les gladiateurs
appelés Trinqui dans une ins-
cription de Sardes, 157.
Piot (Fondation). Rapports, 18,
38, 187, 397. — Commission,
421 . — Monuments et Mémoires,
15, 207, 289.
Plantin (Christophe). Quatrième
centenaire, à Anvers, 289.
Plaute (La juridiction des édiles
d'après), 24.
Plomb (Le commerce du) à
l'époque romaine, 18.
Poinssol (Louis). Deux inscrip-
tions d'Aunobarl, 12S, 140. —
La civitas Mizigitanorum et le
pagus Assalitanus,272, 285. —
Datus, conductor praodiorum
regionisThug^^ensis. 356, 357.
Ponson- Dessus (Basses- Pvré-
460
TABLE ALPHABÉTIQUE
nées). Pierre du xvi* s. repro-
duisant l'inscription d'Haspar-
ren, 422.
Pontos. Nom d'un Grec, dans une
épigramme, 57.
Porée (Chanoine), correspon-
dant. La Bibliothèque de la
cathédrale de Rouen j 66.
Postica, 180.
PoTTiER (Edmond). Commissions,
424. -- Fouilles de M. F.
Mouret à Ensérune, 28, 34. —
Un colosse « criophore » ar-
chaïque découve'rt à Thasos,
213, 218. — Corpus des vases
anliquos d'argile, 219. — Ob-
servations, 103, 474. — Hom-
mages, 56, 167, 186, 211,335,
393, 396.
Pou niés, 13, 205.
Poupnrdin (René). Recueil des
aclcsdes rois de Provence, 378.
Prenloul (Henri). La formule
Dei (jratia dans les actes
d'Henri H d'Angleterre, 368.
Prosl (Prix Auguste), 2. — Rap-
port, 173.
Prou (Maurice). Commissions,
374, 42k — Rapports, 57, 377,
395. — Diplôme de Charles le
Chauve pour !!^aint-Pierre de
Gand, 70. — Observations, 128,
— Hommages, 9, 320. 321,378.
Puech ^Ainié). Candidat, 392,
395.
Radet Georges), correspondant.
Note sur un passage de la
Constitution d'Athènes d'Aris-
tote (ch. 26), 8S.
Rapson E. J.'. Karosthi Inscrip-
tions, 199.
Rayons X. Application à Teia-
men des anciens documents
graphiques et reliures, 88,
101, 157.
Recueil Milliei, 402.
Reûk-Nevzad (D'j. La Fédéra'
ration ottomane, 20.
Reinaou (Salomon). Commission,
374. — Statuette de félin en
bois de renne découverte à
Isturitz, 27. — Bas-relief de
la collection Medina-Celi à
Madrid, 158. — Note de M.
Cumont sur les fouilles du
Palatin, 168. — Les « Dia-
lexeis », 202, 203. — Note de
M. Fraipont sur la chronologie
de l'époque néolithique en Bel-
gique, 367. — Un lémolgnajfp
inaperçu surledruidisme, 367.
— Observations, 128, 129, 158,
167, 172, 200, 213, 248. 250,
269, 272, 298, 322, 323, 338,
356, 404, 405, 424.
Rein ACH (Théodore). Le plaidoyer
de Lysias contre Hippotherse,
24. — Une épigramme grecque
inédite, 57. — Papyrus de Ber-
lin contenant un extrait du
code fiscal de l'Egypte romaine,
87. — Observations, 74, 128,
172, 178, 190, 242, .303, 311,
368, 377, 379,
René d'Anjou, roi de Sicile.
Miniatures pour Tillustration
de son Mortifiement de vaine
plaisance retrouvées à Metz, 2,
3.
Répertoire d^épigraphie sémi-
tique, 15, 207.
Revue d'assyriologie et tf archéo-
logie orientale, 202.
TABLE ALPHABËTlUtE
461
r^eynaud (Prix Jean), 2. — Attri-
bution du prix, 167.
[Rituel babylonien (Un nouveau),
103.
tome. Fouilles du Palatin, 168.
Roslovlsev (Michel). Correspon-
dant étranger, 397.
Rothschild [Catalogue des livres
de la. Bibliothèque de feu M. le
baron James de), 373.
Koumanie. Télégramme de la
Chambre des députés de ce
pays, 1. ,
Roy Jlippolyte). Les sources de
la poésie^ 199.
Saint-Germain (Musée de). Gra-
vure sur schiste provenant de
Lourdes, 307.
Sjinl-Josse-sur-Mer (Pas-de-Ca-
lais). Découverte d*un tissu de
soie persan du x« siècle, 377.
Sainl-Périer {D' de). Envoi d'un
ph cacheté» 11.
SaiDtour (Prix),2. — Rapport,190.
Salonique. Fouilles faites par le
Service archéologique de Tar-
mée d'Orient, 300.
^antarem (Visconde de). Estudos
de car tog raphia anliga, 320.
•""traiensis (de.Guernesey ?), 431.
î^afignac (R. P.). Exploration
archéologique en Arabie, 248.
^Vieau portant le nom du prince
hongrois Coloman, 2.
î^<:hkil (R. p.). Commissions,
m. — Rapport, 404. — Deux
Ublelles de Nipur (Musée de
Philadelphie, 27. —Note de
M. Jéquier sur Tennéade osi-
rionne «l'Abvdos v.l les ensei-
Koes sacrées, VO'i. — Hom-
mages, 163, 240, 392, 422.
ScHLUMBERGBR (Gustavc). Sccau
portant le nom du prince hon-
grois Coloman, 2. — Monnaies
médiévales des rois de la Petite
Arménie^ 210. — Observations,
66, 178, 424.
Séance publique annuelle, 391 .
Sebenc. Mot provençal dont le
sens propre est « bâtard »,
3-79.
Senart (Emile). Commissions,
374, 424. — Karosthi Inscrip-
tions^ 199. — Hommages, 37,
202, 378.
Set Typhon (L'animal sacré de),
289.
Sidersky (D.). La stèle de Mésa,
56.
Sidon (Le Paradeisos i-oyal aché-
ménide de), 404, 405.
Sirini^d?]ius Severianus (C).
ÉpiUphe, 299.
Slave (Onomastique) de l'Alle-
magne, 322, 334, 339.
Sottas (H.). Le papyrus démo-
tique de Lille n" 3 et la nota-
tion des jours épagomênes, 87,
223.
Stecnslrup (Johannes), corres-
pondant étranger. De Danske
folkensers, 156, 189. — Ethno-
grafîen, 320.
Syria, 211, 335.
Table de mesures de Djemila,
311,315.
Tannery (Paul;. Mémoires scien^
tifiquesy 70.
TertuUien. Un manuscrit de î>es
œuvres retrouvé à la Biiilio-
Ihcvpie de Troycs, .'V^^, 3H0.
i&2
TAHm ALPHABÈTlyCK
Thaito'-. Découverte d'un colosse
criopliore. IKT, 213, 2iH. —
Insoriplions, 213.
Tht^AlreB do ia Gaule romaine,
17B.
Th^h<'S d'Egypte. GralTiili grecs
iIhiis Ios tombeaux des rois,
Tiii
HrNAT (L'abbé). Notice sur sa
i' ol seslravaui, H.
clolos, fils de Ouctt&nbs,
vtrcet arcliisynogogosà 3é-
isalcm, IR7.
MAH (Anloiiic). Commission,
V-i4. — Rapport, 191. — Nou-
veaux exemples du nom donné
BU movoii h^'e à la fête de la
t:iiairede saiut Pieire A Antio-
obe [Saint l>ierre hiver sou»
(lierre), "iH. — Le nom de lieu
l'crtu (C.i-Ciiso) et la légende
du r.
n4. r.:
-Evai
trlyrohgium hîfruny-
mianuin, 337. — he sons
propiv du mot provençal
10;t, 202. — llomuiaKi', 31.
"■ rlel toiidalion'. Altribiilioii,
i-nAMiiN,Kr>ni,-ois .Cor
Tourneur fViclorj, Jehan deCtii
dida, 37-38.
Toutain (Julesj. Lea culte* /Mûni
dans l'Empire romain, 392.
Toutânkhamon (A mon protégea n
le roi). Groupe acquit par \i
Musée du Louvre, 174. I
Trancber. Étymologie decemol,
157.
Traonoy. Hypothèses critiqQt|
sur le&Petiiéesde Marc-Auriit\
208.
Travaux littéraires (Comniissiva
des). 171, 424.
Trinqui (Les gladiateurs app^
lés), 157.
Tunisie. AtU$ archéologique, if>-
— Voy. Assalitanus [Pagus-
Aunobari, RullaRegia,I>ou^,
MiiigiUDOrum (CiviUs).
Turao [Le mot gaulois) dans In
noms de Heu en France, 404.
Tutelle dative des femm»» [l^a
diptyque latin sur), 39, 40.
Union académique interna tionaK.
110, 249.436. I
Vabnllat. filsde la reine Zéoobi^!
Titre de correcior à lui donné
VailaU (R.). Le yoi/e pertiqiit,'
163.
V»llois,R.:. L'épiphanie du ffu
dans le culte du Dionysos
tbrace. 404. 4».
V*N Bercvex ..Max;, associa
elrancer. ilaUriaux pour n" ^
Corpat inxripUonam vtiû:*- 1
rum, 3»ft. I
Vantien Glieyn Chaooinei. f»'''
tation ■ la journée Va» ^]^
310.
TABLE ALPHABÉTIQUE
Van Eyck (Journée), à Gand, 310,
338.
Vases antiques d*argile (Corpus
des), 249.
Vassel (Eusèbe). Marques céra-
miques et balles de fronde car-
thaginoiseSy 422.
Vienne (Autriche). Deux minia-
tures à caractère historique de
la Bibliothèque, 31 1 .
Vignaud (Henry), correspondant
étranger. Genèse du voyage de
Christophe Colomb vers l'Amé-
rique, 157, 158. — The Coluni-
bùtn tradition on the discovery
of America^ 162.
Villecourl ^R. P. Louis). La date
et Torigine des« Homélies spi-
463
rituelles » attribuées à Macaire,
250.
Vincent (R. P.). Haram el khalil,
à Hébron, 334.
Virey (Philippe). Gaston Mas-
pero, 83.
Volney (Prix). Attribution, 191.
Volubilis (Maroc). La cité punique
elle municipe, 339.
Wilmart (Dom). Un manuscrit de
TertuUien retrouvé, 378, 380 .
Zénobie, reine de Palmyre. Nom
de son père (Antioclios), 172,
173.
Ziyàrides (Les), 423.
Zoroaslre avant l'Avesta, 248.
TABLE DES GRAVURES
lui sculpta en bois de renne
.tiîiiu'iit lit' liois de renne avec harpon gravé al
•ii's pecs tiouvésii Ënsérune (collection F. Mouret) 33
vi-s lie slyle ibérique [collection F. Mouret] 3;
»(• |)Iiislii|ue lie style fjrec (collection F. Mouret] 3î
.iTi|iliini (le Timgacl,avec iovocalion au « Cbristus medicus " 77
tlliBgt'. — Partit;centr3le(1clan6cro|ioIepunique(plau hors
i,.\li>). entre les pages 120 et 121
«■liplion de deux martyrs de Bourkika 124
;iiillus représentant des génies de la secte des Ophilcs I't7
rlliiii,"*' — Mosaïque tombale avec iriscriplion 19*
UiSHC cnophore archaïque de Thasos il9
sic du colosse criopliore de Thasos (vu de face) 3Î0
sli' du colosse criophorede Tbasos (vu de dos)
pyi-usddmotique de Lille n" 3 ;
[nés de légendes monétaires sassanides et arabo'pehivies i3i
23Î
rlhnfîe. — Fontaine aux mille amphores 261
— Fontaine aux mille amphores et mur de mer S63
liitions de In sphère céleste avec le cours de la vie humaine 276
rivni'u et peinture sur pai*oi de la caverae des Trais- Frères,
i Moiilcsquieu-Avaulès (Ariège) 305
uvure sur schiste provenant de Lourdes (Musée de Saiat-
ii-rmain) 307
ifime militaire de Coi'se (faces intérieures) 427
— — — — (faces extérieures) 429
1,'cndi's des monnaies des princes de Perside i'9
/
TABLE DES MATIERES
CAHIER DE JANVIER
SéANCBS *. 1,10,18,22
Communication :
Miniatures pour Tillustration d'une œuvre du roi René retrou-
vées à Metz, par M. le comte Paul Durrieu, membre
de l'Académie 3
Appendice :
Rapport du Secrétaire perpétuel sur la situation des publi-
cations de TAcadémie pendant le deuxième semestre 1919 ;
lu dans la séance du 16 janvier 1920 11
LrvRES OFFERTS 9, 17, 20, 25
CAHIER DE FÉVRIER
SfcANCKS 27, 38, ne, 66
Communications :
• Un félin sculpté en bois de renne, par M. E. Passemard. ... 28
Noie sur les fouilles de M. F. Mouret à Euséruue, par M. E.
Poltier, membre de TAcadémie 31
Un diptyque latin sur la tutelle dativc des femmes, par M.
Edouard Cuq, membre de T Académie 40
Note sur quelques découvertes récentes faites à Constantinople,
par M. Papadopoulos, directeur du lycée gréco-français à
Constantinople 59
Livres offerts 37, 56, 06
CAHIER DE MARS '
Séances 09, 71 , 74, 83, 88
1930 30
466 TABLE DES MATIÈRES
Communication :
Une invocation au « Christus medicus » sur une pierre de
Timgad, par M. Paul Monceaux, membre de l'Académie. . 75
ÂppBKDicE :
Rapport sur les travaux des Écoles françaises d*Athènesel de
Rome pendant Tannée 1918-4919, par M. Emile Châtelain,
membre de TAcadémie ; lu dans la séance du 31 mars 1920 89
Livres offerts 70. 73, 83, 88, 99
CAHIER D'AVRIL
Séances 101, 116, 127, 156
Communications :
Le rocher de Perescrita, près de Cenicientos (province de
Madrid), par M. Pierre Paris, correspondant de l'Académie 103
Les graffiti grecs dans les tombeaux des rois à Thèbes d'Egypte,
par M. Jules Baillet 107
Martyrs de Bourkika, par M. Paul Monceaux, membre de
l'Académie 122
Note sur la succession des princes mazdéens delà Perside,par
M. J. de Morgan 132
Deux inscriptions d'Aunobari, par M. M. L. Poinssot, inspec-
teur des antiquités de la Tunisie 140
Intailles représentant des génies de la secte des Ophites, par
M. Adrien Blanchet, membre de l'Académie 147
Lettre de M. Vignaud, correspondent de l'Académie, à
Messieurs les membres de l'Académie des inscriptions et
belles-lettres 158
Appendice : *
Rapport sur le Concours des antiquités de la France en 1920,
par M . Langlois, membre de l'Académie ; lu dans la séance
du 23 avril 1920 129
Livres offerts 127, 156, 162
CAHIER DE MAI
Séances. 165, 168y. 173, 178
Communications :
Le nom delieu Pertu (Creuse) et la légendedu roi Artur, par
M . Antoine Thomas, membre de l'Académie 175
TABLE DES MATIÈRES 467
Noie sur une croix de bionse trouvée à Lambèse,par M. Paul
Monceaux, membre de TAcadémie 179
Livres offerts 168, 172, 177, 184
CAHIER DE JUIN
SéANCBS 185, 186, 190, 200
Communication :
La basilique voisine de Sainte-Monique à Carthage, par le
R. P. Delà tire, correspondant de TAcadémie 191
Livres offebts 185, 189, 199, 202
CAHIER DE JUILLET
Séances 203, 208, 212, 241, 248
Communications :
A propos d'une inscription grecque delà basilique d*Ererouk,
par 31. Charles Diehl, membre de l'Académie 215
Un colosse « criophore » archaïque découvert à Thasos, par
M. Edmond Pottier, membre de TAcadémie 218
Les fouilles de Foustat, par M. A. .Gabriel 243
Appendices :
Rapport du Secrétaire perpétuel sur la situation des publica-
tions de l'Académie pendant le premier semestre 1920 ; lu
dans la séance du 2 juillet 1920 204
Le papyrus démotique inédit de Lille n^ 3 et la notation des
jours épagomènes, par M . Il . Sottas 223
Sur un signe indéchifTré des monnaies sassanides et arabo-
peblvies, par M. J . de Morgan 231
Livres offerts 208, 210, 240, 248
CAHIER D'AOUT
Séances 249, 269, 289, 298
Communications :
La date et l'origine des « Homélies spirituelles j», attribuées
à Macaire, par le P. L. Villecourt, O. S. B 250
Découverte d'une fontaine antique à Carthage, par M . le doc-
teur Carton, correspondant de l'Académie 258
468 TABLE DES MATIÈRES
Les Enfers selon TAxiochos, par M . Franz Cumont, associé
étranger de TAcadémie 272
La civilas Mizigitanorum et le pagus Assalitanus,par M . Louis
Poinssot, inspecteur des antiquités et arts de la Tunisie. 285
Martyrs de Djemila, parM. Paul Monceaux, membre de T Aca-
démie 290
Livres offerts 268, 289, 297, 298
I www
CAHIER DE SEPTEMBRE
Séances 299, 310, 322, 333
Communications :
Un dessin relevé dans la cavernedesTrois-Frères, à Montes-
quieu-Avanlès (Ariège); par M. le comte Begouen 303
Deux miniatures à caractère historique de la Bibliothèque
de Vienne, par M . le comte Durrieu, membre de l'Académie 31 1
Table de mesures de Djemila, par M . Alberlini 315
Rapport sur les fouilles exécutées à Bulla Regia en 1919-1920,
par M. le D'* L. Carton, correspondant de TAcadémic 323
Note complémentaire de M . Cagnat 325
Deux victimes des Maures à Madauros, par M. Paul Monceaux,
membre de l'Académie 329
Livres offerts 320, 333, 335
CAHIER D'OCTOBRE
Séances. 337, 338, 356, 367, 374
Communications :
La cité punique et le municipe de Volubilis, par M. Edouard
Cuq, membre de l'Académie 339
Datus, conduclor praediorum regionis Thuggensis, par M.
Louis Poinssol, inspecteur des Antiquités de la Tunisie.. 357
Les travaux du Service des Antiquités de l'Egypte en 1919-
1920, par M. Pierre Lacau 359
Essai de chronologie du néolithique en Belgique, par M. Charles
Fraipont, professeur à l'Université de Liège 368
Appendice :
Rapport sur les travaux de l'Ecole française d'Extrême-Orient
du mois d'avril 1918 au mois de juillet 1920, par M. Henri
TABLE DES MATIÈRES 469
Cordier, membre de l'Académie; lu dans la séance du
8 octobre 1920 350
Livres offerts 356, 366, 373, 375
CAHIER DE NOVEMBRE
SÉAWCES 377, 378, 391, 392
Communications :
Un manuscrit de Tertullien retrouvé, par Dom Wilmart, béné-
dictin de Farnborough (Angleterre) 380
Mosaïque à inscription, découverte à Tipasa, par M. E. Alber-
tini 387
I^IVRES OFFERTS 378, 392
CAHIER DE DÉCEMBRE
SÉANCES 395, 397, 403, 422, 423
COMMUNICATIONS :
La chaire à prêcher de la grande mosquée d'Alger, par
M. G. Marçais 397
Le Paradeisos royal achéménide de Sidon, par M. Clermont-
Ganneau, membre de l'Académie 405
L*ennéade osirienne d*Abydos et les enseignes sacrées, par
M. J. Jéquier, correspondant étranger de TAcadémie 409
Graciosa : une ville portugaise oubliée au Maroc, par M. le
comte Henry de Castries 417
Un diplôme militaire de Corse, par M. René Cagnat, secré-
taire perpétuel de TAcadémie 425
Livres offert» 396, 402, 422, 433
Commission des inscriptions et médailles 435
PéniODiQUES offerts 439
Table alphabétique 4 15
Table des gravures 464
Table des matières , 465
Errata 470
ERKATA
p. 74, ajouter à la fin de la noie / : n" 6.
P. 134, entre les figures 16 et 17, insérer le facsimilé suiount :
o JiAHSutfAUi^MKIOliMIIIO ».
o j<AHVjjAun<iiin<ni>«MinH ♦.
,[l)««i)lhA-M]o*t!«»w*i<"*>fWfU*iK>r 5.
PRINCES DE ?EKSn)E.Léje>»la4esaaMa^
P. 163, 1. 24, au lieu de : 1909, lire : 1919.
P; 175, 1. 15, au lieu de : Leclerc, lire: Lecler.
P. 353, I. au lieu de : Golonbev, lire : Goloubev.
P. 363, 1. 6, au lieu de : munulitique, /(Ve; nummulitique.
Le Gérant, A. Pic
ARD.
MACnM, rnOTAT FRRRES, IMPRIMBl'RS.
MANDBLS OE BIBLIOGRAPHIE HISTORIQUE
i. — . LES ARCHIVES DE L'HISTOIRE DE FRANCE
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II. BpOQUB PBODALB. — LbS CAPéTIBNS JUSQu'sif 1180.
m. Lbs Capbtibn8« 1180-1328.
IV. Lbs Valois, 1324.1401.
V. iNTRonucTioN oéNéRALB. — Valois (suite), 1461-1494.
VI. Tablb oézvâRALB rédigée par L. Polain.
DsoxiàMR partis: La XVI* siècle (U94.1010), par H. Hausbr, professeur à l'Uni-
^ersité de Dijon.
I. Lbs pRRXii^RBS otTBRRBs d*[talib. — Gharlbs VIII et Louis XII (1494-1515).
II. FRArfçcis i*' et Hbnri II (1515-1559).
III. Lbs onBRRBS db rrijoion, François II, Gharlbs IX, Ubnri III (1559-1589),
IV. Hbrri IV (1589 1610).
TROisifeMR paktib : La XV2I*siècle(1610-1715),parE. Bourobois, professeur à l'Uni-
▼ersilé de Paris, et Louic AmiRé, docteur es lettres.
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